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Full text of "Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin"

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BULLETIN 

DE   LA   SOCIÉTÉ 

ARCHEOLOGIQUE 

ET   HISTORIQUE 

DU    LIMOUSIN 


TOME  XXXVII. 

(tome    XV     DE    LA   DEUXIÈME   SÉRIE) 


LIMOGES 
£Aj:i=»«rM:Eï^^E    et   librairie    limousine 
V«  H.  DUGOURTIEUX 

UJ^TBxre  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin 
7,    RUE  DES    ARÈNES,    7 

1800 


AVIS 

à  MM.  les  Membres  de  la  Société 


Les  réunions  de  la  Société  ont  lieu  invariablement  le 
dernier  mardi  de  chaque  mois.  —  L'ordre  du  jour  de  la 
réunion  est  publié  dans  les  journaux  de  Limoges,  mais 
il  n*est  pas  envoyé  de  lettres  de  convocation. 


Nous  ne  saurions  trop  engager  ceux  de  nos  confrères 
qui  changeraient  de  domicile  ou  dont  l'adresse  n'est  pas 
exactement  indiquée  à  la  Liste  des  Membres  de  la  Société, 
à  faire  connaître  leur  adresse  actuelle  soit  au  Secrétaire 
général  (M.  Louis  Guibert,  rue  Sainte-Catherine,  8),  soit 
au  Trésorier  (M.  Louis  Bourdery,  rue  Pétiniaud-Beau- 
peyrat,  28),  de  façon  à  éviter  toute  erreur  dans  la  présen- 
tation des  reçus  de  cotisation  et  tout  retard  dans  l'envoi 
du  Bulletin. 

MM.  les  Membres  de  la  Société  sont  instamment  invités 
à  adresser  ou  à  faire  verser  au  Trésorier  chaque  année, 
avant  le  31  mars,  le  montant  de  la  cotisation  de  l'année  en 
cours  (15  fr.  pour  les  Membres  résidants,  et  7  fr.  pour  les 
correspondants).  —  Passé  ce  délai,  le  Trésorier  fera 
encaisser  par  la  poste  les  cotisations  non  payées,  en  ajou- 
tant au  montant  de  la  cotisation  50  centimes  pour  frais. 


Ceux  des  Membres  de  la  Société  qui  n'ont  pas  encore 
retiré  leur  diplôme  voudront  bien  le  réclamer  à  M.  L. 
Bourdery,  Trésorier,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat,  28,  en 
lui  envoyant,  s'ils  ne  l'ont  déjà  fait,  le  montant  du  droit 
d'entrée  fixé  à  10  fr.  —  Ce  droit  n'est  exigible  que  des 
Sociétaires  résidant  dans  le  département. 


Les  démissions  doivent  être  adressées  par  écrit  au  Président 

A  moins  qu'ils  n'en  témoignent  le  désir,  il  ne  sera  pas 
envoyé  de  quittance  aux  Sociétaires  qui  auront  adressé 
leur  cotisation  par  mandat  ou  lettre  chargée  au  Trésorier, 
le  reçu  de  la  poste  pouvant  en  tenir  lieu. 


BXJI-.I-.BXIlSr 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 

DU    LIMOUSIN 


BULLETIN 

DE  LA  SOCIÉTÉ 

ARCHÉOLOGIQUE 

ET  HISTORIQUK 

DU   LIMOUSIN 


TOME  XXXVII. 

(tome  XV    DE    LA    DEUXIÈME  SÉRIE) 


LIMOGES 

imprimerie:   et    libra.irie    limousine 

V»  H.  DUGOURTIEUX 

Libraire  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin 
7.    RUE  D  ES    ARÈNES.    7 

1690 


-<0 


.'r^taWiv.. -'i-i  r  J     '"     ■■■■ 


Y.  31-38 


LA 


COMMUNE  DE  SAINT-LÉONARD  DE  NOBLAT 

AU   XIIl''   SIÈCLE. 


TiBs  personnes  qui  étudient  avec  attention  et  sur  documents 
de  première  main  l'histoire  de  nos  communes  limousines, 
de  la  fin  du  xii'  siècle  aux  premières  années  du  xiv*,  se 
trouvent  en  présence  de  contradictions  incessantes  dans  les 
témoignages  et  dans  les  faits.  Les  affirmations  les  plus  graves, 
les  i^écits  les  moins  suspects  et  les  plus  précis  ont  tous  leur 
contre-partie.  L'embarras  est  parfois  grand,  et  on  hésite  entre 
ces  deux  courants  opposés,  entre  ces  affirmations  et  ces  négations 
qui  semblent  se  détruire  réciproquement  et  ne  rien  laisser  debout 
des  thèses  émises  dans  quelques  ouvrages  par  les  meilleurs 
historiens  de  noire  province. 

Ijes  communes  du  Limousin  —  et  nous  entendons  parler  ici 
tout  particulièrement  des  agglomérations  bourgeoises  échelonnées 
le  long  du  cours  supérieur  de  la  Vienne  :  Saint-Léonard,  la 
Cité  de  Limoges,  le  Château  de  Limoges,  Saint-Junien  —  ont 
à  cette  époque  une  existence  de  fait  qu'on  ne  saurait  mettre  en 
doute.  De  nombreux  documents  nous  montrent  la  population  de 
ces  villes  dotée,  au  début  du  xm®  siècle,  d'une  organisation  plus 
ou  moins  développée,  mais  forte  déjà  et  vivace.  Tous  ces 
groupes  sont  reconnus  et  protégés  par  le  pouvoir  royal;  ils 
jouissent  dès  lors  d'une  autonomie  que  pourrait  envier  la  com- 
mune française  de  notre  temps,  possèdent  une  sphère  d'action 
quelquefois  mal  définie,  mais  assez  large,  et  font  sentir  autour 
d'eux  leur  influence  dans  un  rayon  souvent  fort  étendu. 
T,  xxxvu,  i 


33 


O 


s  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGiaUE   ET   HlSTOBIQUE   DU   LIMOUSIN. 

Et  cependant  les  seigneurs  des  villes  où  se  sont  fondées  ces 
communes  ne  se  bornent  pas  à  revendiquer  la  plénitude,  ou  peu 
s'en  faut,  de  leurs  prérogatives  féodales  sur  les  personnes  et 
les  biens  des  membres  du  groupe  bourgeois  :  ils  nient,  d'une 
façon  catégorique  et  absolue,  non-seulement  le  droit  de  la  com- 
mune, mais  son  existence  même.  Leurs  revendications  ne  sont 
pas  de  vains  appels  à  un  passé  reculé  :  ils  réussissent  â  prouver 
qu'à  cette  môme  époque  où  des  documents  incontestables  éta- 
blissent le  fonctionnement  régulier  et  libre  de  l'organisation 
municipale,  ils  ont  eux-mêmes,  dans  ces  villes  où  les  consuls 
nous  apparaissent  comme  les  chefs  presque  souverains  d'une 
petite  république  indépendante,  exercé  les  droits  qu'ils  affirment 
tenir  de  leurs  aïeux  et  n'avoir  jamais  ni  cédés  ni  abandonnés. 
Ils  montrent  que  leur  possession,  si  elle  a  pu  élre  troublée,  n'a  pour 
ainsi  dire  jamais  été  interrompue.  Et  des  témoignages  nombreux, 
concordants,  considérables,  attestent  qu'au  sein  de  populations 
liées  par  le  serment  de  la  commune,  ces  personnages  ont,  en  effet, 
sinon  d'une  façon  permanente,  du  moins  à  des  intervalles  très 
rapprochés  et  à  des  dates  récentes,  exercé  les  droits  les  plus 
caractéristiques  du  seigneur  sur  l'homme  lige,  du  propriétaire 
noble  sur  le  manant. 

Comment  expliquer  cette  contradiction,  dont  on  ne  peut  pas  ne 
pas  être  frappé?  Comment  concilier  ces  témoignages  et  ces  récits 
énonçant  des  situations,  des  faits  qui  devraient  s'exclure  les  uns 
les  autres,  récits  et  témoignages  dont  l'exactitude  respective 
semble  pourtant,  dans  une  certaine  mesure  au  moins,  être  bien 
démontrée?  Les  vicissitudes  qu'a  éprouvées  la  province  durant 
cette  période  tourmentée,  et  les  événements  politiques  dont  elle 
a  été  le  théâtre,  peuvent  seuls  jeter  quelque  lumière  sur  un  état 
de  choses  aussi  confus  et  fournir  des  éléments  pour  la  solution 
du  problème. 


L  —  LES  PLANTAGENBTS  ET   LES  COMMUNES   LIMOUSINES. 


A  l'époque  où  l'héritière  d'Aquitaine  porta  au  comte  d'Anjou, 
élevé  peu  après  au  trône  d'Angleterre,  les  vaste?  domaines  des 
comtes  de  Poitiers,  les  agglomérations  bourgeoises  du  cours  de  la 
Vienne  étaient,  on  n'en  peut  douter,  déjà  constituées.  Les  habi- 
tants avaient  des  intérêts  communs  et  des  affaires  communes,  des 
assemblées,  des  magistrats;  mais  ils  vivaient  sous  l'autorité  de 
leurs  seigneurs  directs  :  l'évêque,  l'abbé  de  Saint-Martial,  le 


LA   COMMUNS   DE   SAlNT-LÉONÂRD   DE   NOBLAT  AU   XIII^  SIÈCLE.  3 

vicomte  de  Limoges.  Leurs  libertés,  nées  de  la  force  des  choses, 
de  la  coutume,  de  rimpossibillté  où  se  trouvait  un  seigneur 
féodal  de  rang  secondaire  de  pourvoir  à  tous  les  besoins  d'une 
nombreuse  population  et  de  veiller  à  tous  ses  intérêts,  étaient 
limitées,  précaires,  sans  autre  garantie  que  le  bon  vouloir, 
la  modération  et  la  prudence  du  seigneur.  On  ne  connaît  de 
charte  octroyée  ou  acceptée  par  celui-ci  pour  aucune  des  com- 
munes dont  nous  nous  occupons  ici.  C'est  là,  nous  semble-t-il, 
une  preuve  de  l'ancienneté  de  leur  existence. 

Le  mariage  d'Âliénor  avec  Henri  d'Anjou  implantait  dans  la 
contrée  une  famille  étrangère,  puissante,  remuante,  à  passions 
fougueuses,  gui  justifiait,  peu  d'années  après,  en  bouleversant 
tout  le  pays,  les  appréheusions  et  la  défiance  dont  elle  avait  été 
l'objet  dès  le  premier  jour.  Henri  II  et  ses  fils  maniifestèrent,  en 
toute  occasion,  un  esprit  de  caprice  et  une  violence  qui  leur 
valurent  de  nombreuses  inimitiés.  Ils  eurent  leurs  candidats 
attitrés  aux  prélatures  importantes,  aux  riches  abbayes,  et  les 
prétentions  de  ces  candidats  portèrent  plus  d'une  fois  le  trouble 
dans  TEglise.  Les  entraves  que  suscita  le  roi  d'Angleterre  à 
l'élection  de  Sébrand  Chabot  à  l'évêché  de  Limoges,  puis  à  la 
prise  de  possession  de  son  siège  par  le  nouveau  prélat,  l'hostilité 
constante  qu'il  témoigna  à  celui-ci  par  la  suite,  eurent  pour  con- 
séquence de  rattacher  plus  étroitement  Sébrand  au  parti  français, 
auquel  appartenait  déjà  sa  famille.  Lors  de  la  guerre  entre  Henri  II 
et  ses  enfants,  la  noblesse  de  la  province  suivit  avec  une  sympa- 
thie marquée  Henri-le-Jeune.  Richard,  à  qui  sa  mère  avait 
donné  le  duché  d'Aquitaine,  s'était  en  peu  de  temps,  par  son 
caractère  altier,  sa  brutalité  et  sa  cruauté,  aliéné  le  cœur  de  ses 
vassaux.  Les  routiers  appelés  dans  la  contrée  par  les  princes 
commirent  des  excès  de  toute  sorte.  Il  fallut  prêcher  contre  eux 
de  véritables  croisades.  Écrasés  à  Malemort,  en  1177,  par  une 
petite  armée,  au  milieu  de  laquelle  on  voyait  chevaucher  l'évêque 
Gérald  du  Cher,  vieux  et  aveugle,  et  qui  marchait  sous  les  ordres 
d'Adémar  de  Limoges,  d'Archambaud  de  Comborn,  d'Olivier  de 
Lastours  et  d'Eschivat  de  Ghabanais,  les  Brabançons  furent  de 
nouveau  battus  et  dispersés  près  d'Ahun,  par  quelques  troupes 
réunies  à  la  hâte  par  Sébrand  Chabot.  Celui-ci,  comme  le  vicomte 
de  Limoges  et  plusieurs  autres  seigneurs  du  pays,  entretint 
constamment  des  intelligences  avec  Philippe-Auguste.  Son  suc- 
cesseur, Jean  de  Veyrac,  suivit  la  Ligne  de  conduite  des  deux 
prélats  qui  avaient  avant  lui  occupé  le  siège  de  saint  Martial. 
On  le  vit,  comme  eux,  adresser  de  chaleureux  appels  à  la  noblesse 
limousine  pour  la  décider  à  réunir  9ÇS  forces  contre  le?  baudes 


4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HtSTOniQUR  DU  LIHOOSIN^ 

qui,  après  la  mort  de  Richard,  s'étaient  répandues  dans  le 
pays  et  le  parcouraient  en  tous  sens,  pillant,  saccageant  et  brû- 
lant tout  sur  leur  passage. 

Lesévéques  et  les  vicomtes  de  Limoges  avaient  été  presque 
constamment  les  adversaires  des  Plantagenets  en  Limousin.  La 
politique  commandait  à  ces  derniers  de  leur  susciter  des  em- 
barras dans  leurs  propres  domaines  et  de  chercher  des  appuis 
parmi  leurs  vassaux.  En  favorisant  le  développement  des  libertés 
de  nos  communes,  déjà  importantes,  et  dont  les  aspirations  gran- 
dissaient avec  le  nombre  de  leurs  membres  et  la  prospérité  de 
leur  commerce,  les  héritiers  des  anciens  ducs  d'Aquitaine 
s'assuraient  un  concours  précieux  sans  rien  abandonner  qui  leur 
appartînt.  C'étaient  leurs  adversaires  qui  payaient  les  frais  de  ce 
concours,  et  les  princes  affaiblissaient  ainsi  leurs  ennemis  en 
augmentant  leurs  propres  forces. 

Lescommunesde  la  Vienne  avaient  vuautour  d'elles  s'accentuer 
le  grand  mouvement  d'émancipation  qui  marque  la  première 
moitié  du  xii®  siècle.  Les  lents  progrès  qu'elles  avaient  réalisés 
les  laissaient  bien  eu  arrière  de  leurs  jeunes  sœurs.  Nos  com- 
munes auraient  pu  sans  doute  acquérir,  à  prix  d'argent,  de  leurs 
seigneurs,  une  charle  fixant,  augmentant  et  assurant  leurs 
libertés  ;  mais  il  ne  paraît  pas  qu'aucune  ait  tenté  d'arriver  par 
cette  voie  à  la  possession  tranquille  d'un  ensemble  d'institutions 
et  de  garanties  analogues  à  celles  dont  jouissaient  déjà  beaucoup 
de  villes  du  nord  et  du  midi  de  la  France.  Les  chartes  coûtaient 
le  plus  souvent  très  cher.  Le  moment  sembla  favorable  aux  chefs 
de  nos  groupes  bourgeois  pour  obtenir,  sans  bourse  délier,  les 
plus  larges  libertés  avec  les  garanties  les  plus  solennelles. 

Les  troubles,  les  guerres,  les  divisions  entre  les  princes,  avaient 
relâché  tous  les  liens  féodaux.  Il  est  permis  de  penser  que  les  juges 
seigneuriaux,  les  baillis  et  les  autres  officiers  ne  remplissaient  pas 
très  exactement  les  devoirs  de  leur  charge.  Des  obstacles,  parfois 
insurmontables,  les  empêchaient  de  les  exercer.  Les  communes, 
par  des  usurpations  successives,  et  à  la  faveur  souvent  de  l'absence 
du  seigneur  ou  de  l'impuissance  où  il  se  trouvait  réduit  par  ses 
démêlés  avec  le  duc  d'Aquitaine  (i),  s'arrogèrent  peu  à  peu  la 

{i)  Il  y  eut  toutefois,  en  Limousin  même,  des  révoltes,  et  une  chro- 
nique contemporaine  nous  a  conservé  le  souvenir  de  celle  des  bourgeois 
de  La  Souterraine  contre  Tabbé  de  Saint-Martial,  leur  seigneur,  en  4181  : 
liurgcnses  de  Sublerranca  ad  inviccm  juraverunt  ut  nullum  omnino  mo- 
nachis  darent  explelum  quod  vocatur  taillada.  Agcbant  vero  isla  consensu 
comitis  Audebcrli,  qui   pro  lucro  deputabat  dissidium  taie...  Expetunt 


LA   COMMUNE   DE    SAIMT-LÉONABD   DE  MOBLAT  AU   XIll^*   SlàCLB.  5 

plupart  des  prérogatives  jusque  là  exercées  par  lui.  Leur  organi- 
sation se  compléta  :  la  vie  municipale  acquit  plus  d*indépendance, 
d'ampleur  et  de  régularité.  Insensiblement,  malgré  les  revendi- 
cations des  seigneurs  et  les  retours  ofiensifs  de  Taulorilé  féodale, 
retours  fréquents  et  plus  d'une  fois  violents,  de  nouvelles  cou- 
tumes municipales  se  substituèrent  aux  anciennes  traditions; 
au  profit  de  ces  conquêtes  récentes,  les  bourgeois  invoquèrent 
bientôt  l'antique  possession  de  leurs  premières  coutumes  :  ainsi 
s'établit  une  confusion  qui  ne  pouvait  être  que  favorable  aux 
progrès  de  la  commune.  Les  princes  anglais  encouragèrent  ces 
progrès  et  y  aidèrent  de  tout  leur  pouvoir.  Ils  entretenaient  avec 
les  magistrats  municipaux  une  correspondance  cordiale,  leur 
envoyaient  des  personues  de  confiance  pour  les  assurer  des 
bonnes  dispositions  de  leurs  suzerains  et  leur  promettre  un 
puissant  patronage.  Ils  les  traitaient  en  alliés,  et  Jean-sans-Terre, 
écrivant  aux  bourgeois  du  Gbâteau  de  Limoges,  se  servait,  pour 
désigner  le  vicomte,  de  ces  termes  significatifs  :  «  Votre  ennemi 
et  le  mien  ».  Les  communes,  de  leur  côté,  ne  ménageaient  pas 
au  duc  d'Aquitaine  les  témoignages  de  leur  obéissance  et  de  leur 
dévouement.  Dans  les  conjonctures  graves,  elles  députaient  auprès 
de  lui  un  de  leurs  notables,  pour  entendre  de  sa  bouche  même 
ses  instructions  ;  et  l'envoyé  ne  quittait  pas  la  Cour  sans  recevoir 
quelque  marque  de  la  libéralité  du  prince. 

A  plusieurs  reprises,  les  ducs  d'Aquitaine  reçurent  directe- 
ment le  serment  de  fidélité  des  communes  (1).  Ils  profitèrent  de 
ces  occasions  pour  confirmer  solennellement  les  libertés  des 
bourgeois.  Ceux-ci  paraissent  n'avoir  sollicité  des  princes  anglais 
aucun  octroi  nouveau.  Le  seigneur  se  bornait  à  reconnaître  et  à 
homologuer  la  coutume  en  vigueur,  sans  distinguer,  bien 
entendu,  entre  l'organisation  traditionnelle,  séculaire,  et  les  usur- 
pations progressives,  qui,  elles  aussi,  devenaient  insensiblement 
la  coutume. 

Tel  fut,  croyons-nous,  le  caractère  du  mouvement  communal 
eu  Limousin,  de  1180  à  1250,  et  celui  de  la  protection  accordée  ' 

regem  burgenses  perterriti.  Glocarium  mnnierunt.,.  Âbbas  expetit  regeni, 
qui  eos  valde  oppressit,  sicque  coacti  servitia  monachis  soiita  reddunt  : 
bomicidœ  vero  fugati  sunt,  domusquc  illorum  anathemati  tradiia  est.  » 
(Labbe,  Bibliotheea  nooa  manuacriptorum  librorum,  t.  U,  p.  318). 

(I)  Cette  prestation  de  serment,  signalée  par  les  chroniqueurs,  est 
altestée  par  un  acte  du  Parlement  de  la  Chandeleur  (<369)  :  o  Cum.,. 
Regea  quondam  Angliœ^  Henricua  et  Richardus,  unua  post  alium,  aucces- 
aioe,  jure  suo  languam  ducea  Aquita/Uœ,  hujuamodC  kabuerint  fura^ 
mentum.  (Olirriy  t.  1,  p.  38â>. 


6  SOCIÉTÂ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

à  nos  communes  par  les  Plantagenets  :  on  ne  saurait  affirmer 
qu'ils  en  aient  créé  une  seule  (1);  mais  ils  encouragèrent  les 
usurpations  et  leur  donnèrent  une  consécration  solennelle. 

Quand  Philippe-Auguste,  en  1204,  confisqua  les  états  conti- 
nentaux de  Jean-sans-Terre,  et  quand,  en  1224,  Louis  VIII,  après 
la  prise  de  Niort  et  celle  de  La  Rochelle,  reçut  l'obéissance  des 
communes  limousines,  celles-ci  étaient  en  possession  de  larges 
libertés.  Les  princes  français  durent  accepter  la  situation  telle 
qu'ils  la  trouvaient,  et,  pour  ne  pas  exciter  de  mécontentements  et 
peut-être  de  révoltes  dans  des  villes  comblées  par  les  princes 
anglais,  le  dernier  surtout,  de  marques  de  sollicitude  et  de  pro- 
tection, ils  reconnurent  à  ces  villes,  en  termes  généraux,  les  pri- 
vilèges, libertés  et  coutumes  dont  elles  jouissaient  à  ce  moment  et 
dont  elles  avaient  joui  sous  Henri  Plantagenet  et  ses  fils.  Ainsi 
s'expliquent  et  la  confirmation  donnée  par  les  rois  de  France  à 
ces  nouvelles  institutions,  et  les  expressions  vagues  qu'on  ren- 
contre aux  chartes  de  1212  et  de  1224. 

Ce  n'est  pas  que  les  seigneurs  dépouillés  n'eussent  protesté. 
Le  départ  de  Richard  pour  la  Croisade  leur  avait  laissé  le  champ 
libre.  Ils  en  profitèrent  pour  travailler  à  rétablir  leur  autorité. 
Y  réussirent-ils  complètement?  On  peut  en  douter.  Les  com- 
munes avaient  grandi  :  il  fallait  compter  avec  ces  magistrats  de 
bourgeoisie  qui  pouvaient,  en  quelques  heures,  mettre  des 
centaines,  des  milliers  d'hommes  sous  les  armes,  et  qui  avaient 
fortifié  leurs  remparts  sous  la  protection  du  roi  d'Angleterre, 
parfois  môme,  comme  un  peu  plus  tard,  sous  Jean-sans-Terre, 
les  consuls  de  la  Cité  de  Limoges,  avec  son  argent. 

Richard,  à  son  retour,  trouva  une  partie  de  sa  noblesse  sou- 
levée contre  lui  et  ouvertement  alliée  à  Philippe-Auguste,  qui 
avait  su  mettre  à  profit  le  temps  de  la  captivité  de  son  ennemi. 
Il  est  vraisemblable  que  la  délivrance  du  roi  d'Angleterre  et  sa 
rentrée  dans  ses  étals  rendirent  courage  aux  communes.  Nous 
le  voyons  faire  construire  ou  réparer  les  fortifications  de  certaines 
villes,  de  Saint-Léonard  entre  autres.  Ce  n'était  point  contre 
le  roi  de  France  qu'il  prenait  ces  mesures  de  défense,  c'était 
contre  les  seigneurs  de  ces  villes,  alliés  de  son  adversaire. 

La  mort  de  Richard  sous  les  murs  de  Châlus,  place  apparte- 
nant au  vicomte  de  Limoges,  que  sou    seigneur  avait   voulu 

(0  Nous  verrons  toutefois  qu'il  est  parlé  de  lettres  de  Henri  11  relatives 
à  la  commune  de  Sainl-Léonïrd;  mais  nous  n'en  possédons  pas  le  texte 
et  nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'il  s'agissait  d'une  confirmation. 


LA   COMMUNS  DB  SAINT-LÉONARD  DB  NOBLAT  AU  Xlll^  SIÈCLK.  7 

châtier  de  sa  félonie,  laissa  un  moment  les  communes  sans  appui  ; 
mais  Jean-sans-Terre  renoua  presque  aussitôt  avec  les  corps  de 
bourgeoisie  les  rapports  directs  qu'avait  entretenus  avec  eux 
son  frère,  et  sut  resserrer  encore  les  liens  qui  attachaient  ces 
groupes  à  leur  suzerain  :  les  nombreux  documents  conservés  aux 
riches  archives  de  la  Tour  Je  Londres  en  témoignent.  Le  nouveau 
duc  d'Aquitaine  ne  s'en  tint  pas  à  des  paroles  et  à  des  écrits.  On 
le  vit  souvent  intervenir  dans  les  démêlés  entre  les  seigneurs  et  les 
Communes,  et  travailler  sans  relâche  à  affaiblir  les  premiers.  Les 
bourgeois  purent  souvent  s'imaginer  que  le  roi  d'Angleterre  était 
mû  par  le  désir  de  venger  leurs  querelles,  alors  que  Jean  songeait 
tout  simplement  à  satisfaire  ses  propres  rancunes.  Le  vicomte 
de  Limoges  Gui  Y  avait,  en  1300,  fait  hommage  pour  sa  vicomte 
au  duc  d'Aquitaine  et  lui  avait  prêté  le  serment  de  fidélité.  Il  n'eu 
continuait  pas  moins  la  politique  de  son  père  et  demeurait  Tallié 
fidèle  de  Philippe- Auguste,  qui  entretenait  avec  soin  ces  disposi- 
tions. Il  essayait  sans  doute  en  même  temps  de  ressaisir  son  autorité 
dans  le  Château  de  Limoges  ;  mais  les  Malemort  et  les  Lastours, 
qui  tenaient  pour  le  duc  d'Aquitaine,  réussirent  à  s'emparer  de 
lui.  Jean  se  fit  remettre  le  prisonnier  et  le  garda  près  de  trois 
ans  dans  une  étroite  captivité.  Quant  à  révéque*Jean  de  Yeyrac, 
il  le  persécuta  sans  cesse,  malgré  les  sévères  avertissements  du 
pape  Innocent  III  (i);  le  prélat  était  du  reste  un  des  champions 
les  plus  actifs  du  parti  français,  et  il  organisait,  en  1204,  au 
profit  de  ce  parti  et  au  sien  propre,  et  aussi,  il  faut  le  dire,  dans 
l'intérêt  générsJl  de  la  province,  une  expédition  pour  enlever  la 
ville  et  le  fort  de  Noblat  à  une  bande  de  mercenaires  à  la  solde 
du  roi  d'Angleterre.  La  prise  des  deux  places  et  la  dispersion  de 
ces  aventuriers  produisirent  un  grand  effet  dans  la  contrée,  qui 
dès  lors  recouvra  une  certaine  tranquillité. 

L'année  1205  marque  le  triomphe  du  parti  français  dans  toute 
l'Aquitaine.  Le  vicomte  de  Limoges,  délivré  de  captivité  par  les 
troupes  de  Philippe-Auguste,  revient  dans  le  pays  et  on  constate 
aussitôt  une  réaction  féodale  dans  les  villes.  Dans  le  Château 
de  Limoges  surtout,  Gui  V  réussit,  par  la  terreur  des  emprison- 
nements et  des  supplices,  à  soumettre  la  population  à  sa  puissance, 
et  la  tient  quelque  temps  sous  un  joug  de  fer.  L'évêque  parait 
en  avoir  usé  plus  doucement  vis-à-vis  de  la  Cité  de  Limoges,  dont 
les  habitants  le  choisissent  en  1210  pour  arbitre,  à  l'effet  de 


(I)  Voir  une  lettre  d'Innocent  lil  de  Tannée  noî,  au  tome  XIX  des 
Historiens  de  France^  p.  41 6. 


8  SOGlÉTi  ARCHÉOIOGIQUâ  Et  filSTdRlQUB  DU  LIHOUSm. 

régler  plusieurs  questions  litigieuses  pendantes  entré  la  commulae 
et  le  chapitre  de  Saint-Etienne. 

La  sentence  de  confiscation  des  états  français  du  roi  d'Angle- 
terre, prononcée  par  le  parlement  en  1204,  avait  été,  par  le  fait, 
mise  à  exécution  en  Limousin.  La  trêve  conclue  dès  1206  entre 
Philippe-Auguste  et  Jean-sans-Terre,  paraît  avoir  laissé  à  ce 
dernier  l'exercice  d'une  partie  au  moins  de  ses  droits  en  Aqui- 
taine. Le  parti  français  demeura  toutefois  prédominant  dans  le 
pays. 

Six  années  s'écoulent  :  une  grande  guerre  est  sur  le  point 
d'éclater.  Le  roi  de  France  prépare  une  expédition  pour  arracher 
à  son  ennemi  le  royaume  d'Angleterre,  comme  il  lui  a  déjà 
enlevé  ses  états  sur  le  continent.  Jean  est  abandonné  d'une  partie 
des  siens,  excommunié,  presque  sans  troupes.  Toutefois  Philippe- 
Auguste,  avec  sa  prudence  ordinaire,  commence  par  assurer 
son  autorité  dans  les  domaines  qu'il  occupe  déjà.  Son  fîls  Louis 
vient  en  Aquitaine  et  reçoit  lui-même  le  serment  de  fidélité  des 
seigneurs  et  des  communes  (1).  Le  roi  de  France  prend  vis-à-vis 
des  uns  et  des  autres  l'engagement  de  les  protéger  et  de  les  dé- 
fendre^ et  déclare -aux  villes  «  qu'elles  sont  dans  sa  main,  comme 
les  autres  villes  de  son  royaume  ».  Il  faut  noter  qu'à  cette  année 
1212  remonte  la  plus  ancienne  rédaction  connue  des  coutumes 
du  Château  de  Limoges. 

Le  Souverain  Pontife,  auprès  duquel  Jean  a  réussi  a  rentrer 
en  grâce,  oblige  le  roi  de  France  à  renoncer  à  ses  projets.  Philippe 
doit  bientôt  faire  face  à  son  tour  à  une  redoutable  coalition. 
Pendant  que  l'empereur  d'Allemagne  marche  vers  la  frontière 
française,  le  roi  d'Angleterre,  réconcilié  pour  un  instant  avec 
ses  barons,  a  réuni  une  armée  et  débarque  à  La  Rochelle.  Il 
traverse  TAngoumois,  le  Limousin  et  une  partie  de  la  Marche. 
Il  est  à  Angoulême  le  15  mars  1214,  le  17  à  Saint-Junien;  les  21, 
22  et  23  à  Aixe;  le  23  ou  le  trouve  aussi  à  Saint-Léonard  ;  il  est 
à  Saint-Vaury  le  25;  à  La  Souterraine  les  28,  29,  30  et  31; 
à  Grandmont  les  l*'et  2  avril;  à  Limoges  le  3.  Ce  jour-là  ou  le 
lendemain  matin  il  regagne  l'Angoumois,  car  le  4  il  fait  expé- 
dier des  lettres  datées  de  Moutbron,  et  le  5  il  est  de  retour  à 
Angoulême  (2). 

(1)  Annales  manuacrites  de  Limoges.  Limoges,  V*  Ducourlîeux,  <873, 
in-8,  p.  189.  —  BoNAYENTURB  OE  Saint-Amable,  Histoire  de  Saint -Martial, 
t.  m,  p.  539. 

{%)  Pour  quelques  détails  de  cette  expédition  en  ce  qui  a  trait  au  Li- 
mousin, voir  les  Chroniques  de  Saint- Martial^  publ.  par  Duplès-Âgier, 


LA  GOMMUIflt  DE  SAINT^LéONARD   DE  NOBLAT  AU  XIII^   firrèCLE.  9 

Le  roi  est  venu  dans  le  pays  pour  recevoir  la  soumidsion  du 
comte  de  la  Marche  et  des  seigneurs  de  la  contrée.  Aucune  résis- 
tance ne  semble  lui  avoir  été  opposée.  Son  apparition  a  relevé 
partout  le  courage  de  ses  partisans.  Il  établit  un  sénéchal  pour 
gouverner  en  son  nom  la  province  et  commander  les  troupes 
dont  il  prescrit  la  levée;  il  fait  saisir  le  château  d'Eymoutiers  (1) 
et  diverses  possessions  de  Tôvôque,  et  contraint  celui-ci  à  quitter 
son  siège  épiscopal  et  à  s'exiler  du  pays.  Quant  au  vicomte  de 
Limoges,  —  à  qui  Jean  a,  dès  le  mois  de  février,  envoyé  l'évéque 
de  Périgueux,  chargé  d'entrer  en  négociations  avec  les  principaux 
seigneurs  de  la  province,  Gui  V  et  le  vicomte  de  Turenne,  entre 
autres,  —  il  est  contraint,  par  la  force,  de  prêter  de  nouveau 
au  duc  d'Aquitaine  l'hommage  pour  sa  vicomte,  et  de  lui  renou- 
veler le  serment  de  fidélité  qu'il  a  depuis  quatorze  ans  tant  de  fois 
violé,  —  «  Sachez,  écrivait  Gui  V  au  roi  de  France,  que  malgré 
l'hommage  que  je  vous  ai  fait  de  mes  domaines  pour  leur  assurer 
votre  protection,  l'arrivée  dans  ma  terre  du  roi  d'Angleterre, 
mon  seigneur  naturel,  avec  des  forces  défiant  toute  résistance, 
m'a  forcé,  sans  attendre  votre  secours,  à  aller  trouver  mondit 
seigneur,  à  lui  rendre  hommage  et  à  lui  prêter  serment  de  fidé- 
lité et  ligeance  contre  tout  homme.  Je  vous  en  informe  pour  que 
vous  soyez  au  courant  de  ce  qui  s'est  passé  et  pour  que  vous  ne 
comptiez  plus  sur  moi  à  l'avenir  »  (2). 

LéS  communes  se  fortifiaient  et  se  mettaient  en  défense.  Elles 
avaient  repris  possession  des  privilèges  et  libertés  dont  elles 
jouissaient  vers  1200.  Peut-être  même  Jean  avait-il  confirmé 
quelques  bourgeoisies  nouvelles;  car  nous  le  voyons,  le  f 
mai   1214,  écrire  aux  prud'hommes  d'Aixe    en    môme    temps 

p.  89  et  99.  Consulter  surtout  les  précieux  recueils  publiés  en  Angleterre 
et  reproduisant  les  milliers  de  lettres  que  contiennent  les  rouleaux  con- 
servés aux  archives  de  la  Tour  de  Londres,  cl  en  particulier  le  tome  l 
des  RotuU  lUterarum  patentlum  in  turre  Londinensl  asseroati.  Londres, 
1835. 

(1)  Nous  ne  pouvons  pas  traduire  autrement  Castrum  de  Ahento  : 
Ayen  n'appartenait  pas  à  révoque. 

(2)  Philippe,  régi  Francorum,  G.  vicecomes  Lymovic.  hec  subscripla  : 
Sciatis  quod,  licet  homagium  vobis  fecero  pro  defensione  terrarum 
mearum,  tamen  adveniente  rege  Anglie  Johanne,  naturali  domino  meo, 
in  terra  mea,  cum  tantis  viribus  quod  ei  indempnis  rcsislere  non  potui, 
Dec  auxilium  vestrum  expectare,  ad  eundem,  ut  naturalem  dominum 
meum,  accessi,  faciens  ei  fidelitatem  et  homagium  et  liganciam  contra 
omnes  mortales.  Hec  autcm  vobis  significo  ut  ea  sciatis,  et  de  cetero  de 
me  non  confidatis.  (RotuU  Utterarum  patentium  in  turre  Londinensi 
ciaseroati,  Londres,  1835,  1. 1,  p.  il 5. 


10  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

qu*à  ceux  du  Château  de  Limoges,  de  la  Cité  et  de  SainlJunieu, 
pour  leur  annoncer  Tarrivée  de  son  envoyé  Gui  de  Senziliac, 
et  leur  promettre  de  les  secourir  si  le  roi  de  France  ou  ses  troupes 
envahissent  la  province  (1). 

Le  château  d'Aixe  avait  été  enlevé,  peut-être  de  vive  force,  au 
vicomte  de  Limoges  (2).  Nous  avons  vu  plus  haui  le  roi  Jean  et 
ses  troupes  séjourner  à  Aixe  du  21  au  23  mars  1214. 

Dans  le  Château  de  Limoges,  l'autorité  du  vicomte  semble 
avoir  été  réduite  à  néant.  A  cet  égai*d  nos  Annales  manuscrites 
s'expriment  en  termes  significatifs.  La  justice  fut  enlevée  à 
Gui  V  pour  être  remise  aux  magistrats  municipaux.  Les  officiers 
qu'il  avait  établis  dans  la  ville  pour  exercer  en  son  nom  ses  droits 
et  maintenir  les  habitants  dans  l'obéissance  furent  chassés. 
L'auteur  des  Annales  raconte  même  que  le  duc  d'Aquitaine  leur 
«  fil  fiuir  leurs  jours  misérablement  ».  La  commune  rentra  en  pos- 
session de  toutes  ses  libertés  (3).  On  conçoit  dès  lors  le  dévouement 
des  bourgeois  pour  le  roi  d'Angleterre,  et  on  ne  s'étonne  pas  de 
les  voir  se  préparer  à  défendre  la  ville  contre  une  attaque  de 
Philippe-Auguste  et  élever  des  machines  de  guerre  sur  leurs 
remparts  (4). 

Jean  revient  en  Limousin  dans  les  premiers  jours  du  mois 
d'aoïlt.  Le  2  il  est  à  Limoges  :  il  en  part  probablement  le  3  ;  on  le 
trouve  aussi  ce  jour-là  à  Magnac  (5).  Mais  cette  fois  il  n'apparaît 
plus  aux  populations  en  triomphateur.  Il  vient  d'être  défait  hon- 
teusement, sous  les  mui's  de  la  Koche-au-Moine,  par  Louis,  fils 
du  roi  de  France,  et  il  se  prépare  à  regagner  l'Angleterre. 

Ce  départ,  qui  n'était  rien  moins  que  glorieux,  le  peu  de  succès 
des  alliés  de  Jean,  ses  nouveaux  démêlés  avec  ses  vassaux  d'An- 
gleterre, ne  ruinèrent  pas  sur-le-champ  son  autorité  dans  notre 
province.  L'expédition  de  1214  avait  rendu  les  seigneurs  du  Li- 
mousin circonspects.  Les  communes  s'appuyaient  encore  sur  le 

(0  Si  Rex  Francie  venlurus  sil  ad  partes  vcstras  vel  genlem  missurus 
ut  malum  vobis  inférai,  nos  continue  succursum  vobis  mitlemus,  vel  nos 
in  propria  persona,  si  opus  fucrit,  in  succursum  vobis  veniemus... 

Eodem  modo  scribilur  hominibus  de  Castro  Lemovicensi,  el  probis 
hominibus  Sancli  Juvioni  (sic)  et  probis  hominibus  de  Eys. 

(2)  Castrum  de  Axia  rex  cepil  ctsibi  relinuit  {Chron.  de  Saint -Marlial, 
p.  0«). 

(3)  Annales  manuscrites  de  Limoges,  p.  181,  <82. 

(4)  Populus  Lemovicensis  erexit  x  peireiras  melu  Philippi  Régis,  et 
muros  machinis  ligneis  munivit  {Chron.  de  Saint-Martial,  p.  9â). 

(5)  RotuU  lUterarum  patentium,  l.  1,  p.  1  i9  et  120. 


LA  COMMUNE  DB  SAlNT-LéONAUD  DE  NOBLAT   AU  XIII^  SIÈCLE.  44 

duc  d'Aquitaine;  celui-ci  continuait  d'entretenir  des  relations 
avec  elles,  et  on  le  voit,  dans  une  lettre  des  plus  curieuses,  datée 
du  Temple  neuf  de  Londres,  le  19  avril  1215,  déclarer  à  Tarche- 
vôque  de  Bordeaux,  au  prieur  de  Grandmont,  au  comte  de  la 
Marche  et  aux  bourgeois  de  la  Cité  de  Limoges,  qu'il  ne  consen- 
tira à  accorder  la  paix  à  Tévêque  Jean  de  Veyrac,  qu'après  que 
celui-ci  lui  aura  juré  fidélité  et  se  sera  engagé  à  lui  rendre  les 
devoirs  et  services  auxquels  les  évêques  se  sont  soumis  sous  ses 
prédécesseurs.  Et  le  roi  exige  que  l'accomplissement  de  ces  con- 
ditions lui  soit  attesté  par  les  communes  des  domaines  du 
prélat (1).  Cette  condition  n'est-elle  pas  bien  caractérisque  et  ne 
mérite-t-elle  pas  d'être  notée  ? 

Le  débarquement  du  fils  de  Philippe-Auguste  en  Angle- 
terre, l'année  suivante,  fut  le  signal  d'un  nouveau  soulèvement 
des  seigneurs  de  l'Aquitaine.  En  Limousin,  les  châteaux  qu'oc- 
cupaient les  ofKciers  ou  les  partisans  du  roi  d'Angleterre  furent 
repris  par  le  vicomte  de  Limoges  et  ses  amis.  La  Porcherie 
est  détruit,  Royère  enlevé;  Châlucet  se  rend  au  vicomte,  et 
celui-ci  recouvre  le  château  d'Aixe  après  un  siège  de  neuf  se- 
maines (2). 

L'influence  anglaise  n'est  cependant  pas  détruite;  les  con- 
seillers du  jeune  Henri  III  n'abandonnent  pas  la  politique 
traditionnelle  des  Plantagenels  sur  le  continent.  Le  duc  d'Aqui- 
taine demeure  le  patron  des  communes.  Celles-ci  lui  expédient 
des  députés.  En  1218  Nicolas,  en  1220  Pierre  de  Limoges  sont 
envoyés  en  Angleterre  par  les  bourgeois  des  deux  villes.  Les 
consuls  de  Saint-Junien  écrivent,  en  1219,  au  nouveau  duc 
d'Aquitaine  pour  protester  contre  la  construction  d'une  tour 
édifiée  par  l'évêque,  et  se  recommandent  des  chefs  de  la  commune 
de  la  Cité  (3).  En  1220,  c'est  cette  dernière  ville  qui  est  l'objet 
d'une  entreprise  de  la  part  du  prélat  :  Bernard  de  Savène  essaie 
d'établir  ou  plus  vraisemblablement  de  rétablir  un  prévôt  pour 
l'exercice  de  sa  juridiction.  Il  demande  à  Henri  III  d'intervenir 
pour  que  les  bourgeois  reçoivent  sans  difficulté  cet  officier.  Le 
duc  d'Aquitaine  avise  aussitôt  les  habitants  de  la  communication 
du  prélat,  et  ne  donne  aux  consuls  d'autres  ordres  que  ceux-ci  : 


(I)  Et  de  hoc  nos  securos  faciel  per  cives  Limovicarum  et  per  homines 
aliarum  villarum  suarum  (RotuU  Utterarum  clausai^um,  etc..  t.  I). 

(î)  Chron.  de  Saint- Martial,  p.  98,  99. 

(3)  Shirlet  :  Royal  and  otker  historical  letiers  illuatratioe  of  the  reign 
of  Henry  III,  t.  1,  p.  62  :  The  consulale  and  commonally  of  S.  Junien  lo 
Henry  IIL 


H  SOGlÉTi  ARCflÂOLOGIQUE  BT  BIBTORIQUB  DU   LIMOUBIN. 

«  Failes  ce  qoi  a  été  fait  du  temps  de  moa  aïeul,  de  mon  oncle 
et  de  mon  père  »  (l).  A.  celle  même  époque  et  un  peu  plus  tard, 
eu  1222  et  1224,  les  documents  des  Archives  anglaises  font  men- 
tion d'envoyés  de  l'évêque  de  Limoges  et  du  vicomte  Gui  V  (2), 
lequel  du  reste  avait  d'importants  intérêts  en  Angleterre  à  cause 
de  son  mariage  avec  la  tante  du  roi,  Sara  de  Cornouailles  (3). 

Mais  la  puissance  des  ducs  d'Aquitaine  dans  notre  province 
touchait  à  sa  fin.  A  l'expiration  de  la  trêve  conclue  lors  de  l'avè- 
nement d'Henri  III,  Louis  VIII,  qui  venait  de  monter  sur  le 
trône  et  qui  avait  été  trop  étroitement  associé  à  la  politique 
de  son  père  pour  ne  pas  la  continuer  au  moins  dans  ses  lignes 
principales,  assembla  des  troupes  et  entra  en  Aquitaine.  Niort 
et  Saint- Jean-d'Angély  se  rendirent;  La  Rochelle,  assiégée,  fut 
forcée  de  capituler;  en  une  année  (1224-1225),  le  pays  fut  soumis 
jusqu'à  la  Garonne  et  tous  les  seigneurs  jurèrent  fidélité  au  roi 
de  France  (4).  Nos  communes  limousines  envoyèrent  à  La  Ro- 
chelle des  députés  chargés  de  présenter  à  Louis  VIII  les  clés  de 
leurs  villes  et  de  prêter  serment  au  vainqueur.  I^s  lettres 
royales  qui  constatent  l'accomplissement  solennel  de  cette  for- 
malité, confirment  les  corps  de  bourgeoisie  dans  la  jouissance 
des  coutumes  et  privilèges  dont  elles  étaient  en  possession  sous 
les  ducs  d^Aquitaine  de  la  famille  Plantagenet.  Ce  sont  les 
chartes  les  plus  anciennes  ayant  trait  à  la  confirmation  de  nos 
libertés  communales  dont  le  texte  ait  été  conservé. 

Ces  chartes  donnaient  aux  corps  de  bourgeoisie  quelques 
garanties  pour  le  présent.  Les  seigneurs  se  trouvaient  du  reste 
occupés  d'un  autre  côté.  Tous  les  regards  se  tournaient  vers  le 

(<)  Facialls  sicul  lemporibus  Henrlci  régis,  avi  nos  tri  ;  Richardi  régis, 
avunculi  noslri,  et  Johannis  régis,  pairis  noslri,  fieri  consuevit  (RotuU 
litterarum  clausarum^  t.  I,  p.  4(8). 

Ci)  RotuU litterarum  clausarum^  t.  I,  p.  403,  i\S,  etc. 

(3)  RotuU  litterarum  patentium,  t.  I,  p.  499,  437,  4£i6,  508,  etc. 

(4)  LemoviceQscs  et  Petragoricenses  et  omnes  Aquitaniae  principes, 
exceptis  Gasconibus  qui  ultra  Garonnam  fluvium  eranl,  fidelitatem  Régi 
promiserunt  (Guillaume  de  Nangis,  ap.  Historiens  de  France^  t.  XVill, 
p.  763). 

LudovicuB  rex,  anno  h^  regni  sui,  ccpit  ad  se  trahere  tolum  ducalum 
Âquitanie,  et  habuit  secum  comitem  d*Engoleime  e  de  la  Marcha  et  vice- 
comilem  Lemovicensem  e  de  Torena.  Major  querela  de  Henrico  rege  fuit 
quia  Johana^s,  paler  ipsiiis,  Arlurum...  occiderat  in  occulio.  Prima  obsessio 
fuit  a  Niort,  sed  die  septima  se  dederunt.  Secunda  La  Rochela  sese 
dédit.  S.  J.  simiiiter  (C/iron.  de  Saint- Martial^  p.  H9). 


LA  COlIltÙflK  BK  SA1MlHLiK)llARD   Dfi  KOBLAt  AU  XHt^  SlèCLE.  13 

midi,  où  une  naLioiialité  vivace  résistait  à  une  guerre  d'extermina- 
tion et  où  la  lutte  recommençait,  plus  acharnée,  plus  impitoyable 
que  jamais.  Louis  YIII,  alors  qu'il  n'était  encore  que  le  général 
des  armées  de  son  père,  avait  traversé  le  Limousin  à  la  tête  de 
troupes  nombreuses  pour  aller  à  Toulouse  recueillir  les  fruits  de 
la  politique  paternelle  et  avait  séjourné,  à  la  Pentecôte  1219,  dans 
la  Cité  de  Limoges.  Devenu  roi  à  son  tour,  il  marchait  avec  de 
nouvellos  forces  contre  le  Midi  où  l'attendait  une  mort  préma- 
turée. Un  certain  nombre  de  seigneurs  limousins  l'accompa- 
gnaient; révêque  Bernard  de  Savène  suivait  l'expédition.  Le 
prélat  fut  atteint  de  l'épidémie  qui  sévissait  et  succomba  sous  les 
murs  d'Avignon,  au  mois  de  juillet  1226.  Son  prédécesseur,  Jean 
de  Veyrac,  qui  n'avait  pu  rentrer  en  grâce  auprès  du  roi  d'Angle- 
terre et  dont  le  temporel  avait  été  séquestré  durant  cinq  ans 
par  ordre  de  ce  prince  (1),  était  allé  mourir  en  Palestine.  Nous 
avons  vu  plus  haut  Bernard  essayer  de  rétablir  dans  la  Cité  ses 
officiers,  mais  avec  une  certaine  timidité.  Il  ne  paraît  pas  qu'à 
ce  moment  ce  projet  ait  abouti.  Les  évoques  de  Limoges,  con- 
tenus par  la  crainte  du  duc  d'Aquitaine,  distraits  d'un  autre  côté 
par  des  préoccupations  de  diverse  nature,  laissèrent  les  com- 
munes jouir  de  leurs  libertés,  tout  en  maintenant,  semble-t-il, 
pour  la  forme  leurs  officiers.  Nous  entendrons  un  témoin,  aux 
enquêtes  du  procès  entre  Gilbert  de  Malemort  et  les  bourgeois 
de  Saint-Léonard,  déclarer  que  Tévêque  avait  bien  dans  cette 
ville  un  prévôt,  mais  que  le  déposant,  ancien  bourgeois  de  Saint- 
Léonard,  mêlé  aux  afifaires  de  la  commune,  ignorait  absolument 
à  quoi  cet  agent  pouvait  être  employé. 

Quant  aux  vicomtes,  ils  étaient  sans  cesse  en  guerre  avec  leurs 
vassaux  ou  leurs  voisins,  et  leur  intérêt  leur  commandait  de  ne 
pas  se  brouiller  avec  les  bourgeois. 

Au  surplus,  les  alternatives  de  la  politique,  l'incertitude  qui 
régnait  encore  sur  l'issue  déûnilive  de  la  lutte  engagée  depuis 
si  longtemps  déjà  entre  le  roi  de  France  et  le  roi  d'Angleterre, 
préservaient  les  communes  d'une  réaction  violente.  Elles  jouirent 
donc,  durant  un  quart  de  siècle  après  là  conquête  française,  des 
libertés  qu'elles  avaient  usurpées  à  la  faveur  des  événements, 
libertés  dont  on  perdait  peu  à  peu  de  vue  Torigine  et  qui  se  fon- 
daient de  plus  eu  plus  dans  ces  anciennes  coutumes  x^'issédées 

(4)  Huic  enim  Johanni  episcopo  rex  Angliae  Johannes  omnia  jurarcgalia 
episcopatus  Lcmoviccnsis  abstulit,  et  idcirco  ipse  episcopus,  quasi  exherc- 
datus,  ultra  mare  ivit  {Chron.  de  Maleu,  publ.  par  M«  Tabbé  Arbeiioi, 
p.  63). 


i4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

déjà  par  les  populations  agglomérées  de  la  province  à  l'avènement 
des  Plantagenets. 

Entre  1225  et  1250,  les  relations  des  bourgeoisies  limousines 
avec  le  roi  d'Angleterre  s'éteignirent  complètement  :  le  roi  de 
France,  sans  doute,  ne  les  eût  pas  tolérées;  mais  elles  étaient 
devenues  inutiles.  Les  communes,  qui  s'habituaient  du  reste  à 
la  domination  française,  n'avaient  pas  à  se  plaindre  des  seigneurs. 
Ceux-ci  leur  laissaient,  par  une  tolérance  tacite,  la  jouissance  de 
leurs  libertés  et  entretenaient  avec  elles  des  rapports  empreints 
de  part  et  d'autre  de  bienveillance.  C'est  ainsi  qu'à  diverses 
reprises  le  vicomte  de  Limoges  demanda  l'aide  des  bourgeois 
dans  ses  expéditions  contre  ses  vassaux  ou  les  seigneurs  voisins. 
Nous  voyons  Gui  VI,  au  mois  d'octobre  1240,  déclarer  et  recon- 
naître que  les  troupes  de  la  commune  du  Château  l'ont  suivi 
volontairement,  à  titre  d'alliés  et  non  à  titre  de  vassaux,  dans 
son  expédition  contre  la  forteresse  de  Bré  (1). 

Vers  le  milieu  du  siècle,  cette  entente  est  troublée.  Deux  com- 
munes au  moins  entrent  en  lutte  avec  leur  seigneur  :  celle  du 
Château  de  Limoges  en  1252;  celle  de  Saint-Junien  un  peu  avant 
1250.  De  quel  incident  naît  la  querelle  et  à  qui  remonte  la  res- 
ponsabilité de  la  rupture?  Il  est  difficile  de  le  dire.  Toutefois  il 
ne  semble  point  que  les  bourgeois  aient  entamé  la  lutte.  Con- 
trairement à  l'opinion  émise  par  l'auteur  du  livre  le  plus  solide 
et  le  plus  remarquable  qui  ait  été  écrit  depuis  le  commencement 
de  ce  siècle  sur  l'histoire  limousine  (2),  nous  ne  croyons  pas  que 
«  le  milieu  du  XIII®  siècle  ait  été  une  époque  de  soulèvement  géné- 
ral des  communes  limousines  contre  les  seigneurs  ».  Nous 
estimons,  au  contraire,  qu'il  s'est  produit  alors  un  mouvement 
de  réaction  contre  les  usurpations  successives  et  déjà  anciennes 
des  corps  de  bourgeoisie,  un  retour  offensif  de  l'autcirité  féodale 
personnifiée  dans  l'évéque  et  le  vicomte  de  Limoges,  et  qu'à  la 
date  où  nous  sommes  arrivé,  les  communes,  loin  d'attaquer,  sont 
toutes  en  état  de  défense.  Il  nous  paraît  que  les  libertés  qu'on 
leur  conteste  ne  sont  pas  de  conquête  récente,  mais  que  les  bour- 
geois en  jouissent  depuis  longtemps  déjà.  Cette  thèse  nous  semble 
vraie  pour  toutes  les  villes  limousines  du  cours  de  la  Vienne  (à 
l'exception  d'Ey  mou  tiers,  qui  ne  paraît  pas  avoir  pris  beaucoup  de 


(1)  Archives  des  Basses-Pyrénées,  E,  738. 

(5)  Achille  Lkyuarie,  Histoire  du  Limousin^  Bourgeoisie.  Paris,  Du- 
moulin, et  Limoges,  Ardillier  fils,  2  voL 


LA  COllUUNR  DE  SAINT-LÉONARD  DE  NOBLAT  AU  XllI'  SIÂCLG.  45 

développement  avant  le  xiv®  siècle),  et  la  plupart  des  documents 
qui  nous  ont  passé  sous  les  yeux  la  confirment. 

Le  roi  d'Angleterre,  il  faut  le  rappeler  pour  compléter  ce  rapide 
aperçu,  chercha  à  intervenir  dans  les  luttes  qui  éclatèrentaprès  1250 
entre  les  communes  et  leurs  seigneurs  :  le  traité  de  Paris  et  de 
Londres  (sou vent  aussi  appelé  traité  d'Amiens),  en  lui  rendant,  en 
1259,  l'exercice  de  ses  droits  dans  les  diocèses  de  Limoges,  de  Péri- 
gueux,  d'Agen  et  de  Cahors,  semblait  autoriser  son  intervention. 
Toutefois  Saint  Louis  avait  excepté  de  cette  restitution,  outre  les 
états  d'Alphonse  son  frère,  les  terres  que  lui  et  ses  prédécesseurs 
s^élaient  interdit  de  mettre  hors  de  leurs  mains,  et  elles  formaient 
une  bonne  partie  des  trois  diocèses.  Malgré  Tassurance  du  con- 
traire que  le  sénéchal  anglais  donnait  à  son  maître,  dans  une 
curieuse  lettre  du  29  novembre  1262  (I),  Philippe-Auguste  avait 
pris  un  engagement  formel  dans  ce  sens  vis-à-vis  de  Tévêque  de 
Limoges,  et  le  Parlement  le  proclama  à  plusieurs  reprises. 

Ainsi  se  trouvèrent  soustraites  à  l'autorité  d'Henri  III  toutes 
les  communes  des  bords  de  la  Vienne,  sauf  le  Château  de  Limoges 
et  Aixe.  Cette  dernière  ville  n'a  pas  d'histoire  municipale.  Les 
consuls  du  Château,  dans  leur  lutte  désespérée  contre  le  vicomte, 
qui  eut  dans  une  certaine  mesure  l'appui  de  Louis  IX,  et  surtout 
celui  de  son  successeur,  firent  les  plus  grands  efiorts  pour  inté- 
resser Henri  III  et  son  fils  Edouard  I  à  leur  cause.  Deux 
sénéchaux  du  roi  d'Angleterre  vinrent  successivement  à  Limoges 
pour  essayer  de  réconcilier  Gui  VI  et  la  commune,  sans  pouvoir 
poser  les  bases  d'une  entente  acceptée  par  les  deux  parties. 
Le  dernier,  Jean  de  Lalinde,  réussit  à  grand  peine,  au  mois  de 

(1)  De  cpiscopo  isto,  sum  certus  [quod]  ipse  non  habet  privilcgium 
Domini  Pegis  Francie,  et  quod  in  regislris  Régis  Francie  non  poteril 
inveniri  quod  iste  episcopus  prlvilegium  habeat  vel  babuerit  tempore 
retroacto.  Et  hoc  intellexi  per  quandam  magnam  et  bonam  pcrsonam 
islarum  parlium  qui  bcne  novit  super  hoc  veritatcm  (Rymer  :  Royal  and 
olher,  etc.,  t.  II,  p.  2Î4). 

Un  autre  document,  cité  par  Baluze  {Armoire  /,  t.  XVII,  p.  92),  affirme 
le  contraire  :  «  Item  sunt  privilegiati  in  Lcmoviccnsi  ab  antique,  et  antc 
tempns  dicte  pacis,  episcopus  Lemovicensis  et  ejus  capitulum,  et  consu- 
lalus  civitalis  ejusdem,  et  abbatissa  de  Régula,  in  eadem  civilate,  abbas 
de  Soimynhaco  prope  Lemovicas,  et  consulatus  sancti  Geminiani  {aie),  et 
consulatus  Brivas.i» 

(2j  Dominus  Johannes  de  Lalinda  in  castre  Lemovicensi  perdiesaliquos 
presens  fuit  et  pro  vestris  juribus  et  pro  pacc  inler  nos  et  dictum  vicc- 
comilem  ...  fideliter  laboravit;  sed  tandem  non  potuit  aliud  oblinere,  nisi 


16  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE. BT  &I6T0R1QDE  DU  LIMOUSTN. 

septembre  1261,  à  obtenir  la  prolongation  des  trêves  jusqu'à 
l'Epiphanie  de  Tannée  suivante.  Le  jour  môme  où  expirait  le  délai 
fixé  par  le  vicomte,  celui-ci  tentait  une  attaque  de  vive  force 
contre  la  ville  ;  mais  elle  était  repoussée  avec  une  énergie  qui  ôta 
au  seigneur  l'envie  d'en  essayer  une  seconde.  Pendant  plus 
de  dix  ans,  les  bourgeois  eurent  à  subir  une  sorte  de  blocus  dont 
leur  commerce  et  leurs  intérêts  de  tout  genre  eurent  beaucoup 
à  soufirir.  Us  se  défendirent  avec  un  courage  indomptable, 
tantôt  les  armes  à  la  main,  tantôt  devant  la  cour  du  Parlement. 
Edouard,  touché  de  leurs  maux,  se  décida  i  intervenir  en  leur 
faveur.  Voyant  ses  ordres  méprisés  par  -la  veuve  de  Gui  VI,  il 
envoya  quelques  troupes  pour  aider  les  bourgeois  et  reçut 
solennellement  de  la  commune  le  serment  de  fidélité.  Mais  le 
Parlement  déclara  qu'il  n'avait  pas  le  droit  de  prendre  ce  serment, 
celui-ci  appartenant  au  seul  vicomte.  Le  roi  de  France  prescrivit 
au  duc  d'Aquitaine  de  délier  les  habitants  de  la  fidélité  qu'ils  lui 
avaient  jurée.  Les  consuls  envoyèrent  un  député  à  Edouard  pour 
le  supplier  de  ne  pas  les  abandonner.  Le  roi  d'Angleterre  vint  en 
mai  1 274  à  Limoges.  Les  chefs  de  la  commune  et  les  notables  se  pré- 
sentèrent  devant  lui,  se  prosternèrent  à  ses  genoux  et  jetèrent  à  ses 
pieds  les  clés  de  la  ville.  —  «  Seigneur,  s'écrièrent-ils,  nous  avons 
éié  vôtres  dès  longtemps;  vôtres  nous  sommes  encore  et  nous 
voulons  à  toujours  rester  à  vous  et  à  vos  successeurs  »  (1)!  lueurs 
supplications  ar.»'achèrenr  des  larmes  à  Edouard  et  à  sa  suite  ;  mais 
le  prince  leur  déclara  qu'il  ne  violerait  pas  la  défense  de  son  suze- 
)-ain  et  il  leur  rendit  leur  serment.  Néanmoins  il  revint  sur  sa 
détermination  peu  de  jours. après  et  envoya  son  oncle  à  la  tête 
d'une  petite  armée  mettre  le  siège  devant  Âixe,  où  la  vicomtesse 
tenait  garnison  ;  mais  un  héraut  du  roi  de  France  se  présenta, 
somma  les  gens  du  duc  d'Aquitaine  de  cesser  toute  hostilité  et 
cita  Edouard  à  comparaître  au  plus  prochain  Parlement.  Le  roi 
d'Angleterre  se  décida  à  abandonner  les  bourgeois,  et  dut  payer 
plus  de  vingt-deux  mille  livres  en  réparation  des  dommages 
causés  par  ses  troupes. 


quod  quaedam  secaritas,  de  qua  non  multum  confidimus,  fuent  inter  nos 
et  dictum  vicecomitem  usque  ad  festum  Epiphaniae  (Rtmer  :  Royal  and 
other  hlatorical  letters,  t.  11,  p.  484). 

(1)  Burgenscs  attulerunt  claves  villœ,  §upplicanles  quod  villam  defen- 
deret,  claves  coram  ipso  projicientes  (Pierre  Coral  :  Hist,  de  FrancCy 
t.  XXI,  p.  783).  —  Domine,  ab  antique  vestri  eramus,  et  adhuc  sunius,  et 
esse  in  perpetuum  volumus  et  vestrorum  {Armoires  de  Baluse,  arm.  I, 
t.  XVII,  p.  91  et  92. 


LA  COHMUNK   DE  SALNT-LÉONARD   DE   NOBLAT  AU   XIII®  SIÈCLE.  17 

Telle  est  l'issue  de  la  dernière  intervention  du  roi  d'Angleterre 
eu  faveur  des  communes  limousines.  A  dater  de  ce  jour,  le  duc 
d'Aquitaine  perd  toute  action  en  Limousin,  et  le  Parlement  setil 
et  les  sénéchaux  des  rois  de  France,  dont  Tinfluence  et  Tautorité 
grandissent  de  jour  en  jour,  tranchent  les  débats  qui  s'élèvent 
entre  les  corps  de  bourgeoisie  et  leurs  seigneurs.  Ces  faits  inau- 
gurent une  nouvelle  phase  de  notre  histoire  municipale. 

Il  nous  a  paru  indispensable  de  placer  cet  aperçu  sommaire 
de  l'histoire  de  nos  communes  au  début  de  notre  étude  sur  les 
institutions  municipales  de  Saint-Léonard  au  xiii^*  siècle.  Les 
annales  d'aucune  de  nos  bourgeoisies  limousines  n'offrent  plus 
de  confusion  et  d'obscurité  :  Nulle  part  on  ne  se  trouve  en  pré- 
sence de  témoignages  aussi  contradictoires,  aussi  inconciliaJ)les 
à  première  vue.  Le  lecteur  pourra  en  juger  en  parcourant  les 
pièces  servant  de  preuves  â  notre  travail.  Nous  nous  flattons 
pourtant  qu'après  un  examen  attentif  des  choses,  il  n'hésitera  pas 
à  se  ranger  à  notre  opinion  :  à  savoir  que  le  milieu  du  xiii^  siècle 
a  été  marqué  non  par  une  poussée  de  l'esprit  d'émancipation 
communale,  mais  au  contraire  par  une  réaction  bien  caractérisée 
du  pouvoir  féodal  contre  les  libertés  des  bourgeoisies. 


II.  -     LE   CHATEAU   DE  NOBLAT   ET   LA   VILLE   DE  SAINT-LÉONARD. 


A  vingt-trois  kilomètres  de  Limoges,  dans  un  site  pittoresque 
et  charmant,  la  petite  ville  de  Saint-Léonard,  jadis  Noblat, 
montre  avec  quelque  fierté,  auprès  de  ses  tanneries  et  de  ses 
fabriques  de  porcelaines,  ses  curieuses  maisons  à  tourelles  et  sa 
belle  église  romane,  par  malheur  bien  délabrée  aujourd'hui. 
A  ses  pieds,  la  vallée  de  la  Vienne,  jusque  là  presque  toujours 
étroite  et  profondément  encaissée,  s'élargit  un  peu  sur  la  droite 
et  dessine  une  sorte  d'anse  verdoyante;  de  riantes  prairies, 
rayées  de  quelques  files  de  peupliers,  en  tapissent  tous  les 
contours.  Le  regard,  en  suivant  les  gracieuses  ondulations  du 
terrain,  s'élève  peu  à  peu  sans  fatigue,  sans  efiort,  de  la  rivière 
aux  faubourgs,  puis  à  la  ville,  qui  couronne  la  hauteur.  Sur  un 
ressaut  de  terrain,  l'ancienne  route,  appelée  encore  de  son  vieux 
nom,  le  Pavé,  gravit  hardiment  la  déclivité  en  prenant  par  le  plus 
court.  Elle  traverse  la  rivière  sur  un  pont  du  xni*  siècle,  dont 
les  piles  à  contre-forts  divisent  le  courant  et  fendent  les  eaux 
T.  xxxvn.  t 


18  SOCIÉTÉ  ARCnÉOLOGIQUR  KT  BIBTOnTQUE   DU   LÎMOCSIfr. 

rapide^  dô  leurs  avàiïi-becs  aiguS,  semblables  à  autant  ië  ptovtes 
de  navires. 

Sur  Taulre  rive,  le  site  a  gardé  Taspect  sauvage  qu'il  offre  au- 
dessus  de  Saint-Léonard.  tJn  énorme  rocher  se  dresse  presqu'en 
face  de  la  ville.  Sa  masse  abrupte,  hérissée  de  saillies,  semée  de 
pierres  et  de  broussailles,  domine  la  vallée  et  s'avance  jusqu'au 
bord  de  Teau.  Le  sommet  de  ce  roc  supï>ortait  autrefois  ùri 
château,  pins  ancien  peut-être  que  la  ville  même,  et  qui, 
d'après  les  traditions  du  pays,  aurait  servi  de  maison  de  chasse 
aux  rois  de  la  première  race.  Ces  récits  n'ont  rien  d'invraisem- 
blable :  quinze  ou  seize  kilomètres  à  peine  séparent  Saint-Léonard 
du  bourg  du  Palais,  où  Ton  s'accorde  aujourd'hui  à  placer  le 
Jocundiacum  ou  Jogenciacum  de  Louis-le-Débonnaire. 

La  plus  ancienne  mention  que  nous  connaissions  du  Château 
de  Noblat  nous  est  fournie  par  un  accord  conclu  vers  1045,  entre 
le  comte  de  Poitiers  etl'évêque  Jourdain  de  Laron  (I),  accord  sur 
lequel  nous  aurons  plus  loin  à  revenir.  Une  charte  du  Carlu- 
hiire  d'Aureil  nous  montre,  dans  les  premières  années  du 
xii'  siècle,  Audoin  de  Noblat  faisant,  «  à  la  porte  de  la  salle  de 
de  sa  tour  ;>,  en  présence  de  Bernard  de  Royère  et  de  Gérald  (2), 
une  libéralité  au  monastère  fondé  par  saint  Gaucher. 

Ce  Château,  dès  1045,  relevait,  comme  celui  de  Nieul,  du  siège 
épiscopal  de  Limoges.  L'intervention,  à  cette  époque,  des  che- 
valiers qui  tenaient  ces  deux  tours,  dans  le  choix  du  successeur 
de  Jourdain  de  Laron,  serait  inexplicable  si  cette  mouvance 
n'était  pas  admise.  Noblat  avait  une  certaine  importance  à  cause 
de  sa  position,  qui  commandait  tout  le  haut  cours  de  la  Vienne; 
mais  cette  importance  diminua  à  mesure  que  la  ville  de  Saint- 
Léonard  prit  de  l'accroissement. 

Au  centre  du  château,  dans  la  partie  haute,  s'élevait  une  grosse 
tour  carrée,  dont  il  ne  reste  plus  depuis  longtemps  aucun 
vestige.  Ce  donjon  avait  primitivement  constitué  le  château; 
puis  les  murailles  qui  l'entouraient  s'étaient  peu  à  peu  élargies  : 
de  nouvelles  tours  avaient  été  édifiées  dans  cette  enceinte  avec 
la  permission  du  seigneur  et  à  charge  d'hommage  et  de  service. 
Outre  ces  tours,  on  y  voyait  au  xiii®  siècle  un  certain  nombre  dé 
maisons  occupées  par  les  Noblat,  les  Brun,  les  Royère,  Ifes  Mar- 
chés, les  Châteauneuf,  une  chapelle  avec  un  presbytère,  des  jàr- 

(1)  GalUa  Chrlstlaaa,  l.  H,  Instrumenta,  col.  172, 
(3)  Âlduinus  de  Nobiliaco  dcdit...  Et  fuit  factum  hoc  donum   in  hoslio 
silc  de  turre,  prcseatibus  Bern^indo  de  Roera  et  Gcraldo. 


LA    GOimUHE  DK  SAINT-LÉONARO   DB  NOBLAT  AU  XIll^  &1ÈCLE.  19 

dios  et  diverses^  dépendauces.  Mais  là,  coxnine  ailleurs,  la  grosse 
tour  conserve  la  supériorité.  C'est  d'elle  que  relèvent  tous  les  ma- 
noirs, toutes  les  constructions  qui  se  sont  successivement  groupés 
an  tour  dJelle.  C'est  à  son  seigneur  que  reviennent  directement 
ou  indirectement  tous  les  devoirs,  honneurs  et  profits  dus  au 
château.  Une  partie  de  ces  droits  ont  été  inféodés  par  Tévéque 
aux  familles  qui  forment  la  clientèle  du  maître  de  Noblat.  Nous 
allons  voir  les  prélais  qui  occuperont  successivement  le  siège 
de  Limoges,  travailler  pendant  cent  ans  au  rachat  et  à  Textinc- 
tien  de  ces  fiefs. 

Il  serait  téméraire,  avec  le  peu  de  documents  que  nous  pos- 
sédons, d'essayer  de  reconstituer  le  plan  du  château  de  Noblat. 
L'imagination  aurait  une  trop  grande  part  à  cette  restitution. 
Bornons  nous  à  constater  qu'on  distinguait  le  château  haut  ou 
grand  château  et  le  château  bas.  Ce  dernier,  ou  peut-être  une 
partie  seulement,  était  connu  au  xvu**  siècle  sous  le  nom  de  petit 
Château  ou  de  maison  noble  de  Jaueau.  Nous  ignorons  l'ori- 
gine de  cette  dernière  dénomination. 

Nous  avons  parlé  de  la  chapelle  de  Noblat.  Plusieurs  men- 
tions du  Cartulaire  d'Âureil  se  rapportent  au  desservant  de  cette 
chapelle,  qui  peut  avoir  été  le  centre  d'une  petite  paroisse  (1).  Le 
château  toutefois,  dépend,  à  partir  du  xiv«  siècle,  de  l'église 
paroissiale  de  La  Chapelle,  située  à  peu  de  distance  à  l'ouest-sud- 
ouest  du  fort.  Un  document  intéressant  de  nos  Archives  dépar- 
tementales nomme,  à  la  date  de  1357,  Goufiier  de  l'Age-au-Mont, 
desservant  ou  prieur  de  cette  église  (2).  Jadis  à  la  collation  du 
prieur  de  Saint-Léonard,  ce  bénéfice  n'était  plus  qu'à  sa  pré- 
sentation dès  le  XVII*  siècle. 

Au  pied  du  rocher  qui  supportait  le  Château,  sur  le  bord 
de  la  rivière,  quelques  constructions  s'étaient  élevées.  Au  xm* 
siècle,  plusieurs  de  ces  bâtiments  servaient  de  moulins.  Il  y 
avait  là  surtout  des  moulins  à  farine,  qui  appartenaient  au  baron 
de  Châteauneuf,  ou  sur  lesquels  ce  seigneur  possédait  tout  au 
moins  des  redevances.  Nous  le  verrons  essayer,  vers  le  temps  de 
révêque  Aymeric  de  Serre  0246-1272),  d'obliger  les  bourgeois 
de  Saint-Léonard  à  y  faire  moudre  leurs  grains  (3).  On  constate 

(\)  Willelmus,  capellanus  Nobiliaci  de  Casteilo...  Simon,  chapellanus 
de  Casteilo  de  Noalac,  etc. 

(î)  Fonds  du  Chapitre  aux  Arch.  Haute-Vienne  :  Donation  de  Pascal 
Phelipot  pour  des  anniversaires. 

(3)  Archives  Haute-Vienne,  Evôché,  2440,  et  plus  ioin,  chap.  vn. 


10  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   KT   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN. 

aussi,  à  la  même  époque,  rexisteuce  d'ua  foulon  —  moulin  dra- 
paret,  —  à  peu  de  distance  du  pont. 

Ce  pont,  dent  le  premier  établissement  devait  remonter  à  uno 
date  fort  ancienne,  fut  réparé  ou  même  reconstruit  en  entier 
«  en  pierres  »  par  les  habitants  de  Saint-Léonard,  vers  1270.  La 
maçonnerie  des  piles  peut  remontera  cette  époque;  le  revêtement 
paraît  toutefois  avçir  été  refait  au  moins  en  partie.  Les  bourgeois 
y  édifièrent  une  porte  sous  Tépiscopat  d'Aymeric.  Cette  porte 
fut  sans  doute  fortifiée.  Il  était  perçu  sur  le  pont  de  Noblat 
un  péage  dont  le  produit  appartenait  en  partie  au  seigneur  de 
Châteauneuf  (1). 

La  ville  de  Saint-Léonard  avait  au  xiii*  siècle  la  même  assiette 
qu'aujourd'hui  et  occupait  à  peu  près  la  même  étendue  de  terrain. 
Les  lK)ulevards  actuels  conservent  presque  partout  les  contours 
de  l'ancien  périmètre.  Il  est  visible  toutefois  qu'au  sud-ouest  les 
constructions  de  l'hôpital  et  celles  qui  y  font  face,  au  débouché 
de  la  rue  Aumônière,  ont  empiété  sur  les  anciens  remparts  et 
sur  les  fossés.  Du  côté  opposé,  rétablissement  de  la  route  de 
Clermont  a  également  modifié  le  tracé  de  l'enceinte  et  substitué 
une  ligne  droite  à  la  courbe  que  décrivaient  les  murs.  Malgré  ces 
changements,  Saint-Léonard  a  conservé  son  aspect  d'autrefois, 
sinon  dans  les  détails  de  ses  constructions,  du  moins  dans  sa 
physionomie  générale  et  dans  Tensemble  de  son  plan. 

Au  premier  coup  d'œil  jeté  sur  ce  plan,  la  ville  nous  apparaît 
comme  un  ovale  irrégulier  ayant  deux  foyers,  deux  centres  où 
vient  converger  tout  le  réseau  des  voies  publiques  de  l'intérieur 
de  Saint-Léonard  et  des  faubourgs  qui  en  forment  le  prolon- 
gement au-delà  des  murailles.  Ces  deux  foyers  de  vie  et  d'activité 
sont  Tancieune  place  commune  ou  grande  place,  constituée  par 
une  partie  des  terrains  actuellement  occupés  par  la  place 
Gay-Jjussac  et  les  premières  maisons  de  la  rue  des  Etages,  —  et 
les  anciens  marchés  aux  porcs  et  aux  vaches  qui  correspondaient 
à  peu  près  aux  places  du  Marché  et  de  Noblat,  alors  comme 
aujourd'hui  très  rapprochées  l'une  de  Tautre. 

C'est  par  la  description  de  ces  trois  places  que  doit  commencer 
notre  tableau  sommaire  de  la  ville  de  Saint-Léonard  au  temps 
de  Saint-Louis  et  de  Philippe  III  (2). 

La  grande  place,  appelée  aussi  «  place  Commune  »  ou  «  place  de 

(1)  Archives  Haule-Vicnnc,  Evôché,  2440,  et  plus  loin,  chap.  vu. 
(âj  Voir  le  pian  de  Saint-Léonard  qui  accompagne  celte  élude. 


LA   COMMUNE   DE   SAIKT-LÈONARD   DE  NOBLAY  AU   XI1I<^   SIÈCLE.  S! 

Noblat  »  (1),  est  au  moyen  âge  le  centre  des  alTaires  et  de  la  vie 
politique.  Là  sout  dressés  les  étaux  des  bouchers  (2),  disposés, 
comme  à  Limoges,  sur  plusieurs  lignes  parallèles.  Au  xv*  siècle, 
cinq  ou  six  documents  mentionnent  la  rue  «  d'Entre  les  Etages  ou 
les  Etaux  »  (3),  qui  est  probablement  Tamorce  de  la  rue  actuelle 
des  Etages  et  où  Ton  distingue,  on  1426,  une  maison  appelée  de 
l'Aigle  (4),  qui  dépend  probablement  de  la  Chantrerie.  De  cette 
vu^  d'Entre  Us  Etages  part  une  autre  voie  aboutissant  à  la  même 
époque  à  l'hôtel  de  la  dame  de  Laront  ^5). 

Plusieurs  notables  édifices  décorent  cette  place.  C'est  d'abord 
la  grande  église  de  Saint-Léonard  avec  le  cloître  qui  y  est  atte- 
nant et  que  longe  la  rue  ou  passage  qui  met  eu  communication 
la  grande  place  avec  la  rue  Font-Pinou  ;  c'est  l'église  paroissiale 
de  Saint-Etienne,  qui  fait  suite,  de  l'autre  côté  de  cette  rue,  aux 
bâtiments  du  monastère;  plus  loin,  celle  de  Notre-Dame,  le 
plus  ancien  sanctuaire  de  la  ville.  Vers  l'extrémité  sud-ouest,  la 
maison  commune,  au-delà  de  laquelle  on  peut  apercevoir  la  salle 
épiscopale.  Notons  encore  quelques  hôtels  particuliers  de  seigneurs 
dos  environs.  Au  xv«  siècle,  celui  de  Guillaume  Daniel,  cheva- 
lier, est  mentionné  par  plusieurs  documenls  (&), 

Au  devant  de  l'église  de  Notre-Dame,  s'élève  une  rangée  de 
grands  ormeaux.  De  là  le  nom  de  Notre-Dame-de-sous-les- 
Arbres,  sous  lequel  on  désigne  communément  l'antique  sanc- 
tuaire. 

C'est  sous  un  de  ces  ormeaux,  probablement  sous  le  plus  rap- 
proché du  porche,  que  siègent  les  consuls,  pour  juger  les  cau- 
ses criminelles  et  les  menues  contraventions  de  police. 
Ces  audiences  en  plein  air,  tenues  en  présence  du  peuple  convo- 
qué par  les  crieurs  publics,  sont  fréquemment  mentionnées  et 
décrites  au  xin«  siècle. 

Certaines  sentences  rendues  par  les  consuls  sous  Torme  de 

(1)  In  platea  de  Nobiliaco...  in  platea  publica  (Arcli.  dép.  Chapitre, 
liasses  non  cotées).  In  platea  communi,  coram  slallis  ubi  vcnduntur  carnes 
(Dép.  de  Pierre  Jouaus  en  1288,  aux  rouleaux  d'enquôte,  liasse  2440 
Evéché).  * 

(2)  Stalla  ubi  vcndcntur  carnes  (Ârch.  dép.  Evêché,  liasse  3440). 

(3)  Carreria  de  inlerlas  Estagias,  1449  (Arch.  dép.  Chapitre,  Registre  du 
Célérier). 

^4)  Domum  vulgaritcr  nuncupalam  de  FAcgla  (Chapitre,  liasses  non 
cotées). 

(5)  De  dicta  rua  de  înter  Eslatgias  ad  hospicium  domine  de  Laronte 
1436  (Chapitre,  ibidem).  ' 

(6)  En  «433  notamment  et  en  1437  (Chapitre,  liasses  non  cotées). 


23  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

Notre-Dame  étaient  exécutées  séance  tenante  et  sur  la  place 
même.  On  y  livrait  aux  flammes  les  marchandises  de  mauvaise 
qualité.  Nous  voyons  les  magistrats  de  police  y  faire  brûler  des 
porcs  ladres  et  des  étoffes  mal  conditionnées. 

Sur  cette  même  place  se  tenait  le  marché  aux  grains.  On  y 
remarquait  les  mesures  de  pierre  qui  servaient  pour  les  ventes 
publiques  et  auxquelles  devaient  être  appatronées  toutes  les  me- 
sures employées  par  les  particuliers. 

Il  est  parlé,  vers  le  milieu  du  xvni*  siècle,  dans  un  terrier  ap- 
partenant à  M.  le  baron  de  Vernon  et  dans  plusieurs  actes  des 
anciennes  minutes  de  l'étude  de  M.  Bachet,  de  l'endroit  où  «  estoit 
ci-devant  la  pierre  Sabotliôre  »,  près  de  l'entrée  des  halles  (1). 
Nous  croyons  qu'il  est  question  ici  non  des  bancs  charniers  du 
moyen  âge,  mais  des  halles  plus  modernes  qui  existaient  sur  la 
place  Noblat,  à  l'entrée  de  la  rue  Bouzou.  La  pierre  Sahotiière  ser- 
vait probablement  aux  étalages  des  marchands  de  sabots  ou  peut- 
être  devait-elle  ce  nom  à  sa  forme. 

Le  Marché-aux-Porcs  n'est  pas  éloigné  de  la  grande  place,  avec  la- 
quelle la  rue  des  Etages  et  la  rue  Saint-Etieuue  le  mettent  en  com- 
munication; cette  communication  est  attestée  dès  1353  par  un  titre 
qui  mentionne  une  voie  aboutissant  d'une  part  à  Téglise  de 
Notre-Dame  et  de  l'autreàcemarché  (2).  Celui-ci  occupait,  assurc- 
t-on,  les  terrains  actuels  de  la  place  Noblat.  On  trouve,  en  1748, 
cette  mention  qui  confirme  la  tradition  :  <c  Rue  Ghamplepot, 
alioi  du  Marché  aux  Porcs  »  (3).  La  rue  Ghamplepot  débouche  en 
effet  sur  cette  place. 

La  place  Noblat  occupe  les  terrains  de  l'ancien  Marché-aux- 
Vaches,  affecté  à  cet  usage  dès  lexiii*  siècle  (4).  Vers  1260,  l'évê- 
que  voulut  faire  élever  un  gibet  sur  cette  place  pour  affirmer 
son  autorité  de  justicier.  La  seule  nouvelle  de  cette  entreprise 
occasionna  une  émeute  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Les  rues  les  plus  commerçantes  partaient  de  l'une  de  ces  places 
pour  aboutir  aux  portes.  C'était  d'abord  la  rue  Aumôuière,  jadis 

(1)  Note  due  à  Tobligeancc  de  M.  Champeval. 

(2)  la  carreria  que  est  inter  carreriam  de  Foro  Porcorum  et  ecclesiam 
Beale  Marie,  1354;  carreria  de  Foro  Porcorum,  1355  (Chapitre,  liasse  2634 
et  9635),  ou  Marchât  ou  Porcs  {\^Qg*  de  famille  des  Massiot). 

(3)  Arch.  Haute-Vienne,  fonds  du  Chapitre. 

(i)  In  Mercato  Vaccarum  (Evêché,  ^40);  carreria  de  Foro  Yaccarum,  in 
lerritorio  de  Foro  Vaccarum,  U49  (Célérier).  Merchat  a  Las  Vachas  (Hçg. 
Massiot). 


LA  COMMUNE  DE   SAINT-LÉONARO    DE   NOBLAT    AU    XIIl*^   SIÈCLE.  S3 

la  prlûcipale  aveaue  de  Samt-Léonard  et  la  voie  la  plus  longue 
de  toute  la  ville.  Elle  commeuçait  au  Marcbé-aux-Porcs 
(place  du  Marché).  D'après  un  texte  de  1471,  doat  nous  devons  la 
communication  à  M.  Champeval,  la  rue  Aumônière  aurait  été 
autrefois  appelée  rue  de  la  Gonje  (I);  mais,  d'autres  actes  du  xv® 
siècle,  il  résulte  que  cette  rue  de  la  Conja  était  celle  qui  passait 
devant  la  porte  du  Mou^tier  —  Uonaèterii,  —  coaduisant  d'une  part 
à  la  salle  épiscopale  et  se  dirigeant  de  l'autre  vers  la  porte  de  la 
Conja  ou  Aumônière  (2)  ;  ce  serait  donc  la  rue  de  la  Mairie  avec 
son  ancien  prolongement  sur  la  place  commune.  Et  on  s'explique 
aisément  que  la  partie  de  la  rue  Aumônière  où  débouchait 
la  rue  do  la  .Gonje  ait  été  appelée  indifféremment  rue  de  la  Gonje 
ou  rue  Aumônière. 

Nous  verrons  plus  loin  que  ce  nom  de  Conja  est  un  nom  de 
personne.  11  a  été  notamment  porté  par  la  femme  d'Audoiu  de 
Noblat,  qui  vivait  vers  le  milieu  du  xii®  siècle.  De  là  probable- 
ment l'origine  de  la  dénomination  donnée  à  la  rue  dont  nous 
nous  occupons. 

La  rue  de  la  Conja^  mentionnée  au  milieu  du  xv*  siècle,  est 
encore  désignée  vers  1650  à  d'anciens  registres  où  elle  est  appelée 
ce  rue  de  la  Conje  »  (3)  ;  mais  les  textes  qui  fournissent  cette  men- 
tion ne  la  font  accompagner  d'aucune  confrontation  qui  per- 
mette de  préciser  l'emplacement  exact  de  la  rue  et  ses  aboutis- 
sants. 

L'hôpital  était  le  seul  édifice  qui,  dans  la  rue  Aumônière,  put 
attirer  les  regards  du  passant.  Nous  en  parlerons  plus  loin. 

La  rue  de  Malpartus  ou  de  Mauperiuis  (4),  que  nous  trouvons 
mentionnée  aux  documents  du  xiii"  siècle,  était  fort  rapprochée 
des  remparts,  puisque  le  mur  des  fortilications  est  indiqué,  en 
1477,  comme  confrontant  à  une  maison  de  cette  rue  (5).  En  1500, 
une  note  semble  identifier  la  rue  de  Maupertuis  et  la  rue  Aumô- 
nière (6).  Ne  faudrait-il  pas  conclure  de  là  ou  bien  que  la  rue  de 
Maupertuis  est  la  même  que  la  rue  de  la  Gonje,  ou  bien  qu'on  a 

(1)  In  carreriade  ]a  Conja sive  de  Loumosnieyra,  1471. 

(2)  Ruam  publicam  IçndQps  ab  una  parte  a  portale  monasterii  versus 
aulam  episcopalem  et  ab  alla  versus  portam  de  La. Conja  (Arch.  Chapitre). 

(3)  Rcnseignemçnls  dus  k  robligeance  de  JM.  Champeval. 

(4)  Rua  deMalo  Pcrlusio  (Evôché);  carreria  de  Malpartus,  1449  (Reg. 
Céléricr);  rua  de  ^alpartul,  f  475  (Reg.  Massiot). 

(5)  lnter...,ruani  de  Malpartus...  et  murum  fortalicii  hujus  vjlle  (fonds 
du  Chapitre,  renseignement  dû  à  M.  Champeval). 

(6)  Rua  de  Malpartus...,  sive  de. Loumosnieyra  (riçqs..Ghampeval). 


24  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIOUB  DU  LIMOUSIIC. 

donné  ce  nom  au  tronçon  de  la  rue  Aumônière  le  plus  voisin  de 
la  porte  î 

Toutefois  un  texte  de  1490  donne  à  penser  que  la  rue  de  Mau- 
pertuis  n'était  qu'une  ruelle  longeant  les  remparts  à  Tintérieur 
et  débouchant  dans  la  ruo  Aumônière,  auprès  de  la  porte  (1);  il 
est  possible  que  ce  nom  ait  été  appliqué  au  chemin  de  ronde  qui 
mettait  en  communication  la  porte  Aumônière  et  la  porte  Font- 
Pinou.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  verra  plus  loin  que  la  porte  de 
Maupertuis  ne  saurait  être  identi6ée  avec  la  porte  Aumônière. 

Ija  rue  Fonlpinou  (2),  qui  aboutissait  à  la  porte  du  même  nom, 
commençait  au  carrefour  «  à  la  Bel-Arbre  »  appelé  aussi  «  rue  à  la 
Bel-Arbre  (3).  »  Ce  carrefour  se  trouvait  probablement  sur  la  partie 
Est  de  la  place  Denis  Dussoubs  actuelle  (autrefois  place  de 
l'Abbaye),  au  débouché  de  la  rue  des  Ecoudières.  11  communi- 
quait dès  lors,  par  un  passage  ou  un  tronçon  de  rue  séparant  les 
églises  de  Saint-Léonard  et  de  Saint-Etienne,  avec  la  grande 
place.  Les  murs  du  monastère  confrontaient  au  carrefour 
Bel-Arbre,  et  la  rue  Font-Pinou,  après  avoir  longé  ces  cons- 
tructions et  passé  derrière  Tabside  de  la  grande  église,  se  dirigeait 
presque  en  ligne  droite  vers  le  midi.  La  rue  de  Font-Pinou,  ou 
tout  au  moins  la  partie  la  plus  voisine  du  rempart,  est  désignée, 
au  XV*  siècle,  sous  la  dénomination  de  rue  «  le  long  du  Mur  »  (4). 
Peut-être  ce  nom  s'applique-t-il  au  tronçon  du  chemin  de  ronde 
intérieur  qui  débouchait  sur  ce  point  dans  la  voie  principale. 

D'après  la  tradition,  qui  nous  a  été  confirmée  à  la  mairie 
de  Saint-Léonard,  la  rue  de  la  Poste,  qui  va  de  la  place 
Denis  Dussoubs  (de  l'Abbaye)  à  la  roule  de  Glermont,  pa- 
rallèlement i  la  rue  des  Ecoudières,  ne  serait  autre  que  l'an- 
cienne rue  du  Pis,  souvent  mentionnée  dans  les  textes,  dès 
le  XIII»  siècle  (5).  En  1771  et  1775  cetle  rue  dépend,  au  moins  en 
partie,  de  la  paroisse  de  Saint-Michel  (6).  Lldentiôcation  propo- 

(\)  In  rua  de  Loamosnieyra,  sive  in  ruela  de  Malpartus,  inter  mania 
ville...  (Chapitre). 

(2)  In  carreria  de  Fonpino,  xtn*  siècle  (arch.  Haute-Vienne.  Evôché  et 
Chapitre);  in  rua  de  Fon-Pino.  1346  (ibLd.,  Chapitre). 

(3)  In  carreria  pubiica  vocata  de  Fonte-Pino,  prope  quadruvium  Ala- 
belarbra,  1370  (Chapitre);  in  rua  deu  Queyroy  a  la  Bel-Arbre,  et  sublus 
prioratum,  1430  [ibid,) 

(4)  Rua  de  Lon  lo  Mur  sive  de  Fonpino,  1449  (Chapitre,  reg.  du  Célérier). 

(5)  In  rua  deu  Pys,  1883  (Arch.  dép.,  Chapitre,  liasse  124).  —  Rua  deu 
Pis  (Reg.  Massiot). 

(6)  Registres  paroissiaux  de  Saint-Léonard. 


LA    COMMUNE   DR   SAINT-LÉONAKD    DB  NOBLAT   AU   XIU'   SIÈCLE.  $5 

séc  par  la  municipalilé  nous  paraît  d'autant  plus  probable,  que 
la  rue  du  Pis  aboutissait  à  une  porte  du  même  nom  et  que  l'exis- 
tence d'une  communication  avec  le  dehors  à  Textrémiié  delà  rue 
de  la  Poste  actuelle  est  attestée  par  la  direction  du  faubourg 
Paradis.  Celui-ci  forme  en  effet  le  prolongement  de  la  rue  et 
son  nom  semble  rappeler  la  dénomination  de  l'ancien  faubourg. 
Au  dernier  siècle  on  écrivait  communément  rue  des  Pies. 

La  rue  Bouzou  ne  devait  pas  être  moins  ancienne  que  la  porte 
dn  même  nom,  dont  on  constate  l'existence  dès  le  xii*  siècle. 
Toutefois  nous  n'avons  relevé  au  xiii* aucune  mention  de  cette  rue. 
Il  est  parlé  en  1340, 1366,  14^0,  d'une  famille  du  nom  de  Bozon, 
et,  en  1465,  une  maison  ayant  jadis  appartenu  à  Pierre  Bozon 
confronte  à  la  rue  qui  passe  devant  le  grand  portail  du  monas- 
tère (1).  Parmi  les  familles  féodales  qui  possédaient  des  droits  sur  le 
château  de  Noblat  et  qui  en  avaient  eu  autrefois  sur  la  ville,  celle 
des  Royère  compte  plusieurs  Bozon,  un  entre  autres  qui  vit  en 
1 189.  Il  y  a  toute  raison  d'accepter  l'étymologie  rua  Bozonis  indi- 
quée par  les  plus  anciens  textes  relatifs  à  la  porte  du  même  nom. 
Mais  la  direction  de  la  rue  Bouzou,  qui  aboutissait  au  Marché- 
aux-Vaches,  pouvait  suggérer  l'idée  d'une  autre  étymologie,  plus 
triviale  sans  doute,  mais  fort  rationnelle. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  ce  nom  de  a  rue  Bouzou  »  une 
administration  bien  élevée  a  substitué  celui  de  rue  Pauvain,  en 
souvenir  de  l'antique  forêt  de  Pavum  qui  couvrait  autrefois  tout 
ce  canton. 

La  rue  Banchereau,  comme  la  rue  Bouzou,  partait  du  Marché- 
aux-Vaches;  son  nom  est  orthographié  très  diversement.  Nous  re- 
viendrons sur  son  étymologie  en  parlant  de  la  porte  à  laquelle  elle 
conduisait. 

La  rue  de  Cbampmain  (2)  aboutissait  d'un  côté  à  la  porte  du 
même  nom,  de  l'autre  au  Marché-aux-Porcs  (place  du  Marché). 
Elle  n'est  pas  mentionnée  au  cours  du  procès  entre  Tévêque  et  la 
commune;  mais  on  ne  saurait  douter  qu'elle  existât  déjà  à  cette 
époque.  On  y  trouve,  en  1452,  rhôtellerie  de  la  Couronne  (3). 

Bien  que  la  porte  de  Champlepot  fût  très  rapprochée  de  la 
porte  de  Champraain,  la  rue  qui  y  aboutissait  et  qui  s'embranchait 
dans  la  rue  Aumônière,  près  de  la  place  du  Marché-aux-Porcs, 

(I)  In  rua  pubiica,  anle  magnum  portale  monastcrii,  intcr  domum  que 
fuit  antiquitus  Pelri  Bosonis  (Chapitre). 

(î)  Rua  de  Campo  Magno,  1449  (Rcg.  Céléricr).  —  Rua  de  Champ- 
maing  (idem)  ;  rua  de  Champmainht,  de  Champmanht  (Rcg.  Massiot). 

(3)  Note  Champe val. 


30  SO€IRTÊ   ABCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU   LIIIOUSIN. 

n'eu  était  pas  moios  uj;ie  des  pli;is  fréquentées  de  ^a  .ville.  Elle 
est  appelée  indifféremment  Champlepot  (1),  Chatlepa  et  ,Cha- 
plepa  (2). 

Parmi  les  voies  secondaires,  une  de  celles  dont  on  relève  le 
plus  souvent  le  nom  dans  les  liasses  de  nos  archivés  est  la  rue 
des  Ecoudiôres.  Partant  du  carrefour  A  la  Belarbre,  derrière  le 
monastère,  elle  se  dirigeait  presque  parallèlement  à  la  rue  du 
Pis,  et  s'arrêtait  saus  doute  autrefois  au  chemin  de  ronde  ;  car  il 
.ne  parait  pas  qu'il  ait  existé  d'ancienne  date  une  porte  à  son  ex- 
trémité. Elle  était  connue  aussi  sous  le  nom  de  rue  du  Tourfour, 
ou  du  Four-Anglaret  (3).  On  la  trouve  encore  nommée  rue  de 
Tourfoux  en  1601  et  en  1747  (4). 

La  rue  Notre-Dame,  qui  existe  encore,  et  qui,  partant  de 
l'église  de  ce  nom,  allait  déboucher  dans  la  rue  Auniônière,  est 
appelée  tantôt  rue  de  Notre-Dame-de-sous-les- Arbres  ou  rue  de  Sous- 
la'Chapelle-de'Notre-Dame'SouS'l'Arbre,  tantôt  simplement  rue  de 
Sous-leS'Arbres  (5)  On  la  trouve  mentionnée  dès  le  xiv®  siècle,  et 
elle  existe  selon  toute  apparence  au  siècle  précédent.  Il  semble 
que  la  rue  actuelle  de  la  Halle,  qui  venait  du  Marché  aux  Porcs 
et  aboutissait  â  la  mémo  église  ait  été  aussi  appelée  quelquefois 
rue  Notre-Dame.  Peut-être  celte  rue  était-elle  la  voie  connue 
sous  le  nom  de  charreyron  ou  traverse  de  Notre-Dame  ou  rue  du 
Condourat  ou  du  Condonreys  (6).  On  nous  assure  toutefois  que 
ce  dernier  nom  s'appliquait  aune  venelle  entre  la  rue  Chan^praain 
et  la  rue  Champlepot. 

(1)  En  1366  (liasse  sans  numéro  du  Chapilrc). 

(2)  En  U49  (Rcg.  Célérier). 

(3)  Garreria  de  Las  Escudicyras,  (403;  carreria  vocala  do  Las  Escudie- 
ras,  1404  ;  de  Las  Escudieyras,  1411  (liasses  non  cotées  du  Chapitre).  — 
Rua  du  Turfur,  sive  du  Four-Anglaret,  vulgo  des  Ecoudiercs  (note  Cham- 
peval) . 

(4)  Reg.  paroissiaux  et  minutes  Mabaret-Bacliet. 

(5)  In  rua  appellata  de  sublus  capellam  Bealo  Marie  de  sublus  arborem, 
1390;  carreriam  Beaic  Marie,  1449;  carreria  de  Sublus  Arborem,  1449; 
rua  sivecarreyriaiBeale  Marie  de  subtus  arbores,  .1454;  rua  publica  vocala 
de  Noslra  Dama  de  dessoubz  les  Arbreys,  1500  (liasses  du  Chapitre  et 
registre  du  Célérier). 

(6)  Carreria  deu  Codera,  1449  (Célérier)  ;  ip  rua  siva cfiarreyrqno  vocale 
de  Noslra  Domina,  quo  itur  ab  (?)  ecclesia  Béate  Marie  de  sublus  arbores 
ad  ruam  de  Foro  Porcorum.  1.452-,  ruam  sive  codorsuni  de  Nostra  Domina, 
1481  (Chapitre);  rqe  de  Coudoureys,  1620  (minutes  Baçhet,  noie  de 
M.  Champeval). 


LA    COMBIDNË   DE  SAINT- LÉONARD    OC   NOBLAT    AU    XUl°   &lèCLK.  ^7 

Une  des  deux  rues  Notre-Dame  s'était  appelée  rue  Thcw»as 
Raveau  au  xv*  ou  xvi«  siècle  (1). 

On  ne  possède  pas  de  mention  très  ancienne  de  la  rue  de  la 
Pialle(dela  Paille?).  Nous  n'en  connaissons  point  pour  notre 
compte  qui  soit  antérieure  à  1650  (2).  La  rue  des  Trois-Pigeons, 
qui  tire  probablement  son  nom  d'une  enseigne,  ne  parait  pas 
i-emonler  au  moyen  âge.  Il  en  est  de  même  de  la  rue  Saint-Eloi 
et  de  la  rue  Saint- Léonard.  La, rue  Nègre  ou  Noire,  dont  on 
rencontre  deux  ou  trois  mentions  au  registre  du  Célérier  (3)  vers 
le  milieu  du  av«  siècle,  parait  devoir  être  identifiée  avec  la  rue 
actuelle  de  la  Mairie.  Peut-être  toutefois  cette  dénomination 
a-t-elle  été  donnée  à  une  venelle  ou  impasse  aboutissant  à  cette 
dernière. 

On  trouve  la  rue  des  Trois-Pommes  ainsi  dénommée  au 
XIV*  siècle,  et  cette  appellation  n'est  vraisemblablement  pas  nou- 
velle à  cette  époque  (4).  Un  grand  îiombre  de  pièces  nous  la 
fournissent.  Dès  le  temps  de  saint  Louis  et  de  Philippe  III,  il  est 
parlé  dans  des  pièces  du  fonds  de  TEvéché  et  du  fonds  du  Gha* 
pitre,  aux  Archives  de  la  Haute- Vienne,  d'un  Elie  et  d'un  Michel 
TreS'Pommes.  Il  est  vraisemblable  que  notre  rue  doit  son  nom  à 
cette  famille.  C'est  la  rue  actuelle  de  la  Halle,  qui  part  de  la 
place  de  la  Halle  pour  aboutir  à  la  place  Denis  Dussoubs. 

La  rue  de  Bernard  de  Saint-Michel,  dont  nous  trouvons  men- 
tion à  peu  près  à  la  même  date  (5),  tire  vraisemblablement  son 
nom  de  celui  du  propriétaire  des  terrains  ayant  servi  à  l'assiette 
de  cette  voie  ou  même  des  premières  maisons  construites  sur  ces 
terrains.  Précisément,  il  est  parlé,  aux  pièces  du  procès  de 
la  Commune  avec  l'évêque,  de  plusieurs  nobles  de  ce  nom, 
chevaliers  ou  écuyers. 

Nous  avons  cherché  en  vain  à  déterminer  la  direction  de  la 
rue  de  Leyssay,  qu'on  trouve  mentionnée  aux  xv®.  xvi«  et  xvn® 
siècles  (6)  ;  de  la  rue  du  Four-au-Mas  ou  du  Four-du-Mas,  que 

[\)  Ruavocata  de  Thomas  Raveu,  sive  de  Nostra  Domina  (note  Cham- 
peval). 
(?)  Minutes  de  Télude  Bachet,  renseignement  fourni  par  M.  Champeval. 

(3)  In  carreria  Nigra,  inter  domum  Johannis  de  Treys,  alias  Bussier,  etc. 

(4)  In  carreria  vocata  ou  Très  Pomas,  1358  (Arch.  dép.,  Chapitre,  liasse 
5188).  In  rua  Yocala  ous  Très  Pomas  itfr«i.  51?).  Rua  de  Très  Pomas,  de 
Treys  Pomas,  1449  (Célérier). 

(5)  Rua  vocata  Bernardi  de  Sanclo  Michaêle,  1357  (Chapitre). 

(6)  Une  mention  de  cette  rue,  à  la  date  de  1621,  nous  a  été  Hgnaiée 
par  M.  Champeval. 


28  SOGIÉTé  ARCH^^OLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

nous  avons  rencontrée  vers  1455  (1);  de  la  rue  du  Puits-Molinier 
ou  Puits-du-Meunier  (2);  de  celle  de  la  Font-à-la-Pierre,  nom- 
mée en  1284(3);  de  celle  du  Jardiu-du-Prieur  (4),  dont  on 
trouve  une  mention  vers  la  même  époque  ;  de  celle  de  Las 
Peyras-Mesuras,  qu'on  relève  aux  xvii*  et  xviii'  siècles  (5)  et  qui 
doit  nécessairement  partir  de  la  grande  place,  où  l'on  voyait  les 
mesures  de  pierre  servant  à  la  vente  des  grains. 

On  comptait  à  Saint- Léonard,  au  xiii*  siècle,  un  certain  nom- 
bre d'édifices  affeciés  à  des  services  publics  et  dont  les  plus  im- 
portants et  les  plus  beaux  étaient,  comme  partout  à  cette  époque, 
les  bâtiments  consacrés  au  culte. 

Il  faut  mentionner  en  première  ligne  la  grande  église  qui, 
construite  â  la  fin  du  ix*  ou  au  commencement  du  \*  siècle, 
avait  été  rebâtie  au  cours  des  xi*  et  xn*  siècles.  Ilier  Chabot, 
évêque  de  Limoges,  dans  une  charte  concédée  par  lui  et  revêtue 
de  la  signature  d'Agnès,  comtesse  de  Poitiers,  constitua  une  do- 
tation aux  douze  prébendes  fondées  par  ses  prédécesseurs  et  céda 
aux  prébendes  le  cloître,  toutes  les  dépendances  du  monastère  et 
le  terrain  sur  lequel  on  construisait  ou  réédiflait  alors  ces 
bâtiments  (6).  Cette  charte  est  le  premier  document  certain  qu'on 
possède  sur  l'histoire  du  prieuré.  On  voit  figurer  parmi  les  sous- 
criptions celle  de  Marbode,  gardien  du  sépulcre  (7),  ce  qui  sem- 
ble prouver  que  dès  lors  les  desservants  de  Téglise  de  Saint- 
Léonard  avaient  la  garde  des  restes  du  patron  du  lieu.  Il  est  dit 
à  cette  charte  que  le  Moûtier  a  été  fondé  en  l'honneur  de  Jésus- 
Christ,  de  saint  Trophime  et  de  saint  Léonard.  Parmi  les  revenus 
dont  il  est  fait  mention  à  cet  acte,  relevons  «  les  deniers  de  la 
chaîne  »  ^  denarios  calenœ  —  peut-être  analogues  à  ces  offrandes 
de  l'autel  de  saint  Léonard,  dont  nous  avons  vu  Jeau-sans-Terre 


(<)  Rua  de  Furno  ou  Mas.  lier  publicum  de  Furno  ou  Mas  (Gélérier). 
Peut-être  est-ce  la  môme  que  celle  du  Four-Anglaret  ou  des  Ecoudières. 

(2)  Carreria  deu  Potz  Molenier.  Anle  puteum  lo  Molenier,  1449  (ibld.)\ 
rua  Yocala  de  Puteo  au  .Molinier,  1469  (Ghapilrc). 

(3)  Rua  de  Fonte  a  la  Peyra  (Chapitre). 

(4)  Carreria  vocala  de  Orlo  Prions  {ibid.).  CeUe  rue  devait  être  peu 
éloignée  de  la  caserne  actuelle  de  gendarmerie. 

(5)  M.  Ghampeval  nous  en  a  signalé  une  mention  en  1730,  dans  les 
registres  paroissiaux  ou  dans  les  minutes  de  l'élude  B&chet  :  c'est  la  plus 
récente  que  nons  connaissions. 

(6)  Claustra,  et  officinas,  et  terram  in  qua  edificant,  conccdimus 
(Biblioth.  nationale,  manuscril  latin  n°  12747,  p.  476). 

(7)  Ibid.,  p.  479. 


LA   COaillUNR  DB  SAINT-LÉONARD   DR  NOBLAT   AU   XIII^   SIÈCLE.  39 

se  saisir  en  1203.  Ou  sait  que  des  chaînes  laissées  en  ex-voto  par 
les  pèlerins  étaient  appendues  jadis  au  mur  de  l'église,  au- 
dessus  et  des  deux  côtés  de  la  grande  porte. 

Le  collège  de  clercs  chargé  de  desservir  l'église  des  saints 
Trophime  et  f^nard  fut  soumis  à  la  règle  des  chanoiues  de 
Saint-Augustin  parle  pape  Eugène  III  (1 145-1153).  Au  xiii* siècle, 
le  titre  de  chanoine  leur  est  constamment  donné.  Ils  ont  un 
prieur  et  un  sous-prieur.  Le  bénéfice  prioral  subsistait  encore 
à  la  Révolution  ;  mais  la  conventualité  s'était  éteinte  depuis 
longtemps,  et  aux  chanoines  réguliers  avaient  succédé,  dès  le  xvi'' 
siècle,  des  chanoines  séculiers. 

Les  bâtiments  réguliers  ont  disparu  depuis  longtemps  :  ils 
occupaient  une  partie  de  la  place  Denis  Dussoubs  (ancienne 
place  de  l'Abbaye)  et  s'étendaient  derrière  Tabside  de  la  grande 
église,  au  sud-est  surtout,  semble-t-il.  Le  cloître,  au  xiii®  siècle, 
devait  être  assez  vaste,  puisqu'en  1272  les  consuls  et  la  commune 
y  prêtèrent  le  serment  de  fidélité  à  Philippe  III,  roi  de  France, 
entre  les  mains  de  trois  commissaires  royaux  (1).  Vers  1236,  ils 
avaient  prêté  le  même  serment  à  Tévêque  Durand  d'Orlhac,  dans 
l'église  de  Saint-Léonard,  derrière  l'autel  (2),  probablement  sous 
l'arcade  qui  supportait  les  reliques. 

La  maison  du  prieur,  qui  se  trouvait  en  dernier  lieu,  d'après 
M.  l'abbé  Arbellot,  tout  à  côté  de  l'église  Saint-Etienne,  au  nord 
de  la  place  Denis  Dussoubs,  et  de  l'autre  côté  de  l'ancien  passage 
ou  rue  qui  allait  du  carrefour  A  la  Belarbre  à  la  p'iace  commune, 
tombait  en  ruines  au  commencement  du  siècle  dernier  :  elle  fut 
reconstruite  par  le  prieur  Libéral  Jouvenel  de  Maranzac,  nommé 
au  bénéfice  en  1712. 

Il  n'entre  pas  dans  le  cadre  de  celte  étude  de  décrire  la  belle 
église  de  Saint-Léonard,  son  élégant  clocher  et  son  curieux  bap- 
tistère. Nous  nous  bornerons  à  rappeler  que  le  portail  du  moû- 
iier  est  souvent  mentionné  dans  les  confrontations  des  xiii®,  xiv° 
et  xv«  siècles.  Il  est  à  peu  de  distance  de  la  salle  épiscopale,  et  la 
rue  qui  conduit  à  l'hôtel  du  prélat  passe  au-devant  de  ce  por- 
tail (3).  Il  s'agit  évidemment  de  la  porte  ouest,  qui  est  restée  la 
principale  entrée  de  l'édifice  et  fait  face  à  la  rue  actuelle  de  la 
Mairie. 


(1)  V.  Appendice,  A,  n»  6. 

(2)  Appendice,  C,  Vil,  nM27. 

(3)  Inter...  et  portale  monaslerii,  quadam  via  publica,  par  quam  ilur 
et  rcgredilur  ab  eodem  porlale  adversus  aulam  episcopalcm,  intermedia, 
i'Sôi  (Chapitre). 


30  société   ARCBéOLOOiQXJE   Kt   fflâTOmHîUB   DU  LfHdtmiN. 

La  plus  ancienne  des  églises  de  la  ville  était  Notre-Dame, 
construction  peu  importante  d'ailleurs,  distante  de  vingt-cinq  ou 
trente  mètres  de  la  grande  église,  et  dont  remplacement,  occupé 
en  partie  par  la  place  Gay-Lussac,  se  trouvait  à  peu  prèà  au 
débouché  actuel  de  la  rue  Notre-Dame,  entre  la  rue  des  Etages 
et  la  rue  de  Baint-Léonard.  Elle  avait  été  fondée  par  le  patron 
du  lieu  lui-même,  et  avait  servi  de  chapelle  aux  solitaires  qui  en 
furent  les  premiers  habitants.  On  tenait  que  là  s'était  élevé  le 
monastère  primitif  (t). 

Après  la  mort  de  saint  Léonard,  son  corps  fut  inhumé  à  Notre- 
Dame,  sou»  l'autel  11  y  demeura  plusieurs  siècles;  on  le  trans* 
porta  dans  la  grande  église  après  l'achèvement  de  cette  dernière; 
mais  le  tombeau  de  marbre  qui  avait  couvert  les  restes  du  ser- 
viteur de  Dieu  demeu,ra  dans  le  vieux  sanctuaire;  on  l'y  voyait 
encore  au  xvii*  siècle.  Il  était  alors  placé  dans  la  nef  (2). 

A  cette  époque,  l'église  de  Notre-Dame  était  à  peu  près  aban- 
donnée. Elle  avait  longtemps  été  l'objet  d'une  dévotion  toute  spé- 
ciale. II  y  existait  plusieurs  vicairies  et  chapelles  particulières  ;  on 
y  voyait  notamment  «  la  chappelle,  monument  et  sepulchre  »  des 
seigneurs  du  Muraud.  Notre-Dame  avait  été  desservie  par  quinze 
(ou  quatorze)  chanoines  ou  communalistes  et  vicaires  prében- 
des (3).  Nous  avons  trouvé  eu  1283  mention  d'une  confrérie  des 
prêtres  et  des  clercs  séculiers  de  Noblat  (4).  Peut-être  s'agit-il  ici 
de  la  communa'uté  de  prêtres  séculiers  ou  de  chanoines  qui  des- 
servaient l'antique  église. 

On  n'a  aucune  description  de  cet  édifice.  Nous  savons  seule- 
ment, par  de  nombreux  textes  du  xiii*  siècle,  qu'un  porche 
—  portkus  —  existait  au  devant  de  l'entrée  de  Notre-Dame. 

On  voit  quelques  restes  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Etienne 
au  débouché  de  la  rue  dont  le  nom  conserve  le  souvenir  de  cet 
ancien  édifice.  Le  bâtiment,  qui  parait  avoir  eu  une  certaine 
importance,  s'élevait  à  très  peu  de  distance  de  la  grande  église, 
au  nord,  en  avant  des  bâtiments  du  prieuré,  dont  il  paraît  avoir 

(1)  In  qua  quidem  olim,  ut  puto,  et  primitus  extitit  cœnobium  Nobilia- 
censé.  (Man.  lat.  12,747  de  la  Bibl.  nationale,  p.  125,  1)6,  127.) 

(2)  El  haclenus  asservant  Sancti  Leonardi  tumulum  marmoreom,  oiim 
subtus  altare,  modo  in  navi  ccciesiolse  situm  (Ibid,). 

(3)  L'abbé  Oroux,  Histoire  de  la  vie  et  du  culte  de  saint  Léonard. 
Paris,  J.  Barbou,  1760,  p.  38,  —  et  man.  latin  42,747,  p.  126,  127. 

(4)  Confratres  confralrie  Sancte  Marie  presbiteromm  etclericorum  secu- 
larium  Nobiliacensium  ^Archives  départ.,  Chapitre,  liasse  124). 


LA  COMVUNS   or.   SAIEtT-LSONAnD   DR   NOBLAt  AU   XITK®  SfÈCLB.  31 

été  séparé;  ainsi  que  du  Moûtier,  par  un  passage  public  faisant 
communiquer  le  carrefour  A  la  BelarbÉ-e  dvec  la  grande  place. 

Saint-Etienne  existait  dès  le  xii''  siècle  et  se  trouve  nommé  au 
Carlulaire  d'Aureil  (ï).  La  cure  était  à  la  présentation  du  prieur 
de  Saint-Léonard,  et  le  curé  avait  une  place  de  chanoine. 

Il  est  difficile  de  dire  exactement  où  se  trouvait  Féglise  ou 
chapelle  de  Saint-Jean,  qui  paraît  avoir  eu  aussi,  au  moins  au 
XIV'  siècle  (2),  le  titre  de  paroisse.  Elle  était,  d'après  un  texte  de 
cette  époque,  située  près  du  Moùtier.  Peut-on  la  retrpuvor  dans 
la  chapelle  de  saint  Jean-Baptiste  et  saint  Jean  l'Évangéliste 
«  sous  les  voûtes  du  prieuré  »,  dont  parle  l'abbé  Nadaud?  Cette 
dernière  était  une  simple  vicairie  à  la  nomination  du  prieur.  Le 
bénéfice  avait  été  autrefois  à  la  présentation  des  seigneurs  de 
Laron  (3).  Saint-Jean  servit,  au  xvii"  siècle,  d'oratoire  à  la  com- 
pagnie des  pénitents  blancs.  Il  ne  serait  pas  impossible  que  la 
chapelle  ronde  du  baptistère,  aujourd'hui  dédiée  à  sainte  Anne, 
ail  été,  dans  le  principe,  placée  sous  l'invocation  de  saint  Jean. 

Deux  autres  églises,  Saint-Michel  et  Saint-Jérôme,  dont  la 
première  au  moins  a  été  le  siège  d'une  paroisse,  sont  signalées 
dans  d'anciens  titres.  Saint-Michel  est  mentionnée  aux  xvii«  et 
xviii*  siècles.  Simple  chapelle  de  la  grande  église,  elle  se  déta- 
chait au  sud  de  la  nef,  non  loin  de  Saint-Jérôme. 

La  construction  de  ce  dernier  èdiflce  ne  remontait  pas  au-delà 
du  XVII*  siècle.  C'était  une  chapelle  parallèle  à  la  nef  de  la  grande 
église,  appuyée  au  mur  méridional.  Elle  a  subsisté  jusqu'à 
une  époque  peu  éloignée  de  nous.  La  «  royale  compagnie  »  dos 
pénitents  bleus  s'y  réunissait.  Elle  occupait  une  partie  de  Tas- 
siette  actuelle  de  la  place  Saint-Jérôme. 

L'église  de  Champmain,  qui  existait  au  xiii''  siècle,  depuis 
fort  longtemps  peut-être,  et  qui  devint,  auxvii»  siècle,  un  simple 
oratoire  où  la  confrérie  des  pénitents  blancs  installa  d'abord  sa 
«  tribune  »,  fut  longtemps  une  église  paroissiale.  C'est  ce  qu'atteste 
le  titre  de  curé  —  rector  —  donné  en  1357  au  prêtre  chargé  de  la 


(I)  In  domo  Pétri  RanulB,  ad  caput  ecclesie  Sancli  Slephani. 

(3)  Capellano  seu  rectore  ecclesie  seu  capelle  Sancli  Johannis  de  Nobi- 
Haco,  —  Geraido  Forestario,  rectore  capelle  sancli  Johannis  (Donation  de 
Pascal  Phélipot  pour  des  anniversaires,  Arch.  de  la  Haute-Vienne,  Cha- 
pitre de  Sainl-Léonard).  In  capella  Sancli  Johannis  prope  monasteriuni 
dicti  loci  (Evôché,  Reg.  Mea  Sancta  Maria,  fol.  20). 

(3y  Oroux,  Vie  de  saint  Léonard,  p.  250. 


32  SOCIÉTR  ARCHÉOLOGIQUR  RT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

desservir  (1).  L'église  était  placée  sous  Tin  vocation  de  saint 
Martin  ;  elle  possédait  une  vicairie  de  Saint-Georges.  Cette  cure 
était  à  la  nomination  du  prieur  de  Saint-Léonard.  Auxviii'  siè- 
cle, la  paroisse  de  Champmaiii  n'exisiait  plus  et  avait  été  réunie 
à  Saiat-Etienne.  L'église  n'était  plus  qu'une  chapelle  sous  le 
vocable  de  sainte  Marie-Madeleine,  où  les  pénitents  feuille- 
morte  faisaient  leurs  exercices.  Celte  compagnie  la  fit  rebâtir  en 
1815.  C'est  aujourd'hui  la  chapelle  du  cimetière.  L'église  de 
Champmain  était  distante  d'une  centaine  de  mètres  seulement 
des  remparts. 

Comme  la  précédente,  l'église  de  Notre-Dame-de-la-Chapelle 
était  hors  les  murs,  mais  beaucoup  plus  éloignée  de  la  ville. 
Elle  fut,  dès  le  moyen  âge,  la  paroisse  du  château  de  Noblat. 
Au  XIV'  siècle,  cette  église  avait  pour  patrons  les  seigneurs  de 
LaroQ.  Le  nom  de  Gouffier  de  l'Age  au  Mont,  curé  ou  prieur  de 
Notre-Dame-de-la-Chapelle,  nous  est  fourni  par  un  document 
auquel  nous  avons  déjà  emprunté  un  certain  nombre  d'indica- 
tions (2).  Jadis  à  la  collation  du  prieur,  l'église  de  La  Chapelle 
n'était  plus  qu'à  sa  présentation  dès  le  xvii*  siècle. 

La  maison  de  l'Evêque  — manerium  Episcopi  —  appelée  le  plus 
souvent  :  la  Salle  épiscopale  —  auia  episcopalis  —  est,  aux  xiii*  et 
xiv^*  siècles,  un  des  principaux  édifices  de  Saint-Léonard.  Elle 
semble  avoir  été  située  près  de  Téglise,  sans  doute  un  peu  en 
arrière  de  la  mairie  actuelle.  La  construction  pouvait  remonter  au 
XI*  ou  XII*  siècle.  —  Comme  celle  de  Saint-Junien,  la  salle  épisco- 
pale de  Saint-Léonard  sert  à  la  fois  au  prélat  de  tribunal,  de 
salle  de  réception  et  de  festin,  et  de  pied  à  terre.  Ses  officiers 
paraissent  aussi  y  avoir  un  logement.  11  est  vraisemblable  qu'une 
pièce  y  a  été  ménagée  pour  servir  de  chapelle  :  la  Chronique 
de  Maleu  nous  apprend  que  Sébrand  Chabot  fit  construire  une 
chapelle  dans  l'hôtel  épiscopal  de  Sainl-Junien  et  que  celle  cha- 
pelle fut  achevée  en  1190  (3). 

A  côté  de  la  salle  de  l'Evêque  se  trouvait  sa  prison,  accessoire 
nécessaire  de  son  tribunal  (4). 


(1)  Leonardo  Negret,   priore  seu  rcctore  ecclesie  de  Campo   Magno 
(Donation  de  Pascal  Phélipol  déjà  citée). 

(2)  Golpherio  de  Agia  Monle,  capellano  seu  priore  ecclesie  Béate  Marie 
de  Capella,  prope  et  super  castrum  Nobiliaci  (Ibid.) 

(3)  Chronique  de  Maleu,   publiée   par  M.  Tabbé  Arbellot.   —  Saint- 
Junien^  Barret,  1817,  p.  61. 

(4)  in prisioneepiscopi,juxtaaulaniepiscopalem  (Enquêtes  du xiii^' siècle). 


tA   COllXUNE   OB   SAlNT-LéorrÂRD   DE  NOBLAT   AU   XIII*   SIECLE.  3^ 

Quelques  arcatures  élégantes  des^xiii*  el  xiv'  siècles,  engagées 
daus  le  mur  d'une  maisou  particulière,  presque  en  face  de  la  prin- 
cipale porte  de  la  grande  église,  voilà  tout  ce  qui  reste  de  Tancien 
hôtel- de- ville  de  Saint-Léonard.  La  tradition  qui  place  en  cet 
endroit  la  maison  du  Consulat  est  conârmé^e  par  d'anciennes 
confrontations.  Ainsi  il  résulte  de  plusieurs  textes  du  xiii^  siècle 
que  rhôtel-de-ville  était  situé  près  de  l'église  et  de  la  salle 
épiscopale;  or  on  vient  de  voir  que  celle-ci  se  trouvait,  en  effet, 
à  quelques  mètres  de  l'emplacement  que  nous  signalons.  Il 
résulte  d'un  texte  de  1449  qu'à  cette  date  le  Consulat  se  trouvait 
devant  l'église  du  Moûtier  et  confrontait  aux  maisons  de  Pierre 
Peynaud,  ayant  appartenu  l'une  à  Joubert  Flory,  l'autre  à 
Pierre  Desmoulins  (1).  Un  autre  passage  du  même  document 
indique  que  ces  divers  immeubles  étaient  sis  dans  la  rue  Nègre 
ou  rue  Noire (2). En  1420,  les  consuls  ont  vendu  à  Vincent  Fabri 
une  maison  ayant  appartenu  à  Jean  des  Moulins,  placée  autrefois 
entre  la  maison  de  Léonard  Mourinaud  et  la  maison  ou  grenier 
ayant,  d'ancienne  date,  appartenu  à  Jean  des  Moulins  et  séparée 
par  la  voie  publique  de  la  salle  épiscopale  (3).  L'immeuble 
vendu  ne  serait-il  pas  une  dépendance  de  la  maison  commune  ? 

Il  résulte  des  témoignages  recueillis  à  la  fin  du  xiii"  siècle,  au 
cours  des  diverses  enquêtes,  que  les  bourgeois  avaient  fait  cons- 
truire, vers  1260,  le  bâtiment  où  était  alors  le  siège  de  l'adminis- 
tration municipale.  Il  n'est  pas  impossible  que  les  ogives  qu'on 
voit  encore  en  face  du  portail  de  Téglise  aient  appartenu  à  ce 
premier  hôtel-de-ville. 

L'hôpital  de  Saint-Léonard  —  Hospitalis  paupeimm  —  fut,  dit- 
on,  fondé  en  1191.  Legros  signale  son  existence  en  1263;  elle  est 
attestée  vers  1250  par  divers  documents.  Il  en  est  fait  mention 
aux  anciens  Registres  de  l'Evêché,  où  on  trouve   trace  d'une 

(1)  In  domibus  Pétri  Peynelli,  quarum  una  fuit  Jouberti  Flori,  et  alia 
Pelri  de  Moleadinis,  sitis  ante  monasterium  Sancti  Leonardi,  inter  do- 
mum  Consulalus  ex  una  parte  et  domum  Johannis  Bussier  (Reg.  Gélérier). 

(9)  In  carreira  Nigra,  inter  domnm  Johannis  de  Trcys,  alias  Bussier,  et 
domos  que  qnondam  fuernnt  Pétri  de  Molendinis,  modo  Pétri  Peynelli. 
(Ibid.) 

(3)  Domus...  que  antiquilus  fuit  Johannis  de  Molendinis,  sita...  inter 
quamdam  domum  Leonardi  Mourinaud! ,  ex  una  parte,  etaliam  domum  sive 
granier  qn^  antiquitus  fuit  dicti  Johannis  de  Molendinis,  ex  alia,  et  aulam 
episcop^lem  seu  domos  episcopatus  Lemovieensis,  quadam  rua  publica 
intermedia,  ex  altéra  (Chapitre). 

T.  xxxvn.  3 


34  ^OCliTR  AftCRÉOLOGIQUR  RT  RISTORIQUK  DO  tISOCStIC. 

enquête  ordonnée  par  le  Roi  à  la  fin  du  xiii'*  ou  au  commen- 
cement du  xiv«  siècle,  â  l'occasion  d'un  différend  entre  TEvêque 
et  les  Consuls  (1). 

Enfin  le  registre  Ttix  hodiey  du  fonds  de  Tévêché,  aux  archives 
de  la  Haule-Vienne  (2),  contient  le  texte  d'une  bullo  pontificale 
donnée  au  profit  du  prieur  de  (Hôpital  des  pauvres  de  Saint- 
Léonard  contre  les  collecteurs  d'une  taille  levée  par  ordre  du 
prince  Noir.  Peut-être  s'agit-il  du  fouage  qui  excita  un  si  uni- 
versel mécontentement  et  devint  la  principale  cause  du  soulève- 
ment de  tout  le  pays. 

C'est  à  l'hôpital,  désigné  sous  le  nom  d'Hôtel-Dieu  —  Domus 
Dei —  qu'au  xni*  siècle  les  magistrats  municipaux  envoient  les 
denrées  saisies  par  eux  au  cours  de  l'inspection  des  marchés  et 
des  boutiques,  quand  ces  denrées  ne  sont  pas  malsaines  :  les 
pains  n'ayant  pas  la  dimension  réglementaire,  par  exemple  (3). 

Outre  Thospice,  il  existe,  dès  une  date  fort  reculée,  une  mala- 
dreriehors  la  ville,  au  bord  du  ruisseau  du  Tard.  Elle  est  appelée  : 
tantôt  r//i/îr7nfnc  du  Temple,  tantôt  la  Maladrerie  ou  Maladerie. 
De  là  le  nom  de  Riou  las  Infermas  (pour  Infirmas)  donné  au  Tard, 
et  de  Fontaine  des  Infirmes  et  Beure  ou  Boire  des  Malades,  qu'on 
rencontre  souvent  du  xii®  au  xvni''  siècle  (4).  On  trouve  aussi 
mention  du  Cimetière  des  Malades  en  1692.  Outre  les  cimetières 
des  églises,  il  existait,  dès  1«)  moyen  âge,  un  champ  de  repos 
important  à  Champmain  (5). 

Nous  n'avons  pas  parlé  ci-dessus  de  l'église  ou  chapelle  de 
Saint-Martial  au  Pont  de  Noblat,  où  se  réunirent,  au  com- 
mencement du  xvii^  siècle,  les  membres  de  la  compagnie  des 
Pénitents  Feuille-Morte  avant  d'installer  â  Champmain  leur 
oratoire.  Nous  ne  connaissons  aucune  mention  de  cette  chapelle 
antérieure  à  1500. 

Pour  la  même  raison,  nous  n'avions  à  parler  ni  du  couvent  des 
RécoUels,  fondé  près  et  hors  la  porte  Aumônière  (maison  Jullien) 
en  1594,  ni  des  Filles-de-Notre-Dame,  établies  en  1652  au  sud  de 


(4)  Lillera  qua  Rex  mandai  certis  commissariis  quod  inquirant  de  jure 
quod  Consulcs  Nobiliaconses  se  dicebanthabcre  in  domo  hospilatis  Nobi- 
liacensis,  et  de  cxplectationc  quam  fecit  cisdem  Episcopus  Lemovicensis, 
qui  indicto  hospitali  intruserunt  quemdam  nomineMarcialem,  et  inquirant 
veritalem  et  inquestam  remlctanl  partibus  (O  Domina,  f,  88  vo). 

(î)  Fol.  64  r«. 

(3)  Appendice  C,  VI.  nM13.  ' 

(4)  Minutes  Bachet  et  Registres  paroissiaux* 

(5)  Note  de  M.  Champeval. 


LA   COMMUNS   DB  SAlNT-LÉONAnD   DE  r^ORLAt  AU   Xlir   SIECLE.  3(^ 

Téglise  de  Saint- Léonard,  sur  remplacement  acluel  de  la  gendar- 
merie. 

La  construction  de  la  première  enceinte  fortifiée  de  Saint- 
Léonard  paraît  remonter,  comme  on  le  verra  plus  loin,  au  règne 
de  Richard  Cœur-de-Lion.  Tout  au  moins  nos  Annales  rappor- 
Icnt-elles  que  le  duc  d'Aquitaine,  délivré  de  sa  prison,  se  rendit 
en  pèlerinage  au  tombeau  du  patron  de  Noblat,  fit  restaurer 
l'église,  construire  des  portes  fortifiées  et  «  clore  »  la  ville.  Ces 
murailles  furent  réparées  à  plusieurs  reprises,  notamment  à  la 
fin  du  XIV*  et  vers  le  milieu  du  xv"*  siècle.  En  1382,  Charles  VI 
autorisa  les  consuls  à  percevoir,  pendant  deux  ans,  une  aide  pour 
faire  face  aux  dépenses  de  ces  réparations  (1). 

I^es  remparts  ne  comptaient  pas  moins  de  six  entrées  au 
xiii*  siècle;  c'étaient  les  portes  Aumônière,  Font-Pinou,  Bou- 
zou,  Banchereau,  Champmain  et  Champlepot.  Il  n'est  pas  absolu- 
ment démontré,  toutefois,  que  la  porte  du  Pis,  mentionnée  au 
milieu  du  siv«  siècle,  n'existait  pas  soixante  ou  quatre-vingts  ans 
auparavant  :  ce  qui  porterait  à  sept  le  nombre  des  entrées  de  la 
ville.  Il  faudrait  peut-être  y  ajouter  la  poterne  Maupertuis. 

La  plus  importante  de  ces  portes,  qui  s'ouvraient  probablement 
toutes  sous  une  tour,  était  la  porte  Aumônière.  On  comprend 
aisément  que  dès  l'origine  il  en  ait  été  ainsi  ;  elle  se  trouvait  cons- 
truite en  face  du  château  de  Noblat,  au  point  même  où  aboutis- 
sait le  Pavèy  principale  avenue  de  la  ville,  qui  parlait  du  pont  et 
où  venaient  déboucher  tous  les  chemir.s  qui  mettaient  Saint- 
liéonard  en  communication  tant  avec  la  rive  gaucho  de  "la 
Vienne  qu'avec  une  partie  des  territoires  de  la  rive  droite  :  ceux 
de  Limoges  notamment,  de  Pierrebufflère,  de  Châleauneuf  et 
d'Eymouliers. 

La  porte  Aumônière  (2)  devait-elle  son  nom  aux  distributions 
charitables  des  religieux  ou  à  rétablissement  d'une  de  ces 
anciennes  aumônes  municipales  que  le  chroniqueur  de  Vigeois 
assure  avoir  été  fondées  vers  le  temps  de  la  première  Croisade? 
Bien  que  la  commune  paraisse  n'avoir  éié  constituée  qu'à  la  fin 
du  xii**  siècle,  nous  serions  assez  porté,  surtout  à  cause  de  la 
proximité  de  l'hôpital,  à  admettre  la  seconde  hypothèse.  Ce  qui 
tendrait  à  la  confirmer,  c'est  qu'il  existe,  au  xv®  siècle,  à  Saint- 


(I)  Ordonnances  des  Rois  de  France,  t.  XII,  p.  126. 

(ï)  Perla  de  Elemosina,  Elemosinaria,  porta  de  Lamoniera  (procéd. 
xm^"  siècle)^  porta  de  l'Oumosnicyra,  U49  (Reg.  du  Célérier);  l'Oumo- 
nieyro,  tiran  a  la  dicha  porta  (Rcg.  Massiot}. 


36  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UHOUSlH. 

Léonard,  uae  confrérie  dite  des  Aumônes  du  Consulat,  et  que  les 
revenus  de  l'œuvre  sont  administrés  par  les  magistrats  munici- 
paux (I). 

Nous  verrons  plus  loin  que,  le  plus  souvent,  l'exécution  des 
peines  corporelles  prononcées  par  les  consuls,  l'amputation  des 
membres  en  particulier,  avait  lieu  à  la  porte  Aumônière. 

C'était  aussi  très  généralement  à  cette  porte  que  les  consuls 
conduisaient  les  criminels  condamnés  au  bannissement  et  leur 
signifiaient  la  défense  de  rentrer  jamais  dans  la  ville. 

On  a  vu  plus  haut  que  la  rue  Aumônière,  ou  une  ruelle  adjacente, 
portait  le  nom  de  rue  de  Malpartus,  ou  de  Maupertuis.  Un  por 
tail  ainsi  appelé  se  trouve  souvent  mentionné  dans  les  procé- 
dures du  XIII*  siècle  (2).  On  ne  peut  guère  identifier  cette  porte 
avec  la  porte  Aumônière,  car  on  voit  en  1307  les  officiers  du 
pariage  aller  frapper  à  la  porte  Maupertuis  après  qu'on  leur  a 
refusé  l'entrée  de  la  porte  Aumônière  (3).  Ce  n'est  pas  une  simple 
arcade  ouverte,  car  là  a  été  établie  la  principale  prison  des 
consuls  (4)  et  il  en  est  souvent  question  dans  les  enquêtes  ;  celles- 
ci  nous  apprennent  que  le  portail  de  Maupertuis  a  élé  réédifié 
par  les  chefs  de  la  commune  vers  1240  (5). 

Il  faut  en  conclure  peut-être  que  Maupertuis  était  une  poterne 
fort  rapprochée  de  la  porte  Aumônière. 

Nous  n'avons  trouvé  nulle  part  de  mention  relative  au  fau- 
bourg de  la  porte  Aumônière;  mais  il  n'est  pas  douteux  que  des 
maisons  fussent  construites,  dès  une  époque  fort  ancienne,  des 
deux  côtés  du  Pavé. 

La  porte  Font-Pinou  servait,  comme  Maupertuis,  de  prison 
communale.  Elle  est  également  mentionnée  au  temps  de  Phi- 
lippe III  et  de  Philippe  IV  (6).  Un  faubourg  s'était  construit 
dans  le  prolongement  de  la  rue  qui  y  conduisait.   Son   nom 

({)  Memoric  sero  quod  V*'  argent  une  veys  paiade,  que  monsenhucr 
Giraud  Massioth...  avio  donat  a  Las  Oumosnas  de  Consolai  en  son  tes- 
tament, que  yeu,  Johan  Massioth,  las  ay  paiadas...  Sero  memorie  de  en 
aveir  quixtance  de  Consolât,  1475  (Beg.  Massiol). 

(î)  Portale  de  Malo-Pertusio,  de  Malpartus,  de  Malparlut. 

(3)  Leymarie,  Bourgeoisie,  t.  il,  p.  â79. 

(4)  Prissio  de  Malo  Pertusio  est  in  mûris  (Evéché,  2440). 

(.5)  Et  sunt  quin^uaginla  anni  quod  vidit  rcfici  pcr  consules  portale 
murorum  quod  vocalur  porlale  de  Malo  Pertusio  (Témoignage  de  Pierre 
Tutonis,  198B). 

(6)  In  prisione  consulum,  in  portalicio  de  Fonte-Pino  (dép,  de  Jean 
Dubois,  prêtre,  1288);  —  Porta  de  Fonpino,  U49  (Reg.  Célérier). 


LA   CO>IMUNK    DE   SAINT-LÉONARD   DE  NOBLAT   AU    XIII«   SIÈCLE.  37 

est  lire  du  voisinage  d'uae  fontaine  située  hors  des  murs,  qui 
existe  encore  et  qui  alimente  le  lavoir  établi  à  gauche  de  l'arrivée 
actuelle  de  Limoges. 

Un  litre  de  1357  mentionne  la  porte  du  Pis  (t),  qui  était  selon 
toute  vraisemblance  construite  à  peu  près  à  l'endroit  où  débouche 
la  rue  de  la  Poste,  sur  la  roule  de  Clermont,  Il  est  parlé  en  1315, 
1340,  1357  et  1449  du  faubourg  qui  avoisinait  celte  porte  (2)  et 
qu'on  trouve  encore  en  1756  avec  la  dénomination  de  faubourg 
des  Pis  (3).  C'est  aujourd'hui  le  faubourg  Paradis. 

La  porte  Bouzou  existe  certainement  au'xn*  siècle  et  doit  être, 
par  conséquent,  une  des  plus  anciennes  de  la  ville.  Les  carlu- 
îaires  d'Aureil  et  de  L'Artige  la  signalent  et  rappellent  porte  de 
Boson  (4),  indiquant  ainsi  une  étymologie  qu'il  faut  bien  adop- 
ter, mais  sans  grand  espoir  d'éclaircir  l'origine  historique  de  ce 
nom.  Toutefois  nous  avons  dit  plus  haut  que  parmi  les  membres 
de  la  famille  de  Royère,  qui  habita  le  château  de  Noblat  et  pos- 
séda certains  droits  sur  la  ville,  on  note  l'existence  d'un  Bozon  en 
1189,  c'est-à-dire  vers  l'époque  même  où  Richard  Cœiir-de-Lion 
fait  construire  les  fortifications. 

Au  XIII"  siècle  et  aux  siècles  suivants,  les  mentions  de  la  Porte 
Bouzou  ne  sont  pas  rares  (5),  non  plus  que  celles  du  faubourg 
qui  s'étend  au-delà.  (6). 

La  porte  Banchereau  est  souvent  désignée  à  d'anciens  titres  ; 
mais  quelle  est  la  forme  régulière  de  ce  mot  et  sa  véritable  or- 
thographe? On  trouve,  dans  le  dernier  quart  du  xiii"  siècle,  Ban- 
cheriau,  Bancherau  et  Bancherain  (dép.  Léonard  Goudelli), 
Blancherain  (Jean  du  Bois).  On  ne  relève  pas  moins  de  variantes 
dans  la  dénomination  du  faubourg  qui  s'étend  aux  abords  de 
cette  porte.  Il  est  appelé  Boucheriau  et  Bocheriau  en  1288(7), 
Banchareu  et  Banchoreu  plus  tard.  Ce  nom  ce  conserve-t-il  pas 
le  souvenir  d'une  ancienne  boucherie  ou  d'abattoirs?  On  peut  le 
supposer,  la  rue  sur  laquelle  ouvrait  cette  porte  menant  direc- 
tement au  M arché-aux- Vaches. 

(1)  Prope  portam  dou  Pis  et  juxta  fossatum  dou  Pis  (Chapitre). 

(2)  Liasses  Chapitre  et  reg.  Célérier. 

(3)  A  un  terrier  de  M.  le  baron  de  Vcrnon.  Note  de  M.  Champeval. 

(4}  Extra  portam  de  Noallac  que  dicitur  porta  Bozonis  (cartul.  d'Aureil, 
fol.  11).  Ad  portam  Bozonis  (cart.  de  L'Artige,  fol.  27). 

(5)  Porta  de  Bousou  (dép.  de  Martin  Le  Tourneur,  1288);  ante  porlam 
de  Bozo  (Reg.  Célérier). 

(6)  In  barrio  de  Bouzo,  in  vico  de  Bouzo,  in  vice  de  Bouzon  (dép.  de 
Pierre  d'Arfeuille  et  autres);  in  barrio  de  Bozo,  Ii«l5  et  1325 (Chapitre). 

(7)  In  vico  vocalo  au  Boucheriau. 


38  SOCIKTF-   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIR. 

Dans  tous  les  cas,  il  faut  noter  qu'en  1449  le  faubourg  de  Ban- 
chereau  ou  une  section  de  ce  faubourg  est  appelé  de  «  Vieille- 
Vialle  »  (Ij.  Vialle  est  un*  mot  d'un  emploi  très  fréquent  dans 
notre  région  et  qui  signifie  Vallée. 

Est-ce  au  même  faubourg  que  se  rapporte  une  mention  des 
«  Barris  de  Vieille  Selle  »  au  xiv*  siècle  (2)?  Ce  serait  dans  ce  cas 
une  mauvaise  lecture  ou  une  forme  corrompue. 

Une  ancienne  liève  de  l'hôpital  signale  en  1751  la  Croix  Saint- 
Thibaut  au  faubourg  Banchereau.  On  sait  qu'autrefois  des  croix 
étaient  plantées  à  Textrémité  des  faubourgs;  elles  indiquaient 
les  limites  de  certaines  juridictions  et  spécialement  des  circons- 
criptions paroissiales.  C'est  dans  ce  sens  qu'on  doit  entendre 
Texpression  intra  cruces  qu'on  rencontre  si  souvent  dans  des 
pièces  émanant  de  l'autorité  ecclésiastique. 

On  observe  encore,  à  l'extrémité  de  la  rue  de  Champmain,  un 
massif  de  maçonnerie  épaulant  solidement  une  maison  et  mar- 
quant l'emplacement  de  Tanlique  porte  de  Champmain  (3).  Elle 
s'ouvrait  en  face  de  ce  plateau  où,  à  la  fin  du  x«  ou  du  xi*  siècle, 
les  personnes  atteintes  du  mal  des  Ardents  s'étaient  réunies  et 
furent  guéries  par  l'intercession  de  saint  Léonard,  dont  les 
reliques  avaient  été  transportées  en  procession  au  sommet  du 
plateau. 

Nous  verrons  plus  loin  que  les  consuls  rendirent  parfois  la 
justice  sous  le  portail  de  Champmain.  L'évoque  ne  put  nier  que 
des  assemblées  de  ville  ne  s'y  fussent  tenues. 

Mentionnée  au  xhi^*  siècle,  la  porte  Champlepot,  appelée  à  cette 
époque  Chaplepa  (4;,  est  dénommée  en  1480  et  en  1485  Porta  de 
Challepa  (5).  La  rue  qui  aboutit  à  cette  porte,  venant  du  marché 
aux  porcs,  a  le  même  nom,  orthographié  Chatlepa  en  1366  (6)  et 
Chaplepa  en  1449  (7).  Le  faubourg  est  appelé  de  Challepa  et  de 
Chaplepa  au  xiv«  siècle.  Il  y  existe  une  fontaine,  et  à  Textrémité 
sans  doute,  s'élève  une  croix  connue  sous  le  nom  de  La  Croix  au 
Comte  (8). 

(1)  Iq  barrlo  de  Banchareu,  nuDcupalo  de  Vielhe  VUilo  (Gélérier). 
(8)  In  loco  qui  dicitur  aua  barriz  de  VUUe  Se^fe  (Chapitre). 

(3)  Porta  de  Gampo  Magoo  (dép.  Léonard  Goudelli,  1288);  —  Portale 
qaod  dicitur  Campus  Hagnus  (dép.  Pierre  Tutonis). 

(4)  Enquête  de  1288, 

(5J  Reg.  Massiot  et  arch.  Chapitre. 

(6)  Chapitre. 

(7)  Célérier. 

(8)  In  barrio  de  Chaplepa,  inter.  iter  publicum  per  quod  itur  de  fonte  de 
Chalepa  ad  crucem  ou  Conte,  xiv»  siècle  (Chapitre,  liasses  non  cotées),  in 
barrio  vocatur  de  Challepa,  1367  (Arch.  familles,  liasses  non  cotées). 


LA  COUMCNS   DE  SAINT-LÊONARD   DE  NOBLAT   AU   XIll^   SIÈCLE.  3d 

Où  était  placée  la  porte  de  Leyssay,  doul  il  est  parlé  en  1449 
au  regisu*e  du  Célérier?  Nous  l'iguorons  absolument,  mais  nous 
avons  quelque  raison  de  penser  que  ce  nom  désigne  une  des  por- 
tes ônumérées  plus  haut.  Le  registre  en  question  mentionne  en 
1449  le  carrefour  de  Leyssay  et  la  rue  de  Leyssay,  près  le  mur 
do  la  ville.  Peut-être  faut-il  voir  dans  ce  mot  la  corruption  d'un 
nom  que  nous  avons  relevé  dans  la  déposition  do  Pierre  de 
Rocamadour  en  1288  (i),  et  que  nous  croyions  avoir  mal  lu. 

Tout  ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est  que  la  porte  de  Leyssay 
n'éUtit  pas  la  même  que  la  porte  Aumônière(2).  Un  document  de 
1490  permettrait  de  l'identifier  avec  une  des  portes  voisines  de 
cette  dernière  :  peut-être  Font-Pinou. 


IIL    —    LES   SEIGNEURS    DE    NOBLAT    :    l'ÉVÊQUE    DE    LIMOGES;    LES 
NOBLAT,   LES   BRUN,    LES    TIGIER,    LES  ROYÈRE,     LES    MARCHÉS. 


On  a  VU  plus  haut  (3)  les  évoques  de  Limoges  soutenir,  pendant 
un  demi-siècle,  une  lutte  à  peine  interrompue  contre  les  rois 
d'Angleterre,  ducs  d'Aquitaine;  durant  cette  période  si  agitée,  ils 
furent  constamment  les  appuis  les  plus  fermes  du  parti  français 
dans  la  province,  et  celui-ci  trouva  en  eux  ses  chefs  les  mieux 
obéis.  Les  successeurs  de  saint  Martial,  il  faut  le  rappeler, 
n'étaient  ni  des  adversaires  sans  importance  ni  des  alliés  à 
dédaigner.  On  chercherait  en  vain,  dans  tout  l'ancien  territoire 
Lémovice,  un  baron  aussi  riche  et  aussi  influent  que  le  fut,  aux 
XI*  et  xïi*  siècles,  le  prélat  placé  à  la  tête  du  diocèse.  Maître, 
sur  une  étendue  de  vingt-cinq  lieues,  du  cours  de  la  principale 
rivière  du  pays,  qu'il  tenait  par  les  villes  échelonnées  sur  toute 
la  traversée  actuelle  du  déparlement  de  la  Haute-Vienne,  il 
était  presque  nécessairement  mêlé  à  tous  les  incidents  qui  pou- 
vaient survenir  dans  celle  région.  Ses  domaines  jetaient,  de 
l'Est  à  lX)uest,  comme  une  sorte  de  petite  Marche  entre  les 
états  des  comtes  de  Charroux,  plus  tard  des  Lusignan,  et  ceux 
des  vicomtes  dont  les  fiefs  se  partageaient  le  diocèse  au  Sud.  Il 
possédait  la  plupart  des  villes  et  bourgs  importants  du  pays  : 
la  Cité  de  Limoges,  Brive,  Saint-Léonai*d,  Baint-Junien,  Eymou- 

(!)  Portam  dictam  Lauchasavi  ou  Lanchasavi. 

(2)  Inter  lier  tendens  de  perla  de  Lousmosnieras  ad  ponlem  Nobiliaci 
et  aliam  de  Ponte  Nobiliaci  ad  porlale  de  Leyssay  (Chapitre). 

(3)  Chapitre  1,  p.  d,  7,  etc. 


40  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE    DD    LIMOUSIN. 

tiers,  Alassac,  Donzeuac,  Laurière  et  bien  d'autres.  Aucun 
propriétaire  laïque  ou  ecclésiastique,  le  vicomte  de  Limoges 
lui-même,  n'étendait  la  main  sur  autant  de  châteaux.  Sans 
parler  du  château  épiscopal  de  la  Cité  et  de  celui  d*Islo  qu'il 
tenait  lui-même  aux  xni*  et  xiv*  siècles,  uous  voyons  les  La  Brosse 
lui  prêter  l'hommage  pour  celui  de  Boussac  ;  les  comtes  de  La 
Marche  pour  ceux  de  Laurière  et  de  la  Motte  de  Salagnac  ;  les 
Rançon,  puis  les  Valence,  pour  celui  de  Rançon;  les  Ghabanais 
pour  Châteaumorand  et  Veyrac;  les  Nieul,  puis  les  Montrocher 
pour  Nieul  ;  les  de  Gain  pour  la  Motte;  les  Razès  pour  leur  tour 
et  pour  plusieurs  petits  manoirs  ;  les  Bodoyer  pour  Compreignac  ; 
les  Noblat,  les  Brun,  les  Marchés,  les  Châteauneuf  et  les  Vigier, 
pour  Noblat,  Brignac,  etc.;  les  Vontadour  pour  Peyroux  et 
autres  repaires  ;  les  Beaujeu  pour  Bellefaye  ;  les  Malemort  et  les 
Saint-Michel  pour  Malemort,  Donzenac,  etc.;  les  Turenne,  les 
Malemort  et  les  consuls  de  Brive  pour  cette  ville  ;  les  Comborn 
pour  leur  château,  la  châtellenie  et  la  vicomte  toute  entière;  les 
Roffignac,  les  Saint-Aulaire,  les  Cosnac,  les  Cornil,  les  Sainte- 
Fortunade,  les  Ghanac  et  vingt  autres,  pour  une  multitude  de 
tours  ou  de  manoirs  semés  dans  tout  le  bas  pays. 

A  quelle  époque  et  comment  s'était  formée  cette  puissance 
féodale?  Nous  ne  saurions  le  dire  précisément.  Née,  sans 
doute,  lors  de  la  défaite  des  Visigoths  et  de  la  prise  de  possession 
de  la  contrée  par  les  Francs,  elle  paraît  s'être  accrue  à  la  suite 
de  la  victoire  définitive  de  Pépin  sur  Waïffre,  dont  l'Eglise  avait 
eu  fort  à  se  plaindre.  Louis-le-Pieux,  Gharles-le-Chauve  durent, 
à  l'imitation  de  Pépin,  se  montrer  généreux  pour  les  évêques,  qui 
furent  toujours  sous  leur  règne  des  sujets  obéissanls.  Au  cours 
du  XI*  siècle,  plusieurs  hommes  intelligents  et  énergiques,  appar- 
tenant aux  plus  grandes  familles  du  pays,  occupèrent  le  siège  épis- 
copal. A  la  mort  d'Ebles,  fils  et  frère  de  ducs  d'Aquitaine,  on  avait 
vu  la  crosse  de  saint  Martial  remise  aux  mains  d'Hilduin,  frère 
d'Ebles,  puis  à  celles  de  Gérald,  neveu  de  ses  deux  prédécesseurs 
et  frère  du  vicomte  de  Limoges.  A  Jourdain  de  Laron,  qui  se 
fit  élire  et  installer  malgré  les  efibrts  du  vicomte  de  Limoges  et 
la  compétition  d'un  fils  de  ce  dernier,  succéda  Itier  de  Ghâlus, 
lequel  fut  remplacé  par  un  autre  Laron,  Gui  I.  Tous  ces  prélats 
jouèrent  un  rôle  important  au  cours  des  événements  de  ce  siècle, 
et  leur  autorité  politique  s'affirma  en  même  temps  que  se  déve- 
loppait et  se  classait,  en  quelque  sorte,  leur  état  féodal. 

Ne  faut-il  pas  attribuer  à  Jourdain  et  à  Gui,  et  de  préférence 
au  premier,  l'acquisition,  au  siège  épiscopal  de  Limoges,  du  cfaâ- 


LA  COMMUNE    DE   SAINT-LÈONABD   DE   NOBLAT   AU   XIII*   SIÈCLE.  44 

teau de  Noblal?  Il  n'y  aurait  àcelle  hvpolhèse  aucune  iavraisem- 
blance.  L'abbé  Oroux  rapporte  qu'après  le  départ  des  Normands 
et  à  la  faveur  de  la  désorganisation  générale,  les  seigneurs  de 
Laron  s'étaient  emparés  de  la  justice  de  Saint-Léonard,  et  appuie 
ce  récit  sur  un  texte  du  Chartrier  du  prieuré  recueilli  par 
D.  Estiennol;  mais  le  texte  auquel  il  est  fait  allusion  et  que  nous 
citons  plus  loin  n'a  trait  qu'au  monastère;  au  surplus  cette 
usurpation  de  droits  mal  exercés,  négligés,  peut-être  même 
abandonnés,  n'est  certainement  pas  la  seule  qui  dut  se  produire 
à  ce  moment.  —  Aux' siècle,  le  bourg  de  Saint-Léonard  était- 
il  sous  la  dépendance  du  château?  On  ne  saurait  l'affirmer. 
Peut-être  appartenait-il  au  collège  de  religieux  ou  de  chanoines 
qui  avaient  succédé  aux  compagnons  du  saint  ermite  et  avaient 
défriché  le  canton.  Peut-être  le  château  aussi  dépendait-il  d'eux  ; 
mais  cette  dépendance  n'existe  plus  dès  le  milieu  du  xi*  siècle. 
Avant  cette  époque  un  lien  est  formé  entre  le  siège  épiscopal  et 
la  forteresse  féodale  qui  a  remplacé  la  maison  de  chasse  des 
princes  mérovingiens.  Une  charte  reproduisant  les  clauses  de  l'ac- 
cord conclu,  vers  1045,  entre  Guillaume  Vde  Poitiers  et  l'évêque 
de  Limoges,  l'atteste  de  la  façon  la  plus  précise  et  dans  des  ter- 
mes qui  méritent  d'être  signalés.  Guillaume  était  venu  en 
Limousin  pour  apaiser  les  restes  des  querelles  dont  la  nomina- 
tion de  Jourdain  de  Laron  avait  été  le  point  de  départ.  L'inter- 
vention de  la  puissance  laïque  avait  joué  un  grand  rôle  dans  la 
désignation  du  préiat  ;  on  redoutait  qu'il  n*en  fût  de  même  quand 
le  moment  serait  arrivé  de  lui  choisir  un  successeur.  P'^ur 
calmer  les  appréhensions  du  clergé,  le  comte  de  Poitiers  consentit 
à  s'interdire  de  mettre  un  évêque  sur  le  siège  de  Limoges  en 
dehors  de  la  désignation  du  Chapitre  et  sans  l'avis  des  nobles  qui 
possédaient  les  tours  de  Nieul  et  de  Noblat  —  déjà  hommagées  au 
prélat  qui  occupait  le  siège  de  Limoges,  on  n'en  peut  douter.  S'il 
n'en  était  pas  ainsi,  comment  expliquer  leur  intervention  à  ce 
choix  ?  Il  ne  s'agit  évidemment  pas  ici  d'une  simple  approbation  ; 
le  mot  conseil  —  consilium  —  employé  par  le  rédacteur  du  traité 
indique  suffisamment  une  participation  plus  intime  et  plus 
immédiate  à  la  nomination  de  l'évêque.  Il  est  expliqué  qu  Aimeric 
de  Nieul  sera  assisté  d'un  de  ses  fils  :  après  son  décès,  ses  deux 
fils  seront  appelés  à  donner  leur  avis;  de  même  les  deux  fils 
d'Audoin  de  Noblat  seront  consultés.  A  leur  défaut,  cette  préro- 
gative sera  exercée  par  les  chevaliers  qui  tiendront  à  ce  moment 
les  tours  de  Nieul  etde  Noblat  (1).  Ces  précautions  paraissent  avoir 

(I)  5i  Comee   Pictaoensls   in  çpiecopatum    Lemoolcœ  sedis  mUterct 


43  SOCIÉTÉ   ARCBÉOLOGIQUB   KT   HlSTOlilQUC   DU    LIMCiiSIN. 

élé  vaines,  comme  ea  témoigne  la  lettre  épl(>rée  qu'adressaient 
peu  d'années  après  au  comte  de  Poitiers  les  clercs  de  Saint- 
Etienne  (1).  Ce  fut  la  noblesse  du  pays  qui  choisit  et  imposa 
Itier  de  Châlus. 

11  ne  faut  pas  oublier  que  Jourdain  de  Laron  était  prévôt  ou 
prieur  du  Chapitre  de  Saint-Léonard  avant  d'être  élevé  à  Tépis- 
copat  (2),  et  qu'une  charte  des  Archives  de  la  Haule-Vienae  le 
montre,  en  1027,  donnant,  d'accord  avec  sa  mère  Adalgarde, 
l'église  de  Saint-Denis-des-Murs  à  l'abbaye  de  Saint-Martial,  en 
présence  de  plusieurs  nobles,  parmi  lesquels  il  faut  noter  Adémar 
de  Noblat  et  Bernard  Marchés  (3). 

En  1050,  le  même  évéque  donnait  au  Chapitre  de  Limoges  la 
tour  supérieure  de  Châteauneuf,  le  donjon  sur  lequel  elle  s'éle- 
vait, la  forêt  de  Serre  et  des  droits  sur  diverses  chapelles  et 
terres  (4).  11  lit  sans  doute  d'autres  libéralités  à  ce  chapitre  ou  au 
siège  épiscopal  lui-;nême.  Peut-être  est-ce  à  lui  qu'il  faut  attri- 
buer la  constitution  du  domaine  spécial  de  l'évêque,  de  la  manse 
épiscopale;  celle-ci  ne  paraît  pas  avoir  été,  antérieurement  au 
XI"  siècle,  distincte  de  la  dotation  de  l'église  et  du  chapitre  ca- 
thédral. 

Hilduin  ou  Andoin  de  Noblat,  dont  les  fils  sont  désignés  à 
l'accord  entre  le  comte  de  Poitiers  et  Jourdain  de  Larou,  nous 
est  peu  connu.  Doit-on  y  voir  le  fils  ou  le  frère  d' Adémar  de 
Noblat,  dont  nous  avons  relevé  le  nom  à  la  charte  de  donation 
de  1027,  émanant  du  même  Jourdain  et  d'Adalgarde  ?  Nous  ne 
saurions  le  dire,  et  le  Nobiliaire  de  la  généralité  de  Limoges  ne 
nous  fournit  pas  les  documents  dont  nous  aurions  besoin  pour 

episcopum^  nullo  modo  esae  factu/n  (sic)  sine  electione  et  sine  consiUo 
Sancti  Stéphane  canonicorumy  et  sine  consiUo  Aimirici  de  Niolio,  cum 
uno  filio  suo  si  oious  erit;  cel  [si]  mortuus  fuerit.cutn  duobus  suis  filiis;  — 
siniiliter  cum  duobus  filiis  Alduini  de  Noblliaco^  si  uioi  erunt;  al  mortui 
sunt^  cum  consiUo  illorum  qui  tenent  iatas  turres  de  Niolio  et  de  Nobi^ 
liaco  (Gallia  Chrlstiana  nooa,  t.  Il,  Instrumenta,  col.  i7î.) 
(4)  Gallia  Christ.,  t.  Il,  Jnstrum.,  col.  473. 

(2)  Elegit  in  cpiscopatus  honore  Jordanum,  praBposilum  ccclcsiœ  Sancti 
Leonardi,  magnae  nobililatis  et  simplicitatis  virum.  (Cliron.  d'Adéniar  de 
Cbabannes,  apud  Labbe,  Rerum  Aquitan,  Scriptores,  t.  II,  p.  480.) 

(3)  A.  Leroux,  E.  Molinier  et  A.  Thomas,  Documents  historiques  con^ 
cernant  principalement  la  Marche  et  le  Limousin.  —  Limoges,  V«  Duconr- 
tieux,  1»83  et  188S,  t.  11,  p.  14. 

(4)  GalL  Christ,  nooa»  t.  Il,  Instr,,  col.  479.  —  Besly,  Histoire  des 
comtes  de  Poitiers,  p.  364, 


LA    COMMUNe   DK  SAIKT-LÊONARD    DE   NOBLAT   AU    XI1I°   SIÈCLK.  43 

établir,  avec  quelque  netteté,  la  généalogie  de  cette  vieille  race 
féodale.  Trois  ou  quatre  lignes  seulement  sont  consacrées  aux 
Noblat  dans  cet  ouvrage,  et  la  plus  ancienne  mention  qu'on  y 
trouve  les  concernant  ne  remonte  pas  au-delà  de  la  fln  du 
xn"  siècle. 

Les  renseignements  fournis  par  diverses  pièces  de  nos  archi- 
ves départementales,  —  les  cartulaires  des  prieurés  d'Aureil  et  de 
L'Artige  en  particulier, —  et  par  quelques  recueils  de  la  Bibliothè- 
que nationale,  nous  permettent  de  suivre,  dès  la  fin  du  siècle  pré- 
cédent, la  filiation  de  la  famille  qui  porte  le  nom  du  château  de 
Noblat  et  qui  paraît  être  la  plus  ancienne  des  races  féodales  éta- 
blies dans  la  forteresse  des  bords  de  la  Vienne  (1). 

A  GaubertouGauzbert  de  Noblat,  mari  de  Pétrouille,  lequel  vit 
dans  les  dernières  années  du  xi*  et  dans  les  premières  du  xu*  siè- 
cle (2),  succède  Hildoin  ou  Audoin,  son  fils  ;  celui-ci,  mentionné 
avec  son  père  (3),  paraît  avoir  eu  un  frère  du  nom  de  Gui.  Nous 
avons  déjà  trouvé  Audoin  faisant  une  donation  à  la  porte  de  la 
salie  de  son  château  (4).  H  est  marié  à  Conja  ou  Conia  (5),  dont 
nous  avons  retrouvé  le  nom  dans  celui  donné  à  une  des  portes 
de  la  ville  de  Saint- Léonard.  De  cette  union  naissent  plusieurs 
enfants  :  Gui  et  Audoin  (6)  notamment.  Gui  épouse  la  fille 
ou  la  veuve  d'un  des  grands  seigneurs  du  pays,  car  sa  femme 
Almoïs  est  appdée  «  la  vicomtesse  »  (7)  dans  un  acte  dont  la  date 
doit  être  cherchée  entre  1139  et  1178,  puisqu'il  est  fait  sous  le 
règne  de  Louis  VII  et  l'épiscopat  de  Gérald  du  Cher. 

Gui  eut  plusieurs  fils,  trois  au  moins,  dont  l'un  porta  le  nom 
de  Gaucelin  et  l'autre  le  même  nom  que  son  père  (8).  C'est  le  se- 
cond que  nous  voyons  figurer  dans  plusieurs  textes  de  la  fin  du  xii* 
siècle,  de  1188,  1192(9)  et  1194  notamment,  et  à  cette  dernière 
date  il  a  pour  femme  Cama  (10).  11  n'est  pas  à  cette  époque  le  seul 

(1)  Nous  devons  une  partie  do  ces  renseignements  à  M.  G.  dcSenncville, 
qui  prépare  la  publication  des  deux  cartulaires  d'Aureil  cl  de  L'Artigc  cl 
auquel  nous  saisissons  cette  occasion  d'exprimer  notre  gratitude  pour 
son  obligeance.  , 

(â)  Gaubcrlus  de  Nobiliaco,  avant  H0O(Gart.  d'Aureil). 

(3)  Cart.  d'Aureil. 

(4)  Voir  ci-dessus  p.  48. 

(5)  Cart.  de  L'Artige. 

(6)  Cart.  d'Aureil  et  de  L'Arlige. 

(7)  Almois,  uxor  Guidonis  de  Noalac,  la  vescontessa,  el  filii  ejus 
Guido  et  alii  duo  (Cari,  de  L'Ariige,fol.  «,  v<>.) 

(ë)  Cari.  d'Aureil.     - 

(9)  Cart.  d'Aureil  et  de  L'Arlige. 

(10)  Bibl.  nat.,  manuscrit  latin  17148,  fol.  3^4. 


4i  SOCI^.TÉ   ABCHÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   OU    LIMOUSIN. 

maître  du  château  de  Noblat  :  un  Raimond  de  Noblal,  fils  d'auti-e 
Raimond,  figure  à  des  actes  de  1189  et  H93  (i).  Au  père  ou  au 
fils  se  rapporte  saus  doute  la  mention  R.  de  Nohiiiaco  donnée  sous 
la  date  de  1174  par  le  cartulaire  de  TArtige.  Peut-être  Olivier, 
cousin  de  Gui  de  Noblat,  nommé  au  même  document,  vers  1188 
ou  1190,  appartient-il  à  la  même  branche.  Est-ce  le  même  qu  Oli- 
vier, nommé  ailleurs  oncle  de  Gui  ?  (2). 

A  Audoin  ou  Hilduin,  fils  de  Gui  et  d'Almoïs,  se  rapporte  sans 
doute  une  mention  intéressante  du  cartulaire  d'Aureil  :  meur- 
trier de  Gaucelin  de  Royère,  dans  des  circonstances  que  nous  ne 
connaissons  pas,  il  vient  demander  aux  disciples  de  saint  Gau- 
cher (3)  de  recevoir  un  chanoine  doté  par  lui,  en  expiation  de  son 
forfait  et  pour  le  salut  de  l'âme  de  sa  victime. 

Pierre  de  Noblat,  mari  d'Emelt,  et  Guillaume,  chanoine 
d'Aureil,  fils  d'Emell,  sont  nommés  avant  1140  (4j.  On  connaît 
un  autre  Pierre  de  Noblat,  chanoine  de  Limoges  (5).  —  Notons 
encore  Gérald  de  Noblat  et  Pierre  Vigier,  son  frère,  fils  d'autre 
Pierre  Vigier  de  Noblat  (6);  Elie  de  Noblat,  frère  de  Pierre  Vigier 
(entre  11 47- Il 89)  et  Elie  de  Noblat,  frère  d'Aimeric  de  Noblat 
(même  époque),  qui  figurent  à  des  titres  du  cartulaire  d'Aureil. 

Une  charte  du  même  recueil,  appartenante  la  seconde  moitié  du 
xii*  siècle,  mentionne  un  chevalier  de  Noblat  du  nom  de  Turpin, 
frère  d'Adémar  Salvaing  et  époux  de  Simiria,  tequel  pourrait 
bien  appartenir  à  la  même  famille.  Les  parents  de  ce  Turpin 
avaient  été  enterrés  dans  l'église  d'Aureil.  Il  voulut  reposer  à 
'  côté  d'eux.  Son  fils  Ramnulfe  et  sa  fille  Marguerite  furent  inhu- 
més, comme  lui,  dans  le  monastère  fondé  par  saint  Gaucher  (7). 
On  trouve  encore,  au  cartulaire  d'Aureil,  un  Vrso^  chevalier  de 
Noblat,  vers  1140.  On  peut  se  demander  s'il  appartient  aussi  à  la 
même  famille. 

(I)  Cart.  d*Aurcil  et  de  L'Arlige. 
(8)  Cart.  d'Aureil. 

(3)  Volumus  ut  sciant  fratres  nostri,  présentes  et  futur!,  quam  domnus 
Aldoiuus  Nobiliacensis,  venil  in  Aureliupri  et  intravit  capitulum  nostrum, 
querens  misericordiam  cum  magna  devotione  pro  hoc  quod  sibi  accideral  : 
Interfecerat  enim  Gauceliniim  de  Rocira,  pro  anima  cujus  postulavit  ul 
faceremus  unum  canonicum;  quam  postulationcm  nos  audientes,  libenter 
quod  voluit  executi  sumuB. 

(4)  Cart.  d'Aureil. 

(5)  Man.  lat.  17H8,  fol.  3. 

(6)  Cart.  d'Aureil. 

(7)  Quidam  miles  de  Nobiliaco,  Turpinus  nomine,  positus  in  infîrmî- 
tate  de  qua  mortuus  est,  voluit  sepcliri  Aurclio  juxta  parentes  suos.  Filius 
ejus  Ramnulfus  similiter;  filia  quoque  ejus  Margarita. 


LA   COUVUNË  DE   SAlKT-LéONÀRb   Df!   NOËLAt    AU    Xltl*^   SIECLE.  46 

Quoi  qu'il  eu  soit,  les  Noblat,  comme  on  le  verra  plus  loin, 
habitôreol  jusqu'au  xiv*  siècle  le  château  dont  ils  portaient  le 
uom.  11  est  fait  mention  de  Jaubert  de  Noblat  en  1220  et.  en 
1226  (I);  de Gaubert  (sans  doute  le  mémo  que  Jaubert)  et  de  Gui 
on  1234  (2);  d'Elie,  damoiseau,  eu  12:i0  (3)  et  1253;  d'Elie  et 
Pierre,  frères,  dans  la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle  (4);  d'Olivier 
en  1295(5);  de  Pierre,  en  1339  (6).  Nous  les  retrouverons  plus 
loin  rétrocédant  à  l'évêque  les  fiefs  qu'ils  tiennent  de  lui. 

Nous  avons  dit  que  le  Nobiliaire  se  montre  fort  discret  à  l'en- 
droit de  cette  famille.  Il  nous  apprend  cependant  que  Gui  le 
Grand  de  Noblat  et  sa  femmj  Cosme  vivaient  eu  1196  (7).  Nous 
les  avons  trouvés  plus  haut  mentionnés  l'un  et  l'autre  deux  ans 
avant  cette  date  (8). 

Nous  sommes  très  porté  à  croire  qu'il  y  a  identité  entre  ce  Gui 
et  Gui  surnommé  le  Brun  —  Guido  de  Nobiliaco  lo  Brus,  —  nommé 
à  une  charte,  malheureusement  sans  dat(3,  du  cartulaire  de 
L'Artige  f9)?  Mais  nous  ne  saurions  rien  affirmer  à  cet  égard;  on 
peut  s^  demander  d'autre  part  si  Gui  de  Noblat  le  Brun  ne  serait 
pas  le  même  que  Gui  de  Noblat  de  Montbrun,  nommé  à  la  date 
de  1217  dans  la  chronique  de  Bernard  Itier,  moine  de  Saint- 
Martial  de  Limoges  (10),  et  que  le  G.  Bruni  du  cartulaire  de 
L'Artige.  Ce  dernier  a  deux  fils  :  Gui  et  R.,  —  Roger,  Robert  ou 
Baimoud. 

II  n'est  pas  invraisemblable,  au  surplus,  que  les  Noblat,  les  Brun 
et  les  Vigier,  copossesseurs,  dès  le  commencement  du  xiii*  siècle, 
du  château  de  Noblat,  soient  trois  branches  issues  d'une  seule  et 
même  souche.  —  Le  nom  de  Brun  donné  à  l'une  de  ces  familles, 
a  fait  croire  à  Tauteur  du  Nobiliaire  que  celle-ci  était  sortie  des 
comtes  de  la  Marche  de  la  maison  de  Lusignan  ((  I),  dont  deux  au 
moius  ont  porté  ce  nom.  Mais  cette  hypothèse  n'est  guère  admis- 
sible, car  à  la  fin  du  xii*  siècle  seulement  on  trouve  ces  derniers 

(4)  Arch.  Haute-Vienne,  D  1107. 
(i)  Ibid.,D\\\L 

(3)  Jbid.^  D  1H7  et  reg.  d'hommages  de  TEvôché. 
;4)  App.,C.  VII,  n»  125. 

(5)  Arch.  Hauie-Vienne,  D  1067. 

(6)  Registres  d'hommages  de  i'Evêché. 

(7)  Nobiliaire  de  la  généralité  de  Limoges,  t.  Ill,  p.  298. 

(8)  Page  43  :  à  ce  texte  toutefois  la  femme  est  appelée  Cama. 

(9)  Fol.  7,  recto. 

(10)  Chron.  de  Saint  Martial,  publiées  par  Duplàs-Agirr,  p.  100. 

(11)  NobUiaire,  t.  I,  p.  267. 


i6  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  Kt   HIStORIQUB  DU   LlMOUStN. 

seigneurs  avec  le  surnom  de  Brun  ou  le  Brun,  et  dès  avant  1119, 
Aimeric  Bruni  a  donné  aux  religieuses  de  Fontevrault  le  territoire 
où  s'élèvera  le  monastère  de  Bonbon  (Ij.  Un  autre  Aimeric  Brun 
fonde  le  monastère  d'  \ltavaux  et  construit  plus  tard  le  château  de 
Montbrun;  c'est  probablement  celui  que  nomme  à  une  charte 
sans  date  le  manuscrit  d' Aureil  (2).  Le  même  (ou  son  fils)  est  tué 
en  1214  à  Rochefort  en  Anjou,  et  Jean-sans-Terre  prend  diverses 
mesures  pour  la  conservation  des  biens  de  ce  seigneur  et  tout 
spécialement  pour  la  garde  de  son  château  de  Montbrun.  Nous 
avons  signalé  plus  haut  Gui  Brun  et  ses  deux  fils  (Haimond,  Ro- 
ger ou  Robert)  et  Gui.  Nous  trouvons  Gui  Brun,  chevalier,  en 
1229;  Aimeric  Brun,  coseigneur  de  Noblat,  en  1234  (3).  En 
1^65,  Pierre  Brun,  damoiseau  d'Aixo,  beau-frère  des  Frachet  de 
Châlucet;en  1275,  Aymeric  Brun,  damoiseau,  seigneur  en  par- 
tie de  Montbrun  et  du  château  de  Noblat  (4).  Le  Nobiliaire  le  men- 
tionne, avec  les  mêmes  litres,  sous  la  date  de  1253,  et  le  montre 
rendant  à  cette  date  le  château  de  Noblat  à  Tévêque  (5).  Il  s'agit 
ici  de  l'hommage  que  nous  signalerons  phis  loin.  C'est  sans  doute 
cet  Aymeric  qu'on  voit  appelé  devant  le  prélat  au  sujet  d'une 
querelle  avec  un  de  ses  coportionnaires  du  château  (6).  En  1274, 
ce  seigneur  permet  à  la  vicomtesse  de  Limoges,  Marguerite  de 
Bourgogne,  de  mettre  garnison  dans  la  tour  qu'il  tient  à  Noblat, 
et  cette  garnison,  unie  à  celles  d'Aixe  et  de  Châlncet,  continue 
ses  courses  et  ses  déprédations  même  pendant  le  séjour  du  roi 
d'Angleterre  dans  le  pays  (7j.  En  1279,  la  fille  d' Aymeric,  Ayce- 
line,  a  hérité  de  certains  au  moins  des  droits  que  celui-ci  possé- 
dait dans  le  château  (8)  et  dont  Gauceliu  et  Elie  Brun  ont  joui 
avant  lui  (9).  Gui  Brun,  qui  vit  en  1295,  1304  et  1315,  porte 
encore  le  titre  de  seigneur  en  partie  de  Noblat  (10).  11  est  fils  de 
Guillaume  et  paraît  être  le  dernier  de  sa  famille  qui  se  soit  qua- 
lifié du  château. 

(1)  Locum  Bobun,  ex  donc  Pétri  de  Monlefreubo,  Ylherii  Beroardi  et 
Aymerici  Bruni  (Bref  de  Calixlc  H,  tiré  des  archives  de  Marmoutiers,  47  des 
calendes  d'octobre  1119:  extrait  donné  par  D.  Esliennot,  man,  lat.  12747, 
p.  507). 

(2)  Aimericus  Brunus,  frater  Ugonis  deu  Mazeu. 
(3J  Arch.  Haute-Vienne,  D  1114. 

(4)  Id,,  D  990,  D  1098,  D  1107  ;  Solignac,  4o98,  et  liasses  non  classées. 

(5)  Nobiliaire,  t.  1,  p,  5>58. 

(6)  Voir  ci-après  Appendice,  C.  VIll,  n^  U6. 

(7)  Chronique  de  P.  Coral,   ap.  Historiens  de  France,  t.  XXÏ,   p.  783. 

(8)  Voir  ci-après,  chap.  V. 

(9)  Appendice,  C.  VII,  n°  425. 

(10)  Nobiliaire,  I,  p.  258,  et  Reg.  d'hommages  de  TEvèché. 


l\    COMMbNB   Dit  SAltlT-LéONARD  1>R  NOtiLAT  AU   XTIt^  SlàcLR.  ill 

Nous  avons  d^à  noté  que  Gérald  de  Noblal  et  Pierre  Vigier 
sont  dits,  au  xii"  siècle,  frères  et  fils  de  Pierre  Vigier  de  Noblat, 
et  qu'au  même  siècle  on  trouve  meution  d'Ëlie  de  Noblat  et 
de  Pierre  Vigier,  frères.  Le  premier  des  Vigier  de  Noblat  que 
nous  connaissions  est  Gérald,  qui  vit  au  temps  de  la  première 
croisade  (1).  Peut-être  Elie,  frère  d'Alexandre,  n'est-il  pas  beau- 
coup moins  ancien  (2). 

Cette  famille  ou  celte  branche  des  Noblat  a  reçu  son  nom  des 
fonctions  ou  pour  mieux  dire  du  ftef  inférieur  dont  elle  a  été  inves- 
tie. Le  vigier  est  le  lieutenant  du  seigneur,  celui  qui  exerce  ses 
droits  ou  remplit  ses  devoirs  à  sa  place;  c'est  surtout  Tofficicr  qu'il 
délègue  pour  rendre  la  justice  et  auquel  il  abandonne  certains  des 
revenus  et  émoluments  de  cette  charge.  De  là  la  grande  quantité 
des  familles  de  ce  nom  qu'on  trouve  un  peu  partout,  mais  spécia- 
lement en  Limousin. 

Airaeric,  Gérald  et  Elie,  ûls  de  Pierre  Vigier,  que  nous  avons  si- 
gnalés plus  haut,  vivent  à  une  date  que  nous  ne  pouvons  préciser, 
probablement  vers  le  milieu  du  xii«  siècle  (3).  A  la  même  époque  vit 
aussi  Pierre  Vigier,  frère  d'Eliede  Noblal(4);  il  est  qualifié  d'oncle 
de  Gaubert  et  de  Raimond  (5).  Il  s'agit  sans  doute  de  Gaubert 
de  Noblat,  qui  vit  dans  les  dernières  années  du  xn*  et  les  pre- 
mières du  xm' siècle,  et  de  Raimond,  qu'on  rencontre  en  1187  et 
1193  (6).  G  Vigeire  et  B.  Vigers  figurent  comme  témoins  à  des 
actes  sans  date  (7).  On  trouve  Arbert  Vigier  —  Vicario  —  che- 
valier, nommé  en  1212  (8).  En  1226  «  Marbode  Vigier,  vigier 
do  Noblat»,  est  dit  père  de  Gérald  et  d'Elie  (9).  Ce  Marbode 
pourrait  bien  être  le  noble  du  môme  nom  qu'on  trouve  qua- 
lifié de  chevalier  de  Saint-Paul  et  qui  est  nommé  en  1228, 
1241,  1249  (10);  ce  dernier  a  un  frère  du  nom  d'Elie,  mentionné  en 
1228  et  1241  (i  1)  et  qui  paraît  être  différent  d'ElieVigier,  damoi- 


(«)  Vers  1096  (cart.  d'Aureil). 

(2)  Charte  sans  date,  au  cart.  d'Aurcil. 

(3)  Cart.  d'Aureil. 

(4)  Ibid. 
(3}  Ibid. 

(6)  Voir  ci-dessus,  p.  44  et  45. 

(7)  Cart.  de  L'Arlige. 

(8)  Cari.  d'Aureil. 

(9)  Marbodius  Vicarius,  vigerius  de  Nobiliaco  (Cart.  d'Aureil). 
(40)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  D  815,  D  Uî7. 

(11)  Ibid. 


iâ  SÔCtérà  ARÉHiOLOÔlQUE  Et  âTstORIQtR   DtJ   LtMObSlK. 

seau  de  Châlus  ou  de  Châiucet  eu  1236  (1).  Gérald,  Dis  de 
Marbode  Vigier  de  Noblat,  que  nous  avons  nommé  plus  haut, 
est  sans  doute  le  Gérald  qui  vit  en  1245  (2)  et  qui  a,  en  1253, 
un  fils  du  même  nom  que  lui  (3).  Une  mention  de  Gérald 
Vigier  en  1272  (4)  a  trait  sans  doute  à  ce  dernier,  et  c'est  lui 
qu'on  rencontre  dans  plusieurs  actes,  entre  1260  et  4274  avec  le 
titre  de  seigneur  de  Noblat,  du  château  de  Noblat  (5).  Pierre 
Vigier  est  dit  chevalier  de  Solignac  en  1257  (6).  Aymeric 
Vigier  porte  la  même  qualification  en  1256  (7)  et  figure,  mais 
avec  le  simple  titre  de  chevalier,  à  un  acte  intéressant  l'abbaye  à 
la  date  de  1237  (8).  Il  meurt  entre  1256  et  1265.  En  1260  on 
trouve  Guillaume  Vigier,  damoiseau,  fils  du  feu  seigneur  Vigier, 
chevalier  du  château  de  Limoges  (9).  Ajoutons  qu'en  1256 
Almodie  Vigier  est  l'épouse  de  Faidit  de  Royère,  damoiseau  (10), 
et  qu'en  1265  il  est  parlé  de  Pierre  de  Royère,  gendre  de  feu 
Aimeric  Vigier,  chevalier  (11).  On  trouve  encore  Boson  Vigier, 
chevalier  de  Noblat  en  1309  (12).  Il  semble  résulter  des  actes 
assez  nombreux  ayant  trait  à  cette  famille  et  conservés  par  nos 
archives,  que  les  Vigier  de  Noblat,  ceux  de  Limoges,  ceux  de 
Solignac  et  de  Châiucet,  et  ceux  de  Saint-Paul  et  du  Bost-Viger, 
sont  du  même  sang  et  tiennent  les  uns  aux  autres  de  fort  près. 

Notons  que  les  Brun,  comme  les  Vigier,  sont  chevaliers  du 
château  de  Limoges  et  à  certaines  dates  copossesseurs  ou, 
comme  on  disait  au  moyen  âge,  portion naires  de  ceux  de  Soli- 
gnac, du  Bost-Viger  et  de  Noblat. 

Les  Marchés,  qu'on  trouve  au  xiii*  siècle  établis  dans  le  châ- 
teau de  Noblat,  possèdent  dès  le  xi«  certains  droits  dans  la 
contrée.  Nous  avons  rencontré  en  1027  un    Bernard  Marchés, 

(\)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  fonds  de  l'abbaye  des  Allois,  liasse 
7334  du  classement  provisoire. 
(S)  Archives  départementales,  D  931. 

(3)  Archives  départementales,  D  1086. 

(4)  /6êd.,  D65I. 

(5)  Gcraldus  Vigcrii,  dominus  de  Nobiliaco  (Arch.  dép.,  D  10541  — 
Gcraldus  Vigerii,  dominus  Castri  Nobiliacensis  {Ibid,^  D  1080.) 

(6)  Archives  départementales,  Solignac,  liasse  6521. 

(7)  Ibid.y  Solignac,  liasse  4593. 

(8)  Ibid.,  Solignac,  liasse  7816. 

(9)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  Solignac,  liasses  non  cotées. 

(10)  Ibid,,  Allois,  liasse  7334. 

(11)  Jbld.,  Solignac,  liasse  4597. 
(13)  Reg.  d'hommages  de  l'Evôché. 


LA   COlIliUNE   OR   SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT  AU   XIII^  5IBCLK.  49 

témoÎQ  avec  Adémar  de  Noblat  à  la  donation  de  l'église  de 
Saint-Denis-des-Murs  à  l'abbaye  de  Saint-Martial.  Moins  de 
cent  ans  plus  lard,  le  cartulaire  d'Aureil  nomme  un  autre  Ber* 
nard  Marchés  (l),  qui  parait  être  père  d'un  Adémar  et  frère  d'un 
autre  (2).  Un  de  ces  Adémar  est  mentionné,  dans  la  suite,  avec  le 
iiti*e  de  chevalier  (3).  Audoin  Marchés  figure  à  plusieurs  chartes 
du  xu*  siècle.  Le  cartulaire  de  L'Arlige  nous  fait  connaître  Gons- 
iaotia  Marchés,  qui  vit  en  1 179,  et  est  dit  gendre  de  Simiria,  qui 
a  pris  le  voile.  Le  même  recueil  mentionne  à  une  date  un  peu 
postérieure,  semble-t*il,  Laurent  et  Constantin  Marchés.  Aimeric 
Marchés,  chevalier  en  1212,  Adémar  Marchés  en  1223,  nous  sont 
aussi  connus  par  des  documents  contemporains. 

Vers  le  milieu  du  x\W  siècle,  Audoin  et  Constantin  Marchés; 
eu  1339  Aymeric  Marchés,  sont  copossesseurs  du  château  de 
Noblat  (4). 

Cette  famille,  de  laquelle  le  bourg  de  Ch&telus-le-Marcheix 
parait  tenir  son  nom,  fournil  un  certain  nombre  de  chanoines  à 
l'église  cathédrale  de  Limoges  et  à  la  collégiale  de  Saint- 
Léonard.  Elle  compta  aussi  parmi  ses  enfants  —  et  celui-là  est  le 
plus  célèbre  —  un  chef  de  routiers  du  nom  d'Aymerigot  Marchés. 

Les  Royère  (5),  qui  paraissent  être  une  branche  de  la  très  an- 
cienue  souche  des  Bernard,  d'où  sont  sortis  les  Bernard  de  Bré  et 
les  Beruard  de  Jaunhac,  comptent  aussi  au  nombre  des  chevaliers 
du  château  de  Noblat.  Un  Hilduin  de  Royère  signe  la  charte  de 
l'évêque  Itier  Chabot  en  faveur  du  monastère  de  Saint-Léonard, 
1062  (6).  A  la  fin  du  xi^  siècle,  Ramnulfe  de  Royère  place  successi- 
vement ses  deux  filles,  Amélie  et  HiLdegarde  au  couvent  de  fiost- 
las-Mongeas;  puis  leur  mère  Belialdis,  appelée  aussi  Blanche,  y 
enire  à  son  tour.  Une  charte  du  cartulaire  d'Aureil  consacre  un 
don  d'Amelius  et  d'Aimeric  de  Royère,  fait  devant  Pierre  de 
Royère  ;  une  autre,  une  libéralité  de  Guillaume  et  Gérald  de 
Royère,  frères,  en  présence  d'Amelius  de  Royère  et  de  Daniel 
de  Royère.  En  1100  vivent  Gui  et  Aimeric  de  Royère.  Pierre  de 
Royère  compte  au  xii^  siècle  parmi  les  bienfaiteurs  de  Soli- 


(I)  Vers  1100. 

(9)  Cartulaire  de  L*Ârtige. 

(3)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  D.  liî. 

(4)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  fonds  de  TEvéché.  Registres  d'hom- 
mages, tome  1,  —  et  liasse  2440. 

(5)  Le  nom  de  Royère  est  écrit  Roeria,  Roeira,  Royeira,  Royieira. 

(6)  Bibliothèque  nationale,  man.  latin  «2747,  p.  479. 

T.  XXXVII.  4 


80  sOClétÉ  ARCDÈOLOCIQUE  ET  UlStORlQtJR  DU  UltOCSlN. 

gnac(l);  Gui  et  Bernard,  parmi  ceux  d'Aureil  (2)  :  ces  derniers 
soul  mentionnés  vers  1140.  Bosou  de  hoyère,  témoin  en  1195  à 
ua  acte  concernant  l'abbaye  de  Soliguac  (3),  est  frère  de  Daniel  de 
Royère  et  est  dit  chevalier  de  Peyrat  vers  1189  (4).  Il  est  parlé 
de  Gaucelin  et  d'Olivier  de  Royère  dans  la  première  moitié  du 
XIII*  siècle  (5).  Le  premier  est,  en  1234,  coseigneur  de  Noblal  avec 
les  Brun  et  les  Noblat  (6);  c'est  lui,  sans  doute,  qui  a  donné  sa 
fille  en  mariage  à  Pierre  de  Jaunhac(7).  Gaucelin  et  Olivier  ont  un 
frère  du  nom  de  Gui  ou  Gaucelin.  On  trouve  Gui  de  Royère 
et  B.  de  Royère,  damoiseaux,  frères,  nommés  à  un  acte  de 
1237  (8);  ce  sont  vraisemblablement  les  mêmes  que  Gui  et  Ber- 
nard de  Royère  frères,  mentionnés  en  1266  (9),  et  le  premier  est 
le  G.  de  Royère,  fils  de  G.,  dont  il  est  parlé  en  1236  (10).  Gui 
de  Royère,  damoiseau  de  Châlucet,  possède,  en  1279,  des  droits 
fonciers  dans  la  paroisse  de  Saiot-Hilaire-Bonneval  (11).  Nous 
connaissons  encore  P.  de  Royère  de  Châlucet,  qui  vit  en  1224  (12). 
Pierre  de  Royère,  damoiseau,  nommé  en  1257  et  1264,  époux  de 
Ahélis,  fille  d'Aimeric  Vigier,  chevalier  de  Soliguac  (13),  possède 
sur  le  château  et  la  ville  de  Soliguac  des  droits  que  ses  enfants 
Boson,  Elle,  Ahélis  et  Bernard  cèdent  à  l'abbaye  en  1287,  au  prix 
de  dix  mille  sols,  monnaie  de  Limoges  (14).  Faidit  de  Royère  est 
répoux  d'Almodie  Vigier  en  1256  (15).  Enfin  Boson  vit  en  1287 
et  1298  (16).  Plusieurs  filles  de  celte  maison  prennent,  aux  xiii* 
et  xiY*  siècles,  le  voile  au  monastère  des  AUois,  En  1320,  Foul- 
ques de  Royère  a  des  redevances  à  Noblat  (17). 

(t)  Bibliothèque  nationale,  man.  latin  18363,  padatm. 
(t)  Cartulaire  d'Àureil. 

(3)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  Sotignac,  6846. 

(4)  Cartulaire  de  L'Ârlige. 

(6)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  Terrier  de  L'ArUge. 

(6)  Archives  de  la  Haute- Vienne,  D  H14. 

(7)  Bibliothèque  nationale,  man.  latin  18363,  fol.  U, 

(8)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  D  777. 

(9)  Archives   départementales,  pièces  diverses    en  dehors  des  fonds 
constitués. 

(40)  Archives  départementales,  D  777. 
(11)  Solignac,  5900. 

(13)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  fonds  de  Grandmont,  Cartulaire  du 
Ghâtenet. 

(13)  Ibid.  Solignac,  liasse  4593. 

(14)  ma.  Solignac,  3970  et  4592. 

(15)  Ibid.  AUois,  73U. 

(16)  Ibid.  D.  1 126  et  Solignac,  508O. 
(J7)  Regislrcs  d'honîmagcsdc  l'EvOché. 


LA  COMMUNE  DB   SA1NT-LÉ02(ARD   DE  KOBLAT   AU   XIII^  SIÈCLE.  51 

NotoDs  enfin  que  les  Châleauueuf  et  les  de  La  Roche  pbseè- 
dent,  eux  aussi,  au  xiii*  siècle,  sur  le  château  de  Noblal  et  seis 
dépendances,  des  droits  qu'ils  semblent  avoir  acquis  par  des 
alliances. 

Tous  ces  nobles  personnages,  et  d'autres  dont  on  trouve  plus 
rarement  les  noms,  comme  cet  Adémar  .Salvains,  mentionné  au 
cartulaire  d'Aureil  (1),  n'avaient  pas  les  mêmes  droits  sur  la 
grosse  tour  de  Noblat  et  ses  dépendances  :  les  uns  en  étaient 
vraiment  les  seigneurs;  les  autres  n'y  possédaient  que  des  fiefs 
secondaires,  des  démembrements  de  la  justice,  des  redevances. 
Ils  avaient  un  logis  dans  la  forteresse  et  devaient  concourir  à  sa 
défe&se»  sous  les  ordres  du  seigneur  principal  ;  ils  étaient  cheva- 
liers de  Noblal»  comme  les  Béchade  étaient  chevaliers  de  Lastoura; 
les  Jaunhac,  les  Tranchelion,  les  Ponroi,  les  Meirans,  de  Pierre- 
buflière;  les  Frachet,  les  de  Monts,  les  Périgord,  de  Châlucet. 
Ajoutons  que  la  moitié  de  la  vigerie,  c'est-à-dire  de  la  juridiction 
criminelle  et  de  police  et  de  ses  produits  :  amendes,  confiscations 
et  autres,  avait  été  inféodée  à  un  bourgeois  de  Saint-Léonard, 
Jean  Paute,  nous  ne  savons  dans  quelles  circonstances.  Nous  ne 
pouvons  dire  non  plus  si  ce  bourgeois  appartenait  à  la  même 
souche  que  la  famille  noble  des  Paute,  coseigneui-s  du  château 
d'Aixe.  Outre  l'exercice  de  la  justice  criminelle  et  de  la  police,  la 
vigerie  comportait  certains  émoluments  à  raison  des  actes  judi- 
ciaires, une  part  des  amendes  et  la  perception  de  plusieurs  rede- 
vances ou  produits  de  taxes.  C'est  ainsi  que  chaque  marchand 
boucher  devait  donner  au  vigier  une  tête  de  bœuf  la  veille  de  la 
Noël.  Aux  foires,  toute  personne  qui  vendait  des  cuirs  lui  devait 
un  droit,  fixé  à  deux  deniers  pour  les  étrangei*s,  à  un  denier  pour 
les  habitants  de  Saint-Léonard;  les  marchands  de  sel  payaient 
aussi,  à  l'Assomption,  une  taxe  appelée  le  Frau  (3).  Le  guet,  pour 
lequel  une  redevance  était  perçue  à  la  saint  Michel,  semble 
aussi  avoir  dépendu  de  la  vigerie  (3). 

(I)  Ademarus  Salvains,  miles  de  Nobiliaco. 

(S)  Od  trouve  aussi  ce  mot  dans  le  cartulaire  d'Aureil. 

(3)  Littera  [conlinens]  quod  consules  Nobiliacenses  eonfessi  fuerunt,  pro 
se  et  pro  communitalc  ville,  [episcopum]  habere  debere  insuper  carni- 
fices  dicte  ville,  a  quolibet  vondente  carnes  bovts,  in  vigilia  Natalis  Domini 
quolibet  anno,  quamdam  testam  bovis,  nomine  vigerie.  prout  est  consuc-^ 
tam.  Item,  super  mercatores  ezlraneos  vendentes  coria  in  nundiriisSancti 
Lconardi  in  quibuslibet  nundinis  duos  denarios  semel,  et  in  habitalo- 
ribus  ejusdem  vendentibus  coria  in  diclis  nundinis  unum  denarium  ;  pro 
Salagio  insuper  vendentes  sal  Nobiliaci  et  extra  (?),  ccrlos  rcdditus  voca- 


iii  âOClÉTÎ  ÀRCBéOLOGlQUB   ET   âiStORtOUB   ÛU   LtHOtslN. 

L'éyéqùe,  à  la  fia  du  xiii*  sièclo,  avait  racheté  presque  tous  les 
fiefs  grevant  son  château  de  Noblat  ;  toutefois,  il  n'était  encore 
rentré  en  possession  que  du  quart  de  la  grosse  tour,  et  il  n'avait 
le  droit  de  garder  la  clef  que  trois  mois  par  an.  On  voit,  en  1293, 
Elis,  veuve  d'Aimeric  Brun,  et  Gui,  sou  flls,  «  comme  porciou- 
niers  »,  remettre  cette  clef  au  prélat,  qui,  après  le  temps  voulu, 
devra  la  leur  rendre  (1).  On  connaît  plusieurs  accords  analo- 
gues, aux  xii*  et  xin*  siècles.  Rappelons  celui  dont  le  prieur  de 
Vigeois  fait  mention  dans  sa  chronique  et  qui  avait  trait  à  Toccu- 
palion  de  la  grande  tour  de  Pierrebuffière.  11  fut  convenu  que  Gau- 
celin  de  Pierrebuffière  la  garderait  six  mois  ;  Gérald  Bernard  et 
hier  son  fils,  trois  mois;  Séguin  de  La  Porcherie  et  Gui,  fils  de 
Gérald  de  Lastours,  trois  mois  (2).  Tous  la  tenaient  en  fief  du 
vicomte  de  Limoges. 

Tous  les  hôtes  du  château,  sans  exception,  tenaient  de  Tévéque 
de  Limoges  ce  qu'ils  y  possédaient.  Un  des  chevaliers  de  Noblat, 
Constantin  Marchés,  et  le  prévôt  des  seigneurs  du  château,  Elie 
Panabeus,  le  déclarent  d'une  façon  aussi  explicite  que  solennelle, 
au  cours  des  enquêtes  de  la  fin  du  siècle  (3).  Aux  mômes  enquêtes, 
Pierre  Bernard,  sergent  du  roi  de  France  à  Eymoutiers,  déclare 
que  Gaucelin  et  Klie  Brun,  Elie  et  Pierre  de  Noblat  frères,  ont 
prêté  devant  lui  hommage  au  prélat,  chacun  pour  sa  part  du 
château  et  de  ses  dépendances  (4).  On  voit,  en  1253,  Aymeric 
Brun  et  Elie  de  Noblat  avouer  Aymeric  de  La  Serre  pour  leur  sei- 
gneur (5).  Un  peu  auparavant,  l'évoque  Durand  appelle  devant 
son  tribunal  deux  des  chevaliers  de  Noblar,  <f  qui  ont  guerre  en- 
semble »,  Aymeric  Brun  et  Gaucelin  de  Royère,  les  lient  en 
prison  et  leur  impose  un  accoini  (6).  Constantin  Marches  et  Au- 
doin  Marchés  ont  prêté,  vers  le  milieu  du  siècle,  l'hommage  à 

tos  lo  Frau  in  festo  Assumptionis,  et  plura  alia  pertinenlia  ad  dictam 
vigeriam.  Item,  certos  rcdditus  pro  la  Gâcha  in  ^sto  Reati  Michaëlis. 
(Reg.  O  Domina^  fol.  87,  verso.) 

(4)  Dominus  Lemovicensis  recejiit  davem  turris  groBse  Casti'i  NoJ)iliaci 
et  dictam  clavem  ut  porcionarius,  per  quartam  partem  aani  tenere  debjet  : 
quo  tempoire  elapso,  ipsa^m  cUvetn  preaomiuaus  rçsUluere  débet  (Reg. 
Tuo8  hodie,  fol.  3,  r«). 

(t)  Ghron.  de  Yigeois,  ap.  Labbb,  BibL  nooa  manuscriptorum  librorum^ 
t.  M,  p.  303.  —  Cet  accord  paraît  avoir  été  souscrit  vers  H30. 

(3)  Appendice,  C.  Yll,  n<>»  183  et  iU. 

(4)  id.,  C.  VII,  12$. 

(5)  Arch.  Haute-Vienne.  Reg.  de  TEvécbé. 
((i)  Append  ,  C.  VHî,  MQ. 


M  COSIBUNE   DE  SAlNT-LF.ONAnD   DK   NOBLAt   AU   Xlll*  SIÈCLR.  53 

Tévêque.  Entre  1320  el  1340,  Aymehc  Marchés,  Foulqaes  de 
Royère,  les  Vigier  renouvellent  cette  solennelle  formalité.  En 
1309,  Boson  Vigier  déclare  tenir  du  prélat  ses  maisons  du  châ- 
teau de  Noblat.  En  1339,  Pierre  de  Noblat  reconnaît  qu'il  lient 
du  même  seigneur  «  la  quarte  part  de  la  juridiction  haute  et 
basse  du  château,  d  A  la  même  époque,  Aymeric  Marchés  fait  la 
même  déclaration  et  rend  hommage  pour  «  son  repaire  du  châ- 
teau, qui  fut  de  Gui  Brun,  contigu  à  la  maison  du  seigneur  de 
Ghâteauneuf  et  à  celle  de  feu  Boson  Vigier,  aussi  tenue  par 
lui  »,  et  encore  «  pour  les  trois  parties  de  la  grosse  tour  »,  pour 
la  maison  près  l'église,  habitée  par  le  curé  du  dit  château,  pour 
sa  part  de  juridiction,  etc.,  etc.  (1). 

Les  prélats  qui  occupent  le  siège  à  ces  diverses  dates  :  Durand 
d'Orlhac,  Aimeric  de  La  Serre,  Gilbert  de  Malemort,  Raynaud  de 
la  Porte,  Roger  le  Fort,  ne  font  grâce  à  ces  chevaliers  d'aucune 
de  leurs  obligations  féodales,  d'aucuîie  des  formalités  tradition- 
nelles et  significatives  de  l'hommage. 

C'est  à  genoux,  les  mains  jointes,  le  capuchon  abattu,  sans 
épéeetsans  manteau,  que  prêtent  serment  de  féauté  les  cheva- 
liers du  château  de  Noblat  (2). 

Les  évêques,  au  cours  des  xiii*  et  xiv®  siècles,  rachetèrent  la  plus 
grande  partie  des  droits  que  possédaient  dans  le  château  et  dans 
l'étendue  de  la  châtellenie  les  diverses  familles  nobles  énumérées 
plus  haut.  Ils  avaient  en  vue,  sans  doute,  de  réunir  dans  une 
seule  main  tous  les  droits  sur  la  ville  de  Saint-Léonard.  On  trou- 
vera plus  loin  (3j  l'énuméralioii  de  celles  de  ces  acquisitions  dont 
nous  avons  pu  retrouver  les  traces  dans  les  archives  de  l'évêché. 
Les  Marchés  él  les  Royère  conservèrent  toutefois  la  possession 
d'une  partie  au  moins  des  constructions  du  château  bas,  et  cet 
étal  de  choses  donna  lieu,  durant  le  xv*  siècle,  â  des  différends 
sur  lesquels  nous  avons  peu  de  détails. 

buiné  et  inhabitable  depuis  longtemps,  le  château  de  Noblat 
n'en  était  pas  moins  encore,  au  xvr  siècle,  l'objet  de  revendica- 
tions très  vives  de  la  part  des  représentants  des  anciens  sei- 
gneurs. La  famille  de  Royère  surtout  s'obstinait  à  disputer  à 

(4)  Voir  pour  ces  dernières  indications  les  registres  de  Tévéché  aux 
archives  de  la  Haute-Vienne  el  notamment  les  Registres  d'hommages,  1. 1, 
article  Noblat. 

(3)  Sine  gladio,  capucio  el  cucuffa,  flexis  genibus  et  manibus  junctis 
(Arcb.  Haute-Vienne,  Reg.  O  Domina  et  Mea  Sancta  Maria,  pasêim). 

(3)  Voir  ci-après,  chapitre  IX. 


5i  SOCIÉTé   ARCHÉOLOGIQUE   F.T   HI^^TORIQUR   DU    UHOUSIK. 

révêque  ses  droits  sur  Noblat.  Un  arrêl  du  Parlemeut,  reudu 
dans  les  premières 'années  du  xvii*  siècle,  termina  ces  longues 
querelles,  en  décidant  que  le  prélat  —  c'était  alors  Henri  de  la 
Marthonie  —  avait  seul  qualité  pour  porter  le  titre  de  seigneur  de 
Noblat;  aux  Royère,  représentés  par  les  seigneurs  de  Brignac,  il 
fut  permis  de  se  dire  seulement  ff  seigneurs  delà  maison  noble 
»  de  Janeau,  autrement  appelée  le  petit  château  de  Noblac  ».  -^ 
L'arrêt  ajoutait  : 

«  Et  pour  le  regard  des  vieilles  mazures  et  rochiers  sur  les- 
quels estoit  baty  anciennement  le  château  et  forteresse  de  Noblac, 
la  Cour  les  déclare  appartenir  au  dit  siéur  évêque,  sauf  la  part  et 
portion  qui  appartenoit  à  feu  Marchés,  auteur  du  dit  Royère, 
dans  laquelle  le  dit  Royère  et  ses  successeurs  ne  pourront  faire 
bâtir  aucune  forteresse  au  préjudice  et  émulation  du  dit  Evê- 
que »  (1). 

Peu  après  cette  sentence,  en  1612,  nous  voyons  les  Royère  faire 
hommage  à  Tévêque  pour  tout  ce  qu'ils  possèdent  dans  la  châtel- 
lenie  de  Noblat. 


IV.  —  LE  BOURG  DB  SAINT-LÉONARD-DE- NOBLAT.  —  COMMENCEMENTS 
DE   LA   COMMUNE. 


L'origine  du  bourg  de  Noblat,  qu'on  appelait  aussi  Noblat- 
Saint-Léonard  et  Saint-Léonard-de-Noblat  —  NobiUacum  Sanctt 
Leonardi,  Sanctus  Leonardus  de  Nobiliaco  —  peut  remonter  au  vu* 
ou  au  VIII''  siècle.  Autour  de  la  petite  église  où  avaient  été  déposés 
les  restes  du  saint  ermite  et  des  cellules  où  vivaient  les  continua- 
teurs des  prières  et  des  austérités  des  premiers  anachorètes,  des 
cabanes  vinrent  se  grouper;  peu  à  peu,  elles  furent  remplacées 
par  des  maisons  plus  vastes  et  d'une  coiistruclion  plus  solide.  Le 
hameau  devint  un  village,  puis  un  bourg  actif  et  industrieux, 
dont  on  trouve  des  mentions  à  la  un  du  xi"  et  au  commence- 
ment du  xii*  siècles  (2).  La  dévotion  croissante  des  peuples  pour  le 

(1)  Arch.  Haute-Vienne,  Registres  des  hommages  de  rEvôché.  t.  I  : 
Noblat, 

(î)  Intraipsum  burgum  Sanclî  Leonardi  (acte  entre  lO(J3  et  1114,  aux 
Documents  hhiorvques  concernant  la  Marche  et  le  Limousin,  publiés  par 
MM.  A.  Lfroux,  E.  MoLiNiER  et  A.  Thomas,  t.  II.  p.  8).  Domos  etsolares 
ciim  une  orto  in  burgo  Sancti  Leonardi,  1099  (cart.  d*AureiI).  In  burgo 
Sancti  Leonardi  (r«  moitié  du  xii»  siècle,  ibld,). 


LA  COMMUNK   DE   S.UNT-LÉONARD    DE   NOBLAt  AU  XIII**   SîÈCLE.  55 

patron  du  lieu,  dont  les  miracles  devinrent  plus  nombreux  après 
le  Iransfèrement  de  ses  restes  dans  la  nouvelle  église  (1),  fit  af- 
fluer à  Noblal  la  foule  des  pèlerins.  Il  eu  vint  de  toutes  les  coq« 
Irées  de  l'Europe.  —  Le  commerce  de  la  localité  a,  dès  le  xni*  siècle, 
pris  ua  certain  développement.  Le  travail  des  métaux  et  la  pré- 
paration des  cuirs  sont  dès  lors  son  aliment  principal.  Ces  deux 
industries,  auxquelles  il  faut  joindre  la  fabrication  du  papier,  qui 
parait  ne  s'être  pas  établie  dans  le  pays  avant  le  xv*  siècle,  peut- 
être  même  avant  la  fin  du  siècle  suivant,  étaient  au  moment  de  la 
Révolution  la  principale  source  de  la  prospérité  de  la  ville.  Au 
XV'  siècle,  des  poëliers  et  des  couchers  de  Normandie  viennent 
s'établir  à  Saint-Léonard  (2), dont  les  ateliers  ont  une  assez  grande 
renommée  dans  la  région  du  centre  et  fournissent,  aux  xvn«  et 
XVIII*  siècles  au  moins,  des  objets  de  dinanderie:  chenets,  coffrets, 
ornements,  vases,  —  fort  intéressants.  On  trouve  même  dans  la 
petite  ville  des  orfèvres;  il  n'y  en  a  pas  moins  de  trois,  exerçant 
à  la  fois  leur  profession,  dans  les  premières  années  du  règne  de 
Ix)uisXIV(3). 

Jusqu'aux  incursions  des  Noroiands,  les  habitants  du  bourg 
vécurent  sans  doute  sous  l'autorité  directe  du  monastère;  mais 
celui-ci  était  placé,  semble-t-il,  sous  la  dépendance  même  tem- 
porelle des  évêques  de  Limoges.  Les  cellules  et  peut-être  aussi 
la  chapelle  furent  détruites  par  les  pirates  ;  quand  ceux-ci  s'éloi- 
gnèrent, après  avoir  dévasté  tout  le  pays,  ce  qui  restait  dé  l'éta- 
blissement religieux  de  Saint-Léonard,  qui  avait  été  abandonné 
par  ses  hôtes,  et  sans  doute  aussi  du  village,  où  étaient  rentrés 
les  habitants,  tomba  aux  mains  des  seigneurs  de  Laron.  Ceux-ci, 
qui  appartenaient  à  une  famille  puissante  du  haut  cours  de  la 
Vienne  et  qu'on  voit  jouer  un  rôle  important  dans  Thistoire  de  la 
contrée,  du  x*  au  xiii«  siècles,  s'approprièrent  les  redevances 
jadis  payées  aux  moines.  Mais  un  membre  de  cette  famille, 
Jourdain,  restaura  le  monastère  et  se  mit  lui-même  à  la  tête 
des  cénobites  qu'il  y  réunit.  De  prieur  ou  prévôt  de  Saint- 
Léonard,  Jourdain  de  Laron  devint,  en  1029,  évoque  de  Limo- 

(1)  Ea  tempestate,  Sanctus  Leonardus  confessor,  in  Lemovicino,  et 
SaDCtus  AntoniDus...  miraculis  ceperunt  coruscare  et  undique  populi  co 
eonfluxeruDt  (Labbb,  Nooa  Biblioth.,  t.  H,  p.  179,  chronique  d'Adémar  de 
Chabannes). 

(i)  Registre  des  Massiot,  à  noire  recueil  de  Livres  de  Raison. 

(3)  Archives  nationales,  Z*  B,  n°  677.  —  Peut-être  faut -il  déjà  rocon- 
Daltre  un  orfèvre  dans  Pierre  Douradre  —  Dourador  —  consul  de  Saint- 
Léonard  vers  1269,  cl  nommé  aux  enquêtes  de  <288  (dép.  de  Pierre 
Bilbax,  tailleur  de  pierres  aux  Allois). 


56  SOCIÉTÉ  ABGHÉOLOOIQUE  ET  DISTORlOUe  DU  LlliOUSm. 

ges.  Il  dota  la  communauté  qu'il  avait  fait  revivre,  et,  tout  en 
rétablissant  le  siège  épiscopal  dans  ses  anciennes  prérogatives,  il 
abandonna  aux  religieux  une  partie  des  droits  qu'avaient  jadis 
/  usurpés  les  siens.  On  ajoute  même  (mais  le  renseignement  est 
plus  sujet  à  caution)  qu'il  fut  aussi  le  fondateur  de  la  commune 
bourgeoise,  et  que  celle-ci  tenait  de  lui  les  privilèges  dont  ses  con- 
suls étaient  investis  (1). 

Une  charte  de  l'évéque  Itier  Chabot,  portant  la  signature 
d'Agnès,  comtesse  de  Poitiers,  et  dont  la  date  paraît  devoir  être 
fixée  à  l'an  1060,  établit  d'une  manière  bien  nette  que  la  ville 
appartenait  dès  lors  au  prélat.  Celui-ci  se  sert  en  effet  de  l'ex- 
pression caractéristique  :  «  Un  lieu  de  notre  droit,  de  notre  mou- 
vance »,  en  parlant  du  bourg  même  de  Noblat.  Il  concède  aux 
chanoines,  dans  ce  bourg,  l'emplacement  sur  lequel  ils  cons- 
truisent leur  église,  leur  cloître  et  les  bâtiments  accessoires  du 
monastère  (2). 

Dès  cette  époque,  il  n'en  faut  pas  douter,  la  ville  de  Saint- 
liéonard  était  rattachée  à  la  juridiction  du  château  de  Noblat, 
qui  appartenait  d^à,  on  l'a  vu  plus  haut  (3),  à  l'évéque.  Ce  rat- 
tachement ne  saurait  être  contesté.  La  châtellenie  de  Noblat,  au 
xiii^  siècle,  s'étendait  à  plus  d'une  lieue  autour  du  fort,  et  la  ville 
de  Saint-Léonard,  comme  le  pont,  se  trouvait  comprise  dans  ses 
limites.  Dans  quelles  conditions  particulières  les  droits  du  justi- 
cier s'exerçaienl-ils  à  l'intérieur  de  la  ville  et  dans  les  fau- 
bourgs? C'est  ce  que  nous  examinerons  plus  loin.  Nous  nous 
bornons  ici  â  constater  ce  fait  qui  nous  paraît  bien  établi  :  Saint- 
Léonard  était  dans  la  mouvance  de  la  tour  de  l'évéque. 

On  pourrait  tirer  argument  d'un  passage  du  cartulaire  d'Au- 
reil  (4^,  pour  établir,  s'il  en  était  besoin,  que,  dans  les  dernières 

{\)  Dinitum  a  Danis  Nobiliacense  cœnobium  ad  suum  accersivcre  do- 
minium  toparchœ  Leronienses,  sœculis  X*»,  Xl«  et  XII®  potentissrmi,  e  qui- 
bus  Jordanus  de  Leron,  prœfatî  cœnobii  restauralor  et  prepositus  seu 
prier  fuit  ineunte  sœculo  XI,  ac  postca  electus  Lemovicensis  episcopus, 
qui  et  dominium  Nobiliacensis  oppidi  partim  cpiscopis  Lemovicensibus 
restituit,  partim  dictis  cœnobitis  et  consulibus  attribuit  quo  ad  tenus  po- 
tiuntur  (Bibl.  nat.  Manuscrit  lat.  19747,  p.  127). 

(3)  Quemdam  jurisnostri  locum,  nomiae  Nobiliacum  (Man^  lat.  137 i7, 
p.  474). 

(3)  V.  ci -dessus,  p.  41  et  42. 

(4)  Domnus  Gaufredus,  Nobiliacensis  clericus...  domum  suamquam  habc- 
bat  apud  Nobiliacum,  dédit  Sancto  Johanni...  Deindc  venit  Domnus  Um- 
baldus  cpiscopus  ad  Sanctum  Johannem  io  Âurel  ;  et,  deprecante  Gau- 
fredo,  concessit  banc  domum  Sancto  Johanni. 


LA   COMMUNE   DE  SAlNT-LÉONARD   DK  NOBLAT  AU    XIll*  SIECLE  57 

années  du  xi*  siècle,  l'évéque  de  Limoges  était  déjà  seigneur  de 
Saint-Léonard.  On  voit,  en  effet,  à  l'occasion  du  don  d'une  mai* 
son  à  Noblat  fait  par  un  clerc  du  nom  de  Geoffroi  au  monas- 
tère, Humbaud,  qui  gouverna  le  diocèse  de  1087  à  1095,  interve- 
nir à  la  prière  du  donateur  et  confirmer  celte  libéralité.  Mais 
ce  texte  établit  seulement  que  le  prélat  est  seigneur  foncier  de  la 
maison  cédée  aux  chanoines  d^Aureil;  il  ne  prouve  pas  que  toute 
la  ville  de  Noblat  soit  dans  sa  dépendance. 

Les  droits  de  seigneurie  du  prélat  sur  la  ville  paraissent  bien 
établis  cent  ans  plus  tard.  Tout  au  moins  peut-on  constater  qu'à 
cette  date  il  exerce  ces  droits.  Il  semble  posséder,  dès  lors,  dans 
l'imceiute  même  du  bourg  et  au  centre  de  l'agglomération,  sa 
salle,  comme  à  Saint-Junien  et  daus  la  cité  de  Limoges  (I  ).  Saint- 
Léonard  est  compris  au  nombre  des  possessions  de  Jean  de  Vey- 
rac  que  le  roi  Jean  fait  séquestrer,  et  dans  une  lettre  énergique, 
adressée  en  1202  par  Innocent  III  à  ce  dernier,  le  pape  reproche 
au  duc  d'Aquitaine  de  8*ôtre  approprié  jusqu'aux  offrandes  de 
l'autel  du  vénéré  patron  du  lieu  (2).  Un  document  émanant  du 
roi  d'Angleterre  lui-même  confirme  l'existence,  à  cette  époque, 
des  droits  de  Tévêque  de  Limoges  sur  la  ville  de  Noblat  :  c'est  la 
lettre  par  laquelle  Jean-saus-Terre  notifie,  le  28  mai  1214,  aux 
prud'hommes  de  Saint-I^éonard,  le  choix  qu'il  vient  de  faire  du 
sénéchal  d*Angouléme  pour  garder  et  administrer  les  posâessions 
de  Jean  de  Veyrac,  et  enjoint  à  la  commune  de  donner  son  con- 
cours aux  baillis  institués  par  le  séquestre  (3). 

Sur  l'importance  de  cette  ville  au  xii*  siècle,  sur  le  chiffre  de 
sa  population,  nous  ne  possédons  que  des  indications  insignifian- 

(1)  Donation  de  diverses  parties  du  Mas  de  Fontloup  à  L'Anige,  vers 
1200  :  Hoc  factum  fuit  en  la  Sala  a  i'Ebesquc,  a  Noalac  (A.  Lbroux,  Do^ 
cumerUs  hietoriqueê,  t.  I,  p.  449).  tl  y  a  tout  lieu  de  croire  qu*il  s'agit  ici 
de  la  ville  et  non  du  chàleau  de  Noblat. 

(3)  Lettres  d'Innocent  111,  ap.  Historiens  de  France,  t.  XIX,  p.  416. 
Ces  offrandes  ne  seraient-elles  pas  les  mômes  que  les  Deniers  de  la 
chaîne,  dont  il  est  parlé  plus  haut,  page  98. 

(3)  Rex  probis  hominibus  de  Sancto  Leonardo,  salutem.  Scialis  quod  se- 
nescalciam  et  custodiam  dominiorum,  dominicorum  et  Icrrarum  episcopi 
Limovicensis  dilecto  et  fideli  nosiro  B.  de  Podio,  scnescallo  Engolismensi« 
commisimus,  tanquam  no[bi]s  placuerit.  Et  ideo  vobis  mandamus  quod 
ci  et  ballivis  suis  intendentes  sitis  et  respondenlcs.  Teste  me  ipso  [RotuU 
lUterarum  patentium  in  turri  Londinensi  asseroati,  I.  I,  p.  M 6}. 

A  la  même  époque,  c'est  Aimeric  de  la  Roche  —  de  Rupe  —  qui  rem- 
plit les  fonctions  de  sénéchal  du  Limousin  pour  le  roi  Jean;  GoufTier 
Tizon  est  sénéchal  du  Périgord. 


m. -■■  -M-  »»  —   ■ 


58  SOCléTÉ  ABCHÀO^OGIQUK   KT   IIISTORIQUR   DU    LIMOUSIN. 

Icsv  II  résulte  loutefois  de  quelques  documents  qu'une  bour- 
geoisie riche  et  commerçante  s'y  est  constituée  dès  celte  époque. 
Des  marchands  de  cette  ville  possèdent  déjà  des  redevances  im- 
portantes dans  les  environs  et  on  trouve  dans  huit  ou  dix  actes 
du  cartulaire  de  L'Artige,  compris  entre  1 180  et  1220,  la  meution, 
en  qualité  de  donateurs  ou  en  qualité  de  témoins,  d'un  certain 
jiombre  de  bourgeois  de  Saint-Léonard  :  Guillaume  Buschet, 
Marc.  P.  et  G.  Faute,.  Raimond  Daniel,  Vincent  et  Pierre  de 
Trémol. 

A  quelle  époque  le  bourg  fut-il  entouré  de  murs?  Pas  avant 
le  xii*  siècle,  selon  toute  vraisemblance.  11  résulterait  même  du 
texte  des  Aunales  manuscrites  de  Limoges  que  vers  1 195  seulement 
fut  construiio  sa  ceinture  de  remparts.  L'annaliste  rapporte  en 
ejffet  que  «  le  roy  Richard,  estant  en  liberté,  par  dévotion  fust  à 
Saint- Léonard,  et  la,fist  ediffier  Tesglise,  clore  et  edifïier  certains 
portaux  de  la  ville  »  (1). 

Un  passage  de  la  chronique  de  Vigeois  semble  toutefois  établir 
que,  dès  1 183,  Saint-Léonard  était  clos  et  fortifié.  Le  moine  Geof- 
froi  nous  montre  en  effet,  à  celte  date,  les  Paillers  arrivant  de- 
vant la  ville  et  demandant  qu'on  leur  en  ouvre  les  portes.  Un 
bourgeois  leur  crie  de  l'intérieur  de  l'enceinte  :  «  Retirez-vous  ! 
Allez  à  Malemort  où  vous  attend  votre  dernier  festin  !  d  Furieux 
d'entendre  évoquer  le  souvenir  de  la  sanglante  défaite  que  leur 
avait  fait  subir  six  ans  plus  tôt  l'évêque  Gérald  du  Cher,  les  rou- 
tiers attaquent  la  ville,  y  pénètrent  et  massacrent  cent  cinquante- 
trois'bourgeois  (2). 

Il  est  à  présumer  que,  si  la  ville  n'eût  pas  été  fortifiée,  les 
routiers  n'auraient  pas  attendu  d'être  insultés  pour  la  traverser 
et  la  piller. 

Peu  d'années  après,  Noblat  fut  pris  de  nouveau  par  les  Bra- 
bançons, qui  parcouraient  le  pays  depuis  la  mort  de  Richard- 
Cœur-de-Lion.  Ils  paraissent  à  ce  moment  avoir  occupé  la  ville 
comme  le  château.  Toutefois,  la  ville  fut  probablement  respectée 

(t)  Annales  manuscrites  de  Limoges»  pub.  par  E.  Rubbn,  âchard  et 
P.  DucouRTiEUx.  Limoges,  ¥•  Ducourtieux,  *872,  p.  i74 

(S)  Apud  Nobiliacum  vero  devcnicntes,  sibi  portas  postulant  aperiri 
quasi  hospitandi  gratia.  Tune  quidam,  de  intus  exclamans,  dixisse  ferlur 
ad  ilIos|:  «  Recedite  hinc  et  apud  castrum  Malamortense  festinale,  ultime 
convivio  jcœnaluri  ».  Qui  repente,  facto  impctu,  irruunt,  irruplioneque 
peracta  injburgo,  centum  quinquaginta  1res  homines  inlerimunt  ab  hora 
lertia'usque  ad  vesperam  illius  diei,  excepiis  vulncratis  qui  postmodum 
corruerunt  (Chron.  de  Vigeois,  ap.  Labbe  :  Rerum  AquUanicarum  Scrip- 
tores,  II,  <21). 


I.A    CO¥»UNK   DS  SAINT- LéONARD    DC   NOBLAT    AU   Xlil®   SlÈCLK.  59 

parce  qu  «lie  ôlait  ak>rs  dans  la  main  du  roi  d'Angleterre  el  sous 
la  garde  spéciale  de  ses  officiesrs. 

Nos  chroniqueurs  ne  nous  apprennent  rien  de  précis  A  cet 
égard.  Ils  attestent  seulement  que  leç  routiers  s'installèrent  dans 
le  château  de  Noblat,  et  en  firent  leur  quartier  général.  1/évôque 
Jean  de  Veyrac  organisa  contre  eux  une  expédition  qu'il  paraît 
avoir  lui-même  dirigée.  Il  est  permis  de  supposer  que  l'ambition 
de  reprendre  son  château  et  sa  ville  ne  Tenflammait  pas  moins 
que  le  désir  de  débarrasser  la  contrée  de  cette  bande  de  brigands. 
«  Suivi,  dit  Pierre  Coral,  des  barons,  des  prélats  et  du  peuple  du 
pays,  il  assiégea  les  routiers  dans  leur  repaire,  s'en  empara  el  fit 
un  grand  carnage  de  ces  bandits.  Et  par  là,  ajoute  avec  quelque 
orgueil  le  chroniqueur  limousin,  fui  brisé  .le  bras  du  roi  d'An- 
gleterre et  la  province  remise,  par  la  main  de  son  évêque,  au 
pouvoir  des  Français.  Aussi  le  roi  Philippe  fit-il  écrire  dans  son 
registre  que  jamais  il  ne  céderait  à  aucun  seigneur  ses  droits  sur 
révéque  de  Limoges  et  que  celui-ci  demeurerait  toujours  sou 
vassal  direct  ))(1). 

Il  est  permis  de  penser  qu'à  la  suite  de  cet  exploit,  les  ofiiciers 
de  Jean-sans-Terre  abandonnèrent  Saint- Léonard  et  laissèrent 
Jean  de  Veyrac  en  reprendre  possession.  Au  surplus,  si  Tévêque 
ne  rentra  pas  dès  1203  dans  sa  ville,  on  ne  saurait  douter  que 
celle-ci  ne  lui  ait  été  rendue  deux  ou  trois  ans  plus  tard,  lors  du 
triomphe  du  parti  français  en  Limousin.  Mais,  en  1214,  l'arrivée 
de  Jean-sans-Terre  à  la  tête  de  son  armée  l'en  chassa  de  nouveau. 
Le  roi  d'Angleterre  traversa  tout  le  Limousin.  Il  entra  le  23 
mars  à  Saint-Léonard  (2).  On  peut  supposer  que  ses  officiers  en 
avaient  déjà  repris  possession  et  avaient  séquest)*é  de  nouveau 
les  biens  de  Tévêque. 

Jean  de  Veyrac  s'était  vu,  pendant  les  dix  années  qui  venaient 
de  s'écouler,  forcé  d*user  de  prudence.  Nous  avons  dit  plus  haut 

(4)  Johannes,  Lemovicensls  episcopus,  devicit  in  prœlio  maximam 
multitudinem  BraybansoDum  qui  se  in  Castro  Noblliaci  recluserant  (Chro- 
nique de  Maleu,  ch&noine  de  Saint-Junicn,  publ.  par  l*abbé  M.  Ârbellot. 
Barret,  1847,  p.  63).  —  Johannes,  episcopus  Lemovicensis.  cum  baroni- 
bus  et  praelatis  et  populo  lerrœ,  obsedit  Nobiliacum,  in  quo  se  incluserant 
quampiures  bascli  el  ruplarii.  Capti  et  inlerempli  sunt.  El  sic  brachium 
Régis  Angliœ  in  Aquitania  primo  confractum  est  et  per  manum  episcopi 
terra  ad  Francorum  dominium  est  reducta  :  unde  Kex  Philippus  in 
registro  suo  scribi  fecit  quod  de  celero  Rex  Francorum  Lemovicensem 
episcopum  de  dominio  suo  non  ejiciel  (Chron.  de  Pierre  Coral,  ap.  Histo- 
riens de  France,  t.  XVlil,  p.  239). 

(î)  Voir  ci -dessus,  p.  8. 


60  90C1ÊTIR  AlICdfeOLOClQUE  KT   BlSTÔntQUK   D13   MMOtSlN. 

qu'il  ne  parait  pas  avoir  ciierché  i  abuser  de  sa  victoire  pour 
opprimer  les  bourgeois  de  la  Cité  de  Limoges;  il  est  à  croire 
qu'il  se  montra  animé  des  mêmes  dispositions  â  Tégard  des 
habitants  de  Saint-Léonard.  Là  du  reste,  comme  dans  la  Cité,  il 
s'était  trouvé  en  présence  d'une  bourgeoisie  nombreuse,  ayant 
des  chefs,  de  l'argent  et  des  armes,  bien  déterminée  à  défendre 
derrière  ses  remparts  ses  nouveaux  privilèges  comme  ses  ancien- 
nes libertés,  et  avec  laquelle  le  prélat  fut  bien  obligé  de 
compter. 

En  effet,  dès  la  &n  du  xn*  siècle,  Saint-Léonard  jouit  d*une 
'organisation  municipale  des  plus  complètes  et  n'a  rien  à  envier  i 
la  capitale  de  la  province.  Nous  avons  vu  qu'une  tradition  en 
coui*8  au  xvii*"  siècle,  faisait  remonter  â  Tévêque  Jourdain  de 
Laron  (1023-1051)  les  privilèges  des  consuls  (1).  L'abbé  Oroux 
assure  de  son  côté  que  les  habitants  auraient,  dès  la  lin  du  xi*  siè- 
cle au  moins,  possédé  une  commune  et  des  magistrats  municipaux. 
Le  biographe  de  l'illustre  patron  de  l'église  de  Noblat,  mentionne, 
en  effet,  une  charte  du  roi  Philippe  I,  datée  de  1 103,  et  où  il  serait 
parlé  des  m  droits  et  privilèges  des  consuls  de  la  ville  »  (2).  Oroux 
ne  donne  pas  le  texte  du  document,  qu'il  ù'a  cerlainemeat  jaùiais 
vu.  Les  personnes  qui  lui  ont  fourni  cette  indication  auront, 
sans  doute,  attribué  à  Philippe  I  une  des  nombreuses  lettres 
concernant  la  commune  qui  émanent  de  Philippe  III  et  de 
Philippe  IV. 

L'authenticité  de  la  charte  de  Jourdain  est  plus  douteuse 
encore  que  celle  de  la  charte  de  Philippe  I.  Si  on  n'a  jamais 
produit  aucune  confirmation,  aucune  reconnaissance  par  les  rois 
de  France  des  privilèges  de  nos  communes  limousines  antérieu- 
rement à  la  confiscation  du  duché  d'Aquitaine  au  préjudice  de 
Jean-sans-Terre,  on  ne  connaît  non  plus  aucune  lettre  épiscopale 
relative  à  nos  agglomérations  bourgeoises  jusqu'au  traité  de  1251 
entre  Tévêque  Aymericde  Serre  et  la  commune  de  Saint-Junien. 

Nous  croyons  qu'à  Saint-Léonard,  comme  ailleurs,  il  existait 
dès  le  commencement  du  xii®  siècle,  peut-être  dès  le  xi*,  une 
organisation  bourgeoise  rudimentaire,  dos  «fesemblées  d'habi- 
tants et  même  une  magistrature  exerçant  ses  fonctions  sous 
l'autorité  et  le  patronage  de  l'évêque.  Nous  n'en  douterions  pas 
s'il  nous  était  bien  démontré  que  la  ville  fût  dès  lors  fortifiée. 
Mais  cette  organisation  résultant  uniquement  de  la  coutume, 
était  plutôt  tolérée  que  reconnue  par  le  seigneur,  et  le  respect 

l\)  Voir  ci-dessus,  p.  66,  note  4. 

(8)  Histoire  delà  oie  et  du  culte  de  Saint- LéoAard,  p.  k^. 


LA   COimUNl   D£  SAIKT-LBONAHD    UB   NO&LAt   AU   XIK^   SIÈCLE.  dl 

seul  de  eelui-ci  pour  la  tradition  garantissait  le  mai u tien  de 
cette  tolérance.  Il  est  vraisemblable  que  Saint-Léonard,  ville 
d'origine  relativement  récente,  d'importance  secondaire  et 
n'ayant  pas  joui  autrefois  du  rang  de  cité  et  des  prérogatives 
attachées  à  ce  rang,  ne  possédait  pas  d'institutions  oiunicipales 
au  sens  exact  de  ce  mot  au  moment  où  le  Limousin  passa  ^ous 
lautorilé  des  Plantagenets  par  le  mariage  de  Théritière  d'Aqui* 
taine  avec  Henri,  comte  d'Anjou. 

Les  bourgeois  de  Saint^Léonard  reconnaissaient  eux-mêmes, 
à  la  fin  du  xni^  siècle,  que  leur  commune  ne  datait  pas  de  beau- 
coup plus  d'un  siècle.  C'est  des  ducs  d'Aquitaine  de  la  maison 
des  Plantagenets  qu'ils  déclaraient  tenir  leurs  libertés. 

Sur  le  premier  auteur  de  cet  octroi,  ils  n'étaient  pas,  au  sur- 
plus, absolument  d'accord.  Nous  voyons,  par  exemple,  dans 
une  enquête  faite  au  cours  du  gran4  procès  entre  Tévéque  de 
Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard  —  enquête  dont  nous 
aurons  désormais  à  citer  à  chaque  page  les  indications,  —  un 
clerc,  Léonard  Goudel  ou  Godeau,  maître  des  écoles  de  la  ville, 
déclarer  qu'il  a  vu  de  ses  yeux  la  charte  délivrée  aux  habitants  de 
Saint-Léonard  par  Henri  Plantagenet.  Cette  charte,  à  laquelle 
était  appendu  le  sceau  du  roi  d'Angleterre,  portait  concession 
aux  bourgeois  d'une  commune  et  confirmation  de  leurs  libertés. 
Henri  avait  même  ajouté,  d'après  Goudel,  à  cet  octroi,  le  don  d'un 
étendard  oA  se  voyait  la  figure  d'un  lion  (I);  mais  d'autres 
témoins  assuraient  que  Saint-Léonard  tenait  ses  privilèges,  non 
d'Henri,  mais  de  son  fils  Kichard  Gœur-de-Lion.  L'  un  d'eux 
at(teste  mâme  que  son  père  était  préseut  lors  de  cette  solennelle 
concession  (2). 

Il  est  assez  singulier  que  la  commune  n'ait  pu  produire  ni  la 
charte  d'Henri  II,  ui  celle  de  Richard  (3). 

Ce  quvest  indéniable,  c'est  que  dans  les  premières  années  du 
xiii''  siècle,  )es  bourgeois  de  Saint-Léonard  possèdent  une  orga- 
nisation rnunicipale  et  jouissent  de  libertés  assez  étendues. 
Nous  avoua  vu  plus  haut  Jean,  roi  d'Angleterre,  écrire  directe - 
meut  eu  1214  à  leurs  prudhomQQes  au  sujet  de  la  désignatioii 
d'un  séquestre  pour  l'administration  et  la  garde  des  domaines 

(1)  Appendice,  C,  I,  n^  i. 

(ll)/6îd.,  C.  I,  n'»*iel3. 

(3)  NotoPtS  qu'Qa  trouve  mémoire  d'Âliénor  d'Aquitaine  et  de  RicharU 
Coeur-de-Lion  au  Nécrologe  de  Saint-Léonard  dont  Estiennol  nous  a  con* 
serve  des  fragments.  Mss.  lat.  12747,  p.  479. 


61  SOCIETE  AftCHtOLOOlQUJk   Jit   HiStOHlQUk   DU    LI3I0US1^. 

de  révéque.  Soa  fils  Henri  III  leur  notifie,  en  même  temps 
qu'aux  consuls  de  Limoges,  '—  16  septembre  1220  —  la  nomina- 
tion de  Philippe  de  Uletotaux  fonctions  de  sénéchal  de  ses  états 
do  Poitou  et  de  Gascogne  (1).  Cette  correspondance  prouve  au 
moins  que  la  commune  était  constituée,  reconnue  du  duc 
d'Aquitaine,  et  ses  chefs  considérés  comme  investis  d'un  pou- 
voir régulier  et  effectif.  •  On  ne  saurait  douter  que  la  disgrâce  et 
l'exil  de  Jean  de  Veyrac  n'aient  été  favorables  au  développe- 
ment de  l'autorité  des  consuls  et  des  libertés  municipales  en 
général.  On  va  constater  combien  ces  dernières  ont  été  larges 
et  juger  des  conditions  dans  lesquelles  s'exerçait  cette  autorité. 


v.  —  les  consuls  :  leur  élection,  leurs  attributions, 
l'hôtel  de-ville;  le  serment;  la  milice. 


Vers  1220  ou  1230,  date  à  laquelle  nous  commençons  â  nous 
rendre  compte  des  détails  de  l'organisation  communale  à  Saint- 
I^onard,  les  magistrats  municipaux  portent  déjà  le  nom  de 
consuls  après  avoir  été,  à  l'origine,  simplement  qualifiés  de  prud- 
hommes.  Cette  dénomination  de  consuls,  qui  est  au  surplus  celle 
adoptée  par  toutes  les  communes  limousines,  leur  est  donnée 
dès  1224,  dans  une  lettre  de  Louis  VIII  (2). 

Les  chefs  de  la  commune  de  Noblat  sont  au  nombœ  de  huit. 
La  durée  de  leur  mandai  est  d'une  année.  Tous  les  ans,  les  ma- 
gistrats convoquent  pour  le  jour  de  la  Chaire  de  saint  Pierre  à 
Antioche  —  22  février,  —  une  assemblée  générale  des  bourgeois 
dans  laquelle  les  consuls  sortant  de  charge  désignent  eux-mêmes 
leurs  successeurs,  en  observant  sans  doute  certaines  conditions 
d'éligibilité  et  en  se  conformant  à  des  règles  traditionnelles  pour 
la  répartition  des  magistrats  entre  les  différents  quartiers  de  la 
ville  ou  entre  les  divers  corps  de  métiers.  Pendant  l'élection,  les 
portes  de  la  ville  sont  fermées,  et  les  clés  sont  apportées  dans 


(4)  Vosque  rogamus  qualenus,  in  fide  qua  nobis  tencmini,  eidem 
Philippe,  tanquam  sencscallo  noslro,  sitis  in  omnibas  qu&e  fd  nos  perti- 
nent inlcndentes  et  rcspoudenles...  Eidem  consilium  et  auxilium  quod 
poteritis,  ad  honorent  nostrum,  conservationem  et  defensionem  terrse 
noslrae,  facialis  (Rvmer  :  Fœdera^  etc.,  t.  I,  p.  83  cl  «4). 

(2)  Appendice,  A,  n«*  8  et  3. 


L\    GOllMÙNK  DK  SAINT-LÉONARD  DK   NOBLAt  AU   XIU^   blftCLE.  Ô3 

la  maison  commuDe.  Cela  veut  dire  qu'aucune  influence  étran- 
gève  ne  doit  peser  sur  le  choix  des  nouveaux  chefs  de  la  ville  :  il 
émanera  des  seuls  habitants.  Les  bourgeois  entendent  être  en- 
tièrement maîtres  chez  eux  pour  traiter  de  leurs  affaires,  et  ils- 
ne  veulent  pas  qu'on  puisse  les  troubler  dans  une  occupation 
aussi  grave.  Sans  doute  la  milice  veille  aux  remparts  durant 
la  cérémonie. 

Les  consuls,  une  fçis  désignés,  étaient  sur-le-champ  installés 
dans  leurs  nouvelles  fonctions.  Aucune  confirmation,  aucun 
appel  ouvert  contre  la  décision  des  magistrats  sortants.  Les  nou- 
veaux chefs  de  la  bourgeoisie  recevaient  aussitôt,  soit  dans 
rhôlel-de-ville,  soit  en  plein  air,  devant  la  maison  commune, 
le  serment  solennel  de  tous  leurs  concitoyens.  Ceux-ci  juraient 
de  garder  et  défendre  les  coutumes  et  libertés  de  la  ville,  de 
veiller  à  l'intérêt  commun,  d'être  fidèles  aux  consuls  et  de  leur 
obéir. 

Puis  les  consuls  prennent  les  clés  delà  ville  et  les  remettent 
à  des  gardiens  de  leur  choix,  désignés  parmi  les  bourgeois  qui 
habitent  à  proximité  de  chaque  porte  (1). 

Nous  ne  trouvons  mention  d'aucun  serment  prêté  par  les 
consuls  de  Saint-Léonard  à  leur  entrée  en  charge.  Il  ne  nous 
paraît  pas  douteux  pourtant  qu'ils  en  prêtassent  un  en  échange, 
pour  ainsi  dire,  de  celui  qu'ils  recevaient.  Ils  devaient  jurer, 
comme  les  magistrats  du  Château  de  Limoges,  de  donner  leurs 
soius  aux  affaires  de  la  ville,  de  protéger  les  habitants,  de  veiller 
à  la  conservation  des  libertés  communales,  d'être  justes  et  loyaux 
au  peuple,  de  servir  l'intérêt  public;  de  défendre  la  ville  et  de  la 
maintenir  dans  l'obéissance  du  duc  d'Aquitaine,  ou,  en  d'autres 
temps,  sous  la  sujétion  du  roi  de  France. 

Les  consuls  étaient  assistés  d'un  conseil  de  ville  que  men- 
tionne explicitement  un  texte  de  1272  (2),  mais  sur  lequel  nous 
n'avons  pour  ainsi  dire  aucune  indication.  Etait-il  élu  tout  entier 
chaque  année?  Se  renouvelait-il  par  portions?  Etait-il  composé 
des  anciens  magistrats  ou  tout  au  moins  de  ceux  qui  avaient 

(i)  Appendice,  C.  ni,  n"  29,  32. 

(2)  Clerici  deputati  a  Domino  Rege  ad  recipienda  juramcnta  fidclilatis 
a  cousulibas  consilihriis  et  homioibus  Sancti  Leonardi  (App.  A,  n<*  VI). 
—  Vcnerunt  consulcs,  et  cum  ip&is  plurcs  quos  ad  hec  vocabant  (App. 
C.  VI,  105).  —  Vidit  mensurari  pcr  consules  et  plurcs  burgenses  ville 
(idtd.,  «06). 


Ôi  30C1ETK  ARCHÉOLOeiQUE  ET  ai8T0fllgUK  OU  LIMOUSIN. 

exercé  ces  fondions  uu  nombre  d'années  déterminé?  Nous  ne 
saurions  le  dire.  Nous  ne  pouvons  non  plus,  vu  l'absence  de 
mentions  concernant  les  membres  de  ce  conseil,  nous  faire  une 
idée  de  leurs  attributions  qu'en  supposant  qu'à  Saint-Léonard 
les  choses  se  passaient  comme  dans  d'autres  communes  à  la  même 
époque.  La  principale  était  sans  doute  de  recevoir  et  de  vérifier 
les  comptes  des  magistrats  municipaux.  Peut-être  aussi  aidaient- 
ils  les  consuls  dans  le  recouvrement  des  tailles  et  se  trouvaient- 
ils  chargés  de  certains  services  permanents.  Un  texte  que  nous 
citons  à  l'Appendice  mentionne,  à  propos  des  assises  munici- 
pales, <(  ceux  qui  étaient  du  conseil  des  consuls  »  (1)  :  nous 
hésitons  à  reconnaître  là  les  conseillers  de  ville,  et  ce  passage 
nous  parait  plutôt  se  rapporter  aux  hommes  de  loi  qui  assistaient 
les  magistrats  municipaux. 

La  construction,  Tentrotien  et  la  garde  des  tours  et  remparts 
semblent  cQustituer,  à  Saint-Léonard  comme  ailleurs,  la  fonction 
principale,  la  charge  propre  des  chefs  de  la  commune.  Nous 
avons  vu  plus  haut  que,  durant  l'assemblée  pour  Téleclion  des 
consuls,  les  clés  des  portes  étaient  déposées  à  la  maison  de  ville. 
Ce  n'étc'iit  pas  là  une  vaine  formaliré,  mais  un  signe  attestant  la 
prérogative  on  môme  temps  que  le  devoir  des  magistrats.  La 
sûreté  des  habitants  était  la  raison  d'être  du  groupement  des 
bo!irgeois  et  du  pacte  communal  :  les  consuls  devaient  pourvoir 
à  cette  sûreté  et  garantir  à  chaque  individu  la  tranquillité  de 
l'existence  et  la  libre  jouissance  de  ses  biens,  en  usant,  pour  le 
protég^er,  des  forces  unies  du  groupe  tout  entier. 

Pour  exercer  cette  protection,  il  faut  que  les  chefs  de  la  bour- 
geoisie puissent  grouper  autour  d'eux  les  habitants.  Us  ont  donc 
le  droit  d'assembler  la  commune  pour  traiter  des  afiaires  pu- 
bliques ;  ces  réunions  se  tiennent  tantôt  à  l'hôtel-de-ville,  tantôt 
sous  la  porte  de  Champmain,  ou  sur  la  place  du  Marché-aux- 
Porcs.  Pour  transmettre  leurs  ordres,  pour  publier  leurs  man- 
dements, pour  annoncer  les  assemblées,  les  consuls  choisissent 
et  nomment  des  crieurs  publics  qui  prêtent  entre  leurs  mains 
un  serment  spécial.  Us  ont  le  droit  de  lever  des  contributions 
sur  les  habitants,  pour  l'entretien  ou  la  réfection  des  fortifications 
et  pour  les  autres  dépenses  d'intérêt  public,  celles  des  fontaines 
et  de  la  voirie  par  exemple  ;  car  ces  objets  rentrent  encore  dans 
les  attributions  des  magistrats  communaux.  Ils  reçoivent  le 
produit  de   ces    tailles,    sauf  à  justifier   de  leur  emploi.  Ils 

(1)  Et  lili  qui  erant  de  consilio  ipsorum.  V.  Appendice,  C.  IX,  n"  IW, 


LA  COMMUNS  DB  gAlNT-I#60NARD  PK  NOBUT  AU  XUI'  SliiCLE.  65 

gôrunt  les  intérête  dirers  de  la  commune,  touchent  ses  revenus, 
adxDinislrenl  ses  biens,  afferment  ses  maisons  ou  ses  empla^ 
céments.  Ils  ont  la  garde  des  armes  appartenant  à  l'association, 
les  confient  soit  aux  hommes  chargés  de  faire  le  guet,  soit,  lors- 
qu'il s*agit  de  répondre  à  la  convocation  du  séuéchal  du  Roi, 
à  ceux  des  bourgeois  désignés  pour  prendre  part  à  l'expédition 
et  trop  pauvres  pour  s'armer  eux<mêmes. 

L'argent  de  la  commune,  ses  archives,  ses  armes,  sont  con- 
servés à  l'hôtel-de-ville.  Cet  édifice,  qui  est  le  siège  du  gouver- 
nement municipal  et  comme  le  domicile  légal  des  membres  de 
l'association  bourgeoise,  on  le  respecte  à  l'égal  d'un  lieu  con- 
sacré au  culte.  Dès  le  commencement  du  siècle  il  en  est  fait 
mention.  Nous  ne  savons  si  les  bourgeois  étaient  dès  lors  pro- 
priétaires de  la  maison  commune.  Entre  1250  et  1260,  ils  en 
firent  construire  une,  plus  vaste  sans  doute  et  plus  commode 
que  la  première  (1). 

La  maison  commune  se  composait  d'un  rez-de-chaussée  et  d'un 
étage;  il  n'est  pas  difficile  d'en  reconstituer  au  moins  les  princi- 
pales dispositions.  Le  rez-de-chaussée  était  sans  doute  occupé 
presque  en  entier  par  la  grande  salle  nécessaire  aux  assemblées 
de  ville  et  aux  audiences  de  justice.  Peut-être  avait-on  ménagé, 
auprès  de  cette  pièce,  une  petite  chambre  servant  de  greffe  et  en 
même  temps  de  bureau  pour  le  clerc  du  consulat.  Au  premier 
étage  on  trouvait  la  salle  du  conseil,  Farsenal  où  étaient  déposées 
les  armes  de  la  commune.  Là  sans  doute  on  voyait  le  réduit 
pratiqué  dans  la  muraille  —  archa  —  où  étaient  conservés,  avec 
Targent  des  contribuables,  les  sceaux,  les  chartes  et  les  titres  les 
plus  précieux  du  consulat. 

De  tous  les  attributs  de  la  magistrature  consulaire,  il  n'en 
était  aucun  tenu  par  les  communes  pour  plus  précieux  que  le 
sceau,  considéré  en  général  comme  un  signe  d'autorité  et  de  juri- 
diction et  destiné  à  authentiquer  les  contrats  entre  particuliers 
comme  à  accompagner  les  actes  émanant  des  chefs  de  la  bour- 
geoisie. On  ne  peut  douter  que,  dès  une  date  reculée,  la  com- 
mune de  Saint-Léonard  n'en  possédât  un.  Les  témoins  mêmes 
produits  par  l'évêque  au  cours  de  son  procès  avec  la  ville  le 
reconnaissent,  mais  ils  assurent  qu'autrefois  ce  sceau  portait  la 
légende  :  Sceau  des  bourgeois  de  Saint-Léonard  ou  Sceau  des 
Prudhommes  de  la  ville  de  Noblat,  et  que,  vers  1265,  les  bourgeois 
en  avaient  fait  fabriquer  un  nouveau  avec  l'inscription  :  Sceau 

Cl)  Appendice,  C.  III,  n«  35. 

T.  ZXXVII.  0 


66  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUB  DU  LIHOUSIII. 

des  consuls  et  de  la  communauté  de  la  ville  de  Noblat  (1).  C'est  pro- 
bablement celui  que  nous  trouvons  appendu  à  une  délibération 
delà  commune  de  Saint-Léonard  du  1*'  mai  1308.  On  y  voit 
saint  Léonard  debout,  tendant  la  main,  pour  le  relever,  à  un 
homme  à  genoux,  sans  doute  un  prisonnier  qu'il  délivre.  Au- 
dessus  pendent  des  ceps  attachés  à  une  chaîne.  Cette  scène  se 
détache  sur  un  treillis  de  fleurs  de  lis.  Au  revers,  une  main 
tenant  des  ceps,  avec  le  mot  secretum  (2). 

Avec  les  armes  communes,  on  conservait  à  l'hôtel-de-ville  les 
bannières  —  banieras,  —  l'étendard  —  vexillum^  —  sous  lesquels 
marchait  la  milice  bourgeoise  quand  elle  était  appelée  à  fournir 
Tost  au  Roi  ou  dans  les  occasions  où  elle  prenait  les  armes  sur 
Tordre  des  consuls.  On  a  vu  plus  haut  que  Henri  II  ou  son  fils 
Richard  avaient  fait  don  aux  bourgeois  d'étendards  avec  l'écu 
d'Angleterre  (3).  Plus  tard,  la  commune  remplaça  les  léopards 
des  Plautagenets  par  les  lis  des  rois  de  France;  on  voyait  aussi 
sur   ses  drapeaux  l'image  de    son  patron,  saint  Léonard  (4). 

Il  serait  assurément  téméraire  de  parler  de  l'assistance  publi- 
que à  Saint-Léonard  au  xiii*  siècle.  Notons  cependant  qu'à  cette 
époque,  outre  la  léproserie  dite  du  Temple,  mentionnée  au 
xu*  siècle,  et  plusieurs  autres  raaladreries  établies  aux  envi- 
rons, la  petite  ville  possède  son  hôpital,  sa  maison-Dieu  (5), 
placée  sous  le  patronage  des  consuls. 

Nous  avons  déjà  rappelé  plus  haut,  d'après  un  passage  fort  inté- 
ressant de  la  chronique  de  Vigeois,  qu'on  commença,  peu  après  la 
première  croisade,  à  fonder  des  aumônes  périodiques  dans  cer- 
taines villes  du  Limousin  (6).  Nous  avons  relevé  ailleurs  des 
traces  intéressantes  de  ces  fondations  dans  le  Château  de 
Limoges  (7).  Nous  avons  déjà  constaté  à  Saint-Léonard,  au  xv« 
siècle,  l'existence  d'un  fonds  de  charité  géré,  non  comme  à 

(!)  App.,  C.  m,  n^  42.  L'évêque  dit  de  son  côté,  dans  un  mémoire  : 
Quod  ollm,  non  est  diu,  hominea  dicte  mile  utebantur  quodam  sigillo, 
cufus  aigilll  litière  erant  :  Sigillum  proborum  hominum  ville  de  Nobi- 
liaco...  Item  tempore  quod  a  breoi,  fecerunt  sigillum  et  domum  in  dicta 
oiUa  nomine  consulatus  et  communitatis, 

{t)  Inventaire  des  sceaux  des  Arch.  nationales,  n«  5695. 

(3)  Appendice,  C.  I,  n»»  1,  2,  3  et  IV,  57. 

(4)  Idem.,  C.  IV,  n«  55. 

(5)  Domum  Dei  (enquête  de  I2S8),  hospitale  pauperum  (Livre  de  .ai- 
son  des  Massiot,  4471). 

(6)  Voir  chap.  II,  p.  36. 

(7)  Des  confréries  de  charité  et  des  œuvres  laïques  de  bienfaisance 
dans  le  diocèse  de  Limoges  [Cabinet  historique^  année  4882). 


LA  COMMONB  OB  SAlNT-LtONABD  DB  NOBLAT  AO  XIll*  SIÈCLE.  67 

Limoges  par  des  prudhommes  délégués  à  cet  effet,  mais  par 
les  magistrats  municipaux  eux-mêmes.  Go  fonds  est  dénommé 
les  Aumdnes  du  Consulat.  Ne  faut-il  pas  reconnaître,  dans  ces 
AumôneSy  la  Caisse  des  pauvres  qui,  dès  le  xiii*  siècle,  existe  à 
la  maison  commune  et  dont  il  est  parlé  à  l'enquête  de  1288(1)? 

En  1485,  il  est  fait  mention  d'une  confrérie  <c  des  Trépassi§s  du 
Consulat  de  Saint-Léonard  (2).  »  Cette  association,  comme  celle 
de^ Suaires  au  Château  de  Limoges,  remontait  sans  doute  à  une 
époque  reculée  du  moyen  âge  ;  toutefois  nous  n'en  avons  pas  trouvé 
trace  dans  les  documents  du  procès  entre  l'évêque  et  les  consuls. 
Les  seules  confréries  dont  nous  ayons  relevé  la  mention,  aux 
xiii'  et  xiv«  siècles,  dans  la  petite  ville  dont  nous  nous  occupons, 
sont  des  compagnies  de  métiers  comme  la  confrérie  des  cordon- 
niers, signalée  vers  1266  (3),  ou  des  sociétés  de  pure  dévotion, 
comme  la  confrérie  de  Notre-Dame-de-Sous-les-Arbres  (4),  celle 
de  Saint-Léonard  qui,  s'il  faut  en  croire  la  tradition,  différeraitde 
la  précédente  et  serait  aussi  fort  ancienne,  et  celle  instituée  en 
mémoire  du  Miracle  des  Ardents  à  la  fin  du  x"  siècle  et  qui 
s'éteignit  au  xvii*.  Cette  dernière  se  composait  de  trente  bour- 
geois qui,  le  11  août  de  chaque  année,  date  anniversaire  du 
miracle  à  Saint-Léonard,  assistaient  à  Toffice  solennel,  à  la  pro- 
cession générale,  faisaient  ensuite  un  banquet  et  distribuaient 
des  aumônes  (5). 

On  a  vu  que  les  ducs  d'Aquitaine  avaient  réclamé  et  reçu  le 
serment  de  fidélité  des  communes  limousines,  qu'ils  témoi- 
gnaient par  là  tenir  pour  des  vassaux  directs.  Ce  serment,  les 
communes  le  prêtèrent  aussi  au  roi  de  France  après  la  confisca- 
tion de  l'Aquitaine  sur  Tean-Sans-Terre.  Le  fils  aîné  de  Philippe- 
Auguste  le  reçut  en  1212,  en  prenant  définitivement  possession 
du  pays  (6)  et  il  fut  renouvelé  entre  les  mains  de  Raynaud,  clerc 
du  roi,  sur  l'ordre  exprès  de  Louis  VIII,  au  mois  d'août  ou  de 
septembre  1224,  lors  de  l'expédition  de  ce  prince  en  Poitou  et  de 
la  soumission  de  toute  l'Aquitaine  (7). 

En  échange  de  leur  promesse  de  fidélité,  le  roi  de  France 

(1)  Consules  habent,,.  archam  pauperum.  AppeDdice,  C.  III,  n^  34. 

(2)  Livre  de  raison  des  Massiot. 
(a)  Appendice,  C.  VIII,  149. 

(4)  Mentionnée  dans  divers  documents  du  xiv"  siècle  du  fonds  de  TÉvé- 
ché  et  du  Chapitre,  aux  Archives  de  la  Haute-Vienne. 

(5)  O&oux,  Histoire  de  la  vie  et  du  culte  de  saint  Léonard,  p.  68. 

(6)  Appendice,  A,  n®  1. 

(7)  Ibidem.,  A,  n^  5. 


GS  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIOUE  DU  LIMOUSIN. 

reconnut  et  confiroia  les  coutumes  et  libertés  dont  les  coasula 
et  l'université  des  bourgeois  de  Saint-Léonard  avaient  été  en 
possession  au  temps  de  Henri  et  de  Richard,  rois  d'Angleterre  (t). 
Le  nom  de  Jean- sans-Terre  est  ici  supprimé,  à  dessein  sans  nul 
doute. 

Saint  Louis,  à  son  tour,  réclama  le  serment  de  nos  communes. 
C'était  en  1242,  au  lendemain  de  la  victoire  de  Taillebourg.  Le 
comte  de  la  Marche,  le  roi  d'Angleterre  et  leurs  alliés  venaient 
de  subir  un  échec  qui  assurait  au  pays  de  longues  années  de 
tranquillité.  Un  mandement  du  sénéchal  de  Poitou,  Thibaut  de 
Blond,  prescrivit  aux  bourgeoisies  de  la  province  d'avoir  à  jurer 
fidélité  au  roi  de  France  entre  les  mains  de  Guillaume  Relier, 
chevalier,  sou  délégué  (2).  Ce  serment  fut  prêté  sans  difficulté 
par  les  habitants  de  Saint- Léonard,  qui  espéraient,  par  l'accom- 
plissement  de  celte  formalité,  resserrer  le  lien  les  rattachant 
directement  à  la  Couronne,  et  qui  voyaient,  au  surplus,  dans  la 
lettre  même  du  sénéchal,  une  reconnaissance  de  leur  commune. 
Ils  envoyèrent  à  La  Rochelle  deux  de  leurs  consuls  :  Jean 
Faute  et  Pierre  Bouzogle,  pour  porter  au  roi  les  clés  de  leur 
ville.  Louis  IX  les  leur  rendit,  en  leur  enjoignant  de  les 
garder  en  son  nom  (3). 

Il  semble,  d'après  le  témoignage  d'un  vieillard  interrogé  au 
cours  de  l'enquête  de  1279,  qu'une  seconde  fois  saint  Louis  reçut 
le  serment  des  bourgeois,  en  1248,  lors  de  son  départ  pour 
la  Croisade  (4). 

De  nouveau,  au  mois  de  février  1272,  les  habitants  de  Saint- 
Léonard  jurèrent  fidélité  au  roi  de  France.  Philippe  III  leur  en 
avait  envoyé  Tordre  exprès.  Les  consuls,  le  conseil  de  ville,  puis 
la  commune  tout  entière,  réunis  dans  le  cloître  du  prieuré,  prê- 
tèrent serment  entre  les  mains  des  commissaires  du  fils  de  saint 
Louis  :  un  chevalier  et  deux  clercs.    . 

La  commune  devait  à  son  seigneur  le  service  militaire  :  C'était 
au  Roi  que  les  bourgeois  de  Saint-Léonard  fournissaient  l'ost  et 
la  chevauchée.  Et,  dans  le  courant  du  xiii*  siècle,  ils  eurent  sou- 
vent l'occasion  de  s'acquitter  de  ce  devoir,  sans  que  l'interven- 
tion de  l'Êvêque  ait  eu  à  s'exercer  en  aucune  façon. 

A  deux  reprises,  semble-t-il,  la  commune  de  Saint-I-éonard 
dut  fournir  un  contingent  à  des  expéditions   dirigées   contre 

(1)  Appendice,  A,  3  et  3. 

(2)  Ibid,,  A,  4,  et  C.  IV,  46. 

(3)  Jbid.,  C.  IV,  44. 

(4)  Ibid.,  G.  IV,  n»  47. 


LA  COHMUm   Dff  SAIHT-LÉONARD   DE  NOBLAT  AU   XIII®  SIÈCLE.  69 

le  château  de  Châlus.  Vers  1240,  une  soixantaine  d'hommes, 
80U8  le  commandement  des  consuls,  ârent  partie  des  troupes  que 
le  fièoéchal  royal  Pierre  des  Saules  conduisit  contre  cette  for- 
iereese  (t).  Nous  ignorons  le  but  de  cette  démonstration. 

En  1267,  après  la  prise  du  château  par  Boson  de  Bourdeilles 
et  son  refus  de  le  rendre  à  la  vicomtesse  de  Limoges,  une  petite 
armée,  sous  les  ordres  du  sénéchal  Raoul  de  Trappes,  du  bailli 
de  Bourges  et  de  Nicolas  de  Menot,  alla  mettre  le  siège  devant 
Châlus  et  contraignit  Bosou  d'abandonner  le  fort  et  de  délivrer 
ses  prisonniers. 

Saint-Léonard  avait  fourni,  dans  cette  occasion  encore,  un 
détachement  de  sa  milice  (2). 

Les  bourgeois  ne  comptaient  pas  moins  de  trois  à  quatre  cents 
miliciens  dans  la  petite  armée  que  Charles  d'Anjou,  frère  du  roi, 
avait  conduite  peu  auparavant  en  Périgord  et  en  Bas-Limousin. 
Les  hommes  de  Saint-Léonard  furent  employés  au  siège  du  châ- 
teau de  Larche,  qui  appartenait  à  Elie  Rudel  (3).  Le  sénéchal  du 
roi  de  France,  Pierre  Servientis,  commandait  l'expédition  (4). 

Mais  le  service  du  roi  n'appelait  pas  seulement  dans  un  rayon 
peu  éloigné  les  hommes  de  la  commune.  On  les  voit,  en  1272, 
prendre  pari  à  l'expédition  organisée  contre  le  comte  de  Foix. 
Plus  tard  ils  suivent  l'armée  française  jusqu'à  Pampelune  (5). 
Ces  expéditions  lointaines  n'étaient  pas  du  goût  des  bourgeois, 
et  un  peu  plus  tard,  appelée  à  fournir  son  contingent  à  Tarmée 
d'Aragon,  la  commune  racheta  son  service  en  versant  à  Phi- 
lippe de  Beaumanoir,  sénéchal  du  roi  de  France  en  Poitou 
et  en  Limousin,  une  somme  de  deux  cents  livres  tournoises  (6), 

Outre  le  service  de  guerre,  les  bourgeois  devaient  encore  un 
service  de  police,  analogue  à  celui  qui  fut  dévolu  plus  tard  à  la 

(J)  Jbid^  G.  IV,  n<»  67.  L'expédition  signalée  par  Pierre  Jouaus  et  un 
autj'e  témoin,  en  4288,  comme  remontant  à  une  cinquantaine  d'années, 
ne  peut  pas  être  la  même  que  celle  de  1367.  On  remarquera  de  plus  que 
le  nom  du  sénéchal  chargé  de  diriger  les  troupes  dans  cette  occasion  n'est 
pas  le  même  que  celui  du  sénéchal  de  1967.  La  mention  d  un  sénéchal 
français  en  Limousin,  à  cette  époque,  paraît  néanmoins  étrange.  Que  de- 
vient l'affirmation  de  la  Chronique  de  Pierre  Goral  que  nous  reproduisons 
plus  bas  (note  de  la  page  85)  ? 

(î)  G.  IV,  n«*  58,  59,  «0.  Voir  Chdlucet,  par  Louis  Guhxbrt,  Limoges, 
Ducourtieuxy  1887,  p.  48  et  49. 

(3)  Appendice,  C.  IV,  n<>»  50,  51,  5î,  53,  54. 

(4)  Ibid,y  C.  IV,  56,  56. 

(5)  Ibid.,  C.  IV,  63,  64,  65,  06. 

(6)  Ibid.,  C.  IV,  67. 


70  SOGIRTi  ARCHÉOLOGIQUB  ET  HIST0R1QUB  DU  UM0U81H. 

maréchaussée.  On  trouve  plusieurs  mentions  de  prises  d'armes 
dans  ces  conditions.  Tantôt  la  commune  envoie  un  détachement 
d'une  quarantaine  d'hommes,  tant  à  cheval  qu'à  pied,  pour  prêter 
main-forte  au  seigneur  de  Châteauneuf  chargé  de  poursuivre 
des  bannis.  Tantôt  elle  donne  son  concours  pour  arrêter  des 
meurtriers  qui  se  cachent  dans  les  forêts  d'alentour  (1). 

Plus  d'une  fois,  sans  aucune  convocation  ni  autorisation  des 
ofliciers  royaux,  les  consuls  assemblèrent  la  commune,  lui 
firent  prendre  les  armes  et  dirigèrent  contre  les  seigneurs  qui 
troublaient  la  tranquillité  publique  et  la  sécurité  des  chemins, 
de  véritables  expéditions.  Le  récit  de  quelques-unes  nous  a  été 
conservé.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  le  rappeler;  nos  lecteurs 
verront  comment  les  communes  savaient  se  défendre  elles- 
mêmes  et  se  faire  respecter  de  leurs  voisins. 

Vers  1230,  on  apprend  un  jour,  à  Saint-Léonard,  que  trois  mar- 
chands de  la  ville  ont  été  pris  avec  leurs  ballots,  sur  la  route  de 
Limoges,  par  Guillaume  du  Puy,  chevalier  de  Saint-Martin- 
Terressus.  Sur-le-champ  les  consuls  donrient  des  ordres  elle  lende- 
main matin  la  commune  en  armes  se  dirige,  bannière  déployée, 
vers  le  château  de  ce  seigneur,  distant  de  deux  lieues  environ. 
Le  chevalier  n*est  pas  à  Saint-Martin;  peut-être  a-t-il  fui,  emme- 
nant ses  trois  prisonniers.  Les  bourgeois  n'en  sauront  pas  moins 
le  punir.  Sa  demeure  est  mise  au  pillage  et  démolie  de  fond  eu 
comble.Puisles  habitants  de  Saint-Léonard  prennent  trois  paysans, 
des  hommes  de  Guillaume  du  Puy,  et  les  mènent  à  Saint-Léonard, 
où  ils  sont  enfermés  dans  la  prison  de  la  commune.  Ils  servi- 
ront d'otages  et  répondront,  corps  pour  corps,  des  trois  citoyens 
qui  sont  au  pouvoir  du  seigneur.  Ce  n'est  pas  tout.  Â  trois  jours  de 
marché  successifs,  lescrieurs  de  rhôtel-de-ville  appellent  le  che- 
valier et  le  somment,  au  nom  des  consuls  et  de  la  commune, 
d'avoir  à  comparaître  à  leur  prétoire.  Comme  il  ne  se  présente 
pas,  les  magistrats  prononcent  le  bannissement  perpétuel  contre 
lui  et  ses  héritiers.  —  Cette  sentence  n'est  pas  considérée  comme 
de  pure  forme.  Soixante  ans  plus  tard,  un  bourgeois  attestera  que 
non  seulement  Guillaume  du  Puy,  mais  son  fils,  loraqu'ils  ont 
eu  quelque  affaire  à  traiter  avec  un  bourgeois,  l'ont  fait  appeler 
hors  des  murs,  pour  s'entretenir  avec  lui  :  ni  Tun  ni  l'autre  n'ont 
osé,  depuis  1230,  mettre  le  pied  dans  la  ville  (:^). 

Une  autre  fois,  ce  sont  des  nobles  d'Eybouleuf  et  du  château 

(4)  Appendiee,  G.  Vil,  437. 
(3)  Jbid.,  C.  V,  n«  68. 


LA  COMMUNE  DE  SAINT-LÉONARD  DB  NOBLAT  AU  XIII^  SIÈCLE.  74 

d'Aigueperse  qui  arrêtent  «  sur  le  chemin  du  roi  »,  un  bourgeois 
du  nom  do  Pommier,  le  frappent,  le  dépouillent  et  le  retiennent 
en  prison.  La  nouvelle  en  est  donnée  à  Saint-Léonard.  Aussitôt 
les  consuls  font  sonner  la  trompette  dans  toute  la  ville  et  enjoin- 
dre aux  habitants  de  se  réunir  en  armes.  Eux-mêmes  prennent  le 
commandement  de  la  milice.  On  se  rend  d'abord  à  Aigueperse, 
et  on  se  saisit  de  Pierre  Nouaille  (de  Noblat?),  damoiseau,  un 
des  auteurs  des  violences  commises  sur  Pommier;  de  là,  on  va 
à  Eybouleuf  et  on  rainène  à  Saint-Léonard  le  seigneur  d'Aigue- 
perse, Adémar  Marchés,  chevalier,  son  fils  et  son  frère.  Ces 
quatre  gentilshommes  sont  mis  en  prison  et  ne  sont  délivrés 
qu'après  que  les  seigneurs  de  Noblat,  Constantin  et  Justin 
Marchés^  frères  ou  oncles  de  deux  des  coupables,  ont  fait  une 
démarche  en  leur  faveur  auprès  des  consuls,  et  devant  les  magis- 
trats et  le  peuple,  sur  la  place  publique,  juré  que  satisfaction 
pleine  et  entière  sera  donnée  à  la  commune.  Le  bannisse- 
ment est  prononcé  contre  les  coupables  (1). 


YL   —  LA  COBIMUNK  EN  POSSESSION   DE  LA  JUSTICE.   DROITS  DES 
GHEVÀLIEAS  DE  NOBLAT  ET  DES  VIGIBKS. 


Le  droit  de  justice  était,  au  moyen  âge,  la  principale  préroga- 
tive du  seigneur.  De  tous  les  privilèges  qu'ambitionnèrent  les 
communes  et  que  beaucoup  réussirent  à  acquérir  soit  par  la 
force,  soit  à  prix  d'argent,  le  plus  haut,  le  plus  envié  fut  tou- 
jours celui  de  ne  dépendre  d'aucun  justicier  et  d'avoir  des  juges 
spéciaux  connaissant  des  causes  civiles  et  criminelles  dans  l'en- 
ceinte des  remparts  de  la  ville  :  seul,  eu  effet,  ce  droit  assurait 
les  libertés  des  boiirgeoisies  et  faisait  celles-ci  maîtresses  chez 
elles. 

Mais  un  grand  nombre  de  communautés  ne  purent  atteindre 
â  cette  entière  indépendance.  Les  négociations,  les  longs  procès 
devant  le  Parlement,  les  révoltes  à  main  armée  n'aboutirent  pas 
toujours  à  l'élimination  complète  des  droits  seigneuriaux.  Ces 
droits  avaient  été  souvent  inljéodés  aux  officiers  chargés  de  les 
exercer,  et  les  concessions  faites  dans  la  suite  par  le  seigneur  ne 
pouvaient  porter  atteinte  à  la  possession  des  familles  qui  se  trou- 
If)  Appendice^  C.  V,  n~  69,  70. 


72  «OCltrtÉ  AACHËOIidOlQUt  BT  fllSTÔAlOCB  DU  LIMOtlSIII. 

Taiont  investies  de  certaides  prérogatives  de  cet  ordre.  Le  justi^ 
cier,  au  surplus,  oe  consentait  pas  aisément  à  se  dessaisir  de  ses 
droits.  Parfois  les  bourgeois  réussissaient  tout  au  plus  à  obteuir 
rétablissement-  d'une  association  dans  lactuelle  les  juges  et  offi- 
ciers étaient  ou  bien  nommés  de  concert  par  la  commune  et 
le  seigneur,  ou  bien  désignés  moitié  par  l'un  et  moitié  par  l'au- 
tre. Nous  ne  connaissons  très  exactement,  pour  aucune  de  nos 
communes  Limousines,  Tétat  des  choses  existant  entre  1200 
et  1250. 

Il  paraît  toutefois  hors  de  doute  que,  durant  certaines  périodes 
comprises  entre  ces  deux  dates  extrêmes,  la  commune  de  Noblat, 
comme  celles  de  la  Cité  et  du  Château  de  Limoges,  se  trouva  en 
possession  du  droit  de  justice.  En  fut-elle  jamais  investie  d'une 
façon  régulière?  Nous  ne  le  savons;  nous  ne  le  croyons  pas. 
De  ses  privilèges,  celui-ci  fut  toujours  le  plus  contesté,  et  en 
effet,  le  plus  contestable;  elle  s'en  vit  au  surplus  dépouiller  de 
bonne  heure  comme  nous  le  dirons  plus  loin. 

Quoiqu'il  en  soit  de  son  droit,  la  communauté  bourgeoise  de 
Saint- Léonard  exerce,  de  fait,  la  justice  criminelle  et  civile  au 
cours  d'une  grande  partie  du  xin*  siècle.  Il  résulte  de  témoigna- 
ges très  précis  que,  sinon  sans  interruption,  du  moins  à  des  dates 
rapprochées  et  durant  des  périodes  de  calme,  d'ordre,  de  paix 
publique,  les  magistrats  élus  par  les  bourgeois  ont,  au  nom 
de  la  commune,  jugé  des  causes  civiles  et  criminelles,  prononcé 
sans  distinction  sur  des  cas  ressortissant  à  la  haute,  à  la 
moyenne  et  à  la  basse  justice,  exercé  la  police  des  marchés., 
des  poids  et  mesures,  de  la  voirie,  rempli  en  un  mol  toutes 
les  attributions  de  Tordre  judiciaire  que  pouvait  revendiquer  un 
seigneur. 

Dans  les  grandes  villes,  les  consuls  ont  des  ofQciers  spéciaux 
pour  rendre  la  justice  et  veiller  à  la  police  :  un  prévôt  criminel 
et  un  juge  civil  tout  au  moins.  A  Saint-Léonard,  les  chefs  de 
la  bourgeoisie  remplissent  eux-mêmes  ces  diverses  fonctions. 

Les  audiences  civiles  se  tiennent  à  la  maison  commune  :  vers 
1265,  il  y  en  a  trois  par  semaine;  vingt  ans  plus  tard,  deux  seu- 
lement, fixées  au  mardi  et  au  vendredi.  Les  consuls  jugent,  peut- 
être  avec  Tadjonction  de  jurisconsultes,  mais  surtout  suivant  la 
coutume  et  l'équité.  Leur  juridiction  semble  avoir  surtout  le 
caractère  de  l'arbitrage.  Toutefois,  les  parties  sont  tenues  de  se 
conformer  à  la  sentence,  et  si  celle  qui  a  succombé  ne  s'exécute 
pas,  les  magistrats  l'y  contraignent  par  la  saisie  de  son  mo- 


LA  COUHUNK  DE  SAlirr-LfiONAftB  BK  NOBLAT  AU  XI11*  SIÈCLE.  73 

bilier  ou  de  ses  marchandises.  Au  besoin,  ils  foat  enlever  les 
portes  de  sa  maison  (l). 

Sur  la  place  dite  du  Marché  au  Blé,  devant  la  vieille  église  de 
Notre-Dame,  étaient  plantés  des  ormes  auxquels  le  vénérable 
sanctuaire  devait  sa  dénomination  caractéristiqne  :  «  Notre- 
Dame  de  sous  les  Arbres  ».  C'était  sous  ces  ormes  et  plus  parti- 
culièrement sous  l'un  d'eux,  —  le  plus  rapproché,  sans  doute,  du 
porche  de  l'église,  —  que  les  consuls  tenaient  leurs  assises  crimi- 
nelles (2),  environnés  du  peuple  et  dans  un  appareil  dont  la  sim- 
plicilô  n'excluait  pas  une  certaine  grandeur.  Parfois,  mais 
moins  souvent,  semble-t-il,  ces  audiences  se  tenaient  à  Thôiel- 
de-ville,  sous  le  porche  de  Notre-Dame  (3),  ou  encore  sous  la 
porte  de  Champmain  (4). 

Les  oonsuls  avaient  leurs  sergents  et  leur  bourreau.  Le  pilori 
de  la  commune  était,  à  Saint-Léonard,  comme  dans  le  Château 
de  Limoges,  établi  sur  la  place  du  Marché  à  la  viande  (5).  Quant 
au  gibet,  les  magistrats  bourgeois  paraissent  n'en  avoir  pas  fait 
élever  avant  122i>.  Jusqu'à  cette  époque,  on  pendait  les  malfai- 
teurs aux  arbres  des  chemins,  et  en  particulier  à  un  arbre  qui 
s'élevait  au  lieu  dit  de  l'Ort  Bonissau  (6).  Des  fourches  patibu- 
laires furent,  vers  1225,  construites  à  peu  de  distance  de  la  forêt, 
près  de  la  croix  de  Courpeyre  (7). 

L'assassinat,  le  meurtre,  l'incendie,  le  viol,  le  sacrilège,  les 
vols  d'une  certaine  gravité  étaient  punis  de  mort  (8).  Les  délits 
d'une  moindre  importance  emportaient  souvent  pour  le  cou- 
pable l'amputation  d'un  membre.  Nous  voyons  par  exemple  un 
voleur  condamné  à  perdre  le  pied  (9),  un  autre  la  main  (10), 
d'autres  une  oreille.  Et  à  ce  ^ujct  un  témoin  raconte  qu'où  prit 
un  jour  trois  jeunes  coupeurs  de  bourse  devant  l'église  de  Saint- 
Léonard,  où  ils  exerçaient  leur  métier,  mêlés  à  la  foule  des  pèle- 
rins. Conduits  devant  les  consuls,  ils  furent  jugés  sur-le^^hamp. 
Les  magistrats   ordonnèrent  qu'ils   seraient    privés  des  deux 

(4)  Appendice,  C,  VI,  no»  71,  74,  75,  76,  77. 

(5)  Ibid.,  C.  VI,  no»  86, 87,  89,  94,  95,  99,  etc. 
(3)  Jhid.,C.  VI,  no»  91,  93,  98. 

(A)  lUd,^  n»7l. 

(5)  Ibld.,  C.  VI,  no  81.  Celait,  à  Saint- Léonard,  la  firandc  Place,  la 
place  du  Marché  au  Blé. 

(6)  Ibid.,  C.  VI,  n«>«  79,  80. 

(7)  Ibid.,  C.  VI,  n««  79,  80. 

(8)  Ibid.,  C.  VI,  n"  79,  87,  89,  90,  99. 

(9)  Appendice,  C.  VI,  n«  95. 

(10)  Archives  de  la  Haute-Vienne,  Évôché,  2440. 


74  SOCIÉTÉ  A&CBÉOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

oreilles;  ils  firent  toutefois  grâce  au  plus  jeune;  mais  celui-ci  dut 
remplacer  le  bourreau  et  couper  les  oreilles  de  ses  deux  compa- 
gnons. La  leçon  corrigea-t-elle  le  précoce  malfaiteur?  Il  n'y  a 
pas  grande  raison  de  le  croire  (1). 

En  général,  les  membres  coupés  étaient  exposés  au-dessus 
d'une  des  portes  de  la  ville  pour  attester  le  droit  du  justicier 
et  pour  servir  d'exemple.  Parfois  cependant,  on  les  jetait  dans 
les  fossés  (2). 

Pour  un  méfait  sans  conséquence,  le  vol  d'un  outil,  un  pauvre 
diable  est  condamné  à  avoir  la  tête  rasée  a  d'assez  prés  pour  que 
la  crasse  (?)  sorte  »  (3).  Conformément  à  cette  sentence,  l'exécuteur 
tond  le  coupable  de  telle  façon  que  le  cuir  chevelu  se  trouve 
sensiblement  entamé  (4). 

Les  arrêts  de  ce  genre  recevaient  d'ordinaire  leur  exécution 
au  devant  d'une  des  portes  de  la  ville,  le  plus  souvent  de  la  porte 
Àumôniëre.  Toutes  les  exécutions  étaient  entourées  d'un  certain 
appareil.  On  publiait  la  sentence  dans  toute  la  ville  et  les  crieurs 
qui  étaient  chargés  de  la  publier  invitaient  les  habitants  à  se 
rendre  au  lieu  indiqué  par  les  magistrats  pour  y  voir  «  faire 
justice  »,  suivant  Texpression  consacrée  (5).  Le  condamné  était 
conduit  par  les  sergents  de  la  commune  et  des  bourgeois  en 
armes.  Les  trompettes  de  la  ville  marchaient  à  la  tête  du  cortège. 
Les  consuls  suivaient  et  présidaient  à  l'exécution,  à  laquelle 
assistait  souvent  une  foule  considérable  (6). 

La  peine  ordinaire  des  larcins  légers  était  la  fustigation  ;  le 
voleur  était  promené  dans  toute  la  ville  par  les  sergents  du  Con- 
sulat, qui  le  frappaient  de  verges.  Il  portait  le  plus  souvent, 
pendu  au  col  ou  attaché  sur  les  épaules,  l'objet  volé  ou  ce  qui 
en  restait  (7). 

Tout  condamné  à  une  peine  corporelle  était  banni,  le  plus  sou- 
vent à  perpétuité.  On  le  conduisait  à  une  des  portes  de  la  ville, 
à  la  porte  Aumônière  de  préférence,  et  on  lui  signifiait  la  défense 
de  rentrer  jamais  dans  l'enceinte  des  remparts  et  même  de  repa- 
raître dans  les  faubourgs  sous  peine  d'être  pendu  (8). 

(0  Appendice,  C.  VI,  n«  94  et  92. 

(3)  Et  vidit  auriculam  ipsius  projici  in  fossatis  dicte  ville,  subtus  pon- 
tem  (Pierre  de  Roc  Amadourj. 

(3)  SeugU,  Nous  n*avons  trouvé  ce  mot  dans  aucun  vocabulaire. 

(4)  App.,  C.  VI,  »8. 

(5)  Ibid.j  C.  VI,  88,  94,  9%  95,  etc. 

(6)  Ibid.,  C.  VI,  87, 90,  99. 

(7)  Jbid.,  C.  VI,  87,  95,  etc. 

(8)  Jbid.,  VI,  94, 98. 


lA  CeMUUNB  DI  9AWT<LÉ0NAIU>  DE  NOBLAT  AU   XIU*  SlàCLK.  75 

Parfois,  quaod  il  s'agissait  de  délits  de  peu  de  conséquence  et 
qull  existait  quelques  circonstances  de  nature  à  en  atténuer 
encore  la  gravité,  il  intervenait  une  transaction  entre  la  famille 
ou  les  amis  des  coupables  et  les  consuls.  Dans  ce  cas,  la  poursuite 
pouvait  être  abandonnée,  mais  à  la  condition  que  Taccusê  s'obli- 
geât à  faire  un  pèlerinage  aux  lieux  saints  ou  à  quelque  sanc- 
tuaire renommé  et  prît  immédiatement  la  gourde  et  le  bourdon  (i). 
On  sait  que  dans  les  pays  du  Nord,  dans  plusieurs  villes  de 
Flandre  surtout,  ces  pèlerinages  d'ordre  pénal  étaient  de  règle 
pour  certaines  catégories  de  délits.  Beaucoup  d'habitants  de  ces 
contrées  sont  venus,  du  xii«  au  xv"  siècles,  s'agenouiller  devant 
la  Vierge  de  Roc  Amadour  pour  expier  une  faute  et  obéir  à  la 
sentence  rendue  contre  eux. 

Le  coupable  réussissait-il  à  fuir  ?  Les  consuls  le  faisaient  som- 
mer, au  son  des  trompettes,  d'avoir  à  se  présenter  devant  eux 
pour  répondre  à  l'accusation  qui  pesait  sur  lui  ;  s'il  ne  se  présen- 
tait pas,  il  était  banni  de  la  ville  à  perpétuité.  Parfois  sa  maison 
était  pillée  ou  même  démolie  (3). 

La  commune  avait  sa  prison  spéciale  ou  plutôt  ses  prisons. 
Celle  qu'on  trouve  le  plus  souvent  désignée  au  xiii*  siècle,  est  la 
geôle  ménagée  au-dessus  de  la  porte  de  Maupertuis  (4).  On  enfer- 
mait aussi  les  prisonniers  dans  la  maison  commune,  où  il  y  avait 
des  cachots  —  archx —  (5),  ou  dans  la  tour  qui  surmontait  la 
porte  de  Fontpinou  (6),  parfois  môme  on  les  confiait  à  des  parti- 
culiers. 

Ajoutons  que  les  consuls  avaient  le  droit  de  soumettre  à  la 
question  les  accusés  pour  obtenir  l'aveu  de  leur  crime.  Dans 
plusieurs  occasions,  on  les  voit  user  de  ce  droit  (7).  Notons  encore 
que  Torganisation  de  la  justice  est  peu  compliquée  à  Saint- 
Léonard.  Ce  sont  les  juges  eux-mêmes  qui  sont  chargés  de 
rinstruction  des  affaires. 

La  police  est  pour  ainsi  dire  inséparable  de  la  justice.  L'auto- 
rité des  consuls  s'exerce  en  Tune  comme  en  l'autre  matière.  La 
surveillance  des  marchés  et  des  foires  leur  appartient.  Ils  placent 

(t)  Appendice,  G.  VI,  96. 
(1)  Jbld.,  C.  VI,  93. 

(3)  Ibid.,  C.  VI,  n^  <00,  101,  402. 

(4)  /6ûl.,85,  89,95. 

(5)  Ibid.,  90, 

(6)  Ibid.,  89,  86. 

(7)  Ibid,y  85,  83. 


76  sOCIÉtA  ARCBÉOLOOlQUt  BT  HISTORIQUe  DU  LIMOUSIN. 

des  corps  de  garde  aux  diverses  portes  de  l'enceiate  extérieure, 
les  jours  de  marché,  afin  que  tout  arrivant,  fût-il  uoble,  soit  invité 
et  au  besoin  contraint  à  déposer  ses  armes  avant  de  pénétrer  dans 
la  ville  et  que  les  querelles  et  les  rixes,  si  fréquentes,  aient  ainsi 
moins  de  gravité  (1),  Ils  parcourent  eux-mêmes  le  marché,  fai- 
sant saisir  et  rompre  en  morceaux  le  pain  qui  n'a  pas  les  dimen- 
sions ou  le  poids  voulus  et  qu'ils  envoient  ensuite  à  l'hôpital  (2), 
ils  interdisent  la  vente  des  viandes  de  mauvaise  qualité  et  con- 
damneut  au  bannissement  les  bouchers  qui  en  sont  trouvés 
détenteurs  (3).  Ils  font  brûler  sur  la  place  publique  les  denrées 
insalubres  ou  corrompues,  les  marchandises  mal  fabriquées  ou 
déloyales  (4).  Ils  ont  Tinspection  des  métiers,  organisés  en  con- 
fréries. Us  vérifient  les  poids  et  mesures,  et  perçoivent  les  émo- 
luments de  cette  vérification.  Les  mesut*es  pour  le  vin  sont 
vérifiées  à  Taide  d'un  étalon  de  cuivre  qui  est  conservé  à  l'hôtel- 
de-ville  (5).  Le  plus  souvent,  l'étalonnage  se  fait  sur  place,  chez 
le  débitant  ou  bien  en  public,  sous  l'orme  où  les  consuls  rendent  la 
justice.  Les  muids  et  les  setiers  dont  les  particuliers  se  servent 
pour  le  blé  doivent  être  conformes  aux  mesures  de  pierre  qu'on 
voit  sur  la  place  commune  à  la  disposition  de  tout  le  monde  (6). 
Quant  aux  aunes  et  coudées  des  marchands  de  draps  et  autres,  les 
consuls  les  comparent  à  celles  qu'ils  ont  dûment  approuvées  (7) 
et  le  public  peut  aisément  les  contrôler,  car  la  longueur  de  la 
mesure  locale  est  gravée  sur  un  des  piliers  extérieurs  ou  des  con- 
treforts de  la  grande  église  (8). 

Les  aunes  et  mesures  qui  ne  sont  pas  d'exactes  dimensions  ou 
de  juste  capacité  sont  brisées,  et  les  détenteurs  condamnés  d  des 
amendes,  parfois  assez  fortes,  au  profit  de  la  commune. 

Leproduitde  ces  amendes  et  les  petits  émoluments  du  greffe  et 
du  sceau  sont  sans  doute,  après  les  tailles  pour  Tenti^etien  des 
murs,  portes,  pavés  et  fontaines,  un  des  principaux  revenus  de  la 
communauté.  Auprès  de  cet  article  de  la  recette,  il  convient  d'eu 

(1)  Appendice,  C.  VI,  !18,  119. 

(2)  /Hd.,li3. 

(3)  ïbid.y  H 2. 

(4)  Ibid,,  na,  H4,  H5. 

(5)  Ibid.,  108  bis,  109. 

(6)  Ibid.yC.Vl,  UO. 

(7)  Jbid.y  C.  Vi,  108. 

(8)  Vidil  Nanlerium,  cuslodem  regalium,  admensurarc  alnam  et  cubi- 
tum  dicte  ville  ad  quoddam  pilarium  monastcrii  Sancli  Leonardi;  et 
dicta  admensuratio  adhuc  est  in  dicto  pilario  (Dép.  d*Audoin,  prieur  de 
Ghàtelus). 


LA  COHMUNK   DB  SAINT-l60NARD   DE  NOBLAT  AU  XIII"  SIÈCLE.  77 

meulionnei'  un  autre  qui  rouLi-e  à  peu  près  dans  la  môine  calé- 
gorie:  c'est  une  contribution  qui  frappe  les  débitants  de  boissons: 
chaque  taverne  doit  annuellement  au  Consulat  la  valeur  de  deux 
seiiers  de  via  (t).  Parfois,  quand  le  vin  est  bon,  les  de\ix  setiors 
si>at  perças  en  nature. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  deTentrelien  des  fontaines  et  des 
pavés.  Nous  devons  avouer  qu'aucun  texte  précis  ne  nous  auto- 
rise à  ranger  ce  service  au  nombre  de  ceux  qui  incombaient  aux 
consuls  deSaint-Léonard;  mais, dans  d'autres  communes  de  la  ré- 
gion, on  voit  à  la  même  époque  le  soin  de  la  voirie  et  des  fontaines 
dévolu  aux  magistrats  municipaux.  Ceux  de  Noblat,  du  l'esté, 
nous  sont  représentés  comme  chargés  de  veiller  à  ce  que  les  par- 
ticuliers ne  commettent  pas  d'empiétements  sur  l'assiette  des  rues 
et  places,  et  de  donner  l'alignement  aux  propriétaires  qui  font 
édifier  des  bâtiments.  Nous  les  voyons  par  exemple,  vers  1230,  en- 
joindre à  Pierre  Elie  Adémar,  chevalier,  lequel  fait  construire  six 
maisons  proche  les  remparts,  d'avoir  à  laisser,  entre  ces  bâtiments 
et  les  murs,  un  passage  suffisant  pour  les  besoins  de  la  défense 
et  de  la  circulation  (2).  Un  peu  plus  tard,  Etienne  Faure  ayant 
empiété  sur  la  voie  publique,  ils  l'obligent  à  reculer  sa  construc- 
tion (3).  —  Les  chefs  de  la  commune  ne  font  pas  seuls  les  consta- 
tations nécessaires  ;  ils  sont  assistés  d'un  certain  nombre  de 
bourgeois,  membres  du  conseil  de  la  ville  ou  hommes  de  l'art  (4). 
Nul  no  peut  construire  au  bord  de  la  voie  publique  qu'avec 
l'autorisation  du  Consulat. 

On  constate,  deux  siècles  plus  tard,  que  les  officiers  munici- 
paux de  Saint-Léonard  sont  chargés  du  service  des  aqueducs  et 
égoûls.  En  1480,  l'égoilt  qui  se  dirige  du  Marché  aux  Porcs  vers 
la  porte  Champlepot,  se  trouve  obstrué.  Les  particuliers  qu'in- 
commode cet  état  de  choses,  sollicitent  l'autorisation  de  le  faire 
constater.  L'égout  est  ouvert  en  présence  du  «  procureur  de  la 
ville  »  et  la  réparation  nécessaire  confiée  à  deux  ouvriers  commis 
par  la  commune  (5).  Peut-être  faut-il  voir  dans  cette  mention, 
malheureusement  bien  vague,  du  registre  des  comptes  de  la 
famille  Massiot,  l'indice  de  l'existence  à  Saint-Léonard,  dès  cette 
époque,  d'un  service  municipal  permanent  de  voirie. 

(1)  Appendice,  C.  VI,  120. 

(2)  i6«i.,C.  VI,  103. 

(3)  Ibid,,  103,  405. 

(4)  Ibid.,  104. 

(5)  Livres  de  raison  Limousins  et  Marchais,  p.  444  et  145. 


t8  SOCIETE  ARCBiOLOGIQUB  ET  BISTOIIQCK   DC  UHOOSIR. 

Nous  avons,  dans  les  pages  qui  précèdent,  représenté  les 
consuls  comme  seuls  en  possession,  à  droit  ou  à  tort,  de  la  justice 
civile  et  criminelle.  Il  ne  paratt  pas  en  avoir  été  constamment 
ainsi,  et  malgré  la  précision  et  le  caractère  très  affirmatif  des 
témoignages  sur  lesquels  nous  nous  sommes  appuyé  jusqu'ici, 
il  y  a  lieu  de  croire  que,  sans  parler  de  Tévéque,  basant  ses 
prétentions  sur  sou  titre  et  sa  possession  de  seigneur  incontesté  du 
château  et  de  la  châtellenie  do  Noblal,  plusieura  nobles  du  châ- 
teau possédaient  des  droits  féodaux  à  Tinlérieur  de  la  ville  et 
avaient  continué  à  les  exercer,  même  durant  les  éclipses  presque 
complètes  qu'avait  subies  l'autorité  épiscopale.  Plusieurs  témoins 
entendus  à  l'enquête  et  visiblement  favorables  aux  bourgeois, 
font  allusion  aux  droits  de  ce  qu'ils  appellent  «  la  seigneurie  »  et 
des  vigiers,  et  mentionnent  en  termes  exprès  non  seulement  la 
présence  de  ces  derniers  aux  jugements  criminels,  mais  la  part 
qu'ils  prennent  à  Tinstruction  des  affaires,  à  la  poursuite  du 
coupable  et  à  sa  condamnation.  Ainsi,  un  religieux  de  Tordre  du 
Temple,  originaire  de  Saint-Léonard  et  dont  le  père  a  été,  vers 
1240  ou  1245,  investi  des  fonctions  de  consul,  parle  d'une  façon 
très  précise  du  rôle  des  vigiers.  11  les  montre  recevant,  de 
concert  avec  les  consuls,  une  plainte  au  criminel  ;  faisant  appli- 
quer, aussi  avec  les  chefs  de  la  œmmune»  un  accusé  à  la  ques- 
tion ;  prononçant  enfin,  toujoura  en  leur  compagnie,  des  sen- 
tences capitales  (!}.  Cette  déposition,  qui  émane  d'un  homme 
intelligent,  semble-t-il,  fort  au  courant  du  procès,  se  rendant 
bien  compte  des  questions  en  litige  et  de  la  portée  de  ses  dires, 
nous  paraît  mériter  une  attention  particulière. 

Les  vigiers,  associés  à  la  justice  criminelle,  ne  l'étaient  point 
à  la  justice  civile.  Les.  consuls,  en  matière  civile,  prononçaient 
seuls  (2). 

Mais  la  vigerie,  outre  la  justice  criminelle,  s'étendait  aux 
matières  de  police  ;  elle  comprenait,  par  exemple,  la  juridiction 
des  poids  et  mesures,  à  la  possession  de  laquelle  la  commune 
attachait  un  prix  tout  particulier,  à  cause  de  l'importance  et  de 
Tactivité  du  commerce  de  Saint-Léonard. 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  vigiers  jouissaient  de  certains 
droits  utiles.  Ainsi,  tout  habitant  de  Saint-Léonard  qui  vendait 
de  la  viande  leur  devait  à  la  Noël  une  tête  de  bœuf  ou  de  vache. 
Ils  percevaient  également  des  redevances  sur  les  cuirs  et  sur  la 

(1)  App.  C.  IX,  483,  484. 

(2)  Ibid.,  C.  IX,  490. 


LA   COMMUNS  DE  SAINT-LÉONARD   DB  NOBLAT   AU   XIU*  SIÈCLK.  79 

vente  du  sel  (1).  Peut-être  enlia  partageaient-ils  avec  les  coasuls 
le  produit  de  la  taxe  des  deux  setiers  de  vin  sur  chaque  taverne 
dout  il  est  souvent  parlé  au  procès  (2). 

Mais  les  droits  des  chevaliers  de  Noblat  et  des  vigiers  auxquels 
certaines  prérogatives  seigneuriales  et  certaines  redevances 
avaient  été  inféodées,  s'étendaient-ils  à  toute  la  ville?  Il  y  a  quel- 
que raison  d*en  douter.  Plusieurs  dépositions  des  enquêtes  de  1279 
et  1288,  parlant  de  maisons  de  Tintérienr  de  la  ville,  disent  qu'elles 
sont  situées  les  unes  dans  les  limites,  les  autres  en  dehors  de  la 
vigerie.  Dans  le  Château  de  Limoges,  on  paraît  distinguer  un 
demi-siècle  plus  tôt  le  territoire  soumis  à  la  juridiction  des 
vigiers  —  solum  vigeriale,  sol  vigeiral  —  du  territoire  ne  relevant 
que  de  la  commune,  de  la  «  terre  bourgeoise,  »  terra  burgensalis. 
11  semblerait  qu'il  en  fût  de  même  à  Saint- Léonard  et  que 
certains  quartiers  seulement  dépendissent  de  la  vigerie  :  les 
autres  étant  soumis  à  la  seule  juridiction  des  magistrats  muni- 
cipaux (3). 

Notons  que  l'expression  :  lieu  en  litige  —  locus  contentiosus  (4)  — 
se  rencontre  fréquemmentdanslesprocéduresdépouillées  par  nous. 
Nous  ne  pensons  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  lui  accorder  l'imporlance 
que  nous  avions  été  porté  à  lui  donner  tout  d'abord.  Elle  semble 
s'appliquer  au  territoire  sur  lequel  la  commune  revendique  une 
juridiction  et  signifier  simplement  «  la  ville  et  ses  faubourgs  ». 
L'audition  des  témoins  produits  par  l'une  et  l'autre  parties  a  été 
précédée  d'un  transport  des  commissaires  enquêteurs  sur  le  terrain 
et  d'un  examen  des  lieux.  La  «  montre  »  de  ceux-ci  a  été  faite  aux 

(1)  C'est  évidemment  à  ce  droit,  ressortissant  à  la  vigerie,  que  se  rap- 
porte le  passage  suivant  : 

Quidam  rotulus  pargameni  ubisunt  articuU  per  quos  dominas  Episco- 
pus  Lemocicensis  seu  procurator  agebat  contra  Petrum  Palhet,  mer- 
catorem  de  NobUiaco,  cui  petebat  mediam  emlnam  salis,  quam  in  ipso  et 
quoUbet  oendente  sol  in  dicto  loco,  habebat  et  recipiebat  anno  quolibet^ 
in  NatioUate  Domini,  (Registre  Tuœ  hodie,  f.  49  r«). 

(2)  Yinum...  taxant  cum  ballivo  in  dicta  villa  pro  dominis  Castri  Nobi- 
liacensis.  (Enquête  de  1S88).  —  On  trouve  d'autre  part  cette  note  : 

Alia  littera,  sigillata  sigillé  regio...  quod  prepositus  domini  episcopi  et 
ejus  bajulus  apud  Nobiliacum  debent  taxare  cum  consulibus  duos  sezta- 
rios  vini  in  quolibet  taberna  de  Nobiliaco,  percipiendos  a  domino  Epis- 
copo,  et  11  alios  sextarios  vini  quos  habet  dominus  episcopus  a  quolibet 
tabernario  dicte  ville,  in  Natale  Domini.  (Registres  de  TËvéché). 

(3)  In  domo  sita  in  vigeria  dicte  ville...  morans  in  dicta  villa,  extra 
Tigeriam  (Appendice  C.  Vlli,  173). 

(4)  Appendice,  C.  V,  69. 


80  SÔGlâri  ARGBtoX)6IQUK  KT  BIATORIQUR  DU  LIHOUMV. 

témoiaâ(l).  Lo  larme  de  monstra  s'applique  uoa  eeulemeal  à 
cette  opération  elle-^même,  mais  aux  lieux  qui  en  ont  été  l'objet  et 
qui  sont  naturellement  les  lieux  en  litige  —  locus  contentiosus.  Or 
nous  constatons  et  il  apparaît  avec  évidence  que,  dans  les  docu- 
ments de  la  procédure,  le  mot  monstra,  dans  cette  dernière  accep- 
tion, désigne  purement  et  simplement  la  ville  avec  ses  fau- 
bourgs (2).  Nous  n'insisterons  donc  pas  sur  ce  point. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  moitié  de  la  vigerie  et  de  ses 
produits  appartenait  à  une  famille  bourgeoise,  celle  des  Paute, 
qui  la  garda  entre  les  mains  jusqu'à  la  fin  du  xiii*"  siècle.  L'autre 
moitié,  qui  était  restée  aux  chevaliers  de  Noblat,  fut  engagée  de 
bonne  heure  à  Tévêque.  Celui-ci  exerça,  au  nom  du  débiteur  qui 
s'était  dessaisi  à  son  proQt,  les  droits  émanant  de  sa  propre  sei- 
gneurie, et  ce  fut  là,  comme  nous  allons  le  voir  plus  bas,  le  point 
de  départ  du  retour  offensif  de  l'autorité  épiscopale. 

En  dehors  de  quelques  rentes  dues  par  des  particuliers,  et  des 
honneurs,  droits  et  profils  ressortissant  à  la  vigerie,  on  ne  voit 
pas  que  les  chevaliers  de  Noblat  jouissent,  au  xni* siècle,  d'aucune 
prérogative  seigneuriale  dans  la  ville  de  Saint-Léonard.  On  peut 
toutefois  reconnaître  une  trace  de  leur  ancienne  autorité  dans  la 
formule  employée  par  les  crieurs  de  la  ville  pour  certains  bans 
qui,  d'après  plusieurs  témoins,  se  publiaient  au  nom  de  l'évéque, 
de  la  seigneurie  et  des  consuls  (3).  Nous  aurons  à  revenir  là- 
dessus. 

Ajoutons  que  les  seigneurs  de  Noblat  avaient  un  prévôt;  mais 
des  déclarations  même  de  l'oflicier  investi  de  ces  fonctions  à  la  fin 
du  xui^  siècle,  il  résulte  que  sa  juridiction  s'exerçait  sur  des 
personnes  demeurant  hors  de  la  ville.  S'il  avait  quelquefois  à 
intervenir  auprès  des  consuls  ou  du  prévôt  de  l'évéque,  c'était  pour 

(I)  Dicit  quod  erat  presens  cum  monstra  facta  est...  Diclt  quod  inoD&^ 
Ire  inlerfuit,  etc. 

(9)  Vidit  ficri  cxplecla  in  dictis  villis  et  locis  undiqae  circumdantibus 
dictam  monstram,  et  reducebantur  ad  dictum  castrum,  pcr  quod  dicit  quod 
dicta  monstra  et  dicta  cilla  NobUiaci  sunt  in  dicta  casteilania  (Tém. 
d'Audoin  Marchés).  —  ,,. Dicte  oillede  qua  facta  est  monstra  inter partes; 
et  dicit  quia  [ibi]  fuit  et  vidit  monstram  (Tém.  de  Jean  Gay).  —  Dicta 
cilla  et  monstra  sita  est  et  undique  circumdata  de  dicta  casteilania 
(Hugues,  prieur  de  Saint-Léonard).  —  Pons...  situs  est  prope  monsU'am 
et  extra  monstram.  (Audoin,  prieur  de  Cbàtelus),  etc. 

(3)  Appendice,  G«  IX,  n»»  194,  195,  196, 497,  498.  Un  ancien  eoQsul 
dépose  qu'il  a  ordonné  la  criée  des  bans  de  concert  avec  le  prévôt  du 
vigier.  —  Una  cum  preposito  cigerii  dicte  cUle, 


lA  Cb^ÈHÙnS  DK  SÀlNT-LiOlMÀtf»   ofe  NOBLAt   AU  XIIl"   SIÈCLE.  ^1 

reveadiquer  les  droits  des  chevaliers  de  Noblat  sur  certaias 
foraios.  Il  semble  que,  loin  d'eutraver  soo  action,  les  bourgeois 
aient  cherché  à  s*appuyer  au  coatraire  sur  ce  prévôt  comme 
sur  les  chevaliers  du  château,  avec  lesquels  ils  enlretinreat 
souvent  les  meilleures  relations. 

Il  n*en  était  pas  toujours  ainsi  et  il  s'éleva,  entre  ces  seigneurs 
et  les  bourgeois  de  la  ville,  quelques  querelles  qui  furent  vidées 
par  les  armes.  Ainsi  la  chronique  de  Bernard  Itier  nous  apprend 
quen  1217,  les  habitants  de  Saint-Léonard  guerroyaient  contre 
Gui  de  Noblat,  seigneur  de  Montbrun(i).  Gui  était  sans  doute  le 
fils  et  le  successeur  de  cet  Aimeric  Brun,  mort  en  1214  et  dont  le 
roiJeaii-sans-Terre  avait  pris  les  biens  sous  sa  protection,  comme 
l'attestent  des  lettres  adressées  par  ce  prince  aux  vicomtes  de 
Limoges  et  de  Rochechouart  et  conservées  à  la  Tour  de  Londres. 

Une  autre  fois,  on  voit  les  bourgeois,  pour  venger  les  mauvais 
traitements  infligés  à  un  de  leurs  concitoyens,  se  saisir  de  plu- 
sieurs membres  d'une  dos  principales  familles  du  château,  d'Adé- 
mar  Marchés,  de  Bernard,  son  frère,  du  fils  du  premier  et  d'un 
damoiseau  du  nom  de  «  Pierre  Noualle  »  qui  pourrait  être  Pierre 
de  Noblat,  —  les  conduire  à  Saint-Léonard,  les  tenir  en  prison  et 
prononcer  contre  eux  la  peine  du  bannissement  (?). 


VII.   —  COMMENCEMENTS  DB   LA   LUTTE  ENTRE   l'ÉVÊQUE  ET   LA 
COMMUNS  :    INCIDENTS   DIVERS. 


Pas  plus  que  Jean  de  Yeyrac,  son  successeur  sur  le  siège  épis- 
copal,  Bernard  de  Savène,  ne  crut  pouvoir  entamer  une  lutte 
sérieuse  contre  la  commune  de  Saint-Léonard.  Il  tâta  sans  doute 
le  terrain  de  ce  côté,  comme  il  avait  fait  du  côté  de  la  Cité  de 
Limoges  (3).  Mais  les  bourgeois  étaient  forts  et  Tissue  des  événe- 
ments incertaine.  Ballotté  pour  ainsi  dire  entre  TAngleterre  et 
la  France,  le  Limousin  n'entrevoyait  pas  encore  rétablissement 
d'un  état  de  choses  définitif.  L'influence  d'Henri   III,  après 


(i)  Nobiliacenses  guerram  faciuntcum  Guidone  de  Noalac  de  Monbru 
(Chron,  de  S alnt^ Martial^  publiées  par  Duplès-Agier,  p.  100.) 
(i)  Appendice,  C.  V,  n«»  69  et  70. 
(3}  Voir  ci-dessus,  p.  11  et  12. 

T.  XXXVII.  0 


Celle  de  Jéàn-sans-Teh^,  àllÀtt  éù  Ûétrtl^tttùi;  tn-àvi  ùe  dèôlib 
Cuvait  avoir  dûs  retours  subits.  Ou  l'avait  bitsn  vu  eu  1214. 
Aussi  l'Elvôque  jugeait^l  prudent  d*àlleudi^  et  de  patienter. 

D'un  auti'e  côté  tous  les  yeuxétaieut  tourués  vers  le  Midi,  où 
se  poursuivait  une  œuvre  d'extermluàtiou  doùt  app)*(ychait  le  de- 
Douement.  Le  Limousin  apporta  un  faible  coatingont  à  la  croisade 
contre  les  Albigeois  :  il  tenait  par  trop  de  liens  à  cos  populations 
dont  les  seigneurs  du  Nord  allaient  se  disputer  le  territoire,  pour 
preddre  une  part  active  à  riuvasion.  Il  avait  eu,  lui  aussi  du 
t^ste,  ses  hérétiques,  mais  deux  siècle^  plus  tôt.  Bous  TépiScopUt 
de  Gérald  I,  ou  avait  vu  surgir  dans  toute  TAqtiitaiue  une  secte 
de  Manichéens  proclamant  Tinutililé  du  baplême,  niant  la  vertu 
de  la  croix  et  maint  autre  enseignement  dt3  rSglise,  s*abstenant 
de  certains  mets,  comme  les  religieux,  et  faisant  proIR^sslûn  de 
chasteté,  mais  se  livrant  entre  eux  aux  plus  honteux  désordres  (1  j. 
Par  bonheur,  cette  hérésie  n'avait  pu  prendre  racine  dans  nos 
contrées.  Peut-être  ses  chefs  et  ses  principaux  adhérents,  forcés 
de  quitter  le  pays,  s  étaient-ils  réfugiés  dans  les  provln^s  méri- 
dionales, où  un  meilleur  accueil  attendait  leurs  doctrines.  Quoi 
^u'il  en  soit,  on  ne  parlait  plus  de  ces  hérétiques  daus  les  pt^ 
ihièrès  années  du  xiîi*  siècle.  S*il  en  eût  été  autrement,  le 
Limousin,  au  lieu  d'être  uue  simple  étape  de  Texpéditioa  des 
croisés,  fût  devenu  le  théâtre  de  leurs  premiers  exploits  et  le 
sac  de  nos  villes  eût  précédé  celui  de  Béziers,  de  'Toulouse  et 
de  Garcassonne. 

Ce  fut  sous  l'épiscopat  de  Gui  de  Clusel,  successeur  de  Bernard 
de  Savène,  que  s'oUvfirenl  les  hoslilités  éîU're  le  prélat  et  la  com- 
mune de  Saint- Léonard.  Elles  ne  devaient  pas  durer  beaucoup 
moins  d'un  siècle.  Avant  n<)us,  M.  Achille  Leymarie  en  a  donné 
Thistorique  sommaire  dans  quelques  pages  intéi-essantes  de  sou 
Histoire  de  la  Bourgeoisie  (2).  lia  connu  presque  tous  les  docu- 

(1)  Fauco  post  icmpore,  per  Aquitaniam  exOrti  âtuit  Btanichâei,  scdu- 
cetilcs  plebcm,  ncganlôs  baptismûm  sanctam  et  crucis  virlatetn,  et  quid- 
qtiîd  sanœ  do^trinae  ôst,  abstinentes  a  cibis,  quasi  monachi,  et  càslitaiem 
simulantes,  snd  inter  seipsôs  luxaHam  omnom  exercènles^  qaippfe,  ut 
iluniii  Antichrisli,  tiullos  a  fidc  exorbitare  fecerunt  {Vhron.  d'Aéémar  de 
Chabannef,  ap.  Labbe  :  nooa  Blbl.  manuscriptorum  Ubrorum^  t.  Il,  p.  ^6). 
His  diebus  (vers  1030)  concilium  ag^regavit  episcoporum  et  abbatum  dux 
WiUelmus  apad  Saiwiium  Cartofum  proplef  exirttguendas  hserescs  qa« 
vulgo  a  Manichteis  dissemlnabàntur  (î6.,  p.  IS4). 

(2)  Histoire  da  Limousin:  la  Botirgeolsie,  Paris,  DamoiîliA;  Limoges, 
ArdiUier  fils,  t.  Il,  p.  262  à  281,  284. 


flMQte  dont  nou8  avoos  feii  usage  ;  il  en  a  même  eu  sous  la 
main  quelques-uns  qu'il  nous  a  été  impossible  de  retrouver,  et 
au  sujet  desquels  nous  aurons  à  invoquer  son  témoignage  sans 
pouvoir  vérifier  l'exactitude  de  ses  indications. 

Sur  la  première  phase  de  cette  lutte,  phase  qui  n'a  pas  été  étu- 
diée par  If.  Leymarie,  on  possède  peu  de  renseignements.  Oui  de 
Olusel,  élevé  sur  le  »ège  épiscopal  de  Limoges  en  1226,  réclama, 
peu  après  son  installation,  le  serment  de  fidélité  des  habitants  de 
Saint-Léonard.  Ceux-ci  qui,  deux  ans  plus  tôt,  avaient  prêté  oe 
serment  au  roi  de  France,  et  obtenti  de  lui  la  confirmation  de 
leurs  coutumes,  refusèrent  net.  L'évêque  excommunia  les  con- 
suls et  mit  la  ville  sous  l'interdit  (1).  Les  bourgeois  se  soumirent- 
ils?  D'après  un  témoignage  recueilli  à  Tenquête  de  la  fin  du 
siècle,  celui  de  Pierre  Bernard,   prêtre  d'Eymoutiers,  ils  se 
seraient  décidés  à  obéir  (2).  Mais  à  quelles  conditions?  Nos  docu- 
ments ne  nous  le  font  pas  connaître. 

Si  Tévéque  Bernard  de  Savène  n'avait  pas  entamé  la  lutte  con- 
tre les  bourgeois,  au  moins  avait-il  commencé  les  préparatifs  en 
vue  de  cette  lutte.  Bn  1225,  c'est-à-dire  fort  peu  de  temps  avant 
de  partir  pour  l'armée  du  Roi,  il  s'était  fait  engager  par  Joubert 
de  Noblat,  à  l'occasion  d'un  prêt  de  trois  mille  sols,  tout  ce  que 
l'emprunteur  tenait  de  lui  dans  la  ville  de  Saint-Léonard  :  la 
moitié  de  la  Tigerie,  juridiction,  leide,  péage,  droit  sur  le  via  et 
sur  le  sel.  L'évêque  n'allait  plus  être  seulement  le  seigneur  supé- 
rieur ;  il  exploiterait,  sans  intermédiaire  féodal,  par  ses  propres 
officiers,  les  droits  tant  honorifiques  qu'utiles  de  son  domaine; 
et  les  bourgeois,  sentant  son  pouvoir  plus  près  d'eux,  forcés  de 
recotinaflre  pour  ainsi  dire  chaque  jour  son  autorité,  la  redou- 
teraient davantage  et  feraient  moins  de  difficultés  pour  s'y 
soumettre  (3). 

(I)  Gaido,  episcopus  LemoYicensis,  excommunicaverat  eos  (les  consuls) 
quia  juramentam  fidelilatîs  nolebant  sibi  facere  ;  et  vidit  viliam  supposi- 
tam  interdîcto,  quadraginla  qoinque  aoni  sunt  (Témoignage  de  Mathieu 
des  Moulins,  templier,  ancien  ooosul). 

(I)  Appeadioe,  G.  VIU,  a»  127. 

(3)  Ce  sont  les  recueils  des  hommages  de  rEféché  (t.  1,  NoWae),  formés 
auxvni*  siècle,  qui  nous  fournissent  cette  date,  mais  avecune  fausse  inter- 
prétation de  Tobjet  du  contrat,  dont  le  véritable  sens  nous  est  donné  par 
les  anoîefis  registres  : 

Littera  slgiilala  sex  sigillis,  qua  Joubertus  de  Nobilîaco  obllgavit  domino 
eplscope  in  pignere  vîcariam,  jurisdlctionem,  leydam,  pedagium,  sal  et 
vinum  etquidquid  jaris  habebat  inbnrgo  de  Nobiliaco,  pro  quîbus  erat,  at 
dicebat,  homo  Ugius  episcopi...  Alia  littera  quadomlnus  vohrit  qaod  esset 


1B4  sociiÈTii  AacaicoLDGiQu^  Bt  biâtoaiot/K  t)Xi  LlftoùslA. 

Ce  fait,  iiisigniflaQt  en  apparence,  de  l'engagement  à  Tèvôgae 
de  la  moitié  de  la  vigerie  et  des  droits  qui  8*y  rattachaient,  nous 
semble  avoir  exercé  une  action  décisive  sur  les  relations  entre 
révéque  et  la  commune. 

La  mort  ne  laissa  pas  à  Bernard  le  temps  de  tirer  parti  de  sa  mise 
en  possession  ;  mais  celle-ci  n'en  resta  pas  moins,  loute  provisoire 
qu'elle  semblait  être,  le  point  de  départ  et  la  première  manifesta- 
tion de  la  politique  adoptée  à  Tégard  des  bourgeois  par  les  prélats 
qui  occupèrent  successivement  le  siège  de  Limoges.  Nous  allons 
les  voir  suivre  durant  tout  le  cours  du  siècle  la  ligne  de  conduite 
inaugurée  par  leur  prédécesseur. 

Gui  de  Clusel,  et  après  lui  Durand  d'Orlhac,  qui  monta  sur  le 
siège  de  Limoges  en  1236,  après  le  court  épiscopat  de  Guillaume 
du  Puy,  De  paraissent  pas  s*étre  montrés  trop  exigeants  à  l'égard 
des  habitants  de  Saint-Léonard  et  vécurent  avec  eux  en  assez  bonne 
intelligence.  Satisfaits  d'avoir  obtenu  la  reconnaissance  de  leur 
prérogative  supérieure  et  reçu  à  leur  avènement  le  serment  de 
fidélité  (que  la  population  ou  tout  au  moins  une  partie  des  habi- 
tants consentirent  à  prêter  à  Durand  (1)  comme  on  l'avait  prêté  à 
Gui),  les  deux  prélats  se  contentèrent  probablement  d'exercer,  â 
titre  d'engagistes,  la  juridiction  de  la  vigerie  par  l'entremise  d'un 
préposé,  de  coucert  avec  la  famille  bourgeoise  des  Faute,  investie, 
comme  on  Ta  vu  plus  haut,  de  l'autre  moitié  de  cette  juridiction. 

Le  successeur  de  Durand,  Aimeric  de  Serre,  qui  fut  élevé  sur 
le  siège  de  Limoges  eu  1246,  réclama  à  son  tour  l'hommage  et  le 
serment  de  la  commune  de  Noblat.  Les  bourgeois  résistèrent  et 
ils  ne  paraissent  pas  s'être  soumis  complètement.  Peut-être  une 
transaction  intervint-elle  ?  Quoiqu'il  en  soit,  tous  les  habitants  de 
la  commune  ne  remplirent  pas  la  formalité  requise.  Quarante  ou 
cinquante  d'entre  eux  seulement  se  présentèrent  au  nom  delà 
communauté  et  jurèrent  fidélité  à  l'évêque  (2). 

Peu  après  un  nouvel  incident  se  produisit  qui  mit  de  nouveau 
le  prélat  et  la  commune  en  face  Tun  de  l'autre  ;  mais  le  conflit 
portait  cette  fois  sur  une  alïaire  qui  ressortissait  à  la  juridiction 
ecclésiastique.  Vers  1250,  les  consuls  avaient  fait  renfermer  dans 
leur  prison  de  Font-Pinou  un  clerc  du  nom  de  Jean  Bauson,  qui 

immunis  ab  ornai  servicio  quousque  predicla  redimat.  {0  Domina^  fol.  89, 
I*,  et  Tuœ  hodie,  35,  r«). 

(1)  Durand  reçut  ce  serment  derrière  Taulelde  Saint-Léonard,  probable- 
ment sous  Tarcade  qui  supportait  les  reliques.  Voir  ci-dessus,  ch.  Il,  p.  29. 
•    (2)  Appendice,  C.  Vil,  n»  429,  130,  430  bis. 


LA   COimUIfB  DE  SAUfT-L^.ONAItD   DE  NOBLAT   AU  XIII*  SIÈCLE.  f5 

avait  frappé  de  la  façon  la  plus  grave  uq  habitant  dé  Saint- 
Léonard.  L'official  lança  l'interdit  sur  la  ville.  Les  consuls  se  sou- 
mirent et  le  clerc  sortit  de  prison  (1). 

Le  sénéchal  que  Louis  IX  venait  d'établir  en  1248  dans  les 
trois  diocèses  de  Limoges,  Périgueux  et  Cahors,  laissés  depuis 
longtemps  sans  représentant  officiel  du  roi  de  France  (2),  ne 
paraît  pas  être  intervenu  dans  ces  démêlés.  Le  rôle  de  ce  fonc- 
tionnaire est  d'ailleurs  assez  effacé  jusqu'au  traité  d'Amiens  (t259j. 
A  partir  de  cette  époque,  les  fonctions  de  sénéchal  prennent  une 
importance  considérable,  et  on  trouve  cet  officier  mêlé  à  tous  les 
événements  de  Thistoire  de  la  province.  Il  faut  noter  que  réta- 
blissement d'un  sénéchal  coïncide  avec  l'expiration  de  la  première 
trêve  de  cinq  ans  conclue  entre  Louis  IX  et  Henri  III,  au  lende- 
main de  la  défaite  de  ce  dernier  et  de  ses  alliés  en  Poitou. 

Les  barons  de  Chàteauneuf  comptaient  parmi  les  seigneurs  les 
plus  puissants  de  la  contrée.  Ils  étaient,  pour  beaucoup  de  fiefs  et 
de  terres,  les  vassaux  de  l'évéque;  mais  c'étaient  des  vassaux  assez 
indociles  et  des  voisins  fort  gênants:  par  suite  d'alliances  succes- 
sives, autant  qu'on  puisse  en  juger,  ils  possédaient  non  seulement 
une  part  du  château  de  Noblat,  mais  des  droits  sur  les  moulins  à 
blé  et  peut-être  aussi  sur  ceux  à  foulon  qui  existaient  au  bord  de 
la  rivière;  ils  avaient  moitié  des  péages  du  pont;  enfin  une 
portion  de  la  vigerie  de  la  ville  leur  était  échue,  la  moitié  pré- 
cisément de  la  part  qui,  depuis  un  quart  de  siècle,  était  restée 
entre  les  mains  de  l'évéque  en  garantie  de  la  somme  prêtée  à 
Jaubert  de  Noblat  par  Gui  de  Clusel. 

Aimeric  parait  être  entré  de  bonne  heure  en  pourparlers  avec 
Gaucelin  de  Chàteauneuf,  pour  l'acquisition  de  ses  droits  à 
Noblat  et  aux  alentours.  Dès  1252,  ces  négociations  aboutissent, 
pour  ce  qui  concerne  la  vigerie  de  la  ville  tout  au  moins,  et 
l'évéque  obtient  du  seigneur  de  Chàteauneuf  la  cession  «  de  sa 
pari  et  portion  de  cette  vigerie  et  aussi  de  la  part  de  la  forêt  de 
Noblat  acquise  par  lui  d'Olivier  de  Royère  ».  Le  vendeur  s'inter- 

(1)  Villa  predicta  postmodum  fuit  interdicta  per  officialem  Lemovi- 
censem  ..  pro  eo  quod  lenebant  clericum  captum...  Et  sic  fuit  delibe- 
ratus  (Evôché,  2240.  Enquêtes,  arch.  Haute-YienneJ. 

(2)  Et  fuit  primus  senescallos  régis  Francie  a  tempore  quo  non  exstabat 
memoria  in  parle  illa  {Chron.  de  P.  Coral,  Historiens  de  France,  t.  XXI, 
p.  765.)  —  Nous  avons  vu  plus  haut  (p.  69)  un  sénéchal  français  du  nom 
de  Pierre  des  Saules  -^Petro  de  Sallicibus —  nommé  à  Toecasion  d'une 
expédition  qui  semble  antérieure  à  cette  date  de  lSi8. 


66  SOClAt*  ARCHÉOLOGIQUB  BT  BIATOBIQUE  OU  LIMOVSm. 

dit  QD  même  temps  toute  acquisitioa  nouvelle  dans  la  irille  (1). 
Voilà  donc  le  siège  de  Limoges  en  possession  définitive,  outre  ses 
prérogatives  de  seigneur  supérieur,  de  droits  d'une  certaine  ior- 
portance  dans  ]a  ville  même  de  Saini-Léonard. 

Ce  n'est  pas  tout.  Un  peu  plus  tard,  vers  1262,  Tévôque  acquiert 
certaines  redevances  sur  les  moulins  construits  au-dessous  dn 
pont  de  Noblat  et  relevant  de  Gaucelin  de  Chàteauneuf  et  de 
Qérald  Brun  (2).  Eu  1271,  on  le  voit  encore  acheter  d'Adémar  de 
La  Roche,  de  sa  femme  AudoiDe  de  Royôre  et  de  leura  enfants, 
divers  mas  dépendant  du  château  de  Noblat  (3).  Le  cercle  qui 
entoure  la  commune  se  rétrécit  et  se  renforce.  Plus  ira,  plus 
Tétreinte  de  l'autorité  épiscopale  se  fera  sentir;  plus  inévitables 
et  plus  fréquents  deviendront  les  conflits. 

Saint  Louis  avait  consenti,  par  le  traité  d'Amiens  —  1259  —  à 
rendre  les  trois  diocèses  de  Limoges,  Périgueux  et  Cahors  au  fils 
de  Jean-sans-Terre  ;  mais  il  avait  expressément  excepté  de  cette 
restitution  les  territoires  compris  dans  les  états  de  son  frère 
Alphonse,  et  ceux  de  tous  les  seigneurs  vis-à-vis  desquels  lui- 
même  ou  ses  prédécesseurs  avaient  pris  l'engagement  de  ue 
jamais  les  mettre  hors  de  la  main  du  roi  de  France.  L'évéque  de 
Limoges,  on  Ta  vu  plus  haut,  était  de  ce  nombre  et  il  demeura 
vassal  direct  du  souverain  (4).  Il  en  fut  de  même  de  Tabbé  de 
Solignac  et  de  plusieurs  autres  seigneurs  ecclésiastiques  ou 
laïques.  Dans  ce  nombre  figurait  le  vicomte  de  Turenne,  qui 
consentit  en  1263,  par  traité  spécial  et  direct  avec  le  roi  d'Angle 
terre,  à  renoncer  à  ce  privilège  (5). 

Henri  III  réclama  Sainl-liôonard,  peut-être  à  la  suggestion 

(1)  Arcb.  Haute-Vienne.  Evécbé.  Regiatrea  dPhommagêê,  t.  I,  Noblat, 
p.  86. 

(5)  Notes  de  Tabbé  Nadand,  au  Séminaire  de  Limoges. 
(3)  Ibid.  et  Reg.  de  TEvÔcbô. 

(4]  Fecit  illi  (à  Saint  Louis)  homagium  Parisius  ligium  pro  ducatii 
Atquitaniœ  et  pro  illis  quse  rex  Ludovicas  reddidit  eidem  in  Lemovicensi, 
Petragoricensi,  Galurcensi  et  Agenensi  diœcesibus,  ubi  retinuit  Rex  terram 
fratris  sui,  Comitis  Pictavise,  et  omnes  iUos  qui  habebant  litteras  quod 
non  possent  ejici  de  manu  Régis  ;  inler  quos  fnit  dominus  Aymericus,  epis- 
copus  Lemovicensis,  qui  remansit  in  manu  Régie  Francise  cum  foodis  et 
refeodis  suis,  et  plures  alii  (Pierre  Goral,  apud  Hiatoriens  4e  France, 
i.  XXi,  p.  769. 

(6)  A.  Lsaoux  et  feu  fiosvuux,  Chartes^  ekrçniqueê  et  mémoriaux  pour 
servir  à  Thisteire  de  la  Marche  et  du  Limeusin.  —  TuUe,  GrauffoOt  idM, 
p.  89. 


des  bQurgeois;  omus  1^  PvlamQni;  (jiôcid^  uuq  première  fpia,  ep 
1250  (l),  i^oe  secoudQ  fois  vin^t  aas  plus  lard  (2),  qu  w  raison 
de  la  sauve^^arde  jadis  doqnée  à  TEvéque  et  àu%  habitants  par 
Philippe  Auguslç^  le  roi  do  France  ne  pouvait  se  dessaisir  de  cette 
ville  et  qu'elle  ne  sortirait  pas  dç  ses  mains.  ^  N'ayant  plus  riep  à 
redouteir  du  roi  d'Angleterre,  et  définitivement  soustrait  à  son 
autorité,  V^Têque  de  Umoges  prit  plus  sérieusement  à,  partie  la 
commune  de  Saint-Léonard.  U  ne  suffisait  plus  que  les  bourgeois 
lui  eussent,  boa  gré,  mal  gré,  prêté  sermeut  ;  il  fallait  qu'ils  se 
çoumisseut  tout  4  fait,  Le  conflit  éclata  presque  aussitôt  4  Tocca- 
sioa  de  l'exercice  de  la  justice»  Il  est  incontestable  que  les  consuls 
rayaient  possédée  et  la  possédaieut  encore,  à  tort  puàr^son, 
vers  1260.  Mais  ipous  avons  dit  plus  hauc  qu'auprès  des  témoi- 
gnages favorables  aux  libertés  des  bourgeois,  ou  en  rencontre, 
aux  enquêtes,  d'autres  qui  justifient  les  prétentions  de  V^^^que. 
U  semble  que  ce  dernier  fût  en  possession  de  juger  certaines 
causes  par  ses  officiers,  soit  seuls  (3),  soit  avec  le  concours  des 
magistrats  municipaux,  Nous  trouverons  plus  loiu  un  arrêt 
recounaisi^ant  aux  agents  de  l'évêque  comme  aux  consuls»  le 
droit  d'arrêter  et  d'emprisonner  les  malfaiteurs,  mais  disposant 
que  le  droit  de  juger  ne  doit  être  exercé  qu'en  commun  par  les 
deux  parties,  Bien  que  l'existence  de  l'état  de  cboses  défini  par 
cet  arrêt  et  proclamé  par  lui  comme  en  vigueur  au  moment  du 
procès,  ue  semble  pas  ressortir  de  la  plupart  des  témoignages 
recueillis  aux  enquêtes,  il  n'y  »  pas  moïus  lieu  d'y  prêter  atten- 
tion, 

Ce  qui  est  incontestable,  c'est  que,  vers  1260,  commença  )a 
période  aiguë,  décisive,  de  la  lutte  entre  l'évêque  et  la  commune. 

L'acquisition  d'une  partie  de  la  vigerie  et  des  revenus  qui  en 
dépendaient,  fournissait  à  Aimeric  une  arme  redoutable  conti*e 
les  bourgeois.  Ceax-ci  n'avaient,  semblo-t-il,  jamais  contesté 
d*nne  façon  absolue  les  droite  possédés  dans  la  ville  par  les  che- 
valier^ de  Noblat, droits  qui  consistaient^  à  Saint-Léonard  comme 
au  Château  de  fimoges,  dans  une  part  au  moins  de  la  vigerie, 

(4)  Vi<ktiir  Csofilie  qaod  vUU  9pi9C^i  l^emioviaea^U  qn»  diqtur 
NdellUc,  remtaere  débet  domiae  Hegi,  neQ  potest  esm  pon^r^  f^tra 
mmv^m  suam  [OUtn,  1. 1,  p,  479). 

(i)  Appeiid.  A,  o^  9. 

(d)  Temppro  Ayqierioi  qv<>^dam  episcopi,  vidit  turb^tionen»  fieri  jo  diçtf 
ritA,  média  et  baasa  jùstieia,  quia  idem  episcopua  p^r  s(^  9t  per  allocatQis 
filo#  .e9P4ei9  explecttaret  et  explootab^t  pacifioQt  (P^P^  d^  RigA¥d  ((e 


88  sociiRTi  arcb£olo6iqub  et  historique  du  LIMOUSm. 

des  redevances  sur  le  vin  et  le  sel,  et  certains  produits  accessoires. 
La  commune,  qui  déniait  au  prélat  l'exercice  de  ses  prérogatives 
de  seigneur  justicier,  abolies  à  l'en  croire  par  les  coutumes  et 
les  privilèges  royaux,  admettait  sa  juridiction  comme  vigier  et 
semble  avoir  laissé  les  officiers  épiscopaux  l'exercer  en  paix.  Mais 
Tévéque  n'entendait  pas  se  contenter  de  ce  rôle  secondaire.  Il 
voulait  ressaisir  complètement  l'autorité  qu'il  avait  jadis  possédée 
et  reconquérir  la  juridiction  à  tous  ses  degrés.  En  attendant  que 
le  moment  fût  venu  de  racheter  la  portion  de  la  vigerie  restée 
hors  de  sa  main,  le  prélat  essaya  d'amener  les  bourgeois  à  re- 
connaître el  à  accepter  l'autorité  du  prévôt  épiscopal  chargé  de 
juger  les  causes  du  reste  de  la  châtellenie  (1)  —  preposiius  fora- 
neus  —  et  qui,  établi  depuis  longtemps  dans  la  ville,  ne  parait 
point  avoir  été  jamais  inquiété  par  les  habitants  dans  l'exercice 
de  sa  juridiction  sur  les  étrangers,  sur  les  personnes  domiciliées 
hors  de  la  ville  et  n'appartenant  pas  à  la  commune. 

11  résulte,  en  effet,  de  l'ensemble  des  documents,  que  la  ville 
de  Saint-Léonard  était  déjà  devenue,  au  xii*  siècle,  le  siège  de  la 
juridiction  épiscopale  du  château  et  do  la  châtellenie  de  Noblat. 
Le  fort,  construit  sur  un  roc  abrupt,  abordable  d'un  seul  côté, 
n'offrait  pas,  pour  l'exercice  de  cette  juridiction,  les  commodités 
et  les  avantages  que  présentait  la  petite  ville.  L'accès  plus  facile 
de  Saint-Léonard,  sa  population  relativement  nombreuse, 
l'activité  de  son  commerce,  l'importance  de  ses  marchés  et  de 
ses  foires  assuraient  une  large  publicité  aux  actes  judiciaires, 
aux  annonces,  aux  criées  de  toute  espèce,  une  solennité  plus 
grande  aux  audiences  du  prévôt  et  à  Texécution  de  ses  arrêts, 
des  ressources  de  toute  sorte  aux  plaideurs.  L'officier  délégué 
pour  exercer  les  droits  de  Tévêque  sur  les  vassaux  de  l'extérieur 
des  murs,  jugeait  donc  à  Saint-Léonard  et  y  avait  son  pY-étoire 
dans  la  salle  épiscopale.  Mais  il  n'exerçait  aucune  juridiction  à 
rinlérieur  de  la  ville.  Tout  au  moins  les  bourgeois  le  prétendent- 
ils,  et  on  entend,  à  l'enquête  de  1288,  un  témoin  ayant  habité  vingt 
ou  trente  ans  Saint-Léonard,  faire  cette  déclaration  :  «  J'ignore 


(0  Nous  nous  sommes  arrêté  à  ce  sens  après  avoir  consulté  nombre  de 
personnes  dont  l'autorité  ne  nous  permettait  pas  de  maintenir  noire  pre- 
mière hypothèse  :  à  savoir  que  le  mot  foraneua  doit  ici  s'entendre  avec 
Tacception  d'étranger  et  qu*Audier  était  désigné  sous  le  nom  de  prepoêUua 
foraneus^  parce  qu'il  n'appartenait  pas  à  la  châtellenie.  Cette  traduction 
nous  permettait  d'expliquer  d'une  manière  plus  satisfaisante  un  passage 
de  l'arrêt  du  Parlement  de  la  Toussaint  iS86.  (V.  ci-après  chap.  X),  mais 
nous  ne  nous  dissimulons  pas  qu'elle  soulevait  certaines  objections» 


^K   GOMMCIfK  DB   SAINT-LÉONAnO   DR   NOBLAT  AU   XI11«  8làCLl.  89 

absolnment  à  quoi  servait  cet  officier  (1).  » — Ces  affirmations  sont 
contredites,  cela  va  sans  dire.  Bornons-nous  à  constater  pour  le 
moment  que  l'on  connaît  la  série  des  prévôts  épiscopaux  à  Saint- 
Léonard  pendant  la  plus  grande  partie  du  XIII*  siècle.  Ces  fonc- 
tions sont  remplies,  sous  l'évoque  Durand  d'Orlhac,  par  Pierre 
Chabecut  ou  Ghabessut,  auquel  succède  son  fils;  sous  Télu 
Guillaume  du  Puy,  par  Guillaume  de  Magnac  ;  plus  tard  par 
Elle  de  Limoges,  Bertrand  de  Yassignac  et  quelques  autres  che« 
valiers,  écuyere  ou  sergents.  Nous  parlerons  plus  loin  d'Audier 
Normand  et  de  Jourdain  Barodier.  II  résulte  de  plusieurs  dépo- 
sitions que  ces  prévôts,  dans  le  troisième  quart  du  xiii*  siècle 
tout  au  moins,  n'habitaient  pas  constamment  la  ville,  et  ve- 
naient de  temps  en  temps  y  tenir  leurs  assises;  ils  y  demeu- 
raient alors  sept  ou  huit  jours. 

11  faut  rappeler  que  les  chevaliers  de  Noblat  avaient  un  prévôt 
spécial,  résidant  au  château  et  ne  paraissant  avoir  rien  de  com- 
mun avec  celui  de  l'évêquo;  on  relève  au  contraire,  à  la  procé- 
dure, la  mention  de  plusieurs  conflits  entre  ces  deux  officiers. 

Létat  de  choses  que  nous  venons  d'exposer  devait  amener 
d'incessants  dififérends,  produire  surtout  une  confusion  inextri- 
cable dans  l'esprit  de  beaucoup  de  personnes.  Il  explique  dans 
une  certaine  mesure  les  obscurités  que  nous  relevons  dans  les 
textes  où  il  nous  est  permis  de  puiser  quelques  renseigne- 
ments, les  contradictions  absolues  des  témoignages  recueillis  aux 
enquêtes.  Les  témoins  ont  vu,  à  telle  ou  telle  époque,  le  prévôt 
de  l'évêque  tenir  audience  dans  la  salle  épiscopale  de  Saint- 
Léonard,  condamner  des  malfaiteurs  ou  juger  des  causes  civiles. 
Après  vingt,  trente  ou  quarante  années,  peuvent-ils  bien  se 
souvenir  de  la  nature  de  l'affaire,  affirmer  à  quelle  juridiction 
elle  ressortissait  ;  s*il  s'agissait  d'un  bourgeois,  ou  bien  d'un  habi< 
tant  de  la  banlieue  ou  d'un  bourgeois  relevant  de  la  juridiction 
épiscopale  pour  des  terres  situées  hors  de  la  ville  et  des  fau- 
bourgs? Comment  nous-mêmes  pourrions-nous  être  fixés,  et 
trouver  une  certitude  dans  des  témoignages  aussi  sujets  à 
caution  ? 

Quoiqu'il  en  soit,  Aimeric  de  Serre  paraît  avoir,  vers  1265, 
songé  à  affirmer  ses  droits  en  élevant  au  milieu  même  de  la  ville, 
sur  le  Marché  aux  Vaches,  une  potence  ou  un  pilori.  —  La  po- 

(1)  Episcopus  Lemovicensis  habebat  prepositum  suum  in  villa  Nobiliaci 
triginta  sunt  anni,  et  [lestis]  nescit  de  quo  serviebat  diclus  prepositus 
(Témoigba^e  de  Pierre  de  Roc  Amadour), 


90  90Cl9Tji  ARCB^OlcOGlQUC  ET  BlSTOUlQUe  QU  UNQUftUI. 

\MiC%  était  esMutÎJOllemaat  h  signa  distiociif  du  aeiga^ui:  bwt 
justicier,  et  oous  avoa»  vu  que  les  consuls  préteodaieut  seuls 
exercer  la  haute  justice  dans  leur  YiUe.  A  la  première  uouvelle 
de  ce  projet»  les  magistrats  municipaux  se  réuaireqt  4  la  maiaon 
commuaa  et  couvoquèreut  le?  Jx^urgepis,  La  foule  ameutée  se 
saisit  de  bois  qui  apparteuaieut,  eu  effet,  à  Tév^ue  ei  qu'où  disait 
destioés  i  la  coustructiou  du  gibet;  elle  les  traiua  dans  les  rues 
delà  ville  et  les  jeta  daus  les  fossés^  malgré  les  prêtes tatioa^  des 
clercs  et  des  sergents  du  prélat.  Celui-ci,  à  les  eu  croire,  u  avait 
jamais  coaçu  la  dessein  qui  lui  était  prêté  (!)« 

Uu  nouveau  sujet  de  différend  était  venu  s  ajoutertaprès  1260, 
aux  nombreuses  causes  de  conflit  qui  exisUieut  déjà.  Uu  des 
seigneurs  de  Noblat,  Aimeric  Bruu«  céda  à  la  commune  le  droit 
d'exploiter  et  de  défricher  une  partie  de  la  forêt  de  Noblat  dé- 
pendante dasou  fief,  Cet  abandon  fut-il  consenti  pour  indemai- 
ser  les  bourgeois  des  dommages  qui  leur  avaient  été  causés  par  le 
chevalier  ou  les  siens?  Aimeric  Bi'uu  fut-il  seulement  déter- 
miné à  conclure  ce  marché  par  la  somme  élevée  que  lui  offrait  la 
commune?  Quoiqu'il  en  soit,  la  vente  fut  effectuée  elle  chevalier 
toucha  cent  livres  pour  prix  de  cette  cession  (2),  lies  bourgeois 
se  mirent  donc  à  couper,  pour  leurs  constructious  et  pour  leurs 
autres  besoins,  les  arbres  de  la  vieille  forêt.  Le  fer  et  le  feu  y 
ouvrirent  de  larges  clairières  où  un  certain  nombre  d'habitants 
de  la  ville  furent  autorisés  &  semer  du  blé,  à  la  condition  de 
payer  au  consulat  une  redevance  annuelle  égale  à  la  moitié  de 
la  semence.  Cette  contribution  s'acquittait  au  mois  d'août,  au 
moment  de  la  récolte  (3). 

(I)  Vigiali  vel  viginti  quinque  anni  sont,  Episcoput  LemoviceDsis  feeit 
aduei  in«rrerium  in  dicta  viUa  ut  de  ipso  faeeret  fieri  quaadam  «oalam  in 
Mercalo  Vaccarum...Gonsul€8...  audienies  hoc,coDgrefaveruot  ae  et  com- 
manitatem  auam  In  domo  eommuai...  freg«ruat  dictuo)  marrerium  et 
Ulud  dinipUm  irahiaabatur...  et  vidit  dictum  merrerium  projici  ia  fossa- 
tis.,.  Set  in  dicta  plaiea^..  clerici  et  senrientes  epiacopi  dicebant  qaod 
dictus  episcopus  nolebat  facere  fieri  scalam  de  dicte  merrerio  (Pp  Tutonis). 

(9)  Triginta  quinque  anni  sunt  vel  circiter,  quod  dorainus  Hemerycus 
Bruni,  miles,  dominus  castri  de  Nobiliaco  in  parte,  donavit  dictum  nemus 
dictis  consulibus  et  communitati  in  recompensacionem  dampnorum  que 
eia  fecerat  Tel  intulerat.  Et  ipsi  eonsules  et  cemmuniUui  dederant  ei  cea^ 
tum  libras  propter  hoc  (Elle  Panet).  —  Dicit  quod  ipsi  (burgenses)  eme- 
ruut  forestam  a  domino  .^ymcrico  Bruni.  (Témoignage  dont  le  début 
oianque). 

(3)  Eo  tempore  quo  morabatur  in  dicta  viita,  ipae  vidit  forestam  expiée- 


LA  GOWCUKK  M  SAINT-LftONAlU)  DB  I«OBI«AT  AV  X\\l*  «liCLB.  94 

L'évéque  de  Limoges,  doat  l'agrément  n'avait  pas  été  demaadé 
par  son  vassal  et  qui  n'eu  tendait  pas  laisser  tomber  sa  forêt  w 
maia-morte,  la  fit  aussitôt  saisir,  —  c'était  deux  ans  avaot  sa 
mort»  par  conséquent  eu  1270  (1),  —  et  constitua  i  sa  garde  des 
préposés  spéciaux.  Les  bourgeois  continuèrent  de  Texploiter 
comme  ils  l'avaient  fait  depuis  leur  acquisition  (2)«  Les  olSciers 
du  prélat  durent  se  borner  à,  réclamer  uo&  ameede  des  individus 
isolés  qu'ils  parvenaient  à  saisir  dans  la  forêt;  mais  les  bour- 
geois prenaient  leurs  précautions  et  allaient  d'otrdiuaire  en 
troupe  chercher  du  bois  et  reulever» 

La  lutte  néanmoins  avalises  trêves,  et  tes  bourgeois  de  Saial- 
LAonard,  quand  surgissaient  des  difficultés  entre  eux  et  quelque 
puissant  voisin,  n'hésitaient  pas  i  recourir  à  l'évéque  et  à  se  recom- 
mander de  lui.  Vers  1268  ou  1270,  Gaucelin  de  Chftleauneuf,  un 
des  seigneurs  du  château  de  Noblat,  qui  avait  déjà  émis  la  pré- 
tentioade  contraindre  les  habitants  de  la  ville  ou  certains  d'entre 


tari  per  homînes  dicte  ville,  sciadendo  ligna  dtete  foreste  et  ea  deportaodo 
ad  dictam  Yillam...  Par  duodecim  annos  ipse  seminavit  bladum  in  qua- 
dam  parte  dicte  foreste  quam  combusserat,  et  cum  semioasset,  et  venie- 
bat  (aie)  ad  tempos  augusti,  et  vêllei  coUigere  bladum  quod  seminaferat, 
senrientes  consulum  veniebant  ad  islam  et  petebant  quantum  ab  isto 
seminature  seminaverat  in  dicta  terra  seu  foresta;  et  solvebat  eia,  no- 
mine  consulum,  medietatem  ejus  quod  seminaverat  (Pierre  d'irfeuille). 
—  Yidit  homines  de  Nobiliaco  expleetantes  in  dicta  foresta  a  triginta 
quinque  annis,  et  aliquos  colentes  in  aliqua  parte  foreste  et  de  blado 
crescente  reddentes  terragia  consulibus.  —  Requisilus  si  burgenses  habs- 
rent  dictam  forestam  in  manu  morlua...  dicit  quod  audivit  burgenses  hoc 
dicentes  plnries  (Bordas,  curé  d*£xcîdenil). 

(4)  Aymericns  episcopus  eamdem  forestam  cepit  in  manu  sua  per  duos 
annos  ante  mortem  suam  (Déposition  incomplète  à  Tenquéte  de  \%7d-$0). 

(5)  Vidit  iymerîciim  Bruni  expUctantem  forestam  de  qua  fit  mentio, 
tanqsam  domiftnm,  beae  suit  tdgnita  sex  anni*  Et  iste  met  bene  expiée- 
tavH  eam  per  vigtnti  annos  pro  dicto  Aymerieo,  aui  eam  tenebai  in  feo^^- 
dum,  ni  dieebatur  communtler  et  notorium  erat,  ab  episcopo.  Et  erat  iste 
tesiis  serviens  feodaius  dicte  foreste...  Postes  vidit  ipse  testis,  bene  sunt 
tri|^nta  anai,  quod  idem  Aymerieos  posuU  dictam  forestam  in  manu 
comraiinilatis  ville  Nobiliaci.  Et,  quasa  cito  episcopus  scivit,  aisignavii  ad 
dictam  forestam  et  in  maaum  suam  posuit  ob  defectun  h0mittis...  Et  eam 
tam  perse  quam  per  allocalos  suos  in  manu  sua  tenuit...  Episcopus  qui 
nnac  est..  eootinnavU  saesinam  predecoMoris  sni,  et  testis,  pro  dicto 
Aymerico»  gualavit  in  dicta  (ov^U,  oinUas  gentes  dicte  ville  (Joceaume  4e 
Û  Feuille,  çbevalter), 


92  SOGléré  AUCHftOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIV. 

eux  d^apporter  leur  graia  à  ses  moulins,  voulut  leur  interdire  de 
réparer  le  pont  qui  mettait  le  fort  eu  communication  avec  la  ville 
et  d'édifier  sur  ce  pont  une  porte.  La  cause  fut  appelée  aux 
assises  de  Limoges,  devant  le  sénéchal.  L'évéque  s'y  présenta 
avec  les  consuls,  et  sur  la  demande  formelle  de  ceux-ci,  les  ré- 
clama comme  ses  hommes  ;  puis  il  cita  devant  lui  les  parties  à 
Saint-Iiéonard  et  les  bourgeois  se  tirèrent  d'affaire  moyennant 
une  petite  somme  versée  au  seigneur  de  Châteauneuf  (l).* 

On  voit  même  la  commune  courir  aux  armes  pour  aller  au 
secours  de  Tévêque  quand  sa  personne  est  en  péril.  Aimeric  de 
Serre  fut  pris  par  les  gens  du  comte  de  la  Marche.  Le  fait  se 
produisit  peut-être  au  cours  des  démêlés  entre  ce  seigneur  et 
le  prélat  au  sujet  des  comptes  de  la  gestion  de  la  Régale,  dont 
les  profits  paraissent  avoir  été  à  plusieurs  reprises  cédés  ou 
donnés  par  le  Roi  au  comte.  Aussitôt  que  les  consuls  apprirent 
la  nouvelle,  ils  convoquèrent  la  commune,  et  la  milice  tout 
entière  de  Saint- Léonard  prit  le  chemin  de  Pontarion,  où  le 
prélat  était  retenu  prisonnier.  Mais  le  comte  de  la  Marche  avait 
déjà  ordonné  de  mettre  Aimeric  en  liberté,  et  sa  prison  venait  de 
s'ouvrir  lorsque  arrivèrent  les  troupes  de  Noblat  (2). 

(4)  Vldit  communitatem  contra  dictivn  militem,  dominum  de  Castro- 
novo,  defendentem  apud  Lemovicas,  coram  Radulpho  de  Trapis,  senes- 
callo,  pro  eo  quod  dictus  miles  petebat  ab  eis  quod  facerent  molere  ad 
sua  molendiDa  (Etienne  Yigier).  Dominus  de  Castronovo  litigabat  contra 
communitatem  de  Nobiliaco  super  hoc  quod  impediebat  ipsam  ne  faceret 
quamdam  portam  super  pontem  de  Nobiliaco.  Dicta  communitas  et  dicti 
burgenses  advohaverunt  se  ab  episcopo  et  dixerunt  quod  crant  homines 
mansionarii  ipsius  (Bernard  Bordas,  curé  d'Excideuil). 

Jossellus  de  Castronovo...  volebat  impedire  ne  reppararent  pontem  de 
Nobiliaco,  existcntem  inter  castrum  et  villam...  qui  erat  de  lapidibus  et 
lignis  (Etienne,  sous -prieur). 

Jocellus  de  Castronovo,  dominus  castri  Nobiliaci  in  parte,  fecit  ajornari 
consules  et  communitatem  ville  Nobiliaci  apud  Lemovicas,  coram  Henrico 
de  Ouessance,  senescallo  domini  Régis  Lemovicis  ;  et  vidit  (le  témoin) 
quod  Hemerycus,  tune  episcopus  Lemovicensis,  requisivit  curiam  suam, 
tanquam  de  suis  hominibus,  consulibus  dicte  ville  de  Nobiliaco  prcsenti- 
bus  et  eum  requirentibus  ut  eos  requireret  tanquam  suos  homines  et  jus- 
ticiabiles.  Et  vidit  quod  dicta  curia  fuit  sibi  reddita  in  plenis  assisiis.  Et 
vidit  quod  postea  fuerunt  citati  coram  dicto  episcopo  apud  villam  Nobiliaci 
...  et  tandem  pacificaverunt  coram  dicto  episcopo,  ita  quod  dictus  miles 
habuit,  per  modum  pacis,  nonaginta  duas  libras  pro  dampnis  et  injuriis... 
Dicti  burgenses  fecerant  quemdam  pontem  lapideum  in  terra  dicti  militis 
et  contra  suam  voluntatem,  prope  castrum  suum  de  Nobiliaco  (Etienne 
Vigier,  sergent). 

(2)  Appendice,  C.  VU,  <36. 


XA  tOHiIDNB  1)E  SXlKT-LiÈONARl>   Dfi  NO'ËLAt   kt  XIII^   Sl^LB.  d3 


VIII.  —  GILBERT  DE  MALBiHORT  ET  LES  BOURGEOIS  DEVAIT  LE 
PARLEMENT.  LE  PRÉVÔT  AUDIEli  NORMAND  ;  LA  COMMUNE  EN  ÉTAT 
DE  RÉVOLTE  OUVERTE. 


La  querelle  entre  Tévêque  et  les  habitants  de  Saint- Léonard 
avait,  on  vient  de  le  voir,  atteint  sa  période  aiguë  sous  Tadini- 
nistration  d*Âimeric  de  Serre;  mais  un  court  répit  fut  laissé 
à  la  commune  entre  l'époque  de  la  mort  de  ce  prélat  et  de  nou- 
veaux assauts.  Après  la  mort  d'Aimeric,  le  siège  épiscopal  de- 
meura vacant  pendant  près  de  trois  années.  Cette  période  paraît 
avoir  été  remplie  de  troubles  et  de  désordres.  La  forteresse  de 
Châlucet,  enlevée  peu  auparavant  aux  soldats  de  la  vicomtesse 
de  Limoges  par  l'évêque  Aimeric,  à  la  tête  des  communes,  fut 
rendue  à  la  veuve  deGuiVI,  qui  y  remit  ses  gens.  La  vicomtesse 
put,  avec  l'assentiment  d' Aimeric  Brun,  établir  dans  le  château 
de  Noblat  une  garnison  destinée  à  inquiéter  les  bourgeois  de 
Limoges,  à  gêner  leur  commerce  et  à,  entraver  l'approvisionne- 
ment de  la  ville  en  battant  le  pays  aux  enviroos.  L'audace  de  ce» 
routiers  s'accrut;  leurs  déprédations  jetèrent  Teffroi  dans  tout  le 
pays.  En  vain  le  sénéchal  du  roi  de  France  s'efforça-t-il  d'arrêter 
les  hostilités.  En  vain  le  roi  d'Angleterre  lui-même  vint-il  dans 
la  contrée.  La  vicomtesse  méprisa  toutes  les  injonctions,  brava 
loutes  les  défenses.  Ses  soldats  redoublèrent  d'audace  et  de  vio- 
lences (1).  Le  12  juin  1274,  la  garnison  de  Noblat  fit  une  sortie 
en  règle  et  engagea  à  Saint-Priest-Taurion  un  combat  avec  la 
milice  bourgeoise  de  Limoges  (2).  Les  escarmouches  étaient  fré- 
quentes. Cet  état  de  choses  parait  s'éJtre  maintenu  jusqu'en  1276* 

Il  est  permis  de  penser  que  les  efforts  du  nouvel  évéque  ne 
furent  pas  étrangers  à  la  cessation  de  la  guerre.  Toute  la  contrée 
subissait  le  contre-coup  de  ces  désordres  et  le  prélat  ne  fit  que  se 
conformer  à  l'exemple  de  ses  prédécesseurs  en  travaillant  avec 
zèle  au  l'établissement  de  la  paix. 

Gilbert  de  Malemort,  qui  avait  succédé  en  1275  à  Aymeric  de 
Serre,  était  un  adversaire   redoutable   pour  la  commune  de 

{i)  Et  pejas  faciebant  présente  Rage  Anglie  quam  fecisseat  aate.  Chron. 
de  Pierre  Coral,  ap.  Historien?  de  Pr\ncE;  t.  XX(,  p.  78H, 
(2)  Ibid..  p.  784. 


Saint-Léonard.  Peu  d^évéqnes  se  montrèrent  aussi  jaloux  des 
droits  de  leur  siège,  aussi  déterminés  à  revendiquer  ceux  de  ces 
droits  que  leurs  prédécesseurs  avaient  laissé  usurper,  à  faire 
revivre  ceux  qui  s'étaient  insensiblement  éteints.  Héritier  des 
prétentions  d'Aimeric,  il  apporta,  dans  sa  lutte  contre  les  bour- 
geois, beaucoup  plus  de  vigueur  et  d'espri-t  de  suite.  Les  consuls 
ne  se  laissèrent  pas  déconcerter;  mais  ils  s'aperçurent  bientôt 
qu'ils  avaient  affaire  à  forte  partie  :  l'attaque  devenant  plus  vive, 
plus  précise  et  plus  soutenue,  ils  durant  a(îcâatiKr  la  résistance 
ot  furent  bientôt  contraints,  pour  ainsi  dire,  i  la  rébellion 
ouverte.  Ledifféread  s'aobemina-dès  lors  vers  ua<e  solution. 

11  faut  le  dire  :  le  prélat  trouva  des  alliés  dans  les  rangs  marne 
des  bourgeois.  Grâce  aux  divisions  qui  existaient  dans  la  popu- 
lation tle  Saint-Léûnard,  la  cause  du  prélat  y  comptait  déjà  qfoel- 
quGS  défenseurs.  L'habileté  de  Gilbert  sut  augmenter  le  nombre 
de  ces  partisans,  auxquels  il  est  fait  plusieurs  fois  allusion  dans 
les  pièces  du  procès.  Par  malheur  les  allusions  dont  il  s^agit  sont 
conçues  en  termes  génèrffox  et  tellement  vagues  qu'ils  ne  nous 
permettent  de  saisir  aucun  fait  caractéristique.  Un  passage  du 
ffactum  GontenADt  les  protestations  et  récusations  formulées  par 
kisk  procureurs  des  consuls  contre  les  témoins  de  Tévéque,  nous 
•fournit  s»ul  une  indication  un  peu  précise.  Il  y  est  dit  qae 
Martial  Jauber^  clêrc  de  ia  ville  de  Saint-Léoaard,  appartenant 
ators  à  la  maison  de  l'évoque,  et  feu  son  père,  ont  été  «  ia  cause 
de  tout  le  différend  et  l'origine  du  procès  porté  devant  le  Parle* 
ment  »  (t)«  Il  nous  a  été  du  reste  impossible  de  déterminer  ies 
£aits  auxquels  se  rapporte  ce  passage. 

Du  côlé  des  bourgeois,  on  compta,  au  nombre  des  défenseurs 
les  plus  énergiques  des  libertés  de  la  commune  et  des  instiga- 
teurs les  plus  résolus  de  la  résistance,  Etienne  Desmoulins^  plu- 
sieurs  fois  consul;  Michel,  son  frère  ou  sou  cousin,  Guillaume 
Daniel,  Martial  Martin,  Pierre  de  Pau,  Etienne  Faure. 

Cette  résistance,  on  le  verra  dans  les  pages  qui  suivent,  ne 
s'exerça  pas  seulement  sur  le  terrain  judiciaire.  Les  bourgeois 
prirent  à  plusieurs  reprises  les  armes  pour  résister  aux  préten- 
tions ou  aux  empiétements  de  Tèvéque.  On  les  -vit  même  s*op- 
poser  par  la  force  à  l'exécution  des  ordres  du  Roi  et  du  Parle- 
ment.   Mous    n'avons   malheureusement   que  des  indications 

(1)  Fuerunt  causa  et  origo  tocius  discordie  et  litis  mote  iater  ipsos  et 
>epi9eopain...elfiien)iit,  etidemMarcialisesladhac  inimieus  fUle,  et  jora- 
tus  ipsius  episoepi;  et  est  de  famtlla  sua,  et  commensaiia  st  de  roUs 
ipslus. 


tA   COtttfÛRE  Dk  SAYm-tÊONAhD   tit  NÔULAT  AÛ  Xlîl^  SlÊCLB.  911 

itmomplëtes  dtst*  CôCie  histoire  si  attachante  et  si  moaveiïientâe. 
Nous  allons  essayer  de  la  reconstituer,  autant  que  nous  le  per- 
tnettent  les  docuiûents  conservés  dans  nos  dépôts  d'archives. 

A  peine  monté  sûr  le  siôg;e  de  Saint-Martial,  Gilbert  de  Maie- 
môft,  A  Texemple  de  ses  prêdécessears,  somma  les  bourgeois  de 
Noblat  d'avoir  â  lui  pi^éter  le  serment  de  fidélité.  À  cette  mise  en 
^emeiire  il  fut  répondu  par  un  refus,  et  les  bourgeois  déclarèrent, 
comme  ils  ravalent  déjà  fait  sous  Durand  d'Orlhac  et  sous 
Àiïneri6  de  Serre,  qu'ils  ne  devaient  ce  serment  qu'au  Roi, 
I6ut  an  plus  an  duc  d'Aquitaine.  Le  prélat  eut  alors  recours  aux 
armes  spirituelles.  Elles  réussissaient  souvent.  Deux  cents  habi- 
tants ^Hivirou  de  la  ville  cédèrent  devant  la  menace  de  Texconi- 
munication  et  se  soumirent  aux  exigences  de  Tévéque  ;  mais  ce 
furent  surtout,  semble-t-il,  des  bourgeois  qui  possédaient  des 
fonds  grevé»  de  redevances  particulières  au  profit  du  siège  épis- 
copal  du  qui  tenaient  de  lui  des  terres  situées  en  dehors  des 
limitos  de  la  Commune.  Des  autres,  Gilbert  ne  put  rien  obtenir. 
Ijâ  menace  de  Texcommuuication  et  Texcommunication  elle* 
même  demeurèrent  sans  résultat.  Les  consuls  et  la  majeure 
partie  des  bourgeois  persistèrent  dans  leur  refus  de  prêter  ser- 
ment au  prélat. 

Gilbert  de  Matemort  temporisa.  En  attendant  que  la  commune 
9e  décidât  &  se  soumettre  ou  qu'un  incident  lui  fournit  ToccaBion 
de  vaincre  une  résistance  que  pour  Tinstant  il  ne  se  sentait  pas 
la  force  de  briser,  il  continua  la  politique  de  ^es  prédécesseurs 
ot  reprit  IM  négociations  entamées  par  Aimeric  de  Berre  pour 
ie  rachat  des  liefe  dépendant  de  la  ch&telienie  de  Noblat. 

Il  s'efforça  «entretemps  d'amener  les  bourgeois,  ou  tout  au  moins 
osttx  d'entre  eux  Wr  lesquels  il  pouvait  exercer  une  action  quel- 
conque à  raison  de  circonstances  particulières,  à  accepter  la 
juridiction  de  son  prévôt  et  à  comparaître  devant  lui.  11  avait  à 
SSiint-Léonard,  à  l'exemple  de  ses  prédécesseurs,  un  prévôt  dôs 
causes  foraines  qui  tenait  ses  audiences  dans  la  salle  épiscopale 
et  qui  était  le  plus  haut  représentant  du  prélat,  le  chef  de  ses  agents 
iiafériews.  Ce  prévôt  exerçait  aussi,  semble-t-il,  les  fonctioits 
de  vigier  au  nom  de  Tévé^ue.  Celui-ci  pensa  qu'il  pouvait  mettre 
à  profit  le  double  caractère  de  cet  officier  pour  s'emparer  peu  à  peu 
d^une  façon  complète  de  la  jusiice  de  Saint-Léonard. 

Un  nouveau  prévôt  venait  d'être  nommé  :  c'était  un  ècayer  du 
nom  d'Audier  (1)  Normand.  Quelques  passages  des  procédures 

(1)  Oft  )e  trouva  fiommé  t&nlél  Audleraè^  tanlél  Andfët'êtë  Norma&nus. 


font  supposer  que  Tévêque  vint  lui-même  ribstaller  avec  une 
soleanité  inusitée.  Peut-être  même  est-ce  dans  cette  cérémonie 
que  Gilbert  se  serait  fait  accompagner  d'un  chanoine  du  Dorât, 
Gérald  de  PierrebufiBère,  qui  avait,  paraît-il,  maltraité  un  bour- 
geois de  Saint-Léonard,  et  dont  la  présence  dans  la  ville  causa 
un  vif  émoi.  Le  nouveau  prévôt  logea  dans  la  maison  même  de 
révéque.  Il  avait  avec  lui  son  frère  et  quelques  sergents. 

L'installation  d'Âudier  et  les  circonstances  dont  elle  fut  accom- 
pagnée, éveillèrent -les  appréhensions  des  consuls  et  excitèrent 
Tanimosité  des  bourgeois  contre  Tévêque.  Mais  ces  inquiétudes 
et  ces  colères  s'accrurent  quand  on  vit  le  prévôt  vouloir  faire  tout 
seul  la  police  et  réclamer,  sans  Tassistance  des  chefs  de  la  com- 
mune, les  taxes  perçues  de  temps  immémorial  par  ceux-ci,  avec 
ou  sans  le  concours  des  vigiers. 

Les  bourgeois  adressèrent  aussitôt  de  nouvelles  protestations 
au  sénéchal.  Le  prévôt  ne  s'en  émut  guère  et  continua  ses  entre- 
prises. Hardiment  il  revendiqua  en  toute  occasion  les  droits  de 
justice  que  l'évêque  prétendait  avoir  conservés  à  Saint-Léonard 
et  s'efforça  d'exercer  ces  droits  à,  Texclusion  de  tout  autre  officier 
de  la  commune  ou  de  la  seigneurie;  —  les  conflits  des  gens 
de  l'évêque  avec  ceux  des  chevaliers  de  Noblat  n'étaient  pas, 
on  Ta  vu,  moins  fréquents  que  leurs  querelles  avec  les  consuls. 

Ce^  derniers  n'opposèrent  pas  tout  d'abord  la  violence  à  ces 
tentatives  d'usurpation.  Avant  d'y  recourir,  ils  firent  leurs  efforts 
pour  entraver,  sans  intervenir  directement,  l'action  du  prévôt. 
Ils  allaient  trouver  les  parties  ou  les  témoins,  les  dissuadaient 
de  comparaître,  de  déférer  aux  injonctions  du  juge  épiscopal  (1), 
de  verser  les  amendes  ou  les  frais  qui  leur  incombaient;  ils  provo- 
quaient les  protestations,  faisaient  naître  les  incidents,  soule- 
vaient indirectement  mille  difficultés,  mais  sans  réussir  à  décou- 
rager le  prévôt. 

La  constance  et  la  ténacité  de  cet  officier  firent  à  la  fin  sortir  les 
consuls  de  ce  rôle  de  modération  et  de  prudence.  On  les  vit 
encourager  publiquement  les  délinquants  à  résister  aux  ordres  du 
prévôt  et  braver  eux'^mêmes  son  autorité.  Souvent,  le  jour  des 
assises  épiscopales,  ils  faisaient  fermer  les  portes  de  la  ville  (2).  Ni 

(1)  Post  hoc  autem,  quasi  par  duos  menses  quod  lis  fuit  mota  inter 
episcopum  et  communitatem  dicte  ville,  noluerunt  (deux  accusés  mis  eu 
liberté  provisoire)  obedire  coram  isto.  Et  ipse  misit  -servientem  suum  ad 
guaïandum  ipsos,  et  noû  permiserunt  se  guaïarc(Dép.  d'Audier  Normand). 

(2)  Homines  dicte  ville,  scilicet  Bernardus  Lescolle,  qui  custodiebat 
portas  dicte  ville  pro  communitate,  denegavit  eidem  testi,  qui  erat  adjor- 
natus  ad  assisiam  episcopi,  ingressum  ejusdem  ville,  nec  permisit  ipsi 
testi  intrare,  bene  est  unus  annus  (Jourdain  de  Murs,  chevalier). 


XA   GOHXURB   0K  SAÎNT-XÉOlTAllD  DE  NOBLAT   AO   XIII^  SIÈCLE.  97 

plaideurs,  ni  témoins  du  dehors  ne^pouvaient  entrer  dans  rencointe 
des  remparts,  en  sorte  que,  Tâudience  ouverte,  personne  ne  se 
présentait  à  Tappel  des  causes.  Dans  les  foires  enfin,  quand 
les  officiers  de  l'évêque  youlaient  vérifier  les  aunes  ou  les  autres 
mesures  des  marchands  forains,  les  bourgeois  intervenaient  et 
empêchaient  ceux-ci  de  les  donner  en  leur  assurant  que  Tévôque 
prétendait  exercer  un  droit  qui  ne  lui  appartenait  pas  (i).  Et 
les  magistrats  municipaux  déclaraient  ouvertement  à  Audier 
que  ni  les  délinquants  appelés  par  lui  devant  son  tribunal,  ni  au- 
cun habitant  de  la  ville  ne  reconnaîtraient  son  autorité  et  ne  se 
conformeraient  à  ses  ordres  (2).  Les  citoyens  se  mettaient  en 
élat  de  rébellion  ouverte  contre  lui  et  le  chassaient  de  leur  mai- 
soii  quand  il  y  pénétrait  pour  remplir  les  fonctions  de  sa  charge  (3). 
Des  menaces  aux  pires  excès,  il  n'y  avait  pas  loin.  Le  prévôt 
Qt  un  jour  une  perquisition  dans  la  maison  d'un  bourgeois  de  la 
ville  :  Elle  Trois-Pommes,  et  y  ayant  trouvé  un  vêtement  qui 
avait  été  récemment  volé,  crut  devoir  arrêter  le  frère  deTrois- 
Pommes,  nommé  Michel.  Les  consuls  accoururent,  s^emparèrent 
du  prisonnier  et  le  conduisirent  dans  la  tour  sous  laquelle  s'ou- 
vrait la  porte  de  Champmain.  Le  vêtement  saisi  fut  confié  à  un 
sergent  du  roi  de  France,  Adémar  de  Brolac,  —  Le  même  jour, 
un  autre  habitant  de  Saint- Léonard,  Guillaume  Simon,  accusé 
d'être  un  des  auteurs  du  vol,  est  également  pris  par  le  prévôt. 
Nouvelle  émotion.  Les  consuls  disputent  une  seconde  fois  à  ToSI- 
cier  de  l'évêque  son  prisonnier,  et  celui-ci  est  contraint  de  le 
remettre  aux  mains  du  sergent  du  Roi  (4). 

(4)  Quidam  burgenses  dicte  ville  inhibuerunt  mercatoribus  predictis  ne 
traderent  alnas,  etc.  (Bordas). 

(9)  Consoles  dicte  ville,  scilicet  Marcialis  Martini,  Slephanus  de  Molen- 
diais,  Stephanus  Fabri  et  Petrus  de  Pau,  et  plures  burgenscs  dixemnt 
isti  testi  quod  dicti  rei  nec  alii  de  dicta  villa  obedirent  coram  isto  (Dép. 
d'Audier  Normand). 

(3)  Idem  prepositus  ivit  ad  domnus  Stephani  de  Ifoieadinis  pro  gualando 
ip8um,i2tdicebat,  de  quadam  emenda  pro  defectu.  Et  idem  Stephanus  ex- 
pulit  ipsum  de  domo  sua,  nec  permisit  gualare (Dép. IfartialJobert, clerc). 

(4)  Prepositus...  arrestavit  dictum  Michaelem;  etconsules  dicte  ville... 
ibi  veneruQt,  et,amovendodictam  arreslationem,  ceperunt  dictum  Michae- 
lem et  dnxerunt  adportellum  de  Chamagnes  dicte  ville,  ubieam  tenuerunt 
in  prisionem.  Et  propter  discordiam  prepositi  et  consulum,  dictum  super- 
tunicale  fuit  positum  in  manuAdemari  de  Broleac,  servientis  domini Régis, 
sigillatnm  sigillis  dicti  prepositi  et  dicti  servientis.  Postea,  eadem  die, 
idiêm  prepositus  cepit  dictum  GuiUermum  Symon  ;  et  consules  et  ...plures 
burgenses  dicte  ville  rescusseninf  cum  dicte  preposito  etc.  (Dép.  Martial 
Jobert,  clerc). 

î.  zxxvii.  7 


98  SOCIÉTÉ  ARCBÈOLDmQt)B  ET   HISTORIQUE   DtJ   LllftOUSlA. 

Le  calme  semblait  rétabli  lorsque  le  bruit  se  répandit  dans  la 
ville  qu'Adémar  avait  reçu,  du  sénéchal  du  Roi  à  Limoges,  l'ordre 
de  remettre  son  prisonnier  au  prévôt  épiscopal.  Le  fait  était  vrai. 
Un  grand  tumulte  s'éleva  par  toute  la  ville  ;  les  bourgeois  crièrent 
aux  armes  et  une  troupe  d'hommes  portant  des  épées,  des  javelots, 
des  haches  et  des  bâtons,  en  tête  de  laquelle  marchaient  plusieurs 
des  consuls  :  Michel  et  Etienne  Desmoulins,  Etienne  Faure, 
Guillaume  Daniel,  Pierre  de  Pau,  se  précipita  vers  la  salle  épis- 
copale,  dans  laquelle  le  prévôt  venait  de  ramener  son  prisonnier. 
La  porte  fut  brisée,  la  prison  ouverte  et  la  foule  envahit  la  maison 
de  révoque  et  le  prétoire  où  se  tenait  Audier  Normand.  Les 
bourgeois  entouraient  le  malheureux  officier,  que  ses  sergents 
épouvantés  paraissent  n*avoir  pas  défendu.  Ils  le  frappaient 
cruellement  à  coups  d*épieu,  à  coups  de  pierre.  Le  prévôt  rendait 
du  sang  par  la  bouche  et  du  dehors  on  entendait  ses  cris.  Couvert 
de  blessures,  les  deux  bras  brisés,  les  côtes  enfoncées,  il  fut  laissé 
pour  mort  sur  la  place.  Le  malheureux  resta  neuf  jours  complè- 
tement privé  de  l'usage  de  la  parole  et  dut  demeurer  plus  de 
quatre  mois  au  lit  (1). 

C'était  un  homme  de  courage  et  d'énergie.  A  peine  rétabli,  il 
reprit  ses  fonctions.  Mais  chaque  fois  qu'il  tenta  de  les  exercer 
dans  la  ville,  il  rencontra  la  même  résistance.  Aussitôt  qu'il  se 
•transportait  sur  un  point  pour  y  remplir  son  ministère,  il  voyait 
accourir  les  consuls  et  les  bourgeois,  qui  le*  repoussaient  et  le 
menaçaient  de  mort  (2).  Un  jour,  il  avait  trouvé  le  prévôt  d'Ai- 
meric  Brun  tenant  ses  assises  dans  la  ville  au  mépris  des  droits 
de  l'évêque  et  lui  avait  ordonné  de  le  suivre  dans  la  prison  épis- 
copale;  mais  on  cria  aussitôt  :  aux  armes!  et  deux  cents  bour- 


(i)  Et  dicti  hotnines  rescusseruDt  iterum  cum  preposîto.  Audiebat  postea 
iste  testis  de  caméra  sua  tumullum  inter  eos,  et  prepositum  clamantem 
et  dicentem  :  a  Ego  sum  vulneratus!  »  (Dép.  de  Martial  Jobert).  Verbe- 
raverunt  turpiter  dictum  prepositum  in  brachiis  ...  et  percusserunt  eum 
in  latere  cum  quodam  ligne  vol  petra,  ita  quod  clamavit  aile  :  «  Ego  sum 
mortuus!  »  (Rigaud  de  QuercUf  curé  de  La  Porcherie).  Michaelis  et  Ste- 
phanus  de  Molendinis,  Stephanus  Fabri,  Guillermus  Daniel,  Petrus  del 
Pau  et  plures  alii  verberaverunt  eum  quasi  usque  ad  mortem,  ita  quod 
amisit  loquelam  quasi  per  novem  dies  ...  Jacuit  in  lecto  plus  quam 
per  quatuor  menses.  (Dép.  d*Audier  Normand).  Vidit  dictum  prepositum 
verberatum  et  emittentem  sanguinem  per  os  ...  (Dép.  d'Adémarde  Brolac). 

(S)  Voluilcapere  corpus  cujusdam  hominis  ...  ut  videret  si  cum  gladiis 
interfeclus  fuerat ...  Burgenses  ville,  usque  ad  quinquaginta,  non  permis 
serunt,  sed  longe  expulerunl  ..>  et  minaii  fuerunt  de  morte,  si  plus  lan^ 
geret  (Dép.  d'Audier). 


"LA  GO^iramS  DK  èilNT-LitoilABLD  i>E   NOBLAt  AU  Xlli*  SliCLB.  ^ 

geois,  ayaut  à  leur  téie  les  consuls,  accourureut,  brlsèreul  à 
coups  de  haches  la  porte  de  la  prisoo  et  mirent  eu  liberté  TofiGl- 
cier  d'Aimeric  Brun  (1). 

Les  bourgeois  ne  permettaient  plus  au  prévôt  de  l'évoque  de 
procéder  à  la  vérification  des  mesures  des  marchands,  les  jours 
de  foire  et  de  marché;  ils  lui  arrachaient  des  mains  les  aunes  ou 
les  coudées  (2).  Un  des  consuls,  Etienne  des  Moulins,  enleva 
même  une  fois  à  Audier  la  verge  qu'il  portait  comme  insigne  de 
ses  fonctions  (3)  et  la  brisa. 

L'évêque  donna  un  successeur  à  Audier,  pensant  que  la  popu- 
lation manifesterait  peut-être  une  hostilité  moins  acharnée  à 
l'égard  d'un  nouveau  prévôt.  Il  n'en  fut  rien,  les  mêmes  scènes 
continuèrent  :  Jourdain  Barodier,  comme  l'officier  qu'il  rempla- 
çait, vit  enlever  ses  prisonniers,  contester  son  autorité,  mépriser 
ses  ordres.  IjOs  bourgeois  troublèrent  ses  audiences  par  leurs 
clameurs  et  leurs  vociférations,  arrachèrent  les  registres  du 
grefie  des  mains  de  ses  clercs  et  le  menacèrent  lui-même  de  le 
jeter  en  prison  s'il  persistait  à  vouloir  tenir  des  assises  (4). 

La  situation  devenait  de  jour  en  jour  plus  tendue;  les  bourgeois 
affectaient  une  indépendance  absolue  à  l'égard  de  l'évéque  et  de 
ses  officiers.  La  plupart  faisaient  des  difficultés  pour  payer  même 
les  rentes  qu'ils  devaient  à  titre  particulier  au  prélat,  soit  sur  leurs 
maisons,  soit  sur  des  immeubles  situés  hors  des  remparts.  Le 
prévôt  forain  voyait  souvent  l'exercice  de  ses  fonctions  entravé, 
et  ne  réussissait  pas  toujours  à  faire  respecter  son  autorité.  Les 
recours  au  sénéchal  du  roi  de  France  demeuraient  vains.  A  plu- 
sieurs reprises  cet  officier  était  intervenu,  tantôt  à  la  requête  de 

{{)  Cepit  Helyam  Panebos,  prepositum  Aymerici  Bruni,  propter  hoc 
quod  tenebat  assisias  in  dicta  villa  ...  Et  tam  cilo  venerunt  burgenses  ... 
et  comsecuribus  fregerunt  portam  dicte  aule,  el  vidit  eum  extraclum,  etc. 
(Dép.  d'Audier  Normand).  —  Audivil  clamari  per  dictam  villam  :  «  Ad 
arma  !  Ad  arma  !  »  Et  vidit  incontinenti  monasterium  Sancti  Leonardi 
plénum  gentibus  dicte  ville  et  aulam  similiter  episcopi.  Et  tune  fuit 
prisio  brizata  episcopi.  Audivit  iclus,  et  eadem  die  ipsam  prisionem  vidit 
brisatam  et  portam  aule  episcopi.  Tune  fuit  extractus  quidam  prisonarius, 
notatus  Helyas  Panebos  ...  Et  qui  loquilur  erat  in  choro  ecclesie  sancti 
Leonardi,  ubi  latitabat  (Dép.  d'Elie,  sous-prieur  de  Saint-Léonard). 

(2)  Dicti  consules  rescusserunt  alnas  et  cubitus  dicto  Audiero,  quos  ca- 
piebat  in  nundinis...  nec  permittebat  eum  capere  dictas  mensuras,  sicuti 
antea  fecerat.  (Dép.  de  Martial  Jaubert,  clerc). 

(3)  Slêphanus  de  Molendinis...  amovit  virgam  seu  baculum  Audierii 
Normanni  (Bernard  Bordas). 

(4)  Dép.  de  Martial  Jobert  et  de  Rigaud  de  Quercu^  curé  de  La  Porcherie 


l'évéque,  tantôt  sur  la  demande  des  consuls;  mais  sou  intorven- 
tion  n'avait  pas  eu  plus  de  résultats  que  peu  d'années  auparavant 
celle  du  sénéchal  anglais  Jean  de  Lalinde,  dans  la  querelle  entre 
le  vicomte  de  Limoges  et  la  commune  du  Château  :  le  plus  haut 
i*eprésentant  du  roi  de  France  dans  la  contrée  avait  dû  renoncer 
à  tout  espoir  de  voir  la  paix  se  rétablir  par  des  concessions  réci- 
proques. 

Le  roi  lui-môme  s'était  occupé  de  la  querelle  de  l'évéque  avec 
la  commune,  sans  doute  à  la  demande  du  sénéchal.  On  avait  vu, 
vers  1277,  un  clerc  de  ce  fonctionnaire,  Pierre  Chabaud,  arrivera 
Saint-Léonard  avec  des  lettres  closes  de  Philippe  HT.  Il  les  ouvrit 
en  public,  et,  eu  présence  de  l'évéque,  enjoignit  au  prélat,  de  la 
part  du  Roi,  qu'il  eût  à  s'abstenir  de  toute  entreprise  nouvelle 
contre  la  commune  (1).  Loin  de  tenir  compte  de  cet  ordre,  Gil- 
bert fit,  peu  après,  arrêter  les  crieurs  du  consulat  et  les  contraignit 
à  lui  prêter  le  serment  de  fidélité.  11  reçut  ce  serment  en  audience 
solennelle,  en  présence  du  doyen  de  Limoges,  du  doyen  deSaint- 
Hilaire  de  Poitiers  et  d'Elie  de  Limoges,  chevalier  (2). 

Cet  acte  d^autorité  paraît  avoir  décidé  les  consuls  à  s'adresser 
au  Parlement  pour  assurer  le  respect  des  libertés  communales. 
L'idée  d'un  appel  direct  à  la  suprême  juridiction  du  souverain 
avait  dû  s'offrir  plus  d'une  fois  à  l'esprit  de  l'une  et  de  l'autre  des 
parties;  mais  toutes  deux  avaient  reculé  devant  les  dangers  d'un 
procès  en  règle  et  devant  l'incertitude  du  résultat.  Mêler  l'auto- 
rité royale  à  des  querelles  particulières  n'était  ni  prudent  ni  sûr. 
La  solution  devant  laquelle  on  avait  hésité  s'imposa  bientôt. 
Mais,  contrairement  à  ce  qu'a  écrit  M.  Leymarie  (3),  ce  ne  Tut  pas 
Tévêque  qui  porta  le  premier  la  question  devant  la  cour  du  Roi. 
Il  résulte  de  l'arrêt  dont  on  trouvera  plus  loin  le  résumé  (4),  que 
le  procès  fut  intenté  par  les  consuls  de  Saint-Léonard  (5).  Ceux-ci 
se  plaignirent  non  seulement  de  l'arrestation  de  leurs  crieurs  et 

(1)  ViditPclrum  Chabeaud,de  Lemovicis,  apud  Nobiliacum,  cum  litleris 
claosis,  sigillalis  sigillé  domini  Régis;  et  vidit  quod  dictus  Petrus  fregit 
dictas  lilteras  in  presencia  dicli  epîscopi,  et  postea  quod  inhibuit  ex  parte 
domini  Régis  ne  t'accret  in  dicta  villa  aliquas  novitates  (Léonard  Godelli, 
mattre  des  écoles  de  Saint-Léonard). 

(«)  Ibid. 

(3)  Histoire  de  la  Bourgeoisie,  t.  Il,  p.  963. 

(4)  Appendice,  D.  n^  1. 

(5)  C'est  ce  que  confirme  un  passage  d'unfactum  de  Tévêque  :  Hommet^ 
de  Nobiliaco  oUin  conquesti  f aérant  et  peticiotiem  suam  dederumi  contra 
LBinooîcensem  'episcofium,  ete. 


LA   COMMUNE   OK  SAUTT-LÉONARO  D«  IfOBLAT  AU   Xlll"  8IKCLK.  lOI 

de  la  violence  qui  leur  avait  été  faite,  mais  aussi  des  exigences  de 
révoque.  Ils  lui  reprochèrent  d'avoir  abusé  des  armes  spirituelles 
pour  contraindre  un  certain  nombre  do  bourgeois  i  lui  prêter  le 
serment  de  fidélité,  alors  que  ce  serment  était  dû  au  Roi  seul,  et, 
par  délégation  du  Roi,  aux  magistrats  municipaux,  en  possession 
de  le  recevoir  chaque  année.  Ils  protestaient  contre  la  pi*éteotion 
du  prélat  d'obliger  tous  les  membres  de  la  commune  de  se  sou- 
mettre à  ce  devoir,  et  renouvelaient  les  réclamations  qu'ils 
avaient  déjà  portées  devant  le  sénéchal  au  sujet  de  la  saisie  de 
la  forêt  ordonnée  par  Âimeric  de  I^  Serre  et  maintenue  par 
son  successeur. 

Le  prélat  répondit  que  les  évéques  de  Limoges  avaient  toujours 
reçu  le  serment  de  fidélité  des  habitants;  que  les  bourgeois  qui 
le  lui  avaient  prêté  à  son  avènement,  s'étaient  de  leur  plein  gré 
acquitté  de  ce  devoir;  qu'en  ce  qui  avait  trait  à  Tincident  des 
bûcheurs,  ceux-ci  n'avaient  point  été  arrêtés  par  ses  officiers  à 
cause  du  défaut  de  serment,  mais  parce  qu'ils  avaient  refusé  de 
fournir  caution  dans  un  procès,  suivant  l'usage  du  pays.  Ces 
crieurs,  ajoutait-il,  relevaient  du  seigneur  justicier  avant  de 
relever  du  consulat.  Au  surplus  le  prélat  déclarait  ne  pouvoir 
accorder  aucun  droit  ni  à  l'association  des  bourgeois,  ni  â  leurs 
chefs  et  refusait  même  de  reconnaître  l'existence  de  la  commune. 

  l'en  croire,  les  habitants  de  Saint-Léonard  étaient  des  parti- 
culiers, ses  justiciables,  sans  privilèges,  sans  aucun  lien  en- 
tre eux  (1)..  Le  prélat  avait  bien  ouï  dire  que  de  tout  temps 
quelques  notables  de  la  ville  s'étaient  réunis  sur  une  place 
publique  pour  traiter  des  affaires  intéressant  la  population. 
Mais  ils  ne  possédaient,  afflrmait-il,  ni  consulat,  ni  hôtel-de-ville, 
ni  caisse  commune,  ni  aucun  caractère  ou  attribut  quelconque  (2) 

(t)  Quod  homines  dicte  ville  sunt  et  esse  consueveruot  ab  antiquo  sin- 
gulares  persone,  populares,  ignobiles,  subditi  et  justiciabiles  Lemovicensis 
cpiscopi  (iDtendit  de  Tévêque). 

(S)  Consulatu,  coramunitate,  domo  et  archa  commuDibus  que  usurpa- 
verant,  sibi  non  probant  aiiquid  titulum  ...  Congregabant  se  aliqui  probi 
homines  de  villa  in  aliqaa  platea,  quum  volebant  de  aliquo  negocio  trac- 
tare  ;  nec  habebant  aiiquid  sigillum  corporis  scu  communitatis  nec  domum 
communeni  ;  set  de  novo  dicuntur  fccisse  quandam  domum  ubi  conve- 
niunt  et  feeisse  quoddam  novum  sigillum,  in  qno  scriptum  est  :  Sigillum 
consulum  et  communitatis  ville  Sancti  Leonardi  (Dires  de  l'évéque).  La 
possession  par  la  commune  d*un  sceau  longtemps  avant  le  procès  est 
attestée  par  d'autres  témoignages.  (Voir  App.,  C.  III,  33,  34,  42,  etc.) 

Quod  olim  qui  volebant  aliqua  facere  vel  tractare  inter  se  conveniebant 
in  aliquo  loco  dicte  ville,  pro  eis  tractandis  et  faciendis  ut  singulares 
pcrsone  (Mém.  de  Févôque,  Appendice,  B,  5«  fragment.) 


\Q%  80G1ËTB  AAGHÉOLOGIQQB  ET  HISTORIQUE  DO  LIMOUSIN* 

d'un  corps  constitué.  Ils  n'avaient  nul  droit  d'user  d'un  sceau 
commun.  Ils  venaient  depuis  peu  de  temps  de  faire  graver  celui 
dont  ils  se  servaient  au  moment  du  procès  et  sur  lequel  se  lisaient 
ces  mots  :  Sceau  des  consuls  et  de  la  commune  de  la  ville  de  Saint- 
Léonard,  Leur  maison  commune  était  aussi  de  construction 
nouvelle. 

Quant  à  la  saisie  de  la  forêt,  Gilbert  de  Malemort  ne  contestait 
pas  que  la  mesure  n'eût  été  prise  par  son  prédécesseur  et  main- 
tenue par  lui  ;  mais  n  était-il  pas  du  droit  et  môme  du  devoir 
de  révéque  de  veiller  à  ce  qu'un  de  ses  fiefs  ne  tombât  pas  en 
roture  et  en  main-morte  ! 

Pendant  que  les  dires  contradictoires,  les  intendit  et  les  pièces 
de  procédure  s'accumulaient,  l'évâque  pressait  ses  négociations 
avec  les  possesseurs  des  droits  démembrés  de  la  justice  de  Noblat. 
Avec  deux  d'entre euxau  moins  il  en  avaitdéjà  terminé.  En  1275, 
Gaucelin  de  Chàteauneuf,  réalisant  sans  doute  un  engagement 
pris  vis-à-vis  d'Aimeric  de  Serre,  avait  vendu  à  Gilbert  sa 
part  des  «  maison,  tour,  appentif,  jardins  sis  sur  le  côté  supérieur 
du  château  deNoblat»(i).  Au  moisdejuin  1277,  Guillaume Vigier, 
damoiseau  du  château  de  Limoges,  avait  cédé  au  prélat  le  tiers 
du  péage  du  pont  de  Noblat,  et,  par  un  contrat  distinct,  le  quart 
de  la  grosse  tour  de  la  forteresse,  la  moitié  d^une  autre  tour 
et  de  certaines  maisons,  plus  la  huitième  partie  de  la  justice 
haute  et  basse  et  de  la  vigerie  de  Saint-Léonard  (2).  Cette  vente 
fut  confirmée,  semble-t-il,  par  deux  actes  successifs.  On  voit,  en 
effet,  un  peu  plus  tard,  le  gendre  de  Guillaume,  Pierre  Adémar 
de  La  Roche,  et  sa  femme  Alaïde,  déclarer  que,  moyennant  la 
somme  de  85  livres,  ils  abandonnent  à  Gilbert  de  Malemort  «  la 
»  quarte  part  de  la  grosse  tour  du  chasteau  de  Noblac,  et  la  moy- 
»  tié  de  la  tour  et  maisons  estant  audit  lieu  et  leurs  appartenances 
»  que  tient  mons'  Gaucelin  de  Chàteauneuf  (3).  »  Enfin,  en  1291, 

(t)  Reg.  d'hommage,  I, Noblat,  et  O  Domina^  f.  89. 11  ne  serait  pas  impos- 
sible que  cette  cession  fit  doublé  emploi  avec  celle  mentionnée  plus  loin 
sous  la  date  de  lt85. 

(î)  Reg.  Tuœ  HodlCy  fol.  i  r». 

(3)  Reg.  O  Domina^  f.  86.  L'acte  de  1291  pourrait  bien  faire  double 
emploi  avec  la  vente  de  4271  mentionnée  à  la  page  86. 

Il  serait  intéressant  d'avoir  quelques  détails  précis  sur  les  rapports  qui 
existaient  en  vue  de  la  défense  du  château  entre  les  diverses  familles  qui 
Toccupaient  et  le  «  seigneur  évoque  ».  Ces  détails,  malheureusement,  nous 
manquent.  Notons  que  les  forteresses  féodales  avaient  toutes  à  cette  époque 
leur  petit  arsenal,  avec  des  armes  de  tgute  espèce  destinées  aux  écuyors 


LA    COMMUNS  DK  SAINT-LÉONARn    DB  NOBLAT  AD   Xlll*  SliCLC.  103 

Adémar  de  La  Roche,  damoiseau,  Hugues  et  Audoyue,  ses  enfants; 
conârmeroDl  une  fois  encore  cette  cession.  Il  est  dit  à  cette  époque 
que  les  maisons  cédées  ont  appartenu  à  Gauceliu  de  Royère  et  à 
Gui  Tigier,  et  qu'elles  confrontent  à  celle  d'Audoin  Marchés. 

La  cause  soumise  au  Parlement  ne  s^éclaircissait  guère.  La 
commune  établissait  que  depuis  un  siècle  elle  avait  prêté  serment 
aux  ducs  d'Aquitaine,  puis  aux  rois  de  France;  qu'après  Richard- 
Cœur-de-Lion  et  Jean-sans-Terre,  Louis  VIII,  d'abord  comme 
lieutenant  de  son  père,  puis  pour  son  propre  compte,  Louis  IX  et 
Philippe  III  lui-même  Pavaient  successivement  réclamé  et  reçu. 
Les  bourgeois  prouvaient  qu'ils  avaient  fourni  plusieurs  fois  des 
troupes  au  Roi  et  exhibaient  les  ordres  adressés  directement  à 
cette  occasion  par  les  sénéchaux  aux  consuls.  Toutes  les  alléga- 
tions de  l'évéque  ne  parvenaient  point  à  détruire  des  faits  parfai- 
tement démontrés.  Le  prélat  ne  pouvait  pas  davantage  établir 
l'exactitude  de  ses  allégations  concernant  la  commune  elle-même. 
Il  était  permis  de  discuter  l'origine  de  certains  des  privilèges 
dont  elle  jouissait;  mais  révoquer  en  doute  son  existence  même 
et  la  possession  de  toutes  ses  libertés,  c'était  aller  trop  loin.  Les 
registres  du  Roi,  les  archives  de  la  sénéchaussée,  celles  mêmes  de 
l'évêché  devaient  receler  cent  documents  qui  eussent  fourni  la 
preuve  du  contraire. 

De  part  et  d'autre,  de  nouvelles  prétentions  étaient  émises  et 
venaient  s'ajouter  à  celles  formulées  dans  les  premiers  intendit. 
Les  consuls,  par  exemple,  ne  se  bornaient  pas  à  refuser  de  se 
soumettre  à  la  juridiction  du  prévôt  de  Tévêque.  Us  déclaraient 
que  tout  habitant  de  Saint-Léonard  leur  devait  le  serment  de  fidé- 
lité et  demandaient  au  Parlement  qu'à  ce  titre  Tofflcier  épiscopal 


pauvres  ou  aux  combattants  d^occasion.  Nous  ne  possédons  aucun  inven- 
taire de  celui  du  chftteau  de  Noblat  ;  mais  un  état  des  armes  qui  se  trou- 
Yaient  dans  celui  de  Gimel  vers  le  milieu  du  xiii*  siècle,  nous  a  été 
conservé  et  peut  nous  donner  une  idée  de  ce  qu*on  trouvait  dans  ces 
petits  arsenaux.  Raoul  de  Beaufort  possède  à  cette  époque,  dans  son  fort 
du  bord  de  la  Hontane  :  vingt-cinq  pourpoints;  vingt-cinq  chapeaux 
de  fer;  trente  lances;  deux  javelots;  quatre  écus  ;  dix  balistes  de  diverses 
espèces;  une  cotte  de  mailles;  neuf  haubergeons;  deux  paires  de  jam- 
bières de  fer;  vingt-cinq  gorgerins  dont  deux  en  fer;  huit  crocs  et  un  tour 
pour  tendre  les  balistes;  trois  cents  carreaux;  vingt  épées;  trois  engins 
de  guerre  d*une  valeur  de  cent  livres  clermontoises.  Ajoutons  que  le 
château  renferme  vingt  lits  complètement  garnis  et  quUl  s'y  trouve 
un  âne,  dix  porcs  et  cinquante  muids  de  farine.  —  OUm^  t.  1,  p.  320. 
Arrêt  du  Parlement  de  la  Chandeleur,  «Î69  y.  s.  (H70), 


104  90Cl6rfe  AllCHÉ0L06l>ii:B   RT  HISTORIQUB   DU   LIMOUSIR. 

lai-mème  fût  conlràint  de  prêter  ce  sormenl;  aux  magistrats  de  la 
commune.  Ou  voit  que  les  parties  ne  se  plaçaient  pas  précisément 
sur  le  terrain  de  la  conciliation  et  des  concessions  réciproques. 


IX.  ^  ENQUÊTE  DE  1280  :  TÉMOIGNAIS  CONTIUDIGTOIRES.  ÀGQDISmON 
PAR  L*ÉVÊQUE  DES  DROITS  DES  FAMILLES  FÉODALES  QUI  OCCUPENT  LE 
CHATEAU.    INTERVENTION    DES    OFFICIERS    DU    ROI    d'aNGLETERRE,    DUC 

d'aquitaine. 


Il  est  assez  difficile  de  préciser  la  date  des  événements  dont  nous 
venons  de  résumer  les  principaux.  Audier  Normand  parait  avoir  été 
investi  de  la  prévôté  en  1277  ou  1278,  peu  après  Tinjonction  signi- 
fiée à  révéque  au  nom  du  Roi  de  se  garder  de  toute  innovation  :  ce 
qui  faisait  dire  aux  bourgeois,  pour  essayer  de  justifier  leur  résis- 
tance, que  cet  officier  avait  été  établi  au  mépris  des  défenses 
formelles  du  souverain.  Il  résulte  des  témoignages  recueillis  à 
Tenquéte  de  1288  et  de  la  déposition  d*Audier  lui-même  (1),  que,  des 
scènes  de  violence  dont  le  prévOt  fut  la  victime,  les  plus  graves 
s'étaient  déjà  produites  avant  le  carême  de  1280,  époque  de  Tarri- 
vée  à  Saint-Léonard  des  premiers  commissaires  envoyés  par  le 
Parlement. 

La  cour  s*était  enfin  décidée  à  ordonner  une  enquête,  à  Teffet  de 
constater  les  droits  respectifs  des  parties,  les  coutumes  en  vigueur 
et  l'état  actuel  des  choses  relativement  aux  divers  points  en  litige. 
Ce  premier  arrêt,  dont  nous  ne  retrouvons  pas  de  trace  aux 
Registres  des  0/tm,  doit  avoir  été  rendu  dans  la  session  de  la  Pen- 
tecôte 1279,  ou  dans  celle  de  la  Toussaint  suivante. 

Cette  enquête  fut  confiée  à  deux  commissaires  :  Pierre  Lemoyne, 
archidiacre  de  Tours,  et  Guillaume  de  ChâtcUerault,  prieur  de 
Sainte-Radegonde  de  Poitiers,  qui  se  transportèrent  plusieurs  fois, 
semble-l-il,  à  Saint-Léonard  pour  entendre  les  témoins  produits 
par  les  deux  parties.  Nous  constatons  leur  présence  dans  celte 
ville  le  mercredi  après  le  dimanche  de  Laetare,  1279  (31  mars  1280) 
et  le  samedi  avant  les  Rameaux,  1281  (21  mars  1282).  Nous  pos- 
sédons le  texte  de  cinquante-cinq  des  dépositions  (2)  reçues  par 
eux.  Toutes  émanent,  comme  nous  Tavons  dit,  de  témoins  produits 

(1)  Audier  déclare  à  cette  époque  que  la  principale  de  ces    scènes 
remonte  à  onze  ans  environ. 
(3)  On  trouvera  la  liste  des  témoins  à  Tappendice,  sons  la  lettre  B. 


LA  GOmiimB  DB  8AlIfT-LtOIIAftD  DB   MOBLAT  AO  Xlll'  SlftCLR.  106 

par  réréqve 'Gilbert.  Les  tèdioignages  des  personnes  citées  à  la 
requête  des  consnls  existent  aux  archives  départementales  de 
Limoges  et  nous  avons  jadis  dépouillé  cette  partie  de  Tenquête 
en  vue  de  notre  étude;  mais,  lors  de  récentes  recherches  pour 
vérifier  nos  textes,  il  nous  a  été  impossible  de  retrouver  le  frag- 
ment de  rouleau  qui  contient  les  dépositions  (1). 

Néanmoins,  les  diverses  questions  posées  dans  lapremière  enquête 
ayant  été  comprises  au  programme  de  la  seconde  et  le  texte  à  peu 
près  complet  des  dépositions  recueillies  en  1288  nous  ayant  été 
conservé  et  se  trouvant  sous  notre  main^  nous  sommes  fixé  d'une 
façon  suffisante  sur  le  sens  et  la  physionomie  générale  des  témoi- 
gnages apportés  à  Tinformation  de  1%0  par  les  personnes  enten- 
dues à  la  requête  des  bourgeois. 

L'information  portait  sur  les  points  principaux  de  la  requête  des 
consuls  et  du  factum  qu*y  avait  opposé  Tévêque.  Nous  ne  possé- 
dons pas  le  texte  même  du  questionnaire  remis  aux  commissaires  ; 
mais,  en  dépouillant  les  témoignages,  il  est  facile  de  reconstituer 
le  canevas  de  Tenquête.  Chacune  des  parties  toutefois  avait  remis  à 
la  cour  la  série  des  questions  qai  devaient  être  posées  aux  témoins 
produits  à  sa  requête,  et,  comme  nous  ne  pouvons  consulter  que 
les  témoignages  des  témoins  appelés  sur  la  désignation  de  Gilbert 
de  Malemort,  nous  ne  pouvons  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  que 
le  relevé  des  points  sur  lesquels  cette  série  de  témoins  fut  «  exa- 
minée »,  suivant  l'expression  alors  consacrée. 

Ces  points  étaient  au  nombre  de  sept  ; 

!•  Serment  de  fidélité  :  L'évêque  est-il  en  possession  de  le  rece- 
voir des  bourgeois? 

9"  Arrestation  des  crieurs  du  Consulat  par  l'évêque; 

9"  Bans  et  criées  de  la  ville.:  Juridiction  de  laquelle  relèvent  les 
crieurs; 

4*  Allégations  relatives  à  Gérald  de  Pierrebufflère  ; 

8*  Faits  concernant  le  prévôt  Audier  Normand,  que  les  bourgeois 
disent  avoir  été  établi  au  mépris  des  injonctions  du  Roi  et  de  son 
sénéchal; 

6^  Droit  de  taxer  annuellement  deux  setiers  de  vin  sur  chaque 
taverne; 

7*  Droits  respectifs  de  Févêque  et  des  bourgeois  sur  la  forêt. 

En  regard  des  affirmations  des  témoins  de  Tévêque,  qui  décla- 
raient avoir  été  présents  lors  de  la  prestation,  aux  trois  prédéçes* 

(f }  Voir  la  notice  B  à  l'Appendice, 


100  SOr.liTR  AKCHÉOLOGIQUB   ET   HiSTOllQUB   DU  LIHOUBIK. 

seurs  de  Gilbert,  da  serment  de  fidélité  dû  par  les  eonsuls  et  la 
commune,  les  témoins  produits  par  les  bourgeois,  sans  nier  que 
ce  serment  eût  été  prêté,  attribuèrent  la  soumission  des  habitants 
de  Saint-Léonard  à  Tabus  fait  par  les  prélats  de  remploi  des  armes 
spirituelles.  A  ce  serment,  ils  opposèrent  celui  prêté  par  la  com- 
mune aux  rois  d'Angleterre,  ducs  d'Aquitaine,  et,  depuis  le  retour 
de  la  province  à  la  France,  à  quatre  souverains  successifs  : 
Philippe-Auguste,  Louis  VIII,  Louis  IX  et  Philippe  III.  Ils  rappe- 
lèrent que,  chaque  année,  tous  les  membres  de  la  commune  ayant 
atteint  Fâge  de  quinze  ans  juraient  fidélité  entre  les  mains  des  ma- 
gistrats municipaux,  librement  choisis  dans  une  assemblée  géné- 
rale des  habitants  par  les  consuls  sortant  de  charge. 

Les  témoignages  relatifs  à  la  seconde  et  à  la  troisième  questions 
furent,  dans  leur  ensemble,  beaucoup  moins  contradictoires  que 
ceux  relatifs  à  la  première.  Il  résulte  clairement  de  Tensemble  des 
dépositions  que  certains  bans,  ceux  concernant  les  affaires  de  la 
commune  exclusivement,  étaient  publiés  au  nom  des  consuls  et  de 
la  commune  seuls  ^  ceux  relatifs  à  l'ost  du  Roi  se  publiaient  au  nom 
du  Roi  et  des  consuls;  ceux,  enfin,  qui  avaient  trait  à  la  justice,  au 
nom  de  Tévéque,  de  la  seigneurie  et  des  consuls. 

Le  quatrième  point  demeure  obscur.  La  plupart  des  témoins 
déclarent  n'en  rien  savoir.  Nous  avons  vu  que  les  habitants  de 
Saint-Léonard  avaient  des  griefs  particuliers  contre  Gérald  de 
Pierrebufiière.  Mais  Gérald  n'ayant  pris  aucune  part  directe  à  la 
querelle  entre  les  consuls  et  le  siège  épiscopal,  Tévéque  ne  lui 
ayant  donné  aucun  droit  dans  la  ville  et  s'étant  borné  à  se  faire 
accompagner  de  ce  personnage  à  son  entrée  à  Saint-Léonard,  on 
ne  voit  pas  que  le  fait  ait  pu  avoir  une  très  grande  importance. 

Il  est  permis  de  se  demander  si  Gérald  de  Pierrebuffière,  cha- 
noine du  Dorât,  ne  serait  pas  le  même  que  Gaucelin  de  Pierrebuf- 
fière,  doyen  de  l'église  de  Limoges,  lequel  joua,  vers  la  même 
époque,  un  rôle  fort  actif  dans  les  négociations  depuis  longtemps 
entamées  par  l'évéque  pour  l'acquisition  des  droits  appartenant 
aux  familles  féodales  du  château  de  Noblal  et  concernant  soit  le 
fort  lui-même,  soit  la  ville?  Mais  nous  n'avons  pu  établir  ce  point 
avec  quelque  certitude. 

En  ce  qui  avait  trait  à  l'installation  d'un  prévôt  épiscopal  à 
Saipt-Iiéonard,  l'évéque  établit  aisément  que  ses  prédécesseurs  y 
avaient  eu  de  temps  immémorial  un  officier  chargé,  sous  le  nom  de 
sénéchal  ou  de  prévôt,  de  juger  les  causes  de  ceux  de  ses  vassaux 
qui  habitaient  hors  de  la  ville.  Depuis  plus  de  cinquante  ans,  le 
prévôt  forain  avait  exercé  son  office  sans  interruption,  et,  semble- 
t-il,  sans  opposition  de  la  part  des  bourgeois.  Quant  à  la  justice 


LA   COMMUNE   DE  8A1NT-LÉ0NAE0  DE   NOBLAT  AU   Xlll*  SIÈCLE.  107 

de  la  ville,  de  part  et  d'autre  des  témoignages  furent  produits 
attestant  que  chaque  partie  la  possédait  exclusivement.  Peu  de 
témoins  donnèrent  à  entendre  qu'il  y  avait  soit  un  partage  des 
droits,  soit  une  association  pour  Texercice  du  pouvoir  judiciaire. 
Aucun,  semble-t-il,  ne  fournit  à  cet  égard  de  renseignement  caté- 
gorique et  concluant. 

Les  personnes  appelées  sur  la  demande  des  consuls  essayèrent 
d'atténuer  les  scènes  de  violence  dont  nous  avons  donné  le  récit  et 
les  mauvais  traitements  dont  les  prévôts,  Audier  Normand  en 
particulier,  avaient  été  les  victimes,  sans  pouvoir  toutefois  nier 
l'exactitude  matérielle  des  faits,  sur  lesquels  des  détails  circons- 
tanciés furent  donnés  par  plusieurs  témoins. 

Le  dernier  point  sur  lequel  porta  Tenquéte  était  le  plus  simple 
et  celui  sur  lequel  il  semblait  le  plus  facile  d'obtenir  d'exactes 
informations.  Tout  donne  à  penser  que  de  temps  immémorial  les 
habitants  de  Saint-Léonard  avaient  joui  de  certains  droits  d'usage  et 
d'approvisionnement  dans  la  forêt  de  Noblat.  Toutefois,  protitant 
des  bonnes  dispositions  d'Aimeric  Brun ,  qui  témoignait  le  désir  de  les 
indemniser  de  certains  dommages  causés  à  la  ville  par  lui  ou  ses 
gens,  —  dommages  dont  nous  ne  connaissons  pas  la  nature,  —  ils 
s'étaient  fait  concéder  en  forme  par  lui  les  droits  jusqu'alors  garan- 
tis seulement  par  la  coutume;  pour  prix  de  cette  concession,  les 
rx>nsuls  avaient  versé  au  chevalier  une  grosse  somme,  cent  livres 
d'alors,  qui  peuvent  bien  représenter  40,000  francs  d'aujourd'hui. 
L'évoque  contesta  le  droit  de  son  vassal  d'avoir  stipulé  un  tel 
abandon  à  un  être  moral  qui  n'était  pas  «  vivant  et  mourant», 
comme  une  commune  :  ce  qui  faisait  tomber  sa  forêt  en  main- 
morte. Il  la  fit  saisir.  C'était  son  droit.  Toutefois,  autre  chose  était 
le  fief,  autre  chose  le  droit  d'affouage  et  d'approvisionnement 
pour  les  constructions  et  même  de  défrichement  et  de  culture 
réclamé  par  la  commune,  et  on  entrevoit  sur  ce  point,  comme  sur 
d'autres,  malheureusement  secondaires,  la  possibilité  de  concilier 
les  prétentions  de  l'une  et  de  l'autre  parties. 

Hais,  sur  les  questions  principales,  les  témoignages  étaient  abso- 
lument contradictoires,  comme  les  prétentions  des  parties,  et  la 
cause  s'obscurcissait  au  lieu  de  s'éclaircir. 

L'évoque  pressentait,  avant  môme  le  commencement  des  opéra- 
tions confiées  à  Pierre  Lemoyne  et  à  Guillaume  de  Châtellerault, 
que  le  résultat  de  l'enquête  pourrait  n'être  pas  absolument  satis- 
faisant pour  ses  prétentions.  Il  hâta  donc  la  conclusion  de  ses  pour- 
parlers avec  les  familles  nobles  du  château.  U  lui  semblait  indis- 
pensable de  faire  disparaître,  sans  plus  tarder,  la  complication  qui 


i08  SOCIÉTÉ  ARGIIÉOLOOIQDB  ET  HISTORIQUK  DU  LIMOUSIN. 

résultait  de  TexisteDce  de  leurs  fiefs  et  de  se  trouver  seul  seigneur 
et  seul  justicier  en  face  de  la  commune,  devant  le  Parlement.  Neuf 
mois  avant  Taudition  des  premiers  témoins,  le  lundi  après  le 
second  dimanche  de  la  Pentecôte  1279,  Aimeric  de  Noblat,  che- 
valier, et  Pierre  de  Noblat,  damoiseau,  frères,  transigent  avec 
révoque,  par  l'entremise  de  Gaucelin  de  Pierrebufflère,  doyen  de 
réglise  de  Limoges,  et,  moyennant  une  somme  de  3S0  livres, 
cèdent  définitivement  au  prélat  la  moitié  de  la  vigerie  engagée  et 
toQS  les  droits  et  juridiction  qu'ils  possèdent  dans  la  ville  de  Saint- 
Léonard  et  dans  ses  faubourgs  (1). 

Le  lendemain,  mardi,  Âdémar  de  La  Roche,  damoiseau  de  Saint- 
Paul,  et  Alix,  sa  femme,  transigent,  aussi  par  l'intermédiaire  du 
doyen,  avec  Gilbert  de  Malemort,  et  cèdent  à  celui-ci  tous  les  droits 
qu'ils  possèdent  sur  le  château,  la  chàtellenie  de  Noblat  et  la  vige- 
rie de  la  ville.  Le  prix  est  fixé  à  40  livres,  et  un  passage  des  regis- 
tres de  l'évêché,  postérieur  à  la  convention,  établit  que  cette 
somme  a  été  payée  peu  après,  et  que  l'acquéreur  a  donné  aux 
vendeurs  au-delà  de  ce  qui  leur  était  dû.  Il  résulte  d'une  des  men- 
tions ayant  trait  à  cette  vente  qu'Adémar  possédait  seulement  la 
seizième  partie  de  la  vigerie  et  qu'il  la  tenait  d'Audoine  deRoyère, 
sa  mère  (2). 

Le  mercredi,  un  troisième  accord,  plus  important  encore  que  les 
précédents,  est  conclu,  toujours  sous  les  auspices  de  Gaucelin  de 
PierrebufiSère.  Les  trois  fils  d'Aymeric  Brun  :  Aymeric,  Elie  et 
Gaucelin,  damoiseaux,  cèdent  à  leur  tour  à  l'évoque,  au  prix  de 
cent  trente-cinq  livres,  tous  leurs  droits  :  vigerie,  juridiction  quel- 
<;onque,  rentes,  etc.,  dans  la  ville  et  les  faubourgs (3). 

Le  samedi  suivant,  c'est  la  fille  d'Aimeric  Brun,  Aiceline,  qui 
se  dépouille,  au  profit  du  prélat,  de  tout  ce  qu'elle  possède  de  la 

(1)  Voir  Registres  d'hommages  de  l'évêché  :  I,  Nohlac,  et  Registre  Ac 
singularem,  fol.  265  :  Quomodo  Aymericus,  miles,  et  Petrus  de  Nobiliaco, 
fratres,  remiserunt  episcopo  medielalem  vigerie  et  quicqaid  juris,  domi- 
nli,  jusiicie,  census  et  reddilus  et  cujuscumque  deverii  que  ad  se  jure 
hereditario  pertinere  dicebant  in  villa  seo  burgo  de  Nobiliaco. 

(2)  Littera  sigillata  sigilli  abbatis  Sancti  Martini  Lemovicensls,  quod 
P.  Ademari  et  Haelis  ejus  uxor  confessi  fuerunl  habuisse  a  domino  epis- 
copo, pro  vendicione  juris  quod  habebant  in  castro  et  castellaniaet  vigeria 
burgi  Sancti  Leonardi,  ultra  summam  debitam,  quamdam  aliam  pecunie 
summam  (0  Domina^  fol.  88  v*.  —  Reg.  Tuœ  hodie,  fol.  4). 

Le  registre  d'hommages  de  l'évêché  nous  fournil  des  détails  plus  précis 
et  donne  la  date  exacte  de  l'acte,  qu'une  annotation  du  registre  O  Domina 
fait  remonter  à  ion  à  4i78. 

(3)  Reg.  Ac  singulareniy  fol.  365. 


XA  GomUire  1»  SAlWT-LifcoilAlll»  1>K   IfOBLAY  AU  Xltl*  SIÈCLE.  ^(f^ 

<K  seigneuriet  justice*  vigerie,  juridiction  »  de  Saint-Léonard.  Ëile 
abandonne  en  même  temps  tous  les  cens,  rentes  et  devoirs  qu'elle 
peut  être  fondée  à  y  réclamer.  L'acte  est  passé  dans  le  cioitre  du 
monastère  (1). 

Les  chevaliers  de  Noblat  ne  se  lassent  pas  de  vendre  ;  Tévéque 
est  toujours  prêt  à  acheter.  En  1285,  Gaucelin  de  Châleauneuf 
condrme  la  cession  faite  en  1259  par  son  père  à  Almeric  de  Serre. 
Le  mémOv  à  peu  près  à  cette  époque,  met  Gn  à  un  différend  déjà 
ancien  en  cédant  à  titre  définitif  à  Févéque  et  à  ses  successeurs 
tous  ses  droits  sur  la  maison  et  la  tour  situées  dans  la  partie  infé- 
rieure de  la  forteresse  de  Noblat  (2).  Cest  encore  en  128S  qu'est 
conclu  un  accord  entre  le  prélat  et  Gaucelin,  au  sujet  de  «  la 
maison  et  tour  assis  devers  la  aulte  partie  du  chasleau  de  NoDlac, 
devers  le  cousté  de  Lymoges,  auprès  des  maisons  d'Oudoy  et  Cons- 
tantin Marcheys,  chevaliers  '>.  Il  s  agit  probablement  ici  des  bâti- 
ments qui  ont  fait  Tobjet  de  la  cession  de  1275  (3j. 

11  ne  restait  plus  à  Févéque,  pour  réunir  entre  ses  mains  tous 
les  droits  et  revenus  inféodés  à  diverses  personnes  par  ses  pré- 
décesseurs, qu'à  racheter  la  portion  de  la  vigerie  et  des  produits 
accessoires  dont  se  trouvait  depuis  longtemps  investie  une  famille 
bourgeoise  de  Saint-Léonard,  celle  des  Faute,  dont  il  a  été  plusieurs 
fois  question.  En  1293,  Jean  Faute,  représentant  de  cette  famille, 
agissant  tant  en  son  propre  nom  que  pour  le  compte  de  son  fils  et 
de  son  gendre,  consentit  à  abandonner  à  Gilbert  de  Malemort 
tous  les  «  droits  et  devoirs  »  qu'il  possédait  en  la  vigerie  ou  bailie 
«  de  Noblac  aux  bancz  de  ladicte  ville,  en  les  emendes,  en  les 
»  adjoumements,  pressés,  et  dation  des  testes  de  beufz»  et  les 
•>  solaiges  des  foyres  »  (4). 

(1)  Litterasea  instrumentum  quod  Aycelina,  filia  quondam  Aymerici 
Broni,  militis,  quictavit  domino  episcopo  quidquid  juris  habebat  dominii, 
juslicie,  vigerie,  juridicionis,  census,  reddilus  et  cujuscumque  devcrii 
qaod  habebat  in  villa  seu  burgo  de  Nobiliaco  et  ejus  bonis  et  pcrlinen- 
ciis  universis  (O  Domina,  fol.  90,  ro). —  Voir  aussi  Registre  d'hommages, 
1. 1,  Noblac. 

(9)  Littere  magne  cum  duobussigillis,  conlinentes  et  mencionem  facien- 
tes  de  cont.**oversia  mola  inter  dominum  episcopum  Lemovicenscm  et 
dominum  Gaucelinum  militem,  dominum  de  Castro  Novo,  de  et  super 
domo  et  turre  sitis  in  inferiori  parte  Caslri  de  Nobiliaco.  Demum  dictus 
miles  remisit  eidem  Domino  Lemovicensi  et  suis  auccessoribus  quidquid 
jaris  in  premissis  domo,  turri,  ortis,  appendiciis  habebat,  etc.  (Tuœ 
hodie,  fol.  3,  v®). 

(3)  Il  se  pourrait  même  qu'il  nV  ait  en  qn'un  seul  acte,  celui  de  f  285. 

(4)  Liltera  alia  quod  dictus  Johannes  Pau  ta  vendidit  domino  Episcopo 


ÂjoatODs,  pour  n'avoir  pas  à  revenir  sur  les  acquisitons  de 
révéque,  qu'en  1316  le  successeur  de  Gilbert  de  Malemort  acheta 
d'un  autre  bourgeois,  Nicolas  Desmoulins,  la  leide  du  vin  dont  lui 
et  ses  frères  étaient  en  possession  de  lever  le  produit.  Ce  droit 
avait  été  vendu  à  Jean,  leur  père,  par  Pierre  Adémar,  aussi  habi- 
tant de  Saint-Léonard  et  qui  en  jouissait  antérieurement. 

Si  révoque  n'épargnait  rien  pour  assurer  le  succès  de  ses  préten- 
tions, la  commune,  de  son  côté,  ne  restait  pas  inactive;  c'est  sur- 
tout auprès  du  sénéchal  du  Roi  que  nous  constatons  ses  démarches 
et  ses  instances  répétées;  mais  peut-être  ces  démarches  n'ayant 
pas  abouti  et  le  délégué  de  Philippe  III  ne  se  décidant  pas  à  inter- 
venir et  à  prendre  fait  et  cause  pour  les  bourgeois,  crut-elle  devoir 
frapper  à  une  autre  porte. 

En  4273  et  1274,  la  commune  du  Château  de  Limoges  avait  fait 
de  grands  efforts  pour  décider  le  roi  d'Angleterre  à  intervenir  dans 
la  lutte  engagée  entre  elle  et  ses  vicomtes,  et  à  prendre  sa  cause  en 
mains.  Elle  faillit  réussir.  Edouard,  on  Ta  vu  plus  haut  (2),  envoya 
des  troupes  pour  secourir  les  bourgeois,  et  il  ne  fallut  rien  moins 
qu'une  défense  expresse  de  Philippe  lil  pour  arrêter  cette  inter- 
vention. Les  consuls  de  Saint-Léonard  tentèrent-ils  une  pareille 
démarche  sinon  auprès  du  roi  d'Angleterre  lui-môme,  du  moins 
auprès  de  ses  officiers?  Il  est  permis  de  le  croire.  L'année  même, 
en  effet,  où  l'évéque  de  Limoges  a  acquis  la  plupart  des  droits 
possédés  sur  la  ville  par  les  chevaliers  de  Noblat,  un  ajournement 
devant  la  cour  du  Roi  est  donné  aux  bourgeois  —  peut-être  sur 
leur  propre  requête  —  par  les  gens  d'Edouard  I,  pour  s'entendre 
proclamer  les  sujets  du  duc  d'Aquitaine;  mais  le  Parlement  statue 

jus  quod  habcbat  in  baylia  scu  vigeria  de  Nobiliaco  in  taxacione  vini, 
in  emolumento  taxacionis  vini,  in  banno  seu  bannis  ville,  in  emendis,  in 
percepcione  deu  Frati  et  de  la  Gâcha,  in  adjornamenlis,  judiciis  et 
processibusjudlciorum,  et  levacione  capitum  bovum,et  soleariorum  suto- 
rum  vendeneium  in  nundinis  Sancli  Leonardi.  [Hcg.  0  Domina,  fol.  88). 

Johannes  Pauta,  burgensis  Nobiliaccnsis,  dédit  Episcopo  jus  quod  habe- 
bat  in  vigeria  Nobiliacensi  ;  et  P.  Pauta,  filius  suus,  et  P.  Danielis,  gêner 
suus,  hoc  laudaverunt  ;  et  est  sigillala  sigillé  régie.  El  hoc  tenebat  in 
feodum  a  domino  Episcopo  (ibid.). 

(I)  Inter  dominum  cpiscopum  et  Nicholaum  de  Nolendinis  de  Nobiliaco, 
fuit  fada  permutacio  de  leuda  vini  quam  idem  Nicholaus  levabat  apud 
Nobiliacum,  cum  IX  sextariis  avene  et  uno  sexiario  sillginis  quos  diclus 
episcopus  habebat  in  quodam  manso  dicti  Nicholai.  (0  Domina^  fol. 
89  verso,  et  aussi  fol.  85,  —  et  Reg.  d'Hommages,  t.  Noblac.) 

(î)  V.  ci-dessus,  p.  87. 


IX  COmitiMB  t>t  SàlNT-lÉOKARt)    DE  )(OfttAt   At  Xlll*  SIECLE.  \)\ 

sur  cet  ajournement  dans  le  môme  sens  qu'en  1260,  et  déclare  de 
nouveau,  au  mois  de  janvier  1280,  que  la  ville  de  Saint-Léonard 
est  exclue  des  restitutions  faites  par  le  traité  d'Amiens,'  et  doit 
rester  en  la  main  du  Roi  (i). 


X.  —  ARRÊTS  DU  PARLEMENT  DE  1288  ET 


Le  Parlement  rendit  un  premier  arrêt,  dans  l'affaire  de  Saint- 
Léonard,  à  la  session  de  la  Pentecôte  1285  (2).  La  teneur  de  ce 
jugement  ne  nous  a  pas  été  conservée  dans  les  registres  de  la 
cour;  mais  les  archives  de  la  Haute-Vienne  en  possèdent  une 
copie  du  temps  (3).  Il  peut  se  résumer  en  quatre  points  princi- 
paux : 

!•  L'évêque  de  Limoges  est  en  droit  et  en  possession  de  recevoir 
le  serment  de  fidélité  des  habitants  de  Saint-Léonard.  Ceux  d'entre 
eux  qui  le  lui  ont  prêté  l'ont  fait  de  leur  plein  gré,  et  si  les  officiers 
du  prélat  ont  arrêté  les  crieurs  du  Consulat,  c'est  que  ceux-ci 
s'étaient  refusés  à  donner  caution  conformément  à  l'usage  du 
pays. 

2»  Les  consuls  sont  en  possession  de  faire  publier  les  bans  dans 
la  ville,  mais  au  nom  de  l'évêque,  de  la  seigneurie  et  de  la 
commune. 

3"*  L'évêque  n'a  en  rien  désobéi  aux  ordres  du  Roi  ou  de  son 
sénéchal,  et  n'a  pas  innové  en  établissant  à  Saint-Léonard  un  pré- 
vôt des  causes  foraines  chargé  de  remplir  ses  fonctions  dans  la 
dite  ville  et  d'y  faire  résidence  pour  le  prélat. 

4"*  Les  consuls  sont  reconnus  en  possession  de  percevoir  tous 
les  ans  au  mois  d'août,  sur  chaque  taverne  de  2a  ville,  avec  le  pré- 
vôt de  l'évêque  et  le  bailli  (il  s'agit  probablement  du  vigier),  la 
valeur  de  deux  setiers  de  vin. 

S""  Les  consuls  et  la  commune  possèdent  des  droits  d'usage  dans 
la  forêt;  toutefois  l'évêque,  comme  seigneur,  a  pu  saisir  la  dite  forêt 
et  s'opposer  à  ce  que  ce  fief  passât  d'une  main  noble  à  une  main 

(1)  Appendice,  A,  n*"  8, 

(S)  11  n*en  est  pas  question  aux  OUm^  à  la  session  dont  il  s'agit; 
mais  on  trouve  à  la  session  suivante  (Toussaint  1885),  un  passage  qui  fait 
mention  expresse  de  cet  arrêt  :  «  Visis  litteris  super  judicio  in  ultimo  pal- 
lamento  facto,  inter  episcopum  Lemovicensem  et  consules  ville  de  Nobi- 
liaco  p.  {OUm,  t.  H,  p.  252.) 

(3)  D'août  1285.  Voir  l'App.,  lettre  D,  n«  I. 


^^^  société  AECRÉOLOGIOCE  rr  fllStMllOlIB  du  LIIIOUfllN. 

non  noble,  soos  réserve  toutefois  du  droit  d'usage  reconnu  aux 
bourgeois. 

6<>  Les  consuls  arrêtent,  jugent  et  emprisonnent  les  malfaiteurs 
de  concert  avec  le  prévôt  de  révoque  et  les  vigiers  des  seigneurs. 

Il  faut  noter  les  termes  de  cet  arrêt  et  les  prendre  dans  leur 
sens  le  plus  précis  et  le  plus  étroit.  S11  reconnaît  à  Tévêque  de 
Limoges  le  droit  de  recevoir  le  serment  des  bourgeois,  il  ne  déclare 
pas  que  ce  droit  soit  exclusif  de  la  prérogative  du  Roi  de  le  récla- 
mer aussi,  à  titre  de  seigneur  supérieur,  dans  certaines  occasions. 
On  doit  ne  pas  perdre  de  vue  que  les  souverains  français  eurent 
toujours  une  tendance  à  considérer  comme  relevant  directement  de 
leur  autorité  toute  ville  en  possession  d  une  charte  de  commune. 
C*est  ainsi  que  Louis  VIII  avait  réclamé  le  serment  et  le  service 
militaire  de  nombre  de  bourgeoisies;  Louis  IX  et  Philippe  IIÏ 
s'étaient  fait,  à  Texemple  du  précédent,  jurer  fidélité  par  les  com- 
munes limousines  et  envoyer  par  elles  des  contingents  de  milice 
pour  toutes  leurs  expéditions.  Il  est  fort  possible,  au  surplus,  que  le 
Conseil  du  Roi  eût  déjà  une  arrière-pensée  en  formulant  Tarrêt 
dont  nous  résumons  à  dessein  tout  le  dispositif. 

Dix-huit  ans  plus  tôt,  une  autre  commune  limousine,  vassale  elle 
aussi  de  l'évêque,  avait  obtenu  un  arrêt  en  apparence  tout  contraire 
à  celui  rendu  dans  l'affaire  de  Saint-Léonard,  mais  qui,  au  fond, 
n'excluait  nullement  la  reconnaissance,  dans  une  certaine  mesure, 
du  droit  du  prélat  auprès  ou  plutôt  au-dessous  de  celui  du  souverain. 
Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  les  règles  ordinaires  des  rapports 
féodaux  ne  pouvaient  toujours  être  appliquées  aux  communes  et 
que  les  rois,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  y  dérogeaient 
volontiers  à  l'occasion. 

Brive  relevait  aussi  de  l'évoque;  mais  elle  avait  les  Turenne  et  les 
Malemort  pour  seigneurs  intermédiaires  et  peu  à  peu  ces  puissants 
voisins  s'approprièrent,  au  détriment  du  prélat,  la  totahté  des  droits 
féodaux  sur  cette  ville.  Ainsi,  dans  le  Château  de  Limoges,  les  vicom- 
tes éliminèrent  peu  à  peu  la  seigneurie  des  abbés  de  Saint-Martîal. 
Lepremier  dignitaire  ecclésiastique  du  diocèse  était  encore,  au  temps 
de  Saint  Louis,  en  possession  au  moins  de  droits  honorifiques  dans  la 
capitale  du  Bas-Limousin,  où.  vers  le  milieu  du  siècle,  les  chefs  des 
corporations  de  métiers  avaient  pris  une  influence  prépondérante  et 
modifié  les  vieilles  coutumes  municipales  (1).  La  commune  entreprit 
de  s'affranchir  de  l'hommage  et  du  serment  de  fidélité  dû  à  l'évêque 
et  prêta  ce  seiment  auRoi,  entre  les  mains  du  sénéchal  de  Louis  IX; 

(«}  Parlement  de  la  Pentecôte,  1S57  (OUiriy  t.  l,  p.  43). 


LA  COMMUNE  DB  SAlMT-LÉONARD  DE  N0BL4T  AC   XllI*'  SIÈCLE.  143 

Âimeric  de  La  Serre  avait  revendiqué  sa  prérogative  et  obtenu  gain 
de  cause  devant  le  Parlement  en  126S  (1).  —  Les  bourgeois,  vrai- 
semblablement soutenus  par  le  sénéchal,  reprirent  l'affaire  et  réus- 
sirent à  prouver  par  une  enquête  que  le  Roi  avait  toujours  reçu  le 
serment  des  consuls  et  de  soixante  habitants  :  le  Parlement  main- 
tint le  souverain  dans  la  possession  de  ce  droit,  à  la  session  de 
l'octave  de  la  Toussaint  1267  (2).  Mais,  de  même  que,  dansTarrôt 
relatif  à  la  commune  dé  Saint-Léonard,  la  Cour  se  tait  complète- 
ment sur  ce  qui  a  trait  à  la  prérogative  du  roi  de  France,  alléguée 
seulement  jusqu'ici  par  les  bourgeois,  —  de  môme,  dans  Tarrêt 
rendu  à  la  requête  des  habitants  de  Brive,  elle  garde  le  silence  sur 
le  droit  de  l'évoque,  qu'il  ne  lui  paraît  pas  utile  de  mettre  en  ques- 
tion et  auquel  elle  n'entend  point,  pour  l'instant,  porter  atteinte. 

L'arrêt  du  Parlement  de  la  Pentecôte  1288,  s'il  décidait  une 
partie  des  questions  controversées,  laissait  bien  des  points  dans 
Tobscurité.  D'autre  part,  son  exécution  pouvait  donner  lieu  à  des 
malentendus  et  à  des  difiScultés  de  diverse  nature.  Ainsi  le  droit 
de  Tévêque  à  recevoir  le  serment  des  bourgeois  était  constaté; 
mais  il  n'était  pas  expressément  stipulé  que  les  bourgeois,  qui 
avaient  jusqu'ici  refusé  au  prélat  de  le  prêter,  seraient  contraints 
de  s'exécuter.  Le  Parlement  avait  omis  de  statuer  sur  la  prétention 
des  consuls  à  recevoir  le  serment  de  fidélité  du  prévôt  épiscopal. 
Enfin,  l'arrêt  gardait  le  silence  sur  le  droit  de  mise  en  culture  des 
clairières  et  terrains  défrichés  réclamé  par  les  bourgeois. 

Sur  la  demande  des  parties,  ou  peut-être  du  sénéchal  chargé 
d'assurer  l'exécution  de  l'arrêt  du  Parlement  de  la  Pentecôte,  l'in- 
terprétation de  ces  points  fut  demandée  à  la  cour  du  Roi  à  la  session 
de  la  Toussaint.  Elle  décida  que  ceux  des  bourgeois  qui  n'avaient 
pas  juré  fidélité  à  l'évêque  lors  de  son  avènement  seraient  tenus 
de  s'acquitter  de  ce  devoir.  Injonction  fut  faite  aux  consuls  et  à  la 
commune  d'obéir  au  prévôt  épiscopal,  le  Parlement  ne  s'arrôtant 
pas  à  l'allégation  des  magistrats  municipaux  relative  au  serment 
à  eux  dû  par  cet  officier,  et  le  Roi  se  réservant  de  s'enquérir  des 
usages  et  de  les  faire  observer.  Quant  au  droit  de  cultiver  les  par- 
lies  défrichées  de  la  forêt,  il  fut  reconnu  que  l'arrêt  n'avait  pas 
statué  sur  ce  point.  Les  habitants  de  Saint-Léonard  furent  donc 
invités  à  introduire,  si  bon  leur  semblait,  une  action  spéciale  pour 
cet  objet  (3). 

(I)  Olim,i.  II,  p.  617,618. 
•     (3)  OWm,  1.1,  p.  260,  861. 

(3)  Declaratum  fuit  quod  burgenses  de  Nobiliaco,  qui  dicte  episcûpo, 
in  prima   creacione   sua,   non  fecerunt   ûdelitatis  juramentum,   eidem 
T.  xxxvu.  8 


114  '      OOGIRTÉ   ARCBÉOLOOIQUS  CT  HI8TOftl<|l3l   W  UMOOSIIf. 

L'arrêt  fut  signifié  pAr  les  officiers  royaux  &  Tévèque  et  à  la  eom- 
ikiune.  Devant  les  termes  précis  de  la  dëcisioD  explicative  de  la 
Toussaint,  les  bourgeois  qui  avaient  suivi  le  parti  des  consuls  et 
refusé  jusqu'alors  de  jurer  fidélité  à  Gilbert  de  Malemort»  se  déci- 
dèrent à  se  soumettre.  Au  nombre  d'environ  sept  cents,  ils  prêté* 
rent  serment,  en  audience  soIeo&eUe,  dans  la  salle  épiscopale  (1). 

Les  bourgeois  de  Saint^Lëonard  semblaient  avoir  perdu  la  partie 
et  TéTéque  Gilbert  triomphait.  Toutefois,  divers  articles  de  Tarrét 
que  le  Parlement  venait  de  rendre  à  son  profit  ne  pouvaient  entiè- 
rement le  satisfaire.  La  situation  définie  par  cet  arrêt  ne  ressem- 
blait guère  à  celle  indiquée  dans  les  mtendit  du  prélat,  où  toute 
existence  de  droit  et  même  de  fait  était  déniée  à  la  commune*  I>es 
droits,  et  des  droits  de  justice,  c'est-à-dire  des  droits  seigneuriaux, 
des  droits  esseniiellement  réservés  aux  nobles  el  aux  corps  privi- 
légiés, avaient  été  reconnus  à  la  commune  et  à  ses  chefs  par  une 
solennelle  déclaration  du  Parlement.  La  cour  ne  décidait  rien,  du 
reste,  en  ce  qui  avait  trait  à  la  connaissance  des  causes  civiles,  et 
les  prétentions  des  consuls  demeuraient  entières.  C'était  beaucoup 
pour  les  bourgeois,  et  ils  estimaient  peut-être  qu'ils  avaient  au 
fond  gain  de  cause  dans  un  arrêt  en  apparence  favorable  aux  pré- 
tentions du  prélat. 

La  commune  puisa  dans  cette  confirmation  de  ses  coutumes  et 
de  ses  privilèges  de  nouvelles  forces  pour  continuer  la  résistance. 
Il  fut  impossible  de  s'entendre  sur  l'exécution  des  articles  de  Tarrêt 
relatifs  à  la  justice.  Quels  étaient  les  droits  réciproques  du  prévôt 
épiscopal  et  des  consuls?  Ceux-ci  soutenaient  que  l'évèque  n'avait 
pas  la  justice  de  Saint-Léonard,  el  que,  s'il  avait  un  auditoire  et  un 
prévôt  dans  la  ville,  c'était  pour  le  jugement  des  procès  de  l'exté- 

episcopo  tenenlur  facerc  juramenlum.  Item,  determinatam  hiit  quod, 
non  obstante  jûrameûto  quod  consulôs  et  communltas  de  NobHiaco 
dicebant  sibi  debere  Heti  a  preposîto  fôraneo  epi^opi,  obedient 
el  obedfre  tenenlur  diclo  preposîlo;  et  dominas  ftex,  «k  oMcio  soo, 
de  piano  sciri  faciet  si  prepositi  epîBcopi  qui  pro  tempore  fuemnt  apud 
NobiHacum,  dictis  eonsulibus  et  communitatt  consueverant  facere  jura^ 
mentum;  quod  si  inventum  faerit,  ad  faciendum  dictum  juramentum  dic- 
ius  prepositus  compellctur.  item,  cum  dicti  burgenses  Nobiliaceascs, 
racione  usagii  quod  habent  in  foresta  dicti  episcopi,  vellent  excolere  pla- 
teas  vacuas  dicte  foreste^episcopo  per  plures  raciones  contradicente,  vise 
judicato,  dictum  fuit  quod  super  dictis  plateis  excolendis  oichil  fuerat  pro 
eis  judicatum;  set  si  super  hoc  voluerint  contra  dictum  episcopumexpefiri, 
fiel  Gis  jus  {Olim,  t.  11,  p.  25i). 
(1)  Appendice,  G.  VII,  ^3I,  132,  133. 


LA  COmniNB   DB  SAINT-LÉONARD  DE   NOBLAT   AU  XIII'   SIÈCLB.  115 

rieur.  Civiles  ou  criminelles,  les  causes  des  bourgeois  relevaient 
des  consuls  seuls.  Ces  magistrats  refusaient  donc  d*ad mettre  Tin- 
gérence  d'un  officier  épiscopal  dans  le  jugement  de  ces  procès. 

Il  fallut  revenir  devant  le  Pariement.  Celui-ci,  saisi  de  ces  diffi- 
cultés dans  sa  session  de  la  Toussaint  1286,  ordonna  que  le  prévôt 
épiscopal  pour  les  causes  foraines,  agirait  et  jugerait  comme  agis- 
saient et  jugeaient  les  prévôts  qui  n*ëtaient  point  spécialement 
chargés  de  prononcer  sur  les  différends  ou  les  délits  des  justicia- 
bles du  dehors  (1)  et  comme  jugeaient  les  consuls  eux-mêmes;  qu'il 
pourrait  ajourner,  arrêter,  emprisonner  seul  les  délinquants,  mais 
qu'il  les  jugerait  avec  les  magistrats  municipaux.  Que  ceux-ci,  de 
leur  tbié,  auraient  le  droit  de  poursuivre,  d'arrêter  et  d'incarcérer 
les  malfaiteurs;  mais  qu'ils  ne  devraient  prononcer  qu'avec  le  con- 
cours du  prévôt  épiscopal  et  des  vigiers  des  seigneurs  (2).  L'arrêt, 
à  le  considérer  en  soi,  semble  être  la  confirmation  pure  et  simple 
d'une  ancienne  coutume  ou  d'un  modus  vivendi  consacré  par  quel- 
que transaction.  Néanmoins,  nous  l'avons  dit  plus  haut,  il  ne  sem- 
ble pas  résulter  de  l'ensemble  des  témoignages  de  l'enquête  que 
cette  association  de  justice  ait  jamais  existé  à  Saint-Léonard.  La 
plupart  des  témoins,  comme  les  parties,  le  nient  de  part  et  d'autre 
avec  une  égale  énergie,  et  les  deux  ou  trois  témoignages  moins 
absolus  signalés  plus  haut  par  nous  ne  confirment  que  dans  une 
certaine  mesure  l'existence  antérieure  d'un  pareil  état  de  choses. 

(A  mivre).  Louis  Gdibbrt. 

(1)  Le  sens  ici  n'est  pas  très  clair.  Voir  ce  qui  est  dit  plug  haut,  note 
de  la  page  88,  de  la  signification  du  mot  foraneus. 

{%)  Declaratum  fuitqood  eptscopus  Lemovicensis  uteretur  jodicato,  prout 
ibi  eonliDetar,et  habebit  prepositum  foraneum  apud  Nobiliacum^qui  expiée- 
labit  et  justiciabit  quemadmodum  prepositi  episcoporum  qui  non  erant 
foranei  explectarè  et  justielare  coasaeverunty  et  consules  prout  contioetur 
in  judieato.  Nec  irapedleot  predicti  consules  quin  prepositus  episcopi  fora- 
nens  capiat  malefactores  ei  adjornet  coram  se  et  justiciet  cum  ipsîi;  nec 
prepositus  similiter  impediet  dictos  consules  quin  capiant  per  se  et  jttsti- 
cient  malefactores  corn  preposito  episcopi  et  vigeriis  dominorum.  Et  fiet 
incarceraeio  de  capXis  ab  lUraque  parte,  ubi  ab  antiqno  extitit  eonsuetum. 
—  Nec  fieot  super  hoc  allque  novitates  [Oîlm,  t.  If,  p.  358). 


