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BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHEOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XXXVII.
(tome XV DE LA DEUXIÈME SÉRIE)
LIMOGES
£Aj:i=»«rM:Eï^^E et librairie limousine
V« H. DUGOURTIEUX
UJ^TBxre de la Société archéologique et historique du Limousin
7, RUE DES ARÈNES, 7
1800
AVIS
à MM. les Membres de la Société
Les réunions de la Société ont lieu invariablement le
dernier mardi de chaque mois. — L'ordre du jour de la
réunion est publié dans les journaux de Limoges, mais
il n*est pas envoyé de lettres de convocation.
Nous ne saurions trop engager ceux de nos confrères
qui changeraient de domicile ou dont l'adresse n'est pas
exactement indiquée à la Liste des Membres de la Société,
à faire connaître leur adresse actuelle soit au Secrétaire
général (M. Louis Guibert, rue Sainte-Catherine, 8), soit
au Trésorier (M. Louis Bourdery, rue Pétiniaud-Beau-
peyrat, 28), de façon à éviter toute erreur dans la présen-
tation des reçus de cotisation et tout retard dans l'envoi
du Bulletin.
MM. les Membres de la Société sont instamment invités
à adresser ou à faire verser au Trésorier chaque année,
avant le 31 mars, le montant de la cotisation de l'année en
cours (15 fr. pour les Membres résidants, et 7 fr. pour les
correspondants). — Passé ce délai, le Trésorier fera
encaisser par la poste les cotisations non payées, en ajou-
tant au montant de la cotisation 50 centimes pour frais.
Ceux des Membres de la Société qui n'ont pas encore
retiré leur diplôme voudront bien le réclamer à M. L.
Bourdery, Trésorier, rue Pétiniaud-Beaupeyrat, 28, en
lui envoyant, s'ils ne l'ont déjà fait, le montant du droit
d'entrée fixé à 10 fr. — Ce droit n'est exigible que des
Sociétaires résidant dans le département.
Les démissions doivent être adressées par écrit au Président
A moins qu'ils n'en témoignent le désir, il ne sera pas
envoyé de quittance aux Sociétaires qui auront adressé
leur cotisation par mandat ou lettre chargée au Trésorier,
le reçu de la poste pouvant en tenir lieu.
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DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUK
DU LIMOUSIN
TOME XXXVII.
(tome XV DE LA DEUXIÈME SÉRIE)
LIMOGES
imprimerie: et libra.irie limousine
V» H. DUGOURTIEUX
Libraire de la Société archéologique et historique du Limousin
7. RUE D ES ARÈNES. 7
1690
-<0
.'r^taWiv.. -'i-i r J '" ■■■■
Y. 31-38
LA
COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT
AU XIIl'' SIÈCLE.
TiBs personnes qui étudient avec attention et sur documents
de première main l'histoire de nos communes limousines,
de la fin du xii' siècle aux premières années du xiv*, se
trouvent en présence de contradictions incessantes dans les
témoignages et dans les faits. Les affirmations les plus graves,
les i^écits les moins suspects et les plus précis ont tous leur
contre-partie. L'embarras est parfois grand, et on hésite entre
ces deux courants opposés, entre ces affirmations et ces négations
qui semblent se détruire réciproquement et ne rien laisser debout
des thèses émises dans quelques ouvrages par les meilleurs
historiens de noire province.
Ijes communes du Limousin — et nous entendons parler ici
tout particulièrement des agglomérations bourgeoises échelonnées
le long du cours supérieur de la Vienne : Saint-Léonard, la
Cité de Limoges, le Château de Limoges, Saint-Junien — ont
à cette époque une existence de fait qu'on ne saurait mettre en
doute. De nombreux documents nous montrent la population de
ces villes dotée, au début du xm® siècle, d'une organisation plus
ou moins développée, mais forte déjà et vivace. Tous ces
groupes sont reconnus et protégés par le pouvoir royal; ils
jouissent dès lors d'une autonomie que pourrait envier la com-
mune française de notre temps, possèdent une sphère d'action
quelquefois mal définie, mais assez large, et font sentir autour
d'eux leur influence dans un rayon souvent fort étendu.
T, xxxvu, i
33
O
s SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGiaUE ET HlSTOBIQUE DU LIMOUSIN.
Et cependant les seigneurs des villes où se sont fondées ces
communes ne se bornent pas à revendiquer la plénitude, ou peu
s'en faut, de leurs prérogatives féodales sur les personnes et
les biens des membres du groupe bourgeois : ils nient, d'une
façon catégorique et absolue, non-seulement le droit de la com-
mune, mais son existence même. Leurs revendications ne sont
pas de vains appels à un passé reculé : ils réussissent â prouver
qu'à cette môme époque où des documents incontestables éta-
blissent le fonctionnement régulier et libre de l'organisation
municipale, ils ont eux-mêmes, dans ces villes où les consuls
nous apparaissent comme les chefs presque souverains d'une
petite république indépendante, exercé les droits qu'ils affirment
tenir de leurs aïeux et n'avoir jamais ni cédés ni abandonnés.
Ils montrent que leur possession, si elle a pu élre troublée, n'a pour
ainsi dire jamais été interrompue. Et des témoignages nombreux,
concordants, considérables, attestent qu'au sein de populations
liées par le serment de la commune, ces personnages ont, en effet,
sinon d'une façon permanente, du moins à des intervalles très
rapprochés et à des dates récentes, exercé les droits les plus
caractéristiques du seigneur sur l'homme lige, du propriétaire
noble sur le manant.
Comment expliquer cette contradiction, dont on ne peut pas ne
pas être frappé? Comment concilier ces témoignages et ces récits
énonçant des situations, des faits qui devraient s'exclure les uns
les autres, récits et témoignages dont l'exactitude respective
semble pourtant, dans une certaine mesure au moins, être bien
démontrée? Les vicissitudes qu'a éprouvées la province durant
cette période tourmentée, et les événements politiques dont elle
a été le théâtre, peuvent seuls jeter quelque lumière sur un état
de choses aussi confus et fournir des éléments pour la solution
du problème.
L — LES PLANTAGENBTS ET LES COMMUNES LIMOUSINES.
A l'époque où l'héritière d'Aquitaine porta au comte d'Anjou,
élevé peu après au trône d'Angleterre, les vaste? domaines des
comtes de Poitiers, les agglomérations bourgeoises du cours de la
Vienne étaient, on n'en peut douter, déjà constituées. Les habi-
tants avaient des intérêts communs et des affaires communes, des
assemblées, des magistrats; mais ils vivaient sous l'autorité de
leurs seigneurs directs : l'évêque, l'abbé de Saint-Martial, le
LA COMMUNS DE SAlNT-LÉONÂRD DE NOBLAT AU XIII^ SIÈCLE. 3
vicomte de Limoges. Leurs libertés, nées de la force des choses,
de la coutume, de rimpossibillté où se trouvait un seigneur
féodal de rang secondaire de pourvoir à tous les besoins d'une
nombreuse population et de veiller à tous ses intérêts, étaient
limitées, précaires, sans autre garantie que le bon vouloir,
la modération et la prudence du seigneur. On ne connaît de
charte octroyée ou acceptée par celui-ci pour aucune des com-
munes dont nous nous occupons ici. C'est là, nous semble-t-il,
une preuve de l'ancienneté de leur existence.
Le mariage d'Âliénor avec Henri d'Anjou implantait dans la
contrée une famille étrangère, puissante, remuante, à passions
fougueuses, gui justifiait, peu d'années après, en bouleversant
tout le pays, les appréheusions et la défiance dont elle avait été
l'objet dès le premier jour. Henri II et ses fils maniifestèrent, en
toute occasion, un esprit de caprice et une violence qui leur
valurent de nombreuses inimitiés. Ils eurent leurs candidats
attitrés aux prélatures importantes, aux riches abbayes, et les
prétentions de ces candidats portèrent plus d'une fois le trouble
dans TEglise. Les entraves que suscita le roi d'Angleterre à
l'élection de Sébrand Chabot à l'évêché de Limoges, puis à la
prise de possession de son siège par le nouveau prélat, l'hostilité
constante qu'il témoigna à celui-ci par la suite, eurent pour con-
séquence de rattacher plus étroitement Sébrand au parti français,
auquel appartenait déjà sa famille. Lors de la guerre entre Henri II
et ses enfants, la noblesse de la province suivit avec une sympa-
thie marquée Henri-le-Jeune. Richard, à qui sa mère avait
donné le duché d'Aquitaine, s'était en peu de temps, par son
caractère altier, sa brutalité et sa cruauté, aliéné le cœur de ses
vassaux. Les routiers appelés dans la contrée par les princes
commirent des excès de toute sorte. Il fallut prêcher contre eux
de véritables croisades. Écrasés à Malemort, en 1177, par une
petite armée, au milieu de laquelle on voyait chevaucher l'évêque
Gérald du Cher, vieux et aveugle, et qui marchait sous les ordres
d'Adémar de Limoges, d'Archambaud de Comborn, d'Olivier de
Lastours et d'Eschivat de Ghabanais, les Brabançons furent de
nouveau battus et dispersés près d'Ahun, par quelques troupes
réunies à la hâte par Sébrand Chabot. Celui-ci, comme le vicomte
de Limoges et plusieurs autres seigneurs du pays, entretint
constamment des intelligences avec Philippe-Auguste. Son suc-
cesseur, Jean de Veyrac, suivit la Ligne de conduite des deux
prélats qui avaient avant lui occupé le siège de saint Martial.
On le vit, comme eux, adresser de chaleureux appels à la noblesse
limousine pour la décider à réunir 9ÇS forces contre le? baudes
4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HtSTOniQUR DU LIHOOSIN^
qui, après la mort de Richard, s'étaient répandues dans le
pays et le parcouraient en tous sens, pillant, saccageant et brû-
lant tout sur leur passage.
Lesévéques et les vicomtes de Limoges avaient été presque
constamment les adversaires des Plantagenets en Limousin. La
politique commandait à ces derniers de leur susciter des em-
barras dans leurs propres domaines et de chercher des appuis
parmi leurs vassaux. En favorisant le développement des libertés
de nos communes, déjà importantes, et dont les aspirations gran-
dissaient avec le nombre de leurs membres et la prospérité de
leur commerce, les héritiers des anciens ducs d'Aquitaine
s'assuraient un concours précieux sans rien abandonner qui leur
appartînt. C'étaient leurs adversaires qui payaient les frais de ce
concours, et les princes affaiblissaient ainsi leurs ennemis en
augmentant leurs propres forces.
Lescommunesde la Vienne avaient vuautour d'elles s'accentuer
le grand mouvement d'émancipation qui marque la première
moitié du xii® siècle. Les lents progrès qu'elles avaient réalisés
les laissaient bien eu arrière de leurs jeunes sœurs. Nos com-
munes auraient pu sans doute acquérir, à prix d'argent, de leurs
seigneurs, une charle fixant, augmentant et assurant leurs
libertés ; mais il ne paraît pas qu'aucune ait tenté d'arriver par
cette voie à la possession tranquille d'un ensemble d'institutions
et de garanties analogues à celles dont jouissaient déjà beaucoup
de villes du nord et du midi de la France. Les chartes coûtaient
le plus souvent très cher. Le moment sembla favorable aux chefs
de nos groupes bourgeois pour obtenir, sans bourse délier, les
plus larges libertés avec les garanties les plus solennelles.
Les troubles, les guerres, les divisions entre les princes, avaient
relâché tous les liens féodaux. Il est permis de penser que les juges
seigneuriaux, les baillis et les autres officiers ne remplissaient pas
très exactement les devoirs de leur charge. Des obstacles, parfois
insurmontables, les empêchaient de les exercer. Les communes,
par des usurpations successives, et à la faveur souvent de l'absence
du seigneur ou de l'impuissance où il se trouvait réduit par ses
démêlés avec le duc d'Aquitaine (i), s'arrogèrent peu à peu la
{i) Il y eut toutefois, en Limousin même, des révoltes, et une chro-
nique contemporaine nous a conservé le souvenir de celle des bourgeois
de La Souterraine contre Tabbé de Saint-Martial, leur seigneur, en 4181 :
liurgcnses de Sublerranca ad inviccm juraverunt ut nullum omnino mo-
nachis darent explelum quod vocatur taillada. Agcbant vero isla consensu
comitis Audebcrli, qui pro lucro deputabat dissidium taie... Expetunt
LA COMMUNE DE SAIMT-LÉONABD DE MOBLAT AU XIll^* SlàCLB. 5
plupart des prérogatives jusque là exercées par lui. Leur organi-
sation se compléta : la vie municipale acquit plus d*indépendance,
d'ampleur et de régularité. Insensiblement, malgré les revendi-
cations des seigneurs et les retours ofiensifs de Taulorilé féodale,
retours fréquents et plus d'une fois violents, de nouvelles cou-
tumes municipales se substituèrent aux anciennes traditions;
au profit de ces conquêtes récentes, les bourgeois invoquèrent
bientôt l'antique possession de leurs premières coutumes : ainsi
s'établit une confusion qui ne pouvait être que favorable aux
progrès de la commune. Les princes anglais encouragèrent ces
progrès et y aidèrent de tout leur pouvoir. Ils entretenaient avec
les magistrats municipaux une correspondance cordiale, leur
envoyaient des personues de confiance pour les assurer des
bonnes dispositions de leurs suzerains et leur promettre un
puissant patronage. Ils les traitaient en alliés, et Jean-sans-Terre,
écrivant aux bourgeois du Gbâteau de Limoges, se servait, pour
désigner le vicomte, de ces termes significatifs : « Votre ennemi
et le mien ». Les communes, de leur côté, ne ménageaient pas
au duc d'Aquitaine les témoignages de leur obéissance et de leur
dévouement. Dans les conjonctures graves, elles députaient auprès
de lui un de leurs notables, pour entendre de sa bouche même
ses instructions ; et l'envoyé ne quittait pas la Cour sans recevoir
quelque marque de la libéralité du prince.
A plusieurs reprises, les ducs d'Aquitaine reçurent directe-
ment le serment de fidélité des communes (1). Ils profitèrent de
ces occasions pour confirmer solennellement les libertés des
bourgeois. Ceux-ci paraissent n'avoir sollicité des princes anglais
aucun octroi nouveau. Le seigneur se bornait à reconnaître et à
homologuer la coutume en vigueur, sans distinguer, bien
entendu, entre l'organisation traditionnelle, séculaire, et les usur-
pations progressives, qui, elles aussi, devenaient insensiblement
la coutume.
Tel fut, croyons-nous, le caractère du mouvement communal
eu Limousin, de 1180 à 1250, et celui de la protection accordée '
regem burgenses perterriti. Glocarium mnnierunt.,. Âbbas expetit regeni,
qui eos valde oppressit, sicque coacti servitia monachis soiita reddunt :
bomicidœ vero fugati sunt, domusquc illorum anathemati tradiia est. »
(Labbe, Bibliotheea nooa manuacriptorum librorum, t. U, p. 318).
(I) Cette prestation de serment, signalée par les chroniqueurs, est
altestée par un acte du Parlement de la Chandeleur (<369) : o Cum.,.