NOTES 


POUR    SERVIR    A    LA 


SIGILLOGRAPHIE  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  HAUTE-VIENNE 


La  Société  archéologique  de  Limoges  veut  bien  ouvrir  les  colon- 
nes de  son  Bulletin  à  quelques  notes  sigillographiques  qui  se  rap- 
portent au  département  de  la  Haute-Vienne  et  dont  nous  avons 
pris  la  liberté  de  lui  donner  communication.  Cette  décision  nous 
impose  un  double  devoir  :  le  premier,  celui  de  remercier  la  Société 
de  l'honneur  qu'elle  fait  à  notre  modeste  travail;  le  second,  celui 
de  donner  quelques  explications  sur  l'origine  et  l'objet  des  notes 
dont  il  s'agit. 

Dans  le  cours  des  recherches  que  nous  avions  entreprises,  de 
concert  av4îc  M.  Ernest  Rupin,  président  de  la  Société  archéologi- 
que de  Brive,  pour  préparer  la  Sigillographie  du  Bas-Limousin, 
nous  nous  étions  attaché  à  recueillir  les  sceaux  qui  concernaient 
le  Haut-Limousin.  Nous  avions  eu  tout  d'abord,  en  effet,  la  pensée 
de  réunir  dans  un  même  corps  d'ouvrage  les  sceaux  du  Limousin 
tout  entier.  Deux  considérations  nous  ont  arrêté. 

D'une  part,  M.  Louis  Guibert  avait  déjà  publié  deux  mémoires  (1) 


(/)  Louis  Guibert,  Sceaux  et  armes  de  l'hôtel-de-oille  de  Limoges; 
sceaux  et  armes  des  olllea^.  églises^  chancelleries^  cours  de  justice,  com- 
munautés, confréries  et  corporations  des  trois  départements  limousins» 
Limoges,  4878. 

Louis  Guibert,  Sceaux  et  armes  des  deux  cilles  de  Limoges  et  des 
oilles,  églises,  cours  de  justice,  chancelleries,  corporations  des  trois  dé- 
partements limousins;  supplément.  Limoges,  1885. 


SIGILLOGRAPHIE   DU    DÉPARTEMENT  DE   LA   HAUTE-VIENNE.  t17 

dans  lesquels  il  a  décrit  les  sceaux  les  plus  intéressants  des  trois 
déparlements  limousins,  à  savoir  :  les  sceaux  des  villes,  des  corpo- 
rations, des  cours  et  juridictions,  des  abbayes,  etc.  Ce  n'est  pas 
aux  lecteurs  du  Bulletin  d^  la  Société  de  Limoges  que  nous  avons 
à  faire  l'éloge  de  ces  mémoires.  Il  nous  suffira  de  dire  que  les 
notices  de  M.  Guibert  sont  rédigées  avec  un  savoir,  un  soin,  une 
sagacité,  qui  ne  laissent  rien  à  ajouter  (1), 

D'autre  part,  le  défaut  de  concordance  qui  existe  entre  les  limi- 
tes de  l'ancien  Haut-Limousin  et  celles  du  département  actuel  de  la 
Haute-Vienne  nous  mettaient  dans  un  certain  embarras..  Il  nous 
semblait  assez  difficile  d'exclure  les  sceaux  relatifs  à  des  seigneu- 
ries, à  des  établissements,  à  des  localités,  qui  ont  aujourd'hui  pour 
chef-lieu  la  ville  de  Limoges;  et,  cependant,  nous  nous  serions  évi- 
demment écarté  d'un  plan  rationnel  si  nous  avions  compris,  sous 
la  dénomination  générale  de  Haut-Limousin,  des  territoires  qui, 
antérieurement  à  la  Révolution,  faisaient  partie  du  Poitou,  de  la 
Marche  ou  de  l'Angoumois. 

Ces  difficultés,  sur  lesquelles  il  serait  oiseux  de  s'étendre,  nous 
ont  déterminé  à  offrir  purement  et  simplement  à  la  Société  les 
notes  que  nous  avions  recueilHes  et  qui  se  rapportent  exclusivement 
au  département  de  la  Haute- Vienne,  tel  qu'il  est  aujourd'hui  cons- 
titué, et  sans  tenir  compte  des  anciennes  délimitations  administra- 
tives, ecclésiastiques  ou  géographiques. 

Nous  avons  pensé,  en  outre,  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de 
compléter  le  travail  de  M.  Guibert  par  la  description  des  sceaux 
personnels,  qui  ne  rentraient  pas  dans  son  cadre. 

Nous  ne  croyons  pas  d'ailleurs  avoir  à  démontrer  l'intérêt  qui 
s'attache  aux  études  sigillographiques.  Depuis  la  grande  publication 
de  M.  Douet  d'Arcq  sur  les  sceaux  des  Archives  nationales  (2),  de- 
puis celles  de  notre  savant  et  très  regretté  ami  M.  Demay,  sur  les 
sceaux  de  la  Flandre,  de  l'Artois,  de  la  Picardie,  de  la  Normandie, 
sur  ceux  de  la  collection  Clairambault,  personne  n'ignore  que  les 
documents  sigillographiques,  s'ils  n'ont  pas  l'importance  des  docu- 


(1)  Précédemmenl,  M.  Maurice  Ardant  avait  publié,  dans  \e  Recueil  des 
traoauçp  de  la  Société  de  sphraglstlque  de  Parla,  la  description  de  quel- 
ques sceaux  limousins.  —  Nous  avons  aussi  consulté  avec  fruit  l'ouvrage 
de  M.  Paul  Raymond  intitulé  :  Sceaux  des  Archives  du  département  des 
Basses^Py rénées,  Pau,  1874. 

(2)  Cet  inventaire  est  intitulé  :  Ministère  d'Etat.  Archioes  de  l'Empire. 
Inventaires  et  documents  publiés  sous  la  direction  de  M.  le  tomte  de 
Laborde,  Collection  des  sceaux,  par  M.  Dookt  d'Arcq.  Paris,  1863-J868, 
3  vol.  gr.  in-4». 


148  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  tT  RI8T0RIQ0E  DD  LIMOUSIN» 

men(s  écrits,  sont  cependant  le  complément  nécessaire  de  ces  der- 
niers, et  qu'ils  fournissent  des  renseignements  précieux  sur  l'his- 
toire des  grands  fiefs,  des  villes,  des  seigneuries,  des  diocèseSt 
des  établissements  civils  ou  religieux.  En  ce  qui  concerne  le 
Limousin  spécialement,  la  preuve  est  faite  :  personne^  à  coup  &ûr^ 
ne  contestera  que  la  dissertation  de  M.  Guibert  sur  les  Sceaux  et 
armes  de  l'hôtel-de-ville  de  lAmoge»  n*ait  jeté  un  grand  jour  sur 
l'antique  organisation  municipale  de  cette  ville. 

A  la  vérité,  nos  notices  ne  sauraient  être  comparées  à  une  dis- 
sertation. Elles  se  bornent  à  la  description  de  la  légende  et  du 
dessin  de  chaque  sceau,  avec  l'indication  sommaire  et  la  date  de 
l'acte  auquel  il  est  appendu.  Nous  avons  pris  à  cet  égard  pour 
modèles  les  grands  ouvrages  cités  plus  haut.  Nos  recherches,  quoi- 
que nous  les  ayons  poursuivies  avec  persévérance,  notamment 
dans  les  vastes  collections  de  Paris,  ne  peuvent  être  considérées 
que  comme  un  essai.  On  ne  saurait  d'ailleurs  se  flatter  d'être  com- 
plet en  pareille  matière.  Nous  nous  sommes  surtout  proposé  d'ap- 
peler l'attention  sur  ce  genre  d'études  archéologiques,  qui  a  été 
pendant  bien  longtemps  négligé.  Quand  on  consulte  les  immenses 
recueils  formés  sur  diverses  provinces,  celui  de  Baluze,  par  exem- 
ple, pour  le  Limousin,  celui  de  l'abbé  Lespine  pour  le  Périgord, 
on  est  frappé  du  peu  d'importance  qu'on  attachait  à  la  description 
des  sceaux;  quelquefois  il  est  fait  mention,  au  bas  de  la  copie 
d'un  acte,  que  tel  sceau  a  disparu  et  que  tel  autre  subsiste  encore, 
mais  sans  qu'aucun  détail  soit  donné  sur  ce  dernier.  Si  Ton  ne 
prenait  que  peu  de  soin  pour  les  décrire,  on  n'en  prenait  sans 
doute  pas  beaucoup  plus  pour  les  conserver.  Combien  d'exemplai- 
res intéressants  pour  l'histoire  ou  remarquables  au  point  de  vue 
de  l'art  ont  ainsi  disparu  I  Les  notes  dont  la  Société  a  bien  voulu 
ordonner  la  publication  auront  peut-être,  à  défaut  d'autres  mérites, 
l'avantage  de  combler  une  lacune  et  d'éveiller,  sur  ces  petits  mais 
curieux  monuments  d'un  autre  Âge,  la  curiosité  du  public. 

Notre  recueil  se  divise  en  deux  catégories  principales  :  les 
sceaux  laïques  et  les  sceaux  ecclésiastiques. 

Les  sceaux  laïques  comprennent  les  séries  suivantes  :  vicomtes 
de  Limoges,  villes,  familles  seigneuriales,  sénéchaussées  et  séné- 
chaux, cours  et  juridictions,  offices,  associations,  collèges. 

Dans  la  série  des  sceaux  des  vicomtes  de  Limoges,  l'ancienne 
dynastie  des  vicomtes,  les  dynasties  de  Comborn,  de  Bretagne,  de 
Navarre  et  de  France  sont  représentées  par  des  exemplaires  inté- 
ressants. Nous  signalerons  surtout  les  sceaux  équestres  de  Guy  IV, 
d'Adhémar  V,  de  Guy  VI,  de  Jean  de  Bretagne,  qui  offrent  de 
beaux  échantillons  de  ce  type  remarquable.  Ceux  de  Marguerite 


SIGtLLOGRAPOIE  DU  DÉPARTEMENT   DE  LA  BATJTB-VÎBNNE.  M  9 

de  Bourgogne,  reuve  de  Guy  VI,  et  de  Jeanne  de  Flandre,  épouse 
de  Jean  de  Montfort,  qui  représentent  la  vicomtesse  debout,  dans 
les  costumes  de  répo(iue,  et  la  première  portant  un  faucon  sur  le 
poing,  sont  également  très  intéressants.  Les  sceaux  plus  récents 
sont  au  type  armoriai,  sauf  celui  d'Antoine  de  Navarre  et  du  comte 
d'Artois,  qui,  par  leurs  dimensions  et  par  leur  dessin,  rappellent 
les  sceaux  de  tnajeslé  des  rois  et  princes  souverains. 

Les  sceaux  des  villes  ont  déjà  été  décrits  par  M.  Guibert.  Nous 
nous  sommes  borné  à  reproduire  sommairement  les  détails  donnés 
par  lui.  Ces  sceaux  sont  d'un  haut  intérêt  archéologique  et  histori- 
que, notamment  celui  du  consulat  du  château  de  Limoges,  monu- 
ment sigillographique  de  la  plus  grande  originalité. 

Les  grandes  familles  du  département  de  la  Haute-Vienne, 
les  Bonneval,  les  Lastours,  les  Montbrun,  les  Pierrebuffière, 
les  Pérusse,  les  Rochechouart,  sont  largement  représentées 
dans  la  série  des  seigneurs.  Ici  encore  on  remarquera  les 
sceaux  équestres  de  Seguin  de  La  Porcherie,  de  Jean  de  Pierre- 
buffière, d'Aimery  de  Rochechouart  :  ce  type  est  caractéristique 
des  puissantes  maisons  féodales.  Au  point  de  vue  artistique,  nous 
citerons  le  très  joli  sceau  dltler  de  Pérusse,  commandeur  de 
Bellechassagne,  lequel  représente  un  homme  de  guerre  appuyé  sur 
sa  lance  et  couvert  de  son  écu  :  ce  sceau,  malgré  ses  dimensions 
restreintes,  est  d'une  exécution  très  fine  et  très  soignée  et  constitue 
un  petit  chef-d'œuvre  de  gravure. 

Les  sceaux  des  seigneurs  sont  en  général  de  forme  ronde  et  en 
cire  rouge,  tandis  que  les  sceaux  ecclésiastiques  anciens  sont  de 
forme  ogivale  et  en  cire  verte,  brune  ou  jaune.  Cette  observation 
n'est  pas  spéciale  au  Limousin  ;  nous  croyons  qu'elle  peut  s'appli- 
quer aux  sceaux  du  moyen  âge  dans  toutes  les  régions. 

Les  sceaux  des  cours  et  juridictions  sont  en  grand  nombre, 
principalement  en  ce  qui  concerne  la  vicomte.  On  doit  noter  ceux 
de  la  juridiction  consulaire  du  château  de  Limoges,  qui  reprodui- 
sent le  type  au  chef  de  saint  Martial  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 
Ceux  des  partages  de  Saint-Léonard  et  de  Saint-Yrieix  méritent 
également  une  mention. 

Rien  de  particulier  à  dire  sur  les  autres  séries  laïques. 

Les  sceaux  ecclésiastiques  se  subdivisent  ainsi  :  évoques  de 
Limoges,  offlcialités  diocésaines,  églises  et  chapitres,  confréries 
et  communautés,  cours  et  juridictions  ecclésiastiques,  clergé  régu- 
lier, sceaux  ecclésiastiques  divers. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  les  sceaux  des  évéques,  ainsi  que 
ceux  des  abbés  et  des  abbayes,  sont,  du  moins  au  xm*  et  au  xiv 
siècles,  de  forme  ogivale.  On  trouvera  cependant  dans  nos  articles 


4^0  SOCIÉTâ  ABCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOBIQUF.  DU  LIMOUSIN. 

un  sceau  rond  de  Tévéque  Jean  IV  Barton  ;  mais  il  est  spécifié  dans 
l'acte  que  ce  sceau  n'est  employé  qu'en  Tabsence  du  grand,  c'est-à- 
dire  à  titre  exceptionnel.  Dans  les  sceaux  antérieurs  au  xv*  siècle, 
l'évéque  est  représenté  debout,  mitré,  crosse  et  bénissant.  A  partir 
du  XV'  siècle,  le  type  devient  banal  :  un  écusson  aux  armes  de 
révoque,  cime  de  la  mitre  et  de  la  crosse  et  timbré  du  chapeau 
épiscopal,  dont  les  houppes  retombent  des  deux  côtés  de  l'écusson. 

Les  abbés  sont  également  représentés  debout,  tenant  une  crosse 
ou  un  bâton  de  la  main  droite  et  un  livre  de  la  main  gauche,  dans 
une  niche  gothique.  Quelquefois  la  niche  principale  est  accompa- 
gnée de  niches  latérales,  dans  lesquelles  sont  figurés  des  person- 
nages en  prière.  Ces  édicules  sont  presque  toujours  ouvragés  avec 
finesse  et  rappellent,  par  leur  ornementation,  les  élégants  détails 
de  l'architecture  gothique.  Parmi  les  sceaux  que  nous  décrivons, 
on  remarquera  ceux  de  plusieurs  abbés  de  Grandmont  ;  la  dimen- 
sion de  ces  sceaux  dépasse  plus  de  soixante  millimètres;  leur 
exécution  est  remarquable  ;  ils  sont  vraiment  dignes  de  cette  puis- 
sante abbaye,  qui  a  laissé  de  si  grands  souvenirs  dans  Thistoire 
ecclésiastique  et  aussi  dans  l'histoire  artistique  du  Limousin. 

Les  autres  sceaux  ecclésiastiques  présentent  beaucoup  d'analo- 
gie avec  les  précédents  ;  ils  ne  donnent  lieu  à  aucune  observation 
particulière. 

Nous  exprimerons  en  terminant  l'espoir  que  des  communications 
nouvelles  viendront  combler  les  lacunes  que  présente  notre 
recueil. 


SCEAUX  DU    DÉPARTEMENT  DK    LA    HAUTE-VIENNE. 

PLANCHE  I. 


1  bis 


Fif(,  I  et  I  bis.  Sceau  et  contre-sceau  d'Adémar  V,  vicomte 
de  Limoges  (fin  du  xii*  s.)  (n«  »). 


SIGILLOGRAPHIE   DU   DÉPARTEMENT   DE   LA   HAUTE-VIENNE.  iSl 


PREMIÈRE  PARTIE 


SCEAUX  LA.IQUES 


SÉRIE   I 

VICOMTES  DE  LIMOGES 

N**  1 .  —  GUY  IV  (1),  vicomte  de  Limoges  (xiP  siècle). 

Fragment  d'une  matrice  en  bronze.  Sceau  rond  de  76  milli- 
mètres. 

Ugende.  —  SIGILL  GVID LEMOVICENSIS. 

fSigillum  Gnidonis,  [vice-comitis]  Lemovicensis.J 

Dessin.  —  Un  guerrier  à  cheval ,  coiffé  d*un  casque ,  tenant  une 
lance  ou  une  épée  de  la  main  droite  et  la  bride  de  son  coursier  de 
la  main  gauche;  il  galope  vers  le  côté  sénestre  du  sceau. 

(Décrit  par  M.  Maurice  Ardant  dans  le  Recueil  des  travaux  de  la 
Société  de  sphragistique  de  Paris,  t.  I",  p.  87). 

N^  2.  —  ADÉMAR  V(2),  vicomte  de  Limoges  (fin  du 
xn*  siècle). 

Sceau  rond  (75""),  appendu  à  une  charte  dans  laquelle  le  vi- 
comte passe  de  Tobéissance  de  Richard  Cœur-de-Lion  sous  celle 
de  Philippe-Auguste  (sans  date). 


(<)  Fils  d'Archambaud  IV,  vicomte  de  Comborn,  et  d*Humberge,  sur- 
nommée Brunissende,  fille  d'Adhémar  III,  vicomte  de  Limoges  ;  vicomte 
de  Limoges  en  U39;  marié  4<>  à  Marquise,  fille  de  Roger  II  de  Montgo- 
mery,  comte  de  Lancastre,  et  d'Almodis  de  la  Marche;  9o  à  N.,  fille  de 
Thibaut,  seigneur  de  Blazon,  sénéchal  de  Poitou;  mort  en  1448. 

(2)  Fils  d*Adhémar  lY  de  Comborn,  vicomte  de  Limoges,  et  de  Mar- 
guerite de  Turenne;  vicomte  de  Limoges  en  4148;  marié  à  Sara,  fille  de 
Raynaud,  comte  de  Cornouailles  ;  mort  en  1 1 99 . 


4lt  socièrt  argbAolociqpb  it  iisroftiQUB  du  lmousin. 

Légende.  —  f  SIGILLVM  ADEMA..    ..CECOMITIS  LEMOVI- 
CENSIS. 
fSigilluH  Adeviari,  vie^comitis  LefnovicensisJ, 
Dessin.  —  Sceau  équestre.  Le  cavalier  à  gauche. 

CONTRE-SCEAU. 

Ugande.  —  SECRKTM  A  LEMO  VICECOMITIS. 

fSecretum  Ademariy  Lemovicensis  vice-comitisj. 
Dessin.  —  Ecu  parti  :  à  dextre,  peut-être  un  lion  (1);  à  sénestre, 
un  coticé. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*  767). 

Voir  figures  1  et  i  6m. 

N^  3.  —  GUY  VI  (2),  vicomte  de  limoges  (1249). 

Sceau  rond  (65°""  environ). 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Sceau  équestre;  le  cavalier  à  droite,  Vépée  à  la  main, 
robe  flottante  sur  l'armure;  bouclier  parti  :  aul,  à  trois  lions 
rampants,  2  et  1  (3)  ;  au  2,  à  quatre  bandes. 

REVERS. 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  mômes  armes;  seulement  le  2  est  à  six 
bandes. 

(Archives  départementales  des  Basses-Pyrénées,  E,  749.  — 
P.  Raymond,  Sceaux  des  Arehif^es  des  Basse^-PfrénéeSy  n*  55). 

Voir  figures  2  et  2  frû. 

N«  4.  --  Ls  NÉMB  (1249). 

Sceau  rond  (46°""*),  appendu  à  un  acte  portant  confirmation 
d'une  acquisition  faite  parle  prieur  de  Grandmont  (1249). 

Légende.  —  S'  GVIDON 

(Sigillum  Guidonis  *...../ 


(f)  Non»  reproduisons  le  texte  de  Tlnven taire,  mais  nous  pensons  que 
le  seeau  portait  trois  lions  léopardés,  9  et  i.  Voir  les  numéros  suivants. 

(I)  Fils  de  Guy  V  de  Combora,  vicomte  de  Limoges,  et  d*Ermengarde, 
marié  à  Marguerite  de  Bourgogne,  fille  d'Hugues  fV,  duc  de  Bourgogne, 
et  de  Yolande  de  Dreux,  et  veuve  de  Guillaume,  seigneur  de  Mont-Saint- 
Jean,  mort  le  13  août  4f63. 

(a>  D*or,  à  ipois  lions  léopardés  d*azur,  armés  et  Tampassés  de  gueules, 
2  et  1. 


SCEAUX  DU   DÉPARTEMENT   DE  1.A   HAUTE-VIENNE. 

PLANCHE  IL 


9  bis 


3  bU 


Fig.  2  et  2  bis.  Sceau   et  contre  sceau   de   Guy    VI,  vicomte  de 
Limoges  (1249)  (n«  3). 
Fig,  3  et  3  bis.  Sceau  et  contre-sceau  du  même  (1249)  (n®  41). 


SIGILLOfilÀPHIB  DO  D^AUTBICRNT  DK  Lk  ■AOTE-VIBRIII.  H3 

Denm.  —  Un  cheTalier  armé  d6  toutes  pièces,  galopant  de  dextre 
à  sénestre.  Le  bouclier  porte  un  écu  parti  :  au  1,  à  trois  lions, 
3  et  1  ;  au  9,  &  six  bandes. 

REVERS. 

Ugende  ffj. 

Dessin^  —  Ecu  droit  aux  mêmes  armes,  avec  cette  différence 
que  les  lions  sont  contournés. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  de  la  collection  Gaigniëres. 
Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  V  3S4). 

N*  5.  —  Le  même  (1252). 

Sceau  rond  (1)  (58""),  appendu  à  un  acte  portant  vente  à  la 
Chartreuse  de  Glandier  (17  des  calendes  de  janvier  1252). 

Ugende  f?J. 

Dessin^  —  Un  chevalier  armé  de  toutes  pièces,  galopant  de 
dextre  à  sénestre;  la  housse  et  le  bouclier  sont  armoriés  (parti  : 
au  1,  à  trois  lions,  2  et  1  ;  au  2,  à  sept  bandes). 

REVERS. 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  droit  (de  forme  moderne),  aux  mêmes  armes. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  conservés  dans  la  collection 
Gaignières.  Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118, 
f309). 

Voir  llgvrM  3  «t  3  Mi . 

N*»  6.  —  UARGUERITE  DE  BOURGOGNE,  yeuve 
de  Guy  VI,  vicomte  de  Limoges  (1268). 

Sceau  ogival  (80"""^  de  hauteur),  appendu  à  une  charte  du 
1*'  avril  1268. 
Ugende.  —  f  S'  MARGVARITE.  FIE.  DVCIS.  BVRGOD'  VICE- 
COMITISSE.  LEMOVICN. 
fSigillum  Marguante,  filie  ducis  Burgondie,  vice- 
comitisse  UmovicensisJ. 


(I)  Ce  sceau  et  celui  que  nous  avons  décrit  diaprés  M.  P.  Rarmond 
{n^  3)  présentent  une  grande  ressemblance;  toutefois  les  dimensions 
indiquées  par  M.  Raymond,  d'une  part,  et  par  le  dessin  du  recueil  de 
Gaignières,  de  Taulre,  sembleraient  indiquer  que  les  deux  sceaux  sont 
différents.  Nous  devons  ajouter  que  le  dessin  de  Gaignières  ne  saurait  être 
regardé  comme  absolument  exact,  car  au  xin*  siècle  la  partie  inférieure 
des  écussons  ne  se  terminait  pas  en  accolade,  mais  en  pointe  arrondie. 


124  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0L061QUB  ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN. 

Dessin.  —  Sous  une  arcade  gothique,  la  vicomtesse  debout,  en 
robe  et  manteau  vairé,  tenant  un  oiseau  au  poing.  A  dextre,  un 
écu  qui  semble  un  échiqueté  ;  à  sénestre,  le  bandé  à  la  bordure  de 
Bourgogne  ancien. 

CONTRE-SCEAU. 

Ugende.  —  f  S'  MARG  VICE  GOMITISSE  LEMOVIC. 

fSigilhim  Marguarite  vice-comitisse  LemovicensisJ. 
Dessin,  —  Ecu  parti  :  au  i,  à  trois  lions  rampants  (i);  au  2,  coticé. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n°  768). 

Voir  figures  4  et  4  bis. 

N<»  7.  —  JEAN  DE  BRETAGNE  (2),  vicomte  de 
Limoges  (1308). 

Fragment  de  sceau  rond  (60°"°"),  appendu  à  une  procuration 
donnée  par  le  vicomte  pour  assister  aux  Etats-généraux  (lundi 
post  Misericordiam  Domini,  15  avril  1308). 

Ugende.  — DE  BRITANIA  ARMIGERI. 

Dessin.  —  Sceau  équestre  aux  armes.  Il  reste  des  traces  d'échi- 
queté  sur  la  housse. 

CONTRE-SCEAU. 

Légende.  —  f  COTRA  S' lOHIS  DE  BRITANIA  ARMIGI. 

fContrasigillum  Johannis  de  Britanid,  amiigerij. 

Dessin,  —  Ecu  indistinct,  où  l'on  reconnaît  pourtant  l'écEiqueté, 
au  franc-canton  d'hermines  (3). 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n°  769). 

Voir  figures  6  et  5  bis. 


.    (I)  Voir  les  noies  du  numéro  précédent. 

(S)  Néenmars  1286  (n.  st.);  fils  d'Arthur  H,  duc  de  Bretagne  et  de  Marie, 
vicomtesse  de  Limoges;  vicomte  de  Limoges  en  1297;  marié  :  1®  en  H97 
à  Isabelle  de  Valois,  fille  de  Charles  de  France,  comte  de  Valois,  et  de 
Marguerite  de  Sicile  (née  en  1292,  morte  en  1309);  «*»  en  1340,  à  habelle 
de  Castille,  fille  dcSanche  IV,  roi  de  CastiUe,  et  de  Marie  de  Molina  rnée 
en  4283,  morte  en  1328);  3©  en  1239,  à  Jeanne  de  Savoie,  fille  d'Edouard, 
comte  de  Savoie,  et  de  Blanche  de  Bourgogne  (morte  en  1334);  mort 
en  1341. 

(3)  Echiqueté  d*or  et  d'azur,  au  franc-canton  d'hermines,  à  la  bordure 
de  gueules,  qui  est  de  Bretagne-Dreux. 


SCEAUX   DU   DÉPARTEMENT   DE   LA    HAUTE-VIENNE. 

PLANCHE  III. 


4  bis 


Fig>  4  et  4  bis.  Sceau  et  contre-sceau  de  Marguerite  de  Bourgogne, 
veuve  de  Guy  VI,  vicomte  de  Limoges  (1268)  (n<>  O). 

Fi^.  S  et  S  bis.  Sceau  et  contre-sceau  de  Jean  de  Bretagne,  vicomte 
de  Limoges  (1 3o8)  (n®  T). 


SIG1LL0GRAPBII  DU  DÉPARTEMRtVT   DE  LA  BAUTB-TIKNNB.  4t5 

N'  8.  —  JEANNE  DE  FLANDRE  (1),  épouse  de  Jean 
de  Montfort,  vicomte  de  Limoges  (1341). 

Sceau  ogival  (TO""*),  appendu  à  des  lettres  de  trêve  conclue 
entre  «  Jehanne  de  Flandres,  duchesse  de  Bretaigne,  comtesse  de 
Richemond,  de  Montfort,  et  vicomtesse  de  Limoges  »,  et  Charles  de 
Montfort(1341). 

Légende.  —  S  :  lEHANNE  :  DE  :  FLADRES  :  ET  :  DE  : S  CO- 

TESSE:D':MONTF... 
(Scel  Jehanne  de  Flandres  et  de  Limoges,  comtesse 
de  Montfort), 
Dessin.  —  La  duchesse  debout  dans  une  niche  gothique.  A  dex- 
tre,  un  écu  d'hermines  à  la  bordure  chargée  de  six  lionceaux  ;  à 
sénestre,  Técu  au  lion  de  Montfort  (2). 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*  545). 

Voir  figure  6. 

N'  9.  —  CHARLES  DE  BLOIS  (2),  vicomte  de 
Lamoges  (1345). 

Fragment  de  sceau  rond  (32""),  appendu  à  une  charte  où 
«  Charles,  duc  de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges,  sire  de  Guysc  et 
du  Maine  »,  nomme  des  procureurs  pour  faire  Tassiette  de  5,000 
livres  de  rentes  à  lui  dues  par  le  comte  de  Blois,  son  frère  (18  sep- 
tembre 1345). 

Légende.  —  .IGIU  :  KAR IS  :  BRITAN.... 

fSigillum  Karoli,  ducis  BritannieJ. 

Dessin.  —  L'écu  d'hermines  dans  une  rosace. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n°'542). 

Voir  figure  7. 


(\)  Fille  de  Louis  de  Flandre,  comte  de  Nevers,  et  de  Jeanne  de 
Rethel;  mariée  en  1329  à  Jean  de  Bretagne,  comte  de  Montfort,  fils 
d'Arthur  11,  duc  de  Bretagne,  et  de  Yolande  de  Dreux,  vicomte  de  Limoges 
en  4341,  mort  en  4345. 

(2)  Montfort  :  de  gueules,  au  lion  d'argent,  la  queue  nouée,  fourchée 
et  passée  en  sautoir. 

.  (3)  Fils  de  Guy  de  Ghàtillon,  comte  de  Blois,  et  de  Marguerite  de  Valois; 
marié  le  4  juin  1337  ft  Jeanne  de  Bretagne,  vicomtesse  de  Limoges,  fille 
de  Huy  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre,  et  de  Jeanne  d'ivaugour; 
mort  le  l9  septembre  4364.     • 


tlé  SOaÉri  ABCBâOLMlQUR  n  IUTOAIOOK  »0  UMOCMUf. 

N*  10.  -^  JEANNE  (1),  duchessa  de  Bretagne,  yicom- 
tesse  de  làmogres  (1384). 

Sceau  rond  (32"''),  appendu  à  un  acte  par  lequel  la  duchesse 
certifie  que  Thomas  de  la  Marche,  son  cousin,  a  fait  les  guerres  de 
Bretagne  sans  avoir  eu  payement  de  ses  gages  (Léhon,  18  août 
1351). 

Légende.  — CHESSE  ...  BRE 

f. . .  .duchesse  [de]  Bretagne J. 

Dessin.  —  Eou  parti  :  au  1,  d'hermines  ;  au  2,  d'hermines  à  la 
bordure  (2);  dans  une  rose  gothique  ornée  d'animaux  chimériques. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  XXI,  P  1817). 

N^ll.— La  MÊME (1869). 

Sceau  rond  (8^"),  appendu  à  une  charte  portant  don  de  la 
vicomte  de  Limoges  par  la  duchesse  au  roi  (Paris,  9  juillet  1369). 

Ugende.  —  SEEL  :  lEHANE  :  DVCHESSE  DE  BRETAIGNE. 

Dessin.  —  Sceau  armoriai.  Au  centre,  Vécu  d'hermines,  en 
losange,  accosté  sur  ses  quatre  faces  de  quatre  petits  écus  ronds  : 
le  premier,  d'hermines  plein,  qui  est  de  Bretagne;  le  second,  d'her- 
mines à  la  bordure  (de  gueules),  qui  est  de  Penthîèvre;  le  troi- 
sième, de  trois  lions  (d'or,  à  trois  lions  léopardés  d'azur,  armés  et 
lampassés  de  gueules),  qui  est  des  vicomtes  de  Limoges;  le  qua- 
trième, d'un  coupé  (?).  Dans  les  compartiments  qui  les  séparent 
sont  quatre  anges. 

COWTRE-SCEAU. 

Le  contre-sceau  est  de  très  petite  dimension. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  rond  parti  de  Bretagne  et  de  Penthièvre. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*  543). 

Voir  figures  8  et  8  bit. 


(1)  FlUe  de  Guy  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre,  et  de  Jeanne 
d*Avaugour;  mariée  le  i  jain  1337  à  Charles  de  Blois,  fils  de  Guy  de 
ChàtilloD,  comte  de  Blois,  et  de  Marguerite  de  Valois  ;  vicomtesse  de 
Limoges  en  4331;  duchesse  de  Bretagne  en  1341  ;  morte  le  10  septembre 
1384. 

(9)  PMî  :  an  I,  nenmme^  fû  eal  de  Bretagne;  au  9,  d'hermines,  à 
la  bordure  de  gneoles,  qui  est  des  vicomtes  de  Limoget  de  la  maison  de 
Bretagne.  Ces  armes  furent  adoptées  par  Guy  de  Bretagne,  père  de  feanne* 


tlOnAOOBàPBHT  DU  OtTAtTSMUrt  DB  LK  «AUTB-nSNIlK.  UT 

N^12.  —  JEAN  DE  BRETAGNE  (1),  comte  de  Peu- 
tbiàvre,  vloomte  de  ZJjnoffes  (1398). 

Sceau  rond  (50""),  appendu  à  un  rapport  de  la  ville  et  terre 
d^Aresneâ  (Undrecies,  9  avril  1398). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecù  d'hermines  i  la  bordure,  timbré  d'un  heaume 
eouronné  ei  cime  d'une  tète  d'aigle  moucheèée  d'hermines,  sup- 
porté par  un  lion  ei  un  griffon.  Dans  le  champ,  des  fleurs  et  des 
feuillages. 

(Archives  départementales  du  Nord.  —  Demay,  Inventaire  des 
sceaux  de  la  Flandre,  n""  379). 

N'  13.  —  MARGUERITE  DE  CLISSON  (2),  veuve  de 
Jean  de  Bretagne,  vicomte  de  lAmogeB  (141â). 

Fragment  d'un  sceau  rond  (35""  environ),  appendu  à  un  accord 
relatif  à  la  succession  de  Glisson  (Ploërmel,  27  mai  1413). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Dans  un  cercle  dentelé,  un  écu  losange,  parti  :  au  1, 
à  quatre  macles  ;  au  2,  à  un  lion  (3). 

(Archives  départementales  des  fiasses-Pyrénées,  E,  696.  — 
P.  Raymond,  n«  S6). 

N»  14.  —  OLIVIER  DE  BRETAGNE  (4),  vicomte  de 
Ldmogee  (1428). 

Sceau  rond  (82'"''),  appendu  au  traité  de  la  cession  du  Hainaut 


(f)  Jean  de  Blois,  dit  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre,  vicomte  de 
Liàoges;  fils  d«  Charles  de  Biots  et  de  Jeaane,  d^ichesse  de  Bretagne, 
marié  le  20  janvier  1387  k  Marguerite  de  Glisson,  fille  d'Olivier  de  Ciisson, 
oonnétable  de  France,  et  de  Béatrix  (oa  Catherine)  de  Laval;  mort  le  16 
janvier  4403. 

(S)  Voir  la  note  du  no  IS, 

(3«  CUsson  :  de  gueules,  au  lion  d'argent  armé,  iampassé  et  couronné 
d'or. 

(i)  Filt  de  Jean  de  filoia,  dit  de  Bretagne,  vicomte  de  Limogea,  comte 
de  Penthièvre,  et  de  Marguerite  de  ClUson  ;  vicomte  de  Limoges  en  1403; 
marié  en  1406  k  Isabean  de  Bourgogne,  fille  de  Jean  de  Bourgogne, 
comte  d'Artois,  de  Flandre  et  de  Bourgogne,  et  de  Margueriie  de 
Bavière. 


IS8  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU  LlMOUSlIf. 

au  profit  de  Philippe-le-Bon  par  la  comtesse  Jacques  de  Bavière 
(Mons,  18  septembre  1428). 

Ugende.—S:  OLR  :  DE  BRETAIGNE  ...NTE  .E  PENTHEVRE 
VICONTE  DE  LIMOGES. 
fScel  Olivier  de  Bretaigne,    comte  de  Penthièvrey 
vicomte  de  Limoges J. 

Dessin.  —  Ecu  d^hermines  à  la  bordure,  timbré  et  cime  comme 
le  n?  12,  avec  les  mômes  supports.  Dans  le  champ,  deux  équerres, 

(Archives  départementales  du  Nord.  —  Demay,  Inventaire  des 
sceaux  de  la  Flandre,  n"  280). 

N'  15.  —  ISABELLE  DE  LA.  TOUR  (1),  épouse  de 
Guillaume  de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges  (1455). 

Il  ne  subsiste  que  le  contre-sceau. 

CONTRE-SCEAU. 

Rond  (24""),  appendu  à  un  hommage  du  syndic  de  la  collégiale 
de  Saint-Germain,  près  Saint-Yrieix  (Ségur,  26  juillet  1455). 

Légende,  —  CONTRESEEL  YZABEAV  DE  LA  TOUR. 

Dessin,  —  Ecu  en  losange  parti  :  au  1,  d'hermines,  à  la  bordure 
(de  gueules)  ;  au  2,  coupé  :  au  premier  semé  de  France  à  la  tour 
d'argent  maçonnée  de  sable,  qui  est  de  La  Tour,  et  au  deuxième,  à 
un  château  à  trois  tours. 

(Archives  départementales  des  Basses-Pyrénées,  E,  850.  — 
P.  Raymond,  n°  61). 

N»  16.  -  ANTOINE  DE  BOURBON  (2)  ET  JEANNE 


(1)  Fille  de  Bertrand  V,  seigneur  de  La  Tour  et  de  Boulogne,  comte 
d'Auvergne,  et  de  Jacquette  de  Peschîn;  mariée  1®,  en  juin  I4îk),  à 
Guillaume  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre  et  de  Périgord,  vicomte  de 
Limoges,  fils  de  Jean  de  Blois,  dit  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre, 
vicomte  de  Limoges^  et  de  Marguerite  de  Clisson  ;  2%  en  4458,  à  Amaud- 
Amanieu  d'Àlbret,  «îre  d'Orval,  fils  de  Charles  11,  sire  d'Âlbret  et  comte 
de  Dreux. 

(2)  Antoine  de  Bourbon,  due  de  Vendôme,  né  en  1548,  fils  de  Charles 
ide- bourbon,  duc  de  Vendôme,  et  de  Françoise  d'Alençon  :  marié  en 
.4548  à  Jeanne  d'Albret,  princesse  de  Béarn,  fille  d'Henri  H  d'Albret,  roi 

de  Navarre,  et  de  Marguerite  d'Orléans  ;  roi  de  Navarre  en  1555  comme 
époux  de  Jeanne  d'Albret  ;  mort  en  4.H62. 


SCEAUX   DU   DÉPARTEMENT   DE   LA    HAUTE- VIENNE. 

PLANCHE'IV. 


8  bis 

Fig.  6.  Sceau  de  Jeanne  de  Flandre,  épouse  de  Jean  de  Montfort,  vicomte  de  Limoge jt 
(1341)  (n»  8). 

Fiq.  7.  Sceau  de  Charles  de  Blois,  vicomte  de  Limoges  (1315)  (n«  9). 

Fig.  8  et  A  bin.  Sceau  et  contre-nceau  de  Jeanne,  duchesse  de  Bretagne,  vicomtesse  de 
lârooge»  (1369)  (n*  1  lu 


S16ILL06RAPHIV  DU   DÉPARTEMENT   DE  LA   BADTE-TIENNB.  139 

D'ALBHET  (1),  roi  et  reine  de  Navarre,  vicomte  et 
vicomtesse  de  Limoges  (1556). 

Fragment  d'un  sceau  rond  (iH""'  environ),  appendu  à  un  acte 
par  lequel  Antoine,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de  Navarre,  seigneur 
souverain  de  Béarn  et  de  Donesan,  duc  de  Vendômois  et  de  Beau- 
mont,  comte  deFoix,  Bigorre,  Armagnac,  Périgord, et  vicomte  de 
Limoges,  et  Jeanne,  par  la  même  grâce  reine  de  Navarre,  dame 
souveraine  de  Béarn,  duchesse,  comtesse  et  vicomtesse  des  dits 
lieux,  notifient  au  juge,  procureur  et  autres  officiers  de  leur  châ- 
tellenie  d'Ayen  la  confirmation  d'un  droit  de  sépulture  dans  l'é- 
glise d'Aycn,  au  profit  de  Jean  de  Montfrebeuf,  écuyer,  seigneur 
de  La  Chabrolie  (Limoges,  26  décembre  1656). 

Légende  détruite.  * 

Dessin.  —  Sceau  de  majesté.  Le  roi  et  la  reine  assis  sur  leur 
trône.  Autour,  une  bordure  d'écussons  parmi  lesquels  on  ne  dis- 
lingue plus  que  ceux  de  Navarre  (de  gueules,  aux  chaînes  d'or 
posées  en  croix,  en  sautoir  et  en  orle),  de  Foix  (d'or,  à  trois  pals 
de  gueules)  et  d'Evreux  (de  France,  à  la  bande  componée  d'argent 
et  de  gueules). 

(Archives  du  château  de  la  Chabroulie,  à  M.  Seguin.  —  Com- 
muniqué par  M.  Champeval). 

N*»  1 7 .  —  ANTOINE  DE  BOURBON,  roi  de  Navarre, 
vicomte  de  Limoges  (1562). 

Sceau  ovale  (28""  sur  20),  empreinte  sur  papier,  plaqué  sur 
une  quittance  de  gages  donnée  par  Antoine,  par  la  grâce  de  Dieu 
roi  de  Navarre,  seigneur  souverain  de  Béarnais,...  duc  de  Ven- 
dômois, d'Albret,  de  Beaumont,  de  Nemours  et  de  Gaudre,... 
comte  de  Foix,  d'Armagnac,  de  Périgord,  de  Bigorre  et  de  Marie, 
vicomte  de  Limoges,...  premier  pair  de  France,  capitaine  de  cent 
hommes  d'armes  des  ordonnances  du  roi  (24  juillet  1562). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  droit  écartelé  de  Navarre  et  d'Evreux,  sommé  de 
la  couronne  royale  et  entouré  du  collier  de  l'ordre  de  Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Navarre,  dossier 
47700,^67). 


(1)  Née  en  1598;  fille  d'Henri  il  d'Albret,  roi  de  Navarre,  et  de  Mar- 
guerite d'Orléans;  princesse  de  Béarn,  reine  de  Navarre  en  1555  ;  mari(^c 
en  1548  à  Antoine  de  Bourbon,  duc  de  Vendôme;  morte  en  1573. 

T.  zxxvu.  9 


130  soeiiré  hwmioioGiQvu,  wt  BisTOitooe  ta  UHOOSiir. 

N*  18  {!).  ~  HENRI  II  D'ALBRET  (2),  roi  de  Na- 
varre, vicomte  de  Limoges  (1531-1838). 

Sceau  rond  (80"°),  erapreinle  sur  papier,  appendu  à  deux 
quiitances  de  gages  donnés  par  Henri,  par  la  grâce  de  Dieu  roi 
<]6  Navarre,  seigneur  souverain  de  Béam,  eomle  de  Foix,  de 
Bigorre,  Armagnac  et  Périgord,  sire  d'Albret,  vicomte  de  Limo- 
ges,... pair  de  France,  ayant  la  ctiarge  et  conduite  de  80  lances  des 
ordonnances  du  roi  (24  septembre  1831,  7  août  1833). 

Légende.  —  f  S  :  HENRICI  :  DEI  :  GRA  :  NAVARRE  :  REGIS  : 
COMITIS  :  FVXI  :  DOMINI  :  BEARNÏI  :  ET  : 
COMITIS  :  BIGORRE. 
fSigillum  Henrici,  Dei  gratia  Navarre  régis,  comitùs 
Fuxi,  domini  Bearnii  et  comiUs  Bigarre). 

Defrin.  —  Ecu  droit,  coupe  d'un  trait,  parti  de  deux  (six  quar- 
tiers) :  au  1,  de  Navarre;  au  2,  écarlelé  de  France  et  d'Albret; 
au  3,  deFoix;  au  4,  d'or,  à  deux  vaches  de  gueules  accornées, 
colletées  et  clarinées  d'azur  (Béarn);  au  S,  de  France,  à  la  bordure 
componée  d'argent  et  de  gueules  (Evreux);  au  6,  d'or,  à  quatre 
pals  de  gueules,  flanqué  à  dexlre  de  gueules,  au  château  sommé  de 
trois  tours  d'or,  à  sénestre  d'argent^  au  lion  de  gueules  (Aragon); 
sur  le  tout  du  tout,  d'or,  à  deux  léopards  de  gueules  (Bigorre). 
Emaux  non  indiqués.  Couronne  royale.  Champ  orné  de  rinceaux. 

(Bibliothèque  nationale,  rass.  Pièces  originales,  Navarre,  dossier 
47,700,^89). 

N°  10.  —  CHARLES-PHILIPPE  DE  FRANCE  (3), 
comte  d* Artois,  vicomte  de  Limoges  (1778). 

Sceau  rond  (88""),  appendu  à  des  lettres  par  lesquelles  Charles- 
Philippe,  lils  de  France,  frère  du  roi,  comte  d'Artois,  ....  comte 
et  vicomte  de  Limoges,  ....  notifie  aux  président,  trésoriers-géné- 


pi) Ce  sceau,  dont  nous  avons  eu  connaissance  tardivement,  aurait  dû 
être  placé,  suivant  Tordre  chronologique,  avant  ceux  d^Anloine  de  Bourbon 
<n«"  16  Cl  17), 

.  (S)  Fil»  de  Jean  II  d'Albret  et  de  Callierinc  de  Foîk;  aire  d'Aibrei  eh 
4516,  roi  de  ?iavarre  en  4âJ7;  marié  en  1527  k  Marguerite  d'Orléans, 
duchesse  de  Berry  et  d'Alençon;  duc  d'Albret  en  1550  ;  mort  en  15Ô5. 

(3)  N(^  le  9  octobre  1757;  fils  de  Louis,  dauphin  de  France,  et  de  Marie- 
Josèphe,  duchesse  de  Saxe;  marié  le  16  novembre  1773  k  Marie-Thérèse 
de  Savoie,  fille  de  Victor-Amédée  III,  duc  de  Savoie,  et  de  Marie- 
Antoinctle-Ferdintade  de  Bourbon,  infante  d'Espugne  ;  roi  de  France 
le  46  septembre  1614,  sous  le  nom  de  Charles  X;  abdiqua  le  S  août 
1830  ;  mort  le  4  novembre  1836. 


SCEAU3^  OU   DÉPARTEMENT   DE   LA   HAUTE-VIENNE. 

PLANCHE  V* 


10 


9  bis 


40  bis 


Fig  g  et  g  bis.  Sceau  et  conire-sceau  du  Consulat  de  la  Cité  de 
Limoges  (i  228-1303)  fn»  18). 

Fig.  10  et  10  bis.  Sceau  et  contre-sceau  du  Consulat  du  Château  de 
Limoges  (1229-123^)  (n»  19). 


SIGtLLOGKAPBIB   DU    DÈPAllTKMtfNt   DC   LA   HAUTE -VI EKnB.  î31 

raux  au  bureau  de.^  finances  de  Limoges,  que  messire  Joseph 
Roquet,  baron  d^Estresses,  chevalier,  seigneur  de  Mercœur,  a 
rendu  hommage  pour  son  fief  de  Mercœur,  mouvant  de  la 
vicomte  de  Limoges  (Versailles,  4  avril  1775). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche  entouré  de  branches  d'oUvler,  écus- 
son  ovale  aux  armes  de  France,  sommé  de  la  couronne  royale  et 
entouré  du  collier  de  Tordre,  le  tout  posé  sur  le  manteau  royal. 

REVERS. 

Pas  de  légende. 
Dessin.  —  Type  équestre. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Costa,  à  Beaulieu.  —  Communiqué 
par  M.  Champeval). 


SÉRIE  II 
VILLES 


N*20,  —  LIMOGES  (Cionsulat  de  la  cité  de)  (1228-1303). 

Sceau  rond  (55""),  appendu  :  1°  à  un  acte  constatant  la  presta- 
tion, par  les  consuls  et  les  prud'hommes  de  la  Cité,  du  serment  de 
fidélité  à  Louis  IX  (vendredi  après  la  Purification  1228,  n.  st.);  *•  à 
une  charte  par  laquelle  les  consuls  adhèrent  au  procès  de  Boni- 
face  VIII  (la  veille  de  la  Saint-Barlhèlemy,  23  août  1303). 

Ugende,  —  SIGILLVM  CIVITATIS  LEMOVICARVM. 

Dessin.  —  Une  enceinte  crénelée,  avec  porte  ouverte  à  gauche, 
renfermant  un  donjon  et  deux  tours  voùlées. 

CONTRE-SCEAU. 

Triangulaire,  de  26""^  de  hauteur  sur  24  de  largeur  maximum. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  au  lion  couronné  et  à  la  bordure  besantée. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*5e93.  —  L.  Gui- 
BERT,  Sceaux  et  armes...,  p.  24  et  planche,  et  Supplément,  p.  5  et 
planche). 

Observations.  —  «  Le  sceau  de  1303  est  Texacte  reproduction  de 
celui  de  1228.  Peut-être  môme  les  deux  empreintes  ont-elles  été 
produites  à  l'aide  de  la  môme  matrice.  Toutefois,  l'exemplaire  de 
1228  est  assez  flou  et  il  y  a  plusieurs  détails  qu'il  est  impossible  de 
distinguer,  comme  les  ferrements  de  la  porte,  le  trait  qui  accuse 
les  colonnettes  de  la  double  fenêtre  à  plein  cintre  du  doiyon  et 


132  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

relève  la  courbe  des  cintres  d'une  sorte  de  cordon.  On  n'aperçoit 
même  pas  les  petites  baies  géminées  qui,  soixante-quinze  ans  plus 
tard,  se  détachent  nettement  sur  les  deux  tourelles. 

»  La  première  mention  que  nous  connaissions  du  sceau  de  la 
commune  de  la  Cité  nous  a  été  fournie  par  un  actç  du  Cartulaire  de 
Saint-Etienne  de  Limoges,  sous  la  date  de  1303  (Bibliothèque 
nationale,  Recueil  de  D.  Col,  mss.  latin  9133,  et  fonds  Moreau, 
collection  de  chartes,  t.CV,  f*  22).  »(L.  Guibert,  Sceaux  et  armes ... 
Supplément^  p.  6). 

Voir  figures  9  et  9  bis. 

N*»  21.  —  LIMOGES  (Consulat  du  château  de)  1229- 
1254). 

Matrice  en  bronze.  Sceau  rond  (53"").  —  Empreintes  appen- 
dues  :  l"»  à  un  acte  constatant  l'acquisition  d'une  renie  par  la  Con- 
frérie des  Pauvres  à  vêtir  (1229);  2»  à  un  acte  constatant  la 
reconnaissance,  par  I.  Arnaus  Lo  Mazelliers,  d'une  rente  due  à 
W.  de  Villaivenc,  sur  un  banc  de  marchand  étalagiste  (peut-être 
un  banc  charnier),  placé  auprès  du  banc  de  Guy  Boutin  (janvier 
1246);  3»  à  un  contrat  de  1254. 

Légende.  —  f   SIGILLVM  CONSVLATVS  CASTRI  LEMOVI- 
CENSIS. 

Dessin,  —  Le  chef  de  saint  Martial,  barbu,  sans  nimbe,  et  le 
haut  du  buste  revêtu  des  ornements  pontificaux.  Derrière  la  tête 
passe  une  bande,  sur  laquelle  on  lit  :  S  MAR-CIALIS  fsanctus 
Marcialis), 

CONTRE-SCEAU. 

Légende,  —  SECRETVM. 

Dessin. --Mn  agneau  passant,  avec  une  houlette  terminée  en  croix. 

(La  matrice  a  été  décrite  par  M.  Allou,  Description  des  monuments 
de  la  Haute-Vienne^  p.  236.—  Les  empreintes  sont  conservées,  sa- 
voir :  celles  de  1229  et  de  1254  aux  Archives  de  l'Hôpital  deLimoges  ; 
celle  de  1246  aux  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne.— 
Voir  :  1**  Talbum  de  M.Tripon,  Historique  monumental  de  l'ancienne 
province  du  Limousin,  n"  84  des  planches  de  Numismatique;  2«  une 
note  insérée  dans  la  Feuille  hebdomadaire  de  Limoges,  année  1775, 
p.  29;  3«  L.  Guibert,  Sceaux  et  armes....,  p.  5  et  planche,  et  le 
Supplément,  p.  4  et  planche).  —  En  outre,  on  trouve  dans  la  col- 
lection Gaignières,  à  la  Bibliothèque  nationale  (t.  CLXXXVI,  p.  339j 
la  description  d'un  exemplaire  du  cachet  du  Consulat  appendu  à 
un  acte  de  1206.  Sceau  et  contre-sceau  sont  entièrement  confor- 
mes à  ceux  dont  se  servent  les  consuls  vingt- trois  ans  plus  tard. 

Voir  figures  10  et  10  bis. 


SIGILLOGRAPUIB   DU   d6pARTRMBNT   DB  LA   HAUTB-VIKNNB.  133 

N»  22.  —  LIMOGES  (Consulat  du  château  de)  (1510). 

Sceau  rond  (18°"  environ),  plaqué  sur  le  quitus  donné  par  bs 
consuls  en  charge  à  leurs  prédécesseurs,  pour  la  gestion  de  1505- 
1506  (27  novembre  1510;. 

Ugende,  —  ...  LEMOVICENSIS  CONSVLATVS. 
f\Sigillum]  Lemovicensis  consulatusj. 

Dessin.  —  Le  chef  de  saint  Martial,  barbu  et  accosté  des  lettres 
STAfsanetus  MartialisJ  en  caractères  gothiques.  Le  champ  est  plus 
orné  que  sur  le  sceau  précédent.  On  ne  peut  distinguer  si  la  tête 
est  diadémée  ou  nimbée. 

COKTRE-SCEAU. 

Légende  effacée;  elle  parait  n*étre  pas  la  môme  que  celle  du 
sceau. 

Dessin.  —  Même  dessin,  de  dimension  réduite. 

(Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  article  8057  du 
classement  provisoire.  —  L.  Guibert,  Sceaux  et  armes....,  p.  7). 

N^'  23.  —  LIMOQES  (Ck^nsulat  du  château  de) 
(1632-1675). 

Sceau  ovale  (24""  sur  18),  plaqué  au  bas  de  plusieurs  expédi- 
tions ou  permissions  délivrées  par  Thôtel-de-ville. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Un  écusson  aux  armes  de  la  maison  de  ville  de 
Limoges  (de  gueules,  à  un  buste  de  saint  Martial  de  carnation, 
velu  et  diadème  d'or,  accosté  des  lettres  S  M  à  l'antique  de  môme, 
et  un  chef  cousu  d  azur  chargé  de  trois  fleurs-de-lys  d'or),  mais 
sans  autre  indication  d'émaux  que  l'azur  du  chef.  L'écu  est  placé 
entre  deux  branches  de  laurier  dont  les  liges  se  croisent  au- 
dessous  de  la  pointe.  Au-dessus,  une  tôle  d'ange,  les  ailes 
éployées. 

(L.  GuiBERT,  Sceaux  et  armes..:.,  p.  7). 

N*  24.  —  MASLÉON  (1)  (Consulat  de)  (1292). 

«  On  ne  connaît  malheureusement  pas  les  circonstances  exactes 
dans  lesquelles  a  été  créée,  en  1289,  celte  petite  commune,  la 
seule,  croyons-nous,  de  tout  le  Limousin,  à  laquelle  des  actes 
authentiques  donnent  la  qualificalion  de  ville  franche.  M.  Leroux, 
archiviste  de  la  Haute- Vienne,  a  signalé  la  mention  d'un  sceau  de 


(1)  Aujourd'hui  commune  de  Masléon,  cauton  de  Ghâleauneuf,  arrondis- 
sement de  Limoges  (Haute-Vienne). 


IS4  SOCIÉTÉ  ARCSÉ6L00r^(rC  m  HlStOaiQOE  ftC  LiVOUftIK. 

ses  consuls  dans  un  acte  de  1292  (^Bulletin  de  la  Société  archéologi- 
que et  historique  du  Limousiji,  t.  XXXI,  p.  392)  ».  (L.  Guibêrt, 
Sceaux  et  armes....,  Supplément,  p.  13). 

N^  25.  —  SAINT-JUNIEN  (1)  (1303). 

Fragment  de  sceau  rond  (8S""),  appenda  à  une  charte  par  la- 
quelle les  consuls  adhèrent  au  procès  de  Boniface  YIII  (mercredi 
après  la  Saint-Barthéleroy,  28  août  1303). 

Ugende. -- f  SlGl NIANI. 

(Sigillum  \ville  Sancti-]  Jnniani}. 

Dessin.  —  Un  évêque  debout,  vu  de  face,  tenant  de  la  main 
droite  une  crosse  écartée,  et  de  la  gauehe  un  cep  de  vigne  chargé 
d'une  grappe  de  raisin. 

CONTRE-SCEAU. 

Légende.  —  f  SIGILLVM  VILLE  ...NIANI. 
(Sigillum  ville  [Sancti-]  Juniani). 

Dessin.  —  Un  évéque  debout,  vu  de  face  à  mi-Jambes,  mitre, 
crosse  et  bénissant. 

fArchives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*  5694.  —  L.  Gui- 
BERT,  Sceaux  et  armes.. .^  p.  64). 

Voir  figures  11  et  11  bis. 

Observations.  —  Noos  avons  transcrit  la  description  donnée  par 
M.  Douët  d'Arcq;  mais  cette  description  nous  paraît  inexacte,  ainsi 
qu'on  pourra  s'en  assurer  en  se  reportant  aux  figures  11  et  11  bis. 
Ijd  personnage  figuré  sur  le  sceau  n'est  point  un  évéque  :  il  est 
impossible  de  reconnaître  une  mitre  dans  la  pointe  qu'orî  observe 
sous  la  croix  initiale  de  la  légende,  et  qui  pourrait  n'être  qn*un 
simple  prolongement  de  la  croix;  de  plus,  ce  n'est  point  une  crosse 
qu'il  tient  à  la  main,  mais  bien  un  bâton  en  tau  ou  plutôt  un  bâton 
fleuri;  dans  l'arbuste  qui  est  à  la  gauche  du  personnage  il  ne  serait 
pas  téméraire  de  voir  la  représentation  du  «  vieux  aubépin  »  sous 
lequel,  d'après  la  légende,  dormait  saint  Junien.  Nous  pensons  donc 

3ue  c'est  le  saint  lui-même  qui  est  représenté  sur  la  face  principale 
u  sceau.  L'image  de  l'évéque  est  au  contre-sceau  :  c'est  tout  ce 
qui  était  exigé  par  le  traité  conclu  entre  l'évéque  et  la  ville  :  «  In 
sigillo  vel  contrasigillo  communitatis  signum  episcopale  ponatur,... 
vel  imago  episcopi  a  pectore  supra,  cum  mitra  et  crossa  ».  On  ne 
saurait  décrire  avec  plus  de  précision  le  contre-sceau. 

Le  catalogue  du  musée  de  Poitiers  (Notice  des  tableaux,...  objets 
d*art  anciem  et  modernes...  composant  les  collections  de  la  ville  de 
Poitiers,  par  Brouillet,  deuxième  partie,  p.  701)  mentionne  un 
sceau-matrice  qu'il  décrit  ainsi  :  </  Sceau  ovale  en  cuivre  (47*"* 
sur  37);  xvn*  siècle;  légende:  SANCTVS  JVNIÂNVS;  dessin  : 
saint  Junien  debout,  bénissant  un  personnage  k  genoux  devant  lui, 


(1)  Aajoard'hui  ehef-lieu  de  caaton,  arronditscmcnt  de  Rocheehouart 
(Haule-Yienne). 


sieiLLOtmiPatE  »v  BiPàKWEMEsr  us  la  hautb-viiiiiis.  IIS 

tcDaot  une  crosse  d'évéque  ».  Ce  sceau  nous  parait  se  rapporter  à 
la  ville  de  Sainl-Junien  ;  toutefois,  en  l'absence  de  renseignements 
sur  la  provenance,  nous  nous  bornons  à  reproduire  les  indications 
ci-dessus. 

N*  26.  —  SAINTLÉONARD  (4)  (avant  1268). 

Format,  dimensions  et  dessin  non  connus. 

Légende.  -  SIGILLVM  BVRGENSIVM  SANCTI-LEONARDI. 

Observations.  —  Les  recherches  que  M.  Louis  Guibert  a  faites 
sur  la  ville  de  Noblat  Saint-Léonard,  et  dont  il  a  bien  voulu  nous 
faire  connaître  les  résultais,  établissent  :  l*"  que,  longtemps  avant 
la  fin  du  xni*  siècle,  la  ville  avait  déjà  un  sceau;  9f  que  dans  le 
cours  de  ce  siècle  et  au  commencement  du  xiv*,  elle  a  fait  succes- 
sivement usage  de  trois  sceaux  au  moins,  qui  se  difTérencient  par 
la  légende.  C*est  ce  qui  est  établi  par  les  pièces  d'une  procédure 
entre  les  évêques  de  Limoges  (Gilbert  de  Malemorl  et  Renaud  de 
La  Porte),  d^une  part,  et  la  ville,  de  l'autre  (Archives  départemen- 
tales de  la  Haute-Vienne,  liasse  2440).  Laissant  de  c^ié  les  textes 
1res  nombreux  qui  affirment  l'existence  ancienne  du  droit  de  sceau, 
nous  citerons  les  deux  suivants,  qui  font  connaître  les  diverses 
légendes  dont  nous  venons  de  parier  : 

Déposition  de  Pierre  Joubert,  curé  de  Saint-Etienne  de  Noblat 
(1280)  :  «  Ab  antiqiw  habent  sigilhim  ;  sed  in  illo  erat  scriptnm  : 
Sigilhtm  burgensium  SancH-Leonardi  ;  modo,  a  duodecim  annis 
dira,  fecenmt  notum  sigillum  in  quo  smbi  feeertmt  :  Sigillum 
constdum  et  commnnitatis  ville  de  NobiliacQ  ». 

Mémoire  de  Tévéque  (sans  date;  vers  1306)  :  «  ...  Qmd  olim, 
non  est  diu,  homines  dicte  ville  utebantitr  quodam  sigillo^  cujus 
ngiUi  littere  erant  :  Sigillum  proborum  honiinum  ville  de  Nobiliaco... 
item,  quod  tempore  a  brevi,  fecertmt  sigillum  et  domum  in  dicta 
villa,  nomine  consulatus  et  commnnitatis  ». 

Il  semblerait,  au  premier  abord,  résulter  de  la  déposition  de 
Pierre  Joubert  qu'au  sceau  à  la  légende  Sigillum  burgensium,  a 
succédé  immédiatement  le  sceau  à  la  légende  Sigillum  consulum, 
de  telle  sorte  que  le  sceau  proborum  hominum,  cité  par  Tévéque, 
serait  postérieur  aux  deux  autres.  Mais  certains  documents 
historiques  paraissent  contraires  à  cette  hypothèse.  On  trouve 
en  effet,  dans  une  lettre  du  roi  Jean-sans-Terre,  duc  d'Aqui- 
taine, datée  du  28  mai  1214,  la  qualification  de  probi  homines 
donnée  aux  magistrats  municipaux  de  Saint-Léonard  {Rotuli  litte- 
rarum  patenti^im  in  turre  Londinensi  asservati,  t.  I,  p.  116)-  Cette 
dénomination  a  peut-être  précédé,  à  Saint-Léonard,  celle  de  con- 
stUs,  qu'on  trouve  cepenaant  dès  1224.  En  tous  cas,  elle  a  été 
abandonoée  de  beone  heure,  et  la  dernière  seule  est  en  usage 
dans  la  seconde  moitié  du  xm"*  siècle.  Il  parait  donc  vraisemblable 
que  le  sceau  proborum  hominum  a  été  employé  dans  la  première 
moitié  du  xni'  siècle. 


(1)   Aujourd'hui   chef-lieu    de  canton,    arrondissement    de   Limoges 
(Haute-Vienne). 


136  SOCIÉTÉ  ABCHiOLOGIQUB  BT   HISTORIQUE  OU   UMOUSIN. 

N»  27.  —  SAINT-LÉONARD  (xni«  siècle). 

Format,  dimensions  et  dessin  non  connus. 

Ugende.    —   SIGILLVM  PROBORVM  HOMINVM  VILLE   DE 

NOBILIACO. 
Nous  nous  en  référons  à  ce  qui  a  été  dit  au  numéro  précédent 
sur  Fépoque  probable  à  laquelle  remonte  ce  sceau. 

N«  28.  -  SAINT-LÉONARD  (1308). 

Fragment  de  sceau  rond  (60"*"*),  appendu  à  une  charte  par 
laquelle  les  consuls  de  Saint-Léonard,  Sancti-Leonardi  de  Nobiliaco^ 
nomment  des  députés  aux  Etats-généraux  (1"^  mai  1308). 

Légende  détruite. 

Dessin,  —  A  droite,  un  personnage  debout,  tendant  la  main  à 
un  autre  à  genoux  devant  lui,  les  cheveux  hérissés  et  les  mains 
jointes,  et  au-dessus  duquel  sont  des  ceps  attachés  à  une  chaîne. 
Le  champ  du  sceau  est  d'un  treillis  de  fleurs-de-lys. 

CONTRE-SCEAIJ. 

Légende,  —  f  SECRETVM. 
Dessin.  —  Une  main  tenant  des  ceps. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n»  5695.  —  L.  Gui 
BERT,  Sceaux  et  armes....,  p.  65  et  66.) 

Voir  figures  IteUt  Ins. 

Observations.  —  Sans  pouvoir  rien  afllrmer,  puisque  Texem- 
plaire  des  Archives  est  incomplet,  nous  pensons,  à  raison  du 
rapprochement  des  dates,  que  ce  sceau  est  celui  qui  portait  la 
légende  :  Sigillum  consulum  et  communitatis  ville  de  Nobiliaco. 
Ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  l'enquête  de  1280,  citée  au  n-  26, 
constate  que  le  sceau  portant  cette  légende  fut  adopté  douze  ans 
environ  avant  cette  date  fa  duodecim  annis  citraj,  par  conséquent 
vers  1268. 

N^  29.  —  SAINT-LÉONARD  (après  1696). 

Sceau  rond  (25"*"). 

Légende.  —  SCEL  D.  L'HOSTEL  D.  VILLE  D.  S.  LEONARD. 
fScel  de  rhostel-de-ville  de  Saint-Léonard J. 

Dessin.  —  Un  écu  aux  armes  de  France,  surmonté  de  la  cou- 
ronne royale.  Dans  la  partie  supérieure  du  champ,  de  chaque  côté 
de  la  couronne  :  ED-IT  16-96. 

(L.  GuiBERT,  Sceaux  et  armes.....  Supplément,  p.  19). 

Voir  figure  13. 

fA  suivre  J.  Ph.  de  Bosredon. 


-5) 

o 


1 

«3 

& 


ROLAND 


ou 


SCULPTURES  DE  NOTRE-DAME  DE  LA  RÈGLE 


Le  symbolisme  joue  un  grand  rôle  dans  les  sculptures  et  les 
peintures  du  moyen  flge,  notamment  à  Uépoque  romane.  Les  artis- 
tes de  cette  époque  puisaient  leurs  inspirations  dans  les  livres 
saints;  c'est  pourquoi  on  trouve  très  fréquemment  dans  les  sculp- 
tures qui  décoraient  Fextérieur  ou  l'intérieur  des  églises,  sur  les 
châsses  ou  reliquaires  ornés  d'émaux  champlevés,  dans  les  pein- 
tures et  miniatures  sur  vélin,  le  Christ  bénissant,  entouré  des 
quatre  animaux  mystérieux,  symbole  des  quatre  évangélistes.  Ce 
sujet  est  représenté  sur  la  face  orientale  du  tombeau  de  saint 
Junien  ;  sur  cette  même  face,  à  droite  et  à  gauche,  figurent,  Fun 
sur  l'autre,  les  sept  anges  de  l'Apocalypse,  tandis  que,  sur  les  faces 
latérales,  on  voit  les  vingt-quatre  vieillards,  tenant  à  la  main  des 
instruments  de  musique  et  des  vases  de  parfums. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  la  Bible  que  les  artistes  de  cette 
époque  puisaient  leurs  inspirations  :  ils  trouvaient  encore  des 
sujets  dans  l'histoire  ecclésiastique  et  dans  les  légendes  des  saints. 
Le  triomphe  de  Constantin  figurait  dans  un  grand  nombre  d'églises 
de  l'ouest  de  la  France;  et  nos  reliquaires  limousins  représen- 
taient quelquefois  des  scènes  de  la  vie  des  saints  dont  ils  renfer- 
maient des  reliques. 

C'est  ainsi  que,  sur  quelques-uns  de  nos  reliquaires,  on  voit 
différentes  scènes  de  la  légende  de  sainte  Valérie,  le  martyre  de 
saint  Thomas  de  Cantorbéry  (1),  etc. 

(1)  Abbé  Texibr,  Esaai  sur  les  émailleurs  de  Limoges.  —  Poitiers, 
1843,  p.  987. 

T.  xxxvii.  10 


138  SOGlÉTé   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   ttMOUSltf. 

Mais  ce  qui  est  plus  étonnant,  ce  qu'on  n'a  pas  assez  remarqué 
jusqu'à  ce  jour,  ce  que  nous  voulons  aujourd'hui  mettre  en 
lumière,  c'est  que  les  sculpteurs  du  moyen  âge  se  sont  inspirés 
aussi  des  romans  de  çt^^çâlerie.  Oui,  l«s  artistes  chrétiens  de 
répoque  romane  sculptaient  sun  la  façade  des  églises,  dans  le 
tympan  des  portails,  sur  les  grands  chapiteaux  des  colonnes  mas- 
sives, des  scènes  guerrières  ou  des  personnages  légendaires 
empruntés  aux  romans  de  chevalerie  ou  aux  chansons  des  trou- 
badours. 

Npujs  ^llons^  do^ifei;  ]^Qur  ejK^mpfe  les^scu^uces  qui  ocn^kpt^be 
portail  de  Notre-Dame  de  la  Règle,  église  bâtie  au  xi*  siècle,  et  dans 
laquelle  le  pape  Urbain  II  célébra  une  des  trois  messes  du  jour  de 
Noël,  le  25  décembre  1098. 

On  voit  au  Musée  de  Limoges  deux  bas-reliefs  très  beaux  qui 
proviennent  du  portail  de  cette  église  :  l'un  représente  un  cheva- 
lier armé  de  toutes  pièces  ;  l'autre,  un  cheval  sans  son  cavalier. 
Nous  possédons  un  troisième  bas-relief  qui  vient  de  ce  même 
portail  ;  il  était  consecvé  à  la  BibJdoihàque  dju  grand  Séminaire 
(autrefois  .abbaye  d^  la  Règle).  Un  des  diceelieurs,  Ifr.  L'abbé  Mieq, 
q,ui  u'attachait  aucune  ixnpor.taiice  à.  ceUe  seuiplure,  la  donna  à 
M..  Muret  de  PagadiCvarcb/éologue  de  SadnL^uiuep,  tequet  i^onâ.en 
lili  cadeau^  il  y  a  plus  de  quarante  ans.  Elle  représeoto  un.guernier 
tombé  à  terre,  tenant  d'une  main:  sa  jamlie  blessée:  et.  de-  l'autre 
sonnaat  de  la  tarompe  (1). 

Nous  n'avions  pajs  cherché  à  deviner  la.  signiAcation.  de^  ce  basn 
relief,  et  nou&  n'y  avions  va  qu'ua  oaf)rijce  d'actistet  ua  sujeè  de 
pure  fantaisie. 

U  y  a  neuf  ou  dix  ans,  M.  Bmiie  IMMinief^  paaaant.  à 
Ijiimog^^  ^aîta  le  Musée>  lapidaire,  et  ib  s^'écuia  em  veyiaiié  le 
superbe  bas-reliefs  qui  neprésenta  te  chevalier'  :>  «.  Tlenalr  ^ilà 
Eolandl  o'B3t  ainsi  qu'il  est  représenté  dans,  la  tapisserie*  de 
Ba^'QUxI  ». -r*.  GeUa  parole,  recueilliô  pair  M.  Nlvet^Ecmlaubect^  qui 
étaijt;  présent  et  qui  nous.  ïai  rapportée,  cette  pairoln-  în\>  pour  nous 
un  trait;  dtt  Itimièire.  Si  le  bas-nelief:  qui  pcovieiitL  dui  partaâl  dfe 
li'^J>ba^e  de  la  Règle  et  où  est  soulptée  ku  figurai  d'un;  cbeMalier 
représente  Bioland.  déboula,  la  cheval  qui élail  à)  eôtée^tite  destnter 
de  Roland,  appelé  Veillantif  dans  le  poème,  eUlei  fragmenô.que 
i)P^s,  possédons*  et:  qui.  pl*ovien^  de  la  même  atibajiei  nspcésente 
Èplapd  blessé  et.  sonnant,  du  cop  pous*  appi^ft  se&  compagwms 
d'armes. 

Donnons  une  description  de  ces  trois  bas-reliefs. 

(1)  Nous  avons  cédé  ce  bas-relief  au  Musée  dugrand  séminaÎPddè  bbneges. 


&0S.AN1I  OU  seuLrrcBm^  b»  mnn»^xwB  ^  k«  Éè^n^  f39 


PREMIER   BAS-RELIEF. 

Le  premier  bas-relief  est  très  précieux,  en  ce  sens  qu'il  nous 
fournil  de  curieux  détails  sur  le  costume  de  guerre  de  cette 
époque. 

Dans  un  encadrement  en  forme  de  carré  long,  dans  le  sens  de 
la  hauteur  (haut  de  40  centimètres,  large  de  20),  le*  chevalier  se 
tieut  debeut,  la  tète  en  arrière;  il  porte  le  heaume  ou  casque 
pointu  de  forme  conique,  dont  nous  voyons  d'autres  exemples  dans 
des  monuments  du  xi*  et  xii'  siècles,  par  exemple,  dans 
U  tapisserie  de  Baryeux,  dans  les  sceaux  de  Guy  IV  de  Laval,  de 
Thibaud  IV,  comte  de  Blois,  de  Guillaume  II,  comte  de  Nevers, 
etc.  (1),  Derrière  la  tète,  au  bas  du  casque,  pend  un  ornement  en 
étoffe,  rappelant,  sinon  par  sa  forme  du  moins  par  sa  position, 
les  deux  fanons-  qui  pendent  derrière  la  mitre  des  évoques.  Une 
cotte  de  mailles,  formée  par  Fassemblage  de  petites  plaques 
d'acier,  de  forme  carrée^  et  percées  de  trous  au  milieu,  couvre*  le 
corps,  tombe  jusq4:fr'aux  genoux  et  remonte  jusque  sous  kir  t^te,  où 
elle  forme  comme  un  capuchon.  On  sait  que  cette  cotte  de  mailles 
s'appdle  le  haubert,  et  la  coiffe  ou  capuchon  de  mailles  qui  couvre 
la  téta  estr  surmontée  du  casque  pointu,  du  heaume,  qu'on  attachait 
sans  doute  â  ce  capuchon.  Les  pans  d'une  tunique  ou  vêtement  de 
dessous  émergent  au  bas  de  la  cotte  de  mailles.  Dans  la  Chanson 
de  Roland,  ce  vêtement  est  appelé  le  bliant  (vers  172). 

De  la  main  droite,  le»  dievalier  brandit-  une  épée  à  lame  large 
et  courte.  Cette  épée  avait  un  nom  :  elle  s'appelait  la  Durandal, 
comme  c^e  de  Qiarlemagne  s'appelait  la  Joyeuse,  celle  de  Turpin 
VAlmace,  celle  d'Olivier  VHaiteclére,  eio.  Le  pommeau  de  la  Du- 
randal.  contenait  de  précieuses  reliques.  -^  Sur  la  cotte  de  mailles, 
du  c6té  gauche,  se  dessine  le-  fourreau  de  l'épée. 

Le- bras- ga;uche  est  couvert  par  un  bouclier  de  forme  ovale' et 
allongéeverslebas,  au  milieu  duquel  se-  dessine  une  croix,  dont 
le  centre  et  les  extrémités  sont  ornés  de  fleurons.  Les  boucliers  ou 
écus-  de-cette  époque,  formés  de  planches  de  bois  couvertes  de  cuir, 
recevaient  divers  ornements,  des  fleurs  de  lys,  des  lions,  des 
layons»  fleuronnés-:  nous  n'en  avons  pas  vu  jusqu'ici  qui  fût  orné 
d'unerGFoix. 

Durait  la  marchev  les  chevaliers  pendaient  leur  bouclier  à  leur 
cou;  dfims  notre-bas-relief,  on  aperçoit  sur  l'épaule  du  chevalier  la 

(1)  Léon  Gautier,  la  Chanson  de  Roland,  édit  1876,  p.  399. 


140  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BlëTORlOUft  DU  LlkOtJStN: 

bande  d'étoffe  ou  de  cuir  qui  servait  à  suspendre  le  bouclier  et 
qu'on  appelait  la  guige. 

Le  bas  des  jambes  est'découvert  et  la  chaussure  pointue  du  che- 
valier est  garnie  de  forts  éperons. 


SECOND  BAS-RELIEF. 

Le  bas-relief  qui  représente  le  cheval  de  Roland  est  dans  un 
cadre  en  forme  de  carré  long,  dans  le  sens  de  la  largeur  (large  de 
25  centimètres,  haut  de  20).  Ce  cheval,  aux  allures  vigoureuses,  à 
large  croupe  et  à  queue  allongée,  semble  se  donner  un  temps  de 
galop;  la  selle  paraît  riche  et  brodée;  les  arçons  sont  élevés  devant 
et  derrière  ;  les  deux  sangles  sont  distantes  Tune  de  l'autre  ;  une 
large  bande  de  cuir,  garnie  de  boucles  rondes,  se  rattache  à  la 
selle  et  fait  le  tour  du  poitrail;  la  bride,  qui  paraît  semblable  aux 
brides  modernes,  est  formée  de  larges  bandes  de  cuir,  et  les  rênes 
se  terminent  par  un  ornement  qu'on  tenait  à  la  main. 

Le  cheval  de  guerre  s'appelait  le  destrier,  différent  du  palefroi^ 
sur  lequel  montaient  les  dames,  et  du  sumier,  ou  cheval  de 
somme. 

A  cette  époque,  le  cheval  de  guerre  avait  un  nom  :  celui  de 
Roland  s'appelait  Veillantif  (2160),  etc.  ;  d'autres  s'appelaient  Ta- 
chebrun,  Saut-Perdu,  Passe-Cerf. 

TROISIÈME    BAS-RELIEF. 

Le  troisième  bas-relief,  plus  petit  et  moins  remarquable  que  les 
deux  autres,  représente  Roland  blessé  et  sonnant  du  cor. 

Le  cadre  de  ce  bas-relief,  de  forme  un  peu  triangulaire,,  mesure 
15  centimètres  en  largeur  et  hauteur  et  semble  avoir  été  encastré 
à  la  naissance  ou  dans  la  courbure  d'un  arc  à  plein  cintre.  Roland 
assis  à  terre  et  ployant  le  genou  droit,  tient  de  la  main  gauche  sa 
jambe  blessée;  de  la  main  droite  il  tient  l'Olifant,  où  il  souffle  avec 
tant  de  violence  que  son  œil  droit  semble  sortir  de  son  orbite;  une 
épaisse  ceinture  serre  sa  forte  taille,  et  sa  tunique  ou  cotte  de 
mailles  remonte  jusque  sur  sa  tête,  où  le  casque  ne  paraît  plus. 

Si  dans  le  premier  bas-relief  le  chevalier  ne  rappelle- Roland  que 
par  son  costume  militaire  traditionnel,  ce  troisième  bas-relief  le 
désigne  d'une  manière  caractéristique,  en  nous  rappelant  une  cir- 
constance remarquable  de  son  dernier  jour,  en  nous  le  montrant 
blessé  et  sonnant  du  cor. 


ROLAND  OU  SCULPTURES  DE  NOTRE-DAME  DE  LA  RÈGLE.        141 

Nous  voyons,  par  cet  exemple,  que  les  artistes  chrétiens  de 
l'époque  romane  ont  puisé  quelquefois  des  sujets  et  des  motifs  de 
sculpture  jusque  dans  les  romans  de  chevalerie.  Cela  suffit  pour 
nous  montrer  que  certains  bas-reliefs  et  divers  personnages  qui 
ornent  les  chapiteaux  des  églises  romanes,  et  qu'on  a  pris  pour 
des  sujets  de  fantaisie  et  des  produits  d'une  imagination  bizarre, 
peuvent  être  des  personnages  historiques  ou  légendaires,  célébrés 
dans  les  écrits  du  temps.  Ainsi,  nous  soupçonnons  que  deux 
chevaliers,  qu'on  voit  sur  un  chapiteau,  au  bas  du  clocher  de 
Saint-Léonard,  et  qui  se  couvrent  de  leurs  boucliers,  dans  un  com- 
bat corps  à  corps,  sont  des  héros  du  cycle  carlovingien,  dans  les- 
quels on  pourrait  voir  Roland  et  Ferragus.  Quoiqu'il  en  soit,  en 
signalant  cette  sculpture  de  la  mort  de  Roland,  qui  ornait  le  por- 
tail de  Notre-Dame  de  la  Règle,  nous  ouvrons  une  porte  aux  inves- 
tigations des  archéologues;  espérons  qu'une  étude  plus  approfondie 
de  ces  sculptures  symboliques,  qu'on  signalait  en  les  accompagnant 
toujours  d'un  point  d'interrogation,  espérons  qu'une  étude  plus 
approfondie  de  ces  énigmes  donnera  la  clef  de  plusieurs  de  ces 
hiéroglyphes  mystérieux,  qui  sont  restés  inexpliqués  jusqu'à  ce 
jour. 

L*ÂBBÉ  Arbellot. 


PIERRE  II  NOUAILHER 

{ut  VBJRS  4657,  +  «  4$  sKpmws  mi) 


PHEMÏÈKE  ET  DEUXIÈME  MANIÈRES 


TT^t»     W    tu» 


Le  21  juillet  1888,  M""*  Hamon,  libraire  à  Blois,  chargée  dû  la 
vente  de  pièces  d*émaiUerie,  envoyait  chez  nous,  en  communi- 
cation, à  M.  le  commandant  de  Saint-Didier,  collectionneur  éclairé 
de  cette  ville,'vingt  émaux  peints  anciens.  Dans  ce  nombre,  se  trou- 
vaient trois  émaux  signés  P.  Nouailher,  ou  simplement  Nouailher, 
et  que  nous  attribuons,  d'après  la  classification  que  nous  avons 
faite  d'émaux  analogues  (1),  à  Pierre  II  Nouailher. 

Ces  trois  pièces  sont  typiques  :  la  première  caractérisant  les  plus 
anciens  et  les  meilleurs  ouvrages  de  Pierre  Nouailher  (presque  tous 
ceux  de  cette  catégorie  que  Ton  connaît  jusqu'ici  sont  en  grisaille)  ; 
la  troisième,  les  travaux  en  couleur  beaucoup  plus  nombreux,  d'un 
aspect  si  particulier,  attribués  sans  conteste  à  cet  artiste,  et  qui 
accusent  une  décadence  accentuée;  la  seconde,  établissant  la  tran- 
sition entre  les  deux  autres.  En  vertu  d'un  axiome  connu,  s'il 
devient  certain  que  cette  dernière  pièce  émane  du  même  auteur 
que  les  deux  autres,  il  sera  évident  que  la  première  et  la  troisième, 
signées  P.  Nouailher,  sont  d'un  seul  et  même  émailleur. 

Vu  la  différence  J'aspect,  plus  apparente  que  réelle,  de  ces  deux 
émaux,  il  faudra  donc  conclure,  comme  nous  l'avions  fait  déjà,  que 
Pierre  II  Nouailher  a  eu  deux  manières  assez  distinctes. 

(1)  Voir  nos  «  Emaux  peints  à  V Exposition  rétrospective  de  Limoges  en 
Î886y  page  187  ]e>.  Limoges,  Ducourlieux,  1888,  in-8o. 


Si  âotlë  iWrâbbè  atijorffd'htii  feur  cette  (Jùestiôïi,  c'est  que,  (Jàel- 
q«e  évidwAè  tju'elte  Wft  pour  ûoas  d^à,  depuis  l'éxawen  appro- 
fondi tl«6  émaUK  de  Pierre  II  Nouaiifter  'exposés  à  Limoges  en  4886, 
les  trois  pièces  envoyées  de  Rlois  fourtfesênl  à  Tappui  de  noire 
iM«e  ^kè  ^âémoi^faaoki  qua^Hsci'efitifiqa^,  à  laquelle  les  per- 
soDMs  qui  ép^uvÀi^nt  e^ot^^é  des  hésitations  à  partager  notre 
BuaiiiAm  èe  "viit,  Aè  nous  seibbleM  pas  ne  pas  ^uYoir  se  rendre. 


1°  Un  àAlNt  ABBÉ  (saint  Bruno?). 

Plaque  ovale  en  grisaille.  Hauteur  :  0",H0,  —  largeur  :  0",090. 
—  Le  saint,  à  mi-corps,  les  mains  croisées  sur  la  poitrine,  la  tête 
de  trois-quarts  à  gauche>  regarde  au  ciel.  Du  bras  gauche,  il  tient 
le  bâton  d'une  crosse,  dont  la  volute  serait  hors  du  cadre.  Une 
auréole  rayonnante  en  or  entoure  sa  tête;  des  rayons  d'or,  partant 
du  ciel  en  haut  à  gauche,  %e  tiirigenl  vers  lui.  Le  fond  est  une  mu- 
raille grise,  toute  en  imitation  d'appareil  régulier,  obtenue  par 
une  légère  teinte  de  blanc  sur  le  fond  général  noir  de  la  plaque  et 
avec  tracé  de  l'appareil  rapporté  eti  noir  au  pinceau;  elle  est  très 
sombre  d'aspect.  —  Le  costume  noir  du  saint  est  produit  par  le 
fond,  relevé  de  très  légères  lumières  blanches  modelant  les  plis.  Il 
se  compose  d'une  soutane  et  d'un  manteau  à  capuchon  recouvrant 
la  moitié  postérieure  de  la  tête.  Le  travail  en  est  mou,  sans  carac- 
tère «c  peu  habiter 

Les  maiAs  sont  mtddelées  assez  délicatement  en  blané,  quoique 
d*utie  teçon  un  peu  sommaire,  tracées  par  nn  enlevage  très  sec 
dessinant  le  contour  des  doigts,  aveft  lumières  blanches  posées 
aussi  sèchement  et  avec  une  certaine  dureté  ;  les  parties  les  plus 
ttaires  sont  fortement  ehipâiées. 

La  télé  est  modelée  de  méhie,  maiD  plus  lourdement;  on  y 
retrouTe  eotbrs  Tasp^ci  trts  affaibli  dés  modelés  du  commence- 
ment dh  xvn*  siècle,  dé  leatt  I  Lithosin,  par  exemple.  Elle  est,  du 
reste,  d'un  dessin  détestable,  M  ligne  de  la  bouche  étant  en  com- 
plet désàccoi^d  avec  celle  des  yeux.  La  physionomie^  au  nez  large 
et  poîntii  rappelant  réellement  le  grbin  d'un  certétin  animal,  est, 
en  sommes  grotesques  La  tête  est  rasée^  une  mince  couronne 
BiônÀoale  de  cheveuit  rapportés  en  t)etits  traits  hoirs  fait  le  tour  du 
crâne.  Le  ton  de  chair  est  léger,  posé  en'  laviis^  et  enlevé^  dans  les 
lumières,  avec  grattages  en  blanc  traversant  la  figure  dans  les  deml- 
teiotes.  Les  yeni  et  le  née  soht  ihedesslné^  sèchement  en  hoir 
(iomibé  on  le  femafquë  sui"  led  émau^  de  le  seconde  manière. 


144  SOGlBTé  ARCBÉ0L06IQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

seulement  dans  ces  derniers  les  iraits  sont  plutôt  bistres  que  noirs). 
Les  lèvres  sont  (comme  dans  la  deuxième  manière)  peintes  en  plein 
en  rouge  opaque,  d'un  ton  corsé,  et  font  une  tache  rouge  dure 
dans  la  figure  d*une  tonalité  assez  pâle. 

L'auréole  d'or  est  exactement  la  même  que  celle  du  Saint  Joseph, 
la  troisième  pièce,  que  nous  étudierons  tout  à  Theure,  et  qui  carac- 
térise la  seconde  manière  de  Pierre  II  Nouailher.  Elle  se  compose 
alternativement  d'un  rayon  ondulé  et  de  trois  ou  quatre  rayons 
droits;  la  facture  est  identique  sur  les  deux  émaux. 

Le  revers  est  en  fondant  un  peu  oxydé  de  rouge.  Nous  avons 
calqué  scrupuleusement  la  signature  qui  y  est  tracée,  et  nous  la 
reproduisons  ici  : 


/lùuaum 


P.ti^ 


7 


Elle  est  écrite  en  noir  au  pinceau,  probablement  sous  le  fondant 
et  à  même  le  cuivre.  Le  fondant,  absorbé  sans  doute,  à  la  cuisson, 
par  Voxyde  noir  des  lettres,  donne  à  sa  surface  une  empreinte  légè- 
rement creuse  de  la  signature. 

Comme  art,  cette  pièce  est,  en  somme,  très  faible.  Au  premier 
abord,  on  y  retrouve,  avons-nous  dit,  l'aspect  sombre  et  un  peu 
léger  de  quelques  travaux  du  cours  du  xvw*  siècle.  On  ne  peut, 
toutefois,  par  son  dessin  médiocre  et  la  faiblesse  du  style,  la  faire 
remonter  au-delà  de  1682,  date  du  Baiser  de  Paix  du  Musée  Adrien 
Dubouché  de  Limoges,  et  il  est  parfaitement  admissible  qu'elle  soit 
du  Pierre  Nouailher,  auteur  de  ce  dernier.  C'est  l'avis  des  mem- 
bres de  la  Société  archéologique  qui  assistaient  à  l'examen  des 
émaux  envoyés  de  Blois,  et  notamment  de  notre  savant  secrétaire 
général,  M.  Louis  Guibert,  notre  courtois  mais  obstiné  contradic- 
teur. 

Si  on  examine  attentivement  la  pièce,  on  y  retrouve  déjà,  outre 
la  faiblesse  du  dessin  et  du  style,  le  goût  maniéré  des  Nouailher  de 


PIERRE  U  NOOÀILHBR.  U5 

la  déeadence  ultérieure,  ces  yeux  levés  au  ciel,  cette  sorte  de  chi- 
noiserie dans  la  physionomie  affectionnée  par  eux,  et  que,  du  reste, 
Pierre  II,  même  dans  les  émaux  de  la  seconde  manière,  n'a  pas 
poussée  plus  loin  qu'ici,  et  que  les  derniers  Nouailher  ont  exagérée 
à  Texcès  d'une  façon  grotesque.  Le  modelé  blanc  des  nus  est  un 
peu  mieux  étudié  ici  (surtout  aux  mains)  qu'au  Saint  Joseph,  mais 
il  faut  en  chercher  la  raison  dans  la  date  plus  ancienne  de  l'exécu- 
tion, date  à  laquelle  l'artiste  était  encore  un  peu  influencé  par  les 
maîtres  du  xvu*  siècle.  Les  chairs  et  les  traits  des  nus  sont  déjà  les 
mêmes  que  sur  le  Saint  Joseph^  en  lavis  roses  légers,  et  en  lignes 
sèches  extrêmement  déliées  au  pinceau.  Le  glacé  des  carnations 
a  le  même  brillant  et  le  même  éclat  que  sur  eette  autre  pièce  et 
tous  les  travaux  de  la  deuxième  manière. 


^  Saint  Ignace  de  Loyola. 

Plaque  rectangulaire,  en  émaux  de  couleurs,  rehauts  d'or.  Hau- 
teur :  0»,092,  —  largeur  :  0»,075. 

Le  saint  est  vu  à  peu  près  à  mi-corps,  dans  un  ovale  cerné  d'un 
trait  d'or  et  d'un  liseré  blanc  de  deux  millimètres  et  demi  de  lar- 
geur. Coins  en  rocaille.  Au  bas,  bande  du  noir  du  fond  avec  ligne 
horizontale  d'or  au-dessus  pour  la  délimiter;  inscription  en  or  : 
S.  IGNATIVS  DE  LOIOLA.  Le  saint  a  la  main  gauche  appuyée  sur 
un  livre  ouvert  où  se  lit  en  noir  sur  blanc  AD  MAIOREM  DEI 
GLORIAM  (toutes  ces  inscriptions  sont  en  lettres  assez  mal  formées 
et  sans  élégance).  Le  bras  droit  est  replié,  la  main  levée  et  ouverte, 
la  paume  en  avant.  La  tête  est  de  trois-quarts  à  droite,  elle  regarde 
au  ciel;  une  auréole  exactement  semblable  à  la  précédente  l'en- 
toure. 

Saint  Ignace  est  vêtu  en  prêtre,  d'un  surplis  blanc  et  d'une 
chasuble  bleue  à  bandes  gris-jaune,  brochée  de  larges  fleurs  et 
ornements  sur  toute  sa  surface,  exécutés  en  blanc  sous  l'émail  et 
rehaussés  d'or  par-dessus.  En  haut,  l'ouverture  de  la  chasuble 
laisse  voir  le  col  d'un  vêtement  violet,  orné  de  dessins  analogues 
(ils  sont  un  peu  lourds,  mais  non  sans  ampleur  et  dans  le  goût  des 
riches  étoffes  du  milieu  du  xvii«  siècle).  Autour  du  cou  apparaît  le 
bord  d'un  linge  blanc  comme  le  surplis.  Le  sujet  doit  être  exécuté 
d'après  une  gravure  du  temps  de  la  canonisation  du  saint  (1622). 

Le  fond  général  de  la  plaque  est  noir  comme  dans  la  précédente 
et  dans  celle  du  Saint  Joseph^  comme  aussi,  du  reste,  dans  tous  les 
émaux  de  Pierre  II  Nouailher  que  nous  connaissons,  tant  à  la  pre- 
mière qu'à  la  seconde  manières. 


4i%  socitri  ARCHÉodMïKitft  «r  b^mutHiB  du  limousim. 

le  WDtre-émail  est  -en  fondant  -et  porte  la  ^gnatûre  ^(Ûvaûte, 
écrite  par-dessus «ti  rouge  foncé  opaqtre;  ftotrs  l^Vôùfe  àécâlquèè, 
co»me  la  précédente,  avec  une  mintitietise  fidélité  : 


iihi 


a  Jii^moifQ^ 


On  remarquera  Tanalogie  frappante  des  N  initiales,  des  r^  des  L 
dans  Limoges,  et  surtout  des  ^  finales  de  ce  mot,  qui  sont  carac- 
téristiques; Torthographe  du  mot  emaillieur  est  la  même  sur  les 
deux  pièces,  ei  la  disposition  des  trois  mots  les  uns  a^essoud  des 
autres,  appuyant  un  peu  plus  à  droite  à  chaque  ligne^^Mi^licore  à 
noter. 

Cette  signature  est  écrite  très  couramment  au  piïiceati,  coftime 
la  précédante,  et  elle  est  tellement  de  la  même  main  qMsi^  i 
l'aide  de  calques,  on  en  applique  chaque  ligne  sut  la  ligne  cor^ 
respoadaate,  les  lettres  tombent  presque  ttiathèmaliquôiûeat  lé% 
uoes  sur  les  autres.  L'analogie  est  frappante. 

Cette  pièce  est  très  intéressante  comme  document  de  transition 
entre  les  deux  manières  ;  elle  doit  dater  de  la  fin  du  xW  siècle 
environ.  Elle  a  toujours  le  revers  de  fondant  de  là  première  toà>- 
nière,  un  air  de  famille  (très  éloigné,  il  est  vrai)  avec  les  predU6- 
tions  du  cours  du  xvti'  siècle  et  ne  sent  pas  encore  le  plein  xVm*. 
Ainsi,  la  méthode  y  est  toujours  bonne,  les  modelés  préparés  par 
transparence  de  blanc,  d'une  façon  surtout  remarquable  dââê  leè 
dessins  de  la  chasuble  (1);  la  tête  est  presque  eomplètemètil  6âl- 
p&tée,  il  est  vrai,  mais  celle  dXkSaint  Bruno,  précédemment  étudiée, 
commençait  à  Tôtre  beaucoup  aussi.  Le  dessin  n'en  est  pas  trop 
mauvais,  bien  préférable  même  à  celui  de  la  tête  du  ^uiHt  BruM% 

{\)  La  Vierge  et  V Enfant  Jésus,  plaque  en  émaux  de  couleurt  sui*  fond 
noir,  de  la  seconde  manière  de  Pierre  II  Nouailh^r,  exposée  à  Limogés  en 
I8S6^  sous  le  n°  303,  oifrait  une  table  recouverte  d'un  tapis  vert  à  l*àrhà-'> 
ges  préparés  en  blanc  exactement  de  la  môme  façon*  Nous  pouiriom  éli 
citer  d'autres  exemples. 


iriBBBK  a  ROOiilUm.  447 

L'aspect gëBéral  delà  plaque  est  assez  rich««t  hamomeQx.;  son 
style  seulement  déjà  très  faible,  la  mam  molle,  ainsi  que  le  modeift 
blaae. 

D'antre  part,  on  Toit  s'accuser  déjà  tous  les  caractères  de  la 
deuxième  manière,  de  façon  qu*à  Texamen  des  pièces  on  soit 
aussi  assuré  que  le  Saint  Ignace  est  dû  à  Tauleur  du  Saint  Jwefk^ 
qu'il  est  certain  qu'il  émane  de  Témailleur  qui  a  exécuté  le  Saint 
Brtmo,  Etudié  entre  ces  deux  pièces  typiques,  qui  ont  l)eaiieoup  de 
points  de  o»tact  communs  et  d'analogies  suffisantes  défà  pour 
perBiettfe  d'en  ideutifier  l'auteur,  il  étairiit  eutre  «Hes  un  Uéb  de 
paresité  indéniable  et  force  à  reconnaître  «u  seal  et  uiéflie 
P.  Nouailber  pour  Fauteur  des  tr<Hs  èmaox. 

Ainsi,  ce  qui  suffirait  à  faire  ideatifier  l'autettr  du  Saint  Ignace  et 
du  Saint  Jçseph^  e'est  le  laodelè  des  plis  du  surplis  .compané  au 
HMMMé  du  yéteoient  blanc  de  i'Ëufant  Jè$m  pa^r  eKemple.  Dans, 
sa  seconde  manière,  Pierre  II  Nouailher  a  une  Cacon  propne  4e 
modeler  les  Tétemeuts  ea  blanc^  U  le  lait  en  deux  coadies  :  une 
première  coiiebe  de  i>ianc  léger  ^t  éteadue  à  plat  partout^  puis 
des  lumières  de  blanc  sont  habilement  filées  en  traits  longs  et 
eis$âtés.  Il  arrive  ainsi  très  vite  et  avec  une  remarquable  facilité 
à  modeler  ses  draperies;  mais  elles  sont  monotones  et  saos  e:Set  : 
la  lumière  jaa  se  fond  pas  avec  la  demi*teinle,  les  parties  sdluées 
dans  Tonabre  sopl  traitées  d'une  façon  aussi  lumineuse  q«»e  le  tdié 
éclairé.  A  ce  point  de  vue  seul,  on  doit  déclarer  les  deux  pièces 
du  même  auteur,  et  ne  fussent-elles  pas  signées,  que  Ton  y  recoih 
naîtrait  sans  hésitation  Pierre  II  Nouailher.  Le  giacé  de  son  blanc 
est  superbe  dans  l'une  et  l'autre,  comme  toujours,  mais  l'effet  un 
peu  heurté  et  sans  finesse,  par  suite  des  empâtements  trop  rapi- 
dement obtenus  du  premier  coup,  au  lieu  df^s  gradations  délicates 
et  de  l'eiiteoie  du  modelé  par  lesquelles  se  distinguaient  les 
maîtres  du  xvr  siède  (1), 

En  outre,  les  colorations  translucides  du  Saint  Ignace,  le  bleu 
de  sa  chape  et  le  violet  de  son  col  sont  bien  propres  à  Pierre  II 
Nouailher  et  se  rencootrent  sur  toutes  Iqs  pièces  de  sa  seconde 
manière,  où  elles  deviennent  seulement  plus  vives  de  ton,  comme 
nous  allons  le  constater  sur  le  Saint  Joseph.  On  ne  trouve  pas 
encore  ici  le  rose  tendre  de  celte  dernière  plaque  qu'il  emploie 
presque  invariablement  plus  tard  sur  tous  ses  travaux.  Ici  l'har- 
monie; plus  douce,  rappelle  un  peu  celle  des  émaux  de  H.  Poucet, 

(4)  Les  Lsudîn  empâtent  aussi  très  vigoureusement  leurs  grisailles  du 
premier  eoup,  ce  qui  les  rend  souvent  lourdes  et  molles,  mais  ils  fondent 
beaucoup  plus  doucement  leurs  diverses  épaisseurs  de  blanc. 


448  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

qui  a  exécuté  d'ailleurs  bien  souvent  ce  sujet  (peut-éfre  Pierre 
Nouailher  copiail-ii  un  de  ses  émaux). 

Si  l'on  compare  la  figure  du  Saint  Ignace  à  celle  du  Saint  Joseph, 
la  conclusion  est  aussi  frappante  que  pour  le  modelé  du  blanc, 
mais  plus  facile  à  saisir  encore  pour  tout  examinateur.  C'est  abso- 
lument le  même  air  de  télé  souriant  (celles  de  la  seconde  manière 
ont  toutes  cette  expression  plus  ou  moins  marquée),  la  même 
façoQi  de  redessiner  les  traits  en  brun  foncé,  déliés  et  secs,  le 
même  manque  de  transparence  du  blanc  dans  les  figures^  où  les 
lumières  sont  cependant  empâtées  très  fortement,  le  même  ton  de 
chair  rose  assez  léger  posé  en  lavis  avec  lumières  blanches  enle- 
vées et  ombres  rechargées  du  ton  de  chair  plus  épais,  posé  peu 
délicatement,  en  accentuant  fortement  la  teinte  des  pommettes 
des  joues,  les  lèvres  peintes  en  plein  rouge  opaque  d'un  ton  vif, 
les  cheveux  et  la  barbe  dessinés  à  l'aide  de  traits  bruns  sèchement 
posés  les  uns  à  côté  des  autres. 

L'auréole  en  or  du  saint  est  identique  à  celle  du  Saint  Joseph  (et 
à  celle  du  Saint  Bruno);  les  lettres  des  inscriptions  sont  aussi  peu 
régulièrement  et  élégamment  tracées  sur  les  deux  pièces. 

Enfin  les  rocailles  des  coins  y  sont  elles-mêmes  à  peu  près 
identiques.  Elles  se  composent  simplement  d'une  sorte  de  fleuron 
au  milieu  et  de  deux  petits  rinceaux  de  chaque  côté,  cela  posé 
lourdement,  en  très  fort  relief,  et  sans  rien  de  l'élégance  de  la 
rocaille  des  Laudin  ^  des  traits  d'or  contournés  presque  au  hasard 
et  posés  grossièrement  les  accompagnent.  Sur  le  Saint  Ignace^  le 
blanc  de  la  rocaille  est  retouché  de  petits  traits  noirs  pour  le  ren- 
dre moins  lourd  ;  sur  le  Saint  Joseph  (ici  le  goût  de  la  décadence 
s'accentue,  c'est  absolument  la  seconde  manière),  il  est  rehaussé 
des  touches  rose  et  turquoise  de  la  pleine  décadence. 

Il  devient  certain  que  l'auteur  du  Saint  Ignace  est  aussi  celui  du 
Saint  Joseph,  comme  nous  avons  vu  qu'il  fallait  lui  attribuer  le 
Saint  Bruno. 

3<*  Saint  Joseph  et  l'Enfant  Jésus. 


Plaque  rectangulaire  en  émaux  de  couleurs,  rehauts  d'or.  Hau- 
teur, 0",H8;  —  largeur,  0°,094.  Sujet  ovale,  coins  en  rocaille. 

Saint  Joseph,  assis,  tient  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux;  de  la 
main  gauche,  qui  passe  derrière  l'Enfant,  il  montre  une  branche 
de  lis  fleurie.  Sa  tête,  de  trois-quarts  à  droite,  est  entourée  d'une 
auréole  d'or  identique,  comme  nous  l'avons  observé  déjà,  à  celle 
des  deux  pièces  précédentes.  L'Enfant  Jésus,  vêtu  d'une  chemise 


blanche,  la  tête  à  nimbe  dor  radié  (celui-ci  sans  rayons  ondulés), 
tient  de  la  main  droite  une  croix  d'or  et  a  la  gauche  appuyée  sur 
le  globe  du  monde,  boule  émaillée  de  bleu.  La  robe  de  saint  Joseph 
est  en  rose  tendre,  son  manteau  en  bleu  d'un  ton  riche.  —  En 
arrière-plan,  à  gauche,  une  colonne;  à  droite,  une  muraille,  en 
gris-jaune  (ton  des  bandes  de  la  chasuble  du  saint  Ignace).  A  la 
place  du  ciel,  simplement  le  fond  noir  de  la  plaque.  Autour  de 
l'oyale  du  sujet,  liserés  or  et  blanc  comme  à  la  plaque  du  Saint 
Ignace.  Les  quatre  coins  sont  garnis  de  la  même  rocaille  que  ceux 
de  cette  dernière  pièce,  et  au-dessous  se  retrouve  la  même  bande 
noire  avec  Tinscriplion  en  or  SAINT  lOSEPH.  Tout  autour  de  la 
plaque,  un  filet  en  argent  oxydé  et  noirci. 

Le  revers  ou  contre-émail  est  en  lavages  (1)  translucides  d'un 
ton  carmélite  clair,  marbré  de  taches  bleuâtres  plus  foncées.  La 
signature  ci-dessous,  en  argent  oxydé,  y  a  été  calquée  par  nous 
avec  le  même  soin  que  les  précédentes  (2j  : 

^'  /louanLir  Jit^e 


*  JLiTtto 


CJ^ 


C'est  toujours  la  même  orthographe  et  la  même  écriture  cou- 
rante sur  les  trois  signatures,  les  mêmes  N  et  L  initiales,  les  mêmes 
r  et  s  à  la  fin  du  mot  Limoges.  Sans  tenir  compte  de  l'analogie 
évidente  des  pièces  au  point  de  vue  technique  et  artistique,  la 
comparaison  des  trois  signatures  suffirait  seule  pour  y  faire  recon- 
naître une  même  main. 

Nous  avons  fait  ressortir  déjà  les  principaux  caractères  de  cette 
pièce,  à  propos  du  Saint  Ignace;  nous  ne  l'apprécierons  pas  en 
détail,  car  elle  est  typique,  et  personne  ne  contestera  qu'elle  appar- 
tienne au  dernier  Pierre  Nouaiiher,  émailleur,  dont  nous  avons 
décrit  ailleurs  déjà  le  style  dans  sa  seconde  manière  (3). 

(I)  Résidus  provenant  da  laoage  des  émaux  divers  après  qu'ils  ont  été 
broyés;  recueillis  ensemble  dans  une  capsule,  ils  constituent  un  émail 
d'un  ton  neutre,  propre  seulement  à  émailler  le  dessous  des  plaques. 

(3)  Nous  possédons  une  pièce  caractéristique,  comme  sujet  et  comme 
revers,  de  la  seconde  manière  de  Pierre  II  Nouaiiher;  sa  signature  calquée 
pourrait  s'appliquer  exactement  sur  celle-ci. 

(3)  Voir  nos  publications  sur  les  émaux  peints  exposés  à  Limoges  en 


laO  SOGIÂTÉ  ARCHéoUMttQtMI.IV  USTOM^E  DU  LIVOUSTN. 

bas  rehauts  d'«r  du  niaii;ieftir  éiédYst  robe  é^  saÀ&t  Joisepb  senl 
pimës' en:  petits  Urait8  Iranaversaux  Its  uns  ati^esaM»  des- autres, 
snof»  déiîdatesae  et  d'an  dsBe2  mdtmns  effet.  On  ae  dislôogue 
é^ai>levageai  à  yaignitle  laissaiit  apparaître  le  ffMd  neir,  cemne 
im)y«n  de?  modelé  dans  le  blaire  des  nus^  suir  aueuce  de»  trois 
pi&êesc  U  faolt  reimarquer  fe  façon  diaot  la  r<>b€t  sose  est  préparée 
en  hbdBttiSouarétaaik  :  dans  les  plia  sombires,  la  preiniëre  coucha 
dttblanoe«t  tiré»  mince,  el  ils  forment  comme  des  silloas  creux  dairs 
ht' reste  da  vêlement  très  empâté  de  blanc,  sans  Iransition  aueiuie 
enlve  Feimbre  et  la  lumière.  Les  physionomies  soumntes,  les 
chairs  claires,  tes  traits  secs  et  déliés  des<  nos,  le  beau  glacé  de  la 
plaque,  les  colorations  bien  translucides  mais  un  peu*  vives,,  la 
nicailte  peinturlurée  de  turquoise  et  de  rase,  ete.,  tout  cela  carac- 
térise surabondammenfl  la  deuxième  manière  de  Pierre  II 
Mouailber. 

Seul,  son  revers  n*est  pas  le  revers  t^rpique  en  fondant  bleuté, 
mais  cette  variante  n'a  ici  aucune  importance,  Taspect  de  la  plaque 
et  la  signature  ne  laissant  aucun  doute  sur  son  auteur.  D'ailleurs, 
dans  les  travaux  les  plus  accentués  de  sa  seconde  période  de  pro- 
duction, Pierre  II  Nouailher  n'a  rien  d'absolument  fi)Bedans  l'adop- 
tion du  ton  de  ses  contre-émaux.  Celui  qui  lui  est  bien  particulier 
est  le  revers  ci-dessus  indiqué,  en  fondant  bleuté;  mais  à  l'Exposi- 
tion rétrospective  de  Limoges  en  f886,  par  exemple,  sur  onze 
contre-émaux  de  cette  époque,  cinq  seulement  offraient  le  ton  ca- 
ractéristique et  les  six  autres,  bien  qu'appartenant  à  des  pièces  non 
moins  sûrement  dues  au  méme.auteur,  étaient  de  tons*  différents, 
djont  Tua  (n«  337)  offrait  une  certaine  analogie-  avec  celui  de  notre 
Saint  Joseph. 

Voici  la  coflclhsion  qui  découle  de  l'examen  des  trois  pièeesque 
nous  venons  d'étudier.  La  plaque  du  Saint*  It/nace  est  en  somme 
équivalente,  comme  dessin  et  style,  à  celle  du  Saint  Bninû  ;  la  tête 
d^  l'a  pièce  de  transition  est  même  préférable.  Outre  l'analogie^rès 
sensible  qui  existe  entre  les  deux  émaux  au  point  de  vue  du  goût 
et'decenuîn^  ffélaite  de  décor  ou  d'exécution,  ridenlité  des*  deux 
signatures  nepermet  pas'd'yreconnath-e  deux  auteurs  différents.  Or, 
si  le  Saint  Ignace  et  le  Saint  Bruno  ont  un  auteur  commun,  l'émail- 
lèur  qui  les  a  signés  doit  être  aussi  l'auteur  du  Baiser  de  Paia:, 
dix  Musée  de  Limoges,  signé  Nouaiiher  et  daté  de  t883.  Cette 
grisaille  est  plus  fine  et  plus  délicate  que  celle  que  nous  venons 

1886;  sur  ceux  de  Tcxposition  de  Tulle  en.  4887,  et  sur  ceux  du  Musée  de 
Qoérfit((lflfl8). 


è'éNtdiieff',  OMite  rieir:0le»(ié«hd  de  L'attritoorm  aiéme  aitatidr  q««r  le 
SmntMnna.,  Gm  Iro^  piiècos»  3oo4  to«&  par  crtwfié<iu6nt  i  Pievm  U 
HQimlb€^>  s^9i  ^myOtowr  de  e^nooi  qui  travaillât  à  Qe^l^l^  é{)Qque. 
—  D'autre  part,  nous  avons  prouvé  que  le  Saint  Ignace  est  imoïk- 
ta9iaUeilieaAdâ.à:Vaii4eQrc}u5atni^  Ja$^ph,  D^m^  Yém»iM%jiàv  qui  a 
ITQiieKmI  ceatrctiiS^yièeeAna^Bai  qtM. celle. daHtusée,  esibiiaiile  mât&e 
FJMTQ  U  Notttiilbdf ,  qoîf  a  eo  deux  rnaoÂères  :  finie,.  a«  début,  piiis 
^ailiqm  si  Won.  \eulk.  ONt  pluAôi,  noèiâ  oublieuâfe^  dBs  tiradîtÂMs  âe 
Ift  btoM'  ^quQ^ (è  oe  momefii  il  ik'ejxécutait:  à.  pgm  près/qatt  des 
grÎ9«Ale&);  l'auj^f^^  flusr  inAufeocée  par  la.  rapide,  décadetce-  de 
notre  art  local  (celle-ci  surtout  lui  est  biea  personnelte)-. 

Bien  pea  d('ariistes  qi^  Ira^versé  nm  période  d'une!  ce rteuxe  durée 
,aaiia  quie:  teuFSi  pi^od^clions  ae  rBaseiHiasent  d'abojd(f  «ne  pireinâère 
ëdi«itôH<Hi  reçue,  Ql),  pttis  tard,  du  milieu  (teua^  leqiielils  iFavaillaieoit, 
.Q«d«;80ftt'dur.pu^lic.  auquel  ils  étaient  quelquefois  portés,  plns^siOtt- 
i^ftl  oomlrainis  à  se  conformer  ;  d'où  des  transforniatioiis  plus  ou 
9iorâ$'apeeiil:uées:  dans  leur  œuvre.  Poun  ne  citer  qm  deHOLcoiutea)- 
poiwns.  dîB'  Piîenre  H'  Nouaiiher,.  ne  voyons-nous^  pas  Jacques  l  La»- 
4iA  modj'fiekr  j^  ll(  fin  die  sa  cairrièire  sa.  méthode  etï  le  style'  de  ^es 
ifâivfiiiHK,  et.s)i»Qt]»ev6tt,  Jacques U,api^s  avoir predaii  des^  ouirragas 
(fune  délicai^se.  remarquabliOt,.  eo;  airriiveir  m^  Titymf  siècle,  àt  d^abo- 
minables  peintures  opaques  et  ternes,  tout  aussi  pauvres  d'aspeot 
que  tes  phisi  mauvaises  prod;ux;tions  des  depoieps  Nouâilher.  Et, 
cteB^eftdaoh  leurs*  divers^  émaux  portent  leurs  signaiures-  el  leurs 
a^lcQsses  et,  q.U]e]que  répugnance  que  l'on  puisse,  éprouver  k  les 
ranger  s<»u&IB'  nom  d'un.imétne  auteur,  on.est!otbligé.de:  sa  pendre 
à  l'évideooe^;  ils  oQteu  aussi  dieux  raanière&. 

Uais^.  ïtQM  dï-trou.  objecté,  Nojnailfaer.  signe  «  laytié^  >»  siu*  le  Saint 
Jfi$ejthieijmp  lapJlupaftdBs  travaunanalogues,  tandis  quesur  le  Saint 
9vma  et  le  Saint  Ignace  y  ainsi  qpe  sur.  les  autres  pièces  qui  consti- 
(«MftaieMtt.une  première  manière,  il  signe  simplement  de  son  nom', 
saQ^DaAOOtmpagnev  die  ce  qualificalif.  N'y>  a-^i-il  pas  là*  unie  indica- 
tioQ  B^meltaokt  de  distinguer  deux  bomonymes?  L'argument  est 
fmil0i  ài  Qélater  el  la  réponse  vient  à  l'appui  de  notre  thèse;  Stir 
Ie9^oa?rrag6iS)diB  sa  première  manière,  rémâilleui^  sigo«  simplemient 
Sfcmiiher^Ri^mreNmMilèery  P.Nomilher,  ou  P.  N.^  paroe.qjBBà 
QOfimiiiiBQtil  est.aeoi  émailleur  de  son  nom  et  qu'ils  n/a- besoin,  ptar 
conséquent,  de  se  distinguer  de  personne.  Plus  tard,  aa  contraire, 
il  devient  Talné  de  huit  frères  ou  soeurs,  dont  un  au  moins,  Joseph, 
a  sûrement  exécuté,  en.  même  temps  que  lui,  des  émaux  qui  nous 
sont  connus,  sans  parler  de  ses  nombreux  neveux,  également 
éisaillAurs^à  la.méme  époque.  :  aussi,  sur  les  oiivrages,  produits  à 
ce  moment  (fin  du  \w  et  cammencemeat  da  x.vju«  siècle),,  la 


15S  âOCilRTÉ  ARCBÂOLOGIQUifc  «T  HISTORIQUE   t>U  LIMOUSIN. 

YoyoDs-ûoas  faire  saivre  soigneusement  son  nom,  au  revers  de  ses 
plaques,  de  Tindication  «  layné  »,  afin  que  Ton  ne  confondit  pas 
ses  travaux  avec  ceux  de  ses  nombreux  homonymes  et  <^ontempo- 
rains. 

On  ne  peut  songer  à  attribuer  les  ouvrages  de  sa  première  ma- 
nière à  Pierre  I  Nouailher.  Ce  dernier,  grand-père  de  Pierre  II, 
dit  èmailleur  dans  les  actes  du  temps,  mais  dont  on  ne  connaît 
aucune  production,  était  «  collateur  des  tailles  pour  le  canton  des 
Bancs  »  en  1601.  Il  était  donc  mort  à  Tépoque  où  Pierre  II,  né 
vers  1687,  a  pu  commencer  à  signer  ses  émaux,  c'est-à-dire  au 
dernier  quart  du  xvii*  siècle. 

On  nous  fait  remarquer  encore  que,  sur  le  Saint  Joseph  de  la 
seconde  manière,  le  mot  «  Nouailher  »  est  précédé  d'un  «  P.  », 
tandis  que  le  Saint  Ignace  ne  porte  pas  Tinitiale  du  prénom.  Il 
suffira  d'observer  que  sur  le  Saint  Bruno,  de  la  première  manière, 
au  bas  du  nom  on  lit  «  P.  N.  »  et  que  l'initiale  du  prénom  se 
trouve  aussi  souvent  sur  les  pièces  de  la  première  que  sur  celles  de 
la  seconde  manière  (1);  quelquefois  elle  fait  défaut  sur  les  unes  et 
les  autres,  comme  sur  le  Saint  Ignace;  rien  de  fixe  à  cet  égard. 
D'ailleurs,  si  on  ne  trouvait  le  P.  que  sur  les  pièces  de  la  dernière 
période,  cela  s'expliquerait  de  la  même  façon  que  l'adjonction  du 
mot  «  layné  ». 

Enfin,  si  deux  Pierre  Nouailher  avaient  pu  produire  à  la  même  épo- 
que, il  serait  surprenant  que  l'un  n'eût  exécuté  que  des  travaux  d'un 
caractère  relativement  artistique,  à  l'aspect  pour  ainsi  dire  plus  an- 
cien et  plus  rapproché  du  plein  xvn*  siècle,  tandis  que  l'autre  n'aurait 
peint,  en  même  temps  et  côte  à  côte  avec  lui,  que  dans  le  goût 
d'une  décadence  ultérieure.  En  effet,  d'après  les  documents  écrits, 
c'est  bien  un  seul  et  même  Pierre  Nouailher,  èmailleur,  qui  nait 
vers  1657,  a  sept  frères  ou  sœurs,  épouse  Anne  Faute  et  meurt  le 
28  septembre  1717,  dit  âgé  de  soixante  ans  environ,  laissant  deux 
fils,  Jean-Baptiste  et  Simon,  et  une  fille,  Marie  (2).  Ses  travaux,  en 
prenant  à  part  chacune  de  ses  deux  manières,  ont  une  analogie 
d'aspect  et  de  procédés  absolue,  ne  permettant  pas  de  rechercher 
soit  dans  l'une  soit  dans  l'antre,  s'ils  sont  dus  à  deux  auteurs 
différents.  Chaque  groupe  appartient  sûrement  au  même  èmailleur 
et  il  est  certain  aujourd'hui  que  les  deux  ont  pour  auteur  Pierre  II 
Nouailher. 


(4)  Voir  nos  Emaux  peints  à  V Exposition  rétrospectioe  de  Limoges  en 
1886.  Tableau  de  classement. 

(9)  Voir  notamment  les  documents  publiés  à  la  fin  de  nos  Emaux  peints 
à  VExposUion  rétrospectioe  de  Limoges  en  1886, 


PIERRE   II   NOUAILHER.  453 

Gemment  les  textes,  qui  sont  surabondants  et  précis  sur  les 
Noaailher  de  cette  époque,  relatant  les  naissances,  baptêmes,  ma- 
riages, contrats  dé  toute  sorte,  décès,  etc.,  dans  lesquels  nous 
trouvons  constamment  mention  de  Témailleur  auquel  est  consacrée 
cette  notice  ou  de  tous  ceux  dont  les  émaux  nous  sont  aujourd'hui 
connus,  seraient-ils  muets  sur  un  autre  Pierre  Nouailher,  émail- 
leur,  vivant  aussi  en  1682  et  ayant  fourni  un  nombre  considérable 
de  pièces,  le  Baiser  de  Paix  du  Musée  (signé  :  «  Nouailher  i  682  ») 
et  toutes  celles  que  nous  rangeons  dans  la  première  manière  de 
Pierre  II?  Car,  sans  la  signature  et  la  date  du  Baiser  de  Paix,  on 
pourrait,  de  prime  abord,  h  Texamen  superficiel  des  pièces,  faire 
remonter  la  production  du  premier  groupe  de  travaux  à  une  époque 
plus  ancienne,  où  notre  émailleur  ne  travaillait  pas  encore;  mais  la 
pièce  du  Musée  entraine  son  attribution  et  celle  de  tout  le  groupe 
au  seul  Pierre  Nouailher  qui  produisit  en  1682,  à  Pierre  II  (1); 
et  la  comparaison  des  deux  séries  d'ouvrages  n'empêche  nullement, 
nous  l'avons  vu,  leur  réunion  sous  le  nom  de  ce  dernier,  montrant 
les  particularités  et  les  tendances  communes.  L'étude  sérieuse  et 
simultanée  des  deux  séries  d'ouvrages  et  des  pièces  de  transition 
engageait  fortement  à  leur  assigner  un  auteur  commun  ;  la  date  et 
la  signature  du  Baiser  de  Paix  du  Musée  de  Limoges,  constatant  la 
production  des  premiers  ouvrages  en  1682,  y  oblige,  puisqu'à  ce 
moment,  tant  d'après  les  documents  écrits  que  d'après  les  émaux 
connus,  Pierre  II  Nouailher  était  seul  émailleur  de  ce  nom  à 
Limoges. 

Si  les  documents  écrits  sont  muets  au  sujet  d'un  autre  Pierre 
Nouailher,  émailleur,  contemporain  de  Pierre  II,  c'est  que  cet 
homonyme  émailleur  n'a  pas  existé  et  que  Pierre  II  Nouailher  est 
réellement  l'auteur  de  tous  les  divers  émaux  dont  nous  venons  de 
nous  occuper,  ce  que  nous  admettons  volontiers  d'après  leur  étude. 

L.   BOURDBRY. 
M  mai  1889. 

(i)  n  se  pourrait  très  bien  que  la  si^ature  de  ce  Baiser  de  Paix 
a  Nouailher  Î682  v  fût  précédée  de  la  lettre  P,  initiale  du  prénom 
«  Pierre  »,  car  le  revers  de  Témail  a  été  recouvert  de  vernis,  pour  conso- 
lider la  manette.  Par  un  léger  grattage,  nous  avons  mis  à  jour  la  signa- 
tare  ci-dessus,  mais  sans  oser  pousser  assez  loin  notre  opération  pour  la 
découvrir  en  entier. 


T.  xxxvii.  11 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION 

DIS 

ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES 

SAINT-YRIEIX,    SOLIGNAG 

CONSBRTBBS 

AU  MUSÉE  NATIONAL  ADRIEN  DUBOUGHÉ 


Nous  avons  toujours  eu  à  Limoges  une  élite  de  personnes 
savantes  et  laborieuses  qui  ont  consacré  une  partie  de  leur  temps 
à  l'étude  des  différentes  questions  intéressant  notre  histoire 
locale.  Les  investigations  de  ces  chercheurs  se  sont  portées  sur 
bien  des  points,  mais  certains  objets  les  ont  surtout  retenus  :  c'est 
ainsi  que  Tinterprétation  des  anciens  textes,  l'archéologie  monu- 
mentale, l'épigraphie,  l'émaillerie  champlevée  ou  peinte,  etc., 
leur  ont  fourni  la  matière  de  monographies  nombreuses  ou 
môme  de  quelques  importantes  éludes  d'ensemble.  Parmi  les 
sujets  qui  ont  été  le  moins  explorés,  se  trouve  l'histoire  de  la 
céramique  locale  :  dans  cet  ordre  d'idées,  à  peine  peut-on  citer 
deux  ou  trois  opuscules  ou  notices. 

Pour  expliquer  ou  pour  excuser  une  pareille  indigence,  on  dira 
peut-être  que  pendant  la  longue  période  du  n^oyen  âge,  à  Tépo- 
que  de  la  Renaissance,  enfin  aux  xvii^  et  xviii"  siècles,  les  arts 
céramiques  n\)nt  eu  chez  nous  que  des  manifestations  assez  hum- 
bles. Evidemment,  il  ne  faudrait  pas  allerjiisqu'à  prétendre  que  nos 
potiers  ont  égalé  nos  orfèvres  et  nos  émailleurs,  mais,  en  critique 
artistique,  il  serait  dangereux  d'admettre  que  ce  sont  les  œuvres 
les  plus  parfaites  qui  sont  les  plus  intéressantes  ;  tout  au  contraire, 
au  point  de  vue  de  l'étude,  souvent  tel  misérable  fragment  où 
se  retrouvent  quelques-uns  des  traits  caractéristiques  d'un  art 
dont  les  manifestations  ont  presque  toutes  disparu,  sera  plus 
suggestif,  pour  employer  un  mot  à  la  mode,  que  les  majestueuses 
colonnades  d'un  temple  qui  a  des  analogues  uu  peu  partout. 


ESSAI  DK  CLASSIFICATION  DBS  ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES.      155 

L'histoire  de  notre  céramique  locale  pourrait  peut-être  présen- 
ter beaucoup  plus  d'intérêt  qu'où  u'est  disposé  à  se  Timaginer  : 
nos  potiers  ont,  je  crois,  constitué  une  école  puissante  et  origi- 
nale ;  notre  faïencerie  nous  a  laissé  quelques  beaux  spécimens, 
en  bien  petit  nombre,  mais  qui  indiquent  des  tendances  artisti- 
ques assez  remarquables  ;  enfin  Thistoire  de  la  fabrication  delà 
porcelaine  à  Limoges,  l'étude  des  anciennes  productions  de  notre 
fabrique  arrivées  jusqu'à  nous,  offrent  certainement  un  champ 
considérable  aux  recherches  et  aux  observations. 

Je  voudrais  aujourd'hui  apporter  une  faible  contribution  à 
l'hisloire  encore  à  faire  des  porcelaines  limousines.  Il  s'agit 
d'essayer  la  classification  raisonnée  et  chronologique  des  pièces 
conservées  au  Musée  Adrien  Dubouché,  qui  ont  élé  produites  par 
nos  anciennes  fabriques.  Je  tiens  à  dire  que  je  ne  me  dissimule 
pas  les  difQcultés  du  travail  que  j'entreprends,  et  si  plus  haut  je 
rappelle  dans  quel  abandon  ont  été  laissées  chez  nous  les  études 
d'archéologie  et  d'histoire  céramiques,  c'€st  parce  que  Tabsence 
d'ouvrages  spéciaux  constitue  une  circonstance  atténuante  des 
erreurs  que  je  pourrai  commettre. 

I.  —  MÉTHODE  SUIVIE  DANS   CETTE  ÉTUDE. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  de  déterminer,  même  en  se  contentant 
d'une  précision  relative,  la  date  qu'il  convient  d'attribuer  à  certai- 
nes pièces  de  notre  ancienne  porcelaine,  car  on  se  trouve  parfois, 
souvent  même,  en  présence  de  persistances  de  style  et  d'habitudes 
décoratives  bien  faites  pour  dérouter  le  chercheur.  C'est  ainsi 
que  l'on  rencontre  fréquemment  des  pièces  remontant  à  l'époque 
révolutionnaire  et  d'autres  datant  de  l'Empire  qui  présentent 
entre  elles  des  analogies  très  intimes.  La  série  assez  homogène 
d'ailleurs  dont  l'une  des  caractéristiques  est  la  marque  C.  D. 
n'est  pas  d'une  répartition  beaucoup  plus  facile,  car  on  constate 
que,  de  1774  à  1784,  les  artistes  de  la  manufacture  de  Limoges 
obéirent  simultanément  à  des  inspirations  diverses. 

Pour  résoudre  certaines  de  ces  difficultés,  ou  du  moins  pour 
tenter  de  le  faire  avec  quelque  chance  de  succès,  il  conviejit 
d'examiner  à  tous  les  points  de  vue  les  pièces  douteuses  et  de 
recueillir  avec  le  plus  grand  soin  '  tous  les  indices,  —  même  les 
moindres,  —  qui  peuvent  apporter  quelque  lumière  sur  la  ques- 
tion. Il  importe  d'abord  de  relever,  et  très  scrupuleusement,  les 
caractères  et  surtout  les  particularités  de  la  fabrication.  L'étude 
de  la  décoration,  considérée  au  point  de  vue  technique,  complè- 


156  SOGIlftTé  ARfiaiOLOGIQUE  ET   BlSTOftlQUE  t>0  LlttOUSllI. 

tera  ce  premier  examen,  dans  lequel  on  aura  coosidéi'é  :  I®  la 
qualité  de  la  pâte  et  de  Témail,  etc.  ;  2^  la  cuisson  ;  3*  l'étendue 
et  la  composition  de  la  palette  décorative;  4®  la  qualité,  Téclat, 
le  ton,  etc.,  de  Tor  et  des  couleurs,  la  manière  dont  on  les  a  em- 
ployées puis  fixées  par  le  feu,  etc. 

Dans  cette  étude,  il  y  aurait  lieu  Je  tenir  le  plus  grand  compte 
des  habitudes  de  fabrique  et  d'ateliers;  malheureusement  les 
notions  qui  permettraient  de  tirer  parti  d'un  tel  genre  de  remar- 
ques nous  manquent  encore,  pour  la  plupart,  et  il  est  bien  à  crain- 
dre que  beaucoup  d'entre  elles  nous  manquent  toujours. 

Les  caractères  d'art  donneront  des  indications  plus  nombreu- 
ses, plus  variées  et  souvent  plus  précises.  Ces  caractères  peuvent 
être  ainsi  classés  :  l""  la  composition  des  formes  :  dans  son  étude, 
on  essayera  de  suivre  la  lutte  toujours  ouverte  entre  les  habitu- 
des de  la  fabrique  ou  de  Tatelier  et  «  les  caprices  de  la  mode  », 
car  l'introduction  d'une  nouveauté  venant  à  remplacer  une  tra- 
dition peut  déterminer  une  date;  2"  le  décor,  plus  variable  encore 
que  les  formes,  mais  plus  qu'elles  individuel  et  soumis  à  la  fan- 
taisie de  l'artiste  qui  l'exécute.  Le  décor,  plus  souple  que  les 
formes,  suit  plus  facilement  les  caprices  de  la  mode,  et  se  met 
plus  vite  à  l'unisson  de  ses  exigences.  Souvent  aussi^  par  des 
raisons  d'économie,  les  fabricants  font  le  plus  longtemps  possible 
usage  de  leurs  anciens  moules  et  écoulent,  après  que  la  mode  en 
est  passée  et  en  les  rajeunissant  en  quelque  sorte  par  une  décora- 
tion d'un  goût  nouveau,  des  stocks  de  pièces  dont  les  modèles  ont 
été  créés  à  une  époque  souvent  assez  éloignée.  En  résumé,  le  décor 
étant  facile  à  changer  de  style  peut  donner  des  indications  plus 
précises  que  les  formes,  lesquelles,  pour  les  raisons  qui  viennent 
d'être  dites,  ont  une  certaine  tendance  à  persister. 

11  existe  un  certain  nombre  de  pièces  à  date  certaine  qui  peu- 
vent donner  des  indications  précieuses,  qui  permettront,  par 
comparaison,  de  dater  certains  spécimens  du  Musée.  Telles  sont, 
par  exemple,  les  productions  de  Sèvres;  mais  la  fabrique  limou- 
sine s'est  beaucoup  moins  inspirée  qu'on  ne  serait  tenté  de  le 
croire  des  exemples  de  la  Manufacture  Nationale  et  les  pièces 
de  nos  collections  se  rattachant,  plus  ou  moins  directement,  à 
l'école  de  Sèvres  sont  assez  peu  nombreuses  ;  d'autre  part,  Limo* 
ges  a  imité  quelques  fabriques  parisiennes,  celle  de  Nast,  par 
exemple  :  certaines  pièces  remarquables  de  ces  fabriques  nous 
sont  connues,  soit  parce  qu'elles  font  partie  de  nos  Musées,  soit 
qu'ayant  figuré  aux  expositions  nationales,  elles  ont  été  repro- 
duites dans  les  recueils  spéciaux  de  l'époque;  mais  là  encore  les 
indications  sont  rares. 


RSSAl   DE  OLASSIFIGATIOR   DES  ANCIENNES  PORCELAINES   DE  LIMOGES.      197 

On  comprend  que  ce  doit  être  surtout  la  réunion  des  carac- 
tères dont  quelques-uns  viennent  d'être  énumérés  qui  peut  éta- 
blir une  présomption  de  date  sur  laquelle  on  puisse  faire  quelque 
fonds;  Tobservali^n  d'un  seul  caractère  peut  tromper,  mais  plu- 
sieurs indications  de  diverses  natures,  se  fortifiant  entre  elles, 
offrent  des  garanties  plus  sérieuses. 

On  trouvera  à  la  fin  de  ce  travail  un  tableau  présentant  une 
réunion  aussi  complète  qu'il  m'a  été  possible  de  l'établir  de  tou- 
tes les  particularités  de  fabrication,  de  décoration,  de  style,  etc., 
qui  caractérisent  les  différentes  périodes  de  notre  fabrication. 
C'est  sur  l'observation  de  ces  particularités  que  le  classe- 
ment qui  fait  l'objet  de  ce  travail  a  été  basé.  Parfois,  il  a  bien 
fajlu  se  contenter  de  l'observation  d'un  seul  caractère  pour  déter- 
miner une  attribution  de  date,  et,  dès  lors,  il  est  possible  que 
plus  tard  il  y  ait  lieu  de  revenir  sur  certaines  de  ces  attri- 
butions. 

La  connaissance  de  l'histoire  de  nos  principales  fabriques 
pourrait  être  d'un  grand  secours  dans  un  travail  tel  que  celui-ci, 
aussi  me  suis-je  efforcé  de  réunir  toutes  les  notions  qu'il  m'a  été 
possible  de  me  procurer  dans  cet  ordre  d'idées,  malheureuse- 
ment il  est  à  la  fois  un  peu  tard  et  un  peu  tôt  pour  faire  l'histoire 
de  notre  manufacture.  Il  y  a  quelques  années,  pour  une  telle 
étude,  on  aurait  trouvé  non  seulement  des  documents  écrits  dont 
beaucoup  ont  peut-être  été  perdus,  mais  encore  les  témoignages 
verbaux  de  quelques  vieux  praticiens  disparus  aujoud'hui; 
d'autre  part,  étant  donné  le  peu  de  recherches  qui  jtisqu'ici  ont 
été  faites  sur  l'histoire  de  la  porcelaine  limousine,  il  n'est  pas 
surprenant  que  la  plupart  des  documents  qui  nous  restent  n'aient 
pas  encore  été  tirés  de  l'oubli. 


II.   —  Vn  MOT   SUR   LA  GÉRAMIQUB  LIMOUSINS* 

Quelques  remarques  au  sujet  de  la  céramique  limousine  ne 
seront  peut-être  pas  déplacées  ici,  bien  que,  en  général,  ces  remar- 
ques ne  se  rattachent  qu'indirectement  à  l'objet  de  cette  étude. 

On  sait  que  la  céramique  s'est  manifestée  chez  nous  sous  trois 
formes  bien  distinctes.  L'industrie  des  terres  vernissées  est  cer"" 
tainement  très  ancienne  dans  le  Limousin  et  l'histoire  de  nos 
fabrications  locales,  en  ce  genre,  pourrait  sans  doute  présenter 
un  haut  intérêt.  Quelques  rapides  considérations  au  sujet  de 
nos  antiques  poteries  seront  peut-être  lues  sans  trop  d'ennui. 

Un  fait  frappe   tout  d'abord,  c'est  qu'il  ne  semble  exister 


458  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  OU  LIHOUSUT. 

aucun  rapport,  aucun  lien,  aucune  relation  de  parenté  entre  la 
céramique  limousine  et  nos  autres  arts  locaux.  Si,  par  exemple, 
nous  étudions  notre  poterie  vernissée  au  point  de  vue  de  sa 
technologie,  nous  nous  apercevons  bien  vite  que  ses  procédés  lui 
sont  particuliers  et  ne  doivent  absolument  rien  aux  arts  voisins. 
Par  exemple,  nos  potiers  ne  demandaient  Toruementation  de 
leurs  produits  qu'au  façonnage  à  la  main,  et  spécialement  au 
façonnage  à  la  main  agissant  sans  le  concours  d'aucun  outil. 
Dans  le  pays  de  l'émail  champlevé,  jamais  le  potier  n'a  eu  l'idée 
de  se  servir  de  la  pointe  pour  tracer  des  dessins  sur  les  pièces 
qu'il  exécutait  (1)  ;  or,  on  sait  combien  fut  répandue  pendant  tout 
le  moyen  âge  l'habitude  d'appliquer  à  la  céramique  l'ornementa- 
tion à  l'aide  de  ce  procédé  (2).  Dans  le  pays  de  l'émail  peint 
jamais  la  couleur  n'intervient  dans  la  décoration  de  la  poterie 
autrement  qu'en  couverte  ou  tout  au  plus  en  marbrures.  Jamais 
aucun  ornement  en  couleur,  pas  même  un  simplet  filet;  la  pein- 
ture n'existe  pas  pour  nos  vieux  potiers,  qui  n'ont  peut-être  môme 
pas  connu  l'usage  du  pinceau. 

Au  point  de  vue  de  l'art  et  du  style,  nos  anciennes  poteries  ne  pré- 
sentent aussi  aucune  espèce  d'analogie  avec  les  autres  arts  locaux 
contemporains,  et,  tandis  que,  dès  les  premiers  temps  du  moyen 
âge,  nos  orfèvres  deviennent  byzantins  presque  au  même  degré 
que  les  byzantins  eux-mêmes,  nos  potiers  restent  jusqu'à  la 
fin  absolument  fidèles  aux  traditions  gallo-romaines,  à  tel  point 
qu'il  est  certains  de  leurs  ouvrages  fabriqués,  aux  xvii*  et  xvni* 
siècles,  où  ces  traditions  se  trouvent  suivies,  ponctuellement  pour 
ainsi  dire  et  sans  qu'il  paraisse  8*y  être  introduit  de  bien  nota- 
bles altérations. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  rechercher  les  causes  d'une  persis- 
tance que  j'ai  voulu  seulement  signaler.  Le  fait  de  l'absolue 
divergence,  chez  nous,  des  deux  arts  de  la  poterie  et  de  l'orfè- 
vrerie semble  extraordinaire,  mais  ce  qui  ne  Test  pas  moins,  c'est 

(1)  Cette  affirmation  est  peut-être  trop  exclusive  :  nos  vieux  cuviers  à 
lessive  portent  souvent  des  filets  à  la  pointe,  mais  je  n'ai  pas  eu  Tocca- 
sion  d'étudier  aucune  pièce  de  cette  classe  remontant  à  une  date  vrai- 
ment ancienne. 

(2)  Les  carrelantes  du  xui^  siècle  sont  absolument  analogues,  à  un  cer- 
tain point  de  vue  de  technologie^  aux  émaux  champlevés,  bien  que,  dans 
chacune  de  ces  fabrications  les  mêmes  résultats  soient  obtenus  par  des 
procédés  assez  différents.  Dans  les  carrelages  comme  dans  les  émaux,  la 
matière  colorante  a  été  déposée  dans  un  creux  estampé  dans  les  carreaux, 
enlevés  à  Taide  du  ciselet  dans  les  émaux.  La  céramique  limousine  n'a 
connu  aucun  procédé  analogue  à  celui  employé  pour  les  carrelages. 


ESSAI   DE  CLASSIFICATION  DBS  ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES.      159 

que  cette  divergence  se  continue  entre  les  œuvres  de  nos  falen* 
ciers  et  celles  de  nos  derniers  émailleurs. 

Les  pièces  connues  jusqu'ici  de  la  faïence  de  Limoges  nous 
montrent  que  les  décorateurs  employés  â  notre  fabrique  sui- 
vaient les  traditions  artistiques  de  Moustiers.  Aucune  assimila- 
tion ne  peut  être  tentée  entre  les  productions  de  cette  manufac- 
ture et  les  œuvres  des  émailleurs  contemporains.  On  a  attribué, 
il  est  vrai,  à  un  de  ces  derniers  le  grand  plat  de  notre  Musée  où 
l'on  voit  la  représentation  d*une  scène  comportant  un  nombre 
considérable  de  figures.  Mais  c'est  là  une  supposition  toute  gra- 
tuite, car  rien,  dans  l'exécution  de  ce  sujet,  ne  vient  rappeler 
l'école  d'émaillerie  contemporaine.  On  sait  d'ailleurs  que  les 
premiers  faïenciers  de  Moustiers  décoraient  volontiers  leurs 
pièces  eu  copiant  des  gravures  de  maîtres;  les  colonies  de  Mous- 
tiers persistèrent  dans  cette  tradition  ainsi  que  nous  pouvons 
précisément  le  constater,  sans  sortir  de  notre  Musée,  en  jetant 
un  coup  d'œil  sur  certaines  assiettes  de  la  fabrique  d'Âlcora 
qui  font  partie  de  la  collection  Gasnault. 

Si  maintenant  nous  examinons  les  premières  porcelaines  de 
Limoges,  nous  remarquerons  que  toutes  les  pièces  de  la  période 
initiale  que  nous  possédons  —  sauf  une  peut-être,  dont  il  sera 
question  plus  loin  —  ne  se  rapprochent  par  aucune  tradition 
décorative  des  pièces  connues  de  la  faïencerie  limousine. 

D'ailleurs,  ou  devine  aisément  la  cause  d'un  fait  qui  n'est  certes 
pas  sans  précédents  dans  l'histoire  des  arts  décoratifs.  A  Limoges, 
la  fabrication  de  la  faïence  fut  créée  par  des  étrangers  qui  ame- 
nèrent certainement  avec  eux  les  artistes  et  ouvriers  dont  ils 
pouvaient  avoir  besoin.  La  faïence  fut  donc  chez  nous  une  pro- 
duction étrangère,  et  on  ne  saurait  s'étonner  qu'elle  ne  présente 
aucun  des  caractères  de  l'art  limousin  contemporain.  D'autre 
part,  la  porcelaine  fut  également  aussi  chez  nous  une  production 
exotique,  au  moins  pendant  la  première  période  de  sa  produc- 
tion. Eu  effet,  il  n*est  pas  douteux  que  les  artistes  et  ouvriers 
qui  furent  d'abord  employés  à  la  fabrique  étaient  des  étran- 
gers qui  avaient  acquis  dans  les  manufactures  existant  déjà 
—  plusieurs,  sans  doute,  en  Allemagne,  —  Texpérience  techni- 
que qui  leur  était  nécessaire  pour  la  réussite  de  Tœuvre  à  laquelle 
ils  étaient  appelés  à  coopérer.  Ces  artistes  et  ouvriers  apportèrent 
à  Limoges  les  habitudes  et  pratiques  d'atelier  particulières  aux 
fabriques  où  ils  avaient  appris  leur  difficile  métier  et  il  est  pro- 
bable qu'ils  n'étaient  pas  disposés  à  subir  aucune  influence 
locale.  Sans  doute,  ils  se  croyaient  très  supérieurs  à  nos  faïen- 
ciers et  à  nos  derniers  émailleurs  ;  le  public  et  peut-être  les 


460  SOCIÉTÉ  abchAologiqub  et  historique  du  limousin. 

faïenciers  et  les  émailleurs  eux^mâmes  partageaient  probablement 
cette  pensée  :  dès  lors  il  n'est  pas  surprenant  que  l'art  nouveau 
n'ait  Cait  aucun  emprunt  à  Tart  ancien,  lequel  d'ailleurs  était 
bien  loin,  à  cette  époque,  de  briller  d'un  vif  éclat. 

Heveuautà  nos  anciens  potiers,  je  dirai  que,  si  nous  voyons 
leur  art,  modeste  sans  doute,  différer  absolument  de  Tart  des 
émailleurs,  cela  tient  également  à  une  diversité  d'origine  et  je 
saluerai,  dans  ces  humbles  travailleurs  que  l'on  est  trop  disposé 
à  dédaigner,  les  derniers  représentants  d'une  école  glorieuse.  Nos 
orfèvres  et  nos  émailleurs  avaient  reçu  l'éducation  artistique  de 
leur  temps  et  ils  s'étaient  imbus  des  théories  esthétiques  qui 
alors  avaient  cours;  à  côté  d'eux,  leurs  modestes  confrères  les 
potiers  étaient  demeurés  des  artisans  gallo-romains.  Tandis  que 
les  premiers  suivaient  tous  les  caprices  de  la  mode,  les  seconds 
restèrent  constamment  fidèles  aux  principes  de  Tart  antique  ; 
aussi  produisirent* ils  jusqu'à  la  un  des  pièces  —  des  jarres,  des 
grands  vases  surtout  —  qui,  au  point  de  vue  de  la  pureté  des 
galbes,  doivent  être  citées  avec  éloges.  Il  ne  s'agit  pas  ici,  estnl 
besoin  de  le  dire,  de  comparer  un  art  très  savant  à  une  grossière 
industrie,  mais  il  ne  saurait  être  interdit  de  rendre  justice  à  cette 
dernière,  en  constatant  qu'elle  conservait  comme  un  reflet  d'un 
art  qui,  alors  que  triomphaient  nos  orfèvres,  semblait  à  jamais 
oublié. 

III.    —    BÂSBS  DS  Lâ   GLASSIFiGATION. 

Les  anciennes  porcelaines  de  Limoges  conservées  au  Musée 
national  Adrien  Dubouché  forment  un  ensemble  de  cent  soixante- 
cinq  pièces  environ,  ainsi  réparties  :  ancienne  collection  (1), 
cent  soixante;  collection  Jacquemart,  deux  pièces;  collection 
Gasnault,  trois  pièces  (2). 

D'abord,  il  importe  de  s'entendre  sur  cette  expression  de 
<c  porcelaines  anciennes  »,  expression  qui  a  l'inconvénient  de 
présenter  trop  d'élasticité.  En  effet,  on  peut  évidemment  étendre 
ou  restreindre,  avec  plus  ou  moins  d'arbitraire,  la  période  pendant 
laquelle  ont  été  fabriquées  les  porcelaines  qualifiées  d'anciennes. 
A  cet  égard,  l'usage  ne  fournit  aucune  indication  rigoureuse. 

(\)  Je  désigne  ainsi  la  collection  dont  la  formation,  qui  se  continue  cha- 
que jour,  a  été  commencée  avant  l'entrée  au  Musée  des  collections  Jacque- 
mart et  Gasnault. 

(9)  Pans  ce  total,  je  ne  comprends  pas  les  vingt-neuf  pièces  de  la 
fabrique  de  la  rue  Fontaine  au-Hoi,  dont  je  m'occuperai  cependant,  à  la 
fin  de  cette  étude. 


ESSAI   DB  GLABSlFICATlÛJf   DBS  AKC1E1INB8  FORCELAINES  DB  LIMOGES.      161 

Dans  le  langage  de  la  curiosité,  ua  objel  est  seulement  dit 
ancien  lorsque  la  fabrication  à  laquelle  il  appartient,  le  style 
dans  lequel  ses  formes  ou  sa  décoration  sont  conçues,  ont  été 
complètement  abandonnés.  Je  me  suis  inspiré  de  ce  principe  et, 
arrivé  à  la  période  la  plus  voisine  de  nous,  j*ai  seulement  consi- 
déré comme  anciennes  les  pièces  dont  nos  fabriques  et  nos  ate- 
liers de  décoration  ne  produisent  plus  les  analogues.  Pour  méri- 
ter le  bénéfice  de  Tancienneté,  d'autres  conditions  sont  également 
nécessaires.  On  comprend,  par  exemple,  qu'il  ne  faudrait  pas  que 
l'abandon  de  la  forme  et  de  la  décoration  qui  caractérisent  la 
pièce  dite  ancienne  fût  trop  récent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  le  tableau  de  la  classification  que  je 
propose  pour  les  ancienuea  porcelaines  de  Limoges.  On  remar- 
quera que  bien  que  cette  classification  ait  été  surtout  basée  sur 
robservaiion  des  caractères  technologiques,  artistiques  et  déco-^ 
ratifs,  elle  est  en  môme  temps  une  classification  chronologi- 
que (1). 

PremiArb  époque.  —  Période  comprise  entre  l'origine  de  la 
fabrication  à  Limoges  et  la  réorganisation  par  Darcet  de  la  fabri- 
que Hassié,  devenue  manufacture  royale  (1771-1784). 

§  1''.  —  Pièces  d'essai.  —  Pièces  en  biauc.  —  Figurines  en 
biscuit,  génies  divers.  —  (Pièces  ne  portant  pas  de  marque  et  sup- 
posées antérieures  à  l'époque  où  la  fabrique  a  été  placée  sous  la 
protection  du  comte  d'Artois). 

§2.  —  Inspiration  des  pièces  de  Chantilly,  librement  imitées 
des  pièces  dites  coréennes.  —  Imitation  de  la  porcelaine  de 
Saxe.  —  Formes  dites  Louis  XV  ou  rocailles.  —  Pièces  blanches 
ou  dorées  en  filets  et  festons.  —  Décoration  polychrome  en  bou- 
quets jetés,  —  (Marque  G.  D.  en  creux  ou  en  couleur  et  eu  ereux 
ei  en  couleur). 

§  3.  —  Genres  de  transition.  —  Tendances  vers  la  régularisa- 
tion des  formes.  —  Changements  analogues  dans  le  décor,  qui 
pi^ud  les  caractères  de  l'art  de  l'époque  de  Louis  XVI.  —  Bou- 
quets semés  régulièrement,  etc. 

Deuxième  époque.  —  Période  postérieure  à  la  réorganisation  de 
Darcet  (1784  à  1800  ou  1804,  dernière  limite). 

§  !•'.  —  Commencement  de  l'inspiration  dite  classique.  — 
Formes  de  transition  et  formes  dites   Louis  XVI.  —    Décor 


(1)  On  verra  plus  loin  que,  autant  que  la  chose  a  pu  se  faire,  les  pièces 
ont  aussi  été  rangées  par  fabriques. 


162  S0GIÉT6  ARCHftOLOGlQUB  ET  BISTOEIQUB  DU  LIMOUSIN. 

Louis  XV,  bouquets  jetés.  -*-  Décor  Louis  XVI,  bouquets  disposés 
symétriquement. 

§  2.  —  luspiration  classique. —  Formes  de  transition  (tendance 
vers  la  régularité,  pondération  des  lignes,  etc.  ),  et  formes  Louis  XVI 
(apparition  de  la  ligne  droite,  etc.).  Décor  de  transition  et  décor 
à  rinceaux,  inspiré  de  Salembier  (pièces  fabriquées  pendant  les 
dernières  années  du  règne  de  Lous  XVI  et  la  période  révolution- 
naire). 

§  3.  —  Affirmation  des  tendances  classiques;  recherches  des 
formes  dites  pures.  —  Persistance  du  décor  dérivé  de  celui  de  Sa- 
lembier. —  Décor  franchement  académique.  —  Commencement 
de  la  prédominance  de  l'or.  —  Apparition  des  fonds  de  couleurs.  — 
—  Décor  au  papillon,  etc.  —  Inspiration  pseudo-égyptienne  (pièces 
fabriquées  pendant  la  .Révolution  et  les  premières  années  de  la 
période  suivante).  —  Marques  rares. 

Troisième  époque.  —  Période  comprenant  l'Empire,  la  Res- 
tauration et  le  commencement  du  règne  de  Louis-Philippe  (jus- 
qu'en 1840,  dernière  limite). 

Affirmation  et  même  exagération  de  l'inspiration  académique 
(style  de  Percier).  —  Formes  souvent  directement  copiées  de  l'an- 
tique. —  Même  observation  au  sujet  du  décor  toujours  froidement 
régulier,  très  souvent  symétrique.  —  Fréquemment,  des  parties 
sont  réservées  en  biscuit,  très  souvent  décorées  d'une  fine  orne- 
mentation, quelquefois  au  cachet.  —  Emploi  très  développé  de 
l'or.  —  Fleurs  peintes  au  naturel,  dans  le  genre  de  Redouté.  — 
Sujets  et  portraits  très  modelés,  exécutés  dans  le  genre  des  minia- 
turistes. —  Fonds  de  couleurs,  souvent  verts,  fréquemment  usités. 

Quatrième  époque.  —  Période  comprenant  la  fin  du  règne  de 
Louis-Philippe  et  la  seconde  République  (dernière  limite  1850). 

§  !•'.  —  Inspiration  romantique.  —  Genres  très  divers.  —  Orne- 
mentation dans  le  style  pseudo-gothique.  —  Genre  dit  trouba- 
dour. —  Style  pseudo-renaissance,  inspiré  des  travaux  de  Chena- 
vard. 

§  2,  —  Style  pseudo-régence  (1840  à  1850). 

CLASSIFICATION  DES  PIÈCES. 

FABRIQUES  DE  LIMOGES. 

Première  époque.  —  Période  comprise  entre  Torigine  de  la 


ESSAI  DE  GtASSlFlCATION  DBS  ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES.      163 

fabrication  à  Limoges  et  la  réorganisation  de  la  fabrique  Massié, 
devenue  manufacture  royale  (1771  à  1784)  (1). 

§  1".  —  Pièces  d'essai.  —  Pièces  en  blanc,  —  Figurines  en  biscuit, 
genres  divers.  —  Pièces  ne  portant  pas  de  marques  et  supposées 
antérieures  à  l'époque  où  la  fabrique  a  été  placée  sous  la  protection 
du  comte  d'Artois. 

Il  ne  peut  être  question  de  faire  ici  Thistoire  des  fabriques 
limousines,  mais,  pour  la  clarté  de  cette  étude,  il  a  semblé  indis- 
pensable de  présenter  aux  lecteurs  quelques  indications  histori- 
ques au  sujet  des  diverses  manufactures  dont  il  s*agit  de  classer 
ici  les  produits  conservés  au  Musée  céramique. 

Je  placerai  les  détails  sur  chaque  fabrique,  très  succinctement 
exprimés,  mais  aussi  complets  qu'il  m'aura  été  possible  de  les 
recueillir,  en  tête  de  la  liste  des  pièces  qui  pourront  lui  être 
attribuées. 

Fabrique  Massié.  —  En  1737,  M.  Massié  ou  Massier  fonda,  à 
Umoges,  une  fabrique  de  faïence,  d'où  il  est  sorti  des  pièces  impor- 
tantes,  si  nous  en  jugeons  parles  trois  spécimens  qui  nous  restent. 
En  1771,  Massié,  s'associant  avec  MM.  Greilet  et  Fournérat, 
transforme  sa  faïencerie  en  fabrique  de  porcelaine,  dont  les  pro- 
duits, (c  pour  la  blancheur,  la  transparence,  la  solidité  et  la  bonté 
ne  le  cèdent  en  rien  à  ceux  de  l'ancien  Japon  »,  lisons-nous 
dansle  Calendrier  ecclésiastique  de  1772  (imprimé  en  1771).  Le 
même  recueil  nous  apprend  que  «  c'est  le  sieur  Fournérat  qui  a 
procuré  la  connaissance  et  la  combinaison  des  différentes  terres 
nécessaires  à  cette  opération  (la  fabrication  de  la  porcelaine)  et 
c'est  aux  soins  de  M.  Turgot,  intendant  de  cette  généralité,  que 
cet  établissement  doit  sa  naissance.  La  protection  qu'il  lui  accorde 
laisse  tout  à  espérer  de  ses  succès,  puisqu'il  en  sort  déjà  des  piè- 
ces magnifiques  en  tous  genres.  Un  semblable  établissement  est 
d'autant  plus  avantageux  pour  la  province  qu'outre  le  nombre 
de  bras  qui  y  sont  employés  on  tire  bon  parti  des  terres  dont  les 
environs  de  Limoges  sont  abondamment  pourvus  ». 

D'autre  part,  dans  un  travail  iotéressant,  lu  en  1879  par 
M.  Taillebois,  à  la  Sorbonne,  nous  trouvons  le  passage  suivant  (2)  : 

(1)  L'histoire  de  la  première  fabrique  de  Limoges  est  ici  scindée.  Cha- 
cune de  ses  phases  est  racontée  à  sa  pince,  c'est-à-dire  en  lête  de  la  no- 
menclature des  pièces  qui  lui  appartiennent. 

{9)LaSociété  ^agriculture  du  Limousin  de  i  763  à  /79/...— Brive,  1879, 
in-8«. 


tC4  .  SOCIÉTÉ  AaCHÉOLOGIQVB  ET  BI8T0RIQUB  DU   LlHOUMN. 

«...  Si  le  registre  des  procès- verbaux  de  la  section  de  Limoges 
existe  encore,  oa  pourra  se  rendre  compte  de  la  part  considéra- 
ble qu'elle  (la  Société  d'agriculture)  dut  prendre  à  la  création  de 
la  fabrication  de  la  porcelaine,  «  déjà  prospère»,  écrit  en  1771 
M.  de  PEpine,  le  secrétaire  du  HauL-Limousin,  qui  invite  ses 
collègues  de  Brive  «  à  rechercher  le  kaolin  de  Saint-Yrieix,  qui 
doit  certainement  exister  dans  leurs  envii-ons.  »  Une  cafetière 
blanche  allant  au  feu  et  un  moutardier  décoré,  expédiés  à  Brive 
comme  échantillons  de  la  nouvelle  fabrication,  excitèrent  l'en- 
thousiasme. Mais  l'art  de  la  peinture  sur  porcelaine  avait  encore 
des  progrès  à  faire,  «  car  le  moutardier,  touché  avec  des  doigts 
»  humides,  abandonna  toutes  ses  couleurs  ». 

Au  point  de  vue  de  cette  étude,  les  deux  citations  que  l'on 
vient  de  lire,  lesquelles  se  corroborent  parfaitement  entre  elles, 
contiennent  des  faifs  très  intéressants  :  nous  y  voyons  que,  dès 
ses  débuts,  la  fabrication  de  la  porcelaine  obtient  à  Limoges  un 
succès  complet.  Fournérat,  qui  probablement  était  un  habile 
porcelainier,  parait  n'avoir  eu  besoin  d'aucuns  tâtonnements 
pour  obtenir  des  résultats  excellents.  D'après  les  témoignages 
que  l'on  vient  de  lire,  témoignages  qui  ont  une  véritable  valeur, 
dès  la  première  année  de  son  fonctionnement,  la  fabrique  de 
Limoges  produisit  des  pièces  dont  «  la  blancheur,  la  transparence, 
la  bonté  et  la  solidité  »  sont  constatées  par  les  auteurs  du  Calen- 
drier {\)  en  termes  exprès;  d'autre  part,  nous  voyons  que  les 
objets  envoyés  à  Brive  excitèrent  Tadmiration  des  membres  de  la 
Société  d'agriculture  de  cette  ville. 

Le  Calendrier  nous  apprend  encore  qu'il  sort  de  la  fabrique  de 
Limoges  «  des  pièces  magnifiques  dans  tous  les  genres  ».  Ceci 
nous  autorise  bien  évidemment  à  penser  que  les  associés  ne  se 
bornaient  pas  à  produire  des  pièces  usuelles  et  il  n'est  pas  inter- 
dit de  croire  que  de  l'usine  Massié  il  est  sorti  des  vases  impor- 
tants et  de  gracieuses  figurines  en  biscuits. 

Mais  si,  dès  la  première  année,  la  fabrication  du  blanc  à 
Limoges  ne  laissait  rien  à  désirer,  il  n'en  était  pas  de  même  de 
la  décoration.  IjO  Calendrier  vante  bien  la  blancheur  et  la  trans- 
parence de  la  nouvelle  porcelaine,  il  est  muet  sur  ses  qualités 
décoratives.  Et  lorsqu'il  parle  de  Fournérat,  il  nous  le  présente 
comme  sachant  composer  les  pâtes;'  quant  à  la  composition  des 
couleurs,  il  n'en  est  pas  question.     • 

La  seconde  citation  est  encore  plus  caractéristique.  Ce  mou- 

(1)  L*article  du  Calendrier  cité  n'a  pas  le  caractère  d*une  annonce  ou 
d'une  réclame.  On  serait  tenté  d*y  voir  une  communication  officielle. 


ESSAI   DB  CLASSIFICATION   DES  ANCIBICNRS  POBCBLAIRBS  DK  LIVOGKSc      465 

lardier,  qai,  «  touché  par  des  doigis  humides,  abandonne  tontes 
ses  couleurs  »,  nous  est  une  preuve  que,  à  la  fabrique  de  Massié, 
on  ne  savait  pas  décorer  la  porcelaine  au  moyen  des  couleurs 
vitrifiables. 

Nous  verrons  bientôt  que  les  plus  anciennes  porcelaines  sor- 
ties de  la  fabrique  dite  du  comte  d'Artois,  qui  succéda  à  la  fabri- 
que Massié,  sont  complètement  blanches  ou  relevées  simplement 
de  quelques  filels  d'or.  Après  1774  (époque  où  la  fabrique  de 
Limoges  fut  mise  sous  la  protection  du  comte  d'Artois),  on  ne 
savait  encore  y  fabriquer  que  le  blanc  :  à  plus  forte  raison  devait-il 
en  être  ainsi  pendant  la  période  antérieure.  C'est,  eu  efiet,  ce  que 
rétude  de  l'histoire  de  la  fabrique  Massié  permet  de  constater. 

Il  est  donc  à  peu  près  certain  que  nous  ne  rencontrerons 
jamais  de  pièces  décorées  appartenant  à  la  première  période  do 
la  fabrication  limousine;  les  blancs  qui  datent  de  cette  époqne 
ou  qui  peuvent  lui  être  attribuées  sont  rares.  Voici  la  nomencla- 
ture de  ceux  que  j'ai  cru  reconnaître  au  Musée  : 

1»  Médaillon  circulaire  portant  à  sa  partie  supérieure  un  trou 
de  suspension.  D'un  côté,  les  armes  de  Turgot,  dans  un  écusson 
en  forme  de  cuir,  surmontées  de  la  couronne  comtale  et  accostées 
de  deux  licornes.  Inscription  placée  circulairement  auprès  du 
bord  :  A.  R.  J.  Turgot,  intendant  de  Limo&bs.  Les  deux  ext!^- 
mités  de  l'inscription  sont  séparées  par  un  petit  vase  dont  les 
formes  rappellent  celles  de  nos  théières  en  métal.  Revers,  au 
centre,  l'inscription  :  Premières  porgblaimbs  du  Limousin;  au- 
dessous  :  un  vase  bas  sur  pied  accompagné  d'une  guirlande  de 
feuilles,  puis  la  date  :  MDCCL.XXC.  Le  champ  où  se  trouve 
l'inscription  ci-dessus  est  entouré  d'un  ruban  portant  quatre 
nœuds.  £n  haut,  près  du  trou  de  suspension,  une  couronne 
comtale.  En  bas^  la  signature  :  Troy  fegit. 

Biscuit.  Pâte  tj*ès  légèrement  bise*  —  Bonne  fabrication. 

Dimension,  8  c. 

Don  de  M.  François  Alluaud. 

Quel  est  ce  Troy  qui  signe  cette  pièce  si  intéressante  à  tant 
d^égards?  11  est  assez  difficile  de  le  dire.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  Tauteur  du  médaillon  n'est  point  de  Limoges,  où  son  nom  est 
absolument  inconnu.  Nous  savons  seulement  qu'un  peintre 
nommé  Troy  et  qui  peut-être  se  rattachait  à  la  famille  bien  con- 
aue  des  De  Troy,  peignit,  en  1774,  un  portrait  de  Turgot»  qui  fut 
gravé  par  Le  Brun.  Ce  portrait  a  été  reproduit  en  tête  de  l'opus- 
.cule  de  M.  Taillebois,  cité  plus  hauU 

Le  médaillon  dont  il  vient  d'être  quosliott  est  d*uu  biscuit  très 


166  SOCIÉtA  AftCBÊOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  OU  UHOUflllI. 

flti  de  grain  ;  la  pftle,  qui  présenta  uae  teinte  jaunâtre  extrême- 
ment légère,  a  du  être  très  plastique  :  tous  les  détails  décorati&, 
imprimés  par  moulage  sur  chacune  de  ses  faces,  sont  bien  dis- 
tincts, quoique  d'un  très  faible  relief;  les  ornements  loin  de  pré- 
senter aucune  sécheresse,  s^estompent,  au  contraire,  en  quelque 
sorte,  avec  le  fonds  ;  le  métal  le  plus  malléable  n'aurait  pu  don- 
ner des  résultats  meilleurs  au  point  de  vue  de  la  souplesse  de 
l'exécution  (!)• 

Le  Musée  possède  un  groupe  et  quatre  petites  figures  d'une 
époque  ancienne  et  qui,  par  leur  style,  appartiennent  bien  évi- 
demment à  la  période  du  règne  de  Louis  XVl.  Ces  pièces  ne 
portent  aucune  marque.  U  ne  serait  pas  déraisonnable  de  les 
faire  remonter  jusqu'à  Torigine  de  la  fabrication  limousine, 
mais  le  biscuit  est  tout  à  fait  différent  de  celui  du  médaillon. 
Or,  comme,  au  commencement  de  Texploitation  de  Massié, 
Grellet  et  Fournérat,  une  seule  carrière  était  connue,  il  parait 
probable  que  tous  les  biscuits  produits  pendant  cette  période 
devaient  être  identiques,  ou  tout  au  moins  très  voisins,  sous  le 
rapport  des  qualités  de  la  p&te,  bien  que,  cependant,  Fournérat 
ait  pu  modifier  ses  compositions. 

En  résumé,  il  n'est  pas  impossible  que  les  figurines  en  ques* 
tion  sortent  des  fours  de  Massié,  mais  les  différences  d'aspect 
qu'elles  présentent  avec  une  pièce  authentique,  différences  que  je 
viens  d'indiquer  sommairement,  ne  m*ontpas  paru  autoriser  une 
attribution  qu'aucun  indice  certain  ne  vient  d'ailleurs  con- 
firmer. 

2^  Vase  de  pharmacie.  —  Porcelaine  blanche. 
<  Hauteur  60  c. 

Don  de  M.  Du  Boys. 

Ce  vase  est  sur  un  piédouche  placé  sur  une  base  carrée  ;  le  corps 
cylindrique  est  rattaché  au  piédouche  par  une  calotte  en  section 
de  sphère  ;  l'ouverture  est  plus  étroite  que  le  diamètre  du  corps 
du  vase  et  cette  différence  de  largeur  est  amenée  par  une  mou- 
lure en  forme  de  gorge.  Des  moulures  eu  baguette  ou  boudins 


(4)  Cette  exécution  très  libre,  très  facile,  mais  pleine  de  saveur,  rap- 
pelle absolument  celle  des  monnaies  et  des  médailles  de  Tépoque  ;  peut- 
on  inférer  de  Taspect  très  particulier  du  médaillon  dont  nous  nous 
occupons,  que  le  moule  en  a  été  exécuté  par  un  artiste  de  la  Monnaie  de 
Limoges  sur  les  dessins  du  peintre  Troy,  qui  .un  peu  plus  tard  devait  « 
peindre  le  portrait  de  Turgot? 


ESSAI  BB  CLASSIFICATION  DBS  ANaBNNES  PORGBLAINBS  BB  UVOGBS.      1(^7 

très  légers  se  trouvent  aux  extrémités  de  la  panse  cylindrique. 
Des  tdtes  de  satyres  barbus  remplacent  les  anses. 

Cette  pièce  n'a  aucune  marque. 

La  composition  des  formes  de  ce  vase  appartient  bien  à  Tart 
de  répoque  de  Louis  XVI;  on  y  remarque  même  quelques  rémi- 
niscences de  Tart  antérieur  ;  il  n'est  pas  possible  de  le  classer 
parmi  les  productions  sorties  de  la  fabrique  de  Limoges  après  sa 
réorganisation,  en  1784,  car  le  style  dans  lequel  il  est  conçu  le 
sépare  absolument  des  pièces  qui  peuvent  raisonnablement  être 
attribuées  à  la  manufacture  royale;  d'autre  part,  il  n'est  pas  pos- 
sible non  plus  d'y  voir  un  produit  de  la  fabrique  dite  du  comte 
d'Artois,  car  notre  vase  ne  se  rattache  à  aucun  des  genres  suc- 
cessivement adoptés  par  les  artistes  de  cette  fabrique  dont  la  pro- 
duction paraît  avoir  eu  une  grande  homogénéité.  D'ailleurs,  la 
pièce  en  question  ne  porte  aucune  marque,  et  la  marque  était  si 
usitée  à  Limoges  de  1774  à  1784,  qu'il  serait  bien  surprenant 
qu'une  pièce  importante  par  sa  grandeur  et  le  soin  qui  a  présidé 
à  l'établissement  de  son  modèle  y  ait  échappé.  Mais,  rien  ne 
s'oppose  à  ce  que  le  vase  qui  nous  occupe  soit  sorti  des  fours 
de  Massié.  A  l'appui  de  cette  hypothèse,  je  rappellerai  que  les 
faïenciers  de  l'époque  ont  produit  des  pièces  analogues  ou  très 
voisines.  On  peut  admettre  que  la  pièce  dont  nous  nous  occu- 
pons est  la  reproduction  en  porcelaine  d'un  modèle  exécuté 
d'abord  en  faïence  par  Massié. 

Quoiqu'il  en  soit,  on  ne  voit  pas  à  quelle  fabrique  autre  que 
celle  de  Limoges  on  pdurrait  attribuer  le  vase  du  Musée;  il  ne 
faut  pas  songer  à  prononcer  le  nom  de  Sèvres  :  le  façonnage  ra- 
pide, on  pourrait  même  dire  un  peu  grossier,  de  la  pièce  en  ques- 
tion le  défend  absolument;  son  style  indique  une  date  très 
voisine  de  celle  de  la  découverte  des  gisements  kaoliniques  de 
Saint-Yrieix,  et  aucune  autre  fabrique  en  France  ne  produisait 
alors  régulièrement  de  la  porcelaine  dure;  or  il  serait  difficile  de 
voir  dans  notre  vase  une  pièce  d'essai. 

D'aiUeurs  le  vase  du  Musée  a  été  trouvé  dans  notre  ville 
(pharmacie  Du  Boys),  et  il  n*y  a  aucune  raison  à  l'enlever  à 
notre  fabrique. 

3«  Soupière  ronde  avec  couvercle.  —  Porcelaine  blanche. 

Hauteur  22  c,  diamètre  24  c. 

Don  de  M.  de  Chabacque. 

Cette  pièce  rappelle,  par  l'élégance  de  ses  formes,  certaines 

,80upièi*es  sorties  de  nos  fabriques  méridionales;  elle  est  portée 

îBur  trois  pieds;  ces  pieds  ainsi  que  les  anses  sont  recouverts  de 


16S  SOCIÉTÉ  ÂRCHÉOLOOIQUI   ET   HfSlOBIQUB   BU   LIKOQSIEI. 

feuilles  ornemeDkalefl  fîaement  détaillées;  sur  le  couvercle,  se 
trouvent  divers  légumes  :  poireaux,  céleris,  choux-fleurs  (for- 
mant bouton). 

Le  Musée  possède  une  pièce  analogue  à  cello  dont  nous  nous 
occupons;  elle  est  décorée  de  bouquets  jetés,  avec  quelques  filets 
e(  quelques  traits  d'or  sur  les  nervures  des  feuilles  ;  elle  porte  la 
marque  C.  D.  Le  couvercle  n'existe  plus. 

Bien  qu'elles  soient  presque  identiques,  un  examen  attentif  fait 
remarquer  certaines  différences  entre  les  pièces  en  question. 
Dans  rornementation  en  relief  de  la  soupière  blanche,  le  détail 
est  plus  soigné,  l'exécution  est  plus  nerveuse,  plus  voulue. 

La  pièce  marquée  C.  D  est  d'une  fabrication  bien  supérieure  à 
sa  congénère;  cette  dernière  est  recouverte  d'un  émail  fumé, 
grippé,  etc.,  mais  la  pièce  à  la  marque  C.  D  présentant  une  atté- 
nuation d'énergie  dans  les  parties  où  se  remarquent  dos  crue* 
ments  en  relief,  il  est  à  croira  qu'elle  est  moins  ancienne; 
cependant  ce  n'est  pas  sans  une  certaine  hésitation  que  je  pro- 
pose d'attribuer  à  la  fabrique  Massié  la  soupière  blanche  avec 
couvercle. 

En  résumé,  les  pièces  provenant  de  la  fabrique  de  Massié  qui 
nous  restent  encore  paraissent  être  de  la  plus  grande  rareté; 
peut-être  certaines  d'entre  elles  ont  elles  reçu,  plus  ou  moins 
postérieurement  à  leur  fabrication,  des  décors  qui  les  ont  trans- 
formées et  en  tous  cas  empêchent  de  les  discerner  maintenant, 
puisque  c'est  parmi  les  pièces  blanches  que  l'on  est  tenté  de  cher- 
cher les  premières  porcelaines  limousines. 

D'autre  part,  lorsqu'on  sut,  à  Limoges,  dorer  la  porcelaine, 
puis  la  décorer  en  couleur,  on  dédaigna  probablement  les  pièces 
restées  en  blanc  qui,  par  suite,  disparurent  rapidement.  Il  ne 
semble  guère  permis  d'espérer  aujourd'hui  que  de  nouvelles 
recherches  nous  fassent  connaître  un  assez  grand  nombre  de 
pièces  de  la  manufacture  Massié,  pour  que  nous  arrivions  à  nous 
faire  une  idée  juste  de  ce  qu'était  la  porcelaine  limousine  à  l'ori- 
gine de  la  fabrication.  Peut-être,  cependant,  découvrira-l-on  des 
documents  manuscrits  ou  imprimés  qui  éclaireront  quelque  peu 
le  sujet. 

Fabriqub  ditb  du  comtb  d'Artois  ÇsuiU  de  la  fabrique  Massié). 
—  On  a  vu  plus  haut  que,  grâce  aux  connaissances  spéciales  de 
Fournérat,  la  fabrique  de  Limoges  avait  produit,  dès  ses  débuts, 
des  porcelaines  de  bonne  qualité.  Ce  succès  se  trouve  confirmé 
dans  un  document  du  plus  haut  intérêt  et  qui  nous  fournira  plus 
d'une  indication  utile.  Voici,  en  eS'et,  ce  qu'on  lit  dans  la  partie 


ISSSAl   DK  CLASSIt^ICAtlON  DBS  AKClRNNES  PORCELAINES  DB  LIMOGES.      169 

cousacrée  à  la  raanufaclure  de  Limoges  du  Compte-rendu  présenU 
par  Rolland  à  la  Convention  Nationale  le  6  janvier  (sic)  de  l'an  II 
de  la  République  :  «  Les  essais  de  ces  deux  matières  (kaolia  et 
pétunzé)  furent  heureux  et  leur  réputation  s'étendit  au  point  que, 
dès  1774,  il  fut  question  de  réunir  à  la  manufacture  de  Sèves 
(sic)j  qui  s'était  bien  trouvée  de  l'emploi  des  matières  de  Limoges, 
une  manufacture  qui  s'était  formée  dans  cette  ville  sous  les  aus- 
pices de  Turgot.  » 

Jusqu'ici^  les  publicistes  qui  s'étaient  occupé,  toujours  inci- 
demment^ de  rhistoire  de  l'origine  de  la  fabrication  à  Limoges 
(Rodgier-Chatbnet,  Statistique  de  la  Haute-Vienne;  Ravenez, 
Aperçu  statistique  de  l'Exposition  de  Limoges  en  1858;  Paul 
DucouRTiEux,  Limoges  diaprés  ses  anciens  plans),  ont  bien  dit  que 
la  fabrique  Massié  avait  été  acquise  pour  le  roi  en  1784,  mais  ils 
n'ont  pas  connu  les  négociations  dont  parle  le  Compte-rendu  et 
qui  remontent,  comme  on  vient  de  le  voir,  à  1774. 

Ainsi,  après  avoir,  dès  la  première  année,  réussi  dans  leur  en- 
treprise et  d'une  manière  qui  devait  leur  paraître  inespérée,  les  as- 
sociés, quatre  ans  seulemen  t  après  l'établissement  de  leur  fabrique, 
songent  à  s'en  défaire  en  la  vendant  à  la  liste  civile.  Il  y  a  là  un 
fait  singulier,  surtout  si  Ton  se  reporte  à  Tépoque  où  il  s'est  passé. 
En  effet,  au.xviii'  siècle,  les  personnes  qui  possédaient  ou  même 
croyaient  posséder  «  le  secret  de  la  porcelaine  »  s'en  montraient 
extrêmement  jalouses,  parce  qu'elles  le  considéraient  comme  un 
moyen  de  fortune  assuré,  et  l'histoire  de  la  céramique  nous  mon- 
tre les  premiers  fabricants  de  porcelaine  luttant  énergiquement 
contre  les  mesures  restrictives  prises  par  l'Etat  et  repoussant 
parfois  les  propositions  que  Massié,  Fournerat  et  les  Grellet  sol- 
licitaient au  contraire. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  M.  Ravenez,  lorsqu'il  a  publié  la  bro- 
chure citée  plus  haut,  avait  pris  des  renseignements  auprès  de 
M.  François  Alluaud,  tout  au  moins  pour  ce  qui  concernait  l'in- 
dustrie de  la  porcelaine.  Cette  circonstance,  qui  ne  me  paraît  pas 
douteuse,  donne  certainement  de  l'autorité  à  l'opuscule  en 
question. 

Dans  Y  Aperçu  historique  qui  se  trouve  en  tête  du  travail  de 
M.  Ravenez,  nous  lisons  le  passage  suivant,  inspiré  probable- 
ment par  M.  Alluaud,  fortau  courant  de  la  question  :  «On  a  eu  trop 
souvent  à  constater  dans  les  annales  de  l'industrie  que  les  hom- 
mes d'initiative,  qui  ont  fait  faire  un  pas  à  la  science,  n'ont  acquis 
leurs  succès  qu'au  prix  des  plus  grands  sacrifices.  Après  dix  ans 
de  recherches  et  d'essais,  MM.  Grellet  furent  obligés  de  solliciter 
Tappui  du  roi.  Leur  demande  fut  entendue.  M.  le  comte  d'Anger- 
T.  xxxvn.  i% 


ItO  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  IST  HlSTOMQUft  DU  LIMOUSIN. 

villers,  alora  ialendaut  de  la  liste  civile,  comprit  que  le  trésor 
royal  pouvait  seul  fournir  les  fonds  qu'il  était  nécessaire  de  sacri- 
fier à  Tôtude  de  cette  nouvelle  branche  de  Tart  céramique,  et,  en 
1784,  il  se  rendit  acquéreur,  au  nom  du  roi,  delà  manufacture  de 
M.  Grellet.  d 

C'étaient,  on  le  voit,  des  embarras  financiers  qui  obligèrent  les 
Grellet  à  vendre  leur  manufacture  au  roi;  —  peut-être  cependant 
y  eut-il  une  autre  raison,  comme  nous  le  verrons  plus  tard.  — 
Mais  il  semble  que,  au  moment  où  se  fit  cette  cession,  la  période 
des  essais  devait  êtro  close,  puisque  la  fabrique  de  Limoges  pro- 
duisait depuis  plusieurs  années  ces  belles  porcelaines  à  la  marque 
G.  D.,  dont  quelques-unes  sont  vraiment  remarquables;  il  est 
possible,  d'ailleurs,  et  je  ne  serais  pas  éloigné  d'admettre  cette 
hypothèse  pour  des  raisons  que  je  donnerai  plus  loin,  il  est  pos- 
sible qu'après  avoir  fourni  une  carrière  brillante,  notre  manufac- 
ture se  trouvait  fort  déchue  en  1784. 

Mais,  tout  ce  que  l'on  vient  de  lire  dans  la  citation  ci-dessus 
s'appliquerait  parfaitement  âla  situation  où  devaient  se  trouver  les 
associés  lorsque,  en  1774,  ils  sollicitèrent,  une  première  fois,  Tin- 
tervenlion  de  la  liste  civile.  En  réalité,  les  associés  ne  possé- 
daient alors  que  la  moitié  du  secret  de  la  porcelaine  :  ils  savaient 
bien  fabriquer  le  blanc,  mais,  malgré  leurs  efiorts,  ils  ne  réussis- 
saient pas  dans  l'application  de  l'or  et  des  couleurs.  S'ils  étaient 
parvenus  à  produire  des  pièces  dorées  et  décorées,  il  est  probable 
qu'ils  eussent  trouvé  les  fonds  nécessaires  à  leur  entreprise. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  négociations  avec  la  liste  civile  ayant 
échoué,  les  associés  réussirent  à  obtenir  la  protection  du  comte 
d'Artois  dans  l'apanage  duquel  se  trouvait  notre  province.  Il  est 
probable  que  cette  protection  ne  resta  pas  à  l'état  platonique  et 
que,  au  contraire,  les  associés  reçurent  des  subventions,  grâce 
auxquelles  ils  purent  compléter  leur  outillage  et  perfectionner 
leur  fabrication. 

Toujours  est-il  que,  au  début  de  la  période  pendant  laquelle 
nos  porcelaines  sont  caractérisées  par  la  marque  CD.,  la  fabri- 
que de  Limoges  continue  à  ne  produire  que  des  pièces  en  blanc. 
Bientôt,  ces  pièces  sont  relevées  par  une  discrète  ornementation 
dorée,  puis  enfin  nous  voyons  la  décoration  polychrome  jeter  ses 
gaîtés  sur  les  beaux  produits  de  notre  manufacture. 

Parmi  les  porcelaines  décorées  appartenant  au  groupe  à  la 
marque  G.  D.  conservées  au  Musée  céramique,  on  n'en  rencontre 
aucune  qui  puisse  être  considérée  comme  une  pièce  d'essai  :  elles 
sont  toutes  bien  réussies  au  point  de  vue  de  Tapplication*  et  de  la 
cuisson  des  couleurs,  certaines  ont  seulement  été  peintes  à  l'aide 


KSSAl  1»  CLASSIFICATION   DKS  AlfCltîNFfes  POUCfeLAItCRS   DR  UttOGBS.      174 

d'une  palolle  moins  complète  que  les  autres.  11  paraît  donc 
probable  que  l'art  de  la  peinture  sur  porcelaine  fut  introduit 
à  notre  manafacture  par  un  artiste  possédant  tous  les  petits  se- 
crets du  métier;  mais  quel  fut  cet  artiste?  voici  ce  qu'il  est 
encore  impossible  de  dire. 

Dans  l'opuscule  cité  déjà,  M.  Bavenez  dit,  sans  doute  d'après 
les  souvenirs  de  M.  Alluaud,  que,  lors  de  la  réorganisation  par 
Darcet  de  la  manufacture  de  Limoges  devenue  nationale,  un 
praticien  nommé  Cloostcrmann,  venu  de  Paris  avec  d'autres  ou- 
vriers ou  artistes,  fut  chargé  de  la  composition  des  couleurs. 
Hais  on  ne  remarque  pas  que  les  pièces  d'origine  postérieure  à  la 
réorganisation  soient  décorées  avec  des  couleurs  plus  belles  ou 
plus  nombreuses  que  celles  qui  portent  la  marque  C.  D.;  tout 
au  contraire,  ces  dernières  sont  peut-être  supérieures  sous  ce 
rapport.  L'intervention  de  Cloostermann  ne  se  reconnaît  donc  pas 
sur  les  porcelaines  que  l'on  peut  raisonnablement  attribuer  à  la 
Manufacture  Royale  et  l'esprit  du  chercheur  serait  plus  satisfait 
si  l'on  pouvait  admettre  qu'il  y  a  eu  confusion  dans  les  souvenirs 
dent  s'est  inspiré  M.  Ravenez.  En  reculant,  eu  effet,  de  quelques 
années  l'arrivée  de  Cloostermann  à  Limoges,  on  pourrait  attri- 
buer à  cet  artiste  l'introduction  de  la  décoration  en  couleurs  à  la 
manufacture  de  Limoges  (1). 

D'ailleurs,  la  question  qui  nous  occupe  en  ce  moment  n'est  pas 
insoluble  et  on  peut  espérer  qu'il  sera  possible  de  retrouver  un 
jour  le  nom  de  Tartiste  ou  du  savant  auquel  la  manufacture  de 
lÀmoges  a  dû  la  connaissance  de  Tart  de  décorer  la  porcelaine. 

Quoiqu'il  en  soit,  si  nous  éludions  les  produits  de  la  fabrique 
dite  du  comte  d'Artois,  conservés  au  Musée,  nous  remarquerons 
d'abord  que,  à  part  un  petit  nombre  de  pièces  exceptionnelles  en 
quelque  sorte,  l'ensemble  de  cette  production  est  très  homogène, 
la  composition  des  formes,  la  décoration,  etc.,  sont  inspirées  par 
les  mêmes  principes,  basées  sur  les  mêmes  données. 

Au  sujet  de  la  décoration,  quelques  observations  me  semblent 
nécessaires. 

Un  problème  se  pose  tout  d'abord  :  certaines  pièces  se  présen- 
lent  sans  autre  décoration  que  quelques  très  discrets  ornements 
en  or  et  rappellent  ainsi  une  classe  de  faïences,  assez  rares,  qui 
se  fabriquaient  vers  la  même  époque  à  Marseille  ;  on  admet- 
trait volontiers  que  les  pièces  en  question  doivent  prendre  place, 
dans  une  classification  des  anciennes  porcelaines  de  Limoges, 

(4)  Dans  la  Statistique  du  département  delà  Haute-Vienne,  on  trouve, 
sar  Cloostermann,  les  mêmes  détails  que  ceux  donnés  par  M.  Ravenez, 


179  SOCIÂTÉ  ABCHÀOLOGIQUB  RT  DISTORIQUE  bO  LIMOUSIN. 

immédiate  ment  après  les  pièces  absolument  blanches  qui  ne  les 
précédèrent  probablement  que  de  bien  peu  ;  mais,  on  trouve  une 
autre  catégorie  de  pièces  ornées  de  bouquets  jetés  peints  à  l'aide 
de  deux  couleurs  seulement,  employées  minces  ou  épaisses  :  le 
rouge  de  fer  et  le  vert  de  cuivre,  l'or  n'intervient  pas  et  les  bords 
couverts  sont  en  rouge  de  fer.  On  serait  tenté  de  croire  que  les 
décorateurs  qui  ont  orné  ces  pièces  ne  connaissaient  pas  le  secret 
de  la  dorure,  car  leurs  ressources  décoratives  étaient  si  restreintes 
qu'il  paraîtrait  surprenant  que,  le. pouvant,  ils  n'aient  pas 
songé  à  ajouter  l'or  aux  deux  seules  couleurs  qu'ils  possédaient, 
et  cependant  la  composition  décorative  des  porcelaines  en  ques- 
tion les  rattachent  très  directement  à  d'autres  pièces  peintes  à 
l'aide  de  la  palette  complète  des  artistes  de  la  fabrique  du  comte 
d'Artois.  A  certains  caractères,  on  croit  reconnaître  que  les  pièces 
peintes  avec  la  palette  restreinte  sont  plus  réussies  que  les 
pièces  dorées.  Mais  alors  pourquoi  l'or  n'a-t-il  pas  été  employé  à 
Tornementation  des  premières?  Peut-être  trouverait-on  l'expli- 
cation d'une  telle  singularité  dans  quelque  disposition  oubliée 
d'une  des  innombrables  réglementations  qui  vinrent  alors  en- 
traver l'expansion  de  l'industrie  porcelainière  (l). 

Le  caractère  des  décors,  l'espèce  des  fleurs  qui  les  constituent 
peuvent  fournir  quelques  indications  pour  le  classement  des 
pièces.  Il  faut  remarquer  que  certains  décors  très  compliqués, 
comportant  une  assez  grande  variété  de  fleurs,  sont  plus  anciens 
que  d'autres,  plus  simples  cependant.  En  général,  c'est  surtout 
l'exécution  du  décor  qui  peut  mettre  sur  la  voie  d'une  attribution 
de  date.  La  facture  est,  sur  les  pièces  les  plus  anciennes,  large, 
simple  et  habile;  à  mesure  que  Ton  se  rapproche  de  1784  elle 
devient  plus  précieuse,  mais  aussi  plus  froide. 


(I)  L'arrêt  du  46  mai  1784  confirmant  les  privilèges  de  la  fabrique  de 
Sèvres,  rappelle  dans  son  premier  paragraphe  que  l'arrêt  du  45  février 
1766  donne  à  la  Manufacture  Royale  u  le  privilège  exclusif  de  peindre 
en  toutes  couleurs,  dorer  et  incruster  en  or  les  ouvrages  par  elle  fabri- 
qués ».  Mais  on  lit  dans  le  même  document  a  que  cependant  les  restric- 
tions portées  par  les  dits  arrêts  n'ont  point  été  entièrement  exécu- 
tés, quelques-unes  de  ces  manufactures  ayant  obtenu  des  permissions 
particulières  de  décorer  leurs  ouvrages  en  or  et  en  toutes  couleurs;  que 
môme  toutes  celles  qui  se  sont  établies  successivement  se  sont  prévalu 
de  cette  tolérance,  etc.  » 


ESSAI   DE  CLASSIFICATION  DES  ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES.      HS 


g  2.  —  Inspirations  des  pièces  de  Chantilly,  librement  imitées  des 
pièces  dites  coréennes.  —  Imitation  de  la  porcelaine  de  Saxe.  — 
Formes  dites  Louis  XV  ou  rocaille.  —  Pièces  en  blanc.  —  Pièces 
légèrement  relevées  d*or,  décoration  polychrome  en  bouquets  jetés, 
marque  C.  D.  en  creux  ou  en  couleurs  et  en  creux  et  en  couleurs  (1). 

4**  Saucière  avec  plateau  adbéreat,  porcelaine  blanche. 

Hauteur,  10  c. 

Marque  C.  D.,  gravés,  caractères  cursifs  (2). 

Don  de  M.  Bardy. 

Le  corps  de  la  saucière  affecte  la  forme  obconique  sur  un  plan 
oval  formé  alternativement  par  des  sections  de  cercles  et  des 
bandes.  La  composition  de  formes  est  évidemment  inspirée  par 
certains  modèles  de  la  fabrique  de  Chantilly,  imitant,  mais  libre- 
ment, les  porcelaines  coréennes.  La  pièce  dont  nous  nous  occu- 
pons est  fort  jolie,  bien  qu  un  peu  fumée. 

5*  Corbeille  ovale  et  à  anses,  fond  plat,  décoration  en  relief 
imitant  la  vannerie. 
Hauteur  7  1/2  c;  longueur,  25  c;  largeur,  16  c. 
Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs. 
Don  de  M.  Bardy. 

6»  Plateau  rectangulaire,  bords  festonnés,  porcelaine  blanche. 

liOngueur,  23  c;  largeur,  23  c. 

Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs. 

Don  de  M.  Bardy. 

Les  coins  de  cette  pièce  sont  arrondis  et  les  bords  en  sont  dé- 
coupés, de  manière  à  former,  au  milieu  de  chacun  de  ses  côtés, 
une  sorte  d'accolade  dont  la  pointe  est  tournée  en  dedans 

7*»  Crémier  forme  rocaille,  porté  sur  trois  pieds,  bords  découpés, 
porcelaine  blanche. 
Hauteur,  10  c. 

Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs  (sous  un  des  pieds). 
Don  de  M.  Freyssengeas. 

(1)  Pour  ne  pas  interrompre  la  suite  des  pièces  de  la  fabrique  de 
Limoges,  les  fabriques  des  autres  localités  ont  été  placées  à  la  suite,  bien 
que  certaines  pièces  sorties  de  la  Seynie  eussent  dû  prendre  rang  dans  la 
catégorie  §  «•. 

(i)  Voir  à  la  fin  de  ce  travail  le  tableau  des  marques  trouvées  sur  les 
anciennes  porcelaines  de  Limoges  qui  font  partie  du  Musée  Céramique. 


474  iOCIKTÉ  A^KCB&CLOGIQUK  Et  BISTORIQUB  DU   LlllOV9m« 

80  Plateau  rectangulaire,  bords  festonnés;  porcelaine  blanche; 
filet  or. 

Longueur,  17  c.;  largeur,  24  c. 

Marque  C.  D.,  gravôs,  caractères  cnraifs. 

Cette  pièce  est  analogue  à  la  pièce  n"*  6,  mais  les  accolades  ont 
leur  pointe  en  dehors.  La  forme  de  ces  deux  plateaux  a  été  1res 
rarement  employée;  aucune  pièce  du  Musée  ne  se  rapproche  de 
ces  deux  plateaux. 

8*»  (bis)  Trois  crémiers  forme  rocaille,  couvercle  orné  d'un 
petit  fruit  accompagné  de  quelques  feuilles  formant  bouton;  por- 
celaine blanche,  filets  or;  le  boulon  et  les  feuilles  sont  dorés. 

Hauteur,  9  c. 

Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs. 

Ces  trois  crémiers  ainsi  que  le  plateau  précédemment  décrit 
ont  été  ofiFerts  par  M°"«  Baju. 

Le  plateau  et  les  crémiers  font  partie  du  même  service. 

9»  Petit  sucrier,  forme  droite  s'arrondissantà  la  partie  infé- 
rieure. Couvercle  orné  d'un  petit  fruit  formant  bouton,  porce- 
laine blanche,  filet  or;  le  bouton  et  les  feuilles  sont  dorés. 

Hauteur,  12  c. 

Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs.  Marque  de  Sèvres  en 
bleu. 

Don  de  M.  Dubouché. 

Il  est  assurément  singulier  de  voir  les  deux  L  de  Sèvres 
figurer  à  côté  de  la  marque  C.  D.  La  seule  explication  que  Ton 
trouve  à  un  fait  aussi  ins(>lite  est  que  cette  pièce  fabriquée  à 
Limoges  a  été  dorée  à  Sèvres  (i).  Si  quelque  indice  venait  per- 
metti*ede  croire  que  les  quelques  pièces  de  porcelaine  simplement 
ornées  de  quelques  filets  d'or  ont  reçu  cette  décoration  à  Sèvres, 
certaines  difficultés  disparaîtraient.  Par  exemple,  on  n'aurait  plus 
à  se  demander  pourquoi  certaines  pièces  décorées  en  rouge  et 
vert  n'ont  pas  été  dorées,  et  pourquoi  aussi  les  pièces  dorées  n'ont 
jamaisété ornées  d'un  supplément  de  décoration  aux  deuxcouleurs. 

10^  Cafetière  sans  pieds,  forme  rocaille,  anse  en  S  à  ressaut. 
Couvercle  orné  d'un  fruit  accompagné  de  quelques  feuilles 
formant  bouton;  porcelaine  blanche,  bord  festonné  autour  du  col 
et  contouruant  l'attache  du  bec  ;  fruit  et  feuilles,  etc.,  dorés. 


(1)  Mais  la  marque  de  Sèvres  étant  au  bleu  grand  feu  a  éié  appliquée 
avant  la  dorure. 


ESSAI  DB  CLASSIFICATION   DBS  ANCIENNES  PORCELAINES  DR   LIMOGES.      175 

Hautear,  20  g. 
Marquée.  D.,  gravés. 
Don  de  M.  Dubouché. 

11«  Cafetière  portée  sur  trois  pieds,  forme  rocaille.  Anse  à 
ressaut.  Couvercle  oraé  d'ua  petit  fruit  accompagné  de  quelques 
feuilles  formant  bouton;  porcelaine  blanche;  bord  festonné  autour 
du  col  et  contournant  Taltache  du  bec,  fruits  et  feuilles,  etc., 
dorés. 

Hauteur,  16  c. 

Marque  G.  D. 

Don  de  M.  Dubouché. 

i2*  Théière  (bec  à  demi-couvert),  forme  rocaille  très  simple  sf? 
rapprochant  de  celle  des  pots-à-eau  ordinaires.  Anse  en  S  sans  res- 
saut. Celte  pièce,  sans  pieds,  est  légèrement  godronnée.  Cou- 
vercle orné  d'un  petit  fruit  accompagné  de  quelques  feuilles. 
Bords  festonnés,  les  festons  contournent  l'attache  du  bec;  fruits 
et  feuilles,  etc.,  dorés. 

Hauteur,  20  c. 

Marque  C.  D.,  gravés,  caractères  cursifs. 

Don  de  M.  Dubouché. 

i3o  Soucoupe  forme  obconique.  La  décoration,  constituée  par 
de  légères  fleurettes  jetées,  est  exécutée  à  l'aide  de  deux  couleurs 
seulement  :  rouge  de  fer  et  vert  de  cuivre.  Bord  couvert  rouge 
de  fer. 

Hauteur,  14  c.  ;  largeur,  4  c. 

Marque  G.  D.,  gravés. 

Don  de  M.  A.  Guillemot.  » 

14*  Petite  écuelle  à  deux  anses.  Couvercle  orné  d'un  petit  fruit, 
accompagné  de  quelques  feuilles.  La  décoration  de  cette  pièce 
est  constituée  par  des  fleurs  jetées,  exécutées  à  l'aide  de  deux 
couleurs  :  vert  de  cuivre  et  rouge  de  fer,  teintes  nuancées.  Sur  le 
vase,  des  roses,  probablement  traitées  avec  une  mauvaise  cou- 
leur tirant  sur  le  pourpre,  ont  presque  absolument  disparu.  Les 
roses  qui  se  trouvent  sur  le  couvercle  sont  en  rouge  de  fer.  Peut- 
êlre  le  couvercle  n'est-il  pas  celui  de  la  pièce? 

Hauteur,  5  c.  ;  largeur,  i  1  c. 

Sans  marque. 

Don  de  M.  Audoin,  ancien  maire  de  Limoges. 


176  ÔOClÉTé  ARCHÉOLOGIQUK  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOOSlM. 

t5<»  Soucoupe  forme  obconique  (analogue  au  n»  13).  La  déco- 
ratioïi,  constiiuée  par  de  légères  fleurettes  jetées  (tulipes,  mar- 
guerites, chèvrefeuille),  ne  comporte  que  trois  couleurs  :  violet 
d'or,  rouge  de  fer,  vert  de  cuivre.  Bord  couvert  rouge  de  fer. 

Largeur,  4  c;  hauteur,  4  c. 

Sans  marque. 

Don  de  M.  Alhert  Guillemot. 

16*  Soucoupe  (même  forme  que  la  précédente).  La  décoration, 
constituée  par  des  fleurettes  jetées  (roses,  marguerites,  chèvre- 
feuille), ne  comporte  que  les  trois  couleurs  indiquées  à  la  pièce 
précédente. 

Hauteur,  4  c;  largeur,  4  c. 

Marque.  Peut-être  la  marque  C.  D.,  en  creux  et  en  caractères 
cursifs,  mais  assez  peu  distincte. 

Don  de  M.  Albert  Guillemot. 

D*après  une  note  manuscrite,  M.  A.  Guillemot  pensait  que  ces 
deux  pièces  provenaient  de  la  fabrique  Massié  et  étaient  anté- 
rieures à  la  protection  du  comte  d'Artois.  Rien  ne  vient  confir- 
mer cette  indication  qui  ne  paraît  avoir  été  basée  sur  aucune 
donnée  positive. 

17»  Tasse  (forme  de  la  tasse  à  thé)  droite,  s'arrondissant  à  la 
partie  postérieure  ;  anse  en  S,  sans  ressaut.  La  décoration,  cons- 
tituée par  des  bouquets  jetés,  a  été  exécutée  à  Taide  de  la  palette 
complète  des  artistes  de  la  manufacture  de  Limoges,  c'est-à-dire 
le  bleu,  le  rouge,  le  vert,  le  violet  et  le  jaune.  L'anse  est  décorée 
eu  violet  par  de  légers  ornements,  semblables  à  ceux  des  faïences 
de  la  même  époque. 

Hauteur,  6  c;  largeur,  7  c. 

Marque  C.  D.,  en  caractères  cursifs.  Deuxième  marque  en  vio- 
let, caractères  romains. 

Don  de  M.  A.  Guillemot. 

18^  Cachepot.  Forme  en  cylindre  droit,  s'arrondissant  à  la 
partie  inférieure.  Anses  ornées  de  feuilles  ornementales.  lia  dé- 
coration, en  bouquets  jetés  composés  de  fleurs  très  variées  d'es- 
pèces :  chèvrefeuille,  œillets  panachés,  roses,  etc.  ;  palette 
complète.  Or  en  bordure  festonnée,  nervures  sur  les  anses.  Dans 
cette  pièce,  le  caractère  des  formes  et  de  la  décoration  appartien- 
nent bien  au  xvm^  siècle  et  accusent  très  nettement  l'imitation 
de  la  porcelaine  de  Saxe.  Une  des  meilleures  parmi  les  poicelui- 
nes  de  même  provenance. 


ESSAI  DB  CLASSlFltiATlOiN  DBS  ANCIENNES  PORCELAINES  OB  LnO«Bft.      i77 

Hauteur,  15c.;  largeur,  16. 

Marque  C.  D.,  gravés  ;  G.  D.,  peiuts,  caractères  romains. 

Don  de  M.  Bardy. 

19*  Grande  assiette.  Forme  argenterie.  Décoration  bouquets. 
Palette  complète.  Or  en  bord  festonné  et  en  filets.  Belle  exé- 
cution. 

Largeur,  27  c. 

Marque  G.  D.,  gravés,  caractères  cursifs;  G.  D.,  peints,  carac- 
tères romains. 

Don  de  M.  Dubouché. 

Collection  Gasnault,  n*  1665.  Petit  sucrier  à  couvercle  à  bouton 
formé  d'une  pomme  en  relief.  Décor,  palmes  en  or  formant  rin- 
ceaux, auxquelles  sont  suspendues  des  fleurs  peintes  en  poly- 
chrome. Sur  la  face  antérieure,  dans  un  médaillon  ovale,  des 
armoiries.  Marque  C.  D. ,  en  couleur  (1). 

Hauteur,  5  c.  ;  diamètre,  8  c. 

20^  Gafetière  ou  théière.  Forme  rocaille  très  simple,  manche 
en  bois.  Décor,  bouquets  jetés,  toute  la  palette  a  été  employée. 
Dorure,  bords  festonnés  contournant  l'attache  du  bec,  filets. 

Hauteur,  15  c. 

Marque  G.  D. 

Don  de  M.  Eugène  de  Gheygurat. 

21^  Gafetière.  Forme  presque  identique  à  celle  de  la  pièce 
précédente,  mais  la  décoration  semble  moins  ancienne  de  quel- 
ques années. 

Hauteur,  20  c. 

Marque  C.  D.,  peinte  en  rouge. 

Don  de  M.  Dubouché. 

22^  Écuelle  à  anses.  Forme  rocaille  très  simple  (identique  aux 
formes  des  pièces  n*"27*  etSO*').  Décoration,  bouquets  jetés,  toute 
la  palette  a  été  utilisée.  Dorure  en  bord  festonné,  filets  et  rehauts 
sur  les  anses. 

Hauteur,  8  c.  ;  largeur,  14  c. 

Marque  G.  D. 

Don  de  M.Félix. 

23<*  Assiette.  Bords  festonnés,  forme  identique  à  cellejsi  usitée 

(1)  La  description  sommaire  de  cette  pièce  est  emprantée  au  catalogue 
de  la  collection  Gasnault. 


f78  tOCIÊTÊ  ÂWmÈOhOQlQVm  BT  BISTOHIQUB  »U   MII0U6IN* 

à  Nevers.  Décoration  en  bouquets  jetés,  toute  la  palette  a  été 
employée. 

Largeur,  îJ2  c. 

Marque  G.  D.,  gravés,  et  G.  D.,  peints,  caractères  cursifs. 

Don  de  M.  Dubouché. 

24o  Assiette.  Forme  identique  à  celle  de  la  pièce  précédente. 
La  décoration  est  un  peu  différente;  on  y  remarque  parûii  lés 
couleurs  employées  un  rose  très  ûu  et  un  beau  violet. 

Largeur,  22  C. 

Marque  C.  D.,  gravés,  et  G.  D.,  peints  en  brun  (le  D  est  effacé). 

Don  de  M.  Dubouché. 

25*"  Assiette  à  soupe.  Forme  ronde;  décor;  bouquets!  Jôfés, 
toute  la  palette  a  été  employée.  Dorure  en  bord  festonné,  contre- 
filet  bleu.  Dans  la  décoration,  ou  remarque  des  fleurs  (belles  de 
nuit?)  exécutées  de  pratique  dans  la  manière  des  décorateur^  de 
Strasbourg.  Des  fieurs  analogues  se  voient  sur  plusieurs  autfe^ 
pièces  déjà  décrites,  notamment  sur  la  cafetière. 

Largeur,  23  c. 

Marque  G.D.,  gravés,  caractères  cursifs,  G.  D.,  peints  en  rouge, 
caractères  romains. 

Don  de  M.  Alfred  de  Gheygurat. 

26*  Soupière  analogue  pour  la  forme  à  la  pièce  n"  3*  (le  cou- 
vercle manque).  Décor,  bouquets  jetés,  toute  la  palette  a  été 
utilisée.  L'exécution,  plus  sèche  que  celle  des  pièces  précédentes, 
semble  indiquer  une  époque  plus  moderne,  mais  de  quelques 
années  seulement.  Dorure,  en  bord  festonné,  filets  et  reliants  sur 
les  anses  et  les  pieds. 

Hauteur,  13  c.  ;  largeur,  24  c. 

Marque  G.  D.,  peints  en  rouge,  caractères  romains. 

Don  de  M"«Ferru. 

S?**  Ecuelle.  Forme  rocaille  (identique  à  la  pièce  n»  22*>).  Le 
couvercle  est  orné  d'une  branche  de  céleri  (?),  formant  anse  ou 
bouton.  La  décoration,  en  or  seulement,  est  constituée  par  de 
petits  pseudo-chinois,  dans  des  attitudes  diverses,  marchant  sur 
une  guirlande  dans  le  goût  rocaille  et  portant  sur  leurs  épaules 
une  autre  guirlande  plus  simple.  Le  genre  de  ce  décor,  qui  peut 
en  quelque  sorte  être  assimilé  au  genre  grotesque  de  Moustiers, 
peut  faire  penser  qull  a  été  exécuté  par  uu  ancien  faïencier  de  la 
fabrique  Massié. 

Hauteur,  8  c;  largeur,  14  c. 

Marque  G.  D.,  peints  en  rouge. 

Don  de  M,  A.  Dubouché. 


fcSSAI   DB  CUSSIFICATION   DES   ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES*      179 

§  3.  —  Genres  de  transilmi,  —  Tendances  vers  la  régularisation  des 
formes.  —  Changement  analogue  dans  le  décor^  qui  prend  les 
caractères  de  l'art  de  Vépoque  de  Louis  XVL  —  Bouquets  semés 
régulièrement,  etc. 

28<*  Assiette  festonnée  dans  le  genre  adopté  à  Nevers  (le  blanc 
de  cette  pièce  est  antérieur  à  la  période  dans  laquelle  son  décor 
l'a  fait  classer).  Sur  le  marly,  une  guirlande  dorée  serpentant  et 
contrariant  les  circonvolutions  d'une  guirlande  de  feuilles  vertes; 
Des  roses  sont  placées  dans  les  compartiments  formés  par  la  ren- 
contre des  deux  guirlandes  ;  —  hachures  et  divers  ornements  en 
or.  Sur  le  fond,  roses  et  fleurettes  disposées  en  semis  régulier.  — 
Toute  la  palette  a  été  utilisée. 

Largeur,  21  c.  1/2. 

Marque  C.  D.  (?)  gravés,  caractères  cursifs,  C.  D.,  peints  en 
rouge,  caractères  romains. 

Don  de  M.  A.  Dubouché, 

Collection  Jacquemart^  n**  508.  —  Grande  théière  cylindrique 
à  col  rentrant.  Bec  en  S.  Bordure  composée  de  filets  d'or  et 
d'une  guirlande  circulanc  autour  d'un  filet  bleu.  En  haut  du 
corps,  entre  deux  filets  d'or,  une  guirlande  de  lauriers.  Ad* 
dessus,  des  arabesques  et  guirlandes  en  couleurs  et  or.  Bouquets 
semés  sur  le  reste.  Anse  et  bec  à  rehauts  d'or  (l). 

Marque  C.  D.,  en  rouge. 

Hauteur,  123  millimètres. 

29*Ecuelleet  son  assiette.  Identique  comme  blanc  aux  pièces 
n~  22®  el  27".  Le  décor,  très  particulier,  est  constitué  par  une 
guirlande.  Branches  de  vigne  avec  des  grappes  de  raisin  en  vert 
de  cuivre  et  violet  d'or.  Ce  décor  est  relativement  récent. 

Marque  C.  D.,  en  creux,  caractères  cursifs,  et  en  rouge  de  fer, 
caractères  romains. 

Don  de  M.  Dubouché. 

(i4  suivre).  Camille    Leymarie. 

(I]  La  description  sommaire  de  cette  pièce  est  empruntée  au  catalogue 
de  la  collection  Jacquemart. 


MONOGRAPHIE 


DE   LA 


COMMUNE  DE   GOMPREIGNAC 


I. 


Compreignac  est  aujourd'hui  une  commune  du  canton  de  Nantiat, 
arrondissement  de  Bellac  (Haute-Vienne).  Il  est  aussi  le  chef-lieu 
d'un  doyenné  ecclésiastique  qui  comprend  les  paroisses  de  Ber- 
neuil,  Breuil-au-Fa,  Le  Buis,  Chamboret,  Cieux,  Compreignac, 
Nantiat,  Roussac,  Saint-Symphorien,  Thouron  et  Vaulry. 

La  superficie  de  la  commune  est  de  4,690  hectares,  peuplée  de 
2,245  habitants.  Au  siècle  dernier  le  nombre  des  habitants  était 
beaucoup  plus  grand.  Uabbé  Nadaud  nous  dit  dans  son  Fouillé 
qu'on  y  comptait  alors  2,380  communiants,  chiffre  fourni  par  le 
curé  de  la  paroisse  ;  et  comme  il  faut  ajouter  environ  un  tiers  pour 
les  enfants  et  les  non  communiants,  on  voit  que  la  population  totale 
dépassait  3,000.  Immédiatement  après  la  Révolution,  d'après  la 
Statistique  de  la  Haute-Vienne,  il  n'y  avait  plus  que  4,773  habitants. 
L'observation  des  lieux  confirme  cette  diminution,  «ar  dans  la  plu- 
part des  villages  on  trouve  de  nombreuses  maisons  restées  sans 
habitants  et  tombant  en  ruine,  et  dans  les  champs  un  grand  nom- 
bre de  terres  autrefois  cultivées  qui  sont  maintenant  en  friche. 
Le  nombre  des  habitants  a  augmenté  ensuite  régulièrement  chaque 
année  jusqji'en  1860,  époque  à  laquelle  il  atteignit  2,427;  depuis 
il  n'a  fait  que  diminuer. 

Ses  limites  sont  :  au  nord,  les  communes  de  Saint-Pardoux  et  de 
Razès  du  canton  de  Bessines  ;  à  l'est,  celle  de  Saint-Sylvestre  du 
canton  de  Laurière;  au  sud,  celles  de  Bonnat  du  canton  d'Ambazac 
et  de  Saint-Jouvent,  canton  de  Nieul,  et  à  l'ouest  celles  de  Thouron 
et  de  Saint-Symphorien  du  canton  de  Nantiat. 


MONOtitlAPHtfe  Dfc  COllt>BKI6(VA(1.  48i 

Aspect  général  du  pays.  —  La  commune  de  Gompreignac  est 
une  des  plus  montagneuses  du  département.  Les  sommets,  qui 
s'élèvent  jusqu'à  889  mètres  à  Beausoleil,  sont  généralement  dé- 
pourvus d'arbres,  mais  ils  produisent  du  seigle  partout  où  on  les 
cultive.  Dans  les  vallons  et  le  long  des  ruisseaux,  on  trouve  des 
paysages  qui  ne  le  cèdent  en  rien  à  ceux  de  la  Suisse,  pendant 
que  sur  les  hauteurs  on  jouit  d'un  immense  panorama  qui  embrasse 
les  départements  voisins. 

Les  points  qui  attirent  surtout  la  vue  dans  ce  vaste  horizon,  sont  : 
au  sud,  Limoges  avec  ses  clochers  et  ses  cheminées  d'usine;  au 
sud-est,  Saint-Léonard,  dont  le  beau  clocher  semble  dominer  tout 
le  bassin  de  la  Vienne  ;  au  nord-ouest,  Bellac,  vers  lequel  court  le 
Vincou  sortant  de  nos  montagnes. 

La  vue  s'étend  au  sud  jusqu'aux  montagnes  du  Périgord  que  do- 
mine Gourbefy,  à  555  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer;  à 
l'est  elle  s'enfonce  dans  la  Creuse,  que  lui  masquent  un  peu  les 
hauteurs  de  Grandmont  et  de  Sauvagnac,  pendant  qu'elle  se  perd  à 
l'ouest  dans  les  plaines  de  TAngoumois  et  du  Poitou,  derrière  les 
montagnes  de  Blond,  élevées  de  515  mètres. 

Rivières.  —  Dans  la  commune  de  Gompreignac  se  trouvent  les 
points  de  séparation  de  deux  bassins  :  la  Couse  et  le  Vincou  sont 
des  affluents  de  la  Gartempe,  pendant  que  les  ruisseaux  qui  des- 
cendent des  hauteurs  de  Montaigut  et  de  Beausoleil  se  rendent 
dans  le  Taurion  et  la  Vienne. 

La  Couse,  dont  une  des  branches  prend  sa  source  près  de 
Sauvagnac,  et  l'autre  à  Grandmont,  a  un  parcours  de  quarante 
kilomètres.  Elle  est  large  en  moyenne  de  cinq  mètres  et  arrose  le 
nord  de  la  commune  de  Gompreignac.  Elle  a  son  embouchure 
dans  la  Gartempe,  à  six  kilomètres  au-dessous  de  Châteauponsac. 
Elle  est  poissonneuse  et  renommée  surtout  pour  ses  truites. 

Le  Vincou,  qui  a  sa  source  entre  Saint-Sylvestre  et  Gompreignac, 
est  le  principal  affluent  de  la  Gartempe  dans  notre  département. 
Sa  longueur  est  de  cinquante  kilomètres.  Il  serpente  à  travers  la 
coDMnune  de  l'est  à  l'ouest,  traversant  les  étangs  de  Margnac,  de 
Pontabrier  et  de  La  Rode.  Dans  son  cours  inférieur,  il  a  une  lar- 
geur moyenne  de  quatorze  mètres,  et  tombe  dans  la  Gartempe  un 
peu  au-delà  de  Bellac.  Les  poissons  voyageurs,  tels  que  la  truite, 
ne  peuvent  pas  monter  jusqu'à  Gompreignac,  son  cours  étant 
barré  par  les  chaussées  des  étangs. 

Nature  du  sol.  —  Eléments  qu'il  fournit  a  l'industrie.  —  Tout 
le  sol  de  la  commune  est  granitique.  Sur  les  hauteurs,  la  roche 
constitutive  est  à  peine  couverte  d'une  légère  couche  de  terre 


Iftf  SOCIÉTÉ  AIICBèOLO€1QCR  ET  niSTOElOO*  DO  LiMOOSiN. 

végétale.  On  trouve  des  carrières  de  pierre  de  taille  partout;  mais 
la  pierre  la  plus  estimée  de  toutes  est  celle  du  massif  montagneux 
qui  s'étend  à  l'ouest  du  village  de  Faneix,  sur  là  limite  de  la  com- 
mune de  Saint-Sylvestre. 

On  trouve  aussi  le  kaolin  en  plusieurs  endroits  dans  la  même 
chaîne  de  montagnes,  mais  en  petite  quantité.  Une  carrière  assez 
puissante  a  été  exploitée  pendant  plusieurs  années  au  village  de 
Margnac;  cette  exploitation  a  cessé  depuis  plusieurs  années. 

Produits  naturels  pu  sol.  —  Les  montagnes  les  plus  élevées  sont 
nues  à  leur  sommet.  Un  peu  plus  bas  on  trouve  le  bouleau,  le 
chêne,  le  châtaignier,  le  cerisier  et  quelques  rares  touffes  d*arbres 
verts.  On  rencontre  aussi  quelques  hêtres.  Le  long  des  ruisseaux 
croissent  le  saule,  l'aulne  et  un  petit  nombre  de  peupliers. 

Le  seigle  est  cultivé  partout,  ainsi  que  le  blé  noir  et  les  raves. 
On  sème  peu  d'avoine  et  fort  peu  de  froment.  Le  maïs  et  le  trèfle 
sont  aussi  cultivés  comme  fourrage.  Il  n'y  a  aucune  grande  exploi- 
tation agricole,  et  la  propriété  est  très  morcelée.  Aux  siècles 
passés,  on  cultivait  la  vigne  sur  quelques  coteaux  les  mieux  exposés, 
mais  on  n'y  en  trouve  plus  aujourd'hui,  et  le  nom  seul  de  terre  de 
la  vigne  sous  lequel  sont  encore  désignées  quelques  terres  est  le 
seul  souvenir  qui  en  reste. 

Le  botaniste  peut  y  recueillir  dans  quelques  étangs  :  Trapa  natans, 
L,  et  dans  le  bourg  et  ses  environs  Chrysanthetnum  segetum,  L. 

Langage.  —  On  parle  généralement  patois,  mais  tout  le  monde 
comprend  le  français  et  même  le  parle  avec  les  étrangers. 

Mœurs.  —  On  constate  facilement  que  les  doctrines  politiques  et 
sociales  répandues  de  nos  jours,  dans  cette  commune  et  dans  le 
voisinage,  ont  fait  baisser  le  niveau  de  l'honnêteté  publique,  des 
bonnes  jnœurs  et  des  pratiques  religieuses.  D'autre  part,  un  grand 
nombre  d'hommes  quittent  le  pays  pour  n'y  faire  que  de  rares  et 
courtes  apparitions,  abandonnant  le  soin  de  leur  patrimoine  et 
de  leur  famille  aux  vieillards,  aux  femmes  et  aux  enfants.  Au  lieu 
du  gain  qu'ils  vont  chercher  à  Paris  et  dans  d'autres  grandes  villes, 
ils  n'en  rapportent  souvent  que  les  défauts  et  la  corruption.  Quant 
à  ceux  qui  n'émigrentpas,  fort  peu  ou  pas  instruits  de  leurs  devoirs 
religieux,  ils  les  négligent  souvent  pour  se  livrer  à  des  pratiques 
superstitieuses. 

Cette  émigration  apporte  assurément  quelque  argent  dans  le 
pays,  mais  elle  ne  change  en  rien  l'état  d'infériorité  dans  lequel  s'y 
trouve  l'agriculture.  Si  tous  les  hommes  qui  abandonnent  la  culture 
des  champs  pour  aller  travailler  dans  les  grandes  villes  employaient 
leur  force  et  leur  intelligence  dans  le  lieu  où  ils  sont  nés,  on  n'y 


MONOGAA^mS   DE  COMMIEIGNAC.  1^3 

verrait  plus  tant  de  terres  incuites  ou  mal  cultivées,  tant  de  champs 
susceptibles  d'améliorations  et  n'en  recevant  aucune  ;  le  travail  et 
les  bonnes  méthodes  doubleraient  le  revenu  des  propriétés  et  pro- 
cureraient à  tout  le  pays  un  bien-être  que  l'émigration  ne  lui  a 
jamais  donné. 

On  ne  sait  pas  à  quelle  époque  a  commencé  cette  émigration. 
Un  texte  positif  nous  la  montre  antérieure  à  1585  :  «  Le  naturel  des 
Français,  dit  Gabriel  Chappuys,  est  fort  soudain  et  actif,  et  cela  est 
cause  que  l'Espagnol  et  l'Italien  sont  bien  aises  de  se  servir  d'hommes 
Français,  à  cause  de  leur  diligence  et  allégresse  en  tout  ce  qu'ils 
font  :  et  pour  celte  raison  voit-on  que  tous  les  ans  il  en  passe  un 
grand  nombre  en  Espagne  du  pays  d'Auvergne  et  du  Limousin, 
pour  y  faire  les  œuvres  de  mains  que  l'Espagnol  ne  saurait  faire  à 
cause  de  la  pesanteur  de  ses  actions  (1)  ». 

Un  siècle  plus  tard,  cette  émigration  annuelle  en  Espagne  conti- 
nuait toujours,  car  on  remarque  que  le  ministre  Colbert,  dans  les 
instructions  qu'il  donnait  au  marquis  de  Villars,  ambassadeur  en 
Espagne,  en  1679,  mentionne  cette  émigration  d'ouvriers  et  arti- 
sans Limousins,  et  lui  demande  de  prendre  des  mesures  pour  les 
proléger. 

On  sait  aussi  que  ce  sont  les  maçons  limousins  qui  furent  appelés, 
en  1627,  pour  construire  la  fameuse  digue  de  La  Rochelle. 

Aujourd'hui,  les  émigrants  ne  vont  plus  en  Espagne;  ils  se  diri- 
gent surtout  vers  Bordeaux  et  Paris.  L'époque  du  plus  grand  essor 
de  l'émigration  pour  cette  dernière  ville  a  été  de  1860  à  1870.  C'est 
à  ce  moment  que  les  travaux  entrepris  pour  l'embellissement  de 
Paris,  par  M.  Haussmann,  enlevèrent  presque  tous  les  bras  valides 
des  campagnes. 

Ck)MMERCE.  —  Le  commerce  de  cette  commune  consiste  dans  la 
vente  des  bestiaux,  des  grains  et  de  la  paille.  Ses  foires  ont  tou- 
jours été  considérables.  Aux  siècles  passés,  il  y  en  avait  une  le 
premier  jeudi  de  chaque  mois,  et  la  foire  royale  du  12  novembre, 
lendemain  de  la  fête  de  saint  Martin,  patron  de  la  paroisse.  Cette 
dernière,  d'une  grande  importance,  devait  son  origine,  comme  la 
plupart  des  grandes  foires  du  Limousin,  aux  réunions  religieuses 
qui  avaient  lieu  à  l'occasion  des  fêtes  patronales. 

Le  terrier  de  Compreignac  nous  fait  connaître  ce  que  payaient 
les  aubergistes  et  marchands  vendant  à  Compreignac  en  1597. 
«  Un  pot  de  vin  sur  chaque  hopte  vendant  vin,  au  jour  de  Saint- 


(I)  L'Etat  et  description  des  Royaumes,  par  Gabriel  Chappuys,  Tou* 
pangeau.  —  Paris,  459«1,  in-folio,  p.  2  verso. 


Iè4  SOCtÉTÊ  ARCHÉOLOGIQUE  tT  filStOBtQCIS   DO   LlHOUSltt. 

Martin.  Quatre  deniers  de  péage  sur  chaque  marchand,  au  jour 
de  Saint-Martin.  » 

A  cette  époque,  outre  les  foires  indiquées  ci-dessus,  Gompreignac 
eut  encore  un  marché  qui  se  tint  le  mardi  de  chaque  semaine,  et 
fit  la  fortune  du  pays  :  il  n'a  pas  survécu  à  la  Révolution.  Il  fut 
établi   par  lettres  patentes  d'Henri   IV,  du  mois  de   septembre 
1597,  que  nous  fait  connaître  l'acte  suivant  :  «  Martial  de   Gay, 
seigneur  de  Nexon,  Gondat   et    Gampagnes,   conseiller  du  roi 
notre  sire,  et  lieutenant  général  en  la  sénéchaussée  du  Limousin 
et  siège  présidial  de  Limoges,  savoir  faisons  que  aujourd'hui, 
sous  écrit,  en  l'audience  royale  de  la  sénéchaussée,  par  devant 
nous  ont  comparus  les  scindics,  manans  et  habitans  du  bourg  et 
paroisse   de   Gompreignac,  par  M.  Ghristophe  Vincendon,  leur 
procureur,  assistant  M*  Pierre  Martin,  notaire  royal  dudit  bourg, 
lequel  en  présence  du  procureur  du  roi  comparant   par  Gibot 
et  Des  Goutures,  avocat  dudit  sieur,  nous  a  dit  et  remontré  qu'il 
aurait  plu  à  Sa  Majesté  leur  octroyer  un  chaque  jour  de  mardi  de 
chaque  semaine  un  marché  public  dans  ledit  bourg  de  Gomprei* 
gnac,  pour  y  être  dorénavant  perpétuellement  et  à  toujours  gardé, 
observé  et  entretenu,  que  audit  jour  tous  les  marchands  y  puissent 
aller,  venir  et  séjourner,  vendre  et  acheter  toute  sorte  de  bétail  et 
autres  marchandises  et  qu'ils  jouissent  et  usent  de  tous  les  droits 
et  privilèges,  franchises  et  libertés  qu'on  a  accoutumé  de  faire  es 
autres  marchés  du  royaume  comme  a  dit  apparoir  par  lettres  pa- 
tentes de  Sa  dite  Majesté  à  nous  adressantes,  données  à  Paris  au 
mois  de  septembre  dernier,  signées  par  le  roi,  à  la  relation  du 
(Conseil,  de  Viliontreix,  et  scellées  du  grand  scel  dudit  sieur  en  cire 
verte  à  double  queue  sur  lac  de  soie  verte  et  rouge,  qu'il  a  commu- 
niquées audit  procureur  du  roi,  nous  requérant  ordonner  qu'elles 
soient  présentement  lues  et  enregistrées  au  greffe  de  la  présente 
cour,  afin  que  personne  n'en  prétende  cause  d'ignorance,  d'ordon- 
ner que  les  habitans  dudit  bourg  et  paroisse  de    Gompreignac 
jouiront  de  l'effet  des  dites  lettres  suivant  leur  forme  et  teneur,  et 
leur  permettra  icelles  faire  publier  par  les  cantons  de  la  présente 
ville  et  autres  lieux  circonvoisins  dudit  bourg.  Ledit  Gibot  a  dit 
avoir  vu  les  dites  lettres  patentes  de  Sa  Majesté,  obtenues  par  les 
manans  et  habitants  dudit  bourg  et  paroisse  de  Gompreignac,  par 
lesquelles  Sa  Majesté  a  créé  et  établi  à  chacun  mardi  de  chaque 
semaine,  un  marché  public  audit  bourg  et  n'avoir  moyen  pour 
empescher  qu'iceux  habitans  ne  jouissent  du  vouloir  et  intention 
que  Sa  dite  Majesté  leur  a  octroyé,  et  à  ces  tins  que  les  dites  pa- 
tentes seront  lues  et  enregistrées  au  greffe,  afin  que  personne  n*en 
prétende  cause  d'ignorance.  Par  quoi  nous  avons  baillé  acte  de  1^ 


MÔNOGRA>»inE   DE  COttPREIGNAC.  iÈi 

présentation  des  dites  patentes  et  après  que  lecture  a  été  faite 
d'icelles  par  le  commis  greffier,  ouï  et  requérant  le  procureur  du 
roi  et  sindics,  manans  et  habitans  dudit  bourg  et  paroisse  de  Com- 
preignac,  concède  acte  et  ordonne  que  iceux  sindics,  manans  et 
habitans  dudit  bourg  et  paroisse  jouiront  de  Teffel  des  dites  lettres 
suivant  leur  forme  et  teneur  et  qu  elles  seront  enregistrées  au 
fins  que  personne  n'en  prétende  cause  d'ignorance,  et  permis  de 
les  faire  publier  où  bon  leur  semblera.  Fait  à  Limoges,  par  devant 
BOUS  lieutenant-général  susdit,  le  21*  jour  de  janvier  1598. 
Signé  :  Gay,  lieutenant-général,  et  Guy,  commis-greffier.  » 

Pendant  la  Révolution,  ce  marché  disparut,  ainsi  que  la  grande 
foire  du  12  novembre.  Au  commencement  du  siècle,  les  foires 
furent  réglementées,  comme  l'indique  la  note  suivante  écrite  par 
le  maire  de  la  commune  en  1818.  «  Tout  le  monde  sait  que  les 
foires  de  Compreignac,  qui  existent  de  temps  immémorial,  qui  ont 
élé  et  sont  toujours  très  fréquentées,  ont  été  maintenues  et  conser- 
vées au  8  de  chaque  mois,  tant  par  un  décret  du  2*  complémentaire 
an  XII  (19  septembre  1804)  que  par  un  décret  ministériel  du  13  dé- 
cembre 180S.  » 

C'est  toujours  le  8  de  chaque  mois  que  ces  foires  ont  lieu,  et 
attirent  un  grand  nombre  d'habitants  et  de  marchands  des  com- 
munes voisines. 

Lorsqu'on  1867  le  conseil  municipal  fut  consulté  sur  les  avan- 
tages ou  les  inconvénients  qu'il  y  aurait  à  autoriser  de  nouvelles 
foires  dans  le  voisinage,  il  répondit  que  cette  autorisation  «  serait 
plus  nuisible  qu'utile  à  l'agriculture  qui  manque  déjà  de  bras  ;  que 
cette  multiplicité  de  foires  est  une  grande  perte  de  temps  pour  la 
plupart  des  gens  qui  s'y  rendent  non  pour  des  affaires  commer- 
ciales, mais  plutôt  pour  se  livrer  à  la  débauche  :  y  aurait-il  une 
foire  tous  les  jours  qu'ils  s'y  rendraient,  ne  faisant  nul  cas  de  leurs 
travaux  agricoles  pour  fréquenter  les  foires  et  les  cabarets  (1)  ». 

Le  bourg  est  en  outre  abondamment  pourvu  de  magasins  d'épi- 
cerie, quincaillerie,  draperie,  nouveautés,  etc.,  pour  l'approvision- 
nement des  campagnes. 

Industrie.  —  L'industrie  est  à  peu  près  nulle  dans  cette  com- 
mune. On  ne  peut  signaler  qu'une  filature  de  laine,  près  de  la 
Couse  et  de  la  limite  nord-est  de  la  commune. 

Institutions.  —  Compreignac  possède  un  bureau  de  poste,  une 
étude  de  notaire,  un  percepteur  qui  a  dans  sa  circonscription  les 
communes  du  Buis,  Compreignac,  Roussac,  Saint-Symphorien  et 

(1)  Conseil  municipal  de  Compreignac,  16  juin  1867. 

T.  XXXVII.  13 


186.  SOaÉTÉ   ABC«ÉO^OGI(UJE.  ET  HWtO^OÇ*.  i>U  LIMOUSIN. 

Thouron,  Il  y  a  au  bourg. des  é.coles  primaires  .municipal^»,  pQur 
les  g^rçoi^s  et.  poiir.  les.  fines,  et  une  école  mixte  au iVilULg€i<|e 
Népoulas. 

Une  école  libre  et.  un  p.ensionjiat,  tew^s  par. les  Soeurs  de.  la 
Croix,  ont  été  fond^,s  en  1864,  pour  donner  rinslructionW  l'édu- 
cation chrétiçnnes  aux.  jeunes  fiUés,  L,e,  couvent  a  été  bâti  en  1872, 
à  peu  près  sur  remplacement  de  Tancienne  chapelle  de  S^nt* 
Lépbon;  il  domine  le  bourg  du  côté  du.levant. 

Voies  de  communication,  —  Jusqu'en  1777,  la  route  de  Paris  pas- 
sait par  Compreignac.  Aussi  trouve-t-on  cette  localité  désignée 
coramie  lieu  d'étape,  dans  des  documents  de  1688.  Elle  Télait 
encore  près  d'un  siècle  après,  comme  le  montre  cette  lettre  de 
Turgot,  iiitendant  du  Limousin  de  1762  à  1774  : 

«  A  MM.  les  Syndics,  à  Compreignac, 

»  Les  représentatj,ons  qui  ootété  faites,  M^essieurs,  àM.«  le  duc. 
de  Choiseul  sur  le  traitement  par  étape  ,qui  e^t  accordé  aux  nwé- 
chaux-des-logis,  l'ont  déterminé  à  prendre  les  ordres,  du  roypar 
rapport  ai^  rations  de  fourrage  que  ces  hautes  payes  reçoivent,  et  il 
me  mande  que  jusqu'à  ce  qu  il  paraisse  un  nouveau,  règleo^ent,  les 
maréchaux-des-logis  recevront,  comme  par  le  passé.^  deux  rations 
de  fourrage.  Je  vous  fais  part,  Messieurs,  de  cette  décision  afin  flMe 
vous  puissiez  remplir  les  routes,  que  vous  délivriez  aux.  élapiers  la 
quantité  de  rations  qu'ils  doivent  délivrer  aux  maréchftUXTdej- 
logis  ;  je  vous  prie  de  prévenir  l'étapier  de  votre  ville  de  cet  arran- 
gement afin  qu'il  puisse  s'y  conformer.. 

»  Je  suis  très  parfaitement,  M,essieurs,  vptre  très  humble  et  tr^s 
obéissant  serviteur. 

»,T|jRi;pT,^  ». 

Pour  arriver  à  Compreignac^  cette  route  passs^it  vers  l6,M<^lagn{ic 
et^pren4it  ensi^ite  la  direction  de  la  ropte  actuelle  de  Saifit^Pardoux. 
Elle  est  souvent  appelée  route  des  soldats,  pour  la  distinguer  d'uni?, 
autre  qui  contournait  le  bourg  et  passait  au  M^s-la-Roche,  afin 
d'éviter  une  pente  trop  rapide, 

L*arpentement  de  1742  signale  des  chemins  allant  dans  les  mêmes 
directions  que  les  routes  d'aujourd'hui,  et  deux  de  plus  ;  le  chemin 
de  Gcandmont  et  le  chemin  de  Sauvagnac.  Clest  xme  constaUttion 
de  rimporlance  qu',avaient  ces  deux  localités  et  des  rapports  .que 
les  habitauts  de  Cpmpreigns^c  entretenaient  avec  eîles^. 

De  nos  jours,  aucune  ligne  de  chemin  de  fer  ne  passe  dans  la 
commune  de  Compreignac,  qui  se  tr.ouye  à  peu  près,  à  égale  dis- 


ianoende  la  ligue  de  Paris  et  de  celle  de  Poitiers.  Un  courrier  faiit' 
le  8€mee<)e  la  poste  par  la  gare  de  Nantiat  aprpalteiiaiitàcett^ 
dernière.  Les  roules  qu'oa  y  trouve  sont  : 

lia;  roalè  nationale  (n<>  30),  de  Paris  à  Toalouse;  qoi' passe  ao 
Tillàgei  de  Népoulas,  et  a*  remplacé  Tancienne  route  de  Paris,  dont' 
il  est  parié  ci-dessus.  Elle  fôt  commencée  en  1767  par  ordre  de 
M.  Pajolde  Marcheval,  intendant  de  Limoges;  elle  a  été  contlntrée 
et  finie  en  1777  par  les  soins  de  M.  Turgot  et  de  M.  d'Aine. 

Lescbemins  de  grande  communication  sont  :  n«  5,  de  Corfo^ 
lensà  Bourganeuf,  qui,  venant  de  Nanliat  et  Thouron,  traverse 
toute  la  commune  de  Touest  à  Test;  et  en  sort  au  village  de  La 
llroisille;  —  n«  28,  de  Saint-Junien  à  Bénévent,  qui  vient  de  Safe!- 
Jeuvent  et  se  dirige  sur  Razès,.  par  les  viHages  de  Prassigoux  et 
Vénaehat;  —  n*  60,  de  Compreignae  à  Saint-Pardoûx;  —  n*  96, 
de  Bellac  à  Compreignae,  passant  au  village  de  La  Courède,  en 
construction. 

Les  chemins  vicinaux  sont  :  n<>  1,  de  Compreignae  à  Népoulas; 
—  n»  %  de  Compreignae  à  Saint-Symphorien  par  le  Mas-la-Roche 
et  le  Puyménier;  la  partie  qui  regarde  Saint-Symphorien  est 
encore  à  faire,  ainsi  que  l'arrivée  dans  le  bourg  de  Compreignae; 
-=*  n»  3,  de  Compreignae  à  Chaptelat;  un  ti^onçon  de  ce  chemin 
passant  sur  la  commune  de  Bonnat  est  encore  à  faire;  —  n*  4,  de 
Oowprei^naG  à  Saint-Sylvestre,  par  Le  Chfttenet,  n'est  pas  encore 
achevé;  ~  n^5,  de  Compreignae  à  Ambazac,  par  Angelard-  n'est 
pa^eticore  achevé  sur  la  commune  d'Ambazac;—  n*6,  de  Com^ 
prélgriao  à  Razès,  par  La  Roche  et  Chabannes. 

SouvENms  HISTORIQUES.  —  EpoQue  gauloise.  —  Les  souterrains- 
refuges  que  l'on  trouve  au  bourg,  à  La  Jante,  au  Lac,  à  Chabannes,  à 
Védrenne,  etc.,  les  monnaies  gauloises  de  La  Jante,  le  camp, retran- 
ché de  Chabannes. 

Epoque  gallo-romaine.  —  Deux  cippes  romains  conservés  à 
Côûipreignac  ;  des  débris  de  constructions  romaines  près  Villebert; 
des  tuiles  à  rebord  en  plusieurs  endroits  ;  les  monnaies  romaines 
de  La  Jante. 

Moyen  âge.  —  L'église,  les  châteaux  et  les  murailles  qui  défen- 
daient la  ville  de  Compreignae. 

Chacun  de  ces  monuments  a  sa  description  ci- après,  accompa- 
gnée déà  faits  historiques  qui  s'y  rapportent. 

II.' 

L'origine  de  Compreignae  est  fort  ancienne.  Nadaud,.dënrfls6ij 
Pouillé,  nous  dit  que  son  nom  vient  de  «  compreor,  acheter  ;  des 


kM  SOCIÉTÉ  ÀBCHéOLOGIQtJB  ET  ÉISTOElQtJK  DU  tlMOUSld. 

boutiques  des  marchands  qui  y  étaient  ».  H.  Deloche  dans  sa 
Géographie  historique  (1),  fait  remarquer  que  cette  localité  avait 
autrefois  de  Fimportance,  car  elle  possédait,  sous  les  rois  de  la 
première  race,  un  atelier  monétaire  duquel  est  sorti  Tun  des  plus 
beaux  triens  connus  du  Limousin,  et  Tun  des  plus  remarquables 
assurément  de  toute  la  période  mérovingienne. 

On  y  trouve  aussi  des  traces  des  époques  antérieures  :  quelques 
haches  en  silex,  les  nombreuses  monnaies  gauloises  découvertes 
en  1811,  les  souterrains-refuges  qui  existent  encore  au  chef-lieu,  à 
La  Jante,  au  Lac,  à  Chabannes,  à  Védrenne,  nous  prouvent  que 
ce  lieu  était  habité  avant  Tère  chrétienne  et  avant  que  les  Ro- 
mains aient  conquis  les  Gaules. 

Pendant  Tépoque  romaine,  son  importance  paraît  augmenter,  si 
on  en  juge  par  les  tombeaux  romains  découverts  au  bourg.  Il  y  a 
quelques  années,  on  en  voyait  encore  trois.  Deux  existent  aujour- 
d'hui devant  une  maison  où  ils  ont  été  trouvés  en  1883.  Le  plus  beau 
est  un  cippe  funéraire  en  granit,  formé  d'un  cube  de  65  centimètres 
de  côté,  portant  une  pyramide  haute  de  50  centimètres,  surmon- 
tée d'une  boule.  Le  second  est  moins  élevé  ;  il  est  vrai  qu'il  ne 
forme  que  le  couvercle  de  l'urne  où  fut  placée  la  cendre  d'un  mort. 
Il  a  45  centimètres  de  hauteur,  et  se  termine  par  une  boule  de 
20  centimètres  de  diamètre.  La  partie  inférieure  de  sa  base  est 
taillée  de  manière  à  recouvrir  une  urne  carrée.  Il  peut  se  faire  que 
le  premier  de  ces  monuments  ait  porté  une  inscription,  mais  l'état 
dans  lequel  il  est  aujourd'hui  ne  permet  pas  de  l'aflirmer.  Avec 
quelques  débris  de  constructions  romaines  signalés  sur  plusieurs 
points  de  la  commune,  et  les  nombreuses  monnaies  trouvées  à  dif- 
férentes époques,  ce  sont  les  preuves  que  la  civilisation  romaine  a 
régné  en  ces  lieux. 

Deux  pièces  en  or  nous  révèlent  l'existence  de  l'atelier  monétaire 
de  Gompreignac. 

G'est  M.  Deloche  qui  nous  fait  connaître  en  ces  termes  la  mon- 
naie mérovingienne  frappée  en  ce  lieu  : 

«  CONPRINIAGO  I.  Tête  nue  de  face  ;  les  cheveux  relevés  et 
partagés  sur  le  front  et  retombant  sur  les  côtés  ;  buste  habillé  et 
orné  de  perles  ;  le  tout  dans  un  grenetis. 

»  R.  —  ®  SATVRNO  MONE.  Groix  égale,  légèrement  potencée, 
sur  un  globule,  accostée  sur  les  bras  des  lettres  L.  M.;  le  tout  dans 
un  grenetis.  ♦ 

»  Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids  :  1  gr.  35.  Deuxième  quart  du 
vu*  siècle.  (Gabinet  des  médailles  de  la  bibliothèque  nationale). 

(4)  P.  «94. 


MONOGEIAPHIB  DB  COMPRBIGIfAG.  189 

»  Pièce  frappée  à  Tefligie  visigothe  (dite  de  Bnineliaut),  et  d'un 
dessin  supérieur  à  celui  du  sceau  de  Dagobert,  dont  elle  reproduit 
pourtant  l'aspect  général.  Son  origine  ne  saurait  être  mise  en  doute 
en  présence  des  initiales  LE.  (Lemovicum)  qui  disent  nettement 
sa  provenance  limousine.  Le  Compriniacum  de  la  légende  est  assu- 
rément le  lieu  nommé  Compriniacum  dans  une  charte  de  Féglise 
de  Limoges,  de  Fan  1123  ;  Comprinhacum,  dans  un  Fouillé  du  dio- 
cèse, du  XVI*  siècle  (1)  ;  Compreignacum,  en  1303  (2)  ;  enfin,  de  nos 
jours,  Compreignac.  On  a  trouvé,  à  diverses  époques,  dans  le  bourg 
de  Compreignac  et  aux  environs,  des  médailles  gauloises  et  ro- 
maines (3). 

»  Le  Satumus  qui  a  signé  le  triens  de  Compreignac  est  vrai- 
semblablement le  même  qui  en  a  signé  à  Limoges.  Malgré  la  diffé- 
rence existant  dans  le  type  des  deux  pièces,  elles  sont  d'un  travail 
à  peu  près  contemporain  ;  seulement,  quand  Saturnus  passa  à  la 
monnaie  de  Limoges,  il  dut  en  adopter  les  dessins,  et  c'est  là  ce 
qui  explique  cette  variété  des  œuvres  du  même  monétaire  (4)  ». 

La  seconde  pièce  provenant  de  l'atelier  de  Compreignac  a  été 
trouvée  en  1868,  à  la  Poudrière,  près  Limoges,  et  acquise  par  la 
Société  archéologique  pour  le  Musée  de  Limoges  ;  elle  est  en  bel 
état  de  conservation  et  porte  : 

«  Au  droit,  une  croisette  et,  à  la  suite,  la  légende  circulaire  : 
CVMPRINIACO.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  long  bandeau  perlé, 
d'où  se  détache,  sur  la  nuque,  la  bande  supérieure,  également  per- 
lée, du  vêtement  du  buste. 

»  Au  revers,  une  croisette  et,  à  la  suite,  en  légende  circulaire  : 
ccATVKNVc»  MO  (monetarius);  dans  le  champ,  une  croix  légè- 
rement pattée,  posée  sur  un  point  ou  globe,  et  portant  aux  premiers 
et  deuxièmes  cantons  les  lettres  L  N,  entourées  d'une  couronne  de 
feuillage  qui  la  sépare  de  la  légende  ;  le  tout  dans  une  couronne 
de  feuillage. 

»  L'or  de  cette  pièce  est  un  peu  pâle  ;  le  poids  est  de  1  gramme 
20  centigrammes. 

»  D'après  sa  fabrication,  elle  paraît  remonter  à  la  deuxième  moi- 
tié du  vu*  siècle. 


(1)  Mss.  Bibliot.  nat.,  fonds  Saint-Germain,  français,  n^  878,  t.  II. 
(9)  Mss.  Bfniot.  nat.,  collection  Gaignières,  t.  GLXXXVI,  p.  136. 

(3)  On  a  récemment  découvert  un  denier  d'argent  consulaire  de  la  fa- 
mille Cœcilia,  au  nom  de  Q.  Metellus  Scipio  le  Pieux.  Voir  le  Courrier  du 
Centre  de  Limoges  et  le  Journal  général  de  V instruction  publique^  numéro 
du  27  octobre  4858. 

(4)  H.  Dblocbb  :  Monnaie»  mérooingiennes,  p.  82. 


^90  SOCIÉTÂ  A^f;^4Plf<^^K^B  (fCT  HUSTO^lUiUW  DU  LIMOUSIN. 

■p  E\lete&t  incontestablemept  d'qmgme  liinpuâipe  ;  il  -sulfH  pour 
s'en  convaincpe  de  rapprocher  son  type  de  celui  de , plusieurs  rpièces 
;déjà  reproduite^  dans  notre  Description  des  monnaies  mér4)mn- 
giennes  du  Livmusin  (1).  Les  lettres  L  N  du  revers  sqpt  les  deux 
oopsonnos  de  LESiO  (pour  J^EMO)  ,qu'oa  Ut  9i\ir  ;upe  .jpAQumUe  de 
J[uini)hac. 

.»  Cette  pièce  est  signée  par  un  mo^iétaire,  Satqmus,4ont  le  nom 
se  retrouve  sur  plusieurs  triens  limousins,  et  sur  la  rHionnaie  .de 
Compreignac,  qui  précède.  Qp  ypit  que  le  vocable  de  cette  localité 
n'y  diffère  que  bien  peu  du  nom  gravé  sur  la  pièce  dont  il  s'agit  ici. 
Les  effigies  gravées  sur  les  deux  triens  sont  au  contraire  -très  diffé- 
.rontôs  Tune  .de  l'autire,  puisque  sur  ce  second  triens  ^Ue  est  .en  .pro- 
fil, tandis  que  sur  l'autre  elle  est  de  face.  Mais  cette  circonstance  ne 
peut  a^ner  aucun  doute  sur  Tidentité  de  l'atelier  dont  l'une  -et 
l'i^utre  sont  sorties  (2).  » 

Au  moyen  âge,  Compreignac  conservç  encore  de  l'impartanoe, 
ce  qu'indiguent  l'église,  les  châteaux  et  la  ville  entourée  4e  mur^ul- 
les,  que  aous  allons  étudier  successivement. 

Eglise,  t—  L'église  de  Compreignac,  bâtie  au  xii*  siècle,  fui  re- 
construite au  XV*.  Elle  est  parfaitement  orientée  dans  la  direction 
de  l'est  à  l'ouest,  afin  que  selon  les  règles  liturgiques,  le  Christ  qui 
est  sur  l'autel,  soit  tourné,  comme  l'était  Notre  Seigneur  Jésus- 
Christ  sur  le  Calvaire,  aux  portes  de  Jérusalem,  lorsqu'il  mourut 
pour  notre  rédemption. 

Dans  la  reconstruction  du  xv  siècle,  on  a  conservé  certaines  par- 
ties de  l'ancienne  église,  qui  avait  6  mètres  37  centimètres  de  lar- 
geur à  l'intérieur;  ce  sont  :  la  porte  primitive,  augmentée,  proba- 
blement, au  xin*  siècle,  de  trois  rangs  de  voussures  formant 
aujourd'hui  le  portail  ;  tout  le  pignon  du  côté  du  couchant  ;  le  mur 
de  la  nef  où  l'on  trouve  une  petite  porte  murée,  et  la  chapelle  de 
Saint-Eutrope  qui  lui  fait  suite. 

Cette  première  église  avait  été  consacrée  ;  deux  croix  de  consé- 
cration, peintes  en  rouge,  sur  le  granit  de  sa  muraille  occidentale, 
en  sont  la  preuve  irrécusable.  Elle  dût  perdre  sa  voûte  et  être  en 
partie  ruinée  lorsque  les  Anglais  prirent  Compreignac  en  1870  ou 
1371.  Un  peu  plus  tard,  on  la  reconstruisit  à  peu  près  telle  que  nous 
la  voyons  aujourd'hui. 

L'église  actaey^  a  29  mètres  de  longueur  et  6  mètres  37  centi- 
mètres de  largeur.  Elle  est  formée  de  cinq  travées  ^veç  deux  çha. 

(1)  |n-89,  1,883.  —  Paris,  eh^z  Rollio  et  Fe^ardetit. 

(2)  M.  Dklocre,  Bulletin  de  la  Société  archéologi^ufi  ^  Uffiçi^si^^ 
t.  XVlll,  p.  131. 


MONOGRAPHIE  DE  cÔMPRBIGNAC.  491 

pelles  latérales,  qui  donnent  à  son  plan  la  forme  d'une  croix.  Son 
àxe  est  brisé,  la  nouvelle  construction  n*étant  pas  exactement  dans 
le  môme  axe  que  la  première.  C'est  assurément  une  pieuse  pensée 
qui  fait  voir  dans  Tinclinaison  de  l'axe  de  nos  églises  l'image  de 
Notre  Seigneur  inclinant  la  télé  sur  la  croix  au  moment  d'expirer, 
mais  je  ne  crois  pas  que  cela  ait  été  fait  à  dessein,  ce  qui  est  cer- 
tain pour  Compreignàc. 

Au  chevet,  elle  est  éclairée  par  la  belle  fenêtre  qiie  reproduit 
nôtre  dessin  exécuté  par  M.  J.de  Verneilh,  d'après  la  photographie 
de  M.  C.  Marbouty.  la  chapelle  du  midi  a  aussi  une  fenêtre  de  la 
même  époque;  deux  autres  à  pleiri-cintre  ouvç*ent  dans  la  nef  du 
mêine  côté,  et  une  semblable  dans  la  chapelle  du  nord,  où  Ton  en 
remarque  encore  une  petite,  étroite  et  longue,  comme  on  les  faisait 
au  xîi*  siècle. 

Les  voûtes,  qui,  vers  le  sanctuaire,  ont  9  mètres  d'élévation,  sont 
ornées  de  nervures  prismatiques.  A  la  clef  de  voûte  de  la  première 
travée,  un  écusson  décoré  à  la  manière  du  xv*  siècle  est  peint  :  de 
guevles,  au  chef  d^or,  chargé  de  trois  merlettes  de  sable.  Dans  la  tra- 
vée suivante,  un  autre  écusson,  sans  aucun  ornement,  est  aussi 
peint  :  d'azur^  à  la  croix  ancrée  d'or.  La  clef  de  voûte  de  la  troi- 
sième travée  porte  encore  un  écusson,  qui  n'a  aucune  trace  de  pein- 
ture ni  de  sculpture. 

Plusieurs  chapiteaux  de  l'ancienne  éghse  ont  été  conservés  sur  les 
colonnes  cylindriques  engagées  dans  les  murailles  qui  portent  la  re- 
tombée des  voûtes. 

La  porte  qui  s'ouvre  au  midi,  à  l'extrémité  de  la  nef,  accuse  le 
style  de  transition.  Elle  appartient  à  l'ancienne  église.  A  ses  deux 
colonnes  dépoun  ues  de  base,  décorées  de  quelques  ornements  à  la 
place  des  chapiteaux,  et  surmontées  d'un  cintre  en  ogive,  on  a 
ajouté  plus  tard  trois  voussures  avec  colonnes  pourvues  de  bases 
circulaires,  de  chapiteaux  à  crochets,  surmontés  d'arcatures  se  rap- 
prochant insensiblement  du  plein-cintre  jusqu'à  l'archivolte,  qui 
couronne  le  tout.  Ce  passage  de  l'ogive  au  plein-cintre  de  l'arcade 
maîtresse  est  une  singularité  qui  n'a  rien  de  choquant. 

Un  cordon,  soutenu  par  une  rangée  de  modillons,  la  décore  un 
peu  plus  haut,  et  au  sommet  règne  la  galerie  que  portent  d'élégants 
mâchicoulis,  destinés  à  défendre  l'accès  du  monument.  Cette  même 
galerie  de  défense  se  retrouve  à  chacune  des  chapelles  latérales  au 
chevet  de  l'église  et  au  grand  contrefort  du  nord-ouest.  Elle  est 
dans  un  état  parfait  de  conservation  et  a  toutes  ses  meurtrières  in- 
tactes. Ces  mâchicoulis  donnent  au  monument  un  aspect  pittores- 
que. En  outre,  ils  sont  d'un  bon  profil  et  d'une  exécution  soignée, 
Malgré  la  dureté  du  çranit.  On  voit  que  les  maçons  de  ce  pays 


192  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQOB   ET   HISTORIQUE   OU  LIMOUSIN. 

s'étaient  perfectionnés  dans  l'art  de  tailler  la  pierre,  car  les  parties 
du  style  de  transition  comme  ce  qui  est  flamboyant  sont  supérieu- 
rement exécutées  et  d'un  bon  dessin. 

Cette  église  était  une  espèce  de  citadelle.  Elle  faisait  partie  des 
fortifications  de  la  ville  auxquelles  elle  se  rattachait,  et  elle  sou- 
tiendrait parfaitement  un  siège,  si  on  ne  se  servait  que  des  moyens 
d'attaque  de  l'époque  où  elle  fut  fortifiée.  Le  vaste  dessus  des  voûtes 
pouvait  abriter  et  môme  loger  un  grand  nombre  de  défenseurs. 

Le  grand  contrefort  du  nord-ouest,  qui  forme  à  son  sommet  un 
élégant  réduit  bien  propre  à  défendre  deux  côtés  du  monument,  n'a 
été  construit  que  par  nécessité.  Lorsqu'on  surchargea  l'église  des 
murailles  qui  élèvent  sa  toiture  et  la  transforment  en  citadelle,  on 
s'aperçut  que  les  fondations  cédaient  en  cet  endroit.  Un  souterrain- 
refuge  de  l'époque  gauloise  qui  se  trouvait  au-dessous  en  était  la 
cause.  On  éleva  alors,  comme  point  d'appui,  ce  contrefort,  qui,  par 
ses  vastes  proportions,  ne  ressemble  en  rien  aux  autres.  Aux  der- 
nières réparations  exécutées  à  l'église  en  1859,  plusieurs  personnes 
sont  encore  descendues  dans  ce  souterrain,  et  la  description  qu'elles 
m'en  ont  faite  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  nature. 

La  plupart  des  grandes  églises  transformées  en  citadelles  avaient 
un  puits  nécessaire  pour  les  besoins  de  leurs  défenseurs.  On  en  con- 
naît encore  à  la  cathédrale  de  Limoges,  dans  l'église  de  La  Souter- 
raine et  dans  plusieurs  autres  du  diocèse.  Celui  de  l'église  de  Com- 
preignac,  qui  était  de  forme  carrée,  existe  toujours,  mais  son 
ouverture  est  couverte.  Il  est  placé  au  milieu  du  sanctuaire,  un  peu 
du  côté  de  l'épître. 

Des  six  fenêtres  qui  éclairent  l'intérieur,  quatre  sont  pourvues  de 
vitraux  remarquables,  venant  de  la  maison  Lobin,  de  Tours.  Le 
plus  considérable  est  celui  du  sanctuaire.  Il  est  partagé  en  trois 
grandes  baies  par  deux  meneaux.  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  oc- 
cupe celle  du  milieu.  Au-dessus,  dans  les  lobes  du  tympan,  on  voit 
le  Saint-Esprit  sous  forme  de  colombe  et  le  Père  Éternel.  Des  an- 
ges et  deux  séraphins  en  prière  complètent  cette  partie.  Dans  les 
baies  latérales,  saint  Martin,  patron  de  la  paroisse,  est  à  la  droite 
de  Notre  Seigneur,  et  saint  Eutrope,  patron  de  la  Monge,  est  à  sa 
gauche.  Ce  vitrail  a  été  acheté  par  la  fabrique  en  1869. 

Le  vitrail  de  la  fenêtre  du  midi,  qui  éclaire  aussi  le  sanctuaire,  a 
été  placé  en  1869  ;  c'est  une  grisaille  donnée  par  M.  Duchiron,  curé 
de  Gompreignac. 

En  1874,  les  deux  fenêtres  des  chapelles  reçurent  aussi  des  vi- 
traux offerts  par  M"'  Bariat.  Celui  de  la  chapelle  du  nord  est  une 
grisaille,  mais  celui  de  la  chapelle  du  midi  rivalise  de  beauté  avec 
la  grande  verrière  du  sanctuaire.  D'un  côté  on  voit  la  Sainte-Vierge, 


Chevet  de  réglise  de  Compreigoac. 


Souterrain-refuge  au  village  de  La  Jaote,  commune  de  Compreignûc. 


MONOGRAPHIE  DE  COMPRBIGNAC.  193 

Regina  mundi,  portant  son  divin  fils  ;  de  Tautre,  sainte  Catherine, 
palronne  de  la  donatrice. 

Le  maîlre-autel  a  élé  consacré  par  M»'  Duquesnay,  évêque  de 
Limoges,  le  10  juin  1873.  Il  est  en  pierre  blanche  et  sort  des  ate- 
liers de  Saint-Hilaire,  à  Poitiers,  maison  Charron  elBeausoleil.  Sur 
le  tombeau  sont  sculptées  trois  scènes  de  la  vie  de  saint  Martin. 
Celle  du  milieu  le  montre  disant  la  Sainte  Messe  lorsqu'un  globe 
lumineux  apparut  sur  sa  télé.  D'un  côté,  on  le  voit  partageant  son 
manteau  avec  un  pauvre,  et  de  Tautre  Notre  Seigneur  lui  apparaît 
vêtu  de  cette  moitié  de  manteau. 

En  même  temps  que  Taulel,  et  venant  de  la  même  maison,  deux 
statues  furent  placées  au  mur  absidial  aux  deux  côtés  de  la  grande 
verrière  :  saint  Joseph  et  saint  Roch.  Cette  dernière  est  en  sou- 
venir de  la  chapelle  qui  avait  été  dédiée  à  ce  saint  dans  la  paroisse. 

Les  autels  des  deux  chapelles  sont  en  bois  sculpté. 

Le  pignon  de  Fouest,  qui  forme  le  clocher-arcade,  ayant  été  forte- 
ment endommagé  par  la  foudre,  fut  réparé  en  1873.  Il  porte  à  une 
assez  grande  hauteur  une  élégante  fenêtre  plein-cintre  qui  éclaire 
la  nef.  Elle  est  accompagnée  à  Tintérieur  et  à  l'extérieur  de  colon- 
nettes  romanes  et  sa  seconde  voussure  est  semée  d'étoiles  ou  de 
pointes  de  diamant,  puis  le  tout  surmonté  d'une  archivolte. 

Le  sommet  du  pignon,  que  termine  une  croix  de  pierre,  est 
pourvu  de  deux  baies  à  plein-cintre  où  sont  placées  les  cloches.  On 
lit  sur  Tune  : 

«  Jean-Baptiste  Barriat,  maire,  parrain.  —  Elisabeth  Dupeyrat 
des  Flottes,  marraine.  —  Geoffroy  des  Flottes,  adjoint.  —  Mathieu 
Bord,  juge  de  paix,  président  de  la  fabrique.  —  Pierre  Martin- 
Compreignac,  curé.  —  L'an  1813.  —  Bernard  et  Alexis  Martin  frè- 
res, fondeurs.  » 

Sur  l'autre  on  trouve  cette  inscription  :  «  Bénite  en  1822.  —  Par- 
rain :  François  Jjéger,  curé  de  Compreignac.  —  Marraine  :  Marie- 
Angèle Constant,  née  Laforêt.  —  M.  Jean-Baptiste  Barriat,  maire.  — 
MM.  Mutel  et  Forgeot,  fondeurs.  »  Par  le  procès-verbal  de  la  séance 
du  Conseil  municipal  du  22  août  1822,  on  voit  que  la  refonte  de  la 
cloche  cassée,  l'achat  du  métal  et  les  frais  pour  la  replacer  ont 
occasionné  une  dépense  de  900  francs. 

A  l'intérieur  comme  à  l'extérieur  de  l'église,  on  reconnaît  les 
restes  de  la  litre  funéraire  qui  y  avait  été  peinte  ;  mais  on  ne  dis- 
lingue plus  rien  des  armoiries  qu'elle  portait. 

Depuis  1882,  on  possède  des  reliques  de  saint  Martin  et  de  saint 
Eutrope;  elle  sont  placées  dans  deux  petites  châsses  modernes  en 
cuivre  doré.  On  conserve  aussi  depuis  1790,  époque  de  la  distribu- 
tion du  trésor  de  Grandmont,  des  ossements  de  huit  compagnes  de 


^f(lé  SOCIÉTÉ  AIKSflÉIlteOOIQ^  ET  ëitITbBtQDB  DU  LIMOUSIN. 

.Sttiate'Ursule/prac^'s  datisube  chiflLsète  éh'bofs'ifôspltrs  rtiôflesles. 
Leurs  noms  y  sont  écrils  :  Sanctœ  Àlbinœ;^Pàmfrètœ;Ortinariœ; 
Se&undW;  Bû^rrœ;  Victoriœ;  Anathnîiœ;  Essètitiœ.  A  ht  même 
époqae,  «ne  grande  châsse  en  cuivre  doré  et  èmaillé,  comme  celle 
que  possède  actuellement  Ambazac,  avait  été  donnée  âComprei- 
gtiac^;  foate  te  ctiré  d'alors  n'ayant  pas  voulu  faire  une  petite 
ftepense  '<itfë  nécessitait  Tétat  de  cette  châ^e,  elle  fut  ^attribuée  à 
itne  'autre  paroisse. 

Jusque  vers  1776,  oti  enterra  dansTégKâe  flè  Compi'èignkc,  mais 
à  cette  époque  un  décret  vint  interdire  cet  usagfe.  Le  sanctuaire 
iôtait  réservé  aux  prêtres  de  Ifet  paroisse.  Il  y  eut  aussi  denOtaln'eu- 
isefe  sépultures  dans  la  nef  et  dans  les  chapelles  ;  voici  riddication 
•dfe  Quelques-unes  : 

Le  27  janrvier  1628,  Léonard  Duclou  est  inhumé  dans  là  chapelle 
de  Saint-Jea». 

Le  47  février  1693,  Léonard  Demàtys,  âgé  de  qtiarântè^cinq  ans, 
procureur  d'office  de  la  terre  et  baronnie  de  Compreignkc,  est  en- 
terré dans  réglisse. 

Le  7  octobre  1792,  Pierre  Lesseyne,  prétre-chanoine  de  Saint- 
-Mat'ttal  de  Limoges,  âgé  de  soixante-quatre  ans,  est  enseveli  dans 
Féglise. 

•  Le  48  novembre  1722,  Marie  Faucon,  âgée  de  trente  ans,  épouse 
#e  Pierre  Lesseyne,  est  inhumée  dans  Véglise. 

Le  2  juillet  1728,  Pierre  Dubois,  âgé  de  quatre-vingts  ans,  juge  de 
CompreigAac,  est  enterré  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean.  11  fonda 
ttïi  service  pour  le  jour  de  saint  Pierre,  et  un  atitre  bu  jour  de 
son  décès. 

Le  22  décembre  1731 ,  Françoise-Marguerile  Blondeau,  âgée  de 
vingt-sept  mois,  fille  de  Mathieu  Blondeau  de  Compreigndc  et  de 
Marie  de  Vaucourbeix,  est  ensevelie  dans  Téglisfe. 

Le  12  février  1732,  Jèrémie  Martin,  âgé  de  soixante-quatorze  ans, 
bourgeois  et  marchand  de  Limoges,  veuf  de  Marie  Ardant,  est  en- 
terré dans  Téglise;  il  était  père  dû  curé  de  Compreignac. 

Le  2  février  1734,  sépulture  dans  l'église  de  Marie  Martin,  âgée 
de  six  mois,  fille  de  Pierre  Martin,  greffier  de  la  juridiction,  et  de 
Marie  Ducoudier. 

Le  3  mai  1739,  a  été  inhumée  dans  l'église  de  Compreignac  Thé- 
rèse Benoit  de  Compreignac,  âgée  de  soixante-quatorze  ans,  veuve 
de  Pierre  Blondeau. 

Le  21  juillet  1754,  enterrement  dans  l'église  de  Marie  de  Cou- 
teillas  de  La  Ribière,  âgée  de  vingt-deux  ans,  épouse  de  )ean- 
Baptiste  Bârbou  de  Leymarie. 

Le  !•*  avril  1760,  sépulture  dans  l'église  de  Mathieu  Dorât  des 


noMoaftàPaiB  DE  .eoMMiiieif AC  >495 

Honts,  gdadaanne  de  :]fi  .garde,  âgé  de^ingtr«eptt'anB/fils  de  Bar- 
thélemyfiorat  des  Monts.et  d'Anne  d'Aubirnson. 

Le  42  mars  1763,  Françofe  Martin,  âgé  de  vingt-çuatre  ans,  fils 
de  Jean-Jacques  Martin  de  Beaumoulin  et  de  Marre-Charlotte  du 
Fau-de-Pontcharaud,  est  inhumé  dans  Téglise. 

Le  2  juin '.1768,  sépulture  dans  TégUse  de  Léonarde  Dubois,  âgée 
de  quatre-vingt-trois  ans,  veuve  de  François TMartin,l)ourgeois. 

Le  19  janvier  17.64,  Pierre  Martin,  bayle  des  âmes,  notaire  et 
juge  des  juridictions  ordinaires  de  Coiqpreignac  ^  de  Bonnat,  âgé 
de  cinquante-quatre  ans,  époux  de  Marie-Louise  Duclou  de  La 
Garde,  est  inhumé  dansfégliee. 

«Le  48  juin  1774,  enterrement  dans  Téglise  de  Suzanne-Cathei^ine 
Dupeyrat,  âgée  de  cmq  ans,  "flUe  de  Joseph  Dupeyrat,  dhcfvaïier, 
'Seigneur  et  baron  de  Thouron  et  d'Elisabeth  'G^uteillas  de  La  M- 
bière. 

Le  S  novembre  1778,  sépulture  dans  T'églrse  d-e  Marie  Tauconr- 
beil  de  Compreignac,  âgée  de  soixante-quinze  ans,  "veuvede  mes- 
sire  Alondeau,  écuyer,  'seigneur  de  Compreignac. 

Le  80  juin  1777,  enterrement  dans  l'église  de  Jean-Bapti^e  Mar- 
tin, âgé  de  sept  ans  et  demi,  ftls  de  Joseph-Mathieu  Marfin,  notaire 
royal  -et  juge  de  la  présente  juridiction,  et  4e  Marie  Buchâteau. 

La  mort  des  seigneurs  de  Compreignac  est  indiquée  daïis  les  re- 
gistres paroissiaux,  quoiqu'ils  soient  enterrés  4  Limoges,  dm^HHie 
sépulture  de  famille  : 

»  Le  7  octobre  M35  fut  sépulture  Teii  Mons  le  général  [Martial 
Benoit],  seigneur  de  Compreignac,  ô(mt  le  «corps  gil  «n  régU^e  de 
Sak)t-Pierre-daQueyroix,  à  Limoges. 

»  Le  2S  sep4embre  1829  a  été  sépulture  feu  Mons  de  Comprei- 
gnac [Pierre  Benoit,  fils  du  précédent],  dans  l'église  de  Saiat- 
Pierre^tt-Queyroix.  » 

Martial  Benoit  avait  fait  une  fondation  à  l'église  de  Compreignac, 
ftOA  fils,  Pierre  Benoit  (ii  poser  dans  le  sanctuaire  une  plaque  en 
cuivre,  fMrijaot  Tinscription  suivante,  destiaéeà^n  conserver  le 
souvenir.  Ce  morceau  de  cuivre  a  tenté  la  «upîdité  de  quelqu'un 
ei  a  disparu  au  moment  de  la  Révolution  : 

Le  sixi^e  octobre  mille  six  cent  viagi-einq,  deœda 
monsieur  Martial  Benoist,  escuifer,  seigneur  du 
Mas-de-Lage  et  Gomprenial,  conaelier  du  roi,  président 
et  trésorier  général  de  France  au  bureau  des  finances 
en  la  généralité  de  Limoges  :  lequel,  par  son  dernier 
testament  du  vingt-huitiesme  octobre  mille  six  cents 
vingt-un,  signé  Leyssene,  notaire  royal,  fonda  en 
Té^^lize  de  ceans^  un  service  pour  les  morts,  le  sixiesn^e 


id6  SOGlKTé:  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DO   LlMOUSliC. 

de  tous  le9  mois  de  Tannée,  tel  jour  qu'il  décéda;  or- 
donne  de   plus    qu'il   sera   toujours  entretenu   une 
lampe    ardente,   jour    et    nuit,     devant    le    Saint- 
Sacrement,  de  quoi  il  a  chargé  son  fils  et  héritier, 
lequel  a  fait  poser  cette  lampe,  a6n  qu'à   l'advenir 
les  susdites  fondations  soient  bien  exécutées,  et  pour 
perpétuelle  mémoire  de  la  piété  et  dévotion  du  défunt. 
Rcquiescat  in  pace 
juxta  quidem  séries  patri  succedere  :  verum 
esse    simul    dominos  ;    gratior    ordo    piis. 

La  paroisse  de  Compreignac  a  toujours  eu  pour  patron,  comme 
aujourd'hui,  saint  Marlin  de  Tours.  Nadaud,  dans  son  Calendrier 
manuscrit,  après  avoir  énuroéré  les  paroisses  du  diocèse  dont  ce 
saint  est  le  patron,  ajoute  cette  observation  :  «  Le  titre  de  Saint- 
Martin  que  portent  ces  églises  est  un  indice  de  leur  antiquité» 
parce  que  nos  premiers  rois  étaient  très  dévots  à  ce  saint.  » 

En  1233,  Pierre  des  Cars,  chevalier,  seigneur  de  Compreignac, 
fondait  une  vicairie  dans  cette  église,  à  Tautel  de  Saint-Jean.  Son 
droit  d'y  nommer  un  prêtre  avait  passé,  en  1478,  à  Marguerite 
d'Àubusson,  dame  de  Fraisse  et  de  Mërignac,  épouse  de  Jean  de 
Saint-George,  chevalier,  seigneur  de  Fraisse.  Elle  était  probable- 
ment veuve  à  cette  époque,  car  la  nomination  est  faite  par  elle  et 
son  fils,  Gabriel  de  Saint-George.  Plus  tard,  en  1673,  ce  droit  de 
nomination  appartenait  à  Tévêque  de  Limoges. 

Albert  Blanchard  était  vicaire  de  la  vicairie  de  Saint-Jean  en 
15S8,  —  François  Fougères  en  1694  (1). 

Le  cimetière  paroissial  touchait  à  l'église  au  midi  et  au  cou- 
chant et  n'était  pas  très  vaste;  aussi,  outre  ceux  dont  on  constate 
l'existence  à  Montaigut,  Angelard  et  la  Monge,  y  en  avait-il  un 
second  au  bourg,  appelé  le  petit  cimetière.  Il  était  situé  hors  des 
murailles  de  la  ville,  où  se  trouve  celui  de  nos  jours.  On  n'a  eu 
besoin  que  d'en  augmenter  l'étendue  pour  en  faire  un  cimetière 
fort  convenable.  11  est  parfaitement  tenu  et  on  y  remarque  un  bon 
nombre  de  riches  monuments  funéraires. 

Une  chapelle  de  saint  Léobon  existait  autrefois  à  Compreignac; 
il  en  est  fait  mention  dans  plusieurs  actes  et  en  particulier  dans  un 
du  5  novembre  1536,  en  ces  termes  :  «  Un  verger,  situé  au  bourg 
de  Compreignac,  confrontant  au  chemin  qui  va  des  Perdrigiersà  la 
chapelle  de  Saint-Léobon  (2).  »  Il  ne  reste  aucune  trace  de  cette 
chapelle,  si  ce  n'est  le  nom  d'une  terre  près  le  cimetière,  qui  est 
encore  appelée  Les  Chapelles.  C'est  là  où  a  été  bâtie  en  1872  la 
communauté  des  Sœurs  de  la  Croix. 

(t  et  3)  Terrier  de  Compreignac. 


yONOéBAPUfB  DE  GOHPREIGNAC.  49t 

Les  carés  de  Compreignac  étaient  nommés  par  les  abbés  de 
Saint-Martial  de  Limoges.  Nadaud  a  trouvé  des  nominations  faites 
par  eux  aux  dates  suivantes  :  1482,  4512, 1578, 1579,  1586,  1587, 
1591, 1641, 1651, 1652,  1706, 1720,  1727, 1754.  Voici  les  noms  de 
ceux  que  j'ai  découverts,  avec  les  dates  auxquelles  ils  étaient  en 
fonction  : 

Pierre  Normand,  alias  de  Monlcocu,  était  curé  de  Compreignac 
en  1298  (Manuscrits  Legros). 

Ayraud,  Ayraudus,  vivait  en  1334  f Ibidem J. 

Pierre  Roubis,  ou  Rouby,  ou  Robin,  fait  un  arrangement  en 
1405  avec  Pierre  Sarrazin,  seigneur  du  Mazet;  il  était  curé  en 
1434  (Reg.  de  la  pitancerie  de  Saint-Martial,  fol.  32). 

Guillaume  Sandelis,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Limoges  et 
curé  de  Valière,  était  curé  de  Compreignac  en  1457  et  1458  (terrier 
de  Compreignac). 

Pierre  Cantays,  ci-devant  syndic  de  la  communauté  des  prêtres 
(le  Saint-Martial  de  Limoges,  était  curé  de  Compreignac  le  13  mai 
1490  (Manuscrits  Legros). 

Jacques  Piquet,  12  juin  1550  (terrier  de  Compreignac). 

Pierre  Cibot,  chanoine  de  Téglise  cathédrale,  curé  de  Comprei- 
gnac, le  iS  avril  1558  f  Ibidem  J. 

Léonard  Teyteyx,  dont  on  trouve  la  signature  sur  les  registres 
paroissiaux  en  1608, 1611, 1632.  Ces  registres,  qui  commencent 
en  1603,  renferment  les  actes  de  baptême,  de  mariage  et  de  décès, 
qui  ne  sont  que  rarement  signés.  La  plupart  sont  faits  par  P.  Cous- 
turier,  vicaire  de  Compreignac  de  1604  à  1640.  Ils  contiennent 
aussi  à  cette  époque  la  mention  de  Mathurin  Pontabrier,  prêtre  de 
Compreignac,  4  juin  1605;  André  Demarzet,  religieux  de  Tordre 
de  Grand  mont,  5  mars  1607;  Rallhazard  Dubois,  curé  de  Saint- 
Justt  24  septembre  1613  ;  Martial  de  Lacour,  prêtre,  14  mars  1615; 
Jean  Pontabrier,  vicaire  de  Mallemort,  26  janvier  1624. 

Guillaume  Jauviond,  le  vieux,  est  dit  curé  de  Bruteille  en  Péri- 
gord  et  de  Compreignac  le  16  mai  1614  (Manuscrits  Legros). 

Jean  Baillol,  chanoine  de  Saint-Martial  de  Limoges  et  curé  de 
Compreignac,  puis  de  Saint-Maurice,  près  Nexon,  le  14  octobre 
1652  (Invent,  arch.,  Eymoutiers,  GG,  3,  p.  107). 

Martial  de  Leyssène,  docteur  en  droit  canon  de  la  Faculté  de 
Paris,  fut  curé  de  Compreignac  de  1665  à  1703.  Pendant  ce  temps, 
il  eut  pour  vicaires  :  F.  Bastier,  1665  ;  P.  Caude  (?),  1667  ;  Lemar- 
que,  1667;  Desthèves,  1667;  L.  Landy,  1675;  Labrousse,  1681- 
1685;  de  Leyssène,  1686  1689;  Duboucheyx,  1700-1701. 

Antoine  Reculés,  était  curé  de  Compreignac  en  1706.  Il  eut  pour 
vicaiies  :  David,  1709-1711;  Palier,  1712;  Turain,  1712-1713; 


l4t  sOciiri  ARCHieto«Htfri'iet:BistoMQOv'iMr  lihousin. 

Plèrre>  AVrilf  so»  nev6o<  1713-11718;  M;  Laii4lD,  1748;  DUtreii, 
1719^1 720i  II  fiiipTobableiBeat'nèparerrla  chapelle  niéridloBiale  àt 
régHse  deGémpre^oac,  car*une  deses  pierres  porte  la  (Ia4ei717. 
II  fat  «ictimraèdaiïs  l'église:  «le  neoYiesme  avril  mil  sept  cent  vii>gty 
MMsiMnÂotoine  Recules^  prêtre,  ciir6  de  la  paroisse  de  Coroprei- 
gnac,  étant  décédé  après  avoir  reçu  tous  les  sacrements  de  Noire 
Mère  Saioie  Eglise;  a  étéinhiiDué  parimoy  soussigné  dans  le  sanc- 
tuaire de  ladite  paroisse,  en  présence  de  Monsieur  Léonard  AMaot^ 
curé  de  Saint-Sylvestre,  et  de  Monsieur  Pierre  Avril,  son  neveu, 
curé  de  Razès,  qui  ont  si|^nè  avec  moy.  L.  Ârdant,  curé  de  Saittt- 
Sylvestre;  Xi  Origet,  curé  de  Sainl-Jouvent.  » 

Pierre  Ardelier^  était »coré  de  Gompreignac  le  20 'avril  1720:  Il 
eut  poof'Vicaires  :  Parreau,  1720;  Penillade,  1724;  Pierre  Samie, 
1724:  «.  Le  viûgt-f£fuatre  avril  mil -sepi  cent  vingt-sept,  Messire 
Pierre  Ardelier,  prêtre,  curé  de  Gompreignac,  étant  mort  le  jour 
précédeat^  après  avoir  reçu  les  sacrements  de  Notre  Mère  la  Sainte 
Eglise,  âgé  de  quarante-deux  ans,  a  été  inhumé  dans  Téglise  de 
cette  paroisse,  par  moi  soussigné,  en  présence  de  Messires  Arnaud 
Ijatreilhe,  curé  de  Boonai;  Jeaa  Fraixes,  curé  de  Thouron;  Pierre 
Sanid;  vicaire'  delà  pari)i6se)  qui  ont  signé  avec*  moi.—  Jylebas  (?), 
curé  de  Saint-Jouvent.  » 

François  MirtÎDs  était  curé,  de  Gompreignac  le  7  maiitT27.  Il 
coosecvaie  vicaice  qu'avait  son  prédécesseur^  mais  ce  ne  fut  pas* 
pouir  àè»  longues  anaées..  «Le  premier  jour  de  juillet  mil  sept  cent 
trente.et*unvsuf  le  soir,  a. été  inhumé  dans  le  sanctuaire  de  cette 
égliset!  maître  Pierre  Samie,  prêtre,  vioairede  celte*  paroisse,  4é-* 
cédé  la  inuijt  pnécédenle,  après  avoir  reçu  les  sacrements  derEgplîMv  • 
âgé..<][environirenlre'troisaiiset  huit  mois,  en  présence  de  Mes- 
sieuns  lea>cucés  -soussignés  :  Avrils  curé  de/Razès  ;  Latreilbe^  xuré 
deddonaL;  Pacaille,  curé  de  iThtwroni  Pelity  prêtre;  F*  IfertiOt-. 
curé  de  Gompreignac:  »  Lësjricaires,  ses  successeurs^,  forent:  Des^ 
champs,ii731{Mavtin,  1736^1739;  Noailhé,  1739*1740-,  A.  Boissd, 
1740-i74a?  Tbéveniu,  1744-174S;  L  Lageneste,  17484780;  Nico^ 
laai  1780;  P.  Favard,;  1780-1783;  Gérardin,  1783.  MC  François 
Mantiavçiui  ëtaiX  fils  dé  Jérémie  Martin  et  de  Marie  Arxiant,  bouP4 
geois  et  marchands,  de (  Limoges,  ne  parvint  pas  à.  une  grande; 
vieillesse  :  «  Le  diX-huit  janvier  mil  sept  cent  cinquante-quatne,  a 
été.iohumé  au  milieu  du  sanctuaire  de  Téglise  Messire  Francis* 
MartHXv.cuné' de. cette  paroissû,  décédé  lëijour  précédent,  après: 
avoir.reçtt  les:saaremeDts.de  pénitence,  eudiarislie  et  :extréme- 
onction,  à  Tàge d'environ  cinquante-^ept  ans,  après  avoir  gouverné-' 
pendaniiivingirsept  ans  cette  pfkroisse..  Ontas8isi<é  aux  obsèques'  les 
sonssîgnés  ù  Martin»  Mactîn  éls^  Msùrtipr  dec  Gottpreigaao,  de^  Goo^i 


MONOGBAPBilï  l)B  CQM|»RfilONAC.  i9d^ 

te^Ua|ÇiJDuç;l9U4  Duro^^savtrie^  F:  Jabet,  religieuiL-  de  Grandioontg: 
Gé^aldf.curé^  de.Razès;  Deschamps,  curé  de  Thouros;  Navièrft}. 
curëde-Sai^t-r^ylvestre;  Gérardin,  vicaire  de.  CofDpreignac;  »i 

Joseph  I^my  de.Lurel,  élail  fiU  d'autre  Joseph  Larny  de  Luret 
ei<4ei  Marie-Thérè;se  de  la  Qhasaague.;  il  étall  né  à  Li/noges.  le* 
30  j^i^vier  1723;  parnM  ses  frères  aines,  on  Irouve,  Gabri^^l-Jacques 
Larny,  curé  d'Api^ac  en  1780;  Jean  Laroy,  professeur  de  tb^olo-. 
^e  ptç^dant  viogl  ans  aq  coUëge  de  Limoges,  et  confesseur  de  la 
foi  pendant  la  Révolution.  Joseph  Lamyavait  été  ordcAué  prêtre 
eoi74i&;  lorsqu'il  fçit  i\ommé  à,la  cu^e  dç  Gompreignac  ea)i7^, 
il  était,  au  moins  depuis  1750,  chanoine  de  la  cathédrale  de  limo-. 
ges,  titre  qu'il  résigna  eu  faveur  de  soa.  neveu.  Peadaot  qu,'il 
administra  celle  paroisse,  il  eut  pour  vicaires  :  Gera^din,  jusqu'ea 
1760;  Barret,  1760-1762;  Montaigul,  1762;  Dach^s,  1762;  Mazey- 
raud,  1762-1767,  puis  conjointement  avec  le  suivant  jusqu'en  1771  ; 
Martin,  1767-1772;  Cosse,  1772-1773;  Dubois,  1774-1775;  Martin,, 
le  même  que  précédemment»  1776-1785.  «  Le  neuC  de  juin  mil  sept 
cent  quatre-vingt-cinq  a  été  inhumé  messire  Josepfi  J^amy  d.el4ir0t, 
prêtre,  curé  de  la  présente  paroisse  et  visiteui:  des  églises,  déoédé 
le  jour  précédent  à  trois  heures  et  demie  du  soir,  en  sa  maison 
presbytérale,  âgé  de  soixante-deux  ans  et  cinq  mois.  OnjL  assisté- 
au  convoi  messire  Pierre  Lamy,  écuycr,  seigneur  de  la.  Chapelle, , 
procureur  du  roi  aux  sièges  royaux  de  limoges;  messire  Gabriel: 
de  Luret,  écuyer,  ses  neveux  et  autres,  qui  ont  signé  avec  moi  :  : 
Lamy  de  Lachapelle,  Lamy,  Gerald,  curé  de  Razès;  Tramonteil,. 
curé  de  Bonoat;  Duchàteau,  curé  de  Saint-Symphorien:  ÀrE.  Laur 
rier,  prêtre,  curé  de  Thouron;  Dupeyrat,  baron  de  Thoiiron,-; 
Roulhac  de  Razès,  Cantillon  de  La  Lande,  AÎlartin,  vicaire  de  Gom- 
preignac.  »  Il  n'est  pas  dit  dans  cet  acte,  comme  dan^  celui  dies  icuf  es . 
précédents  :  «  inl^umé  dans  le  sanctuaire  de  Téglise  »,  p^fce  que. 
depuis  .1776  il  y  avait  inlerdiption  d'inhumer  dans  les  églises. 

Lépnard  fiay  ;de  Vernon,  fut  nomnjé  le  22  juin  1785,  prit  pos^esr- 
sion  ie  raême^mois.  Il  donna  dans  tous  les  excès  de  la  RévQhitîQn^ 
fat  éluévéque  sçhismatiquede  laHaufe-Vienae.  Ie.l4  février  il79il. 
Les  vicaires  de  Compreignac  prêtèrent  ensuite  le  serment  schi^ma- 
ligue  de  la Gonstitulion/civile  du  clergé;  ce.  furent  :  M^gy,  du  31 
décembre.! 785  au  13  avril  1791;  Martelly,  vicaire  régent,  dq  2?. 
avril  1791  au  26  septeml^re  mêo^e  année;  Pegrateyr(>ll6S>  .qui  signe 
vicaire  rég&aij  le  28,septembrel79i,  puis  curé  jusqu'au 31  octobre 
1792,  enfin  ofBcier  public  jusqu'au  18  mai  1793. 

François-Thyrse  G^illebaqd,  ancien  vicaire  de  Nieul,  de^seif-vait 
provisQiriwent^ paroisse  de  Corppreiguae  en  186@etl9Q3. . 
.  Fra4{oisrAnne.Riou))laDc,  fut  le  premier  curè.d^  Gpa^n^igQMp 


iOÔ  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGTOtlË  ET  talStORIQÛB   DÛ   LIMOUSIN'. 

après  la  RëvolutioD.  Il  était  curé  de  seconde  classe,  mais  n^avait 
pas  le  litre  de  doyen  du  canton.  Ce  titre  ne  fat  attaché  à  la  cure 
de  Compreignac  qu'après  de  nombreuses  délibérations  des  con- 
seillers municipaux  et  des  autorités  civiles  et  ecclésiastiques,  par 
décret  du  26  mai  1819.  —M.  Rioublanc  devint  curé  de  Bessines. 

Jean-Baptiste  Goujaud,  natif  de  Châteauponsac,  nommé  en  mai 
1806,  fut  curé  de  Compreignac  jusqu'en  février  1813. 

Pierre  Martin  de  Compreignac,  chanoine  honoraire  de  la  cathé- 
drale, fut  nommé  en  février  1813,  et  mourut  le  14  mai  1817. 

Jean-BapUste  Joseph  Guiot  du  Dognon,  1817-1819,  fut  ensuite 
curé  de  Blond. 

François  Léger,  du  mois  d'octobre  1819  au  mois  de  septembre 
1836,  se  retira  à  Beaune,  où  il  est  mort  à  Tâge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans,  le  15  octobre  1839. 

Auguste-Jacques  Boutineau-Grandpré,  vicaire-régent  en  1836, 
curé  en  novembre  1837,  est  mort  le  7  mars  18Q7. 

Louis-Marie-Sylvestre  Duchiron,  1867-1882. 

Auguste  Cocq,  1882-1883. 

André  Lecler,  1883. 

Une  maison  en  style  de  la  Renaissance,  qui  existe  encore  près  de  la 
grande  porte  de  l'église,  dont  elle  n'est  séparée  que  par  un  jardin, 
était  la  maison  curiale.  C'est  là  que  fut  hébergé  Henri  IV  à  son 
passage  à  Compreignac.  On  ne  sait  ni  quand  ni  comment  cette 
maison  a  cessé  d'appartenir  à  la  cure  pour  devenir  la  propriété  de 
la  famille  Duclou  ;  toutefois,  l'arpentement  fait  en  1742  la  désigne 
encore  comme  étant  la  cure,  et  le  jardin  par  lequel  on  communi- 
quait avec  l'église  était  aussi  possédé  par  le  curé. 

Un  logis,  avec  tour  ronde  renfermant  l'escalier,  placé  en  dehors 
de  l'enceinte  de  la  ville,  mais  proche  de  l'église,  est  ensuite  devenu 
le  presbytère.  Il  a  un  jardin  s'étendant  à  l'est  et  formant  terrasse, 
d'où  l'on  jouit  d'une  splendide  vue  sur  les  montagnes,  et  à  l'ouest 
une  cour  et  des  dépendances.  Ces  dernières  viennent  de  M.  Lamy 
de  Luret,  curé  de  Compreignac,  qui,  par  contrat  du  25  mars  1777, 
avait  acquis  une  maison  et  un  terrain,  qu'il  convertit  en  grange  et 
écurie. 

Pendant  la  Révolution,  le  tout  fut  mis  en  vente.  Le  presbytère  ne 
trouva  pas  d'acquéreur,  mais  les  dépendances  furent  vendues  par 
contrat  du  28  germinal  an  III  (17  avril  1795).  M.  Guiot  du  Dognon, 
curé  de  Compreignac,  les  a  rachetées  par  contrat  du  10  juillet 
1819. 

L'ancien  logis,  qui  continua  à  servir  de  presbytère,  semble  avoir 
été  bâti  en  1608;  c'est  au  moins  la  date  que  porte  une  de  ses  pierres. 
De  nos  jours,  il  tombait  en  ruine  et  ne  pouvait  plus  être  réparé. 


1IONOGRAI»HIR  DE  COMPUSIGMAC.  SOI 

Démoli  en  1870,  oa  a  b&li  sur  le  môme  emplacement  celui  qui 
eûste  aujourd'hui. 

Les  Chatbaux.  —  II  y  avait  au  chef-lieu  de  Comprelgnac  deux 
fiefs  différents,  qui,  plus  tard,  ont  été  réunis  ;  ce  sont  les  Cars  et  le 
Mazet,  placés  Tun  à  Fest,  Tautre  h  l'ouest  du  bourg. 

I.  —  Le  château  des  Cars  semble  avoir  été  ruiné  par  îarmêe 
anglaise,  lorsqu'elle  prit  Compreignac,  en  1370  ou  1371.  Il  était 
séparé  de  l'église  par  deux  jardins  et  se  trouvait  ft  Fendroil  où  le 
cadastre  indique  encore  des  masures.  Une  reconnaissance  dd  jardin 
des  Cars,  du  i3  novembre  1600,  fait  connaître  sa  position  î  «  Ledit 
jour  13  des  dits  mois  et  an  que  dessus,  par  devant  nous  )nge%  sus- 
dits, se  sont  aussi  comparus  en  leur  personne  et  jvdiciellement 
Pierre  Penichon  l'aîné,  marguillier  du  dit  bourg,  et  Jacques  dit 
Jamme  Marchandon,  du  dit  bourg,  lesquels  ont  dit,  connu  et  con- 
fessé tenir  et  posséder  deux  jardins,  joignants  et  contigus  ensemble, 

appelés  des  Cars renfermés  de  murailles.....  confrontant 

au  petit  cimetière  de  Comjpreignac et  dans  lesquels  jardins  soû- 
laient être  les  mazures  et  soulars  du  dit  ilef  noble  des  Cars  >>  (1). 

Voici  les  membres  de  cette  famille  qui  me  sont  conaas  : 

Adémar  des  Cars  est  témoin  dans  l'acte  de  donation  de  la  cha- 
pelle de  Courrieux  au  prieuré  d'Aureil,  acte  fait  entre  1147  et 
118&-0nnedit  pas  qu'il  soit  seigneur  de  Compreignac,  mais  il 
figure  dans  cet  acte  avec  plusieurs  autres  habitants  du  pays,  tels 
que  son  voisin,  Pierre-Etienne  du  Puy-Ménier  (2). 

Nicolaus  deu  Cat9  est  témoin  dans  la  donation  faite  au  prieuré 
de  Montaignt-en-Gompreignac,  en  1196.  Acte  publié  aux  docu- 
ments. 

Pierre  des  Cars,  seigneur  de  Compreignac,  vivait  en  1233  et 
1234  (3).  II  fonda  une  vicairie  à  l'autel  de  Saint-Jean  dans 
l'église  de  Compreignac  (4).  On  trouve  une  assence  perpétwelle 
faite  par  Guillaume  Palmier  l'aîné  en  faveur  de  sire  Pierre  des 
Cars,  chevaher  du  Mas  de  Bassac,  situé  en  la  paroisse  de  Com- 
preignac, le  mardi  avant  la  fête  de  saint  Luc  1304.  Dans  un  acte  de 
1438,  rapporté  au  terrier  de  Compreignac,  on  cite  praltfm  domini 
Pétri  de  QxMdris,  militis  de  Campo  peîo  (Champeux,  paroisse  de 
Compreignac). 

C'est  à  tort  qo'on  place  Pierre  des  Cars  dans  \z  généalogie  de  la 
famille  Pérusse  des  Gars.  On  voit,  en  effet,  dans  la  généalogie  de 

(I)  Terrier  de  Compreignac. 

(9)  Cartulaire  d'Aureil,  par  Bf.  de  SenneviKe,  en  cours  de  pablfcâtion. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin,  1. 1,  ?«  édition,  p.  307. 

(4)  PouiUé  de  Nadaud. 

T.   XXXVIK  1( 


t(tî  BOCttri  ARCBÉOLOGtQdE   Et  BlStORIOtlB  DU  LtHOtlSlfr. 

cette  dernière  famille,  une  convention  faite  Tan  1260,  entre  Geoffroy 
de  Pérusse,  et  les  filles  de  Gautier  de  Pérusse,  son  cousin-germain, 
d'après  laquelle  «  ses  descendants  quitteraient  le  nom  de  Pérusse 
pour  prendre  celui  delà  terre  des  Cars  »  située  aujourd'hui  dans  le 
canton  de  Chàlus.  Le  père  Anselme,  dans  son  Histoire  des  grands  offi- 
ciers de  la  couronne,  nous  dit  qu'Âudoin  de  Pérusse,  fils  de  Geoffroy 
de  Pérusse,  se  maria  en  1281  et  qu'il  est  «  lé  premier  dont  il  soit 
fait  mention  sous  le  nom  des  Cars  )>.  Les  des  Cars  de  Gompreignac 
existaient  donc  un  siècle  avant  que  les  Pérusse  aient  pris  ce  nom. 
Un  autre  généalogiste.  Le  Laboureur,  conjecture  que  Marie  de 
Carrio  ou  de  Carris,  seconde  femme  d'Adémar,  vicomte  de  Limoges 
en  1114,  pouvait  être  de  la  maison  de  Pérusse  des  Cars.  Ce  qui 
précède  montre  que  cette  famille  n'existait  pas  encore  sous  ce 
nom,  et  qu'il  est  plus  naturel  de  rattacher  cette  Marie  des  Cars  à 
ceux  de  Gompreignac. 

Le  jour  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul  1344,  Guillaume  d'Ar- 
feuille,  damoiseau,  reconnaît  qu'à  cause  de  Guiotte  des  Cars,  sa 
.  femme,  il  tient  à  foi  et  hommage  de  l'évêque  de  Limoges,  sur  le 
jardin  des  Cars,  une  rente  de  quatre  septiers  seigle  (1). 

Plusieurs  autres  membres  de  cette  famille  sont  désignés  simple- 
ment sous  le  nom  de  Compreignac  ;  ce  sont  : 

Martial  de  Compreignac,  curé  de  la  Maison-Dieu  à  Limoges, 
«  rector  capellanie  Domûs  Dei  leprosorum  »,  qui,  agissant  au  nom 
du  prieur  de  cette  maison,  reçoit  en  1262  une  reconnaissance  de 
Pierre  de  la  Chièze,  damoiseau  de  Rilhac-Lastours  (2). 

Le  Père  Itier  de  Compreignac,  d'une  noble  extraction,  était 
dominicain  et  éloquent  prédicateur.  Il  mourut  à  Saint-Junien,  le 
20  août  1304,  en  descendant  de  chaire,  après  avoir  prêché  un  beau 
panégyrique  de  la  Sainte- Vierge.  On  mit  cette  épitaphe  sur  son 
tombeau  : 

Ghrisliferam  venerans,  sic  clamans  magnificavit, 
Quod  verbum  superans  devotio  debililavit. 

Rapla  fuit  mens flens  siluit  praeco  Mariae 

Dumum  docuit,  tune  occubuit  lux,  arca  Sophise  (3). 

Autre  iLhier  de  Compreignac,  pour  lequel  le  chapitre  provincial 
des  Frères  prêcheurs  tenu  à  Limoges  en  1327  ordonne  une  messe 
des  morts. 


(1)  Uore  des  Hommages  de  VEoéché,  p.  228. 

(2)  A.  Leroux,  Inoent,  des  arch.  hospit.  de  la  Haute-Vienne.  —  liaison 
Dieu  de  Limoges,  B:  H,  p.  4. 

(3)  M.  ÂRBBLLOT,  Reoue  archéologique,  p.  256. 


MONOGRAPBIB   DE  COMPRKIGNAC.  903 

Goulfier  de  Gompreignac,  dont  on  trouve  le  nom  vers  la  même 
époque. 

Jean  de  Gompreignac,  qui  vivait  aussi  vers  le  môme  temps  (1). 

Le  cimetière  paroissial  conserve  encore  une  pierre  tombale  sur 
laquelle  ont  voit  le  bouclier  et  l'épée  d'un  chevalier  ;  elle  a  dû  cou- 
vrir la  dépouille  mortelle  d'un  membre  de  cette  famille. 

Le  château  des  Cars  ne  fut  pas  rebâti.  La  propriété  et  les  diffé- 
rents droits  qui  en  dépendaient  étaient  passés  au  siècle  suivant 
dans  la  famille  de  Saint-George.  En  i478,  Gabriel  de  Saint- 
George,  chevalier,  seigneur  de  Fraisse,  fils  de  Jean  et  de  Margue- 
rite d'Aubusson,  nommait  avec  sa  mère  à  la  vicairie  fondée  par 
Pierre  des  Cars,  en  1233,  dans  l'église  de  Gompreignac.  La  croix 
ancrée  qui  se  trouve  à  une  clef  de  voûte  de  l'église,  doit  être  son 
écusson,  ou  celui  de  sa  mère;  Saint-George  porte  :  d'argent  à  la 
croix  de  gueules,  et  Aubusson  :  d'or  à  la  croix  ancrée  de  gueules. 

En  1614,  François  de  Saint-George,  chevalier,  seigneur  de 
Fraisse,  vendit  tous  les  droits  qu'il  avait  sur  le  fief  des  Cars  à 
Martial  Benoit  (2),  qui  les  réunit  à  ceux  du  fief  du  Mazet,  comme 
on  le  verra  plus  loin. 

IL  —  Le  fief  du  Mazet  était  situé  à  l'extrémité  occidentale  du 
bourg,  sur  le  point  où  a  été  construit  le  château.  Les  plus  anciens 
propriétaires  connus  sont  les  Bodoyer,  qui  depuis  une  époque 
reculée  rendaient  hommage  à  l'évoque  de  Limoges  pour  leur 
«  repaire  et  hébergement  »  de  Gompreignac  (3).  Elie  Bodoyer 
vivait  en  1266;  il  fut  le  bisaïeul  de  Pierre  Sarrazin. 

Noble  Jean  Sarrazin  épousa  Sibille  Bodoyette;  ils  vivaient  en 
1388.  Leur  fils,  Pierre  Sarrazin,  seigneur  du  Mazet,  fonda  un  ser- 
vice à  Gompreignac  le  7  septembre  1408.  Le  7  octobre  1438,  il  ren- 
dait hommage  à  l'évoque  de  Limoges,  comme  seigneur  de  Gomprei- 
gnac (4).  François  de  Sarrazin  avait  épousé  Isabeau  du  Breuil. 
Cette  dernière,  tutrice  de  leur  fille  Charlotte,  était  veuve  en  1829. 
Charlotte  Sarrazin  épousa  François  de  Neuvic,  écuyer  et  seigneur 
de  Villefort.  Il  vendit  le  fief  du  Mazet  à  Albert  de  Grandchaud,  qui 
se  disait  seigneur  de  Gompreignac  en  1848,  mais  cette  vente  ne 
tint  pas  et  Charlotte  de  Sarrazin  vendit,  par  acte  du  24  février  1883, 
il  Léonard  Bamy.  La  famille  de  Sarrazin  porte  :  de  gueules  à  trois 
fletATs  de  lis  d'argent  mal  ordonnées. 

Léonard  Bamy,  avocat  au  siège  présidial  de  Limoges,  seigneur 

(I)  Nobiliaire  du  Umousin,  t.  I,  2«  édit.,  p.  418. 
(3)  Terrier  de  Gompreignac. 

(3)  Archives  de  la  Haute-Vienne.  —  Fonds  de  rEvécbé, 

(4)  Voir  cette  pièce  aux  document^. 


%ê4  SOCIÉTÉ  ARGBBttOaHliE  IkT  MlSlèai^l»  DU  LIMOUSIN. 

du  flef  noble  du  Mazet  de  GompreigDaCt  aoquil  âmsi,  le  ii  aep^tem- 
bre  1576,  la  tiercerie  et  la  fondalilé  de  Coudert-Jourde,  de  Foucault 
Faucon,  seigneur  de  Thouron  et  de  la  Madeleine;  Antoiae  et 
Léonard  Barny,  fils  de  Léonard,  sent  seigneurs  de  Gampreignac 
en  1584.  Antoine,  qui  était  tioenoiè  è»-loi9,  juge  des  iuridictioEs  de 
Grandmont,  Razès,  Bessines,  aeheta,  le  28  septembre  4589,  le 
fief  de  Puymenier,  à  Martial  de  Hoffignac  et  à  sa  mère  Valérie 
Fauicon.  C'est  aussi  lui  qui  revendit  le  tout  à  Martial  Benoit.  Les 
Barny  portent  pour  armes  :  un  chevron  atcompagné  de  iemao  roses 
m  chef  et  d'un  lien  en  pointe. 

La  famille  Benoit  a  joué  ue  grand  rtie  dans  la  paroisse  de  Gom- 
preignae  et  mérite  qu'on  s' arrête  uii  peu  à  son  histoire.  Martial 
Benoit,  par  ses  acquisitions,  devint  seigneur  de  Gompreigme;  mais 
ses  ancêtres  depuis  longtemps  étaient  propriétaires  dans  la  paroisse. 
Etienne  Benoit  marque  dans  son  livre  de  raison  que  sa  nièce 
Catherine  Benoit  se  faisant  religieuse  à  La  Drouille-Blanehe,  pa- 
roisse de  BoMatt  le  7  janvier  1403  (vie«x  style),  il  donna  à  Féglise 
de  ce  prieuré  une  rente  de  six  setiers  de  seigle,  sur  son  domaine 
de  La  Vedrenne,  paroisse  de  Compreignac.  Cette  Catherine  Benoit 
était  pcieure  de  La  Brouille-Blanche  en  14ia. 

Maiis  ee  ne  fut  qu'à  partir  de  1597  que  cette  famille  prit  une 
grande  importance  dans  la  paroisse  par  les  acquisitions  qu*y  fil 
Martial  Benoit. 

Pierre  Benoit,  élu  eut  l'élection  du  Haut-Limoutsin,  eut  deux  fils. 
Martial,  qui  devint  seigneur  de  Compreignac,  et  Pierre^  dit  le  pré- 
vôt de  Compreignac,  areiûdiacre  deMalemort  et  catéchisted*HenrilV. 
Il  fut,  en  (^t,  un  des  docteurs  avec  lesquels  le  roi  voutut  entrer 
en  conférence»  à  Saiat-Denis,  le  23  juillet  1598,  avant  de  prendre 
la  détermination  qu'attendait  la  France  (1).  Après  sa  couversioii, 
Henri  IV  le  protégea  d'une  manière  touti>  parlicidhèrev  et  le  nomma 
soA  aumônier  et  «on  prédieateur«  8oa  brevet  est  signé  die  la  main 
mette  du  roi  (2).  «  Il  mourut  à  Toursi  ea  revenant  de  Paris  en 
Limousin  d'où  il  était  natif,  ayaat  été  empoisonné  dans  une  mala- 
die par  un  chirurgien  huguenot,  qui  crut  rendre  un  grand  service 
à  sa  religion  de  taire  périr  un  grand  prédicateur  cnlhoMque  >»  (3). 
il  tenait  son  litige  de  prévôt  de  ComfMreignao  de  révé<}ne  de  Limo- 
ges et  non  de  sa  famille,  comme  le  donne  k  croire  TauHeur  de  la 
Biogrtifàiç  iee  hommes  iUu8$res  dÉi  Limemm;  car  il  mmnrut  le 
22  septembre  1596,  et  ce  n'est  que  le  9  juin  1619  que  son  frère 

(I)  BuUetln  de  la  Société  archéologique  du  JUht9iiaa%,  t.  XX?1,  p,  f39 

(9)  Voir  cette  pièce  aux  doc»nients. 

(3}  Bibliothèque  nationale.  Manuscrit»  fhmçaifl,  M,T98|  fM.  969; 


Martial  achdtt>  de  Mer  Raymond  de  La  Marttmie,  là  jastice  de  Gom- 
preignae.  Il  ne  faut  pas  te  confondre,  comme  on  l*a  fiait  quelquefois, 
avec  René  Benoit^  originaire  de  TÀnjou,  et  curé  de  Saint-Eustaclie 
à  Paris,  qui  était  ausâi  au  nombre  des  doeteurs  consultés  par 
Henri  IV. 

Martial  Benoit  était  président  trésorier  général  de  France  en  la 
généralité  de  limoges,  seigneur  de  Gompreignac  et  du  Mas-de- 
Lage.  Il  fut  aussi  commandant  de  Limoges,  et  se  distingua  dans 
les  affaires  de  la  Ligue.  On  l'appelait  «  le  général  «  à  cause  de  sa 
charge  de  trésorier.  En  4598,  il  eut  la  commission  de  la  vérifica- 
tion de  la  noblesse  de  Guyenne,  conjointement  avec  M.  de  MariUac^ 
garde  des  sceaux.  Sa  fidélité  lui  procura  celle  de  grand-voyer, 
dans  la  généralité  de  Limoges,  ce  qui  lui  fit  faire  des  réparations 
considérables  aux  ponts  et  chaussées,  et  servit  grandement  à  réta- 
blir le  commerce,  qui  avait  beaucoup  souffert  par  le  mauvais  état 
des  diemine» 

Il  acheta,  le  15  juillet  1897,  les  fiefs  nobles  de  Gompreignac, 
alias  du  Maaet  et  du  Puymenier;  le  24  Juillet  4609  des  rentes  sur 
le  grand  et  le  petit  Malagnac  ;  le  30  janvier  1613,  des  rentes  sur 
les  tenanciers  de  Bachellerie,  Daumar  et  Gloupeix,  sur  Tétang  du 
Gouzet  et  sur  le  village  de  La  Roche  de  Boussac,  le  tout  dans  la 
paroisse  de  Gompreignac;  le  9  juillet  1614,  le  fief  des  Gars; 
le  18  février  1619,  le  moulin  de  Pontabrler;  le  80  mai  1619,  de 
Jacques  de  Lescours,  écuyer,  seigneur,  baron  de  Nleul,  les  rentes  et 
la  justice  qu'il  avait  sur  Gouteillas,  le  Lac,  Malagnac,  La  Jante,  Puy- 
mélier  et  Puy-Nartin;  le  9  juin  même  année,  la  justice  de  Gom- 
preignac (1). 

Dès  qu'il  fut  en  possession  du  Mazet,  il  songea  à  bâtir  un  châ- 
teau en  rapport  avec  sa  position.  En  1606  et  1608  il  faisait  élever 
celui  de  Gompreignac,  dont  il  ne  reste  aujourd'hui  que  deux  tours 
portant  chacune  une  de  ces  dates.  Ge  château,  comme  presque 
tous  ceux  du  Limousin,  avait  la  forme  d'un  quadrilatère,  et  chacun 
de  ses  angles  était  flanqué  d'une  tour  ronde.  Les  vastes  et  belles 
terrasses  qui  l'accompagnaient  existent  toujours.  Martial  Benoit 
mourut  le  6  octobre  1625,  âgé  de  soixante-douze  ans.  Il  fut  inhumé 
à  8aint-Pierre-du-Queyroix,  à  Limoges,  dans  les  tombeaux  de  sa 
famille.  Son  fils  fit  placer  dans  le  sanctuaire  de  l'église  de  Gom- 
preignac rinscription  relatée  plus  haut. 

Il  avait  épousé  Jeanne  de  Douhet,  le  refuge  des  pauvres  et  des 
religieux,  la  consolation  des  affligés,  qui  mourut  en  grande  odeur 
de  sainteté,  en  1646,  âgée  de  près  de  cent  ans  ;  elle  fut  inhumée 

(1)  Voir  les  contrats  d'acquisition  aux  documents. 


206  sociâré  archéologique  et  historique  du  limousin. 

dans  le  cloître  des  Carmélites  de  Limoges,  avec  leur  habit,  en  re- 
connaissance de  ses  bienfaits  envers  ce  monastère  (l).  Leurs 
enfants  furent  :  1*  Catherine,  épouse  de  Joseph  du  Bemet,  premier 
président  au  Parlement  de  Bordeaux;  **  Peyronne,  épouse  de 
Mathieu  Maledent,  receveur  des  tailles  en  Télection  de  Limoges  ; 
3®  Marie,  épouse  de  Gaspard  Benoit,  trésorier  de  France  ;  4**  Fran- 
çoise, sœur  Françoise  de  Jésus,  qui  fonda  les  Carmélites  de  Limo- 
ges ;  5"*  Pierre,  qui  suit. 

Pierre  Benoit,  héritier  des  vertus,  des  biens  et  de  la  charge  de 
son  père  était,  en  1613,  lieutenant  particulier  criminel  en  la  séné- 
chaussée du  Limousin.  Il  soutint  sa  maison  avec  honneur  et  s*acquit 
Festime  et  Tamour  de  tous.  Il  mourut  le  23  octobre  1629,  entre  les 
bras  de  révoque  de  Limoges,  TA«^  François  de  La  Fayette,  qui  lui  avait 
donné  TExtrôme-Onction,  et  qui  assista  le  lendemain,  les  yeux  bai- 
gnés de  larmes,  à  son  enterrement,  dans  Téglise  de  Saint-Pierre- 
du-Queyroix.  N'ayant  pas  laissé  d'enfants,  son  héritier  fut  Pierre 
Benoit,  son  neveu  et  son  filleul. 

Pierre  Benoit,  seigneur  de  Compreignac  et  du  Mas-de-Lage,  était 
Qls  de  Gaspard  et  de  Marie  Benoit.  Il  fut  conseiller  au  Parlement 
de  Bordeaux.  Il  avait  acquis  des  connaissances  étendues  sur  This- 
toire  du  Limousin,  et  composa  un  ouvrage  plein  de  critique  intitulé  : 
Remarques  sur  les  fautes  et  fausseté  de  la  table  chronologique  de 
Collin.  Ce  n'est  pas  lui  toutefois  qui  en  fut  l'éditeur;  cachant  son 
nom  sous  le  pseudonyme  de  Maldamnat  (2),  il  chargea  son  érudit 
contemporain,  Baluze,  de  retoucher  son  œuvre  et  de  la  publier. 
C'est  ce  qu'il  lit,  et  l'ouvrage  fut  imprimé  à  Lyon  en  1668  (3). 

Pour  composer  son  ouvrage,  il  avait  besoin  des  Annales  ou  Chro- 
niques manuscrites  de  Limoges ^  écrites  par  Jean  de  Lavaud,  le  prc- 

(i)  Labiche  de  Rbignefoat,  Six  mois  de  la  oie  des  Saints,  t.  II,  p.  353. 

(3)  On  a  cherché  à  découvrir  ce  que  voulait  dire  ce  pseudonyme  Mal- 
damnat. Je  n'y  vois  autre  chose  que  le  nom  Maldant  écrit  en  latin.  Il  y 
avait  des  alliances  entre  les  famille  Benoit  et  Maldant.  On  trouve  dans  les 
actes  de  celte  époque  Petrus  Maldanus,  Johannes  Maldannus,  et  lors- 
qu'il est  question  d'une  femme  Maria  Maldana,  Anna  Maldanna,  Vitrac 
dit  que  ce  nom  est  celui  d'une  terre  de  la  seigneurie  de  Compreignac. 
En  effet  le  lieu  de  Maldent,  qui  touche  Blémont  dans  la  commune  de 
Ghaptelat,  au  sud  de  Compreignac,  pouvait  appartenir  au  frère  de  Pierre 
Benoit  qui  était  seigneur  de  Blémont,  Le  même  auteur  y  voit  encore  un 
anagramme  d*Anne  d'Alesme,  épouse  de  Pierre  Benoit,  qui  donnerait 
Maldannesse  ;  c'est  toujours  le  nom  de  Maldant  féminisé  en  français  lout 
comme  ci-dessus  en  latin. 

(3)  Voy.  Une  œuore  de  BaXme  oubliée^  par  M.  A.  Leroux,  Annales 
du  Midi,  1. 1. 


MONOGRAPBIB  DE  GOMPRBlONAC.  $07 

mier  historiographe  du  Limousin,  qui  étaient  conservées  à  THôtel- 
de- Ville  de  Limoges.  Il  trouva  moyen  de  les  faire  enlever  par  le 
capitaine  qui  commandait  les  soldats  commis  à.  la  garde  de  la 
maison  de  ville  (1).  C'est  au  moins  ce  dont  on  l'accuse. 

On  l'accuse  aussi  d'un  autre  vol  encore  plus  audacieux.  Il  y 
avait  à  Limoges  une  fontaine  monumentale  dite  du  Chevalet  ou  du 
Chevalier,  tirant  son  nom  de  la  stalue  équestre  de  Constantin  qui 
la  surmontait.  Cette  statue  en  bronze  mesurait  un  demi-mètre  de 
hauteur,  et  était  regardée  comme  une  œuvre  d'art  remarquable. 
Pierre  Benoit  aurait  encore  trouvé  le  moyen  de  la  faire  enlever 
nuitamment  par  des  gens  habitués  à  faire  ces  coups  de  main  et  il 
en  orna  la  cour  de  son  château  de  Compreignac  (2). 

L'auteur  responsable  de  ces  vols  ne  fut  pas  poursuivi  par  la  jus- 
tice à  Limoges,  probablement  à  cause  de  sa  famille  qui  y  était  fort 
considérée  et  y  occupait  de  hautes  situations.  Mais  la  justice  du  roi 
ne  laissa  pas  passer  ces  faits  et  d'autres  semblables.  «  Un  arrêt  du 
grand  conseil,  du  26  septembre  1667,  défenses  et  contumaces  contre 
lui  bien  et  dûment  obtenues,  le  déclara  atteint  et  convaincu  d'assas- 
sinat et  rébellion,  commis  aux  troupes  du  roi  et  à  ses  officiers  de 
justice,  d'impositions  et  levées  de  deniers  de  son  autorité  privée 

sur  les  sujets  du  roi,  etc Pour  réparation,  fut  condamné,  par 

couluraace,  d'avoir  la  tôte  tranchée,  le  château  de  Compreignac 
démoli  et  rasé,  les  bois  qui  en  dépendent  coupés  à  hauteur 
d'homme,  la  justice  réunie  à  celle  du  roi,  tous  les  actes,  contrats, 
transactions  passées  entre  lui  et  les  habitants  à  son  profit  cas- 
sés, etc.  (3).  » 

Celte  sentence  ne  fut  pas  exécutée.  Cessant  d'être  contumace, 
il  voulut  présenter  sa  défense  et  réfuter  les  faits  dont  on  l'accusait. 
Toutefois  il  fut  incarcéré,  et  mourut  en  prison  à  Paris  en  1677. 
On  dit  qu'il  y  fut  empoisonné.  Il  avait  épousé  Jeanne  d'Alesme,  et 
leur  fils  aîné,  Mathieu  Benoit,  alla  servir  le  roi  pour  obtenir  la 
rémission  de  l'arrêt  rendu  contre  son  père.  Leur  flllô  Thérèse 
Benoit,  dame  de  Compreignac,  épousa  Pierre  Blondeau  et  lui 
porta  la  terre  de  Compreignac  ;  les  armes  de  la  famille  Benoit  sont  : 
d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  maim  bénissantes 
d'argent. 

De  ce  dernier  mariage  est  né  Mathieu  Blondeau,  seigneur  de 
Compreignac,  qui  épousa,  le  6  février  1720,  Marie  de  Vaucourbeix. 
La  famille  Blondeau  porte  :  d'azur  au  lion  d'or. 

(4)  A.  Leroux,  BuU,  Soc.  arch,  Limoges,  L  XXXVl,  p.  584. 

(9)  Ibidem. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin,  t.  I,  2*  édition,  p.  176. 


206  SOCIÉTÉ  AHeflÉ<»LOGIQl!B  ET  UlSVOftfOVB  M!   LIMOUSIN. 

Marie  Blondeau,  fille  unique  des  préeédents  épousa,  le  9  septem- 
bre 4748,  François  Martin,  écuyer,  auquel  elle  porta  aussi  la  terre 
de  Gompreignac.  Cette  famille  a  pour  armes  :  écartelé,  aux  /**  et 
4*  d'azur  à  la  tour  d'or;  aux  2^  et  3*  de  gueules  à  la  fasce  d'or. 

Joseph  Martin,  fils  aîné  des  précédents,  assista  à  rAssemblée 
générale  de  la  noblesse  en  1789,  où  il  est  dit  chevalier,  seigneur 
delabaronnie  de  Gompreignac  etduMas-de^Lâge.  Pendant  la  Révo* 
lytion,  il  fut  longtemps  retenu  en  prison,  et  le  château  de  Gomprei- 
gnac fut  pillé,  puis  démoli.  Il  avait  épousé,  en  1784,  Marguerite 
Noailhé  des  Bailles,  et  a  transmis  à  ses  descendants,  qui  le  possè- 
dent encore,  ce  qu'il  a  pu  sauver  de  la  terre  de  Gompreignac.  En 
1820,  il  bâtissait  une  nouvelle  habitation  «  sur  l'emplacement  de 
son  ancien  château  abattu  par  la  sape  révolutionnaire  (1)  »,  et 
mourait  le  19  juin  1835  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans.  Il  était 
ancien  capitaine  de  cavalerie  et  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Louis. 

Le  Bouno.  —  «  Le  bourg  de  Gompreignac  avait  le  titre  de  ville 
et  était  entouré  de  murailles;  l'église  elle-même  était  crénelée.  La 
route  de  Paris  y  passait  il  n'y  a  pas  plus  de  quarante  ans,  et  on  en 
avait  fait  un  lieu  d'étape  pour  les  troupes.  »  G'est  en  ces  termes 
qu'en  1821  AUou  parle  de  Gompreignac  (2).  Ge  bourg  se  com- 
pose aujourd'hui  de  soixante-seize  maisons",  quatre-vingt-douze 
ménages  et  trois  cent  vingt-cinq  habitants.  Il  est  situé  au  milieu 
des  montagnes,  à  21  kilomètres  au  nord  de  Limoges,  occupe 
un  plateau  qu'entourent  de  petites  vallées  où  courent  le  Vincou  et 
ses  affluents  Par  sa  position,  il  était  facile  à  défendre,  aussi  a-t-il 
dû  être  habité  dès  les  temps  les  plus  reculés.  Les  Gaulois  et  les  Ro- 
mains y  ont  laissé  des  traces  de  leur  séjour.  On  ne  connaît  rien  de 
particulier  de  son  histoire  pendant  ces  époques,  et  après  avoir  si- 
gnalé ses  monnayeurs  de  la  période  mérovingienne,  il  faut  aller 
jusqu'au  xu*  siècle  pour  trouver  les  grandes  familles  qui  l'habitè- 
rent alors. 

Un  fait  particulier  dont  le  souvenir  est  resté  dans  la  mémoire  des 
habitants  est  la  prise  et  presque  la  destruction  de  Gompreignac 
par  l'armée  anglaise,  en  1370  et  1371.  Un  petit  chemin  rapide,  qui 
monte  à  l'endroit  où  était  la  porte  nord  de  la  ville,  conserve  encore 
le  nom  de  chemin  des  Anglais,  comme  étant  celui  par  lequel  ils  en- 
trèrent dans  la  place.  Le  château  des  Gars  qui  en  était  la  citadelle 
fut  pris  et  presque  ruiné,  et  il  ne  se  releva  pas  de  ses  ruines.  L'é- 
glise fut  fortement  endommagée,  mais  sa  reconstruction  partielle 
fut  différée  jusqu'au  xv"  siècle.  Le  plus  ancien  chroniqueur  qui  rap- 

(1)  Registre  de  la  municipalité  de  Gompreignac,  n'»  <46. 
{t}  Description  des  monumenta  de  la  Haute-  Vienne^  p.  3Sl. 


■ONOft&AveiB  DE  coHPmeifâc.  209 

porte  cette  prise  de  Gompreignac  est  Jean  de  Layaud,  le  premier 
rédacteur  de«  Annales  de  Lmoges,  qui  éerivait  en  ISiO,  c'est-i-dire 
^140  ans  après  Tévénement  :  «  Les  Anglais,  dit*il,  en  se  retirant 
{après  la  prise  de  la  cité  de  Limoges],  abattirent  Rançon  et  Gom- 
preignac, brûlèrent  Hontmorillon  et  autres  (i).  »  Il  fixe  ainsi  ce 
fait  à  Tannée  1370,  après  la  prise  de  la  cité  de  Limoges.  La 
Chronique  de  Froissard,  n'en  parle  cependant  pas  ;  aussi  faut-il  pro- 
bablement rapporter  cet  événement  à  l'année  suivante.  En  1371  les 
Anglais  étaient  encore  dans  le  pays;  ils  s'étaient  emparé  de  Morte-^ 
rolie  et  y  gardaient  leurs  prisonniers.  Cette  même  année,  du  Oues- 
clin  se  fit  rendre  plusieurs  châteaux  situés  sur  les  confins  du  Li« 
mousin,  qui  étaient  tombés  au  pouvoir  des  Anglais.  Gompreignac 
pouvait  être  du  nombre. 

Peu  après,  la  ville  reconstruisit  ses  murailles  pour  se  préserver 
de  nouveaux  malheurs,  et  lorsqu'on  releva  l'église,  elle  fut  surmon* 
tée  de  la  couronne  de  mâchicoulis  qui  existent  encore.  Les  rem- 
parts que  Ton  reconslruisit  alors  existent  en  partie  à  Test  de  l'église, 
et  ils  sont  reconnaissables  au  nord  par  la  différence  de  niveau  que 
l'on  remarque  dans  le  terrain.  Plus  tard,  lorsque  Martial  Benoit, 
en  1608,  construisit  le  nouveau  château  de  Gompreignac,  il  conti* 
nua  ce  mur  d'enceinte  qui  renferma  dès  lors  la  ville  et  le  château. 

Une  autre  tradition  rapporte  que  Henri  lY  a  logé  dans  l'ancienne 
maison  curiale  qui  est  près  de  la  porte  de  l'église.  Ge  fait  n'a 
jamais  été  signalé  par  aucun  historien  ou  chroniqueur  ;  il  est  cepen* 
dant  exact,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  se  reportant  &  ce 
qui  se  passa  à  Limoges  lorsque  Henri  IV  y  vint  en  1608.  A  cette 
époque  Martial  Benoit,  seigneur  de  Gompreignac,  était  un  des  hom- 
mes les  plus  influents  de  cette  ville.  G'est  lui  qui,  à  la  tête  de  la 
milice  bourgeoise,  harangua  le  roi  à  son  entrée  solennelle  ;  et, 
selon  l'expression  d'un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  (2)  : 
«  Henri  IV  le  caressa  fort,  et  luy  dit  qu'il  luy  fust  aussi  fidèle  ser- 
viteur, qu'il  avoit  esté  bon  et  sincère  ligueur.  »  Martial  Benoit 
était  frère  de  Pierre  Benoit,  dit  le  prévôt  de  Gompreignac,  qui  avait 
travaillé  à  la  conversion  du  roi  et  en  avait  été  honoré  d'un  brevet 
de  prédicateur  et  d'aumônier  de  Sa  Majesté.  Il  est  tout  naturel 
qu'en  traversant  Gompreignac  pour  se  rendre  à  Morterolle,  le  roi  se 
soit  arrêté  dans  ce  lieu  qui  était  sur  sa  route  et  à  peu  près  à  moitié 
chemin.  Il  avait  écrit  de  Limoges,  le  21  octobre  1606,  à  M.  Somin 
de  Morterolle,  seigneur  de  La  Groix-du-Breuil  ;  «  Mon  cher  Somin, 
—  Je  me  rendrai  chez  toi  après-demain.  Préviens^en  Ghamborant 

(1)  Annales  manuscrites  de  Limoges,  p.  %T4, 

(2)  Bibiioihèque  uationale  :  Manuscrits  français  a»  20» 783,  fol.  2(19. 


tlO  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  KT  BISTORIQUS  DO  LINOUSIM. 

de  Droux  et  les  autres  gentilshommes  du  pays,  qu'ils  amènent  leurs 
chiens;  nous  ferons  ensemble  une  partie  de  chasse.  »  Il  partit  de 
Limoges  le  23  octobre,  et  arriva  à  Compreignac,  accompagné  de 
Martial  Benoit,  seigneur  du  lieu  et  des  autres  membres  de  sa  fa- 
mille. On  n'a  aucun  détail  sur  ce  qui  se  passa  à  Compreignac  à  cette 
occasion.  On  pourrait  être  étonné  de  voir,  selon  la  tradition 
locale,  Henri  lY  loger  dans  la  maison  curiale,  et  non  dans  le  châ- 
teau, si  l'on  ne  savait  que  la  construction  de  ce  dernier  était  à  peine 
commencée,  puisque  la  plus  ancienne  tour  porte  la  date  de  1606. 

En  1631,  la  peste  fit  de  grands  ravages  à  Compreignac.  Il  y  a 
plus  loin  quelques  détails  sur  ce  sujet  à  l'article  Saint-Roch. 

Pendant  plus  d'un  siècle,  on  ne  trouve  aucun  fait  historique  se 
rapportant  à  Compreignac.  En  1736,  la  famille  des  Flottes,  dont 
une  branche  habitait  Leychoisier,  paroisse  de  Bonnat,  fit  construire 
son  habitation  au  bourg  de  Compreignac.  Quelques  années  après 
elle  était  représentée  par  Jean-Baptiste  des  Flottes  de  Fombesse, 
seigneur  des  Bordes,  dont  le  fils  aîné,  Geoffroy  des  Flottes,  était  à 
dix-sept  ans  garde  du  corps  du  roi  dans  la  compagnie  du  duc  de 
Luxembourg.  Il  eutThonneur  de  défendre  l'entrée  de  la  chambre 
de  la  reine  Marie-Antoinette  contre  la  fureur  des  populations  ve- 
nues de  Paris  dans  les  journées  des  8  et  9  octobre  1790.  11  émigra 
pendant  la  Révolution,  rentra  en  France  en  1806,  et  reprit  son  épée 
en  1815  pour  servir  en  qualité  d'officier  supérieur  dans  la  compa- 
gnie des  gardes  du  corps  de  Raguse.  Nommé  successivement  che- 
valier de  Saint-Louis  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  il  revint 
peu  de  temps  après  dans  ses  propriétés  de  Compreignac,  où  le  gen- 
tilhomme et  le  vieux  soldat  employa,  comme  juge  de  paix,  les  der- 
nières années  de  sa  vie  à  apaiser  les  discordes  dans  les  familles,  et 
à  éteindre  les  procès,  n'épargnant  dans  l'exercice  de  ses  fonctions 
ni  les  conseils  bienveillants,  ni  les  secours  de  sa  bourse  pour  attein- 
dre son  charitable  but.  Il  est  mort  à  Compreignac.  le  11  décembre 
1842  (1). 

En  1741  les  habitants  de  la  paroisse  de  Compreignac,  par  une 
délibération  du  3  septembre,  décidèrent  de  faire  faire  l'arpente- 
ment  général  de  la  paroisse.  Il  fut  exécuté  en  4742  par  le  sieur 
Jean  de  La  Barde,  arpenteur  royal,  demeurant  à  La  Barre.  Il  se 
compose  de  quatre  gros  in-foUo  conservés  aux  archives  de  la  mai- 
rie de  Compreignac. 

L'année  1788  fut  des  plus  calamiteuses.  «  Après  six  mois  de  froid 
et  de  neige  extraordinaires,  il  a  fait  des  chaleurs  et  des  sécheresses 
si  excessives  que  toutes  les  semences  vertes  ont  séché  sur  pied.  Le 

(I)  NobUiaire  du  Limousin,  t.  Il,  p.  480« 


MONOGRAPHIE   DR  COHPREIGNAC.  241 

foin  s'est  vendu,  pris  au  pré,  7  livres  40  sols  le  quintal.  Les  chan- 
vres ont  péri  entièrement.  Il  y  a  eu  beaucoup  de  raisins,  assez  de 
blé  dans  le  bon  pays  et  quelques  châtaignes.  La  plupart  des  parti- 
culiers ont  été  obligés  d'abandonner  leurs  bestiaux.  Après  Tosten- 
sion  des  reliques,  par  mandement  de  MM.  les  Vicaires  généraux, 
toutes  les  églises  de  Limoges  et  de  la  campagne  ont  exposé  le  Très- 
Saint-Sacrement,  fait  des  processions  générales  pour  obtenir  la 
pluie,  et  le-ciel  s'est  refusé  à  nos  vœux.  Les  sources  ont  presque 
tari  entièrement  (1)  ».  C'est  dans  ces  circonstances  que  le  curé  de 
Compreignac  publie  le  21  août  «  à  Tissue  de  la  messe  de  paroisse, 
un  arrêt  du  Parlement  de  Paris,  par  lequel  la  Cour  défend  à  qui 
que  ce  soit  de  faire  aucuns  achapts  en  foin,  paille  et  autres  four- 
rages au-delà  de  la  quantité  nécessaire  à  chacun,  sous  peine  de 
100  livres  d'amende,  et  ordonne  que  tous  ceux  qui  auront  du 
fourrage  à  vendre,  le  fassent  taxer  par  les  juges  des  lieux,  et  que 
rien  ne  soit  vendu  hors  de  la  paroisse  sans  la  permission  expresse 
des  juges  des  lieux  ».  Cet  arrêt  est  du  19  juillet  178o;  il  fut  rendu 
pour  empêcher  les  accapareurs  de  s'emparer  du  peu  de  fourrage 
qu'il  y  avait,  pour  en  faire  augmenter  le  prix.  Il  est  publié  par  le 
curé  à  la  messe  de  paroisse.  Le  prêtre  qui  présidait  aux  actes  prin- 
cipaux de  la  vie  et  en  tenait  les  actes  devenait  encore  à  cette 
époque  l'organe  de  la  loi,  en  faisant  connaître  à  ses  concitoyens  les 
décrets  de  l'autorité  supérieure.  Pendant  de  longs  siècles,  le  prône 
ne  fut  pas  seulement  une  instruction  purement  religieuse,  il  fut 
encore  une  instruction  administrative  et  quelquefois  judiciaire. 
C'était  du  reste,  le  meilleur  et  presque  l'unique  mode  de  publicité 
de  l'époque  (2). 

Avec  Tannée  1789,  les  troubles  commencèrent,  à  la  suite  des 
événements  politiques  d'alors.  Le  curé  de  Compreignac,  avec  ses 
deux  frères  qui  étaient  aussi  curés  dans  le  diocèse,  travailla  à  révo- 
lutionner le  clergé,  à  l'assemblée  du  mois  de  mars,  pour  la  nomi- 
nation des  députés  aux  Etats-Généraux.  Mais  cette  entreprise  n'eut 
pas  de  succès.  Le  14  février  1791 .  à  la  suite  d'une  prétendue  élec- 
tion, le  curé  de  Compreignac  devint  évêque  schismatique  de  la 
Haute- Vienne.  Il  fut  ensuite  député,  régicide  et  apostat. 

Par  suite  du  décret  du  IS  janvier  1790,  sur  la  division  du  terri- 
toire français  en  quatre-vingt-trois  départements,  Compreignac  fut 
compris  dans  le  district  de  Bellac,  et  devint  chef-lieu  de  canton. 

(1)  Registres  paroissiaux  de  Thouron. 

(î)  Voir  à  ce  sujet  les  Lettres  circulaires  de  Turgot,  aux  curés  de  la 
généralité  de  Limoges,  pour  leur  demander  leur  concours  dans  diverses 
opérations  administratives,  CSuores  de  Turyot^  1,  p.  633  et  suivantes, 


d12  SOCIÉTÉ  AacaioLoa«<HJB  bt  ntsTomûiiff  pu  umousin. 

Les  eoQuAuùeB  iqrui  composaient  ce  caliton  étaient  :  Gompreigjiae. 
La  Garde-âaint-Gérald,  Baiot-Symphorien,  Saint-Sylvastre  et  Thou- 
ron  (1). 

DariR  les  premiers  jours  de  janvier  1794  on  apposa  à  Gonq[)rei- 
gnac  rafficfae  suivante  : 

«  Afrété  iet  représentants  du  peuple  dans  les  départements  de  le 
Corrèze  et  de  la  Saute-Vienne, 

»  Les  représentants  du  peuple  dans  les  départements  de  la  Cor- 
rèze et  de  la  Haute-Vienne,  considérant  que  les  troubles  excités  par 
l'aristocratie  expirante  et  le  fanatisme  aux  abois  n'avaient  d'autre 
but  que  de  rétablir  l'ancien  régime,  les  dixmes,  les  rentes,  les  cor- 
vées, et  qu'il  est  essentiel  de  détruire  les  anciens  châteaux,  qui 
dans  ces  circonstances  deviendraient  autant  de  repaires  pour  ces 
scélérats,  sans  cependant  que,  sous  ce  prétexte,  les  bâtiments  né- 
cessaires à  l'agriculture  puissent  être  détruits  ni  dégradés. 

»  Arrêtent  ce  qui  suit  : 

»  !•  Les  propriétaires  des  ci-devant  châteaux-forts,  dans  les  dé- 
partements de  la  Corrèze  et  de  la  Haute- Vienne,  seront  tenus  de 
les  faire  détruire  dans  le  courant  de  la  seconde  décade  du  mois 
nivôse,  et  seront  réputés  châteaux-forts  tous  ceux  qui  sont  défen- 
dus par  des  tours,  des  mascoulies,  des  fossés  ou  ponts-levis  ; 

»  2**  Dans  le  cas  où  la  dite  démolition  ne  serait  pas  effectuée  dans 
le  dit  délai,  tous  les  citoyens  sont  invités  à  les  démolir,  chacun 
dans  leur  commune  respective,  sans  que  cependant  sous  ce  prétexte 
les  habitants  des  dites  communes  puissent  sortir  de  leur  territoire 
pour  se  prêter  secours  ; 

»  3*  Tous  les  citoyens  des  dites  communes  qui  ne  sont  point 
logés,  ou  dont  les  bâtiments  ont  besoin  de  réparations  urgentes, 
prendront  parmi  ces  matériaux  tout  ce  qui  leur  sera  nécessaire,  et 
le  partage  en  sera  fait  entre  eux  par  les  officiers  municipaux,  en 
raison  de  leurs  besoins  respectifs  ; 

»  4*»  Les  officiers  municipaux  veilleront  de  tout  leur  pouvoir  à 
ce  qu'il  ne  soit  commis  aucun  pillage,  ni  détruit  d'autres  bâtiments 
que  les  châteaux,  les  bâtiments  nécessaires  à  l'agriculture  devant 
être  conservés  en  entier  ; 

»  {}•  Les  citoyens  sont  tous  invités  à  célébrer  les  décades  par  la 
démolition  des  dits  châteaux,  en  y  mettant  le  plus  grand  ordre  pour 
éviter  tout  accident  ; 

»  6*  Les  agents  nationaux,  tant  des  districts  que  des  communes, 

(I)  CalendrUr  de  la  Hat^ie- Vienne,  année  1791}  p»  70» 


MONOOKAFfitR  DE  ÛaMPBfilGNilCÎ.  îlâ 

mlleront  âe  tout  leur  pouyoir  à  Tenlière  exécution  du  prés&nt 
arrêté. 

»  Tulle,  le  8  nivôse  l'an  second  de  la  République  française  une 
et  indivisible  [S8  décembre  1793]. 

»  Nota,  —  Il  ne  faut  pas  confondre  les  maison»  de  campagne  qui 
ont  des  petites  tours  faites  en  eul-de-tarape,  ou  dont  TescaUer  est 
placé  dans  une  tour  ;  oes  maisons  ne  doivent  pas  âtre  détruites. 

[Signé]  :  «  Brival, 

»  BoRiB,  secrétaire  »  (1). 

Après  une  semblable  invitation,  faite  par  des  hommes  quî  avaient 
des  pouvoirs  illimités,  la  population  ne  se  fît  pas  prier.  Elle  envahit 
le  château,  le  pilla,  et  après  l'avoir  pillé  se  mit  à  le  démolir.  Elle 
s'arrêta  seulement  lorsqu'elle  ne  trouva  plus  rien  à  emporter,  et 
que  la  démolition  hii  demanda  un  travail  trop  considérable. 

Il  y  avait  à  Compreignac  un  meunier  nommé  Pierre  Deglane,  dit 
Lafleur,  natif  de  la  paroisse  de  Saint-Jouvent.  La  tradition  nous  le 
représente  comme  un  homme  bon  et  honnête,  fort  charitable  pour 
les  pauvres,  aussi  était-il  généralement  estimé.  Malgré  cela,  un  de 
ses  concitoyens,  dont  il  n'est  pas  utile  de  conserver  ici  le  nom,  le 
dénonça  aux  autorités  républicaines,  comme  ayant  mal  parlé  des 
hommes  sanguinaires  qui  étaient  alors  au  pouvoir.  Il  n'en  fallut  pas 
davantage  ;  le  meunier  de  Compreignac  fut  arrêté  le  19  ventôse 
an  II  (9  mars  1794).  On  l'envoya  à  Paris  pour  être  jugé  par  le  tri- 
bunal révolutionnaire,  et  quand  il  eut  souffert  pendant  trois  mois 
dans  les  prisons  que  de  nombreuses  exécutions  ne  venaient  pas  k 
bout  de  vider,  il  comparut  devant  ce  tribunal,  qui  Fenroya  à  la 
guillotine  avec  une  vingtaine  de  ses  eodétenos,  comme  11  le  feisait 
tons  les  jours.  C'était  le  27  prairial  an  II  (15  juin  1794).  Pierre 
I^eglane  était  alors  âgé  de  trente-six  ans,  et  laissait  à  Compreignac 
une  femme  et  six  enfants  orphelins  (4). 

Parmi  les  hommes  qui  composèrent  la  municipalité  de  Comprei- 
gnac pendant  la  Révolution,  on  n'en  remarque  aucun  qui  ait  donné 
la  moindre  preuve  de  talent  ou  d'instruction.  Ce  sont  des  hommes 
médiocres,  obéissant  à  un  mot  d'ordre  venu  d'ailleurs.  Celui  qui 
tient  le  plus  souvent  la  plume,  tant  pour  la  rédaction  des  actes  de 
Fétat  civil  que  pour  les  procès-verbaux  des  séances,  et  qui  semble 
diriger  les  autres,  n'a  presque  jamais  manqué  de  mettre  à  la  fin  d^ 

(1)  On  trouve  cet  arrêté,  imprimé  en  placard,  à  la  bibliothèque  natio- 
nale, sous  Ite  ir^  997  de  la  série  L.  41 . 

(J)  Archives  de  la  Hauie-Vienne,  L.  165,  et  Archives  nationales,  W. 
387,  Qo  899,  et388,  Qoaoa. 


iU  dOClÉTÉ  ARCRÂOLOGIQtlE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

ce  qu'il  écrivait,  le  signe  employé  alors  par  les  francs-maçons  dn 
grade  le  plus  inférieur,  consistant  en  une  barre  entre  deux 
points  ./. 

Lorsqu*en  exécution  de  Tarticle  25  du  Sénatus-Consulte  organi- 
que du  16  thermidor  an  X  (4  août  1802)  Ton  dressa  la  liste  des  5S0 
plus  imposés  du  département  de  la  Haute- Vienne,  aucun  des  habi- 
tants de  Compreignac  n'y  fut  compris,  pendant  que  toutes  les  com- 
munes voisines  y  étaient  représentées. 

Au  rétablissement  de  l'ordre,  la  division  territoriale  reçut  de 
nouvelles  modifications.  Les  deux  cantons  de  Compreignac  et  de 
Cieux  furent  réunis  pour  n'en  plus  former  qu'un  seul,  et  Nantial 
fut  choisi  pour  être  le  chef-lieu,  comme  étant  la  commune  la  plus 
centrale.  La  cure  de  Compreignac  fut  alors  cure  de  2'  classe,  et 
celle  de  Nantiat  cure  décanale.  Mais  le  Conseil  municipal  de  Com- 
preignac réclama,  comme  étant  «  la  cure  la  plus  importante  par  sa 
population,  sa  belle  église  et  son  agréable  presbytère  »,  pendant 
qu^ Nantiat  n'avait  alors  «  qu'une  population  de  900  âmes  environ, 
une  église  non-seulement  très  petite  et  très  malsaine,  mais  encore 
menaçant  ruine,  et  aucun  logement  pour  le  curé  de  canton,  qui 
était  obligé  de  se  retirer  au  heu  de  Frédaigue  ».  Il  eut  enfin  gain 
de  cause,  et  par  une  ordonnance  du  26  mai  1819,  la  cure  décanale 
du  canton  de  Nantiat  fut  fixée  à  Compreignac  (1).  Plus  tard  un  vica- 
riat fut  aussi  érigé  à  Compreignac,  par  décret  du  31  décembre  1863. 

Le  plan  cadastral  de  la  commune  a  été  fait,  en  vertu  d'un  arrêté 
du  gouvernement  du  3  novembre  1803,  par  M.  Hippolyte  Pristou, 
ingénieur-vérificateur,  et  M.  Betoulle,  géomètre  de  1"  classe. 

Pour  dresser  la  carte  de  France,  dite  de  l'Êtat-Major,  les  tra- 
vaux ont  été  faits  sur  le  terrain,  à  Compreignac,  en  1842,  par  M.  le 
capitaine  Tabuteau,  qui  étabht  un  signal  sur  la  hauteur  de  Beau- 
soleil,  à  589  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ces  travaux  ne 
semblent  pas  avoir  été  exécutés  avec  tout  le  soin  désirable,  car, 
outre  un  grand  nombre  d'habitations  isolées  qu'on  ne  trouve  pas 
sur  cette  carte,  les  villages  suivants,  dont  plusieurs  sont  assez  con- 
sidérables, n'y  sont  pas  indiqués  :  Le  Lac,  PuymeUer,  La  Jante, 
Maudan,  La  Courède,  Le  Châtenet,  Massauvas,  Les  Chevailles,  Le 
Malagnac,  Le  Mas,  Couteillas  et  Daumar.  Pour  les  quatre  derniers, 
la  place  des  maisons  est  figurée  sur  la  carte,  mais  les  noms  n'y  sont 
pas. 

Pusieurs  municipalités  de  notre  département,  prenant  pour 
modèle  les  armes  de  la  ville  de  Limoges,  se  sont  composé  un  écus- 
son  où  figure  le  buste  du  patron  de  la  paroisse.  En  faisant  cela  elles 

(1)  Registres  de  la  municipalité  de  Compreignac. 


HONOÔRAPHlE   DE   â01I^RBl6NA<i.  Î\H 

reproduisent  le  sceau  paroissial,  mais  elles  ont  poussé  Timitation 
jusqu'à  y  mettre  le  chef  de  France.  C'est  ce  qui  a  été  fait  à  Com- 
preignac.  Aussi  trouve-t-on  sur  quelques  pièces  modernes  les 
armes  suivantes  :  de  gueules  au  buste  de  saint  Martin  vêtu  et  nimbé 
d'or  y  accosté  des  lettres  S.  M.,  au  chef  cousu  d*azur  à  trois  fleurs  de 
lis  d'or. 


III. 


On  compte  dans  la  commune  de  Compreignac  quarante  et  quel- 
ques villages,  répandus  inégalement  sur  son  territoire.  Nous 
allons  les  parcourir  en  signalant  ce  qu'on  trouve  dans  chacun 
d'eux. 

Angelard.  —  Douze  maisons,  douze  ménages,  soixante-deux 
habitants.  —  C'était  une  commanderie  ou  un  prieuré  régulfer, 
dont  la  fête  patronale  était  l'Assomption  de  la  Sainte  Vierge.  Le 
prieur  de  la  Maison-Dieu  de  Montmorillon  y  nommait  des  titulaires 
en  1473,  1569,  1596,  1613.  Les  PP.  Augustins  de  Montmorillon 
prétendaient  qu'il  était  uni  à  leur  mense.  Il  fut  cependant  obtenu 
du  pape  en  1659.  Le  prévôt  de  La  Souterraine  y  nommait  en  4710; 
ce  fut  ensuite  l'abbé  de  Saint-Martial,  lorsque  la  prévôté  de  La 
Souterraine  fut  unie  à  la  mense  capitulaire  de  Saint-Martial  en  1747, 
Drovineau  était  prieur  d'Angelard  en  1759,  et  Fournier  en  1783. 

Angelard,  en  outre  de  son  prieuré,  a  encore  été  paroisse  pendant 
quelque  temps.  Celle-ci  comprenait  les  villages  de  Beaumont, 
Beausoleil  etMassauvas.  C'est  ce  que  les  registres  paroissiaux  de 
Compreignac  servent  à  constater,  mais  il  semble  aussi  que  ce  titre 
ne  lui  ait  été  donné  que  du  vivant  de  M,  de  Leyssenne,  curé  de 
Compreignac,  de  1665  à  1703.  Voici  toutefois  les  textes  qui  s'y  rap- 
portent : 

«  Le  dix-huit  décembre  1677  est  décédé  Jacques  Rebet,  il  a  été 
enterré  à  Angelard  ;  il  était  âgé  de  quarante  ans  ou  environ.  — 
Deleysenne. 

»  Le  vingt-six  du  mois  d'octobre  mil  six  cent  quatre-vingt-dix- 
neuf,  après  avoir  reçu  les  sacrements,  est  décédée  Marguerite 
Faure,  du  village  de  Massauvas,  et  a  été  inhumée  dans  le  cimetière 
de  la  paroisse  d'Angelard  ;  elle  était  âgée  de  soixante  ans  ou  envi- 
ron. —  Deleysenne. 

»  Le  vingt-six  du  mois  de  décembre  mil  six  cent  quatre-vingt-dix- 
neuf,  après  avoir  reçu  les  sacrements,  est  décédée  Catherine 
Matissonne,  femme  de  Jean  Bourbonnaud,  de  Beausoleil,  paroisse 


tiê  SOCIÉTÉ  ARÛBÉOM^lQUft  RT  HISf  ORIQOII   W  LIUOOSIIV. 

d'Angelard,  âgée  de  quatre-yingt-41x  ans  et  a  été  enterFée  dans  le 
dmetière  paroissial  d'Angelard — Delejsenne. 

»  Le  premier  jour  du  mois  de  juin  mil  sept  ceats,  dans  Véglise 
paroissiale  d'Angelard,  par  moi  soussigné,  prêtre,  do&teur  en  la 
teeulté  de  Paris,  curé  de  Gorapreignac,  servant  la  paroisse  d* Ange- 
lard  par  ordre  de  feu  Monseigneur  Louis  Lascaris  d'Urfé^  d'heu- 
reuse mémoire,  a  été  enterrée fille  de  Léonard  Vergnaud,  du 

village  du  Lac,  âgée  de  deux  ans  ou  environ —  Deleysenne.  » 

Si  les  enterrements  avaient  lieu  à  Angelard,  il  n'en  était  pas  de 
même  des  baptêmes  :  «  Le  4  février  1700,  Léonarde  Bonneteau, 
du  village  de  Beaumont,  paroisse  d'Angelard  ;  le  27  novembre  1700, 
Louise  Texier,  de  Massauvas,  paroisse  d'Angelard;  le  î  janvier 
1701,  Léonard  Bourbonnaud,  de  Beausoleil,  etc.,  etc.  »  sont  bapti- 
sés dans  réglise  paroissiale  de  Compreignac  par  M.  Deleysenne. 

M.  Reculés,  son  successeur,  ne  fait  aucune  mention  de  la  paroisse 
d' Angelard  dans  les  actes  se  rapportant  aux  habitants  de  ces 
villages;  et  tous  les  enterrements  ont  lieu  à  Compreignac. 

Le  12  février  1776,  le  curé  de  Compreignac  fait  un  mariage  dans 
la  chapelle  rurale  d* Angelard,  après  en  avoir  obtenu  la  permission 
de  Monseigneur  l'évéque. 

Le  cimetière  d'Angelard  n'a  laissé  aucune  trace.  L'église^  qui  a 
existé  jusqu'à  la  Révolution,  était  placée  au  nord  du  village,  dans 
un  lieu  transformé  en  prairie.  On  y  voyait  encore,  il  y  a  peu 
d'années,  une  partie  de  ses  murailles.  A  l'angle  de  cette  prairie,  et 
sur  le  bord  du  chemin  de  Népoulas,  se  trouve  une  statne  en  pierre 
calcaire,  représentant  la  Sainte  Vierge,  patronne  de  cette  égUse. 
Elle  est  assise  et  ses  vêtements  parfaitement  drapés  semblent  indi- 
quer une  œuvre  soignée  du  xni*  siècle.  Elle  avait  un  mètre  de  hau- 
teur, en  mesurant  la  tête  qui  manque  aujourd'hui,  ainsi  que  les 
mains. 

Bachellèriè.  —  Dix  maisons,  dix  ménages,  cinquante-huit 
habitants.  —  Antoine  Dubois,  bourgeois  et  marchand  de  limo- 
ges, acheta  îe  2  avril  1472  la  fondalité  et  seigneurie  du  lieu  de 
Bachellefie,  à  Louis  Faulcon,  damoiseau,  seigneur  de  Nantiat  et 
du  Puymenier(l). 

Audoin  Dubois  était  seigneur  foncier  et  direct  du  lieu  et  village 
deBachellerîe  et  du  petit  étang  du  Couzet  en  1597.  Son  père,  Antoine 
Dubois,  avait  acheté  cet  étang  à  Foucaud  Faulcon,  seigneur  de 
Thouron,  par  contrat  du  23  août  1571  (2).  La  famîHe  Dubois  porte: 

(t>  Torriev  d6  Gattpeeif naev 
(2)  Ibidem, 


MONOGRA^HIR   DR   GOMPKElONAC.  il7 

i'ar  à  l'arbre  de  simple,  à  la  bordure  de  gueules,  chargée  de  sept 
boucles  d'argent, 

Bâchellerie  semble  être  passé  de  la  famille  Dubois  dans  la  famille 
Martin,  par  suite  d'une  alliance;  car  on  trouve  Messire  Pierre 
Martin,  sieur  de  Bâchellerie,  lieutenant  de  la  juridiction  et  baronnie 
de  Compreignac,  époux  de  Marguerite  Vauzelle,  dont  la  fille  Léo- 
narde,  baptisée  à  Compreignac  le  17  janvier  1699,  avait  pour  par- 
rain Jean  Martin,  sieur  de  La  Valette,  son  oncle,  et  pour  marraine 
Léonarde  Dubois,  sa  tante. 

Beaumont.  —  Cinq  maisons,  cinq  ménages,  vingt-cinq  habi- 
tants. —  Ce  village,  ainsi  que  le  suivant,  est  situé  près  du 
sommet  et  sur  le  versant  occidental  de  la  montagne  la  plus  élevée 
de  la  commune.  En  1700,  il  faisait  partie  de  la  petite  paroisse 
d'Angelard,  comprise  dans  celle  de  Compreignac. 

Beausoleil.  —  Cinq  maisons,  cinq  ménages,  trente-deux  habi- 
tants. —  Ce  village  est  près  du  point  élevé  de  589  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  où  les  officiers  d'Etat-major  établi- 
rent, en  1842,  leur  signal  pour  dresser  la  carte  de  France.  En 
1700,  ce  lieu  faisait  partie  de  la  petite  paroisse  d'Angelard,  com- 
prise dans  celle  de  Compreignac. 

Léonard  de  Villelume,  né  en  1622,  est  dit  seigneur  de  Beausoleil, 
de  Trasforôt  (commune  d'Ambazac)  et  de  Royère  (commune  de 
Bonnat). 

Bellevue.  —  Une  maison,  un  ménage,  trois  habitants.  —  SUr  la 
rive  droite  du  Vincou,  en  face  de  Compreignac. 

Le  Boucheron.  —  Douze  maisons,  douze  ménages,  cinquante- 
cinq  habitants.  —  En  1405,  Pierre  Sarrazin,  seigneur  du  Mazet, 
céda  à  réglise  de  Compreignac,  pour  la  fondation  d'un  service,  les 
droits  qu'il  avait  sur  Le  Boucheron.  —  Le  1"  février  1698,  Jacques 
Couteillas,  notaire  royal  et  greffier  de  la  juridiction  de  Compreignac, 
était  seigneur  du  Boucheron. 

Le  Coudert-Jourde  est  aujourd'hui  joint  au  Boucheron.  Le 
21  septembre  1576,  Léonard  Barny,  seigneur  de  Compreignac, 
avocat  au  siège  présidial  de  Limoges,  acheta  la  tiercerie  et  fondalité 
de  Coudert-Jourde  à  M.  Foucault  Faulcon,  seigneur  de  Thouron 
et  de  la  Madeleine.  Ses  fils,  Antoine  et  François  Barny,  seigneurs 
de  Compreignac,  en  étaient  encore  possesseurs  le  18  mai  1584  (1). 

Le  Breuu-.  —  Trois  maisons,  trois  ménages,  vingt-quatre  habi- 
(\)  Terrier  de  Compreignac. 

T.  XXXVII.  <5 


2tB  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  BiSTOftIQUB  DU   LÎMOCSiN. 

tants.—  Arbert  de  La  Celle,  était  seigneur  de  Thouron  et  du  Breuil 

enl6U(l). 

Le  Buisson.  —  Une  maison,  un  ménage,  trois  habitants. 

Ghabannes.  —  Dix-sept  maisons,  dix-sept  ménages,  soixante-huit 
habitants.  —  A  Touest  de  ce  village,  on  trouve  dans  un  taillis 
un  petit  camp  retranché  assez  bien  conservé  ;  on  l'appelle  Le  Châ- 
teau. Un  souterrain-refuge  de  l'époque  gauloise  a  aussi  été  décou- 
vert dans  une  terre  voisine. 

Au  nord  de  ce  village,  sur  le  bord  de  la  Couse,  est  l'ancien  mou- 
lin de  Chabannes  et,  à  côté,  une  filature  moderne. 

Chatenet-Maussan.  —  Dix  maisons,  onze  ménages,  soixante- 
deux  habitants.  — -  Le  surnom  donné  à  ce  heu  est  probablement 
celui  des  anciens  propriétaires,  et  il  sert  à  le  distinguer  des 
autres  villages  du  môme  nom,  tels  que  Châtenet-Marty,  commune 
de  Bessines,  Châtenet-Colon,  commune  de  Saint-Pardoux. 

En  958,  Umbert  et  Plectrude,  sa  femme,  firent  don  au  monas- 
tère de  Saint-Martial  de  Limoges  d'une  mense  située  dans  la  vicai- 
rie  de  Nantiat  et  dans  la  villa  du  Châtenet,  et  de  deux  autres  men- 
ses,  situées  dans  la  villa  de  Adillavernia  (2).  La  première  de  ces 
localités  est  probablement  le  Châtenet,  commune  de  Compreignac, 
et  la  seconde  la  Vergne,  commune  de  Nantiat. 

Les  Chevailles.  —  Deux  maisons,  deux  ménages,  douze  habi- 
tants. 

La  Courède.  —  Cinq  maisons,  cinq  ménages,  vingt-sept  habitants. 
—  La  route  de  Bellac  à  Compreignac,  actuellement  en  construction, 
doit  passer  dans  ce  village. 

CouTEiLLAS.  —  Une  maison,  un  ménage,  quatorze  habitants.  — 
Le  21  décembre  1513,  Martial  de  Villebert,  demeurant  à  Cou- 
teillas,  déclare  devoir  une  rente  foncière  sur  ce  lieu  à  noble  et 
puissant  François  de  Pontbriant,  conseiller  et  maître  d'hôtel 
ordinaire  du  roi,  capitaine  de  Loches  et  de  Blois,  et  à  Mathive 
Formière,  sa  femme,  seigneur  et  dame  de  la  Vallette  et  de  Sainl- 
Gence,  absents,  mais  Marin  de  Montchenu,  leur  beau-fils,  stipu- 
lant (3). 

(\)  Terrier  de  Compreignac. 

(2)  Archivesdépartementales.  Fonds  de  Saint-Martial,  n^  9163.  a  Qui  est 
in  vicaria  Nantiacensis,  in  villa  que  dicunt  Gastancdo,  ubi  Berne  cum 
uxorc  sua  et  cum  infanlibus  suis  visus  est  manere.  * 

(3)  Terrier  de  Compreignac. 


tiONOGRA1>DI«   DE   COAIPREIGNAC.  314 

Le  nom  de  Couteillas,  comme  celui  de  la  plupart  des  villages, 
était  aussi  porté  par  une  famille  du  pays.  Ainsi,  outre  Jacques  Cou- 
teillas, seigneur  du  Boucheron  en  1698,  on  trouve  Martial  Couteillas 
de  la  Ribière,  bourgeois  de  Compreignac,  dont  la  fille  Marie  épou- 
sait, en  1781,  Jean-Baptiste  Barbou  de  Leymarie.  François  Couteil- 
las, avocat  au  Parlement,  maria  en  1773  sa  fille  Marie  avec 
François  Juddes,  seigneur  de  la  Rivière,  gendarme  de  la  garde  du 
corps  du  roi  (1). 

La  Croix.  —  Trois  maisons,  trois  ménages,  quatorze  habitants. 

Daumar  et  le  moulin  de  Daumar.  —  Huit  maisons,  huit  ménages, 
trente-neuf  habitants.  —  Placé  à  une  altitude  de  447  mètres,  ce 
village  domine  le  Vincou  qui,  dans  son  voisinage,  a  des  bords  très 
pittoresques.  Le  moulin  est  aussi  appelé  Las  Vaurias. 

L'EcHALEER.  —  Une  maison,  un  ménage,  cinq  habitants. 

La  Faye.  —  Six  maisons,  six  ménages,  vingt-huit  habitants.  — 
La  Faye  et  le  moulin  de  La  Faye  sont  situés  à  l'extrémité  méri- 
dionale de  la  commune,  aux  sources  d'un  petit  ruisseau  qui  va 
se  jeter  dans  l'étang  de  Tricherie. 

Gatebourg.  —  Trois  maisons,  quatre  ménages,  dix-sept  habi- 
tants. —  Village  placé  à  quelques  centaines  de  mètres  du  bourg 
de  Compreignac,  près  de  la  rive  gauche  du  Vincou. 

La  Jante.  —  Cinq  maisons,  cinq  ménages,  vingt-six  habitants.— 
Ce  village  est  à  i  ,600  mètres  du  bourg  de  Compreignac,  sur  la 
route  de  Limoges.  Une  maison  du  xsv  siècle,  dont  la  porte  était 
défendue  par  d'élégants  mâchicoulis,  a  perdu,  dans  de  récentes 
réparations,  tout  ce  qui  caractérisait  son  ancienneté.  C'était 
l'habitation  de  la  famille  Gayte,  qui  y  résidait  très  anciennement. 

Une  autre  maison,  dans  le  milieu  du  village,  porte  aussi  quel- 
ques ornements  du  xvu*  siècle.  Une  de  ses  pierres  donne  la  date 
1672,  qui,  quoique  écrite  d'une  manière  assez  bizarre,  ne  peut  pas 
être  lue  différemment. 

La  peste  de  1631  fit  beaucoup  de  mal  dans  ce  lieu,  qui  semble 
n'avoir  jamais  eu  plus  de  quatre  ou  cinq  habitations. 

C'est  à  côté  de  ce  village  qu'ont  été  faites  d'intéressantes  décou- 
vertes. 

Le  3  décembre  1811,  le  domestique  du  sieur  Jean  Gayte,  en  tra- 
vaillant dans  un  des  champs  de  son  maître,  à  l'est  du  village,  brisa, 

(1)  Registres  paroissiaux. 


îiù  SOCIÉTÉ  ARCDÉOLOGIQOE   ET   tllSTORlQUB  DU  tlMOtJSm. 

d'un  coup  de  pioche  un  pot  de  terre  noire,  qui  contenait  environ 
cent  vingt  médailles  romaines  et  cinq  à  six  cents  gauloises  ou  cel- 
tiques. Le  temps  et  Fhumidité  leur  avaient  donné  une  teinte  verdâtre 
qui  fit  croire  au  domestique  qu'elles  étaient  en  cuivre  ;  cependant  il 
les  ramassa  avec  soin  et  les  porta  à  son  maître.  Celui-ci  partagea 
d'abord  l'opinion  de  son  domestique;  néanmoins,  il  les  fit  bouillir 
dans  du  lessif,  et  cette  opération  les  ayant  un  peu  nettoyées,  ils  les 
crurent  alors  d'étain  ou  de  plomb.  D'après  cette  opinion,  le  domes- 
tique les  donnait,  soit  gratuitement,  soit  pour  le  prix  modique  de 
dix  centimes.  Les  amateurs  choisirent  et  ce  trésor  fut  ainsi  dispersé. 
Un  assez  bon  nombre  furent  recueillies  par  MM.  Martin  et  Duroux 
et  ont  passé  dans  le  médailler  formé  par  la  Société  archéologique, 
devenu  depuis  la  propriété  de  la  ville,  puis  de  l'Etat. 

Quatorze  de  ces  pièces,  en  argent,  ont  été  décrites  dans  le  Bulle- 
tin de  la  Société  archéologique  (1).  Elles  sont  toutes  romaines.  Mal- 
heureusement on  n'a  pas  fait  la  môme  chose  pour  les  gauloises. 

Il  y  a  trente  ans,  je  vis  chez  M.  Courdeau,  propriétaire  à  Gom- 
preignac,  neuf  monnaies  ayant  fait  partie  de  ce  trésor.  Il  y  en  avait 
trois  gauloises  et  six  romaines  ;  elles  étaient  en  assez  mauvais  état. 
Voici  les  descriptions  sommaires  que  j'en  pris  alors  : 

Gauloises  :  —  1°  Tête  tournée  à  gauche,  couverte  d'un  casque 
avec  ornements;  sur  le  devant,  une  rangée  de  points,  peut-être  plus 
probablement  de  lettres?  —  R/  Frappée  de  côté  :  Cheval  allant  à 
gauche  (il  n'y  a  que  la  moitié  antérieure  du  cheval),  une  rangée  de 
points  forme  sa  crinière.  Au-dessus,  il  y  a  trois  points  ou  probable- 
ment des  lettres  ? 

2**  Différents  ornements  avec  un  grenelis.  —  R/  Cheval,  avec 
sa  bride,  allant  à  gauche  (la  moitié  antérieure  seulement); 

3*  Le  côté  de  la  face  est  complètement  fruste.  —■  R/  Cheval 
dont  on  ne  voit  que  le  cou.  Grenetis  dans  la  bordure.  Au-dessus 
du  cheval  on  voit  les  lettres  :  SOAIA»  ^^  ^  *'^^  détourne  la 
pièce  VIVOS  (2). 

Romaines.  — -  4°  LIBO  (?).  Tête  de  Rome  couverte  d'un  casque 
ailé,  regardant  à  droite;  au-dessous  du  menton  :  X;  —  R/  Les 
Dioscures  à  cheval,  la  lance  abaissée;  exergue  :  Q.  MRC.  ROMA. 
Deux  centimètres  de  diamètre  (3). 

5*  Q.  CVRT.  Tête  de  Rome  couverte  d'un  casque  ailé,  regardant 

(4)  T.  Vil,  p.  \n. 

(9)  M.  J.-B.  A.  A.  fiarlhélemy  attribue  les  monnaies  gauloises  dans  les- 
quelles le  cheval  ne  se  voil  qu*à  mi-corps  à  la  Gaule  cisalpine. 

(3)  Denier  de  la  famille  Junia  :  G.  Junius  Libo,  Caii  filius  (J.-6.  A.  A, 
Darlhélemy). 


MO.^OGRAPHIB  DE   COUPREIGNAC.  991 

à  droite;  derrière  la  télé  :  X.,  le  tout  entouré  d'un  grenetis.  — 
H/  Homme  assis  dans  un  quadrige  ;  exergue  :  MSIA.  ROMA  (1). 

6^  C.  MARI.  CAPIT,  VIIII.  Tête  de  Cérès  à  gauche.  —  R/  Un 
homme  labourant  avec  deux  bœufs  et  allant  à  gauche;  exergue  : 
VIIII  (2). 

7»  DOSSEN.  Tête  laurée  de  Neptune  tournée  à  droite.  —  R/  Vic- 
toire au-dessus  d'un  char  traîné  par  quatre  chevaux,  allant  à 
droite;  exergue  :  I.  RVBRI.  Grenetis  dans  la  bordure  (3). 

8**  Tète  de  Mars,  regardant  à  droite,  S.  C.  Grenetis.  —  R/  Un 
bélier  allant  à  droite  ;  exergue  :  RVST.  avec  grenetis  dans  la  bor- 
dure (4). 

9*  Tête  de  dieu  Therme,  regardant  à  droite.  —  R/  I.  Q.  TITI. 
Pégase  allant  à  droite  (5). 

Vers  1858,  on  a  découvert  dans  le  môme  lieu  un  denier  d'argent 
consulaire  de  la  famille  Cœcilia  au  nom  de  Q.  Metellus  Scipio  le 
Pieux,  que  M.  Deloche  décrit  dans  le  Journal  général  de  rinstruc- 
tion  publique  du  27  octobre  1858  (6). 

Enfin,  au  mois  de  mai  de  cette  année  1889,  M.  Betou,  proprié- 
taire du  champ  où  fut  trouvé  ce  trésor,  y  a  recueilli  une  monnaie 
en  argent,  parfaitement  conservée.  Elle  a  deux  centimètres  de 
diamètre,  et  chaque  face  est  bordée  d'un  grenetis.  C'est  un  denier 
de  Lucius  Gassius  Longinus,  triumvir  vers  Tan  de  Rome  700.  Il  a 
été  décrit  par  différents  auteurs,  mais  il  offre  quelques  variantes 
avec  les  types  connus  : 

(4)  Le  médaillier  du  Musée  national  Adrien  Dubouché  exposé  dans  la 
Salle  des  Fêles,  à  l'Hôlcl-dc-VilIe  de  Limoges,  conserve  les  monnaies  de 
La  Jante  recueillies  par  la  Société  archéologique.  11  possède  cinq  deniers 
de  la  famille  Junia  alliée  à  la  famille  Curlia.  L*un  d'eux  a  beaucoup  de 
rapports  avec  celui-ci.  Au  droit  :  Q.  CVRT.  Tôte  de  Rome  casquée  à  droite. 
Derrière  X.  —  R/  M.  SILA,  ROMA.  Quadrige. 

(3)  Le  Musée  national  Adrien  Dubouché  possède  deux  deniers  de  la 
famille  Maria.  L'un  porte  au  droit  :  G.  MARI.  C.  F.  CAPIT.  XVIIL  Tête  de 
Cérès  à  gauche.  —  R/ Duumvir  conduisant  deux  bœufs  dans  les  champs; 
au-dessous,  XXIIL  L'autre  ne  diffère  du  premier  que  par  les  chiffres  de 
la  face  et  du  revers  :  XXXXV. 

(3)  Le  Musée  national  Adrien  Dubouché  possède  quatre  deniers  de  la 
famille  Rubria,  dont  un  absolument  semblable  au  nôtre. 

(4)  Le  Musée  national  Adrien  Dubouché  possède  un  denier  de  la  famille 
Rustia  absolument  semblable  au  nôtre. 

(5)  Le  Musée  national  Adrien  Dubouché  possède  trois  deniers  de  la 
famille  Titia,  dont  deux  absolument  semblables  au  nôtre. 

(6)  Le  Musée  national  Adrien  Dubouché  possède  six  deniers  de  la 
famille  Cœcilia  de  types  différents,  dont  Tun  est  semblable  à  celai  décou- 
vert en  4858,       / 


iSS  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUB   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

Tête  voilée  de  Vesta,  regardant  à  gauche  ;  derrière,  une  lampe 
(les  descriptions  disent  le  simpuluniy  mais  ici  il  ne  peut  pas  y  avoir 
de  doute)  ;  devant,  une  lettre  qui  semble  être  L  (les  mêmes  des- 
criptions disent  :  une  lettre  alphabétique  variable).  —  R/  Citoyen 
romain  debout,  de  face,  déposant  dans  une  ciste,  placée  à  sa  droite, 
un  bulletin  de  vote,  marqué  d'une  lettre  qu'on  ne  distingue  plus. 
On  lit  à  côté  :  LONGIN.  III.  V.  {Longinus  triumvir.)  (1). 

La  tête  de  Vesta  fait  allusion  au  procès  fameux  intenté  aux  ves- 
tales par  le  préteur  Cassius  Longinus  Ravilla  en  64i  (2). 

Le  personnage  du  revers,  déposant  son  bulletin  de  vote,  fait  allu- 
sion à  la  loi  Cassia  que  fit  décréter  en  617  le  tribun  L.  Cassius 
Ravilla,  et  qui  ordonnait  le  vote  par  bulletin  écrit  dans  les 
jugements  du  peuple  (3).  Le  Dictionnaire  des  antiquités  roinaines, 
par  A.  RicH,  décrit  et  représente  la  ciste  romaine  d'après  cette 
monnaie. 

Ce  trésor  a  pu  être  enfoui  au  commencement  de  notre  ère,  car 
de  toutes  les  pièces  que  l'on  connaît,  la  plus  récente  a  été  frappée 
trois  ans  avant  la  naissance  de  N.  S.  J.-C. 

Depuis  cette  découverte,  le  lieu  où  elle  a  été  faite  porte  le  nom 
de  champ  du  trésor.  En  le  visitant  j'y  ai  trouvé  quelques  rares  dé- 
bris de  briques  romaines,  sans  aucune  autre  trace  de  construction. 
A  la  suite  de  ce  champ  se  trouve  une  pièce  de  terre  qui  le  limite  à 
l'est,  connue  sous  le  nom  de  terre  du  Temple  ;  elle  est  aujourd'hui 
plantée  en  châtaigniers.  Elle  a  probablement  appartenu  à  quelque 
maison  des  Templiers  ou  de  l'ordre  de  Malte.  Je  ne  puis  pas  croire 
exacte  la  tradition  qui  y  place  un  couvent  d'hommes. 

Dans  un  champ  cultivé  et  à  deux  cents  mètres  environ  à  l'ouest 
du  village  de  La  Jante  existe  un  souterrain-refuge  de  l'époque  gau- 
loise qui  est  encore  assez  bien  conservé.  On  rapporte  qu'il  avait  été 
ouvert  une  autre  fois,  sans  qu'on  puisse  en  préciser  l'époque,  et 
cela  à  la  suite  d'un  accident  qui  arrive  fréquemment.  Le  terrain 
s'affaissa  sous  les  pieds  des  bœufs  qui  labouraient.  Après  qu'on 

(1)  Le  Musée  Dational  Adrien  Dubouchô  possède  cinq  deniers  de  la 
famille  Cassia.  Deux  de  ces  monnaies  portent  au  droit  la  tôle  voilée  de 
Vesta.  Derrière  la  léte  de  Tun,  un  vase  de  sacrifice,  et  au  revers  : 
LONGINUS.  in.  VIR.  Citoyen  romain  debout,  de  face,  déposant,  dans  une 
ciste  placée  à  sa  droite,  un  bulletin  de  vote  marqué  de  la  lettre  A. 

Nous  devons  les  communications  relatives  au  Musée  à  M.  P.  Ducourlienx, 
l'un  des  sous-conservateurs. 

(2)  TiTE-LivE,  LKllt.  —  Valère  Maxime,  t.  III,  p.  7,  9. 

(3)  CiCERO,  De  leglbus,  III,  16,  35,  37.  —  Pro  Sexto,  48,  <03. 


HOMOGRAPHIE  DE  GOMPRBIGNAC.  323 

y  eut  pénétré,  on  se  contenta  de  combler  Touverture  produite  par 
cet  accident.  De  nos  jours  il  a  été  ouvert  en  soulevant  la  pierre  qui 
en  couvre  l'entrée  principale.  Je  Tai  visité  le  20  octobre  1870. 

L'entrée  est  un  puits  de  forme  carrée  (A).  On  y  a  ménagé  des 
trous  dans  les  parois  pour  en  faciliter  l'ascension.  C'est  la  seule 
partie  où  se  trouve  de  la  maçonnerie,  tout  le  reste  est  taillé  au  pic 
dans  le  tuf  dur.  Arrivé  au  bas  de  ce  puits,  on  trouve  une  galerie 
de  8  mètres  de  longueur  et  en  ligne  droite,  assez  haute  pour  qu'un 
homme  puisse  s'y  tenir  debout.  A  son  origine  on  remarque  des 
deux  côtés  des  rainures  qui  ont  servi  à  fixer  une  porte.  Au  milieu 
et  à  son  extrémité,  elle  tourne  à  gauche  en  formant  un  angle 
droit  (B  C). 

Avant  de  la  suivre  plus  loin,  remarquons  dans  la  paroi  un  sim- 
ple trou,  de  forme  ronde,  placé  à  0,50  centimètres  au-dessus  du 
sol  (D);  on  dirait  l'ouverture  d'un  four.  Un  homme  d'une  taille 
ordinaire  peut  juste  y  passer.  En  nous  y  introduisant  nous  pénétrons 
dans  une  salle  rectangulaire,  arrondie  à  une  de  ses  extrémités.  Elle 
est  large  de  1",85  et  longue  de  4",65.  Un  banc,  conservé  dans  le  tuf 
môme,  règne  tout  autour  et  offre  un  siège  assez  commode  pour  un 
bon  nombre  de  personnes.  Tout  autour  de  cette  salle  on  voit  des 
niches  ou  espèces  de  placards  destinés  à  recevoir  différents  objets, 
et  dans  la  partie  la  plus  élevée,  d'autres  trous  plus  petits,  proba- 
blement pour  le  môme  usage.  On  remarque  une  semblable  disposi- 
tion dans  les  autres  parties  de  ce  souterrain.  A  une  des  extrémités 
de  cette  salle  (E),  se  trouve  un  passage  qui  s'enfonce  profondément 
dans  le  sol,  et  descend  probablement  à  un  étage  inférieur.  Je  n*ai 
pu  le  suivre,  car  il  est  obstrué  par  de  la  terre  et  des  pierres.  A  l'au- 
tre extrémité  (F)  il  existe  un  passage  fermé  par  une  grosse  pierre. 
Ce  doit  être  l'endroit  où  se  fit  l'ouverture  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 
On  est  obligé,  pour  sortir  de  cette  salle,  de  repasser  par  où  l'on  est 
entré. 

Lorsqu'on  est  revenu  dans  la  première  galerie,  au  point  (C)  où 
elle  tourne  à  angle  droit  sur  la  gauche,  on  remarque  qu'elle  a  une 
pente  assez  rapide  et  qu'elle  forme  un  demi-cercle  autour  de  la 
salle  que  nous  venons  de  visiter.  En  la  suivant  on  arrive  à  un  em- 
branchement (G),  et  à  un  carrefour,  où  la  voie  s'élargit  en  forme 
derotonde.  En  face,  cette  galerie  se  resserre  subitement  de  chaque 
côté  et  l'on  se  trouve  à  l'une  des  anciennes  portes  (H)  chargée  de 
fermer  et  de  défendre  celte  retraite  souterraine.  La  place  de  la 
porte  est  très  apparente,  et  les  trous  dans  lesquels  on  plaçait  les 
barres  pour  fermer  sont  encore  intacts.  Après  avoir  passé  cette 
porte,  la  galerie  tourne  à  droite;  mais  ici  une  meule  de  moulin, 
passée  dans  les  rainures  qui  existent  de  chaque  côté,  nous  ferme 


i24  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

le  passage,  et  nous  ne  pouvons  plus  continuer  notre  course  vers 
une  issue  extérieure  ou  une  autre  partie  du  souterrain. 

Revenons  sur  nos  pas  et  prenons  la  galerie  que  nous  avons 
laissée  (G).  Après  avoir  fait  un  coude  elle  nous  conduit  dans  une 
vaste  salle  de  forme  rectangulaire  et  se  courbant  un  peu  dans  le 
sens  d'un  arc  de  cercle  (I).  Elle  a  7  mètres  de  long  et  plus  de 
deux  mètres  d'élévation.  A  un  des  angles  (J),  un  passage  élevé  de 
0°,50  au-dessus  du  niveau  du  sol  est  fermé  par  ime  forte  pierre 
qui  arrête  encore  notre  course,  et  nous  sommes  obligé  de  prendre 
une  nouvelle  galerie  (K)  qui  nous  conduit  au  milieu  de  la  première 
où  nous  sommes  descendu. 

J'ai  remarqué  que  les  personnes  placées  à  l'intérieur  de  ce  sou- 
terrain entendaient  parfaitement  celles  qui  parlaient  à  l'extérieur, 
quoique  les  soupiraux  pratiqués  obliquement  dans  ses  voûtes  soient 
tous  complètement  fermés. 

L'état  de  conservation  de  cette  antique  retraite  ne  laisse  rien  à 
désirer  dans  les  parties  visitées  ;  si  on  pouvait  ouvrir  les  galeries 
qui  sont  obstruées,  on  aurait  dans  un  état  parfait  le  plus  beau  type 
que  je  connaisse  de  ces  souterrains-refuges  de  l'époque  gauloise,  si 
nombreux  dans  nos  contrées. 

Le  Lac.  — -  Neuf  maisons,  onze  ménages,  quarante  et  un  habi- 
tants. —  Au  mois  de  janvier  1886,  en  nivelant  l'extrémité  méri- 
dionale de  la  prairie  qui  touche  ce  village,  on  découvrit  un 
souterrain-refuge  de  l'époque  gauloise.  Comme  il  était  rempli  d'eau, 
il  n'a  pas  été  possible  d'y  descendre.  En  y  faisant  pénétrer  de  lon- 
gues perches,  on  a  pu  constater  en  un  endroit  l'existence  d'un  long 
corridor,  et  dans  un  autre  celle  d'un  appartement  de  forme  circu- 
laire. Le  propriétaire  a  fait  combler  le  tout,  et  a  transformé  en 
prairie  le  monticule  dans  lequel  se  trouve  ce  souterrain. 

Lavaud-Couteillas.  —  Deux  maisons,  deux  ménages,  douze  habi- 
tants. —  Ce  village  de  Lavaud  est  placé  près  de  Couteillas,  et  il 
est  ainsi  nommé  pour  le  distinguer  du  suivant. 

Lavacd-Fleuret.  —  Dix  maisons,  dix  ménages,  quarante-huit 
habitants.  —  La  peste  de  1631  fit  de  grands  ravages  dans  ce  lieu. 
Les  registres  paroissiaux  l'indiquent  comme  un  de  ceux  où  il  y  eut 
le  plus  de  décès  au  printemps  de  cette  année. 

Malagnac.  —  Onze  maisons,  onze  ménages,  cinquante-quatre 
habitants.  —  Ce  village  était  autrefois  nommé  le  Grand-Malagnac. 
L'ancienne  route  de  Paris  y  passait. 


MONOGRAPHIE   DE  COUPftElGNAC.  $95 

On  trouve  encore  ici  une  famille  portant  le  nom  du  lieu.  Les  cinq 
frères  qui  composaient  la  famille  de  Malagnac  sont  nommés,  en 
1472,  dans  Tacte  d'acquisition  faite  par  Louis  et  Antoine  Dubois  (1). 
Au  siècle  suivant  nous  retrouvons  encore  cette  famille  dans  une 
reconnaissance  du  27  février  1554  :  «  A  tous  ceux  qui  les  présentes 
verront,  nous  garde  du  scel  autentique  royal  établi  aux  contrats  au 
baillage  de  Limoges  pour  le  roi  notre  sire,  salut.  Savoir  faisons 
que  pardevant  le  notaire  royal  ci-de^ssous  écrit  et  signé,  et  témoins 
ci-après  nommés,  ont  été  présents  et  personnellement  établis 
Mathelin,  Jacques  dit  Jaminet  et  Léonard  de  Malagnac,  habitants 
dudit  lieu  et  village  de  Malagnac,  tant  pour  eux  que  pour  les 
autres cotenanciers  dudit lieu...  d'une  part;  et  sieur  Hélie  Dubois, 
bourgeois  et  marchand  de  la  ville  de  Limoges...  d'autre  part...  » 
Ils  déclarent  devoir  audit  Elle  Dubois  7  setiers  seigle,  mesure  de 
Limoges,  22  sols  6  deniers  et  deux  gelines  de  rente  annuelle  et 
perpétuelle. 

Margnac.  —  Quatorze  maisons,  quatorze  ménages,  quatre-vingt- 
deux  habitants.  —  Ce  village  est  sur  la  rive  droite  du  Vincou,  qui 
traverse  son  pittoresque  étang.  En  1300,  Ahélide  de  Penneveyre, 
dame  de  Montanet,  avait  des  propriétés  dans  ce  lieu  (2). 

On  remarque  dans  le  village  une  maison  et  une  grange  qui  se 
distinguent  des  autres  par  leur  construction  en  pierre  échantillon- 
née et  qui  portent  la  date  de  1651.  La  tradition  locale  nous  apprend 
qu'elles  appartenaient  aux  religieux  de  Grandmont.  Ces  religieux, 
ont  défriché  le  Limousin.  M.  L.  Reclus,  professeur  d'agriculture 
du  département  constate  avec  raison  que  «  les  couvents  seuls, 
pendant  le  sombre  moyen  âge,  furent  les  apôtres  du  progrès 
agricole  »  (3).  Ils  ont  créé  dans  nos  montagnes  un  grand  nombre 
d'étangs  qui  leur  permettaient  d'établir  de  vastes  prairies.  Celui 
de  Margnac  est  du  nombre.  Il  est  ainsi  indiqué  dans  l'arpentement 
de  1742  :  «  N*»  5459.  —  Un  étang,  appelé  l'étang  de  Margnac, 
appartenant  aux  Messieurs  de  l'abbaye  de  Grandmont,  et  par  eux 
joui,  de  la  contenance  de  quatre  setérées.  »  Il  leur  appartenait 
encore  lorsque  la  Commission  dite  des  Réguliers  détruisit  leur 
ordre.  Cet  étang  fut  mis  en  vente  par  le  district  et  l'administra- 
tion des  domaines,  le  23  mai  1791.  A  ce  moment,  il  ne  se  trouva 
pas  d'acquéreur  (4). 


(4)  Voir  cet  acte  aux  documents. 

(2)  Nobiliaire  du  Limousin,  t.  lll.  p.  315. 

(3)  Almanach  limousin^  année  1890,  p.  H6. 

(i)  BulleUnde  la  Société  archéologique,  t.  XXIV,  p.  3&9. 


2S6  SOCIÉTÉ  ABCHÉ0L0G1QUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN, 

Le  moulin  que  les  religieux  avaient  construit  au-dessous  de  la 
chaussée  existe  toujours.  Ils  transportèrent  sur  cette  chaussée  une 
colonne  de  granit  que  Ton  y  voit  encore  et  qui  semble  taillée  à 
répoque  romaine.  Son  fût,  sur  lequel  ils  fixèrent  une  croix  en  fer, 
a  0,60  centimètres  de  diamètre,  et  sa  base,  ornée  de  trois  nervures 
circulaires  repose  sur  un  socle  carré  de  0,90  centimètres  de  côté. 
Cette  colonne  ressemble  en  tout  aux  colonnes  romaines  trouvées  à 
Limoges  en  1888,  en  creusant  la  tranchée  du  chemin  de  fer  de 
Limoges  à  Brive. 

Le  village  de  Margnac  possède,  dans  sa  partie  nord,  une  carrière 
de  kaolin  dont  l'exploitation  a  cessé  depuis  quelque  temps. 

Le  Mas.  —  Deux  maisons,  deux  ménages,  onze  habitants.  — 
C'est  probablement  ce  village  qui  s'appelait  jadis  le  Mas-de- 
Bassac,  dont  parle  l'acte  suivant  :  «  Assence  perpétuelle  en  faveur 
de  sire  Pierre  des  Cars,  chevalier  du  Mas  de  Bassac,  situé  en 
la  paroisse  de  Compreignac  qu'il  a  acquis  de  Guillaume  Nor- 
mand de  Bassac,  plus  le  Mas  de  La  Vedrenne,  sis  dans  la  dite 
paroisse,  qu'il  a  acquis  de  sire  Robert  de  Resés,  chevalier,  plus 
le  Mas  du  Vieux-Bassac,  sis  dans  la  dite  paroisse,  qu'il  a  acquis 
du  dit  seigneur  de  Resés,  plus  trois  setiers  moins  quarte  de  rente, 
à  la  mesure  de  Razès,  qu'il  a  acquis  de  Guillaume  Puymenier,  sur 

le  Mas  du  Yieux-Bassac Le  lundi  avant  la  fête  de  saint  Luc, 

1304(1).» 

Le  Mas-la-Roche,  —  Douze  maisons,  douze  ménages,  qua- 
rante-huit habitants.  —  Placé  sur  la  rive  droite  du  Vincou,  ce  lieu 
conserve  encore  une  maison  bâtie  en  1621.  Elle  doit  avoir  été 
l'habitation  de  la  famille  Châtenet.  Jean  Châtenet,  écuyer,  était 
seigneur  du  Mas-la-Roche  en  1788. 

Massauvas.  —  Trois  maisons,  trois  ménages,  quinze  habitants. — 
On  devrait  écrire  ce  nom  Mas-sous-Vent.  Ce  lieu  est  placé  presque 
au  sommet  de  la  montagne,  dans  un  repli  du  terrain  qui  le  met 
à  l'abri  du  vent. 

Auprès,  et  au  nord-ouest  de  Massauvas  on  trouve  une  pierre 
curieuse,  couverte  de  bassins  et  de  rigoles.  L^imagination  popu- 
laire veut  y  voir  un  lieu  où  les  payens  offraient  des  sacrifices  san- 
glants à  leurs  dieux.  Ces  pierres  à  bassins  se  trouvent  sur  toutes 
nos  montagnes  granitiques.  Plusieurs  auteurs,  ignorant  sans  doute 
l'explication  scientifique  de  la  formation  de  ces  bassins  donnée  par 

(I)  Terrier  de  Compreignac. 


MONOGRAPHIE   DE   COMPRKIGNAC.  227 

les  minéralogistes,  n*ont  pas  su  rejeter  cette  fable  qui  n*a  aucun 
fondement. 

Maudàn.  —  Deux  maisons,  deux  ménages,  douze  habitants. 

La  Monge  ou  La  Mongie.  —  Ancien  prieuré  d'hommes  qui  avait 
pour  patron  saint  Biaise  et  saint  Eutrope,  placé  à  côté  de  Népoulas, 
sur  la  route  de  Paris.  On  Ta  quelquefois  confondu  avec  La  Mongie 
ou  Le  Dognon,  prieuré  situé  dans  la  paroisBe  de  Saint-Etienne  de 
Versillac. 

Il  existait  en  1157.  Le  prieur  de  Saint-Gérald  de  Limoges  y 
nommait  des  titulaires  en  1557, 1573,  1609.  L'évéque  de  Limoges  y 
faisait  une  nomination  en  1659.  Ce  droit  de  nomination  est  ensuite 
passé  au  roi  lorsque  le  prieuré  de  Saint-Gérald  a  été  uni  à  Fhospice 
de  Saint-Alexis. 

Peu  de  prieurs  de  La  Monge  sont  connus  :  Etienne  de  RoflBgnac, 
qui  avait  été  tonsuré  en  1572,  fut  prieur  de  La  Monge;  il  était  fils 
de  Léonard  de  RoflBgnac,  de  Grimodie,  paroisse  de  Roussac.  N..:.. 
Devoyon,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Limoges  était  prieur  en 
1742.  Joseph  Lamy  de  Luret,  né  à  Limoges  en  1723,  fut  curé  de 
Compreignac  en  1759,  et  prieur  de  La  Monge  en  1770.  Il  mourut 
en  1785.  Jean  Pineau,  curé  dlsle,  le  fut  en  1785  jusqu'à  la  Révo- 
lution. 

Pendant  la  Révolution,  ce  prieuré  fut  vendu  comme  bien  national, 
et  il  ne  tarda  pas  à  tomber  en  ruine.  Les  héritiers  du  sieur  Luguel, 
qui  en  était  l'acquéreur.  Tout  revendu  en  réservant  pour  le  culte 
remplacement  de  la  chapelle. 

Lorsque  les  autorités  révolutionnaires  mirent  en  vente  cette  cha- 
pelle, les  habitants  du  voisinage  se  concertèrent  pour  sauver  la 
statue  du  saint,  et  ils  y  réussirent.  Elle  fut  alors  placée  chez  un 
nommé  Léonard  Déliot,  habitant  le  heu  de  la  Pêcherie,  à  proximité 
du  prieuré.  Pendant  les  mauvais  jours,  et  malgré  la  persécution,  ce 
fut  dans  sa  maison  que  les  pèlerins  allèrent  vénérer  le  saint  le  jour 
de  sa  fête.  Lorsque  Tordre  commença  à  renaître,  et  qu'un  peu  de 
liberté  fut  accordée  au  culte  catholique,  Déliot  prit  Thabitude  de 
porter  cette  statue  sur  les  ruines  de  Tancienne  chapelle,  et  de  l'ex- 
poser à  la  vénération  des  fidèles,  le  30  avril,  jour  de  la  fête  de 
saint  Eutrope. 

Les  choses  continuèrent  ainsi  pendant  quelques  années,  mais 
le  30  avril  1804,  le  maii-e  de  Compreignac  se  transporta  sur  les 
lieux  pour  ordonner  audit  Déliot  de  se  dessaisir  de  cette  statue, 
«  afin  qu'elle  fût  transférée  dans  l'église  de  Compreignac,  lieu 
indiqué  et  seul  toléré  par  les  lois  pour  recevoir  le  peuple  à  la  véné- 


^28  SOCléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   HISTORIQUE  DU  LIUOUSIK. 

ration  de  ce  saint  ».  —  «  Je  ne  fus  pas  écouté,  écrit-il  lui-même  au 
préfet.  Je  fus  obligé  de  garder  le  silence  parce  que  je  m'aperçus 
qu'en  voulant  employer  la  force  j'aurais  peut-être  été  cause  d  une 
rixe  populaire  :  de  manière  que  la  loi,  dont  j'avais  demandé  l'exécu- 
tion, ne  fut  pas  observée.  » 

Le  30  avril  1808,  les  populations  vinrent  à  La  Monge,  encore 
plus  nombreuses  que  par  le  passé.  La  statue  du  saint  y  fut  portée 
de  la  môme  manière.  Le  maire  de  Compreignac,  dans  un  rapport 
sur  cette  réunion,  dit  :  «  Je  n'ai  pas  voulu  m'y  rendre  dans  la  per- 
suasion de  ne  pas  mieux  réussir  que  Tan  passé  »,  et  il  termine  en 
demandant  l'intervention  de  l'autorité  préfectorale.  Celle-ci  ne  se 
fit  pas  attendre,  comme  le  montre  la  lettre  suivante  :  «  Le  28  floréal 
an  XIII  (18  mai  1805) .  —  A  Léonard  Déliot  à  La  Pêcherie.  —  Je  vous 
envoie  et  vous  notifie  l'arrêté  du  préfet  du  19  de  ce  mois  (9  mai 
180S),  qui  vous  ordonne  de  transporter  [à  l'église  paroissiale]  dans 
le  délai  de  trois  jours,  la  représentation  de  saint  Eutrope  dont 
vous  êtes  illégalement  dépositaire.  —  Si  dans  trois  jours  vous 
n'avez  pas  obéi  à  cet  arrêté,  j'en  rendrai  compte  au  préfet,  qui 
prendra  contre  vous  les  mesures  jugées  nécessaires  et  requises 
par  les  lois.  —  Bariat,  maire  de  Compreignac  (1).  » 

La  statue  fut  alors  portée  à  l'église  et  mise  par  M.  Rioublanc, 
curé  de  Compreignac,  dans  la  chapelle  nord  ;  c'est  là  où  elle  est 
encore  conservée.  Depuis  ce  jour,  elle  est  transportée  chaque 
année  sur  les  ruines  de  l'ancien  prieuré,  le  30  avril,  fête  de  saint 
Eutrope,  et  une  foule  considérable  de  pèlerins  y  vient  l'invoquer. 

Il  ne  reste  rien  des  anciens  bâtiments  qui  s'étendaient  au  sud- 
ouest  de  la  chapelle.  Une  belle  porte  du  xvi*  siècle  était  encore 
debout  il  y  a  quelques  années;  elle  a  été  transportée  près  du 
village  de  La  Pêcherie  et  utilisée  dans  un  bâtiment  sur  le  bord 
de  la  route. 

La  chapelle  qui  dominait  les  autres  constructions  n'était  pas  très 
vaste  ;  elle  avait  à  l'intérieur  douze  mètres  de  long  sur  six  de  large. 
On  n'a  rien  trouvé  dans  ses  ruines  qui  put  faire  connaître  le  style 
de  son  architecture.  Elle  était  accompagnée  d'un  cimetière,  que 
l'arpenlement  de  1742  indique  ainsi  :  «  N°  5,396.  —  Une  chapelle 
et  un  cimetière  au-devant,  appelés  de  La  Mongie,  appartenant  au 
sieur  Devoyon,  prieur  d'icelle,  chanoine  de  Limoges,  de  la  conte- 
nance de  quatre  perches  trois  quarts.  » 

En  1884  la  partie  de  cette  chapelle  qui  formait  le  sanctuaire  a  été 
rebâtie  sur  les  mêmes  fondations;  elle  sert  maintenant  d'abri  au 
clergé  paroissial  le  jour  de  la  fête  de  saint  Eutrope.  Dans  la  pre- 

(i)  Archives  communales  de  Compreignac. 


MONOGRAPblE  DE  COMPHRIGNAC.  fiO 

mière  assise,  à  Tangle  sud-est,  on  a  placé  une  plaque  en  plomb  por- 
tant Finscription  suivante  : 

ÀNNO   DOMINI   M  D   CCG  L  XXX   IV 

HOC  PERANTIQLUM   S^i  EUTROPI   SAGELLUM 

JAM  AB  UNO   S(£CIL0   DIRUTUM 

A.     LECLER     COMPREINIAGI     DECANUS 

REi£OlFICARE    COEPIT. 

MoîiTAiGUT.  —  Douze  maisons,  douze  ménages,  soixante-trois 
habitants.  —  Montaigut-le-Noir  est  situé  vers  l'extrémité  méri- 
dioDale  de  la  commune,  dans  des  montagnes  dont  le  point  culmi- 
nant atteint  555  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  C'est  la 
forme  de  ce  sommet  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Mont-Aigu. 
Dans  quelques  anciens  documents,  on  le  trouve  désigné  par  le  nom 
de  Montaigut-en-Compreignac.  L'abbé  Nadaud  nous  dit  dans  son 
Pouiîlé:  «  A  Montaigut-le-ft/awc,  archiprétré  de  Bénévent,  le  curé 
était  habillé  de  blanc,  comme  étant  chanoine  de  Bénévent.  Ici,  les 
religieuses  étaient  vêtues  de  noir,  et  pour  différencier  ces  deux  en- 
droits on  Ta  appelé  Montaigut-le-woir.  » 

Il  y  avait,  en  effet,  à  Montaigut,  un  ancien  prieuré  de  filles,  sous 
le  patronage  de  sainte  Anne.  Il  existait  avant  H28.  En  1196,  Tabbé 
et  le  couvent  de  Saint-Martin-lez-Limoges  lui  donnèrent,  moyen- 
nant les  redevances  spécifiées,  le  Mas  de  Vaupilou,  aujourd'hui 
Goupilou,  commune  de  Beaune  (1). 

Guy  Foucaud,  chevalier  de  Saint-Germain,  par  son  testament  du 

29  juillet  1302,  fit  aussi  une  donation  à  ce  prieuré  :  «  Item  lego 

monialibus  de  Monte-Acuto  decem  solides  semel  solvendos.  »  (2). 

Malgré  ces  donations,  la  prieure  de  Montaigut  n'était  pas  riche, 
elle  ne  payait  qu'avec  peine  ce  qu'elle  devait  annuellement  à  l'ab- 
baye de  Saint-Marlin-lez-Limoges.  Aussi  trouve-t-on,  vers  1376, 
trace  d'un  «  procès  pour  l'abbé  et  le  couvent  de  Saint-Martin,  con- 
tre la  prieure  de  Montaigut  à  cause  de  XIX  sexliers  de  seigle  de 
pension  dues  par  elle  à  l'abbaye  de  Saint-Martin  ». 

En  1262  et  1396,  il  n'y  avait  au  prieuré  de  Montaigut  que  cinq 
religieuses.  Un  peu  plus  tard,  cette  maison  ne  pouvait  plus  se  sou- 
tenir. Aussi,  le  14  mai  1437,  Guillaume  de  l'Hermite,  abbé  du 
Dorât,  l'unit,  par  composition,  au  monastère  de  Ligneux.  Ligueux 
était  une  abbaye  royale  de  Bénédictines  de  la  congrégation  de 

(l)  Voir  aux  Documents  le  texte  encore  inédit  de  cette  charte. 
(S)  Ce  testament  est  publié  par  Tabbé  Texier,  dans  le  Bulletin  de  la 
Soc.  arcA.  du  LimoutUif  IX,  129. 


^3é  SOCIÉTÉ  ARCBiOLOGlQtJE  ET  ËIStOHtOtlE  bU  UMOUSlfl. 

Gluny,  située  dans  la  paroisse  de  ce  nom,  canton  de  Savignac-les- 
Eglises,  arrondissement  de  Périgueux. 

En  1627,  l'abbesse  de  Ligneux  avait  affermé  ses  biens  de  Mon- 
taigut;  mais,  soit  que  ces  biens  ne  rapportassent  pas  ce  qu'on 
croyait,  soit  pour  d'autres  motifs,  il  s'en  suivit  entre  elle  et  ses 
fermiers  un  procès  qui  n'était  pas  encore  terminé  au  moment  de 
la  Révolution. 

On  ne  connaît  pas  les  prieures  de  Montaigut,  si  on  en  excepte 
Marguerite  de  Razès  de  Monisme  en  1332,  et  Marguerite  Derbeau 
à  une  date  inconnue. 

Aujourd'hui,  tous  les  bâtiments  anciens  ont  été  détruits.  L'em- 
placement de  la  chapelle  est  très  reconnaissable  près  delà  fontaine 
du  village.  On  y  voit  encore  la  clef  de  voûte  de  ce  petit  édifice.  Elle 
porte  une  croix,  en  forme  de  rosace,  inscrite  dans  un  cercle,  comme 
le  xn"  siècle  en  mettait  à  l'intersection  de  ses  nervures  rondes. 
Il  y  avait  un  cimetière,  qui  est  ainsi  indiqué,  en  1742,  dans  l'ancien 
arpentement  de  la  paroisse  de  Compreignac  :  «  N°  3277.  —  Cime- 
tière, de  la  contenance  de  deux  perches  et  quart,  appartenant  au 
village.  » 

Le  village  de  Montaigut,  qui  s'est  formé  autour  des  bâtiments  du 
prieuré,  eut  beaucoup  à  souffrir  de  la  peste  de  1630.  Il  fut  des  pre- 
miers atteints,  dans  la  première  quinzaine  d'octobre,  et  en  peu  de 
jours  dix-huit  de  ses  habitants  succombèrent. 

MoNTCHAUD.  —  Douze  maisons,  douze  ménages,  cinquante-sept 
habitants.  —  Ce  village  doit  son  nom  à  sa  position  méridionale, 
sur  le  versant  d'une  montagne  élevée  de  483  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 

MoNTiMBERT.  —  Quatre  maisons,  quatre  ménages,  treize  habi- 
tants. —  Près  de  ce  lieu,  qui  est  sur  la  route  de  Compreignac  à 
Saint-Pardoux,  on  trouve  une  partie  de  l'ancienne  route  de  Paris, 
qui  passait  par  Compreignac.  Bien  conservée  jusqu'à  nos  jours, 
elle  a  été  peu  près  détruite  par  Textraction  récente  de  son  maca- 
dam. 

Népoulas.  —  Trente-quatre  maisons,  trente-quatre  ménages, 
cent  trente-cinq  hcibitants.  —  Ce  village  était  un  point  important 
pour  le  roulage  avant  l'ouverture  de  la  ligne  du  chemin  de  fer  de 
Paris.  Il  forme  deux  groupes  d'habitations.  L'un,  sur  le  versant 
oriental  des  montagnes,  et  l'autre  le  long  de  la  grande  route. 

Une  partie  des  eaux  de  la  ville  de  Limoges  vient  de  sources 
répandues  entre  Népoulas  et  Angelard. 

Le  vendredi  28  janvier  1814,  Notre  Saint-Père  le  Pape  Pie  VII 


MONOORAt»BIE   DE  COMPREIGNAC.  ÎM 

passa  au  village  de  Népoulas,  lorsqu'il  était  reconduit  de  Fontai- 
nebleau en  Italie.  Il  avait  couché  à  MorteroUe,  et  alla  s  arrêter, 
pour  prendre  son  repas,  à  la  Maison-Rouge,  un  peu  au-delà  des 
limites  de  la  commune  de  Compreignac,  dans  celle  de  Bonnat. 

Nespoux.  —  Trente-cinq  maisons,  trente-cinq  ménages,  cent 
cinquante-cinq  habitants.  —  Par  le  nombre  de  sa  population,  Nes- 
poux est  un  des  villages  les  plus  considérables  de  la  commune.  Il 
avait  un  étang,  qui  a  été  desséché  depuis  peu. 

Le  24  novembre  1619,  une  saisie  eut  lieu  sur  les  fruits  de  ce 
>111age  au  nom  de  Jamette  Dupeyrat,  femme  de  sire  Pierre  Verrier, 
marchand  et  orfèvre  de  Limoges,  comme  héritière  de  feu  Pierre 
Audier,  son  fils,  héritier  universel  de  feu  Martial  Audier,  son  père, 
de  son  vivant  bourgeois  et  marchand  de  Limoges  (1). 

Palustras.  —  Au  sommet  des  bois  de  Palustras,  qui  sont,  comme 
l'indique  leur  nom,  au-delà  d'un  marais  fpalus  transj,  on  trouve 
une  pierre  appelée  le  fauteuil  du  juge.  C'est  une  roche  ordinaire 
sur  laquelle  on  remarque  une  excavation  affectant  la  forme  d'un 
fauteuil.  Peut-être  la  main  de  l'homme  a-t-elle  un  peu  aidé  la 
nature  à  transformer  ce  bloc.  Toutefois  cette  curiosité  n'offre  au- 
cun intérêt  pour  l'histoire. 

Pekny.  —  Neuf  maisons,  neuf  ménages,  trente-neuf  habitants.  — 
Le  village  de  Penny  domine  le  moulin  du  même  nom,  qui  est  placé 
sur  la  rive  gauche  du  Vincou,  dans  une  gorge  des  plus  pittoresques. 

Planchevieille,  -r-  Il  ne  reste  plus  rien  des  habitations,  du  mou- 
lin et  de  l'étang  de  Planchevieille. 

Le  15  avril  1630,  Pierre  Benoit,  chevalier,  seigneur  de  Comprei- 
gnac,  permit,  moyennant  une  geUne  par  an,  à  François  Martin, 
notaire  royal  du  bourg,  de  construire  un  moulin  à  chanvre  au- 
dessous  de  la  chaussée  de  l'étang  de  Planchevieille  (2). 

Les  registres  paroissiaux  signalent  le  lieu  de  Planchevieille 
comme  un  de  ceux  où  la  peste  fit  le  plus  de  mal,  au  printemps  de 
1631. 

PoNTABRiER.  —  Trois  maisous,  trois  ménages,  douze  habitants. 
—  Ce  lieu,  placé  sur  la  rive  gauche  du  Vincou,  doit  tirer  son  nom 
d'un  pont  établi  sur  cette  rivière.  Dans  l'arpentement  de  1742, 
il  est  souvent  appelé  simplement  Le  Pont  ;  mais  dans  l'hommage 
de  143811  est  désigné  sous  le  nom  de  Pons  Aberi. 

Jean  de  Pontabrier,  prêtre,  et  autre  Jean  de  PoDtabrier,  son 


(1)  Terrier  de  Gompreignac. 


^ii  SÔCléré  ARCHEOLOGIQUE   ET   âtSTORlQUB   DO   LlltOUSlN. 

frère,  chirurgien,  achetèrent,  le  21  février  1614,  de  Vincent 
Descoudier,  de  la  ville  de  Grandraont  et  y  demeurant,  procureur 
fiscal  des  juridictions  des  dits  Grandmont  et  Moncocu,  une  maison 
dans  le  bourg  de  Corapreignac.  —M*  Jean  de  Pontabrier,  praticien, 
habitait  Compreignac  le  11  mars  1655. 

Le  moulin  de  Pontabrier,  sur  l'étang  de  ce  nom,  que  traverse  le 
Vincou,  fut  acheté,  le  18  février  1649,  par  Martial  Benoit,  seigneur 
de  Compreignac  :  «  Sachent  tous  que,  pardevant  le  notaire  royal 
soussigné  et  les  témoins  ci-après  nommés,  a  été  présent  et  person- 
nellement établi  M"  François  Decoudier,  bourgeois  de  la  ville  de 
Limoges,  lequel  a  vendu  à  noble  homme  Martial  Benoit,  chevalier, 
conseiller  du  roi,  trésorier  général  de  France,  seigneur  de  Com- 
preignac et  du  Mas-de-Lage,  deux  moulins  à  blé,  moulant  l'un  à 
seigle,  Tautre  à  froment,  appelés  de  Pontabrier....  et  bâtiments  joi- 
gnants, appelés  la  Maison  des  Fournier,  la  maison  vieille,  haute 
et  basse...,  joignant  Tétang  appartenant  au  dit  seigneur,  et  la 
maison  des  hoirs  de  feu  Gabriel  Pontabrier  »  (1). 

En  1742,  il  avait  «  quatre  meules,  deux  à  seigle,  une  à  broyer  le 
chanvre  et  Tautre  à  piler  le  millet  »,  et  il  appartenait  à  M*  Joseph 
Blondeau,  seigneur  de  Corapreignac. 

Sur  la  porte  d'une  des  maisons  de  ce  mouhn  l'on  voit  encore  les 
armes  des  Benoit  :  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois 
tnains  bénissantes  d'argent. 

Prassigout.  —  Sept  maisons,  sept  ménages,  trente-cinq  habitants. 

Puy-Lariotte.  —  Une  maison,  un  ménage,  six  habitants.  — 
Habitation  isolée  sur  la  rive  droite  du  Vincou,  en  face  du  bourg. 

Puy-Martïn.  —  Cinq  maisons,  cinq  ménages,  dix-neuf  habitants. 
—  A  l'ouest  et  dans  les  dépendances  de  ce  village  existe  une 
curiosité  naturelle,  que  le  voyageur  aperçoit  en  suivant  la  route 
de  Thouron.  Un  chêne,  d'une  grosseur  ordinaire,  porte  à  son 
sommet  un  bouleau  fort  \igoureux.  Au-dessus  de  la  tête  du 
chêne,  s'élance  le  tronc  blanc  du  bouleau  et  ses  branches  s'élèvent 
à  une  grande  hauteur  au-dessus  du  chêne  sur  lequel  vit  ce 
parasite. 

Put-Mélier.  —  Six  maisons,  six  njénages,  vingl-six  habitants. 

Puy-Menibr.  —  Trente-trois  maisons,  trente-trois  ménages, 
cent  quarante-deux  habitants.   —  La  route   de   Compreignac  à 

(I)  Terrier  de  Compreignac. 


MOV^fiflAPHIB  DB  OOHfllBIGHAGi  &33 

Saiût-Sympborien  passe  dans  ce  village,  mais,  quoique  coiisli*ailè 
depuis  plus  de  vingt  ans,  ses  deux  extrémités  restent  encore  à  lairè. 

Pierre-Etienne  du  Puy-Ménier  fde  Podio  Mameriij  prétendait 
avoir  des  droits  sur  la  chapelle  de  Gourrieux,  qui  fut  donnée  à 
Aareil  entre  les  années  1147  et  li89  (1). 

Guillaume  du  Puy-Ménier  vendit,  avant  1304,  trois'setiefs  moira 
quarte  de  rente  à  Pierre  des  Gars  sur  le  mas  du  Vieux-Bassac^ 

Louis  Faulcon  était  seigneur  du  Puy-Ménier  et  de  Mantiat  m 
1472.  Les  armes  de  cette  famille  sont  :  écarteié,  aux  /**  ^  4*  d'atur 
à  la  croix  d'wr;  aux  2*  et  S*  d'azur  à  trois  fewrs  de  <m  d'$r  et  Prois 
tours  dont  deux  d'argent  et  une  d'4»r. 

Le  château  du  Puy-Ménier  fut  détruit,  peut-être  pendant  la 
guerre  des  Ajaglais,  mais  toutefois  il  était  ruiné  lorsque  cette  terre 
passa,  par  acquisition,  de  la  famille  Faulcon  à  la  famille  Barny  en 
1583  (2).  Un  peu  plus  tard,  le  fief  du  Puy-Menier  fot  acquis 
d'Antoine  Barny,  avec  Compreignac,  par  Martial  Benoit  (3). 

Saint-Roch.  —  Une  maison,  un  ménage,  cinq  habitants.  — 
Vers  la  fin  de  septembre  1630,  un  voyageur  de  nom  et  d'origine 
inconnus,  descendu  à  Thôtel  des  Trois-Ânges,  à  Limoges,  y 
mourut  de  la  peste  qui  ravageait,  cette  année-là,  l'Europe 
entière.  Ge  fut  l'origine  de  la  contagion  qui  dépeupla  cette  ville 
et  ses  environs.  S'il  faut  en  croire  les  Annaks,  elle  emp^orta, 
«  tant  dans  la  ville  que  dans  la  Gité,  aux  faobourgs  et  la  banlieue, 
20,000  personnes  ».  On  pratiqua  de  grandes  fosses  au  cimfetière  de 
Saint-Cessateur,  où  furent  jetés  en  hâte  et  sans  les  égards  accou- 
tumés, les  corps,  bien  souvent  privés  de  cercueil,  car  les  ouvriers, 
comme  les  fossoyeurs,  ne  suffisaient  pas  au  funèbre  travail. 

Compreignac  et  ses  environs,  après  Limoges,  furent  des  pre- 
miers atteints.  Dès  le  mois  d'octobre,  cette  peste  y  exerçait  des 
ravages  effrayants, 

Pierre  Mesnager,  réfugié  dans  sa  métairie  de  Beaune,  écrivait 
que  dans  certains  villages,  «  il  n'est  demeuré  vivants  ni  hommes,  ni 
femmes,  ni  petits  enfants.  Le  dégât  fut  grand  notamment  du  côté 
de  Grandmont,  aux  villages  appelés  Glou,  Puy-Garsault,  Péret  et 
autres  »,  situés  sur  la  limite  orientale  de  la  paroisse  de  Gomprei- 
gnac,  mais  dans  celles  de  Saint-Sylvestre  et  d'Ambazac. 

Le  curé  de  la  paroisse  a  écrit  sur  le  registre  des  actes  de  sépul- 
ture :  «  Mémoire  soit,  que  depuis  le  quinziesme  octobre,  l'année 


(1)  Gartirltire  d'Aurieil. 

(S)  Voir  cet  acte  d'acquisition  aux  Documents, 

(3)  Voir  cet  acte  d*acqaiaition,  en  1597^  aax  Documenta». 

T.  xxxvu.  10 


334  80CIÊTÂ  AECBÉOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

1630,  jusqu'au  quinziesme  janvier  auprès  1631,  il  en  est  mort  au 
village  de  Montagut  dix-huit  tant  petits  que  grands,  et  sont  morts 
de  la  contagion.  » 

Et  un  peu  plus  bas  :  «  Soit  mémoire  que  en  Tannée  1631,  depuis 
environ  le  mardi  gras,  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  juing  de  la  dite 
année,  il  en  mourut  de  la  contagion,  tant  au  village  de  La  Jante, 
Planchevieille,'Lavaud-Fieuret,  que  Compreignac  ;  il  y  en  est  mort 
de  la  dite  maladie  quatre-vingts  ou  environ.  » 

Enfin,  ceux  qui  restaient  encore,  voyant  leur  impuissance  à  com- 
battre cette  peste,  firent  un  vœu,  et  promirent  de  bâtir  une  cha- 
pelle à  saint  Roch,  si  le  mal  cessait. 

Leurs  prières  furent  exaucées.  A  la  suite  d'une  procession  faite 
le  16  août,  fête  de  saint  Roch,  la  peste  cessa,  en  effet.  Par  recon- 
naissance, et  pour  accomplir  leur  vœu,  ils  bâtirent  la  chapelle  de 
Saint-Roch,  qui  a  subsisté  jusqu'à  la  Révolution. 

Les  habitants  de  nos  jours,  oubliant  le  vœu  et  la  reconnaissance 
de  leurs  pères,  ont  laissé  tomber  cette  chapelle.  Sur  son  emplace- 
ment la  table  de  granit  qui  formait  son  autel  est  toujours  à  sa 
place;  à  côté  se  dresse  une  croix  de  bois  autour  de  laquelle  on  voit 
encore  prier,  le  jour  de  Saint-Roch,  quelques  pèlerins  venus  des 
paroisses  environnantes. 

La  Roche.  ~  Dix  maisons,  dix  ménages,  quarante-cinq  habi- 
tants. —  Ce  lieu  est  appelé  La  Roche-de-Boussac,  ou  de  Bassac, 
dans  une  reconnaissance  du  13  novembre  1554  pour  messire 
Léonard  Barny,  licencié  ès-lois,  juge  ordinaire  de  la  ville  de 
Limoges  et  seigneur  du  fief  noble  du  Mazet  de  Compreignac. 

La  Rode.  —  Une  maison,  un  ménage,  six  habitants.  —  L'étang 
de  La  Rode  est  aussi  traversé  par  le  Vincou.  Ce  dernier  forme  une 
très  pittoresque  cascade  en  franchissant  la  chaussée  de  l'étang. 
Le  moulin  a  été  reconstruit  en  1889. 

Le  Sauvage.  —  Une  maison,  un  ménage,  huit  habitants. 

La  Vauzelle.  —  Quinze  maisons,  quinze  ménages,  soixante-dix- 
huit  habitants.  —  La  Chambre  des  fées,  située  à  l'est  et  à  quelque 
distance  de  ce  village,  n'est  autre  chose  qu'un  immense  rocher,  fai- 
sant partie  de  la  montagne,  sous  lequel  il  existe  une  cavité  de  peu 
d'étendue. 

Vedrenne.  —  Le  mas  de  Vedrenne  avait  été  acquis  par  Pierre 
des  Cars,  de  sire  Robert  de  Résé,  chevalier,  à  une  époque  incon- 
nue, mais  antérieure  à  1304.  La  famille  Benoit,  de  Limoges,  le 
posséda  ensuite.  Par  acte  du  7  janvier  1403  (vieux  style),  Etienne 


monograpbik  de  gompreignag.  232^ 

Benoit  donne  à  réglise  de  La  Drouille-Blanche,  paroisse  de  Bonnat, 
une  rente  de  six  setiers  de  seigle  sur  son  domaine  de  La  Vedrenne, 
paroisse  de  Gompreignac  (1). 

Les  champs  ont  gardé  le  nom  de  Vedrenne,  mais  il  ne  reste  aucun 
bâtiment.  Au  milieu  d'une  terre  cultivée  on  trouve  un  souterrain- 
refuge  de  répoque  gauloise  ;  il  est  en  partie  comblé,  et  ce  qui  en 
reste  est  utilisé  comme  cave.  Auprès,  et  non  loin  de  la  rive  du 
Vincou,  est  une  fontaine  dite  de  Saint-Martin,  à  côté  d'une  croix, 
où  les  habitants  du  voisinage  vont  quelquefois  prier  pour  obtenir  la 
guérison  de  leurs  malades. 

Vénachat.  —  Dix  maisons,  dix  ménages,  quarante-deux  habi- 
tants. —  Les  tenanciers  de  Vénachat,  le  26  octobre  1873,  «  dé- 
clarent devoir  une  rente  foncière  annuelle  et  perpétuelle  à  sire 
Antoine  Dubois,  bourgeois  et  marchand  de  Limoges,  et  à  dame 
Barbe  Boyol,  veuve  de  feu  M«  Pierre  Dubois,  élu,  quand  vivait,  au 
haut  pays  de  Limousin,  pour  et  au  nom  et  comme  tutrice  de  ses 
enfants  et  du  dit  feu  M*  Pierre,  et  comme  ayant  les  droits  cédés  du 
sieur  de  Thouron  (2)  ». 

V1EU.LEVILLE.  —  Treize  maisons,  treize  ménages,  soixante-et-un 
habitants.  —  «  D'après  la  tradition  du  pays,  il  existait  jadis 
dans  cet  endroit  une  ville  très  vaste  et  très  peuplée  qu'on  appelait 
Perey,  dont  l'enceinte  se  prolongeait  jusqu'à  un  autre  village  nommé 
Ville-Bert.  »  Cette  tradition,  rapportée  par  M.  Duroux  en  1812, 
paraît  déjà  suspecte  à  M.  Martin,  membre  correspondant  de  la 
Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Haute- Vienne  en  1816. 
Et  ce  n'est  pas  sans  raison.  En  publiant  la  dissertation  de  ce  der- 
nier, le  comité  de  rédaction  de  notre  Société  archéologique  témoi- 
gne le  désir  que  des  recherches  plus  profondes  soient  faites  sur  ce 
sujet.  Je  puis  lui  donner  entière  satisfaction. 

La  tradition  de  l'existence  d'une  ville  de  Peyré  ne  se  trouve  pas 
seulement  à  Gompreignac,  mais  dans  toutes  les  montagnes  de  nos 
contrées,  et  pour  ce  canton  encore  plus  particulièrement  dans  le 
groupe  qui  s'étend  sur  les  communes  de  Cieux,  de  Vaulry  et  jusqu'à 
Blond.  J'ai  visité,  sans  en  omettre  aucun,  tous  les  lieux  où  une  tra- 
dition quelconque  plaçait  cette  ville.  Or,  je  n'ai  rien  trouvé  que 
des  amas  de  pierres  assez  considérables,  que  les  laboureurs  sont 
obligés  de  sortir  de  leurs  champs  pour  faciliter  le  passage  de  la 
charrue.  Ces  pierres  sont  entassées  sur  les  limites  des  cultures.  Si 
dans  le  pays  le  mot  Peyré  a  un  sens,  il  ne  peut  pas  désigner  autre 

(1)  L.  GuiBBRT,  BuUetin  de  la  Société  archéologique,  t.  XXIX,  p.  998, 

(2)  Terrier  de  Gompreignac. 


f^  SOCIÉTÉ  AEQBÉOLOeniQS  BT  BfSTOMQUB  DU  LlVOtJSlIf. 

chose  que  ces  aœas  de  pierjdôs  bïliteb^  qui  à'èàt  jamais  étô 
emplofées  ims  aucune  eonstnictieâ. 

Quant  à  la  ville  de  Peyré  indiquée  près  de  VieiUeiriHe-,  elle 
aurait  occupé  tout  le  triaof  le  que  forment  lès  villages  de  lA  Jaole, 
YieiHeville  ei  ViUeberU  Or>  ce  dernier  villâjge  est  à  6  kilomètres 
des  deux  premiers^  et  Goiapreignac  se  trouva  au  cailteu  de  èe  iariàst' 
gle.  «  Une  ville  aussi  vaste  que  Tannons  M.  Duroux,  ayant  existé 
à  eaviroH  deux  myriamètres  de  limoges^  est  un  fdt  historique  d*aQ^ 
tant  plus  extraordinaire  quo  Torigine  de  Uetoges  sepeMant  dans 
la  nuit  des  temps,  il  est  difficile  de  se  persuader  que  deux  grandes 
villes  ont  existé  à  la  même  époque  et  à  si  peu  de  distance  Fime  de 
r**t*ei(l)*. 

h  Bst  iMtile  de  ^'arrêter  plus  longuëiâent  à  cette  prétendue 
tradittoû  qtie  rtéîi  n'appiife,  et  qui  îtt  doit  suï-tôttt  sbh  ortcitté  âti 
mot  Vièilieviltè.  (iwaht  à  rattfeléimetéd'e  feè  nWt'gè,  elle  êèt  trè*>eia- 
tiVe^  dAt  les  pîeites  avec  quelques  riioùluîr'es  qu'ob  J  troiiYe  encore 
ai>partièùtieht  à  des  portes  ou  à  de^  fenêtres  du  Ivi^  et  bïéknie  du 
tsii*  siècle. 

ViLLEBERT.  —  Quinze  maisons,  quinze  ménages,  soixante-seize 
habitants.  —  M.  Marliii,  dans  son  rapport  à  la  Société  d'agricul- 
tûrè,  sciences  et  arts  de  la  âautè- Vienne  (â^,  dit  que  ce  nom  est 
composé  de  deux  mots  celtes  ;  fii  ou  Guii,  aoù  sont  venus  mtté, 
village,  etde  -Ôer,  qui  signifie  :  1*  clair,  limpide;  2*  illusWey  célè- 
hre^  et  il  conclut  que  Villebert  veut  dire  ville  illustre,  ville  célèbre. 
En  acceptant  k  signification  des  deux  mots  celtes,  et  eii  tenant 
compte  de  la  position  topographique  de  ce  lieu,  je  proposerai  une 
étymologie  plus  modeste,  mais  qui  semble  plus  vraie,  villebert  est 
placé  sur  le  versant  oriental  d'une  montagne,  dont  le  sommet,  à 
485  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  domine  tout  le  pays  qui 
s'étend  entre  la  Couse  el  le  Vincou.  En  prenant  le  mot  Ber  dans 
le  sens  de  clair,  ïimpiàe,  Villebert  indiquera  un  village  placé  sûfMn 
sommet  élevé  et  clair.  tJn  grand  noihbre  de  lieux  placés  daùls  des 
positions  semblables  s'appellent  Clair-Mont,  ou  Clenntoht. 

Ce  C[m  confirme  encore  cette  étymologie,  c^est  que  la  tùotitâgûe 
(elle-même  porte  le  nom  de  ^eux-Bert,  et  qu'on  ne  peut  pas  soUger 
à  faire  de  ce  sommet  aride  une  montagne  illustre  et  célèbre. 

Entre  les  villages  de  Villebert  et  Nèpoux,  dans  une  terre  labou- 
rée, oùronreûcontre  d'autres  débris  de  constructions  romaines,  se 
trouvent  cinq  grandes  dalles  de  granit,  sur  lesqûelïes  ûnè  ïigole 

Kl)  Bumtih  de  la  Sodéîé  etroMéôhiiitie  dé  lÂmù^et^  U  ViU  p.  t38. 
[i)  Année  181  S,  p.  50. 


MOlKHIMPni  DB  OOIIIIBIIGNAO.  §3? 

de  30  centimètres  de  large  est  taillée  longitudinalement.  Elles 
devaient  paver  l'avenue  d'une  habitation  romaine,  dont  il  ne  reste 
pas  d'autres  traces.  On  en  signale  d'identiquement  semblables  dans 
des  ruines  romaines,  à  Poitiers  (1),  et  au  village  du  Mas,  commune 
d'Àzerables  (2). 

(I)  Bulletin  monumental^  t.  XL,  p.  179. 

(t)  Mémoire  des  Antiquaires  de  VOueet,  t.  XIX,  p.  S41. 


938  SOCIÉTÉ  ARGBÉOLOGIdnE  BT  HISTORIQUE  OU  LIMOUSIN. 

IV 
DOCUMENTS 


ÎÎ9Ô,  —  Donation^  à  Montaigut^  du  mas  de  GoupiUou. 

Notnm  sit  omnibus  Um  prœsentibus  qnam  futuris,  quod  P...  abbas 
Sancti  Martini  Lemovicensis  et  conventus  ejusdem  monasterii  dedere  et 
concessere  in  capitulo  priorisse  et  sanctimonialibus  de  Montegut,  roansum 
de  Volpilo  et  ea  que  manso  pertinent,  et  auum  dominlum  et  decimam, 
lespleitet  ea  que  in  manso  suo  erant  eu  vestir  eu  devestir>  que  omnia  erant 
supradicte  ecclesie  Sancti  Martini,  tali  censu  quod  supradicte  domine  debent 
annuatim  reddere  duodecim  sextaria,  VI  frumenti  et  VI  siliginis,  vendenlia 
et  ementia,  V  solides  in  festo  sancte  Marie  septembris,  duodecim  sextaria 
debent  reddi  preposiio  de  Beuna  in  cellario  de  Beuna,  et  V  solidi  in  nati- 
vitale  Domini,  salvo jure  parrochîonatas  ecclesie  de  Beauna  et  molendini.  Et 
sialiquisdefamilia  sanctimonialium  ibi  decesserit,  ad  ecclesiam  suam  repor- 
tabitur  et  sepelielur,  et  si  forte  fortuitu,  quod  absit,  aliquis  aliquam  vio- 
lentiam  saper  prenominatis  que  dominus  abbas  et  conventus  eis  concesserit 
vellel  inferre,  dominus  abbas  et  conventus  debent  jure  defendere  et  sequi 
eas  ubi  aliquis  vellet  causidicari  ;  ita  lamen  quod  dominus  abbas,  seu  ille 
quem  roittet  ad  presentiam  Domini  Episcopi  infra  dietam  unam,  de  bursa 
sua  faceret  expensam  suam  et  nullam  prorsus  aliam.  Hanc  donationem  con- 
firmavil  dominus  abbas  et  totus  conventus  retinendo  sibi  V  libras  accapta- 
menti  in  mutatione  abbatum  Sancti  Martini.  Testes  hujus  confirmationis 
sunt  P.  Deveural  archidiaconus,  Hel.  Lamaeza,  archipresbiter  ;  Hel.  Daisa. 
B.  Olries,  Nicolaus  deu  Cars,  P.  Laurers,  archipresbiter;  B.  Deboisol, 
Michael,  diaconus  ;  Guido  Rangt,  Jautiel  de  Compreiniac,  Ymbert  de  Mon- 
tagut,  Â.  de  Montagut,  diaconus,  et  piures  alii.  Et  ut  ratum  et  firinum 
habeatur,  predictus  R.  {sic)  abbas  sigillavit  sigillo  suo  et  confirmavil 
anno  ab  incarnatione  Domini  M**  C^"  XC<>  VI». 

Collation  et  vidimus  a  été  fait  par  nous,  notaires  royaulx,  du  susdit  titre, 
à  la  requeste  de  noble  dame  Suzanne  de  Sainte-Aulaire,  dame  abbesse  de 
Ligneux,  ordre  de  Saint-Benoit  en  Pérlgord,  laquelle  nous  a  îceluy  exhibé 
escrit  en  une  petite  peau  de  parchemin  du  môme  contenu  que  dessus,  sans 
y  avoir  rien  augmenté  ni  diminué  en  iceluy,  a  mesme  temps  retiré,  dont 
lui  avons  concédé  le  présent  acte  nous  le  requérant,  au  parloir  de  la  dite 
abbaye,  le  dixième  du  mois  de  novembre  1668. 

(Archives  de  la  Haute-Vienne.  —  N©  6,703  du  classement  provisoire). 


XONOGRAPHIB  DB  GOMPRBIQNAC.  239 


140S.  —  Fondation  d'un  service  dans  l'église  de  Compreignac  par  noble 

Pierre  Sarcuin, 

Die  sepiiina  measis  septeicbris,  anno  Domini  mlllesimo  quadringin« 
tesimo  quinto,  personaliter  cooslitutis  nobili  viro  Fetro  Sarazi  domicello» 
domino  du  Nazet,  filio  nobilis  viri  Joannis  Sarazi  domicelli  ;  videiicet  dic- 
tas nobilis  Petrus  Sarazi  de  et  cum  licentià  et  auctorithate  ac  speclall 
modo  dicii  Johanois  patris  sui  scripta  agenda  esse  pro  se  et  suis  ex  parte 
nnft  ;  et  dilecto  in  Christo  domino  Petro  Robini  presbltero,  capellano  de 
Compreignac  etiam  pro  se  et  dicia  ecclesia  sua  de  Compreignac  et  suis  suc- 
cessoribns  quibuscumque  ex  parte  alterft.  Profatus  vir  nobilis  Petrus 
Sarazi  domicelns  non  coactùs,  non  seductus,  nec  ab  aliquo,  ut  assernit, 
circumventus,  imo  gratis  et  scienier,  babens,  ut  dixit,  devotionem\ad 
ecclesiam  de  Compreignac  donatione  purâ,  simplici  et  irrevocabili  facta 
siquidem  inter  vives  et  absque  spe  etiam  illo  tempore  revocanda  dedil, 
divisit,  solvit  perpeluo  penitus  et  quitavit  ;  seque  dédisse,  divisisse,  voluisse 
perpetno  penitus  et  quitasse  recognovii  publicè  confessus  fuit^dictœ  eccle- 
siae  de  Compreignac,  prœdicto  Domini  Robini  presbitero  pro  ipsa  ecclesia 
solemniter  stipulanti  et  recipienti  videiicet  partem  successionum  ac  tutum 
imo  et  actionem,  qu»  et  quod  ipse  domicellus  donator  babebat  et  sibi 
coinpeiebat  habere  et  exigere,  requirere  et  sibi  compctere  poierat  et^posset 
qnoquo  modo  in  et  super  décima  du  Boscbero,  sito  in  parocbia  de  Com- 
preignac, item  in  et  super  hœredita  du  Cosdri  (?)  de  La  Fonl-Perina,  item 
in  et  super  heredita  promo  (?)  sex  denarios  nionetœ  communiter  currentis 
siti  in  burgo  de  Compreignac,  item  in  et  super  quasdam  domos  vocatas  du 
Ardoula  quas  nunc  tenet  Petrus  Perdrigier  de  Compreignac  quartes  solides 
renduales  monetœ  communiter  currentis,  item  in  et  super  locum  de  La 
Gente  siti  in  parocbia  de  Compreignac  duo  sextaria  siliginis,  ad  mensuram 
de  Razes,  item  in  et  super  borto  vocato  Tort  malate,  quod  nunc  tenet 
capellanus  de  Compreignac,  item  in  et  super  quamdam  cumbam  vocalam 
de  Gautier  unum  sextarium  frumenti,  cum  hoc  voluit  et  ordinavit  dictus 
Petrus  Sarazi  domicellus  donatorque  ;  dictus  capellanus  et  vicarius  et  eorum 
successores,  teneantur  facere  annuatim  pro  prœmissis  superius  declaralis, 
datis  et  transportatis  unum  anniversarium  in  eorum  ecclesia  de  Comprei- 
gnac, pro  sainte  anim»  ipsius  donatoris  et  parentum  suorum,  tam  in  vite, 
quam  in  morte,  in  crastino  festi  beati  Martini  biemalis;  et  quidquid  juris 
actionis,  proprielatls,  possessionis,  nominis,  dominii,  deverii,  etc.,  et 
deveriivit  et  dictus  donator  de  prsemissis  superius  datis  et  declaralis  et 
ipsum  capellauum  per  tradilionem  notulae  prsesentium  litterarum,  nomiua- 
liter  et  perpétue  invettivit  tanquam  dominus  fundalis  et  volens  et  conce- 
dens  dictus  donator,  etc.,  ut  dédit  ac  dat  per  tenorem  presentium  in  man* 
datis  omnibus  personis  tenentibus  et  explectentibus  prœmissas  datas  supe- 
rius et  declaratas  quatenus  de  cœtero  ut  antea  solvant,  reddant,  sibique 
prœbeant  et  obediant  dicto  capellano  et  soccessoribus  suis  modo  et  forma 
ac  terminis  et  pro  ut  sibi  domicello  donatori  solvere  reddere,  obedire  et 


MO  soGiÉTi  arcbAologiods  mr  HisroaiovB  du  limodsin. 

prœbere  teneantur  et  consuecebanl  solvere  et  quitare  per  presentem  idem 
domicellas  donator  personas  et  tenendarios  prsBmissas  donatas  tenantes  et 
explectentes  «oWenda  prœmissa  eidem  oapelUno  et  suis  inecessoribuSf 
sibique  parendo  et  obediendo  auper  ilUa  profatus  dicto  commissario  et 
jurato  pro  omnibus  illis  quorum  inierest  et  interesse  potest  et  poterit  in 
futurum  solemniter  stipulanii  et  recipienti,  et  promisit  dictus  oapellaans 
pro  se  et  suis  successoribos  faeere  anno  quolibet  dietum  anniversarium  die 
ac  termino  superius  declaratis,  et  renunciaverunt  dictae  partes  et  ùornm 
quolibet  pro  se  et  suis  omni  exception!»  roali,  fauri,  loci  et  promitentes 
dicte  parles,  etc.,  obligaverunt^  etc.,  et  conoesserunt  Utteras  domlDorum 
ducis  Àquitanise  et  ofiicialis  Lemoviceosis  in  meliori  form&  ;  preseotiboa 
Petro  Boscho  de  Compreignac  et  Bertolo  Imberti  fabro  de  Compreignac, 
testibus  ad  boc  voeatis,  signatum  Planchons 

Extrait  collalionné  et  vidimus  a  été  fait  par  nous,  notaire  soussigné,  en 
présence  des  témoins  bas  nommés,  de  Tacte  ci-dessus,  sur  la  capie  qui 
nous  a  été  présentée  par  M.  François  de  Grateyrolle,  curé  de  Compreignac, 
demeurant  au  bourg  de  Compreignac,  laquelle  nous  avons  trouvée  conforme 
à  la  susdite  copie,  qui  a  été  par  lui  de  suite  retirée  ;  duquel  collalionné  il 
nous  a  requis  acte,  lequel  nous  lui  avons  concédé.  Ce  10  février  t792,  pré«> 
sents  sieurs  Pierre  Boysse  et  Joseph  Lageix,  cilqyens  du  bourg  de  Com- 
preignac, qui  ont  signé  avec  nous  et  ledit  sieur  curé.  Signé  :  de  Gratey-» 
rolle,  curé  ce  Compreignac  ;  F.  Boysse,  J.  Lageai^  el  Luguet,  notaire. 

Enregistré  à  Compreignac,  le  46  février  1799,  fol.  iOQ,  case  3,  reçu  dix 
sols.  Signé  :  J.  Martin. 

(Archives  de  la  cure  de  Compreignac). 


1438,  —  Hommage  rendu  par  le  seigneur  de  Compreignac  à  l'épéque  de 

Limogea. 

Nos,  Petrus  de  Peyrato,  domini  nostri  régis  consiliarius,  custosque  sigilli 
autentici  praafatl  domini  nostri  Fraucorum  régis  in  baylivia  Lemovicens 
constitnli,  notum  facimus  uuiversis  quod  coram  fideli  commissario  nosiro 
dicti  quesigilU  jurato  subscriplo  ad  hoc  a  nobis  specialiter  depulato,  et  tes^ 
tibus  inferius  nominatis,  personaliter  constituas,  nobilis  vir  Petrus  Sarrazi 
domicellus,  dominus  de  Compreignaco,  qui  gratis,  scienter,  pro  se  et  suis 
recognovit  et  publiée  çonfessus  fuit  se  tenera  a  Révérende  in  Christo  Pâtre 
et  Domino  Lemovicensi  episcopo  domino  suo  nomine  et  causa  sue 
Ecclesie  Lemovicensis  in  feodum  et  homagium  ligium,  cum  jaramento  fide- 
litatis  ea  que  secuntur. 

Et  primo  quidqaid  ipse  domicellus  habet  tn  burgo  seu  villa  de  Comprei*< 
gnaco  prediclls.  Decimam  dicti  loci,  et  quidquid  habet  in  manso  deu 
Queyreu  et  de  Lacu,  videlicet  duodecim  solidos  in  prato  de  Campello  et  sex 
denarios  commande  in  manso  deu  Peny. 

item  sex  denarios  renduales  quos  idem  domicellus  babet  in  manso  de 
Domars. 

item  sex  denarios  commande  quod  ip&e  domicellus  habet  in  niansQ  deu^ 
Clfpeux, 


VONOeiLAFHIB  DS  COMNtBlQNAO.  Î4t 

Item  sez  denarios  eommende  in  manao  deu  Cûibi, 

Item  septem  denarios  eommende  quoa  idem  domicellaa  habei  in  maaso 
de  Chabanaa.  Item  super  dielo  manso  habel  etiam  dictas  domieenus  uoam 
eminam  siliginis  annuatim  rendualem. 

Item  duodecim  deDarios  rendualea  quoa  habei  ipse  domiceHus  in  daobus 
maasis  de  Parasoulx. 

Item  in  mauso  deu  Neapol  septem  denarios  renduales,  in  manso  de  Rupe 
septem  denarios  eommende. 

Item  amplius  habet  idem  domiceHus  in  dicto  manso  de  Rupe  quiaque 
sextarios  siliginis,  quinque  rasos  avene,  vigenti  solidoa  et  très  gallinaa,  et 
est  takîabiUs  dictua  ioous. 

Item  septem  denarios  eommende  in  manso  deu  Salvage. 

Item  decem  denarios  commande  in  manso  de  Gardia, 

Item  decem  et  octo  denarios  eommende  in  manso  quod  babet  in  platea 
de  Compreignaco,  in  festo  Epiphanie  Domini  et  amplius  vigeriam  et  jus 
yigerie  de  Compreignaco  et  manso  de  plenassas  que  preroissa  sita  sunt  in 
parochia  de  Compreignaco,  et  fuerunt  quandam  Elle  Bodoyer  prpavi  dîcti 
domicelli. 

Item  reoognovit  amplius  tenere  item  domioellus  prefati  Domini  Reve- 
rendi  Lemovicensis  [episeopi]  granarium  suum  de  Compreignaco,  cum 
domibus,  viridario  et  nemoribus  dieti  deu  Ghampforn,  sitis  inter  nemora  et 
pascna  Prancisci  de  Manso. 

Item  amplius  Sorgand  et  heredes  Geraldi  Bigaud  cum  quibus  predecea- 
sorea  ipsius  domicelli  consueverunt  percipere  duos  sextarios  siliginis  ad 
mensaram  de  Razès  et  decem  et  octo  solides  et  octo  denarios  rendnalea. 

Item  domum  dicti  Rossea,  oum  bereditagiis  et  tenentiis  suis  inqua  domo 
percipit  idem  domiceHus  unam  eminam  frumenti  et  quatuor  solides  et  sex 
denarios  renduales. 

Item  cum  Emerieo  Gerii  ac  tenentiis  et  possessionibns  s^ia  cum  que  per- 
cipit quatuor  solides  et  unum  sextarium  siliginis  rendualem  ad  mansnram 
de  Razès. 

Item  cura  Petro  de  Pomerio  cum  tenenllis  inqno  percipit  idem  domicel- 
lus  septem  solides  et  quatuor  denarios  et  unum  sextarium  siliginis  et  unam 
eminam  frumenti  renduales. 

Item  pralum  de  CampeHo  quod  potest  yalere  sex  solides  renduales. 

Item  partera  suam  quam  babet  in  décima  de  La  Rebeyrada  que  voeatur 
deu  Treys  et  deu  Quart,  que  potest  valere  anno  quolibet  octo  sextarios  sili- 
ginis renduales,  vel  clrca. 

Item  très  sextarios  siliginis  et  duos  sextarios  avene  quos  habet  idem 
domicellna  in  manso  veteri  domini  Hugonis  Fuiconis  militis. 

Item  cum  Petro  et  Jeanne  de  Lascoux,  qui  solebant  morari  in  manso  de 
Las  Brolbas,  cum  tenentiis  cum  quibus  percipere  consuevît  ab  antiquo  idem 
domiceHus  ratione  dicti  loci  de  La  Brolbas  unam  eminam  siliginis»  et 
sexdecîm  avene  renduales. 

Item  quidqnid  juris  habet  idem  domiceHus  in  décima  de  Cozct  quod  potest 
valere  quolibet  anno  undecim  sextarios  siliginis,  aut  circa. 

Item  pratura  de  Las  Mesuras,  vel  Chantaviella  cum  suis  pertinentiis  quod 
valet  quinque  solides  reoduales  et  très  emiuas  siliginis  renduales. 