Regea quondam Angliœ^ Henricua et Richardus, unua post alium, aucces-
aioe, jure suo languam ducea Aquita/Uœ, hujuamodC kabuerint fura^
mentum. (Olirriy t. 1, p. 38â>.
6 SOCIÉTÂ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
à nos communes par les Plantagenets : on ne saurait affirmer
qu'ils en aient créé une seule (1); mais ils encouragèrent les
usurpations et leur donnèrent une consécration solennelle.
Quand Philippe-Auguste, en 1204, confisqua les états conti-
nentaux de Jean-sans-Terre, et quand, en 1224, Louis VIII, après
la prise de Niort et celle de La Rochelle, reçut l'obéissance des
communes limousines, celles-ci étaient en possession de larges
libertés. Les princes français durent accepter la situation telle
qu'ils la trouvaient, et, pour ne pas exciter de mécontentements et
peut-être de révoltes dans des villes comblées par les princes
anglais, le dernier surtout, de marques de sollicitude et de pro-
tection, ils reconnurent à ces villes, en termes généraux, les pri-
vilèges, libertés et coutumes dont elles jouissaient à ce moment et
dont elles avaient joui sous Henri Plantagenet et ses fils. Ainsi
s'expliquent et la confirmation donnée par les rois de France à
ces nouvelles institutions, et les expressions vagues qu'on ren-
contre aux chartes de 1212 et de 1224.
Ce n'est pas que les seigneurs dépouillés n'eussent protesté.
Le départ de Richard pour la Croisade leur avait laissé le champ
libre. Ils en profitèrent pour travailler à rétablir leur autorité.
Y réussirent-ils complètement? On peut en douter. Les com-
munes avaient grandi : il fallait compter avec ces magistrats de
bourgeoisie qui pouvaient, en quelques heures, mettre des
centaines, des milliers d'hommes sous les armes, et qui avaient
fortifié leurs remparts sous la protection du roi d'Angleterre,
parfois môme, comme un peu plus tard, sous Jean-sans-Terre,
les consuls de la Cité de Limoges, avec son argent.
Richard, à son retour, trouva une partie de sa noblesse sou-
levée contre lui et ouvertement alliée à Philippe-Auguste, qui
avait su mettre à profit le temps de la captivité de son ennemi.
Il est vraisemblable que la délivrance du roi d'Angleterre et sa
rentrée dans ses étals rendirent courage aux communes. Nous
le voyons faire construire ou réparer les fortifications de certaines
villes, de Saint-Léonard entre autres. Ce n'était point contre
le roi de France qu'il prenait ces mesures de défense, c'était
contre les seigneurs de ces villes, alliés de son adversaire.
La mort de Richard sous les murs de Châlus, place apparte-
nant au vicomte de Limoges, que sou seigneur avait voulu
(0 Nous verrons toutefois qu'il est parlé de lettres de Henri 11 relatives
à la commune de Sainl-Léonïrd; mais nous n'en possédons pas le texte
et nous avons tout lieu de croire qu'il s'agissait d'une confirmation.
LA COMMUNS DB SAINT-LÉONARD DB NOBLAT AU Xlll^ SIÈCLK. 7
châtier de sa félonie, laissa un moment les communes sans appui ;
mais Jean-sans-Terre renoua presque aussitôt avec les corps de
bourgeoisie les rapports directs qu'avait entretenus avec eux
son frère, et sut resserrer encore les liens qui attachaient ces
groupes à leur suzerain : les nombreux documents conservés aux
riches archives de la Tour Je Londres en témoignent. Le nouveau
duc d'Aquitaine ne s'en tint pas à des paroles et à des écrits. On
le vit souvent intervenir dans les démêlés entre les seigneurs et les
Communes, et travailler sans relâche à affaiblir les premiers. Les
bourgeois purent souvent s'imaginer que le roi d'Angleterre était
mû par le désir de venger leurs querelles, alors que Jean songeait
tout simplement à satisfaire ses propres rancunes. Le vicomte
de Limoges Gui Y avait, en 1300, fait hommage pour sa vicomte
au duc d'Aquitaine et lui avait prêté le serment de fidélité. Il n'eu
continuait pas moins la politique de son père et demeurait Tallié
fidèle de Philippe- Auguste, qui entretenait avec soin ces disposi-
tions. Il essayait sans doute en même temps de ressaisir son autorité
dans le Château de Limoges ; mais les Malemort et les Lastours,
qui tenaient pour le duc d'Aquitaine, réussirent à s'emparer de
lui. Jean se fit remettre le prisonnier et le garda près de trois
ans dans une étroite captivité. Quant à révéque*Jean de Yeyrac,
il le persécuta sans cesse, malgré les sévères avertissements du
pape Innocent III (i); le prélat était du reste un des champions
les plus actifs du parti français, et il organisait, en 1204, au
profit de ce parti et au sien propre, et aussi, il faut le dire, dans
l'intérêt générsJl de la province, une expédition pour enlever la
ville et le fort de Noblat à une bande de mercenaires à la solde
du roi d'Angleterre. La prise des deux places et la dispersion de
ces aventuriers produisirent un grand effet dans la contrée, qui
dès lors recouvra une certaine tranquillité.
L'année 1205 marque le triomphe du parti français dans toute
l'Aquitaine. Le vicomte de Limoges, délivré de captivité par les
troupes de Philippe-Auguste, revient dans le pays et on constate
aussitôt une réaction féodale dans les villes. Dans le Château
de Limoges surtout, Gui V réussit, par la terreur des emprison-
nements et des supplices, à soumettre la population à sa puissance,
et la tient quelque temps sous un joug de fer. L'évêque parait
en avoir usé plus doucement vis-à-vis de la Cité de Limoges, dont
les habitants le choisissent en 1210 pour arbitre, à l'effet de
(I) Voir une lettre d'Innocent lil de Tannée noî, au tome XIX des
Historiens de France^ p. 41 6.
8 SOGlÉTi ARCHÉOIOGIQUâ Et filSTdRlQUB DU LIHOUSm.
régler plusieurs questions litigieuses pendantes entré la commulae
et le chapitre de Saint-Etienne.
La sentence de confiscation des états français du roi d'Angle-
terre, prononcée par le parlement en 1204, avait été, par le fait,
mise à exécution en Limousin. La trêve conclue dès 1206 entre
Philippe-Auguste et Jean-sans-Terre, paraît avoir laissé à ce
dernier l'exercice d'une partie au moins de ses droits en Aqui-
taine. Le parti français demeura toutefois prédominant dans le
pays.
Six années s'écoulent : une grande guerre est sur le point
d'éclater. Le roi de France prépare une expédition pour arracher
à son ennemi le royaume d'Angleterre, comme il lui a déjà
enlevé ses états sur le continent. Jean est abandonné d'une partie
des siens, excommunié, presque sans troupes. Toutefois Philippe-
Auguste, avec sa prudence ordinaire, commence par assurer
son autorité dans les domaines qu'il occupe déjà. Son fîls Louis
vient en Aquitaine et reçoit lui-même le serment de fidélité des
seigneurs et des communes (1). Le roi de France prend vis-à-vis
des uns et des autres l'engagement de les protéger et de les dé-
fendre^ et déclare -aux villes « qu'elles sont dans sa main, comme
les autres villes de son royaume ». Il faut noter qu'à cette année
1212 remonte la plus ancienne rédaction connue des coutumes
du Château de Limoges.
Le Souverain Pontife, auprès duquel Jean a réussi a rentrer
en grâce, oblige le roi de France à renoncer à ses projets. Philippe
doit bientôt faire face à son tour à une redoutable coalition.
Pendant que l'empereur d'Allemagne marche vers la frontière
française, le roi d'Angleterre, réconcilié pour un instant avec
ses barons, a réuni une armée et débarque à La Rochelle. Il
traverse TAngoumois, le Limousin et une partie de la Marche.
Il est à Angoulême le 15 mars 1214, le 17 à Saint-Junien; les 21,
22 et 23 à Aixe; le 23 ou le trouve aussi à Saint-Léonard ; il est
à Saint-Vaury le 25; à La Souterraine les 28, 29, 30 et 31;
à Grandmont les l*'et 2 avril; à Limoges le 3. Ce jour-là ou le
lendemain matin il regagne l'Angoumois, car le 4 il fait expé-
dier des lettres datées de Moutbron, et le 5 il est de retour à
Angoulême (2).
(1) Annales manuacrites de Limoges. Limoges, V* Ducourlîeux, <873,
in-8, p. 189. — BoNAYENTURB OE Saint-Amable, Histoire de Saint -Martial,
t. m, p. 539.
{%) Pour quelques détails de cette expédition en ce qui a trait au Li-
mousin, voir les Chroniques de Saint- Martial^ publ. par Duplès-Âgier,
LA GOMMUIflt DE SAINT^LéONARD DE NOBLAT AU XIII^ firrèCLE. 9
Le roi est venu dans le pays pour recevoir la soumidsion du
comte de la Marche et des seigneurs de la contrée. Aucune résis-
tance ne semble lui avoir été opposée. Son apparition a relevé
partout le courage de ses partisans. Il établit un sénéchal pour
gouverner en son nom la province et commander les troupes
dont il prescrit la levée; il fait saisir le château d'Eymoutiers (1)
et diverses possessions de Tôvôque, et contraint celui-ci à quitter
son siège épiscopal et à s'exiler du pays. Quant au vicomte de
Limoges, — à qui Jean a, dès le mois de février, envoyé l'évéque
de Périgueux, chargé d'entrer en négociations avec les principaux
seigneurs de la province, Gui V et le vicomte de Turenne, entre
autres, — il est contraint, par la force, de prêter de nouveau
au duc d'Aquitaine l'hommage pour sa vicomte, et de lui renou-
veler le serment de fidélité qu'il a depuis quatorze ans tant de fois
violé, — « Sachez, écrivait Gui V au roi de France, que malgré
l'hommage que je vous ai fait de mes domaines pour leur assurer
votre protection, l'arrivée dans ma terre du roi d'Angleterre,
mon seigneur naturel, avec des forces défiant toute résistance,
m'a forcé, sans attendre votre secours, à aller trouver mondit
seigneur, à lui rendre hommage et à lui prêter serment de fidé-
lité et ligeance contre tout homme. Je vous en informe pour que
vous soyez au courant de ce qui s'est passé et pour que vous ne
comptiez plus sur moi à l'avenir » (2).
LéS communes se fortifiaient et se mettaient en défense. Elles
avaient repris possession des privilèges et libertés dont elles
jouissaient vers 1200. Peut-être même Jean avait-il confirmé
quelques bourgeoisies nouvelles; car nous le voyons, le f
mai 1214, écrire aux prud'hommes d'Aixe en môme temps
p. 89 et 99. Consulter surtout les précieux recueils publiés en Angleterre
et reproduisant les milliers de lettres que contiennent les rouleaux con-
servés aux archives de la Tour de Londres, cl en particulier le tome l
des RotuU lUterarum patentlum in turre Londinensl asseroati. Londres,
1835.
(1) Nous ne pouvons pas traduire autrement Castrum de Ahento :
Ayen n'appartenait pas à révoque.
(2) Philippe, régi Francorum, G. vicecomes Lymovic. hec subscripla :
Sciatis quod, licet homagium vobis fecero pro defensione terrarum
mearum, tamen adveniente rege Anglie Johanne, naturali domino meo,
in terra mea, cum tantis viribus quod ei indempnis rcsislere non potui,
Dec auxilium vestrum expectare, ad eundem, ut naturalem dominum
meum, accessi, faciens ei fidelitatem et homagium et liganciam contra
omnes mortales. Hec autcm vobis significo ut ea sciatis, et de cetero de
me non confidatis. (RotuU Utterarum patentium in turre Londinensi
ciaseroati, Londres, 1835, 1. 1, p. il 5.
10 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
qu*à ceux du Château de Limoges, de la Cité et de SainlJunieu,
pour leur annoncer Tarrivée de son envoyé Gui de Senziliac,
et leur promettre de les secourir si le roi de France ou ses troupes
envahissent la province (1).
Le château d'Aixe avait été enlevé, peut-être de vive force, au
vicomte de Limoges (2). Nous avons vu plus haui le roi Jean et
ses troupes séjourner à Aixe du 21 au 23 mars 1214.
Dans le Château de Limoges, l'autorité du vicomte semble
avoir été réduite à néant. A cet égai*d nos Annales manuscrites
s'expriment en termes significatifs. La justice fut enlevée à
Gui V pour être remise aux magistrats municipaux. Les officiers
qu'il avait établis dans la ville pour exercer en son nom ses droits
et maintenir les habitants dans l'obéissance furent chassés.
L'auteur des Annales raconte même que le duc d'Aquitaine leur
« fil fiuir leurs jours misérablement ». La commune rentra en pos-
session de toutes ses libertés (3). On conçoit dès lors le dévouement
des bourgeois pour le roi d'Angleterre, et on ne s'étonne pas de
les voir se préparer à défendre la ville contre une attaque de
Philippe-Auguste et élever des machines de guerre sur leurs
remparts (4).
Jean revient en Limousin dans les premiers jours du mois
d'aoïlt. Le 2 il est à Limoges : il en part probablement le 3 ; on le
trouve aussi ce jour-là à Magnac (5). Mais cette fois il n'apparaît
plus aux populations en triomphateur. Il vient d'être défait hon-
teusement, sous les mui's de la Koche-au-Moine, par Louis, fils
du roi de France, et il se prépare à regagner l'Angleterre.
Ce départ, qui n'était rien moins que glorieux, le peu de succès
des alliés de Jean, ses nouveaux démêlés avec ses vassaux d'An-
gleterre, ne ruinèrent pas sur-le-champ son autorité dans notre
province. L'expédition de 1214 avait rendu les seigneurs du Li-
mousin circonspects. Les communes s'appuyaient encore sur le
(0 Si Rex Francie venlurus sil ad partes vcstras vel genlem missurus
ut malum vobis inférai, nos continue succursum vobis mitlemus, vel nos
in propria persona, si opus fucrit, in succursum vobis veniemus...
Eodem modo scribilur hominibus de Castro Lemovicensi, el probis
hominibus Sancli Juvioni (sic) et probis hominibus de Eys.
(2) Castrum de Axia rex cepil ctsibi relinuit {Chron. de Saint -Marlial,
p. 0«).
(3) Annales manuscrites de Limoges, p. 181, <82.
(4) Populus Lemovicensis erexit x peireiras melu Philippi Régis, et
muros machinis ligneis munivit {Chron. de Saint-Martial, p. 9â).
(5) RotuU lUterarum patentium, l. 1, p. 1 i9 et 120.
LA COMMUNE DB SAlNT-LéONAUD DE NOBLAT AU XIII^ SIÈCLE. 44
duc d'Aquitaine; celui-ci continuait d'entretenir des relations
avec elles, et on le voit, dans une lettre des plus curieuses, datée
du Temple neuf de Londres, le 19 avril 1215, déclarer à Tarche-
vôque de Bordeaux, au prieur de Grandmont, au comte de la
Marche et aux bourgeois de la Cité de Limoges, qu'il ne consen-
tira à accorder la paix à Tévêque Jean de Veyrac, qu'après que
celui-ci lui aura juré fidélité et se sera engagé à lui rendre les
devoirs et services auxquels les évêques se sont soumis sous ses
prédécesseurs. Et le roi exige que l'accomplissement de ces con-
ditions lui soit attesté par les communes des domaines du
prélat (1). Cette condition n'est-elle pas bien caractérisque et ne
mérite-t-elle pas d'être notée ?
Le débarquement du fils de Philippe-Auguste en Angle-
terre, l'année suivante, fut le signal d'un nouveau soulèvement
des seigneurs de l'Aquitaine. En Limousin, les châteaux qu'oc-
cupaient les ofKciers ou les partisans du roi d'Angleterre furent
repris par le vicomte de Limoges et ses amis. La Porcherie
est détruit, Royère enlevé; Châlucet se rend au vicomte, et
celui-ci recouvre le château d'Aixe après un siège de neuf se-
maines (2).
L'influence anglaise n'est cependant pas détruite; les con-
seillers du jeune Henri III n'abandonnent pas la politique
traditionnelle des Plantagenels sur le continent. Le duc d'Aqui-
taine demeure le patron des communes. Celles-ci lui expédient
des députés. En 1218 Nicolas, en 1220 Pierre de Limoges sont
envoyés en Angleterre par les bourgeois des deux villes. Les
consuls de Saint-Junien écrivent, en 1219, au nouveau duc
d'Aquitaine pour protester contre la construction d'une tour
édifiée par l'évêque, et se recommandent des chefs de la commune
de la Cité (3). En 1220, c'est cette dernière ville qui est l'objet
d'une entreprise de la part du prélat : Bernard de Savène essaie
d'établir ou plus vraisemblablement de rétablir un prévôt pour
l'exercice de sa juridiction. Il demande à Henri III d'intervenir
pour que les bourgeois reçoivent sans difficulté cet officier. Le
duc d'Aquitaine avise aussitôt les habitants de la communication
du prélat, et ne donne aux consuls d'autres ordres que ceux-ci :
(I) Et de hoc nos securos faciel per cives Limovicarum et per homines
aliarum villarum suarum (RotuU Utterarum clausai^um, etc.. t. I).
(î) Chron. de Saint- Martial, p. 98, 99.
(3) Shirlet : Royal and otker historical letiers illuatratioe of the reign
of Henry III, t. 1, p. 62 : The consulale and commonally of S. Junien lo
Henry IIL
H SOGlÉTi ARCflÂOLOGIQUE BT BIBTORIQUB DU LIMOUBIN.
« Failes ce qoi a été fait du temps de moa aïeul, de mon oncle
et de mon père » (l). A. celle même époque et un peu plus tard,
eu 1222 et 1224, les documents des Archives anglaises font men-
tion d'envoyés de l'évêque de Limoges et du vicomte Gui V (2),
lequel du reste avait d'importants intérêts en Angleterre à cause
de son mariage avec la tante du roi, Sara de Cornouailles (3).
Mais la puissance des ducs d'Aquitaine dans notre province
touchait à sa fin. A l'expiration de la trêve conclue lors de l'avè-
nement d'Henri III, Louis VIII, qui venait de monter sur le
trône et qui avait été trop étroitement associé à la politique
de son père pour ne pas la continuer au moins dans ses lignes
principales, assembla des troupes et entra en Aquitaine. Niort
et Saint- Jean-d'Angély se rendirent; La Rochelle, assiégée, fut
forcée de capituler; en une année (1224-1225), le pays fut soumis
jusqu'à la Garonne et tous les seigneurs jurèrent fidélité au roi
de France (4). Nos communes limousines envoyèrent à La Ro-
chelle des députés chargés de présenter à Louis VIII les clés de
leurs villes et de prêter serment au vainqueur. I^s lettres
royales qui constatent l'accomplissement solennel de cette for-
malité, confirment les corps de bourgeoisie dans la jouissance
des coutumes et privilèges dont elles étaient en possession sous
les ducs d^Aquitaine de la famille Plantagenet. Ce sont les
chartes les plus anciennes ayant trait à la confirmation de nos
libertés communales dont le texte ait été conservé.
Ces chartes donnaient aux corps de bourgeoisie quelques
garanties pour le présent. Les seigneurs se trouvaient du reste
occupés d'un autre côté. Tous les regards se tournaient vers le
(<) Facialls sicul lemporibus Henrlci régis, avi nos tri ; Richardi régis,
avunculi noslri, et Johannis régis, pairis noslri, fieri consuevit (RotuU
litterarum clausarum^ t. I, p. 4(8).
Ci) RotuU litterarum clausarum^ t. I, p. 403, i\S, etc.
(3) RotuU litterarum patentium, t. I, p. 499, 437, 4£i6, 508, etc.
(4) LemoviceQscs et Petragoricenses et omnes Aquitaniae principes,
exceptis Gasconibus qui ultra Garonnam fluvium eranl, fidelitatem Régi
promiserunt (Guillaume de Nangis, ap. Historiens de France^ t. XVill,
p. 763).
LudovicuB rex, anno h^ regni sui, ccpit ad se trahere tolum ducalum
Âquitanie, et habuit secum comitem d*Engoleime e de la Marcha et vice-
comilem Lemovicensem e de Torena. Major querela de Henrico rege fuit
quia Johana^s, paler ipsiiis, Arlurum... occiderat in occulio. Prima obsessio
fuit a Niort, sed die septima se dederunt. Secunda La Rochela sese
dédit. S. J. simiiiter (C/iron. de Saint- Martial^ p. H9).
LA COlIltÙflK BK SA1MlHLiK)llARD Dfi KOBLAt AU XHt^ SlèCLE. 13
midi, où une naLioiialité vivace résistait à une guerre d'extermina-
tion et où la lutte recommençait, plus acharnée, plus impitoyable
que jamais. Louis YIII, alors qu'il n'était encore que le général
des armées de son père, avait traversé le Limousin à la tête de
troupes nombreuses pour aller à Toulouse recueillir les fruits de
la politique paternelle et avait séjourné, à la Pentecôte 1219, dans
la Cité de Limoges. Devenu roi à son tour, il marchait avec de
nouvellos forces contre le Midi où l'attendait une mort préma-
turée. Un certain nombre de seigneurs limousins l'accompa-
gnaient; révêque Bernard de Savène suivait l'expédition. Le
prélat fut atteint de l'épidémie qui sévissait et succomba sous les
murs d'Avignon, au mois de juillet 1226. Son prédécesseur, Jean
de Veyrac, qui n'avait pu rentrer en grâce auprès du roi d'Angle-
terre et dont le temporel avait été séquestré durant cinq ans
par ordre de ce prince (1), était allé mourir en Palestine. Nous
avons vu plus haut Bernard essayer de rétablir dans la Cité ses
officiers, mais avec une certaine timidité. Il ne paraît pas qu'à
ce moment ce projet ait abouti. Les évoques de Limoges, con-
tenus par la crainte du duc d'Aquitaine, distraits d'un autre côté
par des préoccupations de diverse nature, laissèrent les com-
munes jouir de leurs libertés, tout en maintenant, semble-t-il,
pour la forme leurs officiers. Nous entendrons un témoin, aux
enquêtes du procès entre Gilbert de Malemort et les bourgeois
de Saint-Léonard, déclarer que Tévêque avait bien dans cette
ville un prévôt, mais que le déposant, ancien bourgeois de Saint-
Léonard, mêlé aux afifaires de la commune, ignorait absolument
à quoi cet agent pouvait être employé.
Quant aux vicomtes, ils étaient sans cesse en guerre avec leurs
vassaux ou leurs voisins, et leur intérêt leur commandait de ne
pas se brouiller avec les bourgeois.
Au surplus, les alternatives de la politique, l'incertitude qui
régnait encore sur l'issue déûnilive de la lutte engagée depuis
si longtemps déjà entre le roi de France et le roi d'Angleterre,
préservaient les communes d'une réaction violente. Elles jouirent
donc, durant un quart de siècle après là conquête française, des
libertés qu'elles avaient usurpées à la faveur des événements,
libertés dont on perdait peu à peu de vue Torigine et qui se fon-
daient de plus eu plus dans ces anciennes coutumes x^'issédées
(4) Huic enim Johanni episcopo rex Angliae Johannes omnia jurarcgalia
episcopatus Lcmoviccnsis abstulit, et idcirco ipse episcopus, quasi exherc-
datus, ultra mare ivit {Chron. de Maleu, publ. par M« Tabbé Arbeiioi,
p. 63).
i4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
déjà par les populations agglomérées de la province à l'avènement
des Plantagenets.
Entre 1225 et 1250, les relations des bourgeoisies limousines
avec le roi d'Angleterre s'éteignirent complètement : le roi de
France, sans doute, ne les eût pas tolérées; mais elles étaient
devenues inutiles. Les communes, qui s'habituaient du reste à
la domination française, n'avaient pas à se plaindre des seigneurs.
Ceux-ci leur laissaient, par une tolérance tacite, la jouissance de
leurs libertés et entretenaient avec elles des rapports empreints
de part et d'autre de bienveillance. C'est ainsi qu'à diverses
reprises le vicomte de Limoges demanda l'aide des bourgeois
dans ses expéditions contre ses vassaux ou les seigneurs voisins.
Nous voyons Gui VI, au mois d'octobre 1240, déclarer et recon-
naître que les troupes de la commune du Château l'ont suivi
volontairement, à titre d'alliés et non à titre de vassaux, dans
son expédition contre la forteresse de Bré (1).
Vers le milieu du siècle, cette entente est troublée. Deux com-
munes au moins entrent en lutte avec leur seigneur : celle du
Château de Limoges en 1252; celle de Saint-Junien un peu avant
1250. De quel incident naît la querelle et à qui remonte la res-
ponsabilité de la rupture? Il est difficile de le dire. Toutefois il
ne semble point que les bourgeois aient entamé la lutte. Con-
trairement à l'opinion émise par l'auteur du livre le plus solide
et le plus remarquable qui ait été écrit depuis le commencement
de ce siècle sur l'histoire limousine (2), nous ne croyons pas que
« le milieu du XIII® siècle ait été une époque de soulèvement géné-
ral des communes limousines contre les seigneurs ». Nous
estimons, au contraire, qu'il s'est produit alors un mouvement
de réaction contre les usurpations successives et déjà anciennes
des corps de bourgeoisie, un retour offensif de l'autcirité féodale
personnifiée dans l'évéque et le vicomte de Limoges, et qu'à la
date où nous sommes arrivé, les communes, loin d'attaquer, sont
toutes en état de défense. Il nous paraît que les libertés qu'on
leur conteste ne sont pas de conquête récente, mais que les bour-
geois en jouissent depuis longtemps déjà. Cette thèse nous semble
vraie pour toutes les villes limousines du cours de la Vienne (à
l'exception d'Ey mou tiers, qui ne paraît pas avoir pris beaucoup de
(1) Archives des Basses-Pyrénées, E, 738.
(5) Achille Lkyuarie, Histoire du Limousin^ Bourgeoisie. Paris, Du-
moulin, et Limoges, Ardillier fils, 2 voL
LA COllUUNR DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XllI' SIÂCLG. 45
développement avant le xiv® siècle), et la plupart des documents
qui nous ont passé sous les yeux la confirment.
Le roi d'Angleterre, il faut le rappeler pour compléter ce rapide
aperçu, chercha à intervenir dans les luttes qui éclatèrentaprès 1250
entre les communes et leurs seigneurs : le traité de Paris et de
Londres (sou vent aussi appelé traité d'Amiens), en lui rendant, en
1259, l'exercice de ses droits dans les diocèses de Limoges, de Péri-
gueux, d'Agen et de Cahors, semblait autoriser son intervention.
Toutefois Saint Louis avait excepté de cette restitution, outre les
états d'Alphonse son frère, les terres que lui et ses prédécesseurs
s^élaient interdit de mettre hors de leurs mains, et elles formaient
une bonne partie des trois diocèses. Malgré Tassurance du con-
traire que le sénéchal anglais donnait à son maître, dans une
curieuse lettre du 29 novembre 1262 (I), Philippe-Auguste avait
pris un engagement formel dans ce sens vis-à-vis de Tévêque de
Limoges, et le Parlement le proclama à plusieurs reprises.
Ainsi se trouvèrent soustraites à l'autorité d'Henri III toutes
les communes des bords de la Vienne, sauf le Château de Limoges
et Aixe. Cette dernière ville n'a pas d'histoire municipale. Les
consuls du Château, dans leur lutte désespérée contre le vicomte,
qui eut dans une certaine mesure l'appui de Louis IX, et surtout
celui de son successeur, firent les plus grands efiorts pour inté-
resser Henri III et son fils Edouard I à leur cause. Deux
sénéchaux du roi d'Angleterre vinrent successivement à Limoges
pour essayer de réconcilier Gui VI et la commune, sans pouvoir
poser les bases d'une entente acceptée par les deux parties.
Le dernier, Jean de Lalinde, réussit à grand peine, au mois de
(1) De cpiscopo isto, sum certus [quod] ipse non habet privilcgium
Domini Pegis Francie, et quod in regislris Régis Francie non poteril
inveniri quod iste episcopus prlvilegium habeat vel babuerit tempore
retroacto. Et hoc intellexi per quandam magnam et bonam pcrsonam
islarum parlium qui bcne novit super hoc veritatcm (Rymer : Royal and
olher, etc., t. II, p. 2Î4).
Un autre document, cité par Baluze {Armoire /, t. XVII, p. 92), affirme
le contraire : « Item sunt privilegiati in Lcmoviccnsi ab antique, et antc
tempns dicte pacis, episcopus Lemovicensis et ejus capitulum, et consu-
lalus civitalis ejusdem, et abbatissa de Régula, in eadem civilate, abbas
de Soimynhaco prope Lemovicas, et consulatus sancti Geminiani {aie), et
consulatus Brivas.i»
(2j Dominus Johannes de Lalinda in castre Lemovicensi perdiesaliquos
presens fuit et pro vestris juribus et pro pacc inler nos et dictum vicc-
comilem ... fideliter laboravit; sed tandem non potuit aliud oblinere, nisi
16 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE. BT &I6T0R1QDE DU LIMOUSTN.
septembre 1261, à obtenir la prolongation des trêves jusqu'à
l'Epiphanie de Tannée suivante. Le jour môme où expirait le délai
fixé par le vicomte, celui-ci tentait une attaque de vive force
contre la ville ; mais elle était repoussée avec une énergie qui ôta
au seigneur l'envie d'en essayer une seconde. Pendant plus
de dix ans, les bourgeois eurent à subir une sorte de blocus dont
leur commerce et leurs intérêts de tout genre eurent beaucoup
à soufirir. Us se défendirent avec un courage indomptable,
tantôt les armes à la main, tantôt devant la cour du Parlement.