94)  SOGIÂTÉ  ▲iCBiOLOOIQUV  ET  RISTOMQOB  DU  LIMOUSIN. 

Item  qulnqae  sextarios  siliginis  et  quinqae  solidos  rendaaies  qnos  habet 
idem  domicellus  super  mansum  de  Bossae. 

Item  vigenti  solidos  rendnales  qaos  habet  etiam  idem  domicellus  in  manso 
de  Vielh-Bossac. 

Item  unnm  rasum  avene  et  unum  euroulatum  avene  et  uoum  denarium 
super  tenutas  Marie  de  Penny  de  La  Vauzelle. 

Item  cum  qaolibet  homine  tenente  focum  in  manso  deu  Honchaad,  habet 
ipse  domicellns  unum  rasum  et  unum  cumulatum  avene  renduales. 

Item  pratum  deu  Eychards  si  tu  m  inter  nemora  de  Palustra  et  de  Champ- 
forn,  valent  decem  solidos  renduales. 

Item  omae  jus  quod  ipse  habet  et  homines  sui  habent  in  nemore  sea 
foresta  de  Palustra. 

Item  trigenta  solidos  renduales  quos  habet  in  terris  et  bonis  domini 
Guillelmi  de  Razès. 

Item  duos  sextarios  et  emiuam  siliginis  et  très  solidos  renduales  io 
manso  de  Boscheron. 

Item  eminam  siliginis  rendualem  in  manso  de  Las  Vauzellas  et  premissa 
sita  sunt  in  villa  et  parocbia  de  Compreignaco. 

Item  recognovit  tenere  idem  domicellus  a  dicto  Domino  suo  jus  quod 
habel  in  décima  Gallona  quod  valet  quioque  sextarios  siliginis  renduales 
in  eadem  parocbia. 

Item  bomines  qui  morantar  in  manso  de  Villapalbart  scilicet  dicti  Los- 
monier  parocbie  sancti  Pardulfi  cum  tenentiis  suis,  cum  quibus  percipit 
idem  domicellus  octo  solidos  et  unam  eminam  siliginis  et  sexdecim  rasos 
avene  renduales  et  dictum  bladum  est  ad  mensuram  de  Razes. 

Item  recognovit  tenere  idem  domicellus  a  dicto  Domino  suo  lenentiam 
de  Lacu  cum  pertinentiis  suis  quam  excolere  solebant  heredes  Pétri  de 
Furno. 

Item  cum  dictis  abbalibus  de  Lacu  decem  solidos,  unum  rasum  et  unum 
cumulum  avene  et  unam  gallinam  rendualem  ravione  teoeure  de  Lacu, 
sitam  intra  ecclesiam  dicti  loci. 

Item  1res  solidos  renduales  apud  Vouzela  et  unum*  rasum  et  unum  cnmn- 
lum  avene  renduales. 

Item  apud  Podium-Martini  quatuor  solidos  renduales,  apud  Brolium  duo- 
decim  solidos  renduales. 

Item  in  nemore  de  Cumbis  Ley  Conos  duos  sextarios  siliginis  renduales. 

Item  in  domo  religiose  prioresse  de  Monte-Acuto,  duos  sextarios  siliginis 
et  septem  razos  avene,  et  quatuor  denarios  renduales. 

Item  partem  ipso  domicello  contingentem  de  nemore  de  Palustra. 

item  quamdam  domum  sitam  apud  Compreignacum,  cum  horto  et  aliis 
perlinenliis  ejusdem  domûs^inquasolebatmorari  diclus  Consul,  sitam  inter 
ecclesiam  de  Compreignaco  ex  parte  una,  et  domum  quondam  Elle  Bodoyer 
domicelli  ex  parle  altéra. 

Item  domum  in  qua  solebat  raorari  antiquilus  Elias  Bodoyer  servieos^, 
cum  subterraneis  propinquorum  dicte  domui,  site  inter  domum  dictorum 
Lous  Sergaus  ex  una  parte,  et  domum  dicti  Bocber  ex  parte  altéra. 

Item  quoddam  pratum  vocatum  Gharoux  et  quamdam  partiam  terre 
absam  dicto  prato  contiguam  inter  pratum  deu  Rogers  ex  altéra. 


MOlfOGIIAPHIB  DE  GOMPBBIGNAG.  143 

Item  medietatem  horti  Seyra  et  medielatem  horti  de  Ponte-Aberi. 

Item  in  domibus  dictoram  Loas  Ardonlats  de  Gompreignaco  undecim 
solidos  renduales. 

Item  in  domibus  dicti  Pommeyronaud  habet  ipse  domicellus  septem 
solidos  et  quinque  rasos  avene  renduales. 

Item  in  domibus  filii  Joannis  Lou  Mercier  decem  solidos  et  unam  camu- 
lum  avene  et  unum  sextarium  siliginis  renduales. 

Item  domnm  qnam  anliqaitus  solebat  tenere  et  inhabitare  dictus 
Cboaffier. 

Item  domos  quas  tenet  de  presenti  dictus  Quiquard  et  hortum  contiguam 
domnî  qnam  tenere  solebat  Bozo  de  Gompreignaco,  cum  horio  et  aliis  per- 
tinentiia  dicte  domûs. 

Item  quatuordecem  denarios  renduales  quos  habet  idem  domicellus  in 
tennla  dicti  Bochet  de  Gompreignaco. 

Item  duodecim  solidos  renduales  quos  habet  etiam  ipse  domicellus  in 
prato  domini  Pétri  de  Quadris  militis  de  Gampo  pelo. 

Item  apud  Nepoz  duos  sextarios  siliginis  reusses  [renduales]. 

Item  sex  solidos  renduales  in  domo  quam  tenere  solet  Sudraud  de  Gom- 
preignaco, sila  inter  domum  quondam  Elle  Bodoyer  servientis  ex  parte  una, 
et  domum  dicti  Bocher  ex  parte  altéra,  et  fuerunt  omnia  premissa  supe- 
rius  dicta  et  narrata  diclorum  Los  Bodeyeri,  que  premissa  superius  decla- 
rata  ut  dictum  est,  prefatus  Sarazi  domicellus  aceruit  se  tenere  a  prefato 
domino  suo  nomine  et  causa  dicte  ecclesie  Lemovicensis,  proteslans  dictus 
domicellus  quod  si  ipse  sciât  vel  sire  poossit  aliqua  alla  que  sunl  vel  esse 
debeant  de  dicto  feodo,  ea  quauto  ad  sut  notitiam  perveneriot,  a  dicto 
domino  suo  advocabit,  et  perpétue  inlendit  advocare  ab  eodem  do- 
mino suo  aliqua  que  comprehendantur  seu  comprehenderi  debeant  in 
premissis  quod  ab  alio  domino  feodo  ne  moveantur  vel  moveri  debeant, 
supplicans  idem  domicellus  eidem  domino  suo  et  ejus  oflBciariis  quod  si  ipsi 
sciant  vel  scire  possinl  aliqua  aliaque  sint  vel  esse  debeant  de  dicto  teodo 
suo,  ea  si  placet  sibi  notificent  et  déclarent,  quia  paratus  est  una  cum  pre- 
missis ab  eodem  domino  suo  advocare  et  amplius  facere  quod  debebit,  et 
siquis  excessus  vel  defectus  fuerit  in  premissis  eos  sibi  placeat  suplere. 
Hec  aulem  acia  et  recognita  fuerunt  coram  Joanoe  Gorteix,  clerico  fideli 
commissario  nostro  in  ofticioque  dicii  vigilli  jurato  subscripio,  qui  premissa 
loco  nostro  audivil  et  recepit,  ut  nobis  fideliter  retulit  oui  super  hoc  légi- 
time commisimus  vices  nostras,  relalioni  cujus  nos  prefatus  custos  fidem 
plenariam  adhibentes  et  premissa  laudantes  et  approbantes  ac  si  coram 
nobis  in  judicio  acta  fuissent,  sigillum  predictum  auleniicum  regium 
lilteris  presentibus  in  premissorum  fidem  et  testimonium  duximus  appo- 
nendum. 

Daium  et  actum  coram  dicto  commissario  et  jurato  nostro  presentibus 
teslibus  ad  hec  vocatis  Stéphane  Laborie,  alias  Doat  et  Juniano  Laborie, 
ejus  filio,  ville  Sancii-Juniani  habitantibus,  die  seplima  mensis  octobris 
anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  trigesimo  octavo,  signatum  : 
Corteix,  clericus  retulit. 

(Terrier  de  Gompreignac). 


ft44  soci^É  ÀRCBAOLMiom  Bf  BisreKiooB  w  LiMonsm. 


1458.  —  Teneur  des  rentes  dues  sur  le  ténement  des  BoulaVkds^  qui  on^ 
ÇtUtrefaist  appartenu  à  la  cure  d^  Comprel^nac^  et  à.  présen^t  q^fnar- 
tiennent  au  seigneur  du  dit  lieu^  au  moyen  de  Véch(^çie  ^ut  a  ét4  (ait 
e^tre  le  dit  seifn^ur  et  l^  dit  curé  des  rentes  appartenant  à  l'église, 
aoec  la  dtme  du  dit  ténement,   appartenant  q,%  dit  seignet^r  (2e  Cqmr 

Nos  oasiQS  sîgilli  aqteaUci  ^^  tM^UyiA  Lemovloenai  ^o  DomljiK)  iio^tro 
Fraociffi  ref e  eonatitoti,  ii(a«iii  f«elmiis  uoiverii^  qxioA  corf^ni  MeU  çoow 
missario  noslro  in  of&cio  qoe  dicti  sigilli  regil  juralOt  inlts^ripi^ka  e(  (esU^ 
hua  inferiua  oQminaUa,  hoQOPal)iU  ei  ^cie^Ufico  viro  Qomioo  Guillelmo  de 
Sandelis,  in  legibus  Ucenciaio,  caoonico  ec€)eai8e  oalb^ralia  LeiQOvicenaia, 
capellano  eecleaiarum  parochîaiipm  de  Compreignaco  e|  de  Yalei?^  Lemo- 
vicensis  diocesis,  pro  se  et  suis  suceessoribus  pro  temppr^  futuro,  capel- 
lanis  prœdicte  eocleaite  de  Compreignaco.  en,  uaa  parte,  et  Petro  de  La 
Vallette,  pro  Dune  eommoreote  in  hurgo  de  GompreignaeOy  eti^n^  pro  se 
et  auia  beredibas  et  suooeaaorîbus  qqibusciiinque  eii  alia  parte,  Prefams 
vero  domiDtt»  de  Sandelia  capellanus  et  r^tor  predieioe  eeclesiœ  de  Com- 
preignaco,.,.. acensavit  et  in  amphltheosam  tradidit....,  Datum  et  actun 
die  9*  menais  Martii  anao  Domini)  œillesimo  quadri^geqtesimo  quî^qua- 
gesimo  octavo» 

(Terrier  de  Compreigoac). 

H72'  ^  Acquisition  faite  par  Louis  et  Antoir^  Dubois,  le  2  avril  Î4?2^ 
iu  $eigneur  de  Nantiat^  de  la  rente  du  Grand^Malagnac. 

Nos  eustos  aigUli  autentici  regiî  in  baillTia  Lemoyicensi  pro  Don^ino 
Bostro  Fraoeiffi  rege  eonsiituti  notnm  (acimns  universis  quod  coram  fideli 
oommiaiario  noatro  iq  offieioque  dioti  sigiUi  jurato  subsoripto  ad  hec  a 
nobis  specialiter  deputato  et  testibua  inferius  nominatis  personalîter  cons- 
tiiutis,  nobili  viro  Ludovico  Fulcouis  domicello,  domino  de  Puymeqier  et 
de  Nantiaoo  Lemovicensia  diocesla  pro  se  et  suis  heredibofi  et  sqoeçssonbas 
universia  ex  una  parte,  et  Peiro  de  Malagnac,  secundo  nalQ  paroç)^i$B  de 
Gompreniaco,  tam  pro  se,  qqam  pro  aitero  Pelrq  semore,  primo  qato,  et 
alio  Petro  juniore  et  ultime  nato,  Joano^  et  Géorgie  de  llalagqaç  fra^ribus 

aois ex  parte  alia.  Et  provido  viro  Antoqio  de  Bo^eo,  burgense  et  i^er- 

catore  dieti  oastri  Lemovicensi  etiam  pro  aa  ejqsqqe  lieredibqi  e(  suoçea- 
soribns,  ex  parte  alia 

(Terrier  de  Gompreigaae). 


îMi9.  *-  AcquisUiçn  du  fief  du  Puy^-Ménier, 

Sachent  tous  qu*il  appartiendra  que  par  devant  )ç  notaire  royal  aoqasigoé 
et  les  lômoiDS  ci -après  nommés,  îe  mercredi  S8*  jour  du  mois.de  sep- 


«oiraGiiAraiB  dc  Goii»RBi«i(Ae%  W^ 

lévabté  1563^  au  bourg  de  Compreigiiflc-,  séo^^tiaHMée  de  Liinousm^  en  la 
Maksdii  de  Jaeqoes  Martin ^  marchand  du  dit  bourg,  et  environ  rhenre  de 
hliii  heures  du  matin  dn  dit  jour,  furent  présente  et  personnellement 
éublîs  en  droit  Maniai  de  Roffignat^  énuyer^  sci{$neur  de  Saanat  et  du 
CroB  de  fialledent^  demeurant  au  chàtoan  de  Sannat^  paroisse  ée  Saint- 
liinien^s-Gombes,  eénéchanssée  de  Limousin,  faisant  et  cfentractaat  ces 
l^résenieB  tant  en  son  nom  propre  et  privé  que  comme  procarenr  de 
damioiselle  Valérie  Faulcou,  sa  mère,  et  veuve  de  feu  Ghristopëe  de 
KoufiignacH  en  son  vivant  écnyer,  seigneur  du  dit  Sannat,  et  père  du  dit 
Martial  de  Rouffiguae,  et  contractant  ces  présentes  comme  procureor  de 
Jean  «le  RmifUgnac,  son  frère,  écuyer,  sieur  de  Janaillac,  et  de  di^**  Marie 
et  Jeanne  de  fioufttgnacs  ses  sœurs..^  d'une  part^  et  honorable  Antoine 
Bamy,  licencié  ès-lois,  juge  des  jnridiotions  de  Grandmont,  Razès  et  Bes- 
sioes,  siear  de  Gompreignac,  d  antre  part..  Davantage  a  dit  lai  appartenir 
on  sollar  oà  paraissent  de  présent  eeriaines  vieilles  mazures,  où  soûlait 
être  la  maison  noble  du  dit  fief  dn  Puy^Ménier;  ensemble  un  jardin,  appelé 
THort  du  Seigneur,  lesquels  mazures  et  jardin  sont  situés  dans  le  village 

dn  Puy-Menier Cède,  moyennant  lé  prix  et  somme  de  1,610  écus  sols, 

revenant,  suivant  rordonnanre,  à  la  somme  de  4,630  livres  tournois. 

Foi  et  hommage  lige  àTévèque  de  Limoges. 

(Terrier  ée  Gompreignac}^ 


t594.  —  Eaïtr€Ut  du  brevet  de  prédicateur  «t  awm&nier  du  Roy  Henry 
le  Grandy  signé  de  sa  propre  mcdn^  et  contresigné  de  Af.  Forget^  sei- 
gneur de  Fresne,  secrétaire  d'Estast,  en  faoeur  de  mesfire  Pierre 
Benoisty  frère  du  sieur  de  Compreignac  en  Limousin^  docteur  de 
Sorhonne^  archidiacre  et  théologal  de  l'église  cathédrale  de  Limoges, 
oulgairement  appelé  à  Paris  le  jeune  Benoist^  à  la  différence  de 
René  Benolst^  curé  de  Saint-Eustache,  qui  convertit  le  même  roy 
Henri  le  Grand, 

Aujourd'hui,  «t  jour  d'avril  an  V«  HH"  XHH,  le  roy  étant  à  Saint- 
Germain-^n-Laye,  sur  le  récit  qui  lui  a  esté  fail  de  bon  devoir  que  messire 
P4erre  Beooist,  docteur  de  théologie  de  la  Faculté  de  Sorbonne,  a  fait 
d'anuoBcer  la  pal-oie  de  Dieu,  et  voulant  à  oeste  occasion,  suivant  ses 
mérites  Tbonorer  de  quelque  qualité  pour  estre  près  de  sa  personne» 
Sa  Majesté  lui  a  accordé  la  charge  et  place  d*un'  de  ses  prédicateurs  et 
anftnosnters  avec  pcntion  de  deux  cents  écus  par  an  à  prendre  sur  son 
espan[ie,ponr  cet  éffect  a  commandé  les  lettres  pour  ce  nécessaires  luy 
estre  expédiées;  et  cependant  le  présent  brevet,  qu*EHe  a  voulu  signer  de 
sa  main  et  fait  contresigner  par  moy  son  conseiller  on  son  conseil  d'Esiast 
et  secrétaire  de  ses  commandemenls. 

{Signé)  Hbiibi  (et  plus  bas)  :  Forget. 

l^dit  Pierre  Benoist,  docteur  de  Sorbonoe,  archidiacre  et  théologal  de 
Limoges,  estoil  frère  de  Martial  Benoist,  seigneur  baron  de  GoMpreignac, 


246  SOCIÉTÉ  ARCHAOLOGIQUK  et  HISTOKIQQE  DU  LHIOOSIR. 

qui  estait  surintendant  des  finances  pour  la  Ligne  dans  les  généralités  de 
Limoges  et  de  Bordeaux,  auquel  le  mesme  roy  Henry-le-Grand,  après  la 
réduction  de  Paris  donna  plusieurs  beaus  emplois,  entre  autre  celuy  de  la 
vérification  de  la  noblesse  avec  M.  de  Marillac  qui  fust  depuis  garde  des 
sceaux  dans  la  généralité  de  Limoges,  et  quelques  provinces  circonvoisi- 
neSf  et  ce!uy  de  Grand-Voyer  dans  la  Guyenne  ;  en  conséquence  duquel  il 
fist  restablir  touts  les  pavés,  ponts  et  chaucées.  11  estoit  oncle  de  la  femme 
du  sieur  du  Bernet,  qui  fust  advocat  général  du  Grand  Conseil  à  vingt-un 
ans,  président  à  mortier  au  Parlement  de  Bordeaux,  premier  président  au 
Parlement  de  Provence,  et  enfin  premier  président  an  Parlement  de  Bor- 
deaux, lequel  estant  mort  à  Limoges  pendant  les  dernières  guerres  de 
Guyenne  voulust  estre  enseveli  auprès  dudit  Pierre  Benoist,  docteur  de 
Sorbonne,  prédicateur  et  ausmosnier  du  roy.  il  estoit  aussi  grand  oncle  du 
sieur  Henoist,  seigneur,  baron  de  Compreignac,  à  présent  conseiller  au 
Parlement  de  Bordeaux.  Il  mourut  à  Toars,  en  revenant  de  Paris  en  Li- 
mousin, d*où  il  estoit  natif,  ayant  esté  empoisonné  dans  une  maladie  par 
un  chirurgien  huguenot  qui  crut  rendre  un  grand  service  à  sa  religion  de 
faire  périr  un  grand  prédicateur  catholique. 

Le  dit  sieur  Pierre  Benoist  fuH  conguu  du  roy  Henry-le-Grand  par  le 
moyen  de  René  Benoist,  doyen  de  la  Faculté  de  Sorbonne,  nommé  à 
Tevesché  de  Troye,  qui  convertit  le  roy,  lequel  estoit  de  basse  condition 
d^Ângers,  voulut  passer  pour  son  parent  à  la  faveur  de  la  ressemblance  du 
nom,  et  rendit  témoignage  à  Sa  Majesté  que  pendant  le  siège  et  le  blocus 
de  Paris,  il  avait  toujours  fait  prier  bien  à  la  fin  de  ses  sermons  pour  la 
conversion  du  roy,  et  que  quoiquMl  fust  de  la  Ligue,  il  ne  i^estoit  que  pour 
Tintérest  de  la  religion,  et  non  pas  par  un  esprit  de  faction,  ce  qui  fust 
attesté  à  S.  M.  par  tous  les  Parisiens;  c'est  pourquoy  il  Tenvoya  quérir 
pour  luy  lesmoigner  qu*il  luy  scavoit  bon  gré  de  son  procédé,  lui  promit 
hautement  le  premier  esvéché  vacant,  et  lui  donnant  cependant  le  susdit 
brevet,  dont  il  ne  jouit  pas  longtemps,  étant  mort  un  an  après. 

M.  de  Mézeray  dit  (<)  que  le  Roy  donna  la  charge  de  Grand-Voyer  à 
M.  de  Rosny  en  Tan  1598.  Il  pouvait  ajouter  que  M.  de  Rosny  donna  sa 
lieuienance  à  Martial  Benoist,  sieur  de  Compreignac,  président  des  tréso- 
riers de  France  en  ladite  généralité,  lequel  s'appliqua  avec  grande  exacti- 
tude à  la  fonction  d'icelle,  en  faisant  réparer  tous  les  ponts,  pavés  et 
chaussées,  à  la  grande  satisfaction  des  peuples  qui  se  louent  encore  de 
ses  soins  et  diligence  pour  cela. 

Le  mesme  Martial  Benoist  donna  des  preuves  de  son  courage  à  la  ba- 
taille de  La  Roche-rAbeilIe  en  Limousio,  combattant  dans  Tarmée  du  duc 
d'Anjou,  qui  fut  ensuite  Henry  lll,  de  laquelle  rencontre  M,  Mézeray  parle  (2) 
l'appelant  seulement  escarmouche.  Il  combattit  aussi  à  Rocquemadour 
dans  larmée  des  catholiques,  ayant  été  blessé  dans  cette  rencontre  aussi 
bien  que  celle  de  La  Rocbe-r Abeille;  M.  Mézeray  parle  de  cette  dernière  (3). 


(1)  Page  1353  de  son  Abrégé, 

(2)  Page  1061. 
^3)  Paffe  1192. 


lIONOQBAPHn  1»B  COX^RBIGNAC.  247 

H  fat  aassi  dépaté  par|Henry  IV  avec  H.  de  MarlUac,  maistre  des  requestes, 
qui  fust  depuis  garde  des  sceaux»  pour  la  Térification  de  la  noblesse  de  la 
généralité  de  Limoges,  lequel  roy  faisant  son  entrée  à  Limoges  le  caressa 
fort  et  lui  dii  qu*il  lui  fust  aussy  fidèle  serviteur  qu'il  avoit  esié  bon  et 
sincère  ligueur.  ^ 

Le  roi  Henri  III  ayant  mis  le  sieur  de  Chambéry  pour  gouverneur  parti- 
culier de  la  ville  de  Limoges  pour  la  conserver  à  son  service  pendant  les 
troubles,  parce  quUl  n*estoil  pas  assuré  du  comte  de  Ventadour,  gouver- 
neur de  la  province,  il  fit  une  sortie  par  Tordre  dudit  sieur  de  Chambéry 
sur  ledit  comte  de  Ventadour,  qui  avoit  bloqué  la  ville  pour  en  chasser 
Chambéry,  et  dans  cette  sortie  il  rompit  les  barricades  du  comte,  fit  entrer 
des  vivres,  et  donna  si  grande  espouvanie  au  comte  de  Ventadour  qu'il  se 
relira»  ce  qui  conserva  la  ville  à  Henry  ill. 

11  fust  fait  soperintendant  des  finances  dans  la  généralité  de  Limoges  et 
de  Bordeaux  et  de  l'armée  de  Guyenne  par  commission  du  cardinal  de 
Bourbon,  qui  se  qualifiait  Charles  X,  et  après  la  mort  de  ce  cardinal  le  duc 
du  Mayne  lui  envoya  une  pareille  commission  en  son  nom,  prenant  la 
qualité  de  lieutenant  général  de  TEsiast  et  Couronne  de  France,  lesquelles 
commissions  sont  entre  mes  mains. 

(Bibliothèque  nationale.  —  Manuscrit  français,  n®  20,793,  folio  289.) 


1597.  ^  Contrai  d^ acquisition  de  la  terre  de  Comprelgnac. 

Sachent  tous  présents  et  avenir  qu'aujourd'hui,  seiziesme  jour  de  juillet 
Tan  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix-sept,  par  devant  le  notaire  royal  en  la 
sénéchaussée  du  Limousin  soussigné,  et  présents  les  témoinz  bas  nommés 
à  Limoges  en  la  maison  de  honorable  Monsieur  M**  Martial  Benoist,  conseil- 
ler du  roi,  trésorier  de  France,  général  de  ses  finances  au  bureau  établi 
audit  Linnoges,  seigneur  du  Mas-de-PAge,  a  été  présent  en  sa  personne 
honorable  M'  Antoine  Barny,  habitant  la  présente  ville,  lequel  de  sa  bonne 
volonté  et  parce  que  très  bien  lui  a  plu  et  plaît,  a  vendu,  cédé,  quitté 
et  par  la  teneur  des  présentes  perpétuellement  transporte  audit  sieur 
H"  Martial  Benoist,  seigneur  du  Mas-de-l'Age  présent  en  sa  personne 
stipulant  et  acceptant  à  savoir  les  seigneuries  et  fiefs  nobles  de  Com- 
preignac  alku  du  Mazet  et  du  Puymeynier  en  la  paroisse  dudit  Gom- 
preignac,  icelles  seigneuries  et  fiefs,  avec  tous  leurs  cens,  rentes, 
droits  de  dixmes,  lierceries,  métairies,  propriétés  d*lcelle8,  avec  tout  le 
bétail  étant  dans  icelles,  et  appartenant  audit  sieur  Barny,  étangs, 
bâtiments,  bois  de  haute-futay,  bois  taillis,  guerennes,  droits  de 
vigerie,  péage  et  toutes  autres  appartenances  et  dépendances  d'iceluy, 
sans  y  faire  aucune  réservation  et  ce  avec  tous  les  droits  seigneu- 
riaux de  rétention  par  puissance  de  fiefs,  investiture,  droits  de  lots-et- 
ventes  et  aultres  quelconques  dépendants  des  dites  seigneuries  et  fie£s, 
tous  ainsi  et  de  même  que  tant  ledit  sieur  vendeur  ses  fermiers,  receveurs 
et  autres  en  jouissant  et  ont  accoutumé  d*en  jouir  avec  tous,  réservé  seu- 
lement la  rente  foncière  due  sur  le  village  de  La  Ribière-Doyrat,  en  la 


148  SOCIÉTÉ  ARCBÉQftOaiQI»  KT  HiBTORIQim  HD  LIMOUSIN. 

paroisse  de  Saint-Symphoriea,  dépendante  de  la  dite  seigneorie  de  CSoln- 
preigoac  pour  élre  de  présent  en  litige  entre  ledtt  sievr  vendeur,  tes  (e— 
Baaciers  dudit  village  et  les  héritiers  de  feu  Pierre  Massonlaad,  vivant 
praeureur  au  siège  présidial  de  Limoges  tous  tes  droits,  cens»  rentes,  pro* 
priélés,  droits'de  dixmes  et  tons  grains,  laines  et  agne^x,  droit  de  vige« 
rie,  péage,  lierceries,  malteries,  étangs  et  antres  choses  en  dépendant  au 
long  désignées  et  spécifiées  et  contenues  par  ta  déclaration  de  tons  icevix 
éteriisau  pteddtt  présent  contrat,  signé  des  pariies,  témoins  et  notaire  Bon« 
écrits,  à  laquelle  déclaration  spécifique  en  la  forme  et  teneur,  par  ioelle 
desdUes  parties  se  rapportent,  et  ce  pour  jouir  par  ledit  sieur  Benoit 
acquéreur  de  toutes  les  entières  seigneuries  de  Gompreignac  et  du  Poy- 
menier,  et  de  toutes  les  choses  en  dépendant,  ainsi  qu'elles  sont  spécifi- 
quement désignées  par  la  dite  déclaration  comme  de  sa  chose  propre  «t 
nlnai  en  disposer  à  la  charge  seulement  de  payer  au  curé  de  Gompreignac 
vtngt^'-hnit  setiers  de  seigle  mesure  de  Limoges,  de  pension  annuelle  pour 
cause  et  surfles  dixmes  qui  sont  prises  sur  ladite  paroisse  de  Gompreignac, 
comprenant  ;au86i  en  ladite  acquisition  les  droits  de  dixmes,  de  grains  et 
vhamielages  accoutumés  être  levés  par  ledit  sieur  Barny,  ses  receveurs  et 
fermiers,^sur  le  bourg  et  paroisse  de  Saint-Symphorien  acquis  par  ledit 
sieur  Barny,  vendeur  de  Demoiselle  Jeanne  de  Montrocher,  veuve  de  défunt 
seigneur  de  Saint-Pardoux,  lesdits  droits  de  dixme  tenus  par  ledit  sieur 
Barny  par  l'acquisition  de  la  dite  Demoiselle,  pour  la  somme  de  cinq  cents 
livres  à  pacte  de  rachat  ^insi  quMl  est  contenu  par  le  contrat  sur  ce  reçu 
par  M'  Laurens  Dafraisse  de  Kazès,  délivré  par  icelui  sieur  Barny  audit 
sieur  Benoit,  ladite  vente  faite  pour  et  moyennant  le  prix  et  somme  de 
sept  mille  six  cent  soixante-six  écus  deux  tiers,  revenant  à  vingt-trois 
mille  francs  payables  comme  ledit  sieur  Benoit,  acquéreur,  a  promis  et  s*est 
obligé  payer  audit  sieur  Barny  et  à  son  acquit  et  décharge,  ^  savoir  à  aire 
Martial  Bayard,  héritier  de  feus  sires  Jean  et  autre  Jean  Bayard  ses  père  et 
frère,  aulrement  appelés  les  Thaliayres,  la  somme  de  cinq  cent  soixante^ix 
écus  deux  tiers  revenant  k  dix-sept  cents  livres  dues,  ainsi  que  le  sieur 
Barny  a  dit  ;  aussi  a  dit  devoir  par  obligation  à  sire  Jean  Maledent  le  jeune, 
bourgeois  et  marchand  de  la  présente  ville^  tant  en  son  nom,  qu'au  nom 
de  tuteur  des  enfanis  de  feu  sire  Joseph  Maledent,  son  frère,  la  sonHue  de 
sept  cent  trente-trois  écus  un  tiers,  revenant  à  vingt-deux  cents  livres, 
nussi  à  lui  dues  par  ledil  sieur  Barny  par  obligation  payable,  celle  de 
Bayard  audit  nom  dans  le  onzième  novembre  prochain,  et  celle  dudit  Male- 
dent dans  le  premier  octobre  aussi  prochain^  outre  lesquelles  sonimes 
revenant  à  trois  mille  neuf  cents  livres,  icelui  sieur  Benoit  acquéreur  a 
ycelle  payé  comptant,  réellement  et  de  fait  audit  sieur  Barny,  vendeur, 
stipulant  comme  dessus  la  somme  de  mille  trois  cent  soixante-six  écus 
deux  tiers,  revenant  à  quatre  mille  cent  livres  et  ce  en  quart  d'écus  tes- 
tons, pièces  de  dix  et  de  vingt  sols  et  autre  bonne  monnaie^  le  tout  du 
poid  et  coing  de  Tordonnance,  dont  et  de  laquelle  entière  somme  de  huit 
mille  francs  après  les  payements  desquels  ledit  sieur  Benoist  s*est  chargé 
faire  vers  ledit  Bayard  el  ledil  Maledent,  icelui  sieur  Barny  s'est  contenté^ 
et  d'icelle  a  quitté»  comme  quitte  ledit  sieur  Benoist  acquéreur  avecpro^ 


MONOORAPBIB   DB  COMrRBlGlCAC.  948 

niasse  n'en  demander  jamais,  ni  permettre  êlre  demandée  aueune  chose, 
en  jugement  ai  dehors,  et  les  cinq  mille  écus  sols,  revenant  A  qainse  mille 
livres  parfaisant  le  total  prix  de  ladite  acquisition,  icelai  sieur  Benoist 
acquéreur  a  promis  et  s'est  obligé  payer  audit  sieur  Barny,  vendeur,  dans 
trots  ans  prochains  à  compter  de  la  date  des  présentes  et  finissant  au 
même  jour  et  ce  pour  tous  délais  :  pendant  lesquels  et  durant  iceux  ledit 
«car  Benoist  acquéreur  a  promis  et  s'est  obligé  payer  audit  sieur  Barny  la 
somme  de  deux  cents  écue  par  forme  de  jouissance  pour  chacune  desdites 
aonéts,  pour  la  présente  au  payement  desquelles  icelui  sieur  Benoist  a 
payé  et  d'avance  audit  sieur  Barny,  vendeur,  la  somme  de  deux  cents  écus 
faisant  six  cents  livres,   en  mêmes  espèces  que  dessus,  dont  icelui  sieur 
Barny  s'est  eontenlé  et  d'icelle  a  quitté  ledit  sie»r  Benoist  pour  la  pre- 
mière anoée.  Et  lequel  sieur  Benoist  a  promis  payer  audit  sieur  Barny  par 
avance  chacune  des  deux  antres  années  suivantes  pareille  somme  de  deux 
cents  écus,  à  chaque  fête  de  Saint-Jean-Baptiste^  dont  commencera  la  pre- 
mière desdites  deux  années  à  la  Saiut-Jean-Bapliste  procbaioe,  et  auquel 
tenaps  et  terme  de  trois  ans  faisant  par  ledit  sieur  Benoist,  acquéreur 
payement  de  ladite  somme  de  cinq  mille  écus  restant  en  fond  de  terre  ou 
antrement  duement  assurée,  ladite  somme  pour  Teffet  de  lia  garantie  de  la 
présente  acquisition.  Et  a,  outre  ce,  le  dit  sieur  Barny  promis  de  fournir 
et  délivrer  audit  sieur  Benoist  tous  litres,  livres  baillettes,  documents  et 
enseignements  concernant  les  droits  et  devoirs  desdiles  seigneuries  4»t 
choses  vendues  contenues  en  ladite  déclaration,  et  ce  par  iuventaire  som- 
maire qui  sera  inscrit  au  pied  du  présent  contrat,  et  desquels  icelui  sieur 
Benoist  se  chargera  pour  en  faire  exhibition  et  représentation  audit  sieur 
Barny  toutes  fols  qu'ils  lui  seront  requis.  El  en  événement  que  dans 
les   susdits   temps    de    trois   années   ledit    sieur    Barny    ne    trouverait 
fonds  commodes  ou  autre  due  assurance   pour  recevoir    ladite  sommé 
de  cinq  mille  écus  restante  du   total  prix  de   la  présente    acquisition, 
audit  cas  et  jusqu'à  cet  e£fet  il  sera  tenu  de  représenter  ladite  somme 
pour  être  mise   à  rintérét  entre  les  mains  de  marchand,  ou  autre  per- 
sonne solvabie  uu  profit  du  sieur  Barny,  vendeur.  Et  avec  ce,  s'est  ledit 
sieur  Barny,  vendeur,  devestu  et  dessaisi  desdites  choses  vendues,  leurs 
appartenances  et  dépendances  par  la  forme  qui  sont  contenues  en  ladiie 
déclaration  contenue  au  pied  du  présent  contrat,  et  de  tout  à  investir  ledit 
sieur  Benoist  acquéreur  par  le  bail  de  la  cède  des  présentes,  se  constituant 
tenir  le  tout  désormais  pour  et  au  nom  dudit  sieur  Benoist,  acquéreur, 
lequel  a  promis  et  s'est  obligé  garantir  le  tout  envers  et  contre  tous,  et  de 
tous  troubles,  charges,  renies,  obligations  et  hypothèques  quelconques, 
qu'il  a  déclaré  tant  par  ledit  présent  contrat  que  par  déclaration  et  désigna - 
lion  spécifique,  contenue  au  pied  dudit  présent  contrat,  et  avec  pacte  de 
même.  Et  expressément  accordé  entre  les  parties,  que  ledit  sieur  vendeur  a 
promis  et  s'est  obligé  faire  cesser  tout  lignagier,  que  durant  l'an  et  jour  de 
retrait  voudrait  recouvrer  les  choses  vendues  par  droit  de  lignagier,  à 
peine  de  cinq  cents  écus  de  peine  commune,  et  accordé  entre  les  parties 
sans  laquelle  ledit  sieur  Benoist,  acquéreur,  n'est  entendu  en  la  présente 
acquisition,  de  tout  ce  que  dessus  ont  lesdites  parties  et  chacune  d'elles 
T.  xxxvii.  17 


250  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQOË   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

en  droit,  oy,  promis  lenir  et  accomplir  de  point  en  point;  en  défaut  de  ce 
ont  promis  amender  et  payer  tous  dépens,  dommages  et  intérêts  que  Tune 
d'icelies  ferait  ou  souffrirait  par  le  défaut  de  Tauire,  et  tenir  les  choses 
susdites,  renonçani  sur  ce  à  toutes  renonciations  tant  générales  que  spé- 
ciales par  lesquelles  pourrait  venir  contre  la  teneur  de  ces  présentes,  et  ce 
moyennant  leur  serment,  par  eux  et  chacun  d*eux,  sur  ce  fait,  touché  les 
heures,  et  sous  obligation  et  hypoièque  de  tous  et  chacun  de  leurs  biens 
présents  et  advenir  à  quoy  faire  et  souffrir  ont  voulu  être  contraints  par 
tous  juges,  lant  royaux  que  subalternes,  à  la  juridiction  desquels  se  sont 
boumis,  à  dire,  faire,  et  souffrir  oui  été  de  leur  propre  vouloir  et  consen- 
tement condamnés  par  le  notaire  royal  en  la  sénéchaussée  de  Limousin  ï 
Limoges]soussigné,  ainsi  qu'a  rapporté  à  nous  garde  du  scel  royal  auteniique 
établi  aux  contrats  au  baillage  de  Limoges,  par  ces  présentes,  de  sa  main 
signées,  à  la  relation  duquel  nous  foy  pléniêre  adjouttons,  ledit  scel  auten- 
iique que  nous  gardons,  à  ces  dites  présentes  avons  mis  et  apposé. 

Fait  audit  Limoges,  en  la  maison  dudit  sieur  Benoist,  en  présence  de 
honorable  maître  IMerre  de  Douhet,  sieur  du  Puymoulinier,  eslu  pour  le 
roy  au  présent  pays  de  Limousin,  et  le  sieur  Léonard  Saleys,  bourgeois  et 
marchant  de  la  présente  ville,  témoins. 

Signé  à  l'original  des  présentes:  Barny,  contractant;  Benoist,  contrac- 
tant; L.  Saleyx,  présent,  et  de  Douhet,  présent.  Signé  :  Vernejoul,  notaire 
royal. 

(Terrier  de  Compreignac.) 


1619,  —  Acquisition  de  la  justice  de  Compreignac. 

Sachent  tous  quMl  appartiendra  que  pardevantle  notaire  royal  soussigné, 
et  les  témoins  sous  nommés  ont  été  personnellement  établis  Révérend 
Père  en  Dieu  M"  Raymond  de  la  Martonie,  conseiller  du  roi  en  ses  con- 
seils d'Etat  et  privé,  et  évoque  de  Limoges,  pour  lui  et  ses  successeurs 
d'une  part,  et  noble  Martial  Benoit,  écuyer,  sieur  de  Compi  eîgnac  et  Mas- 
de-Lage,  conseiller  du  roy,  présidcni  et  trésorier  général  de  France,  pour 
lui,  ses  héritiers  et  successeurs,  d'autre  part.  Comme  soit  ainsi  que  ledit 
seigneur  évêque  n'ait  rien  lant  en  recommandation  que  d'augmenter  et 
accroître  par  tous  les  moyens  licites  les  revenus  du  temporel  de  son  évê- 
ché;  ayant  trouvé  ^  son  advcnemenl  que  sondit  temporel  était  chargé  de 
neuf  vingt  livres  de  rente  annuelle  et  perpétuelle  envers  M"  les  doyen,  cha- 
noines et  chapitre  de  Téglisc  cathédrale  du  dit  Limoges,  en  conséquence 
de  certains  piassages,  maisons,  jardins  et  autres  domaines  dans  lesquels  ses 
prédécesseurs  avaient  commencé  à  bâiir  le  château  épiscopal,  comme  plus 
cmplement  est  contenu  par  les  transactions  sur  ce  faites  entre  ledit  sieur 
évêque,  doyen  et  chanoines,  en  date  du  30^  janvier  1555,  signées  Goubert 
et  Palais,  il  aurait  cherché  de  se  décharger  et  acquitte^  d'icelle  rente  de 
neuf  vingt  livres,  laquelle  intention  ayant  fait  savoir  et  communiquer  aux 
dits  sieurs  doyen  et  chanoines,  après  avoir  usé  de  plusieurs  remises  et  sur 
ce  mûrement  délibéré,  lesdils  sieurs  auraient  voulu  et  arrêté  d'amortir 


MONOGRAPBIR  DE   COMPREIGNAC.  351 

icellc  rente  à  eux  due  pour  la  somme  de  cinq  mille  livres,  ainsi  quMI 
résulte  par  les  actes  capitulaires  sur  ce  fait  et  contrats  d'amortissement 
passés  par  le  notaire  soussigné,  en  date  du  18*  jour  du  mois  de  mai  der- 
nier. Pour  parvenir  auquel  amortissement,  ledit  sieur  Benoit,  pour  plus 
grande  assurance,  se  serait  obligé  envers  les  dits  sieurs  du  chapitre  de 
ladite  somme  de  cinq  mille  livres,  à  la  prière  et  requête  du  dit  sei- 
gneur évéque  et  pour  lui  faire  plaisir,  pour  laquelle  payer  et  rembourser 
au  dit  sieur  Benoît  et  par  ce  moyen  décharger  Thypothèque  qu'il  avait  sur 
le  domaine  dudit  évéché,  ledit  seigneur  évoque  aurait  fait  proclamer,  de 
l'avis  desdits  sieurs  doyen  et  chanoines,  es  églises  paroisiiales  de  la  ville 
et  cité  de  Limoges,  paroisses  de  Comprcignac,  Bcssines,  Razès  et  autres, 
si  quelqu'un  désirait  acheter  quelque  partie  du  domaine  dudit  évéché,  du 
moins  domageable  pour  ladite  somme  de  cinq  mille  livres,  en  faisant  la 
condition  de  Téglise  avantageuse,  serait  reçu.  Lesquelles  proclamations 
ayant  été  publiées  par  diverses  fois  aux  prônes  des  dites  églises  les  jours 
de  dimanche,  des  afticbes  d'abbondant  aux  carrefours  et  lieux  publics  de 
la  ville  et  cité  par  un  sergent,  et  étant  venue  par  ce  moyen  k  la  notisse  du 
dii  sieur  Benotl,  il  se  serait  adressé  audit  sieur  évéque,  et  lui  aurait  repré- 
senté qu'ayant  su,  par  lesdites  affiches  et  proclamations  qu'il  fait  faire, 
qu'il  est  en  volonté  d'aliéner  quelque  portion  de  son  domaine,  la  moins 
commode  et  fructueuse  pour  la  somme  de  cinq  mille  livres,  se  décharger 
de  pareille  somme  qu'il  lui  doit  pour  les  causes  contenues  au  contrat  sur 
ce  fait,  et  que  s'il  lui  plait  de  lui  laisser  la  justice  que  ledit  seigneur  a 
dans  la  paroisse  de  Compreignac,  dépendant  de  la  juridiction  de  Rasés, 
bien  que  icelle  justice  ne  soit  d'aucun  revenu  et  ne  rapporte  aucun  profit, 
mais  d'autant  que  ledit  sieur  Benoit  a  dans  la  paroisse  tons  les  Hefs,  cen- 
sives,  fondantes  et  une  grande  partie  des  dîmes,  inféodée  pour  la  conser- 
vation de  ses  droits  et  plus  grande  autorité,  il  offre  audit  seigneur  évéque 
de  payer  à  son  aquil  la  somme  de  cinq  mille  livres  et  de  décharger  l'hy- 
pothèque qui  est  pour  raison  due  sur  tout  le  domaine  de  son  dit  évéché. 
et  de  plus,  pour  améliorer  la  condition  de  l'églitc,  offre  de  lui  donner  en 
permutation  la  justice  de  Coudât  et  prévôté  de  Saint-Lasis  [Lazare  (?)],  des 
mêmes  façon  et  manière  qu'il  l'a  acquise  de  noble  homme  Léonard  Gay, 
sieur  de  Nexon,  laquelle  justice  ledit  Gay  ou  ses  auteurs  ont  acquise  du 
roi,  lors  de  l'aliénation  de  son  domaine,  avec  promesse  d'icelle  garantir 
jusqu'à  la  somme  de  mille  livres,  d autant  que  ledit  domaine  du  roi  est 
perpétuellement  rachetable,  laquelle  lui  est  grandement  commode  et  assez 
bienséante  pour  être  joignante  à  la  terre  et  châlellenie  d'isie,  appartenante 
audit  seigneur  évéque.  Sur  lesquelles  offres  voyant  qu'aucunes  personnes 
ne  se  présentaient  pour  en  faire  d'autres,  ledit  seigneur  évéque  ayant  fait 
recherche  du  rapport  et  profit  que  lui  rendait  ou  pouvait  rendre  ladite  jus- 
tice de  Gompreignac,  et  même  fait  faire  des  extraits  des  défaut  et  amendes 
puis  les  quinze  ans  derniers,  qui  se  seraient  trouvés  ne  valoir  rien  du  tout, 
qu'an  contraire  souvent  ies  seigneurs  évéques,  ses  prédécesseurs,  avaient 
été  contraints  d'employer  de  leur  revenu  pour  nourrir  leurs  officiers  lors- 
qu'ils viennent  tenir  les  assises  sur  les  lieux,  et  pour  la  poursuite  des 
procès  criminels  qu'il  y  a  quelquefois  ;  et  qu'aussi   ledit  seigneur  évéque 


282  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   filSTOlllQUiC  t>U   UMOCSIN. 

na  aucune  renie  censive,  ni  fondalité,  maison  ou  château  dans  ladite 
paroisse  que  seulement  tiers  d*unc  dîme  appelée  de  la  Ribeyrade,  qui  peut 
valoir  de  dix  à  douze  seliers  de  blé  par  an,  que  par  ce  moyen  ladite  jusiice 
lui  est  du  tout  plus  honéreuse  que  profitable,  ayant  le  tout  communiqué  à 
son  conseil  et  principalement  à  Mi*' les  doyen  et  chanoine,  de  TégUse  cathé- 
drale de  Limoges,  lesquels  auraient  par  acte  du  29"  jour  de  mai  dernier, 
reçu  par  Laurent,  scribe,  trouvé  les  offres  dudit  sieur  Benoit  utiles  et 
avantageuses  pour  ledit  seigneur  évoque,   et  baillé  avis  d*icelles  accepter 
comme  est  contenu  par  ledit  acte.  A  ces  causes  est-il  que  ledit  seigneur 
évêque,  de  l'avis  de  son  dit  conseil,  doyen,  chanoines  et  chapitre,  tant  pour 
lui  que  pour  ses  successeurs,  acceptant  lesdiieis  offres  pour  le  bien  de 
Téglise  el  revenu  de   l'évôché,  a  vendu,   cédé,  quitté  et  perpétuellement 
transporté  audit  sieur  Benoit,  stipulant  et  acceptant,  tous  les  droits  de  jus- 
tice  :  haute,   moyenne  et  basse,  mère  et  impère,  devoirs,  juridictions, 
émoi u mens,  autorités,  prérogatives  et  autres  choses  dépendantes  de  la  jus- 
lice  de  la  paroisse  de  Compreignac,  appartenant  audit  seigneur  évêque  et 
dépendant  de  la  seigneurie  de  Razès,  consistant  aux  villages  qui  s'ensui- 
vent, savoir  ce  qu'il  y  a  et  peut  avoir  de  jusiice  dans  le  bourg  dudU  Com- 
preignac^ les  moulins  de  Pontabrier,  la  Rode  et  Plancheoieille,  Chabctnneê, 
Le  Mas^    Prassigou,   La   Roche^    La    Vaugelle,    Vénachat,   Chatenet, 
Montaiguty  Montchaux^  Ptiy-Ménier^  Laoau- Fleuret,  Népoux,  VUlebert, 
Massouoas,  Doumar,   Bachellerle,  Maudant^  et   outre  les  villages  de 
Grudet,  La  Ribière-Doyrat  et  Las  Bordas  et  Maiaonneuve,  lesquels  sont 
hors  de  ladite  paroisse  de  Compreignac,  et  ce  que  les  tenanciers  et  habi- 
tants du  village  de  Penny,  Beausoleil,  Villechenoux,  Beaumonl,  La  Jante, 
Puymarlin,  Margnac,  possèdent  et  font  valoir  dans  ladite  juridiction  de 
Kazès,  et  généralement  tout  ce  que  ledit  seigneur  a  de  justice  dans  la 
paroisse  de  Compreignac,  sans  y  rien  réserver  en  façon  quelconque,  si  ce 
n*est  l'hommage  lige  que  ledit  sieur  Benoit  el  ses  dits  successeurs  à  l'ave- 
nir seront  tenus  faire  audit  seigneur  évêque  et  ses  successeurs,  en  la 
manière  accoutumée,  à  cause  de  ladite  seigneurie  dudit  Compreignac  et 
fiefs  joints  à  icelle,  môme  ladite  justice  vendue  et  échangée  sans  aucune 
réserve  ni  exception  pour,  par  ledit  sieur  Benoit,  jouir  à  Tavenir  de  ladite 
justice  que  ledit  seigneur  évoque  a  et  peut  avoir  comme  dit  est  dans  le 
bourg  de  Compreignac  et  villages  ci  dessus  spécifiés,  dudit  bourg,  mou- 
lins, villages  ci-dessus  mentionnés,  comme  de  son  bien  propre,  sans  que 
ledit  seigneur  évêque  soit  tenu  de  faire  ladite  justice  de  plus  grande  étendue 
que  comme  ses  prédécesseurs  en  ont  accoutumé  d'en  jouir,  et  en  contres- 
change  el  permutation  de  laquelle  aliénation  icelui  sieur  Benoit,  suivant 
ses  offres,  a  quitté  et  déchargé  par  ses  présentes  tant  ledit  seigneur  évêque 
que  ses  succ(*sseurs  de  la  somme  de  cinq  mille  livres,  en  laquelle  il  était 
obligé,  à  sa  prière,  envers  lesdils  sieurs  doyen  et  chapitre  pour  Tamortis- 
sement  de  la  rente  de  neuf  vingt  livres  par  le  susdit  contrat,  et  a  pronais  el 
promet  ne  lui  en  demander  aucune  chofe  A  l'avenir  et  le  tenir  quitte  ores 
et  pour  l'avenir  envers  lesdils  sieurs  doyen,  chanoines  el  chapitre,  outre 
laquelle  somme  pour  le  bien  et  augmentation  dudit  évèché  «  cédé,  quitté 
et  délaissé  audii  seigneur  évêque,  stipulant  iH>inme  dessus  la  jusiice  haute, 


MOlfOORAPHIK   DE   COMPREIGNAC.  953 

moyenne  et  basse,  mère,  mixte,  impère  de  Gondat  ei  prévôté  de  Saint- 
Lazex  [Lazare  (?)],  appartenant  audit  sieur  Benoit,  comme  ayant  les  droits 
de  noble  homme  Léonard  Gay,  sieur  de  Nexon,  qui  l'avait  acquise,  ou  ses 
auteurs,  du  roi,  lors  de  l'aliénation  de  son  domaine,  avec  tout  ce  qui  peut 
dépendre  de  ladite  justice  et  prévôté  pour  la  tenir  en  la  même  qualité 
qu  elle  a  été  acquise  par  ledit  sieur  Benoit.  Et  d'autant  que  le  domaine  du 
roi  est  inaliénable  et  sujet  à  rachapt  perpétuel,  icelui  sieur  Benoit  a  promis 
seulement  garantir  icelle  justice  jusqu'à  la  somme  de  mille  livres  en  cas 
de  revente  ou  rachapt  du  dit  dommaine,  sans  qu'il  soit  tenu  d'aucune  autre 
éviction,  dépense,  dommages  et  intérêts  que  jusqu'à  icelle  somme.  Et 
moyennant  ee,  ledit  seigneur  évéque  et  ledit  sieur  Benoit  se  sont  respec- 
tivement et  réciproquement  déveslus  desdites  justices  et  s'en  sont  investus 
Ton  et  Fautre  par  le  bail  des  présentes,  d'où  veut  lent  qu'ils  en  jouissent 
des  à  présent  comme  à  lavenir,  promettant  les  tenir  et  posséder  pour  et  au 
nom  de  l'autre,  et  ledit  seigneur  évéque  a  promis  porter  tout  gueriment  au- 
dit sieur  Benoit  pour  jouir  des  choses  susdites,  tout  ainsi  que  lui  et  ses 
prédécesseurs  en  ont  joui.  Et  pour  plus  grande  fermeté  et  assurance  du  pré- 
sent contrat,  a  promis  ledit  seigneur  évoque  fournir  toutes  procurations  et 
consentements  requis  et  nécessaires  pour  parvenir  à  rhomologation  d'ice> 
lui,  et  ce  pardovant  M.  l'archevêque  métropolitain  en  la  cour  primace  de 
Bourges  ou  ailleurs  que  besoin  sera,  dans  trois  mois,  en  bonne  et  due 
forme,  ei,  pour  ce  faire,  bailler  tout  consentement  et  procuration  nécessai- 
res et  en  ce  aussi  ledit  sieur  Benoit  sera  tenu  de  fournir  les  frais  qu'il 
conviendra  faire  pour  obtenir  ladite  homologation.  Et  a  ledit  seigneur 
Benoit  décliné  audit  seigneur  évoque  les  titres  et  pièces  concernant  la  jus- 
tice de  Gondat,  qui  sont  :  premièrement,  un  contrat  de  vente  de  ladite  jus- 
lice  de  Gondat,  fait  par  le  sieur  Verdier,  trésorier  de  France  et  commissaire 
des  aliénalious  du  domaine  du  roi,  a  feu  Martial  Gay^  vivant  lieutenant 
général  en  la  présente  sénéchaussée,  ledit  contrat  en  date  du  3  août  1594, 
en  parchemin,  signé  Latreille  et  Gaston,  notaires,  au  pied  duquel  est  transcrite 
la  commission  et  pourvoir  dudit  sieur  Verdier,  commissaire,  et  copie  de  la 
quittance  de  la  finance  de  ladite  aliénation,  plus  le  procès-verbal  de  vente  de  la 
prévôté  de  Saint-Lazeix,  signé  Verdier,  commissaire,  ei  Pradelles,  commis 
du  greffier,  plus  Toriginal  de  la  quittance  de  la  finance  de  ladite  aliénation  de 
ladite  justice  de  Gondat,  pour  la  somme  de  six  cents  livres,  signée  Heynaud, 
trésorier  général  de  l'extraordinaire  des  guerres,  plus  les  lettres  patentes 
de  Sa  Majesté,  portant  la  ratification  d'icelle  vente,  signée  par  le  roi  en 
son  conseil  :  De  Villoutreix,  données  à  Paris,  le  6  septembre  1594,  avec 
leur  enregistrement  au  bureau  des  finances,  du  17  août  1595,  signé  Pradel- 
las,  plus  la  prise  de  possession  de  ladite  justice  de  Gondat,  par  ledit  sieur  de 
Gay,  parM<*  Martin  Veyrier,juge  de  Saint-Léonard,  signé  dudit  Veyrier  et 
Bourdeix,  greffier,  plus  un  contrat  d*acquisition  fait  par  ledit  sieur  Benoit  de 
ladite  justice  de  Gondat,  en  date  du  20  mars  1643,  au  pied  duquel  est  la 
ratification  dudit  sieur  de  Gay,  du  18  février  1619,  signé  Vernel,  notaire, 
plus  la  prise  de  possession  de  la  justice  dudit  Benoit,  faite  par  Guiberl, 
lieutenant  de  ladite  juridiction,  signé  dudit  Guibert  et  de  Darfeuille,  greffier, 
en  date  du  4  juin,  au  dit  an  '613.  El  tout  ce  que  dessus  a  été  stipulé  et 


254  SOCIÉTÉ  ARCUÊOLOOIQUE   ET   HISTORIQUK   DU   LIMOUSIN. 

promis  tenir  par  les  sieurs  parties  contractantes,  à  faute  de  ce  émaner  tous 
dépens,  dommages  et  intérêts  et  rononcer  à  tous  moyens  par  lesquels  pour, 
raient  venir,  au  contraire,  moyennant  serment  et  sous  obligations  de  leurs 
biens  présents  et  futurs  avec  soumission  à  toutes  cours  et  de  leur  consen- 
tement condamnés.  Fait  et  passé  en  la  maison  et  hôtel  dudit  seigneur  évo- 
que, en  présence  de  honorable  M*  Simon  Palats,  juge  de  la  présente  cité  et 
secrétaire  dudit  seigneur;  et  M»  Gérald  deJayac,  procureur  au  siège  prési- 
dial  dudit  Limoges,  témoins  à  ce  appelés  le  9*  jour  du  mois  de  juin  1619, 
après  midi  ;  ainsi  signé  :  Raymond,  évoque  de  Limoges,  contractant  ; 
Benoit,  Palais,  présent;  de  Jayac,  présent,  et  Laurens,  notaire  royal. 
Dit  a  été  que  la  cour  intérinant  les  dites  requêtes  quand  à  ce,  et  attendu 
la  dite  inquisition  et  consentement  du  procureur  général  du  roi,  a  homo- 
logué et  homologue  les  dits  contrats  d'amortissement  de  rente,  et  échange 
des  18  mai  et  9  juin  4619,  enjoint  aux  dites  parties  iceux  contrats  garder 
et  entretenir  suivant  leur  forme  et  teneur.  Prononcé  à  Bordeaux,  en  par- 
lement, le  30"  mai  1620.  Collationné,  signé  Dufau,  et  en  marge  est  écrit 
M.  Degourgue,  premier  président  ;  Raquenaud,  rapporteur. 

(Terrier  de  Compreignac). 

A.  Leclkr. 


MONOGRAPHIE 


DU  CANTON 


D'ORADOUR-SUR-VAYRES 


Aspect  général  du  pays,  —  La  plus  grande  partie  de  ce  canton 
est  plantée  de  châtaigneraies  qui,  avec  quelques  bois  de  chêne, 
donnent  pendant  l'été  beaucoup  d'ombrage  et  de  fraîcheur  au  pays  : 
son  aspect  a  quelque  analogie  avec  le  «  Bocage  »,  département  de 
la  Vendée.  De  toutes  parts  émergent  de  nombreuses  collines 
arrondies,  au  pied  desquelles  jaiUissent  des  sources;  celles-ci  donnent 
naissance  à  des  petits  ruisseaux  sinueux,  et  dont  les  vallons  sont 
frais  et  charmants.  Sur  le  flanc  de  ces  coteaux,  quelquefois  cou- 
verts de  bruyères  et  d'ajoncs,  s'élèvent  de  nombreux  villages  que 
la  vue  découvre  plus  aisément  l'hiver,  lorsque  les  feuilles  des 
arbres  sont  tombées.  Les  routes,  les  prairies,  les  domaines,  les 
jardins,  etc.,  sont  bordés  de  haies  appuyées  sur  des  troncs  d'arbres 
ébranchés  ou  de  toute  venue.  Le  Gabouraud,  qui  se  trouve  entre 
Brie  et  La  Chapelle-Montbrandeix,  en  est  le  point  culminant.  Son 
altitude  est  de  488  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Il  fait 
partie  du  domaine  de  Brie  et  possède  un  belvédère,  appelé  aussi 
lanterne,  de  45  mètres  de  circonférence,  d'où  la  vue  s'étend  sur  le 
Limousin,  l'Angoumois  et  le  Périgord.  Les  rivières  alimentent 
quelques  étangs  sans  importance,  des  forges  et  des  moulins. 

Rivières.  —  Ce  canton  est  arrosé  par  plusieurs  cours  d'eau.  On 
remarque  :  La  Tardoire,  la  Cole,  la  Vayres,  le  ruisseau  de  Brie  et 
le  Gorret. 

La  Tardoire,  qui  a  100  kilomètres  et  dont  les  eaux  se  perdent 
sur  le  sol  charentais,  prend  sa  source  en  amont  de  Châlus.  Elle 
est  le  plus  important  de  ces  cours  d'eau.  Elle  traverse  le  canton  de 


256  80G1ÂTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HMTORIQUB  DD  LIMODSIN. 

Test  à  l'ouest,  a  à  sa  droite  Champsac,  Oradour,  Saint-Bazile,  et  à 
sa  gauche  Cussac. 

La  Cole,  joli  ruisseau  dont  les  eaux  claires  serpentent  dans  les 
prairies,  prend  sa  source  près  du  Gabouraud.  Il  fait  mouvoir  les 
moulins  de  Grafeuil  et  de  La  Bregère,  commune  de  Cussac.  De  là 
il  entre  dans  le  canton  de  Saint-Mathieu  pour  se  jeter  dans  la  Tar- 
doire,  dont  il  est  un  affluent  de  gauche.  Il  alimente  les  étangs  de 
Bonbon  et  des  Champs. 

Le  ruisseau  de  Brie  prend  sa  source  entre  La  Grange  et  La  Favi- 
nie,  commune  de  Champagnac.  Il  se  jette  aussi  dans  la  Tardoire, 
aux  forges  de  la  Rivière  et  est  un  affluent  de  gauche. 

Ces  trois  cours  d'eau  font  partie  du  bassin  de  la  Charente.  La 
Vayres,  qui  appartient  au  bassin  de  la  Vienne,  prend  sa  source 
entre  Oradour  et  Beauséjour.  Elle  va  se  jeter  dans  la  Graine,  qui 
passe  à  Rochechouart.  Elle  a  donné  son  nom  à  Vayres  et  à  Ora- 
dour. Elle  entre  dans  le  canton  de  Rochechouart  au  lieu  dit 
«  La  Chaise  »,  commune  de  Vayres. 

Le  Gorret  prend  sa  source  vers  Champagnac  et  va  se  jeter  dans 
la  Gorre.  Son  parcours  est  peu  étendu  dans  le  canton.  La  Gorre 
prend  sa  source  près  de  la  gare  de  Champsac,  entre  les  Pradelles 
et  Nailhac. 

Nature  du  sol.  —  La  plus  grande  partie  du  sol  de  ce  canton  est 
granitique.  Sa  partie  ouest  est  argileuse.  On  y  trouve  des  espèces 
variées  de  granit  à  mica  et  servant  toutes  à  la  construction  des 
habitations.  Près  de  Forgeas,  se  trouvent  des  mamîères  assez  con- 
sidérables. L'argile  sert  à  la  confection  des  tuiles  et  des  briques  qui 
font  le  principal  commerce  des  villages  qui  avoisinent  la  roule 
d'Oradour  aux  Salles-Lavauguyon. 

Produits  naturels  du  soL  —  Le  châtaignier  est  Tarbre  le  plus 
répandu  dans  ce  canton.  Il  est  d'une  grande  ressource  pour  le  pays, 
car  ses  fruits  sont  employés  en  grande  partie  à  la  nourriture  des 
animaux.  Il  est  aussi  livré  à  l'exportation  une  grande  quantité  de  châ- 
taignes et  le  surplus  est  consommé  par  la  population  locale.  Il  y  a 
beaucoup  de  chênes,  de  bouleaux,  de  cerisiers,  de  pommiers,  dont 
les  fruits  servent  à  faire  du  cidre.  L'aulne  croit  en  abondance  le 
long  dès  coufs  d'eau.  Le  peuplier  y  vient  également  bien.  On  y 
cultive  beaucoup  de  froment  et  de  seigle^  du  maïs,  du  sarrasin,  des 
betteraves  et  des  topinambours  pour  la  nourriture  des  animaux. 
On  y  cultive  surtout  beaucoup  de  pommes  de  terre. 

Il  y  a  quelques  grands  domaines^  tels  que  celui  de  Brie  qui  a 
800  hectares;  celui  de  Cromière  :  200  hectares,  etc. 

Le  botaniste  peut  trouver  dans  le  canton  :  Drosera  rotundifùlia 


MONOORAPBII   D'0llAD0UII«-8t}R**VAYRES.  Stt7 

L;  Radiola  ImoUes  Gmel;  Umbilicus  pendulinus,  D.  C;  Wahlen- 
bergia  heredacea.  Bchl  ;  Digitalis  purpursa  L  ;  Ctandestina  rectiflcra 
Lam;  Polystichum  filix-mas.  Ro'h;  Athyrium  filix  fcemina;  Blech- 
niÊm  9ficans.  Sm;  parmi  les  espèces  moins  communes,  citons  : 
Hftianthemum  guttatum  D.  C;  sous  les  châtaigneraies:  Lobelia 
urens  L.  Le  long  des  fossés  humides,  Festuca  poa;  dans  quelques 
champs  cultivés,  ça  et  là  de  rares  pieds  d'Epipactis  latifolia,  AU. 
Enfin,  Asplenium  ruta-muraria  L,  sur  plusieurs  vieux  murs 
d*Oradour. 

Langage.  —  Le  patois  qui  est  parlé  par  la  population,  conjointe- 
ment avec  le  français,  compris  de  tous,  diffère  peu  des  patois  qui 
sont  en  usage  dans  les  autres  parties  du  département.  La  pronon- 
ciation n'est  plus  la  même;  ainsi,  vers  Limoges,  les  voyelles  sont 
ouvertes,  tandis  que  le  contraire  existe  du  côté  d'Oradour. 

Moeurs.  —  Elles  ne  sont  pas  très  bonnes.  La  population  a  des 
goûts  religieux,  mais  moins  prononcés  qu'autrefois,  et  sa  religion 
est  entachée  de  superstition.  Les  pèlerinages  des  Bonnes-Fontaines 
et  de  Saint-Bazile  en  donnent  un  exemple.  En  ce  qui  concerne 
l'instruction,  la  statistique  démontre  qu*en  1869,  le  canton  d'Ora- 
dour  occupait  le  96*"  rang  sur  les  vingt-sept  cantons  de  la  Haute- 
Vienne,  soit  78,82  p.  "/o  des  conscrits  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire. 

En  1880,  il  occupe  le  23«  rang  ou  55,85  p.  ^/o. 

En  1883,  il  occupe  le  13"  rang  ou  31,81  p.  °}o. 

En  1885,  il  occupe  le  8*  rang  ou  18,00  p.  %. 

Le  progrès  a  donc  été  grand  depuis  Tinstitution  de  Tinstruction 
obligatoire  pour  tous.  (P.  Ducourtieux  :  l'Instruction  primaire  dans 
la  Haute-Viennêy  1886). 

Commerce,  —  Vente  de  produits  agricoles,  volailles,  lapins, 
veaux,  cochons  en  quantité  et  de  bonne  qualité,  bois  de  chêne  et 
de  châtaignier.  Le  8  de  chaque  mois,  il  y  a  des  foires  assez  impor- 
tantes à  Oradour  et  il  s'y  fait  un  commerce  considérable  de  cham- 
pignons, ainsi  qu'aux  chefs-lieux  des  communes  de  Champagnac,  de 
Champsac,  de  Cussac  et  de  Saint-Bazile,  qui  les  exportent  à  Bordeaux. 
En  1^,  la  gare  d'Oradour  seule  en  a  expédié  plus  de  100,000 
kilogrammes.  La  gare  de  Champsac  en  a  mis  en  mouvement  7,000 
kilogrammes  en  un  jour.  Oradour  a  de  nombreux  magasins  d'épi- 
cerie, de  lainages,  de  quincaillerie  ;  à  signaler  aussi  deux  diar- 
rons. 

Industrie.  —  Quoique  l'industrie  ait  moins  d'importance  qu'il  y 
a  un  certain  nombre  d'années,  elle  est  encore  florissante  de  nos 
jours.  Les  forges  de  la  Rivière,  alimentées  par  la  Tardoire,  ont  de 


258  SOCliTÉ   ARCHéOLOGIQUR    ET    HISTORIQUE    DU  LIMOUSIN. 

nombreux  ouvriers,  ainsi*  que  la  fabrique  de  droguets  et  la  mino- 
terie de  M.  Ferrand,  d'Oradour,  toutes  deux  également  sur  la  Tar- 
doire. 

Il  se  fabrique  beaucoup  de  tuiles  et  de  briques  aux  Tuilières,  près 
d'Oradour,  et  La  Pouméroulie  fabrique  des  ustensiles  aratoires 
renommés. 

Institutions.  —  Le  canton  d'Oradour-sur-Vayres  possède  un  juge 
de  paix,  une  brigade  de  gendarmerie  à  pied  depuis  1848  ou  1849, 
un  agent-voyer,  un  receveur  de  l'enregistrement,  un  receveur  et  un 
commis  principal  des  contributions  indirectes  (Oradour),  un  per- 
cepteur (Oradour),  trois  notaires  (Oradour,  Champsac,  Cussac),  et 
un  huissier. 

Oradour,  Champagnac,  Champsac  et  Cussac  ont  un  instituteur 
et  une  institutrice;  Saint-Bazile  possède  seulement  un  instituteur. 
Il  y  a  aussi  des  écoles  de  hameau  à  Puymoreau,  sur  la  route  de 
Saint-Laurent-sur-Gorre,  et  à  Lachenin,  sur  la  route  de  Châlus. 
Cussac  possède  une  communauté  religieuse  dite  des  sœurs  du 
Sauveur  et  de  la  Sainte- Vierge,  fondée  par  M"'  la  marquise  do 
Cromières,  il  y  a  environ  vingt-cinq  ans  (1). 

Voies  de  communication.  —  Une  route  départementale  d<' 
Séreilhac  à  Mansle,  n*»  8,  traverse  ce  canton  sur  un  parcours  de  il 
kilomètres. 

Les  douze  chemins  de  grande  communication,  qui  ont  ensemble 
un  parcours  de  84  kilomètres,  sont  :  xi*>  22  (de  Saint-Junien  aux 
Trois-Cerisiers)  ;  n"  40  (de  Saint-Mathieu  à  Saint-Laurent-sur- 
Gorre);  n*  42  (de  Saint-Mathieu  à  la  station  de  Bussière-Galanl); 
n*»  33  (de  Châlus  à  Chasseneuilf;  n«  34  (de  Séreilhac  à  La  Roche- 
foucauld) ;  n'»  54  (de  Tulle  à  Chabanais)  ;  n°  66  (de  Gorre  à  Miallel): 
n*>  73  fde  Cussac  à  Piégul)  ;  n«  75  (de  Dournazac  à  Oradour);  n°  85 
(d'Oradour  à  La  Grue);  n*  100  (de  Champagnac  à  La  Chapelle- 
Montbrandeix)  ;  n*»  122  (d^Oradour  à  Saint-Gervais).  De  plus,  il 
existe  65  kilomètres  de  chemins  vicinaux  ordinaires. 

La  voie  ferrée  de  Saillat  à  Bussière-Galant  traverse  le  canton 
du  nord-ouest  au  sud-est,  et  dessert  les  gares  de  Champsac,  de 
Champagnac  et  d'Oradour-sur-Vayres. 

Le  trafic  de  cette  voie  a  été  inauguré  le  31  décembre  1881. 

Souvenirs  et  monuments  historiques.  —  1°  Époques  préhistorique 
et  gauloise.  —  Quelques  haches  et  quelques  outils  en  silex  taillé 

(I)  Avant  la  création  des  écoles  de  hameau,  les  prêtres  étaient  chargés 
de  l'insiruction  des  enfants  dans  le  chef-lieu  de  leur  commune  où  il 
n'existait  pas  d'instituteur  ni  dUnstitulrice. 


lÉO.NOGRAPHlE    D'ORADOUR-SUa-VAYRCS.  259 

ont  élé  trouvés  dans  le  canton.  Le  tumalus  de  Champagnac  (détruit), 
celui  d'Oradour,  celui  de  Champsac  qui  était  à  quelques  mètres  de 
celui  de  Champagnac  ;  le  monolithe  de  Morinas,  le  demi-dolmen 
de  La  Tamanie  et  la  pierre  branlante  de  La  Jalade-de-Gussac,  sont 
des  vestiges  de  cette  époque.  11  y  avait  un  dolmen  à  Oradour  dont 
il  ne  reste  plus  trace. 

**  Époque  gallo-romaine.  —  De  nombreuses  tuiles  romaines  à 
rebord,  des  tessons  de  vases,  ainsi  que  des  tombeaux,  ont  élé 
trouvés  à  Lépinasse  (près  Saint-Bazile).  On  trouve  également  des 
vestiges  de  cette  époque  à  La  Salesse,  commune  de  Champagnac, 
à  La  Betboule  (même  commune),  où  un  puits  a  été  découvert,  ainsi 
que  vers  Cussac. 

Moyen  âge,  —  On  remarque  à  Oradour  la  «  Maison  Ducombeau  » 
et  le  «  Puy-Chevalier  »  ;  à  Cussac  «  le  Puy  »  ;  à  Cromières  «  le 
Château  ».  Il  existait  aussi  un  ch&teau  au  Boucheron,  qui  était 
l'habitation  des  comtes  d'Oradour.  Les  Brosses  ont  aussi  un  vieux 
château.  La  «  Maison  Ducombeau  »  signalée  plus  haut,  et  qui 
existe  encore  fut  donnée  en  échange  par  René  de  La  Pisse,  écuyer, 
seigneur  des  Brosses,  et  Anne  de  Sausay,  son  épouse,  en  1669,  à 
Léonard  Morlon,  contre  une  maison  appartenant  actuellement  à 
M""*  de  Balzac,  laquelle  maison  avait  un  pavillon  aujourd'hui  dis- 
paru. 

Le  canton  d'Oradour-sur-Vayres  qui  a  9,041  habitants  et  12,773 
hectares  d'étendue,  se  compose  de  cinq  communes  :  Champagnac, 
Champsac,  Cussac,  Oradour-sur-Vayres  et  Saint-Bazile.  Ces  com- 
munes s'étendent  du  canton  (nord)  de  Sainl-Mathieu  au  canton  de 
Châlus  (arrondissement  de  Saint-Yrieix)  qui  sont  leurs  limites  sud, 
et  elles  ont  pour  limites  nord,  les  cantons  de  Saint-Laurent-sur- 
Gorre  et  de  Rochechouart,  chef-lieu  d'arrondissement.  Au  siècle 
dernier,  elles-  faisaient  partie  de  l'archiprétré  de  Nontron,  et  leurs 
paroisses  font  actuellement  partie  de  Tarchidiaconé  de  la  Haute- 
Vienne. 

Champagmac.  Champainhac  {Chronique  de  Maleu,  1316,  p.  90). 
—  Époque  celtique.  —  Sur  le  chemin  de  Châlus  à  Rochechouart,  à 
2,150  mètres  est  du  bourg  de  Champagnac,  un  tumulus  détruit 
depuis  quinze  ans. 

Moyen  âge.  —  Ancienne  église,  autrefois  prieuré  de  filles  sous 
le  vocable  de  saint  Paul,  fondé  vers  la  fin  du  xvii"  siècle,  fut  uni  eu 
1527  à  la  mense  abbatiale  de  la  Règle  (Rép,  arch,  de  la  Haute- 
Vienne,  par  E.  Grignard). 

Sainte-Harie-de-Champagnac  en  1498. 


960  SOCIÉTÉ  AKCBÉ0li061Q!IB  KT   HISTOBIOUB   DU   LIMOOSIIC. 

Patron  :  Saint  PanI,  apôtre,  jadis,  Nativité  de  la  Sainte  Vierge. 

Gnre  :  4,800 communiants;  patrons  :  mêmes  saints  qae  ci*des- 
sas.  L'évéqoe  de  Limoges  v  nommait  en  t3i0,  Tabbesse  de  la 
Règle  dès  iK04. 

Vicairie  fondée  par  Anne  de  Samalhie  (Saint-Mathieu),  veuve 
d'Yrieix  de  Chouly,  chevalier,  seigneur  de  Permangle,  Champa- 
gnac,  gouverneur  de  la  ville  et  cité  de  Limoges  (le  23  décembre 
1680),  pour  servir  de  vicairie  à  la  paroisse;  elle  fut  augmentée  par 
Anne  de  Ferrières,  fondée  à  l'honneur  de  saint  Mathieu.  Une 
nomination  fut  faite  par  les  héritiers  de  la  fondatrice  ;  Anne-Thé- 
rèse de  Chouly  Permangle,  veuve  de  Charles-Joseph  de  Ferrières, 
marquis  de  Sauvebœuf,  baron  de  PierrebufBère,  Aigueperse,  Ché- 
ronnac,  Congonssac,  1700, 1726. 

Champagnac  occupe  la  partie  à  peu  près  centrale  du  territoire 
de  la  commune  de  ce  nom  ;  il  est  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Tar- 
doire,  au  confluent  du  petit  ruisseau  de  Jouveau,  à  une  hauteur 
moyenne  de  308  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

«  On  distingue  deux  époques  et  deux  styles  différents  dans  l'archi- 
tecture de  réglise  de  Champagnac.  L*ensemble  est  en  style  roman 
du  xii*  siècle,  et  de  nombreuses  retouches  ont  été  faites  dans  la 
seconde  moitié  du  xv«  siècle. 

»  La  nef  se  compose  de  quatre  travées,  avec  un  collatéral  complet 
du  côté  du  nord,  et  deux  chapelles  latérales  du  côté  du  midi.  Les 
arcades  cintrées  qui  séparent  la  nef  des  collatéraux  ont  une  légère 
tendance  à  Togive,  et  reposent  sur  de  gros  pihers  cylindriques. 
L'abside,  semi-circulaire,  est  voûtée  en  demi-coupole,  au  bas  de 
laquelle  on  remarque,  du  côté  du  nord,  une  arcature  romane.  La 
porte  principale,  placée  à  Tangle  nord-ouest,  date,  comme  la  nef 
et  le  chœur,  de  la  première  construction. 

»  Quant  aux  restaurations  du  xv*  siècle,  on  les  voit  :  ^*  dans  le 
mur  latéral  du  nord,  dont  trois  fenêtres  ogivales,  «n  style  flam- 
boyant, ont  remplacé  les  étroites  baies  romanes  ;  2°  dans  les  ner- 
vures des  voûtes  et  du  collatéral  du  nord,  voûtes  malheureusement 
fermées  par  un  mauvais  lambris. 

»  Le  clocher,  placé  devant  le  chœur,  sur  la  première  travée  de  la 
nef,  est  de  forme  carrée  et  paraît  faire  partie  de  la  première  cons- 
truction ;  toutefois,  une  longue  fenêtre  ogivale,  ouverte  du  côté  du 
nord,  accuse  le  style  du  xvi°  siècle. 

»  Les  deux  chapelles  latérales  du  sud,  en  style  flamboyant,  ontété 
restaurées  au  xvn*  siècle,  et,  sur  un  linteau  d'une  porte,  à  l'ouest, 
on  lit  cette  inscription  : 

LE   s'  DUMAS  MA   FAIGT  FAIRE.    1618. 


MONOOHaPBIK   D^0RAD0UR*8UR-VAYftftà.  26^ 

»  Les  faits  historiques  relatifs  à  cette  église  sont  assez  rares;  en 
voici  un  que  nous  avons  pu  glaner  : 

»  En  4679,  le  14  mars,  le  P.  Boniface  Peyron,  prieur  du  couvent 
des  Augustins  de  Limoges,  prononça,  dans  Téglise  de  Ghampagnac, 
I*oraison  funèbre  de  Messire  Yrieix  Cbouly  de  Permangle,  maré- 
chal de  logis  de  la  compagnie  de  deux  cents  chevau-légers  de  la 
garde  ordinaire  du  roi,  gouverneur  de  Ja  ville  et  cité  de  Limoges. 
L'orateur  parlait  devant  le  marquis  de  Sauvebœuf  (Charles-Joseph 
de  Ferrières),  neveu  de  Tillustre  défunt. 

»  On  peut  lire  dans  les  Annales  du  Limousin,  par  le  P.  BoNAVB^- 
TURE  (t.  III,  p.  869),  la  biographie  et  les  exploits  militaires  de 
Chouly  de  Permangle,  véritable  type  du  héros  chrétien. 

i>  Le  marquis  de  Sauvebœuf,  qui  demeurait  alors  au  château  de 
Brie,  paroisse  de  Ghampagnac,  avait  épousé,  en  i673,  dans  cette 
église,  la  nièce  du  gouverneur  de  Limoges,  Thérèse  de  GhouUy  de 
Pennangle,  qui  mourut  en  1737,  et  fut  inhumée  dans  Téglise  de 
Ghampagnac.  »  Labbé  àrbbllot.  » 

f  Semaine  religieuse  de  Limogesy  tome  II,  page  382). 

La  grosse  cloche  porte  :  s^^  maria  ora   pro  nobis  1748.  besson 

RECTOR  PARRAIN  FRANÇOIS  JUDE  SEIGNEUR  DE  LA  RIVIÈRE.  —  MARRAINE 
DAME  MARIE  GENEVIÈVE  DE  VASSAN....  MARQUISE  DE  MIRABEAU,  REPRÉ- 
SENTÉE PAR  JUDE  DE  LAUBANIE. 

La  petite  cloche  porte  :  ego  sum  quia  in  tanto  regimine  pr/Evalui 

PARRAIN  JUDE  DE  LAJUDIE,  MAIRE;  MARRAINE'.  DAME  DE  JAUBERT;  PORT 
RECTOR  ECCLESIiE,  MAI  1826.  —  FONDUE  PAR  BONNIN  A  LA  MONNAIE  DE 
LUIOGES,   dans  l'atelier  DE  M*  PARANT. 

Noms  des  curés  que  j'ai  pu  recueillir  :  Garissot,  1697.  —  Ghave- 
roche,  1731.  —  Antoine  Delbés,  1735.  —  Besson,  1748.  —  Pierre 
Besson,  1762-1763;  vicaire,  Gabriel  Mandon  de  Forgeas.— Besson, 
1785. 

1763.  (1)  Gommuniants,  900. 

Sénéchaussée  de  Montmorillon. 

Patron  :  l'abbesse  de  la  Règle. 

Décimateur  :  idem. 

Seigneur  :  Madame  de  Vassan. 

En  1698,  le  marquis  de  Sauvebœuf  avait  des  possessions  dans  la 
paroisse  de  Ghampagnac. 

Au-dessus  des  portes  de  plusieurs  maisons,  j'ai  relevé  les  dates 

(I)  Les  renseignements  relatifs  à  Tannée  1763  sont  empruntés  au  Mé- 
morial dee  oisUes  pastoraiee  de  Mgr  d'Argentré^  publiés  dans  les  Chartes, 
chroniques  ei  mémoriaux  (A.  Lkaoux,  1886}. 


SÔ2  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   RT   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

ci-après  :  1642.  —  M.  1771.  B.  —  Sur  le  chambranle  d'une  che- 
minée, ouvragé  en  losanges  :  1704.  —  Sur  une  poutre  soutenant 
le  plafond  d'une  cuisine  :  l  ivde  s'  bESNOCHES  et  bonvev  davbanie 

MA  FC  LE  FA.    1700. 

Des  dévotions  ont  lieu  chaque  année  à  Champagnac,  le  jour  de 
la  Saint-Pierre,  qui  est  en  môme  temps  le  jour  de  la  fête  patro- 
nale. Les  pèlerins  se  rendent  à  diverses  sources,  y  prient,  y  trem- 
pent les  lèvres,  et  y  jettent  môme  souvent  quelque  menue  monnaie. 
Un  grand  nombre  d'entre  eux  font  le  tour  d'une  croix  de  bois  qui 
se  trouve  à  l'intersection  de  deux  chemins,  prennent  des  morceaux 
de  cette  croix  avec  la  pointe  de  leur  couteau,  et  déposent  en 
offrande  des  épingles,  qu'ils  enfoncent  dans  le  bois.  —  Ces  dévo- 
tions, môlées  de  superstitions,  sont  très  goûtées  des  habitants  de 
la  contrée,  et  se  renouvellent  à  Saint-Bazile,  le  2  février,  ainsi  que 
le  24  juin  de  chaque  année,  aux  «  Bonnes  fontaines  »,  commune 
de  Cussac. 

Des  foires  mensuelles  ont  été  établies  au  chef-heu  de  la  com- 
mune de  Champagnac,  en  avril  1879.  —  Elles  sont  fixées  au  15 
de  chaque  mois. 

Cette  commune,  qui  a  1,8S4  habitants  et  une  étendue  de  2,446 
hectares,  comprend  les  villages  suivants  : 

Beaubaty. 

Bethoule  (La).  —  J'y  ai  trouvé  des  éclats  de  silex,  un  morceau  de 
hache  néoUthique,  des  tuiles  romaines  et  une  quantité  de  tessons 
de  vases  de  toutes  dimensions. 

Boissonnie  (La  Chapelle). 

Brise-Bois  (Bas  du  Mas). 

Braconnerie  (La). 

Brie   (château),  j  Château  d'Ambrie  (Cassini  1744.  Moyen  âge). 

Brie  (domaine).  |  Sur  la  petite  route  de  moyenne  conununica- 
tion,  entre  Châlus  et  Cussac,  ancien  château  construit  au  commen- 
cement du  XV"  siècle,  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  maison 
seigneuriale  de  ce  nom,  qui  existait  en  1470  et  qui  appartenait  à  la 
famille  Boschand  de  Brie  et  qui  relevait  de  la  vicomte  de  Roche- 
chouart. 

Il  se  trouve  situé  sur  le  versant  septentrional  du  Mont  Puycon- 
nieux,  sur  le  chemin  de  Champagnac,  au  village  de  Veimpère,  à 
4  kilomètres  du  chef-heu  de  la  commune.  Il  dépendait  autrefois  de 
la  province  du  Poitou. 

En  1484,  Jean  Boschand  de  Brie,  écuyer  et  conseiller  du  prince 
d'Albret,  capitaine  des  forteresses  de  Châlus  et  Courbefy,  obtint  de 
Jean,  vicomte  de  Rochechouart,  l'autorisation  de  bâtir  et  édifier,  au 
lieu  noble  de  Brie,  une  maison  forte  de  tours,  tourelles,  créneaux, 


llONOGRAt»BtK   D^ORADOUR-SOR-VAYRKd.  ^63 

mâchicoulis,  ponUevis,  fossés,  etc.  —  Cette  autorisation  lui  fut 
confirmée,  le  11  décembre  1500,  par  François  de  Rochechouart, 
avec  garantie  contre  tous  troubles  et  inquiétudes.  —Cette  construc- 
tion fut  terminée  en  1625  et  prit  le  titre  debaronnie,  haute  et  basse 
justice  de  Champagnac.  En  1574,  la  terre  et  baronnie  de  Brie 
passa  au  seigneur  de  Neuvillards  par  la  mort  du  dernier  màle  de 
la  branche  aîné  des  Boschand  ;  en  1657,  elle  fut  aliénée  et  vendue  à 
Yrieix  de  Chouly  Permangle,  marié  à  Anne  de  Saint-Mathieu  : 
morts  sans  enfants.  —  Ils  léguèrent  cette  terre  par  moitié  à  Yrieix- 
Junien  de  Chouly  Permangle  et  à  Marie  de  Permangle,  leur  neveu 
et  nièce.  Celle  dernière  épousa  le  sieur  Perrière  de  Saulvebœuf, 
duquel  est  descendue,  par  les  femmes,  la  famille  de  Mirabeau. 

En  1681,  un  partage  provisoire  régla  les  droits  des  deux  familles 
et  en  1692,  1700  et  1711,  tous  les  biens  appartenant  à  Yrieix- 
Junien  de  Chouly  Permangle  furent  saisis  à  la  requête  de  nom- 
breux créanciers,  sur  les  sentences  rendues  par  Thôlel  de  Paris  et 
la  sénéchaussée  de  Montmorillon;  ces  biens  furent  successivement 
administrés  par  des  curateurs  nommés  par  le  Parlement  de  Paris. 

L'autre  partie  de  cette  terre  fut  jouie  par  la  famille  Ferrières 
de  Vassan-Sauvebœuf,  de  laquelle  descendait  Marie-Geneviève  de 
Vassan,  marquise  de  Mirabeau,  mère  du  fameux  Mirabeau,  Tora- 
teur  président  de  l'Assemblée  constituante.  Elle  fit  sa  résidence 
à  Brie  de  1770  à  1787  et  mourut  à  Paris  en  1794. 

«  Marie  Geneviève  de  Vassan,  issue  du  mariage  de  Anne-Thérèse 
de  Ferrières,  marquise  de  Sauvebœuf,  baronne  de  Pierrebuffière, 
avec  Charles,  marquis  de  Vassan,  en  1719.  —  Epousa,  en  1723, 
Victor  de  Riquettis,  titré,  en  1743,  marquis  de  Mirabeau,  comte 
de  Beaumont,  vicomte  de  Saint-Mathieu,  et  porte  :  d'azur  à  une 
bande  d'or,  accompagnée  en  chef  d'une  demi-fleur  de  lis  de  Florence, 
défaillante  à  droite  de  même,  et  fleurie  d'argent,  en  pointe,  de  trois 
roses  aussi  d'argent  posées  en  bande,  » 

En  1794,  tous  les  biens  de  la  famille  de  Mirabeau  furent  séques- 
trés et  saisis;  ils  furent  vendus  le  27  décembre  1808  à  l'audience 
des  criées  du  tribunal  de  Rochechouart.  —  M.  Bouland,  avocat  à  la 
Cour  impériale  de  Paris,  s'en  rendit  adjudicataire;  en  1820,  il  en- 
treprit la  restauration  du  manoir  détruit  en  juillet  1793  et  dont  il 
ne  restait  qu^  les  murailles. 

11  existait  dans  la  cour  du  château  une  chapelle-oratoire  voûtéiî 
avec  arêtes  et  ogives,  et  construite  en  1312  par  Guillaume  Boschand 
de  Brie. 

On  peut  voir,  dans  le  pavillon  central,  un  escalier  fort  beau,  en 
spirale,  donnant  accès  à  toutes  les  chambre.^ du  château.  A  ciiaiiuc 
palier  des  voussures  et  ogives. 


^64  SOGIBTÉ  AKCHÉOLOOIQUB   KT   HISTOHIQOB   DU   LIMOUSIIV. 

Uae  chambre,  qui  se  trouve  au  sommet  du  donjon,  porte  encore 
le  nom  de  «  Chambre  des  Pucelles  ».  Deux  Yieilles  caves  et  la  cui- 
sine sont  voûtées. 

Deux  cheminées  en  pierre  de  taille  méritent  d*étre  signalées, 
mais  les  armoiries  qui  les  ornaient  ont  été  détruites  pendant  la 
Révolution,  ainsi  que  celles  qui  devaient  exister  dans  les  diverses 
parties  du  château. 

Au-dessus  de  la  porte  d'entrée,  sur  le  granit,  on  peut  lire  Tins- 
cription  suivante  qui  est  en  creux  : 

CASTELLUM  BRIE 

ANO  DOM  1484 

iGDIFIGATVM 

ANC   1793   VASTATVM 

ANNO  1845  CVRA  ET  OPERE 

STEPHANI  V  BOYLAND 

RESTITVTUM. 

Brie  (Etang  de),  i90  mètres  de  longueur,  7S  de  largeur  et 
460  mètres  environ  de  circonférence. 

Champs  (Les). 

Chandos. 

Chapelières  (Les). 

Chatinaud  (Chez). 

Etang  (L^), 

Favinie  (La)  lEp.  moderne].  —  Ancien  manoir  mentionné  par 
Cassini  sous  le  nom  de  Fayne. 

Font  du  Loup  (La). 

Genêts  (Les). 

Got  du  Hazet. 

Grange-Neuve. 

Grateloube. 

Jarrosses  (Les). 

Jaurie  (La). 

Judie  (La). 

Lacaux. 

Lachaud. 

Landes  de  Lachaud. 

Loges  (Les). 

Loutre. 

Maisonniau  (Le).  On  y  a  trouvé  des  substructions  et  des 
tuiles  romaines. 

La  Martinie  (La),  chapelle. 

Mazet  (Le). 


ItONOGRAPHlR  O'ORADOUR-StJB-VAYRBS.  S65 

Meilbaudoax. 

Mondoux  (Les).  Ruines  d'une  ancienne  forge  construite  vers  la 
fin  du  xvn*  siècle  sur  le  petit  ruisseau  de  Brie  et  détruite  en  1818 
par  une  inondation.  (^Rep.  archéologique  de  la  Haute-Vienne,  £. 
Grighàrd).  Martinet,  fer  doux  de  première  qualité  et  acier  corroyé. 

Négrelat. 

Permangle.  Ancien  manoir  et  fief  de  la  sénéchaussée  de  Limoges, 
mentionné  au  rôle  officiel  de  1605  et  désigné  par  Gassini  sous  le 
nom  de  Petit-Permangle. 

Pouge  (La).  Possédait,  en  1617,  une  chapelle  en  ruines. 
(Vatssiéab,  Ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  en  lÀmousin,  p.  46.) 

Poteau  (Le). 

Pressoir  de  Brie. 

Puy  La  Paye. 

Puy  (Le).  Souterrain-refuge. 

Règle  (La). 

Renaudie  (La). 

Rifière  (La)  [Ep.  moderne].  —  Magnifique  tréfilerie  qui  a  acquis 
de  la  renommée  par  la  qualité  des  produits  de  sa  fabrication, 
(importance  en  1878,  1,170  tonnes).  Elle  fut  construite,  en  1836, 
sur  remplacement  de  deux  forges  qui  dataient  de  la  fin  du  xvii*  siè- 
cle et  dont  les  aciers  furent  exclusivement  employés,  en  1796,  à  la 
fabrication  des  sabres  {Rép.  arch.,  E.  Gr[gnard).  M.  Bouillon,  ingé- 
nieur mécanicien,  en  est  le  propriétaire  et  a  fait  bâtir  non  loin  de 
Tusine  un  joli  eh&teau  qu'on  aperçoit  de  la  ligne  ferrée. 

Il  existe  encore  une  habitation  fortifiée  devant  dater  de  la  fin 
du  XVI*  siècle,  époque  de  prospérité  pour  Tindustrie  métallurgique. 
C'est  un  logis  à  pavillons  carrés. 

Rochet  (Le).  On  y  trouve  des  éclats  de  silex. 

Salesse  (La).  Nombreuses  tuiles  romaines  &  rebord. 

Soulat  (Chez). 

Tamisac  (Le).  Ancienne  cure. 

Valade  de  Brie. 

Vauperie  (La). 

Vialle  (La).  Souterrain  refuge  découvert  le  39  juin  1889. 

Champsàc  ou  Chànsàc.  —  Campus  Sacer  (Nadaud,  p.  16i).  Chan- 
sat,  Senier  coût.  1691.  D.  Tassin,  1630.  —  Jaillot,  1719.  —  Occupe 
la  partie  à  peu  près  centrale  du  territoire  de  la  commune  de  ce 
nom.  Hauteur  moyenne  :  327  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer;  près  de  la  source  du  ruisseau  de  la  Monnerie,  sur  le  chemin 
dit  Grande-Pouge,  de  Rochechouarl  à  Châlus. 

Époque  celtique.  —  A  58  mètres  du  tumulus  de  Champagnac 
(alias)y  se  trouve  un  tumulus  appartenant  à  cette  commune.  Il  a 

T.  XXXVII.  13 


266  SOCIÉTÉ  ARGHéOLOGiQUE  ET  RIStORlOtlB  DU  LlMOUSlk. 

une  circonférence  de  45  mètres  sur  3  mètres  50  cenlimètres  de 
hauteur.  Suivant  une  opinion  très  répandue,  il  aurait  servi,  avec 
celui  de  Champagnac  qui  a  disparu,  de  délimitation  entre  cette 
partie  du  Limousin  et  les  anciennes  dépendances  du  Poitou.  Ces 
deux  lumuli  sont  appelés  <'  Mottes  de  Jouveaux  »  par  les  gens  du 
pays.  Des  fouilles  pratiquées  par  M.  Masfrand,  de  Rochechouarl» 
le  3  avril  1889,  ont  amené  la  découverte  de  vieilles  poteries,  de 
clous  et  de  nombreux  ossements  parmi  les  cendres  du  foyer. 

Jusqu'à  ce  jour,  ces  vestiges  de  Tépoque  celtique  étaient  resti- 
tués tous  deux,  soit  à  Ghampsac,  soit  à  Champagnac  par  les 
divers  auteurs,  mais  j*ai  acquis  la  certitude  que  la  limite  de  nos 
deux  anciennes  provinces  se  trouvait  entre  les  deux  tumuli. 

Moyen-âge,  —  Ancienne  église  fondée  dans  le  courant  du 
\m^  siècle,  était  sous  le  patronage  de  Tévéque  de  Limoges  en  4565. 
Ce  prieuré  qui  avait  une  certaine  importance,  était,  en  1761,  un 
des  bénéfices  dépendant  de  la  communauté  d'Uzerche. 

11  y  avait  une  infirmerie  de  lépreux  eu  1274.  {Rép.  arch., 
E.  Grigmard.) 

Cure  :  1,400  communiants.  —  Patron  :  Décollation  de  saint 
Jean.  L'évéque  de  Limoges  nommait  les  titulaires  en  4500,  etc. 
L'église  de  Champsac  (longueur  27  mètres;  largeur  6  mètres 
50  centimètres  dans  œuvre)  est  de  style  roman.  Le  chœur,  mal 
reconstruit,  supporte,  comme  le  transept,  une  voûte  surbaissée, 
semblable  à  la  voûte  d'un  four.  Le  clocher,  en  pierre,  qui  se  dres- 
sait autrefois  sur  les  piliers  du  transept,  a  été  démoli.  —  On  Ta 
remplacé  par  un  clocher  en  bois,  situé  au  fond  de  la  nef,  et  pour 
lequel  on  a  construit  quatre  énormes  et  affreux  piliers  en  maçon* 
nerie.  Il  a  fallu,  pour  bâtir  ces  piliers,  supprimer  une  tribune  que  la 
superficie  très  insulTisante  de  Téglise  rendait  pourtant  indispensa- 
ble. C'est  vers  1845  ou  1850  que  ces  aetes  de  vandalisme  incons- 
cient furent  commis.  Avec  les  meilleures  intentions  du  monde,  on 
dépensa  beaucoup  d'argent  pour  tout  gâter.  A  ces  fautes,  on 
ajouta  celle  d'ouvrir  dans  le  pignon  qui  sert  de  base  à  Taxe  de 
l'église,  une  grande  porte  carrée,  véritable  porte  de  grange. 
C'était  d'autant  plus  inutile  qu'il  existait  déjà  pour  cette  petite 
église  deux  portes  sur  le  côté  sud,  donnant  sur  la  place  publique  : 
l'une,  au  milieu,  bâtie  en  plein  cintre  et  portant  la  date  de  1646  ; 
l'autre,  du  style  du  xiii*  siècle,  au  fond  de  l'égh'se,  servait  et  sert 
encore  d'entrée  principale;  elle  est  surmontée  de  la  date  1628  et 
d'un  écusson  complètement  détérioré,  sans  doute  en  1793.  Ces 
deux  dates  ne  peuvent  qu'indiquer  des  époques  de  restauration 
partielle.  Les  chapelles  du  transept  sont   très  peu   profondes. 


MOlfOGRAPHIB  d'ORADODR-SCR-VAYRBS.  867 

UaDcienne  voùle  de  la  nef,  dont  la  poussée  des  épaisses  murailles 
latérales  atteste  Texistence,  a  été  remplacée  par  un  plafond  plat. 
Le  clocher  actuel,  carré  à  sa  base,  a  une  flèche  octogonale.  On  vient 
de  le  couvrir  en  ardoises.  Un  bénitier^  tout  d'une  seule  pièce,  en 
pierre,  de  70  centimètres  de  hauteur  et  de  1  mètre  20  centimètres 
de  diamètre  attire  seul  Tattention  dans  cette  église,  dont  les  nom- 
breuses relouches  lui  ont  ôté  son  caractère  architectural  primitif. 
La  cloche  porte   les  inscriptions  suivantes  :   sangte    joannes 

BAFTISTA  ET  SANGTE  FIACRl  ORATE  PRO  NOBIS.  ^  A  ÉTÉ  PARRAIN  MESSIRE 
FRANÇOIS  COUSTIN,  GHEVAUER,  SEIGNEUR  DU  MASNADAUD.  MARRAINE  : 
DAHOISELLE  YSABEAU  DE  GAMÀIN,  ÉPOUSE  DE  JEAN  DE  BRIE,  ÉGUYER, 
SEIGNEUR  DE  MONTEGUERRE.  —  ESTANT  SINDIGS  :  M'*  JEAN  NADAUD, 
M'*  ET  W  JACQUES  BUISSON,  CORDONNIER,  M'*"  BARBE,  NOTAIRE  ROYAL. 
l'an  de  GRACE  1628.  —  NOBLE  M'*  FRANÇOIS  DE  BRIE,  DOCTEUR  EN 
THÉOLOGIE,   CURÉ.   —  PIERRE  CHARPENTIER  M* A  FAfTE. 

Le  16  juillet  1587,  Marguerite  de  La  Rochefoucauld,  veuve  du  haut 
el  puissant  seigneur  Claude  de  Bourbon,  comte  de  Busset,  seigneur 
de  Ghàlus,  etc.,  fit  marché  avec  François  Limosin,  peintre  de  la 
ville  de  Limoges,  «  pour  peintrer  es  églises  Lageyrac,  Dournazac, 
La  Ghapelle-Montbrandeix^  Champsac  et  Pageas  une  ceinture 
au  dehors  et  au  dedans  des  dites  églises,  avec  les  armes  du  dit 
seigneur  ».  Ces  armes  sont  :  semé  de  France  à  une  bordure  en 
devise  de  gueules,  au  chef  d'argent  chargé  de  la  croix  et  des  croiset- 
tes  de  Jérusalem  f  Nobiliaire ,  I,  266). 

Noms  des  curés  que  nous  ont  donné  les  registres  paroissiaux 
ou  les  archives  départementales  : 

Vers  1573.  Jean  Texier,  chanoine  de  la  cathédrale. 

En  1628.  François  de  Brie. 

En  1663.  Pinot,  curé  de  Chaussât. 

1671.  Nadaud,  curé  de  Champssat. 

1671  à  1692.  Descordes  Léonard,  prêtre,  curé  de  Champsac. 

1673.  Dupré,  vicaire. 

1676-1677.  Jean  Ondouze,  vicaire. 

1677.  E.  Roche,  vicaire. 
1678-1679.  Raby,  vicaire. 

1678.  Mailhot,  vicaire. 
1679-1680.  Navéne,  vicaire. 
1680.  Guingnaud,  prêtre. 
1681-1682-1683.  Durand,  vicaire. 
1684-1685-1686-1687.  B.  Nayne. 
1688-1689-1690-1691.  Gibot. 
1691-1692.  Dumas,  vicaire. 
1692  à  1698.  Destermes,  vicaire. 


^68  SOCIÉTÉ  AACliOLOGIQOfe  St  H1ST0RIQUK  DU  LÏMOUStN. 

1698  à  1731.  Destermes  de  Chérade,  curé  de  Champsact,  mort  le 
S  mars  1731  à  soixante-sept  ans. 
1731.  Laplaigne,  curé.  —  Manet,  Yicaire. 
1732  à  1735.  Lamy,  vicaire, 
1763.  Cosse. 

1763.  Joseph  Gérald,  curé.  —  Pierre  Châtenel,  vicaire. 
1763  à  1765.  Rayer. 

En  1787.  Lemaçon.  —  Antoine  Lemasson,  curé  de  Champsac, 
fut  déporté  pendant  la  Révolution.  —  «  Mgr  d'Argentré  ». 

(1763).  Communiants  :  800.  —  Sénéchaussée  :  Limoges.  — 
Patron  :  Tévéque.  —  Seigneur  :  le  curé.  —  Gentilhomme  :  M.  de 
Châteauneuf.  —  Décimateurs  :  le  curé,  le  comte  de  Bourbon- 
Busset,  le  commandeur  de  Puybonieux  et  M.  du  Mas-Nadaud. 

En  1664,  1666, 1669,  nous  voyons  que  M.  Barbe  était  notaire 
royal  de  Champsac.  —  En  1667,  1669,  1672,  1673  et  1677, 
M,  Chambon,  notaire  de  Champsac.  —  Pierre  Nicolas  vivait  en 
1708-1709. 

La  commune  de  Champsac  est  arrosée  par  la  Tardoire,  dans  la 
direction  S.-E.  au  N.-O.,  sur  une  étendue  de  1,700  mètres,  et  par 
la  Gorre,  dans  la  direction  du  S.  au  N. 

Le  nord  de  la  commune  est  aussi  arrosé  par  le  petit  ruisseau 
de  Cabaret,  qui  sort  de  Tétang  de  ce  nom  et  qui  va  du  S.-O. 
au  N.-E. 

La  population  de  cette  commune  se  compose  d'agriculteurs  et 
de  journaliers.  Il  y  a  un  grand  nombre  de  petits  propriétaires  qui 
cultivent  eux-mêmes  leur  modeste  fonds  de  terre,  qui  leur  donne 
tout  juste  de  quoi  vivre.  Outre  qu'ils  sont  mal  logés  et  nourris,  ils 
se  livrent  à  des  excès  de  différentes  sortes,  qui  paraissent  être  la 
cause  d'un  affaiblissement  physique  qui  a  été  remarqué  et  auquel 
il  y  aurait  lieu  de  donner  quelque  attention.  D'où  vient,  par  exem- 
ple, qu'il  y  a  deux  ou  trois  ans  le  conseil  de  révision  ne  pril  pour 
le  service  militaire  que  deux  conscrits  sur  dix?  Celle  année  1889, 
m'assure- l-on,  il  en  a  pris  quatre  sur  quinze? 

L'étang  de  Champsac  est  long  de  150  mètres.  Sa  largeur  est  de 
80  mètres  en  moyenne  et  sa  circonférence  de  300  mètres. 

Cette  commune,  qui  a  1,529  habitants  et  2,394  hectares  d'éten- 
due, comprend  les  villages  suivants  : 
Bas-Mady. 
Bousséroux. 
Boussilles. 
Bramefort. 
Branchie  (La). 
Brisebois  (Chez). 


MONOORAPHIB   o'ORAPOUa-SUR-VAYRIS.  S69 

Ghandeaui.  Des  pièces  en  argent  espagnoles  de  Ferdinand-le- 
Gatholique  et  dlsabelle  y  ont  été  trouyées. 
Ghandeaux  (Landes  de). 
Glaretis  (Les). 

Courrière  (La).  Près  de  ce  village,  à  environ  300  mètres  du 
bourg  de  Champsac,  s'élève  une  petite  chapelle  carrée,  d'une 
construction  simple  et  primitive.  Un  vieil  autel  vermoulu,  une 
statue  de  saint  Roch  en  font  tout  Tornement.  Cet  oratoire  est 
bâti  sur  une  élévation  de  terrain,  au  milieu  de  chênes  et  de  châ- 
taigniers, dont  le  frais  ombrage  rend  ce  lieu  fort  agréable.  La  tra- 
dition raconte  qu'une  dame,  propriétaire  du  village  de  La  Cour- 
rière, voyant  tout  le  bétail  de  ses  domaines  atteint  d'une  maladie 
contagieuse  qui  le  décimait  chaque  jour,  et  reconnaissant  Tim- 
puissance  des  moyens  ordinaires  pour  le  guérir,  eut  recours  à 
saint  Roch.  Elle  fit  le  vœu  de  bâtir  en  Thonneur  du  saint  une 
chapelle  et  de  lui  donner  tout  le  terrain  environnant  qui  forme  la 
charmante  petite  colline  couverte  aujourd'hui  de  vigoureux  châtai- 
gniers, et  elle  lui  demanda,  en  retour,  de  ramener  la  santé  dans 
ses  étables.  Elle  fut  aussitôt  exaucée.  —  Telle  est  l'origine  de  ce 
pèlerinage.  —  Mais  à  quelle  époque  cette  faveur  insigne  fut-elle 
accordée  à  la  foi  de  la  pieuse  dame?  Est-ce  il  y  a  environ  deux 
cents  ans,  comme  on  le  présume?  On  ne  saurait  le  dire.  On  ne 
peut  davantage  faire  connaître  le  nom  de  cette  fervente  chrétienne  : 
la  tradition  populaire  ne  l'a  pas  conservé  et  aucun  document 
n'existe  qui  puisse  le  faire  découvrir. 

Croix  (La). 

Cros. 

Curmont. 

Dougneix  (Le). 

Elie  (Chez). 

Elie  (Chez). 

Epinas  (L'). 

Gorre  (La). 

Grateloube  (souterrain-refuge). 

GrauUler. 

Gubfliou. 

Juandoux  (Les). 

Jouveaux  (tumulus). 

Jadie  (La).  Il  y  avait  un  seigneur  de  La  Judie. 

Lande  (La). 

Landou  (Le). 

Lussac. 


370  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGlat'B  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

Maurie(La). 

Mazardie  (Ep.  moderne).  Ancien  manoir  mentionné  par  Gassini, 
1764. 

Mas  du  Puy. 

Maison-Neuve  CLa). 

Messac. 

Monnerie  (La). 

Moulin-de-Cros  (Le). 

Moulin-du-Sage  (Le). 

Nailhac. 

Parades. 

Petavigne  (La).  La  famille  Nicolas  avait  fait  des  acquisitions  dans 
ce  village.  En  1663,  Barrière,  notaire  royal  de  Ghampsac.  En 
1662,  Devillevaleix,  notaire  de  Lageyrat. 

Achats  de  biens  situés  à  La  PeytavignectàDounier,  appartenant 
aux  frères  Jean  et  Pierre  Bugeaud  :  582  h.  101  (14  avril  1662)  et 
800  h.  (novembre  1663). 

Plaisance. 

Pressonas. 

Roche  (La). 

Soude-Vieille. 

Therme  (Le). 

Verdier  (Le). 

Vergnolle  (La). 

Vigne  (La). 

GussAC.  —  Au  nord  du  territoire  de  la  commune  de  ce  nom,  sur 
le  plateau  qui  domine  les  rivières  de  la  Tardoire  et  du  Bandiat 
(nord),  à  une  élévation  moyenne  de  362  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  —  Traversé  par  la  route  départementale  n*  8  de 
Mansle  à  Limoges  et  par  le  chemin  de  grande  communication  n""  22 
de  Saint-Junien  aux  Trois-Gerisiers. 

Moyen  âge,  —  Ancienne  église  fondée  dans  le  courant  du  xv*  siè- 
cle sous  le  vocable  de  saint  Pierre;  relevait  en  1470  du  prieuré  de 
Saint-Jean  de  Gole;  passa  en  1531  sous  le  patronage  de  Tévèque 
de  Limoges  et  fut  cédée  à  Tabbaye  de  Solignac  en  1631  ÇRep.  arch., 
E.  Grignard). 

Gure  :  1,800  communiants.  —  Patron  :  Saint  Pierre-ès-liens.  — 
Par  un  jugement  du  vendredi  avant  LéPfar^  1252,  il  fut  déterminé 
que  les  bourgs  de  Gussac  et  de  Marval,  avec  les  paroisses,  vigue- 
ries,  etc.,  seraient  au  vicomte  de  Rochechouart,  sauf  les  homma- 
ges que  le  vicomte  de  Limoges  y  avait.  fHist.  de  la  Maison  de  Ro- 
chechouart^ p.  87,  t.  II). 


MONOGRAPHIE  d'ORADOUR-SUR-VATRES.  S71 

L'église  de  Cussac  est  en  style  roman,  mais  elle  a  subi  des  modi- 
Tications  à  différentes  époques.  Bâtie  en  forme  de  croix,  son  clo- 
cher octogonal  repose  au  centre  sur  quatre  piliers  carrés  formant 
les  angles  intérieurs  de  la  croix.  Le  chœur  est  surmonté  d'une 
voûte  à  plein  cintre.  Les  chapelles  collatérales,  ont  des  voûtes  à 
ogives,  et  le  dessous  du  clocher  forme  également  une  voûte  à 
ogives,  dont  les  rainures  accusent  nettement  Vindinato  capite. 
Cette  église  a  été  incendiée,  mais  je  n'ai  pu  me  procurer  la  date 
de  ce  sinistre.  Lorsque  le  dallage  en  a  été  refait  par  les  soins  du 
curé  actuel,  des  tombeaux  ont  été  mis  à  jour  et  leurs  pierres  ont 
servi  en  partie  à  ce  dallage.  Il  existait  encore,  à  Tintérieur  de 
Féglise,  il  y  a  quelques  années,  un  lambris  bleu,  daté  de  1610  et 
signé  :  FAURE,  charpentier. 

La  plus  grosse  cloche  porte  :  parrain  :  armand-hippolyte-astolphe 

RENAUD  DE  BERMONDET.  —    MARRAINE  *.    d'*^    HORTENSE    DE    BERHONDET. 
l'an  1781. 
La  plus  petite  porte  :  thérése  a  été  pondue  en  1856  par  les  soins 

DE  MM.  PUTBOYER,  MAIRE,  ET  BERTHET  L^  ,  CURÉ.  PARRAIN  *.  FRANÇOIS 
PUYBOYER  M.  P.  — MARRAINE  :  CLÉMENTINE  DE  TRYON  DE  MONTALEMBERT, 
MARQUISE  DE  CROMIÉRES.  —  TÉMOINS  :  MM.  DUVOISIN,  ADJOINT,  ET  COHADE, 
VICAIRE.  —  FAITE  A  SAINTES  PAR  LANOAILLE,  DUMAS  ET  PEIGNEY. 

Noms  des  curés  fournis  par  les  registres,  paroissiaux  : 

En  1655,  Foussille.  —  En  1666,  Simon  Vireton.  —  En  1700, 
Descubes.  —  En  1717,  Chauny.  —  1735-1737,  Jean-Baptiste 
Robert,  vicaire.  —  En  1751,  Noël  Reygondaud,  curé,  mort  à 
soixante  ans,  remplacé  par  Goursaud.  —  1752,  Godet,  vicaire.  — 
1762-1782,  Jean  Goursaud,  curé.  —  1763,  Nénert,  vicaire.—  1784» 
de  Râteaux  de  Vaux.  —  1830-1835,  Léonard  Deschamps,  curé  de 
Cassac,  où  il  mourut. 

1763.  Communiants  :  1,000.  —  Sénéchaussée  de  Montmorillon. 
—  Patron  :  Tévéque.  —  Seigneur  :  M.  .de  Bermondet  de  Cro- 
mières.  —  Décimateurs  :  le  curé,  M.  de  Bermondet,  les  dames  de 
Bûubon  et  M"*  de  Vassan.  —  Gentilshommes  :  M.  de  Bermondet, 
H.  Guilhol  du  Doucet. 

On  signale  des  souterrains  à  Cussac. 

Encastrées  dans  le  mur  de  certaines  maisons,  j'ai  remarqué  des 
moulures  en  granit,  représentant  des  têtes  humaines,  et  qui  doi- 
vent provenir  de  l'église  ou  de  Tabbaye  de  Bonbon  ;  un  de  ces 
modillons  forme  une  triade  bien  conservée  et  a  dû  servir  de  con- 
sole à  une  statue. 

La  commune  de  Cussac,  au  chef-lieu  de  laquelle  se  tiennent  des 
foires  le  24  de  chaque  mois,  a  2,097  habitants  et  une  superticie  de 
3,170  hectares.  —  Elle  se  compose  des  villages  suivants  : 


972  SOCléTÂ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   BiSTOklQUB   DU   LIMOUSIN. 

Arbre  (L')  du  Faux- 

Arsac. 

Bénéchie  (La). 

Berthussie  (La). 

Boubon.  —  Borboninm  (titre  de  1247),  Bobonium  (Testain  de 
Guy-Foucaud  du  29  juillet  1302),  Bo6wm*Boubon,  Bibio  (Nadaud, 
p.  166),  Boubon-les-Nonnaiiis. 

Moyen  âge.  —  Ruines  d'un  ancien  monastère  de  Tordre  de 
Poûtetrault,  établi  en  1106  par  le  célèbre  Robert  d'Arbrissel,  fon- 
dateur de  cet  ordre,  et  Pétronille  de  Chamillé,  première  abbe&se 
de  Fontevraull.  En  1119,  Pierre  de  Montfrebœaf,  seigneur  de  la 
terre  de  ce  nom,  située  à  quelque  distance  de  Boubon,  sur  le  ter- 
ritoire de  Marval,  Ithier  Bernard  et  Aymeric  Brun,  dotèrent  cette 
maison  naissante,  connue  sous  le  nom  de  Notre-Dame  de  Boubon. 
Ce  monastère,  un  des  plus  anciens  de  France,  fut  détruit  par  les 
Anglais  et  reconstruit  par  les  soins  des  seigneurs  de  Lastours  et 
de  Pompadour,  dont  les  armoiries  réunies  figuraient,  ayant  1789, 
à  rentrée  de  l'église,  avec  celles  des  seigneurs  de  Peyrusse  et  des 
Gars,  qui  lui  firent  plusieurs  dons.  L'église  du  monastère  était 
celle  de  la  paroisse;  elle  fut  supprimée  par  ordre  royal  du  24  août 
1829.  On  remarquait  encore,  dans  les  derniers  temps,  sur  quelques 
voûtes  de  la  basilique,  les  armoiries  des  bienfaiteurs  de  rétablis- 
sement {Rep.  arch.,  E.  Grignard;.  La  Révolution  de  1789  a  dé- 
truit presque  en  entier  ce  monastère,  ainsi  que  le  pensionnat 
salarié  affecté  à  TéJucation  des  filles.  Cette  maison,  tenue  par  des 
religieuses  de  la  communauté,  jouissait  d'une  grande  et  ancienne 
réputation.  On  y  voit  encore  le  cloître,  formé  d'une  suite  d'arca- 
des. —  Un  des  côtés  du  clottre  porte  encore  les  armes  des  sei- 
gneurs des  Cars. 

Dans  le  Pùuillé  de  Nadaud,  on  lit  :  Boubon.  —  Prieuré  de  filles 
—  ordre  de  Fontevraull.  —  Patron  :  Assomption  de  la  Sainte- 
Vierge.  —  La  prieure  est  élective  et  triennale.  Etienne,  seigneur 
de  Magnac,  Pierre  de  Montfrebœuf,  Itier  Bernard  et  Aimeric 
Brun  avaient  donné  ce  lieu  à  Fontevrault  en  1H9.  [GalL 
christ,  nov.,  t,  II,  col.  1316),  Gérault  de  Salis  et  son  compagnon 
Robert  d'Arbrissel  y  établirent  la  régularité  en  1106.  (Marténe, 
Amplissimat  coll.  t.  IV,  col.  994).  Renée  de  Bourbon,  abbesse  de 
Fontevrault,  envoie  à  Boubon  sept  religieuses  qui  y  furent  intro- 
duites le  18  septembre  1S28,  reprirent  possession  de  ce  monastère 
et  y  mirent  la  réforme.  Jean  Bermondet,  chanoine  et  chantre  de 
l'église  de  Limoges  avait  ce  prieuré  en  commande  et  jouissait  de 
tous  les  revenus;  il  fut  obligé  de  le  quitter  par  arrêt  du  grand 
Conseil  du  26  mars  1539. 


MOKOGRAPBIR  D*0nAD013R-SUR-VAYRBS.  273 

Gare  régulière  dômembrëe  de  Cussac.  —  170  commuûiants. 
L*abbesse  de  Fontevrault  nommait  les  titulaires  en  1682,  1689, 
puis  ce  fut  la  prieure  et  les  religieuses  de  Boubon,  du  consente- 
ment de  Tabbesse,  à  partir  de  1700. 

Saint-Jean-de-V Habit  élàii  un  oratoire  ou  chapelle  en  1471.  — 
Il  eut  aussi  le  litre  de  vicairie.  —  Patron  :  Saint-Jean-Porte- 
Latine.  —  La  prieure  de  Boubon  nommait  un  titulaire  en  1S18, 
avec  Tabbesse  de  Fontevrault  1672-1675.  {Fouillé  de  Nadaud.) 

Amand  Fouguel,  curé  en  1763,  religieux  de  Tordre  de  Fonte- 
Trault.  —  Communiants  :  86.  —  Sénéchaussée  :  Montmorillon.  — - 
Patron  :  Les  religieuses  de  Boubon.  —  Décimateurs  :  Les  reli- 
gieuses de  Boubon.  —  Seigneur  :  M.  de  Permangle.  —  La  com- 
munauté compte,  en  1763,  quinze  religieuses  y  compris  les  sœurs 
conterses  qui  ont  pour  directeurs  :  Amand  Fouguet,  curé  ;  Robert, 
curé  de  Vayres,  et  Morand,  ancien  curé  de  Javerdat. 

Le  village  actuel  était  autrefois  chef-lieu  de  commune  et  avait 
le  titre  de  Bourg.  Il  fut  réuni  avec  ses  dépendances  au  territoire  de 
Cussac,  par  ordonnance  royale  du  24  août  1829.  Située  à  une  hau- 
teur moyenne  de  466  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  c'est 
la  partie  la  plus  boisée  et  la  plus  montagneuse  de  la  commune  de 
Cussac.  Il  existe  quatre  étangs  qui  avaient  été  concédés  en  pro- 
priété au  monastère. 

Un  missel,  haut  de  52  centimètres,  plusieurs  livres  de  prières  et 
un  curieux  manuscrit  provenant  de  Tabbaye  de  Boubon  se  trou- 
vent entre  les  mains  de  divers  particuliers. 

Boubon  (Moulin). 

Bregère  (La). 

Bregère  (Moulin  de  la). 

Breuil  (Le),  Brolium.  (Deloche,  introd.,  p.  cui). 

Moyen  âge.  —  Ruines  d*une  ancienne  chapelle,  détruite  en  1740- 
{Mep.  arch.y  £.  Grignard.) 

Broulie  (La}. 

Cbambinaud. 

Champs  (Les). 

Châtenet  (Le). 

Crémières  (Moyen  âge).  Château  parfaitement  conservé,  à  1,500 
mètres  du  clocher  de  Cussac,  et  dont  Torigine  parait  remonter  à 
une  haute  antiquité.  C'était,  dit  Allou,  une  des  places  les  plus  im- 
portantes de  cette  partie  de  Tancien  Poitou.  Il  fut  assiégé  et  pris 
parles  ligueurs  en  1586.  Ceux-ci  en  furent  chassés  quelques  temps 
après  par  le  capitaine  Puymoulinier,  commandant  les  troupes  de 
limoges,  et  furent  repliés  sur  Saint-Viclurnien. 

Propriété  héréditaire  de  Tancienne  et  illustre  famille  de  Ber- 


S74  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

mondet.  Les  construcUons  actuelles  de  ce  château  ne  remontent 
qu'à  la  seconde  moitié  du  xv*  siècle.  Elles  se  composent  d'un 
corps  de  bâtiment  à  gauche  duquel  se  trouvent  deux  tours,  dont 
Tune  est  de  forme  octogone  et  dans  laquelle  on  accède  par  un 
escalier  en  pierre  formé  de  quatre-vingt-deux  marches  et  en  spi- 
rale, conduisant  dans  les  divers  étages  du  château.  Dans  la  plus 
grande  tour,  on  remarque  des  voûtes  percées  à  chaque  étage,  lais- 
sant passer  la  corde  de  la  cloche.  —  Ce  château  n'avait  aucune 
ouverture  au  rez-de-chaussée.  —  La  cour  d'honneur,  remarquable 
par  ses  dimensions,  est  entourée  de  bâtiments  qui  commencent  et 
se  terminent  de  chaque  côté  par  une  tour.  Autrefois  cette  cour 
était  divisée  en  deux  par  un  mur  et  des  fossés  qui  défendaient  l'en- 
trée de  côté  et  au  nord,  où  on  voit  encore  la  trace  de  ces  fossés. 
L'épaisseur  des  murs  atteint  seize  pieds  et  elle  dissimulait  par 
places  des  galeries  ou  souterrains-refuges.  Un  de  ces  passages 
existe  encore.  Les  autres  ont  été  comblés  il  y  a  environ  soixante 
ans,  lorsqu'on  a  pratiqué  les  ouvertures  des  fenêtres  actuelles. 
Pendant  la  Révolution  de  1789,  la  démolition  du  château  fut  décidée 
et  commencée  par  la  grande  tour  dont  la  hauteur  a  été  réduite  d*un 
tiers,  dit-on.  —  Elle  atteint  encore  soixante-six  pieds  d'élévation. 
La  grande  salle  à  manger  est  remarquable  par  sa  belle  voûte  à 
grosses  rainures  ogivales.  On  y  a  encastré  dans  le  mur  deux 
médaillons   en    marbre  blanc  de  40   centimètres  de   diamètre 
intérieur,  représentant  des  têtes  d'empereurs  romains,  à  peu  près 
de  grandeur  naturelle,  qu'on  a  pris  pour  des  sculptures  antiques, 
et  qui  ne  sont  probablement  qu'une  contrefaçon  de  la  Renaissance, 
importées  d'Italie  au  xvi«  siècle.  Les  têtes  sont  de  proBl  et  l'une 
d'elle  a  pour  exergue  :  avrelio  ;  c  s  :  imperator.  Les  cheveux 
sont  bouclés  et  courts,  comme  les  portait  Marc-Aurèle,   mais 
il  est  diflBcile  d'admettre   que  ce  médaillon  appartienne  à  ce 
dernier  empereur,  qui  est  mort  en  180  de  J.-C,  puisqu'il  est  du 
même  travail  que  le  second,  qui  porte  en  exergue,  gravé  en  creux  : 
IMP.  c.  M.  Q.  TRAiANvs  DEciv.  —  Imperatop  Cœsar  ou  Caïus,  Messius, 
Quinlus,  Trajanus,  Décius,  et  est  de  Trajan  Dèce,  mort  en  251. 
On  comprendrait  plutôt  que  le  premier  médaillon  nous  donne  les 
traits  d'Auréiien,  sous  une  couronne  radiée,  mort  en  275  de  J.-C, 
et  qui  vivait  par  conséquent  en  même  temps  que  Trajan  Dèce. 
Cependant  je  n'admets  pas  encore  ce  nom  d'Auréiien  pour  ce 
médaillon,  puisque  celui-ci  porte  en  exergue  avrelio  :  c^esar  et 
qu'Aurélien  n'avait  pas  ce  titre.  —  Ces  considérations  démontrent 
surabondamment  que  nous  sommes  en  présence  de  deux  bas-reliefs 
d'un  travail  précieux,  mais  ne  datant  nullement  de  l'époque  ro- 
maine, comme  on  paraît  le  croire  généralement. 


MONOGRAPHIB  O^ORADOUR-SUR-YATRBS.  27S 

La  chapelle  est  de  date  plus  récente  que  le  château.  Elle  avait 
été  dëtéroriée  pendant  la  Révolution,  mais  elle  a  été  restaurée. 
L'aatel  en  bois  sculpté  est  très  ancien. 

La  terre  de  Gromières  passa  dans  la  maison  de  Bermondet  par 
le  mariage  de  Jehan  de  Bermondet,  qualifié  noble  chevalier, 
seigneur  du  Boucheron,  Oradour-sur-Vayres,  Panazol  et  Saint- 
Laurent-sur-Gorre,  avec  damoiselle  Isabeau  de  Selve,  tille  de 
Jehan  de  Selve,  seigneur  de  Gromiëres,  Viilers-le-Gastel  et  de 
Duysson,  premier  président  du  Parlement  de  Paris,  et  de  Cécile 
de  Bnssy,  le  15  novembre  1626. 

Une  tradition  fait  descendre  la  famille  de  Bermondet  de  Gro- 
miëres d'un  chef  égyptien  venu  en  Aquitaine  au  temps   des 

Romains Les  armes  de  cette  famille  sont  dans  la  troisième 

salle  des  croisades  à  Versailles. 

Le  moine  de  Tabbaye  de  Saint-Martial  de  Limoges  qui  raconte 
le  passage  de  Gharles  VU  dans  cette  ville,  nous  dit  que  Martial  de 
Bermondet,  consul  de  la  ville  de  Limoges,  eut  Thonneur  de  rece- 
voir le  monarque  à  sa  table,  après  lui  avoir  fait  un  beau  discours 
qu'on  écouta  avec  plaisir. 

Pierre  de  Bermondet,  seigneur  du  Boucheron,  de  La  Quintaine, 
Panazol,  Pennevayres  et  Saint-Laurenl-sur-Gorre,  conseiller  du 
roi  et  son  lieutenant  général  en  la  sénéchaussée  du  Limousin, 
ayant  eicité  la  jalousie  de  François  de  Rochechouart-Pontville, 
celui-ci  le  fit  assassiner. 

Le  2  avril  1513,  le  seigneur  de  Pontville,  qui  passait  pour  être  un 
peu  jaloux,  était  parti  pour  la  chasse,  selon  son  habitude,  lorsque 
M.  Bermondet  de  Cromières  vint  lui  rendre  visite;  il  fut  reçu  par 
la  vicomtesse  en  l'absence  de  son  époux.  M.  de  Gromières  avait  de 
très  belles  mains,  et  justifiait,  sous  tous  les  rapports,  la  réputation 
des  Bermondet,  depuis  longtemps  surnommés  les  beaux  Cromières. 
Prié  de  s^asseoir  à  la  table  de  la  vicomtesse,  11  ne  crut  pas  pouvoir 
décliner  Thonneur  d'une  pareille  invitation.  Le  vicomte  n'arrivant 
pas.  Ton  se  mit  à  table,  et  M.  Bermondet  partit  un  peu  avant  le 
retour  du  seigneur.  A  son  arrivée  la  dame  lui  fait  part  de  ce  qui 
s'est  passé,  et  des  regrets  de  M.  de  Gromières  de  ne  point  l'avoir 
rencontré;  elle  lui  parle  avec  enthousiasme  de  l'élégance  du  mar- 
quis, de  la  beauté  de  ses  mains,  du  plaisir  que  lui  a  fait  éprouver 
sa  visite.  M.  de  Pontville  écoute  avec  impatience  les  éloges  donnés 
au  visiteur;  le  venin  de  la  jalousie  s'insinue  dans  son  cœur,  lui 
trouble  l'esprit.  Il  sort  brusquement,  ordonne  au  chef  du  poste 
militaire  de  faire  monter  à  cheval  Anizi,  Lachapelle,  Indant  et 
lienègre,  s'élance  avec  eux,  aiguillonné  par  la  colère,  atteint  sur  la 
place  de  Saint-Laurenl-sur-Gorre  M.  de  Gromières,  qui  l'ayant 


276  SOGIÉTi  ARCHÉOLOGIQUE  IT  BISTOIIIQUR   OU  LIMOUSIN. 

aperçu,  s'avançait  avec  politesse  pour  le  saluer,  fait  un  signe  à  ses 
cavaliers,  et  Tinfortuné  magistrat  tombe  sous  leurs  poignards!  Le 
farouche  vicomte  descend  alors  de  cheval,  coupe  une  main  de  sa 
victime,  la  place  dans  une  boite,  revient  à  Rochechouart,  entre 
dans  la  chambre  de  son  épouse,  couvert  de  poussière  et  de  sang,  et 
lui  présente  Thorrible  trophée  en  disant  :  ^  Madame,  voici  Tobjel 
de  votre  admiration,  de  votre  idolâtrie!...  C'est  la  belle  main  du 
marquis  de  Cromiëres  I...La  pauvre  femme  s'affaissa  brisée,  anéantie 
par  ces  paroles,  qui  la  frappaient  lourdement  au  cœur,  une  à  une, 
comme  les  coups  d'un  lourd  marteau.  » 

Fier  de  son  exploit,  satisfait  sa  double  vengeance,  le  vicomte  se 
retira.  Mais  sa  joie  ne  fut  pas  de  longue  durée.  La  justice  qui, 
dit-ôn,  marche  pour  les  puissants  avec  un  pied  boiteux,  eut  des  ailes 
pour  lui.  Saint-Laurenl-surGorre  et  Rochechouart  relevaient  du 
Parlement  de  Paris,  qui  rendit  (25  juin  1813),  un  arrêt  par  lequel 
les  cinq  meurtriers  furent  condamnés  à  être  décapités,  savoir  : 
«  François  de  Rochechouart-Pontville  en  la  ville  et  place  publique 
de  Limoges,  et  sa  tête  mise  au  bout  d'une  lance  sur  la  porte  de 
ladite  ville  par  laquelle  on  va  de  Limoges  à  Rochechouart,  et  son 
corps  pendu  au  gibei  dudit  Limoges.  Lesdits  Anizi,  Lachapelle, 
Indant  et  Lenègre,  au  lieii  de  Saint-Laurent,  où  le  meurtre  avait  été 
commis;  leurs  corps  pendus  au  gibet.  Les  biens  de  François  de 
Rochechouart  situés  en  pays  de  confiscation,  confisqués,  et  s'ils 
n'étaient  pas  en  pays  de  confiscation  ledit  Rochechouart  condamné 
à  trente  mille  livres,  et  chacun  des  autres  à  deux  cents  livres. 

»  Condamné  en  outre  ledit  Rochechouart  en  trois  mille  deux 
cents  livres  de  dommages  intérêts  envers  la  veuve  de  Pierre  de 
Rermondet  de  Cromières  et  envers  Jean  Petit,  curateur  de  ses 
enfants  mineurs,  outre  la  provision  de  douze  cents  livres  ci-Klevant 
adjugée,  et  la  rente  annuelle  et  perpétuelle  de  six  cent  quarante 
livres  parisis  assise  sur  les  seigneuries  et  héritages  appartenant 
audit  de  Rochechouart,  les  plus  prochains  de  la  terre  et  seigneurie 
de  Boscheyron  et  ses  appartenances  ; 

»  Condamné  ledit  de  Rochechouart  à  payer  la  somme  de  douze 
cenfs  livres  pour  être  employée  à  bâtir  une  chapelle  en  Téglise  de 
Panazol  où  ledit  Rermondet  de  Cromières  a  été  inhumé.  »  (^Histoire 
de  Rochechouart,  par  Tabbé  Duléry). 

Au  moment  de  la  Révolution,  la  terre  de  Cromières  appartenait 
au  marquis  Philippe-Armand  de  Rermondet  de  Cromières,  mestre 
de  camp  de  dragons.  Il  avait  épousé,  le  27  août  1775,  Marie- 
Hortense  Moreau.  Le  contrat  fut  signé  à  Versailles  par  Leurs 
Majestés  et  la  famille  royale.  Les  sœurs  de  la  jeune  marqaise 
étaient  la  comtesse  d'Agout,  la  comtesse  de  Gauville  et  la  mar- 


IlONOGRXPBIR  d'oRADODB-SUR' VAYREd.  2T7 

quise  de  Saporla.  Elle  était  créole  et  les  nègres  et  les  négresses 
qui  étaient  à  son  service  la  suivirent  à  Cromières  où  leur  vue 
faisait  sensation  dans  nos  campagnes  limousines. 

Les  armes  de  la  famille  de  Berroondet  de  Cromières  sont  : 
d'azur  à  trois  mains  gauches  de  carnation,  appaumées,  posées  2eti. 
Couronne  de  marquis.  Supports  :  deux  lions, 

La  propriété  de  Lambertie,  commune  de  Doumazac,  fut  vendue 
le  28  juin  1828  au  marquis  de  Cromières.  C'est  aux  héritiers  de 
celui-ci  qu'elle  a  été  achetée,  en  novembre  4875,  par  M,  le  mar- 
quis de  Lambertie,  de  Cons-la-Grandville,  qui  relève  les  raines  du 
château. 

Cromière  (Etang).  Longueur,  280  mètres;  largeur  moyenne, 
100  mètres  et  circonférence  :  770  mètres. 

Châtre  (La). 

Fayolas. 

Forigetas. 

Fontanelle  (La). 

Forêt  de  Cromières. 

Gaboureau. 

Genetle  (La). 

Gipouloux. 

Grafeuil. 

Grafeuil  (Moulin). 

Guionnie  (La).  Des  éclats  de  silex  y  ont  été  trouvés. 

Jalade  (La).  Pierre  branlante  à  50  mètres  de  la  Tardoire. 

Jaladeaux  (Les). 

Magnigne  (La). 

Mas  (Le). 

Mazaurie.  Non  loin  de  ce  village  et  au  milieu  de  bois  de  châtai- 
gniers ou  autrefois  il  n'existait  ni  route  ni  chemin,  se  rend  chaque 
année,  le  24  juin,  une  foule  d'habitants  de  la  contrée  ainsi  que 
d'étrangers.  Des  tentes  abritant  des  auberges  en  plein  vent  ainsi 
que  des  cafés  s'élèvent  de  toutes  paris  ;  des  jeux,  des  bals  s'impro- 
visent  C'est  la  frairie  des  Bonnes-Fontaines.  Une  prairie  qui  se 

trouve  sur  la  lisière  des  bois,  et  dans  laquelle  coulent  quelques 
sources  ou  filets  d'eau,  reçoit  la  visite  des  pèlerins  .qui  font  leurs 
dévotions  autour  des  «  fontaines  »,  simples  mares  où  Teau  boueuse 
croupit.  —  Une  de  ces  fontaines  a  le  don  de  guérir  plus  spéciale- 
ment la  goutte,  et  les  autres  ont  la  propriété  de  guérir  les  autres 
sortes  de  maladies.  —  On  voit  des  gens  convaincus,  faisant  couler 
l'eau  dans  la  manche  de  leur  habit,  en  levant  le  bras  de  telle  sorte 
qu'après  avoir  mouillé  le  corps,  elle  puisse  retomber  le  long  des 
jambes.  D'autres  lavent  leurs  plaies  ou  leurs  sabots,  d'autres  enfin 


Î^S  SOCIÉTÉ  ARâDÊOLOÛlQUK  ET  HISTORIQUE  DU  tlMOUSlN. 

recueillenl  Teau  miraculeuse  dans  des  flacoD3  et  la  boivent  sans 
être  le  moins  du  monde  dégoûtés. 

Il  y  a  aussi  à  cette  frairie  un  marchand  de  cheveux. 

Monnerie  (La  Petite-).  Sur  la  Tardoire.  —  Ancien  moaliD  qui 
appartenait  à  la  famille  de  Cromières.  En  1870,  M.  Ferrand,  fabri- 
cant de  droguets,  y  créa  une  usine  qui  occupait,  il  y  a  quelques 
années,  jusqu^à  cinquante  ouvriers.  Aujourd'hui,  une  trentaine 
d'ouvriers  suffisent,  en  raison  du  ralentissement  général  des  affaires. 

(Monolithe  ou  pierre  branlante,  détruit  il  y  a  cinq  ou  six  ans). 

Négrelat. 

Pellegerie  (La). 

Piégut, 

Puy  (Le).  Ep.  moderne.  —  Ancien  manoir  mentionné  par  Cas- 
sini  en  1764,  à  1  kilomètre  deCussac.  —  Ce  château,  incendié  en 
partie  en  1834,  avait  une  toiture,  un  pavillon  à  cul-de-lampe  et  à 
mâchicoulis  du  xiv"  siècle.  —  Une  tour  de  2  mètres  60  centimètres 
de  diamètre  intérieur  se  trouve  à  Tangle  ouest  ;  elle  possède  une 
fenêtre  et  une  meurtrière.  On  voit  des  vestiges  d'une  tour  avancée 
de  forme  circulaire  à  environ  7S  mètres  du  château  au  sud-ouest , 
une  troisième,  du  même  genre,  devait  exister  à  300  mètres  au 
nord-ouest,  car  on  a  trouvé  des  substruclions  de  forme  circulaire, 
dont  les  matériaux,  qui  étaient  très  solides,  ont  servi  à  empierrer 
la  route.  —  Au-dessus  d'une  porte  d'entrée,  on  voit  une  date  de 
reconstruction  :  1658.  —  Sur  des  pierres,  on  voit  des  écussons  et 
des  fleurs  de  lys  lapidés. 

Joseph,  marquis  de  Lavergne,  propriétaire  du  château  du  Puy, 
colonel  du  régiment  de  la  Fère,  meurt  à  Paris  sur  Téchafaud  en 
1793;  sa  fille,  Marie-Antoinette  de  Lavergne,  épouse  au  château  du 
Puy,  en  1812,  René,  baron  de  Gageac.  Son  beau-frère,  Auguste  de 
Lavergne,  meurt  sans  enfant  au  Puy,  qui  échoit  à  sa  pelite-nièce, 
Pauline  d'Hugonneau  de  Boyat,  qui  épouse  Félix  Oudot  de  Dain- 
ville. 

Puymoroux. 

Reille  (La). 

Ribières  (Les). 

Soumagnas. 

Termenières. 

Vergnolas. 

Villageon  (La). 

Oradour-sur-Vayres.  —  Oratorium.  Ancienne  église  fondée  en 
1098  sous  le  vocable  de  saint  Christophe,  patron  (Smpuc,  t.  IV, 
p.  782).  Communiants  :  2,700.  —  Cure  en  1262  et  siège  de  Tarchi- 


kOKOORAPHIB  d'ORADOCB-SUR-VAYRRS.  ^79 

prêtre  de  Nontron,  qui  y  était  annexé  en  4531.  —  Saint-Christophe 
de  Vayres  en  1262,  de  Vaires  en  1311 .  —  En  1280,  Gérald  de  Mau- 
mont,  qni  avait  reçu  de  Marie,  vicomtesse  de  Limoges,  le  château 
de  Ghâlus,  eut  un  démêlé  avec  Aymeric  de  Rochechouarl,  à  cause 
du  bourg  d'Oradour,  dont  chacun  revendiquait  la  justice  et  la  pro- 
priété fBoNÀVENT.,  t.  m,  p.  892).  Â  celte  date,  Oradour  est  appelé 
Burgus  Oratorii  (Chron.  anonyme  de  Saint-Martial,  ap.  Duplës- 
Agier,  p.  117) 

L'ëvêque  de  Limoges  v  faisait  les  nominations  en  1499,  1514, 
1548,  4531, 1555, 1560,  1572,  1573, 1575, 1576,  1579,  1617,  1647, 
1674,  4744, 1762. 

L'archiprétré  de  Nontron  prit  possession  dans  l'église  de  Saint- 
Etienne  de  Nontron,  le  28  novembre  1555,  le  29  dans  l'église 
paroissiale  de  Saint-Jean  de  Vaires  et  dans  celle  d'Oradour,  près 
Vaires.  Même  cérémonial  pour  les  prises  de  possession  en  1556. 
Le  45  juin  1860,  il  prit  en  ojitre  possession  de  Saint-Georges  de 
Vaires,  qui  était  bien  fort  ruiné.  —  Autres  prises  de  possession  en 
1571,  1573  et  1578. 

Communauté  de  prêtres  fondée  par  Jean  de  Bermondet,  bache- 
lier ès-droit,  curé  du  dit  Oradour  et  archiprélre  de  Nontron,  par 
son  testament  du  6  juin  1531,  reçu  par  Malribus,  Boudeau  et  Fon- 
lanaud,  patrons  de  la  communauté.  —  Les  héritiers,  puis  leurs 
successeurs,  en  nommaient  les  titulaires  fPouillé  de  Nadaud).  -— 
En  1614,  le  commandeur  de  la  commanderie  de  Puybonieux  levait 
des  rentes  sur  les  paroisses  de  Champsac,  Champagnac,  Oradour- 
sur-Vayres;  et  celui  de  la  commanderie  de  Saint-Junien  en  levait 
aussi  sur  la  paroisse  d'Oradour-sur-Vayres  (Vayssiêre,  Ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  112-114). 

En  1698,  le  marquis  du  Masnadeau  avait  des  terres  dans  la 
paroisse  d'Oradour-sur-Vayres. 

En  1735,  nous  trouvons  que  Jean  de  Veupeyre,  notaire  d'Oradour- 
sur- Vayres,  est  décédé  à  Thôpital  de  Saint-Yrieix  à  l'âge  de  quatre- 
vingts  ans. 

Marguerite  de  Limoges,  dame  de  Saint-Laurent,  fille  de  Guy, 
cinquième  vicomte  de  Limoges,  épouse  d'Aymeric  VIII  de  Roche- 
chouart,  seigneur  de  Mortemart  et  de  Pérusse,  eut  en  héritage  les 
forteresses  et  villes  de  Gorre,  Oradour,  Cussac,  Cussaret,  Champ- 
nier,  la  forêt  de  Tren  et  la  moitié  du  domaine  de  Marval  (1242). 
(Hist.  de  Rochechouart,  par  Tabbé  Duléry.) 

Simon,  fils  d'Aymeric  IX  et  de  Jeanne  de  Tonnay-Vivonne,  1303, 
était  vicomte  de  Rochechouarl,  seigneur  de  Sainl-Laurent-sur- 
Gorre,  de  Saint-Auvent,  d'Oradour-sur-Vayres,  de  Brigueil,  de 


180  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTOIIIQUK   DU   LtXOtlSlN. 

SaiaUCyr,  de  Cognac,  de  Gorre,  de  Champagnat,  de  Ghaillac  et 
autres  lieux  fHist.  de  Rochechouart,  alias). 

En  1763,  Pierre  Soury,  curé  d'Oradour;  Laurent  Brissaud, 
vicaire,  et  Jean  Soury,  frère  du  curé.  —  Communianls  :  2,000; 
sénéchaussée  :  Montmorillon  ;  patron  :  l'évéque;  seigneur  :  M.  du 
Mas-Nadaud;  décimateur:  M.  Tarchiprôtre  ;  gentilhomme  :  H,  de 
Bemy. 

Chapelle  au  grand  cimetière  en  1513-1669. 

Oradour(Ziuper«tacttm)(?).  Occupe  la  partie  S.-O.  du  territoire 
de  la  commune  de  ce  nom.  —  Sur  le  plateau  qui  domine  la  rive 
droite  de  la  Tardoire.  Sur  la  route  départementale  de  Ghabanais 
à  Tulle.  —  A  la  source  des  rivières  de  Vayres  et  de  la  Grenne  ;  elle 
est  arrosée  par  la  Tardoire  dans  toute  son  extrémité  sud,  dont  la 
direction  est  de  Test  à  Touest.  Hauteur  moyenne,  357  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer.  —  Eglise  paroissiale  aujourd'hui  dé- 
truite. —  Le  sanctuaire  et  le  chœur  étaient  en  style  roman  ;  la  nef 
et  les  chapelles  latérales  dataient  du  xV"  siècle.  — -  La  chapelle  de 
la  Sainte- Vierge,  qui  était  en  style  gothique  flamboyant,  avait  des 
arcatures  remarquables.  —  Aujourd'hui,  cure  de  2*  classe,  érigée 
par  décret  impérial  du  28  août  1808. 

Le  6  octobre  1872,  les  deux  vieilles  cloches  de  Téglise  d'Oradour- 
sur- Vayres,  Tune  étant  fêlée  et  l'autre  trop  petite,  ont  été  descen- 
dues du  clocher  pour  être  remplacées  par  trois  nouvelles  sœurs, 
fondues  par  MM.  Dulat  et  Jérôme  de  Paris.  —  La  plus  grande,  du 
poids  de  930  kilogrammes,  avait  pour  inscription   :   bénite  par 

M.  p.  TEVUER,  ARCHIPRÊTRE  DE  NONTRON,  CURÉ  D'ORADOUR  S  VAYRES; 
PARRAIN  :  ANNET-FRANÇOIS  COUSTIN  DU  MAS  NADAUD,  COMTE  D'ORADOUR- 
S-VAYRES.  —  MARRAINE  :  MADELEINE  DE  BERMONDET,  COMTESSE  DE 

BUSSET.  PIERRE  VIRTON,  J.  DUPTIN,  FAULT J.  MORETON,  DE  BEACUEV, 

MARC  BARRON,  FONDEUR,  L'AN  1714. 

La  plus  petite,  du  poids  de  52  kilogrammes,  portait  :  parrain  : 

CHARLES  DE  LA  PlSSE-GABRIEL.  1613. 

Les  trois  nouvelles  cloches,  bénites  par  Ms'  Duquesnay,  évoque 
de  Limoges,  le  22  janvier  1873,  pèsent  :  Tune  925  kilogammes;  la 
deuxième,  655  kilogrammes  et  la  troisième,  492  kilogrammes.  Elles 
ont  coûté  8,500  francs. 

Sur  la  première,  on  lit  :  parrain  :  m.  Mathieu  fougeron-laroche.  — 

MARRAINE  :  m"*  EMMA  LAUBANIE. 

Sur  la  deuxième  :  parrain  :  m.  joseph-emile  moreau.  —  marraine  : 
m"*  marie  ferrand. 

Sur  la  troisième  :  parrain  :  m.  pierre  descubes.  —  marraine  : 
M^**  marie  besse.  —  Après  les  noms  des  parrains  et  marraines,  se 
trouve  inscription  suivante  sur  chaque  cloche  : 


MOffOGRAPHIK  D*ORADOUR-SUR-VATRSS.  3SI 

DBSJAGQUES,  CHANOmi  HOIfORAIlUS,  GUHÉ  DOYEN;  EDOUARD  LAUBAniE, 
DOCTEUR  MÉDECirf,  MAIRE  ;  FORESTIER  CHAMBONIHAUD ,  PRÉSIDENT  DE  LA 
fabrique;  AUGUSTE  MARGILUUD,  JULES  FOUGERON-LAROCHEt  SECRÉTAIRE; 
LÉONARD  DUGOMBEAUi  LÉANDRE   UUBANIE. 

La  nouvelle  église  fut  commencée  le  11  mars  1878.  La  bénédic- 
tion de  la  première  pierre  n'eut  lieu  cependant  que  le  ^  avril  sui- 
vant, en  présence  de  plus  de  3,000  assistants.  —  Elle  fut  livrée  au 
culte  le  30  octobre  1879,  et  enfin  consacrée  par  Vl«^  Blanger,  évo- 
que de  Limoges,  assisté  de  M»'  Rougerie,  évéque  de  Pamiers,  en 
présence  de  40  prêtres  et  d'une  foule  immense. 

En  faisant  les  fouilles  pour  la  construction  de  la  nouvelle  église, 
on  a  trouvé  différents  objets,  tels  que  vases  en  terre  cuite,  grains 
de  chapelets  en  jais  et  des  monnaies,  dont  une  pièce  de  6  livres  de 
Louis  XVI,  frappée  à  Pau  et  datée  de  1786,  qui  autorisent  à  penser 
que  les  prêtres  et  les  notables  du  bourg  ont  été  enterrés  à 
proximité  de  Vancienne  église,  jusqu'à  une  époque  rapprochée  de 
la  nôtre. 

Une  hache  celtique  en  silex  a  été  trouvée  près  d'Oradour. 

Le  bourg  est  sillonné  par  des  souterrains-refuges.  On  voit  encore 
rentrée  de  Tun  d'eux  dans  la  tranchée  du  chemin  de  fer  qui  avoi- 
sine  la  gare,  et  qui  passe  sous  le  champ  des  Gluzeaux. 

Par  arrêté  du  préfet,  transmis  par  Odon  de  Lestrade,  sous- 
préfet  de  Rochechouart,  l'adjudication  de  deux  arbres  peupliers 
plantés  sur  la  place  d'Oradour  est  ordonnée  (5  janvier  1816).  Le 
prix  de  vente  sera  employé  à  faire  faire  une  croix,  qui  sera  placée 
sur  la  place,  au-devant  de  l'église  :  Léonard  Desliat,  boulanger, 
s'est  rendu  adjudicataire  pour  la  somme  de  37  francs. 

Gomme  habitations  du  moyen-âge,  on  ne  trouve  plus  dans  le 
bourg  que  la  maison  Ducombeau  (dite  Château).. 

Noms  des  curés  que  j'ai  pu  retrouver  :  1606,  Teuliet,  vicaire  ; 
1624,  Moreau  et  Jalade,  vicaires;  1631-1632,  Blanchon,  vicaire; 
1633,  Morland,  sacristain;  1637,  Mandon  et  Blanchon,  vicaires; 
Berchenain,  sacristain;  1647-49,  Bayle,  curé;  1674,  1676,  1677, 
1680, 1683, 1684, 1688, 1691, 1692, 1694,  Paul  Dubois,  curé,  mort 
en  1710;  Hayraud,  vicaire;  1688, 1692, 1694, 1696,  Faure,  vicaire; 
1687,  Guéry,  vicaire;  1690,  Dubois,  vicaire;  1691,  Lemasson, 
vicaire;  1698-1699,  Delauge,  vicaire,  mort  en  1701,  à  l'âge  de 
vingt-neuf  ans;  1710,  Pierre  Teuiller,  archiprêtre,  mort  le  28  oc- 
tobre 1738,  à  rage  de  soixante  et  un  ans,  a  remplacé  Dubois  ;  1712, 
Rousseau,  vicaire;  1714,  Fault,  vicaire;  1718, 1716, 1717,  Groizet, 
vicaire;  1718,  Pierre  Berchenain;  1719,  Par  veau,  vicaire;  1720, 
Audoyn,  vicaire;  1721,  1730,  Mazeyraud,  vicaire;  1722,  Désisle, 
vicaire;  1730  à  1743,  Gharon,  curé;  1732  à  1734,  Rey  (Jean); 
T.  xxxvn.  tè 


Zki  80CIRTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOEIQUE  DU   LlMOUSlfl. 

1734,  Roche,  vicaire;  1744,  1748,  1760,  1789,  1761,  Bussière, 
curé,  mort  en  1762,  à  soixante  et  un  ans;  1744,  Brandy,  vicaire; 
1746,  Longeaud  de  Charbonnière,  vicaire;  1748,  Blancheton, 
vicaire;  1781,  Puyjolet,  vicaire;  1783-1788,  de  La  Brunie,  vicaire; 
1789,  Albin,  vicaire;  1761,  Nénert,  vicaire;  1762,  Nénert  et  Bris- 
saud,  vicaires;  1762,  1769,1778,  1777,  1779,  1791,  Soury,  curé, 
précédemment  à  Châlus,  installé  le  29  avril  1762;  1767,  Soury, 
Duvernet,  vicaires;  1769, 1777, 1779,  179i,Brissaud,  vicaire;  1782- 
1804,  Jupile  de  Lagrange,  curé;  1804,  Laurent,  vicaire;  1827, 
Tournois,  vicaire;  1828,  Barnyde  Romanet,  vicaire,  et  Courtaud; 
1830,  Malhieu,  vicaire,  et  Ruchaud;  1832,  Roche,  vicaire;  1834, 
Pailler,  vicaire. 

Le  8  octobre  1738  a  été  enterré  dans  l'église  d'Oradour,  Jacques 
Longeaud,  prêtre,  âgé  de  quarante  ans,  en  présence  de  Élie  Rou- 
coules, curé  de  Saint-Jean-de-Vayres  ;  Pierre  Judde,  curé  de  Saint- 
Pierre-de-Vayres  ;  Antoine  Delbés,  vicaire  de  Champagnac,  et 
Jean-Baptiste  Robert,  vicaire  de  Cussac  (Reg.  paroissiaux). 

La  commune  d'Oradour,  qui  compte  3,484  habitants,  a  une   " 
superficie  de  3,910  hectares.  Une  foire  assez  importante  se  tient 
les  S  de  chaque  mois  au  chef-lieu,  dont  la  fête  patronale  a  lieu  le 
28  juillet.  La  commune  comprend  les  villages  suivants  : 
Ages  (Les) 
Anvers. 
Arcis  (Les). 
Barbarie  (La). 
Barotttie  (La).  Moulin. 
Beauséjour. 
Bizardies  (Les). 
Blancher  (Chez). 
Bordex  (Les). 

Boucheron  (Le).  Eglise  de  fief  dans  les  premières  années  du 
xvn*  siècle.  —  Le  neufvième  décembre  mille  sept  cent  vingt-un,  a 
esté  baptisé  dans  l'église  paroissiale  d'Auradour-sur-Vayre  par 
moy  soubsigné,  damoiselle  Marie-Françoise-Henrie  Coustin,  fille 
naturelle  et  légitime  de  Monsieur  François-Annet  Coustin,  comte 
d'Auradour  et  seigneur  de  Blanac  et  autres  places,  et  de  dame 
Jeanne-Henriette  de  Beynac,  sa  femme,  laquelle  est  née  le  vingt- 
huit  du  mois  de  novembre,  au  château  du  Boucheron.  Le  parrain 
a  esté  Monsieur  François  Coustin,  marquis  du  Mas-Nadaud,  et 
mareine  dame  Mariane  de  Bermondet,  qui  ont  signé  avec  moy, 
par. ....  reverendissime  père  en  Dieu.  Signé  :  François-Pierre  de 
La  Guérinière,  abbé  général  de  Tordre  de  Grandmont  ;  de  Coustin 
Masnadeau,  Marie-Anne  de  Bermondet.  (Reg.  paroissiaux). 


MONOGRAPHIB  D*0RADOIIR-SUK-VATRKS.  283 

Bougerie. 

Boaroazeaa.  (Chapelle  détruite  en  i64â).  Feldspath. 

Bregères  (Grandes).  Pierre-borne  avec  date  de  1789  et  P.  U.  B. 

Bregères  (Petites). 

Brosses  (Les).  Gh&teau. 

Ghalards  (Les). 

Chantallouette  et  Baffecoen. 

Ghandos. 

Chapelle  (Les),  près  de  la  Petite-Côte.  —  Chapelle  da  Roazaud 
(roseau  en  français),  en  1645.  Détruite.  (Pouillé  de  Nadaud). 

Ghàlenet  (Le). 

Ghenin  (La).  Ecole  de  hameau  fondée  en  1880.  Tumulus. 

Chouettes  (Les). 

Cimetière  (Le  Bas). 

rx>ntie  (La). 

Côte  (La). 

Cure-Bouteille. 

EcubiUon  (L'). 

Elysée  (U). 

Fiateau  (Chez). 

Fougeras.  Tumulus  que  j*ai  fouillé. 

Frais  (Les). 

Fressignas. 

Gardelles  (Les). 

Gros-Bos(Le). 

Lacroix  (Chez). 

Lsjout. 

Lande  (La). 

Lande  (La),  ou  Chez-Mizet. 

Lauzanne. 

Linge  (Chez  Le). 

Manvin. 

Masseix  (Le).  Souterrain  chez  un  nommé  Chambon.  Monolithe 
détruit  pour  empierrer  la  route. 

Maison-Neuve  (La). 

Maurie  (La). 

Haurinas.  Monolithe  sur  une  colline  dominant  la  Tardoire. 

Monnerie  (Grande). 

Montagnies  (Le). 

Morelle  (La). 

Moulinasse  (La). 

OUières  (Les). 

Palaines  (Les). 


i%À  SOCIÊTé  ARCgÈOLOdiqUR  17  lit«TOMQt)E  DO  UllOOSltf. 

Parade.  Tuiles  romaines. 

Planitaud. 

Point  (Le). 

Pommier  (ChezJ. 

Ponly  (Le). 

Poulueix. 

Pouméroulie  (La).  Les  Registres  paroissiaux  mentionnent  une 
nombreuse  famille  de  La  Pouméroulie,  de  1712  à  1792., 

Pouze  (La). 

Puychevalier.  Fief  ayant  appartenu  à  la  famille  de  Bernis.  Habi- 
tation des  comtes  d'Oradour. 

Puymoreau.  Ecole  de  hameau.  Il  y  avait  autrefois  une  tuilerie. 

Rivaiidon  (Le). 

Serve  (La). 

Tamanie  (La).  Demi  dolmen  renversé,  où  je  n'ai  trouvé  que 
quelques  débris  de  charbon  de  bois  et  un  morceau  de  tuile  romaine 
à  rebord.  L'hôpital  du  Dorât  et  les  prêtres  de  la  llission,  de 
Limoges,  avaient  des  rentes  sur  ce  village  au  xvm*  siècle.  En  1719, 
existait  un  sieur  Virthon  de  La  Tamanie. 

Therme  (Le). 

Tronchaise  (La). 

Tuileries  (Les).  Deux  tuileries  en  activité  datant  de  deux  siècles. 

Vents  (Les  Quatre). 

Vergues  (Les). 

Villeneuve. 

Villotte(La). 

Saint-Bazile.  —  Alias  Saint-Baseri,  —  Basilidis  en  1404,  1476, 
ce  qui  semble  dénoter  Saint-Basilide  et  Saint-Nabor.  Saint-Basilide 
en  1311.  Sanctus  Basilicm  eu  1475.  Oratorium  Saint-Basilu^Chron. 
de  Maleu,  1316,  p.  90).  Cure  :  390  communiants;  palran  :  saint 
Biaise,  martyr. 

Ancienne  église  construite  dans  le  courani  du  ix*  siècle  (?).  Le 
prieur  de  Saint-Jean-de-Cole  y  a  fait  les  nominations.  L*évéque  de 
Limoges  les  fait  depuis  1475.  Elle  fut  donnée  en  bénéfice  à  Vab- 
baye  de  Beaulieu  en  894;  fut  sous  la  dépendance,  de  Maumont, 
1322,  et  reçut  en  1531  le  patronage  de  Tévéque  de  Limoges.  Vicai- 
rie  de  Saint-Basilide  fondée  par  Jordain,  prévôt-curé  de  Champniers 
qui  vivait  en  1300.  (Rép.  arch.,  E.  Grignard).  (Pouillé  de  Nadaud). 

La  voûte  de  Téglise  est  en  style  gothique.  Les  arcs  et  les  arêtes 
retombent  le  long  des  murs  sur  huit  pilastres  ménagés  dans  Tépais- 
seur  du  mur.  Sur  chacun  de  ces  pilastres,  à  l/intersection  des 
arêtes,  se  trouve  un  écusson  dans  lequel  on  remarque  en  relief  un 


MONOOIAFHIB  D*ORAD0UR-SUR*VAYRBS.  985 

aigle  éployé.  Sur  les  huit  contreforts  extérieurs  se  trouvent  les 
indnies  écussons.  Il  n*y  a  qu'une  seule  travée. 
La  cloche  porte  :  ^  l'an  1611.  Sous  la  mairib  de  m'  ges  Léonard, 

J*ÀIETE  BENITE  PAR  M'  GhENOUX;  MON  PARRAIN  A  ETE  M.  L.  LeCLEC,  E  VA 

marraine,  om*  Jeanne  Boulesties.  La  porte  d'entrée  est  de  style 
OgivaL  ÀU'dessuB  d'elle  se  trouve  une  rangée  de  moulures  frustes 
figurant  des  têtes  humaines  et  des  têtes  d'animaux.  En  guise  de 
clocher,  un  mur  triangulaire  s'élève  au-dessus  de  la  porte  princi- 
pale h  une  certaine  hauteur,  et  au  centre,  environ,  a  été  ménagé  un 
espace  où  se  trouve  placée  la  cloche  à  laquelle  on  aboutit  par  une 
échelle  abritée  par  un  petit  toit. 

Faute  de  presbytère,  il  n'y  a  pas  toujours  eu  à  Saint-Bazile  de 
réaident.  Le  dernier  était  le  curé  Chiroux.  En  1721,  Goustin  du 
Mas-Nadaud  était  baron  de  Saint-Bazile. 

Gibot,  curé  en  1704. 

Pierre  Judde,  curé  en  1762-1763.  Gommuniants  :  260;  sénéchaus- 
sée de  Montmorillon  ;  patron  :  Tévôque;  décimateur  :  le  curé  et 
M"'  de  La  Reille;  seigneurs  :  M.  du  Mas-Nadaud  et  M.  de  Ber- 
mondet. 

1793.  —  François-Léonard  de  Belair,  curé,  né  en  1739  ou  1740, 
mort  sur  les  pontons  le  13  août  1794,  à  Tâge  de  cinquante-cinq  ans. 
Avait  été  nommé  curé  en  1772. 

La  Tardoire  forme  la  limite  naturelle  de  la  commune  de  Saint- 
Bazile  au  sud.  Le  chef-lieu  en  occupe  la  partie  Est,  et  se  trouve 
situé  sur  un  plateau,  à  droite  de  la  Tardoire,  à  une  hauteur 
moyenne  de  295  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

La  fête  patronale  de  Saint-Bazile  a  lieu  le  2  février  de  chaque 
année,  jour  de  la  Purification.  Des  dévotions  sont  faites  ce  jour-là 
par  les  gens  du  pays  et  des  départements  voisins  qui  y  viennent  en 
foule.  Après  les  prières  d'usage,  pendant  lesquelles  les  pèlerins 
brûlent  des  cierges,  on  se  rend  à  une  fontaine  qui  a,  m'a-t-on  dit, 
la  propriété  de  préserver  les  animaux  des  maladies.  Aussi  voit-on 
les  pèlerins  jeter  dans  la  fontaine  des  petits  paquets  renfermant  de 
la  laine,  du  lard,  des  plumes  d'oiseaux  et  même  des  œufs!  Une 
fois  les  dévolions  accomplies,  les  pèlerins  festoient,  dansent  et  sou- 
vent même  boivent  plus  que  de  raison. 

Cette  commune,  qui  a  527  habitants  et  858  hectares  d'étendue, 
comprend  les  villages  suivants  : 

Abbaye  (U). 

Bacherat. 

Baron  (Le). 

Besse  (La).  Restes  de  tour. 

Bethoule  (La). 


286  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0L06IQUB  ET  HI8T01IQDK  DU  LIMOUSIN. 

Côte  (La).  Cimetière  actuel  de  Saint-Bazile. 

Epinasse  (L').  Cimetière  gallo-romain  découvert  en  1887.  J'y  ai 
recueilli  des  outils  en  silex  et  des  tessons  de  poterie  romaine  ayant 
appartenu  à  des  vases  divers,  tels  que  dolium,  patères,  etc.  Quel- 
ques morceaux  sont  en  poterie  samienne  à  dessins  en  relief. 

Forgeas  ou  Les  Forges.  (Forgetas,  Nadaud,  p.  164).  Moyen  âge. 
Restes  d'un  ancien  prieuré  sous  Tinvocation  de  sainte  Quitterie, 
martyre  d'Espagne;  22  mai,  fondée  au  commencement  du  xiv*  siè- 
cle. La  chapelle  tomba  en  1751.  Relevait  en  1352-1604  du  prieuré 
du  Chalard,  passa  sous  le  patronage  de  Tévéque  de  Limoges  en 
1679  et  fut  ruinée  en  1751.  Existait  en  1783.  Chapelle  appelée  du 
Loup.  (Fouillé  de  Nadaud).  On  signale  une  marniëre  considérable. 
Carrière  de  blanc  d'Espagne.  Il  y  a  aussi  un  étang,  mais  sans 
importance. 

Forgeas  (La  Tuilerie  de). 

Laubanie.  Ep.  moderne.  Ancien  manoir  mentionné  par  Cornuau 
en  1782.  (E.  Grignard,  Rép.  arch.).  Etang  sans  importance. 

Maison-Neuve  (La). 

Maison-Neuve  (La  Tuilerie  de  La). 

Maison  du  Ruisson. 

Moulin-Neuf  (Le). 

Pairie  (La). 

Pont  (Le). 

Poulier  (Le  Grand). 

Poulier  (Le  Petit). 

Vanoermarcq. 


DOM  PRADILHON 


Pradilhon  (Jean-Baptiste)  naquit  à  Eymoutiers  en  1640.  D'après 
les  actes  paroissiaux  qu'a  consultés  M.  Alfred  Leroux,  il  fut  baptisé 
le  24  décembre  ;  il  était  fils  de.  maître  David  Pradillon,  sieur  du 
Champaufaure  (1). 

Une  note  de  ces  mômes  registres  nous  apprend  que  Pradilhon,  à 
peine  âgé  de  dix-huit  ans,  c'est-à-dire  le  15  février  1658,  entra 
dans  la  congrégation  des  Feuillants,  réforme  de  Tordre  de  Cîteaux, 
fondée  à  la  fin  du  xvi*  siècle  par  Jean  de  La  Barrière.  Il  fit  son 
noviciat  dans  Tabbaye  de  Feuillens,  située  dans  l'ancien  diocèse  de 
Rieux,  à  dix  lieues  de  Toulouse  (2),  abbaye  qui  a  donné  son  nom  à 
la  Congrégation.  Il  prit  en  religion  le  nom  de  Jean-Baptiste  de 
Sainte-Anne. 

Dom  Pradilhon  a  été  oublié  dans  la  Biographie  universelle  de 
Michaud  et  dans  la  Biographie  générale  du  docteur  Hoefer.  Toute- 
fois il  en  est  fait  mention  dans  le  grand  Dictionnaire  de  Moréri 
(supplément  de  1749,  et  dernière  édition,  en  dix  volumes,  de  1759). 
Une  courte  biographie,  tirée  des  manuscrits  de  l'abbé  Vitrac,  a  été 
publiée  dans  les  Annales  de  la  Haute-Vienne  de  1813  (p.  117).  On 
lit  dans  cette  dernière  notice  que  J.-B.  Pradilhon,  après  avoir  fait 
d'excellentes  Humanités,  réussit  dans  toutes  ses  études,  et  môme 
dans  les  arts  d'agrément. 

Son  mérite  et  ses  vertus  rélevèrent  aux  premières  charges  de 
son  ordre.  Il  fut  élu  quatre  fois  abbé  général  de  la  Congrégation 
des  Feuillants.  Une  première  fois,  à  l'âge  de  quarante  ans,  en  1681 
(on  sait  que  l'élection  de  l'abbé  général  avait  lieu  tous  les  trois 

(<)  Inventaire  des  archives  communales  d^ Eymoutiers,  p.  93. 
(S)  Aujourd'hui  La  Bastide  de  Feuillans,  canloa  de  Hicumes,  arron- 
dissement de  Muret  (Haute-Garonne). 


388  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

ans)  ;  une  troisième  fois  en  1696,  et  une  quatrième  fois  en  1699, 
deux  ans  avant  sa  mort.  Il  avait  de  grands  talents  pour  le  gouver- 
nement monastique  et  pour  la  direction  des  âmes.  On  fait  Téloge, 
dans  son  épitaphe,  de  sa  science  et  de  son  habileté  ;  on  célèbre 
ses  vertus,  sa  foi,  sa  piété,  sa  douceur  et  son  zèle. 

n  était  fort  veinsé  dans  notre  histoire  et  dans  la  connaissance  des 
généalogies,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  grandes  familles  nobles 
du  Limousin.  Paléographe  habile,  travailleur  infatigable,  il  a  fait 
des  recherches  dans  les  archives  de  la  plupart  des  abbayes  et  des 
monastères  du  Limousin.  Peu  soucieux  delà  renommée,  il  envoyait 
le  fruit  de  ses  recherches  à  des  savants  de  Paris,  à  Gaignières,  à 
Baluze  ;  il  fut  notamment  le  collaborateur  de  Charles  d'Hozier, 
pour  les  généalogies  des  grandes  familles  de  France. 

«  Homme  d'un  rare  mérite  »,  dit  Vabbé  Nadaud.  Son  portrait 
est  dans  la  salle  des  Feuillants  de  Limoges  (1). 

Une  note  de  M.  Alfred  Leroux  nous  apprend  que  «  dom  Pradilhon 
a  été,  concurremment  avec  Léonard  Bandel,  le  correspondant  de 
Gaignières  en  Limousin.  Les  extraits  d'actes  qu'il  communiqua  h 
ce  savant  se  retrouvent  aux  tomes  CLXXXIII,  GLXXXIV  et 
CLXXXVI  de  la  collection  Gaignières,  à  la  bibliothèque  nationale. 
Ces  communications  portant  le  nom  de  leur  auteur,  on  peut  affir- 
mer, d'après  la  nature  et  l'origine  des  pièces,  que  dom  Pradilhon 
visita  et  exploita,  à  Limoges,  les  archives  du  chapitre  de  la  cathé- 
drale, de  l'abbaye  de  Saint-Martial,  de  l'abbaye  de  Saint-Martin, 
du  couvent  des  Cordeliers  »  ;  en  dehors  de  Limoges,  les  archives 
du  chapitre  d'Eymouticrs  ;  et  dans  le  Bas-Limousin,  les  archives  de 
Tulle,  d'Uzerche,  Bonlieu,  Treignac  et  Glandiers. 

Quelques-unes  de  ces  communications  sont  datées  :  1683, 1687, 
1689,  1690  et  1691. 

Dans  les  quatre  années  suivantes,  dom  Pradilhon  fut  en  corres- 
pondance avec  Baluze.  Nous  devons  à  M.  Emile  DuBoys  la  trans- 
cription de  plusieurs  lettres  adressées  par  lui  à  ce  savant,  et  qui 
sont  datées  de  Limoges,  de  Tulle  et  de  Bordeaux. 

Baluze,  qui  travaillait  alors  à  ses  Vies  des  papes  d'Avignon,  ayant 
écrit  à  dom  Pradilhon,  le  5  janvier  1692,  pour  lui  demander  quel- 
ques renseignements  sur  le  cardinal  Audoin  Albert,  neveu  du  pape 
Innocent  VI  (Etienne  Aubert),  dom  Pradilhon  lui  répondit,  dans 
une  lettre  datée  de  Limoges,  le  16  janvier  suivant,  «  qu'il  avoit 
beaucoup  de  plaisir  à  obliger  une  personne  de  son  mérite  et  qui 
travailloit  si  utilement  pour  le  public.  »  «  Je  fais  des  recherches, 

(\)  Mém.  mss„  l.  IV,  3»  cahier,  p.  469.  (Mss.  appartenant  à  M.  Emile 
DuBoys). 


DOM  fflADILRON.  ^89 

ajouta-t^il,  pour  servir  à  la  généalogie  des  maisons  nobles  de  cette 
proTiace,  et  voicy  ce  que  j'ay  d'Albert.  Cette  famille  est  sortie  d'un 
lieu  nommé  Le  Mont^  paroisse  de  Beissac,  dans  la  terre  de  Pompa- 
dour  ».  Puis  il  cite  dirers  actes  relatifs  à  cette  famille. 

Baluze  ayanl  répondu  le  39  janvier  suivant,  dom  Pradilhon  lui 
envoie  de  nouveaux  détails  sur  la  famille  du  pape  Innocent  VI,  et 
11  termine  par  ces  paroles  :  «  Gomme  j'ay  beaucoup  de  mémoires 
de  différentes  familles  de  la  province,  j'ay  sans  doute  plusieurs 
choses  qui  appartiennent  à  nos  cardinaux  ;  si  j'en  avois  les  généa- 
logies entières,  je  vous  les  envoyerois  volontiers,  mais  je  n'ay 
encore  que  des  parties  informes,  et  pour  vous  ayder  utilement,  il 
faudroit  estre  à  Paris,  car  une  conversation  de  demi-heure  vaut 
mieux  que  cent  lettres;  mais  je  ne  sçais  pas  quand  je  pourray  faire 
ce  voyage,  » 

Dans  une  troisième  lettre,  datée  de  Limoges  (12  mars  1692),  il 
donne  encore  des  renseignements  sur  d'autres  membres  de  la 
famille  Albert. 

Dans  une  quatrième  lettre,  datée  de  Limoges  (4  avril  1692),  dom 
Pradilbon  annonce  à  Baluze  l'envoi  des  trois  volumes  in-folio  du 
P.  Bonavenlure  Saint-Amable  qu'il  a  achetés  pour  lui  au  prix  de 
12  livres  (brochés),  et  il  dit  que  «  dans  cet  ouvrage,  il  y  a  beaucoup 
de  simplicité  et  peu  de  jugement,  mais  d'assez  bonnes  matières 
pour  l'histoire  du  pays,  sans  que  l'auteur  cite  d'où  il  les  a  puisées. 
Le  premier  tome  est  tout  pour  l'apostolat  de  saint  Martial  contre 
M.  de  Launoy  et  autres  ;  le  deuxième  est  la  vie  de  saint  Martial,  où 
il  a  mis  plusieurs  actes  des  fondations  des  églises  et  des  monastè- 
res; le  troisième  est  en  forme  A* Annales  de  la  province  où  il  y  a 
bien  des  curiosités  ». 

En  réponse  à  une  question  de  Baluze,  dom  Pradilhon  dit  que  «  la 
terre  de  Tranchelion  est  près  de  Pierre-Buffière,  et  le  château  est 
situé  dans  le  faubourg  de  cette  ville.  «  J'ay  remarqué,  ajoute-t-il, 
que  les  anciens  seigneurs  de  Tranchelion  se  nommoient  indiflférem- 
vaeniDmie  Trancaleone,  o\x Dns Castri-inferioris de Petra-Bufferia. 
Cet  usage  était  assez  commun  dans  le  xm*  et  xiv®  siècle;  j'en  ay  vu 
de  mesme  àPompadour  et  à  Gimel,  où  des  gentilshommes  se  disent 
Dus  Castririnfetiam  de  Pùtnpadorio,  de  Gimello.,,  C'estoicnl  de 
nobles  vassaux  des  grands  seigneurs,  possesseurs  du  chasteau  prin- 
cipal. D 

Dom  Pradilhon  ajoute  à  sa  lettre  le  tableau  généalogique  de  la 
famille  La  Garde  de  Tranchelion,  qui  manque  dans  le  Nobiliaire  de 
Nadaud. 

La  cinquième  lettre,  datée  de  Limoges  (19  juin  1692),  débute 
ainsi  :  «  Monsieur,  j'ay  esté  longtemps  sans  me  donner  l'honneur 


â90  SOCifcTÂ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LTMOUSIK. 

de  vous  escrire,  à  cause  d'une  attaque  de  goûtes  qui  m^a  tenu  près 
de  deux  mois  ;  je  vais  revoir  vos  lettres,  et  respondre  aux  articles 
qu'elles  contiennent. 

»  Lorsque  mes  pieds  seront  plus  affermis,  je  verray  les  tom- 
beaux des  cardinaux  de  Chanac  et  d'Argfeuille 

»  J'ay  donné  un  mémoire  à  un  chanoine-sindic  de  Saint-Eslienne 
pour  le  testament  du  cardinal  de  La  Porte;  il  m'a  promis  de  le 
chercher,  et  je  le  presse  tous  les  jours  par  les  raisons  que  vous  me 
marqués;  mais  à  vous  dire  le  vray,  je  n'ay  pas  bonne  opinion  du 
succès.  Ces  Messieurs  se  sont  rendus  si  difficiles  à  communiquer 
leurs  titres  qu'ils  en  sont  i-idicules.  Cependant  cela  desrobe  bien 
des  connessances  à  l'histoire,  car  on  tient  que  ce  thrésor  est  bon  ;  je 
vous  promets  de  ne  point  perdre  de  temps  à  presser  sur  cet  article. 
»  J'espère  mieux  réussir  pour  celui  du  cardinal  de  Chanac,  dès 
que  je  pourray  voir  mes  amis  de  Saint-Martial. 

»  S'il  est  vrayque  Petrus  de  Pipemo^  prevost  d'Esmoutiers  en 
1293,  ail  esté  fait  cardinal  en  1298,  il  aura  succédé  à  un  autre  car- 
dinal dans  ce  bénéfice,  qui  estoit  Petms  de  Capella. 

»  A  l'esgard  de  Guillelmus  de  Roffiliaco,  prévost  d'Esmoutiers, 
j'ay  dans  mes  extraits  qu'il  estoit  prevost  en  1369,  et  je  ne  crois 
pas  m'estre  trompé;  je  remarque  dans  quelque  catalogue  que  j'ay 
dressé  des  chanoines  de  Saint-Estienne  qu  il  en  estoit  chanoine  en 
1332, 1341.  Phisieurs  de  ses  prédécesseurs  estoient  prevosts  dEs- 
moutiers  et  chanoines  de  Limoges  en  mesme  temps.  Je  trouve  ce 
mesme  Guillaume  de  Rofflliac  officiai  de  Limoges  et  vicaire  de 
i'évesque  dans  des  hommages  rendus  à  Tévesché,  sans  date. 

»  Dans  ce  dernier  voyage  d'Esmoutiers,  j'ay  trouvé  la  carte  des 
anniversaires  de  cette  église,  et  comme  on  les  devoit  célébrer  pour 
l'an  1598.  J'en  ay  pris  copie,  parce  qu'il  m'a  paru  fsicj  des  anni- 
versaires fort  anciens  et  jusques  à  l'evesque  de  Limoges,  Turpin 
d'AubussoD,  ce  qui  peut  prouver  l'antiquité  de  cette  église. 

»  Puisque  vous  travaillés  sur  le  cardinal  de  La  Porte,  vous  devés 
sans  doute  sçavoir  tout  ce  qui  le  concerne;  je  ne  laisse  pourtant 
pas  de  vous  offrir  le  catalogue  des  chanoines  qui  assistèrent  à  son 
élection.  Il  y  en  a  vingt-sept  dont  vingt  sont  des  plus  nobles  famil- 
les de  la  province.  »  —  Suit  un  texte  sur  cette  élection  tiré  des  ar- 
chives de  Saint-Etienne. 

A  cette  lettre  est  joint  le  tableau  généalogique  de  la  famille  de 
Chanac. 

Il  n'est  pas  douteux  que  Baluze,  qui  fit  paraître  l'année  suivante 
(1693)  ses  Vies  des  papes  d'Avignon,  a  utilisé  dans  son  ouvrage  les 
notes  savantes  que  dom  Pradilhon  lui  a  envoyées  sur  les  cardinaux 
Limousins. 


DOM  PRADILHOIf.  291 

La  sixième  lettre  est  datée  de  Tulle,  26  août  1694.  Elle  com- 
mence ainsi  : 

«  Monsieur  du  Verdier  m'a  montré  dans  vos  lettres  les  marques 
de  votre  souvenir.  Je  viens,  Monsieur,  vous  faire  mes  remercie^ 
ments  et  vous  assurer  que  rien  dans  la  vie  ne  me  peut  estre  plus 
agréable  que  d'avoir  quelque  part  d'un  honneur  qui  est  recherché 
par  tous  les  honestes  gens  du  siècle.  » 

Après  quelques  notes  historiques  sur  certaines  familles  du  Bas- 
Liaiousin,  il  termine  ainsi  :  «  Je  ne  veux  pas  finir  sans  vous  remer- 
cier de  tous  les  honneurs  que  je  reçois  de  M.  votre  frère  et  de 
M.  du  Verdier,  parce  que  j'ay  l'avantage  d'estre  de  vos  amis.  Il  y 
a  mesme  deux  grandes  et  belles  niepces  qui  veulent  y  prendre 
part.  L'aisnée  surtout  me  conte  avec  plaisir  mille  et  mille  obliga- 
tions qu'elle  vous  a,  et  les  impatiances  où  elle  est  de  vous  voir.  Je 
m'asseure  qu'elle  vous  en  aura  de  plus  essentielles  dans  quelque 
temps  :  elle  les  mérite  asseurement,  estant  aussy  bien  faite  qu'on 
peut  le  souhaiter. 

»  P.'S.—  Je  partiray  dans  la  semaine  prochaine  pour  aller  faire 
une  longue  résidence  à  Bordeaux.  » 

La  septième  lettre  est  datée  de  Bordeaux,  5  janvier  1698.  Elle 
débute  ainsi  :  «  Le  renouvellement  de  Tannée  m'avertit.  Monsieur, 
que  je  dois  vous  rendre  mes  devoirs  et  me  renouveller  dans  le 
souvenir  d'une  personne  que  j'honorerai  toujours  parfaitement.  » 
Dom  Pradilhon  mourut  à  Paris,  dans  le  couvent  des  Feuillants 
du  faubourg  Saint-Honoré,  le  25  septembre  1704,  âgé  de  soixante 
et  un  ans,  et  fut  inhumé  dans  le  monastère  de  Saint-Bernard* 
Piganiol  de  la  Force,  dans  sa  Description  de  Paris,  rapporte  l'épi- 
tapbe  dont  ses  confrères  ont  honoré  sa  mémoire  et  orné  son  tom- 
beau : 

Ad  immortalem  vitam  proficisc6ns, 

Mortalilalis  sarcinam    hic   deposuit 

ReTerendissinitts  Pater 

D.  Joannes  Bapiisia  A  Sancla  Anna  PradilloD, 

Pairia  Lemovicns. 

Yir  in  multis  egregias, 

Qaem  qaater  in  praesulem  sibi  elegerat 

Tota  Congregatio  Fuliensis  ; 

HuQC  ad  magna  natum  majoraqae  spirantem 

Frontis  houos  et  totius  corporis  habilus 

Arguebani. 

Dignam  tali  hospilio  animam 

Non  una  vlrtas,  non  una  ornabat  scientia, 

Maxime  quœ  viram  decet  alioram  moderamini  invigilantem, 

Pides  recta,  sincera  pielas,  pradens  religionis  zelus, 

Temperala  justiiiœ  finibus  mansuétude, 


19S  SOCIÉTÉ  ARGHéOLOOIQVK  ET  HI8T0RIQUV  DU  LIMOUSIN. 

Divinaram,  Hoinanarumqot  Legum 

Perilia  singularis; 
Aaimorum  quamounque  in  pariem 

Vellet  adducandorum, 

Arte  proreas  alupend  pollebat  : 

Gujus  exercends  dexteritaiem 

Et  industriam  plerique  suavitalem  omnes 

Admiratî  sunl. 

Nullus  facile  assequetur 

Obiil  Yll.  kal.  oelob.  anno  Uomiiii  M.  OCCI. 

iCUlissue  LXI(l). 

iPITAPHE    DE   DOM   PHADILLOM. 

Partant  pour  la  vie  immortelle» 

Le  très  révérend  père 

Dom  Jean -Baptiste  de  Sainte^  An  ne  Pradillon, 

né  en  Lfmoasin, 

Déposa  ici  le  fardeau  de  la  mortalité. 

Homaie  disiiogué  en  beaucoup  de   points, 

Que  toute  la  GongrégaiioD  des  Feuillanla 

Avait  élu  quatre  fois  pour  boq  général; 

La  majesté  de  son  front  et  tout  son  extérieur 

Nonlraienl  qu'il  était  né  pour  de  grandes  choses 

Et  qu*il  pouvait  aspirer  au  plus  haut  rang  ; 

Plus  d'une  vertu,  plus  d*une  science 

Ornaient  son  âme  digne  d*un  tel  corps. 

il  avait  surtout  ce  qui  convient  à  un  homme  appelé  à  veiller 

Sur  la  conduite  des  autres; 

Une  foi  droite,  une  piéié  sincère,  un  zt\e  religieux  plein  de  prudence, 

Une  douceur  tempérée  par  les  règles  de  la  justice, 

Une  habileté  peu  commune  dans  les  lois  divines  et  humaines; 

11  avait  un  art  merveilleux  [pour  diriger  les  esprits]  là  où  il 

voulait  les  conduire; 

La  plupart  admiraient  son  habileté, 

Tous  admiraient  sa  douceur; 

Nul  n^atleindra  ftieilement  [ua  pareil  modèle]. 

Il  mourut  le  Vil  des  calendes  d'octobre,  Pan  du  Seigneur  MCCI, 

k  l'âge  de  LXi  ans. 

On  a  de  lui  : 

1°  Praxis  jum  Puliêtisis,  Paris,  Josse,  1676.  Nous  ne  connaissoDS 
aucun  exemplaire  de  cet  ouvrage  (2). 

(I)  PiGANiOL  DE  LA  FoRCS,  OescHpHon  de  Paria,  U  H,  p.  383  et  384.  — 
MoHÉRi,  Supplément  de  1749,  t.  II,  p.  304. 

(t)  Praxis  juris  prp  coogregatione  B,  Martini  FuliensiSi  1675  (Nadaud, 
Fouillé  /ïw.,  p.  36). 


DOtl   PRADILHON.  293 

2"  Histoire  de  la  fondation  des  religieuses  Feuillantines  à  Tou- 
louse, etc.  —  Bordeaux,  1696;  Paris,  1699. 

Cet  ordre  des  Feuillantines,  fondé  par  Jean  de  La  Barrière  en 
1588,  s'établit  d'abord  à  Montesquieu-Volvestre,  puis  se  transporta 
à  Toulouse,  dans  un  monastère  du  faubourg  Saint-Cyprien. 

3*  La  Conduite  de  dom  Jean  de  La  Barrière,  premier  abbé  et  ins- 
tituteur  des  Feuillens,  durant  les  troubles  de  la  Ligue,  et  son  atta- 
chement au  service  du  Roy  Henry  III,  par  un  religieux  feuillant.  A 
Paris,  chez  François  H.  Muguet,  M  D.  XCIX,  in-12. 

Nous  lisons  dans  le  Supplément  de  Moréri,  1749  :  «  Cet  ouvrage 
contient  une  critique  de  ce  qu'a  écrit  sur  ce  sujet  Jean  Le  Labou- 
reur, dans  ses  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau,  » 

Nous  possédons  un  exemplaire  de  cet  ouvrage. 

4®  Des  mémoires  manuscrits,  cités  par  l'auteur  du  Supplément  de 
.Ifor^'^  imprimé  en  Hollande  en  1716.  Il  est  cité  également  dans 
l'ëditioa  de  1733,  t.  VI,  article  Souillac, 

L'abbé  Arbbllot. 


Dom  PradilloD  avait  dédié  son  Praxis  juris  Fullensi»  k  Pierre  Régie r, 
abbé  des  Penilkants  du  monaslère  de  SaiDl-Marlin-Iôs-Limoges. 

(Voir  Nàdaud,  Mém.  ma.,  1. 1,  p.  167.  ^  Lcgros,  Abbayes  du  Limousin, 
|>.  H9}. 


L'ABBÉ   OROUX 


Oroux  (Etienne)  naquit  à  Saint-Léonard  le  14  septembre  17Î0; 
il  était  fils  d'Etienne  Oroux  et  de  Marguerite  Lafont  (1).  Doué  d^une 
aptitude  rare,  et  unissant  à  beaucoup  de  facilité  un  grand  amour 
du  travail,  il  fit,  avec  une  distinction  marquée,  au  collège  des 
Jésuites  de  Limoges,  ses  cours  d'humanités,  de  rhétorique,  de 
philosophie  et  de  théologie.  M^  Jean-Gilles  de  Coëtlosquet  ayant 
pris  possession  du  siège  épiscopal  de  Limoges  en  1740,  Tabbé 
Oroux  soutint  en  présence  de  ce  prélat  une  thèse  publique,  qu'il 
lui  avait  dédiée,  et  qui  lui  valut  les  témoignages  les  plus  flatteurs 
et  des  applaudissements  universels.  Cette  thèse  embrassait  tous  les 
traités  Ihéologiques,  tant  dogmatiques  que  moraux.  La  justesse  de 
coup  d'œil  et  la  précision  de  langage  que  l'abbé  Oroux  montra  dans 
l'exposition  des  principes,  la  force  et  la  solidité  avec  lesquelles  il 
développa  ses  preuves,  la  netteté  de  dialectique  qu'il  déploya  dans 
la  solution  des  difficultés  qui  lui  furent  présentées,  frappèrent 
l'évéque  de  Limoges,  qui  devint  le  protecteur  du  jeune  théologien; 
et,  quand  l'abbé  Oroux  fut  ordonné  prêtre,  ce  prélat  se  l'attacha 
en  qualité  d'aumônier  (2). 

En  1758,  Mp"  de  Coëtlosquet  fut  appelé  à  la  cour  pour  l'éducation 

(I)  a  Le  U  septembre  HiO,  j'ai  baptisé  un  fils  légitime  du  sieur 
Etienne  Auroux  (sic),  et  de  Marguerite  Lafont,  sa  femme;  lequel  était  nà 
à  quatre  heures  du  matin  dadit  jour;  on  lai  a  donné  le  nom  d'Etienne. 
Son  parrain  a  été  Etienne  Lafont,  sieur  d'Epagne,  et  sa  marraine  de- 
moiselle Marie  Ouroux  {sic),  lesquels  ont  signé  avec  nous  :  E.  Lafont, 
Marie  Oroux,  Fahgbaud,  prêtre,  chanoine  de  Saint-Léonard,  par  ordre  de 
M.  le  curé.  (Registres  de  la  Mairie  de  Saint-Léonard). 

(î)  ViTRAC,  Dict,  me. 


l'abbé  onoux.  295 

du  duc  de  Bourgogne,  et  cette  année  même  il  se  démit  de  son  évô- 
ché.  Il  emmena  avec  lui  Tabbé  Oroux,  et  il  s'en  servit  utilement 
dans  Fexercice  des  fonctions  très  honorables,  mais  difficiles  et 
délicates,  qu'il  avait  à  remplir.  Après  la  mort  du  duc  de  Bourgo- 
gne (1760),  ce  même  prélat  fut  successivement  précepteur  des 
autres  fils  du  dauphin,  du  duc  de  Berry  (depuis  Louis  XVI),  du 
comte  de  Provence  (Louis  XVIII)  et  du  comte  d'Artois  (Charles  X). 

Pendant  son  séjour  à  Versailles,  l'abbé  Oroux  trouva  le  temps  de 
composer  de  savants  ouvrages.  En  1759,  il  datait  de  cette  ville  un 
article  adressé  aux  Mémoires  de  Trévoux;  l'année  suivante  (1760), 
il  dédiait  à  la  reine,  Marie  Leczinska,  sa  Vie  de  saint  Léonard  :  il 
était  alors  chanoine  de  l'église  de  Saint-Léonard  deNoblac;  mais 
les  fonctions  qu'il  remplissait  à  la  cour  le  dispensaient  de  la  rési- 
dence. Il  fut  plus  tard  nommé  chapelain  du  roi,  et  pourvu  de 
Tabbaye  de  Fontaine-le-Comte  (1)  en  Poitou  (1774).  Quatre  ans 
après,  il  dédiait  au  roi  Louis  XVI  son  histoire  de  la  chapelle  du 
roi  sous  ce  titre  :  Histoire  ecclésiastique  de  la  cour  de  France, 

En  quittant  Versailles,  vers  1775,  l'abbé  Oroux  vint  habiter  sa 
ville  natale.  Le  24  juin  1778,  iî  présidait,  en  l'absence  de  l'évéque  de 
Limoges,  la  brillante  cérémonie  de  la  clôture  de  TOstension  (2).  Il 
mourut  à  Saint-Léonard,  dans  une  maison  qui  est  aujourd'hui 
annexée  à  l'hospice,  le  7  septembre  1786,  à  l'âge  de  soixante-six 
ans  et  il  fut  inhumé  le  lendemain  dans  le  caveau  des  chanoines,  situé 
derrière  le  chœur  de  l'église  de  Saint-Léonard  (3). 

(1)  Et  non  pas  Fontenay-le^Comte,  comme  le  disent  Tabbé  Vitrac,  la 
FeuUle  hebdomadaire,  etc.  L*abbayc  de  Fonlaine-lc-Comte,  à  deux  lieues 
sud-ouest  de  Poitiers,  donnait  un  revenu  de  3,000  livres. 

(8)  VU  de  saint  Léonard  (1863),  p.  139. 

(3)  Le  môme  jour  (8  septembre)  an  susdit  («786),  a  été  inhumé  au  tom- 
beau du  chapitre  vénérable  mcssire  Etienne  Oroux,  prôlre,  abbé  commen- 
(lalaire  de  Fontaine-le-Gomte,  ancien  chapelain  du  roi,  chanoine  honoraire 
de  Saint-Léonard,  décédé  hier  (7  septembre),  rue  Aumônlère,  âgé  d'envi- 
ron soixante-six  ans  et  muni  des  sacrements  de  TËglise.  Ont  assisté  au 
convoi  :  M'  messire  Mathieu  Lafont,  prêtre  et  chanoine  de  Saint-Léonard 
et  Jacques  Martin,  curé  de  la  Chapelle. 

Lafond,  chanoine  ;  Farge,  vicaire  ;  Martin,  curé  de  la  Chapelle. 

Dans  le  procès-verbal  d'apposition  des  scellés  sur  la  maison  où  décéda 
Tabbé  Oroux  il  est  dit  que  «  ledit  Oroux  était  en  pension  depuis  environ 
onze  ans  (4775),  chez  la  dame  veuve  Lanouaille  et  ne  possédait  en  pro- 
pre aucun  meuble,  mais  seulement  des  effets  {sic),  »  Septembre  1786. 

(Archives  départementales,  fonds  du  Présidial.  —  Note  communiquée 
par  M.  Alfred  Leroux,  archiviste.) 


i9^  SOCIBTft  ARCRÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

Des  vieillards  qui  l'avaient  connu  nous  ont  parlé  de  ses  qualités 
aimables,  de  la  douceur  de  son  caractère,  de  son  enjoûmenlet  de 
sa  bonté.  Il  n'était  pas  seulement  recommandable  par  sa  vaste 
érudition >  mais  encore  par  sa  piété  et  par  la  pratique  des  vertus 
chrétiennes  et  sacerdotales  (1). 

On  a  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 

1*»  Histoire  de  la  vie  et  du  culte  de  saint  Léonard  du  Limi)usin.  — 
Paris,  chez  J.  Barbou,  1760,  un  vol.  in-12.  Au  mois  de  Juillet  1760, 
l'abbé  Oroux  eut  l'honneur  de  présenter  ce  livre  à  la  Reine,  à  Mon- 
seigneur le  dauphin,  à  Madame  la  daupbine  et  à  Monseigneur  te 
duc  de  Bourgogne  (2). 

Cet  ouvrage,  accompagné  de  savantes  dissertations  et  suivi  de  la 
liste  des  prieurs  de  Noblac,  est  fait  avec  méthode,  et  accuse  de 
grandes  recherches  et  une  érudition  de  première  nmin.  D  est  tou- 
tefois à  regretter  que  la  critique  y  règne  souvent  aux  dépens  de  la 
piëlé,  et  que  l'auteur,  prenant  Baillet  pour  modèle,  ait  négligé  le 
récit  de  nombreux  miracles  qu'avaient  rapporté  des  écrivains 
dignes  de  foi. 

2o  Histoire  ecclésiastique  de  la  cour  de  France.  —  Paris,  [rapri- 
merie  royale,  1778,  2  vol.  in-4".  —  Le  8  mars  de  cette  année, 
Fabbé  Oroux,  qui  était  alors  chapelain  du  roi  et  abbé  de  Fontaine- 
le-Gomte,  fut  admis  à  l'honneur  de  présenter  cet  ouvrage  à  Sa  Ma- 
jesté (Louis  XVI)  et  à  la  famille  royale  (3). 

Cet  ouvrage,  encore  plus  que  le  précédent,  annonce  une  éru- 
dition de  bon  alqi.  L'abbé  Oroux  fait  l'histoire  de  la  chapelle  du 
roi  depuis  le  règne  de  Pépin  jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV. 
Il  y  parle  de  tout  ce  que  nos  rois  ont  fait  pour  la  religion,  et  donne 
de  très  curieux  détails  sur  leurs  aumôniers,  leurs  confesseurs,  etc.; 
en  un  mot,  c'est  l'histoire  des  rois  de  France  au  point  de  vue 
religieux.  Un  autre  écrivain,  Guillaume  du  Peyrat  (4),  avait  traité 
ce  sujet  en  164S;  mais  l'abbé  Oroux,  tout  en  profitant  des  recher- 
ches de  son  devancier,  l'a  surpassé  et  a  fait  un  ouvrage  d'un 
mérite  supérieur. 

3<»  Une  lettre  sur  le  lieu  de  naissance  d'Adémar,  moine  de  Saint- 
Gybard  et  de  Saint-Martial,  datée  de  Versailles,  le  l'"'  décembre 
1759,  et  insérée  dans  les  Mémoires  de  Trévoux,  à  la  fin  du  second 
volume  de  janvier  1760.  Celte  lettre  est  anonyme;  mais  l'abbé  du 


(4)  Legeos,  Dict.  ms„  p.  357. 

(5)  Nadaud,  note  manuscrite. 

(3)  Feuille  hebdomadaire^  année  1778,  p.  50. 

(  i)  VHUtolre  ecclésiastique  de  la  cour  ou  les  antiquités  et  recherches  de 
la  chapelle  et  oratoire  des  rois  de  France  depuis  Clovia  /«',  in-fol. 


L*ABBÉ  OROUX.  297 

Mabaret,  compatriote  de  Tabbë  Oroux,  nous  en  fait  connaître  Tau- 
teur  dans  un  article  sur  Adémar  (1). 

^"^  Ufi  fueUt  ouvrage  manusc^rit  qu^  npus  avçns  yi|  à  la  biblio- 
thèque du  séminaire  de  Limoges,  et  intitulé  :  Remarques  sur  le 
propre  des  saints  du  diocèse  de  Limoges.  On  s'est  servi  beaucoup  de 
cet  ouvrage  pour  Tédition  du  d^r^ier  bréviaire  limousin,  imprimé 
sons  l'épiscopat  de  Monseigneur  d'Argenlré,  en  1783.  Les  légendes 
de  Saint-Martial,  de  saint  Rorice,  de  saint  Vaast,  etc.,  sont  de  la 
composition  de  Tabbé  Oroux.  Il  ,Bt  insérer  dans  ce  dernier  bré- 
viaire la  fête  de  plusieurs  saints  du  diocèse,  qui  ne  se  trouvaient 
pas  dans  le  bréviaire  précédent,  publié  en  1736.  Il  est  fâcheux  que, 
sous  iUoAiienfie  de  ia  mauvaise  xjribqi^e  ifui  doucait  à  jceUe  épo- 
que, il  ait  enlevé  à  quelques  légendes  la  poésie  et  la  piété  qui  en 
faisaient  l'ornement. 

îi^  Un  livre  d'offices  et  de  prières,  et  un  processionnal  à  l'usage 
de  la  compagnie  royale  des  pénitents  bleus  de  la  ville  ^e  Sajnt- 
Lèo^nard^  2  v.ol.  inl2,  imprimés  à  Limoges,  chez  P.  Chapoulaud, 
en  J784.  Cet  ouvrage  ,ne  fut  tiré  qu'à  200  exemplaires. 

On  trouve  dans  la  Feuille  hebdomadaire  de  Limoges  (2)  le  résumé 
d'un  sermon  de  l'abbé  Oroux  prononcé  dans  la  chapelle  des  péni- 
tents bleus  de  Saint-Léonard,  le  13  septembre  1777.  à  l'occasion 
de  la  réception  dans  la  co^mpagnie,  à  Toulouse,  de  Monsieur,  Jrëre 
du  roi  (depuis  Louis  XVIII). 

La  Biographie  universelle  et  le  pictionnaire  historigue  ,de  Feller 
ont  oublié  Tabbé  Oroux.  L'auteur  de  la  Vie  de  saint  %éof\ard  et  de 
Y  Histoire  ecclésiastique  de  la  cour  de  France  méritait  d'être  traité 
avec  plus  de  justice.  Nous  e^péro^  que.çqt^e  lacune  sera  comblée 
dans  une  future  édition  de  la  Biographie  universelle, 

'L'abbé  Aabbllot. 

(1)  MimolreB  pour  fcrolr  à  la  future  édition  du  DiciionnaXre  de 
Moréri,  ms.  de  la  bibliotbèqac  du  'Louvri;,  article  Adémar.  —  Examen 
critique  des  dictionn,  hist.,  de  Barbier.  —  Paris,  4820. 

{%)  FeiUlfe  h^bdom.  du  U  jiepteipbre  4777. 


T.   XZXVIK  30 


ËIOGRAÎ>HtES  LIMOUSINES  ET  MARCHOISES 


III. 

LÉONARD  NADAUD.  —  JACQUES  DUROUX.  —  BARNT  DE  ROMAMET 
CH.-niC.   ALLOU. 


Nous  continuons  par  ces  quatre  noms  (1)  la  série  de  biographies 
que  nous  avons  commencée  dans  le  précédent  Bulletin  avec  J.-B. 
Chorllon,  Léonard  Albert,  J.-B.  Tripon,  Emile  Grignard,  Aug.  Bos- 
vieux,  Jean  et  Léonard  Bandel,  François  Marvaud.  Si  nous  fixons 
notre  choix  uniquement  sur  des  historiens  et  des  archéologues, 
c'est  que  nous  voudrions  donner  une  base  aussi  large,  aussi  solide, 
aussi  achevée  que  possible  à  cette  Bibliothèque  historique  de  la 
Marche  et  du  Limousin  que  nous  préparons  depuis  longtemps,  et 
dont  le  tome  I  verra  le  jour  dès  qu'il  trouvera  un  éditeur  de 
bonne  volonté. 

LÉONARD  NADAUD. 

Léonard  Nadaud  naquit  à  Limoges  le  3  juillet  1714  et  mourut  au 
Châtenet  (paroisse  de  Feyliat),  près  Limoges,  en  juin  1767  (2).  Il 
était  frère  puîné  de  Tabbé  Joseph  Nadaud,  si  connu  en  Limousin. 
Tous  deux  étaient  fils  d'un  tapissier  de  Limoges  (comme  M.  Guibert 

(1)  Nous  aurions  désiré  y  joindre  celui  de  Joullietton,  rhistorien  de  la 
Marche.  Mais  les  renseignements  que  nous  possédons  sur  lui  sont  encore 
trop  sommaires.  Nous  serions  reconnaissant  aux  personnes  qui  voudraient 
bien  nous  aider  à  les  compléter. 

(2)  a  Le  4  juin  1767  est  mort  le  R.  P.  Léonard  Nadau  (sic)  et  a  été 
enterré  le  5*  à  40  heures  du  matin.  Ont  été  présens  à  son  enterrement  les 
soussignés  :  F.-J.  Lassagne,  sacristain;  Vidal,  étudiant  ;  Jouidanon.  » 
{Registres  des  sépultures  des  RR,  PP,  Dominicains  de  la  oiUe  de  Limo- 
ges  à  la  date.  Arch.  départementales  de  la  Haut«-Vienne,  série  H, 

registres  mortuaires  des  communautés  de  Limoges).  C'est  donc  à  tort  que 
le  Nobiliaire  du  Limousin  (t.  IV,  p.  471)  donne  la  date  de  1764. 


BIOGRAPHIES  LIMOUSINES  BT   MARCHOISES.  999 

Ta  prouvé  récemment]  (1)  ;  tous  deux  entrèrent  dans  les  ordres  et 
loos  deux  s^occupërent  d'études  historiques.  Aussi  les  a-t-on  sou- 
vent confondus,  dès  le  commencement  de  ce  siècle.  Mais  tandis  que 
Joseph  appartenait  au  clergé  séculier,  Léonard  fut  membre  de  Tor- 
dre de  Saint-Dominique  qui  le  réélut  plusieurs  fois  prieur. 

Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  de  Thistorien.  Le  Nobiliaire 
de  la  Généralité  de  Limoges  (3)  nous  apprend  qu'il  fut  archiviste  de 
révéché  de  Limoges,  mais  lui  fait  beaucoup  trop  d'honneur  en 
disant  que  Léonard  «  est  considéré  [par  qui  donc?]  comme  un  des 
fondateurs  de  la  paléographie,  cette  science  qui  n'existait  pas 
encore  ».  Le  vrai  fondateur  de  la  paléographie  est  dom  Mabillon, 
qui  lui  consacre  tout  un  chapitre  dans  son  De  re  diplotnatica^  paru 
en  1681. 

Le  Nobiliaire  nous  dit  encore  que  «  le  plus  important  des  ouvra- 
ges de  Léonard  Nadaud  est  VInventaire  raisonné  des  titres  de 
Vévéché  de  Limoges^  deux  beaux  volumes  in-folio  que  conservent 
les  archives  de  la  Haute-Vienne  »  (3).  L'indication  est  exacte,  mais 
incomplète,  car  ce  laborieux  chercheur  est  aussi  l'auteur  d'un  Invenr 
taire  des  titres  de  l'abbaye  des  Allois,  qui  porte  la  date  de  1760  (4), 
et  de  celle  Liève  des  maisons  et  bancs  charniers  de  Vhôpital  général 
de  Limoges  qui  figure,  avec  la  date  de  1764,  dans  notre  Inventaire 
des  archives  du  dit  hôpital  sous  la  cote  D.,  4. 

A  ces  trois  ouvrages,  il  convient  d'en  ajouter  un  quatrième,  ce 
Pouillé  du  diocèse  de  Limoges,  qui  porte  la  date  de  1773,  mais  qui 
contient  beaucoup  d'additions  postérieures.  M.  l'abbé  Lecler  Ta 
édité  sans  nom  d'auteur  en  1886.  En  examinant  récemment  l'In- 
ventaire des  titres  de  Vévéché  de  Limoges,  M.  Lecler  a  reconnu,  à 
n'en  pouvoir  douter,  l'écriture  fine  et  réguHère  du  Pouillé  ma- 
nuscrit. L'attribution  ne  peut  donc  faire  doute.  La  date  de  1773 
prouve  seulement  que  Nadaud  n'a  point  mis  la  dernière  main  à 
celte  œuvre. 

Cet  ouvrage  a  le  mérite  de  constater  l'état  du  diocèse  en  1773; 
mais  il  est  loin  d'offrir  tous  les  renseignements  historiques  qu'on 
en  attend.  On  y  cherche  vainement  la  liste  des  compagnies  de  péni- 
tents et  autres  confréries  du  temps,  la  date  de  fondation  des  prieu- 

(I)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin^  t.  XXXVI,  p.  296. 

W  T.  IV,  p.  471 . 

(3)  Aatremeal  dit  le  Liore  des  hommages  de  Véoéché  de  Limoges, 
Comme  il  est  dédié  à  Mgr  Duplessis  d'Argentré,  évoque  de  Limoges,  nous 
pouvons  affirmer  que  cet  inventaire  est  postérieur  à  1758  et  antérieure 
4767,  date  de  la  mort  de  l'auteur. 

(i)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  n°  prov.  H.,  6,496, 
petit  in-folio. 


300  SOCIÉTé   ARCHÉOLOGIQUE   ET   Rlf^l-O^lQbR   DO   LlkoOSlk. 

rés,  îiôpîlâuîL  et  collèges.  ïl  tïê  seïttWe  pàfe  tjttiê  imttifû  HfMktA 
aU  ïrô*ùvé  en  «on  frère  Tafde  que  tdtH-d  eût  pu  Itti  prêter. 

Nons  terminerons  cette  courte  nolîce  ^  Vepw>dHiaaittt  Ml  mt 
lettre  de  Léonard  NadantI  (\ne  M.  Ï.-B.  €haitepevàî  ta^te  «i  lOBl 
récemment  commnniquée.  Elle  provient  duchartrier  de  M~  fle 
Gay  de  Nexon  : 

Madame,  vous  ne  ierés  guères  contente  Ôe  moy;  c'est  Titie  *irtfnli?ra^ 
que  7e  p&rtage  arec  vOus,  cat  je  sforê  ibrt  mécontent  de  nfoi-méimc.  A  la 
première  occasion  qtre  vém  me  fourbisses  <Ae  vous  marof^er  mon  Mè,  je 
seit;nfe  dn  liés.  Je  [tie]  vous  envoyé  pas  Inolls  'totfttes  les  noGtes  qoe  j'«i 
s^nr  Mil.  De  toy  ct^alhchier  (i).  il  ne  me  passe  ^èresde  liestai»em oi 
contracta  de  mariages.  Mon  frère  est  plus  Ardenl  que  moi  dans  leur  recher- 
che. Je  lui  écris  et  lui  demande  ses  nottes  sur  les  deux  famiUea.  Je 
souhaitte  fort  qu'il  ine  mette  en  même  de  vous  fournir  ^[uelquc 
chose  de  plus  intéressant  que  le  mémoire  cy  inclus.  Je  vous  prie  d'èlro 
toujours  persuadée  que  je  suis  à  vos  ordres.  Si  vous  croyés  avoir  cliés 
vous  quelques  pièces  utiles  dont  le  dëpouillement  vonspar*tfttrolp  Oifecilc, 
le  tnoindre  signe  de  votre  part  me  suffira  et  je  n'atfrai  point  d'àfci^e  plus 
[fressanle  que  celle-là,  parce  qu'elle  m'aidefra  à  (vous)  volts  faire  iij{fÔ«rle 
respect  avec  lequel  j'ai  Phontïeur  "d'èire,  Uadame,  votre  très  hoÉible  «ft 
très  obéissant  serviteur. 

F.  Nadaud, 
de  Vordre  àes  F.  F.  P.  P. 
Limoges,  45  août  l76B. 

Voulés-vous  bien  permettre  Toffre  de  mon  respect  à  V06  Messieurs  et 
Demoiselles. 

JACQUES  DUROUX. 

On  sait  fort  peu  de  chose  sur  Jacques  Duroirx.  "Né  'Vers  1740,  h 
Saint-Pardoux  près  Dessines,  suivant  les  uns,  plus  prol)abletnelît  à 
Limoges,  comme  d'autres  Taffirment,  11  aida  ddm  Coï  flans  ses 
recherches  érudites  et  s'intitula  plus  tard,  de  ce  cheï,  ëlfeve  du 
savant  bénédictin  (2).  C'est  sans  doute  à  la  demande  de *flom  Col 
que  Duroux  compirlsa  e!t  classa  les  richeîs  archiver  de  rhôjiital 
général  de  Limoges.  Nous  avons  déjà  signalé  cette  partictflarilé  (3) 

(\)  Les  Gay  de  Nexon  étaient  alors  en  procès  contre  M.  de  Verneuil, 
qui  avait  nommé  à  leur  pféjuUiée  un  ^boursier  au  collègte  Hfe  4ft  Varche, 
fondé  à  Paris  par  un  Gallichier  au  xvi«  siècle. 

(3)  D)an8  l'article  des  Annatês  de  la  EFatt^-Vierme,  t|ttlî  nous  citons 
plus  loin.  11  est  quelquefois  appelé  féodtste  dans  quelques  actes  du  temps- 

(3)  Voy.  notre  notice  sur  les  Institutions  charitables en  'léte  de 

V Inventaire  des  Archioes  hospitalières  de  la  Hkitite-Vèènne  (p.  11  et  art. 
^.,  30),  et  notre  étude  stir  les  Chron^uetirs  et  Tiisio riens  du  Umùosin 
(p.  57). 


9IOa|^FHUS  LtMOUSiNfiS  ET   MARCHOi^S.  S^\ 

^(  ri^P^lé  S^  )ei9  aosily»^  de  Dupoux  subsistent  $ar  Teniirqil  de$ 
cbeiRÎses  doQlil  babillait  soigneusement  chaque  parchemin. 

Lorsque  le  comte  d'Artois  reçut  le  Limousin  et  les  provinces  voi- 
sines en  apanage  (1773),  Duroux  obtint  ou  peut-élre  acheta  le  titre 
de  secrétaire  du  prince.  Au  début  de  la  Révolution,  il  était  Tbomme 
d'affaires  des  Derocard  de  Monisme,  qui  lui  vendirent  leurs  biens 
avant  d'émigrer.  Aux  environs  de  1792,  nous  le  trouvons  secrétaire 
du  comité  de  Constitution  de  Limoges,  et  plus  tard  président  du 
district  de  Bessines.  Quand  les  Derocard  rentrèrent  en  France, 
Duroux,  se  considérant  comme  simple  engagiste,  leur  restitua  tout 
ce  qu'il  stvait  pu  conserver  de  leurs  biens,  «  ce  dont  on  ne  lui  sut 
aucun  gré  »,  si  nous  en  croyons  la  tradition.  Il  habitait  alors 
Grossereix  (commune  de  Beaune).  Plus  tard,  il  acheta  un  petit 
domaine  à  Saiqt-Pardoux,  devint  maire  de  la  commune  en  1817  et 
y  mourut  en  septembre  1824  dans  la  plus  grande  gène  (1). 

Quelques  apnées  après  la  reconstitution  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  Limoges  (qui  est  de  1801),  Duroux  en  devint  membre  cor- 
respondant et  s'occupa  dès  lors  activement  de  l'œuvre  historique  à 
laquelle  son  nom  est  resté  attaché  (2). 

En  voici  le  titre  exact  : 

Essai  histoiuque  sur  ul  sénatorerie  de  limoges,  orné  de  gr^^vures 
représentant  les  anciens  monuments  de  la  ci-dpvant  province  du 
Limousin.  Dédié  à  M.  le  baron  de  l'Enupire  Louis  Texier-Olivier, 
membre  de  Iq,  Légion  d'honneur,  préfet  du  département  de  la 
Haute-Vienne  et  président  de  la  Société  d'Agriculture,  des  Sciences 
et  Arts  du  même  département,  par  M.  J"  Duroux,  correspondant  de 
la  môme  Société.  [Pius  est  patriœ  fada  referre  labor.  Ovid.  Trist. 
L.  2. 1  Prix:  6  francs  78  centimes  broché. || (Armoiries  de  l'empire) 
I A  Limoges,  chez  Martial  Ardant,  imprimeur-libraire,  rue  Ferrerie, 
1811.  —  (Petit  in-4°  de  v-297  pp.,  plus  un  certain  nombre  de 
feuillets  non  cbiÇrés  et  quatre  planches  gravées  par  De  Crossas.) 

L'ouvrage  fut  annoncé  dans  les  Annales  de  la  Haute-Vienne 
(n^du  16  avril  1811)  par  un  assez  long  article  dont  certaines  erreurs 
ne  sont  pas  sans  surprendre.  L'abbé  Joseph Nadaud,  curé  (Je  Tejjac 

(1)  Nous  avons  publié  son  acle  de  décès  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
arcJ^QlogUims  du  Limouain,  t.  XXXill,  p.  91.  Nous  devons  à  M.  Balmet, 
de  Limoges,  quelqu£s-uns  des  renseignements  qui  précèdent. 

(2)  11  9  au^si  rédigé  en  !81î,  pour  la  Société  d'agriculture  de  Limoges, 
un  mémoire,  resté  manuscrit,  sur  des  antiquités  découvertes  à  La  Jante, 
VieiUeville  et  Vilbert  (commune  de  Compreignac),  —  et«i  I82t,  dans  les 
Annaieê  de  la  Haute-Vienne^  une  rectification  (que  noufi  n'avons  pu 
retrouver)  à  quelques  passages  de  la  Peêcription  des  monumenf»  de  la 


30)  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN. 

(+  1775),  y  est  confondu  avec  son  frère  le  dominicain  Léonard 
Nadaud  (f  1767).  Le  comédien  antiquaire  Beauménil  (f  1788)^ 
y  est  appelé  Duménil.  Preuves  de  la  rapidité  avec  laquelle  s'ou- 
blient certains  détails  dans  la  tradition  orale. 

Un  feuillet  intercalaire  des  Annales  de  la  Haute-Vienne  contenait 
le  curieux  avis  que  voici  : 

Avis.  —  Messieurs  les  Maires  sont  prévenus  que  M.  le  Préfel  ayant 
rintention  de  leur  passer  dans  le  budjet  prochain  le  montant  de  Texein- 
plaire  qu'ils  recevront  de  VEssai  historique^  ils  n'oublieront  pas  d'en 
faire  un  article  particulier  dans  leur  budjet.  Ils  remettront  aux  piétons  le 
montant  dont  est  question,  afin  qu'il  parvienne  directement  au  bureau  des 
travaux  publics  de  la  Préfecture  de  la  Haute-Vienne. 

Ce  n*est  pas  la  seule  preuve  d'intérêt  que  le  baron  Texier-Olivier, 
alors  préfet  du  département,  ait  donnée  à  Duroux.  Il  invita  les 
maires  de  la  sénatorerie,  c'est-à-dire  des  trois  départements  limou- 
sins, à  transmettre  à  l'auteur,  «  sous  le  couvert  de  M.  le  Préfet  de 
la  Haute-Vienne  »,  les  renseignements  historiques  qu'ils  jugeraient 
bon  de  communiquer.  Ces  renseignements  devaient  former  un 
supplément  à  l'ouvrage  de  Duroux.  Il  y  a  lien  de  croire  que  les 
communications  ne  furent  pas  abondantes,  car  le  supplément 
annoncé  ne  fut  jamais  imprimé.  Quant  aux  avances  faites  aux  com- 
munes, nous  serions  curieux  de  savoir  ce  qu'elles  produisirent. 
Nous  nous  représentons  difficilement  la  municipalité  d'Azat-le-Ris 
ou  de  Saint-Nicolas  votant  l'achat  de  pareil  ouvrage.  Un  bon 
manuel  des  maires  eût  bien  mieux  fait  leur  affaire. 

Duroux  exprima  fort  légitimement  sa  reconnaissance  au  baron 
Texier-Olivier  en  lui  dédiant  son  Essai  historique.  La  dédicace 
exprime  ce  regret  oiseux  que  Clovis  n'ait  point  vécu  dix  siècles 
pour  le  plus  grand  bonheur  des  Lémovices,  victimes  de  «  l'ambi- 
tion effrénée  de  l'orgueilleuse  Albion  ».  La  dédicace  se  continue 
par  réloge  du  bon  Henri,  «  le  vainqueur  et  le  père  de  ses  sujets  », 
et  s'achève  par  un  panégyrique  ampoulé  du  digne  successeur  de 
Charlemagne  et  de  son  épouse  Marie-Louise. 

Ce  début  trahit  déjà  dans  Duroux  un  esprit  médiocre.  La  suite 
de  l'ouvrage  ne  dément  pas  ce  jugement  préliminaire.  Il  s'intitule 
modestement,  il  est  vrai.  Essai  historique,  mais  l'essai  est  manqué  : 
ce  n'est  qu'une  chronologie  d'événements  tirés  non  point  des 
sources,  mais  des  chroniques  manuscrites  du  xvn*  siècle,  de  Bona- 
venture  de  Saint-Amable  et  du  Laboureur. 

L'auteur  clôt  son  œuvre  au  moment  où  le  Limousin  est  réuni  à 
la  couronne.  Il  remplit  les  cinquante  dernières  pages  du  volume 
par  des  listes  de  dignitaires  limousins  et  des  dissertations  archéo- 


BIOGRAPHIES  LIMOUSINES   ET   MARCHOISES.  303 

logiques  qui  n'ajoutent  rien  à  ce  que  Ton  savait  déjà.  Il  a  cepen- 
dant ce  mérite  de  faire  plus  de  place  à  rarchéologie  que  Saint- 
Àmable,  son  prédécesseur,  et,  le  second  en  Limousin,  de  joindre  au 
texte  la  représentation  de  quelques  monuments.  Rien  par  contre 
sur  les  institutions  du  pays,  rien  sur  les  grands  fiefs,  presque  rien 
sur  le  clergé  ni  sur  sur  le  tiers  état,  rien  non  plus  sur  Tart  ni  sur  la 
littérature  du  Limousin.  On  pouvait  attendre  mieux  de  l'homme  qui 
avait  si  consciencieusement  étudié  les  archives  de  Thôpital,  qui 
avait  aidé  dom  Col  dans  ses  recherches,  qui  affirme  avoir  puisé  à  la 
bibliothèque  impériale  et  dans  les  différents  dépôts  d'archives  du 
Limousin,  qui  cite  Baluze,  le  Gallia  christiana  et  tant  d'autres 
ouvrages  non  moins  recommandables.  Comme  l'a  fort  bien  dit  Bos- 
vieux,  «  Duroux  s'est  contenté,  pour  la  partie  qui  concerne  la  Mar- 
che, de  reproduire  presque  textuellement  le  travail  deMallebay  de  la 
Mothe,  en  le  tronquant  de  loin  en  loin  par  quelques  suppressions 
insignifiantes  »  (1).  On  en  pourrait  dire  autant  de  la  partie  qui 
concerne  le  Limousin  en  tant  que  tirée  de  Bonaventure  de  Saint- 
Âmable. 

Quant  au  style,  il  est  à  la  hauteur  de  l'œuvre  :  terne  et  souvent 
incorrect.  Duroux  ne  se  doute  point  cependant  de  son  insuffisance, 
car  il  termine  son  livre  par  ce  satisfecit  :  «  Puisse  notre  essai  être 
aussi  agréable  à  nos  concitoyens  en  sortant  de  nos  mains,  qu'il 
Ta  été  sous  la  plume  de  son  auteur  ».  VEssai  de  Duroux  est  incon- 
testablement très  inférieur  à  VHistoire  de  la  Marche,  que  Joullietton 
publia  quelques  années  plus  tard. 


BARNY  DE  ROMANET  (2). 

J.-A.-A.  Bamy  de  Romanet  naquit  à  Limoges  en  1782,  d'une 
famille  bien  connue  dans  notre  ville.  On  ignore  où  se  firent  ses 
premières  études,  mais  on  croit  qu'il  les  acheva,  comme  ses  deux 
frères  puinés,  au  collège  de  Vendôme,  réorganisé  vers  1796  et  fort 
à  la  mode  sous  le  Directoire.  Il  ne  put  échapper  à  la  loi  du  recru- 
tement et  fit  sans  doute  quelques-unes  des  campagnes  de  Napoléon. 
En  tous  cas,  il  fut  incorporé,  sous  Louis  XVIII,  dans  les  Gardes  de 
la  Porte,  et  en  1821,  âgé  seulement  de  trente-neuf  ans,  il  s'inti- 
tulait, «  ex-commandant  du  dépôt  de  l'armée  royale  de  France  en 


(<)  Rapport  au  Conseil  général  de  la  Creuse^  1863,  p.  5. 
{t)  Nous  devons  à  robligeance  de  M.  le  chanoine  Tandeau  de  Marsac 
les  renseignements  biographiques  qui  suivent. 


304  SOCIÉTÉ  Aftc^éOLOGiQtJE  ^T  fri^o^i(t<rr.  tits  Likovsiv, 

Belgique  »  (1).  —  Èh  sôrittdè,  nou5  ite  siioni  pi'èMquë  rîdi  dé  là 
pttmibre  partie  de  ^st  cafrrlè^ë. 

En  quittartt  lé  service  n/riUtâife,  Bàriït  ^e  Èèmariét  revint  â 
Limoges,  éù  il  fconsacfa  iëé  lolsirà  à  fêttidé  et  iifûi  spéciëleiflent 
k  celle  de  rKistoirè.  GTesi  alôi^s  qu'il  cofri^dfsa  l'otlVW^e  que  ùcfùs 
élàttinërans  (oiit  à  i'hètii'e. 

Bâriiy  dé  Rdmânet  s'ê<âM  Hé  dtec  le  chanoine  Labiche  de  Rei- 
gnefort,  qui  est  connu  eh  Limousin  par  quelques  publications  d'édi- 
flcëtioii  auWftt  que  d'hiàtoire.  Vers  1828,  sous  Tinfluerice  Ati  celle 
amitié^  ÏJarny  de  Rotnanet  se  décida  à  entrer  ati  gt^and  téminaire 
de  LiiiiOges  pioui*  j  faire  qtielques  études  dé  théologie.  Il  atslît  alors 
eriliroîl  quarante-trois  aîhi.  Ordonné  prêtre  au  bout  de  quelques 
âbriéesi  lî  fui  nônimé  silccessivement  à  là  cure  de  Saint-Bonnet 
près  Bellac,  puié  à  celle  de  Vaury,  qu'il  occupa  de  1830  à  18SS. 
beveriu  tieiix,  il  Sollicita  Tin  poste  de  repos  et  fut  liommé  à  la  ciï^e 
de  Saint-Martiii-dé-lussac  (arr.  de  Rochechouart),  où  il  resta 
Jusqtl'en  1858.  Il  mourut  six  ans  plus  tard,  en  1864,  aumôùier  dé 
rhôpital  de  Saint-Junien,  âgé  de  auatre-vingt-deux  ans. 

Son  Histoire  de  Lithogeè  et  du  Haut  et  Bns-Liniomin  est  titii  lirre 
de*  plus  singulier^,  mais  des  moins  réussis.  L*idée  mère  en  est 
excellente.  Bàrny  rompt  résolument  arec  rhistoire-batèille  pour 
s'occupëi-  àvaiit  tout  des  institutions,  de  la  pt-oductioii  économi- 
que, des  hKfetirs  et  des  coutumes,  c'est-à-dire  de  ce  qui  est  le  fond 
méttië  de  la  civilisation.  Le  livre  I  (138  pages),  après  trois  dotirts 
chapitres  sur  les  Lémovices  et  la  fondation  de  Llthogesi  trëite  des 
productions  naturelles  du  Limousin,  de  la  population,  des  maladies 
endémiques,  du  langage,  de  la  religion,  des  juridictions  de  tout 
genre,  de  l'administrâliôti  publiqtie,  de  l'agHéullure,  du  commerce 
et  de  l'industrie.  Le  livre  II  (167  pages),  s'occupe  de  la  nourriture, 
du  vêtement,  de  l'habitation,  des  divertissements,  du  mariage,  de 
rèducation,  des  professions,  des  superstitions,  etc.  Au  livre  ÎII 
seulement  (189  pages),  il  est  question  des  événements  mémorables 
qui  se  sont  passés  dans  la  province  et  des  monuments  qui  s'y 
rencontrent.  Un  court  chapitre  est  consacré  aux  anciennes  sei^ 
gneuries  du  Limousin,  aux  hommes  illustres  et  à  un  «  coup  d'œil 
sur  les  arts.  »  Ce  coup  d'œil  semble  d'ailleurs  destiné  uniquement 
à  compléter  ce  qui  a  pu  manquer  au  chapitre  sur  l'industrie. 

Comme  on  le  voit,  le  plan  du  livre  peut  fort  bien  se  justifier. 
L'auteur  étudie  d'abord  le  sol,  pilis  les  institutions  publiques, 
ensuite  les  institutions  privées,  en  dernier  lieu  les  événements  et 

(I)  te  litre  n*est  pas  fort  clair  pour  nous.  11  semble  se  référer  à  î^ohga- 
nisalion  de  l'émigration  royaliste  penianUiesCént-Jours. 


les  édifices.  S'il  vivait  encore,  Barny  de  Romanet  s'occuperait  avec 
prédilection  de  sociologie. 

Le  malheur  est  que,  pour  remplir  an  si  beau  cadre,  il  eût  fallu 
une  érudition  de  première  main  que  Barny  ne  possédait  pas  et 
dMfyàvi'ai  dife,  il  lie  tentait  pas  le  besoin.  La  connaissance  des 
tetteâ  lui  faisant  défaut,  il  se  contenta  de  piller  Salnl-Amable, 
Bàliizei  la  Statistique  de  la  Haute-Vienne  de  i808,  Duroux,  Juge 
Saint-Martin,  etc. 

La  somme  des  renseignements  réunis  sur  le  Limousin  étant  assez 
itiinime,  Barny  prit  chaque  sujet  ab  ovo,  remontant  aux  Gaulois, 
aoi  Romains,  aux  Francs  avec  César,  Tite-Livc,  Grégoire  de 
Totirs^  —  ou  bien  les  traita  pour  d'autres  provinces,  sans  plus  se 
soucier  du  Limousin.  L'un  de  ses  chapitres  est  intitulé  :  Ordres  de 
cketalerie  institués  en  France,  un  autre  :  Anciens  revenus  de  la 
Couronné,  un  autre  encore  :  Histoire  de  la  cuisine  française.  De  la 
curiosité,  Barny  de  Romanet  en  a  certes  beaucoup  ;  de  la  méthode, 
point;  Son  livre  est  le  résumé  de  lectures  aussi  variées  qu'étendues, 
mais  aussi  peu  appropriées  que  possible  au  sujet  qu'il  se  proposait 
de  traiter.  La  trai0  mine  à  exploiter  pour  lui,  c'était  ces  livres  de 
raison,  ces  registres  de  famille  que  l'on  commence  aujourd'hui 
d'éditer.  A  leur  défaut,  il  eût  mieux  valu  garder  sur  certains 
sujets  un  silence  prudent. 

Il  y  a  dans  cet  ouvrage  quelques  bévues  amusantes.  Duroux 
s'était  appuyé  sûr  les  Acta  SS,  August.  pour  prouver  qu'à  une  cer- 
taine époque  Limoges  était  désigné  sous  le  nom  de  Lemovica. 
Baray  ne  èottiprit  point  la  signification  de  cette  référence  et  écrivit 
en  cdhfiance  que  «  saint  Augustin  (Acta  SS.J  désigne  Limoges  sous 
le  nom  de  Lemovica  »  (p.  44)! 

Avons-nous  le  droit  d'être  sévère  pour  Barny  de  Romanet? 
A  lire  sa  préface,  nous  voyons  qu'il  se  proposait  uniquement 
d'inëlt*aire  et  d'amuser  les  «  gens  du  monde  ».  Or,  ceux-ci 
ne  sont  guère  difficiles  en  général,  et  Barny,  qui  les  renvoyait  à 
de  graves  autorités,  put  leur  paraître  digne  de  toute  confiance.  Mais 
Barny  a  élevé  une  autre  prétention  :  celle  d'avoir  «  tiré  la  plu- 
pari  de  ses  matériaux  des  chroniques  manuscrites  les  plus  estimées 
et  des  registres  [également  manuscrits]  de  l'hôtel  de  ville  de  Limo- 
ges. »  Qu'il  les  ait  feuilletés,  nous  n'y  contredisons  pas.  Qu'il  en 
ait  pris  quelque^  détails,  c'est  fort  possible.  Mais  qu'il  en  ait  faitune 
éludé  assez  approfondie  pour  s'en  approprier  la  substance  et, 
^dmme  il  te  dit,  pour  <c  désarmer  la  critique  sur  le  fond  du  tra- 
vail »)  c'est  lit  «ine  exagération  que  nous  nous  dispenseroas  de 
qualifier. 


306  SOCltri  ARCflÉOLOGIQUS   KT  BJSTOhIQUI  DU  LIMOUSIN. 


CHARLES-NICOLAS  ALLOU. 

Les  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  France  ont  publié, 
en  1844  ou  1845  (1),  une  bonne  notice  biographique  sur  cet 
ingénieur  archéologue,  notice  qui  est  due  à  la  plume  de  M.  Beau- 
lieu.  Nous  la  mettrons  à  contribution,  en  la  rectifiant  et  en  la 
complétant  sur  quelques  points.  Puis  nous  essaierons  de  déter- 
miner l'origine  et  le  mode  de  composition  de  la  Description  des  mo- 
numents de  la  Haute-Vienne,  qui  est,  pour  nous  Limousins,  le  prin- 
cipal titre  de  M.  Allou  à  notre  souvenir.  Nous  terminerons  par 
quelques  remarques  sur  les  mérites  et  les  défauts  de  cet  ouvrage. 

Charles-Nicolas  Allou  n'appartient  point  au  Limousin,  puisqu'il 
naquit  à  Paris  le  18  novembre  1787.  Il  sortit  de  TÊcole  polytech- 
nique en  bon  rang  et,  après  quelques  hésitations,  entra  à  TEcole 
d'application  des  mines,  qui  était  alors  établie  à  Moutiers,  en  Savoie. 
Il  y  passa  deux  ans,  tout  occupé  d'études  métallurgiques  et  de 
recherches  géologiques.  A  sa  sortie,  vers  1810,  il  fut  nommé  ingé- 
nieur ordinaire  des  mines  à  Poitiers,  plus  tard  à  Limoges  (1814- 
1821),  puis  au  Mans  et  enfin  à  Angers.  A  Limoges,  Allou  avait 
connu  M.  de  Martignac,  alors  procureur  général.  C'est  sur  sa 
recommandation  qu'il  fut  appelé  à  Paris  en  1829,  avec  le  titre 
d'ingénieur  en  chef  de  deuxième  classe  et  la  charge  d'inspecter  les 
travaux  souterrains  du  département  de  la  Seine.  Vers  1838,  déjà 
ingénieur  de  première  classe  et  membre  de  la  Légion  d'honneur, 
Allou  entra  dans  le  Conseil  supérieur  des  mines.  Ce  fut  la  dernière 
étape  de  sa  carrière.  Il  mourut  le  7  octobre  1843,  après  plusieurs 
années  de  cécité  et  d'atonie  morale  autant  que  physique,  causée 
par  l'excès  de  travail. 

C'est  qu'en  effet,  à  ses  occupations  professionnelles  Allou  en 
avait  joint  beaucoup  d'autres,  non  moins  absorbantes  pour  lui,  quoi- 
que purement  désintéressées.  II  aimait  la  science  et  voulait  contri- 
buer à  ses  progrès  et  à  sa  diffusion.  Son  premier  ouvrage  fut  cette 
Description  des  monuments  de  la  Haute-Vienne  que  nous  examine- 
rons plus  loin  :  elle  parut  en  1821  et  fut  récompensée  d'une  médaille 
d'or  par  l'Académie  des  inscriptions.  En  1828,  il  publia  un  Essai 
sur  runiversalité  de  la  langue  française,  dédié  à  Andrieux,  qui 
obtint  de  l'Académie  française  une  mention  honorable.  En  1835, 
1836  et  1837,  il  donna,  dans  les  Mémoires  des  antiquaires  de 
France,  des  fragments  d'un  Traité  qui  l'a  occupé  jusqu'à  la  fin  de 

(I)  Nouv.  série,  l,  VIII,  p.  31. 


BIOGKAPBISS  LIMOUSINES  BT  MAIICHOISBS.  307 

sa  vie,  sur  les  armes  et  les  armures  du  moyen  âge  (1).  C'était  son 
OBUvre  de  prédilection  et  il  n*a  épargné  ni  temps,  ni  voyages,  ni 
argent  pour  la  mener  à  terme,  sans  avoir  pourtant  cette  satis- 
faction. 

Allou  était  membre  résidant  ou  correspondant  de  plusieurs  socié- 
tés savantes  :  la  Société  d'agriculture  de  Limoges,  la  Société  des 
antiquaires  de  France,  dont  il  devint  successivement  secrétaire, 
archiviste  et  président;  la  Société  de  Thistoire  de  France,  la  Société 
de  géographie,  la  Société  philotechnique,  TÂcadémie  de  Bordeaux, 
celle  du  Brésil,  la  Société  des  antiquaires  d'Ecosse  et  celle  de 
Londres.  Il  a  collaboré  aui  Annales  des  mines,  à  la  Revtie  encyclo- 
pédique, au  Bulletin  universel  de  Férussac,  qui  parut  de  1823  à 
1830,  à  Y  Encyclopédie  des  gens  du  monde,  à  V  Annuaire  de  la  Société 
de  l'histoire  de  France  (1837),  où  il  a  inséré  le  catalogue  des  ma- 
nuscrits du  grand  séminaire  de  Limoges  (2),  aux  Mémoires  de  la 
Société  des  antiquaires  de  France,  où  il  publia  entre  autres  articles 
fnouv.  série,  I,  272)  une  «  Note  au  sujet  d'une  peinture  sur  verre 
de  Limoges  »  (le  vitrail  de  Jeanne  d'Albret);  à  l'Annuaire  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Vienne,  où  il  inséra  trois  rapports  sur  l'ex- 
ploitation des  mines  d'étain  de  Vaulry  (années  1815,  1818,  1820). 
—  Limoges  et  le  Limousin  lui  attribue  une  «  Bibliographie  limou- 
sine, 1837  »,  que  nous  n'avons  pu  retrouver  ni  dans  les  Nouvelles 
éphémérides  de  Limoges  ni  dans  la  Revue  du  Centre,  qui  sont  de 
cette  année  là.  Il  s'agit  peut-être  du  catalogue  des  manuscrits  du 
grand  séminaire  (3). 

Nous  allons  exposer  maintenant,  en  nous  aidant  d'un  dossier  des 
Archives  départementales  de  la  Haute- Vienne  (série  T),  par  suite 
de  quelles  circonstances  la  Description  des  monuments  a  pris  nais- 
sance et  par  quelles  voies  elle  fut  menée  à  terme. 

(I)  Ces  fragmenls  furent  inlitulés  :  Etudes  sur  les  casques  du  moyen 
âge, 

(9)  Ce  calaloguc  a  élé  reproduit  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique du  Limousin  (1803,  t.  Xlll,  210),  sans  qu'on  ail  renvoyé  à  la  pre- 
mière publication. 

(3)  En  1850,  le  ministre  de  Pintérieur  ayant  demandé  une  note  sur  la 
pierre  de  Châlus,  dite  de  Richard-Cœur  de-Lion,  qui  était  menacée  de 
déplacement,  ce  fut  M.  Allou  qui  rédigea  la  réponse.  —  L'Académie  des 
inscriptions  ayant  remarqué  dans  la  Description  des  monuments,,,  la 
mention  d'une  ancienne  exploitation  de  mines  d'étain  découverte  en  4813 
à  Vanry  (Haute-Vienne)  par  M.  Alluaud,  ce  fut  naturellement  M.  Allou 
qui,  en  sa  qualité  d'ingénieur  des  mines,  fut  chargé  de  rédiger  sur 
cette  découverte  un  mémoire  étendu,  qui  fut  communiqué  à  l'Académie 
en  I8il. 


908  SOCIÉTÉ  ARdttÉOLÔ&IOUB  KT  HlflTORfOUK  ft«  LIMOUSIN. 


Au  mois  de  juin  4810,  uiie  circulaire  du  Ministre  de  Hntértcur 
dem«indait  à  tous  les  préfets  de  France  des  renseignements  sur  les 
châteaux,  abbayes  et  autres  édifices  remarquables  de  leurs  dépar- 
tements respectifs,  ainsi  que  sur  les  faits  historiques  pouvant  s'y 
rattacher.  Il  s'agissait  de  préparer  le  grand  ouvrage  que  méditait 
Alexandre  de  Laborde  sur  les  monuments  de  la  France  (1).  Bien 
que  la  circulaire  du  ministre  ait  été  transmise  aux  sous-préfets  du 
département,  la  préfecture  de  la  Haute-Vienne  ne  donna  point 
suite  à  cette  demande.  Le  16  avril  1817,  Laine,  alors  ministre  de 
rintérieur,  fit  adresser  aux  retardataires  (il  y  en  avait  bien  d'autres) 
une  lettre  de  rappel.  Avant  de  la  transmettre  à  ses  subordonnés, 
le  Préfet  de  la  Haute- Vienne,  M.  de  Barrens,  écrivit  en  marge  ces 
mots  :  «  Faire  des  recherches.  Prendre  des  renseignements,  en 
demandera  plusieurs  personnes  et  particulièrement  à  M.  de  Redon, 
de  Coussac-Bonneval.  Dans  la  réponse  à  son  Excellence  on  pourra 
indiquer  M.  de  Redon  comme  le  savant  du  département  avec 
lequel  on  peut  correspondre  sur  ces  divers  objets  »  (2). 

Parmi  les  sous-préfels  de  la  Haute-Vienne  alors  en  fonctions,  îl 
s'en  rencontra  un  qui  prit  à  cœur,  dès  le  premier  moment,  de 
satisfaire  aussi  abondamment  que  possible  à  la  demande  du  minis- 
tre. C'était  M.  Gondinet  (3),  de  Saint-Yrieîx,  où  ses  ancêtres  avaient 
fait  souche  depuis  au  moins  trois  siècles.  Dès  le  2  mai,  il  envoyait 
sa  réponse  à  la  Préfecture,  en  se  bornant  d'ailleurs  à  signaler  les 
monuments  historiques  de  son  arrondissement.  Son  collègue  de 
Rochechouart  en  fit  autant.  Mais  le  dossier  ne  se  compléta  pas  et 
pour  cette  raison  ne  fut  point  expédié  à  Paris.  Le  Ministre  s'en 
étant  plaint  en  avril  1819,  l'enquête  fut  reprise.  Seuls  encore  les 
sous-préfets  de  Saint-Yrieix  et  de  Rochechouart  répondirent  par 
des  mémoires  plus  développés  que  la  première  fois,  sous  la  date 
des  27  juin  et  3  août.  Les  arrondissements  de  Bellac  et  Limoges 
manquant  toujours,  soit  qu'on  ne  trouvât  point  de  collaborateurs, 
soit  que  les  engagements  pris  n'aient  pas  été  tenus,  on  n'expédia 
rien  au  ministère.  Celui-ci,  à  la  date  du  27  novembre  1819,  adressa 
au  Préfet  une  troisième  lettre  de  rappel,  où  il  est  question  pour  la 

(<)  Lea  monuments  de  la  France  parurent  de  1816  k  1826,  io-folio. 
Nous  n'avons  pu  vérifier  dans  queUe  mesure  le  Limousin  y  est  représenté. 

(2)  Nous  ne  savons  rien  de  ce  M.  d^  Redon,  qui  n*étail  sans  doute  qa'ua 
amateur. 

{B)  Est-ce  le  même  que  Adolphe  Gondinet,  auteur  d*un  Coup  d'œil  eur 
les  progrès  de  la  cioUisatlon  en  tBZ7%  qui  parul  à  Paris  en  18i8. 


k14GllilP«m   LQiOlISIltES  8T  MA«GB0l8fiS.  309 

pTMrière  fois  de  TAcadémie  des  faiscniptiofis  «  chargée  4e  faire  un 
traraii  tor  les  antiquités  nationales  n  (1)« 

Le  Préfet  (c'était  maintenant  M.  de  Casiéja),  écrivît  en  marge  : 
«  Appeler  M.  Attoii,  lundy  à  onze  heures  chez  moi  ».  Le  vCAe  de 
notre  archéologue  comaience  donc  pour  nous  à  cette  daie;  mais  il 
fèsuUe  d'autres  lettres  qu'il  étaii  ohargé  depuis  q«el4[ue  temps 
déjà,  sous  te  contrôle  d'une  commission  spéciale,  de  rassembler  et 
de  GMrdonMfr  les  résultats  de  reaqaôte  commencée  ea  4817. 
Au  bout  de  trois  mois,  M.  AUou  présentait  s^u  travail  q«i  ne 
«omptttftt  pas  moni6  de  210  pages  grand  in<folio,  d  une  écrHore 
serrée.  II  fut  soumis  à  Texamen  d'une  commission  de  la  Société 
d'ÂgiicnHmre  (i)  et,  après  avis  favorable  formulé  ^r  Maurice 
Ardant  (3),  adressé  par  voie  hiérarchique  à  l'Académie  ^es  ins- 
criptions et  belles  lettres. 

Les  développements  donnés  à  ce  travail  sont  tels  qu'on  peut 
déjà  attribuer  à  l'auteur  l'intention  de  transformer  en  u-ne  œuvre 
personnelle  les  indications  sommaires  qui  lui  avaient  été  deman- 
dées pour  M.  de  Laborde. 

Quoiqu'il  en  soit,  l'Académie  fit  examiner  à  son  tour  le  mémoire 
d'AlIou  par  une  commission  composée  de  Petit-Radel,  Walckenner 
-et  deLaborde  et,  dans  sa  séance  du  6  octobre  1890,  se  plut  à  recon- 
naître le  zèle  de  l'auteur,  tout  en  regrettant  que  sa  critiqae  ne  fut 
pas  toujours  assez  sévère  en  ce  qui  touchait  l'attribution  d'âge  des 
plus  anciens  monuments.  Elle  chargea  même  le  Ministre  de  trans- 
mettre à  l'auteur,  à  titre  d'encouragement,  le  témoignage  de  sa 
satisfaction.  Le  Préfet  avait  fait  mieux  encore  en  allouant  à  AIIou, 
au  commencement  de  1820,  une  somme  de  1,200  fr.  qui  devait  le 
défrayer  des  voyages  entrepris  pour  lever  le  dessin  des  princi- 
paux monuitients  et  dresser  une  sorte  de  carie  archéologique  de  la 
%aute-Vienne(4). 

An  dire  du  comte  de^astéja,  la  flatteuse  approbation  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  remplit  de  joie  «  le  jeune  et  laborieux  culti- 
vateur des  sciences  et  des  lettres  »  qui  avait  nom  Allou.  Il  voulut 
même  s'en  rendre  plus  digne  en  enrichissant  son  manuscrit  de 


(1)  Derrière  rAeadémic,  c'est  toujours  le  comte  de  Laborde  qu'il  faut 
voir,  si  nous  ne  nous  trompons. 

»(i)  Composée  de  MM.  de  Roulhac,  de  Vaucorbcil,  Bachelierie,  Oachez, 
6ardel«  AHuaud. 

(3)  Ce  mémoire  figure  au  dossier  de  la  série  T.  Il  a  d^ailleurs  été  imprimé 
en  *téte^dic>lB  Beacription  des  monuments  et,  en  partie,  dans  V Annuaire 
de  la  Haute-Vienne  de  18âi. 

(4;  Voy.  la  ieUre  préfectorale  du  16  mars  1820  au  dosaier  cité. 


3^0  SOCIRTi  ARCBÂOLOGIQUI  BT  HISTORIQUB  OU   UMOQSIII, 

tous  les  renseignements  qu'il  avait  recueillis  depuis  la  première 
rédaction  et  en  se  livrant  à  de  plus  amples  recherches.  Celte  rëso- 
lulion  est  sans  nul  doute  la  raison  de  la  nouvelle  enquête  qui  fut 
aussitôt  instituée  par  voie  administrative  dans  toute  retendue  du 
département.  On  adressa  aux  sous-préfets  (31  janv.  1821)  un 
exemplaire  de  Vlnstrtiction  pour  la  recherche  des  antiquités ,  que 
venait  de  dresser  le  sous-préfet  de  Thionville,  et  on  les  chargea, 
quelques  mois  plus  lard  (3  mai),  de  faire  remplir  par  les  maires 
de  chaque  commune  un  questionnaire  détaillé. 

Nous  n'avons  retrouvé  de  cette  enquête  que  des  résultats  partiels, 
relatifs  aux  communes  de  Tarrondissement  de  Bellac.  Pour  les 
arrondissements  de  Limoges  et  de  Rochechouart,  il  ne  subsiste  que 
quelques  lettres  insignifiantes,  mais  il  est  certain  que,  dans  le 
premier  de  ces  deux  arrondissements,  M.  Allou  s'était  chargé  lui- 
même  de  la  besogne.  Quant  à  l'arrondissement  de  Saint-Yrieix,  ce 
fut  encore  M.  Gondinet  qui  se  chargea  de  fournir  les  renseigne- 
ments demandés,  dans  un  long  et  très  soigné  mémoire  qui  figure 
au  dossier. 

Nous  ne  saurions  dire  dans  quelle  mesure  Allou  profita  des 
résultats  de  cette  seconde  enquête.  Il  ressort  de  quelques  lettres 
du  préfet  que  Fauteur  était  fort  pressé  de  mettre  son  travail  au 
jour.  Le  prospectus  qui  l'annonce  au  public  est,  en  effet,  du 
1"  mars  1821  (1),  et  nous  savons  avec  certitude  que  la  Description 
parut  avant  la  fin  de  l'année  (2).  Or,  le  mémoire  de  M.  Gondinet 
porte  la  date  du  14  avril  1821  (3),  et  les  réponses  des  maires  sont 
pour  la  plupart  de  la  fin  de  la  même  année  on  du  commencement 
de  l'année  suivante.  Allou  ne  les  attendit  certainement  pas.  Il  n'y 
perdit  guère  d'ailleurs,  car  la  plupart  d'entre  elles  sont  négatives. 

Le  Prospectus  contient,  sous  une  forme  un  peu  différente,  les 
déclarations  et  les  explications  que  l'on  trouve  dans  Y  Avertissement 
du  volume.  Mais  il  contient  de  plus  un  paragraphe  final  qu'il  est 
important  de  recueillir  : 

La  publication  simultanée  de  cet  ouvrage  [la  Description., .]  et  des  dessins 
qui  sV  rapportent  (et  qui  composeront  environ  vingt-cinq  feaiUe&  in-folio) 
lui  eut  prêté,  sans  doute»  beaucoap  d'intérêt;  mais,  en  raison  des  frais 

(t)  Il  y  a  lieu  de  croire  qu*à  cette  date  l'impression  était  à  peine  com- 
mencée, bien  qu'on  annonce  la  publication  pour  le  mois  de  juillet.  On 
promet,  en  effet,  environ  300  pages.  Or,  le  volume  en  compte  xii-37a. 
Les  éditeurs  se  trompent  rarement  de  cette  manière. 

(2)  lien  est  question  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  de 
1812. 

(3)  Il  a  été  publié  dans  le  Bulletin  Soc,  arch.  du  Limousin,  VI i,  157. 


ÙOOIUPHIBS  LIMOUSiifES  BT  MARCHÔISBS.  34  i 

assez  considérables  qu*elle  entraînerait,  on  n'a  pas  cru  devoir  s*y  décider. 
Si  cette  Description,  rédigée  d'ailleurs  de  manière  à  n*avoir  pas  besoin 
du  secours  des  fi|cures,  est  accueillie  avec  quelque  bienveillance,  Tau- 
teur  a  le  projet  de  publier,  immédiatement  et  au  moyen  d'une  seconde 
souscription,  des  dessins  lithographies  et,  par  conséquent,  d'un  prix  mé- 
diocre. 11  les  accompagnerait  d'un  texte,  qui  permettrait  également  de  les 
isoler  du  premier  ouvrage. 

Pour  ne  poinl  augmenter  le  prix  de  Touvrage  (1),  Allou  n'a 
donc  point  publié  Talbum  de  dessins  qu'il  avait  projeté  de  joindre 
à  la  Description  des  monuments.  C'est  grand  dommage,  car  les  cro- 
quis sont  bons  (2)  et  nous  eussent  peut-être  préservé  de  voir  en 
1837  quelques-unes  des  vilaines  planches  lithographiques  de 
Tripon.  Il  est  vrai  que  Léonard  Albert  commence,  juste  à  ce  mo- 
ment, son  recueil  de  Vues  pittoresques  et  monumentales  du  Limou- 
sin (3).  Mais  cette  publication,  beaucoup  moins  étendue  que  celle 
que  projetait  Allou,  a  été  si  mal  conduite  commercialement,  qu'on 
n'en  connaît  aujourd'hui  aucun  exemplaire  complet. 

Nous  avons  cru  instructif  de  tirer  du  dossier  Allou  à  peu  près  tout 
ce  qu'il  contient  (4).  Outre  que  nous  savons  maintenant  de  quelle 


(4)  C'est  encore  le  prétexte  qu'Âllou  donne  ailleurs.  Mais  la  hàle 
d'en  finir  pour  vaquer  aux  nouveaux  devoirs  qui  lui  incombaient  par  sa 
nomination  au  Mans  fut  peut-être  pour  beaucoup  dans  cette  regrettable 
détermination. 

(t)  Acquises  vers  4845  par  la  Société  d'agriculture  de  Limoges  pour  la 
somme  de  600  francs,  elles  ont  été  cédées  par  elle  à  la  Société  archéolo- 
gique en  4857  (Voy.  à  ce  sujet  le  Bull,  Soc,  arch.  du  Limousin,  Vil,  30, 
et  XXXYI,  246). 

(3)  Nous  avons  conjecturé,  dans  notre  notice  sur  Léonard  Albert  {BuHe- 
tîn^  XXXVI,  S68),  qu'Allou  était  pour  quelque  chose  dans  cette  publi- 
cation. La  preuve  fait  malheureusement  défaut. 

(4)  Le  dossier  contient  en  outre  :  lo  des  Notes  sur  le  vieux  château  de 
Châlusset,  ms.  non  signé  de  7  pages,  in-4o;  9»  un  Rapport  de  M.  Ardant, 
secrétaire  de  la  Société  d'agriculture,  sur  une  dissertation  de  M.  Martin 
qui  traite  des  antiquités  trouvées  à  La  Jante,  Vieilleville,  Vilbert,  com- 
mune de  Compreignac,  lue  à  la  séance  du  5  février  4817;  o<^  la  Dissertation 
elfe-méme  en  double  exemplaire  (elle  a  été  imprimée  dans  V Annuaire  de 
la  Haute-Vienne  de  1813)  ;  4<'  une  correspondance  entre  le  préfet  de  la 
Haute-Vienne  et  le  baron  de  Ladoucette,  président  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  France,  au  sujet  de  prétendues  fouilles  qui  auraient  été  faites 
près  de  Saint-Junien.  Le  président  ayant  par  la  même  occasion  demandé 
des  renseignements  sur  les  monuments,  inscriptions,  médailles,  usages  et 
dialeclcs  du  départementi  le  préfet  lui  répond  en  lui  adressant  un  exern- 


maftièf  e  la  Description  des  imnimeUs  de  la  Haute-Vienne  (ùi  eo«i.* 
posée,  nous  avons  pris  «ne  vue  neUe  ëes  déd)u(â  des  .èl«de€  bdcMo- 
logiques  à  Limoges  (1)  et  eonslaté  une  fois  de  {>lus  qiie,  ea  ce 
domaine  comme  en  beaucoup  d'autres,  Timpulsion  prefiiière  e&l 
venue  de  Paris.  ïl  nous  resie  à  examiner  la  valeur  de  Touvrage  en 
question. 


L'abondance  ,des  renseignemenls  y  est  oojosidérable.  AUou  a 
recueilli  et  utilisé  aoj^i-seulement  tout  ce  que  }\)i  mi  fQ.iiroJ  aes 
cailaboratears  wonymes  (il  ja'en  j)omme  pas  un  seul,  noa  point 
même  M.  Gondinet),  mais.ce  ^ue  contenaient  les  nPié.moire$  des  deux: 
Robert,  encore  inédits,  les  calleotions  manuscrites  de  Nadaud  eJL^^r 
Legros,  les  portefeuilles  du  dessinateur  feawinesnil.,  la  Feuille  heb- 
domadaire et  les  calendriersTannuaires  de  la  seconde  moitié  du 
xvm*  siècle.  Celte  abondance  ne  nuit  pas  à  la  clarté;  elle  témoigne 
en  toul  cas  d'une  force  d'assimilation  assez  rare  e.q  ces  mati.ères 
chez  un  mathématicien  de  profession. 

Malheureusement  les  erreurs  de  faits  ne  manquent  pas  ;  les  attri- 
butions sont  très  souvent  fautives,  et  mainte  légende  a  été  repro- 
duite qu'il  eût  fallu  passer  sous  silence.  AUou  accorde  d'ailleurs  au 
témoignage  de  Beauraesnil  une  valeur  qu'il  ne  saurait  avoir.  Pour 
tout  dire,  il  a  fort  peu  de  critique  et  point  de  doctrine.  Il  comprend 
les  édifices  des  trois  derniers  siècles  sous  la  rubrique  Mimumewt^  du 
moyen  âge,  et  consacre,  bien  inutilement,  50  pages  à 'l'histoire  pro- 
prement dite.  Ces  défauts  sont  patents.  Mais  quand  on  songe  que 
cette  Description  précède  de  dix  années  les  premières  publications 
de  M.  de  Gaumont,  qu'elle  est  d'un  homme  nullement  .préparé  par 
ses  études  antérieures  à  ce  genre  de  travail  et  qu'elle  .ouvre  chez 
nous  la  série  des  productions  de  cette  sorte,  on  est  obligé  de  conve- 
nir que  le  résultat  est  aussi  satisfaisant  que  possible.  Si  J'on  ne 
peut  en  faire  honneur  à  M.  Allou  seul,  puisqu'en  somme  cet 
ouvrage  est  une  œuvre  de  collaboration  (la  première  quk>n  ait  vue 
en  Limousin),  cette  remarque  importe  assez  peu  pour  le  jugement  à 
porter  sur  lelivre  môme.  Son  mérite  fut  aussitôt  reconnu  de  tout  le 


plaire  de  la  Description  d'Alloa  à  la  date  du  27  janvier  iai3,ipreuve  indér- 
niable  que  Touvrage  avail  effectivement  paru  en  ASii  ;  5^  un  dOHsierreLa- 
Uf  au  mémoire  sur  les  antiquités  de  Limc»gds,  présenté  à  TAcadémie  des 
Inscriptions  par  Maurice  Ardant  (f899). 

(1)  Que  Orent  les  départements  de  la  Creuse  et  de  la  Gorrèze  pour 
répondre  à  la  demande  de  rinslilut?  Nous  ne  sommes  pas  en  oietHire  de 
le  dire, mais  la  recherche  mériterait  d'être  faite. 


BIOGRAPBIRS   LIMOUSINES  ET   XARCHOISBS.  313 

monde,  et  c'est  peut-éire  à  cela  qu'il  convient  d'attribuer  la  rareté 
des  travaux  d'ensemble,  qui  se  constate  chez  nous  sur  ce  domaine 
depuis  cette  époque  jusqu'à  l'Exposition  rétrospective  de  1886« 
Celle-ci  a  véritablement  renouvelé  en  Limousin  les  études  d'ar- 
chéologie provinciale  inaugurées  par  ÂUou. 

AUred  Leroux. 
i4  décembre  1889. 


T.  xxxvii.  9t 


DEUX 

CORRESPONDANTS  LIMOUSINS  DE  BALUZE 

leUres  inédites  de  Pradilhon  de  Saiote-lnne  el  de  I.  dv  Verdier 
(1692-1695) 


Parmi  les  innombrables  correspondants  de  notre  célèbre  com- 
patriote, nous  choisissons  aujourd'hui  (soin  et  objet  doublement 
chers  à  notre  cœur)  deux  enfants  du  Limousin,  intéressants  à 
des  titres  divers,  quoique  le  nom  du  second  n'ait  guère  franchi 
les  limites  de  sa  province  :  nous  voulons  parler  du  religieux  feuil- 
lant Pradilhon  de  Sainte-Anne, qui  eul,  au  xvii* siècle,  un  certaia 
renom  comme  généalogiste,  et  contribua  beaucoup  aux  recher- 
ches et  aux  travaux  de  d'Hozier, —  et  de  M.  du  Verdier,  neveu  de 
Baluze,  conseiller  au  présidial  do  Tulle. 

Le  second  volume  de  la  Biographie  limoitsine,  contenant  la 
lettre  P,  n'ayant  pas  paru,  et,  selon  toute  probabilité,  n'étant 
pas  près  de  paraître  ;  d'autre  part,  la  Nouvelle  biographie  générale 
ayant  i^efusé  toute  mention  à  Pradilhon,  nous  croyons  devoir 
reproduire  ici  le  court  mais  précis  article  que  lui  a  consacré  lo 
vénérable  Moreri  (édition  de  1759),  où  Ton  trouve  tant  de  choses 
qu'on  chercherait  vainement  ailleurs  : 

«  Pradillon  (1)  (dom  Jean),  religieux  feuillant,  étoit  d'Esmou- 
tiers  en  Limosin.  Il  entra  jeune  dans  la  congrégation  des  Feuil- 
lants, où  son  mérite  l'éleva  aux  premières  charges.  Il  fut  quatre 

(i)  Moréri  écrit  Pradillon,  mais  nous  allons  voir  par  la  signature  auto- 
graphe de  Pradilhon  que  son  nom  doit  être  écrit  avec  un  A. 


D80X  GORRSSPONXIANTS  LIMOUSINS  DB  BALUZB.  315 

fois  général  de  sa  congrégation.  11  avoLt  de  grands  talens  pour  le 
gouTeroement  monastique,  et  il  étoit  fort  versé  dans  notre  his- 
toire et  dans  la  connoissaace  des  généalogies.  Nous  ne  connois- 
8ons  que  deux  ouvrages  de  lui,  le  premier  intitulé  :  Praxis  juris 
FuliêTms;lesecimA,  en  françois,  sous  ce  titre  :  La  conduite  de 
dom  Jean  de  La  Barrière,  abbé  et  instituteur  des  Feuillans,  du- 
rant  les  troubles  de  la  Ligue^  sous  Henri  IIL  — A  Paris,  1689,  in-12. 
—  Cet  ouvrage  contient  une  critique  de  ce  qu'a  écrit  sur  ce  sujet 
Jean  Le  Lat)oureur  dans  ses  auditions  aux  mémoires  de  Gastel-- 
eau.  Dom  Pradillon  est  mort  à  Paris  le  25  septembre  1701,  âgé 
de  soixante  et  un  ans.  Ses  confrères  ont  honoré  son  tombeau 
d*une  épitaphe,  que  M.  Piganiol  de  la  Force  a  rapportée  dans  sa 
Description  de  Paris,  tome  II,  pages  383,  384  »  (MoRÉai,  édit.  de 
1759}  (l). 

Le  second  correspondant  est  Charles-Antoine  Melon  du  Yerdier, 
conseiller  au  présidial  de  Tulle,  qui  fut  pourvu,  en  1701  ou 
1702,  nous  apprend  notre  confrère,  M.  René  Fage,  dans  l'inté- 
ressante introduction  des  Lettres  inédites  de  Baluze  à  M,  du  Yer- 
dier, publiées  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences 
et  Arts  de  la  Corrèze  (4' livraison  de  1882  et  année  1883),  d'une 
charge  de  receveur  des  tailles  à  Ne  vers  et  mourut  le  18  décembre 
1725.  Parent  déjà  de  Baluze,  M.  du  Yerdier  épousa,  en  1683, 
après  une  vive  opposition  de  Tévôque  de  Tulle,  Mp"  Humbert 
Ançelin,  une  fille  du  frère  de  Baluze,  M'^»  Perrine  Baluze. 
M.  Fage,  dans  son  introduction  aux  cent  treize  lettres  par  lui 
publiées,  a  mis  en  relief,  avec  de  nombreux  détails,  les  relations 
de  Baluze  avec  sa  famille  et  spécialement  avec  M.  du  Yerdier. 
Les  lettres  de  Baluze,  publiées  par  M.  Fage,  et  dont  les  originaux 
font  partie  d'une  collection  particulière,  vont  de  Tannée  1682  au 
6  novembre  1700. 

Celles  des  deux  correspondants  du  savant  diplomatiste,  toutes 
autographes,  que  nous  ofi'rons  aujourd'hui  à  notre  Société,  ne 
sont  malheureusement  pas  nombœuses,  mais  il  faut  considérer 
qu  elles  se  rapportent  à  un  espace  de  temps  peu  étendu,  trois  ans 
(1692-1695).  Deux  de  ces  lettres,  celles  extraites  du  volume  208 


(*)  Bb  corrigMnt  nos  épreuves,  notons  qae  notre  savant  président, 
M.  i*abbé  Arbellot,  a  lu  à  la  Société  archéologique  du  Limousin  une  notice 
sur  Pradîllion»  dans  U  séance  môme  où  notre  travail  était  par  lui  présenté 
^  noire  Société. 


dl6  SOClétÉ  ABCâiOLOGlQUB  ET  HISTORIQUE  Dt)  UMOUSIN. 

àes  Arvioireê,  nous  ont  été  signalées  par  notre  savant  confrère, 
M.  Clément-Simon,  que  nous  prions  d'accepter  tous  nos  remer- 
ciements. 

Les  lettres  de  Pradilhon,  au  nombre  de  sept,  nous  donnent  les 
résultats  des  actives  et  patientes  recherches  d'un  généalogiste  et 
d'un  chercheur  infatigable.  Elles  contiennent  de  nombreux  et 
précieux  renseignements  sur  de  grandes  familles  du  Limousin  et 
leurs  terres,  lesquels  ont  le  rare  mérite  d'émaner  d'un  homnae 
digne  de  foi,  «  fort  versé,  rappelons  le  mot  de  Moréri,  dans  notre 
histoire  et  dans  la  connoissauce  des  généalogies  »,  et  d'être 
basées  sur  des  documents  authentiques  qu'il  serait  assez  difficile, 
sinon  impossible,  pour  la  plupart,  de  retrouver  aujourd'hui. 
Nous  voyons  successivement  passer  sous  nos  yeux  les  grands 
noms,  connus  et  honorés  dans  les  annales  du  Limousin,  des 
d'Albert  ou  Aubert,  de  La  Jugie,  Lagarde  de  Trenchelion,  de 
Chanac,  etc.,  etc.  Nos  lettres,  nous  avons  la  prétention  de  le 
croire,  apporteront  une  forte  contribution  à  rétablissement  de  la 
généalogie  des  plus  grands  noms  de  notre  pays,  et  serviront 
à  combler  bien  des  lacunes  et  à  rectifier  bien  des  erreurs  pou- 
vant s'être  glissées  dans  les  ouvrages  des  généalogistes  limousins 
ou  autres,  notamment  le  Nobiliaire  de  Nadaud.  Nous  laissons  le 
soin  de  ces  rapprochements  et  de  ces  rectifications  à  ceux  de  nos 
confrères  plus  versés  que  nous  dans  les  généalogies  limousines. 

Faisons  seulement  quelques  petites  remarques.  Il  est  intéres- 
sant de  lire  (lettre  II;  l'appréciation  de  Pradilhon  sur  Touvragedu 
P.  BoNAVENTURE  DE  Saint-Amable,  Histoîre  (U  Saint  Martial,  «  où  il  y 
a  beaucoup  de  simplicité  et  peu  de  jugement,  mais  d'assez  bon- 
nes matières  pour  l'histoire  du  pays,  sans  que  l'auteur  cite  d'où 
il  les  a  puisées.  » 

Relevons  (lettre  V)  des  lettres  du  chancelier  Duprat,  signalées 
par  Pradilhon  dans  les  papiers  de  la  famille  de  l'Estang,  don  t 
deux  membres  furent  évoques  de  Garcassonne,  l'un,  Christophe 
de  l'Estang,  du  24  septembre  1603  au  U  août  1621,  et  l'autre, 
Vital  de  l'Estang,  du  U  août  1621  au  28  septembre  1652  {An- 
nuaire  de  la  Société  de  [histoire  de  France  pour  tannée  1848, 
p.  138,  n«*  73  et  74). 

Les  lettres  de  du  Verdier  ne  se  rapportent  qu'aux  deux  années 
1694  et  1695.  Elles  traitent,  commue  celles  de  Pradilhon,  surtout 
de  généalogies.  A  côté  des  questions  ardues  s'y  rattachant,  on 
aime  à  y  retrouver  ces  doux  épanchements  de  famille,  ces  entre- 
tiens si  pleins  de  cordialité  qui  font  le  charme  de  la  correspod- 
dance  publiée  par  M.  Fage.  Nous  voyons  souvent  reparaître, 
sous  la  plume  du  correspondant  de  Baluze,  cette  intéressante 


DEUX  gorhespondants  limousins  de  baluze.  347 

'Agure  àe  Mimi,  Teafant  de  du  Yerdier,  doat  Baluze  fut  le  par- 
rain et  dont  on  a  soin  de  lui  donner  des  nouvelles  avec  une 
scrupuleuse  attention.  On  aime  encore  à  retrouver  dans  nos 
lettres  ces  souvenirs  charmants  à  l'adresse  de  la  famille  du  finan- 
cier Yillault,  avec  laquelle  Baluze  avait  mis  du  Yerdier  en  rela- 
tions étroites.  On  ne  peut  s'empêcher  de  sourire  à  ce  passage  de 
la  lettre  première  du  neveu  de  Baluze  :  «  ....  Je  me  sers  de  cette 
occasion  pour  vous  envoyer  une  coeffure  que  j'ai  faite  faire  icy 
pour  présenter  à  Madame  Villault  ou  quoy  que  ce  soit  à  M""  ses 
filles  :  ce  qui  m'embarrasse,  c'est  qu'il  n'y  en  a  qu'une,  et,  comme 
elles  sont  deux,  il  en  faudroit  une  autre  ;  mais  outre  que  je  n'ai 
pas  pu  en  faire  faire  une  autre  à  faute  de  fil  et  d'ouvrière,  c'est 
que  je  suis  bieu  ayse  de  sçavoir  plutost  si  elle  est  à  leur 
gré,  etc....  » 

Enfin,  disons  en  terminant  que  les  lettres  de  nos  deux  corres- 
pondants de  Baluze  ont  entre  elles  une  certaine  connexion  basée 
sur  le  lien  commun  et  Tidentité  des  sujets  traités.  Pradilhon 
cite  à  l'envi  du  Vordier,  qui,  de  son  côté,  mentionne  et  rappelle 
plusieurs  fois  le  nom  du  savant  feuillant. 

Emile  Du  Boys, 


318  SOCIÉTÉ  ÀRCHÉOLOGIQCI  ST  BlSTORIQUI  DO  UHOUSIN. 


LETTRES  DE  PRADILHON. 

i.  —  pradilhon  a  baldze  (1). 

Monsieur, 

Pour  satisfaire  aux  demandes  de  vostre  lettre  du  5  de  ce  mois, 
j'auray  l'honeur  de  vous  dire  qu'il  u'y  a  dans  Glandier  aucun 
vestige  de  l'eaterrement  de  père  et  mère  du  cardinal  Âudoya 
Albert,  ni  aucun  mémoire  de  cela  dans  les  titres  et  obituaires  de 
cette  maison,  j'ay  vu  des  mémoires  qui  nomment  Guy  Albert  et 
Marguerite  de  Livron  (2)  père  et  mère  de  ce  cardinal,  mais  je  ne 
suis  garand  que  de  ce  que  j'ay  extrait  moy  mesme  sur  les  titres 
qui  ont  passé  par  mes  mains  :  le  voicy  Monsieur  et  je  vous  le 
donne  avec  plaisir,  en  ayant  beaucoup  d'obliger  une  personne  de 
vostre  mérite,  et  qui  travaille  si  utilement  pour  le  public  Je  fais 
des  recherches  pour  servir  à  la  généalogie  des  maisons  nobles  de 
cette  province  et  voicy  ce  que  j'ay  d*AIbert.  Cette  famille  est 
sortie  d'un  lieu  nommé  le  Monty  paroisse  de  Beissac  dans  la  terre  de 
Pompadour  (3).  Il  y  a  à  Glandier  des  actes  d'un  Stephanus  Alberti 
de  Pompadorio  clericus  uxoratus  en  1265  et  1273.  Il  est  a  présu- 
mer que  c'est  l'ayeul  du  pape;  en  1305,  Ademarus  Alberti  de 
Pompador;  celuy  la  peut  estre  le  père  du  pape,  mais  l'un  et  l'autre 
n'est  que  conjecture,  sans  preuve. 

En  1331,  Guido  Alberti  agit  comme  procureur  dni  Stephani 
Alberti  fratris  sui  legum  doctoris.  Voila  donc  Guy  frère  du  pape,  et 
père  d'Audoin  et  autres  frères.  J'ay  vu  des  actes  d'un  Guy  Albert 


{{)  Armoires^  vol.  211,  fol.  66.  L*adresse  manque. 

(9)  Au  sujet  de  la  famille  de  Livron,  qui  existe  encore  en  Limousin, 
une  note  de  la  page  336  du  tome  II  de  VHistoire  du  B eu-Limousin^  par 
Harvaud,  est  ainsi  conçue  :  c  La  maison  de  Lioron^  originaire  de  la  Cham- 
pagne, se  fixa  en  Limousin  dans  les  premières  années  du  xiv«  siècle. 
Elic  de  Livron  prenait  le  titre  de  seigneur  d'Âyen  et  d'Objat  en  4341.  Son 
fils  épousa,  en  4362,  Marie,  fille  du  seigneur  de Saint-Exupéri.  Antoine  de 
Livron  hérita  de  sa  mère,  Marie  de  Pompadour,  de  la  seigneurie  de  la 
Rivière,  et  épousa  Marguerite  de  Noailles  vers  Tan  1413.  •  (Rosier, 
généalogie  de  cette  maison.) 

Voir  ce  que  dit  Pradilhon,  lettre  III,  sur  Torigine  de  cette  famille. 

(3)  Yoy.  ce  que  nous  disons  plus  loin  (lettre  IV),  de  la  terre  de  Pom- 
padour, 


DEUX  CORRESPONDANTS  LIMOUSINS  DE  BXLUZC.  319 

en  1328  qui  prend  la  qualité  de  domicelhu  et  je  crois  bien  que 
c^eel  le  fi^re  du  pape,  par  lequel  on  doit  commencer  la  généalo- 
gie. Je  tix>uv«  que  ce  Guy  est  père  d'Âudouyn  Arnaud  et  G. 
Dans  un  contract  par  lequel  Audoin,  evesque  de  Maguelone  (1)  et 
Arnaud  son  frère,  doyen  de  Saint- Yrieix,  enfans  de  Guy  Albert, 
chevalier,  acquièrent  des  seigneurs  de  Pompadour,  en  1352,  la 
seigneurie  et  justice  du  lieu  de  Mont  pour  les  enfans  de  leur 
defunc  frère  G.>  il  est  à  remarquer  que  ce  G.  est  nommé  Galterus 
dans  cet  acte,  et  mesme  dans  les  autheurs  qui  parlent  de  luy, 
cependant  je  suis  persuadé  que  c'est  une  faute  et  qu'il  s'appeloit 
Guy  comme  son  père  ;  je  n'ay  point  vu  l'original  de  ceste  vente, 
mais  seulement  une  copie  qui  met  Galterus  tout  du  long.  J'ai 
vu  un  contrat  original  dans  lequel  Eugo  Alberti  tlectus  et  confir- 
matuê  Albiemis  traite  par  procureur  pour  un  certain  bien  avec 
Contoria  Coiheli  l'elicta  Guiianis  Alberti  junioris  militis,  que  je 
crois  estre  ce  mesme  G.  peradu  cardinal  Audoyn  et  dont  les 
enfans  sont  Petrus,  HitgOj  Guillelmus^  Stephanus,  Guido  et  Galiena^ 
nommés  dans  le  contrat  d'acquisition  des  seigneurs  de  Pompa- 
dour,  de  1352.  (Vous  conessés  de  ceux  la  Hugues,  evesque  d'Alby 
et  Estienne  cardinal,  je  trouve  que  Guillaume  continua  la  famille), 
Guy  acheta  la  baronie  de  Peyrat  en  Limosin,  de  la  maison  de 
Hochechouart-Mortemar  en  1364,  et  fust  seigneur  de  Bulbon  du 
coslé  d'Avignon  ;  on  dit  que  ses  enfans  moururent  sans  suite. 
Guillaume  Albert  fust  seigneur  de  Monteil  le  Dégelât,  la  Roche- 
labeilie  (2),  Bré,  Murât  et  autres  terres,  on  luy  donne  pour 
espouse  Isabel  de  Rochechouarty  dont  je  n'ay  pas  vu  la  preuve. 
Il  fust  père  d'Estienne  Albert,  seigneur  des  terres  susdites  et  de 


(1)  L'Annuaire  de  la  Société  de  VHistolre  de  France  pour  l'année  1848 
mentionne  parmi  les  évéques  de  Maguelone  (ensuite  Montpellier),  p.  134 
^1,  Arnaud  II  de   Verdale,  20  avril  4339;  «3  déc.  135Î  ;  ZS,  Audoin 
Auhert,  25  déc.  1352  ;  15  février  1353. 

(2)  La  Aoche-rÂbeille,  à  30  kilomètres  de  Limoges,  arrondissement  de 
Sainl-Yrieix.  Ce  village  est  célèbre,  on  le  sait,  par  la  bataille  qui  y  fut 
livrée  le  Î4  juin  1509,  entre  l'armée  royale  commandée  par  le  due  d'An- 
jou, et  celle  des  protestants  commandée  par  Coliguy,  et  dans  les  rangs 
de  laquelle  faisait  ce  jour -là  ses  premières  armes,  Henri  de  Bourbon, 
depuis  Henri  IV. 

11  faut  voir  au  sujet  du  combat  de  La  Rocbe- l'Abeille,  un  mémoire  très 
complet  de  M»  d'Hennin,  alors  capitaine  au  5®  régiment  de  hussards, 
inséré  dans  le  tome  V  du  Bulletin  de  notre  Sociélé,  mémoire  intitulé  : 
Aperçu  sur  les  opérations  de  la  campagne  de  1569,  dans  la  Saintonge,  le 
Pérlgord  et  le  Limousin  par  les  armées  catholiques  et  protestantes,  et 
plus  particulièrement  sur  le  xfombai  de  La  Roche-VAbstUe  {Hle'\\enne}. 


310  SOCléri  ABCHÉOLOOIQUB  ET  BISTORIQUI  OU   LIMOUSIN. 

Rochedagoux,  qui  eust  pour  femme  Marie  de  Gbaslut,  dont  viDt 
Gilbert  Albert,  gui  espousa  Catherine  de  Gbazeron  ;  ils  eurent 
pour  fils  Jacques  Albert,  gui  testa  en  1445  et  mourut  sans  enfans, 
partageant  ses  biens  entre  Galherine  de  Gbazeron,  sa  mère,  et  sa 
femme  Antoinette  de  la  Tour,  fille  d'Agne  de  la  Tour,  baron 
d'Oliergue  et  d'Alix  de  Yendat.  Celte  Antoinette  se  remaria  avec 
Jacques  de  Bourbon,  seigneur  d^Aubigay  et  de  Carency.  Voila, 
Monsieur,  ce  que  j'ay  des  Albert  par  actes,  je  puis  aussy  vous 
fournir  la  fondation  que  fist  dans  son  église  Arnaud  Albert, 
arcbevesque  d'Auch,  frère  du  cardinal  Audoin  de  dix  chapele- 
nies  sous  le  nom  de  Saint-Martial,  Tacte  est  fort  long  et  beau, 
avec  ceste  clause  :  volumus  quod  de  patria  nostra  Lemovicenti  taies 
clerici  institiAantur  et  cœteris  pariinu  aliis  preferantur;  on  m'a  dit 
que  ces  chapelenies  vallent  à  présent  500  "  de  revenu,  et  sont  à 
la  collation  de  Tarchevesque.  Si  par  hasard,  Monsieur,  vous  avés 
quelque  conoissance  d'un  Thomas  Albert  qui  aiourut  gouverneur 
du  Pont-Saint-Esprit  environ  Tan  1454,  et  de  qui  il  peut  estre 
fils,  faites  moy  la  grâce  de  m'en  informer.  Je  vous  offre  très 
volontiers  tous  mes  mémoires  des  familles  ou  vous  travailierte, 
je  n'ay  rieu  de  celles  de  Monterue. 

Je  suis  avec  respect,   Monsieur,  votre  très  humble  et  Iris 
obéissant  serviteur. 

F.  Jean-Baptiste  Paadilhou, 

Religieux  feuillent. 
A  Limoges,  le  16  jaDvier  4692. 


II.  —  PRADILHON  A  BALUZE.  SdUS    date  (t). 

Monsieur, 

J'estois  à  la  campagne  lorsque  la  lettre  que  vous  m'avés  fait 
rhoneur  de  m'escrire  du  29  janvier  est  arrivée  icy,  et  je  ne  suis 
revenu  que  depuis  peu  de  jours. 

Comme  il  est  certain  que  le  frère  du  pape  Innocent  (3)  s*appel- 

(1)  Bien  que  cette  lettre  ne  soit  pas  datée,  nous  la  plaçons  ici  parce 
que  son  contenu  se  rapporte  immédiatement  au  sujet  de  la  lettre  I.  Elle 
répond,  on  le  voit  par  les  premières  lignes,  à  une  lettre  de  Baluze  da 
39  janvier,  laquelle  répondait  elle-même  à  notre  lettre  1  du  16  janvier 
1699  au  sujet  des  d'Albert,  Notre  lettre  II  doit  donc  selon  toute  vraisem- 
blance, être  placée  entre  février  etladate  du  43  mars  que  porte  la  lettre  III. 

(3)  Armoires^  lettre  S«,  fol.  41. 

(3)  Innocent  VI,  pape  le  18  décembre  135),  mort  en  t362. 


DKUX   CORRESrONDAKTS  LIMOUSINS   DE   BALUZB.  321 

lait  Guy  Albert  et  qu'il  estoit  père  d'Audoyn  et  d*Arnaud,  si 
vous  avez  preuve  que  Marguerite  de  Livroa  estoit  sa  femme, 
cette  flliatiou  sera  bien  prouvée.  La  veate  faite,  en  1352,  par  les 
seigneurs  de  Pompadour  à  Audoyn  et  Arnaud  Albert  nomme 
leur  père  Guy,  leur  frère  Gautier  et  les  enfans  de  leur  frère 
coname  je  vous  lay  mandé. 

llyaun  acte  du  7  juin  1331  par  lequel  noble  Pierre  Brun, 
chevalier,  faisant  pour  noble  Gancelin  de  Pierrebufifiière,  vend 
certains  cens  et  rentes,  Guidoni  AlberU  parochiano  de  Beissaco 
ut  procuratori  discreti  viri  dni  Stephani  AlberU  legum  doctoris  fra- 
tris  dicU  Guidonis.  Voilà  les  qualités  qu'ils  prennent  en  cet  acte. 

Vous  avés  sans  doute  plusieurs  actes  qui  vous  marquent  les 
différents  estats  d'Rstienne  Albert;  celuy  que  je  viens  de  mar- 
quer y  servira  ot  en  voici  encore  deux  autres  : 

Helias  Folcatidi domicelltu  et  Bergia  de  sancto  Roberto  ejus  uxor.,. 
veruUderunt  dno  Bosoni  de  Turre  capellano  sancti  Pétri  de  Fursaco  ut 
procuratori  dni  Stephani  cardinalis  Claromontensis  septem  libras 
renduaks,.,  die  lune  post  festum  sancti  Johannis  Baptistx  1342. 

Anno  1361  die  penultima  Martii  nobilis  vir  Hugo  de  Castris  domi- 
eeUus  dicec,  lem.  vendidit  venerabili  et  discrète  viro  dno  Petro  Las- 
Uyria  decretorum  doctori  ut  procuratori  ss'^^  patris  Innocenta 
papœ  YI  quindecim  sextaria  siliginis  et  triginta solides  rend,,. 

S'il  est  certain  que  le  frère  du  cardinal  Audoin  s'appelloit 
Gautier,  je  me  seray  trompé  dans  ma  conjecture,  en  voulant  que 
ce  soit  le  mesme  qui  est  appelé  Guido  Junior,  dans  l'acte  passé 
par  Hugues  Albert  eslu  d'Alby,  et,  en  effet,  je  ne  vois  pas  qui 
peut  estre  ce  Guy  Junior^  car  de  dire  que  ce  soit  le  frère  du  pape 
qui  aurolLesté  marié  en  deuxième  noces  avec  cette  Comtors  Cothet 
le  temps  n'y  repugneroit  pas,  mai  pourquoy  l'appeler  Junior? 
Gela  ne  peut  aussy  convenir  à  Guy  neveu  d'Audoin  et  qui  est 
nommé  entre  les  enfans  de  son  frère,  car  nous  savons  que  ce 
Guy  a  vescu  longtemps,  et  ât  testament  le  8  septembre  1370,  et 
laissa  Hermeseude,  dame  de  Bulbon,  près  Avignon,  sa  veufve. 
Il  faut  donc  s'il  vous  plaist  scavoir  certainement  et  d'original  si 
Gautier  est  le  véritable  nom  du  frère  d'Audoyn  cardinal,  Voicy 
l'extrait  de  Tacte  : 

Constitutis  nobili  Petro  Bruschardi  domicello  condomino  de  Jumi- 
Ihaco  Petragorensis  diœcesis  ex  una  parte  et  R^^  pâtre  dno  Bugone 
Alberti  electo  confirmato  Albiensi  tanquam  privata  persona;  ipse 
nobis  Petrus  Bruschardi  dixit  quod  habebat  supei*  hospitio  dicto 
d'Atbiarts  quod  quondam  fuit  Heliœ  Cotheti  domicelli  et  modo  est 
nobilis  dn^  Comtorix  filiœ  et  hxredis  dicti  quondam  Hélix  Cotheti 
et  quœ  fuit  uxor  dni  Gutdonis  Alberti  Junioris  militis  nuper  de- 


3)9  SOCliTB  AftCBiOtOGiQUB  BT  flJST01ll<)0K  DU   LIBOUSIN. 

funcU videlicet  ûentuM  solidQs  renduaUs quot  Béndiiii  décto 

domino  Hugoni aeiumaptid  VUlamnomm  supra  poniem  Rhadani 

cUra  capellam  sU  B^nedieti  a  parte  Vilianova.». 

Moa  extrait  n'a  point  de  date,  je  ne  scaU  si  c'est  par  oubly  ou 
qu'il  n'y  en  eust  pas  dans  l'acte,  quoiqu'il  en  soit  vous  poavés 
le  suppléer  a  peu  près  à  cause  de  la  qualité  que  prend  Hugues 
Albert,  d  eslu  et  confirmé  d'Alby,  car  il  ne  vous  est  pas  difficile 
de  trouver  la  date  de  sa  consécration. 

Gomme  j'ai  beaucoup  de  mémoires  de  différentes  familles  de  la 
province,  jay  sans  doute  plusieurs  choses  qui  appartieanefit  à 
nos  cardinaux,  si  j'en  avois  les  généalogies  entières,  je  vous  les 
envoyerois  volontiers,  mais  je  n'ay  encore  que  des  parties 
informes,  et  pour  vous  ayder  utilement  il  faudroit  estre  à  Paris, 
car  une  conversation  de  demi-heure  vaut  mieux  que  cent 
lettres^  mats  je  ne  sais  pas  quand  je  pourray  faire  cd  voyage. 
Gepandant  je  continuée  vous  offrir  ce  qui  dépend  de  moy,  estant 
toujours  avec  respect,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obois- 
sant  serviteur. 

F.  Jean-Baptiste  Pradilhon. 

111.  —  pradilhon  a  baluzb  (1). 

monsixur, 

Il  ne  faut  pas  douter  que  Marguerite  de  Livron  ne  fust  femme 
de  Guy  Albert  fràre  du  pape.  Le  temps  auquel  vivoit  Goiutor 
Gothet  pourroit  faire  croire  qu'elle  seroit  la  deuxième  femme  du 
mesme  Guy^  si  elle  ne  s'appeioit  veufve  de  Guy  le  jeune.  Ge  qui 
détermine  assés  â  croire  que  c'est  un  autre  Guy  frero  de  Gautier 
et  d'Audoyn  et  dont  nous  ne  conessons  pas  la  suite. 

Il  est  bien  certain  que  la  maison  de  Livron  est  issue  du  Limô^ 
sin  quoique  M.  d'Hozier,  dans  la  généalogie  de  cette  famille,  la 
marque  originaire  du  lieu  de  Livron  en  Daupbinôet  trausplaatèe 
en  Limosin  proche  de  leur  terre  de  Vart.  Le  P.  Garme  déchaussé  (S) 
rapporte  cette  généalogie  dans  son  troisiesme  tome  de  YHigtoire 
de  saint  Martial^  page  527.  J'en  ai  aussi  beaucoup  d'actes. 

Depuis  la  dernière  letire  que  j*ay  eu  l'honeur  de  vous  oscrire, 
j  ay  trouvé  des  actes  d'un  noble  Estienne  Albert,  seigneur  de 

(l)  Armoires,  vol.  498,  f*  39. 

(^)  Bonaventore  de  Salnl-Amable,  dont  nous  parlerons  à  la  lettre  soi* 
vante. 


vwox  c<mitKtF(mt>AiiT8  LiMOOsnra  dc  baluzk.  31 

Brenil  ei  de  quelques  villages  dans  la  paroisse  de  La  Meize,  près 
Lia  RochelabeiUe,  de  Taa  1540  et  enviroa.  Gomme  la  branche 
aisnée  des  Albert  estoient  seigneurs  de  La  Hochelabeille  par  acqui- 
sition qu'en  fisiGuilIaume^filsde  Gautier,  l'an  1557,  il  est  à  pré* 
snmer  qu'Esiienue  Albert  vivant  en  1540,  dans  ce  voisinage,  est 
isflu  de  quelque  cadet  ;  je  tascheray  d'en  trouver  quelque  chose 
de  plus.  6u7  Albert,  seigneur  du  Bulbon,  ayant  eu  Elzear  et 
Jean, ses  enfans,  comtes  do  Lyon,  on  pourroit  trouver  là  des  aou- 
velles  de  la  famille,  supposé  qu'en  ce  temps  on  fit  exactement  les 
preuves  comme  on  les  fait  a  presant. 

.  J*oubliois  de  vous  marquer  que  ce  nouveau  Estienne  Albert, 
dont  le  testament  est  de  l'an  1547,  avoit  espousé  avant  Tan  153!, 
Marie  de  Brie,  fille  de  Jean,  seigneur  de  Brie  et  de  Jehanne 
d'Hautefort,  laquelle  Marie  de  Brie  avoit  espousé  en  premières 
nopces  Antoine  de  La  Garde,  seigneur  de  Trenchelion.  Vous 
Bcavés  mieux  que  moy  quHl  estoit  de  ces  seigneurs  de  La  Garde, 
près  de  Tulle  et  issu  d'Aymeric  de  La  Garde  qui  espousa  Theri- 
tiere  de  Trenchelion,  Tan  1364,  et  qui  estoit  neveu  d'Estienno 
de  La  Garde,  archevesque  d'Arles  et  cardinal.  Je  crois  avoir  de 
quoy  fournir  toute  la  descente  de  cet  Aymeric  Jusques  à  Tettinc- 
tiou  de  la  branche,  qui  arriva  en  1574. 

Je  voudrois  bien  scavoir  de  quel  pays  estoit  Guillaume  de 
Champeauz,  èvesque  de  Laon  qui,  l'an  1423,  baptiza  le  dauphin 
depuis  roy  Louis  1  !•  et  de  quelle  province  il  estoit,  pour  dier- 
oher  quelque  vestige  d'une  Petronilla  ou  Panilla  Ghampcella, 
femme  de  Thomas  Albert,  depuis  Tan  1414  jusques  en  1454. 

Jesuis  toujours  avec  respect,  Monsieur,  votre  très  humble  et 
très  obéissant  perviteur. 

F.  Jean-Baptiste  Pradilhon. 
A  Limoges,  le  f  9  mars  1699.   ' 


IV.  — -  Pradilhon  a  Baluze  (1). 

MOKSIBUR, 

Je  suis  toujours  disposé  à  satisfaire  à  vos  demandes  autant 
que  je  le  pourray.  Yoicy  donc  les  responses  à  votre  dernière 
leUre. 

J'ay  acheté  le  livre  du  P.  Bonaveuture,  carme  déchaussé,  il  y 

(J)  Armoires,  vol.  408,  f»  <5. 


324  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN. 

a  trois  volumes  in-fol.  (1),  je  vous  donneray  advis  du  jour  que  je 
lesfairay  partir  et  de  l'adresse  pour  les  retirer,  et  de  la  personne  à 
qui  il  faudra  donner  12  livres  qu'ils  coûtent  ;  ils  sont  en  blanc  f 2), 
afin  que  vous  les  fassiez  relier  a  vostre  façon  (3),  vous  scaurés 
bien  juger  de  cet  ouvrage,  où  il  y  a  beaucoup  de  simplicité,  et 
peu  de  jugement,  mais  d'assès  bonnes  matières  pour  Thistoire 
du  pays  sans  que  l'auteur  cite  d'où  il  les  a  puisées  (4),  le  pre- 
mier est  tout  pour  l'apostolat  de  saint  Martial  contre  M.  de  Lau- 
noy  et  autres  ;  le  deuxième  est  la  Vie  de  saint  Martial,  où  il  a 
mis  plusieurs  actes  des  fondations  des  églises  et  monastères.  Le 
troisième  est  en  forme  d'annales  de  la  province  où  il  y  a  bien 
des  curiosités.  S'il  vous  prend  envie  de  voir  ce  livre  en  attendant 
le  voslre,  vous  le  trouvères  dans  notre  bibliothèque  de  Saint- 
Bernard  de  Paris.  C'est  moy  qui  l'y  ay  mis. 

La  terre  de  Vart  (5)  est  dans  le  Bas-Limosin  ;  je  ne  scaurois 
vous  dire  précisément  à  qui  elle  appartient,  vous  le  scaurés 
mieux  par  Tulle,  qui  doit  en  estre  assés  proche. 

La  terre  de  Trenchelion  (6)  est  près  de  Pisrrebuffiere,  el  le 

(1)  Rappelons  que  le  premier  volume  parut  à  Clermont,  en  i676,  et  les 
deux  autres  à  Limoges,  en  1683  et  1685. 

(S)  En  blanc  ;  nous  dirions  aujourd'hui  brochés.  Cette  expression  était 
très  employée  au  xvu«  siècle;  nous  ne  la  voyons  pas  figurer  dans  ce  sens 
au  Dictionnaire  de  Liltrô. 

(3)  On  sait  que  Baluze,  qui  était  un  des  bibliophiles  les  plus  délicats  de 
son  temps,  comme  Ta  si  bien  fait  remarquer  M.  Delisle  (Biblioth.  deVEcok 
des  chartes^  t.  XLIII,  p.  253),  donnait  tous  ses  soins  aux  reliures  qu*il  fai- 
sait faire  pour  lui-même. 

(4)  Ce  jugement  d'un  savant  limousin  sur  Touvrage  le  plus  important 
d'un  auteur  non  Limousin  (Bonaventure  de  Salnt-Âmable  était  né  à  Bor- 
deaux vers  1610),  mais  qui  a  acquis  droit  de  cité  en  Limousin  comme 
nous  allons  le  voir,  est  intéressant  à  rapprocher  des  autres  jugements 
sur  VHlstoire  de  S  oint- Martial^  réunis  avec  tant  de  discernement 
et  de  juste  modération  par  notre  savant  président  dans  la  notice  quUl  a 
consacrée  à  Bonaventure  de  Sainl-Amable  dans  le  BuUetin  de  notre 
Société,  t.  XXV  (1877).  Puisque  nous  en  avons  l'occasion,  répétons  avec 
M.  l'abbé  Ârbellot  que  <^  le  P.  Bonaventure,  quoique  étranger  par  sa  nais- 
sance au  Limousin,  a  conquis,  par  ses  recherches  et  ses  publications,  le 
droit  d'être  compté  parmi  les  hommes  illustres  de  notre  province.  En 
rendant  d'éminents  services  à  notre  histoire  locale,  il  a  bien  mérité  de  sa 
patrie  d'adoption  ». 

(5)  Dans  la  lettre  précédente,  Pradilhon  nous  dit  cependant  que  la  terre 
de  Vart  était  à  la  famille  de  Livron. 

(6)  Rappelons  à  propos  des  La  Garde  de  Trenchelion  qui  s'y  trouvent, 
qu'il  serait  intéressant  de  consulter  au  sujet  des  maisons  nobles  ou  des 
Armoiries  limousines,  en  général,  un  charmant  petit  manuscrit  dépendant 


DEUX   GORK1SPON0ANTS  LIMOUSINS   OK   BALUZE.  3S5 

chasteau  est  situé  dans  le  fauxbourg  de  cette  ville  ;  j'ay  remar- 
qué que  les  anciens  seigneurs  de  Trenchelion  se  uoinmoint  indif- 
féremment dns  de  Trancaleone^  ou  dns  Castri  inferioris  de  Petra 
Bufferia  (i).  Cet  usage  estoil  assés  commun  dans  le  xiu^  et  xiv« 
siècle,  j'en  ay  vu  de  mesme  à  Pompadour  (2)  et  à  Gimel  (3),  où 

de  la  succession  de  M.  Eugène  Ardant,  imprimeur-éditeur  à  Limoges.  Ce 
recueil,  que  nous  avons  mentionné  déjà  dans  notre  élude  sur  Siméon 
Du  Boys,  un  magistrat  érudit  du  xvi*  siècle  ;  Siméon  Du  Boys,  lettres 
inédiles  publiées  et  anotées  par  Emile  Du  Boys,  Paris,  Picard,  1889, 
avec  notice  biographique  par  Auguste  Du  Boys,  ce  recueil,  disons-nous, 
d'armoiries  limousines  a  été  écrit,  dessiné  et  colorié  par  un  Lamy,  phar- 
macien à  Limoges  en  1655. 

(4)  Nous  tenons  à  rappeler  que  «  la  famille  qui  portait  le  nom  du  châ- 
teau de  Pierre-Buffière,  était,  suivant  M.  AUou,  Monuments  de  la  Haute- 
Vienne,  Paris,  1824 ,  p.  ^94,  une  des  principales  de  la  province,  et  dispu- 
toit  aux  seigneurs  de  Lastours  le  titre  de  premier  baron  du  Limousin,  » 
«  Celte  terre,  continue  M.  Allou,  devint  à  une  époque  déjà  ancienne,  une 
propriété  de  la  maison  de  Sauvebœuf;  elle  passa  ensuite  dans  celle  de 
Mirabeau,  qui  en  jouissoit  encore  à  V époque  de  la  Révolution  ». 

Nous  a>ons  souligné  ces  derniers  mois,  en  voici  la  raison  : 

Le  Dictionnaire  encyclopédique  de  l'Histoire  de  France,  par  Ph.  Le 
Bas,  et,  après  lui,  la  Nouvelle  Biographie  générale^  qui  rapporte  le  fait, 
s'expriment  ainsi  au  sujel  d*un  épisode  de  la  jeunesse  du  grand  Mirabeau, 
d'après  ses  Mémoires,  publiés  par  Lucas  de  Montigny  {Nouo.  Biogra- 
phie générale^  t.  XXXV,  col.  ^^i,  note  3)  :  «  Mon  rude  fils,  écrivait  [le 
père  du  grand  orateur]  au  bailli  de  Mirabeau,  est  enfin  en  résidence  bien 
appropriée  à  ses  mérites;  j'ai  voulu  lui  donner  la  dernière  façon  par  Tédu- 
cation  publique,  et  je  Tai  mis  chez  l'abbé  Choquard.  Cet  homme  est  roide 

et  force  les  punitions  dans  le  besoin »  a  Son  père,  ajoute  la  note, 

Tavait  fait  inscrire  sous  le  nom  de  Pierre  Bufflère,  afin  qu'un  nom 
habillé  de  quelque  lustre  ne  fût  pas  traîné  sur  les  bancs  d'une  école  de 
correction.  »  (Mémoires  de  Mirabeau,  t,  1,  p.  276). 

11  est  intéressant,  on  le  voit,  de  rapprocher  ce  nom  de  collège  de  la  pos- 
session de  la  terre  de  Pierre-Buffière  par  les  Mirabeau,  car  on  le  voit 
aussi,  le  marquis  n'avait  pas  donné  à  son  fils  un  nom  d'emprunt  absolu- 
ment imaginaire. 

(2)  Le  marquisat  de  Pompadour  appartenait  encore  au  xvir  siècle  au 
marquis  d'Haulefort  aujourd'hui  arrondissement  de  Périgueux  (Dordo- 
gne).  Voy.  le  Mémoire  de  M.  de  Bcrnage,  intendant,  sur  la  Généralité  de 
Limoges,  publié  et  annoté  par  notre  confrère  M.  Leroux,  dans  le  bulletin 
de  notre  Société,  t.  XXXII,  1885,  p.  241. 

Du  Mémoire  de  M.  de  Bernage,  nous  possédons,  à  la  suite  d'Auguste  Du 
Boys,  une  copie  portant  la  date  de  1700,  que  n*a  pas  connue  M.  Leroux,  et 
qu'il  faut  joindre  par  conséquent  aux  neuf  copies  mentionnées  par  lui  dans 
le  préambule  de  la  publication  de  ce  mémoire,  loc.  cit.,  p.  150. 

(3)  Au  XVII®  siècle,  la  baronnie  de  Gimel,  toujours  d'après  le  Mémoire 


396  SOGliîi  ARCBftOLOdlQUB  tT  ftlKTORlQUB  ^^  U|IOD8llf. 

des  gentilshommes  se  disent  dn$  Castri  inferioris  de  Pwwpêdmio, 
de  Gimello c'estoint  des  nobles,  vass^us  des  grands  sei- 
gneurs possesseurs  du  cbasteau  principal.  Trçncbelion  a  toujours 
'relevé  du  baron  de  Pierrebufdère  ;  M.  Martin  de  La  BasUde, 
conseiller  de  Limoges,  l'acheta  de  feu  M""  de  I4nars  à  qui  il 
apparlenoit  de  son  chef,  et  Ta  donné  en  partage  a  un  de  ses  cadets 
qui  en  porte  le  nom  et  sert  à  l'armée  dan9  la  compagnie  des 
chevaux  légers. 

Vous  m*obligerés  de  m'envoyer  ce  que  vous  avés  de  Taneien 
Trencbelion.  Je  vous  envoyé  le  nouveau  de  la  Camille  de  La  Garde, 
ils  prennent  indifféremment  les  deux  noms  dans  leurs  actes, 
mais  beaucoup  plus  celuy  de  La  Garde;  je  ne  connais  que  cette 
branche  directe,  il  peut  y  avoir  des  collatéraux  qui  me  sont 
incognus,  soyés  seur  que  j'ay  preuve  de  tous  ces  degrés,  extraite 
sur  actes  originaux  ou  en  bonne  forme,  je  ne  vous  l'envoyé 
points  car  cela  est  long.  Cependant,  si  vous  en  avés  bonne  envie, 
je  prendray  mon  temps  pour  le  copier.  J'en  fairay  de  mesme 
pour  les  Epitaphes  des  cardinaux  de  Ghanac  et  d*Arfeuilbe,  il  me 
semble  que  le  P.  carme  les  rapporte  dans  son  deuxième  tome. 

J'avois  confondu  Estienue  de  La  Garde,  archtfvesque  d'Arles, 
avec  Aymeric  de  La  Garde,  cardinal  de  Clément  VI  en  1342,  si 
je  ne  me  trompe. 

Je  suis,  Monsieur,  voslre  très  humble  et  très  obéissant  servi- 
teur. 

F.  Jean-Baptiste  Pradilhok. 

A  Limoges,  le  3  avril  169?. 
Suit  le  tableau  annoncé  de  Trencbelion  : 

Tableau  généalogiqub  db  la  fabcillb  I^a  Gardb  db  TaBNCHBLiOff. 

Noble  et  paissant  seigneur  Bernard  de  La  Garde,  seigneur  de  Pelis- 
sane  Ozede,  conseigneur  de  Mondragon,  1*  cspousa  N.;  3«,  en  Tan  1349, 
cspousa  Gonslance  de  Rialh,  belle-mere  de  son  fils  cadet. 

Estienne  de  La  Garde ^  frère  de  Bernard^  archevesque  et  prince  d* Arles, 
«36Î. 

N.  et  P.  Aymeric  de  La  Garde^  chevalier,  espousa  l'an  4864,  Marie  de 
Trenchelion^  fille  et  héritière  de  Guillaume,  seigneur  de  Trenchelion. 

Jean  de  La  Garde,  cadet,  espousa  en  t36l,  Sicclette,  fille  de  Philippe 
Astraud,  seigneur  de  VeUheron  et  de  Conêtance  de  /2ûbA. 

de  M.  de  Bernage  (édit.  Leroux,  Ufid.^  p.  237,  n°  30],  appartenait  à  Mil.  de 
Leotillac  (Lentillac,  arrondissement  de  Figeao  (Lot),  près  Saint-Céré). 


DKOX  CORRRSPONDANTS  LIMOUSINS  DE  BALUZB.  3S7 

QuUtaume  de  La  Gardey  seigneur  de  TreDebelioD. 

Sa  mère  luy  fit  donation  de  tous  tes  biens  du  Limosin,  l'an  14ti,  j^ar 
acAe  passé  à  Avignon,  du  consentement  d'Aymerio  son  mary. 

Ce  Guillaume  espousa  Tan  4  4M  Yolande  Fouehier,  fille  de  N,  et  P.,  sei- 
gneur de  Sainte-Fortunade  ;  il  vivoil  encore  en  1440. 

Pierre,  dont  il  y  a  des  actes  en  14i0. 

Pierre  de  La  Garde^  seigneur  de  Trenchelion  ea  1444,  fit  testament 
Tan  1900.  Je  n*ay  pas  trouvé  le  nom  de  sa  femme;  il  eût  les  enfans  suivans  : 

Antoine  de  La  Garde,  seigneur  de  Trenchelion,  espousa  Marie  de  Brie» 
fitte  de  Jehan,  seigneur  de  Brie,  et  de  Jehanne  d'Autefort  ;  elle  se  dit 
veufve  de  luy  eu  1526. 

K«  et  P.  Feueaud  de  La  Garde^  seigneur  de  Trenchelion,  estolt  Taisné. 
Hort  sans  alliABce  ;  il  lesta  en  1505. 

Jean  de  La  Garde,  chanoine  de  Saint-Yrieix,  1381. 

Ant.Qifie  2^  de  La  Garde ^  seigneur  de  Trenchelion»  Tourdonnet... ,., 
chevalier  de  Tordre  du  Roy,  gentilhomme  de  sa  Chambre^  lieutenant  de  la 
compagnie  du  duc  de  Guise  et  gouverneur  de  ce  duché,  espousa,  en  I56J, 
Françoise  d'AiUy,  fille  d'Antoine  d'Ailly,  seigneur  de  Picqueny,  vidame 
d*Amiens»  et  de  Marguerite  de  Melun.  Antoine  testa  en  1&70  et  sa  femme 
en  1)69(1). 

Haut  et  puissant  seigneur  François  de  La  Garde^  soigneur  de  Trenehe- 
lion,  mort,  en  1675,  avant  son  mariage,  dont  le  eontract  estoit  passé  avec 
Jehanne  de  Pierrebuffîère. 

Jacques  de  La  Garde^  prevost  de  Sainte-Croix  de  Pierrebuffîère  en 
1536. 

Charles  de  La  Garde,  mort  sans  alliance. 

Jehanne  de  La  Garde,  héritière  de  Trenchelion,  par  la  mort  de  ses 
frères,  avoit  espousé  auparavant  François  de  Montroux,  gentilhomme  de 
la  maison  du  Roy. 

Françoise  de  La  Garde  espousa  François  de  BouUnars^  gentilhomme  de 
la  maison  du  Roy. 


V.  —  Pradilhon  a  Baluzb  (2). 

A  Limoges,  le  i9  juin  1692. 
MONfilEUQ» 

J'ay  esté  lo»g  temps  sans  me  doiiner  riioœuF  de  vous  eaerire, 
à  cause  d'one  attaque  de  goules  qui  m'a  tenu  près  de  deux  mois; 
je  vais  revoir  vos  lettres  et  respoiidre  aux  articles  qu'elles  con- 
tienueut. 

(1)  Voy.  Antoine  de  La  Garde  de  Tranchelyon^  gouverneur  de  Guise  [f  15701,  et  Françoise 
dtAiUy  [f  «M^;  Uêkt  ptm^  tombale  en  tégliae  de  Guiêê  [leUre  de  c«  goweroeur  m  duc  de 
GuiM],  dans  le  t.  VI II  (1881),  p.  48,  de  la  Thierache,  Bulletin  de  la  Société  arehéologiqUù  de 
Venins  (Aisne),  par  M.  Léandre  Papillon. 

(î)  Armoires^  vol.  198,  f^  43. 


3âB  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  RT  BISTORIQUR   DU   LIHOUSIR. 

Lorsque  mes  pieds  seront  plus  aSermis,  je  verray  les  tombeaux 
des  cardinaux  de  Chanac  et  d'Argfeuille  (!)• 

Je  vous  envoyé  l'extrait  des  preuves  de  la  généalogie  de 
Lagarde-Trenchelion.  J'ay  bien  plusieurs  actes  sur  chasque  de- 
gré, mais  je  crois  que  ceux-là  suffisent  pour  prouver  la  descente 
et  filiation. 

J'ay  donné  un  mémoire  à  un  chanoine  sindic  de  Saiat- 
Estienne  pour  le  testament  du  cardinal  de  La  Porte  (2),  il  m'a 
promis  de  le  chercher  et  je  le  presse  tous  les  jours  par  les  raisons 
que  vous  me  marqués;  mais  à  vous  dire  le  vray,  je  n'ay  pas 
bonne  opinion  du  succès,  ces  messieurs  se  sont  rendus  si  diffici- 
les à  communiquer  leurs  titres  qu'ils  en  sont  ridicules  ;  cepan- 
dant  cela  desrobe  bien  des  conessances  à  l'histoire,  car  on  tient 
que  ce  thresor  est  bon,  je  vous  promets  de  ne  point  perdre  de 
temps  à  presser  sur  cet  article. 

(1)  Rappelons  que  ces  deux  tombeaux  se  trouvaient,  avant  la  Révolo- 
tion,  dans  Téglise  de  Saint-Martial  de  Limoges. 

Mentionnons  sur  la  famille  de  Chanac  un  intéressant  travail  de 
M.  Emile  Fage,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts 
de  la  Corrèse^  livraison  d'octobre  à  décembre  1882.  M.  Fage  cite  les 
sources  où  il  a  puisé,  notamment  Baluze  et  les  manuscrits  de  M.  Louis- 
Théodore  Juge,  déposés  à  la  bibliothèque  des  archives  de  la  Société. 

  la  suite  du  travail  de  M.  Fage,  dans  le  même  numéro  du  Bulletin 
mentionné,  se  trouve  la  savante  notice  de  notre  vice-président  et  ami, 
M.  Guibert;  sur  le  Tombeau  du  cardinal  de  Chanac^  notice  qui  avait  déjà 
paru  dans  le  Cabinet  historique  en  4882. 

(2)  Raynaud  de  La  Porte  (l'abbé  Vitrac^  Mémoires  mes.,  écrit  Renaud), 
né  à  Allassac  (Corrèze)  vers  le  milieu  du  xiu®  siècle,  successivement  cha- 
noine de  Limoges,  archidiacre  de  Combrailles,  chanoine  du  Puy,  évêqae 
de  Limoges,  15  novembre  1294,  archevêque  de  Bourges,  4346,  enfin 
cardinal  en  13S0,  mourut  à  Avignon  en  1325.  Il  faut  voir  au  sujet  du 
cardinal  de  La  Porte  une  ample  notice,  offrant  de  Tintérét,  publiée  par 
M.  Armand  de  La  Porte,  de  la  Société  archéologique  et  historique  du 
Limousin,  dans  le  Bulletin  de  notre  Société,  t.  îl,  4861,  p.  139-191. 
M.  Tabbé  Arbellot,  dans  son  Mémoire  sur  la  cathédrale  de  Limoges,  pu- 
blié dans  notre  Bulletin^  t.  111,  1848,  avait  déjà  très  bien  montré  le  zèle 
déployé  par  Raynaud  de  La  Porte  pour  Tavancement  des  travaux  de  notre 
cathédrale.  «  En  4332,  dit  M.  de  La  Porte,  nous  le  voyons  faire  son  testa- 
ment (Duchesne,  Nadaud),  dans  lequel  il  fonde  une  vicairie  dans  la 
cathédrale  de  Limoges,  à  la  chapelle  de  la  Vierge,  une  autre  à  Allassac, 
et  son  anniversaire  dans  toutes  les  collégiales,  abbayes,  prieurés  et 
couvents  du  diocèse  où  il  était  né,  et  qu'il  avait  gouverné  si  longtemps 
avec  amour.  » 


DEQX   CORRESPONDANTS  LIMOUSINS  DB   BALUZB.  dî9 

J'espere  mieux  réussir  pour  celuy  du  cardinal  de  Ghanac  (1), 
dès  que  je  pourray  voir  mes  amis  de  Saiot-Martial. 

S'il  est  vray  que  Petrus  de  Priperno,  prevost  d'Esmouliers  en 
1293,  ait  esté  fait  cardinal  en  1295,  il  aura  succédé  à  un  autre 
cardinal  dans  ce  bénéfice  qui  estoit  Petrus  de  Capelia. 

A  l'esgard  de  Guillolmus  de  RoffUiaco^  prevost  d'Esmou tiers, 
i'ay  dans  mes  extraits  qu'il  estoit  prevost  en  1369,  et  je  ne  crois 
pas  m*estre  trompé;  je  remarque  dans  quelque  catalogue  que 
j'ay  dressé  des  chanoines  de  Saint-Eslienne  qu'il  en  estoit  cha- 
noine en  1332-1 34i.  Plusieurs  de  ses  prédécesseurs  estoint  pre- 
vosts  d'Esmoutiers  et  chanoines  de  Limoges  en  mesme  temps;  je 
trouve  ce  mesme  Guillaume  de  Hof&iiaco,  officiai  de  Limoges  et 
vicaire  de  Tevesque,  dans  des  hommages  rendus  à  l'evesché, 
sans  date. 

Dans  ce  dernier  voyage  d'Esmoutiers,  j'ay  trouvé  la  carte  des 
anniversaires  de  cette  église  et  comme  on  les  devoit  célébrer  pour 
Tan  1598,  j'en  ay  pris  copie  parcequ*il  m'a  paru  des  anni- 
versaires fort  anciens  et  jusques  à  l'evesque  de  Limoges,  Turpin 
d'Aubusson,  ce  qui  peut  prouver  l'antiquité  de  cette  église.  Or, 
entre  ces  anniversaires  il  y  a  un  endroit  :  ann.  dai.  Pétri 
de  Cella  cauonici  et  en  un  autre  :  ann.  dni  Pétri  de  Gella 
cardinalis  ;  examinés  s'il  vous  plaist  si  vous  trouvères  quelque 
vestige  que  cet  homme  ait  esté  cardinal,  et  pour  vous  approcher 
de  son  temps  il  y  a  un  acte  de  1305  où  est  nommé  Robertus  de 
Cella  domicellus  nepos  Pétri  de  Gella  cauonici. 

Puisque  vous  travaillés  sur  le  cardinal  de  La  Porte,  vous 
devés  sans  doute  sçavoir  tout  ce  qui  le  concerne  ;  je  ne  laisse 
pourtant  pas  de  vous  offrir  le  catalogue  des  chanoines  qui  assis- 

(1)  Gaillaume  de  Chanac,  d*abord  moine  à  Saint-Martial  de  Limoges, 
fui  abbé  de  Saint-Florent  de  Saumur.  Voy.  sa  biographie  dans  les  Hom- 
mes  illustrée  du  Limousin,  11  fat  fait  cardinal  en  1371  par  lo  pape 
Grégoire  XI,  limousin  d'origine. 

Nous  relevons,  dans  une  lettre  de  Baluze  à  du  Verdier,  datée  de 

eux  ans  avant  notre  lettre,  ce  passage  :  a  ...  Je  receus  ces  jours  passés 
le  testament  de  Guillaume  de  Ghanac,  cardinal,  qui  m'a  esté  envoyé  de 
Tabbaye  de  Saint-Florent  de  Saumur.  » 

Le  testament  du  cardinal  de  Chanac  est  daté  du  29  décembre  4384  (le 
cardinal  mourut  le  30).  M.  Guibert,  dans  sa  notice,  en  a  donné  la  traduc- 
tion, en  partie  du  moins,  a  Ce  testament,  dit  M.  Guibert,  qui  a  été  du 
reste  publié  par  Baluze  (Vitœ  Pap.  Aoen.^  Il,  9S2),  existe  aux  archives  de 
)a  Haute-Vienne,  mais  en  deux  fragments  :  la  première  partie  se  trouve 
dans  la  liasse  no.2957  de  Tancien  classement  provisoire,  la  seconde 
forme  Tarticle  9237.  » 

T.  xxxvn,  S^ 


330  SOCIÉTÉ  ARCUÉÛLOGIQUI  «T  BISTOHIOOB  DU  LIMOUSIN. 

tereut  à  sou  eslectiou.  Il  y  a  en  a  vingt-sept  dont  vingt  8Qut  dos 
plus  nobles  familles  de  la  province,  coname  Neuvi)le,  Barry, 
Rochechouart, Gornil,  La  Chapelle,  Lastours,  Maumout,  Noalhe, 
Chasieauneuf,  Béchade,  Maiemort,  Rançon,  Pierrebuffière, 
Ornhac,  et  à  la  fin  il  esl  dit  :  «  Raynaldus  de  Porta  archidiaco* 
nus  Combralise  Gapellanus  dui  PapaB  a  praedictis  electus 
episcopas  anno  1394  per  viam  compromissi  publicante  eleclio- 
uem  Gerardo  de  Malomonte  uno  ex  compromissariis,  cum  PetiD 
de  Castronovo,  G.  de  Ornhaco,  P.  Maleu,  et  Uterio  de  Barrio  die 
lanse  in  quendena  festi  omnium  sanctorum  atqne  ut  citius  pera- 
geretur  eleclio  dalum  tautum  spatium  eligendi,  quamdiu  dura- 
ret  una  candela  accensa.  Praadictus  Raynaldus  erat  tantum 
diacouus.  »  Je  crois  que  cette  petite  remarque  tous  plaira,  elle  est 
tirée  des  archives  de  Saint-Estienne  par  main  seure. 

J'ay  retiré  le  cayer  6.  Q.  qui  manque  au  3*  tome  de  YHiiîoire 
de  Saint-Martialf  vous  le  recevrés  par  la  première  occasioa  favo- 
rable. 

Je  ne  sçais  rien  de  Calmefort-sur-Creuse,  je  m'en  informeray. 

11  se  peut  faire  qu'Antoine  de  Tranchelion,  abbé  de  Saint- 
Genou,  fut  vicaire  gênerai  du  cardinal  de  Prie,  mais  il  ne  faut 
pas  pour  cela  confondre  les  familles  de  Prie  et  de  Brie.  Celle  de 
Prie  est  très  considérable  et  de  grands  seigneurs,  je  ne  sçais  pas 
précisément  la  province  de  son  origine,  je  la  crois  du  costé  de 
France,  si  vous  voulés  connestre  cette  famille,  vous  la  trouvères 
à  la  fin  du  2*  tome  de  ï Histoire  généalogique  de  France  de  Mes- 
sieurs de  Sainte-Uarlhe^  de  la  première  édition,  qui  est,  si  je  ne 
me  trompe,  de  Tan  1628,  car  je  n'ay  point  ici  les  livres  pour  véri- 
fier. M<"*  la  mareschale  de  la  Mothe-Houdancourt  est  la  dernière 
du  nom  de  Prie  (1). 

Pour  la  maison  de  Brie,  elle  esl  du  Limosin  et  la  terre  qui 
leur  a  donné  le  nom  est  dans  le  vicomte  de  Rochechouarl  (2).  Ce 
sont  de  simples  gentilhommes.  Cette  terre  entra  dans  1^  qaaison 
de  Meillars  avec  une  fille  de  Brie  à  la  fia  du  siècle  passé;  mais 
elle  en  est  sortie  par  vente. 

Ma  lettre  est  desjà  trop  longue  et  vous  en  serés  fatigué,  j'ay 


(4)  Loui«e  de  Prie. 

(9)  Rappelons  que  la  vicomte  de  Rochechooart  formait  une  cnalave 
poitevine  en  plein  Limousin.  V.  l'édit.  du  Mémoire  de  Qerqage  par 
M.  Leroux,  qui  avec  raison  a  inséré  deux  extraits  concernant  cette  enclave 
d'un  Rapport  au  Rog^  par  Colbert  de  Croissy,  en  1664,  et  du  Mémoire 
Bur  la  province  de  Poitou,  par  l'intendant  Maupeou  d^^bleiges,  i69S 
(fiaM.  du  Limousin,  t.  XXXII,  p.  259-261). 


DSU3Ç  GOBRE^fONDANlfS  LlBIpUÇINS  DE  BALCZE.  331 

vpula  réparer  le  teiqps  perdu  duraat  ma  mals^die  et  vous  n^^y- 
quer  le  respect  avec  lequel  je  suis.,  voBtre,  etc. 
[La  siguature  est  cachée]. 

GÉNÉALOGIB  DB  GHANAG.  —  BALUZB,  ArmoireS,    VOL.  198,  FOL.  45. 

Chanac,  —  Guillaume  de  Change,  H8|. 

Pierre  et  Quy  de  CtiaDaç,  ffères,  damoiseaux,  4256. 

Aymard  ç|  Lj^nar4  d^  Gbanac,  damoiseaux,  1265. 

Dulcia  Robert,  femme  de  H.  de  Cl^anac,  fait  testameat  Tan  1265. 
Allassac. 

AUassa.  —  Pierre  de  Chaaac,  damoiseau,  espousa  Halais  Foucher:  elle 
fit  testament  le  vpndredy  après  saint  Martin  d*hiver,  T^n  1280,  estant 
veufve.  Ensevelie  au  couyentd'Allassac. 

Guy.  —  ^eguine,  espousa  Pierr^  de  Nq^h- 

N...\  religieuse  aux  AUois. 

Alemende,  espousa  Belles  de  Tulle,  chevalier. 

Pierre  de  Chanac,  chevalier  d*Alassac,  espousa  Dauphine,  testa  le 
i7  may  1306.  Eijterré  avec  sa  mère. 

Almodie,  espousa  Pierre  Arnal.  Son  sceau  burelé  de  s.  p.  à  un  lion 
brochant. 

Guillaume,  professeur  es-loix,  archidiacre  ^e  Paris,  1318-1324,  obit 
1335. 

Guy  de  Chanac,  chevalier,  seigneur  du  boupg  aux  Chablons  et  de  Chas- 
teaufort,  espousa  Isabel  de  Monlbcron,  sœur  de  Robert  de  Montberqn, 
chevalier;  il  teste  1348,  12  août. 

Doulce  de  Chanac. 

pilberl,  moyne. 

Bertrand,  prevostde  Saint-Viance. 

Bertrand,  prevost  de  Sainte-Marie. 

Guillaume,  evesque  de  Paris. 

^Uarde,  religieuse. 

Bertrand  Fouques,  evesque  de  Paris,  et  Bernard,  destinés  par  le  (es- 
tameql  du  père  à  estre  moines. 

Helie  de  Chanac,  chevalier,  espousa  Galienne,  fille  de  Gérard  de  Venta- 
dour,  chevalier,  selgnepr  de  Donzenac,  par  contrat  de  1338, 14  novembre. 

Guy,  deuxième  aîsné,  espousa  Eustache,  fille  de  Bernard  de  Gomborn, 
par  contrat  de  1318,  U  juillet. 

Son  père  Bernard. 

Robert,  doyei)  de  Beauvais,  chanoine  de  Paris. 

Guillai^me,  moine  et  chefcier  de  Saint-Martial. 

Fouques,  moine  de  Saint-Martial. 

Pemard,  chanoine  de  Paris  et  de  Meaux. 

Denise  et  Dauphine,  religieuses  à  Saint-Pardoux. 

So^ye^aine,  religieuse  de  la  Règle;  Comptors,  espousa  Louys  de  Sey- 
del,  damoiseau,  ^n\i%  de  Millaria  en  Poitou. 


332  sociiié  archéologique  et  historique  du  LikouBitf. 

Jolienne  de  Chanac,  espousa  Bertrand  de  Favars,  damoiseau,  fils  de 
Bertrand  de  Favars,  chevalier,  <348,  3  may;  2*  espousa  en  <365  Ran- 
nulfe-flelie  de  Pompadour,  chevalier. 

Blanche. 

Guy  de  Chanac,  chevalier,  Bis  d'Helie  et  de  Marie  de  Chaslus,  vivant 
en  4368. 

Félix  de  Chanac,  fils  de  Guy,  1401-1440,  seneclial  de  Limosin. 

Monteruc.  —  N.  d«  Louise  de  Monleruc,  femme  de  N.  Jehan  de  Roffi- 
nhac,  chevalier,  42  octobre  1443.  Pomp.  I. 

Chaalus.  —  Le  iO  mars  1368.  Testament  de  N.  d'  Marie  de  Chasias- 
Marchez,  fille  de  N.  et  p.  s.  Milhard,  seigneur  de  Chaslus,  Marchez,  et  sa 
femme,  d'Archambaud,  vicomte  de  Comborl,  Agnès  de  Mailhac,  sa  mère  ; 
Jchanne  de  Chaslus,  sa  sœur;  le  prieur  de  Benevent,  son  oncle,  ib. 

La  Jugie,  —  Bertrand  la  Jugie,  damoiseau,  4393,  18  octobre,  ib. 

Magister  Gérard  Judicis  clericus  jurisperitus,  1338,  44  novembre,  ib. 

Bernard  Judicis  praspositus  Gapellse  gencste,  1348,  3  mars. 

Saint-Martial,  —  Petrus  de  S*<*  Martiale,  domic.  diocesis  Tulellens., 
1333,  23  Augusti  Pompadour. 

Idem  4345  ib  nob.  et  pot.,  4350-1353. 

Idem  Nob.  vir  Guillielmus  de  S^»  Martiale  domic.  dioc.  Tutell. 

Item  nunc  habitor  Gastri  de  Lexeio  dioc.  Avenionis  ib.  1414...,  4  octo- 
bre. 

Guido  dnus  de  S**»  Martiale,  Fromentallo  de  Maravalle.... 

Die  jovis  post  festum  S^^  Joh<*  Baptislœ  4308  cum  sigillo  ib. 

Guido  de  S*^  Martiale  dnus  de  Maravallo  et  Fromentello  domicell. 
sabb.  ante  nativ.  domini  1374....  ib. 

Albert.  —  La  terre  de  Bré,  vendue  à  Guillaume-Albert  par  M'«  Luis  de 
Sully,  au  mois  d*aoust  1358,  ib. 

Albert.  —  Dominus  Petrus  Lasteiria  decretorum  doctor,  ut  procurator 
SS™'  patris  Innocentii  Papœ  VI  émit  quosdem  seditus  in  parochia  de 
Lubersaco...  die  penuUmartii  1361,  ib. 

Albert,  —  Relias  Foulcaudi  domiscellus  vendidit  domino  Bosoni  de 
Turre  Gapellan,  S^*  Pétri  de  Fursaco,  ut  procurator!  domini  Stephani, 
cardinalis  Claremont.  Septem  libras  renduales  die  lunae  post  festum  S^ 
Johannis  Baptislas,  4342,  ib. 

Albert.  —  Dominus  Petrus  Bruni  miles  pro  Gaucelino  de  Petra  Buffe- 
ria  domicello  filiastro  suo  vendidit  Guidoni  Alberti  parochiano  de  Bussaco 
et  procuratori  discret!  viri  domini  Stephani  Arberti  legum  doctoris  fratris 
dicti  Guidonis  domini  1331,  ib. 

Pré.  —  Johes  de  Biena  domicell.  filius  Pétri  de  Biena  militis  émit  die 
mercurii  post  festum  S"  Barnabaei,  4347,  ib.  (Ce  peut  être  celui-là  dont 
parle  le  pape  en  sa  lettre  de  4360  et  non  pas  un  fils  de  Guillaume  Albert.) 

DarfeuUhe.  —  Nob.  et  pot.  dominus  Elzearius  miles  dominus  Baronia- 
rum  de  Gramato  et  de  Therminis  (Caturcen.  dioc.}...  vendidit  magistro 
Johanni  Fabri  clerico  de  rupe  Adulphi  Claremont  dioc.  ut  procurati  nob. 
et  pot.  {Albert),  —  Domini  Stephani  Alberli  domini  Montilii  degelaii  rupis 
Adulphi  Claromont.  dioc.  el  de  Murato  Lemovic.  diœc.  et  Dominas  Mariae  de 
Caslucio  ejus  conjugi  ca  quse  sequuntur  in  terra  de  Murato  scilicet , 


DEUX  COhRESPONDAiNTS  LIMOUSINS  DE  BALOZS.  333 

proui  per  nobilem  Ademarum  de  Agrifolio  ipsius  venditoris  predecesso- 
rem  faerunt  quondain  acquisita  a  domino  Arcambaudo  vicecomite  Corn- 
bornii  anno  1340  die  9.  junii  et  dictus  dominus  Elzearius  de  Agrifolio  de 
iis  investivil  nob.  et  pol  ...  Virum  Gilberlum  Aiberli  militem  dominum 
de  Rupeapis  fîlium  emaocipatuin  dictorum  conjugum  die  90  aag.  4407. 
(Monceaux). 

lyArfeaUle-Malessec.  —  Hugo  de  Agrifolio  miles,  dominus  Baro  de 
Gramato  Caturcensi  dioc.  et  Pelra  de  Malessec  domicell.  Dominus  de 
Malessec  Tutell.  dioc.  testes,  anno  1473.  iaug.  (Turenne)  Dominus  Ademar 

de  Agrifolio  miles.  Dominus  de  Gramato facit  homagium  vicecomiti 

Turenne  pro Januari  1350,  ib. 

Johannes  de  Agrifolio  senior  domiscell.  filius  emancipatus  nob.  Ade- 
.mari  de  Agrifolio  domini  de  Gremato. . . .    fecit  homagium <366,  ib. 

Nob.  Elzearius  de  Agrifolio  domicell.  dominus  de  Gramalo,  Caturc.  dioc. 

filius  et  haeres  universalis  nob  et  pot.  dominus  Johannis  de  Agrifolio 

facit  homagium  1396,  ib. 

Guido  Judicis  domicell,  ib.  1350. 

Dominus  Gérard  La  Garda,  domic.  facit  hom.  4384,  ib. 

Dominus  vir  Bertrand  de  Gardia,  miles.  Dominus  de  Dommorio  et  con- 
dinis  de  Estivalis,  dioc.  Tutell.  facit  hom.  4335,  ib. 

Nob.  V.  Guillelmus  La  Garda  domic.  loci  de  Sancto  Amantio  Claromont 
dioc.  facit  homagium  1445,  ib. 

N.  vir  Petrus  de  Sancti  Martiali  domiscell  dominus  de  Duiglaco  et  de 
Solenha  facit  homag.,  1415,  ib. 

N.  Y.  f^etrus  de  Sancto  Martiale  domicell.  dominus  de  Duiglaco  et  de 
Solenha  facit  homag.,  1445,  ib. 


VI.    —    PfiADILHON   A    BaLUZB  (1). 

A  Tulle,  le  26  aoust  1694. 

Monsieur  du  Verdier  m'a  monstre  dans  vos  lettres  les  marques 
de  votre  souvenir;  je  viens,  Monsieur,  vous  en  faire  mes  remer- 
ciemens  et  vous  asseurer  que  rien  dans  la  vie  ne  me  peut  estre 
plus  agréable  que  d'avoir  quelque  part  d'un  honneur  qui  est 
recherché  par  tous  leshonnestes  gens  du  siècle. 

Je  n'aygueres  travaillé  icy  faute  de  besoigne;  j'ay  vu  seule- 
ment plusieurs  cèdes  originales,  et  dans  une  j'ay  trouvé  le  traité 
de  mariage  entre  Estienne  de  L'Estang  et  Louise  de  Juyé,  père 
et  mère  de  M.  de  Carcassonne  ;  j'ay  prié  M.  du  Verdier  de  vous 
en  envoyer  copie,  et  vous  verres  la  différence  des  qualités  dans 
cet  acte  original  et  dans  celuy  qui  fust  produit  pour  les  preuves 
du  commandeur  des  ordres  du  Boy. 

(1)  Armoires,  vol.  i08,  f»  330. 


s: 


334  SOGIÉTft  ARCËÉOLOfitOl^t  ET  HIBtORtQUft  DtJ  UllOtlSllf. 

Je  me  Bouviëhs  Hùe  dans  ces  preuves  de  M.  de  GdreaBMdue  il 
y  a  des  lettres  du  chancelier  Dupral,  qui  traite  db  nëVeil  Bstieiihl^ 
de  L'Eslang;  je  tie  scais  qu'elle  petit  eslre  leur  àlllaûcé,  mais  il 
m'est  venu  eu  pensée  que  le  chancelier  pourroit  eôtrô  issd  Û'htt 
Ëslienne  Duprat,  notaire  de  Tulle,  il  y  a  un  peu  plus  de  aeùs 
cent  ans  ;  voicy  mes  conjectures  :  j'ay  trouvé  une  alliance  eatre 
les  buprat  et  L'Ëstang,  Tuu  et  l'autre  demande  a  ses  frères  sa 
portion  des  biens  de  sa  mère  qui  s'appelle  Catherine  8oloy(6i  et 
dit  qu'il  est  a  presarit  habitant  a  Aurillàc  ^a  Auvergnie^  cela 
approche  du  pays  d'où  estoit  le  chancelier.  J'avoue  que  cela  est 

eh  de  chase,  mais  qui  peut  donner  lieii  a  d'àUtt^s  découvertes. 

e  bife  souviens  aussi  que  M.  le  baron  de  Puget  Vôulolt  fort  trou- 
ver Torigine  de  ce  chancelier  dans  les  Duprât,  de  Tôulousô,  qui 
y  estôienl  notaires  en  1300. 

Le  pays  de  Toulouse  me  fait  ressouvenir  de  quelque  chose  qui 
vous  divertira.  Peut  estre  avés  vous  vu  Thisloire  des  Albigeois 
composée  depuis  quelques  années  par  le  père  Benoist  Jacobin  (t). 
Cet  autheur  a  ajouté  depuis  peu  deux  petits  volumes  (2),  dans 
l'un  il  a  inséré  la  généalogie  de  la  maisoii  de  Fresals  qui  ne  vous 
est  pas  incognue.  Il  dit  que  Simon  de  Fi*esals  es^ousà  une 
fille  de  là  maison  de  Besse,  petite  lûépce  du  ^ape  Olement  Vl, 
et  le  prouve  par  un  fort  bon  acte  qu'il  a  li'oilvô  é  Montàtibaû. 
Ors  comme  ce  Simon  de  Fresals  estoit  seigneur  de  Beautbrt 
dans  les  Cevennes  (ses  descendans  possèdent  encore  cette  terre  à 
presant),  ce  bon  père  a  conclu  que  Grégoire  XI,  qui  portait  le 
nom  de  Beaufort,  estoit  fils  de  Simon  de  Fresals,  seigneur  de 
Bcaufort,  et  de  cette  Besse.  Il  fonde  son  sentiment  sur  le  nom 
de  Beaufort,  et  sur  ce  que  Grégoire  est  appelle  neveu  de  Clé- 
ment VI,  comme  issu  de  sa  niepce  ;  que  dites  vous  d'une  si  belle 
découverte  ?  dont  Messieurs  de  Turenne  ne  luy  auroint  pas  obli- 
gation si  elle  estoit  bien  fondée. 

J'ay  en  main  tous  les  titres  de  la  maison  de  Sainte-Fortunade. 
Il  me  semble  que  rien  n'y  est  afferact  a  votre  histoire  de  Tulle, 
il  paroist  que  cette  terre  estoit  toujours  possédée  conjointement 
par  les  seigneurs  du  nom  de  Tulle  et  de  Fouchier  ;  je  ne  scais 
point  l'origine  de  ce  nom  de  Tulle,  je  trouve  seulement  qu'entre 
1520  et  1530  un  Pierre  d'Artonse,  damoiseau,  fils  d'Ëbrard 
d'Artense,  chevalier,  se  dit  seigneur  de  Sainle-Fortunade,  comme 

<1)  L'ouvrage  du  P.  Benoit,  FTistoire  deà  Albigeois  et  des  Vàudois,  8  vol. 
'\n-\%  était  encore  assez  récent  à  la  date  de  notre  lettre.  Il  iiVâil  paru  à 
Paris  eu  1691. 

(2)  Suite  de  l'Histoire  des  Albigeois.  —  Toulouse,  1693. 


BKIfS  QOl\RK8fONDA!fT8  LIII0061NS  DE  BALU».  336 

donataire  de  Gaillaume  de  Talie  (la  terre  d'Artense  est  dans  le 
Quercy),  dont  il  prend  le  nom  dans  la  suite.  Après  Tan  1400, 
Marie  de  Tnllë,  héritière,  espousa  le  chef  des  Fouchiers  et  reunit 
toute  la  lerre  ;  a  la  un  du  siècle  passé,  Bonaventure,  seigneur  de 
Lâvaur,  grand  père  de  M"  de  Sainte-Foriunade  d*apresant, 
espousa  rhéritiere  des  Fouchiers.  Si  cela  vous  est  nécessaire,  je 
voue  donneray  cette  suite  plus  ^exactement,  vous  pouvés  en  dis- 
poser comme  de  toutes  mes  autres  recherches. 

Je  ne  veux  pas  finir  sans  vous  remercier  de  tous  les  honneurs 
que  je  reçois  de  M.  votre  ft*ere  et  de  M.  du  Verdier,  parceque  j'ay 
l'avantage  d'estre  de  vos  amis.  Il  y  a  mesme  deux  grandes  et 
belles  niepces  qui  veulent  y  prendre  part.  L*aisnée  sur  tout  me 
coote  avec  plaisir  mille  et  mille  obligations  qu'elle  vous  a,  et 
les  impatiances  ou  elle  est  de  vous  voir.  Je  m'asseure  qu'elle  vous 
en  aura  de  plus  essentielles  dans  quelque  temps  ;  elle  les  mérite 
asseuroment  estant  aussy  BSbu  faite  qu  on  peut  le  souhaiter.  J'ay 
rhonneur  d'estre.  Monsieur,  très  parfaitement  vosire  très  humble 
et  très  obéissant  serviteur. 

Fr.  Jean-Baptiste  Pradilhon. 

Je  partiray  dans  la  semaine  prochaine  pour  aller  faire  une 
longue  résidence  â  Bordeaux. 


Vil.  —  Pradilhon  a  Baluzb  (l). 

J.  M.  A  Bordeaux,  le  5  de  Tan  leO.'i. 

Le  renouvellement  de  Tannée  m'avertit,  Monsieur,  que  je  dois 
vous  rendre  mes  devoirs  et  me  renouveller  dans  le  souvenir  d'une 
personne  que  j'bonoreray  toujours  parfaitement. 

Je  ne  puis  vous  donner  autre  chose  touchant  les  Duprat,  de 
Tulle,  que  ce  que  j'ay  desja  eu  l'honneur  de  vous  mander.  Celte 
idée  m'est  venue  sur  les  alliances  des  Duprat  et  L'Eslang, 
familles  assës  médiocres  a  Tuile,  et  sur  ce  que  le  cardinal  Duprat 
escnvoit  au  père  de  M.  de  Carcassoue,  et  le  qualiûoit  de  neveu, 
au  moins  «'iî  en  faut  crere  la  production  de  cet  evesque  qui  <)st 
d'ailleurs  très  défectueuse  comme  je  vous  l'ay  mandé. 

Je  n'ay  point  l'histoire  du  P.  Benoist,  jacobin,  touchant  les 
Albigeoiô.  Je  l'ay  vetle  a  Toulouse;  les  jacobins  du  fauxbourg 

(1)  L'adresse  manque.  —  Armoires^  Vol.  t08,  f^  SSt. 


336  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  BISTORK^CI  DU  LIMOUSIN. 

Sainl-Germaia  qui  sont  de  sa  province  vous  en  dilx>nt  des  nou- 
velles, l'acte  portant  l'alliance  des  Besse  et  des  Fresals  est  dans 
un  petit  tome  séparé,  et  ajouté  à  son  histoire  des  Albigeois. 

Je  vous  envoyé  ce  que  j'ay  des  Fouchers  et  prouvé  par  actes. 
Cette  famille  est  bien  plus  ancienne  comme  il  paroist  par  les 

cartulaires  de  Tulle,  Uzerche Ils  ont  toujours  esté  consei- 

gneurs  avec  ceux  du  nom  de  Tulle  jusques  à  l'union  des  deux 
familles,  il  peut  y  en  avoir  plus  que  je  ne  dis,  mais  ce  que  je  vous 
donne  est  certain  et  prouvé. 

Si  ce  que  j'ay  du  nom  de  Tulle  peut  estre  utile  à  votre  his- 
toire, je  vous  Tenvoyeray,  aussy  bien  que  tout  le  reste  des 
familles  de  ce  pays-la,  dont  j'ay  quelque  connoissance. 

J*ay  remarqué  dans  le  cartulaire  de  Tulle  un  Donarelli  qui  est 
appelle  bastard  d'Aymar,  vicomte  restaurateur  de  l'ancienne 
famille  noble  des  Donnereaux,  de  Tulle,  que  je  cognois  depuis 
1260.  Les  anciens  se  nommoint  tous  Donarelli  au  singulier,  et 
les  derniers  ont  mis  leur  nom  au  plurier,  en  françois,  des  Don- 
nereaux (1).  J'ay  l'honeur  d' estre.  Monsieur,  vostre  très  humble 
et  très  obéissant  serviteur. 

F.  Jean-Baptiste  Praoilhon. 


LETTRES  DE  DU  VERDIER. 


I.   —   DU  VERDIER   A   BALUZE   (2). 

A  Tulle,  le  90  may  1694. 

Vous  aves  sans  doute  receu.  Monsieur,  les  29  11.  12  s.  que 
vous  avies  avancé  pour  M'  le  curé  de  Saint-Julien.  Depuis 
ce  temps-là  M'  vostre  frère  m'a  dit  que  M'  le  curé  de  Saint- 
Pierre  vous  devoit  le  prix  du  coffre  ou  esloint  les  livres.  Si  vous 
aves  la  boulé  de  me  faire  scavoir  à  quoy  il  monte,  je  le  luy  de- 
manderay,  et  ne  feray  pas  compte  avec  lui  du  port  que  cela  ne 

(4)  Ce  passage  servira  d'important  complément  à  la  note  très  laconique 
mise  par  M.  Fage  sous  le  nom  de  M.  des  Donnereaux,  dans  une  des  lel- 
Ires  par  lui  publiées,  du  10  juin  1694  {Bulletin  de  la  Société  des  Lettres, 
Sciences  et  Arts  de  la  CorrèsSy  livr.  janvier-mars  I88J,  p.  166,  note  1), 
et  ainsi  conçue  :  •  M.  des  Donnereaux  appartenait  à  une  famille  d*origme 
limousine.  » 

(a)  Baluze,  Armoires,  vol.  808,  f»  289. 


DKUX   COBKESPONDANTS  LIMOUSINS  DE  BALUZB.  337 

soit  fait,  il  vous  manque  aussy  ce  que  vous  avez  donné  pour  l'em* 
balage,  mais  je  ne  peux  faire  compte  de  Tun  que  je  ne  sache  l'au- 
tre; prenez  la  peyne  de  me  Tescrire. 

En  lisant  vostre  livre  des  papes  d'Avignon,  j*ay  remarqué  que 
dans  la  page  855  et  856  des  notes,  vous  dites  que  Nicolas  de  la 
Jugie  mourut  sans  enfans,  cependant,  j'ay  son  testament  du 
26  mars  1374  dans  lequel  il  institue  Isabelle  son  aynée,  pour  son 
héritière,  et  luy  substitue  en  cas  de  décès  sans  enfens  Eleonor  sa 
cadette,  et  eu  cas  de  décès  de  toutes  deux  sans  enfens  substitue 
plusieurs  de  ses  nepveux  graduelement  de  Tun  à  l'autre,  à  la 
charge  de  porter  nom  et  armes,  et  Tun  des  substitués  est  de 
Puydeval  (i),  comme  vous  aves  remarqué,  car  en  1402  j'ay  uu 
acte  par  lequel  uu  Jean  de  Puydeval  s'apelle  de  La  Jugie. 

Vous  avez  aussy  obmis,  que  ce  Nicolas  avoit  deux  sœurs,  une 
mariée  à  Puydeval,  et  l'autre  abesse  de  la  Règle,  il  est  vray  que 
vous  faites  mention  de  celle  de  Puydeval;  il  y  a  encore  quelqaes 
autres  petites  réflexions  que  je  n*ay  pas  encore  bien  digérées,  et 
que  je  vous  envoyeray  si  vous  le  trouvez  bon.  Je  crois,  Monsieur, 
que  vous  ne  serez  pas  fasché  que  j'ay  pris  la  liberté  de  vous 
escrire  cecy. 

Je  ne  répons  pas  à  une  lettre  que  j*ay  receu  de  M' de  Jayac(2) 
pax*  ce  Courier,  n'ayant  rien  à  lui  escrire  de  nouveau  après  ce 
j'ay  mis  dans  votre  lettre  de  jeudy  dernier. 

Je  suis  surpris  que  M'  d'Aix  n'ayt  pas  repondu  à  la  manière 
honeste  dont  vous  avez  parlé  de  sa  famille  dans  votre  livre  (3), 

(1)  Voy.  la  Monographie  du  château  de  Puydeoalj  par  M.  René  Page, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèxe^ 
3*  livraison  de  18S3,  juillet-sept.  (avec  tirage  à  part). 

(2)  Il  s* agit  de  Léonard  de  Jayac,  chanoine  de  Reims,  qui  fut  légataire 
de  la  Bibliothèque  d'Antoine  Faure,  notre  savant  compatriote,  laquelle 
fut  achetée  par  la  Bibliothèque  royale  et  remise  en  1701.  (V.  L,  Delislb, 
Cabinet  des  manuscrits^  t.  I,  p.  320  et  t.  HI,  p.  369.) 

Nous  trouvons,  en  effet,  dans  une  des  lettres  publiées  par  M.  Fage,  où 
il  est  très  souvent  question  de  M.  de  Jayac,  cette  mention  :  J'ay  aussy 
monstre  à  M.  Jayat  ce  que  vous  m*escrivez  qui  le  regarde,  il  vous  en  re- 
mercie. Il  a  esté  en  Limousin  pendant  le  voyage  de  M^  TÂrchevôque  de 
Reims.  Il  est  de  retour  depuis  lundi  dernier,  «c  Bulletin  de  la  Corrèze^ 
f883,  p.  570.  » 

(3)  Daniel  de  Gosnac,  nommé  à  Tarchevêché  d'Aix  en  1687,  préconisé 
senlemcnt  en  1693,  et  mon  en  1708. 

Voyez  la  Notice  que  M.  le  comte  Jules  de  Gosnac  a  mise  en  tête  de  Té- 
dition  qu'il  a  donnée  pourra  Société  de  V Histoire  de  France,  1852,  8  vol. 
in-8o,  des  Mémoires  de  Daniel  de  Cosnac. 

Du  Verdier  fait  allusion  aux  notes  de  Baluze  dans  son  ouvrage,  publié 


33^  SOClStlfc  AKGRÉOLOGIQUB   ET  BlSTORl'QOB   OU   LIMOUSIN. 

mais  oe  n'edt  pad  d'aujourd'huy  qUtô  Toug  d«t)9z  ^V6(r  que  ce 
n'est  pas  un  homme  capable  de  boaaeB  réS^xions. 

Gomme  le  commis  de  M' Jaucea  luy  envoyé  aujoahl'huy  uû 
ghos  ^aquîBt,  jo  me  sers  de  celle  occasioa  pour  vous  envoyer  une 
CDifFbre  que  J'ay  faiie  faii-e  icy  pour  pi*eseater  à  Madame  Villaull, 
ou  quoy  que  ce  soit  à  Mesdemoiselles  ses  fiUes,  oe  qui  m*em- 
barrasse,  c'est  qull  n'y  eu  a  qu'une»  et  comme  elles  soal  d^ux^ 
il  en  faudroil  une  autre,  mais  outre  que  je  n'ay  pa«  pu  «n  faire 
faire  une  autre  à  faute  de  fil  et  d'ouvrière,  c'est  que  je  suis  bien 
ayse  de  sçavoir  plutost  si  elle  est  à  leur  gré,  affin  que  si  elte  ue 
plait,  j'en  fasse  faire  une  autre,  et  si  elle  ne  plait  pas,  ou  qil'elles 
y  IrouveiU  du  deffaut,  qu'elles  me  le  fassent  sçavoir,  et  en  quoy 
on  doit  corriger  l'ouvrière  ;  si  elles  envoyoint  de  beau  fil,  je  leur 
fairois  faire  de  plus  bel  ouvrage.  Accomodez  sli  vous  plait  la 
chose,  comme  vous  jugeres  à  propos,  et  si  elle  est  à  leur  gré,  j'en 
envoyeray  bientosl  une  autre  (1).  Yostre  fiUot  vous  baise  les 
mains,  car  il  peu  déjà  vous  faire  ce  compliment,  et  je  suis  U)Ujours 
avec  respect,  Monsieur,  voslre  très  humble  et  Ires  obeissaût  ser- 
viteur et  nepveu.  Duverdibr. 

Après  ma  lettre  escrite  et  cachetée,  on  m'a  dit  que  le  prevosté 
de  Favars  vaquoit,  on  dit  qu'il  est  de  la  collation  de  l'abbé  de 
Beaulieu  (2),  c'est  à  une  lieu  de  Tulte,  quoy  qu'il  ne  vaille  guère; 
cependant  on  prétend  qu'il  pourroit  valoir  beaucoup,  je  vous  en 
donne  avis  pour  servir  ce  que  de  raison. 


ÎI.  —  DUVERDIBR   A   BaLUZE. 

AtttUe,  leS^jaln^rti. 

Je  vous  envoyeray  sans  faute,  Monsieur,  par  le  premier  cour- 
rier, l'argent  que  M.  le  curé  de  Sainl-Pierre  vous  reste,  des  ijne 
je  le  retireray  entre  cy  et  ce  temps  là. 

à  Paris^  en  4603^  sous  ^e  titre  :  VUœ  Paparum  Aœnionenèitun^  col.  I<M9- 
107S  et  U43,  H48. 

(I)  Tout  ceci  se  rattache  à  la  dentelle  limousine,  au  poiai  de  TtUe, 
^ai  eut  à  la  fin  du  xyii»  siècle  une  si  grande  vogue,  et  auquel  s'intéressa 
tant  le  patriotisme  local  de  Baluze.  Voir  à  ce  sujet  les  intéresants  détails 
donnés  par  M.  Fage  dans  son  introduction  précitée,  p.  543-545.  Voyez 
alasi  la  Notice  mr  le  Point  de  Tulle,  par  le  même,  BMetin  de  la  Société 
des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze,  4888,  t.  IV,  p.  417. 

{%)  Voyez  ee  que  nous  en  disons  à  la  note  %  de  la  lettre  suivante. 


DKOX  COftRKBPONbANTS  LlSlOU8tN$  D8  tALUZB.  399 

On  est  a^rès  à  collàtioùnBk'  bd  titreâ  de  Puydeval;  J'ëà  Aj  Ait 
coliationer  déjà  quatre  qtie  J'aVois  copié,  j^ëir  M.  le  curé  d*Orlhac, 
proûtaut  d'un  jour  de  séjour  qu'il  fit  en  ce  pays  la  sepmaine  der- 
nière, je  luy  fis  mesme  relire  deux  fois  le  mot  de  Leniveridj  dont 
Colin  de  la  Jugie  eslôil  seigdeur,  pour  voir  si  je  m'estois  trompé, 
car  vous  mettes  dans  vos  notes  qu'il  estoit  seigneur  de  la  Vineria 
et  il  y  a  trouvé  comme  moi  de  Leniveria. 

Quand  ces  actes  seront  parâchtevés,  je  vous  les  envoyeray. 

Mon  petit  Mimi  se  porte  bien,  il  vous  baise  lès  mains. 

M.  Baluze  est  à  Gorreze  pour  secourir  M.  Plàsàe(l)  qui  est  Tort 
mal;  peut  estre  ne  reviendra-t-il  pas  d'àujourd'huy. 

Je  suis  toujours  et  avec  respect,  Monsieur,  vostre  très  humble 
él  très  obéissant  serviteur  et  nepveu. 

DùVBRDIBR. 

L'avis  dé  Favars  est  inutile,  cela  dépend  de  Tàbbé  de  Heau- 
lieù  (2),  (Jùi  est  dfe  là  maison  de  Saidt-Viance  [S) y  et  qui  y  a 

(1)  11  s'agît  selon  toute  apparence  du  chevalier  Fiasse,  dont  il  est  ques- 
tîob  dans  une  lettre  de  Balaze  à  Duverdier,  publiée  par  tt.  Fage  {ÉuîL 
de  la  Société  des  lettres,  sclencea  et  art»  de  ta  Corrèze,  liSS),  p.  )S7), 
lettre  du  18  mars  1690  :  «  ....  Je  crois  que  M.  le  chevalier  Plasse  sera  à 
Roebefôrt  lèrsq^ie  vous  y  artiverez,  et  il  vous  fera  voir  to^ites  choses  bien 
aysément.  » 

(î)  Arrondissement  de  Brive  (Corrèze),  «  petite  ville  sur  la  Dordogne, 
à  Teitrémité  da  diocèse  »,  dit  le  Mémoire  de  Beraage^  édit.  Leroux,  toc. 
cU,f  p.  184,  n**  4.  Le  mémoire  menlionne  que  Beaulieu  possédait,  au 
xvii*  siècle,  une  abbaye  de  Bénédictins  de  la  congrégation  de  Saint-Maur. 
Voy.  au  sujet  de  cette  abbaye  la  courte  notice  de  M.  Tabbé  Roy-Pierre Btte, 
))Qbliée  dans  Buïletin  de  la  Société  historique  et  littéraire  du  Bas- 
LImottaûi,  1. 1  (seul  paru,  deux  livraisons),  1857,  p.  47;  et  au  tome  X, 
p.  i67,  de  notre  BuUetin,  le  compte-rendu  par  M.  d'Hugues,  du  cartnlaire 
de  Tabbaye  de  Beaulieu  et  la  savante  préface  de  la  publication  dé  ce 
eartvdaife  •pay*  M.  Mkïîmin  Deloehe,  de  Tliastilut,  dans  ta  OoUectioa  des 
IXocument»  inédits,  4859. 

(3)  Saint-Viance,  arrondissement  de  Brive  (Corrèze).  «  La  terre  de 
Saint-Vianee,  nous  dit  le  Mémoire  de  Bernage  (Lehoux,  p.  940)  appartient 
[xvii*  siècle]  au  marquis  de  ce  nom,  qui  s'appelle  Phiiix.  U  a  servy  autre- 
fois avec  distinction  et  se  retira  à  cause  d'une  blessure  qu'il  reçut  en 
Catalogne,  servant  sous  M.  dé  ^Ifond.  Sa  Majesté  Ta  gratifié  d'une  pen- 
sion de  I  ,"^0  livres.  * 

M.  Leroux  ajoute  en  note  :  «  Charles  Phiiix  de  Saint-Yiance  n'est  pas 
autrement  connu  que  par  ce  passage.  Son  sixième  frère,  Louis  Phelip, 
mentionné  plus  loin,  fut  gouverneur  du  château  de  Cognac  et  mourut  en 
1716,  à  l'âge  de  quàtre-viogl-deux-ans.  Le  commandeur  de  l'ordre  de 
Malte  s'appelait  Jean  »  {NobU.  de  la  génér.). 


340  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   BISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

pourveu;  et  mesme  M.  de  Tulle  a  déjà  doané  soq  droit  à  M.  de  la 
Farge,  eo  cas  que  le  bénéfice  dépende  de  luy. 


III.    —   DUVERDIER   A   BaLUZE    (1). 

Je  vous  escrivis  demieremeat,  Monsieur,  que  M.  l'abbé  de  la 
Farge,  chanoine  de  cette  église,  avoit  esté  pourveu  du  prevosté 
deFavars  par  M.  deTuUe,  et  que  le  curé  de  Favars  avoit  esté 
pourveu  par  M.  de  Saint-Viance,  abbé  de  Beaulieu.  Je  ne  sçay 
s'ils  ont  pris  possession,  mais  je  m'en  informeray. 

Je  repondray  à  M.  de  Jayac  par  le  premier  courrier  et  lui  feray 
tenir  sou  argent  par  la  première  voye  qui  me  tombera  en  main, 
si  non  je  prendray  une  lettre  de  change  pour  Paris  ;  au  reste, 
vous  pourres  luy  dire  par  advance  qu'il  s'est  trompé  quand  il 
croit  qu'on  luy  a  fait  payer  toutes  les  décimes  de  1693.  Car  le 
mot  de  quotité  qui  est  dans  la  quittance  que  j'ay  donnée  ne  veut 
dire  qu'une  partie  du  total,  joint  qu'il  y  a  dans  la  quittance 
la  quotité  dont  il  pouvoit  estre  tenu,  et  s'il  avoit  calculé  l'argent 
que  j'ay  receu,  il  verroit  bien  qu'il  ne  se  monte  que  cela  pour  sa 
part. 

J'ay  deux  titres  fort  anciens,  un  du  samedy  ante  ascensionem 
Domini  anno  miUesimo  ducentesimo  nonagesimo  nono,  et  l'autre 
deux  ou  trois  ans  après;  un  desquels  est  un  hommage  rendu  à 
Rigual,  seigneur  de  Sarran,  pour  le  village  de  Salvanes,  par  uq 
nommé  Guillelmus  Judei  parrochianus  de  Serran^  et  l'autre  ud 
rachat  dudit  village  fait  par  un  certain  Jacques  d'Anguoilesme, 
comme  estant  au  lieu  de  Guillaume  Judei,  Je  vous  escris  cecy. 
Monsieur,  pour  vous  dire  que  j'ay  conjecturé  que  ce  GuilUlmus 
Judei  pourroit  bien  estre  de  ces  messieurs  de  La  Jugie^  à  cause 
de  la  proximité  du  lieu  de  Sarran  et  d'Eyren,  les  deux  paroisses 
estant  presque  limitrophes,  et  du  nom  de  Judeus  à  Judicis  ou  de 
Jitdicia,  car  la  difierence  de  les  exprimer  en  latin  vient  de  la  ma- 
nière dont  chacun  des  notaires  le  concevoit,  et  pour  expliquer  en 
bon  limosin  le  mot  de  Judseus,  on  dit  encore  Jusio  et  Judicia, 
Oojugio,  ce  qui  n'est  guère  différent. 

Si  ces  titres  pouvoint  vous  servir,  je  vous  les  envoyerois  volon- 
tiers, mais  vous  n'y  trouvères  que  cela  qui  fusse  pour  vous. 

(4)  Cette  lettre  n'est  pas  datée,  mais  elle  doit  être  placée  immédiatement 
après  la  précédente,  car  son  début  a  le  môme  objet  que  la  fin  de  la  lettre 
du  3  juin  1694. 


DfeUX  COnRltSt>ONDANtS  LIUOCSINS  DE  ËALUZB.  34 1 

Si  je  voulois  exprimer  ea  bon  et  vieux  limosia  Guillelmus 
Judei,  je  dirois  Guillaume  de  Jusio,  ce  qui  se  raporte  beaucoup 
au  mot  de  Jugie. 

Je  vous  envoyé  une  lettre  que  Mademoiselle  Louise  (1)  m'a 
envoyée  pour  vous. 

Vostre  flllol  se  porte  bien,  grâces  à  Dieu;  il  est  si  plaisant 
el  paroit  avoir  déjà  tant  d'esprit  que  c'est  un  petit  miracle  de  le 
voir. 

Je  ne  sçay  coment  mesdames  Villault  auront  trouvé  la  coefuro 
ny  si  elle  sera  bien  conservée,  je  voudrois  pourtant  bien  sçvaoir 
coment  elles  sont  contentes  de  cet  ouvrage. 

Je  suis  toujours,  avec  respect,  vostre,  etc. 


IV.    —   DUVBRDIER    A    BaLUZE    (2). 


A  Tulle,  le  5«  aousll694. 

J'ay  donné  ordre.  Monsieur,  pour  avoir  coppie  des  provisions 
du  prétendant  au  prevosté  de  Favars,  mais  il  y  a  deux  jours 
qu'il  a  paru  une  autre  personne  qui  est  venue  demander  un  visa 
sur  une  provision  de  Rome,  admise,  m'a-t-on  dit,  sur  la  rési- 
gnation du  dernier  titulaire  ;  j'en  auray  copie  de  mesme  et  vous 
envoyeray  le  tout. 

Le  chanoine  de  Fraysse  se  porte  bien  a  présent,  mais  son 
grand  aage  et  quelques  faiblesses  qu'il  avoit  eues,  faisoint  crain- 
dre pour luy. 

Nous  avons  trouvé  parmy  les  papiers  que  j'ay  fait  voir  au  P. 
Pradilhon  le  contrat  de  mariage  d'Estienne  L'Estang  avec  Louise 
Jugé.  J'ay  cru  que  vous  ne  séries  pas  fasché  de  l'avoir  et  je  le 
copie  pour  cela;  il  est  de  l'an  1539  et  il  paroit  par  la  que  ces  Mes- 
sieurs estoint  de  petite  extraction  et  d'un  costé  et  d'autre,  car  un 
Linet  apoticaire  y  traitte  pour  MM.  de  Jugé,  comme  tuteur  de 
Sebastien  de  Jugé,  et  du  costé  de  L'Estang,  il  prend  la  qualité 
d'advocat  en  parlement  de  Bourdeaux. 

Je  viens  de  recevoir  vostre  lettre  et  m'acquiteray  avec  plaisir 
de  ce  que  vous  m'ordonnes  a  l'égard  du  P.  Pradillon. 

{{)  Louise  Baluzc,  nièce  de  riiislorien  el  belle-sœur  de  du  Verdier, 
cette  intéressante  personne  à  qui  était  destinée  une  émeraude  que 
Baluze  avait  fait  acheter  par  Tabbé  Boyer  (lettre  publiée  par  M.  Page,  op, 
eU.,  p.  495  du  BuU,  de  la  Corrèze  de  1883). 

(î)  Armoires,  vol.  «98,  f«>  49, 


34i  SOCIÉTÉ  AflCflÉOLQQfVtUfe  ^T   aiST0^1(^U9   DU   L|VOUSlN. 

Jç  r^u4^^y  coqpte  à  M.  da  <[4yac  de  c^  que  vous  a)'^scri¥és 
tQl^çI^ftnt  le  prevosté  (le  SâiDt-@^Wa({Qi|r^  mais  je  prQi3  q^i'qp  ^ 
trompe  de  dire  qu'il  vaut  700  livres  ;  il  seroit  boq  ^]\q  yoiis  iq^ 
m^nda^siés  d^qs  quel  epdroit  e^t  situé  le  l^eneâce  de  Bf.  0e 
Jayac,  de  quelle  nature  il  est,  et  de  quel  revenu,  c^f  p^u|  eçtre 
trouvepQit-il  à  permuter  p}us  aysément  si  on  le  scavoit,  et  on  luy 
dQuneroit  de  meilleures  instructions  pour  cella. 

  propos  de  permutation,  M.  de  Faussebrune  qui  a  eu  la  tréso- 
rerie de  TuUe^  en  vertu  de  son  induit,  veut  ou  (loit  vQulqir  s'en 
deffaire;  si  quelquun  de  vostre  cognoissance  i^voit  uq  petit  \)ene- 
fice  simple  à  luy  donner,  je  pense  qu'oq  aqroit  son  droit  ^sses 
facilement,  le  bénéfice  vaut  7  ou  800  livres  et  est  logé  ;  j'avois 
pensé  que  si  M.  Tabbé  Muguet  vouloit  se  fixer  en  ce  pays  il 
pourroit  permuter  le  bénéfice  que  vous  luy  douâtes  et  qui  est  de 

peu  de  valeur,  comme  vous  me  dites,  avec [déchiré] 

Vous  y  penserés,  «t  M.  de  Jayac  qui  connoit  ce  M.  de  Fausse- 
brune  vous  dira  qui  i\  est. 

Il  a  vaqué  icy  depuis  peu  un  petit  bénéfice  de  40  escus  dont  la 
collation  appartenoit  a  feu  M,  de  Glermont  de  Castehiau  ;  on  dit 
que  M.  de  Sessac  comme  substitué  y  a  nommé,  cependant  on 
prétend  qu'il  n'a  pas  droit,  car  ou  dit  que  la  substitution  luy  est 
contestée  et  que  M.  de  Bonzi  y  a  droit;  je  ne  scais  cella,  comme 
vous  voyes,  que  confusément,  il  s'appelle  le  prieuré  de  Mon 
Camp,  ordre  de  Saint-Benoit.  On  vint  hier  demendar  un  visa  à 
M.  de  Tulle  dans  le  temps  que  j'eslois  avec  luy  pour  ce  boa^fice 
sur  une  provision  de  Rome,  et  oeluy  qui  le  demanda  dit  qu*il 
avoit  une  provision  de  M.  de  Sessac  aussy,  m^is  qu'on  luy  avait 
conseillé  d'en  prendre  une  do  Rome.  Il  vaque  par  la  mort,  d'un 
certain  M.  Dudrqt,  cy-devant  pure  de  MercfBur,  et  mort  à  Guise 
depuis  le  mois  d'avril  à  ce  qu'on  assure,  c'estoit  son  pays  uatal. 

Mon  petit  Mimy  vous  présente  ses  respects. 

Je  suis  toujours  avec  respect,  Monsieur,  vostre,  etc. 


V.    —   DUVERDIER   A   BaLUZE   (I). 

A  ÎMlle,  le  19'ao4Stl694. 

J'ay  trouvé  un  acte.  Monsieur,  p^riniy  les  papiers  de  Puydeval 
qui  est  passé  entre  Denis  de  Puydeval  et  Marc  Groing,  çpmoie 

(I)  Armoires,  vol.  198,  f»  33. 


DEUX    CORRESPONDANT^  LIKQUSINÇ  DE  BALQZS.  343 

procureur  de  Giles  de  Malesec,  seigneur  de  Chastelus  de  Tau 
1512,  au  sujet  de  la  Constitution  dotale  de  Blanche  de  Malesec, 
mère  de  Denis,  sœur  de  Qiles,  et  fille  de  Pierre  de  Malesec,  sei- 
gneur de  Chastelus,  dans  lequel  la  vente  de  la  seigneurie  de 
Malesec  est  éjnpuqée  faite  p^r  )e  dit  Giles  à  Jean  do  Neufville; 
ainsi,  Monsieur,  il  y  a  apparence  que  nous  devinerons  où  est  ce 
lieu  de  Malesec  dont  vous  aves  esté  en  peyne,  car  je  m'en  infor- 
meray  à  ceux  qui  ont  soin  des  affaires  de  M.  de  Neufville  pour 
scavoir  si  elle  est  encore  dans  les  dependences  de  la  terre  de 
Neufville. 

Cependant  si  vous  aves  quelque  habitude  du  costé  de  Gueret, 
vous  pouvés  scavoir  de  Messieurs  de  Chastelus,  qui  demeurent 
dans  ces  quartiers,  des  nouvelles  de  cette  famille  ;  il  y  a  un 
Gomendeur  de  Chastelus  qui  est  homme  de  mérite,  je  m4nfor- 
meray  aussy  de  mon  costé  de  ce  que  je  pourray  découvrir  de 
cela;  c'est  apparament  ce  qui  a  donné  lieu  à  Terreur  de  ceux 
qui  font  venir  ce  cardinal  de  la  Marche,  parce  que  la  famille  de 
Chastelus,  qui  est  celle  de  ce  cardinal,  habite  en  ce  pays-là. 

J'ay  fait  une  réflexion  sur  vostre  livre  qui  a  esté  du  goût  du 
P.  Pradilhon  ;  c'est  que  vostre  table  est  faite  sur  les  noms  de 
baptême  (1),  ce  qui  la  rend  malaysée,  au  lieu  que  si  vous  l'avies 
faite  sur  les  noms  de  famille  elle  seroit  très  commode,  car  tout 
le  monde  scail,  par  exemple,  le  nom  de  Malesec,  mais  peu  scavent 
que  ce  cardinal  s'appeloit  Guy;  ainsi  quand  il  faut  chercher  ce 
cardinal,  il  faut  feuilleter  toute  la  table  ou  scavoir  qu'il  s'appe- 
loit  Guy  ;  je  crois  que  vous  agreeres  que  je  vous  fasse  part  de 
cettR  petite  reflexion. 

Mimy  vous  présente  ses  respects  ;  il  fait  tellement  la  guerre  a 
l'avis  de  Verdun  que  vous  me  donnâtes  pour  luy  il  y  a  deux  ans, 
qu'il  commence  a  finir. 

J'attendois  le  courrier  pour  fermer  mon  paquet,  mais  il  ne 
vient  pas. 

Je  suis,  etc. 

(4)  Au  xvn'  siècle,  les  noms  de  baptême  avaient  une  importance  pré- 
pondérante pour  rétablissement  des  tables  dans  Tordre  alphabétique,  car 
nous  relevons  dans  une  lettre  de  La  Monnoye  que  nous  publions  en  ce 
moment  dans  le  Bulletin  du  Bibliophile  (depuis  le  dépôt  de  notre  manus- 
crit à  Timpression,  cette  lettre  a  paru  dans  le  Bullet'n^  livraison  de  juillet- 
août  1889,  p.  350}  :  a  Dijon,  le  it  mars  1695.  Vous  voulez  bien,  Mon- 
sieur, que  je  vous  demande  des  nouvelles  de  votre  santé  et  de  ma 
procuration.  Comme  en  vertu  de  mon  nom  de  batéme,  je  suis  à  la  lettre 

B  [Bernard],  je  dois  estre  des  premiers  payés >•  (Bibliolb*  nation., 

Nouo,  acquiait,  franc,,  vol.  563,  f>  106). 


344  SOCIÉTÉ  ABCHÉOLOGIQUE  CT  HISTORIQOB  DU  LIMOUSIN. 


VI.    —  DUYERDIBR   A  BALUZB  (1). 


A  TuUe,  le  40»  septembre  4694. 

J'ay  pris  parmy  les  papiei-s  de  Sainle-Fortunade,  Monsieur, 
un  vieux  parchemiu  de  Tao  1419  qui  coatient  une  assemblée 
tenue  en  ce  temps  là  dans  la  cathédrale  de  Tulle  par  diverses 
personnes  de  qualité  du  Limosin  pour  lever  la  somme  de  24000 11. 
sur  le  Limosin  pour  chasser  les  Auglois  du  chasteau  d*Aubero- 
que  et  d'autres  chasteaux  qu'ils  teuoient  en  Perigord  et  dans  le 
voysinage,  sur  la  resolution  qu'il  en  avoit  e^té  prise  par  les  sei- 
gneurs de  Ventadour,  de  Comborn,  de  Peyrusse,  de  Maumont, 
de  Faucher,  etc.  J'ay  cru  que  vous  ne  seriez  pas  fasché  d'avoir 
une  copie  de  ce  titre,  et  c'est  pour  cela  que  je  Tay  retenu. 

Le  prevost  de  Saint-Salvadour  est  en  province,  j'ay  prié  une 
personne  de  s'informer  de  luy  vaguement  s'il  voudroit  permuter 
avec  un  bene&ce  qui  seroit  plus  près  de  luy  et  de  donner  un 
estât  de  son  contract  de  ferme;  il  m'en  doit  rendre  compte  dez 
qu'il  viendra  en  ville,  je  ne  luy  ay  nommé  personne,  si  le  béné- 
fice estoit  à  M'  de  Jayac,  je  lui  ferois  donner  un  bon  fermier, 
mais  on  me  dit  qu'il  ne  vaut  pas  300  11.  à  M.  le  prevot,  quand 
j'en  seray  mieux  eclaircy  je  vous  en  dirai  davantage.  M.  le  pre- 
vost de  Pompadin  fut  installé  hier  en  sa  charge  de  président,  on 
fit  valoir  dans  sa  présentation  ses  alliances  dont  vous  faites  men- 
tion dans  voslre  livre. 

Mimi  vous  fait  ses  petits  compliments  et  je  suis  toujours  avec 
respect.  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur 
et  nepveu. 

DUVERDIBB. 

Adresse  :  Monsieur,  Monsieur  Baluze,  à  Thostel  Golbert,  Paris. 


VU.  — Ddverdier  a  Baluze  (2^. 

A  Tulle,  le  14  avril  1995. 

J'ay  donné  à  M.  vostre  frère,  Monsieur,  une  partie  des  titres 
de  Puy-de-Val,  pour  les  mettre  dans  un  paquet  qu'il  a  dessein  do 

(4)  Armoires,  vol.  308,  f«  .  Î93. 
(2)  Armoires,  vol.  808,  f«  291. 


DBUX   C0ERS8t>0NDANTS  LIMOUSINS   DE  BALUZB.  345 

douaer  à  M.  Gaye  (1),  (}ui  part  demain  pour  Paris  avec  M.  Tévé- 
que,  vous  y  trouverez  le  testament  de  Nicolas  de  la  Jugierdu  26' 
mars  1374,  le  mariage  de  Jaques  de  la  Jugie,  de  Tau  1313,  le 
mariage  de  Marie  de  Puydeval  avec  Raymond  de  Bouchiac,  du 
2^  aoust  1352,  et  le  mariage  d'Eymard  de  Puydeval,  du  12*  juil- 
let 1426.  J'y  en  aurois  mis  davantage,  si  M.  Gaye  eust  voulu 
s'en  charger;  je  vous  prie,  dès  que  vous  les  aurez  copiés,  de  me 
les  renvoyer  par  la  première  voye  assurée  qui  se  trouvera. 

Mimy  vient  de  charger  M.  Gaye  de  vous  faire  des  compliments, 
il  alla  hier  en  pleine  rue  attaquer  M.  de  Tulle,  à  qui  il  dit  fort 
hardiment  qu'il  le  prioit  de  faire  ses  besemains  à  son  parrain, 
M.  de  Tulle  le  ât  arrester  et  prescher  au  milieu  de  la  rue,  ce 
qu'il  fit  de  bonne  grâce,  il  a  mille  boutez  pour  luy  et  le  caresse 
partout  où  il  le  trouve,  aussy  bien  que  M^^*  Descerleaux,  sa 
niepco,  qui  ne  manque  pas  de  le  faire  porter  dans  sa  chambre 
quant  il  va  à  Sainte-Ursule,  cela  me  fait  plaisir  de  voir  qu*il 
soit  aimé  de  tous  ceux  qui  le  voyent,  et  je  vous  le  mande  parce 
que  je  sçay  que  cela  vous  en  fera. 

Je  suis  toujours  avec  respect,  Monsieur,  vostre  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur  et  nepveu. 

DUVERDISR. 


(1)  Au  sujet  de  M.  Gaye,  nous  trouvons  dans  les  notes  de  M.  Page  (/oc 
cit.  p.  194,  note  \)  cette  simple  mention  :  «  M.  Gaye,  compatriote  de 
Baluze  et  de  du  Yerdier.  » 


T.  xxxvu.  Î3 


iNVENTAlRB 

D'ETIENNE  AUDEBERT  DE  FONMAUBERT 

A  BEI-LAC   (Hauxe-Vienne) 


En  1741,  mourait  à  Bellac  «  M*  Estienne  Audebert,  avocat,  con- 
seiller du  roy  en  ce  siège  et  son  procureur  à  la  police  de  celte 
ville  (1)  ». 

On  fit  aussitôt  Y  «  inventaire  des  meubles  et  effects  »,  «  dans  les 
trois  maisons  sises  en  cette  ville  »,  à  la  demande  de  la  veuve  et 
des  enfants.  Cet  acte,  sur  papier  timbré,  de  forraat  in-folio^  forme 
un  cahier  de  94  pages.  J'ai  fait  cadeau  de  l'origioal  à  la  Société 
archéologique  du  Limousin,  à  qui  j'offre  maintenant  des  extraits 
avec  un  conmientaire,  car  une  partie  seulement  mérite  d'être  repro- 
duite. 

(1)  «  Item,  ledit  sieur  Âudebert  de  Fonmaubert  nous  a  représenté  les 
provisions  de  procureur  du  roy  en  la  police  de  celte  ville,  accordées  par 
Sa  Majesté  audit  feu  sieur  Audebert,  son  père,  donné  à  Versallle  le  douze 
avril  Tan  de  grâce  mil  sept  cent,  signé  sur  le  reply  :  Par  le  roy,  Remy, 
et  ensuite  est  écrit  :  M^  E^sjjienney  dénommé  aux  présentes  lettres^  a  esté 
receu  en  testât  et  office  y  mentionné  et  fait  le  serment  accoustumé,  juré 
fidélité  au  roy,  suioanl  Varrest  de  ce  jour  à  Paris  en  Parlement,  le  oingt- 
clnq  mai  1700 ^  signé  :  Dutillet.  Et  lesquelles  provisions  ont  estées  enre- 
gistrées au  bureau  des  finances  de  la  généralité  de  Limoges,  le  dix  février 
mil  seplcentdeux,  signé:  Daché,  greffier;  auxquels  provisions  sont  joint 
la  quittance  de  finance  du  trésor  royal  accordée  audit  feu  sieur  Audebert, 
pour  ledit  office  de  Procureur  du  roy  de  cette  ville,  montant  la  somme  de 

deux  mille  livres Plus  les  provisions  anciennes  et  nouvelles  et  antres 

pièces  ce  concernant  de  l'office  de  conseiller  du  roy  au  siège  royal  de 
cette  ville,  par  luy  acquis  des  héritiers  de  François  de  la  Coudre,  sieur 

des  Ouchéez Item  la  sentence  de  réception  faite  en  la  susdite  charge 

par  ledit  sieur  Audebert  au  présidial  de  la  Marche,  à  Guéret  »  (p.  49-50). 


INVRNTAIIIK   D*iTlBNNK  AUDBBSRT   D£  FOHIIAUBBI.T.  347 

Etieime  eut  quatre  femmes,  comme  il  résulte  des  contrats  (}e 
mariage  :  Marguerite  Charon  (1689),  Glaire  Buissûn,  Marie  Marot 
(1696),  et  Jeanne  Brucbard  de  la  Pcqnélie  (1738),  qui  est  quaMâée 
«<  donnataire  et  douairière  ». 

Ses  frères  étaient  :  François  Audebert,  mort  eu  1705  et  «  Charles 
Audebert  de  la  Borde,  garde  de  Sa  Majesté  »,  décédé  en  4734. 

Ses  enfants  sont  au  nombre  de  quatre  :  Gervais  Audebert  de 
FoiiHiaubert  (1),  «  lieentier  ez  Mx  »;  Françoise,  qui  résidait  «  à 
Poitiers  au  couvent  des  dames  religieuses  de  Notre-Dan^  dudit 
Poietiers,  paroisse  de  Saint-Didier  »;  Marie-Ignace,  ?eligieusa  au 
même  couveiU  ;  et  Marie-Glaire,  «  fille  mineure  du  second  mtriage 
avec  dame  Glaire  Buisson  »,  fille  elle-même  de  Jeaa-Bvaptiste  Buis- 
son, avocat,  sieur  de  Vaugelade  (â)  et  de  Marie  Nouique.  Fr^çoise 
se  dt  représenter  par  <c  messire  Léonard  Géuébrias,  prêtre,  prieur 
delAgudet  »,  moyennant  un  acte  passé  par  «  Darbaui  et  DecressAC, 
notaires  royaux  gardes  scel  à  Poitiers  »  ;  Marie,  par  le  même, 
c<  son  parent  germain  »  et  «  curateur  ». 

L'inventaire  fut  long,  on  y  employa  près  de  trois  mois.  L'exper- 
tise fut  faite  par  «  M*  Léonard  Bessonneau,  sieur  des  Gorces, 
bourgeois  de  la  ville  du  Dorât  ». 

La  maison  habitée  par  le  défunt  était  sise  à  BeUac,  «  grand'rue  », 
»  paroisse  Notre-Dame  ».  Dans  le  «  cabinet,  atenant  àuacoin  de  la 
salle  »,  étaient  les  «  papiers  »  :  on  rouvrit  avec  une  «  def  femeUe  (3) 

(4)  Etienne  et  sa  fille  Marie  signent  Audebert  tout  court,  Iç  fiJs  aîné 
Servais  ajoute  4  son  nom  de  Fonmaubert^  qu'il  orthographie  Fomolfert, 
tandis  que  le  notaire  écrit  plus  correctement  Fontnaubert  et  ei^coption- 
nellement  Fonmauber. 

Q  Item  deux  sacs  remplis  de  papiers  concernant  les  titres  et  documents 
du  lieu  de  Fonmaubert  »  (p.  85). 

(2)  «t  Item,  deux  grosses  d'acquisition  du  moulin  de  Yaugetlade,  la 
première  consentie  par  François  Génébrias,  marchand,  au  proffit  de  Pieric 
Buisson,  greffier,  en  date  du  vingt-six  septembre  mil  six  cent  quarente-six 
et  la  seconde  consentie  par  Françoise  Mallebay,  veuve  de  feu  Jfacques 
Génébcias,  an  proffit  dudit  M^  Pierre  Buisson,  en  datte  du  vingt-quatre 
novembre  mil  six  cent  quarenle-sepi  »  (p.  01). 

(3)  Clef  femelle  est  employé  partout  par  les  serruriers  pour  désigner 
celle  dont  le  canon  est  percé,  par  opposition  \  la  cUj  mâle,  dont  le  canoji 
est  plein. 

te  Compte  de  Vœuore  de  la  cathédrale  de  Chartres^  en  14J^^  dit  indif- 
férenuneot  clef  creuse  o.u  forée  :  «  Pour  3  clefs  pour  les  3  huis  du  cuer 
de  l'église,  dont  Tune  d'icelles  est  creuse.  Pour  une  clef  creuse  ppvr  une 
des  portes  de  Téglise.  Pour  une  clef  forée  de  Thuys  par  où  l'en  descend 
dessoubsi  les  cloches.  Pour  une  serrure  et  uue  clef  forée,  mi^e  et  ^sise 
en  une  des  fenestres  de  la  tourelle  de  chappilre  n  (^uZf.  arc^'  du  Com»  dfi$ 
Xrao.  hiet.^  1889,  p.  48,  49,  83,  90. 


;U8  SOCIÉTÉ  ARCoéoLÛÛlQUE   BT   B18T0RIQCS   DU  LIMOUSIN. 

et  uzée  par  le  bout  »  et  Ton  y  trouva  des  contrats  d*acquisition, 
de  vente,  d'arrentement,  d'échange,  de  transaction  ;  des  mémoires, 
des  pièces  de  procédure,  de  signification,  de  désistement,  d'investi- 
ture, de  consignation,  de  ferme,  de  déclaration,  arpenlement,  etc. 

Parmi  les  «  titres  »  et  «  enseignements  »,  les  suivants  ont  un 
intérêt  local  et  généalogique  : 

1581.  Testament  de  Jean  Charon,  «  procureur  du  roy  ». 

1676.  Testament  de  «  M"  Pierre  Charon,  novice  aux  Feuillants 
de  Saint-Honnoré  à  Paris  »,  tous  les  deux  frères. 

1695.  c<  Partage  des  domaines  et  effets  mobiliers  des  successions 
de  deffunts  M*  Livier  Marot,  sieur  de  Nerboneau  et  dame  Francoyse 
Guérinet,  son  épouze  ».  Le  frère  de  Livier  était  «  Charles  Marot, 
prêtre,  curé  de  Saint-Pierre  de  Bougon  »,  qui  partagea  en  4695 
avec  «  demoiselles  Françoise  et  Marie,  ses  sœurs  ».  Françoise  Gué- 
rinet était  fille  de  «  M"  Pierre-François  Guérinet,  sieur  des  Combes 
de  la  Ville  Dieu  de  Comblet,  paroisse  de  Saint-Easne  (1)  »  (p.  32). 
Françoise  Marot  épousa  «  M"  André  Brie,  advocat  en  parlement, 
juge  sénéchal  de  la  terre  et  seigneurie  de  Pamproue  »  (p.  33j  (2). 

1710.  Testament  de  Joseph  Charon,  «  sieur  de  la  Borde,  con- 
seiller du  roy,  son  procureur  au  siège  royal  de  cette  ville  »  (Bellac), 
enfermé  «  dans  une  cassette,  couverte  d'écarlate,  garnie  de  petits 
doux,  fermant  à  clef  ». 

1710.  «  Item  un  acte  de  vente,  concernant  le  plassage  d'un  ban 
en  Téglize  de  cette  ville  par  Pierre  et  Jean  Papon,  marchands  bou- 
chers et  autres,  en  faveur  dudit  sieur  Estienne  Audebert,  en  date 

du  vingt-deux  octobre  mil  sept  cent  dix ,  auquel  est  joint  une 

grosse  d'acte  du  trente  un  mars  mille  sept  cent  onze,  passé  entre 
M"  Jean  de  la  Coste,  curé  de  Saint-Sauveur  et  Notre-Dame  dudit 
Bellac  et  autres  sieurs  prêtres  et  fabriciens  de  lad.  églize,  portant 
fondation  de  vingt  sols  par  chascun  an  à  la  fabrique  de  lad.  église  » 
(p.  38). 

1719.  «  Item  un  acte  double,  soubz  signature  privée,  passé  entre 
la  Révérende  dame  de  Boismorin,  supérieure  du  couvent  des  reli- 
gieuses de  Notre-Dame  de  la  ville  de  Poitiers,  avec  dame  Marie- 

(4)  Saint-Eanne,  canton  de  Saint-Maixent  (Deux-Sèvres).  Pamproux  cl 
Bougon  sont  dans  le  môme  département. 

(«)  II  est  encore  ailieurs(p.  33)  question  du  Poitou,  a  Partage  privédedeux 
petites  portions  de  jardins,  sictuées  à  la  Villedieu  en  Poitou,  entre  Icd. 
sicur  Audebert  et  François  Chabot»  (1714).—  «  Ferme  consentie  par  Icd. 
sieur  Estienne  Audebert  à  François  Chabot,  sicur  de  la  Barotinière»  (4717). 
—  «  Reconnaissance  de  deux  boisseaux  fromant  de  rente  par  Michel 
lîrssau,  meusnier  du  moulin  du  Petit  Ratel,  paroisse  de  la  Mothe  Sainte- 
Héreie,  en  faveur  dud.  sieur  Audebert  »  (1794). 


INVBNTAIRB   D^ÉTIENNE   AUOEBRRT    DE   FONHAUBERT.  3i9 

Ignace  Audebert  et  led.  feu  sieur  Estienne  Audebert,  son  père,  en 
date  du  quatre  juin  mil  sept  cent  dix  sept,  concernant  la  prise 
d'habit  et  profession  de  lad.  dame  Audebert;  ensuite  duquel  acte 
privé  est  une  quittance  de  la  somme  de  trois  mille  livres  pour  la 
dotation  monacalle  de  lad.  dame  Audebert  en  date  du  trois  juillet 
mil  sept  cent  dix-neuf  »  (p.  36). 

1720.  «  Inventaire,  attaché  par  deux  épingles  ». 
«  Item,  s'est  trouvé  des  mémoires  concernants  Tusage  des  billets 
de  banque,  ayant  inclus  un  bordereau  écrit  de  la  main  dud.  feu 
sieur  Estienne  Audebert,  comme  il  a  remis  au  bureau  de  M'Estienne 
notaire,  pour  la  somme  de  mil  sept  cent  cinquante  livres  de  billets 
de  banque  »  (p.  51). 

«  Item,  un  livre  de  raisons,  relié  en  parchemin,  contenant  quatre 

vingt-trois  feuillets  et  un  demy ,  commençant  :  Table  des  procès 

de  la  maison  ».  (p.  53)  (1). 

«  Item,  un  livre  journal  dud.  feu  sieur  Audebert,  commençant  sur 
le  premier  feuillet  de  Tenveloppe  :  Sit  nomen  Domini  benedictum; 
ensuite  est  un  chiffre  mil  sept  cent  dix  et  au  dessoubz  écrit  de  la 
main  dud.  feu  sieur  Audebert  :  Papier  journal  des  ventes  et  achapts 
des  bestiaux  des  maitéries,  comtes  des  métajers,  fermes  »  (p.  28). 

«  Item,  un  autre  livre  ou  mémoire,  commençant  par  ces  mots  : 
Registre  des  procès  de  la  maison  »  (p.  29). 

«  Item,  un  autre  livre,  relié  en  parchemin,  contenant  deux  cent 
trente-six  feuillets,  concernans  les  Receptes  des  rentes  dues  à  la  mai- 
son »  (p.  30). 

«  Item,  un  livre  relié  en  parchemin,  contenant  recours  à  la  table, 
Mémoire  journalier,  avec  la  table  cy  placée  à  costé  de  chasque  arti- 
cle en  particulier,  pour  les  réparations,  acquêts,  marchés,  contes, 
prêts,  sallaire  de  loyers  domestiques,  contracts  de  mariage,  naissance 
d'enfans,  déceds  de  mes  ancestres  et  parents  et  autres  affaires;  de 
tout  quoy  il  y  a  une  table  de  chasque  article  au  commencement  et 
à  la  fin  du  livre  qui  renvoyé  à  chasque  pages  suivant  ses  dattes  ou 
indictions  séparément  pour  esviter  la  confusion  du  journal  ;  plus 
des  fassons  de  toilles,  des  quittances,  créances,  arats  »  (p.  37). 

«  Item,  un  autre  livre  relié  en  parchemin,  contenant  au  premier 

feuillet  :  Papier  journal,  concernant  toutes  les  affaires  de  Marie 

Audebert,  ma  fille,  héritière  de  feue  dame  ClèreRuisson,  mon  espouze, 

iia  mère  »  (p.  38). 

Je  viens  maintenant  à  l'inventaire  proprement  dit,  dont  j'aurai 

(4)  «  Tous  les  sacz  des  procès  qu'avons  heu  contre  la  ville  sont  dans 
mon  coffre,  à  Bourdeauxj()(GuiBERT,  Le  Livre  de  raison  des  BaluMe^  p.  67, 
année  1601). 


350  SOGlàTB   ARCHÉOLOGIQUE  ET   DISTOAIQUB   DU   LIMOBSIN. 

soin  de  numéroter  tous  les  articles  pour  rendre  plus  faciles  les  réfé- 
rences. 

1.  Ouvertu(*e  faile  d*un  armoire  estant  enclos  dans  ledit  cabinet,  y 
avons  trouvé  vingt-trois  louis  d*or,  de  chascuns  vingt-quatre  livres  et  dix 
écus  dé  chascuns  six  livres,  revenant  à  la  somme  de  six  cent  douze 
livres  (p.  27). 

2.  Dans  la  chambre  haute  de  lad.  maison,  ayant  vue  sur  la  rue,  oh  led. 
feu  sieur  Àudebert  en  son  vivant  couchoit,  deux  pistollets  de  Forets  (IJ, 
qui  ont  esté  estimés  à  la  somme  de  dix  livres. 

3.  Item,  un  livre  appelle  Bareame^  relié  en  veau^  demy  uzé,  qui  a  esté 
estimé  à  la  somme  de  vingt  sols  (p.  98). 

4.  Nous  nous  sommes  portées  au  grenier  de  lad.  maison,  au  dessus  de 
la  salle  d'icelle,  au  cabinet  en  entrant  à  main  droite,  (un  armoire)  à  deux 

batans et  ouverture  d'icelluy  faite  avec  sa  clef,  s'y  est  trouvé.:   une 

douzaine  et  demy  de  draps  de  toillé  de  brin  (2),  my  uzées,  une  dou- 
zaine et  neuf  servietes  et  une  napede  toillc  ouvrée;  le  tout  my  uzé,  eslimé 
à  cidquente  livres. 

Stir  ritiâlant  s'est  présentée  lad.  dame  Jeanne  Bruchard,  veuve  aud. 
sieur  Àudebert,  qui  a  vendiqué  cinq  draps  pour  lict  de  toille  de  brin  pres- 
que neuf,  comme  luy  appartenants,  lesquels  elle  a  pris  et  retirés 

5.  (tem,  ledit  armoire  à  deux  batans,  avec  une  serure  et  sa  clef,  presque 
neuf,  estimé  à  la  somme  de  vingt  livres. 

6.  Plus  s'est  trouvé  dans  led.  grenier  cinquante  huit  servietes  fines, 
dont  partie  sont  uzées  et  trouées  et  l'autre  partie  à  demie  uzée  ;  plus  dix 
neuf  napes  6nes,  aussy  plus  que  demie  uzécs;  plus  cent  deux  servietes 
de  toille  grosse  d'étoupes  (3),  plus  qu'à  demy  uzées;  plus  six  draps  de 
toille  de  brin,  plus  qu'à  demy  uzés  ;  le  tout  eslimé  à  la  somme  de  cent 
livres. 

7.  Plus  onze  draps  pour  lict  dé  grosse  toillé  my  uzée  et  onze  napes, 
aussy  de  grosse  toille;  estimé  à  yingt  livres. 

8.  Plus  huit  draps  et  neuf  napes  de  toille  de  brin,  fortes  (4)  antienes, 
servants  d'ornements  lors  des  processions  à  port  du  très  Saint-Sacrement 
et  pour  les  morts  ;  doivent  rester  dans  la  maison  comme  immeubles,  à 
cause  de  ce  n'ont  estée  estimées. 

9.  Plus  huit  chemizes  d'homme  fine  fort  uzées  et  dix  neuf  de  toille  de 
ménage  ;  douze  cols  ou  cravates,  six  petits  mouchoirs  de  cotton  ;  un  habit 
complet  de  draps  d'Albœuf  (Elbeuf)  my  uzé,  deux  mauvais  habits  de  came- 
lot complets,  un  mauvais  manteau  (5)  d'écarlate,  une  robe  de  chambre  de 

(1)  De  U  fabrique  du  Forez,  de  Saint-Etienne. 

(2)  ff  Une  douzaine  de  serviettes  de  brin  commun,  ayant  chacune  une  aune  de  longueur  et 
une  demi-aune  de  largeur  »  [Compte  de  Vahb.  de  La  Couronne,  1626). 

(3)  «  Cinq  poches  de  toille  d'estoopé,  prisées  ensembles  vingt  soulz  tournoya  »  (/mo.  de 
QuermeUn,  1585). 

(4)  L'orthographe  du  notaire  est  très  fantaisiste.  Ce  n'est  pas  toujours  celle  du  temps,  mais 
bien  d*nn  ignorant  de  la  grammaire.  Je  l'ai  respectée,  quoiqu'elle  ait  surtout  un  caractère 
personnel,  non  susceptible  d'intérêt.  Il  faut  rétablir  fort  oncienneM. 

(>)  En  1607,  Baluze  acheta  ■  douze  ou  quinze  escus  »,  «  un  manteau  de  velours  »,  à  Pam 
pour  R  M.  le  lieutenant  général  »  (Guibert,  Le  Livre  de  raison  des  Baluze j  p.  63). 


INVENTAIHK   d'ÉTIKNNC   AUDRBBRT    DB  FOXHAUBRRT.  351 

caltnatide  my  fizée,Qne  robe  de  palais  avec  un  bonnet  carré;  le  toai  estinîé 
à.  la  somme  de  quatre  vingt  seize  livres. 

10.  Plus  un  ehapeau  assés  bon,  un  autre  my  uzé,  deux  peruques  assez 
uzées,  deux  pères  de  bas,  les  souliers  dud.  feu  et  un  grand  manteau  de 
draps,  façon  de  Saint-Félix,  le  tout  plus  que  my  uzées  ;  estimé  le  tout  à  la 
somme  de  dix  (ivres  (p.  40-li). 

44.  Nous  sommes  remontés  dans  le  grenier  cy  devant  commencé  à 

inventorier,  dans  lequel  y  est  un  coffre, à  main  droite  en  entrant... 

Ouverture  faite  dud.  coffre  par  sa  clef  dont  nous  nous  sommes  chargés,  s'y 
p$l  trouvé,  en  grands  bassins,  plats,  assietes,  le  tout  d^étain  moitié  fin  et 
Vautre  commun,  la  quantité  de  deux  cent  quarante  deux  livres,  qui  a  esté 
estimée  le  tout  à  la  ^omme  de  deux  cent  seize  livres  doaze  sols. 

42.  Plus  un  service  de  corbeilles  ou  petits  paniers  dorés,  pour  servir  à 
un  dessert,  estimés  à  la  somme  de  cinq  li\res. 

43.  Plus  vingt  deux  livres  de  pelotons  et  eschevaux  de  fil  de  brin,  estimé 
à  treize  livres  et  quatre  sols. 

14.  Plus  un  habit  et  jupe  de  damas  couleur  citron  à  reis  rouge,  my  uzé; 
un  autre  habit  et  jupe  de  tafelas  d'Angleterre,  aussy  my  uzé  ;  une  mau- 
vaise veste  de  sole  à  fleurs  d*or,  boutons  et  botonières  d'or;  plus  quatre 
mourceanx  d'étoffe  de  soie  fort  ancienes  à  fleurs  d'argent,  avec  un  lan- 
beau  pour  une  manche  et  une  écherpe  de  taffetas  fort  uzée  et  anciene  ; 
tout  quoy  on  a  jugé  ne  devoir  estre  inventoriés  comme  estant  les  habits  de 
deffunte  dame  Claire  Buisson,  hors  la  veste  et  quatre  mourceau  d'étoffe. 

45.  Item,  le  coffre  dans  lequel  toutes  les  susd.  choses  se  sont  trouvées, 
my  uzé,  avec  sa  serrure  et  clef,  estimé  à  la  somme  de  six  livres. 

46.  Item,  s'est  trouvé  dans  led.  grenier,  un  bassin  d'étaîn  à  servir  à  un 
malade,  une  seraingue  et  un  petit  bassin  d'érain;  tout  quoy  a  esté  estimé 
à  la  somme  de  trois  livres. 

17.  Plus  s'est  trouvé  dans  led.  grenier  deux  grands  coffres  et  un  petit, 
tous  troués  et  percés,  sans  clef  ny  serure,  qui  ont  esté  appressiés  à  la 
somme  de  quatre  livres. 

(8.  Ce  fait,  ouverture  a  estée  faite d'un  autre  coffre et  exa- 
men fait  de  ce  qui  s'y  est  trouvé,  consiste  à  plusieurs  anciens  papiers  à 
demy  pouris  et  consommés  ;  lesquels,  à  cause  de  leur  ancienetés  et  après 
examen  fait  d'iceux,  les  parties  ont  jugés  ne  les  devoir  employer  autre- 
ment au  présent  inventaire.  Led.  coffre  ayant  esté  reffermé  par  sa  clef,  ... 
déclaré  fort  ancien,  uzé,  a  esté  appressié  à  la  somme  de  dix  sols  (p.  49-43). 

19 A  esté  procédé  à  la  continuation  du  présent  inventaire  par  les 

meubles  qui  se  sont  trouvés  dans  la  salle  de  lad.  maison,  qui  consistent  en 
un  lict,  garnv  d'étoffe  verte,  avec  son  chaslict,  lict  de  plume,  pesant  soi- 
xante deux  livres;  un  matelat,  pesant  douze  livres;  une  couverte,  une 
courtepointe  de  soie  ;  plus  une  tapisserie  en  verdure,  composée  de  sept 
pièces,  quatre  grandes  et  trois  petites  ;  un  grand  miroir  à  cadre  doré  dont^ 
la  glace  est entierrement  tachée:  plus  douze  chaises,  garnies  demoquetes; 
quatre  fauteuilles,  deux  de  tapisserie  et  deux  de  moquet;  plus  deux  che- 
nets garnis  de  cuivre  (4),  un  soufftei;  plus  six  chaises  de  paille  et  un  fau- 

1)  «  Plus  deux  chenet»  de  fer  battu,  recouverts  de  cuivre,  sur  le  Taiz  desquels  sont  deux 


.:51  SOCIÊTé   AS€BÉOLOGlQVB   ET  HISTORIQUE  DO   LIMODSIN. 

teuil  ;  plus  deux  tables  et  un  pliant,  un  mauvais  tapis,  une  cuvete  el  un 
pot  à  l'eau  de  faiance  ;  le  tout  esiimé,  avec  les  rideaux  des  deux  feoes- 
ircs,  de  toille  de  ménage^  à  la  somme  de  quatre  cent  quarente  livres- 

90.  Et  d'illec  nous  sommes  allés  dans  la  cuisine,...  où  s'est  trouvé  an 
lict,  garny  d'une  mauvaize  étoffe  rouge  et  son  chaslict,  un  Uct  de  plume 
avec  son  taverssier,  pesant  quarente -six  livres  ;  une  paillasse  et  une  cou- 
verte ;  plus  un  cal^inet  de  bois  de  serizier,  deux  tables,  quatres  chaises  de  bois, 
trois  de  paille  et  deux  escabeaux,  deux  chenests  de  fert;  plus  cinq  flam- 
beaux de  cuivre,  desquels  il  y  a  un  de  cassé;  trois  grands  étaodron  (1), 
trois  marmites  de  fonde,  une  mauvaise  poissonnière,  un  écbaufe-lict  (2), 
trois  casseroles,  une  tourtière,  deux  mauvaises  lèchefrites  (3).  une  cafe- 
tière et  un  pomier  (4)  de  fertblanc,  une  culière  de  pot  de  fert,  un  tourne - 
broche  avec  sa  broche  (5)  ;  tous  lesquels  meubles  ont  esté  estimés  à  la 
somme  de  cent  trente  livres. 

31.  Plus  s*est  trouvé  dans  ladite  cuisine  en  plats,  atsiéstes,  cutllières, 
pot  à  Teau,  esvière  et  autres  vaisselle,  le  tout  d'étain  (6)  du  pins  commun, 
quatre-vingt-deux  livres  estimées  à  la  somme  de  soixante-treize  livres. 

22.  Et  d'illec  sommes  entrés  dans  une  petite  entichambre,  estant  à 
costé  de  ladite  cuisine,  où  s*y  est  trouvé  une  petite  couchète,  aiant  an 
mauvais  lict,  une  mauvaize  couverte  et  bois  de  chaslict  et  une  paillasse  ; 
qui  a  esté  aprésié  à  la  somme  de  deux  livres. 

23.  DMllcc  sommes  montés  dans  la  chambre  que  oc<'.upoit  ledit  feu  sieur 
Âudebertetla  dame  son  épouze,  au  devant  d'icelle  qui  a  vue  sur  la  rue 
publique,  où  s'est  trouvé  :  un  lict,  garny  d'une  mauvaize  étoffe  rouge, 
avec  son  chaslict;  un  lict  de  plume,  pesant  soixante  livres;  un  matelat, 
une  couverte,  une  courte -pointe,  une  mauvaise  tapiserie  de  Bergame(7) 
toute  déchirée,  neuf  chaises  de  pailles,  deux  tables  et  un  mauvais  tapis, 
un  bois  de  couchète  avec  un  petit  matelat,  puis  un  cabinet  de  bois  de 
chesne,  un  miroir  à  cadre  doret,  deux  mauvaizes  chaises  à  bras,  plus 
deux  chenests  garny  de  cuivre,  deux  rideaux  de  fenestre  de  toille  de 
ménage;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  cent  trente-cinq  livres. 

94.  D'illec  sommes  entrés  dans  dans  Tentichambre,  estant  à  costé  de 

■Utnes  d'enfants,  aussi  de  cuivre,  portant  les  armes  :  l'un  de  trois  raUins  et  Vautre  de  raisin 
et  croix  de  BiéruscUem  mi-partis  »  {Inv.  d'un  bourgeois  de  Nevers,  1608). 

(1)  a  Ung  caudron  cocquet,  ung  couldron  noir  »  (/no.  d'un  bourgeois  de  Toumaif  1527).  — 
«  Deux  autres  chaudrons  de  fer.  m  (/nv.  de  Ch.  Thiret,  1621). 

(S)  a  Ung  chauffeUt  d'argent.  Pour  la  façon  et  doreure  dudit  chauiTelit  »  {Compte  de 
René  d'Anjou,  1455;.  —  «  Une  paielle  à  rescauffer  lit  »  {Inv.  d'un  bourgeois  de  Tournai,  1527). 
—  a  Un  chaufelict  ».  {Journal  de  J.  Péconnet,  1660,  op.  Bull,  de  la  Soc.  atch.  de  la 
Corrèxe.  t.  VI II,  p.  339). 

(3)  ff  Trois  leschefrites  de  fer,  compris  une  petite  ».  (/nv.  de  Ch.  Thiret,  1621). 

(4)  Ustensile  pour  faire  cuire  les  pommes. 

(5)  <f  Une  bioche  à  rôt  de  fer,  avec  le  tournant  et  la  roue  de  bois  ».  {Inv.   de   Ch.  Thiret, 

(6)  •  Item  la  vesselle  d'estain  ».  (/no.  de  Quermelin,  1585).  Voir  pour  le  dénombrement  de 
cette  vaisselle,  Soil,  On  inventaire  de  1527,  p.  30-31. 

(7)  «  Une  aultre  pièce  de  Upisserie  de  Bergame,  couleur  violet  et  noir.  Une  autre  pièce 
de  tapisserie,  aussy  de  Bergamme,  semé  de  fleur  de  lys.  garny  de  toilles,  toute  les  dites  piè- 
ces de  Upisseries  estant  sur  les  dites  tables  »  (/no.  de  Ch.  Thiret,  1621.)  Voir  sur  les  tapissiers 
en  Berçamef  au  xvn*  siècle,  les  Mém.  de  la  Soc,  arch,  du  Midi,  t.  XIV,  p.  71. 


INVENTAIRE   O^ÉTIEffNR  AODEBERT  DR  FONMAUBERT.  353 

la  susdite  cy  devant  inventoriée.  S*y  est  trouvé  un  iict  garny  de  ses  ri- 
deaux de  droguet  tain  en  jeaune,  my  uzé,  garny  de  son  Iict  de  plume, 
mathelat  pesant  cinquante-huit  livres,  sa  paillasse  et  un  bois  de  chasiict 
coupé  et  un  petit  paire  de  cabinet  à  deux  batans  et  un  tiroir  fermant  à 
clef  et  un  fauteuil  de  paille;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  soixante  livres. 

S5.  D*illec  sommes  montés  dans  un  grenier  ou  galletas,  estant  au  haut 
de  ladite  maison  ayant  vue  sur  la  rue  publique,  dans  lequel  s*est  trouvé  : 
un  rouleau  de  droguet,  contenant  vingt-quatre  aulnes;  puis  un  autre  rou- 
leau de  toille  d*étoupe,  contenant  quarante-neuf  aulnes;  plus  soixante 
livres  de  gros  fil  d'étoupes  en  échevoaux  ;  plus  vingt-cinq  livres  de  fil  de 
brin,  aussyen  écheveaux;  plus  vingt  livres  de  laine  nete,  plus  quatre-vingt 
douze  livres  d^autre  laine  sale,  plus  soixante-seize  livres  de  gros  til,  et 
dix'huit  livres  de  brin,  le  tout  en  pelotons.  Le  tout  ayant  été  appressié 
par  lesdits  sieurs   arbitres  à  la  somme  de  cent  quarante-huit  livres. 

t6.  Et  d*illec  sommes  descendus  dans  Tétage  ou  chambre  estant  au- 
dessus  de  récurie,  où  s'est  trouvé  une  table  et  un  coffre  fermant  à  clef, 
lequel  a  esté  estimé  avec  ladite  table  à  la  somme  de  six  livres. 

97.  D^illec  sommes  allés  dans  la  buanderie  de  ladite  maison,  où  s\  est 
trouvé  deux  cuvier  de  terre,  avec  un  grand  pot  de  fonte,  vulgairement 
appelé  Aottte,  estimé  à  la  somme  de  dix  livres. 

iS.  Et  d'illec  à  une  petite  chambre  estant  au-dessus  de  ladite  buan- 
derie, où  s^est  trouvé  un  petit  bois  de  chasly,  coupé  en  couchète,  avec  une 
garniture  de  sarge  verte  plus  qu'à  demy  uzé,  un  petit  matelal  de  laine, 
la  pailliasse,  une  petite  table;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  vingt-sept 
livres. 

â9.  Dlllec  dans  la  cour  de  ladite  maison,  où  s'y  est  trouvé  deux  cochons, 
qui  ont  esté  estimés  à  la  somme  de  cinquante-huit  livres. 

30.  b*illec  sommes  entrés  dans  Técurie  de  ladiUe  maison,  où  8*est 
trouvé  un  poulain  servant  d^aras,  une  vieille  jumant  et  un  jeune  cheval, 
d*flge  d'environ  six  ans  ;  le  tout  apressîé  avec  les  pmois  à  la  somme  de 
quatre  cent  soixante  livres. 

31  D*illec  dans  Tétage  estant  au-dessus  de  la  cave  de  ladite  maison, 
s  y  est  trouvé  deux  paniers  manequins,  un  petit  salloir  et  quatre  janbons, 
estimés  à  la  somme  de  douze  livres. 

39.  Et  d'icetle  sommes  descendus  dans  la  cave  de  laditte  maison,  dans 
laquelle  s'y  est  trouvé  deux  banques  de  vin  vieu  et  deux  de  nouveau,  du 
crut  de  ce  pals;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  quatre-vingt-dix  livres. 

33.  Lesdits  sieurs  arbitres  ont  déclarés  y  avoir  dans  ladite  cave  huict 
fuis  de  banques  et  un  fut  de  pipe  (I). 

3i.  Ce  fait,  nous  nous  sommes  conduits  dans  la  maison  appellée  che 
Loubard,  estant  au  devant  la  susdite  rue  entre  deux,  dans  le  bas  de 
laquelle  s'y  est  trouvé  un  tonneau  à  couler  environ  cinq  banques,  huit 
fûts  de  pipes  et  cinq  de  banques  très  mauvais. 

35v  Plus  un  saloir,  ayant  deux  petits  lars  (â),  qui  n'ont  pas  pu   eslre 

(i^  H  Huict  futailles  de  pippes  i>  {Inv.  de  Quermelin,  1585). 

(2)  a  Un  grand  et  on  petit  charnier  contenant  plusieurs  porcs  de  lard  n  {Ino.  de  Cl.  Ga$' 
coing,  xvii*  s.}.  —  «  Plus  an  charnier  neuf  a  \^Inv.  de  l'abb.  de  La  Couronne,  I6S6). 


354  sOGitrfi  AncnéoLoeiQeB  et  historioce  t>o  LtMd'tsiN. 

Yallablemettt  pesH^  aprébeDdant  que  par  le  remuement  ils  oê  se  gftUsSént 
et  sur  le  récit  qni  en  a  esté  fait  par  les  domestiques,  peuvent  pezer  la 
quantité  de  cent  livres  de  lars  ;  estimé  avec  ledit  salloir  à  la  somme  de 
trente-cinq  livres. 

36.  D'illec,  en  montant  dans  Tétage  estant  au-dessas  du  degré,  s  y  est 
trouvé  un  petit  moulin  de  fil  d'archal,  à  passer  bled,  plat,  plus  que  my 
uzé,  estimé  huit  livres. 

.37.  Dlllec  dans  le  galletas  de  ladite  maison  Chez  Laubard,  dans  lequel 
s'est  trouvé  un  câble  de  corde,  plus  que  my  uzé,  estimé  à  la  somme  de 
cinq  livres. 

38.  Plus,  s'est  trouvé  dans  le  mémegalletas  environ  trente  quintaux  de 
foin,  estimé  à  la  somme  de  trente  livres  (p.  44-48). 

39.  Et  de  suite  et  sans  autre  divertissement,  lesdits  sieurs  Audebert 
de  Fonmaubert,  Génébrias  et  arbitres  se  sont  portés  avec  nous  au  i>oàrg 
de  Lagudet,  dans  la  maison  y  appartenant  en  particulier  audit  sîeur  de 
Fonmaubert,  dans  laquelle  s'y  est  trouvé  ce  qui  suit  : 

Premièrement,  dans  la  chambre  haute  de  la  dite  maison  de  Lagudet,  à 
droite  en  entrant,  un  lit  de  phzme  et  son  traverssin  et  mathelas  de  laine, 
pesant  le  todl  ensemble  soixante-dix-neuf  livres  ;  son  bois  de  chalict  ;  une 
couverte  de  laine,  plus  que  my  uzée  et  une  garniture,  toute  utée  et  trouée, 
d*étofifc  couleur  maron.  Le  tout  a  été  apressié  à  la  somme  de  cinquante- 
six  livres. 

40.  Item,  un  autre  lict  pour  domestiques,  pesant  avec  ses  toilles  qua- 
rente-quatre  livres,  estimé  à  dix-huit  livres. 

41.  Item,  un  cabinet  de  bois  serizier  fermant  à  quatre  batans;  deux 
petites  tables,  une  ovale  et  l'autre  carrée  ;  deux  chaises  de  bois,  un  Mau- 
vais fauteuil  ;  le  tout  estimé  à  vingl-uûe  livre. 

4î.  Item,  deux  chesncts  de  fert,  pesant  à  trente  livres,  un  échauflPe  lict, 
un  petit  miroir,  un  poilon  (i),  un  cuillière  à  pot,  une  broche  de  fert  à  routir, 
neuf  mauvaizes  assiesles  de  fayance,  trois  pols-à-l'eau   de  fayance,  un 
'  chandelier  de  cuivre  ;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  sept  livres. 

43.  item,  quatre  draps  de  grosse  toille,  deux  de  gros  brin,  estifné  à 
douze  livres. 

44.  D'illec,  dans  la  chambre  à  gauche  en  montant,  s'y  est  trouvé  un  lict 
et  son  chevet  de  plume,  pesant  cinquante-quatre  livres,  en  mauvaize 
plume  ;  un  mauvais  bols  de  chalict  et  un  mourcean  de  garniture  fort  usé  ; 
estimé  à  seize  livres. 

45.  item,  dans  la  môme  chambre  y  a  esté  mezuré  dîx-neof  septiers  de 
bled  fromant  nouveau  et  quatre  septiers  deux  quarts  de  petit  fromant 
moindre  que  celluy  cy  dessus,  aussy  du  nouveau  ;  le  tout,  mesure  de  cette 
ville,  estimé  à  la  somme  de  cent  soixante  livres. 

46.  Dans  la  môme  chambre  s'y  est  trouvé  deux  cent  livres  de  chanvre 
breyé  et  dix-sept  livres  de  fil  de  gros,  qui  a  esté  appressié  à  la  somme  de 
vingt-quatre  livres. 

47.  item,  s'est  trouvé,  tant  dans  la  première  chambre  cy  dessus  inven- 
toriée que  dans  deux  greniers  plantés  au  haut  de  la  dite  maisoft,  la  quan- 
ti; «  Quatre  petis  poilon»  d'arato  »    {Inv.  de  Fr.  de  La  TrémoiÙe,  IMÎ). 


llfTIHTAlK  D*lkTIBlfNB  AUDBBBRT  DE  FOimAUBËtlT.  355 

tité  de  treate  setitiers  bled  noir. .   . . ,  appressiés  ioixante-qtïifaze  litres. 

iS.  D^illec,  dans  la  chambre  basse  en  entrant  à  droite  de  la  mftme  mai- 
SMS  et  serrant  de  cuisine,  un  lict  de  grosse  plume,  pesant  cinquante 
livres,  deux  mauvais  bois  de  cbaslict,  un  petit  cabinet  ;  deux  mauvais 
ebeanets  de  fer,  pesant  trente-deux  livret;  une  table  longue  ;  deux  mau- 
vais pots  de  fert,  qui  lie  peuvent  servir  estant  cassés  ;  une  poille  et  un 
poilon  ;  le  tout  fort  uzé  et  estimées  le  tout  ensemble  à  la  somme  de  vingt 
livres. 

40.  D^illee,  dans  une  autre  petite  chambre  estant  2i  costé,  s*est  trouvé 
deux  petits  mauvais  licts  pour  domestiques,  pesant  les  deux,  en  très  mau- 
vaize  plume,  quarente-quatre  livres  et  un  ceiton  ou  sie,  ce  qui  a  esté 
estimé  joint  à  la  somme  de  dix  livres  (p.  61 ,  6t). 

90.  Ouverture  a  esté  faite  du  cabinet  ey-devant  commaqcé,  dans  lequel 
est  un  petit  étage:  sur  les  baisses  (t)  d^icelluy  s'est  trouvé  en  cuillières, 
fourchetes  et  gobelets,  le  tout  dVgent,  huit  marcs  et  trois  quarts  d*onces. 
Plus  a  esté  raporté  par  ledit  sieur  de  Fonmaubert  une  cullièrc  et  une 
fourchete,  aussy  d^argent,  qu'il  a  dit  pour  remploy  de  ce  que  le  feu  sieur 
son  père  luy  donna  lors  de  sa  séparation  et  qui  ont  estées  pezées  et  ce 
sont  trouvées  monter  trois  onces  et  demy,  revenant  le  tout  joint  à  la 
somme  de  quatre  cent  cinq  livres  neuf  sols. 

5i.  Plus  s'est  trouvé  six  flanbaux  de  cuivre  ou  élain  blanchy,  plus  que 
my  uzés,  avec  des  mouchetés  et  garniture  de  m4me  aloy,  aussy  my  uzés, 
et  une  épée  à  poignée  d'argent;  le  tout  apressié  à  la  somme  de  quarente- 
deux  livres. 

52.  Item,  l'armoire  estant  inclus  dans  ledit  cabinet,  à  deux  baians,  fer- 
mant à  clef,  avec  les  livres  qui  se  sont  trouvés  sur  les  baisses  du  cabinet; 
le  tout  estimé  à  la  somme  de  quarentc  livres. 

53.  Item,  au  derrière  dudit  cabinet  et  par  étage  séparé  s  y  est  trouvé 
deux  sceau  et  un  godet,  le  tout  de  bois,  et  dans  la  boulangerie  y  atenant 
une  met  à  poitrir  pain  (2),  sans  serure,  et  doux  tamis;  le  tout,  plus  qu'à 
demy  uzé,  estimé  à  la  somme  de  trois  livres. 

54.  Item,  dans  ladite  boulangerie  un  petit  coffre,  sans  clef  ny  serure, 
servant  à  mettre  du  son,  tout  uzé,  estimé  cinq  sols. 

55.  Item,  dans  un  armoire  à  placard,  estant  dans  le  mur,  du  costé  de  la 
maison  du  sieur  de  Vaucourbeil,  s'y  est  trouvé  quatre  douzaine  et  demy  de 
fayance  my  nzée  et  deux  saladiers;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  trois 
livres,  y  ayant  plusieurs  de  fendues. 

56.  A  esté  représenté  la  veste  et  quatre  lambeaux  d'étoffe  des  habits  de 
feue  dame  Glaire  Buisson  et  qui  ont  estes  estimés  à  la  somme  de  douze 
livres. 

57.  Et  sur  l'instant  ledit  sieur  Àudebert  de  Fonmaubert  nous  a  fait 
représenter  les  meubles  qui  suivent,  qui  luy  avoient  estes  donnés  lors  de 
la  séparation  qu'il  fit  au  temps  de  son  mariage  et  qui  consistent  en  un 

(1)  Ait,  pUnchei. 

(2)  «  Deux  iranda  fora  pour  cuyre  le  pain  et  pitance  de  rostel,  une  mey  à  péatrir.  une 
petite  arche  de  costé  la  dicte  mey  et  trois  tables  plates  à  faire  le  pain  et  pitance  »  {Invent,  de 
l'hôpitaX  de  Beaune,  1501). 


356  SOCléTÊ   ARCHÉOLOGIQUE    ET   BISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

chaslict  et  une  garniture  de  même  couleur,  unes  paillaisses,  coucbète, 
coussin  et  mathelat,  pesant  en  tout  soixante-seize  livres,  et  une  courte- 
pointe d'inguiene  (indienne);  le  tout  mis  et  apressié  à  la  somme  de 
soixante  livres. 

58.  Plus,  douze  mauvaizcs  chaises  de  paille,  deux  mauvais  fauteuils 
garnis  d'étoffe  verte,  une  petite  table  et  deux  petits  chenets  de  fert;  le 
tout  estimé  huit  livres  dix  sols . 

59.  Plus,  un  bois  de  couchcte  et  un  petit  lict  de  plume,  pesant  qua- 
rente  cinq  livres;  deux  chenets  de  fert,  pesant  trente- deux  livres  et 
deux  petits  bacins  presque  uzés;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  vingt-deux 
livres. 

60.  Plus,  un  grand  chodron  jeaunc,  un  bassin  d'étain,  deux  mauvaises 
poilles,  une  mauvaise  mermite,  un  mortier  de  fonte,  une  lèchefrite,  un 
passe-purée,  un  poilon,  des  mouchetés  et  portes  mouchetés,  une  cuillère 
à  pot  et  un  écumoir  ;  le  tout  estimé  à  la  somme  de  huit  livres. 

61.  Item,  un  petit  lict,  pesant  dix-huit  livres,  avec  une  mauvaise  cou- 
verte; le  tout  estimé  à  quatre  livres. 

62.  Plus,  cinquante  trois  livres  de  vesselie  d^étain,  en  plats  et  assiestes, 
estimé  quarente  livres. 

63.  Plus,  deux  vieux  coffres,  estimés  à  la  somme  de  six  livres. 

64.  Plus,  huit  draps  fins,  six  gros;  quatre  napes  fines,  six  autres  napes 
de  gros;  trois  douzaines  de  serviettes  fines,  trois  de  grosses. 

65.  Finalement,  un  petit  tonneau,  coulant  environ  quatre  banques; 
une  petite  cuve,  coulant  environ  une  barrique,  et  un  fut  domard,  le  tout 
trèsuzé  (p.  69-71). 

66.  Et  sur  l'instant  ledit  sieur  de  Fonmaubert  a  déclaré  qu'il  a  ouy  dire 
que  lorsque  le  sieur  son  père  s'est  marié  avec  dame  Claire  Buisson  et 
après  le  déceds  de  d"»  Marie  Nonique,  sa  belle-mère,  il  fut  fait  inventaire 
du  peut  de  meubles  qu'elle  délaissât  et  lesquels  ont  estes  mis  et  déposés 
dans  une  des  chambres  de  la  maison  de  Lechaufie,  seize  en  cette  ville, 

tout  presl  l'églize  d'icelle A  quoy  acquicssant,  nous  nous  y  sommes 

conduits  et  nous  a  esté  représenté  ce  qui  suit  : 

Premièrement,  une  table  carrée  avec  un  tiroir,  quatorze  chaises  et 
quatre  fauteuils,  garnis  d'étoffe  rouge  et  verte,  deux  bancs  et  deux  tabou- 
rets (I),  un  armoire  à  trois  balans,  un  autre  armoire  à  quatre  batans,  une 
met  à  poitrir,  un  prié-Dieu  (2),  un  vesselicr,  un  garde-manger,  un  grand 

(1)  «  Deux  tabourets  de  toille  d'or,  damassé  d'argent,  brodés  autour  de  satin  cramoisy, 
avecques  passemens  d'or  et  d'argent.  Item,  ung  aultre  tabouret  de  velours  vert,  entaillé  par 
dessus  de  toille  d'or  et  de  vellours  cramoisy  ».  {Invent,  de  Fr  de  la  Trémoille,  15i2).  — 
f(  Ung  taboret  de  velours  figuré.  Ung  taboret  satin  vert,  rayé  dor,  Deui  taboretz  de 
me^me -toile  d'argent  Mllanoise).  Deux  taboretz  de  velours  figuré.  Deux  taboretz  de  satin 
gris  noir,  rayé  d'or.  Ung  aultre  Uboret  de  toille  d'argent  Milanoise.  Ung  aultre  taboret  de 
satin  gris  noir,  rayé  d'or.  Ung  taboret  de  tapisserie.  Ung  hault  taboret  de  cbesne.  Trois 
haults  taboretz.  Ung  hault  taboret.  Quatre  tabouret*  et  une  chaise  non  doublés  ».  {Invent,  de 
Quermelm,  1585).  —  «  Deux  taborets  »  {Invent,  d'un  bourgeois  de  Nevers,  16(»8). 

(2)  a  Plus  un  petit  prie-Dieu,  dans  lequel  ne  s'est  rien  trouvé; plus  un  autre  petit  prie-Dieu» 
{Invent,  du  chan.  d'Armagnac,  1746).  —  a  La  stalle  du  milieu  set  a  plus  élevée  que  les  autres, 
au  devant  de  laquelle  sera  un  prie-Dieu  fermant  à  clef  »  {Projet  pour  S.  Afathurin  de  Luçon, 
1774^    —   «  Un  petit  prie-Dieu  de  peuplier  »  {Invmt.  d'Et.  Bourot,  1775) 


INVENTAIRE   d'ÉTIEKNB  ACDRBKRT  bfi   FONItAVBEBt.  'èù'l 

coffre  fermant  à  clef;  ouverture  duquel  aiant  estée  faite,  il  s'y  est 
trouvé  trente-cinq  servietes  de  grosse  loille,  six  napes  et  onze  draps,  aussy 
de  grosse  toille. 

67.  Plus  douze  livres  de  pratique  de  droit  et  autres,  un  bois  de  chasUt 
et  deux  de  couchete,  un  lict  de  plume  et  deux  travcrssier,  deux  horclier 
(oreillers)  et  un  petit  maleiat,  pesant  le  tout  soixante  quatre  livres;  une 
garniture  rouge,  composée  de  deux  tours  de  lict  et  deux  mourceau  de 
rideau;  trois  petits  tapis  et  huit  mauvaizes  courtes-pointes.  Evalué  trente 
livres. 

68.  Plus  un  autre  petit  lapis  d*Aubusson;  deux  fauteuil,  garny  de 
mouquete  (I),  deux  tabouresls,  garny  de  tapisserie;  un  lict  de  plume, 
pesant  trente-quatre  livres  ;  un  autre  lict,  avec  son  chaslict  et  une  garni- 
ture de  droguct  jeaune  et  un  matelat;  ledit  lict  pesant  avec  ledit  matelat 
cinquante  livres;  un  autre  lict  de  plume  et  un  mauvais  matelat,  le  tout 
pesant  soixante-une  livres;  un  autre  lict,  pesant  quarente  livres;  plus 
trois  courtes-pointes  fort  uzées,  quatre  couvertes,  une  table  osvalle  et  un 
tirroir,  une  marmite,  un  mauvais  échauffelit,  deux  cbodron,  un  bassin 
d*érain  (9),  une  lèchefrit,  une  casserole,  une  petite  lampe  à  Thuile,  un 
livre  de  la  vie  des  saints,  huit  chaizes  garnies  d'étoffe  et  un  mauvais  fau- 
teuil; quatre  chenets  de  fert,  trois  mauvaizes  chaises  de  tapisserie,  et  un 
garde-manger,  sans  estre  garny  de  toille  (3);  une  tourtière,  deux  flan- 
beaux  de  cuivre,  un  bois  de  couchete,  et  une  petite  malle,  une  poile,  un 
petit  chodron,  une  petite  mermite  de  cuivre,  un  couvercle  de  tourtière, 
un  mauvais  couvercle  de  pot  de  cuivre,  un  poilon  aussy  de  cuivre,  un 
passe  pure  et  une  petite  culière  de  pot,  le  tout  de  cuivre  ;  un  flasque  à 
passer  linge,  de  fer  (À);  un  gril;  un  chandellier  de  cuivre,  une  autre  mer- 
mite  de  fonte  d*environ  demy  sceillée,  une  broche  à  routir.  Estimé 
soixante  livres. 

69.  Plus,  en  plats,   assiestes  et  escuelle,  d'eslaing,  trente-huit  livres. 

70.  Trois  métier  ou  ouvroir  à  toille,  dont  le  nommé  Reburat,  dit  La 
Gallai,  tixerant,  est  fermier  de  ladite  maison  de  Lechauffie  (p.  71-72). 

Je  me  cootenterai  de  signaler  les  greniers  de  «  la  maison  ap- 

(1)  V Inventaire  de  la  sainte  Chapelle  de  Dijon,  en  1745,  enregistre  :  «  Un  tapis  et  deux 
pentes  de  moquette  ;  ung  grand  tapis  de  pied,  de  moquette,  lequel  se  met  sur  le  marche- 
pied du  grand  autel  ». 

(?)  «c  Une  grande  chaudière  d'airain,  à  deux  oreiUions.  Neuf  chaudrons  d'airain,  tant  grandz 
que  petitz.  Une  casse  d'airain  et  une  petite  poésie  à  queue  aussy  d'aiiain.  Ung  petit  fourneau 
d'airain  avec  le  courercle,  fasson  d'Etpaigne.  Trois  marmittes,  avec  les  couverceaux  d'airain  • 
{Inv.  de  Ch.  Thiret,  1641). 

(3)  Ce  mot  a  deux  acceptions  :  office  et  meuble,  —  u  Plus,  dans  un  petit  garde-manger, 
joignant  à  la  dite  cuysine,  avons  trouvé  un  petit  tyne  de  boys  à  faire  le  pain  »  {Inv.  du  xvi*  siècle^ 
ap.  BuU.  de  la  Soc.  arch.  de  la  Corrèze^  t.  III,  p.  675).  —  L'inventaire  d'un  bourgeois  de 
Tournai  signale,  en  1505,  «  ung  garde-minier»;  et,  en  1534,  n  un  garde-megier».  Il  est  probable 
qu'U  hut  lire  mengier^  le  sigle  abréviatif  n'ayant  pas  été  figuré.  —  «  En  la  despanse  ung 
dressouer,  le  garde-manger  d'auprès.  En  la  cuisine,  vers  le  pavillon,  on  garde-manger,  prisé 
ung  escu  et  demy  » /'/hv.  de  Quermelin»  1585).  —  «  Ung  garde-manger,  garny  de  cannevas, 
fermant  à  clef  b  {Inv.  de  Ch.  Thiret,  1621).  —  «  Plus  un  mauvais  garde-manger,  dans  lequel 
ne  s'est  rien  tronvé  »  {Inv.  du  ch.  d'Armagnac^  1746). 

14)  11  s'agit  évidemment  d'un  fer  à  repasser.  Cette  acception  ne  se  trouve  pas  dans  le 
Qlossûire  archéologique. 


358  SOCU^i  JliCBtQLOGIQUK  KT  HISTOAIQVK  OC  LIUODSlir. 

pellée  chez  Lauèart  »,  où  i*OQ  trouve  du  «  bled  frooiani  »,  du 
((  bled  seigle  »,  de  «  Torge  et  baillarge  »,  des  «  pelHs  pois  mes- 
lés  »,  des  «  feuves  noires  »,  des  «nentines  »  (lentilles),  des  «  foids 
comme  métare  pour  les  domestiqaes  et  aumosnes  pour  les  pau- 
vres »,  des  «  noix  »  (p.  25  26).  Il  y  a  \in  «  premier  grenier  en 
entrant,  le  plus  près  du  degré  çjant  vue  sur  la  rue  publique  »,  un 
((  autre  grand  grenier  estant  à  coslé  et  ^  plein  piçd  du  sus(^it  »  et 
«  deux  greniers  hauts  ». 

Les  immeubles  sont  :  «  la  maison  appellée  chez  Laubart  >»,  «  la 
maison  appelée  Lechaufie  »  (p.  26)  ;  «  au  lieu  du  Puis,  paroisse  de 
Berneuil  »,  une  «  maitérie  appartenante  à  la  dite  d^^*  Marie-Glaire 
Attdebert  »  (p.  64);  «  une  autre  maitérie  au  bourg  de  Saint- 
Sauveur,  appartenante  à  ladite  d^'*  Marie-Glaire  Audebert  »  (p.  64)  ; 
au  même  lieu,  une  «  autre  maitérie  appartenant  au  dit  sieur  de  Fou- 
maubert  nfibidj;  au  «  lieu  de  La  Borde,  paroisse  deMézière  », 
une»  maitérie  »,  dont  «  le  feu  sieur  Joseph  Charon  »  avait  pris  le 
nom,  se  faisant  appeler  <«  Charon  de  La  Borde  »  (p.  84). 

Le  cheptel  consiste  en  bœufs,  vaches,  taureaux  (i),  juments, 
poulains,  cochons,  brebis  et  moutons.  «  Plus  quatre  vingt  mau- 
vaizes  brebis  et  moutons  qui  ont  la  gasle  eC  dont  la  majeure 
partie  ne  vaslenl  presque  rien  »  (p.  64). 

Le  matériel  comprend  «  une  chareste  »  et  tout  ce  qui  sert  an 
«  pressoir  »  (2j,  tonneaux,  cuves,  «  fûts  de  pipes  »,  barriques, 
futailles. 

X.  Barbier  de  Montauu, 

Prélat    de    la    maiaoa    de    Sa   SainteH^ 

(1)  «  Une  grand  taure  »,  a  deux  lorrains  et  une  taure  »  (p.  65). 
(9)  «  Ung  pressouer  de  chesne.  Ung  auUre  vieu  pressouer  de  chesne  » 
(/no.  de  QuermeUn^  it>8â>. 


INVENTAIRES  DU  CHATEAU  DE  COGNAC 

(haute- vienne) 
EN  1794 


Les  inventaires  de  Cognac  sont  au  nombre  de  trois;  le  premier, 
le  se^l  que  je  put>lie  intégralement,  est  à  peu  près  copié  par  le 
second,  mais  en  abrégé;  le  troisième  récapitule  tout  le  mobilier  et 
en  donne  le  prix.  Leur  date  est  «  Tan  II  de  la  République  fran- 
çoise.  n 

La  «  maison  »  est  si  considérable  qu'elie  a  plutôt  l'apparence 
d'un  château.  On  y  arrive  par  une  «  allée  »  et  l'on  entre  par  un 
m  portail  »  à  «  pont-levis  ».  II  existait  une  «  tour  »,  mais  elle  fut 
«  détruite  »  et  «  démolie  ».  Le  rez-de-chaussée  comprend  :  une 
«  cuisine  »,  avec  un  «  garde-manger  »  et  «  office  »,  une  «  salle  » 
avec  son  «  vestibule  »,  un  «  salon  »,  une  «  grande  chambre  »^  deux 
«  chambres  basses  »,  une  «  petite  chambre  »,  cinq  chambres,  dont 
use  avec  «  cabinet  »  et  la  «  chambre  de  Monsieur  »,  flanquée  de 
de«x  cabinets,  le  tout  desservi  par  un  <(  corridor  ».  Le  bas  seul 
était  habité  ;  au  premier,  on  compte  cinq  chambres  inoccupées  et 
un  «  galetas  ».  Les  communs  se  composent  d'une  «  grange  »,  d'un 
«  pavillon  »,  d'un  «  vollallier  »,  de  deux  écuries,  «  grande  »  et 
«  petite  »,  et  d'une  «  cour  »  avec  «  puits  ». 

Les  domestiques  souchaient  dans  la  cuisine,  la  petite  chambre  et 
les  écuries.  Un  Ut  était  dressé  pour  les  maîtres  dans  le  salon  et 
l'on  mangeait  dans  la  salle. 

Le  mobilier  est  fort  modeste,  à  peu  près  analogue  à  celui  d'Aixe. 
Le  propriétaire  était  le  même  ;  c'est  pourquoi  les  papiers  sont  res- 
tés au  château  de  Nexon  entre  les  mains  4^  Bt  le  baron  de  Nexon, 
qui  a  bien  voulu  me  les  confier ,  après  leur  découverte  par 
in.  Çhampeval. 

Cognac  est  situé  dans  la  Haute- Vienne,  près  de  Rochechouarl. 
Le  château  féodal  a  d'à  donner  son  nom  à  la  commune. 


360  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   KT   HISTOhlQUR   DU   LIMOt'SIII. 


I. 

i.  Dans  la  cuisine  :  Un  lit  à  quenouille,  ayant  3  couvertes  de  laine, 
dont  deux  mi-usées  et  l'autre  usée  ;  une  couette  de  plume,  pesant  avec 
son  mauvais  plontif,  30  1.;  un  traversin  garni  de  plume,  pesant  8  1.;  an 
matelat  garni  de  laine,  pesant  17  I.;  une  toile  de  pailliasse  usée,  un  drap 
de  toille  servant  de  rideau,  sans  aucune  tringle  ni  autre  ferement;  plus  un 
matelat  garni  de  laine,  pesant  avec  un  petit  oreiller  garni  de  plume  44  1.; 
plus  une  courte-pointe  piquée  de  siamoise  à  ray(e)  bleue  assés  bonne, 
plus  deux  draps  d*étoupes  ;  une  table  longue  4  pieds,  trois  mauvais  bancs 
de  bols,  une  met  à  pétrir  le  pain  ;  un  armoire  à  4  battans,  ayant  3  serru- 
res avec  leurs  clcfe,  dans  laquelle  il  si  est  trouvé  6  bouteilles  en  verre, 
un  gobelet  d^élein,  une  lampe  ou  chanet  (I),  une  bouteille  de  terre»  un 
pot-à-renu  de  terre,  un  pot  de  terre  dont  un  bort  est  cassé,  une  coupe  de 
bois  pour  faire  les  fromages,  un  pot-à-Veau  cassé,  de  fayance  ;  9  écuelles 
de  terre,  6assietes  et  3  morceau(x)  de  culière,  le  toutd'étain,  pesant  9  1.; 
un  grand  et  petit  chandelier  d'étein,  pesant  3  i.;un  pot  de  terre  et  un  autre 
plus  petit,  l'un  et  l'autre  ayant  leur  bordure  cassée  ;  un  couloir  (î)  de  lall; 
une  petite  marmite  avec  son  couvercle,  le  tout  de  fonte,  le  tout  pesant 
61.  1/2;  un  bassin  de  cuivre  jaune,  pesant  3  I.  i/2;  un  grand  cbauderon 
en  cuivre  rouge,  pesant  avec  sa  barlière  46  1.  4/2  ;  plus  un  autre,  de  cui- 
vre rouge,  pesant  9  1.;  plus  une  galetîère;  un  pot  de  fonte,  pesant  avec 
sa  barlière  32  1.;  un  autre  de  fonte  avec  son  couvercle,  pesant  28  1.;  une 
petite  marmite  de  fonte,  pesant  avec  son  mauvais  couvercle  de  fert,  7  1.; 
une  houH'e  (3)  de  fonte,  pesant  avec  sa  barlière  52  1.;  un  petit  cbauderon 
mi-usé,  de  cuivre  rouge,  pesant  5  I.  1/2  ;  2  trépieds  et  un  porte-poille  de 
fert,  pesant  9  1.;  une  lèchefrite  usée,  pesant  3  L;  2  écumoir(s),  2  culières 
à  tremper  la  soupe  et  une  petite  à  arroser  la  viande,  le  tout  pesant  3 1. 1/9  ; 
un  gril  et  une  petite  fourche  de  fert  pour  ati se r  le  feu,  pesant  trois  1.  3/4; 
un  tournebroche  avec  la  chaîne  de  fert,  pesant  ensemble  15  1.  4/4;  une 
pelé  de  feu,  de  fer  et  tras  foyer  (4),  pesant  ensemble  7  1.;  une  grande 
broche  à  rôtir  et  une  très  petite  à  main,  pesant  ensemble  8  l.;  un  poide  de 
tourne-broche  en  pierre,  garni  d'un  anneau  de  fert;  2  chaînes  de  cuisine 
en  fert  (5),  pesant  ensemble  37  l.;  2  cramaillières  attachées  dans  la  chemi- 

(1)  «  Une  lampe  ou  chanaU  m.  Voir  Chaleil  dans  le  Glouaire  archéologique. 

(2)  PaBsoire,  pour  passer  le  lait  après  qu'on  a  trait  la  vache. 

(3)  M.  Louis  Guibert,  à  qui  je  dois  l'explication  de  plusieurs  termes  locaux,  m'écrit  :  «  On 
appelle  ouïe  ou  houle,  aoulo,  le  pot,  la  marmite.  La  berle,  lo  barlé,  lo  berlé,  est  l'anse  a. 

Du  Cange  se  contenta  de  cette  définition  trop  peu  précise  :  ■  OUa,  genus  msis  tel  meo* 
sur»,  distinctum  ab  oUa  vulgari  ».—  «  Un  grand  pot  de  fonte,  vulgairement  appelé  houle  *  i/nv. 
d'Bt.  Audebert,  1741,  n*  27). 

Le  livre  de  raison  du  Limousin  Pierre  Esperon  (13S4-1443)  emploie  deux  fois  le  mot 
OUa  :  a  Fac  buUire  in  oUa  nova  ».  «  Item,  una  ola  de  coyre  (cuivre),  d'une  aelhada  (seil- 
lée).  »  Ces  textes  sont  cités  dans  le  Bulletin  de  la  Soci^é  archéologique  de  la  Corréze, 
t.  XI,  p.  43i,  448. 

(4)  «  Mot  encore  en  usage  pour  désigner  la  pierre  ou  la  plaque  de  fonte  qui  forme  le  fond 
de  la  cheminée  ».  (Note  de  M.  Guibert). 

(5)  Quelle  était  leur  destination  ?  Le  poids  empêche  d'y  voir  la  chaînette  destinée  à  tenir  la 


INTVflTAlAK  DU   CHATBAU  0B  GOGKAC.  301 

née  à  une  barre  de  fer^  une  teuille  (4)  de  bois,  ayant  ses  cercles  de  fer 
propre  à  faire  les  galets;  une  table  usée,  composée  de  plusieurs  mor- 
ceaux» ayant  40bra8se(s)  de  long; 3  tamis,  dont  un  en  soye  et  les  autres 
en  crins,  assez  bon(s);  4  mauvaises  palisses  (2),  un  pallisson  de  paille, 
une  coupe  de  bois,  un  crible  mi-usé,  S  mauvais  dais  (3)  pour  porter  les  chA- 
leignes,  une  grêle  (4)  pour  les  châteignes,  3  chaises  en  paille,  une  salière 
de  bois  en  fauteuil  (5),  une  planche  à  hacher  la  viande,  9  mauvaises  lan- 
ternes, un  dévidoir  de  bois;  un  pot  de  gré(s)  ou  bulre  d*huile,  de  la  con- 
tenance d'un  sceau  et  i/9  ;  un  bac  de  bois  pour  les  cochons  ;  3  sceaux, 
dont  S  mauvais  et  un  bon,  garnis  de  leurs  ferrures;  une  pelé  en  radoit 
hors  d*usage,  un  mauvais  taille-pré,  un  grand  cuvier  de  pierre  pour  la 
lessive  ;  une  nape  de  cuisine,  ayant  une  aune  et  demi,  très  trouée  et  usée; 
6  mauvais  essuimain,  4  râtelier  pour  le  pain  (6)  ;  6  mauvaises  planches, 
dont  3  au  ciel  du  lit,  une  au-dessous  du  lit,  une  proche  le  râtelier  et  Tau- 
tre  suspendue  ;6  barres  de  fer,  pesant  ensemble  44  1.;  4  crochet  pesant 
jusque  à  69;  3  poêles  à  frire,  dont  une  grande,  une  moyenne,  une  petite, 
pesant  ensembleOl.  3/4;  S  casseroles  de  fert,  pesant  ensemble  1 1. 1/4  :  S 
petiles  casseroles  de  cuivre,  un  passe-purée  et  un  plat  d'œufs  à  miroir  (7), 
aussi  de  cuivre,  le  tout  pesant  d  1.;  S  couvercles  de  fer  blanc,  un  grand  et 
l'autre  petit,  pour  couvrir  les  casseroles  ;  un  souflet  de  cuisine  usé,  hors 
d'usage  ;  un  colier  de  chien,  garni  de  ses  pointes  (8). 

Michel  Léonard,  commis  pour  la  préparation  du  salpêtre,  prit  les  2 
meilleurs  sceaux,  une  bare  de  fer,  elle  pèse  6  1.  3/4,  une  casserole  de  fer 
blanc  pesant  2  1.  3/4. 

3,  Veêtibule  de  la  $ale  :  Un  armoire  à  4  batlans  et  %  tiroir(s)  au 
milieu,  dans  le  bas  il  y  avoit  huit  draps  de  brin  en  bon  état,  3  de  boira- 
dis,  3  d*étoupes,  6  napes  ouvrées  ayant  une  aune  et  demi,  43  servietes 
ouvrées,  4  autres  servietes  ouvrées  très  usées. 

3.  Sale.  Un  buffet  à 3  portes;  5  bouteilles  de  verre,  un  pot-à-l'eau  de 
fayance,  3  huilliers  en  fayance,  2  autres  en  cristal  par  leur  porte-huillier, 
4  gobelets  de  verre  dont  un  est  cassé,  une  pâtissière  avec  son  couvercle 
en  fayance,  5  fourchetes  cassée(s}  en  composition,  une  culière  potagère, 
un  salinat  de  iayance  (9),  une  feuille  de  fer  blanc,  une  corbeille  dans 

qoeae  d«  la  poU«,  que  l'oa  obtarre  «neore  ea  PoHoa.  Le  second  înTentalre  fixe  le  MOf ,  grâce 
à  an  acceot;  il  s'agit  de  chenets  ;  •  2  chaînés  en  fert  et  une  petite  fourche  pour  rengar  le  fea  ». 
(fl)  M,  Gaibert  propose  de  lire  eeuille,  t  On  appelle  lou  ieillou,  le   seau  où  l'on  met  la  pâte 
p«<ir  Csire  les  galau  de  blé  noir.  » 

(2)  «c  Paluton,  sorte  de  corbeille  ronde  en  paille.  ■  (L.  Gnibert). 

(3)  «  Le  mot  dée  est  ancora  employé  pour  désigner  une  boite  cylindrique,  dont  le  fond  est  à 
jour  »  (L.  Gnibert). 

(4)  Grêlif  sorte  da  orible  où  l'on  agite  les  châuignas  apréa  une  première  ébuUition,  afin  de 
les  débarataer  du  tan  ou  deuxième  enveloppe  (L.  Guibert). 

(5)  Ces  salièr^t  ezisUnt  encore  en  Poitou.  On  les  suspend  dans  la  cheminée  pour  que  le 
ael  soit  toi^ours  sec.  Leur  forme  est  une  boite  carrée  en  bois,  arec  dossier  qui  sert  â  wiq^en- 
dra.  Le  second  inventaire  dit  :  «  Une  salière  faîte  en  chaise  ». 

(6)  Ce  râtaUer  consiste  en  une  planche  suspendue  au  plafond. 

(7)  ExpraMion  ancora  oaltée  pour  signifier  ara/<  eut  le  pUU, 

(8)  «  Un  boisseau  ferré,  2  con8erve{s)  de  fayance,  un  pichar  de  terra,  des  morceaus  de 
cible,  un  paiM-yaréa  an  cuivra  étamé,  2  lanternes,  une  bardina  à  laver  Las  galetas  i»  (f 
Itweniaire). 

(9)  «  Une  salière  de  ftiyance  ».  «  Salinat,  mot  inconnu.  Ce  doit  être  une  salière.  »  (L.  Guibert). 

T.  3JXXVII.  M 


362  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIOUE  DU  LtMOUSik. 

laquelle  il  y  a  une  porte-huilièrc  de  fayance,  une  lasse  à  caffel  el  2  sou- 
coupes, un  moutardier  de  fayence,  une  table  avec  ses  tretaux,  une  autre 
table  moyenne  sans  pieds,  une  petite  table  avec  son  pliant,  un  fauteuil 
couvert  d'élofe  verte,  3  fauteuils  en  paille,  6  chaises  en  paille i  une  bas- 
sinoir(e)  en  cuivre  rouge  mi-usée,  pesant  avec  son  menche  5  1.  1/2  ;  8 
carafes  cassée(s)  de  verre  blanc,  une  cruche  de  terre  vernissée,  une  bou- 
teille de  vere  noir  envelopée  d'une  vpcle  ;  une  petite  table  à  pied  de  biche, 
ayant  trois  tiroir(s),  dont  deux  fermant  à  clef;  un  panier  à  salade  et  un 
autre  panier  servant  à  porter  les  bouteilles,  ayant  9  cloisons  ;  une  autre 
crache  de  terre  vernissée,  ayant  sa  anse  cassée  et  un  cuir  servant  d'anse  ; 
une  masse  et  S  coins  de  ier,  pesant  ensemble  47  i.;  une  grande  hache 
avec  son  menche,  pesant  6  1.  1/2;  une  petite  avec  sou  menche,  pesant 
3  I.;  2  chenets  de  fer,  pelles  à  feu  et  une  pincete,  le  tout  pesant  avec  une 
barre  à  fer  39  1.;  un  Dictionnaire  latin  de  Tannée  1765;  un  guéridon  de 
bois,  ses  bordures  cassée(s)  ;  une  râpe  à  râper  sucre  (\). 

4.  Salon.  Un  petit  lit,  ayant  une  couete,  un  traversin  garni  de  plume, 
pesant  avec  leur  plonlif  raye  bleue  et  grise  35  1.;  une  paillasse  ayant  sa 
toille  à  rayes  piles,  %  malelals  garni(s)  de  laine,  pesant  avec  leurs  plonlifs 
en  toille  54  1.;  une  courte-pointe  piquée  à  fleur  bleue  et  rouge,  un  drap  de 
lit  boirady,  une  nape  unie  très  tachée  et  usée,  une  servieie  ouvrée,  des 
ridaux  de  droguel  jaune  sans  barre  ou  tringles  et  sans  ciel  de  lit,  2  trin- 
gles de  lit  étant  dans  le  dit  salon,  pesant  16  I.;  un  pot  de  fayance,  2  feuil- 
les de  feri  blanc,  une  table,  2  petites  bares  de  vitrage,  une  laquetrise,  une 
écuelle  de  fayance  manquant  d'une  de  ses  oreilles,  2  chaise(s),  uo  fauteuil 
en  paille,  une  petite  pandule  de  bois  (2),  un  compas  à  3  branches  propre  à 
niveler  la  terre  des  plans,  un  paquet  de  fil  de  fer,  une  toille  d'un  fouret  (3) 
déchirée;  un  armoire  à  2  battans,  dans  lequel  il  s'est  trouvé  6i  servieles, 
C  napes,  2  essuimains,  un  bissac,  des  mouchetés,  27  draps  de  lit,  une 
chemise,  une  coife  de  gasc,  une  botte  de  carton  contenant  des  grènes,  une 
serure,  7  bouteilles,  un  petit  peloton  de  fil  de  brin,  un  de  fil  tord,  un  de  fil 
bleu,  10  pelotons  de  til  de  brin  ront  (4),  pesant  4  1.;  un  grand  et  un 
petit  poid(s)  de  pendule  en  plond,  une  bourse  de  soye  à  fleur  et  un  mau- 
vais rubent,  un  pain  de  sucre  pesant  3  l.;  2  petites  boites  de  saptn,  une 
écuelle  de  terre  el  demi-livre  de  fil  de  ferl,  2  petites  clef(s)  atlacbée(s)  à 
un  morceau  de  bois;  une  culière  de  fer  percée,  pour  tremper  la  soupe. 

5.  Petite  chambre  :  un  polit  lit  à  lange,  ayant  une  couche,  un  malelats, 
une  paillasse,  un  traversin,  courte-pointe,  i  drapo,  de  ses  ridaux  d'élofe 

(i)  «  Salle  à  manger d'antre»  hnillier?  en  verre,  une  servlete  ouvrée,  une  lertière,  3  plats 

loDg(s)  en  fayance,  de  la  fleur  de  soufre  pliée  dans  du  papier,  une  soupierre,  10  plats  long(s), 
2  saladiers,  t  écuelles,  i  assiettes  d'étein,  39  assietes  de  fayance;  une  petite  t&ble  à  pied  de 
biche;  dans  un  des  tiroirs  c'est  trouvé  un  canif  et  2  fiches  de  fert,  2  autre(s)  table(s)  à  pied 
Irisé,  3  chaises  à  bras,  2  paniers  d'osiers,  un  livre  portant  pour  titre  :  Compte  fait.  »  {f 
Inventaire). 

(2)  «  Une  pendule,  avec  support  d«  bois  sculpté  et  verni.  »  (Inventaire  du  château  de  Ram^ 
bouillety  4718). 

(3)  c(  Le  mot  fouret,  daos  nos  campagnes,  désigne  une  sorte  de  filet.  »  (L.  Guibert).  La  toil« 
aurait  donc  servi  d'enveloppe. 

(4)  Roux  :  «  Deux  chemises  de  toile  rousse  »,  dit  un  contrat  de  CdS  (GuÉlon,  Vollore, 
p.  185). 


INVENTAIRE  DU   CEIATEAU   DE   COGNAC.  363 

verle,  soa  docier  de  soye  et  cotoo  à  peiis  caros  (carreaux)  blanc  et  vert,  2 
mauvaises  chaise(s)  ;  un  petit  placar  vis  à  vis,  dans  lequel  c^est  trouvé 
lin  plat  à  barbe,  une  bouteille,  2  pot(s)  de  terre,  2  de  fayance,  un  plus 
grand  (i). 

6.  Dans  le  colidor  :  2  coffres  de  la  contenance  de  40  boisseaux  de  bled, 
Tautre  de  4  setiers,  ayant  une  maille  pour  fermer  avec  un  cadenat  qui  ni 
était  pas,  un  setier  de  cendre  pour  le  salpêtre  (S). 

7.  Chambre  basse  ou  cuisine  :  une  table  supportée  par  deux  chaises  en 
paille,  deux  petite(s)  palisse(s)»  une  grande  et  une  moyenne  terrine  de 
terre,  un  panier  à  4  bouteilles  ;  3  pot(s]  de  terre,  lesquels  les  bord(s) 
sont  cassé(s),  un  entoiioir  en  bois,  nne  tardille  à  placer  les  fontaines  aux 
hariques,  nne  buge  de  gré;  6  pots  à  fleurs  (de  terre),  dont  2  assés  grands  ; 
un  râtelier  à  mètre  le  pain,  â  planches,  6  morceaux  de  colonnes. 

8.  Office  :  48  bouteilles  de  verre  noir,  un  crible,  une  corbeille  sans 
couvercle,  2  pots  de  terre  hors  d*usage,  un  petit  vinegrier;  une  grande 
buge  (3)  de  gré  avec  son  couvercle,  de  la  contenance  de  deux  sceaux  ;  une 
grande  bouteille  de  verre  blanc,  une  grande  fiole,  une  bouteille  et....  cas- 
sées, 2  petis  moutardiés  de  terre;  3  chaise(s)  de  paille,  dont  une  mi-usée; 
une  planche  suspendue,  9  assietes  de  fayance  cassée(s)  (4). 

0.  Dans  un  petU  colidor  :  une  porte  neuve  détachée,  ayant  2  pein- 
tures (5),  un  renard  et  un  petit  crochet;  une  mauvaise  colonne  de  7  à  8 
pieds. 

10.  Chambre  des  pomes  de  terre  (6)  :  26  cherveis  de  cbarete  en  bois 
de  fayant,  une  grande  louche  d*accassias  de  6  pied(s)  de  long,  le  tout 
ouvré  et  bon. 

4  4.  Colidor  :  un  râtelier  et  les  bois,  deux  échelle(s)  à  main,  le  tout  neuf. 

42.  Autre  chambre  :  un  mauvais  lits  de  cbarete,  un  mauvais  tomberaud 
sans  roues,  2  roues  fuiine  non  ferrée(s),  les  boutons  d*icelle  transférés  et 
ayant  leurs  boites;  une  roue  de  charete  ferrée,  manquant  d*une  chervis  (7); 
un  support  en  bois  de  cuvier,  les  débris  de  trois  chaises,  2  chèvre(s)  de 
charpentier,  une  pièce  de  râtelier,  une  planche  (8). 

43.  Garde -manger  :  un  garde-manger,  garni  de  ses  toilles  percées; 
une  banque  plaine  de  chaud  gâtée  en  poudre,  une  pièce  de  boisure, 
2  pièces  de  bois  courbe  et  un  mauvais  madrier. 

4  4.  Sur  la  terrasse  :  20  planches  de  chêne  de  8  pieds  de  long,  bois  à 
brûler. 


(1)  «  Petite  chambre  :  2  morceaux  de  ridaox  jaune,  i  morican  (morceau?)  de  toille  cirée  » 
(2*  Inventaire). 

(3)  •  Un  moatardier,  S  soucoupes  et  2  tasses,  un  petit  panier  contenant  de  la  feraille,  de 
la  coUe  forte  »  (Ibid.) 

(3)  «  No  bujo^  une  huit,  vase  pour  l'huile  »  (L.  Guibert). 

(t)  «  0/^Sce  :  2  pot(s)  de  lait,  un  panier  à  4  étages  servant  à  porter  les  bouteilles  » 
fy  me). 

(5)  Sic  pour  pentures, 

(6)  11  est  curieux  de  constater  cette  culture  en  Limousin  à  cette  époque. 

(7)  Quoique  l'essieu  s'appelle  en  Limousin  charvix,  l'expression  doit  se  rapporter  ici  aux 
rayons  de  la  roue. 

{8)  m  3*  chambre  bcuse  :  une  cruche,  2  pot(s)  de  moutarde,  une  carafe,  une  grande  fiole  » 
2'  inv.). 


364  SOCIÉTÉ  ABeBtOLOGIQtm  BT  BISTÔRIOOB  AU  LlHODSlk. 

45.  Caoeê  :  I  fus  de  Pirigord  vuiée,  S  ptôees  de  boh  te^viBl  d«  ims  (I), 
un  mauvais  baril  el  9  mau?aise(s)  buge(s)  à  l'huille. 

fÇ.  Au  oesiibuleée  la  caoe  :  À  piokes  de  gré,  un  pot  au  htl,  on»  ban- 
que plaine  de  chaux  en  poussière,  4  pièces  de  boisure;  un  fus  de  Périford, 
ayani  dn  TÎn  de  péis  au  deux  ller(8)  da  fus;  un  fus  d'Asgoonois,  où  il 
y  a  dp  via  de  péis  à  moitié  fus . 

17.  Porte  d*antrée  :  environ  3U0  brkpies,  %  mauvais  manequina  sans 
couvercle. 

\  8.  Grande  chambre  :  9  pièces  4e  bois  en  forme  de  lias,  51  piancbes 
de  différand  bois  ;  un  baril  ayant  A  sercles  de  fer,  oonlenant  une  demi- 
banque.  10  quinlaux  de  mauvais  foin,  iO  bottes  de  patile  de  poix,  une 
mauvaise  iaaterne,  24  planches  bfttarde(s),  6  colonnes,  S  meavaia  tus 
d'Angoumois,  une  planche  à  hacher  la  viande,  10  pièces  de  boisure  ;  deux 
mauvaises  poélles  hors  d'usage  et  une  petite  marmite  de  fonte,  «NiDqaaat 
d*uB  pied,  pesant  ensemble  5  1. 

49.  Autre  chambre  :  Uu  baril  garni  de  4  seneles  de  fer.  3  pièces  de  boi- 
sure, la  boisure  d'un  dessus  de  lit  neuve  ;  on  chairt  de  lit  neuf,  façon  de 
village;  un  autre  châlit  ayant  une  paliasse,  garni(e;  de  sa  toille  et  une 
mauvaise  courle-poinle  piquée  de  toile  couleur  jaune;  plus  un  Ut  ayant  des 
ridaux  vept(s),  le  tour  bleu,  one  très  mauvaise  ooorte*pointe  pkfiiée  de 
(oille  grise,  un  maielai  garny  de  laine  pesaai  CO  l.,  une  mauvaiae  loiUe  de 
paliasse;  plus  une  chaise  de  paille,  un  pot  de  chambre  de  fayance  sans 
ance;  50  boisseaux  et  demi  de  noix,  mesure  de  Saiiit«Jaaien;  un  mauvais 
dais  ou  corbeille,  un  mauvais  panier;  un  boisseau,  mesure  de  Saint-iunien, 
avec  sa  rasoire,  le  boisseau  ferré;  un  embauchoir  de  bottes  (3),  manquant 
d'un  pied  ;  t  coupes  ou  environ  de  fèves  en  gousse. 

20.  Autre  chambre  :  Dans  le  placar  qui  joint  à  la  cheminée,  detni-^Jivre 
d*indigot,  2  mauvaises  coiies  et  un  mouchoir  de  gase,  un  foureau  (3)  d'in- 
dienne à  fleuF(s)  fond  blanc  avec  sa  jupe,  plus  un  foureau  et  jupe  de  gros 
de  Tour(s)  (4)  couleur  de  ramenons  (5)  clair,  3  paires  de  bas  de  coton, 
une  vielle,  une  mauvaise  poche  de  ras,  ayant  une  veiigeite  (6)  pour  les 
dents  et  5  deniers  en  cuivre,  3  chemises  mi-usée(4)  de  famé,  2  chemises 
d'home,  2  servieies  usée(s),  un  échevaux  de  fil  retor(s)  et  un  peiotAii  ;  un 
lit,  dont  les  ridaux  d*élofe  verte  sont  mi-usé(s),  il  ni  a  qu^uae  paillasse 
garnie  de  sa  loille  ;  sur  ledit  lU  il  y  a  quatre  coussins  garDi(s)  de  crin,  le 
dessus  étant  d*étofc  soye  et  coton  à  raye  verte,  fond  blanc;  un  fauteuil  de 
paille,  3  chaises  de  paille,  une  mauvaise  table  à  4  pieds  (7). 

H)  Pièces  de  bois  formant  chantier  sous  les  barriques.  «  Le  mot  est  encore  employé  chextoos 
nos  marcbanda  de  vins  pour  désigner  les  pièces  de  bois  servant  à  l'installation  et  au  maintleo 
en  place  des  barriques  et  des  foudres  »  (L.  Guibkrt). 

(9)  Expression  encore  usitée  pour  déaignei*  la  jamb^  de  bols,  avec  pied  arUculé,  qui  s'intro- 
duit dans  une  botte  pour  la  maintenir  dans  sa  forme  :  un  coin,  qu'on  enfonce  au  centre, 
permet  d'élargir  plus  ou  moins  la  tige. 

l'A)  ■  Fourreau»  Ce  mot  se  dit  des  couvertures  qu'on  met  sur  certains  meubles  pour  les 
garantir  de  [a  poussière...  On  le  dit  encore  en  fait  d'habits  :  des  fourreaux  de  manteaux,  des 
fourreaux  d'enfants  i>  {Dictionn.  de  Trévoux).  Ici,  le  sens  doit  être  corsage,  car  le  compté- 
menl  de  la  robe  se  trouve  indiqué  à  la  suite  par  ces  mots  :  avec  sa  jupe. 

(4/  Voir  sur  le  gros  de  Tours  \e  tome  I  de  mes  Œuvres  complètes^  p.  187. 

(5)  Ramoneur?  Serait-ce  un  noir  clair,  noir  de  suie  7 

(6)  Œuv.  complètes f  t.  I,  p.  176. 

(7)  ■  7  mauvai8e(s)  pantoufle(s}  »  (2*  inv.). 


IlfTBIlTAlBB  DU   CBATBAU   DB  COGNAC.  365 

ft4.  Caèiftet  :  «il  petit  Ut,  sans  a«ire  garniture  qtCvtnt  paillasse  avec  &i 
toilie;  «ne  eovette  garnie  de  plume,  pesant  SI  I.  avec  sa  toîlle,  sans 
rideaux  ni  del  de  lit. 

S2.    Chambre    dite   de    M'   (9)  :    le  lit,    à  la  droite   de  Tescatier, 
a  ma«  paillasse  garnie  de  sa  toilie,  un    matelat  garni  de  laine  pesant 
97    1.,    une    courtepointe    piquée    mi-usée,    à    ray(e)    rouge,     fond 
jaune;  les  ridanx  de  vert;  Tautre  lit,  à  gauche  de  la  môme  porte,  du 
c6té  de  la  cheminée,  les  ridaax  de  ras  bleu,  le  dossier  à  fleur  rouge  ;  il  y  a 
one  paillasse  garnie  de  sa  toîUe  et  une  courtepointe  piqné(e)  k    fleur 
ronge  en  siamoise;  9  mauvais  pot(s)  de  chambre,  une  table  de  nuit,  une  ter- 
rine, une  petite  table  à  quadrille;  un  lit  de  camp,  garni  de  sa  toilie  à  petite 
rave;  on  fameuil  et  une  chaise  de  paille,  t  euvetes  de  fayance,  une  cruche 
de  terre  vernissée,  une  mauvaise  caf»tiôre  de  fert  blanc,  une  plaque  de 
plond  pesant  t  L  et  demi  (9)  ;  une  botte  à  poudre  en  carton,  avec  une  mau- 
vaise fa^pe  de  signe  (S);  une  cage  d'oiseaux  vernissée,  gârnfe  de  fil  de  fer. 
S3.  Cabinet  :  4  chaises,  une  table  à  toilette,  une  autre  où  il  y  a  9  bou- 
teilles contenant  du  tabac.  2  patres  de  bas  de  coton,  une  coife  montée  en 
gase,  un  petit  et  un  grand  peloton  de  fil  brin  blanchi,  une  coife  de  bonet, 
une  paire  de  chausson(s)  de  iil,  un  col  de  basin,  un  mauvais  mantelet  de 
tafetas  noir;  un  sac  contenant  un  petit  estoc,  des  doux  et  pointes  de  Paris, 
9  paquets  d  alumetos  ;  un  plat  à  barbe  et  un  bassin  de  fayance,  3  bouteilles, 
an  panier  contenant  de  la  ferailte,  une  serviete,  un  manteau  de  lit,  3  lire- 
boties,  4  gonds  ei  quatre  peniures,  une  petite  boite  de  carton,  un  sac  con- 
tenant 19  livres  de  fil  blanchi,  un  autre  contenant  une  livre  et  demi  do 
maavaise  laine«  un  petit  pot  de  fayance;  la  table  de  toilette,  garnie  d*un 
verre,  2  petis  pots  de  porcelaine,  un  enionoir  de  verre,  une  serviete, 
ladite  table  bien  garnie  de  ses  miroir  et  écriloire. 

94.  Autre  cabinet  au  bout  :  une  paire  d'embauchoir,  une  mauvaise 
oape,  de  mauvaise  culotte  noir,  une  paire  de  fonte  de  pisiollet,  une  car- 
nassière, un  gilfît  de  moileton,  une  télièrc  de  bride  avec  son  mord  sans 
gourmele,  un  sac  de  papier  contenant  des  bouchons  de  liège,  une  grande 
boite  de  carton  contenant  quelque  coife  et  mauvaise  gase. 

95.  A  f étage  êupérleur^  1'*  chambre  du  côté  de  la  cour  :  on  y  a  rien 
trouvé.  —  9*  chambre  :  3  boisseaux  de  fèves,  9  petis  bancs,  sur  lesquels 
sont  3  planches.  ^3*  chambre  (4)  :  3  pièces  de  boisure,  4  planches  de 
caisse,  des  fèfes  en  gousse  eoviron  demi-coupe  (5),  une  chaise  en  paille. 

(1)  «  !'•  chambre  haute:  ao  lit,  garai...  de  rideaux  Tert(s);  ptai  an  autre  lit,  garni  d'une 
courtepointe  piquée  de  tiamotse  rouge,  une  pattlaete,  les  ridaux  blett(8),  le  doeier,  le  ciel 
d'indienne  k  grands  earros  ;  un  3*,  n'ayant  que  le  pied  et  les  eangleii,  façon  de  bergère...  un 
pot  de  chambre  de  fajance,  un  autre  de  terre. ..,  62  1.  et  demi  de  chanvre  »  (2*  ifm.i. 

{t\  ■  Une  plaque  de  plond,  aerTaat  à  mètre  u'\r  la  table,  ajant  quelque  Sguri  de  boit  » 
(t*  in».), 

(3)  Houppe  en  dutet  de  cygne. 

(4)  «c  a*  chambre  :  3  ehalHt,  dont  un  n'a  rien  et  lee  deux  autrei  deux  ont  dea  paiaaiae(8), 
1  matelat,  %  mauvaise(t)  couvertes,  un  drap,  une  mauvuse  garniture  de  ridatix  ycrt  bleu, 
lesdlta  châlits  sont  garni(8}  de  planches  dessus...,  un  pot  de  chambre...,  cinquante  bois- 
leanx  de  nois  »  (t*  tnv,), 

(5)  <c  Quarterium  et  euppam  frumenti  »  (Linre  de  raison  de  Pierre  Eiperon,  daûs  le  BulL 
4e  la  SoCf  arch.  de  la  Corrèxe^  t.  ZI,  p.  414;, 


366  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

—  4«  chambre  :  4  planches,  les  débris  d*une  galetière,  3  boites  de  cbaretes 
le  loul  eo  fonte,  pesant  45  1.  (1).  —  5*  chambre  des  pommes  :  1-4  chaises 
neuves  en  paille,  3  mauvaises  planches  et  un  vieux  chambranle  détaché  de 
poste,  un  tiroir  sans  serure,  3  poi(s)  de  terre, 

S6.  Galetas  :  10  paquets  de  lattes  de  À  pieds  de  long,  chaqae  paqaet 
contenant  30  lattes;  plus  300  latles  de  9  pieds,  100  bardaux,  un  pelit  coo- 
trevant  manquant  d*une  de  ses  fiches,  environ  â  boisseaux  de  fèves  en 
gousse,  environ  700  tuilles  plaltes,  une  colonne  et  une  planche  (9). 

27.  Vieu{x)  pavUlon  :  une  balustrade  en  claire-voie,  un  baoc  de 
cœur  (3),  4  planches,  de  mauvais  solivaux,  un  lit  de  charete  pouri  et  un 
poullalier  fort  mauvais. 

28.  VoUalUer  (4)  :  un  bac  de  pierre,  une  mauvaise  planche  sur  2  piquets^ 
UD  ancien  râtelier  de  cheval,  une  pièce  de  boisure. 

29.  Grande  écurie  :  un  bois  de  lit,  ayant  une  mauvaise  courte—poiote 
piquée,  de  loille  ;  un  coffre  d*avoine,  avec  une  serure  détachée,  sans  clef; 
2  râteliers,  2  auges,  2  autres  auges  ;  une  brouete,  avec  sa  roue  noo  ferrée, 
employée  à  la  conduite  des  terres;  un  gond  de  contrevant  a  été  pris  (5). 

30.  Petite  écurie  :  Tauge  et  le  râtelier,  un  mauvais  bois  de  lit  très  pelit, 
un  banc  à  établis  de  charpentier,  3  pièces  du  sercle  de  la  fontaine,  pesant 
65  1.;  plus  2  chaînes  du  pont-levis,  pesant  68  L,  et  un  câble  de  meule  ayant 
9  brasse(s]  (6). 

31.  Cour  :  le  pui  (ts)  a  une  chaîne  de  fer,  avec  son  crochet,  pour  puiser 
Peau  ;  19  planches  chêne,  2  de  fayanl  (7),  1 1  colonne(s)  de  chêne,  uo  lii 

(1)  tiGrcMde  chamhrê  :  an  madrier  propre  à  couper  la  yiande...,  S  gros  iolÎTauj:,  le  jon 
d'un  eforceau  ;  dans  la  cheminée,  80  taillea  plat  »  (1*  inv.). 

(?)  a  4*  chambre:  3  corniches,  2  mauvais  cadres.  —  G*  chambre  :  un  maurais  derler  de  lit, 
14  chaiseS)  3  pot(B)  au  lait,  dont  un  a  de  la  laine...,  de  la  paille  de  fèves  sans  être  ballaen 
(f  in».). 

(3)  Cette  balustrade  et  ce  banc  devaient  provenir  de  régbse  de  Cognac,  où  les  de  Nexon,  en 
qualité  de  seigneurs,  avaient  sans  doute  une  chapelle  et  un  banc  dans  le  chœur.  —  Voir  sur 
le  banc  seigneurial  le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres  de  la  Corrèxe,  1889,  p.  3g4. 

(4)  «  2  oyes,  S8  poulets  ou  chapons,  plus  un  tout  propre  à  lever  les  meules  de  moulin  u 
(«•  /«».). 

(5)  «  Une  grande  hache,  une  petite,  2  coins  de  fert,  une  bombe...  un  juchoit  en  forme  de 
râtelier»  {Ibid,) 

(6)  <t  Grenier  au-dessus  :  3  boisseaux  de  froment  chaulé  ;  3  housses,  dont  une  grande  et  2 
moyene(8);  la  grande  contient  environ  uo  boisseaux  de  poix  (a),  Fantre  environ  -une  coupe, 
l'autre  de  la  grène  de  rave  environ  demi-ooupe,  une  coupe  (6)  à  mesurer  le  bled,  plus  2  coupej* 
de  poix.  —  Autre  yrenier  .-un  boisseau,  mesure  de  Rochoir  (Rochechouart).  —  3*  grenier  :  S 
coupes  de  fèves  rouges,  3  boisseaux  de  blanche,  4  boisseaux  de  pois  ou  environ,  une  banque 
contenant  environ  3  boisseaux  de  grène,  plus  un  boisseau  de  bled  d'Espagne  et  environ  34 
sacs  d'épis  de  bled  d'Espagne,  7  boisseaux  comble  d'avoine,  3  boisseaux  d'orge,  plus  une  ma- 
chine en  toile  pour  mettre  le  boisseau  pour  mesurer  le  bled...,  des  épies  de  bled  d'Espagne 
sur  une  perche. 

a  Dan»  la  petite  écurie  :  un  petit  lit,  dont  les  planches  sont  élevées  pour  former  le  châlit, 
où  il  y  a  un  matelat,  une  courte-pointe,  un  traversin...,  plus  un  mauvais  châlit  cloué  et  une 
mauvaise  pelé  courbée  propre  à  ramasser  le  fiant  u  (2*  inti.). 

(7)  <i  Fayan^  mot  encore  en  usage  pour  signifier  le  hêtre  »  (L.  Guibert).  En  Aavergne,  on 
dit  t^yard  (Vollore,  p.  »46). 

(a)  1  sextarium  pisorwn  »,  a  eminam  pisorum  »  (Livre  de  raison  de  P,  Esperon^  an.  1403, 
p.  413,  416). 
('*)  Coupe  et  demi-coupe  (Guélon,  VoUore,  p.  40u,  401). 


INVENTAIRE  DU  CHATEAU  DE  COGNAC.  367 

neuf  de  charete,  une  bille  de  chêne  de  8  pieds,  une  auire  de  7  pîeds,  une 
autre  de  8  pieds,  une  bille  de  fayant  propre  à  brûler  de  8  à  9  pieds,  un 
chevron  écarie  (équarri)  ayant  21  pieds,  une  mauvaise  échele  à  main,  8 
tradaux  ou  madrier  ayant  H  pieds. 

3i.  Sous  le  portail  :  une  bille  de  fayant  de  9  pieds,  une  de  7  pieds,  une 
autre  de  6  pieds  destinée  à  être  sié  (sciée). 

II. 

Le  troisième  inventaire  est  intitulé  :  «  Précis  de  l'état  des  meu- 
bles de  la  maison  de  Cognac  »,  et  ainsi  divisé  :  «  Couvertes  de  lit, 
raalelals,  lit  de  plume,  paillasse,  bois  de  lits,  draps,  servietes,' 
napes,  napes  de  cuisine,  pots,  chauderons,  bassin,  poilles  à  frire, 
chandeliers,  buie  ou  buges,  panier,  tables,  banc,  planches,  armoi- 
res, fus  ou  bariques,  fer,  casseroles,  chaises,  bouteilles,  cruches, 
colonnes,  charetes,  bois  ».  Je  vais  en  faire  de  courts  extraits  pour 
montrer  le  genre  et  préciser  certains  articles  : 

I.  Couvertes  de  Ut  :  3  couvertes  de  laine,  dont  deux  mi-usées  et  Tautre 
usée;  1  courte-pointe  piquée  de  siamoise  à  ray(e)  bleue,  assés  bonne; 
I  courte-pointe  piquée,  mi-usée,  à  ray(e)  rouge,  fond  jaune;  K  courte- 
pointe à  fleur  rouge  en  siamoise,  piquée;  9  mauvaise(s)  courlepoinle(s) 
piquée(s),  de  toille  jaune;  \  courtepointe  à  flour  bleue  et  rouge,  17  I. 

3.  Bois  de  lits  ;  . .  . .  Un  bois  de  lit,  le  ciel  et  le  daussier  d*étofe  à  raye 
soie  et  coton  vert  el  blanc,  avec  ses  ridaux  vert.  Un  bois  de  lit  à  Tange, 
avec  ses  ridaux  vert,  le  ciel  et  le  dossier.  Un  bois  de  lit  à  lange,  avec  ses 
ridaux  de  ras  vert.  Un  autre  lit  à  lange,  avec  ses  ridaux  de  ras  bleu 

3.  Tables  : \  table  à  cadrille  (i),  qui  servoit  à  ma  fille  qui  Tavoit 

faite  faire 

4.  Armoires  : 2  coffres  servant  à  lusage  des  servantes. 

6.  Casseroles  : \  plat  d'œuf  a  miroir,  de  cuivre  rouge. 

6.  Chaises  :  35  chaises  en  paille,  dont  ii  de  neuve.  Un  fauteuil  garni 
d*étofe  verte.  2  grands  fauteuils  en  paille,  garni  de  coissin  en  crin  et  cou- 
vert d*étofe  blanche  et  verte,  soye  el  colon.  4  fauteuils  en  paille,  sans  être 
garnis. 

7.  Cruches  : %  petis  moutardiés  de  terre,  4  pelil  vinegrier. 

•   8.  Charetes  : 26  chervaix  de  charele  en  fayant  ouvrés  et  bon.  2 

roues  futines  non  ferée,  les  boulons  d'icelle  transforés  et  ayant  leurs  boUes. 
i  roue  de  charete  ferée,  manquant  d'un  chervis.  La  boisure  d'un  dessus  de 
ht,  neuve,  façon  de  village.  S  mauvais  manequins  sans  couvercle. 
9.^  Caoes  : 1  écuelle  de  bois,  un  entonnoir  de  fer  blanc. 

X.  Barbier  de  Montault, 

PréUt    de    la    maisou    de    Sa    Sainteté. 

(1)  Table  de  jeu  ou  joueU  comme  on  dit  en  Poitou.  «  Cadrille,  quadrille^  jeu  de  carte  entre 
quatre  personnes,  imité  du  jeu  de  l'hombre.  a  {Dictionnaire  de  Trévoux). 


U  BIBLIOTHÈQUE  ET  LES  ARCHIVES 


DU 


CHATEAU   DE  NEXON 


Sur  riûvitâtiOQ  du  maître  de  léaas,  j'ai  yisité,  il  y  a  quelques 
mois,  les  curiosités  du  château  de  Nexou  (1).  J'y  ai  trouvé  notre 
confrère  et  collaborateur  Ghampeval  occupé,  depuis  plusieurs 
semaines,  à  rendre  à  la  lumière  du  jour  nombre  de  vieux  regis- 
tres, de  poudreux  volumes  et  de  pièces  jaunies  qui  reposaient  en 
toute  quiétude  dans  les  obscurs  recoins  des  grands  combles.  Lors 
d'une  première  visite,  il  avait  déjà  mis  la  main  sur  de  précieux 
livres  de  raison  ou  registres  de  famille,  qui  seront  prochainement 
publiés,  et  reconnu  dans  cet  amas  de  <i  vieilleries  »  deux  fonds 
priacipaux  qu'il  a  signalés  dans  sa  récente  notice  sur  les  archi- 
ves du  Limousin  (2)  :  le  fonds  de  la  seigneurie  de  Nexon  et  celui 
de  la  seigneurie  de  Cognac,  près  Saint-Junien,  —  sans  compter 
maints  titres  relatifs  à  la  baronnie  de  Lastours,  aux  prieurés 
d'Âureil  et  de  TArtige.  De  nouvelles  et  plus  amples  recherches 
lui  ont  prouvé  que  le  château  de  Nexon  possédait  aussi  (par 
quelle  voie  de  fortune,  on  ne  sait  trop)  les  archives  de  Tancienne 
aumônerie  d*Aixe.  Ce  sont  donc,  en  réalité,  trois  fonds  intéres- 
sants qui  sont  venus  s'échouer  en  ce  lieu. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  en  dresser  l'inventaire  détaillé;  il  y 
faudrait  plusieurs  mois.  Nous  signalerons  seulement  quelques 
plaquettes  plus  particulièrement  curieuses,  quelques  volumes 

(4)  Nexon  est  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Saint-Yrieix.  Au  xvn*  siècle  déjà,  les  seigneurs  du  lieu  s'occupaient  en 
grand  de  Télève  des  chevaux,  tout  comme  aujourd'hui. 

(3)  Voy.  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limouêù^^  t.  XXXYI, 
p.  SU. 


I 


BIBLIOTHÈQUE  IT  AQGBIVBS   IHJ  GHATBAU   DB  NBXON.  369 

plus  parliculiôremeut  intéressants  pour  Thistoire  de  rimprimerie 
et  de  renseignement  en  Limousin  aux  deux  derniers  siècles.  Que 
M.  le  baron  de  Nexon,  qui  nous  a  autorisé  à  publier  ces  notes 
pour  rinslruction  de  tout  le  monde  et  qui  nous  a  facilité  la  tâche 
ea  nous  laissant  emporter  à  Limoges  tout  ce  que  nous  avons 
voulu >  reçoive  ici  de  nouveau  Texpression  de  nos  remercie- 
ments. 

1. — Proprium  sanctorum  diœeesis  Lemavieensis  juxta  brevia- 
rium  dicffcesanum,  authoritate  episcopaliy  de  eonsensu  eapituli  edi- 
tum.  DeniÂO  reeognitum  anno  1683  authoritate  illustrissimi  ae  rêve- 
rendissimi  D.  D.  Ludovici  Lascaris  d'Urféy  episcopi  Lefnovi4xnsi% 
^Armes  de  l'évoque).  —  Lemovicis  apud  Petrum  Barbou^  D.  D. 
episeopi  typographum,  1689.  Cumprivilegio  régis.  48  -f  240  p.  in-32. 

2.  —  Abrégé  de  la  dévotion  du  5.  Rosaire  de  la  mère  de  Dieu 

composé  par  leR.  P.  Joseph  Mayol,  professeur  en  théologie  de  V ordre 
des  F.  F.  Prêcheurs,  —  A  Limoges,  chez  François  MeilhaCy  impri- 
meur et  libraire,  M.  DC.  XCI.  8  +  332  p.  in-32.  —  Avec  les  Obli- 
gations (en  douze  articles)  des  confrères  de  la  congrégation  de  N.-D. 
du  S.  Rosaire.  A  remarquer  que  l'approbation  des  supérieurs 
porte  la  date  de  1679. 

3.  —  Riiuale  seu  Manuale  Lemovicense  aucloritate  illustrissimi  ac 
revereruiissimi  D.  D.  Ludovici  d'Urfé,  episcopi  Lemovicensis  editum. 
(Armes  de  Tévéque).  —  Lemovicis,  apud  Martialem  Barbou,  régis 
et  D.  episcopi  typographum. . .  UDCLXXVIIL  13  + 120  p.  in■8^ 

4.  —  Catéchisme  du  diocèse  de  Limoges.  —  In-32.  Les  deux  pre- 
miers feuillets  et  les  derniera  manquent.  Mais  le  mandement 
épiscopal,  qui  annonce  la  nouvelle  édition,  porte  la  date  du 
2  janvier  1760  et  est  signé  :  Jsan-Gillbs. 


6.  —  Edit  du  roi  portant  suppression  des  sergents  des  tailles 

(Armes  de  France  et  de  Navarre).  —  Compiègne,  mai  1624. 
«  Imprimé  à  Lymoges  par  Michel  Lemoyne,  suyvant  la  coppie 
inoprimée  à  Paris,  MDDXXV  »  {sic).  —  Brochure  in-18  de  24,  8 
ei  8  pages. 

6.  —  RetatUm  de  la  levée  du  siège  de  Limeric  [16901,  —  «  A  Li- 
moges, chez  Estienne  Leclerc,  avec  permission  et  privilège  ».  «- 
Plaquette  in-S"»  de  8  pages. 

7.  —  Mandement  de  Monseigneur  l'évtque  de  Limoges  pour  la  con- 
vocation du  synode  au  cinquième  d'avril,  le  premier  jeudy  après  la 
quinzaine  de  Pâques  1731.  —  Plaquette  in-8*de  6  pages,  sans  nom 


370  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  OU  LIMOUSIN. 

d'imprimeur.  —  Il  y  a,  outre  les  paragraphes  relatifs  au  synode, 
trois  paragraphes  relatifs  aux  écoles  : 

«  J'ajoute  ici  des  ordres  conceriians  les  maîtres  et  maîtresses 
d'école,  ayaat  appris  que  plusieurs  ne  s  acquiltoient  pas  comme 
il  faut  de  leur  devoir.  Vous  êtes  particulièrement  intéressez  à  ce 
que  ces  écoles  se  fassent  bien  et  par  le  zèle  que  vous  devez  avoir 
pour  l'instruction  de  vos  paroissiens  et  parce  que  vous  y  trouve- 
rez votre  avantage  particulier  en  ce  que  les  maîtres  el  maîtresses 
d'école  s'acquittans  bien  de  leur  emploi,  vous  en  aurez  moins  de 
peine  à  instruire  vos  peuples.  ||  Et  comme  il  nous  est  revenu  que 
plusieurs  s'étoient  immiscez  dans  cet  emploi  d'eux-mêmes  et 
sans  notre  permission  ni  celle  de  notre  illustre  prédécesseur,  ce 
qui  est  contre  les  règlemens  de  ce  diocèse  faits  eu  1686,  auxquels 
voulans  nous  conformer,  nous  vous  ordonnons,  mes  chers  frères, 
de  défendre  de  notre  part,  sous  peine  d'excommunication,  à  ceux 
et  celles  qui  instruisent  dans  vos  paroisses,  de  continuer  d'ensei- 
gner que  préalablement  ils  ne  se  soient  présentez  devant  nous 
avec  de  bonnes  attestations  de  vie  et  de  mœurs,  ou  devant  nos 
vicaires  généraux  pour  être  examinés  sur  leur  capacité  et  suffi- 
sance »,  etc. 

8.  —  Sentence  de  Céleclion  de  Limoges  qui  condamne  Louis  Bar- 
nouille,  ci-devant  préposé  à  la  levée  des  impositions  royalles  des 
paroisses  de  Vicq  et  de  Magnac,  à  être  pendu  et  étranglé  jusqu'à  ce 
que  mort  naturelle  s  ensuive^  à  aumoner  les  pauvres  de  la  paroisse  de 
Vicq  de  la  somme  de  deux  cents  livres  et  ceux  de  celle  de  Magnae  de 
celle  de  cent  livres^  en  la  somme  de  six  mille  livres  pour  tenir  lieu  aux 
habitants  des  dites  deux  paroisses  des  dommages  intérêts  résultans  des 
concussions,  exactions  et  malversations  commises  à  leur  préjudice  par 
le  dit  Barnouille  dans  la  levée  des  dites  impositions,  en  l'amende  de  trois 
livres  envers  le  Roi  et  aux  dépens  envers  ceux  qui  les  ont  faits.  Du  Ib 
décembre  1772.  —  A  la  suite  de  la  sentence  vient  l'ordre  d'afficher 
dans  toutes  les  paroisses  des  élections  d'Angoulême,  Tulle, 
Brive  et  Bourganeuf,  signé  Turgot.  —  Placard  imprimé,  grand 
format,  sans  nom  d'imprimeur. 

9.  —  Lettres  patentes  de  Monseigneur  le  comte  d'Artois  qui  fixent 
le  tarif  des  droits  et  frais  des  actes  de  réception  des  foi,  hommages^ 
aveutCy  dènombremens  et  déclaration  de  ses  vassaux  soit  laïques 
ou  ecclésiastiques,  1  Données  a  Choisy,  le  15  mai  1774,  enregistrées 
es  registres  de  Vaudience  de  Monseigneur  et  aux  bureaux  des  finances 
des  généralités  de  Riomet  de  Limoges,  —  Paris,  C.  Ballard,  impri- 
meur. Plaquette  in-8°  de  12  pages.  C'est  un  des  très  rares  actes 
du  comte  d'Artois  en  tant  que  «  comte  et  vicomte  de'Limoges, 
marquis  de  Pompadour,  vicomte  de  Turenne  >>,  etc. 


BIBUOTBÈQUE   KT  ARCHIVES    DU    CHATKAU   DE  NKXON.  371 

10.  —  Pub»  Virgilii  jEneidos  liber  octavus  ad  usum  coUegiorum 
Societatis  Jesu  (Marque  des  Jésuites)  —  Lemovicis  apud  viduam 
Ant.  Barbou  et  Martialem  Barbou,,..  1655.  Iu-8°  de  48  pages. 

Particularité  à  relever  :  les  lignes  sont  largement  espacées, 
pour  permettre  d'écrire  la  traduction  sous  chaque  mot.  C'est  ce 
qu'a  fait  en  plusieurs  endroits  le  possesseur  du  volume. 

11.  —  M,  T,  Ciceronis  De  ofpciis  liber  II ^  ad  tisum  coUegiorum 
Societatis  Jesu  (Marque  des  Jésuites)  —  Lemovicis  apud  Petrum 
Barbou,  collegii  typographum^  via  Ferraria  prope  divum  Michaelem, 
JUDCLXXXYIL  In-8"  de  48  pages.  Mêmes  particularités  que  ci- 
dessus. 

Il  subsiste  des  fragments  du  livre  III  du  même  traité,  avec  la 
datedeMDGLXXXVIIL 

12.  —  Luciani  Dialogi  mortuorum  7,  8,  9,  10,  11,  12,  ad  usum 
coUegiorum  Societatis  Jesu. —  Marque  des  Jésuites,  même  libraire, 
mêmes  particularités  que  ci-dessus.  MDCLXXXVII. 

13.  —  M.  T.  Ci4'.eronis  Pro  lege  Manilia  ad  populum  oratio  XIII, 
ad  usum  coUegiorum  Societatis  Jesu,  —  Marque  des  Jésuites,  même 
libraire,  mêmes  particularités  que  ci-dessus.  MDGXGIX. 


14.  —  Règlements  et  conditions  de  la  pension  du  collège  de  Brive 
des  prêtres  de  la  Doctrine  chrétienne. 

Epigraphe  :  La  bonne  éducation  a  pour  objet  la  religion  et  les 
lettres. 

Suit  le  règlement  en  17  articles. 

A  la  fin)  :  A  Aurillac,  chez  Antoine  Viallanes,  imprimeur  du 
collège  royal  de  Brive,  1775.  Plaquette  in-8°  de  2  feuillets. 

15.  —  Une  autre  plaquette,  de  même  titre  et  de  même 
forme,  diffère  de  la  précédente  en  ce  que  les  articles  sont  un 
peu  plus  développés  et  l'épigraphe  un  peu  plus  longue  :  La 
bonne  éducation  a  pour  objet  Us  mœurs,  la  religion  et  les  lettres. 

Bans  nom  d'imprimeur  et  sans  date  :  mais  évidemment  posté- 
rieure à  la  précédente.  Nous  la  reproduisons  intégralement  à 
l'Appendice. 

16.  —  Exemplaire  des  bulletins  fournis  par  le  directeur  du 
collège  de  Laval-Magnac  en  Basse-Marche,  aux  parents  des 
élèves. 

Celui  que  nous  avons  sous  les  yeux  est  adressé  à  M""'  de  Nexon, 
à  la  date  d'août  1776.  Il  comprend  les  rubriques  suivantes,  com- 
plétées à  la  main  quand  il  y  a  lieu  : 


379  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOCIQUC   ET   HltTORlQtB   DV   LIMOUSkN. 

!•  Nom...  Taille...  Santé....  Conduite...  Classe  de  lalin... 
Classe  de  géographie,  de  mythologie,  d'antiquités,  de  Wazou... 
Poésie  latine...  Poésie  française. 

2*  Histoire  sainte...  Histoire  romaine...  Histoire  ancienne  .. 
Histoire  de  France. 

3^  Musique...  Dessin...  Ecriture...  Mathématique...  Danse... 
Ex6rcice  littéraire  public. 

Au  verso,  le  bon  billet  que  voici  : 

«  Madame,  Je  ne  sais  d'où  cela  peut  venir  :  M.  votre  fils  est 
plein  de  bonnes  qualités,  et  avec  cela  il  ne  fait  pas  beaucoup  de 
progrès.  Nous  ne  saurions  dire  encore  que  ce  soit  deffaut  d'apti- 
tude. Peut-être  est-ce  l'âge  et  Tenfance.  Il  faut  espérer  que  la 
persévérance  à  la  fin  réussira.  J'ai  Thonneur  d'être  avec  respect, 
Madame,  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.  Guillot.  » 

Suit  la  note  à  payer  pour  Tannée  échue.  Les  diverses  dépenses 
montent  à  la  somme  de  385  11. 

17.  —  [nsolemni  afflxiorum  triduo  pr^clarum  dabant  diligen- 
lias  sux  spécimen  selecliauditores  coUegii  LemovicensU  Societaiis  Jesu 
diebus  25,  26,  27,  mane  ab  8*>  ad  IU»°»,  sera  a  3^  ad  b^  A.  M,  D,  G. 
V.  Q,  M.  D,  (Marque  des  Jésuites).  —  Lemovids^  apud  Petrum 
BarboUy  collegii  typographum,  prope  divum  Michaelem  MDCXCVIIL 
In -8®  de  16  pages. 

18.  —  Une  autre  plaquette,  toute  semblable  quant  au  titre, 
porte  la  date  de  MDCXCIX.  L'indication  du  mois  des  e.\ercices, 
qui  fait  défaut  dans  la  précédente,  y  est  portée  :  diebus  24,  28,  26 
mensis  augusti  anni  1699. 

Ces  plaquettes  fournissent  d'amples  détails  sur  Torganisaiion 
des  études  et  le  genre  des  exercices  littéraires  dans  le  collège  des 
Jésuites  de  Limoges  à  une  date  assez  reculée.  Nous  reproduisons 
la  seconde  à  l'Appendice. 


19.  —  Thèses  de  mathématiques  dédiées  à  Monseigneur  Marie- 
Pierre-Charles  Meulan  d'Ablois,  chevalier^  conseiller  du  roi  en  êes 
conseils,  maître  des  requêtes  honoraire  de  son  hâtel^  intendant  de 
justice,  police  et  finances  en  la  généralité  de  Limoges,  (Armes  de 
Meulan  d'Ablois,  échiqueté  d'azur  et  d'or,  couronne  de  vicomte). 
—  il  Limoges,  de  l'imprimerie  de  Pierre  Chapoulaud,  imprimeur- 
libraire,  place  des  Bancs.  In-12  de  23  pages.  Au  basde  la  der- 
nière, on  lit  :  <c  Ces  thèses  seront  soutenues  dans  la  salle  des 
Dominicains  le  ..  août  1784,  à  quatre  heures  après  midi,  par 
M.  François-Alexis  de  Gay  de  Nexon, 


BIBLIOTHÈQUE  Et  ARCblVES  t)U   ClIATKAU   DE  NBXON.  373 

20.  ^  Positioas  de  thèse  littéraire  : 

Verbi  sœeuiorum  opi/icis  theorhetoris  Chrtsti  Jesu  vlrgini  matri 
vârx  C(»U$i%qae  suad»  augusiissimx  Marùs  Disputationes  rhetarieas 
consecrant  Parthenii  alumni  rhetores  Lmiovicensis  coUegii  Secietatis 

JiSU. 

Il  y  a  huit  positions.  Puis  vient  cette  indication  finale  :  Has 
thèses  cum  Deo  et  virgine  propugnabunt  in  Parthenio  rheioriees  audi- 
torio  ^Itegii  Lemovicensis  Societatis  JesUy  die  20  augusti  hora  pome- 
ridiana  2,  anno  1653. 

lies  candidats  sont  :  Martial  Desmaisons,  Lemovix;  Simon 
Delhorty  Lemovix;  Josoph  Yerthamond,  Lemovix;  Simon  Symon, 
a  Slo  Juniano;  Nicolas  Chamberlant,  Saliensis;  Etienne  Mondon, 
Uxellensis;  Pierre  Ghamboux,  Petralevatensis;  Jean  Biays,  Le- 
moviûB. 

Lemovicùt^  aptui  viduam  Anl.  Barbou  et  Mariialem  Barbou,  régis 
eollegiique  typographos,  via  Ferraria,  prope  divum  Miehaeiem,  1653. 

21.  —  Thèse  de  théologie  : 

lllmtrissimo  viro  D.  D.  Joanni  Périere  insignis  ecclesiœ  Sancti 
Mariiaiis  prœcentori  meritissimo,  prœposito  des  Secheres  et  officiali 
metropolitanOf  suas  de  omnibus  et  singulis  sacramentis  conclusio- 
nés  theologicas  D.  D.  D.  Leonardus  Mas  Tutetlensis^  propugnandas 
in  collegio  Lemovicensi  Societatis  Jesu,  anno  Dom,  millesimo  sexcen- 
tesimo  nonagesimo  nono  die.,,  mensis  augusti.  (Marque  do  l'im- 
primeur). —  Lemovicis,   apud   Petn^m  Barbou MDCXCIX. 

Brochure  iu-4°  de  20  pages.  —  Au  revers  du  feuillet  de  tête  se 
trouvent,  à  page  pleine,  des  armoiries  représentant  deux  lions 
passant,  qui  soutiennent  un  arbre.  Signées  F.  Ponroy,  sculp. 

22.-*  Thèse  de  théologie,  sans  titre,  imprimée  dans  un  magni- 
fique passe-partout  représentant  la  famille  de  Satll  aux  pieds  de 
David. 

An  bas  :  Bas  thèses ^  Deo  duce^  auspice  Deipara^  et  préside  S.  Jtf. 
N.  Petro  Nolierre,  sacrœ  facultatis  Purisiensis  doctore  theoiogo^  ttteri 
conabiiur  Lucas  de  Gay  de  Nexon,  subdiaconus  Lemovicensis,  die 
JQvis  vigesima  sexta  mensis  novembres,  anno  Domini  177S,  a  septima 
ad  meridiem  in  Sorbena, 

23. —  Traité  de  rhétorique,  manuscrit  (de  294  pages  in-8«), 
qui  provient  sans  doute  d'un  des  collèges  de  la  région.  Il  est  in- 
titulé :  Oratorix  exewcitationes.  L'écriture  est  celle  du  xvii«  siècle. 

24.  —  Fragment  d'un  programme  d'exercices  littéraires. 
Ce  fragment  se  termine  par  cette  indication  :  «  Ces  exercices  se 
feront  le  10  et  le  1 1  d'octobre  1780.  Ils  seront  terminés  le  deuxième 


3^i  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGiQUK   ET   HlStORlQUE   DU   LIMOUSIN. 

jour  par  la  représentation  d'une  tragédie  et  d'une  comédie^  pré- 
cédée par  le  ballet  du  Paisan  Gaillard  et  suivie  de  celui  des  Cer- 
ceaux^  et  de  la  distribution  des  prix  ».  —  A  Limoges^  chez  Martial 
Barbouy  imprimeur  du  Roi  et  du  Collège. 

Ce  programqie  contient  quelques  indications  fort  précieuses  au 
point  de  vue  pédagogique.  Nous  en  tirerons  ce  qui  suit  : 

«  Messieurs  François  Ducros  de  lia  Rebière,  de  Saint- Léonard, 
et  Jean-Baptiste  Magy,  de  Saint-Léonard,  accompagneront  les 
questions  ci-dessus  énoncées  (1)  d'exemples  envers  et  en  prose 
tirés  des  meilleurs  auteurs  ;  réciteront  en  entier  VArt  poétique  de 
Boileau,et  celui  d'Horace  qu'ils  traduiront.  Ils  traduiront  de  plus 
les  deux  premiers  livres  des  Annales  de  Tacite,  les  Satyres  d'Ho- 
race :  Qui  fit  Mecenas,  Olim  truncus  eram^  Ibam  forte  via,  etc.;  les 
Epitres  du  même  auteur  :  Albi  nostrorum^  Si  potes  archaicis^  etc.; 
l'Evangile  selon  saint  Mathieu,  et  Texcellent  discours  de  Cice* 
ron  :  Pro  rege  Maniliaf  où  ils  feront  remarquer  les  principales 
règles  d'éloquence  qui  y  sont  observées. 

Versification  latine.  —  Ce  qu'on  entend  par  vers.  Ce  qui  entre 
dans  la  composition  des  vers  latins.  Pieds  simples  et  composés. 
Césure  :  ses  espèces.  Cadence  finale  ou  Depositio.  Manière  de 
scander.  Ellipse.  Synalèphe  et  comment  elle  s'obtient.  Synérèse. 
Diérèse.  Division  des  vers  en  trois  genres.  Vers  hexamètre, 
héroïque  et  négligé.  Pentamètre.  Archiloquien.  Alemanieu. 
Dactilique  tétramètre  (2) 

Syntaxe  figurée.  —  Ce  que  les  Grecs  appelaient  Métaphasme, 
Prothèse,  Epen thèse,  Paragoge,  Diérèse,  Aphérèse,  Syncope, 
Apocope,  Synérèse,  Antithèse. 

Figures  de  construction.  —  EUypse  de  verbe,  de  nominatif 
avant  le  verbe,  d'accusatif  après  le  verbe,  de  verbe  qui  veut 
après  soi  un  infinitif,  de  substantif  devant  l'adjectif,  de  particu- 
les. Zeugma.  Pléonasme 

Premiers  principes  de  grammaire  française.  —  Définition, 
objet  de  la  grainmaire.  Quels  sont  les  signes  de  nos  pensées? 
Qu'entend-on  par  substantif  commun,  commun  phisique,  com- 
miin  métaphisique,  propre,  collectif  général,  collectif  partitif, 
par  adjectif  et  par  degrés  de  comparaison  ?  Noms  de  nombre, 
nombres  adjectifs,  cardinaux,  ordinaux 

[et]   Pierre-Léonard  Valierre  de  Sivergniat,  de  Saint-Léonard, 
tâcheront  de  satisfaire  à  ces  questions  (3).  De  plus,  ils  traduiront 

(1)  Elles  manquent  dans  le  fragment  qui  nous  reste. 

(2)  U  nous  parait  sans  inténH  de  continuer  cette  longue  énumération. 

(3)  Gomme  plus  haut,  ces  questions  manquent  dans  le  fragment. 


BIBLIOTHÈQUE    ET  ARCHIVES   DU   CHATEAU  DE  NEXON.  375 

les  3%  *•  et  5«  livres  des  Fables  de  Phèdre,  dont  ils  réciteront  les 
3'  et  4*  ;  les  cinquante  premiers  Billets  de  Cicéron,  et  le  Selectœ 
enovo[leslamento]}\xsquà  la  mort  de  notre  Sauveur,  inclusive- 
ment. 

MM.  Léonard  Michelon  du  Masbarreau,  de  Saint-Léonard, 
Pierre  Constant,  de  Saint- Ijéoiïard,  répondront  aux  mêmes  ques- 
tions ci-dessus  et  traduiront  le  petit  Catéchisme  de  Fleuri,  les 
trois  premiers  livres  des  Fables  de  Phèdre,  dont  ils  réciteront  les 
deux  premiers. 

Suite  des  questions  sur  l'histoire  de  TAncien  testament.  — 
Josué  successeur  de    Moyse.   Passage  du  Jourdain.   Prise  de 

Jéricho,  Raab  sauvé  du  saccage  de  cette  ville Juges 

Gouvernement  des  rois Rois  d'Israël Gouvernement 

des    souverains    pontifes Histoire    des    Machabées 

Règne  des  Âsmonéens 

MM.  Etienne  Courty,  de  Saint-Léonard,  J.-B.  Fargeaud,  de 
Saint- Léonard,  Chabeau,  de  Saint-Léonard,  répondrontà  ces  ques- 
tions et  traduiront  les  qninze  premiers  chapitres  de  l'Evangile  selon 
saint  Jean,  la  seconde  partie  du  Selectœ  e  veteri  [testamento]  }usq\ïi 
la  révolte  d'Absalon,  inclusivement,  et  les  dix  Eçlogues  de  Virgile, 
dont  ils  réciteront  les  cinq  premières.  Ils  déclameront  de  plus  les 
cinq  premières  Eglogues  de  Gresset.  Enfin  ils  tâcheront,  ainsi 
que  les  Messieurs  sus-nommés,  de  répondre  aux  questions  qu'on 
voudra  bien  leur  faire  sur  les  premiers  principes  de  la  gram- 
maire latine  et  sur  les  principales  règles  de  la  syntaxe,  dont  ils 
feront  l'application  en  rendant  en  latin  des  phrases  françaises, 
et  en  français  des  phrases  latines  qu'on  leur  proposera  à  leur 
perlée.  » 

25. —  Recueil  manuscrit  de  Proverbes  scéniques  :  Les  bons 
comptes  font  les  bons  amis;  —  Bonne  renommée  vaut  mieux 
que  ceinture  dorée;  — Abonne  volonté  point  de  chandelle;  •— 
Toujours  pêche  qui  en  prend  un;  —  Entre  deux  vertes  une 
mure;  —  Bn  forgeant  on  devient  forgeron;  —  N'éveillez  pas  le 
chat  qui  dort;  —  Point  de  bruit  si  je  ne  le  fais;  —  L'eau  qui 
coule  vaut  mieux  que  celle  qui  croupit;  — (deux  autres  sont  sans 
titre). —  Ces  Proverbes  sont  suivis  (f.  57  etsuiv.)  d'une  Petite  chro- 
nologie de  l'histoire  de  France,  d'une  Petite  chronologie  des  empe- 
reurs d'Occideniy  d'une  Géographie  des  quatre  («c)  parties  du 
monde,  etCf  105  et  suiv.)  de  Conversations  sur  les  occasions,  sur 
le  danger  des  mauvaises  compagnies,  sur  la  raillerie,  sur  les 
amitiés,  sur  la  dévotion,  sur  la  bonne  conduite,  sur  le  bon  es- 
prit, sur  les  ajustements,  sur  la  bonne  gloire,  sur  Tamour- 
propre,  sur  la  douceur.  —  In-S**  de  147  feuillets.  Provient  d'une 


37Ô  soGiiri  archéologioub  kt  aiaroBiouB  du  umoumm. 

iastitutioa  de  jeunes  filles,  peut-être  de  Saiat-Cyr.  Ecriture  du 
XTiii'  siècle.  Sur  le  feuillet  de  garde  ou  lit  le  oom  de  Dbslaizb 


26.  —  Livre  destiné  à  écrire  les  choses  qfii  concernent  la  chapelle 
de  Sainte-Magdelaine,  fondée  dans  l'église  paroissiale  de  Saint- 
Léonard,  dont  M.  Gay^  seigneur  de  Nexon^  est  patron,  comme  l'aine 
de  la  famille  des  Gays.  —  Petit  registre  manuscrit  ia-iS  de  91  pa- 
ges, contenant  les  comptes  de  la  dite  vicairie  depuis  1679  jusqu'à 
1715.  On  Ut  à  la  page  12  ce  qui  suit  : 

«  Tout  ce  qui  est  dans  ce  livre  a  esté  escrit  de  la  main  du  sienr 
Joseph  Benoisl,  prestre  de  TOratoire  et  vicaire  de  la  vicairie  de 
Sainte-Magdelaine.  11  contient  vérité.  Ou  y  peut  avoir  recours 
dans  les  besoins.  J'y  ai  escrit  plusieurs  choses  touchant  les  reve- 
nus de  la  dite  vicairie.  Pour  donner  autorité  au  dit  livre,  j'y  va 
mettre  mon  nom,  quoy  qu'il  soit  encore  dans  la  page  précédente. 
A  Limoges,  ce  onzième  octobre  1698.  Joseph  Benoist,  vicaire  de 

Sainte-Magdelaine Mon  prédécesseur  estoit  appelle  prieur  de 

la  Madelaine.  Il  est  mieux  de  se  servir  du  titre  de  vicaire  pour 
plusieurs  raisons  utiles  »  —  P.  3  :  «  Je,  Joseph  Benoist,  prestre 
de  l'Oratoire  de  Jésus,  fus  nommé  sans  que  j'y  eusse  contribué 
en  rien,  grâces  à  Dieu,  par  M.  6ay,  seigneur  de  Nexon,  mon 
beau-frère,  à  la  vicairie  ou  chapelle  de  la  Magdelaine,  fondée 
dans  Téglise  paroissiale  de  Saint-Léonard.  Et  j'en  pris  possession 
par  le  R.  P.  Pierre  Robin,  mon  procureur  en  cela,  le  17*  de 
mars  1679...  » 

27.  —  Compliment  de  M.  Faye,  médecin  de  Nexon,  à  M.  et 
M"«  Desthèves,  à  Toccasion  de  leurs  noces  d'or,  1784  (copie  du 
temps,  que  nous  publions  à  l'Appendice,  en  corrigeant  les  fautes 
d'orthographe). 

L'ensemble  des  archives  du  château  de  Nexon  est  actuellement 
ronfermé  dans  dévastes  coffres,  quien  assurent  pour  quelque  temps 
encore  la  conservation.  Leur  répartition  dans  de  solides  cartons- 
tiroirs  les  sauverait  à  tout  jamais  des  rats  et  de  l'humidité.  Tout 
comme  la  bibliothèque,  qui  a  son  local  propre  et  ses  rayons  dans 
un  recoin  du  château,  le  chartrier  mériterait  d*étre  organisé  sur 
un  bon  pied.  Il  pourrait  tenter  alors  la  curiosité  de  quelque 
amateur  érudit  qui  en  ferait,  sans  trop  de  peine.  In  dépouillement 
méthodique  et  le  classement  définitif.  Ce  serait  le  commence- 
ment d'un  inventaire  général  des  archives  seigneuriales  du 
Limousin. 

Alfred  Lbroux. 


BIBUOTBÈQUS   CT  ÀRCBIVES  DU   CHATSAU   DE  MKXON.  377 

APPENDICE 
I. 

RÈGLEMENTS  ET   CONDITIONS  DE    LA    PENSION    DU   COLLÈGE    DE    BRI?E 
DES  PRÊTRES   DE   LA    DOCTRINE   CHRÉTIENNE   (1). 

La  banne  éducation  a  pour  objet 
les  Mantr»,  la  Religion  et  lei  Let- 
trée. 

Des  Mœurs. 

La  pension  de  Brive  se  fait  une  loi  de  ne  recevoir  que  des  jeunes  gens 
de  bonnes  mœurs,  et  de  rejeller  de  son  sein  quiconque  serait  reconnu 
pour  en  avoir  de  mauvaises.  On  n'admet  pour  nouveaux  pensionnaires  que 
des  enfants  de  dix  à  quatorze  ans,  ei  on  ne  les  garde  que  jusqu'à  la  rhéto- 
rique inclusivement,  pour  prévenir  le  danger  du  mélange  entre  des  enfants 
d'un  âge  trop  disproporlfonné. 

De  la  Religion. 

La  prière  se  fait  toujours  en  commun  le  matin  et  le  soir,  au  commence- 
ment de  chaque  exercice,  avant  et  après  le  repas.  Celle  du  matin  et  du  soir 
est  suivie  d'une  lecture  de  quelques  versets  du  nouveau  Testament,  ou  de 
rioiilation  de  Jésus-Christ,  sur  lesquelles  ou  fait  de  courtes  et  pieuses 
réflexions,  proportionnées  aux  besoins  des  pensionnaires.  On  leur  fait 
entendre  la  messe  tous  les  jours. 

MM.  les  pensionnaires  assistent  les  jours  de  dimanche  et  de  féie  à  tous 
les  exercices  qui  se  font  le  malin  à  la  congrégation  des  écoliers,  après-midi 
au  catéchisme,  à  une  instruction  familière,  et  ii  vêpres.  Ils  doivent  choisir 
leur  confesseur  parmi  les  prêtres  de  la  maison,  se  confesser  chaque  mois, 
et  produire  à  celui  des  maîtres  qui  en  tient  registre  un  billet  de  confes- 
sion. On  les  exhorte  à  s'approcher  souvent  du  sacrement  de  TEucharistie, 
et  on  prépare  à  la  première  communion  ceux  qui  ne  Tout  pas  encore  faite. 
Sur  la  fin  du  carême  on  donne  une  retraite,  pour  les  disposer  à  remplir 
dignement  le  devoir  paschal. 

Des  Lettres, 

On  n'oublie  rien  de  ce  qui  peut  contribuer  aux  progrès  de  Messieurs  les 
pensionnaires  dans  tous  les  genres  de  littérature  qui  font  Tobjet  de  rensei- 
gnement public  du  collège.  Le  succès  dépend  principalement  de  la  distri- 
bution du  temps. 

(l)  Voy.  d-destuB  le  n*  15. 

T.  xxxvii.  25 


378  SOCIÉTÉ  ARCHKOLOGIQUK   ET   HISTORIQUE   DU  LIKOUSiN. 

On  éveille  Messieurs  les  pensionnaires  tous  les  jours  à  cinq  heures.  Au 
quart  ils  se  rendenl  à  le  salle  d'éludé,  où,  après  la  prière,  ils  étudient 
jusqu^à  sept  heures.  Ils  se  rendent  alors  dans  les  chambres  de  leurs  pro- 
fesseurs respectifs,  pour  y  rendre  compte  de  leur  élude.  Pendant  les  repas, 
on  fait  toujours  des  leçons  de  liltéraiure.  Chaque  pensionnaire  paroit  i  son 
tour. 

Pendant  la  récréation  de  Taprès-dliiée,  qui  est  d'environ  une  heure,  les 
maîtres  étrangers  donnent  des  leçons  de  danse,  d'écriture,  de  musique 
vocale  ou  instrumentale,  et  les  parents  sont  libres  de  leur  donner  ces  maî- 
tres particuliers,  qu*on  paye  d'avance  tous  les  trois  mois. 

La  classe  publique  du  soir  est  suivie  de  Télude,  jusqu'à  six  heures  trois 
quarts,  qui  est  le  temps  du  souper.  A  huit  heures  et  demie  on  fait  la  prière 
et  on  se  relire  pour  se  coucher. 

Les  jours  de  congé  on  éveille  Messieurs  les  pensionnaires  à  six  heures. 
Ils  vont  corriger  leur  devoir  dans  les  chambres  de  leurs  professeurs, 
depuis  dix  heures  jusqu'à  onze.  L'après-dtnée  est  consacrée  à  la  promenade, 
si  le  temps  le  permet.  Les  jours  de  congé  sont  les  seuls  où  Ton  permet  à 
Messieurs  les  pensionnaires  de  sortir  pour  aller  dtner  en  ville.  Cette  per- 
mission ne  s'accorde  que  rarement.  L'expérience  n'apprend  que  trop  com- 
bien les  sorties  fréquentes  sont  pernicieuses  aux  enfants.  On  n'accorde 
jamais  celle  permission  les  jours  de  dimanche  et  de  (êle. 

Conditions, 

La  pension  est  à  vingt-sept  livres  par  mois;  sur  quoi  Messieurs  k'S  pen- 
sionnaires sont  éclairés  et  peignés.  On  donne  en  entrant  six  livres  pour  le 
chauffage,  l'encre,  les  plumes,  le  papier  et  les  repas  extraordinaires  qui  se 
font  pendant  le  cours  de  l'année,  ou  à  la  campagne,  ou  dans  le  collège. 

La  pen.sion  se  paye  toujours  d'avance  pour  trois  mois.  On  ne  distrait  rier. 
pour  les  absences,  à  moins  que  ce  ne  soit  k  raison  de  maladie.  On  rem- 
bourse tout  ce  qui  reste  d'un  lrimestre,^oit  que  Messieurs  les  parents  reti- 
rent d'eux-mêmes  leurs  enfants,  .soit  qu'on  les  prie  de  les  retirer. 

Chaque  pensionnaire,  s'il  est  étranger,  doit  avoir  un  correspondant  dans 
Brivc,  tant  pour  l'exactitude  des  payements  de  la  pension,  que  pour  se  char- 
ger du  pensionnaire  lui-même,  dans  le  cas  où  l'on  ne  pourroil  plus  !e 
garder  dans  la  pension. 

Il  faut  que  chaque  pensionnaire  ait  six  .serviettes  pour  son  usage  à  table 
ou  dans  sa  chambre,  des  draps  pour  son  lit,  une  malle  ou  une  armoire  pour 
mettri*  sous  clef  tout  ce  quilui  appartient.  Ceux  qui  ont  un  couvert  d'ar- 
gent donnent  douze  sols  par  an  au  domestique  qui  en  est  chargé  et  qui  en 
répond. 

On  est  libre  de  se  faire  blanchir  par  qui  on  veut.  Ceux  qui  voudront  s»* 
servir  de  la  blanchisseuse  affectée  à  la  pension  donneront  vingt  iols  |»ar 
mois.  Le  perruquier  se  paye  à  raison  de  quatre  sols  par  frisure.  Ceux  qui 
voudront  s'abonner  payeront  vingt  sols  par  mois. 

On  traite  dans  l'infirmerie  de  la  pension  les  petites  maladies  de  Messieurs 
les  pensionnaires,  et  on  paye,  outre  la  pension,  la  volaille  nécessaire  poar 
les  bouillons.  Si  la  maladie  est  dangereuse,  on  transporte  les  mala  les  dans 


BIBLIOTHÈQUC   ET  ARCHIVES   DU   CHATEAU   DK   NEXON.  379 

une  maison  bourgeoise  de  la  ville,  au  voisinage  du  collège,  où  ils  sont  fré- 
qaemmenl  visiiés  par  les  pères  mallres  et  servis  avec  le  plus  grand  soin. 
Alors  la  pension  ne  court  plus,  mais  on  paye  le  service  et  tous  les  frais  de 
la  maladie.  Le  service  est  à  raison  de  quinze  sols  par  jour  lorsqu'on  a 
besoiii  d'être  veillé,  et  de  huit  sols  pendant  le  temps  de  la  convalescence. 
On  donne  six  livres  par  mois  à  un  préfet  particulier  qui  enseigne  les  pre- 
miers principes  des  langues  à  ceux  qui  ne  sont  pas  encore  en  état  d*enlrer 
dans  la  classe  de  cinquième. 

II. 


IN    SOLEMNI 
AFFIXIONUM     TRIDUO 

PRiECLARUM  DABUÎST 

DILIGENTLC   SU.*:   SPECIMEN 

SELECTl  AUDITORES  COLLËGII   LEMOVIGENSIS 

SOCIETATIS  JESU 

Diebus  24,  25,  26,  memis  Augmii  anni  1 699 

Mane  ah  8,  ad  iO^"^,  Sero  a  3«  ad  5^ 

A  M.  D.  G.  V.  Q.  M,  D. 

(Marque  de  l'imprimeur) 

LEMOVICIS 

Apud  Petrum  Barbou  Collegii  typographtim  prope  divum  Michaëlem, 

M.^DC.XC.  IX(1). 

1.    —   IN   RHETORICA. 

Extemporales  Orationes  et  Garmina  proposito  argumento  scribent  :  Alpi- 
nianus  Boisson,  Âxiensis;  Georgius  Duchêne,  a  Sancto  Juniano;  Martialis 
Dufour,  Lemovix;  Baptista  Colomb,  Lemovix  ;  Joannes  Ardent,  Lemovix; 
Halhurinus  Mandavi,  Viacanensis. 

Horatii  Odas  heroico  carminé  donabit  ex  tempore  Franciscus  Marchadier, 
a  Sancto  Juniano. 

Ex  Oratorlbus  et  Poêtis, 

Varia  Oraiiooum  gênera  et  prsecepta  explicabit  :  Joannes  Lamy  de  Luret, 
Lemovix. 

N.  T.  Giceronis  Orationes  primam  et  secundam  in  Gatilinam  pro  M.  Mar- 
cello, pro  Ligurio  et  pro  Rege  Dejotaro,  argumento  exposito  factaque 
omnium  analysi,  memoriter  dicet  :  Joannes  Lamy  De  Luret. 

De  natura  tum  poêmatis  epici  in  génère,  tum  iEneidos  disscrenl  :  Baptista 
Colomb,  Joannes  Dubrac,  Magnacencis;  Slephanus  Pichon,  Lemovix; 
Georgius  Duchêne;  Mathurinus  Mandavi. 

Sx  Virgtiio,  argumento  proposito,  memoria  réfèrent,  inlerpretatione  el 

(1)  Voy.  ci-<le8tu8  le  n*  18. 


380  SOa^é   ARCBÉOLOOIQUS   BT   HISTOHIQUI   DU   LIMOUSIN. 

DOtis  illastrabunt  :  ifineidos  libros  duodecim.  Bapiisla  Colomb;  primoni, 
secundnm,  tertiam,  quartum  et  sextum  :  Jcaones  Dubrac;  seeandum,  qoar- 
tum,  quintum  et  sezium  :  Georgius  Duchéne;  primum,  secundum  eiqaar- 
tam  :  StephaDus  Pichon  ;  octavum,  noDum  et  décima  m  :  Hatbari&as 
Mandavi. 

Odarom  nec  non  Satyrarum  prscepla  exponent  :  Alpinianas  Boisson; 
Martial is  Grelet,  Lemovix  ;  Franciscas  Marcbadier. 

£x  Horatio  nolis  et  interprelalione  illustrato  dicenl  memoriter  Uonlii 
opéra  omiiia  :  Franciscus  Marcbadier. 

Satyrarum  librum  utrumque  :  Mariialis  Grelel. 

Similiter  réfèrent  Juvenalem  iniegrum  :  Alpinianus  Boisson. 
Selecta  Martialis  Ëpigrammata,  Ëpigrammatum  dotibus  explicalis  :  Martialis 
Dufour,  Lemovix. 

EX  HISTORICIS   TUM   SACRIS   TUM  PROPHAMS  MEMORITER   REFERENT. 

Hlstoriam  Universam  ab  orbe  condito  ad  Carolnm  magnum  authore 
Tursellino  :  Philippus  Durand,  Lemovix. 

Conciliorum  OEcumenicorum  hlstoriam  :  Marlialis  Dufour  ;  Petrus  Ddo- 
mcnio,  à  Sancio  Mariino  de  Castro  ;  Philippus  Durand. 

Praecipuorura  HaBreiicoruma  Chrislo  nalo  ad  ooslra  lempora  :  Joannes  et 
Josephus  Lavau,  Leniovices. 

Hlstoriam  Romanam  ex  Livio,  Floro,  etc.  collectani  :  Josephus  Gui, 
Lemovix. 

lllustrium  Romanorum  mortes  a  Romulo  ad  Anlonium  :  Baptista  Colomb. 

Famiani  SLradœ  de  bello  Belgico  ulramque  decadem  :  Joannes  Aidenl. 

Nonnulla  de  Cardiualium  origine  :  Franciscus  Marchadier. 

Juris  canonici  elementa  dif*et  :  Marlialis  Dufour. 

Grœcum  Evangelium  Sancti  Lucas  interprelabilur  :  Joannes  Lamy  de  Lurel. 

SELECTiC  EX   L'NIVERSA    RHETORICA. 

Conclusiones, 

DE  ARTS. 

L 

Rhetorlca  non  minus  est  ars  bene  silendi  quam  bcne  dicendl,  et  simul 
scientia. 

il. 
Ad  res  omnes  sese  extendlt  tanquam  ad  objectum  suum  materiale. 

in. 

lllius  finis  et  opus  est  oralio  ad  persuadendum  accommodaïa. 

IV, 
Absque  illius  ope  nulliis  est  scienliis  splendor,  necessarium  ergo ad  eseic- 
rarun)  scienliaruin  ornatum  contendimus. 


BiBUOTHàQUK   BT  ARCUIVES   DU  CUATKAU   DE   NRXON.  381 

V. 

Unde  nec  rejicieada  ul  inulilis,  mendax,  aut  perniciosa,  sed  ul  utilissima 
est  excolenda. 

DE   AailPlCK. 

1. 
Oralor  Iribaa  perficitur,  nalura,  arle  cl  exerciialione. 

H. 
Nallas  fuit  perfeclus  oralor;  posse  tamen  esse  DÎhil  veiai. 

111. 
Oraiorîs  perfectio  non  cxigil  ul  nihil  oratorem  fugiat. 

IV. 
Nec  ille  monim  probitas  est  absolule  necessaria,  ulilis  tamen. 

V. 
Peccal  qui  praecepia  ariis  semper  non  serval,  et  peccat  qui  praecepla  arlis 
aliquando  non  negligil. 

DK  opsas. 
I. 
Oralio  quatuor  parlibus  constat,  exordio,  narratione,  confirmalione  et 
peroralione  :  nulla  lameo  prae  aliâ  ipsi  esl  essenlialis. 

IL 
Exordio.  Oralor  bcnevoleDliam,  atieotionem  et  docilitatem  sibl  conciliai, 
Poicsl  tamen  exordiri  oralionem  sine  exordio. 

m. 

Narratio  fit  brevis,  perspicua,  probabllis  et  suavis:  brevis  ssepe  esl  longa, 
et  longa  saepe  brevis. 

IV. 

Confirmalione  suam  adstruit,  adversarii  causam  desiruil  Orator. 

V. 

Peroralione,  causa  compendiose  anle  oculos  posita,  vehementiores  excilat 
animi  molus. 

Has  ihescs  Deo  duce  et  auspice  Dcipnra  Virgine  propugnabunl  Rhclorcs 
collegii  Lemovicensis  Socielalis  Jcsus,  tolo  afiixionum  iriduo  :  Alpinianus 
Boissou  ;  Georgius  Duchêne;  Marlialis  Dufour;  Peirus  Delomcnic  ;  .Malhu- 
rinus  Maudavi;  Bapllsla  Colomb;  Joannes  Ardent:  Marlialis  Grelet;  Phi- 
lippus  Durand. 

2.    — -  IN    HUMAMTATE. 

Narralioiuim,  Chriarum^  Fabularum  virlules  ac  praecepta  cxponent  pie- 
rique  omnes. 

Narralîones,  Chrias,  Fabulas,  proposito  argumenlo,  scribent  :  Andréas 
Mosnier,  Ranconensis;  Franciscus  Delomenîe,  Lemovicensis;  Josephus 
Constant,  Lemovix;  Peirus  Barraud,  Lemovicensis;  Philippus  Ringuelet, 
Lemovicensis;  Garolus  delà  Maze,  Userchiensis;  Joannes  Aubusson,  Lemo- 
vicensis ;  Leonardus  Filloulaud,  Lemovicensis  ;  Petrus  Descordes,  Lemovi- 
censis. 


382  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BISTORrQUR   DU  LTlfOUSlN. 

Ex  Virfjilii  iEneide,  argumente  proposilo,  memoriter  réfèrent,  interpre- 
taiione  etnolis  illustrabuntlibrum  primum  etsecundum  :  Andréas  MosnUr, 
Ranconeosis;  Carolus  de  la  Maze,  Uscrchiensis;  —  secuiidum,  tertium, 
sextum  et  duodecimum  :  Joannes  Aubasson,  Lemovicensis;  —  quartum  : 
Hyacynlus  Farne,  Lemovix;  —  nonum  :  Joannes  Rousseau,  Garaclensis;  — 
undecimum  et  duodecimum  :  Franciscus  Brandy,  Lemovicensis. 

Sine  notis  interpretabuntnr  et  memoriler  dicent  librum  primum  ei 
secundum  :  Franciscus  Ardant,  Lemovix;  —  eumdem  ulrumque  cum  12  : 
Petrus  Descordes,  Lemovix  ;  —  primum  et  sextum  :  Fbilippus  Ringuelel, 
Aenthinus;  —  tertium  et  quartum  :  Andréas  Mosnier,  Ranconensis; —  prio- 
res  sex.  :  Joannes  Balier;  —  ociavum  :  Martialis  Lombardie,  Lemovix. 

Horalii  Odarum  librum  primum  et  secundum  interpretabitur  et  memo- 
riler referel,  Hyeronimus  Reynaud,  Lemovix;  —  libros  qualuur  intègres 
memoriter  dic(>t  et  gallica  et  latina  interprelatione  donabit,  notis  illuslrabit: 
Franciscus  Delomenie,  Lemovicensis;  —  Epistolarum  utrumque  librum 
interpretabitur  et  memoriter  dicet  :  Leonardus  Filloulaud,  Lemovicensis. 

Quintum  Curtium  explicabunt  et  praecipua  iisdem  authoris  verbis  memo- 
riter réfèrent  :  Franciscus  Dumay,  iLemovix  ;  GregoriusThcvenin,  Lemovix. 

Commentaria  item  Caesaris  et  compendiose  muUa  referet  :  Joannes 
Robert,  Axiensis. 

Salustum  explicabit  :  Franciscus  Ardant,  Lemovix. 

Ortum  ac  illustriora  facinora  Gallorum  imperatorum  primœ  et  secundse 
familiae  :  Carolus  de  La  Maze,  Userchiensis  ;  Franciscus  Brandy,  Lemovi- 
censis. 

Iconoclastarum  Historiam  excerptam  ex  paire  Maimbourg  :  Carolus  de 
La  Maze,  Userchiensis;  Claudius  Farne,  Lemovix, 

Ciceronis  Oralionem  pro  lege  Maniliâ  interpretabitur  et  memoriler  dicet  ; 
Carolus  de  La  Maze,  Userchiensis. 

Calilinariam  primam,  secundam  et  tcrtiam  :  Petrus  Descordes,  Lemovix. 

Ejusdem  Orationes  pro  Archia  poêla,  pro  Marco  Marcello,  proposilo 
argumente,  cum  analysi  exponent  et  memoriter  dicent  :  Jesephus  Censiant, 
Lemovix;  Jesephus  Latreille,  [^emovlx. 

Oralionem  pro  Milone  simililcr  :  Petrus  Barraud,  Monberonensis. 

Aulhorum  latinse  linguae  praestanliorum  caracterem  efformabit  :  Fran- 
ciscus Delomenie,  Lemovicensis. 

De  Poelis  idem  praeslabit  :  Joannes  Aubussen,  Lemovicensis. 

Grœcum  Evangelium  sancti  Lucœ  interpretabitur  :  Martialis  Lombardie, 
Lemovix. 

3.  —  In  prima  Grammaticc. 

Epistolas  de  quocumque  argumente  scribent  ex  tempère  :  Eduardus 
Avril,  Lemovix;  Franciscus  Garai,  Lemovix;  Jacobus  Blanchard,  Lemovix; 
Joannes  Garai,  Lemovix  ;  Joannes  Moniîgnac,  Lemovix  ;  Joannes  Muret, 
Lemovix  ;  Jesephus  Bourdicaui,  Aentinus  ;  Jesephus  Complainviile,  Pari- 
sinus  ;  .Martialis  Dechaumeys,  Axiensis;  Petrus  Bonin,  Lemovix. 

M.  T.  Ciceronis  Officiorum  libres  inlerprelabuniur  cl  mulla  ex  duebus 


BIBLIOTHÈQUE   ET  ARCUlV£S   DU   CHAI  EAU   DE  MSXON.  383 

prioribus  sc'Ua  digna  réfèrent  memoriler  :  Eduardus  Avril,  Lcmovix; 
Josephus  Bourdicot,  Aeolinus;  Marlialis  Dechaumeys,  Axiensis  ;  Petrus 
BoniD.  Lemovix. 

Circa   Paradoxa  ejusdem  Ciceronis  idem  prsestabit  :   Andréas   Vidaud, 
Lemovix. 

Quinlum  Curlium  explicabil  et  elegantiores  orationes  dicet  memoriter  : 
Eduardus  Avril,  Lemovix. 

Ex  TurselUno,  a  Constaiilino  ad  Carolum  maj^'num  hisloriam  memoriter 
dicel,  caeteraqitc  inierpretabitur  :  Marlialis  Dechaumeys,  Axiensis. 

Ex  Sallostio  Catilinarium  bellam  explicabit,  et  oraliones  tum  lalinè  lum 
{rallicè  proDuntiabit  :  Gabriel  Loriget,  Lemovix. 

Tiii  Livii  nonnullas  oraliones  memoriler  dicel  gallicè  ac  lalinè  :  Francisons 
Garât,  Lemovix. 

De  Herodiani  auihoris  graeci  orationibus  idem  praesiabil  :  Leonardus  Boj- 
chet,  Lemovix. 

Dniversmn  Cornelii  Nepoiis  hisloriam  de  Graecise  Imperatoribus,  latine 
ac  gailicè  réfèrent  memoriter  et  interprelabunlur  :  Anlonius  Olivier,  a 
Sancto-Mauricio;  Benedîctus  Landrieve,  Albuconensis  ;  Franciscus  Duquai- 
rcii,  a  Sancio-Mauricio;  Josephus  Faugeras,  Lemovicensis;  Ludovicos  Val- 
net,  Albuconensis. 

Romanae  Historiae  breviarium  ex  Euiropio,  ab  ipso  urbis  fundamenio 
memoria  répètent  :  isaachus  Moaricr,  Lemovicensis;  Marlialis  Roussel, 
Lemovicensis. 

De  llluslribus  Romanse  urbis  Imperaioribus  inlerroganli  gallicè  ac  latine 
rcspondobil  :  Marlialis  Dechaumcys,  Axiensis. 
Romanum  Floru  n  inlerprelabilur  ;  Joannes  Simon,  a  Sunclo-Juniano. 
Fabulas  omncs  Phsedri   réfèrent  memoriler  gallicè  et  latine;   Joannes 
Ducloud,  I^emovix  ;  Petrus  Bonin,  Lemovix. 

Luihcran:e  lisereseos  origincm  et  progressum  explanabit  :  Leonardus 
Aubusson,  Burgonovensis. 

Iconoclaslicaro  Hisloriam  proponel  compendiose  :  Franciscus  Garai, 
Lemovix. 

Francorum  quaedam  insigniora  cerlamina  referet  memoriler  :  Joannes 
Simon,  a  Sancto-Juniano. 

Bclli  Punici  ortnm  et  exitum  breviler  rccensebit  :  Leonardus  Aubusson, 
Burgonovensis. 

insigni  diiigenti»e  specimine,  dcpromplos  ex  Pomario,  ut  vocant,  latioi- 
lalis  exquisilissimo:»  flores  memoriter  réfèrent  :  Joannes  Ducloud,  Lemovix; 
Leonardus  Gerald,  Axiensis  ;  Leonardus  Marchadier,  a  Sancio-Juniano  ; 
Marlialis  Courtaud,  Lemovix;  Petrus  Heraud,  Lemovix. 

P.  Ovidii  Consolalionom  ad  Liviam  inierpretabitur  et  memoriter  dicet  : 
Petrus  Bachet,  Garaclensis. 

Girca  Horatii  artem  poeticam  idem  prœstabil  :  Joannes  Lesserie, 
Lemovix. 

Ex  Virgilio  memoriler  diceril  et  interprelabunlur,  argumenta,  notas, 
fabulas,  et  quse  spectanl  ad  Hisloriam  Romanam  breviler  exponenles, 
Bucolica  et  Georgica  :  Eduardus  Avril,  Lemovix;  Guido  Rameru,  Lemovix; 
Jacobus  Blanchard,  Lemovix,  Jacobus Tranchant,  Lemovix,  Joannes  Muret^ 


r:84  SOGtÉTft   AKGHiOLOOIQUB   ET  HISTORIQUE  DO  LIMOaSIN. 

Lemovix;  Josephus  Complainville,  Parisinus;  Leonardus  Harchadier,  a 
Sanclo<Janiano;  Martîalis  Dechaumeys,  Axlensia;  Petras  Bodîo,  LerooTÎx. 

i£neidos,  librum  primtim  :  Joannes  Dufourt,  Lemovix;  Petras  Mourier, 
Lemovicensis  ;  Josephus  Bourdieatid,  Aentinus;  — secundom  :  Bduardas 
Avril,  Lemovix;  Josephus  Grelel,  Lemovix;  Marlialis  Cognacs,  Lemovix;  — 
teriium  :  Francïscus  Garai,  Lemovix;  —  quintum  :  Joannes  Puimège, 
Lemovicensis  ;  Malhurinus  Ducloud,  Lcmovicensis  ;  —  sextum  :  Leonardus 
Aobusson,  Burgonovensis;  —  septfmum  :  Carolus  de  Ribeyreyx,  Lemovi- 
censis ;  —  ociavum  :  Joannes  Héralde,  Lemovix  ;  —  decimum  :  Joscphos 
Bargeas,  Lemovix;  —  undecimum  :  Josephus  Maleden,  Lemovix;  — 
duodocimum  :  Joannes  Garai,  Lemovix  ;  Joannes  Honlignac,  Lemovix. 

Graecam  Orationem  D.  Cbrisoslomi  De  precibus  sacris  laùnam  lacieni 
plerique. 

4.  —  In  secunda  Grammatkle. 

Phrases  gallicè  preposilas  latînas  facicnt  omnes,  sed  maxime  :  Anlonius 
Massaloux,  Axiensis  ;  Joannes  Châtenel,  Axiensis  ;  Josephus  de  Umaze, 
Userchieosis  ;  Joannes  Malevergne,  Lemovix;  Josephns  Goudin,  Lemovix; 
Petrus  Borie,  Lemovix. 

Selectas  Ciceronis  Epislolas  ex  3^  memoriler  diceni  et  interprelabunlur: 
Joannes  Dupré,  Lemovix;  Joannes  Lafosse,  Lemovix;  Joannes  Romanel,  a 

Sancto-Viclurniano  ;  Joannes   Châlenet, ;  Matheus  Jauffrcnci, 

Lemovix;  Petrus  Avril,  Lemovix  ;  Petrus  Morin,  a  Petrâ-BufFeria. 

Ëjusdem  Ciceronis  omnes  Epislolas  breviore  gallica  inlerpreiaiione 
donabunt,  et  maximam  partem  memoriler  réfèrent  :  Gabriel  Blanchard, 
Lemovix;  Joannes  Lafosse,  Lemovix. 

Solum  vero  explanabit  :  Peirus  Avril,  Lemovix. 

Ex  Sexlo  Aurelio  Victore  vivorum  illuslrium  hîstorias  explicabuni  omnes. 
Selectas  memoriler  pronunliabunl  :  Josephus  Goudin;  Anlonius  Massaloux; 
Joannes  Malevergne;  Frauciscus  Labriderle,  Lemovix;  Aiexius  Guillol, 
Lemovix;  Hélias  Faudry,  Lemovix;  Joannes  Romanel;  Joannes  Chatenet. 

Quatuor Virgitiipriores  Eclogas  lum  latine  tum  gallicè  réfèrent:  Josephus 
de  Lamaze,  Hélias  Faudry,  Joannes  Lafosse,  Petrus  Borie,  Lemovix;  — 
Decem  similiter  :  Joannes  Chavepeire,  Lemovix  ;  Josephus  Goudin,  Petrus 
Avril,  Joannes  Romanel,  Leonardus  Navieres,  Lemovix. 

Primum  Georgicorum  librum  :  Joannes  Chavepeire,  Ludovicus  Lajoix, 
Lcmovicensis; —  secundum  :  Joannes  Chavepeire,  Joannes  Daniel,  Lemovix. 

Ex  quarto  insigniora  loca  plerique  omnes,  inlegrum  :  Joannes  Tirebas, 
Lemovix;  Leonardus  Naviere«,  Joannes  Chavepeire. 

Primum  iEneidos  librum  :  Anlonius  Fonbonne,  Lemovix;  Josephus  de 
Lamaze  ;  —  secundum  :  Josephus  Goudin,  Joannes  Dupré,  Josephus  Dela- 
maze; —  teriium  :  Joannes  Ch&tenel;  —  quartum  :  Josephus  Goadin, 
Joannes  Chftlenet  ;  —  quintum  :  Marlialis  Laircille,  Lemovix;  —  sextam  : 
Jacobus  Rouflie,  Avalliensis;  Jacobus  Theuiller,  Lcmovicensis;  Petrus 
Morin,  Joannes  Bastide,  Userchiensis;  Marlialis  Laircille;  —  decimum: 
Anlonius  Massaloux. 


BIBUOTHiQUE  ET  ARCHIVES  DU   CHATEAU   OK  NEXON.  385 

Selectaa  ex  primo  libro  de  Tristibos  Ovidii  :  Ludovicus  Lajoix,  Garac- 
lensis. 

Ex  Epistolis  Ovidii  :  Joannes  Ghiitenei 

PhflBdrt  Fabulas  omnes  explicabuQl.  Priores  libros  memoriler  dicet  : 
Joannes  Maleverf^^ne,  Joannes  Romanet,  Franciscus  Labiiderie,  flelias 
Faudry,  Joannes  Tirebas. 

Selectas  i£sopi  Fabulas  laiinè  pronuntiabunt  :  Josephus  Goudin,  Josephus 
Lamaze,  et  passim  omnes. 

Selectas  Titi  Livii  Orationes  dicent  :  Petrus  Borie,  Malhcus  Jauffrenet, 
Lemovix. 

De  Historia  Gallicâ  compendiosè  respondebtl  :  Relias  Faudry. 

De  Grsecis  interroganti  salisfacient  pro  capta  scholœ  :  Joannes  Dapré, 
Ludovicus  Lajoix. 

Fabulas  etiam  Graecas  explirabunt  latine  et  gallicè  memoriter  quoque 
dicent  plerique  omnes. 

5.  —  In  tertia  Grammatkle. 

Phrases  gallicè  proposilas,  latinas  reddent  ex  tempore  :  Guitlelmus 
Dupuymathien,  Lemovix  ;  Ludovicus  Deiabernardie,  Piclavensis,  Joannes 
Barbou,  Lemovix;  Joannes  Pouliot,  a  Sancto  Juniano;  Joannes  Marchandon, 
Burdigaîensis;  Simon  Nicol,  Lemovix;  Joannes  Colomb,  Lemovix;  Fran- 
ciscus Tuilier,  Lemovix;  Petrus  Ardant,  Lemovix;  Marlialis  Guingan, 
Axiensis;  Joannes  Ragot,  Lemovix;  Josephus  Avril,  Lemovix. 

Selectas  ex  Cicérone  epistolas  memoriler  réfèrent  et  interpretabuntur  : 
Joannes  Thévenin,  Lemovix;  Simon  Nicot,  Lemovix;  Jacobus  Guerri,  Le- 
movix ;  Slephanus  Laribiera,  Lemovicensis. 

Omnes  Phaedri  Fabuias  memoriter  tum  gallicè  tu  m  latine  recilabunt  : 
Bemardus  Turin,  Lemovix;  Gabriel  Grelel,  Lemovix;  Joannes  Ragot; 
Josephus  Avril;  Franciscus  Teulier;  Guillelmus  Essenaud,  Lemovix; 
Joannes  Pouliot  ;  Josephus  Volundat,  Lemovix. 

Omnes  Uistorias  ex  Aurelio  Victore  latinas  et  gallicas  dicent  memoriler  : 
Guillelmus  Dupuymalhieu  ;  Slephanus  Bclu,  Lemovix  ;  Simon  Jobert,  Le- 
movix; Joannes  l*elu,  Lemovix;  Petrus  Hoche,  Lemovix;  Simon  Taillan- 
dier, lemovix. 

Omnes  Virgilii  Eclogas  referont,  quasdam  interpretatione  donabunt  : 
Bartholomeus  Pinot,  Lemovix;  Joannes  Colomb;  Pelrus  Ardanl;  Joannes 
Barbou;  Joannes  Pouliot;  Petrus  David.  Lemovix;  —  S  priores  :  Joannes 
Marchandon;  Martialls  Gaingan  ;  —  7  Joannes  Moulinier,  Lemovix;  — 
quantum  Georgicorum  recilabunt  :  Joannes  Barbou  ;  Josephus  Avril. 

Ex  Ovidio,  De  Tristibus  dlceni  librnm  quinlum  :  Bernardus  Turin. 
Joannes  Ragot;  Guillelmus  Essenaud;—  Ex  eoJem  libro  Elegias:8.  Gabriel 
Grelet;  H.  Baptisla  Taillandier,  Lemovix;  7.  Lu-Jovicus  Delabernardeiie. 
Paulns  Ardilier,  Lemovix;—  de  Ponto  librumprimum  :  Dyonisitts  Piquet, 
Lemovix;  Pcirus  Tevenîn,  Lemovix  ;  Franciscus  Teulier;  —  ex  eodcm  libro 
Elegias  :  8.  Josephus  Yolundat;?.  Martinus  Quillel,  Lemovix;  7.  Leonardus 
Hotiard;  —  ex  quarto  :  7  Elegias;  Josephus  du  Goudau,  Lemovix. 


386  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE   DO   LIMOUSIN. 

Muodi  miracula  et  labores  Herculis  exponent  :  Leonardus  Malfore,  Lemo- 
vicensis  ;  Aolonius  Nynaud,  Lemovicensis. 

De  Grsecis  plerique  rospoodebunl  pro  capta  scholae,  isti  prœcipuè  :  Josc- 
phus  do  (ronJau,  Marlinus  Quillel,  Guillelmus  Dupaymathieu,  Leonardus 
Rouard. 

A.  D.  M   D.  G. 


III. 

COHPIJHKNT  DE  HONSIFUR  FAYE,  MÊDEaN  DR  NEXON,  A  MONSIEUR  ET  MADAME 
DËSTHÈVES  AU  SUJET  DE  LA  CINQUANTIÈME  ANNÉE  DE  LEUR  MARIAGE,  RÉVOLUE 
LE  26  OCTOBRE  DERNIER  178i  (l). 

Messieurs  les  curés  de  Meun,  de  Saint-Gerrais  et  de  Nexon,  leurs  fils,  officièreot  ce  jour-là 
soIeDoellement;  toute  la  famille,  beaucoup  d'ecclésiastiques,  de  nobles  et  de  bourgeois  j  assis- 
tèrent. Le  même  jour  il  y  eut  et  \n  lendemam  pour  toute  cette  nombreuse  et  respectable 
assemblée  un  diner  et  souper  servis  au  presbitèt'e  de  Nexon,  oii  la  cordialité  et  la  magnifi- 
cence agirent  de  concert. 

Bénédicte  dos  a  Domino  qui  fecit  coelum  et  terram,  le  Seigneur,  donl 
le  ciel  et  la  lerre  sont  Touvrage,  vous  a  bénits  {Daoid»  pseaume  113,  ver- 
set 24»e). 

Si  dans  les  siècles  passés  et  assex  reculés  de  nous  on  consignait  dans  le 
temple  J'Ësculape  les  faits  mémorables^  no  doii-on  pas  placer  dans  les 
faslei  do  temple  de  mémoire  un  jour  aussi  remarquable  que  Fcsl  celuy 
d*aujourd*huy  pour  le  iransmctre  aux  races  futures  des  siècles  à  venii*. 
C'est  le  jour  toujours  ambitionné,  mais  presque  toujours  refusé  aux  foibles 
mortels.  C'est  le  jour  si  rare,  rara  aois  in  terris.  C'est  le  jour  enfin  qui 
fait  le  dixième  lustre  accompli  du  mariage,  on  ne  peut  plus  fortuné,  d'une 
vieillesse  plus  qu'octogénaire,  qui  ne  paroit  en  avoir  rien  moins  que  l'Age 
sans  en  ressentir  les  incomodiiés,  agile,  leste,  gracieuse,  salue  de  toutes 
ses  facultés,  taisant  l'agrément  de  tous  les  cercles. 

i\h6ne,  quelque  rapide  que  soit  le  cours  de  vos  ondes,  arrêiés-le! 
Cèdres  du  Liban,  quelque  altières  qu'en  soient  vos  cimes,  dont  vous  heur- 
tés impérieusement  presque  le  plus  haut  des  cieux,  suspendés-en  le  mou- 
vement pour  voir  avec  autant  d'étounement  que  d'adiiûration  cette  rare 
et  respectable  vieillesse  ! 

C'est  de  vous.  Monsieur  et  Madame,  dont  j  ay  l'honneur  de  parler  et 
dont  nous  célébrons  dans  ce  moment,  le  cœur  rempli  de  joye  et  transporté 
d'alégresse,  le  dixième  lustre  de  votre  mariage  qui  fut  le  mieux  assorti  et 
par  conséquent  le  plus  fortuné. 

On  y  vit  régner  l'uniformité  des  caractères;  la  volonté  n'y  fut  qu'une  et 
toujours  la  même,  dirigée  du  côté  du  bien. 

(i)  Voy.  ci -dessable  n*  25.—  Ce  spécimen  d'éloquence  provinciale  nous  a  paru  mériter  d'être 
conservé.  Il  est  cependant  de  beaucoup  inférieur,  comme  ton  et  comme  pensée,  à  an  dis- 
cours analogue  prononcé  par  un  curé  d'£ymoatier.s  au  mariage  de  M.  et  U"«  Chastaignac  de 
Narbonné  en  165i,  discours  que  nous  avons  reproduit  en  entier  dans  aolre  Inventaire  deê 
archivée  communales  d'Eymoutiers  (p.  110). 


BIBLIOTHÈUHE   et  AHCHIVRS   ou   CHATEAU    DB  NEXON.  387 

La  paix,  la  tranqailité,  la  candeur,  l'affabilité,  Tamour  d*uD6  amilié  ma- 
luelle,  la  probité  y  tinrent  le  premier  rang;  point  d'ambition  que  celle 
d*avoir  une  postérité  bien  éduquéc. 

Quel  exemple  d'avance,  quel  modelle  de  vertu  pour  cette  famille  à  venir! 
Le  ciel  ne  pouvoil-il  qu'exaucer  vos  vœux,  BenedicU  vos  a  Domino.  En  • 
effet,  devenus  successivement  père  et  mère  d'une  nombreuse  famille  qui, 
née  avec  des  dispositions  les  plus  heureuses,  sait  mettre  tout  son  temps  à 
profit  et  faire  des  progrès  rapides  dans  les  sciences.  Excurrlt  ëlcut  gigas 
«d 0). 

Elle  marcha  à  pas  de  géant  dans  le  sentier  des  muses,  et  breol  tempore 
multa  expUoit,  Et  dans  peu  elle  parvint  au  faisie  de  l'érudition  et  de  la 
gloire.  Voire  principalle  occupation  pour  elle  fat  de  ne  rien  épargner  pour 
son  éducation  dans  l'espérance  flatteuse  qu'elle  vous  feroit  honneur  un 
jour,  jour  qui  ne  vous  a  point  trompés  dans  votre  attente.  Mais  que  de 
paine,  que  d'inquiétudes,  6  juste  ciel  I  n'ont  pas  assaillis  vos  tendres  cœurs 
jusqu'à  cet  heureux  moment. 

Il  faloit,  pour  remplir  une  tâche  aussi  forte,  et  malgré  tout  d'un  pen 
de  longue  haleine,  une  fortune  des  plus  riantes.  Sans  quoi,  quels  sacri- 
fices ne  fallait-il  pas  faire  I  hélas,  que  de  larmes  d'amertume  dans  certains 
moments  I  mais  aussi  quel  torrent  de  larmes  de  joye  ne  vous  fut-il  pas 
réservé  dans  la  suite.  Benedicti  vos  a  Domino. 

Pères  et  mères,  venez  apprendre  de  ce  couple  respectable,  dont  nous 
célébrons  aujonrd'huy  le  dixième  lustre  de  leur  mariage,  venez,  dis-je, 
apprendre  de  quelle  façon  il  faut  élever  votre  famille.  Il  vous  dira  que 
Téducation  est  le  premier  bien,  pour  ne  pas  dire  Tunique;  qu'il  faut  mètre 
tout  en  œuvre,  se  sacritier,  sçavoir  prendre  non-seulement  sur  le  super- 
tlux,  mais  encore  sur  le  nécessaire  pour  la  procurer  à  ses  enfmts  ;  que  les 
peines  et  les  inquiétudes  (ab,  Dieu  propice,  quel  agréable  contraste!) 
deviendront  dans  la  suite  une  source  de  contentement  et  de  satisfaction  et 
que  les  larmes  d'amerlume  seront  converties  en  larmes  de  joye. 

C'est,  Monsieur  et  Madame,  ce  que  vous  éprouvés  plus  que  jamais  dans 
ce  moment. 

De  cette  méritante  postérité  vous  comptés  encor  quatre  dignes  fils  et  au- 
tant de  vertueuses  demoiselles.  A  l'un  le  dieu  Mars  sousrit  pandant  tout  le 
temps  qn'il  fut  sous  ses  drapeaux  ;  il  le  vit  mesme  avec  peine  passer  de  ses 
drapeaux  sous  d'autres  et  se  destiner,  à  l'instar  d*un  second  Esculape,  h 
secourir  fructueusement  l'humanité. 

Le  Dieu  des  Dieux,  scruptaieur  des  cœurs,  vit  la  pureté  de  celuydes  trois 
derniers,  leurs  talents,  [et]  les  voulut  sous  ses  étandars.  Quelle  ardeur, 
quelle  ferveur,  quel  zèle  ne  montrèrent-ils  pas  à  ce  divin  service  !  Tun  curé 
à  Meun,  le  second  à  Saint-Gervaix,  plains  d'esprit,  d'urbanité  et  d'affabilité, 
s'y  distinguèrent,  s'y  acquittèrent  on  ne  peut  plus  dignement  de  leur 
devoir  de  pasteurs.  Que  n'a  pas  fait  le  troisième!  Que  ne  fait-il  pas  en- 
core! Que  d'éloges  u'a-t-il  pas  mérités!  Que  de  lauriers  n'a-t-il  pas  recueil- 
lis pendant  tout  le  tems  qu'il  a  professé  la  philosophie  à  Poitiers  avec  une 
distinction  qui  n'est  pas  commune.  En  a-t-il  moins  recueillis  lorsqu'atliré 

H)  La.  citation  est  restée  inachevée. 


388  SOCIRTi  AHCBÉOLOOlQt'E   ET   BI9T0RIQUI   DU   LIMOISSlIf. 

aH  collège  de  noire  capilalle,  aa  grand  regret  do  celle  du  Poitou,  on  loi 
décerna  la  cdaire  d*éioquence?  Il  n*eut  dans  ces  deux  capilalles  qu'une 
même  voix  sur  son  compte. 

Notre  illustre  prélat  reconnut  si  bien  son  mérite  (eh!  qui  le  pouvait 
mieux  que  le  prince  de  TEglise?),  que  d'un  œil  toujours  clairvoyant  le  dis- 
cernant dans  la  foulle  des  concurents,  il  lui  conféra  en  récompense  d'une 
partie  de  ses  traveaux  la  cure  de  Nexon,  à  notre  grande  satisfaction.  Avec 
quelle  assiduité,  avec  quel  zèle,  avec  quel  exemple,  ce  modelle  de  vertus 
ne  s'acquitie-t-il  pas  des  fondions  de  sou  état  ! 

S'il  est  notre  apôtre  par  ses  lumineuses  instructions,  nous  sommes  Ions 
les  siens  par  les  éloges  bien  mérités  que  chacun  ne  saurait  lui  refuser. 

Ce  sont  ces  trois  derniers  dignes  fils,  Monsieur  et  Madame,  que  vous 
venés  de  voir,  il  n'y  a  qu'un  instant,  par  rang  à  Tholel  (sic)  oflQcier  solen- 
nellement et  rendre  grâce  au  tout  puissant  de  votre  conservation  qui  leur 
fut  toujours  si  précieuse.  Ce  fut  dans  ce  moment  de  crise  qu'entourés,  dans 
le  temple  saint,  de  votre  nombreuse  et  respectable  famille,  imilatears 
(permeiés-moi  Temblème)  de  celte  affectueuse  et  tendre  mère  des  poussins 
qui  glousse  pour  les  atirer  à  elle  et  les  couvrir  de  ses  ailes,  quasi  giUUna 
tubalis  eoUigens  pullos  suos,  qu'environés  d'un  cercle  nombreux  d'ecclé- 
siastiques, de  noble»  et  de  bourgeois  de  l'endroit  et  des  environs,  —  ce 
fui,  dis-je,  dans  ce  momenl  critique  où  l'on  entendit  avec  autant  d'atten- 
drissement que  de  satistaclion  tressaillir  vos  cœurs  comme  malgré  vous, 
qu'on  vil  découler  le  torrent  de  larmes  de  joye,  qu'il  vous  fut  impossible 
d'en  retenir  le  cours   plus  longtemps,  quelque  digue  que  vous  eussiés 

voulu  y  opposer Tentative  inutile....   Efforts  vains  et  superflus...  Le 

spectacle  en  fut  irop  frappant 

Il  falloit  que  le  nuage  fondit,  que  les  cactaractes  [sic)  s'ouvrissent  pour 
que  le  calme  et  la  iranquililé  survinssent....  Enfin,  Monsieur  et  Madame, 
voilà  les  soUciludes,  les  paines,  les  traveaux  aujourd'huy  bien  récompen- 
sés par  les  bruits  mesmes  qui  en  ont  résulté. 

Benedlcti  vos  a  Domino^  le  Seigneur  vous  a  bénits.  Benedixit  dointii 
Aaroriy  le  Seigneur  a  béni  la  maison  d'Aaron  que  vous  habites.  Ab,  fortu- 
née montagne  !  montagne  de  GrandmontI  vous  qui  avés  été  le  berceau  de 
si  rares  sujets;  montagne  célèbre,  qui  tenés  à  tant  d'autres  par  une  chaîne 
qui  ne  finit  presque  plus,  apprenez,  apprenez-leur  de  droite  et  de  gauche 
à  être  comme  vous,  fécondes  en  dignes  sujets.  Annoncés  leur  par  un  éeho 
successif  et  votre  bonheur  el  votre  joye,  pour  qu'à  Tenvi  elles  tachent  de 
vous  suivre  de  près,  si  elles  ne  peuvent  vous  imiter.  Dans  vos  productions, 
filles  vertueuses,  issues  et  dignes  de  ce  respectable  couple,  modelez*votts 
sur  luy  en  tout,  et  surtout  pour  l'éducation  de  voire  famille.  Vous  sçavez 
vous-mêmes  qu'il  n'a  rien  négligé  pour  la  votre.  C'est  un  miroir  fidelle  qui 
ne  vous  trompera  pas.  Vous  ne  devés  cesser  de  le  consulter  si  vous  voulez 
avoir  un  jour  la  même  satisfaction  que  luy-méme  éprouve  aujonrd'huy. 

Couronnez,  Appollon,  couronnez  au  son  de  la  lyre  et  au  milieu  de  nos 
acclamations  ces  testes  respectables  blanchies  par  l'Age. 

N'oubliez  dans  leurs  couronnes  ny  le  pampre  ny  le  laurier.  Cimentés-les 
avec  l'élixir  de  longue  vie  que  je  vous  souhaite. 


LIVRE  DE  RAISON 

D'UN  VICOMTE  DE  SAINT-GEORGE  (1762- 1824) 


M.  Tabbé  Lecler,  curé  de  Corapreignac,  nous  signale  un  inté- 
ressant livre  de  raison  de  la  famille  de  Saint-George,  dont  ii  veut 
bien  nous  envoyer  les  extraits  suivants  : 

Charles- Sylvain,  vicomie  de  Saini-George,  chevalier,  seigneur  de  Fraisse, 
l'ommune  de  Berneuil,  naquit  en  ce  lieu  le  :23  décembre  1759.  Il  était  fils 
lie  François  de  Saint-George.  Il  fut  premier  page  de  la  chambre  du  roi  en 
1779,  puis  capilaine  au  régiment  de  Royal-Cravaie  cavalerie.  Il  épousa  le  20 
Janvier  1786  Jeanne-FIavie-Vicloire  Couhé-Lusignan,  de  Fayoile.  Cest  par 
ce  mariage  que  la  lerre  de  Fayoile  passa  à  la  maison  de  Saint-George.  Elle 
est  située  dans  la  commune  d*Abzal-sur-Vienne,  près  Confolens.  C*cst  là 
que  mourut  Charles-Sylvain  de  Sainl-G(»orge,  en  février  I8U. 

il  a  laissé  un  livre  de  raison,  qui  est  conservé  au  château  du  Fraisse,  cl 
qui  contient  les  comptes  de  chaque  année,  tant  pour  les  ventes  et  achats 
dans  ses  domaines,  que  pour  Tintérieur  de  sa  maison.  Au  milieu  d'une 
longue  suite  de  chiffres  se  rapportant  aux  objets  indiqués  ci-dessus,  011 
trouve  quelques  indications,  qui,  comme  les  suivantes,  touchent  à  This- 
toire  locale  et  à  la  généalogie  de  la  famille. 

«  Doit  tous  les  ans  pour  le  service  de  la  chapelle  de  Berneuil,  lO  septicrs, 
mesure  de  Bel  lac. 

»  La  dite  chapelle  est  à  la  nomination  de  IViiié  de  la  famille.  Possédéi; 
actuoliemenl  par  H.  Lafont,  curé  de  Berneuil,  comme  y  a>ant  été  nommé 
par  feu  mon  père,  François  de  Saint-George. 

»  L'acte  de  fondation  de  la  chapello  de  Péglise  de  Berneuil,  fondée  par 
Jacques  de  Saint-Georges,  le  7  avril  1633,  reçu  par  le  notaire  royal  de  Ber- 
neuil. —  Six  septiers  de  blé.  »  (1). 

(l)  Au-denBui  âe  la  petite  porte  de  l'église  de  Berneuil,  on  remarque  une  pierre  portant 
les  armes  des  Saint-George  :  d'argent  à  la  croix  de  gueule.<,  avec  Tinscription  :  I.  DE  Si 
GEORGE.  Cette  pierre,  mise  à  l'époque  de  cette  fondation,  n'indique  pas  un  Jean  de  Saint 
George,  ainsi  que  plusieurs  l'ont  pensé,  mais  bien  Jacques  de  Saint  George,  comme  nous 
l'apprend   ce  texte. 

La  ctupelle  en  question  était  placée  dans  l'église  de  Berneuil,  du  côté  de  l'évangile.  On  la 
rebâtit  aujojrd'hni  (1889)  à  peu  près  sur  le  môme  point,  en  même  temps  que  l'église, que  l'on 
recono-truit  en  partie. 


390  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE  ET  HlSTORlOUB  DU  UllOUSm. 

a  Les  biens  de  Fraisse  fureni  vendus  par  adjudication  du  dislricC  ae 
Bellac.  » 

a  Le  30  julllel  1763  est  né  et  a  été  bapt'ip.é  Sylvain  Olivier  de  Saint- 
George,  fils  de  François  de  Sainl-Gcorge,  seigneur  de  Fraisse,  et  d^Anne  lie 
Couhé.  Son  parrain  a  été  Sylvain  de  Gouhô,  et  sa  marraine  Catherine  de 
Saint-George,  veuve  de  Lage,  demeurant  à  Lage,  paroisse  de  Nantiat  (I). 

V  François  de  Saint-George,  mon  père,  a  été  inhumé  dans  l'église  de 
Berneuil,  le  5  juillet  HSi  (2). 

»  Mon  contrat  de  mariage  du  24  janvier  4786  est  sur  les  registres  de 
l'i^glise  de  Nouic,  étant  marié  dans  la  chapelle  d*Âuby  (3). 

»  inhumée  dans  Téglise  de  Berneuil  Marie-Berlhe  de  Douhet,  femme 
d'Antoine  de  Saint-George,  grand-père  et  grand'mère,  mai  1787  (4). 

0  A  été  baptisée  Berneuil  Glaude-Gédéon  de  Saint-George,  fils  de  Char- 
les-Sylvain de  Saint-George  et  de  Victoire  de  Couhé  de  Lusignan  de  Saint- 
George,  le  2S  juin  1787(5). 

»  François-Gédéon  de  Saint-George,  mon  oncle,  est  mort  à  Fraisse,  ce 
16  ventôse  an  XI,  ou  7  mai  4803. 

»  Anne  de  Couhé  Saint-George,  ma  mère,  est  morte  à  Fraisse,  ce  19 
prairial  an  XI,  ow  8  juin  4803.  \> 


(l)  Le  Ticomte  de  Saint-George  donne  ici  la  naissance  du  plus  jeune  de  ses  frères.  :Vofri- 
liaire,  t.  11,  p.  317. 

iS  et  4}  On  voit  qu'on  n'observait  pas  toujours  dans  no<i  paroisses  la  défense  d'ense^el  r 
dans  les  églises,  qui  avait  été  faite  en  1776. 

C^)  La  terre  d'Auby,  commune  de  Nouic,  est  passée  dans  la  famille  de  Saint-George  en 
septembre  1781  par  le  mariage  de  Jean- Michel  de  Saini-George  avec  dame  Renée  des  Mon- 
tiers  de  Mainville.  Jean-Michel  la  légua  par  testament  du  f  août  1797  à  Claude- Gédcon  de 
Saint-George,  ûls  aîné  de  Charles  Sylvain. 

(b)  Le  vicomte  de  Saint-George  donne  ici  la  naissance  de  son  fils  aîné. 


DOCUMENTS 


RELATIFS   A   U  VILLE  ET   A  LA  BARONNIE 


DE    PEYRAT-LE-CHATEAU 


M.  Cousseyroux,  avocat  à  Limoges,  nous  a  communiqué  quel- 
ques documents  se  rapportant  à  la  ville  et  à  la  baronnie  de  Peyrat- 
le-Château.  On  sait  combien  l'histoire  de  Peyrat,  localité  men- 
tionnée fort  anciennement,  est  obscure  et  peu  connue.  Il  nous  a 
semblé  utile  de  conserver  les  pièces  réunies  par  M.  Cousseyroux  et 
nous  avons  pensé  que  nos  confrères  nous  sauraient  gré  d'accorder 
à  ces  notes  Thospitalité  de  notre  Bulletin. 

Peyrat-le-Château,  on  le  sait,  était  en  Poitou.  Dans  sa  notice  sur 
les  Enclaves  poitevines  du  diocèsede  Limoges  (p.  15),  M.  L.  Guibert 
en  parle  avec  quelques  détails,  rappelant  notamment  que  le  car- 
lulaire  d'Aureil  nomme  deux  sénéchaux  particuliers  de  Peyrat  : 
Geoffroi  Ysaurer  (entre  H50  et  H80)  et  Brandisius  (vers  1190), 
tous  deux  vraisemblablement  officiers  du  roi  d'Angleterre,  duc 
«rAquilaine.  Plusieurs  riches  bourgeois  de  Peyrat  figurent  à  des 
chartes  grandmonlaines  de  la  fin  du  xn""  siècle. 

A  Tune  des  dernières  séances  de  la  Société  archéologique  du 
Limousin,  M.  Guibert  a  signalé  au  nombre  des  pièces  se  rapportant 
à  rhisloire  du  Limousin  et  extraites  par  lui  des  volumineux  recueils 
de  textes  publiés  il  y  a  quarante  ans  en  Angleterre,  une  charte 
du  roi  Jean  Sans-Terre  qui  pourrait  bien  se  rapporter  aux  habitants 
de  Peyrat-le-Château  (1).  Elle  est  datée  de  La  Souterraine,  28  mars 

(i)  Cette  charle  ayant,  eo  France,  la  valeur  d'un  document  inédit  et 
n'ayaot  été,  croyons-nous,  mentionnée  par  aucun  historien  limousin,  il 
nous  a  paru  nécessaire  d'en  mettre  le  texte  sous  les  yeux  Je  nos  lecteurs. 
Le  voici  : 

Reœ  omnibus  baUHois  et  fidelibus  nosiris  ad  quos  présentes  Uttere  per- 
oenerlntj  etc.  SciatLs  quod  concessimiis  et  oolumus  quod  homines  nostri 


391  SOCiAtA   archéologique   BT   historique  ou   LIHOUSIIY. 

1215,  et  so  trouve  à  la  page  112  du  tome  premie/  des  Rotuli  litte- 
rarum  patentium  in  turre  Londinensi  asservati. 


I.  —  Extrait  d'un  dénombrement  de  la  chatellenie,  ville  et  commune 
DE  Peyrat.  —  1624. 

Du  dénombrement  rendu  au  roy  nostre  sire  à  cause  de  sa  comté 
de  Poitou  el  tour  de  Mauberjon  par  messine  Jean  dePierrebuffière, 
baron  de  Peyrat,  en  mil  six  cent  vingt-quatre  a  été  extrait  ce  qui 
suit  : 

C'est  la  nommée  et  dénombrement  que  rend  au  roy,  nostre  sire, 
à  cause  de  sa  comté  de  Poitou  et  tour  de  Mauberjon,  sous  le  res- 
sort de  Montmorillon,  haut  et  puissant  seigneur  messire  Jean  de 
Pierrebuffière  et  de  Comborn,  marquis  de  Châteauneuf  el  premier 
baron  du  Limousin,  baron  de  Peyrat,  vicomte  dudil  Comborn, 
conseiller  du  roy  en  ses  conseils  d'Etat  el  premier  maréchal  de 
camp  de  ses  armées,  pour  raison  de  ladite  terre  et  baronnie 
de  Peyrat,  située  dans  ladite  comté  de  Poilou  el  ressort  dudit 
Montmorillon,  suivant  Thommage  lige  qu'il  en  a  rendu  à  Sa  Majesté 
selon  et  en  sa  forme  et  manière  que  ses  prédécesseurs  seigneurs 
barons  dudit  Peyrat  l'ont  accoutumé  rendre  cy-devanl  :  première- 
ment lad.  baronnie  de  Peyrat  ainsy  quelle  se  comporte  en  ses 
appartenances  et  dépendances,  estant  située  comme  dessus,  est 
dite  tenant,  d'une  part,  aux  chastellenies  du  sieur  commandeur  de 
Bourganeuf,  d'autre,  à  la  chaslellenie  de  Gompeix,  appartenant  au 
seigneur  et  chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Limoges,  à  la  chas- 
lellenie de  la  Villeneuve-au-Comle,  éclipsée  et  démembrée  de  lad. 
baronnie  de  Peyrat,  à  la  chaslellenie  du  Chaslard,  à  la  baronnie  et 
chaslellenie  du  Dognion,  à  la  baronnie  et  seigneurie  de  Laron  de 
toutes  parties,  —  auquel  lieu  de  Peyrat  il  y  a  chasteaux,  place 
forte,  basse-cour,  clostures  de  murailles,  tour,  fessées,  pont-levis, 
maisons,  bastiments  dans  lesdites  clostures,  au  dedans  desquelles 
il  y  a  plusieurs  hommes,  sujets,  manants  et  habitans  ayant  do- 
maines el  édifices  el  baj^timents,  —  et  aussi  y  a  droit  de  capitaine- 
rie, de  guet  et  péages  avec  tous  droits  de  justice,  juridiction  haute, 
moyenne  el  basse,  el  pour  Texercice  d'icelle  sénéchal  juge,  procu- 
reur d'office,  greffier,  sergents,  prévost  et  autres  officiers  en  siège, 

de  Pairac  [o  ?]  habeant  easdem  consuetudines  quas  habaerunt  tempore 
H.  régis  t  pat  ris  nostri.  Et  in  hujus  rei  testimonium  ew  in[8trumenuun?] 
fieri  fêeimus.  Teste  melpso,  apud  Subterraneam,  XXV II l  die  mardi 
anno  XV, 


DOCUMKNTS   RBLATIPS   A   PETRAT-LK-GUATEAU.  393 

ressort  da  juge  sénéchal,  scel  aux  contrats,  et  tous  autres  droits 
dépendant  de  ladite  baronnie  à  la  coutume  dudit  pays  et  comté  de 
Poitou. 

Sont  aussy  audit  Peyrat  quatre  consuls  pris  des  autres  manans 
et  habitans,  élus  chacun  an  par  les  autres  citoyens  dudit  lieu  le 
jour  de  saint  Pierre  de  février,  etc..  (1) 

Et  tiennent  en  commun  avec  les  autres  habitans  de  ladite  ville 
plusieurs  champs  communs  pour  la  nourriture  et  entreténement 
desdits  habitans  et  leurs  familles,  tenues  roturièrement. 

Sçavoir  :  est  un  puis  et  champs  froits,  appelés  des  Beneytous, 
contenant  cent  sestérées,  etc. ,  etc. 

Outre  autre  puis  dénommé  Las  Péladas  et  de  Roche-Bos-Moury, 
contenant  cent  sestérées  de  terre  ou  environ,  tenant  au  bois 
Moury  des  hoirs  de  feu  Léonard  de  Paye  et  au  village  de  Ville- 

melange (la  moitié  du  feuillet  est  coupée;  manquent  douze 

lignes) 

En  témoing  des  quelles  choses  j'ay  signé  cettuy  mon  présent  aveu 
et  dénombrement  et  fait  signer  aux  notaires  soubsignés  à  ma  re- 
queste  le  vingt-quatrième  jour  de  juillet  mil  six  cent  vingt-quatre. 
Signé  à  Toriginal  :  Comborn.  Pour  avoir  fourny  le  présent  dénom- 
brement :  maîtres  Champeaux,  notaire  royal,  à  la  requeste  dudit 
seigneur  marquis;  L.-C.  Laborne,  notaire  royal  héréditaire,  à  la 
requeste  dudit  seigneur  marquis. 

.  Le  susdit  extrait  a  esté  tiré  et  vidlmé  par  nous,  notaires  royaux 
héréditaires  soubsignés,  sur  son  original,  trouvé  entre  les  ceddes 
de  L.  Laborne,  vivant  notaire  royal.  —  Signé  Miau. 


11.  —  Notes  diverses  relatives  a  la  baronnie  de  Nedde  et  de 
La   Villeneuve-au-Comte,  distraite  de  la  baronnie  de  Peyrat 

DEPUIS  le  partage  JUDICIAIRE  DES  BIENS  DÉPENDANT  DE  LA  SUCCES- 
SION DE  Charles  de  Pierrebuffiêre  (Tirées  des  Archives  de  la 
Vienne,  C'  104). 

17  février  1619.  —  Hommage  au  roi  à  cause  de  sa  comté  de 
Poitou  et  tour  de  Mauberjon,  sous  le  ressort  de  Montmorillon,  par 

(1)  Ainsi  les  consuls  de  Peyrat  triaient  élus  le  môme  jour  que  les  magis- 
trais  du  chAleau  de  Limoges  (jusqu*au  xv°  siècle)  et  que  ceux  de  la  ville  de 
Saint-Léonard  de  Noblal.  Faul-it  voir  dans  ce  fait  un  indice  de  l'ancienneté 
de  rétablissement  de  la  commune  ? 

T.  xxxvii.  26 


3di  SOClilÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HlSTOaiQUB  DO   LIMOUSIN. 

Gabriel  (Je  Pierrebuffière,  premier  baron  du  Limousin,  seigneur 
baron  de  Nedde,  La  Viileneuve-au-Gomte,  Lostanges  eliytayw^  (?)  : 
La  Villeneuve  ci-devant  éclipsée  de  la  baronnie  de  Peyrat  par  Jes 
partages  faits  entre  le  p»>re  de  Ta  vouant  et  ses  partpxenaût.  A 
droit  de  haute,  moyenne  et  basse  justice,  patronage  des  .é^fees, 
rentes,  dîmes,  hommages  et  péages,  avec  les  dîmes  des  blés  de  l^ 
Marche,  paroisse  de  Tarnac,  —  ia  dime  de  Benassis  et  Mas 
Négriers  au  lieu  de  Vauveix,  —  la  dîme  de  Mas  Graugeas  et  .de  La 
Chaume,  paroisse  de  Royère,  — l^dîme  du  lieu  et  paroisse  deBeau- 
mont,  —  un  tiers  de  la  dîme  de  la  Malesinge,  le  tout  d'ancienneté 
et  de  toujours  auparavant  le  concile  de  Latran,  suivant  hojBmage- 
lige  fait  au  roi  Louis  XIII,  à  savoir  :  1»  château  au  .bourg  d'Ajaède, 
précloturcs,  moulins  sur  rivière  de  Vienne.  Ledit  seigneur  a  tout 
le  .bourg  en  pleine  justice,  de  môme  la  baronnie  de  La  Villeneuve- 
au-'Comte,  en  comté  et  pays  de  Poitou,  sous  le  ressort  de  Montmo- 
rillon,  .parlement  de  Paris,  tenant  es  châlellenies  .de  La  FeuiUade, 
Tarnac,  Treignac,  Emoutiers,  Fellctin,  les  fiefs  de  Faux,  du  Léris 
et  la  :baronnie  de  Peyrat.  -—  La  baronnie  de  La  ViHeueuve-au- 
Corate  comprend  les  forôLs  de  Crouzat,  La  Gladières,  tout  ce  qui 
est  de  la  paroisse  de  Beauraont,  les  bois  de  Gladières,  près  Vauveix 
et  Chaussidas.  —  Il  y  avait  jadis  à  La  Villeneuve  un  châ-leau  el 
place  forte,  capitainerie,  guet,  péages,  pleine  justice  avec  un  séné- 
chal ou  juge  ordinaire,  scel  aux  coalrats,  huiliages,  mesure. 
notaires.  Il  y  a  deux  consuls  pris  des  manans  et  habitants,  élus 
chacun  an  par  les  autres  citoyens,  et  ces  consuU  out  la  police  de 
la  franchise  et  communauté  d  iceux  habitants.  Il  y  a  église  parois- 
siale, four,  moulin  à  ban,  garenne,  droit  de  6  livres  par  an  sur  la 
franchise.  Il  y  a  un  grand  pays  en  agrier,  terrage  au  complet,  deux 
moulins.  Le  mas  et  tènement  de  Boneysson,  confrontant  Cha- 
.diéras,  la  rivière  de  Vienne,  rente,  mesure  de  La  ViUe,ueuve  :  — 
le  tènement  des  Marviers,  entrelassé  avec  le  paratisu^  4^s  tène- 
.ments  de  La  Villeneuve,  les  Bartrounols,  rivière  de  Vienne;  —  le 
tènement  de  Chez-Chapelle,  près  Bastounols,  Clavérolas  et  rivière 
de  Vienne; — le  tènement  de  Péauve,  entrelassé  avec^les  lènemenls 
de  Chapelle,  Masmouri,  Les  Martias;  —  le  tènement  de  Roche,  à 
La  Villeneuve,  près  Les  Martias,  Péauve  et  Châtaignier  ;  —  le  tène- 
ment des  Bartounauds  et  Combi,  pour  lUiéritage  de  Romanet,  sis 
à  La  Villeneuve;  —  le  tènement  du  Cbâtenier;  —  le  lène^nent  de 
Bure  ;  —  le  tènement  et  village  des  Goumelaux,  en  les  franchises 
de  La  Villeneuve,  confrontant  Chez-Chçipelle,  Chadiéras,  Clavé- 
rolas; —  le  tènement  de  Masmoury,  près  La  Villeneuve,  .Chastain, 
le  Monteil  et  les  Fargeas  ;  —  le  tènement  de  Be^uregard,  près  la 
Villeneuve  ;  —  la  paroisse  d'Anède;  —  le  bourg  d'Anède,  e^  pleioiB 


DOCUMENTS   RELATIFS   A   PEYRAT-LE-CHATEAU.  395 

juslice,  en  la  baronnie  de  La  Villeneuve-au-Comte;  —  le  lieu  des 
(Ihamboux,  confrontant  au  paransus  du  lieu  d'Anède,  rentes,  me- 
sure d'Anède  ;  —  le  lieu  de  Cohadorn,  di^pendances  d'Anode,  près 
le  Marceau-Chetiers,  Lauzat,  Le  Nut;  —  le  lieu  de  TAmigot,  dé- 
pendances d'Anède,  confrontant  le  paransus  dudil  Anède,  tenu 
par  les  Gentoux,  rente  au  quatre  cas;  -—  la  maison  de  David 
Chenaud,  sis  au  bourg  d'Anède,  près  une  rue  allant  au  lieu  du 
Nul;  —  le  lieu  et  village  de  Glaveirolas,  prés  Sarut,  Anède,  Chaux, 
Chadiéras,  tenu  en  condition  serve,  aux  quatre  cas,  avec  arbans, 
outre  un  mouton  de  rente  sur  la  rente  de  Glaveirolas;  —  le  lieu  et 
village  de  Lavaud,  tenant  es  lieux  du  Montoil,  Lonzat,  Le  Mets, 
Laleu,  LasFargettas;  —  les  villages  du  Mas-Faucher,  le  Châtenet, 
le  Leyri,  le  Mas  Emevri,  conligus  à  Anède,  le  Mazeau-Clieytien  et 
la  terre  de  Béchadergue,  près  Neuvialè;  —  le  lieu  et  village  de 
Chaud,  paroisse  d'Anède,  tenant  es  lieux  de  Glaveirolas,  Mazeau- 
Bourbon,  Veivialle  et  Penartige,  tenu  en  condition  serve;  —  le 
village  de  La  Vedrenne,  paroisse  d'Anède,  confrontant  aux  villages 
de  La  Ribière,  Penartige  et  Verviale,  tenu  en  condition  serve;  — 
le  lieu  et  village  de  La  Mallessinge,  paroisse  d'Anède,  près  la 
rivière  de  Vienne,  le  Mas-Vergnoux,  le  Mazoau-Bourbon  ;  —  les 
lieux  du  Mets  et  de  Ghez-Tiveaux;  —  le  lieu  de  Mas-Soubrot,  pa- 
roisse d'Anède,  près  Bouchefarolz  et  le  fleuve  de  Vienne;  —  le  lieu  et 
village  de  Guimont,  paroisse  d'Anède,  près  Les  Fargettes  et  Laleu; 

—  le  lieu  et  village  de  La  Ribière,  même  paroisse,  près  La  Vedrenne 
et  Penartige;  —  le  lieu  et  village  de  Legaud,  paroisse  de  Saint- 
Pierre-Château,  près  Mapecou,  le  Maignaud  et  la  rivière  de  Vienne; 

—  le  village  du  Meiniaud  et  de  Guillemot,  paroisse  deSaint-Pierre- 
Châleau,  tenant  ès-lieux  de  Maspecou,  Legaud  et  le  fleuve  de 
Vienne;  —  le  village  du  Puy,  dépendance  du  Maignaud;  —  le 
village  du  Mapecou,  paroisse  de  Salnt-Pierre-Chdteau,  tenu  en 
condition  serve;  —  le  Mas-du-Cloup,  paroisse  d'Anède,  près  Les 
Bordes,  Réjat,  les  Fargetas  et  la  rivière  de  Nedde  ;  —  le  village  de 
Verviale,  paroisse  d'Anède,  près  la  rivière  de  Vienne,  La  Vedrenne 
et  le  Mazeau-Bourbon;  —  les  lieux  et  tènemenls  de  La  Ghapelle- 
Saint-Theau,  de  La  Bachellerie,  paroisse  d'Anède,  avec  les  fruits  et 
revenus,  une  rente  de  trois  livres  argent,  et  47  seliers  seigle  ;  —  le 
village  de  Laschaux,  paroisse  d'Anède,  près  le  Mazeau-Bourbon, 
Châtenet  tenu  en  condition  serve  ;  —  le  village  de  Pérols,  paroisse 
de  La  Celle,  tenu  servement,  confrontant  la  Ghabrière,  le  Massaberl 
et  Masvallier,  doit  trois  livres,  argent,  une  vinade,  arbans  et  ser- 
vices, tailles  et  questes  à  chacun  des  quatre  cas,  droit  de  guet; 
—le  village  de  Las  Fargeas,  paroisse  de  La  Celle,  près  La  Villeneuve- 
au-Comte,  la  rivière  de  Vienne  et  le  Monteil  ;  —  le  Mas-Poutrot, 


396  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LllfOUSlïf. 

paroisse  de  La  Celle,  confrontant  le  Monteil,  Las  Fargeas  et  Ma- 
soury  ;  —  le  lieu  du  Monteil-de-la-Celle,  paroisse  de  La  Celle,  tenant 
à  Las  Fargeas,  La  Bessette  et  Masgadoux  ;  —  le  bourg  et  la 
paroisse  de  Remnat,  en  pleine  justice,  comprenant  notamment  les 
villages  de  Villefourneix,  près  Las  Fargeas,  leMonteil,  le  Masga- 
doux, Le  Bousson,  La  Combe  ;  —  la  tenue  de  Lonjechaud-Pradoux, 
paroisse  de  Remuât,  près  Malatieu,  Las  Fargeas  et  Pradoux  ;  —  le 
lieu  du  Fressinet,  paroisse  de  Tarnac,  près  Réjat,  La  Terrade, 
Clupeau,  Mercier,  avec  la  rente  et  la  moitié  de  la  dîme  dudit  lieu; 

—  le  tènement  du  Bouisson,  dépendance  de  La  Bessette,  paroisse 
de  Tarnac,  près  Masgadoux,  Le  Monteil,  La  Combe  et  La  Bessette: 

—  le  lieu  et  mas  du  Tréga,  dépendance  de  La  Combe,  paroisse  de 
Tarnac,  près  Malatieu  et  La  Noaille  ;  —  le  village  de  La  Combe, 
paroisse  de  Tarnac,  et  la  tenue  de  Thost  blanc,  confrontant  à 
Malatieu,  La  Bessette,  Massoutrées  et  Clupeaux,  doit  la  moitié  de 
la  dîme;  — la  tenue  du  Lavandier,  paroisse  de  Remuât,  près  la  Paulie 
et  Prade;  le  village  de  La  Noaille,  près  Villefouneix,  Pradoux  et 
Remnat;  —  le  village  Pradoux  près  de  La  Noaille,  La  Villatte,  Le 
Maslatieu,  en  justice,  rentes  aux  quatre  cas;  —  le  village  de  la 
Terrade,  paroisse  de  Remnat,  près  le  Negremont  et  le  bourg  de 
Remuai;  —  le  village  de  Broussas-Mondlnaux;  —  le  village  du 
Bur,  paroisse  de  Remnat;  —  la  paroisse  de  Gentioux,  en  laquelle 
sont  les  villages  de  La  Vareille,  tenant  à  Verviale,  Le  Mazet,  La 
Chaux,  le  village  de  La  Chaux-Couraud,  paroisse  de  Gentioux, 
près  Pouneix,  Gensenetas,  Le  Villars,  le  village  de  la  Chaux- 
Faureix,  paroisse  de  Gentioux,  près  Télang  de  Maulde;  — le  village 
du  Rejat,  paroisse  de  Faux,  tenant  ès-lieux  du  Freyssinel,  Cla- 
peaux,  Beaumartin  ;  —  le  village  de  Broussas,  paroisse  de  Faux, 
près  Vauveix,  La  Chaux,  Pouneix,  Tétang  de  Maulde  et  Verviale:— 
le  bourg  et  paroisse  de  Beaumont,  avec  les  villages  d*Auzoux, 
de  Châteaucourt,  près  Nergoux  et  Vauveix,  les  villages  de  la  Virolle, 
Pierrefitte,  laVilatte,  les  Ternes,  Vassivière,  la  Vareille,  Ramouze, 
Vichiers,  le  Mazeau,  le  Confeix,  Pers-Villemoujane,  Champagne, 
Yvernaud,  près  La  Ternas,  et  Châteaucourt,  le  village  de  Nergoux; 

—  le  bourg  et  paroisse  de  Royères,  avec  les  villages  de  Chassagnat, 
Auchèze,  Chatagnoux,  Vaux,  le  Chassin,  Haule-Faye,  Arpeix, 
Roubenne,  le  Mazeau,  le  Cloup,  le  Villars,  Roudaressas  et  Verdi- 
nas;  —  te  noble  repaire  des  Masgranges,  avec  ses  moulins,  préclô- 
lures,  étang,  garenne,  tenant  aux  villages  de  Soumeix,  Vauveix, 
Oraldeix,  droit  de  dîme;  —  le  tènement  de  Thomas,  paroisse  de 
Royères;  —  le  village  de  Las  Bordas,  le  village  de  Fourneaux, 
près  Auzoux  et  Langladure  ;  les  villages  de  Gensenetas,  du  Cloup. 
de  Gensanas,  de  Vauveix,  de  Villecors,  de  Langladure,  delà Chas- 
sagne,  de  Grandrieux,  même  paroisse  de  Royères. 


DOCOMKNTS   RELATIFS  A   PEYRAT-LB-CHATBAU.  397 

En  la  justice  du  seigneur  de  La  Villeneuve-au-Comte  sont  les 
villages  de  Lavau,  Puidagier,  Vervialle,  près  Felletin,  le  Villars  de 
La  Noaille,  le  Theil,  haut  et  bas,  le  Cloux-Valouix,  partie  du  Mont- 
Bessas,  le  moulin  Desiies,  Rochas,  Roubenne,  Vergnolas,  Vincent, 
Arpeix,  Lacau. 

Ledit  seigneur  a  sous  sa  juridiction  les  vassaux  suivants  à  hom- 
mage-lige en  fief  ou  refief  (arrière-fief),  mais  sans  la  justice  : 

Le  seigneur  de  Vieillevilie  (Louis  Chappellon,  écuycr,  doit  cent 
livres  de  rente  sur  les  fiefs  et  lieux  de  Vichiers,  les  Ternes,  le 
Couffeix,  Champagnat,  le  Mazeau,  Fumouze,  la  Virolle  {supranas 
et  subranas)^  Ardenne,  Guimont,  Laleu  et  le  bourg  de  Beaumont; 

Les  héritiers  de  Jacques  d'Eschizadour,  écuyer,  seigneur  d'Au- 
bepeyre,  doivent  3S  livres  de  rente  sur  une  partie  du  bourg  de 
Royères,  sur  les  lieux  et  villages  de  Gensenetas,  le  Cloup,  Cloup- 
Valereix  (Estiveix,  paroisse  de  Saint-Yriei\-la-Montagnej,  le  Theil, 
Haut,  Magnat,  paroisse  de  Saint-Yrieix,  la  moitié  de  la  rente. 

Il  est  dû  : 

Par  les  héritiers  de  feu  noble  Aunet  Mauris,  écuyer,  seigneur 
d'Arfeuille,  vingt  livres  de  rente,  à  prendre  :  un  tiers  sur  le  village 
de  Vervialle,  sur  le  village  de  la  Mallessinge,  paroisse  d'Anède,  un 
tiers  de  la  dîme  sur  le  village  de  La  Noaille,  item  sur  le  village  de 
Lavaud-du-Gier,  paroisse  de  Vallières. 

Par  les  héritiers  de  Brandeleys  de  Saint-Martial,  seigneur  du 
Verdier,  trente-trois  livres  de  rente,  à  prendre  sur  partie  des 
villages  de  Vervialle  et  de  la  Mallessinge,  et  un  tiers  de  la  dîme  des 
villages  de  Rochas,  Roudaressas  et  Arpeix,  paroisse  de  Royères, 
avec  les  rentes  des  dits  lieux. 

Par  Antoine  de  Pichard,  d'Esmoutiers,  cent  soûls  de  rente  à 
prendre  sur  les  lieux  de  Saint-Amand-le-Petit,  Nedde,  du  Mets  et 
de  la  Vareille. 

Par  les  héritiers  de  noble  Jacques  Bonnet,  seigneur  de  la  Porte, 
dix  livres  de  rente,  à  prendre  sur  le  village  des  Boueys,  paroisse 
de  Beaumont  et  partie  du  bourg  de  Royères. 

Par  Messire  Jean  Bonnet,  si^îur  de  Châtain,  au  lieu  des  hoirs  de 
Martial  de  Rieublanc,  cinquante  livres  de  rente  à  prendre  sur  le 
village  de  Pourcheiroux,  paroisse  de  Saint-Marc  à  Loubeau  et  sur 
le  village  de  Roubenne. 

Par  les  hoirs  de  feu  W  Nicolas  Laborne,  demeurant  à  Peyrat, 
sept  livres  dix  sols  de  rente  à  prendre  snr  le  village  de  la  Virolle 
et  le  tènement  du  Mas  Blanc,  paroisse  de  Beaumont,  tenu  par  Jean 
Faure. 

Par  les  hoirs  de  feu  Louis  du  Qoup,  seigneur  de  la  Cour,  vingt 
livres  de  rente  à  prendre  sur  partie  du  bourg  de  Royères,  sur  les 


308  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU   LIUOUSIN. 

villages  du  Mazeau,  paroisse  de  Royères  ;  Vassivière,  paroisse  de 
Beaumonl  ;  Villefouneix,  paroisse  de  Rempnal  et  le  Mazeaii-Bour- 
bon,  paroisse  d'Anéde. 

Par  Julien  et  Martial  Thiveau  de  Rempnat,  vingt  livres  de  renie 
à  prendre  sur  le  bourg  de  Reropnai,  le  Bur,  le  vieux  Remnal,  la 
dixme  du  vieux  Remuât,  la  tenue  de  Corbet,  dépendance  de  Rem- 
nat,  Villefouneix,  le  Masoutre  de  Réjal,  Freyssinet,  La  Combe,  le 
Mas  Latieu. 

Par  les  hoirs  de  feu  François  et  Guilhen  Ruben  d*Esmouliers, 
vingt-cinq  livres  de  rente  à  prendre  sur  les  villages  de  Pers  Villc- 
nioujane,  la  dîme  du  repaire  noble  de  Rempnat  le  vieux,  la  dime 
du  Fressinet  et  de  Réjal  le  Poutre,  la  dîme  de  Treraouillas,  de 
rOrt  au  Blanc,  la  dîme  d'Arpeix,  paroisse  de  Royères. 

Par  le  seigneur  de  La  Faye  près  Peyrat,  quinze  livres  de  renie  à 
prendre  sur  les  villages  d'Hyernaux  et  la  Villelte,  paroisse  de 
Beaumont. 

Par  les  hoirs  de  feu  Jacques  et  Guilhen  Bourdicaud,  frères, 
d'Aymoutiers,  vingt  livres  de  rente  à  prendre  sur  les  villages  de 
Laleu  Guimon,  lènement  de  la  terre  de  Nedde,  du  Metz,  la  dînie 
du  village  de  Las  Rochas,  de  La  Cassine,  le  tiers  de  la  renie 
d'Arpeix,  le  quart  de  la  rente  de  Villars. 

Par  François  de  Chasteauneuf,  seigneur  du  Châlard,  vingt  cinq 
livres  de  rente  à  prendre  sur  les  villages  de  Chastagnioux,  dWu- 
chèze,  paroisse  de  Royères  et  sur  les  villages  du  Mazeau-Bourbon, 
paroisse  de  Nedde. 

Par  Joseph  Romanet,  seigneur  de  Farsac,  et  les  hoirs  de  feu 
M*»  de  Pichard  d'Esmoutiers,  vingt-cinq  livres  pour  divers  fîefs  non 
désignés. 

Par  noble  Léonard  de  La  Faye,  seigneur  de  Villechenine 
{Villa  caninia)y  dix-huit  livres  de  rente  à  prendre  sur  le  village  de 
Roudaressas,  paroisse  de  Royères,  etc. 

Parle  seigneur  du  Coudert,  cinq  livres  de  rente  pour  le  fief  de 
Chenigoulx. 

Parle  seigneur  de  Mérignac,  baronnie  de  Peyrat,  quinze  livres 
de  rente  à  prendre  sur  le  village  de  Pierrefite  et  autres. 

Par  le  seigneur  de  Saint-Angel,  douze  livres  de  rente  pour  la 
dîme  des  villages  de  La  Combe  et  du  Metz. 

Par  le  vicaire  de  l'Ombre  (Ruben),  douze  livres  de  rente  pour 
les  villages  de  la  Virolle,  Grenier  et  Vergnolas,  paroisse  de 
Beaumont. 

Par  messire  Antoine  du  Leiris,  demeurant  à  Peyrat,  vingt  livres 
de  rente  pour  les  villages  de  Chassaniaset  de  Vaux,  dîme  et  rente. 

Par  le  prieur  de  VArtige,  dix  livres  de  rente  pour  le  village  de 
Chasset  (?;. 


UtîCDMÉWtS   RELATIFS   A    PEYRAT- LE-CHATKAU.  399 

Par  Te  prteur  de  La  Vinadière,  çualre  livres  pour  divers  biens 
now  désignés. 

Par  les  Trompoudon  et  Aubusson,  de  Bourganeuf,  six  livres  de 
rente  sur  divers  villages  dépendant  de  la  baronnie  de  La  Villeneuve, 

Par  le  seigneur  Montage,  dix  livres  de  rente  sur  La  Terrade. 

Parle  seigneur  du  Châlard,  quarenle  sols  de  rente  sur  le  village 
de  Fauveix. 

Par  la  prieuresse  de  Vilievaleix,  cinquante  sols  de  rente. 

Par  la  prieuresse  de  Blessac,  soixante  sols  de  rente. 

Par  la  comrmunauté  des  pi^étres  de  Royères,  trente  livres  de 
rente  sur  divers  villages  dont  un  paroisse  de  Mansat(?). 

Par  le  commandeur  de  Charrieras,  vingt  livres  de  rente  sur  di- 
vers villages  de  Royères. 

Par  la  seigneurie  de  La  Feuillade,  quarante  sols  de  rente  sur  le 
village  d'Hyvernaux. 

Par  le  prévôt  et  les  chanoines  d'Esmoutiers,  dix  livres  de  rente. 

Par  les  vicaires  de  Saint-Léonard,  sur  le  village  de  Nergoux, 
vrngl  livres  de  rente. 

Par  le  seigneur  d'Enval,  sur  le  village  de  Péroulx  en  fondalilé, 
sans  la  justice,  vingt  livres. 

Par  les  religieux  de  Solignac,  vingt  livres. 

A  la  suite  de  la  liasse  G"  i04  des  Archives  de  la  Vienne  se  trou- 
vent les  copies  de  pièces  relatives  àla  baronnie  de  La  Villeneuve  au 
Comte,  mouvance  de  Peyrat-le-Fort  ou  Peyrat-le-Château,  de  1477, 
137*,  1619  et  1623;  —  une  copie  très  importante,  en  latin,  d'un 
contrat  de  vente  ou  transaction,  du  14  mars  1364,  consentie  par 
Geofroi  de  Mortemartà  Guy  Auberl  ou  Albert  de  Burbon  (Bourbon). 
Cette  charte  fort  longue,  de  38  feuillets,  fait  connaître  l'étendue 
immense  de  la  terre  et  baronnie  de  Peyrat,  puisque  Guy  Aubert 
de  Burbon  achète  de  Geofroi  de  Mortemart,  chevalier,  seigneur  de 
Couhé,  deCohiaco  (Poitou),  la  châlellenie  de  Peyrat  et  ses  annexes 
de  Pontarion,  s'étendant  sur  les  paroisses,  super  parochias  de 
Meyriniaco,  Mayrignat,  de  Aneta,  Anède,  Ramnato,  Remuât, 
de  Carriefis,  de  Charrieras,  de  Sancto  Juliano  et  Lartmdo,  do 
Saint-Mien  et  Laron,  de  Sanctô-Maurilio,  de  Saint-Maureil,  de 
Sancto- Amando  de  Jertudesis,  Saint-Amand  Jarloudeix,  de  Sancto 
Prejecta  Melac  (?j,  de  Sancto  Juniaco,  Saint-Junien-la-Bregère,  de 
Sancto  Pardulpho,  Sainl-Pardoux,  de  Castro,  de  Sainl-Marlin- 
Château,  de  Roeria,  de  Royère,  de  Bellomonte,  Beauraonl,  de 
Sancto-Amando  propè  Peyractm,  Sainl-Amand-le-Petit,  de  Villa- 
nova,  La  Villeneuve,  de  Tousol{l),  de  Manso  {'?),  de  Capella  SancH 
Martialis  (?),    de   Sancto-Georgio,    Saint- Georges-Nigremolit,   de 


400  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE  OU   LIMOUSIN. 

SanctO'Ylario,  de  Vidaliac,  de  la  Posta  (?),  de  Superbosco^  Sou- 
brebot,et  de  Fraderia{*^),  On  énumère  ensuite  les  seigneurs  relevant 
de  la  baronnie  de  Peyral. 

Lettres  patentes  de  nov.  16SS  érigeant  en  marquisat  la  baronnie 
de  La  Villeneuve-au-Comte  en  faveur  de  Théophile  de  Blanchier, 
capitaine  de  cavalerie,  baron  de  Lostanges,  La  Villeneuve,  Anède 
en  Poilou,  depuis  1654.  Cette  baronnie  avait  pleine  justice  sur  les 
paroisses  de  La  Villeneuve,  Nedde,  Rempnat,  Royères  et  Beaa- 
mont,  comme  relevant  de  la  tour  de  Mauberjon. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  39  août  1724  attribuant  au  sieur  de 
Montalembert  droit  de  péages  sur  les  ponts  situés  sur  rivière  de 
Vienne  es  lieux  de  Nedde,  La  Villeneuve,  et  péage  sur  Royère,  etc. 

Vente  du  23  juin  1746  par  Charles  de  Montalembert,  chevalier, 
seigneur,  marquis  de  La  Villeneuve-au-Comte  et  Nedde,  à  messire 
Raymond  Garât,  écuyer,  seigneur  du  Puy-du-Tour,  époux  de  Marie 
Faulle  du  Puy-du-Tour,  de  la  terre  ou  marquisat  de  La  Villeneuve 
et  Nedde,  relevant  du  roi,  où  il  y  a  château,  bois,  élangs,  chauffage 
en  la  forêt  de  La  Feuillade,  rentes,  dîmes,  pêche  sur  les  rivières  de 
Vienne  et  de  Maude,  vigne  es  dépendances  du  bourg  de  Perpezac, 
en  présence  d'Antoine  Malevergne  de  Fressignac,  docteur  en 
médecine,  témoin,  demeurant  à  Limoges. 

Copie  de  l'hommage  fait  au  roi  de  France,  le  7  août  1775,  par 
messire  Raymond  Garât,  seigneur,  baron  de  La  Villeneuve,  Nedde 
et  Saint-Yrieix-la-Montagne.  Saint-Yrieix  lui  provenait  de  Jeanne 
Martiale  de  Turenne,  sa  femme. 

La  seigneurie  de  Neuviale,  paroisse  de  Saint-Amand-le-Petit,  fut 
vendue  le  11  février  1647  par  Jeanne  de  Fabas,  veuve  de  Pierre  de 
Caumont,  marquis  d'Amure,  demeurant  à  Chasteauneuf  en  Limou- 
sin, à  Pierre  Ruben,  demeurant  au  repaire  de  Fontmacary  près 
Esmouliers,  moyennant  230  livres  tournois. 

Le  20  juin  1748  Joseph  Bachellerie,  bourgeois,  marchand  à 
Eymoutiers  rendit  hommage  au  roi  de  sa  terre  de  Neuviale  qu'il 
tenait  en  pleine  justice. 

Justice  seigneuriale  du  Leyris  et  Royère,  mouvance  de  Peyrat  : 
Le  21  octobre  1499,  hommage  au  roi  par  Louis,  comte  de  Ventadour, 
baron  de  Glanges  et  de  Charluz-Champagnac,  seigneur  de  Beaure- 
gard  et  du  Leyris,  —  Le  17  octobre  1337,  hommage  au  roi  par 
Louis  de  Noailles,  seigneur  de  la  baronnie  du  Leyris,  plus  tard 
distraite  de  la  baronnie  de  Peyrat  et  donnée  en  dot  à  Marie  de 
Pierrebufflère,  femme  de  Charles,  comte  de  Ventadour.  —  Le 
31  août  1600,  hommage  par  Léonard  de  Lafaye,  fils  de  Jean  de 
Lafaye  de  La  Porte,  baron  du  Leyris.  —  Le  26  février  1698,  hom- 
mage de  Jean  de  Fricon,  seigneur  de  Farsac,  baron  du  Leyris. 


DOCUMENTS  RELATIFS   A  PETRAT-LK-CBATEAU.  401 

Ibid,  C*  104,  n**  391.  Vente  de  la  terre  de  Pontarion,  distraite  de 
Peyrat,  en  1870,  au  chapitre  de  Saint-Etienne  de  Limoges,  par  le 
baron  de  Peyrat  de  Pierrebufflère.  (Baronnie  de  Laron  pour  la 
moyenne,  baule  et  basse  justice  de  Peyrat)  ;  —  Aveu  du  2  juin  1407 
rendu  par  Ysabeau  des  Moulins,  dame  de  Laron;  —  Aveu  de 
1861,  par  Jacques  Despaigne,  seigneur,  baron  de  Panissac,  Laron; 

—  Aveu  de  1883,  par  Catherine  de  Narbonnne,  veuve  du  susdit  ; 

—  Aveu  du  24  juillet  1602,  par  Desse  d'Aubusson,  seigneur  de 
La  Brugière  et  Gabrielle  Trompoudon,  sa  femme,  nièce  de  feu 
Pierre  du  Repaire,  baron  de  Laron  ;  —  Aveu  du  9  juin  1687,  par 

Marc  de  Labermondie  d'Auberoche,  baron  de  Laron,  etc. 

En  1789  Raimond  Romanel  de  Beaune,  seigneur  de  Beaune,  La 
Combe  et  Les  Bordes,  fut  électeur  de  la  noblesse,  à  Poitiers. 
En  1789,  Pierre  Gautier  était  seigneur  de  Villemorenjane.. 


IIL    —    PrDCÊS-VERBAL    de    l'inventaire    des    titres    de    LA  VILLE  ET 

BARONTWE  DE  Peyrat-le-Chateau .  —  7  uivôsc  au  II  (1), 


Aujourd'hui,  7  nivôse  an  second  de  la  République  une  et  indi- 
visible, à  dix  heures  du  matin,  nous,  Emmanuel-Jean  Coutisson, 
juge  de  paix  du  canton  de  Peyrat,  district  de  Saint-Léonard,  dépar- 
tement de  la  Haute-Vienne,  et  sur  la  réquisition  du  citoyen  Léo- 
nard Meyrignat,  membre  du  comité  de  surveillance  du  district  de 
Saint-Léonard,  en  date  du  trois  du  courant,  la  dite  commission 
portant  que  le  citoyen  Meyrignat  se  transportera  chez  le  citoyen 
des  Maisons  pour  relever  les  scellés  apposés,  et  y  étant,  nous 
avons  trouvé  le  citoyen  Lachaud,  gardien  des  dits  scellés,  qui  nous 
a  représenté  une  armoire  pratiquée  dans  le  mur  de  la  salle,  sur 
laquelle  porte  nous  avions  apposé  une  bande  de  papier,  cote  C,  et 
scellée  du  cachet  du  canton  de  Peyrat,  lequel  cachet  nous  avons 
reconnu  sain  et  entier,  et,  après  avoir  ouvert  la  porte,  nous  avons 
procédé  à  l'inventaire  des  effets,  ainsi  qu'il  suit  : 

1*  Arrêt  de  la  Cour  du  Parlement  de  Paris,  contenant  162  pages, 
en  parchemin,  en  date  du  8  mars,  Tan  de  grâce  1788,  et  relatif  à 
Joseph  des  Maisons,  ci-devant  seigneur  de  Peyrat,  d'une  part,  et 
Geneviève  Romanet  de  Beaune,  Pierre  Esmoingt  et  autres  ; 

2**  Un  plan  figuré  de  la  métairie  de  la  Coux,  franchise  de  Peyrat; 

3*  Un  livre  intitulé  :  Terrier  des  rentes  et  autres  devoirs  de  la 


(4)  L'original  de  ce  document  est  entre  les  mains  de  M.  de  Berthier  Bizy. 


40î  SOCIÉTÉ  Ait'ciiéOLoai«2tj^  et  âistoaiouis  ou  tiitdusiK. 

barontïie  de  Pe^ral,  contenant  478  pages  écrites  et  le  festé  en 
blanc  ; 

4*  Un  livre  sur  papier  timbré,  portant  des  reconnaissances, 
signées  de  plusieurs  notaires,  tels  que  Rouchon,  Foresl,  de  Malle- 
ret,  jusqu'à  la  page  32,  et  le  reste  en  blanc  ; 

5*»  Un  papier  étiqueté  :  Vieux  titre  à  examiner  dont  on  peut  se 
servir  dans  les  affaires  pour  la  terre  de  Peyrat,  contenant  quarante- 
trois  pièces  en  parchemin,  presque  toutes  illisibles; 

6**  Un  autre  paquet  contenant  vingt-huit  pièces,  presqiie  toutes 
en  parchemin,  en  latin,  et  illisibles  ; 

7**  Un  autre  paquet  contenant  plusieurs  registres  du  greffe  de  la 
ci-devant  justice  de  Peyrat  ou  actes  de  justice,  depuis  1600  jusqu'à 
1700; 

8"  Un  paquet  ne  contenant  qne  des  titres  de  femille,  quelque  cor- 
respondance insignifiante,  avons  remis  le  tout,  après  Tavoir  lu  et 
examiné,  au  citoyen  des  Maisons,  exceptée  une  copie  informe 
d'aveux  et  dénombrements  de  la  terre  de  Saint-Martin-Châleau  et 
plusieurs  édits,  arrêts  et  lettres-patentes  du  Roi  ; 

9°  Un  paquet  contenant  plusieurs  sentences  et  devoirs  par  plu- 
sieurs particuliers,  au  citoyen  des  Maisons,  que  nous  lui  avons 
remis,  après  les  avoir  lus  et  examinés  ; 

lO*»  Aveu  et  dénombrement  de  la  baronnie  de  Peyrat,  d'après 
l'hommage  de  messire  de  Chaumont,  en  1675  ;  —  Arrêt  rendu  à  la 
Cour  des  Aydes  contre  les  habitants  de  Peyrat  ;  —  Nomination  des 
consuls  de  Peyrat  ;  —  Relevé  informe  et  mutations  faites  dans  la 
baronnie  de  Peyrat;  —  Vente  portant  rente  d'une  géline,  de  Taii 
1624  ;  —  Autre  vente,  aussi  portant  rente,  de  Tan  1632  ;  —  Dénoni- 
brement  informe  de  la  baronnie  de  Peyrat,  de  l'an  1572;  —  Projet 
de  terrier  de  l'an  l'612,  signé  en  plusieurs  reprises  de  Comont  et 
autres,  dont  plusieurs  retraits  consentis  par  le  Roy  à  la  damé  des 
Maisons  du  Paland,  du  7  juillet  1752  ;  —  Acte  portant  réserves  de 
la  justice,  et  hommage  à  la  baronnie  de  Peyrat  (1613)  ;  —  Aveux 
ou  appellations  de  la  baronnie  de  Peyrat,  expédiés  par  Neuville» 
commis- greffier,  1644;  —  Ordonnance  du  grand  maître  pour  la 
chasse  et  la  pèche  pour  la  baronnie  de  Peyrat,  du  &  mai  1705;  — 
Plusieurs  contrats  relatifs  aux  devoirs  féodaux,  astreignant  plu- 
sieurs particuliers  de  Peyrat,  tant  pour  les  moulins  que  pour  le 
four  banal;  —  Reconnaissance  de  Balandei'x,  du  4  septembre 
1670  ;  —  Hommage  rendu  au  baron,  de  Peyrat  ;  —  Délibération 
des  habitants  de  Peyrat  sur  la  franchise,  et  plusieurs  autres  actes  y 
relatifs;  —  Un  extrait  des  registres  de  Peyrat,  portant  réclama- 
tion du  droit  de  laitx  (lods)  ;  —  Sentence  pour  la  solidarité  sur  le 
viilatge  du*  Clotip  ;  —  Aveux  et  dénombrements  du  22  ^ptemfere 


DOCUMENTS   RELATIFS   A   PEYRAT-LE-CHATRAU.  403 

1572,  expédiés  par  Rouchon;  —  Plusieurs  pièces  informes,  rela- 
tives à  la  franchise  de  Peyrat,  ainsi  que  plusieurs  actes  aussi  infor- 
mes, relatifs  aux  reconnaissances  de  renies,  faits  par  différents  par- 
ticuliers de  la  terre  de  Peyrat  ;  —  Copies  d'arrêts  informes  du 
parlement  de  Paris  ;  — -  Arrél  du  Conseil  du  Roy,  conienant  règle- 
ment sur  les  péages  ;  reconnaissances  de  renies,  de  l'an  1602,  sur 
plusieurs  villages  de  Saint-Amand-le-Pelil,  Chatreix  ;  —  Requêtes 
pour  obtenir  lettre  de  terrier  ;  -  Dix-neuf  actes  d'affiches  aux 
portes  des  églises  relevant  de  la  terre  de  Peyrat;  —  Autre  relevé 
des  rentes  de  la  terre  de  Peyrat  ;  —  Des  mémoires  aux  Conseils 
pour  la  mouvance  de  Peyrat  ;  —  Copie  d'un  acte  portant  hommage 
de  la  lerre  de  Ponlarion  ;  —  Plusieurs  mémoires  imprimés  tendant 
à  soutenir  la  non-franchise  des  habitants  de  Peyrat;  —  Copies 
d'actes  de  reconnaissance  des  droits  féodaux  par  plusieurs  parti- 
culiers de  différentes  paroisses  circonvoisines  à  celle  de  Peyrat;  — 
Copies  d'arrêts  de  parlements  relatifs  aux  terres  de  Châteauneuf, 
Saint-Prîest-Palus  et  Peyrat  ;  -—  Copies  des  projets  des  écritures, 
signifiées  dans  un  procès  qu'a  eu  le  baron  contre  plusieurs  parti- 
culiers de  la  lerre  de  Peyrat  ;  -  Copies  des  litres  de  la  terre  de 
Peyrat,  de  La  Villeneuve-au-Comtc,  Nedde  et  autres,  déposés  au 
comté  de  Poitiers,  pour  en  rendre  foi  et  hommage;  —  Plusieurs 
autres  actes  et  projets,  tels  que  mémoires  aux  Conseils,  actes  féo- 
daux ou  pièces  d*écriturcs,  signifiées  de  procès  à  procès; 

H®  Procédure  tenue  par  le  ci-devant  seigneur  de  la  lerre  de 
Peyrat,  tendant  à  la  demande  d'arrérages  de  rentes,  et  autres 
papiers  conc<^rnanl  la  rhapelle  de  Ville  Chenille,  dont  la  majeure 
partie  sont  inintelligibles,  ainsi  qu'une  copie  du  dénombrement  du 
22  septembre  1572  ;  —  Un  autre  paquet  contenant  les  titres  éta- 
blissant la  renie  sur  le  village  de  Trasrieux  et  Saint-Amand  ;  — 
Un  contrai  de  reconnaissance  de  rente  par  François  Esmoingt  au 
baron  de  Peyrat,  du  9  juin  1714  ;  —  Copie  du  dénombrement  de  la 
terre  de  Peyrat;  autre  copie  du  dénombrement  de  la  môme  terre, 
dont  le  rédigé  a  été  fait  le  23  juin  1779,  par  Lajoumard,  notaire  ; 
—  Un  vieux  titre,  intitulé  :  acense  faile  par  Louis  de  Pierre-Buf- 
fière,  seigneur  de  Châteauneuf,  Peyrat  et  autres  lieux,  du  10  sep- 
tembre 1499  ;  —  Autre  litre  intitulé  :  litre  pour  la  seigneurie  de 
Peyrat,  en  date  de  l'an  1505,  signé  :  Médicis;  —  Hommage  rendu 
à  la  baronnie  de  Peyrat  par  messire  Léonard  Chappellon,  seigneur 
de  Vieille-Ville,  pour  plusieurs  endroits  y  désignés,  du  8  septembre 
1559  ;  —  Autre  hommage  et  dénombrement  au  baron  de  Peyrat, 
par  fiabriel  de  Paye,  du  15  février  1559;  —  Différentes  autres 
pièces,  toutes  illisibles  ou  informes,  et  des  procédures  tenues  pour 
des  contestations  féodales,  quelques-unes  intitulées  :  rentes  à 


40-i  SOGléTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  OU   LIMOUSIN. 

Peyrat,  le  reste  illisible;  —  Actes  généraux  de  la  baronnie  de 
Peyraf,  reçus  parRouchon  et  Forest,  notaires  royaux,  du  23  octo- 
bre 1778  ; 

12»  Actes  portant  assignation  par  ban  général  à  tous  les  sujets 
redevables  à  la  terre  de  Peyrat,  reçus  par  Ronchon  et  de  Mallerel. 
du  15  novembre  1779;  —  Hommages  rendus  par  les  habitants  de 
Peyrat,  scellés  à  Montmorillon  ;  —  Reconnaissance  de  rente  par 
Léonard  et  François  Esmoingt  ou  Esmoins  au  baron  de  Peyrat, 
pour  les  années  1670  et  1714;  —  Copies  informes  de  reconnais- 
sances de  rentes  par  plusieurs  particuliers  de  SaintPardoux- 
Lavaud,  de  l'année  1602;  —  Accense  faite  par  Pierre  Joubertde 
Noblac  et  du  Masfaure,  de  Tan  1534  ;  —  Autre  accense  faite  par 
Pierre  Solié  et  Jean  Joubert  de  Noblac,  de  Tan  1418  ;  —  Autre  par 
le  seigneur  de  Peyrat  et  Jean  Lavaux,  de  l'an  1419;  —  Copie 
informe  d'un  dénombrement  de  la  terre  de  Peyrat  par  le  citoyen 
des  Maisons  à  la  Chambre  des  comptes,  de  1775  ;  —  Copies  des 
sentences  rendues  en  la  sénéchaussée  de  Montmorillon  entre  le 
seigneur  de  Peyrat  et  plusieurs  autres  particuliers  pour  arrérages 
de  rentes,  du  7  septembre  1514; 

13*>  Différentes  lièves  portant  reconnaissance  de  rentes  ou 
comptes-rendus  par  les  agents  de  la  baronnie  de  Peyrat  ; 

14°  Copies  de  relevés  de  ventes  par  plusieurs  particuliers,  por- 
tant reconnaissance  de  rentes  sur  une  partie  des  communes  de 
Peyrat  ;  —  Copie  des  droits  de  la  terre  de  Peyrat,  du  12  décembre 
1642,  signée  :  Remy;  —  Plusieurs  pièces  d'écritures  répondues 
par  le  baron  ou  signifiées  relativement  au  procès  de  la  franchise 
de  Peyrat  ;  —  Copies  d'hommages  rendus  au  seigneur  de  Peyrat 
par  les  propriétaires  du  château  de  Breilh  (du  Masfaure  et  Chap- 
pellon);—  Extrait  du  terrier  de  la  terre  de  Peyrat  de  Tannée 
1670,  contrôlé  à  Saint-Léonard  le  2o  juin  1779  ;  —  Ventes  d'une 
certaine  quantité  de  rentes,  faites  par  Charles  H  de  Pierre- 
Buffière  à  différents  particuliers  de  Peyrat  sur  plusieurs  villages 
de  la  dite  terre  du  24  avril  1614,  expédiés  par  Brieus;  —  Ventes 
par  Antoine  Rougier,  seigneur  de  Trasrieux,  de  plusieurs  domai- 
nes à  différents  particuliers,  portant  établissement  de  rentes,  du 
28  octobre  1601,  collationnées  par  Brieus;  —  Plusieurs  autres 
papiers,  dont  quelques-uns  sont  intitulés  :  reconnaissances  de 
rentes  par  différents  particuliers  de  différents  villages  ;  —  Mémoi- 
res dans  la  cause  du  baron  de  Peyrat  contre  les  habitants  pour 
droit  de  franchise,  et  autres  mémoires,  relatifs  à  la  même  affaire; 
— -  Plusieurs  autres  vieux  papiers  illisibles  que  le  seigneur  a  remis 
de  sa  propre  volonté  ;  —  Un  paquet  d'actes  d'affiches,  faites  à  la 
porte  des  églises  de  Peyrat,  Magnat,  Meyrignat,   Saint-Amand- 


DOCUMENTS   RELATIFS  A   PEYRAT- LE-CHATEAU.  iO'i 

Jartoudeix  ,  Charrière  ,  Saint-Janien-la-Bregère  ,  Auriat ,  Saint- 
Pardoax-Lavaud,  Saint-Moreil,  Saint-Martin-Château,  Sainl-Julien- 
le-Pelit,  Beaumont,  Royère,  Nedde,  La  Viiieneuve-aa-Comte,  ' 
Saint-Amand,  Beaulieu  et  Saint-Yrieix-la-Montagne,  le  tout  pour 
le  terrier  général  de  la  terre  de  Peyrat  (1779)  ;  —  Acquisition  de 
rentes  sur  le  territoire  de  la  terre  de  Peyrat,  de  Tannée  1362;  — 
Autre  de  Tannée  1518;  —  Observations  imprimées  contre  les 
habitants  de  Peyrat  ;  —  Copie  d'un  prix  fait  pour  réparer  les  forti- 
fications de  Peyrat,  du  29  octobre  1631,  expédiée  par  Tramonteil  ; 

15"  Journal  relié,  dont  Tintitulé  commence  par  ces  mots  :  «  Au 
nom  de  Dieu  »,  journal  pour  la  terre  de  Peyrat,  contenant  260 
pages;  —  Un  autre  intitulé  :  livre  des  recettes,  écrit  à  leur  envers  et 
invers,  contenant  308  pages  ;  —  Ventes  par  Louis  de  Chausse- 
Courte  de  tous  droits  seigneuriaux  sur  le  bois  de  Citernat,  situé  en 

la  paroisse  de ,  signées  par  Dubayle  et  Moissanes,  contrôlées 

à  Bourganeuf  par  Rambau,  le  26  novembre  1786  ;  —  Vente  des 
biens  de  Château-Vieux  (près  Aubusson),  contrat  illisible  dont  Tin- 
titulé porte  que  Toriginal  est  chez  les  héritiers  Maffaure  ou  du 
Masfaure,  actuellement  de  Loménie,  de  Saint-Martin-Château  ;  --- 
Extrait  des  registres  de  greffe  de  Peyrat,  en  date  du  10  février 
1748  jusqu'au  11  juin  1787,  délivré  par  le  contrôleur  des  actes  de 
ce  temps  ;  —  Vieux  parchemins  sous  la  date  de  1620,  portant  en 
tête  ces  seuls  mots  lisibles  :  acquisitions  des  villages,  paroisse  de 
Royère  ;  —  Un  paquet  de  lettres  insignifiantes  ;  -—  Quittance  de 
lods  et  ventes  dus  par  un  particulier  pour  acquisition  de  deux  jar- 
dins et  d'une  maison,  sis  au  lieu  de  Chez-Périer,  hors  la  franchise, 
et  autres  pièces  y  relatives  ;  —  Un  vieux  parchemin  dont  les  seuls 
mots  lisibles  sont  le  village  d'Artin,  Laujasse,  et  quittances  de 
droits  de  lods,  portant  établissement  de  ces  mêmes  droits,  du  30 
août  1788,  reçues  par  Seygaud  et  Moissanes  ;  — -  Affermes  de  la 
terre  de  Peyrat,  sous  la  réserve  de  la  moitié  des  fiefs  et  du  montant 
des  retraits  féodaux,  du  23  février  1737  ;  —  Descript  de  Beaumont, 
dépendant  de  la  terre  de  Peyrat ,  sous  la  date  de  1643,  collationné 
par  Aubourg;  —  Hommage  rendu  par  la  dame  de  Lafaye  , 
à  la  dame  Jeanne  de  Chaumont,  en  date  de  1670  ;  — -  Quittance 
servant  de  reconnaissance  pour  les  Plazeix,  du  29  août  1788, 
expédiée  par  Seygaud  et  Moissanes  ;  —  Ventes  faites  d'une  quan- 
tité de  blé,  sur  la  paroisse  de  Saint-Martin-Château,  sous  la  date 
de  1365,  année  de  disette,  les  dites  ventes  signées  :  Guilelmin  ;  ~ 
Plusieurs  notes  informes  et  vieux  papiers  non  lisibles,  relatifs  à 
la  féodalité  ;  —  Un  vieux  titre,  signé  :  Pinaud; 

16**  Amortissement  de  la  terre  de  Peyrat  de  Tan  1313.  (Pièces  y 
relatives,  le  tout  en  latin)  ;  —  Section  des  habitants  de  Peyrat  en 


406  SOCIÉTÉ   ARÇHÉOLOiGl^UE   ET   HISTÇRIQUE   DU   LT;^0U9lFf. 

i^^veur  (Je  l^\ir  seigneur  ;  —  Donation  de  Léonard  Bdaud  pu  Velaud, 
damoiseau  de  Peyrat,  d'une  maison  située  tout  auprès  des  fossés 
.de  la  dite  ville,  en  date  du  48  avril  14to  ;  —  Plusieurs  autres 
feuilles  illisibles  et  un  acte  intitulé  :  taille  franche  pour  le  ohajpilre 
de  Taillefert,  plus  une  quittance  informe  des  droits  de  lods  et 
ventes  du  jardin  de  Larsénigout,  situé  en  la  franchise  de  Peyrat  ; 

—  Vente  de  partie  des  communaux  et  champs  froids  de  Peyrat, 
sous  l'obéissance  de  notre  Roy  ;  —  Arrentement  fait  par  noble, 
puissant  homme,  Louis  de  Pierre-Buiïière,  au  profit  de  noble 
Bonnet  de  Pierre  Lavigne,  à  l'occasion  d'un  pré,  situé  ep^  la  com- 
mise de  Peyrat.  (1495)  ;  —  Ratification  de  la  vente  faite  par 
Marie  de  Grandraont,  épouse  de  noble  de  Paye,  de  six  septiers  sei- 
gle à  prendre  sur  le  lieu  de  Lintignat  ;  —  Autre  acceme  faite  par 
Bernard  Belaux,  damoiseau  de  Peyrat,  et  vente  en  faveur  de  Jean 
Chavansaux,  du  lieu  du  champ  de  La  Michelle,  exceptées  des  mai- 
son^,  en  date  du  M  mars  1114,  signé  :  Laubard;  —  Privilège  con- 
firmé par  Guy  de  Lusignan,  le  dimanche  avant  Noël,  1283,  — 
confirmé  encore  le  2  mars  1 606,  par  Louis  de  Pierre-Buffière  ; 

47°  Copies  informes  du  terrier  de  Bonne  et  de  Rempat,  du  49 
août  4670  ;  —  Deux  terriers  portant  reconnaissance  de  lods  et  ven- 
tes pour  la  terre  de  Peyrat,  presque  illisibles,  et  signés  :  Chap- 
pellon  et  de  Malleret,  notaires  royaux  ;  —  Arrêt  du  Conseil  pour  le 
cantonnement  des  porcs,  plus  un  titre  portant  reconnaissance  pour 
la  terre  de  Peyrat,  signé  :  de  Malleret  et  Laborne  ;  —  Plusieurs 
terriers  illisibles,  signées  :  de  Malleret  et  Laborne  ;  —  Cahier  con- 
tenant arrêt  de  la  Cour,  qui  ordonne  l'homologation  de  plusieurs 
contrats  de  ventes,  faites  par  dame  Jeanne  de  Favas,  Castez  et 
Ladoz,  des  terres  de  Saint-Junien-la-Brugère  et  autres  en  faveur  de 
Léonard  du  Masfaurc,  du  29  janvier  4647,  signées  :  Chappellon; 

—  Aveux  de  plusieurs  baux  et  ordonnances  de  l'intendant  j)om'  la 
hquidation  des  rentes  de  Peyrat;  —  Vieux  papiers  concernant  les 
gués  et  péages  de  la  terre  de  Peyrat  ;  —  Dénombrement  des  biens 
que  Gabriel  de  Faye  tient  dans  la  baronnie  de  Peyrat  ;  —  Titre  et 
sentences  concernant  la  rente  de  La  Vareille  ;  —  Terrier  des  ren- 
tes de  la  baronnie  de  Peyrat  à  demoiselle  Jeanne  de  Chaumont, 
fait  en  4670,  par  Rounat  et  Duleyris,  notaires  ;  —  Mémoire  au 
Conseil  pour  la  franchise  de  Peyrat  ;  —  Reconnaissances  des  tenan- 
ciers de  La  Révélières  en  faveur  de  la  dame  du  Paland,  reçues  par 
Fantoulier;  —  Reconnaissances  du  tènement  de  Neuf-Maisons;  — 
Sentejices  contre  les  tenanciers  de  Las  Coux  pour  la  rente  due  à  la 
baronnie  de  Peyrat;  —  Titre  pour  la  rente  de  Chavansoux;  — 
Reconnaissance  en  parchemin  de  Langladure,  de  dix-sept  sepUers 
de  blé,  presque  illisible  ; 


18"  Affiches  et  publications  de  l'aveu  et  dénombrement  de  la 
•Laronnie  de  Peyrat,  en  date  du  10  mars  17«2  ;  -  Autres  affiches  et 
publications  du  dénombrement  de  la  baronnie  de  Peyrat,  en  date 
du  24  fémer  d782  ;  —  Hommage  de  la  baronnie  de  Peyrat  du  18 
mai  1785,  avec  Tenregistrement  du  Bureau  des  finances  de  Poitiers, 
et  aveu  et  dénombrement  de  la  baronnie  de  Peyrat  ;  —  Saisie  féo- 
dale des  fiefs  d'Artinscc,  relevant  de  la  baronnie  de  Peyxat;  — 
Terrier  en  parchemin  pour  la  terre  de  Peyrat  ;  —  Un  extrait  des 
registres  du  Conseil  d'Etat  du  Roy  ;  —  Hommage  de  la  baronnie  de 
Peyrat,  qui  est  au  dépôt  de  la  Chambre;  —  Sentences  contre  le 
Bureau  des  finances  de  Limoges,  réclamant  les  cens  et  droits 
royaux,  en  faveur  de  la  terre  de  Peyrat,  et  autres  papiers  justifica- 
tifs ;  —  Foi  et  hommage  de  Marie-Anne  Farges,  veuve  d'Esmoins, 
pour  la  terre  de  Peyrat  ;  —  Arrêts  du  Parlement  de  Paris  en  faveur 
du  citoyen  des  Maisons,  contre  les  trésoriers  des  Finances  de  Limo- 
ges, en  date  du  iO  août  1784;--  Extrait  de  différents  actes  justi- 
ficatifs de  la  suzeraineté  de  la  terre  de  Peyrat  sur  plusieurs  fiefs, 
coUalionné  par  de  Malleret  et  Tramonteil;  —  Prérogative  et  privi- 
lège de  la  ville  de  Peyrat  par  haut  et  puissant  seigneur  Jean  Bar- 
tons,  seigneur  de  Lusignan  (original  illisible)  ;  —  Copie  intitulée  : 
le  Roy  voulant  exempter  de  tous  logements  de  gens  de  guerre  les 
habitants  de  la  ville  de  Peyrat,  ensemble  les  paroisses  de  Saint- 
Martin^hâteau  et  Beaulieu  ;  —  Hommage  des  fiefs  de  la  Cour, 
rendu  au  seigneur  de  Peyrat,  en  date  du  9  septembre  1670;  — 
Reconnaissance  de  Trasrieux  en  faveur  du  baron  de  Peyrat,  en 
date  du  9  novembre  1678  ;  —  Hommage  des  fiefs  de  Meyrignat  au 
Jbaron  de  Peyrat,  en  dale  du  9  avril  1679;  —  Reconnaissance  du 
tènement  de  Tanisout,  en  parchemin,  presque  illisible;  —  Recon- 
jtaissance  du  grand  Grandmont  ; 

19°  Advenant,  nous  sommes  montés  dans  la  chambre  où  le 
citoyen  Laschaud  nous  a  représenté  un  coffre  fermant  à  clet, 
scellé  d'une  bande  de  papiers,  cote  B,  lequel  scellé  nous  avons 
trouvé  sain  et  eatier,  et,  après  en  avoir  fait  l'ouverture,  nous  avons 
-observé  que  ce.coffre  était  plein  de  papiers,  et,  après  avoir  examiné, 
nous  n'avons  trouvé  que  des  registres  et  sentences  du  ci-devant 
^elle  de  la  justice  de  Peyrat  que  nous  avons  fait  transporter  à  la 
municipalité  du  dit  lieu  ; 

Advenant,  nous  nous  sommes  transportés  dans  la  salle  à  côté, 
OÙ  le  dit  Laschaud  nous  a  présenté  une  armoire  à  deux  battants, 
scellée  et  cotée  A.  Examen  fait  du  dit  cachet,  nous  l'avons  trouvé 
sain  et  .entier,  et  après  l'avoir  ouvert  pour  faire  la  vérification  das 
objets  y  renfermés,  avons  interpellé  le  citoyen  des  Maisons  de 
uous  remettre  le  catalogue  des  ilivres  que  contient  la  dite  armoire. 


408  SOCIÉTÉ  ARGBÉOLOGIQUB  KT  HISTORIQUB  DU  LIMOUSIN. 

Nous  a  dit  n'en  avoir  pas  ;  et,  pour  nous  convaincre  si  ces  livre» 
contenaient  des  écrits  contre-révolutionnaires,  nous  en  avons  fait 
Texamen,  volume  par  volume;  nous  n'y  avons  trouvé  que  des 
hommages  permis  et  analogues  aux  circonstances  et  aux  affaires  du 
temps. 

Signé  :  Pierre  Peyroux,  ayant  écril  à  la  demande  et  sous  la 
dictée  du  juge  de  paix  le  procès-verbal  ci-dessus. 


IV.  —  Plainte  et  réclamation  du  baron  du  palland,  enregistrée 

LE  22  GERMINAL  AN  VI,  SOUS  LE  NUMÉRO  2,539. 

Aux  administrateurs  du  département  de  la  Haute-Vienne, 

Citoyens, 

Le  citoyen  des  Maisons  du  Palland,  propriétaire  au  canton  de 
Peyrat,  a  l'honneur  de  mettre  sous  vos  yeux  la  lettre  du  Ministre 
des  Finances,  en  date  du  28  ventôse  dernier. 

Veuillez,  citoyens  administrateurs,  vous  rappeler  les  précéden- 
tes pétitions  qui  vous  ont  été  remises  pour  cet  objet,  et  vous  faire 
présenter  les  lettres  du  Ministre  de  l'Intérieur  et  celles  du  Bureau 
du  Directoire,  relativement  à  l'enlèvement  forcé  que  fit  Meyri- 
gnat,  maire  de  Peyrat  et  membre  du  Comité  révolutionnaire, 
assisté  de  plusieurs  municipaux,  qui  lui  ont  enlevé,  d'autorité,  tous 
les  titres  et  papiers,  et  ceux  qui,  après  son  décès,  ont  été  pareille- 
ment pris  par  la  municipalité  actuelle  de  Peyrat,  laquelle  prétend 
en  avoir  envoyé  quelques  fragments  aux  archives  de  notre  dépar- 
tement. 

Mais  il  est  prouvé  que  les  plus  importants  de  ces  titres  ont  été 
pillés,  longtemps  avant  l'envoi  fait  aux  archives  ;  ce  qui  expose  le 
citoyen  du  Palland  et  grand  nombre  d'habitants  de  Peyrat  à  éprou- 
ver journellement  des  procès  et  contestations  pour  fixer  les  bornes 
et  limites  de  chaque  propriété,  qu'ils  ne  peuvent  plus  constater 
depuis  l'enlèvement  des  titres,  qui  étaient  communs  à  tous,  avec  un 
plan  géométrique. 

Ce  considéré,  qu'il  vous  plaise,  citoyens  administrateurs,  ordon- 
ner que  le  citoyen  archiviste  du  département  rendra  l'inventaire  des 
papiers  à  lui  remis  par  la  municipalité  avec  tout  ce  qui  reste  des 
dits  papiers. 
Mais  que  les  titres  et  papiers  soient  confrontés  avec  l'expédition 


DOCUMENTS   RELATIFS  A    PEYRaT-LE-CBATEAU.  409 

de  l'aveu  et  dénombrement  en  bonne  forme,  trouvée  au  dépôt 
national  du  Louvre,  à  Paris,  production  faite.  Aussi,  qu'il  vous 
plaise  statuer  sur  la  pétition  relative  à  l'ouragan,  qui  a  été  général 
dans  votre  département,  et  dont  les  changements  de  ministres  et  des 
commis  de  leurs  bureaux  ont  retardé  la  réponse. 

Salut  et  respect.  Signé  :  des  Maisons  du  Palland. 

Nota,  —  Les  secrétaires  des  bureaux  sont  priés  d'enregistrer 
les  pièces  jointes  à  la  pétition  et  d'en  donner  les  numéros. 


T.  xxxvn.  87 


EXCURSION 

!•'  AOUT  1889 


La  Société  archéologique,  dans  sa  séance  de  juin  1889  avait 
projeté  une  excursion  aux  ruines  romaines  de  Chassenon.  Remis 
sur  le  tapis  à  la  séance  de  juillet,  ce  projet  fut  exécuté  le  jeudi 
1"  août. 

Notre  Société  avait  avisé  de  son  programme  la  Société  les  Amis 
des  sciences  et  arts  de  Rochechouart.  Fondée  depuis  le  mois  de 
mars  1889,  cette  société  compte  parmi  ses  membres  plusieurs  per- 
sonnes qui  se  proposent  de  faire  une  étude  complète  de  ce  qui 
reste  de  Chassenon  et  de  poursuivre  méthodiquement  les  fouilles 
commencées  sur  plusieurs  points.  La  faible  distance  qui  sépare 
cette  localité  de  Rochechouart  et  le  haut  intérêt  que  présente  Télude 
de  ses  ruines  devaient  amener  ce  résultat.  Nous  allions  pour  ainsi 
(lire  chasser  sur  les  terres  de  la  jeune  Société,  et  nous  nous  faisions 
un  devoir  de  la  prier  de  se  joindre  à  nous. 

A  l'heure  du  départ,  tous  les  membres  qui  s*étaient  fait  inscrire 
se  trouvaient  à  la  gare.  Nous  avions  avec  nous  le  meilleur  des 
guides,  M.  le  chanoine  Arbellot,  qui,  depuis  1888,  a  fait  faire  de 
nombreuses  fouilles  à  Chassenon,  et  qui  a  publié  ses  intéressantes 
observations  dans  le  Bulletin  monumental  (1). 

Favorisée  par  un  temps  splendide,  Texcursion  s'annonçait 
comme  devant  s'effectuer  dans  les  conditions  les  plus  favorables. 
La  ligne  de  Limoges  à  Angouléme,  que  nous  suivions  jusqu'à 
Chabanais,  doit  à  son  voisinage  de  la  Vienne  d'être  citée  parmi  les 
plus  agréables  de  France. 

Le  soleil,  ce  soleil  éblouissant  du  mois  d'août,  se  mirait  dans  les 
eaux  limpides  de  notre  chère  rivière  et  dorait  les  arbres  et  les 

(1)  Bulletin  monumental,  3«  série,  t.  VIII,  28«  de  la  coll.  1869,  p.  S97 


EXCURnON   A   ClASSKNOtC 


4H 


prairies  qtd  lui  font  un  si  bel  encadrement.  De  temps  à  autre,  la 
ligne  blanche  d'une  écluse  et  le  groupe  des  bâtiments  d'un  moulin 
ou  d'une  usine  venaient  donner  un  attrait  de  plus  aux  paysages  si 
pittoresques  qui  s'offrent  aux  yeux  des  voyageurs. 

Âpres  avoir  salué  au  passage  la  jolie  petite  ville  d'Âixe,  avec  son 
vieux  château-fort  si  souvent  mentionné  dans  nos  chroniques  du 
xin*  siècle,  et  l'église  romane  de  Saint-Victurnien,  nous  arrivons  à 
Saint-Junien.  La  voie  passe  auprès  de  la  chapelle  de  Notre-Dame- 
du-Ponl  et  traverse  la  tête  de  l'ancien  faubourg  au-dessus  duquel 
se  montrent  les  clochers  de  l'antique  Collégiale.  La  Vienne,  à  l'en- 
droit où  la  ligne  là  traverse,  présente  un  aspect  magnifique,  au 
pied  de  l'ancienne  église  de  Saint-Âmand. 

Nous  approchons  du  but.  Après  avoir  dépassé  Saillat  avec  son 
importante  fabrique  de  papier  de  paille,  nous  laissons  sur  notre 
droite  l'ancienne  celle  grandmontaine  d'Etricor,  dont  nous  aperce- 
vons vaguement  au-delà  de  la  rivière  l'église  romane  d'une  archi- 
tecture austère,  édifiée  au  milieu  d'une  prairie  et  conforme  au 
plan  généralement  adopté  pour  les  constructions  de  l'Ordre.  Nous 
entrons  dans  le  déparlement  de  la  Charente  et  bientôt  nous  met- 
tons pied  à  terre  à  Chabanais. 

Cette  partie  de  la  Charente  était  limousine  autrefois.  La  nature 
du  sol  et  l'aspect  du  pays  sont  les  mêmes  que  chez  nous.  Les  habi- 
tants sont  du  restes  Limousins  de  cœur  :  ils  ont  toujours  nos  mœurs, 
SOS  usages  et  notre  patois. 

Comme  Limoges,  la  petite  ville  de  Chabanais  a  le  privilège  d'être 
placée  au  bord  de  la  Vienne,  et  la  perspective  qu'elle  offre  aux 
yeux  en  traversant  le  pont  est  une  de  celle  dont  on  ne  peut  se 
lasser.  On  ne  sait  auquel  des  deux  côtés  d'amont  et  d'aval  on  doit 
donner  la  préférence.  Si,  en  amont,  la  nappe  d'eau  est  large, 
majestueuse,  en  aval,  au  contraire, 
le  lit  est  divisé  par  des  îlots  om- 
breux entre  lesquels  la  rivière 
semble  se  cacher  pour  reparaître 
bientôt  au  travers  des  arbres. 

Avantle  départ  pour  Chassenon, 
nous  avions  deux  heures  à  dé- 
penser et  nous  ne  pouvions  les 
employer  plus  utilement  qu'en 
visitant  les  curiosités  archéolo- 
giques de  Chabanais. 

Le  beffroi  de  Saint-Michel,  poste 
d'observation  qui  domine  la  ville, 
nous  attirait  tout  d'abord.  La  tour 
Saint-Michel  est  d'origine  romane; 
elle  présente  un  carré  de  5  mètres 


412 


SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 


20  de  côté,  soutenu  au  nord  et  au  sud  par  deux  énormes  contre- 
forts. La  porte  d'entrée,  de  forme  carrée,  s'ouvre  du  côté  ouest, 
sans  aucun  ornement;  on  remarque  du  côté  nord  une  pelite  abside, 
en  forme  de  cul-de-four.  Les  personnes  du  voisinage  nous  ont 
assuré  que  Vintérieur  était  absolument  nu  et  que  Ton  n'y  trouvait 
que  réchelle  qui  permet  au  sacristain  de  Saint-Pierre  de  venir 
sonner  les  cloches  de  cette  paroisse. 

En  descendant  le  coteau,  nous  entrons  à  Saint-Pierre.  Cette 
église  ne  présente  aucun  intérêt  architectural;  elle  possède 
cependant  un  autel  et  un  rétable  en  bois  sculpté  d'un  très  bel 
aspect.  M.  le  curé  de  Saint-Pierre  a  bien  voulu  nous  indiquer  les 
noms  des  deux  artistes  qui  ont  exécuté  ces  sculptures  d'après 
rinscriplion  gravée  par  eux  au-dessous  du  tabernacle  :  «  Fait  par 
»  nous,  sieur  de  Miran,  prêtre,  curé  de  Saint-Pierre  de  Ghabanais 
»  et  Marlin  Belol,  en  cette  paroisse,  1712,  priez  Dieu  pour  nous.  » 

Ce  Marlin  Belot  ne  serait-il  pas  Marlin  Bellet,  sculpteur  de  Limo- 
ges qui  jouit  d'un»3  certaine  réputation  et  dont  plusieurs  couvents 
de  notre  ville  possédaient,  avant  la  Révolution,  des  statues  ou  des 
autels  remarquables.  Nous  avons  remarqué  aussi  sur  une  plaque 
de  marbre  une  inscription  rappelant  le  nom  d'une  des  bienfaitrices 
de  cette  église,  M"*  Antoinelte-Félicie-Charles  de  Plument  de 
Baillac,  morte  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  le  7  juin  1864.  En  sortant 
de  l'église  nous  nous  trouvions  tout  près  de  l'ancien  château  des 
princes  de  Chabanais,  dont  il  reste  quelques  portions  remontant 
aux  \\f  et  XV'  siècles.  Pendant  que  nous  le  visitons,  M.  Louis 
Guibert  en  prend  un  croquis. 

La  grande  cour  par 
laquelle  on  pénètre  dans  . 
le  château  se  trouve  pres-^1 
que  à  l'entrée  du  pontet  ~ 
devait  être  protégée  par 
des  travaux  de  défense 
qui  ont  disparu  ;  ces  Ira-  -.^ 
vaux  se  ratlachaien  là  une 
épaisse  muraille  percée' 
de  loin  en  loin  de  larges 
fenêtres  grillées  et  dont  la  base  est  battue  par  les  eaux  delà  Vienne. 
La  seule  pièce  du  rez-de-chausée  que  nous  ayons  pu  visiter  a  la 
forme  d'un  parallélogramme;  elle  est  voûtée  en  arête.  Le  donjon 
encore  debout  présente,  comme  à  Monlbrun,  cette  particularité, 
c'est  que  les  architectes  du  xv°  siècle  ont  entouré  d'une  gaine  semi- 
circulaire  trois  des  côtes  du  donjon  carré  du  xu*  siècle.  Celui-ci  se 
trahit  du  côté  de  la  rivière  par  les  assises  de  sa  construction  et  par 


L.ê. 


EXCURSION  A  CHASSENON. 


113 


les  moDtants  d*une  large  cheminée.  La  gaîne  du  xv«  siècle  est  percée 
en  différents  endroits  d'archères  et  de  trous  de  couleuvrines. 

Après  avoir  traversé  le  pont,  nous  entrons  dans  l'église  du 
doyenné,  placée  sous  Tinvocation  de  saint  Sébaslien  et  de  saint 
Roch,  tous  les  deux  invoqués  jadis  en  temps  de  pesle.  C'est  ce  qui 
explique  une  inscription  gravée  à  l'extérieur 


EX  BENEFICIO 

CIVIVM 

1630 


^-rsk"^ 


indiquant  que  cette  partie  de  l'église  a  été  reconstruite  par  les 
habitants  à  la  suite  de  la  peste  de  1630.  On  sait  que  cette  peste  fit 
de  grands  ravages  dans  toute  la  région. 

Après  le  déjeûner,  nous  montons  en  voiture  et  nous  franchissons 
proraptement  les  cinq  kilomètres  qui  nous  séparent  de  Chassenon. 
Là,  nous  sommes  cordialement  accueillis  par  nos  confrères  de  la 
Société  de  Rochechouart,  dont  plusieurs  sont  bien  connus  de  nous. 
MM.  Mathey,  d'Abzac,  Précigou,  Laboujonnière,  Martinaud, 
Deserces,  Henri  Rousseau  veulent  bien  se  mettre  à  notre  disposi- 
tion et  nous  faire  profiter  de  leurs  récents  travaux  sur  Chassenon. 

Nous  visitons  d'abord  l'intéressante  églisiî  romane  de  Chassenon  ; 
l'ancien  portail  a  disparu  et  d'après  les  sculptures  qui  l'entouraient 
autrefois  nous  devons  regretter  sa  dispa- 
rition. Il  est,  en  effet,  surmonté  d'une  scène 
de  la  Passion  sculptée  dans  le  granit  de  la 
façon  la  plus  naïve  :  dans  un  encadrement 
carré,  le  Christ  en  croix  apparaît,  accosté 
de  deux  soldats,  l'un  portant  la  lance,  l'autre 
présentant  l'éponge.  Un  peu  au-dessous, 
à  gauche,  on  dislingue  une  autre  sculpture 
de  la  même  époque  que  les  maçons  et  le 
temps  ont  presque  effacée;  ce  qu'il  en  reste  permet  de  supposer 
qu'elle  représentait  l'Adoration  des  Mages. 

L'église  est  à  une  seule  nef,  voûtée  en  berceau.  Les  quatre 
colonnes  qui  supportent  la  coupole  placée  à  la  croisée  sont  sur- 
montées d'un  chapiteau  uni  avec  boudin.  Au-dessus  de  la  coupole 
se  trouve  un  clocher  carré  à  un  seul  étage,  les  fenêtres  sont  gémi- 
nées, la  corniche  qui  termine  la  tour  et  sur  laquelle  s'appuie  la 
toiture  est  soutenue  par  de  nombreux  corbeaux  sculptés.  Dans  la 
sacristie,  on  remarque  un  meuble  intéressant  du  xiv*  siècle. 


4U 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIOUB  IT  HMTOllOVB  DU  LIMOUSlIf. 


Au  milieu  de  la  place  de  Féglise  '  "  ^  ^ 
se  trouve  une  ancienne  borne  mil-      'c 
liaire  dont  les  intempéries  ont  fait^" 
disparaître  Finscriplion.  Les  murs  ^"' 
de  clôture  des  propriétés  avoisi- 
nantes  sont  tous  formés  par  des 
pierresprovenantd'anciennesmai- 
sons  gallo-romaines. 

Malgré  la  chaleur  torride,  les 
membres  des  deux  sociétés  se  sont 
ensuite  dirigés  vers  le  palais  de  Longea.  Le  sol  qui  recouvre  les 
ruines  est  à  peu  près  nu;  quelques  amas  de  pierre  et  des  pans  de 
murs  trahissent  à  peine  la  présence  de  ces  restes, 

M.  le  chanoine  Arbellot  veut  bien  mettre  les  excursionnistes  au 
courant  des  fouilles  exécutées  autrefois  par  M.  l'abbé  Michon 
et  par  lui.  Il  donne  lecture  de  la  notice  qu'il  a  écrite  sur  Chassenon 
en  1862.  Les  excursionnistes,  assis  sur  Tun  des  murs  de  Tancien 
palais,  à  Tombre  d'un  noyer,  écoutent  attentivement  la  savante 
dissertation  de  M.  Arbellot.  De  son  côté,  M.  Précigou  signale  les 
découvertes  faites  par  lui  dans  ces  derniers  temps  et  complète, 
sur  quelques  points,  les  indications  du  président  do  notre  Société. 

On  procède  ensuite  à  la  visite  des  caves  dont  M.  Précigou  a 
publié  une  description  dans  le  premier  numéro  du  Bulletin  de  la 
Société  les  Amis  des  sciences  et  arts  (juin  1889). 

Qu'il  nous  soit  permis  d'indiquer  les  modiflcations  nouvelles 
apportées  au  plan  du  sous-sol  du  palais,  par  M.  Précigou,  depuis 
la  publication  du  travail  de  M.  Arbellot. 


Nord 


i.  1 

b 

:         I 

;      i      i 

:    C    \ 

ï    \    i 

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d' _ 

n'inz: 

e 

Caves  du  palais  de  Longea  (plan  de  M.  A.  Précigou). 


BZCVtSION  A  CBASSENON.  4i5 

Au-delà  de  la  grande  muraille,  du  côté  de  la  route  de  Chabanais 
à  Rochechouart,  nous  voyons  figurer  sur  le  plan  de  M.  Précigou 
quatre  caves  b  (16",45  de  longueur;  3" ,60  de  hauteur;  2»  de  lar- 
geur) :  elles  sont  parallèles  à  cette  muraille  ;  puis  la  cave  o,  6"», 80 
de  longueur  sur  4"  de  largeur.  En  deçà  de  la  même  mupaille 
on  trouve  un  certain  nombre  de  caves  perpendiculaires  aux  pre- 
mières, dont  trois  ont  été  reconnues  par  M.  Précigou,  qui  les 
désigne  par  la  lettre  c. 

A  la  suite,  on  a  trouvé  un  plus  grand  nombre  de  galeries  orientées 
de  Touest  à  Test,  divisées  en  quatre  groupes  de  quatre  caves 
chacun  et  séparées  au  milieu  par  un  couloir  f  qui  permettait 
d'y  accéder.  I^es  caves  des  deux  groupes  les  plus  rapprochés  du 
couloir  fd,  i' )  ont  S",»©  de  longueur  et  les  autres  (e,  e' )  i5",45. 
Ces  longueurs  permettent  d'avoir  la  longueur  totale  de  la  façade 
qui  mesure  57™,  en  y  ajoutant  les  épaisseurs  de  murs. 

M.  le  chanoine  Arbellot  pensait  que  Ton  pouvait  accéder  au 
couloir  f  par  ses  deux  extrémités;  mais  ses  fouilles  ne  lui 
avaient  pas  permis  de  voir  que  le  couloir  se  prolongeait  pour 
permettre  Taccès  d'une  quatrième  cave  latérale  et  se  terminait 
ensuite  par  une  épaisse  muraille.  En  revanche,  il  a  montré  à 
M.  Précigou  la  porte  de  l'ouest  A  par  laquelle  il  était  entré  dans  les 
caves  en  1862.  Cette  porte  est  aujourd'hui  en  partie  obstruée  par 
les  terres. 

D'après  M.  Arbellot  et  M.  Précigou,  les  caves  de  Longea  avaient 
uniquement  pour  but  de  niveler  et  d'assainir  le  sol  qui  supportait 
le  palais.  Celui-ci  doit  le  nom  de  Longea  qui  lui  a  été  donné  parles 
habitants  à  la  forme  allongée  do  ses  caves. 

Il  reste  maintenant  à  établir  le  plan  du  rez-de-chaussée.  La 
Société  de  Rochechouart  compte  dans  ses  rangs  plusieurs  membres 
qui  se  sont  dévoués  à  celte  tâche  et  qui  ne  peuvent  manquer  de  la 
mener  à  bonne  fin.  Déjà,  dans  son  premier  article  sur  le  palais 
de  Longea,  M.  Précigou  a  déterminé  plusieurs  murailles,  nous  ne 
doutons  pas  que  par  la  suite  il  n'arrive  à  déterminer  le  plan 
complet. 

Les  excursionnistes  se  dirigent  ensuite  vers  la  grande  muraille  qui 
formait  l'enceinte  du  château,  muraille  dont  il  reste  encore  une 
centaine  de  mètres  ;  puis,  non  loin  de  son  extrémité,  du  côté  ouest, 
ils  rencontrent  le  temple  de  Montélu. 

Avant  de  procéder  à  l'examen  du  temple.  M.  le  chanoine  Arbellot 
soulève  la  question  de  savoir  à  quelle  divinité  païenne  cet  édifice 
était  dédié.  Il  avait  pensé  d'abord  que  c'était  un  temple  de  Diane, 
la  déesse  de  la  lune,  d'où  serait  venu  le  nom  de  Mons  lunœ  trans- 
formé par  le  vulgaire  en  celui  de  Montélu.  Mais  depuis  que,  dans 


416  SOCléTé   AKCBÉOLOGIQUB  FF  BI8T0AIQUB  DU  LIMOUSIN. 

un  voyage  en  Italie,  il  a  examiné  la  forme  des  temples  élevés  à 
Vesta,  qui  sont  presque  tous  circulaires  avec  colonnade,  il  se  de- 
mande si  le  temple  de  Ghassenon  n'aurait  pas  été  consacré  à  Yesta. 

Les  personnes  présentes  ont  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir 
consiater  le  résultat  des  dernières  fouilles  faites  par  MM.  Masfrand 
et  Malhey.  Ce  dernier  a  bien  voulu  nous  lire  le  résumé  de  leurs 
découvertes  que  nous  donnons  ci-après  : 

Sans  rechercher  si  la  forme  extérieure  du  temple  répond  à  l'oc- 
togone donné  par  M.  Tabbé  Michon,  M.  Mathey  constate  que  le 
temple  a  la  forme  circuuire,  et  que  le  diamètre  intérieur  est  de 
18». 

Le  mur  d'enceinte,  à  sa  partie  inférieure  seule  existante,  a2~,10 
d'épaisseur.  Il  est  en  moellon,  relié  par  du  mortier  et  recouvert 
par  un  revêtement  en  ciment  de  15  millimètres  d'épaisseur. 

Dans  ce  mur  sont  engagés  douze  contreforts  distants  de  S^,90 
les  uns  des  autres,  destinés  à  supporter  la  toiture.  Six  de  ces  con- 
treforts forment  un  angle  saillant  extérieurement  et  mesurent 
3",08  du  sommet  de  l'angle  au  parement  intérieur  ;  ils  alternent 
avec  les  six  autres  contreforts  qui  ne  font  pas  saillie  extérieu- 
rement et  mesurent  seulement  2",80.  La  saillie  à  l'intérieur  qui 
est  commune  à  tous  les  contreforts  est  de  40  centimètres.  Ceux-ci 
sont  construits  en  brique,  et  ils  sont  recouverts,  comme  les  murs, 
d'un  revêtement  en  ciment  de  15  millimètres  d'épaisseur. 

A  l'^iS  de  la  partie  latérale  de  chaque  contrefort,  il  existait  des 
tiges  en  bronze  parfaitement  scellées  dans  la  brique  qui  servaient 
à  maintenir  le  parement  en  marbre.  D'autres  pattes  en  bronze 
ont  été  trouvés  dans  les  matériaux. 

Intérieurement,  les  murs  étaient  revêtus  de  marbre  blanc  veiné 
de  vert,  de  3  centimètres  d'épaisseur,  et  d'ardoises  appliqués  sur 
le  ciment.  Le  dallage  était  en  marbre  de  même  couleur  et  de  même 
épaisseur  ;  mais  les  plaques  étaient  de  plus  grandes  dimensions 
que  celles  du  revêlement.  Ce  dallage  s'étendait  extérieurement  et 
circulairement  à  1*,64  du  mur  d'enceinte. 

A  11",30  de  la  porte  du  temple  qui  paraît  s'ouvrir  au  S.  0.  et  à 
4",50  de  l'enceinte  existe  un  puits.  Ce  puits  mesure  2"*,20  à  son  ori- 
fice et  sa  profondeur  est  de  3".  Il  est  à  remarquer  que,  contrai- 
rement aux  constructions  romaines  en  général,  et  aux  caves  de 
Longea  en  particulier,  ce  puits  est  mal  construit;  ce  ne  sont  point 
des  pierres  taillées  avec  soin  et  de  même  dimension  qui  ont  seni 
à  sa  construction,  mais  bien  des  moellons  irréguliers  tels  qu'ils 
sont  sortis  de  la  carrière.  La  partie  supérieure  est  plus  large 
que  la  partie  inférieure,  dans  laquelle  se  trouvent  plusieurs  cavités 
irrégulières  à  des  hauteurs  variables.  Le  fond  est  formé  par  une 


EXCURSION  A  CBASSENON.  417 

roche  1res  dure  ;  Textraction  des  matériaux  que  le  puits  contenait 
n'a  amené  aucune  découverte,  car  ce  n*est  pas  la  première  fois 
qu'il  avait  été  fouillé. 

Les  auditeurs  remercient  M.  Malhey  de  cette  très  intéressante 
communication. 

Les  obsen'ations  de  M.  Mathey  viennent  à  rencontre  de  celles  de 
MM.  Michon  et  Arbellot  qui  ont  yu  le  temple  à  une  époque  où  il 
était  moins  ruiné  qu'aujourd'hui,  et  lui  donnent  la  forme  octogonale 
à  Texlérieur  et  circulaire  à  l'intérieur.  M.  Précigou  partage  leur 
opinion.  D'après  lui  «  le  mur,  circulaire  au  dedans  et  octogone  au 
dehors,  était  en  outre  renforcé  par  huit  pilastres  intérieurs  ayant 
chacun  0",90  de  largeur  et  0'",40  de  saillie  ;  son  épaisseur  était 
de  2°,40,  sauf  celle  mesurée  suivant  la  bissectrice  des  angles  de 
l'octogone,  qui  était  de  3"  »  {i). 

L'étude  de  MM.  Masfrand  et  Mathey,  en  donnant  au  temple  la 
forme  circulaire,  aussi  bien  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur,  viendrait 
appuyer  son  attribution  à  Vesla,  comme  les  temples  circulaires 
consacrés  à  celte  déesse  que  l'on  observe  en  Italie. 

L'Amphithéâtre,  situé  à  peu  de  distance,  a  fait  l'objet  de  la  visite 
suivante.  Il  reste  fort  peu  de  chose  de  cet  amphithéâtre,  mais  le 
sous-sol  doit  receler  des  ruines  ignorées  jusqu'à  ce  jour.  La  dis- 
cussion s'est  engagée  sur  la  forme  de  l'édifice.  Etait-ce  un  théâtre, 
c'est-à-dire  un  édifice  semi-circulaire,  ou  un  amphithéâtre  de 
forme  elliptique,  comme  la  configuration  du  sol  semble  l'accuser? 
M.  Arbellot  engage  les  membres  de  la  Société  de  Rochechouarl  à 
procéder  à  des  tranchées  profondes,  allant  de  l'intérieur  à  Texté- 
rieur,  des  centres  au  périmètre.  Ces  fouilles  amèneront  certaine- 
ment d'intéressantes  découvertes. 

La  Société  a  regretté  de  ne  pouvoir  visiter  un  autre  point  inté- 
ressant où  se  trouvent  encore  des  ruines  :  Le  Maine,  situé  à  un 
kilomètre.  A  Chassenon,  elle  a  vu,  chez  des  propriétaires,  une 
monnaie  en  bronze,  de  Lucilla,  fille  d'Anlonin  et  femme  de 
Lucius  Verus,  dans  un  parfait  état  de  conservation,  qui  a  été 
trouvée  dans  le  voisinage. 

LVCILLAE  ICfGmtœ  ANTONINI  A^GtisH  Yiliœ.  Buste  de  Lucilla 
à  droite. 

R/  HILARITAS.  Une  femme  s'appuyant  de  la  main  droite  sur  un 
rameau  et  tenant  de  la  main  gauche  une  corne  d'abondance.  Dans 
le  champ  :  S  C. 

L'excursion  s'est  terminée  par  une  visite  au  cimetière,  dont  le 

(I)  Bull,  de  la  Société  les  Amis  des  sciences  et  artSy  livr.  d'août  1889, 
p.  38. 


4t8  SOCIÉTÉ  ARCHiOI.OeKW9l  K7  »SXOiltOUI  DU  LIMOUSIN. 

mur  de  clôture  est  en  partie  formé  par  A&s  sarcophages.  Nous  en 
avons  relrouvé  plusieurs  placés  sur  des  tombes. 

Il  paraît  qu'en  creusant  les  fosses  dans  une  certaine  partie  du 
cimetière,  on  a  trouvé  plusieurs  monnaies  romaines.  Au  centre  du 
champ  du  repos,  se  trouve  une  base  de  colonne  en  granit  sur 
laquelle  on  a  scellé  une  croix  de  fer. 

La  chaleur  avait  altéré  les  excursionnistes.  Aussi  est-ce  avec 
une  véritable  satisfaction  qu'ils  purent  se  rafraîchir.  MM.  Arbellot 
et  Guibert  saisirent  cette  occasion  pour  porter  un  toast  à  la  pros- 
périté de  la  Société  les  Amis  des  sciences  et  arts  de  Hochechouart. 
MM.  d'Abzac  et  Précigou  remercièrent  la  Société  de  Limoges  de 
ses  souhaits  cordiaux.  Ils  nous  annoncèrent  leur  intention  d'orga- 
niser une  exposition  à  Rochechouart  pour  1890>  et  ils  nous  donnè- 
rent rendez-vous  pour  Tannée  prochaine. 

L'heure  du  retour  étant  arrivée,  nous  remerciâmes  les  membres 
de  la  Société  de  Rochechouart  d'avoir  bien  voulu  venir  nous 
servir  de  guides  à  Chassenon  et  de  nous  avoir  mis  au  courant  des 
travaux  qu'ils  ont  faits  et  de  ceux  qu'ils  se  proposent  d'entrepren- 
dre. 

Noua  aurions  terminé  notre  tâche,  si  nous  ne  tenions  à  vous 
signaler  le  plaisir  que  nous  a  fait  éprouver  le  spectacle  du  coucher 
du  soleil  sur  la  Vienne,  vu  du  pont  de  Chabanais,  Si  cette  sensa- 
tion agréable  n'est  pas  précisément  archéologique»  elle  a  cepen- 
dant son  point  d'attache  avec  le  but  poursuivi  par  notre  Société. 
N'est-ce  point  par  amour  pour  notre  rivière  que  nos  pères  se  sont 
fixés  sur  ses  bords,  et  le  charme  qu'elle  exerce  sur  tout  bon 
Limousin  n'a-t-il  pas  de  tout  temps  inspiré  d'excellents  vers  à  nos 
poètes? 

Paul  DUGOURTIEUX. 


NOTES  ET  COMMUNICATIONS  DIVERSES 


LiMOGIATlIRES,  ÉTOFFES  LIMOGIÉES« 

On  n'a  pas  perdu  le  souvenir  des  discussions  auxquelles  a  donné 
lieu  la  traduction  des  termes  :  optus  limogiatum,  tela  lemogiata, 
limogiatura.  Les  léraogiatures,  avait-il  été  dit  d'abord,  étaient  soit 
des  orfrois,  soit  des  (issus  ou  tout  au  moins  des  broderies  d'or 
ou  d'argent.  Aujourd'hui  on  s'accorde  à  y  voir  (out  simplement 
certaines  étoffes  à  dessins  et  tout  spécialement  des  étoffes  à  raies 
fabriquées  à  Limoges  du  xiv*  au  xvi*  siècle,  et  probablement  à  une 
époque  antérieure.  Ces  dessins,  ces  raies  étaient  faits  à  l'aide  de 
fils  de  diverses  couleurs,  parfois  de  fils  d'or  et  d'argent.  Nos  gros- 
sières limousines  d'aujourd'hui  conservent  encore,  avec  le  nom, 
quelque  chose  de  l'aspect  des  anciennes  limogiatures. 

Les  citations  suivantes,  extraites  d'un  inventaire  qui  nous  est 
très  obligeamment  communiqué  par  M^^  Barbier  de  Montault,  con- 
firment de  la  façon  la  plus  claire  et  la  plus  catégorique  cette  opi- 
nion : 

«  Item,  quatuor  magnas  chualias  (ibualias)  seu  coperias  aliaris  figura- 
las...  quarum  una  est  limogiata  filo  rubeo  et  aliis  filis  plurium  collorum 
[sic)  ei  duas  limogiatas  filo  persico  et  nigro. 

s  Ilem  de  novo  uaam  coperiam  aliaris  limogiatam  pulchram  filo  debo- 
rato  et  rubeo  et  diversorum  collorum...  » 

Ces  mentions  sont  extraites  de  l'inventaire  de  l'église  de  Saint- 
Maurice  de  Brusson,  au  diocèse  d'Aoste  (Piémont),  dressé  le  14 
septembre  1580.  —Notre  Bulletin  a  inséré,  dans  son  t.  XIII,  p.  149, 
249, 254, 256,  des  extraits  de  l'inventaire  de  la  Sainte  Chapelle  des 
ducs  de  Savoie,  à  Qiambéry,  où  se  trouvent  mentionnées  des 
limogiatures;  mais  ces  mentions  n'ont  pas  la  précision  de  celles 
que  nous  donnons  ci-dessus. 

Emaux;  (euvres  de  Limoges. 

Dans  de  fort  précieux  extraits,  faits  par  M.  Edm.  Bishop,  des  in- 
ventaires de  la  cathédrale  de  Rocbester,  en  Angleterre,  et  qui  nous 


itO  90CII^.TÉ  ARCDÉOLOGIQOE  ET  HISTORIQUK  DU  LIMOUSIN. 

sont  communiqués  par  M»'  Barbier  de  Monlault,  nous  relevons 
quelques  mentions  de  pièces  émaillées  et  d'œuvres  de  Limoges  : 

WiUelmus  de  Eliolune,  filius  Ausfridi  vicecomilis,  in  obila  suo  dédit  ca- 
pellam  suam,  scilicet  albam  paratam  de  viridi  ciclade...  et  calicem  deaura- 
tum  et  palliola  plura  et  duo  candelabra  d'esmaZ,  que  omnia  sunt  ad  altare 
Sancte  Marie.  Dédit  eliam  isteWillelmus,  in  capellam  Sancte  Marie  de  infir- 
initorio,  albam. ..  cl  duo  candelabra  de  esmal  (commencement  du  xii'  siècle). 
—  Ernulfus  episcopus  (1IU-H24)  dédit...  ihurribulum  argenteum,  et  in  ta- 
bula argentea  ante  majus  altare  accrevit  duas  listas  de  esmalo,  —  Gilebertus 
episcopus  (1185-1314)  dédit  albam  casulam  de  samit...  et  cofros  de  Limo^ 
ge»,  et  tapelum.  —  Hubertus  archiepiscopus  (arcb.  de  Cantorbéry,  H93- 
1205)  dédit  mitram  in  qua  sunt  C  et  dimid.  et  XXV  lapides  preciosi,  et 
IV  esma^s.  —  Heiyas  prior  (avant  122i)...  bacinos  de  Limoges  qui  sunt 
cotidie  ad  majus  altare  dedil. 

On  sait  que  le  mot  d'émail  est  rarement  employé  avant  le 
xin**  siècle  et  que  dans  la  seconde  moitié  du  xii"  seulement  on  ren- 
contre l'expression  :  œuvre  de  Limoges.  Les  citations  ci-dessus  ne 
sont  donc  pas  sans  offrir  un  certain  intérêt  et  nous  devons  remer- 
cier notre  savant  correspondant  de  nous  avoir  signalé  ces  textes. 

Testament  de  Laurent  Bavard. 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  notre  confrère,  J.-B.  Champeval, 
à  laquelle  plusieurs  d'entre  nous  ont  souvent  à  recourir,  quelques 
extraits  d'un  testament  fort  intéressant  et  dont  nous  regrettons  de 
n'avoir  pas  reçu  le  texte  in  extenso.  Le  testateur,  Laurent  Bavard, 
drapier  du  Château  de  Limoges,  ne  nous  est  pas  personnellement 
connu  ;  mais  un  des  siens,  son  contemporain,  peul-éire  son  frère 
ou  son  fils,  joua  un  rôle  important  dans  l'histoire  de  la  bourgeoisie 
limousine.  Jean  Bayard  fut  un  des  quatre  notables  que  les  consuls 
envoyèrent  à  Paris  pour  traiter  directement  avec  le  roi  Charles  V 
des  conditions  de  l'entrée  des  troupes  françaises  dans  le  Château 
de  Limoges.  On  sait  quelle  fut  l'issue  de  la  mission  de  ces  ambas- 
sadeurs. Les  demandes  de  la  commune  furent  accordées  et 
Charles  V  confirma  aux  habitants  du  Château  les  libertés  dont  ils 
avaient  obtenu  à  prix  d'argent  la  restitution  du  Prince-Noir  et  du 
roi  d'Angleterre,  comme  en  1224  Louis  VIII  avait  confirmé  aux 
communes  limousines  les  privilèges  dont  elles  avaient  joui  sous  les 
Planlagenet,  ducs  d'Aquitaine. 

Les  Bayard  étaient  de  riches  marchands  dont  l'hôtel  fut  l'édi- 
fice privé  le  plus  notable  du  Château  de  Limoges,  à  la  fin  du 
moyen  âge.  Charles  VII  y  logea  en  1438;  la  reine  sa  femme  y  fut 
reçue  la  môme  année.  Dès  1420  ou  1425,  cette  habitation  était 
devenue  la  propriété  d'une  autre  des  grandes  familles  bourgeoises 


NOTES  RT  COVUUNTCATIONS  DIVERSES.  421 

de  Limoges  :  les  Julien  ou  de  Julien,  plus  riches  encore  que  les 
Bayard;  mais  on  continua  de  désigner  leur  maison  sous  le  nom  de 
Bayarderie  ou  Bayardère.  Les  Récollets  s'y  établirent  au  xvn*  siè- 
cle. Leur  église,  placée  sous  Tinvocalion  de  saint  François,  fut  uti- 
sée  à  Tépoque  de  la  Révolution  comme  salie  de  spectacle.  Elle  a 
été  démolie  en  partie  il  y  a  deux  ou  trois  ans  seulement.  C'était 
V Ancienne  Comédie. 

Laurent  Bayard  mourut  avant  la  fêle  de  sainte  Madeleine  de 
Tannée  1372,  puisque  c'est  v,ers  cette  date  qu'a  été  délivrée  Texpé- 
dilion  de  son  testament,  dont  M.  Charapeval  nous  a  envoyé  quel- 
ques extraits.  Par  malheur  la  pièce  a  été  coupée  sur  les  hords  et 
est  eu  assez  mauvais  état. 

Il  y  est  fait  mention  d'Huguet  Bayard,  cousin.du  testateur;  de 
Marcelle,  femme  de  Laurent  Bayard,  morte  avant  lui,  et  de  Jean 
Bayard,  son  défunt  frère,  pour  lequel  il  fonde  une  messe  anniver- 
saire. Peut-être  ce  dernier  est-il  l'envoyé  des  consuls  de  1371, 

Les  clauses  les  plus  intéressantes  de  ce  testament  sont  celles 
qui  se  rapportent  à  la  sépulture  du  testateur  et  à  la  fondation  par 
loi,  dans  l'église  des  Frères  Prêcheurs  de  Limoges,  d'une  chapelle 
de  saint  Martial  et  saint  Jacques,  ornée  des  statues  de  ces  deux 
bienheureux,  décorée  de  peintures,  de  vitraux,  etc.,  et  desservie 
par  un  vicaire  doté  de  huit  Hvres  de  rente. 

Voici  le  texte  de  ces  dispositions  : 

Eligo  sepuUuram  in  domo  Frairum  Predicatorum  Lemoviccnsiam,  ubi, 
in  eadcm  domo,  jacei  dominus  paier  meus;  et  si  contigerit  mori  extra 
villam  Lemovicensem....  ossa  mea  defferanlur  Lemovicis  ut  ciUus  fieri 
polerit,  in  dicte  lumulo  aut  in  sepultura  de  qua  ioferius  fiet  mencio. 
—  Volo  fieri  et  construi  unam  capellam  in  ecclesia  Fratrum  Predicatorum 
Lemovicensium.  .  de  tali  tallia  et  de  tali  sortade  qua  est  capella  Béate  Anne 
ecclesie  Fratrum  Minorum  Lemovicensium,  infra  unum  annum  a  die  obiius 
mei...  El  fiai  ibidem  unum  allare  ;  et  quod  dicta  capella  sil  fundala  de  Sancto 
Marciale  et  de  Sancto  Jacobo;  et  fiant  ibidem  due  ymagi nés  lapidée  sive 
(illisible)...  una  ad  honorcm  Beati  Marcialis  et  altéra  ad  honorem  Beati  Jacobi. 
Et  ordino  quod  dicta  capella  paretur  et  ordinetur  bene  et  suffioienter  orna- 
mentis....  ad  celebrandum  ibidem  missas  de  quibus  infra  fit  mencio;  et 
quod  fiant  ibidem  vitraria  sive  oltrals  prout  fuerit  necessarium.  Et  volo 
(quod  (?)  fiât  (?;  in  (?)  capella,  ante  allare,  quedam  sepultura  ubi  ponanlur 
ossa  mea  et  parentum  meorum  et  aliorum  de  génère  meo,  videlicet  illorum 
qui  sunt  in  sepultura...  in  capilulo  dicte  ecclesie  Fratrum  Predicatorum 
Lemovicensium  ;  et  ad  edifficandam  dictam  capellam  et  eam  pingendam, 
garnlendam  ornamentis  predictis,ei  faciendam  sepuUuram  predictam  e  tcœtera 
faciendum  que  ad  hoc  fuerint  necessaria  et  opportuna,  lego  quingentos 
denarios  auri  semel  (?)  solvendos.  Ordino  quod  de  tribus  pannis  meis  quos 
dicti  fratres  liabent  seu  habere  debent  de  me  seu  predecessoribus  meis, 
fiât  quoddam  vesiimentum   (?)   [sacer]dotaIe  cum  cortiballibus  ad  opus 


4St  SOCIÉTÉ  AMBÉOliOGlQCB  VT   BtSTOaiQUB  »0  1.IM0USIIf. 

dyaconi  el  subdyacoai...  —  Ordino  vicariam  perpeiuam  ad  altare  îpsius 
capelle  per  diclos  fratres  perpetuo  dasserviendam.  Yolo  quod  in  dicta 
capella  celebretur,  qualibel  seplimana,  pro  salule  anime  mee  et  parentum, 
una  missa,  videlicel  die  lune  de  Hortuis,  mercurii  de  Sanno  Martiale,  el 
altéra  die  sabbali  de  Virgine  Maria. 

Bictam  qnidem  vicariam  doio  oclo  libris  rendQalibus,  el  assigno  saper 
ocio  libris  el  qainqae  solidis  tninas  doobus  denariis  ceasvalibus  qnas  habeo 
in  et  super  domibus.. ..  li(?)erbier  sitis  in  rua  Jouvion  oastri  predicti  Lemo- 
vi<!ensis.  Etvolo  que  (?)  ex  lune  capella  fuerit  edifficaia  (?)  quod  omnes... 
in  tnmul....  domioi  palris  mei  quod  in  capitulo  dicte  domus  frairum 
predic  exlrahaniur  ab  iode  el  ponanlur  sive  inlumulenlur  in  dicta  sepul- 
iura  ;  et  lego  illa  die  diciis  frairibus  sex  denarios  auri  ad  regale  semel 
solvendos  ad  opus  uni  us  reffeclionis. . . . 

Les  La  Fontai^ie  dans  la  Marche. 

On  sait  que  La  Fontaine  vint  à  Bellac  en  1663.  N*aTait-4l  pas  des 
parents  en  Basse-Marche?  C'est  la  question  que  pose  M.  Louis 
Dessalles,  juge  dMnstruclion  à  Limoges,  en  communiquant  à  la 
Société  l'acte  ci-après,  relevé  par  lui  dans  les  anciens  registres  delà 
paroisse  de  Monlrol-Senard  : 

Le  cinquième  jour  du  mois  de  juin,  Joseph  de  La  Fontaine  a  esté 

inhumé  dans  nôtre  église,  étant  decedé  dans  ce  boorg,  après  avoir  reçu 

tous  les  sacremens  de  TEglise,  a  Tage  d'environ  quatre- vingt-qaaire  ans; 

led.  sieur  de  La  Fontaine,  originaire  de  la  ville  de  Bellac,  fivnnt  mari  de 

Anne  Proux.  —  Messire  François  de  La  Foniaioe^  prêtre  de  ladite  ville  de 

Bellac,  ei  Jean  Bouyot,  secretain,  ont  assisté  a  son  enlerenent,  qui  ont 

signé. 

François  de  La  Fontaine,  prêtre  ;  Plaignaud,  curé 

de  Montrol-,  Bonyot. 

Sépultures  et  inscriptions. 

Parmi  les  pierres  tombales  provenant  de  Tancien  cimetière  des 
nobles,  placé  auprès  de  Téglise  Saint-Sernin,  à  Toulouse,  et  dépo- 
sées dans  la  cour  de  rinstitut  catholique  de  cette  ville,  on  agnale 
la  suivante  : 

ÀNNO  :  Dni  :  MCCC  LXI  :  die  :  h^ti  :  décima  :  nonà  : 

ENSIS ,.,. 

..OBIIT  : 

0  :  Lemovices  :  dioce  :  abbas  :  iSTius  M[oNASTERn]. 

Celte  inscription  se  rapporte  à  Hugues  Roger,  quinzième  abbé 
de  Sainl-Sernin,  enseveli  dans  le  cloître  de  Tillustre  basilique. 
Hugues  Roger  était  vraisemblablement  de  la  famille  des  Roger  de 
Beaufort,  qui  donna  à  l'église  le  pape  Grégoire  XL 


HOnS  ST  C0V1ftN1CAtl6NS  tVlTCKfiË^.  4*23 

M.  ï'âbbè  Poulbrière  nous  communique  la  note  suivante  : 

L'épUaphe  de  Msr  de  Saint-Marsault  existe  à  Rome  dans  Téglise  nationale 
de  Saint-Louis-des-Français.  Elle  est  gravée  sur  une  dalle  de  marbre  blanc, 
encastrée  dans  le  pavé  d'une  des  chapelles  qui  flanquent  le  basH^té 
gauche. 

Ses  deux  titres  y  sont  rappelés  :  il  fut  évéqne  de  Pergame  et  aumônier 
de  Madame  Adélaïde,  tille  de  Louis  XV. 

La  mort  est  axée  an  29  août  18I8. 

Cette  inscription  n'est  pas  inédite:  elle  a  éié  publiée  par  Forcella  dans  ses 
lacrUioni  délie  Chiese  dU  Roma,  U 111 ,  p.  69,  n^  i 52.(X.  Baibier  di  Montaiilt. ) 

D.  0.  M.  (1). 

MEMORI^.   ET.    GIRERIBVS 

MARLC.  JOSEPHI.  GREEN 

E.   COMITIBVS.   S.  MARSAVLT 

EPISGOPl.  PERGAME^SIS 

A.  SAGRtô.  LARGITIONIBVS.  ADELAIDIS 

AVGVST^.  LUDOVIGI.  XV.  REGIS. 

GHRISTIAmSSIMI.  FIHJE 

DEO.    REGI.   ET.    PATRIE.  DEVOTVS 

VIXIT.  AN.   (2).  LXXXIX, 

OBÏIT.    IV.    KAL.   SEPTEMBRIS 

AN.  R.  S.  (3).  MDCCCXVIII. 


EXTRAITS  DU  MeTCure  de  France  et  de  u  Gazette  des  Gazettes. 

Nous  devons  encore  à  Tobligeance  de  M.  Tabbé  Poulbrière  com- 
munication des  extraits  du  Mercure  de  France  que  nous  repro- 
duisons ci-après  ;  ils  intéressent  la  biographie  et  la  bibliographie 
de  notre  province  : 

Septembre  1717,  —  Madame  de  Bellefonl,  abbesse  de  Montmartre,  étant 
morte  la  nuit  du  29  au  30  du  mois  passé,  après  une  longue  maladie,  les 
religieuses  firent  supplier  avec  instance  Madame  la  duchesse  d'Orléans 
(réponse  tlo  régent)  de  lenr  accorder  Mademoiselle^  pour  succéder  à  la 
place  de  la  défunte.  L'invitation  en  ayant  été  faite  à  Mademoiselle,  elle  les 
remercia  par  cette  réponse  toute  chrétienne  :  qu'il  fallait  qu'elle  apprit  à 
obéir  avant  que  de  commander.  Sur  ce  refus,  Madame  de  Montpipeau  de  la 
Roche-Ouarly  grande  prieure  de  Fontevraud,  a  été  choisie  pour  occuper 
cette  place  {inconnue  au  Nobiliaire,  qui  mentionne  seulement  les  deux 
sœurs  comme  religieuses  à  Fonteoraud,  IV,  74). 

(1)  ùeo  optimo  maxinio. 

(%)  Annos, 

(3)  Anno  réparât œ  aalutls. 


4î4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BISTORIQOE  DU  LIMOUSIN. 

Juillet  1721.—  Le  25,  M.  le  duc  d^Orléaos,  régeni,  reçut  de  Rome  la  non- 
velle  de  la  promotion  de  M.  rarchevêque  deCambray  (Gai^Zauma  Dubois)  an 
cardinalat;  deux  jours  aprAs,  le  Roi  lui  donna  l'abbaye  d'Orcan  {Ourêcamp), 
après  avoir  reçu  {après  que  Varcheoéque  eût  reçu)  la  calotte  des  mains  de 
Sa  Majesté. 

Août  de  la  même  année.  —  Le  Pape  a  donné  au  père  Quinqnet,  théatin, 
le  titre  d'évêque  de  Tillopolis;  c'est  un  évêché  in  partibus  qui  le  rendra 
suflraganl  de  Tarchevéché  de  Cambrai,  où  il  ira  résider  [pour  suppléer  le 
cardinal-ministre),  La  réputation  du  père  Quinquet  est  assez  étendue  cl 
dispense  de  parler  ici  de  ses  talents  pour  la  prédication. 

Juillet  1727.  —  Dans  le  consistoire  que  le  Pape  tint  le  86  du  mois  der- 
nier, il  préconisa...  Tabbé  de  Mouchy,  clerc  de  la  chapelle  du  Roi,  pour 
Tabbaye  de  Saint-Pierre  de  Solignac. 

Féorier  1729.  —  [Nomination  royale  à]  Tabbaye  commendalaire 
d'Obazine,  ordre  de  Clteaux,  diocèse  de  Limoges,  vacante  par  le  décès  de 
M.  de  Lescure,  en  faveur  de  M,  de  la  Rocheaimon,  évêque  de  Sarepte 
(l'abbé  RoyPierrcfilte  le  place  entre  les  deux  Charles  de  Beaupoil  de  Sainic- 
Aulaire,  abbé,  dit-il,  c'est-à-dire  sans  doute  nommé  en  juin  4  728,  mais  qui 
probablement  reçut,  comme  on  va  le  voir  et  comme  l'abbé  le  constate  lui- 
même,  une  autre  abbaye  à  plus  grande  dislance). 

Item  U  l'abbaye  commendalaire  de  Morlemer,  ordre  de  Cileaux,  diocèse 
de  Rouen,  vacante  par  le  décès  de  M.  Raiabon,  ancien  évéque  de  Viviers, 
en  faveur  de  M.  Charles  Beaupoil  de  Saint-Auiaire,  aumônier  de  la  reine. 

Item  à  l'abbaye  commendalaire  de  Beûil,  ordre  de  Cileaux,  diocèse  de 
Limoges,  vacante  par  le  décès  de  M.  Poisson,  en  faveur  de  M.  Martial 
Sardine,  prêtre  du  diocèse  de  Limoges. 

Juillet  1733.  —  Dans  le  consistoire  secret  que  le  pape  tint  le  12  juin, 
le  cardinal  Otlhobooi  proposa  l'abbaye  de  Saint-Serge  d'Angers  pourTabbé 
de  la  Rochechouart  (Jean-François-Joseph  de  Rochechouarl,  d'après  Vabbé 
Tresoaux  :  Hist.  du  dioc.  d'Angers^  II,  602,  qui  le  place  à  Vannée  précé- 
dente, probablement  pour  sa  nomination). 

Extrait  encore  de  la  Gazette  des  Gazettes,  seconde  quinzaine 
d'avril  1785  : 

Le  â-i  mars,  après  l'absoute  faite  par  Tévéque  de  Tulle  (Ms^  de  Saint- 
Sauveur)  et  le  sermon  prononcé  par  l'abbé  Bossut,  curé  de  Saint-Paul,  le 
Roi  (Louis  XVI)  lava  les  pieds  à  douze  pauvres  et  les  servit  à  table  avec  les 
cérémonies  accoutumées. 

Extrait  de  la  même  Gazette,  première  quinzaine  de  mai  1788  : 

Marguerite  Benoit  de  Blômont,  née  à  Limoges  le  31  janvier  1684,  y  est 
morte  le  15  février  dernier,  âgée  de  lOl  ans  et  iS  jours.  Elle  avait 
passé  toute  sa  vie  dans  la  plus  grande  dévotion,  jeûnant  au  pain  et  à  l'eau 
et  couckant  sur  la  paille  ;  elle  n*a  perdu  Tusage  de  sa  raison  que  deux  jours 
avant  sa  mort  (manque  au  Nobiliaire). 


NOTES  BT  COMIlUNICAtlOliS  DlVKRSES.  42o 

Supplément  du  Mercure  : 

Septembre  1733,  —  Le  28  août,  le  roi  a  nommé  à  l'évôché  d'Evreux,  va- 
cant du  7  mai  dernier,  par  le  décès  de  Jean  le  Normant,  Pierre-Jules-César 
de  Rochechouart,  préire  du  diocèso  d'Orléans,  vicaire  général  de  ce  dio- 
cèse el  prieur  commendalaire  de  Saint-Lô  de  Rouen,  pourvu  de  ce  bénéfice 
au  mois  de  décembre  I7i4,  Ois  de  Louis  de  Rochecliouari,  seigneur  de 
Montigoy  et  du  Monceau  en  Beauce  {ce  qui  a  fait  omettre  cette  branche 
par  Nadaud),  de  même  maison  que  les  ducs  de  Mortemart,  et  d'Elisabeth 
de  Cugnac  de  Joui,  sa  femme. 


ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS  AUX  TOMES  XXXV  KT   XXXVI   DU  Bulletin. 

Au  tome  XXXV,  p.  83  du  Bulletin  de  la  Société,  M.  Paul  Ducour- 
lieux,  parlant  d'un  livre  manuscrit  ayant  appartenu  à  Geoffroy  des 
Gars,  seigneur  du  lieu  de  Juillac  et  autres  places,  y  signale  dans 
un  frontispice  enluminé  les  armes  de  la  maison  des  Cars  et  la 
devise  :  LORS  ARA  Y  lOIE,  qu'il  constate  différente  des  devises 
connues  se  rattachant  à  cette  illustre  famille. 

J'ai  relevé  absolument  ces  mômes  armes  et  cette  même  devise 
(peut-être  personnelle)  sur  une  sorte  de  rétable  de  la  chapelle  de 
la  Sainte  Vierge,  dans  l'église  de  Juillac  (1).  Ge  travail  de  la 
Renaissance,  fait  en  forme  de  cheminée  et  manifestement  rapporté 
là,  doit  venir  d'une  des  deux  habitations  que  possédaient  les  des 
Gars  à  Juillac.  Ils  y  avaient  le  château  proprement  dit,  aujourd'hui 
en  ruine  et  conservant  quelque  chose  des  armes  du  cardinal  de 
Givry;  puis  le  presbytère  actuel,  plus  ancien,  dont  un  petit  cabinet 
porte  aussi  leur  écu.  G'est  de  là  que  doit  venir  l'ex-cheminée, 
agencée  en  rétable. 


Au  commencement  du  Missale  Lemovicense  de  1505,  le  même 
M.  Ducourtieux  (p.  120)  a  remarqué  un  ex-libris  dont  il  a,  dit-il, 
vainement  cherché  le  propriétaire  :  «  Gelui-ci  devait  posséder  une 
»  riche  bibliothèque;  car,  ajoute  encore  l'auteur,  nous  retrouvons 
»  le  même  ex-libris  collé  sur  une  quantité  d'ouvrages  appar- 
»  tenant  à  différentes  bibliothèques.  G'est  un  élégant  cartouche 
»  du  xviii»  siècle,  encadrant  les  armes  suivantes  :  d'azur  à  la  corde- 
»  Hère  d'or  (?)  accompagnée  de  trois  étoiles  d'argent^  deux  en  chef  et 
»  une  en  pointe,  au  chef  de  sable  (?)  à  un  croissant  d'argent.  » 

Les  armes  ci-dessus  décrites  sont  celles  des  Gabat. 

(I)  Corrèze.  —Seule  variante  :  lOYE. 

T.  XXX vu  i8 


M  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  filSTORlQUB  DU   LIMOUSIN. 

Rien  d'étonnant  à  leur  diffusion  dans  Limoges  puisque,  au  der- 
^  nier  siècle,  trois  docteurs  de  Sorbonne,  de  cette  famille,  furent  l'un 
'  sulpicien,  un  autre  clianoine  de  la  cathédrale,  l'autre  curé  de  Saint- 
Maurice  de  la  Cité,  en  attendant  qu'il  devînt  théologal  de  Saint- 
Etienne,  —  sans  parler  d'un  quatrième  qui  exerça  le  saint  ministère 
à  Paris,  ni  d'un  cinquième,  qui  fut  vicaire  général  à  Tréguier. 
C'était  d'ailleurs  une  maison  très  notable  de  Limoges  (V.  Nad.,  Il, 
200). 

Quant  à  mes  preuves,  je  les  tire  :  1°  des  couverts  que  j'ai  vus  et 
notés  à  Vignols,  chez  M.  Edouard  Pradel  de  Lamaze,  —  à  qui  ils 
sont  venus  par  sa  vénérable  dame  Thérésa  de  Joussineau,  dont  la 
famille  avait  eu  alliance  avec  les  Garât  fibid.,  265)  ;  2"  d'un  écran 
tiré  d'une  chaise  à  porteurs  du  xviir  siècle,  qui  se  trouve  au  château 
de  Tudeils,  chez  M.  de  la  Salvanie,  dont  le  grand-père  Jacques 
de  Bardoulat  de  la  Salvanie,  chevalier,  seigneur  de  Puymège, 
Dounet,  Maugein  et  autres  lieux,  né  à  Tulle  le  21  mars  177i, 
épousa  en  1801  Marie-Angélique  Garât  de  Saint-Priest  [Taurion]. 
Celle-ci  était  fille  de  Pierre  Garât,  marié  en  1769  avec  Marie- 
Angéhque  Morel  de  Fromental  (Nad.,  II,  161^.  C'étaient  ces  deux 
époux  qui  avaient  fait  faire  la  chaise  à  porteurs,  ce  qui  m'amène  à 
compléter  Nadaud  en  donnant  les  armes  des  Morel  de  Fromental, 
mises  en  alliance  :  d'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  de  trois 
étoiles  d'or  y  2  et  1 ,  celle  de  pointe  soutenue  d'un  croissant  de  même. 

Aux  Garât,  le  chef  est  d'or,  avec  une  étoile  d'azur,  ce  qui  est 
conforme  aux  règles  et  n'a  pu  être  changé  que  par  brisure. 


Aux  pages  265-266  du  dernier  Bulletin  (t.  XXXVI),  M.  Leroux 
rend  compte  d'une  gravure  d'Albert  et  de  De  Crossas,  représen- 
tant une  scène  du  passage  de  Pie  VII  à  Limoges  {Ikez  à  la  Maison- 
Rouge,  car  c'est  là  qu'eut  lieu  la  scène  représentée)  ;  il  ajoute,  après 
les  huit  vers  de  légende  :  «  Il  existe  une  Relation  du  passage  de 
Pie  VU  à  Limoges,  qui  a  été  imprimée  plusieurs  fois.  On  peut  sup- 
poser que  cette  gravure  fut  faite  pour  la  première  édition  de  cette 
/?^/artow.  »  Suit  une  note,  qui  est  juste;  mais  la  supposition  émise 
porterait  à  faux. 

J'ai  la  première  Relation  de  M.  Massainguiral,  in-12  de  40  pages 
chiffrées,  précédées  dans  mon  exemplaire,  dont  on  a  refait  la  cou- 
verture, d'un  feuillet  de  titre,  d'un  feuillet  de  dédicace  et  d'un  feuil- 
let d'avis,  en  dehors  de  la  numération.  Elle  a  pour  intitulé  exact  : 
«  Relation  du  voyage  de  Notre  Saint-Père  le  Pape  Pie  VII  de 
Fontainebleau  à  Savone,  dédiée  à  Sa  Sainteté.  Par  M.  M...,  vicaire 


NOTES   Rt   COMMUNICATIONS   DIVERSES.  427 

général  et  supérieur  du  séminaire  de  Limoges.  —  Se  vend  à  Limo- 
ges chez  Martial  Ardant,  imprimeur-libraire,  rue  Ferrerie  »  (sans 
date,  mais  postérieur  à  février  1814);  la  signature  de  la  dédicace 
porte  tout  au  long  Massainguiral,  et  les  titres  ci-dessus.  Or,  je 
prends  à  la  dernière  page  les  quatre  lignes  que  voici  : 

<c  Les  vers  suivants  sont  destinés  à  être  [gravés  (?)]  au  bas  d'un 
petit  tableau,  qui  représentera  le  saint  pontife  attendri  en  relevant 
Monseigneur  l'évoque  de  Limoges  prosterné  à  ses  pieds.  » 

Suivent  les  huit  vers  donnés  par  M.  Leroux  et  accompagnés  au 
bas  de  la  mention  :  Par  le  même. 

On  voit  clairement  que  la  gravure  ne  fut  pas  faite  pour  la 
Relation,  puisque  la  Relation  annonça  la  gravure. 

L'Abbé  POIILBRIÈRE. 


BIBLIOGRAPHIE 


RECUEIL   DE   PROSES  LIMOUSINES 

Prosarium  Lemovicense.  Die  Prosen  der  Abtei  St  Martial  zc 
Limoges,  aus  Troparien  des  10,  H  und  12  Jahrhunderts,  heraus- 
gegeben  von  Guido  Maria  Dreves,  S.  J.  —  Leipzig,  Fues,  1890, 
ia-8'  de  282  pages,  avec  deux  fac-similé.  (Forme  le  lome  VU  des 
Analecta  hymnica  medii  aevi.) 

Ce  recueil  de  proses  liturgiques  est  l'une  des  plus  importantes 
contributions  qui  aient  été  fournies  depuis  longtemps  à  Thistoire 
littéraire  du  Limousin.  Il  ne  comprend  pas  moins  de  265  pièces, 
des  x%  XI'  et  XII*  siècles,  pour  la  plupart  inédites  (1),  et  nous 
apporte  ainsi  de  nouveaux  éléments  d'appréciation  sur  l'activité 
intellectuelle  du  monastère  de  Saint-Martial. 

Ces  268  pièces  se  décomposent  comme  suit  : 

I.  De  Tempore  (Noël,  TEpiphanie,  la  TransGguration,  Pâques, 
TAscensiop,  la  Pentecôte,  etc.)  :  n**"  1  à  97; 

IL  De  Beata  (les  diverses  fêtes  de  la  Vierge)  :  n*»  98  à  114; 

III.  De  Sanctis  :  n°"  114  à  207.  Parmi  les  saints  locaux  nous  rele- 
vons :  saint  Yrieix  (n°-  125  et  126),  saint  Gérald  (n*»  134),  saint 
Martial  (n**  160  à  169),  saint  Pardoux  (n*»  180),  saint  Sacerdos 
(no  190),  sainte  Valérie  {xf'  203  et  204); 

IV.  Commune  sanctorum  :  n"  208  à  228.  A  relever  huit  proses 
sur  la  dédicace  de  la  basilique  (n°»  221  à  228)  ; 

V.  De  Dominica  :  n»'  229  à  268. 

Dans  sa  préface,  le  P.  Dreves  nous  apprend  que  ces  265  pièces 
sont  empruntées  à  seize  tropaires  provenant  de  Saint-Martial  et 

(1)  Cependant  quelques-unes  figurent  déjà  dans  Kehrein  [Laieinische 
Sequensen  des  Mittelalters),  dans  Weales  (Analecta  liturgica),  et  dans 
Tabbé  Arbellot  {Doc.  inédita  sur  V apostolat  de  saint  Martial  et  Semaine 
religieuse  de  Limogez, 


B1BL10GRAPH1R.  429 

acquis  par  la  bibliothèque  dn  roi  avec  les  autres  manuscrits  de 
l'abbaye,  il  y  a  plus  d'un  siècle  et  demi.  Deux  de  ces  tropaires  sont 
du  x*  siècle,  deux  du  commencement  du  xn*,  les  douze  autres  du 
XI*.  C'est  un  total  supérieur  à  celui  qu'offre  le  monastère  de  Saiul- 
Gall,  où  la  poésie  des  tropes  a  pourtant  pris  naissance. 

Plusieurs  des  pièces  contenues  dans  le  recueil  du  P.  Dreves 
semblent  à  la  vérité  d'origine  extra-limousine;  mais  la  plupart  ont 
été  composées  dans  Tabbaye  même.  Elles  appartiennent  au  second 
cycle  de  la  première  époque  et,  comme  celles  du  premier  cycle  (1), 
se  sont  répandues  non  seulement  en  France,  mais  encore  en 
Allemagne  et  en  Angleterre.  Les  séquences  de  ce  second  cycle, 
que  le  P.  Dreves  appelle  gallo-anglican,  se  distinguent  quant  au 
contenu,  par  une  conception  moins  profonde  que  la  conception 
mystique  de  Notker;  quant  à  la  fomie,  par  une  tendance  plus 
prononcée  à  l'assonance  finale  et  par  un  style  et  une  langue  des 
plus  singuliers. 

Le  P.  Dreves  n'ose  affirmer  (car  sa  conscience  scienlifique 
demande  des.  preuves  qu'il  n'a  point  encore  trouvées)  que  le 
monastère  de  Saint-Martial  ait  été  le  centre  principal  de  cette 
poésie  liturgique;  mais  il  en  fut  certainement  un  des  centres 
secondaires,  comme  il  sera,  à  la  fin  du  xn*  siècle,  un  des  centres 
secondaires  de  production  des  séquences  rimées  dont  le  centre 
principal  était  l'abbaye  Saint-Victor  de  Paris. 

La  langue  de  ces  tropes  est,  avons-nous  dit,  des  plus  singulières. 
En  voici  quelques  exemples  pris  dans  la  foule  de  ceux  que  relève 
l'éditeur  : 

1*  Variations  dans  le  genre  des  mots  et  leur  déclinaison  : 
tnelus  et  melos,  hymnus  et  hymnum,  resperae  et  vesperi,  etc.  ; 

S*  Formation  d'adjectifs  nouveaux  :  mblimus  pour  sublimis,  lenus 
pour  lenis,  etc.; 

3""  Mélange  des  formes  actives,  passives  et  déponentes  pour  les 
verbes; 

4*  Mots  neutres  au  pluriel  suivis  d'un  verbe  au  singulier  :  En 
rirginum  agmina  praecellit,  etc. 

5*  Verbes  régissant  d'autres  cas  que  dans  la  latinité  usuelle; 

6*  Variations  des  cas  avec  mêmes  prépositions  ; 

7*  Suppression  de  la  préposition  après  un  grand  nombre  de 
verbes; 

8*  Emploi  de  l'accusatif  absolu  au  lieu  de  l'ablatif; 

9*  Répétition  d'expressions  favorites  et  emploi  de  mots  grecs. 

(I)  Représenté  par  Nolker,  Ekkeharl,  Berne,  Gollschalk,  Hermann  de 
Vchringen. 


130  SOGIRTË  ARCHÉOLOGIQUE  RT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIM. 

Ces  particularilés  sont  précieuses  à  connaître  pour  Thistoire  de 
la  langue.  11  est  seulement  regrettable  que  Féditeur  n*ait  pas  tenté 
de  les  expliquer  de  quelque  manière. 

Par  contre,  il  consacre  huit  pages  à  Tétude  du  rhythme  roasieal 
et  Terbal  de  ces  tropes.  Notre  incompétence  en  ces  matières  nous 
interdit  de  le  suiyre. 

Il  y  a  dans  la  note  1  de  la  page  1  une  légère  erreur  historique, 
dont  le  P.  Dreres  n'est  d'ailleurs  pas  l'inventeur.  C'est  à  tort  qu'on 
a  dit  que  les  rois  et  les  ducs  d'Aquitaine  se  faisaient  couronner 
dans  la  basilique  de  Saint-Martial.  M.  Robert  de  Lasteyrie  a  réduit 
cette  tradition  à  sa  juste  valeur  dans  son  mémoire  sur  les  Comtes  et 
vicomtes  de  Limoges  antérieurs  à  Van  mil  (p.  35). 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  faire  remarquer,  en  terminant, 
que  sur  ce  domaine  de  la  poésie  latine,  comme  sur  beaucoup  d'au- 
tres, les  résultats  de  la  science  positive  et  documentaire  ont  fait 
progresser,  depuis  quelques  années,  notre  connaissance  de  l'his- 
toire du  Limousin  beaucoup  plus  sûrement  que  les  conjectures  et 
les  exagérations  du  chauvinisme  provincial  ou  ecclésiastique  qui 
prévalaient  autrefois.  Souhaitons  donc  que  le  P.  Dreves  trouve  des 
imitateurs,  habiles  comme  lui  à  découvrir  les  textes.  C'est  le  fonds 
qui  manque  le  moins. 

Alfred  Leroux. 


HISTOIRE  DE  L'ABBAYE  ROYALE  DE  N.-D.  DE  LA  COURONNE 

En  Angouraois,  par  M.  l'abbé  Blanchel.  — •  Angouléme,  Chas- 
seignac,  1888  et  1889,  2  vol.  gr.  in-8%  le  premier  de  338  pages,  le 
deuxième  de  495,  tous  deux  avec  planches  et  héliogravures. 

M.  l'abbé  Blanchet,  supérieur  de  Saint-Paul  d'Angoulême,  vient 
de  se  faire  connaître  par  une  importante  publication  :  l'Histoire  de 
Vabbaye  royale  de  N.-D.  de  La  Couronne,  en  Angoumois.  C'est  un 
ouvrage  extrait  à  200  exemplaires  du  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique et  historique  de  la  Charente. 

Toute  une  moitié  de  ce  dernier  volume  se  trouve  consacrée  aux 
Notices  sur  les  prieurés  qui  dépendaient  de  Vabbaye.  Ce  célèbre 
monastère  de  La  Couronne,  de  l'ordre  de  saint  Augustin,  était,  en 
effet,  l'un  de  ces  chefs-lieux  secondaires,  à  points  de  règle  spé- 
ciaux, qu'on  appelait  parfois  improprement  des  chefs  d'ordre, 


BIBLIOGRAPHIE.  431 

mais  qui  constitaaient  réellement  des  chefs  de  famille.  Fondé  par 
un  saint  dans  la  première  moitié  du  xii*  siècle,  il  avait  prompte- 
ment  rayonné  sur  TAngoumois,  la  Saintonge,  TAunis,  la  Guyenne, 
le  Périgord,  le  Poitou,  le  Limousin,  le  Gévaudan,  l'Auvergne  el  le 
Quercy.  Trente  el  quelques  prieurés  furent  le  résultat  de  celle 
féconde  et  bénie  influence.  M.  Tabbé  Blanchet,  renseigné  de  çà  et 
de  là,  énumëre  toutes  les  maisons,  les  décrit,  s'il  se  peut,  et  en 
trace  l'histoire. 

Nous  en  avions  Irois  dans  la  province  limousine. 

C'était  d'abord,  pour  le  haut  du  pays,  Altavaux,  devenu  Tavaux, 
dans  la  paroisse  de  Dournazac.  Le  tome  I  en  détaille  la  fondation 
d'après  une  charte  encore  inédite  des  archives  de  la  Charente, 
émanée  de  Jean-aux-BlanchesMains,  évéque  de  Poitiers  et  légat 
du  Saint-Siège.  Cette  page  ne  fera  double  emploi  ni  avec  les  textes 
latins  de  notre  tome  XXX,  ni  avec  les  renseignements  donnés  au 
tome  XXXI,  p.  33  el  35,  par  notre  excellent  collègue, M. l'abbéLecler. 
Aussi  vais-je  la  reproduire,  en  signalant  au  premier  Appendice  de 
M.  Blanchet  la  publication  du  texte  précieux  qui  a  servi  de  base  : 

c(  Emery  de  Brun,  seigneur  de  Monlbrun,  fondateur,  choisit 
dans  ses  domaines,  au  milieu  des  collines  d'où  descendent  la  Cha- 
rente, la  Tardouëre,  la  Dronne,  et  presque  à  la  source  de  celle  der- 
nière, quelques  hautes  vallées  de  la  paroisse  de  Dournazac,  pour 
en  faire  la  dotation  du  nouveau  monastère,  où  devaient  vivre  treize 
religieux  et  autant  de  serviteurs.  Il  y  construisit  une  église  avec 
les  autres  bâtiments  nécessaires,  el,  de  sa  position  élevée,  ce  lieu 
tira  le  nom  de  Haulevaux.  Emery  pria  Jean  de  Saint-Val,  abbé  de 
La  Couronne,  de  lui  envoyer  quelques-uns  de  ses  frères,  qui  feraien» 
en  ce  lieu  le  service  divin  et  prieraient  pour  le  fondateur  el  ses 
parents. 

»  Le  légat  du  Saint-Siège  était  alors  au  Peyrat,  monastère  béné- 
dictin, aujourd'hui  hameau  de  Saint-Cybard-le-Peyrat,  canton  de 
La  Valette  (Charente).  Il  y  était  avec  Pierre  de  Sonneville,  évéque 
d'Angoulôme;  Pierre  Mimez,  évoque  de  Périgueux;  Adémar,  évo- 
que de  Bayonne  ;  Rainulphe,  abbé  de  Saint-Cybard  ;  Bernard,  abbé 
de  Nanteuil  ;  Bernard,  abbé  de  Grosbos  ;  Pierre,  abbé  de  Font- 
douce;  Pierre,  abbé  de  Celles,  et  aussi  Jean  de  Saint- Val,  abbé  de 
La  Couronne,  accompagné  de  quelques-uns  de  ses  religieux,  clercs 
et  frères  lais,  entre  autres  de  Géraud  de  Codouin,  prieur,  et  de 
Pierre  d'Arrade,  sous-prieur  et  préchantre  de  l'abbaye.  Evoques  et 
abbés  s'étaient  ainsi  réunis  au  Peyrat  pour  y  traiter  de  certaines 
affaires  que  le  pape  Alexandre  III  leur  avait  confiées,  quand  Emery 
de  Brun  se  présenta  devant  eux,  leur  exprima  son  désir,  rappela 
ses  pourparlers  avec  Jean  de  Saint-Val,  expliqua  que  l'évéque  de 


43â  SOCIÉTÉ  ARCBÊOLOOli^UI  ST  HISTORIQUE  OU  LIMOUSIK. 

Limoges,  Sebrand,  consulté  par  lui  sur  Tordre  à  qui  il  deyail  con- 
fier son  monastère,  lui  avait  formellement  désigné  celui  de  La 
Couronne  (ce  qu'attestèrent  Tarcbidiacre  de  Périgueux,  Arnaud, 
et  maitre  Guillaume  Painvin),  et  supplia  le  légat  de  donner  à  sa 
fondation  la  consécration  de  Tautorité  apostolique  dont  il  ét&il 
revêtu.  Le  légat  se  prêta  volonliers  à  ce  désir,  et,  en  présence  de 
tous  les  vénérables  personnages  nommés  plus  haut,  Emery  de 
Brun  investit  Tabbé  Jean  de  Saint-Val,  par  l'anneau  de  Pierre, 
évéque  d'Angouléme,  du  lieu  de  Hautevaux,  appartenances  et 
dépendances,  pour  y  établir  un  monastère  suivant  les  règles  et 
usages  de  La  Couronne,  secundum  instituta  ecclesiw  de  Corona, 
Le  fils  le  plus  jeune  d*Emery  (l'aine  était  absent)  joignit  sa  volonté 
à  celle  de  son  père  (1180).  Le  27  février  1181,  le  pape  Alexan- 
dre III  confirma  ce  qu'avait  fait  son  légat,  et  prit  sous  sa  protec- 
tion le  prieuré  de  Hautevaux  (p.  40,  42).  » 

Ainsi  débarrassé  du  récit  de  la  fondation,  M.  Blanchet,  aa 
tome  II,  traduit  la  Brève  chronique  du  tome  XXX  de  notre  Bulletin, 
en  y  corrigeant  certaines  identifications  :  celle  de  Nanleuil,  qui  est 
le  Nanleuil-en- Vallée  de  Tancien  diocèse  de  Poitiers,  aujourd'hui 
Charente  ;  celle  d'Aumont,  qui  est  de  nos  jours  et  depuis  long- 
temps Escalmels,  commune  de  Saint-Saury,  canton  de  Saint- 
Mamet  (Cantal).  Puis  il  met  à  profit  VInventaire  des  reliques,  pour 
signaler  quelques-uns  de  ces  précieux  restes  et  commencer  sa  liste 
habituelle  de  prieurs.  C'est  ici  que  je  regrette  de  n'avoir  pas  uni 
(par  pur  oubli,  bien  entendu),  à  l'envoi  des  textes  latins  de  notre 
trentième  volume,  celui  des  deux  pages  plus  haut  rappelées  du 
tome  XXXI.  Indépendamment  de  quelques  détails,  qu'on  y  eût 
relevés  avec  plaisir,  elles  eussent  fourni  un  certain  nombre  de 
noms,  qui  ne  seront  pas  perdus,  du  reste,  car  M.  Blanchet  se  pro- 
pose l'annexion  à  son  livre  d'un  petit  supplément  de  corrections  et 
d'additions.  Je  dirai  seulement  ici  qu'il  note,  en  plus  que  M.  Lecler, 
le  prieur  Gombaud,  meniionné,  en  effet,  p.  204  du  t.  XXX;  le 
prieur  Arnaud  de  Clermont  (ibidem),  qui  fut  ensuite  prieur  claustral 
de  La  Couronne  (1202,  1204),  et  le  prieur  G[éraldl,  qui  est  le  G. 
de  la  p.  205.  Combien  plus  nombreuses  seront  les  additions  de 
M.  le  curé  de  Compreignac  !  —  Je  passe  en  Bas-Limousin. 

Montcalm,  paroisse  de  Bassignac-le-Bas  et  canton  de  Mercœur, 
fut  de  ma  part,  il  y  a  onze  ans,  l'objet  d'une  notice  parue  au  pre- 
mier volume  du  Bulletin  de  Tulle  ;  à  ce  que  m'apprend  Touvrage, 
une  ébauche  que  j'en  avais  remise  à  M»^  Cousseau  avait  eu  le 
môme  honneur  en  1873,  au  Bulletin  de  la  Charente.  M.  Blanchet 
me  fait  à  son  tour  celui  de  me  résumer  en  quatre  pages:  inutile  de 
dire  que  je  serai  plus  court  ici. 


BIBLIOGBAPBIB.  433 

Ce  fat  Bernard  II  de  Gaslelnan  de  Bretenoux,  beau-père  du 
vicomte  Raymond  II  de  Turenne,  qui  fonda  le  prieuré  dans  la 
deuxième  moitié  du  xii*  siècle,  en  donnant  aux  religieux  de  La 
Couronne  le  mas  de  Montcalm,  paroisse  susdite,  plus  deux  autres 
biens,  soit  dans  cette  paroisse,  soit  dans  celle  d'Âltillac.  Malfred, 
son  (ils,  posa  la  première  pierre  de  la  chapelle  «  en  Thonneur  de 
Dieu  et  de  Notre-Dame-de-La-Couronne  »  ;  on  n'y  honora  plus 
tard  que  saint  Jean-Baptiste,  dont  la  vigile  fut  marquée  par  une 
procession  où  deux  paroisses  s'unissaient.  Les  seigneurs  de  Cas- 
lelnau  avaient  droit  de  patronage,  Tabbé  de  La  Couronne  droit  de 
collation  ;  quant  au  prieur  de  Montcalm,  il  avait  sur  son  fief  droit 
de  haute,  moyenne  et  basse  justice.  Ses  revenus,  réduits  petit  à 
petit,  furent  estimés  à  la  Révolution,  par  le  Directoire  de  la  Cor- 
rèze,  786  livres,  sur  lesquelles  on  basa  la  pension  du  dernier  titu- 
laire. C'est  assez  peu,  et  pourtant  bien  des  compétitions  tombèrent 
pendant  des  siècles  sur  ce  petit  bénéfice;  aussi  n'a-t-on  pas  mal  à 
faire  pour  dégager  du  milieu  des  concurrents  évincés  la  liste  des 
vrais  prieurs.  La  voici  dans  la  mesure  possible  : 

Premier  tiers  du  xiv*  siècle,  Guillaume  Vidal.  —  444^,  1803, 
frère  Etienne  Duprat.  —  1530,  frère  Barthélémy  Carpantier,  alias 
Chauvac.  —  1868,  Antoine  Chauvac.  —  1888,  M«  Hérard  Javaize 
(7  juillet).  —1888  (postérieurement,  je  suppose),  frère  Jean  Jacob, 
domicilié  à  Sainte-Catherine  du  Val-des-Ecoliers,  à  Paris.  — 1898, 
M*  Jean  Sauron,  du  diocèse  de  Saint-Flour.  —  1899  fin,  noble 
Jean  de  Longueval  de  Sugarde,  du  château  de  ce  dernier  nom, 
paroisse  d'Altillac.  —  1607,  M«  Pierre  Laquièze,  prêtre  d'Altillac, 
qui  ne  dura  pas  longtemps  ou  ne  fut  qu'un  préte-nom.  —  1609, 
Jacques  de  Longueval  de  Sugarde,  se  démettant  en  faveur  du 
suivant.  —  1609  à  1630,  Gaspard  de  Longueval  de  Sugarde,  qui 
résigna  en  faveur  du  suivant.  —  1630,  M*  Jeau-Claude  de  Combarel 
du  Gibanel.  —  1688,  François  de  Clermont.  —  1669,  Barnabe 
Pinson,  —  1680,  François  Dudroc,  curé  de  Mercœur.  —  1698, 
Etienne  Dupuy,  clerc  du  diocèse  de  Paris,  archidiacre  de  Castres. 
—  1782,  M*»  Pierre  Massoulio,  qui  fut  curé  de  Beaulieu,  sa  ville 
natale.  —  Enfin,  1786,  M»  Etienne  Farges,  qui  mourut  aussi  à 
Beaulieu,  dont  il  était  l'enfant,  le  3  novembre  1797. 

Reste  le  prieuré  de  Valbenète.  De  celui-là  nous  ignorions  le  lien 
avec  l'Angoumois;  il  n'a  donc  pas  été  possible  de  prévenir  M.  Blan- 
chet,  qui,  n'ayant  pas  interrogé,  n'a  pu  que  lui  consacrer  cette 
courte  et  vague  mention  :  «  Disons  que,  d'après  la  liste  des  béné- 
fices de  La  Couronne,  insérée  après  l  Inventaire  de  ses  titres,  il 
existait  dans  le  diocèse  de  Limoges  un  prieuré  de  Val-Bénit  ou  de 
La  Val'Benoite  fVallis  benedictœj,  dépendant  immédiatement  du 


434  SOCIÉTÉ  ARCnÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIHODSm. 

monastère  d'Escarmeil  et  à  la  nominatioD  du  prieur  du  dit  lieu.  » 
Je  viens  de  donner  le  vrai  nom,  Valbenète,  en  la  paroisse  de 
Roche-Peyroux ,  canton  de  Neuvic  (Gorrèze),  dans  ce  religieux 
ravin  de  la  Dordogne,  qu'ont  aussi  sanctifié  le  Port-Dieu,  Bort, 
Saint-Projet,  Valette,  Glénic,  Argentat,  Brivezac,  Montcalm  et 
Beaulieu.  Il  devait  dater  de  loin,  si  l'on  en  juge  par  les  curieuses 
nervures  de  ce  qui  fut  autrefois  sa  chapelle:  nervures  qui  me  paru- 
rent, en  1874,  des  premières  années  de  Tart  ogival  ou  du  commen- 
cement du  XIII*  siècle.  Mais  on  ne  sait  malheureusement  que  peu 
de  chose  sur  son  compte  ;  Nadaud  seul  nous  a  livré  les  lignes  sui- 
vantes, qu'il  sera  bon  d'ajouter  ici  d'après  son  «  Pouillé  rayé  »  : 

«  Val  Beneyte  fVallis  benedictaj,  prieuré  qui  payait  de  déci- 
mes 15  livres ,  sous  le  patronage  de  saint  Léobon ,  jadis 
de  la  sainte  Vierge.  Marie  de  La  Guiche,  marquise  d'Annonay, 
dame  de  Saint-Loup,  Chitain,  Baignoux,  Sainle-Marie-du-Monl, 
veuve  et  héritière  de  Charles  de  Lévis,  duc  de  Venladour,  pair  de 
France,  chevalier  des  ordres  du  Roi,  gouverneur  du  Haut  et  Bas 
Limousin,  y  nomma  en  1668.  Louis  de  Lévis,  duc  d'Anville,  pair  de 
France,  prince  de  Maubuisson,  comme  duc  de  Venladour,  y  nomma 
en  1686.  Le  prieur  et  le  couvent  des  Carmes  déchaussés  de  Saint- 
Pierre  de  Chanloen,  près  Clermont,  comme  ayant  les  droits  de 
l'abbé  et  des  chanoines  du  dit  lieu,  y  nommèrent  aussi  en  1665 
(par  conflit,  sans  doute).  Un  Dubrac  possédait  en  1783».  (D'après  un 
pouillé  postérieur,  lisez  :  Philippe  du  Bac  du  Couderl,  de  Servières, 
titulaire  connu,  en  effet,  depuis  1770. 

L'estimable  auteur  de  VHistoire  de  La  Couronne  a  déjà  recueilli 
ce  supplément,  en  attendant  celui  dont  j'ai  parlé  plus  haut  et  ceux 
qu'il  sollicite  encore  dans  un  autre  diocèse.  C'est  un  scrupule  dont 
il  faut  le  louer  ;  mais  ne  laissons  pas  pour  cela  de  lui  dire  qu'il  a 
déjà  rendu,  par  son  oeuvre  telle  quelle,  un  service  éminenl  à  toute 
une  région. 

J.-B.   POULBRÏÈRE. 


PROGÊS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  MARDI  31  JANVIER  1888 


Présidence  de  M.  le  chanoine  i^ftBEI^LiOT»  Président 

Sont  présents  :  MM.  l'abbé  Arbellot,  L.  Guibert,  Hervy, 
Judicis,  Guyonnet,  Paradis,  Bourdery,  I^chenaud,  Nivet-Fon- 
taubert,  Hersant,  Jules  Tixier,  Blanchaud ,  Ducourlieux, 
J.  Dubois,  Goutenègre,  Fray-Fournier,  R.  Fage,  Tabbé  Tandeau 
de  Marsac,  Cam.  Marbouty  et  Garrigou-Lagrange,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté,  puis 
il  est  procédé  aux  élections.  Sont  nommés,  au  scrutin  secret, 
savoir  : 

Président  :  M.  l'abbé  Arbellot. 

Vice-présidents  :  MM.  Astaix,  Hervy  et  Garrigou-Lagrange. 

Secrétaire  général  :  M.  Louis  Guibert. 

Secrétaire  :  M.  René  Fage. 

Trésorier  :  M.  Bourdery. 

Bibliothécaire-archiviste  :  M.  Leroux. 

Adjoints  :  MM.  Moufle  et  Marbouty. 

Le  conseil  d^administration  sera  composé  de  :  MM.  l'abbé 
Tandeau  de  Marsac,  Ducourtieux,  Nivet-Fonlaubert  et  les  mem- 
bres du  bureau. 

Le  comité  de  publication  comprendra  M.  le  président,  les  trois 
vice- présidents  et  le  secrétaire  général,  auxquels  le  scrutin 
adjoint  :  MM.  Leroux,  Cam.  Jouhanneaud,  Beaure  d'Augères, 
Jules  Tixier  et  Blanchaud. 

M.  le  président  passe  ensuite  aux  publications  et  bulletins  qu'a 


436  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

reçus  la  Société  depuis  sa  dernière  réunion,  et  fait  une  mention 
spéciale  des  ouvrages  suivants  :  1°  le  Bulletin  historique  et  phUo- 
logique  du  Comité  des  Travaux  Historiques  y  contenant  un  article  de 
M.  Louis  Guibert  sur  les  premiers  intendants  de  Limoges,  avec 
une  note  de  M.  de  Boisiisle;  2"*  la  Revue  de  la  Saintonge  et  de  FAunis, 
contenant  un  article  de  M.  Leroux,  notre  archiviste,  sur  les  rap- 
ports de  La  Rochelle  avec  la  Hanse  Teu tonique,  et,  en  outre,  une 
inscription  romaine;  3^  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la 
Corrèze,  publié  à  Brive,  avec  un  article  sur  la  graphologie,  par 
Mgr  Barbier  de  Montault,  et  Tapplicalion  qu'il  en  fait  à  la  signa- 
ture de  Mgr  de  Rechigne- Voisin,  évêque  de  Tulle,  puis  divers 
autres  articles  sur  saint  Théau,  abbé  de  Solignac  ;  sur  la  croix-reli- 
quaire de  Brageac;  sur  des  monnaies  gauloises,  trouvées  à 
Issandon,  et  sur  le  cartulaire  de  l'abbaye  de  Tulle  ;  4*  les  Poésies 
complètes  de  Bertran  de  Bom^  avec  introduction,  publiées  par 
M.  Antoine  Thomas;  5^  la  Dette  Beaupeyrat^  par  M.  Louis  Gui- 
bert, et  6®  l'Art  rétrospectif  à  l'Exposition  de  Limoges  en  18H6, 
splendido  volume,  avec  texte  et  dessins  dus  à  la  plume  de 
M.  Louis  Guibert  et  au  crayon  de  M.  Jules  Tixier. 

MM.  Gany  et  Félix  Vandermarcq,  présentés  à  la  dernière 
séance,  sont  ensuite,  au  scrutin  secret  et  successivement,  nom- 
més membres  résidents  de  la  Société. 

MM.  R.  Fage  et  Leroux  présentent  en  la  même  qualité  M.  Gely, 
imprimeur  à  Limoges. 

M.  Joseph  Dubois  communique  à  la  Société  un  Nouveau 
Testament,  format  in- 16,  imprimé  eu  1540,  chez  Jean  Barbou, 
de  Lyon.  Le  volume  porte  sur  la  couverture  un  dauphin  d  or 
replié  sur  lui-même,  formant  la  lettre  G,  initiale  du  nom  de  la 
famille  Cramouzaud,  et  à  l'intérieur,  des  initiales  à  personnages 
style  Renaissance,  le  tout  exécuté  avec  autant  d'habileté  que  de 
soin  minutieux. 

Le  même  membre  lit  un  travail  sur  les  doléances  des  habitants 
d'Eymoutiers  et  de  Saint-Léonard  aux  Etals-Généraux,  et  recher- 
chant d'abord  le  mode  d'élection  des  députés  pour  la  Noblesse, 
pour  le  Clergé  et  pour  le  Tiers-Etat,  puis  rappelant  la  liste  des 
députés  élus  dans  chaque  ordre,  il  nous  fait  assister  à  la  rédaction 
des  cahiers  et  nous  en  fait  connaître  le  contenu,  qui,  sous  les 
formes  de  la  plus  parfaite  déférence  à  l'autorité,  se  résumait  en 
vœux  pour  la  plupart  déjà  en  voie  de  réalisation,  sur  l'initiative 
royale  elle-même,  dans  l'ordre  judiciaire  et  dans  Tordre  social. 
On  n'y  découvre  pas  de  griefs  bien  graves  contre  le  clergé  et 
contre  la  noblesse. 
Après  cette  lecture,  M.  Judicis  communique  à  la  Société  un 


PROG&S-VKRBAUX   DBS  8ÉANC£8.  437 

moulage  en  plâtre  représentant,  croit-on,  le  Joyau  de  la  confré* 
rie  du  Saint-Sacrement,  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  ainsi 
qu'un  moulage  d'un  panneau  relatif  à  la  confiserie  des  Pastou- 
raux  établie  à  Sainl-Pierre  pour  honorer  l'Enfant  Jésus.  Ces 
sculptures,  assez  grossières,  sur  pierre  calcaire,  sont  du  xvi"  siè- 
cle, et  les  moulages  de  M.  Judicis  en  conserveront  les  intéres- 
sants dessins. 

M.  Louis  Guibert  fait  du  trésor  de  l'église  de  Grandmoct 
une  description  qui  fait  supposer  qu'il  y  avait  une  école  d'orfè- 
vrerie au  monastère.  11  cherche  surtout  à  reconstituer  le  grand 
rétable  en  cuivre  émaillé,  dont  les  auteurs  qui  ont  décrit  l'église 
ont  parlé  avec  tant  d'admiration,  et  qui,  selon  toutes  les  probabi- 
lités, se  composait  surtout  des  statues  des  douze  apôtres,  aujour- 
d'hui dispersés  dans  quelques  musées  et  dans  les  collections 
particulières. 

—  Et  maintenant,  Messieurs,  cette  plume  de  secrétaire  général, 
que  j'ai  tenue  quinze  ans,  non  sans  un  légitime  orgueil , 
puisque  vous  me  l'aviez  confiée,  et  de  laquelle  n'est  jamais  tombé 
un  seul  mot  qui  ne  fût  à  Thonneur  de  notre  chère  société  ;  cette 
plume,  je  la  passe  au  plus  dignel  Â  vous,  Guibert  !  A  vous  d'écrire 
désormais  les  procès-verbaux  de  nos  séances,  et  par  l'attrait  de  la 
science  et  la  séduction  du  style,  de  répandre  de  plus  en  plus 
autour  de  nous  le  goût  des  études  historiques. 

lia  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire  général^ 
Garrigou-Laoramgb. 


SEANCE  DU  MARDI  28  FEVRIER  1888 


Présidence  de  M«  le  chanoine  ARBEXiEiCyr»  Président 

Sont  présents  :  MM.  Arbellot,  Hervy,  Garrigou-Lagrange, 
L.  Bourdery,  J.  Dubois,  René  Fage,  Mariaux,  Maurat-Baiiange, 
Nivet-Fontaubert,  Lachenaud,  Gany,  Hersant  et  L.  Guibert, 
secrétaire. 

M.  Garrigou-Lagrauge,  ancien  secrétaire  général,  élu  vice- 


43B  SOCIÉTÉ  ARCaÂOLOGIQUE  ET  BISTORIQDK  DO  LIHOOSIM. 

présideot  à  la  dernière  réunion,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  séance  do  janvier,  qui  est  adopté. 

M.  le  président  énumère  les  ouvrages  et  publications  adressés 
A  la  Société  depuis  le  mois  dernier.  Il  mentionne  d'une  façon 
spéciale  le  Builetin  de  la  Société  des  lettres,  arts  et  sciences  de  la 
Corrèze  (Tulle),  qui  renferme  une  excellente  notice  de  M.  René 
Fage  sur  la  cathédrale  de  Tulle,  avec  de  fort  jolies  gravures;  un 
fragment  du  carlulaire  d'Uzerche,  publié  par  M.  Champeval,  la 
fin  du  Livre  de  Raison  des  Baluze,  annoté  par  M.  L.  Guibert,  et  un 
article  de  Mgr  Barbier  de  Montault. 

M.  Ârbellot  présente  également  à  la  Société  une  livraison  du 
Bulletin  archéologique  du  ministère  de  Tlnstruclion  publique,  où 
figure  le  résumé  des  lectures  faites  au  Congrès  des  Sociétés 
savantes,  tenu  à  la  Sorboane  en  1887;  un  opuscule  de  M.  Gui- 
bert ;  le  Budget  de  la  ville  de  Limoges  au  moyen-âge  ;  la  Revue  de 
l'art  chrétien^  qui  contient  deux  articles  de  Mgr  Barbier  de  Mon- 
tault: Tun  sur  la  notice  écrite  par  M.  R  Fage,  concernant  la 
Maison  de  Loyac^  à  Tulle  ;  l'autre,  sur  les  Emaux  «  à  lamelles.  ^ 
On  sait  qu'une  petite  châsse,  d'un  travail  assez  barbare  et  d^assez 
pauvre  aspect,  appartenant  à  Mgr  Tévêque  de  Limoges,  et  expo- 
sée en  1886  à  l'Hôtel-de- Ville,  a  soulevé  entre  divers  savants  une 
assez  vive  polémique  :  M.  Léon  Palustre  et  Mgr  Barbier  de  Mon- 
tault y  voient  un  échantillon  d'une  fabrication  dont  les  spéci- 
mens sont,  de  leur  propre  aveu,  très  rares,  et  qualifient  ces 
émaux  «  d'émaux  à  lamelles.  »  D'autres  archéologues  parmi  les- 
quels ou  peut  citer  M.  Emile  Molinier,  prétendent  que  les  raies 
qu'on  remarque  sur  les  émaux  de  la  châsse  de  Tévêché  ont  été 
faites  avec  une  pointe  et  constituent  une  simple  détérioration. 

M.  L.  Guibert,  qui  est  resté  quelques  jours  détenteur  de  l'objet, 
et  qui  l'a  récemment  étudié  à  nouveau,  en  compagnie  de 
M.  Molinier,  affirme  qu'il  en  est  bien  ainsi  et  que  l'émail  de  ce 
coffret  a  été  exécuté  à  l'aide  des  procédés  ordinaires. 

Il  est  donné  communication  d'une  lettre  du  Ministre  de  Tins- 
truction  publique  et  des  Beaux-Arts  relative  aux  réunions  de  la 
Sorbonne,  qui  se  tiendront  du  20  au  24  mai.  M.  le  président 
engage  ceux  des  membres  de  la  Société  qui  désirent  assister  à  ces 
réunions,  à  se  faire  inscrire  sans  retard. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  président,  interprète  du  bureau,  la 
Société  décide  que  le  titre  de  membre  honoraire  sera  conféré  à 
deux  membres  correspondants  :  M.  Robert  de  Lasteyrie,  membre 
du  comité  des  travaux  historiques,  professeur  d'archéologie  à 
l'École  des  Chartes,  et  M.  Jules  Claretie,  administrateur  du 
Théâtre-Français,  récemment  élu  à  TAcadémie  française. 


PROCfts-TERBAUX  DES  SÉANCES  439 

M.  Gély,  imprimeur  à  Limoges,  est  élu  au  scrutin  secret, 
membre  résident. 

Sont  présentés  en  qualité  de  membres  résidents  : 

M.  Hubert  Texier,  avocat  à  Limoges,  par  MM.  Nivet-Fontau- 
bert  et  Maurat-Ballange; 

M.  René-Thomas  Duris,  docteur  en  médecine  à  Eymoutiers, 
par  MM.  Ducourtieux  et  Joseph  Dubois; 

Et  comme  membre  correspondant  : 

M.  fleuri  Lachenaud,  étudiant,  par  MM.  R.  Page  et  Em. 
Lachenaud. 

Il  est  donné  connaissance  par  M.  Leroux  d'une  communication 
de  M.  Félix  Vandermarcq,  d'Oradour-sur-Vayres,  relative  à  un 
monolithe  qu'on  observe  à  Morinas,  commune  d'Oradour-sur- 
Vayres,  auprès  de  la  Tardoire.  Les  fouilles  pratiquées  par 
M.  Vandermarcq  au  pied  de  ce  monolithe  sont  restées  sans  résul- 
tat. 

M.  le  président  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  confrères  quel- 
ques barbarins  d'argent,  offrant  d'un  côté  la  face  barbue  de  saint 
Martial,  de  l'autre  une  croix  ;  ils  ont  été  trouvés  au  château  de 
Peyrat-le-Châleau  et  appartiennent  à  M.  Cousseyroux,  avocat. 

Après  avoir  signalé  à  la  Société  uii  curieux  objet  conservé  au 
musée  de  Gompiègne  :  des  balances  à  plateaux  émaillés,  oQrant 
un  écusson .  armorié  et  portant  le  uom  de  Bardonnaud,  bien 
connu  à  Limoges,  M.  Bourdery  aborde  le  sujet  de  sa  lecture  sur 
les  Jean  Limosin. 

Les  catalogues  de  tous  les  musées  de  l'Europe  prennent  aujour^ 
d'hui  pour  base  de  leur  classification  d'émaux  peints,  les  listes  et 
les  généalogies  d'émailleurs  publiées  par  M.  Maurice  Ârdant. 
M.  Ardant  a  beaucoup  travaillé,  beaucoup  su,  et  l'étude  de  l'art 
limousin  lui  doit  beaucoup  ;  mais  il  a  commis  de  nombreuses 
erreurs,  et  il  ne  pouvait  eu  être  autrement. 

Une  confusion  complète  règne  encore  dans  l'attribution  des 
nombreux  émaux  signés  IL  (avec  une  fleur  de  lys)  et  exécutés 
par  divers  artistes  du  nom  de  Jean  Limosin,  entre  les  dernières 
années  du  xvi«  siècle  et  le  milieu  du  xvii'. 

Ces  émaux  sont  cependant  fort  différents  d'aspect  et  de  carac- 
tères. Une  étude  attentive  permet  de  les  diviser  en  deux  groupes  : 
Les  uns,  qui  portent  Tempreinte  affaiblie  de  la  grande  époque, 
et  qui  appartiennent  visiblement  aux  dernières  années  du  xvi* 
siècle,  sont  d'un  aspect  sévère,  presque  triste.  Ils  doivent,  suivant 
M.  Bourdery,  être  attribués  à  l'artiste  qu'il  désigne  sous  le  nom 
de  Jean  I,  et  qui,  né  en  1561,  est  mort  entre  1602  et  1610.  De  ce 
nombre  sout  le  grand  émail  de  M"^  Dauriat  et  un   autre  de 


440  SOCIÉTÉ  ABCBÉOLOOIQUB  BT  BlStORIQUB  DU  UMOUSIN. 

M.  labbô  Ârbellot,  qui  figuraient,  eu  1886,  à  l'Exposilioa  de 
Limoges. 

Les  autres  dénotent  un  talent  plus  jeune,  plus  souple;  ils  ont 
plus  d'éclat,  plus  de  gaîté,  s'il  est  permis  d'employer  ce  mot. 
L'artiste  subit  l'iniluence  de  son  temps,  sans  cependant  perdre 
de  vue  le  style  et  les  procédés  des  anciens  maîtres.  M.  Emile 
Davousl,  d'Orléans,  possède  deux  tableaux  remarquables  et  abso- 
lument caractéristiques  de  cet  émailleur,  auquel  appartiendrait 
aussi  une  plaque  représentant  le  Triompiie  de  l'amour  divin  sur 
C amour  profane,  et  appartenant  au  Louvre  (D.  392). 

Ces  émaux,  et  bien  d'autres,  seraient  Toeuvre  de  Jean  II,  qui 
aurait  commencé  à  travailler  vers  1610,  et  qui  pourrait  avoir  vécu 
jusque  vers  1646. 

Quanta  Jean  III  Limosiu,  qu'on  trouve  mentionné  en  1679, 
M.  Bourdery  le  laisse  eu  dehors  de  ses  recherches,  qui  nous  pa- 
raissent fournir  les  éléments  d'une  classification  absolument 
neuve,  et,  ce  qui  vaut  mieux,  appuyée  sur  les  indications  les  plus 
précises  et  sur  les  caractères  les  mieux  définis. 

Après  la  lecture  de  H.  Bourdery,  M.  J.  Dubois  déroule  de 
magnifiques  passe-partout  gravés  du  dernier  siècle,  servant  d'ea- 
cad rement  à  des  thèses  imprimées  et  à  des  programmes  d'exerci- 
ces littéraires  des  collèges  des  Jésuites  et  des  Jacobins  (Domini- 
cains) de  Limoges,  et  du  collège  de  Magnac-Laval.  La  Société 
accueille  avec  intérêt  cette  communication. 

M.  Louis  Guibert  lit  la  fin  de  son  étude  sur  le  rétable  de  cuivre 
émaillé  qui  occupait  le  fond  de  Téglise  abbatiale  de  Grandmont. 
II  s'eQorce  de  replacer  ce  magnifique  ouvrage  dans  son  cadre,  et 
à.  ce  propos  évoque  le  spectacle  grandiose  des  cérémonies  solen- 
nelles dont  la  célèbre  basilique  a  été  le  théâtre. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire  général, 
Louis  Guibert. 


^ROCÉS-VBRBACX   DES  SÉANCES,  44Ï 


SEANCE  DU  MARDI  27  MARS  1888. 


I^pésldence  de  Ai.  le  chanoine  A.I1BEIjIX>T9  Président. 

Sont  présents  :  MM.  Arbellot,  Blanchaud,  Bourdery,  Cornué- 
jouls,  Ducourlieux,Guyonnet,  Hersant,  C.  Jouhanneaud,  Judicis, 
Lachenaud,  Leroux,  Mariaux,  Nivet-Fontaubert  et  Paradis. 

M.  Alfred  Leroux,  faisant  fonction  de  secrétaire,  donne  lecture 
du  procès-verbal  de  la  séance  de  février.  Le  procès-verbal  est 
adopté  après  quelques  rectifications. 

M.  le  président  énumère  les  publications  adressées  à  la  Société 
depuis  la  séance  dernière  et  appelle  tout  spécialement  l'attention 
sur  les  suivantes  : 

1*  Les  anciennes  familles  de  Magnac-Laval,  par  le  comte  de 
Couronnel.  Il  s'agit  dans  cet  opuscule  du  prince-duc  de  Laval- 
Montmorency,  qui  n'appartient  d'ailleurs  au  Limousin  que  par 
des  liens  de  famille  ; 

2*  Le  Bulletin  monumental  (nov.-déc.  1887),  qui  reproduit  une 
inscription  du  iv®  siècle,  de  leglise  de  Valcabrère  (Haute- 
Garonne),  où  se  trouve  le  mot  Depositio  dans  le  sens  de  Inhuma- 
tion. Par  là  se  trouve  fixé  sans  conteste  le  sens  d*un  passage  d'une 
chronique  limousine,  celle  de  Maleu  de  Saint-Junien,  racontant 
qu'un  évéque  de  Limoges  du  iv*  siècle,  nommé  Dativus,  fuit 
depositus.  Devoyon,  dans  son  catalogue  des  ôvêques  de  Limoges, 
a  traduit  cette  expression  par  «  fut  déposé  »,  et  conclu  de  là  que 
Dativus  avait  été  en  butte  à  la  haine  des  païens.  C'est  une  con- 
jecture inadmissible  ; 

3*  Le  Gay-Lussac  (n«»  7  et  8),  relatant  le  voyage  en  Assinie  de 
M.  Gh.  Âlluaud  ; 

4*»  Lo  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Péri- 
gord  (janvier-février  tb88),  où  nous  lisons  avec  surprise  que 
Géraud  de  Borneil  est  un  troubadour  périgourdiu.  On  doit 
cependant  savoir  à  Périgueux  que  le  pays  d'Excideuil,  où  naquit 
Géraud  de  Borneil,  relevait  alors  du  diocèse  et  de  la  vicomte  de 
Limoges  ; 

5®  La  Revue  de  Saintonge  et  d'Aunis  (mars  1888),  où  est  an- 
noncée l'Exposition  rétrospective  qui  doit  avoir  lieu  à  Saintes  du 
25  avril  au  30  juin  prochain  ; 

T.  xxxvii  S9 


4t2  SOCIÉTÉ  ARCHèoLOGlQUE  Et  hlStORtOOB  t>U  UMOUâlK. 

6°  La  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine  (tome  XXII}, 
qui  parle  de  la  peur  en  1789.  M.  Leroux  rappelle  à  ce  propos 
que  M.  Pierre  de  Witt  a  publié  tout  récemmeat,  à  Caen,  un 
opuscule  sur  ce  même  épisode  en  Limousin.  [La  journée  des  bri- 
gands en  Limousin).  Malheureusement,  Tauteur  n'a  connu  qu'un 
fort  petit  nombre  de  textes.  Il  ignore  la  relation  de  Tabbé  de 
Mondésir,  publiée  à  Montauban  en  1790,  qui  est  le  témoignage  le 
plus  important  à  recueillir  sur  cet  événement.  —  A  l'occasion 
d'un  article  de  la  même  revue  sur  le  droit  d'asile  dans  la  cathé- 
drale du  Mans  au  ziv«  siècle,  M.  Arbellot  rappelle  que  ce  droit 
était  aussi  reconnu  en  fait,  sinon  juridiquement,  à  l'église  de 
Sainl-Junien. 

Il  est  ensuite  donné  communication  :  1^  d'une  lettre  de  M.  le 
Ministre  de  rinstruolion  publique^  invitant  la  Société  a  se  faire 
représenter  au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  qui  aura  lieu  à 
Paris  le  22  mai  prochain  et  jours  suivants:  MM.  Arbellot,  Louis 
Guibert,  René  Fage  et  Louis  Bourdery  sont  délégués,  ainsi  que 
MM.  Ducouriieux,  Lachenaud,  Nivet-Fontaubert  et  Paradis;  2* 
de  lettres  de  M,  Jules  Claretie,  membre  de  l'Académie  française, 
et  de  M.  Robert  de  Lasteyrie,  professeur  à  l'Ecole  des  Chartes, 
remerciant  la  Société  de  la  récente  décision  par  laquelle  le  Litre  de 
membres  honoraires  leur  a  été  conféré;  3^  d'une  demande  de 
M.  Camille  Chabaneau,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Montpellier,  tendant  à  obtenir  l'échange  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  du  Limousin  contre  la  Revue  des  langues  romanes^  qui 
se  publie  à  Montpellier. 

M.  Guyonnet  fait  passer  sous  les  yeux  des  membi^es  de  la  So- 
ciété un  bel  exemplaire  à  gravures  de  YHistoire  des  chevaliers  de 
l'Ordre  de  Saint-Jean-de-Jérusalem^  par  Baudouin  (Paris,  1643,  in- 
folio), appartenant  à  M.  Paradis.  Il  y  est  naturellement  question 
de  Pierre  d'Aubusson  et  de  la  commanderie  de  Bourganeuf. 

M.  Blanchaud  annonce  qu'il  a  été  trouvé  à  Nantiat,  sur  l'em- 
placement d'un  ancien  cimetière,  un  cœur  en  plomb  renfermant 
un  véritable  cœur  embaumé.  M.  Bourdery  fait  observer  quecetie 
pratique  fort  ancienne  s*ost  perpétuée  jusqu'au  xix*  siècle. 

M.  Pinchaud,  curé  de  Nexou,  a  envoyé  une  petite  sphère  en 
cuivre  doré,  aplatie  à  ses  deux  pôles,  dans  l'intérieur  de  laquelle 
se  trouvait  une  relique.  Cette  sphère,  qui  porte  la  date  de  1652, 
était  placée  autrefois  sur  la  pointe  du  clocher  de  Téglise  de 
Nexon.  Beaucoup  d'églises  du  Limousin  en  possédaient  de  sem- 
blables. 

M.  Brouard  a  découvert  chez  une  personne  habitant  la  roule 
de  Saint-Léonard  une  boite  à  reliques,  provenant  de  Grandmont 


^ftOCÂS-YKRBAUk   t>KS  sàARCKS.  4  i^ 

el  datant  du  xm'  siècle.  Les  émaux  qui  rornaieat  ont  été  enlevés. 
liais  rioscriptiou  subsiste  : 

Hic  bunt  sANCTOauAf  sagrosangta,  memoria  quorum 

SlT  GONSOLAMBN   M0BI8   ORANTIBUS,  AMBN. 

M.  Hersant  communique  deux  petites  médailles  de  dévotion. 
L'une,  du  xvii*  siècle,  représente  sainte  Jeanne  de  Chantai  et 
Philippe  de  Néri;  l'autre,  du  xvi*,  figure  une  madone  ei  un  por- 
tique grec. 

Sont  élus  au  scrutin  secret  membres  résidents  :  MM.  Hubert 
Texier,  avocat  à  Limoges,  René  Thomas-Duris,  docteur-médecin 
à  Ey  mou  tiers. 

M.  Henri  Lachenaud,  étudiant,  est  élu  membre  corres- 
pondant. 

Sont  présentés  :  en  qualité  de  membre  résident,  M.  Charles 
Besbordes,  propjûétaire  à  Rançon,  par  MM.  Guibert  et  Blanchand; 
—  membre  correspondant,  M.  Georges  Lezaud,  avocat  à  Cham- 
bon,  par  MM.  Ârbellot  et  Guibert. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  M.  Arbellot  sur  le 
P.  Martial,  de  Brive,  de  son  vrai  nom  Martial  Dumas,  fils  d'un 
président  au  prôsidial  de  Brive.  Malgré  la  célébrité  dont  il  a  joui 
dans  sa  province  au  milieu  du  xvii®  siècle,  ce  moine  poète  n'a  en- 
ooi'e  qu'un  article  insuffisant  dans  la  Biographie  limousine.  Né 
dans  les  premières  années  du  xvii''  siècle,  il  fit  ses  humanités  à 
Paris,  son  droit  à  Toulouse,  puis  entra  dans  Tordre  des  Capucins 
de  Saint-François.  Il  se  livra  d'abord  à  la  prédicatiou  et  entreprit 
plusieurs  missions  a  Toulouse,  à  Agen,  à  Limoges  où  il  prêcha 
i'Aveut  en  1647,  et  le  Carême  en  1648.  A  cette  seconde  visite,  il 
s'efforça  d'introduire  ses  confrères  capucins  dans  notre  ville, 
mais  se  heurta  à  l'opposition  des  ordres  rivaux  et  du  Consulat. 
Devenu  goutteux,  le  P.  Martial  renonça  à  la  prédication  et 
s'adonna  à  la  poésie  religieuse.  Ses  cantiques  populaires,  certai- 
nes de  ses  paraphrases  sacrôes  méritent  d'être  lues,  et  Charles 
Nodier  les  estimait  à  haut  prix.  Le  P.  Martial  mourut  vers  1656. 
C'est  seulement  en  1660  que  le  P.  Zacharie  donna  à  Lyon,  sous 
le  titre  de  Parnasse  séraphique,  une  édition  des  œuvres  de  notre 
compatriote. 

Après  M.  Arbellot,  M.  Leroux  annonce  que  le  tome  premier 
des  Registres  de  famille  et  Livres  de  raison  limousins  et  marchois^ 
publiés  par  M.  Guibert  avec  le  concours  de  plusieurs  membres  de 
la  Société,  doit  paraître  dans  quelques  semaines. 

Le  tome  second  est  déjà  en  préparation  et  promet  de  ne  le  cé- 
der en  rien  au  précédent  pour  la  variété  du  contenu  ec  l'intérêt 
des  mentions.  M.  Leroux  lit  une  notice  sur  quatre  de  ces  sortes 


444  SOClÉTé  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DO  LIMOUSIN. 

de  registres  qu'il  vient  d'étudier  et  de  dépouiller  miûutieasement. 
Le  plus  récent,  celui  du  sieur  Romanet  de  Là  Briderie,  conseil- 
seiller  au  présidial  de  Limoges,  appartient  aux  dernières  années 
du  xviii*  siècle  et  n'offre  qu'un  médiocre  intérêt.  Celui  des  sieurs 
Terrade,  notaires  àChaumeil,  s'étend  de  1548  à  1685.  Il  est  fort 
mal  tenu,  mais  rachète  ce  tort  par  la  nouveauté  des  détails.  Il 
renferme,  en  effet,  une  série  de  recettes  médicales  et  de  formu- 
les magiques  qui  donnent  une  pauvre  idée  de  la  thérapeutique 
populaire  de  ce  temps.  M.  Leroux  s'étend  plus  longuement  sur  le 
livre  de  raison  de  messires  Pierre  et  Antoine  de  Sainte-Feyrc, 
qui  est  sans  contredit  le  plus  copieux,  le  plus  instructif,  le  plus 
varié  de  tous  ceux  quo  l'on  connaît.  Il  appartient  presque  tout 
entier  au  xvi*  siècle  et  nous  donne,  entre  autres  choses^  le  récit 
d'un  voyage  d'Antoine  de  Sainte-Feyre  à  Naples,  en  compagnie 
du  duc  de  Nemours  (1501),  et  d'un  pèlerinage  à  Notre-Dame-de- 
Loretteet  à  Rome  (1504).  M.Leroux  lit  divers  passages  de  ce 
registre  qui  apporte  aussi  à  l'histoire  provinciale  une  large  con- 
tribution de  faits  ignorés. 

M.  Judicis,  architecte,  fournit  ensuite  quelques  indications 
sur  l'étude  qu'il  a  entreprise  de  la  sculpture  des  églises  limou- 
sines au  moyeu  âge. 

M.  Judicis  reconnaît  qu'il  n'y  a  pas  au  xii*  siècle  d'école  d'ar- 
chitecture limousine.  Mais,  d^accord  en  cela  avec  plusieurs 
archéologues  distingués,  il  admet  une  école  de  sculpture  dont  il 
se  propose  de  nous  faire  connaître  plus  tard  le  caractère.  On 
croit  généralement  que  cette  école  a  eu  son  berceau  à  Moissac, 
d'où  elle  se  répandit  chez  nous  par  Beaulieu  et  le  Bas- 
Limousin. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Pour  le  secrétaire  général  absent^ 
Alfred  Leroux. 


PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES.  445 


SEANCE  DU  24  AVRIL  1888. 


Présidence  de  II.  le  chanoine  ARBEIjIjOX«  Président* 

Présents  :  MM.  Arbellot,  Blaochaud,  Cornuéjouls,  Dubois, 
René  Fage,  Fray-Fournier,  Hersant,  Judicis,  Leroux,  Mariaux, 
Paradis,  i'abbé  Tandeau  de  Marsac,  Ducourtieux  et  Louis  Guibert, 
secrétaire. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
réunion.  M.  le  président  signale  les  livres  et  publications  reçus 
pendant  le  mois  ;  mention  spéciale  est  faite  du  dernier  Bulletin 
de  la  Société  scientifique  et  historique  de  Brive^  où  se  trouvent  plu- 
sieurs articles  ou  notices  intéressantes  parmi  lesquels  on  dis- 
lingue quelques  pages  de  Mp*  Barbier  de  Montault  sur  une 
couverture  d'évangéliaire  décorée  d'émaux  cbaniplevés,  et  des 
documents  inédits  sur  notre  pittoresque  forteresse  de  Ghâlucet. 

M.  le  D'  René  Thomas-Duris,  membre  de  la  Société,  fait 
hommage  d'un  Essai  sur  la  topographie  médicale  du  canton  d'Ey- 
moutiers.  Il  serait  à  désirer  qu'on  possédât  un  semblable  travail 
pour  tous  les  cantons  de  la  Haute- Vienne. 

Le  Livre  de  raison  des  Baluze^  de  Tulle,  offert  à  la  Société  par 
par  M.  L.  Guibert,  renferme  une  précieuse  chronique  lulloise  de 
la  fin  du  xvi"  et  du  commencement  du  xva®  siècle,  en  même 
temps  qu'un  grand  nombre  d'actes  de  naissance,  décès,  etc., 
permettant  de  rectifier  et  de  compléter  sur  bien  des  points  la 
la  généalogie  de  cette  famille. 

M.  le  président  donne  lecture  de  deux  circulaires  de  M.  le 
Ministre  de  rinstruction  publique  :  Tune  a  trait  à  la  réunion 
des  Sociétés  savantes  et  spécialement  des  Sociétés  d'art,  en  1888; 
l'autre,  à  l'inventaire  et  au  classement  des  objets  mobiliers 
offrant  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  artistique  ou  archéolo- 
gique et  auxquels  il  y  aurait  lieu  d'appliquer  la  loi  du  30  mars 
1887  sur  la  conservation  des  monuments. 

La  Société  arrête  qu'une  commission  sera  chargée  de  préparer 
ce  travail  et  de  le  lui  soumettre.  Sont  nommés  membres  de  cette 
commission  :  MM.  Geay,  Tabbé  Lecler,  Bourdery,  Nivet- 
Foutaubert,  J.Tixier  et  L.  Guibert.  Elle  sera  présidée  par  M.  Ar- 
bellot. 


446  SOGlÉTé  AlkCBtOLOGIOUE  Et  BlStOMQtJS  DU   LIXOCSIN. 

Une  session  du  Congrès  archéologique  de  France  se  tiendra 
à  Bayonne,  du  12  au  20  mai  prochain.  Des  circulaires  sont 
déposées  sur  le  bureau,  à  la  disposition  des  sociétaires  désireux 
d'en  prendre  connaissance. 

M.  le  président  a  reçu  de  M.  le  Préfet  de  la  Haute- Vienne  une 
convocation  pour  les  réceptions  officielles  qui  auront  lieu  de- 
main 25,  à  l'occasion  de  l'arrivée  de  M.  le  Président  de  la 
République  à  Limoges.  La  Société  décide  que  les  membres  du 
Bureau  seront  convoqués  pour  aller  saluer  M.  Carnot,  et  les 
Sociétaires  présents  sont  invités  à  se  joindre  à  cette  délégation. 

M.  Charles  Desbordes,  propriétaire  au  Mont-Rû,  près  Eancon 
(Haute- Vienne)>  et  M.  Greorges  Lezaud,  avocat,  ancien  magistrat, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  demeurant  à  Chambon 
(Creuse),  présentés  à  la  dernière  séance,  sont  élus,  au  scrutin 
secret,  le  premier  membre  titulaire,  le  second  membre  corres- 
pondant de  la  Société. 

M.  des  Termes,  ancien  magistrat,  inspecteur  de  la  compagnie 
d'Assurances  générales,  demeurant  à  Poitiers,  est  présenté 
comme  membre  correspondant  par  MM.  Eugène  Brisset-Desisles 
et  Louis  Guibert. 

Communication  est  donnée  par  M.  Leroux  d'une  lettre  de 
M.  F.  Vandermarcq,  commis  principal  des  contributions  indirectes 
à  Oradour-sur-Vayres,  membre  de  la  Société,  relativement  au 
demi-dolmen  de  la  Tamanie.  Cet  intéressant  monument,  qui  est 
connu  dans  le  pays  soùs  le  nom  de  la  Grosse^Pierrey  passe 
pour  avoir  été  jadis  l'objet  d'uno  vénération  particulière,  d'une 
espèce  de  culte.  Contrairement  à  ce  qui  se  voit  d'ordinaire,  la 
table  est  de  moindres  dimensions  que  les  supports.  Les  fouilles 
exécutées  par  M.  Vandermarcq  n'ont  amené  la  découverte 
que  de  fragments  de  charbon  de  bois,  d*un  morceau  de  tuile 
à  rebord  et  d*une  pierre  en  grès  de  forme  triangulaire,  d'une  lon- 
gueur d'environ  seize  centimètres,  et  rappelant  un  peu  le  type 
le  plus  commun  de  la  hache  celtique.  Peut-étro  avait-on  déjà 
pratiqué  des  fouilles  au-dessous  de  ces  blocSi 

M.  Ducourlieux  prévient  la  Société  que  des  pierres  sculptées, 
non  sans  intérêt,  découvertes  au  cours  des  travaux  de  terrasse- 
ments nécessités  par  la  construction  des  halles,  ont  été  retaillées 
et  employées  dans  la  maçonnerie.  Elles  devaietu  être  envoyées  au 
Musée.  M.  Ducourtieux  pense  qu'il  y  a  lieu  d'émettre  un  vœu 
pour  que  la  chose  ne  se  renouvelle  pas.  La  Société  accède  volou- 
liers  à  cette  proposition  et  exprime  le  vœu  que  les  restes  archéo^ 
logiques  de  toute  nature  soient  conservés  avec  plus  de  soin  à 
l'avenir.  Au  début  des  travaux  des  Halles,  elle  a  adressé  à  ce 
sujet  une  requête  à  M.  le  Maire  de  Limoges. 


PROCÈS^VBftBAUX  DftB  SéAlfCBS.  447 

M.  BlaDchaud  rappelle,  à  ce  sujet,  que  de  curieux  débris  ont 
souvenl  été  portés  au  loin  et  ont  ainsi  perdu  une  partie  de  leur 
signification  et  de  leur  intérêt.  Il  cite  des  fûts  de  colonne  anti- 
ques que  Ton  voit  dans  le  parc  de  M.  Desbordes,  au  Mont-Rû, 
et  qui  proviennent  sûrement  des  anciens  monuments  du  bourg 
de  Bancon. 

M.  Louis  Ouibert  donne  lecture  d'Une  note  très  substantielle 
de  M.  l'abbé  Lecler,  sur  la  trouvaille  récemment  faite  à  Nantiat. 
Cette  note  constate  que  le  cœur  en  plomb  découvert  sur  la 
place  du  bourg  se  trouvait  sous  le  sanctuaire  de  Tancienne  église 
paroissiale.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu  on  se  trouve  en  présence  du 
rxBur  d*un  prêtre,  probablement  d*un  curê  de  Nantiat.  Sans  re- 
monter à  une  date  très  reculée,  l'inbumation  au  pied  de  l'autel 
de  ce  débris  humain  parait  être  antérieure  d  1648,  date  à  laquelle 
remontent  les  plus  anciens  registres  paroissiaux  de  cette  localité. 

Communication  est  également  donnée,  de  la  part  de  M.  Goussey- 
roux,  avocat  à  Limoges,  de  diverses  pièces  concernant  le  prieuré 
de  Saint-Denis,  à  Peyrat^e-Château  (xvii*  et  xviii»  siècles). 

La  Société  remercie  les  auteurs  de  ces  diverses  communica- 
tions. 

M.  le  chanoine  Arbellot  rappelle  d'anciennes  coutumes  sur  les- 
quelles il  se  propose  de  faire  une  lecture  à  la  prochaine  réunion 
des  Sociétés  savantes,  à  la  Sorbonne.  Il  s'agit  de  jeux,  de  diver- 
tissements populaires  coïncidant  avec  la  célébration  de  certaines 
fêtes  religieuses.  Telle  la  Quintaine^  à  Saint-Léonard.  Naguère 
encore,  le  jour  de  la  fête  du  patron  de  la  ville,  les  membres  de  la 
confrérie  placée  sous  son  invocation  se  rendaient,  au  sortir  du 
banquet  traditionnel,  sur  le  boulevard,  où  était  installée  une 
grande  boite  de  bois  ayant  la  forme  d'un  chàteau-fort  et  que  le 
peuple  appelait  «  la  Salière  ».  Les  confrères,  à  cheval,  une  ser- 
viette autour  des  épaules,  s'élançaient,  la  massue  à  la  main,  sur 
ce  formidable  château,  que  l'imagination  populaire  se  représen- 
tait, sans  doute,  rempli  de  captifs  implorant  Saint-Léonard  pour 
leur  délivrance.  Morceau  à  morceau,  la  Salière  tombait  sous  les 
coups  des  vaillants  confrères,  et  la  foule  s'en  disputait  les  débris. 
Un  chant  traditionnel,  assez  grossier  du  reste,  accompagnait  ce 
singulier  exploit. 

Au  pont  de  Noblat,  on  courait  la  bague  le  jour  de  la  fête  de 
Saint-Martial.  Le  vainqueur  était  couronné  sous  une  cabane  de 
feuillage,  au  milieu  du  vieux. pont. 

Revenant  sur  une  question  des  plus  intéressantes  et  dont  la 
Société  a  eu  souvent  à  s'occuper,  M.  Arbellot  parle  de  la  fête  des 
Innocents.  Elle  était  célébrée  au  xvii»  et  même  au  xvni"  siècle, 


us  SOCliré  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

à  Saiot-Martial  et  à  Saint-Etieone  de  Limoges.  Les  enfants  de 
chœur  avaient  «  les  honneurs  »  ce  jour-là;  ils  tenaient  le  chœur 
et,  à  la  procession,  marchaient  les  derniers,  précédés  des  cha- 
noines qui  portaient  la  croix  et  les  cierges.  On  voit  que  les  rôles 
étaient  intervertis.  En  1735  on  trouve  encore  trace  de  la  nomi- 
nation, par  les  Enfants  de  la  Psallette,  d'un  évéque  des  Innocents. 
Jusqu'à  1525,  il  y  avait  même,  ce  jour-là,  un  sermon  qui  était 
fait  par  un  enfant  de  chœur.  L'usage  fut  aboli  à  cette  époque. 

On  s'est  demandé  souvent  ce  qu'il  faut  penser  d*un  passage 
du  livre  de  Pierre  Bonnet  (Histoire  de  la  Danse  sacrée  et  profane)^ 
où  il  est  parlé  de  danses  exécutées  par  le  peuple  dans  l'église 
même  de  Saint-Martial,  le  jour  de  la  fête  de  ce  saint. 
M.  Arbellot  estime,  pour  sa  part,  que  ce  fait  est  entièrement 
apocryphe.  Il  explique  ensuite  les  expressions  chorea^  baculum 
sumere,  cappam  facere,  employées  par  nos  chroniqueurs  et  où  on 
a  cru  retrouver  la  trace  de  ces  danses. 

M.  Louis  Guibert  émet  un  doute  sur  Texaclitude  de  quelques- 
unes  de  ces  interprétations,  et  MM.  Blanchaud,  Page  et  Leroux 
rappellent  divers  jeux  singuliers  pouvant  être  rapprochés  de  celui 
de  la  Quintaine,  ceux  notamment  de  la  Cruche  au  Dorât,  et  du 
Roitelet,  dans  une  autre  localité  de  l'arrondissement  de  Bellac. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  M.  Louis  Guibert  sur  le 
Journal  de  Yielbane,  magistrat  au  présidial  de  Brive  et  consul 
de  celte  ville  en  1584  et  1588.  Ce  curieux  manuscrit,  qui  fait 
partie  d'un  Recueil  de  livres  domestiques  limousins  en  cours  de 
publication,  contient  beaucoup  de  renseignements  intéressants 
sur  les  attributions  des  consuls  de  Brive,  les  événements  du 
temps,  les  petites  dépenses  de  Thôtel  de  ville. 

Vielbans  fait  trois  ou  quatre  voyages  pour  voir  le  roi  de 
Navarre;  il  se  rend  à  Paris,  chargé  d'une  mission  par  ses  collè- 
gues, les  magistrats  du  présidial.  Jour  par  jour,  il  note  sur  sou 
livre  ses  dépenses  d'hôtellerie.  M.  Louis  Guibert  en  relève 
quelques-unes  et  se  demande  si  on  n'exagère  pas  la  diminution 
de  la  valeur  relative  de  l'argent,  de  son  pouvoir  d'acquisition,  eu 
estimant  ce  pouvoir,  à  la  fin  du  xvi*  siècle,  triple  de  ce  qu'il  est 
aujourd'hui. 

M.  A.  Judicis,  dans  un  travail  d*uu  excellent  style,  développe 
les  considérations  qu'il  a  sommairement  exposées  à  la  dernière 
séance,  sur  Tart  au  moyen  âge  et  sur  les  caractères  particuliers 
qu'il  a  affectés  dans  notre  région.  On  n'entend  plus  dire  que 
le  moyen  âge  a  été,  dans  son  ensemble,  une  époque  de  barbarie, 
où  le  sentiment  artistique  s'est  peu  développé.  A  ne  prendre  que 
l'architecture,  elle  donne  à  elle  seule  le  plus  éclatant,  le  plus 
magnifique  démenti  aux  assertions  de  l'ignorance. 


PBOCÈS-VFRBAVX  DES  SftANCBS.  449 

La  sculpture  est  de  tous  les  beaux-arts  celui  qui  touche  de 
plus  près  à  l'architecture;  il  est  impossible  d'étudier  Tune  sans 
s'occuper  de  Tautre. 

Au  moyen  âge,  les  œuvres  des  sculpteurs,  comme  celles  des 
architectes,  slnspirent  surtout  du  sentiment  religieux*  Après 
l'efflorescence  première  des  écoles  provinciales  dont  les  carac- 
tères sont  déterminés  par  la  nature  des  matériaux  du  pays,  les 
mœurs  et  certaines  particularités  locales,  l'unité  s'impose  avec 
le  temps;  les  écoles  disparaissent  et  la  grande  période  de  Tart 
ogival  voit  non  seulement  la  France,  mais  une  notable  partie  de 
l'Europe  adopter  les  mêmes  types  et  les  réaliser  dans  les  plus 
gigantesques  proportions. 

On  a  voulu  établir  une  comparaison  entre  les  produits  de  Part 
au  moyen  âge  et  ceux  de  Tart  grec.  Une  telle  comparaison  est 
difficile  ;  Yiollet-Leduc  a  traité  la  question  avec  son  talent  et  sa 
perspicacité  habituels.  Pourquoi  rapprocher  des  œuvres  d'une 
beauté  absolument  différente  et  dont  les  auteurs  sont  partis  de 
points  de  vue  tout  à  fait  opposés?  L'idéal  de  l'antiquité  grecque, 
c'est  la  beauté  physique,  l'harmonie  et  la  plénitude  de  la  forme, 
la  simplicité  et  la  pureté  des  lignes.  Ce  que  le  moyen  âge,  au 
contraire,  recherche  par  dessus  tout,  c'est  l'expression  des  senti- 
ments. Les  matériaux  dont  se  servirent  en  général  les  archi- 
tectes et  les  sculpteurs  de  celte  époque  étaient  moins  précieux, 
moins  délicats,  se  prêtaient  moins  à  certaines  combinaisons,  à 
certains  effets;  mais  le  moyen  âge  sut  utiliser  tous  les  éléments 
de  l'édifice  pour  sa  décoration  et  pour  son  expression,  si  Ton 
peut  ainsi  parler. 

La  conclusion  de  M.  Judicis  est  qu'il  faudrait  consacrer,  à 
l'étude  do  l'art  du  moyen  âge,  les  mômes  moyens,  le  même 
temps  qu'on  donne  à  l'étude  de  ce  qu'on  appelle  l'art  classique. 
L'art  du  moyen  âge  mérite  qu'on  l'examine  de  plus  près  et  qu'on 
le  connaisse  mieux. 

Après  avoir  remercié  M.  Judicis  de  son  intéressante  lecture 
et  l'avoir  félicité  des  termes  choisis  dans  lesquels  il  a  présenté 
ses  idées,  M.  le  président  propose  à  la  Société  de  remettre  à  hui* 
taine  la  séance  du  dernier  mardi  de  mai,  cette  date  coïncidant 
avec  celle  des  réunions  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne.  Il 
est  convenu  que  la  réunion  sera  reportée  au  mardi  5  juin. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire  général, 

Louis   GUIBBRT. 


450  SOCIÉTÉ  ARCBtOLOGIQVV  %T  BltTORlOUC  DU  LIMOUSIN. 


SÉANCE  DU  5  JUIN  1888  (1) 


Présidence  de  II.  le  chanoine  AHBE:L.I^0X,  tHrésIdenC 

Présents  :  MM.  Arbellot,  président,  Aslaix,  Blanchaud,  Bour- 
dery,  Ducourlieux,  commandant  Dorât,  Joseph  Dubois,  Hervy, 
P.  Mariaux  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté.  —  Ce 
procès-verbal  mentionnait  la  mutilation  et  l'emploi,  dans  la 
maçonnerie  des  Halles,  de  fragments  sculptés  trouvés  au  cours 
des  fouilles.  Une  note  émanant  de  la  dernière  municipalité  a  con- 
testé le  fait  et  affirmé  que  les  fragments  découverts  pendant 
les  travaux  ont  tous  été,  sur  le  champ,  transportés  au  Musée. 
M.  Ducourtieuxi  attaché  à  la  conservation  du  Musée  national,  dit 
qu'en  effet  des  pierres  sculptées  ont  été  envoyées  au  Musée,  mais 
postérieurement  à  la  publication  du  procès-verbal  de  la  séance  du  24 
avril.  A  cette  date,  le  Musée  n'avait  rien  reçu,  et  c'est  seulement 
après  la  publication,  dans  les  journaux  de  la  ville  (dimanche  6 
mai)  de  ce  procès- verbal,  que  les  envois  mentionnés  dans  la 
note  officielle  ont  été  effectués.  Au  surplus,  il  a  parlé  de  visu 
et  dans  le  seul  but  d'obtenir  la  conservation  de  morceaux  offrant 
un  certain  intérêt. 

M.  Guibert  rappelle  que  la  commission  nommée  dans  la 
dernière  séance  pour  dresser  la  liste  des  objets  mobiliers  dont  la 
conservation  peut  avoir  de  l'importance  au  point  de  vue  artis- 
tique et  archéologique,  ne  s'est  pas  encore  réunie.  Le  ministre 
de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  insiste  pour  que  cette 
liste  soit  établie  sans  retard,  et  M.  de  Lasteyrie,  qu'il  a  vu  à 
Paris,  Ta  personnellemeut  prié  de  hâter  ce  travail.  Il  est  con- 
venu que  la  commission  se  réunira  lundi  prochain  It  juin,  à 
quatre  heures,  à  la  bibliothèque  de  la  Société  f  Archives  dépar- 
tementales). 

M.  le  président  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance 
et  énumère  les  livres  et  les  publications  reçus  depuis  la  dernière 
séance.  11  cite  en  particulier  :  1®  la  dernière  livraison  du  Gay* 
LussaCf  qui  contient  un  joli  dessin  deTémail  du  cinquantenaire 

(1)  La  séance  da  28  mai  avait  été  remise  au  5  juin. 


fROGÈB^miBACX  DES  SÉANCBft.  4$t 

ponlificali  aocompagQô  d'uae  notice,  et  un  intél-essaut  article 
dô  M.  MaBfranc  sur  le  dolmen  de  La  Cote;  — *  2^  le  Bulletin  de 
fo  SodéU  des  sciences,  lettres  et  arts  de  la  Corrèze,  à  Tulle,  avec 
un  excellent  article  de  M.  René  Page  (suite  du  Vieux  Tulle)  ;  -^ 
3^  un  article  de  M.  I^uis  Guibert  sur  les  Félibrest  dans  la  Revue 
diis  Centre;  <^  A*  un  article  deM.  de  VerneUh  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  du  Périgord  ;  —  et  5»  le  dernier  recueil  annuel  de  l'Aca- 
déraie  des  Jeux  floraux,  dans  lequel  M.  Ârbellat  signale  deux 
OBUYres  remarquables  intéressant  plus  spécialement  le  Limou- 
6ii],  et  ayant  toutes  les  deux  obtenu  un  prix  :  un  beau  discours 
en   prose  de  M.  Gaston  David,  membre  de  la  Société  archéolo- 
gique, un  des  lauréats  habituels  de  Clémence  Isaure,  —  et  une 
gracieuse  et  charmante  pièce  de  vers  de  M"*  Fondi  de  Niort,  qui 
habite  actuellement  Limoges. 

M.  Masfrand  a  envoyé  à  la  Société  une  notice  détaillée  sur  la 
grotte  sépulcrale  de  Gorgnac  (Dordogne).  De  très  intéressants 
dessins  l'accompagnent.  Il  sera  donné  lecture  de  celte  notice  à 
la  prochaine  séance.  En  attendant,  le  président  exprime  les 
remerciements  de  la  Société  pour  cette  communication» 

M.  des  Termes,  inspecteur  de  la  Compagnie  d'Assurances 
générales,  ancien  magistrat  à  Poitiers,  pi*ésenté  à  la  dernière 
réunion,  est  élu,  au  scrutin  secret,  membre  correspondant  de  la 
Société. 

li'ordre  du  jour  appelle  le  compte-rendu  delà  réunion  annuelle 
des  Sociétés  savantes,  à  Paris.  M.  le  chanoine  Arbellot,  qui  a 
pris  une  part  active  aux  discussions  de  la  section  d'histoire  et 
de  philologie,  signale  les  particularités  de  nature  à  intéresser  la 
Société. 

M.  Guibert  a  été  assesseur  dans  la  même  section  et  a  lu  une 
notice  sur  les  livres  de  raison  de  la  province  et  notamment  sur 
celui  de  Vielbaus,  consul  de  Brive,  document  qui  i-enfermo 
d'intéressantes  mentions  et  va  de  1571  à  1598.  Le  môme  a  rendu 
compte  d'un  travail  de  M.  Romand,  correspondant  du  ministère, 
sur  les  noms  en  usage  au  moyen  âge  dans  le  Haut-Dauphiné. 
M.  Arbellot  a  parlé  des  fêles  traditionnelles  et  des  usages  singu- 
liers conservés  en  Limousin  ;  des  cérémonies  qui  signalaient 
chaque  année  la  célébration  de  la  fête  des  Innocents  à  Limoges  ; 
de  la  course  de  la  Bague  et  de  la  Quintaine  à  Saint-Léonard,  etc. 
Ce  mot  de  Quintaine  a  été  l'objet  d'une  intéressante  discussion  : 
ou  en  a  recherché  l'origine.  M.  l'abbé  Martin  a  émis  l'avis  qu'il 
venait  d'une  voie  existant  dans  les  camps  de  Rome,  appelée  via 
Quintana^  et  où  avaient  lieu  certains  exercices  militaires  ; 
M.  Gaston  P&ris  a  confirmé  cette  étymologie« 


452  SOCIÉTÉ  ARCOÉOLOGIQUE  ET  OISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

Une  autre  lecture  de  M.  Arbellot,  relative  aux  saints  auxquels 
est  attribuée  d'une  façon  spéciale  la  guérison  de  certains  maux, 
et  aux  pèlerinages  effectués  à  certains  lieux  placés  sous  le 
patronage  de  ces  saints,  a  donné  également  lieu  à  un  échange 
très  animé  et  très  intéressant  d'observations. 

Parmi  les  communications  faites  à  la  section  d'histoire,  plu- 
sieurs ont  eu  trait  à  des  questions  dont  la  Société  a  eu  à  s'occu- 
per. Ainsi,  M.  Tranchau,  membre  de  la  Société  historique 
d'Orléans,  a  lu  un  très  curieux  mémoire  sur  les  colonies  de 
marchands  et  de  mesnagiers  que  plusieurs  villes  de  l'Orléanais 
et  de  la  Touraine  furent  obligées  de  fournir  pour  le  repeuplement 
d'Arras,  après  la  prise  de  cette  ville  par  Louis  XI.  Les  réquisi- 
tions du  roi  s'exercèrent  dans  un  rayon  bien  plus  étendu,  puis- 
que Limoges  dut  fournir  plusieurs  marchands,*  dont  nos  Annales 
manuscrites  nous  ont  conservé  les  noms  :  c'étaient  les  fils  d'An- 
dré Rogier  et  d'Elie  Disnematin.  Le  succès  de  cette  colonisation 
forcée  fut  médiocre.  Malgré  sa  colère,  le  roi  finit  par  laisser 
rentrer  dans  Arras  une  partie  de  ses  anciens  habitants. 

On  a  beaucoup  parié  des  caves  et  des  souterrains  qui  existent 
sous  nombre  de  villes.  Il  est  singulier  que  la  plupart  offrent 
des  caractères  analogues  à  ceux  que  nous  observons  dans  les 
vieilles  caves  de  la  Cité  de  Limoges  et  des  rues  du  Consulat,  du 
Temple,  Cruche-d'Or,  Andcix-Manigne,  etc. 

Les  communications  faites  par  les  délégués  des  Sociétés  des 
beaux-arts  et  les  correspondants  du  ministère,  à  l'hémicycle  de 
l'Ecole  des  beaux  arls,  n'ont  pas  été  moins  intéressantes.  M.  L. 
Guibert,  qui  a  lu  une  notice  sur  les  Peintures  de  Vèglise  de  Saint- 
Yicturnien^  mentionne  quelques  travaux  d'une  réelle  valeur  ;  il 
regreite  que  M.  Camille  Leymarie  n'ait  pu  faire  la  lecture 
annoncée  par  lui  sur  les  Compositions  originales  des  anciens  émail- 
leurs.  Il  serait  à  désirer  que  cet  article  fut  bientôt  publié. 

Dans  ses  recherches  aux  Archives  nationales,  M.  L.  Guibert 
a  eu  le  bonheur  de  trouver  toute  une  procédure  se  rattachant  au 
procès,  fameux  entre  tous  dans  notre  histoire  locale,  de  Gaultier 
Pradeau. 

On  se  rappelle  que  ce  magistrat,  choisi  par  ses  concitoyens  pour 
pourvoir  à  leur  défense,  oublia  son  devoir  au  point  de  pactiser 
avec  leur  ennemi,  Jean  de  Laigle,  lieutenant  général  du  vi- 
comte de  Limoges. 

Au  moment  même  où  la  ville  va  être  livrée  par  le  traître,  ses 
menées  sont  découvertes  ;  il  est  appelé  à  la  maison  commune, 
interrogé  par  les  consuls,  convaincu  par  ses  propres  aveux  et 
livré  par  ses  collègues  au  prévôt  criminel  de  la  ville.  Gondamué 


PROCES-VERBAUX   DES  SÉANCES.  4B3 

à  mort,  il  subit  le  dernier  supplice  au  pilori  de  la  place  des 
Bancs  ;  son  corps  est  coupé  en  quatre,  et  chaque  quartier  placé 
au  bout  d'une  lance,  au  dessus  d'une  des  portes  de  la  Tille. 

La  procédure  découverte  par  M.  Guibert,  grâce  aux  obligeantes 
indications  de  notre  sympathique  collègue,  M.  Antoine  Thomas, 
professeur  à  la  Faculté  de  Toulouse,  confirme  en  tout  point  le 
récit  de  nos  annales.  Elle  nous  montre  toutefois  Jean  Pradeau, 
frère  du  coupable,  cherchant  à  faire  casser  Tarrêt  du  prévôt  des 
consuls  par  le  Parlement,  demandant  que  les  débris  du  corps  de 
Gaultier  soient  réunis  et  qu'il  soit  fait  au  traître  des  obsèques 
solennelles  ;  qu'enfin  les  consuls  soient  condamnés  à  une  amende 
honorable  et  à  d'énormes  dommages-intérêts 

Le  procureur  du  roi  n'est  pas  favorable  aux  magistrats  muni- 
cipaux: il  tient  que  Gaultier  avait  bien  commis  le  crime  pour 
lequel  il  a  été  puni,  mais  les  consuls  et  le  prévôt  ont,  suivant 
lui,  excédé  leurs  droits.  On  entrevoit,  dans  toute  cette  atTaire, 
et  dans  divers  autres  procès  limousins,  dont  M.  Guibert  a  trouvé 
trace  aux  registres  du  Parlement  vers  la  même  époque,  le  jeu 
de  passions  ardentes,  les  suggestions  de  haines  implacables,  et,  il 
faut  le  dire,  des  mœurs  rien  moins  que  douces. 

Après  M.  Guibert,  M.  Joseph  Dubois  donne  dans  une  notice, 
malheureusement  trop  courte,  quelques  renseignements  sur  les 
institutions  communales  d'Eymoutiers.  Les  habitants  de  cette 
ville  obtinrent,  en  1428,  de  l'évêque  de  Limoges  et  du  chapitre 
du  lieu,  l'autorisation  de  construire  des  remparts  et  d*élire 
annuellement,  le  jour  de  la  fêle  de  Saint-Etienne  (26  décembre), 
quatre  consuls  pour  veiller  à  la  justice  de  la  cité  et  administrer 
les  affaires  communes  des  habitants.  La  charte  a  été  publiée 
par  M.  Leroux.  Cette  organisation  se  maintint  et  se  développa. 
Au  siècle  suivant  nous  la  voyons  fonctionner  sous  la  surveil- 
lance d'un  officier  seigneurial. 

La  délibération  qui  fait  l'objet  spécial  de  la  communication  de 
M.  Dubois  nous  montre  le  corps  de  ville  assemblé,  au  commen- 
cement de  Tannée  1569,  sous  la  présidence  de  Léonard  Romanet, 
seigneur  de  Farsac,  juge  ordinaire  du  chapitre.  Les  quatre 
consuls  :  Jean  Cramouzaud  l'aîné,  Claude  Romanet,  Jean  Des- 
champB  et  Biaise  Briance,  exposent  qu'ils  ont  reçu  une  lettre  du 
lieutenant-général  de  la  province,  leur  ordonnant  de  rompre  les 
ponts,  de  creuser  des  tranchées  autour  des  murs,  de  redoubler  de 
vigilance  pour  la  garde  de  la  ville,  et  de  recevoir  une  compa- 
gnie d'hommes  d'armes,  avec  un  capitaine  pour  la  défendre  si 
besoin  est. 

Le  chapitre,  les  officiers  de  l'évêque  et  les  notables  bourgeois 


4&4  SOCIÉTÉ  AIICaÉ0t66IQUK  KT  tHdTORtOUtt  DQ  LlttOUSlN. 

sont  assamblés  dans  la  chapelle  basse  de  l'église  pour  aviser  aux 
mesures  qu'il  coovient  de  prendre  à  Tefiet  de  se  procurer  de 
l'argent  ;  la  caisse  communale  est  à  sec  el  les  consuls  déclarent, 
qu'ils  ont  déjà  fourni,  pour  subvenir  aux  dépenses  communales, 
7  ou  800  livres,  et  qu'ils  ne  peuvent  continuer  à  faire  des  avan- 
ces. Sur  la  proposition  de  ces  magistrats,  on  décide  qu'il  sera 
vendu  ou  délivré  «  à  perpétuel  bail  »,  des  biens  et  champs  com- 
muns jusqu'à  concurrence  de  onze  cents  livres.  La  délibéraliou 
rappelle  une  précédente  aliénation  autorisée  en  vue  de  la  répa- 
ration des  fontaines.  Quatre  commissaires  sont  choisis  parmi 
les  bourgeois  pour  s'occuper  spécialement  de  cette  opération. 

Les  6  et  13  mars  1569,  sous  la  halle,  le  juge  du  chapitre, 
assisté  des  consuls  et  des  quatre  commissaires,  procède  à  l'adju- 
dication, aux  enchères,  des  emplacements  désignés  pour  être 
vendus.  La  vente  est  faite  moyennant  un  prix  déterminé  en 
argent,  plus  une  aumône  annuelle  en  pain,  à  donner  le  jour  de 
TAscension.  Un  marchand,  Chantagreu  dit  Meymi,  au  nom  de 
Psaumet  Hugon,  est  déclai^  adjudicataire  d'un  lot  dit  «  de  la  rue 
delaFarge»,  moyennant  vingt  écus  sol  et  une  rente  annuelle 
d'une  tourte  et  demie  de  seigle,  -*  la  tourte  était  d'une  quarte 
et  pesait  seize  livres.  Malgré  l'abolition  des  rentes  perpétuelles, 
la  famille  qui  possède  cet  emplacement,  acquitte  encore,  dit 
M.  Dubois,  la  redevance  constituée  au  seizième  siècle,  et  Vient 
à  honneur  de  donner  ce  la  tourte  »  aux  pauvres  du  quartier. 

M.  le  chanoine  Ârbellot  fait  part  à  la  Société  de  nouveaux 
documents  qu'il  a  recueillis  à  Paris  sur  le  P.  Martial  de  Brive. 
11  a  rectifié  la  date  attribuée  généralement  à  la  mort  de  ce  bizarre 
poète.  C'est  en  1653  et  non  en  1655  que  doit  se  placer  cette  mort. 
Le  P.  Martial  avait  un  frère,  écrivain  comme  lui«  Guillaume  Du* 
mas  de  la  Gautrie.  LaGautrie  est  le  nom  d  une  propriété  apparte- 
nant à  cette  famille.  M.  Ârbellot  parle  des  œuvres  du  plus  célè- 
bre des  deux  frères,  et  examinant  les  éditions  successives  qui  en 
ont  été  données,  relève  entre  elles  dlmportantes  différences.  La 
dernière  et  la  plus  complète  de  ces  éditions  est  devenue  très  rare 
et  est  fort  recherchée  des  amateurs. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire  général^ 

Louis  GUIBEAT, 


^IIOGI»-  TKBBAUX  DïS  SÊANCllS.  4S5 


SBANGB  DU  26  JUIN  1888 


K^réftidence  de  ÎMI.  le  ehttnolae  ARBEIjf^OT»  Préaident 

Présents:  MU.  Arbellot,  Astaix,  Bourdery,  Brisset-Desisles, 
Joseph  Dubois,  René  Page,  Fray-Fournier,  Hervy,  Hersant, 
Caai.  Jouhanneaud,  Leroux,  Paul  Mariaux,  Ducourtieux  et 
Li.  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  dn  procès-verbal,  M.  le  président 
procède  au  dépouillement  de  la  correspondance  et  appelle  Tat- 
iention  de  la  Société  sur  les  envois  et  communications  reçus 
depuis  la  dernière  séance  et  qui  paraissent  dignes  d'un  intérêt 
particulier. 

Il  signale  tout  spécialement  une  plaquette  publiée  par  Timpri- 
merîe  Ducour lieux  et  relative  à  la  marque  nouvellement  adoptée 
par  cette  maison.  M.  Paul  Ducourtieux,  qui  est  l'auteur  de  la 
brochure,  y  a  rappelé  en  quelques  mots  la  vie  et  les  travaux  de 
son  père,  le  sympathique  fondateur  de  YÀlmanaeh  Limousin.  La 
marque  a  été  dessinée  par  M.  Jules  Tixier  avec  la  facilité  du 
crayon  et  le  goût  qu'on  lui  connaît. 

M.  Arbellot  mentionne  une  autre  brochure  de  M.  Ducour- 
tieux :  le  Délégué;  une  notice  de  M.  Louis  Guibert  sur  l'Orfèvre- 
rie et  les  émaux  d'orfèvre  à  l'Exposition  rétrospective  de  Limoges 
Cl886j,  où  sont  reprises  les  principales  discussions  soulevées  ù 
Toccasion  des  objets  les  plus  intéressants  et  les  plus  précieux 
ayant  figuré  dans  les  galeries  de  THôtel-de- Ville;  un  article  de 
M.  Camille  Leymarie  sur  la  Bibliothèque  du  Chancelier  d'Agnes- 
seaUf  inséré  dans  la  Revue  Littéraire  du  Centre;  enfin  un  travail 
important  sur  Tabbaye  de  lia  Couronne,  publié  par  M.  l'abbé 
Chauve t  dans  le  Bulletin  de  la  Société  historique  de  lAngoumois, 

M.  Leroux  rappelle  que  l'abbaye  de  La  Couronne  possédait 
dans  le  diocèse  de  Limoges  plusieurs  prieurés  :  Il  cite  entre 
autres  celui  d'Altavaux. 

Une  lettra  de  M.  le  conservateur  du  musée  ethnographique  du 
Trocadéro  informe  la  Société  de  l'extension  qu'il  se  propose  de 
donner  aux  collections  consacrées  aux  diverses  provinces  de  la 
France. 

11  demande  si  le  Limousin  qui,  parait^il,  n'est  jusqu'ici  repré- 


456  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIUOl'SlN. 

seuté  dans  ces  collections  que  par  un  barbichetj  ne  pourrait  pas 
fournir  d'autres  vétemonts,  outils  ou  objets  caractéristiques. 
M.  Guibert  signale  comme  particulier  au  pays,  le  deboueirodour^ 
dont  les  ménagères  se  servent  pour  blanchir  les  châtaignes.  D'au- 
tres membres  parlent  de  certains  bijoux.  Il  conviendra  de  revenir 
sur  ce  sujet. 

La  Société  pour  l'avancement  des  sciences  tiendra  un  congrès 
à  Limoges  en  1890.  Sur  la  question  posée  par  un  membre,  M.  le 
président  déclare  qu'il  n'a  reçu  aucun  avis  concernant  ce  con- 
grès. Il  ignore  du  reste  s'il  y  sera  abordé  des  questions  se  rappor- 
tant à  Tobj  et  ordinaire  des  éludes  de  la  Société.  Ne  pourrait-on 
pas  inviter  la  Société  française  d'archéologie  à  tenir  une  nouvelle 
réunion  à  Limoges. 

M.  Guibert  fait  remarquer  que  la  Société  scientifique  et  histo- 
rique de  Brive  a  déjà  pris  les  devants.  Il  a  rencontré  récem- 
ment, chez  M.  de  Lasteyrie,  le  président  de  la  Société  française, 
M.  le  comte  de  Marsy,  et  l'a  entendu  accueillir,  de  la  façon  la 
plus  favorable,  les  ouvertures  de  M.  Ernest  Rupin. 

Au  nom  du  bureau,  M.  Arbellot  propose  d'offrir  à  MM.  Emile 
Page,  président  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Tulle, 
et  Ernest  Rupin,  président  de  la  Société  scientifique  et  histori- 
que de  Brive,  le  titre  de  membres  correspondants.  L'un  et  Tautre 
accepteront  certainement  ce  titre  comme  un  témoignage  de  la 
sympathie  de  la  Société  archéologique  de  Limoges  pour  leur  per- 
sonne et  de  son  estime  pour  leurs  travaux,  et  en  même  temps 
comme  une  nouvelle  preuve  des  sentiments  de  bonne  confrater- 
nité qui  unissent  tous  les  membres  des  diverses  associations  his- 
toriques de  la  province.  Cette  proposition  est  adoptée  à  l'unani- 
mité. 

Plusieurs  découvertes  archéologiques  ont  été  faites  dans  la 
région  depuis  la  dernière  séance.  M.  Tabbô  Arbellot  en  entre- 
tient la  Société. 

C'est  d'abord  celle  de  la  dalle  mortuaire  d'un  chanoine  de 
Limoges,  qui  se  trouvait  engagée  dans  la  maçonnerie  du  mur  du 
jubé.  Autour  de  cette  pierre  où  n'est  du  reste  gravée  aucune 
figure,  aucune  armoirie,  on  lit  l'inscription  :  Hicjacet  Pelrus  de 
Beihono,  canonicics  ecclesiœ  Lemovicensis  et  recior  de  Selhaco^  qui 
obiitdie  XVIII  mensis  decembris  UCCCCVIIII  (1409);  cujus  anima 
requiescat  inpace.  Amen. 

Dans  les  environs  de  Nontron,  un  ouvrier  nommé  François 
Bernard,  a  trouvé  quarante-sept  pièces  d'or  des  xv*  et  xvi«  siè- 
cles. 11  y  en  a  de  Louis  XII,  François  !•',  Henri  II,  Charles  IX, 
mêlées  à  un  certain  nombre  de  pièces  espagnoles  aux  efiigies  de 


PROCÊS-VKRBAUX   DES   SÉANCES.  457 

Ferdinand-le-Calholique  et  d'Isabelle,  de  Joaime-la-Folle,  de 
Philippe  II  ;  on  eu  remarque  une  de  Jean  II  de  Portugal,  une 
autre  de  Henri  V  d'Angleterre  où  il  est  qualifié  «  roi  d'Angle- 
terre et  de  France  »;  enfin,  sur  un  écu  de  François  I«',  celui-ci 
porte  le  titre  de  «  roi  de  France  et  duc  de  Bretagne.  » 

M.  Arbellot  signale  comme  fort  intéressant  le  portail  de  Téglise 
de  Sain t-Marlial-de  la- Valette  (Dordogue).  La  triple  voussure  de 
ce  portail,  d'un  beau  type  roman,  est  couverte  de  fines  sculptures 
ea  pierre  calcaire. 

M.  Fage  présente  un  intéressant  silex  à  double  pointe  et  sensi- 
blement contourné,  trouvé  par  M.  Berthonnerie,  à  La  Berthon- 
nerie,  commune  de  Saint-Priest-la-Feuille,  canton  de  La  Souter- 
raine (Creuse). 

Dans  lo  dernier  bulletin  publié  par  le  Musée  impérial  autrichien^ 
M.  Leroux  a  noté  un  intéressant  article  sur  les  plats  émaillés  de 
Limoges,  connus  sous  le  nom  de  gémellions,  parce  qu'ils  se  fabri- 
quaient toujours  par  paire.  Ils  servaient  à  «  donner  à  laver  », 
suivant  l'expression  consacrée,  et  l'un  d'eux,  celui  à  l'aide  duquel 
OQ  versait  l'eau,  porte  souvent  un  bec;  l'autre  servait  de  cuvette. 
L*auteur  de  cet  article,  le  D'  Frimmel,  après  avoir  parlé  des 
gémeilions  de  l'église  de  Conques,  des  musées  de  Cluny  et  du 
Louvre,  signale  une  vingtaine  de  ces  objets  en  Autriche  et  eu 
Allemagne,  notamment  à  Vienne,  Dresde,  Berlin,  Luuebourg, 
Meinnberg,  Aix-laChapelle,  etc.  11  les  attribue  aux  xiu"  et  xiv» 
siècles  et  leur  assigne  une  origine  limousine;  mais  il  croit, 
d'aptes  rétude  qu'il  a  faite  d'un  plat  semblable  conservé  au 
musée  d'Insprtlck,  portant  des  caractères  orientaux  et  apparte- 
nant, à  son  avis,  au  xii^  siècle,  que  les  orfèvres  de  Limoges 
se  sont  inspirés  d'objets  fabriqués  en  Orient.  M.  Leroux  voudra 
bien  donner  un  résumé  de  cet  article  pour  le  Bulletin  de  la 
Société. 

Les  statuts  de  la  confrérie  corporative  des  tanneurs  d'Eymou- 
tiers  ont  été  conservés.  Ce  document  appartient  au  xvii*  siècle. 
M.  Joseph  Dubois  donne  à  la  Société  une  intéressante  analyse 
des  statuts  dont  il  s'agit  et  du  volume  où  il  les  a  découverts.  Ce 
manuscrit  renferme  des  pièces  dont  les  dates  extrêmes  sont  1628 
et  1669,  et  a  été  conservé  dans  la  famille  Cramouzaud-Lenfant. 
Les  tanneurs  et  corroyeurs  étaient  nombreux,  autrefois,  à 
Eymoutiers;  de  là  le  surnom  de  Pelauds,  donné  aux  habitants  de 
cette  ville.  M.  Dubois  relève  les  noms  qui  figurent  le  plus  sou- 
vent sur  les  listes  de  membres  de  la  confrérie;  ce  sont  ceux  des 
Ruben,  des  Paquet,  des  Romanet,  des  Péconnet,  des  Cramouzaud, 
des  Nony,  des  Raymond,  des  Coutisson,  etc. 

T.  xxxvn.  ?0 


458  SOCIÉTÉ  ARCIIÉOLOGIQQB  ET  HlSTORIClUK   DU  LIMOUSIN. 

La  confrérie  est  placée  sous  Tinvocation  de  la  Saiote-Triaité, 
comme  celle  de  Limoges,  dont  M.  Astaix  possède  le  précieux 
registre.  Les  bailes,  c'est-à-dire  les  officiers  de  la  confrérie  soot 
élus,  mais  on  met  à  Tencan,  suivant  l'usage,  les  dignités  du  jour 
de  la  fête;  on  procède  à  cette  opération  dans  une  réunion  tenue 
sous  la  présidence  du  curé,  et  acte  est  dressé  par  un  noiaire  des 
enchères  et  adjudications.  Parmi  ces  dignités,  on  trouve,  à  côté 
de  celles  de  roi,  reine,  connétable,  porte-enseigne,  celle  de  porte- 
image,  qui  a  besoin  d'être  expliquée,  et  de  connèlablesse^  qui  est 
absolument  inusitée. 

L'abus  des  banquets  est  signalé  par  M.  Dubois.  Les  confrères 
d'Eymoutiers,  en  dehors  de  la  fête  religieuse  annuelle,  avait  fini 
par  ne  plus  se  réunir  que  pour  banqueter.  Ils  avaient  cinq  repas 
par  an.  La  confrérie  percevait  un  droit  assez  élevé  des  nouveaux 
tanneurs  qui  s'établissaient  et  de  ceux  des  confrères  qui  se 
mariaient.  Quand  un  membre  de  l'association  venait  à  mourir, 
chacun  des  confrères  devait  faire  dire  une  messe  pour  le  repos  de 
son  âme.  Nous  avons  déjà  trouvé  cette  obligation  imposée  aux 
membres  de  plusieurs  confréries  corporatives  à  Limoges. 

M.  Dubois  a  cru  devoir  inférer  d'un  article  de  ces  statuts  que 
les  ouvriers,  comme  les  maîtres,  pouvaient  appartenir  à  la  con- 
frérie corporative.  M.  Guibert  pense  que  l'article  cité  n'est  pas 
assez  explicite,  et  l'admission,  dans  la  confiserie,  des  apprentis, 
en  général  fils  de  maîtres  et  probablement  tous  futurs  maîtres, 
ne  suffît  pas  à  établir  que  les  ouvriers  pussent  en  être  membres. 

M.  Masfrand  a  communiqué  à  la  Société  un  très  intéressant 
mémoire  sur  la  grotte  de  Corgnac  (Dordogne).  M.  Guibert  en 
donne  lecture.  Il  appelle  l'attention  des  auditeurs  sur  les  silex,  de 
formes  très  variées,  dont  le  dessin  accompagne  cet  article,  et 
manifeste  le  désir  que  celui-ci  soit  publié  dans  le  Bulletin. 

M.  Guibert  lit  ensuite  le  commencement  d'une  notice  sur  le 
cartulaire  de  l'ancienne  abbaye  cistercienne  d'Obazine.  Ce  pré- 
cieux manuscrit,  que  M.  Brunet,  ancien  ministre,  avait  bien 
voulu  lui  confier  pour  figurera  l'Exposition  de  Limoges,  en  1886, 
a  depuis  été  cédé  par  son  propriétaire  à  la  Bibliothèque  nationale. 
Il  paraît  être  des  dernières  années  du  xii*  siècle  et  renferme  le 
texte  ou  l'analyse  des  chartes  souscrites  en  faveur  du  monastère 
sous  l'administration  de  saint  Etienne  et  de  ses  quatre  succes- 
seurs immédiats.  M.  Guibert  note  quelques  passages  intéressants 
pour  l'histoire  du  Limousin  et  un  grand  nombre  d'indications 
confirmant  ou  rectifiant  la  chronologie  des  abbés  et  dignitaires 
ecclésiastiques  de  la  contrée. 

M.  Arbellot  entretient  à  sou  tour  la  Société,  de  Joseph  Chalard, 


PROCÈS-VERBAUX    DES   SÉANCiCS.  459 

appelé  aussi  Joseph  du  Chalard,  né  à  Saint-Léonard  eu  1560.  Cha- 
lard  a  le  premier  donné  en  français  la  vie  du  patron  de  cette 
ville.  Son  livre,  qui  a  toute  la  Jiaïveté  du  temps,  et  dont 
M.  Arbellot  lit  quelques  passages,  est  extrêmement  rare.  On 
n'en  connaît  qu'un  seul  ex»)mplaire,  celui  de  la  Bibliothèque 
nationale;  M.  Aslaix  croit  toutefois  posséder  quelques  feuillets 
d'un  autre.  Le  litre  porte  :  A  Saint- Léonard,  pour  Etienne  Roland. 
Y  eut-il  jamais  un  imprimeur  à  Saint-Léonard? 

Joseph  Chalard  a  laissé  quelques  poésies  ;  on  trouve  de  lui  un 
sonnet  français  et  une  pièce  acrostiche  en  latin,  au  commence- 
ment de  la  Tragédie  de  Saint- Jacques,  du  vénérable  Bardon  de 
Brun,  imprimée  en  1596,  chez  Barbou,  aux  trais  de  Pierre  Gui- 
bert.  Ce  fut  à  la  prière  de  Joseph  Chalard,  que  Jean  Prévôt,  du 
Dorât,  composa  sa  tragédie  de  Clolilde. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire  général, 

Louis   GUIBERT. 


8EANCK  DU  31  JUILLET. 


Présidence  de  II*  le  ebanolne  ARBEIJLOT,  Préftldeut. 

Sont  présents  :  MM.  Arbellot,  Astaix,  Hervy,  Louis  Bourdery, 
le  commandant  Dorât,  J.  Dubois,  Fray-Fournier,Gany,  Hersant, 
Camille  Jouhanneaud,  A.  Judicis  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Lecture  est  faite  par  le  secrétaire  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière réunion. 

M.  le  président  signale  à  la  Société  un  certain  nombre  de 
communications  et  d'envois  offrant,  au  point  de  vue  de  ses  étu- 
des spéciales,  un  intérêt  particulier.  Ce  sont,  en  premier  lieu,  le 
beau  volume  de  M.  René  Page,  où  notre  laborieux  et  sympathi- 
que confrère  a  réuni  tant  de  précieux  renseignements  sur  le 
Vieux  Tulle,  et  un  fascicule  de  l'inventaire  des  archives  de  la 
Ci-euse  par  MM.  Bosvieux,  Richard,  Duval  et  Autorde,  où  Ton 
trouve  des  renseignements  intéressants  sur  beaucoup  de  familles 
du  pays. 


460  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

M.  le  chanoine  ArboUot,  mentionne  également  le  volume  des 
délibérations  du  Conseil  municipal  de  Limoges,  année  1887  ; 

Une  brochure  de  M.  Thuot,  de  Guéret,  sur  les  ruines  romaines 
de  la  forêt  de  Chabrières  ; 

Les  dernières  livraisons  de  la  Revue  littéraire  du  Centre; 

Un  numéro  de  l'Echo  de  la  Dordogne^  du  15  juillet,  renfermant 
un  intéressant  article  de  M.  Dujarric-Descombes,  sur  Tavant- 
dernier  volume  du  Bulletin  de  la  Société; 

Deux  livraisons  du  Gay-Lussac,  dont  la  dernière  contient  la  fln 
des  notes  de  M.  C.^arbouly  sur  son  voyage  en  Egypte  et  quel- 
(lues  pages  sur  YAnémogène.  On  sait  que  cet  ingénieux  appareil, 
inventé  par  M»^  Rougerie,  évêque  de  Pamiers,  sert  à  la  démons- 
tration et  à  la  confirmation  de  la  théorie  du  savant  prélat  sur  la 
cause  et  la  production  des  Vents  réguliers. 

Communication  est  également  donnée  à  la  Société  d'un  article 
des  plus  élogieux,  consacré  par  le  journal  spécial  de  lExpositiou 
du  Vatican,  au  magnifique  tableau  d'émaux  exécuté  par 
M.  Bourdery  et  offert  par  le  diocèse  de  Limoges  au  souverain 
pontife,  à  l'occasion  de  son  jubilé  sacerdotal.  Une  belle  gravure 
accompagne  cet  article.  M.  le  président  saisit  cette  occasion  de 
féliciter,  au  nom  de  la  Société,  l'habile  peintre  émailleur  de  la 
distinction  si  bien  méritée  qui  lui  a  été  décernée  par  Léon  XIII: 
la  croix  de  chevalier  de  Saint-Sylvestre.  M.  Arbellot  rappelle 
que  cette  décoration  est  spécialement  destinée  aux  artistes  et  aux 
hommes  de  lettres. 

En  finissant  cette  revue  des  principales  publications  offertes  à 
la  Société,  &4.  le  président  remercie  tout  spécialement  M.  Jules 
Tixier  ei  M.  Louis  Bourdery  pour  l'envoi  de'leurs  notices  relatives 
aux  monuments  historiques  dont  les  plans  et  dessins  figuraient 
à  l'Exposition  de  Limoges,  en  1886,  et  aux  émaux  peints  qu'on  y 
a  admirés.  11  donne  aussi  communication  d'un  prospectus  du 
Dictionnaire  des  Dictionnaires^  importante  publication  encyclopé- 
dique en  préparation.  C'est  Mk»*  Paul  Guérin  qui  se  propose  de 
publier  ce  grand  ouvrage. 

La  Société  a  perdu  depuis  sa  dernière  séance  un  de  ses  mem- 
bres honoraires,  M.  Âllou,  l'éminent  avocat.  M.  le  président 
annonce  la  mort  de  M.  Âllou,  retrace  en  quelques  mots  cette 
honorable  et  brillante  carrière  et  rappelle  quels  liens  rattachaient 
M.  Allou  à  notre  province.  Il  était  né  à  Limoges,  où  son  père 
était  ingénieur  des  mines.  Ou  sait  quels  services  ce  dernier  a 
rendu  à  l'archéologie  limousine  et  tout  le  monde  connaît  et  con- 
sulte avec  fruit  sa  Description  des  monuments  des  différents  dges  ob- 
serves  dans  le  département  de  la  Haute-Vienne.  M.  Allou,  celui  qui 


FROCèS-VBRBAUX   DES  SÉANCES.  461 

vient  de  mourir,  et  dont  M.  Dubédat  a  rappelé  et  caractérisé, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société,  les  plus  célèbres  plaidoyers,  avait 
g^ardé  peu  de  relations  en  Limousin.  II  y  était  toutefois  revenu 
il  y  a  quelques  années  et  avait  conservé  le  meilleur  souvenir  de 
l'accueil  qu'il  avait  reçu  dans  notre  ville  :  il  lègue,  dans  son  tes- 
tament, à  la  bibliothèque  des  avocats  de  Limoges,  son  buste,  par 
Carrier-Belleuse. 

M.  Arsène  Brouard,  botaniste,  demeurant  à  Limoges,  rue 
Porle-Panet,  est  présenté  comme  membre  résident,  par  M.  le 
chanoine  Arbellot  et  M.  L.  Guibert. 

M.  L.  Guibert  et  M.  A.  Dubois,  ancien  inspecteur  primaire, 
présentent  comme  membre  correspondant  M.  Bellel,  instituteur 
communal  à  Saint-Maurice,  près  La  Souterraine  (Creuse). 

Il  sera  statué,  à  la  séance  d'août,  sur  ces  deux  présentations. 

M.  L.  Guibert  donne  communication  à  la  Société  d'une  lettre 
de  M.  le  préfet  delà  Haute-Yienne  relative  aux  fanaux  funéraires 
de  Vicq  et  de  Coussac-Bonneval.  La  Société  était  intervenue,  ainsi 
que  le  Comité  des  Travaux  Historiques,  pour  conserver  ces  inté- 
ressants édicules.  Cette  intervention  n'a  pas  eu  de  succès.  La  «  lan- 
terne des  morts  »  de  Vicq  est  démolie,  et  en  ce  qui  a  irait  à  celle 
de  Coussac,  le  Conseil  municipal  déclare  n'avoir  pas  de  ressources 
pour  la  restaurer.  La  Société  a  oflert  de  se  charger  de  la  restaura- 
tion de  ce  petit  monument,  mais  à  la  condition  que  la  propriété 
du  fanal  serait  régulièrement  concédée  soit  à  la  Société  archéo- 
logique, soit  au  département  de  la  Haute-Vienne.  M.  Jules 
Tixier,  dont  ou  connaît  le  zèle  et  le  talent,  a  bien  voulu  se  char- 
ger de  cette  restauration. 

Plusieurs  placards  fort  curieux  de  la  période  révolutionnaire 
sont  mis  sous  les  yeux  de  la  Société  par  M.  Aslaix. 

M.  Judicis  rappelle  que  le  moulage  du  bas-relief  de  Saint- 
Pierre,  représentant  le  Joyau  de  la  confrérie  du  Saint-Sacrement, 
a  été  exécuté  sous  sa  direction  et  est  à  la  disposition  de  la  Société. 

Au  nom  de  la  commission  chargée  de  dresser  le  catalogue  des 
objets  mobiliers  appartenant  à  l'Etat,  au  département,  aux  com- 
munes et  établissements  publics  et  offrant  un  intérêt  artistique 
et  archéologique  suffisant  pour  être  classés,  conformément  à  la 
loi  du  30  mars  1887,  M.  Guibert  donne  lecture  du  rapport  résu- 
mant le  travail  de  cette  commission  et  de  la  liste  d'objets  qui 
l'accompagne. 

Beaucoup  d'objets  portés  à  cette  liste  donnent  lieu  à  un  échange 
d'observations  et  la  lecture  de  ce  rapport  se  prolonge  jusqu'à  dix 
heures. 

Le  secrétaire  général, 

Louis  Guibert, 


463  SOCIÉTÉ  ARCDÊOLOGIQrE   BT   HISTORIQUE   PU   LIMOUSIN. 


SEANCE  DU  28  AOUT  1888 


Présidence  de  M.  le  chanoine  AROKU^OT,  Président. 

Présents  :  MM.  Arbellot,  Antoine  Thomas,  Aslaix,  Brisset- 
Desisles,  J.  Dubois,  P.  Ducourlieux,  Hersant,  A.  Judicis,  Alfred 
Leroux,  C.  Marbouly,  Paul  Mariaux  et  Louis  Guibert,  secré- 
taire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté. 

Parmi  les  ouvrages  et  publications  adressés  à  la  Société  de- 
puis la  séance  d'août,  M.  le  président  signale  le  Bulletin  de  la 
Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Tulle,  renfermant  d'intéres- 
sants articles  de  MM.  Decoux-Lagoutte,  René  Fage  et  Hugues, 
et  surtout  un  travail  fort  important  de  M.  Eugène  Mûntz  sur  les 
peintures  de  la  chapelle  de  Saint- Martial,  au  Palais  des  papes  à 
Avignon.  Ces  fresques,  dues  à  un  artiste  italien  d'un  assez  grand 
mérite,  représentent  les  scènes  principales  do  la  vie  de  saint- 
Martial,  d'après  la  légende  dite  «  du  faux  Aurélien  ».  M.  Arbel- 
lot relève  quelques  erreurs  de  détail  qui  s'y  rencontrent. 

La  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de  Guéret 
a  également  publié  une  livraison  de  son  bulletin.  On  y  trouve 
des  articles  de  MM.  de  Cessac,  Thuot,  et  quelques  pages  relatives 
à  la  discussion  qui  s'est  élevée  au  sujet  du  lieu  de  naissance  de 
Quinault.  Les  habitants  de  Felletin  ont  toujours  réclamé  le 
collaborateur  de  Lulli  comme  un  de  leurs  concitoyens;  celte 
prétention  a  été  combattue  par  M.  Jal,  qui  assure  avoir  trouvé 
dans  les  actes  des  anciens  registres  paroissiaux  des  églises  de 
Paris,  des  indications  suffisantes  pour  croire  que  Quinault  serait 
né  dans  cette  ville.  Quelques  observations  sont  échangées  sur 
Tobjet  de  ce  débat.  M.  Antoine  Thomas  dit  que,  si  vraiment, 
comme  Tassure  l'auteur  de  l'article  inséré  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  de  Guéret^  il  existe  un  portrait  de  Quinault  gravé  au 
xvn*  siècle  et  mentionnant  Felletin  comme  lieu  de  sa  naissance, 
ce  document  fournirait  un  sérieux  appui  à  la  tradition  qui  fait  le 
célèbre  poète  lyrique  originaire  de  cette  ville. 

Dans  les  Annales  de  la  Société  du  GâtinaiSy  M.  Arbellot  a 
noté  un  intéressant  article  sur  le  culte  de  Saint-Mathurin,  où 
il  relève  quelques  pages  sur  la  relique  do  ce  saint  conservée 


PROCÈS-VERBAUX    DES   SÉANCES.  46) 

dans  l'église  du  Vigen,  près  Limoges.  L'article  est  accompagné 
de  gravures  doat  l'une  représente  le  bras-reliquaire  que  possède 
cette  église. 

A  signaler  encore,  dans  le  BuUeUn  de  l'OHèanaiSy  un  travail 
sur  les  «  disques  émaillés  »,  et  dans  celui  de  la  Société  de 
Nantes,  un  autre  sur  les  «  gémellions  ».  On  voit  que  partout  les 
savants  s'occupent  d'étudier  l'œuvre  de  Limoges. 

Le  président  remercie  M.  Ducourtieux,  qui  a  offert  à  la  Société 
un  exemplaire  de  sa  remarquable  notice  sur  les  Manuscrits  et  les 
imprimés  à  l'Exposition  de  Limoges.  Remerciements  aîissi  à 
M,  Georges  Cihauvet  pour  l'envoi  de  son  ouvrage  :  Coup  d'œilsur 
La  période  néolithique  dans  la  Charente. 

M.  Sénemaud,  membre  de  la  Société,  a  bien  voulu  lui  adresser 
deux  lithographies  de  Tripon  figurant  dans  la  liste  des  planches 
de  l'Historique  monumental  que  ne  possède  pas  notre  bibliothè- 
que. Par  malheur,  ces  dessins  appartiennent  à  la  publication  en 
petit  format  dont  M.  Eyma  avait  écrit  le  texte.  Néanmoins  des 
remerciements  sont  adressés  à  M.  Sénemaud. 

Le  Président  rappelle  que  le  tome  XXXV  du  Bulletin  de  la 
Société  â  paru.  M.  René  Page  en  a  donné  un  compte  rendu  très 
exact  dans  le  Courrier  du  Centre. 

M.  Arbellot  communique  ensuite,  de  la  part  de  M.  Demars, 
curé  du  Châlenet,  des  hymnes  à  la  Vierge,  écrites  sur  des  lames 
de  papyrus  ou  d'un  autre  tissu  ligneux  très  serré  provenant  de 
Tîle  de  Ceylan.  Ce  curieux  objet  a  été  trouvé  dans  le  grenier 
d'une  maison  de  Saint-Léonard.  On  a  découvert  également  à 
Ghâlussel,  sur  la  limite  de  la  Haute-Vienne  et  de  la  Dordogne, 
une  magnifique  pièce  de  monnaie  en  or,  à  l'effigie  de  Philippe  de 
Macédoine. 

Une  lettre  de  M.  Dujarric-Descombes,  notaire  au  Grand-Brassac 
(Dordogne),  signale  un  émail  peint  représentant  saint  Jean- 
Baptiste  et  signé  P.  N.  (Pierre  Noualhier),  conservé  dans  l'église 
du  Grand-Brassac.  M.  Louis  Guibert  croit  se  rappeler  qu'à  l'ex- 
position de  Tulle  figurait  un  saint  Jean-Baptisle,  eu  grisaille, 
du  même  artiste. 

MM.  Arsène  Brouard,  naturaliste  à  Limoges,  et  Bellet,  insti- 
tuteur communal  à  Saint-Maurice  (Creuse),  présentés  à  la  der- 
nière séance,  sont  admis,  au  scrutin  secret,  le  premier  comme 
membre  titulaire,  et  le  second  comme  membre  correspondant  de 
la  Société. 

MM.  Louis  Guibert  et  P.  Ducourtieux  présentent,  comme 
membre  correspondant,  M.  Genesteix,  ancien  notaire,  rue  du 
Petit-Maure»  à  Poitiers, 


464  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   BISTOIUQUR   DU   LIMOUSIX. 

De  la  pari  de  M.  l'abbé  Lecler,  M.  Louis  Guibert  communique 
à  la  Société  un  fort  intéressantir/nu^  en  argent,  avec  traces  d'une 
décoration  émaillée  bleu  et  rouge,  ayant  contenu  uue  parcelle 
du  bois  de  la  Yraie  Croix,  et  une  jolie  buratte  en  cristal  taillé, 
qui  contenait  une  dent  de  saint  Léonard.  Le  tout  se  trouvait  an 
sommet  du  clocher  de  Saint-Léonard. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  la  notice  de  M.  Paul 
Ducourtieux  sur  la  vente  de  la  bibliothèque  limousine  de 
M.  Auguste  Bosvieux.  On  sait  combien  Taiicien  archiviste  de  la 
Creuse  a  travaillé  en  vue  do  recueillir  des  notes,  d'abord  concer- 
nant l'histoire  de  Saint-Yrieix,  sa  ville  natale,  ensuite  concer- 
nant l'histoire  et  la  géographie  de  la  Marche.  Ce  qu'on  connait 
moins,  c'est  le  soin  avec  lequel  ce  laborieux  savant  avait  composé 
sa  bibliothèque,  où  abondaient  les  livres  rares  et  précieux  pour 
l'étude  du  passé  de  notre  province.  Le  but  de  Bosvieux  était  de 
dresser  un  catalogue  raisonné  de  tous  les  documents  imprimés 
pouvant  se  rapporter  à  cette  étude.  11  est  mort  avant  d^avoir 
achevé  ce  grand  inventaire;  mais  les  fiches  du  catalogue  de  sa 
bibliothèque  —  fiches  que  le  comité  de  la  Bibliothèque  de  Limo- 
ges fit  copier  il  y  a  quelques  années  —  fourniront  bien  des  don- 
nées à  l'homme  qui  entreprendra  ce  travail. 

Il  eût  été  à  désirer  que  cette  collection  ne  fût  pas  dispersée. 
Des  tentatives  furent  faites  à  diverses  reprises  pour  obtenir  qu'elle 
fût  acquise  parla  ville  de  Limoges;  mais  elles  ne  purent  aboutir. 
Au  cours  des  pourparlers  qui   eurent  lieu  à  cette   occasion, 
MM.    Arbellot,    Fage,    Ducourtieux,    Tandeau   de    Marsac   et 
Guibert  furent  chargés  d'étudier  le  calalogue  et  de   fixer  le 
prix  qui  pouvait  être  oflfert  par  la  ville:  ils  indiquèrent  six  mille 
francs.  Rien  n'ayant  pu  être  conclu,  la  famille  se  décida,  il  y  a 
deux  ans,  à  céder  pour  6,500   fr.  ou  7,000  fr.   a-t-on  dit,  à 
M.  Claudin,  la  précieuse  bibliothèque,  qui  a  été  vendue  aux 
enchères,  à  Paris,  au  mois  de  décembre  1887.  Cette  vente,  bien 
que  faite  dans  des  circonstances  peu  favorables  et  à  une  époque, 
semble-t-il,  mal  choisie,  n*en  a  pas  moins  produit  des  résultats  au- 
dessus  de  toute  attente.  Le  total  des  vacations  ne  s'est  pas  élevé 
à  moins  de  12,600  fr.  Certains  volumes  ont  atteint  des  prix  très 
élevés  ;  ainsi  la  plus  ancienne  édition  des  Coutumes  de  la  Marche  a 
été  adjugée  à  645  fr.;  les  Heures  de  Limoges ,  à  545  fr.;  les  Heures 
de  Notre-Dame  (Barbon,  1582),  à  200  fr.  ;  ï Historique  monumental^ 
de  Tripon,  à  175  fr.  ;  la  Vie  des  Saints  du  Limousin^  de  Collin, 
à  106  fr.  Les  deux  plus  forts  acheteurs  ont  été  M.  Tandeau  de 
Marsac,  notaire  à  Paris,  et  la  Bibliothèque  communale  de  Li- 
moges, laquelle  s'est  rendue  adjudicataire  de  154  ouvrages, payés 
2,987  francs. 


PROGÈS-VKRBAUX   DES  SÉANCES.  465 

Beaucoup  de  volumes  resteront  en  Limousin  ou  du  moins 
dans  des  bibliothèques  limousines;  mais  on  doit  regretter  qu*une 
collection  réunie  avec  tant  de  peine,  de  soin  et  d'intelligence,  en 
vue  de  l'étude  de  Thistoire  de  nos  contrées,  n'ait  pas  été  acquise 
tout  entière  par  la  Bibliothèque  de  Limoges. 

M.  Joseph  Dubois  esquisse  à  grands  traits  l'histoire  de  l'église 
collégiale  d'Ëymoûtiers,  qui  se  lie  étroitement  à  l'histoire  de 
cette  intéressante  et  curieuse  ville.  Saint  Psalmet  parait  avoir  le 
pi*emier  marqué  l'emplacement  de  celle-ci  en  établissant  sa 
cellule  sur  les  bords  de  la  Vienne.  Le  chapitre  est  d'origine  fort 
ancienne.  A  la  fin  du  x"  siècle,  des  religieux  furent  installés  à 
Bymoûtiers  par  un  évoque  de  Limoges;  il  est  probable  qu'ils  y 
remplaçaient  d'anciens  chanoines.  Cette  communauté,  d*ailleurs, 
ne  s^s  maintint  pas  longtemps  :  le  chapitre  fut  rétabli  ou  établi  au 
commencement  du  xi*  siècle.  Il  compta  jusqu'à  trente  membres; 
ce  nombre,  au  xviii»  siècle,  était  réduit  de  moitié. 

La  fondation  du  collège  d'Ëymoûtiers  paraît  due  aux  chanoines. 
Tout  au  moins  rencoutre-t-on  des  legs  et  donations  faits  par  plu- 
sieurs d'entre  eux  à  son  proGt. 

M.  Dubois  décrit  la  grande  église  qui  est  restée  le  principal 
monument  d'Ëymoûtiers  et  du  c:iuton;  il  parle  de  ses  stalles 
sculptées,  de  ses  magnifiques  vitraux  du  xv*  siècle,  qu'on  tient 
pour  les  plus  beaux  de  tout  le  Limousin. 

Les  savants  du  Périgord  semblent  avoir  juré  de  prendre  au 
Limousin,  l'une  après  Tautre,  t(mtes  ses  illustrations.  M.  l'abbé 
Pergot,  curé  de  Terrasson,  tentait  naguère  de  nous  enlever  saint 
Yaast.  C'est  maintenant  le  tour  de  M.  Dujarric-Descombes,  qui 
veut  arracher  à  Eymoûtiers  Gabriel  Ruben,  pour  le  donnera 
Nontron.  M.  Tabbé  Arbellot  qui  s'est  donné  la  mission  de  veiller 
sur  nos  gloires  limousines,  réfute  la  thèse  de  M.  Dujarric- 
Descombes  plus  aisément  encore  qu'il  u'aréfuté  celle  de  M.  l'abbé 
Pergot.  11  rappelle  que  le  chanoine  Gollin,  contemporain  de 
Gabriel  Ruben,  place  celui-ci  parmi  les  Limousins  célèbres,  et  le 
fait  naître  à  Eymoûtiers.  Gabriel  Ruben  lui-même,  dans  l'épi- 
taphe  de  son  frère,  dit  expressément  que  celui-ci  est  natif  d'Ëy- 
moûtiers. La  tradition  constante  de  cette  origine  a  été  confirmée 
au  dernier  siècle  par  les  témoignages  de  l'abbé  Dutheil,  curé 
d'Ëymoûtiers,  et  du  savant  abbé  Nadaud,  curé  de  Teyjac,  —  de 
la  paroisse,  précisément,  dont  M.  Dujarric-Descombes  veut  faire 
le  lieu  de  naissance  de  Gabriel  Ruben. 

C'est  un  écrivain  de  1  Oratoire,  le  P.  Battarel,  qui,  le  premier, 
a  écrit  que  Gabriel  Ruben  était  originaire  de  Treijac  {sic).  Il  a 
pu  être  induit  en  erreur  par  ce  fait  que  Jacques  Ruben,  frère  de 


466  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   RT   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

Gabriel,  était  mort,  en  effet,  à  Teyjac.  Mais  cette  erreur,  copiée 
par  l'abbé  Tabaraud,  ne  fournit  pas  un  fondement  suffisant  aux 
prétentions  de  nos  voisins.  Il  y  a,  au  xtii*  siècle,  des  Ruben  à 
Nontron  et  à  Teyjac  ;  mais  on  en  connaît  à  Eymoûtiers  dès 
lexv«. 

M.  Guibertaété  chargé  par  M.  de  Senneville  de  donner  quel- 
ques indications  à  la  Société  archéologique  sur  l'étal  d'avance- 
ment de  son  travail  relatif  au  cartiilaire  du  prieuré  d'Aureil,  dont 
M.  Senneville  veut  bien  préparer  la  publication.  Il  y  joindra,  sur 
la  demande  qui  lui  en  a  été  faite,  le  cartulaire  de  l'Artige,  très 
court  et  se  rapportant  à  la  môme  période.  Les  chartes  sont  copiées, 
classées,  annotées  et  l'introduction  rédigée  en  partie.  M.  Guiberi 
donne  lecture  de  quelques  pages  de  cette  introduction.  Elles  ont 
trait  à  l'état  matériel  du  manuscrit,  à  sa  date,  etc.  M.  de  Senne- 
ville, entre  autres  questions,  se  pose  celle-ci  :  le  cartulaire 
d'Aureil  est-il  delà  main  même  de  saint  Gaucher,  fondateur  du 
prieuré,  comme  on  l'a  prétendu?  Il  estime  que  non  ;  on  ne  sau- 
rait toutefois  douter  que  ce  cartulaire  ne  remonte  au  temps  de 
saint  Gaucher  ou  aux  premières  années  de  l'administration  de 
son  successeur. 

l^  comité  de  publication  de  la  Société  se  propose  de  faire 
paraître  les  cartulaires  d'Aureil  et  de  l'Artige  aussitôt  après  Tim- 
pression  de  celui  de  Vigeois,  dont  s'occupe  M.  B.  de  Montégut.  Ce 
dernier  formera,  i  moins  de  contre-temps  imprévu,  l'unique 
livraison  du  Bulletin  de  1889.  Tout  le  texte  est  imprimé. 

Une  question  est  posée  au  Secrétaire  général,  au  sujet  de  la 
publication,  depuis  si  longtemps  réclamée,  de  l'ancien  cartu- 
laire du  Consulat  de  Limoges.  Répondant  à  cette  interpellaliou, 
M.  Guibert  rappelle  qu'en  1877,  M.  Gustave  Beaure  d'Augères 
a  bien  voulu  se  charger  de  cette  laborieuse  tâche.  Le  registre  a 
été  intégralement  copié,  avec  beaucoup  de  soin  ;  le  travail  d  an- 
notation doit  être  fort  avancé,  et  il  y  a  lieu  d'espérer  que 
M.  Beaure  d'Augères  ne  tardera  pas  à  faire  part  à  la  Société  de 
ses  vues  relativement  à  cette  importante  publication. 

Le  Secrétaire  général, 

Louis  GUIBBRT. 


FftOCBS-VERBAUX   DK8  SÉANCCS.  467 


SÉANCE  DU  30  OCTOBRE  1888. 


I^r^sldence  de  M.  le  chanoine  A.RBKIJL<OT»  Président. 

Présents:  MM.  Arbellot,  Astaix,  Hervy,Cournuéjouls,  Ducour- 
lieux,  René  Page,  Fray-Fournier,  Hersant,  Cam.  Jouhaiineaud, 
Judicis,  l'abbé  Lecler,  Alfred  Leroux,  P.  Mariaux,  le  chanoine 
Tandeau  de  Marsac  et  Louis  Guibert,  secrétaire 

M.  le  président  donne  communication  des  ouvrages  et  publi- 
cations reçus  depuis  la  dernière  séance;  il  mentionne  entre 
autres  le  recueil  de  Livres  de  raison  limousins  et  marchais, 
publié  par  MM.  Louis  Guibert,  Alfred  Leroux,  de  Cessac  et 
l'abbé  Lecler,  renfermant  des  documents  précieux  pour  l'histoire 
de  la  famille  et  des  mœurs  dans  notre  province  ;  —  des  lettres  iné- 
dites de  notre  célèbre  compatriote,  Marc-Antoine  Muret,  décou- 
vertes par  M.  A.  Bertolotti,  archiviste  de  TÉtat,  à  Mantoue;  une 
notice  sur  les  Peintures  de  l'autel  de  Saint-Victurnien  et  une  autre 
sur  ï Ecole  d* orfèvrerie  monastique  de  Grandmont  et  sur  l'autel  ma- 
jeur de  l'abbaye,  par  M.  Louis  Guibert;  une  étude  sur  le  château 
de  Maroile  en  Périgord,  par  M.  Dujarric-Descombes,  avec  un 
beau  dessin  de  M.  de  Verneilh;  un  remarquable  article  sur  le 
poète  «  séraphique  »,  Martial  de  Brive,  par  M.  Clément  Simon, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  historique  de  Brive; 
diverses  publications  de  MM.  Leroux  et  René  Fage,  dans  le  Bulle- 
tin de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Talle;  un  travail  sur 
le  Graduel  de  la  Bibliothèque  commun  île  de  Limoges  et  plusieurs 
autres  communications  de  M.  Louis  Guibert  dans  le  Bulletin  du 
comité  des  travaux  historiques,  etc.,  etc. 

On  a  signalé  Texistence  d'un  certain  nombre  de  lumuli  à 
Lafaye,  près  Quinsac,  à  quatre  kilomètres  environ  de  Saint- 
Yrieix.  M.  le  Président  donne  quelques  détails  à  ce  sujet. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  a  adressé  à  la  Société 
la  liste  des  sujets  sur  lesquels  le  comité  des  travaux  historiques 
appelle  l'attention  des  sociétés  savantes,  et  qu'il  désirerait  voir 
traiter  à  la  prochaine  i*éunion  annuelle  de  la  Sorbonne.  11  en 
sera  donné  lecture  à  la  séance  de  novembre. 

Le  conseil  municipal  de  Coussac-Bonneval  a,  comme  le  lui 
avait  proposé  la  Société,  abandonné  à  celle-ci  la  propriété  du 
fanal  funéraire  qui  existe  au  bourg,  à  la  charge  de  réparer  et 
d'entretenir  ce  petit  monument.  La  délibération  a  été  approuvée 
par  M.  le  Préfet.  M.  Jules  Tixier  est  allé  récemment  à  Goussac 


468  SOCIÉTÉ  auchAologique  et  historique  do  limousin. 

pour  étudier  Tétat  du  fanal  et  établir  un  devis  des  réparations 
nécessaires. 

M.  Louis  Guiberl  communique,  de  la  part  de  M.  Bellel,  mem- 
bre correspondant,  deux  documents  originaux  :  une  petite  charte 
de  1215,  relatant  un  don  fait  au  couvent  de  La  Saulière,  sous  le 
sceau  de  Guillaume  de  Malemort,  et  une  bulle  de  Clément  VI, 
approuvant  l'union  à  la  manse  abbatiale  de  Saint-Martial,  de  la 
prévôté  de  Pauazol  ou  des  Sécherres,  union  prononcée  en  1339 
par  Roger,  évêque  de  Limoges. 

M.  Louis  Guibert  fait  passer  sous  les  yeux  de  la  Société  un 
beau  dessin  de  M.  Bouidery,  représentant  la  vierge-dyptique  de 
M.  Hugonneau-Beauffet,  curé  de  Dournazac. 

M.  Paul  Genesleix,  ancien  notaire  à  Poitiers,  présenté  à  la 
dernière  séance,  est  élu  membre  correspondant  au  scrutin  secret. 

M.  Raynaud,  directeur  d'assurances,  vice-consuldu  Portugal,  est 
présenté  comme  membre  titulaire  parMM .  Judicis  et  Louis  Guibert. 

Au  cours  des  travaux  de  terrassement  qui  ont  été  récemment 
exécutés  â  Limoges,  dans  la  région  de  la  Croix- Verte  et  des 
Palisses,  auprès  de  l'embranchement  des  deux  lignes,  les  ouvriers 
ont  trouvé  des  vestiges  intéressants  de  constructions  appartenant 
â  Tépoque  gallo-romaine.  M.  Ducourtieux,  qui  a  relevé  avec 
soin  ces  découvertes,  en  entretient  la  Société. 

La  plus  importante  consiste  en  socles  et  fiUs  appartenant  à  une 
vingtaine  de  colonnes,  d'un  diamètre  moyen  de  îiO  centimètres, 
formant  une  seule  rangée  et  dont  une  partie  était  encore  debout. 

On  a  trouvé  également  une  sorte  de  puits  où  viennent  se  dé- 
verser à  diverses  hauteurs,  des  conduites  d'eau;  les  restes  d'une 
chaussée  remblayée  dès  une  époque  très  reculée;  des  tuyaux 
d'appareils  calorifères  en  briques;  des  pièces  de  monnaie,  au 
nombre  desquelles  un  grand  bronze  do  Néron,  très  beau;  trois 
vases  à  col  étroit  et  une  quantité  considérable  de  fragments  de 
poterie  dont  M.  Ducourtieux  et  M.  Hersant  présentent  de  nom- 
breux et  intéressants  échantillons.  Nous  y  retrouvons  les  chasses, 
lespersonnages  jouant  de  la  flûte  et  le  décor  un  peu  surchargé 
des  vases  recueillis  du  côté  de  la  nouvelle  route  d'Aixe. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  l'abbé  Lecler, 
relative  à  des  monnaies  d'or  trouvées  à  diverses  époques  et  sur 
différents  points  de  notre  ville.  M.  Lecler  fait  passer  sons  les 
yeux  de  la  Société  plusieurs  de  ces  pièces,  d'une  remarquable 
conservation  :  on  en  distingue  une  pi-ésentant  d'un  côté  une 
image  de  saint  Jean-Baptiste,  vêtu  d'un  manteau  à  poils  hérissés, 
et  de  l'autre  une  grande  fleur  de  lys  fleuronnée.  Notre  Musée 
possède  plusieurs  exemplaires  de  ce  type.  D'autres  sont  des  écus 
à  la  Couronne,  frappés  sous  le  règne  de  Charles  VI  parle  partidu 


\ 

PROCfts-VERBAUX   DES  SÉANCES.  469 

Dauphin;  la  plus  récente  appartient  au  règne  de  Louis  XIII 
et  porte  la  date  de  1629. 

M.  Leroux  a  cherché  à  déterminer  à  qui  nous  devons  le  pre- 
mier contexte  des  Annales  françaises  de  Limoges^  et  par  quels 
apports  successifs  ont  été  constituées  ces  annales,  dans  l'état  où 
les  ont  publiées,  en  1872,  MM.  Ruben,  Achard  et  Ducourtieux. 
L'étude  attentive  qu'il  a  faite  de  cet  ouvrage  et  les  recherches 
auxquelles  il  s'est  livré,  Font  conduit  aux  conclusions  suivantes, 
qu*il  développe  en  les  appuyant,  les  unes  de  preuves  positives, 
les  autres  d'indications  en  établissant  au  moins  la  probabilité. 

Le  premier  auteur  de  ces  annales,  Jean  de  Lavaud,  procureur 
au  siège  présidiai  de  Limoges,  a  d'abord  traduit,  en  dialecte 
limousin,  une  chronique  latine  du  xiv«  siècle,  proveuant  de 
l'abbaye  de  Saint-Martial;  puis  il  a  reproduit  cette  chronique  en 
français  et  l'a  poussée  jusqu'en  1538,  date  de  la  sécularisation  de 
la  grande  abbaye.  Sur  le  tard  de  sa  vie,  il  compléta  son  travail 
sous  le  titre  de  Rectteil  des  Antiquités  de  Limoges  et  donna  diverses 
listes  de  proconsuls,  de  vicomtes,  qu*on  retrouve  trente  ans  plus 
tard  dans  les  manuscrits  de  Tavocat  Etienne  Guibert. 

Un  anonyme,  qui  avait  consulté  les  sources  et  connaissait  de 
précieux  documents,  reût  ce  travail  sur  de  nouveaux  frais. 
M.  Leroux  a  cru  un  instant  pouvoir  attribuer  ce  remaniement  à 
Razès,  vicaire  de  1603  à  1631  à  Saint-Pierre-du-Queyroix.  Mais 
il  semble  plus  probable  qu'à  cette  partie  ou  plutôt  à  cette  phase 
de  la  composition  de  nos  annales,  on  doit  attacher  le  nom  du 
chanoine  Bandel,  grand  vicaire  et  officiai  de  Limoges,  né  en 
1570  à  Grandmant,  auteur  d'un  Traité  de  la  dévotion  dis  anciens 
chrétiens  à  saint  Martial^  et  qui,  au  témoignage  de  CoUin  et  de 
Baluze  et  au  sien  propre,  avait  copié  les  annales  de  Lavaud.  Il 
conduisit  ces  annales  jusqu'en  1556. 

Les  récits  mouvementés  qui  se  rapportent  à  la  période  de  1560 
à  1594,  et  qui  semblent  être  Tœuvre  d'un  témoin  oculaire,  sont 
peut-être  un  abrégé  de  cette  Historia  Lemovicum,  de  Nicolas  de 
Tralage, 'aujourd'hui  perdue.  Enfin,  les  morceaux  ayant  trait 
aux  années  1594  à  1632,  pourraient  être  mis  à  Tactif,  soit  du 
vicaire  Razès,  soit  du  chanoine  de  Cordes.  Jean  Bandel,  qui 
peul-étre  les  avait  coliigées,  y  ajouta  sans  doute  quelques  notes. 

Après  la  communication,  par  M.  Jjouis  Guibert,  de  deux 
pièces  fournissant  des  indications  précises  de  nature  à  modifier 
certaines  parties  de  la  biographie  de  Tabbé  Joseph  Nadaud, 
la  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie. 

Le  Secértaire  général, 

Louis  GuiBBFiT. 


f 


470  SOClèTÉ   ARCH6OLOCIQUB   ET   niSTOtlQUB   DU  LIMOI  81N. 


SEANCE  DU  27  NOVEMBRE  1888. 


Présidence  de  M*  le  chanoine,  AROBEiI^OX  Président. 

Présents  :  MM.  Arbellol,  Astaix,  Hervy,  J.-B.  Champeval, 
Cournuéjoals,  commandant  Dorai,  J,  Dubois,  Ducourlieux,  R. 
Fage,  Fray-Fournier,  Gany,  Gilbert,  Judicis,  G.  Jouhaunaud, 
abbé  A.  Leclerc,  A.  Leroux,  P.  Mariaux,  Nivel-Foutaubert,  C. 
Yergniaud  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Lecture  est  donnée  par  le  secrétaire  du  procès-verbal  de  la 
dernière  réunion,  gui  est  adopté,  après  échange  de  quelques 
observations  entre  M.  Judicis  et  M.  Ducourtieux,  au  sujet  des 
récentes  découvertes  faites  dans  les  terrains  de  la  Croix- Verte 
et  des  Palisses,  à  Limoges.  M.  Judicis  s'étonne  qu'on  n*ait  pas 
trouvé,  au  dessous  des  fragments  de  colonnes  rencontrés  près  de 
la  jonction  des  deux  lignes,  une  base  quelconque,  un  massif 
de  maçonnerie;  de  plus,  il  paraîtrait  que,  contrairement  à  ce 
qui  avait  été  dit  d'abord,  aucune  colonne  n'était  debout  :  toutes 
étaient  couchées,  dans  la  même  direction,  il  est  vrai,  mais  eo 
morceaux.  Il  faut  conclure,  de  ces  constatations,  que  le  terrain 
où  on  les  a  découvertes  n'était  pas  l'emplacement  même  de 
l'édifice  auquel  elles  appartenaient;  elles  ont  été  transportées  là 
et  y  ont  été  abandonnées,  on  ne  peut  dire  dans  quelles  circons- 
tances. 

Une  observation  faite  par  M.  Arbellot  à  l'occasion  d'un  passage 
du  procès-verbal  relatif  à  la  lecture  de  M.  Leroux  sur  les  sources 
et  les  premiers  auteurs  des  knnaU^  françaises  de  Limoges^ 
amène  M.  Leroux  à  rappeler  que  la  continuation  du  travail 
historique  de  Bernard  Gui  existe  à  la  Bibliothèque  vaticane,  à 
Rome. 

Passant  en  revue  les  publications  les  plus  intéressantes  reçues 
depuis  la  dernière  réunion,  M.  le  président  signale  tout  parti- 
culièrement une  brochure  de  M.  Emile  Du  Boys  :  Un  Magistrat 
du  xvi*  siècle^  renfermant  des  lettres  inédiles  de  Siméou  Du  Boys, 
et  une  notice  sur  ce  personnage,  qui  joua  un  rôle  si  considérable 
de  sou  temps;  le  récit  du  voyage  de  la  Société  Gf.y-Lussac 
en  Auvergne,  écrit  d'une  plume  agréable  autant  que  facile  par 
M.  Paul  Garrigou-Lagrange  et  accompagne  de  cTmnnaate  cro- 


procrs-veubaux  dks  séaitces.  471 

quis  de  M.  Jules  Tixier;  ÏAnnuaire-Àlmanach  de  la  Creuse,  pour 
1889,  publié  par  M.  Paul  Ducourtieux  et  où  se  trouve  la  suite 
du  Dictionruiire  topographiquey  archéologique  et  historique  de  la 
Creuse,  de  Tabbé  Lecler. 

Après  avoir  donné  lecture  d'un  compte  rendu  consacré  par  le 
Polybihlion  au  dernier  volume  du  Bulletin,  M.  le  président  com- 
muuique  la  circulaire  de  M.  le  ministre  de  l'instruction  publi- 
que, relative  â  la  réunion  des  Sociétés  savantes  en  1889  et  aux 
sujets  sur  lesquels  le  comité  des  travaux  historiques  appelle  de 
préférence  Tatlention  des  habitués  des  congrès  annuels. 

M.  Raynaud,  directeur  d'assurances,  vice-consul  du  Portugal, 
présenté  à  la  dernière  réunion,  est  admis,  au  scrutin  secret, 
comme  membre  titulaire. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  suite  de  la  lecture  de  M.  Leroux  sur 
les  Annales  françaises  de  Limoges.  L'obligeance  bienveillante  de 
M.  6.  Tandeau  de  Marsac,  notaire  à  Paris,  dont  la  riche  collec- 
tion est  bien  connne,  a  permis  à  M.  Leroux  d^étudier  un  pré- 
cieux manuscrit  de  ces  Annales.  Ce  volume,  acquis  par  M.  de 
Marsac,  en  même  temps  que  ÏHistoire  de  Grandmont,  de  l'abbé 
Legros,  et  annoté  du  reste  par  ce  dernier,  provient  évidemment 
des  i)apiers  du  laborieux  érudit,  aujourd'hui  en  la  possession  des 
prêtres  de  Saint-Sulpice  de  notre  séminaire.  M.  Leroux  y  recon- 
naît une  copie  des  Annales  de  Jean  de  Lavaud,  continuées  par 
le  prêtre  Razès,  dont  la  paternité  est  attestée  par  une  note  du 
continuateur. 

Le  cinquième  livre  est  tout  entier  une  addition  et  on  peut 
attribuer  à  Razès  lui-même  tout  ce  qui. est  postérieur  à  1603  et 
qui  paraît  être  un  travail  original.  Razès,  comme  plus  tard 
Pierre  Mesnagier,  s'est  contenté  de  continuer  Lavaud,  sans  le 
modifier.  C'est  en  cela  que  l'œuvre  de  l'un  et  de  l'autre  diffère 
de  l'œuvre  de  Bandel  :  celui-ci,  en  effet,  a  remanié  et  amplifié 
Lavaud.  Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  M.  Tandeau  de 
Marsac  mériterait  d'être  copié  eu  entier  et  publié. 

Prenant  occasion  de  la  lecture  de  M.  Leroux,  M.  le  président 
rappelle  que  les  savants  ne  se  contentent  plus  du  témoignage  des 
chroniqueurs,  mais  s'efforcent  de  remonter  aux  sources  des  chro- 
niques elles-mêmes  et  de  retrouver  les  écrits  primitifs  qui  ont 
inspiré  leurs  auteurs.  C'est  ainsi  qu'il  a  paru,  en  Allemagne,  un 
important  travail  sur  les  sources  de  l'œuvre  de  Grégoire  de 
Tours. 

Dans  sa  notice  sur  Vitrac,  M.  Arbellot  fait  remarquer  qu'en 
tête  do  son  Eloge  de  Marc-Antoine  Murets  figure  un  prétendu  por- 
trait de  Muret,  portant  l'indication  :  /.  Hainzelman  ad  vivum 


473  SOCIÉTÉ  arcbéologiniije  et  historique  ou  limousin. 

deL  et  se.  àParis^  1681.  De  quelpersoaaage  la  gravure  d*Haiiizel- 
raan  nous  conserve-l-eile  les  Irails?  M-  Emile  Du  Boys  croit 
avoir  trouvé  la  solutiou  de  ce  petit  problème.  Dans  une  intéres- 
sante note. adressée  à  la  Société,  il  émet  l'hypothèse  que  ce  portrait 
pourrait  être  celui  de  Pierre  Muret,  littérateur  français,  né  à 
Cannes,  attaché  à  l'ambassade  d'Espagne  en  1666  et  en  1667,  mort 
vers  1690. 

M.  Guibert  communique  à  la  Société  une  notice  de  M.  Mas- 
frand,  de  Rochechouart,  sur  le  tumulus  de  Lascaux,  commune 
de  Saint-Gyr.  Outre  une  grande  urne  cinéraire  de  45  centimètres 
de  hauteur,  on  y  a  trouvé  trois  autres  vases  dont  un  fort  beau, 
orné  d'un  décora  chevrons,  et  des  ossements  môles  de  charbons. 
Cette  sépulture,  comme  le  tumulus  de  la  forêt  de  Rochechouart, 
déjà  fouillé  par  M.  Masfrand,  paraît  appartenir  à  la  fin  de 
l'époque  du  bronze. 

L'histoire  de  Tinstruction  en  France  est  loin  d'être  faite  ;  celle 
de  Tinstruction  en  Limousin  a  été  esquissée  à  peine.  M.  Guibert 
a  entrepris  de  recueillir  ce  qu'on  en  sait  aujourd'hui.  Il  rappelle 
la  barbarie  et  l'ignorance  des  populations  après  la  conquête  fran- 
que;  les  efiorts  faiis  par  l'Eglise  pour  instruire  le  peuple,  la  pre- 
mière renaissance  des  études  sous  les  auspices  de  Gharlemagne. 
Dès  la  fin  du  x*  siècle  il  constate  l'existence  de  l'école  épiscopale 
de  Limoges  et  trouve,  dans  tous  les  monastères  du  pays,  des 
revenus  et  des  prébendes  destinés  à  l'entretien  des  écoles.  L'au- 
torité ecclésiastique  dirige  l'enseignement  public.  Toutefois,  les 
corps  municipaux  des  villes  s'afiranchissent  plus  ou  moins  com- 
plètement de  cette  tutelle.  M.  Guibert  parle  des  grandes  écoles  de 
Limoges,  de  Drive  et  des  écoles  plus  modestes  dont  il  a  pu  cons- 
tater l'existence.  Il  finit  en  disant  un  mot  des  collèges.  Celui  des 
Jésuites  de  Limoges  compta  plus  d'un  millier  d'élèves  vers  1620  ; 
celui  de  Tulle  n'en  avait  pas  moins  de  cinq  cents  en  1622.  Sans 
parler  des  établissements  spéciaux  de  Paris  et  de  Toulouse  où 
des  places  étaient  réservées  aux  enfants  de  notre  province,  il 
n'existait  pas  moins  de  vingt-quatre  ou  vingt-cinq  collèges  dans  la 
Marche  et  le  Limousin.  La  plupart,  il  est  vrai,  étaient  de  peu  d'im- 
portance et  le  programme  de  l'enseignement  devait  y  être  assez 
limité. 

L'histoire  des  petites  écoles  est  plus  difiicile  à  saisir  que  celle 
des  collèges.  Hors  des  villes  et  sauf  dans  quelques  bourgs  où  la 
communauté  des  habitants  paraît  avoir  organisé  elle-même 
récole,  avec  le  concours  de  personnes  charitables,  la  plupart  des 
maîtres  sont  nommés  par  l'évêque.  Tous  doivent  être  approuvés 
et  autorisés  par  lui.  Ils  sont  placés  sous  la  surveillance  des  ecclé- 
siastiques chargés  de  la  visite  des  paroisses. 


PROCÂS*VERBAUX    DBS  SÉANCES^  473 

M.  Guibert  arrête  là  sa  lecture.  11  donnera  à  la  prochaine 
réanion  quelques  renseignements  sur  les  écoles  de  campagnes 
el  sur  les  établissements  consacrés  à  l'inslructiou  des  filles. 

Le  dernier  mardi  de  décembre  coïncidant  avec  la  fêle  de  Noël, 
la  réunion  du  mois  prochain  aura  lieu,  suivant  l'usage,  le  ven- 
dredi d'après,  28  décembre. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire  général, 

Louis   GUIBBRT. 


SEANCE  DU  28  DECEMBRE  18'<8 


Présidence  de  M.  le  chanoine  AltBEEiLiOT»  PréMldent. 

Présents  :  MM.  Arbellot,  Astaix,  E.  Hervy,  Bourdery,  de 
Bruchard,  Cournuéjouls,  P.  Ducourtieux,  Judicis,  A.  Leroux,  L. 
Moufle,  Nivet-Fonlaubert,  chanoine  Tandeau  de  Marsac,  C.  Ver- 
gniaud  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  ladoplion  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  M.  le  président  signale  à  la  Société  les  ouvrages  reçus 
depuis  la  fin  de  novembre. 

Il  mentionne,  tout  spécialement,  les  Almanachs  limousins  pour 
la  Haute- Vienne  et  pour  laCorrèze,  offerts  par  l'éditeur,  M.  Paul 
Ducourtieux,  et  dont  la  partie  historique  sera,  comme  d'habi- 
tude, lue  avec  un  vif  intérêt  ;  dans  le  Gay-Litssac,  les  articles  de 
MM.  Cantillon  de  Trament  et  René  Fage  sur  l'excui'sion  faite  par 
la  Société  Gay-Lussac  en  Périgord,  et  les  gracieux  dessins  de 
M.  Jules  Tixior  qui  accompagnent  le  premier  de  ces  articles; 
dans  la  même  revue,  quelques  pages  de  M.  Masfrand,  de  Roche- 
chouart,  sur  la  grotte  sépulcrale  de  Corgnac;  —  un  compte- 
rendu  de  la  notice  sur  les  Mises  au  tombeau,  de  M.  l'abbé  Lecler, 
publié  dans  la  Revue  de  l'art  chrétien,  par  Mgr  Barbier  de  Mon- 
tault;  —  un  autre  opuscule  de  Mgr  Barbier  de  Montault  sur  le 
transport  du  Saint-Sacrement  quand  le  Pape  voyage;  enfin,  quel- 
ques notes  de  M.  Emile  Du  Boys  insérées  dans  le  Bulletin  du 
Bibliophile,  et  accompagnant  une  notice  d'Auguste  Du  Boys  sur 
le  poète  Jacques  Daurat. 

T.  XXXVII  31 


474  SOCIÉTÉ   ARCBÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU  LIUOt)Sl?f. 

M.  Dubédat»  membre  honoraire  de  la  Sociélé,  a  bieu  voulu  lui 
adresser  un  exemplaire  de  la  réimpression  d*une  curieuse  pla- 
quette iutitulée  :  Récit  véritable  des  choses  étranges  et  prodigiewes 
arrivées  en  l'exécution  de  trois  sorciers^  à  Limoges^  1630.  Ce  rare 
opuscule,  dont  la  Bibliothèque  nationale  et  plusieurs  bibliothè- 
ques particulières  possèdent  des  exemplaires,  rapporte  les  détails 
de  la  triple  exécution  qui  eut  lieu  au  creux  des  Arènes  à  cette 
date.  Trois  malheureux  paysans  d'Erain,  près  le  château  de 
Rochefort,  paroisse  de  Séreilhac,  nommés  Paulier,  Galletou  et 
/ûSAOi*;  furent  pendus  comme  sorciers  avérés;  on  prétendit  que 
le  diable,  sous  la  forme  d'une  mouche  énorme,  était  sorti  de 
Toreille  de  Paulier,  et  avait  failli  faire  rouler  au  bas  de  l'échelle 
le  bourreau  terrifié.  Pierre  Robert  pourrait  bien  être  l'auteur  do 
cette  narration. 

Il  n'existe  pas,,  dans  tout  le  Limousin,  de  monumeut  de  la 
Renaissance  aussi  précieux  que  le  Jubé  de  la  Cathédrale  de 
Limoges.  On  a  dû  récemment  le  déplacer  pour  dégager  la  nef 
qu'il  obstruait  et  le  transporter  à  l'entrée  de  l'église,  contre  le 
narthex.  Il  y  a  cent  ans,  un  transfèrement  analogue  avait  causé 
à  Ci»tte  magnifique  page  de  sculpture  d'assez  graves  dégâts.  Le 
déplacement  auquel  on  procède  eq  ce  momept  s'opère  avec  lout 
Je  soin  possible  ;  mais  il  ne  s'eifectue/'a  pas  sans  une  assez  grosse 
dépense.  Mgr  l'évéque  de  Limoges  a  écrit  à  la  Société  archéolo- 
gique pour  demander  son  concgurs  ;  M.  le  président  donne  lec- 
ture de  la  lettre  de  Mgr  Renouard. 

La  Société  a  voté  naguère,  à  titre  tout  exceptionnel,  une  allo- 
cation de  1,000  francs  pour  l'achèvement  de  la  cathédrale  ;  la 
subvention  de  l'Etat  dont  elle  jouissait  lui  ayant  été  retirée,  elle 
ne  saurait  aujourd'hui,  malgré  tout  l'intérêt  qu'elle  attache  aux 
travaux  du  jubé,  renouveler  une  libéralité  trop  peu  en  rapport 
avec  l'état  de  ses  ressourcus  ;  elle  tiendrait  cependant  à  marquer 
sa  respectueuse  déférence  au  désir  de  Mgr  Renouard  et  à  s'asso- 
cier, au  moins  par  un  témoignage  de  sympathie,  à  l'œuvre  pour 
•laquelle  son  concours  est  réclamé. 

M.  Guibert  rappelle  que  100  francs  ont  été  alloués  pour  la  res- 
tauration du  clocher  de  Saint-Léonard  et  propose  de  voter  pareille 
somme.  Cette  proposition  est  adopiée.  M.  le  président  voudra 
bieu  en  informer  Mgr  l'évéque  de  Limoges  et  lui  exprimer  le  vif 
regret  qu'éprouve  la  Société  de  lui  envoyer  une  aussi  niodeste 
oQ'rande  :  ses  ressources  disponibles  ne  sont  pas  à  la  hauteur  de 
son  bon  vouloir. 

M.  le  président  annonce  à  la  Société  la  mort  réceute  de 
M.  Duplès-Agier,  membre  correspondant,  et  rappelle  Timponaai 


PROCKS-VCHBAUX   DBS   Sb'ANCES.  475 

service  que  ce  laborieux  érudit  a  rendu  à  Thistoire  limousine  en 
publiant  les  chroniques  de  Tabbaye  de  Saint-Marlial. 

De  la  part  de  M.  Bouillaud,  vicaire  de  Saint-Pierre,  M.  Tan- 
deau  de  Marsac  offre  à  la  Société  une  petite  pièce  d'argent  avec 
la  lôte  barbue  de  saint  Martial  (de  celles  qu'on  appelait  barbarins, 
barbariniy  barbata  moneta).  M.  Astaix  l'examine  et  la  trouve  con- 
forme au  type  d'un  grand  nombre  de  pièces  de  même  espèce 
découvertes  naguère  dans  un  vieux  mur  à  Saint- Yrieix. 

M.  Arbellot  présente  à  la  Société  deux  curieuses  statuettes  en 
bronze  provenant  du  pays  des  Ashantis. 

M.  L.  Guibert  a  été  chargé  par  M.  Paul  Lagrange,  demeurant 
au  Masrévéry,'  d'informer  la  Société  d'une  inlérei^sante  trouvaille 
récemmentfaile  sur  les  limites  des  communes  de  Saint-Léonard 
et  de  La  Geneytouse  :  on  a  mis  au  jour  plusieurs  pierres,  trois 
au  moins,  présentant  une  cavité  qui  renfermait  de  belles  urnes 
en  verre  et  de  petits  vases  de  terre.  Dans  les  urnes  se  trouvaient 
des  charbons  et  des  ossements  ;  l'une  d'elles  contenait,  en  outre, 
une  bague  sans  chaton  et  plusieurs  feuilles  de  laurier  en  or. 

Une  seule  médaille  a  été  découverte,  M.  Lagrange  ne  Pavait 
pas  vue  et  n'a  pu  dire  à  quelle  efïîgie  elle  avait  été  frappée. 

Ces  vases  funéraires  supportaient  des  couvercles  en  forme  de 
cônes  ou  de  pommes  de  pin  analogues  à  ceux  déjà  signalés  à 
Bersac  et  ailleurs. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  compte-rendu  de  la  gestion  du  tré- 
sorier pour  l'exercice  de  4888.  M.  BôurJery,  trésorier,  constate 
que  les  cotisations  ont  été  payées  avec  régularité,  et  que  cinq 
seulement  restent  .arriérées.  La  situation  financière  est,  en 
somme,  satisfaisante,  et  malgré  les  frais  occasionnés  par  la  publi- 
cation du  Bulletin  exceptionnel  consacré  à  l'Exposition  de 
Limoges  de  1886,  la  réserve  s'est  notablement  accrue. 

Toutefois,  le  chiffre  de  l'actif  au  31  décembre  1888  ne  doit  pas 
faire  illusion.  La  Société  a  des  engagements  à  remplir,  qui 
absorberont  une  notable  partie  de  cet  actif;  elle  a  touché  une 
subvention  du  ministère  pour  la  publication  du  cartulaire  de 
Vigeois,  dont  Timpression  n'est  pas  encore  terminée  ;  son  Bulletin 
a  plus  d*une  année  de  relard  ;  enfin,  il  y  aura  sous  peu  à  payer  à 
l'imprimeur  le  quatrième  volume,  actuellement  sous  presse,  des 
Registres  consulaires^  volume  pour  lequel  l'allocation  du  Conseil 
municipal  a  été  intégralement  versée.  Il  convient  donc  de  ne  pas 
se  départir  d'une  stricte  économie. 

_    M.  Bourdery  résume  par  les  chiffres  suivants  les  opérations  de 
l'exercice  1888  et  l'état  des  finances  de  la  Société  archéologique  ; 


i76  SOCIKTÊ   AP.CHi^.OLOGltiUE  ET   B1ST0R100K   DO   LIMOUSIN. 

RECETTES. 

l""  Cent  quarante  colisation^  de  membres  titu- 
laires  pour  I88S 2.100    » 

2*»  Quarante-cinq  cotisations  de  membres  corres- 
pondants pour  1888 315    » 

3°  Cotisations  arriérées 1 .453    » 

4®  Subvention  du  Conseil  général 500    » 

5*>  Allocation  de  la  ville  de  Limoges  pour  la  publi- 
cation des  Registres  consulaires »      >» 

6°  Produit  de  la  vente  des  bulletins  et  publications 
de  la  Société 303  50 

?•  Intérêts  d'argentet  boni  sur  frais  d'encaissement.  34  35 

Total  des  receltes 4.705  85 

DÉPENSES. 

1<»  Impression  du  Bulletin 3.668  50 

2*>  Publication  des  Registres  consulaires »      » 

3"  Allocations  à  des  publications  d'histoire  locale. .  150    » 
4«  Hibliothèquo  de  la  Société  :  acquisitions,  abon- 
nements, reliure,  rayonnage 121  25 

5°  Appointements  de  l'encaisseur 100    » 

6^  Chauffage,  éclairage,  service  des  séances 66  60 

7"  Ports,    fournitures,   diplômes,    impressions    et 

divers 403  80 

Total  des  dépenses 4.510  15 

D'où  un  excédent  de  recettes  de  195  fr.  70  :  l'avoir  de  la 
Société  se  trouve  porté  à  5,542  fr.  05,  sans  y  comprendre  le  mon- 
tant de  la  créance  Renon  (670  francs). 

M.  le  président  remercie,  au  nom  de  la  Société,  M.  Bourdery 
de  son  comple-i'endu  et  le  félicite  des  résultats  qui  a  obtenus.  Us 
sont  dûs  sans  doute  à  la  bonne  volonté  de  tout  le  monde,  mais 
avant  tout  à  la  sollicitude  et  au  zèle  du  trésorier.  Une  bonne 
gestion  fluancière  est  la  condition  indispensable  de  la  prospérité 
d'une  Société. 

M.  Bourdery  continuera  à  mériter  la  gratitude  de  ses  collè- 
gues en  donnant  ses  soins  dévoués  à  l'important  service  dont  il  a 
bien  voulu  accepter  la  charge. 

M.  le  chanoine  Arbellot  évoque  une  mémoire  bien  oubliée  :  I^ 
Dorât  n'a  pas  assez  gardé  le  souvenir  d'un  de  ses  enfants,  Jean 
Prévost,  qui  cependant  mérite  l'attention  des  érudits  et  des  litté* 
rateurs. 


PROCÈS- VERBAUX  DES  SÉANCES.  VTJ 

Prévost  était  avocat  et  se  délassait  des  travaux  du  barreau  eu 
cultivant  la  poésie.  Père  de  quatre  enfants  et  daus  une  position 
de  fortune  médiocro,  le  poète  recueillit  un  héritage  qui  devint 
pour  lui  la  source  de  toutes  sortes  de  tribulations;  il  eut  même 
des  démêlés  à  ce  sujet  avec  la  justice  et  fut  jeté  en  prison. 

Mort  à  Paris  en  1622,  Prévost  a  laissé  deux  volumes  de  poésies 
devenues  fort  rares. 

M.  Àrbellot,  qui  les  à  trouvés  dans  la  riche  bibliothèque  de 
M.  6.  Tandeau  de  Marsac,  notaire  à  Paris,  donne  un  aperçu  de 
leur  contenu.  Le  premier,  imprimé  en  1610,  par  Robert  Eslienne, 
renferme  notamment  la' traduction  en  vers  d^une  Imprécation 
contre  le  parricide^  poème  latin  composé  par  Nicolas  Bourbon,  à 
Toccasion  de  l'assassinat  d'Henri  lY.  Le  second,  paru  à  Poitiers, 
chez  Julian  Taureau,  en  1613-1614,  renferme  des  tragédies, 
une  apothéose  d'Henri  IV,  enfin,  sous  le  titre  de  Bocage,  un 
recueil  de  poésies  diverses.  M.  Arbellot  lit  quelques  passages  do 
la  tragédie  de  Tumus  et  de  celle  de  Clotitde.  Le  sujet  de  cette  der- 
nière, composée  sur  la  demande  de  Joseph  Chalard,  de  Saint- 
Léonard,  est  emprunté  à  la  vie  du  patron  de  cette  ville.  Prévost 
met  en  scène  l'heureuse  délivrance  de  la  reine  des  Francs  à  la 
prière  de  Termite  de  Noblat. 

M.  Guibert  continue  la  lecture  de  sa  notice  sur  Y  Instruction 
primaire  en  Limoitsin  avant  17^9.  Il  cire  quelques  pièces  relatives 
à  rintervenlion  des  communautés  rurales  soit  dans  le  choix  de 
l'instituteur  ou  la  fixation  de  ses  honoraires,  soit  dans  la  fonda- 
tion même  et  Torganisation  de  l'école.  Il  constate  qu'on  ne 
trouve  pas,  en  dehors  des  monastères,  de  traces  de  Texistence 
d'anciennes  écoles  de  filles.  L'honneur  d*avoir  établi  dans  nos 
contrées  l'instruction  primaire  pour  les  filles  des  classes  labo- 
rieuses, revient  aux  Ursulines,  qui  jouirent,  dans  la  province, 
d'une  grande  popularité  et  qui,  après  les  débuts  les  plus  modes- 
tes, comptèrent  jusqu'à  trois  cents  religieuses,  réparties  entre 
quinze  ou  vingt  maisons,  dans  les  deux  diocèses  de  Limoges  et 
de  Tulle. 

M.  Guibert  fait  ensuite,  sous  le  bénéfice  des  plus  expresses 
réserves,  un  essai  de  statistique  de  l'instruction  primaire  dans  la 
Haute- Vienne,  entre  les  dates  extrêmes  de  1600  et  )850. 

Le  Secrétaire  général^ 

Louis   GUXBBHT. 


LISTE 

DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

AU  MOMENT  DE  LA  PUBLICATION  DU  BULLETIN 


BUREAU. 


Président-né.  —  M.  le  Pbéfet  de  la  Haule-Vienne(4). 

Président.  —  M.  Tabbô  Arbellot,  A.  y  f . 

Vice-Présidents,  ■—  MM.  Astaix,  ijfe,  1.  P.  y,  Hervy  (Emile)  el  Garhicou- 

Lagrange  (Joseph). 
Secrétaire  général,  —  M.  Guibert  (Louis),  A.  y. 
Trésorier,  —  M.  Bourdery  (Louis),  ^. 
Secrétaire.  —  M.  Fagk  (René),  A.  y. 
Bibliothécaire- archioiste,  —  M.  Leroux  (Alfred),  A.  i^. 
Adjoints,  —  MM.  Moufle  (Léonard)  ei  Marbouty  (Camille). 

CONSEIL  D'ADMlNISTRATlOiN. 

MM.  les  Membres  du  Bureau. 
M.  Tabbé  Tandeau  de  Marsac. 
M.  DucouRTiEUx  (Paul),  A.  ^. 
M.  Nivet-Fontaubert. 

COMITÉ  DE  PUBLICATION. 

MM.  LE  Pr^.sinent,  les  Vice-Présidents,  le  Secrétaire  général. 

M.  Leroux  (Alfred),  A.  i^, 

M.  Tabbé  Lecler. 

M.  JouHANNBAUD  (Camille). 

M.  Beaure  o*Augères  (J.-B.-Guslave). 

M.  TixiER  (Jules). 

Commission  chargée  de  la  publication  des  Registres  consulaires  de  la 
ville  de  Limoges, 

M.  GuiBERT  (Louis),  Secrétaire  général  de  la  Société. 

M.  DE  Brqchard  (Jean). 

M.  Fougeras-Lavergnolle  (Gaston). 

M.  Marbouty  (Camille). 

M.  Mariaux  (Paul). 

H.  Moufle  (Léonard). 

(1)  La  Société  a  été  fondée  le  26  décembre  1845,  et  s'est  constituée  à  la  saite  de  la  nomina- 
tion d'une  commission  pour  la  recherche,  l'étude  et  la  conservation  des  monuments  histo- 
riques, désignée,  le  3  du  même  mois,  par  M.  L.  liiorisot,  préfet  de  la  Haute*  Vienne. 


LISTE  DES  3lEliBRKS.  479 

MEMBRES  RÉSIDANTS 

MM. 

Arbkllot  (l'abbé),  A.  ^  f ,  chanoine  de  Limoges,  correspondanl  honoraire 
du  Comité  des  travaux  historiques,  boulevard  de  la  Corderie,  49. 

AsTAix  >{>,  I.  P.  ^,  directeur  honoraire  de  l'Ecole  de  médecine,  8,  rue 
Pont-Hérisson. 

NivKT-FoNTAUBERT,  aucieu  directeur  d'assurances,  à  Aixe-sur-Vienne. 

PouYAT  (Emile)  ij^,  négociant,  S,  cours  Jourdan. 

Drisset  (Frédéric),  ancien  juge  au  tribunal  civil,  boulevard  de  la  Promenade. 

Graves  (le  comte  de),  propriétaire,  à  Verneuil-sur-Vienne. 

DuvERT  DE  LA  Gabie,  propriétaire,  maire  de  Verneuil-sur- Vienne. 

UoGUES  DE  FuRSAC  (Vîclor),  notaire,  à  Aixe-sur-Vienne. 

Lbclsr  (l'abbé),  curé- doyen  de  Compreignac  (Hte-Vienne). 

Tandeau  de  Marsac  (rabbé),  chanoine  de  Limoges,  2,  place  Fournier. 

Labonne  (Martial  de),  propriétaire,  au  château  de  Montbrun,  par  Dournazae 
(Haute-Vienne). 

Garrigou-Lagrangb  (Joseph),  ancien  avoué,  23,  avenue  Foucaud. 

Uervy  (Emile),  notaire  honoraire,  33,  boulevard  Sainte«Catherine. 

*•  Font-Réaulx  (Théophile  de),  ancien  notaire,  à  Saint-Junien. 

Le  Sage  (Charles),  ^,  A.  (#,  ingénieur  civil,  ancien  maire  de  Limoges, 
18,  rue  Péliniaud-Beaupeyrat. 

Lagrange  (Paul),  propriétaire.  18,  rue  Manigne. 


480  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   lllSTORIQt'B   DU    LIMOUSIN. 

MM. 

Jabrt  (Edmond),  propriétaire,  3,  place  des  Bancs. 

MauraT'R^llange,  !^,  ancien  conseiller  à  la  Cour  d*appel,  5,  faubourg  des 
Arènes. 

DucouRTiEOx  (Paul),  A.  ^,  imprimeur-libraire,  membre  correspondani  du 
comilé  des  Sociétés  des  Beaui-Arts  des  déparlements,  7,  rue  des  Arènes. 

Ardant  (Georges),  imprimeur,  14,  rue  Pont-Hérisson. 

Baju  (Henri),  avocat,  <5,  rue  Péliniaud-BeaupeyraU 

Bleyme  (Francis),  docteur  en  médecine,  34,  rue  Manigne. 

Frangez  (René),  propriétaire  au  Mas-Rome. 

GuiBBRT  (Louis),  A.  4#,  directeur  d'assurances,  correspondant  du  ministère 
de  l'instruction  publique  pour  les  travaux  historiques,  membre  corres- 
pondant du  comilé  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  rue 
de  rObservaloire. 

Henry  (Charles),  ^,  avocat,  7,  rue  Sainte-Valérie. 

JoDUANNEAUD  (Camille),  avoué,  23,  boulevard  Victor  Hugo. 

Joyeux  (l'abbé),  curé  d'Oradour-sur-Glane  (Haute-Vienne). 

Laruk  (Armand),  avocat-agréé  au  Tribunal  de  commerce  de  Limoges, 
6,  avenue  de  Juillet. 

PiNOT  (l'abbé),  curé  de  Saint-Michel,  13,  impasse  des  Clairettes. 

Romanet  du  Caillaud  (Frédéric),  f,  au  chftleau  du  Caillaud,  près  Isle. 

Sénémaud,  greffier  au  tribunal  de  commerce,  19,  rue  du  Consulai. 

Tandeau  de  Marsac  (Henri),  propriétaire  à  Marsac  par  Bénévenl  (Creuse). 

Clappier  (Amable),  avocat,  9,  boulevard  Victor  Hugo. 

**  Cressac-Bacubllerir  (de),  percepteur,  au  Dorât. 

Face  (René),  A.  y,  avocatf  correspondant  du  ministère  de  l'Instruction 

publique  pour  les  travaux  historiques,  t3,  boulevard  Gambetta. 
Gadon  (Abel),  avoué  à  la  Cour  d'appel,  3,  boulevard  Montmailler. 
Vandermarcq  (Eugène),  propriétaire,  7,  rue  Sain  te- Valérie. 

BouDBT  (Gabriel),  A.  Q^  docteur  en  médecine,  1,  rue  Sa  in  te- Valérie. 
Ratmondaud  (E.),  I.  P.  4^,  directeur  de  Técole  de  médecine,  Î8,  faubourg 
Manigne. 

18T». 

Bourdery  (Louis),  ^,  avocat,  peintre  émailleur,  membre  correspondani  dn 
Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  98,  rue  Pétiniaud- 
Beaupeyrat. 

Chouffour,  avocat,  96,  boulevard  Gambetta. 


LlbTE  DES  MEMBRES.  481 

MM. 
Constantin  (Jérémie),  avocal,  43,  avenue  de  Juillet, 
Léobon-Létang,  notaire,  à  Saint-Friest-Ligoure,  par  Nexon  (Haule-Vienne). 
**  MoMTÊGLT  (Emile),  ^,  homme  de  Icllres,  à  Thias,  commune  d*lsle,  pr&a 

Limoges. 
Pénicaut  (Léonce),  négucianl,  3,  place  Dauphîne. 

Bbavrb  d'Augures  (J.-B. -Gustave),  avocat,  I5«  rue  du  Saint-Esprit. 
Guérin-Lêzé  (Guillaume  dit  William)  ^,  fabricant  de  porcelaine,  41,  rue 

du  Petit-Tour. 
MoNSTiER-MÉRiNviLLR  (te  comtc  Jean   drs),   au  château  du  Fraisse,   par 

Hézières  (Haute- Vienne). 
NouALBiER  (Gabriel),  propriétaire  à  Linards, 

*  Vicier  (Kabbé),  curé  de  Nedde  (Haute-Vienne). 

'*  Cercle  de  l'Union,  à  Limoges. 

Dklor  (Adrien),  propriétaire,  maire  du  Vigen. 

Deluret  de  Feix,  propriétaire,  rued'tsly. 

Gérard  (Emile),  négociant,  26,  boulevard  de  la  Pyramide. 

Laportb  (fabbé),  curé  de  Vicq,  par  Magnac-Bourg  (Haute-Vienne). 

Muret  (Eugène),  vice-président  de  la  Société  d*Agriculture  de  la  Haute- 
Vienne,  11,  cours  Vergniaud. 

PoMÉLiB  (le  baron  Melchior  de  la),  >3(^,  propriétaire,  au  château  du  Mont- 
joffre,  près  Saint-Léonard. 

Sazbrat  (Léon),  ^,  fabricant  de  porcelaine,  18,  faubourg  Monljovis. 

Berger  (Elie),  A.  ^,  professeur  au  Lycée,  33,  avenue  de  Toulouse. 
Blancuaud  (Charles),  à  Monismes,  par  Le  Dorât  (Haute<Vienne). 

*  Ducbatbau  (Georges),  notaire,  à  Bessines  (Haute-Vienne). 
(ioutenègbb  (Eug).  A.^,  ancien  professeur  au  Lycée,  13,  rue  du  Consulat. 
••  Lkroux  (Alfred),  A.  ^|,  archiviste  de  la  Hle-Vienne,  48,  faubourgde  Paris. 
Leygonie,  ingénieur  hydrographe,  3,  rue  Neuve- de-rËvéché. 

PROUFF,  médecin-oculiste,  6,  rue  Sain  le- Valérie. 
TnizARD  (Lucien),  notaire,  8,  rue  Pont- Hérisson. 

1870. 

Bbllabre  (Jules  db),  propriétaire,  au  château  de  Puyjoubert,  commune  de 

La  Geneylouse,  par  Saint- Léonard. 
Lacbrnaud  (Emile),  entrepreneur,  7,  avenue  du  Midi. 
Lèpinat  (Gaston  de),  maire  de  Lissac,  au  château  de  MorioUes,  par  Larche 

(Corrèze). 
Malbvbrgnb  de  la  Fayb,  ancien  juge  suppléant  près  le  tribunal  oivil  de 

Limoges,  39,  boulevard  Victor  Hugo. 

Boulland  (Henri),  docteur  en  médecine,  34,  boulevard  Victor  Hugo. 


i82  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HlSTOaiQUE   DU   LIMOUSIN. 

MM. 

Demkngeon  (Emile),  receveur  de  renregislrement,  13,  cours  Jourdan. 
*  Laportr,  docteur  en  médecine,  ft  Bessines. 
Marbouty  (Camille),  négociant,  48,  cours  Gay-Lussac. 

Geay,  architecte,  inspecteur  des  bâtiments  diocésains,  36,  avenue  de  Juillet. 
Gilbert  (Kabbé),  vicaire  général,  40,  boulevard  de  la  Cité. 
Mariaux  (Paul),  avocat,  9,  boulevard  de  la  Poste-aux-Chevaux. 
Mbrlin-Lemas  (Abel),  avoué  près  la  Cour  d'appel,  I,  rue  Léonard  Limosin* 

BnfssBT-DRsisLBs,  ancien  magistrat,  directeur  de  la  compagnie  d'Assurances 

générales  sur  la  Vie,  1 1,  avenue  de  Juillel. 
BooRDKAU  DE  Lajudir  (André),  rue  Cruchedor. 

Catheu  (Théodore  de),  f ,  propriétaire,  an  château  de  Juillac,  près  Limoges. 
Chatard  (Emile),  propriétaire^  à  Vicq,  par  Magnac-Bourg. 
Nrnert  (André),  4,  avenue  Garibaldi. 
Savodin  (Jules),  50,  avenue  de  Juillet. 
TixiER  (Jules),  architecte,  34,  boulevard  Gambetta. 

1883. 

Bruchard  (Jean  de),  avocat,  8,  boulevard  Montmailler. 
Chassoux,  !^,  ancien  préfet,  7,  avenue  de  Juillet. 
Degrond,  i^,  ancien  préfet,  0,  place  Denis  Dussoubs. 
Fougkras-Lavrrgnolle  (Gaston),  avocat,  24,  boulevard  de  la  Pyramide. 
LouvET  (André),  avoué  près  la  Cour,  13,  boulevard  Victor  Hugo. 
BIouFLE  (Léonard),  avocat,  rue  de  TObservaioire. 

Wottlino,  a.  y,  architecte,  ancien  directeur  des  travaux  de  la  ville,  24, 
avenue  Garibaldi. 

De  Bletterie,  docteur  en  droit,  avoué  près  la  Cour  d'appel,  1,  place  d*Aine. 
Bourdeau  d'Antony,  docteur  en  médecine,  5,  avenue  Garibaldi. 
Briguril  (Louis),  >^,  ancien  président  du  tribunal  civil  de  Lyon,  S,  boule- 
vard de  la  Pyramide. 
Coffre  (l'abbé),  secrétaire  à  TEvôché. 

Couronnel  (comte  de),  ^,  membre  du  Conseil  général,  à  Magnac-Laval. 
Delcairk  (Maurice),  avoué  près  la  Cour  d'appel,  3,  rue  Sain  te- Valérie 
Dorat  (Hubert),  0.  ^,  ancien  officier  supérieur,  8,  rue  des  Auguslins. 
Dubois  (Amand),  A.  (^,  ancien  inspecteur  primaire,  3,  avenue  de  Juillet. 
Gaumy  Tabbé),  curé  de  La  Meyzc  (Haute-Vienne). 
Gébardin  (Albert),  avorat,  14,  avenue  du  Midi. 
Gilbert  (A.),  *,  président  du  Tribunal  civil,  27,  avenue  du  Midi. 
Labrouhr  de  Laborderie  (de),  avocat,  à  Flavignac. 
•  Lacoste  (André),  négociant,  â  Châteauponsac  (Haute-Vienne). 
Lamy  de  La  Chapelle  (Auguste),  avocat,  3,  rue  Montant-Manigne. 
Lamy  de  La  Chapelle  (Charles),  avocat,  4,  boulevard  de  la  Pyramide. 


I 


LISTE   DES  MEMBRES.  183 

MM. 

Maurat-Ballahgb  (Albert),  avocat,  46,  place  du  Champ-de-Foire. 

Mazakd  fils,  16,  boulevard  de  la  Pyramide. 

Du  Mazaubbun  (Antoine),  avoué  près  le  Tribunal  civil,  U,  rue  Turgot. 

MoTNAT  (Fabbé).  supérieur  du  Petit-Séminaire  du  Dorai  (Haute- Vienne). 

Redon  (Joseph],  43,  boulevard  de  Fleurus. 

Sazerat  (René),  9,  me  Dalesme. 

Tardieu  (J.),  négociant,  47,  cours  Bugeaud. 

Bletnie  (Louis),  I.  P.  ^,  docteur  en  médecine,  i,  rue  d'Islj. 

BouoBT  (L.OUÎS),  3,  rue  Sainte-Valérie. 

BoucBERON  (Edouard  du),  capitaine  d*état-major,  avenue  Foucand. 

Garrigou-Lagrange  (Paul),  secrétaire  général  de  la  Société  Gay-Lussac, 

à  l'Observatoire  météorologique,  23»  avenue  Foucaud. 
GuTONNCT,  chef  de  district  à  la  compagnie  d*Orléans,  avenue  Saint-Eloi, 

maison  Barny. 
Maignb  (Léopold),  banquier,  6,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat. 
Paradis,  entrepreneur  de  serrurerie,  6,  rue  des  Charseix. 

Demartial  (André),  avocat,  17,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat. 
Feat-Fournier,  chef  de  bureau  à  la  Préfecture  de  la  Haute-Vienne,  rue  de 

la  Croix-Verte,  4. 
"  Lassallb^  clerc  de  notaire,  ii  Bellac. 
I.EVI1ARIE  (Camille),  A.  Q^  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale, 

membre  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 

départements,  route  d*Ambazac. 

1 88>. 

*  Cbarronniéras  (l'abbé),  curé  de  ChâteauneuMa-Forêt. 
CouRKuÉJouLS  (E.),0.#,  I.  P.  y,  proviseur  honoraire  du  Lycée  de  Ver- 
sailles, rue  Pétiniaud-Beaupeyrat,  33. 

Dubois  (Joseph),  avocat,  faubourg  Montmailler,  48. 

Hersant  (Edourd),  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assurances  la 

Providence,  1,  place  Manigne. 
JoDicis  (Antoine),  architecte,  13,  rue  Andeix-Manigne. 
LftzAUD  (Maurice),  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assurances  la 

Foncière^  16,  avenue  du  Midi. 
MoNTAUDON-BoussKREssG,  ^^  Bucien  directeur  de  rEnregistremeni  et  des 

Domaines,  administrateur  de  Thospice,  48,  avenue  Garibaldi. 
Vergetaud  (Camille),  secrétaire  particulier  de  M.  le  Préfet,  4 ,  avenue  du  Midi. 

Brouaro  (Arsène),  naturaliste,  à  Limoges,  rue  Porte-Panet,  présentement 

sous-ofiTicier  au  407»  d'infanterie,  à  Angouléme. 
Dbsbordbs  (Charles),  propriétaire  au  Mont-Rû,  près  Rançon  (Haute- Vienne). 

*  École  nationale  d'Arts  décoratifs  de  Limoges, 

Gant,  sons-chef  de  bureau  à  la  Préfecture,  42,  boulevard  de  la  Cité. 


48i  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

MM. 

*  Lachenaijd  (Heari),  étudiant»  avenue  du  Midi. 

Hayn/ud,  t,  inspecteur  d'assurances,  vice-consul  du  Portugal,  boulevard 

Victor  Hugo. 
Texier  (Hubert),  avocat,  2,  boulevard  de  la  Pyramide. 
Thomas-Duius  (René),  docteur  en  médecine,  à  Eymoutiers  (Haute-Vienno). 
Vandermarcq  (Félix),  commis    principal    des  contribotions  indirectes»    à 

Oradour-sur-Vayres  (Haute-Vienne). 

D*Abzag,  percepteur,  à  Rochechouart  (Haute- Vienne). 
Cbarbbybon  (Pierre),  avocat,  docteur  en  droit,  boulevard  de  Fleurus. 
*Dehars  (l'abbé),  curé  du  Châtenel-cn-Dognon  (Haute- Vienne). 
Monique  (Pabbé),  à  Eymoutiers  (Haute-Vienne),  présentement  professeur  aa 
collège  des  PP.  Maristes,  à  Saint-Quentin. 

Dubois  (Armand),  A.  0,  docteur  en  médecine,  rue  du  Consulat,  9. 
Oger  du  Rocuer (Joseph),  avocat,  11,  avenue  lu  Midi. 

MEMBRES  HONORAIRES  (i). 

MM. 

Brunrt  (Joseph),  0.  i^,  «ivocal,  ancien  conseillera  la  Cour  de  Paris,  ancien 

sénateur,  ancien  ministre  de  Tlnstruction  publique,  des  cultea  el  des 

beaux-arts,  A\,  rue  de  Yaugirard,  Paris. 
Deloche  (Maximin),  C.  >J^,  membre  de  Tlnstitut  (Académie  des  Inscriptions), 

ancien  clicf  de  division  au  ministère  du  commerce,  60,  avenue  de  Gra- 

vellc,  à  Saint-Maurice  (Seino). 
Rougkrie  (Mgr),  évoque  de  Pamiers. 