Edouard, touché de leurs maux, se décida i intervenir en leur
faveur. Voyant ses ordres méprisés par -la veuve de Gui VI, il
envoya quelques troupes pour aider les bourgeois et reçut
solennellement de la commune le serment de fidélité. Mais le
Parlement déclara qu'il n'avait pas le droit de prendre ce serment,
celui-ci appartenant au seul vicomte. Le roi de France prescrivit
au duc d'Aquitaine de délier les habitants de la fidélité qu'ils lui
avaient jurée. Les consuls envoyèrent un député à Edouard pour
le supplier de ne pas les abandonner. Le roi d'Angleterre vint en
mai 1 274 à Limoges. Les chefs de la commune et les notables se pré-
sentèrent devant lui, se prosternèrent à ses genoux et jetèrent à ses
pieds les clés de la ville. — « Seigneur, s'écrièrent-ils, nous avons
éié vôtres dès longtemps; vôtres nous sommes encore et nous
voulons à toujours rester à vous et à vos successeurs » (1)! lueurs
supplications ar.»'achèrenr des larmes à Edouard et à sa suite ; mais
le prince leur déclara qu'il ne violerait pas la défense de son suze-
)-ain et il leur rendit leur serment. Néanmoins il revint sur sa
détermination peu de jours. après et envoya son oncle à la tête
d'une petite armée mettre le siège devant Âixe, où la vicomtesse
tenait garnison ; mais un héraut du roi de France se présenta,
somma les gens du duc d'Aquitaine de cesser toute hostilité et
cita Edouard à comparaître au plus prochain Parlement. Le roi
d'Angleterre se décida à abandonner les bourgeois, et dut payer
plus de vingt-deux mille livres en réparation des dommages
causés par ses troupes.
quod quaedam secaritas, de qua non multum confidimus, fuent inter nos
et dictum vicecomitem usque ad festum Epiphaniae (Rtmer : Royal and
other hlatorical letters, t. 11, p. 484).
(1) Burgenscs attulerunt claves villœ, §upplicanles quod villam defen-
deret, claves coram ipso projicientes (Pierre Coral : Hist, de FrancCy
t. XXI, p. 783). — Domine, ab antique vestri eramus, et adhuc sunius, et
esse in perpetuum volumus et vestrorum {Armoires de Baluse, arm. I,
t. XVII, p. 91 et 92.
LA COHMUNK DE SALNT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII® SIÈCLE. 17
Telle est l'issue de la dernière intervention du roi d'Angleterre
eu faveur des communes limousines. A dater de ce jour, le duc
d'Aquitaine perd toute action en Limousin, et le Parlement setil
et les sénéchaux des rois de France, dont Tinfluence et Tautorité
grandissent de jour en jour, tranchent les débats qui s'élèvent
entre les corps de bourgeoisie et leurs seigneurs. Ces faits inau-
gurent une nouvelle phase de notre histoire municipale.
Il nous a paru indispensable de placer cet aperçu sommaire
de l'histoire de nos communes au début de notre étude sur les
institutions municipales de Saint-Léonard au xiii^* siècle. Les
annales d'aucune de nos bourgeoisies limousines n'offrent plus
de confusion et d'obscurité : Nulle part on ne se trouve en pré-
sence de témoignages aussi contradictoires, aussi inconciliaJ)les
à première vue. Le lecteur pourra en juger en parcourant les
pièces servant de preuves â notre travail. Nous nous flattons
pourtant qu'après un examen attentif des choses, il n'hésitera pas
à se ranger à notre opinion : à savoir que le milieu du xiii^ siècle
a été marqué non par une poussée de l'esprit d'émancipation
communale, mais au contraire par une réaction bien caractérisée
du pouvoir féodal contre les libertés des bourgeoisies.
II. - LE CHATEAU DE NOBLAT ET LA VILLE DE SAINT-LÉONARD.
A vingt-trois kilomètres de Limoges, dans un site pittoresque
et charmant, la petite ville de Saint-Léonard, jadis Noblat,
montre avec quelque fierté, auprès de ses tanneries et de ses
fabriques de porcelaines, ses curieuses maisons à tourelles et sa
belle église romane, par malheur bien délabrée aujourd'hui.
A ses pieds, la vallée de la Vienne, jusque là presque toujours
étroite et profondément encaissée, s'élargit un peu sur la droite
et dessine une sorte d'anse verdoyante; de riantes prairies,
rayées de quelques files de peupliers, en tapissent tous les
contours. Le regard, en suivant les gracieuses ondulations du
terrain, s'élève peu à peu sans fatigue, sans efiort, de la rivière
aux faubourgs, puis à la ville, qui couronne la hauteur. Sur un
ressaut de terrain, l'ancienne route, appelée encore de son vieux
nom, le Pavé, gravit hardiment la déclivité en prenant par le plus
court. Elle traverse la rivière sur un pont du xni* siècle, dont
les piles à contre-forts divisent le courant et fendent les eaux
T. xxxvn. t
18 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUR KT BIBTOnTQUE DU LÎMOCSIfr.
rapide^ dô leurs avàiïi-becs aiguS, semblables à autant ië ptovtes
de navires.
Sur Taulre rive, le site a gardé Taspect sauvage qu'il offre au-
dessus de Saint-Léonard. tJn énorme rocher se dresse presqu'en
face de la ville. Sa masse abrupte, hérissée de saillies, semée de
pierres et de broussailles, domine la vallée et s'avance jusqu'au
bord de Teau. Le sommet de ce roc supï>ortait autrefois ùri
château, pins ancien peut-être que la ville même, et qui,
d'après les traditions du pays, aurait servi de maison de chasse
aux rois de la première race. Ces récits n'ont rien d'invraisem-
blable : quinze ou seize kilomètres à peine séparent Saint-Léonard
du bourg du Palais, où Ton s'accorde aujourd'hui à placer le
Jocundiacum ou Jogenciacum de Louis-le-Débonnaire.
La plus ancienne mention que nous connaissions du Château
de Noblat nous est fournie par un accord conclu vers 1045, entre
le comte de Poitiers etl'évêque Jourdain de Laron (I), accord sur
lequel nous aurons plus loin à revenir. Une charte du Carlu-
hiire d'Aureil nous montre, dans les premières années du
xii' siècle, Audoin de Noblat faisant, « à la porte de la salle de
de sa tour ;>, en présence de Bernard de Royère et de Gérald (2),
une libéralité au monastère fondé par saint Gaucher.
Ce Château, dès 1045, relevait, comme celui de Nieul, du siège
épiscopal de Limoges. L'intervention, à cette époque, des che-
valiers qui tenaient ces deux tours, dans le choix du successeur
de Jourdain de Laron, serait inexplicable si cette mouvance
n'était pas admise. Noblat avait une certaine importance à cause
de sa position, qui commandait tout le haut cours de la Vienne;
mais cette importance diminua à mesure que la ville de Saint-
Léonard prit de l'accroissement.
Au centre du château, dans la partie haute, s'élevait une grosse
tour carrée, dont il ne reste plus depuis longtemps aucun
vestige. Ce donjon avait primitivement constitué le château;
puis les murailles qui l'entouraient s'étaient peu à peu élargies :
de nouvelles tours avaient été édifiées dans cette enceinte avec
la permission du seigneur et à charge d'hommage et de service.
Outre ces tours, on y voyait au xiii® siècle un certain nombre dé
maisons occupées par les Noblat, les Brun, les Royère, Ifes Mar-
chés, les Châteauneuf, une chapelle avec un presbytère, des jàr-
(1) GalUa Chrlstlaaa, l. H, Instrumenta, col. 172,
(3) Âlduinus de Nobiliaco dcdit... Et fuit factum hoc donum in hoslio
silc de turre, prcseatibus Bern^indo de Roera et Gcraldo.
LA GOimUHE DK SAINT-LÉONARO DB NOBLAT AU XIll^ &1ÈCLE. 19
dios et diverses^ dépendauces. Mais là, coxnine ailleurs, la grosse
tour conserve la supériorité. C'est d'elle que relèvent tous les ma-
noirs, toutes les constructions qui se sont successivement groupés
an tour dJelle. C'est à son seigneur que reviennent directement
ou indirectement tous les devoirs, honneurs et profits dus au
château. Une partie de ces droits ont été inféodés par Tévéque
aux familles qui forment la clientèle du maître de Noblat. Nous
allons voir les prélais qui occuperont successivement le siège
de Limoges, travailler pendant cent ans au rachat et à Textinc-
tien de ces fiefs.
Il serait téméraire, avec le peu de documents que nous pos-
sédons, d'essayer de reconstituer le plan du château de Noblat.
L'imagination aurait une trop grande part à cette restitution.
Bornons nous à constater qu'on distinguait le château haut ou
grand château et le château bas. Ce dernier, ou peut-être une
partie seulement, était connu au xvu** siècle sous le nom de petit
Château ou de maison noble de Jaueau. Nous ignorons l'ori-
gine de cette dernière dénomination.
Nous avons parlé de la chapelle de Noblat. Plusieurs men-
tions du Cartulaire d'Âureil se rapportent au desservant de cette
chapelle, qui peut avoir été le centre d'une petite paroisse (1). Le
château toutefois, dépend, à partir du xiv« siècle, de l'église
paroissiale de La Chapelle, située à peu de distance à l'ouest-sud-
ouest du fort. Un document intéressant de nos Archives dépar-
tementales nomme, à la date de 1357, Goufiier de l'Age-au-Mont,
desservant ou prieur de cette église (2). Jadis à la collation du
prieur de Saint-Léonard, ce bénéfice n'était plus qu'à sa pré-
sentation dès le XVII* siècle.
Au pied du rocher qui supportait le Château, sur le bord
de la rivière, quelques constructions s'étaient élevées. Au xm*
siècle, plusieurs de ces bâtiments servaient de moulins. Il y
avait là surtout des moulins à farine, qui appartenaient au baron
de Châteauneuf, ou sur lesquels ce seigneur possédait tout au
moins des redevances. Nous le verrons essayer, vers le temps de
révêque Aymeric de Serre 0246-1272), d'obliger les bourgeois
de Saint-Léonard à y faire moudre leurs grains (3). On constate
(\) Willelmus, capellanus Nobiliaci de Casteilo... Simon, chapellanus
de Casteilo de Noalac, etc.
(î) Fonds du Chapitre aux Arch. Haute-Vienne : Donation de Pascal
Phelipot pour des anniversaires.
(3) Archives Haute-Vienne, Evôché, 2440, et plus ioin, chap. vn.
10 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
aussi, à la même époque, rexisteuce d'ua foulon — moulin dra-
paret, — à peu de distance du pont.
Ce pont, dent le premier établissement devait remonter à uno
date fort ancienne, fut réparé ou même reconstruit en entier
« en pierres » par les habitants de Saint-Léonard, vers 1270. La
maçonnerie des piles peut remontera cette époque; le revêtement
paraît toutefois avçir été refait au moins en partie. Les bourgeois
y édifièrent une porte sous Tépiscopat d'Aymeric. Cette porte
fut sans doute fortifiée. Il était perçu sur le pont de Noblat
un péage dont le produit appartenait en partie au seigneur de
Châteauneuf (1).
La ville de Saint-Léonard avait au xiii* siècle la même assiette
qu'aujourd'hui et occupait à peu près la même étendue de terrain.
Les lK)ulevards actuels conservent presque partout les contours
de l'ancien périmètre. Il est visible toutefois qu'au sud-ouest les
constructions de l'hôpital et celles qui y font face, au débouché
de la rue Aumônière, ont empiété sur les anciens remparts et
sur les fossés. Du côté opposé, rétablissement de la route de
Clermont a également modifié le tracé de l'enceinte et substitué
une ligne droite à la courbe que décrivaient les murs. Malgré ces
changements, Saint-Léonard a conservé son aspect d'autrefois,
sinon dans les détails de ses constructions, du moins dans sa
physionomie générale et dans Tensemble de son plan.
Au premier coup d'œil jeté sur ce plan, la ville nous apparaît
comme un ovale irrégulier ayant deux foyers, deux centres où
vient converger tout le réseau des voies publiques de l'intérieur
de Saint-Léonard et des faubourgs qui en forment le prolon-
gement au-delà des murailles. Ces deux foyers de vie et d'activité
sont Tancieune place commune ou grande place, constituée par
une partie des terrains actuellement occupés par la place
Gay-Jjussac et les premières maisons de la rue des Etages, — et
les anciens marchés aux porcs et aux vaches qui correspondaient
à peu près aux places du Marché et de Noblat, alors comme
aujourd'hui très rapprochées l'une de Tautre.
C'est par la description de ces trois places que doit commencer
notre tableau sommaire de la ville de Saint-Léonard au temps
de Saint-Louis et de Philippe III (2).
La grande place, appelée aussi « place Commune » ou « place de
(1) Archives Haule-Vicnnc, Evôché, 2440, et plus loin, chap. vu.
(âj Voir le pian de Saint-Léonard qui accompagne celte élude.
LA COMMUNE DE SAIKT-LÈONARD DE NOBLAY AU XI1I<^ SIÈCLE. S!
Noblat » (1), est au moyen âge le centre des alTaires et de la vie
politique. Là sout dressés les étaux des bouchers (2), disposés,
comme à Limoges, sur plusieurs lignes parallèles. Au xv* siècle,
cinq ou six documents mentionnent la rue « d'Entre les Etages ou
les Etaux » (3), qui est probablement Tamorce de la rue actuelle
des Etages et où Ton distingue, on 1426, une maison appelée de
l'Aigle (4), qui dépend probablement de la Chantrerie. De cette
vu^ d'Entre Us Etages part une autre voie aboutissant à la même
époque à l'hôtel de la dame de Laront ^5).
Plusieurs notables édifices décorent cette place. C'est d'abord
la grande église de Saint-Léonard avec le cloître qui y est atte-
nant et que longe la rue ou passage qui met eu communication
la grande place avec la rue Font-Pinou ; c'est l'église paroissiale
de Saint-Etienne, qui fait suite, de l'autre côté de cette rue, aux
bâtiments du monastère; plus loin, celle de Notre-Dame, le
plus ancien sanctuaire de la ville. Vers l'extrémité sud-ouest, la
maison commune, au-delà de laquelle on peut apercevoir la salle
épiscopale. Notons encore quelques hôtels particuliers de seigneurs
dos environs. Au xv« siècle, celui de Guillaume Daniel, cheva-
lier, est mentionné par plusieurs documenls (&),
Au devant de l'église de Notre-Dame, s'élève une rangée de
grands ormeaux. De là le nom de Notre-Dame-de-sous-les-
Arbres, sous lequel on désigne communément l'antique sanc-
tuaire.
C'est sous un de ces ormeaux, probablement sous le plus rap-
proché du porche, que siègent les consuls, pour juger les cau-
ses criminelles et les menues contraventions de police.
Ces audiences en plein air, tenues en présence du peuple convo-
qué par les crieurs publics, sont fréquemment mentionnées et
décrites au xin« siècle.
Certaines sentences rendues par les consuls sous Torme de
(1) In platea de Nobiliaco... in platea publica (Arcli. dép. Chapitre,
liasses non cotées). In platea communi, coram slallis ubi vcnduntur carnes
(Dép. de Pierre Jouaus en 1288, aux rouleaux d'enquôte, liasse 2440
Evéché). *
(2) Stalla ubi vcndcntur carnes (Ârch. dép. Evêché, liasse 3440).
(3) Carreria de inlerlas Estagias, 1449 (Arch. dép. Chapitre, Registre du
Célérier).
^4) Domum vulgaritcr nuncupalam de FAcgla (Chapitre, liasses non
cotées).
(5) De dicta rua de înter Eslatgias ad hospicium domine de Laronte
1436 (Chapitre, ibidem). '
(6) En «433 notamment et en 1437 (Chapitre, liasses non cotées).
23 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Notre-Dame étaient exécutées séance tenante et sur la place
même. On y livrait aux flammes les marchandises de mauvaise
qualité. Nous voyons les magistrats de police y faire brûler des
porcs ladres et des étoffes mal conditionnées.
Sur cette même place se tenait le marché aux grains. On y
remarquait les mesures de pierre qui servaient pour les ventes
publiques et auxquelles devaient être appatronées toutes les me-
sures employées par les particuliers.
Il est parlé, vers le milieu du xvni* siècle, dans un terrier ap-
partenant à M. le baron de Vernon et dans plusieurs actes des
anciennes minutes de l'étude de M. Bachet, de l'endroit où « estoit
ci-devant la pierre Sabotliôre », près de l'entrée des halles (1).
Nous croyons qu'il est question ici non des bancs charniers du
moyen âge, mais des halles plus modernes qui existaient sur la
place Noblat, à l'entrée de la rue Bouzou. La pierre Sahotiière ser-
vait probablement aux étalages des marchands de sabots ou peut-
être devait-elle ce nom à sa forme.
Le Marché-aux-Porcs n'est pas éloigné de la grande place, avec la-
quelle la rue des Etages et la rue Saint-Etieuue le mettent en com-
munication; cette communication est attestée dès 1353 par un titre
qui mentionne une voie aboutissant d'une part à Téglise de
Notre-Dame et de l'autreàcemarché (2). Celui-ci occupait, assurc-
t-on, les terrains actuels de la place Noblat. On trouve, en 1748,
cette mention qui confirme la tradition : <c Rue Ghamplepot,
alioi du Marché aux Porcs » (3). La rue Ghamplepot débouche en
effet sur cette place.
La place Noblat occupe les terrains de l'ancien Marché-aux-
Vaches, affecté à cet usage dès lexiii* siècle (4). Vers 1260, l'évê-
que voulut faire élever un gibet sur cette place pour affirmer
son autorité de justicier. La seule nouvelle de cette entreprise
occasionna une émeute dont nous parlerons plus loin.
Les rues les plus commerçantes partaient de l'une de ces places
pour aboutir aux portes. C'était d'abord la rue Aumôuière, jadis
(1) Note due à Tobligeancc de M. Champeval.
(2) la carreria que est inter carreriam de Foro Porcorum et ecclesiam
Beale Marie, 1354; carreria de Foro Porcorum, 1355 (Chapitre, liasse 2634
et 9635), ou Marchât ou Porcs {\^Qg* de famille des Massiot).
(3) Arch. Haute-Vienne, fonds du Chapitre.
(i) In Mercato Vaccarum (Evêché, ^40); carreria de Foro Yaccarum, in
lerritorio de Foro Vaccarum, U49 (Célérier). Merchat a Las Vachas (Hçg.
Massiot).
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARO DE NOBLAT AU XIIl*^ SIÈCLE. S3
la prlûcipale aveaue de Samt-Léonard et la voie la plus longue
de toute la ville. Elle commeuçait au Marcbé-aux-Porcs
(place du Marché). D'après un texte de 1471, doat nous devons la
communication à M. Champeval, la rue Aumônière aurait été
autrefois appelée rue de la Gonje (I); mais, d'autres actes du xv®
siècle, il résulte que cette rue de la Conja était celle qui passait
devant la porte du Mou^tier — Uonaèterii, — coaduisant d'une part
à la salle épiscopale et se dirigeant de l'autre vers la porte de la
Conja ou Aumônière (2) ; ce serait donc la rue de la Mairie avec
son ancien prolongement sur la place commune. Et on s'explique
aisément que la partie de la rue Aumônière où débouchait
la rue do la .Gonje ait été appelée indifféremment rue de la Gonje
ou rue Aumônière.
Nous verrons plus loin que ce nom de Conja est un nom de
personne. 11 a été notamment porté par la femme d'Audoiu de
Noblat, qui vivait vers le milieu du xii® siècle. De là probable-
ment l'origine de la dénomination donnée à la rue dont nous
nous occupons.
La rue de la Conja^ mentionnée au milieu du xv* siècle, est
encore désignée vers 1650 à d'anciens registres où elle est appelée
ce rue de la Conje » (3) ; mais les textes qui fournissent cette men-
tion ne la font accompagner d'aucune confrontation qui per-
mette de préciser l'emplacement exact de la rue et ses aboutis-
sants.
L'hôpital était le seul édifice qui, dans la rue Aumônière, put
attirer les regards du passant. Nous en parlerons plus loin.
La rue de Malpartus ou de Mauperiuis (4), que nous trouvons
mentionnée aux documents du xiii" siècle, était fort rapprochée
des remparts, puisque le mur des fortilications est indiqué, en
1477, comme confrontant à une maison de cette rue (5). En 1500,
une note semble identifier la rue de Maupertuis et la rue Aumô-
nière (6). Ne faudrait-il pas conclure de là ou bien que la rue de
Maupertuis est la même que la rue de la Gonje, ou bien qu'on a
(1) In carreriade ]a Conja sive de Loumosnieyra, 1471.
(2) Ruam publicam IçndQps ab una parte a portale monasterii versus
aulam episcopalem et ab alla versus portam de La. Conja (Arch. Chapitre).
(3) Rcnseignemçnls dus k robligeance de JM. Champeval.
(4) Rua deMalo Pcrlusio (Evôché); carreria de Malpartus, 1449 (Reg.
Céléricr); rua de ^alpartul, f 475 (Reg. Massiot).
(5) lnter...,ruani de Malpartus... et murum fortalicii hujus vjlle (fonds
du Chapitre, renseignement dû à M. Champeval).
(6) Rua de Malpartus..., sive de. Loumosnieyra (riçqs..Ghampeval).
24 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIOUB DU LIMOUSIIC.
donné ce nom au tronçon de la rue Aumônière le plus voisin de
la porte î
Toutefois un texte de 1490 donne à penser que la rue de Mau-
pertuis n'était qu'une ruelle longeant les remparts à Tintérieur
et débouchant dans la ruo Aumônière, auprès de la porte (1); il
est possible que ce nom ait été appliqué au chemin de ronde qui
mettait en communication la porte Aumônière et la porte Font-
Pinou. Quoi qu'il en soit, on verra plus loin que la porte de
Maupertuis ne saurait être identi6ée avec la porte Aumônière.
Ija rue Fonlpinou (2), qui aboutissait à la porte du même nom,
commençait au carrefour « à la Bel-Arbre » appelé aussi « rue à la
Bel-Arbre (3). » Ce carrefour se trouvait probablement sur la partie
Est de la place Denis Dussoubs actuelle (autrefois place de
l'Abbaye), au débouché de la rue des Ecoudières. 11 communi-
quait dès lors, par un passage ou un tronçon de rue séparant les
églises de Saint-Léonard et de Saint-Etienne, avec la grande
place. Les murs du monastère confrontaient au carrefour
Bel-Arbre, et la rue Font-Pinou, après avoir longé ces cons-
tructions et passé derrière Tabside de la grande église, se dirigeait
presque en ligne droite vers le midi. La rue de Font-Pinou, ou
tout au moins la partie la plus voisine du rempart, est désignée,
au XV* siècle, sous la dénomination de rue « le long du Mur » (4).
Peut-être ce nom s'applique-t-il au tronçon du chemin de ronde
intérieur qui débouchait sur ce point dans la voie principale.
D'après la tradition, qui nous a été confirmée à la mairie
de Saint-Léonard, la rue de la Poste, qui va de la place
Denis Dussoubs (de l'Abbaye) à la roule de Glermont, pa-
rallèlement i la rue des Ecoudières, ne serait autre que l'an-
cienne rue du Pis, souvent mentionnée dans les textes, dès
le XIII» siècle (5). En 1771 et 1775 cetle rue dépend, au moins en
partie, de la paroisse de Saint-Michel (6). Lldentiôcation propo-
(\) In rua de Loamosnieyra, sive in ruela de Malpartus, inter mania
ville... (Chapitre).
(2) In carreria de Fonpino, xtn* siècle (arch. Haute-Vienne. Evôché et
Chapitre); in rua de Fon-Pino. 1346 (ibLd., Chapitre).
(3) In carreria pubiica vocata de Fonte-Pino, prope quadruvium Ala-
belarbra, 1370 (Chapitre); in rua deu Queyroy a la Bel-Arbre, et sublus
prioratum, 1430 [ibid,)
(4) Rua de Lon lo Mur sive de Fonpino, 1449 (Chapitre, reg. du Célérier).
(5) In rua deu Pys, 1883 (Arch. dép., Chapitre, liasse 124). — Rua deu
Pis (Reg. Massiot).
(6) Registres paroissiaux de Saint-Léonard.
LA COMMUNE DR SAINT-LÉONAKD DB NOBLAT AU XIU' SIÈCLE. $5
séc par la municipalilé nous paraît d'autant plus probable, que
la rue du Pis aboutissait à une porte du même nom et que l'exis-
tence d'une communication avec le dehors à Textrémiié delà rue
de la Poste actuelle est attestée par la direction du faubourg
Paradis. Celui-ci forme en effet le prolongement de la rue et
son nom semble rappeler la dénomination de l'ancien faubourg.
Au dernier siècle on écrivait communément rue des Pies.
La rue Bouzou ne devait pas être moins ancienne que la porte
dn même nom, dont on constate l'existence dès le xii* siècle.
Toutefois nous n'avons relevé au xiii* aucune mention de cette rue.
Il est parlé en 1340, 1366, 14^0, d'une famille du nom de Bozon,
et, en 1465, une maison ayant jadis appartenu à Pierre Bozon
confronte à la rue qui passe devant le grand portail du monas-
tère (1). Parmi les familles féodales qui possédaient des droits sur le
château de Noblat et qui en avaient eu autrefois sur la ville, celle
des Royère compte plusieurs Bozon, un entre autres qui vit en
1 189. Il y a toute raison d'accepter l'étymologie rua Bozonis indi-
quée par les plus anciens textes relatifs à la porte du même nom.
Mais la direction de la rue Bouzou, qui aboutissait au Marché-
aux-Vaches, pouvait suggérer l'idée d'une autre étymologie, plus
triviale sans doute, mais fort rationnelle.
Il y a une vingtaine d'années, à ce nom de a rue Bouzou » une
administration bien élevée a substitué celui de rue Pauvain, en
souvenir de l'antique forêt de Pavum qui couvrait autrefois tout
ce canton.
La rue Banchereau, comme la rue Bouzou, partait du Marché-
aux-Vaches; son nom est orthographié très diversement. Nous re-
viendrons sur son étymologie en parlant de la porte à laquelle elle
conduisait.
La rue de Cbampmain (2) aboutissait d'un côté à la porte du
même nom, de l'autre au Marché-aux-Porcs (place du Marché).
Elle n'est pas mentionnée au cours du procès entre Tévêque et la
commune; mais on ne saurait douter qu'elle existât déjà à cette
époque. On y trouve, en 1452, rhôtellerie de la Couronne (3).
Bien que la porte de Champlepot fût très rapprochée de la
porte de Champraain, la rue qui y aboutissait et qui s'embranchait
dans la rue Aumônière, près de la place du Marché-aux-Porcs,
(I) In rua pubiica, anle magnum portale monastcrii, intcr domum que
fuit antiquitus Pelri Bosonis (Chapitre).
(î) Rua de Campo Magno, 1449 (Rcg. Céléricr). — Rua de Champ-
maing (idem) ; rua de Champmainht, de Champmanht (Rcg. Massiot).
(3) Note Champe val.
30 SO€IRTÊ ABCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIIIOUSIN.
n'eu était pas moios uj;ie des pli;is fréquentées de ^a .ville. Elle
est appelée indifféremment Champlepot (1), Chatlepa et ,Cha-
plepa (2).
Parmi les voies secondaires, une de celles dont on relève le
plus souvent le nom dans les liasses de nos archivés est la rue
des Ecoudiôres. Partant du carrefour A la Belarbre, derrière le
monastère, elle se dirigeait presque parallèlement à la rue du
Pis, et s'arrêtait saus doute autrefois au chemin de ronde ; car il
.ne parait pas qu'il ait existé d'ancienne date une porte à son ex-
trémité. Elle était connue aussi sous le nom de rue du Tourfour,
ou du Four-Anglaret (3). On la trouve encore nommée rue de
Tourfoux en 1601 et en 1747 (4).
La rue Notre-Dame, qui existe encore, et qui, partant de
l'église de ce nom, allait déboucher dans la rue Auniônière, est
appelée tantôt rue de Notre-Dame-de-sous-les- Arbres ou rue de Sous-
la'Chapelle-de'Notre-Dame'SouS'l'Arbre, tantôt simplement rue de
Sous-leS'Arbres (5) On la trouve mentionnée dès le xiv® siècle, et
elle existe selon toute apparence au siècle précédent. Il semble
que la rue actuelle de la Halle, qui venait du Marché aux Porcs
et aboutissait â la mémo église ait été aussi appelée quelquefois
rue Notre-Dame. Peut-être celte rue était-elle la voie connue
sous le nom de charreyron ou traverse de Notre-Dame ou rue du
Condourat ou du Condonreys (6). On nous assure toutefois que
ce dernier nom s'appliquait aune venelle entre la rue Chan^praain
et la rue Champlepot.
(1) En 1366 (liasse sans numéro du Chapilrc).
(2) En U49 (Rcg. Célérier).
(3) Garreria de Las Escudicyras, (403; carreria vocala do Las Escudie-
ras, 1404 ; de Las Escudieyras, 1411 (liasses non cotées du Chapitre). —
Rua du Turfur, sive du Four-Anglaret, vulgo des Ecoudiercs (note Cham-
peval) .
(4) Reg. paroissiaux et minutes Mabaret-Bacliet.
(5) In rua appellata de sublus capellam Bealo Marie de sublus arborem,
1390; carreriam Beaic Marie, 1449; carreria de Sublus Arborem, 1449;
rua sivecarreyriaiBeale Marie de subtus arbores, .1454; rua publica vocala
de Noslra Dama de dessoubz les Arbreys, 1500 (liasses du Chapitre et
registre du Célérier).
(6) Carreria deu Codera, 1449 (Célérier) ; ip rua siva cfiarreyrqno vocale
de Noslra Domina, quo itur ab (?) ecclesia Béate Marie de sublus arbores
ad ruam de Foro Porcorum. 1.452-, ruam sive codorsuni de Nostra Domina,
1481 (Chapitre); rqe de Coudoureys, 1620 (minutes Baçhet, noie de
M. Champeval).
LA COMBIDNË DE SAINT- LÉONARD OC NOBLAT AU XUl° &lèCLK. ^7
Une des deux rues Notre-Dame s'était appelée rue Thcw»as
Raveau au xv* ou xvi« siècle (1).