Larohbièrb,  c.  ^,  membre  de  l'instiiut,  (Académie  des  sciences  morales  et 
politiques),  Premier  Président  honoraire  à  la  Cour  de  Cassation,  &,  rue 
d'Assas,  Paris. 

DuBÉDAT,  ^,  ancien  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  à  Toulouse. 

TeissERENC  DR  BoRT,  C  ^,  Sénateur,  ancien  ambassadeur,  ancien  minislre 
du  Commerce,  89,  avenue  Marceau,  Paris. 

Claretib  (Jules),  0.  ^,  de  l'Académie  Française,  administrateur  da  Théâtre 
Français,  rue  de  Douai,  10,  à  Paris. 

(4)  Quand  il  y  a  deux  dates,  c'eat  la  dernière  qui  indique  l'année  de  la  promottoa  au  titre 
de  m<smbre  honoraire. 


LISTE  DES  MEUBDËS.  485 

MM. 

Lastieyrte  (Comie  Hoberl  dr),  ^,  professeur  d'archéologie  à  i*école  des 
Charles,  \0  6w,  rue  du  Pré-aux-Clcrcs,  Paris. 

Deuslk  (Léopold),  C.  ^,  membre  de  Tlnslilut  (Académie  des  iDscriplîons)^ 
administrateur  général  directeur  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  de 
Richelieu,  Paris. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

MM. 

Cléhert-Simoii,  ancien  procureur  général,  château  de  Bach,  près  Naves 
par  Tulle  (Corrèzc). 

Lemas  (Elle),  ^^  I.  P.  ^,  inspecteur  d'Académie,  à  Tours. 

CousTiN  DU  Masnadaud  (Ic  marquis  de),  au  château  de  Sazerat,  par  Bénévent 

(Creuse). 
Dbbort  (Gabriel],  propriétaire,  ft  Monlaiguet  (Allier). 
Tandeau  de  Marsac,  notaire,  14,  place  Dauphine,  à  Paris. 

Lalandb  (Philibert),  rue  Haute,  à  Brive. 

19TO-1879. 

PicBON  (François),  avocat,  36,  rue  Carpenteyre,  à  Bordeaux. 

**  AokÉPiN,  archiviste  du  départemeut  du  Cantal,  à  Aurillac. 

18T». 
Decoux-Lagoutte,  ancien  magistrat,  16,  roule  d*Angoulême,  à  Péngueux. 
*"  PovLBRitef  (l'abbé),  directeur  au  Petit-Séminaire  de  Servières  (Corrèze). 

197>€-189CS. 

Dkmaatial  (Henri),  procureur  de  la  République,  à  Roueu. 

1S>». 

Do  Bots  (Emile),  licencié  en  droit,  28,  avenue  de  Tourville,  Paris. 
Mabaretoc  Basty  (Edouard),  conservateur  des  hypothèques,  k  Sens  (Yonne). 

**  Barbier  de  Montault  (Mgr),  f,  I.  P.  Q,  prélat  de  la  Maison  de  Sa 
Sainteté,  35,  rue  Saiut-Denis,  à  Poitiers. 


48<>  SOGIRTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   tllSTOAlQUE  DU   UHOUSIN. 

MM. 

iuBUssoif  DE  SoDBREBOsr  (Edouard),  propriétaire  aa  châleau  de  Poinsouze, 

par  Boussac  (Creuse). 
Lahbbhtyr  (le  marqais  de),  au  châleau  de  Cons-la-Granville,  par  Longuyon 

(Meunhe-et-Moselle). 
lioNTCHEUiL  (Paul  db),  chflteau  de  Monicheuil,  près  Nonlron  (Dordogne,. 
MoprrYAiLLBR  (Paul  de),  avocat,  à  Coofolens  (Charente). 
Petit-Séminaire  d'Ajain  (Creuse). 
Saint-Mabc-Girardin  (Barthélémy),  'jff^,  rue  Bonaparte,  5,  à  Paris. 

David  (Gaston),  avocal,  33,  rue  de  Caudérao,  à  Bordeaux. 
Dujarrig-Descombes,  a.  Q,  licencié  en  droit,  notaire  au  Grand-Brassac, 

par  Montagrier  (Dordogne). 
Maleplane  (Paul  Veyhier  de),  receveur  particulier,  à  Château-Chinon  (Nièvre). 
Mazaudois  (Philibert),  notaire  à  Treignac  (Corrèze). 

Bonbomme  de  Montégut  (Henri),  ancien  magistrat,  aux  Ombrais,  près  La 

Rochefoucauld  (Charente). 
BosviBUX  (Paul),  inspecteur  de  l'enregistrement,  à  Auch  (Gers). 

18TO. 

CiAi.is  (Pabbé),  curé  de  La  Souterraine(Greuse). 
Rakcogne  (de),  à  Angoulême  (Charente). 

**Tbohas  (Antoine-André),  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres,  de  Toulouse, 
chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  rue  Friaol,  45,  à  Paris. 

lÀ^O. 

Larocbk,  percepteur,  à  Tarbes  (Basses-Pyrénées). 

Fougeras  (Joseph),  sous-inspecteur  de  Tenregistrement,  à  Avesnes  (Nord). 
Lacombe  (Oscar),  ancien  archiviste  du  départemenl  de  la  Corrèzo,  à  Tallc 
**  MoLiNiEB  (Emile),  attaché  au  Musée  du  Louvre,  53,  quat  Bourbon,  à  Paris. 

Bertrohieb,  propriétaire,  au  chftleau  de  Saint-Germaio-Beaupré,  par  La 

Souterraine  (Creuse). 
Grrllbt  de  Fleurelle,  substitut  du  procureur  général,  à  Ageu. 
Senneville  (de),  conseiller  à  la  Cour  des  Comptes,  52,  rue  de  Grenelle,  à 

Paris. 

18é»>€. 

Deuartial  (Octave),  conseiller  à  la  Cour  d*appel,  5,  rue  Lebascle,  à  Poitiers. 
iluBEN  (Emile),  libraire,  Charleville  (Ardennes). 

1984-1898. 

Charbonnier,  docteur  en  médecine,  à  la  Roche-Posay  (Vienne). 


LISTE   DES   MEMBRES.  487 

MM. 

Hf.cquart  (Arihur),  aa  château  de  Vosl,  par  Aigupandc  (Indre). 
TnÉZARD  (Philippe),  ingénieur  civil,  rue  de  Chazelles,  32,  à  Paris. 
TouMiRUX  (Zenon),  notaire,  li  Uoyère  (Creuse). 

**  Champbval  (Jcan-Bapliste),  avocat,  à  Figeac  (Lot). 

Faurk  d*Aubbc  (U"*'),  rue  Sainte-Anne,  8,  à  Toulouse. 

Bellet,  instituteur  communal,  à  Saint-Maurice,  par  La  Souterraine  (Creuset. 
**  Face  (Emile),  A.  Q^  vice-président  du  conseil  de  Préfecture  de  la  Corrèio, 

président  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Tullç. 
Genesteix  (François-Emmanuel-Fresne),  rue  Mont-Gautier,  8,  à  Poitiers 

(Vienne). 
Lézaud  (Georges),  ^,  ancien  magistral,  avocat  à   Chambpn-sur-Voueize 

(Creuse). 
Mazbt  (Albert),  architecte,  à  Paris,  boulevard  des  Balignolles,  26. 
*•  RcPiN  (Ernest),  A.  ^,  président  de  la  Société  scientifique,  historique  et 

archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 
Termes  (Emile  des),  inspecteur  de  la  Compagnie  d'Assurances  générales, 

rue  de  l'Est,  30,  à  Poitiers  (Vienne). 

BosnKDON  (Philippe  dk),  0.  ^,  ancien  conseiller  d*Etat,  directeur  de  la 
compagnie  d'Assurances  générales  sur  la  Vie,  rue  de  Bv'rlin,  18,  Paris. 

Drapeyron  (Ludovic),  h  P.  ^,  professeur  au  Lycée  Cbarlemagne,  directeur 
de  la  Reçue  de  Géographie,  rue  Claude  Bernard,  55,  Paris. 

GoNDiNET  (iMichel),  avocat,  docteur  en  droit,  à  Paris,  rue  du  Vieux-Colom- 
bier, <«. 

Melnirr-Pouthot  (Narcisse),  à  Suresnes,  rue  du  Roi  de  Suède,  o. 

Tu c Y fcR AS  (Gabriel),  percepteur  à  Saini-JuUen-rArs  (Vienne). 

Etablissements  auxquels  la  Société  envoie  ses  publications  : 

Ministère  de  rinstruction  publique,  à  Paris. 

Bibliothèque  de  TEcole  des  Charles,  à  Paris. 

Bibliothèque  communale  dé  Limogeai. 

Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne. 

Grand-Séminaire  de  Limoges. 

Ecole  normale  d'Instituteurs,  à  Bellevue,  prè9  Limoges. 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES 


Société  Historique  et  Archéologiqae  de  Ghâtean-Thierry. 
Société  Archéologique,  Historique  et  ScientiBque  de  Soîssods. 

Algérie  : 
Société  Historique  algérienne,  à  Alger. 
Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 
Académie  d'Hippone,  à  Bône. 

Amer: 
Société  d'Emulation  de  l*Allier,  à  Moulins. 

Anbe  : 
Société  Académique  de  l'Aube,  à  Troyes. 

AYeyron  : 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  TAveyron,  à  Rodez. 

Boaohee-dtt-BhAne  : 
Académie  des  Sciences  de  Marseille. 
Société  de  Statistique  de  Marseille. 
Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres  d'Aix. 

Charente  : 
Société  Archéologique  et  Historique  de  la  Charente,  à  Angoulème. 

Charente-Inférieare  : 
Société  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  TAunis,  à  Saintes. 

Cher  : 
Société  des  Antiquaires  du  Centre,  à  Bourges. 

Corrése  : 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrète,  li  Tulle. 
Société  Scieniitique,  Historique  et  Archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 

CAU-d'Or  : 

Académie  des  Sciences,  arts  et  Belles-I^ettrcs,  à  Dijon.  ' 

Creuse  : 
Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  k  (iuércl. 


SOCIÉTÉ  CORRESPONDANTES.  489 

Dordogne  : 
Société  Historiqae  et  archéologique  du  Périgord,  à  Périgueux. 


Société  d'EmalatioD  du  Doubs,  à  Besançon. 

Bim-ei-Lolr  : 
Société  Dunoise,  à  ChIkteauduD. 

Finistère  : 
ScMsiété  Académique  de  Brest. 

fiard: 
Académie  du  Gard,  à  Nîmes. 

Oaroime  (Hanta-)  : 
Académie  des  Jeux  Floraux,  à  Toulouse. 
Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France,  à  Toulouse. 

Gironde  : 
Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

Hteanlt  : 
Académie  des  Sciences  et  Lettres,  à  Montpellier. 
Revue  des  Langues  Romanes  de  Montpellier. 

nie-et-YUalne  : 
Société  Archéologique,  à  Rennes. 

Indre  : 
Rédaction  de  la  Reoue  du  Centre,  à  Ghâleauroux. 

Indre-et-Loire  : 
Société  Archéologique  de  Touraine,  à  Tours. 

Société  française  d*Archéologie  pour  la  conservation  et  la  description  des 
monuments,  à  Tours. 

Isère  : 

Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 


Société  de  Borda,  à  Dax. 

Loir-et-Cher  : 
Société  Archéologique,  Scientifique  et  Littéraire   du  Vendômois,  à  Ven- 
dôme. 

Loire  : 
Société  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres,   à  Saint- 
Etienne. 

Loire -Inférieure  : 
Société  Archéologique,  à  Nantes. 

Loiret: 
Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  à  Orléans.  ^ 

Lot: 
Société  des  Etudes  Littéraires,  Scientifiques.  Artistiques  du  Lot,  à  Cahors. 

Lot-et-Garonne  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Agen. 

T.  xxxvii  ^^ 


490  SOCIÉTÉ  AHCBÉOLOGIQQE   LT  HlSTOllOOK  BU  LlMOtSIN. 

Maine-ot-Loira  : 
Sociélé  d^Agricaltnre,  Sciences  et  Arls  de  Maine-et-Lafre^  à  Angers* 

Marne  : 
Société  Archéologique,  à  Gh&lons-sur-Màrne. 
Académie  des  Lettres,  Sciences  et  Arts,  à  Reims. 

Mearthe-et-Mosaile  : 
Académie  de  Stanislas,  à  Nancy. 

Morbihan  : 
Société  Polymathique  du  Morbihan,  à  Vannes. 

Nord  : 

Société  des  Sciences,  de  TAgriculture  et  des  Ârls,  à  Lille. 

Olae: 
Société  Académique  d'Archéologie,  Sciences  et  Arts,  a  Henuvais. 
Comité  Archéologique,  à  Senlis. 

Pas-de-Calais  : 
Académie  des  Sciences,  Leilrcs  et  Arts  d'Arras. 
Sociélé  Académique,  à  Boulogne-sur-Mer. 
Société  des  Antiquaires  de  la  Morinie,  à  Saint-Omet*. 

Puy-de-Ddme  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arls,  â  Clermonl-Ferrand» 

Pyrénées  (Basses-)  : 
Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau. 

Rhône  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts,  à  Lyon. 

8aône-et-Loire  : 
Académie  des  Sciences,  Agricullure,  Arts  et  Bellcs-LeUres,  à  MAcoi). 
Société  Eduenne,  à  Autun. 

Sarthe: 
Société  Historique  et  Archéologique  du  Haine,  au  Mans. 

Savoie  : 
Société  Savoisienne  d'Histoire  cl  d'Archéologie,  à  Chambéry. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arls  de  Savoie,  à  Chambéry. 

Savoie  (Hante-) 
Société  Florimontanc,  à  Annecy. 

Seine  : 
Sociélé  des  Antiquaires  de  France,  à  Paris. 
Société  Française  de  Numismatique  et  d'Archéologie,  à  Paris. 

8eine-et-Mame  : 
Sociélé  Historique  et  Archéologique  du  Gatinais,  à  Fontainebleau. 

Seine-et-Oise  : 
Société  Archéologique  de  Rambouillet* 

Seine-Inférienre  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arls,  à  Rouen. 

Sèvres  (Denx-)  : 
Société  de  Statistique,  Sciences  et  Arts  du  déparlement  dés  DeuJi-Sèvrcs, 
ù  Niort. 


SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES.  491 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 

Académie  des  Sciences,  Bel  les- Lettres,  Arts,  Agriculture   et  Commerce,  à 
Amiens. 

Tarn-et-Oaroime  : 
Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonnts  à  Monlauban. 

Yar: 
Société  d'Etudes  Scientifiques  et  Archéologiques,  à  Draguignan. 
Académie  des  Arts  du  département  du  Var,  à  Toulon. 

vienne  : 
Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  à  Poitiers. 

vienne  (Haute-)  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Limoges. 
Société  Gay-Lussac,  à  Limoges. 

Tonne  : 

Société  des  Sciences  Historiques  et  Naturelles  de  TYonnc,  à  Auxerre. 
Société  Archéologique,  à  Sens. 

Belglipie  : 
Académie  Royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique, 

à  Bruxelles. 
Académie  royale  d'Archéologie  d*Anvers. 

Etats-Unis  d' Amérique  : 
Société  Smithsoniennc,  à  Washington. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

La  commune  de  Saiot-Léoncrd  de  Noblat  auxm®  siècle  par  M.  Louis 
GUIBERT 1 

Notes  pour  servir  à  la  sigillographie  du  déparlement  de  la  Haute- 
Vienne,  par  M.  Philippe  de  Bosredon 116 

Roland,  sculptures  de  Notre-Dame  de  la  Règle,  par  M.  l*abbé 
Arbellot.  .    1 37 

Pierre  II  Nouailher,  première  et  deuxième  manières,  par  M.  Louis 
BOURDERY U^ 

Essai  de  classification  des  anciennes  porcelaines  de  Limoges,  Saint- 
Yrieix,Solignac,  conservées  au  musée  national  Adrien  Dubouché, 
par  M.  Camille  Leymarie 154 

Monographie  de  la  commune  de  Compreignac,  par  M.  Tabbé  A.  Lkcler        180 

Monographie  du  canton  d'Oradour-sur-Vayres,  par  M.  Félix  Vander- 
MARCQ 955 

Dom  Pradilhon,  par  M.  Tabbé  Akbellot 287 

L*abbé  Oroux,  par  M.  Tabbé  Arbellot 294 

Biographies  limousines  et  marchoises.  —  III.  —  Léonard  Nadaud,  — 
Jacques  Duroux,  —  Barny  de  Romanet,  —  Ch.  Nie.  Allou,  par 
M.  Alfred  Leroux 298 

Deux  correspondants  limousins  de  Baluze.  Lettres  inédites  de  Pradi- 
Ihon  de  Sainte-Anne  et  de  M.  Duverdier,  par  M.  Emile  Du  Boys.        314 

Inventaire  d'Etienne  Audebert  de  Fonmaubert,  à  Bellac  (1741),  par 
Msr  X.  Barbier  de  Montault 316 


494  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BISTORIOOE  DU  LIMOUSIN. 

Page». 

luventaire  du  château  de  Cognac  en  1794,  par  M^X.  Barbier  de 

MONTAULT 359 

La  bibliothèque  et  les  archives  du  cbftteau  de  Nexon,  par  M.  Alfred 

Leroux 368 

Documents  relatifs  à  la  ville  et  à  la   baronnie  de  Peyrat  le-Châleau 

(communication  de  M.  Coussbyroux) 389 

Excursion  de  la  Société  archéologique  à  Chassenon,  par  M.  Paul 

DUCOURTIEUX 410 

Notes  et  communicalioos  diverses  :  Limogiatures,  étoffes  limogiées.        4f  9 

—  Emaux,  œuvre   de  Limoges 419 

—  Testament  do  Laurent  Bavard. .        4tO 

—  Les  La  Fontaine  dans  la  Marche       493 
-^  Sépultures  et  inscriptions 432 

—  Extraits  du  Mercure  de  France 

et  de  la  Gcuette  des  Gouettea        423 

—  Additions  et  rectifications  aux 

t.  XXXV  et  XXXVI  du  Bulleiln        4  25 
Bibliographie  :  Le  Prosarium  Lemoviccnse  de  R.  P.  Dreves,  par 

M.A.Leroux 428 

—  Histoire  de  Tabbaye  de  La  Couronne,  de  M.  Tabbé 

Blanchet,  par  M.  Tabbé  Pollbrière i30 


PROCÈS- VERBAUX  DES  SÉANCES 


Si^ance  du  3 i  janvier  1888    435 

—  du  «8  février  <  888 437 

—  du  17  mars  1888 441 

—  du  24  avril  1888 445 

—  du  5  juin  «888 450 

—  du  86  juin  1888 455 

—  du  34  juillet  < 888 459 

—  du  38  août  1888 46î 

—  du  ^  octobre  4888 467 

—  du  37  novembre  4888 470 

—  du  S8  décembre  1888 473 

Liste  des  Membres  de  la  Société  au  moment  de  la  publication  du 

Bulletin 478 

Liste  des  Sociétés  correspondantes .'  488 


TABLE.  ^95 


PLANCHES 


Pages. 

Plan  de  la  ville  de  Saint- Léonard,  d'après  le  cadastre 1 

Sceaa  et  contre-sceau  d'Adémar  V,  vicomte  de  Limoges  (xir  siècle), 

par  M.  Ernest  Rupin 1SI 

Sceaux  ei  contre-sceau  de  Guy  VI,  vicomte  de  Limoges  (12^9),  par 
M.  Ernesl  RoPhN 123 

Sceau  et  contre-sceau  de.  Marguerite  de  Bourgogne,  vicomtesse  de 
Limoges  (1268),  par  M.  Ernest  Rupin.  —  Sceau  et  contre-sceau  de 
Jean  de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges  (1308),  par  M.  Albert 
Géraroin 125 

Sceaux  de  Jeanne  de  Flandre(1341),  de  Charles  deBlois(i3i5)  et  de 
Jeanne,  duchesse  de  Bretagne  et  vicomtesse  de  Limoges  (1369), 
par  M.  Albert  Gérardin 1 25 

Sceaux  et  contre-sceaux  du  Consulat  de  la  Cité  de  Limoges  (1228- 
1303],   et  du  Consulat  du  Château  (1229-1251),  par  H.  Louis 

BOURDERY    131 

Sceaux  et  contre-sceaux  de  la  ville  de  Salnt-Junien  (1303)  et  de  la 
commune  de  Saint-Léonard  (1308  et  après  1696),  par  M.  Louis 
BoURDERY 133 

Roland  armé.  —  Le  cheval  de  Roland.  —  Roland  sonnant  du  cor, 
bas-reliefs  de  N.-D.  de  la  Règle,  par  M.  Jules  Tixikr 137 

Trois  fac-similé  des  signatures  de  Pierre  II  Nouailher 114,146,149 

Eglise  de  Compreignac,  dessin  de  M.  Jules  de  Verneilh 181 

Chevet  de  Téglise  de  Compreignac,  par  M.  J.  de  Verneilh,  et  Plan 

du  souterrain-refuge  de  Tépoque  gauloise  au  village  de  la  Jante.        193 

Château  du  Puy.—  Eglise  de  Saint-Bazile.— Château  de  Cromières. 
—  Château  de  Brie,  dessins  de  M.  Jules  Tixier 255 

Tour  Saiut-Michel.—  Château  de  Chabanais.  —  Bas-relief  de  Téglise 
de  Chassf'uon.  —  Eglise  de  Chassenon,  dessins  de  M.  Louis 
Guibert 4llà4f4 

Caves  du  palais  de  Longea,  plan  de  M.  A.  Prégigou 414 


Limoges,  imp.  V*  H.  Ducourtieux,  7,  rue  ùes  Arènes. 


COLLECTIONS   I3U  BULLETIN 

ra^^T  ^''oyons  être  agréable  à  nos  confrères  en  leur 
tio      H  °*  que  la  Société    possède  encore  quelques  collec- 

nsdeson  bulletin,  et  que  ces  collections  peuvent  être 
dcquises  aux  prix  ci-après  fixés  par  le  Bureau  : 

*    tiollec"  "  '^   '    ■    ■ 


l  «♦  o  j  ^^^^'  —  la  livraison  2  du  t.  IV,  —  les  livraisons 

et  ^  du  t.  XXIII,    les    livraisons  1  et  2  du  t.  XXV, 

""^-    ■  .  ,  ^  120  fr. 

_Xxv£°^^®^*^OD  complète  '  ('1846  à   1886  inclus),   t.   I  à 

^     T         '   —  manquent  treize  livraisons  :  celles  2  et  3  du 

^  et  À'i^^^  livraisons  3  et  -4  du  t.  II,  —  les  livraisons  1,  2, 

X   otZ  j"  *•  II'i  —  la  livraison 2  du  t.  IV,  — les  livraisons 

yi  ^  «u  t.  XXIII      les   livraisons  1  et  2  du  t.  XXV, 

^     3°"rr-  •   • ^'^^^'- 

■X.  et  4  j  ^  Collection   incomplète  comprenant  les  livraisons 

^^t  ^  f  "H  t.  j^  jgg  livraisons  1  et  3  du  t.  II,  les  livraisons  1 

^t  4  ,"  *•  IV  'les  livraisons  3  et  4  du  t.  V,  les  livraisons  2 

'c^   34"  *•  -^li    les   tomes  24,  26,  27,  28,  29,  30,  31,  32, 

4-n*^>prix "^Sfr. 

«^Ui  f   11®  colJpction   incomplète  comprenant  la  livraison  4 
^"^'  28  è^^ivraison  1   du  t..  IV   lestomes  18, 20,  22,  24,  26, 

Uk^'  3o    31      32,   33  et  3o,  prix 50  fr. 

*•  -S^  9A^*^t*5  Uo^î^ècle  en  outre  quelques  exemplaires  des 
01:»  à  4}^'  ^7  is2^  30,  33,  34,  35,  36,  à  7  fr.  le  volume 
^-        '  ^9  livraison  semestrielle. 

rtVOis  seront  faits  contre  remboursement. 

S  1        rlemancl®®  à  M""  V"  Dugourtieux,   impri- 

gèr  ies    a        «société,  7,  rue  des  Arènes,  Limoges, 
(jfjjjraire  de  la  .^«^ 

c^\  j       -j^gi^    Société  archéologique  qui  en  feront 

iç^^^N^eS  toembres  **  ^^^  pour  le  prix  de  dix  francs  les  quatre 
^\ft  VV^^^"^^'  recev  ^^^  consulaires  de  la  ville  de  Limoges 
pt'  ^eS^^^  Reg^s  -^yy^-  Le  contenu  des  quatre  volumes 
7^1^ntpa^"   ^    *^^   -X*».   T>ér iode  de  deux  cent  trente-deux  ans 


PL 


AVi 


à  MM.  les  Membras  de  la  Société 


Los  réunions 
dcrroior  loaitli  il« 


ttii  fîoii 


du  /i. 


r  toïilc 


à  adresser  on  à  au  Tr 


—  F;i 


Ceux  des  >  ^  lio  la 

rc^'- ■  '"fîr  ili|'iMiiiL'  voiidroii'   i»n  m    i^ 
B'  ,  Trosurier,    nie  PtUiniaud-l^ 

lui  ouviivaiit,  î>'ils  ut*  Tout  df*j4  l'a 
rreMtr*?e  rixn  à  10  tr. —  Ce  druit   i 
Soci*^taire8  rt*sîdant.  d^us  le  d»>part»  : 


lA*tiU!*uiibbinii^  HOivt^ui  utreadrns^eeN  jinr  ♦*(!rii  au  i 


A  moins  qu'ils*  n'eo  l^moigoenl 


aux  > 


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lé  mçu  de  la  |K>$te  |ioiivnnl  ou  lenir  lie^ 


BTJI-.IL.ETIlSr 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 

DU    LIMOUSIN 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIQUE 

ET  HISTORIQUR 

DU   LIMOUSIN 


TOME  XXXVIII. 

(tome  XVI    DE    LA    DEUXIÈME   SÉIUE) 


LIMOGES 

IMPRIMERIE     ET     LIBRAIRIE     LIMOUSINE 

V"  H.  DUCOURTIEUX 

Libraire  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin 
7,    RUE    DES    ARÈNES.    7 

180  i 


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,  ISariat      t 

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i^iCARTE  FÉODALE  DU  LIMOUSIN 


SZaBoBss^l 


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|^Ctiàh^^ 


tl 


carte  que  nous  publions  en  tête  du  Bulletin  de  la  Société 
ologique  du  Limousin  représente  Tétat  féodal  de  Tancien  ter- 
dre  limousin  au  commencement  du  xvii*  siècle.  Celte  carte 
s  paraît  comporter  quelques  explications. 

territoire  actuel  du  Limousin  était  jadis  fractionné  en  des 
liers  de  petits  fiefs  ou  repaires  nobles.  On  désignait  encore  par  ce 
e,  en  ces  trois  derniers  siècles  (tout  en  ayant  à  peu  près 
rdu  la  notion  de  son  vrai  sens),  un  refuge  de  guerre  essentiel- 
menl  rural.  C'était  une  sorte  de  caserne  préalable  du  plat-pays, 
patria,  une  seconde  patrie  provisoire.  Ce  repaire,  noble  et 
anc,  comme  tout  lieu  d'intérêt  public,  consacré  à  l'usage  exclusif 
le  tous  les  habitants  des  quatre  ou  cinq  hameaux  (tènemenls) 
oisins  de  chacun  de  ces  petits  points,  était  fortifié  tant  bien  que 
al,  sous  la  direction  du  noble  ou  chef,  tenu  de  fournir  asile  à 
ut  le  groupe  en  ce  premier  essai  de  défense  au  poste  assigné 
;omme  rendez-vous  militaire  ou  sauve-qui-peut.  D'où  les  chapelles 
'(castrales)  en  chaque  repaire,  dans  le  but  d'assurer  pour  cette 
éventualité  le  service  religieux  à  cette  portion  du  troupeau  parois- 
sial; les  silos,  le  souterrain  habituel,  le  circuit  muré  et  case- 
maté  pour  les  bestiaux,  les  gens,  les  provisions;  les  étangs  ali- 
mentant les  douves,  etc.;  la  garenne  destinée  à  fournir  les  pa- 
lissades, la  toiture  ou  les  ouvrages  défensifs,  en  môme  temps 
qu'un  délassement  de  chasse  propre  à  s'entretenir  la  main.  Ce 
mode  de  défense,  fort  inaperçu  jusqu'ici,  émanait,  semble-t-il, 
d'une  organisation  carlovingienne,  imitée  sans  doute  des  procédés 
d'occupation  romaine,  quoiqu'on  n'en  trouve  trace  bien  clairement 
qu'à  partir  de  1280  à  1300. 

T.  xxxvni.  1 


î  SOCtKTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LTttOUSTK. 

Chacun  de  ces  repaires  {i)  à  son  tour,  avec  sa  population  ainsi 
concentrée,  se  maintenait  de  son  mieux,  grâce  à  Tappui  de  Tun  des 
grands  fiefs  (castrum,  castellum,  puis  châtellenie),  désignés 
.ci-après,  dans  lesquels  ces  habitants  avec  leur  chef  avaient  encore 
droit  d'assistance  et  de  sauvetage,  le  cas  échéant  de  défense 
devenue  pour  eux  impossible  dans  leur  petit  avant-poste;  ils 
étaient  là  comme  en  grand'garde  tout  en  cultivant  leurs  champs 
durant  les  accalmies.  Nous  pourrions  en  donner  pour  preuve  telle 
et  telle  forteresse  devenue  villette,  dans  laquelle  chaque  barry 
(subdivision  de  faubourg)  et  quartier  reproduisait  le  nom  du 
repaire  rural  vers  lequel  il  était  orienté,  et  renfermait  le  logis 
noble  homonyme  dans  les  cours  d'enceinte. 

Ce  procédé,  qui  pourrait  d'abord  paraître  spécial  au  Limousin 
(puisque  cette  expression  de  repaire  ne  se  trouve  guère,  du  moins 
en  l'état  actuel  de  nos  recherches,  que  dans  cette  province,  celle 
du  Quercy  et  le  nord  et  l'est  du  Périgord),  s'est  étendu  en  Poitou, 
en  Languedoc,  en  Navarre  et  ailleurs,  sous  les  noms  modifiés 
seulement  (l'institution  reslant  la  même)  d'hébergement,  parfois 
de  maynement,  de  manoir,  de  logis,  de  lieti,  d'hôtel  noble,  d'hos- 
picium  selon  le  cas,  de  maison  forte,  etc. 

CORRÉZE. 

Revenante  notre  sujet,  nous  constatons  que  le  déparlement  de /a 
Corrèze,  qui  comptait  plus  de  2,000  repaires  nobles,  a  été  composé: 

L  —  Du  diocèse  entier  de  Tulles  minuscule  circonscription  ecclé- 
siastique de  cinquante-deux  paroisses,  ne  comprenant  guère,  en 
dehors  de  la  Xaintrie  (précédemment  en  majeure  partie  sous  la 
suzeraineté  de  l'abbé  de  Saint-Géraud  d'Aurillac),  que  le  gros  des 
possessions  du  monastère  de  Saint-Martin  de  Tulle  et  les  plus 
rapprochées  de  son  beau  clocher.  On  peut,  en  effet,  se  le  repré- 
senter assez  exactement  en  lui  donnant  l'aspect  d'une  croix,  aux 
bras  largement  ouverts  près  des  frontières  de  la  Haute- Auvergne, 
de  façon  à  englober  entiers,  sauf  Altillac,  les  doyennés  actuels  de 
Servière  et  de  Mercœur,  et  dont  le  pied  ne  porterait  qu'à  vingt 
kilomètres  de  Tulle  sur  Sainl-Clément  et  Corrèze,  tandis  que  le 
fût  irait  s'allongeant  vers  Argentat—  Monceaux  exclus  — à  travers 
l'archiprétré  de  Gimel,  gouverné  par  l'évêque  de  Limoges,  mais  se 

(()  Pour  avoir  une  idée  de  l'abondance  de  ces  repaires,  voyez  au 
Bulletin  de  la  Société  des  Lettres^  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze,  siège 
à  Tulle,  3"  trimestre  1890,  notre  carte  des  fiefs  des  deux  paroisses  de 
Tulle. 


CARTE   FÉODALE   DU   LIMOUSIN.  3 

trouverait  serré  de  plus  près  encore,  si  c'est  possible,  par  la 
paroisse  de  Comil,  qui  relevait  de  la  crosse  aussi  bien  que  du  tem- 
porel du  même  siège  de  Limoges. 

II.  —  Du  diocèse  de  Limoges  pour  ses  archiprêtrés  entiers  de  : 
1<>  Gimel,  né  de  lantique  vénération  à  saint  Dumine;  2^  et  3**  Brive 
et  Brivezac,  élablis  en  des  passages  très  fréquentés  de  rivières, 
témoins  des  miracles  de  saint  Martin  l'Espagnol  et  de  sainte 
Fauste  ;  4°  de  Vigeois  ;  5°  de  Lubersac,  placé  sous  le  très  vieux 
patronage  des  saints  Gervais,  Protais  et  Etienne,  mais  diminué  de 
ce  que  la  Dordogne  nous  a  pris  à  la  Révolution  :  Teillots,  Saint- 
Trie,  Génis,  etc.;  6°  de  Saint-Exupéry,  assis  sur  un  vieux  chemin 
important. 

Et  pour  partie  seulement  des  archiprêtrés  de  :  7^  Peyrelevade 
ou  Chirouze,  ancien  centre  druidique  à  combattre  énergiquement 
en  y  portant  ainsi  un  foyer  d'action  catholique  ;  8**  enfin  de  La 
Porcherie,  pays  de  forêts,  dernier  asile  des  superslilions,  quoique 
traversé  par  la  grande  voie,  plus  tard  dite  chemin  francès^  mais 
appelé  en  1404  (archives  de  M.  le  baron  de  La  Poméhe)  «  chemin 
roumieu  de  Saint-Léonard  à  Roc-Amadour  »  et  amenant  par  Déols 
et  la  (chapelle)  Souterraine  un  flot  incessant  de  pèlerins,  égrené  le 
long  de  ses  pieuses  étapes  de  TArtige,  des  AUois,  d'Aureil, 
d'Uzerche,  de  Vigeois,  de  Saint-Antoine-lcs-Plantades,  de  Naza- 
reth, de  rhôpital  Saint-Jean  dé  JafTa,  de  la  Vraie-Croix  de  Martel, 
de  Saint-Georges  d'Yssordel,  de  La  Monljoie  à  péage  des  Alix,  de 
Notre-Dame  de  Roc-Amadour,  de  Saint-Sauveur  de  Figeac,  etc.. . 

III.  —  De  la  partie  limousine  de  la  vicomte  de  Turenne,  que 
nous  décrirons  cependant  ici  sommairement  tout  entière. 

La  vicomte  de  Turenne  avait,  sans  parler  des  hommages  :  1^  en 
Limousin,  leschâtellenies  de  Turenne,  Colonges,  Beaulieu,  Servière, 
Ghameyrat,  s'allongeant  en  pointe  aiguë  jusqu'à  Tintignac,  Brive 
en  co-seigneurie  et  Malemort;  â*»  En  Quercy,  les  châtellenies  de 
Turenne,  Martel,  Creysse  etBétaille  (ressort  du  Parlement  de  Bor- 
deaux); Gaignac,  La  Millière,  Saint-Céré,  et  enclave  de  Laval, 
commune  de  Reilhaguet  (Parlement  de  Toulouse);  3°  En 
Périgord  (Sarladais),  les  paroisses  de  Montfort  (comté),  Vitrac, 
Carsac,  Aillac,  Saint-Vincent  (de  Paluel),  Proissans,  La 
Canéda,  Graulezac,  Vcyrinhac,  Saint-André,  Caudon,  Calviac, 
Sainte-Nathalène,  Peyrinhac,  soit  en  un  mot  tout  ou  partie  de 
96  paroisses  en  l'élection  de  Brive,  41  en  celle  de  Figeac  et  14  en 
celle  de  Tulle,  en  1739.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'en  venir  au 
détail. 

IV.  —  Du  Comté  de  Ventadour  (à  l'exception  de  la  majeure 
partie  de  la  baronnie  d'Herment  et  de  quelques  hommages  de 


i  sociÉrÉ  ARcnéoLOGiQue  et  H[storiovb  du  limousin. 

l'Outre-Dordogne),  subdivisé  en  châlellonies  de  Ventadour,  Ussel, 
Egletons,  Corrèze,  Boussac,  Donzenac,  Neuvic,  Davignac. 
Meymac,  Thinières-rive-droite,  Le  Lie,  Chavanon,  Aix,  Lachaud, 
Sarsou,  Le  Peyrou,  etc. 

V.  —  De  la  Haute-Marche,  soit  de  maigres  portions  de  terrain 
on  amont  de  Bugeat,  d'Eygurande  et  de  Somac. 

VI.  —  D'un  faible  lambeau  d'enclave  poitevine  près  de  La  Celle 
et  de  rÉglise-au-Bois. 

VIL  —  De  la  Vicomte  de  Comborn,  avec  ses  châtellenies  de 
Comborn,  Beaumont,  Chamboulive,  Treignac,  Rochefort  (Sor- 
nac),  etc. 

VIIL  —  Des  biens  de  nos  abbayes,  telles  que  :  faj  Uzerche, 
possédant  Saint-Viance,  Gondat,  Salon,  Chamberet,  Veix,  Mille- 
vaches,  Saint-Solve,  etc.  ;  fbj  Tulle,  ayant  les  paroisses  de  Cler- 
goux,  Vitrac,  Sainte-Fortunade,  Branceilles,  Naves,  etc.;  fcj 
Obazine,  avec  ses  membres  de  Chanteix,  Veyrières  (Roziers- 
d'Égletons),  Chabanncs  (Tarnac),  Chadabet  (Bonnefonl),  etc.;  fdj 
Glandier,  et  ses  rentes  ou  domaines  de  Beyssac,  Vigeois,  Troche, 
Orgnac,  Chanteix,  Saint-Bonnet-rEnfantier ,  Vertougy,  (Vou- 
t(îzac),  etc.;  fej  Beaulieu,  et  ses  possessions  bas-limousines  de 
Nonars,  Tudeils,  Ménoire-le-Sotra,  près  du  Moulin-d'Arnac , 
Aslaillac,  etc.;  ffj  La  Règle  de  Limoges,  avec  ses  prieurés  de 
Brignac,  Saillac,  Vars.  Omettons  ici  Bonnaigue,  Meymac,  Bonne- 
saigne,  etc.;  l'évéque  d*Angoulôme,  suzerain  d'Ayen  et  d*Yssaiidon; 
révoque  de  Limoges,  seigneur-châtelain  de  Sadroc,  La  Graulière, 
suzerain  de  Comborn,  etc. 

IX.  —  Des  seigneuries  laïques  secondaires  et  néanmoins  consi- 
dérables des  Noaillcs,  Pompadour,  Gimel  et  des  Cars-Peyrusse, 
seigneurs  de  Ségur,  Juillac,  Saint-Ybard,  Saint-Bonnet-la-Ri- 
vière,  etc.;  des  de  Saint-Chamans,  d'Hautcfort,  Ligneyrac,  etc. 

CREUSE. 

On  y  comptait  (1)  en  1789,  les  terres  titrées  suivantes  :  les 
comtés  de  la  Marche,  de  Dun  et  de  La  Feuillade  ;  les  deux  marqui- 
sats de  Saint-Germain-Beaupré  et  de  Saint- Maixent;  les  cinq 
vicomtes  d'Aubusson,  Ciiâteauclos  —  en  la  paroisse  d'Anzême, 
au  nord  de  la  Creuse  —  Le  Monteil-au-Vicomte,  Grand-Saigne 
et  Bridiers;  les  huit  baronnies  de  Combraillos,  Saint-Julicn- 
le  Châlel,  Malval,  La  Borne,  Châteauvert,  Saint-Georges- la-Pouge, 

(1)  Nous  empruntons  la  plupart  de  ces  indications  à  feu  Bosvicax,  la 
plus  sûre  des  sources  marchoises. 


CARTE  FiODALE   D€   LIMOUSIN.  5 

PoDtarion  que  nous  appeUcrions  volontiers  Pont-Taurion,  Boussac 
et  Saint- Vaulry,  et  de  plus,  3,000  simples  seigneuries  (1)  mouvant 
du  comté  de  la  Marche  en  1724,  au  total  4,000  circonscriptions 
féodales  au  moment  de  rétablissement  du  département. 
La  Creuse  fut  formée,  en  4790,  de  huit  provinces,  soit  : 
I.  —  Le  Franc-Alleu  entier,  ancien  district  démembré  de  la  pro- 
vince d'Auvergne,  s'administrant  librement,  régi  par  des  coutumes 
particulières  —  compensation  sans  doute  aux  maux  de  la  guerre 
toujours  plus  vivement  renouvelés  dans  les  pays  frontières,  consé- 
qnemment  habités  d'ordinaire  par  des  gens  d'allure  décidée  et  de 
caractère  belliqueux.  —  On  nous  permettra  de  remarquer  à  ce 
propos  combien  les  frontières  de  province,  môme  de  paroisses, 
restaient  habituellement  vagues,  indéterminées  en  fraux  commu- 
naux ou  en  forêts.  L'Angoumois  et  le  Périgord  revendiquèrent 
toujours  l'un  sur  l'autre  la  forêt  si  bien  nommée  de  La  Feuillade, 
près  Marthon.  Suivez  le  contour  de  la  plupart  de  nos  paroisses 
et  vous  reconnaîtrez  la  marge  séparative  de  chacune  d'elles  à  la 
simple  lecture  des  villages,  eu  prenant  pour  ceinture  ceux  dont 
les  noms  dérivent  du  mot  ou  de  l'idée  de  bois,  sous  les  formes  de 
Breuil,  Rose,  Broche,  Linars,  La  Feuille,  LaChassagne,  LaFage, 
l'Age,  TEspinasse,  la  Siauve  fSUra).  etc. 

Le  Franc-Alleu  était  pour  moitié  du  diocèse  deClermont  et  pour 
moitié  de  celui  de  Limoges;  pays  de  droit  coutumier  et  du  parle- 
ment de  Paris,  capitale  Bellegarde.  Il  occupait  dans  le  canton  de 
La  Courtine  un  sixième  du  centre,  du  nord-ouest,  du  nord,  et  du 
nord-est,  et  dans  celui  de  Crocq,  les  deux  tiers  au  centre,  nord, 
sud  et  ouest. 

IL  —  De  la  Combraille  entière,  elle-même  composée  de  tout  le 
canton  d'Evaux,  de  ceux  d'Auzances  (moins  deux  communes)  et  de 
Chambon  (moins  deux  autres  communes),  complété  par  deux 
communes  du  canton  de  Bellegarde,  deux  de  celui  de  Chénérailles 
et  un  septième  du  canton  de  Boussac.  Cette  région,  comprise 
entre  Cher  et  Tarde,  était  du  droit  coutumier  et  du  Parlement  de 
Paris,  et  avait  les  cinq  châtellenies  d'Evaux,  Chambon,  Auzances, 
Lépaud  et  Sermur. 

III.  —  De  la  Marche  limousine  proprement  dite,  mais  en  partie 

seulement,  car  le  surplus  a  aidé  à  la  formation  des  départements  de 

la  Haute-Vienne,  de  la  Vienne,  de  l'Indre  et  du  nord  de  la  Corrèze. 

Au  xni*  siècle,  le  comté  de  la  Marche  (Haute),  capitale  Guéret, 

(1)  Une  liste  incomplète  donne  250  châteaux.  Voyez  au  Bulletin  de 
la  Société  Bcientlfique  de  Brioe  une  première  énuméralion  des  châteaux 
limousins  par  M.  René  Fagc,  augmentée  par  M.  de  Lépinay  et  de  nos 
additions  personnelles. 


6  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DO  LIMOUSIN. 

droit  coutumier,  parlement  de  Paris,  englobait  les  châtellenies 
royales  de  Guéret,  Crozant,  Droailles  et  Le  Chdtenet  (aujourd'hui 
Haute- Vienne),  Ahun,  Aubusson  et  Felletin  :  soit,  en  totalité,  les 
cantons  d'Ahun,  Guéret,  Bonnat,  Saint-Sulpicc,  partie  de  ceux  de 
Dun,  Aubusson,  La  Souterraine,  un  tiers;  Saint- Vaury,  moitié; 
Bellegarde,  un  tiers;  Chénérailles,  les  quatre  cinquièmes;  La 
Courtine,  les  trois  quarts;  Crocq,  un  cinquième;  Felletin  entier 
moins  Vallières  et  Saint-Yrieix;  Gentioux,  trois  quarts;  Bénévent, 
un  quart  à  Test;  Jarnages,  plus  de  moitié;  tout  le  canton  de  Pon- 
tarion  moins  trois  communes  ;  un  tiers  du  nord-est  du  canton  de 
Royère;  et  une  commune  du  canton  de  Chambon. 

Et  dans  la  Corrèze,  près  de  moitié  des  cantons  de  Bugeat, 
Somac  et  Eygurande. 

IV.  —  Du  Haut-Limousin,  droit  écrit,  parlement  de  Bordeaux, 
prenant  en  partie  le  canton  de  La  Souterraine  (centre  et  sud);  celui 
de  Grand-Bourg  (centre,  nord  et  sud-ouest)  ;  un  tiers  au  sud-ouest 
et  au  centre  de  celui  de  Saint- Vaury;  un  neuvième  au  centre  du  can- 
ton de  La  Courtine  (Saint-Denis  était  cependant  en  Bas-Limousin, 
à  cause  de  Ventadour);  un  quart  du  centre  et  de  Touest  du  can- 
ton de  Bénévent;  un  dixième  à  Test  dans  le  canton  de  Royère. 
Signalons  aussi  Neuvic-Entier,  en  la  Marche  [sic),  mais  pour  quel- 
ques hameaux  seulement. 

Voici  Texplication  que  nous  proposerions,  à  vol  d'oiseau,  de  ces 
îlots  restés  limousins  dans  la  Marche. 

Ces  enclaves,  à  titre  de  grands  biens  ecclésiastiques,  de  lieux  sa- 
crés, se  défendirent  par  là  delà  main-mise  royale  :  La  Souterraine, 
pèlerinage  et  prévôté  dépendant  du  fameux  Saint-Martial  de 
Limoges,  ainsi  que  Saint-Vaury,  Bénévent-FAbbaye,  Gartempe, 
ex-prieuré  important,  Grand-Bourg,  prévôté  dépendant  de  la 
Cathédrale  Saint-Etienne  de  Limoges. 

De  même  en  fut-il  d'Eymoutiers  (bien  d'évéque  et  de  chapitre), 
enclave  limousine  au  sein  de  Tenclave  poitevine. 

V.  —  Du  Berry,  tout  le  canton  de  Boussac,  moins  deux  com- 
munes, et  un  tiers  du  canton  de  Jarnages,  au  nord. 

VL  —  Du  Bourbonnais^  pour  trois  communes  du  canton  de  Jar- 
nages, à  Test;  une  partie  de  la  commune  de  Bord,  canton  de  Bous- 
sac,  et  de  celle  de  Saint-Loup-les-Landes,  canton  de  Chambon. 

VIL  —  De  V Auvergne,  l'est  et  le  sud-est  du  canton  d'Auzancos; 
un  neuvième  au  sud  et  au  nord  du  canton  de  Bellegarde,  et  deux 
cinquièmes  du  canton  de  Crocq  sur  la  bordure  ouest. 

VlII.  —  Des  parties  suivantes  du  soi-disant  Poitou  : 

Le  nord  et  l'ouest  du  canton  de  La  Souterraine,  Touest  de  celui 
de  Grand-Bourg,  un  neuvième  de  celui  de  Saint-Vaury  au  sud- 


CARTE  FÉODALE   DU   LIMOUSIN.  7 

ouest.  —  Partie  des  communes  de  Vallières  et  de  Saint-Yrieix  au 
canton  de  Felletin  ;  un  quart  du  canton  de  Gentioux,  au  centre  et 
au  nord-est;  la  moitié  du  canton  de  Bénévenl,  au  sud;  tout  le 
canton  de  Bourganeuf,  moins  quatre  communes  (les  rois  ayant  eu 
toute  facilité  d'action  sur  nos  commanderies)  ;  enfin  deux  tiers  du 
canton  de  Royère,  à  Touest  et  au  nord. 

HAUTE- VIENNE. 

I.  —  Enclave  poitevine,  —  Rochechouart,  avec  les  fiefs  de  Saint- 
Mathieu,  Cognac,  Champagnac,  La  Vauguyon,  etc.,  avec  les 
paroisses  de  Maisonnais,  en  partie,  Videix,  Milhaguet,  Pensol-le- 
Pauvre,  etc.;  le  marquisat  de  Mortemart,  érigé  en  duché-pairie  en 
décembre  1650,  consistant  en  la  baronnie  de  Saint- Victurnien, 
elle-même  composée  de  la  châlellenie  d'Oradour-sur-Glane,  des 
fiefs  du  Repaire,  Puigaillard,  elc;  et,  en  outre,  les  paroisses  de 
Morlerolles,  Blond,  Nouic, Vaury, Breuil-auFa, les  fiefs  du Fraysse 
et  de  Rochelidoux,  partie  des  paroisses  de  Javerdat,  Cieux, 
Bussière-Boffy,  MonteroUet,  Saint-Christophe,  Mézières,  etc. 

II.  —  Basse-Marche  y  divisée  : 

1*  En  Basse-Marche  limousine,  capitale  Bellac,  démembrée  de 
la  vicomte  de  Limoges,  régie  par  le  droit  écrit  (droit  romain). 

2®  En  Basse-Marche  poitevine,  démembrée  du  comté  de  Poitou 
(obéissant  k  la  coutume  du  Poitou),  capitale  Le  Dorât;  ayant 
d'abord  compris  les  quatre  baronnies  ou  chefs-lieux  de  Charroux, 
Calais  (aujourd'hui  appelé  llsle-Jourdain) ,  Saint-Germain-sur- 
Vienne  et  Le  Dorât. 

On  y  comptait  de  plus,  en  1663,  les  fief  et  marquisat  de  Magnac, 
baronnies  de  Darnac,  du  Ris,  La  Périère,  Mas-Rocher,  châtelle- 
nies  d'Availles,  Lussac-le-ChAleau,  Le  Vigeant,  Brillac,  Mézières, 
Dompierre,  Le  Gros  de  Baledent,  le  Soulier,  Ordière,  Anières, 
Lussac-les-Eglises,  Broulonière,  Persat,  etc. 

Quant  à  la  sénéchaussée  de  Bellac,  elle  embrassait  la  châtellenie 
royale  de  Rançon,  celle  de  Champagnac,  etc.,  et  cent  quatre  fiefs 
relevant  du  roi.  Les  paroisses  entières  de  Bellac,  Saint-Sauveur 
son  annexe,  Blanzat,  Laguzet,  Peyrat,  Rançon,  Saint-Junien-les- 
Combes,  Saint-Bonnet,  Sainl-Barbanl  elVacqueur;  et,  en  outre, 
les  paroisses  mi-parlies  (c'est-à-dire  ressortissant  pour  moitié  de 
Bellac  et  pour  moitié  d'autres  sénéchaussées),  Anières,  50  feux, 
réclamée  par  le  Poitou;  Adriors,  Balledent,  Berneuil,  Blond, 
Bonnat,  Bussière-Poitevinc,  175  feux  ;  l'enclave  du  Deffant, 
79;  Chamborél,  Châteauponsac,  Compreignac,  Droux,  Fursat, 
La   Croix,   Le    Buis,    Luchapt,   44  feux,    revendiquée   par   le 


8  SOGléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

Poitou;  Mézières,  51;  Nantiai,  Pont-Saint-Marlin,  Roussac»  Sainl- 
Joiivent, Saint-Martial,  Saint-Symphorien,  8  feux;  Thouron,  Vaulry, 
Voulon.  (Série  provisoire  AA,2,  Préfecture  de  la  Haute-Vienne)  (1). 
Vicomte  de  Limoges.  —  Comprenant,  en  1553,  Limoges  et  ses 
chàtellenies  de  Châlucet,  Aixe,  baronnie  de  Nonlron,  Courbefy, 
Cliâlus,  Thiviers,  Excideuil,  Auberoche,  Génis-Moruscles,  —  Ans, 
lequel  relevait  de  Tévéque  de  Limoges,  ainsi  qu'Ayen  et  Yssandon, 
—  Ségur,  Sainl-Yrieix,  Chcrvix  et  Ghàteau-Chervix,  Masseret, 
Ijarche  et  Terrasson,  la  seigneurie  de  Peizac  (2),  —  et,  en  hom- 
mage les  chàtellenies  de  Bré,  Pierrebufflère,  des  Cars,  de  La  Roche- 
TAbeille,  d'Hautefort,  Thenon,  etc.  (On  sait  que  nos  vicomtes  de 
Limoges  possédèrent  aussi,  mais  à  litre  de  comtes  du  Périgord,  les 
chàtellenies  de  Montignac,  du  Vergt,  Montpaon,  Mussidan). 

OBSERVATIONS  EXPLICATIVES  DE   LA  CARTE. 

Nous  aurions  pu  justifier  ici  et  compléter  notre  carte  en  donnant 
à  l'appui  de  longues  listes  de  justices  seigneuriales  de  chaque 
grande  circonscription  judiciaire,  de  collectes,  de  paroisses,  de 
façon  à  montrer  au  vif  telle  ou  telle  bizarrerie  encore  inexplicable 
des  subdivisions  de  notre  pays,  quant  à  son  gouvernement  spiri- 
tuel ou  temporel;  mais  il  eût  fallu  faire  un  livre. 

Voici  nos  sources  pour  celle  carte  :  extraits  divers,  par  nous 
recueillis,  après  un  travail  forcené  de  dix  ans,  dans  les  archives 
particulières  ou  publiques,  Ponillés,  Bruel,  Longnon,  etc.,Bosvieux 
(rapport  au  Conseil  général),  Nobiliaire  de  Nadaud-Lecler,  Justel, 
considérablement  corrigé  dans  sa  carie  Du  Bac;  M.  Tabbé  Poul- 
brière  (carte  religieuse  modifiée,  que  nous  avons  additionnée  sur- 
tout des  prieurés  les  plus  oubliés,  avec  le  regret  de  ne  pouvoir  à 
cause  de  l'échelle  et  de  la  noircissure  redoutée,  faire  entrer  dans 
notre  cadre  une  foule  de  petits  prieurés  ou  de  seigneuries  des  deux 
Limousins,  particulièrement  le  long  de  la  Dordogne  et  ses  affluents, 
déjà  si  encombrée  de  noms  importants.  Nous  avons  aussi  mis  à 
profit  les  publications  si  sûres  de  M.  Clément-Simon,  aussi  bien 
que  les  solides  indications  qu'a  bien  voulu  nous  fournir,  autour  de 
Poitiers  et  de  Sarlal,  M.  le  baron  Marc  de  Meynard  de  Chaussenejoux, 
dont  rhabile  crayon  a  dessiné  celte  carte  avec  la  sûreté,  la  sou- 
plesse de  main  d'un  peintre,  l'exactitude  rigoureuse  d'un  officier 

(I)  Voyez  sous  ce  titre  :  Enclaoes  poUeoLnea,  la  sérieuse  élude  qu'en  a 
faite  M.  Louis  Gulbert. 

(9)  Nous  avons  modifié  en  quelques  points  le  périmètre  proposé  par 
M.  Clément-Simon. 


CARTE   FÉODALE   DU   LIMOUSIN.  9 

d'élat-major,  et  une  aimable  passion  d'érudil  pour  ces  questions. 
Nous  le  prions  d'en  agréer  encore  tous  nos  remerciements  bien  in- 
sistants. Nous  remplissons  aussi  un  agréable  devoir  en  consignant  ici 
nn  témoignage  de  reconnaissance  et  pour  la  Société  archéologique 
du  Limousin,  si  hospitalière  aux  Iravailleurs,  et  pour  MM.  Leroux 
et  Guibert,  initiateurs  de  la  présente  carte. 

Nous  mettrions  volontiers  à  Martel  le  siëg«  resté  inconnu  de 
Tarchidiaconé  de  Tornés,  que  M.  Longnon  considère  avec  raison 
comme  élabli  en  faveur  des  paroisses  quercynoises  rattachées  féo- 
dalement  à  Turenne.  On  remarquera  que  nous  plaçons  la  vicaria 
Exidensis  au  camp  des  Césarines,  où  étaient  les  tènementet  ruisseau 
de  TEyssidou.  (Voyez  nos  réfutations  des  identifications  de  M.  De- 
loche,  de  rinstitut,  au  Bulletin  de  Brive,  1887-1888),  et  le  minùte- 
riutn  (lisez  ce  mot  au  lieu  de  vicaria  sur  la  carte)  Acteraceme,  de 
Desjardins,  à  Ytrac  (Cantal). 

Nous  avons  marqué  du  signe  des  châtellenies  tous  les  sièges  de 
vicairies  carlovingiennes  telles  que  Treignac  par  nous  révélé,  et 
nous  avons  donné  avec  elles  bien  des  seigneuries  ou  prieurés  dis- 
parus avant  1600  ;  nous  attachant  surtout  aussi  à  n'omettre  aucune 
commanderie,  en  raison  de  cette  idée  très  juste  de  M.  Guigucs 
(nous  devons  beaucoup  aussi  à  Tobligeance  extrême  de  son  (ils), 
qu  elles  permettent  de  reconstituer  le  tracé  des  voies  antiques  du 
Limousin. 

J.-B.  Champeval. 


LES  SOURCES  DE  L'HISTOIRE 

DES  ORIGINES  CHRÉTIENNES  DE  LA  GAULE 

Dans  Grégoire  de  Tours  (0 


Quid   enim  fortius  desiàerat  anima  quam 
veritatem?  (S.  Auo.) 


Il  y  a  près  de  trente  ans  (1861),  un  savant  bien  connu,  M.  Lecoy 
de  la  Marche,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  De  Vautorité  de  Grégoire 
de  Tours,  avait  fait  une  étude  critique  sur  le  texte  de  X Histoire  des 
Francs,  et  indiqué  quelques-unes  des  sources  où  le  Père  de  Vhis- 
toire  de  France  avait  puisé  les  éléments  de  son  ouvrage.  Tout 
récemment,  c'est-à-dire  il  y  a  deux  ans,  M.  Godefroy  Kurth,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Liège,  a  publié,  dans  la  Revue  des  questiom 
historiques,  un  article  ayant  pour  titre  :  Les  Sources  de  Vhistoire  de 
Clovis  duns  Grégoire  de  Tours  (2).  Avant  lui,  M.  W.  Junghans  avait 
publié  à  Gottingen  (18S7)  VHistoire  critique  des  règnes  de  Childéric 
et  de  Clodovech,  ouvrage  traduit  en  français  par  M.  Monod  (3). 

Nous  avons  entrepris  un  travail  analogue  en  recherchant  les 
sources  où  Grégoire  de  Tours  a  puisé  ce  qu'il  dit,  dans  divers 
endroits  de  ses  ouvrages,  sur  les  origines  chrétiennes  de  la  Gaule 
et  sur  les  premiers  évéques  de  nos  contrées. 

Grégoire  de  Tours,  qui  vivait  à  la  fin  du  vi"  siècle,  ne  pouvait 
écrire  l'histoire  religieuse  de  la  Gaule  pendant  les  quatre  premiers 
siècles  que  d'après  des  documents  antérieurs  ou  les  données  de  la 
tradition  orale;  or  quels  sont  les  documents,  quelles  sont  les  sour- 

(1)  Ce  mémoire  a  été  lu,  en  partie,  à  la  Sorbonne,  le  j«udi  4  3  juin  1889, 
dans  la  section  d'histoire  et  de  philologie,  présidée  par  MM.  Gaston 
Paris  etLéopold  Delisle. 

(2)  Fascicule  du  4«'  octobre  1888. 

(3)  Bibliothèque  de  VEcole  des  Hautes  Etudes^  37^  fascicule,  1879. 


SOURCES  DB  l'histoire   DES   ORIGINES   CHRÉTIENNES   DE   LA    GAULE.  11 

ces  où  il  a  puisé  Thistoire  de  nos  premiers  évoques?  Voilà  quel  est 
l'objet  de  notre  travail. 

Si  Grégoire  de  Tours  est  un  véritable  historien  pour  les  faits  qui 
se  sont  passés  de  son  temps  et  dont  il  a  été  témoin  oculaire,  «  il 
est  (comme  l'a  remarqué  un  savant  du  siècle  dernier)  plutôt  im 
compilateur  d'histoires  qu'un  historien  pour  les  événements  anté- 
rieurs à  son  époque  ;  les  choses  qu'il  trouvait  écrites,  il  les  a  recueil- 
lies,  la  plupart  du  temps,  sans  critique  et  sans  examen;  et  voilà 
pourquoi,  lorsque  les  auteurs  dont  il  s'est  servi  ont  eu  des  opinions 
différentes,  il  a  écrit,  ou  plutôt  il  a  transcrit  des  choses  différentes  et 
quelquefois  cantraires  »  (1). 

Ainsi,  dans  le  premier  livre  de  son  Histoire  (chap.  xxvi),  il 
place  Torigine  des  hérésies  de  Marcion  et  de  Valentinien  sous 
l'empire  d'Anlonin  (138-164)  :  «  Sub  Antonini  imperio,  Marcionitana 
et  Valentiniana  hœresis  insana  surrexit  (â)  ;  »  or,  deux  chapitres 
plus  bas,  dans  le  chapitre  xxvni,  il  place  Thérésie  de  Valentinien 
sous  l'empire  de  Dèce,  Tan  250  :  «  Sub  Decio  imperatore.,.  Valenti- 
nianus  et  Novatianus,  maocimi  tune  hœreticorum  principes,  contra 
fidem  nostram,  inimico  impellente,  grassantur  (3).  » 

Dans  le  chapitre  xxx,  il  place  sous  l'empire  de  Valérien  et  de 
Gallien  (l'an  258),  le  martyre  de  saint  Corneille  à  Rome  et  de  saint 
Cyprien  de  Carlhage  :  Valerianus  et  Gallienus  Romanum  imperium 
sunt  adepti...  Tune  Romani  CorneiiiAS,  Cyprianus  Carthaginem  felici 
sanguine  illustrarunt  (4).  Cela  est  vrai  pour  saint  Cyprien,  qui  fut 
en  effet  martyrisé  près  de  Carthage,  l'an  258;  mais  cela  n'est  pas 
vrai  pour  le  pape  saint  Corneille,  qui  fut  martyrisé  sous  Gallus  et 
Volusien,  Tan  252  :  à  Rome,  d'après  saint  Jérôme,  et  à  Centum- 
celles  (Civita-Vecchia),  d'après  le  très  ancien  Livre  Pontifical. 

Disons,  à  la  décharge  de  Grégoire  de  Tours,  qu'il  a  puisé  cet 
anachronisme  dans  l'exorde  de  la  Passion  de  saint  Privât,  évéque 
de  Mende,  qu'ila  abrégée  deux  chapitres  plus  loin,  dans  le  cha- 
pitre xxxn  de  son  Histoire;  [on  lit  en  effet  dans  cette  légende  : 
Valeriani  et  Gallieni  temporibus,  qui  tune  romance  reipublicœ  prœsi- 


(1)  Is  caim,  qui  polius  hisloriarum  compilator,  quam  auctor  fuit,  rcs 
quas  scriptis  Iraditas  repcrit,  sine  examine  plerumquc  collegit;  indcqufe, 
cum  auctores,  quibus  usus  est,  diversa  sentirent,  diversa  eliam  ipse,  imô 
et  saepe  inler  se  pugnantia  transcripsil  (Franc.  Pagi,  Dissertatio  hlstorico' 
critica  de  aancto^  Dionysio,  ap.  Ant.  Pagi,  Breolarlum  Ponti/lcum 
Roman  ,  I7Î7,  t.  IV,  p.  <6). 

(2)  Gkegor.  Turon.,  édit.  Ruinabt,  col.  2-2  ;  —  Patrolog.y  l.  LXXI. 

(3)  Ibid.,  col.  2Î-Î3. 

(4)  Ibid.,  col.  25. 


12  SOCIÈTB  ARCHÉOLOGIQUE  EX  HISTORTQUB  DU  LIMOUMIf. 

debant,  gravis  adversitëChristianos persecutio seeiebat,..  Ea  namqn:* 
tempestate,  Romœ  Cornélius^  Cyprianm  Carthagine,  summi  antis- 
tites,  pro  Christi  nomine,  glorioso  martyrie  caronati  sunt  (ij. 

Nous  pensions  avoir  été  le  premier  à  signaler  ce  fait,  à  savoir 
que  Grégoire  de  Tours  avait  puisé  ce  qu'il  dit  de  saint  Privât  de 
Mende  dans  l'ancienne  Passion  de  ce  saint  (2)  ;  nous  étions  dans 
Terreur.  Au  xvii*  siècle,  un  savant  jésuite,  le  P.  Jean  Colomb,  dans 
ses  Opuscules  historiques^  imprimés  à  Lyon  en  1675^  avait  Tait  cette 
même  observation,  que  les  Actes  de  saint  Privât  sont  plus  anciens 
que  Grégoire  de  Tours,  et  que  cet  historien  a  puisé  dans  ces  Actes 
ce  qu'il  raconte  du  martyre  de  saint  Privât  (3). 

Article  premier. 
Grégoire  de  Tours  et  les  sept  évéqms. 

Le  texte  le  plus  important  de  Grégoire  de  Tours,  relativement  à 
nos  origines  chrétiennes,  est  celui  où  cet  historien  parle  des  sept 
évéques  envoyés  dans  les  Gaules  sous  le  consulat  de  Dëce  et  de 
Gratus,  c'est-à-dire  l'an  250.  Ce  texte  a  servi  de  base  au  système 
iiistorique  qui  retarde  jusqu'au  milieu  du  ni''  siècle  la  fondation 
des  principales  églises  de  France.  Grégoire  de  Tours  adopte  pour 
l'époque  de  cette  mission  une  darte  qu'il  a  trouvée  dans  une  Pas- 
sion de  saint  Saturnin.  Voici,  en  effet,  ce  qu'il  dit  dans  le  chapitre 
xxviu  du  premier  livre  de  YHiMoire  de  Francs  :  «  A  la  même 
époque  (sous  l'empire  de  Dèce),  sept  personnages  ordonnés  évo- 
ques furent  envoyés  pour  prêcher  dans  les  Gaules,  comme  le  rap- 
porte l'histoire  de  la  Passion  de  saint  Saturnin;  elle  dit,  en  effel  : 
Sous  le  consulat  de  Dèce  et  de  Gratus,  d'après  le  fidèle  souvenir 
qu'on  en  conserve,  la  ville  de  Toulouse  avait  commencé  à  avoir  son 
premier  pontife.  Voici  donc  ceux  qui  furent  envoyés  :  chez  les 
habitants  de  Tours,  l'évêque  Catien;  chez  les  habitants  d'Arles, 
l'évêque  Trophime  ;  à  Narbonne,  l'évêque  Paul  ;  à  Toulouse,  l'évê- 
que  Saturnin;    chez  les   Parisiens,  l'évêque    Denys;  chez    les 

(I)  Actes  de  saint  Privai,  Bibliothèque  Nationale,  ms.  41,7*8,  fol.  13, 
(ix«  ou  x«  siècle);  —  ms.  li,6C6,  fol.  86.  —  Voir  encore  SuRius,  21  août, 
édit.    ItfIS,  p.  250;  —  Acta  SS.,  t.  IV  aug.,  p.  439. 

(î)  Documents  inédits  sur  V apostolat  de  saint  Martial,  1860,  p.  3î. 

(3)  Joannes  Coliimbus  nosler,  in  opusciilis  historicis 'supra  citalis,  quie 
anno  1^76  Lugduni  Gallorum  édita  sunt,  p.  I9i,  arbitralur  Acta  S.  Privaii 
conscripla  esse  anle  aelatem  S.  Gregorii  Turonensis,  et  hune  suam 
narralionem  de  ma»*lyrio  S.  Privaii  ex  illo  auctore  excerpsissc.  iGuiulelm. 
CupER,  Acta  SS.j  t.  IV  aug  ,  p.  436). 


sorncEs  de  L^HisTornE  dës  origines  cbrétiennks  de  la  gaule.       13 

Arvernes,  révoque  Auslremoine;  chez  les  Limousins,  l'évéque 
Martial.  » 

Op,  la  Passion  de  saint  Saturnin,  sur  laquelle  Grégoire  de  Tours 
s  appuie,  dit  bien  que  le  premier  évéque  de  Toulouse  fut  envoyé 
sous  le  consulat  de  Dëce,  mais  elle  ne  dit  pas  un  mot  des  six 
attires  éVêques  que  Grégoire  de  Tours  donne  pour  compagnons  de 
saint  Saturnin.  Pourquoi  donc  le  pieux  historien  fait-il  dire  à  celle 
Passion  ce  qu'elle  ne  dit  pas?  Pourquoi  se  fonde-t-il  sur  celte 
Passion  pour  assigner  la  mission  des  six  autres  évoques  à  Tempire 
de  Dëce,  lorsque  cette  Passion  parle  uniquement  de  saint  Satur- 
nin? 

Les  savants  qui  s'étaient  aperçus  de  cette  citation  inexacte  avaient 
cherché  à  l'expliquer  en  disant  que  Grégoire  de  Tours  avait  ajouté 
ces  détails  d'après  une  tradition  qui  faisait  venir  ces  sept  évéques 
vers  le  même  temps;  mais  quelle  est  la  source  où  il  a  puisé  cette 
tradition? 

Un  savant  de  nos  jours  a  eu  l'honneur  de  la  découvrir.  Dans  ses 
Monuments  inédits  sur  l'apostolat  de  sainte  Madeleine  en  Pro- 
vence (1),  M.  Tabbé  Paillon  a  établi,  d'une  minière  aussi  solide 
qu'ingénieuse,  que  Grégoire  de  Tours  a  puisé  celte  tradition  dans 
l'ancionne  légende  de  saint  Ursin  de  Bourges,  que  le  même  savant 
a  publiée  d'après  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  peint 
au  x''  siècle.  Dans  celle  légende,  les  noms  des  sept  évoques  men- 
tionnés par  Grégoire  de  Tours  se  trouvent  identiquement  les  mê- 
mes; et  ce  qui  prouve  qu'il  a  puisé  là  cette  mission  simultanée  des 
sept  évéques,  c'est  que,  après  avoir  parlé  de  cette  mission  dans  le 
chapitre  xxvni  de  son  histoire,  il  consacre  le  chapitre  suivant 
tout  entier  au  fondateur  de  l'église  de  Bourges,  qu'il  ne  considère 
toutefois  que  comme  un  prédicateur  de  second  ordre  et  un  disciple 
des  sept  évéques.  Or,  les  détails  qu'il  donne,  dans  ce  chapitre,  sur 
le  premier  évéque  de  Bourges,  sont  empruntés  évidemment  à  la 
légende  de  saint  Ursin,  dont  ils  retracent  les  faits  principaux  et 
dont  ils  reproduisent  textuellement  certaines  locutions. 

Il  est  donc  certain  que  Grégoire  de  Tours  a  puisé  ce  qu'il  dit 
sur  la  mission  des  sept  évéques  dans  deux  documents  plus  anciens 
que  lui,  à  savoir  :  la  légende  de  saint  Ursin  de  Bourges  et  la  Pas- 
sion (le  saint  Saturnin  ;  dans  le  premier  de  ces  deux  documents,  il 
a  pris  le  dénombrement  des  sept  évoques,  et,  dans  le  dernier, 
l'époque  de  leur  mission. 

Mais  voilà  où  se  trahit  l'inexactitude  de  Grégoire  de  Tours.  La 
légende  de  saint  Ursin  dit  que  les  sept  évéques  ont  été  envoyés, 

(4)  Monuments  inédits,  etc.,  t.  Il,  col.  42.'t  cl  suiv, 


H  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

non  pas  sous  l'empire  de  Dèçe,  mais  par  les  samts  apôtres^  c'esl-à- 
(lire  au  premier  siècle  :  ce  qui  est  bien  différent.  Pourquoi  donc 
Grégoire  de  Tours,  ayant  puisé  dans  la  légende  de  saint  Ursin 
de  Bourges  ce  fait  de  la  mission  simultanée  des  sept  évoques, 
n'ajoute  t-il  pas,  avec  cette  légende,  qu'ils  ont  été  envoyés  par  les 
saints  apôtre»?  Et  puis,  pourquoi  fait-il  dire  à  la  Passion  de  sainl 
Saturnin  ce  qu'elle  ne  dit  pas,  à  savoir  que  les  six  autres  évoques 
ont  été  envoyés  avec  saint  Saturnin  sous  Tempire  de  Dèce? 

Voilà  une  double  inexactitude  qui  amoindrit  singulièrement  Tau- 
torité  de  Grégoire  de  Tours  sur  l'époque  de  l'évangélisation  des 
Gaules. 

Dans  notre  Dissertation  sur  Vapostolat  de  saint  Martial,  nous 
avons  réfuté  ce  passage  de  Grégoire  de  Tours  relatif  à  la  mission 
des  sept  évoques.  Nous  avons  montré  que  ce  passage  est  en  contra- 
diction avec  des  écrivains  antérieurs  à  cet  historien;  ainsi,  dès  le 
second  siècle  (190),  saint  Irénée  de  Lyon,  dans  son  ouvrage  Contré? 
les  hérésies,  déclare  que  de  son  temps,  il  y  avait  plusieurs  églises 
chrétiennes  établies  dans  les  Germanies,  c'est-à-dire  dans  deux 
provinces  de  la  Gaule  Belgique,  dans  les  Ibéries,  c'est-à-dire  en 
Espagne,  et  chez  les  Celtes,  c'est-à-dire  dans  les  diverses  provinces 
de  la  Gaule;  ainsi  Tertullien,  dans  son  livre  Contre  les  Juifs,  écrit 
vers  l'an  220,  par  conséquent  avant  l'époque  assignée  par  Grégoire 
de  Tours  à  la  grande  mission  des  Gaules,  énumère  les  nations  qui 
croient  en  Jésus-Christ;  et  dans  cette  énumération,  il  comprend 
«  les  Gélules  et  les  Maures  d'Afrique,  tous  les  confins  des  Espa- 
gnes,  les  diverses  nations  des  Gaules  {Galliamm  diversœ  nationes) 
et  enfin  les  îles  Britanniques,  inaccessibles  aux  Romains  et  pourtant 
soumises  au  Christ»;  ainsi  Lactance,  qui  écrivait  au  commence- 
ment du  iv«  siècle,  dit  que,  u  après  la  mort  de  Domitien  (fin  du  pre- 
mier siècle),  l'église  étendit  ses  bras  à  l'Orient  et  à  TOccidenl,  en 
sorte  qu'il  n'y  avait  aucun  coin  de  la  terre  où  la  religion  du  vrai 
Dieu  n'eût  pénétré...  Mais,  ajoute-t-il,  dans  la  suite  cette  longue 
paix  fut  troublée  ;  car,  longtemps  après,  Dèce  s'éleva  pour  persé- 
cuter l'Église  ».  Ce  texte  prouve  que  longtemps  avant  le  milieu 
du  ni"  siècle,  la  religion  chrétienne  était  généralement  répandue 
dans  les  diverses  parties  du  monde.  Nous  laissons  d'autres  témoi- 
gnages qu'on  peut  voir  dans  notre  Dissertation  sur  l'apostolat  de 
saint  Martial. 

En  outre,  ce  passage  de  Grégoire  de  Tours  renferme  une  erreur 
manifeste  sur  saint  Trophime.  Ainsi,  dix-neuf  évoques  delà  province 
d'Arles,  écrivant  au  pape  saint  Léon,  Tan  440,  lui  disaient  :  «  Toutes 
les  provinces  de  la  Gaule  savent,  et  la  sainte  Église  romaine  ne 
l'ignore  pas,  que  la  cité  d'Arles  est  la  première  ville  des  Gaules 


SOURCRS   DE  l'histoire   DES  ORIGINES  CHRÉTIENNES    DR   LA  CAULE.         15 

qui  ait  mérité  de  recevoir  pour  pontife  saiut  Trophirae,  envoyé 
par  le  bienheureux  apôtre  saint  Pierre  »  ;  assurément  ces  dix-neuf 
évéques,  un  siècle  et  demi  avant  Grégoire  de  Tours,  étaient  mieux 
renseignés  que  lui  sur  l'histoire  de  leur  église.  Les  plus  chauds 
partisans  de  cet  historien  ont  été  forcés  de  convenir  qu'il  s'est 
trompé  sur  cette  mission  de  saint  Trophime.  «  En  présence  de  la 
lettre  des  évoques  d'Arles,  dit  Tabbé  Bourassé,  je  m'incline,  parce 
que  je  trouve  là  un  témoignage  supérieur  à  Grégoire  de  Tours; 
supérieur  par  l'antiquité,  supérieur  par  son  caractère  local, 
supérieur  par  le  nombre  imposant  des  témoins.  Je  n'hésite  donc  pas 
à  abandonner  Grégoire  de  Tours  sur  ce  point,  car  tout  témoignage 
doit  céder  à  un  témoignage  supérieur  »  (i).  De  plus,  il  est  histori- 
quement démontré  par  une  lettre  de  saint  Cyprien,  que,  à  l'épo- 
que assignée  par  Grégoire  de  Tours  à  la  mission  de  saint  Trophime, 
il  y  avait  sur  le  siège  d'Arles  un  évéque  hérétique  nommé  Marcien, 
qui  fut  dénoncé  par  les  évéques  de  la  province  de  Lyon  comme 
étant  infecté  du  schisme  et  de  l'hérésie  de  Novatien.  L'erreur  de 
Grégoire  de  Tours,  relativement  à  saint  Trophime  d'Arles,  est 
donc  manifeste.  Nous  renvoyons  pour  les  détails  de  cette  démons- 
tration à  notre  Dissertation  sur  Vapostolat  de  saint  Martial,  Etu- 
dions maintenant  les  sources  où  Grégoire  de  Tours  a  puisé  ce  qu'il 
dit  sur  saint  Saturnin. 

Article  IL 
Grégoire  de  Tours  et  saint  Saturnin. 

Comme  nous  l'avons  vu  dans  le  précédent  article,  Grégoire  de 
Tours,  dans  son  Histoire  des  Francs,  s'appuie  sur  une  Passion 
de  saint  Saturnin  pour  fixer  au  consulat  de  Dèce  et  de  Gratus 
(an  250)  la  mission  du  premier  évéque  de  Toulouse  :  Ait  enim  : 
stib  Decio  et  Grato  consulibus,  sicut  fideli  recordatione  retinetur, 
primum  ac  summum  Tolosana  civitas  sanctum  Saturninum  habere 
cœperat  sacerdotem,  (L.  I,  G.  xxvin.) 

D'un  autre  côté,  le  môme  Grégoire  de  Tours,  dans  son  livre  de 
la  Gloire  des  Martyrs,  ch.  xlviii,  dit  que  saint  Saturnin  a  été 
ordonné  par  les  disciples  des  apôtres  :  Ab  apostolorum  discipulis 
ordinatm  (2).  Or,  Grégoire  de  Tours  n'a  pas  inventé  ce  détail;  il 
l'a  puisé  dans  un  document  antérieur,  dans  une  Passion  ou  légende 
de  saint  Saturnin;  et,  en  effet,  il  y  a  une  Passion  abrégée  de  saint 

(i)  Lettre  à  M.  l'abbé  Rolland  sur  quelques  principes  de  critique,  1870, 
p.  n. 
(i)  Patrolog.y  t.  LXXl,  col.  739. 


\(y  SOCIÊTK  AllC&éOLOi;iQUK  BT  HtSTORIOUB  DU  LIMOUSTN. 

Saturnin  qui  commence  par  ces  mois,  et  qui  a  élé  citée  ou  repro- 
duite par  plusieurs  écrivains  du  moyen-âge  :  au  ix*  siècle,  Raban 
Maur,  dans  son  Martyrologe  (1)  :  au  \nf  siècle,  Pierre  de  Voragîne, 
dans  sa  Légende  dorée  (2);  au  xiv*,  Pierre  de  Nalalibus,  dans  son 
Catalogus  Sanctorum  (3),  etc. 

Voici  le  texte  de  cette  petite  Passion,  tel  que  nous  Tavons  trans- 
crit dans  un  manuscrit  de  Florence  (4),  et  tel  qu'il  a  été  publié 
dans  la  Légende  dorée  de  Jacques  de  Voragine  : 

Salurninus,  ab  aposlolorum  discipulis  episcopus  ordinalus,  in  urbem 
Tholosanam  directus  est.  Cumautem,  ipso  ingrediente,  dœmones  à  respon- 
sis  cessareDt,  unus  genlilium  dixil,  quod  nisi  Salnroinum  occidereDi,  a  diis 
suis  nil  penitus  obtinerent.  Âpprehendenles  igilur  Satarninum«  nolcntem 
sacrificare^  ad  pedes  tauri  ligaverunteum,  cum  slimulis  agitantes  a  summa 
arce,  et  per  gradus  Capitolii  praecipitavcrunl.  Sicque,  capiie  confracto,  cl 
ccrebro  excusso,  marlyrium  féliciter  consummavit.  Cujus  corpus  du8B 
fcminae  rapientes,  in  profundoloco  propter  metum  gentilium  condiderunt: 
quod  postea  successores  ejus  ad  locum  reventiorcm  Iranslulerunt. 

En  rapprochant  ces  deux  passages  de  Grégoire  de  Tours,  on  voit 
aisément  qu'il  n'est  pas  d'accord  avec  lui-môme  :  comment  saint 
Saturnin  n'a-t-il  récusa  mission  qu'au  milieu  du  ni''  siècle  (an  250) 
s  il  a  été  ordonné  par  les  disciples  des  apôtres?  Il  est  vrai  que  dom 
Ruinart  a  essayé  de  justifier  Grégoire  de  Tours  en  disant  que,  par 
disciples  des  apôtres,  il  entendait  les  papes  du  milieu  du  ni"  siècle  : 
mais  cette  explication  ne  peut  soutenir  Texamen.  Toute  Tantiquité 
a  entendu  ces  paroles  dans  leur  sens  obvie,  c'est-à-dire  dans  le 
sens  de  contemporains  des  apôtres.  Ainsi,  dans  les  anciens  monu- 
ments et  docuraenls  ecclésiastiques,  le  pelit  Martyrologe  romain, 
par  exemple,  on  ne  donne  ce  litre  de  disciple  des  apôtres  qu'aux 
disciples  immédiats  et  contemporains  des  apôtres  (5).  D'ailleurs  si 
l'on  pouvait  donner  ce  titre  de  disciples  des  apôtres  aux  papes  du 
ni«  siècle,  on  pourrait  le  donner  également  aux  papes  du  moyen- 
âge  et  même  aux  papes  de  notre  temps;  or,  ainsi  interprétées,  ces 
paroles  n'auraient  aucun  sens  et  ne  désigneraient  aucune  époque 
déterminée. 


(1)  Saturninus  vero  martyr,  ut  feruat,  ab  apostolorum  discipulis  ordi- 
nalus,  in  urbem  Tolosatium  est  directus.  {Martyrolog.,  9  nov.  Patro- 
log.,LCX,  col.  H82). 

(î)  Legenda  aurea,  édition  de  Lyon,  1519,  fol.  135.  v«. 

(3)  Catalogus  Sanctorum^  1.  I,  cap.  v. 

(A)  Blbliotheca  Laurentiana,  Codicc  Slrozziano,  n*  4,  fol.  258,  v». 

(5)  Saint  Tite,  saint  Paul  de  iNarbonnc,  saint  Quadrat,  saint  Aristarquc, 
saint  Sosthône,  saint  Trophime,  elc.  [Patrolog.j  l  CXXlil,  col.  145  et 
suiv.) 


SOURCES  DE  L  HISTOIRE   DES   ORIGINES   CHRÉTIENNES   HE  LA   GAULE.  .       i7 

Voilà  donc  que,  relativement  à  la  mission  de  saint  Saturnin, 
Grégoire  de  Tours  est  en  désaccord  avec  lui-môme.  Il  s'appuie 
sur  deux  documents  différents,  dont  Tun  fixe  la  mission  du  pre- 
mier évoque  de  Toulouse  au  milieu  du  ni*  siècle,  et  dont  l'autre, 
qui  fait  ordonner  saint  Saturnin  par  les  disciples  des  apôtres,  attri- 
bue par  cela  même  sa  mission  au  i*'  siècle.  De  ces  deux  docu- 
ments, quel  est  le  plus  authentique  ?  de  ces  deux  dates,  quelle  est 
celle  qu'il  faut  adopter? 

L  —  Constatons,  en  premier  lieu,  que  la  Passion  de  saint 
Satupnin,  sur  laquelle  Grégoire  de  Tours  s'est  appuyé  pour  fixer  la 
mission  du  premier  évoque  de  Toulouse  au  consulat  de  Dècc  et  de 
Gratus,  est  une  Passion  interpolée,  c'est-à-dire  que  cette  date  a  été 
insérée  maladroitement  dans  une  transcription  postérieure  de 
cette  Passion,  vers  le  commencement  du  vi"  siècle. 

En  effet,  cette  date  est  en  contradiction  avec  l'exorde  de  cette 
pièce,  où  il  est  dit  que  saint  Saturnin  reçut  sa  mission  dès  l'au- 
rore du  christianisme,  à  l'époque  de  la  prédication  des  apôtres 
dans  nos  contrées. 

Nous  avons  eu  la  chance  de  découvrir,  dans  deux  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  nationale  (dont  l'un,  peint  au  x"  siècle,  provient 
de  l'abbaye  de  Saint-Martial],  les  actes  authentiques  de  saint 
Saturnin,  la  Passion  primitive,  où  cette  interpolation  est  absente, 
où  cette  date  fautive  n'est  pas  exprimée.  Nous  avons  publié  ces 
Actes  authentiques  dans  notre  Mémoire  sur  saint  Denis  de  Paris. 
Depuis  cette  publication,  nous  avons  eu  connaissance  d'un  troi- 
sième exemplaire  de  ces  Actes  authentiques  qui  se  trouve  dans  la 
Bibliothèque  du  Vatican  (ms.  517),  et  nous  en  possédons  une 
copie. 

Grégoire  de  Tours  a  donc  été  induit  en  erreur  par  la  Passion 
interpolée  qu'il  a  eue  sous  les  yeux;  et,  en  adoptant  la  date  du 
consulat  de  Dèce  et  de  Gratus,  il  s'est  mis  en  contradiction  avec 
lui-même,  puisqu'il  reconnaît,  d'après  d'autres  documents,  que 
saint  Saturnin  a  été  ordonné  par  les  disciples  des  apôtres,  et  qu'il  a 
reçu,  par  conséquent,  sa  mission  au  i"  siècle. 

II.  —  Disons,  en  second  lieu,  que  Grégoire  de  Tours  est  dans  le 
vrai  quand  il  rapporte  que  saint  Saturnin  a  été  ordonné  par  les 
disciples  des  apôtres ^  parce  que  des  documents  historiques,  anté- 
rieurs à  Grégoire  de  Tours,  d'autres  documents,  contemporains  de 
cet  écrivain,  donnent  à  saint  Saturnin  le  titre  de  disciple  des 
apôtres. 

(a)  A  Rome,  nous  avons  transcrit  en  partie,  et  fait  transcrire 
intégralement  au  couvent  de  la  Minerve,  dans  la  Bibliothèque 
Casanata,  un  traité  inédit  contre  les  Ariens,  qui  a  pour  titre  : 
T.  xxxviii.  % 


\S  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUR  Et  HISTORIQUE  DU  LlltOUSlN 

Collectio  (peut-éire  Collatio)  de  Mysterio  Trinitatis.  Or,  ce  traité, 
écrit  en  caractères  lorabardiques  dans  un  manuscrit  du  ix'sicclt»  (i), 
a  été  composé,  vers  la  lin  du  v*  siècle,  par  un  écrivain  du  midi  de 
la  Gaule,  que  nous  croyons  être  Fauste  de  Riez.  Gennade,  en  effet, 
attribue  à  cet  écrivain  un  petit  traité  flibellumj  contre  les  Ariens 
et  les  Macédoniens,  que  l'on  croyait  perdu,  et  qui  a  tous  les 
caractères  du  traité  que  renferme  ce  manuscrit.  Or,  cet  écrivain, 
antérieur  d'un  siècle  à  Grégoire  de  Tours,  donne  à  saint  Saturnin, 
comme  à  saint  Trophime  d'Arles  et  à  saint  Paul  de  Narbonne,  le 
titre  de  disciple  des  apôtres  (2). 

(bj  Un  autre  document  d'une  réelle  importance,  et  qui  fait 
remonter  la  mission  de  saint  Saturnin  aux  temps  apostoliques,  a 
été  découvert  à  Florence  vers  la  fin  du  siècle  dernier.  Ce  sont  les 
Actes  des  saints  Saturnin,  Honeste  et  Fiimin.  publiés  par  Joseph 
Macéda,  à  Bologne,  en  1798,  dans  son  livre  :  De  celenpropagatione 
Evangelii  (p.  27-34).  Ces  Acles  paraissent  avoir  été  composés  à 
Pampelune,  en  Espagne,  vers  le  v"  siècle,  au  vi"  pour  le  plus  tard. 
Ce  qui  n'a  pas  été  remarqué  jusqu'ici,  ni  par  Macéda  ni  par  les 
aulres  savants  qui  ont  étudié  la  question,  c'est  que  ces  Actes  espa- 
gnols se  trouvent  intercalés,  dans  le  manuscrit  de  Florence,  entre 
le  commencement  et  la  lin  de  la  Passion  de  saint  Saturnin,  com- 
posée à   Toulouse  et  citée  par  Grégoire  de  Tours.  Seulement, 
l'écrivain  ou  le  collecteur  qui  a  réuni  ces  deux  Acles  a  voulu  les 
mettre  d'accord  sur  l'époque  de  la  mission  du  premier  évéque  de 
Toulouse  ;  et,  au  lieu  d'assigner  cette  mission  au  consulat  de  Dèce 
et  d€  Gratus,   comme  on  lit  dans  la  Passion  interpolée,  il  Ta 
placée  sous  l'empire  de  Claude,  au  i"  siècle  :  Snb  Claudiêy  qui 
Gaio  defuncto  suhrogatus,  etc.  Or,  dans  ces  Actes  composés  en 
Espagne,  saint  Saturnin  est  dit  «  parfait  disciple  de  saint  Pierre, 
au  commencement  de  la  prédication  évangélique...  »  In  primordio 
prœdicationis   evangelicœ,.,^  Saturninus  apostoli  Pétri  perfectus 
exstitit  discipulus  (3).  Cet  accord  des  traditions  espagnoles  et  tou- 
lousaines n'est-il  pas  d'un  grand  poids,  et  ne  doit-il  pas   faire 
pencher  la  balance  en  faveur  de  l'opinion  de  Grégoire  de  Tours, 
lorsqu'il  dit  que  saint  Saturnin  a  été  ordonné  par  les  disciples  des 
apôtres? 

fcj  Nous  profitons  de  l'occasion  pour  signaler  un  autre  docu- 
ment, moins  ancien,  mais  non  moins  curieux,  que  nous  avons  eu 

(1)  Ms.  B.,  IV,  18,  Kalendarla  et  opéra  varia. 

(2)  Macéda,  de  Céleri  propag ai ione  Eoangeîiiy  p.  14.  —  Mahachi,  t.  I, 
p.  Î39,  édit.  4843. 

(3)  Macéda,  de  Céleri  propag atione  Evangelii,  p.  80, 


SOURCES  DE   l'histoire  DBS   ORIGINES   CHRÉTlEtfNCS   DE  LA    GAULK.  t9 

la  bonne  -fortune  de  découvrir  dans  un  seul  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale.  Ce  sont  d'anciens  Actes  de  saint  Saturnin, 
que  l'on  croyait  perdus,  et  qui,  au  témoignage  de  Bivar,  —  lequel 
en  cite  plusieurs  extraits  dans  son  Commentaire  de  la  chronique  du 
pseudo-Dexter  (1)  —  se  trouvaient,  au  xni*  siècle,  dans  la  Biblio- 
thèque de  Rodrigue  Ximénès,  archevêque  de  Tolède,  historio- 
graphe de  l'Espagne.  Ces  Actes,  que  nous  avons  transcrits  en 
partie,  que  nous  avons  fait  transcrire  intégralement,  mais  que 
nous  n'avons  pu  encore  publier,  sont  dédiés  à  Sanche  fO  Sanctus, 
0  AgieJ,  évêque  de  Pampelune  à  la  fln  du  x*  et  au  commencement 
du  XI*  siècle.  Or,  il  est  dit,  dans  ces  anciens  Actes,  que  saint 
Saturnin  était  un  disciple  de  saint  Pierre  :  Satuminus  Pétri 
alùtnnus  (2). 

fdj  Aux  documents  déjà  cités,  qui  placent  la  mission  de  saint 
Saturnin  au  i*'  siècle,  il  est  inutile  d'ajouter  les  anciens  Actes  de 
saint  Denys,  dans  l'exorde  desquels  saint  Saturnin  est  dit  avoir  été 
ordonné  et  envoyé  par  les  apôtres  (3);  citons  encore  les  Actes 
moins  anciens  de  saint  Denys,  où  le  premier  évoque  de  Paris  est 
identifié  avec  Denys  TAréopagite,  et  dans  lesquels  saint  Saturnin 
est  représenté  comme  ayant  reçu  sa  mission  de  saint  Clément  (4). 
Cette  tradition  aétéadoptée  parOdon  de  Beauvais(5),qui  florissait 
au  IX*  siècle  (860),  et  d'autres  écrivains  qu'il  serait  trop  long  de  citer. 

fej  Au  surplus,  ce  qui  démontre  que  saint  Saturnin,  premier 
évéqae  de  Toulouse,  a  reçu  sa  mission  bien  avant  le  consulat  de 
Dèce,  c'est  que,  dès  le  n*  siècle,  il  y  avait  à  Toulouse  une  église 
chrétienne  fondée  par  lui.  En  effet,  saint  Jérôme,  au  iv*  siècle, 
s'appuyant  sur  un  témoignage  de  saint  Irénée  (6),  dit  qu'un  certain 
Marc,  issu  de  la  race  de  Basilide-le-Gnostique,  vint  d'abord  dans 
les  Gaules  et  infecta  de  son  hérésie  les  pays  arrosés  par  le  Rhône 
et  la  Garonne,  puis,  passant  les  Pyrénées,  pénétra  jusqu'en  Espa- 
gne (7).  Dans  son  Commentaire  sur  haie,  s'appuyant  toujours  sur 

(\)  Patrolog,,  I.  XXXI,  p.  246 

(9)  Bibliothèque  nationale,  ms.  3,809  A,  p.  216,  tl{. 

(3)  Voir  Tédilion  que  nous  avons  donnée  de  ces  anciens  Actes  {Saint 
Denys  de  Paris ^  p.  97). 

(4)  Saint  Denys  de  Paris,  48BO,  p.  78. 

(5)  Patrolog.,i.  CXXIV,  coL  1H6. 

(6)  In  iis  quœ  secundum  nos  sunt  regiones  RhodanenseSy  muUas  seduxlt 
mulieres.  {Contra  hœreses^  cap.  IX). 

(7)  Marcus  quidam,  de  Basilidis  Gnostici  stirpe  descendons,  prinium 
ad  Gallias  vénerie,  et  eas  partes  per  quas  Rhodanus  et  Garumna  fluunt 
sua  doctrina  maculaverit...  Inde,  Pyreneum  transiens,  Hispanias  occu- 
pant, {Kpist.,  LXXXV,ad  Theodoram  olduam;  —  Patrolog,,  t.  XXII,  col, 
687). 


SO  SOCIÉTÉ  ARCIlÉOLOGlOUfi  RT  UlSTORtQUE  DU  LiMOLSiN. 

raulorilé  de  saint  Irénée,  il  répèle  que  ce  Marc  TEgyplien  a  séduit 
de  nobles  matrones,  d'abord  dans  les  contrées  des  bords  du  Rhône, 
et  ensuite  en  Espagne  (1);  enfin,  dans  sa  lettre  à  Thérélique  Vigi- 
lance, qui  habitait  au  pied  des  Pyrénées,  il  lui  reproche  de  repro- 
duire les  erreurs  de  Basilide,  très  ancien  hérétique,  qui  avaient 
clé  répandues  dans  cette  contrée  (2);  les  villes  situées  sur  la 
Garonne  et  au  pied  des  Pyrénées  indiquent  évidemment  Toulouse  ; 
or,  s'il  y  avait  dans  cette  ville,  dès  le  n*  siècle,  des  hérétiques 
Marcosiens,  il  y  avait  certainement  des  catholiques,  car  Tivraie 
suppose  le  bon  grain.  Donc  saint  Saturnin  avait  reçu  sa  mission 
avant  le  milieu  du  m*  siècle;  il  avait  été  ordonné,  comme  le  dit  son 
antique  Passion,  par  les  disciples  des  apôtres. 

On  objectera  peut-être  que  saint  Irénée,  dans  son  Traité  des  hé- 
résies,  ne  parle  que  des  villes  situées  sur  les  bords  du  Rhône  et 
non  de  celles  qui  sont  arrosées  par  la  Garonne  ;  mais  saint  Jérôme, 
l'homme  le  plus  érudii  de  son  siècle,  devait  savoir  par  d'autres 
sources  ce  qu  il  ajoute  au  texte  de  saint  Irénée.  On  ne  sait  que  par 
lui  ce  délail  historique,  que  Pompée,  en  revenant  d'Espagne  à 
Rome,  a  fondé  la  ville  de  Comminges  [Convenœ)\  or  qui  a  révoqué 
en  doule  ce  fait  historique,  quoiqu'il  ne  soit  appuyé  que  sur  le 
témoignage  de  saint  Jérôme  ? 

Dès  le  second  siècle,  il  y  avait  donc  des  chrétiens  à  Toulouse 
comme  il  y  en  avait  à  Lyon;  et  comment  peut-on  supposer  que  la 
ville  de  Toulouse  n'a  reçu  son  premier  évoque  qu'un  siècle  après 
que  le  sang  des  martyrs  de  Lyon  ruisselait  dans  les  rues  de  cette 
cilé? 

(f)  Mais  comment  expliquer  l'interpolation  de  cette  date,  sub 
Decio  et  Grato  constilibus,  dans  la  Passion  de  saint  Saturnin  cilée 
par  Grégoire  de  Tours? 

Voilà  une  explication  qui  nous  paraît  très  plausible  : 

Il  y  a  une  ancienne  et  très  courte  Passion  de  saint  Saturnin,  que 
Pierre  de  Natalibus  a  reproduite  dans  son  Catalogue  des  sainte. 
Cette  Passion,  dans  laquelle  il  est  dit  que  saint  Saturnin  fut  or- 
donné par  les  disciples  des  apôtres  se  termine  par  cette  addition 


(1)  Vir  aposlolicus  scribit  Irencus...  multarum  origines  explicans  liaere- 
scon,  et  maxime  Gnosticorum,  qui  per  Marcum  iEgyplium,  Galliarum  pri- 
mum  circa  Rhodanum,  dcinde  Hispaniarum  nobiles  feminas  dcccperunt. 
(M  Isalam.  c.  LXIV;  —  Patrolog,,  t.  XXIV,  col.  623.) 

(2)  El  quia  ad  radicos  Pyrenei  Iiabilas,  vicinusque  es  Ibcriie,  Rasilidis, 
anliquissimi  haerelici,  et  impcritœ  scientiae,  incredibilia  portenla  prose- 
qucris,  et  proponis  quod  lotius  orbis  aucloritate  damnatur.  (EpUtolar. 
lib.  m,  edit.  16i7,  p.  527). 


SOURCES   DE   L*HISTOIRE  DBS   ORIGINES  CBRÉTIENNE3  DB  J.A  GAULE.         '21 

apocryphe  :  «  Il  souffrit  [le  martyre]  sous  Dèce,  le  3  des  calendes 
de  décembre  »  (1). 

Florus,  moine  de  Sainl-Trond  (760),  dans  ses  Additions  au  Mar- 
tyrologe de  Bède  (2),  et  saint  Adon  de  Vienne  (856),  dans  son  Mar- 
tyrologe (3),  ont  puisé  à  cette  source  et  reproduit  ce  détail. 

Or,  cette  addition  apocryphe  nous  parait  le  fait  de  quelque 
copiste,  ancien  à  la  vérité,  mais  ignorant,  qui,  voulant  rattacher 
le  martyre  de  saint  Saturnin  à  une  époque  déterminée,  l'aura  assi- 
gné, par  conjecture,  à  la  persécution  de  Dèce,  qui  avait  sévi  à  Tou- 
louse, et  dont  le  souvenir  était  resté  gravé,  en  caractères  de  sang, 
dans  la  mémoire  des  peuples. 

Un  copiste  des  anciens  Actes  de  saint  Saturnin,  s*appuyant  sur 
cette  addition  apocryphe,  aura  interpolé  cette  date  du  consulat  de 
Dèce  et  de  Gratus  dans  la  Passion  consultée  par  Grégoire  de 
Tours;  mais,  au  lieu  de  fixer  à  cette  date  le  martyre  de  saint  Satur- 
nin (ce  qui  était  plus  naturel),  il  aura  placé  sous  ce  consulat  sa 
venue  à  Toulouse,  ce  qui  est  tout  à  fait  improbable  et  contraire  à 
tous  les  monuments  de  la  tradition. 

Donc  saint  Saturnin  a  été  ordonné  par  les  disciples  des  apôtres, 
comme  le  dit  Grégoire  de  Tours,  et  sa  mission  remonte  au 
i"  siècle. 

Article  III. 
Saint  Martial  et  Grégoire  de  Tours. 

Grégoire  de  Tours  a  parlé  de  saint  Martial  dans  maints  endroits 
de  ses  ouvrages.  Outre  les  deux  principaux  passages  où  il  parle  de 
sa  mission,  Tassignant,  tantôt  à  Tempire  de  Dèce,  tantôt  aux  évé- 
ques  de  Rome,  sans  préciser  aucune  époque,  on  trouve  dans  son 
Histoire  des  Francs  un  passage  qui  montre  combien  le  culte  de 
saint  Martial  était  en  honneur  au  vi"  siècle. 

Léon  de  Poitiers,  mauvais  conseiller  de  Chramne,  fils  de  Clo- 
taire,  qui,  selon  Tinterprétation  de  son  nom,  était  «  un  lion  très 
cruel  dans  toutes  sortes  de  passions  »,  Léon  de  Poitiers  dit  un  jour 
que  «  Martin  et  Martial,  confesseurs  du  Seigneur,  ne  laissaient  rien 
d'utile  aux  droits  du  fisc  »;  c'est-à-dire  que  l'argent  des  fidèles,  au 
lieu  d'aller  grossir  le  trésor  du  roi,  se  perdait  dans  la  crypte  du 


(1)  Passus  est  aulcm  tempore  Decii,  m  kal.  dccemhris.  {Cataîogus  Sanc 
torum,  1.  ï,  C.  V,  édition  de  l.yon,  1542,  fol.  I,  v«). 

(«)  Martyrol,  Bedœ,  29  nov.  ;  —  Patrolog.y  t.  XCIV,  col.  H18. 
(3)  Martyrolog,,  29  nov.;  —  Patroloj.y  t.  CXXllI,  col.  406. 


Z%  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIK. 

tombeau  de  saint  Martial.  «  Aussitôt,  frappé  par  la  vertu  des  con- 
fesseurs, Léon  de  Poiliers  devint  sourd  et  muet  et  mourut  fou  (1).  » 
On  voit  par  là  que  le  culte  de  saint  Martial,  à  cette  époque,  était  à 
l'égal  du  culte  de  saint  Martin  ;  or,  le  cuHe  de  saint  Martin,  au  vi« 
siècle,  était  universel;  et  l'on  connaît  le  vers  de  Fortunat  sur  ce 
sujet  : 

Où  le  Christ  est  connu,  Martin  est  honoré, 
Et  quo  Ckristus  habet  nomen,  Martlnus  honorem  (î). 

Nous  avons  cité  le  passage  de  Grégoire  de  Tours  où  saint  Mar- 
tial figure  parmi  les  sept  évoques  envoyés  sous  le  consulat  de 
Dèce  et  de  Gratus;  ce  texte  n'ajoute  presque  rien  sur  le  premier 
évéque  de  Limoges. 

Dans  son  livre  De  la  Gloire  des  Confesseurs^  Grégoire  de  Tours 
a  consacré  trois  chapitres  à  saint  Martial, 

Dans  le  premier  de  ces  chapitres,  après  avoir  dit  que  saint 
Martial  avait  été  envoyé  par  les  évéques  de  Rome  —  qu'il  ne  dési- 
gne pas  autrement  fSanctus  Martialis  episcopm  a  Romanis  missus 
episcopisj,  il  ajoute  que  ce  pontife,  «  après  avoir  renversé  les 
statues  des  faux  dieux  et  aboli  leurs  rites,  après  avoir  rempli  la 
ville  de  Limoges  de  la  foi  au  vrai  Dieu,  sortit  de  ce  monde  f migra- 
vit  a  sœctiloj  ».  Il  dit  de  plus  qu'il  y  avait  avec  lui  deux  prêtres, 
qu'il  avait  amenés  avec  lui  d'Orient  dans  la  Gaule  fqtws  secum  ab 
Oriente  adduxit  m  GalliamJ;  et  lorsqu'ils  vinrent  à  mourir,  leurs 
sarcophages  furent  réunis,  et  ils  furent  ensevelis  dans  la  même 
crypte  que  le  saint  évéque;  l'un  était  près  de  la  muraille,  l'autre 
lui  était  contigu;  mais  leurs  tombeaux  n'étaient  pas  relevés  de 
terre;  et  l'on  ne  pouvait,  à  cause  de  cette  juxtaposition,  ni  étendre 
une  nappe  fpalaj,  ni  allumer  de  (lambeau.  Gomme  les  habitants 
du  lieu  voyaient  cela  avec  peine,  il  arriva  qu'un  matin,  en  entrant 
dans  la  crypte,  ils  trouvèrent  les  sépulcres  placés  dans  des  murs 
différents;  et  ainsi  l'accès  à  chaque  sépulcre  fut  libre,  et  il  fut 
manifesté  clairement  que  le  bienheureux  pontife  devait  être  vénéré 
comme  un  serviteur  du  vrai  Dieu  (3). 

Dans  le  chapitre  suivant,  Grégoire  de  Tours  raconte  la  guérison 
d'une  jeune  fille  dont  la  main  était  paralysée,  dont  les  doigts  étaient 


(1)  Gregor.  Turon.,  HLst»  Franc,  lib.  IV,  c.  xvi,  édit.  Ruinart, 
col.  «56. 

(î)  Fortunat,  Viia  S.  Martini^  lib.  IV,  dernier  vers;—  Patrolog.j 
{.  LXXXVllI,  col.  426. 

(3)  Gregor.  Turon.,  De  gloria  confessorum,  cap.  XXVll],ôdit.  Ruinart, 
col.  917. 


SOURCES   DR   l/niSTOiRK  DES   OPIIGINES  CHRÉTIENNES   DE   LA  GAULE.  93 

rentrés  dans  la  paame,  et  qui,  ayant  confiance  dans  la  vertu  du 
saint  confesseur  —  lequel  avait  délivré  le  peuple  des  vaines  prati- 
ques d'un  culte  superstitieux  —  célébra  la  vigile  dans  la  nuit  de  sa 
fête,  et  qui,  en  priant  devant  son  tombeau,  fut  tout  étonnée  de 
voir  sa  main  guérie  en  présence  du  peuple. 

Dans  le  troisième  chapitre,  il  raconte  la  guérison  d'un  homme 
qui,  après  avoir  prêté  un  faux  serment  dans  une  église,  était  de- 
venu muet  :  sa  voix  ne  ressemblait  plus  à  une  voix  humaine,  mais 
à  un  bêlement  de  brebis.  S'étant  prosterné  pour  prier  devant  le 
tombeau  du  saint,  il  sentit  comme  une  main  qui  lui  touchait  le 
gosier;  el  ayant  fait  signe  au  prêtre  qui  était  là  de  lui  faire  le  signe 
de  la  croix  sur  la  bouche,  il  recouvra  l'usage  de  la  voix,  et  raconta 
tout  ce  qu'il  avait  souffert  (1). 

Où  Grégoire  de  Tours  a-t-il  puisé  le  récit  de  ces  trois  miracles? 
Il  Ta  puisé  certainement  dans  l'ancienne  Vie  de  saint  Martial  que 
nous  avons  découverte,  et  où  ils  sont  racontés  (le  troisième  en  par- 
ticulier) en  des  termes  presque  identiques  (2). 

C'est  là  ce  que  nous  avons  dit  lorsque  nous  avons  publié,  en 
4860,  celte  ancienne  Vie;  c'est  là  ce  que  nous  répétons  aujour- 
d'hui avec  une  entière  certitude. 

Deux  savants  allemands,  à  qui  Ton  doit  une  édition  récente 
(1884)  de  Grégoire  de  Tours,  MM.  W.  Arndt  et  Bruno  Grusch,  ont 
cité  notre  opinion  à  ce  sujet,  et  tout  en  accordant  que  celte  an- 
cienne Vie  de  saint  Martial  et  les  miracles  qui  y  sont  racontés  ont 
été  écrits  peu  de  temps  après  Grégoire  de  Tours,  ils  penchent  plu- 
tôt vers  cette  opinion  que  c'est  l'auteur  de  cette  ancienne  Vie  qui  a 
emprunté  à  Grégoire  de  Tours  le  récit  de  ces  trois  miracles  (3). 

J'en  demande  pardon  à  la  critique  allemande;  mais  elle  me 
paraît  ici  en  défaut.  Prétendre  qu'un  écrivain  limousin  est  allé  em- 
prunter à  Grégoire  de  Tours  le  récit  de  miracles  opérés  à  Limoges, 
c'est  aller  contre  toute  vraisemblance.  C'est  comme  si  on  disait  que 

(I)Gregor.  Turgn.,  De  Gloria  confessorum,  c.  xxix,  édil.  Ruinart,  col. 
91  S.  {Patroîog.,  t.  LXXï.) 

(t)  Documents  Inédita  sur  l'apostolat  de  saint  Martial^  1860,  p.  39. 

(3)  Miracala  quœ  Grogorios  subjecit,  ex  hac  ipsâ  vilâ  fluxisse,  Arbellol, 
(Documents  Inédits  sur  l'apostolat  de  saint  Martial,  Paris,  4860,  p.  32.) 
slaluit,  sed  è  Gregorio  potius  viiae  scriptor  profccit,  qui  bldentis  mugltum 
in  balantem  oolum  vocem  scnlentiam,  sensltque^  ut  postea  adserebat. 
tanquam  si  aliquls  guttur  ejus  iangeret»  in  illam  tanquam  si  gut- 
tur  ejus  aliquls  tangeret  mulavcrit.  Quamquam  haec  miracula  non 
adco  mullo  lempore  post  Grcgorium  composita  esse  concède.  {Monu- 
menta  Germantœ  hlstorlca.  —  Scrlptores  Rerum  Merovlnglcarumt  Gre- 
gor.  Turon.^  Hannocerœ^  4881,  p.  765,  noie  I. 


Si  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

Grégoire  dft  Tours  est  venu  chercher  en  Limousin  le  récit  des  mi- 
racles opérés  en  Auvergne.  Ces  miracles  étaient  écrits  naturelle- 
ment dans  les  lieux  où  ils  étaient  opérés.  Serait-ce,  par  hasard, 
que,  à  cette  époque,  il  n'y  avait,  dans  les  Gaules,  d'autre  écrivain 
que  Grégoire  de  Tours?  Comment  soutenir  cette  opinion,  quand  on 
convient,  du  reste  que  cette  ancienne  vie  de  saint  Martial  a  été 
écrite  peu  de  temps  après  Grégoire  de  Tours? 

Les  miracles  racontés  dans  cette  ancienne  Vie  sont  évidemment 
antérieurs  au  vu*  siècle,  puisque  dans  Tautre  Livre  des  Miracles 
que  nous  venons  de  publier  (1),  le  premier  en  date  se  rapporte  à 
rélection  de  saint  Loup,  qui  eut  lieu  en  6i4. 

Il  y  a  plus  :  non  seulement  Grégoire  de  Tours  a  connu  rancienne 
Vie  de  saint  Martial  et  y  a  puisé  le  récit  des  trois  miracles  qu'il 
rapporte,  mais  il  a  dû  connaître  aussi  la  légende  prolixe  de  saint 
Martial  composée  par  le  pseudo-Aurélien, 

Les  savants  se  sont  étonnés  de  trouver  dans  Grégroire  de  Tours 
un  détail  curieux  sur  les  deux  prêtres  compagnons  de  saint  Martial, 
à  savoir  que  le  saint  évéque  les  avait  amenés  avec  lui  d'Orient 
dans  la  Gaule  (2).  C'était  insinuer  la  mission  de  saint  Martial  au 
premier  siècle,  puisque  c'est  surtout  à  cette  époque  que  les 
apôtres  et  leurs  disciples  partaient  de  TOrient,  c'est-à-dire  de  la 
Judée.  Or,  où  Grégoire  de  Tours  a-t-il  puisé  ce  détail?  ce  n'est  pas 
dans  l'ancienne  Vie  de  saint  Martial,  où  on  ne  le  trouve  point, 
mais  dans  la  légende  prolixe,  composée  par  le  pseudo-Aurélien. 
C'est  encore  d'après  cette  légende  qu'il  dit  que  saint  Martial  mou- 
rut après  avoir  rempli  la  ville  de  la  foi  au  vrai  Dieu  :  repletâ  jam 
creduUtate  (3)  Dei  urbe  (ch,  27). 

Et  cela  n'a  rien  de  surprenant,  puisque  Fortunat,  évéque  de 
Poitiers,  a  composé  sur  cette  légende  de  saint  Martial  un  petit 
poème  qui  porte  son  nom  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
Laurentienne  de  Florence,  et  que  le  cardinal  Luchi,  au  siècle  der- 
nier, a  inséré  dans  l'édition  complète  des  œuvres  de  Fortunat  (4). 
Ces  vers  ont  été  reconnus  comme  authentiques  non  seulement  par 
le  cardinal  Luchi,  mais  par  les  autres  savants  italiens,  Bandini, 

(1)  Leone  des  miracles  de  saint  Martial  (texte  lalin  inédit  du  ix«  siècle). 
Paris,  René  Haton,  1889,  p.  12. 

(2)  MM.  W.  Arndt  et  Bruno  Cruscli,  dans  leur  édition  de  Grégoire  de 
Tours  :  «  Martlaleni  ab  Oriente  in  Gallias  adoenisse,  Gregorius  iafra 
scripsit.  0  (p.  764,  note  3). 

(3)  Le  mot  credaZtias,  aux  v^ctvi*  siècles,  voulait  dire  non  pas  crédulité^ 
mais  foi  sincère  et  religieuse  :  «  Scia  mihi  ad  credulitalcm  sufficit  per- 
sona  dicenlis.  »  (Cassian.  De  Incarnat^  lib.,  IX,  c,  vi.) 

(4)  Romœ^  4786,  in-io,  t.  I,  p.  71.  —  Patrolog.,  t.  LXXXVIII,  p.  115. 


SOURCES  DE  l'rISTOIRR   DRS   01lI6i:«E9   CflRÉTIENNKS   DR   LA  GAULE.         3$ 

Amadazzi,  qui  les  ont  publiés  en  1783  dans  les  Anecdotes  littérai- 
res de  Florence  (t.  IV,  p.  433). 

Nous  nous  étonnons  que  M.  Frédéric  Léo,  dans  l'édition  qu'il 
Tient  de  donner  à  Berlin  des  Œuvres  de  Fortunat,  ail  classé  ce 
petit  poème  de  saint  Martial  parmi  les  œuvres  apocryphes  de  ce 
poète  (1).  Il  n'a  pas  eu  connaissance  de  l'édition  que  nous  en  avons 
donnée,  ni  des  preuves  d'authenticité  que  nous  avons  produites 
.dans  notre  Dissertation  sur  V apostolat  de  saint  Martial  (2).  Comme 
il  n'a  étudié  que  le  manuscrit  de  Florence,  plusieurs  fautes  se  sont 
glissées  dans  son  édition  :  plus  heureux  que  lui,  nous  avons  pu 
coUationner  le  manuscrit  de  Florence  avec  trois  autres  manus- 
crits, Tun  de  saint  Jean  de  Latran,  un  second  de  la  Minerve,  à 
Rome,  et  un  troisième  de  la  Bibliothèque  Ambrosienne  de  Milan  (3). 
Nous  pensons  en  donner  ici  une  édition  exacte,  et  nous  indiquons, 
en  caractères  italiques  les  mots  qui  ont  été  mal  lus  par  les  édi- 
teurs précédents. 

Christus  principium,  finis,  lux  est,  via  Chrislus, 
Nomine  cujus  in  almifico,  semperque  beato, 
MartlaUs  rcsoaant  hic  oerotclssima  gesla. 
Qais  hominum  digne  valeat  doctissimus  unquam 
Quanti  ait  meriii  prseclarus  apostolus  isle 
Dicere,  vel  prosa  vel  pulchri  carminé  metri, 
Que  saltem  modicis  decorelur  pagina  verbis? 
Tullius  atque  Marc  venianl  ;  sit  lingua  faceta, 
Versibus  aut  currens,  aut  presse  mella  retexens. 
Non  lua,  sancte  pater,  poterunt  depromere  gesta, 
Tellus  te  Romana,  quibus  te  Gallica  tellus 
PostPelrum  recolunt  juniorem  parte  secunda, 
Cum  Pctro  recolunt  aequalem  sorte  priori. 
Bcnjamita  tribus  te  gessit  sanguine  claro, 
Urbs  le  nunc  retincl  Lemovica  corpore  sancto. 
Hinc  tibi  sil,  Rex  magne,  Deus,  laus,  gloria,  Ghristc  ! 
Ghriste  caput,  fmisque  cluens,  pax,  lux,  via,  Ghristc  ! 

Mais,  dira-t-on,  si  Grégoire  de  Tours  a  connu  Tancienne  Vie  de 
saint  Martial,  et  même  la  légende  apocryphe  composée  par  le 
pseudo-Aurélien,  comment  n'a-t-il  pas  adopté  la  date  qu'on  trouve 

(1)  Monumenta  Germanlœ  hisiorica,  t.  IV  :  Berolini,  ^881,  Appendlx, 
p.  389. 

(2)  P.  77  et  23i-î38. 

(3)  Saint  Jean  de  Latran,  Armario  11,  A,  fol.  i72.  —  Bibliothèque  Gasa- 
nata,  Galalogue  ms.  p.  350.  -—  Bibliothèque  Laurentiennc  à  Florence, 
plutei  XX,  cod.  3.  —  Bibliothèque  Ambrosienne,  à  Milan  :  B,  49,  infer. 
p.  cxxvni,  V®. 


20  SOCIRTé  ARCHÉOLOGiQrR  RT  HIST0R1QUR  OD  I.I3I0US1(I. 

dans  ces  deux  légendes?  Comment  n'a-t-il  pas  dit  que  saint  M ir- 
lial  avait  été  envoyé  par  saint  Pierre  ? 

La  raison  en  est  bien  simple  :  Grégoire  de  Tours  n'a  pas  voulu 
se  déjuger.  Après  avoir  adopté  pour  la  mission  des  sept  évéques 
(et  par  conséquent  de  saint  Martial),  la  date  qu'il  avait  trouvée 
dans  la  Passion  interpolée  de  saint  Saturnin  (mais  qui  ne  regar- 
dait que  cet  évêque),  c'est-à-dire  le  consulat  de  Dèce  et  de  Gratus, 
il  ne  pouvait  se  mettre  en  contradiction  d*une  manière  m  flagrante. 
Que  fait-il?  Il  reste  dans  le  vague.  «  Saint  Maniai,  dit-il,  envoyé 
par  les  évoques  de  Rome  ».  Quels  sont  ces  évoques?  il  ne  le  dit 
pas,  et  pourtant,  la  première  année  de  Tempire  de  Dèce,  l'évoque 
de  Rome  était  saint  Fabien. 

Par  ces  évêques  de  Rome,  a-t-il  voulu  désigner,  comme  quelques 
savants  l'ont  pensé  (1),  a-t-il  voulu  désigner  saint  lin  et  saint 
Clément,  ou  saint  Clément  et  saint  Clet,  que  quelques  anciens 
écrivains  de  l'Eglise  latine  ont  prétendu  avoir  siégé  ensemble?  Ce 
qui  pourrait  le  faire  supposer,  c'est  que,  en  parlant  de  saint 
Eutrope  de  Saintes,  il  dit  qu'il  avait  été  envoyé  par  saint  Clé- 
ment (2). 

Si  cette  interprétation  n'est  pas  admise,  quels  sont  ces  évéques? 
Il  n'en  sait  rien.  Ce  sont  aussi  bien  des  évéques  du  i"  siècle  que 
du  ni*.  Donc,  Grégoire  de  Tours  avoue  son  ignorance  et  reco&naîl, 
par  cela  même,  l'incertitude  de  la  date  qu'il  a  assignée  une  fois  à 
cette  mission  des  sept  évoques,  savoir  :  le  consulat  de  Dèce  et  de 
Gratus  (an  250). 

Saint  Martial  a  donc  reçu  sa  mission  de  saint  Pierre,  comme  il 
est  dit  dans  son  ancienne  Vie  et  dans  d'autres  vieux  documents, 
échos  fidèles  de  la  tradition  immémoriale. 

Ce  qui  contribue  à  donner  à  celte  tradition  du  Limousin  un 
degré  de  certitude,  c'est  non  seulement  la  tradition  des  autres 
Églises  de  l'Aquitaine  qui  reconnaissent  saint  Martial,  disciple  de 
saint  Pierre,  pour  leur  fondateur,  mais  encore  les  traditions  con- 
cordantes de  Rome  et  de  l'Italie. 

A  Rome,  nous  avons  transcrit  dans  la  Bibliothèque  du  Vatican 
et  dans  les  archives  de  Sainte-Marie  in  Via-Lata  un  ancien  docu- 
ment dans  lequel  il  est  dit  que  le  fondateur  de  l'oratoire  souter- 
rain de  cette  église  est  saint  Martial,  disciple  de  saint  Pierre,  venu 
avec  lui  d'Antioche  à  Rome,  et  envoyé  par  lui  d'abord  à  Ravenne, 

(I)  Ap.  François  Pagi,   Breoiarlu m  pontifie.  Roman,,  t.  IV,  p.  \%  n^ 

XXVllI. 

(î)  Gregor.Turon.,  De  Gloria  Martyrum^  cap.  LVI,  éefll.  Ruinart,  col, 
780.  —  Patroloff.,  t.  LXXl 


SOtlRCBS  DR  L*HI.ST01RB  DES   ORIGINES  GHRRTIElfXES   DE   LA    GK[:LK.        97 

et  ensuite  dans  les  pays  au-delà  des  monts,  c'est-à-dire  dans  les 
Gaules.  Le  savant  historien  «Je  Téglise  Sainte-Marie  in  Via-Lata, 
Fioravanle  Martinelli,  reconnaît,  après  Baronius,  que  ce  saint 
Martial,  fondateur  de  cet  oratoire,  est  celui  qui  a  été  envoyé  par 
saint  Pierre  pour  prêcher  TEvangile  aux  habitants  de  Limoges,  de 
Toulouse  et  de  Bordeaux  (1). 

A  Colle  di  Val  d'Eisa,  autrefois  Gracchianum,  en  Toscane,  une 
église  mentionnée  dans  les  conciles  de  Limoges  a  été  élevée  sur  le 
tombeau  de  saint  Àustriclinien,  que  la  tradition  locale  dit  avoir  été 
ressuscité  par  saint  Martial  avec  le  bâton  de  saint  Pierre.  L'accord 
des  traditions  de  Rome  et  de  l'Italie  avec  celles  du  Limousin  et  de 
toute  r Aquitaine  en  prouve  la  vérifé  :  Quod  apud  multos  unum  in- 
venitur,  non  est  erratum,  sed  traditum  (2). 

Article  IIL 
Grégoire  de  Tours  et  saint  Gatien, 

Il  semblerait  que  Grégoire  de  Tours  n'a  pu  se  tromper  sur  les 
origines  de  TEglise  dont  il  était  évéque;  et  toutefois,  quand  on  y 
regarde  de  près,  on  voit  que  sur  ce  point,  il  n'est  pas  toujours 
d'accord  avec  lui-même. 

V  Dans  son  Livre  de  la  Gloire  des  Confesseurs,  il  dit  que, 
«  d'après  la  tradition,  Tévéque  Catien  a  été  envoyé  à  Tours  par 
les  évéquesde  Rome,  et  qu'il  a  été  donné  comme  premier  pontife 
aux  habitants  de  cette  ville  (3)  ».  Quels  sont  ces  évoques  de  Rome? 
il  n'en  sait  rien  :  et  par  ce  terme  vague  il  avoue  naïvement  son 
ignorance  sur  l'époque  où  saint  Galien  a  reçu  sa  mission. 

Dans  le  livre  dixième  de  son  Histoire  des  Francs,  il  est  plus 
précis.  Il  assigne  la  mission  de  saint  Gatien  à  la  première  année 
de  l'empire  de  Dèce  :  il  a  puisé  cette  date  dans  la  Passion  interpolée 
de  saint  Saturnin,  et  il  l'a  appliquée,  sans  raison  valable,  à  saint 
Gatien;  et  toutefois  il  ne  nomme  pas  le  pape  qui  siégeait  à  cette 
époque,  et  par  qui  saint  Galien  aurait  élé  envoyé  (4).  En  adop- 

(I)  Primo  Trofeo  délia  5™*  Croce  eretto  in  Roma  nella  Via  Lata  da 
S.  Pietro  apostolo^  elc,  da  Fioraoante  MartineUi,  romano  (dédié  à 
AlcxRodre  VU),  -<  Roma,  1655,  p    Si. 

(î)  Tertull.  De  Prœacrlpt.^  c.  xxviii. 

(3)  Gatianum  cliam  cpiscopum  a  Homanis  cpiscopis  ad  urbem  Turoni- 
cam  missum,primumqiieTuronicis  poalificcmdalum,  fama  ferente,  cogno- 
vimus    {De  Gloria  confessor.,  cap.  iv,  édit.  Ruinart,  col.  897.) 

(4)  Primus  Galianus  cpiscopus,  aano  impcrii  Dccii  primo,  k  Romanae 
sedispapa  transmissus  esl.  {Hist,  Franc,  l.  X,  c.  xxxi,  Uuinart,  col.  527.) 


28  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

tant  cette  date,  il  tombe  en  contradiclion  avec  lui-môme.  En  effet  : 

1*»  Il  dit  d'abord  que  saint  Gatien  fut  envoyé  la  première  année 
de  Tempire  de  Dèce,  c'est-à-dire  Tan  250  ; 

^  Il  ajoute  que  saint  Gatien  siégea  cinquante  ans  dans  la  vilie  de 
Tours  (1),  ce  qui  porte  sa  mort  à  Tan  300; 

3«  Il  dit  ensuite  que  l'évêché  de  Tours  resta  vacant  pendant  trente- 
sept  ans  (2),  c'est-à-dire  jusqu'en  337  ; 

4*  Que  saint  Lidoire,  second  évêque  de  Tours,  fut  ordonné  la 
première  année  du  règne  de  Constance  (3),  c'est-à-dire  en  338. 

Et,  vers  la  fin  du  premier  livre  de  son  Histoire,  il  s'exprime 
ainsi  :  «  Si  quelqu'un  demande  pourquoi,  après  le  passage  fia 
mort)  de  l'évoque  Gatien,  un  seul  évoque,  à  savoir  Lidoire,  a  été 
jusqu'à  saint  Martin,  il  saura  que,  par  l'opposition  des  payens,  la 
cité  de  Tours  resta  longtemps  sans  bénédiction  épiscopale;  en 
effet,  les  chrétiens  qui  existaient  de  ce  temps  célébraient  roflîce 
divin  en  cachette,  car  ceux  qui  étaient  trouvés  chrétiens  par  les 
payens,  ou  étaient  criblés  de  blessures,  ou  périssaient  par  le 
glaive  »  (4). 

Or,  cela  est  en  contradiction  avec  ce  qu'il  dit  autre  part,  que, 
«  après  la  mort  de  Dioclétien  (313),  la  paix  fut  rendue  aux  églises  »  (5). 
Si  la  paix  a  été  rendue  aux  églises  après  l'an  313,  comment  la 
persécution  des  payens  a-t-elle  duré,  à  Tours,  jusqu'en  338? 

En  n'admettant  qu'un  seul  évêque,  —  saint  Lidoire,  —  entre 
saint  Gatien  et  saint  Martin,  Grégoire  de  Tours  est  en  contradiction 
avec  un  écrivain  plus  ancien  que  lui,  Sulpice  Sévère,  qui  écrivait 
à  la  fin  du  iv«  siècle. 

Cet  historien  raconte,  dans  sa  Vie  de  saint  Martin,  chapitre  viu, 
que  ce  saint  pontife  renversa  un  autel  que  les  évéqms  ses  prédé- 
cesseurs avaient  érigé  sur  la  tombe  d'un  larron  que  le  peuple 
honorait  comme  un  martyr.  Des  savants  peu  suspects,  tels  que 
dom  Ruinart  et  dom  Liron  (6),  ont  conclu  de  ce  passage  qu'il  y 
avait  eu  plusieurs  évéques  à  Tours  entre  saint  Gatien  et  saint 
Martin.  L'évoque  de  Tours,  qui  avait  érigé  cet  autel,  ne  pouvait 

(1)  In  hac  urbe...  ut  fcrunt,  annos  quinquaginta  commoralus  (/d.  et 
ihld,), 

(2)  Cessavit  episcopalus  Iriginta  septem  annis  (/d.  et  U>ld,), 

(3)  Secundus,  anno  imperii  Conslanlis  primo,  Lilorius  ordinalur  episco- 
pus  [Id.  et  ibld.), 

(4)  /6td.,  lib.  l,  édil.  Ruinart,  col.  36. 

(5)  Cum  post  cxcessum  Diocleliani,  pax  reddita  fulsset  ecclesiis  (Id. 
ibld.^cap.  XXXIV,  cdit.  Ruinart,  col.  27). 

(6)  Don  Uuinaut,  edit.  Gregor.  Taron,,  col.  36,  N  G;  —  Don  LiRCN» 
Singularités  historiques^  t.  IV,  p    64. 


SOUrr.P.8  DK  L*HtStOIRK    1)1-3  ORIGINKS  CtlRKTIENNRS   DR   LA   GAULR.  ^ 

être  ni  saint  Catien  ni  saint  Lidoire.  Snpposer  avec  Tabbé  Cheva- 
litîr  a  que  peut-être  il  y  avait  eu  des  chrétiens  à  Tours  avant  l'arri- 
vée de  saint  Catien,  amenés  dans  cette  ville  par  des  causes  di- 
verses »  (1),  c'est  supposerjque  le  christianisme  existait  en  Touraine 
avant  saint  Catien,  c'est  donner  un  démenti  à  Grégoire  de  Tours, 
qui  regarde  saint  Catien  comme  le  premier  prédicateur  de  TEvan- 
gîle  en  Touraine. 

Or,  si  Grégoire  de  Tours  s*est  trompé  sur  les  origines  de  sa  pro- 
pre église»  quelle  autorité  peut-il  avoir  sur  l'origine  des  autres 
églises  de  la  Gaule? 

Article  IV. 

Saint  Paul  de  Narbonne. 

Grégoire  de  Tours  ne  parle  de  saint  Paul  de  Narbonne  qu'une 
seule  fois  :  c'est  dans  le  passage  relatif  à  la  mission  des  sept  évé- 
ques,  emprunté,  comme  on  le  sait,  à  la  légende  de  saint  Ursin; 
mais,  encore  sur  ce  point,  il  est  en  désaccord  avec  des  documents 
d'une  haute  antiquité  et  avec  toutes  les  traditions  du  moyen-âge. 
Ainsi,  le  petit  Martyrologe  romain,  plus  ancien  que  le  vni*  siècle, 
cpoquft  où  il  a  reçu  quelques  additions,  fait  de  saint  Paul  de  Nar- 
bonne un  disciple  des  apôtres^  et  ne  donne  ce  titre  qu'aux  disciples 
immédiats  et  contemporains  des  apôtres;  au  ix*  siècle,  les  Mar- 
tyrologes d'Adon  de  Vienne  et  d'Usuard,  échos  fidèles  de  docu- 
ments antérieurs,  en  font  un  disciple  de  l'apôtre  saint  Paul;  —  le 
Traité  contre  les  ArienS;,  de  la  Bibliothèque  Gasanata,  à  Rome,  ou- 
vrage composé  dans  le  midi  de  la  Gaule,  à  la  fin  du  v"  siècle,  et 
et  que  nous  croyons  de  Faust  de  Riez  (2),  donne  à  saint  Paul  de 
Narbonne,  comme  à  saint  Trophime  d'Arles  et  à  saint  Saturnin  de 
Toulouse,  le  titre  de  disciple  des  apôtres;  — l'ancienne  Passion  de 
saint  Denys,  d'où  Fiorus  a  tiré  ce  qu'il  dit,  dans  son  Martyrologe, 
de  saint  Paul  de  J<arbonne,  raconte  qu'il  était  du  nombre  de  ces 
hommes  choisis  auxquels  les  apôtres  conférèrent  la  dignité  épisco- 
pale  (3).  Tout  le  moyen-âge  a  suivi  cette  tradition.  En  présence  de 

(1)  Les  Origines  de  Véglise  de  Tours,  1871,  p.  âiO. 

(2)  C'est  un  ouvrage  que  Ton  croyait  perdu  et  que  Gennade  désigne  en 
CCS  termes  :  a  Legi  efus  et  adoersus  Arianos  et  M<xcedoniano8  paroum 
libeUum,  in  quo  coeasentialem  prœdicat  Trinitatem  »  (De  Scriptor, 
Ecoles  ,  cap.  LXXXV;  —  Patrolog,,  l.  LVlll,  col  1109).  Tous  ces  ca- 
ractères conviennent  parfailement  à  cel  opuscule  de  la  Bibliothèque  Ca- 
sanala,  qui  a  pour  litre  :  Collectio  (peul-êlrc  Collatio)  de  Mysterio  Sanctœ 
Triniiatie. 

(3)  Voir  pour  les  textes  précédents  notre  Dissertation  sur  Vapostolat  de 
saint  Martial. 


30  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUK  BT  HISTORIQUE  DU  LItfOUSiN. 

cet  ensemble  de  monuments  et  de  cette  nuée  de  témoins,  quel  est 
le  critique  qui  oserait  adopter  l'opinion  de  Grégoire  de  Tours? 

Il  serait  puéril,  pour  justifier  la  méprise  de  cet  historien,  de  sup- 
poser, comme  l'ont  fait  quelques  savants,  qu'il  y  a  eu  deux  Paul 
de  Narbonne,  deux  Trophime  d'Arles,  deux  Saturnin,  deux  Mar- 
tial, etc. 

Article  V. 
Grégoire  de  Tours  et  saint  Denis  de  Parts. 

Grégoire  de  Tours,  dans  maints  endroits  de  ses  ouvrages,  a 
parlé  de  saint  Denys  de  Paris.  Dans  le  passage  relatif  à  la  mission 
des  sept  évoques,  qu'il  assigne  à  l'empire  de  Dèce,  il  ajoute  : 
«  Parmi  eux,  le  bienheureux  Denys,  évéque  des  Parisiens,  après 
divers  suppHces  supportés  pour  le  nom  du  Christ,  termina  la  vie 
présente  par  le  tranchant  du  glaive  ».  Il  semblerait  par  là  qu'il  a 
eu  connaissance  de  Tancienne  passion  de  saint  Denys  :  comment 
n'a-t-il  pas  ajouté  ce  qu'on  y  trouve,  «  que  le  premier  évéque  de 
Paris  avait  été  envoyé  par  saint  Clément  »  ? 

Si  la  tradition  de  l'Eglise  de  Paris  sur  l'époque  de  la  mission  de 
saint  Denys  eût  été  conforme  à  ce  que  rapporte  Grégoire  de  Tours, 
les  écrivains  des  anciennes  Passions  de  saint  Denys  n'auraient  pas 
manqué  d'assigner  cette  mission  à  l'empire  de  Dèce,  au  lieu  de 
rassigner,  comme  ils  Tont  fait,  à  saint  Clément.  Dira-t-on  que  c'est 
par  amour  de  l'antiquité  qu'ils  ont  choisi  cette  date?  Mais  s'il  en  eût 
été  ainsi,  ils  auraient  fait  remonter  cette  mission  à  saint  Pierre,  ou 
au  Christ  lui-même,  au  lieu  de  la  retarder  jusqu'à  saint  Clément. 

Nous  renvoyons  le  lecteur  à  notre  Mé)noire  sur  saint  Denis  de 
Paris,  dans  lequel  nous  avons  publié  son  ancienne  Passion,  et  une 
autre  Passion  moins  ancienne,  dans  laquelle  il  est  identifié  avec 
Denys  l'Aréopagile.  Après  avoir  réfuté  Grégoire  de  Tours,  nous 
avons  prouvé  qu'il  faut  assigner  à  saint  Clément  la  mission  du 
premier  évoque  de  Paris. 

Dans  l'édition  des  Œuvres  de  Fortunat  que  viennent  de  publier 
en  Allemagne  MM.  Frédéric  Léo  et  Bruno  Crusch  (4),  le  premier  de 
ces  savants,  éditeur  des  poésies,  a  rangé  parmi  les  pièces  apocry- 
phes rhymne  de  Fortunat  sur  saint  Denys;  nous  pensons  qu'il 
aurait  changé  d'avis  s'il  avait  connu  les  preuves  d'authenticité 
que  nous  avons  données  de  cette  pièce.  —  L'éditeur  des  ouvrages 
en  prose,  M.  Bruno  Crusch,  a  publié  la  Passion  de  saint  Denys 
avec  la  date  traditionnelle  —  qui,  tradente  beato  Clémente,  Pétri 

[\)  MonumentaGermaniœhistorica^iAY,  6eroliDi,188t,  Appendix,vi. 


SOUnr.RS   DE  l/niSTOIRK   Des   ORir.lKES  CIlHftTlENNKS   hK   t.A    GAL'LK.  31 

(tpostùli  successorêy  etc.  (1);  il  a  eu  raison  de  ne  pas  Taltrihaer  à 
Forluoal,  elle  est  certainement  plus  ancienne,  puisque  c'est  là  que 
Forlunal  a  puisé  les  détails  qu'il  donne  dans  son  hymne  sur  saint 
Denys. 

Article  VI. 
Grégoire  de  Tours  et  saint  Austremoine. 

Dans  le  chapitre  xxvin  de  son  Histoire  des  Francs,  Grégoire  de 
Tours  compte  saint  Austremoine  parmi  les  sept  évéques  qui  furent 
envoyés  de  Rome  sous  le  consulat  de  Dèce  (an  ^0)  ;  mais,  dans 
son  livre  De  la  Gloire  des  Confesseurs,  il  parle  d'une  manière  plus 
vague  de  Tépoque  de  sa  mission,  et  il  se  borne  à  dire  qu'il  fut 
envoyé  par  les  évéques  de  Rome  avec  l'évéque  Gatien  et  les  autres 
déjà  mentionnés  »  (2). 

Or,  cinquante  ans  après  la  mort  de  Grégoire  de  Tours,  un  de 
ses  successeurs  sur  le  siège  de  Qermont,  saint  Priest  (670)  est 
l'auteur  d'une  Vie  de  saint  Austremoine,  dans  laquelle  il  fait 
envoyer  par  saint  Pierre  :  «  à  Tours,  Gratien  fsicj;  à  Arles,  Tro- 
phime  ;  à  Narbonne,  Paul  ;  à  Toulouse,  Saturnin;  à  Limoges,  Mar- 
tial ;  en  Auvergne,  Austremoine  »  (3). 

Dans  nos  Observations  critiques  à  MM.  Bourassé  et  Chevalier  sur 
la  légende  de  saint  Austremoine,  nous  avons  prouvé  que  cette 
légende  est  bien  l'œuvre  de  saint  Priest,  comme  l'affirme  l'ancien 
auteur  de  sa  vie.  Outre  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale, 
où  cette  légende  porte  son  nom  (ms.  5365,  fol.  117  v**),  nous  avons 
connaissance  d'un  autre  manuscrit  de  Clermont,  où  celte  passion 
de  saint  Austremoine  est  dite  l'œuvre  de  saint  Priest.  Le  succes- 
seur de  Grégoire  de  Tours,  mieux  éclairé  sur  les  traditions  de 
l'Auvergne,  fait  donc  remonter  à  saint  Pierre  la  mission  de  saint 
Austremoine,  martyr.  Et  la  légende  de  saint  Genou,  dans  un  ma- 
nuscrit du  IX*  siècle  (4),  compte  aussi  saint  Austremoine,  le  glorieux 
martyr,  et  saint  Martial,  parmi  les  envoyés  de  saint  Pierre;  et 
Paul  de  Narbonne  et  Trophime  d'Arles,  parmi  les  évéques  ordon- 
nés par  saint  Paul  (5). 

(I)  MonumerUa  Germaniœ  hlstorica,  t.  IV,  â<>  pars,  p.  103. 

(tj  Ipsc  (Stpcmonius)  a  Romanis  episcopis  cum  Galiano  beatissimo  ctreli- 
quis  quos  mcmoravimus  esl(]ireclas.(De  Gloria conf essor.,  c.  xxx,  Ruinart, 
col.  918). 

(3)  Voir  le  lexlc  dans  nos  ùocunientê  inédits  sur  C  apostolat  de  saint 
Martial^  p.  49,  et  dans  les  Obseroations  critiques^  etc. ,  p.  4. 

(4)  Dlbl.  Nationale,  ms.  12,193,  fol.  166  v^. 

(5)  ActaSS.f  t.  Il,  jaouar.,  p.  94.  —  Dissertation  sur  l'apostolat^ 
etc.,  p.  Cl>. 


32  SOCIÉTÉ  AaCMÉOLOGIQUE   BT   UlSTOBIQtE   DU   LIMOUSIN. 

Dans  notre  Dissertation  sur  V apostolat  de  saint  Martial  (p.  149  et 
suiv.),  nous  avons  traité  cette  question  de  saint  Auslremoine  ;  nous 
y  renvoyons  le  lecteur. 

Article  VII. 

Grégoire  de  Tours  et  saint  Ursin  de  Bourges. 

Dans  le  chapitre  xxix  du  premier  livre  de  son  Histoire  d^s  Francs, 
Grégoire  de  Tours  fait  du  premier  évoque  de  Bourges  un  des  disci- 
ples des  sept  évoques  (c'est-à-dire  de  saint  Austremoine  (1),  selon 
l'ancienne  tradition  de  TAuvergne),  et  par  conséquent  il  assigne  sa 
mission  postérieurement  à  Tan  250.  Il  résume  dans  ce  chapitre  la 
légende  de  saint  Ursin,  où  il  a  puisé  la  mission  simultanée  des  sept 
évéques  (2).  D'autre  part,  dans  son  livre  de  la  Gloire  des  Confesseurs, 
il  reconnaît  que  «  la  ville  de  Bourges  reçut  en  premier  lieu  la 
parole  du  salut  de  saint  Ursin,  qui,  ordonné  pa**  les  disciples  des 
apôtres,  fut  envoyé  par  eux  dans  les  Gaules  »  (3),  ce  qui  porte 
sa  mission  au  i"  siècle.  Evidemment  c'est  cette  dernière  date 
qu'il  faut  adopter.  Et  il  confirme  celte  opinion  par  ce  qu*il  dit  du 
premier  évéque  de  Saintes  ;  «  Eutrope,  martyr  de  la  ville  de  Saintes, 
est  dit  envoyé  dans  les  Gaules  par  le  bienheureux  évéque  Clément, 
qui  lui  avait  donné  la  bénédiction  épiscopalc  »,  puis  il  rapporte  sa 
prédication  et  son  martyre  (4).  On  voit  par  son  témoignage  quMI 
y  avait  eu  dans  les  Gaules  des  martyrs  isolés  avant  les  grands 
martyres  de  Lyon,  qui  eurent  lieu,  en  177,  sous  Marc-Aurèle,  et 
qu'ainsi  l'objection  qu'on  lire  d'un  passage  de  Sulpice-Sévère  sur 
les  premiers  martyrs  de  la  Gaule  est  sans  valeur. 

Comment  comprendre  après  cela  la  méprise  de  Grégoire  de 
Tours,  dont  le  texte  (si  souvent  réfuté),  si  on  le  prenait  au  sérieux, 
retarderait  jusqu'au  milieu  du  ur  siècle  la  prédication  de  l'Evan- 
gile dans  la  majeure  partie  des  Gaules?  Il  nous  semble  que,  après 
cette  discussion,  la  cause  est  jugée,  la  critique  a  dit  son  dernier 
mot  :  causa  finita  est. 

L'abbé  Arbellot. 

(i)  Vita  S.  Prœjecti,  ap.  Labbb,  Blhl,  nooa  mas.  libror.,  t.  Il,  p.  483. 

(i)  On  trouve  celte  légende  de  saint  Ursin,  non  senlement  dans  le  ms. 
du  X*  siècle  qu'a  publié  M.  Paillon,  mais  dans  un  autre  ms.  de  la  Biblio- 
thèque nationale  que  nous  avons  consulté,  le  ms.  13,3S0,  fol.  13-19. 
On  nous  a  signalé,  d'Orléans,  un  ms .  de  l'abbaye  de  Saint-Benoit-sur- 
Loire  qui  renferme  la  même  légende. 

(J)  De  Gloria  confessor.,  Ruinaut,  col.  961,  —  Voir  sur  la  mission  de 
saint  Ursin  notre  Dissertation  sur  l'apostolat  de  saint  MarticU,  p.  \Si. 

(4)  De  Gloria  Martyrum,  cap.  lvi,  Ruixart,  col.  786.  —  Dissertation 
sur  l  apostolat  etc.,  p.  153. 


PI.  II. 


LE  CALICE  D'AUBUSSON 


L*église  paroissiale  de  Sainte-Croix  d'Aubusson  possède  un 
calice,  précieux  spécimen  de  Torfèvrerie  limousine,  qui  offre  les 
rapports  les  plus  frappants  avec  le  célèbre  calice  de  l'hôpital  de 
Limoges.  C'est  vraisemblablement  l'œuvre  du  même  artiste,  œuvre 
de  l'art  le  plus  pur  et  le  plus  délicat  des  premières  années  du  xvi« 
siècle.  Ce  calice  avait  été  déjà  signalé  par  l'abbé  Texier,  qui  s'est 
contenté  d'écrire,  dans  son  Essai  sur  les  étnailleurs  et  les  argen- 
tiers de  Limoges  :  —  «  Aubusson.  Un  calice  orné  d'émaux.  »  Évi- 
demment, le  savant  abbé  n'avait  ni  vu  ni  manié  ce  précieux 
ouvrage.  Il  le  mentionnait  d'après  une  indication  très  sommaire 
et  il  nous  a  paru  utile  d'en  offrir  une  description  aussi  complète  que 
possible  à  la  Société  archéologique  du  Limousin. 

Le  calice  d'Aubusson,  en  vermeil  ciselé  et  repoussé,  orné 
d'émaux  peints  et  d'émail  incrusté,  a  0™,230  de  hauteur.  Le  dia- 
mètre du  pied  est  de  0",1''8. 

La  coupe,  large  et  basse,  ornée,  dans  sa  partie  inférieure,  de 
rayons  ondulés  au  repoussé,  a  O'^fOTO  de  hauteur  et  le  diamètre  de 
son  ouverture  est  de  10  centimètres.  Elle  repose  sur  un  nœud  de 
0",065  de  diamètre,  qui  offre,  à  sa  partie  supérieure,  une  série 
d'ornements  au  repoussé  en  forme  de  larmes  bataviques.  Autour 
du  nœud,  sont  huit  petits  médaillons  d'émail  peint,  de  0",015  de 
diamètre,  représentant  des  figures  de  saints,  de  saintes  et  d'évéques, 
avec  auréoles  d'or  (1).  Il  est  vraisemblable  que  ces  émaux  sont 

(I)  Une  de  ces  figures,  ornée  d'un  diadème,  parait  être  celle  du  roi  David. 
Une  autre  est  celle  d'une  jeune  femme,  coiffée  aussi  d'un  diadème.  D'au- 
tres sont  des  religieux,  des  patriarches. 

T.  xxxviii.  ) 


3i  SOCI^.TÂ   ARCHiOLOOIQUR   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

sur  argent,  comme  le  sont  les  armoiries  du  pied  du  calice,  et  ils 
sont  enchâssés  dans  une  légère  saillie  en  vermeil.  L'un  de  ces 
émaux  est  signé  très  lisiblement  :  M.  I.;  sur  un  aulre  on  croit 
lire  I.  P.  ou  I.  B.;  d'autres  semblent  avoir  des  petites  marques 
qu'il  est  difficile  d'interpréter".  Les  personnages  sont  en  buste  et 
le  dessin  est  accentué  par  un  trait  noir.  Les  carnations  sont  mo- 
delées en  blanc,  sur  un  fond  violet  bleu.  Les  lumières  des  vétemenis 
sont  indiquées  par  des  rehauts  d'or  appliqués  au  pinceau.  Du  reste, 
les  rayons  des  auréoles  et  les  accessoires  des  vêtements  sont  tracés 
assez  négligemment.  Ces  caractères  nous  paraissent  être  ceux  qui 
distinguent  les  ouvrages  des  premiers  Pénicaud. 

Au-dessous  du  nœud,  et  formant  la  partie  haute  du  pied  du 
calice,  est  une  sorte  de  tour  d'église  à  huit  faces.  Sur  chacune  de 
ces  faces,  s'ouvrent  des  fenêtres  géminées  du  style  ogival  flam- 
boyant, surmontées  d'une  rosace  à  quatre  compartiments.  La  par- 
tic  de  la  tige  sur  laquelle  est  appliquée  celte  élégante  ciselure  est 
recouverte  d'un  émail  bleu  foncé,  légèrement  bleuâtre.  Le  dia- 
mètre (ie  ce  petit  édifice  est  de  0°,036. 

Le  pied  du  calice,  qui  est  à  huit  lobes,  est  orné  de  rayons  droits 
et  flamboyants  alternant,  exécutés  au  repoussé.  Il  repose  sur  un 
socle  de  0",015  de  hauteur,  sur  lequel  se  déroule  une  guirlande  de 
fleurs  (le  lys  en  relief,  sur  un  fond  croisillé.  Cette  décoration  est 
de  l'eff'ct  le  plus  riche  et  le  plus  élégant.  Sur  le  pied  est  un  cru- 
cifix en  relief  ciselé,  ayant  d'un  côté  la  sainte  Vierge  et  de  l'autre 
saint  Jean,  petite  scène  d'un  travail  exquis.  L'inscription  de  la 
croix  est  en  caractères  gothiques.  Sur  le  lobe  opposé,  est  un  écus- 
son  aux  armes  de  la  famille  Barthon  de  Montbas.  Le  cerf  d'or  cou- 
ché est  tracé  au  burin  dans  le  métal  et  le  fond  est  un  émail 
incrusté,  de  couleur  bleu  verdàtre.  Cet  écusson  est  fait  sur  une 
plaque  d'argent  et  rapporté. 

Le  poinçon  apposé  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  du  pied  du  calice 
et  sur  la  coupe,  se  compose  d'une  petite  base  carrée,  sur  laquelle 
sont  deux  lettres  indéchiffrables,  surmontée  des  lettres  gothiques 
P.  L,  et  d'une  fleur  de  lys.  Nous  croyons  que  ce  poinçon  était  la 
marque  de  fabrique  de  la  famille  Pénicaud.  On  le  retrouve  sur  le 
calice  de  l'hôpital  de  Limoges.  Le  même  orfèvre  a  évidemment 
exécuté  les  deux  ouvrages.  Ceci  confirme  l'opinion  de  M.  Louis 
Guibert,  qui  pense  que  le  calice  de  l'hôpital  est  antérieur  à  l'ins- 
cription de  1555,  au  nom  de  Jehan  Poyllevé,  curé  de  Saint- 
Gence.  Les  armoiries  du  calice  d'Aubusson  indiquent  qu'il  a  été 
exécuté  pour  un  membre  de  la  famille  de  Barthon  de  Montbas  ou 
peut-être  donné  par  lui.  S'il  s'agissait  d'un  des  deux  évoques  de 
celte  famille  qui  se  sont  succédé  sur  le  siège  de  saint  Martial,  la 


LE   CALICR    D^AUBUSSON.  35 

pièce  sérail,  au  plus  lard,  de  1540,  année  de  la  mort  de  l'évoque 
Jean  II.  Nous  serions  donc  en  présence  d'une  œuvre  de  l'époque 
de  transition  de  l'orfèvrerie  limousine,  datanl  du  commencement  du 
XVI»  siècle,  offranl  à  la  fois  un  émail  incrusté  et  la  peinture  sur 
émail  proprement  dite. 

La  patène,  également  en  vermeil,  a  un  diamèlre  de  0",175,  qui 
est  à  peu  près  celui  du  pied  du  calice.  Sa  partie  concave  est  de 
10  centimètres.  A  l'opposé,  dans  un  cercle  légèrement  en  saillie, 
est  finement  gravé  le  monogramme  IHUS,  en  belles  lettres  gothi- 
ques de  0'",030  de  hauteur.  La  patène  est  marquée  du  même 
poinçon  que  celui  du  calice,  offrant  les  caractères  P  et  I,  sur- 
montés d'une  fleur  de  lys. 

Le  calice  a  dû  être  réparé  il  y  a  quelques  années.  La  coupe,  qui 
se  détachait  de  la  tige,  a  été  fixée  au  moyen  de  quatre  vis  d'argent. 

On  rapporte  que  ce  précieux  objet  d'art  est  entré  dans  l'église 
de  Sainte-Croix  par  les  soins  de  François  Furgaud,  archiprôtre 
de  Combraiile,  promoteur  en  l'ofTiciaiité  de  Chénérailles,  curé 
d'Aubusson  de  1777  à  1791. 

Cyprien  Pérathon. 


ESSAI  DE  GLASSIFIGATIOX 

ORS 

ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES 

SAINT-YRIEIX,    SOLIGNAG 

CONSBATÊES 

AU  MUSÉE  NATIONAL  ADRIEN  DUBOUCHÉ 

(Suite)  (I). 


OBSERVATIONS  AU   SUJET  DE   LA  MARQUE   G.   D. 

Dans  les  pages  qui  précèdent,  toutes  les  pièces  portant  la  nnarque 
G.  D.  sont  considérées  comme  ayant  été  fabriquées  pendant  la 
période  qui  s'étend  de  1774  à  1784.  La  manufacture  de  Limoges 
était  alors  sous  la  protection  du  comte  d'Artois  (2)  et  c'est  par  celle 
circonstance  que  l'on  a  cherché  à  expliquer  le  choix  de  celle  mar- 
que, en  la  considérant  cornme  composée  des  initiales  du  prince 
protecteur  de  la  fabrique. 

Gependant,  celle  explication  a  été  contestée  :  quelques  amaleurs 
ont  fait  observer  que  les  initiales  du  comte  d'Artois  étaient  G.  A.  et 
non  pas  CD.  Celte  remarque  n'est  que  spécieuse,  car  il  ne  sérail  pas 
difficile  de  réunir  un  certain  nombre  d'exemples  de  noms  propres 
auxquels  la  particule  s'est,  pour  ainsi  dire,  soudée  dans  le  langage 
courant.  Une  ville  des  Landes  a  été  nommée,  jusqu'à  la  fin  du  xvm* 
siècle,  la  ville  d'Ax;  aujourd'hui  l'on  dit  Dax  et  non  pas  Ax,  ainsi 
qu'il  serailplus  naturel;  et  pour  prendre  un  exemple  qui  nous  louche 
de  plus  près,  n'appelons-nous  pas  toujours  un  de  nos  illustres  compa- 
triotes Daguesseau,  et  lui-môme  ne  signail-il  pas  toujours  ainsi? 

(l)  V.  Bull.  Soc.  arch.  et  hist.  du  Lim.^  t.  XXXVII,  p.  154  cl  suiv. 

(9)  Le  comlc  d'Artois  ne  posséda  l'apanage  du  Limousin  que  pendant 
trois  ans  :  1773  à  1776.  C'est  donc  pendant  qu'il  était  apanagi;»te  qu'il 
accepta  la  protection  de  la  fabrique  de  Limoges,  mais  il  n'y  avait  aucune 
raison  pour  que  cette  protection  cessât  avec  Tapanagc  ;  il  la  continua 
jusqu'au  moment  de  Tacquisilion  par  la  liste  civile. 


RSbAl   OK  CLASSIFICATION   DES  ANCIENNES  POBCKLAINKS   DE   LIMOGES.         37 

On  pourrait  multiplier  les  faits  analogues.  Je  me  bornerai  à  en 
citer  deux  encore  que  je  trouve  précisément  dans  l'histoire  de  la 
porcelaine.  On  écrivait  au  xvni«  siècle  le  nom  de  l'auteur  des  cé- 
lèbres lettres  qui  révélèrent  le  secret  de  la  porcelaine  indifférem- 
ment Dentrecolles  ou  d'Entrecolles,  et  Darcet,  qui,  comme  on  sait, 
réorganisa  la  manufacture  de  Limoges,  est  souvent  appelé  d'Arcet. 

li  existe  un  document  contemporain,  communiqué  par  M.  Nivet- 
Fontaubert  à  M.  Paul  Ducourlieux,  reproduit  par  celui-ci  dans  son 
ouvrage  sur  Limoges  d  après  ses  anciens  plans,  et  cité  de  nouveau, 
en  4888,  dans  l'introduction  historique  du  volume  de  \  Encyclopédie 
Frémy  consacré  à  la  porcelaine  ;  ce  document  tranchait  définitive- 
ment la  question  au  moment  où  il  fut  utilisé,  ainsi  qu'on  va  le 
voir  : 

On  lit,  en  effet,  dans  VAlmanach  général  du  commerce,  des  mar- 
chands, négociants,  armateurs,  etc.,  d^  la  France,  de  VEurope  et 
des  autres  parties  dn  monde,  par  M.  Gournat,  avocat  au  Parlement, 
année  1788,  p.  308,  arl.  Limoges  :  «  Manufacture  de  porcelaine. 
Elle  est  sous  la  protection  du  comte  d'Artois,  chaque  pièce  est  mar- 
quée C.  D.  Les  ouvrages  qu'on  y  fait  sont  très  estimés,  la  beauté  de 
leur  pâte  ne  contribue  pas  peu  à  les  faire  rechercher;  ils  sont 
exempts  de  tous  droits  à  la  sortie  du  royaume.  Entrepreneur, 
M,  Grellet.  Cet  artiste  fournit  encore  au  commerce  des  matières 
toutes  préparées,  connues  sous  le  nom  de  pâtes  «t  couvertes,  avec 
lesquelles  on  peut  faire  de  fort  belle  porcelaine  ;  deux  moulins  à 
eau  avec  dix  meules  tournantes  et  vingt  pilons  chacun,  écrasent  et 
broyent  les  matières  nécessaires  à  la  fabrication  de  la  porcelaine.  » 

U  est  vrai  que  l'auteur  de  YAlmanach  ne  dit  pas  d'une  façon 
absolument  explicite  que  les  lettres  C.  D.  étaient  considérées 
comme  les  initiales  du  protecteur  de  la  fabrique,  mais  cela 
ressort  bien  évidemment  des  informations  qu'il  donne  (1).  D'ail- 
leurs, la  chose  intéressante,  c'est  de  savoir  que  la  marque  C.  D. 
caractérisait  la  porcelaine  de  Limoges  ;  or,  ceci  est  bien  constaté 
par  le  passage  de  YAlmanach,  dont  la  reproduction  était  de  nature 
à  lever  des  doutes  qui  se  manifestaient  précisément  à  l'époque  où 


(i;  Les  véritabies  initiales  du  comte  d^Artois  C.  P.  (Charles-Philippe) 
servaient  déjà  de  marque  à  la  manufacture  du  faubourg  Saint-Denis, 
placée  sous  la  protection  du  prince  ;  lorsque  celui-ci  eut  accepté  de  pren- 
dre sous  son  patronage  la  fabrique  de  Limoges,  on  ne  voulut  pas  appliquer 
surnos  porcelaines  la  marque  C.  P.,  sansdoule  pour  que  les  produits  de  la 
rue  Saint-Denis  ne  fussent  pas  confondus  avec  elles,  et  c'est  probablement 
dans  ce  but  que  la  marque  C.  D.  ne  se  trouve  pas  surmontée  de  la  cou- 
ronne, ainsi  que  cela  a  lieu  pour  la  marque  G.  P. 


38  SOCI^.TÉ  ARCnÉOLOGIQOB   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

elle  se  fit.  Les  documents  établissant  la  signification  bisloriqae, 
pour  ainsi  dire,  des  lettres  C.  D.  ne  manquent  pas,  d'ailleurs,  et 
Ton  en  trouve  chaque  jour  de  nouveaux  ;  j'en  citerai  un  qui  a  éié 
fourni  par  Texamen  d'une  pièce  de  porcelaine. 

Dans  une  intéressante  monographie  sur  les  Vitraux  et  la  Céra- 
mique  à  VExposition  de  Limoges  (1886),  M.  Moufle  nous  apprend 
qu'un  amateur  de  Limoges  possède  une  théière  ayant  fait  partie 
d'un  service  fabriqué  à  Sèvres  pour  le  comte  d'Arlois.  Cette  pièce 
est  décorée  d'un  D.  surmonté  d'une  couronne  ;  on  ne  peut  que  se 
ranger  à  l'opinion  de  M.  Moufle  lorsque  ce  publiciste  ajoute  que 
le  fait  en  question  semble  confirmer  qu»î  le  D.  était  bien  considéré 
comme  étant  le  chiffre  du  comte  d'Arlois. 

Mais  je  suis  obligé  de  me  séparer  sur  un  point,  que  je  considère 
comme  très  important,  de  l'auteur  de  l'opuscule  sur  les  Vitraux  et 
la  Céramique,  On  lit  dans  ce  travail  que  les  porcelaines  de  Limo- 
ges «  comme  l'indique  VAlmanach  de  M.  Goumay,  consen^èrenl  la 
marque  C.  D.  après  l'acquisition  de  la  Manufacture  par  le  roi  ». 

Il  est  visible  que  Goumay  s'est  contenté  de  reproduire  sans 
les  contrôler,  sans  les  rajeunir,  que  Ton  me  passe  l'expression,  des 
renseignements  qu'il  a  pris  dans  des  ouvrages  antérieurs  à  VAlma- 
nach, ou  qui  lui  avaient  été  fournis  à  une  époque  où  ils  étaient 
exacts.  UAlmanach  se  publiait,  en  effet,  avant  4788,  et  à  cette  date 
il  paraît  avoir  déjà  une  assez  longue  exisl,ence. 

En  1788  il  y  avait  déjà  quatre  ans  que  la  fabrique  de  Limoges 
était  devenue  manufacture  royale.  H  y  avait  donc  quatre  ans  au 
moins  qu'elle  n'était  plus  sous  la  protection  du  comte  d'Artois,  car 
si  ce  personnage  a  pu  conserver  après  qu'il  n'a  plus  été  apanagiste 
du  Limousin  un  titre  qui  lui  avait  été  offert  en  cette  qualité,  il  est 
absolument  impossible  d'admettre  qu'après  l'acquisition  de  la 
fabrique  de  Limoges  par  la  liste  civile,  le  comte  d'Artois  ait  pu  con- 
tinuer à  jouer  vis-à-vis  de  cette  manufacture  le  rôle  de  protecteur, 
môme  simplement  nominal.  Un  pareil  fait  serait  en  complet  désac- 
cord avec  les  principes  suivant  lesquels  la  liste  civile  et  les  admi- 
nistrations diverses  se  comportaient  envers  les  manufactures  par- 
ticulières, et  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  les  fabriques 
protégées  par  les  princes  et  même  par  la  reine  n'ont  jamais  été 
assimilées,  dans  aucune  mesure,  à  celles  de  l'État. 

Si  l'auteur  de  VAlmanach  avait  connu  l'acquisition  par  le  roi 
de  la  manufacture  de  Limoges,  il  n'eût  parlé  ni  de  la  protection  du 
comte  d'Artois,  devenue  caduque,  en  quelque  sorte,  ni  probable- 
ment de  la  marque  C.  D.  Son  témoignage  n'a  donc  aucune  espèce 
de  valeur,  puisqu'il  est  de  la  dernière  évidence  qu'il  ignorait  absolu- 
ment la  transformation  radicale,  pourrait-on  dire,  qui  s'était  intro- 


ESS\I    DE   CLASSIFICATION   DES   ANCIËISNES    POUCELAINES   DK   LIMOGES.         39 

<luite  dans  le  régime  auquel  la  fabrique  de  Limoges  était  soumise. 
En  écrivant,  en  1788,  que  la  marque  C.  D.  était  encore  usitée, 
Go'urnay  nous  montre  simplement  que  sa  publication  n'avait  pas  été 
exactement  tenue  au  courant,  et  l'examen  attentif  de  son  ouvrage 
ne  fait  que  confirmer  celte  présomption. 

D'ailleurs,  l'étude  des  diverses  pièces  à  la  marque  C.  D.  réunies 
au  Musée  Céramique,  conservées  dans  les  collections  particulières 
ou  dans  d'anciennes  familles,  ne  permet  pas  d'admettre  la  persis- 
tance de  la  marque  après  que  la  fabrique  de  Limoges  fut  devenue 
manufacture  royale.  Un  fait  est  acquis  par  de  nombreux  témoigna- 
ges :  c'est  qu'en  1784  la  manufacture,  qui  périclitait  probablement 
depuis  plusieurs  années,  fut  réorganisée  par  le  chimiste  Darcet,  qui 
amena  avec  lui  un  personnel  nouveau,  parmi  lequel  nous  remar- 
(|uons  le  peintre  Cloostermann,  chargé  de  la  composition  des 
couleurs  ;  il  serait  fort  extraordinaire  que,  après  celte  réorganisa- 
lion,  à  laquelle  coopéra  un  peintre,  le  genre  de  décoration  usité  à 
Limoges  ait  continué  à  être  exactement  le  même  qu'avant  le  voyage 
de  Darcet  et  l'arrivée  de  Cloostermann,  d'autant  plus  que  ce  genre 
de  décoration,  inspiré  des  porcelaines  de  Saxe,  était  déjà  démodé 
au  moment  où  nous  le  voyons  adopter  par  la  fabrique  de  Limoges. 
X'est-il  pas  au  contraire  naturel  de  croire  que  le  personnel  nouveau, 
que  nous  savons  avoir  accompagné  Darcet,  conserva  ses  habitudes 
professionnelles  et  resta  fidèle  au  goût  qui  régnait  alors  à  Paris  ;  en 
tous  cas  n'est-il  pas  quelque  peu  téméraire  de  supposer  que  ce  per- 
sonnel ait  accepté,  sans  y  changer  absolument  rien,  les  traditions 
décoratives  de  l'ancienne  fabrique  qui,  en  1784,  était  en  décadence 
complète  depuis  plusieurs  anné(»s  et  ne  pouvait  guère  avoir  une 
influence  quelconque  sur  des  étrangers  appartenant  a  la  Manu- 
facture de  Sèvres,  et  qui,  certainement,  ne  devaient  pas  se  trouver 
disposés  à  suivre  les  errements  artistiques  et  autres  en  usage  h  une 
époque  qui  avait  vu  se  produire  la  ruine  de  l'établissement  à  la  res- 
tauration duquel  ils  venaient  prendre  part. 

I^s  pièces  de  la  fabrique  du  comte  d'Artois  portent  souvent  deux 
marques,  toujours  constituées  par  les  lettres  C.  D.  L'une,  en  carac- 
tères cursifs,  est  gravée  à  l'outil  ;  l'autre,  en  caractères  romains,  a 
été  exécutée  au  pinceau  ;  il  semble  que  l'on  ait  voulu  ainsi  établir 
authentiquement,  pour  ainsi  dire,  que  les  pièces  en  question  ont 
été  exécutées  en  blanc  (d'où  la  marque  gravée)  à  la  manufacture 
de  Limoges,  puis  décorées  dans  le  môme  établissement  (d'où  la 
marque  peinte);  il  paraît  évidemment  surprenant  que  notre  fabrique, 
après  avoir  marqué  ses  produits  avec  tant  de  soin,  cesse  tout  à 
coup  d'y  apposer  un  signe  dislinctif,  et  tout  juste  au  moment  où  ce 
signe  pouvait,  étant  donné  les  idées  du  temps,  devenir  singuliè- 


D  SOCtCTt   ARCHKOLOGIQUC   «T   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIK. 

rement  honorable  et  même  servir  les  intérêts  financiers  de  la  fa- 
brique. La  fleur  de  lys  imprimée  au  cachet  au-dessus  du  mol  : 
Limages,  au  revers  du  médaillon  de  Turgot  (n*  30),  pouvait  certai- 
nement relever^  aux  yeux  des  amateurs,  les  pièces  sur  lesquelles 
elle  aurait  figuré,  et  il  était  sans  aucun  doute  avantageux  de  rappli- 
quer; pour  quelles  raisons  la  manufacture  de  Limoges  a-t-elle 
renoncé  à  ces  avantages,  cependant  très  réels?  C'est  ce  qu'il  est 
peut-être  difficile  de  dire  aujourd'hui,  tout  au  moins  avec  quelque 
certitude  ;  mais  pour  pallier  à  Tabsence  de  marque  sur  la  por- 
celaine de  Limoges  pendant  la  période  de  la  fabrication  royale, 
faut-il  aller  jusqu'à  dire,  en  vertu  de  la  négligence  d'un  contem- 
porain, que  les  produits  de  la  Manufacture  Royale  portent  la 
même  marque  que  ceux  de  la  manufacture  précédente  ?  Je  ne  le 
crois  pas,  et  j'ai  exposé  plus  haut  quelques-unes  des  raisons  qui 
m  ont  conduit  à  penser  ainsi  ;  il  me  reste  maintenant  à  étudier  la 
question  si  importante  de  la  marque  sur  les  pièces  que  nous  possé- 
dons au  musée. 

On  a  vu  que  les  pièces  portant  les  initiales  C.  D.  que  nous  possé- 
dons au  Musée,  sont  au  nombre  de  vingt-cinq,  parmi  lesquelles  il 
s'en  trouve  dix  blanches  ou  sommairement  dorées  et  quinze  dé- 
corées. C'est  de  ces  dernières  seulement  dont  il  paraît  nécessaire 
de  s'occuper  ici. 

Dès  le  premier  coup  d'œil  jeté  sur  les  pièces  en  question,  on  de- 
meure frappé  de  l'air  de  famille  qu'elles  présentent  entre  elles; 
mais  une  élude  plus  approfondie  fait  apercevoir,  entre  quelques 
pièces,  certaines  différences  d'ailleurs  généralement  très  légères. 

Cependant,  il  y  a  au  Musée  cinq  pièces  signées  CD.,  qui,  par 
leurs  caractères  décoratifs,  se  séparent  très  nettement  de  l'ensem- 
ble général.  Ce  sont  :1°  un  petit  sucrier  faisant  partie  de  la  collection 
Gasnault  (n*  1665)  ;  2°  une  écuelle  forme  rocaille  (désignée  dans  ce 
travail  sous  le  n*  27);  3°  une  assiette  festonnée  (n*  28);  4*  une  grande 
théière  cylindrique  (collection  Jacquemart,  n^  808)  ;  5*»  une  écuelle 
forme  rocaille  (n*'  29).  Ces  pièces,  appartenant,  au  point  de  vue  dé- 
coratif, à  des  genres  différents,  ont  entre  elles,  surtout  sous  le  rap- 
port de  l'exécution,  des  caractères  communs;  il  paraît  évident 
qu'elles  datent  de  la  même  époque  et  qu'elles  ont  été  décorées  par 
des  mains  très  habiles;  mais,  après  tout,  bien  que  ces  pièces  —  les 
deux  écuelles  surtout  — aient  été  ornées  de  motifs  assez  différenls 
de  ceux  que  les  artistes  de  la  fabrique  du  comte  d'Artois  choisis- 
saient d^ordinaire,  on  ne  remarque  en  elles  aucune  particularité 
qui  autorise  à  les  enlever  à  la  série  où  les  place  la  marque  qu'elles 
portent.  Ce  sont  des  morceaux  qui  indiquent  chez  les  auteurs  quelque 
gofti  pour  l'originalité,  peut-être  tout  au  plus  le  désir  de  chercher 


KSSAI    DK  CL\3SIFtCATI0N   DBS   ANCIENNES    PORCF.LAirtKS   DIS    LIMOGES.         4t 

<l€s  voies  nouvelles,  désir  bien  naturel  au  moment  où  il  se  produi- 
sait, c'est-à-dire  après  une  production  considérable,  par  la  manu- 
facture de  Limoges,  de  pièces  conçues,  tant  au  point  de  vue  de  la 
forme  qu'à  celui  de  la  décoration,  suivant  les  données  d'un  style 
qui,  en  France  où  il  avait  pris  naissance,  était  déjà  vieux  de 
soixante  ans. 

Cependant,  parmi  les  pièces  que  je  viens  de  signaler,  il  en  est  une 
qui,  n'était  la  marque  C.  D.  qu'elle  porte,  pourrait  être  attribuée  à 
la  Manufacture  Royale  ;  c'est  la  grande  théière  de  la  collection 
Jacquemart  (n*  808);  les  formes  de  la  pièce  en  question  appartien- 
nent bien  à  l'art  de  l'époque  qui  suivit  la  réorganisation  de  Darcet. 
On  y  sent  une  double  influence,  celle  du  goût  classique  et  celle  de 
la  céramique  anglaise.  Quand  à  la  décoration,  elle  se  rapproche 
beaucoup  du  genre  qui  fut  simultanément  en  usage  à  LaSeynie  et  à 
Limoges,  et  qui  paraît  avoir  été  très  probablement  celui  qu'apporta 
Clooslermann  dans  notre  pays. 

II  est  curieux  de  rapprocher  la  théière  de  la  collection  Jacque- 
mart d'une  autre  théière,  de  forme  à  peu  près  identique  et  de  déco- 
ration très  voisine,  qui  semble  pouvoir  être  raisonnablement  attri- 
buée à  la  Manufacture  Royale;  mais  il  y  a  lieu  d'observer  que  1  on 
retrouve,  dans  la  production  de  presque  toutes  les  fabricfues  de 
l'époque,  des  théières  semblables,  tout  au  moins  comme  forme,  à 
celles  dont  nous  nous  occupons  ;  quand  à  la  décoration,  si  elle  se 
rattache  au  genre  introduit  par  Clooslermann,  il  ne  faudrait  pas 
inférer  de  là  que  la  théière  Jacquemart  est  postérieure  à  la  réorga- 
nisation de  Darcet,  c'est-à-dire  à  l'arrivée  à  Limoges  de  Cloosler- 
mann, car  cet  artiste  n'était  pas  le  seul,  bien  loin  de  là,  à  pratiquer 
le  genre  qu'il  paraît  avoir  apporté  à  Limoges. 

Ce  genre  était  nouveau  seulement  à  Limoges  —  cl  encore  peut- 
être?  -—  Mais  si  l'on  voulail  absolument  tout  expliquer,  on  pourrait 
sans  doute  prétendre  qu'il  y  eut  quelques  indiscrétions,  ou  même, 
si  Ton  veut,  quelques  pratiques  plus  blâmables  encore.  En  tous 
cas,  ce  ne  serait  pas  la  première  fois  que  nous  verrions  tenter 
de  soustraire  des  modèles  à  Sèvres  au  profit  de  Limoges.  En  effet. 
Jacquemart,  dans  son  Histoire  de  la  porcelaine,  nous  rapporte  un 
fait  dont  l'intérêt  n'échappera  certainement  pas  au  lecteur  ;  je  cite 
textuellement  :  «  Plus  ferme  ou  plus  habile  que  son  devancier 
(Charles  Adam),  Eloy  Brichard  (directeur  de  la  Manufacture),  en- 
tend d'ailleurs  se  servir  de  toutes  les  armes  mises  à  sa  disposition 
pour  garantir  ses  ouvrages  contre  une  concurrence  déloyale;  ainsi, 
à  la  date  du  25  janvier  1755,  il  obtient  un  jugement  contre  un  de 
ses  ouvriers.  Le  dispositif  en  est  curieux  :  «  Vu,  y  est-il  dit,  le 
»  procès-verbal  de  la  perquisition  faite  à  Vincennes  dans  un  cabi- 


4^  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN. 

»  net  occupé  par  le  nommé  Jean-Baptiste  Nouailher,  ouvrier  de  la  ' 

»  manufacture  royale  de  porcelaine,  établie  au  dit  lieu,  cabinet 
»  où  il  a  été  trouvé  vingt-huit  esquisses  et  dessins  de  fleurs  colo- 
»  riées,  huit  lettres  et  un  rond  de  porcelaine  propre  à  mettre  des 
»  couleurs,  lesquels  dessins  le  dit  Nouailher  est  convenu  avoir  él^' 
»  copiés  sur  des  dessins  de  la  manufacture  par  les  nommés 
»  Aubert,  Faurré  et  Geffroy,  ouvriers  de  la  dite  manufacture, 
»  que  son  intention  était  de  les  porter  à  Jean-Baptiste  Nouailher, 
»  son  père,  peintre  en  émail  dans  la  ville  de  Limoges....,  à  la 
»  requête  du  sieur  Eloy  Brichard,  Nouailher  à  la  conGscation 
»  des  objets  faits,  en  mille  livres  d'amende,  etc.  » 

Doit-on  supposer  que  Nouailher  avait  eu  la  pensée  de  s'appro- 
prier certains  secrets  relatifs  à  la  fabrication  ou  à  la  peinture  de  la 
porcelaine  (il  s*agit  évidemment  de  la  porcelaine  tendre),  comme 
semblerait  l'indiquer  le  «  rond  »  propre  à  mettre  les  couleurs  et 
surtout  les  huit  lettres,  qui  pouvaient  être  des  documents  dans  le 
genre  de  ceux  que  Denlrecolles  envoya  en  France.  J'inclinerais  à 
le  croire  devant  la  sévérité  avec  laquelle  il  fut  frappé.  Dans  cette 
hypothèse,  nos  compatriotes  auraient  songé  d'assez  bonne  heure  à 
remplacer  par  une  industrie  nouvelle,  pleine  d'avenir,  Tantique  art 
de  rémaillerie,  dont  la  vie  semblait  depuis  longtemps  se  reti- 
rer; il  serait  évidemment  fort  intéressant  d'étudier  une  ques- 
tion, dont  la  formule  de  recherches  pourrait  être  celle-ci  :  les 
derniers  éraailleurs,  sentant  le  terrain  industriel  leur  manquer, 
n'ont-ils  pas  essayé  de  rajeunir  leur  art  en  le  rapprochant  autant 
que  possible,  au  point  de  vue  décoratif,  de  la  branche  des  indus- 
tries du  feu  —  la  porcelaine —  qui  alors  avait  pris  le  premier 
rang  dans  l'estime  des  artistes,  des  amateurs  et  du  grand  public 
des  acheteurs,  absolument  comme  cela  avait  eu  lieu  pour  la  faïence, 
qui  par  l'adoption  du  procédé  de  réverbère  avait  été  mise,  dans 
une  certaine  mesure,  en  harmonie  avec  le  goût  nouveau.  Ce  pre- 
mier fait  n'est  pas  douteux  et  se  trouve  confirmé  par  la  condamna- 
tion de  Nouailher  pour  avoir  soustrait,  entre  autres  choses,  dix- 
huit  dessins  à  la  manufacture  de  Sèvres.  Mais  faut-il  aller  jusqu'à 
admettre  que,  avant  Massié,  nos  artistes  limousins  eurent  la  pen- 
sée de  naturaliser,  pour  ainsi  dire,  à  Limoges  l'industrie  de  la 
porcelaine?  C'est  là  un  point  que  l'on  pourrait,  dès  à  présent, 
essayer  d'éclaircir;  mais  on  comprend  qu'une  pareille  étude  ne 
saurait  être  même  effleurée  dans  ce  travail. 

Je  dois  sans  doute  m'excuser  auprès  du  lecteur  d'une  digression 
peut  être  un  peu  longue,  mais  qui  se  rattache  cependant  direc- 
tement à  mon  sujet,  et  c'est  cette  considération  qui  m'a  engagé 
à  m'y  livrer. 


GSSAl    OB  CLASSIFICATION   DES   ANCIENNES   PORCRLAINES   DE   LIMOGES.         43 

Ces  observalions  sur  la  marque  C.  D.  paraîtront  peut-être  trop 
développées,  mais  la  question  discutée  a  une  véritable  importance. 
En  eiïel,  si  Ton  admettait  que  la  marque  C.  D.  continua  à  être  en 
usage  après  la  réorganisation  de  la  manufacture  de  Limoges,  on  se- 
rait amené  à  se  contenter  de  cette  notion  et  à  ne  pas  chercher  les 
productions  de  la  manufacture  parmi  les  pièces  non  signées,  et  c'est 
là  où  elles  doivent  se  trouver,  pour  les  raisons  exposées  plus  loin. 

Les  pièces  à  la  marque  C.  D.  forment  un  groupe  bien  homogène. 
Pour  rompre  cette  homogénéité,  pour  disperser  en  quelque  sorte 
les  parties  constituant  ce  groupe,  au  Musée  Céramique,  par  exem- 
ple, il  faudrait  des  raisons  bien  fortes  et  capables  de  contre- 
balancer les  arguments  d'ordre  historique  qui  conduisent  à  penseï* 
que  la  marque  C.  D.  n'a  pu  être  employée  que  tout  à  fait  acciden- 
tellement après  1784.  Le  témoignage  de  ïAlmanach  de  Gournay 
peut-il  être  considéré  comme  une  preuve  suffisante  contre  les 
anciennes  théories  relatives  à  la  répartition  chronologique  des 
pièces  à  la  marque  C.  D.?  Je  ne  le  pense  pas  quant  à  moi,  et  je 
crois  même  inutile  d'appuyer  sur  les  motifs  qui  me  font  considérer 
ce  témoignage  comme  très  suspect. 

Deuxième  époque.  —  Période  postérieure  à  la  réorganisation  de 
Darcet  (d784  à  1800  ou  1804,  dernière  limite). 

Genres  divers.  Réminiscences  de  l'ancien  style.  Inspiration  clas- 
sique plus  ou  moins  accentuée, 

MANUFACTURE  ROYALE  (aunexe  de  Sèvres,  ancienne  fabrique  Massio  . 

Il  sera  nécessaire  de  donner  ici  un  certain  développement  à 
l'histoire  de  la  Manufacture  Royale,  et  cela  parce  qu'il  importe 
de  recueillir  tous  les  indices  qui,  en  l'absence  à  peu  près  cons- 
tante de  marques  sur  les  pièces  de  cette  provenance,  peuvent  mettre 
sur  la  voie  d'attributions  qu'il  serait  parfois  très  difficile  de  décider 
sur  les  seules  particularités  de  la  fabrication,  des  formes  du  décor. 
En  effet,  les  points  de  comparaison  manquent  encore  à  peu  près 
absolument,  car,  à  part  le  cachet  de  la  Manufacture  et  le  médaillon  de 
Turgot,  marqué  au  revers  d'une  fleur  de  lys,  nous  ne  connaissons 
aucune  pièce  authentique  de  la  fabricalion  limousine  qui  suivit  la 
réorganisation  de  1784,  et  les  spécimens  que  nous  venons  de 
citer  sont  des  pièces  exceptionnelles,  qui  ne  peuvent  nous  apporter 
aucun  secours  utile  dans  la  recherche  à  laquelle  nous  nous  livrons 
en  ce  moment. 

Si.  comme  la  chose  estmalheureusement  à  craindre,  on  ne  retrouve 
pas  à  Limoges  de  pièces,  authentiques  et  marquées,  delà  Manufac- 
ture Royale,  peut-être  pourra-t-on  encore   espérer  découvrir   à 


44  SOaÉTÉ   AIICHÉOLOGIQVK  KT   UIsrOAlQUB   DU    LlllOtlSIK. 

Sèvres  quelques  spécimens  à  date  connue  qui,  par  Toie  d'analogie, 
pourront  servir  à  élablir  de  sérieuses  présomptions  en  faveur  de  la 
détermination  de  certaines  pièces  douteuses  ;  mais  ce  secours  ma 
fait  défaut,  car  j*ai  dû  restreindre  mon  étude  aux  spécimens  qui 
se  trouvent  exposés  dans  les  collections  du  Musée  de  la  HanufaC'- 
(ure  ;  or  ces  spécimens  sont  fort  peu  nombreux  pour  la  période 
qui  nous  intéresse  :  il  en  existe  certainement  dans  les  réserves  on 
dans  les  greniers  un  certain  nombre  qu'il  serait  de  toute  nécessité 
d'examiner  avec  le  plus  grand  soin. 

.  Comme  on  le  verra  plus  loin,  la  fabrique  de  Limoges  ayant  été, 
après  1784,  une  annexe  de  la  Manufacture  de  Sèvres,  il  parait 
évident  que  les  produits  des  deux  usines  durent  être  très  voisins, 
sinon  absolument  identiques.  Cette  supposition  est  encore  confir- 
mée par  ce  fait  qu'au  moment  de  la  réorganisation,  Darcet  amena 
de  Sèvres  un  personnel  nouveau.  Les  pièces  d'origine  limousine, 
reconnues  très  analogues  aux  pièces  de  Sèvres  (après  ^84),  pour- 
ront donc  sans  trop  de  témérité  être  attribuées  à  notre  Manufac- 
ture Royale. 

Pour  bien  comprendre  toutes  les  diflicultés  de  la  question  qu'il 
s'agit  de  résoudre,  il  faut  se  rappeler  que  plusieurs  fabriques  de 
Limoges  sont  presque  contemporaines  de  la  Manufacture  Royale  (la 
fabrique  de  La  Seynie  produisait  pendant  que  la  Manufacture 
Royale  était  en  activité).  Ainsi,  les  fabriques  fondées  à  Limoges 
pendant  la  période  révolutionnaire,  et  un  peu  plus  tard,  eurent  dans 
leur  personnel,  on  le  sait  d'une  manière  certaine,  des  artistes  et 
des  ouvriers  autrefois  employés  à  l'ancienne  manufacture,  et 
comme  le  goût  avait  très  peu  changé,  comme  les  procédés  de 
fabrication  étaient  restés  identiquement  les  mêmes,  on  peut  penser 
qu'il  sortit  des  fabriques  en  question  des  produits  difficilement  dis- 
tinguables  peut-être  de  ceux  de  l'établissement  royal,  et  c'est, 
en  effet,  ce  que  l'expérience  vient  démontrer,  par  certains  exemples. 

Dans  cette  situation,  je  ne  me  serais  pas  cru  suffisamment 
autorisé  pour  attribuer  une  pièce  à  la  Manufacture  Royale  par  des 
présomptions  de  date,  tirées  du  style  des  formes  et  du  genre 
des  décors,  j'ai  encore  dû  essayer  de  fortifier  ces  présomptions  par 
des  faits  plus  positifs;  ces  faits,  j'ai  dû  les  chercher  surtout  dans 
l'histoire  même  de  la  Manufacture,  et  voici  comment  j'ai  été  con- 
duit à  donner  à  cette  partie  de  mon  travail  un  développement  tout 
spécial. 

Jusqu'ici,  les  quelques  personnes  qui  ont  écrit  sur  la  fabrique  de 
Limoges  paraissent  s'être  presque  exclusivement  intéressées  à 
l'étude  de  ses  premières  origines  :  deux  lignes  leur  ont  suffi  pour 
faire  Thistoire  de  la  Manufacture  Royale.  Une  pareille  manière  de 


ESSAI   DR  rXASSlPICATION  DBS  ANCIRNNBS   P0RCBLAINB8   D8  LIMOGES.        4S 

procéder  ne  pouvait  âtre  employée  ici,  puisque,  encore  une  fois,  il 
devenait  nécessaire  de  réunir  tous  les  faits  qu'il  serait  possible  de 
recneillir,  si  menus  soient-ils,  paraissant  de  nature  à  justifier  une 
attribution,  toujours  quelque  peu  hasardeuse,  en  l'espèce. 

C'est  contraint  et  forcé,  en  quelque  sorte,  par  les  exigences  de 
mon  sujet  que  je  fais  ici  Tbistoire  détaillée  de  la  Manufacture 
Royale;  je  n'ai  pas  d*ailleurs  besoin  d'ajouter  que  l'expression 
<c  d'histoire  détaillée  »  est  ici  tout  à  fait  relative,  l'histoire,  même 
lorsqu'elle  reste  monographique,  comporte  une  hauteur  de  vue  à 
laquelle  je  n'ai  pas  prétendu. 

Nous  avons  vu  que  ce  fut  Foumerat  qui  organisa  la  fabrication 
de  la  porcelaine  dure,  lorsqu'elle  fut  établie  à  l'ancienne  faïencerie 
de  Massié  ;  mais  ce  praticien  ne  resta  que  cinq  années  avec  ses 
coassociés;  dès  lors,  la  manufacture  de  Limoges  se  trouva  privée 
du  secours   de   ses  connaissances   techniques  à  partir  de  1776. 

Ces  faits,  fort  importants  pour  l'histoire  des  commencements  de 
la  fabrication  de  la  porcelaine  à  Limoges,  résultent  d'une  lettre 
adressée  de  Paris,  le  20  juin  1781,  à  M.  l'Intendant  de  Bourgogne, 
pour  le  renseigner  sur  Foumerat,  qui  demandait  l'autorisation  de 
créer  une  fabrique  de  porcelaine  à  Dijon.  Ce  document  a  été  pu- 
blié par  H.  le  D'  Louis  Marchand,  dans  ses  Recherches  mr  les 
faïenceries  de  Dijon  (1885),  auquel  je  l'emprunte  : 

«...  Il  résulte  des  éclaircissements  pris  que  ce  particulier  a  tra- 
vaillé pendant  cinq  ans  à  la  manufacture  de  Limoges,  où  il  avait  la 
direction  d  une  partie  de  cette  manufacture,  mais  jeune  et  dissipé 
il  n'a  pu  la  conserver. 

»  Il  est  marié  et  sans  fortune,  et  vient  de  revenir  à  Ancy-le- 
Franc,  dont  il  est  originaire. 

»  Il  n'est  pas  possible  de  parler  de  ses  talents,  puisqu'à  Ancy- 
le-Franc  il  n'y  eut  jusqu'à  présent  qu'une  faïencerie  fort  mé- 
diocre. 

»  Cependant,  il  est  à  présumer  que  le  sieur  Foumerat  a  des 
connaissances  dans  cette  partie,  puisqu'il  remplissait  une  place  de 
directeur  à  la  manufacture  do  Limoges.  S'il  en  est  sorti,  cela  ne 
prouve  rien  contre  ses  talents.  Il  peut  avoir  fait  la  découverte  dans 
ce  canton  d'un  grain  de  terre  propre  à  faire  la  pâte.  Au  surplus, 
si  le  gouvernement  l'employait,  ce  devait  être  plutôt  en  quahté 
d'artiste  pour  diriger  les  travaux  que  comme  administrateur  des 
fonds  et  du  travail  du  cabinet,  pour  lesquels  il  ne  paraît  avoir 
aucune  disposition.  »  (Chambres  des  Etats,  c.  44,  Arch.  dép.). 

M.  Marchand  ajoute  :  «  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  ait  été  donné 
suite  à  la  demande  du  sieur  Foumerat  ». 


46  SOCIÉTÉ  AnCHÊOLOGIQUB  ET   HISTORIQUE   DO   LIHOOSIIV. 

M.  Moufle  nous  apprend,  d'après  des  notes  de  l'abbé  Legros, 
que,  lorsqu'il  transforma  définitivement  sa  faïencerie  en  fabrique 
de  porcelaine  (^71),  Massié  faisait  depuis  deux  ans  des  essais 
pour  la  production  de  la  poterie  nouvelle  ;  il  est  possible,  il  est 
môme  probable  que  ces  recherches  ont  été  faites  de  concert  avec 
Fournerat.  En  tous  cas,  si  Massié  était  un  céramiste  et  s'il  avait 
des  connaissances  spéciales  dans  la  fabrication  de  la  porcelaine, 
ce  que  Ton  ne  sait  pas  d'une  manière  positive,  en  1784  il  était 
probablement  mort,  car  son  fils  l'avait  remplacé  alors  à  la  fabrique, 
et  rien  ne  vient  nous  indiquer  que  ce  dernier  ait  eu  l'expérience 
que  pouvait  avoir  acquise  son  père(l). 

Il  est  probable  que  les  Grellet  n'étaient  pas  des  céramistes,  mais 
plutôt  des  capitalistes  ou  encore  des  brasseurs  d'affaires,  s'il  est 
permis  d'employer  ici  cette  expression  moderne;  l'un  d'eux 
était  mort  dès  1774,  à  Paris,  où  il  était  allé  pour  présenter 
au  comte  d'Artois  une  pièce  exceptionnelle.  Son  frère  Gabriel  resta 
associé  avec  Massié;  pour  lui  aussi,  rien  n'est  venu  nous  indiquer 
qu'il  ait  eu  des  connaissances  techniques  ;  on  verra  que,  tout  au 
contraire,  il  paraît  avoir  donné,  comme  directeur  de  la  Manufacture 
Royale,  des  preuves  de  son  incapacité. 

Après  le  départ  de  Fournerat,  départ  dont  le  document  cité  plus 
haut  nous  fait  entrevoir  les  causes,  il  est  probable  que  Gabriel 
Grellet  et  Massié  laissèrent  péricliter  leur  fabrique,  qu'ils  ne  par- 
vinrent pas  à  diriger  convenablement,  par  suite  sans  doute  de 
rinsufflsance  de  leurs  connaissances  techniques. 

Il  parait  probable  que  les  associés  s'étaient  adjoint  des  bailleurs 
de  fonds  ou  actionnaires  (2).  Ceux-ci  se  montrèrent,  et  sans  doute 


(1)  A  celle  époque  Tassocié  de  Grellet  signe  Massié  fils;  dans  les  diverses 
pièces  rclalivcs  à  la  venin  de  la  manufacture  en  4794,  sa  signature  est  ainsi 
libellée.  11  paratl  bien  difficile  d'admettre  que  le  Massié  que  nous  voyons 
figurer  à  la  vente  de  1794  soit  le  même  que  celui  qui  fondait,  en  1737,  la 
fabrique  de  faïence  où  devait  plus  tard  élre  établie  notre  première  manu- 
facture de  porcelaine  dure  :  c'est  pourquoi  j'ai  pensé  que  Massié  avait  pu 
être  remplacé  par  son  fils,  mais  de  ce  fait  nous  n'avons  encore  aucune 
preuve  certaine. 

La  famille  Massié  paraît  être  originaire  de  Limoges  :  le  père  du  céra- 
miste y  exerçait  la  profession  d'architecte.  Je  tiens  ce  renseignement  de 
M.  Fray-Fournier. 

(3)  On  lit  la  remarque  suivante  dans  rintroduclion  historique  qui  se 
trouve  placée  en  tête  du  volume  consacré  à  la  porcelaine  de  V Encyclopédie 
chimique  de  M.  Frémy  [Dunod,  1885}  :  a  Le  nom  de  Massié  disparaît 
bientôt,  et  la  fabrique  parait  n'être  plus  dirigée  que  par  l'un  des  Grellel, 
qui  prend  le  litre  d'entrepreneur  de  la  manufacture.  Nous  avons   trouvé 


ESSAI   DK  CLASSIFICATION    DES   ANC1RNNGS   PORCRL^iNBS  DK  LIMOGES.         47 

«ivec  raison,  peu  satisfaits  de  la  tournure  que  prenaient  les  affaires 
de  la  manufacture  après  la  retraite  de  Fournerat;  peut-être  de- 
mandèrent-ils la  liquidation  de  Tentreprise,  toujours  est-il  que, 
sans  nous  mettre  trop  en  frais  d'imagination,  nous  pouvons  supposer 
que  Grellet  et  Massié  fils  se  trouvèrent  dans  une  situation  fort 
difficile  à  tous  les  points  de  vue.  Ils  semblent  s'être  tirés  fort  habi- 
lement d'embarras,  car  la  cession  qu'ils  firent  à  la  liste  civile  d'un 
établissement  dont  ils  ne  pouvaient  tirer  aucun  parti  fut  consentie 
tout  à  leur  avantage,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  rendre  compte. 

Le  rapport  de  Rolland,  que  J'ai  cité  déjà,  fournit  à  ce  sujet 
des  détails  absolument  oubliés  dans  notre  ville. 

D'après  ce  document,  fort  curieux  à  tous  les  points  de  vue,  il 
semble  que,  à  Limoges,  on  a  su  très  habilement  lier  la  fabrique 
«le  celte  ville  aux  carrières  de  kaolin  de  Saint-Yrieix,  récemment 
découvertes  (1).  D'après  les  renseignements  recueillis  dans   les 

celle  qaalification  à  la  suite  de  son  nom,  dès  4783,  sur  la  liste  des  con- 
seillers politiques  du  corps  de  ville  de  Limoges,  dont  Grellet  faisait 
parlie  :  ce  titre  d'entrepreneur  paraît  indiquer  que  la  manufacture  appar- 
tenait à  plusieurs  individus  dont  Grellet  était  Tagent;  peut-être  même  les 
Grellet  et  Massié  s'étaient-ils  adjoint  un  certain  nombre  d'actionnaires, 
ainsi  que  nous  voyons  les  choses  s'être  pratiquées  pour  plusieurs  fabriques 
de  celle  époque.  »  Mais  voici  un  renseignement  plus  positif: 

En  1869,  le  Journal  le  Libéral  du  Centre,  de  Limoges,  publia  une 
nombreuse  suite  d'articles  sur  la  fabrication  de  la  porcelaine.  Ce  travail, 
tort  bien  fait  sous  tous  les  rapports  et  qui  indique  une  profonde  con- 
naissance du  sujet,  est  signé  J.-B.  Cartel.  Malheureusement,  il  m'a  été 
impossible  de  découvrir  le  nom  de  la  personne  que  cachait  ce  pseudo- 
nyme. Quoiqu'il  en  soit,  voici  un  passage,  très  important,  que  J'emprunte 
à  l'article  publié  par  le  Libéral  dans  son  numéro  du  4  juillet  1879. 

«  En  1873,  M.  de  Turgot,  intendant  du  Limousin,  prévoyant  le  bril- 
lant avenir  réservé  à  la  porcelaine,  réunit  les  notables  en  assemblée  et 
leur  conseilla  fortement  d'établir  à  Limoges,  centre  de  la  production  kao- 
Unique,  des  manufactures  de  porcelaine. 

o  Ces  conseils  ayant  été  écoutés,  la  plupart  des  notables  se  réunirent 
cl  créèrent  une  fabrique,  dont  ils  confièrenl  la  direction  à  M.  Grellet. 

o  En  4784,  le  roi  désintéressa  les  notables  et  fit  de  la  manufacture  de 
Limoges  une  annexe  de  la  manufactupc  de  Sèvres  —  la  direction  en  fut 
laissée  à  M.  Grellet,  avec  le  titre  de  sous-directeur,  la  directioj  générale 
se  trouvant  à  Sèvres.  î» 

(f)  Pour  bien  se  guider  dans  l'histoire  de  la  iabriquc  de  Limoges,  en 
ses  commencements,  il  faudrait  d'abord  et  de  toute  nécessité  connaître 
les  principaux  faits  qui  signalèrent  la  découverte  du  kaolin  dans  notre  pays. 
Voici  à  ce  sujet  quelques  détails  indispensables  à  l'inlelligence  du  résumé 
que  je  présente  de  l'histoire  de  la  fabrlquo  royale. 
.    On  sait  que  le  gUe  kaolinique  de  Saint-Yrieix  fut  découvert,  dès  i765, 


46  SOClérft   ARCHÊOLOOlftUR   ET   BlSTOmOUR   DU   UMOtlSIII. 

archives  de  Sèvres  par  M.  Nivet-Fontaubert  et  communiqués  par 
ce  dernier  à  M.  Paul  Ducourtieux,  qui  en  a  fait  usage  dans  son 
intéressant  livre  :  Limoges  d'après  ses  anciens  plans,  «  le  !•' juillet 
1784,  la  fabrique  prenait  le  titre  de  Manufacture  Royale,  en  vertu 

par  M"^«  Darnet,  femme  d'un  chirargieo  de  celle  ville.  «  Celui-ci,  nous  dit 
M.  Alluaud  (Nouoellea  éphémérides  de  la  Haute-Vienney  1837],  soupçon- 
nant que  cette  matière  blanche  et  onctueuse  contenait  une  essence  de 
savon  naturelle,  la  soumit  à  un  pharmacien  de  Bordeaux,  Villaris,  qui 
reconnut  le  kaolin  dans  cette  argile. 

»  Immédiatement,  Villaris  écrivit  au  ministre  Berlin  pour  lui  faire  part 
de  «  sa  découverte  »  et  lui  offrir  «  son  secret  »,  à  beaux  deniers  comp- 
lanls,  bien  entendu.  Alors  parait  avoir  commencé,  enlre  Villaris  et  les 
délégués  du  gouvernement  royal,  une  lulle  de  ruses  dont  la  responsabi- 
lilé  doil  sans  doute  incomber  au  pharmacien  de  Bordeaux;  sa  dupli- 
cité en  cette  circonslance  ne  semble  pas  douleuse.  Berlin  renonça  bienldl 
à  s'entendre  avec  Villaris,  el,  sur  Tindicalion  Hu  célèbre  Borda,  qui 
Icnlait  lui-même  de  fabriquer  de  la  porcelaine  dans  une  poterie  qu'il 
possédait  à  Dax,  on  essaya  des  kaolins  qui  venaient  d'être  découverls  à 
quelque  dislance  de  celte  ville,  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Pouillon; 
ces  matières  n'ayant  pas  donné  de  bons  résultats,  il  fallut  reprendre 
les  négociations  avec  Villaris,  auquel  on  finit  par  acheter  son  secret,  ou 
plutôt  celui  de  Darnet.  Mais,  lorsque  Ton  connut  le  lieu  du  gisement 
kaolinique,  d'autres  difficultés  se  présentèrent  :  il  se  trouva  que  les  ter- 
rains où  étaient  sKués  les  carrières  appartenaient  à  des  mineurs, etc., etc  » 

Si  Ton  veut  bien  se  rendre  compte  des  déceptions  de  toutes  sortes  aux- 
quelles avait  donné  lieu  la  recherche  des  gîtes  kaoliniques  depuis  qu'il 
en  était  question  en  France,  on  comprendra  que  la  liste  civile  ait  été 
amenée,  pour  s'assurer  la  possession  d'une  carrière,  à  faire  des  sacrifices 
considérables,  dont  surent  sans  doute  profiler  tout  d'abord  les  possesseurs 
de  la  fabrique  de  Limoges. 

Il  n'est  pas  inutile,  d'autre  part,  de  rappeler  —  en  quelques  lignes  — 
les  principales  circonstances  qui  ont  accompagné  l'introduction  de  la 
fabrication  de  la  porcelaine  dure  à  Sèvres. 

C'est  en  4769  que  Macquer  lut  à  l'Académie  des  sciences  son  Mémoire 
sur  le  kaolin  (on  sait  que  ce  travail  avait  été  entrepris  à  Toccasion  des 
découvertes  des  carrières  de  Saint-Yrieix).  Vers  la  même  époque,  la  fabri- 
cation de  la  porcelaine  dure  fut  introduite  à  Sèvres,  mais  seulement  pour 
les  pièces  d'usage;  c'est  au  comte  d'Ângevillers,  nommé  en  1780 
directeur  des  bâtiments  de  la  Couronne  et  qui  en  celte  qualité  était  ordon- 
nateur pour  la  régie  et  l'administration  de  la  manufacture  des  porcelaines 
du  roi,  c'est  au  comte  d'Angevillers,  dis-je,  que  revient  l'honneur 
d'avoir  donné  à  la  porcelaine  dure  l'impulsion  nécessaire  (voir  à  ce  sujet 
rinléressant  opuscule  de  M.  Edouard  Garnier  :  Note  sur  un  vase  de 
Sèvres  au  Musée  du  Louvre^  extrait  du  Bulletin  des  Musées),  On  trouvera 
dans  ce  travail  de  curieux  détails  sur  la  fabrication  de  la  première  pièc<î 
importante  sortie  des  fours  de  Sèvres. 


ESSAI    DE   CLASSIFICATION   DES  ANCIENNES  PORCELAINES  DE  LIMOGES.         ^9 

do  la  vente  faite  à  Louis  XVI  au  mois  de  mai  précédent  devant 
31*  Monnet,  notaire  au  Châtelet.  Elle  devint  alors  une  succursale 
de  la  manufacture  royale  de  Sèvres.  La  prise  de  possession  au 
nom  du  roi  fut  faite  par  Darcet,  de  l'Académie  des  sciences,  en 
vertu  d'un  ordre  signé  à  Versailles  par  M.  le  comte  d'Angevillers. 
M.  Gabriel  Grellet  en  fut  nommé  directeur,  aux  appointements  de 
7,000  francs,  et  M.  Massié  contrôleur  ».  On  voit  déjà  que  Grellet 
avait  su  sauvegarder  ses  intérêts.  Quant  à  Massié,  ses  appointe* 
raenls  ne  furent  peut-être  pas  aussi  élevés  que  ceux  de  son 
coassocié,  car  il  paraît  avoir  été  placé  hiérarchiquement  au- 
(lessî)us  de  celui-ci.  Cependant,  il  est  probable  qu'il  ne  fut  pas 
trop  mal  traité. 

D'après  quelques  lignes  empruntées  au  rapport  de  Rolland  qui 
ont  précédemment  été  mises  sous  les  yeux  des  lecteurs,  il  semble 
que,  dès  1774,  on  avait  su  joindre  habilement  la  fabrique  de 
Limoges  aux  carrières  de  Saint-Yrieix,  en  sorte  que  Tacquisilion 
des  unes  était  corrélative,  pour  ainsi  dire,  de  l'acquisition  de  l'au- 
tre. Le  document  en  question  devient  plus  loin  plus  positif  encore 
sur  ce  point.  Nous  y  lisons,  en  effet  :  «  L'acquisition  de  cette 
manufacture  (de  Limoges)  et  sa  réunion  à  celle  de  Sèvres  n'eut  lieu 
iju'en  1784.  Le  directeur  des  bâtiments  d'Angevillers  consomma 
celte  affaire  à  très  haut  prix.  La  manufacture  de  Limoges  fut  alors 
une  annexe  de  celle  de  Sèvres  et  le  vendeur  de  la  première  de  ces 
manufactures  (Grellet),  en  devint  en  même  temps  le  directeur  et 
le  caissier. 

»  Sèvres  n'y  gagna  que  la  matière  nouvelle,  qu'elle  s'habitua  à 
employer;  l'influence  de  l'art  y  resta  la  même,  mais  ce  changement 
n'en  fut  pas  moins  une  révolution  réelle  dans  le  commerce  de  cette 
manufacture. 

»  Ses  moyens  même  en  augmentèrent,  et  ce  fut  alors  que  ses 
ateliers  se  distinguèrent  en  ateliers  de  porcelaine  tendre,  où  l'on 
employait  Tancienne  matière,  plus  coûteuse  à  fabriquer  par  la 
nécessité  des  supports  dans  la  cuisson,  dès  lors  plus  bornée  dans 
ses  formes  et  moins  sohde  à  l'usage,  et  en  atelier  de  porcelaine 
dure,  où  l'on  employait  la  matière  de  Limoges,  dont  la  nature  se 
rapprochait  des  porcelaines  de  l'Orient.  » 

Les  avantages  que  Sèvres  pouvait  retirer  de  l'emploi  des  ma- 
tières de  Saint-Yrieix  ne  sont  pas  douteux  ;  mais  à  la  distance  où 
nous  sommes  placés  de  l'époque  où  se  passèrent  les  événements 
dont  nous  nous  occupons  ici,  il  serait  difficile  de  comprendre  com- 
ment, pour  s'assurer  les  matières  de  Saint-Yrieix,  il  fut  nécessaire 
d'acquérir  «  à  très  haut  prix  la  fabrique  de  Limoges  »,  si  l'on 
n'admettait  pas  qu'il  y  eut  là  une  manœuvre  habile  de  Grellet,  qui 

T.    XXXIII.  4 


50  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGiaUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIHOUSIK. 

parvint  à  se  débarrasser  d'une  entreprise  à  laquelle  il  se  sentait 
impuissant  à  assurer  le  succès  (1). 

Grellet  paraît  avoir  été  chargé  spécialement  de  la  préparation  des 
pâtes  et  couvertes  qui  entraient  dans  la  consommation  de  Sèvres  : 
dans  le  passage  cité  plus  haut  de  YAlmanach  de  Gournay,  on  a  vu 
que,  en  1788  (ou  plutôt  antérieurement,  étant  donné  que  les  infor- 
mations contenues  dans  ce  passage  se  rapportent  à  la  période  qui 
a  précédé  Tannée  4784),  on  a  vu  déjà  que  Grellet  était  un  véritable 
fabricant  de  pâtes.  Nous  verrons  plus  tard  qu'il  dut  sa  disgrâce  à 
la  mauvaise  direction  qu'il  donna  à  Tapprovisionnement,  en  ma- 
tières premières  de  la  succursale  de  Limoges,  dont  il  s'occupait, 
sans  doute,  d'une  manière  particulière.  Tout  ceci  nous  donne  à 
penser  que  Grellet  était  un  spécialiste,  ou  que  tout  au  moins  il  se 
donnait  pour  tel.  Sa  fonction  fut  donc  de  mettre  à  la  disposition 
des  fabriques  de  Sèvres  et  de  Limoges  des  matières  premières  de 
bonne  qualité  et  bien  préparées,  ce  à  quoi  d'ailleurs  il  ne  réussit 
pas  toujours. 

Dans  une  conférence  qu'il  a  faite  à  Limoges  le  13  août  1890, 
M.  Garnier,  un  céramographe  depuis  longtemps  fort  avantageuse- 
ment connu  dans  le  monde  de  la  critique,  a  apporté  sur  la  ques- 
tion traitée  ici  quelques  éléments  d'informations  nouveaux;  je 
reproduis  in  extenso  le  passage  où  le  conférencier  s'est  occupé  de 
la  fabrique  de  Limoges  : 

«  Malgré  tous  les  efforts  de  certain  ministre,  en  effet,  la  situa- 
lion  de  Sèvres  était  loin  d'être  prospère  au  point  de  vue  financier, 
et  les  comptes  se  soldaient  généralement  par  un  excédant  de  dé- 
penses, même  dans  les  meilleures  années.  Comprenant  bien  cepen- 
dant que  Ton  n'y  pouvait  fabriquer  que  des  porcelaines  véritable- 
ment artistiques,  il  songea  à  lui  donner  une  succursale,  et,  dans 
ce  but,  il  proposa  de  faire  l'acquisition  de  la  fabrique  qu'avaient 
établie  à  Limoges  les  sieurs  Gabriel  Grellet  et  Massié,  qui  possé- 
•  daient  également  des  carrières  à  Saint-Yrieix.  «  La  manufacture  de 
»  Sèvres,  dit-il  dans  un  rapport  qu'il  adressa  au  comité  des  finances 

(1)  L'article  du  Libéral  cité  plus  haut  est  bien  affirmalif,  et  j'avoue 
qu'il  me  faii  impression  et  que  je  suis  tout  à  fait  disposé  à  croire  ce  qu'il 
dit  au  sujet  de  la  formation  —  bien  dans  les  idées  du  xvui*  siècle  — 
sous  l'impulsion  de  Turgot,  d'une  association  de  a  notables  »  pour  rétablis- 
sement de  manufactures  de  porcelaine  à  Limoges.  S'il  est  vrai  —  cl  pourquoi 
ne  Tadmetlrait-on  pas  —  que  les  bailleurs  de  fonds  ou  actionnaires  de  la 
fabrique  furent  désintéressés  lorsqu'elle  fut  cédée  au  roi,  il  n'est  pas  témé- 
raire de  supposer  que  ces  actionnaires  a  notables  »,  ne  l'oublions  pas, 
purent  servir  très  utilement  Grellet  dans  des  négociations  qu'il  était  si 
intéressant  pour  eux  de  voir  aboutir 


ESSAI   DE  CLASSIFICATION   DES   ANCIENNES   PORCELAINES  DE   LIMOGES.         ol 

»  du  roi  sur  ce  sujet,  possède  déjà  dans  le  Limousin  la  carrière  à 
»  terre  de  porcelaine  la  plus  précieuse;  un  sieur  Grellet,  proprié- 
»  taire  dans  la  même  province  d'une  manufacture  de  porcelaine,  a 
>»  fait,  depuis,  lacquisition  de  plusieurs  carrières  de  môme  espèce; 
»  il  y  aurait  de  l'utilité  à  traiter,  pour  Votre  Majesté,  avec  ce  parti- 
»>  calier  de  tous  ses  droits,  ce  qui  pourrait  faire  une  mise  de  120,000 
»  livres  une  fois  payée.  »  Peut-être  espérait-il,  en  se  rendant  ainsi 
possesseur  de  ces  carrières  réputées  les  meilleures  après  la  car- 
rière déjà  acquise  pour  le  compte  du  roi,  empêcher  les  manufac- 
tures de  Paris  de  s'approvisionner  à  Saint- Yrieix. 

«  Grellet  était  d'autant  mieux  disposé  à  accepter  les  proposi- 
tions de  d'Angevillers  que  la  manufacture  de  Limoges  était  loin,  elle 
aussi,  d'être  dans  un  état  prospère;  mais  il  voulut  profiler  de  la 
situation  et  commença  par  demander  pour  lui  des  lettres  de 
noblesse  qui  lui  furent  accordées  le  16  janvier  1785.  Quelques  mois 
plus  tard,  le  22  juin,  le  contrat  de  vente  consenti  en  faveur  du  roi 
fut  expédié  et  la  manufacture  de  Limoges  devint  manufacture 
royale,  avec  Grellet  comme  directeur  et  Massié  contrôleur.  Darcet 
y  fut  envoyé  pendant  quelque  temps  pour  réorganiser  la  fabrica- 
tion et  emmena  avec  lui  quelques  peintres  de  Sèvres  qui  s'établi- 
rent à  Limoges.  » 

Le  fait  nouveau  que  nous  apporte  M.  Garnier,  c'est  que  la  ma- 
nufacture possédait,  antérieurement  à  l'acquisition  de  la  fabrique 
de  Limoges,  une  carrière  de  kaolin  à  Saint-Yrieix  ;  cette  carrière 
méritait-elle  l'élogieuse  qualification  qui  lui  est  donnée  dans  le 
rapport?  Il  est  permis  d'en  douter,  et  cela  pour  plusieurs  raisons 
qu'il  serait  trop  long  d'exposer  ici  ;  peut-être  aussi  et  ainsi  que  le 
pense  M.  Garnier,  eut-on  la  pensée  de  monopoliser  pour  la  fabri- 
que royale  et  son  annexe  la  production  kaolinique  des  carrières  de 
Saint-Yrieix.  En  tous  cas,  il  paraît  certain  que  c'est  bien  la  ques- 
tion du  kaolin,  fort  habilement  conduite  par  Grellet,  qui  a  décidé 
du  sort  de  la  fabrique  de  Limoges.  C'est  l'extrême  importance 
accordée  à  la  matière  première  qui  nous  expliquera  bien  des  faits, 
dont  a  priori,  on  serait  tenté  de  s'étonner  :  par  exemple,  les  condi- 
tions avantageuses  faites  à  Grellet  et  à  Massié,  l'établissement 
d'une  annexe  de  Sèvres  à  Limoges  et  la  fabrication,  peut-être 
exclusive  pendant  un  certain  laps  de  temps,  des  biscuits  dans  notre 
établissement  ;  on  trouvera  plus  loin  des  détails  sur  ce  dernier 
point. 

Quoiqu'il  en  soit,  l'Etat  fit  de  très  grands  sacrifices  pécuniaires 
en  faveur  de  la  fabrique  de  Limoges  lorsqu'elle  fut  devenue  manu- 
facture royale.  Le  compte-rendu  de  Rolland  donne  à  ce  sujet  des 
renseignements  qu'il  est  nécessaire  de  faire  connaître  au  lecteur. 


oâ  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOeiQUR  ET  BISTORIQUR  DU  UMOVSIN. 

M.  Moufle  nous  apprepd  dans  son  travail  (pour  lequel  U  a  utilisé, 
répétoûs-le,  quelques  notes  de  Vabbé  Legros)^  que  la  liste  civile 
acheta  la  fabrique  de  Grellet  et  Massié  au  prix  d64Û,000fr.  a  eoclos, 
four,  ustensiles  et  bestiaux  en  dépendant  ».  Il  est  diflScile  de  savoir 
aujourd'hui  si  cette  somme  est  comprise  dans  le  total  de  233,000 
livres,  prise  en  faveur  de  Limoges»  nous  apprend  Rolland,  sur 
les  822,208  livres  versées  dans  les  caisses  de  Sèvres  depuis.  4784; 
en  tous  cas,  en  1793,  date  du  rapport  de  Rolland,  une  samoie  de 
46,306  livres  était  due  à  M.  Alluaud,  nommé  directeur  en  1788, 
sans  préjudice  d'une  créance  de  14,422  livres  réclamée  par  Grelot 
au  moment  de  sa  retraite,  et  qui  n'était  pas  encore  payée  en  1793. 
On  voit  donc  que  la  liste  civile  avait  fait,  dans  une  période  d^  huit 
à  neuf  ans,  des  frais  considérables  en  faveur  d'une  manufacture 
qui,  lorsqu'elle  fut  acquise,  comptait  déjà  treize  ans  d'existeace,  au 
cours  de  laquelle  elle  avait  fabriqué  des  produits  excellents  sous 
tous  les  rapports,  et  probablement  en  quantité  considérable. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  véritablement  extraordinaire  c*est  que,  à 
partir  du  moment  où  la  Manufacture  devint  royale,  ses  produits 
cessent  d'être  marqués  et  sont  pour  nous  très  difficilement  recon- 
naissables.  On  ne  peut  guère  admettre  que,  après  1784,  notre  pro- 
duction porcelainière  soit  demeurée  fort  au-dessous  et  comme 
quantité  et  comme  qualité  de  ce  qu'elle  était  sous  le  régime  de  la 
protection  du  comte  d'Artois.  Le  fait  delà  réorganisation  de  Diarcet, 
effectuée  avec  le  concours  d'un  personnel  emprunté  à  la  Manufac- 
ture de  Sèvres,  nous  conduit  à  penser  que  la  fabrication  dut,  tout 
au  contraire,  entrer  alors  dans  une  voie  de  progrès  bien  carac- 
térisée. D'autre  part,  les  sacrifices  pécuniaires  si  considérables 
consentis  par  la  liste  civile  donnèrent  évidemment  une  vie  nou- 
velle à  notre  manufacture  qui,  certainement,  traversa  alors  une 
période  d'activité  qu'elle  n'avait  peut-être  pas  connue  autrefois. 

L'abandon  certain,  mais  difficilement  explicable,  de  l'habitude 
de  la  marque,  n'est  pas  la  seule  cause  de  l'embarras  qu'éprouve  le 
céramographe,  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  les  pièces  qui  peuvent 
être  plausiblement  attribuées  à  la  Manufacture  Royale.  Il  parait 
présumable  que  si  ces  pièces  étaient  restées  nombreuses  dans 
noire  pays,  nous  arriverions  facilement  à  les  distinguer.  Ceci  sem- 
ble incontestable,  si  l'on  veut  admettre,  comn^ie  la  cliose  parait 
naturelle,  que  la  réorganisation  de  Darcet  dut  coïncider  avec 
l'adoption  d'un  style  nouveau  et  avec  certains  perfectionnements 
dans  la  fabrication  et  l'application  des  couleurs. 

Il  convient  de  remarquer  que  l'état  dans  lequel  se  trouvait  la 
manufacture,  lors  de  sa  mise  en  vente,  ne  permet  pas  de  supposer 
que  les  sacrifices  de  l'Etat  avaient  été  affectés  à  la  reconstrueUon 


ESSAI   DC  ClASSIFICX-nON   DES  ANC1ENKRB  PORCRLAINES  DE  UUOGES.        53 

des  bâlittients  anciens  et  autres  dépejises  analogues  (1).  La  plus 
grande  partie  des  sommes  dont  il  est  possible  de  constater  aujour- 
d'hui le  versement,  entre  les  mains  de  la  direction,  fut  certaine- 
ment appliquée  aux  besoins  de  la  fabrication;  il  me  fautajouter  qu'il 
est  certainement  permis  de  supposer  l'existence  d'un  assez  large 
gaspillage.  Le  fait  de  la  démission  —  obligée  —  de  Grellet,  dont  je 
parlerai  plus  loin,  peut  être  interprété  dans  ce  sens,  surtout  lors- 
que Ton  se  rappelle  que  Grellet,  et  probablement  Massié,  s'étaient 
fait  attribuer  de  fort  beaux  appointements  et  que  certains  détails 
que  nous  connaissons  nous  font  voir  qu'ils  avaient  fort  bien  su 
ménager  leurs  intérêts  particuliers. 

Il  est  une  pensée  qui  se  présente,  en  quelque  sorte,  tout  natu- 
rellement à  l'esprit  pour  expliquer  l'extrême  rareté  des  pièces  pou- 
vant être  attribuées  à  la  Manufacture  Royale.  Voici  la  raison  qui 
pourrait  être  donnée  d'un  fait  aussi  extraordinaire,  mais  il  est 
nécessaire  de  bien  spécifier  que  les  preuves  à  l'appui  ne  forment 
pas,  jusqu'à  présent,  un  ensemble  de  nature  à  s'imposer  sans  con- 
testation possible  dans  l'avenir  : 

La  liste  civile,  en  acquérant  la  fabrique  de  Limoges,  ne  se  borna 
pas  à  l'élever  au  rang  de  manufacture  royale  (telle  que  celle  qui 
existait  à  Orléans,  par  exemple)  ;  elle  en  fit  une  annexe  de  l'éta- 
blissement de  Sèvres,  en  sorte  que  dans  l'esprit  des  promoteurs 
de  cette  mesure  la  Manufacture  de  Sèvres  se  trouvait  avoir  des 
ateliers  à  Limoges,  mais  ces  ateliers  faisaient  bien  réellement  par- 
lie  du  grand  établissement  porcelainier  appartenant  k  la  couronne 
de  France.  Le  mot  :  annexe  de  Sèvres,  constamment  employé  pour 
désigner  l'établissement  de  Limoges  n'a  pas,  en  l'espèce,  la  signi- 
fication de  succursale  :  il  indique  bien  réellement  que  l'ancienne 
fabrique  Massié  était  considérée  comme  ayant  été  incorporée  à  la 
Manufacture  de  Sèvres. 

Les  termes  du  rapport  de  Rolland  (écrit  en  1793),  sont  exprès 
et  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  la  réalité  d'un  fait  sur  lequel 
j'appelle  rattenlion  du  lecteur,  et  auquel  il  est  nécessaire  de  resti- 
tuer toute  son  importance.  Voici,  en  effet,  comment  s'exprime  le 
rapporteur  :  «  J'ai  parlé  plus  haut  de  l'acquisition  faite  en  1784 
par  le  surintendant  des  bâtiments  Dangevillier,  d'une  manu- 
facture située  i  Umoges  et  de  sa  réunion  comme  annexe   à 

(1)  Le  rapport  de  RoUnnd  ne  laisse  subsister  aucun  doute  sur  ce  point. 
On  y  voit,  en  efFei,  que  lors  de  l'acqulsilion  le  fonds  fui  évalué  par  Darccl 
à  .^6  ou  40,000  fr  «  et  no  présente  maintenant  tout  compris  qu'une 
\aleûr  de  10,000  livres  »  dit  expressément  le  rapport.  Il  y  avait  donc  eu 
une  dépréciation  considérable  des  immeubles. 


54  SOCIÉTÉ  ARCnÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUR  DU  UMOUSllf. 

celle  de  Sèvres.  Le  kaolin  de  Saint-Yrieix  devenait  sans  doule 
précieux  à  celle-ci,  qui  en  a  constamment  tiré  jusqu'à  présent,  et 
pour  qui  il  sert  de  base  à  ce  qu'on  y  appelle  la  porcelaine  dure  (1^. 
Il  y  avait  même  une  espèce  de  vraisemblance  à  se  flatter  qu*un 
atelier  sur  le  lieu  même  où  se  trouvait  la  matière,  rénnirail  le 
double  avantage  d'une  fabrication  moins  coûteuse  et  d'une  spécu- 
lation proGtable  de  commerce  dans  les  provinces  méridionales. 
Pour  faire  réussir  cette  idée,  il  n'eût  pas  suffi,  sans  doute,  de 
porter  à  Limoges  et  le  goût  et  les  talents  qui  n'ont  pas  cessé  de 
vivifier  l'établissement  principal,  il  fallait  encore  s'assurer  d'une 
exacte  surveillance  et  d'une  grande  économie  d'administration  à 
un  si  grand  éloignement.  Mais  une  direction  royale  aveugle  ou 
dilapidatrice  au  centre  même  de  son  action,  saurait-elle  voir 
clair  ou  juste  à  cent  cinquante  lieues.  » 

Rolland  semble  dire  que  la  tentative  de  transformer  la  fabrique 
de  Limoges  en  annexe  de  Sèvres  n'a  réussi  qu'incomplètement: 
mais  le  passage  que  l'on  vient  de  lire  indique  que  cette  transforma- 
tion a  été  effectuée. 

Mais  il  semble  que  ce  ne  soit  qu'après  mûre  réflexion  que  le 
gouvernement  ait  décidé  l'établissement  à  Limoges  d'une  annexe 
de  la  Manufacture  de  Sèvres  ;  la  pensée  de  cette  combinaison  se 
trouve  très  explicitement  exprimée  dans  le  mémoire  rédigé  en 
1781  par  Bachelier  à  la  demande  de  M.  d'Angevillers  (2).  Il  con- 
vient de  remarquer  qu'en  1781  Bachelier  appartenait  depuis 
trente-trois  ans  à  la  Manufacture,  où  son  influence  parait  avoir  été 
considérable;  y  étant  resté  quarante  ans,  il  s'y  trouvait  encon» 

(1)  On  le  voit,  le  rapporteur,  si  bien  informé  cependant,  ne  parait  pas 
soupçonner  la  possession  par  Sèvres,  anlérieurcment  à  racquisilion  de 
la  fabrique  de  Limoges,  d'une  carrière  de  kaolin  à  Sainl-Yricix.  Le  fait  est 
cependant  positif,  mais  il  faut  croire  que  cette  carrière  avait  trompé  les 
espérances  conçues  par  ses  acquéreurs. 

On  ne  saurait  trop  le  répélcr,  pour  résoudre  certaines  difficultés  de 
rhistoire  de  la  porcelaine  limousine,  il  serait  nécessaire  de  faire  au 
préalable  Thistoire,  et  très  circonstanciée,  de  nos  carrières  de  kaolin. 

(2)  Mémoire  historique  de  torigine  du  régime  et  du  progrès  de  la 
Manufacture  Nationale  de  porcelaine  de  France,  aoec  des  observations  sur 
toutes  les  parties  de  sa  manutention  et  les  moyens  d'améliorations  éco  - 
nomiques  dont  elle  est  susceptible^  demandé  par  M.  d'Angevillers,  direc- 
teur général,  cl  remis  en  1781,  parle  citoyen  Bachelier,  alors  un  des 
inspecteurs  de  la  partie  des  arts  de  ladite  manufacture.  Cet  opuscule  fut 
publié  sous  la  République,  à  Paris,  chez  Dclance,  sans  date.  M.  Gustave 
Gouellain  en  a  donné  une  reproduction  annotée  en  4878,  chez  Raphaël 
Simon. 


ESSAI    DE  CLASSIFICATION   DES   ANCIENNES   PORCELAINES   DE  LIMOGES.         55 

en  1784,  au  moment  de  .racquisilion  de  la  fabrique  de  Grellel. 
Voici  commenl  s'exprime  Bachelier  : 

a  Projets  économiques,  —  Depuis  la  découverte  de  la  pâte  de 
Limoges,  commenl  n'a-t-on  pas  imaginé  d'établir  k  Saint-Yrieix, 
liiîu  d  où  on  la  tire,  une  maison  pour  y  fabriquer  la  porcelaine 
blanche  :  les  ouvriers  et  leurs  conducteurs  y  seraient  beaucoup 
moins  chers  qu'à  Sèvres  ;  le  goût  n'y  perdrait  rien,  tous  les  modèles 
seraient  envoyés  de  Paris  ;  l'influence  des  arts  serait  la  même  et  la 
dépense  réduite  d'un  tiers  :  la  journée  des  hommes,  en  été,  est  de 
quinze  sous,  en  hiver,  dix  sous;  celle  des  femmes,  huit  sous  toute 
l'année. 

»  Le  lavage,  le  foulage  et  la  pulvérisation  des  terres,  faits  sur  le 
lieu  par  des  femmes,  leur  serait  une  ressource  qui  vivifierait  le 
canton  en  y  portant  des  secours  que  plusieurs  intérêts  nous  enga- 
gent à  leur  procurer.  La  porcelaine  cuite  exigerait  moins  de  frais 
de  transport  que  la  terre  brute,  dont  le  quintal  ne  donne  que 
quarante  livres  à  la  cuisson. 

»  La  porcelaine  tendre  s'y  fabriquerait  avec  la  même  économie 
le  sel  qui  entre  dans  sa  composition  n'y  vaut  que  treize  deniers  la 
livre,  et  ici  quatorze  sous,  le  bois  un  tiers  de  moins  et  tous  les 
autres  objetg  à  proportion. 

»  Nous  ne  douions  pas  qu'on  puisse  y  prendre  un  genre  de  cou- 
rant avec  succès,  nous  pouvons  avancer  que  cet  établissement 
coûterait  peu  de  frais,  d'après  les  renseignements  que  nous  avons 
pris  et  que  nous  communiquerons..,  » 

Remarquons  que,  dans  une  brochure  déjà  citée  et  qui  fut  écrite 
on  1855  par  M.  Ravenez,  probablement  avec  les  données  communi- 
quées par  M.  Alluaud,  il  se  trouve  un  passage  très  curieux  en  ce 
qu'il  semble  indiquer  que  les  conseils  donnés  par  Bachelier,  furent 
certainement  suivis,  tout  au  moins  sur  plusieurs  points.  Voici  ce 
passage  : 

«  M.  Darcet,  de  l'Académie  des  sciences,  qui  avait  suivi  les  opé- 
rations de  la  manufacture  de  Sèvres,  fut  envoyé  à  celle  de  Limoges 
pour  en  diriger  les  travaux.  On  fit  venir  plusieurs  ouvriers  de 
Paris,  M.  Cloostermann  fut  chargé  de  la  composition  des  couleurs 
et  cette  manufacture  fut  bientôt  en  pleine  activité.  Mais  il  fut 
décidé  qu'on  n'y  fabriquerait  que  des  pièces  d'une  exécution  facile, 
qu'on  ne  pouvait  enrichir  que  de  légères  décorations  ». 

L'élude  des  produits  sortis  de  la  manufacture  de  Limoges  pourrait 
sans  doute  nous  aider  à  déterminer  dans  quelle  mesure  il  fut 
donné  suite  à  la  pensée  de  faire  de  l'ancienne  manufacture  Grellet 
et  Massié  une  annexe  de  Sèvres;  malheureusement,  ainsi  que  je 
fai  dit  plus  haut,  les  spécimens  authentiques  de  cette  fabrication 


56  SOaàTÉ   AIICB6OLOGIQUB   ET   HISTOhIQUB   DU   LIMOUSIN. 

sont  introuvables  aujourd'hui;  mais  il  y  a  aux  Archives  de  la  Haute- 
Vienne  (4)  plusieurs  pièces  du  plus  haut  intérêt,  qui,  quoique  bien 
sommairement  rédigées,  peuvent  nous  donner  de  très  utiles  ren- 
seignements sur  la  production  habituelle  de  la  fabrique,  ce  sont 
les  procès- verbaux  d'estimation  des  marchandises  ou  ustensiles, etc., 
qui  se  trouvaient  dans  les  locaux  de  la  Manufa^ure  au  moment  011 
elle  fut  mise  en  vente  (2).  Au  nombre  des  objets  dont  nous  avons 
ici  les  listes  se  trouvent  quarante-un  moules  de  statuettes  ou 
groupes.  On  remarque  parmi  les  désignations  quelques  sujels  clas- 
siques, tels  que  l'Enlèvement  des  Sabines,  les  Trois  Grâces^  etc.,  et 
deux  statuettes  de  sainteté  (saint  Bmno  et  saint  Benoit)  et  surtout 
beaucoup  de  représentations  empruntées  à  la  vie  ordinaire,  la 
Joueuse  de  harpe,  la  Ramoneuse,  la  Joueuse  de  vielle,  etc.  Ces  moules 
et  surtout  les  modèles  sur  lesquels  ils  furent  établis  n'ont  guère 
pu  être  exécutés  à  Limoges,  où  manquaient  sans  doute  les  artistes 
capables  de  se  livrer  à  un  tel  travail.  On  pourrait  supposer,  il  est 
vrai,  que  des  sculpteurs  de  Sèvres  ont  pu  être  détachés,  en  quelque 
sorte,dans  notre  ville,  mais  n'est-ii  pas  plus  simple  d'admettre  que 
la  direction  de  Sèvres  a  envoyé  dans  notre  ville  un  certain  nombre 
de  moules  de  statuettes  ou  groupes  qui  servirent  à  constituer  à 
Limoges  un  atelier  pour  la  production  de  la  statuaire  céramique. 
Une  des  raisons  qui  firent  adopter  cette  combinaison  fut  sans  doute 
la  commodité  de  trouver  sur  place  des  quantités  de  l'excellente  pâte 
employée  pour  la  production  des  statuettes  et  groupes.  On  a  vu 
plus  haut  que  Bachelier  faisait  figurer  parmi  les  arguments  qui, 
selon  lui,  devaient  conduire  à  établir  en  Limousin  une  fabrique 
annexe  de  Sèvres,  cette  considération  que  la  porcelaine  «  cuite  »  ne 
représentait  en  poids  que  30  pour  100  de  la  matière  première 
entrée  dans  sa  confection.  Quelques  mouleurs  et  répareurs  suf- 
fisaient pour  produire  une  très  grande  quantité  de  figurines  et 
groupes;  les  répareurs  pouvaient  n'être  pas  de  premier  ordre,  car 
Bachelier  nous  dit  qu'à  Sèvres  même  on  n'était  pas  très  exigeant 
quand  à  la  réparation  des  statuettes.  Il  parait  donc  possible,  même 
probable  qu'un  certain  nombre  de  biscuits  qui  nous  sont  venus 
avec  la  marque  de  Sèvres  aient  été  fabriqués  à  rétablissement 


(1)  M.  Alfred  Leroux,  archiviste,  a  mis  sa  complaisance  habituelle  à  fa- 
ciliter mes  recherches,  cl  M.  Fray-Fournier,  qui  connaît  admirablement 
nos  archives,  m'a  rendu  de  très  réels  services  en  cherchant  pour  moi  cer- 
taines pièces  auxquelles  j'attribuais  une  grande  importance  ;  il  a  fini  par 
les  découvrir. 

(9)  A  TAppendice,  on  trouvera  in  extenso  on  analysées  les  pièces  qui 
n*ont  pu  prendre  place  dans  le  texte  de  ce  travail. 


ESSAI   DR   CLASSIFICATION    DES    ANCIENNES    POBCRLAINES   DE   LIMOGES.         0/ 

annexe  de  Limoges  :  jusqu'ici  d'ailleurs  il  n'y  a  iù  qu'une  hypothèse 
à  laquelle  on  pourrait  probablement  donner  quelque  consistance 
grâce  aux  indications  que  peuvent  renfermer  les  archives  de  Sèvres. 

Les  pièces  conservées  aux  archives  et  où  se  trouvent  des  nomen- 
clatures de  pièces  ou  de  moules  existant  à  la  Manufacture  de 
Limoges,  au  moment  de  la  mise  en  vente,  nous  permettent  de  nous 
rendre  un  compte  assez  exact  de  la  fabrication  habituelle  de 
Limoges.  Le  service  de  table  et  la  plalerie  y  occupent  une  large 
place  :  on  trouve  aussi  de  nombreux  cabarets,  cafetières,  tasses, 
pots  au  lait,  des  écuelles  avec  ou  sans  leurs  plateaux,  des  pots  à 
eau  et  leurs  jattes,  des  plats  à  barbe,  des  vases  de  nuit  ronds  et 
ovales,  des  «écritoires  à  encre  éternelle  »,  des  cuillers  à  moutaixlc, 
des  caisses  à  fleurs,  des  corbeilles,  des  seaux  à  verres,  des  gla- 
cières, etc. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  les  pièces  de  porcelaines  portées 
sur  un  des  inventaires  conservés  aux  Archives  sont  réparties  en 
irois  classes  :  pâle  blanche,  pâle  jaune,  rebut.  Môme  au  cas  où  Ton 
admettrait  qu'il  ait  été  fabriqué  à  l'annexe  de  Limoges  des  pièces 
destinées  à  être  décorées  et  terminées  à  Sèvres,  il  est  d'autre  part 
certain  qu'il  y  eut  aussi  une  fabrication  en  quelque  sorte  locale.  Il 
n'est  évidemment  pas  possible  de  supposer,  par  exemple,  que  les 
pièces  en  pâte  dite  jaune,  aient  été  produites  pour  notre  grand»3 
manufacture  (1). 

L'annexe  de  Limoges  a  donc  fabriqué  pour  son  propre  compte  ; 
elle  produisait  des  pièces  de  première  et  de  seconde  catégorie  qui 
s'écoulaient  soit  sur  les  lieux,  soit  dans  les  provinces  méridionales. 
L'usage  de  la  porcelaine  paraît  s'être  rapidement  développé  en 
Limousin,  surtout  dans  la  haute  classe.  Nous  voyons,  en  e(Tet,dans 
les  inventaires  des  biens  saisis  aux  émigrés,  figurer  de  nombreuses 
pièces  en  porcelaine  ;  par  exemple,  dans  le  procès-verbal  de  séques- 
tre des  biens,  de  Claude-Etienne  des  Roys  (2),  !26  brumaire  an  II  et 

(t)  Il  est  possible  cependant  que  les  mots  :  pâte  jaune  aient  désigné 
non  une  pâte  inférieure  mais  une  composition  spéciale.  On  voit  dans  le 
Traité  des  arts  céramiques»  de  Brongniarl,  que  la  pâle  de  Tristant,  dont 
il  donne  la  composition,  était  légèrement  jaunâtre  et  présentait  les  incon- 
vénients d'être  parfois  un  peu  rugueuse  et  de  prendre  assez  mal  la  cou- 
verte. Serait-ce  la  pâle  de  Tristant  dont  il  est  qucslion  dans  les  inven- 
taires? Mais  celle  composition  était  surtout  propre  au  façonnage  des 
grandes  pièces  et  on  n'en  fabriquait  pas  à  Limoges. 

Tristant,  au  témoignage  du  directeur  Régnier,  était  le  plus  habile  dos 
tourneurs  de  Sèvres  :  il  mourut  en  «785. 

(î)  M.  le  marquis  des  Roys  était  avant  la  Révolution  grand  sénéchal  du 
timousiq. 


58  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   bT   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

jours  suivants  (Archives  de  la  Haule-Vienne),  nous  voyons  dénom- 
mer deux  cent-cinquanle  assiettes,  vingt-sept  plats,  neuf  corbeilles 
et  de  nombreux  ustensiles  en  porcelaine;  il  est  vrai  que  nous  trou- 
vons également  dans  ce  document  la  mention  de  pièces  nombreuses 
en  poterie  diverse  :  des  faïences  à  fleurs  et  ordinaires,  des  cafe- 
tières et  écuelles  en  terre  noire,  des  tasses  et  des  soucoupes  en 
terre  de  pipe,  des  écuelles  de  terre  de  la  fabrique  de  la  rue  du 
Pont-aux-Choux,  un  cabaret  de  Chine  de  quinze  pièces. 
.-  Dans  son  livre  si  connu  {Changements  mrvenus  dans  les  mœurs 
des  habitants  de  Limoges  depuis  une  cinquantaine  d'années,  i  817), 
Juge  Saint-Martin  nous  apprend  que  la  faïence  était  presque  incon- 
nue à  Limoges  à  l'époque  à  laquelle  se  rapportent  ses  observations, 
soit  de  1770  jusqu'à  la  Révolution.  Nos  ancêtres  se  servaient  alors 
presque  exclusivement  de  vaisselle  d'étain.  On  est  quelque  peu 
étonné  de  voir  des  quantités  relativement  considérables  de  porce- 
laine chez  des  personnes  habitant  la  campagne,  alors  qu'àLimoges 
on  n'en  n'était  même  pas  encore  arrivé  à  la  faïence  ;  peut-être  ces 
personnes  recevaient-elles  en  cadeau  quelques  produits  de  la  Ma- 
nufacture, peut-être  savait-on  les  mettre  dans  l'obligation  d'y  faire 
(les  achats  ?  Il  faut  aussi  considérer  que  les  maisons  nobles,  même 
de  fortune  médiocre,  avaient  souvent  des  liabitudes  de  luxe  qui  con- 
trastaient avec  la  parcimonie  des  familles  bourgeoises  de  Limoges, 
où  la  plus  stricte  économie  était  à  l'ordre  du  jour. 

La  question  qui  se  présente  aujourd'hui  est  toute  nouvelle.  Ici  on 
ne  peut  que  la  poser,  car,  pour  la  résoudre,  si  jamais  elle  doit 
être  résolue,  de  longues  recherches  sont  encore  nécessaires.  Cette 
question  se  formule  ainsi  :  la  fabrique  royale  de  Limoges  est 
qualifiée,  dans  des  documents  officiels,  d'annexé  de  la  Manufacture 
de  Sèvres  ;  d'autre  part,  nous  savons  que  de  très  larges  subveu- 
tions  (233,000  francs,  d'après  le  rapport  de  Rolland)  ont  été  payées 
pour  notre  fabrique  par  la  caisse  de  Sèvres.  D'un  autre  côté,  le 
rapport  de  Rolland  montre  que  le  conseil  donné  par  Bachelier 
(1781)  et  dont  il  est  parlé  longuement  plus  haut,  fut  suivi  ;  en  sorte 
qu'il  est  certain  que  Limoges  a  fabriqué  des  porcelaines  pour 
Sèvres,  dans  une  mesure  qui  reste  à  déterminer.  Ce  qui  paraît  cer- 
tain, c'est  que  notre  fabrique  a  continué  à  produire  pour  son  pro- 
pre compte.  Cette  dernière  donnée  se  trouve  établie  sur  la  grande 
quantité  de  pièces  en  pâte  dite  jaune,  qui  existaient  à  la  fabrique 
de  Limoges  au  moment  de  sa  vente,  pièces  que  Ton  ne  pouvait 
songer  à  écouler  à  Sèvres.  Les  plus  belles  productions  sorties  de 
notre  fabrique  reçurent  seules,  probablement,  la  marque  de  la  Ma- 
nufacture de  Sèvres,  où  elles  étaient  sans  doute  décorées.  Com- 
ment, aujourd'hui,  retrouver  sous  cette  marque  les  produits  de 
Limoges?  Il  y  a  là,  évidemment,  une  grande  difficulté. 


ESSAI   DE   CLASSIFICATION   DES   ANCIENNES   PORCELAINES   DR  LIMOGES.         59 

Un  fait  me  semble,  dès  à  présent,  hors  de  conteste;  c'est  que,  à 
Limoges,  la  fabrication  des  biscuits,  groupes,  figurines,  etc.,  exé- 
cutés à  l'aide  des  moules  envoyés  de  Sèvres,  a  été  active.  Il  y  a,  du 
reste,  à  cela  une  raison  :  la  pâte  dite  pâle  à  ligure  est  encore  consti- 
tuée, non  seulement  en  France  mais  aussi  à  l'étranger,  à  Taide  des 
belles  «  caillouteuses  »  de  Saint- Yrieix,  qui  ne  peuvent  guère  être 
remplacées  pour  cet  objet.  En  établissant  un  atelier  de  fabrication 
de  biscuit  au  centre  môme  de  la  production  kaolinique,  on  a  voulu 
s'assurer  un  choix,  facile  dans  un  tel  milieu,  de  matières  premières 
de  la  meilleure  qualité.  Il  tombe  sous  le  sens  qu'à  Sèvres  les  pra- 
ticiens préposés  à  la  constitution  des  pâtes  ne  pouvaient,  comme  à 
Limoges  «  écrémer  »  pour  employer  une  expression  populaire, 
d'immenses  masses  de  kaolin  pour  se  procurer,  en  vue  d'un  usage 
spécial,  une  petite  quantité  de  «  caillouteuse  »  de  tout  premier 
ordre.  Il  convient  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  dans  cette  pre- 
mière période  de  la  fabrication,  alors  que  la  technique  de  la  por- 
celaine était  encore  dans  l'enfance,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue, 
dis-je,  que  l'on  devait  accorder  une  très  grande  importance  à  la 
qualité  du  kaolin. 

Ainsi,  en  présence  d'un  biscuit  portant  tous  les  caractères  d'une 
production  de  Sèvres,  le  doute  paraît  aujourd'hui  permis,  et  il  y 
aura  lieu  désormais  d'examiner  si  l'on  n'a  pas  affaire  à  une  pièce 
sortie  de  l'annexe  de  Limoges;  mais  on  ne  saurait  dire,  dès  à  pré- 
sent, si  le  produit  de  Limoges  est  absolument  similaire  de  celui  de 
Sèvres  où  s'il  s'en  sépare  par  des  différences  sensibles.  Il  est  pro- 
bable qu'il  y  eut  aussi  pour  les  biscuits  deux  catégories,  dont  l'une, 
considérée  comme  inférieure,  ne  recevait  aucune  marque. 

Dans  les  inventaires  et  autres  documents  analogues  conservés 
aux  archives  de  la  Haute- Vienne,  nous  ne  voyons  figurer  aucun 
vase,  et  il  paraît  très  probable  que  l'annexe  de  Limoges  produisait 
seulement  de  la  porcelaine  d'usage.  Nous  savons  qu'une  partie  des 
pièces  qui  sortaient  de  ses  fours  étaient  sans  doute  envoyées  à 
Sèvres  pour  y  être  peintes  et  dorées;  la  fabrication  de  ces  pièces 
était  tout  spécialement  soignée. 

D'autres  pièces,  également  d'usage,  mais  probablement  établies 
avec  des  pâtes  de  qualité  relativement  inférieure,  recevaient  sur 
place  de  «  légères  décorations  »  et  étaient  écoulées  dans  les  dépôts 
du  Midi.  Il  est  probable  que  ces  pièces  n'étaient  pas  marquées; 
aussi  les  attributions  que  j'ai  cru  devoir  faire,  dans  cette  catégorie, 
restent-elles  bien  hypothétiques. 

Quant  aux  pièces  d'usage  de  première  qualité,  que  l'annexe  de 
Limoges  produisait  pour  Sèvres,  il  faut  bien  avouer  qu'aucun  docu- 
ment authentique  n'est  venu  établir  explicitement  l'existence  de 


«M)  SOClÊTt   ARCHKOLt>G<tttflK   ET  «ISTORIQUI   M)   IlHOVSlN. 

cette  fabricftlion  ;  le  fait  est  néanmoins  très  probable  et  ott  t^^^rrait 
sans  iloute  en  trouver  des  preuves  irrécusables,  Mit  en  ct««iiaiit 
les  archives  de  la  Manufacture  Nationale  ou  en  explorant  d'autres 
réunions  de  documents,  soit  en  étudiant  avec  un  soin  scrupuleux 
certaines  pièces  considérées  jusqu'à  présent  comme  faisant  partie 
de  la  production  de  Sèvres. 

Si  Ton  veut  bien  se  rappeler  que  la  fabrication  de  la  porcelaine 
dnfe  fut  introduite  à  Sèvres  pour  la  production  des  pièces  d'usage 
(la  pâte  nouvelle  étant  incomparablement  supérieure  à  Tancienne 
au  point  de  vue  de  la  solidité),  si  Ton  veut  bien  se  souvenir  d'autre 
part  que  Torganisation  de  notre  grande  manufaclare,  les  tendan- 
ces de  son  personnel,  etc.,  devaient  la  conduire  invinciblement^  pour 
adn^  dire,  vers  Ik  fabrication  artistique,  on  comprendra  qu*eUe  dut 
se  décharger  volontiers  de  la  production  «  courante  »  comme  nous 
dirions,  sur  son  annexe  provinciale.  La  pâte  tendre  était  encore 
fort  appréciée  en  1784,  mais  on  la  savait  impropre  à  Tusàge. 
D'autre  part,  dès  1780,  Tère  de  la  fabrication  artistique  de  ia  por- 
celaine dure  avait  commencé  pour  Sèvres  ;  le  champ  d'action  de 
celte  manufacture  était  assez  vaste  pour  qu'elle  abandonnât  sans 
regret  une  production  jugée  inférieure  et  encombrante  à  l'établis- 
sement devenu  son  satellite. 

('A  suivre J,  Camille  LËYlilAniË. 


UN  LIVRE  D'HEURES  DE  L'ORDRE  DE  GRANOMON  F 

A  LA  BIBLIOTHÈQUE  D'ANGERS 


Ce  manuscrit  serait  probablement  passé  ifiaperçn,  si  je  ne  lui 
avais  récemment  consacré,  dans  la  R&vue  (f  Anjou,  une  courte 
nolice,  que  je  crois  opportun  de  reproduire  textuellement  : 

I 

N'  132.  Heures,  datées  de  1  (H6,  iii-18  do  137  rolios  de  véHn,  le  texte 
écrit  au-dessus  d'une  ligne  rouge,  rubriques  de  môme  couleur;  très  en- 
domiu  âgées. 

La  couverture  est  en  basane  :  sur  chaque  plat  est  gaufrée  une  cruci- 
fixion, entre  la  Vierge  et  saint  Jean,  inscrite  dans  une  auréofe  à  rayons 
alternativement  droits  et  flamboyants;  aux  angles,  fleurs  de  lys  dans  des 
carrés.  Cette  reliure  nVst  pas  antérieure  au  xvii®  siècle. 

4.  Suffrages.  Celui  de  saint  Martial  est  ainsi  conçu  :  c  Sanctus  Marcialis, 
ad  prcdicandum  Gallie  detegatus  Lcmovicis  civibus,  jubente  Pctro  apos- 
tolo^  S9mina  fîd<;i  crroganda  suscepit. 

»  t*  Marcialis,  apostotus  Xpisti, 

»  i|.  Pro  nobis  intercédât  ad  Dominum.  » 

Dans  Toraison,  il  est  répété  qu'il  est  apôtre  :  a  Qui  bcatum  Marel.atem 
apostolum.  tuum  »  (4). 

tl  y  a  un  suffrage  particulier  pour  les  saintes  reliques,  «  de  rcliqniis  »; 
c>st  \a  première  fois  que  je  le  rencontre. 

Vignette  do  la  crucifixion  :  la  croix  est  en  tau, 

«  i,  Seq>iuntur  hocf*.  béate  Marie  Virginis  secuadum  Grandimon.  » 
L* ordre  de  Grandmont  avait  précisément  une  maison  près  d'Angers,  à  La 
Haye  (les-Konshommes.  La  vignette  figure  l'Annonciation  :  l'ange,  en 
daimalique,  le  sceptre  en  main,  agenouillé,  montre  la  colombe  qui  des- 
cend du  ciel;  Marie  osl  à  genoux  devant  use  banquette^  où  elW  a  ]^^ 

(1)  L'ipostoUt  de  Mlnt  Mairtial,  trèn  populaire  au  moyeiiràge,  a  «té  de  aod-  jffurat  qbaieu - 
reiu«aieDt  défeodu  p«r  1|.  le  ohaoolM  Arbeliot:  oeftendABl  Rome  n'%  pa^  v^alu  U  r^cou^ 
naUre. 


Qi  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQOB  ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN. 

son  livre  sur  un  coussin  ;  au  baldaquin  qui  Tabrile,  on  lit  celte  date  en 
majuscules  romaines  :  i486  29  lANVlER. 

A  matines,  il  y  a  neuf  leçons  :  les  trois  dernières  sont  tirées  de  l'évan- 
gile et  varient  suivant  le  temps.  Voici  le  premier  répons  do  troisième 
nocturne  :  «  Vidi  speciosam  sicut  columbam  ascendentem  desuper  rivos 
aque,  cujus  incstimabilis  odor  erat  in  vcstimentis  ejus.  Et  sicut   dies 
verni  circumdabant  eam  flores  rosarum  et  lilia  convallium.  •  —  Comme 
celte  poésie  est  suave  ! 
A  laudes,  hymne  O  gloriosa  Domina  et  scène  de  la  Visitation. 
A  prime,  hymne  Jam  lacis  orto  sydere  ci  symbole  de  saint  Athanase  ;  en 
vignette,  la  Nativité  :  Marie  tient  sur  ses  genoun  Tenfant  nouveau-né. 
A  tierce,  TAnnoncc  aux  bergers.  Hymne  : 
«  Mater  Dei  sanctissima, 
Alque  virgo  perpétua, 
Ofifer  nos  tuo  filio 
In  celcsti  palacio. 

Maria,  plena  gracie. 
Mater  misericordie...  (I)  ». 

3.  a  Horc  pro  defunctis  ». 

4.  «  Ad  terciam  de  die  »  :  hymne  :  l^unc  sancte  nobis  Spiritus. 

5.  Tierce  de  Toffice  de  la  Vierge  :  adoration  des  mages,  barbus  et  sans 
couronne.  Hymne  :  Mémento  salutia. 

G.  Sexte  da  jour  :  hymne  Rector  potens, 

7.  Sexte  de  la  Vierge  :  présentation  au  temple.  Mario  a  les  mains  enve- 
loppées d'un  linge  blanc  pour  ne  pas  toucher  directement  au  fils  de  Dieu. 

8.  None  du  jour  :  hymne  Rerum  Veus. 

9.  None  de  la  Vierge  :  fuite  en  Egypte,  Joseph  suit  l*âue  qui  porte  Ma- 
rie. Hymne  :  Mémento  Maria  plena, 

10.  Vêpres  :  massacre  dos  Innocents.  Hymne  :  Ace  maris  steUa. 

H.  Compiles  :  Dieu  le  Père,  chape  et  couronné,  tenant  en  main  le 
globe  du  monde,  bénit  Marie  agenouillée  devant  lui.  Le  capitule  est  em- 
prunté à  la  première  strophe  du  Virgo  Dei  genitrlx  et  Thymnc  formée 
des  trois  dernières  strophes  de  Y  Ave  maris. 

42.  Psaumes  de  la  pénitence.  Dans  les  litanies  des  saints,  après  saint 
Barnabe,  saint  Marc  et  saint  Luc  est  intercalé  saint  Martial,  qui  vient  ainsi 
le  dernier  des  apôtres  ;  parmi  les  martyrs,  on  rencontre  saint  Maurice  et  ses 
compagnons,  saint  Ausone  et  saint  Léger  ;  parmi  les  évêques,  saint  Front, 
après  saint  Grégoire;  parmi  les  ermites,  saint  Guillaume  et  saint  Cybard. 

13.  a  OfBclum  mortuorum  »  :  la  mort  assise  sur  trois  cadavres  ;  Tun 
ost  celui  d'un  pape,  l'autre  d'un  roi,  le  troisième  d'un  bourgeois. 

II 

Quelques  mots  d'explication  me  semblent  indispensables  au 
point  de  vue  spécial  du  Limousin. 

Le  manuscrit  est  daté  de  1486,  c'est-à  dire  d'une  époque  où  les 
Heures  imprimées  commençaient  déjà  à  être  en  circulation  et  rap- 

;l)X.  Barbier  ob  Montault.  Heures  poitevinee  du  x\-  siècle,  p.  ^. 


(JX   LIVRE    d'hRURES   DE  L*ORDRS  DB  ORANDMONT.  63 

pelaient  l'âge  précédent  par  le  vélin  de  leurs  feuillets  et  par  les 
miniatures  faites  après  coup  sur  les  gravures  au  trait.  Le  manuscrit 
maintient  donc  la  tradition  monastique  :  probablement,  il  a  été 
exécuté  dans  un  couvent  de  l'ordre. 

Rien  ne  fait  soupçonner  à  qui  il  a  été  destiné^  mais  son  luxe, 
contrastant  avec  la  simplicité  des  frères,  peut  faire  supposer  qu'il 
fut  offert  à  un  prieur  ou  commandé  par  lui. 

Pourquoi  sont-ce  des  Heures  et  non  pas  un  Bréviaire?  M.  Guiberl, 
rhistorien  de  Tordre,  est  mieux  en  mesure  que  moi  de  nous  rensei- 
gner à  cet  égard.  Je  suppose  que  le  petit  oiïîce  était  seul  récité  dans 
Tordre  et  non  le  grand  ofBce,  destiné  aux  moines  proprement  dits. 

Cependant,  j'y  relève  une  particularité  liturgique  fort  curieuse  : 
les  petites  heures,  prime,  tierce,  sexle  et  none,  sont  doubles,  c'est- 
à-dire  qu'à  celles  de  l'office  ordinaire  s'ajoutent  celles  du  bréviaire: 
prime  s'allonge  mémo,  comme  le  dimanche,  du  symbole  de  saint 
Athanase. 

Un  troisième  office  complète  les  précédents  :  c'est  celui  des 
morts,  qui,  à  Tordinaire,  ne  comporte  que  vêpres  et  matines.  Ici, 
il  y  a  en  plus  les  «  hore  »,  ce  qui  est  absolument  insolite.  Est-ce  qu'à 
Grandmont  on  aurait  récité,  chaque  jour,  le  petit  office,  partie 
de  Toffice  du  jour  et  Toftice  des  morts?  En  outre,  comme  partie 
intégrante  de  laudes  et  de  vêpres,  il  y  avait  les  suffrages.  Or, 
parmi  eux  se  trouve  celui  de  saint  Martial,  qui  se  disait,  à  cause  de 
la  maison-mère,  même  en  dehors  du  diocèse  de  Limoges;  on  Tho- 
norait  également  dans  les  litanies,  qui  devaient  se  réciter  à  certains 
jours,  après  les  psaumes  de  la  pénitence. 

Les  diocèses  respectifs  avaient  aussi  leurs  droits,  puisque  dans 
les  litanies  figure  saint  Maurice,  titulaire  de  la  cathédrale  d'Angers. 
A  ce  passage,  comme  aussi  au  lieu  du  dépôt  actuel,  on  peut  sans 
crainte  affirmer  une  origine  angevine. 

Le  suffrage  de  reliquiis  se  réfère-t-il  directement  au  couvent  de 
La  Haye-des- Bonshommes?  Il  est  possible  qu'il  ait  été  riche  en 
reliques;  mais  j'y  vois  plutôt  un  souvenir  de  Grandmont,  qui  en 
possédait  une  quantité  considérable,  comme  en  témoignent  les 
anciens  inventaires. 

Quoique  de  mince  valeur,  ces  petites  Heures,  que  je  qualifierais 
presque  de  poche,  ont  donc  quelque  intérêt  si  on  les  examine 
sous  lo  triple  rapport  deTart,  de  la  liturgie  et  de  Thistoire  locale. 

X.  Barbier  de  Montai'lt. 


DALLE  TOMBALE  D'UN  CHEVALIER 

AU  CIMETIÈRE  DE  MAISONNAIS 


I^es  pierres  tombales  sculptées  sont  assez  rares  en  Limousin;  lin 
moins  en  reste-t-il  encore  fort  peu,  surtout  dans  les  églises  rurales. 
Lia  diilicultéde  tailler  des  statues  de  granit  a  dil,  en  tous  temps,  re- 
buter nos  maçons  de  campagne  et  la  dépense  arrêter  les  familles 
désireuses  de  transmettre  en  ronde-bosse  leurs  regrets  à  la  posté- 
rité. Le  marbre,  les  plaques  de  bronze  gravées  et  émaillées  étaient 
réservés  généralement  aux  évéques  ou  aux  très  grands  person- 
nages, et  chacun  sait  qu'il  en  sortait  d'admirables  des  ateliers  de 
Limoges.  Malheureusement  les  objets  de  métal,  même  les  plus 
artistiques,  sont  fatalement  condamnés  à  être  fondus,  et  on  se  sou- 
vient encore  à  Limoges  des  charretées  d'émaux  détruits  sans 
pitié  au  commencement  de  ce  siècle  et  transformés  en  chaudrons. 
Le  savant  et  regretté  abbé  Texier  avait,  dans  son  enfance,  assisté  à 
ces  actes  inconscients  de  vandalisme  et  se  plaisait  à  les  raconter 
en  en  gémissant. 

La  tombe  de  Maisonnais  (1)  n'était  pas  pour  tenter  le  creuset  des 
fondeurs,  et  si  on  l'a  détournée  de  sa  destination  première,  encore 
faut-il  se  réjouir  qu'elle  n'ait  pas  été  débitée  en  moellons,  comme 
la  mise  au  tombeau  de  N.-S.  qui  décorait  l'église  des  Salles-La- 
Vauguyon,  très  voisine  de  celle  de  Maisonnais.  On  s'est  contenté 
d'en  faire  xxn  dessus  de  porte  pour  le  cimetière  :  ce  qui,  pour  une 
pierre   tombale,  est  plus  décent  qu'autre  chose,   tout  en  étant 

(1)  Cette  dalle  funéraire  avait  élé  signalée,  un  peu  sommairement,  par 
mon  savant  ami,  M.  l'abbé  Lecler,  dans  sa  Monographie  du  canton  de 
S(unt' Mathieu, 


PL'  m. 


Dalle  tombale  «l'un  chevalier  au  cimetière  de  Maisonnais. 


DALI.R  TOtfBALfS    d'uN   CHEVALIER   AU    CIMETIÈRE    DE   HA180NNA1S.  65 

regrettable.  J'ignore  où<^.tail*placée  cette  tombe,  longue  de  2  mètres 
30  centimètres,  haute  de  70  centimètres  et  d'une  épaisseur  d'en- 
viron 25  centimètres  :  probablement  dans  Téglise,  où  elle  devait 
reposer  sur  un  socle;  mais  je  n'ai  pas  pu  vérifier  le  fait,  n'ayant 
trouvé  personne  pour  me  renseigner  pendant  la  courte  halte  que 
j'ai  faite  à  Maisonnais. 

Quoiqu'il  en  soit,  on  voit  par  le  croquis  que  j'en  ai  dessiné  que 
cette  dalle  funéraire  représente,  en  demi-relief,  lefligie  de  gran- 
deur naturelle  d'un  chevalier  du  xin*  siècle.  Nu  télé  avec  d'assez 
longs  cheveux,  les  mains  jointes  sur  la  poitrine,  la  taille  ceinte 
d'une  courroie  où  s'attache  l'épée,  la  tunique  descendant  un  peu 
au-dessous  des  genoux,  les  pieds  appuyés  sur  un  plan  légèrement 
incliné  pendant  que  la  tôle  repose  sur  une  sorte  de  coussin,  sa 
silhouette  rappelle  assez  fidèlement  celle  des  bonnes  statues  cou- 
chées du  moyen-âge.  C'est  même  là  ce  qui  permet,  avec  les  détails 
du  costume,  de  lui  assigner  une  date,  sans  la  moindre  hésitation. 
Mais  quelle  différence  entre  cette  effigie  grossièrement  exécutée 
et  les  belles  œuvres  de  la  sculpture  du  temps  de  saint  Louis!  Le 
maître  maçon  qui  tailla  celte  image  avait  dû  certainement  en  voir 
de  meilleures  ;  mais  il  était  hors  d'état  de  les  reproduire,  bien 
qu'on  devine,  au  caractère  général  de  son  travail,  qu'il  connaissait 
les  bons  modèles  et  avait  fail  de  son  mieux.  Il  faut  cependant  tenir 
compte  à  cet  artiste  inconnu  de  l'état  de  dégradation  de  son  bas- 
relief.  Est-ce  le  temps  ou  les  intempéries  des  saisons  qui  l'ont  mis 
dans  l'état  où  on  le  voit  aujourd'hui?  Je  l'ignore.  Je  serais  porté  à 
croire,  par  la  conservation  parfaite  de  la  tunique,  dont  les  moindres 
plis  ont  conservé  une  netteté  irréprochable,  tandis  qu'il  ne  reste 
presque  rien  des  mains  el  rien  du  tout  des  traits  du  visage,  que 
ces  parties  ont  été  plus  ou  moins  martelées.  C'est  invariablement 
à  la  tôle  el  aux  mains  que  s'attaquent  les  destructeurs  de  statues. 
Le  chevalier  de  Maisonnais  ne  pouvait  être  décapité  sans  un  long 
travail  du  ciseau  et  du  marteau;  on  trouva  plus  simple  de  lui  casser 
le  nez  et  de  lui  racler  consciencieusement  les  autres  traits  du 
visage,  en  cassant  du  même  coup  les  doigts  saillants  de  ses  mains. 
On  n'eut  pas  manqué  d  en  faire  autant  au  bouclier  armorié  si, 
selon  l'usage,  le  chevalier  en  avait  eu  un  ;  ce  qui,  par  parenthèse, 
nous  eût  indiqué  à  quelle  famille  il  appartenait. 

Devons-nous  faire  honneur  à  l'art  limousin  de  cette  tombe, 
taillée  dans  un  calcaire  compact  el  dur  que  fournissent  encore  de 
nos  jours  les  carrières  des  environs  de  Monlbron  en  Angoumois? 
Je  n'en  voudrais  pas  répondre.  J'ai  eu  maintes  fois  à  constater  dans 
les  églises  romanes  du  canton  de  Sainl-Malhieu,  à  Marval  notam- 
ment, des  chapiteaux  calcaires  finement  sculptés,  qui,  à  défaut  de 
T.  XXX v m.  5 


60  SOCIÉTÉ   ARCBiOLOGIQUE    ET   HISTORIQCR    DU  LlMOUSlir, 

leur  origine  angoumoisine  nettement  caractérisée,  montraient,  par 
la  façon  défectueuse  dont  ils  se  raccordaient  avec  leurs  colonnes  de 
granit,  tantôt  trop  grosses,  tantôt  trop  minces,  qu'ils  n'avaient  pas 
été  faits  pour  elles,  sur  place.  Même  avec  les  moyens  de  transport 
qui  existaient  au  moyen-âge,  rien  n'était  plus  facile,  après  tout,  qae 
de  faire  venir  de  cinq  ou  six  lieues  des  pierres  prèles  à  être  pesées 
et  préparées  d'avance  dans  des  ateliers  où  la  nature  des  matériaux 
employés  avait  formé,  dès  longtemps,  des  sculpteurs  plus  habiles. 

Je  ne  serais  pas  surpris  qu'il  en  eût  été  ainsi  pour  la  pierre  tom- 
bale de  Maisonnais.  Taillée,  elle  était  bien  moins  lourde  à  voilurerde 
TAngoumois  en  Limousin  que  prise  à  la  carrière.  Peut-être  même 
Tabsence  d*armoiries  et  d'inscription  laisserait-elle  supposer 
qu'elle  avait  été  prise  toute  prête  chez  un  fabricant  de  tombeaux. 

En  tous  cas,  qo'elleait  été  sculptée  à  Maisonnais  ou  en  Angou- 
mois,  la  dalle  funéraire  que  nous  sommes  heureux  de  signaler  à  la 
Société  archéologique  n'est  pas  pour  rehausser  la  renommée  des 
artistes  de  Limoges  au  xni''  siècle.  Ils  ont  des  titres  plus  sérieux. 
Mais,  elle  n'en  est  pas  moins  intéressante,  et  si  la  Société  pouvait 
obtenir  sa  réintégration  dans  l'intérieur  de  l'église,  où  on  pourrait 
la  dresser  contre  un  mur,  elle  assurerait  la  conservation  d'un  mo- 
nument qui,  s'il  n'est  pas  beau,  a  du  moins  le  mérite  d'être  rare  en 
Limousin. 

B**  DE  Verweilh. 


NOTES 


POUR    SERVIR    A    LA 


SIGILLOGRAPHIE  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  HAUTE-VIENNE 

(Suite)  (4). 


SERIE   III 


SEIGNEURS  ET  FAMILLES  SEIGNEURIALES 

N^  30.  —  ALESME  (Jean-Marie  d')  (2),  sieur  du 
Pic  (3). 

Cachet  ovale  (20""*  sur  19),  plaqué  sur  une  letlre  à  M.  Gay  de 
Nexon  (Limoges,  17  avril  1775). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  carlouche,  deux  écussons  ovales  accolés  : 
celui  de  dextre  aux  armes  d'Alesme  (d'azur,  au  chevron  d'or 
accompagné  en  pointe  d'un  croissant  du  môme,  au  chef  cousu  de 
gueules  chargé  de  trois  étoiles  d'or)  ;  celui  de  sénestre  aux  armes 
de  Pichard  (de  gueules,  à  trois  bourdons  d'or),  deux  en  chef  et  un 
en  pointe,  celui-ci  surmonté  d'une  étoile  d'argent)  (4).  Couronne 
de  comte. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 


(\)  V.  Bull.  Son.  arch.  et  hlat.  du  Llm.,  t.  XXXVI!,  p.  116  elsuiv. 

(î)  Marié  «•  à  N ;   î°  à  Anne-Françoise  de  Pichard. 

(3)  Aujourd'hui  commune,  canton  et  arrondissemenl  do  Limoges. 
(l)  V Armoriai  général  de    4696  {Limousin,  f»  <i3)  indique   le  champ 
d*azur. 


68  SOCIÉTÉ  ARCQÉOLOOTQUR  ET  HtSTORIQUB  DU  LIUOUSIN. 

N<»  31.  —  ARDANT  (Famille)  (1)  (xviii*  siècle). 

Cachet  ovale  (42"™  sur  18),  gravé  sur  une  breloque  en  porce- 
laine (2). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  d'azur,  au  chevron 
d'or  accompagné  en  pointe  d'un  soleil  ardent  (armes  parlantes) 
d'argent,  au  chef  d'or  chargé  de  trois  étoiles  de  gueules  (3).  Cou- 
ronne de  marquis.  Supports,   deux  lions. 

(Appçirtient  à  M.  Teillel,  avocat  à  Sarlat.  —  Communiqué  par 
feu  M.  Louis  Carvès,  membre  de  la  Société  historique  et  archéo- 
logique du  Périgord). 

N*"  32.  —  AUTHIER  (Etienne)  (4),  seigneur  de  La 
Roche-l'Abeille  (5)  et  de  Bré  (6)  (xiV  siècle)  (?). 

Sceau  rond  (40™"). 

Légende,  ~  f  SGVTVV.  ST.  ALETI.  DNI.  DE.  RVPEAPIS.  ET 
DE  BRENO. 

fScutum  Stephani  Aleti^  domini  de  Rupeapis  et  de 
BrenoJ. 

Dessin,  —  Ecu  à  une  bande  ou  traverse  sur  laquelle  est  posé 
un  lion  rampant;  chef  chargé  de  trois  coquilles.  Rinceaux  dans  le 
champ. 

(La  matrice  de  ce  sceau,  qui  a  été  imparfaitement  décrit  dans  le 


({)  Famille  originaire  de  Limoges,  qui  posséda,  au  xvni»  siècle,  les 
seigneuries  de  Meillars  et  La  Grèncrie  en  Bas-Limousin,  et  qui.  en  4789. 
vota  dans  Tordre  de  la  noblesse  lant  en  Haut  qu'en  Bas- Limousin. 

(2)  Trouvé  à  Saint-Junicn  (Haute-Vienne). 

(3)  Nadaud,  qui  mentionne  ce  même  blason  {Nobiliaire,  t.  I,  p.  3«), 
indique  ailleurs  cette  variante  :  d'azur,  au  soleil  d*or  accompagné  de  trois 
étoiles  d'argent,  2  et  1.  (/6id.,  t.  l«',  p.  492).  L Armoriai  général 
{Limousin^  f®  121),  blasonne  ainsi  :  d'azur,  au  chevron  d'argent  accom- 
pagné en  pointe  d'un  soleil  d*or,  au  chef  cousu  de  gueules  chargé  de  trois 
étoiles  d'or. 

(4)  Plus  tard  du  Authicr. 

(o)  Aujourd'hui  commune  de  La  Roche-l' Abeille,  canton  de  Nexon, 
arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(6)  Aujourd'hui  commune  de  Goussac-Bonneval,  canton  et  arrondisse- 
ment de  Saint -Yrieix  (Haute-Vienne). 


SlGlLLOGRAPniB   DU    DÉPARTEURNT    DE  LA   HAUTE-VIENNE.  69 

Nobiliaire  de  Nadaud,  t.  I,  p.  823,  a  été  retrouvée  récemment  à 
Ghampniers,cantoQ  de  Bussiëre-Badil,  département  de  la  Dordogne, 
et  une  empreinte  en  a  été  communiquée  à  la  Société  historique  et 
archéologique  du  Périgord,  dans  sa  séance  du  6  février  1879,  par 
M.  l'abbé  Lecler,  curé  de  Compreignac  en  Limousin.  (Voir  le 
Bulletin  de  la  Société,  t.  VI,  p.  94). 

Voir  figure  14. 

N**  33.  —  AUTHIER  (Marie- Anne  du)  (1),  épouse  de 
N.  de  La  Grange,  baron  de  Tarnac. 

Cachet  ovale  (21"*"  sur  17),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  Lachaud. 
docteur  en  médecine  à  Forsac  (1789). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés, 
celui  de  dexlre  aux  armes  de  La  Grange  de  Tarnac  (de  gueules,  à 
trois  merlelles  d'argent,  2eli,  au  canton  d'hermines);  celui  de 
sénestre  aux  armes  du  Authier  (les  trois  coquilles  sont  posées  2 
eti).  Couronne  de  baron.  Supports,  deux  lions  couchés. 

(Communiqué  par  M.  Champeval). 

N*»  34.  —  BARTON  (Jean)  (2),  évêque  de  Limoges. 
Voir  ci-après  la  série  IX  (Évéques  de  Limoges). 

N^  35.  -  BARTON  DE  MONTRAS  (Marguerite)  (3). 

Cachet  ovale  (30"""  sur  25),  apposé  à  un  testament  du  2  janvier 
1692. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Écusson  à  un  cerf  passant,  au  chef  échiqueté  d'or  et 
d'azur  de  trois  traits  (4).  Couronne  de  comte.  L'écusson  accosté 
de  deux  palmes. 

(Musée  de  Brive). 


(i)  Née  vers  175^;  fille  de  Jean  du  Authier  et  d'Anne  de  Jouss.ncau 
de 'Payai  ;  mariée  à  N.  de  La  Grange,  baron  de  Tarnac;  morte  en    1846. 

(i)  Des  seigneurs  de  Monibas,  aujourd'hui  commune  de  Gajoubert, 
canton  de  Mézières,  arrondissement  de  Bellac. 

(3)  Fille  de  Claude  Barlon  de  Montbas,  seigneur  de  Fayolle,  et  d'Éléo- 
nore  de  Saint-Jullien. 

(4)  Voir,  au  sujet  des  armes,  la  note  de  Tarticle  relatif  à  Jean  Barlon, 
évéque  de  Limoges  (ci-après,  série  IX,  Évéques  de  Limoges). 


70  SOCIKTÈ   ARCBÂOLOOIQUK   iST   BlSTORIQmC  DU   LIMOUSIN. 

N'  36.  --BEAUPOIL  DE  SAINT-AULAIRE  (4)  (Mar- 
tial-Louis de)  (2),  évêque  de  Poitiers. 

Sceau  ovale  (41""  sur  38),  plaqué  sur  des  lettres  d'ordioation 
(Poitiers.  23  mars  1765). 

Légende,  —  M.  L.  DE  BEAUPOIL  DE  SAINT-AULAIRE  EPSC.  ( 

PICTAVIENSIS. 

(MartialiS'Ludoricûs  de  Beaupoil  de  Saint- Aulaire,  | 

episcopus  PictavimsisJ.  \ 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  rocaille  aux  armes,  timbré  I 

d  une  couronne  de  marquis  accompagnée  à  dextre  d*une  mitre,  à 
sénestre  d'une  crosse,  et  surmontée  du  chapeau  épiscopal. 

(Communiqué  par  M.  Tabbé  Poulbrière). 

N*  37.  —  BEAUPOIL  (Henri  de)  (3),  marquis  de 
Saint-Aulaire,  seigneur  de  Oorre . 

Fragment  de  sceau  ovale,  plaqué  sur  les  preuves  de  Charles- 
Adrien  de  Coustin,  pour  Tordre  de  Saint-lean-de-Jérusalem  (26 
juin  1783). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  rocaille  aux  armes,  sur  un  cartouche  orné  de 
guirlandes.  Couronne  de  marquis. 
(Archives  du  département  du  Rhône,  fonds  de  Malle,  H  498). 

N' 38.  —BEAUPOIL DE  SAINT-AULAIRE  (GabrieUe 
de),  épouse  de  Jean  de  Marsan ges. 

Voir  ci-après,  même  série,  article  Marsanges, 


(1)  De  la  branche  des  seigneurs  de  Gorre  (aujourd'hui  cominaoe  de  ce 
nom,  canton  de  Saint-Laurent,  arrondissement  de  Rochechouart). 

(2)  Né  le  1er  janvier  1719:  fils  de  Louis  de  Beaupoil  de  Saint-Aulairc, 
seigneur  de  Gorre,  et  de  Françoise  Guingand,  abbé  de  Lezat  au  diocèse 
de  Ricux  en  I75:J,  sacré  évoque  de  Poitiers  le  Î4  mars  (ou  le  13  mai) 

n59. 

(3)  Né  le  25  décembre  1719  ;  fils  de  Louis  de  Beaupoil  de  Sainl-Aulaire, 
seigneur  de  Gorre,  et  de  Françoise  Guingand  :  aîdc-major  de  la  première 
compagnie  française  des  ga»'dos-du -corps  du  roi,  avec  rang  de  meslre-de- 
camp  de  cavalerie;  chevalier  de  Saint-Louis;  marié  le  17  octobre 
1765  à  Adélaïde-Claudine-Françoise- Marie-Anne  de  Thibault  de  La 
Rochethulon. 


SIGILLOGRAPHIR    DU   OÊPAaTF.HRNT   DE   LA    HADTE-YIRNNR.  7t 

N*  39.  —  BERNARD  (Pierre)  (1),  seigneur  de  Châ- 
lucet  (2). 

Scean  rond  (27'°°'),  appendu  à  Tacte  de  vente  d'an  bois  par 
Pierre  Bernard,  chevalier,  dominus  de  Castro-Lticu,  el  Hugues  de 
Jaunbac,  damoiseau,  son  neveu,  à  Halaïde,  prieure  des  Allois, 
pour  son  couvent  (le  H  des  calendes  de  juin,  22  mai  1264). 

Ugende.--iS,  P.  B 

fSigiUum  Pétri  Bemardi..,.) 

Dessin.  —  Ecu  triangulaire  portant  trois  demi-vols  mouvants  de 
sénestre  et  posés  2  et  1. 

CONTRE-SCEAU. 

Rond,  de  18  à  20"". 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Un  sanglier  passant  de  dextre  à  sénestre. 
(Archives  départementales  de  la  Haute- Vienne,  fonds  de  Tahbaye 
des  Allois,  liasse  8633). 

Voir  âgures  15  et  15  bU. 

N'  40.  —  BESSE  dit  DE  BELLEFATE  (Pierre  de)  (3), 
«eigneur  de  Peyrac  (4). 

Sceau  rond  (33"'''),  appendu  à  une  charte  de  1369. 
Ugende  (?). 

Dessin,  —  Ecu  droit  parti  :  au  1,  de  Roger  de  Beaufort  (d'ar- 
gent, à  la  bande  d'azur  accompagné  de  six  roses  de  gueules  ran- 
gées en  orle);  au  2,  de  Besse  (d'azur,  au  chevron  d'or). 

(D'après  un  dessin  de  la  collection  Gaignières,  Bibliothèque 
nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  T  493). 


(I)  Bernard  paraît  avoir  été  le  nom  patronymique  primitif,  auquel  se 
substitua,  dès  le  xui»  siècle,  celui  de  Jaunhac. 

(i)  Aujourd*hai  commune  de  Boisseuil,  canton  de  Pierrebuffière,  arron- 
dissement de  Limoges. 

(3)  Fils  de  Guillaume  (ou  Jacques]  de  Besse  et  d'Almodis  Roger  (sœur 
du  pape  Clément  VI). 

(i)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Saint- Yrieix. 


73.  SOCIÉTÉ   ARCHéOLOGIQlTR    ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

K»  41  —  BOISSE  (1)  (Marie  de)  (2),  épouse  de  Claude- 
Hugon  du  Prat. 

Cichet  ovdle  (20™"  sur  18),  plaqué  sur  uqd  lettre  signée  Boisse 
du  Prat  et  adressée  à  M.  de  La  Mase,  lieutenant  général  à  Uzerche 
(La  Bournerie,  7  août  1723). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes  de  Boisse 
(fascé  d'argent  et  d'azur  de  six  pièces),  les  fasces  d'argent  char- 
gées chacune  de  trois  mouchetures  d'hermines  (3).  Couronne  de 
marquis.  Supports,  deux  lions. 

(Communiqué  par  M.  Champeval). 

N*  42.  —  BOISSE  (Marthe- Ambroise  de  Landouil- 
lette  de  Logivière,  épouse  de  Jacques-Joseph  de)  (4). 

Cachet  ovale  (21""  environ  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  Logivière  de  Boisse  »,  et  adressée  à  M""  de  La  Chatonie,  à  Trei- 
gnac  (La  Farge,  6  décembre  1732). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés: 
celui  de  dextre  aux  armes  de  Boisse;  celui  de  sénestre,  de  gueules, 
à  la  fasce  d'argent  chargée  de  trois  tourteaux  de  sable,  qui  est  de 
Landouillette.  Couronne  de  comte. 


(<)  Aujourd'hui  commune  d'Eyjeaux,  canton  de  Pierrebuffiôre,  arrondis- 
sement de  Limoges. 

(2)  Fille  de  Jacques  de  Boisse,  seigneur  d'Eyjeaux,  de  La  Farge,  etc., 
et  de  Marie  de  Cbcvialle;  mariée,  par  contrat  du  28  janvier  4701,  à 
Claude  Hugon  du  Prat,  ôcuyer,  sieur  de  Masgoutlôre,  fils  de  François-Hu- 
gon  du  Prat  et  de  Louise  GeofTre. 

(3)  Le  cachet  porte  distinctement  fascé  d'argent  et  d*azur,  tandis  que 
Nadaud  {Nobiliaire^  t.  l,  p.  I9G)  indique  fascé  d'argent  et  de  gueules,  ou 
(fautivement)  de  gueules,  à  trois  fasces  d'argent. 

(i)  Fille  de  René  de  Landouillette  de  Logivière,  marquis  de  Maule,  et 
de  Marthe  du  Val;  mariée,  par  accord  du  4  avril  i7i0,  à  Jacques-Joseph 
(le  Boisse,  écuycr,  seigneur  de  Treignac,  La  Farge,  Eyjcaux,  La  Bachellerie, 
Margeride  et  Murât,  né  le  ïO  janvier  1697,  fils  "de  Joseph  de  Boisse, 
écuyer,  seigneur  de  La  Farge,  de  La  Bachellerie  et  d'Eyjeaux,  et  de  Marie 
de  Félines  de  La  Renaudie,  page  de  la  petite  écurie  du  roi  le  16  mars 
1742. 


SIGILLOGRAPHIE    DU    DÉPARTBMêNT   DE   LA   HAUTE-VIENNE.  73 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Moatbron.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

No  43    _  BOISSE  DE  LA  FARQE  (Antoine  de)  (1). 

Cachet  ovale  (16°^"»  sur  14),  plaqué  :  1°  sur  le  testament  de 
messire  Antoine  de  Boisse,  seigneur  abbé  commendataire  de 
Vigeois  (Vigeois,  26  octobre  1738);  ^  sur  un  brevet  conférant 
au  sieur  Brugeron  la  charge  de  greffier  de  la  juridiction  de  Vigeois 
(Vigeois,  2  mars  1750). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes.  Couronne  de  marquis 
accostée  à  dextre  d'une  mitre  et  à  seneslre  d'une  crosse  à  volute 
tournée  en  dedans.  Supports,  deux  lions. 

(Etude  de  M°  Daudy,  notaire  à  Vigeois;  —  Archives  de  la 
famille  Pradel  de  Laraaze.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N°  44.  —  BOISSE  (N.  de)  (2). 

Ciachet  ovale  (21""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  Chauf- 
four,  receveur  de  la  terre  de  Treignac  (20  mai  1778)  et  sur  un 
certificat  relatif  à  Marie-Marthe  de  Boisse,  religieuse  de  Saint- 
Corentin  (6  mai  1786). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  en  losange  aux  armes 
Couronne  de  marquis. 
(Archives  départementales  de  la  Haute- Vienne). 

N*»  45.  —  BOISSE  (Adélaïde-Marie-Stanislas  mar- 
quis  de)  (3). 

Cachet  ovale  (25""  sur  21),  apposé  sur  uu  acte  portant  nomina- 


(i)  Fils  de  Jacques  de  Boisse,  écuyer,  seigneur  de  La  Farge,Eyjeaux,  etc., 
cl  de  Marie  de  Chevialle;  abbé  commendataire  de  Vigeois  en  H 10;  vicaire 
généra!  de  Limoges  ;  morl  en  avril  1753. 

(î)  Demoiselle  de  La  Farge;  fille  de  Jacques-Joseph  de  Boisse,  seigneur 
de  Treignac,  La  Farge,  etc.,  et  de  Marlhe-Ambroise  de  Landouillelte  de 
Logivière;  abbesse  de  Saint-Corentin. 

(3)  Né  en  1762;  fils  d'Ambroise-François-Joseph-DuIcem  marquis  de 
Boisse  et  de  Marguerite  de  Bassompierre;  chevalier,  vicomte  de  Treignac, 
seigneur  de  La  Bachellerie,  Margeride,  La  Farge  et  autres  places  ;  officier 


7i  SOCICTt   aRCMF.OLOGIQUK   FT   HlSTOhlQlK  DU  LIMOUttK. 

tion,  en  ffualité  d'échevin  de  la  ville  de  Treignac,  de  Pierre-lfarie 
Lachaud,  docteur  en  médecine.  (Treignac,  1"  décembre  17*  î). 

Pas  de  légende. 

Deêsin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  aux  armes.  Couronne 
docale.  Supports,  deux  lions  couchés. 

(Appartient  à  M.  Tabbé  NieL,  curé  de  Naves,  département  de  la 
(kwrèze). 

N*  46.  —  Le  même. 

Cachet  ovale  (22"»  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  ChaufToui'  »  (1)  et  adressée  ce  à  M.  Ddamaze,  en  son  château  de 
Roffiniac,  à  Allaseac  ».  (Treignac,  29  se^itembre  1788). 

Pas  de  légende. 

Demn.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  aux  armes.  Couronne 
ducale  fermée.  Supports,  deux  lions  couchés. 

(Archives  départementales  de  la  Corrèze,  E 19.  —  Communiqué 
par  M.  Hugues,  archiviste). 

N*  47.  —  BONNEVAIi  (2)  (Jean  U  de)  (3). 

Sceau  rond  (26""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Limousin  et  de  Périgord)  (Limoges,  5  septembre  13S4).  — 
Autre  exemplaire  sur  une  quittance  du  17  septembre  1334. 

Ugende.  —  ...  lEHAN  DE  BONNE  VAL  CHVR' 
(...  Jean  de  Bormetml^  chevalier). 

Dessin.  —  Ecu  au  lion  (4),  penché,  timbré  d'un  heaume  cime 
d'un  vol,  sur  champ  réticulé. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  141,  f  2761. 
Pièces  originales,  Bonneval,  n*  5). 


supérieur  de  gendarmerie  ;  marié  le  9  avril  478)  à  Adélaïde-Françoise  de 
Broglie,  fille  de  Victor -François  duc  de  Broglie,  maréchal  de  France,  eldc 
Louisc-Airgiislinc-Salbigothon  de  Grosat  de  Thicrs. 

(I)  M.  Chauffeur  élail  receveur  de  la  terre  de  Treignac^  dont  le  marquis 
de  Boisse  était  seigneur. 

(t)  Aujourd'hui  commune  de  Gonssac-Bonneval,  isanton  et  arrondisse- 
ment de  Saint-Yricix. 

(:4)  Fils  de  Jean  i^  seigneur  de  Bonneval,  et  d*AUx  d'Aixe;  capitaine 
d*une  compagnie,  marré  à  Aude. de  Tranohelion. 

Ci)  D-œur,  au  Uoq  d*or  amyé  et  lampaaisé  de;gu8ules. 


S1GILL061IAPBIB    DU   DÉPARTEMENT  DB  LA   HAUTE-VIEKNE.  <5 

N**  48.  —  Lb  même. 

Sceau  rond  (21""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Périgord  et  de  Limousin)  (Plazac,  10  octobre  1354).  —  Autre 
exemplaire  sur  une  quittance  du  36  mai  1354. 

Ugende.  -  f  S'  I  DE  BONAVAV  MIL'. 

[Sigillum  Johannis  de  Bonavau,  militis). 

Dessin,  —  Ecu  au  lion. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  141,  t*  ^59,  et 
Pièces  originales,  Bonneval,  n*  4). 

N«  49.  -  BONNEVAI^  (GuiUaume  de)  (1). 

Fragment  de  sceau  rond  (2)  appendu  à  une  quittance  du  19  jan- 
vier 1382. 

Légende  effacée. 

Dessin,  —  Le  dessin  paraît  avoir  représenté  un  personnage 
debouL 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval,  n*"  7). 

N"*  50.  —  BONNEVAL  (Antoine  de)  (3),  seijgneur  de 
Bonneval. 

Sceau  rond  (35""),  appendu  à  des  quittances  de  pension  données 
par  Antoine  de  Bonneval,  seigneur  dudij  lieu  et  de  Blancbefort, 
conseiller  du  roi,  capitaine  de  trente  lances  à  la  mode  d'Italie 
(24  juillet,  6  septembre  et  15  novembre  1474,  18  janvier  1492, 
n.  st.). 


(i)  Fils  de  Jean  11,  seigneur  de  Bonneval  et  d'Aude  de  Tranchclion; 
abbô  de  Saint-I.omer  de  Blois. 

ft)  L'acte  porte  qu'il  a  été  fait  usage  du  pélit  sceau  en  rabsr»ncc  du 
grand. 

13]  Fils  de  Bernard  de  Bonneval,  seigneur  de  Bonneval  et  de  Blanche- 
fort,  et  de  Marguerite  de  Pierrebuffière;  premier  ch.mbcllan  Je  Gaston 
de  Forx,  roi  de  Navarre;  chambellan  et  conseiller  des  rois  Louis  XI, 
Charles  VllI  el  Louis  XII;  capitaine  des  châteaux  itc  Perprgnan,  Puycerda, 
Collioure,  Bellcgarde,  La  Roque,  etc.,  et  du  château  de  Dolver  en  Sar- 
daigne;  juge  cl  viguier  de  Saint-Yrieix  ;  gouverneur  et  sônéchRl  du  Haut 
et  Bas-Limousin  ;  marié  en  H7t  à  Marguerite  de  Foix,  lille  de  Mathieu  de 
Foix,  comte  de  Comminges,  et  de  Catherine  de  Goaraze  ;  mort  le  18  sep- 
tembre 150». 


76,  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIOUK   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSm. 

Légende. —  XmnO...  DE  BONNÉVAL. 
{Anthoine  de  Bonneval). 

Dessin,  —  Ecu  au  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime  d'un 
vol,  supporté  par  deux  griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval,  et 
Clairambault,  1. 141,  f°  2763). 

Voir  figure  16. 

.N°  51.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (30"""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Antoine  de  Bonneval,  chevalier,  seigneur  du  lieu  et  de  Blanche- 
fort,  chambellan  du  roi,  capitaine  du  château  de  Belver  en 
Sardaigne.  (Perpignan,  28  novembre  1487). 

Légende.  —  ANTHOINE  DE  BONNEVAL. 

Dessin.  —  Ecu  au  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime  d'un 
vol,  supporté  par  deux  griffons. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  141,  f»  2783). 

Voir  figure  17. 

N°  52.  —  BONNEVAL  (Germain  de)  (1),  seigneur  de 
Bonneval. 

Sceau  rond' (30°*"),  appendu  à  des  quittances  en  date  du  1"^  mars 
1497,  30  avril  et  8  mai  1498. 

Légende.  —  GERMEN 

Dessin.  — Ecu  droit  à  un  lion. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval,  n*  7.) 

N»  53.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (30""™),  appendu  à  des  quittances  en  date  des  4  mars 
1499,  2  juin  1802, 15  juillet  1812. 

Légende.  —  SCEL  GERMEN  DE  BONNEVAL. 


(1)  Seigneur  de  Bonneval,  Coussac  et  Blanchcfort,  baron  de  Coaraze, 
Appel,  Saint-Félix,  Agonis,  Maraselle,  McrvcUes,  Monchez,  Cbelbouionne 
et  Bury  ;  fils  d'Antoine  de  Bonneval,  seigneur  de  Bonneval,  et  de  Mar- 
guerite de  Foix;  conseiller  et  chambellan  du  roi,  gouverneur  et  sénéchal 
du  Haut  et  Bas-Limousin;  marié  le  À  février  1543  à  Jeanne  de  Beaumont, 
hlle  d'Antoine  de  Beaumont,  chevalier,  et  de  Marie  de  Gravillc,  dame  de 
Chcfboulonne  et  de  Bury;  tué  à  la  bataille  de  Pavie  le  i5  février  1524* 


SICILLOGRAPHIE   DU    DÉPARTE]iRNT   DE    LA    HAUTE-VIENNR.  77 

Dessin.  —  Ecu  aa  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime  d'un  vol. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval,  n**  45.) 

N<»  54.  —  BONNEVAL  (Jean  de)  (1). 

Sceau  rond  (34°*°),  appendu  :  1**  à  une  quittance  donnée  par 
Jean  de  Bonneval,  lieutenant  de  quarante  lances  (26  juillet  1519)  ; 
^  à  une  quittance  de  gages  de  Toffice  de  capitaine  (14  septembre 

1527). 

Légende.  —  I  :  DE  BON 

[Jehan  de  Bonneval.) 

Dessin.  —  Ecu  au  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  ciraé  d'un 
dragon  ailé,  supporté  par  deux  griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval,  n^  61, 
Glairambault,  t.  XVII,  r>  1163.) 

N**  55.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (35°""),  appendu  à  des  quittances  données  :  1**  par 
Jean  de  Bonneval,  chevalier,  seigneur  du  Theil,  capitaine  de  trente- 
six  lances  (17  août  1526);  2*^  par  le  même,  seigneur  de  Blanchefort 
et  du  Theil,  conseiller  et  chambellan  du  roi,  capitaine  de  quarante, 
lances  (20  avril  1534). 

L^^ende.  —  I:  DE  BON 

[Jehan  de  Bonneval.) 

Dessin,  —  Ecu  penché  vers  le  côté  sénestre  du  sceau,  timbré 
d'an  heaume  taré  de  face,  cime  d'un  cygne.  Supports,  deux  griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Bonneval, 
n«»  52  et  55.) 

Voir  figure  18. 

N^57.  —  BONNEVAL  (Jean-François,  comte  de)  (2). 
Cachet  ovale  (23"""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  Dumon, 


(1)  Fils  d'Anloine  de  Bonneval  et  de  Marguerite  de  Foix;  seigneur  du 
Theil  ;  capitaine  de  cinquante  lances,  gouverneur  de  Lodi,  conseiller  et 
chambellan  du  roi  ;  marié  à  Françoise  de  Varie,  fille  de  François  de 
Varie,  seigneur  de  L'Isle-Savary,  et  disabeau  FroUier,  et  veuve  de 
François  Brachet. 

{%)  Né  vers  1630;  fils  d*Henri  il  de  Bonneval,  seigneur  de  Coussac  et 
d&  Blanchefort,  et  d'Elisabeth  de  Saint-Mathieu;  capitaine  de  chcvau* 


78  HOGIÉTR   AUCaÊOLOOIQOE   ET   HISTORIQUE   hV  LIMOUSIN. 

juge  de  Corrèze  (Biancherorl,  7  jaillet,  sans  date  d^anaée,  vers  4689). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  an  cartouche,  écussou  ovale  aux  armes.  Cou- 
ronne de  marquis. 
(Gomiiiaiiiqué  par  M.  Gbampeval). 

Voir  figura  19. 

N*  58.  —  BONNEVAL  (André  de)  (1). 

Cachet  ovale  (22"""  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de  Nexon 
(Nanliat,2juinl778). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  éeusson  ovale  aux  armes.  Couronne 
de  marquis.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N"  59.  —  Le  même. 

Cachet  ovale  (21""  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de 
Nexon  (Nantiat,  26  octobre  1783). 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Eeusson  aux  armes.  Couronne  de  marquis.  Supports, 
deux  griffons. 
(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N"*  60.  --  BOUVILLE  (Adhémar  de),  seigaeur  du 
DefEèns  (2). 

Sceau  rond,  appendu  à  une  donation  à  Tabbaye  de  Grandmont 
(9  des  calendes  d'octobre,  23  septembre  1228). 
Légetide.  —  f  SIGILLVM  :  A  :  DE  :  BOVEVILLA. 
fSigillum  Ademari  de  Bovevilla.J 


légers;  marié  le  U  janvier  1670  à  Claude  Monceaux,  fille  de  Pierre  Mon- 
ceaux, seigneur  de  Bréau  et  de  Bois-au-Roux,  et  de  Claude  de  IHoacy  ; 
mort  le  19  juin  168t. 

(1)  Seigneur  du  Chata  o  et  de  Langle,  puis  marqiis  de  Bonnevai  ;  fils 
d'Uugues-Marien-Gabriel  de  Bonneval  et  de  Marguerite  dWudebert;  capi- 
taine au  régiment  de  Poitou;  marié  le  13  mars  1760 à  Marie-Denise  Joubert 
de  Nantiat;  mort  en  180:2. 

(2)  DominuatU  Defesêo,  probablement  IcDefens  (aujourd'hui  commune 
de  Bussièic-Poitcvine,  canton  de  Mézières,  arrondissement  de  Bellac). 


SI01LL06RAraiB  DU  DÊPARTKMErct   DE  LA  BACTB-VIBIINB.  79 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  un  taureau  furieux. 

REVERS. 

Légende  ffj. 

Dessin,  —  Un  chevalier  anné  de  toutes  pièces,  galopant  à  sénes- 
tre,  portant  un  bouclier  aux  mêmes  armes. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Bibliothè- 
ihèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  f*  383). 

N«  61 .  —  BRÊ  (1)  (Othpn  de). 

Sceau  rond  (32""»),  appendu  à  une  reconnaissance  en  date  du 
7  des  ides  de  juin  (7  juin)  1279. 

Légende.  — E  BRE  :  MILITIS  : 

([Sigillum  Othonis]  de  Bré,  militis). 

Dessin.  *-  Ecu  droit  papelonné. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  de  la  collection  Gaignières, 
Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  f  303). 

N«  62. —  Le  MÊME  (1298). 

Format  (?).  Dimensions  (?). 

Ugende.  —  f  SIG.  OTTONIS  :  DE  :  BRE  : 
fSigilhm  Ottonis  de  BréJ. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  une  doloire. 

(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  f*  279). 

N«  63.  -  BRÉ  (Jean  de)  (1280). 

Sceau  rond  (22»»). 

Ugende.  -  S'  I.  DE  :  BRENO  :  MILITIS  : 

f Sigillum  Johannis  de  Breno,  mititisj. 

Dessin.  —  Ëcu  droit  à  trois  lions,  2  et  1 ,  dans  une  bordure 
besantée. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Bibliothè- 
que nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118.  P  273). 


{\]  Aiijoiiprt'hnî  commane  de  Coussac-Bonneval,  eanlon  et  arrondisac- 
mcnl  Je  Saint-Yrieix. 


80  SOCIÉTÉ  ARCnÉOLOGIQUR  ET  RISTORIQUR  DU   LIMOUSlIf. 

N°  64.  —  BRÉ  (Guy  de). 

Sceau  ogival  (38"»°»),  plaqué  sur  une  charte  donnée  par  «  Giiidû 
de  Breno,  humilis  prepositus  de  Arnaco  »  (1323). 

Légende,  —  ...  GVIDO...  DE  BR...  ITI... 

([Sigitlum]  Gnidonis  de  Breno,  preposiii,,,). 

Dessin,  —  Dans  une  niche  gothique,  la  Vierge  tenant  TEnfanl 
Jésus  ;  au-dessous,  deux  écussons  à  trois  lions  (?)  rampants,  2  et  1. 

CONTRE-SCEAU. 

Hexagonal. 

Légende.  —  S.  G POSIT... 

(Sigillum  Guidonis..,,  prepositi  ,,J. 
Dessin.  — Écusson  a  trois  lions  rampants,  2  et  1,  à  la  bordure 
chargée  de  croisettes. 
(Archives  départementales  de  la  Hte-Vienne,  pièces  non  classées). 

N*»  65.  -  BRETTES  (1)  (Anne  de)  (2),  épouse  de 
Joseph  de  La  Porte. 

Cachet  ovale  (20°"  sur  18),  plaqué  sur  un  testament  du  19 
juillet  1784. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés  : 
celui  de  dextre  d'argent,  à  trois  pals  de  gueules,  au  chef  d'azur 
chargé  de  trois  étoiles  d'or,  qui  est  de  La  Porte  ;  celui  de  sénestre 
d'argent,  à  trois  vaches  bretonnes  (armes  parlantes)  de  gueules, 
qui  est  de  Brettes.  Couronne  de  comte. 

(Ph.  DE  BosREDON  et  Ernest  Rupin,  Sigillographie  du  Bas- 
Limousin,  p.  228). 

N°  66.  —  BRETTES  (Jean-Baptiste,  comte  de)  (3). 

Cachet  ovale  (20""  sur  17),  plaqué  sur  une  lettre  au  comte  do 
Parel  (La  Mothe,  23  avril  1787). 


(i)  Seigneurs  de  Cieux  (aujourd'hui  commune  de  ce  nom,  canton  de 
Nantiat,  arrondissement  de  Bellac). 

(2)  Fille  de  N.  de  Brettes,  seigneur  de  Cieux  et  de  Gros;  mariée  à 
Joseph  de  La  Porte,  seigneur  de  Lissac  en  Bas-Limousin,  fils  d'AnloiDC 
de  La  Porte,  seigneur  de  Lissac,  et  de  Marguerite  d*Aubery. 

(3)  Baplisé  le  42  septembre  1744;   fils  de  Joscph-Marliâl  de  BreUcs, 


PI.  IV. 


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SIGILLOGIIAPHIE   DU   OéPARTEMBNT   DB   LA   nAUTB-TIBNNC.  81 

Pas  de  légende. 

Dessin.  — Sut  un  cartouche,  écusson  otale.  Couronne  de  marquis. 
Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron,  au  château  de  Ghauf- 
failles.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  67.  —  BRIGUEIL  (Guillaume  de),  du  bailliage 
de  Poitou  et  de  Limousin. 

Sceau  rond  (18""»),  appendu  à  une  quittance  de  gages  pour  ser- 
vices de  guerre  (Paris,  13  novembre  1339). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ëcu  portant  une  aigle  sous  un  chef  chargé  de  trois 
étoiles,  dans  un  trilobé. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  22,  f»  1367). 

N*  68.  —  BRUN  (Resplandine  de  Gromières  (1), 
épouse  de  Guy),  seigneur  de  Noblac  (2)  et  de  Mont- 
brun  (3).  (Fin  du  xm*  ou  commencement  du  xiv  siècle). 

Format (?).  Dimensions(?). 
Légende  f?J. 

Dessin,  —  Une  croix  denchée  seulement  à  dextre  {Nobiliaire  de 
Nadaud,  t.  I,  p.  288). 

N*  69.  —  BBUN   (Aymeric),  seigneur  de  Noblac 

(1270). 

Rond.  Dimensions  non  indiquées. 


marquis  du  Gros,  et  de  Placide-Anne  de  Cognac;  page  de  la  grande  écurie; 
marié,  par  contrat  du  34  mai  1780,  à  Louisc-Hadeleinc  de  Barcntin,  fille 
(le  Charles- Paul-Nicolas  de  Barentin,  vicomte  de  Montchal,  et  de  Jeanne- 
Marie-Dorothée  de  Combres  de  Bressole. 

(1)  Fille  de  Guy  de  Cromières  {de  Croumerii»);  mariée  avant  1298  à 
Guy  Brun  (Bruni),  seigneur  de  Noblac  et  de  Monlbrun,  fille  d'Aymcric 
Brun,  seigneur  de  Noblac  et  de  Montbrun,  et  d'Ayceline  ;  était  veuve  en 
1309  ;  remariée  en  4314  à  Guy  Flamenc,  seigneur  de  Bruzac.  —  Cromiè- 
res, aujourd'hui  commune  de  Cussac,  canton  d'Oradour-sur-Vayrcs,  arron- 
dissement de  Rochechouart. 

(2)  Aujourd'hui  Saint-Léonard,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de 
Limoges. 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Dournazac,  canton  de  Saint-Mathieu, 
arrondissement  de  Rochechouart. 

T.  xxxvui.  6 


89  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  OU   LIMOUSIK. 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  une  croix. 

(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  lalin,  t.  17118,  P  131). 

N^  70.  —    BRUN  (Gui)   (1),  seigneur  de  Montbrun. 

Fragment  d'un  sceau  rond  (55"»),  appendu  à  une  donation  faite 
par  Gui  Brun  à  Marguerite  Pescanine  (datée  sans  lieu,  du  samedi 
après  la  Saint-Pierre,  30  juin  1347). 

Légende,  —  jS.  DNI....  M ITIS. 

fSigillum  domini...  Montis-Bruni,  militis). 

Dessin,  —  Dans  un  quadrilobe  gothique,  un  écu  droit  chargé 
d'une  croix  (d'azur,  à  la  croix  d'or).  Rinceaux  dans  le  champ. 

CONTRE-SCEAU. 

Rond  (22™). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Écu  penché  aux  mêmes  armes,  timbré  d'un  heaume 
conique  à  volets.  Rinceaux  dans  le  champ. 

(Archives  départementales  des  Basses-Pyrénées,  E,  715.  —  P. 
Raymond,  n»  482). 

N^  71.  —  CARBONNIÉRES  (2)  (François  de)  (3),  sei- 
gneur de  Chambery  (4)  et  de  La  Vigne  (5). 

Cachet  ovale  (22"°  sur  19),  plaqué  sur  une  quittance  de  200 
livres  pour  un  mois  de  solde  comme  gouverneur  de  la  citadelle  de 
Lyon,  donnée  par  François  de  Garbonnières,  seigneur  de  Cham- 
bery,  La  Vigne  et  Montaudin  (12  décembre  1567). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  aux  armes  (d'argent,  à  trois 


(1)  Fils  de  Gui  Brun,  seigneur  de  Noblac  et  de  Monlbrun,  et  de  Res- 
plandine  de  Cromières  ;  marié  à  Tissia  de  La  Roche. 

(2)  Famille  originaire  du  Bas-Limousin;  nous  ne  donnons  que  les 
sceaux  de  la  branche  de  Saint-Brice  (aujourd'hui  commune  de  ce  nom, 
canton  de  Saint-Junien,  arrondissement  de  Rochechouart). 

(3)  Fils  d^Hugues  (alias  Elle)  de  Garbonnières  et  d'Isabelle  de  Chapl; 
marié  :  P  avant  <66i,  à  Anne  Guyot;  S»  le  45  août  4569,  à  Françoise  de 
La  Baslie,  fille  d'Annel  de  La  Bastie,  baron  de  Châleaumorand,  et  de 
Marguerite  de  Pompadour. 

(4  et  5)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Brice. 


SIGlLLOOitAPHIB  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  BAUTE-VIENNE.  ^ 

bandes  d'azur  accompagnées  de  huit  charbons  de  sable  allumés  de 
gueules,  posés  1,  3,  3  et  1  dans  le  sens  des  bandes). 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*  5333). 

N«  72.  —  GàRBONNIÊRES  (Christophe  de)  (1),  sei- 
gpieur  de  Chambery. 

Cachet  ovale  (20""  sur  H),  plaqué  sur  une  quittance  donnée  par 
«  Ghristofle  de  Carbonnières,  seigneur  de  Chambery,  gouverneur 
de  Roqueroi  »  (34  août  1568). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  35,  ^  1825). 

N»  73.  —Le  MÊME. 

Cachet  ovale  (25""  sur  17),  plaqué  sur  des  quittances  de  gages 
(3  octobre  1572, 3  et  12  septembre  1573, 17  septembre  1578). 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes,  entouré  du  collier  de  l'ordre. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Carbonnières). 

N' 74.— CARBONNIÈRES  DE  SAINT-BKIGE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (20""  environ  sur  i6),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  Saint-Brice  »  et  adressée  au  comte  de  Carbonnières,  frère  du 
signataire,  au  Montjaufre  (Saint- Junien,  15  octobre  1741). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  ecusson  ovale  aux  armes.  Couronne 
de  comte. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  La  Pomelie.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

jfo  75,  _  CARBONNIÈRES  (Jean-Baptiste  de)  (2), 
marquis  de  Saint-Brice. 

Cachet  ovale  (23'*"  sur  19),  plaqué  sur  les  preuves  d'Auguste- 
Edmé  de  Carbonnières,  son  fils,  pour  Tordre  de  Saint-Jean-de- 


(f  )  Pils  de  François  de  Carbonnières,  seigneur  de  Chambery,  et  d*lnne 
Guyot;  gentilhomme  de  la  chambre  en  1563,  gouverneur  de  Rocroi  en 
4S168,  chevalier  de  Tordre  en  1669,  gouverneur  de  Lyon  en  4575;  mort 
sans  alliance. 

(2)  AUoê  François-Jean-Baptistc  de  Carbonnières,  marquis  de  Saint- 


94  SOaêTÉ  ARCniOLOOIQUE  ET  HISTORIQUK   DU   LIMOUSIN. 

Jérusalem  (8  octobre  1773)  et  sur  d'autres  preuves  analogues  (17 
mai  1779). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes;  émaux 
non  indiqués.  Couronne  de  marquis. 

(Ph.  DE  BosREDON  et  Ernest  Rupin,  Sigillographie  du  Bas- 
Limot^in,  p.  93). 

N*  76.    —   CARBONNIËRES   (René-Henri  de)  (1). 

Cachet  ovale  (22""^),  plaqué  sur  une  présentation  à  la  cure  de 
Neuville  (novembre  1781). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  — Ecu  aux  armes.  Supports,  deux  sauvages. 

(Archives  du  département  de  la  Seine -Inférieure.  -^  Dëmây, 
Inventaire  des  Sceaux  de  la  Normandie,  n<»  2873). 

N<»77.— CHAPELLEDE  JUMILHAG(  Jean- Joseph)  (2), 
archevêque  d'Arles. 

Cachet  ovale  (20""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"'  de 
Nexon  (Paris,  14  avril  1769). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  écartelé  :  au  1,  d'ar- 
gent, à  la  bande  de  gueules  chargée  d'une  rose  d'or  accostée  de 
deux  roues  du  même;  au  2,  d'argent,  au  lion  couronné  de  gueules; 
au  3,  de....,  à  trois  lions  de....,  2  et  1;  au  4,  de  sinople,  à  trois 
fasces  d'or,  à  la  bande  du  môme  brochant;  sur  le  tout,  d'azur,  à  la 
chapelle  d'or,  qui  est  de  Chapelle.  Couronne  ducale,  cimée  de  la 
croix  archiépiscopale  et  du  chapeau. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 


Brice,  fils  de  Melchior  de  Carbonnières,  comte  de  Saint-Brlce,  et  de 
Françoise  de  La  Breuille;  marié,  par  contrat  du  14  novembre  4730,  à 
Louise-Françoise-Armande  de  Uilhac,  fille  de  Louis-Marie  de  Rilhac,  baron 
de  Boussac,  et  d*Antoinette-Charlotte  de  Coustin  du  Masn'adaud. 

(1)  Fils  de  François-Jean-Baplistc  de  Carbonnières,  marquis  de  Saint- 
Brice,  et  de  Louise-Françoise-Armande  de  Rilhac;  abbé  de  Sainl-Vincent- 
au-Bois  (aujourd'hui  département  d'Eure-et-Loir). 

(î)  Né  en  4706;  fils  de  Jean-Baptiste  Chapelle  de  Jumilhac,  seigneur  de 
Saint-Jean-Ligoure,  et  de  Guillemette  de  Bachellerie  de  Neuvillars; 
vicaire  général  de  Chartres;  évoque  de  Vannes  le  2  avril  1742;  transféré 
à  rarchevôché  d'Arles  le  47  avril  4746;  chevalier-commandeur  du  Saint- 
Esprit  le  1®' janvier  1771  ;  mort  en  février  4775. 


.SIGILLOGRAPHIE  DU  DÉPARTEMENT   DE  LA   HAUTB-VIENNB.  85 

N°  78.  —  CHAPELLE  (Pierre- Joseph)  (1),  marquis 
de  Jumilhac,  seigneur  d'Arfeuille  (2). 

Cachet  ovale  (30™°  sur  28),  plaqué  sur  un  brevet  par  lequel  très 
haut  et  très  puissant  seigneur  Pierre-Joseph  Chapelle,  marquis  de 
Jumilhac  et  de  Mavaleyse,  baron  de  Langoiran  ^t  de  Montégut-le- 
Blanc,  seigneur  d'Arfeuille,  de  Chenaux,  Puimangoux,  etc.,  lieute- 
nant général  des  armées  du  roi,  lieutenant  du  roi  en  Périgord  au 
département  de  Sarlat,  gouverneur  de  Philippeville,  chevalier  de 
Saint-Louis,  et  ci-devant  capitaine-lieutenant  de  la  première  com- 
pagnie des  mousquetaires  à  cheval  servant  à  la  garde  ordinaire  de 
la  personne  de  Sa  Majesté,  confère  au  sieur  Pierre  Denois  l'olBce 
de  la  juridiction  de  Chenaux  et  Puimangoux  (en  Périgord)  (Paris, 
12  février  1781). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  écartelé  :  au  1, 
d'azur,  à  la  fasce  de  gueules  accompagnée  de  trois  merlettes  du 
même,  2  en  chef  et  1  en  pointe;  au  2,  d'argent,  au  lion  couronné 
de  sable;  au  3,  d'azur,  à  trois  fasces  d'or  et  une  bande  du  même 
brochant  sur  les  fasces;  au  4,  d'argent,  à  la  bande  de  gueules 
chargée  d'une  étoile  d'or  accompagnée  de  deux  roues  du  môme; 
sur  le  tout,  d'azur,  à  la  chapelle  d'or,  qui  esl  de  Chapelle.  Couronne 
de  marquis. 

(Communiqué  par  M.  Dujarric-Descombes,  membre  de  la  Société 
historique  et  archéologique  du  Périgord). 

N*»  79.  —  CHAPT  (3)  de  L'Age-au-Ghat  (Aimeric), 
évêque  de  l^imoges. 

Voir  ci-après,  série  IX  (Évêques  de  Limoges). 


(f)  Né  le  6  mars  1692;  fîls  de  Jean  Chapelle,  marquis  de  Jumilhac,  et 
de  Marie  d'Esparbès  de  Lussan;  mousquetaire  en  4713,  sous-Heutenant  le 
ÎO  novembre  <727,  premier  lieutenant  le  4  janvier  1729,  brigadier  le 
1«' août  1734,  capitaine-lieutenant  de  la  première  compagnie  des  mous- 
quetaires le  21  mai  1738,  maréchal-de-camp  le  1'^'' janvier  1740,  lieutenant 
général  le  l®'"mai  1745;  marié  le  21  mai  4731  à  Françoise-Armandc  de 
Menou,  fille  de  François  Charles  marquis  de  Mcnou  et  d'Anne-Thérèse 
Cornuau  de  La  Grandièrc. 

{'i)  Aujourd'hui  commune  de  Champnétery,  canton  de  Saint-Léonard, 
arrondissement  de  Limoges. 

(3)  Chat,  ensuite  Chapt,  famille  d'ancienne  noblesse  qui  paraU  être 
originaire  des  environs  de  Saint-Yrieix.  En  1789,  messire  Jacques-Gabriel 
de  Chapt  vota  dans  la  sénéchaussée  de  cette  ville. 


85  SOCIÉTÉ  AECBÉOLOGIQOE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN.. 

N«  80.  —  CHAPT  (Louis-Jacques  de)  (1),  évêque  de 
Tulle. 

Cachet  ovale  (22"»™  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  adressée  aux 
administrateurs  de  Thôpital  de  Tulle  (Paris,  1"  mai  1722). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  d'azur,  au  lion 
d'argent  armé,  lampassé  et  couronné  de  gueules,  timbré  d'une 
couronne  de  marquis  accompagnée  à  dextre  d'une  mitre  et  à  sénes- 
tre  d'une  crosse,  le  tout  sommé  d'un  chapeau  épiscopal  à  quatre 
rangs  de  houppes. 

(Archives  de  M.  de  Meynard,  au  château  de  La  Sudrie.  —  Com- 
muniqué par  M.  Champeval). 

N*  81.  —  Lb  même,  archevêque  de  Tours. 

Cachet  ovale  (20™*  sur  18),  plaqué  sur  des  lettres  signées 
«  L.-J.,  év.  de  Tulle,  n.  arch.  de  Tours  »  et  adressées  à  l'abbé 
Meynard,  chanoine  de  Tulle  (Paris,  12  janvier  et  30  septembre 
1724). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes,  timbré 
d'une  couronne  ducale  surmontée  d'une  croix  archiépiscopale  ;  pas 
de  mitre  ni  de  crosse  ;  chapeau  à  cinq  rangs  de  houppes. 

(Archives  de  M.  de  Meynard.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N"*  82.  —  CHAPT  (Françoise  Foucauld  de  La  Besse, 
veuve  d'Armand-Hlppolyte-Qabriel  de)  (2). 

Cachet  ovale  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  Foucaud 
de  Rastignac  »  et  adressée  à  M.  de  Gironde  (La  Besse,  17  août 
1740). 


(1)  Fils  de  François  de  Chapt,  marquis  de  Rastignac,  baron  de  Luzech, 
et  de  Jeanne-Gabrielie  de  Touchebœuf-Ciermont;  sacré  évêque  de  Tdlc 
le  !•' janvier  Mtl  ;  transféré  à  Tarchevôché  de  Tours  en  octobre  17X3; 
commandeur  du  Saint-Esprit  en  1746;  mort  le  â  août  4750. 

{%)  Fils  de  François  de  Chapt,  marquis  de  Rastignac,  et  de  Jeanne- 
Gabrielle  de  Touchebœuf-Ciermont  ;  page  de  la  grande  écurie  en  ir»99, 
capitaine  au  régiment  Commissaire-Général-Cavalerie,  chevalier  de  Saint- 
Louis;  marié  en  1723  à  Françoise  Foucauld  de  La  Besse,  fille  de  Pierre 
Foucauld  de  Pontbrianl,  comte  de  La  Besse,  cl  d'Isabeau  de  Vassal  ;  mort 
le  18  août  1726. 


SIGILLOGRAPHIE  OU   DÂPARTEMENT  DB   LA   HAUTB-VIBNNE.  87 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes  de  Chapt, 
Couronne  de  marquis. 
(Communiqué  par  M.  Champeval). 

N*  83.  —  CHAPT  (Jeanne  de)  (1)  veuve  de  CSiarles 
de  Beaulieu. 

Cachet  ovale  (20»"  sur  18),  plaqué  sur  un  testament  du  17  mars 
1754. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes  de  Chapt. 
Couronne  de  marquis. 

(Archives  des  notaires  de  Sarlat.  —  Communiqué  par  M.  Louis 
Carvès,  membre  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 
Périgord). 

N*"  84.  —  CHAPT  (Jean- Jacques-Charles  de)  (2). 

Cachet  ovale  (20°"  sur  17),  plaqué  sur  une  lettre  à  Tabbé 
Leydet  (8  mars  1774). 

Ugende.  —  SIGILLVM  DOMI.  DE  COLONGES. 
fSigillum  domini  de  ColongesJ» 

Dessin.  —  Écusson  ovale  aux  armes,  entre  deux  branches  d'oli- 
vier. Couronne  de  marquis. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Périgord,  1. 15,  f*  171). 

N""  85.  —  CHASTANH  (Amélius  de),  damoiseau 
d*Kymoutiers  (3). 

Sceau  rond  (32""),  appendu  à   un  hommage  à   Tévêque  de 
Limoges  (n  des  calendes  de  janvier,  31  décembre  1267). 
Ugende.  —  S  :  AMELII  DE  :  CHASTANT. 
fSigillum  Amelii  de  ChastantJ. 


(I)  Mariée  à  Charles  de  Beaulieu,  marquis  de  Gaubert  (en  Périgord); 
morte  le  <9  février  i768. 

(3)  Né  le  S4  septembre  [alicis  31  novembre)  4728;  fils  d'Armand- 
Gabriel-Hippolyte  de  Cbapt,  vicomte  de  Rastignac,  et  de  Françoise  Fou- 
cauld  de  La  Besse  ;  marquis  de  Raslignac  et  seigneur  de  Colonges  (en 
Périgord). 

(3)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 


88  SOCIÉTÉ  ABCBÉOLOGIQUB   BT   HiSTORiaUE  DU   LIMOUSIN. 

Dessin,  —  Ëcu  droil  à  une  bande  accompagnée  de  six  billettes 
rangées  en  orle,  trois  en  chef  et  trois  en  pointe. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  —  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  P  17). 

N'  86.  —  GHATEAUNEUF  (1)  (Gauoelin  de). 

Sceau  rond  (38""),  appendu  à  une  charte  de  mars  1238. 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Écu  droit  à  un  lion. 

CONTRE-SCEAU. 

Rond  (28"»). 
Ugende.  —  SECRETVM. 
Dessin.  —  Une  fleur  de  lys. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  —  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  f  364). 

N'^  87.  —  Le  même. 

Sceau  rond,  appendu  à  une  donation  à  Tévéque  de  Limoges 
(L'Artige,  1252). 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Écu  droit  à  une  croix  (2). 

(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  — 
Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  f»  21). 

NO  88.  ^  CHAUVERON  (3)  (Jean)  (4),  chevalier. 

Sceau  rond  (20""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Jean  Chauveron  pour  lui  et  pour  neuf  écuyers  sous  le  com- 
mandement de  Mk'  le  connétable  (13  avril  1370),  et  à  une  autre 
quittance  de  gages  (poursuite  des  Anglais,  6  août  1380). 


(I)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 

(î)  «  Gaucelin  de  Châteauneuf,  chevalier,  seigneur  dudil  lieu.  Son 
sceau,  qui  esta  Tévêché  de  Limoges,  représente  une  croix  losangée  a. 
Nadaud,  Nobiliaire^  1. 1,  p.  374). 

(3)  Seigneurs  du  lieu  et  du  Ris  (aujourd'hui  commune  d*Azat-le-Ris, 
canton  du  Dorai,  arrondissement  de  Bellac),  du  Dognon  (aujourd'hui 
commune  et  canton  d'Aixe,  arrondissement  de  Limoges),  de  Jourgnac 
(aujourd'hui  commune  de  ce  nom,  même  canton),  etc. 

(<)  Probablement  Jean  de  Chauveron,  seigneur  de  Ris,  frère  d'Audouîn, 
marié  à  Marie  Yigicr. 


SIGILLOORAPHIB   DU   DtPARTBMBlfT  DB  LA  BAUTB-VIBNNB.  89 

Ugende.  —  S  lEHAN  CÏÏAVVER.,. 
{ScelJehan  Chauveron). 

Dessin,  —  Eca  au  pal  (d'argent,  au  pal  bandé  d'or  et  de  sable  de 
six  pièces),  penché,  timbré  d'un  heaume  cime  d'une  tête  de  lion  et 
supporté  par  deux  lions  rampants. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Chauveron, 
Glah*ambault,  t.  30,  f  2241). 

Voir  figure  20. 

N*»  89.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (36"),  appcndu  à  des  quittances  de  gages  (10  mai 
1384  et  10  juillet  1386). 

Ugende.  —  SEEL  lEHAN  CHAUVERON. 

Dessin.  —  Ecu  aux  armes,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime 
d'une  tête  de  loup,  supporté  par  deux  lions. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  216,  f*  9733. 
Pièces  originales,  Chauveron). 

Voir  figure  21. 

N»  90.  —  CHAUVERON  (Audouin)  (1). 

Sceau  rond  (28""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (12  novem- 
bre 1380). 

Ugende,  —  ....DOVIN 

(...  Atidouin....) 

Dessin.  —  Ecu  aux  armes,  penché,  timbré  d'un  heaume  ciraé 
de  ....,  supporté  par  deux  sauvages. 
(Biblio^èque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Chauveron). 

N«91.    -  CHAUVERON  (Bernard  de)  (2). 

Signet  rond  (18**"),  plaqué  sur  une  quittance  du  30  juin  1582. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Cartouche  aux  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Chauveron). 


(I)  Docteur  ès-lois,  chevalier,  conseiller  du  roi,  garde  de  la  prévôté  et 
vicomte  de  Paris  du  30  mai  4361  au  20  janvier  1388;  marié  à  Galiène  de 
Vigier;  mort  avant  le  49  octobre  iiOO. 

(t)  Seigneur  de  Dussac,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre,  gouver- 
neur de  La  Réolc. 


00  sociéri  archrologiqub  et  historique  du  limousin. 

N»92.  —  CHAUVERON  (Anne  de)  (1),  épouse  de 
Oodefroy  d'Aubusson. 

Cachet  ovale  (16"™  environ  sur  12),  plaqué  sur  une  lettre  à 
M.  de  La  Rue  du  Griffolet  (10  mai  1694). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Eeusson  aux  armes  de  Chauveron.  Casque  taré  de 
profil  et  orné  de  lambrequins. 

(Archives  de  M.  le  marquis  de  Cosnac.  -  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N«  93.  —  CHAUVERON  (N.,  chevalier  de). 

Cachet  ovale  (24™  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"'  de 
Nexon  (Limoges,  13  septembre  1786). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes.  Couronne 
de  comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

NO  94.  -  CHAUVET  (2)  (Pierre). 

Sceau  rond  (fragment)  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnés 
par  Pierre  Chauvet,  écuyer  d'écurie  de  M»'  le  duc  d'Orléans  et  de 
Milan  (14  novembre  1464). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ecu  à  quatre  fasces  accompagnées  de  neuf  merlettes, 
3,  3,  2  et  1  (3),  timbré  d'un  heaume  cime  d'une  télé  de  lion  (?), 
supporté  par  deux  sauvages. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Chauvet). 

N»  95.  -  CHAUVEt  (Maurice)  (1843). 

Sceau  rond  (35™),  plaqué  sur  une  quittance  de  gages  donnés 


(4)  Fille  d*Annet  de  Chauveron,  seigneur  de  Dussac,  et  de  Jeanne  de 
Lascaux;  mariée  le  97  janvier  1()61  à  Godefroy  d*Aubusson.  seigneur  de 
Castel-Npvel,  dit  le  marquis  de  Saint-Paul,  fils  d'Hector  d'Aubusson,  sei- 
gneur de  Castel-Novel,  et  de  Madeleine  de  Raymond. 

(2)  Les  Chauvet  étaient  seigneurs  de  La  Villate  et  de  La  Bruneterie 
(aujourd'hui  commune  de  Saint- Junien-les-Combes,  canton  et  arrondis- 
sement de  Bellac)  et  dcFrédaigue(auj.  commune  deNantiat,  même  canton). 

(3)  Nadaud  (A^oôiZta/re,  t.  I,  p.  380)  explique  ainsi  le  blason  :  d'argent, 
k  trois  fasces  d'azur  accompagnées  de  neuf  merlettes  de  gueules,  ni 
pattées  ni  becquées,  3,  3,  2  et  4. 


SIGILLOGEAPHIB  DU   OÉPART&HBHT  DE  LA  HAUTS-VIKNRB.  91 

par  Morysse  Chauvet,  chevalier,  seigneur  des  Brosses,  lieutenast 
d'une  compagnie  de  cinquante  lances  des  ordonnances  du  roi  sous 
la  charge  et  conduite  de  Hs'  de  Bonneval  (36  septembre  1543). 

Légende  effacée. 

Demn.  —  Ecu  carré  écartelé  :  aux  1  et  4,  parti  :  au  premier,  à 
trois  pals  ;  au  deuxième,  coupé  k  deux  léopards  passants  Fun  sur 
l'autre,  et  à  quatre  otelles  ;  aux  2  et  3,  à  un  lion  ;  sur  le  tout,  Ghau- 
vet.  Rinceaux  dans  le  champ. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Chauvel). 

N«  96.  —  CHAUYET  (Philippe)  (1),  seigneur  de  La 
ViUatte. 

Sceau  rond  (31™),  appendu  à  des  quittances  de  pension  (8  juil- 
let 1539, 27  septembre  1543). 

Pas  de  légende. 

Destin.  —  Ecu  à  quatre  fasces  accompagnées  de  neuf  merlettes, 
3,  3,  2  et  %  la  deuxième  fasce  chargée  d'un  besant;  dans  un 
entourage  de  rinceaux. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  31,  ^  2279.  Pièces 
originales,  Ghauvet). 

Voir  figure  >2. 

N'^e?.  —  Le  MÊME. 

Signet  ovale  (17""),  apposé  sur  des  quittances  de  pension 
(24  février  1541,  n.  st.  (4  mai  1557). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  aux  mêmes  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  31,  f^*  2281. 
Pièces  originales,  Ghauvet). 

Voir  figure  23. 

N»  98.  —  COTHET  (Etienne)  (2). 

Sceau  rond  (32""),  appendu  à  une  reconnaissance  du  4  des 
nones  de  janvier  1292  (2  janvier  1293). 


(4)  Fils  de  Christophe  Ghauvet  et  de  Marguerite  Glérclle;  écuyer,  lieu- 
tenant de  quarante  lances,  puis  de  cinquante  lances  sous  le  commande- 
ment de  M.  de  Burie;  marié  :  1*  à  Françoise  de  Launay;  2<^àPaule  de 
Ravenel;  testa  le  38  octobre  4657. 

(3)  Damoiseau,  prévôt  de  Ségur  (octobre  4278),  chevalier  de  Ségur, 
procureur  des  religieux  de  Glandier  (janvier  li93).  11  appartenait  vrai- 


9i  ^ÛCliLrk   AAGHÂOLOOJQUB  CT   HISTOAIQUB   DU.  LIMOCSL"(. 

Légende  f?J, 

Dessin.  —  Ecusson  à  trois  lions,  2  et  i  (i),  à  la  bordure  char- 
gée de  huit  besants  ou  annelets. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  de  la  collection.  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17H8,  f*  303). 

N*  99.  —  COUSTIN  (Jean  de)  (1). 

Signet  ovale  (21"*"  sur  19),  plaqué  sur  une  quittance  donnée  par 
Jean  de  Coustin,  seigneur  de  Brézolles  (2),  Tun  des  cent  gentils- 
hommes sous  la  charge  de  M.  le  grand  sénéchal  de  Normandie 
(14  novembre  1521). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Un  lion  (3)  contourné  dans  une  bordure  ovale. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Coustin). 

N*  100.  —  COUSTIN  (François  de)  (4),  seigneur  du 
Masnadaud  (5). 

Cachet  ovale  plaqué  sur  une  quittance  donnée  par  François  de 
Coustin,  seigneur  du  Masnadaud  (6),  lieutenant  dans  la  compagnie 
de  M.  de  Merville  (Secondigné,  9  avril  1568). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Écu  droit  aux  armes,  cime  d'un  fleuron. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Coustin.) 


semblablemcnt  à  la  famiHe  des  Cotet  ou  Colhet,  seigneurs  de  Laron 
(aujourd'hui  commune  de  Sainl-Julien-le-Pelit,  canton  d'Eyraouliers, 
arrondissement  de  Limoges)  et  des  Biars  (aujourd'hui  commune,  canton 
et  arrondissement  de  Sainl-Yrieix). 

(\)  De  gueules,  à  trois  lions  d'or. 

(i)  Fils  de  Foucaud  de  Coustin  et  d'Isabeau  de  Faugeyrac  ;  seigneur  de 
BourzoHes  en  Quercy;  marié,  par  contrat  du  6  août  4553,  à  Louise  de 
Lamberlie;  lesta  en  1554.  —  D'après  Nadaud  (t,  I,  p.  736)»  la  branche  de 
Bourzollcs  a  la  même  origine  que  la  branche  du  Masnadaud  en  Limousin. 

(3)  La  quittance  est  signée  «  BourzoHes  ». 

(4)  D'argent,  au  lion  de  sable  armé  et  lampassé  de  gueules. 

(5)  Chevalier  Je  Tordre  de  Saint-Michel,  gouverneur  de  Montfaucon  en 
Piémont;  marié  :  t<*  en  I54S,  à  Madeleine  d'Archiac,  fille  de  Jacques 
baron  d'Archiac,  et  de  Marguerite  Dais;  2<'  en  4617,  à  Béraude  de  iau- 
court,  fille  d'Aubert  de  Jaucourt  et  de  Renée  de  Roux. 

(6)  Aujourd'hui  commune  de  Pageas,  canton  de  Châlus,  arrondissement 
de  Saint- Yrieix. 

(7)  Dass  la  quittance  ce  mot  est  écrita  Manadaull  ». 


SIGILLOGEAPHIK  DU   DÉPARTRItBNT   DtS  LA  BAUTB-VIBNNE.  93 

N«  101,  —  COUSTIN  DE  BOURZOLl.ES   (Jeanne 

de)  (1). 

Cachet  ovale  (fragment)  plaqué  sur  un  testament  (17  février 
1703). 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  en  losange,  aux  armes.  Couronne  de  comte. 
(Archives  des  notaires  de  Sarlat.) 

N<>  102.  ~  COUSTIN  DU  MASNADAUD  (N.  de)  (3). 

Cachet  ovale  (22"»  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  du 
Mas-Nadau  »  et  adressée  à  M.  de  Nexon  (au  Masnadau,  3  février 
1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  accolés  :  celui 
de  dextre  aux  armes  de  Coustin;  celui  de  sénestre  indistinct. 
Couronne  de  marquis.  Supports,  deux  lions.  Croix  de  Saint-Louis, 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  103.  —  COUSTIN  (François- Annet  de)  (3),  oamte 
d'Oradour  (4). 

Cachet  ovale  (19°""  sur  16),  plaqué  sur  une  lettre  au  marquis  de 
Parel  (Sascirat,  22  juillet  1782). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  support,  écusson  de  forme  ordinaire  aux 
armes.  Couronne  de  comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Monlbron,  au  château  de  Chauf- 
failles.  —  Communiqué  par  M.  Champcval). 


(1)  Demoiselle  de  Berbigutères  en  Périgord. 

(2)  Probablement  François -Anaet  de  Coustin,  comte  d'Oradour;  né  le 
11  septembre  f7l7;  fils  d'Alexandre  de  Coustin  et  de  Louise  de  Havard  de 
Mésieux  ;  page  de  la  petite  écurie,  gouverneur  des  pages,  ofHcier  au  ré- 
giment Dauphin-Infanleric,  exempt  des  gardes-du-corps  du  comte  de 
Provence,  gentilhomme  ordinaire  de  ce  prince,  lieutenant-colonel  de 
cavalerie,  chevalier  de  Saint-Louis;  marié  en  \11%  à  Mario-Aone  Philip 
de  Saint-Viance,  fille  de  Claude  Philip  de  Saint*-Yiance  et  de  Sylvie  de  La. 
Celle. 

(3)  Voir  la  notice  du  numéro  précédent. 

(4)  Aujourd'hui  commune  et  canton  d'Oradour-sur-Vayres,  arrondisse- 
ment de  Rochechouart. 


9i  SOGliTÉ  ARCHBOLOQIQUK  ET  BI8T0RIQUK  DU  LIMOUSIN. 

N'^  104.-  COUSTIN  DU  MASN  AD  AUD  (  Jean-Charles- 
Armand  de)  (1). 

Cachet  ovale  (23""  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  Veyrinas 
de  Nexon  (Tréguier,  9  ayril  1786). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes.  Cou- 
ronne de  comte  accompagnée  à  dextre  d'une  mitre  et  à  sénes- 
tre  d'une  crosse.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N'  105.  —  CRAMAUX  (2)  (Simon  de)  (3),  évoque  de 
Béziers. 

Sceau  rond  (30**"),  appendu  à  une  quittance  délivrée  au  rece- 
veur général  des  aides  (2  mars  1385,  n.  st.). 

Ugende.  —  YMO 

f Symonis J. 

Dessin.  —  Dans  une  niche  gothique,  la  Vierge  à  mi-corps,  por- 
tant TEnfant  Jésus;  au-dessous,  un  écu  à  la  bande  accompagnée  de 
six  merlettes  en  orle  (4). 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  36,  f  2733}. 

Voir  flgore  U. 


(1)  Fils  de  François-ADnel  de  Coustin  du  Masnadaud  et  d*HeDriette  de 
ficynac;  chanoine  de  Nancy,  vicaire-général  de  Sainl-Brieuc,  abbé  de 
Saint- Yilmer  de  Boulogne. 

(2)  Anjoard'hui  commune  de  Biennac,  canton  et  arrondissement  de 
Rocbechouart. 

(3)  Né  vers  le  milieu  du  xiV  siècle,  an  château  de  Cramanx  ;  fils  de 
Pierre  de  Cramaux,  damoiseau,  et  de  Marthe  de  Sardène;  entra  dans 
Tabbaye  des  Bénédictins  de  Saint-Lucien  de  Beauvais;  licencié  ès-loisen 
i:i69;  maître  des  requêtes  en  1380;  conseiller  du  rot;  évêque  d*Agen  le 
46  juin  4382;  envoyé  en  ambassade  auprès  du  pape  Clément  Yll  en  1383; 
évéque  de  Poitiers  et  administrateur  de  Tévéché  de  Béziers  en  1384; 
chancelier  du  duc  de  Berry  en  1387;  chanoine  de  Saint-Martin  de  Tours, 
évéque  d* Avignon,  patriarche  d'Alexandrie  et  administrateur  de  Carcas- 
sonne  en  1391  ;  ambassadeur  en  Espagne  en  1396;  ambassadeur  auprès  du 
pape  Benoit  XII  l  en  4407;  archevêque  de  Reims  en  4409;  cardinal  en 
4412;  évéque  de  Poitiers  de  nouveau  en  4448;  mort  en  4412  (ou  14S6). 

(4)  D*azur,  à  la  bande  d'or  accompagnée  de  six  merlettes  du  même  ran- 
gées en  orle. 


SIGILLOGRAPHIE  DU   DÉPARTEMENT  DE   LA   UAUTS-VIBlfNE.  95 

N*  106.  —  Le  même,  évêque  de  Poitiers. 

Sceau  rond  (33""),  appendu  à  une  pièce  relative  aux  gages  de 
Jourdain  de  Llsle,  chevalier,  pour  les  guerres  de  Guienne  (4  dé- 
cembre 1386). 

Ugende.  —  S*  SIMONIS  EPI  PICTAVEN' 

(Sigillum  Simonis,  episcopi  PictavensisJ. 

Dessin,  —  Dans  une  niche  gothique,  la  Vierge  à  mi-corps,  por- 
tant TEnfant  Jésus,  accostée  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  dans 
deux  logettes  latérales;  au-dessous,  Tévéque  priant,  accosté  de 
deux  écus  aux  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  62,  P  4767). 

Voir  flgur««  25  et  26. 

N*"  107.  —  Le  même,  patriarohe  d'Alexandrie. 

Sceau  rond  (Î8  à  30"™),  appendu  à  une  quittance  de  pension 
donnée  par  Simon,  patriarche  d'Alexandrie,  conseiller  du  duc 
d'Orléans  (Paris,  1"  juin  1406). 

Plus  rien  d*utile  de  la  légende. 

Dessin.  —  Dans  une  niche  gothique,  la  Vierge  à  mi-corps,  por- 
tant l'Enfant  Jésus;  dans  deux  petites  niches  latérales,  deux  anges 
agenouillés;  au-dessous,  un  évéque  priant,  accosté  de  deux  petits 
écussons,  celui  de  dextre  aux  armes  de  Cramaux,  celui  de  sénestre 
effacé. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Cramaux). 

N""  108.  —  CRAMAUX  (Jean  de),  chevalier. 

Sceau  rond  (28""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres  de 
Guyenne)  (La  Rochelle,  12  octobre  1387). 

Ugende.  —  S  lEH  DE  CRAMAVT. 
fScel  Jehan  de  Cramant). 

Dessin.  —•  Ecu  aux  armes,  penché,  timbré  d'un  heaume  couronné 
et  cime  d'une  tête  de  lion  dans  un  vol,  supporté  par  deux  griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  36.  f  2735). 

Voir  flgore  27. 

N*»  109.  —  DAVID  (1)  (Pierre  de). 

Format?  Dimensions?  —  Sceau  appendu  à  un  acte  d'investiture 


(t)  Seigneur  de  Lastours  (aujourd'hui  commune  de  Rilhac-Lastours, 


96  soeiéTÉ  AacoAoLooiQUB  bt  iistoriqvc  do  livousin. 

d'une  maison  située  dans  la  ville  de  Saint-Junien  à  Pierre  Maleu, 
chanoine  de  Limoges  (le  vm  des  calendes  de  mai,  24  juin  1277). 

Légende.  -  PETRVS  DAVIDIS  D0MICELLV8. 

Deisin.  —  Un  écusfton  chargé  d*ane  coquille. 

{Nobiliaire  de  Nadaud,  t.  II,  p.  39). 

N'  110.  -^  DAVID  (Amelius  de)  (1),  (seigneur  de 
Saint-Junien)  (2). 

Sceau  rond  appendu  à  un  acte  de  1296. 

Ugende  f?J. 

Dessin.'-'  Ecu  droit  à  une  fasce  chargée  de  trois  coquilleSi  accom- 
pagnée de  deux  lions  léopardés. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  m«».  Fonds  laUn,  t.  17i(6). 

N«  1 1 1.  —  DAVID  (Amelius  de)  (3). 

Sceau  rond,  appendu  à  un  acte  de  1376. 

Ugende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  penché  à  trois  coquilles,  2  et  1  (4),  timbré  d'un 
heaume  cime  d'un  panache.  Supports,  deux  sauvages. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Bibliothè- 
que nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17116). 

N»  112.  <-  DAVID  (François  de)  (S),oheTaUer,  baron 
des  Etangs  et  de  Monbeysier. 

Cachet  ovale  (20""*  sur  16),  plaqué  au  bas  d'un  brevet  con- 
férant à  H*  Jean  Bourdlchouts,  sieur  de  La  Fauge,  juge  de  la 


canton  de  Nexon,  arrondissement  de  Saint-Yrieix),  et  des  Etangs  (aujour- 
d'hui oominiinc  de  Ladignac^  canton  et  arrondissement  de  Saint'-Ymix). 

(1)  Fils  d'Amelius  1*'  David,  damoiseau  de  Saint-Junien,  et  de  Joyeuse 
Davina. 

(2)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Rochechouart. 

(3)  Fils  de  Jean  de  David  et  de  Raymonde  de  Favard. 
(A)  D'or,  à  trois  coquilles  de  Saint^acques  de  sinople. 

(5)  Né  le  7  mars  1715;  fils  d'Emmanuel  de  David,  seigneur  de  Vantaux, 
Maaddoup  et  Chanlcloube*  et  de  Catherine  de  David  ;  capitaine  au  régi- 
ment de  Toulouse-Infanterie  ;  marié,  par  conlral  du  17  juin  t744,  à  Marie- 
Anne-Françoise  de  Berny,  fille  de  Pierre  de  Berny  et  de  Valérie  de  Ber- 
chenin. 


Pi  V. 


SIGILLOGRAPHIE   DU   DÉPARTEMENT    DE   LA    HAUTE-VIENNE.  97 

baronnie  de  Lastours,  la  charge  déjuge  de  la  juridiction  etba- 
ronnie  des  Etangs  et  enclave  de  Monbeysicr  (en  notre  maison  et 
fief  noble  de  La  Rejmondie,  le  25  ianvier  1752). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche  reposant  sur  une  sorte  de  con- 
sole, deux  écussons  ovales  accolés  :  celui  de  dextre  aux  armes 
de  David  ;  celui  de  sénestre  d'azur,  à  deux  chevrons  accompagnés 
de  trois  croissants,  deux  en  chef  et  un  enpoinle(Bemy).  Couronne 
de  marquis.  Supports,  deux  gantes. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N^  113.  —  DAVID  DE  LASTOURS  (Charles  de)  (1). 

Cachet  ovale  (21"™  sur  17),  plaqué  sur  le  testament  de  Marie 
de  Chauvaux  (23  mars  1771). 

Pas  de  légende. 

Dessin. —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  à  trois  coquilles.  Cou- 
ronne de  marquis.  Au-dessus,  une  banderole  portant  une  inscrip- 
tion illisible.  Supports,  deux  gantes. 

(Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  114.  —  DAVID  (Charles  de)  (2),  marquis  de  Las- 
tours. 

Fragment  d'un  cachet  ovale  apposé  sur  un  certificat  constatant 
que  le  sieur  de  La  Serre  a  servi  dans  le  ban  et  arrière-ban  de  la 
province  du  Haut  et  Bas-Limousin  (Poitiers,  15  juin  1697). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  parti  :  au  1,  de  David  ;  au  2,  d'azur,  à  trois 
lances  (?)  de L'écusson  accosté  de  palmettes. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 


(1)  Né  le  i3  avril  1732;  fils  de  Jean-Charles  de  David  et  d'Anne  de  La 
Tour;  écuyer,  maréchal-des-logis  des  gardes -du-corps  du  roi  ;  titré  de 
comte  de  Laslours  d'après  la  généalogie  donnée  par  Nadaud  {Nobiliaire^ 
t.  II,  p.  44);  marié  à  Marie  de  Chauvaux  (aliaa  Chauveau),  fille  d'Ignace 
de  Chauvaux,  seigneur  de  Balesme,  et  de  Jeanne  de  Gain. 

(2)  Fils  de  François  H  de  David,  baron  de  Venlaux,  et  de  Charlotte 
d'Abzac;  commandant  de  la  noblesse  du  Haut  et  Bas-Limousin;  marié,  par 
contrat  du  6  avril  1686,  à  Marie  de  Pichard,  fille  de  François  de  Pichard, 
comte  de  Villemonteix,  et  de  Catherine  Ësnioingt. 

T.  xxxvui.  7 


98  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE  ET   HtSTORIQUR   DU   LIMOUSIN. 

N^  H5.  —GAIN  (i)  (Aimery  III  de)  (2),  chevalier. 

Sceau  rond  (So""),  appcndu  à  une  vente  faite  k  révoque  de 
Limoges  (7  des  calendes  d'août,  26  juillet  1291). 

Légende.  —  ...  GAHANI  :  MILITIS  : 

Dessin.  —  Écu  droit  à  trois  baudes  (d'azur,  à  trois  bandes  d  or). 
(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  p.  18;. 

N**  1 16.—  GAIN  (Jean  de)  (3),  baron  de  Montaignac. 

Cachet  ovale  (19""  sur  17),  plaqué  sur  un  testaujent  du  lOavril 
1699. 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes  (émaux  indiqués),  accosté  de 
deux  palmettes.  Couronne  de  comte. 

(Appartient  à  M.  Jondot,  au  château  de  Pouymas-Bas.  —  Com- 
muniqué par  M.  Champeval). 

N^  117.  —  GAIN  (François  de)  (4),  chevalier  de 
Linars  (S). 

Cachet  ovale  (21°""  sur  16),  plaqué  sur  une  lettre  de  M.  du 
Pouget,  à  Allassac(Enval,  28  octobre  1765). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes.  Couronne  de  marquis. 
Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  de  Selve  de  Sarran.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 


(4)  Aujourd'hui  commune  d'Isle,  canton  nord  cl  arrondissement  de 
Limoges. 

(â)  Fils  d'Âimery  II  de  Gala.  ^  Le  nom  est  écrit  Guahanh  dnns  le 
texte;  on  trouve  aussi  la  forme  Gaing,  qui  est  assez  fréquente  dans  les 
anciens  actes. 

(3)  Fils  de  François  [allas  Henry)  de  Gain  de  Montaignac  et  de  Gab**iclle 
de  Sainie-Fôre. 

(4)  Né  vers  17  t,  fils  de  Charles-François  de  Gain,  marquis  de  Linars, 
et  de  Judith  de  La  Baume  de  Forsal  ;  maréchal-de-camp  en  1770. 

(5)  Aujourd'hui  commune  de  Linards,  canton  de  Ghàteauneuf,  arrondis* 
sèment  de  Limoges. 


SIGILLOORAPHIB    DU   DÉPARTEMENT   DB   LA    HAUTE-VIENNE.  î)0 

N»  118.  —  GARAT  (1)  (N.),  épouse  de  N.  de  La 
Grange  de  Tamac. 

Cachet  oyale  (S2~"  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  Garât 
de  Tarnac  »  et  adressée  à  Tabbé  de  La  Chalonie,  curé  de  Treignac. 
(Tarnac,  31  mars  1778). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés  : 
celui  de  dextre  aux  armes  de  La  Grange  de  Tarnac  (de  gueules  à 
trois  merlettes  d'argent,  2  et  1,  au  franc-canton  d*hermines);  celui 
de  séneslre  aux  armes  de  Garât  (d'azur,  à  Tentreiacs  d'or  accom- 
pagné de  trois  étoiles  du  môme,  deux  en  chef  et  une  en  pointe,  au 
chef  chargé  d'un  croissant  renversé  d'argent)  (2).  Couronne  de 
comte. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Moutbron,  au  château  de  Chauf- 
failles.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N»  119.  -  GAY  DE  NEXON  (N.  Hébrard  de  Veyri- 
nas»  épouse  de  N.  de)  (3). 

Cachet  ovale  (22™™  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  Veyrinas  de  Nexon  »  et  adressée  au  sieur  Teyssart,  à  Cognac. 
(Nexon,  8  mars  1784). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés  : 
celui  de  dextre  aux  armes  de  Gay  de  Nexon  (d'azur,  au  chevron 
d'or  accompagné  de  trois  chausselrappes  d'argent,  deux  en  chef  et 
une  en  pointe)  (4),  celui  de  sénestre  à  deux  barres  accompagnées 
en  chef  d'une  croix  ancrée  (5).  Couronne  de  comte.  Supports,  deux 
lévriers. 


{\)  Seigneurs  de  Saint-Priesl-Taurion,  aujoardhai  commune  de  ce  nom, 
canton  d'Âmbazac,  arrondissement  de  Limoges. 

(2)  Nous  donnons  la  descripUon  des  émaux  d'après  l'Armoriai  général 
{Limoualny  fo  119),  dont  nous  avons  rectifié  la  description,  qui  est  assez 
confuse,  conformément  au  dessin  du  cachet. 

(3)  Anne  Uébrard  de  Veyrinas,  fille  de  Luc  Hébrard  de  Veyrinas,  con- 
seiller du  roi,  et  de  Marie  de  Loménie  ;  mariée  le  18  février  1746,  à  Jean- 
Baptiste- Ferréol  de  Gay,  chevalier,  seigneur  de  Nexon,  fils  de  Philippe- 
Ignace  de  Gay,  seigneur  de  Nexon,  et  de  Jeanne  de  La  Grange  de  Tarnac. 

(4)  Armoriai  général,  Limoasfc'n,  f^  149. 

(5)  Cet  armes  ne  sont  pas  celles  d'Uébrard  de  Veyrinas.  (Voir  cet  article). 


100  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N°  120.  —  GAY  DE  NEXON  (Jean -Joseph,  chevalier 

de)  (i). 

Cachet  ovale  (21""  sur  18),  plaqué  sur  des  lettres  à  M"*  de 
Nexon,  mère  du  signataire  (Verdun,  1"  mars  1887;  sans  lieu, 
28  octore  1787,  11  mars  1788). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  aux  armes.  Couronne  de 
marquis. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N<^  121.— GENTIL  (N.)  (2),  seigneur  de  L.ajonehat(3). 

Cachet  ovale  (18""  sur  15),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"'  de 
Nexon  (Saint-Yrieix,  22  janvier  1779). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes  (d'azur,  à  Tépée  nue  d'ar- 
gent, mise  en  pal  la  pointe  en  haut,  sous  laquelle  passe  un  che- 
vron du  môme  accompagné  de  trois  roues  de  Sainte-Ciatherine 
également  d'argent,  2  et  1)  (4).  Couronne  de  marquis.  Supports, 
deux  lévriers. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  122.  -  GUILLAUME  DE  ROCHEBRUNE  (N.de)(S). 


(1)  Les  lettres  étant  signées  «  l.-l.  ch*"  de  Nexon  »  (sauf  une  signée 
c(  Laplive  de  Nexon  »),  nous  pensons  que  le  cachet  doit  être  attribué  à 
Jean-Joseph  de  Gay  de  Nexon,  fils  de  Jean-Baptisle-Ferréol  de  Gay,  sei- 
gneur de  Nexon,  et  d'Anne  Hébrard  de  Veyrinas. 

(2)  Probablement  Léonard  Gentil,  seigneur  de  Lajonchat,  fils  d'autre 
Léonard  et  de  Marie  Desmaisons  de  Bonnefon;  marié  le  23  février  1745  à 
Anne  Valette,  fille  de  Pierre  Valette  et  de  Gabrielle  de  Cramarigcas; 
assista  en  1789  à  l'assemblée  de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Saînt- 
Yricix. 

(3)  Aujourd'hui  commune,  canton  et  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(4)  Les  émaux  sont  ainsi  indiqués  par  Nadaud  {Nobiliaire yL  H,  p.  300- 
D'après  l'Armoriai  général  [Limousin,  ^  37),  le  chevron  et  les  roues  se- 
raient d'or. 

(5)  Probablement  Pierrc-Jean-Baptiste  de  Guillaume  de  Rochebrane, 


SIGILLOGRAPHIE   DU   DÉPARTEMENT   DE  LA   UAUTC>VIENNE.  101 

Cachet  ovale  (26""  environ  sur  24),  plaqué  sur  une  lettre  à 
M.  (le  Chauffailles  (Limoges,  22  janvier  1777). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  ovale  écartelé  :  aux  1  et  4,  d'azur,  au  chevron 
d'or  accompagné  en  chef  de  deux  étoiles  d'argent  et  en  pointe  d'un 
croissant  du  môme;  aux  2  et 3,  contre-écartelé  d'azur  à  trois  fasces 
d'or  et  de  gueules,  à  trois  chevrons  d'or.  Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Mon tbron,  au  château  de  Chauffailles. 
—  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N°  123.-  HAUTEFORT(GiUesd')  (l),baroiid'Aixe(2), 
seigneur  de  Nexon  (3). 

Cachet  ovale  (18°"  sur  i6),  plaqué  sur  un  certificat  délivré  par 
Gilles,  marquis  d'Hautefort,  comte  de  Monlignac  et  de  Beaufort, 
vicomte  de  Ségur,  Templeux,  La  Fosse,  baron  deThenon,  Aixe,  La 
Flotte,  seigneur  de  Juillac,  La  Borie,  Génis,  Saviguac,  Nexon,  La 
Mothe,  Bellelille,  Le  Ménil,  Saint-Firmin  Obvillier,  Pierre-Pont, 
Champien,  Fonches,  Auberives,La  Guiterie  et  autres  places,  grand 
et  premier  écuyer  de  la  reine  ;  ledit  certificat  relatif  à  la  charge  de 
maréchal-des-logis  des  écuries  de  la  reine  exercée  par  Jacques  de 
Pradel,  sieur  de  La  Mase  (Paris,  30  septembre  1681), 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  à  trois  forces  (d'or, 
à  trois  forces  de  sable).  Couronne  de  marquis.  Bordure  de  grènetis. 

(Archives  de  la  famille  Pradel  de  Lamaze.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»    124.  —  HËBRARD  (4)  DE  VEYRINAS  (Luc)  (5). 


seigneur  de  La  Grange  et  de  Courdelas,   qui  faisait  partie,  en  4789,  de 
Tordre  delà  noblesse  pour  le  Haut-Limousin.  (Nadaud,  t.  IV,  p.  668). 

(1)  Né  vers  161 2,  fils  de  Charles  d'Hautefort,  marquis  de  Montignac,elc., 
et  de  Renée  du  Bellay;  mousquetaire  du  roi,  lieutenant  de  cavalerie, 
lieutenant-colonel,  enseigne  des  gendarmes  du  Dauphin,  capitaine-lieu- 
tenant des  gendarmes  d'Anjou,  lieutenant-général  ;  premier  écuyer  de  la 
reine  le  19  mars  1675;  marié  à  Marthe  d'Estourmel,  fdle  de  Louis,  sei- 
gneur d'Estourmel,  et  de  Marthe  de  Neubourg;  mort  le  31  décembre  1693. 

(2)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 

(3)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(4)  Famille  originaire  du  Quercy,  dont  une  branche  s'était  établie 
anciennement  en  Limousin. 

(5)  Fils  de  Jacques  Hébrard  et  de  Catherine  Origet;  conseiller  du  roi, 


102  SOCIÉTÉ:   AltcaéOLOGlQUB   BT   IISTORIQUE   DU    LIMOUfilN. 

Cachet  ovale  (21"""  environ  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de 
Loménie,  notaire  royal  (23  juillet  1750). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  (d'or),  au  dextrochère  (de  gueules) 
armé  d'une  lance  du  raôine  et  accompagnée  de  deux  étoiles  (d'azur) 
2  et  i  (1).  Sans  couronne. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N°  125.  —  HËBRARD  DE  VEYRINAS  (Marie  de 
SanziUon,  épouse  d'André)  (2). 

Cachet  (21""*  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*'  de  Nexon, 
sœur  de  la  signataire  (Saint-Yrieix,  23  mai  1778). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes  (le  champ  est  d'azur  et  non 
d'or)  (3).  Couronne  de  comte.  Supports,  deux  sauvages. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  126.  -  HÉLIE  DE  POMPADOUR  (4)  (Arnoul 
ou  Renoul)  (ÏJ). 

Sceau  rond  (21""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 


conirôleur-jcénéral  des  finances  de  la  généralité  de  Limoges;  marié  t«  à 
Marie  de  Loménie;  2<»  à  Marie-Jeanne  de  Berny. 

(i)  On  trouve  aussi  les  étoiles  d'or  et  le  champ  d*azur.  L'Armoriai  géné- 
ral (Limousin^  P»  315),  donne  un  blason  de  fantaisie  :  de  sinople,  à  la 
fascc  d'or. 

(8)  Fille  de  Jean-Baptiste  de  Sanzillon,  chevalier,  seigneur  des  Barrières 
et  de  La  Bonnetie;  mariée  en  1764  à  André  Hébrard,  seigneur  de  Veyrinas, 
gendarme  de  la  garde,  fils  de  Luc  Hébrard,  seigneur  de  Veyrinas,  et  de 
Marie-Jeanne  de  Berny. 

(3)  Le  blason  ainsi  modifié  n'est  pas  conforme  aux  règles  héraldiques. 

(4)  Nous  donnons,  sous  ce  numéro  et  les  suivants,  les  sceaux  des  sei- 
gneurs de  Pompadour  qui  furent  également  seigneurs  de  Gromières  en 
Haut-Limousin  (aujourd'hui  commune  de  Gussac,  canton  d'Oradour-sur- 
Vayres,  arrondissement  de  Rochechouarl). 

(5)  Arnoul,  alias  Renoul  ou  Uamnjlphe  Hélie,  seigneur  de  Pompadour 
et  de  Gromières,  lils  de  Geofroi  IV  Hélie,  seigneur  de  Pompadour,  cl  de 
Philippe  de  Li  Garde;  marié  !<>  le  i3  juillet  1355,  à  Galiène  de  Cbanac, 
fille  de  Guy,  seigneur  deChanac,  et  d'Eustachede  Gomborn,  morte  en  t3&1  ; 
to  en  1364,  à  Constance  de  La  Marche,  fille  de  Guillaume  de  La  Marche  et 
de  Jeanne  de  La  Motte  ;  mort  après  1399. 


SIGlLLOGRAPBIg  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  BAUTE-VICMMB.  103 

par  Arnoul  de  Pompadour,  chevalier,  sur  les  guerres  du  Limou- 
sin (Limoges,  16  octobre  1353).  . 

Légende,  —  f  S  A D R  GHL. 

fScel  ArnotU  de  Pompadour,  chevalier J. 

Dessin.  —  Ecu  portant  trois  tours  (d'azur,  à  trois  tours  d*ar- 
gent  maçonnées  de  sable,  2  et  1). 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  87,  f»  6881). 

N°  127.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (18°"™),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Renoul  de  Pompadour,  chevalier  (8  novembre  1353). 

Légende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  trois  tours  accompagnées  d'un  lambel  de 
trois  pendants  mouvants  du  chef  dans  une  arcature  à  plusieurs 
lobes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Pompadour). 

N»  128.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (22°»"),  appendu  à  une  quittance  du  5  mai  1354. 
Légende.  —  ...AS. 

f...HéliasJ. 
Dessin.  —  Ecu  à  trois  tours,  entouré  de  palmettes. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  188,  f  7133j. 

N*  129.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (22°"),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Renoul  Hélie,  sire  de  Pompadour,  chevalier  (Limoges, 
25  juin  1354). 

Légende.  —  ...NOL  ...PADOR. 

(...Amol  ...  PompadorJ. 

Dessin.  —  Ecu  portant  trois  tours. 

(BibHothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 169,  p.  5337). 

No  130.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (22°"),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  le  môme  pour  les  guerres  de  Limousin  et  de  Périgord  (Limo- 
ges, 18  juillet  1354). 

Ugende.  —  ...NOL  ...LIAS. 
f...Arnol  HeliasJ. 


104  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN. 

Dessin,  —  Ecu  portant  trois  tours,  à  la  bordure  (les  tours  sont 
plus  petites  qu'au  numéro  précédent). 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  188,  P  7i33j. 

Voir  figure  28. 

N<^  131.  —  HÉLIE  DE  POMPADOUR  ( Jean)  (1). 

Sceau  rond  (20""),  appendu  à  des  quittances  données  par 
Jean  Hélie  (2)  (Montignac,  26  janvier  1407  ;  Périgueux,  16  février 
et  3  mars  1407). 

Légende.  —  ...LIAS. 

f...  Relias) . 

Dessin.  —  Dans  un  trilob'î,  écu  droit  à  trois  tours,  supporté 
par  deux  lions. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  59,  f  4499). 

N»  132.  -  JOUSSINEAUDEFAYAT(3)  (Jeanne) (4, 
épouse  de  N.  La  Qrange,  sieur  de  Reignac. 

Cachet  ovale  (22""  environ  sur  17  ou  18),  plaqué  sur  une  lettre 
signée  «  Fayat  de  Reignac  »  et  adressée  à  M.  de  La  Chatonnie,  à 
Treignac  (Reignac,  janvier  1751). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes  de  Joussineau  (de  gueules, 
au  chef  d'or).  Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval. 

N«  133.  -  JOUSSINEAU  DE  FAYAT  DE  SAINT- 
MARTIN  (N.  de)  (5). 


(4)  Jean  !«'  Hélie,  seigneur  de  Pompadour  el  de  Cromières,  fils  de  Rcnoul 
Hélie,  seigneur  de  Pompadour  ei  de  Cromières,  et  de  Galiène  de  Chanac; 
marié  1°  en  477 i,  à  Madeleine  de  Venladoar,  fille  de  Bernard  1°',  vicomle 
de  Ventadour,  el  de  Marguerite  de  Beaumoul;  ^^  en  1394  à  Alix  de  Cosnac, 
fille  de  Jean,  seigneur  de  Cosnac,  et  de  Marthe  de  Born  ;  était  mort  en  1424. 

(2)  Il  est  appelé  Jehanot  dans  la  quittance  du  3  mars  1407. 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Château-Chervix,  canton  de  Sainl-Germain- 
les-Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(4)  Née  le  S  mars  i720;  fille  de  tVançois-AImé  Joussineau,  sieur  de  Fayat 
et  de  Saini-Martin-Sepl-Pers,  et  de  Catherine  de  Veyny;  mariée  à  N.  La 
Grange,  sieur  de  Reignac. 

(5)  Fille  de  François-Aimé  de  Joussineau,  seigneur  de  Fayat  et  de  Saint- 
Martin,  et  de  Catherine  de  Veyny;  religieuse  aux  Allois. 


SIGILLOGRAPHIE   DU    DÉPARTEBICNT   DE    LA   HAUTE-VIENNE.  105 

Cachet  ovale  (22""  sur  i8  environ),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  S'  de  Fayat  de  Saint-Martin  »  et  adressée  à  M™'  de  Parel,  à 
Treignac  (aux  Allois,  27  septembre  1770). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes,  couronne  de  comte.  Supports, 
deux  gantes. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron,  au  château  de  Chauffailles, 
—  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N*»  134.  —  JOUSSINEAU  (Joseph  de)  (Ij,  marquis 
de  Tourdonnet  (2). 

Cachet  ovale  (24»"  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de  Nexon 
(Tourdonnet,  28  septembre  1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  rocaille  aux  armes.  Cou- 
ronne de  marquis.  Supports,  deux  sauvages. 
(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

No  135  _  JOUSSINEAU  DE  TOURDONNET 
(Jean  de)  (3). 

Cachet  ovale  (25""  sur  22),  plaqué  :  1°  sur  un  acte  conférant  au 
sieur  Massénat  l'office  déjuge  des  prévôts  deLentilhac  et  Gondres, 
dépendant  de  l'abbaye  d'Uzerche  (Meaux,  26  décembre  1779); 
2°  sur  une  lettre  à  M""  de  Nexon  (Meaux,  1"  avril  1780). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  rocaille  aux  armes,  tim- 
brés d'une  couronne  de  marquis  accostée  d'une  mitre  et  d'une 
crosse.  Supports,  deux  sauvages. 

(Archivés  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 


(f)  Fils  de  François-Annel  (ou  Aimé)  de  Joussineau,  marquis  de  Tour- 
donnei,  et  de  Marie-Anne  de  Maumont:  écuyer  du  roi,  maître  de  la  garde- 
robe  du  comte  d'Artois. 

(2)  Aujourd'hui  commune  de  Château-Chervix,  canton  de  Saint-Germain* 
les-Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(3)  Né  en  1738;  fils  de  François-Aimé  de  Joussineau,  marquis  de 
Tourdonnet,  et  de  Marie-Anne  de  Maumont;  abbé  d'Uzerche  du  11  juin 
4769  au  16  février  1782;  vicaire-général  de  .Meaux. 


106  SOCIÉTÉ   ARCHBOLOGIQITK   ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

N*»  136.  —  LANSADE  (Dominique de)  (1),  seigneur 
de  Meuzac  (2). 

Cachet  ovale  (âS""  sur  18),  plaqué  sur  un  testament  daté  de 
Brive  le  3  octobre  1775. 

Pas  de  légende. 

Deêsin,  —  Ecusson  ovale  d'azur,  à  deux  lames  d'argent  la 
pointe  en  haut,  posé  sur  un  socle  et  supporté  par  deux  lions.  Goa- 
ronne  de  marquis. 

(Archives  de  M,  le  marquis  de  Gosnac.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  137.  -  LA  PORCHERIE  (3)  (Pierre  de)  (1216), 

Sceau  rond.' 

Légende.  -  f  S'  PETRI  :  LA  :  PORCHARIA. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  un  porc  passant. 
(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  t^  336). 

N*  138.  -Le  MÊME  (1221). 

Sceau  rond. 
Légende  f?J. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  un  porc  passant,  à  un  chef  fascé. 
(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  ^  361). 

N»  139.  -  LA  PORCHERIE  (Seguin  de)  (4). 
(xui*  siècle). 


(I)  Fils  de  François  de  Lansade,  écuyer,  seigneur  de  Saioi-Bonnet  ei 
de  Chaoat,  coseigneur  d'Âllassac,  el  de  Marie  Teyssier  de  Gardillac;  capi- 
laine  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint-Louis  ;  marié  le  27  déccrabre  1778  à 
Françoise-Bcnrielte  de  Cosnac,  fille  de  Daniel-Joseph  marquis  de  Gosnac 
cl  de  Marie-Anne  de  Lostanges.  —  Messlre  Dominique  de  l^insade,  seigneur 
de  Meuzac,  Preissac  et  Logeric,  figure  en  1789  dans  Tordre  de  la  noblesse 
pour  la  sénéchaussée  de  Limoges  (Nadauo,  Nobiliaire^  p.  67t). 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Meuzac,  canton  de  Sainl-Germain-les- 
Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Jean-Ligoure,  canton  de  Pierre- 
buffière,  arrondissement«de  Limoges. 

(A)  Probablement  Seguin  de  La  Porcherie,  qui  vivait  en  1247  et  ^240. 


SIGILLOGRAPHIE   DU   DÉPAUTEMBNT   DE  LA   HAUTB-VIBNNE.  107 

Sceau  rond  (55™").  Matrice  ronde  à  trois  anneaux  extérieurs. 

Ugende.  —  f  SIGILLVM  SEGVI  :  LAPORCHARIÀ  : 
fSigillum  Seguini  LaporehariaJ. 

Dessin.  —  Un  chevalier  armé  de  toutes  pièces,  l'épée  liante,  ga- 
lopant de  sénestre  à  dextre,  portant  un  bouclier  à  deux  lions  léo- 
pardés,  à  un  lambel  de  trois  pendants.  La  légende  entre  deux  bor- 
dures de  grènetis. 

(Communiqué  par  M.  l'abbé  Lecler,  curé  de  Compreignac.  —  Ce 
sceau  a  été  découvert  dans  la  commune  de  Paunac,  déparlement 
de  la  Dordogne.  M.  Dujarric-Descombes  en  a  donné  la  description 
et  le  dessin  dans  le  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique 
du  Périgord,  t.  VII,  p.  463). 

Voir  figure  29. 

N*  140.  —  LA.  RYE  (1)(N.  de  Saint-Martin,  épouse 
de  François  de)  (2),  seigneur  de  Châteautison. 

Cachet  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  Saint-Martin 
de  Châteautison  »  et  adressée  par  M"®  de  Châteautison  à  son  frère 
(lisez  beau-frère)  M.  de  Larye  fsicj,  à  Beilac  (La  Berge,  î  février 
4761). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  à  une  aigle  (d'argent, 
à  une  aigle  de  sable  membrée  et  becquée  d'or,  qui  est  de  La  Rye). 
Couronne  de  marquis. 

(Archives  de  M.  de  Monlbron,  au  château  de  Montagrier.  —  Com- 
muniqué par  M.  Champeval). 

N*  141.  —  LA  RYE  (N.. ,  épouse  de  N.  de),  sei- 
gneur de  La  Qoutebernard  (vers  1761). 

Cachet  ovale  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  de  M"'  de  Larye 
de  La  Goutebernard  à  son  neveu  M.  de  Larye,  à  Blac  fsic)  (2  dé- 
cembre....). 

Pas  de  légende. 


(1)  Seigneur  de  La  GoulebernarJ  (aujourd'hui  commune  des  Chezeaux, 
canion  de  Sainl-Sulpico-les-Feuilles,  arroodissement  de  Beilac),  de  La 
Berge  et  de  Montagrier  (aujourd'hui  commune  de  Saint-Bonnet,  canton  el 
arrondissement  de  Beilac),  de  LaCosie  (aujourd'hui  eonimune  de  Mézières, 
même  arrondissement). 

(2)  N.  de  Saint-Martin,  mariée  à  François  de  La  Rye,  chevalier,  seigneur 
de  Châteautison. 


108  SOCIÉTÉ  ARCHKOLOOIQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  :  celui  de 
dextre,  à  une  fasce  ondée;  celui  de  sénestre  aux  armes  de  La  Rye. 
Couronne  de  comte.  Supports,  deux  lions. 

N°  142.  -  LA  RYE  (N...,  épouse  de  N.  de)  (vers  1761). 

Cachet  ovale  (21""  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  de  M"*  de  La 
Rye  à  sa  tante  M"**  de  La  Berge,  à  Bellac  (La  Coste,  27  mars  ....) 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Deux  écussons  accolés  :  celui  de  dextre  aux  armes  de 
La  Rye  ;  celui  de  sénestre  d'azur,  à  trois  losanges  d'or,  2  et  1 . 
Couronne  de  comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  143.  —  LASTOURS  (1)  (Ramnulfe  de)  (2),  évo- 
que de  Périgueux. 

Fragment  de  sceau  ogival  (64"™  sur  45),  appendu  à  des  lettres 
par  ?esquelles  Tévéque  et  le  clergé  de  Périgueux  demandent  au 
roi  de  leur  envoyer  un  bon  sénéchal  (sans  date;  vers  1226). 

Ugende.  —  ...AMNVLF... 

(...  Ramnulfi...). 

Dessin,  —  Un  évoque  debout,  vu  de  face,  mitre  et  bénissant. 

CONTRE-SCEAU. 

Rond  (17"^"^). 

Ugmde.  -  PAX  VOBIS. 

Dessin,  —  Un  Agntts  Dei. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n**  6810). 

Voir  figures  30  et  30  bis. 

N»  144.  —  LASTOURS  (Guy  de),  chevalier. 

Sceau  rond,  appendu  à  une  donation  à  la  chartreuse  de  Glandier. 
(novembre  1232). 
Légende,  -  S'  GVIDONIS  DE  TVRRIBVS. 
fSigillum  Guidonis  de  TurribiisJ. 


{\)  Aujourd'hui  commune  de  Rilhae-Laslours,  canton  de  Nexon,  arron- 
dissemeni  de  Limoges. 

(S)  Fils  de  Golfier  de  Lastours  et  d*  Al  pais  de  PierrebuOière  ;  évCque  de 
Périgueux  en  4810;  vivait  encore  en  1231. 


SIGILLOGRAPHIE   DU    DÉPARTEMENT   DE   LA    UACTB-VlENNB.  109 

Dessin,  —  Ecu  semé  de  fleurs  de  lys,  à  trois  tours  (d*azur,  semé 
de  fleurs  de  lys,  à  trois  tours  d'argent  brochantes  sur  le  tout). 

CONTRE-SCEAU. 

Rond. 

Ugende.  —  SECRETVM. 

Dessin.  —  Ecu  à  trois  croix,  au  lambel  de  cinq  pendants. 
(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Bibliothè- 
que nationale,  inss.  Fonds  latin,  t.  17118,  p.  2309). 

N'»  145.  —  LASTOURS  (Séguin  de)  chevalier. 

Sceau  rond  (18°*°*),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
d'Angoumois  et  de  Limousin  (Paris,  3  février  1350,  n.  st.). 
Légende.  —  ...EGVI.... 

(...  Séguin  ....) 
Dessin,  —  Ecu  à  trois  tours. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  107,  f  8387). 

N°  146.  —  LASTOURS  (Jean  de)  (I),  baron  de  Las- 
tours. 

Sceau  ovale  (26""  sur  21),  apposé  sur  les  quittances  données  par 
Jehan  de  Lastours,  seigneur  et  baron  dudit  lieu,  guidon  d'une 
compagnie  de  cinquante  hommes  d'armes  des  ordonnances  du  roi 
sous  la  charge  de  M.  de  Bourdeille  (Paris,  9  juin  1868  et  9  août 
1569). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  en  forme  de  cartouche;  on  ne  distingue  plus 
rien  du  côté  dextre  de  l'écu;  du  côté  sénestre,  on  voit  une  tour 
accompagnée  de  fleurs  de  lys,  deux  en  chef  et  une  en  pointe. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Lastours,  n°"  3 
el4j. 

N°  147.  —LA  VERGNE  (N.  de),  seigneur  de  Gham- 
pagnac  (2). 


/ 


(1)  Probablement  Jean  de  Laslonrs,  baron  de  Lastours,  Campagne, 
Nexon,  Ressoulx,  Saint-Michel-Laslours,  etc.,  chevalier  de  l'ordre;  marié 
par  conlral  du  io  juillet  1570  à  Madeleine  de  PierrebufBère,  dame  de 
Murât  et  de  Fleurac,  fille  de  François  de  Pierrebuffière,  vicomte  de  Com- 
born,  et  de  Calherine-Jeanne  Chabot;  mort  peu  après  le  44  août  4576. 

(t)  Probablement  paroisse  de  Château-Ghervix,  où  M.  de  Champagnac 


HO  SOCIÉTÉ  ARCBÉOfcOGlvlUK   ET   HISTORIQUE   OU   LIMOUSIN. 

Cachet  ovale  (47"™  sur  18)  plaqué  sur  une  lettre  au  comte  de 
Sainte-Fère  (Monlentois,  8  mars  1175). 
.  Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  à  trois  croisettes,  2  et  1  (1).  Gouroane 
de  comte,  palmettes. 

(Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  148.  -  L'HEBMITE  (Jôan)  (2),  écnyer. 

Sceau  rond  (27"")  appendu  à  une  quittance  de  gages  pour  les 
guerres  de  Guienne  (Périgueux,  45  février  1408,  n.  si.). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ecu  à  trois  chevrons  (3),  penché,  timbré  d'un 
heaume,  supporté  par .... 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  59,  f*  4527). 

NO  149.  —  LOMÉNIE  (N.  de)  (4). 

Cachet  octogonal  (IS'""'  environ),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de 
Loménie-Lépline,  neveu  du  signataire,  à  Montent  (Sainte-Bazeille, 
8  juin  1669). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  (d'or),  au  chêne  terrassé  (de  sinople),  au 
chef  chargé  de  trois  étoiles.  Casque  taré  de  profil  et  orné  de  lam- 
brequins. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N'  150.  -LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (16'""  environ  sur  14),  plaqué   sur  des  lettres 


donnait  son  adresse.  Aujourd'hui  commune  de  ce  nom,  canton  de  Saint- 
6ermain-le-Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 

((}  D*après  Nadaod  {Nobiliaire,  1. 111,  p.  63),  les  armes  seraient  :  d*azQr,  à 
trois  cygnes  d'argent,  3  et  1. 

(9)  Probablement  Jean  L*Hermite,  seigneur  de  La  Rivière  (aujourd'hui 
commune  d'Augne,  canton  d'Eymoutiers,  arrondissement  de  Limoges),  de 
Souliers  (aujourd'hui  commune  de  lanailhac,  canion  de  Nexon,  même 
arrondissement)  el  le  Traslage  (aujourd'hui  commune  de  Vicq,  canion  de 
Saint-Germain-lea  Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix),  né  en  4379. 
paoelier  du  roi  Charles  VIL 

(3)  D'avgenl,  à  lois  chevrons  de  gueules. 

(4)  Famille  originaire  de  Limoges  (Naoàud,  Nobiliaire^  t<llll>  P-  &95). 


SIGiLLOGRAPHIS  h\3   DBPARTRMBNT  DR  LA    HAUTB-VIBNNB.  Ut 

signées  «  l>e  Loménic,  p*'"  indigne  »,  et  adressées  à  son  cousin, 
M.  de  Loménie,  notaire  royal  à  Monlcut  (Pluviers,  27  septenabre  et 
19  décembre  1669). 

Pas  de  légende. 

De$sin.  —  Ecusson  aux  armes  (le  chef  à  trois  losanges  et  un 
besant  en  pointe).  Casque  taré  de  profil  et  accompagné  de  rameaux 
qui  descendent  le  long  de  lécusson. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  151.  — LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (18"™  environ  sur  13),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  de  Loménie  »  et  adressée  à  son  cousin,  M.  de  Loménie,  notaire 
royal  (Flavignac,  14  juin  1671). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes,  cime  d'un  sauvage  tenant  une 
flèche  de  la  main  droite  et  une  massue  de  la  main  gauche.  Supports, 
deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Ciiampeval). 

N^  152.-  LOBIÉNIE  DE  PAYE  (N.  de). 

Cachet  rond  ou  ovale  (de  petite  dimension),  plaqué  sur  «ne 
lettre  signée  «  De  Loménie  Paye  »,  et  adressée  à  M.  de  (nom  illisi- 
ble), notaire  royal  à  Saint-Yrieix  (Paye,  11  janvier  1677). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  de  forme  ordinaire,  au  chef  chargé  de  trois 
losanges.  Casque  taré  de  face  et  orné  de  lambrequins. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N«  153.  —  LOMËNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (IS"*"  sur  13),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Lomé 
nie  le  jeune,  à  Montcut  (Grandraonl,  18  février  1677). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  au  chêne  terrassé,  accosté  de  deux  lions, 
affrontés  et  accompagné  en  pointe  d'un  tourteau  (de  sable),  au 
chef  (d*azar)  chargé  de  trois  losanges  (d'argent).  Casque  taré  de 
profil  et  orné  de  lambrequins. 


H 2  SOCiéTB   ARCHÉOLOGIQUR   F.T   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N«  154.  —  LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  octogonal  (16""  environ),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de 
Loménie  fils,  à  La  Gasne  (La  Réolle,  20  janvier  1679). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  mômes  armes  que  le  numéro  précédent, 
moins  les  lions  affrontés.  Casque  taré  de  face. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  155.  —LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (13""),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Loménie,  à 
Montent  (Bordeaux,  10  avril  1688). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  ovale  parti  :  au  1,  de  Loménie  (au  type 
définitif  (1)  :  le  chêne,  le  tourteau  et  le  chef  aux  trois  losanges); 
au  â,  à  un  arbre  autour  duquel  s*enroule  un  serpent.  Couronne  de 
comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

NM56.  —  Le>ême. 

Cachet  ovale  (16""  sur  14),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  des  Ciars 
d'Auradour  (Bordeaux,  4  septembre  1700). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  ovale  aux  armes.  Couronne  de  comte.  Sup- 
ports, deux  lions. 


(4)  Définitif  en  ce  qui  concerne  celte  branche,  car  d'autres  branches 
ont  adopté  des  armes  un  peu  différentes.  Le  dossier  Loménie,  au  Cabi- 
net des  titres,  contient  une  généalogie  imprimée  avec  blasons;  celte  gé- 
néalogie commence  par  François  de  Loménie,  seigneur  de  Fayc,  donl  le 
blason  est  à  un  chef  d'azur  chargé  de  trois  mondes  d'argent  croisetés 
d'or,  et  qui  est  marié  à  Louise  de  Loménie,  dont  le  blason  porte  le  chef 
aux  trois  losanges.  Charles  de  Loménie,  conseiller  du  roi  et  secrétaire  de 
son  cabinet,  entoure  ses  armes  d'une  bordure  engrélée  de  gueules.  Con- 
sulter, en  outre  du  dossierde  la  Bibliothèque  nationale  (Pièces  originales, 
Loménie),  plusieurs  blasons  inscrits  dans  TArmorial  général  de  1696, 
Limousin  cl  Paris. 


PI.  VL 


SIGILLOGRAPHIE  DU   DéPARTENENT   DK   LA   BAUTE-VIENNE.  Ii3 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Ghampeval). 

N»  157.  -  LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Loménie, 
à  Montent  (iO  décembre  1700). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  de  forme  ordinaire,  à  un  arbre  accosté  de 
deux  Uons  affrontés,  au  chef  chargé  de  trois  étoiles.  Casque  taré 
de  feu  et  orné  de  lambrequins. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  Communiqué  par  M.  Cham- 
peval). 

N*  158.  —  LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (21""  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Lomé- 
nie,  maître  de  poste  de  la  ville  d'Aixe,  avec  le  nom  du  signataire 
(Montpouillan,  14  avril  1741). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes  :  le  tourteau  est  supprimé, 
et  le  chef  porte  trois  étoiles;  l'or  du  champ  est  indiqué.  Casque 
taré  de  face  et  orné  de  lambrequins.  Supports,  deux  griffons. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Ghampeval). 

N«  1 59.  —  LOMÉNIE  (N.  de). 

Cachet  ovale  (16""  sur  14),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Lomé- 
nie,  maître  de  poste  de  la  ville  d'Aixe  (Sainte-Bazeille,  16  novem- 
bre 1741). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes  (tourteau  et  losanges).  Cou- 
ronne de  comte.  Supports,  deux  griffons. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N°  160.—  LOMÉNIE  DE  BRIENNE  (Etienne-Char- 
les de)  (1),  archevêque  de  Toulouse. 


(<)  Né  en  nt7;  Hls  de  Nicolas-Louis  de  Lom<*nie,  comte  de  Brienne, 
et  d*AnDe-GabrieUe  de  Chamillart;  évoque  de  Condom  en  1760,  arche- 

T.   XXXTUl.  8 


IH  «OCléTÉ    AaCHéOLOGIQOr.    KT  «KTORI^B   ou   U«9DSI9r. 

Sceau  ovak  (tt""),  apposa».  :  1*  à  %m  état  du  mobilier  des  «eurs 
du  tiers-ordre  de  Saint-François  de  la  ville  de  Toulo«se  (Toulou&e, 
23  mars  1766)  ;  2°  à  des  lettres  de  prêtrise  (Toulouse,  18  septem- 
bre 1784). 
Légende.  ~  STEPH.    CAROL.  DE  LOMENIE   DE   BRIENNE 
ARCH.  EPISCOPUS  THOLOSANUS. 
fStephnnus-Carolus  de  Loménie  de  Brienne,  archiepis- 
copus  TholosanusJ, 
Dessin,  —  Ecusson  ovale  écartelé  :  aux  1  et  4,  à  deux  vaches  de 
gueules,  accolées,  clarinées  et  accornées  d'azur  (Béarn),  passantes 
Tune  sur  l'autre;  aux  2  et  3,  d'argent,  au  lion  couronné  de  gueu- 
les; sur  le  tout,  Loménie.  Couronne  ducale,  croix  patriarcale,  cha- 
peau archiépiscopal. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n"  6411  et  6412). 

N«  161.  —  LUR(l)  (Giraut  de)  (2). 

Sceau  rond  (21""),  appendu  à  des  quittances  données  par  Giraut 
de  Lurz,  chevalier  (20  juillet  et  22  août  1354). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Écu  à  trois  croissants  (de  gueules,  à  trois  croissants 
d'argent,  2  et  1),  penché,  timbré  d'un  heaume. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Lur). 

N«  162.  —  LUR  (Jean  de)  (3). 

Sceau  rond  (31™"),  appendu  1**  à  uac  quittance  donnée  par 
Jean  de  Lur,  sénéchal  d'Albret,  écuyer  d'écurie  du  roi  (1"  janvier 
1478);  2°  à  une  autre  quittance  donnée  par  Jean  de  Lur,  conseiller 
et  chambellan  du  roi,  sénéchal  d'Albrel  (24  janvier  1479). 

Légende.  —  lEHAN  DE  LURE. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  trois  croissants. 


yêque  de  Toulouse  le  2  février  4763;  abbé  du  Mont-Sain t*MicbeI  ea  juillet 
i766;  commandeur  du  Saint-Esprit. 

(<)  D'après  les  recherches  de  M.  Champeval,  le  château  de  Lur  était 
situé  enlrc  La  Porcherie  et  Cbâleau-Chervix  (aujourd'hui  cantOB  de  Saiat- 
Gcrmain-les-Beiles);  celle  famille  est  donc  originaire  du  Haut-Limousin. 

(2)  Fils  de  Boson  de  Lur,  seignenr  du  lien,  et  de  lourdaine  de  loussi- 
neau-Fraisslnet;  marié  à  Marie  Hélic  de  Chabrignac. 

(3)  Fils  de  Bertrand  II  de  Lur,  seigneur  de  Fraissinet,  du  Breuil,  de 
Looga,  etc.,  et  de  Marie  de  Couderc;  marié  k  Léiice  de  Pommiers,  tille 
de  Gombaud  de  Pommiers. 


SIGILLOORAPBIB  DU   DÉPARTEMENT   DE   LA   BAUTK-VIBRRE.  tf5 

(Bibliothèque  nationale»  mss.  Pièces  originales,  Laf). 
N«  163.  —  LUR  (Pierre  de)  (1). 

Sceau  rond  (32""),  plaqué  sur  une  quittance  donnée  par  Pierre 
de  Lur,  l'un  des  cent  gentilshommes  du  roi,  capitaine  du  château 
de  Saint-Sever  (26  octobre  1815). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  écartelé  :  au  1,  de  Lur  ;  au  2,  à  un  lion  ;  au 
3,  fascé  ;  au  4,  contre-écartelé  ;  aux  1  et  4,  à  une  croix;  aux  2  cl 3, 
à  un  vase  à  anse  d'où  sortent  des  lys  (ou  des  flammes?).  Rinceaux 
dans  le  champ. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Lur). 

N<»  164.  —  MAISONS  (N.  des),  seigneur  deBonne- 
font  (2). 

Cachet  ovale  (49"°»  sur  16),  plaqué  sur  une  lettre  au  chevalier 
de  Reignac  (Sainl-Junien,  20  janvier  1772). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  à  une  porte  de 
ville  flanquée  de  deux  tours  et  accompagnée  en  chef  de  deux  étoi- 
les (3).  Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N<»  165-  -  MALEDENT  (4)  DE  LA  POU  JADE 
(N.  de). 

Cachet  ovale  (20""  sur  18),  plaqué  sur  des  lettres  à  M.  de 


(I)  Fils  de  Pierre  il  de  Lor  et  d'isabelle  de  Monlferrand;  marié  ••  à 
Jeanne  d'Aubusson,  fille  d'Antoine  d'Aubusson  et  de  Louise  de  Peyre, 
veuve  de  Foucauld,  seigneur  de  Pierrcbuffière  ;  8®  en  1535,  à  Nicole  de 
Lisle,  fille  de  Jean  de  Lisie  et  de  Marguerite  Guy. 

(S)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Just,  canton  et  arrondissement  de 
Limoges. 

(3)  Nadaud,  Nobiliaire,  l.  111,  p.  139:  d'argent,  au  cbéne  de  sinople 
accosté  de  deux  maisons  de  gueules  et  surmonté  de  deux  étoiles  de  sino- 
pJe  en  chef.  —  Armoriai  général,  Limousiny  f»  US  :  de  gueules,  à  deux 
tours  d*or  maçonnées  de  sable,  giroueltées  d'argent,  au  chef  d'argent 
chargé  de  trois  étoiles  de  sable. 

(4)  Famille  qu'on  croit  originaire  d'Angleterre,  mais  établie  très  ancien- 
nement à  Limoges. 


116  SOCIRTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN. 

Lamaze,  lieutenant  général,  à  Uzerche  (Brive,  12  juin  1716;  Laca- 
bane,  14  mai  1718  ;  Brive,  24  novembre  1720). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  à  irois  lions  léopar- 
dés  (d*azur,  à  trois  lions  léopardés  d'or)  (1),  sans  indication  d'é- 
maux. Couronne  de  comte.  Bordure  de  grenetis. 

(Archives  de  la  famille  Pradel  de  Lamaze.  —  Communiqué  par 
M.  (ihampeval). 

N""  166.  -*  Le  même. 

Cachet  ovale  (23™'"  sur  19),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de 
Lamaze  (2),  «  lieutenante-générale  »  d'Uzerche,  sœur  de  M.  de 
Maledent  (Perpignan,  9  juin  1731). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes  (émaux 
indiqués).  Couronne  de  comte.  Bordure  de  filets. 

(Archives  de  la  famille  Pradel  de  Lamaze.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  167.  —  MALEDENT  DE  LAGABANE  (N.  de)  (3). 

Cachet  octogonal  (18°"  sur  16),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de 
Lamaze,  conseiller  du  roi,  lieutenant-général  à  Uzerche  (Brive, 
5  janvier  1736). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  parti  :  au  1,  de  Maledent;  au  2,  à  un  sau- 
toir (?).  Couronne  de  comte.  L*écusson  accosté  de  palmettes. 

(Archives  de  la  famille  Pradel  de  Lamaze.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  168.  -  MALEDENT  (François- Joseph  de)  (4). 
Cachet  ovale  (20"°»  sur  16),  plaqué  sur  le  testament  de  Marie- 


(I)  L*Ârmorial  général  (Limousin,  f»  3),  ajoute  que  les  lions  sont  lam- 
passés  d'argent. 
(i)  GiloD-Paule  de  Maledent. 

(3)  Peut-être  le  môme  qne  le  suivant. 

(4)  Fils  de  Pierre  de  Maledent,  seigneur  de  Lacabane  ;  avocat  au  Par- 
lement de  Bordeaux,  liculenant-général  es  sièges  royaux  de  Brive  le 
47  octobre  1764;  seigneur  de  Lacabane;  marié  à  Marie-Madeleine  de 
Gourcclles,  fille  de  N.  de  Courcelles  et  de  Marie-Jeanne-Elisabeth-Fran- 
çoise d'Alloneau  du  Roullet  ;  mort  le  8  décembre  1778. 


SIGILLOGRAPHIE  DU  DÉPARTEMENT   DE  LA  HAUTE-VIENNE.  H  7 

Madeleine  de  Courcelles,  épouse  de  François-Joseph  de  Maledent 
(Brive,  18  février  1751),  et  sur  une  lettre  à  M"'  de  Gaye  (26  sep- 
tembre 1762). 
Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche  accosté  de  deux  palmettes,  écusson 
ovale  aux  trois  lions  léopardés.  Couronne  de  comte.  Bordure  de 
filets. 

(Etude  de  M*  Massénat,  notaire  à  Brive.  —  Archives  de  M.  de 
Malliard). 

N**  169.  —  Le  même. 

Cachet  ovale  (22""  sur  20),  plaqué  sur  un  certificat  délivré  par 
François-Joseph  de  Maledent,  écuyer,  seigneur  de  Lacabane,  con- 
seiller du  roi  et  de  Mk'  le  comte  d'Artois,  lieutenant-général  en  la 
sénéchaussée  et  siège  présidial  du  Bas-Limousin  (Brive,  15  janvier 
1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche  orné  de  rinceaux,  écusson  ovale  aux 
armes.  Couronne  de  comte.  Bordure  de  grenetis. 

(Archives  de  M.  le  marquis  de  La  Tourelle.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  170.  —  MALBDENT  DE  FEYTIAT  (Barbe  de), 
épouse    de  Jean-Martial   Rogner,  sieur  de  Nexon. 

Voir  ci-après,  môme  série,  article  Rogiei\ 

N«  171. —MANDAT  (N.)(l). 

Cachet  ovale  (19™""  environ  sur  16),  plaqué  sur  une  leltre  à 
M.  de  Bigorie,  avocat  au  Parlement,  intendant  du  marquis  d'Hau- 
tefort  (Russengeas,  1"  août  1722). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  d'azur,  au  lion  d'or,  au  chef  d'argent  chargé 
d'une  hure  de  sanglier  de  sable  accostée  de  deux  roses  de 
gueules.  Couronne  de  comte.  Palmetles. 

(Communiqué  par  M.  DulheilleLde  Lamolhe,  notaire  àCaramija, 
près  Lubersac. 


(4)  Famille  originaire  du  Limousin  (Saim-àllais,  Nobiliaire  universel, 
t.  m,  p.  360). 


h  8  90C1KTÉ   AB.C|IÉp;.OCflQ0B   gT   Bl^TOA^^UK   W  LIHOUSIN. 

N'  172.  —  BIA?ISANGES  (Jean  de)  (1),  seigneur  de 
Vaulry  (2). 

Cachet  ovale  (24""  sur  22),  plaqué  sur  les  preuves  de  noblesse 
de  Jacques  de  Marsanges  de  Vaulry  pour  Tordre  de  Saint-leaB-de- 
JérusaleiB  (12  octobre  1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés  ;  celui 
de  dextre  d'argent,  à  trois  merlettes  de  sable,  2  et  1,  qui  e»l  de 
Marsanges  ;  celui  de  sénestre  de  gueules,  à  trois  couples  de  chiens 
d'argent  mis  en  fasce  et  posées  2  et  1,  les  laisses  d'azur  posées  en 
fesce,  qui  est  de  Beaupoil. 

(Archives  départementales  du  Rhône,  fonds  de  Malte,  H  194, 

N°  173.  -  MAUMONT  (3)  (Guillaume  de)  (4).  sei- 
gneur de  Maumont. 

Sceau  Pon4l  (33  ou  34™""),  appendu  à  un  aveu  fait  au  doyen  el  au 
chapilre  de  Saint-Etienne  de  Limoges  par  Guillauoàe  de  Maumont, 
curé  de  Roziers  et  d'Eglelons,  et  P.  (Pierre),  son  neveu,  seigneurs 
de  Maumont,  pour  la  maison  de  Maumont,  sise  en  la  Cité  (4  des 
noues  de  juillet  i275). 

Légende  déèruile. 

Dessin,  —  La  Vierge  vue  à  mi-corps,  tenant  TEnfant  Jésus  qui 
est  en  pied  et  debout,  au-dessus  d'une  arcature  sous  laquelle  est 
un  priant.  A  dextre  de  la  Vierge,  un  écu  à  une  bande  accompagnée 
de  six  croisettes  ou  étoiles  en  orle  ;  à  sénestre,  une  croix  tréflée. 

(Archives  départementales  de  la  Haut*- Vienne,  Chapitre,  liasse 
5«7.8). 

Voir  figure  31. 


(f)  Fils  de  Jacques-François  de  Marsanges,  seigneur  de  Vaulry,  ei  de 
Syivie  Mérigol  de  Saiate-Fère;  baptisé  le  H  janvier  1714;  seigneur  de 
VaiUry,  Puyboureaud,  Moussac,  Bouteix,  elc;  marié  le  32  septembre  4744 
k  Gabrielle  de  Beaupoil  de  Sainl-Âuialre,  fille  de  Louis  de  Beaupoil  de 
Sainii-Aulaire,  seigneur  de  Gorre,  el  de  Françoise  Guin(;and  ;  mon  le  25 
aoûl  1781. 

(î)  Aujourd'hui  commune  de  Vaulry,  canton  de  Nanliat,  arrondissement 
de  Bellac. 

(3)  Famille  d'ancienne  chevalerie  du  Haut-Limousin. 

(4)  Fils  d'Adhémar  de  Maumont. 


SIGKLOGttAPHIR   BET  DÉPARTICMENT   DE   LA   BAUTK-YIE:«1<(B.  1  19 

Observations.  —  L'acte  parle  cfes  sceaux  des  deux  Maumont 
funa  cumsigillis  suis);\\  paraît  ccrtsfin  néanmoins  (jue  le  sceau 
ci-dessus  a  été  seul  appose  (avec  celui  de  roflQcialité  de  Limoges, 
dont  il  subsiste  quelques  fragments).  Le  sceau  doit  vraisemblable- 
ment être  attribué  à  Guillaume  plutôt  qu'à  son  neveu  Pierre  ;  ce  qui 
semble  confirmer  cette  conjecture,  c'est  que  les  armes  figurées  sur 
le  sceau  ne  sont  point  celles  de  Maumont  (un  sautoir  accompagné 
de  quatre  tours),  et  qu'elles  ont  une  grande  ressemblance  avec 
celles  des  Roger,  seigneurs  de  Roziers  (une  bande  accompagnée 
de  six  roses  au  quintefeuille  en  orle). 

N»  174.   —    MAUMONT  (Aimar  de)  (1),  chevalier. 

Sceau  rond  (19""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  pour  te 
garde  de  la  forteresse  de  Tonnay-Boulonne  (Niort,  26  octobre  i349). 

Ugmde.  -  S  AIMAR  D'  MALMO. 

(Scel  Aimar  de  Malmont). 

Dessin.  —  Ecu  portant  d«ux  fasces  à  la  bordure  (d'azur,  à  deux 
fasces  d'or),  dans  un  trilobé. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambaull,  t.  72,  f"560i). 

VoiK  figure  32. 

N^  175.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (14°"),  appendu  à  une  quittance  (fe  gages  penr  ser- 
vice devant  Loudun  (Loudun,  23  août  1350). 

Ugende.  —  ...GILLV...ECRE... 
fSigUlum  secretttmj. 

Dessin.  —  Eca  partant  deux  tasces  à  la  bordure,  dans  une  rose 
gothique. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambaull,  t.  72,  f»  860i). 

Voir  figure  33. 

N«  176.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (22""*),  appendu  à  une  quittance  de  gagnes  pour 
service  de  guerre  (devant  Saint-Jean-d*Angély,  22  août  i35*). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ecu  portant  deux  fasces  à  la  bordure,  sur  champ 
réHculé. 


(1)  FiU  de  Guillaume  de  Maumont,  seigneur  du  lieu. 


ISO  SOCIÉTÉ  ARCBiOLOGiQUE   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  72,  f  8603). 

Voir  figure  34. 

N«  177.  —  MAUMONT  (Guérard  de)  (1). 

Sceau  rond  (18""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Guienne)  (Poitiers,  4  septembre  4386). 
Ugende.  —  ...  ERART  DE  MAVM.  . 

f[Sce[]  Guerart  de  Maumont). 
Dessin.  —  Ecu  portant  deux  fasces  à  la  bordure. 
(Bibliothèque   nationale,  mss.  Glairambault,  t.    72,    f"*  5605). 

Voir  figure  35. 

N»  178.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (21"""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Guienne)  (25  juin  1387). 

Ugenie.  —  S  GUERARD  D'  MAVMOT. 
(Scel  Guérart  de  Maumont J, 

Dessin.  —  Ecu  portant  deux  fasces  à  la  bordure,  dans  un  tri- 
lobe. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  72,  f*"  5609). 

Voir  figure  36. 

N»  179.  —Le  même. 

Sceau  rond  (28""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Guienne)  La  Rochelle,  12  octobre  1387). 

Légende.   —  SEEL DE  MAUM TAUNAY  BOUTONE. 

fScel  [Guérart]  de  Maumont,  [seigneur  de]  Tonnay- 
Boutonne). 

Dessin.  —  Ecu  portant  deux  fasces  à  la.  bordure,  penché,  timbré 
d'un  heaume  cime  d*un  oiseau  à  tète  humaine  dans  un  vol,  sup- 
porté par  deux  oiseaux  à  tête  humaine.  Dans  le  champ,  deux  ban- 
derolles,  sur  chacune  desquelles  est  écrit  :  non  autre. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  t.  72,  ^  5609). 

Voir  figure  37. 


[\)  Guérard  ou  Gérard  de  Maumont,  chevalier,  seigneur  de  Tonnay- 
Boutonne,  tils  d*Aimar  11  de  Maumont,  seigneur  de  Tonnay-Boutonne,  et 
de  Marie  de  Parthenay-rArchevéque;  marié  l*»  à  Anne  de  Thouars;  2»  à 
Anne  de  Bord,  dame  d'Ebernon. 


SIGILLOGRAPHIE   DU   DÉPARTEMENT  DE  LA    HAUTE-VIENNE.  191 

N°  180.  —  MAUMONT  (Pierre,  sire  de)  (1),  xiV  siècle. 

Sceau  rond  (30""),  Lppendu  à  une  quittance  de  gages,  délivrée 
le  31  juillet  1389  par  Jean,  sire  de  Maumont,  chevalier,  pour  servi- 
ces de  guerre  devant  le  château  de  Ventadour. 

Ugende,  —  S  PIERRE  SIRE  DE  MALMON. 
fScel  Pierre,  sire  de  MalmonJ, 

Dessin.  —  Ecu  au  sautoir  engrôlé,  canlonné  de  quatre  tours 
(d'azur,  au  sautoir  engrélé  d*or,  canlonné  de  quatre  tours  d'argent 
maçonnées  de  sable),  penché,  timbré  d'un  heaume  couronné  et 
cime  d'un  vol,  dont  un  cordon  de  fleurettes. 

(Ribliothëque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  72,  f  8611). 

Observations.  —  On  voit  que  Jean  de  Maumont  avait  fait  usage 
du  sceau  de  son  père. 

Voir  figure  88. 

N«  181.  —  MAUMONT  (Antoine  de)  (2),  seigneur 
de  Saint- Vitte  (3). 

Sceau  rond  (26°"),  apposé  sur  une  quittance  donnée  au  rece- 
veur du  domaine  royal  par  Antoine  de  Maumont  dit  de  Saint- 
Vie  fsicj,  écuyer  panetier  du  roi  (1''  août  1478). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  aux  armes  entouré  d'un  cordon  formé  de  fleu- 
rons. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Noailles,  au  château  de  Noailles). 


(4)  Seigneur  en  partie  de  Maumont,  de  Gimel,  de  Châleauneuf  et  de 
Tournoellc;  fils  de  Bertrand  de  Maumont;  marié  à  Anne  d'Aubusson, 
fille  de  Renaud  d'Aubusson,  vicomte  de  La  Feuillade,  el  de  Mar- 
guerite N. 

(3)  Fils  d'Alexandre  de  Maumont  et  de  Philippie  d'Aubusson;  seigneur 
de  Maumont  en  partie  et  de  Saint-Vitte  ;  écuyer  panetier  du  roi,  garde 
des  sceaux  de  la  vicomte  de  Limoges;  marié  à  Catherine  Je  Pierre- 
buffière,  fille  de  Louis,  seigneur  de  Pierrebuffière,  et  de  Marie  de  Roche- 
chouart. 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Vitte,  canton  de  Salnt-Gerraain-les- 
Bellcs,  arrondissement  de  Saint-Yrieix. 


121  SOCIÉTÉ   ARCHiOLOGlQUB   ET   HISTOMQUB   DU   LIMOUSIff. 

N'  182.  -  MAUMONT  DE  LA  RIBETRIE  (1)  (Au- 
gùste-Gabriel-Aiitoine  de)  (2). 

Cachet  ovale  (aS"""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  à  3f .  de  La 
Salvanie,  à  Tulle  (Badefol,  29  février  1780), 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussofts  ovales  accolés  : 
celui  de  dexlre  aux  armes  de  Maumont;  celui  de  sénestre  aux 
ariBes  de  Booneguise  (d  azur,  à  la  croix  alaisée  d'or,  cantonnée  aux 
1  et  4  d'un  besant  d'argent,  et  aux  2  et  3  d'une  fasc«  alaisée  dit 
même).  Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  Clément-Simon,  au  château  de  Bach). 

N»  183.  -  MONFRABEUF  (3)  (Jacques-Joseph  de)  (4). 

Cachet  ovale  (23"""  sur  21),  apposé  sur  un  testament  reçu  à 
Brive  le  17  novembre  1759. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  parti  :  au  i,  d'azur,  à  un  lion  d'or, 
armé,  lampassé  et  couronné  du  même,  qui  est  de  Monfrabeuf; 
au  2,  de  gueules,  à  une  coquille  d'argent  en  chef  et  un  croissant  du 
môme  en  pointe,  accostés  de  deux  épées  d'or  posées  en  pal,  la 
pointe  en  bas,  qui  est  de  Sahuguet  d'Espagnac.  L'écasson  pMé 
sur  un  cartouche,  timbré  d'une  couronne  de  marquis  et  supporté 
par  deux  chevreuils. 

(Elude  de  M'  Eschapasse,  notaire  àBrive> 


(<)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Gilles -Ics-Forôls,  canton  de  Château- 
neuf,  arrondissement  de  Limoges. 

(i)  Né  en  avril  1737;  fils  d'Antoine  de  Maumont,  seigneur  de  La 
Ribeyrie/.et  de  Louise  Germain;  marié  à  Marie  de  Boaneguise»  Elle  de  Jean 
de  BÔnneguise,  seigneur  de  La  Martinie  en  Périgord,  el  de  Marie  Gra- 
vière. 

(.H)  Alias  Monfrebeuf  et  Monlfrebeuf.  Nous  avons  suivi  Torthogr^phe  de 
Pacte.  —  Aujourd'hui  commune  de  Marvai,  canton  de  Saint-MIathieo, 
arroadtissement  de  Rocfaechouiart. 

(i)  Fils  de  Pierre  de  Monfrabeuf,  seigneur  de  Razac,  et  d'Anne  de 
Sahuguet  d'Espagnac:  seigneur  de  Razac,  La  Bouige,  Cherveix^  etc.;  ea* 
pitaine  des  grenadiers  au  régiment  d'Anjou  ;  marié  à  Louise  de  Lubersac, 
fille  de  Pierre  de  Lubersac,  seigneur  de  Cbabirignae,  et  de*  Jeasse-Jolie 
Chapelle  de  Jumilhac. 


SlOllLOORAPHIB  DU  DÉPARTEMENT  DK  LA  KAUTR- VIENNE.  It3 

N»  184.  —  NEUFVILLE  (Louis  de)  (i),  seigneur  de 
Neufvllle  (2). 

Sceau  rond  ^24°*"»;,  appendu  à  ime  quittance  donnée  par  Loys 
de  Neufville,  seigneur  du  dit  lieu,  porteur  d'ense/igne  d'une 
compagnie  de  cinquante  lances  des  ordonnances  du  roi  (24  juillet 
1537j. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  une  croix  (de  gueules,  à  la  croix  vidée 
d'argent,  remplie  de  sinople),  accosté  de  palmettes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  I>ièces  originales,  t.  2100,  Neuf- 
ville,  f»  36). 

N»  185.  —  Le  même. 

Signet  rond  (12"°),  appendu  sur  papier  à  une  quittance  de 
gages  donnée  par  Loys  de  Neufville,  chevalier,  porteur  d'easeigne 
d'une  compagnie  de  cinquante  lances  des  ordonnaBces  du  roi 
(6  mai  1846). 

Pas  de  légende. 

Djessin,  —  Ecu  penché  à  une  croix,  sommé  d'un  casque  taré  de 
face,  cime  de et  orné  de  lambrequins.. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  t.  i200.  Neuf 
ville,  f*  37). 

N«  186.  —NEUFVILLE  (Antoine  de)  (2),  baron  de 
Magnac  (3). 

Sceau  ovale  (22"°"  sur  18),  appendu  à  deux  quittances  de  gages 
données  par  Automne  de  Neufville,  seigaeur  et  baron  de  Magnac, 
chevalier  de  l'ordre  du  roi,  conseiller  en  son  conseil  d'Etat,  gentil- 
homme ordinaire  de  sa  chanàbre  (18  et  25^  décembre  iS81). 


(1)  Fils  d'ÀDtoine  de  Neufville,  seigneur  de  Magnac;  marié  en  1530  à 
Louise  de  Gain,  dame  de  Bort. 

(2)  Seigneur  de  Magnac,  Lalgny,  Morlinièrc,  Argental;  conBeiller  au 
conseil  privé  el  au  conseil  d*Eltal,.  genlilhornme  ordinaire  de  la  chambre, 
chevalier  de  Tordre  de  Saint-Micliol;  marié  à  Claude  du  Bellay  U -Flotte; 
mort  le  S8  juin  4590. 

(3)  Aujourd'hui  Magnac-Laval,  chef-lieu  de  canton,  arrondissemeot  de 
Beliac. 


\^4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTOHIÛDE  DO   LIMOOSIN. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  en  bannière  à  une  croix,  entouré  du  collier  de 
Tordre  de  Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  t.  2101,  Neuf- 
ville,  f»-  5  et  6). 

N«  187.  —  ORADOUR  (1)  (Hélie  d'),  chevalier. 

Sceau  appendu  à  un  acte  de  1290. 
Légende  ffj. 

Dessin.  —  Ecu  à  un  chef  bastille  de  six  billeltes,  trois  à  dextre 
et  trois  à  sénestre,  à  une  croix  brochant  sur  le  chef. 
(Nadaud,  Nobiliaire,  t.  III,  p.  303). 

N^"  188.  —  PEHBROKE  (N.,  comtesse  de),  dame  de 
Beynac  (2)  et  Ghampagnac  (3). 

Sceau  rond,  appendu  à  une  charte  de  1326. 

Légende  ffJ. 

Dessin.  —  Ecusson  parti  :  au  1,  à...(?);  au  2,  à  deux  pals  vairés 
surmontés  d'un  lambel. 

(D'après  un  croquis  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  mss. 
Fonds  latin,  1. 17118,  P  361). 

N«  189.  —  PERUSSE  (Audoin  de)  (4). 

Sceau  rond  (32°""),  appendu  à  une  transaction  avec  la  Chartreuse 
de  Glandier  (le  3  des  calendes  de  novembre  1309). 


(T)  Aujourd'hui  commune  et  canton  d'Oradour-sur-Vayres,  arrondisse- 
ment de  Rochechouart. 

(2)  Aujourd'hui  commune  de  Beynac,  canton  d'Aixe,  arrondissement  de 
Limoges. 

(3)  Probablement  Champagnac,  commune  de  Cbâteau-Chervix,  canton  de 
Saint-Germain-Ies-Belles,  arrondissement  de  Saini-Yrieix. 

(4)  Probablement  Audoin  1*'  de  Pérusse,  seigneur  de  Saint-Bonnet; 
tils  de  Geoffroy  de  Pérusse,  seigneur  de  Saint-Bonnet;  marié  en  MSi  à 
Marguerite  de  Ségur.  Cet  Audoin  est  le  premier  qui  soit  menlionné  comme 
ayant  ajouté  au  nom  patronymique  de  Pérusse  celui  de  la  seigneurie  des 
Gars.  Le  château  de  Pérusse  est  actuellement  situé  dans  le  département 
de  la  Greuse  ;  mais  celui  des  Cars  (improprement  appelé  d'Escars)  est 
situé  sur  le  territoire  de  la  commune  de  ce  nom,  canton  de  Châlus,  arron- 
dissement de  Saint- Yrieix. 


SI6ILL0GBAPH1B   DU   DÉPABTRMSNT   DE  LA   HAUTB-VIBNNE.  4S5 

Ugende.  —  S'  AVDOINI  :  DE  :  PERVSSIA  :  MILITIS. 
{Sigillum  Audoini  de  Perussia,  militisj. 

Dessin,  —  Ecu  droit  à  un  pal  de  vair  (1)  accosté  de  deux 
coquilles. 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  de  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17H8,  f  274). 

N«  190.  —  PERUSSE  (Itier  de)  (2). 

Fragment  de  sceau  rond  (25""),  appendu  à  un  acte  portant 
adhésion  à  rappel  du  comte  d'Armagnac  au  roi  de  France  contre 
le  duc  de  Guyenne  (8  juin  1369). 

Ugende,  —  FRERE  Y....  DE  PERUSE. 
f Frère  Ytier  de  PéruseJ. 

Dessin,  —  Un  homme  de  guerre  debout,  s'appuyant  sur  sa  lance 
et  couvert  de  son  écu,  à  un  pal  de  vair;  à  ses  pieds,  deux  lions. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n"  9908). 

Voir  figure  39. 

N«  191.  —  PERUSSE  (Gautier  de)  (3),  seigneur 
des  Gars. 

Sceau  rond  (39""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Gautier  de  Pérusse,  seigneur  des  Cars,  chevalier,  conseiller  et 
chambellan  du  roi,  commis  à  faire  asseoir  en  Limousin  l'aide  pour 
le  recouvrement  du  château  et  de  la  forteresse  de  Thenon  en  Pé- 
rigord  (18  février  1440,  n.  st.). 

Ugende.  —  S  GAUTIER  DE  PERUSSE  SEIGNEUR  DES  GARS. 
fScel  Gautier  de  Pérusse,  seigneur  des  Cars). 

Dessin,  —  Ecu  au  pal  de  vair;  penché,  timbré  d'un  heaume  cime 
d^une  tête  humaine,  supporté  par  deux  sauvages. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  tf  187,  f^  7085). 


(t)  De  gueules,  au  pal  de  vair. 

(2)  Chevalier  de  Tordre  de  Saint-Jean-dc-Jérusalcm,  commandeur  de 
Bellechassagne  en  Bas-Limousin. 

(3)  Fils  d*Audoin  III  de  Pérusse,  baron  des  Cars,  seigneur  de  La  Vau- 
guyon,  et  de  Marguerlte-Hélie  de  Pompadour;  conseiller  et  chambellan 
du  roi  Charles  VII  ;  sénéchal  de  Limousin;  marié  \o  en  1432,  à  Jacqueline 
de  Saint-Man,  veuve  de  N.  de  .Saint-Julien;  3"  le  H  octobre  tSH,  à 
Andrée  de  Montberon,  fille  de  François  de  Montberon,  vicomte  d'Aunay, 
et  de  Louise  de  Clermont;  vivait  encore  en  1469. 


tt6  SOCiÈTi  AftCSAOLOOli^UC   ET  flIBTORIQOfi  DU   UHOUSlfi. 

N""  192.  —  PËRUSSG  (Jacques  de)  {\),  seigneur 
des  Gars. 

Sceau  rond  (18"°),  appendu  à  une  quittance  de  gages  de  ToiBce 
de  capitaine  donnés  par  Jacques  des  Gars,  seigneur  du  lieu,  gentil- 
homme  de  la  chambre  du  dauphin  et  capitaine  de  cinquante  lances 
(27  juillet  ^544). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  au  pal  de  vair. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  ^89,  f»  4423). 

N»  193.  —  PÉRUSSE  DES  CARS  (François  de)  (2) 

Sceau  rond  (IQ"""),  appendu  à  une  quittance  de  pension  donnée 
par  François  des  Cars,  lieutenant  de  cinquante  lances  sous  Monsei- 
gneur des  Gars,  son  père  (13  septembre  1S44). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  -  Ecu  au  pal  de  vair,  timbré  d'un  fleuron  et  accosté  de 
deux  palmes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairarabattit,  1. 150,  f"  4437). 

N"  194.    -  Le  même. 

Sceau  ovale  (SO""""  sur  17J,  plaqué  sur  deux  quittances  données  : 


(4)  Fils  de  Geoffroy  de  Pérusse,  seigneur  des  Cars,  et  de  Françoise 
d*Arpajon  ;  il  fut  en  outre  conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  séuéchal  de 
Marsan,  Tarsin  et  Galardan,  gouverneur  du  Périgord;  chevalier  de  Tordre 
le  7  décembre  1561  ;  marié  i*^  à  Anne  Jourdain  de  Tlsle,  fille  de  Bernard 
Jourdain  de  Tlsle,  seigneur  de  La  Motte-Saint-Sézert,  et  de  Hargnerile  de 
Montesquieu  ;  2®  à  Françoise  de  Longwy,  dame  de  Pagny  et  de  Mirabeau, 
comtesse  de  Buzanfais,  veuve  en  4543  de  Philippe  Chabot,  comte  de 
Gharny,  amiral  de  France,  et  fille  de  Jean  de  Longwy,  seigneur  de  Givrj 
et  de  Pagny,  et  de  Jeanne,  bâtarde  d'Orléans-Angoulôme. 

(2)  Fils  de  Jacques  de  Pérusse,  seigneur  des  Gars,  et  d*Anne  Jourdain  de 
risle  ;  comte  des  Gars,  seigneur  de  Juillae,  de  Ségur,  d'Aiie,  et  Bassière- 
Galand,  etc. ;  lieutenant,  puis  capitaine  de  cinquante  lances;  chambellan 
du  roi  de  Navarre,  lieutenant  général  à  Bordeaux  en  1563  ;  gouverneur  du 
Limousin  en  1568,  conseiller  du  roi  en  tous  ses  conseils,  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Michel,  chevalier  du  Saint-Esprit  le  31  décembre  1578; 
marié  l«ii  Claudine  de  Bauffrement,  fille  de  Claude  de  Bauffremont,  sei- 
gneur de  Soey,  et  de  Jeanne  de  Vienne  ;  S»  &  tsabeau  de  Beau  ville,  veuve 
de  Biaise  de  Montluc,  maréchal  de  France,  mort  en  i577,  et  fille  de  Fran- 
çois de  Beauville  et  de  Claire  de  Laurens;  il  vivait  encore  en  1008. 


SlfilLLOOKAPlIE:  DD   DÉPARTEMENT   D&  LA    HAUTC-VIKHNR.  497 

!•  par  N.  (le  nom  en  blanc)  des  Cars,  chevalier  de  Tordre,  lieute- 
nant de  quarante  lances  (48  novembre  1862);  2^»  par  N.  des  Cars, 
chevalier  de  Tordre,  capitaine  de  trente  lances  (21  avril  1863). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  entouré  du  collier  de  Tordre  de 
Saint-Michel.  Couronne  de  comte.  Bordure  de  grenetis.  Ce  cachet 
se  distingue  très  nettement  des  autres,  parce  que  Técusson  est 
reporté  vers  la  partie  supérieure  du  sceau,  afin  de  laisser  plus 
d'espace  à  la  médaille  du  collier  de  Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n"  2^ 
et  32). 

N""  195.  —  Le  même. 

Signet  ovale  (24""»  sur  20),  apposé  sur  deux  quittances  données  : 
1*  par  François  des  Cars,  chevaUer  de  Tordre,  capitaine  du  château 
du  Ha  (26  avril  1868);  2**  par  François  des  Cars,  chevalier  de  Tor- 
dre, capitaine  de  cinquante  lances  (18  septembre  1868). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  au  pal  de  vair,  entouré  du  collier  de 
Tordre  de  Saint-Michel.  Couronne  de  comle.  Bordure  de  filets. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n°"  17 
et  18). 

N*"  196.  —  Le  même,  comte  des  Gars. 

Signet  ovale  (23""  environ  sur  18),  apposé  sur  une  quittance 
donnée  par  François,  comte  des  Cars,  chevalier  de  Tordre,  capi- 
taine de  trente  lances  (11  janvier  1876). 

Pas  de  légende. 

Demn.  —  Ecu  droit  au  pal  de  vair,  entouré  du  collier  de  Tordre 
de  Saint-Michel.  Couronne  de  comte.  Bordure  de  grenetis. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n""  33). 

N*»  197.  —  Le  même. 

Signet  ovale,  plaqué  sur  une  quittance  donnée  par  N.,  comte 
des  Cars,  capitaine  de  cinquante  lances  (2  janvier  1878). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Analogue  à  celui  du  numéro  précédent;  mais  Técus- 
son est  plus  petit. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n""  36). 


128  SOCléTÉ  ARCHKOLOOIQUB  BT  HI8T0R1QUB  OU  LIMOUSIN. 

N<>  198.  —  PERUSSE  DES  CARS   (Jacques  de)  (1). 

Signet  ovale  (21»«  sur  18)  apposé  sur  deux  quittances  données  : 
^"  par  Jacques  des  Cars,  chevalier  des  ordres  du  roi,  conseiller  du 
roi  en  son  conseil  d'Etat  (30  décembre  1682)  ;  **  par  Jacques  des 
Cars,  sieur  de  Beaufort,  conseiller  du  roi  en  son  conseil  d'Etal  (26 
août  1585). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  en  forme  de  cartouche,  au  pal  de  vair.  Cou- 
ronne de  comte.  Bordure  de  perles. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n«*  4i  et 
43). 

N°  199.  -  PÉRUSSE  DES  CARS  (N...,  épouse  de 
N.  de)  (vers  1670). 

Cachet  ovale  (21"*"*  environ  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  signée 
«  Votre...  servante,  Des  Cars  »  et  adressée  au  sieur  de  Loménie, 
notaire  royal  à  Montcut  (sans  date). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Deux  écussons  accolés  :  celui  de  dextre  aux  armes  de 
Pérusse;  celui  de  sénestre  coupé  d'un  trait,  parti  de  quatre 
(huit  quartiers)  :  au  4,  à  trois  tourteaux,  2  et  1;  au  2,  indistinct; 
au  3,  au  bâton  péri  en  barre,  accompagné  de  trois  fleurs  de  lys, 
2  et  1  ;  au  4,  à  un  lion;  au  5,  à  une  bande  échiquetée  (?),  accom- 
pagnée de  trois  fleurs  de  lys,  2  et  1  ;  au  6,  à  un  lion  ;  au  7,  indis- 
tinct; au  8,  un  échiqueté.  Couronne  ducale. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 


{{)  Fils  de  François  de  Pérusse,  comte  des  Cars,  et  de  Claudine  de  Bauf- 
fremont  ;  comte  des  Cars  et  de  Beaufort,  seigneur  de  La  Roche-l*  abeille, 
Nexon,  Savignac,  Ladiguac,  Chftleau-Chervix,  etc.  ;  chevalier  de  Tordre, 
conseiller  du  roi  en  ses  conseils  d'Etat  et  privé;  marié  :  \^  par  contrat  du 
17  lévrier  1594,  à  Louise  Lcjay,  dame  de  Boissequin,  fille  de  Jean  Lejay  et 
veuve  de  Georges  de  Villequier;  V*  en  1604,  à  Yolande  de  Llvron,  fille 
d*Evard  de  Livron  et  de  Gabrielle  de  Bassompierre,  morte  le  29  juillet 
1607;  3o  par  contrat  du  S8  novembre  1608  à  Olympe  Green  de  Saint- 
Marsault,  fille  de  Jean  Green  de  Saint-Marsaalt,  seigneur  de  Haillancy,  et 
de  Françoise  de  Sainte-Maure,  et  veuve  d'Isaac  de  Salignac,  morte  en 
février  1634. 


PL  VU. 


SIGtlXOOtAFHlB   DU   DéPA«TEMRIfT  DE   LA   HAUTG-TISNNE.  499 

N«  200.  —  PÊRUSSE  DES  CARS  (Isabeau  de)  (1), 
veuve  de  Pi.ayiiiond  de  Lasteyrie  du  Saillant  (xvii'' 
siècle). 

Cachet  ovale  (19""  sur  15),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  Sail- 
lant »  (2)  (sans  date). 

Pas  de  légende 

Dessin.  —  Ecusson  parti  :  au  1,  de  Lasteyrie  (coupé  :  au  1,  à 
une  aigle  ;  au  3,  à  un  lambel)  (3)  ;  au  2,  de  Pérusse.  Couronne  de 
comte.  Cordelière  de  veuve. 

(Archives  de  M.  le  marquis  de  Cosnac.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N\201.  —  PÊRUSSE  (Louis-Prançois  de)  (4),  mar- 
quis defihCars. 

Cachet  ovale  (18"*"  sur  15),  plaqué  sur  une  ordonnance  rendue 
par  le  marquis  des  Cars,  gouverneur  du  Limousin,  au  bas  d'une 
plainte  présentée  par  M.  de  Félelz  contre  des  indi>idus  qui  Tavaient 
insulté  (Saint-Bonnet,  16  octobre  1718). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  — -  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes.  Couronne 
de  marquis. 

(Archives  départementales  de  la  Corrèze.  —  Communiqué  par 
M.  Vayssière). 


(«)  Fille  de  Léonard  de  Pérusse,  comle  des  Cars,  cl  d'Adrierine  de  Bour- 
detlle  ;  mariée  en  4629  à  Raymond  de  Lasteyrie  du  Saillant,  vicomte  de 
Comborn,  fils  de  Jean  de  Lasteyrie  du  Saillant  et  de  Marie  de  Proubet. 

(i)  Bien  que  la  lettre  n'émane  pas  d'Isabcau  de  Pérusse,  l*attribulion  du 
cachet  ne  saurait  faire  doute. 

(3)  Coupé  de  sable,  à  Taigle  d'or,  et  d'argent,  au  lambel  de  gueules  à 
trois  pendants  mouvants  du  cbef. 

(4)  Né  en  «688  ;  fils  de  François  111,  comte  dos  Cars,  seigneur  de  Satnl- 
Boonet,  Saint- Ybard,  La  Roche-rAbeille,  La  Renaudie  et  Pranzac,  et  de 
Marie  de  Redon  de  Salm  ;  lieutenant-général  au  gouvernement  du  Haut 
et  Bas-Limousin  ;  marié,  par  coùtral  du  6  octobre  1708,  à  Marie-Françoi«e- 
Yictoire  de  Verthamon,  tille  de  François  de  Verthamon  et  de  Marie-Anne 
de  Goury  ;  mort  le  tO  juin  175i. 

T.  xxxviu.  9 


130  SOCI^^   ARCBioiOGIQOE  ET   HISTORIQUR  DD  UMOUSIN. 

N^  202.  —  PÊRUSSE  DES  CARS  (Marie- Anne  de)  {i), 
épouse   de    Jacques-François-de- Sales   d'Hautefort. 

Cachet  rond  (lO""),  plaqué  sur  un  brevet  conférant  au  sieur 
Dufaure  la  charge  de  procureur  d'office  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Chamans  (9  avril  1740). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés;  celui 
de  dextre  aux  armes  d'Hautefort  (d'or,  à  trois  forces  de  sable,  2  et 
1)  ;  celui  de  séneslre  aux  armes  de  Pérusse.  Couronne  de  marquis. 

(Archives  départementales  de  la  Corrèze,  B,  liasse  1^07). 

N«  203.  —  PÊRUSSE  DES  CARS  (Marie-Anne 
de)  (3),  abbesse  de  Sainte-Croix  de  Poitiers. 

Cachet  ovale  (22""  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Nexon 
(30  juin  4774). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —Sur  un  cartouche  orné  de  guirlandes,  écusson  en 
losange,  aux  armes.  Couronne  ducale  cimée  d'une  crosse. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

Voir  figure  40. 

N<*204.  —  PÉRUSSE  DES  GARS  (3)  (Gaultier  de)  (4), 
seig^nenr  de  La  Vauguyon  (S). 


(1)  Fille  de  Charles- François  de  Pérusse  des  Cars  et  de  Françoise  de  La 
Fond-de- Saint- Projet;  mariée  le  27  février  1729  à  Jacques-François-de- 
Sales  d'Haulefort,  marquis  de  Saint-Chamans,  fils  de  Charles-Nicolas 
d*Hauteforl  et  d^Elisabeth  de  Creil. 

(2)  Née  en  maUTU  ;  fille  de  Louis-François  de  Pérusse,  comle  des  Cars, 
et  de  Marie-Françoise- Victoire  de  Verthamon  ;  religieuse  à  Sainl-Ausone 
d'Angoulôme  le  ^t  juin  473i,  puis  abbcsse  de- Sainte-Croix  de  Poitiers. 

(3)  Ce  numéro  et  les  suivants  se  rapportent  à  la  branche  de  La  Yau- 
£^uyon. 

(i)  Fils  d*Audoin  IV  de  Pérusse  des  Gars  et  d'Hélène  de  Roquefeuil; 
conseiller  et  chambellan  du  roi  Charles  VIII  ;  sénéchal  du  Périgord  et  de 
la  Marche,  premier  chambellan  du  duc  de  Bourbon  ;  marié,  par  contrat  du 
13  décembre  U98,  à  Marie  de  Montberon,  fille  de  Louis  de  Moniberon,  sei: 
gneur  de  Fontainc-Chalendray,  et  de  Radegonde  de  Rochechouart-Norte- 
marl. 

(5)  Aujourd'hui  commune  de  Maison  nais,  canton  de  Saint-Mathieu,  ar- 
rondissement de  Rochechouarl. 


SIOILLOORAPHIB   DU   DÊPARTENKNT   DK  LA   HAUTE-VIBNNE.  131 

Sceau  rond  (33™"),  appendu  à  une  quittance  donnée  par  Gaul- 
tier des  Cars,  seigneur  de  La  Vaulguyon,  de  Varaigne,  de  La 
Gonssière,  baron  de  Saint-Germain,  conseiller  et  chambellan  du 
Roi  (27  juin  1810). 

Légende  illisible. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes  (de  gueules  à  un  pal  de  vair), 
surmonté  d'une  banderole. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n®  8). 

N<»  205.  ^  PÊHUSSE  DES  GABS  (François  de)  (1). 

Sceau  rond  (32™),  appendu  à  une  quittance  de  gages  de  l'office 
de  capitaine  (17  mars  1523). 

Ugende.  —  FRANÇOIS  DESQUARS,  SEIGNEUR  DE  LA  VAU- 
GUION. 

Dessin.  —  Ecu  portant  un  pal  de  vair  à  la  bordure  engrélée 
(d'argent),  qui  est  de  Pérusse  des  Cars  de  la  branche  de  La  Vau- 
guyon. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  1. 159,  f  4425). 

N«  206.  —  PÉRUSSE  DES  GARS  (Jean  de)  (2). 

Sceau  rond  (21"^"^),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 


(1)  Fils  de  Gautier  de  Pérusse  des  Cars  et  de  Marie  de  Montheron  ;  il  est 
dénommé  dans  Pacte  «  baron  de  Saint-Germain,  seigneur  de  La  Vau- 
guyon  et  de  Carency,  sénéchal  de  Bourbonnais»  capitaine  de  \ingtrcinq 
lances  »  ;  il  fut,  en  outre,  conseiller  et  chambellan  du  roi  François  1*>' 
(4531),  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  chevalier  d'honneur  et  premier 
écuyer  de  la  reine  Eléonore  d'Autriche,  maréchal  et  sénéchal  de  Bour- 
bonnais, lieutenant-général  et  commandant  pour  le  Roi  es  pays  de  Lyon- 
nais, Dauphiné,  Savoie  et  Piémont;  marié,  par  contrat  du  2S  février  1546, 
àlsabeau  de  Bourbon,  princesse  de  Carency,  fille  de  Charles  de  Bourbon, 
prince  de  Carency,  et  de  Catherine  d'Alègre  ;  mort  en  15S0. 

(2)  Fils  de  François  de  Pérusse  des  Cars,  seigneur  de  La  Vauguyon,  et  d'Isa- 
beau  deBourbon,  princesse  de  Carency;  prince  de  Carency,  comte  de  La  Vau- 
guyon,  seigneur  de  Varaigne,  Aixe,  Abret,  Vendat,  Saint-  Germain  en  Basse- 
Marche,  Confolens,  Loubert  et  Brillac,  capitaine  de  cent  hpmmes  d'armes, 
lieutenant-générai  des  armées  du  roi  en  Bretagne,  maréchal  et  sénéchal 
du  Bourbonnais,  conseiller  et  chambellan  du  roi  ;  chevaHer  de  l'ordre  de 
Saint-Michel  (avant  août  1559);  chevalier  du  Saint-Esprit  le  31  décembre 
U78;  marié  par  contrat  du  i"  octobre  4591  ^  Anne  de  Ciermoni,  fille 
d'Antoine  comte  de  Clermont  et  de  Tonnerre  et  d'Anne  (ou  Françoise)  de 
Poitiers;  mort  en  4595. 


139  SOClfttt.   ARCtfÉOLOGIQiyE   ^  tlldtOIlIQt}^   DO   LtfKOC^lN. 

par  J^an  des  Cars,  cheyàlier,  lieutenant  de  4a  compagnie  du  prince 
de  Salerne  (S8  janvier  18116,  n.  st.). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  en  cartouche  écartelé  :  aux  1  et  4,  a\i  pal  de  vair, 
à  la  bordure  engrôlée,  qui  est  de  Pérusse  de  La  Vauguyoti,  an  2  et 
3,  à  trois  Beui^  de  ÎJrs,  à  eue  bannie  (d'atur,  à  trois  fteurs  de  lys 
d'or,  au  bâton  de  gueules  péri  en  bande,  chargé  de  trois  lionceaux 
d'argent,  qui  est  de  Bourbon-Vendôme). 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  1S9,  f.  4429). 

N""  207.  ^  Le  même,  sieur  de  La  Vaug^yôn. 

Sceau  rond  (45'"'°},  appendu  à  une  quittance  de  gages  de  l'office 
de  capitaine  (15  décembre  1SS8)  ^1). 

Ugende,  -  lEHAN  DES  ...R  DE  LA  VAVGVYON. 

fJeayi  des  [Cars],  seigneur  de  ïm  Vaugm/onJ. 

Dessin,  —  Ecu  en  cartouche  écartelé  aux  mêmes  armes  que  le 
précédent. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 159,  f  4431). 

N*»  208.  —  Le  même. 

Signet  ovale  (25""*  sur  20),  plaqué  sur  une  quittance  donnée  au 
trésorier  des  guerres  par  N.  (le  prénom  en  blanc)  des  Cars,  sieur 
de  La  Vauguyon,  chevalier  de  l'ordre,  capitaine  de  trente  lances 
(25  janvier  1562). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  à  un  pal  de  vair,  entouré  du  collier  de 
Tordre  de  Saint-Michel,  ©ordure  de  grenetis  entre  deux  filets. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n°  14). 

N"  209.  —  Le  même. 

Signet  ovale  (24"™  sur  18),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par 


(i)  Autre  exemplaire  apposé  sur  une  quittance  donnée  au -trésorier  <les 
guerres  par  N.  (le  nom  en  blanc)  des  Cars,  sieur  de  La  Vauguyon,  cheva- 
lier de  Tordre,  capitaine  de  cinquante  lances  (2.)  aoOl  (659).  (Bibliothè- 
que nationale,  tnss.  Pièces  originales,  Escars,  n<*  1 1).  —  Sur  la  plupart  des 
quittances,  le  nom  est  écrit  DeBoara  en  un  seul  mot,  sans  apostrophe  et 
sans  majuscules.  Même  observation  pour  les  signatures.  —  Le  nom  de 
Pérusse  n'est  que  très  rarement  mentionné. 


SlGl|.VOGRAl^q,IE   ^U    DÉTARTÇMBNT   DK  U  HAUTE-VIENNE.  i33 

François  (i)  clés  Cars,  siaur  de  La  VauguyoD,  capil^oe  de  cin- 
quaCLle  l^ces,  chevalier  de  Tordre  (3  octobre  1865). 

Pas  de  légende. 

Des8i$fr.  —  Eçu  droit  écartelé  de  PérusBC  et  de  Bourbon-Ven- 
dôme, entouré  du  coUier  de  Tordre  de  S^nt-MiCtltel.  BArdure  de 
fUet^. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,n»20). 

N»  210.  —  Le  MÊME. 

Signet  ovale  (27""*  sur  19),  apposé  sur  deux  quittances  données 
au  trésorier  des  guerres  par  Jehan  des  Cars,  seigneur  ée  La  Vau- 
guyon,  prince  de  Carency,  chevalier  de  Tordre,  conseiller  du  roi 
en  son  privé  conseil,  capitaine  de  cinquante  lances(8  novembre  1870, 
29iuilleH877). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  écartelé  de  Pérusse  et  de  Bourbon-Vendôme, 
entouré  du  collier  de  Tordre  de  Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n"  30 
et  8«). 

N'  211.  —  Le  même. 

Signet  ovale  (22™"'  sur  17),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par 
Jean  des  Cars,  sieur  de  La  Vauguyon,  prince  de  Gareqcy,  cheva- 
lier de  Tordre,  conseiller  du  roi  en  son  conseil  d'Etat  (4  décembre 
1583). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  écartelé  de  Parusse  et  de  Bourbon-Vendôme, 
entouré  du  double  collier  des  ordres  de  Saint-Michel  et  du  Saint- 
Esprit.  Couronne  de  marquis.  Bordure  de  filets. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n'  42). 

N«  212.  —  PÉRUSSE  DES  GARS  (Claude  de)  (2), 
sieur  de  La  Vauguyon. 


(1)  Il  doit  y  avoir  erreur  dans  le  prénom,  car  les  généalogies  ne 
donnent,  pour  la  branche  de  La  Vauguyon,  qu*un  seul  François  (celui  qui 
épousa  habeau  de  Bourbon,  princesse  àeCareney),  lequel  mqurul  en  1550. 
—  Le  cachet  ci-dessus  nous  paraît  se  rapporter  comme  les  précédents,  à 
son  fils  Jean  des  Cars 

(3)  Fils  de  Jean  de  Férus&e  des  Cars,  comte  de  La  Vauguyop,  prince  de 
Carency,  et  d'Anne  de  Clermonf,  gentilhomme  ordinaire  de  \^  chi^mbre; 
mort  le  6  mars  1586, 


134  SOCliTft  ARCHiOLOGlQUK   IBT   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIK. 

Signet  ovale  (22"»"  sur  17),  apposé  sur  une  quitance  donnée  par 
Claude  des  Cars,  sieur  de  La  Vauguyon,  le  jeune  (1"  octobre  1578). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  en  forme  de  cartouche,  au  pal  de  vair,  en- 
touré du  collier  de  Tordre.  Couronne  de  marquis. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n""  38). 

N'  213.  —  PÉRUSSE  DES  GARS  (1)  (Jacques  de)  (2), 
sieur  de  Merville. 

Sceau  ovale  (23»"  sur  20),  plaqué  sur  une  quittance  du  !•'  avril 
1567. 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  au  pal  de  vair.  Bordure  de  grenetis. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n«  22). 

N*  214.  —  Le  même. 

Sceau  ovale  (29""  sur  26),  plaqué  sur  une  quittance  du  10  avril 
1568. 

Pas  de  légende. 

Dessin.—  Ecu  droit  au  pal  de  vair.  Un  fleuron  au-dessus  del'écu. 
Bordure  d'or  entre  deux  bordures  de  filets. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n""  26). 

N*  215.  —Le  même. 

Signet  ovale  (28""  sur  18),  plaqué  sur  une  quittance  du  18  sep- 
tembre 1586. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  écartelé  :  aux  1  et  4,  de  Pérusse  ;  aux 
2  et  3,  à  une  croix  cléchée  et  pommetée.  Collier  de  Tordre  de  Saint- 
Michel.  Bordure  de  filets. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Escars,  n*  44). 


(1)  Ce  sceau  et  les  suivants  se  rapportent  à  la  branche  de  Bferville. 

(9)  Fils  de  Jacques  de  Pérusse,  seigneur  des  Cars,  et  d'Anne  Jourdaio 
de  risle,  dame  de  Mervilte;  geutilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du 
grand-sénéchal  de  Guyenne,  chevalier  de  Tordre  ;  marié  :  1<»  k  Catherine 
de  Bérault,  fille  de  Fronton  de  Bérault  et  d'Aone  de  la  Borie;  2^  à  Jeanne 
d'Attbusson. 