On ne possède pas de mention très ancienne de la rue de la
Pialle(dela Paille?). Nous n'en connaissons point pour notre
compte qui soit antérieure à 1650 (2). La rue des Trois-Pigeons,
qui tire probablement son nom d'une enseigne, ne parait pas
i-emonler au moyen âge. Il en est de même de la rue Saint-Eloi
et de la rue Saint- Léonard. La, rue Nègre ou Noire, dont on
rencontre deux ou trois mentions au registre du Célérier (3) vers
le milieu du av« siècle, parait devoir être identifiée avec la rue
actuelle de la Mairie. Peut-être toutefois cette dénomination
a-t-elle été donnée à une venelle ou impasse aboutissant à cette
dernière.
On trouve la rue des Trois-Pommes ainsi dénommée au
XIV* siècle, et cette appellation n'est vraisemblablement pas nou-
velle à cette époque (4). Un grand îiombre de pièces nous la
fournissent. Dès le temps de saint Louis et de Philippe III, il est
parlé dans des pièces du fonds de TEvéché et du fonds du Gha*
pitre, aux Archives de la Haute- Vienne, d'un Elie et d'un Michel
TreS'Pommes. Il est vraisemblable que notre rue doit son nom à
cette famille. C'est la rue actuelle de la Halle, qui part de la
place de la Halle pour aboutir à la place Denis Dussoubs.
La rue de Bernard de Saint-Michel, dont nous trouvons men-
tion à peu près à la même date (5), tire vraisemblablement son
nom de celui du propriétaire des terrains ayant servi à l'assiette
de cette voie ou même des premières maisons construites sur ces
terrains. Précisément, il est parlé, aux pièces du procès de
la Commune avec l'évêque, de plusieurs nobles de ce nom,
chevaliers ou écuyers.
Nous avons cherché en vain à déterminer la direction de la
rue de Leyssay, qu'on trouve mentionnée aux xv®. xvi« et xvn®
siècles (6) ; de la rue du Four-au-Mas ou du Four-du-Mas, que
[\) Ruavocata de Thomas Raveu, sive de Nostra Domina (note Cham-
peval).
(?) Minutes de Télude Bachet, renseignement fourni par M. Champeval.
(3) In carreria Nigra, inter domum Johannis de Treys, alias Bussier, etc.
(4) In carreria vocata ou Très Pomas, 1358 (Arch. dép., Chapitre, liasse
5188). In rua Yocala ous Très Pomas itfr«i. 51?). Rua de Très Pomas, de
Treys Pomas, 1449 (Célérier).
(5) Rua vocata Bernardi de Sanclo Michaêle, 1357 (Chapitre).
(6) Une mention de cette rue, à la date de 1621, nous a été Hgnaiée
par M. Champeval.
28 SOGIÉTé ARCH^^OLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
nous avons rencontrée vers 1455 (1); de la rue du Puits-Molinier
ou Puits-du-Meunier (2); de celle de la Font-à-la-Pierre, nom-
mée en 1284(3); de celle du Jardiu-du-Prieur (4), dont on
trouve une mention vers la même époque ; de celle de Las
Peyras-Mesuras, qu'on relève aux xvii* et xviii' siècles (5) et qui
doit nécessairement partir de la grande place, où l'on voyait les
mesures de pierre servant à la vente des grains.
On comptait à Saint- Léonard, au xiii* siècle, un certain nom-
bre d'édifices affeciés à des services publics et dont les plus im-
portants et les plus beaux étaient, comme partout à cette époque,
les bâtiments consacrés au culte.
Il faut mentionner en première ligne la grande église qui,
construite â la fin du ix* ou au commencement du \* siècle,
avait été rebâtie au cours des xi* et xn* siècles. Ilier Chabot,
évêque de Limoges, dans une charte concédée par lui et revêtue
de la signature d'Agnès, comtesse de Poitiers, constitua une do-
tation aux douze prébendes fondées par ses prédécesseurs et céda
aux prébendes le cloître, toutes les dépendances du monastère et
le terrain sur lequel on construisait ou réédiflait alors ces
bâtiments (6). Cette charte est le premier document certain qu'on
possède sur l'histoire du prieuré. On voit figurer parmi les sous-
criptions celle de Marbode, gardien du sépulcre (7), ce qui sem-
ble prouver que dès lors les desservants de Téglise de Saint-
Léonard avaient la garde des restes du patron du lieu. Il est dit
à cette charte que le Moûtier a été fondé en l'honneur de Jésus-
Christ, de saint Trophime et de saint Léonard. Parmi les revenus
dont il est fait mention à cet acte, relevons « les deniers de la
chaîne » ^ denarios calenœ — peut-être analogues à ces offrandes
de l'autel de saint Léonard, dont nous avons vu Jeau-sans-Terre
(<) Rua de Furno ou Mas. lier publicum de Furno ou Mas (Gélérier).
Peut-être est-ce la môme que celle du Four-Anglaret ou des Ecoudières.
(2) Carreria deu Potz Molenier. Anle puteum lo Molenier, 1449 (ibld.)\
rua Yocala de Puteo au .Molinier, 1469 (Ghapilrc).
(3) Rua de Fonte a la Peyra (Chapitre).
(4) Carreria vocala de Orlo Prions {ibid.). CeUe rue devait être peu
éloignée de la caserne actuelle de gendarmerie.
(5) M. Ghampeval nous en a signalé une mention en 1730, dans les
registres paroissiaux ou dans les minutes de l'élude B&chet : c'est la plus
récente que nons connaissions.
(6) Claustra, et officinas, et terram in qua edificant, conccdimus
(Biblioth. nationale, manuscril latin n° 12747, p. 476).
(7) Ibid., p. 479.
LA COaillUNR DB SAINT-LÉONARD DR NOBLAT AU XIII^ SIÈCLE. 39
se saisir en 1203. Ou sait que des chaînes laissées en ex-voto par
les pèlerins étaient appendues jadis au mur de l'église, au-
dessus et des deux côtés de la grande porte.
Le collège de clercs chargé de desservir l'église des saints
Trophime et f^nard fut soumis à la règle des chanoiues de
Saint-Augustin parle pape Eugène III (1 145-1153). Au xiii* siècle,
le titre de chanoine leur est constamment donné. Ils ont un
prieur et un sous-prieur. Le bénéfice prioral subsistait encore
à la Révolution ; mais la conventualité s'était éteinte depuis
longtemps, et aux chanoines réguliers avaient succédé, dès le xvi''
siècle, des chanoines séculiers.
Les bâtiments réguliers ont disparu depuis longtemps : ils
occupaient une partie de la place Denis Dussoubs (ancienne
place de l'Abbaye) et s'étendaient derrière Tabside de la grande
église, au sud-est surtout, semble-t-il. Le cloître, au xiii® siècle,
devait être assez vaste, puisqu'en 1272 les consuls et la commune
y prêtèrent le serment de fidélité à Philippe III, roi de France,
entre les mains de trois commissaires royaux (1). Vers 1236, ils
avaient prêté le même serment à Tévêque Durand d'Orlhac, dans
l'église de Saint-Léonard, derrière l'autel (2), probablement sous
l'arcade qui supportait les reliques.
La maison du prieur, qui se trouvait en dernier lieu, d'après
M. l'abbé Arbellot, tout à côté de l'église Saint-Etienne, au nord
de la place Denis Dussoubs, et de l'autre côté de l'ancien passage
ou rue qui allait du carrefour A la Belarbre à la p'iace commune,
tombait en ruines au commencement du siècle dernier : elle fut
reconstruite par le prieur Libéral Jouvenel de Maranzac, nommé
au bénéfice en 1712.
Il n'entre pas dans le cadre de celte étude de décrire la belle
église de Saint-Léonard, son élégant clocher et son curieux bap-
tistère. Nous nous bornerons à rappeler que le portail du moû-
iier est souvent mentionné dans les confrontations des xiii®, xiv°
et xv« siècles. Il est à peu de distance de la salle épiscopale, et la
rue qui conduit à l'hôtel du prélat passe au-devant de ce por-
tail (3). Il s'agit évidemment de la porte ouest, qui est restée la
principale entrée de l'édifice et fait face à la rue actuelle de la
Mairie.
(1) V. Appendice, A, n» 6.
(2) Appendice, C, Vil, nM27.
(3) Inter... et portale monaslerii, quadam via publica, par quam ilur
et rcgredilur ab eodem porlale adversus aulam episcopalcm, intermedia,
i'Sôi (Chapitre).
30 société ARCBéOLOOiQXJE Kt fflâTOmHîUB DU LfHdtmiN.
La plus ancienne des églises de la ville était Notre-Dame,
construction peu importante d'ailleurs, distante de vingt-cinq ou
trente mètres de la grande église, et dont remplacement, occupé
en partie par la place Gay-Lussac, se trouvait à peu prèà au
débouché actuel de la rue Notre-Dame, entre la rue des Etages
et la rue de Baint-Léonard. Elle avait été fondée par le patron
du lieu lui-même, et avait servi de chapelle aux solitaires qui en
furent les premiers habitants. On tenait que là s'était élevé le
monastère primitif (t).
Après la mort de saint Léonard, son corps fut inhumé à Notre-
Dame, sou» l'autel 11 y demeura plusieurs siècles; on le trans*
porta dans la grande église après l'achèvement de cette dernière;
mais le tombeau de marbre qui avait couvert les restes du ser-
viteur de Dieu demeu,ra dans le vieux sanctuaire; on l'y voyait
encore au xvii* siècle. Il était alors placé dans la nef (2).
A cette époque, l'église de Notre-Dame était à peu près aban-
donnée. Elle avait longtemps été l'objet d'une dévotion toute spé-
ciale. II y existait plusieurs vicairies et chapelles particulières ; on
y voyait notamment « la chappelle, monument et sepulchre » des
seigneurs du Muraud. Notre-Dame avait été desservie par quinze
(ou quatorze) chanoines ou communalistes et vicaires prében-
des (3). Nous avons trouvé eu 1283 mention d'une confrérie des
prêtres et des clercs séculiers de Noblat (4). Peut-être s'agit-il ici
de la communa'uté de prêtres séculiers ou de chanoines qui des-
servaient l'antique église.
On n'a aucune description de cet édifice. Nous savons seule-
ment, par de nombreux textes du xiii* siècle, qu'un porche
— portkus — existait au devant de l'entrée de Notre-Dame.
On voit quelques restes de l'église paroissiale de Saint-Etienne
au débouché de la rue dont le nom conserve le souvenir de cet
ancien édifice. Le bâtiment, qui parait avoir eu une certaine
importance, s'élevait à très peu de distance de la grande église,
au nord, en avant des bâtiments du prieuré, dont il paraît avoir
(1) In qua quidem olim, ut puto, et primitus extitit cœnobium Nobilia-
censé. (Man. lat. 12,747 de la Bibl. nationale, p. 125, 1)6, 127.)
(2) El haclenus asservant Sancti Leonardi tumulum marmoreom, oiim
subtus altare, modo in navi ccciesiolse situm (Ibid,).
(3) L'abbé Oroux, Histoire de la vie et du culte de saint Léonard.
Paris, J. Barbou, 1760, p. 38, — et man. latin 42,747, p. 126, 127.
(4) Confratres confralrie Sancte Marie presbiteromm etclericorum secu-
larium Nobiliacensium ^Archives départ., Chapitre, liasse 124).
LA COMVUNS or. SAIEtT-LSONAnD DR NOBLAt AU XITK® SfÈCLB. 31
été séparé; ainsi que du Moûtier, par un passage public faisant
communiquer le carrefour A la BelarbÉ-e dvec la grande place.
Saint-Etienne existait dès le xii'' siècle et se trouve nommé au
Carlulaire d'Aureil (ï). La cure était à la présentation du prieur
de Saint-Léonard, et le curé avait une place de chanoine.
Il est difficile de dire exactement où se trouvait Féglise ou
chapelle de Saint-Jean, qui paraît avoir eu aussi, au moins au
XIV' siècle (2), le titre de paroisse. Elle était, d'après un texte de
cette époque, située près du Moùtier. Peut-on la retrpuvor dans
la chapelle de saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Évangéliste
« sous les voûtes du prieuré », dont parle l'abbé Nadaud? Cette
dernière était une simple vicairie à la nomination du prieur. Le
bénéfice avait été autrefois à la présentation des seigneurs de
Laron (3). Saint-Jean servit, au xvii" siècle, d'oratoire à la com-
pagnie des pénitents blancs. Il ne serait pas impossible que la
chapelle ronde du baptistère, aujourd'hui dédiée à sainte Anne,
ail été, dans le principe, placée sous l'invocation de saint Jean.
Deux autres églises, Saint-Michel et Saint-Jérôme, dont la
première au moins a été le siège d'une paroisse, sont signalées
dans d'anciens titres. Saint-Michel est mentionnée aux xvii« et
xviii* siècles. Simple chapelle de la grande église, elle se déta-
chait au sud de la nef, non loin de Saint-Jérôme.
La construction de ce dernier èdiflce ne remontait pas au-delà
du XVII* siècle. C'était une chapelle parallèle à la nef de la grande
église, appuyée au mur méridional. Elle a subsisté jusqu'à
une époque peu éloignée de nous. La « royale compagnie » dos
pénitents bleus s'y réunissait. Elle occupait une partie de Tas-
siette actuelle de la place Saint-Jérôme.
L'église de Champmain, qui existait au xiii'' siècle, depuis
fort longtemps peut-être, et qui devint, auxvii» siècle, un simple
oratoire où la confrérie des pénitents blancs installa d'abord sa
« tribune », fut longtemps une église paroissiale. C'est ce qu'atteste
le titre de curé — rector — donné en 1357 au prêtre chargé de la
(I) In domo Pétri RanulB, ad caput ecclesie Sancli Slephani.
(3) Capellano seu rectore ecclesie seu capelle Sancli Johannis de Nobi-
Haco, — Geraido Forestario, rectore capelle sancli Johannis (Donation de
Pascal Phélipot pour des anniversaires, Arch. de la Haute-Vienne, Cha-
pitre de Sainl-Léonard). In capella Sancli Johannis prope monasteriuni
dicti loci (Evôché, Reg. Mea Sancta Maria, fol. 20).
(3y Oroux, Vie de saint Léonard, p. 250.
32 SOCIÉTR ARCHÉOLOGIQUR RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
desservir (1). L'église était placée sous Tin vocation de saint
Martin ; elle possédait une vicairie de Saint-Georges. Cette cure
était à la nomination du prieur de Saint-Léonard. Auxviii' siè-
cle, la paroisse de Champmaiii n'exisiait plus et avait été réunie
à Saiat-Etienne. L'église n'était plus qu'une chapelle sous le
vocable de sainte Marie-Madeleine, où les pénitents feuille-
morte faisaient leurs exercices. Celte compagnie la fit rebâtir en
1815. C'est aujourd'hui la chapelle du cimetière. L'église de
Champmain était distante d'une centaine de mètres seulement
des remparts.
Comme la précédente, l'église de Notre-Dame-de-la-Chapelle
était hors les murs, mais beaucoup plus éloignée de la ville.
Elle fut, dès le moyen âge, la paroisse du château de Noblat.
Au XIV' siècle, cette église avait pour patrons les seigneurs de
LaroQ. Le nom de Gouffier de l'Age au Mont, curé ou prieur de
Notre-Dame-de-la-Chapelle, nous est fourni par un document
auquel nous avons déjà emprunté un certain nombre d'indica-
tions (2). Jadis à la collation du prieur, l'église de La Chapelle
n'était plus qu'à sa présentation dès le xvii* siècle.
La maison de l'Evêque — manerium Episcopi — appelée le plus
souvent : la Salle épiscopale — auia episcopalis — est, aux xiii* et
xiv^* siècles, un des principaux édifices de Saint-Léonard. Elle
semble avoir été située près de Téglise, sans doute un peu en
arrière de la mairie actuelle. La construction pouvait remonter au
XI* ou XII* siècle. — Comme celle de Saint-Junien, la salle épisco-
pale de Saint-Léonard sert à la fois au prélat de tribunal, de
salle de réception et de festin, et de pied à terre. Ses officiers
paraissent aussi y avoir un logement. 11 est vraisemblable qu'une
pièce y a été ménagée pour servir de chapelle : la Chronique
de Maleu nous apprend que Sébrand Chabot fit construire une
chapelle dans l'hôtel épiscopal de Sainl-Junien et que celle cha-
pelle fut achevée en 1190 (3).
A côté de la salle de l'Evêque se trouvait sa prison, accessoire
nécessaire de son tribunal (4).
(1) Leonardo Negret, priore seu rcctore ecclesie de Campo Magno
(Donation de Pascal Phélipol déjà citée).
(2) Golpherio de Agia Monle, capellano seu priore ecclesie Béate Marie
de Capella, prope et super castrum Nobiliaci (Ibid.)
(3) Chronique de Maleu, publiée par M. Tabbé Arbellot. — Saint-
Junien^ Barret, 1817, p. 61.
(4) in prisioneepiscopi,juxtaaulaniepiscopalem (Enquêtes du xiii^' siècle).
tA COllXUNE OB SAlNT-LéorrÂRD DE NOBLAT AU XIII* SIECLE. 3^
Quelques arcatures élégantes des^xiii* el xiv' siècles, engagées
daus le mur d'une maisou particulière, presque en face de la prin-
cipale porte de la grande église, voilà tout ce qui reste de Tancien
hôtel- de- ville de Saint-Léonard. La tradition qui place en cet
endroit la maison du Consulat est conârmé^e par d'anciennes
confrontations. Ainsi il résulte de plusieurs textes du xiii^ siècle
que rhôtel-de-ville était situé près de l'église et de la salle
épiscopale; or on vient de voir que celle-ci se trouvait, en effet,
à quelques mètres de l'emplacement que nous signalons. Il
résulte d'un texte de 1449 qu'à cette date le Consulat se trouvait
devant l'église du Moûtier et confrontait aux maisons de Pierre
Peynaud, ayant appartenu l'une à Joubert Flory, l'autre à
Pierre Desmoulins (1). Un autre passage du même document
indique que ces divers immeubles étaient sis dans la rue Nègre
ou rue Noire (2). En 1420, les consuls ont vendu à Vincent Fabri
une maison ayant appartenu à Jean des Moulins, placée autrefois
entre la maison de Léonard Mourinaud et la maison ou grenier
ayant, d'ancienne date, appartenu à Jean des Moulins et séparée
par la voie publique de la salle épiscopale (3). L'immeuble
vendu ne serait-il pas une dépendance de la maison commune ?
Il résulte des témoignages recueillis à la fin du xiii" siècle, au
cours des diverses enquêtes, que les bourgeois avaient fait cons-
truire, vers 1260, le bâtiment où était alors le siège de l'adminis-
tration municipale. Il n'est pas impossible que les ogives qu'on
voit encore en face du portail de Téglise aient appartenu à ce
premier hôtel-de-ville.
L'hôpital de Saint-Léonard — Hospitalis paupeimm — fut, dit-
on, fondé en 1191. Legros signale son existence en 1263; elle est
attestée vers 1250 par divers documents. Il en est fait mention
aux anciens Registres de l'Evêché, où on trouve trace d'une
(1) In domibus Pétri Peynelli, quarum una fuit Jouberti Flori, et alia
Pelri de Moleadinis, sitis ante monasterium Sancti Leonardi, inter do-
mum Consulalus ex una parte et domum Johannis Bussier (Reg. Gélérier).
(9) In carreira Nigra, inter domnm Johannis de Trcys, alias Bussier, et
domos que qnondam fuernnt Pétri de Molendinis, modo Pétri Peynelli.
(Ibid.)
(3) Domus... que antiquilus fuit Johannis de Molendinis, sita... inter
quamdam domum Leonardi Mourinaud! , ex una parte, etaliam domum sive
granier qn^ antiquitus fuit dicti Johannis de Molendinis, ex alia, et aulam
episcop^lem seu domos episcopatus Lemovieensis, quadam rua publica
intermedia, ex altéra (Chapitre).
T. xxxvn. 3
34 ^OCliTR AftCRÉOLOGIQUR RT RISTORIQUK DO tISOCStIC.
enquête ordonnée par le Roi à la fin du xiii'* ou au commen-
cement du xiv« siècle, â l'occasion d'un différend entre TEvêque
et les Consuls (1).
Enfin le registre Ttix hodiey du fonds de Tévêché, aux archives
de la Haule-Vienne (2), contient le texte d'une bullo pontificale
donnée au profit du prieur de (Hôpital des pauvres de Saint-
Léonard contre les collecteurs d'une taille levée par ordre du
prince Noir. Peut-être s'agit-il du fouage qui excita un si uni-
versel mécontentement et devint la principale cause du soulève-
ment de tout le pays.
C'est à l'hôpital, désigné sous le nom d'Hôtel-Dieu — Domus
Dei — qu'au xni* siècle les magistrats municipaux envoient les
denrées saisies par eux au cours de l'inspection des marchés et
des boutiques, quand ces denrées ne sont pas malsaines : les
pains n'ayant pas la dimension réglementaire, par exemple (3).
Outre Thospice, il existe, dès une date fort reculée, une mala-
dreriehors la ville, au bord du ruisseau du Tard. Elle est appelée :
tantôt r//i/îr7nfnc du Temple, tantôt la Maladrerie ou Maladerie.
De là le nom de Riou las Infermas (pour Infirmas) donné au Tard,
et de Fontaine des Infirmes et Beure ou Boire des Malades, qu'on
rencontre souvent du xii® au xvni'' siècle (4). On trouve aussi
mention du Cimetière des Malades en 1692. Outre les cimetières
des églises, il existait, dès 1«) moyen âge, un champ de repos
important à Champmain (5).
Nous n'avons pas parlé ci-dessus de l'église ou chapelle de
Saint-Martial au Pont de Noblat, où se réunirent, au com-
mencement du xvii^ siècle, les membres de la compagnie des
Pénitents Feuille-Morte avant d'installer â Champmain leur
oratoire. Nous ne connaissons aucune mention de cette chapelle
antérieure à 1500.
Pour la même raison, nous n'avions à parler ni du couvent des
RécoUels, fondé près et hors la porte Aumônière (maison Jullien)
en 1594, ni des Filles-de-Notre-Dame, établies en 1652 au sud de
(4) Lillera qua Rex mandai certis commissariis quod inquirant de jure
quod Consulcs Nobiliaconses se dicebanthabcre in domo hospilatis Nobi-
liacensis, et de cxplectationc quam fecit cisdem Episcopus Lemovicensis,
qui indicto hospitali intruserunt quemdam nomineMarcialem, et inquirant
veritalem et inquestam remlctanl partibus (O Domina, f, 88 vo).
(î) Fol. 64 r«.
(3) Appendice C, VI. nM13. '
(4) Minutes Bachet et Registres paroissiaux*
(5) Note de M. Champeval.
LA COMMUNS DB SAlNT-LÉONAnD DE r^ORLAt AU Xlir SIECLE. 3(^
Téglise de Saint- Léonard, sur remplacement acluel de la gendar-
merie.
La construction de la première enceinte fortifiée de Saint-
Léonard paraît remonter, comme on le verra plus loin, au règne
de Richard Cœur-de-Lion. Tout au moins nos Annales rappor-
Icnt-elles que le duc d'Aquitaine, délivré de sa prison, se rendit
en pèlerinage au tombeau du patron de Noblat, fit restaurer
l'église, construire des portes fortifiées et « clore » la ville. Ces
murailles furent réparées à plusieurs reprises, notamment à la
fin du XIV* et vers le milieu du xv"* siècle. En 1382, Charles VI
autorisa les consuls à percevoir, pendant deux ans, une aide pour
faire face aux dépenses de ces réparations (1).
I^es remparts ne comptaient pas moins de six entrées au
xiii* siècle; c'étaient les portes Aumônière, Font-Pinou, Bou-
zou, Banchereau, Champmain et Champlepot. Il n'est pas absolu-
ment démontré, toutefois, que la porte du Pis, mentionnée au
milieu du siv« siècle, n'existait pas soixante ou quatre-vingts ans
auparavant : ce qui porterait à sept le nombre des entrées de la
ville. Il faudrait peut-être y ajouter la poterne Maupertuis.
La plus importante de ces portes, qui s'ouvraient probablement
toutes sous une tour, était la porte Aumônière. On comprend
aisément que dès l'origine il en ait été ainsi ; elle se trouvait cons-
truite en face du château de Noblat, au point même où aboutis-
sait le Pavèy principale avenue de la ville, qui parlait du pont et
où venaient déboucher tous les chemir.s qui mettaient Saint-
liéonard en communication tant avec la rive gaucho de "la
Vienne qu'avec une partie des territoires de la rive droite : ceux
de Limoges notamment, de Pierrebufflère, de Châleauneuf et
d'Eymouliers.
La porte Aumônière (2) devait-elle son nom aux distributions
charitables des religieux ou à rétablissement d'une de ces
anciennes aumônes municipales que le chroniqueur de Vigeois
assure avoir été fondées vers le temps de la première Croisade?
Bien que la commune paraisse n'avoir éié constituée qu'à la fin
du xii** siècle, nous serions assez porté, surtout à cause de la
proximité de l'hôpital, à admettre la seconde hypothèse. Ce qui
tendrait à la confirmer, c'est qu'il existe, au xv® siècle, à Saint-
(I) Ordonnances des Rois de France, t. XII, p. 126.
(ï) Perla de Elemosina, Elemosinaria, porta de Lamoniera (procéd.
xm^" siècle)^ porta de l'Oumosnicyra, U49 (Reg. du Célérier); l'Oumo-
nieyro, tiran a la dicha porta (Rcg. Massiot}.
36 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UHOUSlH.
Léonard, uae confrérie dite des Aumônes du Consulat, et que les
revenus de l'œuvre sont administrés par les magistrats munici-
paux (I).
Nous verrons plus loin que, le plus souvent, l'exécution des
peines corporelles prononcées par les consuls, l'amputation des
membres en particulier, avait lieu à la porte Aumônière.
C'était aussi très généralement à cette porte que les consuls
conduisaient les criminels condamnés au bannissement et leur
signifiaient la défense de rentrer jamais dans la ville.
On a vu plus haut que la rue Aumônière, ou une ruelle adjacente,
portait le nom de rue de Malpartus, ou de Maupertuis. Un por
tail ainsi appelé se trouve souvent mentionné dans les procé-
dures du XIII* siècle (2). On ne peut guère identifier cette porte
avec la porte Aumônière, car on voit en 1307 les officiers du
pariage aller frapper à la porte Maupertuis après qu'on leur a
refusé l'entrée de la porte Aumônière (3). Ce n'est pas une simple
arcade ouverte, car là a été établie la principale prison des
consuls (4) et il en est souvent question dans les enquêtes ; celles-
ci nous apprennent que le portail de Maupertuis a élé réédifié
par les chefs de la commune vers 1240 (5).
Il faut en conclure peut-être que Maupertuis était une poterne
fort rapprochée de la porte Aumônière.
Nous n'avons trouvé nulle part de mention relative au fau-
bourg de la porte Aumônière; mais il n'est pas douteux que des
maisons fussent construites, dès une époque fort ancienne, des
deux côtés du Pavé.
La porte Font-Pinou servait, comme Maupertuis, de prison
communale. Elle est également mentionnée au temps de Phi-
lippe III et de Philippe IV (6). Un faubourg s'était construit
dans le prolongement de la rue qui y conduisait. Son nom
({) Memoric sero quod V*' argent une veys paiade, que monsenhucr
Giraud Massioth... avio donat a Las Oumosnas de Consolai en son tes-
tament, que yeu, Johan Massioth, las ay paiadas... Sero memorie de en
aveir quixtance de Consolât, 1475 (Beg. Massiol).
(î) Portale de Malo-Pertusio, de Malpartus, de Malparlut.
(3) Leymarie, Bourgeoisie, t. il, p. â79.
(4) Prissio de Malo Pertusio est in mûris (Evéché, 2440).
(.5) Et sunt quin^uaginla anni quod vidit rcfici pcr consules portale
murorum quod vocalur porlale de Malo Pertusio (Témoignage de Pierre
Tutonis, 198B).
(6) In prisione consulum, in portalicio de Fonte-Pino (dép, de Jean
Dubois, prêtre, 1288); — Porta de Fonpino, U49 (Reg. Célérier).
LA CO>IMUNK DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII« SIÈCLE. 37
est lire du voisinage d'uae fontaine située hors des murs, qui
existe encore et qui alimente le lavoir établi à gauche de l'arrivée
actuelle de Limoges.
Un litre de 1357 mentionne la porte du Pis (t), qui était selon
toute vraisemblance construite à peu près à l'endroit où débouche
la rue de la Poste, sur la roule de Clermont, Il est parlé en 1315,
1340, 1357 et 1449 du faubourg qui avoisinait celte porte (2) et
qu'on trouve encore en 1756 avec la dénomination de faubourg
des Pis (3). C'est aujourd'hui le faubourg Paradis.
La porte Bouzou existe certainement au'xn* siècle et doit être,
par conséquent, une des plus anciennes de la ville. Les carlu-
îaires d'Aureil et de L'Artige la signalent et rappellent porte de
Boson (4), indiquant ainsi une étymologie qu'il faut bien adop-
ter, mais sans grand espoir d'éclaircir l'origine historique de ce
nom. Toutefois nous avons dit plus haut que parmi les membres
de la famille de Royère, qui habita le château de Noblat et pos-
séda certains droits sur la ville, on note l'existence d'un Bozon en
1189, c'est-à-dire vers l'époque même où Richard Cœiir-de-Lion
fait construire les fortifications.
Au XIII" siècle et aux siècles suivants, les mentions de la Porte
Bouzou ne sont pas rares (5), non plus que celles du faubourg
qui s'étend au-delà. (6).