SIGILLOGKAPHIE   DU    DÉPARTI- MENT    DE    LA   HAUTE-VIEKNE.  435 

N*  216.  —  PÉRUSSE  DES  GARS  (Charles-Fran- 
çois de)  (1\  marquis  de  Merville. 

Cachet  ovale  (20""  sur  17),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  le 
marquis  de  Merville  »  et  adressée  à  M.  de  Montvert,  à  GouUes  (La 
Roquebrou,  27  janvier  1697). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  écartelé  :  aux  1  et  4,  de  Bourbon-Vendôme 
(d'azur,  à  'trois  fleurs  de  lys  d'or,  au  bâton  de  gueules  péri  en 
bande,  chargé  de  trois  lions  léopardés  d'argent)  ;  aux  2  et  3,  parti 
de  Montai  (2)  (^d'azur,  à  trois  coquilles  d'argent,  au  chef  d'or)  et 

de (de  gueules,  à  la  croix  pommelée  d'hermines);  sur  le  tout, 

Pérusse  (les  émaux  ne  sont  pas  indiqués  sur  le  cachet).  Couronne 
de  marquis.  L'écu  accosté  de  deux  palmettes. 

(Communiqué  par  M.  l'abbé  Poulbrièrej. 

N«  217.  -  PÉRUSSE  DES  GARS  (Joseph-Bona- 
venture-Polyoarpe  de)  (3),  marquis  de  Merville. 

Cachet  ovale  (20"°  sur  48),  plaqué  sur  une  lettre  de  M""'  des 
Cars  à  M.  de  Saint-Mûr,  à  Tulle  (22  septembre  1783). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales,  accolés  : 
celui  de  dexlre  aux  armes  de  Pérusse  ;  celui  de  sénestre  de  gueules, 
à  la  fasce  d'argent,  qui  est  de  Lastic.  Couronne  de  marquis. 

(Archives  de  M.  Clément-Simon,  au  château  de  Bach,  près 
Tulle). 


(1)  Fils  de  Charles  II  des  Cars,  marquis  de  .Merville,  et  de  Charlolte- 
Françoise  Braneau,  dame  de  La  Rabastelière  ;  marquis  de  Merville,  b^ron 
de  Monlal  et  de  La  Roquebrou;  marié  le  7  mai  1696  à  Françoise  de  La 
Font-de-Jean,  fille  de  Fabien  de  la  Font-de-Jean,  marquis  de  Sainl-Projel, 
el  de  Françoise  de  Rilhac;  mort  le  t^  janvier  1707. 

(2)  En  mémoire  de  l'alliance  d'autre  François  de  Pérusse  des  Cars  avec 
Rose  de  Monlal  (1595). 

(3)  Né  le  18  octobre  1703;  fils  de  Charles-François  de  Pérusse  des  Cars, 
marqais  de  Merville,  el  de  Françoise  de  La  Font  de-Jean;  marquis  do 
Merville,  de  Monlal  et  de  La  Roquebrou,  baron  de  Carbonnières  et  de 
Saint-Jean 'de- Lespi  nasse;  marié,  le  11  novembre  1723,  à  Elisabeth  de 
Lasitc,  fille  de  François  de  Lastic,  marquis  de  Sieujac,  et  de  Marie  de  La 
Hoche- Ay  mou. 


436  SOCIÉTÉ  ARenÉOLOtiiQUS   ET  HISTORIQUE  DU   UMOUSIlf. 

N«  218.  —  PIERRCBUFFIÈRE  (1)  (Pierre,  sei- 
gneur de)  [i),  damoiseau  (xiii*  ou  xiv'  siècle). 

Scesu  rood  (45"").  Matrice  plate,  munie  d'un  anneau. 
Ugende,  —  f  S  :  P  :  DNI  :  DE  PETRA  BVFERIA  DOttlS- 
SELLI. 
fSigillum  Pétri,  domini  de  Petra-Buferia,  domù- 
selHJ. 
Dessin.  —  Dans  le  champ,  un  écu  ogival  portant  un  lion  ram- 
pant (de  sable,  au  lion  d'or),  au  milieu  d'un  orle  quadrilobé  très 
saillant. 

(Comte  DE  SouLTRAiT,  Notice  sur  les  sceaux  du  cabinet  de 
M^  Feàvrcy  de  Mdcon,  p.  77). 

N°  219.  —  PIERREBUPFIÈRE  (Jean,  sire  de)  (3). 

Sceau  rond,  afvpendu  à  une  quittance  de  870  1.  18  s.  9  d.,  mon- 
tant de  sa  rançon,  payée  par  le  roi  (18  mai  1355). 

Ugende.  -  S  lE...  SIRE  DE  PIERRE  BVHERE. 
fSeel  Jehan,  sire  de  Pierre-BufièreJ, 

Dessin.  —  Ecu  à  un  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  coaronné 
et  cime  d'un  vol,  sur  champ  réticulé. 

(Bibliolhëque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  85,  ^  6729). 

Voir  figure  41. 

N""  220.  —  Le  même. 

Sceau  rond,  appendu  à  une  charte  du  5  juin  1367  (4). 

Légende  ffj. 

Dessin,  —  Un  chevalier  armé  de  toutes  pièces,  galopant  à  sénes- 
tre,  tenant  un  bouclier  à  un  lion. 

(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  f  389). 


(1)  Aujourd*hai  chef-lieu  decanlon,  arrondissemeni  de  Limoges. 

(2)  Probablement  Pierre  11,  fils  d'Audoin  de  Pierreburtière  et  d'Aoos, 
marié  en  1272  à  Aigline  de  Gordon. 

(3)  Fils  de  Guy  de  PierrebufHère  et  de  Guicharde  de  Lusignan;  marié  à 
Gilienne  de  Monlmorillon. 

(f)  Dans  celte  charte,  Jean  de  Pierrebuffière  est  qualifié  de  seigneur  de 
Châteauncuf  (aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges.) 


SIGILLOGRAPHIE   DU   »ÉPARTElil£Nr  •«  LA   HAUTE-VIBNNK.  ^37 

N»  221.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (Sd»""),  appendu  à  une  qaittan<^e  de  huit  arbalètes,  à 
deux  pieds  et  de  quatre  à  uq  pied  pour  les  forteresses  du  roi  eu 
Limousin  (17  avril  1371). 

Ugende.  — PEREBVFIERE. 

Dessin.  —  Ecu  à  un  lion. 

(BiMiolhèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  85,  P  6731). 

Voir  figure  42. 

N*»  222.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (28*^),  appendu  à  une  quittance  à  valoir  sur  3,000 
francs  d'or  donnés  par  le  roi  (21  juin  1372J. 

Ugende,  -S'  lEHAN  SIRE  DE  PL...BVFIERE 
fSeel  Jehan,  sire  de  PierreèufièreJ. 

Dessin.  —  Ecu  à  un  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime 
d'un  vol,  sur  champ  réticulé. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  85,  P  6734). 

Voir  figure  43. 

N»  223  -  PIERREBUFFIÈRE  (Louis  de)  (1), 
chevalier. 

Sceau  rond  (22""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Guyenne)  (Montignac,  26  janvier  1408,  n.  st.). 
Légende.  -  S  LOUYS    DE    PIEREBUFIERE. 

;  Scel  Louis  de  PierrebuflèreJ. 
Dessin.  —  Ecu  à  un  lion,  suspendu  au  cou  d'un  aigle. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  85,  f°  6731). 

Voir  figure  44. 

N*  224.  —  PONTVILLE  (Jean  de)  (2),  vioomte  de 
Hochechouart  (3). 


(i)  Fils  de  Jean  de  Pierrebut6ère  et  de  Galienne  de  Monlmorillon  ; 
marié  à  Arcende  de  Mirabei,  fille  d* Hugues  de  Mirabel  et  d'Alix  de  Haie- 
mort. 

(S)  Conseiller  et  chambellan  du  roi,  sénéchal  de  Saintouge  le  4  lévrier 
1481,  capitaine  du  château  de  Sainl-Jean-d*Ange(y  ;  marié,  par  contrat  du 
21  août  1740,  à  Anne,  vicomtesse  de  Rochecbouart,  fille  do  Foucaud,  vi- 
comte de  Rochechouart,  seigneur  de  Tonnay-Charenie,  et  d'Isabelle  de 
Surgères;  subsliuié  aux  nom  et  armes  de  Rochechouart. 

(3)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  l'arrondissement  de  Rochechouart. 


138  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIR. 

Sceau  rond  (36""),  appendu  à  un  récépissé  déliTré  par  Jean 
vicomte  de  Rochechouart  et  de  Bruylais,  seigneur  de  Tonnay- 
Gharente,  de  lettres  royaux  autorisant  Héliot  Richard  à  acheter 
cent  tonneaux  de  froment  avec  exemption  de  droit  (Amboise, 
2S  août  1489). 

Légende  fruste. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  (d^argent  et  de  gueules)  de  six  pièces, 
qui  est  de  Rochechouart,  penché,  timbré  d*un  heaume  cime  de  ...., 
supporté  par  deux  sauvages. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  1. 192,  f-  7485). 

N»  225— PONTVIL.LE-ROGHEGH0UART (Claude 
de}  (1),  vicomte  de  Rochechouart. 

Sceau  rond  (28"'°'),  appendu  à  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Claude  de  Rochechouart,  enseigne  de  quarante  lances  (28  octo- 
bre 1153). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  à  une  bordure. 
(Bibliothèque  nationale,  mss,  Glairambault,  t.  192,  f  7503). 

N*  226.    -    PONTVILLE- ROCHECHOUART    (N. 

de)  (2). 

Gachet  ovale  (20""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  du  sieur  Gou- 
neau,  receveur  du  vicomte  de  Rochechouart,  au  sujet  de  Thom- 
mage  de  la  terre  de  Gognac  appartenant  à  M.  de  Nexon  (Roche- 
chouart, 5  juillet  1777). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  mômes  armes. 
Gouronne  ducale. 


(1)  Fils  de  François  de  Ponlvilie-Rochechouart,  vicomte  de  Rochechouart 
et  de  Jacquetie  de  La  Rochefoucauld;  mari6  à  Blanche  de  Tournon,  fille  de 
Just,  seigneur  de  Tournon,  et  de  Jeanne  de  Rissac. 

(î)  Probablement  Louis-Françoîs-Marie-Honorine  de  Rochechouart, 
vicomte  de  Rochechouart-Poniville,  (ils  de  François  {alias  Bertrand)  de 
Rochechouart,  vicomte  do  Rochechouart-Pontville,  et  de  Xainte-Hélène 
Gesiin;  marié  le  93  juin  1 757  à  Marie-Victoire  Boucher,  fille  de  Jean- 
Baptiste-Jacques  Boucher  et  de  Marguerite- Menriette  de  La  Roche. 


WCILtOOKAPBIK  DO  I»*P*«TIIIE«T  DK  t»  HAUTErV.KNSE.  «39 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  -  Communiqué  par 
M.  Ghampeval). 

N«  227.  -  RATIER  (Abon).  seigneur  de  Montro- 
cher  (1). 

Sceau  rond  (33~),  appendu  à  une  donation  à  l'abbaye  de  Grand- 
mont  (1232). 

D^^-Un  droit  échiqueté.  au  chef  chargé  d'un  lambel  de 

'^"(îrapîèrinrnote  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Bibliothè- 
que naUonale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17188,  P  389). 

N*  228.  —  Le  hêhe. 

Sceau  carré  (?)  (39-»),  appendu  à  une  charte  de  mars  1234. 

Ugende.  —  SIGILLVM.  RAT 

fSigilhm  Raterii J-  ,     ^,, 

Demn.  -  Ecu  droit  échiqueté,  au  chef  chargé  d'un  lambel  de 

cinq  pendants. 

CONTRE-SCEAC. 

Carré  (?),  de  39»-. 

Légende  ffj.  ,        ,  , 

Detsin.    -  Un  chevalier  armé  de  toutes  pièces,  galopant  a 

séDBstrc* 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque naUonale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  P  364). 

N»  229.  -  RATIER  DE  MONTROCHER(N.). 

Sceau  rond    (18»-),    appendu   à  une  quittance  donnée  par 
Ratier  (2)  de  Monlrocher  pour  lui  et  douze  écuyers  de  sa  Compa- 


ct) Aujourd'hui  commune  de  MontroUScnard,  canton  de  Mézières, 
arrondissement  de  Bellac. 

(9)  Le  prénom  n'étant  pas  indiqué,  on  pourrait  croire  que  Ralier  éitit 
on  prénom,  mais  le  contraire  semble  prouvé  par  les  deux  articles  précé- 
dents. 


liO  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0I.OSiQUS  Wf  W&T^ElQljE   DU  LI||OV$|M. 

gnie  sous  te  coAimandemeQi  d'  «  Arno^)  d'Odehao,  (Audrcbem,, 
maréchal  de  France,  capitaine  commandanl  pour  ledict  sei^Beur 
(le  roi)  es  païs  de  Poitou, Xaintonge,  Limosin,  Angoumois  el  Pregort  »> 
(SainUJuoieo-du-Vigier,  9  février  13S1). 

Ugende.  — ROCHIER. 

f MontrochierJ, 

Dessin.  —  Ecu  à  un  lion,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime 
d'une  tête  de[serpent  ou  d'oiseau. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Moûtrocher). 

N^  230.  —  ReATIER(N.),  seigneur  de  WfontroQher  et 
de  Nieul  (1). 

Fragment  d'un  sceau  rond  (27"»"  environ),  appendu  à  un  acte 
portant  main-levée  d'une  saisie  (21  janvier  1367,  n.  st.). 

Légmde.  —  ...  DE  MO  ... 

f,..  de  Montrocher...J 

Dessin.  —  Ecu  à  un  lion  (?),  à  la  bordure  besantée. 
(Archives  départeroefttales  de  la  H^ule-VienBe,  Chapitre,  Masse 
8778). 

Voir  figure  45. 

N""  231.  —  REZÈS  (2)  (Guillaume  de),  chevalier. 

Sceau  rond  (48""),  appendu  à  une  charte  du  15  des.caleaées 
d'avril  (18  mars  1272). 

Légende.  -^  f  S'  W...  DE  :  REZES  :  MIIJTIS  : 
fSigillum  Willelmi  de  Rezès,  miHtisJ. 

Dessin.  —  Ecu  droit  à  cinq  pals,  au  chef  chargé  de  trois  anne- 
lets  (3). 

(D'après  une  note  et  un  dessin  du  recueil  Gaigoières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17118,  P  353). 


(4)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 

(3)  Aujourd'hui  Razès,  commune  de  ce  nom,  canton  de  Dessines,  drroo* 
dissement  de  Bellac. 

(â)  Paie  d'argent  et  de  gueules  de  cinq  pilles,  au  chef  d*or.  (Nadaud, 
Nobiliaire,  t.  iV,  p.  <3). 


SlGILLOOf^APHie   00   DÉPARTneNT   DR   LA   H\UTR-VIENNe.  IH 

232.  -  RIQUETTI  (Victor  de)  (1),  marquis  de  Mi- 
raheau. 

Cadïèt  ovale  (25""*  sor  20),  apposé  sur  une  lettre  par  laqtrelle 
Viclor  de  Riquetti,  marquis  de  Mirabeau,  comte  de  Beaumemi, 
grand'croix  de  Tordre  de  Vasa,  donne  pouvoir  à  M.  Cousin,  pro- 
cureur ès-sièges  royaux  de  Limoges,  d'être  présent  au  procès- 
verbal  d'estimation  des  augmentations  et  améliorations  par  lui 
faites  dans  la  terre  de  Chéronoac  (2),  ordonné  par  arrêt  du  Parie- 
noient  du  26  mars  4783,  nommer  expert,  etc.  (Paris,  1"'  septem- 
tembre  1783). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale,  d'azur  à  la  bande  d'or  accompagné  en 
chef  d'une  demi-Heur-de-lys  de  Florence,  défaillante  à  droite,  du 
même  et  en  pointe  de  trois  roses  d'argent  posées  en  bande.  Croix 
de  Malte  et  chapelet.  Couronne  de  marquis.  Au-dessus,  une  ban- 
derole portant  la  devise  :  Dibu  et  Patrie. 

(Etude  de  M*  Paul  Massénal,  notaire  à  Brive). 

Voir  figure  46. 

N^  233   -  ROCHECHOUART(3)(Aimery  VlIIde)  (4). 

Fragrtieint  de  sceau  rond  (60™"' environ),  appendu  à  une  charte 
de  Hemerictis  de  Rupe  Choardi,  junior,  qui  promet  à  Alphonse, 


(I)  Fils  de  François-Anioine  de  Riquetti,  marquis  de  Mirabeau,  et  de 
Françoise  de  Castellane;  capitaine  dans  lo  ri^gimcnt  de  son  porc,  ctie- 
valier  de  Saint-Louis,  auteur  de  VAmL  des  hommes  ;  marié  le  H  mars  1*743 
à  Marie-Geneviève  de  Vassan,  fille  de  Charles  marquis  de  Vassan  et 
d'Anne-Thérèse  de  Forrières,  marquise  de  Sauvcboeuf,  baronne  de  Pierre- 
huffière;  il  devînt,  du  chef  de  sa  femme,  possesseur  de  la  sei^curle 
de  l'ierrcbuffière,  qui  lui  fut  retirée  par  suite  de  la  séparation  de  corps  et 
de  biens  intervenue  entre  sa  femme  et  lui.  L'acte  sur  lequel  est  apposé 
le  cachet  ci-dessus  se  rapporte  évidemment  aux  droits  qu*il  possédait  ou 
qu'il  avait  eus  sur  la  terre  de  Chéronnac.  Le  marquis  de  Mirabeau  figure 
comme  seigneur  de  Chéronnac  dans  la  liste  des  seigneurs  du  Limousin 
(drossée  entre  HTO  et  1788),  publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de 
Brive,  t.  IV,  p.  531. 

(S)  Aujourd'hui  commune  de  Chéronnac,  canton  cl  arrondissement  de 
Rochechouart. 

(3)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  l'arrondissement  de  Rochechouart. 

(4)  Fils  d'Aimery  Vil  de  Rochechouart,  vicomte  de  Rochechouart,  et 
d'Alix  de  Mortemart;  marié  à  Marguerite  de  Limoges,  fille  de  Guy  V,  vi- 
comte de  Limoges,  et  d'Ërmengarde  ;  marié  le  25  août  Ii45. 


U%  SOCIÉTÉ  AaCHÉOLOGIQCI  ET  HISTOHIQUE  DD  LIMOUSIN* 

comte  de  Poitiers,  de  lui  rendre  à  grande  et  petite  force  le  château 
de  Pérusse  (actum  in  castris  propè  Pontes,  août  1Î44). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Type  de  chasse.  Cavalier  à  gauche,  un  oiseau  sur  le 
poing. 

RBYERS. 

Plus  rien  d'utile  de  la  légende. 

Dessin.  —  Ecu  d'un  fascé  onde  (d'argent  et  de  gueules)  de  six 
pièces,  brisé  d'un  lambel. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n®  3412). 

N<*  234.  —  ROCHECHOUART  (OuiUaume  de)  (1), 
seigneur  de  Mortemart  (2)  (1275). 

Sceau  rond. 
Ugende  ffj. 

Dessin,  —  Un  chevalier  armé  de  toutes  pièces,  galopant  à  dex- 
tre,  tenant  un  faucon  sur  sa  main  gauche. 

CONTRE-SCEAU. 

Légende  (?). 

Dessin,  —  Ecu  droit  aux  armes,  accompagné  de  deux  petits 
écussons  à  deux  pals  et  à  un  chef. 

(D'après  une  note  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.  Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17118,  f  363). 

N'   235.  —    ROCHECHOUART  (Aimery,  vicomte 

de)  (3). 

Sceau  rond,  appendu  à  une  donation  à  Tabbaye  de  Grandmont 
(le  samedi  après  la  fête  de  Sainte-Marie-Madeleine  (1282). 
Légende  (?). 


(1)  Fils  d'Aimery  VllI,  vicomte  de  Rochechouart,  seigneur  de  Morte- 
mart et  de  Pérasse,  et  de  Marguerite  de  Limoges  ;  marié  21  Marguerite  (tes 
généalogies  nMndiquent  pas  le  nom  de  famille). 

(2)  Aujourd'hui  commune  de  Mortemart,  canton  de  Nézières,  arrondis- 
sement de  Bellac. 

(3)  Probablement  Aimery  X,  vicomte  de  Rochechouart,  fils  d*Ai- 
mery  IX,  vicomte  de  Rochechouart,  et  de  Jeanne  de  Tonnay-Charenle  ; 
chevalier  banneret  ;  marié  à  Jeanne  de  Vivonne,  fille  de  Guy  (on  Guil- 
laume) de  Vivonne. 


SIOILLOOHAPRIK   DU   DRPARTEMENF  DE    Lk   HAUTB-VIBNNK.  H3 

Dessin,  —  Ecu  droit  à  trois  fasces  ondées. 
(D'après  une  noie  et  un  croquis  du  recueil  Gaignières.    Biblio- 
thèque nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17il8,  f^  362). 

N*  236.  —  ROGHEGHOUART  (Simon  de)  (1). 

Sceau  rond  (24"*"),  appendu  à  un  ordre  à  maître  Jean  d'Arras, 
son  cher  ami,  de  payer  à  Bertrand,  fils  du  seigneur  de  Varèze,  100 
sous  parisis  (Bruges,  13  février  1300). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  d'hermines  et  de...  de  six  pièces. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  f  7463). 

N»  237.  —  ROCHEGHOUART  (Foucaud  de)  (2),  évo- 
que de  Noyon. 

Sceau  ogival  (60""),  appendu  à  une  charte  relative  aux  affaires 
de  Flandre  (à  l'abbaye  de  Royal-Dieu,  3  août  1319). 

Ugende.  ~  ...  FVLC...  DEI  GRACIA  EPI.  N 

([Sigillum]  Fulconis,  Dei  gracia  episcopiNoviomensisJ. 

Dessin,  —  Sur  champ  fretlé  fleurdelysé,  un  évéque  debout,  vu 
de  face,  crosse,  mitre,  bénissant  et  accosté  de  deux  crosses.  A  ses 
pieds,  un  écu  aux  armes. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*»  6752). 

N»  238.  -  ROCHEGHOUART  (Aimery  de)  (3),  sei- 
gneur de  Mortemart. 


(1)  Filsd'Aimery  IX,  vicomte  dcRochechouarl,et  de  Jeanne  de  Toiiiiay- 
Charente;  prit  à  l'âge  de  onze  ans  l'habit  des  Frères-Prêcheurs;  sa  pro- 
fession ayant  été  annulée,  il  obtint  permission  de  se  marier  ;  il  fut  sei- 
gneur de  Sainl-Laurcnl-siir-Gorrc,  La  Coussière,  Brigueil,  Saint-Cyr, 
Compobac,  Saint- Victurnien,  Gorre,  Champagnac,  Oradour,  etc.;  cheva- 
lier, connétable  de  La  Rochelle  en  i303  ;  marié  à  Lore  de  Chabanais,  fille 
d'Aimery  et  d'AdélaTde. 

(2)  Fils  d'Aimery  IX,  vicomte  de  Rochechouart,  et  de  Jeanne  de  Ton- 
nay-Charente;  doyen  de  Bourges  en  129J,  évoque  de  Noyon  en  ni8,  ar- 
chevêque de  Bourges  en  1330;  mort  le  7  août  1343. 

(3)  Fils  de  Foucaud  de  Rochechouart,  seigneur  de  Mortemart,  et 
d*Alix  de  Honlrocher;  chevalier,  capitaine  général  de  Languedoc,  séné- 
chal de  Toulouse  et  d'Albigeois  le  26  novembre  i35f  ;  marié  à  Ayde  de 
Pierrcbuffière,  fille  de  Jean  de  Pierrebuffière  cl  d'Anne  de  GhAteauneuf  ; 
mort  le  \6  février  i363. 


f44  SOCrftTÉ   àVCBÉaLOGlQUE  ET   HlflTOIIt(^U«   DO   LtlfOtnM. 

Sceau  rond  (â8""°),  appendu  ime  quiUafioe  de  gages  (liaiiges, 
30  novembre  1349). 

Légende,  —  S  AYMERI  DE  ftO 

{Scel  Aymeri  de  RochechouartJ. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien  cou- 
rant en  abîme,  penché,  timbré  d'un  heaume  cime  d'ene  télé  de 
licorne,  sopporté  à  dexire  par  un  chien  «et  à  sénestre  par  un  lion, 
un  loup,  deux  cerfs,  un  griffon  et  un  sangli^. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  l.  492,  f^  75t8j. 

N*  239.  —  Le  même. 

Fragment  d'un  sceau  rond  appendu  à  une  quittance  donnée  par 
Aimeric  de  Rochechouart,  seigneur  de  Mortémart,  chevalier,  con- 
seiller du  roi  et  capitaine  souverain  pour  lui  en  Ltmosin  et  ville, 
et  châtellenies  du  ressort  de  Montmorillon  et  de  Brive  (i  juin 
1380). 

Légende  détruite. 

Des9m.  —  Ecn  fasoé,  enté  de  six  pièces,  penché,  timbré  d'un 
heaume,  supporté  parmi  lion  et  un  griffon. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 

N""  240.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (33""),  appendu  à  un  acte  conférant  TofiSce  de  capi- 
taine de  Montauban  à  Arnaud  de  Caraman  (Toulouse,  26  novembre 
i882). 

UgenOe,  —  S  AYMERI  D'  ROCHECHOART....  DEMORTEMAR. 
fScel  Aymeri  de  Rochechouart,  [sire  ou  seigneur]  de 
MortemarJ, 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien  (1) 
courant  en  abîme,  penché,  timbré  d'un  heaume  ciraé  d'une  tête 
de  lieorne,  sur  champ  à  compartiment,  chargé  de  fleurettes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  192,  f*  7548). 


(4)  Une  belette  de  sable,  d'après  Nadaud,  Nobiliaire»  t.  IV,  p.  h%. 


PL  VIII. 


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SIGILLOGRAPHIE  DU    DKPARTEilENT   DK   LA    ÏÎAUTE-VILNNE.  i45 

N^  241.—  ROCHCGHOUART  (Louis,  vicomte  de)  (1). 

Sceau  rond  (25""),  appendu  à  une  quittance  délivrée  au  rece- 
veur général  des  aides  (Paris,  31  mars  1375,  n.  st.). 

Ugende.  —  S'  LOYS  VICONTE  DE  ROCHECHOART. 
fScel  Loys,  viconte  de  RochechoartJ. 

Dessin.  —  Ecu  en  palette,  fascé  enté  de  six  pièces,  penché, 
timbré  d'un  heaume  couronné  et  cime  d'une  tête  de  licorne,  sup- 
porté par  deux  aigles. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  P"  7465.) 

N<>242.—  BOCHECHOUART  (Jean  de)  (2),  chevaUer. 

Sceau  rond  (25»"),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (chevau- 
chée de  Bourbourg)  (17  septembre  1383j. 

Ugende.  -  ....  N  DE  ROCHECH.... 

f...  Jehan  de  RochechouartJ. 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  penché,  timbré  d'un 
heaume  couronné  et  cime  de...,  supporté  par  deux  hommes  d'ar- 
mes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  f  7465). 

N«  243.  —  ROGHEGHOUART  (Aimery  de)  (3), 
chevalier. 


(<)  Fils  de  Jean  !«',  vicomte  de  Rochechouarl,  et  de  Jeanne  de  Sully, 
vicomte  de  Rochechouart,  seigneur  de  Tonnay-Charcnte,  Saint-Auvent, 
Brion,  Sully,  Fontainc-de-Burle,  Maupas,  Mosay,  Jars,  etc.;  chambellan  du 
roi,  capitaine  de  Limousin,  chevalier  bannerel:  marié  P  à  Marie  de  Javer- 
Ihac,  dame  dudit  lieu;  2<*  à  Marie  Vigier  ou  à  Isabeau  de  Parlhenay,  dame 
d'Aspremont,  fille  de  Guy  Larchevéque,  seigneur  de  Soubise,  et  de 
Guyonne  de  Laval -Loue. 

(î)  Fils  do  Louis,  vicomte  de  Rochechouart,  et  de  Marie  de  Javerlhac; 
vicomte  de  Rochechouart,  seigneur  de  Tonnay-Cbarenle,  etc;  chevalier 
banneret,  conseiller  et  chambellan  du  roi  ;  marié  à  Eléonore  de  Mathefe- 
lon,  fille  de  Thibaud,  seigneur  de  Malhefclon,  et  de  Béatrix  de  Dreux; 
mort  en  1438. 

(3)  Fils  d'Aimery  de  Rochechouarl,  seigneur  de  Mortcmart,  et  d'Ayde 
de  Pierrebuffière;  sénéchal  du  Limousin  en  1386;  conseiller  et  cham- 
bellan du  roi,  capitaine  général  de  Poitou  et  de  Sainlonge  le  19  dé- 
cembre <30i  ;  marié  :  <"  à  Jeanne  d*Archiac  ;  2*»  en  1381,  à  Jeanne 
d'Angle,  dame  de  Montpipeau,  veuve  de  Renaud  Chenin,  sire  de  Mause 
Biort  en  février  1397. 

10 


t'iil  SOCIÉTR   ARCnéOLOG.QUE   ET   HlSTOniQUE   DU   LtllOOSlfr. 

Sceau  rond  (33"*"),  appendu  à  une  quittance  des  gages  de 
Hugues  Tison,  chevalier  (chevauchée  de  Bourbourg)  (SS  août 
1383). 

Légende,  —  ...  MERI  ....OCHECHOUA... 
{Aytneri  [de]  RochechouartJ, 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien  cou- 
rant en  abîme,  suspendu  à  un  arbre,  portant  un  heaume  couronné 
et  cime  de...,  accompagné  à  dexlre  d'un  chien,  et  à  séneslre  d  un 
cerf,  d'un  loup,  d'un  renard  et  d'un  lion. 

(Bibliothèque  nationale,  mss..  Clairambault,  t.  106,  f"  8281), 

N"*  244.  —  Le  même,  sénéchal  du  Limousin. 

Sceau  rond  (30"^"),  appendu  à  une  quittance  des  gages  de  Gale- 
haut  de  Saint-Simon,  chevalier  (guerres  de  Guyenne)  (au  siège 
devant  Verteuil,  28  août  1385). 

Légende,  —  ....  AIM.... 

([Scel]  Aimeri,,,.) 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien  cou- 
rant en  abîme,  supporté  par  un  aigle  et  par  un  chien  coiffé  d'un 
heaume  couronné  et  cime  de... 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambaull,  1. 103,  f*»  8041) 

N°  245.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (22°"*),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guerres 
de  Guyenne)  (Tours,  2  juillet  1387). 

Ugende.  —  ..YMERI  DE  ROCHECHOV 

flScel]  Aymeri  de  RochechouartJ. 

Dessin.  —  Ecu  fascé,  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien 
courant  en  abîme,  penché,  timbré  d'un  heaume,  couronné  et  cime 
d'une  tête  de...,  supporté  par  deux  aigles. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  f«  7471. 

N*»  246.  —  ROCHECHOUART  (Geoffroi  de)  (1),  che- 
valier. 


{\)  Fils  de  Jean  II,  vicomte  de  Rochcchouart,  et  d'Eléonore  de  Mathe- 
félon;  vicomlc  de  Rochcchouart,  seigneur  de  Tonnay-Charcntc,  etc.;  che- 
valier-bachelier, chevalier-banneret  le  42  août  1443;  marié  le  84  janvier 
440Oà  Marguerite  Chemin,  fille  de  Renaud  Chemin,  seigneur  de  Mauzé, 
et  de  Jeanne  d*Angléj  et  veuve  de  Guillaume  de  Rochcchouart  ;  était  veuf 
en  U36« 


M61LL0GRAPI1IB   DU   DKPARTKMKNT    DE   LA   HAUTE-VIENNE.  t47 

Sceau  rond  (28"»),  appendu  à  une  quittance  de  gages  (guer- 
res de  Guyenne)  (4  août  1403). 

Légende.  —  ...  DE  ROCHECHOART. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  penché,  timbré  d'un 
heaume  à  lambrequins,  cime  d'une  tête  de  licorne. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambaull,  t.  96,  p.  7478). 

N^  247.  —  Lb  même,  vicomte  de  Rochechouart. 

Sceau  rond  (38™»)  appendu  à  une  quittance  de  gages  pour  ser. 
irices  de  guerre  contre  les  Anglais  (La  Rocheroucauld,  14  septembre 
4418). 

Légende,-^...  FROY  VICOTE  DE  ROCHECHOA... 
f.,,  Geoffroy,  vicomte  de  RochechoartJ, 

Dessin,  —  L'écu  est  détruit  ;  il  ne  reste  plus  que  les  supports  : 
deux  hommes  d'armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  P  7478j. 

N»  248.  —  ROCHECHOUART  (Jean  de)  (1),  seigneur 
de  Mortemart. 

Sceau  rond  (30""),  appendu  à  une  quittance  de  gages  de 
Toffice  de  capitaine  (36  septembre  1418). 

Légende  détruite. 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  penché,  timbré  d*un 
heaume  couronné  et  cime  d'une  tôte  de  licorne,  supporté  par 
deux  griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  96,  f**  7475). 

N«  249.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (36"™),  appendu  à  une  quittance  d'une  somme  à  lui 


(1)  Fils  d'Aimery  II  de  Rochcchouarl,  seigneur  de  Mortemart,  et  de 
Jeanne  d'Angle,  dame  de  Montpipeau,  veuve  de  Renaud  Cihenin,  seigneur 
de  Haute;  seigneur  de  Mortemart,  Vivonnc,  Sainl-Gcrmain,  Cercigné, 
Vouillé,  etc.;  chambellan  du  roi  et  du  dauphin,  lieutenant- général  du  roi, 
capitaine  et  gardien  du  chftlcau  du  Dorât,  chcvalier-banneret  en  1419; 
marié  :  \^  à  Jeanne  Turpin,  fille  de  Lancelot  Turpin,  seigneur  de  Vihcrs 
et  de  Crissé,  et  de  Denis  de  Montmorency  ;  î*»  à  Jeanne  de  Torsay,  fille  de 
Jean,  seigneur  de  Torsay  et  de  Marie  d'Argenlon,  et  veuve  d'André  de 
Beaumont,  seigneur  de  Bressuire;  mort  avant  1449. 


H8  SOCIÉTÉ   ARCiiéDLOiîIQUe   Kr    lilSTORlQliB   ou    LI]tOUSl5l. 

donnée  par  les  trois  Etais  de  Siintonge  (20  mars  1426,  n.  st.). 

Ugende.   —  ...  SIRE  DE  MORTEMAR. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  penché,  timbré  d'un 
heaume  couronné  et  cime  d'une  télé  de  licorne,  supporté  par  deux 
griffons. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  1. 193,  f  7361). 

N»  250.  -  ROCHEGHOUART  (Gui  de)  (1). 

Signet  octogone  (14""*),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par 
Gui  de  Rochechouart,  prieur  séculier  de  Saint-Gilles  de  Surgères, 
d'une  rente  sur  les  aumônes  du  grand  fief  d'Aunis  (20  décembre 
1424). 

Ugende.  —  G.   DE  ROCHECHOUART. 
(Guy  de  Rochechouart J. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  de  six  pièces,  à  un  lambel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Glairambault,  1. 193,  P  7557). 

N"»  251.  —  ROCHECHOUART  (Poucaud  de)  (2J, 
grand-prieur  de  France. 

Sceau  rond  (18""*),  appendu  à  une  approbation  de  bail  (1444). 
Ugende.  —  FRERE  FOUCAULT  DE  ROCHECHOART. 
Dessin.  —  Ecu  aux  armes. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  Sceaux,  n*  9901). 

N^  252.  —  ROCHECHOUART  (Charles  de)  (3). 

Sceau  rond  (34""),  appendu  à  une  quittance  donnée  par  Char- 
les de  Rochechouart,  chevalier,  baron  de  Montpipeau,  bailli  de 
Rouen,  de  ses  gages  de  commissaire  à  l'assemblée  des  trois  Etals 
de  Normandie  (6  mars  1508,  n.  st.). 

Légende,  -  CHARLES  ...OCHECHOUART. 
(Charles  [de]  Rochechouart  J, 


(I)  Fils  d*Aimcry  11  de  Rochechouart,  seigneur  de  Mortcmarl,  et  de 
Jeanne  d*Angle,  dame  de  Montpipeau  ;  archidiacre  d'Aunis,  évéqae  de 
Sainics  le  \'*  mai  14i6  ;  démissionnaire   en  4460;  vivait  encore  en  1466. 

(!)  Fils  de  Louis,  vicomte  de  Rochechouart,  et  de  Marie  Vigier;  sei- 
gneur de  Brion  ;  grand-prieur  de  France  en  H36. 

(3)  Fils  de  Jean  II  de  Rochechouart,  seigneur  do  Rochechouart,  Monlpi- 
pjau,  Vivonne,  etc.,  et  de  Marguerite  d'Ambart;  mort  sans  alliance. 


SIGILLOGRAPHIE  OU   DÉPARTKUENT    DE   LA    UAi:T(!:-VlENNE.  Md 

Dessin.  —  Ecu  portant  quatre  fasces  ondées  accompagnées  d'un 
chien  courant  en  abîme. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 193,  f*»  7871). 


N*253.  —  ROGHEGHOU ART  (Antoine  de)  (1). 

Sceau  rond  (26"*),  apposé  sur  des  quittances  données  :  1*  par 
Antoine  de  Rocbechouarl,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Amand  et 
Faudoas,  chambellan  ordinaire  du  roi,  sénéchal  de  Toulouse  et 
Albigeois  et  capitaine  du  château  de  Puycelcy  (45  juillet  1820); 
2*»  par  le  même  pour  ses  gages  (21  juin  1538)  ;  3**  par  le  même, 
chevalier,  baron  de  Saint-Amand  et  Faudoas,  conseiller  et  cham- 
bellan ordinaire  du  roi,  lieutenant-capitaine  des  capitaineries  de 
Montelle  et  Bazet  (...  juin  1541). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  dans  une  rosace.  Fleuron 
au-dessus  de  Fécu.  Bordure  de  grènetis. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n*»  39  et  61).  — La  Vlxg^E'Bxrms  (Sceaux  gascons  du  moyen-âge ^ 
!!•  partie,  p.  484). 

Voir  figure  47. 

N-  254.  —  Le  MÊME  (1524). 

Sceau  rond  (25""),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par  An- 
toine de  Rochechouart,  baron  de  Faudoas  (4  juillet  1524). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —Ecu droit  aux  armes,  sans  rosace.  Fleuron  au-dessus 
de  reçu. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n»45). 


(1)  Fils  de  François  de  Rochechouart,  seigneur  de  Champdcniers,  Ja- 
varzay,  etc.,  et  de  Blanche  d^Aumont;  sénéchal  de  Toulouse  cl  d'Albigeois, 
gouverneur  de  Lomagne  et  de  Rivière-Verdun,  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes,  chambellan  du  roi,  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Michel, 
lieutenant-général  au  gouvernement  de  Languedoc  en  1536;  marié,  par 
contrat  du  25  octobre  1547,  àCalherine  de  Faudoas  de  Barbazan,  fille  de 
Béraud  de  Faudoas  de  Barbazan,  baron  de  Faudoas,  et  de  Jeanne  de  Car- 
daillac;  mort  avant  le  16  août  1560, 


150  SOCIÉTÉ  ARCaéOLOGIQUE  ET  HISTORIQUR  DU  hlSIOUSlIf. 

N*  255.  —  Le  même. 

Signet  rond  (18""),  apposé  sur  une  quittance  de  gages  de  Tofflce 
de  capitaine  (!•'  juillet  1534). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecufascé  enté  de  six  pièces, 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  192,  f  7513), 

N«  256.  -  ROCHEGHOUART  (François  de)  (1), 

Sceau  rond  (Si"»"*),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par  Fran- 
çois de  Rochechouart,  chevalier,  seigneur  de  Champdeniers,  con- 
seiller et  chambellan  du  roi,  de  1,000  livres  prêtées  au  roi  (6  mai 
1519). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  droit  aux  armes, 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  ClairambauK,  t.  193,  f  7493). 

N*257.  —Le  MÊME. 

Signet  rond  (18°»"),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par  Fran- 
çois de  Rochechouart,  chevalier,  seigneur  de  Champdeniers  et 
Javarzay,  gouverneur  des  villes,  gouvernement  et  capitainerie  de 
La  Rochelle  (1«'  mars  1524). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  droit  aux  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«48). 


(1)  Fils  (le  François  de  Rochechonarl,  seigneur  de  Jars,  etc.,  et  d'Anne 
de  Chaunay;  premier  chambellan  du  duc  d'Orléans  le  H  octobre  1405, 
grand-maltre  des  eaux  et  forêts  du  duché  de  Valois  vers  1496,  maître 
des  eaux  et  forêts  de  Languedoc  le  6  août  1502,  sénéchal  de  Toulouse  le 
3  octobre  450i;  gouverneur  cl  lieutenant-général  du  comté  d'Asl  et  duché 
de  Gênes  en  octobre  1508,  puis  de  La  Rochelle  et  du  pays  d'Aunis  le 
f9  mars  1514;  ambassadeur  à  Venise  en  15U;  marié,  par  contrat  du 
8  mai  U77,  à  Blanche  d'Aumont,  fils  de  Jacques  seigneur  d'Aumonl  .et 
de  Catherine  d'Eslrabonne;  mort  le  4  décembre  IS3Q. 


SIQILLOGRAPRIB   DU    DEPARTEMENT   DE   LA   n/.UTB-YlENKK,  451 

No  258.  —  ROCHECHOUART  (Jean-Georges  de)  (i), 
seigneur  de  Rochechouart. 

Signet  rond  (17°^"*),  apposé  sur  des  quittances  de  gages  (26  mai 
1847,  20  juillet  1582). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  à  trois  fasces  ondées. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  192,  f»  7827).  — 
La  Plagne-Barris,  Sceaux  gascons  du  moyen-dgcy  IP  partie,  p.  488. 

Voir  figure  4B. 

N«  259.  —  Le  même. 

Signet  rond  (16""),  apposé  sur  une  quittance  de  gages  (1"  no- 
vembre 1551). 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  à  une  bordure. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 192,  f»  7831). 

N»  260.  —  ROCHECHOUART  (René  de)  (2). 

Sceau  rond  (18""),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par  René 
de  Rochechouart,  sieur  de  Champdeniers,  l'aîné  (7  juillet  1849). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  droit  aux  armes. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«  66). 

N*»  261.  —  ROCHECHOUART  (Jacques  de)  (3). 


(1)  Fils  (l*Antoine  de  Rochechouart,  seigneur  de  Champdeniers,  et  de 
Blanche  d'Aumont;  seigneur  de  Rochechouart  et  de  Plieux  ;  guidon  de 
quarante  lances  sous  les  ordres  du  comte  de  Laval,  puis  lieutenant  d'une 
compagnie  sous  les  ordres  de  M.  de  Jarnac;  marié  à  Louise  de  Mon(pezat, 
fille  de  N.  de  Montpezat,  seigneur  de  Loignac,  et  de  Louise  de  Monllczun- 
Campagne. 

(3)  Fils  de  Christophe  de  Rochecliouart,  seigneur  de  Champdeniers, 
Javarzay,  etc.,  et  de  Suzanne  de  Blezy;  baron  de  Couches  et  de  Hroignon; 
guidon  des  gendarmes  de  la  compagnie  du  baron  de  Faudoas;  mort  en 
janvier  1552. 

(3)  Fils  de  Jean-Georges  de  Rochechouart,  seigneur  de  Plieux,  et  de 
Louise  de  Monllezun-Campagne  ;  baron  de  Faudoas,  seigneur  de  Barbazan, 


152  soc|ÉrÉ  ABCoéoLooiQue  et  histobique  du  limousin. 

FragmeDt  d*ua  sceau  apposé  sur  une  quittance  donnée  par  Jac- 
ques de  Rochechouart,  porteur  de  guidon  de  la  compagnie  de 
M.  de  Chaulnes  (15  février  1557). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  droit  aux  armes,  sur  un  cartouche. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«68). 

N»  262.  —  ROCHEGHOUART  (Charles  de)(l). 

Signet  rond  (16"°),  plaqué  sur  une  quittance  de  gages  (30  avril 
1550). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  écart elé  :  aux  1  et  4,  de  Rochechouart;  aux 
2  et  3,  aune  croix. 

(La  Plàgne-Barris,  Sceaux  gascons  du  moyen-âge^  II*  partie, 
p.  485). 

Voir  figurt  49. 

N»  263.  —  Le  Même. 

Signet  rond  (19™°),  apposé  sur  une  quittance  de  gages  donnée 
par  Charles  de  Rochechouart,  seigneur  de  Saint- Arnaud,  lieutenant 
de  quarante  lances  (4  juin  1558). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  écartelé  :  aux  1  et  4,  fascé  enté  de  six  pièces  ; 
aux  2  et  3,  à  une  croix.  L'écu  embrassé  de  palmeltes  (2). 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  t.  192,  f»  7527). 

N«  264.  —  ROCHECHOUART  (François  de)  (3). 


Monlégut,  Ole;  marié,  par  conlral  du  20  août  456i,  à  Marie  d*Isalguier, 
fiUc  de  Bcrlrand  d'Isalguier,  baron  de  Clermont,  et  de  Jeanne  de  Saint- 
Ktienne,  et  veuve  de  Sébastien  de  Béon. 

-     (t)  Fils  d*Anloine  de  Rochechouart  et  de  Catherine  de  Faudoas;  lieute- 
nant de  la  compagnie  de  quarante  lances  du  vicomte  de  Sancerre. 

(2)  Ce  sceau  nous  paraît  ôire  une  empreinte  plus  complète  du  numéro 
précédent 

(3)  Fils  de  Guillaume  de  Rochechouart,  seigneur  de  Jars,  et  de  Louise 
d'Autry;  guidon,  puis  lieutenant  de  la  compagnie  d'ordonnance  du  comte 
deCihaulnes,  maître  d*hôtel  du  roi  en  i568,  chevalier  de  Tordre  de  Saint- 
Michel  en  1569;  marié  :  \^  le  il  mars  1565,  à  Antoinette  de  Pisseleu,  fîllc 


SIGiLLOCnAPHIB  DU   OÉPARTEHENT   DE   LA   HAUTE-VIENNF..  453 

Signet  rond  (20""),  apposé  sur  une  quittance  de  gages  (28  juin 
1558). 
Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  à  une  bordure. 
(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 192,  f«  7537). 

N«  265.  —  Le  même. 

Sceau  rond  (19""),  apposé  sur  des  quittances  données  :  1*^  par 
François  de  Rocliechouart,  guidon  de  la  compagnie  de  trenlc 
lances  du  comte  de  Chaulnes  (8  novembre  1566;  ;  2*  par  le  même, 
enseigne  de  trente  lances  sous  le  même  commandement. 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«  84,  et  Clairambault,  t.  192,  P  7541). 

N'  266.  —  Le  même  (xvi»  siècle). 

Matrice  en  cuivre,  sceau  rond  (38""). 

Ugende.  —  FRANÇOIS  DE  ROCHECHOVART,  S'  DE  lARS. 
{François  de  Rochechouart^  seigneur  de  Jars), 

Dessin,  —  Ecasson  aux  armes,  entouré  du  collier  de  l'ordre  de 
Saint-Michel. 

(Brouillet,  Notice  des  tableaux,  dessins,  gravures,  statues,  objets 
d'art  anciens  et  modernes  composant  les  collections  de  la  ville  de 
Poitiers,  p.  700,  n^6957). 

N«  267.  —  ROCHECHOUART  CRené  de)  (1),  sieur 
de  Mortemart. 

Sceau  ovale  (25""  sur  18),  appendu  à  une  quittance  donnée  par 


d'Anloine  de  Pîsseleu  et  d*Antoinelte  d'Yaucourl;  2<»  le  <3  septembre 
1568,  à  Anne  de  Bônille,  fille  deGaléasde  Bérulle  et  de  Louise  de  Neafvis. 
et  veuve  d*Edme  de  Brie,  baron  de  Monlpoupon  ;  mort  en  novembre*  «676. 
(1)  Né  le  27  décembre  1528;  fils  de  François  de  Rochechouart,  baron  de 
Mortemart,  elde  René  Taveau;  capitaine  de  cinquante  lances,  conseiller  au 
conseil  privé^,  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Michel,  puis,  en  1580,  de  Tor- 
dre du  Saint-Esprit;  marié,  par  contrat  du  1*^'  janvier  1570,  à  Jeanne  de 
Saulx-Tavannes,  fille  de  Gaspard  de  Saulx,  soigneur  de  Tavannes,  maré- 
chal de  France,  et  de  Françoise  de  La  Baumc-lfontrevel  ;  mort  le 
15  avril  1587. 


154  SOClèTÉ  ARCn&OLOaiQUE   ET   Ul&TOBlQUS   DU  UUOt  SUE. 

René  de  Rochechouart,  sieur  de  Mortemart  et  de  Lussac,  cbevalier 
de  l'ordre,  capitaine  de  cinquante  lances  (Paris,  3  juillet  1868; 
19  janvier  i569j. 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  aux  armes,  entouré  du  collier  de  Tordre  de 
Saint-Michel.  Les  ondes  sont  indiquées  par  un  filet  très  étroit. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«  85)- 

N'  268.  —  Le  même. 

Sceau  ovale  (29"''  sur  22),  apposé  sur  une  quittance  du  28  dé- 
cembre 1670. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  entouré  du  collier  de  Tordre  de 
Saint-Michel.  Bordure  d'oves.  Variante  du  numéro  précédent. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n°  90). 

N°  269.  —  Le  même. 

Sceau  ovale  (29""*  envipon  sur  21),  apposé  sur  deux  quittances, 
du  28  décembre  157ft  et  du  29  novembre  1577. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  entouré  du  collier  de  Tordre. 
Les  ondes  sont  larges.  Bordure  d'oves. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n^*  90  et  94). 

N^  270.    -  Le  même. 

Sceau  ovale  (25"°»),  appendu  à  une  quitlanoe  de  gages  pour 
TofTice  de  capitaine  de  Poitiers  (8  juin  1574). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  fascé  enté  de  six  pièces,  chargé  d'un  chien  cou- 
rant en  abîme,  entouré  du  collier  de  Tordre  de  Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Clairambault,  1. 193,  f°  7579). 

N*^  271.  —  Le  même. 

Sceau  ovale  (22"»"*  sur  19),  apposé  sur  une  quittance  du  14  octo- 
bre 1575. 


SIGILLOGRAPHIE  DU   DÂPARTfiHBNT  DK   LA   BAUTC-YIBNNK.  15$ 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  entouré  du  collier  de  l'ordre, 
d'un  dessin  plus  serré. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n*  93). 

N«  272.  —  nOCHECHOUART  (Aimery  de)  (1),  évo- 
que de  Sisterou. 

Signet  rond  (19'»*),  plaqué  sur  une  lettre  au  duc  de  Guise 
(Paris,  19  mai  1553;. 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecusson  en  forme  de  cartouche,  aux  armes.  Orne- 
ments dans  le  champ. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  1. 17029). 

N«  273.  —  ROGHEGHOUART  (Pierre  de)  (2),  sieur 
de  Mortemart. 

Sceau  ovale  (29'"°*  sur  22),  apposé  sur  une  quittance  donnée  par 
Pierre  de  Rochechouart,  sieur  de  Mortemart,  chevalier  de  Tordre, 
capitaine  d'une  compagnie  de  trente  lances  (28  octobre  1574). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  -—  Ecu  droit  aux  armes,  entouré  du  collier  de  Tordre  de 
Saint-Michel. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n^  92). 

N^  274.  —  ROGHEGHOUART  (Suzanne  de)  (3), 
épouse  de  Pierre  Ghaludet. 

Très  petit  cachet,  apposé  sur  une  lettre  signée  «  Chaludet  »  et 
adressée  à  M.  Rozier,  procureur  au  Parlement  (16  mai  1653). 


(!)  Fils  d* Aimery  II I  de  Rochechouart,  seigneur  de  Mortemart,  et  de 
Jeanne  de  Pont/iUe;  abbé  de  Sainl-Savin  en  15i7,  évoque  de  Slstcron  en 
1536;  mort  en  f580. 

(i)  Probablement  le  môme  que  Pierre  de  Rochechouarl,  fils  de  Jean  I" 
de  Rochechouart,  seigneur  de  Mortemart,  et  de  Jeanne  Turpin. 

(3)  Née  le  22  juin  1630;  fille  de  Louis  de  Rochechouart,  seigneur  de 
La  Brosse,  et  de  Louise  Lamy;  mariée  i^  le  26  juin  1650,  à  Pierre  Chalu- 
det, sieur  de  LifFermeau,  maître  d'hôtel  du  roi,  général  des  finances  à 
Orléans;  2o  à  Gilles  de  La  Grange,  seigneur  de  La  Brelèche,  Bis  de 
jean-Jacqaes  de  Lagran^e,  vicomte  de  Soulangis,  et  de  Catherine  Ëstreliq- 


150  SOCIÉTÉ  ARCUKOLOGIQUR  KT  UISTOKIQUE  OU  LIMOUSIN. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  parti  :  au  I,  de  Ghaludet  (d*or,  au  lion  de 
gueules  rampant  vers  une  nuée  d'azur  chargée  d'une  étoile  d'or, 
an  franc-canton  d'azur  chargé  d'une  fleur-de-lys  d'or);  au  2,  de 
Rochechouart.  Couronne  de  comte.  L'écusson  accosté  de  pal- 
mettes. 

'  (Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n»  100). 

Observations,  —  On  voit  que  ce  cachet  était  celui  de  Pierre  Gha- 
ludet, époux  de  Suzanne  de  Rochechouart;  nous  avons  cru  devoir 
néanmoins  le  mentionner,  à  cause  de  la  partition  de  Rochechouart. 

N«  275.  -  ROCHEGHOUART-MORTEMART  (Ma- 
rie-Madelaine-Gabrielle  de)  (i),  abbesse  de  Fon- 
te vrault. 

Sceau  rond  (50°"),  plaqué  sur  un  certificat  délivré  par  Marie- 
Madelaine-Gabrielle  de  Rochechouarl-Mortemart,  «  abbesse-chef  et 
générale  de  l'abbaye  et  ordre  de  Fontevraud  »,  le  dit  certificat  rela- 
tif au  dépôt  d'une  somme  de  35  livres  entre  les  mains  du  receveur 
des  domaines  de  la  ville  de  Poitiers  (Fontevraud,  8  juin  1679). 

Légende.    —   MARIE-MADELAINE-GABRIELLE   DE    ROIGHE- 

GHOVART] DV    MONASTERE    ET    DE 

L'ORDRE  DE  FONTEVRAVT. 

Dessin.  —  Ecu  droit  aux  armes,  accosté  de  deux  palmes.  Gou- 
ronne  ducale  surmontée  d'une  crosse. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Rochechouart, 
n«  209). 

N«  276.  —    ROCHECHOUART    (Eléonore    de)   (2) 

Entre  1682  et-1690. 

Matrice  en  cuivre,  munie  au  revers  d'une  douille,  dans  laquelle 
le  manche  était  engagé.  Sceau  ovale  (38""). 


(t)  Née  vers  ^645;  fille  de  Gabriel  de  Rochechouarl,  duc  de  Morlcmarl, 
et  de  Diane  de  Grandsaignc;  abbesse  de  Fonlevrault  en  1670;  morte  le 
45  août  4704. 

(i)  Fille  de  François  de  Rochechouart,  marquis  de  Bonnivel,  et  d'Eléo- 
nore  de  Faudoas;  mariée  à  Jacques  de  Mcsgrigny,  clievalicr,  président  au 
Parlement  de  Normandie. 


SIGIIX06RAPHIB   DU    otr\RTP.MSMT    DB    LA    HAUTS-VIEN.^B.  15^ 

Ugende.  -  ELEON.  DE  ROCHECHOVART  MARQ.  DE  BON- 
NIVET  COMT.  DE  BELIN  VIVONNE  ET  GER- 
SIGNY  VID.  DE  MEAVX  ETG. 

(Eléonore  de  Rochechouarty  marquise  de  Bonnivet^ 
comtesse  de  Belin,  Vivonne  et  Cersigny,  vidame 
de  MeauXy  etcj. 
Dessin.  —  Ecusson  aux  armes  de  Rochechouart,  timbré  d'une 
couronne  de  marquis  et  entouré  d'une  cordelière  de  veuve.  La 
légende  en  petites  capitales  se  déroule  en  deux  lignes  concentri- 
ques le  long  d'une  bordure  fleuronnée  autour  de  Técu. 

(Barbier,  Inventaire  des  sceaux  matrices  du  Musée  de  la  Société 
des  antiquaires  de  l'Ouest,  dans  les  Mémoires  de  la  Société,  t.  III  de 
la  !!•  série,  année  1880,  p.  437,  et  planche  HI,  fig.  15). 

Voir  figure  50. 

N*  277.  —  ROCHECHOUART  (GabrieUe  de  Marolt 
de  Brion,  veuve  de  Jean-Jacques  de). 

Gachet  octogone  (18"°),  plaqué  sur  un  dénombrement  (Lahille 
en  Languedoc,  27  février  1730). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Gartouche  écartelé  :  aux  1  et  4,  conlre-vairé  ;  aux 
2  et  3,  à  une  croix;  sur  le  tout,  un  écusson  à  trois  fleurs-de-lys. 

(Archives  départementales  des  Basses-Pyrénées.  —  P.  Raymond, 
n'»449). 

N°  278.  —  ROCHECHOUART  (Pierre-Jules-Oésar 
de)  (1),  évêque  d'Evreux, 

Sceau  ovale  (24""),  apposé  à  la  présentation  à  la  cure  de  Nolre- 
Dame-de-Bon-Secours  (juin  1740). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecu  aux  armes,  timbré  d'une  couronne  entre  une 
mitre  et  une  crosse,  surmonté  d'un  chapeau  épiscopal,  dans  un 
cartouche. 

(Archives  départementales  de  la  Seine-Inférieure.  —  Demay,  In- 
ventaire des  sceaux  de  la  Normandie,  n°  2220). 


(I)  Fils  de  Louis  de  Rochechouart,  seigneur  de  Monligny,  et  d*Elisabelh 
de  Cugnac  de  Jouy;  prieur  de  Saint-Lô  en  47ii;  abbé  de  Saint-Nicolas 
de  Verneuil,  de  Pacy,  de  Bellccombe  et  de  Saini-Pierrc-de-Conches; 
évoque  d'Evreux  en  1733;  transféré  à  Bayeux  efl  1763;  démissionnaire 
en  4776;  mort  le  91  décembre  1781, 


158  ftOCléTÉ  AKCnÉGLOCItlVF'  *T   HiSTORIQCB   00  LIMOUSm. 

N*  279.  —  Le  même,  évêque  de  Bayeux. 

Sceau  ovale  (40""  sur  25),  apposé  à  des  lettres  de  diaconat  (21 
septembre  1754). 

Légende,  —  PET.  IUL.  CJES.  DE  ROCHECHOUART.  EPÛS. 
BAIOCENSIS. 
fPeîruS'Julius-Cœsar   de    Rochechauart,  episcopm 
BaiocensisJ, 

Dessin,  —  Ecu  aux  armes,  dans  un  cartouche  timbré  d'une  cou- 
ronne ducale,  accompagnée  d'une  mitre  et  d'une  crosse,  surmonté 
du  chapeau  épiscopal. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n^  6504.  —  Paclbk 
Farcy,  Sigillographie  de  la  Normandie  [évéché  de  Bayetix),  p.  242 
et  planche.  —  Demay,  Inventaire  des  sceaux  de  la  Normandie, 
n»  2194). 

N*»  280.  —  Le  même  (entre  1753  et  1776). 

Sceau  ovale  (50"""  sur  45). 
Môme  type  que  le  précédent. 

(Paul  de  Farcy,  Sigillographie  de  la  Normandie  f évéché  de 
Bayeux) y  p.  242). 

N*»  281.  —  ROCHECHOUART  (Jean -François- 
Joseph  de)  (1),  évêque  de  Laon. 

Sceau  ogival  (35"*),  apposé  à  des  lettres  de  prêtrise  (23  septem- 
bre 175ft). 

Légende.  —  lOHAN.  FRANC   lOSEPH  US  ROCHECHOUART 
EPIS.   DUX  LAVDVNENSIS  PAR  FRANaiE 

fJohannes-Franciscus- Joseph    de    Rochechouarf , 
episcopus  dux  Laudunensis^  par  FranciœJ. 

Dessin.  —  Kcu  aux  armes,  timbré  d'une  couronne,  surmonté 
d'un  chapeau  et  posé  sur  un  manteau  d'hermines. 
(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n°  6648). 


{\  )  Fils  de  Charles  de  Rochechouarl-Faudoas,  comte  de  Clermont,  et 
de  Françoise  de  Montesquieu;  prieur  de  Saint-Etienne  de  Caslillon,  «bbé 
de  Châlcaudun  le  15  août  1731  ;  6véquc-d oc-pair  de  Laon;  sacré  le  13  oc- 
tobre 1741  ;  abbé  de  Saint^Remy  de  Reims  en  1745:  grand  aumônier  de 
la  reine  en  1757;  ambassadeur  à  Rome  en  1757;  cardinal  en  1761  ;  prélat 
commandeur  du  Saint-Esprit  le  30  mai  1762;  mort  le  *0  novembre  1779. 


SIGILLOGRAPDIB  DO   DèPARTEMBWT  BR  LA    HAUTE-VIENNE.  159 

N«  282.  —  ROFFIGNAG  (Jean  de)  (1),  sire  de 
Richemont  (2). 

Sceau  rond  (42™™),  appendu  à  une  charte  relative  à  Thospice 
d'Allassac  (11  août  1418).  _ 

Ugende.--  ....  DE.  ROFIGNAC.  SIRE.  DE.  RIGHEMOT. 
f,,.  de  RofignaCy  sire  de  Richemont). 

Dessin,  —  Ecu  à  un  lion  (d*or,  au  lion  de  gueules),  au  lambel  de 
trois  pendants  mouvants  du  chef;  penché,  timbré  d'un  heaume 
cime  d'un  lévrier  portant  un  collier.  Supports,  deux  anges. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Roffignac). 

Voir  figure  51. 

N*»  283.  —  ROGIER  (Barbe  de  Maledent  de  I^ey- 
tiac,  épouse  de  Jean-Martial)  ^  écuyer,  sieur  de 
Nexon  (3). 

Cachet  ovale  (19°^™  sur  17),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de  Nexon 
(Limoges,  7  mars  1777). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  ovales  accolés  :  celui 
de  dexlre,  d'or  (4),  à  la  bande  d'azur  accompagnée  de  six  roses  de 
gueules  rangées  en  orle  (5)  ;  celui  de  sénestre,  aux  armes  de  Male- 
dent. Couronne  de  marquis. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N'  284.  —  ROGIER  DE  LAGE  (N.). 

Cachet  ovale  (20""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  datée  de  Limo- 
ges, 9  novembre  1785. 


(I)  Fils  de  Regnaud  de  Uoffignac,  seigneur  de  Sainl-Germain  et  àù 
Meauce,  et  de  Catherine  de  Monieruc;  marié  le  18  avril  4396  à  Louise  de 
Montcrac,  fille  d'Blienne  de  Monteruc,  chevalier,  et  de  Marguerite  de 
Meauce. 

(S)  Aujoard*hui  commune  de  Blond,  canton  et  arrondissement  de 
Bellac. 

(3)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 

(4)  V Armoriai  général  (Limousin^  fîg.  9)  indique  à  tort  le  champ  d'ar- 
gent. 

(5)  Ces  armes  sont  identiques  àcellesdcs  Rogier  ou  Roger  de  Bcaufort. 


f(k)  SOCIÉTÉ   ARChAOLOGlOUR   kT   BlSTORlOOB  DU   LlïlOUSIJf. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes.  Couronne  de  marquis.  Sup- 
ports, deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N^  285.  —  ROYÊRE  (1)  (Elle  de),  de  Saint-Yrieix. 

Sceau  rond  (23""),  cire  verte,  appendu  à  un  acte  de  vente 
(Saint-Yrieix,  le  dimanche  avant  Sainte-Marguerite  (16  juillet]  1307). 
Ugende.  —  f  S  ELIE  D'  ROIEIRA. 

fSigillum  Elie  de  RoieiraJ. 
•Dessin,  —  Dans  un  double  cercle,  un  écu  droit  chargé  de  trois 
demi-vols,  2  et  1  (d'azur,  à  trois  demi-vols  d*or),  sommé  d'une 
fleur-de-lys. 

(Archives  départementales  des  Basse&Pvrénées.  —  P.  Rayvo>d, 
n»564). 

N«  286.  —  ROYÊRE  (2)  (Jean-Marie  de)  (3). 

Cachet  ovale  (20"'"  sur  18j,  plaqué  sur  unr  une  lettre  signée 
«  Fénelon  de  Peyraux  »  et  adressée  à  M.  Melon  du  Pesaret,  à  Tulle 
(Lons,  16  juin  1727). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  fascé  de  vair  et  do 
gueules  (4),  Couronne  de  marquis. 

(Archives  de  M.  de  Vaublanc,  au  château  de  Lieuteret.  —  Com- 
muniqué par  M.  Champeval). 

N*  287.  —  ROYÊRE  (Jean-Marc  de),  évoque  de 
Castres. 


(1)  Et  non  La  Roherie,  comme Tindiquclc  catalogue  de  U.  P.  Raymond. 
—  Royère,  aujourd'hui  commune  de  La  Roçhc-rAbcille,  canton  de  Nexon, 
arrondissement  de  Limoges. 

(S)  Aujourd'hui  commune  de  Royère,  canton  de  Saint-Léonard,  arron- 
disscmcnl  de  Limoges. 

(3)  Fils  d'Annet  de  Royère,  comte  de  Peyraux  en  PérlgoH.  et  de 
Catherine  de  Brachet;  marié  le  t  juillet  4731  à  Catherine-Elisabetb  de 
Saliernac  de  La  Mothe-Fénelon,  fille  de  François  de  Salignac,  comle  de 
La  Molhe-Fénelon,  et  d'Elisabeth  de  Beaupoil  de  Saint-Aulairc. 

(4)  Le  véritable  blason  est  :  de  gueules,  à  trois  fasccs  de  vair,  • 


SIGILLOGRAPHIE  DU   DÉPARTEMENT   DE  LA   HAUTES-VIENNE.  461 

Sceau  ovale  (33"""*),  apposé  à  un  état  des  revenus  des  religieu- 
ses bénédictines  de  La  Salvétat,  diocèse  de  Castres  (9  décembre 
1781). 
.  Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Ecu  de  gueules,  à  trois  fasces  de  vair,  timbré  d'une 
couronne  et  surmonté  du  chapeau  épiscopal. 

(Archives  nationales.  Inventaire  des  sceaux,  n*»  6652). 

N«  288.  —  ROYÊRE  (N.)  (vicomte  de). 

Cachet  ovale  (23""  sur  12j,  plaqué  sur  une  leltre  datée  de  1784. 
Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  aux  armes,  sur  un  cartouche  orné  de 
guirlandes.  Couronne  de  marquis. 
(Communiqué  par  M.  Alexandre  de  Bosredon). 

No  289.  —  Le  même. 

Cachet  ovale  (23'""  sur  12),  plaqué  sur  une  leltre  du  17  octobre 
1784. 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Deux  écussons  accolés  :  celui  de  dexlre  aux  armes  de 
Royère;  celui  de  sénestre  d'azur,  à  trois  besants  d'argent,  qui  est 
de  Marquessac.  Couronne  de  marquis. 

(Communiqué  par  M.  Alexandre  de  Bosredon). 

N*»  290.  —  SANSON  (Jean),  sieur  du  Masbayer. 
Voir  ci-après,  série  VI  (Offices),  article  Sanson. 

N'»  291.  —  SANSON  (Siméon)  (1),  écuyer. 

Cachet  octogonal  (18'""'),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*  de  Nexon 
(Paris,  8  juillet  1766). 
Pas  de  légende. 
Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale   à  une   colonne 


H)  Fils  de  Guillaume  Sanson  de  Royftre,  écuyer,  cl  de  Marguerite 
Colomb;  mousquetaire  gris;  marié  à  N.  Léonard,  fille  de  N.  Léonard, 
écuyer,  seigneur  de  Fressanges,  Neull,  etc.,  et  de  N.  Texandicr  de  l'Au- 
mônenc.  —  Voir  le  n»  suivant. 

T.  xxxvui.  {{ 


1G2  SOClÉTfi  ARCIlÉOLOaiQUE   ET  HISTOIUQUB   00   LIMOUSIK. 

accompagnée  à  dextre  d'uae  étoile  et  à  Bénestre  d'an  lion  grim- 
pant contre  le  Mt  de  la  colonne.  Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval:. 

N""  292.   —  SANSON  Guillaume   (1),  seigneur  de 
Royère  (2). 

Cachet  ovale  (21"™  environ  sur  t&),  plaqué  sur  une  lettre  à 
M°«  de  Nexon  (Bordeaux,  18  mai  1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  rocaille  accolés  : 
celui  de  dextre  aux  armes  de  Sanson  ;  celui  de  sénestre  aux  armes 
de  Colomb  (de  ...,  à  une  colombe  posée  sur  une  terrasse  et  tenant 
dans  son  bec  un  rameau,  accompagné  en  chef  de  trois  étoiles. 
Couronne  de  comte. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N«  293.  —  SANZILLON  (3;  DE  DOUILLAC  (Margue- 
rite-Thérèse de)  (4),  veuve  de  Louis-Jean-Prançois 
deTaiUefer. 

Cachet  ovale  (23""  sur  20)  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Sanzil- 
lon  des  Barrières,  à  Limoges  (Périgueux,  26  décembre  1778). 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Deux  écussons  accolés  :  celui  de  dextre  aux  armes 


(l)Ecuyer,  trésorier  de  France  à  Limoges;  marié  à  Marguerite  Colomb, 
fille  de  Pierre  Colomb  et  de  Marguerite  Descordes. 

(9)  Aujourd'hui  commune  de  La  Roche-rAbeillle,  canton  de  Nexon, 
arrondissement  de  Limoges. 

(3)  Famille  originaire  de  Saint-Yrieix.  (De  Gourcelles,  HUtolre  généa- 
logique et  héraldique  des  Pairs  de  France,  t.  Vf,  arl.  Sanzillon). 

(4)  FilledcJeandeSanzillondeLa  Foucaudie,  seigneur  de  Douillac,  et  de 
Françoise  de  La  Croix;  mariée,  par  contrat  du  7  juin  17î6,  à  Lonis- Jean- 
François  de  Taillefer,  marquis  de  Barrière,  fils  d'Henri  de  Taillefer  et 
d'Antoinette  du  Chesne  de  Montréal;  veuve  avant  juin  1766;  morte  en 
septembre  HSl.  (SAiNT-ALLAis,iVo6iWaire  urdoersely  l.  XïV,  p.  99:  d'après 
de  Gourcelles,  sa  môre  était  Renée  d'Haulefort). 


StOlLLOORAPHIR   DU   DÈPAnTBXBNT    DB    LA    HAUTS-VIENNE.  163 

de  Taillefer(l),  celui  de  sénestrc  aux  armes  de  Sanzillon  (2).  Cou- 
mnae  de  marquis.  Cordelière  de  veuve. 
(Archives  de  M.  de  Nexon.  —  Communiqué  par  M.  Champoval). 

N*  204.  —  TOUZAC  (3j  (N.). 

Cachet  ovale  (SS"*"  sur  22),  plaqué  sur  une  lettre  à  M™"  de  Chauf- 
failles  (Limoges,  26  septembre  1776). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  d'azur,  au  lion  d'or 
(ou  d'argent),  au  chef  chargé  de  trois  étoiles  (4).  Couronne  de 
comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron,  au  château  de  Chauffailles. 
~  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N°  295.  —  VERGNIAUD  (Guillaume)  (S),  ancien 
curé  de  Magnac  (6),  seigneur  -du  lieu. 

Cachet  ovale  (25"°  sur  22),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Parel, 
à  Treignac. 


(1)  De  gueules,  au  dexlrochère  de  carnation  paré  d'argent,  mouvant  de 
l'angle  dextre  supérieur,  tenant  une  épée  du  môme  en  bande,  garnie  d'or, 
Uillani  une  pièce  de  fer  de  sable  en  barre,  accompagné  de  deux  molettes 
d*éperon  d'or,  une  en  chef  etPaulre  en  pointe. 

(2)  D'azur,  à  trois  sarufUles  ou  mésanges  d'argent,  les  ailes,  lo  bec  et  les 
pieds  de  sable,  i  cl  1.  {U  A.rmonal  général.  Limousin,  ^  126,  donne  un 
blason  conforme,  sauf  La  variante  :  trois  pigeons). 

(3)  Seigneur  de  Saint-Etienne,  aujourd'hui  commune  de  ce  nom,  canton 
de  Royôrc,  arrondissement  de  Bourganeuf  (Creuse). 

(4)  Ces  armes  sont  bien  celles  de  la  famille  Touzac.  On  les  retrouve, 
en  effet,  sur  un  cachet  ou  elles  sont  réunies  à  celles  de  la  famille  du  Bur- 
guet.  Ce  dernier  cachet  est  plaqué  sur  une  lettre  datée  de  1790  et  signée 
«  Touzac  de  Chaufifaine  »  :  il  porte  sur  un  cartouche,  deux  écussons  accolés  : 
celai  de  dextre  aux  armes  du  Burguet  (d'azur,  à  un  chevrou  accompagné 
en  chef  de  deux  croissants  et  en  pointe  d'une  Aamme,  au  chef  de  gueules 
chargé  de  trois  étoiles)  ;  celui  de  sénestre  aux  armes  de  Touzac.  Cou- 
ronne de  marquis.  Supports,  deux  lions  accroupis.  (Archives  de  M.  de  Uont- 
bron). 

(5)  Figura  en  1789  dans  l'ordre  de  la  noblesse  pour  le  Haut-Limousin 
<IU»AtTii,  l.  IV,  p.  67i). 

(6)  Aujourd'hui  commune  de  Magnac-Bourg,  canton  de  Saint-  Germain- 
les-Belles  (Haute-Vienne). 


{64  SOCIKTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

Pas  de  légende. 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écussbn  ovale  écartelé  de  Navarre 
et  de  France,  à  un  écu  posé  sur  le  tout  (ai  mes  effacées).  Couronne 
ducale.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron,  au  château  de  Chauffailles. 
—  Communiqué  par  M.  Champeval). 

N^  296.  —  VERTHAMON  (Ij  (Isaac-Jacques  de)  (2i. 
Entre  1708  et  1725. 

Sceau  ovale  (Sô"""  sur  24). 

Légende.  —  f  ISAAC.  lACOB.  DE.  VERTHAMON.  EPISCOP. 
CONSERANEN. 

fIsaac-Jacobus  de  Verthamon,  episcopus  Consera- 
nensisj. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale  écartelé  :  au  i ,  de  gueules,  au  lion  léo- 
pardé  d'or;  aux  2  et  3,  à- cinq  points  d'or  équipollés  à  quatre 
d*azur;  au  4,  de  gueules  plain.  Couronne  de  comte.  Attributs  épis- 
copaux. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Fonds  latin,  t.  17025). 

N^    297.    —   VERTHAMON    D  AMBLOY   (Martial- 

François  de)  (3),  baron  de  Ghalucet  (4). 

Cachet  ovale  (19™°  sur  16),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  Dubur- 
guet  de  Chaufailles  (Bordeaux,  2  mars  1765). 


(1)  «  Le  Limousin  a  été  le  berceau  de  la  famille  de  Verthamon,  soit 
qu'elle  ait  pris  son  nom  d'une  terre  qui  le  porte  encore  dans  celte  pro- 
vince, soit  qu'elle  lui  ait  imposé  le  sien.  »  {Nobiliaire  de  Nadaud,  t.  IV, 
p.  628). 

(2)  Fils  de  Guillaume  de  Verthamon,  baron  de  Chalucet,  et  de  Calherinc 
de  Romanel;  membre  de  la  congrégaliun  de  l'Oratoire;  vicaire  général  de 
l'évêché  de  Ramiers;  sacré  évêque  de  Conserans  en  1708;  mon  en  17i5. 

(3)  iNé  le  21  mai  1719;  fils  de  Jacques- Martial  de  Verthamon, 
seigneur  de  Chalucel,  el  de  Calherinc  de  Verlhamon;  nommé  bour- 
geois de  Bordeaux  le  29  mars  1760;  conseiller,  puis,  le  1^'  mai  4761,  pré- 
sident au  Parlement  de  Bordeaux;  marié  k  Marie-Thérôze  de  Caupos, 
fille  de  Jean-Baplistû  de  Caupos,  vicomte  de  Caslillon,  et  de  Marie  de 
Caupos. 

(4)  Aujourd'hui  commune  de  Boisseuil,  canton  de  Picrrcbuffiôre,  arron- 
dissement de  Limoges. 


SHiILLCGHAPHIR    DU    PÉPARTKMëNT    DE    l,A    IIAUTK-YIENNR.  165 

Pas  (le  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  carlouche,  ccusson  ovale  aux  mêmes  armes. 
Couronne  de  comte.  Supports,  deux  lions. 

(Archives  de  M.  le  comte  de  Montbron,  au  château  de  Chauf- 
failles.  —  Communiqué  par  M.  Champeval.) 

N^  298.  —  Le  même. 

Sceau  ovale  (42""  sur  34),  plaqué  :  1°  sur  un  brevet  de  la  charge 
de  procureur  d'office  de  la  baronnie  de  Chalucel,  conférée  à  Fran- 
çois CarboynCaU  par  Martial-François  de  Verlhamon  d'Ambloy, 
seigneur  d'Ambloy  et  de  Saint-Amand,  marquis  de  Tercis,  vicomte 
«le  Biscatosse  et  de  Castillon,  baron  de  Chalucet,  etc.  (23  mai 
1772);  2*  sur  des  lettres  de  provision  de  la  charge  de  procureur 
postulant  en  la  baronnie  de  Chalucet  pour  Martial  Pradeau  (11  fé- 
vrier 1782). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  mômes  armes. 
Couronne  de  marquis,  surmontée  d'un  phylactère  replié  des  deux 
côtés  et  portant  la  devise  :  fais.  ce.  que.  dois,  advienme.  que.  pourra. 
Supports,  deux  lions. 

(Appartient  à  M.  Louis  Guibert). 

N»299.  —  VIGIER(Eraud),  damoiseau  deRochechouart  (1). 

Cachet  rond  (fragment),  appendu  à  une  quittance  donnée  par 
Eraudm  Vigier,  domicellus  de  Rnppechoardi  (Toulouse,  2  décem- 
bre 1344). 

Légende.  -  S  ERAV 

fSlgillum  Eraudi  ....J. 

Dessin.  —  Ecu  paie  de  six  pièces,  dans  un  quadrilobe. 

(Bibliothèque  nationale,  mss.  Pièces  originales,  Vigier). 

iV  30p.  -  VIGIER  (2)  (Jean). 

Sceau  rond  (!îî2"*").  Matrice  en  bronze,  munie  d'un  appendice 
percé  (xiv«  siècle). 


(!)  Aujourd'hui  chef-lieu  d'arrondissement. 

(2)  Les  Vigier  ôlaient  seigneurs  de  Saint-Malhieu,  aujourd'hui  chcf-Iicu 
de  canton,  arrondissement  de  Rochechouart. 


I6G  SOCIRTÊ   ARCH^.OLOGIQUE   ET   BISTORIQUK   DU    LIMOUSIX. 

Légende.  —  f  S.  lEHAN.  VIGIER  (une  étoile  à  la  suite  de  la 
légende). 
fScel  Jehan  VigierJ. 

Dessin.  —  Dans  une  rosace  gothique  à  plusieurs  lobes,  un  écu 
droit  à  trois  fasces,  à  une  bordure  (d'azur,  à  trois  fasces  d'argent, 
à  Torle  de  gueules). 

(Communiqué  par  M.  le  baron  de  Verneilh-Puyrascau). 

Voir  figure  52, 

N'  301.  —  VILLOUTRETS  {i)  (N.  de). 

Cachet  ovale  (15™  sur  13),  plaqué  sur  une  letlre  signée  «  Le 
Breuil  de  Villoutreyx  »  adressée  à  M.  de  Loménie,  à  Moncut  (Paris, 
io  octobre  1661). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  de  forme  ordinaire,  aux  armes  (d'azur,  au 
chevron  d'or  accompagné  en  chef  d'un  croissant  accosté  de  deux 
étoiles  et  en  pointe  d'une  rose,  le  tout  d'or)  (2).  Casque  taré  de 
face  et  orné  de  lambrequins. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N»  302.  —  VILLOUTREYS  (N.  de),  seigneur  de 
La  Judie  (3)  (xvir  siècle). 

Cachet  ovale  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  La  Itidie  » 
et  adressée  à  M.  de  Loménie,  à  Limoges  (sans  date). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  de  forme  ordinaire,  aux  armes,  accosté  de 
palmettes.  Couronne  de  comte  à  trois  feuilles  d'ache. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 


(1)  Famille  originaire  de  TAngouniois,  dont  une  branche  s'élaii  établie 
en  Limousin. 

(2)  Armoriai  général  de  IÔ96,  Limousin,  f«  216. 

(3)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Martin-lc-Vioux,  canton  de  Nexon, 
;:rrondissemcnl  de  Limoges. 


SIGILLOCltAPUIK  DU  DÉPARTKMKNT  DK  LA  HAUTE- VIENNE.  <07 

N'»  303.  -  VILLOUTREYS  (N.  de),  seigneur  de 
Xia  Judie. 

Cachet  ovale  (fragment),  plaqué  sur  une  lettre  signée  <*  La  ludie  » 
et  adressée  à  M.  de  Loménie,  maître  de  la  poste  d'Esse  (Aixe) 
(Bordeaux,  21  décembre  1726). 

Pas  de  légende. 

Dessin, —  Ecusson  ovale  aux  armes.  Casque  taré  de  profil  et  orné 
de  lambrequins. 

{Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N°  304.  —  VILLOUTREYS  (N.  de),  seigneur  de 
Faye  (1). 

Cachet  ovale  (22™™  sur  20),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Lomé- 
iiie  (3  avril  1747). 

Pas  de  légende! 

Dessin,  —  Sur  un  cartouche,  écusson  ovale  aux  armes.  Cou- 
ronne de  comte. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N*>  305.  -  VILLOUTREYS  (N.  de)  (2),  seigneur  de 
La  Judie. 

Cachet  ovale  (21"""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  à  M.  de  Nexon 
(3  septembre  1769). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  ovale écartelé  :  aux!  et 4,  vairé;  aux  2  et 3, 
de  Villoutreys  (3).  Couronne  de  marquis.  Supports,  deux  lions. 


(1)  Aujourd'hui  commune  de  Flavignac,  canton  de  Châlus,  arrondisse- 
ment de  Saini-Yricix. 

(2)  Probablement  Jean-François  de  Villoulreys,  né  le  29  juin  1738,  fils 
d'autre  Jean-François  de  Villoulreys,  seigneur  de  La  Judie,  et  de  Calhc- 
rinc  de  Solier;  page  de  la  petite  écurie  en  I7S5. 

(3)  L^Ârmorial  général,  Limousin^  f<»  S10,  indique  pour  Jacques  de  Villou- 
treys, seigneur  de  La  Judie,  le  croissant,  les  étoiles  et  la  rose  émargent; 
il  semblerait  donc  que  la  branche  de  La  Faye  et  celle  de  La  Judie  avaient 
des  armes  un  peu  différentes;  mais  peut-être  aussi  n'y  a-t-il  dans  ces 
variantes  qu'une  erreur  de  TArmorial  général. 


108  SOCIÉTR   ARCHEOLOGIQUE    fcT    RISTORIQUK   OU    LIMOUSIN. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Ghampeyal). 

N«  306.  —  VILLOUTREYS  (N.  dej  (1),  seigneur  de 
Faye. 

Cachet  ovale  (20""  sur  18),  plaqué  sur  une  lettre  signée  «  de 
Faye  »  et  adressée  à  M.  de  Nexon  (Faye,  20  décembre  (1777). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Sur  un  cartouche,  deux  écussons  accolés  à  bords 
droits,  à  sommet  et  pointe  arrondis  :  celui  de  dextre  aux  armes  de 
Villoutreys  ;  celui  de  sénestre  à  un  sanglier  passant,  au  chef  chargé 
de  trois  étoiles.  Couronne  de  comte.  A  dextre,  un  griffon  grimpant; 
au-dessous  des  deux  écussons,  un  autre  griffon  couché. 

(Archives  de  M.  le  baron  de  Nexon.  —  Communiqué  par 
M.  Champeval). 

N°  307.  -  VILLOUTREYS  (N.  de)  (2),  chevalier 
de  La  Judie. 

Cachet  ovale  (17™°*  sur  15),  plaqué  sur  une  lettre  à  M"*"  de  Nexon 
(4  octobre  1788). 

Pas  de  légende. 

Dessin.  —  Ecusson  aux  armes.  Couronne  de  marquis.  Supports, 
deux  lions. 

(Archives  de  M.  de  Nexon.  --  Communiqué  par  M.  Champeval). 


(0  Probable  m  en  l  Pierre-Louis-Augusle  de  Villouircys,  chevalier,  soi- 
gneur de  La  Paye,  lieut'inani-coloncl  du  régiment  Royal -Etranger  cara- 
ieric,  chevalier  de  Saint-Louis,  qui  figura  en  1789  dans  Tordre  de  la  no- 
blesse pour  le  Haut-Limousin  (Nadauo,  L  IV,  p.  673). 

(2)  Probablcmcnl  Jcan-Marlial-Charles  de  Villoutreys,  frère- du  préct^- 
cédent  et  comme  lui  page  de  la  petite  écurie  eu  1755. 

fA  suivre.)  Ph.  de  Bosredo'v. 


PI.  IX. 


'.'.'/),H>-.""-:4ll.'iUllill!im 


«  Chobrf.taire.  » 
Cul-de-lampe  du  xvi«  siècle  dans  Téglise  d'Oradour-sur- Glane. 


LA  «  CHABRETTE   » 


(1) 


LUnslrument  de  musique  rustique  que  nos  paysans  désignent 
sous  le  nom  signilicatif  de  chabrette,  n*est  autre  que  la  cornemuse. 

On  sait  que  la  cornemuse  se  compose  d'une  outre,  habituelle- 
ment en  peau  de  chèvre,  que  l'exécutant  gonfle  d'air  comme  un 
ballon,  pour  la  soumettre  ensuite  à  la  pression. 

A  celle  outre  sont  adaptés  deux  ou  trois  chalumeaux  munis 
chacun  d'une  anche,  et  dont  un  ou  deux  ne  font  en lendre  qu'un 


(1)  Lore  du  Coogrès  tenu  à  Limoges  au  nioU  d'août  1890,  par  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences,  M.  Paul  Charreire  voulut  bien  donner,  dans  les  salons  de  l'Obser- 
vatoire météorologique,  où  le  sympathique  secrétaire  général  de  la  Société  day-Lussac, 
M.  Garrigou-Lagrange,  avait  eu  la  bonne  pensée  de  réunir  un  grand  nombre  de  membres 
du  congrès,  une  conférence  des  plus  originales  et  des  plus  attrayantes  sur  la  musique  ancienne 
et  les  vieux  airs  limousins.  Cette  conférence  était  accompagnée  de  l'exécution  d'un  certain 
nombre  de  morceaux,  qui  furent  fort  goûtés  de  l'auditoire.  lAchabretle,  nécessairement,  tenait  6a 
place  dans  ce  concert.  En  l'écoulant,  un  de  nos  plus  savants  et  de  nos  plus  aimables  confrè- 
res nous  faisait  remarquer  que  cet  instrument  devait  être  des  plus  anciens  et  que  sa  forme 
n'avait  pas  varié  depuis  un  temps  Immémorial.  U  nous  cita,  pour  preuve,  un  fort  curieux  cul-de- 
lampe  du  zvi*  siècle,  qu'il  avait  naguères  étudié  et  dessiné  dans  l'église  d'Oradour-sur  Glane, 
canton  de  Saint-Junien  ^Haute- Vienne),  où  il  supporte  les  retombées  de  la  vuûte  à  nervures 
d'une  chapelle  du  xv*  siècle.  Cent  ou  deux  cents  ans  plu4  tdt.  le  sculpteur  eût  orné  son  cul> 
de-lampe  d'un  ange  jouant  du  psaltérion  :  l'idéal  faiblissant,  il  se  contenta  d'y  représenter 
un  petit  paysan  soufîlant  dans  sa  cornemuse...  Nous  priâmes  cet  obligeant  voisin,  qui  n'était 
autre  que  M.  le  baron  de  Verneilh,  de  vouloir  bien  nous  donner,  pour  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété archéologique,  un  croquis  du  cul-de-lampe  ed  question,  et  aussitôt  l'objet  reçu,  nous 
avons  demandé  à  l'excellent  maître  de  notre  école  de  musique  limousine  de  nous  écrire 
quelques  pages  pour  accompagner  ce  dessin.  Nous  remercions,  au  nom  de  la  Société,  et  le 
dessinateur  et  l'écrivain. 

Rappelons  que  jadis  la  «r  chabrette  ■»  était  admise  dans  nos  églises  limousines  au  moms  une 
fois  par  an  :  à  la  fête  de  Noël.  A  Limoges,  les  membres  de  la  confrérie  des  Pastoureaux,  qui 
se  réunissaient  à  Saint-Pierre-du-Queyroix,  passaient  sous  une  chaumière,  élevée  dans  Téglise 
même,  toute  cette  nuit.  Us  étalent  habillés  en  bergers  et  accompagnés  de  sonneurs  de  musette» 
dont  le  salaire  figure  chaque  année  au  compte  des  recettes  et  dépenses  présenté  par  le^ 
bayles  à  leurs  collègues.  Vers  1840,  on  entendait  encore,  ce  jour-là,  à  la  cathédrale,  les  sons 
'  de  la  musette  unis  à  ceux  de  rorgue. 


170  SOCIKIÉ   ARCIIKOLOGIQUR   KT    UISTOIUQUK   DU   LIMOUSIN. 

son  fixe  appelé  bourdon,  tandis  que  Taulre,  percé  de  trous  plus  ou 
moins  nombreux,  permet  aux,  doigts  de  produire  des  mélodies 
variées. 

Dès  la  plus  haute  anliquité,  on  trouve  la  cornemuse  en  usage 
chez  presque  tous  les  peuples  de  race  blanche  parvenus  à  un 
certain  degré  de  civilisation.  Les  sons  fixes  des  bourdons,  premiers 
rudiments  d'harmonie,  annoncent  chez  une  race  l'instinct  d'une 
tonalité  déjà  bien  déterminée  dont  ces  bourdons  font  entendre  les 
sons  générateurs. 

Un  tel  instrument  est  à  coup  sûr  un  progrès  dans  Tart  à  côté 
des  flûtes  et  des  trompettes  :  la  musique  indigène  des  races  jaunes 
et  noires  ne  présente  rien  de  semblable. 

Depuis  plus  de  cinq  mille  ans  la  Perse  et  l'Inde  ont  dansé  au 
son  de  la  cornemuse;  les  Assyriens,  les  Babyloniens,  les  Hébreux, 
les  Phéniciens  nous  apprennent' par  leurs  monuments  que  leur 
sumponia,  sorte  de  cornemuse,  jouait  un  grand  rôle  dans  leurs 
concerts.  L'Arabe  sous  sa  tente  n'a  jamais  cessé  de  charmer  ses 
loisirs  par  les  accents  variés  à  TinOni  de  sa  zougarah.  C'est  dans 
la  même  classe  d'instruments  qu'il  faut  ranger  le  biniou  des 
Bretons,  le  bagpip  des  Gallois,  le  pipbrock  héroïque  des  Ecossais, 
et  enfin  notre  sémillante  chabrelte  limousine. 

Fait  singulier  :  Dans  l'ancienne  musique  des  Hellène.<,  art  si 
vanlé,  on  n'aperçoit  aucun  spécimen  de  l'instrument  qui  nous 
occupe;  mais  l'étonnemenl  cesse  à  cet  égard  dès  qu'on  se  rappelle 
que  la  tonalité  rendue  prépondérante  par  l'invasion  dorienne 
n'était  basée  que  sur  le  tétracorde,  qui  excluait  comme  son  géné- 
rateur la  quinte  bourdon  des  cornemuses.  En  revanche,  dans  la 
grande  Grèce,  te  Latium  et  la  Sabine,  les  utricularii  abondaient  et 
sont  encore  goûtés  de  nos  jours  sous  le  nom  impropre  ^e  pifferari 
(joueurs  de  fifre,  mais  en  réalité  de  chalumeau). 

En  France  et  dans  la  Grande-Bretagne,  le  domaine  des  corne- 
muses semble  s'étendre  plus  particulièrement  à  la  région  de 
l'ouest;  nos  provinces  de  l'est  n'en  paraissent  avoir  fait  usage  que 
par  emprunt. 

Par  ce  fait,  l'ethnologie  musicale  apporterait  une  preuve  à  l'as- 
sertion de  M.  Alexandre  Bertrand,  qui  prétend  que  la  race  qui  a 
élevé  les  tumuli  n'est  pas  la  môme  que  celle  des  dolmens  et  des 
cromlechs,  preuve  toutefois  fort  peu  convaincante  à  notre  avis. 

Revenons  à  notre  chabrette  limousine  :  présente-t-elle  quelque 
caractère  qui  la  distingue?  Voici  ce  que  nous  avons  pu  constater  : 
Le  quatrième  degré  de  son  échelle  tonale  sonne  presque  toujours 
environ  un  demi-ton  plus  haut  que  le  même  degré  dans  notre 
échelle    diatonique  moderne;  ainsi  s'expliquerait  pourquoi    nos 


LA    CHABRKTIE.  171 

chabrettaires  font  si  rarement  usage  des  deux  bourdons,  car  celui 
qui  fait  entendre  la  quinte  ou  son  générateur,  produirait  dès  lors 
avec  le  quatrième  degré  haussé  d'un  demi-Ion  une  dissonance 
le  plus  souvent  intolérable. 

Hélas!  Pourquoi  nous  faut-il  déplorer  que  la  chabrette,  avec  sa 
joyeuse  crânerie,  soit  sur  le  point  de  déserter  complètement  nos 
chaumières,  nos  bals  champêtres  et  nos  cortèges  matrimoniaux? 
0  tenipora!  0  mores!  Les  cris  autrefois  si  musicaux  de  nos  colpor- 
teurs, de  nos  peillaratuls,  de  nos  rétameurs  disparaissent  dans 
Foubli  comme  le  joyeux  chalumeau  de  nos  pères.  Qu*il  était  mélo- 
dieux notre  peillaraud  :  mi,  ré,  do.,,  do,  do,  do,  ré,  mi,  ré...  Le 
pilaver  breton  a  conservé  celte  mélodie,  avec  cette  différence  qu'il 
la  chante  en  mineur;  on  sent  que  son  oreille  retient  quelque  écho 
des  sourdes  plaintes  de  la  mer. 

Ce  serait  rendre  un  véritable  service  à  Tart  musical  de  recueillir 
ces  instruments,  ces  mélodies  dans  lesquelles  vibraient  Tâme  .et  le 
cœur  de  nos  aïeux.  Il  nous  serait  doux  d'accomplir  cetlç  tâche, 
mais  le  temps  nous  presse,  c'est  avec  grand'peioe  que  nous 
pouvons  noter  quelques  murmures  de  cette  voix  qui  tombe  et  de 
ces  accents  pleins  de  charme  qui  ont  si  longtemps  bercé  nos 
ancêtres. 

0  temporaf  0  mores! 

—  Quoi  !  disent  aujourd'hui  nos  coquettes /^aww^fown,  vous  voulez 
que  j'accepte  pour  danser  le  radotage  de  nos  chabrettaires!  Bravo 
le  violon!  bravo  la  clarinette  !  La  chabrette,  ça  n'est  plus  qu'une 
vieille  zouille  dont  il  n'est  plus  permis  de  faire  cas,  pas  plus  que 
de  cette  mauvaise  guenille  qu'on  appelle  encore  notre  pimpant 
barbichet. 

Eh!  Mesdames  Jeannetoun,  nos  grands  poètes  d'autrefois  ne 
dédaignaient  pas  de  consacrer  leurs  rimes  au  chalumeau  plein  de 
verve  dont  vous  faites  si  fort  mépris  ;  écoutez  plutôt  Ronsard,  ce 
rimeur-là  marchait  de  pair  avec  le  roi  : 

Lors  appuyant  (le  pâtre)  un  pied  sur  la  houlette. 

De  son  bissac  aveinl  une  musette, 

La  met  en  bouche,  et  ses  lèvres  t*nfla, 

Puis  coup  sur  coup  en  haletant  souffla 

Et  resoufQa  d'une  forte  baleinée 

Par  les  poumons  reprise  et  redonnée, 

Ouvrant  les  yeux  et  dressant  le  sourcy. 

Mais  quand  partout  le  ventre  fut  grossi 

De  la  chevrette  et  qu'elle  fut  égale 

A  la  rondeur  d'une  moyenne  baie, 


172  «0<:iKTÉ  ARGIIÈOLOGlUliK  KT  HISTORIQUE  DU  LiyOUSIN. 

A  coups  de  coude  en  repousse  la  voix; 
Puis  çà,  puis  là,  faisaul  saillir  ses  doigis 
Sur  le  perluis  de  la  muselle  pleine, 
Comme  saisi  d'une  aDgoisscu^e  peine, 
Pasle  et  pensif,  avec  un  irisie  son, 
De  sa  muselle  ourdit  une  chanson. 

(Chant  pastoral  à  la  princesse  Marguerite). 
P.   GlIARREIRE. 


LES  GRANDES  CHASSES  DE  GaANDMONT 


Dans  son  étude  sur  Técole  d'orfèvrerie  de  Grandmont  et  son 
essai  de  reconstitution  du  magnifique  maître-autel  de  l'abbatiale, 
M.  Louis  Guibert  a  recherché,  après  Tabbé  Texier,  quel  avait  été 
le  sort  des  sept  grandes  châsses  disposées  sur  la  façade  du  retable. 

I!  a  constaté  que  de  ces  fiertés  une  seule  existe  encore  :  celle  de 
Sainl-Macaire.  Elle  est  aujourd'hui  conservée  à  Ambazac  et  ren- 
ferme des  reliques  de  saint  Etienne  de  Muret.  Deux  autres,  celle 
de  sainte  Panafrète  et  celle  contenant  les  restes  de  plusieurs  autres 
compagnes  de  sainte  Ursule,  transportées  à  Saint-Sylvestre,  fu- 
rent, en  octobre  1794,  envoyées  à  Limoges  sur  la  réquisilion  de  . 
l'Agent  national,  réclamant  du  cuivre  pour  une  chaudière.  La 
châsse  de  sainte  Albine,  donnée  à  la  paroisse  de  Saint-Priest-Palus, 
fut,  dit-on,  enterrée  dans  le  cimetière  par  les  fidèles,  désireux  de 
la  soustraire  aux  profanations  des  révolutionnaires.  L'abbé  Texier 
a  fait  exécuter  quelques  fouilles  dans  le  but  de  la  rclrouver;  mais 
ces  recherches  sont  demeurées  sans  résultai.  Un  cini]uième  coffret, 
excepté  de  la  distribution  faite  aux  paroisses  du  diocèse,  à  cause 
du  mauvais  état  de  sa  garniture,  et  gardé  à  l'évéché,  fut  compris, 
au  témoignage  de  l'abbé  Legios,  au  nombre  des  débris  de  toute 
espèce  vendus  au  fondeur  Coutaud,  qui  vraisemblablement  ne 
l'épargna  pas  plus  que  les  autres  objets  acquis  par  lui  soit  de 
Vl^  d'Argentré,  soit  de  l'économe-séquestre. 

Sur  le  sort  des  deux  autres  châsses,  M.  Guibert  n'a  pu  trouver 
aucune  indication.  Plus  heureux  que  lui,  nous  sommes  en  mesure 
de  fixer  les  archéologues  et  les  amis  de  l'art  sur  la  destinée  de  l'un 
et  l'autre  de  ces  précieux  morceaux. 

La  grande  châsse  de  saint  Etienne  de  Muret,  celle  qui  occupait 
la  place  d'honneur  au-dessus  du  tabernacle,  fut  donnée  à  l'église 


171  SOCIRTÉ  ARCUÉOLOniQUE  KT  HISTORIQUR  DU  LIUOUSI?!. 

paroissiale  de  Razès.  On  s'est  demandé  si  le  caré  en  prit  réelle- 
ment possession.  Les  deux  extraits  qui  suivent  des  registres  de  la 
commune  de  Razès,  ne  laissent  aucun  doute  sur  renvoi  de  la 
grande  fierté  de  saint  Etienne  à  Téglise  de  cette  localité,  et  sur  le 
sort  de  cette  pièce  d'orfèvrerie,  la  plus  importante  que  possédai  le 
Limousin  à  la  veille  de  la  Révolution  : 

a  Aajourd'bui,  cinq  octobre  t79i,  an  I  de  la  République  française, 
nous,  commissaires  soussignés,  nous  sommes  transportés  dans  réglisc. 
paroissiale,  où  avons  fait  rencontre  du  citoyen  J.-B.  Magy,  ministre  catho- 
lique, auquel  ayant  déclaré  le  sujet  de  notre  transport,  il  nous  a  ouvert  le 

tabernacle,  dans  lequel  il  s*est  trouvé  un  calice 

une  grande  châsse  eu  cuivre,  garnie  de  pierreries  de  peu  de  conséquence, 
ayant  de  longueur  3  pieds  i  pouces,  sur  9  pieds  7  pouces  de  hauteur, 
et  13  pouces  de  largeur 

»  Fait,  clos  et  arrêté  le  présent  inventaire,  pour  copie  être  envoyée 
aux  citoyens  administrateurs  du  district  de  Bellac,  et  nous  sommes  sous- 
signés avec  le  dit  citoyen  ministre  catholique,  ainsi  :  Terrasson,  officier 
municipal;  Magy,  curé  de  Razès;  Moreau,  !)ardon.  « 

—  «  Aujourd'hui,  18  frimaire  l'an  H  de  la  République  une  cl  indivisible, 
séance  publique.  Le  procureur  de  la  commune  a  dit  que  l'hidre  du  fana- 
tisme ayant  cédé  la  place  à  la  raison,  il  est  temps  que  le  peuple  recon- 
naisse la  pureté  que  ta  nature  a  gravée  dans  le  cœur  de  Fhomme  ;  il  est 
temps  enfin  que  tous  les  hochets  de  la  superstition  tombent  et  rentrent 
dans  Tanéantissement,  — et  a  requis  que  tous  les  cuivres  et  guenilles  du 
fanatisme  seroiïl  adressés  au  Département,  cl  que  de  toute  rargenlcric  il 
en  soit  fait  don  à  la  nation. 

»  Au  même  instant,  le  Conseil  s'est  transporté  dans  le  temple,  et  après 
Touvcrture  faite  d'une  petite  armoire  au-dessus  de  l'autel,  il  sV  est  trouvé 
trois  marcs  six  onces  et  demi  d'argent;  au-dessus  de  rautcl,.huit  chande- 
liers en  cuivre  jaune,  une  croix  même  métal  ;  dans  la  sacristie,  deux  croix, 
un  encensoir,  nne  lampe  et  un  bénitier  en  cuivre,  le  tout  pesant  45  livres, 
et  finalement  une  grande  châsse  et  une  petite  renfermant  beaucoup  de 
superstition,  pesant  190  livres,  y  compris  six  livres  propres  à  faire  des 
cartouches,  un  petit  plat  d'étain,  pesant  une  livre  cinq  onces,  une  ban- 
nière en  toile  peinlo.  o  Signé  :  Terrasson,  maire;  Moreau,  président  de  la 
Société  républicaine;  Gantilton,  vice-président;  Dumas  du  Breuil,  secré- 
taire de  la  Société  républicaine. 

~»  Le  49  pluviôse  Tan  II  de  la  R(^publique  une  et  indivisible,  le  conseil 
de  la  commune  de  Razcs  arrête  que  Fargenterie  de  la  ci-devant  église, 
aujourd'hui  le  temple  de  la  Raison,  y  sera  également  envoyée.  »  Signé  : 
Moreau,  maire. 

La  dernière  châsse,  celle  qui  se  trouvait  placée  la  seconde  du 
côté  de  TEvangile  et  qui  renfermait  des  ossements  de  sainte 
Essence  et  de  plusieurs  autres  des  vierges  de  Cologne,  fut  destinée 
à  l'église  de  Thouron. 


LRS   ORANDRS   CHASSKS    DK  GRANDMONT.  I  T.'i 

La  mention  suivante,  relevée  aux  registres  de  la  paroisse,  éta- 
blit qu'elle  y  était  au  moment  de  la  cessation  du  culte  : 

«  Le  9  septembre  1790,  je  me  suis  reodu  à  liimoges,  accompagné  du  sieur 
Martial  Meriiadon,  officier  muDÎcipal  et  électeur  du  canton  de  Comprcignac, 
habitant  le  présent  bourg  de  Thouron,  et  de  là  chez  M.  Lcgros,  vicaire  de 
Saint-Martial,  qui  a  eu  la  bonté  de  nous  accompagner  le  lendemain  ù  une 
des  salles  de  révôché,  où  étant,  il  m'a  remis  les  reliques  des  saints  avec 
une' châsse,  comme  il  est  dit  au  procès-verbal,  déposé,  ainsi  que  les  let- 
tres et  autres  pièces  à  ce  concernant,  dans  les  papiers  de  la  cure.  Le  onze 
des  dits  mois  et  an  que  dessus,  les  susdites  reliques  ont  été  conduites 
par  moi  et  déposées  dans  la  chapelle  de  Suint-Roch,  en  cette  paroisse» 
d*où  le  lendemain  elles  ont  été  transportées  en  grande  célébrité  à  Téglise 
paroissiale  après  vêpres.  Le  jour  fixé  annuel  de  leur  fête,  vénération  et 
procession,  est  aussi  indiqué  dans  les  susdits  papiers  déposés  parmi  ceux 
de  la  cure.  En  foi  de  tout  quoi  nous  avons  signé  pour  servir  et  valoir  en 
toute  vérité.  »  A  Thouron,  le  11  septembre  1790,  A.-E.  Laurier,  prêtre, 
cnré. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  de  mention  expresse  de  renvoi  de 
chÉsse  au  fondeur;  mais  tout  donne  à  penser  qu'elle  subit  le  sort 
de  la  fierté  de  saint  Etienne. 

A.  Le'cuer. 


ANNALES    DE   LIMOGES 


PAR   LES   SIEURS  GOUDIN 


(1638-1690) 


Ces  Annales  présenlenl  ce  caraclère  particulier  qu^cIlcs  ne  sont  qu*une 
continuation  des  Annales  de  Umoges  dites  de  1638,  connues  aussi  sous 
le  nom  do  a  Mémoires  en  forme  d'histoire  »,  par  le  chanoine  Jean  Bau- 
del.  Nous  les  avons  extraites,  en  effet,  d'un  manuscrit  de  ces  Annales  de 
1638  (I)  qui  appartient  à  la  famille  Devoyon-  de  La  Planche,  au  château 
de  La  Planche,  près  Sainl-llilairt-Bonneval  (Haute-Vienne)  (§).  Elles  cou- 
vrent les  pages  351  à  361  du  registre  et  continuent  sans  interruption 
ni  titre  spécial  les  «  Mi^moires  en  forme  d'histoire  »  de  Bandel. 

Quoique  remplissant  fort  imparfaitement  l'espace  compris  entre  1638  et 
1690,  ces  courtes  Annales  contiennent  cependant  un  certain  nombre  de  faits 
inédits,  et  apportent  sur  quelques  autres  déjà  connus  l'appui  d'un  nouveau 
témoignage.  Elles  semblent  avoir  été  rédigées  en  trois  parties  —  1638-58, 
4673-78,  1684-90  —  qui  ont  chacune  leur  auteur.  Les  indications  recueil- 
lies sur  l'intérieur  de  la  couverture  et  les  feuillets  de  garde  du  registre 
nous  aideront  à  déterminer  leurs  noms. 

On  lit,  en  effet,  au  verso  du  plat  : 

Ex  libris  Josephi  Goudin,  in  suprenw 
Aqnitaniœ  senatu  patroni. 

(1)  C'est  une  nouvelle  copie  qu'il  convient  il'ajoutcr  h  la  liste  de  celles 
que  nous  avons  énuméréos  dans  noire  Etude  critique  sur  les  Annales 
françaises  de  Limoges  (dans  les  Annales  du  Midi,  1889  et  1890).  Elle 
contient,  à  quelques  interversions  près,  toutes  les  matières  contenues  dans 
l'édition  des  Annales  de  16'SS.  Ce  manuscrit  ii)-4*'  compte  361  pages  chif- 
frées, plus  \  î  feuillets  liminaires  non  chiffrés. 

(2)  Nous  devons  la  communication  de  ce  mannscril  à  l'obligeance  de 
y\.  l'abbé  Grand,  cur<'  de  Saint-Hilaire-Bonneval. 


ANNALES    DE   LIMOGES.  177 

Si  par  fortune  ou  autrement 
Le  présent  livre  estait  perdu. 
Je  vous  prie  très  humblement 
Qu*au  soubzsigné  il  soit  randu. 

J.  GouDiN,  raisné. 

Suivent  quelques  notes  historiques,  des  années  1673-1678,  que 
Ton  trouvera  reproduites  plus  loin,  à  leur  rang  chronologique. 
Sur  le  dernier  feuillet  : 

Jean  Goudin,  Jean-Baptiste  Goudin. 

Annales  de  Limoges  appartenant  à  M.  Joseph  Goudin,  advocat, 
XV  décembre  i680. 
Les  Annales  appartiennent  à  M.  Jean  Goudin,  aoust  i  682. 

Joseph  Goudin,  qui  s'inlilulc  avocat  au  Présidial  en  Tannée  1680,  pour-  ' 
rail  bien  ôlre  l'auleur  de  la  seconde  partie.  Jean  ou  Jean-Baplisle  Gou- 
din, qui  est  sans  doute  son  fils  (I),  serait  alors  i'aulcur  de  la  dernière 
partie.  Quant  à  la  première,  composée  d'un  seul  jet,  vers  1660,  par  un 
marchand  de  Limoges,  comme  il  résulte  de  divers  indices,  elle  est 
d*uoe  rédaction  très  faible  (2).  Deux  mentions  de  4673  et  1681  sont  sans 
doute  Tœuvre  du  second  auteur. 

A.  Leroux. 

L'année  1638  (3),  les  Mercs  Carmélites  s'estant  retirées  en  leur  bas- 
liment  du  fauxbourg  de  Manigne,  ayant  vendu  le  leur  au  dessoubz 
du  portai  Himbert  aux  religieuses  filhes  de  Nostre-Damc  (4)  la 
somme  de  24,000  livres,  incontinent  s'y  retirèrent.  Elles  ont  une 
bonne  fontaine  dans  leur  enclos  et  ont  fait  hausser  des  chambres 
sur  leur  église.  Elles  ont  achetté  un  jardrin  fsicj  près  le  leur,  une 
venelle  ou  mette  entre  deux,  ensamble  une  maison  tenant  à  icelluy 
qui  va  dans  la  grande  rue  des  Combes. 


{<)  VlnoentcUredea  A rchcoes  communales  de  Limoges,  par  M.  A.  Thomas, 
ne  fournit  aucun  renseignement  sur  cette  branche  de  la  famille  Goudin. 

(2)  L'auleur  parle,  sous  la  date  de  1639,  de  velours  vendu  par  lui  à 
Tintendant. 

(3)  Plus  exactement  1634,  comme  il  résulte  de  divers  contrats  conser- 
vés aux  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne.  Cf.  M.  P.  Ducour- 
tieux,  Limoges  d'après  ses  anciens  plans,  p.  160. 

(4)  On  voit  encore,  au  coin  de  la  place  Fontaine-des-Barres,  la  porte 
d'entrée  du  couvent. 

T.  xxxvni.  12 


478  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    BT   HISTOaiQUE   DU   LIMOUSIN. 

En  Vannée  1639,  le  roy  envoya  au  dit  Fremin  (1)  ordre  d'im- 
poser sur  les  plus  riches  et  aizés  plusieurs  sommes.  A  ce  coup  il 
fist  encore  mieux  ses  affaires,  car  il  imposoit  et  levoit  plusieurs 
sommes  qu'il  ne  tenoit  en  comte  sur  Testât  et  fornissoit  aux  laxés 
de  bons  contratz  pour  recevoir  les  ranles  sur  les  tailles  ;  qui  fol 
payé  de  deux  ou  trois  années  et  plus  rien,  ayant  [esté]  cogneue  sa 
fripponnerie  et  vollerie.  Est  la  cauze  que  le  fondz  et  rante  sont 
perdus. 

Et  après  les  aizés  il  fist  des  soubzaisés,  qui  fut  aussi  très  grand 
vollerie.  Car  s'il  scavoit  quelcun  à  la  campagne,  incontinant  il  luy 
faisoit  signifiier  la  taxe  qu'il  luy  plaisoit,  et  incontinant  contrainte 
pour  payer  dans  le  delay  qu'il  donnoit.  Et  par  ce  moyen  il  eut 
grosses  sommes  au  détriment  du  peuple.  Il  fesoit  trembler  tout  le 
monde.  Quand  il  vint  a  Limoges,  il  estoit  grêlé,  n'ayant  qu'une 
meschante  solane  (2)  et  une  vieille  robe,  pour  laquelle  fere  des 
parements  je  luy  vandis  (3)  deux  pantes  de  vieux  velours  noir.  En 
ce  temps  les  partizans  estoient  en  foula  a  Lymoges,  sans  compran- 
dreceux  de  la  ville,  et  depuis  cootinuerent 

En  l'année  1640,  plusieurs  furent  accusés  d'avoir  rougné  (4), 
dont  fut  exécutée  une  femme  qui  laissa  quelque  (ilz.  Icelluy  Fremin 
l'ouyt  en  secret,  luy  fesant  accuser  plusieurs  qui  furent  déclarés 
innocentz  par  le  Conseil,  et  autres  qui,  pour  ne  venir  aux  pour- 
suites qu'on  eust  fait,  donnoient  de  l'argent  soubz  main.  Il  estoit 
soustenu  de  quelques  particuliers  et  officiers  de  la  ville  qui  estoient 
toujours  à  son  oreille  et  parlicipoient  à  ses  volleries  et  faussetés, 
desquelles  il  en  fit  plusieurs,  et  fausses  accuzations  qui  durèrent 
longuement,  lesquelles  demeurèrent  soubz  silence,  et  que  le  grand 
conseil  a  cogneu  par  ses  arrestz  qu'il  randit  aux  accuzés  ez  années 
1642  et  1643,  et  autres  depuis. 

Icelle  année  1640,  les  consulz  oblindrent  la  foire  du  jeudy (3) 

(I)  Avant  cette  ligne,  il  y  a  dans  le  manuscrit  un  blanc  que  l'auteur  se 
proposait  de  remplir  en  parlant  sans  doute  de  Tarrivée  de  Fremin  à 
Limoges.  —  Ce  Fremin,  appelé  aussi  Fremin  des  Couronnes,  était  un  in- 
tendant envoyé  par  le  pouvoir  royal  dans  la  généralité  de  Limoges.  Ses 
exactions  sont  racontées  aussi  par  Pierre  Mesnager  dans  un  passage  de  sa 
Chronique  ms.,  reproduit  par  les  éditeurs  des  Annales  de  1638  (p.  408) 
et  des  Registres  consulaires  (p.  320). 

(9)  Le  mss.  porte  sotatane. 

(3)  Voilà  le  seul  indice  qui  soit  fourni  par  le  manuscrit  sur  la  profession 
de  l'auteur  de  ces  premières  notes. 

(4)  D'avoir  rogné  des  écus?  affaibli  des  monnaies? 

(5)  Une  déchirure  dans  le  manuscrit. 


ANNALES    DK   LIMOOFS.  179 

devant  les  rameaux,  et  depuis  ilz  ont  obtenu  foire  pour  tous  les 
derniers  jeudis  des  mois  (1), comme  la  foire  de  Saint-Loup  pendant 
huit  jours  Tan  1673  (2). 

•  Iceile  année,  les  vicaires  de  Saint-Estienne  et  de  Saint-Marlial, 
scavoir  ceux  de  Saint-Estienne  le  jour  de  Toussaints,  prindrent 
robes  et  capuchons  longs  comme  M'"  les  chanoines,  réservé  le 
parement  des  robes  qui  sont  noires  et  celle  des  Messieurs  de  damas 
ou  velours  rouge  cramoisy.  Et  le  dimanche  suivant,  ceux  de  Saint- 
Martial  Brent  de  mesme.  L'an  1681,  les  porte-masse  et  les  deux 
bedeaux  commencèrent  à  porter  des  robes  de  Téglise  collégialle 
de  Saint-Martial,  le  jour  et  fesle  de  saint  Martial. 

En  Tannée  1643  fut  une  maladie  de  fieuvre  chaude  suivie  de 
pourpre,  de  laquelle  mourut  («te)  plusieurs  hommes,  chefs  de  familles 
très  considérables  et  des  meilheurs  marchandz  et  bourgeois  et  point 
de  femmes.  Le  mardySSjuin,  la  maladie  s'eschauiïant,  fustfaict 
procession  generalle  (3)  pour  implorer  la  miséricorde  de  Dieu,  ou  les 
chapses  fsicj  des  sainlz  furent  portées  comme  le  roardy  de  Pas- 
ques,  ou  assistèrent  grand  nombre  de  personnes  nudz  en  chemize 
et  autres  portant  cierges.  La  prédication  fut  faite  soubz  les  arbres 
a  l'ordinaire,  et  trois  jours  après,  de  plus  de  deux  cens  malades 
qu'il  y  avoit,  n'en  mourut  que  six  ou  sept,  et  les  autres  guéris,  et 
la  maladie  cessa.  Quand  Messieurs  les  vicaires  des  deux  paroisses 
sortoient  pour  porter  le  Saint-Sacrement,  ilz  ne  retournoienl  en 
leur  église  qu'ilz  ne  l'eussent  administré  à  10  ou  12  endroitz.  Il  y 
avoit  des  jours  qu'il  y  avoit  12  grandz  cor|.  s  et  tous  chefs.  Et  par 
la  grâce  de  Dieu,  aucun  des  vicaires  n'eust  de  mal. 

L'année  1645,  Tobstenlion  fsicJ  du  chef  saint  Martial  fut  faite 
et  d'autres  saintz,  commancant  au  mardy  de  Pasques,  et  la  closlure 
le  mardi  de  Pentecoste  par  Monseigneur  de  La  Fayette,  evesque  de 
Limoges.  Les  offrandes  et  présents  qui  furent  donnés.  Mess,  de 
Saint-Martial  les  donnèrent  pour  faire  la  chapse  fsicJ,  et  fut  fait 
queste  par  la  ville  pour  y  joindre.  Laquelle  fut  faille  a  Paris  et 
eslimée  la  plus  belle  de  France,  hors  (4)  les  pierreries  qu'ont 

(1)  Oq  sail  que  les  foires  de  Limoges  se  Uennent  encore  le  dernier  jeudi 
de  chaque  mois. 

(2)  Ce  détail  donnerait  à  croire  que  celte  foire,  depuis  son  inslitulion 
en  4565,  ne  durait  guère  que  deux  ou  trois  jours,  comme  celle  des  Inno- 
cents, créée  à  la  même  date. 

(3)  La  procession  du  mardi  de  P&ques  était  faite  en  mémoire  du  miracle 
des  Ardents. 

(4)  Le  texte  porte  or.  Il  faut  comprendre  hormis. 


180  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSI!*!. 

d'autres,  icelle  a*ea  ayans  point,  ainsin  que  me  fut  dit  par  le  sieur 
Celliere,  enfant  de  Lymoges,  maître  orpheuvre  a  Paris,  qui  avoil 
la  conduite,  et  deux  des  ouvriers  qui  esloient  les  meilheurs  de 
France  (1). 

Le  i 2". avril  1647,  veilhe  des  rameaux,  la  dite  chapse  arriva  de 

Paris,  et  fut  bénite  par  M«^  l'evesque  et (à).  Le  20*  du  dicl, 

fut  transférée  ce  qui  estoit  dans  la  vieille,  qui  estoit  couverte 
d'argent  doré,  scavoir  le  coffre  où  est  le  saint  chef  et  autres  cho- 
ses, tant  en  reliques  que  linges,  et  outre  ce  deux  layettes  el 
papiers,  desquelz  fut  fait  invantaire  suivant  les  bilhelz  qui  so 
trouvèrent.  Laquelle  chapse  demeura  a  la  veue  du  peuple  depuis 
le  dit  jour  20'  avril  jusques  au  mercredy  19*  juin,  veilhe  de  la 
Feste  Dieu,  dans  la  dite  église  haut  cslevée  jongnant  les  grilles  du 
sépulcre  du  cardinal  de  Saragose  (3),  du  côté  de  Thorloge,  et  fut  mize 
dans  le  grand  autel  par  mon  dit  seigneur  après  avoir  célébré  la 
messe,  ou  estoient  grand  nombre  de  personnes.  La  vieille  chapse 
fut  rompue  quelques  jours  après  soubz  les  arbres  et  dispersée  a 
plusieurs  qui  tirent  des  présents,  qui  fut  pour  payer  les  advances 
qui  avoient  été  faictes  (4). 

L'année  1047,  lymage  de  Noslre  Dame  de  soubz  les  Arbres  estant 
dehors  fut  renfermée  par  la  dévotion  d'un  voysin  de  l'église  nommé 
Psaumet  Faute,  de  colommes,  ou  il  y  eut  grande  dévotion  des 
personnes.  Enfin,  en  l'année  1651,  la  chappelle  de  presant  fust 
bastie,  et  depuis  beaucoup  de  réparations  dans  icelle  (5). 

Le  4*  juillet  1647  (6),  fust  mize  la  première  pierre  ou  sont  les 

muscles  (7)  et  daufins  de  la  fontaine  d'Aigoulene  et  effigie  de  saint 
Martial  dans  la  coupe  de  la  dite  fontaine,  et  furent  recherchés  les 
conduitz  dicelle  en  divers  endroits,  qui  sont  très  beaux  et  espa- 

(!)  Cf.  la  CAronigae  ms.  de  Pierre  Mesnager,  citée  par  Tédileur  des 
Registres  consulaire»  \}\\^  333,  noie),  —  et  surloul  les  Annales  du  Limou- 
sin, (p.  848-8 19)  de  Bonaventurc  de  Saint-Amablc,  conlemporain  des  faits. 
La  châsse  en  qucslion  était  l'œuvre  de  Pierre  Celière  et  de  Claude  de 
Villiers  (V.  L.  GuiBEar,  Orfèorerie  et  orfèvres  de  Limoges,  p.  52,  63). 

(5)  Une  déchirure  dans  le  manuscrit, 

(3)  Gui  d'Arfeuiilc,  dont  le  tombeau  était  placé  dans  la  basilique  de 
Saiui-Martial,  en  face  de  celui  du  cardinal  de  llende,  Guillaume  de 
Ghanac. 

(4)  Cf.  la  Chronique  de  Pierre  Mesnager,  déjà  citée. 

(6)  Ibid. 

(6)  Ibid, 

(7)  Mufles,  ou  masques,  dans  le  sens  de  mascarons  (?). 


ANNALES   DE  LIMOGES.  181 

deux;  laquelle  couppe  fut  levée  plus  haut  qu'elle  n'estoit  de  deux 
a  trois  piedz,  outre  la  hauteur  des  dits  muscles  et  dauphins,  telle- 
ment que  l'eau  estant  contrainte  par  le  reserrement  des  ditz  mus- 
cles, qui  auparavant  sortoit  par  un  gros  thuyaud  de  plomb  de  la 
grosseur  presque  de  la  teste,  a  gros  bouillons  et  floquons  d'eau, 
selon  le  temps,  et  le  surplus  dans  les  estangs,  au  lieu  que  dans  le 
regorgement  Feau  de  la  source  a  prins  ailheurs  chemin,  dont  s'est 
fait  plusieurs  prairies  vers  le  Masjambost  et  ailheurs,  tellement 
que  c'est  bien  tout  sy  elle  a  la  moylié  de  son  ancienne  source  (1). 
Et  qui  plus  est,  les  conduilz  [estant]  mal  entretenus,  lorsqu'il  fait 
des  pluyes,  incontinent  l'eau  [devient]  comme  du  mortier,  laquelle 
auparavant  esloit  tousjours  très  clere,  belle  et  bonne.  Lesquelz 
frailz  furent  faitz  par  les  consuls,  mais  non  de  leurs  deniers;  mais 
comme  il  y  eust  plusieurs  logements  de  gens  de  guerre  qui  furent 
logés  et  nourris  par  les  habitans  et  outre  ce  fait  payer  plusieurs 
sommes,  leur  promettans  qu'ilz  seroient  rambourcés,  ainsin  que  le 
roy  vouloit,  et  lesquelles  sommes  ilz  eurent  entre  leurs  mains,  au 
lieu  de  les  rambourcer,  ilz  firent  fere  ce  que  dessus,  et  de  plus  ilz 
firent  provision  de  foing,  disant  qu'il  debvoit  passer  quanlité  de 
cavalerie,  ce  qui  ne  fust,  mais  la  pluspart  piétons  en  grand  nombre, 
et  le  foing  leur  demeura. 

Le  15*  apvril  1648,  les  Pères  Capucins  furent  a  Lyraogcs  pour  se 
placer.  M^"  l'evesque  le  vouloit  permettre,  et  par  ce  fust  fait  assem- 
blée de  ville,  ou  tous  les  corps  furcnl.  Et  ayant  eslé  remonlrc 
qu'il  y  avoit  dans  la  ville  et  fauxbourgz  et  cillé  beaucoup  de  reli- 
gieux mandiants,  et  recevant  iccux  augmenteroient  le  nombre,  ce 
que  les  habitans  ne  pourroient  nourrir,  ayant  d'ailheurs  plusieurs 
charges,  lesquelles  les  fouloienl  tous  les  jours,  et  par  ce  furent 
refusés  (2). 

Le  jour  et  fesle  de  Pasques  1648,  M''"  du  Presidial  estèrent  de 
leurs  places  certains  preslrcs  de  l'église  Saint-Michel  estant  placés 
pour  dire  vespres,  disant  qu'ilz  avoient  leurs  places;  dont  y  eut 
grand  bruit,  n'eust  esté  Mons.  le  curé  qui  leur  manda  de  céder.  Il 
y  eust  grand  escandallc. 

Le  jour  de  Noël  l'an  1658,  fust  la  mesme  chose,  mais  plus  grande, 
car  tous  les  prestres  descendirent  ne  voulant  dire  vespres,  mais 
s'assemblèrent  dans  la  sacristie;  enfin  vespres  furent  dites.   Et 

(i)  On  sait  que  les  eaux  d*Âigoulène  ont  leur  source  prés  de  La  Boric. 
(2)  Cf.  le  récit  des  Registres  consulaires  de  Limoges^  111,  351,  plus 
développé  que  celui-ci,  mais  identique  pour  le  fond. 


482  SOCIÉTÉ  ARCOÉOLOGI^UR   RT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

aflin  que  cella  n'arriva  plus,  Tut  faict  acommodement  par  lequel 
Messieurs  du  Presidial  auroieut  six  chères  de  chasque  coté.  Notta 
que  les  chères  sont  esté  faictes  par  le  curé  et  prestres,  dont  Tépi- 
taphe  est  aux  quatre  pilliers  et  copie  a  folio  228  (1). 

Le...  jour  de  juin  1648,  fust  fait  procession  soleropnelle  pour  le 
jubillé,  où  furent  toutes  les  compagnies  pénitentes  qui  n'avoient 
plus  esté  aux  processions  generalles,  lesquelz  ont  depuis  continué. 

Icelle  année  (2),  les  bourgeois,  marchandz  et  artizans  se  voyant 
oppressés  de  logemcns  de  guerre,  levée  de  grosses  sommes  pour 
la  nourriture  des  Espagnols  prisonniers,  que  pour  le  mois  de  juin 
fallut  payer  720  II.  pour  la  nourriture  des  Espagnolz  prisonniers 
sur  la  ville,  cyté  et  faux  bourgtz,  outre  une  garnison  et  logement 
de  gens  de  guerre,  les  officiers  estjjnt  consulz  deschargeoienl  les 
autres  officiers  de  ville,  tellement  qu'il  fallait  que  les  marchandz 
artisans  sussent  le  but  pour  souffrir  tout  cella,  car  la  levée  des  Espa- 
gnols et  autres  taxes  durèrent  longtemps.  Et  pour  le  paj^ement  des 
sommes  taxées  falloil  les  payer  sans  remize,  dont  aucuns  n'avoient 
pas  pour  vivre.  Quoy  voyant,  certains  bourgeois  et  marchandz, 
pour  obvier  a  ces  desordres,  forment  plainte  au  Conseil  contre 
Tesdit  du  Presidial  pour  leur  empescher  l'entrée  du  consulat;  dont 
s'ensuivit  plusieurs  arresls.  Et  quand  fut  question  de  fere  la  nomi- 
nation des  consulz  a  l'ordinaire,  ilz  produiront  {HcJ  un  arrest  du 
Conseil  qui  n'estoit  en  forme,  dont  y  eust  opposition  (3).  Enfln  les 
bourgeois  obtindrent  un  arrest  par  lequel  est  inhibé  aus  ditz  sieurs 
du  Presidial  d'y  entrer.  Et  pour  la  nomination,  [elle)  fut  faille  le 
lendemain  de  Noël,  ou  Mons.  de  Ventadour,  gouverneur,  fut  com- 
mis pour  faire  la  dicte  nomination  (4).  Les  gardes  duquel  rompi- 
rent les  armes  et  dictons  qui  estoient  sur  un  marbre  en  lettres  d'or 
devant  le  palais,  entre  le  portail  et  la  grille  des  prisons,  à  l'honneur 
de  Mons.  de  Corberon,  intendant  (5). 

(1)  C'est  un  renvoi  à  l'inscriplion  qui  est  reproduite  dans  rédilion  des 
Annales  de  Limoges  dites  de  1638,  p.  267:  L'an  quarante  et  quatre^  etc. 

(?)  Cf.  \qs  Registres  consulairesy  III,  p.  348  et  suiv.,  et  la  Chronique  ûe 
Pierre  Mesnager,  p.  2i6. 

(3}  Voici  la  réponse  à  la  question  posée  par  M.  Guibert  dans  une  note 
des  Registres  consulaires^  \\l^  354,  au  sujet  du  retard  apporté  en  celte 
année  1648  à  Télection  des  consuls. 

(4)  Cf.  les  Registres  consulaires^  (II,  354. 

(5)  Plus  exactement  ancien  intendant.  Il  avait  en  effet  démissionné 
Tannée  précédente  pour  des  raisons  inconnues.  Nous  ne  savons  ce  que 
contenait  Tinscription  à  laquelle  il  est  fait  ici  allusion. 


ANNALES   DE   LIMOGES.  183 

Iceux  consulz  à  cause  de  leurs  authoritez  menoient  eux-mesraes 
les  soldatz  aux  maisons  afin  de  les  contraindre  a  fere  quelque  refus 
pour  leur  en  donner  une  compagnie  pour  les  ruiner  ou  faire  eslever. 
Mais  Dieu  a  tout  préservé. 

Icelle  année  1648,  le  jour  de  saint  André,  premier  jour  d'advent, 
le  prédicateur  qu'avoyt  donné  Mp"  Fevesque  pour  prescher  Tadvent 
et  caresme  a  Saint-Estienne  comme  de  couslume  (1),  et  que  le  sei- 
gneur evesque  doibt  payer,  fut  refusé  par  le  chapitre,  et  fut  faile 
la  prédication  à  Saint-Maurice  pendant  le  dit  advent,  pour  quelque 
différend  qui  esloit  entre  eux,  dont  y  eust  quelque  accommode- 
ment. Et  le  caresme,  la  prédication  fut  a  Saint-Eslienne. 

Le  premier  lundy  d'octobre  1648,  Messieurs  du  Presidial (2) 

contre  Mons.  le  grand  prevost.  Dont  (3)  Mess,  du  Presidial  pas- 
sant devant  Saint-Michel,  voyant  un  des  archers  du  dit  prevost  qui 
parloit  près  le  lion  avecq  aucuns  des  voisins,  fut  envoyé  un  archer 
de  Mons.  le  visscnéchal  par  iceux  pour  le  prandre  prisonnier. 
Lequel  se  voyant  poursuivi,  se  sauva  à  la  course  et  se  jetta  chez  le 
dit  grand  prevost  n'en  estant  eslongné,  qui  pour  lors  avoit  quelque 
nombre  d'archers  chés  luy.  Lesquelz  sieurs  du  Presidial  furent 
incontinant  chez  le  dit  archer  qui  dcmeuroit  devant  chés  le  dit 
grand  prevost,  pensant  le  trouver.  Et  sachant  qu'il  estoit  chés  le  dit 
grand  prevost  se  campèrent  devant  la  maison  aveq  plusieurs  gens, 
voulant  fere  ouvrir  les  portes  par  force,  ce  qui  fust  refuzé.  Et  par  le 
moyen  d'aucuns  d'iceux  messieurs  qui  passèrent  par  le  dernier  (^»tc  A 
parlèrent  au  dit  sieur  prevost  et  terminèrent  cest  affere  pour  ce 
soir.  Ce  bruit  appres  eust  de  grandes  suittes. 

En  Tannée  1649,  divizion  entre  Messieurs  du  Presidial  et  Tréso- 
riers, lesquelz  sieiirs  trésoriers  envoyèrent  le  commis  de  leur 
greffier  signifier  quelque  ordonnance  aux  dits  sieurs  du  Presidial 
dans  le  palais;  lequel  commis  fui  retenu  par  iceux  qu'ilz  gardèrent 
assés  de  temps  ;  pendant  lequel  temps  couroit.le  bruit  par  la  place 
que  l'on  luy  faisoit  donner  le  fouet  par  la  salle  du  palays,  ce  qui 
ne  fut,  mais  grandes  suittes. 


(1)  On  sait  que  rAvent  et  le  Carême  étaient  prêches,  au  moins  depuis 
la  fin  du  xvr  siècle,  dans  la  Cilé  par  un  prédicateur  du  choix  de  TEvêquo, 
et  dans  la  ville  par  un  prédicateur  à  la  désignation  des  Consuls. 

(2)  Le  verbe  a  été  oublié. 

(3)  Le  sens  de  ce  mot£8t  :  Il  résulte  de  cela  que 


484  sociéTé  archéologique  et  historique  du  limousin. 

En  la  dite  année  aussi  divizion  entre  les  esleus  touchant  leur 
bureau.  Et  par  ce  fusl  donné  arrest  à  Ciermond  (1). 

Le  26  febvriep  1649,  fusl  fait  assemblée  aux  Jacobins  des  trois 
estats  (2),  et  fut  depputté  Mk*"  de  La  Fayette,  evesque,  pour  le 
clergé,  Mons.  de  Meilhard  pour  la  noblesse,  et  Mons.  de  Trasiage, 
lieutenant  général,  pour  le  tiers  estât.  En  laquelle  assemblée  y 
eust  dispute  entre  Tabbé  de  Saint-Martial  et  doyen  de  Saint- 
Eslienne  pour  la  [pré]séance. 

La  dite  année  1649  (3),  passa  sy  grand  nombre  de  gens  de  guerre 
qu'on  ne  sauroit  croire.  Il  y  eust  44  ou  43  logemens.  On  est 
estonné  comme  la  ville  s*est  sauvée  sans  estre  pilhée.  Et  mesmes 
des  compagnies  de  Mons.  le  prince,  conduittes  par  Soligny  de 
Coligny  qui  estoient  a  Lymoges,  n'en  fesoient  pas  la  petite  bouche, 
disant  que  dans  bref  ilz  viendroient  fere  grand'cheres  et  mesmes 
chez  les  mieux  habilhés.  Mais  les  nouvelles  vindrent  que  Mons.  le 
prince  esloit  arresté  prisonnier  quand  ilz  alloient  pour  se  joindre 
aveq  ceux  de  Saint- Léonard  et  autres  trouppesqui  se  debvoientjoin- 
dre  aveq  eux  au  rendés-vous  pour  faire  leur  gros  d  armée,  pour  jouer 
leur  entreprise.  Mais  Dieu  leur  ota  le  pouvoir  par  les  prières  du 
glorieux  saint  Martial.  Ce  qu'ayant  sceu,  ilz  s'esvaderent  du 
pays. 

Le  jour  de  sain  le  Catlierine  1649,  quatre  maisons  tombèrent  au 
bas  du  montant  de  Manigoe,  depuis  la  mette  qui  va  dernier  fsicj 
la  maison  de  ville  en  bas  vers  la  crois  (4),  environ  8  heures  du 
soir,  et  fut  tuée  Madamoizelle  Romanet  Rose  et  sa  fille,  les  autres 
de  la  maison  estants  sur  le  dernier  comme  les  autres  des  autres 
maisons,  et  par  ce  moyen  furent  sauvées.  Le  deflaut  fut  qu'un  des 
voisins  vouloit  fere  une  cave. 


(f)  L'élection  de  Limçges  dépendait  de  la  Cour  des  aides  de  ClcrmonU 
(%)  Cf.  la  Dernière  Chronique  de  Pierre  Robert,  dans  nos  Chartes,  Chro- 
niques et  Mémoriaux,  ...,  p.301,  etaussi  \cJournalde  Lafossc  (p.  I3)qui 
fut  envoyé  avec  son  collègue  de  Verthamon  à  cette  assemblée  pour  y  re- 
présenter la  ville. 

(3)  La  Chronique  ms.  de  Pierre  Mesnager  fixe  ces  passages  de  gens  de 
guerre  au  mois  de  décembre  <649. 

(4)  Par  conséquent  du  c6lé  droit  de  la  rue  en  montant  vers  la  place  des 
Bancs.  Au  siècle  suivant  il  se  produisit  dans  la  mémo  rue  un  accident 
semblable. 


ANNALBS   DE  LISlOGBS.  485 

Icelle  anuée,  Mous,  de  Vanladour  mourut  à  Brive  (1),  auquel 
succéda  au  gouvernemeiît  Mons.  le  duc  d'Anville. 

Icelle  année  [1649],  le  sieur  de  Foulé,  intendant,  vint  à  Lymoges 
et  avec  luy  le  nommé  Tabouret,  partizan  des  tailles,  et  autres  de 
leur  caballe,  lesqueJz  parloient  pour  faire  payer  le  Bas-Lymousin  ; 
et  pour  ce  [on]  assembla  toutes  les  compagnies  du  pays  ,qu'ils  me- 
nèrent, qui  ruinèrent  beaucoup  de  familles  (2). 

En  ce  temps  du  commancement  de  la  guerre  de  Bourdeaux, 
Mons.  Mousnicr,  conseilher  au  Parlement  du  dit  Bourdeaux,  vint 
à  Lymoges  au  pallays  du  PrésiJial,  publier  quelque  arrest  que  le 
Parlement  avoit  donné,  ou  ne  se  trouva  personne  (3);  dont  il  prins 
acte  par  un  commis  qu'il  avoit  aveq  luy,  et  incontinent  partit. 
Lequel  fist  bien,  s'estant  azardé  d'estre  arretté,  car  il  fesoit  pour 
Mr.  le  prince  contre  le  roy. 

L'an  16S0,  le  premier  jour  de  may  fust  donné  commission  à 

(4)  quatre  de  chasque  canton  pour  lever  la  taxe  que  debvoient 

(5)  chasque  canton,  suivant  ce  qui  fust  aresté  le  jour  aupara- 
vant par  M.  de  Pompadour,  lieutenant  au  gouvernement;  Mons.  de 
Foulé,  intendant,  Mess,  le  lieutenant  gênerai,  procureur  du  roy 
et  consulz  et  autres  officiers  de  la  ville  et  officiers  des  six  compa- 
gnies en  garnison,  de  lever  en  tous  les  cantons  la  somme  de  20011. 
par  jour.  Et  fut  aretté  que  lous  les  habitans  payeroient,  exemps 
et  non  exemps,  excepté  les  ecclésiastiques,  comme  appert  par  Tor- 
donnance  imprimée  et  signée  que  j'ay  en  main,  et  les  refuzantz 
contrainlz  par  logement  des  gens  de  guet  de  la  dite  garnizon,  el 
que  Tadvance  seroit  faite  par  les  cantoniers.  Lesquelz  levèrent  (?), 
ayant  mis  dans  leurs  rolles  les  officiers,  lesquelz  ne  voulurent  rien 
payer.  Ce  que  remonstrant  aux  dilz  lieutenant  gênerai,  procureur 
du  roy  el  consulz,  qui  n'en  firent  estât;  au  contraire,  conlraindrent 
les  cantonniers  a  payer  les  sommes,  amenant  avecq  eux  les  sol- 
datz  chez  eux.  Voillà  d'honnesles  gens  pour  gouverner  une  ville. 

(I)  Cf.  notre  Inoentaire  des  archioes  dépariementales  de  la  Haute- 
Vienne^  série  E.,  suppl.,  Eyinouticrs,  p.  107.  Voir  aussi  le  Journal  du 
consul  LafossCy  p.  23. 

(i)  Cf.  la  Chronique  ms.  de  Pierre  Mcsnager  ;  la  Dernière  chronique 

de  Pierre   Robert  (dans  nos  Chartes,   Chroniques  et   Mémoriaux , 

p.  309)  et  les  Registres  consulaires,  lll«  350. 

(3)  Le  môme  fait  est  rapporté  par  Lafoase  {Journal,  p.  34). 

(4)  Une  déchirure  dans  le  ms. 

(5)  Idem, 


486  SOCISTi  ARCHÉOLOGiQUB  ET  HISTORIQUR  DU  LIMOUSIN. 

Le  IP  (lu  dict  mois,  fust  faict  assemblée  de  ville  pour  voir  sy  les 
officiers  debvoient  payer  et  contraindre  les*  cantonniers,  fust  aretlé 
que  Ton  envoyeroit  des  gens  de  guerre  ches  tous  les  ofBciers  qui 
ne  voudroient  payer  et  autres  qui  esloient  en  reste.  Mais  après  la 
conclusion  prinze,  estant  sortis  de  Thostel  de  ville  le  lieutenant 
gênerai,  procureur  du  roy  et  consulz  et  plusieurs  soldatz  furent 
ches  les  cantonniers  ayant  boutiques,  les  fere  payer  soliderement 
aveq  grand  rigueur.  Ce  que  voyant,  pour  esviter  exécution  ou  autre 
malheur  qui  pourroit  arriver,  les  consulz  ne  désirant  qu'une 
révolte  et  mettre  pour  autheurs  les  pauvres  cantonniers  quoyque 
innocens.  Et  par  ce  furent  contrainlz  de  payer  pour  les  plus  riches. 

En  laquelle  assemblée  fust  aretté  de  faire  bonne  garde;  car  le 
soir  auparavant  avoit  passé  au  pont  rompu  cinq  cens  fantazins  et 
200  cavalliers  venant  de  la  part  de  Mr.  de  La  Rochefoucaud,  et 
alloienl  à  Uzerche  joindre  M.  de  Bouilhon  (1). 

Le  13«  du  dit  [mois  et  an],  la  ville  fust  avertie  que  le  sieur  de 
Bouillon  s'estoit  saizy  de  Brive  et  qu*ilz  parlementoient  a  ceux 
d'Uzerche,  ce  qui  fut  cause  que  la  garde  fust  faitte  exactement  a 
une  après-rtfiidy,  jour  et  nuit.  Car  le  bruit  courroit  qu'ils  se  deb- 
voient tous  rendre  le  dimanche  suivant  à  Uzerche  pour  faire  leur 
gros  d'armée. 

Et  d'autant  que  les  murailhes  de  la  ville  ont  bon  besoing  de  ré- 
paration, fust  depputlé  des  cantonniers  le  dit  jour  pour  recepvoir 
les  libéralités  d'un  chascun  pour  les  reparer.  Et  incontinent  y 
firent  travailher. 

Le  21*  du  dit  may  1630,  Madame  de  Villegarde  passa  icy  aveq  un 
bon  train.  Les  consulz  furent  luy  dire  le  lendemain  de  desloger, 
disants  qu'elle  estoil  du  parly  de  Madame  la  princesse  qui  s'estoit 
retirée  a  Turenne  vers  Mons.  de  Bouillon. 

Le  sieur  de  Sauvebœuf  s'estant  joinct  a  Mons.  de  Bouillon,  ayant 
fait  un  gros  d'armée  près  Tulle,  il  y  avoit  auprès  environ  80  mais- 
tres  appartenans  au  prince  Thomas;  Icsquelz  furent  chargés  telle- 
ment que  les  uns  prindrent  parti  aveq  le  dict  duc,  les  autres  se 
sauvèrent  jusques  dans  Brive,  lesquelz  furent  poursuivis  jusques 
dans  la  dite  ville  et  presque  tous  démontés,  les  autres  maltraittés. 

(1)  Ici  commencent  les  renseignements  que  nous  fournissent  ces  Anna- 
les sur  l'épisode  de  la  Fronde  en  Limousin.  Ils  ajoutent  quelques  détails 
instructifs,  au  point  de  vue  local,  à  ceux  que  l'on  trouve  dans  les  Mémoi- 
res de  Lenet. 


ANNALES   DE   LIMOGES.  187 

Ceux  qui  peurenl  se  sauver  vindrent  àLymoges,  estant  19  ou  20 en 
mauvais  équipage. 

Cependant,  le  dict  Foulé,  intendant,  Tabouret (1)  archers  et 

soldatz  de  la  garnison  estants  vers  la  Marche,  après  vint  à  Limo- 
ges   (2),  qui  est  du  party  cy-dessus,  ayant  quelques  archers 

aveq  eux  passent  par  la  porte  Montmalhier  qui,  ce  jour,  estoit 
ouverte  ;  car  en  ce  temps  on  n'ouvroit  qu'une  porte  pour  mieux 
garder  la  ville,  le  canton  de  Manigne  estant  en  garde;  et  lesquelz, 
peu  de  temps  après  l'ouverture,  plusieurs  ayant  afferes,  s'estoient 
retirés;  c'est  pourquoy  le  corps  de  garde  estoit  faible  n'y  ayant 
que  le  capitaine  et  peu  de  soldats.  Le  susdit....  vint  à  luy,  le 
pistolet  en  main,  luy  disant  plusieurs  outrages  afin  de  l'inciter, 
forçant  les  sentinelles  qui  estoient  aux  faux  bourgs  et  tirant  quel- 
ques coups  de  pistoletz,  dont  furent  deux  du  faux  bourg  légère- 
ment blessés,  tellement  que  l'alarme  fust  dans  la  ville  et  bien 
furieuse.  Etn'eust  esté  qu'ilz  se  sauvèrent,  il  y  auroil  eu  du  mau- 
vais peureux.  Cependant,  ilz  tindrent  le  chemin  du  Masjambost 
tout  le  jour,  attendant  Tordre  qui  leur  fust  donné  par  Tabouret. 
Et  de  la  furent  a  Razès  ou  Tabouret  tenoit  des  gens  de  guerre  qui 
fesoient  grand  mal,  dont  le  sieur  Juge  dudil  Razès  voullant  empes- 
cher,  print  quelques  habitans  du  bourg  et  paroisse  pour  faire 
teste.  Lequel  Juge  fust  tué  et  les  autres  prindrent  fuitte,  et  pour 
ce  n'en  fust  rien. 

Le  sieur  de  Pompadour  donna  des  ordres  aux  ditz  soldats  d'aller 
loger  à  Jurniac  (3),  de  la  a  Varneil  (4)  et  a  Barneil  (5),  les  autres 
aRilhac(6),  Beaune  (7)  et  autres  bourgs,  ruinant  partout  ou  ilz 
passoient. 

Cependant  les  ditz  qui  avoient  forcé  le  corps  de  garde  font... 

(8)  verbal,  y  comprenant  plusieurs  disantz  qu'une  maison... 

au  bout  des  faux  bourgs  de  Montmalhier   appartenant   au 

nommé  [Àmault],  huissier  au  bureau,  qui  estoit  aveq  eux  pour 
faire  les  signiflications  ou  exploitz  qu'ilz  pourroient  avoir  affere, 

avoit  esté  pilhée  et ce  qui  esloit  faux.  Quoyscachant  qu'ilz 

avoient  envoyé  au  conseil....  qui  dit  est,  Mons.  le  lieutenant  géné- 
ral et  autres  officiers  se  portèrent  a  la  dite  maison,  ouyrent  la 

(1)  En  blanc  dans  le  manuscrit. 

(2)  Idem. 

(3  et  4)  Jourgnac  et  Verneuil,  canlon  d'Aixe,  à  TO.  de  Limoges. 
(5)  Berneuil,  canton  de  Nantiat,  au  N.  de  Limoges. 
(A  et  7)  Rilhac-Rancon  et  Beaune,  au  N.-E.  de  Limoges. 
(8)  Déchirure  dans  le  ms.,  comme  plus  bas. 


188  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUB  RT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

femme  du  dit  ArnauU  et  ceux  de  la.  maison  et  voisins,  et 
fut  faict  procès  verbal  de  Testât  de  la  maison,  coffres,  iitz  et 
autres  meubles,  ou  ne  fut  trouvé  aucune  fracture.  Sur  ce,  Mes- 
sieurs du  Présidial  ordonnent  adjournement  personnel  au  sieur 
contre  les  snsditz  et  appelles  à  trois  briefs  jours,  et  lesquelz  font 
signifBer  aux  dilz  sieurs  du  Présidial  des  inhibitions  du  Conseil  et 
se  retirent  tous  a  Saint-Léonard. 

Au  mois  de  juin.  Tabouret  (l),rintendant Foulé,  Brice,  recepveur 
général,  et  les  dessus  ditz  et  autres  de  leur  caballe,  après  avoir 
fait  lout  ce  qu'ilz  peurent  contre  la  ville  et  tout  ce  qu'ilz  avoient 
remonstré  au  Conseil,  enfin  obtindrent  que  le  bureau  de  la  gene- 
rallité  de  Lymoges,  eslection  et  recepte,  seroient  a  Saint-Léonard. 
Ce  qu'eslant  signifBé,  deux  de  Messieurs  les  trésoriers  partirent 
pour  Paris  pour  avoir  règlement,  ce  qu'ilz  obtindrent. 

Les  dessus  ditz,  le  dernier  de  juillet  [1650J,  obtindrent  sur  une 
requeste  arrest  du  grand  Conseil  par  lequel  ilz  sont  mis  soubz  la 
protection  et  sauve  garde  du  roy,  de  Messieurs  du  Présidial  et 
senechal  de  Lymoges,  des  consulz  et  de  la  ville,  qu'ilz  firent 
signiffler. 

Les  consulz  lèvent  9  sols  2  deniers  pour  livre  de  la  lailhe,  plus 
4  sols  4  deniers,  font  14  sols. 

Les  compagnies  venantz  de  devant  Bordeaux,  plusieurs  passèrent 
icy,  lesquelz/^5ic^  pilhoient  et  volloient  partout  ou  ilz  passoient;  mes- 
mes  estantz  sortis  de  Lymoges  au-delà  de  Couzeilz,  près  la  cha- 
pelle de  Nouallias,  volèrent  des  chariots  de  marchandize  venant 
de  Paris  appartenant  a  des  marchandz  de  Lymoges,  Thoulouze, 
Perigueux  et  autres. 


(2)  Le  1"  septembre  1673,  commance  le  papier  timbré  ;  le  1"  octo- 
bre 1674,  la  seconde  espèce  de  papier  timbré;  le  1"  janvier  1676, 
le  parchemin  timbré  pour  l'expédition  de  tous  actes  des  unitaires, 
contractz,  obligations  qu'on  veut  mettre  à  exécution,  à  peine  de 
mille  livres;  le  1"'  avril  1678,  a  commencé  la  troiziesme  espèce  du 
papier  timbré  (3). 

(i)  Trailanl  des  lailles,  Reg,  consulaires^  Hi,  350. 

(2)  Les  menlions  suivantes,  des  années  1673-1678,  sont  inscrites  sur  la 
feuille  de  garde  du  volume. 

(3)  Ces  constants  changements  dans  la  forme  de  papier  timbré  sont  un 


ANNALES   DE   LIUOPES.  189 

Le  jour  de  caresme  prenant  22*  febvrier  1678  à  deux  heures  du 
matin,  tumbèrent  des  murs  de  la  ville  Aernier  fsicj  les  Jesuittes 
depuis  la  première  tour  au  desoubz  la  porte  Boucherie  jusques  à 
la  tour  devant  les  Cordeliers,  et  se  renversèrent  aveq  leurs  fon- 
demens  dans  les  fossés;  le  restant  jusques  au  fort  Saint-Martin 
menasse  ruine. 

Les  Pères  Jesuittes  avoient  obtenu  du  roy  depuis  peu  tout  le 
long  de  ce  qui  est  tombé  jusques  au  fossé,  et  pour  ce  avoient  fermé 
le  chemin  qu'on  alloit  de  la  porte  Boucherie  à  la  tour  Saint-Martin, 
tant  de  bas  que  sur  la  muraille  le  long  des  classes. 

Environ  la  fin  de  caresme,  mesme  année,  tomba  depuis  la  tour 
Branlant  autant  de  mur  que  le  susdit. 


L'an  1684,  Tostension  du  chef  de  saint  Martial  fut  faitte  avec  un 
concours  de  peuple  de  touttes  les  provinces  voisines,  mesme  des 
estrangers.  Ensuite,  la  mesme  année,  il  y  eut  une  mission  dans 
Teglise  de  Saint-Pierre  parle  R.  P.  Honoré  de  Cannes  et  ses  com- 
pagnons missionnaires  capucins,  qui  finit  le  1"  janvier  168S  (1). 

L'an  1687,  se  fil  Tostension  du  chef  de  saint  Martial  et  des  reli- 
ques de  la  ville  et  province. 

La  veille  de  la  saint  Barthélemi  1690,  il  [y]  eut  une  allarme  si 
grande  sur  un  bruit  que  les  Huguenos  au  nombre  de  sept  à  huit 
mille  hommes  (2)  venoient  du  côté  de  Soulhac  (3)  et  Brives,  que 
toutte  la  ville  fut  dans  la  consternation  et  se  mit  sous  les  armes. 
Ensuite  cela  ne  fut  rien.  Cette  allarme  avoit  esté  à  Bourdeaux, 
Agen,  La  Réolle  et  Toulouse,  en  moins  de  huit  jours,  qui  eurent 
la  mesme  peur. 

La  mesme  année,  la  ville  de  Limoges  fit  présent  au  roy  de  vingt 
compagnies  d'infanterie  équipées,  armées  et  en  estât  de  servir. 

des  expédients fioanciers  de  rancieo  régime.  Il  en  est  encore  question  dans 
les  cahiers  de  doléances  do  17 89.  (Voy.  nos  Nouo,  documenta  historiques^ 
p.  fi), 

(i)  Sur  cette  mission  voyez  un  long  récit  du  Mémorial  des  sieurs  Nico- 
las dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin^  XXXVill. 

(4J  Voy.  sur  ce  point  les  Registres  consulaires,  IV,  71 . 

(5)  Soulhac  doit  être  corrigé  en  Seilhac  (arrond.  de  Tulle),  non  loin 
duquel  se  trouve  la  peliie  localité  de  Gourdon  mentionnée  dans  le  passage 
des  Registres  consulaires^  qui  vient  d*ôtre  rappelé. 


LES  FOUCAULD  DE  SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ 

D'après  les  lettres  d'Henri  IV 


I.  -—  SIÈGE  DU  CHATEAU  DE    SAUNT-GERMAIN-BEAUPRÉ  EN   1S80. 

«  Le  château  de  Saint-Germain,  nous  dit  l'abbé  Ratier,  avait  été 
attaqué  deux  fois  dans  le  siècle  précédent;  mais  le  siège  dont  nous 
parlons  fut  plus  célèbre  et  plus  ensanglanté  »  (1). 

En  rappelant  ces  divers  sièges  et  bien  que  nous  donnant  la  des- 
cription du  dernier,  Thistorien  du  château  ne  cite  aucune  date. 
Cette  omission  est  d'autant  plus  regrettable  que  M.  Tabbé  Ratier 
avait  en  sa  possession  la  correspondance  de  Gabriel  FoucauM  et  de 
sa  famille  (2).  Henri  IV,  alors  roi  de  Navarre,  nous  offre  un  docu- 
ment précieux  à  ce  sujet  : 

«  A  Monsieur  mon  oncle.  Monsieur  le  duc  de  Montpensier. 

»  Monsieur  mon  oncle,  je  ne  doubte  point  qu'on  ne  vous  ayt 
faict  beaucoup  de  rapports  du  sieur  de  Beaupré  et  de  sa  maison  de 
Saint-Germain,  pour  donner  plus  de  couleur  et  de  prétexte  à  la 
démolition  et  razement  d'icelle.  Mais  tant  s'en  fault  que  ses  enne- 
mys  ayent  pris  ceste  occasion,  que  j'estime  qu'ils  ne  sont  fondez 
que  sur  une  haine  et  malveillance  qu'ilz  luy  portent,  spécialement 
de  ce  qu'il  a  suivy  le  party  de  la  Religion.  Car,  à  moy-mesme,  si 
tost  que  l'on  a  vcu  la  paix  preste  à  se  resouldre,  on  a  faict  le  sem- 
blable à  mes  maisons  de  Meilhan,  Vicfaizensac,  Auvillars,  le  Mont- 

(4)  Le  Château  de  Saint-Germain- Beaupré,  par  Tabbé  Ratier.  —  Limo- 
ges, H.  Ducourlieux,  4G62,  in-8«»,  p.  79. 
(«)  Chat,  de  St-Germain- Beaupré j  p.  76,  en  note. 


LES   FOUCAULD   DE   SAINT-GBRHAIN-BKAUPRÉ.  191 

de-Marsan,  estans  après  d'en  faire  de  mesme  ez  aullres  que  j'ay  en 
Perigort.  Dont  je  me  plains  à  vous,  pour  vous  prier  de  considérer 
combien  telle  animosilé  est  insupportable,  et  de  m'excuscr  si  je 
ne  puis  satisfaire  à  vostre  prière  pour  le  regard  du  dict  sieur  de 
Beaupré^  auquel  j'ay  de  l'obligation  pour  m'avoir  assisté  et  faict 
service,  ne  me  pouvant  départir  de  luy  faire  en  cela  le  plaisir  que 
je  pourray;  et  au  contraire,  Monsieur  mon  oncle,  je  vous  prieray 
m'estre  favorable  en  la  justice  que  je  prétendez  demander  de  telz 
razemens  et  démolitions,  craignant  que  pour  le  desespoir  auquel 
les  particuliers  pourroient  entrer,  à  cause  de  telles  exécutions,  ce 
que  chascuns  peult  juger  par  soy-mesme.  Je  ne  le  dis  pour  vous 
desobéir  ou  desplaire,  saichant  le  respect  que  je  désire  vous  porter, 
mais  pour  l'équité  et  la  raison,  laquelle  vous  pouvez  considérer 
par  ce  qui  se  faict  à  moy-mesme,  dont  je  m'asseure  que  vous  ne 
recepvrez  que  desplaisir,  veu  l'aniitié  que  je  sçay  que  me  portez. 
Recongnoissant  laquelle,  je  seray  tousjours  prest  de  vous  tesmoi- 
gncr  par  tous  effects  combien  je  la  désire  conserver.  Et  sur  ce, 
prieray  Dieu,  après  mes  bien  humbles  recommandations  à  vostre 
bonne  grâce,  vous  donner.  Monsieur  mon  oncle,  en  santé  bonne  et 
longue  vie. 

»  Votre  humble  et  obéissant  nepveu  comme  (ils, 

»  Henry  (1). 

»  De  Saintc-Foy,  ce  !•' jour  de  novembre  1580.  » 

Cette  lettre,  si  élogieuse  pour  le  seigneur  de  Saint- Germain- 
Beaupré,  vient  confirmer  le  passage  suivant  des  Recherches  archéo- 
logiques de  M.  de  Beaufort  (2)  :  «  Leur  petit  fils  Gaspard  Foucault, 
seigneur  de  Saint-Germain,  devint  le  chef  des  huguenots  et  em- 
brassa le  parti  de  Henri,  roi  de  Navarre.  Son  château  de  Saint- 
Germain  fut  assiégé  en  ioSO  et  pris;  mais  pour  s'en  venger,  en 
1587,  il  prit  et  rançonna  Chàtcauponsac,  et  ensuite  le  prieure  de 
FArtige,  qu'il  livra  au  pillage  »  (3). 

(1)  Lettres  missioes  du  roi  de  Naoarre,  publiées  par  Berger  de  Xivrey, 
1843,  — Origin.  Archives *du  Royaume,  secl.  hist.,  série  K,  101-9. 

(2)  Recherches  archéologiques^  p.  190.  —  Mémoires  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  VOuest^  années  4860-1861,  Poitiers. 

(3)  D*anciennes  fondations,  recouvertes  de  constructions  plus  récentes, 
ainsi  que  les  matériaux  trouvés  pendant  le  cours  d'une  restauration  par- 
tielle terminée  en  1885,  ont  offert  à  mon  père  la  preuve  certaine  de  trans- 
formations complètes  subies  par  le  château  de  Saint-Germain-Beaupré.  On 
peut  donc  croire,  avec  H.  Tabbé  Ratier,  que  Saint-Germain  a  supporté  plu- 
sieurs sièges. 


\9l  SOCIÉTÉ  ABCR&OLOGIQUE  ET  HISTaRIQIJK   DO   LIHOOSIK. 

II.  —  GABRIEL  FOUGAUD   II   JUGÉ  PAR  HENRI  IV  ET   SULLY. 

Gabriel  Foucauld,  deuxième  da  nom,  auquel  était  adressée  la  let- 
tre que  nous  publions  plus  loin,  ne  méritait  certainement  pas  les  élo- 
ges qu'Henri  IV  adressait  à  son  père.  SuUy,  dans  ses  Mémoires,  nous 
montre  Gabriel  Foucauld  conspirant  avec  le  duc  de  Bouillon  pour 
établir  une  république  aristocratique  en  Tannée  1894.  «  Hé  bien, 
Monsieur  de  Turenne  n'est-il  pas  bien  honnête  etbien  humble?... 
Il  ne  parloit  pas  si  doux  à  Montauban  et  à  Saint-Paul-de  la-Miatte, 
lors  d'une  assemblée  qui  s'y  tint,  où  vous  me  vinstes  trouver,  en 
laquelle  estoit  un  des  docteurs  de  l'Electeur  Palatin  nommé  Butrix, 
avec  lequel  les  ministres  et  gens  de  synode  et  de  consistoire,  luy  et 
ses  partisans,  comme  Constans,  Aubigny,  Sainct-Gen^main-Beau- 
pr^et  Sainct-Germain  de  Clan,  Bressolles  et  autres  tels  brouillons 
faisoient  toutes  sortes  de  menées  et  pratiques  pour  faire  que  tontes 
les  églises  de  France  résolussent  de  se  mettre  en  espèce  d'Estat 
populaire  et  République  comme  les  Pays-Bas,  eslisant  pour  protec- 
teur, afin  d'en  tirer  secours  puissant  et  opportun,  le  susdit  comte 
Palatin,  qui  eslabliroit,  disoient-ils,  quatre  ou  cinq  lieutenants 
dans  les  provinces  avec  puissance  égale,  sans  se  fonder  plus  sur 
les  princes  du  sang  (1).  » 

Sully  ne  se  montre  pas  tendre  pour  ces  grands  novateurs,  et  n'esl-il 
pas  singulier  de  voir  François  Miron  redouter,  d'autre  part,ravène- 
ment  d'une  sorte  de  République  démagogique? Le  prévôt  de  Paris, 
dans  une  lettre  écrite  au  Roi,  lui  signale  le  danger  qu'il  pouvait  y 
avoir  d'attirer  en  trop  grand  nombre  des  ouvriers  étrangers  à  Paris: 

«  Sire,  vous  verriez  alors  que  vostre  couronne  commenceroit  de 
brandiller  sur  vostre  teste  royalle,  et  quand  et  alors  que  cesbohes- 
mes  seroient  les  plus  forts  en  nombre,  le  volcan  sous  Paris  vomi- 
roit  son  feu,  et  bientôt  il  n'y  auroit  plus  ni  capitalle,  ni  couronne, 
ni  roy;  mais  une  respubliqtÂe,  où  les  premiers  seroient  des  voleurs 
et  des  bandits. 

»  Le  vray  et  honneste  ouvrier  parisien  besoigne  ce  jourd'hui,  et 
il  a  beau  salaire,  vit  chèrement,  mais  bien  et  grassement,  caresse 
sa  femme,  lui  faict  des  enfants,  et  aime  Votre  Majesté. 

»  Quant  aux  crieries  isolez,  ne  vous  en  interloquez  pas,  cher 
syre.  Vienne  Jésus  sur  la  lerre,  il  y  auroit  encore  des  farinents  (fai- 
néants?) et  des  bohesmes  qui  diroient:  Jésus  est  un  tyran.  J'ai  dicl. 
»  Votre  fidelle  prévost,  François  Mmow  »  (2). 

{i)  Afémoireê  de  SuUy,  chap.  liv,  collect.  Mich.  et  Pouj. 

(2)  CeUe  lelire  a  éié  citée  par  ravocat  de  la  famille  François  Mîroa 
dans  un  procès  intenté  par  les  descendants  du  prévôt  à  un  sieur  Morin, 
journaliste  (mars  188S). 


L|<:S   POUCAULD    DK   .SAINT-GERUAIN-Br.AlîPRÉ  193 

Grâce  à  celte  lettre  aussi  curieuse  par  la  pensée  que  par  le 
style,  nous  pouvons  constater  chez  le  bourgeois  et  chez  le  grand 
seigneur  la  même  sévérité  pour  les  agitateurs  grands  et  petits. 

En  1597,  pendant  qu'Henri  IV  assiège  Amiens  occupée  par  les 
Espagnols,  le  duc  de  Bouillon  et  ses  partisans  huguenots  recom- 
mencent leurs  intrigues.  —  «  Le  roy  craignoit,  nous  dit  encore 
Sully,  qu'à  la  longue  ces  messieurs  de  Bouillon,  de  La  Trimouille, 
du  Plessis,  accompagnez  par  quinze  ou  vingt  de  leur  caballe,  dont 
les  deux  Saint-Germain  (de  Clan  et  de  Beau-Pré),  Aubigny,  etc., 
estoient  les  plus  eschauiïez  qui  les  solliciloient  à  cela,  ne  les  y 
disposassent  avant  qu'il  eut  pris  Amiens  :  [ce]  qui  seroit  la  ruine  de 
ses  affaires  »  (1). 

C'est  bien  certainement  aux  menées  du  duc  de  Bouillon  et  des  sei- 
gneurs dont  il  était  le  chef  que  nous  devons  la  lettre  d'Henri  IV  à 
Gabriel  Foucault.  Cette  lettre,  datée  de  cette  même  année  1597, 
vers  le  4  juin,  reproche  à  Saint-Germain-Beau-Pré,  non-seulement  sa 
négligence,  mais  encore  un  véritable  abus  de  confiance  :  celui  d'avoir 
reçu  depuis  un  an  la  solde  de  si  compagnie  qui  restait  inactive. 


r 


«  A  Mons'  de  Saint-Germain-Beau-pré, 

»)  Mons'  de  S'-Germain-Beau-pré,  je  scay  que  vous  avez  trop  de 
))  courage  pour  demeurer  à  la  maison  quand  je  seray  à  la  campa- 
»  gne  avec  tous  mes  bons  serviteurs,  pour  m'opposer  à  mes  cnnemys 
»  et  entreprendre  sur  eulx.  Vous  m'avès  aussi  rendu  des  témoigna- 
»  ges  de  vostre  affection  qui  m'ont  donné  occasion  de  croire  que 
»  vous  m'assisterès  volontiers  avec  vostre  compagnie  de  gens 
»  d'armes,  laquelle  ayant  estée  payée  d'un  quartier  l'an  passée,  et 
»  la  précédente  d'un  aultre  .quartier,  le  tout  sans  m'avoir  servy,  il 
»  est  bien  raisonnable  qu'elle  vienne  maintenant  s'acquitter  de  ce 
»  debvoir,  et  gagner  le  paiement  qu'elle  a  receu  avant  le  coup. 
»  C'est  pourquoy  je  vous  escris  cestc  leltre,  et  vous  prie  affectueu- 
»  sèment  faire  vostre  compagnie  la  plus  forte  et  la  plus  complète 
»  qu'il  vous  sera  possible,  et  avec  icellc  vous  rendre  dedans  le 
»  mois  prochain  en  mon  armée,  en  laquelle  je  fais  estât  de  m'ache- 
»  miner  dedans  huict  jours.  Vous  y  trouvères  un  bon  nombre  de 
»  gens  de  bien  qui  ont  bonne  envie  de  bien  faire,  et  m'assourc 
»  que  vous  auriés  regret  de  perdre  ceste  occasion  de  me  faire 
»  service,  au  besoing  que  j'ay  d'cstre  assisté  de  tous  ceux  qui  ai- 
»  ment  et  ont  intérêt  à  la  conservation  de  cest  état.  Préparé  vous 

(I)  Mémoires  de  Sully,  clia^.  lxxv,  p.  t^f,  collcct.  Mich.  et  Pouj. 
T.  xxxvni.  13 


194  SOCIÉTF-   ARCHÉOLOGIQUE    KT    mSTORlQUE    DU    LIMOCSIK. 

»  donc  pour  cest  effect  et  vous  asseurés  que  je  vous  y  verray  très 
»  volontiers,  et  que  vous  y  serés  bien  venu  ;  priant  Dieu,  Mons' 
»  de  Saint-Germain,  qu^I  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

»  Henry  »  (1). 

Ajoutons  à  cette  lettre  un  entretien  d'Henri  IV  et  de  Sully  et 
nous  serons  complètement  édifiés  sur  la  fidélité  plus  que  douteuse 
de  Gabriel  Foucaud  :  «  N'ay-je  pas  oublié  les  bons  tours  qu  il  (le 
duc  de  Bouillon)  m'avoit  faits  durant  le  siège  d'Amiens,  m'ayanl 
esté  rapporté  de  divers  endroits  et  très  bien  justifié  que  ma  bonne 
tante  de  Rohan  avec  toules  ces  resveries,  luy,  Messieurs  de  La 
Trimouille,  du  Plessis,  de  Saint-Germain-Clan,  de  Beau-pré...  et 
autres,  avoient  couru  et  tracassé  par  les  églises  et  synodes  et  usé 
d'une  infinité  de  mauvais  discours,  artifices  et  calomnies,  non  seule- 
ment pour  mettre  tous  ceux  delà  Religion  en  ombrage  de  moy,  mais 
aussi  pour  les  disposer  à  prendre  ouvertement  les  armes,  alléguant 
en  autres  raisons,  que  moy  ayant  ainsi  changé  de  Religion,  non  par 
ignorance  ou  faute  de  cognoistre  la  vérité,  mais  par  pure  ambi- 
tion et  avoir  plus  de  liberté  à  me  plonger  es  plaisirs  et  délices 
mondains  »  (2j.  , 


III.  —  SÉJOUR  D'HENRI   IV  AU   CHATEAU   DE   SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ. 

En  160o  Henry  IV  forme  le  projet  de  visiter  le  Limousin  pour 
réduire  le  duc  de  Bouillon  et  ses  partisans  à  complète  obéissance. 
Le  voyage  ne  se  fit  pas  sans  résistance  de  la  part  des  courtisans. 

«  P(îur  achever  d'esteindre  les  brouilleries  dont  il  avoit  este 
parlé  en  ses  provinces  circon voisines...  il  falloit  sans  différer 
mettre  fin  a  tout  cela  dans  le  mois  d'octobre,  comme  ce  luy  seroit 
chose  facile  s'il  vouloit  promptement  partir.  Ce  qu'après  plusieurs 
contestations  avec  la  plus  part  de  ses  serviteurs  et  peut  estre  luy 
mesme,  il  résolut  finalement  :  car  jamais  voyage  ne  se  fit  tant 
contre  le  gré  de  la  Cour  que  celuy  là,  duquel  sachant  que  vous 
(Sully)  estiez  le  solliciteur,  vous  ne  fustes  pas  épargné  par  les  lan- 
gues médisantes  de  ceux  qui  font  leur  paradis  des  délices  de 
Paris  (3).  » 

Henry  IV  partit  de  Paris  vers  le  15  septembre,  à  la  tête  d'une 

(1)  Cop.  Bibl.  nal.  Fonds  Béthune,  mss.  8953,  fol.  36,  recto. 

(2)  Mémoires  de  Sully,  chap.  lxxi,  p.  272,  collect.  Mich.  et  Pouj. 

(3)  Mémoires  de  Sully,  t.  lî,  p.  73. 


LES   FOUCAULD    DR   SAINT-GERMAIN-HKAUPRR.  10.S 

petite  armée  dont  Sully  commandait  l'artillerie,  composée  de 
deux  canons,  deux  couleuvrines  et  deux  bastardes.  Arrivé  à  Li- 
moges le  14  octobre,  le  roi  ne  fit  son  entrée  solennelle  que 
le  20  et  séjourna  dans  la  ville  jusqu'au  dimanche  23  octobre  (I). 
Le  départ  eut  donc  lieu  le  24  et  non  le  25  comme  le  dit  l'abbé 
RaUer  (2). 

a  âioclobre  1605. 
»  À  LA  Reine, 

»  Mon  Cœur,  je  pars  et  ay  commandé  à  ce  porteur  de  me  voir  le 
pied  à  Testrier  pour  vous  en  asseurer (3).  » 

Parti  de  la  Croix  du  Breuil,  le  roi  se  dirigea  sur  Saint-Germain- 
Beaupré.  Il  ne  s'arrêta  pas  à  La  Souterraine,  que  désolait  une  terri- 
ble épidémie  et  reçut  à  une  petite  dislance  les  hommages  présentés 
par  le  conseiller  du  roi  Salet  (4). 

A  la  môme  date,  nouvelle  lettre  : 

a  Î4  octobre  1605. 
»  A  LA  Reine, 

»  Mon  Cœur,  je  m'en  vois  coucher  à  Saint-Germain,  chez  Beau-pré, 
et  seray,  s'il  plaist  à  Dieu, demain  à  Argen ton.  Toutes  les  nouvelles 
que  vous  pourray  doresnavant  mander  ne  seront  que  des  chemins  et 
du  beau  etdumauvois  temps.  Le  cœur  commence  a  relever  à  tout  le 
monde  de  sentir  le  visage  tourné  vers  la  douce  France  (5).  Ce  mal- 
heureux pays  et  les  importunilez  nous  l'avoient  tout  abattu,  et  par- 
ticulièrement amoy,  qui,  je  vous  jure,  fusse  tombé  matede  si  je 
fusse  esté  encore  deux  jours  à  Limoges.  Ce  xxiiij*  octobre  (6).  » 

Cette  lettre  nous  renseigne  très  exactement  sur  la  date  de  l'ar- 
rivée du  royal  visiteur  à  Saint-Germain-Beaupré;  elle  a  en  outre 


(t)  Entrée  d'Henry  IV  à  Limoges,  relation  de  Simon  Descoutures,  au 
Bulletin  delà  Société  arch.  et  hist,  du  Limousin,  t.  IV,  I85Î,  p.  47.  — 
Limousin  historique,  t.  IV. 

(2;  Château  de  Saint^Germaln- Beaupré,  par  l'abbé  Raticr,  p.  70. 

(3;  Origin.  Autographe.  Collection  de  M.  Feuillet  de  Couches. 

(4)  Château  de  S aint-Germain- Beaupré^  p.  7i. 

(5)  La  «  douce  France  ».  C'est  le  mot  si  souvent  appliqué  à  la  patrie 
par  Charlemagnc  et  ses  preux.  On  aime  à  retrouver  cette  expression,  à 
huit  siècles  de  distance,  sous  la  plume  d'un  Français  Jcomme  Henri  IV. 

(6)  Origin.  Autographe.  Collection  Feuillet  de  Conches. 


<96  SOCIKTÉ    AnCBëOLOGTQUR    RT   HISTORÏQL'K   DU    LIMOUSIN. 

Tavantage  (rexpliquerles  résisiar>ees  bien  justifiées  des  courlisans 
et  du  roi  lui-môme  à  quitter  Paris  pour  entreprendre  ce  voyage  en 
Limousin. 

«  95  octobre  160a. 

»  A  LA  Reine, 

»  Je  ne  vous  voulus  pas  mander  hyer  comme,  depuis  le  portement 
deNicolo,  le  dévoyement  m'a  rf^pris,  parceque  jecuidois  que  le  chan- 
gement d'air  m'en  guériroit;  mais,  mon  cœur,  il  me  continue  avec 
un  lel  mal  d'estomac  que  je  crois  qu'il  me  faudra  arrester  à  Cliâ- 
teauroux,  ou  je  seroy  demain,  pour  prendre  médecine  et  me  repo- 
ser; car  ce  mal  m'affoiblil  et  m'attriste  extrêmement.  Je  pars  tout 
asteure  de  Saint-Germain  y  m'en  vois  coucher  à  Argenton.  Voilà 
tout  ce  que  je  puis  vous  mander.  Bonjour,  mon  cœur,  je  vous  baise 
mille  fois,  ce  xxv®  octobre  (1).  » 

Henry  IV  a  donc  passé  la  nuit  du  24  et  la  journée  du  23  au  Châ- 
teau de  Saint-Germain-Beaupré.  Jouilletton  nous  indique  exacte- 
ment la  durée  de  ce  séjour;  mais,  suivant  sa  déplorable  habitude, 
sans  fournir  aucun  document  à  l'appui  de  son  dire  (2). 

La  dépense  extraordinaire,  dit  le  journal  de  l'intendant,  occa- 
sionnée par  les  soixante  personnes  de  la  compagnie  du  Roi  et  les 
nombreux  invités,  ne  s'élevia  pas  à  plus  de  soixante-dix  livres  tour- 
nois, tant  étaient  grandes  les  ressources  de  la  maison  seigneu- 
riale (3). 

La  santé  du  roi  s'améliore  à  son  arrivée  dans  le  Berry,  justifiant 
ainsi  le  désir  de  quitter  à  la  hâte  le  Limousin  pour  rentrer  dans  la 
«  douce  France  »  : 

«  26  octobre  4605. 

»  A  LA  Reine, 

»  Mon  Cœur,  je  receus  hyer  deux  lettres  de  vous.  Il  y  avoit  deux 
jours  que  n'en  avois  eu.  J'ay  mieux  dormy  ceste  nuit,  et  sens  ce 
matin  moins  de  douleurs  à  l'estomac.  Je  vis  avec  un  extresroe  ré- 
gime; s'il  m'amende  tout  aujourd'huy,  demara,  au  lieu  de  prendre 
médecine,  je  courray  un  cerf.  Je  seray,  s'il  plaist  à  Dieu,  vendredy, 

(1)  Origin.  Autographe.  Collection  Feuillet  de  Couches. 

(2)  Histoire  de  la  Marche,  par  Jouilletton,  p.  348. 

(3)  Château  de  Saint 'Germain- Beaupré^  p.  7î. 


LES   FOUCAULD    DS  SAINT-G£RMAIN- BEAUPRÉ.  197 

qualriesme  du  mois  qui  vient,  à  Fontainebleau.  Gardés  vous  pour 
Famour  de  moy  et  de  ce  que  vous  avès  dans  le  ventre.  Je  vais  cou- 
cher à  Chasteauroux  où  je  sejourneray  demain  ;  vendredy  à  Vatan, 
et  feray  ma  feste  à  Vierzon  ou  à  Aubigny.  M***  de  la  Chastre  vous 
dira  tout  ce  pays-là.  Bonjour  mon  cœur,  je  te  baise  cent  mille  fois. 
Carleroux  seraicy  auhuy.  Mercredi  xxvP octobre,  a  Argenton  (i).  » 

On  nous  permettra  d'emprunter  encore  à  la  correspondance 
royale  l'appréciation  de  ce  voyage  :  «  Au  reste,  dit  Henry  IV  au 
Landgrave  de  Hesse,  j'ay  accomply  mon  voyage  de  Limousin  très 
heureusement,  ayant  par  ma  présence  consolé  et  fortifié  mes  bons 
subjects  en  leur  obéissance  et  fidélité,  et  par  ma  bonté  et  justice  re- 
dressé les  desvoyez  au  chemin  de  leur  debvoir,  ainsy  que  je  pou- 
vois  désirer  (2). 

G.  Berthomier. 


(1)  Origin.  Aulogr.  Collcclion  Fcuillcl  do  Conchcs. 
(î)  Le  8  novembre  <603,  au  Landgrave  de  Hcss'î. 


INVENTAIRES 


DU    CHATEAU    DE    NEXON 


NexoD  esl  un  château  du  Limousin,  qui  a  donné  son  nom  à 
ses  seigneurs,  les  de  Gay,  et  au  bourg  qui  Tavoisine.  La  commune, 
chef-lieu  de  canton,  est  située  dans  le  département  de  la  Haute- 
Vienne,  sur  la  ligne  de  Limoges  à  Saint-Yrieix. 

Les  inventaires,  exhumés  de  ses  archives,  sont  au  nombre  de 
quinze.  J'en  dois  la  connaissance  à  Tobligeance  de  M.  Champeval, 
qui  les  a  découverts,  et  la  communication  à  la  gracieuseté  de  M.  le 
baron  de  Nexon,  qui  a  bien  voulu  me  les  adresser  pour  que  je 
puisse  les  copier  et  étudier  à  loisir.  Que  tous  les  deux,  puisqu'ils 
ont  bien  mérité  de  la  science,  trouvent  ici  l'expression  de  ma  gra- 
titude, qui  sera  certainement  partagée  par  mes  lecteurs. 

Nexon  était  une  seigneurie,  un  fief  noble,  ayant  juridiction  sur 
un  territoire  déterminé.  Aussi,  dans  la  salle,  conservait-on  l'étalon 
de  la  mesure  locale,  appelé  timbre.  L'habitation  seigneuriale  était 
protégée  par  un  canal,  un  pont-levis  et  deux  cations. 

Le  château,  que  Ton  peut  reconstituer  dans  sa  division  inté- 
rieure, grâce  aux  indications  des  pièces,  peu  nombreuses dailleurs 
et  nécessairement  très  spacieuses,  comme  on  faisait  jadis,  n'a 
qu'un  mobilier  de  peu  de  valeur.  Son  luxe  consiste  surtout  dans 
ses  tapisseries  et  tapis,  qui  donnent  tout  de  suite  grand  air  aux 
appartements,  et  dans  l'argenterie,  abondamment  fournie. 

Une  seule  fois,  il  est  question  de  bijoux. 

Les  documents  que  je  transcris  vont  du  xvi*  au  xix^  siècle.  Nous 


liNVENTAlRES  OU    CIIATEAU   DE  NEXON.  199 

avons  donc  sous  les  yeux  raraeublement  d'un  château  pendanl  une 
période  de  trois  cents  ans.  En  somme,  il  n'y  a  pas,  à  chaque  mu- 
tation de  seigneur,  de  changement  notable.  Nous  y  trouvons  aussi 
de  curieux  détails  sur  le  costume. 

Je  supprime  systématiquement  tout  ce  qui  ne  rentre  pas  dans  mon 
cadre,  par  exemple  l'énumération  des  titres  et  du  bétail.  Il  y  aurait 
là,  sans  doute,  pour  l'histoire  locale,  un  curieux  appoint  relativement 
à  la  généalogie  et  à  la  condition  agricole;  mais  tout  autre  est  mon 
but  et  je  tiens  à  ne  pas  m'en  écarter. 


1.  —  XVI*    SIÈCLE. 


Les  biens  que  feu  Mons,  maistre  Léonard  Gay^  en  son  oloant  conseiller 
au  grand  conseil,  mon  oncle^  possédoit  au  temps  de  son  décès  (I). 

Les  bagues  et  joyaux  que  Catherine  SaleiXy  danioy selle ^  ha,  qu'estoint 
des  biens  délaissés  par  led,  feu  M°  Léonard  Gay. 

i.  Et  premièrement,  une  grosse  daurouro  d*or,  du  prix  de  xxx  r.  {i) 
ou  environ. 

2.  Plus,  une  auUre  dauroure  (3)  d'or,  du  prix  de  xn  r. 

3.  Plus  ung  gascran  (4)  d'or,  du  prix  de  lx  r. 

4.  Plus,  ung  aullrc  gaseran,  du  prix  de  xv  r. 

5.  Plus,  une  chaîne  d'or  esmalhée,  du  prix  de  xvii  r. 

6.  Ilcm,  deux  brasseletz  d*or,  poisant  x  r. 

7.  Plus,  une  rose  de  dyamant,  avec  ungs  pclis  palcnostrcs  d*or,  vâllant 
le  tout  L  r. 

8.  Plus;  ung  fermail  d'or,  où  il  y  avait  trois  rubis  cl' deux  dyamans,  vâl- 
lant xxx  r. 

9.  Plus,   une  patcnoslrcs  de  perles  grosses,  marqués  de  marques  (5) 
d*or,  vallanl  lx  r. 


(1)  Cet  inventaire  a  été  écrit,  à  la  fin  du  xvi*  siècle,  sur  un  petit  cahier  de  huit  pages. 

(2)  Royaux,  réaux. 

(3)  On  écrivait  aussi  doreure,  témoin  ce  passage  de  l'idylle  de  George»  de  Selve,  évéque  de 
Lavaur  (1526-1542)  :  Les  plesin  de  ta  retraite  : 

«  A  peine  le  soleil  brille  sur  l'Orient 
Qu'il  voit  l'endroit  où  je  demeure 
Et  peint  d'une  belle  doreure 
Tous  les  murs  de  mon  bastiment, 
Mais  l'esclat  de  cette  peinteure 
Que  donne  la  seule  nature 
N'est-il  pas  cens  fois  plus  charmant 
Que  n'est  la  vaine  architecture?  » 

(4)  a  Jaserarty  collier  d'or,  formé  de  petits  anneaux;  chaîne  de  cou,  à  petits  anneaux,  dite 
aussi  jaseron  »  (Larousse  . 

(5)  Les  marquée  formaient  les  Pater. 


2U0  SOCIÉTÉ  ARCIlÉOLOGiQUK  KT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

40,  Plus,  une  disaine  (I)  de  patenostres  d'or,  avec  une  bulleie  (2)  d*or 
au  bout,  vallant  x  r. 

11.  Plus^  UDge  palcnosires  de  couraud  (3)  verny,  fori  beau,  marqués  de 
marques  d'or,  vallant  xv  r. 

42.  Plus,  ung  aneau,  appelle  saphier  (4),  vallant  xx  r. 

13.  Plus,  ung  auUre  aneau  appelle  dyamenl,  vallant  xxi  r. 

14.  Plus,  ung  autre  aneau,  appelle  reby,  fort  grand,  de  la  >allcur  de 
XX  r. 

15.  Plus  ung  autre  aneau  appelle  turquoyse,  de  la  valleur  de  x  r. 

Les  bijoux  énumérés  sont  de  sept  sortes  :  dauroure,  jaseron^ 
chaineSy  bracelets,  fermail,  chapelets  et  anneattx.  L'émail  est  men- 
tionné une  fois,  au  n°  5,  à  l'ocasion  d'une  chaîne  d'or,  collier  ou 
ceinture.  Les  pierres  précieuses  sont  le  diamant,  le  saphir,  le  mbû 
et  la  turquoise.  Un  des  chapelets  est  en  corail  vernis  (S),  c'est-à- 
dire  peint  en  rouge,  ce  qui  indique  une  imitation  de  corail. 

L'estimation  de  la  valeur  se  fait  en  royaux,  monnaie  d'or. 

Un  mot  paraît  ici  pour  la  première  fois  dans  les  inventaires  (q«* 
1  et  2).  On  peut  le  lire  dauroure  ou  dauvoure.  Aucun  glossaire  ne 
donne  une  forme  analogue  ou  équivalente.  Le  contexte  peut  seul 
éclairer  sur  son  sens.  L'énumération  des  joyaux  doit  commencer  par 
la  tête  :  on  passe  ensuite  au  cou,  où  est  le  jaseron;  à  la  ceinture, 
où  se  met  la  chaîne;  aux  bras,  qui  ont  des  bracelets;  à  la  taille. 
avec  son  fermail,  qui  peut  aider  à  fixer  les  patenôtres  pendantes 
et  enfin  aux  doigts,  où  s'enfilent  les  anneaux. 

L'ornement  de  tête  ne  peut  être  qu'un  diadème,  ou  plutôt  une 
ferronnière,  qui  était  alors  très  populaire.  Ce  n'est  pas  certainement 
une  paire  de  boucles  d'oreilles,  puisqu'elles  ne  vont  pas  ensemble. 
Tune  aurait  valu  trente  rovaux  et  l'autre  douze  seulement. 


IL —  1593. 


\,  Deux  robbes  de  drapt  noir,  bandées  (6)  de  veloux. 

(1)  Le  dixain  était  une  pdtenâtre  de  dix  Ave  Maria  seulemeot. 

(2)  La  termioaison  de  la  patenôtre  était  ordioiireraent  une  houppe;  ici,  elle  est  une  rose 
de  diamant  (n-  7)  ou  une  petite  boule  d'or. 

(3)  Corail  vernis,  peint  en  rouge,  ou  imitation  de  corail. 

(4)  La  rédaction  est  défectueuse  :  le  saphir  n'e^t  pas  Tanneau  lui-même,  mais  la  pierre  du 
chaton. 

(5)  En  italien,  on  dit  dans  le  même  sens  verniciatay  qui  dérive  de  vernicfif  couleur. 

(6)  Le  Glossaire  archéologique  n'a  ni  bandé,  ni  bande,  qtù  signifie  une  large  bordure. 
«  Ugn  manteu  de  fort  fine  migrcne  rouge,  handéyé  à  deus  bandes  de  velous  noir.  beu.  Xîgn 
Kavau  de  fin  noir,  à  pointes  de  satin  noir,  à  deus  bandes  de  velous  »  (/nr.  de  J.  de  Mai- 
linrd,  1527). 


INVENTAIRES  DU  GBATKAU  DK  NËXON.  201 

3.  PiuB  deuxcothes  (0* 

3.  Plus  ung  corps  (2)  de  robbe  de  drapl  noir,  allaché  avec  ung  garde- 
robbe  (3)  de  sarge  d'Orléans. 

4.  Plus  une  cothe. 

5.  Plus,  une  robbe  de  drapl  noir,  faiclc  à  Toupalandrc,  doublée  de 
satin. 

6.  Plus,  une  autre  robbe,  bandée  de  veloux,  faicte  aussy  à  Toupalai)- 
dre  (4). 

7.  Plus,  une  autre  robbe,  de  la  mesme  façon,  aussy  bandée  de  vcloux. 

8.  Plus,  une  cothe  de  drapl  rouge. 

9.  Plus,  ung  paire  de  manchons  (5)  de  veloux  noir. 

10.  Plus,  ung  garderobbc  de  sarge  de  Beauvoys  (6),  garny  de  veloux 
par  en  hault. 

Un  acte,  du  17  février  1593,  énumère  les  legs  fails  par  «  feii 
Monsieur  Maistre  Jehan  Degay,  quand  vivoit  advocat  en  la  cour  de 
Parlement  de  Bourdeaux  »,  à  «  Dame  Anne  Degay  »,  sa  femme, 
«  outre  les  sommes  à  elles  constituées  en  dot  ». 


(1)  Cotte  ou  surcot  :  ■  Ugne  coûte  de  cscarlate  fort  fine.  U|$ne  couste  de  fin  noir,  bone. 
Ugne  coûte  de  rouge,  bon  pour  les  dimenches.  Ugne  coûte  de  demUostade  tanéyé.  Ugne  coûte 
de  drap  jaulne,  bon.  Ugne  coûte  de  rouge  pour  tous  les  jours.  Ugne  coûte  de  bon  noir  pour 
les  dimenches  »  {Inv.  deJ.  de  Malliard^  1527Ï. 

(2)  Corps  ou  corsage. 

(3)  Victor  Gay  définit  le  garde-rol^e  «  un  tablier  ». 

(4)  I  Pour  une  fourreure  d'aigneaux  blans,  délivrez  pour  fourrer  une  hoppelande  de  gris. 
Pour  !!■  de  menu  vair  dont  furent  forrées  v  hoppelandes  de  drap  de  soye  vermeil  à  une 
manche  noire.  7  aulnes  de  gris  brun  fin  de  Moustiervilliers  dont  ont  esté  faites  deux  hoppe- 
landes pour  Monseigneur,  une  longue  et  Vautre  à  mi-jambe.  5  hoppelandes  de  drap  de  soye  à 
devise  de  gettz  et  une  manche  noire,  une  longe  dessus,  fourrées  de  menu  vair.  Une  hoppe- 
lande longue  de  gris,  fourré  de  gris,  qui  sout  7  garnemens.  1  drap  de  soye  noir  de  damas 
pour  faire  une  hoppelande  •  [Compt.  de  Guy  de  la  Trémoille,  1395-1406). 

f5)  Les  manche»  et  manchons  étaient  mobiles,  c'est-à-dire  ne  tenaient  pas  à  la  robe. 

«  Ugn  pourpoint  de  sarge  fine  et  piesse  et  les  manchons  de  velous,  doublé  de  tafetas 
blanc,  ner>'é  de  velous  vioulé,  fort  beu.  Les  manchons  :  ugn  menchons  de  velous  gris.  Ugn 
menchons  de  vellous  tané.  Ugn  menchons  de  velous  noir.  Ugn  menchon  de  satin  tané.  Ugn 
menchons  de  tafetas  de  Jénes  noir.  Ugn  menchons  de  bourt  de  soie  noir  tané.  Ugn  men- 
chons dez  ostade  bleue,  vieulx.  Ugn  menchons  de  drap  fin  blanc.  Deus  menches  de  robe  dcz 
ostade  ■  (/hr.  de  /.  de  Malliard,  1B27). 

•  Mémoire  des  manchons  que  je  luy  hus  ou  qu'elle  avoit,  que  luy  fit  fère  :  Ugns  manchons 
de  velous  orange,  beus.  Plus  ungs  manchons  de  velous  cramoysin  vioulet,  que  je  fis  fère, 
fort  beu».  Ugns  manchons  de  velous  vioulet  qu'elle  avoit.  Ugns  manchons  de  velous  orange, 
qu'elle  avoit  aussi.  Ugns  manchons  de  satin  blanc  qu'elle  avoit  et,  pour  tous  les  jours,  de 
noir.  Et  je  lui  en  balles  de  boure  de  soye  noir  et  tané  et  des  autres  de  Ufetas  noir  et  des 
antres  de  fin  noir  bon.  Et  en  doné  ugns  manchons  de  velous  orange  et  ugns  de  satin  vioulet. 
Ugns  autre  de  satin  noir  h  {Ino.  d'/sabeau  de  Solmigniac,  1528;. 

H  Une  robe  de  drap  d'or,....  les  manches  de  mesme.  Ung  manteau  de  damas  cramoisy..., 
»ans  manches.  Aultro  robe,  de  taffetas  cannelle  cramoisy,  les  manches  de  satin  vert  rayé 
d'argent.  Aultre  robe  de  satin  gris  rayé  d'or,  avec  les  manches  de  saUn  façonné,  rayé  d'or, 
Aultre  robe  de  taffetas  gris  frangé,  les  manches  de  toille  d'or  milanolse  »  (/'lo.  de  Quermetin, 
1586.) 

•  Plus  3  paires  de  manches  à  ses  sœurs,  plus  quatorze  livres  pour  une  robe  et  une  paire 
de  manches  n  {Journ.  de  P.  Vacherie,  16f5). 

(6)  1  Sarge  de  Chartres.  Sarge  de  Beauvais  -  (/«p.  rfi*  marquis  dr  Hémovitle^  163*»). 


âOS  SOCléTé  ARCUÉOLOGIQUB   ET   UISTORIQUB   DU  LIUOUSIN. 

Les  vêtements  sont  des  robesy  des  cottes  et  des  garde-robes. 

L'étoffe  est  du  drap  noir  ou  rouge,  de  la  serje. d'Orléans  ou  de 
Beauvais,  employée  seulement  aux  garde-robes,  et  du  satin^  pour 
la  doublure. 

Le  velours  est  affecté  aux  bandes  ou  pourtour  et  aux  man- 
chons. 

On  remarquera  la  façon  de  deux  robes,  qui  sont  en  manière  de 
houppelande,  c'est-à-dire  entièrement  ouvertes  en  avant. 


IIL  —  1687. 

4.  Dans  la  chambre  kaulte^  quy  a  prospect  sur  le  jardrin  :  Ung  chas- 
lict(0denoyer(2),  8  1. 

2.  Ung  lict,  guarny  de  coelle,  coussin,  une  couverlc  verte,  50  I . 

3.  Ung  tour  de  lict  de  salin  de  Bruges  en  broderie,  usé,  4  1. 

4.  Troys  rideaux  de  sarge  de  couleur  jaulne,  12  l. 

5.  Ung  dressoyr  (3)  de  mesmc  esloffre,  40  s. 

6.  Ung  boys  de  couchelle  de  noyer,  3  1. 

7.  Une  coelte  et  cuissin  de  couchette,  42  l. 

8.  Une  couverte  blanc,  40  s. 

9.  Ung  pavillon  de  sarge  jaulne  imprimée,  10  I. 

10.  Une  table  de  noyer,  5  1. 

11.  Ung  tapis  de  Flandre,  6  1. 

1î.  Six  chaires,  Iroys  grandes,  les  autres  troys  moyennes,  garnyes  de 
sarge  de  coulleur  verte  (4)  obscure,  18  1. 

13.  Six  chaires,  troys  grandes  et  troys  moyennes,  garnyes  de  cuir 
doré  (5),  18  1. 

14.  Une  aullre  chaire,  garnye  de  cuyr  rouge,  usée,  40  s. 

15.  Une  autre  chaire,  guarnye  de  tripe  de  velour  (6),  fort  usée,  40  s. 

16.  Ung  dressoir  de  noyer,  y  ayant  au-dessus  un  tapis  de  camelot  (7) 
rouge,  frangé  de  layne,  fort  uzé,  6  1. 

17.  Quaire  grand  tableaus  où  sont  les  pourtraictz  dud.  feu  s'Degay  et  de 
lad.  damoyselle  du  Chenaud,  sa  vefve,  et  les  autres  deux  de  deux  prin- 
cesses, ayant  les  ruydeaux  (8)  de  tafelas  vert,  12  1. 

(1)  Défini  parle  Glossaire  archéologique  «bois  de  lit  ». 

{%,  Le  noyer  et  le  chêne  sont  les  deux  essences  dominant  en  Limousin. 

(3)  Dreêêoir  se  disait  donc,  non-seulement  du  meuble,  mais  aussi  de  sa  housse  :  V.  Gay 
n'a  pas  donné  cette  acception,  i  Plus  ugn  petit  tapis  de  ladite  tapiçarie  comune,  louge  et 
jaune,  sur  le  dressoir  «  (Inv.  de  J.  de  Malliard,  1527). 

(4)  ■  Sarge  verte  u  (Inv.  du  marquis  de  Rémoville,  4632). 

(5)  Voir  ce  mot  à  la  table  du  tome  [de  mes  Œuvres  complètes. 

(6)  Peluche. 

(7)  Voir  ce  mot  à  la  table  du  tome  I  de  mes  Œuvres. 

(8)  Ces  rideaux  protégeaient  les  tableaux  à  la  fois  contre  le  soleil  et  la  poussière.  ■  SupfT 
altare  quamdam  ymaginem  Béate  Marie,  cum  quodam  vello  vîridi.  —  Item  quamdam  cortînam 
nigram,  que  erat  ante  dictam  ymaginem,  pendentem  in  filo  ferreo  »  (/«p.  des  Templiers 'If 
Toulouse,  1313,  n«  1,  14). 


INVENTAIRES  DU  CHATEAU  DE  NKXON.  203 

18.  Un  père  de  chaneiz  ou  landiers  (1)  de  leton,  18  1. 

19.  Deux  petitz  tabouretz,  garnys  de  sarge  fort  usée,  40  s. 

20.  (Jng  coffre  de  Flandre,  dans  lequel  n*a  esté  trouvé  que  les  habis 
de  damoyselle  Marie  du  Chcnaud,  vefve  de  feu  Joseph  de  Petiot,  juge  de 
Lymoges,  8  1. 

2t.  Dans  autre  chambre^  ausay  en  hault  de  lad.  maison,  ayant  aspect 
sur  le  deoant  d'icelle  :  Un  grand  chasly  de  nouyer,  10  1. 

2i.  Une  coestc  et.cussin,  25  1. 

93.  Troys  ruideaux  de  sarge  de  colleur  orange  (2),  uzés,  8  1. 

24.  Ung  llnceux  de  tbille  de  pays,  30  s. 

25.  Une  table  et  ses  Irateaux  (3)  de  noyer,  7  I. 

26.  Deux  boys  de  cochele  de  noyer,  6  1. 

97.  Deux  coestes  et  cussin  desd.  couchettes,  20  l. 

28.  Une  couverte  blanche,  4  1. 

29.  Autre  couverte  jaulne,  uzée,  4  1. 

30.  Ung  ban  de  boys  de  chaisne  de  pcult  de  valleur,  une  chaire  de 
noyer,  40  s. 

31.  Ung  vieulx  coffre  de  bois  de  chaisne,  dans  lequel  ne  c'est  trouvé 
aucunes  choses  qui  appartiene  aud.  deffunct  que  seullcment  quelques 
acoustrementz  appartenant  à  damoiselle  Marye  Ghenaud,  4  liv. 

32.  Ung  réveilhe  •malin,  18  1. 

33.  Une  petite  table  à  deservlr,  3  1. 

34.  Ung  petit  scabeau  (4),  10  s. 

35.  Dans  un  cabinet  estant  sur  la  rue  :  Une  table  de  cuisine,  4  1. 

36.  Une  vielhe  chaire,  20  s. 

37.  Ung  vieulx  bahus,  25  s. 

38.  Ung  mauvais  lapis,  20  s. 

39.  Dans  un  cabinet  estant  sur  le  hault ^  ayant  prospect  par  le  der- 
nier [b)  :  Ung  chaslict  de  noyer  plainne  (6),  7  l. 

40.  Un  autre  chasly  de  menuzerie,  appelé  lirt  de  campt  (7),  sans  aul- 
cune  garniture  et  une  custode  (8)  de  sarge  jaulne  usée,  12  t. 


(1)  «I  Une  autre  paire  de  landiers  qui  servoient  à  la  cuisine,  avecq  deux  chesnets,  le  tout  de 
fer«  prisé  soixante  sols  »  (Inv.  du  lieut.  de  Chdteaugontier,  162C). 

(3)  «  Ubg  ciel  de  lit  fait  à  l'éguille  et  à»  bardes  de  satin  crainoisy,  esquelles  y  a  cinq  carraux 
de  satin  rouge  et  cinq  d'orenge.  Un  carreau  de  soye  Taict  à  l'aiguille  à  diverses  devises,  le  fons 
de  damas  oranges.  Un  ciel  de  drap  d'or,  garny  de  III  ridaux  de  damas  jaulne  d'orenge. 
Deux  vieulx  carreaux  de  toille  d'or  noyre,  l'un  fonsé  de  mesmes  et  l'aultre  de  satin  jaulne 
oranges.  Une  pièce  de  tapicerye  piquée  de  taffeta<«  jaulne  orange.  »  {Invent,  du  chat,  de 
Craon,  1553.) 

(9)  Les  tréteaux  supposent  une  table  assez  longue  :  de  la  sorte,  on  pouvait  la  transporter  à 
volonté. 

(4)  Sic  pour  escabeau. 

(5)  Sic  pour  derrière,  <•  Est  enjoint  à  tous  ceux  qui  ont  des  portes  au  dernier  de  leur 
maison  les  murs.  »  [Ordonnance  du  maire  de  TuUe^  1632). 

(6;  Plein,  peut-être  dans  le  sens  de  fonce\  que  nous  trouvons  dans  un  autre  inventaire. 

(7)  «  Item,  le  bois  d'ung  lit  de  camp,  prest  à  monter,  dans  des  étuys  de  cuyr.  u  (/no.  du 
chat.  d^Aigueperse,  1507,  n«  1^7.  Voir  aussi  les  n"  10  et  11.) 

{8}  Furetiëre  écrivait  en  1690  :  n  Custode...  Et  mssmes  on  appelle  quelques  fois  ainsy  les 
rideaux  des  lits  des  particuliers  ». 


tH  SOCIÉTÉ  AIICBÉOLOGIQUK   ET   UlSTOHIQUB   DU   LIMOUSIN. 

41 .  Ung  père  d*armes,  i^arnics  et  compUicte,  ayant  double  plaslroB,  60 1. 

42.  Quatre  arquebuzes  de  cbasse  et  deux  mousquelz  (1),  60  1. 

43.  Un  espicu,  4  1. 

44.  Une  pcrtuixaue  dorée,  6  1. 

45.  Une  arquebuse  en  fust,  de  laquelle  est  rompu,  3  l. 

46.  Deux  grandes  arbaletles,  Ô  1. 

47.  Une  pelile  arbaicsle,  50  s. 

48.  Une  celle  pour  cheval,  neufve,  bandée  de  veloux,  18  L 

49.  Ung  pistolet,  avec  son  foureau,  12  ). 

50.  Ungpougnard  (S),  4  1. 

51.  Ung  bouclier  de  Loys,  40  s. 

52.  Une  boytlc  avec  un  bonel  caré  audcdans,  40  s. 

53.  Une  fontaine  de  cuire  (3)  à  laver  les  mains,  8  1. 

54.  Un  coffre  à  bague,  avec  sa  serure  et  clef,  6  1. 

55.  Dans  une  chambre^  qui  a  son  aspect  dans  la  rue  du  basti- 
ment  :  Ung  vieux  cliaslict  de  chaisne,  4  1. 

56.  Ung  surciel  (4)  de  tapisserie  de  Feletin  sans  rideaux,  40  s. 

57.  Une  couette,  ung  coussin,  12  1. 

88.  Un  grand  coffre  de  noyer pour  serrer  les  papiers. 

59.  Ung  grand  coffre  do  chaisne,  dans  lequel  c'est  trouvé  deux  piesscs 
de  tapiserie,  propres  à  maittre  dans  la  chaumière,  vielbc  et  quelques 
liabis  du  deffunt  de  peult  de  valeur,  40  l. 

60.  Deux  rideaux  de  sarge  d'Amiens  (5),  verls  et  fort  uzés. 

61.  Ung  autre  grand  coffre  de  chaisne,  où  que  c'est  rien  trouvé,  4  1. 
6i.  Autre  grand  coffre,  aussy  de  chaisne,  dans  lequel  ne  s*est  aussy 

rien  trouvé,  4  1. 

63.  Dans  autre  chambre  y  joignant  :  Ung  coffre,  dans  lequel 
cstoyent  les  habilz  du  dud.  feu  Degay,  comme  sont  une  robbe  de  damas 
avec  les  paremenlz  de  vclourx,  36  1. 

64.  Une  autre  robbe  longue  de  tafetas,  usée,  10  I. 

65.  Une  autre  robbe  de  sarge  de  Florance,  usée,  avec  ses  parements  de 
veloux,  40  1. 

66.  Une  autre  robe  de  drapl  de  seau  (6)  à  dcmy  usée,  avec  son  pare- 
ment de  veloux,  t8  I. 

(1)  tt  Un  mousquet  de  trois  doigts  d'embouchure.  »(/no.  de  Atascaron.  évéque  cfA^en,  1703, 
n"  337). 
^2;  Poignard. 

(3)  Sic  pour  cuivre  :  se  dit  du  cuivre  rouge,  le  Jaune  étant  nommé  laiton.  •  Une  grande 
fjntaine  à  deux  roblnés,  couvercle  et  grande  cuvete,  le  tout  presque  neuf.  •  {Ihv,  de  Senh^if, 
1793.) 

(4)  Voir  ce  mot  à  la  table  du  tome  I  de  mes  Œuvres. 

H  Plus,  deux  surciels  de  tapiçarie,  lit  et  cochette.  Plus,  deus  autres  surctels  de  sarge  rouge 
et  verte,  lit  et  cocbete.  Plus,  deus  autres  aurciels  de  tapiçarie  roge  et  jaune,  comuns,  lit 
et  cochette.  Plus,  trois  surciels  de  toyll«.  »  {Inv.  de  J.  de  Malliard^  1527.) 

ib)  Les  inventaires  de  Nexon  nous  fournissent  l'indication  de  quatre  serges  différentes, 
d'Orléans,  de  Béarnais,  d'Amiens  et  de  Florence. 

Il  existe  quatre  arrêts  du  roi,  imprimés  en  trois  pièces  in-4%  portant  les  dates  de  1716  et 
17*24  et  relatifs  aux,u  manufactures  d'étamines,  de  serges  et  de  peluches  d'Amiens». 

(6)  Drap  de  Caux  ?  n  Caux  pays  en  Normandie.  Le  commerce  de  ce  pays  confdste  en  toile 
hrune,  propre  à  doubler  des  habits,  m  (Kxpilly,  Dict.  des  Gaules.) 


INVRNTAIRRS  DU  CUATRAU  DP.  NRXON.  205 

67.  Deux  soutanes  (1),  Tune  de  damas,  l*autrc  de  salin  et  ung  jouppc 
lori  uzée,  40  !. 

68.  Deux  vieulx  propoinclz  (9),  Tung  de  velloux  figuré,  Tautre  de  tafeUs, 
avec  un  autre  de  chamelot  de  soye  (3)  fort  uzée,  6  1. 

69.. Plus,  ung  vieux  coffre  chaisne,  dans  lequel  a  esté  trouvé  ircntc  lin- 
ceux,  tant  bons  que  mauvais,  servant  à  l'usage  de  la  maison,  40  l. 

70.  Plus  liuict  nappes  et  six  douzaines  de  serviettes,  servant  comme  des- 
susd.,  tO  I. 

7i.  Dans  la  salle  basse  aud,  logis  :  Une  table  do  noyer  double,  à  tirer, 
avec  un  tapis  vert  et  demy  uzé,  ï8  l. 

79.  Un  banc  de  serieys  (4),  40  s. 

73.  Deux  chaires  de  noyer,  garnycs  de  tapiserie  jautnc,  6  1. 

74.  Plus,  aullres  six  chères  de  bois  de  noyer,  9  1. 
7»,  Une  cspinèle  (5,6  1. 

76.  Un  père  de  landicrs  de  lelon  (6),  \B  1. 

77.  Un  grand  chandelier  (7)  au  milieu  de  lad.  salle,  à  quatre  branches, 
aussy  de  leton,  12  1. 

78.  Un  bufot  de  noyer,  18  1. 

79.  Dans  la  cuisine:  Une  table  viellhe,  4  1. 

80.  Ung  banc  vieulx,  20  s. 

81.  Deux  coffres  de  chasne,  aussy  vieulx  et  ung  bufet  aussy  vieulx,  i  l. 

82.  Deux  douzaines  de  platz  d^estang  '8),  deux  douzaines  d'assicles, 
98  1.  8  s. 

83.  Deux  chandeliers  d'arain,  3  1. 

84.  Un  chodcron  et  deux  pelilz  polz,  7  1. 
83.  Deux  cramelières,  40  s. 

86.  Une  broche  de  fert,  15  s. 

87.  Une  poelle,  30  s. 

88.  Un  petit  bassin  (9),  3  1. 

89.  Dans  la  caoe  :  Un  grand  tonneau  de  huict  charges,  serclé  de  qua- 
tre sercles  de  fert  et  demy  plainct  de  vingt,  19  1. 

90.  Plus,  autres  deux  picsscs  de  chascune  quatre  charges,  serclée  de 
fert,  10  1. 


(1)  n  Item,  une  sotane  do  taffetas.  Item,  deax  sotanne«  d'estamine.  Item,  une  sotanne  de 
satin.  »  (Invent  du  lieut.  de  ChàteaugontieTf  16?G). 

\f)  «  Ugn pourpoint  de  velous  tané,  bon.  Ugn  pourpoint  de  fin  noir,  la  piesse  et  manchons 
de  Telous  noir  bon,  Ugn  pourpoint  de  satin  tané  fin.  Ugn  pourpoint  de  utin  de  Bourges  (tte), 
escartelé  ronge,  blanc  et  tané.  Ugn  pourpoint  de  bon  noir,  la  pi  s  «se  et  manchons  de  satin  noir 
fin.  Ugn  pourpoint  de  tafetas  blanc  de  Jènes,bon.  Ugn  pourpoint  de  fustène  blanc.  U:.{n  pourpoint 
de  canebas.  »  (/no.  de  J.  Malliard^  1527).  —  n  Item,  deux  Tîelz  prepoinctz,  l'un  de  satin  et 
l'autre  d'estamine.  »  {Invent,  de  ChàteaugontieTf  1626.) 

(3)  41  Item,  un  capichon  de  camelot.  Item,  un  ballendrap  de  camelot  noir,  doublé  de  sarge.  » 
(Inoent.  de  Châieaugùntiet\  1626.). 

(4)  Cerisier. 

(5)  Furetiére  disait  en  1690  :  n  Le  clavecin  est  une  espèce  d'épinette  >•. 

(6)  Voir  le  mot  laiton  à  la  table  du  tome  l  de  mes  Œuvres. 

(7)  Ici  il  signifie  lustre. 

(8)  Sic  pour  étain. 

(9)  «  Item,  un  bassyn  lavemain.  »  {Invnt.  du  chat.  d'Aigueperse,  1507,  n*  124). 


âO<>  .SOCléTK   ARCnÉOLOGIQUR   ET   IIISTORIQUR   DU  LIMOUSIN. 

91.  Uog  bac  (I)  à  remplir  les  vaiseaux,  fort  vieulx,  10  s. 
Calcul  du  tout  faict  ensemble  à  la  somme  de  1145  1.  8  s. 

Cet  inventaire  est  écrit  sur  papier,  dont  le  filigrane  représente 
une  main  tenant  une  fleur,  en  cinq  pages  petit  in-folio. 

Six  choses  méritent  plus  particulièrement  attention  :  les  sou- 
tanes et  robes  du  magislral;  l'épinette,  ce  qui  prouve  que  la 
dame  était  musicienne;  le  réveille- malin  (n**  32),  quelques  armes, 
moins  pour  la  défense  que  pour  la  chasse,  un  tapis  de  Flandre 
(n*"  il),  mais  surtout  une  tapisserie  de  Felletin  formant  ciel  de  lit 
(n*»  56)  ;  enfin  les  portraits  des  deux  époux  (n*  17). 


IV.  —  4680  (î). 


1.  Dems  la  grande  chambre,  apcUée  la  chambre  peinte  :  Une  tapisse- 
rie de  bcrgamc  (3). 

2.  Deux  licts  (4),  avec  leurs  couettes,  couessins,  matelats  et  rideaux  de 
sarge  (îS)  blœuf,  avec  des  passemens  et  franges  de  laine  et  soye  meslée 
de  diverses  couleurs,  des  tours  de  licts,  de  ligatures  avec  une  crespine  de 
soye. 

3.  Six  vieux  fauteuils  (6),  garnis  de  mesme  eslolFe  et  couleur  que  les 
licts. 

».  Une  table  (7)  carrée,  bois  de  noyer  (8),  couverte  d'un  tapis  de  mesme 
csloffe. 


(1)  Bac  pour  baquet  n'est  pas  dans  le  Glottatrt  archéologique. 

(2)  Cet  inventaire  forme  un  cahier  de  56  pages  petit  in-foli«,  dit  moyen  papier^  au  timbre 
de  la  généralité  de  Limoges.  11  fut  rédigé,  le  7  octobre  1680.  aa  «  cluisteau  et  maison  de 
Nexon,  où  il  est  décédé  »»  à  la  mort  de  «  François  Degay,  e^cuyer,  seigneur  de  Nexon  >,  eo 
présence  de  '<  Marc  Anthoine  Degay,  escuyer,  seigneur  de  La  Grange,  fils  aine  da  dit  deffunt 
sieur  de  Nexon  »  ;  de  ■  la  dame  de  Nexon,  sa  veufve  *,  née  de  Benoist;  de  «  la  dame  de  La 
Judie,  sa  fille,  et  autres  enfans  dud.  feu  s'  Degay  ».  J'en  supprime  toute  la  partie  relative  a 
la  procédure,  ainsi  que  le  détail  des  papiers  et  registres  qui  contiennent  l'état  de  la  fortune  ; 
j'omets  encore  la  visite  des  métairies,  ob  est  relevé  le  ■  chaptaU  (cheptel)  des  bestiaux  •. 

(3)  Les  tentures  des  murs  sont  simplement  en  bergame  (n**  1,  59,  74).  Une  portière  seule 
est  en  «  tapisserie  à  personnages  »  (n*  60). 

(4)  Les  lits  sont  souvent  par  paires  dans  les  chambres  (n**  2,  41,  44,  51,  67,  68). 

(5)  La  serge  est  do  quatre  couleurs  :  grue  (n**  52,  61),  bleue  (n*  2),  jaxaie  {n««  8,  51)  et 
verte  (n**  6,  47,  65),  avec  les  deux  nuances,  olive  (n*  55)  et  brun  (n*  68K  Une  fois,  elle  e»t 
qualifiée  de  pays,  c'est-à-dire  fabriquée  en  Limousin. 

On  s'en  sert,  non-sculement  pour  les  lits,  mais  aussi  pour  les  fauteuils,  les  chaises,  lestable* 
et  les  paravents. 

(6)  Les  fauteuils  sont  enregistrés  aux  n««  3,  6,  47,  55,  64,  65,  71.  Leur  garniture  est  ordinaire- 
ment assortie  à  celle  du  lit  (n°  3). 

(7)  Les  tables  sont  carrées  (n«*  4,  53,  85),  rondes  (n«  10,  53);  il  en  est  une  owHe  (n*  56)  et 
deux  à  l'antique  Cn**  11,  46). 

(8)  Le  bois  employé  aux  meubles  est  le  noyer  (n«*  4,  58,  63),  le  chêne  (n**  56,  95)  et  le  reri- 
9ifT  (n"  56  MSj  07),  tous  bois  du  pays. 


mveNTAlRES  ou    CIIATKAU   DK   NEXON.  20? 

5.  Dans  la  salle  en  bas  :  Uqc  aulrc  vieille  tanturc  de  tapisserie  de 
bergam»^,  fort  usée. 

6.  Six  vieux  fauteuils  d'une  sarge  de  pays,  couleur  verie. 

7.  Deux  formes  (i),  garnyes  de  sarge  de  mesme  couleur,  fort  usez. 

8.  Douze  petites  chèzes,  garnyes  d'une  sarge  et  frange  de  laine  de 
couleur  jaulne. 

9.  Une  table  ronde,  bois  de  noyer,  en  menuiserie  (2),  couverte  d'un 
lapis  de  moquette  (3). 

10.  Une  autre  petite  table,  aussi  ronde,  bois  de  noyer,  couverte  d'un 
tapis  de  bergame  (4). 

\  I.  Une  autre  vieille  table  à  l'antique,  de  peu  de  valleur. 
-     12.  Une  cuvette  d'airain,  de  la  capacité  de  quatre  sehaux  (seaux). 

l.H.  Cinq  tabourez,  garnis  de  bergame,  fort  usez. 

1i.  Dans  une  autre  salle  basse^  laquelle  on  fait  servir  présentement 
de  despance  :  Quatre  vieux  cofifres  (5),  qu'on  a  dit  servir  à  mettre  le 
linge  dont  on  se  sert  à  table. 

15.  Un  petit  bois  de  lict. 

16.  Une  liltièrc  (6),  avec  les  scelles  (selles)  et  harnois. 

i7.  Un  rouleau  de  droguet  de  pays,  d'environ  vingt  aulnes. 
\S.  Environ  un  quintal  de  chanvre. 

19.  Un  petit  cabinet  (7)  h  deux  battans,  servant  à  mettre  la  vaisselle  (8). 

20.  Lequel  ayant  esté  ouvert,  si  est  trouvé  une  escuelle  d'argent  cou- 
verte, une  petite  tasse  aussi  d'argenf,  dix-sept  cueillôres  et  treze  four- 
chettes d'argent,  le  tout  marqué  aux  armes  dudit  feu  sieur  de  Nexon. 

21.  Treze  grands  plats  ou  bassins,  unzc  petits  plats  ou  assiettes  creuses, 
soixante  deux  assiettes,  quatre  sallières,  quatre  coUièrcs  (sm;)  (9),  le  tout 
d'estain  commun,  avec  (rois  flambeaux  de  mesme,  le  tout  marqué  aux  ar- 
mes dudict  sieur  de  Nexon. 

22.  Quarante-six  serviettes  d'estoupes,  vingt-six  linceuls,  moitié  brin, 
moitié  étoupes,  une  nape  flne,  unze  napes  grosses,  neuf  aulnes  toille 
brin,  une  coutrepointe,  vingt  livres  de  laine,  quatorze  livres  fille  (sic)  de 
brin. 

(1)  Les  «ègen  sont  de  cinq  sortes  :  fauteuils,  chaises,  formes^  tabourets  et  escabelle 
(n*  12).  La  forme  est  un  baoc  à  dossier. 

(2)  Af.'auiserie  signifie  ici  travaillé. 

(3)  Les  étoffes  de  laine  mentionnées  dan<}  cet  inventaire  sont  :  la  Lergame^  la  serge^  le 
droguet  \n—  17j,  la  moquette. 

(4)  Ontre  les  tentures,  la  bergame  est  employée  aux  lits  (n**  44,  51),  aux  tables  (n**  46,  70) 
et  aux  tabourets  (n*  13). 

(5)  Les  coffres  sont  souvent  mentionnés  (n'*  14,  26,  50,  56,  57,  66,  95,  97)  :  il  y  en  a  de 
grands  (n*  66)  et  de  petits  (n*  97). 

(6)  Les  véhicules  sont  la  litière  (n>  16)  et  la  cariole  (n**  76,  81).  —  Gatisault,  I}raité  des 
voitures  pour  servir  de  supplément  au  Nouveau  parfait  maréchal,  avec  la  construction  d'une 
berline  nouvelle  nommée  l'inversable  ;  Parih,  Barrois,  i750,  un  vol.  i(i-4*',  illustré  de  18 
planches  hors  texte. 

(7)  Les  meubles  sont  :  le  buff^et  (n*  91),  le  coff're,  le  cabinet  et  la  cassette  (n*  99).  Le  cabi- 
net est  à  deux  batUnts  (n"  19,  72)  et  à  huit  {n'  43). 

(8)  La  vatsseUe  est  en  argent  (n'  20),  en  étain  (n"  21)  et  en  fcAence  (n'  43). 

(9)  U  n'y  avait  pas  de  fourchettes  assorties  à  ces  cuilldres,  qui  peut-être  servaient  à  la  cui- 
sine. 


i08  r;or:iRTÉ  aroiikologiqijk  kt  iiistoriqur  oit  limousin. 

i3.  Dans  un  sallouer,  quelques  pièces  de  sallé. 
34.  De  riiuille  dans  un  bac  de  pierre. 

in.  Autres  deux  bacs  vides,  qu*on  a  laissé  pour  Tusage  et  dcspanee  de 
la  maison. 
20.  Dans  une  chambre  :  Nombre  de  eaffres. 

27.  Une  petite  cassette  couverte  de  velours,  dans  laquelle  il  y  a  sa  (de 
la  veuve)  bouelte  d'argent  doré,  avec  t»'eze  deniers  d'or  (<)  et  autres  nipes. 

28.  Un  crucifix  (î). 

39.  Dans  le  cabinet  :  Cinq  carehaux  de  bois,  du  mesme  des  autres 
dont  la  dite  chambre  est  carrelée,  qui  sont  défalcts  et  ostcz  de  leur  rang. 

30.  Une  bourçe  de  peau  de  senteur  (3),  doublée  de  taffetas  (4)  blœuf, 
dans  laquelle  n'y  avoit  d'argent  ny  autre  chose...,  qui  estoit  plaine 
d'or  (5)  du  vivant  et  pendant  l'agonie  du  dit  feu  seigneur  de  Nexon. 

3t.  A  l'écurie  •  Un  cheval  allczan  (6),  ayant  le  balson  (7)  et  les  quatre 
pieds  blancs. 

32.  Un  autre  coureur  (8),  poil  bay  (9),  marqué  au  front. 

33.  Un  petit  bidet  (<0;zain  (H).  " 

34.  Un  poulain  (i3)  noir,  de  deux  à  trois  ans. 

35.  Un  autre  petit  poulain,  d'un  à  deux  ans. 

36.  Une  jument  bay-brun  (13),  de  cinq  à  six  ans. 

37.  Un  grand  coureur  poil  bay,  ayant  le  champfrain  (14)  et  deux  pieds 
blancs  (15j. 

(1)  Ce  sont  les  treixaina^  bénis  à  la  masse  de  mariage. 

(2)  La  dévotion  comporte  deux  crucifix  (n**  28,  98)  et  ane  médaille  (n*  08). 

(3)  Il  y  a  deux  bourses,  l'une  en  cuir  parfumé  (n*  3())  et  l'autre  en  satin  (n*  101). 

(4)  Les  étoffes  de  soie  sont  le  taffetas^  le  velours  n*  99)  et  le  tatin  vert  (n*  100)  ou  roage 
(n"  104). 

(5)  Les  monnaies  sont  spécifiées  aux  n**  89  et  101. 

(6)  Alesan,  se  rapprochant  de  la  couleur  de  la  cannelle  :  les  crias,  membres  et  tète  ont 
a  même  nuance  que  le  tronc.  —  «  Une  hacquenée  alzan  >•  {Inv.  de  Craon,  1553).— Jourdin, 
Le  grand  mareschal  françoiSt  où  il  est  traité  de  la  connaissance  des  chevaux,  d"  leurs  malrn- 
dies  et  de  leur  guérison  ;  ensemble  la  manière  de  faire  emplastres,  onguents  et  breuvages 
pour  icelles  ;  Paris,  J.  Promé,  1053.  —  De  Saumek  (J.),  La  parfaite  connoissanee  des  che- 
V2UX,  leur  anatomie,  leurs  qualitez^  maladies  et  les  remèdes  ;  La  Haye,  1734,  avec  por* 
trait  et  61  planches,  par  Bleysswyk  et  Cave.  —  Dic  La  GuÊRiNiàRB,  Ecole  de  eanalerie, 
contenant  la  connaissance,  finstruetion  et  la  conservation  du  cheval  ;  Paris,  1756,  2  vol.  in-8*, 
illustrés  de  33  planches  hors  texte.  —  Voir,  sur  la  qualité  des  chevaux^  Y/nveHtaùre  du  château 
de  Jamac,  en  1668,  n"*  373-379. 

(7)  La  balzane  est  une  tache  blanche,  plus  ou  moins  étendue,  située  à  la  partie  inférieure 
des  membres. 

(8)  Coureur,  cheval  ae  pur  sang  deetiné  à  courir,  à  galoper  sur  les  hippodromes. 

(0;  Bai,  caractérisé  par  la  couleur  rouge  des  poils  qui  recouvrent  le  corps  et  la  partie 
supérieure  des  membres,  et  par  la  couleur  noire  des  crins  et  des  membres  à  partir  du  genou 
et  des  jarrets  inclusivement.  —  <  Ung  traquenart  boy  noir  •  (/no.  de  Craon^  1553). 

(10)  Bidet,  petit  cheval  de  selle  et  d'attelage,  marchant  généralement  l'amble;  cheval  de 
peu  de  valeur  marchande. 

ill)  lA  cheval  est  dit  sain,  quand  il  ne  présente  pas  de  poils  blancs,  qu'il  est  tout  aoir, 
tout  bai,  tout  alezan. 

(1?)  Poulain^  jeune  cheval,  depuis  sa  naissance  jusqu'à  quatre  ans. 

(13)  Bai-brtm,  dont  la  couleur  est  presque  noire;  avec  les  fesses,  le  flanc  et  !•  oez  mar- 
qués de  feu.  —  •  Ong  petit  couruulx  brun  i»  {Inv.  de  Craon^  1553). 

(14)  Chanfrein,  partie  de  la  tête  qui  fait  suite  au  front,  précède  les  naseaux  et  s'étend  d'aoe 
joue  â  l'autre. 

(15)  Deux  pied.q  ayant  des  balzanes. 


INVENTA IRKS  DU  CHATEAU  DE  NEXON.  200 

38.  Une  autre  jugemen  {aie)  bay  brun,  lesquels  cheval  el  jument  ont 
esté  vendiquez  par  le  dit  sieur  de  Nexon  comme  luy  apartenans,  desquels 
il  est  chargé  pour  le  service  du  roy. 

39.  Dans  la  cuisine  :  Sept  pois  de  fert  grands  et  petits. 

40.  Une  casserolle,  un  bassin  d*airaln  de  la  capacité  d*un  sceau,  un  pe- 
tit chaudron  d'environ  deux  sceaux,  deux  poissonnières,  une  lèche-frite, 
deux  poisles,  une  grille  et  une  tourtière,  un  petit  mortier  d'airain,  deux 
chesnets  de  fert  {<),  une  cloche  de  lonte  de  fert  (i),  une  broche  de  fer», 
des  rôtissoires,  deux  cramaillères,  trois  fuzils  (3). 

41.  Dans  une  chambre  sur  la  cuisine  :  Deux  petits  liclz,  garnis  de  leurs 
couvertes,  couessins,  couettes. 

4Î.  Deux  chesnets  de  fert,  un  petit  crochet  de  fert,  un  garde-manger, 
une  table,  une  escabelle,  une  palle  de  fert,  un  grand  chaudron  et  un  bas- 
sin de  deux  sceaux. 

43.  Dans  le  degré  (escalier)  :  Un  cabinet  à  huict  battans,  lesquels  ayant 
fait  ouvrir,  ne  si  est  trouvé  autre  chose  que  treze  petits  plats  de  fayance 
et  Irois  assiettes  de  mesme. 

44.  Dans  une  des  chambres,  apelUe  la  chambre  jaulne^  qui  a  une  baie 
grillée  sur  la  cour  et  une  croisée  sur  le  jardin  non  grillée  :  Deux  licts, 
garnis  de  couettes,  couessins,  matelas,  de  rideaux  de  bergame,  couverte 
blanche. 

45.  Un  autre  plus  petit  lict,  garny  de  mesme  sans  matelas. 

46.  Une  table  carrée  à  Tantique,  couverte  d'un  petit  tapis  de  ber- 
game (4). 

47.  Cinq  fauteuils  vieux,  couverts  d'une  vieille  sarge  verte. 

48.  Un  cabinet,  lequel  ayant  fait  ouvrir,  ne  si  est  rien  trouvé  dedans. 
40.  Deux  chesnets  de  fonte. 

50.  Dans  le  degré  :  Un  grand  coffre  vieux. 

51 .  Dans  une  chambre  au-dessus  de  la  précédente  :  Deux  autres  Ucls 
garnis,  y  ayant  fort  peu  de  plume,  avec  leurs  matelas  et  couvertes  blan- 
ches, des  rideaux  de  sarge  jaulne  à  frange  de  laine  et  l'autre  de  bergame. 

52.  Un  autre  petit  lict,  avec  sa  couette  et  couverte  blanche,  les  rideaux 
de  sarge  grise,  une  couette  et  un  drap  de  village  (5)  servant  de  couverte. 

53.  Une  petite  table  ronde  et  autre  petite  carrée. 
64.  Deux  petits  chesnets  de  fert. 

55.  Deux  vieux  fauteuils,  garnis  de  sarge  verte  et  olive. 

56.  Quatre  petits  coffres  de  bois  de  chesnes,  le  plus  grand  desquels  ne 
si  est  trouvé  autre  chose  que  le  petit  linge  à  l'usage  des  damoiselles  filles 
du  défunt. 


(1)  Le  /!ni  comprend  les  chenet t,  la  pelle  (a*  62)  et  la  pince,  (n«  6i).  Les  cheneU  sont  en 
fer  (n«*  42,  54,  60)  on  en  fonte  (n*  49). 
(i)  Soit  une  coquille  de  rôtissoire,  soit  une  cloche  à  faire  cuire  les  marrons. 

(3)  Les  armes  consistent  en  fusils  (n*  40)  et  en  pistolets  (n*  73). 

(4)  •  De  grandes  tables  axes,  revêtues  d'un  vieux  Upis  de  Turquie  et  des  coffres  couverts 
de  cuir,  avec  des  compartiments  de  clous  dorés,  étaient  ce  qui  décorait  les  principaux 
appartements  »  (Juge,  p.  10}. 

(5)  Drap  rouxT  Au  n»  75  est  inscrite  «  une  couverte  à  la  villageoise  >»,  c'est-à-dire  sem- 
blable à  celles  dont  se  servent  les  paysans. 

T.   XXXVIII.  <4 


210  SOCIÉTÉ  ARCUROLOGIQUR   KT  BtôTORlOl^li;  »\i   LIMOUSIN. 

56  bu.  Un  auirc  coffre  de  bois  de  serizier. 

57.  Dan»  la  chambre  que  la  dame  de  Nexan  oecupoU  :  Deux  ïieU,  f^ar^ 
nis  de  couelles,  coacsslns,  matelas,  couvertes,  tours  de  Uds  ei  rideaui 
de  couleur  oli/c  à  frange  de  soye  jaulnc,  Tun  desquels  a  une  4Md)leiire 
de  fil  à  IViguille  (I). 

58.  Une  table  bois  de  noyer,  en  auvallo,  couverte  d*ua  isipis  de  roesrae 
cstoffe  et  frange  que  les  licts. 

69.  Laquelle  (chambre)  est  iapissée  d'uoe  vieille  lantufc  de  hergaiii«, 
partie  différente  Tune  des  autres  et  rapies&>es. 

60.  A  la  porte,  uae  pièce  de  tapisserie  à  personnages,  fort  uzée* 

61.  Un  parvant  (2),  à  quatre  plis,  garny  dcsarge  grise  de  pays. 

62.  Deux  chesnets  de  fert,  une  pelle  et  pince  de  fort. 

63.  Une  glace,  ayant  le  cadre  de  la  longueur  d'environ  deux  pieds  de 
bois  de  noyer. 

61.  Deux  vieux  fauteuils,  g«iroîs  de  mosme  sa.'*gc  que  lc£  Ucls. 

65.  Deux  autres  vieux  et  usez,  garnis  de  sarge  couleur  verte. 

66.  Trois  grands  coffres. 

67.  Dans  un  apartemerU  détaché  de  la  grande  mu'son  :  iJn  liei,  garny 
de  oouetle,  couessin,  matelas  et  couverte  blancbc,  le  tout  fort  uzé,  à 
Taolique,  garny  de  rideaux  de  sarge  verte  à  crospine  de  laine,  nn  ioiir  de 
Hct  faict  à  Taiguille  fort  ancien. 

68.  Un  autre  lict,  qui  n'a  qu'une  couette  et  son  couessin,  un  tour  et 
rideaux  anciens  de  sarge  de  couleur  vert  brua. 

69.  Deux  chesnets  de  fert. 

70.  Une  pelile  vieille  table  deslabrôe,  couverte  d'un  pelil  tapis  de  bcr- 
gamc. 

71.  Trois  vieux  fauteuils,  la  garniture  deschirôe. 

72.  Un  cabinet  à  deux  baltans,  lequel  ayant  faiX  ouvrir,  daas  leqael 
ne  s'est  trouvé  autre  chose  que  quelque  petit  linge,  uae  cravalte  (3)  et 
autre  apartenant  à  un  des  enfans  du  dict  deffunct. 

73.  Une  paire  de  pistolets. 

74.  Trois  vieilles  pièces  de  bergame. 

75.  Dans  uae  autre  chambre  à  plaln  pied  :  Un  vieux  boi^  de  lict,  y 
ayant  une  couette,  couessin  et  une  vieille  couverte  à  la  vils^e^oisc. 

76.  Une  paire  de  roues  de  cariolle  ferrées. 

77.  Deux  fusts  de  barriques. 

78.  Dans  la  boulan^rle  :  Un  grand  coffre  à  payirir  pain. 

79.  Une  grande  cuve  à  faire  la  laissive  (4),  cerclé  de  trois  «e noies  de  iért. 

(1)  Les  travaux  «  à  raiguUle  *  ne  reviennent  que  deux  fois  (n**  57,  07). 

(3)  •*  Une  table,  deux  chaises  et  un  garde-vent.  Un  fauteuil,  trois  chaises,  une  table  et  an 
garde-vent  «  {Inv.  det  Capucins  de  Bourbourg,  1791). 

(3)  bln  fait  de  vêtements,  je  n'ai  à  relever  qu'une  cranàte  d'enfant  (n*  7S)  et  une  toilette  ou 
robe  d'apparat  (n-  100).  —  D'après  Fétiquette  réglée  par  le  marquis  de  Brézé,  en  1789,  le  cos- 
tume de  la  noblesse,  aux  Etats  généraux  de  Versailles,  comportait  la  ■  cravate  de  dentelle  *. 
—  Craoatiana  ou  traité  général  de*  cravates,  comidéréen  dans  leur  origine,  leur  influence 
politiquey  physique  et  morale,  leurs  formes^  leurs  couleurs  et  leurs  espèces  ;  Pai'is,  1823, 
1  vol  in-l:>,  1  ûg. 

M)  «<  Un  vase  doré  pour  jecter  la  lessyve  sur  la  teste  •  {Trousseau  de  Marg.  de  YaUns 


INVENTAIRES  DU   CBATF.AU  DE  NBXON.  t2  M 

80.  Un  i^rand  bassin,  de  la  capacilé  d'environ  trois  sceaux. 

81.  Une  bassine  servant  à  laissive,  d'environ  huit  sceaux. 

82.  Un  pot  et  un  trépicr  de  fert. 

83.  Dana  un  gallatall  au-dessus  de  la  boulangerie  :  Trante  et  deux 
douves  esbauchées  à  faire  un  tonneau. 

84.  Dans  Ut  grange  :  Deux  tas  de  foing...  trois  fusls  et  pipe  cerclez  de 
fcrl  et  trois  autres  cerclés  de  bols,  le  train  du  carriole  à  deux  roues  fer- 
rées, cinquante  moutons  grands  on  petits,  une  vache  poil  pie,  une  porche 
avec  trois  petits  cochons. 

85.  Dans  le  cabinet  :  Une  petite  table  carrée,  couverte  d'une  toiUe  (1) 
attachée  à  àes  clouds. 

86.  Un  escritoire,  couvert  de  bazane,  fermant  à  clef,  à  laquelle  se  tient 
une  autre  petite  clef  et  deux  cachets,  le  plus  grand  aux  armes  dudit  feu 
seigneur  de  Nexon  et  l'autre  aux  armes  de  la  dame  veufve  dud.  sieur  ; 
dans  lequel  escritoire  n'avons  trouvé  autre  chose  que  des  plumes. 

87.  Plus  un  autre  escritoire,  aussi  en  carré,  couvert  de  bazane,  dans 
let[nel  nous  avons  trouvé  divers  papiers. 

88.  De  petits  sacs,  plains  de  papiers,  et  deux  registres  couverts  de 
parchemin,  sans  aucune  relieure. 

89.  Un  louis  de  trois  livres,  un  de  trante  sols,  trois  .de  quinze  sols  et 
quarante-sept  pièces  de  trois  sols  et  six. 

90.  Une  petite  bolste  (%),  de  plus  d*un  pied  de  long,  où  il  n'y  a  que 
quelques  vieux  boutons  et  filles  (sic). 

91.  De  plus,  sur  un  petit  buffet,  cinq  autres  registres,  deux  grands  et 
trois  petits,  quatre  sacs  plains  de  papiers  (3),  quelques  autres  papiers 
espars,  un  petit  livre  in-quarto  intitulé  :  Liore  d'obligations  à  nous  deues^ 
un  antre  petit  livre  intitulé  :  Liore  des  chaptaux", 

9i.  Le  dit  buffet  a  deux  battans,  un  grand  tiroir  au-dessous,  dans 
lequel  y  a  des  sacs  et  divers  papiers. 

93.  Un  autre  petit  cabinet. 

94.  Un  bahut  couvert  de  cuir  (4). 

95.  Un  coffre  bois  de  cbesne. 

96.  Une  malle. 

97.  Un  autre  petit  coffre  serizier  et  divers  autres  petits  meubles  et 
ustancilles. 

98.  Dans  le  susdit  plus  grand  escritoire  s'est  trouvé  un  petit  image,  en 
forme  de  médalle,  à  parchemin  (5),  d'or  esmaillé,  avec  une  petite  croix 
et  crucifix  d'or  esmaillé  et  trois  grains  d'ambre. 

99.  Une  cassette,  couverte  d'un  si  vieux  velours  qu'à  grand  peine  en 
peut-on  cognoistre  la  couleur  ;  laquelle  ayant  fait  ouvrir,  y  avons  trouvé 
quelques  petites  nipes. 

tl)  11  est  bien  probable  que  c'est  une  toile  cirée. 

(i}  Boiftft  à  oayrage,  puisqu'elle  contient  des  boutons  et  ûu  fil. 

(3j  Ces  ran,  4«  grosse  toile,  sont  bien  connus  des  fureteurs  de  vieux  papiers.  On  lit  dans» 
ce  même  inventaîr»  :  «  Un  sac  de  toille  neufve,  de  la  capacité  d'environ  une  csmine  de  bled, 
à  demy  plain  de  divers  papiers  et  documens  », 

(4)  Bahut,  cofinre  à  couvercle  bombé. 

(5)  Cette  miniature,  si  ricliement  encadrée,  devait  être  sous  verre. 


2li  SOCIKrÈ  ARCllÉOLOniQUe  Rt  niSTORlOUR  ou  LIMOUSIK. 

10(1.  Une  loyUltc  de  satlin  verl,  bordée  d^'ape  danlelle  d*ai^cnl  lf}Je 
dessus  de  tabis  (2)  de  mesme  couleur. 

101.  Un  pclit  SPC,  y  oui  eslé  tro-jvez  4|uatre-vingl-buit  louis  d*uD  escu 
pièce. 

402.  Une  petite  boiste  en  tiroir,  dans  le  plus  bas  desquels  noas  avons 
trouvé  de  petites  perles  enfilées  en  deux  partyes  en  forme  de  brasselels, 
de  la  longueur  chacun  de  près  d*unc  aulne  et  demye,  au  bout  du  fil  des- 
quelles nous  avons  fait  apposer  nostre  cachet  (3). 

103.  Deux  brasselels  d*or,  rehaulcez  de  perles,  Tun  de  six  plaques  d  or 
percé  à  jour  et  Tautre  de  cinq  et  deux  autres  plaques  avec  chacun  trots 
perles,  qu*on  a  nous  dit  estre  des  pcndans  d*oreiIle,  lesdits  bracelets 
enrichis  en  tout  de  Irante  trois  petites  perles  (4). 

104.  pans  une  petite  bource  de  satin  rouge,  deux  bagues  d'or,  Tune  h 
deux  diamans  et  Taulre  un  rubis  (5). 


V.  —  1693. 

L'  «  inventaire  de  feu  messirc  Marc  Anlhoine  Degay,  seigneur  de 
Nexon,  qui  aurait  esié  lue  le  vingt-neuf  juillet  dernier  dans  la  bataille 
de  Nervinde  en  Flandre,  où  il  servit  en  qualité  de  brigadier  des  che- 
veaux-légers  de  la  garde  ordinaire  du  Roy  »,  fut  fait,  le  9  septembre 
(le  l'an  1693,  à  la  requôte  de  son  fils,  «  Messire  Jean  Degay  do 
Nexon,  chevalier,  seigneur  de  la  Garde,  cappilaine  dans  le  régi- 
ment de  la  ....  »  et  de  sa  veuve,  «  dame  Marianne  de  Carbonnière  >>. 
Il  forme  un  cahier  de  de  54  pages,  en  papier  timbré  de  la  «  gén. 
deLimozin  ». 

1.  Dans  la  salle  dudlt  chasteau  (de  Nexon),  à  ma:n  droite  :  Une  table 
en  auvallc,  avec  ses  Iratcaux,  bois  de  noyer  en  meouserie,  presque 
neufvc,  avec  un  tapis  sur  icelle  de  bcrgame  façonné  ou  mocquette  (6). 

9.  Plus,  une  «nuire  table  carrée  et  double,  avec  ses  tratteaux,  bois  de 
sirigler  (7),  demy  uzéc. 

3..  Plus,  une  douzaine  cl  unzc  chiczes,  tapissées  de  vert,  de  bois  de 
noyer,  en  mcnuzcrio. 


(1)  Voir,  sur  la  dentelle  d'argeat,  le  tome  I  de  me^  Œuoret,  p.  CS,  161,  193. 

(2)  Voir  sur  le  tabis,  ibid.,  à  la  Uble. 

(3)  Les  bijoux  se  résument  en  un  treizmn  {n^  27),  deux  bracelets  (n**  101,  103),  des  pen- 
dants d'oreille  (no  103)  et  deux  bagues  (n"  10 1). 

(4;  Les  gemmes  sont  de  trois  sortes  :  perle,  diamant,  rubis^ 

(5;  Ces  bagues  ont  d&  être  offertes  dans  deux  circonstances  différentes  :  le  rubis,  symbole 
d'amour,  convient  aux  fiançailles;  le  diamant  double,  emblème  de  fidélité  inviolable,  rappelle 
la  messe  du  mariage. 

(G)  ■  Vingt-quatre  chaises  de  noyer,  garnies  de  moquette  d'Utrecht  cramoisie,  avec  na  galon 
d'urfaux.  >>  (/no.  du  chdt.  de  Rambouillet^  1718). 

(7)  Sic  pour  cerisier. 


IKVENTAIRRS  OU  CBATEAU  DR  iNEXON.  1213 

•4.  Plus  un  timbre  (1)  à  deux  ances  de  cuivre»  cstanl  sur  un  pied  de 
bois,  de  ]a  capacité  de  quatre  sceaux. 

5.  Deux  chenet  de  fer  battcu. 

6.  Dtms  une  chambre  à  main  gauche  :  Deux  coffres  fort  vieux,  fer- 
manl  à  ctcf,  qui  servent  à  mettre  la  vessolle  de  là  maison. 

7.  Dans  iceux,  trente-trois  eschevcaux  de  fil  d'eslouppcs,  avec  quatre 
vingt-trois  pelotons  aussy  d'estouppcs. 

8.  Dans  un  autre  mescbant  coffre,  y  a  deux  cent  pelotons  aussy  d'cs- 
louppes  et  trente-six  escheveaux  de  mcsmc. 

9.  Une  table  ronde,  avec  ses  trateaux. 

10.  Une  autre  table  ronde,  avec  ses  trateaux.  de  menuserie,  demy  uzôe. 
W.  En  montant  dans  le  degré  :  Un  cabinet  à  huict  portes,  fort  uzé. 
l2.  (Y)  avons  trouvé  huit  plats  terre  de  fayance  et  quelques  pots  de 

confitures. 

43.  Au  preml' r  cètage,  passant  dansée  couloir  à  main  gauche^  une 
chambre,  tapissée  de  bergame  neufve  à  onde  et  poin  d'Ongrie  (î). 

1  i.  Une  table  en  auvalle,  de  bois  de  chastaigner,  avec  son  tapis  de 
Feletin  neuf. 

i5.  Douze  chaises,  tappissées  de  gros  poin  (3),  toutes  nœufves. 

i6.  Deux  fauteuils  de  mocquclte. 

17.  Un  lict  d'cstoffe  verte,  neuf,  avec  ses  pommes,  le  chaslit  estant  tout 
neuf,  de  bois  de  noyer,  avec  sa  coytte,  cuissin,  matelat  et  la  couverte  de 
catelonne  (4)  et  une  courte  poincle. 

18.  Deux  petits  chenets,  garnis  de  fonte,  avec  des  pincettes  h  feu  de  fort. 

19.  Un  miroir  (5),  d*un  p\,ed  et  demi  en  carré. 
iO.  Un  crucifix  de  bois  d'hébène. 

21.  Une  pasle  (6)  de  fert. 


(1)  Ce  ttmhre  était  1  étalon  de  la  mesure  seigneuriale  de  Nexon.  11  y  en  a  de  ce  genre,  avec 
inscriptions,  an  musée  d'Angers  :  je  les  ai  publiés  dans  mon  Eptgraphie  de  Maine-et-Loire. 

(2)  Furetière,  en  1690,  définissait  ainsi  la  bergame  :  «  Tapisserie  grossière  faite  d'un  tissu 
de  laine,  de  fil  ou  de  cotton,  sans  représenter  aucunes  figures.  On  les  appelle  maintenant  ta- 
pisseries de  Rouen  »,  A  l'origine,  elles  se  fabriquaient  dans  la  ville  de  Bergame,  en  Italie, 
dont  elles  ont  pris  le  nom, 

Savary  disait  en  1723  :  «  Grosse  tapisserie  qui  se  fabrique  avec  difl'érentes  sortes  de  nib' 
tières  filées.....  C'est  proprement  un  tissu  de  toutes  ces  sortes  de  fils,  dont  celui  de  la  chaîne 
est  ordinairement  de  chanvre,  qnl  se  manufacture  sur  le  métier  à  peu  près  comme  la  toile. 
Rouen,  Elbeuf....  fournissent  une  quantité  considérable  de  bergames  de  toutes  les  couleurg 
et  nuances  :  les  unes  en  façon  de  point  de  Hongrie,  les  autres  à  grandes  barres  chargées  de 
fleurs  et  d'oiseaux  ou  d'autres  animaux  ;  d'autres  à  grandes  et  petites  barres  unies  sans  aucune 
façon  et  d'autres  qu'on  appelle  Chine  et  écaille,  parce  qu'elles  sont  remplies  de  façons  qui 
imitent  le  point  de  la  Chine  et  les  écailles  de  poisson,  a 

(3)  Il  y  avait  deux  manières  de  broder  sur  le  canevas  :  suivant  la  grosseur  de  la  laine,  on 
disait  gros  ou  petit  point. 

(4>  Originairement,  elle  se  fabriqua  en  Catalogne  (^Ispagne),  puis,  plus  tard,  en  Flandre. 
C'est  a  une  couverture  de  fine  laine  plucheuse  à  deux  envers  »,  dit  Victor  Gay. 

(61  n  Deux  pjgnières,  girnies  de  pignes  d'yvoire,  de  miroucrs  et  de  gravières  pour  Madame 
et  ses  filles  ».  [Compt,  de  Guy  de  La  TrémoUle,  1395).  «  Ung  grand  miroir  »  {Compt.  de 
Marie  VEmpereur^  1500J.  —  «  Ung  miroir  d'achier,  Jfix  a.  Il  d.  »  {Compt.  de  Ph.  Tru- 
fin,  ld07). —  «  Ung  mirouer,  prisé  ung  escu  et  demy.  »  {tuvcnt.  du  chût,  de  Querm€hn,lh9fi). 

\fi)  Sic  pow pelle,  en  raison  de  la  prononciation. 


9U  SOCIÉTÉ   ARCBROLOOIQUE   ET   HISTOBIQUB  DU   LIMOUSIN. 

^1.  Dans  une  petite  antichambre,  à  co9té  de  la  dite  chambre  :  Un  ca 
binct  (le  noyer,  (où)  avons  trouvé  une  petite  lieite,  cooverle  de  bazane,  oo 
il  y  a  quelques  lettres  cl  trois  cravatles  (i),  une  de  poin  de  France  (2)  et 
les  autres  deux  de  poin  d'Angleterre  (3),  avec  une  paire  de  manchettes  (4), 
aussy  de  poin  de  France.' 

23.  Plus,  une  autre  cassette,  dans  laquelle  ne  s'est  trouvé  que  quelques 
lettres. 

24.  Plus,  un  battus,  couvert  de  cuir  et  picqué  de  cloups,  où  il  n'y  a 
rien  que  les  habits  de  la  dicte  dame. 

25.  Plus,  une  masle  (5)  presque  neufve,  où  il  ne  s'est  rien  trouvé. 

26.  Cinquante-six  eschevcaux  de  bovradis  (6). 

27.  Dans  une  autre  chambre,  au  bout  dudit  couloir  :  Une  petite  table 
carrée,  avec  ses  tracteaux,  bois  chastaigner,  fort  vieille,  avec  un  tapis  vert 
de  sarge. 

^8.  Un  licl  de  mesme  sarge,  presque  neuf,  avec  sa  couverte  de  cate- 
lonne,  garny  de  coytte^  matelats,  traversier,  foncé  par  le  haut  et  parle 
bas  (7). 

29.  Un  vieux  bahut,  picqué  à  cloups  perdus  (8),  où  sont  quelques  bar- 
des dudit  seigneur  de  La  Garde,  avec  deux  ances  (9). 

30.  Un  vieux  cabinet  à  deux  portes,  où  sont  les  hardes  de  lad.  dan>e. 

31.  Deux  chenets  de  fer  balteu. 

32.  Deux  mcschanl  fauteuils,  garnis  de  blœuf  (10). 

33.  Dans  une  petite  chambre  au-dessus  :  Deux  couchettes  de  bois  de 
chaisne,  avec  deux  meschamslicls. 

34.  Dans  une  autre  chambre  au  bas  dudit^  couroir^  tapissée  de  ber- 
game,  my  nœufve. 

35.  Deux  licls  d'estoffc  de  sarge  bluye,  avec  leur  frange,  garnis  de 
bande  de  soye,  avec  leurs  châlits,  le  licl  de  plume,  chescun  leur  matelat, 

(1)  u  A  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV,  les  rabats  ne  se  portaient  plus  à  plat,  mais  froneéç 
80U8  le  nom  de  cravatesy  qu'on  dit  venir  de  Croates  »  (Lefkbuhe,  Broderie  et  demtelies 
p.  Î20) 

(2)  L'ouvrage  de  Lefébure  donne,  p.  221,  t23,  deux  spécimens  du  point  de  France,  dont 
parle  ainsy  M"«  de  Sévigné,  dans  une  lettre  de  1674  :  «  belle  (M"»  de  Blois)  comme  ange, 
avec  un  tablier  et  une  bavette  en  point  de  France  ». 

(3)  Voir  LefÊburk,  p.  207,  232,  sur  le  point  d'Angleterre,  où  des  «  fleurs  travaiUées  à 
l'aiguille  »  étaient  appliquées  u  sur  fonds  de  réseau  », 

(4)  tt  Deux  manchettes  de  catnelo  tenné,vis.  viù  d.  »  {Invent,  d'un  botargeoit  de  Tottnai, 
1527).  Manchettes  se  confond  ici  avec  man^Âbns,  —  Voir  sur  les  manchettes  en  point  de 
Tulle,  en  1714  et  1763,  la  brochure  de  M.  Fage,  Un  atelier  de  dentelles  à  TulUf  p.  10-11.  — 
a  Manchettes  et  morceaux  de  dentelles  de  Valenciennes.  »  (/no.  Petau,  1771.) 

(5)  «  Pour  une  selle  de  maie  pour  mettre  sur  un  cheval.  Pour  une  maie  pour  mettre  lesdites 
besongnes.  »  {Compt.  de  Guy  de  La  Trémoille,  1395).  —  «  Une  malle,  v  s.  »  {Im.  ct'im  beuBr- 
geois  de  Tournai,  1527). 

(6)  Ce  mot  n'est  pas  dans  le  Glossaire  archéologique. 

(7)  Foncé  se  dit  encore  des  barriques  auxquelles  on  met  un  fond.  Le  lit  foncé  était  fermé  à 
la  tête  et  aux  pieds. 

(8i  Nicot,  en  1606,  nous  fournit  cette  définition  :  «  Bahut  est  un  coffre  couvert  de  cuir  à 
bandes  de  lames  de  fer,  clouées  à  petits  clous.  »  Les  clout  perdus,  c'est-à-dire  inutiles  à  h 
Bolidité  du  meuble,  formaient  sur  le  cuir  des  dessins  aussi  variés  qu'ingénieux. 

(9)  Poignées  pour  l'enlever.  Le  Glossaire  archéologique  n'a  pas  le  mot  anse, 

(10)  BleUf  écrit  bluye  aux  n"35  et  4L 


liNVENTAIRKS  DU  CHATEAU   DE   NEXON.  ât5 

Iravcrsier  et  à  chcscun  une  couverte  de  calelonneetchescunc  pendenlc  (I) 
de  serge. 

36.  Une  vieille  lable,  avec  un  tappis  vorl  fort  uzé. 

37.  Deux  chenets  de  fer  batteu. 

38.  Deux  vieux  fauteuils  garnis  de  sarge. 

39.  Deux  grands  coffres,  un  de  sirigier  et  Tautrc  de  chaisnc^  où  il  y  a 
du  linge  dedans. 

40.  Dans  une  autre  chambre  estant  à  Vestrénùiè  dttdSct  couroir,  taf- 
pissée  de  bergame,  plus  que  demi  uzée. 

41.  Une  inblc  carrée,  de  bois 'cliastaigncr,  ayant  un  t^ippis  de  mesme 
qu^est  la  dicte  tapisserie. 

4i!.  Trois  licts,  garnis  de  bergame,  avec  leor  eouvcrlurc  de  catelonne, 
licl  de  plumo,  matclat  et  traversicr,  tous  les  chaslit  foncés  haut  et  bas. 

43.  Plus,  un  paire  de  petits  chenets  de  fer  batteu. 

44.  Six  vieux  fauteurs,  garnis  de  vieille  sarge  bluye. 

46.  liooze  chaises  de  paille. 

•  46.  Dans  Ventichembre  dUcelle  :  Un  mcschant  lict  pour  les  vaslels  (i), 
arec  la  couverture  à  Tuaage  de  vHlagc  (3),  avec  un  vieux  lour  de  lict  et 
mcschant  rideau. 

47.  Dans  le  second  estage  du  deijré  :  Un  bahut  my  uzé,  de  bois  de 
chaisne. 

k%.  Dans  la  chambre  où  couche  ladite  dame,  tapissée  de  bergame  my 
nœufve. 

49.  Deux  licl»  d'csloffe  de  mesnagcmcnl  (4),  autrement  do  sarge 
drappée,  dont  la -frange  est  de  soye  aurore  (5). 

50.  Une  table  de  bois  de  chaisne  et  le  lappis  de  mesme  estoffc  que 
les  licts  (6),  iceux  garnis  de  leurs  coytlcs,  cuissins,  matelals,  cou\ cries 
de  catelonne,  foncés  de  haut  et  bas. 

£14.  Deux  chenets  de  fert  batteu. 

52.  Une  douzaine  de  chaises  de  paille,  fort  vieilles. 

53.  Dans  Ventlchambre  :  Un  chaslit,  avec  un  mcschant  lict  et  un<3  cou- 
verte pour  un  valet. 

54.  Dans  la  cuisine,  à  costé  de  la  saUe  :  Une  fort  meschantc  table  de 
bois  de  chaisne,  attachée  sur  deux  bois  enfoncés  dans  la  terre  (7),  avec 
deux  bancs. 

55.  Deux  chenets  de  ionte,  pezant  cent  cinquante  livres. 

56.  Quatre  pots  de  fert,  deux  moyens  et  deux  petits. 

(1)  Cooverte  peirdante,  qui  couvrait  le  lit  complètement.  ■  J*ai  trouvé,  au  xvTi*  siècle,  pendants 
de  Ut  dans  le  sens  probable  de  lambrequins  du  dais.  Le  sens  de  couverture  ou  housse  lon- 
gue me  semble  bien  admissible.  »  {Note  de  Af.  Guibert.) 

(2)  Les  domestiques  n'avuent  pas  de  chambres  à  part;  ils  couchaient  dans  les  antichaifibrcR, 
à  proximité  de  leur.^  maîtres,  qui  pouvaient  ainsi  mieux  les  surveiller  et,  au  besoin,  réclamer 
plus  facilement  leurs  services. 

(3)  Cest  à  dire  semblable  à  celle  dont  font  usage  les  villageois  ou  paysans. 

(4)  Etoffe  économique  et  par  conséquent  grossière. 

(5)  La  science  de  cromatique,  en  1616,  indique  Y  «  aurore  »,  parmi  les  «  couleurs  à  la 
mode  ». 

(6^  On  remarquera  que  Tameublement  est  assorti  :  libi,  fauteuils,  chaises  et  tapis, 
(7)  Ce  ne  peut  pas  être  plus  primirif. 


31G  sociéré  archêologiqub  et  historique  du  limousin. 

67.  Deux  poyles  à  frire. 

58.  Deux  cramillèrcs  de  fert. 

50.  Une  paire  de  pincettes  de  fert»  une  pasie  de  fcrt. 

60.  Deux  broches  à  roslir. 

61.  Une  cuillière  et  un  escumoir  (I)  de  fonte. 
61.  Deux  bassins  moyens. 

63.  Un  mortier  ()),  avec  son  battant  de  fonte. 

6*.  Un  chauderon,  autre  plus  petit  de  peu  de  valeur. 

65.  Un  fuzil. 

66.  Un  sceau  à  mettre  eau,  cerclé  de  trois  cercles  et  son  anse  de  fer, 
avec  une  cassotle  (3). 

67.  Dana  une  antichambre^  à  costé  de  la  cuisine  :  Une  mcschante  table 
carrée,  bois  de  chastaijçner. 

68.  Douze  cuillères  d*ar{i(ent,  du  mesme  mouUe  (4)  et  douze  fourchet- 
tes, aussy  d'argent,  le  tout  à  double  poinson  (5);  les  fourchettes  à  trois 
polncles  et  au  dos  des  cuillères  et  fourchettes  sont  gravées  les  armes  de 
la  maison  (6). 

69.  Item,  six  cuillères  aussy  d'argent  et  deux  fourchettes  d'un  mouUe 
différant,  aussy  à  double  poinson,  une  desquelles  fourchettes  estant  à  trois 
poinctes,  en  a  une  rompue  et  Tautre  cspoinctée. 

70.  Plus,  dix-huict  cousteaux  de  table,  manches  de  bois  noir. 

71.  Plus,  une  escuellc  d'argent,  avec  son  couvercle,  ayant  les  armes  de 
la  maison 

73.  Plus,  trois  douzaines  d'accieltes  potlagères  du  mesme  molle. 

73.  Trente-quatre  acciettes,  des  petites,  d'un  autre  molle. 

74.  Deux  bassins  à  laver  les  mains. 

75.  Sept  plats  pottagcrs,  à  trois  différents  mouUe. 
76  Six  plats  moyens  et  quatre  plus  petits. 

77.  Huicl  acciettes  voilante  (7),  quatre  creuzcs  de  deux  différents 
moulles  et  une  petite. 

78.  Un  plat  pour  la  souppe. 

79.  Un  brocq,  trois  cscucllcs,  deux  salières. 

80.  Dix  flambeaux  de  différents  moullc,  dont  il  y  en  a  un  de  cassé. 

81.  Deux  esguières. 


(1)  Ustensile  pour  écumer  le  pot  au  Teu.  Ce  mot  manque  dans  le  Glostaire  archéologique, 
(2l  «  Ung  mortier  de  potin,  estimé  quatre  ooulz  tournoya  la  livre  et  ung  aultre  mortier  trouvé 
en  la  vieille  cuisiue,  estimé  aussy  quatre  soulz  tournoys  la  livre,  pesant  quarante  et  deux 
livres.  Le  pilon  dud.  mortier,  prisé  cinq  soulz  tournoys.  »  {Ino.duehdt.  de  Quêrmetin,  1585). 
—  a  Une  bassinoire,  un  pot  de  chambre,  deux  petits  flambeaux,  un  coquémard,  un  crachoir  et 
un  mortier.  »  {Argenterie  du  duc  de  Berry.  1760).  —  «  Un  mortier  uni.  »  {Argent,  du  comte 
de  Provence,  1764;.  —  «c  Un  mortier  de  cuivre.  »  {Invent,  de  la  eath.  de  Poitiers,  un  III). 

(3)  Calotte,  qui  répond  à  godet,  n'est  pas  dans  le  Glossaire  de  Gay.  —  <t  Une   caste  à 
prendfe  eau.  »  (/no.  du  château  dAxgueperse,  1507,  n*  118). 

(4)  Nous  dirions  maintenant  modèle,  mais  mou/«  est  plus  exact,  puisque  cette  argenterie  était 
fondue. 

(5)  Le  double  poinçon  donnait  la  marque  de  fabrique  et  le  contrôle  de  TBlat. 

(6)  Elles  ne  sont  pas  dans  le  Nobiliaire  du  Llnîoutin. 

(7)  Dépareillées. 


INVENTAIRES  DU  CHATEAU  DR  NRXON.  3(7 

82.  Une  peinte,  une  choppine,  un  liers,  deux  quarts  et  une  vinaigrette  (i  ), 
le  tout  d*estaing  tin  (2),  pezant  poix  de  marc  deux  cent  trente-cinq  livres. 

83.  Quatre  nappes  fines  ouvrées,  my  uzées. 

84.  Deux  nappes  de  reparonne  (3)« 

85.  Huict  nappes  et  cinq  douzaines  de  serviettes  d'estouppes,  le  tout 
my  uzé. 

86.  Plus  dix-huict  paires  de  drapts  de  brin  (4)  et  huict  d*cstouppes  my 
uzés  et  servant  ordinairement  dans  la  maison. 

87.  Un  petit  chandelier  de  fonte. 

88.  Un  crochet  à  paizer  (5). 

89.  Dans  le  cabinet  :  Un  coffre  dans  lequel  avons  trouvé  sept  paires 
de  drapts  de  brin  my  uzés  ;  trois  douzaines  et  deux  serviettes,  dont  il  y  en 
a  une  dousaine  de  reparonne  et  les  autres  d'estouppes,  le  tout  ouvré  ;  sept 
nappes  d'estouppes  et  deux  de  brin. 

90.  Dans  le  coffre  qui  est  dans  la  susdite  chambre  :  Vingt  paires  de 
draplz  fins  de  réserve  et  un  d^eslouppes,  dix  pièces  de  raizeau  (6). 

91.  Dans  un  autre  coffre,  unze  douzaines  et  huict  serviettes  de  brin 
fines,  trois  douzaines  de  reparonne  et  quatre  douzaines  d'cstouppes,  neuf 
nappes  de  brin  ouvrées. 

d2.  Dans  le  dit  cabinet  ;  Quatre  fusils,  bons  à  tirer,  deux  desquels  ledit 
sieur  de  La  Garde  a  dit  luy  appartenir. 

93.  Quatre  meschants(7)...  et  deux  fort  meschant  mousquets. 

94.  Quatre  canons  sans  roues. 

95.  Une  table  carrée, 

96.  Un  roulaud  (8)  d'estouppes,  contenant  vingt  aunes. 

97.  Un  grand  coffre  bois  de  noyer,  nœuf. 

98.  Un  meschant  bahus,  couvert  de  cuir. 

99.  Un  cabinet,  bois  de  chaisne,  à  deux  portes  et  un  tiroir. 

100.  Plus  un  autre  pelit  coffre.  Lesquels  deux  coffres  ont  esté  ouverts, 
avons  trouvé  dans  iceux  les  tiltres  de  la  maison. 

lOt.  Dans  la  caoe:  Un  feut  de  baricque  vuyde. 

(1)  «>  Probablement  un  viDaigrier  h  (L.  GuibeitJ. 

(2)  La  fonte  de  l'étain  se  faisait  souvent  sur  place,  par  des  marchands  qui  empt)rtaient  avec 
eox  tous  leur  matériel.  M.  Champeval  a  relevé,  sur  un  document  de  1749,  de  très  curieux  dé- 
tails à  ce  sujet  :  «  Un  potier  ambulant  d'étain,  s'  J.-B.  Janty,  marchand  d'éuin  à  Ussel  et 
Beaulieu,  a  un  grand  mouUe  de  plas  double,  un  mouile  de  petit  plas  avec  l'assiette  creuse  de 
terre,  un  mouUe  d'assiettes  grandes  et  seconde,  un  d'écuelle,  le  tout  de  pierre  ;  un  mouUe 
de  métail  de  fourchette,  un  autre  de  sallière,  un  autre  de  tace  aussy  en  cuivre;  le  tour,  les  fers 
à  tourner,  les  limes,  les  fere  à  souder,  les  pots  à  fondre,  et  les  cuillières  à  jetter,  les  trots 
marteaux,  l'anclume  à  battre  l'étaiog,  deux  assiettes  de  montre  gravées,  deux  crochets  à 
peser,  ?5  moulles  d'étaing  i  faire  la  chandelle,  pesant  environ  30  livres.  » 

(H)  «  Beparon,  seconde  qualité  du  lin  qui  a  passé  au  séran  »  ou  peigne  (Llttré).  «  Six  touail- 
Ions  de  grosse  toille  de  reparon.  ii  {Inv.  de  Quermelin^  1585.)  Les  lettres  patentes  de  1780  par- 
lent du  n  reparon  de  Un  et  de  chanvre,  u 

(4)  Brin  est  ici  opposé  à  étoupes,  pour  indiquer  deux  qualités  de  fil. 

(5)  Balance  dite  romaine,  ce  Item,  une  roumaiie  de  fer  tirant  deux  quintaulx.  »  {Inv.  du  chat. 
d^Aiguepfrse^  1507,  n*  123.) 

'6)  Voir  sur  le  réseau  ou  réseuil,  le  tome  1  de  mes  Œuvres,  à  la  table. 

(7)  Méchant  se  dit  encore  dans  le  peuple  pour  maiivat«.  Le  mot  manque  à  la  suite. 

(8)  Rouleau. 


218  SOGIKTÉ  ABCIléOLOOlQDB   ET   HISTORTQVfc   DU   LIMOUSIN. 

lot.  Dan»  le  grenier  :  Deux  boiticcaux  de  ehemfouin  (4),  an  troisseaa 
de  poids  blancs,  deux  couppes  (9)  de  veri:  (9),  plus  vingUun  sestier  de 
st>igle,  qualrc  meschanles  housses  (4),  une  meschante  baricqae  où  il  ▼  a 
quelques  noix  dedans  (5),  quatre  boisseaux  d^orgc,  le  tout  mesure  de 
Nexon*. 

103.  Danê  la  cour,  au  bas  dudit  grenier  :  Qualre  planches,  bois  de 
noyer. 

104.  Dans  une  maison  hors  le  susd.  chasteau  :  Cinqaanle-trois  livres 
de  laine  salle  et  quelque  peu  de  plume  dans  deux  saea. 

105.  Un  meschant  lict  de  peu  de  valeur. 

f06.  Deux  meschant  chasliz,  avec  deux  tours  de  lit  fort  meschanls. 

t07.  Dans  Vescurie  :  Cinq  poulins  de  deux  à  quatre  ans,  on  cheval 
d*aras  gris,  un  coureur  noir,  un  de  ceux  que  ledit  feu  seigneur  de  Nexon 
avait  à  l'armée;  un  autre  meschant  cheval  et  une  poulaine  poii  halezaiD, 
le  tout  ayant  esté  estimé  à  la  somme  de  mitfe  vingt  livres. 


VL  —  Fin  du  xvir  siêclb  (6). 


t .  Trois  esquellcs  d'estain,  à  oreilles. 

9.  Plus,  huict  plas,  quatre  de  moycne  grandeur  et  qualre  pclis. 

3.  Plus,  cinq  aciestes,  trois  grandes  et  deux  petites. 

4.  Une  méchante  selière  d'eslain. 

5.  Plus,  un  grand  chandalicr  de  ponlit  (7). 

6.  Plus,  deux  méchant  poylon,  un  grand  et  un  pcti(t). 

7.  Plus,  trois  pot  de  fcrt,  Tun  du  demy  scieau  et  les  autres  de  la  con- 
tenance de  troy(s)  choppincs. 

8.  Plus,  une  culière  de  fonde  pour  le  pot. 

9.  Plus,  un  grand  chodcron  casé  et  sans  bor(d)  ny  anses,  de  la  conte- 
nance de  quatre  sciau  environ. 

10.  Plus,  un  autre  méchant,  quasé  et  crevé,  qui  ne  sert  pas,  de  la  con- 
tenance du  sciau  et  demy. 

K I.  Plus,  une  couniée  (cognée)  et  un  méchand  acherau. 

19.  Plus,  un  grand  cofre,  fermant  à  clef,  de  bois  de  serizier,  de  la  con- 
tenance de  sept  sctier(s)  de  segle  environ. 

(3.  Plus,  un  autre  petit  méchan,  de  la  contenance  d'une  esmine  envi- 
ron, son  (sans)  clef. 


(1>  Mot  d'une  lecture  difficile,  peut  être  chineoi»? 

(<)  «  Une  carte  et  coppe.  »  {Inv.  dm  prieuré  de  DerMS,   1584.)  Le  GIomsmv  archéiplofpque 
ne  donne  pas  le  sens  de  mesure,  qui  ici  est  évident. 

(3)  Pois    verts. 

(4)  «  Deux  coffre  d«  paUheoa  boasec,  à  mettre  plume.  »  (/no.  dv  Lomémê»  1663,  o*  3t.) 

(5)  M.  Chtmpeval  a  trouvé,  au  château  de  Pompadour,   un  billet  d&<  99  aedt  1605^  «  con- 
tenant lalayne,  plume  et  noix  laissés  dans  le  grenier  «. 

(6)  Ecrit  sur  une  fouille  volante,  nos  «krtée, 

(7)  Potin? 


INVENTAIRES  DU  CHATBAU  DE  NEXON.  219 

14.  Plus,  un  vieux  armoyre  de  bois  de  chêne,  de  grosse  meauizerie, 
avec  deux  petites  portes  cassées,  avec  leurs  scrures,  sans  clef. 

15.  Plus,  une  velle  met  à  pétrir  le  pain,  avect  son  couvercle. 

16.  Plus,  deux  tables,  une  grande  de  la  longueur  de  deux  aunes  envi- 
ron, avet  les  tratau  de  grosse  menuserie  et  de  bois  de  chaîne,  sans 
banc|;  plus  une  autre  petite,  de  la  longeur  de  quatre  piet  et  dcmy  envi* 
ron,  avet  les  bans  et  tratau. 

17.  Plus,  deux  lits  de  plume,  delà  pesanteur  de...,  Tun  garny  d'une 
méchante  couverte  rayée  de  vilage  et  Tautre  d'une  blanche  dract  de  vilage, 
de  la  pesanteur  de.... 

18.  Plus,  deux  chalict  de  bols  de  chaîne,  de  grosse  menuserie. 

19.  Plus,  une  autre  petite  couchaitte  de  bois  de  chaîne,  comme  desus, 
avect  un  petit  lit,  sans  couverte,  de  la  pesanteur  de... 

30.  Plus,  un  vieux  ciel  de  lict  de  courdeliat  (1)  neuf. 
21.  Plus,  douze  linseal  d^estoupes  et  un  de  brin. 


Vil.  —  1747. 


Estât  sommaire  {i)  des  meubles  et  esfalts  [effets),  bestiaux  et  autres 
choses  délaissées  dans  le  chasteau  de  Nexon  et  domaines  en  dépan- 
dants,  par  feu  Messire  Jean  Degay,  cheoalUer,  seigneur  de  Nexon  et 
autres  plasses  (3). 

I.  Dans  la  cuisine  :  Une  table  de  grosse  menuzerie,  avec  deux  baneq. 
9.  Plus,  une  autre  petite  table,  servant  au  cuzinlcr  (4). 

3.  Plus,  deux  grands  chenest  de  fonte,  pezant  trois  cent  cinquante  livres. 

4.  Plus,  un  grand  pot  de  ferl,  de  la  contenance  de  quatre  seau  d'eau. 

5.  Plus,  trois  pot  de  fert,  d*cnviron  un  seau  d'eau  et  autres  deux  petits^ 
d'environ  chascun  pinte. 

6.  Plus,  deux  pendants  de  crcmillièrc.    . 

7.  Un  escumoir. 

8-,  Deux  cullières  à  tremper  la  soupe,  de  cuivre  jaune,  une  grande  et 
une  petite. 

9.  Un  mortier  de  métal. 

10.  I^us,  deux  casserolles  demy  uzées. 

II.  Deux  poilles,  une  grande  et  une  petite. 

12.  Un  gril  de  fert. 

13.  Deux  seau  à  puiser  Feau. 

(1)  Des  arrêts  du  roy,  datant  de  1718  et  1716,  relatifs  aux  produits  du  Rouergue,  du  Quercy, 
du  Roussillon  et  du  Languedoc,  inaprimés  de  format  in-quarto,  concernent,  entre  autres  choses, 
les  «  fabricants  de  cadis  et  cordelats  ». 

(i)  Au  dt>8  est  écrit  Inventaire.  Ce  document  est  sur  papier,  de  neuf  pages,  et  signé  (c  Cam- 
pagne de  Nexon  »,  la  veuve,  et .«  chevalier  de  Nexon  »,  le  fils. 

(3)  Le  titre  ajoute  :  i  décédé  en  1747  ». 

{4}  La  mention  du  cufinier  dénote  qu'on  faisait  bonne  chère  au  château. 


âiO  SOCIKTÉ  ARCHBOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  00  I.IMOUSIK. 

U.  Uq  grand  crochet  ou  romaine  et  un  autre  petit. 

15.  Six  fuzil  et  un  canardicr  (  I  )  fort  entiens  (anciens). 

16.  Deux  chauderon  de  enivre,  de  deux  seau  chascun. 
47.  Une  pelle  à  foyer  de  fert. 

18.  Un  couteau  de  fert  à  hacher  la  viande. 

19.  Une  tourtière  (î)  avec  son  couvercle,  fort  uzcc. 

20.  Une  broche  de  fort. 

2i.  Dana  Voffice  à  conté,  seroani  au  cuzlnier  :  Une  plaque  de  fonte, 
servant  à  faire  les  crêpes. 
Si.  Une  marmite  de  cuivre  rouge,  d*environ  demy  seau  d*eau. 
23.  Un  poissonnier,  aussy  de  cuivre. 
84.  Un  cercle  de  banque  de  fert. 

25.  Une  vollière. 

26.  Une  mauvaise  banque,  servant  à  mettre  la  plusme. 

27.  Un  petit  coffre,  servant  à  mettre  les  hardes  du  cuisinier. 
i8.  Deux  poylon  de  cuivre  fort  uzés. 

29.  Dans  un  autre  office  en  entré  de  la  cuUine,  dans  la  salle  sur  la 
droite  :  Vingt  grand  plat  d*cslain. 

30.  Cinq  douzaines  d'assicstes,  le  tout  d'cslain  fin,  pezanl  cens  vingt 
livres. 

3i .  Vingt  quatre  sacs,  d'étoupes,  demy  usés. 

32.  Une  chaize  de  pallie  {paille), 

33.  Un  méchand  cabinet  de  grosse  menuzeric. 

34.  Une  mauvaise  tablo. 

35.  Cens  vingt  livres  de  fil  blanchy,  moitié  boiradis,  moitié  cstoupcs. 

36.  Dans  la  salle  :  Deux  tables  petites  de  menuzeric   cl  une  autre 
grande,  avec  un  tapis  vert  dessus. 

37.  Deux  fosteuil,  garnis  d'estofe  verte. 

38.  Quatre  de  paille. 

39.  Douze  chèzes,  aussy  de  pallie. 
iO.  Une  cuveste  à  laver  les  mains. 

4i.  Deux  chenet  de  fert  batu,  pczant  trente  six  livres. 
4:(.  Une  taque  (3)  de  fonte,  fort  uzée. 

43.  Une  petite  pelle  à  foyer  de  fer. 

44.  Dans  un  cabinet  (4)  dans  la  boizure  de  la  salle  :  deux  chandeliers 
de  cuivre  et  huit  d*estain  fin  et  deux  paires  de  mouchclles  de  cuivre. 

45.  Dans  le  buffé,  deux  cuillères  potagères,  onze  petites  et  neuf  four- 
chettes, le  tout  d'argent. 

46.  Plus  dix-huit  cullicr  d'eslain  commun  et  douze  fourchettes  d'assior 
(acier). 

47.  Douze  boulellcs  de  verre  noir,  deux  de  fayancc. 

48.  Deux  douzaines  de  gobcllel,  une  douzaine  de  vcrcs. 


(I)  Faail  à  long  canon,  pour  U  chasse  aux  canard;;. 

12)  Ustensile  pour  faire  les  totirteM, 

(3)  Plaque  de  cheminée. 

(t)  Cabinet,  ici  comme  au  n*  80,  signifie  placard. 


tNVENTAlRKS  DU  CHaTRAU  DK  NKXON.  2)1 

49.  Une  pinte  et  deux  lier  (I)  d*estain  commun. 

50.  Une  méchand  parrevend  [î^araoent)  verl. 

5t.  Quatre  pièces  de  tapisserie  en  verdure,  fort  uzéc. 

53.  Dam  la  cave  :  Deux  mauvaises  tables  où  Ton  me(t)  le  pain  (2). 

53.  Quatre  pièces  de  vin  de  pays  et  une  de  Bas-iJmousin. 

54.  Cinq  fus  de  pièce,  donc  il  n*y  a  rien  dedans,  dont  six  desd.  fus  sont 
cerclés  de  chascun  quatre  sercles  de  fert. 

.H5.  Dans  la  chambre  basse  :   Un  lict.  avec  ses   garnitures  d'eslofc 
rouge,  dcmy  uzéc,  sa  couette  et  cousin  (3),  pezant  soixante  livres,  avec 
»son  mateliat  de  laine,  deux  couvertes  à  dcmy  uzées  de  cattellonne  et  la 
courte  pointe  de  tafetas  piqué  fort  uzôc. 

56.  Deux  fosteuil  et  neuf  chaises  de  tapisserie. 

57.  Une  petite  table  de  menuzeric. 

58.  Quatre  pièces  de  tapisserie  point  d^Ongrie,  fort  uzées. 

59.  Dans  Ventichambre  :  Un  petit  lict,  garny  de  ses  rideaux  de  droguct, 
fort  uzé,  pezant  vingt  cinq  livres,  avant  une  couverte  de  droguet  fort 
uzée. 

CO.  Deux  chenest  de  fert,  pezant  douze  livres. 

61.  Dans  la  chambre  du  canal  :  Deux  lict,  garny  d'eslofe  cancllc,  avec 
les  courte  pointes  de  mcsme  estofe,  pezant  la  couette  et  cousin  cinquaole 
livres,  ayant  chascun  leiXrs  malelat  de  laine  et  chascun  deux  couvertes 
de  calcllone  demy  uzées. 

62.  Quatre  pièces  de  tapisseries  neufves  et  une  mauvaise  tapisserie 
sur  la  cheminée,  avec  un  grand  miroir. 

63.  Deux  fosteuil  et  huit  chèzes  de  bois,  garnie  d^estofe  canelle. 
61.  Deux  tables  de  mcnuzerie,  ayant  l'une  un  lapis  fort  mauvais. 

65.  Dans  Ventichambre  de  la  tour  :  Deux  lict  pour  les  domestiques 
sans  rideau,  les  couettes  et  cousin  pezant  tous  deux  quarente  livres, 
avec  chascun  une  mauvaise  couverte. 

66.  Dans  la  chambre  de  sur  la  salle  :  Deux  lict,  garny  de  leurs  rideaux, 
d'estofc  verte,  avec  chascun  leurs  couette  et  cousin,  pezant  soixante 
livres  chascun,  avec  chascun  leurs  matelas  de  laine  et  chascun  deux  cou- 
vertes de  calalonne  fort  uzées,  Tun  ayant  une  courte  pointe  de  toile  pinle. 

67.  Deux  tables  de  menuzerie. 

68.  Six  chèzes  de  bois  garnies  d'estofe  verte. 
.  69.  Deux  autres  petites  chèzes  de  bois. 

70.  Un  mauvais  fosteuil,  garny  d'estofe  verte. 

71.  Six  pièces  de  tapisserie  eu  verdure,  néufve. 

72.  Un  grand  miroir  doré,  avec  un  ridau  de  toile  d'indienne. 

73.  Un  plat  de  barbe  d'estain. 

74.  Deux  méchand  coffre,  où  quelque  linge  de  M' le  chevallier. 

75.  Un  cabinet  de  menuzerie  à  deux  baptand  {battants)^  où  est  le 
linge  et  habis  de  feue  Madame  de  Campagne. 


(1)  Le  tien  de  U  pinte. 

(t)  On  mettait  ainsi  le  paio  à  la  cave  pour  l'eropéclier  de  durcir. 

(3)  Sic  partout  pour  coussin 


Sâ2  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGiaUB   ET   HISTOaiQUB   DU   LlHOOSIK. 

76.  Deux  chenès  de  fort,pezADt  quinze  livres. 

77.  Dans  Vantichambre  de  la  tour  :  Un  licl  eu  tumbeau  (I),  garoy  de 
droguel  vert,  la  couottc  el  cousin  pezant  quareute  livres,  ayant  sa  cou- 
verte de  catalonnie  (t)  non  uzée,  avec  un  petit  mateilas  de  laine. 

78.  Une  petite  table, 

70.  Un  grand  cabinet,  que  led.  feu  scig' fermoit,  où  sont  des  papiers  et 
tiltres  de  la  maison,  les  habis  dud.  feu  seig' ayant  estes  donnés  pour  Dieu. 

80.  Un  cabinet  dans  le  mur,  où  il  y  a  quatre  douzaines  d'assietes  de 
fayancc,  quatre  salladier  de  fayance,  deux  casses  aussy  de  fayance  pour 
faire  la  soupe,  six  pot  à  Teau,  une  escuelle  d'estain  fin  avec  son  couvercle. 

8t.  Dans  la  chambre  de  sur  la  cuissine  :  Un  lict,  garny  d'estofc  verte 
fort  uzéc,  la  couette  el  cousin  pezant  cinquante-ciaq  livres,  a»e«  son 
matelas  de  laine,  une  couverte  de  catatlonnie  demy  uzée,  la  courtepo'nli: 
dMndicsne  piquée. 

83.  C/inq  chèzes  de  bois,  garnies  d'eslofc  verte. 

83.  Un  petit  bureau  de  menuzerie,  servant  de  table,  servant  k  mettre  le 
linge  de  Madame. 

84.  Un  grand  cabinet  à  deux  bâtants,  où  sont  les  habis  de  Madame. 
86.  Trois  pièces  de  tapisserie  en  bandes  de  droguel,  de  peu  de  valleur. 

86.  Deux  petits  chenet  de  fcrt,  avec  la  pelle  et  pinsettes  de  fert,  pezanl 
le  tout  dix  livres. 

87.  A  la  porte  :  Un  méchand  coffre,  où  il  y  a  les  entions  livres  des  rentes. 

88.  Dans  la  chambre  haute  des  damoiselles  :  Trois  lict  garny  d^estofe, 
un  brun  et  deux  vert,  avec  chascun  leur  couette  et  cousin,  pezant  chas- 
cun  quarante  livres,  ayant  chascun  deux  couvertes  de  droguel  fort  uzées. 

89.  Deux  mauvaises  tables. 

90.  Quatre  mauvaises  chaizes  de  pallie. 

9i .  Deux  grand  coffres  de  bois  de  noyer,  dans  lesquels  il  y  a  dix-fauit 
douzaines  de  servictes  fmcs,  la  moitié  fort  uzées  et  les  autres  à  demy 
uzées;  et  dix-huit  napes  de  la  mesme  qualité;  vingit  linceul  (3)  de  toille 
blanchie,  à  demy  uzée. 

92.  Deux  autres  coffres,  un  couvert  de  cuir,  l'autre  de  bois  de  noyer,  et 
un  petit  cabinet,  servant  le  tout  à  mestre  le  linge  des  damoiselles. 

93.  Dans  Vantichambre  qui  reperde  sur  la  cour  :  Un  petit  lit  où  la 
servante  couche. 

94.  Un  coffre,  où  il  y  a  de  vieux  papier,  qui  ne  peuvent  servir  à  rien. 

95.  Deux  selles  de  mullet,  servant  au  litière,  «vec  les  brides. 
06.  Deux  chenest  de  fonte,  pezant  environ  trente  Ktm^ 

97.  Dans  la  chambre  haute  sur  celle  du  canal  :  Un  lict,  garai^  4e  ses 
rideaux,  la  couette  et  cousin  pezant  trente-cinq  livres,  ayant  deux  cou- 
vertes de  droguel  fort  uzées. 

98.  Un  autre  ebasly  avec  ses  ridaux,  sans  Hct. 

99.  Une  mauvaise  table. 


(1)  «  LU  en  tombeaUf  lit  tout  carré.  »  (Larousse.) 

(2)  Ce  mot  est  ainsi  orthographié  dans  la  suite  de  l'ioveiitaire. 

(3)  Drap  :  ce  mot  se  dit  encore  chez  les  paysani. 


INVENTAIRES  DU  CHATKAU  DE  NEXON.  â23 

JOO.  Un  fosleuil  de  bois,  non  gamy. 

KM,  iJne. autre  de  pallie. 

102.  Deux  pelils  chenets  de  fert,  pesant  quinze  livres. 

403.  Trois  mauvaises  chaises  de  paille. 

404.  Z>a«s  le  grenier  de  Bur  le  chctêteau  :  Dix-huit  ses  tiers  bled  nodr, 
deux  fus  de  pièce,  une  bnrique  à  meslre  le  viguaigrc,  quinze  boisseaux  de 
noix. 

1jQ5.  Dans  le  degré  :  Deux  ^coffres  de  rocnuzerie,  où  il  y  a  quinze 
douzaines  de  servictes  d'esioupes,  iBiollié  fort  uzécs,  les  autres  presque 
aeufves;  vingt  nsq;)es  de  boiradis  (1)  demy  uzées;  deux  douzaines  de 
linceul  de  brin  et  autant  d*efttoupe6. 

406.  Une  petite  table  ronde. 

107.  Dana  le  degré  boa  :  Un  cabinet,  fermant  à  huit  portes,  dans  lequel 
il  y  a,  dans  un  pot  de  terre,  de  la  graisse;  dans  un  autre,  du  miel  (2).  Il 
y  a  aussy  quatre  buyos  (3),  dans  lesquelles  il  y  a  douze  pintes  d'huille  de 
noix,  deux  sallières  de  cristal  et  quatre  livres  de  chandelle. 

lOd.  Dana  la  boulangerie  :  Un  moulin  à  passer  la  farine. 

409.  Une  mcstà  pestrir  pain. 

tiO.  Un  tenil  (A)  ou  cuvicr  à  mener  la  lisivc. 

411.  Une  bassine  de  cuivre  jaune  fort  uz6e,  de  la  contenance  de  six 
seau  d'eau. 

142.  Une  peyrolle  de  fonte  à  mener  lissive. 

4 13.  Deux  rotisson  de  fert  batu,  pczani  quarante  livres. 

4  44.  Trois  sacq  de  farine  d*un  sesticr. 

4  45.  Dana  la  grange  :  Trois  lict  pour  les  domestiques,  de  peu  de  valleur 
et  huit  fus  de  pièces  ou  banques,  fort  vieux. 

116.  Dana  V écurie  :  Un  cheval  d'aras  (5). 

117.  Un  vieux  animal,  servant  ossy  à  Taras. 

1 18.  Trois  poulin,  un  de  quatre  ans,  un  de  trois  et  un  de  deux. 

419.  Trois  chevaux  de  service,  avec  leurs  selles  et  aroes  (Aornois), 
estimés  par  arbitres  rail  livres. 

420.  Flus,  deux  noarice  de  cochon,  vingt  livres. 

421.  Une  coffre  à  meslre  la  d"»»  {dime?) . 

422.  Deux  mauvais  lict  pour  les  vallet. 

123.  Dana  une  chambre  à  coaté  de  Véqurie^  aeroant  de  charnier  : 
Deux  lard,  pezanlcent  quatre -vingt  livres. 
424.  Un  vieux  oinf  (6),  pesant  douze  livres. 
125.  Claquante  livres  de  salle  de  coch^m. 

çl)  «  Drap  de  boiradi»,  espèce  ée  drognet;  4e  met  boueirà  veut  dire  mêler  et  presser  à  U 
fois.  On  appeUe  de  U  toile  d'étoupes,  telo  de  boueradis,  »  (Note  de  M.  Gixibert.) 

(i)  L'acte  enregistre,  à  la  fin,  a  au  lieu  de  la  Fenot,  dans  le  domaine  exploité  par  Vallet, 

quatre  ruches  à  miel  »  et  h  au  vUlage  de  Montezol«  dans  la  mestérie  exploitée^  par  Léonard 
Deverneull, six  ruches  à  miel  m. 

(3)  Peur  kiârest  suivant  le  langage  populaire. 

^i)  Tine^  Oneite?  a  Teni,  en  patois  limousin,  se  dit  d'une  petite  cuve  affectant  la  forme  d'uAe 
moitié  de  tonneau.  »  {C.  Guiberi.) 

4&)  De  haras,  pour  la  remonte. 

(6)  Oint? 


2i4  SOCIÉTÉ   ARCUÉOLOGIQtJK   KT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

116.  Trois  quintaux  de  sallô  de  vache.' 

Ii7.  Deux  pclils  cuviers  de  pierre,  servant  à  faire  saller  la  viande,  et 
un  autre  grand  de  bois,  servant  à  saller  le  lard. 

128.  Deux  pâlies  de  fer,  deux  tranches,  une  acognéc,  deux  acberaax  (1), 
une  gibe  ou  voilant  (2),  un  picq,  une  boure  de  feit  et  deux  coins,  pesant 
quinze  livres. 

129.  Danê  le  grenier  :  Quatre  sestiers  froment,  soixante-quinze  de  sei- 
gle, dix  sestiers  balliarge,  vingt  éminaux  à  d°«,  un  sestier  de  poix  (poU;^ 
deux  quintaux  vingt  livres  de  chanvre  broyé,  un  moulin  de  fil  de  ter  servant 
à  passer  le  froment,  une  petite  table  de  bois,  une  mauvaise  chèze,  une 
quarte  et  une  coupe  à  mezurcr  les  grans  (grains). 


VIII.  —  1747. 


Nous  avons  va  dans  les  précédents  inventaires  plusieurs  «  tapis- 
series en  verdure  »,  dont  quelques-unes  neuves  et  désignées  par 
le  lieu  de  fabrication,  Felletin.  Ici,  c^est  rénumération  des  tapis- 
series et  lapis  du  château.  Les  tapis  sont  «  de  Turquie  »;  quant 
aux  tapisseries  historiées,  deux  sont  bien  d'Aubusson,  mais  les 
autres  passent  pour  «  Flandre  ».  Ces  dernières,  à  en  Juger  par  les 
sujets,  pouvaient  remonter  au  moins  au  \\V  siècle. 

Estai  des  tapisser iea  et  tapis  qui  sont  entre  les  mains  de  M.  du  Pouget. 

1.  Scipion.  Aubusson.  A  neuf  pièces.  Hauteur,  trois  aulnes,  moins 
demy  quart.  Aulnage  :  vingt-sept  aulnes  largeur. 

2.  Encien  Testament.  On  doute  qu'il  soit  Flandre.  A  8  pièces.  Hau- 
teur :  deux  aulnes,  trois  quart  demy.  Aulnage  :  23  aulnes. 

3.  Cœzard.  On  le  croit  Flandre.  A  8  pièces.  Hauteur  :  trois  aulnes 
moins  un  quart.  Aulnage  :  29  aulnes. 

4.  Sanson.  Aubusson.  A  quatre  pièces.  Hauteur  :  trois  aulnes  moins  an 
quart.  Aulnage  :  IS  aulnes. 

5.  Vertus  ou  fables.  On  les  juge  Flandre.  Ont  8  pièces.  Hauteur  :  trois 
aulnes  un  quart.  Aulnage  :  3i  aulnes. 

6.  Les  Roix  (I).  On  les  croit  Flandre.  Ont  8  pièces.  Hauteur  :  trois  aul- 
nes moins  un  quart.  Aulnage  :  34  aulnes. 

7.  MoTse  ou  Jézabel.  Mesme  qualité.  A  8  pièces.  Hauteur  :  deux  aulnes 
trois  quart.  Aulnage  :  23  aulnes. 


(1)  ffaehereaUf  petite  hache. 

(2)  M  Volant^  mot  patois  qui  sert  k  désigner  plas  spécialement  la  faucUle  à  long  manche  pour 
couper  le  blé.  —  Gibo,  espèce  de  serpe,  à  long  manche,  employée  pour  la  taUle  des  bubsoos 
et  rébranchage,  suivant  l'acception  donnée  à  ce  mot  en  Limousin  n  {L.  Guibert). 

(3)  Les  rois  de  Juda,  ancêtres  du  Chrif  t,  peut-être  np  arbre  de  Jessé,  comme  sur  une  des 
Upisseries  de  l'église  de  Nantilly,  à  Saumur. 


INVKNTAIUKS  OU   CUATKAU   OK   NEXON.  395 

B.  Abraham.  A  8  pièces.  Hauteur  :  trois  aulnes  moins  un  quart.  Aul- 
n<age .  24  aulnes. 

9.  Plus  cinq  tapis  de  Turquie,  nj  fins  ni  grossiers.  Premier  :  de  lon- 
gueur de  quatre  aulnes  et  large  une  aulne  trois  quart.  Le  second  :  de 
longueur  de  trois  aulnes  et  de  largeur  de  deux  aulnes.  Le  troisiesme  :  de 
longueur  de  trois  aulnes  demy  et  de  largeur  de  deux  aulnes.  Le  qna- 
triesme  :  de  longueur  de  cinq  aulnes  et  de  largeur  de  deux  aulnes.  Le 
cinquiesme  :  de  longueur  de  quatre  aulnes  trois  quart,  largeur  une  iiulne 
demy. 

Le  tout  pesant,  tant  les  tapisseries  que  les  tapis,  deux  mille  trois  cent 
quatre-vingt  treize  livres. 


IX.  — 1779. 

Le  13  février  1779,  «  Tabbé  de  Magnac  »,  comme  il  signe,  écri- 
vait de  Paris  à  M.  de  Nexon  la  lettre  suivante,  relative  à  des  em- 
plettes d'argenterie  et  de  toilette  : 

Je  fais  partir  ce  soir,  comme  je  Tavois  compté,  la  caisse  dans  laquelle 
sont  renfermés  les  objets  que  vous  m*avez  demandé,  savoir  *2  couverts 
à  fillets,  4  cuillères  à  ragoust,  6  cuillères  à  caffé,  une  écuelle  et  son 
plateau,  en  argent,  le  tout  armorié. 

Vous  y  trouverez  joint  une  mente  (1)  ou  pelisse,  à  la  dernière  mode, 
garnie  en  martre  zibeline  (2),  très  belle,  que  j'ai  trouvée  d'hazart.  J'ai 
fais  faire  la  mente  en  salin  jeaunc  reiyé,  qui  est  la  couleur  à  la  mode. 
Cette  dépense  vous  paraitrat  peut-^tre  un  peu  forte.  J*ay  cru  qu'il  valloit 
mieux  donner  quelque  chose  de  mieux  que  dje  vouloir  épargnicr,  d'autant 
qu'en  voilà  pour  lontems,  si  les  vers  ne  la  mangent  pas.  La  garniture  a 
été  estimée  8  louis  et  je  Ta!  eue  pour  102  1. 

Je  vous  envoyé  le  mémoire  de  l'orfeuvre  quitancé.  J'y  joindrai  le  reste 
quand  Tambalage  serat  fait.  Les  couverts  et  Técuelle  ont  leur  bouette 
particulière. 

J'ai  fais  un  billet  à  l'orfeuvre  pour  le  montant  de  la  somme.  Ainsi,  je 
vous  prie,  le  plustost  que  vous  le  pourés,  faites  la  partir  par  la  turgo- 
tine  (3),  qui  part  tous  les  lundis.  La  difficulté  de  trouver  des  lettres  de 
change  est  trop  grande  pour  pouvoir  y  compter. 

J'ai  joint  à  la  pelisse  un  reste  de  sa  garniture,  qu'il  faudra  garder  en 
cas  que  quelque  morceau  s'use.  C'est  une  marchandise  chère  et  bonne  à 
garder. 

(1)  «  La  mante  ancienne...  était  un  habillement  fort  court  que  les  Espagnols  appelaient 
mante,  parce  qull  ne  couvrait  que  les  mains,  c'est-à-dire  les  bras  »  {Dict.  de  Trévoux).  Tou- 
tefois, en  Limousin,  on  donne  le  nom  de  mante  k  un  grand  manteau  de  femme,  à  capuchon. 

(2)  «  Les  martres  zibelines  sont  nommées  autrement  souris  de  Moscovie.  C'eft  un  animsl 
sauvage  qui  se  trouve  dans  les  pays  septentrionaux,  qui  a  le  poli  doux  et  noir  »  {Trévoux). 

(3)  «  Turgotine,  de  Turgot,  sous  le  ministère  duquel  furent  établies  les  premières  diligen- 
ces •  iUwobsse). 

T.    XXXVIU.  1$ 


^G  SOCIÉTÉ   ABCBftOLOOlQUE   ET  filSTOftIQUS   DU  -LlMOUSlK. 

ie  jofns  à  nm  lettre  tes  mémoires  de  PorfeuVi^  et  de  k  marehande  de 
mode  et  un  mémoire  circonstaotié  de  la  totalité. 

.  Voici  le  «  mémoire  circonstancié  »  : 


Amplettes  faites  pùur  M.  de  Nexon, 

Argenterie '4.S96  I. 'Il  s. 

Bordure  de  martre  zibeline lOÎ  1. 

Façons  du  mantellet  et  fournitures 58  1.  U  s. 

Bouette  d'embalage 2  1.10  s. 

Toille  sirée \  1.  lO  s. 

Toille  pour  envelopper  la  pelisse il. 

1.462  1.     5  s. 

Lfe  mémoire  de  l'orfèvre  est  sur  papier  à  en4éte  imprimé  : 

Au  charioi  d'or,  quai  des  orfèvres,  la  quatrième  boutique  du  côté  du 
Pont-neuf,  à  Paris. 

Cheret,  successeur  de  Madame  Doucel,  marchand  orfèvre,  fabrique 
toutes  sortes  d'ouvrages  d'orfèvrerie  sur  de  nouveaux  modèles  de  son 
invention. 

Fourny  à  Monsieur  l'abbé  de  Magnac  : 

12  couverts  à  filets,  façon,  O?  1. 

4  cuillières  à  ragouls,  20  1. 

6  cuillières  à  caffé,  10  1. 

F.e  tout  pczant  49  m.  7  o.  4  g.,  à  56  1.  U  s.  le  marc  argent  et  con- 
trôle    733  1.   10  s. 

Une  écuelle  couverte,  pezantc  3  m.  7  o.  4  g.,  à  56  1. 
14  s 233  1.  44  s. 

Façon 48  I. 

Une  assiette,  pezante  2  m.  2  o.  4  g,  à  56  1.  H  s.  le 
marc  argent  et  contrôle l3l  l.  12  s. 

Façon , .  18  1. 

Gravure  de  37  armes  à  15  s.  pièce 27  1, 

Un  étuy  pour  l'écuelle i5  '  1. 

Plus  1  étuy  pour  les  couverts 12  1. 

1.296  1.  Il  s. 

Le  mémoire  de  la  «  marchande  de  mode  »  est  écrit  au  dos  d'une 
gravure  qui  représente,  dans  une  charmante  bordure,  en  style 
rôcaiile,  ornée  de  feuillages,  de  fleurs,  de  traits  et  <i*un  carquois; 
trois  à'motirs,  occupés  à  verser  des  traits  enrubannés  ou  à  les  lancer. 
Au-dessous  de  la  vignette  est  cette  adresse,  encadrée  dans  un 
cartouche  : 


INVENTAIRES  DU  CHATEAU  DE  NRXON.  2)7 

AusD  traits  gala/its. 
Rue  S.  Honoré,  vis-à-vis  le  Palais-Royal,  à  Paris. 

Pagelle,. marchande,  avertit  qu'on  troi\vera  chés  elle  tout  ç^  qui  con- 
cerne les  modes,  elle  réunit  le  goût  et  la  nouveauté.  On  y  trouvera  aussi 
des  corbeilles  de  mariage  et  toutes  sortes  de  marchandises  de  mode.  Elle 
vend  à  très  bon  compte. 

Son  mémoire  se  réfère  au  complément  d'une  toilQtte  de  noces, 
jour  et  lendemain. 

1.  Une  pièce  de  manchettes  pour  le  jour  de  la  noce,  en  blonde  (I) 
fine,  entoilé  de  Iule  {%) 72  1. 

2.  Le  bonnet  pour  le  jour  de  la  noce,  en  blonde  fine, 
monté  en  pouf  (3),  avec  une  guirlande  de  fleurs  blanche  et 

un  bouquet,  les  barbes  pleines i8  1. 

3.  Le  fichu,  en  blonde  fine,  avec  des  nœuds  blanc 27  1, 

4.  Les  nœuds  de  manches  et  le  parfait  contentement  (4) 

en  ruban  blanc 3  1.  il  s. 

5.  Une  seconde  parure  pour  la  môme  robe,  en  ruban  bleu 

et  blanc  broché  et  deux  autres  étroit 6  1. 

e.Pour  le  lendemain,  une  paire  de  manchettes  de  gaze  (5), 

avec  une  petite  blonde  fine 47  1. 

7.  Un  fichu  en  gaze  ajusté 6  1. 

8.  Un  bonnet  en  gaze  tule,  fleurs,  perles  et  ruban 48  1. 

9.  Une  parure  en  ruban  rayé,  rose  et  verd 4  1. 

<0.  Deux  autres  étroit  assorti 3  1. 

H .  Un  manlelel  de  gaze  d'Italie,  garni  de  ga^e  rayée. ...  37  1. 

<4.  Un  carton ^  *• 

13.  Un  bonnet  rond  de  gaze,  avec  un  rubanTOse i^  L 

289  1.  fî  s. 

X.  —  n94. 

Etat  estimatif  des  meubles  et  effets  inventoriés  dans  la  maison  du 
citoyen  Jean-Baptiste  Féréol  Gay  Nexon,  par  le  citoyen  Martial 
Siméon  Merlin  Chabant,  administrateur  du  district  de  Saint-Junien, 
commissaire  nommé  par  Varrété  dudit  dU^trict  en  date  du  quatorze 
prairial  de  Van  deux  de  la  République  française,  une  et  indivisible, 

i.  yn  lit  en  quenouille,  ayant  trois  couvertes  de  laine,  dont  deux  rai- 

(1)  a  Blonde,  espèce  de  dentelle  de  soie  »  [Trévoux), 

m  «  Tulle,  du  nom  de  la  ville  de  Tulle,  où  les  premières  fabilques  de  cette  étoffe  parais- 
sent avoir  été  établies.  Sorte  de  tissu  en  réseau,  très  léger,  à  mailles  hexagones  »   {Larousse), 

(3)  H  Pouf,  sorte  de  gros  tabouret,  de  forme  circuUire.  qui  est  souvent  assez  grand  pour 
servir  à  plusieurs  personnes  ■  {Larouue). 

(4)  Expression  inconnue  des  lexicographe». 

(5)  .  Gaxe,  espèce  d'étoffe,  tissa  léger  de  fil  ou  de  soie,  ou  moftîé  fil  et  moiUé  soie,  ira 
vaillée  à  claire-voie  •  {Trévoux}. 


158  SOCIÉTÉ  A«CHÈ0L0OIQ0It  ET  MISTOKtQUK  OU  LlHOt-Sl!». 

u^s  el  rautre  usée;  «ne  couette,  garale  de  P'"™*'  P^'AJ^To  Z 
mauvais  plontif,  .renie  livres;  on  traversa,  P^»"',^»'"*;;,  ^'^^i^^^^ 

:sï;r;^rrr;i:n?:  ?i;e:nsru:ï™s:cra:^Ve. 

"TKsTmal'llgarnl  de  laine,  pcsan,,  avec  «n  petit  oreiller  garni  de 
plan,;  qul«e  livrfs;  une  couriepoinle  piquée,  de  ^^^^oise  ^  r^e. 
b  res  .si  bonne;  deux  draps  déioupes,  une  uble  longue  à  quatre 
p  Stroirmauvais  bancs  de  bois,  une  mai  à  pétrir  le  pa.n  ;  e»l,mé  70  . 
•^  3  Un  armoire  à  quatre  batlans,  ayant  trois  serrures  avec  leurs  clefs  ;  s. 
boa teiires  en  verre"un  gobelet  d'élain  ;  une  lampe,  vulgairement  appelée 
chareix:  une  bouteille  de  terre,  un  pot  à  leau  de  terre;  un  pot  de  terre 
Sont  un  bord  cassé;  une  coupe  de  bois  pour  faire  les  fromages,  un  pot  à 
IVan  rassé  de  favance;  eslimé  36  K 

î  sTxassletes  et  trois  morceaux  de  celui,  le  tout  d'étain,  pesant  en- 
sembU  neuf  ïvres;  un  grand  et  un  petit  chandelier  d'étaio  ;  «n  po  de 
terre  et  un  autre  plus  petit,  l'un  et  lauife  leur  bordure  cassée;  ud  couloir 
de  ai.  ;  une  petite  marmite,  avec  son  couvercle,  le  tout  de  fonte,  pesam 
six  livres  a  demi  ;  un  bassin  de  cuivre  jaune,  pesant  tro.s  livres  et  dem.; 
un  grand  chauderon  en  cuivre  rouge,  pesant  avec  sa  barlière,  quinze 
livres  et  demi;  fsllmé  Si  l. 

6  Plus,  un  autre  chauderon  de  cuivre  rouge,  pesant  neuf  hyres;  une 
«aleUère;  un  pot  de  fonte,  pesant  avec  sa  barlière  .rente  deux  livres;  un 
autre,  du  pois  de  vingt-trois  livres;  un  autre  de  fonte,  avec  son  couvercle, 
pesant  vinjl-huit  livres;  une  petite  marmite  de  fonte,  pesant,  avec  son 
mauvais  couvercle  de  fert,  sept  livres  ;  estimé  36  1. 

6.  Un  houUe  de  fonte,  pesant,  avec  sa  barlière.  cinquante  deux  Ivres, 
un  petit  chauderon,  mi-usé.  de  cuivre  rouge,  pesant  cinq  livres  et  demi, 
deux  irépiés  et  un  porte-pollle;  estimé  301.  ,.»        .  . ^,  i, 

7.  Une  lèchefrite  usée,  pesant  trois  livres;  deux  cullères  à  tremper  la 
soupe  et  une  petite  à  aroser  la  viande,  le  tout  pesant  trois  livres  et  demi; 
un  gril  et  une  petite  fourche  de  fert  pour  aliser  le  feu,  pesant  trois  livres 
trois  quarts;  un  tourne-broche  avec  sa  chêne  de  fert,  pesant  ensemble 
quinze  livres  un  quart;  une  pelé  de  feu  de  fert  rt  tras  foyer,  pesant  en- 
semble sept  livres;  estimé  16  1. 

8.  Une  grande  broche  à  rôtir  el  une  autre  très  petite  à  main,  pesant  en- 
semble huil  livres  ;  un  poid  de  tournebroche  en  pierre,  garni  d'une  ance 
de  fert;  deux  chenés  de  cuisine  en  fert,  pesant  ensemble  sept  hvres;  deux 
cramalières  attachée  dans  la  cheminée  à  une  bare  de  fert,  une  tenaille  de 
bois,  avant  des  cercles  de  fert,  propre  à  faire  les  galets;  une  uble  usée, 
de  dix  "brasses  de  longueur;  trois  tamis,  dont  un  est  en  soye,  esumé  18  i. 

9.  Quatre  mauvaises  palisses  (1),  une  coupe  de  bols,  un  crible  mi-usé, 
deux  mauvais  dais  à  porter  les  chaieigoes,  une  grêle,  trois  chaises  en 
paille,  une  salière  en  bois  en  fauteuil,  une  planche  à  (h)acher  la  viande, 
estimé  S  I. 

(1,  «  P»ni«r  d*  piilhe  ou  pillsse.  »  (lia.  de  Loménie,  1658,  n»  88). 


INVENTAIRES   DU    CHATEAU    DR  NEXOif.  939 

10.  Deux  mauvaises  lanternes,  un  dévidoir,  un  pot  de  gi*ai  (grès),  de  la 
contenance  d'un  sceau  et  demi  ;  un  bac  de  bois  pour  les  cochons  ;  trois 
sceaux,  dont  deux  mau irais  et  un  bon,  garni(s)  de  leur  ferement;  une  pelle 
en  ractoit  hors  d  usage,  un  mauvais  taille-pré  (4),  un  grand  cuvier  en 
pierre  pour  la  lessive,  une  nape  de  cuisine  très  trouée  et  usée,  six  mau- 
vais essuimain,  un  râtelier  pour  le  pain;  estimé  6  I. 

41.  Six  mauvaises  planches,  dont  trois  au  ciel  du  lit;  cinq  bares  de  fert, 
pesant  ensemble  quarante-une  livres;  un  crochet  à  peser;  trois  poilles 
à  frire,  pesant  ensemble  neuf  livres  trois  quarts  ;  deux  casseroles  de  fert, 
pesant  ensemble  cinq  livres  un  quart;  deux  petites  casseroles  de  cuivre 
élamé;  estimé  35  livres. 

12.  Un  passe  purée  et  un  plat  de  cuivre,  le  tout  pesant  six  livres;  deux 
couvercles  de  fert  blanc,  un  soufflet  usé  et  hors  d'usage  ;  un  collier  de 
chien  en  cuir,  garni  de  pointes;  eslimé  6  l. 

13.  S*est  présenté  le  citoyen  Michel  Léonard,  commis  pour  la  prépara- 
tion du  salpêtre,  lequel  a  requis  les  deux  meilleurs  sceaux,  Tune  des  bares 
de  fert  pesant  six  livres  trois  quarts,  un  casserole  de  fert  blanc,  pesant 
deux  livres  trois  quarts,  dont  la  délivrance  lui  a  été  faite. 

14.  Une  grande  armoire  à  ((uatre  batians,  deux  tiroirs  au  milieu;  huit 
draps  de  brin,  trois  de  boiradis,  deux  d*éloupes;  six  napes  ouvrées,  douze 
serviettes  ouvrées,  quatre  autres  serviettes  très  uzée(s),  estimé  1301. 

15.  Ginq  bouteilles  de  verre,  un  pot  à  Peau  de  fayance,  deux  huiiliers  en 
fayance,  deux  aulre(s)  en  cristal  par  leur  porte  huillier;  quatre  gobelets  de 
verre,  dont  un  est  cassé;  une  pâiissière  avec  son  couvercle  en  fayance; 
cinq  fourchelles  cassée(s)  en  composition,  une  culièrc  potagère,  un  salinai 
de  fayance,  une  feuille  de  fert  blanc  ;  estimé  6  I. 

16.  Une  lasse  à  cafifé  (2),  deux  soucoupes,  un  moutardier  en  fayance;  un 
bufifet  à  trois  portières,  une  table  avec  ses  traileaux  ;  une  autre  table 
moyenne,  sans  ses  pieds;  une  petite  table  avec  son  pliant,  un  fauteuil 
couvert  d'étoffe  verte,  trois  fauteuils  en  paille,  cinq  chaises  en  paille,  une 
bassinoir(e)  en  cuivre  rouge;  eslimé  48  1. 

17.  Une  bouleille  de  verre  noir,  enveloppée  d'une  vessie;  une  cruche  de 
terre,  une  petite  table  à  pieds  de  biche,  ayant  trois  tiroirs,  dont  deux  fer- 
mant à  clef;  un  panier  de  salade  et  un  autre  panier  servant  à  porter  des 
bouteilles  ;  une  autre  cruche  de  lerre,  sa  anse  cassée  ;  une  masse,  deux 
coins  de  fert,  une  grande  hache,  une  petite,  deux  chenés  de  fert,  deux 
pelles  et  un  pincete  ;  estimé  24 1. 

18.  Une  bare  de  fert,  un  dictionnaire  laiin,  un  guérindon,  une  râpe  à 
râper  sucre  ;  un  petit  lit,  ayant  une  couette  et  un  Iraversln  garni(s)  de 
plume,  une  paillasse,  deux  matelats,  une  courtepointe  piquée  â  fleur  bleue 
et  rouge,  un  drap  de  lit  boiradis;  estimé  95  l. 

(1)  «  Oatll  servant  à  couper  la  terre  dans  les  prairies  pour  faire  des  rigoles  »  (L.  Guibert). 

[2}  tt  Plus,  trois  petites  cuillères  vermeille  doré,  à  prendre  du  caffé.  Plus  un  étui  de  cha- 
grin, dans  lequel  s'est  trouvé  six  petites  cuillères  d'argent,  à  prendre  du  caffé.  o(/fio.  de 
Afascaron,  1703,  n**  118,  119.)  —  «  Un  vieux  moulin  à  café,  presque  hors  d'usage.  »  (/nv. 
Dej^an,  1732,  n*  VU.)  —  n  On  ne  prenait  du  café  que  par  remède.  Un  pain  de  sucre,  du  poids 
de  quatre  livres,  sufSsait  à  la  consommation  annueUe  des  bonnes  maison».  »  (Juge,  Change" 
mentt  navenus  dans  les  mamrs  des  habitants  de  Limoges^  1817,  p.  15.) 


230  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

19.  Une  nape  unie,  très  lâchée  et  usée;  une  serviele  ouvrée;  des  ri- 
deaux lie  droguet  jaune,  sans  barres  et  sans  ciel  de  lit,  deux  tringles  de 
lit,  un  pot  de  fayance,  deux  feuilles  de  fert  blanc,  une  table,  deux  petites 
barres  de  vitrage;  estimé  18  1. 

20.  (ne  écuelle  de  fayance,  manquant  d^une  de  ses  oreilles,  deux  chai- 
ses et  un  fauteuil  en  paille,  une  petite  pandule  de  bois,  un  compas  à  trois 
branches,  un  paquet  de  fil  de  fert,  une  culière  de  fert  pour  tremper  la 
soupe;  estimé  46  i. 

î(.  Deux  coffres,  une  lable  suporiée  par  deux  chaises  en  paille,  deux 
petites  palisses,  une  grande  et  une  moyenne  terrine  de  terre,  un  panier 
à  quatre  bouteilles;  deux  plats  de  terre,  desquels  les  borts  sont  cassés; 
un  énionoir  en  bois,  une  tarditle  à  placer  les  fontaines  au(x}  bariques, 
une  bùge  de  grô(s),  six  pot  à  fleur,  un  râtelier  à  mètre  le  pain,  deux  plan- 
ches, six  morceaux  de  colonne;  estimé  24  1. 

2î.  Dix-huit  bouteilles  de  verre  noir,  un  crible,  deux  pol(s)  de  terre 
hors  d*usagc,  un  petit  yinagrier,  une  grande  buge  de  gré  avec  son  couver- 
cle, une  grande  bouteille  de  verre  blanc,  une  grande  fiole  de  verre  blanc, 
deux  petis  moutardiers  de  terre;  trois  chaises  de  paille,  dont  une  mi-ùsée, 
une  (Planche  suspendue,  neuf  assietes  de  tayance,  cassée  en  deux;  es- 
timé 15  1. 

23.  Une  mauvaise  banque,  où  il  y  a  six  livres  de  plume;  une  planche, 
deuk  chèvre(s)  de  charpentier  ;  un  garde-manger,  garni  de  ces  loilles  per- 
cée; vingt  planches  de  chêne,  de  huit  pieds  de  longueur;  une  barique, 
une  écuelle  de  bois,  deux  banques,  cinquante-une  planches  de  différend 
bois,  un  baril  ayant  quatre  sercles  de  fert,  plus  vingt-quatre  planche  bâ- 
tarde, six  colonnes,  une  planche  â  hacher  la  viande;  une  petite  marmite, 
manquant  d'un  pied;  estimé  I2i  l. 

94.  Un  baril,  garni  de  quatre  sercles  de  fert,  U  boisurc  d*un  dessus  de 
lit  neuve;  un  chalii  de  lit  neuf,  façon  de  village;  un  autre  châlit  ayant  la 
paillasse  garnie  de  sa  toille;  une  mauvaise  courte-pointe  piquée,  de  toille 
jaune;  plus  un  lit,  ayant  des  rideaux  verl(s),  le  tour  bleu;  une  autre  mau- 
vaise courte-pointe,  un  inalelat,  une  mauvaise  toille  de  paillase  ;  estimé 
(00  1. 

25.  Unechalse  de  paille,  un  pot  de  chambre  de  fayance  sans  anse  ;  un 
boisseau,  mesure  de  St-Junien;  un  lit,  dont  les  rideaux  sont  mi-usé(s), 
uhe  paillasse  garnie  de  sa  toille;  quatre  coussins  garnis  de  crins,  les 
dessus  étant  d*étofe  soye  et  coton,  couleur  verte,  fond  blanc;  un  fauteuil 
de  paille,  trois  chaises  de  paille,  une  mauvaise  table  à  quatre  pieds; 
estimé  60  t. 

26.  Un  petit  lit,  sans  autre  garniture  qu'une  paillasse,  une  coueie  gar- 
nie de  plume,  un  lit,  une  paillasse,  un  matelat  ;  une  courte-pointe  piquée, 
m)-usée,  à  ray(c)  rouge,  fond  jaune;  les  rideaux  de  ras  vert;  un  autre  lit, 
ses  rideaux  de  ras  vert,  le  duussier  â  fleur  rouge,  une  paillasse,  une  courle- 
poinie  piquée  â  fleur  rouge  en  siamoise,  deux  mauvais  pots  de  chambres, 
une  table  de  nuit;  estimé  2i0  I. 

27.  Quatre  planches  de  caisse,  une  chaise  de  paille,  quatre  planches, 
deux  boites  de  chareies,  quatorze  chaises  en  paille,  un  pot  de  terfè,  un 


INVEH.TÂIRES  DU  CHATEAU  DE  NKXOIV..  231 

paquet  d^  latte,  de  quatre  pieds  de  long;  trois  cent  lattes  de  deux  pieds, 
un  bois  de  lit;  une  mauvaise  coune-poinie  piquée,  de  toile;  un  co(fre  sans 
clef,  un  banc  de  charpentier,  trois  cercles  de  fert,  les  chaînes  de  pont-levis, 
un  câble  de  meule;  estimé  i  10  1. 

28.  Dix-neuf  planches  de  chône,  deux  de  fayani,  onze  colonnes  de  chaîne, 
un  lit  neuf  de  charete,  huit  iradaux,  trois  housses  (i)  moyennes,  un  bois- 
sâau  mesure  de  Rochechouard,  un  sercle  en  toi  lie  poux  me^ui;er  Iç  l^lçd, 
trois  petites  palisses,  une  plaiiche  de  çhéne;  estimé  51  l. 

29.  Une  petite  table  à  cadrille  (1);  lit  de  camp,  garni  de  toiletta  gri§c ; 
un  fauteuil  et  une  chaise  de  paille,  deux  cuvetes  de  fayance,  unt^  crqçbe  de. 
terre,  une  mauvaise  cafetière  de  fert  blanc;  estimé  40 1. 

Cet  inventaire  énamère  les  objets  dans  un  désordre  incroyable  : 
décidément,  les  fonctionnaires  de  la  République  s'y  entendent 
moins  bien  que  ceux  de  la  Monarchie.  Cependant,  il  s'en  dégage 
une  série  d'observations  que  je  ne  dois  pas  négliger. 

L'ameublement  n'est  pas  plus  luxueux  qu'autrefois,  mais  on  ne 
sait  trop  où  le  caser,  faute  d  avoir  suivi  pièce  par  pièce.  Une  £|mé- 
lioration  sensible  se  produit  de  certain  côté  :  ainsi  la  propreté 
exige  désormais  le  «  pot  à  l'eau  »  et  sa  «  cuvette  »,  en  faïence, 
ainsi  que  le  «  pot  de  chambre  »,  qui  a  son  meuble  spécial,  la  «  table 
de  nuit.  » 

Le  service  ne  se  fait  plus  seulement  dans  l'étain;  la  teurre  et  la 
faïence  ont  la  vogue  et,  pour  manger,  on  se  sert  de  «  composition» 
(n«  18). 

La  cuisine  est  renforcée  surtout  d'une  foule  d'ustensiles  :  le  cuivre 
domine  encore,  mais  on  a  soin  de  T»  étamer  »  et  il  s'y  ajoute  le 
fer  blanc.  Parmi  eux,  je  distingue,  pour  faire  les  galettes  de  blé 
noir,  la  «  galetière  »  et  la  tenaille  »  ;  puis  le  «  tourne-brpche  »  est 
installé  avec  son  poids  de  pierre  qu'une  anse  de  fer  permet  de  Qia- 
nœuvrer;  enfin,  quelque  mauvaise  qu'on  la  dise,  les  domestiques 
peuvent  étendre  une  nappe  sur  leur  table,  devant  laquelle  ils  $Qnt 
assis  sur  des  bancs. 


(1)  w  Sorte  de  panier  à  coaverole  rond,  ob  on  met  de  la  farine.  H  y  en  a  de  larges,  d'an- 
tres en  forme  de  gourde  ou  cylindriques  »  {L.  Gvîberi), 

(1)  Voir  sur  le  jeu  de  cartes  en  Limousin,  en  1690,  le  Bullet,  de  la  Soe.  areh.  de  la 
Corrige,  1800,  p.  443.  —  Cf.  Académie  universelle  des  jeux,  contenant  les  règles  des  jeux  de 
quadrille  et  quintiUe,  de  l'hombre  à  trois^  du  piquet,  du  reversis,  des  échecs,  du  trictrac  et  de 
tous  les  autres  jeux,  avec  des  instructions  faciles  pour  apprendre  à  les  bien  jouer.  Paris, 
Legras,  1730,  in- 12.  Le  «jeu  de  quadrille  »  est  expliqué  p.  1-66.  Le  chapitre  1  débute  ainsi  : 
(I  11  est  surprenant  que,  depuis  quelques  années  que  l'en  joue  le  quadrille,  personne  ne  f>e  sot 
donné  la  peine  d'en  recueillir  les  règles Le  quadrille  n'est,  à  proprement  parler,  que  l'hom- 
bre à  quatre ,  mais  aussi  faut-il  convenir  qu'il  est  plus  amusant  et  plus  récréatif  (que  l'hom- 
bre à  trois) particulièrement  le  beau  sexe  a  reçu  avec  plaisir  cet  hombre  mitigé  et  en  fait  son 

plus  agréable  amusement,  le  préférant  à  tout  autre  jeu;  et  au  cliap.  II  :  Le  nom  de  quadrille 
que  porte  ce  jeu  fait  sentir  que  c'est  un  jeu  qui  doit  étra  joué  à  quatre  personnes.  » 

Les  jeux  de  quadrille»  de  quintille,  de  l'hombre  à  trois  et  à  deux;  Paris,  Legras,  1732,  in-12. 


932  SOCIKTB  ARCHÉOLOGIQUE  BT   BISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

Le  café  est  à  la  mode  :  on  ne  le  prodigue  pas,  car  s'il  y  a  ane 
«  cafetière  »  pour  le  faire  (n«  29),  pour  le  prendre,  on  ne  voit 
mentionnée  qu*une  seule  tasse  avec  deux  soucoupes,  Tune  se  posant 
dessus,  comme  font  encore  les  Orientaux.  Son  usage  était  donc 
absolument  personnel. 

Quant  à  la  moutarde,  elle  devient  une  nécessité,  puisqu'on 
compte  plusieurs  «  moutardiers  >»  de  faïence  {n°  16). 

On  a  aussi  la  précaution  du  «  garde-manger  »,  garni  de  «  toile  » 
(n*  23)  contre  les  mouches. 


XI.  — 1798. 


Je  me  contenterai  d*extraits  de  plusieurs  comptes  de  «  lissive  », 
qui  n'ont  d'intérêt  qu'à  cause  du  linge  de  table,  de  corps. 

f.  12  nappes  d'estoupes. 

2.  5  douzaines  et  demie  de  grosse  serviettes. 

3.  18  serviettes  de  gros  brin. 

4.  13  serviettes  de  brin,  à  petit  carreaux. 

5.  43  serviettes  de  boiradis,  de  la  môme  façon. 

6.  A  serviettes  fines  à  grand  carreaux. 

7.  44  draps  de  brin,  9  de  boiradis,  6  d'estoupes;  9  qui  sont  roux. 

8.  5  pièces  de  serviettes  d'estoupes. 

9.  7  serviettes  à  grain  de  mil. 

10.  3  serviettes  damacés. 

14.  M.  le  cheoalier  :  17  chemises,  1  canessont,  t  bonet  de  coton, 
3  serrelête.  3  mouchoirs  simple,  9  double  dont  un  bien  mauvais,  et  Tautre 
barre  rouge,  8  paire  de  bas,  4  col,  4  paire  de  bas  Siam,  4  gris,  1  paire  de 
chausson  de  laine. 

12.  43  chemises,  dont  il  y  en  a  6  de  fines,  2  mouchoirs  bleue,  6  paires 
de  bas,  S  paires  de  gris,  9  siam,  2  paires  en  soie. 

13.  6  grosses  chemises,  7  de  fines,  dont  3  ont  les  manches  de  fronsées, 
8  paires  de  bas  blanc,  dont  11  y  en  a  une  paire  bien  fin,  4  mouchoirs  de 
col. 

14.  Af^^  Degay  :  43  chemises,  3  jupons,  6  serviettes  unies,  1  jupe  de 
mousseline,  9  paires  de  bas,  8  mouchoirs  de  poche,  1  simple. 

15.  4  jupes  garnis,  2  manteau  de  lit,  5  bandeaux,  4  boets,  t  paires  de 
poches,  iO  paires  de  bas. 

46   14  bonet, 

17.  6  barbiches  (4)  et  4  bonet(s)  rond(s). 

(l)  R  Le  barbiehet  est  la  coiffure  locale  de  rarrondissement  de  Limoges  :  un  bonnet  avec 
deux  grandes  ailes  que  les  paysannes  aisées  font  garnir  de  dentelles  »  {L.  Guibert). 


iNVeNTAIRES   DU   CHATEAU    DR  NEXQN.  ^33 


XII.  —  1798?    (1). 


1.  2  faaleuils  en  tapisserie. 

2.  2  aQtre(s]  en  paille. 

3.  2  chèses. 

4.  42  chèses,  garnie(s)en  éiofe. 

5.  3  fauteuil(s]  pein(ls)  en  bleu. 

6.  1  bergère  garnie  en  baille  (2). 

7.  10  fauteuils,  tant  en  damas  indienne  que  siamoise  (3). 

8.  4  fauteuils,  dont  3  pein(ts)  en  rouge  et  Tautre  en  bleu. 

9.  2  chèses  en  paille. 

10.  f  broueie. 

H .  Un  banc  à  décharger. 

12.  1  assiete  d'étain. 

13.  19  planches  de  six  pieds. 

U.  5  cercles  de  toneaux  et  9  auire(s)  plus  pelis. 

15.  4  sercles  de  toneau. 

16.  4  servietes. 

17.  H  planche(s)  cornu ne(s). 

18.  4  draps  d'étoupes. 

19.  4  bouteilles  vere. 

20.  Une  écuelle  de  fayance. 

21.  13  d*étin  en  plats  et  assieles  et  écuelles. 

22.  1  petit  chandelier  de  cuivre. 

23.  2  fer(s)  à  repasser. 

24.  1  entière  à  tremper  la  soupe,  cuivre  jaune. 

25.  2  culière(s)  de  fer. 

26.  Une  petite  marmite,  3  pot(s),  1  chauderon. 
tl,  2  gobelel(s)  de  vere,  un  bassin  de  cuivre. 

28.  1  lèchefrite,  I  broche  à  rôtir  et  une  autre  à  main. 

29.  3  cramalières,  une  bare  de  fer. 

30.  2  chenets  de  fer,  1  pele  à  foyer,  i  chené. 

31.  I  bouteilles  vere  noir. 

32.  1  tranche,  1  pele,  2  bigots  (4),  1  crible  en  fer  d'arechal. 

33.  7  mauvaises  chèses  à  bras  (5). 

(1)  Cet  inventaire  porte  en  titre  :  Part  de  mes  tantes,  m&is  n'a  pas  de  date.  Il  est  écrit  sur 
une  feaiUe  volante. 
(i)  Sic  pour  paillé, 

(3)  «t  Une  courtepointe  piquée  de  siamoise  âi  raye  bleue,  assés  bonne  »  {Ftiv.  du  chat,  de 
Cognac,  an  II,  n*  1).  , 

(4)  «  Bigot,  outil  en  usage  à  la  campagne,  sorte  de  tranche  à  deux  becs  de  fer,  servant  sur- 
tout à  remuer  le  fumier  »  {L.  Guibert).  —  «  Deux  bigots  servant  à  bêcher  la  vigne  n  (/nv.  de 
Loménie,  xviii*  s.,  n*  30). 

(5)  «  Plus,  un  fauteuil,  bois  noguier,  autrement  dit  chaise  à  bras  »  [Inv.  Dejean,   1732, 
•  36), 


S34  SOCIÉTÉ  AACUÉOLOGIQUB  ttT  UlfifTORIQUK  ÙU  LIMOUSIN. 

XIII. —  1798?  (1). 

Etat  du  linge  de  Nexon  et  autres  effets» 

1.  Dans  la  tour  :  Ud  guéridon,  un  écranl  en  tapisserie,  un  pot  ^  Te^a 
et  cuvete,  9  coussin(s)  de  litière,  un  lit  avec  sa  paillasse,  matelals,  traver- 
sin, courte  pointe  et  rideau  rouge. 

2.  Dans  ma  chambre  :  S  lits  cramoisis,  leurs  paillasse(s),  i  matelas,  ! 
couettes,  coussins,  une  courte  pointe  seulement.  4  couvertes,  3  oreillers, 
9  obèses  et  2  fauteuils  de  paille,  2  tablefs)  de  nuit,  2  pot(s)  de  chambres,  2 
tables  cou verle(s)  chacune  d^me  ^erviete,  un  soufflet,  une  pendule,  2  che- 
nets, pelé  et  pincete,  on  miroir. 

XIV.  —  1798?  (2). 

1.  Vous  renverai  à  Moncut  le  châlit  qui  est  dans  la  petite  chambre  et 
celui  du  lit  de  la  Cati,  avec  le  lil  de  plume,  la  couverte  et  le  chenet,  les 
ridaux  bleu(s)  qui  sont  dans  le  galetas  et  les  bares  des  deux  châlits. 

2.  Le  bufet. 

3.  Les  9  cbèses  de  pailles  et  les  9  garnitures  de  fauteuils  qui  sont  dans 
ma  chambre. 

4.  Le  fauteuil  qui  est  dans  la  ruelle  de  mon  lit. 

5.  La  pelé  et  les  pincettes  qui  sont  dans  ma  chambre. 

6.  La  couverte  non  neuve  blanche,  qui  est  à  mon  lit  et  Torelller. 

7.  Les  iO  draps  de  brin  ou  boirady. 

8.  La  poille,  Técumoir,  la  casserole,  les  t  pots  et  la  marmite,  le  gris 
(gril),  la  pcrole  pour  la  lessive,  la  vesselle. 

9.  Vous  ferés  porter  à  Nexon  :  les  deux  grand  lits. 

10.  Les  19  chèses  et  le  fauteuil  ver(t). 

11.  Les  4  grand(s)  fauteuils  avec  leurs  garniture,  qui  est  pliée  dans  un 
drap. 

12.  Les  9  grand(s)  fauteuils  en  tapisserie,  qui  sont  dans  ma  chambre  et 
les  2  petis  fauteuils. 

13.  Le  cabinet  qui  est  dans  ma  chambre. 

XV.  —   1808  (3). 

Dans  une  armoire  à  deux  battants,  qui  est  dans  la  chambre  où  est 
décédé  M,  de  Nexon  père  :  1.  39  chemises,  dont  9  toile  fine,  mi  usées, 
estimées  ci  78  1.  5  s. 

(1)  Sar  une  feaille  volante,  non  datée. 

(2)  Sur  une  feaille  volante,  sans  date. 

(1;  Sar  une  feuille  volante  in-folio,  intitulée  :  Extrait  de  l'inventaire;  il  n'y  a,  portés  ici, 
que  les  effets  personnels  d'habillement. 


INVBNTA1A89  DU  CHATBAÛ   DE    ftEXOrf.  135 

9.  4  paires  de  bas  cotoai  §(rts,  4  1. 

3.  40  aaires  paires  de  bas,  dont  2  grts  et  8  fit  blanc,  20  1. 

4.  9  desoye  grise,  10  1. 

5.  H  autres  <fe  coton,  mi  usés,  4S  I. 

d.  4  paires  de  bas  en  laine,  dont  2  de  noire,  une  de  blanche,  Faurire 
grise,  8  1. 

7.  t  habit,  veste  et  2  culottes  de  lustriAe  (4).,  i%  1. 

8.  \  habit  mi  usé  et  une  culotte  neuve  drap  d'Elbeuf  ()),  15  1. 

9.  I  habit,  f  culole  drap  noir,  t  veste  raz  de  eastor  (3),  3  1. 

10.  I  habit,  une  eulotle,  I  mauvais  habits,  I  d«  drap  de  Silézie,  autre 
de  drap  blanc  hors  d'usage,  autre  mnsq,  t  de  baraean  (4),  autre  de  drap 
noir,  de  drap  vert  galoné,  2  veslies  de  drap  écarlaie,  I  culotte  de  mémo, 
tt  1. 

11.3  robbes  de  chambré,  1  veste,  4  I, 

12.  1  vielle  roupe  (5),  ♦  veste  en  soye  k  raye,  autre  v(eal€)  de 
moarre  (6),  i  gilet,  2  culones,  autres  culottes,  i  de  soye,  «  veste,  3  culot- 
tes, f  veste,  2  autres  vestes,  1  gilet,  avec  plusieurs  autres  articles,  le  tout 
estimé  13  1. 

Dans  uneboête  en  bols  :  13.  Plusieurs  mouchoirs  de  poche  et  de  col,  4 1. 

Dan»  une  autre  boëte  à  tôté  de  la  cheminée  :  14.  f4  mouchoirs  de 
poche  en  fil,  6  de  coton  et  mousseline,  1°«  paire  de  bas  en  soye  blanche, 
40  1. 

Dans  une  autre  boëte  :  15.  7  bonnets  et  10  serre-têtes,  7  l. 

Total  de  Testimation  des  hardes  du  père,  301  1. 

Suit  Tétat  des  hardes  de  Madame  de  Ncxon.  Dans  une  maie  qui  est 
dans  la  chambre  au  rez-de-chaussée  :  16.  31  paire  de  bas  pour  femme, 
fil  et  coton,  29  mouchoirs  dont  7  de  col  en  mousseline  et  29  de  poche,  30 
chemises  toile  de  pays,  8  bonnets  de  nuit,  30  l. 

Dans  une  autre  maie  :  17.  19  chemises  toile  de  ménage,  14  paires  de 
bas,  2  paires  de  souliers,  I  de  pantoufles  à  talon  haut,  3  mouchoirs  de 
col  dont  1  en  soye,  \  chauderon  en  tafetas  (7),  9  paires  de  mitaines,  24  1. 

Dans  une  3^  maie  :  18.  6  jupes  bazin,  3  paires  de  brassières  ou  corset, 
un  mantelet,  9  cazaquins  (8),  5  paires  de  poches,  I  cazaquln,  2  coupons 
en  siamoise,  18  I. 

(t)  «  iJustrifle,  sorte  d'étoffe  de  soie  à  fleurs,  qui  a  bsaacoup  de  brillant  »  (Trévoux).  Elle 
doit  évidemment  son  nom  à  son  aspect  lustré. 

(2)  «  fcUbeuf,  gros  bourg  de  France,  dans  la  Normandie...,  fort  renommé  par  les  étoffes  de 
draperies  qu'on  y  fabrique.  Blbeufw.  dit  aussi  pour  le  drap  qui  se  fabrique  à  Ëlbeuf  ou  qui 
l'imite  »  (Trévoux), 

(3)  Ce  mot  manque  dans  les  dictionnaires,  ainsi  que  drap  de  Siléiie^  qui  indique  la  prove- 
nance. 

(i)  «  Bouraccau  On  disait  autrefois  harMan,  gros  camelot  ou  étotfe  tissée  de  poU  de  cher»  • 
Trévoux). 

(5)  «  Àoupe,  sorte  de  blouse  en  diap  grossier,  fendue  par  devant,  dont  font  surtout  usage 
les  berger»  transhumants  dans  la  Drôme  »  (Larousse),  Cette  acception  n'est  pas  la  seule. 
Ici,  roupe  signifie  houppelande,  comme  on  dit  encore  en  Anjou. 

(6)  Moarre  n'est  pas  moirCy  qui  parait  plus  loin. 

(7}  (I  Chaudron^  genouillère  de  botte,  aussi  haute  en  dedans  qu'en  dehors  »  {Larousse). 
(8)  «  Casaquinj  espèce  de  petit  corsage,  à  basques  courtes  et  relevées,  qui  n'est  plus  porté 
que  par  quelques  femmes  du  peuple  et  de  la  campagne  «  {Larousse)^ 


230  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    UISTOAIQUE   DU   LIMOUSIIC. 

JDona  une  armoire  :  49.  i  couvertes  de  coton,  9  jupes,  une  manie  en 
satin,  1  jupe,  I  robe  en  taffetas  maron,  4  robe  de  même,  puce;  I  robe  en 
soyc  cramoisi,  1  eu  satin  avec  sa  jupe,  autre  en  lafetas  à  rayes,  autre  de 
même  couleur,  I  jupe  en  tafelas,  i  robe  de  même,  autre  robe  de  croisé  (1), 
autre  avec  sa  jupe  en  soye  verte;  autre  de  même,  blanche;  i  jupe  soye 
verte  ei  blanche,  2  robes  en  indienne,  une  jupe  en  laine,  I  mantelel  en 
lafetas  noir,  i  tablier  en  toile,  in«  bourasse  {%)  en  tafetas  vert,  le  tout 
3001. 

Total  de  Festimation  des  bardes  de  Mad.  de  Nexon,  372  1. 

Hardes  de  M.  de  Gay  atné.  Dana  une  Qu'onde  armoire  :  20.  t  habit,  1 
veste  et  i  paires  de  culottes  droguet,  en  soye,  brodé  en  argent;  autre  babit 
veste  en  drap  de  soye  brochée  gris;  autre  habit  gris,  veste  et  2  paires  de 
culottes  en  velours  de  soye,  à  fleurs,  rayé;  t  habit  de  velours  vert  avec  sa 
culotte,  les  jarretières  en  argent;  veste  en  soye  blanche,  brodée  en  or;  un 
habit  de  velours  noir,  une  culotte  de  même»  jarretières  en  or,  gilet  assor- 
tissant;  I  autre  habit  en  soye  satin  broché  à  fleur,  fonds  bleu  et  gris; 
autre  de  velours  à  rayes,  couleur  de  chair  et  2  culottes  de  même  ;  i  habit 
de  drap,  1  culotte,  autre  habit  de  moire,  1  habit  en  soye,  I  gilet  et  une 
culotte  gris  de  lin,  2  habit  de  Gragrame  (3),  veste  de  drap  d'argent  brodée 
en  or,  1  culotte  drap  de  soye  noire,  autre  paire  de  culottes  satin  broché  et 
barbeau  (4),  2  vestes  brodées  en  or,  en  argent  et  en  soye;  i  culottes  de 
soye,  I  de  peau,  1  gilet  rayé  en  bazin,  5  paires  de  culottes  de  siamoise 
blanche,  un  gilet  même  étoffe,  un  de  bazin  rayé,  une  paire  de  caleçons,  i 
drap  de  camp  (5)  toile  grise  :  tous  ces  objets  estimés  à  300  1. 

21.  6  paires  de  manchettes  à  bottes  (0),  six  chaussons  en  iil,  4  mauvai* 
ses  chemises,  33  1. 

22.  6  chemises  toile  de  Rouen,  4  autres  chemises  sales  même  toile,  i 
habit  de  drap  noir,  3  paires  de  culottes  noires,  2  gilets  en  flanelle,  8  pai- 
res de  bas  de  soye  blanche  et  grise,  \  I  autres  paires  de  bas  de  coton 
blanc,  3  de  colon  mélangé,  9  de  til,  2  en  laine,  1  paire  de  chaussons  laine, 
ii  cravates  en  mousseline,  4  autres  de  même,  sales;  14  mouchoirs  de 
poche,  coton  et  Gl;  2  chemisetles,  1  paire  degan(ts)  de  peau,  3  bonnets  d^ 
coton,  I  éthuis  h  razoirs  avec  ses  deux  razoirs  et  son  cuir,  8  coêffes  de 
bonnets,  4  paire  de  culottes  avec  1  vesle  cazimir  (7]  noir,  2  culottes  en 
satiu  noir,  1  habit  noir  d'étamine,  l  gilet  noir  en  drap,  I  lévite  (8)  de  caU 


(1)  ■  Croisé,  étoffe  travaillée  à  quatre  marches  au  lieu  de  deux  «  {Larousse), 

(2)  «Cinq  bourras,  grosse  toile^rise,  uzps  »  (/><d.  de  la  Colette,  1732,  n*  131).  —  *  Bottrras, 
toile  grise  très  grossière  ;  bure,  drap  grossier  •  (Lcrousse), 

(3)  Ne  te  trouve  pas  dans  les  dictionnaires. 

(4)  n  Barbeau,  de  couleur  du  barbeau  ou  bluet  »  {Larousse). 

(5)  Drap  pour  lit  de  camp  ? 

(6)  t  Manchette  de  botte,  sorte  de  genouillère  de  toile  que  l'on  mettait  entre  la  botle  et  le 
vêtement,  lorsque  les  bottes  atteignaient  jusqu'au  genou  »  (LarousseJ. 

(7)  ■  Casimir,  drap  léger,  en  laine  fine,  tissé  par  l'armure  batavia  et  qui  est  presque  exclu- 
sivement employé  pour  vêtements  d'hommes  {Larousse). 

(8)  ■  I^ite,  par  comparaison  de  ce  vêtement  avec  l'habit  ecclésiastique  »  {Larousse).  Cette 
définition  manque  de  précision,  car  il  importerait  savoir  de  de  quel  habit  il  s'agit.  Ce  n'c*t 
pas  la  soutane,  mais  une  redingote,  longue  et  droite. 


INVENTAIRES  DU  CHATEAU  DE  NEXON  ^37 

mone(l),  Hévile  drap  olive,  1  gilcl  de  drap  de  Silézie,  i  autre  de  Casi- 
mir à  rayes,  1  aulre  en  couly  bleu,  I  veste  eD  drap  jaune;  le  tout  estimé 
iOU  I. 

33.  2  paires  de  bottes,  3  paires  de  souliers,  4  paire  de  boucles  en  cui- 
vre, 3  chapeaux,  3  labaiières,  I  épaulete  et  sa  contre  épaulete,  24  I. 

Total  de  la  valeur  csiimaiive  des  bardes  de  M.  de  Gay  aine,  557  I. 

Total  général  des  bardes,  «,230  1. 

X.  Barbier  de  Montault 

(l)  Cftlmande? 


INVENTAIRE 


DU  CHATEAU  DE  CHAUFFAILLES 


Le  20  septembre  1778  mourait,  en  son  château  de  Ghaaflfailles, 
paroisse  de  Coussac-Bonneval,  François  du  Burguet,  écuyer,  sei- 
gneur de  Chauffailles,  Fayat  et  autres  lieux,  époux  de  Marie 
Touzac  de  Sainl-Etienne.  Le  10  décembre  suivant,  Maître  Léonard 
Lespinas,  notaire  royal  à  la  résidence  de  Lubersac,  se  rendait  à 
Chauffailles  pour  procéder  à  l'inventaire  des  biens  du  défunt,  en 
vertu  d'une  commission  du  lieutenant  général.  L'honorable  tabel- 
lion était  assisté  d'un  certain  nombre  d'experts  :  les  sieurs  Bau- 
douin, marchand  de  Tulle;  Begoûgne,  tapissier  à  Limoges;  Cuber- 
tafon,  propriétaire  à  Pierrefiche;Rigaudie,«  habitant  d'Ambazac-la- 
Marche  »,  et  Château,  architecte,  —  celui-là  même  qui  devait,  peu 
d'années  plus  tard,  égayer  de  ses  couplets  de  circonstance  les 
réunions  de  la  Société  populaire  de  Limoges,  et  changer  successi- 
vement son  nom,  rappelant  de  trop  aristocratiques  souvenirs,  en 
celui  de  «  Chaumière  »  d'abord,  puis  de  «  Masure  ».  Il  est  permis 
de  se  demander  où  se  serait  arrêtée  son  humilité  si  la  Révolution 
eût  duré  quelques  années  de  plus. 

L'inventaire  dura  plus  d'un  mois  et  ne  fut  clos  que  le  19  janvier 
1779. 

Le  procès-verbal  de  cette  opération,  qui  appartient  aux  char- 
triers  de  famille  de  M.  le  comte  de  Monibron,  et  dont  nous  devons 
la  communication  à  M.  Champeval,  constitue  un  des  assemblages 
les  plus  formidables  de  cahiers  de  papier  timbré  qu'il  nous  ait  été 


INX'EMtAMlES  OU  CH^ATBAU    DE  CUAUFPAILLGS.  389 

donné  de  voir  .jamais.  On  dirait  un  gros  dictionnaire.  Il  csi  du 
reste  largement  écrit,  comme  il  sied  à  toute  œuvre  calligraphique 
qui  doit  se  payer  au  rôle...  Nous  nous  sommes  borné,  bien 
entendu,  à  en  extraire  quelques  articles,  choisissant  les  passages 
qui  nous  ont  paru  de  nature  à  offrir  quelque  intérêt,  soint  au  point 
de  vue  des  mœurs,  de  Thistoire  ou  des  industries  locales,  soit  à 
titre  d'indication  permettant  de  juger  du  confort  et  du  luxe  qui 
existaient  dans  nos  châteaux  de  province  à  la  veille  de  la  Révolu- 
tion. 

Le  château  se  compose  d'un  grand  corps  de  logis  construit  en 
pierres,  couvert  en  tuiles  plates.  Jl  mesure  160  pieds  de. longueur 
sur  26  de  profondeur,  avec  logement  de  régisseur  en  retour 
d'équerre.  Il  est  élevé  sur  cave  et  rez-de-chaussée,  d'un  ipremier 
étage,  avec  grenier.  Des  dépendances,  offrant  le  môme  develqppe- 
ment,  renferment  une  écurie  pour  les  chevaux  du  propriétaire;  une 
autre,  celle-ci  double,  pour  les  chevaux  des  visiteurs  et  des  hôtes  ; 
une  troisième  pour  les  mules,  puis  une  grange  à  deux  étables.  Plus 
loin,  la  chapelle  et  le  colombier.  A  quelque  distance,  une  forge 
avec  fourneau  de  fonderie,  très  renommée  dans  :1a  province;  un 
moulin,  puis  les  bâtiments  de  divers  domaines. 

Tout,  à  Chauffailles,  respire  l'aisance,  la  vie  large  de  la  campa- 
gne. L'installation  est  commode,  riche  môme  à  certains  égards  :  ce 
qui  n'exclut  pas  une  certaine  simplicité.  On  pourra  le  constater  par 
quelques-uns  de  nos  extraits. 

La  veuve  du  seigneur  de  Chauffailles  demande  qu'un  certain 
nombre  de  meubles  lui  appartenant  personnellement,  et  pour  la 
plupart  se  trouvant  dans  sa  chambre,  soient  exclus  de  l'inventaire. 
Mentionnons  dans  cette  énumération  : 

tJn  lit  de  damas  vert  avec  sa  courte-pointe,  bonnes  grâces  et 
champ-tourné,  également  en  damas  vert,  et  ses  rideaux  de. ras 
assortis  ; 

Huit  fauteuils,  couverts  en  velours  d'Utrecht  vert,  avec  leurs 
houpes  en  toile  ; 

Une  commode  en  marqueterie,  gnrnie  de  ses  bronzes,  avec  son 
dessus  de  marbre  ; 

Une  petite  console  à  pied  doré,  avec  son  dessus  de  marbre, 
placée  entre  deux-  croisées  ; 

•La  glace  qui  est  sur  la  cheminée,  avec  sa  bordure  dorée;  le 
tableau  au-dessus,  ainsi  que  les  tableaux  qui  sont  sur  les  deux 
portes,  tous  trois  garnis  de  leurs  baguettes  dorées;  le  baromètre 
qui  est  sur  la  console  entre  les  deux  croisées  ; 

Quatre  pièces  de  tapisserie  d'Aubusson  à  petits  personnages  : 


2iO  SOCIÉTÉ  AKCIléOLOGiQUR  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOOSIK. 

une  en  face  de  la  cheminée,  nne  petite  à  côté  de  la  dite  chemioée 
et  deux  autres  petites  à  côté  du  lit; 

Des  rideaux  d'alcôve  et  de  croisée  en  toile  anglaise,  vert  et  blanc; 

Deux  chenets  de  fer  à  trois  pommes  avec  les  tenailles,  pelle  et 
pincettes  ; 

Une  table  de  jeu  «  qui  plie  »,  avec  quarante  jetons  d'argent; 

Un  cabaret  composé  de  dix-huit  tasses  de  porcelaine  bleue  et 
blanc,  avec  deux  sucriers,  un  pot  au  lait,  une  théière  et  le  plateau; 

Une  grande  tasse  de  porcelaine  de  Saint-YrieiXy  avec  son  cou- 
vercle  et  sa  soucoupe. 

Négligeons,  pour  ne  pas  être  indiscrets,  quelques  ustensiles  de 
toilette  ou  d'hygiène  d'un  caractère  par  trop  intime  et  arrêtons- 
nous  à  la  tasse  que  nous  venons  de  mentionner.  Elle  a  pour  nous 
un  intérêt  tout  particulier;  rappelons  que  la  fabrique  de  porce- 
laines de  Saint-Yrieix  avait  été  établie  presqu'en  même  temps 
que  la  manufacture  de  Limoges,  c'est-à-dire  vers  1770-71,  par  un 
gentilhomme  du  pays,  M.  Joseph  du  Garreau,  marquis  de  La 
Seinie,  ancien  capitaine  de  cavalerie,  qui  devait  mourir  quelques 
années  plus  tard  dans  les  hôpitaux  de  l'armée  de  Coudé. 

L'inventaire  commence  par  le  rez-de-chaussée,  et  c'est  tout 
d'abord  le  mobilier  de  la  cuisine  qui  passe  sous  nos  yeux.  Rien  à 
signaler  ici.  Les  grandes  et  petites  marmites,  les  bassines,  les 
casseroles,  les  chaudrons,  la  vaisselle  d'étain  fin  et  celle  d'élain 
commun,  les  chandeliers,  lanternes,  bassinoires  et  autres  objets 
qui  ne  de  nos  jours  encore  s'étalent  sur  les  murs  de  nos  cuisines 
limousines,  sont  mentionnés  en  quantité,  mais  sans  que  nous 
ayons  à  relever  dans  celte  nomenclature  aucune  particularité  inté- 
ressante. Du  gros  linge  et  quelques  provisions.  L'office  est  médio- 
crement garni.  Toutes  les  denrées  de  prix  sont  dans  les  placards 
du  salon. 

Dans  la  salle  à  manger,  une  table  à  pliants,  avec  ses  tréteaux. 
Dans  les  placards  on  trouve,  avec  une  assez  grande  quantité  de 
faïence,  quelque  porcelaine  et  quelque  verrerie,  cent  douze  ser- 
viettes de  toile  de  brin,  vingt-sept  nappes  de  même  toile,  de  cinq 
aunes  chacune;  un  moulin  à  café,  en  tôle;  un  petit  cabaret  de  bois 
peint,  avec  huit  tasses  à  café,  leurs  soucoupes  et  un  sucrier  de  por- 
celaine de  Saint-Yrieix,  Ce  cabaret  est  évalué  à  8  livres  seule- 
ment; mais  on  sait  ce  que  sont  les  estimations  d'inventaire. 

On  sait  qu'en  1770,  peut-être  même  avant  cette  date,  MM.  Cha- 
petias  et  Pouyat  avaient  fondé  à  Saint-Yrieix  une  fabrique  de 
faïence.  Notre  inventaire  nous  fournit,  dans  le  paragraphe  suivant, 
la  seule  mention  que  nous  ayons  jamais  rencontrée  de  produits 
de  cette  manufacture  : 


IXVRNTAIRK    DU    CHATEAU    DR    CHAI  FFAILLF.S.  241 

«  Deux  soupières  ovales,  leurs  soucoupes  et  couvercles  de  fayence 
de  Saint'Yrieix,  estimées  douze  livres  ». 

On  trouve  plus  loin  «  deux  sucriers,  avec  leurs  couvercles  et 
leurs  soucoupes,  de  porcelaine  de  Saint-Yrieix,  estimés  6  livres  ; 
«  cinq  petites  écuelles,  dont  irois  avec  leurs  soucoupes,  de  porcelaine 
de  Saint'Yrieix ;  cinq  cafetières  de  différentes  grandeurs,  même 
matière,  —  appréciées,  avec  six  tasses  à  café  et  leurs  soucoupes  et 
quatre  à  chocolat,  3S  livres  ». 

L'argenterie  est  assez  importante  pour  le  temps  :  vingt-quatre 
cuillers,  vingt-cinq  fourchettes,  six  cuillers  à  ragoût,  une  grande 
potagère,  une  cuiller  à  sucre,  huit  cuillers  à  café,  une  à  mou- 
tarde, un  porte-huiliers  avec  ses  bouchons,  une  écuelle  avec  son 
couvercle,  une  assiette,  le  tout  du  poids  de  30  marcs;  il  faut  y 
ajouter  un  autre  porte-huiliers,  six  cuillers  à  café,  une  à  sucre, 
deux  moutardiers  en  verre  garnis  et  montés  en  argent,  quatre 
salières  de  cristal  avec  leur  monture  d'argent;  deux  bouts  de  table 
de  cristal,  aussi  garnis  d'argent.  L'estimation  dépasse  2,100  livres. 

Suivons  dans  la  «  salle  de  compagnie  »  le  notaire  et  les  experts. 
La  pièce  doit  être  vasie;  car  elle  renferme  un  ameublement  consi- 
dérable. Un  certain  nombre  d'objets  sont  d'un  assez  grand  prix. 
Voici  dix  fauteuils  de  velours  à  la  Reine,  garnis  de  velours 
d'Utrecht  cramoisi  et  «  en  bon  crin  »,  avec  leurs  houpes  de  sia- 
moise bleu  et  blanc,  évalués  300 1.;  —  puis  un  mobilier  assez  varié, 
parmi  lequel  nous  notons  une  grande  table  de  marbre,  de  cinq 
pieds  sur  deux  pieds  six  pouces,  «  avec  son  pied  en  sculpture  », 
100  1.;  une-  petite  table  à  quadrille,  avec  son  tapis  de  drap  vert 
de  Lodève;  un  trictrac  garni  de  ses  dames,  dés  et  cornets;  un  jeu 
de  Trou-Madame,  avec  ses  boulettes  d'ivoire;  une  table  à  jeu 
pliante,  avec  quarante  jetons  d'argent; 

Deux  «  bra^  de  cheminée  »  à  double  branche,  dorés;  six  chan- 
deliers de  cuivre  argenté,  dont  deux  à  double  girandole,  un  tru- 
meau avec  décoration  dorée,  à  deux  glaces,  évalué  400 1.  ; 

Ajoutons  deux  pièces  de  tapisserie  d'Aubusson  en  soie  et  étaim 
(on  désigne  ainsi  la  laine  cardée  la  plus  fine)  à  petits  personnages, 
«  tirant  cinq  aunes  et  demie  de  tour  »  et  encadrées  dans  la  boiserie, 
évaluées  297 1.;  quatre  petits  tableaux  «  peints  sur  verre  »  à  cadre 
doré,  de  peu  de  valeur. 

Les  rideaux  sont  de  toile  anglaise,  feu  et  blanc;  les  chenets 
sont  en  fer  et  à  trois  pommes.  Mentionnons  encore  un  petit 
soufflet,  divers  ustensiles,  «  une  cloche  pour  faire  cuire  les  mar- 
rons »  et  trois  cannes.  Tune  chinoise,  la  seconde  de  jonc  garni  d'ar- 
gent; la  troisième  «  de  canne  portant  une  pare-sol  de  tafetas 
vert  ». 

T.   XlXVHi.  16 


242  SOCIÉTÉ  ARCHROLOGIOUB   ET   HlSTORÎQCR   DU   LIMOUSIN. 

Nous  avons  dit  que  les  provisions  de  cfuelque  valeur  sont  dépo- 
sées sous  clé  dans  les  placards  du  salon.  Le  notaire  y  menlionoe, 
en  effet,  cinq  livres  et  demie  de  poivre,  seize  livres  de  riz  et  trente^ 
deux  pains  de  sucre...  Disons  bien  vite  que  ces  pains  ne  pèsem 
que  quatre  ou  cinq  livres  chacun. 

Du  salon  on  passe  à  la  «  chambre  de  Madame  »,  fort  }>ten  gar- 
nie, mais  dont  Tameubleraent,  les  pièces  les  plus  rntéressanles 
tout  au  moins,  nous  est  déjà  connu. 

Le  cabinet  dii  feu  seigneur  de  ChauffaiHes  ne  renferme  aucun 
meuble  à  mentionner;  mais  il  existe  dans  le  «  bureau  »  cinq  «  portes 
fermant  à  clé  »  protégeant  «  les  titres  et  papiers  de  la  maison  de 
Chauffailles,  terre  de  Payât  et  autres  ». 

Sur  le  bureau,  sont  placées  Técritoire  en  faïence  et  la  paire  de 
mouchettes  d'acier  traditionnels. 

On  trouve  aussi,  dans  les  tiroirs,  une  montre  d'or  gaillochée, 
deux  cent  treize  louis  en  or  ou  argent  blanc,  plusieurs  paires  de 
boucles  de  souliers  ou  de  jarretières,  en  argent;  un  cachet  aussi 
d'argent,  et  «  une  paire  de  jarretières  montées  en  pierres  ». 

Cest  dans  le  cabinet  du  défunt  que  sont  renfermées  ses  armes  : 
deux  fusils  à  deux  coups,  «  dont  Tun  est  sans  platine  et  le  canon  cre- 
vé», une  paire  de  pistolets,  une  cpée  à  monture  d'argent,  un  couteau 
de  chasse  à  la  turque,  aussi  monté  en  argent.  Dans  les  armoires, 
sont  rangés  divers  objets  :  des  balances,  des  paquets  de  vieux  ga- 
lons d*or  et  d'argent;  puis  la  garde-robe  de  François  Du  Burguel; 
—  le  linge  et  les  menus  effets  d'abord  : 

Quatre  douzaines  de  mouchoirs  de  différentes  couleurs  et  quali- 
tés, estimées  72  livres; 

Quatorze  paires  de  bas  de  soie,  100  l.  ; 

Dix  chemises  à  la  matelote,  fines,  avec  leurs  garnitures,  et  douze 
autres  chemises  fines,  à  manches  plissées,  198 1.  ; 

Soixante-six  chemises  toile  de  brin,  avec  leurs  garnitures,  264 1.; 

Dix-huit  bQunets  doubles  de  coton,  dix-huit  bandeaux  de  toile  de 
ménage,  vingt  paires  de  bas  à  l'étain,  quatorze  bas  de  colon,  deux 
douzaines  de  gros  bas  de  fil,  une  douzaine  et  demie  de  «  manchet- 
tes de  bottes  »,  199  1.  ; 

Quatre  bourses  à  cheveux,  deux  vestes  de  basin  fin,  deux  gilets 
de  basin,  trois  paires  de  caleçons  de  toile,  24 1. 

L'inventaire  énumère  ensuite  les  vêtements  : 
Une  robe  de  chambre  avec  sa  veste  de  camelot  rayé  ;  une  autre 
de  moellelon  de  coton,  24 1.  ; 
Deux  chapeaux  bordés  en  or,  usés,  32  1.; 


INVENTURE   DU    CHATRAU    DE   CBAUFFAILLRS.  t43 

Sept  autres  chapeaux  uuis,  dont  deux  presque  neufs,  14  I.  ; 

Quatre  paires  d*escarpins  neufs,  sept  autres  paires  de  vieux  sou- 
liers ou  escarpins,  une  paire  de  pantouQes,  deux  paires  de  boites, 
dont  une  presque  neuve,  44 1.  ; 

Quatre  douzaines  de  cols,  24 1.  ; 

Un  habit,  veste  et  culotte  de  baraquan  (bouracan?)  d'Angle- 
terre à  petites  raies,  avec  ses  boulons  à  bordoré  fsicj,  façon  d'An- 
gleterre, 50  1.; 

Un  autre  habit  et  veste  de  ratine  d'Exandelie  (des  Andelys), 
doublé  de  salin  cramoisi,  presque  neuf,  avec  les  boutons  comme 
les  précédents,  80 1.  ; 

Un  autre  habit  de  camelot  sur  poil,  veste  et  culotte,  doublé 
d'une  serge  en  soie,  galonné  en  argent,  150 1.  ; 

Un  autre  habit  de  velours  sur  coton,  culotte  môme  étoffe,  veste 
en  soie  piqûre  de  Marseille,  brodée  en  soie,  le  tout  de  couleur  puce, 
garnis  en  bouton  d'acier,  100  1.  ; 

Un  habit  de  drap  rayé,  avec  la  veste  de  satin  gris  piqué,  demi 
usé,  40  1.; 

Un  habit  de  drap  gorge  de  pigeon,  avec  sa  veste  et  culotte, 
galonnées  en  or,  140  1.; 

Un  habil  camelot  mi-sole,  marron,  avec  veste  et  culotte  de 
Nankin,  brodées  en  soie,  40  1.  ; 

Un  mauvais  habit  et  veste  de  Nankin,  8  1.  ; 

Un  habit  de  drap  gris  uni,  avec  une  veste  d'écarlate  galonnée  en 
or,  401.; 

Un  frac  de  turquoise  verte  avec  une  veste  de  drap  biche,  galonné 
en  or,  culottes  de  la  même  turquoise,  30 1. 

Nous  faisons  grâce  aux  lecteurs  de  vingt-cinq  ou  trente  autres 
vieux  habits,  vestes,  gilets,  culottes.  Notons  une  «  petite  redingote 
à  Tangloise,  de  ratine  bleue,  avec  une  petite  tresse  d'or  »;  une 
autre  <f  redingote  à  Técuyère,  de  ratine  gris  blanc  »;  une  *  palingote 
d'un  petit  baracan  gris  »;  un  «  fnantelet  de  peluche  »;  plusieurs 
paires  de  guêtres,  des  garnitures  de  boutons  et  jarretières  cramoisi; 
plusieurs  vestes  sont  dites  de  sirsacat?  quadrillé  ou  cramoisi, 
d'autres  de  coutil. 

La  bibliothèque  offre  peu  d'intérêt.  On  y  trouve  surtout  des 
ouvrages  de  littérature  française  classique  :  Molière,  Racine,  Boi- 
leau,  le  Téléinaque,  les  CaractèreSy  deux  ou  trois  livres  de  mathé- 
matique et  de  physique,  deux  Histoire  de  France,  le  Jardinier 
fleuriste,  l'Ordonnance  des  eaux  et  forêts,  «  une  paire  d'heures 
de  Limoges  »,  quelques  ouvrages  de  dévotion  et  des  brochures,  le 
tout  évalué  à  100  livres 


444  SOCléTK  ARGHROLOGIQie  ET  HISTORIQt  K  DU  LIMOlSIIf. 

Nous  avons  déjà  Irouvé  du  linge  dans  les  placards  ou  armoires 
de  la  cuisine  et  de  la  salle  à  manger.  La  chambre  dite  tU  la 
Combe  va  nous  en  offrir  un  approvisionnement  considérable  : 
soixante-deux  aunes  et  demie  de  toile  de  brin  en  deux  tiers;  cin- 
quante-neuf aunes  en  trois  quarts  et  demi  fl);  quatre-vingt-unc 
aunes  toile  rousse  pour  serviettes  ;  quarante  aunes  toile  d'étoupes 
blanchie  pour  serviettes;  deux  autres  rouleaux  pour  serviettes,  Tun 
de  quarante,  l'autre  de  quarante-cinq  aunes;  quinze  aunes  de  coalil 
de  ménage;  soixante-quatorze  aunes  de  grosse  toile  d'éloupe: 
soixante-dix-huit  aunes  de  toile  de  brin  roux  ;  (il  y  a  de  plus  deux 
pièces  Taisant  ensemble  cent  cinquante  aunes  chez  un  tisserand  de 
Coussac);  cinquante-six  aunes  droguet  jaune;  onze  aunes  «  étoffes 
de  pais  »  jaune,  à  34  sois  l'aune  «;  deux  cent  treize  serviettes  et 
seize  nappes  de  toile  commune;  vingt-quatre  draps  toile  de 
Rouen;  treize  douzaines  de  serviettes  de^Flandre ;  huit  nappes  de 
Flandre,  sans  couture;  quarante-six  serviettes  de  toile  commune; 
vingt  et  une  douzaine  de  serviettes;  treize  grande  nappes;  huit 
nappes  moyennes  et  quatre  petites  de  toile  de  brin.  D'aulres  pla- 
cards, dans  les  chambres  qu'on  visitera  plus  tard,  recèleront 
encore  du  linge.  Nous  n'y  reviendrons  pas;  mais  nous  signalerons 
dans  le  grenier  un  dépôt  de  divers  approvisionnements,  parmi  les- 
quels cent  trente-deux  livres  de  chanvre  broyé.  Dans  une  sorte  de 
petit  magasin  de  Tentresol,  sont  renfermées  sept  cents  livres  de 
grosse  étoupe,  cent  livres  d'étoupe  fine,  cent  vingt-deux  livres  de 
fil  de  brin,  treize  livres  de  laine  à  l'étaitiy  du  savon,  etc.  Dans  un 
autre  réduit,  sous  l'escalier,  autre  magasin  domestique  contenant 
un  certain  nombre  de  pièces  de  faïence  :  le  notaire  n'y  signale  pas 
moins  de  quinze  de  ces  ustensiles  indispensables  (|ui  ont  nécessité, 
pour  les  y  dissimuler,  l'invention  des  tables  de  nuit. 

Après  le  rez-de-chaussée,  on  visite  le  caveau  placé  sous  la  cham- 
bre dite  de  La  Gombe.  On  y  compte  trois  cents  bouteilles  environ 
de  vin  de  Bordeaux,  Bergerac,  Béziers,  Voutezac;  plus  loin,  six 
charretées  de  bois  à  brûler,  à  IS  sols  Tune;  cinq  barriques  de  deux 
charges  pièce,  remplies  de  vin  ordinaire,  à  20  livres  la  charge,  et 
plus  loin  treize  pièces,  les  unes  de  huit,  les  autres  de  quatre  char- 
ges, de  vin  nouveau  et  de  cidre. 

L'étage  supérieur  renferme  des  chambres  et  des  cabinets  de 
maîtres  et  de  domestiques,  avec  un  ameublement  beaucoup  moins 
riche  que  celui  du  rez-de-chaussée.  On  y  trouve  des  lits  de  tous 

(I)  Le  frère  du  défunt,  présent  à  rinvcnlaire,  rappelle  «  qu'il  est  dû  six 
aunes  de  celte  toile  aux  servantes,  sur  leur  loyer  de  la  présente  année  ». 


INVEWTAIRK    DU   CHATEAU    DR    ClIAUFFAlLLES. 


âi5 


les  temps  et  de  toutes  les  formes  :  lits  à  Tange,  lits  à  niche,  lits  en 
tombeau,  lits  à  demi-duchesse,  etc.  Parmi  les  tentures  et  orne- 
ments qu'on  y  rencontre,  citons  des  «  rideaux  et  tour  de  lit  d*in- 
dienne  à  grands  pavots,  fonds  mordoré,  et  pièces  de  tapisserie  de 
même  indienne  ». 

Il  y  a,  dans  le  château,  une  pièce  appelée  «  la  Chambre  du  Café  », 
où  le  notaire  inventorie,  en  effet,  soixante  trois  livres  de  café 
ordinaire  et  cinquante-deux  livres  de  savon  «  fabriqué  dans  la 
maison  ».  Nous  trouvons  dan*>plusieurs  passages  de  l'inventaire  la 
trace  de  ces  industries  domestiques,  jadis  bien  plus  répandues  que 
de  nos  jours.  Ailleurs,  dans  les  placards  et  les  armoires,  sont  ali- 
gnés des  bocaux  d*abricots  et  de  pêches  à  Teau-dc-vie,  des  confitu- 
res de  noix,  de  la  gelée  de  groseille,  des  confitures  de  guindons 
(sorte  de  grosses  cerises),  des  boîtes  de  confiture  de  Clermonl,  de 
pâte  de  coing,  de  pèches  «  tapées  ».  Une  des  pièces  est  probablement 
le  cabinet  du  P.  Chaumon,  carme,  aumônier  de  M.  du  Burguet. 
On  y  trouve,  outre  un  calice  et  sa  patène,  une  cinquantaine  de 
volumes  «  fort  anciens  »  :  instructions,  sermons,  lettres  pasto- 
rales, etc.,  parmi  lesquels  les  œuvres  de  saint  Bonaventure,  celles 
du  P.  de  Grenade  et  la  Somme  de  saint  Thomas  ;  des  «  lettres  do 
prêtrise,  de  bachelier  et  vieux  sermons  ». 

La  chapelle  domestique,  dont  on  lit  plus  loin  la  description,  est 
médiocrement  garnie. 

L'écurie  n*abrite   que  deux  montures  :  un  vieux  cheval  gris 
blanc  et  une  jument  baie.  Parmi  les  harnais,  notons  une  selle  de. 
velours  cramoisi,  avec  une  housse  d'écarlale  galonnée  el'or.  — 
Le  colombier  tombe  en  ruines. 

L'inventaire  des  bâtiments  ruraux  et  des  cheptels  offre  peu  de 
mentions  intéressantes.  Nous  remarquons  que  les  livrets  des  mé- 
tayers les  constituent  tous  débiteurs  du  maître,  quelques-uns  pour 
d'assez  fortes  sommes;  il  est  observé  que  plusieurs  de  ces  créances 
«  sont  des  effets  très  véreux  »,  et  qu'on  ne  pourra  «  jamais  peut- 
être  en  rien  retirer  ».  Les  choses  étaient  donc  à  cet  égard,  avant  la 
Révolution,  ce  qu'elles  ont  été  depuis. 

La  forge  est  «  un  bâtiment  ne  servant  qu'à  mettre  à  couvert  les 
accessoires  de  la  dite  forge  ».  Quatre  roues  transmettent  le  mou- 
vement à  tout  le  matériel  :  «  la  première  fait  mouvoir  le  gros 
marteau;  deiîX  autres  font  mouvoir  quatre  souBlets;  la  quatrième, 
deux  autres  grands  soufflets  pour  le  fondage  ».  Cette  dernière  est 
sous  la  charpente  qui  entoure  le  fourneau  de  deux  côtés  et  qui 
sert  d'abri  aux  ouvriers  et  aux  approvisionnements.  La  charpente 
en  question  n'est  soutenue  que  par  des  piliers  de  bois.  Celle  des 
autres  roues  est  supportée  par  des  massifs  de  maçonnerie. 


246  S0C|^:t6  ARCKOtQOlUUe   RT  ■ISTORIQUB   bC   (.IHOt'SIN. 

Une  cinquième  roue  (ait  mouvoir  les  pilons.  Aucune  charpente 
ne  la  protège. 

La  halle  aux  charbons  est  en  assez  mauvais  état. 

Nous  avoiis  vainement  cherché  quelqueslindications  $ur  TacUvité 
de  cet  établissement  industriel,  fort  connu  dans  la  contrée  et  selon 
toute  apparence  assez  ancien.  Nous  n'en  avons  trouvé  aucun.  Noos 
relevons  seulement,  parmi  les  papiers  inventoriés,  aux  derniers 
feuillets  du  procès-verbal  dépouillé  par  nous,  la  mention  d  une 
créance  sur  M.  de  Saint-Yictour,  de  l>ille,  à  raison  d'une  livraison 
de  fer  faite  par  François  Du  Burguet  «  à  la  manufacture  royale  des 
canons  i». 

Dans  la  même  partie  de  l'inventaire,  il  est  parlé  d'un  acte  por- 
Itant  concession  de  droits  de  bancs  et  de  tombeaux,  etc.,  dans 
'église  de  Coussac,  en  faveur  de  François  Du  Burguet,  à  la  date 
du  V'  février  1660. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  ce  dépouillement.  Si  sommaire 
que  soit  c^t  article  et  si  courts  que  semblentnos extraits,  ils  suffiront 
à  prouver  que  des  inventaires,  môme  d'une  date  assez  rapprochée  de 
nous,  peuvent  être  feuilletés  avec  fruit,  et  à  établir  une  fois  de 
plus  l'intérêt  net  et  précis  que  présente  l'étude  des  documents  de 
ce  genre.  Ils  placent  sous  les  yeux  le  décor  tout  entier  du  drame 
humain,  la  scène  d'une  existence,  comédie  ou  tragédie,  avec  tous 
ses  aménagements,  tous  ses  accessoires,  tout  le  matériel,  pour- 
rions-nous dire,  d'une  époque,  d'une  fonction,  d'une  condition 
sociale.  La  vie  seule  manque  à  ce  spectacle  :  il  suffit  d'un  peu  de 
mémoire  et  d'imagination  pour  qu'elle  revienne  animer  et  expliquer 
tout  cela. 

Léonard  Moittle. 


LA  GARDE-RÔBE  D'UN  ÉTUDIANT  NOBLE 


en  1625 


Les  archives  du  château  de  Montagrier,  récemment  étadiées  par 
nous,  nous  ont  fourni  des  notes  assez  nombreuses  et  assez  variées. 
Nous  détachons  aujourd'hui  du  recueil  de  nos  extraits,  pour  le 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Limoges,  quelques  indica- 
tions concernant  la  garde-robe  d*un  jeune  liomme  de  notre  pays, 
éludianl  à  Poitiers  en  1628. 

Il  s'agit  de  Robert  d^Asnières,  écuyer,  seigneur  de  La  Chapelle 
en  Sainlonge  et  de  Graine,  près  Biennac,  qui  suit  les  cours  de  TUni- 
versité  de  Poitiers  ;  il  est  en  pension  chez  un  sieur  Bernier,  dont 
le  lils  lui  donne  des  répétitions  payées.  —  Les  notes  que  nous 
avons  relevées  dans  ses  papiers  domestiques  éveillent  une  idée 
assez  avantageuse  de  sa  toilette.  C'est  ainsi  qu'on  le  voit  porter  : 

«  Un  manteau  d'escarlale  avec  des  bandes  de  satin  rouge  era- 
moisy,  et  des  boutons  à  la  limace,  deux  douzaines  d'esguilheUes 
et  du  galon  ; 

»  Un  habit  de  raz  de  Londres,  acheté  à  Limoges,  du  sieur 
Komanet,.  marchand,  avec  de  la  tavelle  et  galon  ; 

»  Un  chapeau  gris  demy  castor  avec  le  cordon  d'or  et  d'argent 
(coût  H  livres); 

»  Une  espée  à  guarde  argentée  et  un  baudrier  couvert  de  galon 
d*or  et  d'argent,  avec  la  ceinture  de  même  (le  tout  ayant  coûté,  à 
Limoges,  20  livres).  » 

Le  linge  du  jeune  homme  est  en  harmonie  avec  ce  brillant  équi- 
page. Il  porte  des  chaussettes  et  des  caleçons  de  toile  fine  ;  ses 
collets  et  ses  manchettes  sont  de  toile  de  Hollande  avec  «  des 


348  SOCitTÉ  ARGBÉOLOGIUIJK  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

glands  et  des  courdous  ».  Ses  chemises,  de  toile  de  Hollande  éga- 
lement, ne  coûtent  pas  moins  de  quatre  livres  la  pièce.  Il  porte 
des  gants. 

Il  chausse  tantôt  des  souliers  de  maroquin  de  Flandre,  laniôt 
des  souliers  de  cuir  de  vache,  achetés,  les  uns  et  les  autres,  au  prix 
(le  trois  livres  iO  sols,  du  sieur  Mordifer,  de  Rochechouart.  Il  a  de 
plus  une  paire  de  grosses  bottes,  qu'il  a  payées  dix  livres.  Et  il  y 
ajuste  une  paire  d'éperons,  de  20  sols. 

Notons  quelques  autres  passages  du  livre  des  dépenses  de  l'étu- 
diant gentilhomme  se  rapportant  à  sa  garde  robe. 

Robert  s'est  fait  faire  un  habit  à  la  mode  par  un  tailleur  en 
vogue  du  nom  de  Jean  Jouinet  :  la  façon  lui  a  coûté  cent  sols,  plus 
3  sols  pour  le  vin  des  garçons.  —  Ce  pourboire  se  donnait  d'ordi- 
naire lors  de  l'essayage.— La  façon  d'un  autre  habit,  celui-ci  d'écar- 
late,  lui  coûte  un  peu  moins  cher,  4  livres. 

Un  habit  de  camelot  changeant;  un  autre  de  drap  d'Dsseau  mar- 
bré, accommodé  de  boutons  d'or  et  d'argent  et  un  «  roquet  »  lui 
ont  coûté  chez  le  même  Jouinet,  de  façon  et  garnitures,  32  livres. 

11  a,  bien  entendu,  fourni  l'étoffe. 

Il  paye  3  livres  19  sols  deux  aunes  de  futaine  à  grain  d'orge 
pour  faire  deux  paires  de  «  brassières  >>,  et  la  façon  des  dites 
brassières;  un  peigne,  5  sols;  un  baudrier  de  broderie  d'or, 
acheté  à  Paris,  17  livres;  un  ruban  pour  mettre  à  son  baudrier, 

12  sols. 

Un  chapeau  «  bourru  »,  acheté  à  un  chapelier  à  Oradour-sur- 
Vayres,  est  payé  43  sols.  Un  chapeau  «  feustre  de  Paris  »  coûte 
cent  sols  à  Limoges.  On  reteint  un  chapeau  pour  5  sols. 

Il  y  a, à  Rochechouart,  d'habiles  lingères  et  un  gantier  au  moins: 
deux  paires  de  gants  prises  chez  ce  dernier,  ont  coûté  39  sols.  La 
lingère  fait  payer  20  sols  la  façon  de  quatre  paires  de  manchettes, 
six  coiffes  de  bonnet  et  six  mouchoirs. 

Ajoutons  enfin  que  Robert  donne  à  Tabbesse  de  la  Trinilédu  Dorât, 
pour  le  trousseau  de  sa  sœur,  religieuse  dans  ce  monastère,  «  20 
aulnes  de  sarge  de  deux  esteintes,  amarante  cramoisy,  constant 
32  sols  1/2  l'aulne;  il  y  ajoute  pour  60  livres  «  d'estamine  pour 
faire  lincieux  et  chemises  ». 

11  serait  facile  de  multiplier  les  citations. 

J.-B.  Champeval. 


LA 


COMMUNE  DR  SAINT-LÉONARD  DE  NOBLAT 


AU   XIII*   SIÈCLE 
(Suite)  (4) 


XI.   —  EIHQUÊTE  DB  1288  :  IMPOSSIBILITÉ  DE  CONGILIEH  LES  TÉMOIGNAGES 

QUI  Y    FIGURENT. 


Pas  plus  que  les  autres  arrêts  rendus  jusqu'alors  par  la  Cour  du 
Roi  dans  l'affaire  de  Saint-Léonard,  celui  de  la  Toussaint  1286 
n'offrait  le  caractère  d'un  jugement  définitif.  Rien  n'était  tranché  au 
fond,  et  les  décisions  du  Parlement  avaient  pour  seul  objet  de 
régler,  à  titre  provisoire  et  en  attendant  la  solution  de  toutes  les 
difficultés  pendantes,  l'exercice  des  droits  respectifs  dont  les  par- 
ties étaient  actuellement  en  possession. 

Le  procès  de  révoque  avec  les  consuls  avait  du  reste  donné 
lieu,  dans  cette  même  session  de  la  Toussaint  1386,  à  un  autre 
jugement  de  la  Cour  (2).  Gilbert  ne  demandait  pas  seulement  h  être 
remis  en  possession  des  droits  du  siège  épiscopal  :  il  poursuivait 
aussi  le  châtiment  des  rébellions  et  des  violences  de  la  commune. 

(i)  V.  Bulletin  de  la  Société  arch,  et  hUt,  du  Limousin^  t.  XIXVIl,  p. 
4  el  suiv. 

[%)  OîiiH.,  t.  H,  p.  357.  Il  n*est  pas  bien  sûr  que  cet  arrêt,  qui  est 
conçu  en  termes  très  généraux,  ait  trait  à  TafTaire  de  Saint-Léonard;  mais 
tout  donne  à  penser  qu'il  s'y  rapporte. 

T.  yxivui.  17 


2S0  SOClKTi'.  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTO&IQUK   DO   LIHODSIR. 

Le  Parlement  fit  droit  en  principe  à  sa  requête  sur  ce  point,  et 
condamna  les  bourgeois  à  Famende  ;  mais  il  fixa  le  montant  de 
celle-ci  à  cent  livres  au  lieu  de  mille,  chiffre  indiqué  par  le 
prélat. 

Les  évéques  de  Limoges,  accoutumés  depuis  longtemps  à  la  plus 
large  indépendance,  n*avaienl  pu  voir  sans  dépil  cette  liberté 
d'allures  diminuée  et  leur  influence  amoindrie  par  Tinstitutioa  des 
sénéchaux  du  Roi  de  France,  établis  dans  le  pays  dès  i248;  pea 
sensible  au  début,  Faction  de  ces  officiers  s'était  exercée  dans  toute 
la  province  avec  beaucoup  plus  d'énergie  et  d'une  façon  moins 
intermittente  depuis  la  restitution  à  Henri  III  d'une  portion  des 
territoires  des  trois  évéchés  de  Limoges,  Périgueux  et  Cahors. 
Jamais,  semble-t-il,  notre  pays  n'avait  subi  au  môme  degré  la  puis- 
sance centralisatrice  de  la  royauté.  A  cet  égard,  le  traité  d'Amiens 
peut  être  considéré  comme  le  point  de  départ  du  travail  d'assimi- 
lation définitive  de  la  région,  qui  fut  interrompu  quelques  années 
seulement  par  les  désastres  du  règne  de  Jean  II. 

En  s'efforçant  d'accroître  le  prestige  de  la  puissance  royale  et  de 
relever  son  autorité  effective  dans  une  province  que,  depuis  un 
siècle,  se  disputaient  rAngleterre  et  la  France,  les  sénéchaux  se 
heurtèrent  plus  d'une  fois  aux  privilèges  ou  aux  droits  du  siège 
épiscopal  de  Limoges.  Nous  avons  déjà  vu  un  différend  s'élever 
entre  l'évéque  et  le  délégué  du  Roi  dans  la  province,  à  propos  du 
serment  des  consuls  et  de  la  commune  de  Brive.  La  justice  de  la 
Cité  de  Limoges  donna  également  lieu,  sous  Tépiscopat  d'Aymeric 
de  La  Serre,  à  certains  débats  sur  la  nature  desquels  nous  sommes 
assez  mal  édifiés.  Gilbert  de  Malemorl,  à  son  tour,  eut,  dès  les  pre- 
mières années  de  son  administration,  d'assez  graves  démêlés  avec 
le  sénéchal  de  Poitiers.  Le  différend  parait  avoir  eu  pour  origine  la 
prétention  de  l'évéque  de  ne  pas  être  tenu  au  service  militaire,  et 
de  considérer  comme  ne  l'atteignant  pas  les  mandements  du 
sénéchal  enjoignant  aux  seigneurs  de  faire  publier  le  ban  et  de 
fournir  au  souverain  le  contingent  qu'ils  devaient  mettre  à  sa  dis- 
position. 

L'affaire  vint  devant  le  Parlement  :  celui-ci  jugea,  en  1280  (1),  que 
l'évéque  de  Limoges  devait  Tost  au  Roi  comme  les  autres  seigneurs 
terriens  de  son  diocèse.  D'autres  difficultés  surgirent  entre  Gilbert 
de  Malemortetle  sénéchal.  L'évéque,  appelé  devant  le  tribunal  de 
ce  dernier,  refusa  de  reconnaître  sa  juridiction  :  mais  ses  préten- 
tions ne  trouvèrent  pas,  auprès  du  Parlement,  un  accueil  favorable 
et  la  Cour  décida,  en  1287,  que  l'officier  royal  avait  le  droit  de  jus- 

(1)  OUm.,  t.  II,  p.  «69. 


LA   COHMUNEfDK   SAINT-LÉONARD   DR   NOBLAT  AU   XII1<^   SIÈCLE.  951 

licier  Tévêque  de  Limoges  (1).  Il  était  fait  toutefois  exception  pour 
le  procès  pendant  devant  le  Parlement  entre  le  prélat  et  les  deux 
communes  de  la  Cité  et  de  Saint-Léonard. 

Nous  avons  vu  plus  haut  à  quel  point  ce  procès  était  arrivé  à  la 
fin  de  Tannée  1286.  Les  bourgeois,  qui  s'étaient,  sans  trop  de  ré- 
sistance, résignés  à  prêter  serment  à  Tévôque,  ne  se  montraient 
point  d'aussi  facile  composition  en  ce  qui  avait  trait  à  l'exercice  de 
la  justice.  Ils  voyaient,  dans  l'institution  à  Saint-Léonard  d'un  pré- 
vôt à  demeure,  une  violation  flagrante  de  leurs  droits  ou  plutôt  une 
atteinte  à  l'état  de  choses  qu'ils  avaient  peu  à  peu  réussi  à  établir, 
en  profitant  des  circonstances  politiques  et  de  l'impuissance  où 
s'étaient  trouvés  réduits  quelques  évéques. 

Le  droit  de  justice  était,  on  le  sait,  de  beaucoup  le  plus  impor- 
tant de  ceux  qui  faisaient  l'objet  du  litige  ;  on  ne  peut  donc  s'éton- 
ner qu*il  fût,  de  tous,  le  plus  vivement  disputé  et  que  les  contradic- 
tions les  plus  nettes,  les  plus  inconciliables  se  produisissent  sur 
ce  point,  dans  les  dépositions  des  témoins  comme  dans  les  factums 
émanant  des  parties.  L'enquête  de  1280  n'avait  été  ni  assez  com- 
plète ni  assez  concluante  pour  édifier  à  cet  égard  la  religion  du  Par- 
lement; il  jugea  de  nouvelles  informations  indispensables,  et  une 
seconde  enquête  fut  ordonnée  au  cours  de  Tannée  1287.  Elle  devait 
porter  sur  deux  questionnaires  fournis  l'un  par  Tévêque,  l'autre  par 
les  consuls.  Voici  le  sens  général  des  articles  proposés  par  le  pre- 
mier, et  sur  lesquels  devaient  être  examinés  les  témoins  qu'il  se 
proposait  de  produire  : 

1°  L'évêque  est  seigneur  justicier  de  la  ville  de  Saint-Léonard; 

2®  Ses  officiers  y  ont  exercé  de  tout  temps  le  pouvoir  judiciaire, 
tenu  des  assises,  rendu  des  jugements,  fait  exécuter  les  condamna- 
tions prononcées  par  eux  ; 

S**  Les  habitants  de  Saint-Léonard  sont  justiciables  de  Tévéque, 
qui  possède  dans  leur  ville  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  : 
Aucun  privilège  ne  les  soustrait  à  la  prérogative  du  seigneur  ; 

4*  Ils  ont  usurpé,  sans  droit  et  sans  titre,  le  consulat,  la  caisse 
commune,  le  sceau  commun  et  tous  les  autres  attributs  de  com- 
mune :  ils  sont  de  simples  particuliers  et  ne  constituent  aucun 
corps  ; 

5<>  Les  soi-disant  consuls  et  leurs  adhérents  ont  troublé  Tévéque 
dans  la  jouissance  de  ses  droits  :  ils  ont  commis  des  rébellions  et 
des  violences  contre  ses  oflîciers,  —  maltraité,  notamment,  de  la 
façon  la  plus  grave  le  prévôt  épiscopal  ; 

(1)  OUm.,  1. 11,  p.  Î65. 


259  SOCIÉTÉ  ARCBéOLOOlQUE  BT  BISTORIOOB  DU  LIMOUSIII. 

6*  L'évéque  a  la  garde  et  la  police  des  foires;  il  a  la  police  de  la 
voirie  et  donne  les  alignements  ;  les  habitants  n'ont  pas  le  droit 
de  louer  la  partie  de  la  voie  publique  qui  est  au  devant  de  leur 
maison  ; 

7*  L'évéque  a  la  police  des  poids  et  mesures  ainsi  que  le  produit 
des  amendes  prononcées  en  cette  matière  ; 

9"  C'est  au  nom  de  Tévéque  que  se  publient  les  bans  et  criées; 

9**  Le  prélat  et  ses  officiers  lèvent  annuellement  un  droit  de  deux 
setiers  de  vin  sur  chaque  taverne  de  la  ville  ; 

10*  La  Torét  est  dans  la  mouvance  de  Tévéque  et  lui  appar* 
tient.  —  Il  y  avait  un  onzième  article.  Nous  n*avons  pu  en  déter- 
miner exactement  Tobjet. 

Le  canevas  sur  lequel  devaient  être  interrogés  les  témoins  appe- 
lés à  la  requête  des  consuls,  comporiait  neuf  propositions  princi- 
pales : 

1®  Les  consuls  de  Saint-Léonard  possèdent  le  consulat  au  nom 
de  la  commune;  ils  le  tiennent  du  Roi  :  ils  reçoivent  chaque  année, 
après  leur  élection,  le  serment  de  fidélité  de  tons  les  habitants; 

3®  La  commune  fournit  directement  le  service  militaire  au  Roi  ; 

3*  Les  consuls  ont  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  ;  ils  exer- 
cent toute  juridiction  dans  la  ville,  au  nom  de  la  conmiune  ; 

4<*  Les  consuls  font  crier  les  bans  en  leur  nom  et  au  nom  de  la 
commune  ; 

8"  Us  ont  la  garde  de  la  ville,  Tentretien  et  la  réparation  des 
murs,  tours  et  portes,  tiennent  les  clés  et  exercent  la  police  des 
foires  ; 

6"*  Us  ont  la  police  des  poids  et  mesures,  et  perçoivent  deux 
setiers  de  vin  sur  chaque  taverne  ; 

7*  Les  consuls  ont  la  police  de  la  voirie,  donnent  les  alignements 
aux  propriétaires  qui  veulent  construire,  et  on  ne  peut  édifier  sans 
leur  autorisation  aucun  bâtiment  à  Tintérieur  de  la  ville,  tout  au 
moins  aucun  bâtiment  confrontant  à  la  voie  publique;  les  particu- 
liers jouissent,  en  vertu  d'une  coutume  immémoriale,  du  droit  de 
louer,  pendant  les  foires  et  marchés,  une  partie  de  la  voie  publi- 
que, chacun  au  devant  de  sa  maison,  à  la  condition  de  laissa  au 
milieu  de  la  rue  un  passage  suffisant  pour  la  circulation  ; 

8**  Les  habitants  ont  des  droits  d'approvisionnement  dans  la 
forêt  et  peuvent  y  prendre  le  bois  de  chauffage  et  le  bois  de 
construction  dont  ils  ont  besoin  ; 

9*"  L'évéque  n'a  exercé  dans  la  ville  d'antres  droits  de  justice 
que  ceux  attachés  à  la  vigerie  qu'il  tenait  en  gage;  il  a  acquis  les 
droits  des  vigiers  depuis  le  commencement  du  procès  entamé 


LA   COmiUIfB   DK   SAIIfT-LF.ONAJlD   DR   NOBLAT  AU   XllI^'  SIÈCLE.  S53 

devant  le  Parlement,  pour  essayer  de  justifier,  dans  une  certaine 
mesure,  les  prétentions  sans  fondement  émises  dans  ses  intendit. 

Par  lettres  du  29  août  1287,  le  Roi  désigna  pour  procéder  à  la 
nouvelle  enquête  deu\  «  maîtres  »  du  Parlement  :  Philippe  Suard, 
chanoine  de  Laon,  et  Jean  de  Morancy.  Les  deux  commissaires  ne 
paraissent  pas  s'être  mis  sur  le  champ  en  rapport  avec  les  parties. 
On  les  voit  attendre,  pour  s'occuper  de  l'affaire,  un  nouvel  ordre 
de  Philippe  III,  daté  du  H  décembre  de  la  môme  année.  Trois 
jours  après,  un  chanoine  de  Rodez,  Flour  Agniy  leur  est  adjoint, 
en  raison,  semble-t-il,  d'un  empêchement  de  Philippe  Suard  ; 
mais  celui-ci  ayant  pu  remplir  sa  mission,  il  n'est  pas  autrement 
fait  mention  de  ce  Flour.  Le  29  avril  suivant,  les  enquêteurs  enjoi- 
gnent à  Simon  de  Paris,  sergent  du  Roi  de  France  à  Limoges, 
d'assigner  les  témoins  pour  le  dimanche  dans  la  quinzaine  de  la 
Pentecôte,  30  mai  1288.  Les  consuls  notifient  avant  ce  terme  (10 
mai),  aux  deux  envoyés  du  Parlement,  le  choix  de  leurs  procureurs  : 
Etienne  Faure  et  Nicolas  Desmoulins,  tous  deux  bourgeois  de 
Saint-Léonard.  Quant  à  l'évêque,  on  le  voit  représenté  tantôt  par 
un  prêtre  du  nom  de  Pierre  Dupin,  tantôt  par  deux  clercs,  soit 
Pierre  Durand  et  Robert  Maurel,  soit  Jacques  Gastard  et  P.  de 
Vallières. 

L'enquête  s'ouvrit-elle  à  la  date  indiquée?  Il  est  permis  d'en 
douter;  car  la  présence  de  Philippe  Suard  et  de  Jean  de  Morancy  à 
Saint-Léonard  ne  nous  est  signalée  par  les  documents  de  la  procé- 
dure que  le  vendredi  après  la  Saint-Clément  1288.  Qu'il  s'agisse  de 
la  Saint-Clément  du  23  novembre,  de  celle  du  4  décembre  ou  de 
la  fête  de  la  dédicace  de  l'église  de  Saint-Clément,  22  juillet,  il 
est  à  présumer  qu'il  y  a  une  erreur  dans  cette  indication.  Il  faut 
noter  qu'à  cette  date,  les  commissaires  ont  déjà  entendu  toute  une 
série  de  témoignages.  Nous  possédons  le  texte  des  dépositions  de 
quarante-un  témoins  :  vingt-sept  assignés  à  la  requête  de  l'évoque, 
et  quatorze  produits  par  les  consuls.  La  procédure  nous  apprend 
que  les  envoyés  du  Roi  durent  quitter  Saint-Léonard  le  lundi  sui- 
vant (la  pièce  indique  le  lundi  de  la  Pentecôte)  pour  se  rendre  à 
Tours,  où  ils  étaient  attendus  le  samedi  d'après.  Le  peu  de  temps 
dont  ils  pouvaient  disposer  les  empêcha  d'entendre  un  supplément 
de  témoignages  que  les  parties,  au  cours  de  l'enquête,  sollicitèrent 
Tautorisation  de  produire  (1). 


(i)  Voir  les  9*  et  3*  fraf^ents  des  pièces  analysées  ci-après  à  l'Appen- 
diee,  lettre  B. 


S54  SOClérft   ABCHtoLOGlQUB  BT   HISTORIQOB    DO   LIMOUSIN. 

De  cette  seconde  enquête,  nous  avons  en  somme  le  dossier  pres- 
que complet.  C'est  dans  son  ensemble  le  document  le  plus  inté- 
ressant, le  plus  caractéristique  et  le  plus  circonstancié  qui  nous  ail 
été  conservé  sur  l'organisation  et  Tétat  de  la  commune  de 
Saint-Léonard  au  xm*  siècle;  c'est  à  lui  que  nous  avons  emprunté 
la  plus  grande  partie  des  indications  données  aux  chapitres  précé- 
dents sur  les  institutions  municipales  de  la  petite  ville.  Pourquoi 
faut-il  que  nous  soyons  obligé  de  constater  en  même  temps  les 
contradictions  dont  il  est  rempli.  Et,  qu'on  nous  permette  de  le 
répéter  encore  une  fois,  ce  ne  sont  pas  seulement  des  différences 
de  détail  qu'on  relève  entre  les  témoignages  produits  par  une  des 
parties  et  ceux  fournis  par  l'autre  ;  ce  sont  des  antithèses  complè- 
tes, des  affirmations  absolument  opposées  et  inconciliables. 

L'existence  de  la  commune,  l'autorité  de  fait  exercée  depuis  un 
temps  immémorial  par  les  consuls,  le  service  militaire  fourni  an 
Roi  par  les  bourgeois,  ne  purent  toutefois  être  sérieusement  con- 
testés. Mais  il  fut  de  nouveau  établi  que,  depuis  le  commencement 
du  siècle,  tous  les  évéques  avaient  reçu  le  serment  de  fidélité  des 
habitants  (1);  que,  dans  une  occasion  au  moins,  ceux-ci  avaient  pris 
les  armes  pour  marcher  au  secours  de  l'évêque  (2)  ;  que,  si  cer- 
taines publications  concernant  exclusivement  la  commune  se  fai- 
saient au  nom  des  seuls  magistrats  municipaux,  les  bans  d'un  inté- 
rêt plus  général,  ceux  des  foires,  par  exemple,  et  ceux  se  rapportant 
à  l'exercice  de  la  justice,  étaient  criés  au  nom  de  l'évêque,  de  la 
«seigneurie»  et  des  consuls  (3).  Tout  cela  résultait  déjà  suffisamment 
des  témoignages  de  la  première  enquête. 

Quant  à  l'exercice  du  droit  de  justice,  chaque  partie  produit  des 
témoins  affirmant  que  seule  elle  le  possède.  Il  n'y  a  pas  d'explica- 
tion satisfaisante  à  tenter  de  ces  dires  opposés.  L'obscurité  et  la 
contradiction  demeurent  complètes.  Nous  avons  donné  déjà,  en 
parlant  des  attributions  des  consuls  et  des  privilèges  de  la  commune, 
le  résumé  des  témoignages  qui  la  représentent  comme  investie  du 
pouvoir  judiciaire  et  l'exerçant  dans  la  personne  de  ses  chefs.  Nous 
n'y  reviendrons  pas  ici  (4). 

Ce  que  cherche  surtout  à  établir  l'évêque,  au  moyen  des  déclara- 
tions de  ses  témoins,  c'est  que  ni  lui  ni  ses  prédécesseurs  ne  se 
sont  jamais  dessaisis  de  leurs  droits  de  seigneur  justicier  de  la 
ville  ;  qu'ils  les  ont  au  contraire  exercés  sans  opposition  et  sans 

(t)  App.,  G.  VII,  no*  «26,  127,  128, 439, 130,  130  bia,  131  et  suivants. 
(8)  Ibid,,  C.VII,  n»«  136  et  137. 

(3)  Ibid..C.  Vil,  n*»- 183,  etC.  IX,  194,  195,  196,  197,  198,  199. 

(4)  Voir  ci-dessus  chap.  VI,  p.  71, 


LA  COmiUNE   DB   SMNT-LÉONARD   DR  NOBLAT  AU   XIII'  SIÈCLE.  255 

interruption  depuis  soixante  ans  au  moins.  Il  résulte,  en  effet,  de 
Tensemble  des  témoignages,  que  les  évêques  ont  toujours  tenu  à 
Saint-Léonard  des  officiers,  sénéchaux,  prévôts,  sergents  (1);  que  ces 
officiers  ont  entendu  el  jugé  les  causes,  non-seulement  dans  la  salle 
épiscopale,  mais  dans  la  maison  de  Pierre  Astaix,  sous  le  porche  de 
Notre-Dame  ou  même  sur  la  place  publique  (2).  Les  témoins  men- 
tionnent un  certain  nombre  de  causes  civiles  portées  devant  le 
sénéchal  de  révoque  (3).  Ils  citent  même  une  affaire  dans  laquelle 
les  consuls  se  sont  présentés  pour  les  parties  devant  le  juge  épis- 
copal(4).  En  matière  criminelle  aussi,  les  exemples  ne  sont  pas 
.rares  de  causes  déférées  à  ce  dernier  et  de  condamnations  pro- 
noncées par  lui  et  ayant  reçu  aussitôt  leur  exécution.  Le  prévôt  de 
révoque  a  fait  pendre  nombre  de  meurtriers,  larrons,  faux  mon- 
nayeurs,  destructeurs  de  récoltes,  incendiaires  (S),  couper  la  main  ou 
le  pied  à  des  voleurs  (6),  amputer  Foreille  aux  auteurs  de  moindres 
méfaits  (7),  fustiger  certains  délinquants  parles  rues  (8),  bannir  des 
coupables,  des  complices  et  des  suspects  (9).  Il  a  prononcé  des 
amendes  (10).  Il  a  arrêté  et  incarcéré  (H),  exercé  la  police  de  la 
voirie  et  donné  des  alignements  (12)  ;  vérifié  les  mesures  :  aunes  cou- 
dées, pintes  pour  le  vin,  setiers  pour  les  grains,  et  perçu  des  amendes 
pour  celles  qu'on  a  reconnu  non  conformes  aux  usages  du 
lieu  (13).  Il  a  même  reçu,  et  reçu  seul,  des  gens  tenant  taverne,  en 
valeur  ou  en  nature,  les  deux  setiers  de  vin  auxquels  ils  sont  taxés 
suivant  la  coutume  (14).  Enfin,  il  a  exercé,  à  l'exclusion  des  officiers 
de  la  commune,  la  police  des  foires  et  marchés  (15).  En  un  mot 
beaucoup  de  témoignages  de  l'enquête  nous  montrent  Tévêque  et  ses 
officiers  exerçant  seuls  toutes  les  attributions  qui  semblent,  d'après 
d'autres,  exclusivement  dévolues  aux  magistrats  municipaux,  —  et 
cela  à  la  même  date. 

(0  Append.,  C.  VIII,  no»  U3,  443,  153,  elc. 
(3)  IbLd.,  VIII,  no»  UO,  U1,  U2,  147,  H8. 

(3)  Jbid.y  VIII,  n  »  U5,  U6,  U7,  H8,  H9,  ^50,  151,  I5i. 

(4)  Ibid.y  VIII.  no  150. 

(5)  Ibcd.,  C.  VIII,  no»  153,  155,  157,  160,  165,  166,  «67. 

(6)  Ibid.,  n«*  154,  156. 

(7)  Ibid.,  n"»  169,  161,  168. 

(8)  Ibid.,  n"  171. 

(9)  Ibid.,  no»  159,  162,  163. 

(10)  /6td.,  no»  164,  169. 

(H)  Jbid.,  no»  153,  156,  158,  161,  163. 
(1î)  Ibid,,  no  171  bis. 

(13)  Ibid.,  no»  172,  173,  174, 175, 476,  177. 

(14)  Ibid.,  no  179. 

(15)  Ibld.,  no  183. 


956  sociftri  arcbAologiqui  et  historiqdi  do  imoutiif. 

Plusieurs  témoins  affirment  non  seulement  que  Févéqae  a  joui 
en  paix  de  ces  droils  et  que  ses  officiers  les  ont  exercés  sans  réâs- 
tance  de  là  part  dé  la  population,  mais  que  les  consuls  eux-mêmes 
ont,  en  mainte  occasion,  explicitement  reconnu  leur  autorité.  Ain» 
ces  magistrats  sont  intervenus  auprès  d'Âudier  Normand  lui-même 
pour  implorer  sa  pitié  en  faveur  d'un  pauvre  diable  qui  avait  Tolé 
des  fèves  (1).  Dans  un  autre  cas,  informés  d'une  mort  violeole, 
suicide,  accident  ou  crime,  ils  ont  prévenu  du  fait  les  officiers  de 
l'évéque  et  attendu  que  ceux-ci  se  fussent  transportés  sur  les  lieux 
pour  le  constater  (3).  Enfin,  le  gardien  de  la  régale,  qui  n'est  in- 
vesti d'aucun  autre  droit  que  de  ceux  appartenant  au  siège  épisco- 
pal,  a,  dans  une  autre  occasion,  condamné  les  consuls  à  une  amende 
pour  avoir  indûment  reçu  une  plainte  :  ils  se  sont  dessaisi  de  la 
plainte  et  ont  payé  l'amende  (3). 

Nous  avons  dit  que  tous  les  témoignages  adjugent  exclusivement 
le  pouvoir  judiciaire  à  une  des  parties.  Deu)L  ou  trois,  néanmoins, 
sont  conçus  en  termes  moins  afOrmatifs  ;  mais  il  semble  que  les  per- 
sonnes interrogées  ne  se  rendent  pas  bien  compte  de  l'objet  du  litige. 
Une  seule  déposition,  très  précise,  atteste  l'existence  d'une  associa- 
tion qu'il  serait  intéressant  d'étudier  d'après  d'autres  témoignages, 
et  cette  déposition  mérite  d'autant  p^us  l'attention  qu'elle  émane  d'un 
officier  de  justice,  Elie  Panabeus,  prévôt  des  seigneurs  de  Noblai. 
Le  témoin  nous  fait  assister  à  une  audience.  Le  sénéchal  ou  le  pré- 
vôt de  l'évoque  siège,  assisté  des  chevaliers  de  Noblat  et  des  con- 
suls. Il  semble  diriger  les  débats  ;  mais  quand  ils  sont  clos  et  que 
le  moment  de  rendre  l'arrêt  est  venu,  on  le  voit  se  tourner  vers 
ses  assesseurs  :  «  Que  vous  en  semble?  leur  demande-t-il.  Le 
malfaiteur  qui  est  ici  présent,  sous  telle  inculpation,  je  vous  pro- 
pose de  le  condamner  (ou  de  l'absoudre,  selon  le  cas).  Quelle  est 
votre  opinion?  Telle  peine  me  semble  devoir  être  appliquée.  J'ajou- 
terai à  cette  peine  si  c'est  votre  avis;  je  la  réduirai  si  vous  pensez 
qu'elle  soit  trop  sévère.  »  -—  Et  ainsi,  ajoute  le  témoin,  le  sénéchal 
de  l'évéque  rendait  la  sentence  d'après  Tavis  de  ceux  qui  l'assis- 
taient (4). 

Parmi  les  propositions  qui  figurent  au  canevas  de  l'enquête  de 
1288  et  dont  il  n'avait  pas  été  question  à  la  précédente,  il  faut 
noter  les  deux  articles  contradictoires  relatifs  au  droit  dont  jouis- 
saient les  particuliers  de  Saint-Léonard  de  louer  aux  marchands 

(1)  Append.,  C.  VIII,  n«  171. 
(t)  Ihid.,  n«  no. 

(3)  Ibid,,  tfi  «60. 

(4)  Ihld.,  C.  VIII,  no  165. 


LA   COMMUNE  DR  SAINT -LiONABD   DB   NOBLAT  AQ   XIII®  SIÈCLE.  )57 

forains,  les  jours  de  foire  el  de  marché,  la  portion  dç  la  voie  publi- 
que s'étendant  au-devant  de  leur  maison,  et  d'y  installer  des  bancs 
crctalagistes  et  des  tentes  (1).  Cet  usage,  vraisemblablement  fort 
ancien,  est  catégoriquement  affirmé  par  plusieurs  témoignages 
sérieux  et  nié  de  la  façon  la  plus  expresse  par  révoque.  Il  y  a  quel- 
que raison  de  penser  que  les  bourgeois  réussirent  à  le  faire  main- 
tenir et  qu'ils  en  étaient  encore  en  possession  au  xV  siècle.  Les 
nécessités  de  la  circulation  restreignaient  seules  l'exercice  de  ce 
droit;  il  fallait  qu'entre  les  tentes  et  les  bancs  un  passage  suffisant 
demeurât  libre. 

On  pense  bien  que  les  affirmations  des  témoins  produits  par  une 
des  parties  n'étaient  pas  accueillies  sans  protestation  par  les  pro- 
cureurs de  la  partie  adverse,  fort  attentifs  à  toutes  les  particula- 
rités des  dépositions,  à  tous  les  incidents  de  Tenquôte.  Presque 
toutes  les  personnes  assignées  à  la  requête  de  l'évêque  sont  récu- 
sées ou  tout  au  moins  suspectées  par  les  consuls  :  elles  ont  intérêt 
au  procès,  sont  les  hommes  liges  du  prélat,  appartiennent  à  sa 
maison,  ou  bien  encore  on  les  connaît  pour  les  ennemis  de  la  com- 
mune. Ce  sont  de  mauvais  religieux,  des  prêtres  indignes,  sacri- 
lèges même Du  côté  de  Gilbertde  Malemort,  onfait  entendre  des 

articulations  non  moins  énergiques,  mais  qui  semblent  parfois 
plus  précises.  La  plupart  des  témoins  des  bourgeois  possèdent 
des  biens  situés  dans  les  limites  de  la  commune  et  par  suite  doi- 
vent être  considérés  comme  parties  dans  la  cause;  les  autres  sont 
de  pauvres  diables  ou  de  mauvais  garnements,  dont  on  a  acheté  le 
serment  et  la  conscience,  fort  suspecte  du  reste  (2).  11  en  est  même 
un,  Pierre  Goudelli,  clerc,  ancien  mallre  des  écoles  de  la  ville  de 
Saint-Léonard,  que  Tévêque  accuse  de  trigamie  (3). 

Naturellement  la  partie  qui  a  produit  le  témoin  mis  en  suspicion 
proieste  ;  «  C'est  un  bon  témoin,  apte  à  déposer  dans  la  cause, 
honorable  de  tout  point  et  digne  de  foi  (4).  »  Pour  les  personnes 

(1)  Dicit...  quod  commorantcs  locant  plateas  vacuas  ante  domos  suas 
venienUbos  ad  nandlnas  et  mercala,  aliquotiens  duos  denarioa  et  aliquo- 
tiens  quatuor,  a  sexaginta  annis...  Non  crédit  quod  dicta  locacio  voniat 
in  communi  (Pierre  Tulonis).  —  Quilibet  burgensium  explectat  ante  doinum 
suam,  tempore  nundinarum  et  mercatoruni,  faciendo  logias  el  slalos, 
prout  sibi  placet,  duranlibus  nundînis  et  mercatis  (Fr.  Vincent,  templier). 

(3)  Quod  ipse  est  vilis  persona,  pauper,  maie  famé  el  conduclus  precio 
a  gerentibus  se  pro  consulibus. 

(3)  Appendice,  D,  n»  5. 

(4)  Procuratores  dicunt  eos  esse  bonos,  ydoneos  et  fidèles,  et  non  esse 
coaductos  nec  corruptos, 


958  SOCIÊTB  ARCHiOLOGlQUt  KX  HISTORIQUE  DO  UMODSIN. 

n*habi(ant  pas  Saint-Léonard  et  qu'ils  ont  fait  citer,  pour  trois 
ou  quatre  bourgeois  de  Montauban  entre  autres,  les  consuls  pro- 
duisent de  curieux  certificats  de  bonnes  vie  et  mœurs,  émanant  de 
Tautorité  municipale  du  lieu  de  leur  domicile.  On  trouvera  à  l'ap- 
pendice plusieurs  de  ces  attestations  (i). 

Deux,  templiers,  frère  Mathieu  Des  Moulins  et  frère  Vincent,  ori- 
ginaires de  Saint-Léonard,  figurent  parmi  les  témoins  produits  en 
faveur  de  la  commune;  le  premier  appartient  à  une  des  familles 
les  plus  anciennes  de  cette  ville;  il  parait  élre  frère  ou  cousin  d'un 
consul  qui  a  été  Tâme  de  la  résistance  et  parent  d'un  des  deux 
procureurs  de  la  ville  :  Mathieu  lui-même  est  accusé,  parle  procu- 
reur de  Gilbert  de  Malemort,  d'avoir  été  Tun  des  instigateurs  de  la 
révolte  des  bourgeois  avant  son  entrée  en  religion,  qui  ne  remonte 
qu'à  sept  ou  huit  ans  (2). 

Au  nombre  des  témoins  de  l'évoque,  on  remarque  plusieurs  che- 
valiers et  damoiseaux  appartenant  aux  familles  féodales  du  châ- 
teau de  Noblat,  et  cinq  ou  six  juristes,  valets  ou  sergents  du  Roi  de 
France,  dont  quelques-uns  ont  été  gardiens  de  la  régale  ou  juges 
pendant  la  vacance  du  siège  épiscopal  de  Limoges. 

Notons  que  le  droit  de  régale  a  été  très  régulièrement  exercé 
par  le  Roi  de  France  dans  le  diocèse  de  Limoges  après  la  mort  de 
chacun  des  évoques  :  nous  pouvons  le  constater  à  partir  de  1235. 

On  trouve  au  procès  le  nom  des  officiers  qui  ont  exercé  ces  fonc- 
tions :  c'est  Nantier  et  Raoul  de  Laron  (3),  après  la  mort  de  Gui  de 
Clusel;  plus  tard  un  sergent  du  Roi,  nommé  Larbalète;  ensuite 
Rertrand  de  Vassignac,  puis  Jean  de  Sainville,  Guillaume  de 
Razès,  etc. 

Il  faut  dire  que  le  souvenir,  plus  ou  moins  net,  de  ce  qui  s'était 
passé  durant  ces  périodes,  d'un  retour  assez  fréquent,  puisque  le 
siège  de  Limoges  n'a  pas  été  occupé  par  moins  de  huit  évéques  au 
cours  du  xm*  siècle,  ne  contribuait  pas  peu  à  entretenir  la  con- 
fusion et  l'obscurité  du  procès.  Les  consuls  attribuaient  volontiers 
au  jeu  normal  et  régulier  de  l'autorité  royale,  à  l'exercice  de  ses 
droits  permanents,  des  actes  que  les  officiers  du  souverain  avaient 
accomplis  pendant  une  vacance  du  diocèse,  aux  lieu  et  place  de 
l'évéque  et  à  titre  intérimaire  en  quelque  sorte.  De  son  côté, 
Gilbert  de  Malemort  mettait  volontiers  au  compte  des  agents  de  la 

(<)  Append.,  D,  n«  2. 

(2)  Sa  déposition  se  trouve  sur  le  fragment  de  rouleau  que  non» 
n*avoD8  pu  retrouver.  ^Voir  Append.,  B.). 

(3)  f/6uron?  peut-être  Le vroux? 


LA  COmiUNK   DK   SAlNT-LiONAED   DR  NOBLAT  AU  XIII*  SIÈCLE.  259 

régale  toute  intervenlion  des  officiers  du  Roi  dans  les  affaires  du 
pays  et  spécialement  toute  démarche  faite  par  eux  auprès  des  chefs 
de  la  commune  de  Saint-Léonard,  tout  ordre  direct  envoyé  à 
ceux-ci,  lout  acte  dans  lequel  ses  droits  de  seigneur  immédiat 
n'étaient  ni  affirmés,  ni  réservés  ou  tout  au  moins  rappelés.  Celle 
constatation  peut  rendre  compte  de  certaines  difficultés;  mais  la  plu- 
part des  contradictions  que  nous  avons  signalées  à  Tenquéte  restent 
pour  nous  à  peu  près  inexplicables. 


XII.  —  RÀTIIAUD  DE  LA  PORTE,  Ë\ÊQUE  DE  LIMOGES.  —  ÉCHOS  DE  LA  LUTTE 
ENTRE  LE  PAPE  ET  LE  ROI  DE  FRANCE.  —  LA  JUSTICE  CIVILE  DE  SAINT- 
LÉONARD,  d'abord  MISE  A  LA  MAIN  DU  ROI,  EST  ADJUGÉE  A  L'ÉVÉQUE. 

On  ne  voit  pas  que  Tenquôte  de  1288  ait  eu  de  résultats  immé- 
diats. Au  surplus  les  pièces  que  nous  avons  entre  les  mains  ne 
nous  renseignent  pas  d'une  façon  précise  sur  cette  phase  de 
l'affaire.  De  1386  à  1308,  le  texte  d'aucun  des  arrêts  successifs 
rendus  par  le  Parlement  sur  le  procès  de  Tévéque  de  Limoges 
avec  les  bourgeois  de  Saint-Léonard  ne  nous  a  été  conservé;  nous 
ignorerions  même  la  tournure  que  prit  l'affaire  et  la  suite  des 
événements,  si  quelques  mentions  éparses  dans  les  anciens  regis- 
tres de  l'évéché  ne  nous  fournissaient  certaines  indications  et  si 
nous  ne  trouvions  dans  un  factum  assez  détaillé  de  Raynaud  de 
La  Porte,  un  sorte  d'historique  sommaire  des  phases  du  différend 
au  cours  des  dernières  années,  historique  malheureusement  bien 
rapide  et  conçu  en  termes  trop  généraux  (1). 

Cet  historique  ne  commence  que  vers  1301,  et  toute  la  période 
comprise  entre  1289  et  1300  nous  reste  à  peu  près  inconnue.  D'un 
passage  du  registre  ilc  singularemde  l'évéché,  il  résulterait  qu'en 
1291,  le  lundi  avant  la  fête  de  la  Toussaint,  un  commissaire  royal, 
Naude  d'Auxerre,  se  serait,  sur  Tordre  exprès  de  Philippe  IV, 
transporté  à  Saint-Léonard  pour  enjoindre  aux  consuls  d'avoir  à 
obéir  aux  prévôt  et  officiers  du  Roi  et  de  révêque(2);  mais  il  y  a  toute 
raison  de  penser  que  la  date  indiquée  est  fautive  et  que  la  mention 
se  rapporte  à  des  faits  postérieurs  à  l'établissement  du  Pariage. 
11  semble  au  surplus  qu'une  détente  se  soit  produite  dans  les  der- 
nières années  de  la  vie  de  Gilbert  de  Malemort,  et  que  les  hosti- 

(I)  Append.,  D,  n<»  9. 

(3)  Evôché  :  Reg.  Ac  singularem,  fol.  385,  v«. 


360  SOClÊTft   ARCHÉOLOGIilUB  BT  ■UVailQUI   DU   LlMOQStlf. 

lités  ontre  Tévéque  et  les  bourgeois  n'aient  pas  recommencé  dès 
le  début  de  Tépiscopat  de  son  successeur,  Raynaud  de  La  Porte. 
Celui-ci,  nommé  en  1294,  vit  son  élection,  d'abord  approuvée  par 
le  pape  Boniface  YIII,  annulée  peu  après  sous  le  prétexte  que 
Gélestin  III  s'était  réservé  la  disposition  de  l'évéché  de  Limoges. 
Raynaud  ne  fut  reconnu  définitivement  et  intronisé  qu^en  1297  {!'. 
On  comprend  que,  durant  ces  trois  années  de  négociations  avec 
le  Saint-Siège,  de  tiraillements  et  d'incertitudes,  le  proeès  de 
Saint-Léonard  ait  été  un  peu  perdu  de  vue. 

Une  difficulté  d'une  autre  nature  avait  surgi,  en  1287,  entre 
révéque  de  Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard,  au  sujet  de 
l'imposition  d'une  taille  sur  les  biens  des  clercs.  Ceux-ci  se  pré- 
tendaient exempts  et  Gilbert  de  Malemort  avait  porté  leurs  récla- 
mations devant  le  Parlement.  La  Cour  prononça  cette  fois  en 
faveur  des  consuls.  Elle  déclara,  vers  le  commencement  de  Tannée 
1288,  que,  si  les  magistrats  municipaux  n'avaient  pas  le  droit  de 
soumettre  le  patrimoine  de  l'Église  au  paiement  des  contributions 
pour  l'entretien  et  la  réfection  des  murailles,  et  pour  les  dépenses 
des  autres  services  communaux,  ils  pouvaient  comprendre  au  rôle 
de  leur  taille  les  héritages  appartenant  aux  clercs  à  titre  per- 
sonnel (4). 

Ce  procès  n'avait  rien  de  commun  avec  la  grande  querelle 
dont  nous  cherchons  à  retracer  ici  les  phases  successives.  Toute- 
fois la  solution  qui  lui  fut  donnée  confirmait  en  quelque  sorte  les 
privilèges  des  bourgeois  et  proclamait  une  fois  de  plus  lexis- 
tence  de  fait  et  de  droit  de  la  commune. 

Un  nouvel  arrêt  du  Parlement  suivit-il  le  dépôt  du  dossier  de 
l'enquête  et  le  rapport  des  commissaires?  Nous  l'ignorons  absolu- 
ment. Peut-être  quelques  productions  nouvelles  furent  elles 
réclamées  aux  parties  et  le  retard  apporté  à  les  fournir  fit-il 
perdre  le  procès  de  vue  à  la  Cour?  Quoiqull  en  soit,  une  accalmie 
dut  se  produire,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  ;  car  dix  années 
s'écoulent  sans  quil  nous  soit  possible  de  constater  aucune  trace 
soit  de  procédures,  soit  de  scènes  de  violence  analogues  à  celles 
dont  on  a  trouvé  plus  haut  le  récit. 

Des  événements  étrangers  à  la  cause  elle-même  pourraient  bien 
avoir  exercé  une  action  décisive  sur  la  dernière  période  du  différend 
et  sur  son  issue.  Mais  à  peine  nous  est-il  permis  de  les  entrevoir. 

(t  )  Lboros,  Mémoires  pour  seroir  à  VMstoire  des  évéques  dé  lÀmo^eê, 
p.  334.  —  Gall.  christiana  nova,  l.  Il,  p.  53^. 

(S)  Inventaire  des  Archives  nationales.  Boutabic  :  Aeten  du  ParUméni, 
t,I,  p.  440,411, 


LA  COMVUKB  DB   SAUfT-LfiONARD   DB  NOBLAT  AU   XIII®  SIECLE.  361 

Le  rôle  de  Raynaud  de  La  Porte  au  cours  du  grav<5  différend  qui 
éclata  entre  le  souverain  Pontife  et  le  Roi  de  France,  n'a  pas  été 
élndié  avec  Tatlention  qu'il  semble  mériter.  On  voit  Tévéque  de 
Limoges  prendre  part  au  concile  de  la  province  de  Bourges  tenu 
à  Glermont,  en  1294,  et  où  un  subside  est  voté  au  Roi.  On  le  re- 
trouve à  rassemblée  générale  des  évoques  convoquée  par  Philippe 
à  Paris,  le  27  mai  1296  ;  il  y  assiste,  seul  de  toute  la  province  de 
Bourges,  avec  l'évoque  du  Puy  (1).  On  sait  quelles  protestations 
s'élevèrent  contre  cette  assemblée, qui  avait  consenti  à  accorder  un 
décime  au  Roi.  Les  prélats  furent  accusés  d'avoir  «  tendu  le  dos 
en  silence  et  évité  le  combat  du  Seigneur  pour  la  maison  disraêl  »; 
ils  furent  traités  de  «  chiens  muets  ne  sachant  pas  même 
aboyer  »  (2). 

Mais  en  1302,  lorsque  Boniface  YIII  convoque  un  concile  à 
Rome,  révoque  de  Limoges  quitte  son  diocèse,  malgré  la  défense 
Tormelle  du  Roi;  il  est  à  Rome  le  !•'  novembre,  jour  fixé  pour 
l'ouverture  du  concile  (3).  Quatre  archevêques  et  trente-cinq 
évéques  français  seulement  se  trouvent  présents.  On  sait  que  beau- 
coup de  prélats  n'avaient  pas  cru  pouvoir  répondre  à  l'appel  du 
souverain  Pontife  et  avaient  chargé  trois  d'entre  eux  de  se  rendre 
auprès  de  lui  pour  exposer  les  motifs  de  leur  conduite.  Philippe 
donna  ordre  à  ses  sénéchaux  de  saisir  le  temporel  de  tous  les 
êvéques  qui  avaient  enfreint  ses  défenses.  Quelques  indices 
pourraient  donner  à  penser  que  cet  ordre  fut  exécuté  dans  le 
diocèse  de  Limoges.  Toutefois  il  est  permis  de  se  demander  si  c'est 
vraiment  contre  la  défense  du  souverain  que  Raynaud  de  La  Porte 
se  serait  rendu  à  Rome.  N'y  alla-t-il  pas,  soit  chargé  d'une  mis- 
sion par  SCS  confrères,  soit  à  titre  d'agent  du  Roi?  Son  altitude 
avant  et  après  ce  voyage  ne  rend  improbable  ni  l'une  ni  Tautre  de 
ces  hypoUîèses. 

Quoiqu'il  en  soit,  si  Tévéque  de  Limoges  encourut  un  instant  la 
colère  du  Roi,  il  ne  tarda  pas  à  rentrer  en  grâce.  Sa  présence  est 
signalée  aux  assemblées  tenues  au  Louvre  les  13  et  18  juin  1303. 
L'abbé  de  Beaulieu  s'y  trouvait  avec  lui.  On  sait  que  les  membres 
de  ces  deux  assemblées  firent  acte  solennel  d'adhésion  à  la  cause 
de  Philippe,  s'engagèrent  à  ne  pas  se  considérer  comme  déliés  de 


(1)  D.  Martenne,  Thésaurus  Anecdotorum^  t.  I,  col.  S77  et  1S86; 
RouTARic,  Documents  relatifs  à  l'Histoire  de  France  sous  Philippe  le  Bely 
passim. 

(2)  Terga  facile  praebuisse  ac  pugnam  pro  domo  Israël  in  prselio  Do- 
mini  évitasse...  Canes  muti  qui  non  valent  lalrare. 

(3)  Vrlly,  Histoire  de  France,  l.  VII,  p.  Sîfi. 


263  SOCléTÉ  ARCRéOLOGlQUR  ET   HISTORIQUB   DU   LIMOUSIM. 

leur  devoir  d'obéissance  par  les  lettres  du  Saint-Siège  les  relcYan: 
du  serment  de  Gdélité  prêté  au  souverain,  et  demandèrent  la  con- 
vocation d'un  concile  œcuménique  pour  juger  Boniface  VIII,  décla- 
rant qu'ils  appelaient  d'avance  à  ce  concile  de  toutes  les  sentences 
d'excommunication  et  autres  que  le  pontife  pourrait  fuImiDer 
contre  eux. 

Aussitôt  commence  une  singulière  campagne  en  vue  d'un  appel 
à  l'opinion,  unique  dans  l'histoire  de  France.  Des  clercs  du  Roi 
parcourent  le  royaume  tout  entier,  s'arrôtant  dans  chaque  ville, 
dans  chaque  abbaye,  convoquant  les  communes,  réunissant  l^< 
chapitres,  exposant  les  griefs  de  la  Couronne  contre  le  souverain 
Pontife,  demandant  au  nom  du  Roi  Tadhésion  de  tous  les  corpf, 
de  toutes  les  communautés  aux  résolutions  des  assemblées  du 
Louvre  et  à  l'appel,  à  un  concile  général,  de  tous  les  actes  qu'il  >  .1 
lieu  de  redouter  de  la  part  de  Boniface  VIII.  Non  seulement  lt^> 
bourgeois  du  Château  de  Limoges,  de  la  Cité  et  de  Saint-Junieu, 
mais  le  chapitre  calhédral,  le  prieur  général  et  les  religieux  «lu 
monastère  de  Grandmont,  le  prieur  et  la  communauté  de  Sain;- 
Martial  de  Limoges  firent  des  déclarations  conformes  aux  désir> 
de  PhiUppe  IV.  Procès-verbal  fat  dressé  de  ces  délibérations  1  . 
Plusieurs  de  ces  assemblées,  celle  de  la  commune  du  Château  «lo 
Limoges,  par  exemple,  s'étaient  tenues  dans  des  églises  (2). 
e  L'envoyé  du  Roi  en  Limousin  était  Jean  d'Auxois,  grand  chan- 
tre de  réglise  d'Orléans  et  clerc  du  Parlement,  très  mêlé  aux  affai- 
res poHtiques  durant  quinze  ou  vingt  années.  Il  était  accompagne, 
semble-t-il,  de  plusieurs  ecclésiastiques,  de  Pasquier  de  Blois, 
chanoine  de  Péronne,  et  d'un  autre  chanoine,  Pierre  de  La  Tour- 
nelle,  entre  autres.  Ce  fut  dans  les  dix  derniers  jours  du  mois  d'aoùi 
1303,  que  l'envoyé  de  Philippe  IV  traversa  le  Limousin;  il  venaii 
du  Languedoc  et  se  dirigeait  sur  Bourges.  De  là  il  devait  gagner  le 
diocèse  de  Poitiers. 

Jean  d'Auxois  se  heurta  sans  nul  doute  à  plus  d'un  refus.  Les 
documents  conservés  aux  archives  nationales  ne  nous  permelteni 
toutefois  de  noter,  dans  le  diocèse  de  Limoges,  qu'un  seul  exemple 
de  résistance  aux  désirs  du  Roi^^Les  Frères  Prêcheurs  du  couvent 
de  la  ville  épiscopale  déclarèrent  qu'ils  avaient  député  auprès  do 
Philippe  IV  leurs  supérieurs  et  qu'ils  croyaient  devoir  attendre  les 
instructions  de  ces  derniers. 

(I)  Ces  procès  verbaux  sont  conservés  aux  Archives  nationales,  J  480 
et  J  490.  Nous  en  avons  pris  la  copie. 

(3)  Celle  des  bourgeois  du  Château  se  tint  dans  Téglise  de  Saînt-Pieire- 
du-Queyroix. 


LA  COXHUNB   DE  SAINT-LÉONAUD   DB  NOBLAT  AU  XIll®    SlitCLK.  363 

Deux  mois  plus  tard,  dans  la  seconde  quinzaine  d'octobre,  le 
clerc  Ju  Roi  passa  de  nouveau  à  Limoges.  Il  relourna  au  couvent 
des  Frères  Prêcheurs,  somma  les  religieux  au  nom  du  Roi  de  lui 
donner  une  réponse,  et  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  l'obtenir  favorable  : 
ses  prières  et  ses  menaces  demeurèrent  vaines.  Les  fils  de  saint 
Dominique  persistèrent  dans  leurs  refus;  ils  déclarèrent  que  le 
prieur  provincial  avait  été  chargé  de  faire  connaître  leur  réponse  à 
Philippe  IV,  au  nom  de  tous  les  prieurs  et  de  toutes  les  commu- 
nautés de  Tordre,  et  qu'ils  avaient  lieu  de  croire  que  cette  réponse 
était  parvenue  au  Roi(l).  Dans  toutes  ou  presquetoutes  les  maisons 
des  Dominicains,  la  même  réponse  fut  rendue  aux  commissaires  de 
Philippe  IV.  Des  mesures  d'une  extrême  rigueur  furent  prises  con- 
tre ces  religieux  dans  quelques  villes  :  à  Montpellier  notamment,  où 
Denis  de  Sens  se  trouvait  à  la  fin  de  juillet,  les  Frères  Prêcheurs, 
sollicités  par  lui  de  donner  leur  adhésion  aux  actes  de  l'assemblée 
du  Louvre,  ayant  refusé  et  déclaré  qu'ils  ne  pouvaient  répondre 
sans  l'autorisation  de  leurs  supérieurs,  reçurent  l'ordre  de  sortir  du 
royaume  dans  les  trois  jours  (2j. 

Il  n'est  pas  question  de  l'évéque  de  Limoges  aux  procès-verbaux 
des  assemblées  tenues  à  cette  occasion  ;  mais  Raynaud  de  La  Porte 
ne  put  se  montrer  hostile  à  ce  singulier  appel  au  peuple,  qui  n'est 
pas  un  des  actes  les  moins  extraordinaires  du  règne  de  Philippe  le 
Bel,  si  plein,  si  mouvementé,  si  digne  d'étude.  La  grande  mani- 
festation d'opinion  publique  provoquée  par  le  Roi  n'était  que  la 
conséquence  des  assemblées  du  Louvre.  L'évéque  demeura  ferme 
dans  sa  fidélité  à  la  cause  du  Roi  :  il  assista,  seul  de  la  province 
avec  l'évéque  de  Mende,  au  concile  de  Bourges  réuni  pour  voter 
sur  une  nouvelle  demande  de  subsides. 

Nous  avons  dit  que,  dans  les  premières  années  de  Tépiscopat  de 
Raynaud,  une  détente  s'était  produite  dans  la  lutte  entre  l'évéque  et 
les  consuls  de  Saint-Léonard.  Quelques  indications  des  archives  de 
lévéché  pourraient  même  faire  croire  que  les  bourgeois  s'étaient 
décidés  à  se  soumettre,  au  moins  sur  certains  points.  On  trouve, 
en  effet,  à  un  registre  auquel  nous  avons  déjà  emprunté  maint  ren- 
seignement, mention  d'une  importante  déclaration  faite  au  nom 
de  la  commune,  s*il  faut  en  croire  une  note  marginale,  par  les 
consuls,  le  lundi  avant  la  saint  Barnabe  1396  (3)  :  ils  reconnaissent 
que  l'évéque  de  Limoges  a  le  droit  d'exiger  chaque  année,  la  veille 

(1)  Archives  naiionales,  J  400,  n©  70a. 

(2)  BouTARic  :  La  France  sous  Philippe  le  Bel^  p.  387 . 

(3)  Reg.  Tuœ  hodie,  fol.  52,  r*  et  84,  v». 


304  SOCIÉTÉ  ARGBÉOLOGIQITK  ET  HISTORIQUE  DD  LIMODSIK. 

de  Noël,  de  chaque  boucher,  une  côte  et  ane  tête  de  bœuf;  à  la 
même  époque,  de  chaque  marchand  de  sel  de  la  ville,  une  demi- 
émine  de  sel  ;  de  percevoir  un  denier  de  salage  sur  tous  les  mar- 
chands étrangers  vendant  des  cuirs  aux  foires.  Ils  confessent  enfin 
que  le  prélat  possède  des  revenus  sur  certaines  maisons  et  terre:» 
tant  dans  la  ville  qu'à  Textérieur,  le  fiau  ou  le^/raw,  qui  est  dâ  le 
jour  de  TAssomplion,  la  gâche  (guet)  due  le  jour  de  la  fête  de  salut 
Michel;  mais  tous  ces  droits  il  faut  bien  le  remarquer,  relèvent 
de  la  vigerie,  et  les  consuls  n'ont  garde  de  ne  pas  insister  sur  ce 
point  (1).  La  commune  parait,  on  Ta  vu  plus  haut,  n'avoir  jamais 
contesté  la  possession  de  certains  droits  par  les  vigiers,  représen- 
tants en  somme  des  seigneurs  de  Noblat  et  dont  il  est  souvent  parlé 
au  procès  ;  ceux-ci  y  sont  plusieurs  fois  désignés  sous  cette  dénomi- 
nation bizarre:  les  Jamborteus{i)y  dont  nous  avons  en  vain  cherché 

(1)  Le  passage  en  question,  deux  fois  copié  an  Reg.  Tuœhodie^  fol.  51, 
v<*,  et  84  yo,  donne,  avec  plus  de  détails  et  quelques  différences,  la  men- 
tion qu'on  trouve  en  note  au  chap.  ni  ci-dessus,  p.  54,  diaprés  le  registre 
O  Domina,  Nous  le  reproduisons  ci -dessous  : 

Item  in  eodem  cophino  sunt  quedam  lictcre  cum  uno  sigillo,  signate 
per  dupplicem  d.  d.,  continentes  quod  consules  ville  Nobiliacensis  pro  se  cl 
communilate  dicte  ville  recognoverunt  et  confessi  fuenint  dominum  épis- 
copum  Lemovicensem  habere  super  carnifices  dicte  ville,  videlicet  super 
quolibet  carnifice  carnes  bovis  seu  bovium  vendente,  quolibet  anoo,  in 
vigilia  Nativitalis  Domini,  quandam  costam  (alUu  testam)  bovis  nomine 
vigeric  dicte  ville,  recipiendam  more  consueto;item,  supra  mercalores  ex- 
traneos  vendenles  coria  in  nundinis  [duos  denarios,  et  super  habitatori- 
bus  ejusdem  ville  vendentibus  eliam  coria  in  diclis  nundinis]  nnnm  dena- 
rium,  quod  publicc  solagium  vocatur;  item,  supra  vendentes  sa!  in 
dicta  villa,  videlicet  super  quolibet  vendente,  dimidiam  cminam  salis, 
quolibet  anno  in  Nativitale  Dominl;  item,  supra  ccrta  loca  domorum 
et  terrarum  sitarum  in  dicta  villa  et  extra,  recognoverunt  Ipsum  domi- 
num episcopum  habere  certos  redditus  qui  vocanlur  publice  Ià  Fraa 
{ou  Fiau)  in  quolibet  festo  Assumplionis  Béate  Mario,  et  plura  alia  jura 
pcrtinentia  ad  dictam  vigeriam;  item  recognoverunt  ipsum  dominum  cpîs- 
copum  habere  supra  ccrta  loca  domorum  eciam  et  terrarum  certos  red- 
ditus qui  vocantur  La  Gâcha  in  quolibet  festo  Beali  Micaells  :  quorum 
omnium  {sic)  habere  jus  Icvandi  cl  percipicndi  ipsum  dominum  episcopum 
recognoverunt,  et  omnibus  causis  molis  intcr  cos  coram  domino  senescalto 
Lemovicensi  renunciavcrunt,  promittentes  contra  in  aliquo  non  vcnîre.' 

(9)  Cum  oiim  episcopi  qui  pro  tempore  fnerunt,  habaissentab  ipsis  Los 
Jamborteus  :  Aymerico  Bruni,  milite,  et  ejus  comportionariis,  nomine 
galjerie,  vigeriam  quam  habebant  in  dicta  villa,  et  Johannes  Paula  et  ejus 
pater  jure  hereditario  tenuissent  et  leneanl  medietatem  dicte  vigerie  pro 
dictis  Los  Jamborteusy  etc.  (^Arch.  Haute- Vienne,  Evêché,2440). 


LA   COMHUNB   DK  SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT  AU   Xlll<^  SIÈCLE.  2G5 

l'explicalioQ(l)  ;  mais  tout  en  reconnaissant  au  moins  d'une  façon 
tacile  les  droits  des  vigiers,  les  consuls  protestaient  contre  l'acqui- 
sition, au  cours  du  procès,  de  la  vigerie  par  l'évoque,  acquisition 
qui  modifiait  Fétat  de  choses  sur  lequel  le  Parlement  avait  été 
appelé  à  statuer  lorsque  le  procès  s'était  engagé. 

Cette  acquisition,  celle  notamment  faite  en  1293,  de  Jean  Faute, 
agissant  pour  lui  et  les  siens,  avait  été  suivie  d'un  procès  entre 
révoque  et  les  consuls,  par  devant  le  sénéchal  (2).  La  reconnais- 
sance mentionnée  plus  haut  mettait  fin  au  procès:  les  consuls  décla- 
raient se  désister  expressément  de  leurs  revendications. 

En  1300  ou  1301,  un  arrêt  favorable  à  l'évoque  avait  été  rendu  par 
le  Parlement;  nous  n'en  connaissons  pas  la  teneur;  mais  des  let- 
tres du  Roi  du  vendredi  avant  la  Noël  1301,  prescrivant  l'exécution 
de  cet  arrêt,  nous  ont  été  conservées.  Il  y  est  dit  que  les  injonc- 
tions de  la  Cour  devront  recevoir  leur  entier  accomplissement;  que 
tous  les  obstacles  apportés  jusqu'alors  par  les  consuls  à  l'exercice 
des  droits  de  l'évoque  devront  disparaître  et  que  les  bourgeois  de 
Noblat  paieront  au  Roi  une  amende  de  mille  livres  tournois  et  au 
prélat  une  somme  de  trois  cents  livres,  à  titre  de  dommages  inté- 
rêts (3).  Peu  après,  le  sénéchal  de  Poitiers,  qui  plaidait  en  ce  mo- 
ment contre  Raynaud  de  La  Porte  devant  le  Parlement  au  sujet  de  la 
mise  sous  séquestre  de  la  justice  de  la  Cité  de  Limoges,  revendi- 
quée par  l'officier  du  Roi  comme  appartenant  à  son  maître,  rece- 
vait ordre  d'assurer  aux  arrêts  de  la  cour  obéissance  et  respect. 

La  justice  civile  de  Saint-Léonard  fut  mise  à  la  main  du  Roi  le 


{i)  Ce  nom  ne  pourrait-il  pas  venir  de  Jaubert? On  a  vu  plus  haut  qu'un 
chevalier  de  Noblat  de  ce  nom  avait  précisément  engagé  la  vigerie  k 
révoque. 

(2)  Peut-être  est-ce  à  cette  occasion  que  le  sénéchal  avait  établi  deux 
sergents  royaux,  que  le  Parlement  lui  interdit  de  maintenir. 

(3)  ...  Quod  judicata  predicta  tenebunt,  et  intègre  fiel  et  expicbitur 
execulio  eorumdem;  et  impedimenta  super  hiis  eidem  episcopo  oppo- 
sila(?)  amovebuntur;  et  quod  dicti  Nobiliacenses,  pro  prcdiclis  eorum  ino- 
bedienciîs,  nobis  solvent  mille  libras  turonenses  pro  emenda,  ac  dicto 
episcopo  trecentas  libras  turonenses  pro  suis  dampnls  (Arch.  Haute- 
Vienne,  fonds  de  TEvôché,  liasses  diverses).  —  Lictere  régie  continentes 
quod,  per  arrestum,  dicti  consules  Nobiliacenses  fucrunt  omnino  exclusif 
quantum  ad  possessorium,  a  cognicione  causarum  civilium,  et  quod  quan- 
tum [ad]  emendas  in  quibus  ipsi  consules  fuerunt  condempnati  proptcr 
eorum  inhobedicntias  etexcessus:  Régi,  in  mille  libris,  et  episcopo Lemo- 
vicensi,  in  trecentis  libris,  amplius  non  audircnlur,  et  dicta  con- 
dempnacio  execucioni  demandaretur  {Ibid,,  Evèché,  Heg«  Tuœ  hodie^ 
fol.  35,  ro). 

T.  xxxvuu  48 


966  SOCIÉTB  ARCHÉOLOGIQUE  Et   BISTOhIQDB  DU   LIMOUSIH. 

mercredi  90  février  4303,  au  témoignage  des  aQciens  registres  de 
rEvôclië  (2).  II  est  vraisemblable  que  l'attitude  de  Raynaad  de  La 
Porte,  dans  le  difféiend  de  Boniface  VIII  et  de  Philippe  IV,  fut 
étrangère  à  Taffiire,  car  un  autre  registre  nous  apprend  que 
le  séquestre  devait  durer  «  jusqu'au  prochain  parlement  »  (3;;  : 
un  clerc  du  nom  de  Jean  Chauvet  était  investi  des  fonctions  de 
juge  à  titre  provisoire. 

Pour  éclairer  sa  religion  sur  ce  chef  spécial,  le  Parlement 
ordonna  une  troisième  enquête.  De  cette  dernière,  aucun  lémoi- 
gnage,  croyons-nous,  n'a  été  conservé;  du  moins  n'en  avons-nous 
pu  retrouver  un  seul.  On  constate  seulement  que  la  commission 
pour  procéder  à  cette  enquête  fut  donnée  à  Etienne  Bourrel,  sous- 
doyen  de  Poitiers,  clerc  du  Roi,  et  à  Jean  d'Harblay —  de  Arre- 
blayo  —  chevalier  du  Roi  et  sénéchal  du  Périgord.  Ils  sont  nona- 
més  tous  les  deux  à  un  acte  du  samedi  après  la  Quasimodo  (30 
avril)  de  l'année  1303. 

Le  8  mars  1304,  vieux  style  (1305),  la  justice  était  encore  à  la 
main  du  Roi  et  Jean  Chauvet  continuait  à  occuper  la  charge  de 
juge  civil  malgré  les  protestations  de  l'évéque;  mais  cette  situation 
touchait  à  sa  (in  :  cette  même  année,  le  Parlement  déclara  que 
la  justice  civile  appartenait  au  prélat  et  elle  fut  en  effet  remise 
à  Raynaud  de  La  Porte  par  rofficier  à  qui  le  sénéchal  en 
avait  confié  l'exercice  :  rien  n'étant  d'ailleurs  modifié  au  contenu 
des  arrêts  précédents  en  ce  qui  a  trait  à  la  justice  criminelle  (3). 

C'est  surtout  sur  les  Incidents  de  la  dernière  phase  de  l'affaire, 
—  celle  qui  suit  l'arrêt  de  1303,  —  que  le  mémoire  de  l'évéque 
nous  fournit  de  précieux  renseignements. 

Les  consuls  ne  se  soumirent  pas  à  la  décision  du  Parlement; 
ils  prétendirent  que  l'arrêt  rendu  en  faveur  de  l'évéque  ne  portait 
en  rien  atteinte  à  leur  droit  de  connaître  des  causes  civiles  dont 
leurs  concitoyens  leur  déféraient  le  jugement.  Ils  firent  si  bien 


(1)  Le  40  des  calendes  de  mars  1302,  vieux  sL  (Reg.  Ttiœ  kodU, 
fol.  36,  vo). 

(3)  Reg.  Ac  singularem^  fol.  326,  327. 

(3)  Pcr  arrcstum  curie  diclum  fuit  quod  manus  regia  amoveretur  de 
causis  civilibus  de  villa  de  Nobiliaco.  De  cognilione  causarum  civilium 
prediclarum  diclus  cpiscopus  vel  ejus  prepositus  expleclabit,  et  consules 
dicte  ville  cum  diclo  episcopo  vel  ejus  preposito  incarcerabunt  et  justicia- 

buQt Quod  per  arreslum  curie,  causa  cognila,  dicli  gerentes  se  a  pos- 

scssione  causarum  civilium  penitus  fuerunl  exclusi  (Procédures,  5*  frag- 
ment). 


LA   COMMUNR   DE   SAINT-LEONARD  DE   NOKLAT  AU   XIII<>   SIÈCLE.  267 

qu'ils  oblinrent  du  sénéchal  de  Poitiers  un  mandement  prescrivant 
une  information  sur  ce  point  précis.  L'évéque  forma  opposition. 
L'affaire  revint  devant  le  Parlement,  qui,  après  s'être  montré  dans 
un  premier  arrêt  favorable  à  Tévêque,  parut  un  moment  disposé  à 
admettre  les  prétentions  de  la  commune,  tout  au  moins  à  les  exa- 
miner avec  bienveillance;  et,  comme  les  consuls  affirmaient  que  le 
dossier  des  premières  enquêtes  avait  élé  perdu,  et  d'un  autre  côté 
prétendaient  qu'ils  étaient  troublés  par  Tévêque  dans  l'exercice 
des  droits  garantis  par  la  coutume  aux  chefs  de  la  bourgeoisie  (1),  ils 
obtinrent  un  arrêt  ordonnant  une  nouvelle  enquête;  mais  l'ancienne 
ayant  été  retrouvée  et  la  vérité  connue,  cette  enquête,  ou  simple- 
ment Tordre  d'y  procéder  fut  annulé  (2). 

Presque  aussitôt,  les  consuls  revinrent  à  la  charge  :  ils  firent  si 
bien  qu'ils  réussirent  à  obtenir  une  seconde  fois  de  la  cour  un 
arrêt  portant  qu'il  serait  procédé  à  une  enquête.  Mais,  de 
rechef,  sur  les  protestations  de  Tévêque,  le  Parlement  revint  sur 
sa  décision;  l'affaire  fut  arrêtée  et  toute  la  procédure  depuis  la  res- 
titution de  la  justice  civile  à  l'évéque  annulée  (3).  Les  bourg,  ois  ne 
se  tinrent  pas  pour  battus  et  s'efforcèrent  de  regagner  encore  une 
fois  l'oreille  du  Parlement;  ce  fut  en  vain.  La  cour  repoussa  leurs 
prétentions,  déclara  qu'elle  ne  pouvait  ordonner  une  enquête  sur 
une  matière  jugée;  il  fut  enjoint  au  sénéchal  de  Poitou  de  faire  exé- 
cuter les  arrêts  et  d'obliger  la  commun.^  à  se  soumettre,  à  payer 
au  Roi  l'amende  à  laquelle  elle  avait  été  condamnée  en  1301  et  à 
indemniser  l'évéque. 

Vaincus  sur  ce  point,  les  consuls  essayèrent  de  conserver  au 
moins  la  police  des  poids  et  mesures,  alléguant  qu'elle  appartenait 
à  la  juridiction  criminelle  et  non  à  la  juridiction  civile.  Une  sen- 
tence du  sénéchal  déclara  qu'elle  dépendait  de  cette  dernière,  les 

(I)  Gonsulcs  Nobiliaci  conquesti  fuerunt  quod  dominas  episcopus  l.c- 
movieensis  ipsos  impediebat  in  posscssione,  in  qua  erant^  cognosccndi 
inlcr  parles  de  causis  civilibus,  ob  quod  pluries  faerat  commissum  infor- 
macioncm  super  premissis  fieri;  quarum  alique  fuerant  deperdilc  (Tuœ 
hodie,  f.  35,  r^).  —  Asserucrunt...  quod  episcopus  impediebat  ces  in  cogni- 
lionc  causarum  civilium,  et  impetraverunt  commissionem  quod  super  hoc 
nquircretur  (Factura  de  l'évoque). 

{Vj  Guria,  comperla  verilate,  prediclam  inqueslam  annullavit,  cl  de  hoc 
exstat  litlera  curie  (ihld.). 

(3)  Intormacio  fuit  per  judicium  curie  annullata,  et  de  hoc  cxslat  Mi- 
tera curie  (Mém.  de  révoque.)  — Demum,  visis  litteris...  annullaliono  prio- 
ns informacionis  per  Parlamenli  judicium  facta,  secunda  informacio  per 
ipsius  Parlamenli  judicium  fuit  totaiiter  annullata  (H«g.  Tuœ  hodie^ 
fol.  35,  r«). 


268  SOCIÉTÉ  ARCBÉ0L061QDB  ET  HISTOEtQOB  DU  LIMOCSIIf. 

contrevenants  étant  passibles  d'une  peine  pécuniaire  seulement, 
d'après  la  coutume  du  pays.  La  commune  essaya  d'empêcher  les 
officiers  de  Tévêque  de  vérifier  les  poids  et  mesures;  il  fut  de  nou- 
veau enjoint  aux  consuls  et  aux  bourgeois,  de  la  part  du  Parlement 
et  du  sénéchal,  de  cesser  toute  résistance.  Cet  ordre  leur  fut 
signifié  par  Jean  de  Gômpiègne  —  un  sergent  du  Roi  sans  doute 
—  qui  dut  non  seulement  leur  défendre  de  troubler  le  prévôt 
de  l'évéque  dans  l'exercice  de  la  justice  en  ce  qui  se  rapportait 
aux  causes  civiles,  mais  aussi  leur  iûterdire  toute  connaissance  de 
ces  causes,  sous  peine  d'un  châtiment  exemplaire. 


XIII.  —   INTERVENTION  DU  ROI  ;   ARTICLES    DU    PROCUREUR    DE    LA    COU- 
RONNE.   —  MÉMOIRE   DE    L'ÉVÊQUE. 


Trente  années  s'étaient  écoulées  depuis  le  jour  où  le  différend 
entre  l'évéque  de  Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard  avait 
été  porté  devant  la  Cour  du  Roi  ;  depuis  quinze  ans  les  enquêtes 
prescrites  par  le  Parlement  sur  le  fond  même  de  la  cause  étaient 
terminées  et  rapportées.  L'une  et  l'autre  parties  avaient  présenté 
leurs  conclusions.  Toutes  les  allégations,  tous  les  moyens  avaient 
clé  examinés,  tous  les  incidents  vidés.  Le  procès  semblait  épuisé  et 
il  ne  manquait  plus,  au  volumineux  dossier  du  greffe,  que  l'arrêt 
décisif  devant  mettre  fin  à  cette  longue  querelle  (1). 

En  attendant  avec  confiance  une  solution  définitive,  l'évéque  tra- 
vaillait sans  se  lasser  à  obtenir  des  habitants  de  Saint-Léonard  la 
reconnaissance  des  droits  dont  les  divers  arrêts  prononcés  jusqu'à 
ce  jour,  auraient  dû  lui  assurer  la  jouissance;  mais  la  résistance 
que  rencontraient  ses  officiers  ne  faiblissait  pas.  Tantôt  passive, 
tantôt  violente,  cette  résistance  s'exerçait  avec  certaines  apparences 
de  légalité  et  la  commune  avait  toujours  à  faire  valoir,  pour  l'ex- 
pliquer, sinon  pour  la  justifier,  quelque  argument  plus  ou  moins 
spécieux,  tiré  de  l'arrêt  même  qui  venait  de  condamner  ses  pré- 
tentions. Les  consuls  y  trouvaient  toujours,  en  effet,  quelque  point 
obscur  ou  ambigu,  quelque  lacune,  dont  ils  savaient  tirer  parti  en 
tournant  toute  phrase  douteuse  au  profit  de  leurs  prétentions. 

(I)  Super  premissis  liligaverunt  cum  diclo  domino  modo  per  trigÎDU 
annos  et  amplius...  Sunl  inqueste  factc,  et  super  hiis  est  conclusum  hinc 
et  inde,  jam  quindecim  anni  sunt  elapsi,  et  jam  non  restât,  nisi  quod 
feratur  sententia  {Procédures,  5«  fragment). 


LA  COMMUNE  DE  SAINT -LÉONARD   DE   NOBLAT  AU   XllI*  SIÈCLE.  S69 

Leur  cause,  néanmoins,  semblait  perdue,  et  nous  ne  voyons 
guère  sur  quoi  ils  purent  s'appuyer  pour  continuer  la  lutte  après 
les  ordres  du  Parlement  obtenus  par  le  prélat  en  1308  et  1306.  Ils 
ne  désarmèrent  point,  pourtant  :  n'avaient-ils  pas,  dès  lors,  quel- 
que motif  de  compter  sur  Tintervention  d'un  puissant  auxiliaire,  et 
ne  pressentaient-ils  pas,  s'ils  ne  le  savaient  pertinemment,  que 
l'affaire  allait  changer  de  face? 

Raynaud  de  La  Porte  somma  le  sénéchal  de  faire  respecter  ses 
propres  injonctions  et  celles  de  la  Cour  suprême.  L'officier  royal  ne 
répondit  pas  à  cette  mise  en  demeure.  Celle-ci  fut  renouvelée  dans 
les  termes  les  plus  énergiques  et  les  plus  pressants.  Le  sénéchal  fit 
la  sourde  oreille. 

La  mauvaise  volonté  de  l'officier  du  Roi  était  flagrante.  Elle  ne 
pouvait  s'expliquer  que  par  des  instructions  récemment  adressées 
au  sénéchal  et  inspirées  par  les  calculs  politiques  des  conseillers  du 
Roi.  A  force  de  revenir  devant  le  Parlement,  l'affaire  de  Saint- 
Léonard  avait  uni  par  appeler  l'attention  de  Philippe  IV  et  de  son 
entourage.  Longtemps  on  n'avait  pas  prêté  l'oreille  aux  allégations 
des  consuls,  et  on  n'avait  considéré  leur  thèse  que  comme  un 
moyen  de  défense,  un  argument  de  procédure  plus  spécieux  que 
solide  ;  on  parut  peu  à  peu  y  accorder  quelque  importance.  Nul 
doute  que  les  bourgeois,  voyant  le  succès  de  leur  cause  très  com- 
promis, n'aient  fait  de  grands  efforts  pour  obtenir  que  le  Roi  fit 
valoir  ses  droits  à  rencontre  de  ceux  de  l'évêque  et  se  décidât  enfin 
à  se  porter  partie  au  procès. 

Ces  efforts  auraient,  sans  doute,  réussi  plus  tôt,  si  la  commune 
avait  consenti  à  s'effacer  complètement  et  à  laisser  le  Roi  se  substi- 
tuer, pour  ainsi  dire,  à  elle  :  on  trouve  trace  des  pourparlers  qui 
furent  engagés  en  vue  de  donner  à  l'affaire  cette  tournure  plus 
nette  ;  mais  les  bourgeois  ne  purent  se  résoudre  à  se  retirer  com- 
plètement ^u  procès  et  à  déclarer  que  leurs  magistrats  n'avaient 
jamais  été  que  les  préposés  de  la  Couronne,  comme  les  consuls  de 
certaines  bastides  royales.  Tout  en  avouant  le  Roi  pour  leur  sei- 
gneur immédiat,  ils  continuèrent  à  affirmer  et  à  défendre  leurs 
libertés  communales,  à  invoquer  en  leur  faveur  la  garantie  de  la 
coutume  non  moins  que  celle  résultant  de  l'octroi  du  souverain. 

Quoiqu'il  en  soit,  l'évêque  ne  s'aperçut  pas  seulement  à  l'inertie 
du  sénéchal  du  changement  qui  s'était  opéré  à  son  endroit  dans 
les  dispositions  du  Roi  et  de  son  conseil  par  rapport  à  l'affaire  de 
Saint-Léonard.  La  rébellion  persistante  des  consuls  l'inquiétait 
moins  que  les  complications  qu'il  pouvait  déjà  entrevoir.  Il  conce- 
vait de  sérieuses  appréhensions  qui  ne  tardèrent  pas  à  être  justifiées. 


970  BOCIAtÉ  ARCDÉOLOGIQUC  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIV. 

En  effet,  quand  le  procès  revint  devant  le  Parlement,  euire  les 
deux  parties  qui,  depuis  trente  années,  se  trouvaient  en  présence, 
on  en  vit  tout  à  coup  surgir  une  troisième  :  le  Roi  s'était  décidé  à 
intervenir.  Son  procureur  exposa  les  raisons  de  cette  intervention. 

Il  avait  été,  suivant  lui,  établi  au  cours  des  diverses  phases  du 
procès,  que  le  Roi  ne  pouvait  rester  désintéressé  dans  le  débat  qui 
s'agitait  entre  révoque  de  Limoges  et  les  consuls  de  Saint-Léonard. 
Ceux-ci,  en  effet,  n'étaient  que  les  officiers  du  souverain,  ses  délé- 
gués. Du  Roi  seul  ils  tenaient  les  droits  qu'ils  possédaient.  En  son 
nom  et  par  son  investiture,  ils  jouissaient  de  la  juridiction  haute, 
moyenne  et  basse  ;  ils  exerçaient  la  justice  pour  son  compte  ;  ils 
avaient  reçu  de  lui  la  garde  de  la  ville,  de  ses  remparts,  de  ses 
tours,  de  ses  fossés  et  les  clés  de  ses  portes.  Tout  cela,  la  com- 
mune, dans  la  personne  de  ses  magistrats,  le  tenait  en  fief  immé- 
diat du  Roi,  et  devait  à  celui-ci,  à  raison  de  ce  fief,  Thommage  et  le 
serment  de  fidélité  (1). 

L'organe  officiel  de  la  Couronne  exposait,  dans  un  factum  dont 
nous  ne  possédons  pas  le  texte,  les  preuves  des  droits  réclamés  par 
lui  au  nom  du  souverain  et  celles  de  la  mouvance  directe  de  la  ville 
(Je  Saint-Léonard.  Il  s'efforçait  d'établir  que  la  seigneurie  et  la  jus- 
lice  de  cette  \111e,  comme  celles  de  la  Cité  de  Limoges,  appartenaient 
au  Roi,  et  demandait  en  conséquence  qu'elles  lui  fussent  définitive- 
ment adjugées.  11  parlait,  du  reste,  pour  le  compte  des  consuls 
comme  au  nom  du  Roi,  et  proclamait  les  droits  de  la  commune,  eu 
affirmant  ceux  de  son  maître  (2). 

A  ce  factum,  l'évêque  riposta  par  un  long  et  intéressant 
mémoire  qu'on  retrouve  dans  un  des  rouleaux  du  procès.  Il  nous  a 
paru  nécessaire  d'en  indiquer  les  points  principaux  et  d'en  donner 
une  rapide  analyse. 

(I)  Âsscruit  idem  procurator  pro  domino  Bege  quod  ipsi  gerenles  se 
[pro  consulibus]  pro  jure  suc  cl  pro  consulalu  prediclo,  quem  tcnebaot  a 
Rcge,  habebanl  altam,  mcdiam  et  bassam  justiciam  et  omnimodam  jusli- 
ciam  ab  anliquo...  que  premissa  lenebant  in  feodum  a  Rege,  et  pro  pre- 
diclis  faciebanl  homagium  et  juramcntum  fidelitatis...  Asseruit  idem  pro- 
curator domini  Régis  quod  omnia  que  speclant  ad  altam,  mediam  et  bassam 
jusliciam,  et  omnimodam  juridiclionem, et  quod  fortalicia,  mûri,  fossata  et 
porte  ville  et  claves  earum  cranl  ipsorum  se  gerentium  et  quod  ea  lene- 
bant dicti  gerentes  a  domino  Rege...  Fer  ipsos  ui  pcr  ministros  Rex  in 
dicta  villa  utitur  alla,  bassa  et  média  justicia.  (Appendice,  B,  5«  fragment). 

(I)  On  trouvera  à  l'appendice  D,  n^  7,  les  articles  donnés  pour  le 
Pioi,  qui  se  trouvent  allachés  à  la  suite  d'un  des  rouleaux  de  renquéte  do 
1288. 


LA   GOMMDirB  DE  SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAF   AU   XIU®  SIECLE.  271 

Le  prélat  ne  se  laisse  pas  effrayer  par  l'intervention  du  Roi  et 
n'abandonne  aucune  de  ses  prétentions.  Il  réclame  avec  énergie  le 
bénéfice  des  divers  arrêts  obtenus  jusqu'ici  du  Parlement  et  dé- 
clare qu'il  n'entend  ni  renoncer  à  la  situation  résultant  de  ces 
arrêts  ni  laisser  de  nouveau  mettre  ses  droits  en  question.  Il  rap- 
pelle qu'il  est  seigneur  temporel  de  la  ville  de  Saint-Léonard  à  la 
suite  des  prélats  ses  prédécesseurs  ;  qu'il  en  a  le  gouvernement  et 
la  défense;  qu'il  les  tient  directement  du  Roi,  à  foi  et  hommage, 
comme  seigneur  immédiat  et  baron.  Il  formule  de  nouveau  toutes 
ses  revendications  concernant  la  justice  pleine  et  entière  de 
la  ville  et  constate  que  le  Parlement  les  a  reconnues  bien  fon- 
dées. 

Le  serment  prêté  au  Roi  dans  des  circonstances  exceptionnelles 
et  en  vue  de  l'intérêt  général,  par  les  prétendus  consuls  et  les  habi- 
tants, ne  prouve  rien  en  faveur  de  la  thèse  qu'ils  s'efforcent  de 
faire  accepter  à  la  Cour.  Il  y  a  en  France,  et  en  particulier  dans  la 
sénéchaussée  de  Périgueux  et  dans  celle  de  Poitiers,  de  laquelle 
dépend  Saint-Léonard,  un  grand  nombre  de  villes  plus  impor- 
tantes, plus  célèbres  que  celle-ci,  et  ne  possédant  aucun  droit  de 
justice.  Les  consuls  ou  les  échevins  de  ces  villes  n'ont  d'autre  auto- 
rité, d'autres  attributions  que  celles  qu'ils  tiennent  du  seigneur 
immédiat  et  que  celui-ci  a  consignées  dans  leur  charte.  Le  seigneur 
demeure  en  possession  de  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  comme 
de  tous  les  droits  dont  il  n'a  pas  fait  abandon. 

En  ce  qui  concerne  les  bourgeois  de  Saint-Léonard,  ils  ne  peu- 
vent justifier  de  leurs  droits  prétendus.  Depuis  peu  ils  ont  un  sceau 
et  un  hôtel  de  ville  qu'ils  ont  toujours  déclaré  posséder  au  nom  de 
leur  commune,  et  non  pas  au  nom  du  Roi,  comme  ils  l'assurent  à 
présent.  Or,  la  coutume,  le  droit  et  la  raison  veulent  qu'ils  n'aient 
pu  acquérir  les  libertés  de  la  commune  sans  un  privilège  ou  un 
litre  concédé  par-leur  seigneur  immédiat;  ce  privilège  n'a  jamais 
été  accordé  par  les  évêques  de  Limoges.  Les  bourgeois  ont  usurpé 
lélat  de  commune  sans  droit  et  au  mépris  du  serment  de  fidélité 
prêté  par  eux  à  tous  les  prélats  qui  se  sont  succédé  sur  le  siège 
épiscopal.  Ils  violent  ce  serment  en  empiétant  sur  le  domaine  de  leur 
seigneur,  et  en  assurant,  dans  leurs  libelles  mensongers,  qu'ils 
tiennent  leurs  privilèges  d'un  octroi  du  Roi  de  France.  Ils  n'ont  pas 
le  droit  d'avouer  celui-ci  pour  seigneur  au  préjudice  de  leur  sei- 
gneur direct,  et  le  Roi  lui-même  n'a  pas  le  droit  de  recevoir  un 
pareil  aveu. 

Etl'évêque,  reprenant,  un  à  un,  tous  les  arguments  qu'il  a  fait 
valoir  contre  les  prétentions  de  la  commune,  lui  dénie  de  nouveau 
toute  organisation,  tout  privilège.  Les  habitants  de  Saint-Léonard 


973  SOCIETE  ARCHÉOLOGIQUE  BT   HISTORIQUE  DU   LINOGSItl. 

ont  pu  tenir  des  réunions  pour  traiter  d'affaires  ayant  un  intérêt 
commun.  Ils  ont  pu  môme  charger  quelques  prud'hommes  de 
s'occuper  spécialement  de  ces  affaires  ;  mais  ils  ne  forment  point 
un  corps  et,  en  tant  que  collectivité,  n'ont  pas  d'existence  légale, 
ne  sauraient  par  conséquent  revendiquer  aucun  droit.  S'ils  en 
possédaient,  ils  ne  pourraient  les  tenir  que  de  Tévéque  deLimoges, 
leur  seigneur  immédiat,  et  jamais  le  prélat  ne  s'est  dessaisi,  en 
leur  faveur,  d'aucune  portion  de  son  domaine. 

Le  prélat  aborde  ensuite  un  sujet  plus  délicat.  Il  s'agit  de  répon- 
dre aux  allégations  du  procureur  du  Roi  et  de  repousser  les  pré- 
tentions de  la  Couronne.  Raynaud  de  La  Porte  ne  songe  pas  à 
contester  les  prérogatives  que  Philippe  IV  tient  de  sa  qualité  de 
seigneur  supérieur  et  de  la  majesté  royale.  Il  reconnaît  que  lo 
souverain  a  pu  demander  et  recevoir,  à  son  avènement,  le  serment 
de  fidélité  des  hommes  des  diverses  villes,  dans  le  ressort  des 
sénéchaussées  de  Poitiers,  de  Limoges  et  de  Périgueux;  mais 
c'était  à  la  suite  d'événements  graves  et  dans  des  circonstances 
extraordinaires  ;  il  s'agissait,  quand  les  villes  furent  appelées  à 
prêter  ce  serment  pour  la  première  fois,  d'assurer  la  paix  du 
royaume  et  le  maintien  de  la  tranquillité  publique.  L'exercice  par 
le  Roi  de  sa  prérogative,  en  cette  occurrence,  ne  saurait  avoir  pour 
effet  de  priver  de  ses  privilèges  les  plus  incontestables,  de  ses 
droits  essentiels,  le  seigneur  immédiat,  ni  de  porter  en  quoi  que 
ce  soit  atteinte  à  son  domaine. 

Et  que  le  procureur  de  la  Couronne  n'allègue  pas  on  ne  sait  quel 
droit  de  seigneurie  directe  du  Roi  sur  la  ville  de  Saint-Léonard. 
Où  est  l'origine  de  ce  droit?  Quand  et  comment  a-t-il  été  réclamé, 
reconnu,  exercé?  Tout  le  monde  sait  qu'en  Limousin  et  en  parti- 
culier dans  la  portion  de  la  province  où  est  située  cette  ville,  le 
roi  ne  possède  ni  propriété  directe  ni  domaine  inunédiat  (1).  Il  est, 
dans  la  contrée,  seigneur  supérieur,  pas  autre  chose,  et  il  n'y 
exerce  qu'à  ce  titre  et  en  cette  qualité,  soit  la  juridiction,  soit  toute 
autre  prérogative.  Tous  les  droits  directs  sont  aux  mains  de  sei- 
gneurs, qui  les  tiennent  en  fief  de  lui. 

Il  n'y  a  pas  longtemps,  au  surplus,  que  le  nom  du  Roi  a  été  pro- 
noncé dans  le  procès,  et  qu  il  a  été  question  des  droits  directs  de 
la  Couronne  sur  Saint-Léonard.  Les  consuls  n'avaient  jamais  parlé 
de  ces  droits,  et  ne  paraissaient  pas  se  soucier  beaucoup  de  leur 

(1)  L'évoque  oubliait  la  bastide  de  Masléon,  fondée  par  Philippe  IV  en 
1289,  et  les  châteaux  récemment  acquis  des  héritiers  de  Gérald  de  Mau- 
mont. 


LA  COUMUNB  DE  SAIKT-L^ONARD   DE   NOBLAT   AU  WM^   SIÈCLE.  273 

existence.  Jamais,  dans  leurs  nombreux  différends  avec  le  siège 
épiscopal,  ils  ne  les  ont  allégués.  C'est  à  leur  profit  et  non  au  profit 
du  Roi  qu'ils  ont  tenté  d'empiéter  sur  les  droits  de  Tévéque,  qu'ils 
ont  cherché  à  usurper  la  juridiction  de  leur  ville,  et  ils  n'ont  jamais 
réclamé  ni  exercé  cette  juridiction  pour  le  compte  du  souverain; 
ils  la  voulaient  pour  eux  seuls.  C'est  en  leur  propre  et  seul  nom 
qu'eux  et  leurs  adhérents  ont  engagé  le  procès  et  se  sont  pré- 
sentés devant  leurs  juges.  Au  cours  des  incidents  de  l'affaire, 
ils  ont  pu  constater  le  peu  de  chances  qu'offrait  leur  entreprise,  et 
toute  la  difficulté  qu'ils  auraient  à  soutenir  et  à  justifier  leurs 
prétentions.  Alors  seulement  ils  se  sont  résignés,  en  haine  de 
l'autorité  épiscopale,  à  essayer  de  substituer  le  souverain  à  leur 
seigneur. 

Au  surplus,  le  procureur  du  Roi,  assure  Tévéque,  a  lui-même 
reconnu,  au  moment  même  où  des  pourparlers  se  sont  engagés  entre 
la  Couronne  et  les  bourgeois  pour  la  revendication  de  ces  prétendus 
droits  du  Roi,  combien  la  thèse  imaginée  et  soutenue  depuis  peu 
par  eux  se  conciliait  mal  avec  l'attitude  et  les  dires  des  consuls  au 
début  du  procès  et  la  jouissance  des  droits  dont  ils  se  prétendaient 
en  possession.  Ce  procureur  n'a-t-il  pas  dit  qu'il  se  refuserait  à  récla- 
mer la  justice  pour  le  Roi  et  à  intervenir  au  procès,  si  les  consuls  ne 
déclaraient  expressément  que  cetle  justice  appartenait  toute  entière 
au  souverain,  qu'elle  était  de  sa  propriété  et  de  son  domaine,  que 
le  produit  devait  lui  en  revenir,  et  que  les  magistrats  communaux 
avaient  toujours  jugé  les  causes  et  perçu  les  émoluments  pour  le 
compte  du  Roi,  comme  ses  officiers  et  ses  mandataires? 

Cette  déclaration,  ils  ont  refusé  de  la  faire  puisqu'ils  restent 
partie  au  procès.  Au  surplus  Teussent-ils  donnée,  il  serait  aisé 
d'en  démontrer  la  fausseté.  Jamais,  en  effet,  dans  les  audiences 
quont  indûment  tenues  les  magistrats  municipaux,  dans  les  juge- 
ments que  sans  droit  ils  ont  rendus,  dans  les  actes  quelconques  de 
leur  administration,  le  nom  du  Roi  n'a  été  prononcé;  jamais  les 
consuls  ne  se  sont  dits  officiers  ou  préposés  du  souverain  et  on 
chercherait  vainement,  dans  les  archives  des  sénéchaussées  ou 
de  la  Chambre  des  Comptes,  la  trace  dune  gestion  quelconque 
de  deniers  royaux  exercée  par  eux. 

On  trouvera  à  l'appendice,  avec  les  articles  du  procureur  du  Roi, 
quelques  extraits  du  mémoire  de  Raynaud  de  La  Porte.  C'est  une 
des  pièces  les  plus  intéressantes  et  les  plus  caractéristiques  du 
procès. 


974  SOCIÉTff  AACIIBOtOGIQOE  KT  IISTORIOVR   WS  LHIOIISIX. 


XIV.  —  LA  JUSTICE  CIVILE  DE  SAINT-LÉONARD  PLACÉE  DE  NOUVEAl 
SOUS  LE  SÉQUESTRE.  —  RÉBELLION  DES  BOURGEOIS.  —  L*ÉVÊQUE  NÉGOat 
AVEC  LE  ROI  ;   CONCLUSION  D'UN  TRAITÉ  DE  PARIAGE. 

La  Cour  ordonna  une  nouvelle  enquéle;  mais  elle  décida  que, 
provisoirement,  Tévéquc  jouirait  du  bénéfice  des  arrêts  obtenus  par 
lui  jusqu'ici  et  continuerait  à  exercer  la  justice  dans  les  conditions 
OÙ  la  lui  avaient  adjugée  les  deux  décisions  de  1286  et  de  4305. 
Raynaud  de  La  Porte,  rencontrant  toujours  la  même  opposition  de 
la  part  des  bourgeois  qui  continuaient  à  tenir  les  audiences  civiles 
au  nom  de  la  commune,  renouvela  ses  instances  auprès  du  séné- 
chal. Il  lui  adressa  une  dernière  sommation  en  pleine  audience, 
alors  que  cet  officier  tenait  ses  assises.  Le  représentant  du  souve- 
rain déclara  que,  ne  sachant  pas  s'il  devait,  en  somme,  considérer 
les  actes  reprochés  aux  bourgeois  comme  un  empiétement  sur  les 
prérogatives  du  prélat  ou  comme  la  jouissance  légitime  de  droits 
acquis,  il  allait  mettre  la  juridiction  contestée  à  sa  main  ei  en 
référer  au  Parlement. 

L'évéque  adressa  une  protestation  à  la  Ciour,  qui  enjoignit  de 
nouveau  au  sénéchal  d'avoir  à  faire  respecter  ses  arrêts,  cl 
ordonna  une  enquête  supplémentaire,  sans  toutefois,  scmble-i-il, 
prescrire  la  restitution  de  la  justice  civile  à  Tôvêque. 

Mais  avant  que  ce  nouvel  arrêt  eût  été  signiQé  aux  parties,  il 
s'était  produit  à  Saint-L.éonard  des  faits  assez  graves  et  qui  n'étaient 
point  de  nature  à  concilier  aux  bourgeois  la  protection  des  offi- 
ciers de  Philippe  IV  et  la  bienveillance  du  Roi. 

Le  sénéchal  de  Poitiers  avait  envoyé  dans  cette  ville  un  sergent, 
Guillaume  Paperet  ou  Paparet,  pour  remplir,  à  titre  provisoire,  les 
fonctions  de  juge  civil.  Cet  agent  était  également  chargé  de  défen- 
dre aux  consuls  de  continuer  l'exercice  d'une  juridiction  dans 
laquelle  plusieurs  arrêts  successifs  leur  avaient  interdit  de  s'im- 
miscer. Les  consuls,  qui  avaient  perdu  l'habitude  d'obéir  et  dont 
les  rébellions  multiphces  avaient  jusqu'alors  rencontré  une  trop 
indulgente  tolérance,  crurent  qu'ils  pourraient  traiter  les  officiers 
royaux  comme  ils  avaient  fait  des  préposés  de  Tévêque  :  non  seu- 
lement ils  persistèrent  à  recevoir  des  plaintes,  à  donner  des  ajour- 
nements et  à  juger  les  affaires  civiles  qui  leur  étaient  déférées: 
mais  on  les  vit  braver  ouvertement  les  ordres  du  juge  commis  par 
le  sénéchal,  briser  les  scellés  apposés  par  lui,  violer  les  saisies 


LA  COMMUNS  DB  SAINT- LÉONARD   DE  N08LAT   AU   X1U<^  SIÈCLE.  ^75 

qu'il  avait  opérées  et  empêcher  par  tous  les  moyens  les  habitants 
(le  Saint-Léonard  d'obéir  à  ses  injonctions. 

La  punition  ne  se  fit  pas  attendre  :  les  consuls  furent  condamnés 
à  une  forte  amende,  dont  une  portion  dut  revenir  à  l'évoque, 
reconnu  possesseur  de  la  juridiction  mise  sous  séquestre. 

Paparet  fut  chargé  de  faire  payer  cette  somme  aux  bourgeois.  Ce 
n'était  point  chose  facile  ;  malgré  les  avertissements,  puis  les  me- 
naces que  leur  adressa  le  sergent  royal,  ils  refusèrent  d'établir  une 
taxe  pour  le  paiement  de  l'amende,  et  comme  Paparet  insistait  et 
faisait  mine  de  procéder  à  une  saisie  des  deniers  communaux,  ils 
se  mirent  en  état  de  rébellion  ouverte,  sans  toutefois  commettre 
d'actes  de  violence  à  l'endroit  du  délégué  du  sénéchal. 

Celui-ci  fit  son  rapport.  Une  enquête  spéciale  fut  ordonnée  sur 
ces  faits.  Reconnus  de  nouveau  coupables  de  désobéissance  au  Roi 
et  de  rébellion  contre  ses  officiers  et  ceux  de  l'évoque,  les  habi- 
tants de  Noblat  furent  condamnés,  par  arrêt  du  Parlement  du  28 
février  4308,  à  payer  les  amendes  qui  leur  avaient  été  précédem- 
ment infligées  et  dont  le  chiffre  fut  porté  à  douze  cents  livres  tour- 
nois :  mille  livres  au  profit  de  la  Couronne  et  deux  cents  au  profit 
du  prélat.  On  se  souvient  qu'ils  avaient  déjà  été  condamnés  à  payer 
1,300  livres  deux  ans  auparavant  (1). 

(1)  Cum,  ex  parte  Lemovicensis  episcopi,  jamdudum  fuisset  propositum 
coram  senescallo  Piclavcnsi,  contra  gerenles  se  pro  consulibus  ville  Nobi- 
liacensis  quod,  cum  propter  debalum  quod  pendet  in  curia  nostra  inter 
dictum  episcopum  ex  una  parle,  et  dictes  Nobiliacenses  ac  procuralorcm 
nostnim,  exaltera,  saisina  cognicionis  causarum  civilium dicte  ville  posila 
fuisset  ad  manum  nostram,  tanquam  supcrioris,  et  hoc  fuisset  per  dictum 
senescallum  eisdem  Nobiliaccnsibus  signîficatum,  et  ad  exercendum  in 
dicta  manu  nostra  cognicionem  dictarum  causarum,  dictus  scnescallus 
deputaret  Guillelmum  Papereti,  servientem  nostrum,  et  eisdem  prece- 
pisset  quod  dicto  Guillelmo  parèrent  et  intenderent  in  premissis  et  ea 
tangentibus,  et  eisdem  inhibuisset  ne  de  diclis  causis  cognoscerent  ;  et 
quod  postea,  contcmptis  predictis  inhibicionibus,  predicti  Nobiliacenses 
de  dictis  causis  cognoscere  communiter  presumpscrunt,  et  dicto  Guil- 
lelmo, cognicionem  dictarum  causarum  exercere  voient!,  multipliciter  res- 
titerunt,  inhlbendo  hominibus  dicte  ville  ne  coram  dicto  Guillelmo  de 
dictis  causis  litigarent,  frangendo  saisinas  per  cum  factas  et  muUas 
eidem  rescussas  faciendo,  domos  firmatas  et  sigiliatas  per  eum  aperiendo 
et  sigilla  frangendo,  et  ad  terram  prohiciendo,  et  plures  alios  excessus, 
rescussas  et  inobedientias  faciendo  in  conlemptum  nostrum  et  prejudi- 
cium  dicti  episcopi  non  modicum  et  gravamen.  Propter  quos  excessus 
ipsi,  tam  nobis  quam  dicto  episcopo,  in  certis  pecunie  summis  condemp- 
nati  fuerunt  et  eidem  senescallo  mandavimus  quod  dictos  Nobiliacenses 
compelleret  ad  solvendum  condempnacionem  predictam  ;  demum,  dicto 


376  SOCIÉTR  ARCUÉ0L06IQUK  ET  HISTORIQUE  DU  LlllOUSIlf. 

Il  avait  été,  peu  de  temps  auparavant,  procédé  au  supplémeot 
d'information  ordonné  par  la  Cour  du  Roi,  sur  la  demande  de 
révéque.  Gui  de  Huys,  désigné  par  le  sénéchal  pour  y  procéder,  se 
rendit  à  Saint-Léonard  afin  de  remplir  cette  mission  ;  mais  les 
témoins  assignés  à  la  requête  de  Raynaud  de  La  Porte  furent 
Tobjet  d'injures  et  de  menaces  de  la  part  des  bourgeois,  et  le  com- 
missaire parait  s*étre  trouvé  dans  Timpossibilité  de  remplir  son 
mandat.  Il  retourna  soit  à  Poitiers,  soit  plus  probablement  à 
Limoges  où  se  trouvait  en  ce  moment  le  sénéchal,  et  rapporta  à 
celui-ci,  en  audience  publique,  ce  qui  s'était  passé.  Le  sénéchal  ne 
châtia  point  les  coupables.  L'évêque  renouvela  ses  protestations  el 
dénonça  de  nouveau  au  délégué  royal  tous  les  actes  irréguliers,  tous 
les  excès  et  les  violences  des  consuls  et  de  leurs  adhérents,  en  le 
sommant  de  les  punir  ;  mais  ces  mises  en  demeure  restèrent, 
comme  les  précédentes,  sans  aucun  résultat. 

L'évéque  avait  maintenant  de  bonnes  raisons  de  supposer  que 
son  mémoire  ne  produirait  pas  sur  le  Parlement  une  impression 
assez  décisive  pour  lui  faire  gagner  son  procès.  On  le  vit  modifier 
tout  à  coup  son  attitude  et  changer  ses  batteries.  Ne  se  préoccupant 
plus  des  bourgeois  relégués  au  second  plan  par  suite  de  rentrée 
en  scène  du  procureur  du  Roi,  il  prit  le  parti,  qui  peut-être  lui  fut 
suggéré  par  quelque  membre  du  Conseil,  d'entamer  directement  des 
pourparlers  avec  Philippe  IV,  pour  obtenir  le  retrait  de  cette  inter- 
vention. Dans  sa  belle  Histoire  de  la  bourgeoisie  en  Limousin  (i), 
M.  Leymarie  assure  que  les  négociations  commencèrent  dès  i304 
et  que  l'évéque  offrit  alors  au  Roi  de  remettre  la  solution  de  Taf- 
faire  à  trois  arbitres  dont  Philippe  IV  lui-même  aurait  le  choix.  Nous 
n'avons  pu  retrouver  la  source  de  cette  information  et  nous  avons 
lieu  de  croire  en  tout  cas  que  Raynaud  de  La  Porte  n'entra  pas  avant 
la  fin  de  Tannée  1305  ou  le  commencement  de  1306  en  négocia- 
tions suivies  avec  le  Roi.  Le  prélat  crut  devoir  se  montrer,  dès  le 

Guilielmo  depulato  per  dictum  senescallum  ad  execncionem  predicte  coq- 
dempnacionis  faciendam,  ipsi  Nobiliacenses  multipliciter  in  hujus  modi 
restiterunt,  plures  excessus,  rescussas,  et  inobediencias  faciendo,  et  ite- 
rato  mala  mails  accamulando,  in  contemptum  noslrum  et  prejudicium 
episcopi  supradicti  ;  super  quibus,  vocatis  parlibus,  inquiri  fecimus  verita- 
tem.  Tandem,  mquesta  super  premissis  facta,  visa  et  diligenter  examioaU, 
per  curie  noslre  judicium  dictum  fuit  quod  dicli  Nobiliacenses,  pro  pre- 
dictis  excessibus  et  inobedienciis  ileralo  factis,  solvent  nobîs  mUie  libras 
Turonenses  pro  emenda,  el  dicte  cpiscopo  ducentas  libras,  pro  suis 
dampnis  et  interesse,  hominica  post  cathedram  sancti  Pétri  (S5  février 
1308).  Pasquerius  reportavit.  {Olim.,  t.  III,  p.  305). 
(4)  Tome  11,  p.  373. 


LA   GOHHUIfS  DE   SAINT-UONARD   DR  NOBLAT   AU   XIll^  SIECLE.  977 

début,  disposé  à  de  larges  concessions.  Il  fit  sagement,  car  les  con- 
seillers de  Philippe  IV  avaient  jeté  leur  dévolu  sur  la  Cité  et  Saint- 
Léonard,  et  on  demanda  au  prélat  des  sacrifices  qui  lui  semblèrent 
sans  doute  bien  durs  ;  mais  menacé  de  voir  son  siège  dépouillé  de 
tous  ses  droits  sur  deux  des  villes  les  plus  importantes  de  son 
domaine,  il  consentit  à  ce  qu'on  exigeait  de  lui,  et,  de  peur  de  per- 
dre le  tout,  se  résigna  à  céder  à  la  Couronne  la  moitié  de  ses  droits, 
tant  de  ceux  contestés  que  de  ceux  reconnus  au  cours  du  "procès 
par  le  Parlement. 

Le  traité  qui  consacra  le  résultat  de  ces  négociations  fut  conclu  à 
Pontoise,  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  septembre  1307. 

Par  cet  accord,  Raynaud  de  La  Porte,  en  son  nom  et  pour  le 
compte  de  ses  successeurs,  associait  le  Roi  de  France  à  tous  ses 
droits  de  seigneurie  et  de  justice  sur  les  villes  de  la  Cité  de  Limoges 
et  de  Saint-Léonard,  se  réservant  toutefois,  dans  cette  dernière,  la 
propriété  de  la  salle  épiscopale,  des  fortifications,  le  produit  du 
vinage.  Le  Roi  consentait  de  même  à  partager  sa  seigneurie  avec 
révéque,  réservant  de  son  côté  les  droits  de  la  Couronne  sur  les 
consuls,  celui  de  recevoir  le  serment  des  magistrats  municipaux  et 
des  habitants  à  chaque  avènement  (1),  et  ses  prérogatives  de  justi- 
cier supérieur. 

Il  fut  convenu  que,  dans  chacune  des  deux  villes,  le  Roi  et  révo- 
que auraient  un  prévôt  commun,  un  juge  commun  et  des  sergents. 
Ces  officiers  seraient  désignés  de  concert  ;  au  cas  où  cette  nomina- 
tion donnerait  lieu  à  quelques  difficultés,  le  Roi  les  nommerait 
pour  le  compte  communia  première  année,  le  prélat  la  seconde,  et 
ainsi  de  suite. 

Il  n'y  eut,  pour  le  pariage,  qu'un  seul  sceau,  un  seul  auditoire, 
une  seule  prison,  un  seul  gibet.  Les  bans  et  les  ordonnances  durent 
être  faits  et  proclamés  au  nom  des  deux  coseigneurs,  qui  parta- 
gèrent les  émoluments  de  la  justice  et  du  greffe. 

Les  fourches  qui  existaient  dans  les  villes  du  pariage  devaient 
être  abattues  sur  le  champ. 

L'évêque  réservait  naturellement  tout  ce  qui  avait  trait  à  sa  juri- 
diction sur  les  vassaux  demeurant  hors  des  limites  du  pariage,  qu'il 


(f)  Exceptis  tamen...  juribus  quse  habemus  supra  consules  dictorum 
locorum,  si  status  eorum  remaDcat  inquestis  judicalis  (le  texte  porlc 
indicatis^  évidemment  par  erreur),  et  jure  sacramenli  fidelitatis,  quod  dicli 
consules  et  (ut?)  singulares  personae  nobis  et  nostris  successoribus  in  novî- 
tate  nostri  regiminis  tenentur  et  consueverunt  prestare.  {Ordonnomcea  des 
Rois  de  France,  t.  XllI,  p,  906,  207). 


178  SOCIÉTÉ  ARGHéOLOGIQUB  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

ferait  arrêter,  incarcérer,  juger  et  punir  dans  la  plënitade  de  ses 
droits. 

Le  Roi  consentit,  par  faveur  spéciale,  à  ce  que  les  sénéchaux  de 
Poitiers  et  de  Limoges,  ses  baillis  et  ses  sergents  fussent  tenus  de 
s'engager,  par  serment,  à  observer  et  à  maintenir  les  conventions 
du  traité. 

Il  va  sans  dire  qu'en  ce  qui  concerne  Saint-Léonard,  le  pariage 
s'étendait  à  la  ville  et  aux  faubourgs,  c'est-à-dire  au  territoire  com- 
pris dans  les  limites  de  la  montre,  sur  laquelle  nous  nous  sommes 
expliqué  à  un  précédent  chapitre. 

Tout  ce  qui,  dans  les  procédures  faites  jusque-là,  pouvait  être 
contraire  aux  stipulations  de  cet  accord,  était  rapporté  et  annulé. 

On  relève,  à  ce  traité,  un  article  qui  semble  gros  de  menaces 
pour  les  communes  de  Saint-Léonard  et  de  la  Cité  de  Limoges,  et 
dont  il  faut  bien  peser  les  termes.  Il  est  ainsi  conçu  : 

«  En  concluant  ce  traité  de  pariage,  à  titre  de  composition  ou  de 
transaction,  il  n'entre  ni  dans  nos  intentions  ni  dans  celles  de 
l'évéque  de  porter  un  préjudice  quelconque  aux  consuls  et  aux 
consulats  desdits  lieux  touchant  les  droits  et  la  juridiction  revendi- 
qués par  les  consuls  au  nom  de  leur  consulat  sur  ces  lieux,  droits 
dont  certains  sont  l'objet  d'un  procès  pendant  devant  notre  cour 
entre  eux  et  ledit  évéque  ;  nous  n'entendons  non  plus  qu'ils  puis- 
sent acquérir  par  ce  fait  aucun  droit  nouveau.  El  s'il  était  reconnu 
par  le  Parlement  que  ces  consuls  n'ont  aucun  droit  sur  la  juridiction 
des  dits  lieux  ou  que  leurs  consulats  doivent  être  abolis,  nous  vou- 
lons que  les  droits  ainsi  supprimés  soient  dévolus  à  l'Association 
établie  entre  nous  et  l'évéque  par  le  présent  traité  »  (1). 

Ces  partages  royaux  étaient  chose  nouvelle  dans  notre  région. 
Inconnus  encore,  semble-t-il,  vers  le  milieu  du  siècle,  ils  y  avaient 
été  établis  par  les  Rois  de  France,  désireux  d'implanter  leur 
autorité  dans  les  territoires  où  elle  n'avait  pas  poussé  encore  de 
profondes  racines  et  où  elle  se  heurtait  à  chaque  pas  au  souvenir 

(I)  Nec  est  intentionis  nostrae  vel  dicli  episcopi,  per  praesentcm  asso- 
ciationcm  vel  Lransaclionem  seu  corapositionem,  consulibus  et  consulatî- 
bus  dictorum  locorum  in  juribus  et  jurisdiciionibus  dictorum  locorum,  in 
quibus  ipsi  consulcs  rationc  consulatus  sui  habere  pretendunt,  et  de 
quorum  aliquibus  pendetlis  in  curia  noslra  inter  episcopum  eteos,  aliquod 
prcjudicium  gencrari,  vel  aliquod  jus  novum  acquiri;  et  si  pro  {sic)  curia  nos- 
lra cognoscalur  ipsos  jus  aliquod  in  jurisdiciionibus  dictorum  locorum 
non  habere,  vel  consulatus  eorum  cadere  debere,  volumus  quod  illud 
veniat  in  communionem  prsesenlem,  inter  nos  et  episcopum  memoratam. 
{Ordon.  des  Rois  de  France^  t.  Xlll,  p.  907). 


LA   GOmiUIVK  DR  SAINT-LtOlfARD   M  NOBLAT  AU  XIII*  SlItCLE.  S79 

de  la  domination  des  Rois  d'Angleterre,  ducs  d'Aquitaine. 
Philippe  III  avait  eu  recours  à  des  associations  de  ce  genre  pour 
fonder  des  bastides  en  Périgord;îl  avait  notamment  traité  avec 
Tabbaye  de  Daion  pour  avoir  part  à  ses  droits  de  seigneurie  sur  une 
localité  du  nom  de  Tauriac,  où  il  avait  établi  une  de  ces  bastides, 
villes  franches  fortifiées  avec  siège  d'une  juridiction  royale  (1). 

Un  peu  plus  tard  et  vers  l'époque  même  de  la  conclusion  du 
traité  de  Pontoise  entre  le  Roi  et  Tévéque,  Philippe  IV  obtenait, 
après  des  négociations  auxquelles  paraît  avoir  eu  part  le  fameux 
Guillaume  de  Nogaret,  que  le  chapitre  de  Saint-Yrieix  Tassociftt 
dans  les  mêmes  conditions  à  ses  droits  de  seigneurie.  Ce  chapitre 
avait  depuis  longtemps  de  graves  démêlés  avec  les  vicomtes  de 
Limoges,  et  il  comptait  trouver  dans  le  Roi  un  défenseur. 


XV.     —    LA    COMMUNE    RÉSISTE   ALX  OFFICIERS  W  PARIAGE  :    DERNIÈRES 
RÉVOLTES  ET  DERNIERS  ARRÊTS. 

Aussitôt  le  traité  de  pariage  conclu,  le  Roi  et  Tévêque  désignè- 
rent, pour  exercer  les  fonctions  déjuge  de  la  Cité  de  Limoges  et  de 
li  ville  de  Saint-Léonard,  au  nom  des  deux  coseigneurs,  maître 
Gérald  de  Solo,  chanoine  de  Saint- Yrieix,  et  pour  remplir  celles  de 
prévôt  et  receveur,  un  damoiseau  du  nom  de  Raimond  de  Saint- 
Dizier.  La  nomination  du  premier  porte  la  date  du  15  septembre, 
et  celle  du  second  du  14  du  même  mois. 

Les  nouveaux  officiers  ne  perdirent  pas  de  temps  pour  prendre 
possession  de  leurs  charges.  Le  samedi  avant  la  fête  de  saint  Luc, 
évangéliste,  18  octobre  suivant,  ils  arrivaient  à  Saint-Léonard.  Les 

(1)  Cum  abbas  et  conventus  Daionensis  associassent  dominuni  Begem 
ad  qucndam  locum  qui  dicitur  Tauriacus,  pro  quadam  baslida  ibidem 
consiruenda,  et  dominus  Garnerius  de  Castro  Novo,  miles,  et  vicecomes 
Turenne  se  opponerenl  et  dicerent  diclam  baslidam  absque  corum  preju- 
dicionon  posse  fîeri  :  aaditis  eoram  conlradicionibuset  racionibus,  pronun- 
cialum  fait  quod  dicta  baslida  ibidem  fieret  et  remaoeret.  (OUm.,  t.  il, 
p.  147,  Parlement  de  la  Toussaint,  \Z19,) 

Les  consuls  de  Tauriac,  comme  les  consuls  de  Masléon  (Voir  notre  Notice 
sur  les  Enclaoes  poUeoines  du  diocèse  de  Limogea,  Limoges,  imp.  V* 
Ducourlieux^  f  880),  paraissent  avoir  rempli  les  fonctions  d'ofikicrs  royaux. 
On  peut  consulter,  à  ce  sujet,  un  arrêt  du  Parlement  rendu  en  1901  sur  une 
requête  des  consuls  de  Tauriac  à  Teffct  d'obtenir,  aux  dépens  de  Martel, 
de  Brive  etc.,  une  extension  du  territoire  soumis  à  leur  juridiction). 
(OHm..,  t.  LH,  p.  88,  80.) 


980  SOCliTÉ  ARCBiOLOGIQUK  ET  HISTORIQUE  DO  LIMOUSIN. 

consuls  avaient  été  vraisemblablement  prévenus  :  le  sénéchal  avait 
dû  leur  faire  signifier  l'accord  de  Pontoise,  ainsi  que  les  com- 
missions du  juge  et  du  prévôt.  Il  y  a  toutefois  quelque  chose  d'in- 
compréhensible dans  la  conduite  du  délégué  du  Roi,  au  cours  de 
cette  dernière  phase  de  l'affaire  de  Saint-Léonard.  L'agent  qn*il 
avait  nommé  en  1306  pour  remplir  les  fonctions  de  juge  pendant 
le  second  séquestre  de  la  justice  civile,  Adémar  Vincent,  était 
demeuré  dans  la  ville  et  n'avait  pas  été  relevé  de  son  mandai  : 
en  sorte  qu*il  parait  faire  cause  commune  avec  les  bourgeois,  lors 
des  événements  dont  il  nous  reste  à  faire  le  récit. 

Le  juge  et  le  prévôt  du  pariage,  à  peine  entrés  dans  la  ville, 
parcoururent  les  rues  à  la  tête  de  leur  petite  escorte,  s'arrêtant  à 
chaque  place,  à  chaque  carrefour,  pubUant  à  son  de  trompe  les 
lettres  royales  dont  ils  étaient  porteurs  et  en  exposant  le  contenu 
en  langue  vulgaire,  afin  que  le  peuple  l'entendît  (i). 

Puis,  au  nom  du  Roi  et  de  l'évéque,  ils  requirent  les  consuls  de 
se  dessaisir  des  fonctions  judiciaires  qu'ils  avaient  depuis  long- 
temps usurpées,  au  mépris  des  arrêts  du  Parlement,  et  de  leur 
remettre  tous  les  insignes,  papiers  et  objets  se  rapportant  à  l'exer- 
cice de  ces  fonctions.  Sommés  d'ouvrir  l'armoire  où  se  trouvaient 
renfermés  les  registres  et  les  procédures  du  greffe,  les  chefs  de  la 
commune  répondirent  par  un  refus  formel  ;  ils  refusèrent  également 
de  livrer  au  juge  et  au  prévôt  les  clés  d'une  prison  qu'ils  avaient 
fait  établir  dans  la  maison  même  où  se  trouvait  cette  armoire  f2). 
Cette  maison  était  celle  où  se  tenaient  alors  leurs  audiences,  sans 
doute  l'hôtel  de  ville.  Non  contents  de  cette  désobéissance,  ils 
dirent  des  injures  aux  officiers  du  pariage.  Ceux-ci  les  firent  saisir 
par  leurs  sergents  et  conduire  à  la  salle  épiscopale,  où  ils  les  dé- 
tinrent pendant  plusieurs  jours  (3);  puis  ils  ordonnèrent  de  hisser, 
sur  la  maison  même  où  les  consuls  avaient  rendu  la  justice,  une 
bannière  portant  les  insignes  réunis  des  deux  seigneurs  du  pa- 
riage, des  fleurs  de  lys  et  une  crosse  (4). 

(i)  In  plateis  et  quadriviîs,  palam  et  publiée  legerunt  et  pablicaverunt, 
ac  in  vulgari  et  linga  (aie)  materna  contenta  in  prcdictis  litteris  expo- 
suerunt. 

(2)  Requisiti  ut  archam  quondam  existentem  in  quadam  domo,  in  qua 
archa  processus  et  registra  ad  cxplectum  et  exercicium  jurisdictionis  et 
officii  sibi  commissi  aperirent,  hoc  denegavenint  expresse...  item  claTCS 
cujusdam  carceris  privati  quem  in  dicta  domo  fecisse  dicebantur  predicli 
gerenles  se  requisiti  et  jussi  quod  redderent,  hocfacere  noluerunt. 
.  (3]  Leyharir,  Bourgeoisie,  t.  II,  p.  279. 

(4;  Quandam  banneriam  seu  quoddam  vexillum  cum  fioribus  lilii  et 
crossa...  in  dicta  domo  erexerant  aut  erigi  fecerant. 


LA   COmtUNE   Dl?  SAINT-LÉOrrAnf»   DR   NOBLAT   Ail   X1ll«   STÈGLE.  281 

Les  magistrats  munkipaax,  mis  en  liberté  sur  l'ordre  du  Heote- 
»a»l  à  limoges  du  sénéchal  de  Poitiers,  excitèrent  les  bourgeois 
à  une  nouvelle  révolte.  A  la  tête  d'une  troupe  armée,  ils  reprirent 
possession  du  local  de  leurs  audiences,  au  mépris  de  la  défense  qui 
teur  en  avait  clé  faite,  arrachèrent  la  bannière  plantée  aa-dessus 
de  rentrée  du  préloire  et  la  jetèrent  dans  la  boue  (1).  On  les  accusa 
même  de  l'avoir  ignominieusement  foulée  aux  pieds  (nous  les  ver- 
rons plus  loin  se  défendre  avec  énergie  de  cette  imputation).  Enfin, 
ils  chassèrent  le  juge  et  le  maltraitèrent  (2). 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  de  nouveau  combien  nos  renseignements 
sur  ces  derniers  épisodes  sont  incomplets.  Il  résulte,  comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  de  quelques  mentions  des  procédures  et  d'un 
passage  très  catégorique  d'un  document  cité  par  M.  Leymarie  (â), 
que  le  juge  commis  par  le  sénéchal  de  Poitiers,  n'avait  pas  encore 
reçu,  lors  de  ces  dernières  scènes,  avis  de  la  révocation  de  ses 
pouvoirs.  Il  se  joignait  donc  aux  consuls  pour  protester  :  lui,  en 
vertu  de  la  commission  d'autorité  royale  lui  remettant  l'exercice 
provisoire  de  la  justice  civile  dans  la  ville  de  Saint-Léonard;  les 
magistrats  municipaux,  en  vertu  non  seulement  de  leurs  prétentions 
et  des  droits  qu'ils  revendiquaient,  mais  encore  de  la  copossession 
de  la  justice  criminelle,  que  le  Parlement  leur  avait  reconnue  par 
les  arrêts  de  1285  et  1286. 

Ajoutons  qu'Adémar  Vincent,  juge  civil  commis,  n'es!  pas  le  seul 
officier  du  Roi  dont  nous  constations  à  ce  moment  la  présence  à 
Saint-Léonard  et  dont  l'attitude  nous  semble  inexplicable.  Un 
agent  d'un  ordre  plus  relevé,  Jean  Minuit,  bailli  de  Limoges,  est 
désigné  par  les  consuls  comme  ayant  assisté  à  l'abattage  de  la 
bannière  des  coseigneurs  sans  qu'il  paraisse  s'en  être  ému  et  sans 
que  rien  indique  qu'il  se  soit  cru  obligé  d'intervenir.  On  le  voit 
seulement  s'approcher,  ramasser  la  bannière  pour  la  préservei*  de 
tout  outrage,  la  plier  avec  soin  et  la  mettre  en  lieu  sûr  (4). 

Il  semble  donc  évident  que  les  consuls  durent  se  croin»,  soutenus 
dans  leur  résistance  aux  agents  du  pariage,  tout  au  moins  par  le 
sénéchal  de  Poitiers  ;  cet  officier,  s'il  ne  fut  pas  complice  de  la 


(1)  Ceperunt  dicti  gerentes  se  dictum  vexilluni,el  captum  ad  ierram  cl 
la  Utio  prostraverunl  et  projecerunt,  et  cum  dicto  vcxillo,  quod  délesta- 
bilius  fuit,  solulares  tergi  fecerunt.  (Procédures). 

(3)  ËjeceruQt  eum  de  dicta  domo,  impingendo. 

(3)  Lbymarie,  BourgeoUie,  t«  11,  p.  981. 

(4)  Joannes  Mienuit,  bajulus  Lemovicensis  pro  Roge,  deposuit  dicluin 
vcxillum  et  cum  plicavit,  etc. 

T.  xxxvni.  <9 


283  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIÛCB  DU    LIMOUSIN. 

rébellion  dans  une  mesure  plus  ou  moins  large,  montra  certai- 
nement dans  cette  affaire  une  négligence  ou  une  réserve  que  nous 
ne  nous  chargeons  pas  d'expliquer. 

Mais  n*exislait-il  pas  alors,  dans  Torganisation  féodale  et  judi- 
ciaire de  la  contrée,  une  complication  qui,  sans  donner  la  clé  de 
tous  ces  petits  problèmes,  serait  peut-être  de  nature  à  expliquer 
certaines  anomalies,  certains  tiraillements,  certaines  incertitudes 
de  direction.  Limoges  et  le  Limousin,  comme  rAngoumois,  firent 
partie  de  Tapanage  constitué  par  Philippe  IV  à  son  second  fils, 
Philippe-le-Long.  Or,  une  ordonnance  rendue  par  ce  dernier,  lors 
de  son  avènement  au  trône,  rétablit  les  anciennes  circonscriptions 
judiciaires  et  supprime  les  grands  offices  et  juridictions  créés  par 
lui  dans  les  domaines  qui  constituaient  cet  apanage  :  «  Nous  vou- 
lons, dit-il,  que  nos  terres  soient  replacées  dans  le  ressort  des  sièges 
royaux  dont  elles  dépendaient  avant  de  nous  appartenir.  Nous  sup- 
primons donc  entièrement  la  charge  de  sénéchal  d'Angoulôme  et 
celle  de  bailli  de  Limoges,  entendant  que  la  sénéchaussée  d'An- 
gouléme  soit  remise  dans  la  dépendance  du  sénéchal  de  Saintes,  et 
le  bailliage  de  Limoges  dans  la  circonscription  du  sénéchal  de  Poi- 
tiers ».  (21  décembre  1316)  (i). 

Des  modifications  apportées  par  l'établissement  de  cet  apanage 
à  rétat  de  choses  constitué  sous  saint  Louis  dans  notre  région, 
nous  ne  savons  guère,  à  dire  vrai,  que  ce  que  nous  apprend  cette 
ordonnance.  L'existence  d'un  bailliage,  établi  par  Tapanagiste  à 
Limoges,  qui  nous  est  signalé  par  elle,  ne  se  trouve  attestée 
par  aucune  pièce  de  procédure  du  temps,  et  l'institution  de  l'apa- 
nage lui-même  n'a  pas  laissé  de  traces  dans  nos  archives  locales. 

Les  officiers  du  pariage  réussirent,  aidés  de  leurs  sergents,  à 
rentrer  dans  la  maison  commune  de  Saint-Léonard  et  à  remonter 
sur  leur  siège;  on  procéda  à  l'appel  des  causes,  et  les  plaideurs 

(t)  Philippus dilectis  et  Bdellbus  gentibus  nostris  nostrura  prcsens 

lenentibus  parlamentum,  salutera  et  dilectionem.  Cutn  nos,  ex  delibera- 
cione  nostri  consilii,  duxerimus  ordinandum  ulomnes  terre  nostrc  in  règne 
nostro  Francie  existentes,  qiias  habebamus  antequam  ad  nos  devenirenl 
régna  Francie  et  Navarre,  eodem  modo  et  sub  eisdem  ressortis  deinceps 
regantur,  quibus  antequam  essent  nostre  regebantur;  quodque  sencscallia 
Engolismensis  per  Xanctonensem,  et  ballivia  Lemovicensis  per  Pîctaven- 
sem,  senescallos  tcueantur  et  regantur,  senescallum  Engolismensem  et 
ballivum  Lemovicensem  exinde  tolaliter  amoventes;  mandamus  vobis 
qualinus  ordinacionem  hujusmodi  publicantes,  eam  leneri  faciatis  et  fîr- 
miter  observavi  {Olim,,  1. 1,  p.  639). 


LA  COMMUNE   DK   SAINT-LÉONAno   OR   NODLAT  AU   Xlll®   SIÈCLE.  ^S3 

furent  invités  à  se  présenter;  mais  on  vit  bientôt  revenir  les  con- 
suls à  la  tête  d'une  nombreuse  troupe  d'hommes  du  peuple,  armés 
de  verges  et  de  bâtons.  Cette  foule  envahit  la  salle  d'audience; 
les  plaideurs  qui  avaient  comparu  furent  frappés  et  contraints  de 
se  retirer  (1).  Le  magistrat  se  vit  entouré  etmenacé;  on  lui  enleva 
le  papier  qu'il  tenait;  on  s'empara  du  sceau  de  la  juridiction  ;  on  le 
brisa.  Finalement,  les  gens  des  consuls  arrachèrent  le  juge  de  son 
siège  et  une  seconde  fois  le  jetèrent  à  la  porte  avec  force 
horions  (2). 

Mais  l'évéque  avait  montré  qu'il  ne  se  laissait  pas  aisément  dé- 
courager. Il  ordonna  à  ses  officiers  de  faire  une  nouvelle  tentative. 
Peut-être  jugea-t-il  qu'effrayés  eux-mêmes  des  conséquences  de  la 
faute  dont  ils  s'étaient  rendus  coupables  en  résistant  aux  ordres 
du  Roi  et  en  maltraitant  un  de  ses  agents,  les  consuls  se  décide- 
raient à  cesser  une  lutte  sans  espoir  et  consentiraient  enfin  à  se 
soumettre.  Il  n'en  fut  rien  :  l'énergique  résolution  des  chefs  de  la 
commune  égalait,  si  elle  ne  la  surpassait,  la  persévérance  du  pré- 
lat, et  peut-être  se  savaient-ils  des  appuis,  ou  tout  au  moins 
avaient-ils  quelque  raison  de  le  supposer. 

De  nouveau,  le  mercredi  avant  la  fête  de  la  Toussaint,  Gérald  de 
Solo  et  Raymond  de  Saint-Dizier  se  rendirent  à  Saint-Léonard.  On 
essaya  de  leur  interdire  l'entrée  de  la  ville  :  mais  ils  réussirent  à 
s'introduire  par  une  poterne  laissée  ouverte,  et  se  rendirent  aussi- 
tôt sur  la  place  commune  ;  ils  y  trouvèrent  les  consuls  réunis  au- 
devant  de  l'église  de  Notre-Dame,  sous  ces  ormeaux,  où,  depuis  si 
longtemps,  ils  avaient  rendu  la  justice.  Les  officiers  du  pariage 
leur  déclarèrent  derechef  qu'ils  venaient  prendre  possession  de 
leurs  charges  et  les  invitèrent  à  les  laisser  s'acquitter  de  la  com- 
mission qu'ils  avaient  reçue. 

Les  bourgeois  ne  pouvaient  s'imaginer  que  tout  fût  fini  : 
ils  répondirent  qu'ils  en  appelaient  au  sénéchal  et  au  besoin  au 
Parlement,  et  qu'ils  protestaient  contre  toute  entreprise  faite,  au 
mépris  de  cet  appel,  par  les  officiers  du  pariage.  Ceux-ci,  sans 
s'arrêter  à  ces  protestations,  voulurent  tenir  audience,  tout  au 
moins  donner  des  ajournements  aux  plaideurs  pour  une  date  pro- 
chaine ;  mais  les  consuls  et  les  personnes  qui  les  accompagnaient 

(1)  Dicti  se  gérantes  venenint,  secum  mullos  homines  viles,  quos  vir- 
gas  et  baculos  portare  facicbanl,  ducentes;  et  cum  homines  liligare  coram 
dicto  judice  incepissent,  predicli  baculos  defferenlcs  dictes  litigantcs  vcr- 
berando  et  impingendo  exinde  reccdere  faclebnnt.  (Procédures), 

(2)  De  manibus  judicis  quandam  iitleram  arripuerunt  et  sigillum  rupc- 
runt  et  in  personam  ipsius  irruerunl  et  impegcrunl. 


284  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUV  RT  RlSTOniQUE  DU  LIMOUSIN. 

refusèrent  de  reconnaître  leur  autorité  et  la  foule,  devenue  hou- 
leuse, se  mit  à  les  huer  (1). 

Le  juge  et  le  prévôt  se  retirèrent,  mais  en  annonçant  qu'ils 
reviendraient  le  premier  jour  de  marché  pour  tenir  audience. 
Gérald  chargea  môme  son  lieutenant  de  faire  publier  le  ban  du 
marché.  Les  consuls  le  firent  annoncer  de  leur  côté  par  les  crieurs 
de  la  commune  et  maltraitèrent  l'agent  du  juge  (2). 

Au  jour  fixé,  les  deux  officiers  dupariage  arrivèrent  de  Limoges, 
accompagnés  de  trompettes  et  de  quelques  sergents  à  cheval.  Les 
bourgeois,  cette  fois,  avaient  pris  leurs  mesures,  et  le  juge  et  le  pré- 
vôt virent  se  fermer  à  leur  approche  la  porte  vers  laquelle  ils  se 
dirigeaient.  C'était  la  porte  Aumônière.  Vainement  ils  frappèreni 
Fhuis  de  leur  baguette  et  sommèrent  les  gardes  de  les  laisser  rem- 
plir les  devoirs  de  leur  charge.  L'entrée  leur  demeura  interdite.  Ils 
allèrent  àlapotenieMaupertuis,  ensuite  à  la  porte Champlepot,  pui:^ 
à  celle  de  Champmain,  qui  restaient  ouvertes  pour  tous  les  gens 
venant  au  marché,  mais  qu'on  ferma  successivement  dès  qu'ils  se 
montrèrent.  Il  leur  fallut  demeurer,  pendant  la  durée  du  marché, 
hors  de  la  ville.  On  pense  qu'ils  ne  se  firent  pas  faute  de  renouveler 
leurs  sommations,  avec  force  protestations  et  menaces  :  si  bien  qu'à 
la  fin  une  multitude  de  bourgeois,  armés  de  bâtons,  sortit  de  la 
ville,  fondit  sur  eux  et  força,  en  les  chargeant  de  coups,  les  che- 
vaux de  la  petite  troupe  à  reprendre  le  chemin  de  Limoges  (3). 

La  punition  de  ces  nouveaux  excès  ne  se  fit  pas  attendre.  Une 
fois  encore  le  Parlement  condamna  les  bourgeois  à  consigner  une 
grosse  somme  d'argent  pour  garantir  le  paiement  de  l'amende 
qu'ils  avaient  encourue  en  désobéissant  aux  officiers  des    cosei- 

(1)  Eslans  davant  l'esglise  de  Nostre  Dame  de  la  dicte  ville  de  Saincl- 
Lienard,  comparurent  les  dictz  consulz  de  ladicte  ville,  que  firent  res- 
ponce  ausdicts  juge  et  prevoslz,  assavoir  est  que  maistre  Gcraull,  juge 
susdict  et  Icdict  Raynaud  (sic),  prevoslz,  estants  par  le  Roy  el  par  Mon- 
sieur de  Limoges  expressément  commis,  icdict  maistre  pour  exercer 
office  de  judicature  ou  le  dicl  Raynaud,  son  licuctenant,  elledictprevostz: 
contre  lesquieulx  lesdicts  consulz  se  appellarent  par  davant  le  seneschal 
de  Poictiers  ou  au  Grand  Conseilh.  Ce  nonobstant,  lesdictz  juge  et  pre- 
vostz  se  efforsarent  exercer  et  tenir  la  dicte  [audience]  au  lieu  des  bans 
charniers  et  en  place  commune,  et  assignarent  aux  juridicls  pour  exercer 

leurs  causes Les  consulz  et  commune  ne  leurs  vol urenl  aulcunement 

obeyr  et  la  maieur  partie  se  misrent  a  crier  :  Ho!  ho!  ho!  b  (Reg.  Ac 
Singularem,  foL  326). 

(2)  Lrymarie,  Bourgeoisie,  t.  Il,  p.  279. 

(3)  Ibid.,  p.  279  et  280. 


LA   COMMUNE    DE  SAINT- LBONARD   DR   NOBLAT   AU   XMl'^  SIKOLE.  285 

gneurs  de  Saint-Léonard  et  en  les  maltraitant  :  amende  dont  la 
cour  se  réservait  de  fixer  le  chiffre  après  enquête. 

Dès  le  dimanche  avant  les  Rameaux  (31  mars  1308),  Jean  d<3 
Roye,  chanoine  de  Lille,  clerc  du  Parlement,  et  Jean  de  Vaissiac, 
chevalier,  désignés  comme  commissaires  enquêteurs,  arrivaient  à 
Saint-Léonard.  Les  consuls  tentèrent  de  justifier  leur  conduite.  Ils 
avaient,  prètendirent-ils,  vainement  réclamé  une  copie  du  traité 
conclu  entre  le  Roi  et  l'évoque,  lequel  ne  leur  avait  pas  été  notifié. 
On  leur  avait  bien  fourni  une  pièce  ;  mais  la  teneur  en  était  telle 
qu'elle  leur  paraissait  fausse  et  qu'elle  n'avait  pu  être  obtenue  que 
par  fraude.  —Les  malheureux  se  débattaient  en  vain  contre  la  réa- 
lité. Pour  atténuer  la  gravité  de  leur  faute,  ils  faisaient  remarquer 
qu'ils  avaient  agi  de  concert  avec  un  officier  du  Roi,  le  juge  civil 
délégué  par  le  sénéchal  ;  que  c'était  sur  sa  réquisition  qu'ils  avaient 
fait  fermer  les  portes  de  la  ville  devant  le  juge  et  le  prévôt  du 
pariage;  que  les  pouvoirs  de  Vincent  n'avaient  pas  été  révoqués; 
que  celui-ci  avait  en  vain  sommé  les  nouveaux  magistrats  de 
lui  exhiber  les  lettres  du  souverain  ou  de  son  sénécUal  révoquant 
sa  commission. 

Ils  reconnaissaient  que  la  bannière  aux  armes  du  Roi  et  de 
révéque  avait  «té  enlevée  de  l'hôtel  de  ville,  mais  elle  n'avait  subi 
aucun  outrage  et  elle  avait  été  remise  au  bailli  de  Limoges. 

Us  ajoutaient  que  les  précautions  prises  par  les  gens  du  pariage, 
l'escorte  armée  dont  ils  s'étaient  fait  accompagner,  le  pennon 
inconnu  que  portaient  ses  gens,  leur  soin  de  recourir  à  des 
crieurs  étrangers,  avaient  excité  les  inquiétudes  et  la  colère  des 
bourgeois;  que  le  bruit  s'était  répandu  dans  la  ville  qu'ils  ve- 
naient pour  faire  violence  aux  habitants,  et  que  les  consuls  avaient 
interdit  à  ces  officiers  Ventrée  de  la  ville  non  moins  pour  pré- 
server leurs  concitoyens  de  mauvais  traitements  que  pour  prévenir 
un  soulèvement  populaire,  tout  près  d'éclater  (1). 

Malgré  la  phrase  menaçante  que  renfermait  une  des  clauses  du 
traité  intervenu  entre  le  Roi  et  l'évêque,  il  n'avait  été,  semble-t-il, 
porté  aucune  atteinte  à  la  constitution  même  de  la  commune  de 
Saint-Léonard.  Les  chefs  de  la  bourgeoisie  continuaient  à  exercer 
leurs  fonctions  administratives  avec  une  entière  indépendance.  La 
justice  civile,  seule,  leur  avait  été  enlevée.  Quant  à  la  juridiction 
criminelle,  on  peut  supposer,  en  l'absence  de  tout  renseignement 
précis,  qu'elle  s'exerçait  dans  les  conditions  déterminées  par  les 
arrêts  de  1285  et  1286.  La  commune  conservait  non  seulement  son 

(1)  LBYUAftiE,  Bourgeoisie^  t.  Il,  p.  281,  288. 


$80  SOCIRTÊ   ARCHÉOLOGIQUiT.   ET   HISTORIQUE   DU   UMODSIN. 

existence,  mais  le  droit  de  s'assembler,  d'élire  ses  magistrats,  de 
gérer  elle-même  ses  affaires;  elle  était  restée  en  possession  de  son 
sceau,  sur  lequel  ne  figurait  aucun  emblème  de  Tautorité  royale  ou 
épiscopale.  On  voit,  quelques  semaines  à  peine  après  leur  condam- 
nation à  1,200  livres  d'amende  et  de  dommages  intérêts  prononcée 
contre  eux  par  le  Parlement,  les  consuls  et  la  commune  donner, 
le  1"  mai  4308,  sans  l'intervention  des  officiers  du  pariage  et  sous 
le  sceau  du  consulat,  une  procuration  à  six  bourgeois  de  la  ville 
pour  les  représenter  aux  Etats  Généraux  qui  allaient  s'assembler  à 
Tours  (1). 

A  ce  moment,  les  consuls  devaient  éprouver  de  grandes  diflical- 
tés  à  se  procurer  les  sommes  dont  ils  avaient  besoin,  tant  pour 
payer  les  condamnations  prononcées  contre  la  commune  que  pour 
subvenir  aux  divers  frais  du  procès.  Ils  n'avaient  pas  toutefois 
abandonné  complètement  la  partie,  et  ils  se  préparaient  à  tenter 
un  dernier  effort  pour  détourner  de  leurs  lèvres  un  calice  que  des 
illusions  longtemps  entretenues  leur  faisaient  trouver  par  trop  amer. 

Une  ententf  avait  depuis  longtemps  existé  entre  les  chefs  de  la 
commune  de  Saint-Léonard  et  les  consuls  de  la  Cité  de  Limoges. 
Le  procès  avec  l'évoque  avait  été,  semble-t-il,  entrepris  et  pour 
suivi,  pendant  un  certain  temps,  d'un  commun  accord.  Les  bour- 
geois de  Limoges,  toujours  sous  la  main  du  prélat  et  soumis  à  l'in- 
fluence de  son  entourage,  s'étaient  montrés,  dans  la  défense  de 
leurs  libertés,  moins  confiants  et  moins  violents  que  leurs  voisins. 
Mais,  accablés  sous  la  même  catastrophe,  les  uns  et  les  autres  se 
réunirent  de  nouveau  pour  adresser  une  suprême  protestation  au 
Parlement.  Ils  se  plaignirent  des  arrestations  opérées  par  les  offi- 
ciers du  pariage,  d'excès  commis  au  détriment  des  consuls  et  de 
jugements  prononcés  en  violation  des  droits  que  garantissaient  à  la 
commune  les  arrêts  de  la  Cour  non  moins  que  l'usage  local.  Le 
Parlement  consentit  encore  une  fois  à  l'enquête  qu'ils  sollicitaient, 
et  trois  «  maîtres  »  du  Parlement,  Jean  d'Auxay,  chantre  d'Orléans, 
Jean  de  Roye,  chanoine  de  Saint-Quentin,  et  Denis  d'Aubigny  fu- 
rent désignés  pour  y  procéder  par  lettres  du  mardi  après  les 
Rameaux  1310  (1309  v.  st.).  Il  leur  était  enjoint  de  ne  pas 
s'occuper  des  points  litigieux  qui  avaient  fait  l'objet  des  enquêtes 
précédentes  et  de  s'en  tenir  aux  seuls  faits  reprochés  aux  officiers 
du  pariage  (2). 

Jean  d'Auxay  était  déjà  venu  trois  fois  au  moins  en  Limousin. 
On  le  trouve  envoyé,  en  1298,  dans  cette  province  pour  régler,  avec 

(I)  Appendice,  E. 

(t)  Arch.  Haute-Vienne,  fonds  du  Chapitre,  liasses  diverses. 


LA   COMMUNE  DE   SAlNT-LÊOif  ARD   DE  NOBLAT  AU   XI11<^  SlfcCLE.  287 

d'autres  commissaires,  les  graves  différends  qui  avaient  éclaté  entre 
le  vicomte  de  Limoges  et  le  chapitre  de  Saint-Yrieix  (1).  Nous 
l'avons  vu,  dans  le  cours  de  Tannée  1303,  séjournera  deux  reprises 
au  moins  à  Limoges,  et  recueillir  des  adhésions  aux  délibérations 
de  rassemblée  du  Louvre  et  à  Tappel  des  actes  du  Souverain  Pon- 
tife à  un  concile  œcuménique. 

Quant  à  Jean  de  Roye,  il  était  sans  doute  le  même  que  le  cha- 
noine de  Lille  délégué  en  1308  à  l'information  sur  les  mauvais 
traitements  dont  les  consuls  et  leur  adhérents  s'étaient  rendus  cou- 
pables à  l'égard  des  officiers  du  partage. 

Nous  ne  connaissons  aucun  des  témoignages  recueillis  à  cette 
dernière  enquête,  aucun  des  incidents  qui  purent  la  signaler.  Peut- 
être  l'affaire  fut-elle  jointe,  en  ce  qui  concerne  la  commune  de 
Saint-Léonard  tout  au  moins,  à  la  poursuite  relative  aux  actes  de 
rébellion  et  de  violence  commis  par  les  bourgeois  au  mois  d'oc- 
tobre 1307.  La  réalité  de  quelques-uns  des  griefs  allégués  par  les 
consuls  détermina  sans  doute  la  Cour  à  modérer  la  peine  qu'ils 
avaient  encourue  par  leurs  désobéissances  ;  un  arrêt  du  23  février 
1311  les  condamna  à  deux  cents  livres  seulement  d'amende  envers 
IeRoietrévêque(2). 


(1)  Arch.  des  Basses-Pyrénées,  E.  855, 

(2)  Gum  In  Parlamenlo  quod  fuit  anno  Domini  millésime  trecentesimo 
seplimo,  gerenlcs  se  pro  consuUbus  ville  de  Nobiliaco,  pro  pluribus  vio- 
lenciis,  injuriis  ac  inobcdienciis,  per  eos  illalis  judici  et  preposîto  commu- 
nibus  domini  Régis  et  episcopi  Lemovicensis  apud  Nobiliacum  cooslilutls, 
per  arrestum  curie  nostre  condempnali  fuissent  ad  gagiandum  emendam, 
el  ipsi  gagiassent  eandem,  fuissetque  dictum,  per  curiam  noslram,  quod 
taxacio  dicte  emende  differretur  quousque  fuisset  plenius  inquisitum  et  ad 
curiam  noslram  reporlalum  de  modo,  qualilate  et  quaiititale  excessuum 
prcdiclorum,  ad  fmcm  majoris  vcl  minoris  taxacionis  dicte  emende  fa- 
ciende  :  Tandem,  inquesta  super  hoc,  de  mandato  curie  nostre,  advocalis 
partibus,  fada,  visa  ctdiligenter  examinala,  quia  invcntumesl  suffîcientcr 
probalum  quod,  judice  et  prcposilo  communibus  supradictis  intrare  volen- 
tibus  dictam  villam  Nobiliaccnsem,.  ipsi  dicte  ville  portas  claudi  fecerunt 
contra  eos,  licet  alios  indistincte  intrare  volentes  admilierent,  in  tribus 
tamen  portis  dicte  ville  introitum  denegarunt  eisdem,  verberando  equos 
tubicinatonim  qui  cum  ipsis  erant,  dictosque  judicem  et  prepositum  volen- 
tes suum  in  dicta  villa  exercere  officium  commune,  in  introiiu  domus 
communis  in  pressura  gencium  pulsaverunt,  pluresque  alias  iojurias  ipsis 
et  nostris  servientibus  communibus  intulerunt,  per  curie  nostre  judicium 
taxata  fuit,  pro  Nobis  et  dicto  episcopo,  predicta  emenda  ad  ducentas 
libras  turonenscs,  pro  excessibus  supradictis.  —  Dominica  qua  cantatur 
Reminiscere,  —  Creci  reportavit.  (0/tm.,  t.  III,  p.  415,  446). 


288  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   KT   illSTORIQlE   1>U    LIMOUSIN. 

Gel  ajTét  esile  dernier  ayant  trait  au  procès  de  la  conimuae  de 
Saint-Léonard  dont  on  trouve  trace,  soit  aux  registres  du  Parlement, 
soit  dans  les  archives  de  l'évéché  de  Limoges.  Le  procès  reçut-il 
une  solution  judiciaire?  Nous  ne  le  croyons  pas.  A  Limoges,  la  po- 
pulation de  la  Cité  se  divisa  sur  la  fin  du  procès.  Les  mécontents, 
—  ils  étaient  nombreux  —  formèrent  une  sorte  de  syndicat  poar 
refuser  tout  concours  aux  consuls  et  à  leurs  adhérents  et  pour  pro- 
tester contre  la  continuation  de  la  résistance.  Ils  réussirent  mémt* 
à  obtenir  du  Parlement  un  arrêt  (j^^idi- après  la  Purification  4310j 
prescrivant  aux  chefs  de  la  commune  de  rembourser  aux  plaignant.^ 
leur  quote-part  de  tous  frais  à  compter  de  l'établissement  du  pa- 
riage.  Il  est  probable  que  les  choses  ne  se  passèrent  pas  autrement 
à  Saint-Léonard,  où  de  tout  temps  l'évoque  avait  compté  des  par- 
tisans (1).  Les  bourgeois,  las  de  la  lutte,  désireux  de  vivre  en  paix 
et  espérant  aussi  sauver  leur  argent,  obligèrent  sans  doute  les  ma- 
gistrats à  se  soumettre.  Peut-être  le  gage  de  cette  soumission,  dont 
la  remise  d  une  partie  des  amendes  encourues  put  être  le  prix, 
fut-il  l'abandon  définitif,  par  la  commune,  des  droits  de  participa- 
lion  à  Texercicc  de  la  justice  criminelle,  expressément  reconnus 
aux  consuls  par  Tarrêt  de  la  Pentecôte  4285?  Il  est  certain  que  pas 
un  document,  à  notre  connaissance,  ne  donne  lieu  de  penser  qu'à 
partir  de  l'installation  définitive  du  partage  à  Saint-Léonard,  les 
bourgeois  aient  eu  la  moindre  part  soit  aux  poursuites,  soit  au 
jugement  des  procès  criminels  ou  à  leur  exécution. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  les  choses  se  fussent  passées 
autrement  et  que  le  Roi  eût,  par  exemple,  fait  mettre  à  sa  main, 
durant  un  certain  temps,  les  droits  de  justice  des  bourgeois,  pour 
obtenir  que  de  guerre  lasse  ils  y  renonçassent  au  profit  des  justi- 
ciers du  pariage.  Il  n'y  aurait  à  cela  rien  de  bien  étonnant.  On  voit, 
en  effet,  précisément  dans  les  premières  années  du  xiv«  siècle,  le 
Roi  séquestrer  la  justice  de  la  ville  de  Périgueux,  à  cause  de 
la  mauvaise  administration  du  maire  et  des  consuls  (2).  On  pouvait 
aisément  alléguer  un  prétexte  semblable  pour  achever  de  dépouiller 
les  magistrats  municipaux  de  Saint-Léonard  du  bénéfice  des  arrêts 
du  Parlement  de  1285  et  1286. 

Toutefois,  nous  inclinons  à  penser  que  les  consuls  prêtèrent  les 
mains  à  un  arrangement  les  excluant  définitivement  de  Texercice  de 

(I)  Les  consuls,  au  cours  du  procès,  prétendent  qucrévôquc  a  usurpé  la 
justice  do  la  ville  «  procurantibus  aliquibus  de  communitate,  causa  odii 
»  et  malivolencie  suborte  inler  aliquos  burgenscs  dicte  ville  ». 

(î)  Propter  malum  rcgimen  majoris  et  consulum,  exigcntc  justiciti,  fuit 
apposila  manus  noslra.  (Ollm.,  t.  111,  p.  H65}. 


LA   COMMUNE   DE   SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT  AU   XHI«   SIÂCLK.  389 

la  justice,  mais  garaûlissant  à  la  commune  la  jouissance  d'une  partie 
(le  ses  coutumes  et  de  son  autonomie  administrative.  Quelques  pas* 
(^ages,  non  datés  malheureusement,  des  registres  de  révôché,  nous 
conflrmeat  dans  cette  opinion.  On  voit,  par  exemple,  les  consuls  re- 
connaître en  justice,  devant  le  lieutenant  du  sénôclial,  que  Tévéque 
a  le  droil  de  percevoir  des  laverniers  de  la  ville  les  deux  setiers 
de  vin  (1)  dont  il  avait  été  si  souvent  question  au  procès,  et 
prendre  rengagement  de  ne  plus  troubler  le  prélat,. se  réservant 
seulement  de  fixer  la  valeur  du  setier  d'accord  avec  le  prévôt  de 
révolue  (2).  L'acquisition  delà vigerie par  Tévéque avait  évidemmaent 
modifié  à  son  profit  Tétat  de  choses  existant  au  début  du  procès. 
Toutefois,  cette  déclaration  des  consuls  implique  tout  au  moins  une 
détente  après  la  crise  aiguë  dont  nous  venons  de  raconter  quelques 
épisodes.  Il  est  fort  possible  que  les  reconnaissances  analogues 
ayaat  trait  aux  divers  produits  de  la  vigerie  et  signalées  plus  haut, 
d'après  une  annotation  du  Registi'e  Tuœ  hodie,  sous  la  date  de 
i296,  se  rapportent  à  la  même  époque  et  soient  postérieures  au 
dernier  effort  tenté  par  la  commune  pour  détendre  ses  privilèges. 
Si  la  lutte  cessa,  les  haines  qu'avait  excitées  cette  longue  que- 
relle ne  s'éteignirent  pas  avec  elle.  Pendant  plusieurs  années  on  en 
relève  en  maint  endroit  les  manifestations.  Gitons-en  un  exemple  : 
en  1318  un  bourgeois  de  Saint-Léonard,  Etienne  des  Moulins, 
dénonce  au  Parlement  un  ancien  juge  du  partage,  Jean  Jauberl, 

(1)  Ce  droit  sur  les  tavernes,  qui  dépendait  de  la  vigerie,  avait  donné 
lieu,  vers  la  môme  époque,  à  un  procès.  L'évoque  avait  attaqué  devant  le 
Parlement  Léonard  Paule,  marchand  de  Saint-Léouard,  un  des  héritiers  de 
l'ancien  copossesseur  de  la  vigerie,  au  sujet  de  ce  droit  et  de  la  quarte  du 
sel.  Un  accord  intervint  et  le  prélai  garda  la  paisible  jouissance  des  divers 
revenus  delà  vigerie.  {TuœJtodie,  fol.  6l  r»), 

(i)  Sont  atie  liclere  signale  per  dupplicem  AÂ,per  quasconsules  ville  de 
Nobiliaco  confessi  fuerunt  judicialiler,  coram  locum  tenente  domini  senes- 
c&lli  Lemovicensis,  dominum  episcopum  Lemoviccnsem  jus  levandi  et  per- 
cfpiendi  habite,  a  quolibet  tabernario  dicte  ville  vinuni  vendente  de  festo 
assumpcionis  Béate  iUarie  usque  ad  siquens  festum  Nativitatis  Domini,  daos 
sestarios  vini  vei  precium  ipsorum,  laxacione  tameh  prehabita  per  preposi- 
lum  et  bajulum  dicti  domini  Lemovicensis,  una  cum  consulibus  dicte  ville  : 
omne  impedimentum  per  ipsos  consules  in  predictis  appositum  amovendo. 
Et  ultra  hoc  recognoverunt  dicti  consules,  pro  se  et  corum  communitate, 
eundem  dominum  Lemovicensem  habere,  percipere  et  levare  alios  duos 
sestarios  vini  a  quolibet  tabernario  vinum  vendente  in  dicta  villa  a  festo 
Nativitatis  Domini  usque  ad  sequcns  festum  Assumpcionls  Bcate  Marie,  veS 
precium  dicti  vini,  et  fiet  laxacio  nisi  (sic)  tabeniarii  habeant  vinum  in 
Nativitate  Domini,  promictentes  a  cetero  dictum  dominum  episcopum  in 
predictis  non  impedire.  {Tuœhodie^  fol.  51,  v**}. 


390  SOCIRTt  ARCHÉOLOGIQrE  ET  HISTORIQUR  DO  LIMOUSIN. 

qu'il  accuse  d'avoir,  durant  ses  fonctions,  violé  une  femme  nommée 
la  Riffaude.  On  se  souvient  qu'un  Jaubert  avait  joué  au  cours  du 
procès  un  rôle  important  quoique  mal  défini  et  que  les  procureur? 
des  consuls  s'étaient  efforcés  de  le  faire  récuser  comme  témoin,  l'ac- 
cusant d'être  un  «  ennemi  de  la  ville  »  ;  on  a  vu,  d'autre  part,  que 
plusieurs  membres  de  la  famille  Des  Moulins  comptèrent  parmi 
les  instigateurs  de  la  résistance  et  les  chefs  les  plus  déterminés  de 
la  commune. 

À  la  date  où  nous  sommes  parvenu,  toutes  les  communes  limou- 
sines du  cours  de  la  Vienne  ont  été  vaincues  après  une  lutte  plus  ou 
moins  longue  contre  leurs  seigneurs  respectifs.  Les  bourgeois  de 
Saint-Junien  se  sont  soumis  les  premiers,  et  dès  12S1  ont  conclu 
avec  l'évéqueun  accord  tout  à  l'avantage  du  prélat.  Le  Château  de 
Limoges,  après  une  longue  et  vigoureuse  résistance,  a  dû  subir  le 
joug  de  la  vicomtesse  Marguerite  et  de  sa  flUe.  La  population,  long- 
temps unie  dans  une  même  résolution  énergique,  dans  un  mémo 
dévouement  à  ses  libertés,  a  fini  par  se  diviser,  et  le  parti  de  la  résis- 
tance, personnifié  dans  le  Conseil  des  prud'hommes  de  l'Hô- 
pital et  dans  la  ligue  dite  des  Croisés,  a  vu  grandir  en  face  de  lui  un 
parti  de  plus  en  plus  puissant  qui  a  réussi  à  faire  triompher  au  sein 
des  assemblées  communales  des  idées  de  paix  et  de  soumission.  Les 
bourgeois  se  sont  résignés  à  accepter  les  conditions  dictées  par 
deux  de  leurs  ennemis  avérés  et  que  le  Roi  a  à  peine  adoucies.  Leur 
hôtel  de  ville  ne  leur  appartient  plus  ;  leurs  magistrats  sont  en 
partie  choisis  par  le  seigneur;  le  prévôt  vicomtal  préside  les  réu- 
nions des  consuls  et  reçoit  leurs  comptes.— La  Cité  et  Saint-Léonard 
sont  soumises  les  dernières.  Toute  prérogative  de  justice  est  enle- 
vée à  ces  deux  communes;  mais  elles  conservent  au  moins  les  traits 
principaux  de  leur  vieille  constitution,  la  garde  de  leurs  remparts, 
une  certaine  indépendance  administrative  et  surtout  le  droit  d'élire 
librement  leurs  consuls  et  de  lever  des  contributions  pour  faire 
face  aux  dépenses  d'intérêt  commun.  Aucune  de  nos  bourgoisies 
limousines  ne  possède  de  plus  larges  privilèges  au  début  de  la 
guerre  de  Cent  Ans. 

(i)  BouTAaiG,  Actes  du  Parlement,  n»  5534. 


L%   COSIVUïfR  DB  SAINT-LÉONARD   DR  NOBL\T   AO   XI1I<»  SIBCLR.  291 


APPENDICE 


A- 


Extraits  des  privilèges  de  la  ville  de  Saint- Léonard. 
prodtUts  par  les  consuls  au  procès  de  la  commune  avec 
PEvêque  de  Limoges. 


1.  —  Lettres  de  Philippe  II  Auguste  pour  les  habitants  de  Saint- 
Léonard  (mars  121  i,  y.  st.  :  1213)  (1)- 

Philippns,  Dei  gracia  Francorum  Hex,  omnibasadquos  littcre  présentes 
pervenerint,  salutem.  Novcritis  quod  Nos  volumus  quod  homines  et  villa 
Sancti  Leonardi  de  Moalhe  (2)  (wc),  sint  in  nostra  custodîa  et  protectione, 
sicut  alie  ville  regni  noslri,  quum  ipsi  Nobis  vel  mandato  nostro  jurave- 
rinl  et  iidelitatcm  fecerinl.  Neqae  Nos  ipsam  villam  de  manu  nostra  remo- 
vebimas.  Actum  apud  Pontem  Arche,  anno  Domint  m<*  ce»  xii%  mense 
niartio. 


II.  —  lettres  de  Louis  YIII  ordonnant  aux  consuls  et  à  la  com- 
mune de  Saint-Léonard  de  prêter  le  serment  de  fidélité  entre  les 
mains  de  Raynaud,  clerc  du  Roi  de  France  (août  1224). 

Ludovicus,  Dei  gracia  Francorum  Rex,  diiectîs  et  fidelibus  suis  consuli- 
bus  et  universitati  burgensium  Sancti  Leonardi  de  Noalhe,  salutem  et 
dilectionem.  Miitimus  ad  vos  dilectum  et  iidelem  clericum  nostrum  Régi- 
naldum,  latorem  presencium,  pro  fidelitate  ville  vestre  accipienda  ex 
parte  nostra,  (et?)  vobis  mandâmes  et  vos  rogamus  ut  dictam  fidelitatem 
coram  ipso,  loco  nostri,  faciatis  sub  forma  quam  vobis  dicet.  Actum  apud 
Rupellam,  anno  Domini  m®  cc*>  vicesimo  quarto,  mense  augusto. 

(1)  Otte  lettre  eit  contestée  à  cauM  du  m&uvais  état  du  sceau  :   Non  appwreni  earae» 
teret,  née  litière,  née  ymago^  née  poteet  diseerni  et^ut  fuerit  tigilUm  predietum . 
(S)  Ce  nom  wt  écrit  Noaelaeh  k  an  viditnus  donné  par  Philippe  III  au  mois  d'avril  1277. 


299  SOCIKTÊ  ARGHéOLOGlQUe  Et  lilSTORlt^UE  ftU  LIMOUSIU. 

Il[.  —  Lettres  de  Louis  VIII  confirtnant  les  coutumes  et  libefiéi 
des  consuls  et  de  la  commune  de  Saint-Léonard  (août  i224;. 

Lmlovicus,  Dei  gracia  Francorum  Rcx.  Noverinl  univcrsi  présentes 
Hueras  iospccturi  quod  Nos  dilcclis  et  fidelibus  noslris  coDsuIibus  el 
universilali  burgensium  SaacliLeonardi  de  Noclac(l)  concessimus  consuc- 
ludincs  el  libertates  quas  habiierunl  cl  tenucruot  tcmporc  Henrici  cl 
Richardi,  quondam  rcgum  Anglic,  et  eos  in  proteclione  nostra  et  coq- 
(luclu  nostro  recepimus  sicut  alios  burgenscs  Icrre  noslrc,  ut  salvi  possinl 
ire  cl  redire  per  lerram  nostram,  reddendo  suas  reclas  consuetudines. 
Aclum  apud  Rupellam,  anno  Doniini  m*'  ce®  vicesimo  quarto,  mensc 
aagusto. 

IV.  —  Mandement  de  Thibaut  de  Bazonis,  sénéchal  du  Poitou  pour 
Louis  IX,  aux  consuls  de  Saint-Léonard,  pour  qu'ils  prêtent  le 
serment  de  fidélité  au  Roi  de  France  entre  les  mains  de  Guillaume 
Relhier,  chevalier  (s.  d.). 

Thcobaldus  de  Bazonis  senescallns  Pictavensis,  dilcclis  suis  consuli- 
bus  de  Sancto  Leonardo,  salulcm  et  amorcm.  Cum  tenelmini  (sic)  domino 
Regl  Francorum  jurare  et  lenere  fidcliiatem,  el  ipse  Rcx  nobis  specialiler 
dederit  in  mandatis  m  a  vobis  fidclilalem  reciperemus,  nos  ad  prcsens, 
pro  fidelilate  recipienda,  ad  vos  non  possumus  accedere  ;  set  dilecturn 
nostrum  Guillelmum  Relherii»  militem,  latorem  presentium,  ad  vos  miltt- 
mus  loco  noslri,  pro  fidelilate  recipienda.  Unde  vobis  mandamus  et  ex 
parte  domini  Régis  Francorum  diligenler  requirimus,  quatinas  ipso  GuU- 
Iclmo  présente  fidelilatem  domino  Régi  Francorum  fideliter  [sic)  tenerc 
cl  servare  jurelis.  Et  cidem  Guillelmo  super  hiis  que  ex  parte  nostra 
dixeril,  credalis  lanquam  nobis,  cl  quid  indc  feceritis  nobis  per  veslras 
lîXteras  rescribalis  (2). 

V.  —  Mandement  de  Raoul  de  Trapes,  sénéchal  du  Roi  de  France 
dans  les  diocèses  de  Périgueux,  Cahors  et  Limoges,  aux  consuls 
et  aux  prud'hommes  de  Saint-Léonard,  pour  qu'ils  fassent  pMier 
le  ban  de  l'ost  et  se  tiennent  prêts  à  fournir  le  service  miiitaire  au 
souverain  (22  juillet  1269). 

Radulphus  de  Trapis,  domini  Régis  Franclc  illustris  in  Petragoriccnsi, 
Calurcensi  et  Lcmovicensi  civitttibos  et  dyocesibus  sencscallas,  consu- 


(D  Au  vidimu:^  qui  suit,  on  peut  lire  Noelac. 
(2)  La  pièce  parait  incomplète. 


LA  <:0»MUNB   DE  SAINT-Lt.Oï«ARI>  DK  NOBLAT   AU   XHt*  Stècl.R.  293 

Hbus  ot  prjbis  hominibus  ville  Saocti  Leonardi  Nobiliacensis,  salulem  in 
DomiBO.  Ex  parle  dicti  domini  Régis  el  no6tra  tobis  preeipimus  et  man- 
da mus  qualin  us,  vtsis  litlcris,  facialis  arma  preeooizari  et  elamari  in  villa 
predicla;  item,  quod  parait  sitis  nos  seqai  ad  submonilioiienii  noslram  vcl 
noslri  mandati,  ubi  mandandum  duxerimas  vobls.  Datam  Leinovicfs,  die 
iunc  in  féslo  Béate  Marie  Magdalene,  anno  I>omiiii  m^  ce9  Ix"*^  nono. 


VI.  —  Lettres  de  Simon  de  Cubitis,  chevalier,  de  Nicolas  de  Ver- 
neuil  et  de  Gilles  de  la  Cour,  clercs  du  Roi^  attestant  qu'ils  ont 
reçu  des  consuls,  du  Conseil  de  ville  et  de  la  commune  de 
Saint-Léonard,  le  serment  de  fidélité  au  Roi.  — 27  février  1271, 
V.  st.  (1272). 

Universis  prcscules  lillcras  inspccturis^  Symon  de  Gnbitis,  miles,  et 
niagislri  Nicolaus  de  Vemhouil  el  Egidius  de  Aula  Pictaviensi  (?),  clerici, 
missi  a  domino  Rege  ad  recipienda  juramcnla  fidcliialis  a  eoosulibus, 
consiliariis  et  aliis  hominibus  Sancii  Leonardi  de  Nobiliaco,  salulem  in 
Domino.  Novcrit  Universitas  voslra  nos  récépissé  mandaltim  iiluslm  éo>« 
mini  R^gis  Francie  in  bec  verba  :  «  Phiiippus,  Dei  gracia  Francie  Rex, 
universis  présentes  litteras  inspecluris  salutem.  Cum  nos  magislrum 
Micliolaum  de  Vernolio,  clericum  noslrum,  el  Symonem  de  Ci]yi>ilis, 
mllitem,  el  Egidium  de  Aula,  clericum,  exhibitores  presencium^  mit- 
tamus  pro  juramcnlis  fidclitalis  recipiendis  ex  parte  no»ira^  ac  vice 
cl  nomine  noslro  a  consulibus  el  hominibus  civitatis  Lemovice&sis 
cl  ab  hominibus  ville  Saacli  Leonardi  de  Nobiliaca,  necnon  pro  quibus- 
dam  inquestis  et  negociis  que  sibi  indicimus  faciendis  et  exponeadis  in 
illis  partibus,  mandamus  vobis  cl  requirimus,  quatinus,  in  hiis  que  ad 
prcniissa  pertinent,  parcatis  cfficaciler  el  inlendatis  eisdeni.  Âclum  apud 
Uupellam,  die  iovis  post  oclabas  Purificationis  Bcate  Marie  Virginia,  anna 
Domini  m»  cc^  scplungcsimo  primo  ».  —  Hujus  aulem  aucloriUle  maadaU 
predicli,  Nos,  Symon  de  Gubilis,  miles,  et  magistri  Nicholaus  de  Vernholio 
ol  Egidius  de  Aula  Pictaviensi, clerici,  ad  villam  Sancii  Leonardi  accedenles 
die  dominica  post  calhedram  Sancii  Pétri,  hora  misse,  in  mane,  in  daustro 
priorutus  dicti  loci,  anno  predicto,  rccepimus  a  consulibus,  consiliariis  cl 
universitate  hominum  dicti  loci  juramentum  (idelilalis  prediclura.  lu  cujui» 
rci  tcstimonium  prescnlibus  litleris  sigillum  noslrum  duximus  apponen- 
(lum.  Datrum  dicta  die  domjnica  posl  cathedram  Sancii  Pétri,  anno  Do- 
mini m^  ce»  septuage^mo  primo. 


VII.  —  Vidimus  et  confirmation  par  Philippe  III  des  libertés  de  la 
commune  de  Saint-Léonard  (mars  1271,  v.  st.  :  1272). 

Phiiippus,  Dei  gracia  Francorum  Rcx,  notum  facimus  lam  presenlibus 
quamluluris  quod  Nos  litteras  inclite  rccordationis  Régis  Ludovici,  avi  nos- 


t9(  âOCltTÉ  AKCHâOLOOIQUS   KT   HlStORlQUB   DU   UMOUSIR. 

tri,  vidimus  in  hec  verba  :  Ludooieua,  Dei  gracia..,  mense  augusto  (t). 
Mo8  autem  eisdem  fidelibus  noslris  consolibus  et  universitati  burgeasism 
dictorum,  predictas  consuetudines  et  Ubcrtates  prout  ipsis  consaetudioibas 
et  Ubertatibus  pacifice  et  rationabiliter  hactenas  usi  sunt,  et  alîa  que  sih 
penas  continentaraactoritate  regia  confirmamus.  Quod  ut  ratum  et  stabile 
perinaneat  in  futuram,  presentibus  litteris  noslnim  fecimus  apponi  sifit- 
lum  Actnm  apud  Jarnacnm,  anno  Domini  m^  ce®  septuagesimo  primo, 
mense  marcio. 


VIII.  ■—  Lettres  de  Philippe  III  déclarant  que  la  sauvegarde  ipéeialf 
accordée  à  la  ville  de  Saint-Léonard  lui  interdit  de  la  placer 
sous  une  autre  main^  et  rejetant  les  réclamations  faites  à  ce  sujet 
par  le  Roi  d'Angleterre,  duc  d'Aquitaine,  et  ses  gens.  —  Janvier 
1279,  V.  st.  (1280)  (2). 

Philippus,  Dei  gracia  Francoram  Rex.  Notum  faeimus  aniversis  tam  pre- 
senlibus  quam  futuris,  quod,  cum  gentes  iUustris  régis  Ânglie,  doeis  Ae- 
quitanie,  fidèles  nostri,  procurassent  adjornari  coram  nobis  homînes 
Sancti  Léonard!  de  Nobiliaco,  nitentes  revocare  in  dubium  an  hominet 
dicti  loci  ita  privilegiali  essent,  quod  extra  manum  nostraro  poni  non 
deberent,  tandemque  nobis  légitime  constitit  quod  predecessores  nostri 
volucrunt  quod  homines  et  villa  Sdncti  Léonard!  essent  in  sua  custodia  et 
protecUone,  sicut  alie  ville  regni  sui,  quum  ipsi  homines  eisdem  predeees- 
soribus  noslris  jurèrent  et  fidelitatem  facercnt,  neqne  villam  ipsam  de  ma- 
nu sua  removerent,  —  communicato  bonorum  consilio,  predlctos  homines 
et  villam  ad  manum  nostram  retinuimus,  dicto  Régi  Ang!ie  et  ejus  gen- 
tibuB  super  hoc  perpetuum  silencium  imponentes.  Quod  nt  ratnm  et 
siabile  permaneat  in  futurum,  presentibus  litteris  nostrum  fecimus  apponi 
sigillum.  Actum  Parisius,  anno  Domini  m<*  cc«  septuagesimo  nono,  mense 
januario  (2). 


(1^  Charte  n*  3  ci-deBSQs. 

{%)  Cette  pièce  a  déjà  été  publiée  par  M.  Tabbé  ArbeUot.  d'après  D.  Estiennot  {Bull  de  h 
Soc.  areh.  et  hUt.  du  Litnouain,  U  IV,  p.  144);  nous  la  doonons  d«  nouveau  à  cause 
de  quelques  différences  que  nous  avons  relevées  entre  les  deux  textes. 

(8}  On  sait  que  pareille  décision  avait  déjà  été  prise  dès  1260  par  le  PmleiBent.^S'i]  faut  en 
croire  l'abbé  Oroux  {Histoire  de  la  vie  et  du  culte  de  Saint-Léonard,  p.  104),  le  Hoi  d'Angle- 
terre réclama  derechef  Saint-Léonard  sous  Philippe-le-Bel,  et  celui-ci  déclara  de  noa 
veau  qne  cette  ville  n'avait  pu  être  aliénée.  Il  y  a  lieu  de  croire  à  un  double  emploi  des 
lettres  ci-dessus,  vu  la  ressemblance  des  dates  :  janvier  1270  et  janvier  1290. 


LA  COIIUUNIS  DR  SAINT- LEONARD   DE  NOBLAT   AU   Xlll«  SIÊCLR.  295 


B. 


Description  et  analyse  sommaire  de  six  rouleaux  ou 
fragments  de  rouleau  se  rappo7Hant  au  procès  entre 
Févêque  de  Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard, 
—  avec  un  relevé  des  noms,  qualités,  âge  et  demeure 
des  témoins  dont  les  dépositions  sont  consignées  à  trois 
d^entre  eux  (1279-1308). 


Les  lérooigoages  recueillis  aux  enquêtes  de  4379-1283,  1i88  et  la  copie 
des  dires  et  principaux  documents  produits  par  les  parties  au  cours  du 
procès  entre  Tévôque  de  Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard  de 
Noblat,  se  trouvent  consignés  sur  sept  rouleaux  ou  fragments  de  rouleau 
en  parchemin,  dont  sii  —  ceux  ci-après  décrits  —  ont  ensemble  une 
longueur  d'environ  cinquante  mètres  (exactement  :  49'",45].  De  ces 
fragments,  deux  seulement  constituaient  jadis,  avec  d'autres  pièces  étran- 
gères à  Taffairc,  la  liasse  n»  2440  du  fonds  de  TÉvêché  (classement  provi- 
soire) aux  archives  du  département  de  la  Hauie-Vienoe.  Les  cinq  autres  se 
trouvaient  disséminés  dans  d'autres  liasses  de  rËvôché,  du  fonds  du  cha- 
pitre deSaint-Léonardelde  celui  du  chapitre  de  Limoges.  De  ces  derniers, 
dépouillés  par  nous  en  1885  et  1886,  nous  n'avons  pu,  lors  d'une  récente 
révision  à  laquelle  nous  nous  sommes  livré,  retrouver  que  quatre, 
aujourd'hui  réunis  aux  deux  rouleaux  principaux  dans  la  liasse  2440.  Quant 
au  cinquième,  que  nous  avions  étudié  il  y  a  cinq  ans  avec  les  autres, 
nous  nous  sommes  vu  dans  Timpossibilité,  par  suite  de  la  perte  de 
quelques-unes  de  nos  fiches,  de  remettre  la  main  sur  la  liasse  dont  11 
faisait  partie  et  où  il  avait  été  réintégré.  Toutes  nos  recherches  sont 
demeurées  infructueuses,  et  cette  pièce  ne  pourra  vraisemblablement  être 
jointe  aux  autres  que  lors  de  la  confection  de  l'inventaire  du  riche  tonds 
de  l'Évéché. 

Ainsi  constituée,  la  liasse  9440  recèlera  des  éléments  précieux  pour 
Pétude  de  l'histoire  municipale  dans  notre  province.  Quatre  surtout  des 
sept  rouleaux  que  nous  avons  dépouillés,  ceux  qui  reproduisent  les  dépo- 
sitions des  témoins  entendus  à  la  requête  de  l'évèque  et  de  la  commune, 
'  sont  des  pièces  d'une  importance  exceptionnelle.  Nulle  part  nous  ne  saisissons 
aussi  nettement,  nous  ne  prenons  ainsi  sur  le  fait  le  fonction oemeiii  de  m» 
communes  et  la  vie  bourgeoise  au  xiii^'  siècle.  Nulle  partDOns  ne  rencontrons 
une  pareille  abondance  de  détails  caractéristiques  et  une  aussi  pittores- 
que mise  en  scène. 

(1  nous  a  paru  utile  de  donner,  des  six  fragments  à  présent  réunis  dans 
la  liasse  2440,  une  description  sommaire. 


296  SOCIÉTÉ  ADCH^.0L0G1QUB  ET  HISTOKIQOB  DO  LiVOUSiIf. 

Le  premier  fragment  a  une  longueur  de  S'BjOG  sur  une  largeur  de 
0">,t9i  ^  0">,219.  li  comprend  la  fin  des  déposUions  des  témoins  eniert- 
dus  à  la  rcquôie  de  Tévêque  à  une  date  non  indiquée  —  première  prodac- 
llon;— le  mercredi  après  le  dimanche  de  Lœtare,  Â^\r'i\  1279  v.  st.  (ItSO)  — 
seconde  production,  —  cl  le  samedi  avant  les  Hameaux  1281  v.  st.  (1283; 
—  troisième  production.  —  Les  derniers  témoins  sont  entendus  par  Pierre 
Le  Mtiioc,  archidiacre  de  Tours,  et  par  G«iill:aBme  de  Ctùtelleraull,  pneur 
de  SaLale-Radegonde  de  Poitiers,  commissaires  royaux.  Ce  fragment  e»m- 
mence  au  milieu  d'une  déposition  qui  précède  celle  de  Bernard  de  La 
Porcherie  r  \rn]terro gâtas  de  tercio  artlculo^  videllcet  preconUatione, 
ei  se  termine  à  la  fin  de  la  déposition  de  Pierre  dit  Prune,  prêtre  de  Snnt- 
Michel  de  Noblat,  par  ces  mots  :  de  auditu»  —  Fcicta  est  coUcUio.  — 
Cote  ancienne  :  Inquesta  pro  jurisdictione  Noblliaci  F.  (?)  Ed.  xxvn.  Oo 
lit  plus  loin  :  Ce  rouleau  contient  écritures  [el]  enquentes  f aides  reque- 
rent  Monsieur  VEoesque  a  cause  de  la  jurlsdiction  de  S  oint- Léonard. 
Dattees  S  oint -Léonard,  1279.  Ia  dernière  peau  ne  présente  pas  de  trace  de 
coutures,  ce  qui  peut  faire  penser  que  nous  avons  ici  la  fin  d*un  rouleau.  Notre 
fragment  ne  contient  pas  moins  de  cinquante  quatre  dépositions.  Voici  la 
liste  des  témoins,  qu'il  nous  a  semblé  inlérossant  de  reproduire  in-extenso: 
...1.  Bernardus  diclus  de  Porcheria  (i),  miles,  sexagenarius. 

2.  Bernardus    Helye,    miles,    quadragenarius,   uxoratus,    homo   ligius 

Episcopi. 

3.  Bernardus  dictus  de  Peruce,  miles,  quinquagenarius,  uxoraCus,  homo 

ligius  vicecomilis  Lcmoviceosis. 

4.  Petrus  Tyson,  miles,   quaiervigînti  annorum,  uxoratus,  homo  ligîas 

vicecomitis  Lemovicensis. 

5.  Petrus  de  Qu  ad  ris,  miles,  tringinta  quinqee  annorum. 

6.  Fulco  de  Rueria,  vallelus,  quinquagenarius. 

7.  Jordanus  de  Mûris,  vallelus,  quadragenarius,  uxoratus,  homo  ligius 

Episcopi. 

8.  Petrus  dictus  Chabecut,  sexagenarius,  uxoratus,  homo  ligius  Episcopi 

Lemovicensis  et  capîluli  Lemovicensis. 
0.  Berlrandus  dé  Yacignac,  valletus,  quinquaginla  quiaque  annorum, 
uxoratus. 

10.  Guillermus  Ghambellani^  sexagenarius,  borgensls  de  Briva,  oxoratus. 

1 1.  Petrus  Ademari,  presbller,  sexagenarius,  testis. 

{ 2.  Petrus  Kannulphi^miles,  sexagenarius,  uxoratus,  konu)  ligius  Episcopi. 

13.  Pelrus  Fabri,  presbiler,  quinquagenarius. 

U.  Johannes  Boisson,  presbiter,  quadragenarius  et  plus. 

15.  Guillelmus  de  Maignat,  miles,  sexagenarius  et  plus. 

16.  Bernardus    La   Galamacbe,    presbiter,  canouicus    sancti   Leonardi  « 

Nobiliacensis,  sexagenarius. 

17.  Slephanus  Puygnet  (Purgnet?),  presbiter,  sexagenarius. 

18.  Johannes  Jauberli,  sexagenarius,  uxoratus,  homo  ligius  ei  iuratus 

episcopi. 


(1)  La  Porcherie,  château  de  la  commune  de  ce  nom,  détruit  une  preontère  (om  mi 
du  xiu'  siècle  (canton  de  Saint-Germain-le«-BeIles,  arrood.  de  Saint-Yrieix,  Haute>VieDDe). 


LA  COMMUNE  DR   SàlNT-LÉONARD   DE  NOBLAT   AU   Xlir   SIÈCLE.  297 

19.  CoDStanliDus  Marches,  quaJrageoarius,  homo  ligius  domini  Episcopi 

Lemovicensis. 
iO,  Petras  Stephani,  sexagenarius,  uxoralus,  homo  Ëpiscopi,   servions, 

et  de  famtlia  Ëpiscopi. 
21.  Helias  FanebuoUyCaslri  Nobiliacensis,  quadraginla  quinqueannorum. 
it,  Hugo,  prier  Saticii  Leonardi,  ordinis  Sancti  Augustin!. 
93.  Girardus  Silvani,  miles,  homo  ligius  Ëpiscopi,  quadragenarius. 
â4.  Maninus  Jornet,  clericus  uzoratus,  quinquaginta  et  quinque  anno- 

rum  et  plus,  usque  ad  scxaginta. 

25.  Âudoynus  Marches,  presbiier,  prior  de  Chastelutz-Marches  (1),  sexage- 

narius. 

26.  Oliverius  de  Nobiliaco,  miles,  homo  ligius  Ëpiscopi. 

27.  Jaucelinus  de  Aurifolio,  quinquageuarius,  uxoratus,  homo  domino- 

rum  Gasiri  Nobillaci. 
38.  Slephanus,  subprior  Sancli  Leonardi,  quadragenarius. 

29.  Jocelinus  de  Anelo  (2),  homo  ligius,  uxoratus. 

Après  la  déposition  de  ce  témoin  se  lit  la  mention  suioante  :  An  no 
Doiïiini  mo  cc«  lxx™o  nono,  die  mercurii  post  Laetare  Jérusalem,  inquesta 
facta  pro  episcopo  Lemovicetisi  contra  burgcnses  et  communitafem  ville 
Nobillaci  in  lile  mola  inter  eo.s  coram  domino  RegeFrancorum,secundum  (?) 
articulos  dicti  ëpiscopi  in  secunda  productione  testium,  seu  secunda  dila- 
tionc  : 

30.  Jaubertus  dictus  Trt-nche  Serpent,  canonicus  Nobiliacensis. 

31.  Petrus(?;  diclus  Peirade,  presbiter,  reclor  capelle  Béate  Marie  Nobi- 

liacensis, quadragenarius. 

32.  Ademarus  (?)  de  Rocha,  domicellus,  sexagenarius  et  plus,  uxoratus. 
33 Vigerii  (?)  deBualuou  (3),  quinquaginta  annorum  et  plus,  uxo- 
ratus, prepositus  domini  Castri  Novi. 

34.  Helias  de  Saocto  Marcho,  miles,  quinquagenarius,  uxoratus,  homo 

domini  Castri  Novi. 

35.  Durandus  Las  Moleres,  miles,  quadragenarius,  uxoratus. 

36.  Guillermus  de  Fonte  Pynay,  presbiter,  vicarius  perpeiuus  in  ecclesia 

Beati  Leonardi. 

37.  Pelrus  Jauberli,  canonicus  et  capellanus  curatus  ecclesie  de  Nobi- 

liaco, natus  de  Nobiliaco,  de  licencia  prioris  sui. 

38.  Pelrus,  capellanus  Sancti  Dyonisii  de  Mûris  (4),  presbiter,  quinquage- 

narius  et  plus. 

39.  Petrus  Lateris,  canonicus  ecclesie  Rausoliensis  (5),  subdyaconus. 

40.  Bernardus  Bordes,  clericus,  vicarius  capelle  de  Exidolio  (6),  quadra- 

genarius. 

41.  Pelrus  d'Escinaygues,  miles,  quadragenarius. 


(1)  Chàtelu8-le-MarcheJx,  commune  du  canton  de  Bénévent  (Crease^ 

(2)  1!  n'est  pas  probable  qu'il  s'agisse  ici  de  Nedde  :  il  y  aurait  Anedda. 
3)  Bujaleuf,  aujourd'hui  commune  du  canton  d'Eymouiiers. 

(4)  Saint-Denis -des-Murs,  aujourd'hui  commune  du  même  canton. 

(5)  La  Moùticr  Rozeille,  aujourd'hui  canton  de  Felletin,  arroodissem.  d'Aubusson  (Creuse). 

(6)  Ëxcideuil,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  de  l'arroodiss.  de  Périgueuz  (Dordogne). 

T.   XXXVIII.  20 


298  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUB  ET  HISTOBIQU»  DU  L.IIOl.SW. 

4i    BernardusPlgmaur,  miles,  sexagenarios. 

43.  Joluniics  Anlili,  prcsbilcr.  quinquagenanos  el  plus. 

44.  JohanncsMorelli.dc  caslro  Nobiliacl,  homo  ei  bajulus  F ulcon.s  de 

Royere,  quinquagcnarius,  uxoralus 

45.  Girardus  Bajulus,  quinquagenarius.  

40.  Petrus  Slephaiii,  de  villa  Nobiliacl,  iriginla  qumque  annorum  (non 

fuil  receplus).  .  .  j-    j    i-    _ 

47    Constaniinus  Bernardi,  canonicus  regularis  Beali  Leonardi,  de  licen- 
cia prloris,  presbiier,  Iriginla  quinque  annorum. 
4«    Dcrnardus,  diclus  de  Ponte  (?),  presbiier,  Iriginla  quinq.ic  annorum. 
4»'  Malhens  de  Podio  Albano.  |.resbiicr,  viginli  quinque  annorum. 
.5o'.  Marcialis  Jauberii,  dericus,  sexaginla  annorum. 
Un  lit  ici  :  Anno  Domini  m«  ce»  ocluagcsimo  primo,  die  Sabbali  anic 
HamosPalmarum,inqueslafacia  pro  episcopo  Lemovicensi  contra  consulcs 
01  hommes  ville  Nobiliacl  per  nos,  Petrum  Monachi,  archidiacono  Toro- 
nenst  (?),  etGuillermo  de  Castro  Ayriudi,  priore  Beale  Radegundis  Picta- 
vensis,  in  lercia  dilacione  seu  produciionc  : 
51    Jacobus  Maraude,  dericus,  qulnquagenarius,  uxoralus. 
52'.  Petrus  Reginaldi,  burgensis  de  La  Sosierrana  (1),  quadragcnarius, 
uxoralus.  .^.,.         .      . 

53  Girardus  Jorneii.  canonicus  Sancii  Leonardi  Nobiliacensis,  dyaco- 

nus    viginli  quinque  annorum  el  plus,  de  licencia  sui  prions. 

54  Pelru's,  diclus  Prune,  presbiier  Sancii  Michadis  de  Nobiliaco,  triginla 

annorum,  bencticialns  In  dicia  ecclesia  Sancii  Michaclis. 
1  ■,  liasse  Î440  ne  renferme  que  ce  fragment  rdalif  à  la  première  en- 
nuêic  •  Il  a  irait  seulement  à  des  dépositions  de  témoins  dlés  à  la  demande 
do  lévfq.«.On  conçoit  que  les  archives  de  l'évêché  aient  conservé  ces 
dénosilions  avec  soin.  Si  les  archives  communalesde  Saint-Léonard  avaient 
nnrdé  aussi  rdigieusemenl  les  dires  des  témoins  des  consuls,  nous  possé- 
5e  fon  un  précieux  élément  d'information  de  plus.  Par  malheur,  la 
con  mime  sesl  laissé  enlever  jusqu'à  la  copie  de  ses  privilèges,  qu,  exis- 
tTmicorc  à  la  Mairie  en  «870,  dernière  épave  d'un  passé  communal 
qu'on  aurait  peut-élrc,  même  ignorant  de  son  histoire,  du  traiter  avec 
plus  de  respect. 

1.0  second  et  le  troisième  fragments  se  rapportent  à  la  deuxième  cnquéle 
el  ont  anDartcnn  au  même  rouleau.  ,■         ,      ,. 

ïï  scLnd,  qui  mesure  l8-«,530  sur  0>»,4Î5  à  0»,SU,  renferme  les  dépo- 
sitions des  témoins  de  l'évéque  au  nombre  de  vingt-sept  (première  el 
seconde  productions  à  la  deuxième  enquête).  Ces  deux  séries  de  témo.- 
Tnagcs  sont  complètes.  Quelques  lignes  seulement  de  a  première  dépo- 
2n  manquent,  ainsi  que  tout  le  préambule,  qui  aurait  eu  pour  nous  un 
crand  intérêt.  Celle  portion  de  Tenquêlc  esl  suivie  de  divers  dires, 
nièces  cl  productions  dont  on  trouvera  ci-après  le  détail.  La  première 
peau  commence  par  ces  mois  de  la  première  déposition.....  en  sepUmo 


W 


U  SoaUrr.ine,  .ujourd-hui  cb.W.eu  de  c»nton  ôt  l'urond.  de  Gaéret(Cre«.). 


LA   COMMUNE   DE   SAINT-LÉONARD   DK  NOBLAT  AU  XIJI*   SIÈCLE.  299 

articula,  R[equ\ûtu8]  super  decimo  articulo,  dicit  quod  neaclt.  Le  frag- 
menl  finit  :  nec  monstra,  quatinus  laclor  fada  est  quam  peticlo  pacùa- 
tur,  •—  Collacio  facta  est,  La  première  peau  est  cotée  ///«  pecia.  — 
Autres  cotes  :  Première  liasse.  Enquestes  pour  Monsieur  de  Limogea 
contre  les  consuls  et  comm^*  de  Salnci  LUnard,  a  cause  de  la  JU' 
risdlctlon  dud.  lieu,  es  années  1287  et  Î288,  D.  n»  6.  —  Signd  : 
RoGiRR  DBS  EssARTS  ;  RoMANET,  procureuF  du  Roy.  —  Plus  loin  :  Enquestes 
faictes  a  la  requeste  de  Monsieur  VEoesque  contre  les  consulz  et  com- 
mune de  Sainct-Leonard  a  cause  de  la  jurisdiction  hauUe^  moyenne  et 
basse,  mère,  mixte^  de  la  ditte  oille^  appartenent  a  mondit  selg'' 
Eoesque,  et  aussy  a  cause  de  la  forest  appartenent  a  mondit  seigneur  : 
EUes  sont  sans  datte,  —  Sainct^ Léonard, 

Nous  donnons  ci-dessous  le  relevé  des  témoins. 

[Testes  episcopi].  —  1.  N 

2.  Helyas  Panabeus,  de  Castro  Nobiliacensi,  ctatis  scxaginta  annorum. 

3.  Petrus  Nigri,  etatis  quinquaginla  annorum. 

-4.  Bernardus  Bordas,  rcctor  capelle  de  Exidalio  {sic)^  Lemovicensis 
d^ocesis,  quinquagenariu.s. 

5.  Stephanus,  subprior  Sancli  Leonardi    de  Nobiliaco,  de  dicta  villa 

oriundus,  etatis  quinquaginla  annorum  et  plus. 

6.  Petrus  Bernardi,  francus  servions,  oriundus  de  Aenmoler  (1),  etatis 

quatuor  viginli  annorum  vcl  circa. 

7.  iudoynus,  prior  de  Castelluz-Marcheis,  oriundus  de  Castro  Nobilia- 

^ensi,  ubi  moratus  fuit  quondam  bene  per  triginta  annos;  set  sunt 

viginli  quatuor  anni  quod  moram  continuam  non  fecit  ibidem 

etatis  sexaginta  annorum. 

8.  Dominus  Guillelmus  de  Rezcis,  miles,  homo  ligius  Episcopi,  com- 

morans  apud  Rezeis  (3),  elalis  sexaginta  annorum. 

9.  Petrus  Jouberti,  canonicus  regularis  Sancli  Leonardi  et  capellanus 

Sancti  Stephani  de  Nobiliaco»  oriundus  de  villa  Nobiliaci,  et 
ibidem  quasi  per  totam  vilam,  excepto  quod  fuit  scolaris  et  extra 
dictam  villam  vicissim  per  quindecim  annos  vel  circa,  elatis 
sexaginta  quatuor  annorum. 

10.  Magister  Petrus  Latere,  canonicus  ecclesie  Rausoliensis,  oriundus  de 
Ahenlo,  etatis  quinquaginla  annorum. 

i  1 .  Ernaudus  de  Bordelose,  oriundus  et  commorans  de  (sic)  Juncheria  (3), 
que  dislal  a  villa  Nobiiiaci  per  quatuor  leucas,  eiatis  sexaglnia 
annorum,  qui  mulium  conversatus  fuit  in  villa  Nobiiiaci,  et 
ibidem  [fuit]  custos  Regalium. 

19.  Hugo,  prior  Sanct:  Leonardi  de  Nobiliaco,  oriundus  prope  villam 
Nobiiiaci  per  leucam,  elalis  quinquaginla  annorum. 

Testes  producti  ex  parte  Episcopi  Lemovicensis  contra  consules  cl  corn- 

(1)  De  Aentis  monasieriOt  Eymontiers,  chcf-liea  de  canton  de  l'arrondistement  de  Limoges. 

(2)  Rezès,  château  de  la  commune  de    ce  nom,  canton    de   BessinéB,  arrondiaitement  de 
Bellac  (Haute-Vienne). 

(3)  La  Jonchère.  aujourd'hui  canton  de  Laurière,  arrondiisement  de  Limoges,  appartenait 
à  l'E/éque. 


300  SOGIÉTÉ  ABCHROLOGIQUR  ET  HISTORIQUE  DO  LIHOUSIII. 

munilatcm  sub  secunda  productionc,   aniio   Domini   m^  ce*  octogesimo 
octavo,  die  vencris  post  fesium  Beali  démentis  : 

13.  Hugo  Rolineau,  miles,  clatis  sexaginla  annorum  vel  cina,  qui  mora- 

tur  prope  villam  de  La  Soulerrenne. 

14.  Magtsler  Johannes  Jocosi,  sive  Gay,  jurisia,  de  Subterranea,  quinqoa- 

gcnarius  vel  circa. 

15.  Pelrus  Kaymondi,  vallelus  de  caslellania  de  Guarcl  (1),  cujus  domicî- 

lium  dislai  a  dicta  villa  Nobiliaci  pcr  Ircsdccim  lencas,elalislrigint.i 
oclo  annorum  \A  circa. 

16.  Stephanus    Vigerii,   Irancus  serviens,  de  Murarl  (?),  elalis  sexaginla 

annorum. 

17.  Constantinus  Marcheis,  miles^  commorans  in  casicllo  de  Nobiliaco. 

elalis  sexaginla  annorum  vel  circa. 

18.  Petrus  Faure,  presbiter  dicle  ville   Nobiliaci,   quinquagenarius  vel 

circa. 

19.  Marcialis  Joberti,  clcricus,  burgensis  di!  dicta  villa,  elalis  iriginla 

quinque  annorum.  vel  circa. 

20.  Pelrus  Kenaul,  de  Sublcrranca,  burg»nsis,  elalis  qu:idraginia  anno- 

rum vel  circa. 

21.  Riguaudus  de  Qucreu,  presbiter,  curalus  ecclesie  de  parrocbia  de 

Porcheria  (2),  elalis  sexaginla  quinque  annorum  et  plus. 
23.  Pelrus,   rcclor  ecclesie  de   Barsages  (3),  canonicus   regularis  Sancû 
I.eonardi  Nobiliacensis,  quadragenarlus  vel  circa. 

23.  Ademarus  de  Brelac,  servions  domini  l^egis,  quadragenanus  vel  circa. 

24.  Jordanus  de  Mûris,  miles,  commorans  int'ra  monsiiam,  elalis  quin- 

quaginia  annorum  vel  circa. 

25.  Joccalmus  de  la  Focllc,  miles,  quinquagenarius. 

26    Audierus  Normanni,  armiger  de  Hezeis,  prope  villam  Nobiliaci,  per 
quinque  leucas,  elalis  quadraginia  annorum  cl  plus. 

27.  Johannes  Moreau,  de  Castro  Nobiliaci,  elalis  quinquaginta  annorum 

v«l  circa. 
On  trouve  à  la  suite  de  ces  dispositions  :  des  lettres  de  Mathieu,  abbé  de 
Saint-Denis  cl  de  Simon,  seigneur  de  Nesie,  lioulcnanls  d«i  Roi  de  France, 
du  mois  d'août  1285,  rappelant  les  prétentions  des  parties  et  Tarrél  rendu 
par  le  Parlement,  A  la  Pcnlooôlc  128li;  —  la  Commission  donnée  par 
Philippe  IV,  le  29  aoùl  1287,  à  Philippe  Suard,  chanoine  de  Laon  et  à 
Jean  de  Morancy,  clercs  du  Roi,  de  procéder  à  Tenquéle  et  de  recevoir 
les  déclarations  des  témoins  de  la  promièiv  prodiulion;  —  leslctlresdu  Roi 
exécutoires  de  l'arrêt  du  Parlement  déchirant  que  l'Evoque  n'a  pas  innové 
et  n'a  agi  ni  contre  les  ordres  du  Roi,  ni  f.'nlrt^  ceux  du  sénéchal  en 
établissant  à  Saint-Léonard  un  prévôt  de>  cîiusos  forâmes,  et  enjoignant 
à  l'Evêque  et  aux  consuls  de  ne  pas  appoiler  réciproquement  d'entraves  à 

(1)  Guérct,  Garnrtum,  Waractum^  at  '.ucl'cment  rhef-Iieu  du  département  de  la  Creuse. 

(2)  La  Porchfiie,  auj.  rommun'j  du  canton  di;  Saint  i.ormain-lcb-Bell.^s,  arrondiss.e.nenl  de 
Sainl-Viioix  (Hniito-Vi'>nnci.  Po'-'-tdait  auti\-k>i-î  un  c  h  a -au  occupé  par  une  branche  delà 
grande  famille  des  Bcr.iarJ. 

^3)  Probablement  Barsauges,  cauloii  de  Uiigoat.  arrondissement  d'Ubsel  (Corrcze). 


LA   COMMUNE   DE   SATN'T-LKONARD    DR   NOBLAT    AU   XIll^    SIECLE.  301 

Texercice  des  droits  de  justice  qu'ils  possèdent  de  pan  et  d'autre,  ces  droits 
devant  être  exercés  conformément  aux  usages,  mars  1286  v.  st.  {H87)  ;  — 
les  propositions  et  récusations  des  procureurs  des  consuls  contre  les  témoins 
de  TEvôque  ;  —  enlin  diverses  protestations  et  réponses.  II  est  dit  à  la  fin  que 
les  commissaires  doivent  partir  de  Saint-Léonard  le  lundi  après  la  Pente- 
côte, pour  se  trouver  ^  Tours  le  samedi  suivant. 

C'est  le  troisième  Fragment,  de  beaucoup  le  plus  intéressant,  qui  nous 
conserve  les  dépositions  des  témoins  cités  à  la  requête  des  consuls  (pre- 
mière et  deuxième  productions  de  la  seconde  enquête). 

On  doit  regretter  à  tous  les  points  de  vue  que  cette  portion  de  la 
procédure  nous  soit  arrivée  aussi  incomplète;  nous  avons,  en  effet,  les 
déclarations  des  douze  témoins  des  consuls  qui  comparurent  à  la  deuxième 
production,  mais  celles  des  deux  derniers  témoins,  seulement,  de  la  pre- 
mière. On  trouve  de  plus,  dans  ce  rouleau,  le  texte  dos  privilèges  de  la 
ville  et  diverses  pièces  que  nous  analysons  plus  bas.  Notre  fragment,  de 
17", 73  de  long  sur  0™,225  à  G™, 259  de  large,  commence  par  ces  mots  : 
Frater  Vincenclus,  ordinis  mllLcie  TempU.  Il  finit  :  per  ipsos  artlculos 
liquide  apparat.  Collacio  facta  est.  On  y  a  ajouté  les  dires  des  consuls  en 
français,  commençant  par  :  A  ceste  fin  que  nostre  sirea  U  Rols^  et  finis- 
sant :  de  fait  et  de  droit,  en  leu  et  en  temps.  —  Cote  :  Informaccon  pour 
les  consuls  de  Saint  Lienard  a  cause  de  la  jurisd^'*'  de  lad.  oiUe 
contre  Mons""  de  Limoges.  F.  CLxxini.  Autre  plus  récente  :  Ce  rouleau 
de  parchemin  ne  contient  aultre  chose  que  les  Informations  faictes  par 
les  consuls  de  Sainct  Léonard^  a  cause  de  sa  jun'sdiction  de  laditte  oille, 
contre  Monseigneur  de  Limoges,  a  Montauban  (sic),  l'an  1280.  Saint-Leo- 
NARD.  Signé  :  Rogikr  des  Essakts. 

Voici  la  liste  des  témoins  cités  par  la  Commune  : 
i.  Frater  Vincencius,  ordinis  milicie  Templi,  quinquaginta  quinque  an- 
norum. 

2.  Magister  Galterius,  factor  ciforum,  de  Laitora  (I),  sexaginla  annoram 

et  plus. 
Utraque  pars  voluit  et  pairata  fuit  plures  lestes  producere  coram  nobis, 
auditoribus,  sub  prima  productione;  sed  nos,  auditorcs,  non  poluimus  eos 
examinare  nec  recipere,  cum  ego,   magister  Philippus   Suardi,    necesae 
haberem  recedere  et  alibi,  de  mandalo  domini  Régis,  me  transfferre. 

3.  Magisier   Leonardus  Goudclli,  clericus,  quadraginta  quinque  anno- 

rum,  horiundus  de  Nobiliaco,  commorans  apud  Mastacium  (i). 

4.  Pelrus  de  Ruppe  Amatoria  (3),  quinquaginia  annorum  et  jilus...  nalus 

apud  Nobiliacum,  et  moraïus  fuit  apud    Ruppem    Amaloriam   et 
Montem  Albaiium,  et  adluic  moratur,  bene  per  viginti  duos  annos. 

(1)  Il  s'agit  de  Lectoure,  chef-lieu  d'arrondissement  du  Gers,  comme  on  le  voit  à  la  dépo- 
sition. 

(2)  Probablement  Matha,  aujourd'hui  canton  de  l'arrondissement  de  Saint-Jean-d'Angély 
Charente-Inférieure).  On  trouvera  plus  loin  de  singulières  articulations  sur  le  compte  de  ce 

témoin. 

(3)  Roc  Amadour,  canton  de  Gramat,  arrondissement  de  Gourdon  (Lot),  célèbre  pèlerinage. 


302  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

5.  Martinus  Le  Tourneur,  horiundus  de  Burgondia,  sexaginU  anoorum. 

Vigioli  siintanni  quod  non  moralus  fuil  in  villa  Nobiliaci;  set  anle 
lllud  icmpus  ipse  moralus  fuit  in  dicta  villa  per  viginli  aniios. 

6.  Peirus  Tulonis,  ocloginlaannoruni,oriuudus  au  Vénal  (?)  propc  vîUam 

Nobiliaci,  per  ires  leucas  parvas  :  moralus  fuii  in  villa  predicla  bene 
per  quindecim  annos,  et  sunt  triginta  anni. 

7.  Domiaus  Johannes  de  Dosco,  presbiler,  qui  fuil  nalusapud  Pairac  (1], 

prope  villam  Nobiliaci  per  qiialuor  leucas;  et  moralus  fuit  in  dieu 
villa  per  quatuor  annos,  tempore  quo  erat  juvenis  :  ocloginia  anoo- 
rum. 

8.  Peirus  d^Arfeuille,  natus  in  villa  Nobiliaci,  septuaginta  annorum  et 

plus. 

9.  Peirus  Velade,  natus  in  villa  Nobiliaci,  ocloginia  annorum  :  xxxjisunt 

anni  quod  ipse  non  moralus  fuil  in  dicia  villa. 
Suit  le  texte  des  pièces  produites  par  les  consuls  et  dont  nous  reproduisons 
ci  dessus  (Appendice,  lettre  A)  la  teneur.  Les  procureurs  de  Tévéque  en 
demandent  copie.  Les  enquêleui's  les  invitent  à  s*adresser  à  la  cour  pour 
Toblenir.—  La  liste  des  témoins  reprend  ici,  avec  un  en-iéte  que  nous  repro- 
duisons : 

Testes  producli  a  procuratoribus  ville  Nobiliaci  contra  episcopum  Lemo- 
viccnsem  in  secunda  productîone,  anno  Domini  m°  cc^  octogesimo  octavo, 
die  veneris  post  feslum  Beali  démentis,  qua  die  predictus  episcopus  cons- 
liluil  procuratorem  suum  coram  nobis  Felrum  de  Pignu,  presbiierum,  ad 
omnia  in  hoc  negocio  necessaria  vel. . .  oporluna,  et  que  facerei  vel  facere 
posset,  si  personaliter  interesset,  qui  procuraior  in  presencia  procurato- 
rum  ville  et  consulum  Nobiliaci,  se  producturum  bonos  et  fidèles  testes 
juravit.  Et....  procuratores  dicte  ville  illud  idem  juraverunt,  videlicet  Sle- 
phanus  Faurc  et  Nicbolaus  de  Holendinis. 

10.  Ademarus  Bordes,  de  Breno  (2),  oclogenarius . 

H.  Petrus  Pbilippi,  civis  Lemoviceosis  (3),  sexaginta  annorum  elalis. 

It.  Peirus  de  Bilhax,  lathomus  de  Alodiis  (4),  quinquagenarius. 

13.  Petrus  Jouaus,  ballivus  defuncti  (?)  Pétri  de  Jumellis,  domicelU,  apud 

Oriacum  (5),  oclogenarius,  vel  clrca. 

14.  Johannes  Vueriau,  commorans  in  Castro  Lemovicensi,  sexaginta  anno- 

rum etatis  vel  circa. 
Suivent  des  dires  et  protestations  des  procureurs  de  Pévéque  contre  les 
témoins  produits  par  les  consuls.  Texte  de  divers  dires  et  productions  et 
de  lettres  du  Roi  aux  commissaires  enquêteurs  ;  lettres  des  commissaires 


(1)  P«jrat-le-Chàteau,  vieux  bourg  qui  a  ses  sénéchaux  particuliers  au  xiT«  siècle  (ai^oar- 
d'hui  eommuDe  du  canton  d'Eymoutiers,  arrondissement  de  Limoges.) 

(X)  Bré,  château  dont  les  ruines  subsistent  dans  la  commune  de  Coussac-Bonneval,  arroo* 
dissement  de  Saint- Yrieix  (Haute- Vienne). 

(3)  C'est  à-dire  bourgeois  de  la  Cité  de  Limoges.  Les  bourgeois  du  Château  sont  désignés 
d'habitude  sous  la  dénomination  de  burgensiSf  parfois  de  eastrensis. 

(I)  Les  A.UoiB,  ancienne  abbaye  de  filles,  dont  il  ne  reste  que  des  ruines;  aujourd'hui 
village  de  la  commune  de  La  Geneytouse,  canton  de  Saint- Léonard. 

(5)  Auriat,  aujourd'hui  commune  du  canton  de  Bourganeuf  (Creuse). 


LA   COMMUNE   DE   SAINT-LÉONAKD    DE   NOBLAT   AU   Xlll»  SIÈCLE.  303 

Cl  documenls  relatifs  au  procès.    —  A  la  tin,  faclum  des  consuls   en 
français. 

Le  quatrième  fragment  (9«,7I  sur  O^jUS)  constitué  par  une  seule  peau, 
donne  le  commencement  d'un  Intendit  de  Tévéque  :  il  commence  par  ces 
mots  :  DLcit  et  probare  Intendit  eplscopus...  Il  est  lacéré  après  les  mots  se 
adimplere  negUglt  et  neglex'U»  qui  terminent  du  reste  un  paragraphe. 
Cote  :  Pour  Mon^  de  Lymoges^  contre  les  consulz  de  Saint- Léonard. 
Hec  sont  articuU  contra  homines  de  NoblUaco^  pro  eplscopo  LemoolcensL 
—  Et  DiviNA.  E  cxlviii.  Autre  :  Ce  rouleau  contient  les  escriteures  et 
articles  pour  Monsieur  VEoesque  contre  les  consulz^  a  cause  des  causes 
cioiles  de  la  oille  de  Saint- Léonard  et  Cité  de  Lymoges,  estant  dit  par 
arrest  que  Monsieur  de  Limoges,  ou  son  preoost,  congnoistra  en  laditte 
oille  des  causes  cioiles,  Noblac.  Sign.  Rogier  des  Essarts  et  Rohanbt, 
procureur  du  Roy. 

L'évêque  y  rappelle  les  événements  depuis  Tarrél  du  Parlement  qui  lui 
a  adjugé  la  juridiction  civile,  et  signale  la  résistance  des  bourgeois. 

Le  rinquième  fragment  a  ^  mètres  70  de  long  sur  une  largeur  de  ^t  à 
83  cenli mètres.  11  commence  :  Ad  istum  flnem  quod  episcopus  Lernooi- 
censls^  nomine  ecclesie  (déchirure),  et  finit  par  ces  mois  :  ad  intencionem 
suant  fundendam,  et  probare  poterlt.  Il  renferme  un  mémoire  de  Tévéque 
relatif  à  la  justice  de  Saint-Léonard. 

Ce  mémoire  non  seulement  énonce  les  prétentions  de  Tévôque,  mais 
rappelle  les  dires  des  consuls  et  aussi  les  arguments  du  procureur  du  Roi 
qui  est  intervenu  au  procès.  Cote  :  Iz  (ou  r)  6.  xxo  (ou  xpd).  Autres  : 
Ecxlj,  no  25.  Escrittures  balhees  par  Monsieur  VEoesque  de  Limoges^ 
comme  seigneur  temporel  et  juridlct  de  St-Leonard  par  la  moytié^ 
ou  il  y  a  plusieurs  articles^  et  n*cst  signé, —  Saint- Léonard.  —  Rogier  des 
Essarts,  Romanet,  procureur  du  Roy. 

D'une  longueur  de  82  centimètres  environ,  le  sixième  fragment  est  com- 
posé d'une  peau  de  25  centimètres  de  largeur  et  d'un  petit  parchemin  de 
92,  qui  y  est  attaché  :  il  meulionue  des  comparutions  et  dires  divers  des 
procureurs,  tant  de  Tévêque  et  du  Roi  que  des  consuls,  du  dimanche  de  la 
Passion  1307  v.  st.  (1308)  jusqu'au  1<''^  mai  suivant,  devant  Jean  de  Roye, 
chanoine  de  Lille,  clerc,  et  Jean  de  Vaissiac,  chevalier,  commissaire  du 
Roi.  Il  commence  par  ces  mots  :  Memoria  est  quod  die  domlnica  ante 
Ramos  Palmarum,  anno  Dominù  mlUesimo  ccc»  vu®,  comparuerunt  apud 
Nohiliacum,,.  et  finit  :  quorum  rotulorum  tradicioni  procurator  dicto^ 
rum  domlnorum  Régis  et  episcopi  contradlxerunt.  Au  dos,  cote  du  xv« 
ou  xvi"  siècle  :  n°  20.  SS.  Mémorial  pour  Mons^  de  Limoges  contre  les 
eonsuU  de  Sai-nct-Lienardy  olgc.  et  d'une  écriture  du  xvn"  siècle  :  Actes  et 
procès- oerbal  des  commissaires  contenant  le  dlscepte  faîct  deoant  les 
commissaires^  accordés  entre  le  procureur  du  setjnleur  eoesquo  et  le 
sindlc  des  hommes  et  consulz  de  Noblac»  ou  n'I  a  que  delays  a  bailler  et 
articles  a  produire  y  sans  aulcune  décision  ni  resolution,  et  le  tout  n'en 
vault  gueres.  Noblac,  1307.  Puis  les  signatures  Rogier  des  Essarts  et 


304  SOCliTft  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUS  DU  LlHOUSIlf. 

RONANET,  procureur  du  Roy,   Au  dos   du    pelil    parchemin,   ces    mots, 
contemporains  de  la  pièce  :  Memoria  et  processus  foetus  de  Nobiliaco^ 

Le  septième  fragment  de  rouleau,  celui  que  nous  avions  étudié  il  y  a 
cinq  ans  et  que  nous  n'avons  pu  retrouver  dans  nos  récentes  recherches, 
conserve  le  texte  de  plusieurs  dépositions  fort  intéressantes  :  mentionnons 
celles  de  Mathieu  des  Moulins,  Pierre  Dupin  (de  Pinu),  Pierre  de  Rcuica* 
nos,  Bernard  de  La  Chenaud,  Giraud  Pareau,  Imberl  Boise  (sic)^  Pierre 
Chabeau,  témoins  produits  en  1288  par  les  bourgeois,  lia  une  longueur 
de  plusiears  mèires,  mais  nous  ne  Tavons  pas  exactement  notée. 


C 

Extraits  des  dépositions  recueillies  aux  enquêtes. 


I.  —  Origine  de  la  commune.  Elle  a  été  fondée  par  les  Rois  d'An- 
gleterre, qui  ont  fait  don  aux  bourgeois  d'une  bannih^e  à  leurs 
armes. 


Charte  de  Henri  II  \  bannière,  —  \.  Ipse  vidit  priviiegium  Henrici, 
quondam  Régis  Anglorum,  suo  sigillo  sigillatum  ut  prima  facie  apparcbat, 
in  quo  continebalur  quod  dominus  Rex  eisdem  conlulerat  communitatera 
et  coniirmaverat  eorum  liberlates  et  dederat  eisvexillum  in  quo  est  signum 
leonis,  prout  vidit  dictum  vexillum;  sed  non  recoUt  de  colore  vexilli. 
(Léonard  Goudelli^  clerc,  malire  des  écoles  de  Saint-Léonard,  4288). 

Charte  de  Richard-Cœur- de- Lion  :  bannières.  —  t.  Item,  dicit  quod 
habent  consolatum  et  communilalem  ex  dono  régis  Richardi,  quondam 
régis  Anglorum,  prout  audivit  dici  a  paire  suo;  et  dicit  quod  dicti  homines 
habent  duas  banerias  in  quibus  arma  régis  Anglie  sunt  depicte,  scilicet 
leopardi.  (Pierre  d'Arfeuille,  ancien  bourgeois  de  Saint-Léonard,   ^288). 

Do.  —  3.  Et  audivit  dici  a  pUro  suo  quod  ipse  erat  presens  quum  rex 
Richardus  Anglie  dederat  eis  consulatum  et  communilalem:  et  dicit  quod 
dicii  homines  habeni  vexilla  in  quibus  armature  régis  Anglie  sunt  depicte. 
(Pierre  Velade,  4288). 

Charte  d'un  Roi  d'Angleterre,  —  4.  Vidit  burgenses  dicte  ville  habere 
consulatum  et  communilalem  sexagioia  anni  suni,  et  a  sexaginta  annis 
citra...  ipsi  habent  ex  dono  régis  Anglie,  prout  audivit  dici.  (Pierre 
Tutonis,  1288). 

D«.  —  5.  ipsi  habent  consolatum  et  communilalem  a  tempore  quo  se 


LA   COMMUNE  DR  SAINT-LÉONAHD   DB  NOBLAT  AU   X1II<^   SIÈCLE.  305 

recoHl  (1). ..  el  predicla  habent  ex  dono  Régis  Anglie,  prout  audivit  dici, 
et  dicii  quod  predicla  icnent  a  rege  Francie.  (Pierre  de  Roc  Amadour, 
1288). 

D^  —  6.  Dicil  quod  ipsi  habeol  (la  commane  et  le  consulat)  ex  dono  Regum 
Ânglie  seu  Régis,  prout  audivit  dici  communiler  :  ipse  vidit  eos  uli  de  pre- 
diclis  septuaginla  sunt  anni  et  a  sepluaginta  annis  citra.  (Jean  du  Bois, 
prêtre  de  Peyrat,  1288), 

Possession  paisible  du  Consulat  et  de  la  commune.  —  7.  A  tempore  quo 
se  recolit,  ipse  vidit  in  villa  Nobiliaci  consules  et  communitatem  pacitice 
et  sioe  contradiciione.  Non  vidit  quod  Ëpiscopus  et  gentes  ipsius  super  his 
se  in  aliquo  opponerent.   (Fr.   Vincent,  templier,  4288.) 

[Bannières,  v.  n»"  7,  52,  57,  62,  63,  68.) 


IF.  —  Les  consuls,  au  nombre  de  huit,  sont  désignés  dans  une  assem- 
blée de  ville  par  les  consuls  sortant  de  charge.  Ils  reçoivent  le  ser- 
ment de  fidélité  de  la  commune. 

Des  consuls  et  de  leur  nombre,  —  8.  Vidit  quod,  in   dicta  villa,  eran 
oclo  burgenses  ejusdem  ville  qui  vocabantur  et  se  vocabant  consules  \  et 
iili  custodiebant  homines  dicle  ville  ab  injuriis  et  molestiis.  (Pierre  Joubert, 
curé  de  Saint-Etienne  de  Noblat,  1288). 

Election  des  consuls.  Serment.  —  9.  Vidit  eos  creare,  a  dicto  tempore 
citra  (soixante-dix  ans),  pluries  consules,  per  consules  antiques,  in  festo 
cathedre  Sancti  Pclri;  el  vocatur  ad  hoc  communilas  ex  parle  consulum 
antiquorum  et  communitalis,  et,  dictis  consulibus  ita  creatis,  dicta  commu- 
nilas jurât  se  obedire  dictis  consulibus  (Jean  du  Bois,  prôlre,  1288). 

D». —  10.  Consules..,  quolibet  anno  mulantur.  (Audoin,  curé  de  Châletus- 
le-Marcheix). 

D^  —  H.  Iste  vidit...  quod  consules  antiqui  creabant  alius  consules 
novos.  (Pierre  d'Arfeuille,  1288). 

Do. —  12.  Consules  vocabant  communiiatem  dicte  ville  semel  in  anno,  in 
festo  calhedre  Beati  Pétri;  et  faciebani  diciam  communitatem  jurare  quod 
obedireut  eis...  In  dicto  feslocreanlur  consules  in  dicla  villa,  prout  vidit;  et 
ipsis  creatis...  ipsi  accipiunt  sacramenlum  a  communitate.  (Léonard  Gou- 
deili,  clerc,  1988). 

D^  -—  13.  Vidil  per  triginta  annos  quod  homines  congrcgabani  se  semel  in 
anno,  in  festo  cathedre  Sancti  Pétri,  in  domum  communem  dicte  ville  ;  etlunc 
consules  antiqui,  qui  fuerant  in  anno  pretorito,  eligebant  et  faciebani  con- 
sules novos  pro  anno  futuro,  et  quod  consulibus  novis  creatis  per  anle- 
cessores,  ut  dictum  est,  communilas  dicte  ville  tnciebat...  sacramenlum 
fidelitatis.  (Pierre  Velade,  1288). 

h».-  14... Porte  dicte  ville  firmabanlurclclavcsrliclarumportarum  pone- 
bantur  in  domo  communi  ...  postmodum  dictas  clavcs  dicti  consules  cre- 

(1)  Depaia  le  temps  qu'il  ae  souvient,  aassi  loin  que  peut  remonter  sa  mémoire. 


306  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUB   DU  LIMODSlIf. 

debanl  ad  cuslodiendum  illis  qui  morabanlur  prope  portas  quaram  cln  s 
eranl,  et  a  consulibus  de  novo  crcatis  ipsi  accipiebaol  dictas  clavcs  el  p.r- 
tas  dicte  ville  apperiebant.  (Pierre  Vclade.) 

D«.  —  15.ViditpIuries,  semclin  .inno,  in  festo  cathedre  Sancti  Pclri,q8nin 
consules  creantur  in  domo  commuui,  quod  porte  Nobiliaci  firmantun  et. 
cis  iirmatis,  claves  ponuntur  in  domo  communi,  et  crcatis  consulibus, 
predicli  consules  tradunt  claves  portarum  predictarum  ad  custodicndum 
alicui  habitatori  de  dicta  villa,  cui  volunt.  (Léonard  Goudelli.) 

D".  —  16.  Vidit  pluries  in  dicta  villa  dictos  consules...  eligi  in  festo  Boaù 
Pétri.  Cum  ipsi  creabantur,  homines  dicte  ville  faciebant  cis  sacra- 
mentum,  et  ipsemet  fecit  bene  sex  vicibus.  (Maître  Gautier  de  Lecloure. 
4i88.) 

Serment  de  fidélité  et  d'obéissance.  —  17.  Vidit  juramentum  prcslari  a 
quibusdam  hominibus  dicte  ville  dictis  consulibus  in  domo  communitatis, 
et  a  quibusdam  aliis  in  quadruvio  ville,  triginta  anni  sunl  elapsi.  Et  pos- 
tea  iliud  vidit  per  decem  annos.  (Pierre  Dupin,  homme  (de  Tabbaye)  de 
Saint-Martial,  4  288). 

D<^.  —  18.  Sexaginta  auni  sunt  elapsi,  ipse  teslis,  qui  tune  erat  de  commu- 
nitalc  Sancli  Leonardi,  in  domo  communilatis,  una  cum  hominibus  dicte 
ville,  fecit  juramentum  fîdelitatis  consulibus.  (Pierre  de  Rancctnas^  1288.) 

D''.  —  19.  Consules  recipiebant  juramentum...  anle  domumconsulatus,  et 
aliquocicns  in  eadem  domo  et  per  vicos.  (Bernard  de  Lacbenaud,  1^88.) 

Formule  du  serment.  —  30.  Et  ipse  vidit  a  quinquaginta  annis...  ot 
ip^e  testis,  viginti  anni  sunt  elapsi,  pluries  recepit  hujusmodi  juramen- 
tum a  pluribus  liominihus  dicte  ville,  tanquam  unus  de  consulibus  dicte 
ville.  (Fr.  Mathieu  des  Moulins,  templier,  soixante  ans,  4288.) 

i>. —  tl.  Faciebant  juramentum  fîdelitatis  et  quod  starent  ad  esgardum 
consulum.  (Pierre  du  Bois.) 

Do.  —  92.  Jurabant  servarc  bonas  consuctudines  et  profectum  ville,  cl 
slare  ad  esgardum  consulum.  (Giraud  Parcau,  4288.) 

D".  —  23.  —  Jurabant  bonas  consuctudines  ville  servare  el  liberlales, 
el  slare  ad  esgardum  consulum.  (Imbcrt  Boyse,  1288.) 

D  '.  —  24.  Jurabant  fidelitatem  et  profectum  ville  servare. (Pierre  Chnbau.^ 


III.  —  Attributions  des  Consuls.  Ils  réunissent  la  commutie,  répa- 
rent et  entretiennent  les  fortifications.  —  Hôtel-de-Ville.  Armes 
communes.  Caisse  commune.  Archives.  Sceau. 


Assemblées  de  commune.  —  25.  Fuit  Irumpalum  in  villa  Nobiliaci,  ex 
parle  consulum,  quod  omnes  venircnt  ad  domum  communem  in  vim 
sacramnnti  quo  erant  astricti  consulibus. 

Do.  —26.  Vidit  multotiens  dictos  burgcnses  in  domo  communi  el  alibi  io 
plateis  communibus  dicte  ville;  et  ibi  congregabantur  pro  tractando  de 
negociis   illorum  communibus.  (Pierre  Tutonis,  quatre-vingts  ans,   1288). 

(Assemblées  de  commune,  n«"  9,  42,  43.  68,  69). 


LA   COMMUNE  DE  SAINT-LÉONARD   DE  NOBLAT   AU   XllI"   SIÈCLE.  307 

Garde  et  entretien  des  fortifications.  —  27.  Vidit,  a  lemporc  quo  se 
recolit,  muros  et  porlalicia  (sic)  dicte  ville  refici  et  reparari,  quum  indi- 
gebant,  per  coosules.  Vidit  custodiri  de  die  et  de  nocte,  ciim  annis  et  sine 
armis,  villam  Nobiiiaci  et  nundinas  dicte  ville  per  coosules...  et  poni 
custodes  de  die  et  nocte  per  dictos  consoles...  et  dictis  custodibus  tradi 
arma  communia.  (Léonard  Goudelli,  1388). 

D°.  —  28.  Consulesfaciunt  refici  muros,  portalitiaetforlalicia;  etscitquia 
quinquaginta  anni  sunl  et  a  quinquaginta  annis  circa,  quod  ipse  vidit  prc- 
dicta  refici  per  consules...  Vidit,  quum  jacebal  in  dicta  villa,  quod  quum 
ipse  exiebat  de  villa  summo  mane,quod  illi  qui  cuslodiebant  clavesporta- 
rum  dicte  ex  parle  consulum,  apperiebant  sibi  portas...  Quadraginta  sunt 
anoi,  istc  qui  loquitur  vidit  quod  diclus  Natebloie,  clericus,  imposuit 
tigna  domus  suc  in  mûris  dicte  :  que  domus  est  propc  portalc  de  Campo 
Magno.  Propler  quod  ipse  solvit  consulibus  quinque  solidos.  (Pierre  Tuto- 
nis,  1S88). 

(Voir  n^»  14  et  <5  ci-dessus). 

Garde  et  entretien  des  murs  et  attributs  dloers  de  V autorité  des  consuls, 
—  29.  Consules  habent  carcerem,  furclias...  precones,  ban  nu  m,  clavcs 
porlarum,  turres,  muros  et  portalia,  et  forlalicia,  et  cuslodi<'im  dictarum 
rerum  a  tempore  quo  se  recolit.  Vidit  pluries  refici  muros  et  forlalicia  per 
dictos  consules,  et  poni  precones  et  custodem  portarum...  Consules  tradi- 
derunt  claves  portarum  dicte  ville  ad  custodicndum  quibusdam  homini- 
bus  dicte  ville,  vidcl'cet  magis  ydoneo  de  vico  in  quo  eral  porlalc  (Fr. 
Vincent,  templier)...  De  nominibus  illorum  quibus  dicte  clavcs  tradeban- 
tur  custodicndum  per  dictos  consules,  dicit  quod  Pctrus  Albucon,  qui 
morabatur  ad  portam  de  Campo  Magno,  et  Girardus  Fabri,  qui  morabalur 
ad  portam  de  Bancheram.  (Léonard Godeau,  4288)...  Guillermusdc  Bousou 
custodiebat  portam  de  Bousou  et  dictus  Joli  (?)  custodiebat  clavcs  sou 
portam  Elemosinariam.  (Martin  Le  Tourneur). 

Do  —  30.  Consules...  faclebant  tallias  ad  refîciendum  muros  et  aliancccs^ 
saria  ville.  (P.  Joubert,  curé  de  Saint-Etienne,  1388)...  Vidit  capi  in 
dicta  villa  per  consules  Johannem  Ademari,  burgcnsem,  in  domo  sua,  pro 
eo  quod  nolebat  solverc  talliam  impositam  super  ipsum  ex  parle  consu- 
lum. (Pierre  Tulonis). 

D".  —  31.  I£t  reficîebant...  muros,  et  sic  faciebant  diebus  feriatls.  (P. 
Velade). 

D».  —  38.  Consules  cuslodiebant  claves  et  faciebant  custodire  dictam 
villam  pcrnoctem.  (P.  Vigier,  1280). 

Maison  commune^  sceau,  caisse  commune,  archioes,  armes,  banniè- 
res. —  33  Dicti  consules  cl  communilas  habent  domum,  sigillum,  ar- 
chamcommunem,  papirum  (i),  armaturas  et  bancrias,  el  alia  spectanciaad 
communilatem.  (Fr.  Vincent,  chevalier  du  Temple). 

Do.  —  34.  Usisunt  burgcnses  haberc  in  dicta  villa  domum  communcm, 
archam  panperum(«(c)(2),  sigillum,  armaluras communes  etvexilla  et  ban- 

(1)  P&r  papirum,  il  faat  entendre  les  archivei  en  général,  mais  plus  spécialement  les  regis- 
tres dn  greffe. 

(2)  Nous  avons  parlé  ailleurs  des  œuvres  charitables  ayant  un  caractère  communal,  et  spé- 
cialement de  la  confrérie  des  Trépassés  du  Consulat. 


308  SOCléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIOUB  DU  LlMOUSIfT. 

nerlas...elviditeos  ilauti  prediclis  a  Icmpore  suc  memorie.  (Pierre  Jo!!::.is. 
quatre-vingts  ans.  H88). 

D".  — 35.  De  domo  communi,  dicit  q-iod  vidil  a  triginla  quinqjc  annîs 
citra,  hahenl  diclam  domum  commiinom  que  modo  est,  et  conlinoe. 
(Etienne  Vigier,  !288).  ^^ 

D*.  —  36.  Ipsi  consules  habenl  ab  antique  archam,  sigillum  et  domum 
communes,  elcommunilatcm  ei  consulatum.  (Bordas,  curé  de  La  Chapellc- 
d'Excideuil,  1288). 

D«.  — 37.  Consules  vidil  habere...  domum  communem,  archam,  sigillum, 
armaturas  et  vexillum  et  papirum...  sepluaginla  sunl  anni  et  a  septaa> 
ginta  annis.  (P.  Velade). 

D<>.  —  38.  Bene  est  triginta  annis  quod  non  habebanl  domum  commu- 
nem :  nam  eral  vacua  platea  in  qua  construxerunt,  a  diclo  tempore  citra, 
domum  quam  notant  communem...  et  quum  construxerunt  istam  domum, 
a  diclo  lemporc  cilra,  construxerunt  archam,  quia  antea,  ut  crédit,  non 
habebanl.  (Pierre  Joubert,  curé  de  Saint-Elienne). 

(Hôtel-de-Ville,  n-l3,  U,  4-,  I7,  48, 19,38,39,40,  52,7', 7î, 73,  etc.). 

D».  —  39.  Vidil  custodibus  (de  la  ville)  Iradi  arma  communia  que  sunl 
in  domo  communi.  (Léonard  Goudclli). 

D«>.  —  40.  Claves  portarum  poncbanlur  in  domo  communi.  {Id.) 

D»,  —  44.  Consules  dixerunt  quod  ipsi  (les  bourgeois)  sequerenlur 
gentes  Régis  apud  liCucat  (?)  cum  armis,  cl  qui  non  haberct  arma,  quod 
accipcret  arma  que  erant  communia  in  domo  predicla  (rhôtel-de-ville) 
secundum  quod  indigerct.  (Pierre  Tuionis.) 

(Armes  communes,  n*  27  ci-dessus  et  53.) 

D".  —  42.  Ab  antiquo  habenl  sigillum  ;  sed  in  illo  sigillo  erat  scriplum  : 
Sigillum  Burgensium  Sanctl  Leonardl  ;  modo,  a  duodecim  annis  citra, 
fccerunt  novum  sigillum,  in  quo  scribi  fcccrunl  :  Sigillum  consnlum  et 
communltatis  ville  Nobiliacl.  (Pierre  Joubert,  1288). 


IV.  —  Les  consuls  tiennent  la  ville  du  roi  de  France.  —  La  com- 
mune doit  à  celui-ci  le  serment  de  fidélité,  le  service  militaire  et 
les  autres  prestations  féodales. 

Le  Roi  est  seigneur  direct  de  la  cille,  —  43.  Consules  ville  Nobiliaci 
tcncnl  predictam  villam  a  domino  Hegc.  (Martin  Le  Tourneur,  4λ8.) 

Les  consuls  et  la  commune  prêtent  le  serment  de  lidëlité  au  Roi.  — 
44.  Bene  sunl  quinqiiaginla  anni,  quod  Johannes  P.mla  el  Polrus  Bouzo- 
gle,  consules  ville  Nobiliaci...  porlaverunl  claves  ville  prediclc  apud 
Rupellam  in  Piclavia,  proul  vidil  Icslis  ipsos  defcrcnlcs  dictas  claves;  cl 
eas  reddidonuit  et  tradiderunl  ibi  régi  Ludovico,  qui  dictas  claves  gra- 
lanler  recepit...  Et  audivil  dici  ab  ipsis  quod  Rex  Iradidcral  dictas  claves 
ipsis  consulibus  ul  cuslodirenl  nomine  suo,  (Elionne  Philippe,  bourgeois 
de  la  Cité  de  Limoges,  1288.) 


LA    COMMUIfR  DE    SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT  AD    X1H«   SIÈCLE.      ^     309 

D°.— 46.Quadraginlaanni  sunl,  audivitdiciaGuillermo  Relier, mililc(l), 
quod  consoles  et  conimunitas  ville  Nobiliaci  fccerunt  sacramenlum  fide- 
litatis  ipso  domino  Guillermo,  nomine  domini  Régis  Francie;  qui  dominus 
Guillcrmus  missus  erat  ad  hoc  a  domino  Theobaldo  de  Blazon,  milile,  se- 
nescallo  Pictavcnsi  et  Lemovicensi.  (Le  môme.) 

D*.  —  46.Sexaginta  sunl  anni, quod  iste  qui  loquitur  vidil...  tempore  quo 
dominus  rex  Ludovicus  habuit  guerram  contra  comilem  Marchic...  quod 
pater  istius  et  alii  de  dicta  villa  fecerunt...  in  dicta  aula  (de  l'évoque) 
sacramenlum  fidelitatis  diclo  domino  régi  Ludovico...  Crédit  quod  Theo- 
haldus  de  Blesis  recepit  dictum  sacramentum,  qui  fuerat  sencscallus 
Lcmoviccnsis  eo  tempore  quo  regina  Blancha  custodiebal  regnum... 
sexaginta  anni  sunt.  (Autre  témoin.} 

D<*.  — 47.  Dicii  homines  loncnt  villam  a  domino  Rege  Francie.  Eo  tempore 
quo  bone  memorie  rex  Ludovicus  ivit  apud  Damietam,  iste  qui  loquitur 
et  homines  dicte  ville  fecerunt  sacramenlum  fidelitatis  diclo  domino  Régi 
Ludovico,  in  aula  quam  episcopus  Lcmoviccnsis  habel  in  dicta  villa. 
(Pierre  d'Arfeuille.) 

Serment^  aeroice  militaire  et  autres  ferolces  dus  au  Roi. —  48.  Paciunl 
(les  bourgeois)  juramentum  fidclilatis  Régi  Francie,  cavalcalam  et  cxer- 
cilum  et  servicia  consucla.  ^Fr.  Vincent,  templier.) 

Ost  et  cheoauchée.  —  49.  Commorantes  in  dicta  villa  faciunt  exercitum 
et  cavalcalam  domini  Régis.  (Martin  Le  Tourneur.) 

D".  —  50.Dicit  quod  dicti  burgonscs  usi  suntetfueruntab  antiquo  eundo 
ad  mandalum  domini  [Régis]  in  exercitu  et  cavalcata.  Vidil  preconizari  in 
dicta  villa,  ex  parle  domini  Régis,  quod  burgenses  exirent  cum  armis  cl 
sequerenlur  gentcs  dicli  Régis.  (Pierre  Jouaus.) 

D".  —  51.  Triginla  quinque  anni  sunt. ..  vidil  quod  fecerunt  cavalcMam 
domino  Régi  (2)...  apud  Larche  (3),  prope  Bergereat  (4),  prout  vidit  eosire 
et  rediiC.  (Fr.  Vincent,  templier.) 

D®.  —  5"2.  Communilas  ville  Nobiliaci  sequta  fuit  dominum  regem  Ca- 
rolum,  tune  comilem  Andcgavic,  cum  armis  et  vexillo,  apud  castrum  de  . 
Archa;  et  erant  bcne  quatuor  ccntum  homines  vel  circa,  de  communitale 
dicte  ville..,  El  ibi  diu  slelerunl,  et  postmodum  vidit  eos  reverti.   (Pierre 
de  Roc  4madour.) 

I)«>.  —  53.  Trescentum  homines  ville  Nobiliaci  seculi  fuerunl,  cum 
armis  et  vexillo,  Karolum.  comilem  Andegavie,  de  mandalo  Régis...  et 
erat  senescallus  Lcmoviccnsis  pro  domino  Rege  Pelrus  Serviens...  Et 
dictum  comilem  seculi  sunt  a  Larche.  Petrus  Pcricr,  Johannes  Paroti  et 
quidam  alii  erant  consulos.  Preceperunl  in  domo  communi  hominibus 
ville  ibidem  congregalis  ox  j)arlc  domini  régis  et  consulum...  quod  ipsi 
sequercntur  cum  armis  diclum  comilem,  fralrem  Régis...  et  consules 
Iradiderunt  arma  communia  qui  erant  in  dicta  domo  (juibiisdam  homi- 
nibus, qui  iverunl  in  diclum  exercitum.  (Pierre  Tulonis.) 

(1;  Voir  ci-dessus,  Appendice  A,  n»  4. 

(2\  Nui.  4  avons  plus  haut,  cliap.  V,  donné  quelque<)  reoseignemeots  sur  cott4  expédition  et 
les  suivanutes. 
(3)  Larciie,  chef-lieu  de  canton,  arrond.  de  Brive. 
4)  Bergerac,  chef-lien  d'arrond.  de  la  Dordogne. 


310      ^  SOCtÉTÂ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DO  LIMOUSIN. 

D*.  —  54.  Triginta  sunt  anni...  homiaes  ville  Nobiliaci  scciiti  fiicrant 
dominum  Karolum,  quondam  regcm  Sicilic  et  tune  comiiem  Andegavie, 
apiid  Larchc.  (Pierre  d'Arfeuille.) 

D*".  —  55.  Trii^inta  quinque  anni  sunt  elapsi,  consules  et  communîlas 

Nobiliaci  iverunt Archam,  perlantes  vexUlum  suum,  ubi  crant  depicta 

domini  Régis  signacula,  una  cum  Beato  Lconardo...  contra  Hcliam  Rei- 
delli  (Rudeili?),  dominum"  castri  Arche.  (Autre  témoin.) 

D*\  —  56.  Vidit,  viginti  quinque  anni  sunt,  consules  et  communitatcm 
scqui  cum  armis  et  vexillo  Peirum  Servientem,  senescallum  Pictavcnsem 
et  Lemovicensem  pro  domino  Rege,  in  exercilum  apud  Bruzac,  contra 
dominum  Heliam  Flamancum,  dominum  de  Brunzac...  Et  erat  isle  prc- 
sens  in  diclo  exercitu  una  cum  ipsis,  et  aliis  communitatibus  Lemovi- 
censis  [patrie]  (Autre  témoin). 

]y*,  —  57.  Et  vidit  eas  (les  bannières  avec  les  léopards  d*Ang!elerrc) 
defferri  per  dictos  homines,  ex  parle  domini  Régis  Francie,  cum  vexilio 
domini  Régis  Francie,  apud  Brucat(?).  (Id.) 

jy^,  —  58.  Vidit  burgenses  ire;  cum  armis  et  bannems  suis,  in  exerci- 
lum domini  Régis  apud  Brunzac,  bene  sunt  quadran^inta  quinque  anni, 
et  apud  Salvam  terram,  bene  sunt  quadraginta  anni.  (Pierre  Joaaas,  4S88.] 

D^.  —  59.  Bene  sunt  quinquaginta  anni  vel  circa,  quod  vidit  istc  qui 
loquitur,  burgenses  dicte  ville,  bene  quinquaginta  aut  sexaginla  homines 
vel  circa,  ad  prcconizationem  factam  ex  parte  dicti  domini  Régis  in  dicta 
villa,  ire  cum  armis  et  banneria  sua  in  exercitu  domini  Régis  apud  Chai- 
luz  Chebreu(t)  (Pierre  Jouaus).... Consules  et  communitas  dicti  loci  ivenint 
Chalus  cum  domino  Petro  de  Sallicibus.  milite,  senescallo  Pictavensi  et 
Lemovicensi.  (Autre  témoin.) 

D«,  —  60.  Iste  qui  loquitur...  viginti  quatuor  anni  sunt,  et  bene  tres- 
cenlum  homines  de  Nobiliaco  sequti  fuerunt,  cum  armis  et  veiillo^senes- 
callum  Lemovicensem  pro  Rege  apud  Chalup  Chevroc;  et  interfuerunt 
iste  et  isti  ante  diclum  castrum  per  Ires  dies,  cum  armis  et  vexillo  ;  e( 
postmodum  reversi  fuerunt.  Fuit  preconizatum  apud  Nobiliacum  ex  parte 
dicti  Régis,  cpiscopi  Lemovicensis  et  communilalis  dicti  loci,  quod  illi  de 
communitate  sequercnturdicium  senescallum,cum  armis  et  vexillo,  usque 
ad  dictUTï  locum  ;  et  sic  fecerunt.    (Pierre  de  Roc  Amadour.) 

D®.  —  61.  Burgenses...  iverunt  apud  Chaluz  Chevrol;  detFerebanl  vexil- 
lum  de  armis  domini  Régis  :  ibi  stctcrunt  eundo  et  redeundo  per  quatuor- 
decim  dies.  (Martin  Le  Tourneur.) 

D^.  —  63.  Quindecim  anni  sunt  quod  iste  vidit  et  audivit  quod  con- 
sules preceperunt  eis  in  vim  sacramenti  quo  tenebantur  eis,  quod  seque- 
rentur  génies  domini  Régis  ad  Chalut  Chevrol.  (Pierre  Tutonis.) 

D°.  —  63.  Vidit  communilalem  Nobiliaci  sequi  dominum  Regem  apud 
Fois,  quum  comes  dicti  loci  captus  fuit  et  ductus  in  Franciam...  comma- 
nilas  predicta  misit  xl  vel  1  homines  armatos,  cum  vexillo,  ad  diclum  lo- 
cum, pro  communitate  sua.  (Léonard  Goudelli.) 

(1)  Chiliu-ClLabrol,  aajourd'hai  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondisBement  de  Saint-Trieix 
(Haute- Vienne).  Richard  Cœur-de-Lion  avait  été  blessé  mortellement  sous  les  mors  de  Chiiiw 
en  1199. 


LA    COMMUNE   DE    SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT   AU  XUl^  SIÈCLE.  311 

D".  —  64.  Vidil,  apud  Lelorani,  centum  homines  de  villa  Nobiliaci  ire 
cum  armis  in  Navaram...  Porlabant  vexilla  domini  Régis  et  dicte  ville, 
proutvidit.  (Maître  Gautier,  de  Lectoure,  U88.) 

D^.  —  65.  Item  communitas  misil  apud  Pampelunc.  duodecim  anni 
sunt  elapsi,  plurcs  homines  armalos  pro  communitate  sua,  de  mandato 
Régis.  (Léonard  Goudelii). 

D®. —  66.  Vidlt,  duodecim  anni  sunt,  homines  de  Nobiliaco  facere  Iran- 
silum  per  villam  Ruppis  Amatoris,  qui  ibant  cum  armis  in  Navariam  pro 
communitale  Nobiliaci,  de  mandato  domini  Régis.  (Pierre  de  Roc 
Amadou  r.) 

D°.  —  67.  Homines  et  communitas  ville  Nobiliaci  dederunt  domino  Régi 
duccnlas  libras  turonenses  eo  quod  non  irent  in  exercitu  Arragonensi... 
Vidit  eas  solvi  domino  Philippo  de  Bello  Manerio,  milite,  tune  senescallo 
Lemovicensi  et  Pictavensi.  (Etienne  Philippe,  bourgeois  de  la  Cité  de 
Limoges,  iî88.) 


V.  —  Les  consuls  assemblent  la  commune  en  armes  pour  protéger 
les  bourgeois  et  punir  les  seigneurs  qui  ont  attenté  à  leurs  person- 
nes ou  à  leurs  biens. 


68.  Bene  sunt  sexaginta  anni,  imponcbatur  domino  Guiltermo  de  Podio, 
milite,  quod  ipse  ceperat  très  mercatorcs  de  dicta  villa  et  curia  ipsorum 
(des  consuls),  extra  locum  contenciosum,  inler  villam  Nobiliaci  et  civila- 
Icm  Lcmovicarum,  et  quod  eos  et  eorum  bona  duxerat  caplos  per  uemora 
et  forestas...  In  crastinum  consules  et  communitas  dicte  ville  qui  tune 
erant,  iverunt  cum  armis  et  vexillo  ad  domum  dicti  mililis  apud  villam 
Sancli  Martini (1);  que  quidem  villa  distat per  duas  leucas  a  villa  Nobiliaci... 
Et  omnia  bona  que  erant  in  dicta  domo  ceperunt  et  ea  secum  apportavc- 
runt,  et  domum  dicti  militis  funditus  destruxcrunt...  Ipsi  ceperunt  très 
homines  de  hominibus  dicti  militis  et  secum  adduxerunt  captos  in 
villam  de  Nobiliaco,  et  eos  posuerunt  in  prissione.  Audivit  evocari 
ter...  diebus  mercali,  dictum  mililem  ex  parte  consulum  et  com- 
munilatis...  Cum  non  compareret,  dictus  miles  et  ejus  heredes  in  perpe- 
tuum  fuerunt  banniti,  ex  parte  consulum  et  communitatis,  de  dicta  villa. 
Et  filius  dicti  militis  adhuc  vivit,  et  modo  non  est  ausus  intrare  dictam 
villam.  Vidil  mullociens  quod,  cum  habebat  aliqua  expedire  cum  burgen- 
sibus  dicte  ville,  quod  ipse  venicbat  usque  prope  dictam  villam,  et  man- 
dabat  pro  burgcnsibus  dicte  ville  cum  quibus  habebat  aliqua  expedire; 
et  loquebatur  cum  ipsîs;  et  postmodum  recedebat  (Pierre  Tutonis,  1288  ) 

Do.— 69.  Ademarus  Marches,  miles,  cepil  quemdam  burgensem  ville  Nobi- 
liaci et  eum  secum  duxit  captum  in  domum  suam...  Audivit  preconizare 
cum  trompis  por  villam  Nobiliaci,  ex  parle  consulum  et  communitatis... 
quod  omnes  sequerentur  dictes  consules,  cum  armis,  ad  domum  dicti 

(1)  Saint-Martin-Terrasaaa,   aujoord'huî  commune  du  caaton  de    Saint-Léonard,  arrondii- 
sement  de  Limoges. 


31  i  SOCIÉTÉ  AKCHÉOLOGIODB   ET   BtSTORlQDK   DO  UIIOOSIII. 

mililis...  El  ivcruot...  Vidil  (le  témoin)  eos  revcrti,  et  adducebant  diclas. 
mililem  caplnm  cl  ejos  fratrem,  Bernardum  Marches,  el  Petnim  Nooalle. 
domicellnm,  et  filium  dicii  oiiliiis.  El  dicium  Pelrum  posueronl  ïn  |>n>- 
sioocm  de  Foole-l'ioon  ;  et  dicium  militem  posuerunt  in  pnssionem  ic 
dicta  villa,  in  domo  Helyc  Ademari...  El  postmodam  fuit  dcliberatos,  seJ 
nescil  qnaliler.  Domus  dicii  mililis  est  extra  locum  contenciosam...  et 
boc  scit  quia  ostensioni  interfuit...  Et  addaxerant  burgeosem  qui  diee- 
balur  fui>se  caplus  :  deoomine  burgensis,  dicit  quod  dictus  Pomier.  (Pierre 
Tutonis.) 

D®.  —  IC. Quinquaginla  qninque  anni  sunl,  coosules  el  commonitas  dicto 
\ille  iverunicum  armis  apud  Aquam  Sparsam  (l)in  Lemovicinio,  ot  ibi  cepe- 
runt  Petnim  Noualle.  domiccllum,  cl  poslmodum  iverunt  apud  quamdain 
villam  Ueboulevi  (2)  vocalam,  el  ibiccperunl  dominum  Ademarum  Marches 
cl  Bernardum,  ejus  fîlium,  prout  vidil  <;os  adduci  captes  ...  cl  didos 
domiccUos  posuerunt  in  prisione  consulum,  el  dictum  militem  in  qoadam 
domo  cujusdam  burgensis.  Et  eos  cepcranl  pro  eo  quod  imponcbalur  ois 
quod  ipsi  verberaveranl  quemdam  burgcnsem  dicte  ville  in  chemin^ 
domini  Bcgis,  et  merces  ipsias  eidem  austulerant...  Posl  modo,  dominj 
Giustinus  Marches  et  Coastanlinus,  milites,  vencrunl  in  platea  communi. 
anlc  mcnsuras  ad  bladum,  coram  consulibus,  cl  juraverunl  ad  sancLa 
Dei  evangelia,  in  presencia  dictorum  consulum,  quod  dicii  miles  el  do- 
micelli  predicli  starent  super  hoc  volunlati  consulum...  Ipsi  fuerunl  deli- 
berali.  Ibidem  fuit  judicatum  pcr  diclos  consules  quod  miles  predicin^ 
bannirctur  de  villa  ex  parle  ipsorum  et  communitatis  pcr  annum,  et  dicti 
duo  domicelli  in  perpeluum...  Audivit  eos  banniri  de  villa  ex  parle  con- 
sulum et  communitatis.  (Pierre  Velade,  i288.) 


YI.  —  Dépositions  attestant  que,  durant  tout  le  cours  du  siècle, 
les  consuls  ont  exercé  la  justice  dans  la  ville,  y  ont  jugé  le^ 
causes  civiles  et  les  procès  cnminels,  y  ont  tenu  gibet,  pilori, 
prison,  chambre  de  question,  quils  ont  eu  la  police  de  la  voirie^ 
des  poids  et  mesures,  des  métiers,  des  foires  et  marchés. 

Les  consuls  sont  en  possession  de  la  justice.  —  71.  Vidil,  sexaginU 
anni  sunl,  consules  ville  lencre  assisias  et  placila  sua  in  domo  communi 
dicte  ville,  in  plateis  communibus  et  sublus  porlale  Campi  Magni,  inter 
homiûes  dicte  ville  et  alios  quorum  nominibus  [sic)  non  recolil.  (Pierre 
Tutonis,  Hd8). 

Audiences  cioiles.  —  72.  In  illo  tempore  quo  solebat  (le  témoin^ 
morari  in  villa  Nobiliaci,  vidil  quod...  consules  audiebanl  causas  ipsorum 
(des  habitants)  1er  in  sepiimaua,  iu  domo  communi  dicle  ville.  (Pierre  de 
Roc  Amadour,  iiSS.) 

(2)  Il  s'agit  d'Aigueperae,  commune  de  Saiat-Paul-d'Eyjeaux. 

;3)  Eybouleuf,  aujourd'hui  commune  du  canton  de  Saint- Léonard. 


LA  COMMUNE   DE  SAINT-LÉON  A  Ul)   DE   NOBLAT  AU   XIll^^   S11^.€LK.  3(3 

D*>.  —  73.  Honiines  dicte  ville  liligaDl  inler  se  super  debitis,  verbera- 
tionibus  et  heredilatibus...  coram  consulibus...  Gonsuics  in  talibus  aclio- 
nibus  tenent  assisias  suas  bis  in  septimana,  videiicet  die  marlis  et  die 
vcneris,  in  domo  consoiatus;  et  hoc  faciuntsoli,  sine  vigeriis.  (Fr.  Vincent, 
templier.) 

I>>.  —  74.  Consules  audicbant  causas  pccuniarias  et  bereditarias  in 
domo  commun!.  Triginta  quinque  sunt  anni...  conlencio  erat  inter 
Matheum  de  Molendino  et  Giraudum  Symonis,  de  villa  predicta,  super 
quodam  gradu  qui  crat  inter  domos  ipsorum...  Tune  vidit  (le  témoin) 
quod  consules  veneruntad  dictum  locum,prout  vidit,  etmensurati  fuerunt 
locum  contenciosum  cum  quadam  corda,  et  assignaverunt  cuilibet  parlem 
suam  de  gradu  de  quo  erat  contenclo.  (Pierre  de  Roc  Âmadour.) 

D°.  —  75.  Conlcstatio  erat  inler  Giraudum  Symonis  et  Matheum  de 
Molendinis,  burgenses,  super  limiiatione  cujusdam  mûri...  Consules... 
venerunt  ad  dictum  locum  et  murum  predictum  limitaverunl;  et  dicti 
consules  posuerunt  metas  lapidum  in  capite  dicti  murL  (Témoignage  de 
l'enquête.) 

D<».  —  76.  Viginti  quatuor  anni  bene  sunt,  fecit  (le  lémoin)  citari  coram 
consulibus...  Robertum,factorem  ciforum,  avunculum  suum  ;  et  petebat  ab 
oodem  quandam  pecunie  quanlitalem,  quam  ejus  avunculus  amoverat 
de  societate  quam  ipsc  habebat  cum  ipso.  Ct  negavit  ejus  avunculus  se 
dictam  pecuniam  amovisse  de  societate  :  quod  probavit  iste  coram  dictis 
consulibus  per  octo  testes.  Et  tune  fecerunt  ei  soivi  dictam  pecuniam. 
Requisitus  si  gentcs  Episcopi  interfuerant,  respondit  quod  non,  quod 
sciât  (Gautier  de  Lectoure).  —  Non  satisfecit  (la  partie  qui  avait  perdu  le 
procès),  infra  tempus  predictum...  Iste  (le  témoin)  conquestus  fuit  consu- 
libus, et  tune  dicti  consules  fecerunt  ipsum  gagiari  de  pennis  que  erant 
in  domo  sua,  et  amoverunt  portas  domus  (1)  in  qua  morabatur.  (Martin  Le 
Tourneur.) 

D^.  —  77.  Vidit  pluries  quod  quum  homines  extranci  veniebant  ad  villam 
Nobiliaci  et  vendebant  ligna  vel  bladum  suum  vel  alia  hominibus  commo- 
rantibus  in  dicta  villa,  et  dicti  emptorcs  nolebant  satisfacere  dictis  vendi- 
toribus  de  co  in  quo  sibi  tenebanlur,  quod  dicti  consules  precipiebant 
dictis  hominibus  commorantibus  in  dicta  villa  quod  satisfacerent  dictis  ven- 
diloribus.  (Pierre  Velade.) 

Fourches  de  la  commune,  —  78.  Quadraginta  sunt  anni  et  a  quadra- 
ginla  annis,  vidit  quod  consules  habent  furchas  ad  quas  suspendunt  ma- 
lefactores.  (Pierre  de  Roc  Amadour.) 

D».  —  79.  Sexaginta  et  septem  bene  anni  sunt...  quidam  homines 
venerunt  ad  nemus  de  Queneu  et  ibi  très  arbores  sciderunt  (aie),  et. . . 
fecerunt  quasdam  furchas,  quas  elevavcrunt  juita  dictum  locum,  propc 
cruccm  de  Courepere  ;  et  habebant  dicti  homines  duas  secures  cum  qui- 
bus  fecerunt  dictas  furchas...  Plantaverunt  dictas  furchas  cum  quadam 
scala. . .  Statim  post,  ipse  vidit  quemdam  lalronem  suspcndi  ad  dictas 
furchas,   pro  eo  quod  crepuerat  quamdam  ecclesiam  et  ibi  subripucrat 

(1)  Ce  procédé  est  soavent  employé  à  l'égard  des  payeurs  récalcitrants.  Les  consuls  de 
Limoges  et  leurs  officiers  en  usent  encore  au  xvu*  siècle. 

T    xxxviu.  21 


31  i  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

veslimenta  ipsius  (i),  de  quibus  fecerat  vestes. . .  ilii  qui  dictas  farcha^ 
crexcrunt  et  qui  dictum  lalroncm  suspendcrunt,  erant  de  dicta  villa... 
Aole  illud  tempus,  homines  dicte  ville  suspendebaot  latrones  ad  quam- 
dam  arboreni...  Et  in  suspensione  eraot  plures  homiues  armati  et  sise 
armis.  (Pierre  Velade,  1288.) 

D^  —  80.  Scxaginta  anni  suot,  vidil  fieri  quasdam  furchas  per  con- 
suies  et  communitalem .. .  et  eas  erigi  fecerunt  in  loco  qui  dicitur  La 
Courpeire,  prout  vidil...  Audivit  dici  quod,  ante  illud  tempus,  dicli 
consules  suspendebant  latrones  et  malefactores  suos  ad  quandam  arbo- 
rem  siiam  in  loco  qui  dicitur  a  VOrt  Bonissam,  Ipse  vidil  scîndi  pcr 
consules  et  communiiaiem  predictos  arbores,  de  quibus  facie  fuenini 
dicte  furclie,  in  bosco  de  Quenevi.  (Pierre  Tutonis.) 

(Fourches,  n'-  84,  87,  etc.). 

Pilori  de  la  commune.  —  81 .  Vidit  capi . . .  quemdam  hominem  pro  eo 
quod  furaverat  bladum;  vidit  ipsum  poni,  quodam  die  sabbati,  per  dictos 
consules,  in  scala,  in  plalea  communi  dicte  ville  in  qua  sont  mensurc  ad 
bladum . . .  Cum  ibi  fuisset  per  unum  diom . . .  vidit  eum  fuslîgari  per 
dictam  villam.  (Pierre  Velade,  1288).— Ipse  vidit judicari dictum  Petram  in 
domo  communi  dicte  ville,  per  dictos  consules,  ad  pooendum  in  scala  pcr 
unum  diem  ..  et  quod  in  perpetuum  banniretur  de  dicta  villa.  (Pierre 
Tutonis,  lâ88.) 

Les  consuls  font  donner  la  question.  —  82.  Consules  fecerant. . .  poni 
eum  in  prisione  dictorum  consulum,  in  portali  de  Fonte  Pinon,  pro  eo  quod 
imponcbalur  ci  quod  ipse  inveneral  thcsaurum  in  quodam  campo,  quod 
consules  volebant  habcre.. .  Vidit  (le  témoin)  ipsum  poni  in  queslionibus 
et  lormentis  in  dicla  prisione,  ut  ab  eo  extorqueretur  veritas...  Fuit  in 
dicta  prisione  bene  per  annum.  (Pierre  Velade.) 

D^.  — 8i.  Viginli  anni  sunt  vel  circa. ..  quidam.  .  super  pecunia 
subrcpta. . .  conquesti  sunt  consulibus  et  vigeriis  dicte  ville,  qui  ccpcrunl 
scrvicnlem  domus  predicte,  et...  addixerunt  questionibus  et  tormeolis. 
(Kr.  Vincenl,  templier.) 

Prison  des  consuls,  —  84.  Consules  habent  carcerem,  furchas...  (Le 
môme). 

O*).  —  85.  Et  dictum  Slephanum  vidit  poni  in  prisioncm  de  Maio  Per- 
tuisio  per  eosdem  (les  sergents  du  consulat)  et  dicta  prisio  est  consulum. 
(Martin  Le  Tourneur.) 

[)o.  —  86.  Vidit,  sexaginta  anni  sunt,  quemdam  hominem  in  prissione 
consulum  in  porlalicio  de  Fonte  Pinon,  pro  eo  quod  impoucbatur  quod 
inveneral  Ihesaurum  abscondilum  in  terra;  et  fuit  bene  per  duos  annos... 
Post...  vidit  dcliberatum  in  plalea  in  qua  sunt  mensurc  ad  bladum. 
pcr  judicium  consulum,  ita  quod  redeceret  quitus  et  immunis  super 
diclo  facto.  (Jean  du  Bois,  prêtre,  1Î88.) 

Causes  criminelles  jugées  par  les  consuls.  —  87.  Vidit  adduci  in  dic- 
tam villam  per  consules,  scxaginta  anni  sunt...  quemdam  latronem  pro 
co  quod  subripuerat  in  quadani  ecclesia  veslimenta  dicte  ecclcsie  et  de 

(1)  Ipsius  ecclesie  —  de  c«tte  église. 


LA    COMHUNK    DK   SAINT-LÉONARD    DK    NOBLAT   AU    XUl^    SIÈCLK.  315 

dictis  vestimentis  fccerat  camisiam  et  brachas,  et  de  stola  bracharium. . . 
Yidit  dictum  latronem  judicari  ad  suspendendum  per  dîclos  consules  in 
quadam  platea  in  qua  sunt  meDsure  ad  bladum...  Et  preconizatum  fuit 
cum  trompis...  ex  parle  diclorum  consulum  et  communitatis  tantam.quod 
omnesvenirent  visuri  fier)  justiciam  de  dicto  lalrone...  Viditdiclum  latro- 
nem daci  ad  suspendendum  per  dictos  consules  et  commuDilatcm...  Vidil 
ipsum  suspensum  ad  quasdam  furchas  que  fueranl  facte  de  novo  per  con- 
sules inler  boscuu  de  Morteseigne  et  crucem  de  Courtpeirc.  (Jean  du 
Bois,  prêtre  de  Peyrat.) 

Do.  —  88.  Quinquaginta  anni  sunt,  quidam...  furaverat  forpices  (sic) 
sive  ciaailes,  Consules  judicaverunt  eum  ad  hoc  quod  tonderetur  super 
capul,  ila  quod  seugis  exiret  de  capite. . .  Et  duxerunt  ad  quamdam  por- 
tam  dicte  ville,  vocatam  Blancheram,  et  ibi  amputaverunl  ei  capillos  et 
aliquanlulum  de  corio  capitis;  et  inhibuerunt  ei  de  celcro  quod  intraret 
villam.  (îd.) 

D^  -«  89.  Vlditcapi,  quadraginta  duo  anni  sunt,  in  mercalo  ville  Nobiliaci, 
Siephauum  Dresseres,  pro  60  quod  furatus  fuerat  duos  boves  versus  Sub- 
icrianeam,  quos  volebat  vendere  in  mercalo  dicte  ville...  et  vidii  ipsum 
poni  in  prisione  consulum  de  Malo  Perlusio;  et  ibi  sielii  per  duos  dies. 
Vidit  ipsum  adduci  in  platea  commun!  dicte  ville,  ante  mensuras  ad 
bladum...  ei  judicari  ad  suspendendum.  Dicti  boves  fuerunt  reddili  homini 
cujus  erant  per  consules.  (Pierre  Velade.) 

D*».— 90.  Quadraginta  anni  sunt,  vidit  capi  per  consules  quemdam  hominem 
dictum  Ribauium  et  eum  poni  in  prissione  consulum,  in  quadam  archa. 
In  craslinum  ipse  vidit  dictum  Ribaldum  judicatum,  in  domo  commun 
dicle  ville,  ad  suspendendum  per  d!cl08 consules,  eo  quod...  combusserai 
quandam  domum  et  septem  tam  homines  quam  mulieres  in  eadem,  et  quod 
inlerfecerat  quandam  mulierem  prenantem  (sic),  Audi  vit  preconizari  cum 
irumpis,  ex  parte  consulum  et  communitalis  lanlum,  quod  omnes  venirenl 
visuri  fîeri  jusliciam  Et  venerunl,  et  duxerunt  ipsum  ad  dictas  furchas. 
Eraniibibene  trescenlum  homines  armali.  (Le  même.) 

D<^.  »  91.  Triginta  ocîo  sunt  anni  quod  iste  vidit  capi  per  consules 
ville...  ante  ecclesiam  Sancli  Leonardi,  1res  garciones...  pro  eo  quod 
scindebant  bursas  peregrinorum.  Et  ducli  fuerunt  in  domum  communem 
consulum,  et  ibi  judicali  fuerunt,  duo  ex  eis  ad  admiclendum  auriculas 
propter  latrocinium...  Et  tercius  ex  ipsis  fuit  judicaïus  ibidem  per  dictos 
consules  quod  scinderel  auriculas  aliorum  duorum,  pro  .eo  quod  erai 
juvenis.  Ipse  vidit  eos  duci  per  dictos  consules  ad  portam  Ëlemosinariam. 
et  dlctus  parvusgarcio  ampulavit  aliis  duobusaures.  (Manin  Le  Tourneur.) 

D^,  —  9i.  Triginta  septem  anni  sunt,  vidil  ires  pueros  capios  in  domo 
consulum  ..  et  fuerunt  capli  pro  eo  quod  scindebani bursas  peregrinorum... 
Siaiim  consules  dicle  ville  judicaverunt  duos  majores  ad  perdendum  auri- 
culas; et  quod  tercius  ex  eisdem  eas  amputarel.  El  fuerunt  eis  amputate 
ad  poriam  Ëlemosinariam.  Et  fuerunt  1res  pueri  banniii  de  villa  cum  trom- 
pis, ex  parte  Régis  et  consulum.  (Mallre  Gautier,  de  Lecloure.) 

D^,  —  93.  Triginta  septem  anni  sunt,  vidil  capi  el  duci  in  prisionem 
consulum  per  consules  Petruro   Baudrit,  Bernardum  Pazani    et  Petrum 


SIC  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIVOUSIR. 

Salviac,  pro  eo  qaod  subripueranl  angullas  salsatas  in  quadam  domo  diele 
ville.  Petrus  Baudril  fregit  prisîonem  consulum  et  fagîil  (sic)...  Ainici 
iilorum  duorum  qui  non  fregeranl  prisîonem,  concordaverunl  com  conso- 
libus  ..  quod  dicli  homioes  reverlerentur  in  vitla,  lia  quod  îpsi  accipereoi 
burdones  et  peras,  cl  quod  incontinenli  exirent  de  dicta  villa  el  quod 
iront  in  pcrpeiuum  ultra  mare.  Et  sic  fecerunl.  (Pierre  Velade.) 

D».  —  94.  Triginla  très  sunt  anui  quod  ipse  vidit  capi  in  dicta  villa 
Slephanuni  Pailarleu...  cum  uno  sextario  bladi  quem  ibidem furatns  fuerat. 
El  fuit  adduclus  in  domo  consulum  per  consules  qui  tune  erant;  et  statim 
ipsum  feceriint  fustigare  per  dictam  villam,  portando  dictuin  bladum  saper 
humeros,  et  banniverunt  eumdem  cum  trumpis,  ex  parte  domini  Régis  et 
Consulum.  Requisiius  si  génies  Episcopi  ibi  inlerfuerant,  dicit  qaod  non, 
quod  sciai.  —  Bene  suni  triginia  anni,  vidit  et  audivit  banniri,  ex  pane 
domini  Régis  et  consulum  de  dicta  villa,  Guionetum.  dictum  Bat-Sausse, 
pro  eo  quod  interférerai  quemdam  homincm  de  dicia  villa.  (Maître  Gautier, 
de  Lecloure,  1988.)—  Et  cum  fuisset  ejeclusde  dicta  villa,  consules  qui  erant 
ibidem,  inhibuerunt  dicio  Stepbano  ne  de  ceiero  intraret  dictam  villam. 
Quod  si  inlrarei  dictam  villam,  quod  suspenderetur.  (Martin  1^  Tourneor.) 

D°.  —  95.  Triginia  anni  sunt  qaod  vidit  capi  in  villa  Nobiliaci...  dic- 
tum Metadier  per  consules  et  eorum  servientes  ..  Ipsum  ducebant  verssas 
prissionem  de  Malo  Fertuisio...  Posimodum  vidit  adduci  dictum  Heladier 
anle  ecclesiam  Béate  Marie,  subtus  ulmum  ;  et  vidit  qaod  dictas  Metadier 
fuit  judicalus  per  diclos  consules  ad  admissionem  (sic)  pedis...  Ductus  fuit 
ad  porlam  Ëlemosiiiariam  cum  trumpis,  et  ibidem  fuit  pes  amputatus.  Pro 
judicioelampulacioni  intereranl  bene  mille  persone.  (Manin  Le  Tourneur.) 

D°  —  96.  Triginia  quinque  anni  sunt,  vidit  dictum  Stephanum  poni  in 
prisione...  pro  racemis  quos  dieebatur  subripuisse;  el  vidit  ipsum  judicari 
in  plalea  communi  dicte  ville,  anle  mensuras  ad  bladum;  et  vidit  eum 
fustigari  per  diclam  villam,  ex  parte  consulum,  quadam  die  sabbati  post 
diclam  caplionem.  El  porlabal  racemo^f  super  collam  suum...  Et  aadivii 
ipsum  forbanniri  cum  trumpis,  ex  parte  consulum,  per  annum. (P.  Velade.) 

D°.  —  97.  Vidit  capi,  viginii  septem  anni  sunt,  dicium  Blancbart  in 
domo  sua  per  consules...  et  duci  in  prissionem  in  domum  commanem 
consulum...  El  ibi  stelit  per  Ires  dies.  El  cum  nichil  posseï  probari 
contra  dicium  Blanchart,  isie  vidit  quod  consules  fecerunl  abjurarc  dictam 
Blancliarl  diclam  villam  (1)  in  perpeluum;  el  non  fuit  baanitus...  Imponek^a- 
tur  quod  ipse  interfecerat  uxorem  Jacelmi  Jauberli  de  qaadam  lapide... 
Abjuravil  in  domo  communi.  (Marlin  Le  Tourneur.) 

D^  —  98.  Iste  vidit  capi,  viginti  quinque  anni  sunt,  Stephanum  Pailarl 
in  quodam  domo,  pro  eo  quod  furatus  fuerat  bladum,  et  captas  fuit  per 
servientes  consulum...  Et  vidit  dictum  Stephanum  judicari  per  dicios 
consules  ad  fusiigandum  per  villam,  et  eum  judicaveruni  in  domo  com- 
muni... El  vidit  ipsum  fusiigari  per  villam  cum  irompis;  et  defiferebat 
super  collum  suum,  bladum  quod  dieebatur  subripuisse.  Et  dicit  qaod, 

(1)  Faut -il  comprendre  que  Blanchard  jura  d«  ne  plaa  habiter  U  vUle,  — >  ou  bien  quM 
déclara  s'exclure  lui-même  de  la  commune  :  son  ahjuratio  ayant  pour  effet  d'annuler  le  «er- 
ment  qui  solidarisait  entre  eux  les  membres  du  corps  de  bourgeoisie? 


LA   COMHUNE   DK   SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT    AU   XIU^   SIÈCLE.  317 

eum  fuissel  ejectus  de  dicta  villa,  consules  qui  cranl  ihidcm,  inhibuerunl 
diclo  Stephano  ne  de  celero  intraret  dictam  villam.  [Id.] 

1)0.  —  99.  Viginli  sunt  anni  qaod  isle  vidil  Giraudum  de  Arverniha  (?) 
apud  Nobiliacum,  sabtus  ulmum,  anle  ecclesiam  Beale  Marie,  captum  coram 
coQsulibus,  pro  furlo...  El  judicaverunl  dicii  consules  dicium  Giraudum  ad 
suspendendum  propter  furlum...  El  vidii  ipsum  duci  ad  suspendendum,  ei 
audivit  preconizari  apud  Nobiliacum,  ex  pane  consulum  el  communilalis 
quod  omnes  irent  visuri  fieri  jusiiciam  de  diclo  Giraudo;  et  sic  fecerunt, 
prout  dictam  est.  (Léonard  Goudelli,  clerc.) 

Contumaces,  —  100.  Imponebalur...  triginta  quatuor  anni  sunt  elapsi... 
Johanni  Goulon  quod  intcrfecerai  quemdam  hominem  inter  villam  Nobi- 
liaci  et  poniem  dicte  ville;  et  fugil.  Et  vidit  (le  témoin)  tune  quod  commu- 
nitas  dicti  loci  sequta  est  cum  armis  dictum  Johannem  ;  et  cum  ipsum 
dicta  communilas  non  posseï  invenire,  ipsa  reversa  fuit  ad  domum  dicti 
Johannis  in  qua  morabatur,  prope  pontem  et  ultra  dinum  pontem.  .  et 
dictam  domum  fnnditus  diruerunl. ..  Postmodum  fuit  preconizatum  ter, 
ex  parle  Ëpiscopi,  consulum  et  communitatis,  quod  dictus  Johanncs  veniret 
coram  consulibus  stare  juri  super  diclo  facto,  et  cum  non  venisset,  fuit 
bannitus  ex  parte  consulum  el  communilalis.  (Pierre  de  Roc  Amadour). 

D^  —  101.  Audivil  trompariper  dictam  villam  quod  omnis  venisset... 
ad  plateam  que  est  anie  ecclesiam  Beale  Marie,  subtus  quemdam  arborem. 
Et  cum  omnes  vcnissenl  ad  dicium  tocum,  vidil  judicari,  per  judicium  die- 
torum  consulum  qui  tune  cranl,  quod  domus  dicti  Guillermi  fundilus  des- 
troeretur,  et,  facto  judicio,  isle  vidil  quod  consules  predicli  el  communilas 
iverunl  ad  diclam  domum  cum  armis,  lanceis,  securis  [sic)  cl  crocis,  et 
dictam  domum  fundilus  deslruxerunt.. .  Et  poslmodum  vidil  ter  vocari 
dictum  Guillermum  cum  irompis  per  diclam  villam,  ex  parte  consulum... 
et  cum  non  veniret,  isle  vidil...  quadam  die  mercali,  quod  dicli  consules 
banniverunl  in  perpetuum  dictum  Guillermum  de  dicla  villa  per  judicium 
omnium  ipsorum  ;  et  dicium  judicium  fecerunt  subtus  diclam  arborem, 
ad  diclam  ecclesiam...  el  poslmodum,  fuil  bannilus  de  dicla  villa  in  per- 
petuum cum  Irompis,  ex  parle  Episcopi  Lemovicensis,  consulum  el  com- 
munilalis. (Pierre  Tutonis.) 

D°.—10î.Peirus  dictus  de  Gai  inlerfecii  Guillermum  Lalrovomile(?)  in  villa 
Nobiliaci,  de  quodam  caslcllo  (1),  et  fugiit  in  ecclesiam  Saucii  Leonardi.. . 
nia  nocle  qua  confugeral  ad  ecclesiam,  consules  dicie  ville  fecerunt  cuslo- 
diri  cum  armis  dictam  ecclesiam  ;  et  non  obstanle,  ipse  fugiit. . .  Consules 
qui  lune  erant  fecerunt  ipsum  ter  vocari  per  dictam  villam  cum  trumpis,  ex 
parte  ipsorum  et  communilalis,  el  stare  juri  coram  ipsis  super  dicto  faclo... 
Et  cum  non  compareret,  ipse  (le  témoin)  vidit  et  audivit  dicium  De  Gai 
banniri  de  dicta  villa  ex  parle  consulum  et  communitatis  tantum,  cum 
trumpis  (2).  (Pierre  Velade). 

Voirie;  alignements,  —    t03.    Sexaginla  anni  sunt,  Bernardus  Helie, 


(1)  Peut-être  pour  cuHeîîo, 

(2)  C'est,  croyons-nous,  le  texte  le  plus  ancien  où  se  rencontre  le  nom  de  la  famille  Gay, 
l'une  des  plus  anciennes  de  Saint-Léonard. 


318  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUR  OU  LIMOUSIN. 

miles,  faciebal  edifîcari  sex  domos  in  dicta  villa  prope  muros  ville. . .  et 
dimillebat  parvum  spacium  inler  dictas  domos  et  muros...  Consules  veiie- 
ruDt  ad  dictum  locum,  et  preceperant  dicto  miliii  quod  ipse  magis  elongna- 
ret  domos  suas  a  mûris  predictis,  et  quod  dimittereliir  magnum  spacium 
inler  muros  et  domos  predictas.  Et  sic  iecil,  prout  vidit.  (Pierre  d'Ar- 
feuille.) 

Do,  —  40i.  Qaadraginta  suni  anni  et  plus...  Stephanus  Fabri  faciebat 
cdificari  quamdam  domum  in  dicta  villa,  uimis  prope  viam  publicam.  Et 
lune  consules  venerunl  ad  dictam  domum,  et  mensurati  fuerunt  dictam 
domum  et  viam;  et  quoniam  ipsi  viderunt  quod  diclus  Stephanus  edifîcabai 
nimis  prope  viam,  ipsi  preceperunt  diclo  Stephano  quod  iliud  quod  edifica- 
verat,  traheret  magis  rétro  in  domum  suam.  (Pierre  Velade.) 

D^,  —  105.  Triginla  sunl  anni,  vidit  [quod]  Petrus  Ademari,  burgensisde 
Nobiliaco,  vellet  quandam  domum  suam,  silam  apud  Nobilîacum,  faeerc 
corrui  ut  in  meliori  modo  reediticaret  eam.  Venerunt  ibi  consules  de  Nobi- 
liaco et  cum  ipsis  plures  quos  ad  hoc  vocabant,  et  mensuraveruni  vicam  in 
quo  sita  erai  domus  predicia,  ne  dictus  Pelrus  Ademari  prediclam  domani 
suam  recdificaret super  vicum,  vel  caperet  de  terra  vicini  sui...  Et  dicli 
consules,  accepta  ab  ipsis  dicta  mensura,  dederunl  licenciam  diclo  Petro 
Ayemari  reedificandi.  (Pierre  de  Billiax,  tailleur  de  pierres  aux  Allois,  lâSS.; 

D°.  —  i06.  Triginta  sunt  anni,  vidit  mensurari  per  consules  et  plares 
hurgenses  ville  quandam  plateam  Jocelini  de  Latere,  burgensis,  que  sita 
erat  extra  muros  ville,  et  est  immédiate  prope  diclos  muros.  Et  per  meo- 
suram  vidit  licenciam  dari  ab  ipsis  consulibus  ipsi  Jocetino  cdificandi  ibi- 
dem, (/d.) 

Poids  et  mesures.  —  107.  De  mensuris  vero  et  cubitis  et  alnis,  ipse 
vidit  capi  in  nundinis,  per  consules  ville,  falsas  alnas  et  eas  frangi...  De  men- 
suris vini,  vidit  eas  multotiens  capi  per  consules,  et  eas  porlari  ad  domum 
consolatus.  (Maître  Gautier.) 

Do.  —  108.  Girauduà  Perucho  conquestus  fuitcoram  consulibus,  dicendo 
quod  Johannes  de  Sublerranca,  de  dicta  villa,  habebat  falsam  mensuram  ad 
vinum...  Consules  iverunt  ad  domum  in  qua  morabatur  dictus  Johannes. 
et  feccrunt  portari  mensuram  suam  cupream  ad  dictam  domum  et  ibi 
adjustavcrunt  mensuram  dicti  Johaniiis»  etc.  (P.  Velade.) 

D<».  —  109.  Ipse  vidit  capi  mensuras  ad  vinum,  in  domibus  illorum  qui 
vendebant  vinum,  per  consules...  et  iecerunt  cas  adportari  ante  ecclesiam 
Beaie  Marie,  sublus  ulmum,  et  eas  adjustavcrunt,  prout  vidit.  (Martin  Le 
Tourneur.) 

D**.  —  110.  A  tempore  quo  se  recolit,  vidit  mensuras  lapideas  ad  bla- 
dum  in  platea  communi  Nobiliaci,  et  adhuc  sunt  in  dicta  platea...  Bur- 
genses  Nobiliaci  habenl  mensuras  ad  bladum  in  domo  sua,  et  dictas  men- 
suras... ad  mensuras  lapideas  [adjustant],  et  si  reperiatur  quod  aliqais 
habeai  parvas  mensuras  ad  bladum  in  domo  sua,  consules  ipsum  puniunt 
pro  falsa  mensura.  (Léonard  Goudelli.) 

D*>.  —  tH.  Dicil  quod  nunquam  vidit  dictum  episcopum  uti  justicia 
mensure  bladi.  (Elie  Panabeus,  témoin  de  Tévéque,  1988.) 


LA   COMMUNE   DE   SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT   AU    Xlll°   SIÈCLE.  310 

Police  du  commerce  et  des  métiers.  —  H2.  Vidit,  iriginta  anni  sunt,  in 
quadamplalea dicte  ville,  per  consules...  comburi  duos  porcos  salsaios,  qui 
morlui  fuerant  malo  morbo,  ut  dicebant  carnifices...  Et  erani  dicli  porci 
Aodoini  Lcfourt,  lune  carnificis  de  dicta  villa...  Cum  dicti  consules  corn- 
bussissenl  dictos  porcos...  ipsi  fecerunt  banniri  in  perpeluum  de  dicta 
villa  cum  trompis,  ex  parle  ipsorum  et  communitalis,  diclum  Âudoinum. 
(Pierre  Tulonis.) 

Do.  _-  113.  Vidit  pluries  consules  capere  panem,  et  cum  erat  nîmis 
parvus,  fregebant  (sic)^  et  panem  fracium  mittebant  ad  Domum  Dei  dicti 
ioci.  (Léonard  Goudelli,  clerc.) 

Do.  —  M4.  Bene  trigintaanni  sunt,  vidit  in  domo  consulum...  pannum 
de  lana  falsum  quod  {sic)  dictus  Balindon  de  dicta  villa  fecerat,  et  quoi 
judicatus  fuit  quod  erat  falsus...  Poslmodum  consules  dicte  ville  fecerunt 
comburi  diclum  pannum  in  quadam  platea  communi.  Requisilus  si  dicte 
combustioni  inierfuerunt  génies  Episcopi»  dicit  quod  non,  quod  sciât. 
(Maître  Gautier  de  Lecloure). 

Do.  —  115.  Viginti  et  quinque  anni  sunt,  consules  fecerunt  adportarc 
quemdam  pannum  laneum  in  quadam  platea  communi  dicte  ville,  et  judi- 
caverunt  quod  dictus  pannus  non  erat  sufficîens,  et  cum  judicaverunt  ad 
comburendum  ;  et,  eo  judicato,  ipse  (le  témoin)  vidit  quod  ipsi  fecerunt 
dictum  pannum  in  dicla  platea  comburi.  (Pierre  de  Roc  Amadour.) 

D®.  —  116.  Seplemdecim  anni  sunt,  consules  Nobiliaci  ceperunt  pannos 
cujusdam  mulieris  de  Joncberia...  pro  eo  quod  vendebal  pannos  suos  apud 
Nobiliacum  ad  parvam  alnam,  et  dictos  pannos  fecerunt  dicti  consules 
secum  portari.  (Léonard  Goudelli.) 

0°.  —  H7.  Vidit  comburi  quemdam  pannum  falsum  in  quadam  platea 
commun!  dicte  ville  per  consules  dicte  ville  qui  lune  erant  ;  et  fuerat  facius 
dictus  pannus  de  pilis  caprarum,  et  dictum  pannum  fecerat  fieri  Giusiinus 
Belauds  (1),  burgensis  dicte  ville...  et  panno  combusto,  dictus  Giusiinus 
fuitbannitus  de  villa  per  annum,  ex  partt;  consulum.  (Autre  témoin). 

Police  des  foires,  —  1(8  Dicit  quod,  sexaginta  sunt  anni  et  a  scxaginta 
annis,  vidit  cuslodiri  per  consules  mcrcala  et  nundinas  Sancti  Léonard i 
de  die  et  nocte,  cum  armis  cl  sine  armis;...  quod  predicla  cuslodiebanl 
juvenes  homines  dicte  ville  ;  et  quum  aliquis  veniebal  de  extra  villam  et 
deffercbat  ensem,  quod  illi  qui  cuslodiebanl  nundinas  auferebant  eis  en- 
ses  suos  et  cuslodiebanl...  quousquc  illi  quorum  erant  enses  reverleban- 
tur  ad  domos  suas,  et  poslmodum  eos  rcddcbanl.  Requisitus  de  nominibus 
ilhsrum  quibus  vidit  auferri  enses  in  inlroilu  dicte  ville  et  eis  reddi  in 
exilu...  dicit  quod...  Baro  de  Castro  novo  et  Pelrus  de  Domnyon  {t)  et 
plures  alii  nobilcs.  (Pierre  Tutonis.) 


(1)  Il  s'agit  probablement  du  bounteols  nommé  Balindon  au  n*  114. 

(21  Le  Dognon,  très  ancienne  chàtellenio  qui  comprenait  une  partie  du  canton  actuel  d« 
Saint-Léonard.  —  Châteauneuf,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 
Les  barons  de  Cbâteauneuf  sont  souvent  mentionnés  dans  les  documents  relatifs  k  l'histoire 
rie  Saint-Léonard. 


3^0  SOClRrÊ  ARCHÉOLOGIQUE  El   UISTOAlvtUE  DU  LIMOUSIN. 

D«.  —  119.  Quum  aliquis  dcfercbat  ensem  quum  iotrabat  in  villain,  ipsi 
(les  consuls  et  les  gardiens)  auferebant  ei  enscm  suam,  et  postmodan, 
quum  rccedebatde  villa,  ipsi  reddebant....  De  nominibus  illorom  quibns 
vidit  aufcrri  enses  suos,.-.  dicit  quod  domino Pelro  de  Pelra  Buferia  (i)  et 
aliis  tribus  mililibus  qui  cranl  cum  ipso.  El  dictos  enses  amoverunt  tsto 
Giraudus  Lafeille  cl  ejus  fratcr,  et  quatuor  alii...  subtus  portale  porte 
Eleemosinarie.  (Pierre  d'Arfeuille.) 

Perception  de  deux  setters  de  oln  sur  les  taoernes. —  *20.  Viiiit  taxar 
apud  Nobiliacum  dicla  duo  scxtaria  vini  per  consules  ville  Nobiliaci...  e> 
ipsemet  qui  loquitur  dicla  duo  sexlaria  solvit...  co  quod  erat  tabemarius. 
(Adémar  Bordes,  <288.) 

Crieurê  du  consulat.^  121.  Vidit  eos  (les  consuls)  habere  preconesquî 
faciebant  cridas  etbanna.  (Pierre  d'Arfeuille.) 

D^  —  121  bis.  A  temporc  quo  se  recolil,  ipse  vidit  quod  consules  Nobi- 
liaci  qui  pro  lempore  fuerunt,  habuerunt  prcconcs  seu  tubicinalores  qui 
vocanlur  ^  Boucaus.  (L<^onard  Goudelli.)  Dicit  quod  dicti  burgcnscs  cl 
consules  usi  sunl  et  fuerunt  ab  antiquo  prcconibus  et  huchiis,  clamalori- 
bus  bannum  et  banno.  (P.  Jouaus.) 


VII.  —  Dépositions  affirmant  que  VÈcéque  est  seigneur  direct  de  la 
ville  comme  du  château  âe  Noblat,  que  les  bourgeois  lui  doiteut  et 
lui  ont  toujours  prêté  le  serment  de  fidélité  et  qî$'Hs  lui  ont  fonmi 
le  service  militaire. 


L'Eréque  est  seigneur  de  Saint-- Léonard.  —  t22.  Gaslrum  Nobiliaei 
esse  Episcopi  in  parte,  «et  alia  parte  tenetar  ab  eo;  et  dicta  villa  est 
pars  dicti  castri.  (Pierre  Vigier,  1280  et  1288.) 

D».  —  123.  Villa  Nobiliaei  sita  est  infra  castellaniam  castri  de  Nobiliaco 
et  de  caslcllania;  que  castcllania  tenelur  ab  Episcopo  in  feodum;  et  tune 
dictus  episcopus  habel  ibi  seilam  dccimam  parlem,  et  residuum  tenctur 
ab  co  in  feodum...  Vidit  dominos  dicli  castri  ibi  explectantes  justiciam  et 
levarc  emendas.  Et  Episcopus  emil  a  diclis  dominis  quidquid  tenebaot  in 
villa  Nobiliaei  ;  et  vidit  episcopos  Lemoviccnses  explectare  in  dict4  vilU 
et  pcrtinenciis  tanquam  domini,  omnimoda  juslicia,  a  quinquaginta 
annis,  etc.  (Elie  Panabcus,  prév6t  du  château  de  Noblat,  4  280-1288.) 

D<*.  —  424.  Episcopus  est  dominus  pro  parle  castri  et  caslellanie  Nubi- 
liaccnsium,  et  alii  domini  qui  habcnl  parlem  in  dicto  Castro,  tenent  snam 
parlem  ab  Episcopo...  Dicla  villa  est  in  castellania  et  de  castellania  dicli 
castri,  et  circumquaque  castellania  circuit  diclam  villam  et  monstram,  el 
se  exlendit  ultra  bene  per  leaeam...  Tota  juslicia,  alla,  média  ci  bassa, 


(1)  Ltn  barons  àe  Pierrebuffière  (aujourd'hui  cheMieu  dé  canton  de  rarrondissenient  de 
Limoges)  comptaient  parmi  les  seigneurs  les  plus  puissants  du  pays. 


LA    COUHUNi:  DK   SAINT-LÉONARD    DE  MOULAT   AU   Xlir   SIÊCLK.  3ât 

pertinet  ad  Episcopnm.  (Gonstanlin  Marchés,  chevalier  da  cbâteaa  de 
Noblat,  1380-4988.) 

D».  --  125.  Episcopus  cl  predecessorcs  sai  sunl  et  fuerunt  domini  dicte 
ville,  quia  castrum  de  Nobiliaco,  quod  est  juxta  villam  de  Nobiliaco,  aqna 
média,  est  ipsius  Episcopi  cl  fuil  predecessorum  suorum;  el  dicli  épis- 
copi  fuerunt  semper  domini  dicli  caslri  et  pertinenciarum  cjusdem.  El  de 
dicta  et  in  dicta  caslcllania,  aliqui,  qui  sunl  porcionarii  dicli  caslri,  icnent 
partcm  suam  a  dicto  Episcopo.  Et  vidit  ipsos  facerc  homagium  ipso  Epis- 
copo,  quillbet  pro  parle  sua...  Jocealmum  elHelyam  Bruni,  Helyam  el  Pe- 
trum  de  Nobiliaco,  fratres  (Pierre  Bernard,  sergent  du  Roi  de  France  à 
Eymouliere,  H88.) 

Le8  habitants  de  la  cille ^  à  partir  de  Vdge  de  quinze  ans^  doioent  le 
serment  de  fidélité  à  VEoêque,  —  i26.  Homincs  ville  faclunt  ei  (à  Tévôque) 
juramentum  fidelitalis  singulariter  ex  quo  vcniunl  ad  etatem  qnindecim 
annorum.  (Elie  Panabeus,  prévôt  du  chAleau  de  Noblal.) 

Les  bourgeois  ont  prêté  le  serment  à  Véoêque  Gui  de  Clusel  (1826-f535). 
—  U7.Scxaginla  anni  sunl,  vidit  quod...  omnes  burgenses  ibant  in  aulam 
episcopalem  de  dicta  villa,  et  dicebanl  quod  ibanl  ut  redderent  sacra- 
mentum  fidelitatis  Episcopo.  Et  vocabalur  Guido.  (Pierre  Bernard,  d'Ey- 
mouticrs.} 

IlsVontprété  à  Véoêque  Durand  (1236-1245).  —  H8.  Vidit  burgenses 
omnes...  prestanlcs  cl  facientes  juramentum  fidelitatis  episcopo  Durando, 
in  aula  episcopali  ville  ^obiliaci,  (Guillaume  de  Razès,  chevalier,  homme 
lige  de  révoque,  1288.) 

D».  —  128  bis..,  Vidit  episcopum  Durandum,  qui  rccepitab  hominibus 
dicte  ville  diclum  sacramcnlum  rétro  altare  Sancli  Lconardi  (Pierre  Fabri, 
1280.) 

Ils  Vont  prêté  à  Véoêque  Aimeric  (1215-1272.)  —  129.  Vidit,  bene  sunl 
quadraginla  anni...  diclos  burgenses  omnis  communitatis  facientes  dic- 
lum sacramcnlum  Aymerico  episcopo  in  aula  episcopali  ;  postea  episcopo 
Gilberto  qui  nunc  csl,  vidit  fîeri  ab  eisdcm  bene  sunl  qulnquc  vel  sex 
anni,  juxla  dictam  aulam  :  sed  fuerunt  compulsi...  pcr  judicium  curie  do- 
mini Régis,  quod  vidit  scriplum  cl  sigillé  domini  Régis  ccra  viridi  sigil- 
latum.  (Audoin,  prieur  de  Châlclus-le  Marcheix.) 

D«.—  130.  Ipso  teste  présente,  vidcntc  et  audîcnte,  consules  el  majores 
ville,  usque  ad  quinquaginla,  pro  se  cl  aliis  hominibus  ville,  fecerunl 
juramentum  fidelitatis  Aymerico,  predecessori  ipsius  episcopi,  triginta 
quatuor  sunl  anni.  (Martin  Jornet,  clerc  marié,  1280.) 

Voir  plus  loin,  n®  132. 

!)•.  —  130  6m.  Aymericus,  predecessor  dicli  Episcopi,  recepit  juramen- 
tum... a  dictis  hominibus  valenlibus...  triginta  anni  sunl  vel  circa,  in  aula 
sua  de  Nobiliaco,  (Constantin  Marchés,  chevalier;  Foulques  de  Royère, 
môme  déposition,  H80.) 

Ils  Vont  prêté  à  Véoêque  Gilbert  de  Malemort  (1 275-1 Î94).  —  131.  Duo- 
dscim  anni  sunl,  vidit  dictes  homines  singulariter  facientes  homagium  et 
sacramcnlum  fidelitatis  episcopo  Lemovicensi  qui  nunc  est.  Et  erant  bene 
septem  centum...  et  erant  de  dicto  numéro  majores  el  gerentes  se  pro 


3îî  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  KT  HISTORIQOK   DU   LlMOOSlîî. 

consulibus  dlcle  ville...  Tune  audivit  clamari  per  villam  ex  parte  Episcopi 
el  consuhim,  quod  omnes  de  villa  qui  quindocimum  annum  ailimpleve- 
ranl,  ircnt  ad  aulam  Episcopi,  prcstiluri  sacramenlum  fidelitalis  Episcopo. 
(Pierre  Joubcrt,  curé  de  Sainl-Etlcnne  de  Noblaî,  1288.) 

D».  —  132.  Ducenli  lïomines  dicte  ville  fecerunt  dictum  sacramenlum 
Ëpiscopo  qui  nunc  est,  bene  sunt  duodecim  anni  vel  circa,  in  aula  episco 
pâli  ville  Nobiliaci.  Posiea  idem  Episcopus  liliguavil  contra  rcsidaom 
hominum  dicte  ville  in  curia  domini  Régis,  quia  nolebant  dictum  sacra- 
menlum facere...  et  tuerunt  compulsi  seu  condempnati  ad  faciendum... 
El  ipsemet  qui  loquitur,  vidil  quod  fecerunt  et  reddiderunt  dictum  sacra- 
menlum diclo  ëpiscopo  in  dicta  aula,  bene  sunt  quatuor  anni.  (Hugues, 
prieur  de  Saint -Léonard,  1288.) 

D».—  133.  Vidit,  quum  ipse  Episcopus  qui  nunc  est  Lemovicis  fuil  crea- 
lus,  quod  homines  dicte  ville  fecerunt  sibi  homagium  in  villa  Nobilia- 
censi,  in  domo  aua  episcopali,  omnis  communilas  et  consules.  Audivil 
dici  quod  ad  hoc  fuerunt  compulsi  per  judicium  curie  Régis.  Ncc  vidil 
quod  predccessoribus  dicti  Episcopi  fccissenl  homagium.  Tamen  audivit 
dici  quod  Aymerico,  quondam  episcx)po  Lemoviccnsi,  trigînla  hominc?« 
dicte  ville,  pro  tota  communitate,  fecerunt  homagium,  quum  fuil  créa- 
lus  episcopus.  (Etienne,  sous-prieur  de  Saint- Léonard,  1288.) 

D®.  —  134.  Vidit  dictos  homines  singulariter  facienles  homagium  el 
sacramenlum  fidelitalis  ëpiscopo  Lemovicensi  qui  nunc  est,  et  eraut  bene 
scpiem  ccnlum,  quos  vidit  sibi  prcstantes  dictum  sacramenlum  in  aula 
episcopali...  Tune  audivil  clamari  per  diciam  villam,  ex  parte  Episcopi  et 
consulum,  quod  omnes  de  villa  qui  quindecimum  annum  adimplcveranl, 
irent  in  aulam  Episcopi,  presliluri  juramentum  fidelitalis  Ëpiscopo.  (Pierre 
Jouberl,  curé  de  Saint-Etienne  de  Noblal.) 

Do.  —  135.  Vidil,  duo  anni  sunt,  burgenses  facere  juramentum  fidelitalis 
Ëpiscopo.  De  forma  juramenli,  dicil  quod  jurabanl  quod  servarent  corpus 
suum  el  honorem  et  secretum,  si  revelaret  eis,  et  jus  suum  et  dominium. 
(Olivier  de  Noblal,  1Î80.) 

La  commune  a  fourni  le  seroice  militaire  à  VEoêque,  —  136.  Audivil 
clamari  in  villa...  ex  parle  dominorum  consulum  el  communilalis  ville 
Nobiliaci,  quod  omnes  irent  cum  armis  ad  adjuvandum  el  liberandum 
Hcmerycum,  episcopum  Lemovicensem,  qui  eral  delenlus  apud  Pontem 
de  Teryon  (?);  cl  vidit  quod  génies  dicte  ville  vénérant  cum  armis  el 
irompis...  El  cum  venirent  ad  locum,  invencrunl  eum  liberatum...  de 
mandalo  senescalli  domini  Bertrandi  de  Vasynaco,  lune  gcrenlis  vices 
episcopi  (P.  Vigier.j 

1)0.  _>  Iô6  *t5.  Vidil...  burgenses  ville  Nobiliaci,  bene  usque  ad  mille, 
eunles  apud  pontem  Arion  et  dicentcs  :  Nos  imus  apud  pontem  Arion  pro 
deliberando  dominum  noslrum,  quem  génies  comilis  Marchie  tencnl  ibi- 
dem caplum.  (Audoin  Marchés,  curé  de  Châlelus). 

D«.  —  137.  Berlrandus  de  Vassinhaco,  qui  cuslodicbal  regalia-..  fccil 
clamari  in  dicta  villa  ex  parte  custodis  regalium,  quod  burgenses  dicte 
ville  scqucrenlur  islum  Icslcm  cl  irenl  cum  co  ad  persequondum  murtra- 
rios  qui  erant,  ut  dicebalur,  in  nemore  Caslri  Novi.  El  dicli  burgenses 


LA   COMMUNE  DB  SAlNT-LÊONARD    DB   fCORLAT   AU    XIU*   SIÈCLR.  323 

venerunt,  tam  armati  quam  inhcrmes,  bene  usque  ad  centum,  et  iverunl 
ad  diclum  locum  cum  islo  teste,  sexdecim  anni  sunt.  (Pierre  Raymond, 
sergent  —  oalletus  —  de  la  châtellcnie  de  Guéret,  1288.) 

D^.  —  137  bis.  Homines  de  villa  Nobiliaci,  bene  usque  ad  quadraginla 
armatos,  pedites  et  équités...  iverunl  in  auxiiium  domini  de  Castro  Novo, 
ad  capiendum  bannitos  qui  erant  in  terra  sua...  quatuordecim  anni.  (Autre 
témoin,  1280.) 


VIII. —  Témoignages  attestant  que  l'Êvéque  est  justicier  dans  la  ville 
de  Saint-Léonard,  et  qu'il  y  a  de  tout  temps  exercé  la  juridiction 
civile  et  criminelle. 


UEoéque  est  justicier  de  la  oUle  et  y  rend  ou  fait  rendre  la  Justice.  — 
138.  Homines  dicte  ville  sunt  justiciabiles  cl  subdili  Episcopi  Lemovicensis. 
(Pierre  Jaubert,  curé  de  Saint-Etienne  de  iNoblat,  1280-1288.) 

D<^.  —  139.  Dicit  quod  Episcopus  habet  omnem  justiciam,  altam  et 
bassam,  in  villa  et  monstra  predlclis.  (Guillaume  de  Kazès,  chevalier, 
homme  lige  de  Tévêque,  ancien  gardien  des  Régales,  1280-1288.) 

D«.  —  140.  Pluries  et  publiée  vidit  allocalos  Episcopi  tencnles  assisias 
in  dicto  Castro...  et  placila  de  mililibus  elaliis  hominibus  dicte  castcllanie. 
Non  vidit  quod  burgenscs  ircnt  ad  assisias...  De  loco  [interrogatus]... 
dicit  in  auld  Episcopi  et  in  porticu  Bcale  Marie  de  Nobiliaco.  (Etienne, 
sous-prieur  de  Saint-Léonard,  1988.) 

Do.  —  141.  Vidit,  viginli  quinque  anni  sunt,  Helyam  de  Lemovicis, 
cujus  iste  testis  erat  tune  clericus,  tenentcm  assisias  et  placita,  nomine 
Episcopi,  in  aula  episcopali,  et  aliquociens  in  domo  Pétri  Astais  dicte 
ville,  et  aliquociens  in  porticu  Béate  Marie.  (Pierre  Latere,  chanoine  du 
Moûtier-Roseille,  1988.) 

D^  —  142.  Vidit  allocatos  domini  Episcopi...  Helyam  de  Lemovicis, 
militem,  Stephanum  Fabri  et  Girardum  Audoyni,  vicissim  tenenles  assisias 
in  villa  de  Nobiliaco,  in  plaiea  seu  porche  Bcate  Marie  et  in  aula  Episcopi, 
pro  episcopo  et  nomine  ejusdcm.  (Elie  Panabeus,  prévôt.) 

D**.  —  143.  Vidit  episcopos  Lemovicenses,  a  quinquaginla  annis,  ha- 
bentes  suos  senescallos,  prepositos  et  sirvientes  vel  allocatos  in  dicla 
villa.  (Audoin,  prieur  de  Châtelus-le-Marcheix.) 

Do.  —  144.  Nunquam  audivit  quod  alius  [que  TËvôque)  faceret  ibi  ali- 
quem  suspendi,  vel  quod  explectaret  aliquis  jusliciam,  nisi  Episcopus 
Lemovicensis,  nisi  a  lempore  lilis  mole  intcr  Episcopum  et  communita- 
tem  ville  de  Nobiliaco;  quo  tempore  dicta  communitas  incepit  explectare 
el  facere  ibi  justiciam.  (Etienne,  sous-prieur.) 

VEoéque  ou  son  préoôt  jugent  les  causes  ciolles.  — 145.  Vidil  pluries,  a 
quinquaginla  annis  vel  clrca.plus  quam  cenlies,  homines  dicte  ville  litigare 
inter  se,  agendo  el.respondendo,  et  gagiando  emcndas,  in  aula  episcopali 
etcoram  suo  gente...  in  causis  pecuniariis,  injuriarum,  fundo(tf(c)  terre  et 
aliis  multis  causis.  (Vigier,  ancien  sergent  de  Jocelin  de  Chftleauneuf.) 


3!4  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOOrQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIK. 

D».  —  146.  Vidit,  qaadraginta  et  octo  sunt  aoni,  duos  domicilies,  scilt- 
cet  Aymcricum  Bruni  el  Gasealinum  de  Rooria,  captos  et  detenlos  in  dicta 
aula  episcopali  Nobiliacensi  coram  episcopo  Durando...  qui  eos  faciebai 
dctineri  propter  hoc  quod  habebant  guerram  insiraul;  et  crant  Tassa!ii 
ipsius  cpiscopi,  commorantes  in  castro  de  Nobiliaco  :  et  vidit  qaod  dîctns 
AymericQS  recessit  a  presencia  Epîscopi,  et  exivit  aolam.  Tune  Episcopas 
bis  clamavil  :  Ad  Arma,  et  jussit  claudi  portas  ville,  et  dictum  Aymcricom 
capi  ;  et  incontinenter  burgcnses,  plus  quam  cenlum,  armavcrunt  se  et 
secuti  fuerunt  diclum  Aymericum  ;  et  cucurrerunl  ad  portas  ville,  qnas 
Iste  vidit  tune  firmatas,  el  burgeoses  armalos  eas  custodire  ...  Aliqni  de 
dictis  burgensibus  obviaverunt  ipsi  Aymerico  ante  monasterium  Sancti 
Léonard i  dicte  ville;  et  ceperunt  eum,  et  captum  adduxerunt  domino 
Episcopo  in  dictam  aulam  ...  Episcopus  conpulit  per  verba  vel  induxit  ad 
concordiam  cum  diclo  Guasealino,  adversario  suo,  et  fuit  facta  intcr  eos 
concordia.  (Audoin,  curé  de  Cbâlelus-le-Marcheix.) 

D*.  —  147.  Viginti  quinque  sunt  anni,  vidit  quamdam  mulierem,  que 
petebat  porcioncm  a  fratre  suo,  de  omnibus  bonis  suis  mobilibus  et  immo- 
bilibus  existenlibus  in  dicta  villa,  coram  domino  Bernardo,  tune  allocato 
Episcopi,  tenente  placitum  inter  dictos  fratres  et  sororem  in  porticu 
ecelesie  B.  Marie.  (Bernard  Bordas.) 

D^  — 148.  Vidit  quemdam  ...  quod  pc^rcusserat  aliumcum  pugno  super 
oeulum  ...  judicari  in  aula  Episcopi  et  in  dicto  porticu  (de  Notre-Dame!, 
(Le  même.) 

D<^.  —  149.  Viginti  duo  anni  sunt,  confralres  confratri e  sutonim  de  dicta 
villa  agebant  contra  Petrum  de  Paeu,  de  dicta  villa,  coram  ilelya  de 
Lemovicis,  milite,  tune  senescallo  episcopi  Lemovicensis...  El  pclebant 
très  denarios  redditus  quos  sibi  debebat,  ut  dicebant  ;  et  ipse  negabal. 
Postes  vidit  ipse  teslis,  qui  erat  advocalus  pro  dictis  sutoribus  in  dicta 
causa,  quod  unus  diclorum  sutorum  dixit  dicto  Pelro,  coram  dicto  senes- 
callo, in  aula  episcopali  ...  quod  tanquam  falso  (?)  relinebat  et  negabal 
dictum  reddilum,  et  offcrebat  ibi  guagium  belli  (i).  Scncscallus  respondit 
quod  non  erat  talis  casus  in  quo  deberet  admittcre  guagium  belli  ;  et 
recusavit  admittere.  Dicti  sutorcs  ex  hoc  appellaverunt  ad  senescaUum 
domini  Begis,  prout  iste  testis  vidit.  Poslea  vidit  quod  dicte  partes 
liliguaverunt  de  dicta  causa  coram  eodem  senescallo  Episcopi,  in  dicta 
aula  Episcopi.  Et  dicebatur  quod  sencscallus  domini  Régis  reddiderat 
curiam  dictarum  parcium  prediclo  Episcopo.  (Etienne  Vigier,  sergent.) 

D^,  —  450.  Joccalmus  Davierus,  burgensis  dicte  ville»  agcbat  contra 
Petrum  iomet,  comburgcnsem,  super  hoc  quod  vineam  suam  extirpari 
fecerat  et  arbores  suos  scindi,  ut  dicebat,  de  nocte,  per  quosdam  gentes... 
Dicii  exlirpatores  redderunt  {sic)  diclo  senescallo  (au  sénéchal  del'Ëvéque), 
instrumenta  cum  quibus  cxtirpaverant  et  scindcranl  vineam  et  arbores. 
In  dicta  lite,  septem  de  consulibus  dicte  ville  fovebant  parlera,  et  erant 
advocati  seu  consiliarii  dicti  Jocealmi.  Oclavus  vero  fovebat  partcm  dicti 
Pétri.  (Audoin  Marchés,  prieur  de  Châielus-le-Marcheix.) 

(1)  Ce  témoignage  est  un  des  rares  documents  limousins  de  la  seconde  moitié  du  xiii*  aiède 
où  se  retrouve  la  trace  de  l'usage  du  combat  judiciaire. 


LA  COMMUNE   DE   SAlNT-LéONARD    DB  NOBLAF   AU   XIII®  SIÈCLE.  325 

D<».  —  151.  Sexdecim  anni  sunt,  quidam  insuUus  fuit  cum  armis  de 
nocte  in  villa  predicta,  inter  Matheum  et  Nicholaum  de  Holendinls  ex 
una  parle,  et  Jocellum  et  Guillermum  Danielis  ex  ahera  ...  super  hoc  fuit 
lis  inter  eos  in  aula  Episcopi  predicta,  coram  domino  Bernardo  de  Por- 
cheria,  senescallo  ;  et  tandem  fuit  pacificalum  inter  parles  coram  diclo 
episcopo,  presentibus  Guidone,  viscecomite  Lemovicensi  et  Bemardo  de 
Ventadore,  cantore  Xanctonensi.  Et  vidit  quod  gatgiaverunt  emendam  ... 
et  quod  reddiderunt  arma  que  dicebantur  portasse  ;  et  vidit  ea  deportari 
in  aulam  Episcopi.  (Elie  Panabeus). 

Do.—  iSâ.Dicit  quod  in  assisiis  suis,  quas  tenebat  in  aula  episcopali  dicte 
ville,  sexdecim  anni  sunt,  audivit  multas  causas  civiles  inter  burgcnscs, 
quarum  numcrus  estimât  centum  vel  plus.  (Jean  Gay,  juriste  de  La  Sou- 
terraine, 1288.) 

VÉoêque  ou  sonpréoôt  jugent  les  causes  criminelles,  —  <53.  Quadra- 
ginta  quinque  sunt  anni,  vidit  génies  seu  allocatos  episcopi  Lemovi- 
censes  ducentes  quemdam  hominem  captum  cl  liguatum  in  aulam  pre- 
diclam  dicte  ville,  propter  hoc  quod  interfecerat  hominem  ...  vidit  postea 
ipsum  Irahinari  per  diclam  villam  cum  quadam  equa  et  duci  ad  furchas  ; 
vidit  eum  suspcnsum.  (Audoin  Marchés,  curé  de  Châtelus.) 

D®  —  <5i.  Triginta  anni  sunt,  Helyas  Maies,  tune  senescallus  Heme- 
ryci  episcopi  ...  fer.il  suspendi  ad  furchas,  per  judicium,  quemdam  latro- 
nem  qui  fuit  captus  in  dicta  villa  per  génies  domini  Episcopi.  Vidit,  tri- 
ginta anni  sunt  elapsi,  quod  quidam  lalro  fuit  captus...  per  génies  domini 
Episcopi  pro  eo  quod  furalus  fuerat  vestes  laneas,  et  vidit  quod  serviens 
Episcopi  fecil  sibi  amputari  manum  ad  dictam  portani  (Aumonière).  Inter- 
fuit judicio  in  aula  Episcopi,  etconsulcs  ville  etplures  alii.  (Elie  Panabeus.) 

D^  —  155.  Quadraginla  sunt  anni,  allocali  Episcopi  judicavcrunt  quem- 
dam latronem  ad  suspendendum.  (Bernard  Bordas,  4988.) 

D<*.  —  456.  Vidit,  triginta  anni  sunt,  capcum  dictum  Meladier,  burgcn- 
sem  de  Nobiliaco,  in  dicta  villa,  et  duci  in  prisione  episcopi  per 
senescallum,  et  vidit  eum  judicari  per  diclum  senoscallum,  et  vidit  eidem 
pcdem  amputari  ad  portam  Elemosine.  (P.  Vigier.) 

D*.  —  157.  Bernardus  de  Porchcrya  fecil  suspendi  per  judicium  curie 
Episcopi  quemdam  burgensem  dicte  ville  Nobiliaci  pro  furtis  ...  vidit  eum 
exlrahi  de  prisione  Episcopi.  De  aslantibus  judicio,  dicit  quod  consules, 
scd  non  tanquam  conjudices,  et  plures  alii  de  villa.  (Autre  témoin  de 
1288.) 

D^  —  158.  Viginli  quinque  anni  sunt,  quod  senescallus  Episcopi  con- 
dempnavit  duos  latrones  in  aula  Episcopi  pro  furto  ...  Unus  ex  ois  fuit 
suspensus  ad  furcas  ville  Nobiliaci,  et  aller  amisit  aurem  per  judicium 
dicti  scnescalli  ;  et  habcbant  quilibet  mulierem,  que  forbannite  sunt  de 
dicta  villa  per  dictum  senescallum.  De  aslantibus,  dicit  quod  burgcnscs 
de  villa,  et  milites,  et  multi  alii.  Vidit  eos  capi  per  génies  Episcopi  et  duci 
in  prisione  Episcopi,  in  dicta  villa.  (P.  Vigier.) 

D«.—  159.  Triginta  anni  sunt,  imponebalur  diclo  Jornetau  quod  ipse  de 
corticavcrat arbores vergerii  Guillermi  Danielis,  burgensis.  Judicatns  fuit ... 
coram  dicto  Bernardo,  senescallo  Episcopi.  (Id.) 

D*».  —  160.  Jacquetus  ...  qui custodiebat  rcgalia,  judicavit  duos  jocu- 


32G  SOCIKTé   ARCHÉOLOGIUUR   KT   llIgTORlQUIC   HC   LIMOUSIN. 

latores  ad  Botencoraye  ...  ad  suspcndendum.  Et  fueranl  capli,  nt  dice- 
balur,  in  dicta  villa,  in  nundinis  Sancti  Leonardi,  et  eos  vidit  ipse  teslis 
adduci  ad  aulam  dicti  Eplscopi  de  dicta  villa.  El  dicebatur  quod  dccipe- 
rant  (ace)  génies  per  ludum  suum  de  Boieencoraye.  (Constantin  Marchés.) 
...  Deccperant  unum  liominem  in  mutacionc  monete  plombi  pro  mo- 
nela  arg«niea.  (Pierre  Faure.) 

D».  —  <61.  Vidit  servienles  dicti  senescalli  (de  FÉvôque),  dncentes 
quamdam  vclulam  cujus  nomen  ignorât,  caplam  ad  prisionem  dicti  épis- 
copi,  pro  latrocinio  pannorum  lancorum  . . .  Poslca  vidit  ipsam  duci  ad 
porlam  Aumoniere,  per  dictos  servienles,  et  fecerunt  sibi  scindi  aurem. 
(Pierre  Latere,  chanoine  de  Aloûlier-Rozeille.) 

h^  —  4 62.  Iste  . ..  cum  cuslodiret  regalia  ...  Cepit  quandam  mulierem 
(lefferentem  piiiverem,  unde  habebat  eam  suspectam  ne  vellel  intcrfîcere 
seu  empresonare  {sic)  gentcs  ;  et  de  dicla  pulverc  fecit  eam  comcdere  : 
et  poslea  bannivit  ipsam  usque  ad  revocalionem  suam.  (Guillaume  de 
Razès,  chevalier,  homme  lige  de  Tévôque.) 

D^.  —  163.  Ipse  . . .  tenuil  in  prisionc,  per  menscm  vel  circa,  in  mane- 
rio  episcopali  dicte  ville,  quandam  mulierem  vocalamdefiaUetrM^propter 
suspectionem  venenorum  Et  ipsa  confessata  fuit  coram  isto  teste,  îd 
judicio,  quod  properaverat  Podium  Amatoris  ad  dandum  cuidam  saccrdoli 
[venenum?].  Propler  hoc  iste  bannivit  eam  de  dicla  villa  per  judicium, 
in  assisia  quam  tenebat  in  aula  episcopali  . . .  Propler  suspectionem  illtus 
facti,  ccperat  duas  mulicres  ...  et  poslea  dclibcravil  per  judicium,  quia 
non  invenit  eas  culpabilcs.  (Jean  Jocoêi,  aL  Gay,  juriste  à  [^Souterraine, 
juge  pendant  la  Régale.) 

O''.  —  164.  Quinquaginla  homincs  dicle  ville  iverunt  ad  nenius  de  L*Ar- 
tige  et  scinderunl  arbores  de  nocte  el  verberaverunt  usque  ad  sangoinis 
effusionem  monachos  de  L'Artige,  quorum  crat  illud  nemus  . . .  Relinuil 
dictos  arbores  iste  tcstis;  item  retinuit  dictos  homines  quousque  gagiavc- 
rint  emcndam.  (Id.) 

D^.  —  165.  Viginti  anni  sunt,  Bernardus,  cjus  (de  lEvêque)  senescallas, 
apud  Nobiliacum  fccil  suspcndi  ad  furcas  quemdam  hominem,  quia  extir- 
paverat  quandam  vincam  . . .  Iste  (le  tômoin)  interfuit  judicio,  in  aula 
episcopali,  in  dicta  villa  —  Requisitus  de  adstantibus,  dicit  quod  dominns 
scnescallus  et  plurcs  milites  et  consules.  —Requisitus  si  dicti  consules 
crant  ibi  juri  suo  ad  judicandum  cum  sonescallo,  tanquam  conjudiccs, 
dicit  quod  non  scil  ...  Vidit  tamen  pluries,  in  causa  sanguinis  (?),  quod 
quum  scnescallus  volebat  aliquem  malcfaclorem  condempnare  vel  absol- 
vcre,  pctebat  a  diclis  consulibus  et  adictis  niilitibus  et  ab  aliis  :  «  Quîd 
vobls  videtur?  Ego  talem  malcfaclorem  hic  prcsentem  pro  tali  dolicio 
commisso  propono  condempnare  vel  absolvere  ?  Quid  \obis  videtur?  Si 
videtur  quod  sil  addendum  vel  rclrabendum(i),  ego  addam  vel  retraham.  v 
Et  sic  faciebal  judicium  de  consilio  corum.(Fr.  Vincent,  templier.) 

Do*.  ^  166.  Vidit,  qualuordecim  anni  sunt.  quemdam  vocalum  Maeuvo- 
res  (?)  in  prisione  Episcopi  apud  villam  Nobiliaci  captum  propler  latroci- 
nium.    De  qua  prisione  exivil  el  inlravil   monasterium  sancti  Leonardi, 

i,lj  Ajouter  à  la  peine  ou  en  retrancher. 


LA   COMMUNE   DE   SAINT-LBONARD    DE  NOBLAT   AU   Xlll<^  SIÈCLE.  327 

elfuil  per  duos  dies...  Poslea  islc  conduxil  ipsum  latronein  de  monasierio 
extra  villam  ;  et  ipse  latro,  reversus  ad  villam...  fuil  captus,  et  custodes 
regalium  fecerunt  suspeodi.  (Etienne,  sous-prieur  de  Saint-Léonard.) 

Do.  —  167.  Ipse...  cum  custodiret  regalia,  judicaviiel  condempnavil  ad 
mortem  quendam  lalronem  qui  cral  de  dicta  vilia,  et  in  dicia  villa  furalus 
fucrat  bladuni,cl  de  nocte  scinderat  arbores  (ructiferas  infra  monstram... 
et  fecit  eum  suspend!  ad  furchas...  Presentibus  ad  diclum  judicium  Gons- 
tantino  Marcheis,  Oliverio  de  Nollac,  Futcone  de  Rozers,  militibus; 
Joceaimo  Daniele,  Petro  Jouct«  Johanne  Faute,  burgensibus,  et  pluribus 
aliis.  (Pierre  Raymond,  sergent  de  ta  châtellenie  de  Guéret.) 

D°.  —  168.  Fecit,  juxta  poriam  de  Banchereau,  scindi  aurem  oujusdam 
latronis  qui...  furatus  fueral  quosdam  solulares,  caseos  et  unam  peciam 
lardi,  per  judicium  factum  ab  ipso  teste...  in  aula  episcopali,  presentibus 
mililibus  quo  supra  et  Jobannc  Paule  et  Petro  Jouet.  {Id,) 

Les  consuls  ont  été  condamnés^  par  le  gardien  des  Régales,  à 
V amende  pour  aoolr  reçu  une  plainte  en  matière  de  coups  et  blessures, 
—  169.  Gonsules  receperunt  qucmdam  clamorem  verberacionis...  et  quum 
iste  lestis  scivii  quod  reccperanl,  ivit  ad  domum  consulatus,  et  adjoriiavit 
dominos  consules,  super  dicta  recepcione  clamoris,  coram  Bertrando  de 
Vassiniaco,  custode  tune  regualium,  cujus  ipse  teslis  eral  allocalus,  in  aula 
episcopali  dicte  ville.  Qui  ibidem  venerunt  coram  dicto  Bertrando,  et 
guaiaverunt  sibi  eniendam  propler  hoc  quod  receperant  clamorem,  quia 
non  poteranl  recipere...  El  reddiderunt  eidem  Bertrando  dictum  clamo- 
rem. (Pierre  Raymond,  sergent  de  la  châtellenie  de  Guéret,  4388.) 

Les  consuls  ont  eux-mêmes  appelé  les  officiers  de  l'Eoéque  en  matière 
criminelle.  >-  170.  Quedam  mulier  fuit  inventa  morlua  in  quodam  puteo, 
undecim  annisunt...  et  dicebatur  quod  consules  et  burgenses  dicte  ville 
qui  eam  invenerunt,  non  fuerunt  ausi  extrahere  eam  a  puteo  quousque 
allocaii  Episcopi  quos,  ut  audivit  dici,  propler  hoc  adivcruni,  essent  pré- 
sentes et  facerent  extrahere  eam.  (Audoin,  prieurde  Châtelus-le-Marcheix.) 

Les  consuls  ont  assisté  à  des  procédures  du  juge  épiscopal  et  ont  même 
recommandé  des  coupables  à  son  indulgence.  —  171.  Judicavit  in  plalea 
communi  quemdam  homincm...  presentibus  consulibus  dicte  ville  et  pluri- 
bus aliis,  bene  ducenlis  hominibus,  et  non  contradicentibus,  immo  ipsi 
icsii  sijpplicanlibus  quod  misericorditer  se  haberet  erga  dictum  hominem, 
qui  tune  erat  mansionarius  dicte  ville...  El  judicavit  ad  fustigandum,  et 
fecit  fusligari  per  villam,  cum  fabis  suspensis  ad  collum  quas  furatus 
fuerat...  Fostea  eum  banni  vil  et  emisit  extra  portas.  (Audier  Norrpand.) 

UÉoéquea  exercé  la  police  de  la  ooirle,  —  171  bis.  Stephanus  Fabri 
volebat  edifficare  domum  suam  juxia  dictam  villam,  infra  monstram.  Et  iste 
testis  non  permisit  quousque  fecisset  mensurari  plateam  a  chemino.  Et  fecit 
mcnsurari,  et  posiea  dédit  Ucenciam  edifticandi.  (Audier  Normand,  1288.) 

D*.  —  171  ter.  Bene  sunt  duodecim  anni  et  plus,  quod  Jordanus  Lefevrc 
volebat  edifficare  domum  in  dicta  villa.  Iste  testis  non  permitlebat  ei  donec 
mensuraret  plateam  a  vico.  Gonsules  dicte  ville,  scilicet  Ma rcialis  Martini  et 
GuUlelmus  seu  Jocealmus  Danielis...  etalii...  rogaverunt  ipsum  tesiem 
ut  mensuraret  plateam;  et  mensuravit;  et  ad  rogationcm  eorum  dédit  dirlo 
Jordano  licenciam  edliicandi.  (Autre  témoin.) 


3^8  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0L061QUK   RT    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN. 

VÉoéque  ou  ses  officierB  ont  exercé  la  juridiction  en  ce  qui  concerne  le^ 
poLdn  et  mesures.  —  172.  Vidtl,  quînquaginta  anni  sont,  Nanleriain,  qui 
custodiebal  regalia...  admensurare  alnam  et  cubilum  dicte  ville  ad  quod- 
dam  pilarium  monaslerii  Sancti  Leouardi;  et  dicta  ad mensuratio  adhnc 
est  in  dicto  pilario.  (Audoin,  prieur  de  CbAtelus.) 

D*».  —  173.  Triginta  suDt  anni,  dictus  Vingnaud...  gatgiavtt  emendam 
gentibus  Episcopi  pro  quadam  mensura  falsa  vini,  quam  babebal  in  domo 
sua,  sita  in  vigeria  dicte  ville  ..  Viginii  anni  sunt,  Petrus  de  Monasterio, 
roorans  in  dicta  \illa,  extra  vigeriam,  gaigiavit  eniendam  gentibus  Epîscopi 
pro  quadam  falsa  mensura  vini  quam  habebat  in  domo  sua.(EliePanabeus.j 

Do.  —  474.  Viginti  sex  sant  anni,  Johannes  Pauta,  tune  alloeatus  Epis- 
copi,  tradidit  alnas  et  cubilos  mercatoribus  qui  vénérant  ad  nundinas, 
pacifiée.  (Id.) 

D'*.  —  475.  Vigiuti  quinque  sunt  anni,  Hemerfcus  Brito,  draperias  de 
Castro  Radulpbi  (l),  solvit  preposito  Episcopi  viginti  solidos  pro  falsa  a!na 
quam  babebal  iu  nundinis.  (P.  Vigier.) 

Do.  —  176.  Bernardus  Viviaui,  tabernarius,  promisit  dicto  prepo^lo  sex 
solidos  cum  duobus  denariis  pro  duobusfaisis  mensuris  quas  babebal  [Id.]. 

Do. —  477.  Senescallus  (de  l'Evoque)  faciebat  capi  per  servienles  et 
allocatossuos  alnas  et  cubitus  in  nundinis  Sancti  Leonardi  dicte  ville,  tam 
a  mercatoribus  dicte  ville,  quam  ab  illis  qui  de  extra  villam  veniebani. 
(Pierre  Lalere.) 

Les  Consuls  ont  sollicité  de  Véoéque  Durand  (1240- 1245)  la  rédudion 
des  amendes  pour  fausses  mesures  et  ils  Vont  obtenue  moyennant  finance, 

—  178.  Aodivit  dici  a  Peiro  Terade,  presbitero,  nuper  clerico  consulum 
dicte  ville,  quod  vidit  et  Icgit  lilteras  scriptas  et  sigiUo  episcopi  Darandi 
sigillatas,  super  quadam  pactione  quam  burgeoses  dicte  ville  fecerunl  cum 
ipso  episcopo,  quod  emendam  falsarum  mensurarum  et  cubituum,  que  crai 
de  sexaglnta  solidis  et  uno  denario,  abreviaret  dictus  episcopus  diclis  bur- 
gensibus  usque  ad  très  solidos  cum  uno  denario  ;  et  de  hoc  dicti  consales 
babent  litteras,  pro  quibus  dederunt  ipsi  episcopo  centum  libras.  (P.  Jou- 
berl,  curé  de  Salnt-Eiienne  de  Noblat.) 

Léoèque  a  seul  le  droit  de  perce ooir  deux  setlers  de  oin  sur  chaque 
taverne.  ~  179.  Consules  posuerunt  se  injuste  in  sacsina  taxandi,  una 
cum  preposito  Episcopi,  dicta  duo  sexlaria  vini.  Ipse  teslis,  viginti  anni 
sunt,  recepit  et  taxavit  per  très  annos  continuos  dicta  duo  sexlaria  vini 
in  qualibet  taberna  dicte  ville  pro  episcopo..  consulibus  non  preseniibas 
nec  vocalis...  et  si  ipsi  venlssent,  non  admisissel  eos.  —  Quindecim  anni 
suol,  Reginaldus  de  Subterranoa,  domine  custodis  regualium,  taxavit  una 
cum  isto  teste  présente,  dicla  duo  sexteria  in  omnibus  tabernis...  Et  ali- 
quociens  taxabat  in  denariis,  et  aliquociens  accipiebat  vinum,  dum  esset 
clarum  et  sanum.Nec  eranl  consules  présentes. (MartîalJoubert, clerc,  1380.) 

UEoêque  seul  est  en  possession  de  la  garde  et  de  la  police  des  foires. 

—  180.  Triginia  anni  sunt,  vidit  Helyam  de  Lemovicis,  miliiem,  Ber* 
Irandura  de  Vossiniac  et  servienles  suos  armatos  custodientes   nundinas 

(1)   Châteauroux,  dont  les  draps  se  veod&ient  déjà  dans  le  pays. 


LA   COHMUNR   DIS   SAINT-LI^ONARD    DR   NOBL\T    AU   XIII®    SIÈCLR.  329 

dicte  ville,  el  bcne  vidil  per  très  annos»  vel  per  qoataor,  pro  dicto 
episcopo  Lemovicensi.  (Pierre  Boutineau,  chevalier.) 

D°—  481.  Senescallus  Ëpiscopi  precepil  ex  parte  Episcopi  qood  isle  tedlis 
caperetur  et  sibi  daceretur  capius,  propier  hoc  quod  traxeral  eosem  suam 
pro  percutiendo  quemdam  homiDem  de  Petrabafferla  in  nondinis  Sanctî 
i^eonardî.  Ad  quod  preceptum  quidam  serviens,  nna  cum  pluribas  genlibus 
dicte  ville  secuii  fueranl  islum  et  ceperunt  in  prisionem  Episcopi,  scilicet 
in  aalam  episcopalem.  (Ernaud  de  Bordelose^  de  La  Jonchère,  1288.) 

Do  —  182.  Vidlt  Guillermum  Maument,  de  dicta  villa  Nobiliaci,  captum 
et  arrestalum  in  aula  episcopali  dicte  ville,  ubi  prepositas  (le  prévôt  de 
TEvèque)  tenebat  eum,  pro  deuariisquos  debebat,ut  dicebatur,  in  nundinis 
Campanie.  Poslea  vidit  ipsum  liberatum  quia,  ut  dicebatur,  solvit  dictes 
denarios.  (Rigaud  de  Quercu,  curé  de  la  Porcherie.)  —  Ârrestavit  Guiller- 
mum Maument...  ad  instanciam  consulum  dicte  ville,  Guillermi  Danielis, 
Jocealmi  et  fratris  Joliannis  Joberii,  Pelri  Jovet  et  aliorum  drappariorum 
de  dicta  villa,  qui  dicebant  isti  tesli  quod,  nisi  caperet  eum,  ipsi  arresta- 
rentur  cum  irent  ad  nundinas  Campanie.  (Àudier  Normand,  prévôt.) 

Le  ban  des  foires  est  publié  au  nom  de  VÉoêque^  des  consuls  et  de  la 
commune,  —  18H.  Quum  nuudine  Sancli  Léonard!  debent  esse,  lune  prc- 
conizatur  in  dicta  villa,  per  septem  dies  vel  octo,  quod  omnes  venientes 
ad  dictas  nundinas  habeaot  salvum  et  sccurum  venire  et  reverti  ad 
dictas  nundinas  per  septem  dies  in  veniendo  ad  dictas  nundinas,  et  per 
septem  post  in  rcdeundo...  Et  tune  fit  hannum  in  dicta  villa  seu  preconl- 
zatur  cum  trumpis  ex  parte  Episcopi  Lemovicensis,  consulum  el  commu- 
nitatis,  quod  omnes  habeant  salvum  venire  ad  dictas  nundinas  per  septem 
dies  ante  ipsas  nundinas  et  per  septem  dies  post.  (Pierre  d*Arfeuille.) 


IX.  —  Droits  des  seigneurs  tortionnaires  du  château  de  Noblat  et 
de  leurs  vigierssur  la  justice  de  la  villey  et  droits  accessoires. 


Interoention  des  oigiers  dans  les  causes  criminelles,  —  18i.  Quadraginia 
quinque  anni  sunt,  quod  vidit  quemdam  latronem,  dictum  Ribaut,  in 
prissioue  In  dicta  villa,  in  domo  patris  sui,  tune  consulis,  in  compedibus 
et  in  quadam  archa,  pro  eo  quod  fregerat  quoddam  molendinum  et 
bladum  dicti  molendini  furaverat,  et  quod  haberet  rempervim  cum  quadam 
muUere...  et  a  domo  patris  istius  translalus  in  prissionem  de  Maupertuis 
que  est  consulum  et  communltalls...  Abinde  vidit  ipsum  duci  ad  suspen- 
dendum  per  consules  dicte  ville  et  per  vigerios...  Requisilus  quis  judicavii, 
dicit  quod  consules  et  vigerii.  (Fr,  Vincent,  templier.) 

Do.  —  185.  Quidam  Theutonici,  qui  erant  hospitali  in  domo  Helie 
Ademari...  super  pecunia  subrepla  conquesti  sunt  consulibus  et  vigerils... 
qui  ceperunt  servienlem  domus  predicte,  et  eum  submiserunt  questiooibus 
et  tormentîs...  Postmodum,  ille  qui  subripuerat  dictam  pecuniam,  fuit 
sttspensos  apud  Lemovicas...  Erant  autem  vigerii...  Johannes   Pauta  et 

T.  XXXVIII.  ^3 


330  SOCitTi  ABCBROLOGIQI  F.  RT  HISTORIQUE  DO  UHOOSIN. 

Giraudus  Âudoini  qui  erat  vigenos  proEpiscopo,  qui  teoebal  parieo; 
vigerie  in  gageria.  (/d.) 

(Voir  83  et  f65.) 

ù^,  —  186.  Quadraginla  sunt  anai,  vidil  Stephanum  dîclom  Patlon 
fusiigari  per  villam  predictam  per  consulos  etvigerios  dicte  ville...  Porlabai 
unum  saccnm  plénum  bladi  super  humeros  suos...  Erant  TÎgerii... 
Johannes  Pauia  ei  Stephanus  Fabri  pro  Episcopo,  qui  tenebat  partent  vigerie 
in  gageria.  (Le  môme.) 

D^.  —  187.  (îutdam  lalro  fuit  i^ondemnatus  ad  mortero  per  dominos 
caslri  et  per  dictum  Burrillon,  servientem  domini  Régis,  custodienlem  sibi 
regalia  pro  Rege,  sede  vacante,  et  suspensus  ad  forças,  co  quod...  molea- 
dina  fregerat  de  nocte  et  quia  robabal  peregrinos.  (Elie  Panabeus,  prévôt) 

D^  —  488.  Fréquenter  veniebal  requirerc  curîam  de  hominibus  caslri 
Nobiliaci  ad  villam  Nobiliaci,  qui  erant  ibi  citati  vel  detenti  per  geutes 
Episcopi.  (Le  même.) 

D<>.  —  189.  Quidam  lairo  de  ca^tellania  castri...  fuit  capius  per  gpotes 
Episcopi,  qui  furalus  fuerat  ibidem  unam  rasam  a^ene.  Beruardos  do 
Porcherya,  tune  scnescallus  Episcopi,  fecit  eidem  ampulari  auricolam  ad 
diclam  portam.  Ipse  (le  témoin),  lanquam  prepositus  castri  Nobiliaci,  venit 
ad  dictum  locum,  ad  requirendum  eum,  et  antequam  pervenisset  ad 
locum,  vidit  quod  auricula  erat  jam  amputaïa.  (Le  même). 

Les  viciera  Uiterolennent  dans  les  causée  crUnlneUes,  mcUs  non  dans 
les  affaires  cioiles.  —  <90.  Requisitus  sUohannes  Pauta,  burgensis  dicte 
ville,  inlererai  judiciis  et  expleclis...  lanquam  vigerius  dominomm  castri 
de  Nobiliaco,  vel  lanquam  unus  de  consulibus  Nobiliaci,  dicit  quod  eral 
tanquam  vigerius  in  criminalibus  causis  que  tractabantur  in  plalea  com- 
muni;  sed  in  civilibus  causis  que  tractantur  in  doroo  commuai  nou 
intererat,  et  in  dictis  causis  nullus  intereral,  nisi  consules,  et  ilii  qui 
erani  de  consilio  ipsorum.  Requisitus  si  emendc  criminales  dividebantar 
per  consules  et  vigerium  insimul,  dicit  quod  de  koc  nichil  scit,  quia  doo 
vidit  aliquam  cmendam  levari  ncc  aliqua  bona  confiscari  que  per  ipsos 
consules  et  vigerios  dividerentur.  (Léonard  Goudelli,  clerc.) 

Participation  des  oigiers  à  la  police  des  poids  et  mesurée.  — 
491.  Consules  mittebani  questum  Johannem  Pauta,  tune  vigerioro.  S: 
veniebal,  oapiebanl  alnas  et  mensuras  insimul...  Si  non  veniret,  consules 
accipiebant  dictas  alnas  et  mensuras,  eo  absente,  prout  vidit.  (Léonant 
Goudelli,  clerc.) 

D^.  —  492.  De  meosuris,  alnis,  cubitis  et  ponderîbus,  dicit  quod  cou- 
suies  tradiderunl  mensuras...  consules  et  vigerii  eas  justificant...  et  consu- 
les babent  emendam  falsarum  mensurarum,  prout  audîvit.  (Fr.  Vincent, 
templier.) 

Do.  —  493.  Vidit  in  nundinis  et  mercatis,  quod  consules  et  vigerii 
dicie  ville  accipiebant  alnas  et  eas  adjustabant,  et  cum  inveniebant  alnam 
bonam,  eam  reddebant  ei  cujus  erat.  (Id*) 

Les  bans  sont  publiés  d'ordinaire  dans  la  oUle  au  nom  de  VÉoéque,  di 
la  seigneurie  et  de  la  commune,  —  49i.  Requisilus  quomodo  preconizatur 
bannum  in  dicta  villa,  dicit  quod  ex  parle  Episcopi,  seigneurie  et  commu- 


I.A   COMMUNE   DR   SMNT-LÉONARD    OR   NOBLAT   AU   XIII*   SIÈCLE.  331 

nilatis,  el  hoc  per  precones  dicle  ville:  ita  vidit  et  audlvit  fieri  communiter. 
(Fr.  Vincenl,  lemplier.) 

D*'.  —  495.  Clamabatur  bannam  publiée,  ex  parte  Episcopi  et  domino- 
rum  et  communitalis.  (Elie  Panabeus,  prévôt  du  château  de  Noblat.) 

D®.  —  190.  Preconizalur  bannum...  ex  parte  Episcopi,  seigueurie  ci 
communitalis.  (Autre  témoin.) 

D».  —  197.  Preconizalur  per  hac  verba  :  «  Ex  parte  Episcopi,  dominii  et 
communitalis.  »  (Fr.  Etienne,  sous-prieur  de  Saint-Léonard.) 

D^  —  198.  Audivit,  a  quadragînla  annis  citra,  plus  quam  per  ducentas 
vices,  clamari  et  preconizari,  tam  in  casibus  aile  quam  basse  justicie,  ex 
parte  Episcopi,  dominii  et  communitalis.  (Pierre  Faure,  prêtre,  1280-1288.) 

Quand  le  ban  n'a  trait  qu'aux  affaires  du  Consulat,  il  est  publié  seu- 
lement au  nom  des  consuls  et  de  la  commune.  —  199.  Banoum  preconi- 
zabalur  ex  parle  Episcopi,  dominii  el  communitalis;  sed  quum  preconizalur 
quod  burgenses  congregenl  se  vel  quod  eant  quesitum  lapides  pro  reedifî- 
calione  murorum  ville  el  aliis  speclantibus  ad  consolatum  suum,  quod  pre- 
conizalur tune  ex  parte  consulum  et  communilatis  tanlum.  (Autre  témoin.) 

Le  oigier  a  droit  aux  têtes  des  bœufs  et  des  caches  vendus  à  la  foire 
de  la  Noël,  —  200.  Nunquam  vidit  quod  prepositus  Episcopi  Lemovi- 
censis  aut  ejus  vigerius  faceret  aliquid  explectamentum  justicie  in  dicta 
villa...  Sed  audivit  dici  quod  vigerius  recipit  capila  boum  et  vaccarum  in 
Fïativitate  Domini  a  vendenlibus  carnes  in  dicta  villa.  (Pierre  Yelade.) 


Lettres  et  documents  divers  extraits  des  procédures 


I. — Lettres  de  Mathieu,  abbé  de  Saint-Denis,  et  du  seigneur  deNesle, 
lieutenants  du  Roi  de  France  (1),  notifiant  l'arrêt  du  Parlement 
intervenu  dans  le  procès  entre  Vévêque  de  Limoges  et  la  commune 
de  Saint-Léonard  (Paris,  août  1285). 

Malheus,  miscrationc  divina  ecclesie  Bcati  Dyonisii  in  Francia  abbas 
humilis,  et  Symon,  dominus  Nigelle,  locum  tenenles  domini  Régis  Fran- 

(1)  Mathieu  de  Vendôme,  abbé  de  Saint-Denis,  et  le  «  bon  seigneur  »  Simon  de  Nesle 
étaient  lieutenants  généraux  du  royaume,  lorsque  Philippe  III  mourut  à  Perpignan,  au  retour 
de  sa  malheureuse  expédition  d'Aragon.  Quinze  ans  auparavant,  en  1270,  Saint-Louis,  se 
préparant  à  partir  pour  Tunis,  avait  déjà  remis  l'administratiob  de  ses  états  à  ces  deux 
hommes  dévoués  et  leur  avait  fait  prêter  serment  de  fidélité,  comme  à  lui-même,  par  tous  les 
membres  de  ton  conseil. 


33i  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   RT  HISTORIQUE   DU   LIMOUftIK. 

corom,  universis  prets^tes  liUeras  iospecturis  salutem.  NoUma  fadinas 
quod,  eu  m  in  curia  domini  Régis  moverclur  discordia  inler  consul  es  el 
communitatcm  San.cli  Leonardi  Nobiliaceasis  ex  una  parle,  et  episcofMim 
LemoviceDscm  ex  altéra,  super  co  quod  diccbant  dicU  coa&ules  et  com- 
muDitas  quod  Episcopus»  turbando  possession e m  eoru m  et  injurisdiclioois 
domini  Régis  prejudicium,  per  violcnciam  spiritualis  (?)  jurisdiclioaîs,  a 
quibusdam  homlnibus  dicte  ville  extorsît  juramcntum  fidelilatis,  eum  jus 
non  habcret  habendi  dictum  juramentum,  maxiqae  /cum  dicli  coasules  siot 
in  saesina  percipicndi  juramentum  fidelilatis  ab  omnibus  hominibus  dicte 
ville  singulis  annis:  diclo  episcopo  protestante  quod  non  intendil  ces  pro 
consulibus  vol  pro  communiiate  habere,  nec  sigiUum  in  eorum  procura- 
torio  appositum  in  aliquo  approbare,  et  in  contrarium  dicente  quod  oon 
cxtorslt  juramentum  prcdictum,  sed  ab  ipsis  volentibus  rcccpit^  et  quod 
tam  ipse  quam  predccessores  sul  fuerunl  in  possessionc  et  saisina  cooli- 
nua  rccipicndi  juramentum  fidclitalis  ab  hominibus  dicte  ville  per  deccm, 
por  viginti,  per  Iriginta  annos  et  per  tantum  tcmporis  quod  suflicit  ad  ac- 
quirendum  jus  super  ipso  juramcnto;  —  item,  super  eo  quod  diccbanl  quod 
diclus  cpiscopus  qui  nunc  est,  arrcslavit  consulatus  preconcs  el  ab  ipsîs 
violenter,  indebilc,  elde  novo,  in  prejudicium  dominiRegis  ctsuum,  jura- 
mentum fidelilatis  extorsil,  turbando  possessionem  consulum  predicto- 
rum,  quibus  solis  dictum  juramentum  à  tcmpore  a  quo  non  exlat  memo- 
ria,  fieri  consucvit;  et  de  hoc  crant  in  possessione  sive  saisina  coasules 
anlcdicli  :  —  diclo  episcopo  asscrente  quod  ab  ipsis  volentibus  recepit 
juramentum  fidelitalis,  sicut  a  céleris  hominibus  dicte  ville,  el  quod  eos 
arrcslavit  non  occasione  juramcnli,  sed  quia  adjornati  in  curia  Episcopi 
et  ccrla  causa,   nolucrunt    cavcre  de    slando  juri,  secundum   usum   et 
consuctudinem  pairie.  Item,  super  eo  quod  cpiscopus  fecit  preconizari  per 
villam,  nomine  suo  tantum,  homines  dicte  ville  venirent  eidem  factnri  ju- 
ramentum tidclilalis,  in  prejudicium  Régis,  et  consulum,  et  commnni(ali«, 
contra  liberlales  et  consuetudines  eorum,  cum  soli  Régi  tcneantur  faeere 
juramentum  fidelilatis,  et  sunt  in  saesina  faciendi  preconizari  per  villam, 
el  indicunl  cl  ordinant  preconizalionem  :  Episcopo  dicenle  se  nichil  fecissc 
in  prejudicium  Régis  vel  bominum  de  Nobiliaco,  sed  continuando  posses- 
sionem predccessorum  suorum,  recepit  juramentum  fidelilatis  ab  homini- 
bus antediclis,  et  non  virtute  aiicujus  preconizationis  ;  —  item,  super  eo 
quod  diccbant  quod  cpiscopus  duxit  in  villam  Geraudum  de  Pelrabuferia, 
iminicum  >ille,  qui  quemdam  burgensem  dicte  ville  ip  strata  publics   ce- 
pcrat  el  diu  caplum  per  nemora  detinuit  contra  liberlatem  dicte  ville,  cum 
jus  non  haberet  faciendi  hoc  :  episcopo  dicente  quod  diclus  Geraudus,  qui 
est  canonicus  ecclesie  Dauralensis,  cum  diclo  episcopo  venit  ad  dictam 
villam,  nec  credenie  aliquod  prejudicium  in  hoc  fuisse;  — item,  super  eo 
quod  dicebant  quod  cpiscopus  misit  in  dictaip  villam  Audrerium  Nonnao- 
num,  cl  Audrerium,  fralrem  suum,  foreuses,  ad  explectandum  et  moran- 
dum  ibidem  pro  eo,  cum  alias  nullus  fuerit  ibi  allocalus  resideas  ah 
episcopo,  vel  predccessoribus  suis  ;  et  hoc  fecit  contra  mandatum  Régis, 
el  scncscalli  Pelragoricensis,  qui  prohibuerant  ibi  non  fieri  aliquas  novi- 
taies  :  Episcopo  dicente  nichil  fccisse  conlra  mandatum  Régis  vel  sencs- 
calli,  sed  continuando   possessionem   predccessorum  suorum   qai,  suis 


LA   COV1I0NC   DC  SAINT-LéOITAnD   DE  NOBLAT  AU   XIll^'  SIÈCLE.  333 

cemporibus,  exercuerant  tam  per  se  quam  per  alios,  in  dicta  villa,  altam, 
mediam  et  bassam  jusliciam,  et  omninlodamjuHsdictioneTn,  posuit  dictum 
Audrcrium  in  officie' prepositnre  dicte  vilie,  qui,  in  casibus  ibidem  emer- 
gentibus,  explectavit  palam  et  publiée  ; 

Aem,  super  eo  quod  dicebant  quod,  cum  sînt  in  saîsina  taxandi,  una 
cum  Johanne  Faute,  bailivo  in  dicta  villa  pro  dominis  Caslri  Nobiliacen- 
sis,  duo  sexteria  vini,  que  dicii  domini  dicunt  se  habere  de  facto,  cum  de 
jure  non  possint,  in  qualibet  taberna  dicte  ville,  mense  augusti;  et  dictus 
Audrerius  pro  episcopo  taxaverit  dictum  vinum,  qui  nullum  jus  habcbat 
in  tnxàlione  predicia  ultra  forum  compclens,  consulibus  non  vocatis, 
turbando  possessionem  eorum  in  prejudiciam  Régis  et  suum  :  Episcopo 
dicente  quod,  conlinuando  possessionem  suam  et  predecessorum  suo* 
rum,  taxavit  per  se  vel  per  sues,  vel  iantum  habentes  ab  eo  dictum 
vinum; 

Item,  super  eo  quod,  cum  sint  in  saisîna,  a  quadraginta  annis  et  citra, 
et  fuerunt,  resecandi  et  percipiendi  ligna  et  arbores  de  foresta  de  qua 
agitur,  pro  voluntate  sua,  et  excolendi  et  explectandi  eandem,  et  hanc 
tenent  a  Rege,  una  cum  aliis  bonis  communitalis  predîcte  :  Episcopo  ne- 
gante  et  asserentc  quod  dictam  forestam  tenet  saisitam,  et  erat  in  posses- 
sione  ejus,  tcmpore  litis  mote,  et  antca,  perannum;  et  quod  erat  de  feodo 
suo;  et  eam  posuit  ad  manum,  tanquam  feodum  alienatum  prêter  con- 
sehsum  suum,  maxime  a  manu  nobili  in  (?)  non  nobilem  ;  cl  de  biis  asserebat 
famam  esse  in  patria; 

Que  omnia  petebant  dicti  consules  revocarl  et  emendari,  et  episcopum 
compelli  ad  desistendum  :  Episcopo,  in  contrarium,  asserente  et  dicente 
se  non  teneri  ad  predicia,  et  se  esse  in  possessione  prcdictorum. 

Tandem  super  prcmissis  facta  inquesta  et  visa,  visîs  et  racionibus  par- 
cium,  judicatum  fuit  dictum  episcopum  esse  in  saisina  et  babere  jus 
reclpicndi  juramcntum  fidelitatis  ab  hominibus  dicte  ville,  et  quod  illud 
reccpit  ab  eis  voleutibus,  et  spoiite,  et  cciam  a  preconibus  ;  et  quod  eos 
arrestavit  non  racione  preconizacionis,  scd  quare  nolebant  cavere  de 
stando  juri  secundum  consuetudinem  et  usum  patrie.  Item  judicatum  fuit 
dictes  consules  esse  in  saisina  faciendi  preconizari  per  villam  nomine 
dicti  Epîscopi  et  dominorum  ville  et  communilatis.  De  facto  Geraldi  de 
Pclrabuferia  nichil  dicunt  testes.  Item,  judicatum  fuit  dictum  episcopum 
nichil  fccissc  contra  mandatum  Régis  sive  senescalli,  nec  tamen 
fccîsse  aliquas  novilales  ponendo  ibidem  prepositum  foraneum  ad 
cxpleclnndum  in  dicta  villa  et  morandum  nomine  Episcopi;  et  quod 
petunt  consules,  totum  illud  quod  in  articule  continetur,  ad  nichilum 
reducinon  fiet  (sic).  Item,  adjudicata  fuit  saisina  diclis  consulibus  taxandi 
dicta  duo  sexteria  vini,  mense  augusti,  una  cum  preposito  episcopi,  et 
bailivo  in  dicta  villa.  Item,  judicatum  fuit  dictes  consules  et  communi- 
taiem  esse  in  saisina  explectandi  dictam  forestam,  et  quod  dictus  episco- 
pas  tenebat  eam  saisitam  tempore  litis  mote  et  ante,  et  quod  posuit  eam 
ad  manum  suam  tanquam  feodum  suum  alienatum  de  manunobilis  in 
non  nobilem,  et  quod  hoc  polerat  faccre  salva  saisina  usus  explectandi  pre- 
diclorum.  item,  inquesta  facta  quis  erat  in  saisina  justiciandi  malefactores  et 
incarcerandi  in  villa  de  NobiHaco,  qanm  duo  homines  ibi  ultimo  per  senes- 


334  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  RT  BISTORIQUK   DU  LIMOUSIN. 

callum  Pctragoricensem,  vel  cjus  mandatum^capli  fuerunt,  invenlum  fait  et 
judicatum  quod  consules,  una  cum  preposito  Ëpiscopi  et  vigeriis  domiDoniin, 
crant  in  saisina  justiciandi  et  incarcerandi  malefaclores  in  villa  Nobîliaci, 
quanquam  (?;  dicti  duo  homines  capti  fuerunt  per  dictum  senescallum 
vel  ejus  mandatum.  In  cujus  rei  teslimonium  présentes  litleras  sigîllo 
Régis,  quo  utimur,  fecimus  sigillari.  Actum  Parisius,  anno  Domini  m®  ce» 
oclogesimo  quinto,  mense  augusto  (1). 


Il,-— Lettres  de  Philippe  IV:  Addition  au  premier  arrêt  du  Parlement 
touchant  la  justice  de  Saint-Léonard  (mars  1286,  y.  st.  :  128*7). 

Philippus,  Dei  gracia  Francorum  Rez,  universis  présentes  litteras  ins- 
pecturis  salutem.  Notum  facimus  quod  cum  in  judicio  per  curiam  nostram 
facto  inter  dilectum  et  fidelem  nostrum  Episcopum  Lemovicensen),  ex  una 
parle,  et  consules  et  communitatem  Sancti  Lconardi  Nobiliaci  ex  altéra, 
super  duabus  causulis  {sic)  in  dicto  judicato  contentis  que  taies  sunt  : 
a  Judicatum  fuit  diclum  Episcopum  nichil  fecisse  contra  mandatum  Domini 
Régis  sive  senescalli,  nec  eciam  fecisse  aliquas  novitates,  ponendo  ibidem 
prepositum  foraneum  ad  explectandum  in  dicta  villa  et  morandura  nomine 
Ëpiscopi,  et  quod  petunl  consules,  illud  totum  quod  in  arliculo  continetnr, 
ad  nichilum  reduci  non  fiet  »  ;  alia  causula  talis  est  :  «  llem,  inqoesta 
facta  quis  erat  in  saisina  justiciandi  malefactores  et  incarcerandi  in  villa 
de  Nobiliaco,  quum  duo  homines  ibi  ullimo  per  senescallum  Petragori- 
censis,  vel  ejus  mandatum,  capti  fuerint,  inventum  fuit  et  judicalum  quod 
consules,  una  cum  preposito  Ëpiscopi  et  vigeriis  dominorum,  eranl  in 
saisina  justiciandi  et  incarcerandi  malefactores  in  villa  de  Nobiliaco, 
quum  illi  duo  homines  capli  fuerunt  per  dictum  senescallum  vel  ejus  man- 
datum», —  pelerelur  dcclaratio,  declaratum  fuit  per  curiam  noslram  quod 
Episcopus  Lemovicensis  uteretur  judicato  prout  ibi  continetur,  cl  habebit 
prepositum  foraneum  apud  Nobiliacum,  qui  explectabit  et  judicabit  quem- 
admodum  prepositi  cpiscoporum  qui  non  crant  foranei,  expleclare  et  jus- 
ticiare  consueverunt;  el  consules,  prout  continetur  in  judicato;  nec  impe- 
dicnl  predicti  consules  quin  prcposilus  Ëpiscopi  foraneus  capiat  malefac- 
lores, et  adjornet  coram  se  et  jusliciel  cum  ipsis  ;  nec  prepositus  simiiiter 
impçdiel  diclos  consules  quin  capiant  per  se  et  justicicnt  malefactores 
cum  preposito  Ëpiscopi  el  vigeriis  dominorum.  Et  fiet  incarceratio  de 
captis  ab  utraque  parle,  ubi  ab  anliquo  cxtilit  consuetum.  Nec  fient  super 
hoc  alique  novilatcs.  in  cujus  rci  teslimonium,  prcsentibus  lilteris  nos- 

(1)  C'est  à  l'arrêt  du  Parlement  reproduit  dans  ces  lettres^  et  mal  interprété  par  le  copiste, 
que  8e  rapporte  le  passage  suivant   d'un  manuscrit  de  D.  Estiennot  : 

«  Concordata  inter  consules  Nobiliacenses,  canonicos  et  Ëpiscopi  Lemovicensis  officiario^, 
anno  MCCLXXXV,  leges  in  litteris  Mathœi,  abbatis  Sandyonisiani,  et  Symonis  NigeUensis, 
quarum  originale  inspexi  in  scrioiis  Nobiliacensibus  et  transcriptum  accepi  ab  humanissàmts 
DD.  Veyrier  aliisque  consulibus,  quod  leges  parte  lia  Tragmentorum  nostrorum  historise  A  qui- 
tanicœ  ^Bibl.  nationale,  man.  lat.  12747,  p.  128). 

On  voit  qu'il  ne  s'agit  nullement  d'une  transaction  ni  d'un  accord,  mais  d'un  premier  arrêt 
du  Parlement  sur  un  procès  introduit  par  les  Consuls  et  la  commune. 


LA   COMMUNE   DE  SAlNT-LÊONARD   DE  NOBLAT  AU   Xlll«   SIÈCLE.  335 

trum  fecimus  apponl  sigillum.  Actum  Parisius,  anno  Domiai  m»  cc<^  octoge- 
simo  sexto,  mense  marcio. 


III.  —  Lettres  de  Philippe  IV  chargeant  Philippe  Suard,  chanoine  de 
Laon,  et  Jean  de  Morancy,  clercs  du  Roi  de  France,  de  procéder  à 
une  nouvelle  enquête  {29  août  1287). 

Philippus»  Dei  gracia  Francie  Rex,  dilectis  suis  magislro  Philippe 
Suardi,  canonico  Landunensi,  et  Johanni  de  Morenciis,  clericis  nostris,  sa- 
lutem  et  diiectionem.  Mandamus  vobis  quatiaus  in  causa  que  vertitur  in 
caria  nostra  inler  dilectum  et  fidelem  nostrum  Episcopum  Lemoviccnscm, 
ex  una  parle,  et  gerentes  se  pro  consulibus  et  communitate  ville  de  Nobi- 
liaco  ex  altéra,  recipialis  probaiiones  sub  prima  productione  et  quas  utra- 
que  pars  producere  volucrit,  secundum  articules  vobis  sub  contrasigilio 
nostro  misses,  et  testes  utriusque  partis  examinetis  super  ipsis  articulis 
de  notorio  et  fama,  et  quod  inde  feceritis,  nobis  ad  proximum  pallamen- 
tum  remiltatis  sub  sigillis  veslris  inclusum.  Actum  Parisius,  die  veneris 
in  feslo  Decollationis  Beati  Johannis  Baptiste,  anno  Domini  m^  cc^  octo- 
gesimo  septimo. 


IV.  —  Les  consuls  et  la  commune  de  Saint-Léonard  constituent 
pour  leurs  procureurs  spéciaux  au  cours  de  Venquête,  Etienne 
Faure  et  Nicolas  Desmoulins  (10  mai  1288). 

Vins  venerabilibus  et  discrelis  reverendis  dominis  suis  magistris 
Philippe  Suardi,  canonico  Landunensi,  et  Johanni  de  Morenceils,  clericis 
Domini  Régis  Francie,  Consuleset  communilasSancti  Leonardi  de  Nobiliaco, 
salutem  cum  omni  revercncia  et  honore.  Noveritis  quod  nos  facimus  ei 
constiluimus  procuratores  nostros  Stephanum  Fabri  cl  Nicholaum  de  Mo- 
lendinis,  comburgenses  nostros,  exhibilores  presencium  lillerarum,  et 
quemlibet  eorum  in  solidum,  îta  quod  non  sit  meiior  conditio  occupantis 
ad  procedendum  coram  vobis  in  inquestis  per  vos  faciendis,  auctoritate 
dicli  Domini  Régis  commissis,  super  causa  que  vertilur  in  curia  ipsius 
domini  Régis  inler  nos,  ex  parle  una,  et  revcrendum  patrem  Episcopum 
Lemovicensem  exaltera,  dantes  etconcedentes,  dictis  procuratoribus nostris 
et  cuillbei  eorum  in  solidum,  potestatem  et  spéciale  mandalum  procedendi 
coram  vobis  in  diciis  inquestis  per  vos  facieudis  aucloritale  dicli  Domini 
Régis  in  dic*a  causa  quantum  crii  de  jure,  et  jurandi  in  animas  nosiras  et 
eorumdem,  et  omnia  faciendi  que  veri  debent  et  possunt  facere  procura- 
tores,  ratum  et  tirmum  habcnles  et  habitari  quecumque  per  ipsos  vel 
eorum  alterum  coram  vobis  super  premissis  actum  fueril  seu  ....  pro- 
curatum»  obligantesnos  et  nostra,  si  necesse  fuerit,  pro  judicato  solvendo. 
Et  bec  vobis  et  omnibus  quorum  interest  significamns  per   bas  présentes 


336  SOCIÊTé  ARCBÉOLOGlQtTR  ET  HISTORIQUR  DO  LIMOUSIN. 

liiteras,  sjgillalas  sigillo  nostro.  9atuin  die  lune  post  Ascensionem  Dominî, 
anoo  ejusdem  m<*cc^  octogesimo  septimo  (4). 


V.  —  Certificats  de  bonnes  vie  et   mœurs  produits  par   ditev^ 
témoins  (1280rl287). 

Sequilur  lillera  tcstimoDÎalis  dicti  Pelri  de  Ruppe  Amatoria»  producta  e\ 
parte  bargcnsiam  ville  Nobiliaci,  ad  probandum  qaod  dictus  Petrns  sit 
bone  famé,  sigillala  sigillé  quo  utuolur  consulcs  Moniis  Albani,  m  prima 
facie  apparebat,  cajus  icnor  sequilur  in  hec  verba  : 

ce  Universis  présentes  litleras  inspecturis,  Consules  Montis  Albaoi,  dyoce- 
cis  Caturcensis,  salotem  in  Domino.  Notum  iacimus  universis  et  singolis 
quod  Fetrus  do  Rocamador,  et  Peirus  de  Oifeiha,  et  Geraldus  Pareu,  ei 
Philippus  de  Salviac,  cohabitatores  nostri,  sunt  homines  boni  et  légales,  et 
eciam  bone  famé.  In  cujus  rei  testimonium  presentibus  litierts  sigiliuni 
nostrum  duximu^  apponendum.  Datum  apud  Montem  Albanuro,  die  lune 
posi  festum  Béate  Marie  Virginis,  in  Annunciacione.  Anno  Domini  m^  ce* 
Ixxx®.  » 

...Ad  probandum  quod  illi  quorum  nomina  eontinentur  in  liltera  cnjos 
transcriplum  sequilur,  sunt  bone  famé,  produsserunt  (sic)  consules  ville 
Nobiliaci  quamdam  litleram,  [sub]  sigillo  consulum  elcommanilatis  Honlts 
Albani,  cujus  ténor  sequilur  in  licc  verba  : 

«  Universis  présentes  litleras  inspecluris,  Consules  Montis Albani.dyocesis 
Calurcensis,  salutem  in  Domino.  Nolum  facinius  universis  et  singulis  quod 
Petrus  Daorfulha,  Petrus  Rordi,  Petrus  Racheril,  Geraldus  Procha,  Giusti- 
nius  Bossurchel,  cohabitatores  noslri,  sunl  homines  bone  fnme,  et  sunt  et 
fuerunt  lemporibus  inler  nos  laudabililer  conversât!,  in  cujus  rei  testi- 
monium, présentes  lilteras  sigillo  nostro  fecimus  sigillari.  Datum  apud 
Montem  Albanum,  die  lune  post  festum  aposlolorum  Pbiiippi  et  Jacobi, 
anno  Domini  m^  cc^  \xxx9  vn^. 


VI.  —  Permission  donnée  par  Hugues,  prieur  du  monastère  de 
Saint-Léonard,  au  sous-prieur  Etienne,  de  comparaître  comme 
témoin  à  V enquête  (22  mai  1288)  (2). 

Viris  venerabilibus,  providis  et  discretis  dominis  et  amicis  suis,  magis- 
tris  Philippe  Suardi,  canonico  Laudunenni,  et  Johann!  de  Morenciis,  clericis 
domini  Régis  Francie,  auditoribus  dalis  in  causa  que  vertitur  inter  Rêve- 

(1)  VoMT  octavo.  Il  y  a  là  encore  une  erreur  évidente.  Les  enquêteurs  n'ont  été  dêsigoés 
qu'au  mois  d'août  1287.  La  procuration  donnée  par  i'évéque  porte  la  date  du  24  mai  1188  et 
rectifie  celle  de  la  pièce  ci-desaua. 

(2)  La  date  du  22  mai  1S87  que  portent  ces  lettres  est  certainement  erronée,  puisque  la 
commission  des  enquêteurs  est  du  29  août  1287. 


LA  COMMUNS   DK  SAINT- LÉONARD  DE   NOBLAT   AU  Xltl^  SIÈCLR.  337 

rendum  Patrem  Dominum  Lemovicensem  Ëpiscopum,  et  se  gerentes  pro 
consulibuset  communitate  ville  de  Nobiliaco,  — Hugo,  humilispriorde  Nobi- 
liaco,  salulem  îd  Domino.  Noverilis  quod  nos  Stephano  subpriori  monas- 
lerii  nosiri,  damus  iîceniiam  ei  auctoritalem  perbibendi  in  dicta  causa 
leslimonium  verilali.  Datum  XI  kalendas  junil,  anno  Domini  m^  cco  oclo< 
gesia)0  septimo. 


VII.  —  Articulations  des  procureurs   de  l'évéque  contre  un  des 
témoim  des  consuls. 

Dicit  et  proponit  excipiendo  procurator  episcopi  Lcmovioensis  contra 
Leonardum  Godelli,  qui  dicit  se  esse  clericum  (2),  teatem  productum  a  gereu- 
tibus  se  pro  consulibus  et  communitate  ville  Nobiliaci  contra  eundem  ëpis- 
copum, quod  idem  Leonardus  est  excommunicatus  roajori  excommunica- 
lione  et  muUipUciter  aggravatus  et  publiée  nunciatus  auctoritate  officialis 
Lemovicensis  ad  instanciam  Àudierii  Normanni. 

item,  dicit  quod  idem  Leonardus  est  persona  vilis  et  infamis,  utpote  qui 
contraxit  cum  Valeria  de  Paolbac  matrimônium  et  ex  ea  prolcm  suscepit  ; 
ac  post  modo,  eadem  Valeria  adhuc  vivente,  contraxit  cum  Marieta,  filia 
Stephani  de  Monasterio,  et  deinde  transferens  se  ad  villam  de  Mayslat  (t), 
Xanctonensis  dyocesis^  contraxit  cum  lertia^  aliis  duabus  viveniibus. 

Item  dicit  quod  Leonardus  est  orinndus  de  dicta  villa  et  habet  ibi  pos- 
sessiones  et  bona,  et  quod  ipse  contribuit  ad  prosccutionem  dicte  causci  et 
commodum  et  incommodum  ipsius  speclat  ad  eum  sicut  ad*  unum  de 
dicta  villa. 


VIII.  —  Mention  d'un  usage  particulier  pour  la  prestation  du 
serment  en  justice. 

Circa  sexdecim  anni  sunt,  sede  vacante  per  morlem  dicli  episcopi 
Aymerici(3)...  dictotempore  aliqui  burgenscs  dicte  ville  Tueront  producti  in 
lestimoninm  coram  isto  teste,  qui  non  jurabant  :  qui  nolebant  ponere  ma- 
num  supra  librum.  Immo  dicebant  quod  semper  consueverant,  coram 
senescallo  et  allocatis  episcoporum  Lemovicensium,  ponere  nianus  ad 
pcctus  eljurare  in  animam  suam,  Iste  teslis  inquisivitdehoccum  Stéphane 
Fabri,  Johanne  Jouberti,  Stephano  Vigerii  et  cum  pluribus  aliis  burgensi- 
bus  dicte  ville,  qui  deposuerunt  quod  ab  antique  con^ueverant  coram 
senescallis  Episcopi  qui  producebanlur  in  testimonium,  ponere  manus  ad 
pectus  et  jurare  in  animam  suam,  ut  premiltilur.  (Témoignage  d'Ëroaud  de 
Bordelose,  de  La  Jouchère,  ancien  garde  de  la  Régale,  enquête  de  Ii88.) 

(1)  AjoatoDh  que  Léonard  Godelli  était  .alors  ou  avait   été  directeur  dot  école»  —r^elor 
seolarum  —  de  la  ville  de  Saint-Léonard. 
(S)  D'Eymoutiers. 
^3)  D'Âymeric  de  Serre,  mort  en  1272. 


3')8  SOCIÉTÉ   ARCHtoLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN. 

IX.  —  Articles  proposés  au  Parlement  par  le  procureur  du  Roi. 
au  nom  de  la  Couronne  et  des  consuls  de  Saint-Léonard. 

A  ceste  fin  que  notre  sires  li  Rois  et  11  consols  ou  nom  de  la  ville  cl 
commune  de  Nocillat,  soient  absols  de  la  demande  (?)  que  H  evesques  de 
Limoiges  a  fait  ou  plei  qui  pen  en  la  Cour  de  ceanz, 

Entent  aprouver  le  procurateur  noire  Seigneur  le  Roy,  pour  le  Roy  et 
pour  les  consols  ou  nom  dessus  dit,  contre  TEvesque  de  Limoiges,  les 
choses  qui  s*en  suient  : 

Premièrement,  que  li  consols  et  la  commune  de  Saint  Lienart  de  Noellac 
ont  Consulat,  cors  et  commune  ; 

Item,  que  il  ont  les  choses  de«)sus  dites  par  titre  et  olroy  de  donaisoQ 
des  Rois  de  Angleterre,  au  temps  que  la  terre  et  li  pais  estoit  au  Roy  de 
Angleterre,  devant  que  elle  venist  en  la  main  et  seignorie  dou  Roy  de 
France,  senz  moyen  (1)  ; 

Item,  que  des  choses  dessus  dites  il  usent  et  ont  use,  et  font  et  ont 
este  en  saisine  de  si  lonc  temps  qu'il  n'est  mémoire  dou  contraire,  et  que  il 
soufBst  a  droit  avoir  acquis  quant  aus  choses  dessus  dites,  se  autre  droit 
n*i  avoient; 

Item,  que  le  Consulat,  le  Cors  et  la  Commune  et  la  dite  ville  sont 
subgiez  au  Roy  comme  a  seigneur  et  soverain  senz  maien  ; 

item,  que  au  Roy,  comme  a  seigneur  et  soverain  senz  maien,  ou  a  son 
commandemeni,  li  consols  ei  les  hotnes  lays  de  ladite  ville  qui  sont  de 
1  aage  de  XV  ans  et  par  dessus  font  serement  de  feaute  toutes  foiz  qu'il  a 
novel  Roy  en  France; 

Item,  que,  chacun  an,  chacun  home  lay  de  Paage  de  XV  anz  font  sere- 
ment de  feaute  aus  diz  consolz  ; 

Item,  que,  avant  que  il  facent  ledit  serement,  les  consols  baillent  et 
rendent  aus  genz  le  Roy  en  signe  de  obéissance  et  de  slibjection,  comme 
envers  seigneur  et  soverain  senz  maien,  les  des  des  portes,  des  fortc- 
reces  et  dou  Consulat,  des  prisons  et  des  tours  de  la  ville  ; 

Item,  que  après  le  serement  fct,  les  consols,  ou  nom  dou  Consulat, 
Cors  et  Commune,  les  dites  des  reprannent  et  receivent  des  genz  le  Roy, 
qui  les  leur  baillent  de  par  le  Roy  ; 

Item,  que  li  Rois  et  ses  prédécesseurs,  li  consolz  et  la  Commune  de 
la  dite  ville  de  ce  sont  et  ont  este  en  bone  sai:iine  par  tant  de  temps  qall 
n'est  mémoire  dou  contraire,  et  que  il  leur  souffîst  a  droit  avoir  acquis 
quans  aus  choses  dessus  dites  ; 

Item,  que  li  Rois,  comme  seigneur  soverain  et  senz  maien,  a  en  ladite 
ville,  sus  les  consols  et  la  Commune,  ost  et  chevauchée,  et  les  services  qui 
sont  acouslumez  ; 

Item,  que  de  ce  est  li  Rois  et  si  prédécesseur  sont  et  ont  este  en  bone 
saisine  par  tant  de  temps  qu'il  n'est  mémoire  dou  contraire,  et  que  il 

(1)  Sans  seigneur  intermédiaire  :  le  Roi  de  France  est  seigneur  direct  et  immédiat  de  la 
ville. 


LA   COMMUNE   DE  SAINT-LÉONARD   DE   NOBLAT    AU   XIII"  SIÈCLE.  339 

soafîst  a  droit  avoir  acquis  quant  aus  choses  dessus  dites,  se  autre  droit 
n'i  avoit  ; 

Item,  que  li  diz  consols  et  commuDe  ont,  en  la  dite  ville,  la  joustice 
haule  et  la  moienne  et  la  basse; 

Item,  que  il  ont,  en  ladite  ville,  la  congnoissance  des  causes  civitles  et 
criminaus,  le  jugement  el  Texequcion  de  la  joustice  haute,  moienne  et 
basse  ; 

Ilem,  que  il  ont  chartre  et  prison,  et  forches  de  ancienneté,  prise  et 
cnprisonuement  en  leur  prison  propre,  et  pugnissement  des  mauffai- 
leurs;  leurs  bûcheurs  ;  le  ban  et  la  criée  delà  ville  et  cognoissance  des 
causes,  et  ce  qui  appartient  a  toute  joustice  haute,  moienne  el  basse; 

Item,  que  ces  choses  ont-il  et  tiennent  souz  le  Roy  et  deu  Roy,  comme 
de  seigneur  et  soverain  senz  maien  ; 

Item,  que  il  mesurent  Tone-et  le  coude,  et  les  mesures  dou  ble  et  dou 
vin,  et  en  lievent  les  amandes  quant  il  i  treuvent  fausele; 

ilem,  que  de  ces  choses  est  li  Rois  en  bone  saisine  et  ont  este  (1)  si  pré- 
décesseur par  tant  de  temps  que  il  n*est  mémoire  dou  conlraire; 

Item,  que  li  Gonsols,  par  reson  de  la  commune,  ont  et  a  us  {eic)  appar- 
tient les  clés  des  portes  de  la  ville,  et  a  aus  appartient  faire  el  refaire  les 
tours,  les  murs,  les  porlaus  et  les  portes,  les  forieresces  de  la  ville  et  la 
guarde  d'icelles;  et  la  guarde  des  feires  et  des  marchez,  de  nuit  et  de 
jour,  a  armes  et  senz  armes  ; 

Item,  que  il  lievent  la  taille  chascun  an,  et  taillent  de  touz  les  beritaiges 
de  la  dite  ville  et  des  genz  de  la  dite  ville  ; 

item,  que  li  diz  Consols,  pour  reson  dou  Consulat  et  de  la  Commune, 
ont  meson  commune,  arche,  papier  oaquel  tout  li  bien  de  la  Commune 
sontescrit;  seel  et  armeures  communes,  et  banicres  pour  armes  porter 
toutes  lesfoiz  que  mestier  en  a  este  ou  seroii; 

Item,  que  II  Roi  s*en  aide  el  s'en  est  aidie,  elpeulaidier,  toutes  foizque  il 
li  plaisl,  a  pieu  el  plaira,  comme  seigneur  soverain  et  senz  maiea; 

ilem,  que  des  choses  dessus  diles  sont  li  consols  et  la  Commune  et  ont 
este  en  bone  saisine  par  tant  de  temps  que  il  n'est  mémoire  dou  conlraire; 

Ilem,  que  ces  choses  il  tiennent  el  ont  tenu  dou  Roy  de  si  lonc  temps 
que  il  n*est  mémoire  dou  conlraire; 

item,  que  il  baillent  les  mesures  des  balissemenz  de  la  ville  el  des 
apartenances,  et  ont  le  pugnissement  de  elles,  et  de  ce  sont  et  ont  este  en 
bone  saisine  par  tant  de  temps,  etc.  (pIc)\ 

Item,  que  il  ont  les  esplaiz  des  places  de  la  ville,  et  de  ce  sont  et  ont 
este  en  bone  saisine,  eic.  ; 

Item,  que  les  choses  dessus  dites  il  tiennent  et  ont  souz  le  Roy  et  dou 
Roy  comme  de  seigneur  et  soverain  senz  maien,  par  reson  dou  Consulat 
el  Cors  el  Commune  de  la  dite  ville,  avecques  les  autres  choses  dessus 
dites; 

Item,  que  II  Rois  et  si  prédécesseur  de  ce  est  et  ont  este  en  bone  saisine 
par  tant  de  temps,  etc. 

ilem,  que  ausdiz  Consols  et  Commune  appartiennent    Tusage  et  les 

(1)  Sous-entendu  :  en  bonne  saisine. 


3iO  SOaÉTé  ARCBftOLOGIQUB   ET  BISTORIQDB   DU   LlMODSIff. 

espteiz  de  la  foresl,  de  quoy  li  plet  pent  et  a  este  entre  l'EVesqne  et  les 
consols,  par  reson  de  la  dite  ville; 

Ilem,  que  ce  tiennent  et  ont  les  Consols  pïr  reson  de  Consulat  et  de  U 
communauté,  dou  Foy  et  souz  le  Roy,  comme  de  seigneur  soveraid  senz 
moien,  avecqoes  les  autres  choses  dessus  dites  ; 

Item,  que  11  Rois  et  si  prédécesseur  est  et  ont  este  de  ce  en  bone  saisine 
par  tant,  etc.; 

Item,  que  se  11  Evesque  ou  d-aucuo-  pour  lui  ont  csploitie  en  la  ville 
d'esploiz,  ce  a  este  par  reson  de  une  vigerie  que  li  Evcsques,  ou  temps  que 
H  plet  commença  entre  lui  et  les  Consuls  de  ladite  ville,  tenoit  eo  guage 
d'aucuns  qui  disoient  qu'il  avoient  vigerie  en  la  dite  ville  ; 

Item,  que  li  plcl  pendant  et  de  novel  eu  reguart  au  plaît,  au  débat  et  a 
la  pleinie  des  causes  contre  Tevesque,  li  diz  evesque  a  acheté  le  droit  que 
cil  disoient  que  il  avoient  en  la  dite  vigerie; 

Item,  que  des  choses  dessus  dites  et  de  chacunne  par  soy  est  voiz  et 
commune  renommée  en  la  dite  ville,  et  es  villes  voisines  et  6u  pais; 

Et  des  choses  dessus  dites  offre  le  procureur  notre  seigneur  le  Roj,  eu 
nom  dou  Roy  et  pour  le  Roy,  a  prouver^  et  fere  savoir  :  ce  que  li  soufira 
tant  seulement,  et  le  fait  de  Tadversc  partie  en  tani  comme  il  est  contrai- 
res au  sien,  li  Procureur  le  Roy  le  mest  en  ni  (?)  (1)  ; 

Et  faii  retenue  et  protestation  de  toutes  ses  bonnes  reSons  de  fel  et  de 
droit,  en  leu  et  en  temps. 


X.  —  Interdit  de  Vévéque  de  Limoges  (vers  1306). 

Dicit  et  probare  intondit  Episcopus  Lemovicensis  contra  gerentes  se  pro 
consulibus  ville  de  Nobiliaco,  cl  contra  gerentes  se  pro  conslilibus  civitatis 
Lemovicensis  (î),  —  cl  primo  conlra  illos  (?)  de  Nobiliaco  : 

Quod,  pcr  arrestum  curie  diclum  fuit  quod  Episcopus  Lemovicensis  vel 
cjus  prcposllus  foraneus  explectabat  (3)  in  villa  Nobiliaci  de  cOgnitîone 
causarum  civilium; 

Ucm,  quod  diclus  Episcopus  vcl  ejus  prepositus,  una  cum  gerentibus  se 
pro  consulibus  dicte  ville,  incarcerebunt  et  justiciabunt  malefactores  ; 

llem,  quod,  pcr  arrestum,  manus  rcgia  posita  in  causis  civilibus  dicte 
ville  de  Nobiliaco  fuit  amota,  et  datum  in  mandatis  episcopo  quod  ipse 
vel  cjus  prepositus  foraneus  cxp[l]eclaret  de  causis  predictis; 

Item,  quod  pcr  arrestum  curie,  diclum  fuit  et  pcr  curiam  declaratum 
quod  dictus  Episcopus  habcbil  apud  Nobiliacum  preposilum  forancum  qui 
cxpleclabit  et  justiclabil  ibidem,  et  quod  gerentes  se  pro  consulibus  non 
impedient  quin  prepositus  predictus  malefactores  capiat  et  ajornct  coram 

(1)  La  dénie. 

(S)  Ce  qui  concerne  la  cause  entre  l'^véque  et  les  consuls  de  la  cité  de  Limoges  n'a 
malheureuse  ment  pas  été  conservé.  Presque  tous  les  documents  relatifs  à  ce  procès  ont 
disparu,  même  dans  les  Archives  de  l'Evéché. 

(3;  Explectabat  et  non  explectaret  :  le  Parlement  a  constaté  la  situation,  le  droit  actod 
résultant  de  la  coutume. 


LA   COMMUNE  OB   8A1NT-LR0NAB0   DS  NOBLAT  AU   Xlll'^  SIÈCLE.  34l 

se»  et  ju&UiOiet  cum  ipsis,  nec  pfeposilus  sioiiUler  impediet  diclos  consoles 
quin  capiant  per  se  et  juslleient  malefaciofes  eum  preposito  Ëpkcopi  et 
Yi^ri(o?)  4ominoruni; 

Item,  quod  ralione  et  virtute  prediclorum  judicatorum  et  arreslorum, 
idem  episeopus  fuit  et  est  in  possessione  cogooscendi  de  causis  civilibos 
sCjCundum  tenorcm  dictorum  judicatorum  et  arreslorum  ; 

Item,  quod  fuit  iu  possessione  incarcerandi  et  puniendi  malefaciores 
iû  villa  predicta  de  Nobiilaeo,  una  cum  diciis  gercntibus  se,  secundam 
tenorem  judîcali  ; 

iLem,  quod  erat  eo  lempore  quo  Mex  dedii  ariiculos  suos  cootra  episco- 
pum  prediclum  (I); 

Item,  quod  post  judieata  et  arresta  predicta,  dicti  gerentcs  se  pro  con- 
sulibus  multiplicilcr  nisi  sunt  dictum  cpiscopum  impcdire  in  cognitionc 
causarum  civilium  prediclarum,  et  tacite  de  judieatis  et  arresiis  predictis, 
asserentes  se  esse  in  saisina  cognoscendi  de  causis  civilibns  motis  coram 
eisy  et  quod  impediebantur  per  filpiscopum  in  premissis,  obtinucrunt 
qu^mdam  informalionem  fierï  per  scncscallum  Pictavensem,  cui  inrorma- 
tioni  dictus  Episeopus  se  opposuit,  diccns  quod  premissa  commissio 
tacila  verilale  do  dictis  arrestis  et  judieatis  fueral  impetrala;  et  tandem, 
audilis  ralionibus  utriusquc  partis,  quodam  alio  impctrato  mandate  per 
consulcs  super  consimili  informalionc  faeienda  per  senescallum  predic- 
lum, cum  per  eos  prima  informalio  asscreretur  esse  amissa,  per  judicium 
curie  fuerunl  omnia  cassata  et  penitus  annullata; 

lleui,  quod  poslea  datum  fuit  scneseallo  Piclavcnsi  per  curiam  in  man- 
dalis  quod  predicta  arresta  et  judieata  et  mandata  faceret  cum  diligentia 
obscrvari,  et  impedimenta  per  prcdictos  hominesapposita  et  omnia  attemp- 
tala  do  piano  faceret  amoveri  ; 

lem,  adbuc  dicti  gerenles  ao  pro  consulibus,  in  sua  malieia  persistentes, 
a  curia  quoddam  aliud  impelraverunt  mandatum,  tacilo  de  premissis,  ad 
dictum  senescallum,  quod  fîerct  inquesta  super  eo  quod  ipsi  dicebant 
diclum  episcopum  eos  impedire  in  eognitione  causarum  civilium  ville 
Nobiliaci,  cum  ipsi,  ut  dicebant,  essent  in  possessione  cognitionis  causa- 
rum civilium  dicte  ville  ; 

item,  quod  per  curiam  declaratum  fuit  non  esse  inlentionis  curie 
inqucslam  fieri  mandare  contra  tenorem  arrestorum  et  judicatorum  curie 
predicte,  et  datum  diclo  senescallo  in  mandatis,  pro  oceasione  dicti  man- 
dati,  nullam  faceret  (9),  et  si  quam  feeeral,  penitus  anullaret,  et  ipsos  de 
tanla  malieia  puniret,  et  diclum  episcopum  dedampnificari; 

Ite^^  ciim  dicti  gerenles  se  pro  consulibus  assererent  quod  cognitio  et 
punitio  utenciuu  falsis  alnis  non  compreliendebalur  sub  cognilione  cau- 
sarum civilium,  per  senescallum  qui  tune  temporis  eratfùit  declaratum  in 
plena  assisia,  adhibito  consilio  sapientum,  cognitionem  et  punitionem 
liujusmodi  (?)  ad  cognitionem  causarum  civilium  pertinere,  cum  taies  pena 
pecuniaria  punianlur  secundura  consueludinem  patrie  ; 

(1)  C'ect-à-dire  au  moment  oii  le  Roi  est  intervenu  ao  procès  et  s'eat  joint  aux  consot^ 
contre  l'Ëvêque. 

(2)  Sons-entendu  :  inqueatam. 


Mi  SOatlt  ARCHÉOLOGIQUR  ET  UISTORIQUK  DO  LIMOUSIN. 

ilcm,  cum  dicti  gerenles  se  pro  consulibus,  hoc  non  obslante,  dicton: 
episcopum  impedirent  in  cognitione  et  punitione  premissorum^pcr  cnriam 
datum  fuit  in  mandalis  quod  ipsi  compellerentur  ad  desistendum  a  pre- 
missis  ; 

Item,  cum  adhuc  dicti  gercntes  se  eundem  episcopum  in  judicatis  e: 
arrestis  suis  multipliciter  impedirent,  idem  episcopus  a  predicta  curia 
semei,  secundo,  tercio,  quarto  et  pluries  obtinuit  mandari  senescallo  pre- 
dicto  dicta  judicata,  arrcsta  et  mandata  servari  de  puncto  ad  punctam. 
et  attemptata  revocari  et  attemptantes  punir!  ; 

Item,  quod  predicta  mandata  fuerunt  senescallo  l^ictavensi  exhîbita  et 
ostensa  ; 

Item,  quod  ipse  mandavit  predicta  judicata,  arresta  et  mandata  înTîola- 
bililer  observari  ; 

Item,  quod  dictis  gerentibus  se  pro  consilibus  expresse  inhîberi  man- 
davit  per  Johannem  de  Gompendio,  ne  ipsi  de  causis  cirilibns  cognosee- 
rent,  nec  preposilum  in  cognitione  dictarum  causarum  civilium  impe- 
dirent, et  si  eos  cognoscentes  inveniret,  puniret  eos,  cum  boc  esset 
facere  contra  judicatum  curie  ; 

Item,  et  quod  dictum  mandatum  fuit  eis  per  dictum  iobannem  de  Com- 
pendio  factum  ; 

Item,  et  quod,  non  obstantibus  prcdictis  mandatis  et  inhibition! bas  sibi 
factis,  ipsi  eundem  episcopum  in  predictis  judicatis  et  arrestis  împedi- 
verunt  et  àdhuc  impedire  nituntur  ipsum  episcopum  et  cjus  prepositam. 
et  in  cognitione  contentorum  in  eisdem  ; 

Item,  quod  idem  Episcopus  et  ejus  gentes  eundem  Episcopum  [sic)  (4)  et 
ejtts  locumtenentem  pluries  et  fréquenter  requisiverunt  ut  predicta  impedi- 
menta contra  arresta  et  judicata  predicta  apposita  faceret  revocari  ;  que  (aie) 
idem  senescallus,  licet  sibi  constaret  de  predictis  judicatis,  arrestîs  et 
mandatis,  facere  recusavit; 

hem,  quod  Episcopus  vei  ejus  mandatum,  eundem  senescailum  planes 
requisivit  ut  aitemptata  per  eos  contra  judicata  et  arresta  predicta,  de 
quibus  obtulit  se  facere  promptam  fidem,  faceret  revocari  et  ipsos 
condigne  puniri;  que  omnia  dictus  senescallus  contempsit  et  facere 
recusavit  ; 

Item,  quod  occasione  dictorum  articulornm  per  dominum  regem  dato- 
rum,  de  quibus  commissa  est  cognitio  facienda,  dicti  gerentes  se  nisi 
fuerunt  se  im  possession  are  de  contentis  in  articulis  predictis,  per 
Regem  datis.  non  admitlcndo  prepositum  Episcopi,  sed  per  se  solum 
cxplectando  et  cognilionem  causarum  civilium  usnrpando  contra  tenorem 
arrestorum  et  judicatorum  predictorum  ; 

Item,  quod  per  curiam  dictum  fuit  et  declaratum  quod,  non  obstantibus 
predictis  articulis,  judicata  et  arresta,  et  contenta  in  eis  servarentur,  et 
quod  Episcopus  servaretur,  non  obstantibus  predictis  articulis,  in  pos- 
sessione  in  qua  crat,  tempore  dationis  dictorum  articulorum,  et  anle; 

Ilem,  quod,  occasione  cujusdam  clausule  in  dicta  declarationc  contente, 
qua  cavetur  quod  dicti  gerentes  se  in  saisina,  si  qoam  ohtinebanl  ante 

(1)  LapauR  évident  :  Il  faut  lire  senescailum. 


LA    COMMUNE   DR   SAINT-LÉONABD   DE   NOBLAT  AU   XIII®   SIÈCLE.  3i3 

dalionem  arliculorum,  scrventur,  dicii  gerentesse  de  hiis  que  altemplave- 
ruDt  contra  dicta  judicata  el  arresta  et  corum  contenta,  et  contra  inhibi- 
tiones  et  mandata  curie,  assei*unt  se  esse  in  possessione,  et  petunt  se  in 
ca  servari,  cum  de  hoc  pocius  debcant  puniri; 

Item,  quod  idem  Episcopus  seu  ejus  mandatum  eundem  senescallum 
requisivit  in  assisia  Lemovicensi  proximo  pretcrita,  et  alias  pluries,  quod 
predicta  judicata  et  arresla  facercl  observari  et  attcmptata  predicta  facerel 
revocari  ;  'dem  vcro  senescallus,  dubitans,  ut  dixit,  an  prcmissa  facta  post 
et  contra  judicata  et  arresta  predicta  dici  debeant  attemptata  vel  posses- 
sio,  omnia  posuit  ad  manum  suam  sub  colore  quod  voiebat  consulere  cu- 
riam  super  premissis  antequam  aliud  expediret,  quanquam  Episcopus 
diceret  premissa  censcri  deberc  attcmptata  et  non  possessio,  pro  co  quod 
si  ipsi  unquam  aliquam  posscssioncm  babuerunt  de  contenlis  in  judicatis 
cl  arrestis  predictis  pro  dicto  episcopo  reddilis,  ab  ea  fuerunt  exclusi  per 
judicata  predicta,  nec  post  ea  sibi  potuerunt  acquisivisse  vcniendo  contra 
judicata  predicta,  presertim  cum  idem  Episcopus  semper  conqueslus  fue- 
rit  et  inhibiliones  a  curia  impetraverit  contra  attemptata  predicta,  prout 
polest  apparere  per  litleras  curie; 

Item,  quod  tandem  ad  requestam  dicti  episcopi,  idem  senescallus,  juxla 
mandatum  per  curiam  sibi  factum,  de  attemplatis  predictis  mandavit 
inquiri  per  Guidoncm  de  Huysi,  corani  quo  dicius  Episcopus  plures  testes 
etiam  de  dicta  villa  Nobiliaci  produxil  ad  informandum  dictum  Guidonem 
super  dictis  attemptatis  ;  et  dicti  gerentes  se  vel  eorum  mandatum,  predic- 
tam  informationem  impediendo,  inhibuerunl  teslibus  quod  non  deponerent 
super  premissis  attemptatis,  et  etiam  aliquos  qui  juraverant  ab  ejus  pre- 
sencia  per  vioienciam  amoverunt  nec  eos  deponere  permiserunt,  non  sine 
dicti  Episcopi  prejudicio  et  Domini  Régis  contemptu  ; 

Item,  quod  licet  de  hoc  dicto  senescallo  constaret  per  relacionem  dicti  Gui- 
donis  in  assisia  publiée  sibi  factam,  ipsos,  per  dictum  Episcopum  pluries 
requisitus,  punire  noluit  ; 

Item,  quod  idem  Episcopus  eidem  senescallo  plures  casus  qui  contra 
predicta  judicata  et  arresta  fuerant  attemptata  exposuit  et  in  scriptis  sibi 
tradidit,  et  de  eis  oblulit  facere  promptam  fidem,  inter  quos  specialiter 
continebaluF  quod  quemdam  notorium  homicidam,  oriundum  de  dicta 
villa,  per  gentes  Episcopi  captum  in  recenti  delicto,  per  vioienciam  abs- 
tulerunl  eisdem  et  Ipsum  per  se  solos  deliberaverunt  et  impune  abirc 
permiserunt;  item,  et  quod  de  pluribus  aliis  malefactoribus  dicto  senes- 
callo in  scriptis  traditis  fecerant  hoc  idem,  de  quibus  idem  senescallus 
noluit  veritatem  inquirere  nec  ipsos  punire  ; 

item,  quod  judicatum  vinagii  noluit  facere  observari  prout  continetur 
in  ipso  judicalo,  pluries  requisitus,  sed  per  suum  servientem  levari  pre- 
cepil  ; 

Item,  mandatum  sibi  factum  de  mensuris  combustis  per  dictos  gerentes 
se,  adimplere  negligii  et  neglexil. 

{La  fin  manque). 


344  SOCIÉTÉ  AftCBÉOLOGIQCE  ET  BI^TORIO^B  DO  LIVOUSIII. 

XI.  —  Extraits  4'un  mémoire  de  l'Evéque  de  Limoges  postérieur  é 
l'intervention  du  Roi  (1306  ou  1307). 

...  Episcopus  Lemovicensis...  non  intendit  recedere  a  causa  et  processa 
habitis  in  curta  domini  nostri  Régis...  Imo  vult  stare  etinsistere  dicto  pro- 
cessui. 

Prolestatur  quod  arreslis  et  judicatis  per  curiam  dicto  pro  ipso  episcopo 
dalis  non  intendil  in  aliquo  renuntiare,  imo  juvare  se  de  eis,  suo  loco  et 
tcmpore  ; 

...  Quodhomines  Nobiliaci  sunt  jusliciarii  ejusdem  Episcopi,  et  facinnl 
ipsi  juramentum  fidelilatis...  et  ipse  habet  justiciam  allam,  mediam  el 
bassam,  et  juridiclionem  omnimodam; 

Quod  pro  hiis  et  aliis  que  lenct  ab  eodem  domino  Regc,  idem  Episco- 
pus solus,  ut  baro  et  dominus  immedialus,  est  in  fide  et  homagio  ipsius 
domini  Régis,  et  sui  predecessores  fuerunt  ab  antique  ; 

Quod  dicti  homines  a  brevi  tempore  fecerunt  sigilium  et  domum  in  dicta 
villa,  nominc  consulatus  et  communitatis  que  se  dicebant  babere,  et  non 
nomine  Régis  ; 

Item,  quod  predicta  taies  persone  de  jure,  racione  et  consuetudine  usur- 
pare  non  possunt  nec  sibi  acquirere  per  aliqua  sine  spécial!  privtlegio 
vcl  juste  lilulo  sibi  concesso  sive  dato  a  domino  suo  immediato  ;  quod 
dicii  bomines  usurpant  et  usurpaverunt...  predicta  contra  Toluntatem 
Episcopi  Lemovicensis,  sui  domini  immediati  el  predecessomm  suorum, 
quibus  juramentum  fidelilatis  faciunt  et  fàcere  consuevenint  ab  antiquo... 

Item,  quod  premissa  centra  juramentum  suum  fidelilatis  per  eosusurpata 
falso  et  indebite  advoaverunt  el  advoanl  se  tenerc  a  Domino  Regc, 
licet  jus  non  habeant  advoandi  vei  faciendi  premissa;  —  et  quod  dietas 
Rex  non  babet  jus  recipiendi  ab  eis  aliquam  advoacionem; 

Quod  si  bominus  Rex,  jure  regio  el  ut  superior  el  racione  superioritatis 
et  régie  majeslatis,  in  novitate  sua  habeat  el  percipiat  juramentum  ab 
hominibus  cujuslibet  ville  senescalliarum  Piclavensis,  Lemovicensis  et 
Petragoriccnsis,  hoc  juramentum  est  de  pace  observaa^ai  et  sic  fuit  a 
principio  inceplum  el  introductum,  et  sic  fit  in  aliis  pluribus  villis  regni 
sui...  quod  per  receplionem  tatis  vel  cujuslibet  atterius  juramenti,  non  fil 
prejudicium  nec  fieri  débet  dominis  proximis  el  immedialis  tenentibus  a 
domino  Rege,  quominus  babeant  in  hominibus  dictarum  viilarum  et  reei- 
piant  suum  juramentum  fidelilatis,  et  quin  in  ipsis  viilis  et  hominibus 
earumdem  plene  utantur  dominio  suo  ; 

In  regno  Francie  sunt  multe  ville  et  specialiter  in  senescallia  Picla^ 
vensi,  in  qua  villa  de  Nobiliaco  sita  est,  et  in  senescallia  Petragorîcensi  sibi 
contigua  el  adjacente,  longe  meliorcs  et  nobiliores  quam  sit  villa  Nobi- 
liaci, babentes  statum  (1);  et  tamen  non  habent  justitiam  nec  altam,  nec 
mediam,  nec  aliquam  jurisdictionem  ;  nec  scabini  nec  consules  ipsarum 

(1)  Ayant  l'état  (de  Commune),  ce  que  nous  appellerions  une  existence  légale. 


LA    eOUMlNB   DE  SAINT-LÉONARD    DR   NOBLAT    AU    XUl^   SIÈCLE.  345 

villarum  habent  ibi  aliquam  potestatem  nisi  in  quanlum  et  prout  est  ipsis 
concessum  per  dominos ipsarum  villarum  et  per  punctum  carte  (I)  :  Immo 
domini  ipsarum  utunlur  in  eis  alta,  média  et  bassa  justicia,  et  omnimoda 
juridictione,  non  obstante  quod  ipsi  habeant  consulatum. 

Rex  non  habet,  nec  habere  consaevit,  in  partibus  illis  ubi  dicta  villa 
exislit,  v«l  in  locis  circumvicinis,  aliquam  proprietatem  seu  domagnium 
nec  aliquam  justictam  seu  juridictionem,  nisi  ut  dominus  superior  et  me- 
diatus,  et  nisi  in  casu  ressorti,  nisi  de  novo  cmcril  (9),  vel  aliquo  litulo, 
acquisiverit...  De  premissis  est  publica  vox  et  fama,  in  patria  et  locis  cir- 
cumvicinis. 

Item  procurator  Episcopi...  dicil  quod  procnrator  domini  Régis  dixit 
quod  îpse  non  arlicularet  nec  daret  articulos  pro  domino  Rege  super  alta, 
bassa  et  média  justicia  et  omnimoda  juridictione  dicte  ville  Nobiliaci,  nisi 
ipsi  (3)  recognoscerentetdicerent,  seu  eorum  procuralores,  quod  alla,  bassa 
et  média  justicia  et  omnimoda  juridiclio  dicte  ville  et  emolumentum  pro- 
veniens  ex  premissis  erat  ipsius  domini  Régis,  ut  domaignium  ipsius  et 
ipsi  tanquam  ministri  ejusdem  domini  Régis  ei  pro  ipso  administraverant 
cl  exercuerant  premissa. 

Dicit  idem  Epîscopus  quod  inauditum.est  quod  alias  vocaverint  se  ml- 
nistros  Domini  Régis  in  dicta  villa...  dicli  gerentcs  se  :  domino  Régi  vel 
ejus  mandato  de  aliquo  emolumento  dicte  ville  nunquam  responderunt, 
nec  reperietur  per  aliquam  senescalliam  nec  in  caméra  computorum, 
nunquam  dicti  gerenles  se  pro  domino  Rege  vel  ejus  nomine  aliquod 
aclum  alte,  basse  vel  medic  justicie  expleclaverunt  ibidem. 


E 


Procuration  donnée  par  les  consuls  et  la  commune  de 
Saint-Léonard  à  leurs  députés  aux  Etats  généraux 
de  Tours  (1"  mai  1308). 


Excellentissimo  domino  suo,  domino  Philippo,  Del  gracia  Régi  Francic 
iiiustri,  tideles  sui  consules  et  communitas  ville  Sancli  Leonardi  de  Nobi- 
liaco,  I^emovicessis  dyocesis,  se  ad  pedes  sue  celsitudinis  inclinatos,  et  omni 

(1)  Par  les  termes  mêmes,  par  un  article  de  leur  charte. 

(i)  L'Evéque  fait  avec  raison  cette  réserve  :  peut-être  pense-t-il  à  la  ville  franche  de 
Masléon,  établie  en  1289,  et  aux  projets  d'acquisition,  par  le  Roi,  des  châteaux  laissés 
par  le  chanoine  Gérald  de  Manmont  à  ses  neveux,  projets  réalisés  dès  1306,  mais  devenus 
déGnitlfs  en  1313  seulement. 

(3)  Les  Consuls. 

T.   XXlVlll.  93 


3i6  SOClÉTé  ARCHéOLOGIQUB   RT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

subjeclione  debiu  el  devou.  Novcril  veslra  regia  Celsiiudo  qaoJ  m- 
facimus  ei  consiiiuimus  procuralores  nostros  générales  el  spéciale? 
Geraldum  Fabri,  Petrum  Albilhanges,  Stcphanum  de  Fraes,  Peirum  Bugs- 
dal,  Stephanum  Fabri  el  Peirum  Vincencii  juniorem,  el  eorum  quemlibeiiD 
solidum,  ila  quod  non  sil  condicio  melior  occupaniis,  ad  prese  manda  ai  v^ 
pro  nobis  el  communitate  noslra  coram  regia  mageslale  Taronis,  ad  dioc 
dominicam  ad  (rcs  seplimanas  Pasche  instanlis  el  ad  dies  sequenies,  cooti 
nuandas  a  dicla  die,  volanlalem  regiam  el  mandaium  audituros,  et  factDro> 
ea  que  nos  faceremas  el  deberemus  si  présentes  essemas,  promiiieDie» 
ralum  babiluri  el  firmum  quicquid  per  ipsos  procuralores  nostros  t^. 
eorum  allerum  seu  aheros  aclum  fueril  sive  geslum  sea  eciam  procoraiom. 
El  hoc  signiticamus  per  présentes  lilieras,  sigillo  dicii  consulatus  dicte 
ville  slgillalas.  Dalum  die  mercurii  in  feslo  apostolorum  Philippi  el  Jacobi  1 , 
anno  Domini  m**  ccc°  oclavo. 

(Archives  nationales,  J  415,  B  n**  307.  La  pièce  avail  été  autrefois  classée 
par  erreur  dans  le  dossier  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire). 

(1)  Cette  date  n' est-elle  point  mise  par  errear  ?  La  fête  de  SaÎDt-Jacqaes  et  de  Saint- Phifpp-e 
se  célèbre  le  1*'  mai,  et  la  fête  de  Pâques,  qui  semble  indiquée  ici  comme  prochaine,  non 
encore  passée — instans — était  tombée,  en  4308,  le  14  avril.  Notons  toutefois  qne  c<r"' 
année-là,  le  1*'  mai  était  bien  un  mercredi. 


TABLE  MÉTHODIQUE  DES  MATIÈRES 


TomeXXXVIl 

La  commune  de  Saint-Léonard-de-Noblai  au  ziu<^  siècle I 

1.       Les  Planlagenets  et  les  communes  limousines t 

IL      Le  châleau  de  Nobiat  el  la  ville  de  Saint-Léonard M 

tu.     Les  seigneurs  de  Noblal  :  TEvôque  de  Limoges  ;  les  Nobiat  ;  les 

Brun  ;  les  Vigier  ;  les  Royère  ;  les  Marchés 30 

ly.     Le  bourg  de  Saint-Léonard  de  Nobiat.  Origine  de  la  commune.  55 

V.  Les  consuls  :   leur  élection  ;  leurs  attributions  ;  rhôLel-de-ville. 

Le  serment  de  la  commune.  La  milice 6i 

VI.  La  commune  en  possession  de  la  justice.  Droits  des  clievaliers 

de  Nobiat  el  des  vigiers 71 

VII.  Commencements  de  la  lutte  entre   TÊvéque   et  la  Commune. 

Incidents  divers 81 

VIII.  Gilbert  de  Malemort  el  les  bourgeois  devant  le  Parlement.  Le 

prévôt  Audier  Normand  :  la  commune  en  étal  de  révolte  ou- 
verte  ; -. 93 

IX.  Enquête  de  1380  :  témoignages  contradictoires.  Acquisition  par 

révéque  des  droits  des  familles  féodales  qui  occupent  le  châ- 
teau. Intervention  des  ofiicicrs  du  Roi  d* Angleterre,  duc 
d'Aquitaine <0i 

X.  Arrêts  du  Parlement  de  4283  el  I28fi M\ 

Tome  XXX  VI II 

XL     Enquête  de  1288.  impossibilité  de  concilier   les  témoignages 

qui  y  figurent 219 

XII.  Raynaud  de  La  Porte,  évêque  de  Limoges.  Echos  de  la  querelle 

de  Boniface  Vlll  et  de  Philippe  IV.  La  justice  civile  de  Saint- 
Léonard,  d'abord  mise  à  la  main  du  Roi,  est  adjugée  à  l'évêque.    359 

XIII.  Intervention   du  Roi.  Articles  du  procureur  de  la  Couronne. 

Mémoire  de  Pévôque 868 

XIV.  La  justice  civile  de  Saint-Léonard  placée  de  nouveau  sous  le 

séquestre.  Rébellion  des  bourgeois.  L'évêque  négocie  avec 

le   Roi.  Conclusion  d'un  traité  de  pariage 274 

XV.  La  commune  résiste  aux  officiers  du  pariage  :  dernières  révol- 

tes et  derniers  arrêts 278 


348  SOClKTi  ARCHÉOLOGIQCTK  ET  HISTORIQUE  00  LIMOUSIfl. 


APPENDICE. 

A.  —  Anciens  privilèges  de  la  ville  de  Sainl-Léonard  produits  par  les 
consuls  au  procès  de  la  Commune  avec  TÉvêque  de  Limoges 991 

I.  Lettre!  àe  Miilippe  II   Auguste  pour  les  habitaot»  de  Stiot-I^éonard  (mars 

1213) , »1 

II.  Lettres  de  Louis  VI II  ordonnant  aux  consuls  et  k  la  commune  de  Saint- 

Léonard  de  lui  prêter  le  serment  de  fidélité  entre  les  mains  de  Rajnaud, 
clerc  du  Roi  de  France  'août  1214) I9l 

III.  Lettres  de  lA)uis  VIII   confirmant  les  coutumes  et  libertés  des  consoU  et 

de  la  commune  de  Saint-Léoftard  (août  1224) •» V/i 

IV.  Mandement  de  Thibaut  de  Boxonis,  sénéchal  de   Poitou  pour  le  Roi  de 

France,  aux  consuls  de  Saint-Léonard,  leur  enjoignant  de  prêter  le  serment 
de  fidélité  k  Louis  IX  entre  les  mains  de  Guillaume  Relhier,  cheralier 
(s.  d.) m 

V.  Mandement  de  Raoul  de  Trapes,  sénéchal  du  Roi  de  France  dans  les  dio- 

cèses de  Périfueuar,  Cahors  et  Limoges,  aux  consuls  et  aoz  prud'hom- 
mes de  Saint-Léonard,  pour  qu'ils  faasent  publier  le  ban  et  l'ost  et  se  tien- 
nent prêts  à  fournir  le  service  militaire  au  souverain  {22  juillet  1269) 2Vi 

VI.  Lettres  de  Simon  de  Cubitis,  chevalier,  de  Nicolas  de  Verneuil  et  de  Gilles 

de  La  Cour,  clerc  du  Roi,  attestant  qii'ils  ont  reçu  des  consuls,  du 
Conseil  de  viUe  et  ie  la  commune  de  Saint-Léonard  le  serment  de  fidé- 
lité au  Roi  (février  1272) î»3 

VII.  Vidimus  et  confirmation  par  Philippe  111    des  libertés  de  la  commune  de 

Saint-Léonard  (mars  1271) 2ï»3 

VI II.  Lettres  de  Philippe  III,  déclarant   que  la  sauvegarde  spéciale  accordée  à  la 

ville  de  Saint-Léonard  lui  interdit  dé  la  placer  sons  une  autre  main  et  reje- 
tant les  réclamations  faites  à  ce  sujet  par  le  Roi  d'Angleterre,  duc  d' Aqui- 
taine, et  ses  gens  (janvier  1280) 294 

B.  -  •  Description  el  analyse  sommaire  de  six  rouleaux  ou  frag- 
menls  de  rouleaux  se  rapportant  au  procès  entre  Tévéque  de  Limo- 
ges et  la  commune  de  Sainl-Léonard.  Relevé  des  noms,  qualités, 
âge  et  demeure  des  témoins  dont  les  dépositions  sont  consignées 

à  trois  d'entre  eux  (1279-1308) «95 

C.  —Extraits  des  dépositions  recueillies  aux  enquêtes  de  1280  et  128S..  304 

I.  Origine  de  la  commune.  Elle  a  été   fondée  par  les  Rois  d'Angleterre,  qui 

ont  <aii  don  aux  bourgeois  d'une  bannière  à  leurs  armes,  n<*  1  à  7 904 

II.  Les  consuls,  au  nombre  de  huit,  sont  désignés  dans  une  assemblée  de  viUe 

par  les  consuls  sortants.  Ils  reçoivent  le  serment  de  fidélité  de  la  com- 
mune, n"  8  à  24 as 

m.  Attributions  des  consuls.  Us  réunissent  la  commune,  réparent  et  entretien- 
nent les  fortifications.  H6tel-de-ViUe  ;  armes  commune»,  caisse  com- 
mune,   aichives,    sceau,  n»»  15  à  42 *.* 

IV.  Les  consuls  tiennent  la  ville  du  Roi  de  France.  La  commune  doit  à  celui-ci 

le  serment  de  fidélité,  le  service  militaire  et  les  autres  pretiàlions  féo- 
dales, n«43  à  67 »» 

V.  Les    consuls  assemblent  la   commune  en  armes  pour  protéger  les  bour- 

geois et  punir  les  seigneurs  qui  ont  attenté  k  leurs  personnes  on  à  leurs 
biens,  n"  G8  à  7(» 311 

VI.  Dépositions  attestant,  que,  durant  tout  le  cours  du  siècle,  les  console  ont 

exercé  la  justice  dans  la  ville,  y  ont  jugé  les  causes  civiles  et  les  causes 
criminelles,  y  ont  possédé  gibet,  pilori,  prison,  chambre  de  question  ; 
qu'ils  y  ont  eu  la  police  de  la  voirie,  des  poids  et  mesures,  des  métiers, 
des  foires  et  marchés,  n«»  71  à  121  bis :«1 


LA   COMMUNK   DE  SAIM-LÉONARD-OE-NOBLAT  AU   Xlll^   SIÈGLIf.  349 

Vil.  Dépositions  affirmant,  au  contraire,  qae  l'évéque  est  seigneur  de  la  ville 
comme  du  Cliàteau,  que  les  bourgeois  lui  doivent  et  lui  ont  toujours  prêté 
le  serment  de  fidélité  et  qu'ils  lui  ont  fourni  l'ost,  n"  122  à  137  bis 32U 

VIII.  Témoignages  attestant  que  l'évéque  est  justicier  dans  la  ville  de  Saint- 

Léonard,  qu'il  7  a  de  tout  temps  exercé  la  juridiction  civile  et  criminelle 
et  possédé  tous  les  droits  accessoires  découlant  de  cette  jnridiction 
n**  138  à  183 323 

IX.  Droits  des  seigneurs  portionnairts  du  Château  de  Noblat  et  des  vlgiers  sur  la 

justice  de  la  ville  et  droits  accessoires,  n**  184  à  200 329 

D.  —  Lettres  et  documents  divers,  extraits  des  procédures 331 

I.  Lettres  de  Mathieu,  abbé  de  Saint-Denis,  et  de  Simon  de   Netle.  lieute- 

nants du  Roi  de  France,  notifiant  un  arrêt  du  Parlement  intervenu  dans 
le  procès  entre  l'évéque  de  Limoges  et  la  commune  de  Saint-Léonard 
(août  1Î85) 331 

II.  Lettres  de  Philippe  IV  :  Additions  au  premier  arrêt  du  Parlement  touchant 

la  justice  de  Saint-Léonard  (mars  1287) 334 

III.  Lettres  de  Philippe  IV  chargeant    Philippe  Suard,   chanoine  de  Laon,  et 

Jean  de  Morancy,  clercs  du  Roi  de  France,  de  procéder  à  une  nouvelle 
enquête  (29  août  1287) 335 

IV.  Les  consuls  et  la  commune  de  Saint-Léonard  constituent  pour  leurs  procu- 

reurs spéciaux  à  l'effet  de  suivre  l'enquête,  Etienne  Faure  et  Nicolas 
des  Moulins  (10  mai  1288) 335 

V.  Certificats  de  bonnes  vie  et  mœurs  produits  par  divers  témoins  (1280-1287).     336 

VI.  Permission  donnée  par  Hugues,  prieur  du  monastère  de  Saint-Léonard,   au 

sous-pricur  Etienne,  de  comparaître  comme  témoin  à  l'enquête,  (22  mai 
1288; 386 

VII.  Artieolation  d'un  des  procureurs  de  Tévêque  contre  un  des  témoins  des  oob- 

suls 337 

VIII.  Mention  d'un  usage  particuUer  pour  la  prestation  du  serment  en  justice....    337 

IX.  Articles  proposés  au  Parlement  par  le  procurenr  dti  Roi,  au  noA  de  la  Cou- 

ronne et  des  consuls  de  Saint-Léooard... 388 

X.  Intendit  de  l'évéque  de  Limoges   (vers  1306) 340 

XI.  Extraits  d'un  mémoire  de  l'évéque  de  Limoges  postérieur  à  l'intervention  du 

Roi  (1306  ou  1307) 344 

E.  —  Procuration  donnée  par  les  consuls  et  la  commune  de  Saint- 
Léonard  à  leurs  députés  aux  Etats  généraux  de  Tours  ((«'mai  1308)  343 


REGISTRE 

DE   LA 

FAMILLE  DE  SALIGNAG  DE  ROGHEFORT 
(i  571-1626) 


Ce  registre  de  famille  remplit  les  trois  premiers  feuillets  d'un  terrier  de 
la  chAtellenie  de  Rocbefort  et  autres  fiefs  relevant  de  la  maison  des  Cars, 
dans  la  paroisse  de  Séreilhac  (canton  d*Aixe,  arrondissement  de  Limoges}. 
Commencé  en  1629,  ce  terrier  fut  achevé  en  1566  (I).  C'est  donc  postérieu- 
rement à  sa  rédaction  que  fut  commencé  le  registre  de  famille.  Celui-ci, 
qui  seul  nous  occupe  en  ce  moment,  n'a  d'autre  intérêt  que  celui  qu*offire 
la  qualité  du  possesseur,  des  parrains  et  marraines,  qui  semblent  avoir  . 
tous  appartenu  à  la  petite  noblesse  protestante  du  Limousin  Rocbefort 
possédait,  en  effet,  une  église  de  fief  dont  nous  avons  parlé  dans  noire 
^  Histoire  de  la  Réforme  en  Limousin  (pp.  83  et  244).  Ce  registre  de  fa- 
mille vient  aujourd'hui  à  Tappui  de  quelques-unes  de  nos  assertions. 

François  de  Salignac  (ou  Salagnac),  qui  a  commencé  le  registre,  se  dit 
fils  de  mcssire  de  La  Seigne  (ou  Saigne)  et  de  noble  demoiselle  de  Roche- 
fort.  Il  était  frère  de  Françoise  de  Bouschiat,  neveu  de  Françoise  de  Pierre- 
bufHère  et  cousin  du  sieur  de  Mayac.  La  dernière  mention  de  sa  main  est 
de  1585. 

Le  Nobiliaire  limousin  avance,  en  effet,  qu'il  fit  son  testament  le  19  no- 
vembre 1585. 

Deux  générations  et  le  commencement  d*une  troisième  sont  représentées 
dans  ce  registre  de  famille  :  François  de  Salignac  et  ses  enfants,  Isaac  de 
Salignac  et  ses  enfants,  Achille  de  Salignac  et  le  premier  de  ses  enfants. 

(1)  Il  compte  161  feuillets  parchemin,  format  in-4^  Il  est  coté  «  Picaud, 
notaire,  n^  S  »  sur  une  bande  de  papier  collée  sur  la  couverture  à  une 
date  inconnue.  Ce  terrier  appartient  aujourd'hui  aux  Archives  départe- 
mentales de  la  Haute-Vienne,  fonds  des  Cars. 


REGISTRE   DE   lA  FAMILLE  DE  SALIGNAG   DE   ROCBEFOKT.  351 

Nous  avons  indiqué  en  notes  les  rectifications  que  ce  registre  apporte  au 
Nobiliaire  limousin,  A.  L. 

Mémoire  que  le  huictiesme  may  1571,  ma  fille  aisnée  nasquit  et 
fut  son  parin  le  sieur  de  Lastoars  et  marrine  Madamoiselle  de 
Rocheffort  ma  mère.  Laquelle  heust  nom  Jane. 

Le  23«  jour  du  mois  de  may  en  Tan  1573,  mon  fils  aisné  nacquit 
et  fut  baptisé  le  27«  aoust  1573.  Et  fusl  son  parin  le  sieur  de  La 
Seyne  (1),  mon  père,  et  marrine,  Madame  de  Montauzier  (2),  El 
heust  nom  Samuel. 

Le  huictiesme  jour  d'aoust  1574  nasquit  Jehan,  mon  troisiesme 
(ilz,  et  fust  baptisé  le  quatorziesme  jour  d*octobre  au  dict  an. 
Et  fust  son  parrin  Mons.  de  Bonneval  et  marrine,  ma  sœur,  Fran- 
coisse  de  Bouschiat. 

Le  22*  jour  du  mois  d'ocfobre,  ung  sabmedy  au  soir,  heure  de 
liuict  à  neuf  heures,  en  Tan  1577.  nasquit  ma  seconde  filie  {sic)  et 
fuct  baptisée  le  3' jour  d'apvril  1578,  estant  son  parrin  noble  Fran- 
çois de  Saincle-More  (3),  seigneur  et  baron  de  Montauzier,  et 
marrine,  Françoise  dePiarrebufflère  (4),  matante,  dame  de  Sainct- 
Maury,  qui  lui  donnarent  nom  Susanne. 

Le  22*  jour  de  febvrier  1580,  environ  la  minuict,  nasquist  ma 
iroiziesme  filie  (sic)  au  heu  de  Montauzier  en  Sainclonge,  qui  fust 
baptisée  ung  mois  après,  estant  son  parrin  noble  Jehan  deRabaine, 
seigneur  d'Usson  près  la  ville  de  Pons  en  Sainctonge,  et  marrine 
Madame  de  Montauzier,  qui  luy  donnarent  nom  Anne. 

(5)  Tous  mes  susdiclz  enfens  ont  eslés  baptisés  en  TesgUse  relTor- 
mée,  grâces  a  Dieu. 

F.  Saugnac. 


Le  huictiesme  jour  de  septembre  ung  vandredy  en  l'année  158^ , 
nasquit  mon  quatriesme  fils  entre  neuf  et  dix  heures  de  matin, 
au  lieu  de  Rocheffort  (6),  et  fust  baptisé  le  huictiesme  de  novembre 
au  dict  an  en  Tesglise  réformée,   estant    son  parrin   Monsieur 


(1)  Le  château  de  La  Seynie  est  près  de  Saint- Yrieix. 

(2)  En  Saintonge,  est-il  dit  plus  loin. 

(3)  François  de  Salignac  avait  épousé,  en    1567,   Louise  de  Sainte- 
Maure  f  1619.  [Nobiliaire  Umoaain): 

(4)  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  de  la  Haute-Vienne.  Les  barons  de 
Picrrebufllère  étaient  protestants. 

(b)  Ce  dernier  paragraphe  est  encadré  entre  quatre  lignes. 

(4)  Aujourd'hui  commune  de  Sércilhac,  arrondissement  de  Limoges. 


I 


d5i  S0€lêT6   ARCHfeOLOGrftUlC   Cr   BISTORIQUR   tV   LIIOOSIX. 

d'Oradour-sar-Glane  (1)  et  marhne  ma  sear  de  Boo^chiac,  qui 
lui  donnarent  nom  Isaac. 

Le  vingt  sepliesme  jour  du  mois  d'aoust  Tan  1585,  nasquii  mon 

cinquisme  fiîz  à  quatre  heures  du  matin  au  lieu  de  Rocheffort.  et 

fust  baptisé  le  huictiesme  jour  du  mois  de  seplambre  au  dict  an  fa 

l'esglise  refformée,  et  fust  son  parrin  Monsieur  de  Hayac  (î;  moa 

"^cousin  et  marrine  ma  fille  aisnée  qui  loy  donnarent  nom  Charles. 

{D'une  autre  écriture  que  ce  qui  précède)  : 

De  tous  les  susdits  enfans  masles  n*a  esté  marié  que  Isaac,  qu; 
espouza  au  mois  de  février  1601  Oleimpe  {sic)  Grain  de  Sl-Mar- 
9ault(3).  Et  demeurèrent  ensemble  jusques  au  dernier  jour  de  février 
^606  (4)  que  Dieu  le  relira  à  luy,  et  lessa  deus  enfens  masles,  a 
savoir  :  Achilles  et  Pierre  (5),  et  la  ditle  de  St-MarsauU  grosse  d'en- 
viron scinq  {sic)  mois  (6). 

Naquit  a  Isaac  de  Salagnac  le  5°"'  septembre  1603  un  fils  masle, 
ung  jeudy  environ  quatre  heures  du  soir.  Et  fut  baptisé  au  mois 
de  may  1604  en  Teglise  reformée  au  lieii  de  Rochefort,  et  fui  son 
parrein  Monsieur  de  Chaux  et  marrine  Madame  de  Rochefort, 
mère  du  dit  sieur  Isaac.  Et  lui  donnèrent  nom  Achilles. 

Nasquit  au  dit  sieur  Isaac  un  segond  fils,  le  premier  jour  de 
Tannée  1605  ung  samedy,  environ  neuf  heures  du  maleio  («Cj,  el 
fut  baplissé  environ  le  15"'  du  dit  mois  en  réglisse  reformée  au  lieu 
de  Rochefort,  et  fut  son  parrein  Monsieur  de  Rovière  et  marreine 
Madame  de  Parcoul,  mère  de  la  dite  de  St-Marsault.  Et  luy  donnè- 
rent nom  Pierre. 

{D'une  autre  écriture  que  ce  qui  précède)  : 

Le  l"*  jour  d'ost  {sic)  1606  ung  leundy,  nasquit  à  la  ditte  de 

St-Marsault  veusve  du  dit  seigneur  Isaac  une  fille  quy  fut  baptissée 

au  mois  de  septembre  suivent  [sic)  en  réglisse  reformée  au  Ûeu  de 

^  Rochefort,  et  ut  (^tc)  pour  parrein  Monsieur  de  Beaulieu  (7),  oncle 

(1)  Aujourd'hui  canton  de  Saint-Junien  (Haute-Vienne).  Le  châtelain  do 
lieu  était  protestant. 

(2)  Peut-ôlre  faut-il  corriger  Magnac.  Les  Salignac  étaient  seigneurs  de 
Magnac  d*après  le  Nobiliaire  limousin. 

(3)  Elle  mourut  à  Paris,  en  1634,  après  s'être  remariée  avec  François, 
comte  des  Cars,  puis  en  troisièmes  noces  avec  Georges  d'Aubnsson,  comte 
de  La  Fcuillade  {Nobiliaire  limousin). 

(4)  Le  Nobiliaire  limousin  ignore  cette  date. 

(5)  C'est  donc  une  erreur  du  Nobiliaire  de  donner  trois  enfants  mâles  à 
Isaac  de  Salignac.  Ce  qu*il  dit  d'un  troisième  fils  N...  doit  être  atuibné  à 
Pierre. 

(6)  Voyez  plus  loin,  à  la  date  du  7  août  1606. 

(7)  Aujourd'hui  chAteau  de  la  commune  de  Benayes,  canton  de  Lnberuc 
(Corrèzc). 


nSGIr^TRB  DE  Là  FAXILLK  DR  SALIGNAC  DE  ROCUBFORT.  353 

paternel  de  la  ditte  de  St-Marsault,  et  pour  raerrine  (sic)  Madame 
du  Puismalie,  seur  du  dit  feu  seigneur  Isaac,  et  lui  donnère[nt] 
nom  Jullie. 

[D'une  autre  écriture  que  ce  qui  précède)  : 

Des  deusfils  du  seigneur  Isaac  n'a  elle  (sic)  marié  que  Achilles, 
quiepouza,  le  troysieme  juin  1621  (\)  Caterine  de  Meillars  (2). 

Le  treziesme  jenvier  1623  nacquit  à  Achilles  de  Salagnac  un  fis 
entre  dis  et  onze  heures  du  matin  un  samedi  ;  et  futbatisé  a  Roche- 
fort  le  dis  et  huiliesme  mars  1626.  Il  hut  pour  parrayn  Monsieur 
de  Meillars,  frère  de  la  ditte  de  Meillars,  et  pour  mayrayne 
Madame  la  coraptesse  de  La  Feuillade,  mère  «lu  dit  seigneur  de 
Rochefort,  et  luy  donnèrent  nom  Isaac  (3). 

(1)  Le  NobtUaire  limousin  donne  la  date  de.  mai  1625. 

(2)  Aujourd'hui  Mcithars,  cantoa  d'Uzerchc  (Gorrèzc).  Le  châtelain  du 
lieu  était  protestant. 

(3)  Cet  isaac  est  inconnu  au  Nobiliaire  limousin,  qui  nomme  seule- 
ment Charles,  Jean-Marie  et  Catherine. 


EXTRAITS  DU  MÉMORIAL 


DE 


JEAN  NICOLAS,  marchand  de  Limoges, 
DE  PIERRE  ET  FRANÇOIS  KICOUS,  SES  FILS,  DE  CIIAHPSAC 

(i(J53-n3S) 


A  première  vue,  ce  gros  registre  de  928  pages  in-4°  est  des  plus  confus. 
On  y  reconnaît  cependant  trois  mains  différentes  et,  par  Tétude  attentive 
des  écritures,  on  peut  affirmer  qu'il  se  décompose  comme  suit  : 

1»  Le  livre  déraison  do  Jean  Nicolas,  de  1653  à  1655  (pp.  I  à 39  et  UO 
à  \t%  du  ms.); 

2*»  Le  livre  de  famille  commencé  par  le  môme  Jean  Nicolas,  de'  1654  à 
1671  (pp.  218  et  219); 

3<^  La  continuation  du  livre  de  famille  et  la  généalogie  des  Nicolas,  par 
Pierre  Nicolas,  de  1699  à  4708  (pp.  219  à  224  et  p.  H 4); 

4°  Une  autre  continuation  du  livre  de  famille  par  François  Nicolas,  de 
1727  à  1735  (pp.  22  i  à  226); 

6<>  La  reprise  du  livre  de  famille  par  un  descendant  des  Nicolas  en 
1849  et  1853  (p.  926); 

6°  Diverses  pièces  que  nous  attribuons  à  Pierre  Nicolas  et  que  nous 
classons  sous  les  rubriques  suivantes  :  Inventaire  de  titres  et  de  meubles, 
comparaison  des  mesures  locales,  itinéraire  de  voyage  de  Gliampsac  à 
Bordeaux,  catalogue  de  bibliothèque,  scolastica,  poetica,  modèles  de  let- 
tres, jeux  d'esprit,  jeux  de  société,  recettes  culinaires,  médxinales  et 
autres,  morceaux  divers,  relation  de  la  mission  de  1680  (pasfiim); 

T"  Mention  de  compte,  non  signée,  de  Tannée  1792  (p.  112). 

La  parenté  du  premier  auteur  de  ce  Livre  de  raison  nous  est  connue. 
Jean  Nicolas  était  fils  de  M«  Léonard  Nicolas,  procureur  au  siège  présidial 
de  Limoges,  et  de  Marie  Bastide.  11  naquit  dans  les  premiers  jours  de  juillet 


MÉMORIAL   DE   JEAN    NICOLAS.  355 

4691,  car  nous  savons  qu'il  fut  baptisé  le  6  de  ce  mois  dans  Té^lise  Saint- 
Maurice  en  la  Gilé  de  Limoges.  Son  parrain  fut  M°  Jehan  Nicolas,  curé  de 
Saint-Yrieix-sous-Âixe,  dont  le  neveu  et  successeur  se  retrouve  dans  le 
Livre  de  raison  ;  sa  marraine  fut  Jeanne  de  Oouhet,  épouse  d'un  sieur 
Léonard,  contrôleur  des  finances  (1). 

Par  suite  de  quelles  circonstances  ce  fils  de  magistrat  devint-U  mar- 
chand d'étoffes?  nous  ne  le  savons.  Le  fait  n'a  d'ailleurs  rien  d*absolu- 
ment  insolite  :  il  suffit  de  le  mentionner. 

Le  Livre  de  raison  de  Jean  Nicolas  nous  permet  de  dire  que  ses  affaires 
étaient  étendues  et  ses  sources  d'approvisionnement  fort  diverses,  puis- 
qu'il fait  ses  achats  non  seulement  à  Paris,  mais  encore  à  Orléans,  à  Beau- 
vais,  à  Rouen,  etc.  Il  est  vraiment  dommage  pour  nous  que  ce  livre  do 
comptes  s'arrête  à  1655.  Il  eût  été  intéressant  de  suivre  le  développement 
du  négoce  de  Jean  Nicolas  el  de  le  voir  prospérer  au  fur  et  à  mesure  que 
Faction  de  Golbert  se  faisait  sentir  dans  le  pays. 

En  1653  ou  1654,  âgé  par  conséquent  d'environ  trente-trois  ans,  Jean 
Nicolas  avait  épousé  Marie  Brugèrc  (f  1688),  fille  d'un  juge  des  Combes  do 
Limoges.  11  en  eut  dix  enfants  :  sept  garçons  et  trois  filles,  dont  beaucoup 
moururent  en  bas  âge.  Lui-même  décéda  en  janvier  1677,  à  l'âge  de 
cinquante-six  ans,  et  fut  inhumé  à  Ghampsac,  près  Rochechouart 

De  ses  sept  garçons,  deux  seulcmentnous  intéressent  comme  continua- 
teurs du  registre  de  famille  :  Pierre,  né  en  1660,  François,  né  en  1671.  La 
personnalité  du  second  nous  est  inconnue  ;  celle  du  premier  ressort  au 
contraire  en  haut  relief  des  très  nombreuses  notes  dont  il  a  rempli  son 
Registre  personnel,  si  nombreuses  qu'elles  font  oublier  celles  de  son 
père,  puisqu'elles  remplissent  à  elles  seules  les  neuf  dixièmes  du  re- 
gistre. 

Pierre  Nicolas  fit  ses  premières  études  au  collège  des  Jésuites  do 
Limoges;  il  les  poursuivit  au  collège  des  Jacobins,  qui  enseignaient  seu- 
lement les  mathématiques  et  la  physique,  puis  les  compléta  à  la  Faculté 
de  droit  de  Poitiers  où  il  passa  au  moins  une  année.  De  ce  dernier  fait, 
autant  que  de  l'absence  dans  le  registre  de  toute  mention  d*o''dre  com- 
mercial, nous  pouvons  inférer  que  Pierre  Nicolas  ne  succéda  point  à  son 
père.  11  devint,  en  1690,  greffier  des  deniers  publics  à  Ghampsac,  et  plus 
lard,  vers  17i0,  syndic  perpétuel  de  cette  localité. 

Ses  années  de  jeunesse  semblent  avoir  appartenu  aux  folies  de  cet  âge. 
Compulant  quelque  part  les  phases  de  la  vie  humaine,  il  ne  manque  point 
de  constater  que  sept  ou  huit  ans  s*écoulent  «  en  jeunesse  et  folie  ». 

A  défaut  de  cet  aveu,  nous  serions  arrivé  aux  mômes  conclusions  par 
d'autres  voies.  Pierre  Nicolas  a  parsemé  son  Registre  de  famille  de  chan- 
sons à  boire  et  de  chansons  amoureuses  qui  irahissenl  un  homme  de  tem- 
pérament. On  pourrait  même  conjecturer  qu'il  donna  plus  au  plaisir  qu'aux 
études,  quand  on  considère  son  orthographe  vicieuse,  —  margré  pour 
malgré,  anaritica  pour  analytica  (double  exemple  de  rolacisme],  cynopsis 
pour  synopsis,  etc.,  —  et  le  peu  de  temps  qu'il  passa  à  Poitiers. 


(1)  A.  Thomas,  Invent.  de»  areh.comm.  de  Limoges,  GG,  72. 


390  SOCIÉTÉ  ARCIlÊOLOOlQUe  Bt  BISTORIQUK  Dt'  LIMOLSIX. 

Quoi  qo'il  en  soit,  il  esi  deux  choses  qu'il  empoi-ta  du  collège  dea  Jésui- 
tes :  le  goût  des  cérémonies  ecclésiastiques,  celui  des  exercices  lîtit*- 
raires,  des  jeux  d'esprit  el  des  divertissements  de  société. 

En  dépit  de  quelques  maximes  sérieuses  quil  inscrivit  sur  son  registrr. 
à  une  époque  peut-être  tardive,  en  dépit  de  son  titre  de  confrère  des  pé- 
nitents noirs  de  Limoges,  nous  ne  saurions  voir  en  Pierre  Nicolas  hd 
esprit  religieux  :  cette  marque  s^achète  à  plus  haut  prix.  Mais  à  coup  sûr  il 
aimaii,  comme  tous  ses  contemporains,  les  cérémonies  publiques,  dontk 
clergé  du  xvn«  siècle  était  si  prodigue,  et  il  s'est  fait,  avec  une  prolixiie 
complaisante,  le  chroniqueur  d'une  mission  qo!  eut  lieu  à  Limoges,  à  la  6d 
de  1680,  par  un  capucin,  le  P.  Honoré,  de  Cannes.  Ce  qui  intéressa  noire 
chroniqueur,  ce  ne  furent  point  les  sermons  du  capucin,  ni  raclion  qu  iU 
purent  exercer  sur  la  foule  :  ce  sont  uniquement  les  manifestations  exté- 
rieures de  la  dévotion  populaire  :  les  foules  assiégeant  le  confessionnal 
de  Téglise  et  se  pressant  à  la  communion  de  clôture  ;  ce  sont  surtout  les 
processions  qui  se  déroulèrent  alors  dans  Limoges  sous  la  conduite  de  Té- 
véque.  Quarum pars  ego,  semble-t'il  toujours  sur  le  point  dire. 

Nous  avons  parlé  d'exercices  littéraires  :  ils  remplissent  une  bonne 
partie  du  registre,  d'une  écriture  serrée  et  quelquefois  difficile.  Ce  sont, 
sur  des  sujets  divers  el  pour  des  circonstances  dififérenles,  des  formes  de 
lettres  où  la  boursouflure,  le  faux  esprit,  la  passion  simulée  tiennent  lieu 
de  tout.  Ce  genre  de  littérature  a  trouvé,  dès  le  xvi«  siècle,  les  honneurs 
de  l'impression  (I),  et  se  perpétua  même  pendant  le  xvii"  siècle.  Nous 
avons  cru  bon  de  le  mettre  hors  de  doute  en  reproduisant  quelques-unes 
de  ces  lettres.  Aujourd'hui  il  vit  encore,  au  service  des  gens  peu  lettrés, 
dans  de  petits  volumes  à  couverture  jaune  que  Ton  rencontre  dans  toutes 
les  foires  sous  des  noms  divers  :  Le  Secrétaire  galant,  Le  Parfait  secré- 
taire^ La  Correspondance  unioerselle.  Le  Conseiller  des  lettres.  Le  Secré- 
taire pratique.  Le  Secrétaire  pour  tous,  et  même  Le  Trésor  iUtéraire, 
quoique  la  littérature  en  soit  absente.  Pierre  Nicolas  était  passé  maîire 
on  ce  genre  :  en  règle  générale,  sur  chaque  thème  il  compose  six  lettres. 
Manie  d'écolier,  dira-t-on.  Nous  y  consentons.  Cependant,  il  semble 
bien  résulter  de  plusieurs  Indices  que  quelques-unes  de  ces  lettres  au 
moins  avaient  un  destinataire  et  que  ce  destinataire  était  une  jeune  vil- 
lageoise de  la  vicomte  de  Rochechouart.  Or  Champsac  est  près  de  Roche- 
chouart.  C'est  de  cette  correspondance  effective  qu'auraient  pris  origine 
les  exercices  littéraires  qu'il  faut  reconnaître  dans  les  autres  lettres. 

Pierre  Nicolas  a  dressé  le  catalogue  de  sa  bibliothèque.  Elle  comprend 
environ  70  volumes:  classiques  latins,  ouvrages  de  dévotion,  d'agrément 
et  autres  dont  le  titre  n'indique  pas  toujours  le  contenu.  On  retrouve  dans 
la  composition  de  cette  bibliothèque  la  trace  des  principales  directions 
de  l'esprit  du  possesseur. 

Nous  devons  communication  de  ce  Mémorial  à  l'obligeance  de  Madame 
veuve  Henri  Nicolas,  de  Champsac. 

Alfred  Lkroux. 


(i)  L'ouvrage  qu'on  attribue  quelquefois,  mais  sans  preuve,  à  Mathn- 
rin  Cordicr  :  la  cioUUé  puérile  et  honnête,  fut  imprimé  à  Lyon  en  4556. 


MBMOaUL   DR  JBAN   NICOLAS.  33? 


COMPTES. 


(Page  1).  —  Journal  commencé  à  Vhonneur  de  Dieu  H  de  la  Vierge 
Marie  y  le  2  i^  décembre  1653,  par  Jean  Nicolas,  marchand  de 
Limoges. 

Doibt  sieur  Jacques  Dauvergne,  livré  à  Mad""*"  sa  sœur  la  Marie, 
prix  faict,  un  manchon  noir  pour  3  11.  5  sols. 

Doibl  Mad.  Ghastaignac 2  douzaines  images  eDluminées,  6  11. 

Doibt  M.  Raby  le  Jeune,  deux  peignes  de  corne  à  iO  sols  pièce, 
1  livre. 

Doibl  M.  Brigondys  de  Thours,  une  paire  tablettes  d'écaillé,  3  11. 
10  sols. 

Doibt  M*"  Joseph  Mailhard,  une  callotle  de  maroquin,  18  sols. 

Doibt  le  R.  P.  prieur  des  Auguslins,  petit  ruban  étroit,  3  sols. 

Doibt  M.  Grand,  procureur,  une  espée  d'enfant  avec  son  bau- 
drier, 1  livre  10  sols. 

Doibt  M,  Léonard  6ellière,  un  masque  de  velours,  1  livre  10  sols. 

Doibt  M.  le  commissaire  Mallevergne,  une  tabattière  d'eymay 
(esmail),  3  IL 

(Parmi  les  clients  figurent  encore)  : 

M.  Mousnier,  chanoyne  (1654);  Mahgnaud,  chanoyne;  Dupey- 
ral,  théologal;  Dumas,  chirurgien;  Paignon,  procureur  du  roi 
(1688);  Veyrier,  orfèvre;  Ghambon,  greffier  en  la  cylé;  les  dames 
de  la  Visitation  ;  Joseph  Mala vergue,  marchand  au  faubourg  Bou- 
cherie, débiteur  d*une  somme  de  1,499  11. 

(P.  116).  —  Achapt[s]  que  je  Jean  Nicolas  fist  au  moys  de  novembre 
i6ô3  à  Paris  à  plusieurs. 

De  M.  Bellavôyae,  marchand,  rue  Saint-Denis,  au  Dauphin  cou- 
ronné.... A63\\.\  de  iMM.  Lanfant  et  Olivet,  rue  Saint-Denis,  aux 
Trois  poyssons,  468  IL  ;  de  Pierre  Callot,  sous  Thorloge  du  pallays, 
aux  Trois  couronnes,  14  IL,  etc.  (au  total  3,185  IL). 

Achapt[s]  faict[s]  à  Chasteau-Roux,  Romorantin,  Orléans,  Beauvoys, 
Rouan  et  Paris  par  Jean  Nicolas  au  moys  de  juillet  1 654  (et 
aussi  à  Etrépagny  et  GisorsJ, 
Deux  bures  à  58  IL,  rabays  de  8  IL  16  sols  =:  110  IL  4  sols. 

Un  drap  blanc  à  69  IL 
Dentelle  de  fdlet  à  17  sols. 


358  SOCIÉTR   ARCHÉOLOGIQUR    RT    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIK. 

(P.  H8  et  ss).  —  Draps  du  sceau  blanc  à  8  11.  7  sols  6  deniers. 

De  M.  Primoys,  marchand  chappellier  [à  Rouen),  rue  du  Gros 
Horloge  à  La  Crois  d*or,  un  chappeau  de  lesne  fsicj  d'Espagne  à 
62  11.,  etc.,  etc. 

(P.  220).  REGISTRE  DE  FAMILLE  (J). 

Samedy  au  soir  12«  décembre  4654,  nacquist  Catherine  Nicolas 
notre  fille,  heut  baptesme  à  S*  Pierre  du  Queyroys  notre  parroisse. 
Son  parin  fust  mon  frère  M'  Léonnard  Nicolas,  prêtre  et  curé  de 
S*  Yryeys  soubs  Aixe,  et  marine  Catherine  Mouret,  veufve  de  feu 
Jean  Durand  Brugere,  vivant  juge  des  Combes,  ma  belle  mèn\ 
Mons.  Gaddaud  (?),  vicaire,  estant  en  charge  de  vicaire.  Le  bon 
Dieu  la  veuille  bénir  et  mettre  en  sa  s**  garde. 

J.  Nycolas. 

Le  28'  octobre  1687,  ma  femme  est  accouchée  un  dismenche  au 
soir  de  Michel  Nicolas  notre  filz  ayné.  A  esté  baptisé  a  Chaslu 
dans.lesglize  de  la  ville  hauUe  par  M'Esscnaud,  curé  en  icelle. 
Son  parain  a  esté  M*^  Michel  Brugere,  juge  des  Combes  et  asses- 
seur de  la  cour  royalle  de  Limoges,  et  marine  Barbe  Nicolas,  ma 
sœur,  femme  de  M' Martial  Cusson,  notaire  royal. 

J.  Nycolas. 

Le  23»  febvrier  1689,  nacquit  Marie  Nicolas,  notre  3«  fille.  Elle 
fust  baspiszée  par  M'  Mouly,  curé  de  Tesglize  de  la  ville  hausle  de 
Chaslu.  Son  parrin  est  W*  Francoys  Brugiere,  prêtre  de  S*  Pierre 
du  Queyroys  a  Limoges,  et  marine  Marie  Nicolas,  ma  jeune  sœur. 

Le  bon  Dieu  la  veuille  prendre  en  sa  s**  garde. 

J.  Nicolas. 

Le  1"  april  1660,  nacquit  au  chasteau  de  Chasleuz  de  la  ville 
haulte  notre  fils  secong  Pierre  Nicolas.  Il  na  pas  esté  baptisé 
encore,  sinon  suplombé  (2),  en  Tesglise  de  la  ville  haute  de  Chas- 

(1)  Nous  reproduisons  ce  registre  d'après  la  copie  qu'en  avait  faite 
M.  l'abbé  Pelil,  curé  de  Champsac. 

(9)  Ce  mol,  que  nous  n'avons  rencontré  dans  aucun  dictionnaire,  signi- 
fie ondoyé.  Nous  Favons  déjà  relevé  sous  sa  forme  laline  (aubumblatui 
pour  8ubambratu8  au  lieu  de  subundatus)  dans  la  Chronique  de  Géral<J 
Tarnean,  noiairc  de  Picrrebufrièrc,HU  commencement  du  xv®  siècle,  dans 
nos  Chartes^  chroniques  ei  mémoriaux^  p.  Î20.  H  y  en  a  un  aulrc 
exemple  sous  la  forme  provençale  dans  le  Liore  de  raison  d'Etienne 

Renoist,  1426  (p.  86)  :  a  llem,  la  dicha  Catherina fo  soplombal  en  la 

çonclia.  » 


MRMOHlAr.   5R.JRAN   NICOLAS.  3.H9 

leuz  par  Mons'  Boursaud,  curé  en  icelle,  esperanl  moyennant 
Dieu  et  la  Vierge,  le  faire  baptiser  et  luy  bailler  nom  au  premier 
jour;  n'ayant  peust  encore,  a  cause  de  Tinconnut  du  parin.  Le  bon 
Dieu  veuille  lui  faire  la  grâce  de  le  mettre  au  rang  des  enfans  de 
Tesglise  et  de  le  mettre  soubs  sa  sainte  sauvegarde.  En  foy  de  ce 
ay  signé  la  présente  attestation  a  Chasleuz,  ce  28®  may  1660. 

J.  Nicolas. 

Extraict  pour  Teaige  de  mon  fils  Pierre  Nicolas. 

11  a  esté  du  deypi  baptizé  a  Limoges  a  S'  Pierre  du  Queyrois 
par  M.  Croyzeix,  vicaire.  Sonparin  a  esté  mon  frère  Pierre  Nicolas 
et  sa  marine  dam"»  Paulhie  Vigenaud,  femme  de  M.  le  juge  des 
Combes. 

(P.  218).  —  Le  3«  mars  1663,  naqnict  à  Brameffort  Annet  Nicolas  n'» 
lilz.  Il  a  esté  baptizé  en  lesglize  de  la  parr.  de  Chaussât  par  M.  Pi- 
not, curé  en  icelle  et  a  esté  son  parin  M"  Anne  de  Coustin  du  Mas- 
nadaud,  abbé  du  Chalard  et  de  Fontenay  en  Bourgonnie;  et  la  maryne 
damoysellc  Marye  de  Brye,  fille  de  M.  du  Boffrant,  a  présent  femme 
de  M.  de  S*  Sirevain  (?)  proche  de  Chasleuz.  Et  le  baptesme  a  esté 
faict  par  le  dit  s'  curé  le.... 

Dieu  me  fasse  la  grâce  de  le  voir  un  jour  au  nombre  des  biens 
heureux.  Faict  a  Chaussa,  ce  15*  juing  1671. 

Il  fault  retirer  des  herittiers  de  M'  Pinot  le  subsdict  extraict  bap- 
tistère pour  servir  en  temps  et  lieu. 

J.  Nicolas. 

Il  nous  est  mort  encore  notre  filz  Anthoyne,  aasgé  de  14  moys, 
quy  avoit  esté  baptisé  en  l'esglize  de  Chaussât  par  M'  Pinot,  curé 
en  icelle.  Son  parin  estoit  s*"  Hébert,  bourgeois,  habitant  de  Meys- 
sat^  parroisse  subsdite,  et  sa  marine  Françoise  Devignere,  femme 
de  M'  Desmoulin.  Il  nous  est  mort  encore  3  filles,  qui  sont  esté 
enterrées  Tune  en  l'esglize  de  la  ville  haute  de  Chasleutz  et  les 
deux  autres  au  semithere  fsicj  de  Chaussât  ancien,  avecq  le  dit 
Anlhoine. 

Nota.  Les  trois  filles  de  bas  aasge. 

*J.  Nicolas. 

(D'une  écriture  différente). 
(P.  219).—  Le  vingt  deuxiesme  juillet  mil  six  cent  soixante  trois  a 
esté  baptizé  Anne  Nicolas,  fils  de  s'  Nicolas,  bourgeois  de  la  ville 
de  Limoges,  et  de  damoiselle  Marie  Brugiere,  sa  femme,  estant  de 
présent  au  lieu  de  Brasmefort.  A  été  parin  vénérable  messire  Anne 
de  Coustin,  abbé  du  Chaslard,  et  mareine  damoiselle  Marie  de  Bric, 


360  SOCIÉTÉ  ARCBÉ6L0G1«|I>R   RT   HISTOIIQUR   DU   LlHOUSIK. 

présents  les  soussignés  et  ainsin  signé  :  Le  Chasurd  nu  Masnaoaoo, 
parin;  Maaii  de  Brie,  P.  de  Saovebeuf,  M.  de  Sauvebeuf,  Feai- 
çoiSE  Grahd,  R.  du  Masnadaud,  m.  de  Lahbertie,  Lamourie  du  BIas- 
nadaud,  Terames  Alexis,  R.  Pinot,  curé  de  Ghampsac,  et  Rdrest, 
notaire,  pour  avoir  l'original  (fudit  extraict. 

À  esté  baptizé  notre  filz  Jean  Nicolas  en  Tesglize  de  Champssat 
par  M**  Pinot,  curé  en  icelle.  Son  parin  a  eslé  Pierre,  mon  (ils  ayné 
a  présent,  et  marine  Marie,  ma  fille.  Dieu  lui  fasse  la  grâce  qu'il 
soict  un  jour  au  nombre  de  ses  esleuz  pour  le  ciel.  Faict  à 
Chanssat,  ce  15«  juing  1671 . 

J,  Nicous. 

A  esté  baptizé  notre  fils  Pierre  Nicolas  en  lesglize  de  Chanssat 
par  M'  Pinot,  curé  en  icelle.  Son  parin  est  H'  Croyzit,  ehanoyne  a 
S'  Martial  de  Limoges,  et  sa  marine  damoyzelle  Charlotte  Bnigiere, 

veufvc  de  M*"  T  ( )  Vinaux,  ad**  en  la  cour.  Dieu  le  fasse 

homme  de  bien.  Faict  la  présente  notte  ce  18«  juing  1671. 

J.  Nicolas. 

A  esté  baptizé  notre  fils  Françoys  Nicolas  en  lesglize  paros^le 
de  Champssat  par  M' Nadaud  i  curé  de  la  paroisse  de  Pagas,  estant 
W  Pinot,  curé  dudict  Chanssat,  mallade;  et  a  esté  son  pvin 
M'  Françoys  Nadaud,  demeurant  au  présent  boui-g  de  Chanssat,  et 
marine  Catherine  Nicolas  ma  fille.  Le  bon  Dieu  le  veuille  mettre 
soubs  sa  saincte  protection.  Faicte  la  présente  notte  a  Champssat, 
ce  15«  juin  1671. 

Nota.  —  A  mes  enfans  qui  seront  advertis  que  leurs  extraicls 
baptistères,  en  cas  de  besoing,  les  trouveront  oomme  je  marque 
cy*de68us  et  a  costé. 

J.  Nicolas. 


(P.  113).—  Le  25  (1)  janvier  1677  a  été  enterré  à  Champsacle 
corps  de  s' Jean  Nicolas,  bourgeois  et  marchand,  natif  de  la  ville  de 
Limoges. 

Nota  que  ce  26  janvier  1677  s' Jean  Nicolas,  bourgeois  de  Limo- 
ges, deceda  ab  intesta. 

Nota  que  le  15  octobre  mille  six  cent  huictantehuict,  dam"* Marie 
Brugiere,  veufve  dudit  s'  Jean  Nicolas,  deceda,  et  par  son  testa- 
ment institua  s"  Pierre  et  Anne  Nicolas  ses  enfants,  ses  vrais  hœri- 
liers  universels. 


MKMORIAL   DE  JEAN   PI1C0LA§.  361 

(P.  223).  —  Nola  que  ce  26"-*  février  1699,  jour  de  jeudy  malin,  nous 
avons  espouzé  a  Chalulz  a  la  ville  basse;  le  s'  curé  de  Compniat 
nous  at  donné  la  bénédiction  nupliaile  a  damoiselle  Marguerite 

Segue  ma  chère  espouze  et  a  moy. 

P.  Nicolas. 

Nota  que  le  lundy  malin  26  de  juillet  1700,  jour  de  saincte  Anne, 
a  environ  demye  heure  après  minuict,  est  née  nôtre  première  fille 
a  Champsact.  Et  ce  jeudy  29  juillet  1700  ma  ditte  fille  a  esté  bap- 
lizée  dans  Tesglize  parolialle  de  Champsact  par  Monsieur  Dester- 
mes, curé  en  icelle.  A  esté  parin  s'  Aimé  Nicolas,  mon  fraire,  et 
maraine  damoiselle  Anne  Boysou,  ma  belle-mere.  Dieu  la  veuille 
conserver  dans  sa  grâce  en  parfaicte  sanclé  et  la  recevoir  à  la  fin 
de  ses  jours  dans  son  sainct  Paradis. 

P.  Nicolas. 

(21-22  mars  1703.  Naissance  et  baptême  d'un  fils  à  Champsat. 
Parrain  François  Sègue,  m"  de  poste  à  Châlus,  beau-frère  de 
P.  Nicolas. 

28  novembre-l"  décembre  1704,  naissance  et  baptême  d'une 
seconde  fille  à  Champsat.  Parrain  François  Boisson,  docteur  en 
théologie  et  curé  de  Cognât,  oncle  de  P.  Nicolas. 

28-28  mars  1706,  naissance  et  baptême  d'une  troisième  fille  à 
Champsat.  Marraine  Marie  Nadaud,  veuve  de  Pierre  Sègue,  apo- 
thicaire de  Champsac. 

18-19  avril  1708,  naissance  et  baptême  d'une  quatrième  fille  à 
(Champsac.  JMarraine  d*'*  Anne  Barbe,  épouse  de  Pierre  Bardinet, 
lieutenant  de  la  juridiction  de  Crémières.) 


(P.  224).  —  Nota  que  le  13»  sept.  1727,  nous  avons  épousé  à  Champ- 
sat damoizelle  Izabeau  Nadaud  et  moy  François  Nicolas;  et  avons 
reçu  la  bénédiction  nuptialle  de  Messire  Jean  Destermes,  curé 
de  la  susdite  paroisse. 

F.  Nicolas. 

(Naissance  d'un  fils  Jacques,  le  29  juin  1728;  d'une  fille  Char- 
lotte, le  18  novembre  1730;  d'une  autre  fille  Anne,  le  20  novembre 
1732;  d'un  autre  fils  Jacques  II,  le  20  septembre  173S,  «  baptisé 
par  Messire  Pierre  de  Li  Plaigne,  curé  de  Champsac  et  dans  le 
temps  de  la  mission  faite  par  les  révérends  Pères  Jésuites  »). 

(»)  Cette  date  est  contredite  par  la  suivante. 

T.  xxxvni.  %i 


362  SOCléTR  ARCBéOLOOIQOK  Sr  niSTOniQUK  DU  LIHOUSIN. 

(P.  H4).  Généalogie  des  Nicolas, 

Les  Nicolas  sont  venu  de  Romme  (1);  ils  s'appeloient  anlienne- 
ment  Theodores,  1res  nobles  et  illustres.  Leur  nom  de  Théodore 
se  changat  en  Nicolas  lan  de  grâce  trois  cent  vingt  six,  sous  1  am- 
pire  du  grand  Constantin,  a  cause  d'un  fils  de  leur  fraire  qui  fut 
consacré  evesque  de  Myre  sous  le  nom  de  Nicolas  ;  et  quand  il  fol 
mort  ses  couzins  germains  paternels  apportèrent  le  nom  de  Nicolas 
a  cause  des  belles  qualitez  dont  se  grand  evesque  estoil  doué  et 
de  Tamilié  que  tous  ses  parcns  luy  portoient  sy  bien  que  du  des- 
puis leurs  descendant  ont  apporté  le  nom  de  Nicolas,  ils  ont  tenu 
pendant  plusieurs  siècles  les  premiers  rangs  enLicie  vers  rorient; 
et  aprez  plusieurs  siècles,  un  des  cadets  de  ces  Nicolas  vient  se 
marier  a  Pierre-Bufflère  dans  la  province  du  Limousin,  qui  laissât 
plusieurs  anfanls,  ou  il  y  en  u  plusieurs  qui  moururent  généreuse- 
ment pour  la  deffence  de  la  foy  catholique  apostolique  et  romaine, 
du  temps  de  la  persécution  de  lesglise,  lesquels  commandoienl  une 
belle  compaignie  de  genls  qui  s'estoient  déclaré  contre  les  enne- 
mis de  Tesglise.  Et  de  tous  ses  enfants  de  ce  Nicolas  il  n'en  resta 
qu'un  qui  se  mariât  et  duquel  sont  provenus  tous  les  Nicolas  de 
Limoges  avec  le  sieur  de  La  Reynie,  etc. 


(P.   91).  INVENTAIRE  DE  TITRES   (2). 

Dénombrement  des  con tracts  d'acquisition  et  autres  que  nous 
avons  concernant  les  biens  et  mestairies  que  nous  possédons  de  la 
Peytavigne  et  St-Yrieix-soubs-Ayse. 

Premièrement  sensuivent  ceux  de  St-Yrieix  soubs-Aixe. 


Contrat  de  vente  de  certain  pascafge  et  terre  appelée  de  La  Ver- 
gue où  est  présentement  situé  notre  moulin  et  estangt  de  Sl-Yrieix 
soubs-Aixe,  icelle  vente  faite  par  Jean  Coussy,  recouvreur,  à  s'  Jean 
Nicolas,  bourgeois,  pour  54  11.  du  17  janvier  16S2,  signé  par  copie 
Aysou  (ou  Cessou?),  notaire  royal  —  avec  l'investiture  dudict  con- 


(1)  Celle  assertion  vaut  celle  d'Adam  de  Sychar,  chapelain  de  la  ba- 
ronnie  de  Morlemart  au  commencement  du  xvii®  siècle,  qui  affirmait  que  la 
famille  de  Rochcchouart  descendait  de  Fabricius,  le  vainqueur  de  Pyrrhus. 

(2)  Nous  reproduisons  ce  qui  suit  d'après  la  copie  qu'en  avait  faite  M.rabbé 
Pelit,  curé  de  Champsac. 


MÉMORIAL    DE  JEAN    NICOLAS.  3G3 

tract  oslaiil  au  pied  tlu  28  iliidil  mois  et  an  signée  :  de  Verthamond, 
abbesse  de  la  Raigle. 


Contrat  de  vente  faite  par  Jean  et  Pierre  Moulins  fraires  a  Jean 

Deville,  des  droicts  que  feue  Catherine  Cousy  avoit  (deux 

mots  illisibles)  pour  170  11.  du  6  juin  1651.  Signé  par  copie  Daudet, 
notaire  dont  le  s'  Jean  Nicolas  a  les  droicts  de  lots  et  ventes  et  de 
prelalion  suivant  la  cession  d'écriture  privée  du  30  ianvier  1652. 
Signée  en  original  :  J.  de  Verlharaond,  abbcssc  de  la  Règle. 

Contract  d'acquisiton  faicte  par  Simon  Coussy,  masson,  de  Pierre 
Bouby...  maréchal,  d'un  bois  appelé  des  Ages  venu  de  feu  André 
Coussy  pour  35  II.  du  9  feuvrier  1652.  Signé  par  coppie  :  Mellin,  no- 
taire, avec  une  investiture  des  lots  et  ventes  et  de  prelation  d^escriturc 
privée  en  faveur  de  Jean  Dubin,  masson  du  Mas  Marvenl,  du  3  avril 
1052.  Signée  en  original  :  J.  de  Verthamond,  abbesse  de  la  Règle. 


Coppie  de  contract  de  transaction  entre  M*  Jacques  et  François 
Barbe,  notaire  royal  pour  raison  de  la  fontaine  et  place  commune 
qui  est  derrierre  la  maison  que  le  s^  Nicolas  at  acquits  du  s'  Des- 
pont partie  de  laquelle  place  commune  le  s'  Deschamps  a  mils 
dans  son  jardin  ;  le  dit  contract  du  9  janvier  1663.  Signé  :  Devilleva- 
leix,  notaire. 

Coppie  du  contract  d'affermé  faicte  par  d"*  Marie  Bruglereveufve 
de  feu  s'  Jean  Nicolas  bourgeois,  as' Jean  Blanchard,  bourgeois, 
de  Raterie  (?)  de  partie  de  ses  biens  scitûes  dans  les  paroisses  de 
St-Yrieix  et  Ste-Marie  de  Vau  pour  sept  années  du  2  aoust  1681. 
Signé  :  Cusson,  notaire  royal. 

Coppie  de  la  prolongation  de  laditle  afferme  faicte  par  laditte 
d"*  Brugiere  audit  s' Blanchard  desdits  biens  pour  un  an  après  les- 
dittes  sept  années  aschevées,  du  9  mars  1685.  Signée  :  Nicolas  no- 
taire royal. 

Coppie  de  la  sentence  rendue  a  lencontre  de  messire  Benoit  de 
Brie,  seigneur  de  Soumanias,  en  faveur  du  s'  Pierre  Nicolas  por- 
tant condampnation  a  lencontre  dudit  s'  de  Soumanias  de  175  11. 
9  s.  pour  arrérages  de  renies  ;  du  27  aoust  1695.  Signée  :  Garceau 
greffier. 

Ordonnance  dudit  seigneur  de  St-Maurice,  intendant,  portant 


364  SOCIKTK   ARGiikOLOGIQUE   ET   IlISrORIQUK   bV   LIMOUSIN. 

liquidation  de  la  finance  de  l'office  de  greffier  ancien  des  relies  de> 
tailles  delà  paroisse  de  Champsact  a  la  somme  de  six  cent  qmiranle- 
huict  livres,  a  laquelle  se  trouvent  monter  celles  portées  par  les 
ditles  deux  quittances  des  dits  s"  trésoriers  des  revenuts  casuels,  et 
en  conséquence  ledit  seigneur  ordonne  que  ledit  s'  Pierre  Nicolas, 
propriétaire  desdils  greffes,  en  serat  payé  et  rembourcé  par  impo- 
sition sur  les  habitants  de  laditte  paroisse  suivant  les  mandements 
qui  ont  esté  et  qui  seront  par  luy  anvoyés  a  cet  effet  en  deux  an- 
nées, dont  la  première  est  la  présente  1699,  et  la  dernière  serat  la 
prochaine  1700.  A  quoi  faire  les  collecteurs  en  charge  lesditle? 
années  seront  contraincts  chacun  a  leurs  esgard  par  les  voye? 
accoutumées  pour  les  deniers. 

Nota  que  le  titre  de  partie  du  tenement  du  Gaslavigneas  (? 
....  scitûé  au  bourgt  de  Ghampsact  appartenant  au  s'  Segue, 
m*  appotiquaire,  au  devoir  de  deux  esminaux  advoine  mesure  de 
Chasiucts,  deux  gelines  et  2  s.  6  deniers  d'argent  de  rente  fonliere 
et  directe,  se  confroncte  d'un  coté  au  chemin  qui  vat  du  village  de 
La  Bariere  a  lesglise  parotialle  de  Champsact  sur  main  gauche, 
d'autre  au  territoire  de  la  cure  du  dit  Champsact  et  au  jardin  de 
Brouchaud,  d'autre  part,  iceluy  tenement  donné  a  Jean  Barbe  de 
Champsact  par  Jean  Damnelly,  s'  du  Puyfaucon,  le  H  iuillet  1489, 
par  contract  receu  par  m*  Pierre  Charcille,  notaire,  et  collationnê 
par  de  Flayat. 

Edit  du  Roy  portant  reunion  des  offices  des  greffiers  anciens  et 
alternatifs  des  rolles  des  tailles  aux  corps  et  communautés  des 
villes,  bourgts  et  paroisses  ou  ils  ont  esté  créez  par  les  edits  des 
mois  d'aoust  1690  et  décembre  1694.  Donné  a  Versailles  au  mois 
d'aoust  mille  six  cent  nonante  huict.  Signé  :  Louis,  et  plus  bas, 
Par  le  Roy,  Philippeau,  et  registrées  an  la  chambre  des  contes,  le 
trente  aoust  1698.  Signé  :  Richer. 

Avec  l'ordonnance  du  seigneur  intendent  portant  que  les  proprié- 
taires desdits  greffes  représenteront  incessamment  des  quittances 
du  trésorier,  des  revenuts  casiiels  avec  les  contracts  et  litres  justi- 
ficatifs de  propriété,  scavoir  :  ceux  du  ressort  de  l'esleclion  de 
Limoges,  par  devant  le  s' du  Gondaud,  procureur  du  Roy  en  laditte 
eslection,  etc.,  pour  estre  par  luy  dressé  des  procez  verbaux  de 
verilication  desdittes  quittances  et  titres  et  sur  iceux  estre  asreslô 
par  ledit  s' intendent,  des  estats  de  liquidation  de  la  finance  des- 
dits offices,  dont  les  propriétaires  seront  remboursés  par  les  maires, 
eschevins,  consuls  et  syndics  collecteurs  et  habitants  des  villes, 


MéiMORlAL    DK  JEAN   NICOLAS.  365 

bourgs  et  paroisses  de  chaque  eslection  ainsin  qu'il  serat  ordonné 
par  ledit  intendant  chacun  dans  son  ressort.  Laditte  ordonnança 
faicte  a  Angoulesme,  le  12  septembre  1698.  Signé  :  De  Bernage,  et 
plus  bas,  Par  Monseigneur,  Du  Chesnay. 

Quittance  du  trésorier  des  revenuls  casiiels  pour  Taugmenlation 
de  finance  que  Pierre  Nicolas  s'  de  La  Gasne  a  faict  d'un  denier 
par  Hvre  de  son  entier  office  de  greffier  des  rolles,  des  tailles  et 
autres  impositions  ordinaires  et  extraordinaires  de  la  paroisse, 
enclave  de  Grateloube,  eslection  de  Limoges,  generallité  de  Limo- 
ges, pour  la  somme  de  soixante-trois  livres  pour  le  montant  de  la 
finance  dudit  denier,  pour  livres  d'augmentation  pour  ledit  s'  ou 
ceux  qui  auront  cause  de  luy  joiiir  de  quatre  deniers  pour  livre  des 
Jeniers^des  tailles  et  autres  impositions  annuellement,  et  des  pri- 
Ailcgcs  et  exantions  a  titre  d'hérédité,  comme  dessubs  est  dit  et 
comme  il  est  au  long  porté  parles  edits  de  crieation  dudit  office 
antien  et  augmentation  de  finance  pour  les  mesmes  privilèges  que 
l'office  alternatif  de  greffier  des  rolles  des  tailles  et  autres  impo- 
sitions ordinaires  et  extraordinaires  des  paroisses,  des  mois  d'aoust 
1690  et  mois  de  novembre  1694.' Signé  Louis.  Faict  a  Paris,  le 
26  mars  1695.  Signé  :  Millier,  et  enregistré  au  contrerolle  gênerai 
des  finances  a  Paris,  le  vingtiesme  septembre  mille  six  cent 
nouante  cinq.  Signé  Soubeyran. 

Nota  que  la  finance  des  offices  de  greffier  alternatif  des  parois- 
ses de  Ghampsat  et  enclave  de  Grateloube,  a  esté  faicte  par  les- 
dites  paroisses  et  enclave  a  proportion  de  la  taille,  et  ce  sur  les 
habitans  ne  s'etant  trouvé  aucun  particulier  qui  les  aye  voulu 
achelter. 

Quittance  du  trésorier  des  revenuts  casiiels  pour  servir  au  recou- 
vrement de  la  finance  provenant  de  l'office  de  greffier  des  tailles 
et  autres  impositions  ordinaires  et  extraordinaires  de  la  somme  de 
cent  quatre-vingt-dix-huict  livres,  faicte  par  ledit  s'  Pierre  Nicolas, 
bourgeois  de  Limoges,  de  l'office  de  greffier  des  tailles  et  autres 
créés  ordinaires  et  extraordinaires  de  la  paroisse,  enclave  de  Gra- 
teloube, eslection  de  Limoges,  généralité  de  Limoges,  créé  haire- 
ditaire  par  Tédit  du  mois  d'aoust  1690,  pour  en  jouir  par  ledit 
s'  Nicolas  ou  son  commis  avec  les  privilèges  ou  attribution  de  trois 
deniers  par  livre  des  deniers  des  tailles  et  autres  créés  ordinaires 
et  extraordinaires,  le  tout  ainsi  qu'il  est  plus  complément  porté 
par  ledit  édit,  faict  à  Paris  le  10  octobre  1690.  Signé  :  Bertin. 
Et  enregistré  au  contrerolle  gênerai  des  finances  a  Paris,  le  2  no- 
vembre 1690.  Signé  :  Soubeyran. 


366  SOCIÉTÉ  ARCnÊOLOGlQUE  ET  OISTORIQUB  DU  LIMOUSIN. 

Quittance  du  trésorier  des  revenais  casûels  pour  senrir  au  re- 
couvrenaent  de  la  finance  d'un  denier  pour  livre  attribué  à  s'  Pierre 
Nicolas,  pourveu  de  l'olHce  de  greffier  antien  des  rolles  des  tailles 
et  autres  impositions  ordinaires  et  extraordinaires  de  la  paroisse 
de  Champsact,  généralité  de  Limoges,  eslection  de  Limoges,  pour 
la  somme  de  cent-quarante-cinq  livres  pour  le  montant  de  la  finance 
dudit  denier  pour  livre  a  lui  attribué  faisant  en  tout  quatre  deniers 
par  livre  des  deniers  des  tailles  et  autres  impositions  ordinaires  et 
extraordinaires  de  ladite  paroisse  de  Champsact,  pour  par  ledit 
s'  Nicolas  en  jouir,  sa  veufve,  héritiers  ou  ayant  cause  a  titre 
d'hérédité  par  chacun  an,  tant  en  exercice  qu'hors  d'exercice  a 
commencer  du  premier  octobre  1694,  et  en  estre  payé  de  quartier 
en  quartier  sur  sa  simple  quittance  par  les  collecteurs  d^  laditle 
paroisse,  et  encore  pour  jouir  de  l'eyxanlion  de  la  collecte  des 
tailles  et  imposl  du  sol  (ou  du  sel  ?),  de  celle  de  l'ustencille,  et  tou- 
tes autres  impositions  de  quelque  qualité  et  nature  qu'elles  puissent 
estre,  de  la  contrainte  solidaire  qui  pourrait  estre  décernée  contre 
le  gênerai  ou  le  particulier  des  habitants  de  laditte  paroisse  faute 
de  payement  de  tailles  et  autres  impositions,  en  payant  seulement 
sa  cotte  part  et  portion  desdicts  deniers,  du  logement  effectif  des 
gens  de  guerre,  de  la  contribution  des  sommes  qui  s'imposent 
pour  les  fourages,  pour  la  descharge  du  logement  et  subsistance 
des  troupes  qui  séjourneront  ou  seront  en  quartier  d'hyrer,  et 
pour  la  solde  et  entretien  de  la  milice,  de  tutelle,  curatelle,  nomi- 
nation d'icelle,  de  guet  et  garde,  corvées  et  autres  charges  publi- 
ques, d'établissement  de  commissaire  el  gardien  des  fours  et  saizits, 
et  dépositaire  de  biens  de  justice,  le  tout  ainsin  qu'il  est  plus  au 
longt  porté  par  les  edits  de  création  dudit  oflBce,  et  augmentation 
de  fi nence  des  mois  d'aoust  mille  six  cent  nonante  et  mois  de 
novembre  mille  six  cent  nonante  quatre.  Signé  :  Louis.  Faicl  a 
Paris,  le  vingt-sixiesme  mars  mille  six  cent  quatre-vingt-quinze. 
Signé  :  Millier,  el  enregistré  au  contreroUe  gênerai  des  finances 
à  Paris,  le  vingliesme  septembre  mille  six  cent  quatre-vingt- 
quinze.  Signé  :  Soubeyran. 

Double  faict  de  sein  privé  entre  le  s'  Nicolas  et  Reymond  Des- 
moulin, cler,  portant  cession  faicte  par  le  dit  Desmoulin  en  faveur 
du  dit  s' Nicolas  de  la  plus  grande  et  majeure  valeur  des  biens 
qu'il  tenait  par  hypothèque  du  dit  Desmoulin,  9  may  1696. 

Coppie  de  contract  de  bail  de  mestarie  faict  par  le  s'  Nicolas  à 
François  Choneau  (ou  Choveau?),  laboureur  de  Chouzat,  de  ses 
biens  de  Sl-Yrieix  et  de  Ste-Marie,  du  19  décembre  1697. 


MÉMORIAL  D£  JEAN   NICOLAS.  367 

Coppie  de  contracl  de  bail  de  meslairie  faicte  par  le  s'  Nicolas 

a  Eslienne  el  Martial  Marchadier  et  Léonard  (.... )  des 

biens    de  la  Peylavigae,  du  5  janvier  1698.  Signé  :   BuissoNt 
notaire. 

Original  de  la  quittance  de  finance  de  Tofflce  de  greffier  des  rôles 
des  tailles  et  autres  impositions  ordinaires  et  extraordinaires  de  la 
paroisse  de  Champsact,  ellection  de  Limoges,  generalUté  de 
Limoges,  créé  héréditaire  par  l'edit  du  mois  d'aousl  1690. 
Pour  cinq  cent  trois  livres  du  s'  Pierre  Nicolas,  faict  a  Paris,  le 
10  octobre  1690.  Signé  :  Bertin.  Et  enregistré  au  conlreroUe  gêne- 
ra) des  finances  a  Paris,  le  2  novembre  1690.  Signé  :  Soubeyran. 
Et  enregistrée  au  greffe  de  Teslection  de  Limoges,  le  vingt-huict 
novembre  mille  six  cent  nouante.  Signé  :  Gingan  et  Nicolas,  greffier. 

Prestation  de  serement  et  réception  de  s'  Pierre  Nicolas,  bour- 
geois de  Limoges,  de  Toffice  de  greffier  des  rolles  des  tailles  de  la 
paroisse  de  Champsact,  duquel  il  est  titulaire  et  acquéreur.  Faict 
a  Limoges  en  la  chambre  de  l'élection,  le  28  novembre  1690. 
Signé  :  Lapine  et  Nicolas. 

Contrat  de  cession  faicte  par  Pierre  Nicolas,  s'  de  La  Gasne,  a 
dame  Magdelaine  de  Barmondet,  comtesse  de  Busset  et  dame  pro- 
priétaire de  la  terre  de  Ghasiucts,  de  tous  les  droicts  qu'il  avoit  et 
pouvoit  preslandre  sur  les  rentes  de  Puyrichenas  et  Lauberesse 
en  la  paroisse  de  LaGeyrat,  sans  garanties,  moyennant  que  la  ditte 
dame  donne  el  ccde  au  dit  s'  Nicolas  et  aux  siens  le  droict  de  bant 
de  la  dite  dame  dans  leglise  paroissialle  de  Champsacl,  ensemble 
donne  et  cède  au  dit  s'  et  aux  siens  le  droit  de  chasse  dans  la 
paroisse  de  Champsact  et  estanduë  dicelle  seulement,  et  finallement 
cède  audit  s'  et  aux  siens  le  droict  de  guet  pour  sa  maison  seule- 
ment, iceluy  du  septiesme  may  mille  six  cent  quatre-vingt-seize. 
Signé  a  Toriginal  de  Barmondet,  comtesse  de  Busset;  P.  Nicous, 
acceptant  subsdit;  Jeariot,  présent;  Daproge,  présent,  et  E.  Chaf- 
KAUD,  notaire. 

Et  controllé  p.  n.  au  27  f*,  c.  41  a  Ghasiucts,  le  vingtiesme  may 
1696,  par  Deleron,  commis,  x.  s.  Et  signé  par  coppie  E.  Ghaffaud, 
notaire  de  Chasluct. 

Goppie  de  contract  d'obligation  portant  hyppoteque  faicte  par 
Léonard  Mariglier,  meunier  de  Ste-Marie  de  Vaud,  a  s'  Pierre 
Nicolas,  d'une  terre  et  vigne  appelée  du  Briieil,  contenant  environ 
six  boiselées  et  d'un  bois  chatenier  appelé  du  Reynier,  conte- 


308  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    IllSTORlQt'E   DU  LIMOLSIN. 

nanl  environ  une  seterée,  pour  147  11.,  du  29  janvier  1697,  rcceu 
par  Seigue,  notaire  d'Aixe  ;  ou  il  est  porlé  que  le  dit  Mariglier 
pourat  jouir  des  dits  biens  en  donnant  annuellement  au  dit 
s'  Nicolas  7  II.  7  s.  a  chaque  feste  de  Notre  Dame  de  Mars, 
outre  la  rente  annuelle  de  son  moulin. 

Cession  en  original  faicte  par  Jean  Aymard,  clerc  du  village  de 
Tirenaillas  en  la  paroisse  de  Pagas,  a  Pierre  Nicolas  s'  de  La  Gasne 
de  la  moitié  de  deux  setiers  blé  seigle  mesure  de  Chaslucls,  etc., 
du  26  octobre  1691. 

Conlract  de  mariage  an  original  d'entre  Jacques  Vesy  de  La 
Peytavigne  et  Gaillanne  Gay  fille  de  m»  Pierre  Gày,  prestre,  et  de 
Peyronne  la  mère,  du  26  may  16Si.  Signé  :  Helie,  présent ;Di5coux, 
Baunart,  présent,  et  Buisson,  notaire;  Gay,  contractant;  Dureygeix, 
présent  seulement  sans  me  prejudicier. 

Avec  un  contract  en  original  portant  quittance  en  faveur  du  dit 
m*  Pierre  Gay,  preslre,  de  80  11.  payées  par  les  mains  de  ra^  Jean 
Dureyceix  laine,  notaire,  a  Guillaume  Vesy  et  Mariette  Raffier, 
père  et  mère  dudil  Jacques  Vezy,  du  16  jui[lel  1631.  Signé: 
Dureyceix,  faisant  pour  m"  Pierre  Gay,  prestre,  sans  me  prejudi- 
cier; Peylet,  présent;  et  Buisson,  notaire. 

Reconnoissance  faicte  par  s'  Pierre  liascoux  pour  dam"*  Marie 
Bougiere  a  messire  Jusl  de  Faygellande,  commandeur  de  Puy- 
bonnieux,  sur  le  mas  et  tenement  de  la  Peytavigne,  du  Peyrier,  du 
Sarot  et  pour  la  moitié  de  la  Bessounie,  en  compaignie  des  autres 
contenanliers  de  fromenl  deux  setiers,  esmine  seigle  trois  setiers, 
advoine  neuf  esrainaux,  mesure  de  Chaslucts,  et  trois  gelines  et 
une  geline  pour  la  disme  de  lin  et  chanvre  et  trois  journeaux  de 
rente  fontiere  et  annuelle;  et  aussi  reconnut  sur  le  tenement  de 
Dompniex  et  la  moitié  de  la  Béchounie  audit  s'  commandeur  en 
compaignie  des  autres  contenentiers  qui  ont  faict  si  devant  recon- 
naissance le  29  mars  1681,  reçue  par  J.  Massaloux,  notaire  royal, 
de  renie  aussy  fontiere  et  directe  annuellement,  froment  deux 
setiers,  seigle  quatre  setiers,  advoine  quatre  esminaux,  mesure  d<' 
Chaslucts,  argent  vingt-sept  sols  et  six  deniers  et  trois  gelines  ou 
la  disme  des  fruicts  naissans  et  croisans  desdits  lieux  trois  jour- 
neaux, Tun  a  la  vigne,  l'autre  au  bois,  l'autre  au  pré  du  23  iuin  1681 . 
Signé  par  coppie  :  J.  De  Massaloux,  notaire  royal,  commissaire. 

Contract  entre  Jacques  Reymond  et  autres  tenentiers  de  la  Pey- 
tavigne, et  Louis  Pouliou  et  autres  tenenliers  de  Dompniex  et  de  la 
Béchounie,  portant  que  la  lende  de  la  Peytavigne  se  partagerai  au 


MÉMORIAL   DE  JBaN   NICOLAS.  360 

premier  jour  enlre  eux  par  teste,  suivant  les  parts  et  colites  d'un 
chacun  des  habitants,  en  payant  chacun  la  coltité  de  rente  deue 
pour  raison  de  ladite  lande.  Du  10  juin  1633.  Receu  par  Dureyceix, 
notaire  royal,  et  par  cotation  représentée  par  Dpymery  de  S'*  Ca- 
therine, au  requit  de  s'  Pierre  Nicolas  du  20  mars  1685.  Signé  : 
P.  Nicolas  et  Dureyceix  et  Joubert. 

Coppie  informe  du  litre  en  latin  du  tenement  de  Puyrichenas, 
pourtant  reconnoissente  faicte  par  Maniai  Lorent  Dupuy  en  faveur 
des'  Jean  Vigerie  de  deux  setiers  seigle,  advoine  six  esminaux, 
argent  vingt  sols,  gelines  deux  de  renie,  fontiere  et  directe,  an- 
nuellement, du  14  ianvier  1446,  receu  par  Jean  Helias,  notaire,  et 
par  colation,  signé  :  Guitard. 

Reconnoissance  faicte  par  messire  Jacques  Reymond,  prestre, 
en  compaignie  d'autres  teneuciés  de  la  Peytavigne,  a  très  religieux 
François  Arbert  (ou  Arbaut?),  chevalier,  commandeur  de  Puy 
Bonnieux  de  2  setiers  2  boisseaux  froment,  3  setiers  seigle,  germi- 
naux advoine,  mesure  de  Chasluctz,  45,  argent  trois  couronnes 
trois  gelines  et  une  autre  geline  pour  raison  de  disme  du  lin  et 
chanvre  de  rente  fontiere  et  directe  deûe  annûellemenl  au  dicl 
commendeur  sur  les  lieux  et  tenement  de  la  Peylavigne,  le  Perier, 
le  Sarout,  et  la  moilié  par  indivis  du  mas,  vilage  et  tenement  de 
Bessounie,  du  17  ianvier  1519.  Signé  par  coppie  :  Raffier,  notaire 
de  Champsact. 

Reconnoissance  faicte  par  M*  Pierre  Jude,  prêtre,  et  autres  babi- 
tans  de  la  Peytavigne  el  Dompniex,  ont  reconnu  a  messire  Claude 
de  Bourbon,  seigneur  de  Chaslucts,    de   rante   segonde,  sur  le 

tenement  de  Dompniex,  de et  de  la  Bessounie,  en  la  paroisse 

de  Pagas,  advoine  quatre  esminaux,  mesure  de  Chaslucts,  annuel- 
lement, du  29  octobre  1576.  Signé  par  coppie  :  Barny,  notaire. 

Reconnoissance  faicte  par  M»  Jacques  Raymond  et  Coluy  (?)  Rey- 
mond du  lieu  de  la  Peytavigne  au  seigneur  el  dame  de  Chaslucts 
annuellement  de  rente  segonde  sur  le  tenement  de  la  Peytavigne 
et  ses  appartenances,  seigle  un  setier,  froment  un  setier,  advoine 
six  esminaux,  mesure  de  Chaslucts.  du  11  décembre  1636.  Receue 
par  Louis  Faure  avec  ledit  Boueysaud  et  par  collation  représentée 
par  Madame  la  comtesse  de  Busset  le  15  aoust  1686.  Signé  :  la 
comtesse  de  Busset  et  J.  Massaloux,  notaire  royal. 

Reconnoissance  faicte  par  M'  Pierre  Jude  et  autres  tenantiers 
de  la  Peytavigne  a  messire  Anne  De  Veyrat,  commandeur  de  Puy- 
bonnieux,  a  cause  du  tenement  de  la  Peytavigne  et  dépendances 
pour  2  11.  froment,  3  seigle,  9  esminaux  advoine,  mesure  de  Chas- 
lucts, el  3  gelines  et  1  geline  pour  le  disme  du  lin  et  chanvre  et 
trois  journeaux  de  rente  fontiere  annuellement.  Du  20  mars  1649 


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S70  SOCIÉTÉ  ARCUÊOLOOIQUE   ET   BISTORIUUIk  DU   LIMOUSIN. 

Receue  par  J.  Barbe,  notaire  royal,  avec  M*  Estienne  de  Parsat.  Et 
par  collation  représentée  par  s' Jacques  Raymond  de  la  Peylavigne. 
du  unziesme  décembre  1649.  Signé  :  Bcisson,  Dureyceix,  présent, 
Pierre  Chouly,  notaire,  et  Fardet,  notaire  de  Chaslucts. 

S'en  suivent  les  contracls  que  nous  avons  des  acqnisitions  àei 
biens  de  la  Peytavigne  et  autres  de  la  paroisse  de  Champsact  h 
dépendances. 

En  1663,  Barrière,  notaire  royal  a  Champsac. 

Devilevaleix,  notaire  a  Lageyrat,  1662, 

Achat  de  biens  situés  a  la  Peytavigne  et  a  Dounier,  appartenant 
aux  frères  Jean  et  Pierre  Bugeaud,  582  H.  10  s.  (14  avril  1662i  et 
800  11.  (novembre  1663), 

Chambon,  notaire  a  Champsac,  1673,  1669, 1667, 1672,  1677. 

Pierre  Nicolas  vivait  en  1708, 1709. 

Gontract  du  bois  des  Ames  contenant  deux  seterées  pays,  mesan* 
de  Chaslucts,  donné  a  s' Jean  Nicolas  et  aux  siens  moyenant  vingt 
sols  de  rente  fontiere  et  directe  annuellement  par  M*  Léonard 
Descordes,  prestre,  curé  de  Champsact,  et  Antoine  Buisson, 
m*  cordonnier  du  bourgt  de  Champsact,  sindicq  et  fabricateur  do 
l'église  paroitialle  dudit  Champsact,  a  chaque  jour  et  feste  de  la 
Noël.  Le  dit  contract  du  11  août  1673,  signé  par  coppie:  J,  Nadaud. 
notaire. 

Arpentement  du  tenement  de  la  Loubarie,  de  la  paroisse  de 
Champsact,  du  mois  de  novembre  1665.  Signé  par  coppie  :  Devile- 
valeix, arpenteur  de  Lageyras. 

Contract  d'arenteraent  faict  par  Léonard  Meriglier  dit  Paler,  A 
s' Jean  Nicolas  du  moulin  appelé  de  la  Vergne,  de  seigle  5  setiers 
2  boisseaux,  mesure  d'Aixe,  et  deux  chappons  annuellement  et 
perpétuellement  payables  par  le  dit  Meriglier  et  les  siens  au  dit 
s'  Nicolas  et  aux  siens,  du  25  octobre  1670.  Signé  par  coppie 
Chabaneyx,  notaire,  et  par  collation  sur  l'original  représenté  par 
Estienne  Chabaneix  le  13  aousl  1680,  signé  :  Cvsson  et  Chanpotro, 
notaires  royaux. 

(P.  216).  —  Mémoire  du  linge  que  nous  avons,  ce  ^4*  janvier  1696. 

(Mentionne  quelques  tapisseries  de  Bergame  et  de  Felletin,  six 
tableaux,  le  portrait  de  feu  Jean  Nicolas  «  mon  père  »  ;  une  thèse 
sur  satin  dédiée  à  feu  Messire  François  de  Lafayette,  évoque  de 
Limoges,  un  fusil,  une  carabine,  deux  pistolets,  trois  épëes,  un 
sabre  de  Damas;  trois  cassettes  ou  layettes  fermant  à  clef,  »  une 
desquelles  est  d'escaille  entourée  de  miroirs  par  le  dedans,  ayant  le 
dessus  de  la  serrure  d'or  »). 

P.   NiCOLXS. 


MBMORIAL  DE  JEAN   NICOLAS.  37i 

(P.  243).  MESURES. 

Réduction  des  mesures  du  Limousin  à  celle  de  Limoges  [vers  i690\. 

Rochouard,  Razct,  Benevent,  Ladignat,  Comprenias,  La  Jon- 
liere  et  Ambazat  :  les  trois  setiers  font  quatre  à  Limoges  ; 

Chaslucts  :  les  trois  font  cinq  à  Limoges. 

Aixe,  les  Cards,  Nexon,  Meliat,  Rochefort,  Lastours,  Poulial, 
Lauriere  :  les  quatre  font  cinq  a  Limoges  ; 

La  Souterraine  :  le  setier  faict  deux  à  Limoges; 

L'abbaye  de  Saint-Augustin,  Solompniat,  Juliat  :  les  huict  se- 
tiers font  neuf  à  Limoges; 

Confolens  :  les  sept  setiers  font  treize  à  Limoges;  trois  boisseaux 
advoine  comble  font  deux  esrainaux;  Tesminal  advoine  faict,  me- 
sure de  Limoges,  deux  esminaux  moins  une  conppe;  la  mesure 
sezarée  ou  casure  est  moindre  de  deux  coupes  que  la  ronde. 

Saint-Léonard  :  les  cinq  [seliers]  font  six  à  Limoges,  mesure 
vendant.  L'on  m'a  asseuré  que  la  mesure  chaslelerie  est  une 
couppe  moindre  que  la  vendant;  la  mesure  noillieuse  moindre  sur 
les  cinq  setiers  d'une  couppe  de  celle  vendant; 

Le  bourg  de  Salagnat  :  les  dix  setiers  font  unze  à  Limoges  ; 

Saint-Junien,  Cieux,  Bussière-Beaufils  et  Brelioufat  :  les  deux 
setiers  font  trois  à  Limoges; 

Saial-Yrieix  :  les  neuf  setiers  font  dix  à  Limoges; 

Ségur,  Payzat  et  Chasluzet  :  le  setier  est  comme  [celui  de|  Limo- 
ges; 

SaintPriest-Ligoure,  Pierrebuffîère,  Ghasteauneuf,  Fresinet  :  les 
six  setiers  font  cinq  à  Limoges; 

GhervY,  Esmoutier  :  les  cinq  [setiers]  font  quatre  à  Limoges; 

Saint-Germain,  Libersat,  Saint-lbard,  Bret,  Maignat,  La  Grou- 
silie,  Uzerche,  Maysant,  Salon,  Saint-Jean-Ligoure  :  les  cinq  setiers 
font  quatre  à  Limoges  ; 

Gonniat  :  le  setier  faict  trois  esminaux  une  couppe  demie  à 
Limoges  ; 

Chasteaumorand  :  le  setier  faict  trois  esminaux  deux  couppes  un 
quart  à  Limoges; 

Peyrat  :  le  setier  est  moindre  que  [celui  de]  Limoges  d'un  quart 
couppe.  Est  à  enquérir,  n'ayant  trouvé  ailleurs  que  le  setier  soit 
moindre  d'un  quart  couppe; 

Genis  :  les  douze  setiers  font  dix-sept  à  Limoges  ; 

Annède  :  les  dix  setiers  font  huict  et  esmine  à  Limoges; 

Gombort  :  les  cinq  sestiers  font  trois  à  Limoges; 


372  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LlHOOStN. 

Le  Dongnion  :  le  selier  est  moindre  que  [celui  de]  Limoges  de 
demie  couppe; 

Budière  :  ie  setier  faicl  six  quartes  à  Limoges; 

Saint-Pardoux  et  Chateauponsat  :  [le  selier]  est  plus  grand  quo 
[celui  de]  Limoges  de  six  couppes  et  trois  quarts  couppe. 

Etc.,  etc. 

Nota  que  aux  lieux  où  les  esnfiinaux  d'advoine  sont  combles,  il 
n'y  a  que  deux  esminaux  au  setier,  comme  à  Ladignat,  les  Cards. 
etc.  Et  où  ils  sont  ras,  il  y  en  at  quatre. 

Les  deux  esminaux  d'advoine  combles  en  valent  trois  de  ras. 

Les  deux  quartes  combles  ne  font  qu*un  esminal  comble. 

A  Magnai  faut  huict  quartes  advoine  au  selier. 

A  Chateauponsat  les  deux  setiers  font  trois  et  quatre,  mesure  dt^ 
Limoges. 

Au  prieuré  des  Folles  les  quatre  setiers  font  six  à  Limoges.. 
Au  setier  seigle  il  y  at  huit  boisseaux  et  au  setier  advoine   il  y  at 
seize  boisseaux. 

A  Uzerche  il  n'y  al  que  douze  couppes  au  selier  tant  du  froment 
que  du  seigle,  six  couppes  à  Kesminal  d'advoine  et  trois  couppes  à 
la  quarte.  L'on  met  cinq  esminaux  advoine  pour  faire  le  selier. 

Le  cent  de  fagots  de  rente  vaut  vingt  sols. 

Le  journail  ou  arpent  de  fondalité  vaut  dans  Limoges  et  aux 
environs  dix  sols  et  ailleurs  huit  sols. 

La  poulaille  de  fondalité  vaut  huit  sols. 

Le  chappon  de  fondalité  douze  sols. 

La  paire  poulets  huit  sols. 

La  charettée  fiante  seize  sols. 

La  charettée  raves  quarante  sols. 

Le  journal  à  faucher  dix  sols. 

La  charettée  bois  à  Limoges  trois  livres. 

La  charetée  bois  es  environs  vaut  quarante  sols. 

La  vinade  d'une  charctte  à  quatre  bœufs  pour  chaque  lieu  vaut 
vingt  sols,  et  s'il  y  at  trois  paires  de  bœufs  faut  augmenter  de  dix 
sols  pour  chaque  paire  par  lieu  d'aller  et  autant  à  revenir. 

Le  selier  seigle,  mesure  de  Limoges,  de  réassencc  vaut  quaranlo 
livres. 

Les  cinq  esminaux  petite  advoine  font  le  selier  seigle. 

La  charetée  fagots  vaut  de  rente  un  selier  seigle. 

La  grosse  advoine  vaut  un  tiers  plus  que  la  petite. 

Le  setier  froment  vaut  de  réassence  cinquante  livres. 

La  charettée  de  fusle  de  rente  vaut  de  réacence  soixante  livre?. 

Le  setier  seigle  de  disme  inféodée  vaut  quarante  livres. 

Les  trois  esminaux  petite  advoine  valent  deux  de  grosse. 


UÊMOKIAL   DR   JKAN   NICOLAS.  373 

Le  moulon  de  renie  vaut  ordinairement  trois  livres: 

Le  chevreil  vaut  vingt  sols. 

Le  couchon  de  laict  vaut  seize  sols. 

La  vinade  d'une  paire  de  bœufs  est  réglée  à  quatre  livres. 

La  taille  sur  quatre  quard  fsicj  est  réglée  pour  chaque  quard  \ 
trois  livres. 

Le  denier  d'or  est  réglé  à  trois  livres. 

La  mesure  cézarée  vaut  deux  couppes  moins  qu'à  Limoges. 

Cinq  esminaux  châtaignes  vertes  valent  un  setier  seigle. 

L'esminal  comble  vaut  un  tiers  plus  que  le  ras. 

Le  journail  pré  lient  quatorze  couppes,  mesure  de  Razès  et  Ro- 
choir,  et  à  Limoges  en  faut  dix-huit. 

La  géline  de  rente  vaut  de  réacence  huit  livres  dix  sols, 

Despuis  1 600  jusques  à  1635, 

Le  cy-après  serai  estimé  et  mis  à  prix  par  les  auditeurs  des  con 
les  en  cas  de  besoin  : 

Le  cent  de  fagots  [vaut]  cinq  sols. 

Le  journail  de  fondalité  à  la  campagne  cinq  sols;  à  Limoges  et 
aux  environs  six  sols. 

La  poule  six  sols. 

Le  chappon  dix  sols. 

La  paire  poulets  six  sols. 

La  charetlée  feumier  à  la  campaigne  douze  sols  et  à  la  ville  et 
auprès  quinze  sols. 

La  charetlée  raves  vingt-six  sols. 

Le  journail  à  faucher  huict  sols. 

La  chareltée  gros  bois  à  la  campaigne  quarante  sols  el  à  Limo- 
ges ou  es  environs  trois  livres. 

Ld  réassence  de  la  chareltée  bois  de  rente  quarante  livres. 

La  réassence  d'un  setier  seigb  quarante  livres. 

La  réassence  d'un  setier  froment  cinquante  livres. 

La  réassence  de  la  chareltée  de  fuste  cinquante  livres. 

La  chareltée  de  fuslc  de  renie  vaut  trois  livres  dix  sols;  dedisme 
inféodée  irenle-cinq  cinq  livres. 

Le  mouton  de  rente  vaut  quarante  sols. 

Le  chevreil  vaut  douze  sols. 

Le  couchon  de  lait  douze  sols. 

Les  tuteurs  rendant  compte  aux  mineurs,  ils  ont  six  mois  pour 
employer  l'argent  ou  affermer  les  biens,  après  la  nomination  faicto 
pour  la  présente  année,  sans  qu'ils  doivent  d'inlerels;  comme 
auss)  loutes  les  années  suivanles  l'on  les  fait  débiteurs  des  intérêts 


374  SOCIÉTi   ARCHROLOGIQITR   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

a  rordonnancê  a  15 deniers  pour  livre;  mais  Ton  ne  conle  Tinteresl 
que  pour  dix  mois  chaque  année.  Comme  aussy  lorsque  les  mi- 
neurs se  trouvent  devoir  quelque  chose  aux  tuteurs,  Ton  conte  les 
intérêts  aux  dits  tuteurs  a  raison  du  denier  vingt;  mais  aussy  Ton 
ne  déduit  aucun  mois,  mais  Tannée  toute  entière,  si  elle  y  est. 

Les  taxes  des  procédures  et  pour  la  grâce  est  fsicj  a  deux  sols 
parfeuillel;  et  est  taxé  pour  chaque  feuillet  du  conle  en  grand 
papier  huict  sols,  les  présentations  a  l'ordinaire  hoict  sols. 

Et  despuis  1635  jusques  a  présent,  pour  toutes  les  années  au- 
dessus  de  1635,  Ton  mel  : 

Le  cent  de  fagots,  trente-cinq  sols. 

I^  journail  de  fondalité  a  la  campagne  sept  sols,  a  Limoges  ou 
es  environs  huict  sols,  etc. 

Faict  au  Conseil  privé  du  roy,  tenu  à  Saint-Germain-en-Lave,  le 
ÎO  octobre  1671.  Collationné.  Signé  :  Pecquat. 


(P.    40.)  ITlNÉRAniK. 

Rotite  quon  doit  tenir  pour  aller  de  Champsact  à    Bourdeaur. 

Premièrement,  de  Champsact  faut  aller  à  Latarie  ;  il  y  a  environ 
une  lieue  et  demie.  De  Latarie  à  La  Maison-Rouge  ;  il  y  a  environ 
demye-lieue.  De  La  Maison-Rouge  aux  Farges  ;  il  y  a  environ  deux 
lieux.  Des  Farges  àSt-Pardoux  ;  il  y  a  environ  deux  lieux;  disner 
à  St-Pardoux.  De  Sl-Pardoux  à  Sieux  ;  il  y  a  environ  une  lieue. 
De  Sieux  à  Ponlarnaud;  il  y  a  environ  deux  lieues;  coucher  à 

Pontarnaud.   De  Pontarnaud   aux  Potences Des  Potences  à 

Cercles....  De  Cercles  à  La  Longue De  La  Longue  à  Lanbo- 

die....  De  Lanbodie  au  Cbasiard.  Disner  au  Chaslard.  Du  Chasiard 

fi  St-Privat De  St- Privât  au  pont  delà  Risoune Coucher 

au  pont  de  la  Risoune.    Du   pont  de  la  Risoune  à  Peyra^le- 

Nègre.  De  Peyra-le- Nègre  au  Chalaure.  Du  Ghalaure  àJCoutras 

Disner  à  Coutras.  De  Coutras  à  La  Frappe.  De  La  Frappe  à  Li- 
bourne Coucher  à  Libourne. 

Si  vous  voulez  laisser  votre  cheval  à  Libourne  vous  pouvez  aller 
par  eau  moyennant  2  sols  ou  4  sols  pour  le  plus,  de  Libourne  à 
Caverne,  qui  est  quatre  lieues  que  vous  fairez  par  eau.  Et  quand 
vous  serez  arrivé  à  Caverne,  vous  sortirez  de  dessus  Teau  et  tous 
en  yrez  à  pied,  ou  si  vous  voulez  prendre  un  cheval  de  louage, 
vous  le  trouverez  moyennant  environ  5  soIspooraUer  de  Caverne 


MÉMORIAL   DE  JBAN   NICOLAS.  975 

à  Larmond.  De  Caverne  il  faut  aller  au  Carboablaac  ;  il  y  a  eaTi- 
roa  demie-lieue.  Du  Garbonblanc  à  Larmond  il  y  a  environ  demie- 
lieue.  De  Larmond  vous  irez  par  eau  jusques  à  Bourdeau,  qui  est 
environ  une  lieue,  moyennant  un  sol. 

Si  vous  voulez  emmener  voire  cheval  à  Bourdeau  ou  à  La  Bas- 
lide,  vous  faudra  aller  de  Libourne  environ  quatre  lieues  par  terre, 
el  vous  traverserez  Teau  deux  fois.  Vous  pouvez  laisser  votre 
cheval  à  La  Bastide  pour  moyennant  environ  2  sols  6  deniers  par 
jour  à  rherbe,  et  au  foin  pour  moyennant  environ  6  sols  par  jour. 
Et  si  vous  le  voulez  passer  à  Bourdeaux  il  vous  coulera  environ 
6  sols  ou  7  sols  tout  au  plus  par  jour  au  foin,  le  tout  sans  y  com- 
prendre Tadvoine.  Aussy  bien  qu'à  Libourne,  si  vous  le  y  laissez, 
coûtera  environ  6  sols  ou  7  sols  par  jour  au  foin  seulement. 

Vous  pouvez  aller  loger  chez  le  sieur  Averard,  m*  cartier,  dans 
la  rue  de  St-Remy,  faisant  le  coin  de  la  rue  Courbein,  à  Bourdeau, 
raoyenent  15  sols  par  jour  pour  votre  bou<îhe  seulement  et  pour 
couchée.  Mais  vous  ne  fairez  que  deux  repas,  disner  et  souper. 
Que  si  vous  voulez  boire  ou  menger  hors  des  dits  deux  repas, 
il  faudra  payer  ce  que  vous  prendrez. 

Le  s'  Hugues,  cabaretier,  demeurant  proche  de  la  rue  Ste-Gou- 
lombe  f8ic)y  aussy  bien  qu'un  m*  tailleur  demeurant  dans  la  mesme 
rue  de  Sle-Colpmbe,  logent  un  homme  à  pied  moyenent  3  sols  par 
couchée,  et  l'on  se  norrit  à  ses  piesses  comme  Ton  veut.  Et  vous 
font  cuire  moyenent  les  dits  2  sols  par  jour  ce  que  vous  voulez 
manger. 

Le  s^  Casternaud,  courrier  de  Limoges  à  Bourdeaux,  loge  au  dit 
Bounleaux,  chez  m"  Baptiste,  à  la  Maie  royale,  dans  la  rue  du 
Bashutier. 

Nota  que  M'  Puylauzy,  procureur  au  Parlement  de  Bourdeaux, 
demeurant  rue  neufve,  est. un  bon  procureur. 


(P.   o7).  BIBLIOTHÈQUE. 

Cathalogue  de  mes  livres. 
Dictionnaire  Gandin  (1),  francois  et  latin. 

(1)  Jean  Gaudin,  jésuite  du  collège  de  Tulle  et  plus  tard,  croyons-nous, 
du  collège  de  Limoges,  fit  cession  en  <675  à  Antoine  de  Lagarde,  marchand 
libraire  de  Tulle,  du  privilège  de  faire  imprimer,  vendre  et  débiter  un 
livre  intitulé  :  Trésor  de  trois  langues  française^  latine  et  grecque 
(Voy.  Vlnoent.  des  Arch,  dép.  delà  CorrèMe,  E,  765).  C'est  sans  doute  ce 


376  SOCIÉTÉ  ARCBKOLOGIttUE  ET   HISTORIQIF   DU    LIMOUSIN. 

Regia  Parnassi  surnommé  Gradus  francois  et  latin. 

Fons  aureuseleganliopis,  selectioris  aucliorisque  lalinilalis. 

Flores  lalinae  locutionis. 

Un  ancien  Dispautère  fsicj  (1),  avec  des  ansiens  rudimans  qm  y 
sont  jointes. 

Un  autre  Dispautère  (2). 

Un  troisième  Dispautère. 

Deux  grammaires. 

De  ralipne  conscribendi  epistolas,  nommé  Vellius  en  latin. 

Philosophia  divi  Thomae  quatuor  tomis  comprehensa,  scilicel 
logica,  phisica,  methaphisica  et  moralis,  en  latin. 

Lucii  Annaei  Senecae  epitome  rerum  romanarum,  en  latin. 

Herodiani  historiaB  de  imperio  posl  Marcum  vel  de  suis  tempori- 
bus  et  compendium  ejusdem  manuscriplum. 

Méthode  curieuse  (3). 

Autre  méthode  curieuse. 

Flos  latinitatis  (4),  nommé  Pomariolon. 

Oraliones  ex  Tito  Livio  colleclae. 

Ma  Rhétorique  écrite  en  main,  traduite  par  le  R.  P.  Obusson, 
latine. 


même  ouvrage  qui  panil  à  Limoges  choz  Barbou,  en  *676,  iii-4*>,  sous  ce 
litre  :  Nooum  dictionarium  sioe  Thésaurus  oocum  et  locutiomim  latina- 
rum  quitus  gaUicœ  et  grœcœ  parUer  respondunt.  Nouvelle  édition,  Tulle, 
1680,  sous  ce  tilre.  Thésaurus  t  nu  m  iwiflruaru.Ti,  et  Limoges,  Barbou  »  1730, 
sous  cet  autre  litre,  Trésor  des  langues  française  et  latine.  —  11  esl  aussi 
l'auteur  d'un  abrégé  de  la  grammaire  de  Despaulère,  abrégé  que  nous  ne 
connaissons  que  par  l'édition  suivante  :  Despaulère  abrégé  par  le  R.  P. 
Gaudin,  de  la  Comp,  de  Jésus,  Accru  nouoellemerU  par  un  père  de  la 
même  compagnie.  —  Limoges,  Barbou,  HSi.  {Biblioth.  des  écrioaùis  de 
la  Compagnie  de  Jésus) . 

(I)  Lk Grammaire  latine  du  Brabançon  Jean  Despaulère  parul  en  «515. 
Elle  a  élé  en  usage  en  France  pendant  tout  le  xvn*  siècle. 

ifi)  Peut-être  l'ouvrage  suivant  :  Joannis  Despauteri  grammatica  emen- 
data  R,  P.  Francisco  Creuxio^  societatis  Jesu  sacerdote,  ad  usum  colle- 
giorum  ejusdem  societatis  edliip  teriia  plenior,  Limoges,  Barbou,  4673. 

(3)  Sans  doute  l'ouvrage  suivant  :  Méthode  curieuse  pour  acheminer  à  la 
langue  latine  par  V observation  delafrancoise,  parJ.  Bretonnau.  — Limoges, 
J.  Calhue,  lG5:i,  in-32  (Bibliographie  limousine  ms.  de  M  P.  Duconrlieuxl. 

(i)  Flos  latinitatis  ex  auctorum  linguce  la'inœ  principum  monumentis 
excerptus  auctore  P.  F[rançois]  P[omery],  Soc.  Jesu,  Limoges,  Barbou, 
1699.  La  première  édition,  à  une  date  qui  n'a  pas  encore  élé  retrouvée, 
avait  pour  tiire  :  Pomariolum  latinitatis. 


MÉMORIAL   DE  JEAN   NiCOLAâ.  377 

Candilatus  rhetoricae  (1). 

Alius  candidatus  rhetoricae  (2). 

Quanlitas  pro  carminibus. 

Elegantiae  Aldi  Manutii  (3). 

Carraina  de  urinarum  judiciis  édita  a  magistro  Egidio. 

Paratilla  seu  annotationes  ad  juris  ulriusque  tilulos. 

Antonii  Mizaldi  roedica  arlifîcia  comparandorum  horlensium 
frucluum  oleoram. 

Le  blason  des  couleurs  en  armes,  livrées  et  devises. 

Livre  où  sont  contenues  les  diverses  formes  de  l'or  et  de  l'argent 
monoyé.  . 

L'histoire  du  martire  de  sainct  Rustique  (4). 

Heures  en  francois  et  en  latin. 

Les  Espitres  morales  en  francois  du  sieur  Vostaing  de  Luzy, 
avec  un  meslange  des  poésie. 

L'Octavius  de  Minucius  Félix  en  francois. 

Chansons  chresliennes  et  spirituelles,  en  francois. 

Consolation  de  la  philosophie  traduite  de  latin  en  francois  par 
le  R.  P.  de  Ceriziers,  de  la  Compagnie  de  Jésus. 

Le  Jour  dévot. 

Petit  catéchisme  catholique  en  francois  et  en  latin,  qui  se  voit 
en  troisième. 

Petit  catéchisme  ou  Doctrine  chreslienne  en  francois. 

Les  quatre  fins  de  l'homme. 

Des  Rudimens  latins. 

Autres  Rudimens  grecs. 

M.  T.  Ciceronis  epistolarum  familiarium  liber  10. 

M.  T.  Ciceronis  epistolarum  ad  familiares  liber  I. 

P.  Ovidii  Nasonis  de  Tristibus. 

P.  }ff  Maronis  Bucolica. 

Autre  livre  de  thèmes,  de  Ciceron  et  de  vers  escris  en  main. 

i\)  Peut-être  Touvrage  suivant:  Candidatus  rhetorlcœ  a  P.  Jo^epho 
Juoencio  auctua,  emendatus  et  perpoUtus,  ad  usum  regll  Ludocicl 
Magni  collegll  societatis  Jesu,  dont  on  connaît  une  édition  à  Paris, 
chez  Jean  Barbou,  1714,  in-12. 

il)  Noou8  candidatus  rethoricœ,  par  P.  François  Pomery.  — Limoges, 
Barbou,  1099,  in-U. 

{^)  Elegantiœ  Aldi  Manutii  auctœ^  gallicœ  factœ,...  par  Jacques  Gaultier, 
S.  J.  —  Limoges,  Barbou,  1653,  in-<8. 

(4)  Il  y  a  un  chapitre  sous  ce  titre  dans  V Histoire  sacrée  de  la  oie  des 
Saints  du  Limousin^  par  Jean  Gollin  (1672,  p.  319).  Ce  chapitre  avail^ 
il  été  imprimé  à  part  dès  1666,  à  l'occasion  de  la  translation  des  reliques 
de  saint  Rustique?  C'est  ce  que  nous  ne  saurions  dire. 

T.  xxxvui.  55 


378  SOCIETE   ARCHÉOLOGIQUE   ET   niSTORlQGE  DU  UBIOUSIN. 

Autre  livre  de  thèmes  en  troisième. 

M.  T.  Ciceroûis  de  Natura  deorum. 

M.  T,  Ciceronis  pro  rege  Dejotaro. 

Alius  liber  themalis  quo  in  tertio  ordine  et  in  humanisla  usas 
sum. 

Alius  liber  themalis  in  rhetorica. 

M.  T.  Ciceronis  Paradoxa. 

M.  T.  Ciceronis  pro  lege  Manilia. 

M.  T.  Ciceronis  pro  Q.  Ligario. 

Les  hommes  illustres  de  l'ancienne  Rorame  par  Sextus  Aurelias 
Victor,  francois  et  latin. 

Valerius  Cortus  (?),  Aromatiques  confections. 

Brieve  arithmétique  pour  faciliter  à  comprendre  et  nécessaire  à 
ous  ceux  qui  font  trafic  de  marchandise  et  autres  pour  conter, et 
sommer. 
Prières  pour  ganier  le  jubilé. 

Quelques  cayés  de  papier  cscrits  de  travers. 

Lîs  OEuvres  de  Virgile  Maron,  prince  des  poètes  latins,  ira- 
duicles  de  latin  en  francois;  les  Bucoliques  et  Georgiques  par 
Cl.  M.  R.  Leblans;  les  douze  livres  de  l'Enéide  par  Louys  des 
Masures,  avec  un  trczième  livre  adjouté  par  Maphaeus  ;  ensemble 
les  Epigrammes  de  Virgile  nouvellement  traduits  par  P.  D.  Mou- 
chault. 

Novum  lestamentum  vulgatae  editionis. 

Le  Petit  missionnaire. 

La  devoction  de  la  couronne  de  l'esclavage  à  l'honneur  de  la 
très  saincte  Vierge  Marie. 

Arithmétique  et  arpentage  de  Jean-Abraham  dit  Launais. 

Le  Basliment  des  receptes,  autrement  le  Plesant  jardin,  escrit 
en  main. 

Les  Œuvres  de  Bruscambille  (1). 

L'esprict  de  cour  ou  les  Conversations  galantes  (2)  divisées  en 
courts  dialogues,  dédiées  au  roy,  par  René  Bary,  conseiller  et  his- 
toriograplie  de  Sa  Majesté.  A  Paris,  chez  Charles  de  Gercy(?j, 
au  Palais,  dans  la  salle  dauphine,  à  la  Bonrie  foy  couronnée, 
MDC.  LXll  (3). 

(I)  Dcslaurinrs  dil  Bruscambille,  comédien  de  THôtel  de  Bourgogne, 
qui  publia  en  1619  des  Fantaisies  ou  recueil  de  facéties  très  souvent 
réimprimées  au  xvn*  siècle. 

(t)  La  première  édition  de  ces  Conoersations  est  de  1633,  2  vol.  in-4®. 

(3)  «  Ne  lises  aucun  livre  de  ccux-cy  ».  Indication  qui  s'applique  aux 
trois  derniers  ouvrages  que  Nicolas  a  entourés  d'un  cercle. 


IIÉMORIAL  DE   JEAN   NICOLAS.  379 

Les  Secrets  de  R.  S.  Alexis  Plemonlois.  Livres  des  secrets  et 
receptes  de  divers  aulheurs. 

(P.   89).  SCHOLASTICA. 

Les  noms  des  regens  que  je  ay  heu  dans  mes  classes  : 
En  5-,  4-  et  3*  le  R.  P.  Moysez. 
En  seconde'^e  R.  P.  Pinot. 
En  rhelhorique  le  R.  P.  Obusson. 
En  philosophie  aux  Jacobins  le  R.  P.  Maisonneufve.] 
Les  P.  P.  prefaicts  des  classes  du  temps  que  j'étudiois  aux 
Jésuites  :  R.  P.  Garry,  R.  P.  Lemaye,  R.  P.  Pinot. 

P,  Nicolas. 

(P.  86).  —  Le  nom  des  docteurs  soubs  qui  j'ay  estudié  en  droit  à 
Poytiers. 

Premièrement  Jean  Leroy  qui  enseignoit  le  malin,  et  segonde- 
ment  Alexandre  Straquant  qui  enseignoit  le  soir 
(P.  144).  —  Ego  Petrus  Nicolas  diocaesis  Lemovicensis  incaepislu- 
dere  utrique  juri  et  excepi  lectionos  dominorum  Joannnis  Leroy  et 

Alexandri  Straquant  die decembris  anno  Domini  1681. 

P.  Nicolas. 

(P.  42).  —  Augustissimae  caelorum  reginae  virgini  Mariae  orato- 
rum  parenti  facondissiraae  suas  de  rhetorica  institutiones  in  aeter- 
num  observantiae  monumentum  afferunt  rhetores  Lemovicenses. 
Rhetorica  a  reverendissimo  pâtre  Obusson  tradita  anno  1670. 

(Suivent  quatre  pages  d'extraits  de  cette  rhétorique). 

(P.lSo).-—  CELEBRIORUM  PUILOSOPHIAE  QUESTIONUM  CY^NOPSIS  ANARITICA  (sic) 

(Suivent  huit  pages  de  questions  philosophiques  avec  les  répon- 
ses et  les  objections  :  Utrum  logica  sit  scientia?  Utrum  logica  sit 
scientia  speculaliva?  etc.). 

POETICA. 

(P.  46).  Du  lever  du  soleil  à  la  nuii  sombre 

Louez  celui  qui  règle  l'ombre. 

(P.  89).  Je  vous  parle  sans  cesse  ei  vous  vois  en  tous  lieux, 

Car  toujours  mon  amour  Eaict  faire  à  ma  pensée 
L'office  de  ma  langue  et  celui  de  mes  yeux. 


380  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

(P.   126).         Eferoité  de  vie,  élerniié  de  mon, 

Chalimens  éternels,  éternelles  délices. 

Rien  n*en  peut  dispenser,  il  faut  choisir  un  son  : 

Ou  voler  à  la  gloire  ou  marcher  aux  supplices. 

{Polyeuete} 
Hodie  mihi,  cras  tibi. 

(P.  127).        0  longue  éternité,  qu*on  pense  rarement 

Ce  que  nous  devons  estre,  estant  ce  que  nous  sommes. 

On  feroit  son  salut  bien  plus  asseurement 

Si  Ton  examinoit  que  deviendront  les  hommes. 

(P.  41).  Beaux  yeux  qui  faictes  vivre  ei  mourir  tout  ensemble 

Et  qui  de  tous  humains  estes  les  vrais  vainqueurs, 
Vousn'estes  pas  des  yeux,  vous  estes  dieux  des  cœurs 
Qui  donnez  vie  et  mon,  comme  bon  il  vous  semble. 
Donc,  ces  traits  acérez,  ces  fleiches  et  ces  dards 
Sont  des  rayons  divins  et  non  pas  des  regards, 
Car  ils  percent  nos  cœurs  et  puis  dedans  nos  âmes 
Font  germer  en  tous  temps  des  amoureuses  flammes. 


(P.  50).  —  Margré  la  jalouzie 

De  tous  mes  ennemis 
J'iray  à  Sainte-Marie 
Et  verray  ma  Filis. 
Flon,  flon,  la  lire  dondaine, 
Flon,  flon,  la  lire  don  don. 

—  D'où  vient  que  tout  m'enchanic 
Âujourd'huy  dans  ce  lieu  ? 
Marion  la  plesante, 

C*est  de  voir  vos  beaux  yeux. 
Flon,  flon,  etc. 

—  Je  vous  chéris,  Marie, 
Certes  uniquement. 

N'en  doutez  point,  m'amie. 
Tout  en  vous  est  charmant. 
Flon,  flon,  etc. 

—  Quoy  q»ie  l'on  puisse  dire. 
Je  seray  toujours  tel . 

Celte  aymable  Marie 
Possédera  mon  cœur  (1). 
Flon,  flon,  mariez-vous,  fille. 
Flon,  flon,  maries^vous  donc. 

(1)  La  rime  est  abandonnéâi 


MÉMORIAL   DE  JEAN   MCOLAS.  38i 


Belle  Iris,  vous  avez  deux  pommes 
Que  je  baizerois  tendrement, 
Loin  de  les  mordre  goulûment 
Comme  Bt  le  premier  des  hommes. 
Heureux  qui  peut  monter  sans  bruit 
Sur  Tarbre  qui. porte  ce  fruit. 

Epitaphe  sur  un  sepulchre. 

J'estois  dans  ce  bas  monde  le  plus  infortuné 
De  tous  ceux  que  le  ciel  a  jamais  gouverné. 
Dieu  veuille  que  je  sois  bientost  en  Paradis. 
Frères,  pour  cet  effaict,  dites  De  profundis. 

Ne  Usés  rien  de  sela. 

Buvons,  mes  chers  confraires  : 
Nqus  ne  scaurions  mieux  faire. 
La  bouteille  est  toujours 
L*object  de  nos  amours. 
Buvons,  buvons,  buvons  la  toute 
Et  voyons  en  la  fin. 
En  laisser  une  goutte 
Cesi  mépriser  1*  bon  vin. 


Que  me  diront  meis  parenlibua?(1). 

Ils  me  battront  virgis  et  fustibus, 
Me  conduisant  coram  hominibus. 
Petites  filles  quae  juvenes  estis, 
Prenés  vous  garde  ab  scholasticis. 
Ils  vous  feront  adolescentulum 
Comme  ils  m*ontfaict  in  uterum  meum. 


(P.  51).  Allons  dessus  Terbette 

Conter  nostre  amourette. 
Ces  gazons  de  verdure 
Sont  des  lieux  bien  charmans. 


(1)  Il  faudrait  évidenament  le  noaÙDatif.  Maki  la  rime  a  de  teliet  exigence».  —  Le  ytm  sut 
Tant,  indiqué  par  des  points,  nous  a  paru  inintelUgible. 


383  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 


(P.  54).         Il  faut  laisseï  cet  asne  braire, 
Tempester,  bondir  et  suer. 
Un  baudet  qu'on  met  en  colère, 
Ne  peut  moins  faire  que  ruer. 


Chers  amis,  allons  à  Tarmée 
Puisque  l'on  voit  tant  de  galans 
Qui  s'y  font  voir  toute  Tannée 
Si  généreux  et  si  vaillans, 
Bourbon  est  uostre  capitaine. 
Il  le  faut  donc  bien  imiter. 
De  son  bras  la  valeur  extrême . 
Suffira  à  nous  y  exciter. 

(P.  Î22).  Chanson. 

Ha!  qu*on  m'apporte  du  vin  I 
Buvons,  cher  voisin, 
A  la  charmante  catin 
Et  disons  luy  une  chanson 
Qui  lui  puisse  toucher  le  son  (1) 
Petit  cœur  gauche  (2). 
Mais  peut  estre  qu'après  cela 
Elle  voudra  fairejla  la  la 
La  desbauche. 

Chanson, 

D'où  me  provient  la  rude  destinée 
Qui  me  conduit  à  cette  triste  mort? 
Que  ne  m'a-t-on  fait  mourir  à  l'armée 
Pour  m'empôcher  d'ofifenser  ma  lignée? 
0  sort  que  tu  me  fais  de  tort  ? 

Où  est  le  temps  que  parmy  la  milice 
L'on  m'appcloit  le  généreux  Taxin? 
Hélas  !  après  dix-huit  ans  de  service 
L'exécuteur  de  la  haute-justice 
Soudain  m'a  deslruit  de  sa  main. 

Après  avoir  vescu  toute  ma  vie 

Dans  les  hasards  en  servant  noslre  roy, 

(1  et  2)  C«i  deux  rers  nous  paraissent  inintelligibles  à  moinx  d'admettre  que  l*i  ton  est  poor 
le  sien* 


UÊMORIAL  DB  JEAN   NICOLAS.  383 

Un  Limougeau,  pour  une  lyrannie, 
Veut  de  mon  corps  que  Tame  soil  ravie 
Sans  foy  ni  sans  suivre  la  loy. 

J*ay  6vilé  le  damas  et  la  balle, 
J'ay  évité  la  gueule  du  canon, 
J'ay  combattu  pour  la  palme  royalle. 
Point  d'occasion  qui  me  fusse  fatalle 
Non,  non,  car  je  servois  Bourbon. 

Si  Ton  n'eut  pas  avancé  mon  supplice, 
Le  retardant  seulement  de  trois  jours, 
J'aurois  bien  peut  éviter  la  malice 
D'un  l.imougeau 

lO- 

Je  o'ay  pas  craint  la  perte  de  ma  vie, 
Car  je  Pavois  bien  souvent  exposée 
A  un  million  de  périls  et  dangers. 
Mon  plus  grand  mal  ce  fut  Tignominie 
Non,  non,  ce  n'est  point  la  douleur. 


(P.  45).  MODÈLES  DE   LETTRES. 

Mademoiselle,  il  faut  enfin  que  je  vous  dise,  mais  plus  de  cœur 
que  de  bouche,  que  de  toutes  les  personnes  du  monde  vous  estes 
la  seuUe  que  j'aime  uniquement. 

Monsieur  le....  quand  je  vous  dirois  que  vous  estes  l'unique 
objet  de  mes  respects  et  de  mes  affections,  je  ne  vous  représente- 
rois  encore  qu'une  partie  de  Testime 

(P.  88).  —  Je  m'estois  proposé  de  vous  escrire,  Mademoiselle, 
aussi  test  que  je  scrois  arrivé  à  Limoges.  Mais  ayant  considéré  et 
pensé  sérieusement  à  vos  mérites,  les  ayant  contemplez  à  mesme 
temps  avec  les  yeux  de  Tesprit,  je  ne  mis  en  exécution  le  dessein 
que  j'avois  formé 

(P.  132).  —  Mademoiselle,  je  vous  demande  par  icelle  un  million 
d'excuses  si  je  ay  tant  tardé  a  bavoir  l'honneur  de  vous  voir  et 

mesmes  de  vous  escrire Faict  à  Ijmoges  ce  1  juillet  1679. 

Mademoiselle,  vous  escuserés,  si  vous  plaict,  l'audace  ou  plu- 
tost  l'impudence  que  je  ay  heu  de  vouloir,  nonnostant  toute  mon 
ignorance,  despaindre  la  moindre  partie  des  mérites  deus  à  vos 
belles  qualités.  Il  me  semble  néanmoins  que  la  nature  sera  mon 

(1)  Fin  de  strophe  inintelligible. 


98  i  SOCIÉTÉ  ARCHéOLOGlQUE  £T  BISTOaiQUEDU  LIMOUSIN. 

deffenseur  pour  vous  contraindre,  pour  ainsi  dire,  à  pardonner  à 

mon  fsicj  stupidité Je  vous  prie  très  humblement  saluer 

de  ma  part  Madame  de  Maraval  et  la  seur  du  sieur  Laplasse.  Mon- 
sieur N.  vous  faict  ses  baize-mains. 

(P.  140).  —  Monsieur,  je  vous  suis  acquis  par  tant  de  façons  que 
la  seule  attente  des  occasions  de  vous  le  témoigner  faict  toutes 
mes  inquiétudes. 

(P.  141).  —  Lettres  pour  se  plaindre  d'un  long  silence. 
(Suivent  six  formes  de  lettres  sur  ce  thème). 

(P.  142).  —  Response  aux  lettres  qui  se  plaignent  du  silence. 
fidetnj. 

Lettres  de  remerciement. 

fideinj. 

Response  aux  lettres  de  remerciement. 

fidemj. 

(P.  144).  —  Lettres  de  prières. 
fidemj. 

(P.  145).  —  Réponse  aux  lettres  de  prières. 

fIdemJ. 

(P.  146).  —  Lettres  de  congratulation  à  un  amy  touchant  un 
bonheur  qui  luy  est  arrivé. 

fIdemJ, 

Lettre  à  un  seigneur  pour  se  justiflîer  d'un  faux  rapport  qu'on 
luy  auroit  faict  à  nostre  desavantage. 

fIdemJ, 

(P.  147).  —  Lettres  de  présentation  de  service. 
fIdemJ, 

Lettre  pour  demander  réponse. 
fIdemJ, 

(P.  148).  —  Lettres  sur  l'absence. 
fIdemJ. 

Lettres  de  protestation  d'amour  et  de  fidélité. 
fldemJ, 

(P.  149).  —  Lettre  de  plainte  sur  un  mespris. 
fIdemJ. 

Lettres  pour  se  plaindre  d'une  inconstance. 
fIdemJ. 

Lettre  pour  demander  \e  portrait  d'une  maîtresse. 
fIdemJ, 


MÉMORIAL   DE  JBAN   NICOLAS.  385 

(P.  150).  —  Lettre  pour  tesmoigner  à  un  amy  le  plaisir  qu'on  a  d« 
le  servir. 
fidemj, 

(P.  ISl).  —  Lettre  de  conjouissance  à  un  nouveau  marié. 
fldemj. 

(P.  184).  —  Lettres  particulières  de  recognoissance  d'une  faveur 
signalée  à  un  seigneur. 

fidemj. 

Lettre  à  un  amy  malade. 

fldemJ. 

(P.  156).  —  Lettre  de  consolation  d'un  mary  à  sa  femme  sur  la 
mort  de  leur  fils. 
(Idem). 

(P.  157).  —  Lettre  pour  demander  pardon  d'une  faute  commise. 
(Idem), 

(P.  158).  —  Lettres  de  reproche  à  un  amy  sur  sa  froideur. 
(Idem). 

(P.  165).  —  Lettres  de  congratulation  à  un  amy  touchant  un  bon- 
heur qui  luy  seroit  arrive. 

(Idem). 

(P.  167).  —  Pour  conjurer  son  altesse  de  donner  grâce  a  quelque 
criminel. 
Etc.,  etc. 

JEUX  d'esprit. 

(P.  85.)  —  Pour  attrapper  quelcun,  faut  luy  dire  ;  dites  moy. 
Monsieur,  vous  qui  vous  piquez  de  scavoir  si  bien  palier  {sic) 
francois,  lequel  de  ces  trois  molz  est  mieux  dit  en  francois  :  Bou- 
ter, ficher  ou  mettre?  Et  s'il  vous  répond  vous  scavez  bien  que. . . 
vous  lui  direz  de  mettre. 

Que  reste-lil  à  une  personne  qui  a  rendu  corps  et  ame?  Il  luy 
reste  un  corps  et  une  âme,  si  c'est  une  femme  qui  se  soit  accouché»^ 
d'un  enfant  vif,  laquelle  a  rendu  corps  et  ame,  c'est-à-dire  le  corps 
et  l'âme  de  cet  enfant  qu'elle  avoit  dans  son  ventre.  Mais  elle  n'a 
pas  pour  cela  rendu  son  propre  corps  et  sa  propre  ame. 

Qui  de  10  en  oste  1,  combien  reste-l-il?  9.  —  Qui  de  9  oste  1, 
reste  8.  —  Mais  qui  de  2  oste  1  reste  2.  Et  pourquoy?  Parce  que 
(|uand  le  mary  a  couché  avec  sa  femme,  aprez  qu'il  se  lève  du  lict 
et  qu'il  y  laisse  sa  femme,  il  y  en  reste  deux,  à  scavoir  sa  femme  et 
l'enfant  qu'il  luy  a  fait  dans  son  ventre. 


38<>  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

(P.  87).  —  Pour  faire  danser  une  personne  en  chemise  dans  la 
charttbre  faut  donner  le  mot  du  guet  à  une  perconne  et  luy  dire  : 
«  Je  vous  donneray  une  piesse  d'argent  et  venez  dans  une  telle 
chambre  ».  Et  dès  lors  que  vous  y  serez  entré,  quittez  vos  abiis  et 
commencez  d'y  danser  en  chemise,  sans  faire  semblant  que  je 
vous  aye  parlé.  Et  les  personnes  qui  seront  dans  celte  chambre 
ne  sachant  que  vous  ayez  donné  le  mot  du  guet  à  Tautre  croironî 
que  c'est  une  grande  merveille. 


(P.  63).  JEUX  DE   SOCIÉTÉ. 

Pour  manger  un  cousteau,  il  faut  escrire  un  cousteau  sur  du 
papier  et  après  manger  le  papier,  sera  faict. 
Pour  faire  danser  un  couteau  sur  le  bout  d'une  régule,  il  faut... 

Pour  faire  passer  une  grosse  cerise  dans  un  petit  trou,  il  faut 

Pour  faire  danser  un  œuf  au  milieu  d'une  chambre,  il  faut,  elc 

RECETTES  CULINAIRES,  MÉDICALES  ET  AUTRES. 

(P.  39).  —  Pour  faire  de  bons  boudins  blancs 

(P.  63).  —  L'on  fait  fondre  des  cailloux  les  mettans  en  poudre, 
cl  après  les  faut  mettre  avec  de  la  claire  d'œuf  et  avec  de  l'uyle  de 
lin  et  s'en  formera  une  pierre. 

Salpêtre  meslc  avec  eau  boulie  et  puis  après  dessendu  dans  un 
puits  frais,  se  gèlera  en  plein  esté. 

(P.  84).  —  Pour  attrapper  des  pigions,  il  faut  avoir  du  chamure 
et  le  faire  bouillir  dans  de  l'urine  et  puis  en  faire  menger  aiï\ 
pigions  et  les  faire  sortir  du  colombier.  El  beaucoup  d'autres 
pigions  les  suivront  jusqucs  dans  le  colombier,  et  les  attraperas 
ainsi. 

Pour  netoyer  des  tableaux  peints  en  huille,  faut  avoir  du  verjus 
et  les  en  frotter  et  ils  sembleront  estre  neufs,  et  s'ils  ne  sont  peints 
en  huille,  il  les  faudra  seullement  frotter  avec  de  l'eau,  car 
autrement  ils  se  dépeindroint  tous. 

(P.  87).  —  Secret  pour  faire  du  bon  tabat  muscat.  Faut  prendre 
demie-livre  de  tabat  commun,  plus  un  grain  de  sivette,deux  grains 
de  musc  plus  gros  comme  une  noix  d'iris  de  Florence,  etc. 

Secret  pour  empêcher  que  le  froment  et  autres  grains  ne  soient 
coiiez  et  pourris 

Remède  pour  guérir  promptement  quand  on  s'est  piqué  d'un 
poinçon  de  fer  ou  autre  ferrement 


MÉMORIAL   DB  JEAN    NICOLAS.  387 

(P.  212).  —  Nota  que  la  racine  de  Consolida  major  esl  propre 
pour  guérir  Tes  couppures  et  blessures  dans  24  heures,  en  raclant 
la  ditle  racine  et  mettant  un  peu  d'icelle  sur  le  mal  pendant  le 
dit  temps. 

Nota  que  pour  guérir  les  malandres  qui  viennent  aux  jambes  des 
chevaux,  faut  pendant  trois  ou  quatre  fois  frotter  les  diltes  malan- 
dres d'eau  meslée  avec  un  peu  d'huile  de  noix. 

(P.  44).  —  Vray  moyen  pour  cognoistre  quand  le  temps  est  dan- 
gereux de  prendre  la  peste. 

Peste  est  une  vapeur  venimeuse  d'air,  ennemye  du  cœur.  Elle 
advient  quand  le  temps  ne  garde  pas  sa  nature,  et  maintenant  faict 
chaud  et  tantost  froid,  maintenant  clair  et  tantost  trouble,  main- 
tenant pleuye  et  tantost  poudreux  et  autres  semblables  ;  quand  les 
fruicts,  chairs  et  poissons  sont  de  bon  goût  et  se  corompent  incon- 
tinent, quand  les  oiseaux  laissent  leurs  nids  et  changent  de  lieux 
en  autres  et  tombent  morts,  quand  la  vermine  abonde  sur  la  terre, 
quand  le  vent  chaud  dure  en  automne,  quand  la  sueur  et  la  vérole 
molestent  les  enfans,  quand  plusieurs  sortes  de  maux  surviendront. 


(P.  211).      Pour  exciter  une  fille  a  époser  un  garçon. 

Comment  vous  pouvez  vous  tant  plaire  à  la  conversation  des 
filles?  Ne  scavez-vous  pas  que  les  filles  sont  mal  servies  des  filles  et 
que  l'amour  qui  règne  entre  elles  n'exerce  poinl  les  sages  femmes? 

Les  pierres  sont  dispensées  de  produire  leurs  pareilles,  elles  ne 
sont  pas  animées.  Les  anges  sont  dispensés  d'engendrer  leurs 
semblables;  ils  ne  sont  pas  organiques.  Les  monstres  sont  dis- 
pensés de  perpétuer  leur  engeance;  il  leur  manque  quelque  chose. 
Mais  qui  peut  dispenser  une  fille  du  monde  de  fournir  à  la  multi- 
plication? 

Quand  je  n'aurois  point  d'adversion  pour  les  hommes,  je  ne  me 
marierois  pas  :  qui  a  mary  a  maistre.  —  Voilà  ce  que  disent  les 
filles  vulgaires.  Mais  qui  a  une  maistresse  a-t-il  une  servante? 

Nous  perdons  la  qualité  de  maîtresse  dès  que  nous  perdons  la 
qualité  de  fille. 

Je  ne  prétends  pas  que  le  mariage  soit  si  désavantageux  à  notre 
sexe.  Mais  enfin,  les  femmes  comme  femmes  ne  sont  pas  tant 
aymëes  que  les  filles  comme  filles. 


388  SOCléTi  ARCHBOLOGIQUB   ET   HISTORIQUB   DU  LIMOUSIN*. 

(P.   Si7).  NORGEAOX    DIVERS. 

Miroir  véritable  du  cours  de  la  vie  humaine. 

Nous  pouvons  vivre  en  toui  quatre-vingts  ans  : 
Dont  sept  ou  huit  sont  en  petits  enfants, 
Autant  s*escoule  en  jeunesse  et  folie, 
Deux,  trois  et  quatre  emportent  maladie. 
Four  le  manger  cinq  ou  six  seront  mis. 
Reste  le  quart  pour  vacquer  à  bien  faire. 
Qui  perd  ce  temps  faict  bien  mal  son  affaire. 

(P.  62).  Proportions  du  corps  humain. 

Uhomme  bien  proportionné  doit  avoir  neuf  visages  et  un  tiers, 
et  la  mesure  de  Thomme  est  en  cette  sorte  :  le  visage  de  l'homme 
dès  le  premier  poinct  dessus  le  front  jusques  au  plus  bas  du  men- 
ton, qui  est  égal  à  la  longueur  de  la  main,  à  icelle  prendre  depuis 
la  joincture  du  bras  jusques  à  l'extrémité  du  doigt  moyen.  Après, 
.  disons  que  la  teste  entière  tient  un  visage  et  le  tiers  d'ice- 
luy,  etc.  (1). 

(P.  49).  Le  gentilhomme  ignorant. 

L'un  de  ces  jours,  passés,  comme  je  m'en  alois  la  teste  basse 
entre  les  deux  espaules,  le  bras  dans  la  manche,  ma  casaque  sur 

l'eschine,  je  rencontray  comme  par  hazard  Monsieur  de comle 

de  Tâte-poule,  marquis  de  Fretillon,  duc  de  Pleure-pain,  qui  trou- 
veroit  à  tondre  sur  un  œuf  et  mordre  sur  un  pain,  de  pourceau. 
Avec  lequel  ayant  un  peu  discouru,  il  me  fît  ressouvenir 
à  ces  grosses  mouches  qui  grondent  et  bourdonnent  entre  deux 
châssis,  picquenl  tout  le  monde  avec  Taiguillon  de  leur  lèvre.  I! 
fesoit  de  l'entendu  et  du  dédaigneux;  mais  à  la  vérité  telles  gens 
ne  sont  estimés  que  parmi  les  frères  ignorans.  Ohî  qu'ils  sont 
aises  de  discourir  dans  la  cuisine  auprès  de  la  marmite,  parlant 
tantost  des  malchossez,  tantost  des  affaires  de  leurs  voisins  et 
d'une  infinité  d'autres  chauses  qui  n'apartiennent  qu'aux  lavandiè- 
res et  autres  gens  de  peu  d'esloffe.  C'est  là  que  leur  ignorance  se 
trouve  sans  controlle.  Mais  s'il  estoit  question  d'enfiler  en  bonne 
compagnie  un  discours  d'importance,  flut!  Et  cependant  ils  veu- 
lent corriger  magnificat.  Je  conseille  à  telle  manière  de  gens  de  se 

(l)  Un  dessin  grossier  accompagne  cette  théorie. 


MÉMORIAL   DB   JEAN   NICOLAS.  389 

despouiller  de  leurs  fantasques  manières  d'agir.  Sinon  je  proteste 
de  les  faire  appeler  au  parlement  des  sages  pour  y  eslre  condam- 
nés à  laver  tous  les  jours  leur  bouche  d'eau  de  sapience,  pour  la 
purger  d'un  tas  de  calomnies  qui  à  la  fin  pouroint  prendre  une  si 
forte  racine  en  leur  naturel  qu'il  n'y  auroit  que  la  mort  qui  la  peut 
extirper.  Autrement  et  à  défaut  de  ce,  ils  se  feront  hair  de  la  con- 
grégation des  vertueux  esprits.  -—  N'ajoutez  pas  foy  à  ces  choses. 

(P.  203).  Les  Juifs  redevenus  menaçants. 

Sire,  Nous  croyons  estre  obligez  d'advertir  vostre  Majesté  que 
les  Juifs,  qui  avoint  estez  transférez  à  Babilone,  sont  revenus  en  ce 
pays,  qu'ils  rebâtissent  leur  ville  qui  avoit  esté  destruicte  à  cause 
de  leur  révolte,  qu'ils  en  relèvent  les  murs,  qu'ils  y  restablissent 
des  marchez  et  qu'ils  rebâtissent  aussi  leur  temple;  que  si  on  leur 
perm^.t.  Sire,  de  continuer,  ils  n'auront  pas  plustost  achevé  qu'ils 
refuseront  de  payer  les  tributs  dus  à  vostre  Majesté  et  d'exécuter 
ce  qu'on  leur  ordonnera  de  sa  part,  d'autant  qu'ils  sont  toujours 
prests  de  s'opposer  aux  rois  par  cette  humeur  qui  les  porte  à 
vouloir  toujours  commander  et  à  ne  jamais  obéir.  Ainsi  voyant 
avec  quelle  ardeur  ils  travaillent  à  relever  ce  temple,  nous  avons 
creu  qu'il  estoit  de  nostre  debvoir  d'en  donner  avis  à  vostre  Ma- 
jesté. Et  s'il  luy  plaist  de  se  faire  lire  les  registres  des  rois  ses 
prédécesseurs,  elle  y  trouvera  que  les  Juifs  sont  naturellement 
ennemis  des  souverains  et  que  ça  esté  pour  cette  rayson  que  l'on 
a  ruiné  leur  ville.  A  quoy  nous  pouvons  ajouster  que  si  vostre 
Maje.-té  permet  qu'ils  la  rétablissent  et  qu'ils  achèvent  de  la  clore 
de  murailles,  elle  nous  fermera  le  passage  de....  {i).  C'est  l'avis 
que  nous  supplions  très  humblement  vostre  majesté  d'agréer  de  la 
part  de  ceux  que  le  devoir  de  leurs  charges  oblige  d'eslre  comme 
ils  sont  par  une  inclination  particulière  dans  un  profond  respect, 
Sire,  (le  vostre  majesté  les  très  humbles,  très  obeissans  et  très 
très  fidèles  sujets. 

(P.  41).  Harangue. 

Ceux  qui  se  présentent  mal  purifiez  devant  les  dieux  reçoivent 
un  salaire  condigne  à  leur  téméraire  impiété.  Au  lieu  de  se  recon- 
cilier, ils  agravent  la  haine  céleste.  On  en  pourra  dire  de  mesmc 
de  nous  qui,  nous  présentant  tous  stupides  devant  une  si  illustre 
et  si  honorable  assemblée  qui  nous  a  faict  l'honneur  d'assister  à 

(4)  En  blanc. 


390  «  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LiMOGSm. 

nos  thèses,  aUirerons  plus  tost  des  soufrages  de  nostre  stupidiié 
que  des  louanges.  Mais  la  loy  n'oblige  personne  à  plus  que  soc 
pouvoir. 

(P.  81).  Dévotion. 

Exercice  du  chrestien  pendant  la  journée,  avec  un  abrégé  de? 
choses  que  tout  bon  chrestien  doit  croire  et  faire  pour  acquérir  la 
vie  éternelle.  Par  les  révérends  pères  missionnaires  capucins. 

(Suit  pendant  quatre  pages  un  extrait  du  dit  livre). 

(P.  204).  Notions  diverses. 

Il  faut  mettre  [sur  Jes  lettres]  le  lieu  et  la  date  du  jour  et  de  l'an- 
née que  Ton  escrit.  Pour  plus  grand  respect  on  la  met  tout  au  bas 
de  la  page  où  on  finit  la  lettre  et  à  costé  quand  on  escrit  à  des  per- 
sonnes de  qualité.  QuanJ  on  fait  des  responses  il  faut  avant  toutes 
choses  marquer  la  datte  de  la  lettre  qu'on  a  rcceue  et  respoudre 
article  par  article  à  tous  les  chefs,  et  puis  ajouter  ce  que  Ton 
auroit  de  nouveau  à  faire  scavoir.  Il  est  bon  aussi  de  scavoir  que 
pour  plus  de  respect  on  met  la  lettre  dans  une  enveloppe  sur 
laquelle  on  escrit  le  dessus.  Et  pour  les  dames  on  cachette  les 
lettres  avec  de  la  soye  en  mettant  le  dessus  sur  la  lettre  mesmr, 
ce  qui  s'observe  à  l'esgard  des  dames  de  la  plus  grande  qualité,  si 
ce  n'est  que  pour  marque  d'un  plus  grand  respect  on  peut  melln- 
la  lettre  déjà  cachetée  de  soye  dans  une  enveloppe  sur  laquelle 
on  met  encore  le  dessus. 

(P.  400).  —  Le  bas  boust  est  toujours  du  costé  de  la  porte  par 
laquelle  nous  sommes  entrés;  le  haut  bout  est  toujours  où  la  per- 
sonne qualifiée  se  met.  Le  siège  le  plus  honorable  est  le  fauteuil, 
ensuite  la  chaise  cà  dos  et  après  le  siège  pliant.  Il  ne  se  faut  pa- 
assoir  costé  à  costé  de  la  perconne  caliQée,  mais  vis-à-vis  délie, 
mais  néanmoins  un  peu  de  costé  et  de  poiu-fil. 

(P.  60  et  suiv).  Notions  de  blason, 

(Sur  la  signification  des  couleurs  :  l'or  signifie  sapience,  argent 
pureté,  etc.). 

(P.  oo  et  56).  —  fUne  vingtaine  d'armoiries,  d'un  dessin  très  gros- 
sier, remplissent  ces  deux  pages). 


MKUORIAL   DE  JEAN   NICOLAS.  •     391 

MISSION  DE   1680   (1). 

La  mission  qui  c'est  faicte  ceste  année  dans  Teglise  parotialle  de 
Sainct-Pierre  de  cette  ville  [de  Limoges]  par  l'ordre  de  Messire 
Louis  de  Lascaris  d'Urfé,  nostre  evesque,  a  esté  si  célèbre  et  con- 
tient tant  de  particularités  qui  regardent  nostre  compagnie  des 
PénUents  noirs  qu'on  a  jugé  qu'il  estoit  important  d'en  faire  men- 
tion et  estât  dans  ce  livre  et  de  concerver  au  temps  advenir  la 
mémoire  d'une  dévotion  si  solennelle,  dont  toute  la  ville  doit  des 
remerciemens  aux  soins  charitables  de  Monseigneur  nostre  esves- 
que  et  au  zèle  particulier  du  révérend  Père  Honnoré  de  Cannes, 
religieux  capucin,  le  principal  mobile  de  cette  mission  et  des 
bonnes  œuvres  qui  ^'y  sont  faictes. 

Elle  commença  dans  la  dicte  esglise  de  Sainct-Pierre,  le  diman- 
che dixiesme  de  novembre  de  Tannée  1680,  par  une  procession 
generalle  qui  se  fit  par  toute  la  ville  à  l'heure  de  vespres  où  Mon- 
seigneur portait  le  très  Sainct  Sacrement,  précédé  des  compa- 
gnies de  pénitents,  des  religieux  et  du  clergé  de  Sainct-Pierre  et 
suivi  d'une  multitude  innombrable  de  peuple  de  toutes  conditions 
qui  remplissoint  toutes  les  rues. 

P'-ndantle  temps  qu'elle  durât,  qui  fut  jusques  au  dernier  jour 
de  l'an,  il  se  fict  régulièrement  quatre  prédications  tous  les  jours 
dans  la  dicte  esglise  :  la  première,  le  matin  à  cinq  heures  par  le 
R.  P.  Nicolas  d'Avignon,  aussi  capucin  et  compagnon  du  P.  Honoré; 
la  seconde  à  dix  heures  par  le  dict  R.  P.  Honoré;  la  troisiesme 
estoit  un  catéchisme  à  une  heure  après  midy  par  un  missionnaire, 
et  la  quatriesme  le  soir  à  5  heures  par  le  mesme  P.  Honoré.  Et 
pendant  tous  les  dimanches  du  temps  que  durât  la  mission.  Mon- 
seigneur fesoit  une  fort  belle  prédication  à  la  grand'messe. 
.  Il  y  avoit  pour  le  moins  clans  la  dicte  esglise  trente  ou  quarante 
confesseurs  dont  les  confessionnaux  estoint  assiégés  par  une 
grande  multitude  de  pénitents  despuis  le  matin  jusques  au  soir. 
Et  après  qu'on  heu  pris  jour  pour  la  communion  generalle  des  filles, 

qui  fut  la  première,  elles  se  rendirent (2)  mille  dans  la  dicte 

esglise  dont  [S),  après  leur  dévotion,  elles  liront  une  belle  pro- 
cession par  toute  la  ville,  ayant  chascune  un  siergc  en  la  main, 
le  P.  Honnoré  portant  la  croix  et  Monseigneur  avec  le  clergé  de 

(1)  Nous  avions  déjà  transcrit  celle  relation  |lorsqu'elle  a  paru  par  les 
soins  de  M.  Petit,  curé  de  Champsac,  dans  la  Semaine  religieuse  du  dio- 
cèse de  Limoges,  1890,  p.  ?5G  et  ss. 

(3)  f/auteur  a  laissé  le  nombre  cardinal  en  blanc. 

(3)  C'esl-à-dire  d'où. 


3d3  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   Et   BlSTQRtQUB   DU    LlllOUStN. 

Saincl-Pierre  fesant  la  closture  de  la  dicte  procession.  Ensuite  les 
farames  firent  aussi  leur  dévotion;  mais  la  procession  ne  se  fiel 
qu'autour  de  Tesglise.  Après  cela  on  marquât  que  c'esloil  le  reng 
(les  compagnies  des  Pénitents  pour  faire  leur  procession  et  venir 
de.  leur  chapelle  dans  la  dicte  église  communier  de  la  main  d^ 
monseigneur,  si  bien  que,  quoyque  le  temps  fut  très  rude  et  tout  le 
pays  couvert  de  neige  et  de  glace,  nostre  compagnie  se  rendit  le 
Ireziesme  du  mois  de  décembre  au  nombre  de  plus  cent  penitants, 
pieds  nuds  et  suivils  des  prebstres  de  la  compagnie  revestuls  de 
menleaux  pluviaux  dans  la  dicte  esglise  de  Sainct-Pierre,  où  après 
avoir  entendu  la  messe  de  Monseigneur  et  un  très  beau  sermon 
du  dict  P.  Honnoré,  ils  communièrent  tous  dévotement  et  s'en  (\ 
retournèrent  en  bel  ordre  dans  nostre  cbapelle.  Toutes  les  autres 
compagnies  des  pénitents  en  firent  de  raesme,  un  jour  après  Faa- 
tre.  Mais  le  temps  estant  devenu  plus  rude,  on  ordonnai  aux 
Penitanls  rouges,  qui  faisoint  leur  procession  les  derniers,  de  la 
faire  choses  (?),  ce  qu'ils  firent.  On  avoit  faict  la  grâce  aux  dici<»s 
compagnies  des  penitanls  de  leur  envoyer  dans  leurs  chapellt»* 
des  perres  capucins,  missionnaires  et  autres,  pour  les  confesser  et 
les  disposer  aux  dictes  processions. 

Entin  le  dix-neufviesme  de  décembre  [1680j,  la  croix  de  la 
mission  que  nostre  compagnie  donnât,  estant  en  estât  d'estre  plan- 
tée, nous  nous  rendîmes  en  très  grand  nombre  dans  la  dicte 
esglise  de  Sainct-Pierre  à  deux  heures  après  midy,  et  après  avoir 
faict  nostre  prierre,  nous  allâmes  prendre  la  dicte  croix  à  la  porte 
de  la  maison  curialle  et  nous  la  portâmes  dans  le  semilierre  au  i 
devant  la  dicte  esglise,  où  la  bénédiction  s'en  fit  par  Monseigneur  ! 
revestu  de  ses  habits  pontificaux,  tout  le  semitière  et  les  fenêtres  J 
des  maisons  voizines  estant  ramplies  de  peuple,  chascun  tenant 
une  croix  à  la  main.  Et  ensuite  on  alla  en  foule  adorer  la  dicte 
croix  de  la  mission. 

Le  lendemain  vingtiesme  du  dict  mois,  on  fit  la  serraonie  [sic 
du  plentement  de  la  croix,  qui  commensal  par  une  procession  qui 
se  fit  par  toute  la  ville,  composée  des  veufves  et  de  cent  pauvres 
qu'on  avoit  habillé[s],  portant  toutes  des  flambeaux  et  des  croix  «i 
la  main  et  en  suite  de  nostre  compagnie  des  Pénitents  noirs  au 
nombre  de  150,  qui  portoint  des  bannières  représentant  les  mis- 
tcres  de  la  passion  et  ayant  quantité  de  petits  enfans  vestus  en 
anges  qui  portoint  les  instruments  de  la  passion,  qui  sont  attachez  à 
la  croix.  Après  que  la  procession  fut  finie,  on  pranlat  (sic)  la  croix 
dans  le  dict  semitière  au  bruit  de  toute  rartillerie  que  nostre  com- 

(<)  Le  texte  porte  san». 


394  SOCIÉTÉ  ARCHOLOGIQUE  BT   HISTORIOQB  DO   LIMOUSIN. 

saiACt  ouvrage  dans  les  protestations  de  continuer  nos  pfl^rr*^ 
pour  leur  santé  et  prospérité. 

Il  parut  comme  une  coromecte  quatre  ou  cinq  jours  avant  que  la 
dicte  mission  finit.  Elle  avoit  aussi  parut  la  veille  de  Noël  et  elle 
paroissoit  le  soir  environ  cinq  heures,  en  façon  d'une  lueer. 
comme  un  demy  arcanciel,  mais  qui  estoit  de  couleur  blanchâtre. 

L'adoration  perpétuelle  du  1res  Saincl  Sacrement  de  l'autel,  p^r 
moy  Pierre  Nicolas,  le  4  juin  [1681]  depuis  11  heures  du  malin 
jusqu'à  roydy. 


PROGÊS-VERBAL 


Constatant  la  remise  faite,  le  8  mai  i  SS4^  par  Archambaucl  de 
Greyliy  captai  de  Buch,  aux  procureurs  de  Roger,  comte  de  Beau- 
fort,  d'une  croix  en  or  donnée  en  gage  pour  un  an  audit  Archam- 
baudpar  ledit  Roger  pour  une  somm£  de  9,500  francs  d'or,  en 
déduction  des  12,000  que  ce  dernier  devait  encore  pour  le  prix  de 
la  rançon  dudit  Roger,  comte  de  Beau  fort  et  de  Jean  de  La  Roche, 
fixée  à  30,700  frauês  d'or  par  acte  du  31  mars  1382 
(V.  st.)  (1). 


L'Intéressant  document  qtie  nous  reproduisons  ci-après  avait  été 
signalé  par  le  regretté  Camille  Rivain  à  ses  amis  de  la  Société 
archéologique  du  Limousin,  et,  sur  leur  demande,  l'ancien  archi- 
viste de  la  Haute- Vienne,  peu  de  jours  avant  sa  mort,  avait  bien 
voulu  leur  en  envoyer  une  copie. 

En  recueillant  dans  notre  Bulletin  ce  souvenir  d'un  de  nos  plus 
aimables  confrères,  il  n'est  que  juste  de  rappeler  quelles  sympa- 
thies avait  su,  pendant  son  séjour  à  Limoges,  se  créer  M.  Rivain  ; 
on  n'a  pas  oublié  parmi  nous  le  concours  actif  donné  par  lui  aux 
travaux  de  la  Société,  sa  sollicitude  pour  les  intérêts  de  tout 
genre  du  dépôt  confié  à  ses  soins,  Tenlrain  et  le  courage  avec 
lequel  il  a  poursuivi  le  fastidieux  travail  de  la  reconstitution  des 
anciens  fonds  de  nos  archives,  préliminaire  indispensable  de  la 
rédaction  de  l'inventaire  définitif.  Ce  que  nous  aimons  surtout  à 
nous  rappeler,  c'est  l'inépuisable  obligeance  de  M.  Rivain,  sa  cor- 
dialité, son  charmant  caractère,  les  rares  qualités  de  son  cœur. 
Elles  l'avaient  fait  apprécier  et  aimer  aux  Archives  nationales,  où 
il  a  terminé  sa  carrière,  comme  à  Limoges,  comme  à  Aurillac  où  il 
débuta.  Aussi  sont-ils  nombreux  les  confrères,  les  amis  qui  se  sont 
associés  de  tout  leur  cœur  à  la  douleur  de  sa  famille,  au  deuil 
profond  de  sa  femme  et  de  ses  enfants. 

(1)  Cette  croix  avait  été  engagée  pour  un  an,  du  30  mai  138:i  au  30  mai 
138i,  sous  condition  de  reprise  par  Tengagiste  moyennant  la  somme  de 
0,500  francs,  à  laquelle  était  estimée  la  dite  croix,  plus  1,000  francs  d'or. 


396  SOCIÉTÉ  ARCBÊOLOGIQUE  El  BI8T0RIQUB  DU  LIMOUSIN. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  M.  Rivaia  ;  le  Limoasin  y  a  sa 
part  : 

Notice  sur  le  Constdat  et  Vadmxnùtration  consulaire  d'AurillaCy 
par  Camille  Rivain,  archiviste  du  département  du  Cantal,  licencié 
en  droit,  ancien  élève  de  l'Ecole  les  chartes.  —  Aurillac,  Bonnet- 
Picut,  1874, 1  vol.  in-i2  de  185  pp. 

Table  générale  de  l'histoire  littéraire  de  la  France^  1  vol.  in-4r 

Le  rouleau  des  morts  de  l'abbaye  de  Solignac,  texte  et  commen- 
taire par  Camille  Rivain.  —  Limoges,  Chapoulaud,  1879,  broch 
in-8-  de  43  p. 

Beaufort  en  Vallée  et  son  château,  de  1542  à  1380,  par  Ca- 
mille RivAiN,  archiviste  aux  Archives  nationales.  —  Angers, 
Lachèse  et  Dolheau,  1888,  br.  in-8°  de  96  p. 


in  nominc  Domini,  amen.  Sapian  tolz  qui  lo  présent  public  înslrumcD 
veyran  et  audiran,  que  cum  los  nobles  el  paissanlz  senhors  monscnhor 
Rolgcr,  comle  de  Belfort,et  monscnhor  Jehan  de  La  Rocha,  cavalers,  fossao 
eslalz  prisoners  deu  noble  el  puissant  scnhor,  monscnhor  Archambaad 
de  Greyii,  caplal  de  Buch,  vcscomlc  de  Benauges  et  de  Castelhon,  e 
agossan  final  ab  lo  médis  monscnhor  lo  captai  et  promes  de  pagnar  per 
la  finansa,  rcmpsson  el  delivransa  de  lors  corps,  en  la  soma  de  Irenta 
milia  el  sept  cens  francs  de  bon  aur  et  de  bon  pos,  per  losquaus  paguar 
dcdcnlz  ccrlans  termes,  li  mcdis  monsenhor  Rolger  el  monscnhor  Johan 
agossan  obligual  lors  personas  el  tolz  lors  beus  et  causas  sotz  degudas 
obligaiions,  submissions,  rennncialions  et  segramenlz,  per  lor  fcylz  el 
preslalz  si  cum  pot  apparer  per  la  lenor  de  un  public  inslrumeol  feyl  et 
inquiril  per  min,  nolari  dejus  nompnal,  lo  darrer  jour  deu  mes  de  marlz 
l'an  mil  ccclxxxu  ;  el  en  ouïra  lo  vescomle  de  Torena,  monsenhor  Nicho- 
lau  de  Bellorl,  senhor  de  Lymulh  el  de  Caumoni;  monsenhor  Hugo  de  La 
Rocha,  scnhor  de  La  Rocha  el  de  Torneyra,  cl  Guiiiol  de  La  Bardonia  fos- 
san  et  sian  inlralz  principaus  pagadors,  fermances  et  pleyas,  per  lo  deyl 
monsenhor  Kolger  et  monsenhor  Johan,  per  paguar  las  deilas  somas  aus 
termes  conlengulz  en  lodeil  instrumen,  et  agossan  e  ayan  cascun  de  lor 
obliguat  lors  personas  el  lolz  lors  beus  el  causas  solz  cerlanas  formas  cl 
conditions,  cum  per  inslrumcnlz  el  leclras  sageradas  de  lors  sagclz  appar 
el  pot  apparer,  si  cum  fo  deyl;  et  ensiguenl  li  deilz  monsenhor  Rolgcr  cl 
mossenhor  Johan  agossan  pagual  tota  la  soma  el  finansa  avanl  dcita, 
exceplalz  dolze  milia  francs,  losqunus  restavan  a  paguar  de  la  delta 
finansa;  e  en  après  lodeil  monscnhor  Johan  de  La  Rocha,  Tibbaul  lo  Jaul, 
Gaucem  Fricon  el  Guinol  de  La  Bardonia,  escuders,  en  loc  et  en  persona 
deu  deil  monsenhor  Rolgcr,  aguossan  balhal  audeyl  monsenhor  Archam- 
baud  una  crolz  d'aur  el  de  peyras  preciosas  el  de  perlas,  pesant  en  aur  ab 
las  deylas  peyras  el  ab  las  perlas  plus  bas  declaradas  trenta  el  seys 
marcs  d'aur,  ayssi  cum  eslava,  en  la  quau  crolz  ave  et  a  cinquante  cl 
quatre  que  l)alais  que  rubuis,  Ircnta  et  nau  saphirs,  Irenla  et  seys  esme- 


PROCÈS- VEnBAL   DE   RRIIISE  d'uNE  CROIX.  307 

raudas,  xxiiii  grossas  perlas,  et  plus  enlorn  ladeita  crolz.ave  et  son  plu- 
rors  perlas  menudas,  laquau  crolz  en  la  mancyra  fos  estada  aprecîada  et 
lo  médis  monscnhor  Archambaud  Tagos  presa  et  receubuda  en  gnatge  et 
en  la  maneyra  que  plus  bas  s'ensec,  per  lo  prelz  et  per  la  soma  de  nau 
milia  elcincq  ceniz francs,  en  parlida  de  paguameul  deus  avantdcilz  doize 
milia  francs  reslanlz  a  paguar  de  la  deila  finansa;  et  lo  médis  Mossenhor 
Archambaud  agos  promcs  et  fevt  combent  exprès,  a  ravantdeit  mossen* 
hor  (<)Joh?n  de  La  Rocha  et  aus  autres  dessus  nompnalz,  eu  nom  deudeit 
mossenhor  Rotger,  que  totas  vetz  que  lo  médis  monsenhor  Roger  o  sous 
procuradors  o  autre  per  nom  de  luy  durant  lo  terme  de  un  an,  loqual 
comensel  lo  \x^^  jour  deu  mes  de  may  qui  fo  en  Tan  de  Nostre  Senhor 
mil  1res  cent  quatre  vint  ti'es  et  finira  lodeit  xxei  jour  deu  présent 
mes  de  may  lodeit  an  revolut.  pagueren  et  salisfaren  au  deit  Mossenhor 
Archambaud  o  a  d'aulra  persona  per  nome  de  luy,  dedinlz  la  vila  de 
Bordeu,  los  avantdeitz  nau  milia  et  vcens  francs  d^una  part  et  mil  francs  d'au- 
ira  part  en  partida  de  pagament  deus  avantdeitz  dolze  milia  francs,  lo  mé- 
dis mossenhor  Archambaud  balhere,  rendre  et  restltuirc  au  médis  mossen- 
hor Rotger  0  a  tota  autra  persona  fasent  lodeit  paguamen  per  nome  de  luy 
Tavant  deita  crotz  ab  las  peyras  preciosas  et  ab  las  perlas  dessus  déclara- 
das  et  ayssi  el  per  medissa  maneyra  cum  ed  Tave  recebuda  ;  e  au  jorn  de 
la  data  d*aquest  présent  public  instrument,  lodeyt  Gaucem  Fricon  et 
Johanin  de  Morteles,  procuradors  et  atornalz  deu  deit  senhor  comte  de 
Belfort,  cum  de  lor  procuration  pot  apparer,  et  jo,  notari  dejus  nompnat, 
vi  el  legi  estre  conlengut  en  unas  patentes  letlras  sageradas  en  pendent 
ab  cera  verda  deu  sagcl  de  la  prebostat  de  Paris,  de  las  quaus  la  ténor 
plus  bas  s*ensec,  fossan  vengutz  en  la  ciulat  de  Bordcu  e  agossan  et 
ayan  présentât  a  l'avant  deit  senhor  mossenhor  Archambaud  los  avant- 
deitz nau  milia  et  v  cens  francs  d'una  part  el  los  deylz  mil  francs  d'autra 
part  et  requerit  luy  que  la  deyta  crotz  los  volos  rendre  et  restituir  ab  las 
peyras  preciosas,  perlas  et  tal  oum  edFavcre  cebuda,  es  assaber  que  en  la 
prcsencia  de  min  notari  public]  et  deus  testemonis  dejus  nompnalz,  li 
avantdeitz  procuradors  eu  nom  deu  deyt  senhor  comte  de  Belfort  i>ague- 
ren  et  satisferen  el  delivreren  reaumcnt  et  de  feyt  a  Tavanldeyl  senhor 
monsenhor  Archambaud,  en  sa  propria  persona,  totz  los  avantdeitz  nau 
milia  et  cincq  cenlz  francs  d'una  part,  par  lasquaus  la  deyla  crotz  era 
eslada  apreciada  et  balhada  en  guatge,  cum  deyt  es,  et  los  dcitz  mil 
francs  d'autra  part,  bons,  enterges,  de  bon  aur  el  de  bon  pcs;  las  quaus 
somas  lo  deit  mossenhor  Archambaud  prengo  et  recebo  el  las  reconogo 
aver  agudas,  presas  et  recebudas  en  partida  de  pagament  deus  deilz  dolze 
milia  francs  deus  avantdcylz  procuradors,  et  s'en  tengo  a  ben  paguat, 
content  et  habondos  en  prescncia  de  min,  notari  public,  el  deus  testemonis 
dejus  nompnalz,  renuncians  sobre  asso  lo  médis  senhor  monsenhor 
Archambaud  a  la  exception  de  no  aver  agulz  près,  de  no  comptatz  et  de 
no  rccebutz  los  deylz  nau  milia  et  cincq  cenlz  francs,  d'una  part  et  los 
deylz  mil  francs  d'autra  part,  en  aquesta  part  de  doU  de  frau,  de  barat  et 

(l)  Le  texte  inanascrit  porte  tantôt  et  tantôt  e,  soit  devant  ane  consonne  soit  devant  une 
voyelle.  On  uoove  de  même  monsenhor  et  mossenhor. 


398  SOCIÉTÉ   ARCBÉOLOGIQUB   ET   HlSTOftlQUB   OU   UMOUSIK. 

de  tota  déception;  par  loquau  causa  lo  deyl  Monseohor  Archambaod 
rcndo,  balhet,  reslituit  et  délivrai  reaumcnt  et  de  feyl  aus  deytz  proeun- 
dors  deu  deyl  senhor  comle  de  Bclfort,  on  presenlia  de  min  noUri  et 
deus  tcslemonis  dcjus  nompnatz,  la  deyta  crolz  ab  lotas  las  peyras  precio- 
sas,  perlas  grossas  et  menudas  et  en  tal  estât  cum  lodeyt  senhor  mossea- 
hor  Archambaud  Tave  presa  et  recebuda  et  en  la  maoeyra  que  dessus  e< 
plus  a  plcn  declarat.Et  lideylz  procuradors, eu  nom  deu  deyt  senbor comte 
de  Belfort  disenlz,  reconoyssentz  et  confessantz  que  la  roedissa  croU  en 
aquera  inedissa  et  en  tal  estât  sens  aucun  afolament  ni  aucuna  aner- 
mansa  en  tota  ni  en  partida  cum  cra  quant  fo  baltiada  audeyt  senhor 
monscnhor  Archambaud  prengoren  et  receboren  den  deyt  senhor  mosseu- 
hor  Archambaud  realmcnt  et  de  feyt,  en  prcsentia  de  min  noUri  et  deo^ 
testemonis  dejus  nompnatz,  Tavant  deyta  crolz  et  aquera  recebodq  eu 
nom  et  cum  procuradors  deu  deyt  senhor  comte  de  Belfort,  H  médis  pro- 
curadors,  per  lurs  bonas  voluntatz  et  de  lurs  certas  sciensas,  ^nicleren  et 
prometeren  fere  quicle  emvert  lo  médis  senhor  comte  de  Beifori  ei  sobs 
bers  et  son  ordenh  et  envert  totas  autras  personas  qui  eu  temps  avenir 
aucuna  causa  demandessan  et  poscossan  demandar  au  deit  senhor  mon- 
senhor  Archambaud  ni  à  sons  hers  ni  a  son  ordenh  per  rasoo  ni  per  eassa 
de  ladcyla  crolz;  et  aqui  médis  recebudas  las  dey  tas  somas  per  lodejl 
moscnhor  Archambaud  deus  deytz  procuradors  et  a  lor  balhada  restituida 
et  renduta  la  deyta  crotz,  cum  deyt  es,  lo  médis  senhor  mossenbor 
Archambaud,  de  sa  cerla  sciensa  et  propria  voluntat,  quitte!  per  aras  et 
per  (otz  temps  los  avanldeylz  monsenhor  Rotger  de  Belfort  el  los  autres 
qui  eran  et  son  pleyas  per  luy  ahsenlz,  min  notari  ensembo  ab  los  deytz 
procuradors  eu  nom  el  a  opz  de  lor  stipulant!  et  recebentz  et  lors  hers  et 
lor  ordenh  et  lors  bens  el  causas  per  tolz  temps  de  toi  quant  que  de- 
mandar los  poscos  tant  per  rason  deus  deytz  nau  milia  et  cineq  centz 
francs  d'unapart  quant  per  rason  deus  deylz  mil  francs  d*aurd'autra  part. 
E  en  après  feylas  et  aulreyadas  lotas  et  senglas  las  causas  avant  dcytas 
en  la  maneyra  que  deyt  es  li  deytz  procuradors  deu  deyl  seobor  comle 
de  Belfort,  si  com  de  la  deyta  procuration  appar  de  laquau  la  tcnor  s*enscc 
de  mot  a  mot  en  aquesta  maneyra  : 

(Suit  le  texte  de  la  procuration  donnée  par  devant  Richart  de  Varly  et 
Jehan  Mangier,  notaires  au  Chalelcl  de  Paris,  par  noble  Roger^  comte  de 
Beaufort,  chevalier,  comparant,  à  Joceaume  Fricon,  écuyer,  el  Jehannin 
de  Morcelles,  pour  recevoir  de  noble  Archambaud  de  Greyii,  captai  de 
Buch,  vicomte  de  Benaugcs  et  de  Caslelhon,  une  croix  d'or  et  de  pierres 
précieuses,  baillée  en  gage  au  dit  captai  de  Buch  par  le  dit  Roger  poor 
la  sûreté  d*une  somme  de  9,500  francs  d*or  au  coin  de  France  en  dé- 
duction d*un  payement  de  1 3,000  francs  d'or  restant  à  payer  sur  la  somme 
de  30,500  francs  d*or  au  coin  de  France,  dont  ledit  Roger  el  ses  pièges 
étaient  tenus  :  samedi  13  mars  1383,  Paris). 

Et  lo  deyt  senhor  mossenhor  Archambaud,  en  tant  cum  a  cascun  appar- 
ten,  deu  et  pot  appartener,  an  promes  de  tenir,  gardar,  observar  e  complir 
lotas  et  senglas  las  causas  en  lo  présent  instrument  contengudas,  e  si  per 
fauta  de  tenir  e  observar  aqueras,  lo  médis  mossenhor  Areharoband  o  lo 


rnocfes-vie«B.\L  de  remise  d'une  citoix.  309 

d«yl  sen^hor  comte  «  lors  procoraAors  o  aulra  pcrsema  en  nomê  de  atrcun 
<tc  lor,  tasco  o  saffrev!  aucuns  dcspens,  dampnatj^c^  o  i^tcrrcsscs,  li  dcylz 
procuradors  en  nome  dco  dcyt  senhor  comte  de  BclForl  et  lo  dcyl  sctihor 
mosseniior  Archambaud  ae  an  loi  promes  rendre,  salisfar  et  esmendar 
cum  a  ca^cun  apparicndra,  sens  loia  conlradiclion.  Per  iasquaus  causas 
tolas  e  scnglas  tenir,  gardar,  observât  c  complir  en  la  maneyra  que  deyl 
es,  cum  a  cascuA  apparlen,  p'ot  et  deu  appartenir  et  appartiendra  en 
temps  a  venir,  li  avantdilz  procuradors,  eu  nomden  dcyt  senhor  comte  de 
BeU'ort  et  lodcyl  senhor  mosscnhor  Archambaud  an  ne  obliguat  e  yppo- 
tcchat,  obltguan  elyppothecan  ab  la  ténor  deu  présent  instrnmen,  ^  es 
assaber  li  deytz  procuradors  la  personA  e  los  castelz,  tilas  e  tolz  los  ben^ 
c  causas  deu  deit  senhor  comte  de  Belforl;  e  lo  deyt  senhor  mossenhor 
Archambaud  que  na  obliguat  sa  persona,  sous  castclz,Yilas  e  sous  autres 
bons  e  causas,  mobles  e  no  mobles,  presenlz  eavenidurs,  ont  quesian  per 
totz  locs,  e  que  s*en  son  solzmes  la  una  partida  a  Tautra  cum  a  cascun 
apparten,  las  personas  et  los  avantdeilz  bens  e  causas  a  la  juridiction 
compulcion  e  destrensa  de  Tauditor,  viceaudilor  de  la  cambra  de  nostre 
senhor  lo  papa  e  de  totz  senhors  e  jutges  ecclesiastics  e  seclars  e  de  lurs 
locs  tenentz  e  de  cascun  de  lor  per  davant  losquaus  clamor  o  comptanla 
ne  sia  feyta  d'assi  en  avant;  rcnuncians  sobre  asso  a  toi  dreyt  escrlut  e  no 
cscriut,  canon  et  civil,  a  tola  recesion  de  contreyt  a  copia  deu  présent 
instrument,  a  Iota  relaxation  de  sagrament,  a  totas  leys  dreyls,  ajudas,  dcfifen- 
sas, rasons, exceptions,  caulhelascaulras  causas  por  Iasquaus  se  posdossan 
ajudar  per  venir  en  contra  las  causas  sobre  deylas  o  aucuna  d'aqucras,  c 
an  mandat,  promes  e  jurât,  sobre  los  sanlz  evangelis  Diu,  li  dcylz  procuradors, 
en  Tarma  deu  deyl  senhor  comte,  e  lo  deyl  mosscnhor  Archambaud  que  tôt 
ayssi  cum  dessus  es  deyt,  en  tant  cum  a  cascuna  parlida  apparlcn  deu  e 
pot  appartenir,  tendran,  compliran  e  guarderan  Icyaumenl  e  a  bona  fe, 
en  la  maneyra  que  deyl  es  sens  venir  en  contra  per  lor  ni  per  autre  ab 
ginh  ni  sens  ginh  en  aucun  temps  ni  en  aulra  maneyra.  E  voloren  li  deytz 
procuradors  e  lo  deyt  senhor  mossen  Archambaud  e  rcqueroren  eslrc 
feylz  de  e  sobre  las  causas  sobredeytas  dos  publics  instrumenlz  d'una 
medissa  ténor,  un  a  cascuna  partida,  o  tanlz  quanlz  lor  en  sera  besonh 
corregulz  esmendatz  ab  conselh  de  savis,  subslancia  no  mudada,  losquaus 
jo,  notari  dejus  nompnal,  los  aulreyey  de  far.  E  a  major  fermetat  e  leste- 
monansa  de  las  causas  sobredeytas  e  de  cascuna  d'aqueras,  lo  deyt  senhor 
mossen  Archambiaud  de  Greyli  a  mes  e  pausat  son  propri  saget  au  présent 
instrumenlz,  loquau  fo  balhat  aus  dcylz  procuradors  deu  deyt  senhor 
comte  de  Belforl.  E  li  deytz  procuradors  deu  deyt  senhor  comte  an  mes 
e  pausat  son  saget  a  Tautre  instrument,  loquau  fo  balhat  au  deyl  senhor 
mosscnhor  Archambaud.  Acta  el  conccssa  fuerunt  hec  in  domo  dicti 
domini  Archambaudi  prope  ecclesiam  Béate  Marie  de  Podio  Paulini,  in 
civitate  Burdegalensi,  die  oclava  mensis  maii,  circa  horam  lercie,  anno 
Domini  millésime  trecentesimo  octagrsimo  quarto,  prcsenlibus  ibidem 
nobilibus  viris  Dominis  Hugone  de  Vibone,  domino  de  Jors,  Helia  de 
Boys,  mititibus  Piclavensibus  ;  Johanne  Maynerii,  scutiffero  Xainctonensis 
diocesis;  Arnaudo  Conslantini,  burgcnsi  Burdegalensi,  maglslro  Helia  de 
Broiio,  jurisperito;  magistris  Johanne  Preposili,  Bernardo  de  Lastonario, 


iOO  SOCIÉTÉ   ARGHÊOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN. 

Petro  de  Maderano  jaoiore  el  Gauffrido  de  Spana^  Bardegalensis  diocesis, 
Dotariis  publicis,  et  pluribus  aliis  ad  premissa  teslibus  vocatîs  et  ro^alis. 

Et  me,  Petro  de  Maderano  senioro,  Bardegalensis  diocesis  apostolica  et 
imperiali  auctoritatibus  publico  notario,  qui  in  premissis  omnibus  et  siuga- 
lis  una  cum  prenominatis  testibus  preseos  fui  et  hujusmodl  instrameo- 
tum  et  contenta  in  eodem  audivi,  inquisivî,  retinui  et  recepi  manaqut 
mca  propria  fideliter  me  subscripsi,  quod  ncgotiis  occapatus  per  aiioio 
scribi  feci  signoque  meo  consuelo  quo  utor  apostolica  auctorîlate  signavi 
requisitus. 

Constat  michi  notario  de  rasuris  in  vocabulis  lo  deit  mossen  Arekait^ 
baud  de  Greyli  a  mes  factis  non  vicio  sed  scriptoris  errorcm  corrigendo. 
Actum  ut  supra. 


QUELQUES 


DÉLIBÉRATIONS  D'ASSEMBLÉES  PAROISSIALES 


«  Une  paroisse,  a  dit  quelque  part  Tupgot,  est  une  assemblée 
de  cabanes  et  d'habitants  non  moins  passifs  qu'elles  ».  Il  est  cer- 
tain qu'aux  XVII*  et  xvin*  siècles,  les  villes,  jadis  presque  autonomes, 
avaient  gardé  une  part  bien  modeste  d'indépendance,  et  que  les 
habitants  d'une  paroisse  rurale  jouissaient  de  bien  peu  d'initiative 
et  n'exerçaient  pas  une  influence  fort  sensible  sur  l'administration 
générale. 

Il  y  avait  cependant  quelques  manifestations  de  vie  et 
d'activité  dans  les  campagnes  comme  dans  les  villes,  et,  en  y 
regardant  de  près,  on  voit  que  ces  groupes  paroissiaux  n'étaient 
pas  absolument  dépourvus  de  vie  politique  et  de  droits.  Par  la 
force  des  choses,  par  l'effet  de  la  nécessité,  la  paroisse  était 
devenue  une  circonscriplion  administrative;  et  on  constate  la 
permanence  de  sa  vie  administrative,  à  côté  de  l'action  non  moins 
sensible  de  la  circonscriplion  fiscale  :  la  collecte.  Reconnaissons 
néanmoins  que  dans  certains  actes  l'action  des  deux  groupes  n'est 
pas  entièrement  distincte.  C'est  ainsi  que  les  collecteurs  sont 
désignés  par  l'assemblée  des  habitants  de  la  paroisse  et  non  par 
l'assemblée  des  habitants  de  la  section  qui  forme  le  territoire  de 
la  collecte. 

Il  y  a  un  réel  intérêt  à  déterminer  quelle  était,  sous  l'ancien 
régime,  la  part  d'initiative  et  de  participation  à  l'administration 
du  pays  laissée  au  peuple  des  campagnes.  Cette  part,  qui,  à  dater 
du  règne  de  Louis  XV  se  précise  et  se  réglemente,  est  jusque  là 
assez  difficile  à  discerner  nettement.  On  constate  néanmoins,  d'une 


402  SOClKTK   AKCHÊOLOCIQUK    ET    UISTORIQUE    DU   LIMOliSlN. 

façon  très  nette,  que  Taction  de  rassemblée  de  communauté 
s'étend  à  des  objets  assez  variés  et  prend,  en  certaines  matières,  un 
caractère  qui  n*est  pas  sans  rapport  avec  celui  des  pouvoirs  dévo- 
lus actuellement  à  nos  conseils  municipaux. 

Il  y  aurait  une  étude  intéressante  et  neuve  à  beaucoup  d'égards 
ii  faire  sur  la  commune  rurale,  sur  la  paroisse  de  Tancienne 
France,  sur  les  membres  des  fabriques,  ces  municipalités  rudî- 
mentaires,  et  sur  les  syndics.  Le  ministère  de  l'Instruction  publique 
et  le  Comité  des  travaux  historiques  ont  avec  raison  appelé  Talten- 
tion  des  érudits  sur  l'intérêt  que  présentent  les  procès-verbaux  des 
assemblées  de  paroisses  et  recommandé  Félude  et  la  publication 
de  ces  documents. 

Pour  se  conformer  à  ces  recommandations,  la  Société  archéolo- 
gique a  adressé  un  pressant  appel  à  ses  membres  et  à  ses  corres- 
pondants. Jusqu'ici,  un  petit  nombre  seulement  y  ont  répondu,  et, 
sauf  les  pièces  ci-après,  que  nous  devons  à  l'obligeance  et  au  zèle 
de  nos  confrères  J.  Bellet  et  G.  Touyéras,  aucun  document  de  quel- 
que intérêt  ne  nous  a  été  adressé.  Nous  renouvelons  notre  appel, 
avec  Tesfioir  que,  cette  fois,  il  sera  mieux  entendu. 

Il  résulte  des  mentions  que  portent  les  expéditions  officielles 
d'un  certain  nombre  de  ces  procès-verbaux,  que  ks  actes  de.^ 
délibérations  de  communauté  étaient  soumis  à  la  formalité  du 
contrôle,  c'est-à-dire  de  l'enregistrement,  au  moins  lorsqu'ils  étaient 
susceptibles  d'être  produits  en  justice.  Ceux  de  nos  confrères  qui 
recherchent  les  documents  de  cet  ordre  ne  doivent  donc  pas  se  bor- 
ner à  feuilleter  les  registres  paroissiaux  et  les  minutes  des  notaires. 
Ils  feront  bien  de  parcourir  avec  soin  les  anciens  registres  du 
contrôle  conservés  dans  les  archives  de  nos  bureaux  actuels  de 
TEnregistremenl. 

L.  G. 


I.  —  La  Souterraine.  —  Adjudication^  en  assemblée  ée  paroisse, 
de  la  herse  et  des  chaînes  de  la  porte  de  la  ville,  placée  en  face  iu 
faubourg  Saint-Michel,  et  application  A*  prix  à  la  réparation  de 
la  toiture  de  l'église  Saint-André  (21  mars  1700). 


Aujourd'huy,  dimanche,  vingt  unième  du  mois  de  mars  mil  sept  cent, 
en  la  ville  de  La  Sousieraine,  en  la  place  publique  appelle  la  Croix  de  la 
Place,  lieu  acoustumé  a  faire  les  assemblt^es  publiques,  à  l'issue  dt  la 
grand  messe,  le  peuple  et  habiiants  eslaai  assemblées  au  dii  lieu  en  graitd 
nombre  pour  le  fait  cy-après  et  suivant  la  déclaration  et  publieairoo  qui  en 
a  estée  faite  par  vénérable  M^  Rolland  (kiillemel,  prestre,  caré  de  la  dite 


QUKLQUKS   DKUBéRATIONS   D*A<seMBLÉKS  PADOISSIALCS.  ,  4^3 

ville,  an  prosne  de  la  grand  messe,  déclaré  par  devant  le  notaire  royal  soussi- 
gné en  la  presance  des  lesmoins  cy-après  nommés,  —  se  sont  présentés  en 
leur  personne  If  François  Kanjon,  sieur  de  Gresac,  juge  de  celle  ville; 
W  Léonard  Guillemet,  sieur  de  Lavau,  bailly,  procureur  fiscal  dans  la  dite 
ville;  M' André  Ranjon,  sieur  du  Gliariis;  vénérable  Rolland  Guillemet, 
prôtre,  curé  de  celte  ville  ;  maisire  Pierre  Gaillaud,  Pierre  Roanel,  Léo- 
nard Compain,  Jacques  Bonnet,  Jacques  Ghapellel  et....  Gaillard,  prestre 
de  la  communauté  de  celte  ville;  Maniai  de  BonneuiU  s^  de  Lagetroinet; 
Pierre  de  Bonnoeil  (4),  sieur  de  la  Brcuisie;  Pierre  de  Bonnoeil,  s'  de  la 
Brejadc;  Antoine  Noniquc,  AndrA  Delacroix,  Léonard  Bonne,  André  Jobely, 

Henry  Granger,  Gharles  Guillemet,  s'  de  V ;  Jeau  Compaiu,  Pierre  Au- 

zanet  et  aulres  principaux  habilanisde  cette  dilte  ville  ei  faisant  la  plus 
saine  et  majeure  voye,  ont  dit  sur  ce  que  la  grille  de  fer  et  chesne  qui  la 
soiistcnait,  du  portail  et  porte  par  laquelle  on  entre  dans  la  forteresse  ée 
cette  dilte  ville  du  côté  du  fauxbourg  Saint-Michel  d'ycelle,  eSi  tombée  à 
cause  de  la  ruine  tolalle  du  dit  portail  qui  est  arrivée  il  y  a  longtemps;  que 
la  dite  grille  et  chesne  sont  par  se  moyeu  eu  danger  d'cstre  défaistes, 
prises  et  emportées  par  des  gens  mal  inlanlionnées  ci  seraient  pac  ce 
moyen  inutille  à  la  ville  et  au  publiq.  El  comme  la  couverture  de  resglize 
paroissialle  de  Saint-André  de  cette  ville  menase  de  ruine  tolalle  cl  est 
bien  endommagée,  de  sorte  qu^il  pieu  sur  la  voulle  de  la  dilte  esglize  et 
labreuvc  enlièremcnt,  ce  qui  causera  la  ruisne  lotalle  de  la  dilte  voulle  (le 
plairas  et  crespy  du  dedans  d^icelle  tombe  journellement  dans  la  dilte 
esglize  et  sur  le  publiq),  —  ils  sont  d'avis  cl  consanleus  que  la  ditte  grille 
et  chesne  dessus  soient  vandues  et  que  les  deniers  en  provenant  soient 
employés  aux  réparations*  de  la  couverture  de  la  dilte  esglize  qui  sont 
nécessaires,  et  pour  cet  eSd  mis  entre  les  mains  de  M"  Léonard  Compain 
et  Pierre  Bonnet,  prestres  de  celle  ville»  preuanl  soin  de  resglize  à  défaut 
de  fabrisiens,  habitants  de  celte  ville.  A  quoy  est  comparu  Pierre  Laurent, 
marchand  chaudronnier  du  pays  d'Auvergne,  estant  de  présant  en  celle 
ville,  qui  a  mis  la  dilie  grille  et  chesne  de  fer  à  la  somme  de  soixante  et 
onze  livres;  laquelle  mise  a  éié  au  mesme  instant  publiée  h  tous  les  car- 
fours  de  la  dilie  ville.  Et  après  avoir  attendu  jusqu'à  la  sorlie  et  issue  de 
vespres  et  qu'il  ne  s'est  trouvé  de  plus  haut  meteurque  le  dit  Pierre  Lau- 
rens,  la  dilie  grille  et  chesne  de  fer  luy  a  estée  délivrée  presantement  pour 
la  dilte  somme  de  soixante  onze  livres  ;  laquelle  somme  le  dit  Pierre  Lau- 
rens  a  presantement  baillée,  payée,  nombrée,  comptée  et  réellement  déli- 
vrée en  louis  d*argenl  et  autre  bonne  monnaye  ayant  cours,  aux  dits 
H^*  Léonard  Compain  et  Pierre  Bonnel  cy-dessus  nommés.  Signé  :  L.  Com- 
pain, P.  BoNiiBT,  pour  ce  presanis  et  personnallemeni  établis,  qui  ont  pris 
et  receu  icelle  somme  pour  employer  aux  reparalions  et  resiablissement  de 
la  couverture  de  la  dite  esglize  qui  est  nécessaire  à  faire  et  promettre  d*y 
faire  travailler  incessamment  et  fournir  de  maciériaux,  doux,  latte,  thuile 
et  rebardeaux,  et  la  peyne  des  ouvriers,  jusqu*à  la  concurauce  de  la  dite 


(1)  11  y  t  Ii«u  de  penser  qu'Etienne  de  Bonneuil,  arehitecte  de  l'église  d'Upsal  au  xiii*  siècle, 
est  sorU  de  cette  famUle  et  appartient  à  notre  pays. 


404  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

somme.  Dont  et  du  tout  les  dits  comparants  et  le  dit  Pierre  Lanreiis  Mt 
requis  acte  au  dit  notaire,  qui  leur  a  octroyé  le  presant  pour  servir  et  valoir 
en  temps  et  lieu  ce  que  de  raison,  en  presance  de  H"  André  Delacroix, 
praticien,  et  de  Pierre  Nonique,  chirurgien,  habilans  de  cette  dilte  ville, 
témoins  connus  à  ce  requis  et  appellées  soussignées  aucq  les  dits  compa- 
rans  sauf  du  dit  Pierre  Laurens,  qui  a  déclaré  ne  savoir  signer,  de  ce 
enquis  et  inslerpellé. 

Signé  :  Guillemet,  Guillemet,  curé  de  La  Souterraine;  Ramon, 
A.  Ranjon,  Bonnet,  P.  Bonnet,  Pierre  Gaillard,  A.  Nonique,  L.  Coï- 
PAiN,  ancien  curé  de  S.  Moris  ;  L.  Bonne,  C.  Gaillard,  Delachois^ 
Granger,  Delacroix,  André  Jobely,  de  Bonoeil,  de  Bonobil,  Guillemet, 
P.  AuzANNET,  J.  Bonnet,  Chapellet,  preslre:  J.  Gompatn,  Nonique,  Rochb- 
ROLLBs  (f  ),  notaire  royal  (rédacteur  de  Tacie).  Controllé  à  La  Sousteraine, 
le  1"  avril  1700,  par  Pigné. 

(Minutes  de  Tétude  de  M.  Ernest  Monlaudon,  notaire  à  La  Sou- 
terraine. —  Communiqué  par  M.  J.  Beiiet,  instituteur  à  Saint- 
Maurice,  membre  de  la  Société). 


II.  —  Lv  SouTERRAi?«E.  —  Délibération  d'une  Assemblée  de  Com- 
munauté tenue  au  sujet  de  droits  de  bancs  et  sépultures  dans 
réglise  de  cette  ville,  réclamés  à  diverses  personnes  par  la 
fabrique  (4  janvier  1739). 

Aujourd'huy,  unziesme  du  mois  de  janvier  mil  sept  ceni  trente-neuf, 
jour  de  dimanche,  issue  de  vcspres,  en  la  ville  de  La  Souterraine,  place 
de  La  Croix  de  Plasselieu  (?)  ou  on  a  accoutumé  de  faire  les  actes  publiqs 
cl  de  convocation  au  son  de  la  cloche  qui  a  cet  effcct  a  esté  tirée,  par 
devant  le  notaire  royal  soussigné,  présence  des  lesmoins  bas  nommes,  a 
esté  duemenl  eslably  M»"  M"  Pierre  Anihoine  Bonnet,  seigneur,  baron  de 
Sl-Priesi,  senechal  de  Bridiers,  demeurant  en  ceUe  ville,  en  qualitté  de 
sindic  fabricien  de  l'église  de  celte  ville,  ayant  convoqué  ei  assemblé  les 
liabitans  de  celle  dille  ville,  et  eu  parlant  à  M"»  Jean-Bapiisle  Sallcloo, 
s' de  Champion,  procureur  (?)  fiscal,  son  adjoint;  a  M"  Jean-Baptiste  de 
Rebierre  de  Lasalle,  curé  de  cette  ville;  à  M.  Pierre  Poujou,  preslre;  a 
M'  André  Denepoux  ^?),  prestre,  a  M""  Jacques  Floret,  s'  de  Poumeroux,  lieu- 
tenant ;  a  W  André  de  Gartempe,  s'  de  La  Cour,  juge  subdellpgué: 
a  M'®  Bernard  Dalignac  (?),  ecuyer,  seigneur  du  Breuil  ;  a  Léonard  Forge- 
mol,  s'  de   Bosquenard,  bourgeois,  consul  ;  a  Gervais  Pasteaud,  s'  de 

(l)  De  la  famille  de  RocheroUes,  ancienne  à  La  Souterraine,  est  sorti  M.  RocheroUf"^, 
professeur  dans  un  Lycée  de  Paris  et  auteur  de  divers  ouvrages  à  l'usage  des  écoles  pri- 
maires. 


QUELQUES   DÉLIBÉRATIONS   d'aSSRMBLÉBS   PAROISSlALKS.  405 

Lagrange,  M®  chirurgien  ;  a  4ndré  Floret,  s'  du  Mas,  procureur  fiscal,  a 
sieur  Silvain  Montaudon,  marchand;  a  s^  Louis  Choyzex  (?)  du  Chiroux, 
bourgeois  ;  a  Pierre  Monlaudon,  s'  de  Foi  {?),  bourgeois;  a  Pierre  Sallet,  s'f  de 
Morleras,  bourgeois;  a  Pierre  Martial  Chappellet,  s»"  Doreîx  (sic),  bour- 
geois; a  M'  François  Monlaudon,  preslre;  a  M"  Pierre  Rocherolcs,  uolaire 
royal  ;  a  Léonard  Forgemol,  s'  des  Fougères,  el  a  Pierre  Monlaudon,  s'  de 
La  Planle,  tous  principaux  habiians  de  cette  ville  et  y  demeurants  :  il  leur 
a  exposé  et  fail  voir  les  avance»  qu'il  a  failles  pour  les  réparations  de 
charpente  (sic)  et  de  couverture  de  ladite  église;  qu'ayant  fait  donner  plu- 
lusieurs  assignations  aux  héritiers  de  ceux  qui  sont  inhumés  dans  ladite 
église  pour  en  payer  les  droits,  ils  font  contestations,  •nottament  S''-Marc 
Auzanet,  qui  prétend  avoir  droit  de  tombeaux  gratuit  dans  laditle  église  et 
refuse  de  j)ayer  celui  de  Thérèse  Nonique,  sa  femme  ;  et  Marie- Anne  Bonnet, 

qui  prétend  aussi  que  la  damoiselle  Horaire  et  sa  fille  . .  -. (<) 

ayant  eu  pouvoir  de  W°  Joseph-Léonard  Hondin  de  Montostre,  ecuyer, 
seigneur  du  Courot,  de  se  faire  inhumer  dans  les  tombeaux  de  la  chapelle 
de  St- Vincent,  ne  doit  payer  leur  droit;  et  que  dame  Françoise  Bou- 
chaud,  veuve  de  M**^  Léonard  de  Norair,  chevallier,  seigneur  de  (<ham- 
boranl,  qui  ont  depuis  quelques  années  un  (?)  banc  dans  la  dite  église  au- 
dessus  de  la  chaire  de  Si-André,  propose  qu'en  luy  accordant  permission 
de  jouir  dudit  banc  pendant  sa  vie  et  après  son  dicès  d'être  inhumée  dans 
le  tombeaux  qui  est  sous  ledit  banc,  elle  offre  donner  présentement  comp- 
tant la  somme  de  quarenle- quatre  livres  une  fois  payée  et  pour  toutes. 
Surquoy,  ledit  seigneur  de  Saint-Priesi,  fabricien,  somme  lesdits  habitans 
de  délibérer  et  donner  leur  avis  pour  suivant  iceluy  agir  el  se  pourvoir 
ainsy  qu*il  appartiendra  ;  et  luy  donner  tout  pouvoir  a  ce  néces- 
saire. Lesquels  habitanis,  ainsi  convoqués  el  assemblés,  ayant  délibérés 
sur  le  tout,  ont  esté  d'avis  que  ledit  seigneur  de  Sdint-Priest  accepte 
la  proposition  de  ladite  dame  de  Chamboraoi,  attoridu  le  besoin  pres- 
sant que  la  fabrique  a  d'argent  pour  subvenir  aux  avances  dudit  s' 
sindic  fabricien  et  autres  réparations  a  faire,  et  que,  par  rapport  auxdits 
s**  Auzanet  et  damoiselle  Marie-Anne  Bonnet  consernant  les  droits  d*en- 
tlierement  desdites  Thérèse  Nonique,  demoiselle  Morair  et  de  sa  fille,  les- 
dits habitans  donnent  pouvoir  audit  seigneur  de  Sainl-Priest  de  prendre 
communication  des  tiltres  (?),  moyens  et  raisons,  consulter  et  prendre  avis 
d'un  ou  de  plusieurs  avocats  a  son  choix,  et  de  tel  siège  el  cour  qu'il 
jugera^  pour,  sellon  qu'il  sera  estimé  el  reson  par  ledit  avocat  ou  plusieurs, 
acquie>ser  ou  plaider  et  poursuivre  jusques  a  arrest  ou  jugement  définitif 
sur  les  demandes  déjà  formées  par  ledit  seigneur  de  Saint-Priest;  el  de 
tous  frais  et  avances  qu'il  fera,  de  les  rapporter  en  son  compte  de  mises 
et  avances  pour  luy  estre  alloué.  En  conséquence  de  la  présente  délibéra- 
tion iceluy  sieur  de  Saint-Priest,  fabricien,  et  lesdits  habitans  convoqués 
et  délibérant  ont,  par  les  présentes,  permis  el  permeitenl  à  la  dite  dame 
de  Chamboraot,  demeurant  en  cette  ville,  présente  et  acceptante,  de  jouir 
pendant  sa  vie  et  jusques  a  sou  deceds,  a  Texclusion  de  tous  autres,  dudit 


(1)  Trois»  mots  ilUsiblea. 


406  soejKxt  AwcetococrQUR  rt  historiqitb  do  umwiuif. 

bêvc  posé  daas  ladille  église,  au-dtssas  (êic)  de  la  chaire  de  SainUAndré, 
et  après  tondeceds^  que  son  corps  soU  inhumé  dans  le  tombeau  qui  eH 
des!rt>nB  iceiay,  moyeananl  qu'elle  demeure  quitte  de  tout  ce  qu'elle  peut 
devoir  jusqu'à  ce  jour  a  ladite  fabrique  pour  la  jouissance  dudit  baoe,  ei 
de  la  somme  de  quarante-quatre  livres  qu'elle  a  présentement  payée  cooip- 
tant  en  argent  audit  s*  fabricien,  par  iuy  prise  et  reçue  en  deduaion  de 

ses  avances  et  eux  estant Et  tout  ce  que  dessus  touttes  parties  ont  voolo 

et  conscnty,  promettant ,  obligeant,  renonssanl,  etc.  Fait  et  passé  en  pré- 
sence de  M'*  Jean  Savy  jàr  d*"  (?)  et  de  Pierre  Dardanne,  marchand,  habi- 
tans  de  cette  ville,  tcsmoins  connus  ;  ci  a  ledit  Dardanne  dedaré  ne 
savoir  signer,  de  ce  interpellé. 

i^NRKT,  sindicfabricien.  —  Salléton,  ajoint  (tiic)  du  sindic.  — Frarçoisi 

BOUCIIAVD  DE  ChAMBORANT.  —    Dc  GOARTRHPB,  jUgC. —  CuiPPV.  —  RANIOlf, 

p*'».  —  La  Salle  de  Riocyrrvs.  —  S.  Montaudon.  —  Drrbpoux,  prêtre  Sa- 
cristain. —  Dr  La  Font  IIrrrnnr  (?).  —  Rochrrolles.  —  Floref...  ~  Mom- 
TAUDON.  —  Dalesmr.  —  Floret,  lieutcnaut.  —  Chapprllet.    —  D'O...  — 

FoRGEMOL    DB  BosTQUBNARD.    —    BaTRAULT  (?).  ^  FORGKHOt    nES  FArCÂRES. 

—   V.  Sallet.  —  Monta UDON,  preirc,  vie.  —  Hontaudor.  —  Savt.  — 
Danjod  (?),  notaire  royal. 
Controlié  a  La  Souterraine,  le  treize  janvier  t739.  Reccu  douze  sols. 

Savy. 
(Communiqué  par  M.  J.  Ballet). 


III.  —  La  Souterraine.  —  Sommation  au  st^délégué  de  Vi^en- 
tendajit  d* a  voir  à  exhiber  les  ordres  en  vertu  desquels  il  a  conuh 
que  tous  les  habitants  de  La  Souterraine  pour  l'acqmt  de  la 
corvée  (10  novembre  1744). 


Aujourd'huy,  dix  du  mois  de  novembre  mil  sept  cent  quarante-qualrei 
environ  les  cinq  heures  et  demie  du  soir,  par  devant  nous,  notaire  royal 
és-sencchaussées  de  Limoges  et  Montmorillon,  résidant  en  la  ville  de  La 
Souterraine,  présence  des  témoins  bas  nommés,  a  la  réquisition  de  Jacqoes 
Florel,  s*"  dc  Pomnicroux,  lieutenant  dc  la  presante  ville;  Léonard 
Choppy,  s'  de  La  Coulure,  bourgeois;  Léonard  Foq^mol,  s'  de  Bosqueoard, 
bourgeois  ;  Charles  Rebiere  de  Bresenly,  bourgeois;  Jacques  Betolaud,  s^ 
de  Lascoux,  bourgeois;  Jean  Bnmd,  s'  de  La  Barre;  François^  s'  de  L^- 
caad,  bourgeois;  Léonard  Cujas,  s'  de  Ribbes,  bourgeois;  Pierre  Antoine 
Bonnet,  seigneur  de  Saint-Priesl;  Pierre  Ranjon,  s'  de  Ghaissaignes; 
Louis  Sallet,  s*^  de  Peuimaillat;  Pierre  Dardanne,  marchand;  Jacques  Mes- 
tadier,  s'  de  Peynal^  tous  officiers  de  judicature,  bourgeois,  marchands, 
demeurant  en  ladite  ville  de  La  Souterraine  ;  nous  nous  sommes  trans- 
portés avec  eux  et  d.  témoins  en  la  maison,  scise  en  ladite  ville,  de  M' de 
Gartempe,  subdelégué  de  monseigneur  l'intendant  de  la  généralité  de 


QUSLftltBS   DBLliSRATIONS   b'aSSRMBLÉBS   PAKOISSIALBS.  407 

Limoge«,  oii  ctani  et  parlant  a  sa  personne,  les  diis  s'**  habUanA^  de  la  dite 
ville  de  La  Souterraine  lui  ont  dit  que  lui,  mondit  sieur  de  Guastempe, 
ayant  donoé  des  ordres  le  premier  du  présent  mois  an  sindic  de  la  dite 
ville  pour  commander  les  iournaliers  et  voiluriers  de  la  dite  ville  pour  faire 
des  corvées  sur  le  graïKl  chemin  de  Boismaudé  à  La  Villaubrua  (1}  el  cela 
relaliveracni  à  Tordonnance  de  monseigneur  Tiatendant  de  Bourges,  du 
vingt-cinq  />ctobre  dernier  et  a  la  nolte  el  ordre  donné  au  dit  sindic 
estant  en  tête  d'ycelle;  et  en  exécution,  le  sindic  ayant  fait  son  r6lle  et 
donné  ses  ordres  aux  journaliers  el  voiluriers  qui  onL  dhû  satisfaire  dès  le 
jour  de  hier,  les  susdits  habitanla,  officiers,  bourgeois  et  marchands  sont 
surpris  de  ce  que  aujourd'hui,  environ  les  quatre  heures  du  soir,  moodil 
&*  de  (>uartempe  a  fail  afficher  au  son  du  tambour  une  ordonnance  du  sa 
part  par  laquelle  il  commande  indistinctement  tous  les  susdits  habitants 
de  se  trouver  demain  à  soleil  levant  sur  les  dits  grands  chemins  pour  y 
travailler  avec  pelles  et  pioches,  et  cela»  est-il  dit,  en  exécution  des  ordon- 
nances de  nos  dits  seigneurs  les  intendants  de  Limoges  el  de  Bourges,  les 
susdits  sieurs  habitants,  très  respectueusement  soumis  aux  ordres  de  nos 
dits  seigneurs  intendants,  sont  néanmoins  surpris  de  ce  que  mondil  sieur 
de  Guartempe  ne  leur  en  a  voulu  communiquer,  afficher  ni  publier  aucune 
et  que  d'ailleurs  lordonnance  de  mondil  sieur  de  Guartempe  de  ce  jour- 
dMiuy,  contraire  aux  précédentes,  leur  fait  présumer  qu'il  n'y  a,  en  con- 
formité d'ycelles,  que  les  journaliers  el  voiluriers  qui  soient  dans  le  cas 
des  corvées  ;  comme  etfeclivemenl,  tous  leurs  métayers  y  sont  actuellement 
avec  bœufs  et  charrettes  el  néanmoins  ou  il  y  aurait  des  ordres  contre  eux 
personnellement,  offrent  même  avec  soumission  de  satisfaire  a  vue  des  dits 
ordres  ;  a  cei  effet  ont  requis  d'abondant,  priant  et  requérant  par  ces  pré- 
sentes, mondil  s^  de  Guartempe  de  leur  exiber  présentement  les  ordres 
qu'il  a  de  nos  dits  seigneurs  les  intendants,  notamment  de  monseigneur 
de  S(-Contest  ou  de  monsieur  son  subdélégué  à  l'intendance,  avec  déclara- 
tion qu'a  faute  de  la  dite  exibition  ils  pensent  et  ont  lieu  de  penser  que 
rien  ne  leur  sera  imputé  à  blâme,  n'entrant  dans  aucune  désobéissance,  — 
et  ont  signés. 

Signé  :  BoNNsr  de  Saint-Prisz  ;  Pkumaillat;  Ribièrk  de  Bkesknty  ; 
BfiTOLAUD  DE  Lacou ',  Choppy  DE  La  Gouture  ;  Cujas  ;  Beraud;  Busson  ; 
AksTAoïER;  Floret;  Ranjon;  Forgeicol  de  Bosquemard;  P.  Dardante. 

Ledit  s^  de  Guarlempc  a  présentement  dit  avoir  une  lettre  Je  monseigneur 
de  Saînt-Conlest,  du  dix-sept  août  mil  sept  cent  qurante-qualre,  qu'il  n'a 
voulu  exiber,  disant  qu'il  ne  doit  pas  communiquer  les  lettres  qu'il  reçoit 
de  mon  dit  seigneur  mais  qu'elle  porte  ordre  aux  habitants  de  se  conformer 
à  l'ordonnance  de  monseigneur  l'intendant  de  Bourges;  et  au  surplus  a  cxihé 
et  fait  kcturc  d'un  extrait  écrit  de  la  main  du  s'  Betolaud,  greffier  du  dits'  de 
Guartempe,  informe  et  non  signé  [par]  personne  el  qu'il  a  dit  contenir  les 
décisions  de  Monseigneur  le  controUeur  général  au  sujet  des  corvées 
et  portant  a  l'art.  7  que  les  bourgeois  aisés  seront  sujets  aux  corvées, 

{!)  Aujourd'hui  la  grande  route  nationale  de  Paris  à  Toulouae. 


408  SOCIKTB  AKCBÛOLOGIOUR   ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIIV. 

même  quand  les  dits  bourgeois  seront  sexagénaires  ou  malades  et  a,  moo- 
dit  S'  de  Guartempe  déclaré  ne  vouloir  signer  sa  presanle  réponse  de  ee 
dhuement  interpellé,  les  dits  habitants  persistant  dans  leur  soumissisn  ci- 
dessus,  disant  que  les  ordres  de  monseigneur  le  conlrolleur  gênerai  ne  leur 
ayant  été  ordonnés  par  monseigneur  Tiniendant  de  Limoges,  et  jusqucs  à 
ces  ordres,  qu'ils  exécuteront  avec  respect,  protestent  de  n'cslre  a  blâme  et 
dans  aucune  désobéissance.  Et  ce  fait  en  présence  de  s'  Jean  Buisson, 
commis  aux  aides  et  distributeur  de  la  formule,  et  de  M*  Jean-Baptiste 
Massard,  clerc,  demeurants  en  celle  ville,  témoins  connus  soussignés  tant  an 
présent  original  qu'en  la  coppie  d'yceluy  que  nous  dit  nottaire  avons  laissée 
es  m;iins  de  mondil  s**  de  Guartempe  lui  requérant  la  dite  coppie.  Signé  : 
BossoN,  Massard,  Ranjon,  nottaire  royal. 

(Communiqué  par  M.  J.  Bellet). 


IV.  —  Saint-Auvent.  —  Nomination  des  syndics   de    la  paroisse 
pour  Vannée  1746  (40  janvier  1745). 


Aujourd'hui,  dimenche,  dixième  jour  du  mois  de  janvier  mil  sept  cents 
quarante-cinq,  a  l'issue  de  la  messe  paroissialle  du  bourg  et  paroisse  de 
SaiQt>Âuvenl,  qui  a  élée  célébrée  en  l'église  de  Saint-Gyr  a  cauze  de  Tin- 
terdict  de  celle  dudit  Saint-Auvent  (1),  par  devant  les  notaires  royaux  de  la 
seneschaussée  de  Mon Imori lion  soussignés,  s'est  présenté  François  Mus- 
nier,  laboureur,  demeurant  au  village  de  La  Berle,  et  Martial  Gorse,  aussi 
laboureur,  demeurant  au  village  du  Peyrat,  le  tout  présente  paroisse,  les- 
quels nous  ont  dit  qu'ils  avoit  été  nommé  scindicts  de  la  dite  paroisse  de 
Saint-Auvent  par  les  dits  habitants  pour  en  faire  la  fonction  jusques  au  pre- 
mier du  présent  mois  et  qui  devait  être  deschargé  dudit  ofhce  de  sindicts 

ainsi  qu'il  parait  par  Tacte  du receu  par  Touyeras, 

un  des  notaires  sous-nommés  avec  son  comfrère,  duement  controilé;et 
comme  les  dits  habiians  ont  de  coutume  de  se  asembler  en  la  place  du 
présent  lieu,  les  dits  Musnier  et  Corses  nous  ont  requis  de  nous  trans- 
porter avec  eux  audit  litu,  la  place  de  Saint-Gyr,  ou  on  accoutumé  de  nom- 
mer lesdils  scindicts  :  a  quoi  ce  devant  nous  nous  sommes  transportés 
avec  lesdlts  Musnier  et  Gorse  eu  ladite  place  dudit  Saint.Cyr,  ou  étant  les 
habiians  dudit  bourg  et  paroisse  de  Saint-Auvent,  assemblés,  qui  sont 
ss'"  (?)  François  Chapus,  bourgeois;  Martial-François  Demarcilliat,  no- 
taire; Jean  Touyéras,  sergent;  Jean  et  Anthoine  Nenert,  taillieurs  d'ha- 
bits; François  de  Villard  ;  François  Chembord;  Pierre  Demasroaud; 
Léonard  Guy«  laboureur;  Jean  de  La  Gasne;  François  Richemont;  Jean  et 


(1)  On  volt  combien  le  caractère  paroissial  domine  les  assemblées  da  genre  de  celles  doot 
nous  nous  occupons.  La  réunion  doit  se  tenir  à  l'issue  de  la  ftiesse  paroi»^siale  de  Saint-Auvcntt 
et  eUe  a  lieu  sur  la  place  de  Saint-Cyr,  non  sur  la  place  de  Saint-Auvent,  parce  qu'eUe  doU 
se  tenir  après  la  messe  paroissiale  et  que  cette  messe  est  célébrée  à  Saint-Cyr, 


QUELQUES   DÉUDÉRATIONS   D  ASSEMBLÉES   PAROISSIALES.  409 

Pierre  Vtuzclle,  laboureurs;  .Michel  et  Jean  Dumur,  recouvreur;  lous  prin- 
cipaux dudil  bourg  et  paroisse  de  Saint-Auvent,  auquels  lesdits  Musnier  et 
Gorses  ont  remontré  que  leur  charge  de  sindicts  est  finie  depuis  le  premier 
de  ce  mois  et  ont  sommé  lesdils  habilans  de  nommer  dautres  sindicis, 
sinon  et  a  faute  de  ce  ont  protesté  de  n*étre  tenus  d'aucun  événement  ; 
et  d'une  mcsme  voye  nommé  pour  sindict  dudit  bourg  et  paroisse  de  Saint- 
Auvent  pour  en  faire  la  fonction  pendant  un  an  a  comter  du  premier  de  ce 
mois  Jacques  de  La  Garde,  dit  Pied,  laboureur,  demeurant  au  village  de 
Senas,  et  Anthoine  Gourse,  cardeur,  demeurant  à  La  Berthe,  le  tout  pa- 
roisse dudit  Saint-Auvent;  dont  et  du  tout  lesdils  François  Musnier  et 
Gorses  nous  ont  requis  acte  aussi  bien  lesJits  habitans  qu  ils  ont  nommés 
au  lieu  et  place  desdits  Musnier  et  Gorses,  que  nous  leur  avons  octroyé 
chascun  a  leur  égard.  Après  avoir  fait  lecture  du  présent  acte  auxdits  habi- 
lans, les  soussignés  ont  signés  et  les  autres  ont  déclarés  ne  scavoir,  de  ce 
interpellés. 

Jean  Thamanion,  Demarcilhat,  J.  Touyéras,  Marius,  Lagasne,  notaire 
royal,  Touyéras,  notaire  royal.  Controllé  à  Saint-Auvent,  fO  janvier  I74S. 
Reçu  douze  sols.  Signé  :  Desoubsdanes,  commis. 

(Communiqué  par  M.  G.  Touyéras,  percepteur  à  Saint-Julien- 
TArs,  membre  de  la  Société). 


V. —  Oradour-sir-Vayres.  —  Délibération  de  l'assemblée  parois- 
siale au  sujet  (le  la  prétention  du  curé  de  percevoir  la  dirne  sur  les 
niennés  récoltes  (3  mai  17S0). 


AujourdMuiy,  jour  de  dimanche,  troizième  jour  du  mois  de  may  mil  sept 
cents  cinquante,  par  devant  le  notaire  royal  de  la  scnescliaussée  de  Mont- 
morillon,  soussigné,  et  le  notaire  du  comlé  d'Auradour-sur-Vayre,  aussi 
soussigné,  au  devant  de  la  grande  porte  et  principallc  enirée  de  Téglise  du 
bourg  et  paroisse  dudit  Auradour-sur-Vayre,  ressord  dudil  Monlmorillon, 
les  habilans  de  la  paroisse,  ce  réquérand,  assemblés  au  son  de  la  cloche 
en  la  manière  accoutumée,  à  Tissue  de  la  grand'messe  célébrée  par  M.  Tar- 
chiprélre  et  curé  dudil  bourg  et  paroisse  d*Auradour,  en  la  quelle  assem- 
blée ils  se  sont  informés,  suivant  Tordonnance  royale,  aux  fins  de  délibérer 
sur  rinlérél  de  leurs  affaires  communes  pour  laquelle  ils  sont  attaqués  à 
l'effet  de  pouvoir  se  défendre  par  les  voyes  ordinaires  de  la  justice  dans 
la  matière  dont  il  sera  cy  après  fait  mention.  Ont  été  présents  et  sont  com- 
parus en  Heurs  personnes  devant  nous  dits,  notaires  sou<%signés,  à  l'effet  des 
présentes,  Messire  Pierre  Berchemain  de  Alorinas,  prêtre,  docteur  en  théo- 
logie, faisant  pour  autre  Messire  Pierre-Guabriel  de  Morioas,  mareschal-dc- 
T.  xxxviii.  87 


410  SOCIÊTi  ARCaéOLOGlQUS   ET   HISTORIQUE  DO   LIMOUSIN. 

logis  des  chevaux-legers  de  la  garde  du  Roy,  demeurant  en  leur  chAleiu  de 

l*uy  chevalier,  Maniai  Biandon  sieur  de  La  Gasne,  etc (suivent  qutre 

pages  de  noms). 

Faisant  la  plus  seine  et  plus  grande  partie  desdils  habitants  comme  dit 
est  et  faisant  pour  tous  les  autres  habiians  de  ladite  paroisse  qui  sont 
absants,  les  qacls  après  ladite  convocalion  ont  propozé  les  uns  aux  autres 
que  M^  Jean  Bussière,  prestre,  archiprestre  de  Nontron  et  curé  de  ladite 
paroisse  d'Auradour-sur-Vajres,  a  fait  appeller  devant  Messieurs  les  officiers 
de  la  dite  sénéchaussée  de  Montmorillon  lesdils  habiians  aux  tins  deire 
condemnés  à  iuy  payer  un  prétendu  droit  de  dixmes  sur  les  bleds  sara- 
zins,  vulguérement  appelés  blé  noir^orge,  balliarge,  bled  d*Espaigne,  millet, 
pois,  monjette,  laine,  poules,  chanvres  et  autres  légnmes,  contre  laquelle 
assignation  lesdits  habitants  veulent  se  défendre  de  sorte  qu*il  est  question 
à  présent  de  fournir  des  moyens  pour  faire  casser  ladite  assignation  et  se 
détendre  au  fond  de  la  demande  dudit  prétendu  droit  de  dixme.  Cette  ma- 
tière mise  en  délibération,  tous  les  habiians  convoqués  ont,  après  avoir  sur 
ce  délibéré  unanimement,  dit  que  jamais  ils  n'ont  étés  asubjétis  au  paye- 
ment du  droit  de  dixmes  desdils  blé  noir,  bleds  d'Espagne,  laine  et  autres 
fruils  ci-dessus  énoncés,  que  la  demande  qui  est  faite  par  ledit  s^  Bussiôre, 
curé,  est  mal  fondée  et  en  laquelle  il  est  non  recevablo  comme  d'une  dixroc 
insolite  que  lesdits  habiians  n'ont  jamais  payés  et  à  laquelle  ils  ne  peuvent 
être  à  présent  asujetis,  conformément  à  Tordonnance  de  Philippe-le-Bel, 
roy  de  France  de  Tannée  1303,  appellée  la  Philipine.  Au  moyen  de  quoi  ils 
demandent  se  pour/oir  conlre  cette  demande;  k  Tefietde  quoi  ils  ont  unani- 
mement  nommé  par  ers  présentes  leurs  chefs  et  sindics  Christophe  Faure, 
sieur  de  La  Roche,  bourgeois,  demeurant  au  dit  bourg  et  paroisse  dudit 
Auradour,  un  des  habiianls  ici  présent  et  acceptant,  auquel  ils  donnenl 
pouvoir  de  poursuivre  et  défendre  à  la  demande  dudit  s'  curé  et  de  se  ser- 
vir dos  moyens  cy-dessus  énoncées  et  de  tous  autres  qu'il  jugera  à  propos 
ou  qui  Iuy  seront  indiqués  par  le  conseil  et  qu'il  jugera  à  propos, 
de  prendre  des  avocats  et  d'aulres  gens  de  pratiques  et  de  faire,  pour  cel 
effet,  toutes  les  poursuites  et  procédures  qu'ils  jugeront  à  propos  et  néces- 
saire et  dans  tous  les  tribunaux  ou  besoin  sera  jusques  à  sentence  et  arre^t 
définitifs 

Et  pour  l'exéculion  d*icelle,  fait  et  passé  au-devant  de  ladite  église  parois- 
siale et  place  publique  dudit  Auradour  ei  lesdits  soussignés  ont  sigué  et 
les  autres  ont  déclaré  ne  scavoir  signer,  de  ce  interpellés  suivant  l'ordon- 
nance. (Suivent  5*2  signatures).  L'acic  est  reçu  par  L.  Faure,  notaire; 
Lhommc,  notaire  héréditaire  ;  Touyéras,  notaire  royal.  — Controllé  à  Saint- 
Auvent  ce  douze  may  1750.  Keçu  douze  sols  par  Desoubsdanes. 

(Communiqué  par  M.  G.  Touyéras). 


QUELQUES   DÉLIBÉRATIONS   D*ASSEU1iLÉES   PAR01SSIALFS.  4U 


VI.  —  Saint-Auvent.  —  Désignation  par  l'asseinblée  de  paroisse 
d'un  habitant  pour  remplacer  un  collecteur  décédé  (12  octobre 
1760). 

Âujourd'huy,  dimcnche,  ilouzièmc  octobre  mil  sept  cents  soixante,  a 
issue  de  messe  paroissialle  da  bourg  et  paroisse  de  Sainl-Aaveni,  les  liabi- 
tans,  assemblés  sous  la  halte,  en  place  publique,  au  son  de  la  cloche  à  la 
manière  ordinaire,  devant  nous  notaires  royaux  de  la  seneschaussée  de 
Montmorillon  soussignés,  ont  comparu  en  personnes  Jacques  Lemasson, 
François  Bourgeaud  Tainé,  Pierre  Dumur,  demeurant  au  bourg,  tous  habi- 
lans  de  la  présente  paroisse,  lesquels,  en  parlant  auxdits  habitans,  leurs 
[ont]  remoniré  qu'ils  demeurent  averiy  qu'ils  ce  trouvent  compris  dans  la 
collonne  des  collecteurs  d'icelle   pour  Tanoée  prochaine  mil  sept  cents 

soixante  [un]  ladite  colonne  de dernier  signée  d'une  partie 

desdils  habitans;  et  comme  despuis  la  dite  collonne,  ont  esté  (?)  avisé  que 
le  nommé  Jean  Monnerie,  de  La  Bellemenie,  qui  était  leur  consord  et 
nommé  pour  collecteur  pour  ladite  année  prochaine  4761  est  décédé  des- 
puis les  fêtes  de  Pasques  dernières,  et  requièrent  lesdits  habitans  d'en 
nommer  un  autre  au  lieu  et' place  dudit  deffunt  Jean  Monnerie,  pour  col- 
lecteur avec  eux  pour  ladite  année  prochaine  1761,  telle  autre  personne 
qu'ils  adviseronl;  ont  déclaré  ne  scavoir  signer  de  ce  enterpelles,  fors  ledit 
Lemasson  qui  a  signé,  de  ce  requis. 

A  quoy  se  sont  présentés  M"  François  Demarcillai,  notaire  royal  ;  Fran- 
çois Gaspard  de  Soudanes,  chirurgien  juré;  Jacques  de  La  Couchie,  s*^  de 
La  Borie;  Martial  Jallageas.  sindic  de  ladite  paroisse,  et  Aiuhoine  Dclominie; 
François  Brun,  marchand,  François  Allegraud,  Léonard  G^eniso^  et  plu- 
sieurs autres  habilans  dudit -bourg  et  paroisse  faisant  la  majeure  partie 
desdits  habilans;  et  après  avoir  examiné  la  remontrance  dudit  Lemasson 
et  consord,  ont  unanimement  et  d*une  mesmc  voye  déclaré  qu'il  est  vray 
que  ledit  deffunt  Jean  Monneric  est  décédé  despuis  lesdites  fesle  de  Pas- 
ques dernières  :  ont  nommé  en  son  lieu  et  place  dudit  deffunt  Monnerie, 
la  personne  de  s' Jean  Devillard,  habitans  du  village  de  Manetexîer,  pré- 
sente paroisse,  qu'il  habite,  et  [l'ont]  certifié  bon  et  capables,  sufffisant  pour 
ladite  charge,  lecture  faite  ont  persisté.  Dont  et  de  tout  quoi  a  été  par  nous, 
notaires  soussignés,  fait  et  concédé  acte  pour  servir  et  valoir  en  temps  et 
lieux. 

Ont  les  soussignés  signés  ;  les  autres  ont  déclaré  ne  scavoir,  de  ce  inter- 
pellez. 

Desoubsdanbs.  —  Jallagas,  sindic.  —  Delominie.  —  J.  Lacouchie, 
Demassaloux,  notaire  royal.  —  Touyéras,  notaire  royal. 
Gontrollé  à  Saint-Auvent,  ce  19<^  octobre  1760.  Reçu  douze  sols  et  six 
deniers.  Hegravellat,  Delagasnb. 

(Communiqué  par  IW.  G.  Touyéras). 


412  SOCIÉTR   ARGHÉOLOCflQUR   RT   aiSTOMQUR   DC   UMOUSIR. 


VIT.  —  Saint  LALRE?iT-suR-GoRRE.—  Désignation  d*un  procureur  en 
vue  de  foimer  un  pourvoi  contre  un  arrêt  du  Parlement,  qui 
reconnaît  au  curé,  contrairement  à  l'usage,  le  droit  de  dime  sur  h 
blé  noir  {SO  novembre  1772). 


Âujourd'huy,  irenliesmo  novembre  mil  sepi  cent  soixanle-douxe,  jour  de 
fesle  de  saint  André,  nous,  notaires  royaux  héréditaires  des  seneschaossét^ 
d'Angoulesme  et  Montmorillon  soussignés,  au  requis  de  Martial  Debver- 
gne,  sindic  du  bourg  et  paroisse  de  Sainl-Laurenl-sur-Gorre,  nous  sotnmfs 
iransporlés  en  place  publique  dudil  bourgt  au  moment  que  le  peuple  sor- 
loient  de  la  première  mess:?  et  (?)  le  curé,  Messire  Dclasniau,  prêtre,  curé  de 
ladille  paroisse.  Nous  présent,  ledhl  s**  sindic,  après  avoir  fait  sonner  !a 
grande  cloche  en  la  manière  accoutumée,  aurait  dit  et  exposé  au  peuple, 
manans  et  habitans  qui  formé  rassemblée,  qu*il  y  avait  un  arrêt  inlcrloca- 
toirc  de  la  cour  du  Parlement  de  Paris,  en  date  du  ...  août  dernier,  rendu 
à  rencontre  de  Messieurs  les  décimaleurs  de  la  présente  paroisse  et  ledit 
s'  curé  par  lequel,  entre  autres  chef  de  condamnations,  ledit  s'  curé  est  auio* 
r!zé  a  percevoir  dans  le  général  de  la  paroisse  la  dixme  du  blé  noir,  sans 
qu'il  soit  autrement  dit  a  quelle  coiiltée;  lequel  arrest  ne  peut  avoir  été 
rendu  [qw*']  parce  que  nos  seigneurs  du  Parlement  ont  crût  que  la  dixme 
de  cette  espèce  de  grain  se  payé  comme  des  gros  grains  :  lequel  arresl  est 
préjudiciable  à  la  parolr,sc,  attendu  qu'il  ne  sont  point  dans  Tuzage  de 
payer  aucune  disme  de  celte  espèce  do  grain  (i),  que  c'esioit  pourquoy  ils 
tenaient  la  présente  assemblée  et  convocation  afin  de  délibérer  entre  eux 
le  party  qu'ils  avoient  a  prendre  a  cet  égard. 

Le  peuple,  après  avoir  con ferré  ensemble  et  délibérée,  ont  résou  qu'il 
fallait,  sous  le  bon  plaisir  de  Monseigneur  Tintendani  de  cette  généra- 
liié,  s'opposer  audit  arrest  de  la  Cour  qui  auiorize  ledit  s'  curé  a  percevoir 
la  disme  dudil  bled  noir,  attendu  qu'eux  ny  leurs  auiheurs  n'ont  été  d'uzage 
dans  jamais  donner,  et  pour  requérir  l'autorizalion  dudit  seigneur  intendant 
cl  faire  ladille  opposition  et  tout  ce  qui  sera  nécessaire  de  faire  pourrai- 
son  d'icelle,  ils  constitue  pour  leur  procureur  général  et  spécial,  ledit 
S""  Delavergne,  sindic  et  acceptant,  auquel  ils  donnent  d'une  unanime  voje 
plain  pouvoir  de  pour  eux  cl  en  leurs  nom  de  s'opposer  audit  arrest  et 
faire  assigner  sur  ladite  opposition  ledit  s*"  curé,  constituer  procureur, 
élire  domicilie  et  générallem^int  faire  par  ledit  procureur  constitué  tout  ce 
qu'il  conviendra  faire  pour  raison  de  laditt«  oppositions  et  les  maintenir 
à  l'uzagc  de  ne  point  payer  do  dixme  de  bled  noir,  promettant  avoir  le  tout 
pour  agréable,  ny  venir  contre  au  peines  de  droit,  promettant,  obligeant, 
alTectant  et  ce  dont,  acte,  lequel  a  été  fait  sous  le  sel  royal  en  la  place  pu- 

(1)  Ce  n'était  pas  seulement  k  Saint-Laurent,  qu'on  ne  payait  pas  La  dime  lar  le  ianaaio. 
L'usage  général  ou  presque  général  l'exceptait  comme  n  menu  g^ain  *. 


QUF.LQUBS    OÉLlBltitATlONS    d'aSSEM  BLÉES    PAROISSIAL RS.  H  3 

blique  dadit  lieu,  en  présence  d^Anthoine  Raynaud,  sacristain  ;  de  Pierre 
Descubes,  s**  de  Salnl-Desir,  procureur  d'oHice  de  la  jurisdiclion  dudii 
Sainl-Laurent-sur-Gorre,  de  Léonard  Boulaud,  laboureur;  M*»Jean  Vigniaud, 
notaire;  d'Anlhoine  Voullant,  laboureur;  Jacques  Roulland,  laboureur; 
Pierre  Descubes,  laboureur;  Pierre  Descubes,  s'  Dupayrat,  bourgeois; 
M"  Charles  Descubes,  s'  Dclalande,  juge  séneschal  de  Saint- Laurant-sur- 
Gorre;  Léonard  Brand,  marchand;  François  Morellon,  s""  Delacoste  ;  Fran- 
çois Haynau,  sergent;  s'  Pierre  Nenerl,  garde  de  monseigneur  le  prince  de 
Conly;  Simon  de  Lacoste,  marchand.  On  les  présent  signés  avec  nous;  el 
autres  signataires  et  autres  habitans  déclaré  ne  scavoir,  de  ce  interpellés. 

Descubes  de  Saint-Dêsik,  Lavergne,  sindic  ;  L.  BouTAfCT,  Yigniauo, 
DES  Jante,  Jacques  Voullaud,  Descubes,  Dupuybrat,  L.  Brand,  F.  More-* 
LON  DE  La  Cottk,  a.  Reynaud,  Delacote,  Nbnert,  Dbscubes,  de  Lalandk, 
Pierre  Reynaud,  Dusoutier,  Declareul,  chirugicn  juré;  Saury,  IIouland, 
A.  DuNOYKR,  Laurant  Verliat,  G.  Vkyreton,  Gayout 

(Communication  de  M.  G.  Touyéras). 


LIVRE   DOMESTIQUE 


DE  LA 


FAMILLE  DU  BDRGUET  DE  CHAUFFAI LLKS 


Le  chartrier  de  M.  le  comte  de  MontbroD,  au  châteaa  de  Ghauf- 
failles,  n'est  pas  moins  riche  que  celui  de  M.  le  baron  de  Nexon. 
Ce  dernier  nous  a  fourni  bon  nombre  de  documents  intéressants  : 
en  premier  lieu,  plusieurs  registres  domestiques,  que  nous  avons 
compris  dans  la  seconde  série  de  notre  recueil  de  livres  de  raison 
limousins  et  marchois  (entre  autres  celui  de  Pierre  Esperon,  juge 
épiscopal  de  Saint- Junien,  commencé  en  1384  et  le  premier  en 
date  de  tous  les  manuscrits  de  ce  genre  découverts  jusqu'à  ce 
jour  dans  nos  provinces  du  centre  ;  ensuite  de  précieux  inventaires, 
étudiés  par  Mk'  Barbier  de  Montault  dans  ce  volume  môme  du 
Bulletin,  Dans  le  dernier  tome  des  Mémoires  de  la  Société, 
M.  A.  Leroux  a  passé  en  revue  un  certain  nombre  de  pièces  inté- 
ressantes provenant  de  la  même  source.  Personne  jusqu'ici,  que 
nous  sachions,  ne  s'était  occupé  de  ce  dépôt,  digne  cependant 
d'attention  sous  plus  d'un  rapport. 

Les  archives  de  Chauffailles,  non  moins  inconnues  jusqu'ici,  ont 
été  ouvertes  avec  la  plus  extrême  bienveillance  par  le  possesseur 
actuel  à  notre  infatigable  confrère  et  ami  Champeval,  qui  y  a 
elTectué  sa  petite  récolte  de  notes  sur  la  topographie  et  la  géogra- 
phie historiques,  puis,  avec  sa  libéralité  ordinaire,  nous  a  fait 
profiter  du  fruit  de  ses  investigations.  Les  extraits  donnés  plus 
haut  par  M.  Moufle  de  l'inventaire  de  François  du  Burguet,  ont 
déjà  appelé  Tattention  des  membres  de  la  Société  sur  ce  chartrier. 
A  notre  tour,  nous  avons  feuilleté  un  grand  registre  in-folio  qui 
provient  de  Chauffailles  et  dont  le  feuillet  de  garde  porte  l'intitulé  : 
Livre  journal  de  M^'  Yrieiœ  du  Burguet^  commencé  l'an  1686. 


LIVRE  DOMESTIQUE   DR  LA  FAMILLE   OU  BURGURT  DE   CDAUFFAILES.         4ld 

^  Ce  registre,  comme  tous  ceux  désigués  autrefois  sous  le  même 
nom,  est  un  livre  de  comptes  où  chaque  domaine  ou  établissement 
a  son  chapitre  spécial  et  où  le  père  de  famille  inscrit,  au  fur  et  à 
mesure  qu'elles  sont  effectuées,  toutes  les  recettes  et  toutes  les 
dépenses  relatives  à  Vexploitation.  Cette  partie  du  manuscrit  de 
Chauiïailles,  malgré  quelques  mentions  ayant  trait  au  charbon  et  à 
la  minSy  c'est-à-dire  au  fer  de  la  forge  de  Chauffailles,  n'a  rien  de 
particulièrement  intéressant.  A  cet  égard,  beaucoup  de  livres  do- 
mestiques nous  fournissent  des  indications  plus  précises,  plus  com- 
plètes et  plus  variées. 

La  destination  de  ce  registre  n'a  pas  été  seulement  de  servir  à 
rinscription  des  recettes  et  dépenses.  S'il  était  un  livre  de 
comptes,  il  était  aussi  un  livre  de  famille,  un  «  papier  baptistaire  » 
comme  on  disait  autrefois.  Tracées  au  haut  de  la  première  page, 
les  lignes  suivantes  en  font  foi  : 

Natalisse  de  nos  enfans,  ensemble  les  jours  qne  feti  M^^  François 
Burguet,  mon  père,  estoit  né  et  décédé^  et  autres  de  nostre  familhie. 

Cette  série  de  mentions  constitue,  on  le  sait,  une  des  parties 
principales  du  livre  de  raison,  en  Limousin  comme  dans  tous  les 
autres  pays.  Les  notes  relatives  aux  événements  contemporains 
faisant  absolument  défaut  au  registre  que  nous  signalons,  et  d'autre 
part  son  contenu  ne  nous  ayant  fourni  aucune  particularité  digne 
d'être  relevée,  nous  nous  bornerons  à  copier  ces  natalitia  qui  occu- 
pent seulement  le  recto  du  premier  feuillet  : 

Natalisse  de  François  Burguet  (1).  —  Le  13*  octobre  IrtOî,  jour  de 
Saiucl  Gérai,  cnvironl  deux  heures  appres  minuit,  est  né  François  Burguet, 
niz  a  M**"  Anlhoyne  Rurguetet  a  Magdelaisne  Sceneschal;  a  esté  baptizé  le 
l'' décembre  an  que  dessus;  a  esté  son  parain  .>1'«  François  Burguet,  son 
oncle  paternel,  et  sa  maralne  Marie  Paignon  (2),  femme  à  W^  Bertrand 
Burguet,  advocat,  frerc  auait  M'"  Anlhoyno.  A  esté  baptizé  par  M'®  Léonard 
du  Burguet,  preslrc  et  curé  de  resglizc  parossialle  de  Coussac. 

Jour  du  deces  de  Magdelesne  Sceneschal  —  Le  18  juin  1603,  environt 
trois  heures  appres  midy,  est  decedée  Madeïaisne  Sceneschal,  ma  grand 
merc,  mère  de  feu  M^«  François  Burguet,  mon  père.  A  esté  ensepvely  le 
13  dud.  moys,  quatre  heures  appres  midy. 

Jour  du  deces  de  M^e  François  Burguet,  —  Le  30  mars  4670,  jour  des 
Rameaux,  environt  cinq  heures  appres  minuit,  dans  n'«  maison  de  Cous- 
sac,  proche  la  place,  est  dcced«  M^®  François  Burguet,  mon  perc,  appres 
avoir  demeuré  loogt  temps  allilté  d'un  hasmc;  et  a  esté  ensepveli  dans 


(1)  Note  marginale. 

(2)  Faoïillc  de  robe.  Un  membre  de  cette  famille  remplissait  les  fonctions  de  procureur  du 
roi  au  prcsidial  do  Limoges  au  xvii*  siècle. 


4fG  SOCIRTÊ  ARClléOLOGiQUe   ET   HlSTORlUUfe.   DU    UMOUSIIf. 

DOS  tunbeaax,  dans  la  chappelle  N^  Dame  de  l'esglize  de  Coussac,  vis  a  tîs^ 
de  Tespiltre,  proche  le  baluste. 

Natalisse  de  Jeanne  Burguct.  —  Le  2  may  1623,  joar  du  mardj,  csl 
née  Jeane  Burguet,  Hlhe  à  M'"  François  Burguet  el  de  Louize  Duroy,  enri- 
ront  sept  heures  de  malin.  A  eslé  son  parain  Jean  Duburgael  dil  Besse,  ei 
sa  maraisne,  Jeanne  Feydil,  femme  a  feu  W^  Blaize  Duroy,  procureur 
d  office  de  Coussac.  A  esi6  baplizée  a  Coussac,  environt  trois  heares  appre> 
midy,  le  mesme  jour,  dans  la  maison  ou  demeure  M'*  Léonard  Dedinla- 
porle  (?),  greflier,  mon  beau  frère;  le  baptesme  a  eslé  fait  par  Hessire 
Michel  Dupuy,  p'^^  et  vicaisre  en  la  pi;esent  paroisse. 

Mort  de  lad.  Jeane.  —  Le  lendemain  decedat  lad.  Jeanne  Bargaet, 
environt  six  heares  de  malin;  et  a  esté  ensepvelie  enriront  vers  ;?^ 
midi  (?). 

NatalUse  de  BlaUe  Duburguet.  —  Le  49°  jour  du  mois  d'aoust  1834, 
environt  deux  heures  avant  jour,  est  né  Blaize  du  Burguet,  aud.  M'*  Fran- 
çois Burguet  et  à  lad.  Louize  Duroy.  A  esté  baptizé  le  dimanche,  3  novem- 
bre 16âi,  appres  vcspres.  A  esté  lenu  par  M"  Jean  Duroy,  pbtre^  pour 
M"'  Biaise  Roy,  proccureur  d'office,  père  a  lad.  Louize;  a  eslé  sa  maraisne 
Anne  Guilhoumaud,  femme  de  M''^  Uosialhet  (?),  lieutenant  de  la  présente 
jurisdiciion. 

Malgré  la  date  des  événements  auxquels  se  rapportent  ces  men- 
tions, il  est  hors  de  doute  qu'elles  n'ont  été  écrites  que  vers  1686 
par  l'auteur  de  notre  registre  et  le  fait  seul  de  l'intercalation  de  la 
note  relative  au  décès  de  François  du  Burguet,  survenu  en  1670, 
au  milieu  de  mémentos  concernant  des  événements  de  cinquante 
années  antérieurs,  suffirait  à  le  prouver. 

Sur  le  dernier  feuillet  du  registre  et  le  feuillet  de  garde  qui  le 
suit,  on  trouve  inscrites  une  série  de  notes  concernant  une  autre 
génération. 

Natalité  de  mes  enfans. 

Du  18  jano.  1687,  —  Premièrement,  est  née  Leonarde  Burguet,  ce 
18  janvier  1687,  environt  neuf  heures  du  matin.  A  estée  bapliséc  le  33  du 
dil  mois  :  a  esté  son  parin  Messire  Jean  Maillard,  mon  oncle,  prestre, 
docleur  en  iheologie,  grand  archidiacre  de  Limoges  et  grand  vicaire  el 
officiai  de  Tulle  (I),  qui,  ne  pouvant  venir,  commit  Messire  Pierre  Mail- 
lard, curé  d^Orgnact  en  sa  place;  a  esté  sa  marine  damoizelle  Leonarde  Guay, 
ma  mère.  A  esté  baplizée  par  Messire  Esticnne  Chassaigne,  curé  de 
Coussact. 

Le  segond  du  mois  d'aoril  1690^  est  née  Anne  Burguet,  environ  deax 
heures  après  minuit;  a  eslé  baplizée  par  le  s^  Bouly,  vicaire  de  Coussacl; 

(1)  U  eit  assez  singulier  de  trouver  ud  «rckidiacre  de  Limoges  remplissant  les  fooctioni 
d'official  dans  un  autre  diocèse. 


LIVRE   DOMESTIQUE   OK    LA   FAUlLLb    DU   BURGUET    DE   CIIAUFPAILLES.      4l7 

a  eslé  son  parin  M"*»  François  îmberl,  mon  beau  frère,  procureur  d'oflicc, 
et  sa  marene  d>^'  Anne  de  La  Jouberlie,  ma  bclle-sœur. 

Du  7  septembre  1691.  —  Esl  née  Jean  Burguel,  mon  fils,  ei  de  ma 
femme  susnommée  ;  a  eslé  sa  marine  Jeanne  de  La  Jouberlie^  ma  belle- 
sœur,  el  parrin  Jean  Burguet,  mon  frère;  —  que  ma  femme  a  failly  a 
mourir  après  ces  couches,  d'une  maladie  peu  après  qui  s'en  est  ensuivie. 

Du  16  nooembre  1692,  —  Est  née  au  point  du  jour  Jane  (?)  Burguel, 
nostre  fille,  el  a  esté  bablisée  le  mesme  jour;  mon  frère  el  ma  beilc-sœur 
la  jeune  Pont  portée  sur  les  fons  de  baptesme. 

Du  4  janoler  1692,  —  Anne  Burguet,  nostre  fille,  est  morte  et  a  eslé 
encevelie  dans  nos  tumbeaux,  devant  Noslre  Dame,  le  lendemain. 

Du  20  janvier  1691.  —  Est  né  nostre  petit,  qui  a  eslé  babtisé  ;  et  a  eslé 
parin  le  s'  de  La  Ruas  (?)  ei  marine  ma  sœur  Dupré  (?).  A  vécu  huit  jours 
après,  il  a  esté  enterré  dans  nos  tumbeaux. 

I>u  30  décembre  1695.  —  Est  né  noslre  petit,  et  a  esté  babtizé;  a  eslé 
son  parini  M' le  marquis  de  Bonneval,  qui  s'estoit  treuvé  ici  a  cause  du 
desordre  arrivé  (?)  dans....  M' le  marquis  le  fils  (?). 

Du  9  feb,  1697,  —  E«t  née  nostre  petite;  a  esté  baptizée  ;  et  a  esté  sou 
parin  mon  beau-frere  Dupuy,  de  Segur  (?),  et  sa  marine  ma  sœur  de  la 
Regodie. 

Du  14  feb,  1697.  —  Mon  frère  esl  parly  de  Limoges  pour  Bourdeaux, 
ou  il  est  aie  prendre  l'aby  de  chartreux,  après  avoir  esté  fay  prestre  despuis 
la  Noël  dernière. 

Mon  frère  est  mort  a  Chaufaille  le  â7  avril  1700.  Il  luy  a  paru  a  son 
agonie  un  spectre  qui  n'a  paru  qu'une  fois,  el  il  est  mort,  disans  et  decla- 
rans  que  ce  spectre  ne  pareislroit  plus  cl  qu*il  voyoit  continuellement  son 
bon  ange  qui  l'assairoit  qu'il  esloit  sauvé. 

Du  15  (?)  aoust  1702.  —  Leonarde  Burguet,  ma  fille,  a  pris  Thabit  de 
religieuse  dans  le  couvent  de  Sainte-Glaire  de  Saint-Yrieix.  Je  luy  ay  cons- 
lilué,  de  mon  chef,  1,500  1.,  et  ma  femme  900  1.,  payables  en  quatre  pactes 
égaux,  la  somme  de  2,000  1.  de  chacun  500  1.  [sic).  Le  premier  payement 

un  ans  après  sa  profession  et  le toules  les  années  500  1.  Pour  les 

400  l.  de  l'équipage  (?)  avons  payé  200  I.  par  contract  receu  Theuret  (?),  n'« 
royal,  et  j'ay  payer  900  1.  a  la  profession. 

Elle  a  fail  profession  le  8  septembre  1703. 

On  a  remarqué  plus  haut  la  curieuse  meation  relative  aux  appa- 
ritions qui  ont  signalé  l'agonie  du  chartreux.  C'est  la  seule  note  de 
ce  genre  que  nous  ayons  rencontrée  dans  les  livres  domestiques  de 
notre  province. 

Louis  GUIBERT. 


DOCUMENTS  DIVERS 


Abomination  par  Marie  Stuard,  reine  dotiarière  de  France,  d'un 
notaire  à  Brigueil-l'Aisné  (4  janvier  1571). 

«  Marie,  par  la  grâce  de  Dieu  Royne  d'Escosse,  douairière  de 
France,  duchesse  de  Touraine,  comtesse  de  Poictou  et  de  Chaul- 
mont  en  Bassigny,  dame  d'Espernay  et  de  Saincte  Manehould,  à 
tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Salut.  Scavoir  faisons 
que  pour  le  bon  rapport  qui  faict  nous  a  esté  de  la  personne  de 
nostre  cher  et  bien  amé  Jehan  de  La  Jarrodie  et  de  ses  sens,  suffi- 
sance, loyauUé,  prudhommie,  expérience  et  bonne  diligence,  a  ice- 
luy  pour  ces  causes  et  aultres  ad  ce  nous  mouvans,  avons,  en  vertu 
du  pouvoir  à  nous  donné  par  le  Roy  nostre  très  cher  sire  et  frère 
de  proveoir  à  tous  les  offices  ordinaires  de  ce  pais,  terres  et  sei- 
gneuries à;nous  baillez  et  délaissez  par  ledit  sire  pour  rassinal(?)de 
nostre  douaire  et  nommer  aux  extraordinaires  quand  vacation  y 
eschet,  donne  et  octroyé,  donnons  et  octroyons  par  ces  présentes 
l'office  de  notaire  royal  au  bourg  de  Brigueil  TAsné,  sénéchaulcée 
de  Monlmorillon  en  Poictou,  que  naguères  souloit  tenir  et  exercer 
feu  M**  Denis  Panis,  dernier  paisible  possesseur  d'iceluy,  vacant  à 
présent  par  son  Irespas  pour  ledit  office  avoir,  tenir  et  doresnavanl 
exercer  et  en  jouyr  et  user  par  ledit  de  La  Jarrodie  aux  honneurs, 
auctoritez,  prérogatives,  prééminences,  franchises,  libertez,  droiclz, 
prousfitz,  revenuz  et  émolumens  accoustumez  et  qui  y  appartien- 
nent, tout  ainsy  et  par  la  forme  et  manière  qu'en  a  jouy  et  usé  le 
dict  defunct  Panis  tant  qu'il  nous  plaira,  à  la  charge  de  vivre  calho- 
licquemenls,  selon  nostre  ancienne  religion  calholicque,  apostolic- 
que  et  romaine,  et  non  aultrement.  Si  donnons  en  mandement  par 
ces  dictes  présentes  au  sénéchal  dud.  Montmorillon  ou  son  lieute- 


DOCOIIBNTS   DIVBRS.  419 

nant  qu'après  qu'il  luy  sera  apparu  des  bonnes  vie,  mœurs  et 
religion  catholicque,  apostolicque  et  romaine  dud.  Jehan  de  La 
Jarrodie  et  de  luy  prins  et  receu  le  serment  en  tel  cas  requis  et 
accoustumé,  il  le  mette  et  institue  ou  face  mettre  et  instituer  de  par 
Nous  en  possession  et  saisine  dud.  office  et  d'iceluy,  ensemble  des 
honneurs,  auctoritez,  prérogatives,  prééminences,  franchises, 
libertés,  droictz,  prousfltz,  revenus  et  émolumens  dessusd.,  le  face, 
soùsfre  et  laisse  jouyr  et  user  plainement  et  paisiblement,  et  à  luy 
obéir  et  entendre  de  tous  ceulx  et  ainsy  qu'il  appartiendra  es  cho- 
ses touchans  et  concernans  led.  office;  oste  et  déboute  d'iceluy 
tout  autre  illicite  détenteur  non  ayant  sur  ce  noz  lettres  de  don  et 
provision  précédentes  es  date  des  présentes,  car  tel  est  nostre  plai- 
sir. En  tesmoing  de  ce  nous  avons  faict  mettre  notre  scel  à  ces  d. 
présentes.  Donné  à  Paris  le  un""  jour  du  mois  de  janvier,  Tan  de 
grâce  mil  cinq  cens  soixante  et  unze  ». 

Sur  le  repli  :  «  Par  la  Royne  d'Escosse,  douairière  de  France,  à 
la  relation  de  son  conseil, 

Lenfant.  » 

Le  sceau,  très  bien  conservé,  de  cette  pièce  sur  parchemin,  est  en 
cire  rouge  et  retenu  par  des  bandelettes  également  en  parchemin. 
Il  est  aux  armes  mi-parti  de  France,  mi-parti  d'Ecosse,  entourées 
de  cette  exergue  : 

MARIA  D.  GRATIA  SCOTORVM  REGINA  ET  FRANCIE  DOTATA 

Le  contre-sceau,  aux  mêmes  armes,  est  de  plus  petite  dimension. 

Sur  le  revers  du  parchemin  on  lit  :  «  Le  titre  de  l'office  du  pré- 
sent a  été  distrait  de?...  de  la  ville  de  Brigueil,  ressort  de  Poictou, 
du  11  janvier  1561  ». 

(Communication  de  M.  A.  Barbier,  de  Poitiers). 


LETTRES  DU  ROI  LOUIS  XIII  ET  DE  LA  REINE  RÉGENTE 
AU  PRÉSIDIAL  DE  LIMOGES. 

fjettre  du  roi  Louis  XTÏI  au  présidial  de  Limoges, 

De  par  le  Roy, 

Nos  amés  et  féaux,  nous  avons  eu  contentement  de  veoir  par 
vos  lettres  l'obéissance  que  vous  avez  rendue  au  commandement 


4i0  SOCIKTF.  ARCIléOLOGtQUE  Ef   QtSTOniQUK  DU  LIMOUSIN. 

que  notts  vous  avions  fait  de  ne  vous  trouvef  à  la  cérémonie  dê> 
obsèques  et  funérailles  du  feu  Roy,  notre  très  honnoré  seigneur 
cl  Père,  que  Dieu  absolve,  pour  éviter  le  désordre  qui  eust  pa 
arriver  à  cause  de  la  contention  qui  estoit  entre  vous  et  les  tréso- 
riers généraux  de  France  de  Limoges,  pour  la  préséance  des  raniiN. 
Vous  ne  debvez  entrer  en  aucune  apréhention  que  le  respeel  qUi* 
vous  avez  rendu  en  cela  à  nosd'  commandemens  vous  puisse  en 
rien  prêjudicier,  notre  intention  estant  que  vous  demeuriez  les  uns 
et  les  autres  aux  mesmes  termes  et  droiclz  que  vous  les  prétendiez 
avoir  auparavant  lad.  cérémonie.  Nous  avons  au  reste  toute  satis- 
faction de  la  procédure  qui  a  esté  tenue  en  ce  faict  de  votre  part, 
sachant  bien  que  vous  ne  vous  estiez  préparé  dW  aporler  aucune 
violence.  Mais  aussi  il  vous  doibl  suffire  de  la  bonne  opinion  qui 
nous  en  demeure,  sans  vous  altérer  davantage  les  uns  contre  ie^^ 
autres,  désirans  que  vous  viviez  ensemble  en  bonne  union  et  con- 
corde, vous  exhortans  d'en  donner  tout  bon  exemple,  en  sorte  que 
nous  ayons  toujours  nouvelle  occasion  de  vous  louer  de  vos  boo^ 
comportemens.  Donné  à  Paris,  le  xni'  jour  d'aoust  1610. 

Louis,  et  plus  bas  :  Phélypkaix. 


Lettre  de  la  Reine,  mère  de  Louis  XHI,  au  ménie  présidial. 

Messieurs,  j'ay  veu  par  vos  lettres,  et  entendu  par  vos  députez 
l'obéyssance  que  vous  avez  rendue  au  commandement  qui  vous  avoit 
esté  faict  par  le  Roy,  Monsieur  mon  fdz,  de  ne  vous  trouver  à  la 
cérémonie  des  obsèques  et  funérailles  du  feu  Roy  mon  seigneur, 
à  cause  de  la  contention  qui  estait  entre  vous  et  les  trésoriers  de 
France  pour  la  prescéance.  Vous  ne  debvez  croire  que  le  respect 
que  vous  avez  aporlé  en  cela  puisse  prêjudicier  en  aucune  faç^n  à 
vos  droictz  et  prétentions,  pour  lesquels  le  Roy  mond.  sieur  etfilz, 
veut  que  vous  demeuriez  tous  aux  mesmes  fermes  et  droiclz  où 
vous  estiez  auparavant  icelle.  Je  vous  asseureray  au  reste  que  j'ay 
tout  contentement  de  la  procédure  qui  y  a  esté  tenue  de  votre  part, 
estant  bien  avertie  que  vous  n'aviez  faict  aucune  assemblée  de 
gens  sur  cette  occasion,  comme  aussy  n'y  avois-je  aporlé  aucune 
créance.  Continuez  à  bien  et  fidèlement  servir  le  Roy  mond.  sieur 
et  fllz,  et  faictes  que  vos  prétentions  n'altèrent  point  la  bonne 
union  et  intelligence  qui  doibl  estre  entre  vous  et  lesd.  trésoriers  de 
France  pour  son  service,  vous  admonnestant  d'y  aporter  toiyours 
la  prudence  et  discrétion  qui  y  est  requise,  comme  vous  avez  faict 


DOCUMENTS   DIVERS.  4M 

jusqoc  à  présent.  Sur  ce,  je  prie  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  ait  en 
sa  sainte  garde.  Escript  à  Paris,  ce  xni'' jour  d'aoust  1610. 

Signé  :  Marie,  et  plus  bas  :  Phélypeaux  (1). 
(Communication  de  M.  Tabbc  Lccler). 


EDIT  DU  ROY 


Portant  création  d'une  élection  et  bureau  de  recette  des  tailles  en  la 
rille  de  ConfoUans,  pour  estre  du  ressort  de  la  généralité  de  Poi- 
tiers, Donné  à  Marly,  au  mois  de  juillet  i7i4. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Navarre,  à  tous 
présens  et  à  venir,  salut. 

I/incommodité  que  souffrent  nos  sujets  taillables  par  Féloigne- 
raenl  du  lieu  où  ils  sont  obligi^'s  de  porter  les  deniers  de  nos  tailles 
et  d'aller  plaider  sur  les  différons  qui  surviennent  au  sujet  de  la 
levée  des  dites  tailles  et  autres  impositions,  nous  a  engagé,  aussi 
bien  que  nos  prédécesseurs,  lorsque  nous  en  avons  eu  connais- 
sance, à  faire  de  nouveaux  élablissemenls  de  sièges  d'élections, 
dans  une  distance  assez  proche  pour  que  nos  dits  sujets  puissent, 
avec  plus  de  facilité  et  moins  de  dépense,  porter  les  deniers  de 
nos  lailles,  et  poursuivre  leurs  procès  pour  raison  des  impositions 
faites  sur  eux 

A  ces  causes  et  autres,  à  ce  nous  mouvans,  de  Tavis  de  nostre 
conseil  et  de  nostre  certaine  science,  pleine  puissance  et  authorité 
royale,  nous  avons  par  le  présent  édit  perpétuel  et  irrévocable, 
créé,  érigé  et  établi,  /.réons,  érigeons  et  établissons  dans  la  dite 
ville  de  Confollans,  un  corps  et  siège  d'élection  et  un  bureau  de 
recette  de  nos  tailles  en  chef,  lesquels  seront  à  l'avenir  de  la  géné- 
ralité de  Poitiers  et  du  ressort  de  notre  cour  des  aydes  de  Paris, 
sans  qu'ils  puissent  cy-après  en  estre  distraits  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit  ;  et  pour  composer  le  ressort  de  la  dite  élection  et 
bureau  de  recette,  nous  avons  distrait  et  désuni  des  élections  voi- 


ci) L'original  de  ces  deux  lettres  était  conservé  chez  M.  de  l'Epine 
(Lkcros,  mil  msSf  III,  307). 


4fl  SOCIÉTÉ   AilCHROLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN. 

sines  les  parroisses  qui  ensuivent,  sçavoir  :  de  Yélectian  éfAngou- 
lestne,  la  ville,  fauxbourgs  et  parroisses  de  GonfoUans,  qui  sera  le 
chef-lieu  de  ladite  nouvelle  élection;  —  de  Sélection  dePoitierSy  les 
villes  et  parroisses  de  S*  Vincent  en  S*  Germain,  Lessac,  Negral, 
Brillac,  S' Quentin,  Abzac,  Oradour-Fanois,  Gharopeaux,  Availles, 
Brigueiiil  Tainé,  le  canton  de  Montreuil,  enclave  du  dit  Brigueûil, 
Nohic,  Bussière,  S*  Christophe,  Montrollel,  Mazières,  l^Iillac,  L«- 
chapt,  Asnières,  Pressac,  Morleoiart,  Montrol-Sénart,  Le  Vigean, 
risle-Jourdin,  Pleuville,  Rochechouard,  Biennac,  Vidais,  S*  Ger- 
vais,  Les  Salles,  Ghaillac,  les  villages  de  S'  Pierre  et  S*  Jonien, 
enclaves  de  Ghaillac,  Benest,  Vairs  quartier.  S'  Mathieu,  S*  Ba- 
zery,  Maisonnais,  Ghéronnac,  Javerdac,  Le  Bouchage,  Blond, 
Vaury  et  Fraize,  Breuilhaufa,  S'Marlin  de  Jussac,  Oradour  sar 
Vairs,  Gussac,  Millaguet,  Pansoubs,  Manal,  S*  Gir,  S^  Auvenl, 
Gliampagnac,  Boubon,  S*  Victurnien,  Oradour  sur  Glanne,  S*  Lau- 
rent sur  Gorre,  Gognac  et  Montbrun;  —  et  de  l'élection  de  Niort. 
les  parroisses  d'AUoûe,  S*  Laurent  de  Sery,  La  Péruse,  S*  Gonslant, 
Champagne  Mouton,  le  Grand  Madieu,  le  Petit  Madicu,  Parsac  et 
Ghassier. 

Toutes  lesquelles  parroisses  ci-dessus  nommées  au  nombre  de 
soixante-huit,  nous  avons  unies  et  incorporées,  unissons  et  incor- 
porons au  dit  siège  d'élection  et  bureau  de  la  recette  des  tailles  de 
la  dite  ville  de  GonfoUans 

Gréons  et  érigeons  en  titre  d'office,  à  titre  de  survivance,  un 
nostre  conseiller  président,  un  noslre  conseiller  lieutenant  civil, 
un  nostre  conseiller  lieutenant  criminel,  •vérificateur  des  rolles  des 
tailles,  un  nostre  conseiller  élu  assesseur,  un  nostre  conseiller  élu 
garde  scel,  quatre  nostres  conseillers  élus,  un  nostre  conseiller  élu 
controlleur  des  tailles,  un  nostre  conseiller  procureur  du  roy,  un 
nostre  conseiller  avocat  du  roy,  deux  substituts,  un  greffier,  deux 
nos  conseillers  receveurs  des  tailles  et  des  deniers  communs  et 
d'octroys,  ancien  et  mytriennal,  alternatif  et  mytriennal 

A  tous  lesquels  officiers  nous  avons  attribué  et  attribuons  les 
mêmes  juridictions,  honneurs,  autoritez,  prérogatives,  privilèges 
et  exemptions,  remises,  franchises,  libériez  et  généralement  tous 
autres  droits,  fonctions  et  exercices,  dont  jouissent,  aux  termes  de^ 
règlements,  les  pourvêus  de  semblables  offices  dans  les  autres 
élections  de  nostre  royaume,  sans  aucune  distinction  ni  différence, 
encore  que  le  tout  ne  soit  icy  plus  particulièrement  exprimé.  Per- 
mettons aux  officiers  de  la  dite  élection  de  réunir  à  leur  corps,  ?i 


DOCUMENTS   DIVERS.  iâ3 

bon  leur  semble,  l'office  de  lieutenant  criminel  vérificateur  des 
rolles  et  celui  d'élu  conlroUeur  des  tailles,  pour  en  jouir  ensemble 
des  gages,  taxations  et  attributions  y  attachées,  conformément  à 
leurs  édits  de  création,  et  ce  sur  les  simples  quittances  de  finances 
qui  leur  seront  expédiées,  sans  qu'ils  soient  obligez  de  prendre  des 
provisions  des  dits  deux  offices,  dont  nous  les  avons  dispensé  et 
dispensons;  leur  permettons  pareillement  de  les  désunir  et  en  dis- 
poser dans  la  suite  ainsi  qu'ils  aviseront;  leur  avons  en  outre 
attribué  et  attribuons  pour  un  quartier  de  gages  effectifs,  sçavoir  : 
au  président  quatre  cens  cinquante  livres;  au  lieutenant  civil  trois 
cens  cinquante  livres  ;  au  lieutenant  criminel  vérificateur  des  rolles 
des  tailles  cent  cinquante  livres,  outre  les  six  deniers  pour  cote, 
attribuez  au  dit  office  ;  à  l'assesseur  deux  cens  cinquante  livres  ;  à 
relu  garde  scel  deux  cens  livres  ;  à  chacun  des  quatre  autres  élus 
deux  cens  livres  ;  à  l'élu  controlleur  des  tailles  deux  cens  livres, 
outre  les  taxations  d'un  denier  pour  livre  du  montant  de  la  taille  ; 
au  procureur  du  roy  deux  cens  livres;  à  l'avocat  du  roy  deux  cens 
livres;  au  substitut  des  dits  procureur  et  avocat  du  roy  cent  livres; 
au  greffier  et  aux  deux  receveurs  des  tailles  et  deniers  communs  et 
d'octroys  à  chacun  mille  livres,  outre  la  somme  de  deux  cens  livres 
que  nous  avons  aussi  attribué  et  attribuons  au  receveur  en  exer- 
cice pour  son  droit  d'exercice.  Tous  lesquels  gages  seront  payez 
chaque  année  aux  pourvëus  des  dits  offices,  sans  aucune  diminu- 
tion ni  retranchement,  par  celuy  des  dits  receveurs  des  tailles  qui 
sera  en  exercice,  et  en  attendant  la  vente  des  dits  offices  à  celuy 
qui  sera  par  nous  chargé  du  recouvrement  de  la  finance  qui  pro- 
viendra de  l'exécution  du  présent  édit,  à  l'effet  de  quoy  en  sera  fait 
fonds  dans  Testât  de  nos  finances  de  la  généralité  de  Poitiers  à 
commencer  du  premier  d'aoust  de  la  présente  année. 

Voulons  que  ceux  qui  seront  pourvëus  des  dits  offices  en  jouis- 
sent à  titre  de  survivance,  conformément  à  nostre  édit  du  mois  de 
décembre  i709,  sans  néanmoins  qu'il  soient  tenus  de  nous  payer 
aucune  finance  pour  raison  de  ce,  pour  la  première  fois  seulement; 
les  dispensons  pareillement  d'acquérir  leur  part  des  nouvelles 
taxations  créées  par  nostre  édit  du  mois  d'octobre  1713.  Et  attendu 
la  finance  qui  nous  sera  payée  par  les  pourvëus  des  offices  de  rece- 
veurs des  tailles,  deniers  communs  et  d'octroys,  nous  les  avons 
dispensez  et  dispensons  par  le  présent  édit  de  donner  caution  ni 
cerlificateur,  sans  qu'à  l'avenir  ils  puissent  être  taxez  pour  raison 
de  la  dite  dispense;  pourront  aussi  les  dits  deux  offices  de  rece- 
veurs des  tailles,  estre  possédez  par  un  seul  et  môme  titulaire, 
sans  auôune  incompatibilité  ny  qu'il  soit  besoin  d'obtenir  nos  let- 
tres, ny  de  payer  pour  raison  de  ce  aucune  finance;  faisons  deffen- 


424  SOCIÉTÉ  ARCnÉOLOGlQUR  ET  U1ST0RIQUE  DU  LIMOUSIN 

ses  aux  collecteurs  et  habitans  de  toutes  les  parroisses  cy-dessns 
distraites  de  porter  les  deniers  de  nos  tailles  et  autres  imposilioDs, 
et  de  plaider  pour  raison  des  dites  tailles  et  des  droits  d'aydes,  en 
autres  élections  qu'en  celle  de  Confollans,  et  aux  officiers  des  élec- 
tions de  Poitiers,  Angoulesme  et  Niort  de  faire  aucunes  poursuites 
ni  connaistre  des  affaires  concernant  les  dites  paroisses  distraites 
de  leur  ressort,  à  peine  de  nullité  et  cassation  des  procédures  et 
jugemens,  et  de  répondre  en  leurs  noms  des  dépens,  dommages  et 
intérêts  des  parties,  sauf  à  estre  par  nous  pourveû  au  dédommage- 
ment qu'il  conviendra  faire  tant  aux  officiers  des  dites  élections  de 
Poitiers,  Angoulesme  et  Niort,  qu'aux  receveurs  des  tailles  des 
dites  trois  élections  pour  raison  du  dénombrement  et  dislracliou 
des  dites  parroisses,  suivant  la  liquidation  qui  en  sera  faite  en  nostre 
conseil. 

Nous  avons  pareillement  créé  et  érigé,  créons  et  érigeons  en  litre 
d'offices  formez,  quatre  procureurs  postulans  et  deux  huissiers 
audianciers,  pour,  par  les  pourveiis  des  dits  offices,  en  jouir 
au  niesme  titre  de  survivance  et  aux  droits,  fonctions  et  préroga- 
tives dont  jouissent  les  pourveûs  de  pareils  offices  dans  les  autres 
élections,  mesme  les  dits  procureurs  du  droit  de  postuler  dans  la 
justice  ordinaire  du  dit  Confollans.  Permettons  aux  particuliers 
qui  voudront  acquérir  les  dits  offices  d'emprunter  les  sommes  dont 
ils  auront  besoin  et  d'affecter  pour  seûreté  des  dits  emprunts  le5 
dits  offices,  gages,  taxations  et  droits  y  attribuez  sur  lesquels  ceux 
qui  leur  auront  preste  leurs  deniers  auront  privilège  spécial; à 
l'effet  de  quoy  mention  en  sera  faite  dans  les  quittances  du  rece- 
veur des  revenus  casucls;  et  pour  donner  un  arrondissement  con- 
venable aux  élections  de  Poitiers  et  Gh&tellerault,  nous  avons 
désuni  et  désunissons  de  la  dite  élection  de  Chàtellerault  les 
parroisses  de  Bonneuil-Matours,  Bellefonds,  S' Léger  et  S*  Cyr,  qui 
se  trouvent  enclavées  dans  les  parroisses  de  l'élection  de  Poitiers, 
et  les  avons  réunies  et  incorporées,  réunissons  et  incorporons  à  la 
dite  élection  de  Poitiers,  pour  estre  à  l'avenir  de  son  ressort  et 
bureau  de  recette  de  la  dite  élection;  comme  aussi  nous  avons  dé- 
suni et  désunissons  de  ladite  élection  de  Poitiers  les  parroisses  de 
Lcsigny,  autrement  dit  le  port  de  Lusignan  avec  ses  enclaves  et  la 
parroisse  de  La  Rocheamenon,  qui  se  trouvent  aussi  enclavées  fort 
avant  dans  l'éleclion  de  Chàtellerault,  lesquelles  nous  avons  pareil- 
lement réunies  et  incorporées,  réunissons  et  incorporons  à  l'élec- 
tion de  Chàtellerault,  pour  estre  à  l'avenir  du  ressort  et  bureau  de 
recette  de  la  dite  élection. 

Si,  donnons  en  mandement,  etc 


DOCUMENTS  DIVERS.  425 

Donné  à  Marly»  au  mois  de  juillet,  l'an  de  grâce  rail  sept  cent 
quatorze  et  de  nostre  règne  le  soixante  douzième. 

Signé  :  Louis. 
Par  le  Roy  y  Signé  :  Voysin. 

Vëu  au  conseil  :  signé  Desmàretz,  et  scellé  du  grand  sceau  en 
cire  verte  en  lacs  de  soye  rouge  et  verte. 
Registre,  etc.... 

(Communiqué  par  M.  G.  Touyéras^i. 


CONFIRMATION  DES  PRIVILÈGES  DE  L'ORDRE 
DE  GRANDMONT  (1716)  (1). 

Lettres  patentes  du  Roy  et  arrests  d'enregistrement  au  Parlement, 
chambre  des  comptes  et  cour  des  aydes. 

Obtenues? par  dom  René-François-Pierre  de  La  GuérinièrCy  abbé  de 
Grandmonty  chef  et  supérieur  général  de  tout  l'ordre  de  Grandmont, 

Portant?  confirmation  générale  de  tous  les  privilèges  de  l'ordre 
de  Grandmonty  en  faveur  de  l'abbaye  et  des  prieurez  du  dit  ordre. 

LOUIS,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Navarre,  à 
tous  présens  et  à  venir,  Salut.  Les  feus  rois  nos  prédécesseurs  au- 
roient,  par  plusieurs  lettres  patentes,  accordé  à  nos  chers  et  bien 
araez  les  religieux,  abbé,  prieur  et  couvent  du  monastère  de  Grand- 
mont,  au  diocèse  de  Limoges,  chef  du  dit  ordre,  et  à  tous  prieurs, 
religieux  des  monastères  et  membres  dépendans  du  dit  ordre,  et 
leurs  hommes,  plusieurs  privilèges,  franchises,  libertez  et  immuni- 
tez,  contenues  aux  lettres  ci-attachées  sous  le  contre-scel  de  nostre 
chancellerie,  desquels  ils  auroient  paisiblement  joui  et  usé  jusqu'à 
présent;  mais  comme  ils  appréhendent  d'y  estre  troublés  à  l'avenir, 
pour  n'avoir,  despuis  et  à  cause  de  nostre  avènement  à  la  cou- 


(0  Peut-être  Limoges  n'a-t-il  ni  gd  original  ni  en  (copie  les  lettres 
octroyées  en  I7t6  par  Louis  XV  à  Tordre  de  Grandmont,  pour  la  confirma- 
tion de  ses  privilèges  et  franchises.  S'il  en  est  ainsi,  je  suis  heureux  de 
les  lui  communiquer,  d'après  une  copie  qu'il  était  grand  temps  de  tirer 
des  greniers.  Elle  vient  de  Tancien  prieuré  de  Ghargnac,  paroisse  de 
Louignac,  au  canton  d'Ayen  (Corrèze). 

T.  xxxvm.  98 


426  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQDK  ET  HI8T0E1QUP.  DO  LIMODSIR. 

ronne,  obtenu  nos  lettres  de  confirmation  sur  ce  nécessaires,  i)> 
nous  ont  très  humblement  fait  supplier  et  requérir  les  leurrouloir 
confirmer. 

A  CES  CAUSES,  désirant,  à  Timitation  des  dits  feus  roys,  nos  prê> 
décesseurs  d'heureuse  mémoire,  pour  les  mesmes  considéraliona 
portées  par  les  dites  lettres,  gratifier  et  favorablement  traiter  le? 
dits  cxposans,  de  Tavis  de  noslre  très  cher  et  très  amé  cousin  le 
duc  d'Orléans,  régent;  de  nostre  1res  cher  et  très  amé  cousin  le 
duc  de  Bourbon  ;  de  nostre  très  cher  et  très  amé  oncle  le  duc  du 
Maine;  de  nostre  très  cher  et  très  amé  oncle  le  comte  de  Toulouse, 
et  autres  pairs  de  France,  grands  et  notables  personnages  de  no^ 
tre  royaume,  et  de  notre  grâce  spéciale,  pleine  puissance  et  auto- 
rité royalle,  Nous  avons  continué  et  confirmé,  continuons  et  con- 
firmons par  ces  présentes,  signées  de  nostre  main,  les  dits  privilè- 
ges portez  aux  dites  lettres  patentes  accordées  au  dit  ordre  par  nos 
dits  prédécesseurs  rois,  pour  en  jouir  par  eux  avec  leurs  hommes  et 
leurs  successeurs,  ainsi  qu'il  est  porté  par  les  dites  lettres,  comme 
ils  en  ont  bien  et  dhuement  joui  et  usé,  sans  que  cy-après  ils  y  soient 
troublez  ny  empêchez  pour  quelque  cause  et  occasion  que  ce  soit, 
pourvu  qu  ils  n'ayent  esté  cy-devaut  révoquez.  Sy  do?ï.>'oxs  es  man- 
dement à  nos  amez  et  féaux  conseillers  les  gens  tenant  nos  cours 
de  parlement,  chambre  des  comptes,  cour  des  aydes  de  Paris  et 
autres  nos  cours  supérieures  de  nostre  royaume,  trésoriers  de 
France  des  généralités  de  nostre  dit  royaume  et  à  tous  baillifs, 
sénéchaux  ou  leurs  lieulenans,  élus  sur  le  fait  de  nos  aydes  et  tail- 
les, et  à  tous  nos  autres  justiciers  et  officiers  qu'il  appartiendra, 
chacun  en  droit  soy,  que  ces  présentes  nos  lettres  de  continuation 
et  confirmation  des  dits  privilèges,  franchises,  immunilez  el 
exemptions  ils  ayent  à  enregistrer  et  de  leur  contenu  ils  fassent, 
souffrent  et  laissent  jouir  et  user  pleinement  et  paisiblement  el 
perpétuellement  les  dits  exposans,  avec  leurs  hommes  et  leurs 
successeurs,  sans  en  ce  leur  faire  mettre  ou  donner  ny  souffrir 
leur  être  fait,  mis  ou  donné  aucun  trouble  ou  empêchement  au 
contraire  :  lesquels  sy  faits,  mis  ou  donnez  leur  étoienl,  cessez  ou 
faites  cesser;  el  à  ce  faire,  souffrir  et  obéyr,  contraignez  et  faites 
contraindre  tous  ceux  qu'il  appartiendra  par  toutes  voyes  dues  et 
raisonnables,  nonobstant  quelconques  ordonnances,  mandemens, 
restrictions,  défenses  et  lettres  à  ce  contraires,  auxquelles  el  à  la 
dérogatoire  des  dérogatoires  nous  avons  dérogé  et  dérogeons  par 
ces  présentes,  pourvu,  ainsy  qu'il  est  dit  ci-dessus,  qu'ils  n'ayent 
été  révoquez  ou  que,  par  nos  édits,  déclarations  et  arrests  de  nos- 
tre Conseil,  il  n'ait  été  ordonné  chose  contraire,  sauf  nostre  droit 
en  autre  chose  et  Tautrui  en  tout,  car  tel  est  nostre  plaisir.  Afin 


DOCUMENTS   DIVKRS.  437 

que  ce  soit  chose  ferme  el  stable  à  toujours,  nous  avons  fait  mettre 
notre  scel  à  ces  dites  présentes.  —  Données  à  Paris,  au  mois  d'oc- 
tobre Tan  de  grâce  mil  sept  cens  seize  et  de  nostre  règne  le 
deuxième.  —  Stg^w^  :  LOUtS,  et  sur  le  reply  :  Par  le  Roy,  le  duc 
d'Orléans,  régent,  présent.  Signé  :  Phelipeaux,  et  à  côté  :  Visa, 
Votsln;  pour  la  confirmation  des  privilèges  aux  religieux  de 
l'ordre  de  Grandmont,  signé  :  Phelipeaux;  et  au  dedans  du  reply  : 
Vu  au  Conseil,  Rouillé,  et  scellé  du  grand  sceau  de  cire  verte,  en 
lacs  de  soye  rouge  et  verte. 

Registrées,  ouy  le  procureur  général  du  Roy,  pour  jouir  par  les 
impétrans  de  V effet  et  contenu  en  ieelles,  ainsy  qu'ils  en  ont  ci-devant 
bien  et  dhuement  jouy  et  usé,  jouissent  et  usent  encore  à  présent, 
suivant  Varrest  de  ce  jour.  A  Paris,  en  Parlement,  le  vingt-deux 
janvier  mil  sept  cent  dix-sept.  Signé  :  Dongois. 

Registrées  en  la  chambre  des  comptes,  ouy  le  procureur  général 
du  Roy,  pour  être  exécutées  selon  leurs  forme  et  teneur,  et  jouir  par 
les  impétrans  de  l'effet  et  contenu  en  icelles,  ainsy  qu'ils  en  ont  bien 
et  dhuement  joui  par  le  passé  et  jouissent  encore  présentement.  A 
Paris,  le  huitiesme  mars  mille  sept  cent  dix-sept.  Signé  :  Noblet. 

Registrées  en  la  Cour  des  aydes,  ouy  le  procureur  général  du  Roy, 
pour  être  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur,  et  jouir  par  les  im- 
pétrans de  Veffet  y  contenu,  ainsy  qu'ils  ont  bien  et  duement  jouy, 
usé  et  jouissent  encore,  à  la  charge  de  n'en  point  abuser,  à  peine  de 
déchéance.  A  Paris,  le  23  décembre  17  i  6.  Signé  :  Olivier. 

Collationné  à  l'original  par  nous,  conseiller  secrétaire  du  Roy  et 
maison  couronne  de  France  et  de  ses  finances. 

(Communication  de  M.  l'abbé  Poulbrière). 


FOUILLES  EXÉCUTÉES 

au  cours  des  années  1889-90,    sur  divers  points 
du  canton  d'Oradour-sur-Vayres  (Haute- Vienne) 


I.  —  TUMULI  DE  LA  ROUTE  DE  ChaLUS. 


Grâce  à  la  subvenlion  que  la  Société  arcliéologique  a  biea  voulu 
m'accorder,  j'ai  pu  faire  fouiller,  en  1889,  par  des  ouvriers  inlelli- 
genls,  les  lumuli  qui  m'étaient  connus  dans  le  canton  d'Oradour- 
sur-Vayres,  et  les  détails  que  je  donne  ci-dessous  sur  ces  fouilles 
pourront  servir  de  comparaison  avec  celles  du  même  genre  opé- 
rées antérieurement,  ainsi  qu'avec  celles  à  venir. 

Avant  d'aborder  les  détails  en  question,  je  ferai  remarquer  que 
la  route  qui  conduit  d'Oradour  à  Ghâlus  se  trouve,  pour  ainsi  dire, 
assise  sur  la  crête  d'une  chaîne  de  collines  qui  servent  de  partage 
au  bassin  de  la  Gorre  à  gauche,  et  au  bassin  de  la  Tardoire  à 
droite.  Les  monuments  funéraires  ou  mégalithiques  que  j'ai  décou- 
verts ou  qui  m'ont  été  signalés,  sont  tous  situés  à  droite  de  cette 
route,  c'est-à-dire  sur  le  versant  de  la  Tardoire,  de  laquelle  ils  ne 
sont  éloignés  que  de  quelques  cents  mètres  et  entre  la  route  et  la 
voie  ferrée  de  Bussière-Galant  à  Saillat. 

Je  ne  parlerai  que  des  monuments  funéraires  de  l'époque  pré- 
historique, me  réservant  de  continuer  mes  recherches  sur  les 
mégalithes  et  les  monuments  de  l'époque  gallo-romaine  dès  que 
les  récoltes  seront  enlevées. 

Le  19  avril  1889,  j'ai  déjà  rendu  compte  des  fouilles  que  j'ai 
faites  au  tumulus  qui  se  trouve  situé  à  200  mètres  derrière  la  gare 
d'Oradour,  à  357  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  J'y  ai  trouvé 
épars  sur  le  foyer,  près  de  deux  gros  blocs  de  quartz  blanc,  des 


FOUILLES   EXÉCUTÉES  DANS   LE   CANTON   d"0RAD0UR-5UR-VAYRES.  4S9 

morceaux  de  fer,  des  clous,  des  débris  de  poterie  grossière,  une 
urne  en  terre  brune,  dont  la  forme  et  romementation  dénotent  un 
goût  artistique  assez  prononcé,  des  morceaux  de  bronze  fortement 
oxydés,  des  cendres,  des  ossements  calcinés...  Sa  circonférence 
était  de  85  mètres  et  sa  hauteur  de  i",10.  Les  fouilles  que  j'y  ai 
opérées  de  nouveau  ont  été  sans  résultats. 

Le  second  tumulus,  que  j'ai  fouillé  le  2  août  1889,  est  éloigné  du 
premier  d'environ  300  mètres  et  se  trouve  plus  rapproché  de  la 
roule,  dont  il  est  distant  de  30  mètf'es  environ.  Il  est  à  900  mètres 
d'Oradour.  Sa  circonférence  est  de  70  mètres;  son  diamètre  de 
20  mètres  environ  et  sa  hauteur  de  80  centimètres.  Il  fait  partie 
d'un  champ  labouré  qui  était  autrefois  une  châtaigneraie. 

Après  avoir  creusé  une  tranchée  de  ^  mètre  de  largeur  et  être 
arrivé  au  sol  vierge,  j'ai  constaté  les  traces  du  foyer,  mais  je  n'ai 
pu  recueillir  que  quelques  débris  de  charbon  de  bois  et  d'osse- 
ments, ce  qui  m'a  laissé  supposer  tout  d'abord  que  des  fouilles 
antérieures  y  avaient  été  pratiquées;  toutefois  un  habitant  des  lieux 
m'a  raconté  que,  lorsqu'on  avait  planté  la  châtaigneraie,  on  avait 
profité  de  l'élévation  de  la  «  motte  »  pour  y  placer  un  arbre  qui 
devait  dominer  les  autres.  Lorsqu'on  a  arraché  le  bois,  un  demi- 
siècle  plus  tard,  les  racines  ayant  poussé  profondément,  force  a 
été  de  mettre  sens  dessus  dessous  le  foyer,  les  poteries,  en  un 
mot  tout  ce  que  contenait  le  tumulus.  Personne  n'a  songé  à  recueil- 
lir le  moindre  objet  et  tout  a  été  jeté  au  vent. 

Plus  récemment,  j'ai  pratiqué  les  fouilles  du  troisième  tumulus, 
situé  à  2  kilomètres  400  mètres  d'Oradour,  au  lieu  dit  La  Ghenin, 
sur  le  bord  de  la  môme  route.  Sa  circonférence  est  d'environ 
48  mètres  et  son  diamètre  moyen  de  15  mètres.  Il  a  été  aplani, 
comme  les  deux  autres,  pour  les  besoins  de  l'agriculture,  et  à 
90  centimètres,  j'ai  trouvé  le  foyer  qui  contenait  des  cendres  et  des 
ossements  calcinés,  dont  deux  morceaux  de  fémur.  J'ai  pu  recon- 
naître aussi  quelques  morceaux  de  grosse  poterie  très  fragmentés; 
enfin,  au  milieu  de  la  terre  rejetée  par  les  ouvriers  j'ai  trouvé  un 
grattoir  concave  en  silex  rose,  une  pointe  mouslérienne  ou  perçoir 
en  silex  gris,  et  quelques  éclats  de  silex  noir.  De  plus,  à  quelques 
mètres  de  là,  dans  une  terre  labourée,  j'ai  ramassé  un  instrument 
en  silex  gris  à  larges  lames,  paraissant  être  un  couteau  de  l'épo- 
que de  la  Madeleine. 

On  peut  conclure  de  cette  énumération  que  ces  tumuli  ont  été 
élevés  pour  honorer  la  mémoire  de  personnages  dont  les  corps 
ont  été  incinérés  et  que  le  premier  de  ces  monuments  funéraires, 
en  tout  semblable  comme  mobilier  à  celui  qui  a  été  fouillé  un  peu 
plus  loin,  sur  la  môme  route,  par  M.  Masfrand,  de  Rochcchouart, 


430  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUIf.    ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN. 

le  3  avril  1889,  appartient  à  Tépôque  hallstadtienne  (fin  da  bronze 
et  commencement  du  fer). 

Il  est  permis,  en  outre,  de  supposer  que  ces  tumuli,  comme  ceux 
de  la  forêt  de  RochecUouart,  datent  du  vi*  ou  du  vu*  siècle  avant 
l'ère  chrétienne. 

Je  joins  à  la  présente  communication  un  plan  des  monument-^ 
du  canton  d'Oradour,  ainsi  que  les  dessins  des  objets  recueillis 
dans  les  tumuli. 


II.    —   TUMULUS  D'ORADOLR-SUR-VAYRES. 

Ce  tumulus  est  situé  à  700  mètres  d'Oradour-sur-Vayres,  et  à 
environ  200  mètres  derrière  la  gare  de  cette  localité,  à  gauche  de 
la  route  qui  conduit  à  Ghampagnac. 

Le  champ  où  il  a  été  dressé  se  nomme  «  Le  champ  des  Mottes  •>. 

Il  est  sur  une  hauteur  d'où  la  vue  découvre  un  vaste  p.anorama, 
et  appartient  à  M.  Guimbelot,  conseiller  général  de  Rochechouart, 
qui  a  bien  voulu  m'autoriser  à  y  opérer  des  fouilles. 

Oradour  se  trouve  au  nord-ouest,  et  le  village  de^Fouçeras  au 
sud,  et  à  peu  de  distance. 

Le  19  avril  courant,  je  me  suis  donc  rendu  dans  le  «  Champ  des 
Motlcs  »  et  j'ai  constaté  que  le  tumulus  avait  été  aplani,  pour 
les  besoins  de  l'agriculture .  La  terre  a  été  rejetée  de  tous  côtés, 
et  le  labourage  a  continué  Tœuvre  de  destruction.  Il  est  donc  im- 
possible de  déterminer  ses  dimensions,  mais  on  m*a  dit  qu'il  était 
très  élevé  autrefois.  Il  a  actuellement  88  mètres  de  circonférence 
à  la  base  et  1  mètre  10  centimètres  de  hauteur.  Il  repose  sur  un 
sol  argileux. 

Après  avoir  fait  pratiquer  une  tranchée  de  l^.SO  de  largeur,  j'ai 
trouvé  le  centre  du  foyer,  qui  doit  s'étendre  à  plusieurs  mètres, 
et  au  milieu  des  cendres  et  des  ossements  calcinés,  deux  blocs  de 
quartz,  plusieurs  morceaux  d'un  grand  vase,  une  urne,  une  cer- 
taine quantité  de  clous,  lin  anneau,  des  débris  d'ornements  ou 
d'armes  en  fer,  des  traces  d'oxyde  de  cuivre  ou  d'argent,  enfin,  un 
morceau  du  fond  d'un  vase  épais,  le  tout  souillé  de  cendres  et  de 
charbon. 

Voici  la  description  des  objets  que  j'ai  examinés  ou  recueillis, 
et  qui  formaient  le  mobilier  funéraire,  à  une  profondeur  de 
1  mètre  10  cent. 

1**  Les  blocs  de  quartz.  —  Ils  sont  blancs  et  ont  chacun  environ 
80  centimètres  de  largeur  et  40  centimètres  de  longueur.  Le  feu  les 
a  rougis  et  noircis  par  endroits; 


FOUILLES    EXÉCUTÉES   DAN>    LE  CANTON    d'ORADOUR-SUA-VAYRES.  431 

2°  Le  grand  vase,  —  J'en  possède  le  fond  en  entier,  qui  a  23  cen- 
timètres de  diamètre,  elles  débris  que  j'ai  réunis  me  permettent 
d'en  fixer  les  dimensions  à  peu  près  comme  suit  :  hauteur,  25  cen- 
limètres;  plus  grand  diamètre,  25  centimètres.  Il  est  en  poterie 
rouge  et  ordinaire,  semblable  à  de  la  brique.  Son  épaisseur  est  de 
i  centimètre.  Le  feu  en  a  noirci  l'intérieur,  et  des  morceaux  de 
charbon  y  adhérent  encore.  Il  se  trouvait  placé  à  gauche  des  blocs 
lie  quartz,  à  environ  50  centimètres.  Ce  devait  être  un  dolium  ou 
une  cruche. 

3°  L'urne,  —  C'est  la  pièce  qui  m'a  paru  la  plus  intéressante 
(le  la  découverte.  La  pression  de  terres  l'a  écrasée,  et  c'est  par 
fragments,  avec  précaution,  que  je  l'ai  exhumée.  Je  Tai  reconsti- 
tuée, et  il  n'en  manque  que  quelques  petits  morceaux.  Elle  a 
li  centimètres  de  hauteur,  16  centimètres  de  diamètre  à  la  panse, 
et  le  bord  a  10  centimètres  de  diamètre.  C'est  un  joli  vase  en 
poterie  rouge  et  fme  de  3  millimètres  d'épaisseur.  Un  léger  vernis 
noir  le  recouvre  intérieurement  et  extérieurement,  et  de  plus  l'ex- 
térieur est  sillonné  de  lignes  grises  et  lustrées  l'ornementant,  et 
paraissant  avoir  été  faites  au  pinceau.  Il  se  trouvait  placé  à  droite 
des  blocs  de  quartz,  à  environ  80  centimètres  et  à  lest.  Il  a  dû 
renfermer  du  \in  ou  un  autre  liquide  dont  la  trace  circulaire  se  voit 
très  distinctement  à  l'intérieur. 

4**  Les  clous.  —  Ils  sont  en  fer  ou  en  bronze,  mais  plutôt  en  fer. 
Une  couche  de  rouille  mêlée  de  grains  de  quartz  ou  d'argile  les 
recouvre.  Répandus  un  peu  partout  sur  le  foyer,  ils  ont  2  et  3  cen- 
timètres de  la  tète  à  la  pointe.  Ne  seraient-ce  pas  les  restes  d'un 
coffret? 

5*  L'anneau.  —  Celui-ci,  qui  est  recouvert,  comme  les  clous, 
d'une  rouille  épaisse,  est  en  bronze  et  paraît  bien  travaillé.  11  a 
14  centimètres  de  circonférence,  et  12  centimètres  seulement,  si 
on  en  déduit  l'épaisseur  de  la  rouille.  Je  ne  serais  pas  éloigné  de 
croire  que  nous  sommes  en  présence  d'un  bracelet  d'enfant;  mais 
un  morceau  manque. 

6*  Les  morceaux  de  fer.  —  Ils  sont  petits,  peu  nombreux  et  leur 
forme  ainsi  que  la  rouille  empêchent  de  les  déterminer. 

7**  Les  traces  d'oxyde,  —  Elles  consistent  en  un  disque  de  patine 
verte  très  friable,  ayant  environ  3  centimètres  de  diamètre,  et  en 
plusieurs  petites  boules  également  en  patine  verte,  qui  peuvent 
ôlre  des  perles. 

8^  Le  débris  de  vase.  —  Il  est  de  même  forme  et  de  même  pâle 
que  le  «  dolium  »,  mais  a  appartenu  à  un  vase  de  dimension 
moins  grande. 

N'ayant  pas  mis  à  nu  entièrement  le  foyer,  il  est  probable. 


43i  SOCIÉTÉ  ARCDÉOLOGIQUK  KT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

comme  semble  Tattester  le  débris  du  dernier  vase,  qae  d'autres 
objets  se  trouvent  encore  dans  le  tumulus.  J'estime  que  des  fouilles 
nouvelles  pourront  y  être  pratiquées  avec  succès,  et  en  attendant, 
j'attribue  la  confection  de  ce  tombeau  à  Fépoque  romano- 
gauloise. 

J'ajouterai  qu'une  dépression  considérable  et  circulaire  du  ter- 
rain se  remarque  à  150  mètres  du  tumulus,  ce  qui  permet  de 
supposer  que  la  terre  qui  le  compose  a  été  prise  en  cet  endroit. 

Cette  dépression  se  trouve  au  nord,  et  au  sud,  m'a-t-on  affirmé, 
se  trouvait  un  autre  tumulus,  mais  moins  grand,  à  environ  80  mè- 
tres de  celui  qui  nous  occupe,  ce  qui  justifierait  le  nom  de  <«  Champ 
des  Mottes  ».  II  n'en  existe  aucune  trace.  De  plus,  toujours  au  sud, 
se  trouve  un  souterrain  refuge,  mis  à  jour  par  la  tranchée  du  che- 
min de  fer,  et  j'ai  cru  reconnaître  à  peu  de  distance  les  restes  d'un 
autre  tumulus.  Il  y  avait  donc  à  Oradour,  dans  les  premiers  siècle? 
de  notre  ère,  une  station  assez  importante. 


III.  —  Camp  gaulois  aux  Chalards. 


A  quatre  kilomètres  et  au  sud-est  d'Oradour-sur-Vayres,  au- 
delà  des  forges  renommées  de  La  Rivière,  en  se  dirigeant  vers 
Châlus,  on  rencontre  le  village  des  Chalards  (nom  qui  par  contrac- 
tion vient  de  châtelard,  châtel  ou  petit  château),  qui  se  com- 
pose de  vingt  feux,  et  qui  compte  de  60  à  65  habitants. 

Sur  le  penchant  d'une  colline  boisée,  ce  village,  qui  a  encore 
quelques  vieilles  habitations,  n'offre  rien  de  particulier  en  lui- 
même.  Sur  le  linteau  efi  granit  de  certaines  portes,  j'ai  remarqué 
des  écussons  en  reUef,  et  j'ai  relevé  les  dates  de  1773  et  1785. 

Les  habitants  de  l'endroit  rapportent  qu'il  existait  autrefois  un 
château  et  même  une  chapelle,  dont  ils  montrent  encore  le  béni- 
tier en  granit,  qui  ressemble  à  un  mortier  de  forme  cylindrique, 
mais  peu  profond. 

A  l'est,  et  séparé  des  maisons  par  quelques  jardins  seulement, 
s'élève  un  ouvrage  en  terre,  que  les  gens  des  Chalards  disent  avoir 
été  élevé  lors  des  guerres  anglo-françaises,  et  ils  appuient  leurs 
dires  sur  cette  particularité  que  du  point  culminant  qui  se  trouve 
près  de  ce  tertre,  on  aperçoit  Châlus,  où  Richard  Cœur-de-Uon 
trouva  la  mort  en  1199.  En  effet,  d'une  coUine  qui  domine  la  con 
trée  à  359  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  qui  est  en 
quelque  sorte  la  continuation  de  celle  où  est  placé  l'ouvrage,  on 


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FOUILLES   KXKCUTBES   DANS   LE   CANTON   d'ORADOUR-SUR-VAYRES  433 

aperçoit  les  tours  de  Châlus,  et  mérae  les  habitations  de  la  ville 
qui  sont  sur  la  hauteur. 

Les  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  permettent  cependant 
de  supposer  plutôt  un  retranchement  de  Tépoque  gauloise  qu*un 
ouvrage  du  moyen-âge.  Ce  qui  permet  de  baser  mon  opinion  avec 
certitude,  c'est  que,  comme  les  camps  retranchés  de  Tépoque 
néolithique,  celui  des  Chalards  était  attaquable  d'un  côté  seule- 
ment. Au  nord  et  à  Touest,  les  pentes  raides  de  la  colline  défendent 
le  camp  tout  naturellement  ;  au  sud  et  à  Test  a  été  élevé  le  retran- 
chement, qui  a  4  mètres  de  hauteur  et  90  mètres  de  long.  Sa  lar- 
geur au  nord  est  de  15  mèlres  :  c'est  son  point  terminus  et  où  on 
voit  Tescarpement  qui  se  prolonge  sur  une  assez  grande  distance; 
au  sud,  il  contourne  sur  un  parcours  de  âS  à  30  mètres  et  sa  trace 
disparaît  dans  le  village.  A  l'endroit  où  sa  courbe  est  le  plus  pro- 
noncée, sa  largeur  atteint  20  mètres,  et  en  extrayant  de  la  terre  en 
cet  endroit  les  ouvriers  ont  trouvé  du  bois  calciné.  Du  côté  est  du 
retranchement  et  à  ses  pieds,  un  large  fossé  le  suit  sur  toute  sa 
longueur;  c'est  de  là  que  la  terre  qui  le  forme  a  été  extraite. 

Nos  vieux  ancêtres,  comme  on  le  voit,  savaient  bien  tirer  parti 
des  accidents  naturels  du  terrain,  pour  s'abriter  contre  les  coups 
de  l'ennemi,  et  dans  le  cas  particulier,  on  remarque  que  le  môme 
travail  a  servi  à  mettre  deux  obstacles  à  la  fois  entre  les  envahis- 
seurs et  les  habitants  du  camp,  dans  lequel  je  n'ai  rien  trouvé, 
malgré  mes  recherches.  En  revanche,  dans  les  champs  avoisinants 
et  à  l'est,  j'ai  recueilli  une  certaine  quantité  d'éclats  de  silex. 
Enfin,  le  camp,  qui  n'a  qu'une  légère  déclivité,  a  environ  2  ares 
d'étendue.  Des  fouilles  amèneront  certainement,  tôt  ou  tard,  la 
découverte  de  quelque  objet  intéressant,  et  dans  tous  les  cas,  je  suis 
heureux  de  pouvoir  signaler  aux  archéologues  la  présence  dans 
notre  contrée  d'un  ouvrage  fortifié  bien  conservé  et  assez  remar- 
quable. 


IV.  —  Station  préhistorique  de  La  «  Jalade  »,  commune  de  Cussac. 


Pour  faire  suite  à  ma  communication  du  8  janvier  1890,  j'ai  la 
satisfaction  d'annoncer  à  la  Société  que  mes  recherches  ont  abouti 
à  la  découverte  de  plusieurs  stations  préhistoriques,  et  que  j'ai 
recueilli  assez  de  matériaux  dans  l'une  d'elles  pour  pouvoir  lui  en 
donner  une  description  dès  aujourd'hui,  me  réservant  de  l'entre- 
tenir des  autres  dès  que  je  les  aurai  suffisamment  fouillées. 


434  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGItillE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIX. 

Celle,  station,  qu'un  éclat  de  silex  me  fit  découvrir  un  jour  que 
je  me  rendais  à  Cussac,  et  que  je  traversais  un  champ  labouré,  est 
à  droite  de  la  route  qui  conduit  d'Oradour-sur-Vayres  à  Cussac,  à 
2  kilomètres  500  mètres  d'Oradour,  et  à  une  altitude  de  300 
mètres  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Elle  se  trouve 
située  sur  une  colline  du  nom  de  «  Jalade  »  (Jelade,  étang  gelé), 
au  pied  de  laquelle  coule  la  Tardoire,  qui  alimente  un  étang  endi- 
gué, à  Tusage  d'une  filature  qui  est  également  aux  pieds  de  la 
station.  Tout  autour,  sont  des  coteaux  plus  élevés  qu'elle,  et  qui 
semblent  l'abriter. 

Parmi  les  centaines  d'éclats  de  silex  et  de  roches  diverses  que 
j'y  ai  trouvés,  on  remarque  quelques  pièces  intéressantes,  dont 
voici  rénumération  : 

1  morceau  de  quartz  hyalin,  ou  cristal  de  roche. 

1  percuteur  entier  et  deux  brisés  (silex). 

i  nucléus  à  longs  sillons  (silex). 

1  pointe  de  flèche  ébauchée  (silex). 

i  pointe  en  silex  noir. 

1  outil  avec  encoche,  ayant  dû  servir  à  graver  l'os  (quarlzile  ou 
grès). 

9  grattoirs  en  silex  et  en  quartz. 

43  fragments  de  haches  en  silex. 

La  présence  des  haches  polies  nous  indique  que  cette  station 
appartient  à  l'époque  néolithique,  el  le  percuteur  ainsi  que  le 
nucléus  et  les  nombreux  éclats  de  roches  dures  que  j'y  ai  trouvés, 
démontrent  qu'il  y  avait  à  La  Jalade  un  atelier  important;  aussi, 
serait-il  intéressant  de  retrouver  le  polissoir  en  silex  ou  en  quartz, 
qui  certainement  ne  peut  être  éloigné  de  cet  endroit,  s'il  n'a  pas 
été  détruit. 


V.  —   Station  de  La  Bethoule,  commune  de  Champagnac. 

La  Bethoule  {Betula,  bouleau)  est  située  sur  la  route  d'Oradour- 
sur-Vayres  à  Châlus,  à  3  kilomètres  500  mètres  d'Oradour  et  à 
une  altitude  de  360  mètres.  Elle  se  compose  d'une  seule  maison, 
et  les  travaux  exécutés  pour  sa  fondation  ont  fait  découvrir  de 
nombreux  vestiges  de  l'occupation  romaine.  Les  champs  qui  l'en- 
vironnent forment  plateau,  et  à  gauche  et  à  droite  on  aperçoit  de 
grands  et  beaux  vallons  formés  par  les  rivières  la  Gorre  et  la 
Tardoire.  En  face,  et  au  midi,  on  voit  le  bourg  de  Champagnac  et 
plus  loin  le  château  de  Brie,  dont  les  tours  blanches  se  détachent 
du  penchant  de  la  colline,  élevée  et  boisée. 


FOUILLES   KXÉCUTÉKS   DANS   I.R   CANTON    o'oRADÛUR-SOR-VAYRKS.  435 

Le  nommé  Léonard,  propriétaire  et  habitant  de  La  Bethoule, 
rapporte  qu'en  faisant  les  fondations  de  sa  maison,  il  a  trouvé,  à 
60  centimètres  environ  du  niveau  du  sol,  une  sorte  de  mortier  en 
granit,  mêlé  de  grains  de  quartz,  que  j'ai  vu  et  dont  j'ai  pris  le 
croquis;  ce  mortier  a  24  centimètres  de  diamètre  et  12  centimètres 
de  hauteur.  Un  creux  part  du  bord,  toujours  en  s'accentuant,  ot 
n'atteint  guère  au  centre  que  3  centimètres.  Cet  objet  me  parait 
avoir  servi  à  moudre  du  grain. 

Léonard  a  trouvé  également  des  tuiles  à  rebords  et  à  talons, 
et  en  cherchant  une  carrière  qui  pût  lui  procurer  la  pierre  néces- 
saire à  l'édification  de  son  habitation,  il  a  découvert  dans  son 
champ  un  puits  dont  personne  ne  soupçonnait  l'existence.  Ce 
puits  a  22  pieds  de  profondeur,  et  l'eau  qu'il  renferme  n'étant 
jamais  claire  ne  peut  servir  à  l'alimentation. 

Les  nombreuses  visites  que  j'ai  faites  à  La  Bethoule  m'ont  permis 
de  recueillir  une  quantité  de  tessons  de  poteries  romaines,  mais 
grossière,  une  tuile  à  rebords  et  à  talons  presque  entière,  de 
40  centimètres,  ayant  sur  un  côté  trois  rangs  de  demi-cercles,  pa- 
raissant faits  à  la  main,  ainsi  qu'une  quantité  de  débris  de 
briques  semblables  et  ayant  2  centimètres  1/2  d'épaisseur.  A  noter 
des  tessons  de  poterie  à  ornements,  une  anse  de  vase  en  torsade  et 
un  peson  plat  de  tisserand,  en  terre  cuite,  de  forme  ronde. 

Parmi  les  nombreux  débris  dont  il  s'agit,  j'ai  trouvé  le  talon 
d'une  hache  néolithique  en  silex  jaune,  ainsi  qu'une  certaine 
quantité  d'éclats  de  silex  de  différentes  nuances,  ce  qui  démontre 
que  La  Bethoule  a  été  habitée  par  des  peuplades  gauloises  avant 
que  les  Romains  y  aient  fait  leur  apparition.  Derrière  la  maison  de 
Léonard,  un  champ,  dont  la  terre  est  noire,  recèle  surtout  des 
débris  de  l'époque  romaine,  et  l'attention  des  archéologues  doit 
être  appelée  par  le  puits  découvert,  qui  pourrait  bien  contenir  un 
mobilier  funéraire. 

F.  Vandermarcq. 


MELANGES 


Sommaire.  —  Jean  Dorat.  —  Le  cardinal  de  Sisleron.  —  M.  de  Canisy  — 
Aymard  de  Graae.  —  I  e  duc  de  Venladour.  —  Etienne  de  Grellel.  — 
La  compélition  ôpiscopale  de  1415  à  Limoges.  —  Les  Grands-Jours  de 
4688.  —  Les  haras  de  Nexon,  des  Cars  et  de  Pompadour.  —  Documeols 
sur  le  Limousin  dans  diverses  publications  récentes.  —  Le  pèlerinage 
de  Roc-Amadour.  —  Le  massif  central  de  la  France. 


Une  Ihèse  de  M.  P.  Robiquet,  De  Joannis  Aurati  poetœ  regiivita 
et  latine  scîiptis  poematibus  (Paris,  i887),  conlient  en  appendice 
quelques  poèmes  inédits. 


Le  torae  III  des  Rolls  of  Parlament  reproduit,  p.  826,  les  Peti- 
tiones  traditœ  régi  en  1379-80.  On  y  trouve  la  mention  du  car- 
dinal de  Sisteron  «  neez  du  pays  de  Limosin,  qu'est  a  présent  a  vous 
rebelle  ».  Il  s'agit  du  cardinal  Renoul  Gorse  de  Monteruc. 


Les  intéressants  Mémoires  de  Tabbé  Legendre,  chanoine  de 
Notre-Dame  de  Paris  à  la  fin  du  xvii«  siècle  et  au  commencement 
du  siècle  suivant,  renferment  le  curieux  passage  que  voici  : 

«  Canizy,  déjà  grand  garçon  [vers  1690],  avoit  de  la  piété,  du 
bon  sens,  de  la  politesse.  Après  avoir  été  évoque  de  Limoges,  il  a 
survécu  longtemps  croyant  toujours  élre  malade  ». 


Le  manuscrit  latin  2342  des  «  nouvelles  acquisitions  »  de  la 
Bibliothèque  nationale  contient  un  acle  original  sur  parchemin, 
de  1368,  dont  voici  l'analyse  :  vente  faite  par  Aymard  de  Grane, 
de  la  paroisse  de  Biennac,  damoiseau  de  Rochechouarl,  chanoine, 


MéLANOBS.  437 

f^ccrétaipe  d'Urbain  V,  et  originaire  de  Cussac  dans  la  châtelleoie 
de  Rochechouart,  de  4  livres  10  sols  de  rente,  monnaie  de  Roche- 
chouart,  sur  tous  ses  biens. 


Dans  Y  Histoire  des  réfugiés  hugrienots  en  Amérique,  du  D'  Baird, 
traduite  en  français  par  MM.  Meyer  et  M.  de  Richemond,  archiviste 
de  la  Charente-Inférieure  (1886),  il  est  fait  mention  (p.  16)  du 
jeune  duc  de  Ventadour  comme  ayant  succédé,  vers  1635,  à  son 
oncle  de  Montmorency  dans  la  vice-royauté  du  Canada.  Ce  fait 
était,  croyons-nous,  ignoré. 


Un  nom  bien  oublié  aujourd'hui  à  Limoges  c'est  celui  d'Etienne 
de  Grellet  qui  naquit  dans  cette  ville  en  1773.  Son  père  exerçait 
remploi  de  contrôleur  de  la  Monnaie  (1)  :  il  fut  plus  tard,  aux  heu- 
res difficiles,  Tami  de  Louis  XVL 

Etienne,  après  avoir  étudié  dans  plusieurs  collèges,  fut  envoyé  à 
celui  des  Oratoriens  de  Lyon,  où  il  resta  jusqu'aux  approches  de  la 
Révolution.  Ses  parents  ayant  été  emprisonnés  comme  suspects,  et 
leurs  biens  séquestrés,  Etienne  et  son  frère  prirent  du  service  dans 
l'armée  des  émigrés  à  Coblentz.  Bientôt  fait  prisonnier  par  les 
troupes  françaises,  il  allait  être  fusillé  quand  il  réussit  à  s'évader. 
Il  s'embarqua  alors  pour  l'Amérique  et  atteignit  File  de  Demerara 
en  1793. 

El)  1795,  à  la  nouvelle  de  l'approche  d'èine  flotte  française,  Etienne 
de  Grellet  quitta  Demerara  pour  New-York,  toujours  en  compagnie 
de  son  frère.  Tous  deux  s'établirent  à  Long-Island.  C'est  là  que  la 
lecture  des  ouvrages  de  William  Penn  et  la  fréquentation  acciden- 
telle d'assemblées  religieuses  le  jetèrent  dans  une  voie  imprévue 
qu'il  devait  suivre  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Cependant,  c'est  seule- 
ment quelques  années  plus  tard,  à  Philadelphie,  qu'il  devint  mem- 
bre de  la  Société  des  Amis  et  fut  consacré  minisire  de  TÉvangile 
dans  cette  célèbre  communauté.  Il  se  signala  par  son  zèle  et  son 
dévouement  lors  de  Tépidémic  de  fièvre  jaune  qui  éclata  à  Phila- 
delphie en  1798.  Atteint  lui-même  par  le  fléau,  il  fut  considéré 


(1)  Vlno.  des  Archioes  comm.  de  Limoges,  par  M.  Ant.  Thomas,  men- 
tionne, sous  la  cole  GG,  10î,à  la  date  de  <785,  messire  Anioîne  Grellet, 
écuyer,  directeur  de  la  manufactare  royale  des  porcelaines  de  France  et 
contrôleur  de  la  Monnaie  de  Limoges,  époux  de  Suzanne  Sénemand.  Ne 
serail-ce  pas  le  père  de  notre  Etienne? 


438  SOCIÉTÉ   ARCRËOLOGIQUR   RT   HISTORIQUE   DU   LÏMOUSIff. 

quelque  temps  comme  mort  et  porté  sur  la  liste  des  décédés  sou« 
cette  rubrique  vague  :  «  un  quaker  français.  » 

Il  n'était  qu'évanoui  et  revint  à  lui  au  bout  de  quelque  temps. 
Rendu  à  la  santé,  Etienne  de  Grellet  continua  pendant  neuf  années 
son  œuvre  missionnaire  à  travers  les  Etats-Unis  et  le  Canada,  pois 
se  résolut  à  rentrer  en  Franco  pour  y  annoncer  TEvangile  (4807). 
Il  y  retrouva  sa  mère  devenue  veuve.  Le  rigorisme  des  principes 
d'Etienne,  Taudacieuse  franchise  avec  laquelle  il  blâmait  la  guerre 
en  elle-même,  le  rendirent  aussitôt  suspect.  Il  essaya  d'obtenir  une 
audience  de  Napoléon  dans  l'espoir  (naïveté  sublime)  de  le  convertir 
à  l'esprit  de  l'Evangile.  Il  ne  put  même  obtenir  un  passe-pori 
pour  Paris.  Au  bout  de  neuf  mois,  désespéré  de  tant  d'insuccès,  il 
se  décida  à  repartir  pour  l'Amérique. 

Dénué  de  ressources,  Etienne  de  Grellet  dut  se  faire  marchand 
pour  élever  sa  famille  et  couvrir  les  frais  de  ses  tournées  mission- 
naires. G'estalors  qu'il  parcourut  les  états  méridionaux  de  l'Amérique 
du  Nord  et  recueillit  sur  l'esclavage  des  détails  instructifs  qu'il 
nous  a  transmis.  En  18H,  on  ne  sait  trop  pour  quelles  raisons,  il 
revint  en  Europe,  débarqua  à  Liverpool,  visita  en  missionnaire 
itinérant  non-seulement  l'Angleterre,  mais  encore  l'Ecosse  et 
l'Irlande,  puis  aborda  «le  nouveau  en  France,  à  Morlaix,  au  cours 
de  l'année  1813,  prêchant  en  tout  temps  et  en  tout  lieu,  visitant 
les  prisons  et  accomplissant  son  œuvre  de  paix  selon  les  seules 
suggestions  de  sa  conscience.  De  Paris,  il  gagna  Genève,  puis 
Berne,  puis  Zurich,  enfin  la  Bavière,  où  il  plaida  auprès  du  roi  la 
cause  d'une  communauté  dissidente.  De  Suisse,  il  passa  en  Italie, 
puis  retourna  en  Amérique-vers  la  lin  de  1814. 

Cette  incroyable  odyssée  n'était  pas  à  sa  fin  :  Etienne  de  Grellet 
revint  plus  tard  encore  en  Europe,  eut  plusieurs  entrevues  avec 
l'empereur  Alexandre  à  Saint-Pétersbourg,  fut  reçu  par  le  pape  à 
Rome  et  se  rendit  à  Conslantinople  pendant  la  peste  qui  sévissait 
dans  cette  ville.  Affranchi  de  tout  esprit  de  secte,  il  était  prêt  à  voir 
un  frère  dans  tout  chrétien,  à  quelque  communion  qu'il  appartînt. 
William  Allen,  qui  l'accompagna  dans  quelques-uns  de  ses  voya- 
ges, partageait  ces  idées. 

Etienne  de  Grellet  mourut  en  Amérique  en  1855,  à  Tâge  de 
quatre-vingt-deux  ans,  rassasié  de  jours  et  de  travaux.  Sa  vie  a  été 
écrite  en  anglais  par  un  anonyme,  d'après  les  relations  et  les 
lettres  laissées  par  Etienne.  M"''  Abric-Encontre  Ta  traduite  en 
français  en  1873  (1).  C'est  à  cette  traduction  que  nous  avons  em- 
prunté les  détails  sommaires  qui  précèdent. 

{{)  Paris,  Grassart,  in-é"  avec  portrait. 


MÂLANGKS.  439 


Le  Diaire  du  célèbre  cardinal  Guillaume  Fillaslre  sur  le  concile 
de  Constance  vient  d'être  publié  pour  la  troisième  fois  (1)  par  le 
D'  Heinrich  Finke  dans  le  volume  intitulé  :  Forschungen  und 
Quellen  zur  Geschichte  des  Konstanzer  Concils  (Paderborn,  1889). 
Nous  y  relevons,  p.  179,  le  passage  suivant,  relatif  à  la  compéti- 
tion de  deux  évéques  de  Limoges  portée  devant  le  concile  : 

[Fin  juillet  H15].  Post  hec  proposult  adoocatus  maglstrl  Rabnundt  de 
Perucio  dicentis  se  elertum  Lemooicensem  contra  dominurn  Nicolaum 
Viaudif  episcQpum  consecratum  Lemooicenaem  et  possessorem»  qui  multa 
proposait  ad  laudein  dicti  magistri  Raymondi  et  oituperium  Viaudi 
episcopi.  Et  post  hec  ooluit  audiri  pars  dicti  episcopi,  set  non  potuit^  quia 
tarde  erat.  Ca^us  auteni  horum  duorum  est  :  oarante  ecclesia  Lemooi- 
censiy  papa  sicut  de  ceteris  ecclesiis  oigore  generalis  reseroacionis  dédit 
illam  in  commendam  cardinali  Cameracensi  nooo.  Idem  Raymundus 
dicens  se  electum  {et  nescitur  ai  canonice)  prétexta  eleclionis  per  rim 
occupaoit  ecclesiamy  castra  et  alia  temporalia  ecclesie.  Et  ipso  per  oim 
impediente  dictas  cardinalis  possessionem  hahere.  non  pot  ait.  Tandem 
idem  cardinalis  prefate  commende  renanciaoU  et  papa  Johannes  XXIII 
pre fatum  N,  Viaudi  eidem  ecclesie  prefecçt  et  super  illa  assignaoU  car- 
dinali pensionem  octingentarum  librarum  turonensium.  Qui  Viaudi 
adhuc  fuit  impeditus  per  dictum  R»  in  possessione  hahenda.  Tandem  ob- 
tinuit  monitorium  a  caria  romana,  cui  non  parait  R.»  set  appellaoit  ; 
propter  quod  N.  imploraoU  curiam  secularem  régis  Francie  pro  habenda 
possessione.  Et  illo  R.  oocato  et  audito,  fuit  decretum  per  illam  curiam 
quod  N.  Viaudi  haberet  posesslonem  et  dati  executores.  Iste  R.  oenit 
adroncilium  et  proposait  illum  Viaudi  symonUzce  habuisse.  Pendet  causa 
appellationis  p redicte.  Hec  scio,  qui  scribo. 


Les  Œuvres  complètes  du  poète  latin  Santeuil  f  1697,  conlieu- 
nent  (au  moins  dans  la  seconde  édition,  qui  est  de  <698)  deux 
élégies  que  nous  signale  M.  Fray-Fournier  et  qui  méritent  de 
fixer  Tattention. 

L'une,  aux  pages  237-240,  est  intitulée  comme  suit  :  Hier.  Pele- 
TERio  (2),  S.  Comistorii  comiti,  ad  Lemovicos,  Pictonicos  et  Santo- 
nés  pro  restauratione  jtistitiœ  proficiscenti,  anno  mdclxxxvhi. 

(J)  11  figure  déjà  dans  MARTÈiNB,  Ampl.  collectio,  VU,  1405,  et  dans 
Mansi,  Concil,  XXVII,  53â. 

(S)  Jérôme  Le  Peleticr  (frère  cadet  des  célèbres  Claude  et  Michel  Le 
Pelelier),  né  vers  t635.  Il  fut  lié,  comme  ses  deux  frères,  avec  Jérôme 
Bignon,  dont  il  est  parlé  plus  loin.  En  1666,  il  avait  été  nommé  avec 
Michel,  son  frère,  «  pour  Texéculion  des  arrêts  de  la  cour  des  Grands- 
Jourg  tenus  à  Clermont  en  Auvergne  ».  (Morgri,  Dictionnaire), 


440  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 

L'autre,  aux  pages  ^4-336,  n'est  pas  datée,  mais  se  rapporte 
évidemment  à  la  même  époque  et  eut  pu  chronologiquement  suivre 
la  précédente.  Elle  est  intitulée  :  H.  BiCNomo  (1),  S.  CtmHstorU 
comti,  po8t  restitutam  L&movicibus,  PictonibtAs  et  Santonibtu  jusH- 
Ham,  revertenti. 

La  table  des  matières,  qui  est  en  français,  traduit  Sancti  consis- 
tort  comiti  par  «  conseiller  d'Etat  »,  et  les  expressions  restauratio 
jiAStitiœ,  restituta  justitia  par  «  Grands-Jours.  »  C'est  cette  dernière 
expression  qui  a  éveillé  notre  attention.  En  effet,  les  Dictionnaires it 
Chéruel  et  de  Lalanne  ne  mentionnent  point  d'assises  de  ce  genre 
après  celles  de  Clermont  de  1665  et  nous  ne  connaissons  pas 
d'autre  Grands-Jours  communs  au  Limousin,  au  Poitou  et  à  laSain- 
totige  que  ceux  de  1634.  La  seule  chronique  que  nous  ayons  en 
Limousin  à  la  fin  du  xvn'  siècle  est  celle  du  Registre  consulaire. 
Elle  est  muette  également  sur  tout  événement  de  ce  genre  en 
l'année  1688.  —  A  défaut  de  confirmation  directe,  qu'on  trouvera 
bien  un  jour,  il  sufiira  à  notre  objet  de  prouver  ici  que  ces  Grands- 
Jours  de  1688  sont  mentionnés  par  Santeuil. 


Notre  confrère  M.  J.-B.  Champeval  a  publié  dans  le  Moniteur  du 
syndicat  agricole  central  de  la  Corrèze  (18  avril  1890)  un  curieux 
article  sur  Télevage  du  cheval  en  Limousin,  article  qui  a  été  re- 
produit dans  le  Corrézien  du  3  mai  et  dans  la  Gazette  du  Centre  du 
15  mai.  Il  en  résulte  que,  bien  avant  la  région  de  Pompadour,  celle 
de  Nexon,  dès  le  commencement  du  xvii*  siècle,  pratiquait  en 
grand  rélève  du  cheval,  avec  l'aide  des  seigneurs  du  pays.  On 
constate  le  même  fait  pour  la  région  des  Cars,  mais  seulement  au 
xvin"  siècle. 


Les  quatre  volumes  parus  du  Recueil  des  chartes  de  Vabbaye  de 
Cluny,  publiés  par  M.  Al.  Bruel  dans  la  «  Collection  des  docu- 
ments inédits  m,  contiennent  un  grand  nombre  de  documents  rela- 
tifs au  Limousin,  pour  les  ix-xi"  siècles. 


La  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  chartes  a  donné  récemment  (tome 
IV,  p.  68  et  ss.)  un  relevé  des  manuscrits  relatifs  à  Thistoire  de 
France,  qui  sont  conservés  à  Cheltenham,  dans  la  bibliothèque  de 

(4)  Jérôme  Bîgnon  (fils  aîné  du  célèbre  juriste  et  historien  Jérôme 
BigQOD)  naquit  en  4697  et  mourut  en  1697. 


MÉLANGES.  441 

sir  Thomas  PbiUpps.  Outre  quelques  articles  où  il  est  question 
d'intendants  du  Limousin  et  que  nous  signalerons  en  meilleure 
place,  nous  notons  dans  ce  relevé  : 

Sous  le  n""  167,  des  lettres  de  Marmontel; 

Sous  le  n<>  232,  vingt-huit  volumes  in-folio  des  «  comptes  de 
Jehan  de  Serre  dit  Vigneron,  commis  par  M.  le  régent  du  royaume, 
daulphin  de  Viennois,  duc  de  Berry,  à  recevoir  le  prouffit  et  émo- 
lument des  monnoies  de  Tours,  Angiers,  Poitiers....  La  Roch^'lle... 
Bourges  et  Limoges  »,  1820-21. 

Sous  le  n""  3842,  des  lettres  de  Jourdan. 


Le  Bulletin  de  la  commission  royale  d'histoire  de  Belgique  pour 
1887  (n*  1)  contient  un  mémoire  de  M.  Van  den  Bussche  sur  Roc- 
Amadaur  :  les  pèlerinages  dans  l'ancien  droit  pénal  de  la  Belgique, 
L'auteur  constate  que  «  Roc-Amadour  est  un  lieu  de  dévotion  ex- 
piatoire reconnu  et  sanctionné  par  les  traditions  judiciaires  des 
Pays-Bas  dès  le  x*  siècle  ;  les  cours  de  justice  y  envoient  le  coupa- 
ble d'un  crime  ou  d'un  méfait  grave,  mais  pour  lequel  la  mort  est 
une  peine  exagérée.  »  (1). 


Le  programme  pour  l'agrégation  d'histoire  et  de  géographie  en 
1890  porte  ce  sujet  :  Étude  géographique  du  Plateau  fsic,  corrigez  : 
Massif)  central  de  la  France.  Rapports  entre  les  populations  et  le 
sol.  D'autre  part,  il  a  été  fait  à  l'Institut,  à  la  fin  d'octobre  1890, 
une  lecture  sur  ce  môme  massif  central.  Le  Limousin  ne  peut  que 
trouver  profit  à  ces  études,  trop  négligées  jusqu'ici. 

A.  L. 


(1)  Voir,  sur  ce  sujet,  plusieurs  des  ouvrages  de  M.  Charles  de  Linas, 
entre  autres  :  La  châsse  de  Gimel  et  les  anciens  monuments  de  VémaUlerie. 
Paris,  Klingsieck,  1883. 


T.  xxxvui.  29 


BIBLIOGRAPHIE 


UŒuvre  de  Limoges  (1),  par  Ëraest  Rupin.  —  Chro- 
niques  ecclésiastiques  du  Limousin,  recueillies  et 
annotées  par  M.  Tabbé  Legler  (2). 


L'année  qui  vient  de  s'écouler  a  vu  paraître  la  première  partie 
d'une  publication  du  plus  haut  intérêt  pour  l'étude  dej'art  et  de 
l'industrie  de  notre  province.  Nous  voulons  parler  de  l'Histoire  de 
VEmaillerie  Limousine,  qui  forme  le  premier  volume  du  magni- 
fique ouvrage  consacré  à  XŒuvre  de  Limoges  par  un  de  nos 
confrères  les  plus  compétents  dans  cette  matière,  M.  Ernesl 
Rupin,  président  de  la  Société  scientifique  et  historique  de  Brive. 

Imprimé  en  beaux  caractères,  tiré  sur  papier  fort,  orné  de  cinq 
cents  gravures,  dont  un  certain  nombre  de  planches  hors  texte,  ce 
bel  ouvrage  résume  tout  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'à  ce  jour  sur  un 
sujet  intéressanl  à  plus  d'un  litre. 

Uart  de  l'orfèvre  remonte  aux  premiers  âges  de  l'humanité  ;  ses 
produits  figurent  parmi  les  débris  les  plus  caractéristiques  des 
anciennes  civilisations.  Us  permettent  de  constater  les  progrès  du 
goût  et  les  exigences  croissantes  du  sentiment  artistique.  De  bonne 
heure,  l'ouvrier  a  été  impressionné  par  la  froideur  des  surfaces 
métalliques,  qu'exagère  l'éclat  môme  du  métal  poli,  et  a  cherché 
à  y  remédier  à  l'aide  du  burin  et  du  ciseau.  Les  dessins  plus  ou 
moins  profonds,  les  reliefs  et  les  creux,  les  lumières  et  les  ombres 

(4)  Deux  beaux  volâmes  in-4".  —  Prix  de  la  sousmpiion  à  Touvragc 
complet  :  100  fr.  On  souscrit  chez  M'°«  V®  H,  Ducouriieux,  à  Limoges. 

(2)  Un  volume  in-8°  de  près  de  600  pages.  TuUe,  Mazeyric,  et  Limoges, 
Ducourtieux.  —  Prix  :  <0  fr. 


BIBLlOr.RAPHIB.  4  i3 

haWlement  ménagés,  ont  ajouté,  aux  formes  si  diverses  des  bijoux 
et  des  ornements,  un  décor  aussi  varié  que  la  fantaisie  elle-même 
de  l'orfèvre.  Mais  cette  variété  ne  suffisait  pas  :  la  distribu- 
tion des  reliefs,  le  mouvement  du  modelé,  les  jeux  de  la  lumière 
ne  constituaient  pas  une  décoration  suffisante.  L'artiste  eut  birntôt 
recours  à  des  ornements  de  couleur  différente,  rapportés  sur  le 
métal,  simplement  enchâssés  d'abord,  comme  les  pierres  pré- 
cieuses et  certaines  pâtes,  puis  parfondus  et  faisant  corps  avec  lui, 
comme  rémail. 

L'émail,  qui  devait  jouer  un  si  grand  rôle  dans  le  décor  des  piè- 
ces d'orfèvrerie,  fait  son  apparition  dès  une  antiquité  assez  reculée. 
L'Orient,  l'Italie,  la  Gaule,  l'Angleterre,  l'Espagne,  tous  les  pays 
de  TEurope  ont  fourni  des  spécimens  intéressants  et  indiscutables 
de  son  emploi  à  une  époque  antérieure  ou  de  peu  postérieure  au 
commencement  de  l'ère  chrétienne.  La  plupart  de  ces  objets  ont 
été  maintes  fois  décrits;  mais  les  reproductions,  presque  toutes 
publiées  dans  des  brochures,  dans  des  études  monographiques,  en 
sont  rares.  M.  Rupin  a  réuni  tous  ces  précieux  éléments  de  compa- 
raison et  d'étude,  et  la  série  de  dessins  des  pièces  appartenant  à 
celte  première  période  qu'on  trouve  dans  son  Histoire  de  VEmail- 
lerie  lÀmomine,  sufTirait  seule  à  donner  à  ce  livre  un  intérêt 
exceptionnel. 

Si  l'ouvrage  fournit  de  précieux  documents  pour  l'histoire  de 
rémaillerie  en  général,  il  en  recèle  de  plus  précieux  encore  pour 
l'histoire  de  l'art  Limousin  dont  l'émaillerie  fut,  durant  plusieurs 
siècles,  la  branche  la  plus  florissante  et  la  plus  renommée. 

Toutes  les  périodes  de  cette  histoire  sont  successivement  étu- 
diées; mais  celle  des  origines,  si  obscure,  si  controversée,  est 
traitée  par  l'auteur  avec  un  soin  particulier.  Il  résume  toutes  les 
discussions  auxquelles  ont  donné  lieu  le  phénomène  de  l'implan- 
tation à  Limoges  de  l'industrie  de  l'orfèvre-émailleur,  la  constante 
application  des  ouvriers  de  Limoges  à  varier  et  à  perfectionner 
l'emploi  de  l'email,  la  notoriété  extraordinaire  acquise  à  leurs  pro- 
duits, et  la  reconnaissance,  pour  ainsi  dire  universelle,  de  la  supé- 
riorité de  nos  ateliers  dans  la  pratique  de  certains  procédés 
d'émaillage,  à  ce  point  que  l'emploi  des  émaux  champlevés  sur  les 
pièces  d'orfèvrerie  devient  le  signe  distinctif  des  œuvres  de  nos 
ateliers  et  comme  la  marque  de  fabrique  de  Limoges. 

Saint  Eloi  a-t-il  pratiqué  l'art  de  Fémailleur?  Les  traditions  de 
cet  art  se  sont-elles  conservées  à  Limoges  durant  la  période  la  plus 
tourmentée  du  moyen-âge?  L'école  Limousine  est-elle  indépen- 
dante de  l'école  Rhénane.  A-t-elle  eu  son  point  de  départ  propre 
et  son  développement  parallèle  à  celui  des  ateliers  allemands  et 


444  SOCIRTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   filStORlQUfc   DU   LIMOUSIN. 

entièrement  indépendant  de  leur  action?  Trois  problèmes  du  plus 
haut  intérêt,  non-seulement  pour  notre  histoire  provinciale,  mais 
au  point  de  vue  plus  large  de  l'histoire  de  Tart  français  et  de  Tin- 
diistrie nationale;  trois  questions  auxquelles  M.  Rupin  répond  par 
Taffirmative  et  autour  desquelles  notre  confrère  accumule  des  indi- 
cations si  variées,  des  témoignages  si  précis  et  si  concordants  que, 
pour  le  lecteur  attentif,  ils  équivalent  presque  à  des  preuves. 
Signalons  les  inductions  si  ingénieuses  et  si  probantes  tirées  de 
l'emploi  du  moi  gemma  dans  certains  textes,  les  arguments  en 
faveur  de  l'originalité  de  l'école  Limousine  fournis  par  les  carac- 
tères particuliers  de  ses  produits,  par  les  habitudes  constantes  de 
ses  artistes,  par  la  date  reculée  à  laquelle  on  constate  la  vogue 
dont  elle  est  en  possession,  enfin  par  la  rareté  des  rapports  qui 
ont  existé  au  moyen-âge  entre  notre  province  et  les  contrées  du 
Rhin. 

La  seconde  partie  de  VŒuvre  de  Limoges  sera  le  complément 
indispensable  de  la  première,  et  n'offrira  pas  un  moindre  intérêt. 
Elle  contiendra  la  description  de  toutes  les  pièces  d'orfèvrerie 
émaillce  de  quelque  importance  que  possèdent  les  musées,  les 
églises,  les  collections  particuhères  des  divers  pays  de  l'Europe. 
Parmi  ces  objets,  il  en  est  de  fort  curieux,  de  fort  beaux,  dont  il 
n'a  pas  été  parlé  toutefois  dans  la  partie  historique,  parce  qu'ils 
ne  soulèvent  aucune  question,  ne  donnent  lieu  à  aucune  difBcullé. 

Le  livre  de  M.  Rupin  contiendra,  on  le  voit,  une  énorme  quantité 
de  renseignements,  dessins,  textes,  descriptions.  Aucun  des  volu- 
mes publiés  jusqu'à  ce  jour  sur  l'art  de  l'émailleur  ne  pourrait  à 
cet  égard  soutenir  la  comparaison  avec  cet  ouvrage.  L'archéolo- 
gue, l'artiste,  l'amateur,  posséderont  désormais  un  répertoire  des 
plus  précieux  et  auxquels  ils  auront  souvent  recours.  Ayant  vu  à 
l'œuvre,  depuis  cinq  ans,  notre  laborieux  et  sympathique  confrère, 
nous  avons  qualité  pour  attester  tout  le  soin  qu'il  a  mis  dans  ses 
recherches,  ses  éludes  et  ses  constatations.  C'est  dire  avec 
quelle  confiance  on  pourra  consulter  ce  livre,  avec  quelle  sûreté  il 
sera  permis  de  le  citer. 

UOEuvre  de  Limoges  est  en  résumé  un  ouvrage  d'un  haut  intérêt 
et  d'une  importance  considérable.  Les  érudils  le  liront  avec  satis- 
faction ;  les  ignorants  avec  fruit;  les  enfants  de  notre  province  avec 
un  plaisir  particulier  mêlé  de  fierté  et  de  reconnaissance  :  ils  y 
verront  un  monument  élevé  par  un  savant  consciencieux,  par  un 
véritable  artiste,  à  l'honneur  de  la  patrie  Limousine  et  de  Tari 
Français. 


BIBLIOGRAPHIE.  445 

En  ce  moment,  nous  avons  la  passion  des  textes  et  nous  en 
demandons  sans  cesse  de  nouveaux.  De  leur  comparaison,  de 
leurs  rapports,  de  leurs  contradictions  jaillissent,  en  effet,  de  vives 
lumières.  Les  archives  locales,  où  tant  de  trésors  restent  encore 
enfouis,  sont  fouillées  avec  une  admirable  persévérance  :  un  à  un, 
on  leur  arrache  leurs  secrets  et  on  les  livre  au  public.  Aussi  n*est-il 
presque  plus  de  nos  vieilles  provinces  qui  ne  possèdent  un  recueil 
spécial  de  documents.  Quelques-unes  de  ces  publications  ont  atteint 
leur  vingtième  ou  leur  trentième  volume,  et  un  vaste  champ  s'ouvre 
encore  devant  leurs  éditeurs. 

Malgré  l'exemple  qui  nous  avait  été  donné  par  quelques  villes 
voisines,  par  Bordeaux  notamment,  dont  les  riches  archives  parle- 
mentaires offrent  un  si  grand  intérêt  pour  l'histoire  de  notre  pays, 
puis  par  Saintes,  où  notre  vaillant  et  laborieux  confrère,  Louis 
Audiat,  a  su  grouper  autour  de  son  œuvre  toutes  les  sympathies  et 
tous  les  concours,  sans  distinction  d'opinions  et  de  partis,  le  Limou- 
sin et  la  Marche,  il  y  a  trois  ans,  ne  possédaient  aucun  recueil  spécial 
de  documents  historiques.  De  temps  en  temps,  les  bulletins  de  nos 
sociétés  d'archéologie  ou  d'histoire  publiaient  quelques  textes,  mais 
en  notes  ou  en  appendice,  en  petits  caractères  et  en  place  sacrifiée. 

Deux  de  nos  confrères,  des  plus  laborieux  et  des  plus  érudits, 
tentèrent  de  combler  cette  lacune  et  entreprirent  à  leur  tour,  sous 
ce  titre  :  Archives  historiques  de  la  Marche  et  du  Limottsin,  une 
publication  analogue  à  celle  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure.  Les 
noms  seuls  de  MM.  Alfred  Leroux  et  René  Fage  disaient  assez 
qu'il  s'agissait  d'une  entreprise  sérieuse  et  promettaient  que  celle-ci 
serait  conduite  dans  l'esprit  le  plus  pratique  et  avec  la  plus  parfaite 
connaissance  de  la  matière. 

Il  y  a  environ  deux  ans  qu'a  paru  le  premier  volume  de  ce  recueil. 
Il  renfermait  d'intéressants  documents  relatifs  à  plusieurs  épo- 
ques :  des  extraits  des  registres  de  la  confrérie  du  vSaint- 
Sacrement  de  Limoges  (xvi»  et  xvu"  siècles),  des  pièces  relatives  à 
la  Réforme  en  Limousin,  des  fragments  de  chroniques,  les  cahiers 
de  doléances  préparés  par  les  corporations  de  Limoges  en  1789. 
M.  Leroux  était  l'éditeur  de  ces  textes.  Nous  avons  rendu  compte 
de  ce  livre  au  moment  où  il  a  paru  et  signalé  les  précieux  maté- 
riaux qu'il  apportait  à  l'édifice,  à  peine  commencé  encore»  de  notre 
histoire  provinciale. 

Le  recueil  des  Chroniques  ecclésiastiques  annotées  par  notre 
érudit  confrère,  M.  l'abbé  Leclcr,  curé  de  Compreignac,  l'un  des 
membres  les  plus  justement  estimés  de  notre  Société  archéologique, 
forme  le  second  volume  de  la  série  inaugurée  par  M.  Leroux.  Ce 


446  SOCIRTÉ  ARCBéOLOGIQLE  RI  HISTORIQUE  DU  LlMOUSl?!. 

volume,  imprimé  par  M.'Mazeyrie,  de  Tulle,  dont  on  connaît  le 
goût  et  rhabileté  typographiques,  vient  de  paraître  et  a  été  ces 
jours  derniers  distribué  aux  souscripteurs.  On  le  trouve  en  vente  à 
la  librairie  Ducourlieux. 

La  valeur  de  cette  publication  n'est  pas  dans  Timportance  des 
faits  historiques  qu*elle  fait  connaître.  Nous  savions  déjà  en  gros, 
par  ailleurs,  tout  ou  presque  tout  ce  qui  est  là.  Ce  qui  mérite 
d*exciter  notre  intérêt,  c'est  le  ton  des  documents,  la  pensée  qui 
les  inspire,  les  sollicitudes  élevées  qui  les  pénètrent;  c'est  Tétude 
psychologique  d'un  temps  déjà  bien  éloigné  de  nous,  la  connais- 
sance intime  de  grandes  âmes  dévouées  au  bien  de  l'humanité  et 
qui,  la  voyant  et  l'aimant  pour  ainsi  dire  à  travers  Jésus-Christ,  la 
voient  plus  exactement  et  l'aiment  mieux. 

Quoi  de  plus  admirable  que  le  concert  de  dévouements  d'où  est 
sortie  la  création  de  l'hôpital  général,  du  séminaire  d'Ordinands  et 
de  la  Mission?  Les  siècles,  les  guerres  étrangères,  les  guerres  civi- 
les avaient  singulièrement  amoindri  les  ressources  des  nombreuses 
œuvres  de  charité  fondées  à  Limoges  et  qui  paraissent  avoir  été  si 
florissantes,  chacune  dans  sa  petite  sphère,  à  la  belle  époque  dn 
moyen-Uge.  il  n'était  plus  question  des  aumônes  du  consulat.  L^s 
antiques  distributions  des  Pains  de  Noël  et  des  Aumônes  de  Sainte- 
Croix  n'étaient  plus  alimentées  que  par  quelques  rentes  insigni- 
fiantes. Des  six  ou  sept  établissements  hospitaliers  que  possédait 
la  ville,  deux  seulement  recevaient  encore  des  pauvres  et  ils  s'y 
trouvaient  installés  dans  les  plus  mauvaises  conditions.  La  coro- 
mende  dévorait  les  restes  de  l'héritage  de  la  charité.  M.  Pierre 
Laforest  a  dit  éloquemment,  dans  son  beau  livre  de  Limoges  au 
xvu®  siècle,  quelle  lourde  entreprise  c'avait  été  de  réunir  et  d'orga- 
niser ce  qui  restait  du  patrimoine  des  anciens  établissements  de 
bienfaisance.  Mais  notre  regretté  concitoyen  voyait  de  haut,  et  il 
écrivait  largement.  Nous  voulons  aujourd'hui  suivre  dans  ses  dé- 
tails l'entreprise  et  ses  promoteurs.  Grâce  à  la  publication  du 
recueil  des  Chroniques  de  M.  Lccler  nous  le  pouvons  :  il  nous  est 
permis  de  vivre  un  moment  au  milieu  de  ces  saints  et  charitables 
personnages,  dont  aucune  rue  de  notre  ville  ne  porte  le  nom,  mais 
auxquels  l'histoire  locale  conservera  toujours  un  respectueux  sou- 
venir, et  dont  elle  redira  sans  se  lasser  les  bienfaits  :  Ms»*  de  La 
Fayette,  Pierre  et  Hélène  Mercier,  Marie  de  Petiot,  Anne  de  Male- 
dent  de  Meilhac,  —  enfin  Martial  de  Savignac,  dont  Tévêque,  son 
ami,  disait  que,  «  depuis  saint  Martial,  personne  n'avait  rendu 
d'aussi  importants  services  au  diocèse  de  Limoges...  » 

Les  Chroniques  des  Ursulines  de  Limoges^  d'Eymoutiers  et  de 
Tulle  nous  initient  à  mille  particularités  curieuses.  On  voit  l'éta- 


BIBLIOGRAPHIE.  447 

blissement  se  fonder  et  grandir,  prendre  peu  à  peu  une  place  im- 
portante dans  la  vie  de  nos  ancêtres.  Les  commencements  sont 
durs  et  on  traverse  de  terribles  épreuves;  le  récit  du  séjour  à 
Eymoutiers  d'une  partie  de  la  communauté  de  Limoges,  pendant  la 
grande  peste  de  1630-^631  »  est  deB  plus  touchants.  Que  d'indica- 
tions dans  ces  pages!  Les  faits  ont  peu  d'importance;  mais  tous 
ont  leur  physionomie;  comme  on  en  induit  bien  l'état  d'esprit,  les 
pensées  habituelles,  les  occupations  et  l'existence  de  ces  pieuses 
communautés  et  du  milieu  où  elles  s'étaient  établies  I  On  peut 
regretter  de  n'y  pas  trouver  plus  de  renseignements  sur  les  classes 
ouvertes  parles  religieuses;  mais  cette  pauvreté  d'indications  sur 
un  sujet  qui  nous  intéresse  et  nous  passionne  aujourd'hui  est  ra- 
chetée par  d'autres  détails  silr  les  travaux  (\\xe  fait  exécuter  la 
communauté,  ses  rapports  avec  l'autorité  ecclésiastique,  des  parti- 
cularités sur  la  famille  des  religieuses,  et  on  perçoit,  par  ci  par  là, 
quelques  échos  du  dehors  qu'il  est  utile  de  recueillir. 

Je  ne  dirai  rien  des  chroniques  peu  importantes  des  Frères 
iPrôcheurs  de  Limoges,  du  chapitre  de  Saint-Léonard  et  de  la 
paroisse  de  Thouron;  mais  j'appellerai  d'une  façon  toute  spéciale 
l'attention  du  lecteur  sur  le  Tableau  ecclésiastique  et  religieux  de  la 
ville  de  Limoges.  L'auteur,  l'abbé  Ballat,  avait  été  vicaire  de  Saint- 
Pierre  avant  la  Révolution,  et,  en  1801,  il  avait  inauguré,  dans 
cette  môme  église,  l'exercice  du  culte  rétabli.  Personne  ne  se  trou- 
vait donc  mieux  en  mesure  que  lui  de  nous  laisser  le  tableau  que 
vient  d'éditer  notre  excellent  confrère. 

Cet  ouvrage  a  été  écrit  vers  1820,  mais  par  un  homme  familier 
avec  le  Limoges  d'avant  1789  et  dont  l'esprit  curieux  et  l'heureuse 
mémoire  avaient  retenu  bien  des  choses.  Nous  ne  connaissons  rien 
d'aussi  pittoresque  et  d'aussi  complet  sur  notre  chère  ville  que  ce 
tableau^  écrit  sans  prétention,  d'une  composition  assez  inégale  et 
assez  mal  digérée,  mais  sincère,  exact,  remph  de  précieux  détails,  et 
trace  par  la  main  d'un  témoin  qui  avait  vu  le  vieux  Limoges,  y  avait 
vécu  dans  le  milieu  le  plus  propre  à  le  lui  faire  bien  connaître,  et 
qui,  après  quelques  années  d'exil,  rentré  pour  reprendre  sa  tâche 
sacerdotale,  avait  pu  constater  la  transfortnation  que  la  tourmente 
révolutionnaire  et  ses  diverses  conséquences  avaient  fait  subir  à  la 
capitale  limousine  en  passe  de  devenir  le  Limoges  nouveau,  la  mé- 
tropole industrielle  et  commerciale  du  Centre. 

Nous  en  avons  assez  dit  pour  que  le  public  puisse  juger  de  l'itti- 
portance  et  de  la  valeur  du  second  volume  de  nos  Archives  histori- 
quêi;  nous  devons  ajouter  que  les  notes  trds  nombreuses  et  très 
substantielles  de  M^  Lecler  en  facilitent  la  leéturei  et  en  augmen- 
tent singulièrement  l'intérêt.  Lotilâ  Ouibêkt. 


PROCÊS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SÉANCE  DU  3»  JANVIER  1889. 


Présld«n€»e  d«  nf  •  le  chanoine  ARBBLiIX>X9Pr6aldenl. 

Présents  :  MM.  Arbellol,  Astaix,  J.  Dubois,  P.  Ducourlieux, 
Fray-Fournier,  Gany,  Judicis,  Alf.  Leroux,  G.  Raynaud  et  L.  Gui- 
bert,  secrélaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté. 

M.  Guibert  se  fait,  auprès  de  M.  Arbeliot,  Tinterprèle  des  senti- 
ments de  cordiale  satisfaction  qu'ont  éprouvés  tous  les  membres 
de  la  Société  en  apprenant  que  le  Souverain  Pontife  venait  d'en- 
voyer à  leur  très  respecté  et  très  aimé  président  la  décoration  pro 
Ecclesia  et  Pontifice,  créée  récemment  par  Léon  XIIL  Les  mem- 
bres présents  joignent  leurs  félicitations  à  celles  de  M.  Guibert. 

Parmi  les  volumes  et  publications  reçus  par  la  Société  depuis  sa 
dernière  séance,  M.  le  président  signale  d'une  façon  toute  spéciale 
la  première  livraison  des  Annales  du  Midi,  revue  fondée  à  Tou- 
louse par  M.  Antoine  Thomas,  professeur  à  la  Faculté  de  cette  ville 
et  membre  de  la  Société.  Outre  des  articles  d'une  très  grande  va- 
leur, signés  de  M.  Léopold  Delisle,  de  M.  Tamizey  de  Laroque,  etc., 
celte  livraison  renferme  une  note  critique  qui  intéresse  parti- 
culièrement notre  province.  M.  Deloche  avait  cru  pouvoir  identifier 
avec  le  Grand-Bourg-de-Salagnac  le  chef-lieu  d'une  vicairie  da 
nom  de  Selabunac.  M.  Thomas  montre  qu'il  n'y  a  pas  eu,  au  viii* 
siècle,  de  vicairie  géographique  de  ce  nom.  Le  texte  qui  la  signale 
a  été  mal  la  :  c'est  Sclabonac  qu'il  faut  lire  et  on  doit  placer  cette 
localité,  chef-lieu  d'une  simple  vicairie  administrative  du  xu*  siècle, 
dans  les  environs  de  Bellac. 


PROCàs-YBRBAUX  DKS  SÉANCES.  i49 

M.  le  Président  signale  encore  à  la  Société  une  très  intéressante 
plaquette  de  M.  Emile  Du  Boys  sur  quelques  lettres  d'Ezéchiel  Span- 
heim,  un  des  nombreux  correspondants  de  Tabbé  Nicaise;  la 
Notice  de  M.  L.  Guibert  sur  Tinstruction  primaire  en  Limousin  sous 
Fancien  régime;  quelques  pages  instructives  de  M.  Masfrand  et  de 
H.  le  docteur  Boulland,  dans  la  sixième  livraison  du  Gay-Lussac; 
un  remarquable  article,  fort  bien  écrit  et  fort  piquant,  de  M.  Clé- 
ment-Simon, sur  la  Gaieté  de  Baluze,  dans  le  dernier  volume  de  la 
Société  scientifique  de  Brive;  une  note  de  M.  Ârbellot  au  Bulletin 
de  la  Société  du  Périgord  sur  des  pièces  d'or  découvertes  à  Neu- 
tron ;  enfin,  un  très  bienveillant  compte-rendu  du  dernier  tome  du 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Limoges,  inséré  par  M.  le 
comte  de  Marsy  au  Bulletin  monumental. 

M.  L.  Guibert,  au  nom  de  M.  Paul  Lagrange,  du  Masrévéry,  com- 
munique à  la  Société  plusieurs  feuilles  d'or  et  une  sorte  d'aigrette, 
aussi  en  or,  paraissant  provenir  d'une  couronne  de  laurier  et  trou- 
vées dans  les  urnes  funéraires  de  pierre  récemment  découvertes 
à  Labesse,  sur  la  limite  des  communes  de  Saint-Léonard,  de  La 
Geneytouse  et  d'Eybouleuf.  Il  fait  passer  également  sous  les  yeux 
des  membres  présents  d'autres  objets  trouvés  dans  les  mêmes 
sépultures,  notamment  un  anneau,  uni  et  sans  chaton,  d'un  or 
plus  jaune,  peut-être  moins  pur,  une  pièce  de  monnaie  en  cuivre, 
dont  la  légende  est  effacée,  mais  que  le  type  de  la  tête  permet  de 
rapporter  à  la  période  des  Antonins.  M.  Lagrange  promet  d'en- 
voyer à  la  Société  des  vases  en  verre  qui  ont  été  trouvés  à  Labesse 
avec  les  objets  ci-dessus. 

Il  est  également  donné  communication  d'un  parchemin  envoyé 
par  M.  Dupin,  procureur  de  la  République  à  La  Flèche,  et  qui  a 
trait  à  l'assence,  par  l'abbaye  de  la  Règle,  d'un  jardin  sis  à 
Bussière-Boffy  et  appartenant  à  un  prieuré  dépendant  du  monas- 
tère (1439). 

M.  Ducourtieux  entretient  la  Société  de  la  découverte  faite  par 
un  métayer  d'Ambressac,  près  le  «  Puy  de  Diane  »,  commune  de 
Glanges,  d*une  belle  monnaie  d'or,  de  l'empereui;  Anastase  (491- 
518).  Cette  pièce,  de  la  grandeur  d'une  pièce  d'un  franc,  présente 
rimage  du  prince  à  mi-corps,  portant  un  sceptre  sur  Tépaule  et  la 
main  gauche  appuyée  sur  un  bouclier.  Légende  :  Hanastasius 
augustus  (ces  mots  précèdent  un  oméga).  Au  revers,  une  grande 
victoire  tenant  une  haste  surmontée  d'une  croix,  avec  l'inscription  : 
Victoria  Augg.  A. 

M.  le  président  rappelle  qu'à  Eymouliers  on  a  trouvé  une  inté- 
ressante monnaie  d'or,  à  l'efligie  de  Justinien  II;  elle  est,  au  dire 
de  H.  Dubois,  entre  les  mains  de  M,  Claveau. 


490  SOCliTÉ  ARCIÉOLOGIQUE  KT  fl»T9RlQllK  DU  LlHOUSIIf. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'un  trayatl  de  M.  Jaditis  sur 
le  rôle  des  artistes  italiens  dans  la  Renaissance  française.  M.  ludi- 
cis  constate  que  l'Italie  a  été  incontestablement  le  berceau  de  la 
Renaissance  en  Europe,  c'est-à-dire  du  retour  aux.  formes  antiques 
et  à  l'expression  classique  du  beau  avant  le  christianisme.  Elle  la 
dû)  il  ne  faut  pas  l'oublier,  à  Timmigration  des  savants  et  des  artistes 
grecs  lors  de  la  prise  de  Constantinople  par  les  Turc»,  La  France 
suivit  l'évolution  dont  la  péninsule  donna  l'exemple;  mais  elle  ne 
copia  point  servilement  l'Italie  et  sut,  pendant  de  longues  années, 
ne  pas  perdre  de  vue  les  traditions  de  son  génie  pariiculier. 

On  attribue  aux  artistes  italiens  venus  en  France  à  la  suite  des 
expéditions  de  Charles  VIII,  de  Louis  XII,  de  François  I"  beaucoup 
d'édifices  à  l'embellissement,  à  l'ornementation  desquels  ils  ont 
pris  part,  mais  dont  ils  n'ont  ni  conçu  les  plans,  ni  dirigé  les  tra- 
vaux. C'est  ainsi  que  Gaillon  doit  être  restitué  à  Guillaume  Sénaud, 
à  Colin  Billard,  à  Pierre  Delorme;  Colin  Billard  (quelquefois  appelé 
Viard),  a  commencé  le  pont  Notre-Dame  et  concouru  à  la  cons- 
truction d'Amboise  et  de  Blois;  Chambord  a  été  commencé  avant 
l'arrivée  en  France  du  Rosso  et  du  Primalice.  Ceux-ci  n'ont  donc 
pas  fait  les  plans  de  ce  chef-d'œuvre.  Il  faut  en  rendre  l'hon- 
neur à  un  artiste  français,  à  Pierre  Neveu  dit  Trinquaud,  qui  fat 
peut-être  aussi  un  des  architectes  d'Amboise.  C'est  sous  la  quaUfi- 
cation  modeste  de  «  maitre-maçon  »  qu'il  faut  savoir  reconnaître 
ces  grands  artistes,  dont  les  étrangers,  plus  brillants,  plus  souples, 
plus  adroits,  ont  usurpé  trop  souvent  la  gloire. 

Les  édifices  dont  le  plan  est  incontestablement  l'œuvre  d'Italiens, 
comme  les  châteaux  de  Madrid,  de  Saint-Germain,  de  Fontaine- 
bleau, sont  inférieurs  à  Chambord  et  à  Gaillon.  La  logique  du  génie 
français  s'accommodait  malaisément  des  fantaisies  de  ces  étran- 
gers; nos  matériaux  se  prêtaient  moins  à  leurs  caprices  que  les  ma- 
tériaux de  leur  pays.  Plût  à  Dieu  qu'ils  n'eussent  pas  pris,  peu  à 
peu,  une  influence  prépondérante  sur  le  goût  du  public  et  l'enseigne- 
ment de  l'art.  Celle  influence  a  été  en  grande  partie  la  cause  de  la 
décadence  de  l'architecture  française  aux  xviï*  et  xvm^  siècles. 

L'histoire  de  l'instruction  avant  1789  est  depuis  quelques  années 
le  sujet  de  bien  des  éludes. 

Aucune  question  ne  passionne  en  ce  moment  à  un  aussi  haut 
point  les  chercheurs;  aussi  les  moindres  documents  qui  s'y  rappor- 
tent sont-ils  recueillis  avec  grand  soin. 

M.  Guibert  donne  lecture  d'une  délibération  d'assemblée  de  com- 
munauté, du  14  mai  1741,  par  laquelle  les  habitants  de  La  Souter- 
raine, privés  d'instituteurs  par  la  mort  de  Pierre  de  I.a  Croix, 
décident   qu'il  sera   établi   dans   leur  ville   deux  maîtres  :  un 


F hOCèS- VERBAUX    DES  séANCBS.  451 

régent  pour  enseigner  le  latin  et  un  maître  d'écriture,  et  désignent 
pour  remplir  ces  fonctions  Joseph  Dubranle  et  André  Chastenet. 
La  communication  de  cette  pièce  est  due  à  un  membre  très  zélé 
de  la  Société,  M.  Bellet,  instituteur  communal  à  Saint-Maurice,  qui 
Ta  découverte  dans  les  minutes  de  l'étude  de  M*  Leroy,  notaire  à 
La  Souterraine.  Ce  document  sera  imprimé  au  Btdletin. 

M.  L.  Guibert  entretient  la  Société  des  livres  de  raison  conservés 
aux  archives  du  château  de  Nexon  et  dont  il  doit  la  communication 
au  zèle  obligeant  de  M.  Charapeval  et  à  la  bienveillance  de  M.  le 
baron  de  Nexon.  Il  n'en  a  pas  moins  de  cinq  entre  les  mains  : 
celui  de  Pierre  Espéron,  juge  de  Saint-Junien,  qui  remonte  au 
xiv«  siècle,  et  dont  le  lecteur  a  déjà  entretenu  la  Société  dans  la 
dernière  séance  (il  se  propose  d'y  revenir  ultérieurement)  ;  celui  de 
Martial  de  Gay,  seigneur  de  Nexon  et  de  Condat,  lieutenant-général 
au  Présidial  de  Limoges  —  fin  duxvi"  siècle;  — '  ceux  de  Pierre 
Robert,  prêtre  communaliste  d'Aixe,  et  d'un  sieur  Sazerac,  chi- 
rurgien et  apothicaire  à  Nexon;  —  enfin,  un  livre  de  famille 
r.infermant  la  généalogie  des  Gay  de  Nexon,  avec  notes  relatives 
aux  naissances,  mariages  et  décès,  continuées  jusqu'à  nos  jours. 

De  ces  cinq  manuscrits,  les  deux  premiers  sont  de  beaucoup  les 
plus  intéressants;  celui  de  Martial  de  Gay,  en  particulier,  est  un 
des  plus  précieux  parmi  les  documents  intimes  qu'on  ait  étudiés 
jusqu'ici.  Commencé  peu  de  temps  après  les  scènes  qui  avaient 
ensanglanté  les  rues  de  Limoges  au  mois  d'octobre  1589,  il  con- 
serve l'écho  des  troubles  de  l'époque  et  témoigne  de  la  violence 
des  haines  qu'ils  avaient  laissées  dans  les  cœurs.  M.  L.  Guibert  lit 
quelques  extraits  du  manuscrit  de  Martial  de  Gay  qui  se  rapportent 
aux  événements  des  années  1894  à  1602. 

Mais  ces  passages,  si  précieux  pour  notre  histoire  locale,  ne  sont 
cependant  pas  ce  qui,  dans  ce  registre,  mérite  surtout  l'attention  : 
nulle  part  on  ne  trouve  la  trace  d'autant  de  confort  dans  la  maison, 
d'autant  de  luxe  dans  le  train  extérieur.  Martial  de  Gay  note  un 
grand  nombre  d'achats  d'objets  de  valeur,  de  réparations,  de  ca 
deaux,  etc.  Là  se  trouve  le  côté  le  plus  caractéristique  et  le  plus 
intéressant  à  la  fois  de  son  manuscrit. 

La  séance  est  bvée  à  dix  heures  et  quart. 

Le  Secrétaire, 
Louis  Guibert. 


459  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN. 


SÉANCE  DU  27  FÉVRIER  1889. 


Présidence  de  Bf .  TAbbé  ARBEL.L.OT,  Présidene. 

Présents  :  MM.  le  chanoine  Arbellot,  président;  Aslaix,  E.  Hervy, 
Cournuéjouls,  Fray-Fournier,  Gany,  Moufle,  Nivct-Fontaubert, 
chanoine  Tandeau  de  Marsac  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal  dq  la  dernière 
séance,  le  président  signale,  parmi  les  ouvrages  et  publications 
adressées  depuis  un  mois  à  la  Société  :  1"*  Les  livraisons  7  et  8  du 
Gay-Lussac;  2"  le  dernier  Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences 
et  arts  de  Tulle,  contenant  des  articles  intéressants  à  divers  points 
de  vue,  entre  autres  une  notice  de  M.  Clément-Simon  sur  Charlotte 
de  Maumont;  3*  une  nouvelle  livraison  des  Gens  de  qualité  de  la 
Basse-Marche,  par  M.  le  docteur  de  Laporte,  ancien  membre  de  la 
Société;  4°  un  numéro  du  Bulletin  de  la  Société  de  l'Histoire  de 
France,  où  se  trouvent  quelques  pages  de  M.  Pierre  de  Cessac  sur 
répitaphe  d'un  comte  de  la  Marche,  et  un  article  de  M.  Emile  Mo- 
linier  sur  quelques-uns  des  objets  d'art  exposés  à  Tulle  en  1887, 
notamment  sur  le  chef  de  sainte  Fortunade  et  sur  un  disque  émaillé 
représentant  Guillaume  III,  prieur  général  de  Grandmont. 

M.  le  Président  donne  communication  à  la  Société  de  deux  cir- 
culaires de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  beaux- 
arts  :  Tune  relative  à  la  réunion  annuelle  des  délégués  des  Sociétés 
artistiques  des  départements  ;  l'autre  à  une  enquête  sur  les  condi- 
tions de  l'habitat.  Des  questionnaires  sont  remis  à  plusieurs 
membres. 

M.  Arbellot  fait  connaître  que,  sur  l'invitation  du  Ministère,  la 
Société  a  adressé  à  Paris  les  volumes  publiés  par  elle  depuis  1879; 
ces  volumes  feront  partie  d'une  exposition  d'ensemble  des  publi- 
cations dues  aux  Sociétés  savantes  de  la  France  depuis  la  dernière 
Exposition  universelle. 

Il  a  été  récemment  découvert,  dans  la  carrière  des  Places,  com- 
mune de  Saint-Hilaire-Lastours,  une  belle  hache  de  silex  noir,  que 
M.  Delignat-Lavàud,  de  Saint-Yrieix,  a  bien  voulu  envoyer  à 
M.  le  Président  et  que  celui-ci  fait  passer  sous  le  yeux  des  mem- 
bres présents.  Cette  hache  rappelle,  par  sa  forme  et  ses  dimen- 
sions, la  belle  hache  de  silex  brun  trouvée  il  y  a  peu  d'années, 
cous  TArtige. 


rnOCÈS-VEhBAUX  des  séANCBS.  453 

M.  L.  Guibert,  au  nom  de  M.  Cailler  fils,  communique  à  la 
Société  quelques  pièces  de  cuivre  de  petite  dimension,  à  Teffigie 
de  Posthume,  de  Claude  II,  etc.,  faisant  partie  d'un  trésor  décou- 
vert à  Chasseneuil  (Charente),  dans  un  jardin.  Ce  très  modeste 
trésor  se  composait  uniquement  de  monnaies  de  cuivre  :  il  n'y  en 
avait  pas  moins  de  70  à  80  kilos,  formant  un  bloc  lié  par  Toxyde 
et  renfermé  dans  un  grand  pot  de  grès. 

Dans  une  conférence  récente  faite  par  M.  Ludovic  Drapeyron, 
directeur  de  la  Revtie  de  géographie,  sur  «  limage  de  la  France 
sous  les  derniers  Valois  et  les  premiers  Bourbons  »,  notre  distin- 
gué compatriote  a  signalé  à  ses  auditeurs  la  carte  du  Limousin  et 
le  plan  ou  vue  cavalière  de  Limoges,  publiés  en  1594,  par  Jean 
Fayen,  médecin  de  cette  ville.  M.  Guibert  donne  lecture  à  la 
Société  du  passage  relatif  à  Jean  Fayen  et  annonce  que  M.  Drapey- 
ron se  propose  de  consacrer  une  notice  spéciale  à  ce  cartographe 
et  à  ses  œuvres. 

MM.  Fray-Fournier  et  P.  Ducourlieux  présentent  comme  mem- 
bre titulaire  M.  d'Abzac,  percepteur  à  Rochechouart.  Il  sera 
statué  sur  cette  candidature  à  la  prochaine  réunion. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Cournuéjouls  poux  la  lecture  qui 
figure  en  tôte  de  Tordre  du  jour.  M.  Cournuéjouls  signale  tous  les 
avantages  qu'offre  le  goût,  la  passion  —  certaines  gens  disent  la 
manie  —  des  collections.  A  Fentendre  parler,  on  ne  peut  douter 
que  rhonorable  ancien  proviseur  ne  soit  collectionneur  lui-même. 
Ce  n'est  pas  la  Société  archéologique,  fondatrice  et  longtemps  gar- 
dienne du  «  défunt  »  musée  de  Limoges,  qui  pourrait  être  surprise 
de  rencontrer  de  telles  dispositions  chez  un  des  siens. 

Tout  peut  se  collectionner,  et  toute  collection  a  sa  valeur  et  son 
intérêt.  En  recherchant,  en  classant  avec  méthode  les  timbres- 
postes,  les  enfants  n'acquièrent-ils  pas  de  nombreuses  notions  de 
géographie  et  d'histoire?  Les  cabinets  d'amateurs,  comme  les 
musées  ne  recèlent-ils  pas  une  multitude  d'objets  dont  la  con- 
naissance et  Tétude  peuvent  rendre  de  très  sérieux  services  à  la 
science,  à  Fart,  à  l'industrie? 

Il  y  a  des  collections  originales  et  sortant  tout  à  fait  du  cadre 
habituel,  celle,  par  exemple,  de  ce  marchand  de  tableaux,  dont  la 
salle  à  manger  était  entièrement  garnie  de  toiles  représentant  des 
têtes  de  chat,  et  signées  toutes  du  nom  d'un  peintre  connu. 

Telle  est  encore  la  collection  sur  laquelle  M.  Cournuéjouls  appelle 
Tattention  de  ses  auditeurs  :  elle  réunit  des  accessoires  de  bon- 
bonnerie  de  toute  espèce,  depuis  la  Restauration  jusqu'à  nos  jours. 
Devises,  charades,  images,  M.  Cournuéjouls  étudie  rapidement  tous 
ces  souvenirs,  tous  ces  débris  de  tant  de  premiers  de  Tan  dont  les 


454  SOCléTÈ   ARCaiOLOOIQUB   ET   H1«^T0IIIQIIK  D^U   LIMOUSIN. 

trenle-nn  décembre  sont  loin  de  nous,  et  cet  examen  lui  foarfiît 
r.occasîOD  d'ingénieuses  observations,  de  curieux  rapprochements. 

La  charade  a  peu  varié;  la  devise  n'est  guère  sortie  de  la  noie 
sentimentale  ou  galante^  avec  un  accent  plus  ou  moins  naïf  pour 
ne  pas  dire  plus.  Mais  riauagerie  a  fait  d'énormes  progrès.  Ce  sont 
surtout  les  images  des  bonbons  qui  datent  ceux-ci,  qnï  accusent  le 
temps  parcouru  depuis  leur  éphémère  existence.  H  y  a  les  costu- 
mes, les  jeux  de  société,  les  scènes  de  mœurs,  rimageiie  cham- 
pêtre, pieuse,  militaire,  patriotique,  polilique  même.  M.  Coumaé- 
jools  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  auditeurs  toute  la  collection 
commentée  par  des  vers,  —  qui  ne  sont  point  tous  sans  défaut. 

Il  témoigne,  en  terminant,  le  regret  que  son  collectionneur  n'ait 
pas  recueilli,  à  cêté  des  autres  accessoires  de  boobonnerie,  les 
boîtes,  sacs  et  cartonnages,  qui  lui  ont  semblé  trop  insignifiants. 
Il  est  certain  que  ce  vêtement  d'un  jour,  parfois  si  coûteux,  n'est  le 
plus  souvent  qu'un  oripeau,  fané  et  fripé  bien  vite.  Pourquoi  ne 
le  remplacerait-on  pas  par  le  coffret,  — coffret  de  métal  ou  de  bois, 
d'émail  ou  de  porcelaine?  —  M.  Cournuéjouls  termine  sa  lectur*» 
sur  ce  vœu,  auquel  s'associera  l'industrie  limousine. 

M.  le  comte  de  Couronnel  a  tiré  de  ses  archives  de  famille  une 
intéressante  étude  dont  M.  Guibert  communique,  au  nom  de 
l'auteur,  quelques  passages  à  la  Société. 

C'est  dans  cette  ville  d'Arras,  si  riche  et  si  vivante  an  xv*  siècle, 
qu'il  faut  nous  transporter  avec  M.  de  Couronnel.  Un  de  ses  aïeux, 
Guérard  de  Mailly-Couronnel  s'y  fixe  avant  1380,  peut-être  sous 
les  auspices  du  duc  de  Bourgogne.  Charles  de  Couronnel,  fait  che- 
valier en  1421,  à  la  bataille  de  Mons-en-Vimeux,  joue  un  rôle 
important  dans  celte  ville,  au  temps  de  Philippe-le-Bon,  qui  aime 
Arras  et  y  réside  volontiers.  Charles  de  Couronnel  prend  part  aux 
fêtes,  aux  tournois  qui  sont  donnés  à  cette  époque  ;  il  commande 
une  compagnie  d'hommes  d'armes  à  l'entrée  du  duc  et  d'Isabelle 
de  Portugal,  sa  nouvelle  épouse.  Conseiller  de  Philippe,  il  est 
aussi  agrégé  à  la  bourgeoisie,  et  remplit  les  importantes  fonctions 
d'échevin  et  de  «  Clerc  des  Quatre  ».  On  le  voit  figurer,  à  la  tête  de 
la  députation  des  bourgeois,  à  l'entrée  solennelle  de  Charles-Ie- 
Témérairc,  entrée  célébrée  par  diverses  représentations  théâtra- 
les :  la  Vie  de  sainte  Marguerite  (patronne  de  la  duchesse);  YEntrée 
de  la  Reine  de  Saba  dans  le  Palais  de  Salamon^  etc. 

Ces  splendeurs  et  ces  réjouissances  devaient  avoir  un  triste  len- 
demain, que  M.  de  Couronnel  se  propose  de  retracer  dans  la  suite 
de  son  récit»..  Louis  XI,  après' la  prise  d'Arras,  voulut  remplacer 
la  population  de  celte  ville  par  des  colonies  appelées  de  fontes  les 
cités  commerçantes  de  la  France.  L'Orléanais  et  la  Touraine  en 
envoyèrent  de  nombreuses.  Limoges  fournit  aussi  son  contingent; 


►ROCèsVRRi&AlilX    DES  SKAMCSS.  i55 

mais  nos  aonales  ne  mentionnent  que  deux  noms,  ceux  probable- 
ment des  chefs  de  cette  petite  colonie  :  un  Rogier  et  un  Disnematin. 

Cet  essai  de  repeuplement  eut  peu  do  succès.  La  plupart  des 
immigrants  retournèrent  dans  leur  pays  et  une  partie  de  l'ancienne 
bourgeoisie  d'Arras  y  rentra  peu  à  peu  et  reprit  possession  de  ses 
foyers.  Un  certain  nombre  d'étrangers  réussirent  néanmoins  à 
fonder  des  établissements  durables.  M.  Tandeau  deMarsac  rappelle 
qu'il  existe  encore  en  Artois  une  famille  Disnematin,  se  rattachant, 
de  son  propre  aveu,  à  la  souche  limousine. 

C'est  une  question  déjà  plusieurs  'fois  agitée  qu'entreprend  de 
résoudre  M.  le  chanoine  Arbellot.  Il  y  a  près  de  quarante  ans, 
dans  la  séance  de  la  Société  du  21  novembre  18S1,  M.  Grellet  du 
Mazeau  lut  un  article  sur  la  véritable  orthographe  du  mol  Mont- 
Jauvy,  qu'il  soutenait  être  Montjovis,  M.  Arbellot  lui  répondit  et 
défendit  la  forme  Mont-Jaiivy,  annonçant  du  reste  son  intention  de 
présenter  un  mémoire  à  ce  sujet  dans  la  «  prochaine  »  séance  de  la 
Société. 

Ce  mémoire  s'est  fait  un  peu  attendre  et  son  auteur  s'excuse 
auprès  de  la  Société;  mais  les  textes  qu'il  a  recueillis  n'en  seront 
que  plus  nombreux  et  sa  réponse  plus  décisive. 

M.  Arbellot  commence  par  établir  qu'il  n'y  a  aucune  raison  de 
croire  qu'un  temple  de  Jupiter  se  soit  jamais  élevé  sur  la  colline 
de  Mont-Jauvy.  Le  seul  temple  de  Jupiter  signalé  par  d'anciens 
documents  est  celui  qui  était  bâti  sur  l'emplacement  de  la  cathé- 
drale. Aucun  témoignage  antérieur  au  xv!**  siècle  n'a  signalé  l'exis- 
tence d'un  temple  quelconque  àMontjauvy;  on  n'en  a  jamais  vu 
aucun  débris.  L'auteur  des  Annales  nianmaites  est  probablement 
le  premier  qui  en  ait  parlé,  et  l'orthographe  Montjovis,  très  rare 
au  XVI*  siècle,  rare  encore  au  xvu%  ne  devint  officielle  qu'en  1760. 

L'étymologie  Mfins  Gaudii  a  sa  source  et  sa  justification  dans  un 
événement  connu,  célèbre,  de  la  fin  du  x*  siècle  :  la  cessation  de  la 
Peste  des  Ardents.  Cent  textes,  du  xi"  au  xvi«  siècles,  donnent  inva- 
riablement cette  étymologie,  et  M.  E.  Ruben  a  fait  remarquer  avec 
raisoû  que  la  prononciation  locale  du  mot  Montjauvy,  -^jau  long  et 
diphlhongué  —  ne  peut  se  rapporter  à  l'étymologie  défendue  par 
M.  Grellet  du  Mazeau,  et  confirme  au  contraire  celle  adoptée  pai* 
M.  Arbellot. 

C'est  donc  Mont-Jauvy  —  de  Mons  GaudiU  —-  et  non  Mantjûvis-- 
de  Monsi  Jotis  —  qu'il  faut  lire  et  écrire.  Jupiter  et  l'Olympe  n'ont 
rien  à.  faire  ici.  Le  rôle  de  la  Société  archéologique  est  de  rectifier 
les  erreurs  de  cette  nature  et  de  ramener  l'orthographe  à  la 
vérité  en  rétablissant  les  traditions  exactes. 

Le  Secréiairej 

Louis    GUIBERT. 


45<(  80CIÉTR  ARCHàOLOOIQUK   ET  HISTORIQDB  DU  LIMOUSIN. 


SÉANCE  DU  MARDI  26  MARS  1889. 


Présidence  de  M.  l'Abbé  ARBEL.L.OX,  Président. 

Présents  :  MM.  Arbellot,  El  Hervy,  Bourdery,  Brisset-Desisles, 
Cournuéjouls,  Dubois,  Fray-Fournier,  Judicis,  de  La  Pomëlie, 
A.  Leroux,  Nivet-Fontaubert,  Raynaud  et  L.  Guiberl,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté.  A  pro- 
pos de  la  discussion  sur  l'orthographe  traditionnelle  de  Monljauvy, 
M.  le  président  invite  M.  Ducourlieux  à  revenir,  dans  VAlmatiack 
limousin,  à  cette  orthographe,  qui  est  incontestablement  la  vraie, 
et  à  donner  ainsi  un  excellent  exemple  qui«  sans  nul  doute,  sera 
suivi.  Après  quelques  timides  objections  en  faveur  de  Jupiter, 
M.  Ducourtieux  promet  de  faire,  dans  VAlnianach,  acte  d'adhésion  à 
Torthographe  dont  M.  Arbellot  se  montre  le  vaillant  champion. 

M.  le  Président  énumère  les  publications  reçues  depuis  la  der- 
nière séance,  et  il  signale  tout  particulièrement  un  Bulletin  de  la 
Société  de  Borda,  à  Dax,  où  il  est  parlé  d'une  monnaie  d'argent  de 
Trajan,  trouvée  dans  le  déparlement  des  Landes,  et  portant,  à 
Texergue,  le  mot  Lem.,  qui  pourrait  se  traduire  par  Lemomcœ, 
Bien  que,  de  Tavis  des  membres  présents,  celte  abréviation,  à  la 
date  ci-dessus,  doive  plutôt  se  rapporter  à  Lemonum  (Poitieis)  qu  à 
Lemovicœ,  la  pièce  n'en  est  pas  moins  fort  intéressante.  —  En  voici 
la  description,  d'après  le  Bulletin  de  la  Société  de  Borda  : 

Face  :  buste  lauré,  à  droite;  lég.  :  Imp.  Trajan.  Hadrianus  Aug. 
— Revers  :  Pallas  debout,  à  gauche,  tenant  une  patère  et  une  hasle. 
A  ses  pieds,  un  autel  allumé.  Lég.  :  P.  M.  TR.  P.  Cos  ///{pontifex 
maximus,  tribunus  plebis,  Consul  III),  et  Lem.  à  l'exergue. 

M.  le  comte  de  Gontaut-Biron  a  bien  voulu  adresser  à  la  Société 
un  exemplaire  d'un  beau  et  précieux  volume  récemment  publié 
par  lui  et  intitulé  :  Ambassades  en  Turquie  de  Jean  de  Gontaut- 
Biron. 

Le  président  a  également  reçu  Y  Historique  du  9  5*  régiment  terri- 
tonal,  par  M.  Prévôt,  lieutenant  au  corps.  La  Société  exprime  ses 
remerciements  à  M.  de  Gontaut-Biron  et  à  M.  Prévôt  pour  ces 
envois. 

Dans  le  Reciml  de  l'Académie  de  législation  de  Toulouse,  M.  Du- 
bédat  a  publié  un  piquant  article  sur  le  procès  des  Saint-Siraoniens. 


PROCÈS- VERBAUX   l>ES  SÉANCES.  457 

Dom  Piolin,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  du  Maine,  consacre  une 
page  au  Graduel  de  la  Bibliolhëque  communale  de  Limoges,  qu'a 
fait  Gonnailre  une  notice  de  M.  Guibert,  insérée  au  Bulletin 
du  comité  des  travatuc  historiques,  et  appelle  ce  manuscrit  :  «  un 
des  plus  intéressants  monuments  liturgiques  de  la  France  ».  Dans 
le  Bulletin  critique,  M.  Misset,  professeur  au  collège  Fcnelon,  à 
Paris,  s'occupant  de  ce  môme  Graduel,  expose  les  raisons  qui  lui 
permettent  d'affirmer  qu'il  a  été  fait  pour  l'abbaye  de  Fontevrault. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  président  de  la  Société 
Gay-Lussac,  relative  au  congrès  que  doit  tenir  à  Limoges,  en  1890, 
la  Société  française  pour  l'avancement  des  sciences,  et  à  l'érection 
d'une  statue  de  Gay-Lussac  dans  notre  ville.  Toutes  les  sympathies 
de  la  Sociélé  archéologique  sont  acquises  à  cette  œuvre  et  son 
concours  ne  saurait  faire  défaut  à  une  entreprise  ayant  pour  objet 
de  rendre  hommage  à  un  enfant  du  Limousin  qui  a  fait  honneur  à 
sa  province  natale  et  à  la  France. 

Une  autre  lettre  annonce  la  création,  à  Rochechouart,  d'une 
société  archéologique,  scientifique  et  littéraire,  sous  la  dénomina- 
tion de  Société  des  Amis  des  Sciences  et  des  Arts.  La  Société  forme 
les  vœux  les  plus  cordiaux  pour  le  succès  de  cette  création  et 
échangera  volontiers  ses  publications  avec  sa  jeune  sœur  de  Ro- 
chechouart. 

Le  quatrième  volume  des  Registres  consulaires  de  la  mile  de 
Limoges,  publiés,  sous  les  auspices  de  la  Société,  par  M,  Louis 
Guibert,  avec  le  concours  d'une  commission  composée  de  MM.  Jean 
de  Bruchard,  Gaston  Lavergnolle,  Camille  Marbouty,  Paul  Ma- 
riaux  et  Léonard  Moufle,  est  présenté  à  la  Société  ;  il  paraîtra  au 
commencement  d'avril.  Ce  volume  renferme  les  délibérations  du 
corps  municipal  de  1662  à  la  fin  de  l'année  1740.  La  série  des 
Registres  consulaires,  avec  les  tables,  fournira  encore  la  matière  de 
deux  volumes. 

M.  d'Abzac,  percepteur  à  Rochechouart,  présenté  à  la  dernière 
séance,  est  admis,  au  scrutin  secret,  en  qualité  de  membre  titulaire 
de  la  Société. 

MM.  L.  MouQe  et  Maurat-Ballange  présentent  en  la  môme  qualité 
M.  Pierre  Charreyron,  avocat  à  Limoges. 

Pour  M.  René  Fage,  qui  s'est  excusé  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance,  M.  Leroux  donne  lecture  de  quelques  passages  d'une  inté- 
ressante notice  biographique  sur  M.  Auguste  de  Larouverade. 
M.  Fage  étudie  surtout  les  deux  principaux  ouvrages  de  ce  dernier  : 
les  Lettres  à  Julie  sur  le  Sarladais  et  les  Etudes  historiques  et  cri- 
tiqttes  sur  l'histoire  du  Bas-Limousin.  Le  premier  de  ces  livres  se 
compose  d'une  série  de  tableaux  épisodiques,   animés  par  une 

T.  XXXVIH.  30 


458  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0L061QCB  BT  BtSTOaiQUE  DU  LIMOCSIN. 

brillante  imagination  et  par  un  style  des  plus  colorés,  entrecoupés 
de  vers  qui  ne  sont  ni  sans  esprit  ni  sans  charme.  M.  de  LarouTe- 
rade  s'y  montre  ultra-romantique;  il  a  pris  la  forme  à  la  mode 
pour  intéresser  ses  lecteurs  aux  récits  historiques  qu'il  leur  pré- 
sente dans  ces  lettres.  Son  intelligence  élevée  se  révèle  dans 
maints  passages;  sa  sagacité  et  sa  pénétration  se  montrent  dans 
quantité  d'observations  fines  et  ingénieuses.  Les  Etudes  histari^uet 
sont  une  œuvre  plus  sérieuse;  l'auteur  aborde  franchement,  au 
début,  l'examen  des  difficullés  les  plus  sérieuses  de  la  période  des 
origines  et  fait  preuve  d'une  science  de  bon  aloi  ;  il  ne  conclal  pas 
toujours,  mais  il  expose  avec  clarté,  avec  méthode  et  sincérité.  La 
suite  est  plus  sommaire  et  se  réduit  le  plus  souvent  à  un  simple 
précis  historique.  Toutefois,  si  ce  livre  ne  constitue  pas,  à  propre- 
ment parler,  une  œuvre  d'érudition,  on  ne  saurait  y  voir  une  simple 
compilation.  Il  est  plus  et  mieux. 

M.  l'abbé  Poulbrière,  directeur  du  Petit  Séminaire  de  Scrvières, 
a  bien  voulu  envoyer  à  la  Société  une  série  de  notes  et  de  do- 
cuments dont  M.  le  président  entretient  ses  collègues  et  sur  les- 
quels il  se  propose  de  revenir  à  une  prochaine  séance.  Aujourd'hui, 
il  signale  particulièrement  un  passage  concernant  la  curieuse  ins- 
cription des  fonts  baptismaux  de  l'église  de  Saint-Priest-Ligoure 
(Haute-Vienne)  :  Gardes  vos  du  rapportor.  Vivo  Jésus  t  Que  signifie 
ce  mot  de  rapportor?  Plusieurs  archéologues  très  experts  n'ont  pu 
donner  une  solution  satisfaisante  de  ce  petit  problème.  M.  Poulbrière 
rélève,  dans  un  article  (Loupiac)  du  tome  IV  du  Dictionnaire  du 
Càntaly  la  mention  de  la  représentation  d'un  personnage  fantasti- 
que chargé  d'un  sac  de  rats,  avec  la  légende  à  double  sens  :  ra- 
portor.  M.  Arbellot  pense  que  le  mot  rapportor  est  mis  pour  accu- 
sator,  nom  sous  lequel  le  démon  se  trouve  désigné  dans  l'Apocalypse. 
L'inscription  de  Saint-Priest  signifierait  donc  simplement  :  «  Gar- 
dez-vous du  démon.  Vive  Jésus  I  » 

M.  le  Président  donne  ensuite  lecture  d'une  assez  curieuse  lettre 
de  Bordas,  député  de  la  Haute-Vienne  à  la  Convention,  également 
envoyée  par  M.  Poulbrière. 

Le  même  communique  à  la  Société  l'empreinte  d'un  triens  d'or 
qui  se  trouve  entre  les  mains  de  M.  Beauvais,  négociant  à  Saint- 
Léonard,  et  qui  a  été  trouvé  dans  les  terrains  dépendant  de  l'an- 
cienne abbaye  de  Saint-Martin-lès-Limoges,  auprès  d'un  sarco- 
phage, à  l'angle  de  la  rue  des  Feuillants  et  de  la  rue  d'Isly,  lors 
des  déblais  que  fît  exécuter  M.  Beauvais  père  pour  la  construction 
d'une  maison.  Ce  triens,  qui  n'a  pas  beaucoup  plus  d'un  centimè- 
tre de  diamètre,  présente  d'un  côté  une  léte  d'un  dessin  fort 
barbare,  accusant  le  vu*  ou  le  vni*  siècle,  avec  la  légende  très 


PROCÈS- VEBBAUX  DES  SÉANCES.  4^9 

lisible  :  martigian;  au  revers,  une  croix  encadrée  dans  un  cercle 
autour  duquel  on  lit  :  emofra  ra[gio]  ecclesie  lemof. 

M.  Ducourtieux  présente  à  son  tour  à  la  Société  un  beau  Tibère 
en  or  qu'il  tient  de  M.  Hervy  et  qui  appartient  à  M.  Tliabaraud, 
orfèvre.  Ce  Tibère,  qui  a  été  trouvé  dans  le  pays,  est  du  même 
type  et  du  môme  coin  qu'un  autre  Tibère  d*or,  découvert  dans  les 
terrains  du  cimetière  gallo-romain  du  Mas-Barbut,  près  Bersac.  La 
tête  laurée,  tournée  à  droite,  a  beaucoup  de  caractère;  elle  est 
entourée  de  la  légende  :  c^sar  divi  avg.  f.  filitisj  avgvstvs.  Au 
revers,  une  femme  assise,  de  la  main  droite  tenant  la  haste  et  de  la 
gauche  Itendant  un  rameau.  Légende  :  P[ontifex]  Maximus.  Cette 
belle  pièce  n'est  pas  rare. 

Les  déblais  opérés  sur  le  boulevard  Sainte-Catherine,  au-dessus 
de  la  maison  Rattier,  en  face  du  débouché  de  la  rue  Léonard 
Limosin,  ont  mis  au  jour,  à  1  mètre  40  environ  au-dessous  du 
Jardin  Sapin  fils  (ancien  immeuble  Peyrusson)  et  à  4  mètres  au- 
dessus  du  niveau  du  boulevard,  des  aires  en  ciment  et  des  murail- 
les appartenant  à  des  constructions  gallo-romaines.  M.  Ducourtieux 
appelle  Tatlention  sur  cette  découverte.  On  se  souvient  qu'il  y  a 
quelques  années  on  avait  découvert  des  restes  analogues  de  l'autre 
côté  de  la  rue  des  Clairettes,  dans  Timmeuble  appartenant  alors 
aux  Pères  Jésuites  et  dépendant  aujourd'hui  du  collège  de  Saint- 
Martial. 

M.  Guibert  lit  quelques  extraits  de  l'ouvrage  de  M.  de  Cou- 
ronnel  qui  a  déjà  fait  l'objet  d'une  communication  à  la  dernière 
séance.  Ces  extraits  sont  relatifs  à  Clarembault  de  Mailly-Cou- 
ronnel,  l'un  des  chefs  de  la  bourgeoisie  d'Arras,  qui,  attiré  dans 
un  piège  avec  plusieurs  de  ses  compagnons,  envoyés  par  la  ville 
auprès  de  Louis  XI,  fut  mis  à  mort.  Louis  XI  fut  impitoyable  pour 
les  habitants  d'Arras,  dont  la  résistance  l'avait  un  moment  effrayé. 
On  sait  comment  il  essaya,  mais  sans  grand  succès,  de  remplacer 
la  population  par  des  colonies  appelées  d'un  certain  nombre  de 
villes  du  centre  de  la  France  :  Orléans,  Tours,  Blois,  Limoges,  etc. 

Le  plus  ancien  de  tous  les  livres  de  raison  dont  l'existence  ait 
été  signalée  dans  la  région  du  centre,  est  celui  de  Pierre  Esperon, 
clerc,  juge  de  la  ville  de  Saint-Junien  pour  l'évêque  de  Limoges. 
M.  Guibert,  qui  se  propose  de  publier  ce  curieux  manuscrit, 
en  signale  à  la  Société  les  passages  les  plus  intéressants.  Il 
note  surtout  une  sorte  de  compte-rendu  des  dépenses  faites  par 
Esperon  pour  sa  famille;  frais  des  funérailles  de  parents,  dots  de 
sœurs  et  d'enfants,  secours,  construction  et  réparation  de  maisons, 
acquisitions  de  rentes,  etc.  On  trouve  dans  le  livre  d'Esperon 
rénumération  des  fabuleuses  propriétés  attribuées  par  la  crédulité 


iCO  SOCIBTÉ  ARCBèOLOGIQOK  BT   BISTOIIIQUB  DD  LIMOOSIK. 

de  nos  pères  à  la  peau  du  serpent,  à  Teau-de-yie,  à  certaines  plan- 
tes, etc.  Les  articles  les  plus  anciens  de  ce  registre  sont  du  mois 
d'août  1384,  les  plus  récents  de  1413;  mais  on  ne  rencontre  plas 
aucune  mention  de  la  main  d*Esperon  après  les  21-22  septembre 
1417.  Il  est  mort  rraisemblablement  peu  après. 

M.  Dubois  fait  passer  sous  les  yeux  des  assistants  trois  frag- 
ments, de  dimensions  et  de  couleurs  variées,  de  haches  de  pierres 
trouvées  en  divers  lieux. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire, 

Louis  GUIB£RT. 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1889 


Présidence  de  M.  le  chanoine  ARBELAX>X,  Président. 

Présents  :  MM.  Arbellot,  Hervy,  Bourdery,  Brissel-Desisles, 
Cournuéjouls,  R.  Page,  Fray-Fournier,  Hersant,  A.  Leroux,  le 
chanoine  Tandeau  de  Marsac,  C.  Vergniaud  et  L.  Guiberl,  secré- 
taire. 

Après  la  lecture  et  Tadoption  du  procès-verbal,  M.  le  Président 
fait  part  à  la  Société  des  ouvrages  et  publications  reçus  depuis 
la  fin  du  mois  de  mars.  Il  signale  le  premier  volume  d'une  collec- 
tion précieuse,  les  Archives  révolutionnaires  de  la  Haute-Vienne, 
entreprise  par  M.  A.  Leroux,  archiviste  du  département.  Ce 
volume,  intitulé  Doléances  paroissiales,  a  été  publié  conformé- 
ment au  vœu  du  Conseil  général.  11  contient  les  cahiers  de  neuf 
villes  ou  communautés  :  Châlus,  Eymouliers,  paroisse  inconnue 
près  Eymoutiers,  Miallet,  qui  était  situé  en  Limousin  avant  1789, 
Oradour-Saint-Genest,  Rochechouarl,  Sanit-Léonard ,  Uzurat  el 
une  autre  paroisse  non  dénommée  de  la  Basse-Marche.  Peut-être 
Miallet,  qui  appartient  aujourd'hui  au  département  de  la  Dor- 
(logne,  n'avait-il  pas  de  titre  à  figurer  dans  cette  petite  collection. 
M.  Leroux  a  complété  sa  publication  par  quelques  documents 
intéressants  à  plus  d'un  titre  et  se  rapportant  à  la  confection  de> 
cahiers. 


PROCÊS'VERBAUX   DR6  SÉANCES.  46i 

Dn  volume  récemment  publié  par  M.  de  Brémond  d'Ars,  et  con- 
tenant, avec  la  réédition  de  la  Vie  de  la  vénérable  Suzanne  de  la 
Poméliey  dame  de  Neuvillars,  du  P.  Dussault,  une  ample  et  savante 
introduction,  est  recommandée  par  M.  Arbellot  d'une  façon  toute 
particulière  à  l'attention  des  membres  de  la  Société.  Il  en  est  de 
même  de  Tintéressante  Vie  de  M^  Alfred  Duquemay,  de  M.  Pataux, 
curé  de  Saint-Quentin,  à  laquelle  devra  recourir  le  continuateur 
du  grand  travail  sur  les  évoques  de  Limoges  entrepris  par  Nadaud 
et  Legros. 

M.  le  président  signale  encore  la  dernière  livraison  du  Gay- 
Ltissac,  contenant  une  liste  des  œuvres  de  Tillustre  savant  ;  celle 
du  Bulletin  critique^  qui  rend  compte  avec  éloge  du  travail  de 
M.  Emile  du  Boys  sur  les  Correspondants  de  l'abbé  Nicaise;  deux 
articles  de  la  Remie  de  Vart  chrétien  relatifs  à  de  récentes  publica- 
tions de  M.  L.  Guibert;  —  la  mention,  au  bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  Bordeaux,  d'un  don,  fait  par  M.  Juge  de  Saint- 
Martin  au  Muséum  d'instruction  publique  de  celte  ville,  en  1809, 
de  plusieurs  notes  et  dessins  de  Beaumesnil,  le  comédien  anti- 
quaire; mention  est  encore  faite  d'une  intéressante  notice  de 
Mk*"  Barbier  de  Montault  sur  la  Crosse  de  la  collection  Bretagne,  à 
Nancy. 

La  Revue  du  Midi,  dont  la  seconde  livraison  vient  de  paraître, 
donne  le  travail  lu  par  M.  Leroux  à  une  récente  séance  de  la 
Société,  au  sujet  de  l'auteur  véritable  de  l'ouvrage  de  Maldamnat  : 
M.  Leroux  pense  que  sous  le  pseudonyme  de  Maldamnat  se  cache 
Baluze  lui-même.  De  nouveaux  arguments  lui  ont  été  fournis,  à 
l'appui  de  son  hypothèse,  par  un  récent  article  de  M.  Clément- 
Simon  :  La  Gaité  de  Baluze.  M.  Arbellot,  qui  a  précédemment 
combattu  l'opinion  de  M.  Leroux,  estime  que  les  indices  réunis 
par  M.  l'archiviste,  sans  produire  une  complète  certitude,  donnent 
cependant  à  sa  thèse  une  assez  grande  vraisemblance. 

M.  le  Président  donne  communication  d'une  circulaire  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  relative  à  la  réunion  des  sociétés 
savantes  qui  se  tiendra  au  mois  de  juin  prochain.  Sont  désignés 
comme  délégués  :  MM.  Arbellot,  Bourdery,  Ducourtieux,  L.  Gui- 
bert, L.  Moufle  et  Nivet-Fontaubert. 

M.  Pierre  Charreyron,  avocat  à  Limoges,  présenté  à  la  dernière 
réunion,  est  admis,  au  scrutin  secret,  membre  résidant  de  la 
Société. 

MM.  Arbellot  et  Berlhomier  présentent,  en  qualité  de  membre 
correspondant,  M.  Abel  Mazet,  architecte  à  Paris,  boulevard  des 
Batignolles,  26. 

M.  Guibert  communique  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Th.  Boisse, 


46i  SOCIETE  AECHÊOLOOIQUK   BT   BISTORIQOB  DU  UHOUSllC. 

de  Saint-Janien,  un  rôle  du  ban  et  de  rarriëre-ban  de  la  séné- 
chaussée  du  Haut-Limousin  du  19  férrier  1568.  D  en  a  fait  part  à 
BI.  Tabbé  Lecler,  qui  recherchera  si  cet  intéressant  document  a 
été  utilisé  pour  le  Nobiliaire,  S*il  ne  Ta  pas  été,  il  conriendrait  de 
le  publier. 

Au  nom  de  H.  Yandermarcq,  percepteur  à  Oradour-sur-Yayres, 
M.  Leroux  communique  à  la  Société  quelques  notes  sur  un  tunulas 
sis  au  lieu  dit  Champ  des  Mottes,  à  SOO  mètres  d'Oradoor. 
M.  Yandermarcq  a  commencé  à  fouiller  ce  tumulus,  qui  a  85  mè- 
tres de  circonférence  sur  1  mètre  10  seulement  de  hauteur.  Il  y  a 
découvert,  à  1  mètre  50  de  profondeur,  des  ossements  calcinés 
placés  entre  deux  blocs  de  quartz  qui  ont  subi  Faction  du  feu,  un 
anneau,  des  clous  et  divers  fragments  de  fer  et  de  bronze  très 
oxydés,  une  urne  en  poterie  rouge,  fine,  de  11  centimètres  de  bant 
sur  15  de  diamètre  à  la  panse,  et  les  débris  d*un  vase  d'assez 
grandes  dimensions.  Le  bureau  de  la  Société  a  mis  à  la  disposition 
de  M.  Yandermarcq  une  petite  sonune  pour  continuer  ses  fouilles, 
et  il  lui  sera  demandé  un  rapport  avec  dessins  pour  le  Bulletin, 

M.  Yandermarcq  a  également  envoyé  à  la  Société  des  frottis  de 
diverses  monnaies  espagnoles  et  portugaises  découvertes  dans  les 
environs. 

On  sait  quelle  importance  a  eue  à  Limoges,  au  moyen-ftge,  la 
fabrication  de  Torfèvrerie.  L'étude  des  types,  des  formes  et  du 
décor  les  plus  ordinairement  employés  par  les  artistes  limousins 
offre  donc  un  assez  grand  intérêt.  M.  Guibert  signale  les  princi- 
paux types  de  reliquaires  :  la  châsse  (tombeau,  maison  ou  ég^se); 
les  formes  empruntées  au  règne  végétal  et  qui  se  pliaient  si  bien  à 
tous  les  besoins  du  décor,  à  toutes  les  allusions  du  symbolisme 
chrétien  ;  puis  les  statuettes,  la  représentation  des  êtres  inférieurs, 
enfm  de  l'homme,  de  l'ange  et  de  la  divinité.  Il  cite,  pour  chaque 
catégorie  de  types,  des  exemples  choisis  parmi  les  objets  que  con- 
servent les  églises  de  la  région. 

A  la  dernière  réunion,  M.  Ârbellot  a  fait  part  à  la  Société  de 
quelques-uns  des  sujets  auxquels  se  rapporte  un  récent  envoi  de 
notes  dû  à  l'obligeance  de  M.  Tabbé  Poulbrière.  M.  Fage  complète 
cette  communication.  Il  lit  notamment  une  lettre  de  l'ancien  repré- 
sentant Pénières,  datée  de  1811,  et  dont  l'allure  leste  et  gaie  con- 
traste singuUèri'ment  avec  la  phraséologie  des  lettres  écrites  par 
le  même  durant  la  période  révolutionnaire.  M.  Poulbrière  donne 
quelques  noies  sur  l'abbé  de  Saint-Marsault,  aumônier  de  Mes- 
dames Victoire  et  Adélaïde,  et  qui  les  accompagna  dans  Témigra- 
tion.  Mesdames  avaient  sollicité  à  Rome  un  litre  d'évêque  in  par- 
tihtis  pour  leur  aumônier.  Le  cardinal  de  Bernis,  alors  ambassa- 


PROCftS-VBRBAUX   DES   SEANCES.  463 

deur  de  France  auprès  du  Saint-Siège,  obtint  aisément  cette  grâce, 
mais  la  chancellerie  romaine  joua  à  Saint-Marsault  le  mauvais 
tour  de  lui  délivrer  des  bulles  pour  Tévéché  de  Paphos.  On  ne  dit 
pas  si  Louis  XV  se  montra  froissé  de  Tépigramme;  mais  elle  ne 
pouvait  pas  ne  pas  être  comprise  :  Bemis  fut  chargé  de  demander 
un  autre  titre,  qui  prêtât  moins  matière  aux  rieurs,  et  Tabbé  de 
Saint-Marsault  fut  fait  évéque  de  Pergame. 

Quelques  notes  sur  le  lynx  des  Ternes,  une  des  fameuses  «  bêtes 
du  Gévaudan  »  dont  on  a  tant  parlé  ;  sur  un  ouvrage  imprimé  à 
Limoges,  chez  Guillaume  de  La  Nouaille,  en  1539  et  non  signalé 
jusqu'ici;  sur  les  familles  du  Gasseau  et  de  David  deLastours,  enfin 
sur  une  5orte  de  comice  agricole  institué  à  Argentat  par  le  cheva- 
lier de  Combarel,  épuisent  les  communications  envoyées  par 
M.  Poulbrière. 

M.  le  chanoine  Arbellot  rappelle  que  Grégoire  de  Tours  a  été 
contemporain  d'une  partie  seulement  des;événements  dont  il  a  écrit 
rhistoire.  Le  récit  de  ce  qui  s'est  passé  avant  lui,  il  Ta  emprunté, 
sans  beaucoup  de  critique,  à  divers  auteurs  des  siècles  précédents, 
aux  hagiographes  surtout.  M.  Lecoy  de  la  Marche  avait  depuis 
longtemps  appelé  Tattention  sur  ces  emprunts,  auxquels  la  Revue 
des  questions  historiques  a  consacré  un  récent  article.  Parfois  la 
compilation  de  notre  premier  historien  national  est  assez  confuse. 
Ainsi  le  passage,  si  souvent  cité,  relatif  &  l'envoi  des  sept  évêques, 
parait  avoir  été  tiré  de  deux  écrits  différents  :  la  Passion  de  saint 
Satufuin,  qui  mentionne  l'envoi  de  cet  évéque  au  temps  de  l'em- 
pereur Dèce,  et  la  légende  de  Saint-Ursin  de  Bourges,  qui  nomme 
les  sept  évangëlisateurs  de  la  Gaule,  mais  en  les  donnant  comme 
disciples  des  apôtres.  C'est  M.  Tabbé  Paillon  qui  a  constaté  ce  sin- 
gulier amalgame  de  deux  textes,  à  l'un  desquels  Grégoire  a  pris 
renonciation  du  fait  en  empruntant  à  l'autre  une  date,  fort  sujette 
à  caution  du  reste.  En  effet,  les  actes  les  plus  anciens  de  saint 
Saturnin,  conservés  à  Pampelune,  le  donnent  comme  disciple  de 
saint  Pierre. 

M.  Arbellot  communique  à  la  Société  une  fort  intéressante  lettre 
écrite  par  lui  à  M.  Dubédat  à  ce  sujet. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  quart. 

Le  Secrétaire, 

Louis  GUIBERT. 


4ft4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOOIQUK  ET  ITSTaAIQOB   DO  LIMODSlIf. 


SÉANCE  DU  28  MAI  1889. 


Présidence  de  M.  le  ebanolne  AItBEL.IX>X,  Président. 

Présents  :  MM.  Arbellot,  Astaix,  Louis  Bourdery,  Amand  Dnbois, 
Joseph  Dubois,  P.  Ducourtieux,  René  Page,  Emile  Lacbenaud, 
Alfred  Leroux,  Paul  Mariaux,  Léonard  Moufle,  Nivet-Fonlaubert  el 
Louis  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès  verbal,  M.  le  Président 
fait  passer  sous  les  yeux  de  la  Société  les  lettres  de  faire  part  en- 
voyées en  1808,  à  Toccasion  du  mariage  des  deux  filles  du  maréchal 
Jourdan  avec  M.  Ferri-Pisani  et  le  prince  de  Luperano.  Ces  lettres 
ont  été  communiquées  par  M.  Amand  Dubois. 

Sont  Fobjet  d'une  mention  particulière,  parmi  les  ouvrages  el 
publications  reçus  depuis  la  fin  d'avril  :  1**  la  dernière  livraison  du 
Bulletin  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Tulle,  avec 
des  articles  intéressants  de  MM.  Page,  Champeval,  Decoux- 
Lagoulte;  **  celle  du  Bulletin  scientifique  de  Brive^  avec  une  inté- 
ressante conférence  sur  Témaillerie,  par  M.  Emile  Molinier;  — 
3»  celle  de  la  Société  historique  du  Périgord,  avec  quelques  pages 
sur  l'église  de  Saint-Martial  de  Valette,  dont  M.  Arbellol  signalait 
naguère  le  curieux  portail  ;  —  4**  le  programme  du  cours  de  M.  Lièvre 
àla  Faculté  de  Poitiers  :  rArchéologi4>  préhistorique  ;  —  S'^  unonYV^g^ 
sur  les  Représentants  du  Peuple  en  mission,  par  M.  Henri  Wallon, 
ouvrage  dans  lequel  on  peut  noter  un  certain  nombre  de  passages 
relatifs  à  nos  déparlements  limousins;  —  6°  enfin  le  volume  de 
l'Académie  des  Jeux  floraux  pour  1889,  renfermant,  entre  autres 
productions  intéressantes,  YEloge  de  Clémence  Isaure,  en  vers,  par 
notre  compatriote,  M.  Gaston  David,  maître  ès-jeux  floraux,  après 
avoir  été  un  des  lauréats  les  plus  souvent  couronnés  de  ces  con- 
cours. " 

M.  le  Président  rappelle  que  tout  membre  de  la  Société  qui  en 
fera  la  demande  par  écrit,  pourra  acquérir,  au  prix  de  dotize 
francs,  les  quatre  volumes  publiés  jusqu'ici  des  Registres  consulai- 
res de  la  ville  de  Limoges. 

La  Société  des  sciences  naturelles  et  historiques  de  Guérel  vient 
de  perdre  son  digne  et  respecté  président.  M,  Pierre  de  Cessac. 
M,  Arbellot  rappelle  avec  quel  zèle  M.  de  Cessac  s'est  occupé  de 


f  AOCBS-TRBBAUX   DES  SÂANCBS.  465 

l'histoire  de  son  pays  et  quelle  part  importante  il  a  prise  aux 
travaux  de  la  Société  de  Limoges.  Il  a  été  de  plus  Torganisateur 
principal  du  congrès  scientifique  de  1866,  et  a  publié  un  assez 
grand  nombre  d'ouvrages  estimés. 

La  Société  s'associe,  avec  les  sentiments  de  la  plus  vive  sympa- 
thie, à  l'hommage  rendu  par  son  président  à  un  des  savants  les 
plus  distingués  de  notre  province. 

M.  Mazet,  architecte  à  Paris,  présenté  à  la  dernière  réunion,  est 
élu  au  scrutin  secret  membre  correspondant  de  la  Société. 

M.  L.  Guibert  a  reçu  de  M^^  Barbier  de  Montault  un  intéressant 
Inventaire,  dressé  en  1741,  après  le  décès  d'Etienne  Audebert  de 
Fonmobert,  conseiller  du  roi  et  son  procureur  pour  la  police 
à  Bellac.  Cette  pièce  est  offerte  aux  archives  de  la  Société. 
M.  L.  Guibert  ajoute  que  M.  Jules  de  Boysse  a  bien  voulu  égale- 
ment faire  don  à  la  Société  du  rôle  du  ban  et  de  Tarrière-ban  con- 
voqués en  1568,  document  communiqué  à  la  dernière  réunion. 

La  Société  française  d'archéologie  tiendra  cette  année  sa  session 
ordinaire  à  Evreux.  M.  le  Président  met  des  programmes  à  la 
disposition  des  personnes  qui  voudraient  prendre  part  à  ces  tra- 
vaux^ 

Il  est  parlé  d'une  excursion  àChassenon;  mais  M.  le  Président 
fait  remarquer  que  plusieurs  membres  devant  sous  peu  de  jours 
s'absenter  pour  la  réunion  annuelle  des  Sociétés  savantes,  il  y  a 
lieu  de  remettre  l'élude  de  ce  projet  à  la  prochaine  séance. 

M.  Guibert  dit  qu'il  compte  se  rendre  incessamment  à  Coussac- 
Bonneval  avec  M.  Jules  Tixier,  pour  examiner  les  réparations  à 
effectuer  à  la  lanterne  des  morts  de  cette  localité,  devenue  la  pro- 
priété de  la  Société.  Il  invite  ceux  des  membres  qui  désireraient 
se  joindre  à  eux  à  le  prévenir. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  fort  curieuse  lettre  écrite  par 
Baluze  à  d'Aguesseau,  alors  âgé  de  quatorze  ans,  au  sujet  d'une 
pièce  de  vers  latins  du  futur  chancelier,  communiquée  par  son 
père  au  grand  érudit.  Cette  lettre,  inédite,  sera  publiée  au  Bulletin. 
Elle  a  été  copiée  par  M.  Emile  Du  Boys,  dans  les  documents  ven- 
dus par  Libri  en  Angleterre,  et  dont  on  doit  au  zèle  de  M.  Léopold 
Delisle  la  restitution  à  la  France. 

M.  Louis  Bourdery  communique  à  la  Société  le  projet  d'un  inven- 
taire général  de  l'œuvre  des  anciens  peintres  émailleurs  de  Limoges. 
Le  catalogue  dont  il  s'agit  comprendra  non-seulement  toutes  les  piè- 
ces antérieures  à  la  période  de  décadence  de  notre  bel  art  provin- 
cial, mais  encore  toutes  les  œuvres  typiques  ou  intéressantes  à  un 
point  de  vue  quelconque  sorties  de  nos  ateliers,  et  qui  sont  conser- 
vées soit  en  France,  soit  à  l'étranger.  Ce  travail,  dont  M.  Bourdery 


466  SOCIÉTÉ  AECHÊOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIHODSIN. 

et  M.  Lachenaud  ont  conçu  le  dessein  et  trace  le  plan,  est  déjà  en 
bonne  voie  :  plus  de  4,000  fiches  sont  constituées  et  le  dépooille- 
ment  des  catalogues  de  plusieurs  des  plus  importantes  collections 
d'Europe,  de  plusieurs  des  Expositions  qui  ont  laissé  le  plus  bril- 
lant souvenir  est  achevé. 

Les  deux  auteurs  de  ce  projet  sont  admirablement  préparés 
à  Texécuter  et  personne  ne  se  trouve  dans  de  meilleures  conditions 
pour  mener  à  bien  le  vaste  et  difficile  travail  qu'ils  se  proposent  de 
poursuivre.  Tout  le  monde  sait  quelle  connaissance  approfondie 
M.  Bourdery,  émailleur  distingué,  possède  de  son  art  et  combien 
ses  études  spéciales  l'ont  familiarisé  avec  les  produits  de  nos  vieux 
maîtres,  ses  prédécesseurs.  M.  Lachenaud  est  un  amateur  de  gra- 
vures et  de  livres  des  plus  compétents.  Sa  bibliothèque  est  riche  en 
documents  de  toute  espèce  relatifs  à  Thistoire  de  l'art.  On  doit  se 
promettre  les  plus  heureux  résultats  d'une  telle  collaboration. 

MM.  Bourdery  et  Lachenaud  se  proposent  d'adresser  à  tous  les 
détenteurs  d'émaux  limousins,  qui  auront  été  signalés,  un  question- 
naire destiné  à  leur  fournir  les  indications  essentielles  pour  la 
description  de  chaque  pièce.  Ils  demandent  à  la  Société  son 
patronage  auprès  de  leurs  correspondants  et  du  public,  afin  que 
les  résultats  de  leur  laborieux  inventaire  soient  aussi  satisfaisants 
et  aussi  complets  que  possible. 

M.  le  Président  félicite  M.  Bourdery  et  M.  Lachenaud  de  leur 
projet.  Le  concours  le  plus  sympathique  et  le  plus  dévoué  de  la 
Société  est  assuré  à  un  travail  qui  non-seulement  aura  une  impor- 
tance considérable  pour  l'histoire  de  l'art  français,  mais  sera  un 
véritable  monument  élevé  à  la  gloire  de  notre  province  limousine. 

M.  Ducourtieux  communique  à  la  Société  de  nouveaux  rensei- 
gnements sur  les  découvertes  faites  au  cours  des  travaux  exécutés 
dans  la  région  de  la  Croix- Verte.  A  50  mètres  du  nouveau  viaduc 
de  la  Vienne,  on  a  trouvé  une  ancienne  carrière  de  schiste  délité. 
Les  ouvriers  ont  rencontré  nombre  de  vestiges  de  murs,  quelques- 
uns  fort  épais;  un  aqueduc  de  grandes  dimensions,  avec  de  petits 
refuges  latéraux,  des  fragments  de  poterie  avec  les  signatures  : 
DEMODES  F;  MAHETI;  OF  BILICA,  qu'on  avait  déjà  trouvées, 
mais  incomplètes;  une  peule  à  grain  et  divers  autres  objets.  Les 
monnaies  exhumées  sur  ce  point  sont  aux  effigies  d'Auguste, 
Agrippa,  Néron,  Faustine,  Constantin.  Il  faut  noter  une  pièce  en 
argent  de  Géta.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  l'ingénieur  Draux  et 
de  MM.  Vigner  et  Rigaud,  entrepreneurs,  une  partie  des  objets 
ainsi  découverts  ont  été  mis  de  côté  avec  beaucoup  de  soin.  —  La 
Société  vote  des  remerciements  à  ces  messieurs. 

M.  Ducourtieux  rappelle  que  M.  l'abbé  Poulbrière  a  signalé  à  la 


PROCÈS-VERBAUX  DBS  SÉANCBS.  467 

dernière  séance  un  livre  imprimé  à  Limoges,  chez  Guillaume  de  La 
Nouaille,  en  1539.  Cet  ouvrage  appartient  à  une  collection  de  di- 
vers traités  de  morale  souvent  réunis  sous  le  titre  :  Auctores  octo, 
continentes  libros  videlicet  Cathonem,  Facetum,  Theodolum,  de  con- 
temptu  mundi^  Floretum,  Alanum  de  ParaboliSy  Fabulas  _Esopi, 
ThoMam.  Le  Floretus  a  été  imprimé  par  Jean  Berton  dès  1508. 

Gonlinuant  son  élude  sur  les  sources  de  Thistoire  de  Grégoire 
de  Tours,  M.  Arbellot  cite  plusieurs  passages  de  cet  auteur  relatifs 
à  Saint-Martial,  surtout  à  sa  sépulture.  Grégoire  a,  sans  nul  doute, 
connu  la  vie  de  Tapôtre  écrite  par  le  pseudo  Aurélien,  car  il  lui  a 
emprunté  plusieurs  passages;  il  a  également  puisé  dans  Tancienne 
vie  du  saint  le  récit  de  certains  miracles.  Mais  il  n'a  reproduit  que 
les  indications  de  ces  ouvrages  ne  contredisant  pas  les  renseigne- 
ments donnés  ailleurs  par  lui. 

M.  Guibert  expose  les  principaux  traits  des  institutions  muni- 
cipales de  la  ville  de  Saint-Léonard  de  Noblat  au  xni*  siècle.  C'est 
de  Henri  II  Plantagenet  ou  de  Richard-Cœur-de-Lion  que  les  ha- 
bitants tenaient  leur  commune  eh  le  droit  d'élire  leurs  consuls. 
Ceux-ci,  au  nombre  de  huit,  nommés  pour  une  année,  avaient  des 
attributions  dont  Tampleur  et  l'importance  nous  étonnent  aujour- 
d'hui. M.  Guibert  se  borne  à  passer  en  revue,  d'une  façon  som- 
maire, ces  attributions. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  quart. 

Le  Secrétaire, 
Louis  Guibert. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1889. 


Présidence  de  M*  le  chanoine  AItBE:ijL.OX«  Président* 

Présents  ;  MM.  le  chanoine  Arbellot,  Astaix,  P.  Charreyron, 
P.Ducourtieux,  Fray-Fournier,  E,  Goutenègre,  Hersant,  C.  Jouhan- 
neaud,  Em.  Lachenaud,  Alf.  Leroux,  Nivet-Fontaubert,  Paradis, 
J.  Tixier,  L.  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal,  M.  le  Président 
communique  à  la  Société  les  envois  reçus  depuis  la  dernière 
séance. 


466  SOCIÉTÉ  ARCHÉÛLOGI^B   ET   UISTORIQUB   DU   LIMOUSIX. 

II  signale  entre  autres  le  premier  Tolnme  des  œuvres  complètes 
(l*un'des  plus  savants  et  des  plus  laborieux  correspondants  delà 
Société,  MB'  X.  Barbier  de  Monlault;  un  intéressant  rapport  de 
M.  Raoul  Fougères  à  la  Société  havraise  d'Etudes  diverses,  oà 
Tauteur,  sous  le  titre  :  Limoges  et  le  Haut-Limousin,  a  réuni  une 
grande  quantité  de  renseignements  sur  notre  province  et  sa  capi- 
tale ;  le  premier  Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  sciences  et 
arts  de  Roch^chouart,  renfermant  de  très  bons  articles  de  MM.  Mas- 
frand,  d'Abzac  et  Précigou. 

M.  le  Président  mentionne  Thommage  fait  à  la  Société,  par 
M.  L.  Guibert,  d'une  notice  sur  les  Anciens  statuts  du  diocèss  de 
Limoges,  extraite  du  Bulletin  des  travaux  historiques,  —  et  de  son 
analyse  des  Cahiersdu  Lifnottsin  et  de  la  Marche  en  /  789. 

M.  Tabbé  Poulbrière  a  également  offert  à  la  Bibliothèque  de  la 
Société  un  exemplaire  du  Cahier  de  la  noblesse  de  la  Sénéchaussée 
de  Saint-Yrieix. 

Plusieurs  membres  signalent  des  ouvrages  rares  d'origioe 
limousine. 

M.  Nivet-Fontaubert  demande  si  on  connaît  Tauteiur  de  VEpitre 
à  la  Mort  ou  épitre  à  rien,  «  par  un  Chinois  de  Limoges  ». 

M.  Leroux  pose  la  même  question  à  propos  d'un  recueil  de  Noêh 
français,  imprimé  chez  J.-B.  Dalesme. 

Aucune  des  personnes  présentes  ne  peut  répondre  à  ces  ques- 
tions. 

M.  Arbellot  dit  qu'il  a  montré  à  M.  Chabouillet  la  pièce  d'or 
mérovingienne  où  on  avait  d'abord  cru  lire  Artigia,  M.  Chabouillet 
a  lu  sans  hésiter  Marticiaco  et  au  revers  Fravualdo  ou  quelque 
chose  d'approchant  pour  le  nom  du  monétaire.  La  pièce  paraît 
limousine,  mais  il  est  difficile  de  déterminer  la  localité  où  elle  a 
été  frappée. 

M.  le  Président  fait  passer  sous  les  yeux  des  membres  présents 
une  pclile  pièce  d'argent,  qui  paraît  être  du  xn*  siècle,  el  qui 
appartient  à  la  catégorie  des  monnaies  dites  barbarines.  Le  droit 
représente  le  buste  de  saint  Martial,  avec  toute  la  barbe  et  de  longs 
cheveux.  Légende  :  s.  e.  s.  marcial.  h.  {Signum  ecclesiœ  Sancti 
Martialis).  Au  revers  une  croix  cantonnée  de  huit  besans  (deux 
dans  chaque  secteur),  et  le  mot  :  Lemovicensis, 

L'ordre  du  jour  appelle  le  compte-rendu  de  la  réunion  des 
Sociétés  savantes.  M.  le  Président  donne  un  aperçu  général  de 
l'organisation  du  Congrès.  Cette  année,  les  diverses  sections  ont 
pu  trouver  un  abri  à  la  Sorbonne;  celle  des  Beaux-Arts, 
seule,  a  continué  à  se  réunir  à  l'Ecole  des  Beâux-Arls.  La  Société 
archéologique  du  Limousin  n'a  fourni  de  communications  qu'à 


rROCÈS-VEBBAUX    DES   8ÉANCE8.  469 

deux  sections  :  celle  d'hisloire  et  philologie,  où  M.  Arbellot  et 
M.  L.  Gaibert  ont  fait  des  lectures,  et  celle  d[archeologie,  où 
M.  de  Lasteyrie  a  bien  voulu  donner  communication  d*un  travail 
envoyé  par  M.  Guibert. 

Parmi  les  mémoires  lus  dans  ces  réunions,  il  faut  donner  une 
mention  toute  particulière  à  celui  lu  par  notre  distingué  compa- 
triote, M.  Ludovic  Drapeyron,  à  la  section  de  géographie,  et  inti- 
tulé :  Jean  Fayan,  auteur  de  la  première  carte  du  Limousin  et  colla- 
borateur de  notre  premier  atlas  national. 

Un  membre  de  la  Société,  M.  Camille  Leymarie,  bibliothécaire 
de  la  ville,  a  reçu  les  palmes  académiques. 

M.  L.  Guibert  fait  part  à  la  Société  d'un  certain  nombre  de 
documents  présentant  un  réel  intérêt  pour  l'histoire  limousine  et 
extraits  des  publications  faites  en  Angleterre  par  le  conservateur 
des  Archives  de  la  Tour  de  Londres.  Trois  séries  ont  été  com- 
mencées presque  simultanément  :  les  Chartes,  les  Lettres  Patentes 
et  les  Lettres  closes.  Tout  ce  qui  a  paru  jusqu'ici  se  rapporte  au 
règne  de  Jean-sans -Terre  (1199-1216),  et  aux  premières  années  du 
règne  de  Henri  III,  son  fils  et  successeur. 

Parmi  ces  chartes,  M.  Guibert  en  a  relevé  qui  concernent  la  com- 
mune de  la  Cité  de  Limoges,  celle  du  Château,  celles  de  Peyrat-le-Chà- 
teau  et  de  Saint-Léonard;  il  signale  plusieurs  sauvegardes  accordées  à 
des  marchands  de  Limoges,  l'ordre  aux  trésoriers  royaux  de  donner 
des  gratifications  à  deux  envoyés  des  bourgeois  et  des  citoyens  de 
cette  ville;  diverses  lettres  relatives  à  la  succession  d'Aymeric 
Brun,  seigneur  du  château  de  Montbrun,  etc.,  etc.  M.  L.  Guibert 
rappelle  qu'en  1214  Jean-Sans-Terre  vint  en  Limousin.  On  cons- 
tate sa  présence  à  Angouléme  le  15  mars;  à  Saint-Junien,  le  17; 
à  Aixe,  les  21,  22  et  23;  à  Saint-Léonard,  le  même  jour,  28;  à 
Saint- Vaury,  le  25;  à  La  Souterraine,  les  28,  29,  30  et  31  ;  à 
Grandmont,  les  1  et  2  avril;  à  Limoges,  le  3;  à  Montbron,  le  4. 
Le  5  il  est  de  retour  à  Angouléme. 

M.  Leroux  prépare  la  publication  du  premier  volume  de  l'inventaire 
des  archives  communales  delà  Haute- Vienne.  Ce  volume  contient  le 
sommaire  de  celles  de  Bellac,  le  Dorai,  Eymoutiers,  Rochechouarlet 
Saint-Junien,  avec  un  supplément  à  l'inventaire  de  Limoges.  Bellac 
seul,  en  dehors  de  Limoges,  a  conservé  des  archives  communales 
renfermant  autre  chose  que  des  registres  paroissiaux.  M.  Leroux 
donne  quelques  renseignements  sur  ces  derniers  registres  et  cons- 
tate que,  dans  tout  le  département,  trois  localités  seulement  : 
Limoges,  Magnac  et  une  petite  commune,  possèdent  des  documents 
de  cet  ordre  antérieurs  à  1600. 

Parmi  les  indications  que  fournit  le  premier  volume  de  Tinven- 


470  SOCIETE  ARCBÉOLOOIQDB  ET  HISTORIQUE  DD  LiHOCSIN. 

taire  en  cours  d'impression,  il  faut  noter  quelques  détails  biogra- 
phiques, de  précieux  renseignements  sur  la  population,  sur  les 
naissances  illégitimes,  sur  les  meurtres,  les  duels,  les  événements 
d'intérêt  local. 

M.  Leroux  a  trouvé  mentioa  d*un  petit  gouvernement  militaire 
spécial,  établi,  vers  l'époque  de  la  Fronde,  au  profit  de  M.  de  La- 
feuillade,  et  comprenant  les  trois  villes  d^Eymoutiers,  de  Saint- 
Léonard  et  de  Bourganeuf.  Ce  gouvernement  paraît  être  demeuré 
longtemps  dans  la  même  famille  et  avoir  subsisté  jusqu'à  la 
Révolution. 

Les  registres  d'Eymou tiers  offrent  [un  intérêt  tout  particulier 
pendant  qu'ils  sont  tenus  par  le  curé  François  Masmoret.  Celui-ci 
se  fait  chroniqueur  de  la  paroisse  et  note  quantité  de  petits  détails 
précieux  à  retenir.  Les  doctrinaires  de  Bellac  rédigent  une  espèce 
de  nécrologe. 

Il  résulte  des  notes  recueillies  par  M.  Leroux  que  les  religieuses 
de  Saint-Alexis  n'ont  pas  seulement  desservi  les  hôpitaux  de 
Limoges,  Saint-Léonard,  Saint-Junien;  on  les  trouve  à  Beaulieu, 
Turenne,  Eymoutiers,  Saint-Yrieix  et  La  Souterraine. 

M.  Leroux  montre  encore  l'hospice  d'Ëymoutiers  menacé  dans 
son  existence  par  Louvois;  il  signale  une  imprimerie  à  BeUac 
en  1794,  et  pense  qu'il  en  a  existé  une  dans  cette  ville  avant  1780; 
il  mentionne  un  criminel  roué  à  Châteauneuf-la-Forêt  en  1658;  ce 
qui  donnerait  à  supposer  que  le  seigneur  de  cette  localité  avait 
conservé  l'exercice  de  ses  droits  de  haute  justice,  fait  bien  rare  i 
cette  date. 

Il  est  donné  lecture  d'une  obligeante  lettre  de  M.  d'Abzac,  se- 
crétaire général  de  la  Société  de  Rochechouart,  au  sujet  de  l'ex- 
cursion projetée  aux  raines  romaines  de  Ghassenon.  On  décide 
que  cette  excursion  aura  lieu  dans  la  seconde  quinzaine  de  juillet. 
La  date  en  sera  ultérieurement  fixée. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire^ 

Louis  GUIBERT. 


PROCÈS- VERBAUX  DES  6ÉANCES.  471 


SÉANCE  DU  30  JUILLET  1889. 


■^résidence  de  IH.  le  chanoine  ARBBL.LiOX,  président* 

Présents  :  MM.  le  chanoine  Arbellot,  Astaix,  Hervy,  Dorât, 
Amand  Dubois,  Joseph  Dubois,  Ducourtieux,  R.  Page,  Fray- 
Fournier,Guyonnet,  Hersant,  Nivet-Fontaubert,  Paradis,  Raynaud 
et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Après  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  on 
décide  que  l'excursion  projetée  aux  ruines  romaines  de  Chassenon 
(Charente)  aura  lieu  le  jeudi  l'^'  août.  Avis  en  sera  donné  à 
MM.  les  Membres  de  la  Société  des  Aîiiis  des  Sciences  et  Arts  de 
Rochechouart,  afin  que  les  deux  Sociétés  visitent,  s'il  est  possible, 
ensemble  l'emplacement  de  Fancien  Cassinomagus. 

M.  le  Président  présente  à  la  Société  la  seconde  livraison  du 
tome  XXXVI  du  Bulletin^  renfermant  des  travaux  aussi  intéressants 
que  variés,  dus  à  MM.  l'abbé  Lecler,  Barbier  de  Monlault,  Leroux, 
Fage,  J.  Dubois,  Ducourtieux,  Arbellot,  Guibert,  et  de  beaux 
dessins  de  M.  Jules  Tixier  et  de  M.  Louis  Bourdery.  Puis  il  énu- 
mère  les  envois  reçus  depuis  la  réunion  de  juin.  Mention  toute 
spéciale  est  faite  d'un  exemplaire  d*un  tirage  de  luxe  du  Catalogue 
de  r  exposition  de  Blanc  et  Noir  (Limoges,  mai  1889)  qui  fait  hon- 
neur et  au  talent  de  M.  Tixier  et  au  goût  de  l'imprimeur,  M.  Du- 
courtieux ;  —  d'un  Recueil  précieux  de  Documents  sur  la  ville  d'Ey- 
moutiers,  publiés  par  M.  Joseph  Dubois  (tirage  à  part  du  BulletinJ; 
—  d'une  bonne  notice  sur  la  Bibliothèque  d'Auguste  Bosvieux,  due 
à  M.  Ducourtieux  et  extraite  aussi  du  Bulletin;  —  de  la  dernière 
livraison  du  Bulletin  d'histoire  et  de  Philologie^  publié  par  le  comité 
des  travaux  historiques,  et  où  ont  été  insérées  diverses  communi- 
cations de  M.  Guibert,  —  enfin  d'un  nouveau  fascicule  de  la  Revue 
de  l'Art  Chrétien,  contenant  notamment  un  article  dans  lequel 
Mp"  Barbier  de  Mon tault  revient  sur  la  date  des  Peintures  du  rétable 
de  Saint'Victumien.  L'opinion  de  M.  de  Lasleyrie  et  de  plusieurs 
autres  savants,  adoptée  par  M.  Guibert  dans  sa  notice  sur  ces  pein- 
tures, est  qu'elles  ne  remontent  pas  au-delà  du  milieu  du  xv«  siècle. 
Mgr  Barbier  de  Monlault  émet  l'avis  qu'elles  sont  d'un  siècle  plus 
anciennes. 

M.  Ambroise  Tardieu,  l'archéologue  et  rhistoricn  bien  connu 


471  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   HISTOEIQUB   DU  LlSODSl!!. 

de  TAuver^e,  offre  renvoi  gratuit  de  sa  charmante  brochure  : 
Histoire  des  villes  d'Auzances  et  de  Crocq,  à  tout  membre  de  la 
Société  qui  lui  adressera  30  centimes  en  timbres-poste  ('Adresse  :  à 
Hermenty  Puy-de-Dôme),  On  engage  vivement  MM.  les  membres 
de  la  Société  k  profiter  de  Toffre  de  M.  Tardieu  et  à  se  procurer 
son  intéressant  ouvrage,  illustré  d'une  grande  quantité  .de  dessins 
et  renfermant  des  renseignements  d'un  réel  intérêt  pour  rhîstolre 
de  la  Marche  et  du  Limousin. 

M.  l'abbé  Monique,  demeurant  à  Eymoutiers,  est  présenté  comme 
membre  titulaire  par  MM.  Garrigou-Lagrange  père  et  L.  Guibert. 

M.  l'abbé  Demars,  curé  du  Châtenet-en-Dognon,  est  présenté  en 
la  même  qualité  par  MM.  le  chanoine  Arbellol  et  L.  Guibert. 

M.  le  Président  dit  que  M.  Monique  possède  une  Vie  des  plus 
intéressantes  du  célèbre  oratorien  Gabriel  Ruben,  et  qu'il  se  pro- 
pose d'en  donner  communication  à  la  Société.  Celte  vie,  écrite  par 
un  contemporain,  confirme  pleinement  l'origine  limousine  du 
P.  Ruben  ;  celui-ci  est  et  demeure  enfant  d'Eymoutiers,  en  dépit 
des  prétentions  du  Périgord.  La  Dordogne  et  même  la  Garonne 
auraient  beau  faire,  toutes  leurs  eaux  ne  pourraient  effacer  Thisloire 
et  la  vérité.  Le  P.  Ruben  est  plus  près  de  nous  que  saint  Waast, 
et  on  renoue  plus  aisément  le  fil  d'une  généalogie  dans  une  yille 
bourgeoise  du  xvu*  siècle  qu'au  milieu  des  ruines  presqu*informes 
de  Yoppidum  de  Courbefy. 

Au  mois  de  juin  dernier,  on  a  trouvé,  en  exécutant  des  terrasse- 
ments dans  les  anciens  jardins  de  Thôpital  de  Limoges,  une  curieuse 
statuette  en  bronze  du  dieu  Terme.  M.  Ducourtieux  la  présente  à 
la  Société. 

La  statuette  est  d'un  bon  style.  Le  dieu  a  la  chevelure  abondante 
et  la  barbe  fleurie.  La  gaîne  qui  termine  cette  statue,  offire  sur  le 
devant  un  attribut  de  virilité.  Ce  très  intéressant  morceau  sera 
déposé  au  Musée  national  Adrien  Dubouché. 

Aux  Grands-Chézeaux,  on  a  découvert,  dans  le  cimetière,  les 
restes  d'anciennes  sépultures.  M.  l'instituteur  a  bien  voulu  donner 
à  M.  Le  Gendre,  qui  les  a  communiqués  à  la  Société,  quelques  frag- 
ments trouvés  dans  ces  sépultures^  notamment  une  brique  avec 
un  dessin  qu'on  rencontre  souvent,  une  moulure  en  calcaire  et  an 
vase  en  terre  que  M.  Arbellot  croit  ne  pas  remonter  au-delà  du 
moyen-âge,  du  xiu*  siècle  peut-être,  et  avoir  été  destiné  à  contenir 
de  l'eau  bénite. 

L'auteur  de  cette  dernière  communication,  M.  Le  Gendre,  prési- 
dent de  la  Société  botanique  du  Limousin,  a  demandé  que  des  rela- 
tions s'établissent  entre  cette  Société  et  la  Société  archéologique. 
Cette  ouverture  est  accueillie  avec  la  plus  vive  sympathie  et  la  plus 
sincère  cordialité. 


PROCèfl-VKilBAUX    DES   SÉANCES.  473 

Au  nom  de  M.  Emile  Du  Boys,  M.  le  Président  donne  leeturo 
«raiie  très  curieuse  communicalion  envoyée  par  celui-ci,  de  Paris. 
Il  s*agitde  deux  correspondants  inédits  de  Bahize,  Dom  Pradilhon 
ei  Du  Verdier.  Dom  Pradilhon  a  été  abbé  général  des  Feuillants,  et 
OB  le  tenait  pour  un  généalogiste  d'une  très  grande  aatorité.  Du 
Verdier  remplissait  à  Tulle  les  fonctions  de  conseiller  au  présidial. 
II  était  nereu  par  alliance  de  Baluze.  C'est  de  la  volumineuse  cor- 
respondance que  recèlent  les  armoires  de  TiHuslre  érudit  limousin 
que  M.  Du  Boys  a  extrait  ces  lettres,  très  intéressantes  pour  notre 
historiographie  provinciale. 

M.  le  Président  en  donne  lecture  ainsi  que  de  la  substantielle 
introduction  qui  les  accompagne. 

A  son  tour,  M.  le  chanoine  Arbellot  lit  une  notice  sur  Dom 
Pradilhon  de  Saint-Anne.  Né  en  1640,  à  Eymouliers,  Pradilhon, 
après  de  brillantes  études,  entra  à  Tabbaye  de  Feuillant,  qui 
donna  son  nom  à  une  congrégation  célèbre  dont  le  jeune  religieux 
devait  être  quatre  fois  élu  abbé  général.  Il  s'occupa  avec  succès  do 
généalogie,  de  droit,  etc.  Il  fut  le  correspondant  de  Gaignières  et 
de  Baluze.  Peu  de  religieux  ont  joui,  au  xvn*  siècle,  d'une  aussi 
universelle  et  aussi  haute  considération.  Il  mourut  à  Paris,  en  4701, 
et  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Bernard  des-Feuillants. 

I/ordre  du  jour  appelle  une  lecture  de  M.  Joseph  Dubois  :  Jean 
Buben,  chanoine  et  théologal  d'Eymoutiers,  oncle  du  P.  Gabriel 
Ruben,  fit  en  4648  son  testament.  Ce  testament  fut  ouvert  après 
sa  mort,  trois  ans  plus  lard.  M.  Dubois  donne  lecture  de  ce  curieux 
document  dont  plu<%ieurs  clauses  sont  à  noter  :  La  demande  du 
testateur  d'être  inhumé  auprès  du  chanoine  de  Ruhcn  de  Lombre, 
son  oncle  et  bienfaiteur;  le  legs  fait  par  lui  à  la  théologale  de  deux 
maisons,  l'une  lui  venant  de  de  Lombre  et  d'Antoine  Ruben  de  La 
Vialle,  l'autre  acquise  de  Suzanne  Mcnot,  toutes  les  deux  avec  leur 
mobilier  ;  le  legs  au  chapitre  de  la  bibliothèque  du  chanoine  sauf 
le  droit,  pour  les  neveux  du  testateur,  d'emprunter  les  livres  (|ui 
la  composent;  un  autre  à  Gabriel  Ruben,  son  neveu,  alors  cha- 
noine, de  «  toutes  ses  prédications,  collections  et  autres  manuscrits  » 
pour  les  publiei',  s'il  le  juge  convenable;  enfin,  un  legs  de  quarante 
livres  à  chacun  de  ses  filleuls,  même  à  venir. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  Turgot  aux  officiers  munici- 
paux de  Limoges,  touchant  les  prétentions  du  sieur  Manent,  secré- 
taire-greffier. Un  post-scriptum  parle  du  projet  de  rétablissement 
d'une  partie  de  la  halle  sur  la  place  des  Bancs.  Cette  pièce  appar- 
tient k  M.  Nivel-Fontaubert. 

M.  L.  Ouibert  indique  les  difficultés  qu'on  éprouve  dans  l'élude 
de  l'histoire  des  communes  du  cours  supérieur  de  la  Vienne,  — 
T.  xxxvui.  31 


i7i  S0CIÉ1F    ARCIlÉOLOGlOUli;    KT    UISTOIUUUK   UL    LIMOUSIN. 

Saint -Léonard,  le  Château  et  la  Cité  de  Limoges,  Sainl-Junien,  — 
pour  démêler  la  vérité  en  présence  de  documents  et  de  témoignages 
absolument  contradictoires.  Il  cherche  le  secret  de  ces  contradic- 
tions dans  les  vicissitudes  politiques,  dans  les  usurpations  insen- 
sibles des  bourgeois  encouragées  par  les  rois  d^Anglelerre,  ducs 
d'Aquilaine,  et  dans  les  retours  offensifs  de  rauloritc  féodale. 

D'après  lui,  le  mouvement  communal  dans  nos  provinces,  se 
serait  produit  surtout  entre  i180  et  1220,  et  non  pas  en  1250 
comme  Ta  cru  M.  Leymarie.  Les  luttes  si  intéressantes  et  si  achar- 
nées qui  ont  commencé  à  celte  époque  entre  les  corps  de  bour- 
geoisie et  leurs  seigneurs,  auraient  pour  point  de  départ  une 
réaction  entreprise  par  ces  derniers. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire, 

Louis  GriBERT. 


SÉANCE  DU  MARDI  27  AOUT  1889. 


Présidence  de  M*  le  chanoine  AItBBLiL.OT,  nréslflent* 

Présents  :  MM.  le  chanoine  Arbellot,  Brissct-Desisles,  Ducour- 
lieux,  E.  Hersant,  Judicis,  Tabbé  Lecler,  A.  Leroux,  Nivet-Fonlau- 
berl,  Paradis,  Raynaud  et  L.  Guibert,  secrétaire. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal,  qui  est  adopté,  M.  le  Président 
donne  communication  des  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière 
séance. 

Il  signale  en  premier  lieu  le  nouveau  volume  de  Tinventaire  de 
nos  archives  (série  E),  qui  vient  d'être  publié  par  M.  A.  Leroux. 
Le  fascicule  renferme  l'inventaire  des  archives  municipales  de 
Saint-Junien,Rochechouart,  Evmoutiersj  Le  Dorât,  Bellac,  plus  un 
supplément  à  celui  du  dépôt  communal  de  Limoges.  Ce  volume,  qui 
est  précédé  d'une  intéressante  introduction,  constitue  un  nouvel  et 
imposant  appoint  à  l'ensemble  de  documents  et  d'informations  mis 
à  la  disposition  de  tous  ceux  qui  ont  besoin  de  consulter  le  passé 
de  la  province,  qu'il  s'agisse  d'études  historiques,  biographiques, 


PKOCÈS  VKRBAUI  DES  SÉANCES.  475 

bibliographiques,  adminislralives,  sociales  ou  autres.  M.  le  Pré- 
sident, au  nom  de  la  Société,  félicite  et  remercie  M.  Leroux. 

Auprès  de  ce  volume,  il  faut  en  mentionner  un  autre,  concer- 
nant les  archives  départementales  de  la  Corrèzc,  et  qui  vient  d'être 
publié  à  Tulle  par  rarchivislc,  M.  A.  Hugues.  H  comprend  les 
séries  B,  C,  D,  E  (complément). 

M.  le  Président  signale  h  Tattenlion  de  la  Société  deux  envois  de 
Mk*"  Barbier  de  Montault  :  La  crosse  du  musée  de  Nancy  et  la  grande 
pancarte  de  la  basilique  de  Latran;  —  le  rapport  de  M.  Guibert  sur 
les  Monuments  historiques  du  département;  une  biographie  de 
M.  Lecointre-Dupont,  membre  distingué  et  zélé  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  l'Ouest;  enfin,  une  publication  intéressante  à  plus 
d'un  point  de  vue,  due  à  M.  le  comte  de  Couronnel,  membre  du 
Conseil  général  de  la  Haute-Vienne,  et  intitulée  :  Souvenirs  d'une 
ancienne  famille  :  la  maison  de  Mailly  en  Artois  (branche 
de  Mailly-Couronnel),  Plusieurs  passages  de  cet  ouvrage  ont  été 
lus  à  deux  des  dernières  séances  de  la  Société. 

Mention  est  faite  aussi  de  la  ilcrnicre  livraison  du  Gay-Lussac, 
avec  un  article  à  noter  de  iM.  le  D'  Boulland  ;  —  de  celle  du  Bulle- 
tin de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze^  conte- 
nant une  remarquable  notice  de  M.  Clément-Simon  sur  l'instruction 
en  Limousin  et  sur  le  collège  de  Tulle;  —  de  celle  du  Bulletin  de  la 
Société  scientifique  et  historique  de  Brive;  —  d'une  livraison  récente 
de  la  Société  archéologique  de  Bordeaux,  où  il  est  parlé  d'une 
branche  de  la  famille  Dorat-Disnematin  de  Limoges,  qui  s'établit 
dans  la  capitale  de  la  Guyenne  au  xyu**  siècle  et  dont  un  membre 
devint  acquéreur  de  la  maison  de  Montaigne. 

Le  Bulletin  bibliographique  et  des  archives  loue  M.  Leroux  de  Tidée 
qu'il  a  eue  de  publier  dans  VAlmanach  la  liste  générale  des  revues 
de  toute  nature  reçues  par  les  divers  établissements  publics  :  biblio- 
thèques, séminaire,  administrations,  cercles,  etc.,  de  Limoges.  11 
serait  à  souhaiter  que  cet  exemple  fût  suivi. 

MM.  L.  Bourdery  et  Em.  Lachenaud  ont  entrepris,  comme  on 
sait,  l'inventaire  général  de  nos  émaux  peints  d'origine  limousine. 
M.  Guibert  fait  connaître  à  la  Société  les  résultats  encourageants 
obtenus  par  les  premières  démarches  de  ces  messieurs.  Beaucoup 
de  colieclionneurs  ont  répondu  à  l'appel  qui  leur  a  été  adressé,  et 
de  précieux  concours  sont  dès  à  présent  assurés  à  la  lâche  de  nos 
deux  laborieux  confrères. 

M.  Paradis  présente  à  la  Société  quelques  pièces  de  monnaie 
qu'il  a  recueillies  :  trois  ou  quatre  sont  de  moyens-bronzes  des 
empereurs  Flaviens  et  Antonins  ;  toutes  les  autres  sont  des  jetons 
et  monnaies  françaises  des  xvn''  et  xvni'  siècles  ou  des  pièces  étran- 


476  SOCIÉTÉ   Ar.CIIÉ0t.OCIQUE   KT   ■ISTOt:l(^l'R   !»«   LiyOCSIK. 

gères.  I^  même  communique  un  curieux  recueil  de  fraviires  du 
wi^  siècle,  représentant  des  poissons,  dont  l'artiste  a  souvent  ma* 
diiié  la  forme  au  gré  de  son  imagination. 

M.  Tabbé  Monique,  demeurant  à  Eymoutiers,  et  M^  Demars, 
curé  du  Ghatenet-en-Dognon,  présentés  à  la  dernière  réunion,  soBi 
élus  au  scrutin  secret  membres  titulaires  de  la  Société. 

MM.  Ernest  Rupin  et  Louis  Guibert  présentent,  comme  membre 
correspondant,  M.  Philippe  de  Bosredon,  ancien  conseiller  d*Etat, 
directeur  de  la  Compagnie  d'Assurances  générales  sur  la  Yie«  de* 
meurant  à  Paris,  rue  du  Général  Foy,  4. 

M.  Ludovic  Drapeyron,  professeur  au,Lycée  Charlcmagne,  direc- 
teur de  la  Revue  de  Géographie,  demeurant  à  Paris,  rue  Claude- 
Bernard,  S5,  est  présenté  en  la  même  qualité  par  MM.  Arbellol  et 
L.  Guibert. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  par  M.  le 
supérieur  du  Grand  Séminaire  à  Ms<'  Févéque  de  Limoges,  au  sujet 
dû  la  création,  au  séminaire,  d'une  bibliothèque  limousine  et  d'un 
petit  musée  d'archéologie  sacrée. 

La  Société  accueille  avec  le  plus  grand  plaisir  la  nouvelle  de  ce 
projet,  auquel  M»*^  Tévéque  de  Limoges  ne  peut  manquer  de  don- 
ner son  adhésion  la  plus  bienveillante.  M.  Guibert  dit  que  le 
Bulletin  de  la  Société  et  toutes  ses  publications  sont  depuis  long- 
temps adressés  au  Séminaire.  Il  rappelle  que  Tabbé  Texier  avait 
établi  au  Dorât  un  cours  d'archéologie  qui  n'a  pas  été  sans  d'heu- 
reux résullats,  au  point  de  vue,  notamment,  de  la  tenue  et  de  la 
conservation  de  nos  églises.  Ne  serait-il  pas  po-sible  de  reprendre 
celte  tradition  au  séminaire  de  Limoges?  La  Société  s'associe  avec 
empressement  à  ce  vœu. 

M.  Hersant,  au  nom  de  M.  de  Laborderie,  inspecteur  de  la  com- 
pagnie d'assurances  la  Providence^  présente  une  curieuse  tortue 
fossile,  trouvée  par  celui-ci  dans  la  commune  de  Boir,  canton  de 
Saint-Genis  (Charente-Inférieure). 

Le  rapport  sur  l'excursion  aux  ruines  de  Ghasseuon^  arrêtée 
dans  la  dernière  séance  de  la  Société,  est  lu  par  M.  Paul  Ducour- 
lieux.  M.  Ducourtieux  décrit  les  charmants  aspects  de  la  route,  les 
sinuosités  de  la  Vienne,  les  paysages  qui  se  succèdent.  Il  signale 
au  passage  la  petite  ville  d'Aixe,  qui  joue  un  si  grand  rôle  dans 
notre  histoire  du  moyen-âge;  Saint- Victumien,  jadis  la  «vallée 
ténébreuse»,  si  prospère  et  si  vivante  aujourd'hui;  Saint-Junien, 
avec  sa  belle  collégiale  et  ses  monuments  si  intéressants;  Etritor, 
avec  son  austère  église  grandmontaine  du  xii*  siède.  Nous  voici 
à  Chabanais  :  les  excursionnistes  visitent  la  tour  Sainte-Michel,  ad- 
mirent le  curieux  rétable  de  Saint-Pierre,  qui  porte  avec  la  date 
de  ITlâ,  les  signatures  :  «  De  Miran  »,  curé,  et  «  Martin  Belot  ». 


.   PttOcfes-YERUAUX    DKS   SKANCKS.  -i"7 

(M.  Gufberl  se  demande  s'il  ne  s'agirait  pas  de  notre  sculpteur  Martin 
BeUel,  qui  florissait  précisément  à  cette  époque  et  dont  on  connaît 
plusieurs  ouvrages  estimés);  l'église  Saint-Roch  et  Sainl-Sébaslien, 
rebâtie  après  la  peste  de  4830  aux  frais  des  habitants;  l'ancien 
cbûteau  des  princes  de  Ghabanais,  qui  avançait  jusqu'au  bord  de 
la  rivière  et  dont  le  donjon  a  été  entouré,  au  xv«  siècle,  d'une  gaîno 
de  forme  hémi-cylindrique  allongée,  on  maçonnerie. 

On  se  rend  de  là  à  Chassenon,  où  on  trouve  un  certain  nombre  de 
membres  de  la  Société  des  Amis  des  sciences  et  arts  de  Rochechouart. 
Ces  Messieurs  sont  là  sur  leur  lerrriloire  d'étude  et  tiennent  à  en 
faire  les  honneurs  à  leurs  confrères  de  Limoges.  Les  représen- 
tants des  deux  sociétés  visitent  ensemble  l'église  de  Chassenon, 
les  beaux  et  curieux  souterrains  de  Lonja,  reconnus  autrefois  par 
M.  Arbcllot  et  récemment  explorés  par  MM.  Précigou  et  Labou- 
jonnière;  puis  le  temple  de  Montélu,  jadis  fouillé  par  l'abbé  Michon, 
étudié  de  nouveau  par  M.  Malhey,  qui  veut  bien  donner  commu- 
nication des  constatations  résultant  des  derniers  travaux. 

On  examine  les  restes  de  l'ancien  mur  d'enceinte,  le  théâtre,  qui, 
d'après  la  configuration  du  sol,  paraît  être  un  amphithéâtre;  le 
cimetière,  le  bourg.  H  faittrès  chaud  :  les  excursionnistes  prennent 
un  repos  bien  mérité,  et  on  boit  cordialement  à  la  prospérité  des 
deux  Sociétés. 

L'heure  du  départ  arrive;  on  se  sépare,  mais  en  conservant  le 
meilleur  souvenir  de  cette  journée  d'études  en  commun  et  de  bonne 
causerie. 

Les  membres  de  la  Société  de  Limoges,  revenus  à  Chabanais, 
admirent  une  dernière  fois  les  aspects  pittoresques  du  bassin  de  la 
Vienne,  en  amont  et  en  aval  du  pont.  Puis  le  retour  s'effectue 
sans  incident  ni  accident. 

Quelques  dessins  de  M.  Guibert,  destinés  à  accompagner  le  rap- 
port de  M.  Ducourtieux,  sont  communiqués  à  la  Société. 

Parmi  les  objets  trouvés  à  Chassenon,  M.  Arbellot  signale  un 
bronze  fort  curieux,  dont  il  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  audi- 
teurs d.îs  photographies.  C'est  un  triton  portant  un  dieu  marin  sur 
sa  croupe,  recourbée  comme  une  queue  de  dauphin.  Il  a  été  décou- 
vert au  mois  de  juin  1887. 

M.  Arbellot  mentionne  plusieurs  passages  des  lettres  de  Rorice 
l'Ancien,  évéque  de  Limoges  (488-807),  qui  viennent  d'être  publiées 
de  nouveau  en  Allemagne.  Ces  extraits  établissent  l'exislence,  dès 
cette  époque,  d'une  église  à  Uzerche,  et  il  semble  en  résulter  que 
cette  ville  avait  alors  un  gouverneur  du  nom  de  Rustique.  Une 
autre  lettre,  adressée  à  Cler,  évéque  d'Eauze,  contient  des  remer- 
ciements au  sujet  de  colonnes  de  marbre  dont  l'envoi  a  été  promis 
par  ce  prélat.  M.  Arbellot  pense  que  ces  colonnes  étaient  destinées 
à  la  décoration  de  l'église  de  Brive. 


478  SOCIÉTÉ  ARCnKOLOGtQUE  ET  HISTOHIQUR  DU  LIXOISIN. 

M.  Tabbé  Monique,  dont  Tadmission  a  été  prononcée  au  com- 
mencement de  la  séance  et  qui  a  été  introduit  au  cours  des  commu- 
nicalions  précédentes,  donne  lecture  d'un  document  qu'il  a  récem- 
ment découvert  et  qui  est  accueilli  par  la  Société  avec  un  vif 
intérêt.  C'est  une  Vie  inédite  du  P.  Gabriel  Ruben,  composée  par 
un  contemporain  dont  l'écriture,  au  dire  de  M.  Leroux,  ressemble 
fort  à  celle  de  Léonard  Bandel. 

Né  à  Eymoutiers,  le  H  novembre  1623,  Gabriel  Ruben  était  le 
troisième  des  cinq  enfants  d'Antoine  de  Ruben  de  Lombre,  —  qui 
portait,  pour  se  distinguer  des  autres  branches  de  la  famille,  le 
nom  de  la  propriété  de  La  Vialle,  —  et  d'Antoinette  de  Leslrade. 

Après  avoir  donné  une  courte  notice  sur  les  trois  frères  et  la 
sœur  de  Toralorien,  M.  Monique  nous  montre  Gabriel  pourvu,  à 
treize  ans,  d'un  canonicat  à  Eymoutiers,  et  envoyé  successivement 
au  collège  des  Jésuites  de  Limoges,  au  collège  de  Billom,  puis  à 
l'Université  de  Bordeaux,  où  il  fut  reçu  docteur  en  théologie.  Il 
conçut  le  dessein  d'entrer  dans  Tordre  de  Saint-Dominique  ;  mais 
sa  famille  Ten  détourna.  Sa  première  prédication,  à  Fellelin,  en 
1651,  commença  sa  réputation.  Nommé  curé  de  Sainl-Pierre- 
Château,  il  y  appela  le  célèbre  P.  Lejeune  pour  prêcher  une 
mission,  et  ainsi  commencèrent,  sans  doute,  des  rapports  qui 
devaient  devenir  si  intimes.  Bientôt  la  renommée  de  Gabriel  Ruben 
s'étend.  Mascaron  le  fait  venir  à  Tulle  ;  le  vénérable  évoque  de  Ga- 
hors,  Alain  de  Solminhac,  le  veut  pour  coadjnteur.  Il  refuse  et 
continue  ses  prédications.  On  le  trouve  en  1657  à  Pamiers  et  à 
Toulouse,  en  1660  et  1661  à  Limoges. 

C'est  à  cette  époque  qu'il  s'offre  à  M''*'  La  Fayette  pour  l'aider  à 
réaliser  un  projet  bien  ancien  déjà  :  la  fondation  d'un  séminaire 
d'Ordinands.  Ce  projet  est  enfin  mis  à  exécution,  et  Gabriel  Ruben, 
aidé  de  son  frère  Jacques,  reçoit  les  jeunes  clercs  dans  son  prieuré 
(le  Bujalcuf.  Le  nombre  des  élèves  augmentant,  Tévéque  installe  le 
séminaire  dans  son  château  d'Isle,  et  l'établit,  enfin,  dan^  les  cons- 
tructions où  il  doit  demeurer  jusqu'à  la  Révolution  :  ces  construc- 
tions sont  devenues  la  caserne  de  cavalerie. 

La  suite  de  cette  lecture  est  remise  à  la  prochaine  séance. 

Sur  la  proposition  de  M.  L.  Guibert,  la  Société  décide  que  son 
bureau  fera  une  démarche  auprès  du  Ministre  de  l'instruction  pu- 
blique et  de  la  direction  des  archives  nationales,  pour  obtenir  les 
moulages  des  sceaux  les  plus  intéressants  ayant  trait  au  Limousin, 
qui  existent  tant  aux  archives  nationales  que  dans  divers  autres 
dépôts  publics. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  Secrétaire, 

Louis   GUIBERT. 


PROCÈS-VERBAUX    DKS   SF.AVCF.5.  479 


SÉANCE  DU  29  OCTOBRE  i889. 


Préaldenee  de  M.  le  chanoine  ARBKL.L.OX9  Président. 

Présents  :  MM.  Arbeliot,  Astaix,  Brisset-Desislcs,  Tabbé  Demars, 
P.  Ducourlieux,  R.Fage,  Fray-Fournicr,  Gany,  Guyonnet,  HersanI, 
Hervy,  P.  Mariaux,  Nivet-Fontauberl,  Paradis,  Raynaud  et 
L.  Guibert,  secrétaire. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
réunion,  qui  est  adopté.  Puis  M.  le  Président  procède  au  dépouil- 
lement de  la  correspondance.  Mention  spéciale  est  faite  du  tome  II 
des  Œuvres  complètes  de  Mk'  Barbier  de  Montaull,  où  le  savant 
prélat  traite  surtout  de  sujets  archéologiques  et  liturgiques,  ayant 
trait  à  la  capitale  du  monde  chrétien;  —  du  dernier  Bulletin  de  la 
Société  des  sciences  et  arts  de  la  Corrèze,  où  se  trouvent  une  inlé- 
ressante  notice  de  M.  l'abbé  Lecler,  sur  Tancien  archiprétré  de 
Saint-Exupéri,  avec  une  bonne  carte,  et  la  suite  de  Tarticle  de 
M.  Arbeliot  sur  le  P.  Martial  de  Brive;  —  des  premières  livraisons 
de  la  quatrième  année  du  Gay-Lussac,  résumant  les  comptes-ren- 
dus de  la  belle  Exposition  du  «  Blanc  et  Noir  »,  organisée  par  la 
Société  Gay-Lussac,  et  accompagnées  de  gravures  soigneusement 
choisies  et  exécutées;  —  du  dernier  Bulletin  de  la  Société  des  Amis 
des  sciences  et  arts  deRochechouart,  renfermant  de  nouveaux  articles 
sur  Chassenon  et  sur  Thôpital  du  chef-lieu  d'arrondissement;  — 
(Vwn  Bulletin  de  la  Société  de  Statistique,  etc.,  des  Deux-Sèvres, 
avec  un  article  relatif  aux  croix  de  cimetières  et  aux  lanternes  des 
moi'ts;  —  d'un  Bullelin  de  la  Société  havraise  d'études  diverses,  où 
nos  compatriotes  liront  avec  intérêt  le  mémoire  inlitulé  :  Un  coup 
d'œil  sur  le  Haut-Limousin,  par  M.  Fougères. 

M.  Dujarric-Dcscombes  a  fait  hommage  à  la  Société  d'un  travail 
où  il  établit  Torigine  parisienne  de  Cyrano  de  Bergerac,  qui  devait 
son  nom  à  une  petile  propriété  des  environs  de  Paris  et  non, 
comme  on  le  croit  généralement,  à  la  ville  périgourdine. 

Une  notice  sommaire  sur  le  Trésor  de  Saiiit-Sertais  à  Afaëstricht 
est  communiquée  à  la  Société  de  la  part  de  M.  le  D' Boulland. 
Elle  renferme  des  indications  précieuses  et  d'intéressantes  gra- 
vures sur  des  pièces  émaillées  conservées  dans  ce  trésor,  et  dont  il 
n'est  guère  possible  de  contester  Torigine  limousine. 


480  socikré  AncnÉOLOGiQUE  rt  iimtorique  du  limousi.x. 

M.  le  Président  donne  leclure  d'une  circulaire  de  M.  le  Ministre 
de  rinslruction  publique  relative  à  la  réunion  des  Sociétés  savantes 
en  1890;  il  énumère  les  questions  sur  lesquelles  le  Comité  des 
travaux  historiques  appelle  plus  particulièrement  rattenlion  et  les 
recherches  des  membres  de  ces  Sociétés. 

Il  communique  également  à  la  Société  une  lettre  par  laquelle 
M.  le  Maire  de  Limoges  lui  annonce  que,  conformément  à  la 
demande  de  la  Société,  le  Conseil  municipal  a  bien  voulu  voter  le 
crédit  nécessaire  pour  continuer  l'impression  des  Registres  consu- 
laires, dont  la  publication  est  confiée  à  la  Société,  Deux  volumes 
seulement  restent  à  publier  :  quatre  ont  paru. 

Les  remerciements  de  la  Société  seront  transmis  à  la  munici- 
palité par  M.  le  Président. 

MM.  Philippe  de  Bosredon,  ancien  conseiller  d'État,  directeur 
de  la  Compagnie  d'assurances  générales  sur  la  vie,  —  et  Ludovic 
Drapoyron,  professeur  au  lycée  Cliarlemagne,  directeur  de  la 
Berne  de  géographie,  sont  successivement,  au  scrutin  secret,  admis 
comme  membres  correspondants  de  la  Société. 

La  mort  de  M.  Camille  Rivain,  archiviste  aux  archives  nationa- 
les, ancien  archiviste  de  la  Haute-Vienne,  a  été  douloureusement 
ressentie  à  Limoges,  où  M.  Rivain  avait  conservé  de  viv^'S  et  sin- 
cères sympalhies  :  M.  le  Président  paie  à  sa  mémoire,  au  nom  de 
la  Société,  un  juste  tribut  de  regrets.  Notre  confrère  avait  lait,  h 
Limoges,  une  grosse  part  du  travail  de  reconstitution  des  anciens 
fonds  au  dépôt  d'archives  départementales,  travail  qui  devait  néces- 
sairement précéder  l'inventaire;!!  avait  même  commencé  cet  inven- 
taire et  publié  la  série  de  l'Intendance.  Outre  les  Tables  générales 
de  Ihistoire  littéraire  de  la  France^  travail  considérable  et  qu'il  a 
mené  à  bonne  (in,  M.  Rivain  laisse  quelques  ouvrages  d'un  très 
réel  intérêt  :  une  Notice  sur  le  Consulat  d'AurillaC:  une  autre  sur  le 
Rouleau  des  Morts  de  l'Abbaye  de  Solignac,  un  pelit  volume  sur  Beau- 
fort-en-Y allée  et  son  château.  Notre  ancien  archiviste  n'avait  pas 
oublié  la  Société  archéologique,  aux  travaux  de  laquelle  il  donna, 
pendant  son  séjour  h  Limoges,  le  concours  le  plus  actif  et  le  plus 
assidu.  Tout  récemment,  il  copiait  pour  le  Bulletiny  aux  archives 
nationales,  une  curieuse  pièce  en  langue  provençale,  relative  à  la 
rançon  d'un  des  chevaliers  qui  défendirent  la  Cité  lors  de  l'entrée 
du  prince  Noir.  M.  Arbellot  donne  communication  de  ce  document, 
où  il  est  parlé  d'une  croix  d'or  enrichie  <ie  rubis,  d'émeraudes,  de 
saphirs  et  de  perles,  objet  d'une  grande  valeur  puisqu'elle  servit 
de  gage  à  un  emprunt  de  neuf  mille  francs  d'alors,  représentant 
une  somme  énorme  d'aujourd'hui.  Il  résulte  du  texte  communiqué 
l)ar  M.  Rivain  que  la  caplivilé  de  ce  chevalier  dura  au  moins  qua- 
torze ajinées  :  c'est  au  captai  de  Buch  qui  fut  payée  la  rançon. 


PROCÈS- VKItBAI  \    DK?   SÉANCRS.  iHl 

M.  Tabbé  Demai's,  admis  à  la  dernière  réunion,  demande  la 
parole,  et,  après  avoir  remercié  la  Société,  lui  annonce  qu'il  vient 
de  présenter  à  M.  Gustave  Lefèvre,  directeur  de  TEcole  de  musique 
religieuse  fondée  par  Niedermayer,  son  système  pour  l'interpré- 
lalion  et  l'accompagnement  du  plain-chant,  et  que  M.  Lefèvre  s'est 
rangé  en  principe  a  ce  système  en  invitant  M.  Deraars  à  formuler 
cl  à  développer  sa  méthode. 

On  connaît  les  difficultés  harmoniques  que  présente  le  plain- 
chant  et  les  incertitudes  de  nos  musiciens  les  plus  distingués  sur 
ses  règles  fondamentales,  dont  la  connaissance  est  pourtant  indis- 
pensable à  Taccompagnateur. 

M.  Demars,  en  lisant  le  morceau  à  rebours,  comme  se  lisent  les 
écritures  orientales,  trouve  dans  la  succession  harmonique  des 
sons  dont  Tordre  se  trouve  ainsi  renversé,  la  base  rationnelle  de 
raccompagnement.  Cette  méthode,  expérimentée  depuis  quelque 
temps  déjà  au  couvent  des  Filles  de  Noire-Dame,  à  Saint-Léonard, 
a  donné  les  résultats  les  plus  satisfaisants. 

Au  nom  de  M.  Cyprien  Pérathon,  M.  Guibert  donne  lecture  d'une 
description  très  précise  et  très  minutieuse  du  calice  de  Téglise  de 
Sainte  Croix  irAubusson,  qui  offre  des  rapports  frappants  avec  le 
beau  calice  de  l'hospice  de  Limoges  ;  môme  décor  au  repoussé, 
formé  de  rayons  flamboyants,  mômes  fines  ciselures  autour  du 
pied,  mêmes  enjolivements  à  la  base  ;  au  nœud,  mêmes  émaux 
peints  sur  argent,  représentant  des  bustes  de  saints  ;  seulement,  les 
émaux  portent  les  initiales  IP  et  MI  (ou  L),  et  au  lieu  de  l'écusson 
des  Poylevé,  qui  figure  au  calice  de  Limoges,  le  calice  d'Aubusson 
porte  celui  des  Barthon  de  Monlbas.  M.  Pérathon  veut  bien  pro- 
mettre de  compléter  celle  précieuse  élude. 

M.  l'abbé  Poulbrière  communique  à  la  Société  des  extraits  du 
Mercure  galant  de^  mai  1677,  concernant  des  personnages  du  Li- 
mousin; ce  sont  des  notes  élogieuses  :  1°  sur  Mk*"  de  Lascaris 
d'Urfé,  à  l'occasion  de  son  sacre  comme  évéque  de  Limoges; 
2"  sur  l'évéque  de  Tulle  Mascaron,  à  l'occasion  du  carême  que 
le  roi  l'a  chargé  de  prêcher  à  la  Cour;  3°  enfin  sur  l'abbé  Louis- 
Antoine  de  Noailles,  à  l'occasion  de  Yacte  de  résumpte  qu'il 
vient  de  passer  en  Sorbonne. 

Dans  une  noie  bibliographique  communiquée  à  la  Société  à  une 
précédente  séance,  M.  Poulbrière  demandait  le  nom  de  l'auteur 
dun  ouvrage  anonyme  intitulé  :  Imtructions  dogmatiques  et  mo- 
rales sur  le  saint  sacrifice  de  la  messe.  Notre  érudit  correspon- 
dant a  trouvé  ce  nom  inscrit  sur  la  garde  d'un  exemplaire  :  C'est 
M.  l'abbé  Laire,  missionnaire  à  Limoges. 

Une  monnaie  d'or  d'Anastase,  trouvée  à  Glanges  et  communiquée 


482  sociRTB  AnciiéoLOGrQue  et  hisforiqur  du  limousin. 

par  M.  Deschamps,  est  soumise  à  la  Société  par  M.  P.  Ducourlieiix, 
qui  entretient  ensuite  celle-ci  de  fouilles  récemment  pratiquées  à 
Châlucet  par  MM.  Guyonnet,  Hersaq^t,  Paradis  et  lui.  Ces  messieurs 
ont  déblayé  la  première  salle  à  gauche  de  rentrée  principale  ei 
ont  dégagé  la  base  d'une  colonne  située  dans  Taxe  principal  de  la 
salle  et  correspondant  aux  colonnes  engagées  de  chaque  côté.  Une 
autre  colonne  semblable  devait  se  trouver  un  peu  plus  loin,  égale- 
ment dans  Taxe,  et  recevoir  comme  celle-ci  la  retombée  de  la 
voûte.  La  salle  était  élevée  d'environ  quatre  mètres  et  éclairée, 
sur  la  gauche  seulement,  par  deux  fenêtres  de  80  centimètres  de 
hauteur,  permettant  au  regard  de  franchir  le  mur  de  Tenceinle 
extérieure. 

Dans  les  pièces  qui  avoisinent  le  donjon,  à  droite  et  à  gauche, 
on  a  découvert  des  fragments  de  carrelage,  formés  de  carreaux  de 
terre,  les  uns  carrés,  les  autres  triangulaires,  tous  revêtus  d'un 
émail  cuil.  La  forme  régulière  de  ces  carreaux  atteste  une  décora- 
tion symétrique.  Auprès  de  carreaux  de  bordure,  d'un  vert  sombre, 
il  s'en  trouve  de  tons  plus  clairs,  jaunes,  blancs,  qui^roviennenl 
de  la  partie  centrale  du  dessin  proprement  dit.  Il  répondent  bien 
aux  indications  données  par  M.  Viollet  Le  Duc  sur  les  carrelages 
du  xni*  siècle.  Aucun  toutefois  des  carreaux  découverts  dans  ces 
dernières  fouilles  n'offre  les  sujets  qu'on  observe  sur  ceux  recueil- 
lis au  cours  d'une  exploration  précédente  par  M.  Hersant. 

M.  Paradis  communique  de  vieilles  clés  dont  l'une  est  de  forme 
très  ancienne,  et  un  fragment  de  cadre  de  bois,  également  sculpté'; 
le  tout  provenant  du  château  de  Mounisraes. 

M.  le  chanoine  Arbellot,  rappelle  que,  dans  un  article  publié  il  y 
a  une  vingtaine  d'années  par  la  Semaine  religieuse,  il  avait  signalé 
l'ancien  autel  de  Saint-Martial  à  Saint-Pierre-de-Rome,  dont  il  est 
question  dans  une  communication  récente  de  M.  l'abbé  Poulbrière, 
d'après  un  ouvrage  du  dernier  siècle,  appartenant  à  M.  l'abbé  Les- 
tourgie.  Cet  autel,  élevé  en  1041  par  le  pape  Jean  XIX,  était  dé 
dié  à  saint  Martial  et  à  sainte  Valérte  et  placé  à  droite  de  Tautei 
des  samts  Simon  et  Jude.  Les  peintures  qui  l'ornaient  avaient  été 
exécutées  par  un  artiste  de  talent,  Jean-Antoine  Spadarino,  et  un 
tableau  représentant  saint  Martial  se  voyait  encore,  il  y  a  une  cin- 
quantaine d'années,  au-dessus  de  l'autel;  il  fut  remplacé  par  un 
saint  François  d'Assise  et  remis  à  cette  époque  à  des  artistes  char- 
gés de  le  reproduire  en  mosaïque.  L'autel  est  aujourd'hui  dédié  à 
saint  François.  Une  démarche  a  été  faite  par  M.  l'abbé  Ardant, 
secrétaire  général  à  l'Evôché,  pendant  son  récent  séjour  à  Rome, 
pour  le  rétablissement  de  l'autel  de  saint  Martial  :  elle  va  être 
renouvelée  par  le  chapitre  cathédral. 


PKOCÈS-VESRBAI  X    DKS   si^.ANCF.S.  4S3 

Continuant  la  lecture  de  ses  éludes  sur  Saint-Léonard,  M.  Gui- 
bert  esquisse  l'aspect  de  celte  ville  auxui*  siècle;  il  décrit  la  grande 
place  où  les  consuls  tenaient  leurs  assises  sous  un  ormeau  ou  bien, 
quand  il  pleuvait,  sous  le  porche  de  Téglise  Notre-Dame;  Tenceinte 
des  remparts  percée  de  six  portes,  auxquelles  venaient  aboutir  les 
rues  les  plus  commerçantes.  Il  indique  les  principaux  édifices  :  les 
églises,  le  prieuré,  la  salle  épiscopale,  Thôtel-de-ville  construit 
vers  1260,  et  dont  on  aperçoit  encore  quelques  vestiges. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  un  quarl. 

Le  Secrétaire. 

Louis   GUIBERT. 


SEANCE  DU  26  NOVEMBRE  1889. 


Préaldenco  de  Af.  le  chanoine  i%ItBIi:L.IXI'r9  Hréalcl^nt. 

Présents  :  MM.  le  chanoine  Arbellot,  Astalx,  de  Bruchard, 
Brisset-Desisles,  Tabbé  Demars,  P.  Ducourtieux,  Dubois,  R.  Page, 
Gany,  Guvonnct,  Hcrsanl,  Judicis,  C.  Jouhanneaud,  A.  Leroux, 
C.  Marbouty,  L.  Moufle,  Paradis,  Raynaud  et  L.  Guibert,  secré- 
taire. 

Après  la  lecture  du  procès^verbal  de  la  dernière  réunion,  ap- 
prouvé sans  observations,  M.  le  Président  communique  à  la  Société 
les  volumes  et  publications  reçus  depuis  la  fin  du  mois  dernier.  Il 
signale  tout  spécialement  un  volume  de  M.  le  capitaine  Espéran- 
dieu  :  Êpigraphie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saintonge,  accompa- 
gné d'une  lettre  intéressante  dans  laquelle  Tauteur  manifeste 
l'intenlion  de  recueillir  les  inscriptions  antiques  du  Limousin  et  de 
la  Marche. 

M.  Delagrave,  éditeur  à  Paris,  fait  hommage  à  la  Société  de  la 
carte  murale  de  la  Haute-Vienne,  dressée  par  M.  Garban,  ancien 
inspecteur  d'Académie  à  Limoges.   Cette  carte  ne  pouvant  être 


484  SOCIKTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   IliSTORIQUR   DU   LIMOUSIN. 

placée,  suivant  le  désir  de  Téditeur,  dans  la  salle  des  réunions  de 
la  Société,  sera  exposée  dans  la  bibliothèque. 

M.  le  Président  signale  encore  la  dernière  livraison  du  Bulletin 
de  la  Société  scientifique  de  Brive,  dans  lequel  M.  Guibert  a  com- 
mencé, avec  le  concours  de  MM.  Leroux,  Champcval,  Tabbé  Lecler 
et  Moufle,  la  publication  d'une  nouvelle  série  de  livres  de  raison 
limousins  et  marchois,  et  où  sont  insérés  d'intéressants  travaux  de 
MM.  Niel,  Champeval  etTardieu;  le  dernier  volume  du  Catalogne 
des  manuscrits  des  bibliothèqiies  communales  de  la  France,  publié 
par  le  minislère  de  rinstruction  publique,  et  renfermant  Tinven- 
ventaire  —  hélas  I  bien  court —  des  manuscrits  de  nos  bibliothè- 
ques de  Limoges,  Brive  et  Tulle,  dressé  par  MM.  L.  Guibert  et 
Frérainvillc;  VAlmanach  de  la  Creuse  pour  1890,  offert  par  l'édi- 
teur, M.  Ducourtieux,  et  renfermant  la  suite  du  Dictionnaire  des 
noms  de  lieux  de  ce  départc^ment,  dû  à  M.  Tabbé  Lecler;  les  Bulle- 
tins de  la  Société  de  Rochechouart,  de  celle  du  Périgord,  etc. 

M.  Arbellot  entretient  la  Société  d'un  ouvrage  qui  vient  de  pa- 
raître en  Allemagne;  une  fois  de  plus,  les  érudits  d'outre-Rhin  nous 
devancent  dans  la  publication  de  documents  intéressant  notre  pro- 
vince. On  sait  combien  sont  curieux  à  tous  les  points  de  vue  les 
anciennes  proses  de  Tabbaye  de  Saint-Martial.  M.  Arbellot  en  avait 
recueilli  un  certain  nombre  et  se  proposait  de  les  faire  paraître  : 
un  savant  allemand  vient  de  les  publier  sous  le  titre  de  Prosarinm 
Lemovicense  dans  les  Analecta  Hymnica  Medii  jEri. 

A  propos  d'un  échange  d'observations  au  sujet  du  bassin  de  la 
fontaine  d'Aigoulène,  transporté  ces  jours  derniers  de  la  place 
de  la  Mothe  sur  le  Champ  de  foire,  M.  le  Président  rap- 
pelle que  la  Société  a  depuis  longtemps  exprimé  le  vœu  que  le 
souvenir  de  Sédulix,  chef  de  la  peuplade  des  Lémovices,  tué  sous 
les  murs  d'Alesia  en  allant  secourir  Vercingélorix,  soit  consacré 
par  un  hommage  public. 

La  municipalité  a  en  ce  moment  une  grande  voie  à  dénommer, 
l'avenue  du  nouveau  pont  :  cette  avefnue,  qui  précisément  traverse 
les  terrains  de  la  ville  primitive,  pourrait  recevoir  le  nom  du  héros 
de  l'indépendance  gauloise,  qui,  on  le  sait,  ouvre  la  série  des  hom- 
mes célèbres  du  Limousin. 

La  Société  émet  le  vœu  que  la  municipalité  et  le  Conseil  munici- 
pal, prenant  en  considération  une  demande  déjà  ancienne,  donne 
le  nom  de  Sédulix  à  l'avenue  du  nouveau  pont.  Ce  vœu  sera  com- 
muniqué sans  retard  à  M.  le  Maire  de  Limoges. 

Une  pièce  d'argent  à  l'effigie  de  Charles  X,  et  avec  la  date  de 
1594,  trouvée  à  Colondannes  (Creuse),  est  communiquée  par 
M.  Guibert  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  le  capitaine  Garassus. 


PROCàS-VKBDAUI   DR8   SRANCBS.  485 

On  sait  que  le  cardinal  de  Bourbon  avait  été  proclamé  roi  sous 
ce  nom  par  les  Ligueurs. 

M.  Marbouty  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  confrères  deux, 
intéressants  objets  qu'il  a  rapportés  de  son  récent  voyage  en 
Orient  :  une  petite  coupe  en  argent,  ayant  pu  servir  de  custode,  et 
où  sont  figurés,  au  repoussé,  les  symboles  des  évangélisles,  d'un 
style  byzantin  très  accusé  et  d'un  dessin  rappelant  celui  des  figures 
de  nos  reliquaires  et  de  nos  vieux  manuscrils;  —  et  un  curieux 
médaillon  en  corne  sur  lequel  ont  été  gravés,  d'un  côté  un  calvaire, 
et  de  l'autre  huit  saints  ou  martyrs  de  l'Eglise  d'Orient.  M.  Mar- 
bouty montre  aussi  un  petit  crucifix  émailié,  qui  paraît  être  un 
travail  espagnol. 

A  son  tour,  M.  Paradis  présente  diverses  monnaies,  parmi  les- 
quelles on  remarque  une  médaille  de  cuivre  de  Constantin  et  diver- 
ses pièces  d'argent  de  Henri  II,  de  François  II,  etc. 

Une  intéressante  découverte  vient  d'être  faite  par  les  entrepre- 
neurs de  la  ligne  du  chemin  de  fer  en  construction,  au-dessous  de 
Pierrebuffière.  M.  Ducourtieux  en  entretient  la  Société;  on  a  mis 
au  jour  la  partie  inférieure  d'une  tour  ronde  de  quinze  mètres 
environ  de  circonférence,  entourée  de  murs  de  deux  mètres 
d'épaisseur.  Tout  autour  de  cette  tour,  à  l'intérieur,  se  trouvent 
trois  rangées  superposées  de  cases  carrées,  mesurant  quinze  cen- 
timètres dans  tous  les  sens.  Celle  découverte  a  fort  intrigué  la 
population  de  Pierrebuffière.  Il  serait  bon  qu'un  membre  de  la 
Société  allât  sur  les  lieux  étudier  ces  restes. 

Trois  membres  correspondants  sonl  présentés  : 

M.  Gondinet,  avocat,  docteur  en  droit,  demeurant  à  Paris,  rue 
du  Vieux-Colombier,  16,  présenté  par  MM.  B.  de  Montégut  et 
L.  Guiberl. 

M.  Narcisse  Mounier-Pouthot,  demeurant  rue  du  Roi-de-Suède, 
5,  à  Suresnes  (Seine),  présenté  par  MM.  le  chanoine  Tandeau  de 
Marque  et  Tabbé  Deraars. 

M.  Touyéras,  percepteur  à  Saint-Julien-l'Ars  (Vienne),  présenté 
MM.  L.  Moufle  et  L.  Guibert. 

II  sera  statué  sur  ces  candidatures  à  la  séance  de  décembre. 

L'ordre  du  jour  appelle  une  communication  de  M.  Leroux  sur 
les  Annales  françaises  de  Limogts,  L'auteur  demandera  permis- 
sion de  remettre  la  lecture  de  ce  travail  à  la  prochaine  séance  ot 
d'y  substituer  celle  d'une  description  sommaire  du  Limousin  et  de 
la  Marche,  qu'il  compte  placer  en  lête  d'une  géographie  historique 
de  cette  région. 

M.  Leroux  a  pris  pour  cadre  de  cette  description  le  système 
hydrographique,  et  c'est  en  suivant  sitccessivement  le  cours  de  cha- 


i86  SOCIKTR   ARCHROLOGIQUE   RT   HISTORIQUB   D(]    LIMOUSIfl. 

cane  des  rivières  importantes  de  la  contrée  qu*il  signale  la  forma- 
tion des  centres  de  population,  la  création  des  établissemenls 
monastiques  ou  industriels,  les  courants  divers  qui  se  sont  prodoiu 
à  différentes  époques,  les  événements  notables,  certains  phéao- 
mènes  historiques  qui  se  rattachent  plus  ou  moins  inlimemeni  à  la 
configuration  du  sol.  Ainsi  composée  et  déduite,  la  description  du 
pays  a  quelque  chose  de  plus  rationnel  et  acquiert  un  intérêt 
nouveau. 

Au  nom  de  M.  le  comte  de  Couronne!,  M.  Guibert  donne  lecture 
de  quelques  passages  des  recherches  sur  la  famille  de  Mailly- 
Couronnel,  publiées  par  le  conseiller  général  du  canton  de  Magnac. 
Ces  passages  sont  relatifs  aux  colonies  de  négociants  et  d'artisans 
appelés  de  divers  points  de  la  France  pour  repeupler  Arras  après 
la  prise  de  cetle  ville  par  Louis  XI.  Cet  essai  de  colonisation 
ne  fut  pas  heureux,  et  M.  de  Couronnel  donne  sur  ce  point  quel- 
ques détails  nouveaux  et  intéressants. 

Ce  qui  reste  des  lettres  de  saint  Rorice  TAncien,  évêque  de 
Limoges,  a  fait  Tobjet  d*une  étude  spéciale  de  la  part  de  M.  le  cha- 
noine Arbellot.  Ces  lettres,  découvertes  dans  un  manuscrit  de  la 
célèbre  abbaye  de  Saint-Gall,  furent  publiées  pour  la  première 
fois  en  1604.  On  vient  d'en  donner  en  Allemagne  une  nouvelle  édi- 
tion :  on  y  trouve  la  mention  de  la  ville  d'Uzerche  et  de  son  église, 
de  la  Yézcre,  de  Jumilhac,  de  Gourdon  et  de  son  église,  de  l'église 
do  Brive,  pour  laquelle  Rorice  demande  à  l'évoque  d'Eauze  de  lui 
envoyer  des  colonnes  de  marbre.  Il  est  parlé  aussi  d'un  gouverneur 
du  Limousin. 

M.  Arbellot  signale  comme  présentant  un  intérêt  tout  particulier 
une  lettre  de  Rorice  à  saint  Césaire  d'Arles  au  sujet  d'un  concile 
tenu  par  ce  dernier  et  auquel  l'auteur  de  la  lettre  n'avait  pu  se 
rendre.  Ce  concile  paraît  être  celui-là  même  auquel  on  fait  assister 
un  évêque  de  Limoges  du  nom  de  Pierre;  il  faudrait  donc  rayer  ce 
Pierre  du  catalogue  des  successeurs  de  saint  Martial. 

M.  Page  donne  connaissance  à  la  Société  d'une  note  de  M.  Poul- 
brière  sur  un  livre-journal  de  François-Claude  de  Pestels,  seigneur 
de  Beauregard,  etc.,  demeurant  à  Altillac  (Corrèze),  officier  de 
cavalerie  avant  la  Révolution.  De  ce  journal,  que  M.  Poulbrière  se 
propose  d'annoter  et  de  publier  un  jour,  un  passage  intéresse  tout 
particulièrement  Limoges  :  il  est  relatif  à  un  séjour  qu'y  fit  M,  de 
Pestels  en  1771,  et  on  y  trouve  l'énumération  des  habitants  les 
plus  notables  de  la  ville. 

M.  Poulbrière  signale  encore,  au  château  de  Tudeils  (Corrèze  , 
chez  M.  de  La  Salvanie,  un  portrait  de  Mk'  J.-B.-Aug.  de  Villou- 
treix  de  Faye,  évêque  d'Oloron,  né  au  château  de  Paye,  diocise 


PROCÈS- VEll BAUX    DES   SRANCRS.  4Ô7 

de  Limoges,  le  3  novembre  4739,  député  du  clergé  de  Soûle  aux 
Etats- Généraux  en  i789.  Ses  armes  sont  :  d'azur  au  chevron  d'or, 
accompagné  en  chef  d'un  croissant  entre  deux. étoiles  d'argent  et  en 
pointe  d'un  quatrefeuilles  de  même.  Cet  évéque  est  omis  au  Nobi- 
liaire. 

Un  placard  imprimé  à  Limoges,  en  1713,  est  joint  aux  notes 
envoyées  par  M.  Poulbrière.  On  était  alors  en  pleine  disette  :  les 
châtaignes,  les  raves,  le  seigle  et  le  blé  noir  avaient  manqué  à  la 
fois.  Les  paysans  étaient  exposés  à  mourir  de  faim  et  les  cultiva- 
teurs abandonnaient  les  exploitations.  Dans  ces  circonstances,  le 
conseil  d'Etat  avait,  jtar  un  arrêt  du  2  mai  1713,  défendu  aux  pro- 
priétaires et  fermiers  des  cens  et  renies  de  contraindre  les  censitai- 
res et  tenanciers  au-delà  de  la  moitié  de  ce  qu'ils  devaient.  Col 
arrêt  avait  été  publié  et  afliclié  par  ordre  de; l'intendant. 

Pour  faire  suite  à  ses  précédentes  communications  sur  rbistoirc 
de  la  ville  de  Saint-Léonard  au  xni^  siècle,  M.  L.  Guibert  raconte 
quelques  épisodes  de  la  longue  lutte  soutenue  par  la  commune  de 
Saint-Léonard  contre  l'évéque  de  Limoges,  son  seigneur.  Au  cours 
du  grand  procès  qui  se  poursuivit  devant  le  Parlement  pendant  plus 
de  trente  ans,  les  bourgeois  se  mirent  plus  d'une  fois  en  révolte 
ouverte  contre  les  officiers  épiscopaux.  Le  prévôt  de  Gilbert  de 
Malemort,  Audier  Normand,  fut  même,  dans  une  émotion  popu- 
laire, dangereusement  blessé  et  laissé  pour  mort  sur  la  place. 
M.  Guibert  cite  quelques  passages  des  témoignages  recueillis  à  ce 
sujet  aux  enquêtes  auxquelles  procédèrent  les  commissaires  du 
Parlement,  en  1280  et  1288. 

Le  dernier  mardi  du  mois  de  décembre  tombant  le  31,  M.  le 
Président  prévient  la  Société  que  la  séance  de  décembre  se 
tiendra  le  lundi  30. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  quart. 

Le  Secrétaire, 
L.  Guibert. 


488  SOCIKTR  ARCft^OLOOIQUC  RT  HKTOKIOCC  Dt)  LDIOUSIR. 


SEANCE  DU  30  DÉCEMBRE  1889. 


I»r««ldence  de  M.  PAbbé  ARm^LLOT,    I»r«slUenl. 

Présents  :  MM.  le  chanoine  Ârbellot,  Em.  Hervy,  L.  Boorden. 
Tabbé  Demars,  P.  Ducourlieux,  R.  Fage,  Fray-Foumier,  Ed.  Her- 
sant, C.  Jouhanneaud,  Tabbé  Joyeux,  A.  Judicis,  Air.  Leroux. 
L.  Moufle,  NIvel-Fontaubert,  et  L.  Guibert;  secrétaire. 

Après  la  lecture  et  Tadoplion  du  procès-verbal  de  la  derniers 
séance,  M.  le  Président  prend  la  parole  et  remercie  ses  confrères 
de  la  manifestation  si  cordialement  affectueuse  dont  il  a  été  l'otijol 
de  leur  part  à  Toccasion  de  son  cinquantenaire  sacerdotal,  céléhrê 
le  22  courant.  Il  les  assure  de  nouveau  de  son  dévouement  à  i'a»u- 
vre  commune  et  de  son  désir  de  justifier  de  plus  en  plus  par  son 
zèle  pour  Thisloire  de  la  patrie  limousine,  pour  les  intérêts  de  la 
science  et  ceux  de  Tassocialion,  une  sympathie  qui  Ta  profondé- 
ment louché. 

Il  communique  ensuite  les  volumes  et  publications  reçus  depuis 
la  dernière  séance;  mention  toute  spéciale  est  faite  de  VAÏmanack 
iimousin  pour  1890,  édité  par  M.  P.  Ducourlieux,  et  contenant 
d'intéressants  articles  de  MM.  Grange,  Leroux,  Leymarie,  Char- 
reire,  Ducourtieux,  Cholet,  Dhéralde,  Guibert;  de  YAlmanach  de  la 
Corrèze,  du  même  éditeur,  où  il  faut  noter  un  article  de  M.  Jules 
Tixier  sur  la  tour  de  Mars,  à  Tulle,  et  des  biographies  et  bibliogra- 
phies de  M.  René  Fage  ;  de  la  dernière  livraison  du  Bulletin  de  la 
Société  des  sciences  naturelles  et  historiques  de  la  Creuse,  contenant 
un  excellent  article  de  feu  M.  Pierre  de  Gessac  sur  la  croix  du 
Moûtier  d'Ahun  et  divers  travaux  de  MM.  Jean  de  Gessac,  Cyprien 
Pérathon,  etc.;  d'un  fascicule  du  Bulletin  archéologique  du  Comité 
d£s  travaux  historiques,  où  Ton  trouve  une  discussion  intéressante 
sur  le  sens  de  l'inscription  du  menhir  du  Vieux-Poitiers  et  quel- 
ques pages  sur  une  curieuse  plaque  de  cuivre  émaillé  du  xv*  siècle, 
conservée  à  la  cathédrale  d'Amiens,  et  relative  à  une  fondation  de 
l'évéque  Jean  Avantage.  La  scène  représentée  en  tête  de  ce  petit 
monument  rappelle  d'une  manière  frappante  le  bas-relief  du  tom- 
beau du  chanoine  Pierre  de  SoubrebosI,  al.  du  Monteil,  à  la  cathé- 
drale de  Limoges. 


PR0Cè>-VER6AUX   DR5   SÉANCES.  480 

Sont  successivement  élus,  au  scrutin  secret,  membres  corres- 
pondants de  la  Société,  les  trois  candidats  présentés  à  la  dernière 
séance  :  MM.  Michel  Gondinet,  avocat,  docteur  en  droit,  demeu- 
rant à  Paris,  rue  du  Vieux-Colombier,  16;  Narcisse  Meunier- 
Pouthot,  rue  du  Roi-de-Suèdc,  8,  à  Suresne;  Gabriel  Touyéras. 
percepteur  à  Saint-Julien-l'Ars  (Vienne). 

Sont  présentés  comme  membres  résidants;  MM.  Joseph  Oger  du 
Rocher,  avocat  à  Limoges,  avenue  du  Midi,  H ,  par  MM.  de  Bletterîc 
et  R.  Page,  —  et  Armand  Dubois,  docteur-médecin  à  Limoges, 
rue  du  Consulat,  9,  par  MM.  Tabbé  Demars  et  Guibert. 

La  parole  est  donnée  à  M.  L.  Bourdery,  trésorier,  pour  le  compte- 
rendu  financier  de  l'exercice  1889. 

M.  Bourdery  constate  une  situation  à  tous  égards  satisfaisante. 
La  Société  compte  actuellement  148  membres  titulaires  et  55  mem- 
bres correspondants.  Le  trésorier  avait  en  caisse  au  31  décembre 
1889 832  10 

Recettes. 

1°  138  cotisations  de  18  fr 2.070    »> 

*»  82  cotisations  de  7  fr .- . .  364    » 

3*»  Droits  d'entrée 60    » 

4*  Subvention  du  Conseil  général 800    » 

8*  Produit  de  la  vente  des  bulletins  et  publications . .  89  20 
6""  Bonis  sur  frais  d*encaissement  par  la  poste  à  la 

charge  des  sociétaires,  et  recettes  diverses 63  38 

Total  des  recettes 3.648  68 

Dépenses. 

1*  Impression  du  bulletin 1 .208    » 

2*»  Publication  des  registres  consulaires  (tome  IV). .  1.398    » 
3^  Allocations  à  des  travaux  d'histoire  locale  et  sub- 
vention pour  des  fouilles 214  80 

4**  Bibliothèque  de  la  Société  :  acquisitions,  abonne- 
ments, reliure,  rayonnage 131  08 

8*  Appointements  de  l'encaisseur  (élevés  de  30  fr.). .  130    » 

6*  Chauffage,  éclairage,  service  des  séances 69  30 

T*  Ports,  fournitures,  impressions  diverses 138  88 

Total  des  dépenses 3.280  70 

T.   XXXVIll.  3î 


400  SOCIÉTÉ   ARCU^.0L0GIQCK   KT   BISTORIQL'K   DU    LIMOUSIN. 

D'OU  un  excédent  de  recettes  de  367  fr.  95  dans  la  caisse  dm  tré- 
sorier; ce  qai,  avec  les  5,190  fr.  65  en  dépôt  chez  MM.  Lamy  et 
Maigne  (les  intérêts  de  1889  :  151  fr.  18  compris),  constitue  à  la 
Société  un  acUf  de  5,558  fr.  60. 

M.  le  Président  remercie  M.  Bourdery  de  cette  communication  et 
de  sa  sollicitude  pour  les  intérêts  de  la  Société. 

La  lecture  inscrite  en  tête  de  Tordre  du  jour  est  celle  de  M.  Le- 
roux, sur  les  Annales  françaises  de  Limoges.  M.  Leroux  rappelle 
que,  dans  un  travail  précédemment  lu  à  la  Société,  il  a  constaté 
trois  formes  successives  de  ces  annales.  L'oeuvre  du  premier  auteur, 
Jean  de  Lavaud,  a  été  reprise  et  continuée  par  Pierre  Mesnagier 
d'abord,  puis  par  Bandel.  Un  quatrième  annaliste  doit  prendre 
place  entre  les  deux  premiers  :  c*est  Pierre  Razës,  vicaire  de  Saint- 
Pierre-du-Queyroix  de  1603  à  1631,  et  dont  le  manuscrit,  signalé 
à  M.  Leroux  par  M.  Guibert,  appartient  à  M.  Tandeau  de  Marsac, 
notaire  à  Paris.  Celui-ci  a  eu  l'extrême  obligeance  de  le  metlre  à  la 
disposition  de  M.  Leroux,  qui  l'a  fait  copier,  dans  Vespoir  que  quel- 
que érudit  limousin  voudra  u»  jour  s'occuper  de  sa  publication.  — 
Razès  continua  Jean  de  Lavaud  ;  le  quatrième  et  le  cinquième  livres 
surtout  lui  appartiennent.  Mais  pourquoi  l'annaliste  arréta-t-il  son 
travail  à  Tannée  16iî0,  alors  qu'il  a  vécu  vingt  ans  de  plus?  M.  Le- 
roux suppose  que  Razès  fut  envoyé  à  cette  époque  dans  quelque 
paroisse  hors  de  Limoges;  il  n'est  pas  éloigné  de  croire  que  l'an- 
cien vicaire  de  Saint-Pierre  a  été  le  collaborateur  du  P.  Labbe. 
D'importants  documents  recueillis  et  copiés  par  lui  se  retrouvent 
dans  la  Nova  bibliotheca  manuscriptorum  librorum  du  savant 
jésuite.  La  personne  à  qui  nous  devons  la  copie  des  annales  de 
Razès,  les  continua  jusqu'en  1644.  Ce  conlinuateur  fut-il  Simon  i 
Descoutures,  mort  cette  année-là?  Ce  dernier  à  son  tour  eut  un 
ou  plusieurs  successeurs,  peut-être  Simon  II  Descoutures  et  Périère 
de  La  Gardelle. 

M.  P.  Ducourtieux  donne  de  nouveaux  renseignements  sur  la 
tour  découverte  au  cours  des  travaux  de  la  ligne  d'Uzercbe,  à 
500  mètres  environ  de  Pierrebufflère.  U  communique  à  la  Société 
un  plan  et  un  développement  des  cases  dont  les  murs  sont  revêtus 
à  Tintérieur.  Tout  démontre  que  cette  tour  est  tout  simplement  un 
ancien  colombier  remontant  au  xv*  ou  au  xvi*'  siècle. 

M.  Bourdery  en  cite  une  analogue  à  Jumilhac-le-Grand,  et 
M.  Tabbé  Joyeux  en  signale  plusieurs  sur  les  bords  de  la  Loire. 

M.  René  Page  a  la  parole  pour  faire  à  la  Société  une  communi- 
cation de  M.  Tabbé  Poulbrière;  ce  dernier  a  envoyé  une  note  bi- 
bliographique sur  un  RittAel  de  Limoges  publié  sous  Tévêquc 
César  de  Borgognonibus.  L'ouvrage,    signalé   par   Tabbé  Roy- 


PROCfe?-VERBAUX   DES   st.ANCES.  491 

Pierrefite  dans  le  Nobiliaire  de  Nadaud  (t.  I,  829)  avec  la  date  de 
i5S6,  a  été  imprimé  en  réalité  en  1554  par  Claude  Garnier.  Il  est 
de  formât  in-8<>  et  comprend  quelques  initiales  ornées,  au  folio 
xxxm  une  vignette  qui  représente  David  regardant  de  sofi  palais 
Betsabée  au  bain,  et,  sur  le  verso  du  feuillet  final,  une  composi- 
tion que  M.  Poulbrière  nous  décrit  et  qu'il  croit  être  une  marque 
de  Tiraprimeur,  mais  qui  ne  rappelle  en  rien  la  marque  de  Garnier 
décrite  par  M.  P.  Ducourtieux.  Le  dessin  signalé  par  M.  Poulbrière 
ne  contient  ni  initiales  ni  légende  et  doit  être  plutôt  considéré 
comme  une  vignette  allégorique. 

M.  Fabbé  Demars  présente  quelques  objets  : 

Une  petite  boite  en  citronnier  avec  un  amour  peint  sur  le  cou- 
vercle; un  petit  émail  (B.  Nouailher)  provenant  sans  doute  du 
chapelet  d'un  tertiaire  franciscain  et  offrant  d'un  côté  les  stigmates, 
do  l'autre  sainte  Catherine  ;  il  donne  ensuite  lecture  d'un  acte  par 
lequel  Pierre  Constant,  «  ci-devant  curé  de  Royère  »,  sur  le  point 
de  partir  pour  l'armée,  laisse  le  7  messidor  1793  une  délégation  à 
sa  mère  pour  toucher  la  pension  qui  lui  est  due  par  l'Etat. 

A  ce  propos,  M.  Guibert  rappelle  le  souvenir  d'un  curé  des 
environs  de  Bellac  (Blond  ou  Nouic)  qui  avait  été  appelé  à  Limoges 
à  la  môme  époque  et  chargé  de  l'instruction  d'un  corps  de  canon- 
niers.  Il  en  est  souvent  question  dans  les  registres  de  la  munici- 
palité et  dans  ceux  de  la  société  populaire. 

Il  est  donné  lecture,  par  M.  Arbellot,  de  quelques  passages  sail- 
lants de  la  biographie  de  Pierre  Arbellot,  engagé  volontaire  en 
1827,  mort  général.  Libéré  une  première  fois  en  1831,  il  com- 
mença ses  études  de  droit,  mais  il  rentra  bientôt  dans  l'armée  où 
l'attendait  la  carrière  la  plus  honorable  et  la  plus  brillante.  Au 
cours  des  seize  années  qu'il  passa  en  Afrique,  il  fut  plusieurs 
fois  cité  à  l'ordre  de  l'armée  pour  des  traits  admirables  de 
bravoure  et  d'énergie.  Il  eut  dans  un  seul  combat  trois  chevaux 
tués  sous  lui.  Arbellot  se  distingua  en  Italie,  où  le  service  de  re- 
connaissances qu'il  dirigeait  ne  fut  jamais  en  défaut.  Retiré  dans 
ses  propriétés,  il  demanda  un  emploi  actif  quand  éclata  la  guerre 
de  1870.  On  lui  conlia  le  poste  de  gouverneur  de  la  ville  de  Lan- 
gres,  et  la  défense  de  cette  place  fut  le  dernier  acte,  et  non  le  moins 
honorable,  de  cette  belle  carrière. 

La  parole  est  donnée  à  M.  l'abbé  Joyeux,  qui  signale  plusieurs 
points  des  bords  de  la  Glane  où  il  existe  des  traces  d'occupation 
très  anciennes  et  des  travaux  importants  de  fortification;  il  décrit 
entre  autres  les  vestiges  d'un  castnim  gaulois  au  lieu  dit  le  Repaire. 
M.  Joyeux  entretient  aussi  la  Société  de  ses  découvertes  à  la  villa 
d'Orbagnac,  près  Oradour-sur-Glane.  11  y  a  trouvé  des  briques 


493  SOCIF.TÉ  ARCIIÉOLOOIQUR   ET  BISTORIQUK   DU   LIMOUSIN. 

siriées  octogonales,  des  débris  de  peintare  et  de  curieux  objets  en 
terre  cuite.  Il  espère  pouvoir  continuer  ses  recherches  grâce  à 
Tobligeance  du  propriétaire,  M.  Martial  Peyroux.  Une  subvention 
est  votée  à  M.  Tabbé  Joyeux  pour  lui  permettre  de  poursuivre  ses 
fouilles. 

M.  Joyeux  rappelle  qu'il  a  déposé  au  musée  les  objets  trouvés 
dans  ses  recherches  du  Mont-Gargan  et  du  Mont-Ceix  ;  M.  Adrien 
Dubouché,  qui  lui  avait  promis  une  subvention  de  300  fr.  pour  con- 
tinuer les  travaux,  s'était  réservé  de  faire  un  choix  parmi  ces 
débris  ;  mais  la  subvention  n'a  pas  été  versée  à  M.  Joyeux,  et 
celui-ci  demande  à  rentrer  en  possession  des  objets  dont  il  s'agit. 
La  Société,  tout  en  reconnaissant  l'exactitude  des  assertions  de 
M.  Joyeux,  l'invite  à  s'adresser  à  l'administration  du  musée,  à 
laquelle  elle  est  aujourd'hui  étrangère. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  un  quart. 

I^e  Secrétaire, 

Louis  GUIBKRT. 


LISTE 

DES  MEMBRES   DE   LA  SOCIÉTÉ 

AU  MOMENT  DE  LA  PUBLICATION  DU  BULLETIN 


BUREAU. 


Préaident-né,  —  M.  le  Préfet  de  la  Haute- Vienne  (4). 
Président.  —M.  Fabbé  Arbbllot,  A.  ^^. 
Vice- Présidents.  —  Hervy  (Emile)  el  Garrigou-Lagrangb  (Joseph). 
Secrétaire  général.  —  M.  Guibert  (Louis),  A.  ^. 
Trésorier.  —  M.  BouRDRRY(l.ouis),  1^, 
Secrétaire.  —  M.  Page  (René),  A.  ^. 
BihUothécaire-archioiste.  —  M.  Leroux  (Alfred),  \.  P.  ^. 
Adjoints.  —  MM.  Moufle  (Léonard)  et  Narbouty  (GHmille). 

CONSEIL  D^ÂDMlNlSTRATlOiN. 

MM.  LES  Membres  du  Bureau. 
H.  Tabbé  Tandeau  de  Marsac. 
M.  DucouRTiEUX  (Paul),  A.  4>. 
M.  Nivbt-Fontaubert. 

COMITÉ  DE  PUBLICATION. 

MM.  le  Président,  les  Vice-Présidents,  le  Secrétaire  général. 

M.  Leroux  (Alfred),  I.  P.  ^. 

M.'l'abbé  Lecler. 

M.  JouHANNEAUD  (Camille). 

M.  Braure  d*Augère8  (J.-B.-Guslave). 

M.  TixiBR  (Jules). 

Commission  chargée  de  la  publication  des  Registres  consulaires  de  la 
Dille  de  Limoges. 

M.  GuiHERT  (Louis),  Secrétaire  général  de  la  Société. 

M.  DE  Bruchard  (Jean). 

M.  Fougeras-Lavergnollb  (Gaston). 

M.  Marbouty  (Camille). 

M.  Mariaux  (Paul). 

M.  Moufle  (Léonard). 

(1)  La  Société  a  été  fondée  le  26  décembre  1845,  et  s'est  conitiluée  k  la  suite  de  la  nomlna- 
tioa  d'une  commi&sion  pour  la  recherche,  l'étude  et  la  conservation  des  monuments  historiques, 
désignée,  le  3  du  même  mois,  par  M.  L.  Morisot,  préfet  de  la  Haute-Vienne. 


406  SOCIKrÈ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOBKiVE  DU  LlHOUSIN. 

MM. 

LAoBOn-LÉTAifG,  notaire,  à  Saînt-Priest-Ligoure,  par  Nezon  (Haote-VieoBe). 
**  MoMTÉGUT  (Emile),  ^,  bomme  de  lejtres,  rue  des  Charseix,6. 
Pénicaud  (LéODce)y  négociant,  3,  place  Daupbine. 

Beaurb  d'Augères  (J.-B. -Gustave),  avocat,  t5,  rue  du  Saint-Esprit. 
Guérin-Lézé  (Guillaume  dit  William),  i}^,  fabricant  de  |>orce1aine,  14,  rue 

du  Petit-Tour. 
Honstirrs-Mérinvillb  (le  comte  Jean  des),  au  chàlean  du  Fraisse,  par 

Mézières  (Haute- Vienne). 
NouALHiER  (Gabriel],  propriétaire  à  Linards. 

*  ViGiBR  (Fabbé),  curé,  à  Auzances  (Creuse). 

1  sy  y. 

*  Cercle  de  l'Union ,  à  Limoges. 

Dblor  (Adrien),  propriétaire,  maire  du  Yigen. 

Drluret  de  Fbix,  propriétaire,  rue  d'Isly. 

GÉRARD  (Emile),  négociant,  36,  boulevard  de  la  Pyramide. 

Laportb  (Fabbé),  curé-doyen  à  Sainl-Malhieu  (Haute-Vienne). 

Muret  ^Eugène),  vice-président  de  la  Société  d*Agnculture  de  la  Haute- 
Vienne,  11,  cours  Vergniaud. 

PoMÊLiE  (le  baron  Melchior  de  la),  ^,  propriétaire,  au  cbâteau  du  Mont- 
joffre,  près  Saint- l«éonard. 

Sazerat  (Léon)^  ^,  fabricant  de  porcelaine,  18,  faubourg  Nontjovis. 

1  »T8. 

Berger  (Elie),  I.P.  ^,  professeur  au  Lycée,  33,  avenue  de  Toulou>e. 
Blanchaud  (Charles),  à  Monisuies,  par  Le  Doiai  (Haute-Vienne). 

*  DucBATEAu  (Georges),  notaire,  à  Dessines  (Haute- Vienne). 
GouTENÈGRE(Eug.),  A.  ^,  profcsscur  lionoraircau  Lycée,23,  rue  du  Consulat. 
*•  Leroux  (Alfred),!.  P.  ^,  archiviste  de  la  Hte- Vienne,  48,  faubourg  de  Paris. 
Lrygomr^  ingénieur  hydrographe,  3,  rue  Neuve- de-l'Êvôché. 

Proufp,  médecin-oculiste,  1,  avenue  de  !a  Gare. 
Thêzard  (Lucien),  notaire,  8,  rue  Pont -Hérisson. 

Bellarre  (Jules  de),  propriétaire,  au  château  de  Puyjoubert,  commune  de 

La  Gcneytouse,  par  Saint-Léonard, 
Lachenaud  (Emile),  entrepreneur,  7,  avenue  du  Midi. 
Lépinay  (Gaston  ne),  maire  de  Lissac,  au  châieau  de  Moriolles,  par  Larcltc 

(Corrèze). 
Naleverone  de  la  Paye,  ancien  juge  suppléant  près  le  tribunal  civil  de 

Limoges,  33,  boulevard  Victor  Hugo. 

BouLLAND  (Henri),  docteur  en  médecine,  34,  boulevard  Victor  Hugo. 
Demekgeon  (Emile),  receveur  de  Tcnregistrement,  13,  cours  Jourdau. 


LISTE   DES  M.VBRES.  407 

MM. 

•  Laportr,  docteur  en  médecine,  à  Bessines. 
Marbouty  (Camille),  nc^gocianl,  48,  cours  Gay-Lussac. 

Geay,  architecte,  inspecteur  des  bâtiments  diocésains,  36,  avenue  de  Juillet. 

Gilbert  (l'abbé),  vicaire  général,  40,  boulevard  de  la  Cité. 

Mariaux  (Paul),  avocat,  48,  avenue  de  Juillet. 

MERLiM-LEMAs(Abel),  avoué  près  la  Cour  d'appel,  4,  rue  Léonard  Limosin. 

I{ri8set-Desisles,  ancien  magistrat,  directeur  de  la  compagnie  d'Assurances 

générales  sur  la  Vie,  M,  avenue  dm  Juillet. 
BouRDBAU  DB  Lajudie  (André),  rue  Cruclicdor. 

Catbeu  (Théodore  de),  ^^  propriétaire,  au  château  de  Juillac,  prés  Limoges. 
Cbatard  (Emile),  propriétaire,  à  Vicq,  par  Magnac-Bourg. 
Nénert  (André),  4,  avenue  Garibaldi. 
Savodin  (Jules),  50,  avenue  de  Juillet. 
TixiBR  (Jules),  architecte,  34,  boulevard  Gambetta. 

1983. 

BRUCBARD(Jcan  de),  avocat,  8,  boulevard  Montmailler. 
Cbassoux,  *,  ancien  préfet,  7,  avenue  de  Juillet. 
Degrond,  ^,  ancien  préfet,  9,  place  Denis  Dussoubs. 
Fouceras-Lavbronolle  (Gaston),  avocat,  24,  boulevard  de  la  Pyramide. 
Louvet  (André),  avoué  près  la  Cour,  13,  boulevard  Victor  Hugo. 
Moufle  (Léonard),  avocat,  rue  de  TObservaioire. 

WoTTLiNG,  A.  ^,  architecte,  ancien  directeur  des  travaux  de  la  ville,  4, 
avenue  des  Ctiarentes. 

De  Bletterie,  docteur  en  droit,  avoué  près  la  Cour  d'appel,  I,  place  d'Aine. 
Bourdeau  d'Antony,  docteur  en  médecine,  5,  avenue  Garibaldi. 
Brigueil  (Louis),  ^,  ancien  président  du  Tribunal  civil  de  Lyon,  2,  boule- 
vard de  la  Pyramide. 
Coffre  (l'abbé),  secrétaire  k  TEvôché. 

CouRONNEL  (comte  dk),  ^,  membre  du  Conseil  général,  à  Magnac-Laval. 
Dëlcaire  (Maurice),  avoué  près  la  Cour  d'appel,  3,  rue  Sainte-Valérie. 
DoRAT  (Hubert),  0.  ilt,  lieutenant>colonel  eu  retraite,  8,  rue  des  Augustins. 
Gaumy  (l'abbé),  curé  de  La  Meyze  (Haute-Vienne). 
GÉitAKDiN  (Albert),  avocat.  11,  boulevard  Gambetta. 
Gilbert  'A.),  ^,  président  du  Tribunal  civil,  Ï7,  avenue  du  Midi. 
Labrouhe  de  Laborderie  (de),  avocat,  à  Flavignac. 

*  Lacoste  (André),  négociant,  à  Châteauponsac  (Haute-Vienne). 
Lahy  de  la  Cbapelle  (Auguste),  avocat,  3,  rue  Moniant-Manigne. 
Lahy  de  la  Cbapelle  (Charles),  avocat,  4,  boulevard  de  la  Pyramide. 
Maurat-Ballange  (Albert),  avocat,  16,  place  du  Champ-de-Foire. 
Mazard  fils,  16,  boulevard  de  la  Pyramide. 


498  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  KT   HISTORIQUE  J>U   LIMOUSIN. 

MM. 

Du  Mazaubruh  (Anioioe),  avoué  près  le  Tribunal  ci  vil ,  ô,  rue  Neuve-dc-Paris. 
MoYNAT  (l'abbé),  supérieur  du  Peiil-Sémiaaire  du  Dorai  (Hauie-Vienne) 
Redon  (Joseph),  13,  boulevard  de  Fleurus. 
Sazerat  (René),  2,  rue  Dalesme. 

Bletnie  (Louis),  1.  P.  Q^  docteur  en  médecine,  i,  rue  d*ls!y. 

Boodet  (Louis),  3,  rue  Sain  te- Valérie. 

BoucBERON  (Edouard  do),  capitaine  d'état-major,  avenue  Foucaud. 

Garrigou-Lagrangs  (Paul),  A.  ^,  secrétaire  général  de  la  Société  Gay- 

Lussac,  à  rObsenratoire  météorologique,  23,  avenue  Foucaud. 
GuYONNET,  chef  de  district  li  la  compagnie  d'Orléans,  avenue  Saint-Eloi, 

maison  Barny. 
Maigne  (Léopold),  banquier,  6,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat. 
Paradis,  entrepreneur  de  serrurerie,  6«  rue  des  Charseix. 

Demartial  (André),  avocat,  17,  rue  Pétiniaud-Beaupeyral. 
Fray-Foornier,  chef  de  bureau  à  la  Préfecture  de  la  Haute-Vienne,  rue  de 
la  Croix-Verte,  4. 

*  Lassalle,  clerc  de  notaire,  àBellac. 

LuYMARiE  (Camille),  A.  ^,  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale, 
membre  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-irts  des 
départements,  H,  rue  Borneilh. 

*  Charbonniéras  (fabbé),  curé  de  Châleauneuf-la-Forêt. 

CouRNoÉjouLs  (E.),  0.  *,  I.  P.  ^,  proviseur  honoraire  du  Lycée  de  Ver- 
sailles, rue  Pétiniaud-Beaupeyral,  33. 

Dubois  (Joseph),  avoué,  16,  boulevard  Victor  Hugo. 

Hersant  (Edouard),  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assurances  la 
Providence^  1,  place  Maaigne. 

JuDicis  (Antoine),  architecte,  13,  rue  Andeix-Manigne. 

Lézaud  (Maurice),  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assurances  la 
Foncière^  t6,  avenue  du  Midi 

Montaudon-Bousseressr,  >j^,  directeur  honoraire  de  rEnrfgislrement  et 
des  Domaines,  administrateur  de  rhospice,  46,  avenue  Garibaldi. 

Vergniaud  (Camille),  secrétaire  particulier  de  M.  le  Préfet,  I ,  avenue  du  Midi. 

Brouard  (Arsène),  naturaliste,  à  Limoges,  rue  Porte-Panel,  présenteraeni 

sous-officier  au  107«  d'infanterie,  à  Angoolôme. 
Dbsbordes  (Charles),  propriétaire  an  Mont-Rû,  près  Rançon  (Hauie-Vieone). 

*  École  nationale  d'Arts  décoratifs  de  Limoges. 

Gany,  sous-cbef  de  bureau  à  la  Préfecture,  IS,  boulevard  de  la  Cité. 

*  Laohenaud  (Henri),  étudiant,  avenue  du  Midi. 


LISTB    DKS    IIEMBABS.  409 

MM. 

Raynaud,  >î<,  inspecleur  d'assurances,  vice-consul  du  Porlugal,  i6,  boule- 
vard Victor  Hugo. 

Tëxikr  (Hubert),  avocat,  2,  boulevard  de  la  Pyramide. 

Thohas-Duris  (René),  docteur  en  médecine,  à  Eymouliers  (Uaule-Vienne). 

Yandermarcq  (Félix),  commis  principal  des  contributions  indirectes,  à 
Oradour-sur-Vayres  (Haute-Vienne). 

D'Abzac,  percepteur,  à  Rochechouart.  (Haute-Vienne). 
Charrryron  (Pierre),  avocat,  docteur  en  droit,  boulevard  de  Fleurus. 
*  Dkmars  (l'abbé),  curé  du  Châtenet-en-Dognon  (Hante-Vienne). 
Monique  (l'abbé),  à  Eymoutiers  (Haute-Vienne). 

Dubois  (Armand),  I.  P.  ^,  docteur  en  médecine,  rue  du  Consulat,  9. 

Ogrr  du  Rocher  (Joseph),  avocat,  1 1 ,  avenue  du  Midi. 

*Sabroox  (fabbé),   curé    de    Saint-Laurent-les-Églises,  par  lA  Jonchère 

(Haute-Vienne). 
Griffin  (WaUer),  consul  des  États-Unis  de  l'Amérique  du  Nord  à  Limoges. 
Pkrussault,  pharmacien,  place  Saint-Pierre,  !t. 


MEMBRES  HONORAIRES  (1). 

>IM. 
DsLOCHE^Maximin},  G.  ^,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  Inscriptions), 

ancien  chef  de  division  au  ministère  du  commerce,  60,  avenue  de  Gra- 

velle,  à  Saint-Maurice  (Seine). 
RouGERiE  (Mgr),  évoque  de  Pamiers. 

Larombièrr,  C.  ^,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  sciences  morales 
et  politiques),  Premier  Président  honoraire  à  la  Cour  de  Cassation,  5, 
rue  d'Assas,  Paris. 

DuBÉDAT,  ^,  ancien  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  à  Toulouse. 

Teissfrknc  de  Bort,  c.  *,  sénateur,  ancien  ambassadeur,  ancien  ministre 
du  Commerce,  89,  avenue  Marceau,  Paris. 


(1)  Quaad  il  y  a  deux  dtt«8,  c'ast  la  dernièr«  qui  indique  raaaée  de  la  promotion  au  titre 
de  membre  lionoralre. 


500  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQfJB  KT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN. 

MM. 

Glaretib  (Jules),  0.  ^,  de  l'Académie  Française,  admioislraleDr  da  Théâtre 
Fraoçais,  rue  de  Douai,  fO,  k  Paris. 

Lastbyrie  (Comte  Roberl  dk)  ^,  professeur  d'archéologie  à  recelé  des 
Chartes,  10  bU^  rue  du  Fré-aux-Clercs,  Paris. 

Dblislb  (Léopold),  C.  ^,  membre  de  Tinsiitut  (Académie  des  iDscriptioos), 
administrateur  général  directeur  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  de 
Richelieu,  Paris. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 

MM. 

Clément-Simon,  ancien  procureur  générai,  château  do  Bach,  près  Naves, 
par  Tulle  (Corrèze). 

Lehas  (Elie),  it,  I-  P-  M>  inspecteur  d* Académie,  à  Tours. 

Coustin  du  Masnadaud  [le  marquis  de),  au  château  de  Sazeral,  p^r  Béoé- 

vent  (Creuse). 
Debout  (Gabriel),  propriétaire,  à  Mpntaiguct  (Allier). 
Tandeau  de  Marsac,  notaire,  4  i,  place  Dauphine,  à  Paris. 

Lalande  (Philibert),  rue  Haute,  à  Brive. 

19TO-19T8. 

PiCHON  (François),  avocai,  36,  rue  Garpenteyre,  à  Bordeaux. 

197  1-lliT4. 

*' AuBÉPiN,  archiviste  du  département  du  Cantal,  à  Aurillac. 

Decoux-Lagoutte,  ancien  magistrat,  16,  route  d^Angouléme,  â  Périgurax. 
**  PouLBRiiRE  (Pabbé),  directeur  au  Petit-Séminaire  deScrvières  (Corrcze). 

ItlT4-199». 

Demartial  (Henri),  procureur  de  la  République,  à  Rouen. 

197». 

Du  BoYs  (Emile),  licencié  en  droit,  48,  rue  Lacordaire,  Paris-Grenelle. 
Mabaret  i>c  Basty  (Edouard),  Conservateur  des  hypothèques,  à  Scus  (Yonoe). 


LISTE   DRS  MENBRBS.  50 f 

MM. 

**  Barbibr  de  Montault  (Mgr],  ^  1.  P.  ^,  prélat  de  la  Maison  de  Sa  Sain- 
lelé,  35,  rae  Saiol-Denis,  à  Poitiers. 

AuBUSsoN  DE  SouBREBOST  (Edouard),  propriétaire  au  château  de  PoinsouzCi 

par  Boussac  (Creuse). 
Lambertye  (le  marquis  de),  au  château  de  Cons-la-Granville,  par  Longuyon 

(Meurthe-et-Moselle). 
Montcbeuil  (Paul  de),  château  de  Montcheuil,  près  Nontron  (l)ordogoe). 
MoNTVAiLLER  (PauT  DE),  avocHl,  à  Confolens  (Charente). 
Pktit-Sémlnaire  d'Ajain  (Creuse). 
Saint-Marc-Girardin  (Barthélémy),  ^,  rue  Bonaparte,  5,  à  Paris. 

David  (Gaston),  avocat,  33,  rue  de  Gaudéran,  à  Bordeaux. 
Oujarric-Descombes,  a.  ^I,  licencié  en  droit,  notaire  au  Grand-Brassac, 

par  Montagrier  (Dordogne). 
Naleplane  (Paul  Vbyrier  de),  receveur  particulier,  à  Chftteau-Chinon  (Nièvre). 
Mazaudois  (Philibert),  notaire  à  Treignac  (Corrèze). 

Bonhomme  de  Montcgut  (Henri),  ancien  magistrat,  aux  Ombrais,  près   La 

Rochefoucauld  (Charente). 
BosviEUx  (Paul),  inspecteur  de  Tenregistrement,  à  Auch  (Gers). 

Cialis  (Fabbé),  curé  de  La  Souterraine  (Creuse). 
Rancognr  (de),  à  Angouléme  (Charente). 

*'  Thomas  (Antoine-André),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse, 
chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  rue  Friani,  46,  à  Paris. 

Laroche,  percepteur,  à  Tarbes  (Basses-Pyrénées). 

1881. 

FouGEHAs  (Joseph),  sous-inspecteur  de  renregistreroenl,  à  Fontenay-Ie- 

Comte  (Vendée). 
Lacombe  (Oscar),  ancien  archiviste  du  département  de  la  Corrèze,  à  Tulle. 
**MoLiNiER  (Emile),  attaché  au  Musée  du  Louvre,  53,  quai  Bourbon,  à  Paris. 

188!». 

Brrthomier  (Georges),  propriétaire,  au  château  de  Saint-Germain-Beaupré, 
par  La  Souterraine  (Creuse),  et  à  Paris,  85,  rue  d^Amsterdam. 

Grellet  de  Fleurellk,  substitut  du  procureur  général,  à  Agen. 

SENifEviLLE  (de),  conseillcr  à  la  Cour  îles  Comptes,  53,  rue  de  Grenelle,  à 
Paris. 


509  SOCIËTé   ARCnéOLOCIQUS   BT   RISTORIQUR    DU   LlMOOSIM. 

DRHAftTiAL  (Octave) ,  eonseiller  à  la  Cour  d'appel,  5,  rae  Lebascte,  à  Poitiers. 
KuBKN  (Emile),  libraire,  Charlcville  (Ardennea). 

Gbarbonnier,  doctcar  en  médecine,  h  Bonneuil-Malours  (Vienne). 

HscQVART  (Arlhur),  au  chàleau  de  Vost,  par  Aigurande  (Indre). 
Thrzard  (Philippe),  ingénieur  civil,  rue  de  Chazelles,  32,,  à  Paris. 
TouMiEux  (2énon),  notaire,  à  Royère  (Creuse). 

*•  Ghampeval  (Jean-Baptisle),  avocat,  à  Figeac  (Loi). 

Faurb  o^Aubkc  (M""»),  rue  Sainte-Anne,  8,  à  Toulouse. 

19il». 

Bpxlet,  instituteur  communal,  à  Saint-Maurice,  par  La  Souterraine  (Creuse^ 
••  Fagb  (Emile),  A.  Q,  vice-président  du  conseil  de  Préfecture  de  laCorr^ze, 

président  de  la  Société  des  L^eltre^,  S'iîences  et  Arts  de  Tulle. 
Gehestbix  (François-EmmanueUFresne),  rue  Mont-Gautier,  8,  à  Poitiers 

(Vienne). 
Lézaud  (Georges),  ^,  ancien  magistrat,  avocat,  à  Chambon-sur-Voaeize 

(Creuse). 
Mazet  (Albert),  architecte,  boulevard  des  Balignolles,  26,  à  Parts. 
**  Rupin  (Ernest),  L  P.  ^,  président  de  la  Société  SMentiiique,  historique 

et  archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 
Termes  (Emile  des),  inspecteur  de  la  Compagnie  d'Assurance.*;  générales 

rue  de  TEst,  30,  à  Poitiers  (Vienne). 

BosREDON  (Philippe  de),  0.  ^,  ancien  conseiller  d'Etal,  directeur  de  la 
compagnie  d*Assurances  générales  sur  la  Vie,  rue  de  Berlin,  18,  Paris. 

Drapeyron  (Ludovic),  I.  P.  ^,  professeur  au  Lycée  Gharlemagne,  directeur 
de  la  Reoue  de  Géographie,  rue  Claude  Bernard,  55,  Paris. 

GoNoiNËT  (Michel),  avocat,  docteur  en  droit,  boulevard  Sainl-^emain,  93i. 
Paris. 

Mconier-Pouthot  (Narcisse),  rue  du  Bac,  à  Suresnes  (Seine). 

TouYÉRAS  (Gabriel),  percepteur  à  Saint-Julien-l'Ars  (Vienne). 

Dulaii  et  G'*,  libraires,  37,  Soho-Square,  Londres. 

ÀLEXÉÏEFF  (Son  Excellence  le  comte  (àcorges  o'),  maître  de  la  Cour  de  S.  M> 
TEmpereur  de  Russie,  tuteur  honoraire,  rue  Sergutevskaya,  iO-li, 
Saint-Pétersbourg. 


LISTE   DBS  BIBUBRES.  503 

MM. 

BéNAUD  (L.),  joaillier,  à  La  Souterraine  (Creuse). 

Cars  (If»  duc  des),  au  ciiâleau  de  La  Roche  de  Braud,  près  Poiliers  (Yleonc). 

FiLuouLAUD  (Alfred),  propriétaire,  à  Bourganeuf  (Creuse). 

MoMTAUDON  (Ernest),  notaire,  ancien  membre  du  Conseil  général,  U  La  Sou- 
terraine (Creuse). 

**  Pératbon  (Cyprien),  membre  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts,  à  Àubusson. 

RiOAUDiE  (R.-J.),  missionnaire  de  Tlm maculée-Conception,  à  Lourdes 
(Haute-Pyrénées). 

**  Verneilh  (baron  de),  au  chftlcau  de  Puyraseau,  par  Piégut  (Dordogne). 

Vkrthamon  (comte  de)  chftlcau  d'Hauterîve,  par  Saint-Germain-d'Esteuil 
(Gironde). 


Etablissements  auxquels  la  Société  envole  ses  publications 

Ministère  de  rinstruction  publique,  à  Paris. 

Bibliothèque  de  TËcole  des  Chartes,  à  Paris. 

Bibliothèque  communale  de  Limoges. 

Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne. 

(franc! -Séminaire  de  Limoges. 

Ecolo  normale  d'Instituteurs,  à  Bellevue,  près  Limoges. 


LISTE 


DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES 


Aime  : 
Société  Historique  et  Archéologique  de  Châl eau-Thierry. 
Société  Archéologique,  Historique  et  Scientifique  de  Soissons. 

Algérie  : 
Société  Historique  algérienne,  à  Alger. 
Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 
Académie  d'Hippone,  à  Bône. 

AUiêr  : 

Société  d'Emulation  de  l'Allier,  à  Moulins. 

Aube  : 
Société  Académique  de  TAube,  à  Troyes. 

Aveyroii  : 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  rAvcyron,  à  Rodez. 

Booohes-da-Rhône  : 

Académie  des  Sciences  de  Marseille. 

Société  de  Statistique  de  Marseille. 

Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres  d*Aix. 

Charente  : 
Société  Archéologique  et  Historique  de  la  Charente,  à  Angouléme. 

Charente-Inférieare  : 
Société  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  TAunis,  à  Saintes. 

Cher  : 
Société  des  Antiquaires  du  Centre,  à  Bourges. 

Corrèie  : 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze,  k  Tulle. 
Société  Scientifique,  Historique  et  Archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 

C6te-d'0r  : 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Leltrcs,  à  Dijon. 

Creuse  : 
Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  h  (iuéret. 


soci6tâs  correspond  a  ntrs.  505 

Dordogne  : 
Sociéié  Hislorique  et  4rchéologique  du  Périgord,  à  PérigtieUx. 

Doubs  : 

Société  d^Ëmulalion  du  Doubs,  à  Besançon. 

Eura-et-XiOir  : 
Sociéié  Danoise,  à  Cbàleaudun. 

Finistère  : 

Société  Académique  de  Brest. 

Gard  : 

Académie  du  Gard,  à  Nîmes. 

Garonne  (Haate-)  : 
Académie  des  Jeux  Floraux,  k  Toulouse. 
Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France,  à  Toulouse. 

Gironde  : 

Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

X      Hérault  : 
Académie  des  Sciences  et  Lettres,  à  Montpellier. 
Revue  des  Langues  Bomanes  de  Montpellier. 

nie-et-Vilaine  : 
Société  Archéologique,  à  Bennes. 

Indre  : 
Ptédaction  de  la  Reoue  du  Centre,  à  Châteauroux. 

Indre-et-Loire  : 
Société  Archéologique  de  Touraine,  h  Tours. 

Société  française  d'Archéologie  pour  la  conservation  et  la  description  des 
monuments,  à  Tours. 
I84re  : 
Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 

Landes  : 
Société  de  Borda,  à  Dax. 

Loir-et-Cher  : 
Société  Archéologique,  Scientifique  et  Littéraire   du  Vendômois,  à  Ven- 
dôme. 

Loire  : 

Société  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  Saint- 
Etienne. 

Loire  (Haute-). 

Société  Agricole  et  Scientifique  de  la  Haute-Loire,  au  Puy. 

Loire -Infôrlenre  : 
Société  Archéologique,  à  Nantes. 

Loiret  : 
Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  à  Orléans. 

Lot  : 
Société  des  Etudes  Littéraires,  Scientifiques,  Artistiques  du  Lot,  à  Cahors. 

T.  xxxvm.  33 


506  SOCIKTÊ   AUCnÉOLOGIQUK   ET   HISTORIQUE   DP    LIMOUSIN. 

Lot-et-Garonne  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Agen. 

Maine-et-Loire  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  cl  Arts  de  Maine-et-Loire,  à  Angers. 

Marne  : 
Société  Archéologique,  à  Chàlons-sur-Maroe. 
Académie  des  Lettres,  Sciences  et  Arts,  h  Reims. 

Meuthe-et- Moselle  : 
Académie  de  Stanislas,  à  Nancy. 

Morbihan  : 
Société  Polymathique  du  Morbihan,  h  Vannes. 

Nord  : 

Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  à  Lille. 

Oise: 
Société  Académique  d'Archéologie,  Sciences  et  Arts,  à  Re»uvais. 
Comité  Archéologique,  à  Senlis. 

Pas-de-Calais  : 
Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  d'Arras. 
Société  Académique,  à  Boulogne-  su r-Mrr. 
Société  des  Antiquaires  de  la  Morinic,  à  Saiiil-Omcr. 

Pay-de-D6me  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Ans,  «'iClcrmonl-Ferrand. 

Pyrénées  (Basses-)  : 
Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau. 

Rhône  : 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts,  à  Lyon. 

Sa6ne-et-Loire  : 
Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres,  «^  Mflcon. 
Société  Eduenne,  à  Autun. 

Sarthe: 
Société  Historique  et  Archéologique  du  Maine,  au  Mans. 

Savoie  : 
Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  à  Chambéry. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Savoie,  à  Chambéry. 

SaTOie  (Hante-) 
Société  Florimontane,  à  Annecy. 

Seine  : 
Société  des  Antiquaires  de  France,  k  Paris. 
Société  Française  de  Numismatique  et  d'Archéologie,  à  Paris. 

Seine-et-Marne  : 
Sociélé  Historique  et  Archéologique  du  Gatinais,  à  Fontainebleau. 

Seine- et-Oise  : 
Société  Archéologique  de  Rambouillet. 

Seine -Inférieure  : 
Académie  des  Sciences,  Helles-Letlres  et  Arts,  h  Rouen. 


SOCIÉTÉS  LORRKSrOXDAMKS.  507 

Sèvres  (Deax-)  : 

Société  de  Statistique,  Sciences  et  Ans  du  déparlement  des  Deux-Sèvres, 

à  Niort. 

Somme  : 
Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres,  Arts,  Agriculture  et  Commerce,  à 

Amiens. 

Tarn-et-Oaronne  : 
Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonnr,  à  Monlauban. 

Var: 
Société  d^Eludes  Scientifiques  et  Archéologiques,  à  Druguignan. 
Académie  des  Arts  du   département  du  Var,  à  Toulon. 

Vienne  : 
Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  à  Poitiers. 

vienne  (Haute-)  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Limoges. 
Société  Gay-I^ussac,  à  Limoges. 

Tonne  : 
Société  des  Sciences  Historiques  cl  Naturelles  de  l*Yonne,  à  Auxerre, 
Société  Archéologique,  à  Sens. 

Belgique  : 
Académie  Royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique, 

à  Bruxelles. 
Académie  royale  d'Archéologie  d'Anvers. 

Etats-Unis  d'Amérique  : 
Société  Smiibsonienne,  à  Washington. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Carie  Téodale  du  Limousin,  par  M.  J.-B.  Ch\mpsval 1 

Les  sources  de  Thisloire  des  origines  chrétiennes  de  la  Gaule  dans 

Grégoire  de  Tours,  par  M.  le  chanoine  Arbellot 10 

Le  calice  d'Âubusson,  par  M.  Cyprien  Pérathon 33 

Essai  de  classification  des  anciennes  porcelaines  de  Limoges,  Saint- 
Yrieix,  Solignac,  conservées  au  musée  national  Adrien  Dubouché, 

par  H.  Camille  Lbymarib  (suite) 36 

Un  livre  d'heures  de  Tordre  de  Grandmont  à  la  bibliothèque  d'An- 
gers, par  M"  X.  Barbier  de  Montault 61 

Dalle  tombale  d'un  chevalier  au  cimetière  de  Maisonnais,  par  M.  ie 

baron  Jules  de  Verneilh 64 

Notes  pour  servir  à  la  sigillographie  du  département  de  la  Haute- 
Vienne,  par  M.  Ph.  de  Bosredon 67 

La  chabrelte,  par  M.  Paul  Charreire .   ...         169 

Les  grandes  châsses  de  Grandmont,  par  M.  Tabbé  A.  Legler 173 

Annales  de  Limoges  par  les  sieurs  Goudin  (1638-1690],  par  M.  A. 

Leroux ....         176 

Les  FoucaulddeSaint-Germain-Beaupré,  d'après  les  lettresd'Heari  IV, 

par  M.  G.  Berthomibr 190 

Inventaires  du  château  de  Nexon,  par  M"  X.  Barbier  de  Montault  106 
Inventaire  du  château  de Chaufifailles,  par  M.  Léonard  Moufle.  . ..  238 
La  garde-robe  d'un  étudiant  noble  en  1625,  par  M.J.-B.Champkval  247 
La  commune  de  Saint- Léonard-de-Noblat,  par  M.  Louis  Guibert 

(suite  et  fin,  et  pièces  justificatives) ...        Î49 

Registre  de  la  famille  de  Salignac  de  Rochefort  (1571-1626),    par 
M.A.Leroux 350 


5(0  SOCIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUE  KT  UISTORIOUE  DU  LIMOUSIN. 

Papes. 

Exirails  da  Mémorial  de  Jean  Nicolas,  marchand  de  Limoges,  de 
Pierre  ei  François  Nicolas,  ses  iils,  de  Champsac  (1653-1 735),  par 
M.  A.  Leroux 354 

Procès-verbal  constatanl  la  remise  faite,  le  8  mai  1384,  par  Archam- 
baud  de  Greyii,  captai  de  Buch,  aux  procureurs  de  Roger,  comte 
de  Beaurort,  d'une  croix  en  or  donnée  en  gage...  par  M.  C.  Rivain        395 

Quelques  délibérations  d'assemblées  paroissiales,  communiquées 
par  MM.  J.  Bellet  et  6.  Touyéras «        401 

Livre  domestique  de  la  famille  du  Burguet  de  Chauffailles,  par  M.  L. 
GUIBERT 41 4 

Documents  divers,  communiqués  par  MM.  A.  Barbier,  Tabbé  A. 
Lecler,  g.  Touyéras  et  Tabbé  Poulbrière 4i8 

Fouilles  exécutées  au  cours  des  années  1889-90,  sur  divers  peints 
du  canton  d'Oradour-sur-Vajres,  par  M.  F.  Vanderhargq.  .....        438 

Mélangea,  par  M.  A.  Leroux 436 

Bibliographie,  par  M.  L.  Guibeat  :  L'Œuore  de  Limoges,  par 
M.  Ernest  Rupin  ;  —  Chroniques  ecclésiastiques  du  Limousin, 

recueillies  et  annotées  par  M.  A.  Lecler 44i 


PROCÈS- VERBAUX  DES  SÉANCES 

Séance  du  28  janvier  1889 418 

—  du  27  février  1889 45î 

—  du  26  mars  1889 ..    .   .  456 

—  du  aOavril  1889 460 

—  du  28  mai  1889 464 

—  du  25iuin  1889 467 

—  du  30  juillet  1889 471 

—  du  27  août  1889 474 

—  du  29  octobre  1889 479 

--      du  26  novembre  1889 483 

—  du  30  décembre  1889 488 

JJsle  des  Membres  de  la  Société  au  moment  de  la  publication  du 

Bulletin 493 

Liste  des  Sociétés  correspondantes 504 


TABLE.  51 i 


PLANCHES 


Pages. 

I.  Carte  féodale  du  Limousin,  dressée  par  M.  J.-B.  Champeval,   dessinée   par 

M.  le  baron  de  Ma.tna.rd 1 

II.  Le  calice  d'Aubusson,  dessin  de  M.  G.  Bbrthomibr 33 

III.  Dalle  tombale  d'un  chevalier  àMaisonnais,  dessin  de  M.  le  baron  Jules  de  Ver- 

NBILH 65 

IV.  14.  Sceaux  d'Etienne  du  Autier  xiv*  siècle  (n«  32),  dessin  de  M.  L.  Bourdery. 

—  15  et  15  bis.  Sceau  et  contre-sceau  de  Pierre  Bernard,  1264  (n*  39),  dessin 
de  M.  le  baron  Jules  de  Vernbilh.  —  16.  Sceau  d'Antoine  de  Bonneval,  1474, 
1492  (n«  50).  —  17.  Sceau  du  même,  1487  (n«  51).  —  18.  Sceau  de  Jean  de 
Bonncval,  1534  (n»  55^ .  —  19.  Sceau  de  Jean- François,  comte  de  Bonneval, 
vers  1659  (n*  57),  ces  quatre  numéros  dessinés  par  M.  E.  Ru  fin 81 

V.  20.  Sceau  de  Jean   Chauveron,  1370,  1380  'n*  88).  —  21.  Sceau  du  même,  1386 

(n»  89).  —  22.  Sceau  de  Pliilippe  Chauvet,  1539,  1543  (n«9«).  —  23.  Sceau  du 
même,  1511,  15d7  (n*  97).  —  24.  Sceau  de  Simon  de  Cramaux,  1385  (n«  105).— 
25  et  26.  Sceaux  du  même,  1386  (n«  106).  —  27.  Sceau  de  Jean  de  Cramaux, 
1387  {n«  108) 97 

VI.  28.  Sceau  de  Amoul  Hélie  de  Pompadour,  1354  (n*  130).  —  29.  Sceau  de  Seguin 

de  La  Porcherie,  xiii*  siècle  (n*  139),  dessin  de  M.  Gërardin.—  30  et  dObis, 
Sceau  et  contre-sceau  de  Ramnulfe  de  Lastours,  vers  1226  (n*  143),  dessin  de 
M.  Jules  TuciBR.  »  31.  Sceau  de  Guillaume  de  Maumont,  1275  (n*  173),  dessin 
de  M.  Gbrardin.  —  38.  Sceau  d'Aymar  de  Maumont,  13-t9  {n«  174).  — 
33.  Sceau  du  même,  1350  (n«  175).  —  ai.  Sceau  du  même,  1351  (n«  176).  — 
35.  Sceau  de  Guérard  de  Maumont,  1386  (n*  177).—  36.  Sceau  du  même,  1387 
(nM78) 112 

VM.  :{7.  Sceau  de  Guérard  de  Maumont,  1387  (n«  179).  —  38.  Sceau  de  Pierre,  sire 
de  Maumont,  1389  (n*  180).  —  39.  Sceau  d'ilier  de  Pérusse,  1369  (n«  190;, 
dessin  de  Mi  E.  Rupin.  —  40.  Cachet  de  Marie-Anne  de  Pérusse  des  Cars, 
1774  (n*  203),  dessin  de  M.  Gérardin.  —  41.  Sceau  de  Jean,  sire  de  Pierre- 
buffière,  1355  (n*  219).  —  42.  Sceau  du  même,  1371  (n"  221).  —  43.  Sceau 
du  même,  1372  (n>  222).  —  44.  Sceau  de  Louis  de  PierrebufQère,  1408  (n«  223).         129 

VIII.  4:1.  Sceau  de  Katier,  seigneur  de  Montrocher,  1367  (n*  230),  dessin  de  M.  Gbrar- 

din. —  46.  Cachet  de  Victor  de  Riquetti,  marquis  de  Mirabeau,  1783 (n"  232;, 
dessin  de  M.  Bertho.mier.  —  47.  Sceau  d'Antoine  de  Rochechouart,  1520, 
1538,  1541  (n*  253).  —  48.  Sceau  de  Jean-Georges  de  Rochechouart.  1552 
(n«  258).  —  49.  Sceau  de  Charles  de  Rochechouart,  1550  (n*  262).  —  50.  Sceau 
d'Eléonor  de  Rochechouart,  entre  1682  et  1690  (n»  276),  ces  quatre  numéros 
dessinés  par  M.  Judtcis.  —  51.  Sceau  de  Jean  de  Roffignac,  1418  (n»  282), 
dessin  de  M.  E.  Rupin.  —  52.  Sceau  de  Jean  Vigier,  xiv«  siècle  (n<>  300), 
dessin  de  M.  le  baron  Jules  de  Vbrneilh 145 

IX.  Ckobretaire,  cul-de-lampe  de  l'église  d'Oradour-sur -Glane,  dessin  de  M.  le  baron 

Jules  DE  Verneilh 169 

X.  TumuU  du  canton  d'Oradour-sur- Vayres,  dessins  de  M.  Vandermarcq 433 


Limoges,  imp.  veuve  H.  Ducourticux,  rue  des  Arènes,  7. 


/ 


\ 


COLLECTIONS  DU  BULLETIN 


Nous  croyons  être  agréable  à  nos  confrères  en  leur 
rappelant  que  la  Société  possède  encore  quelques  collec- 
tions de  son  bulletin^  et  que  ces  collections  peuvent  être 
acquises  aux  prix  ci-après  fixés  par  le  Bureau  : 

r  Collection  complète  (1846  à  1886  inclus),  t.  I  à 
XXXV,  —  manquent  treize  livraisons  :  celles  2  et  3  du 
t.  I, —  les  livraisons  3  et  4  du  t.  Il,  —  les  livraisons  1, 2,  3 
et  4  du  t.  III,  —  la  livraison  2  du  t.  IV,  —  les  livraisons 
1  et  2  du  t.  XXIII,  —  les  livraisons  1  et  2  du  t.  XXV, 

prix 120  fr, 

'2*  Collection  complète  (1846  à  1886  inclus),  t.  1  à 
XXXV,  —  manquent  treize  livraisons  :  celles  2  et  3  du 
t.  I,  —  les  livraisons  3  et  4  du  t.  II,  —  les  livraisons  1,  2, 
3  et  4  du  t.  III,  —  la  livraison  2  du  t.  IV,  —  les  livraisons 
1  et  2  du  t.  XXIII,  —  les  livraisons  1  et  2  du  t.  XXV, 

prix 120  fr. 

3^  Une  collection  incomplète  comprenant  les  livraisons 

I  et  4  du  t.  I,  les  livraisons  1  et  3  du  t.  II,  les  livraisons  1 

et  4  du  t,  IV,  les  livraisons  3  et  4  du  t.  V,  les  livraisons  2 

et  4  du  t.  XII,  les  tomes  24,  26,  27,  28,  29,  30,  31,  32, 

33,  34  et  35,  prix 75fr. 

4*  Une  collection  incomplète  comprenant  la  livraison  4 
du  t  I  Ist  livraison  1  du  t.  IV,  les  tomes  18,  20,  22,  24,  26, 
27  28   29,  30,  31,  32,  33  et  35,  prix 50  fr. 

Q   riété  possède  en  outre  quelques  exemplaires  des 

P      te    ^n.  2^'  ^^'  ^'  ^^'  ^'  ^'  ^^'  ^'  et  38,  à  7  fr. 
'  '^    '      ^  à  4  fr.  la  livraison  semestrielle. 

^  ^^  ^  -^  seront  faits  contre  remboursement. 

^^^  Yqs  demandes  à  M""'  V  Dugourtieux,   impri- 

Adress  ^^  Société,  7,  rue  des  Arènes,  Limoges. 

meur-libraiï-^ 


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