La porte Banchereau est souvent désignée à d'anciens titres ;
mais quelle est la forme régulière de ce mot et sa véritable or-
thographe? On trouve, dans le dernier quart du xiii" siècle, Ban-
cheriau, Bancherau et Bancherain (dép. Léonard Goudelli),
Blancherain (Jean du Bois). On ne relève pas moins de variantes
dans la dénomination du faubourg qui s'étend aux abords de
cette porte. Il est appelé Boucheriau et Bocheriau en 1288(7),
Banchareu et Banchoreu plus tard. Ce nom ce conserve-t-il pas
le souvenir d'une ancienne boucherie ou d'abattoirs? On peut le
supposer, la rue sur laquelle ouvrait cette porte menant direc-
tement au M arché-aux- Vaches.
(1) Prope portam dou Pis et juxta fossatum dou Pis (Chapitre).
(2) Liasses Chapitre et reg. Célérier.
(3) A un terrier de M. le baron de Vcrnon. Note de M. Champeval.
(4} Extra portam de Noallac que dicitur porta Bozonis (cartul. d'Aureil,
fol. 11). Ad portam Bozonis (cart. de L'Artige, fol. 27).
(5) Porta de Bousou (dép. de Martin Le Tourneur, 1288); ante porlam
de Bozo (Reg. Célérier).
(6) In barrio de Bouzo, in vico de Bouzo, in vice de Bouzon (dép. de
Pierre d'Arfeuille et autres); in barrio de Bozo, Ii«l5 et 1325 (Chapitre).
(7) In vico vocalo au Boucheriau.
38 SOCIKTF- ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIR.
Dans tous les cas, il faut noter qu'en 1449 le faubourg de Ban-
chereau ou une section de ce faubourg est appelé de « Vieille-
Vialle » (Ij. Vialle est un* mot d'un emploi très fréquent dans
notre région et qui signifie Vallée.
Est-ce au même faubourg que se rapporte une mention des
« Barris de Vieille Selle » au xiv* siècle (2)? Ce serait dans ce cas
une mauvaise lecture ou une forme corrompue.
Une ancienne liève de l'hôpital signale en 1751 la Croix Saint-
Thibaut au faubourg Banchereau. On sait qu'autrefois des croix
étaient plantées à Textrémité des faubourgs; elles indiquaient
les limites de certaines juridictions et spécialement des circons-
criptions paroissiales. C'est dans ce sens qu'on doit entendre
Texpression intra cruces qu'on rencontre si souvent dans des
pièces émanant de l'autorité ecclésiastique.
On observe encore, à l'extrémité de la rue de Champmain, un
massif de maçonnerie épaulant solidement une maison et mar-
quant l'emplacement de Tanlique porte de Champmain (3). Elle
s'ouvrait en face de ce plateau où, à la fin du x« ou du xi* siècle,
les personnes atteintes du mal des Ardents s'étaient réunies et
furent guéries par l'intercession de saint Léonard, dont les
reliques avaient été transportées en procession au sommet du
plateau.
Nous verrons plus loin que les consuls rendirent parfois la
justice sous le portail de Champmain. L'évoque ne put nier que
des assemblées de ville ne s'y fussent tenues.
Mentionnée au xhi^* siècle, la porte Champlepot, appelée à cette
époque Chaplepa (4;, est dénommée en 1480 et en 1485 Porta de
Challepa (5). La rue qui aboutit à cette porte, venant du marché
aux porcs, a le même nom, orthographié Chatlepa en 1366 (6) et
Chaplepa en 1449 (7). Le faubourg est appelé de Challepa et de
Chaplepa au xiv« siècle. Il y existe une fontaine, et à Textrémité
sans doute, s'élève une croix connue sous le nom de La Croix au
Comte (8).
(1) Iq barrlo de Banchareu, nuDcupalo de Vielhe VUilo (Gélérier).
(8) In loco qui dicitur aua barriz de VUUe Se^fe (Chapitre).
(3) Porta de Gampo Magoo (dép. Léonard Goudelli, 1288); — Portale
qaod dicitur Campus Hagnus (dép. Pierre Tutonis).
(4) Enquête de 1288,
(5J Reg. Massiot et arch. Chapitre.
(6) Chapitre.
(7) Célérier.
(8) In barrio de Chaplepa, inter. iter publicum per quod itur de fonte de
Chalepa ad crucem ou Conte, xiv» siècle (Chapitre, liasses non cotées), in
barrio vocatur de Challepa, 1367 (Arch. familles, liasses non cotées).
LA COUMCNS DE SAINT-LÊONARD DE NOBLAT AU XIll^ SIÈCLE. 3d
Où était placée la porte de Leyssay, doul il est parlé en 1449
au regisu*e du Célérier? Nous l'iguorons absolument, mais nous
avons quelque raison de penser que ce nom désigne une des por-
tes ônumérées plus haut. Le registre en question mentionne en
1449 le carrefour de Leyssay et la rue de Leyssay, près le mur
do la ville. Peut-être faut-il voir dans ce mot la corruption d'un
nom que nous avons relevé dans la déposition do Pierre de
Rocamadour en 1288 (i), et que nous croyions avoir mal lu.
Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que la porte de Leyssay
n'éUtit pas la même que la porte Aumônière(2). Un document de
1490 permettrait de l'identifier avec une des portes voisines de
cette dernière : peut-être Font-Pinou.
IIL — LES SEIGNEURS DE NOBLAT : l'ÉVÊQUE DE LIMOGES; LES
NOBLAT, LES BRUN, LES TIGIER, LES ROYÈRE, LES MARCHÉS.
On a VU plus haut (3) les évoques de Limoges soutenir, pendant
un demi-siècle, une lutte à peine interrompue contre les rois
d'Angleterre, ducs d'Aquitaine; durant cette période si agitée, ils
furent constamment les appuis les plus fermes du parti français
dans la province, et celui-ci trouva en eux ses chefs les mieux
obéis. Les successeurs de saint Martial, il faut le rappeler,
n'étaient ni des adversaires sans importance ni des alliés à
dédaigner. On chercherait en vain, dans tout l'ancien territoire
Lémovice, un baron aussi riche et aussi influent que le fut, aux
XI* et xïi* siècles, le prélat placé à la tête du diocèse. Maître,
sur une étendue de vingt-cinq lieues, du cours de la principale
rivière du pays, qu'il tenait par les villes échelonnées sur toute
la traversée actuelle du déparlement de la Haute-Vienne, il
était presque nécessairement mêlé à tous les incidents qui pou-
vaient survenir dans celle région. Ses domaines jetaient, de
l'Est à lX)uest, comme une sorte de petite Marche entre les
états des comtes de Charroux, plus tard des Lusignan, et ceux
des vicomtes dont les fiefs se partageaient le diocèse au Sud. Il
possédait la plupart des villes et bourgs importants du pays :
la Cité de Limoges, Brive, Saint-Léonai*d, Baint-Junien, Eymou-
(!) Portam dictam Lauchasavi ou Lanchasavi.
(2) Inter lier tendens de perla de Lousmosnieras ad ponlem Nobiliaci
et aliam de Ponte Nobiliaci ad porlale de Leyssay (Chapitre).
(3) Chapitre 1, p. d, 7, etc.
40 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DD LIMOUSIN.
tiers, Alassac, Donzeuac, Laurière et bien d'autres. Aucun
propriétaire laïque ou ecclésiastique, le vicomte de Limoges
lui-même, n'étendait la main sur autant de châteaux. Sans
parler du château épiscopal de la Cité et de celui d*Islo qu'il
tenait lui-même aux xni* et xiv* siècles, uous voyons les La Brosse
lui prêter l'hommage pour celui de Boussac ; les comtes de La
Marche pour ceux de Laurière et de la Motte de Salagnac ; les
Rançon, puis les Valence, pour celui de Rançon; les Ghabanais
pour Châteaumorand et Veyrac; les Nieul, puis les Montrocher
pour Nieul ; les de Gain pour la Motte; les Razès pour leur tour
et pour plusieurs petits manoirs ; les Bodoyer pour Compreignac ;
les Noblat, les Brun, les Marchés, les Châteauneuf et les Vigier,
pour Noblat, Brignac, etc.; les Vontadour pour Peyroux et
autres repaires ; les Beaujeu pour Bellefaye ; les Malemort et les
Saint-Michel pour Malemort, Donzenac, etc.; les Turenne, les
Malemort et les consuls de Brive pour cette ville ; les Comborn
pour leur château, la châtellenie et la vicomte toute entière; les
Roffignac, les Saint-Aulaire, les Cosnac, les Cornil, les Sainte-
Fortunade, les Ghanac et vingt autres, pour une multitude de
tours ou de manoirs semés dans tout le bas pays.
A quelle époque et comment s'était formée cette puissance
féodale? Nous ne saurions le dire précisément. Née, sans
doute, lors de la défaite des Visigoths et de la prise de possession
de la contrée par les Francs, elle paraît s'être accrue à la suite
de la victoire définitive de Pépin sur Waïffre, dont l'Eglise avait
eu fort à se plaindre. Louis-le-Pieux, Gharles-le-Chauve durent,
à l'imitation de Pépin, se montrer généreux pour les évêques, qui
furent toujours sous leur règne des sujets obéissanls. Au cours
du XI* siècle, plusieurs hommes intelligents et énergiques, appar-
tenant aux plus grandes familles du pays, occupèrent le siège épis-
copal. A la mort d'Ebles, fils et frère de ducs d'Aquitaine, on avait
vu la crosse de saint Martial remise aux mains d'Hilduin, frère
d'Ebles, puis à celles de Gérald, neveu de ses deux prédécesseurs
et frère du vicomte de Limoges. A Jourdain de Laron, qui se
fit élire et installer malgré les efibrts du vicomte de Limoges et
la compétition d'un fils de ce dernier, succéda Itier de Ghâlus,
lequel fut remplacé par un autre Laron, Gui I. Tous ces prélats
jouèrent un rôle important au cours des événements de ce siècle,
et leur autorité politique s'affirma en même temps que se déve-
loppait et se classait, en quelque sorte, leur état féodal.
Ne faut-il pas attribuer à Jourdain et à Gui, et de préférence
au premier, l'acquisition, au siège épiscopal de Limoges, du cfaâ-
LA COMMUNE DE SAINT-LÈONABD DE NOBLAT AU XIII* SIÈCLE. 44
teau de Noblal? Il n'y aurait àcelle hvpolhèse aucune iavraisem-
blance. L'abbé Oroux rapporte qu'après le départ des Normands
et à la faveur de la désorganisation générale, les seigneurs de
Laron s'étaient emparés de la justice de Saint-Léonard, et appuie
ce récit sur un texte du Chartrier du prieuré recueilli par
D. Estiennol; mais le texte auquel il est fait allusion et que nous
citons plus loin n'a trait qu'au monastère; au surplus cette
usurpation de droits mal exercés, négligés, peut-être même
abandonnés, n'est certainement pas la seule qui dut se produire
à ce moment. — Aux' siècle, le bourg de Saint-Léonard était-
il sous la dépendance du château? On ne saurait l'affirmer.
Peut-être appartenait-il au collège de religieux ou de chanoines
qui avaient succédé aux compagnons du saint ermite et avaient
défriché le canton. Peut-être le château aussi dépendait-il d'eux ;
mais cette dépendance n'existe plus dès le milieu du xi* siècle.
Avant cette époque un lien est formé entre le siège épiscopal et
la forteresse féodale qui a remplacé la maison de chasse des
princes mérovingiens. Une charte reproduisant les clauses de l'ac-
cord conclu, vers 1045, entre Guillaume Vde Poitiers et l'évêque
de Limoges, l'atteste de la façon la plus précise et dans des ter-
mes qui méritent d'être signalés. Guillaume était venu en
Limousin pour apaiser les restes des querelles dont la nomina-
tion de Jourdain de Laron avait été le point de départ. L'inter-
vention de la puissance laïque avait joué un grand rôle dans la
désignation du préiat ; on redoutait qu'il n*en fût de même quand
le moment serait arrivé de lui choisir un successeur. P'^ur
calmer les appréhensions du clergé, le comte de Poitiers consentit
à s'interdire de mettre un évêque sur le siège de Limoges en
dehors de la désignation du Chapitre et sans l'avis des nobles qui
possédaient les tours de Nieul et de Noblat — déjà hommagées au
prélat qui occupait le siège de Limoges, on n'en peut douter. S'il
n'en était pas ainsi, comment expliquer leur intervention à ce
choix ? Il ne s'agit évidemment pas ici d'une simple approbation ;
le mot conseil — consilium — employé par le rédacteur du traité
indique suffisamment une participation plus intime et plus
immédiate à la nomination de l'évêque. Il est expliqué qu Aimeric
de Nieul sera assisté d'un de ses fils : après son décès, ses deux
fils seront appelés à donner leur avis; de même les deux fils
d'Audoin de Noblat seront consultés. A leur défaut, cette préro-
gative sera exercée par les chevaliers qui tiendront à ce moment
les tours de Nieul etde Noblat (1). Ces précautions paraissent avoir
(I) 5i Comee Pictaoensls in çpiecopatum Lemoolcœ sedis mUterct
43 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUB KT HlSTOlilQUC DU LIMCiiSIN.
élé vaines, comme ea témoigne la lettre épl(>rée qu'adressaient
peu d'années après au comte de Poitiers les clercs de Saint-
Etienne (1). Ce fut la noblesse du pays qui choisit et imposa
Itier de Châlus.
11 ne faut pas oublier que Jourdain de Laron était prévôt ou
prieur du Chapitre de Saint-Léonard avant d'être élevé à Tépis-
copat (2), et qu'une charte des Archives de la Haule-Vienae le
montre, en 1027, donnant, d'accord avec sa mère Adalgarde,
l'église de Saint-Denis-des-Murs à l'abbaye de Saint-Martial, en
présence de plusieurs nobles, parmi lesquels il faut noter Adémar
de Noblat et Bernard Marchés (3).
En 1050, le même évéque donnait au Chapitre de Limoges la
tour supérieure de Châteauneuf, le donjon sur lequel elle s'éle-
vait, la forêt de Serre et des droits sur diverses chapelles et
terres (4). 11 lit sans doute d'autres libéralités à ce chapitre ou au
siège épiscopal lui-;nême. Peut-être est-ce à lui qu'il faut attri-
buer la constitution du domaine spécial de l'évêque, de la manse
épiscopale; celle-ci ne paraît pas avoir été, antérieurement au
XI" siècle, distincte de la dotation de l'église et du chapitre ca-
thédral.
Hilduin ou Andoin de Noblat, dont les fils sont désignés à
l'accord entre le comte de Poitiers et Jourdain de Larou, nous
est peu connu. Doit-on y voir le fils ou le frère d' Adémar de
Noblat, dont nous avons relevé le nom à la charte de donation
de 1027, émanant du même Jourdain et d'Adalgarde ? Nous ne
saurions le dire, et le Nobiliaire de la généralité de Limoges ne
nous fournit pas les documents dont nous aurions besoin pour
episcopum^ nullo modo esae factu/n (sic) sine electione et sine consiUo
Sancti Stéphane canonicorumy et sine consiUo Aimirici de Niolio, cum
uno filio suo si oious erit; cel [si] mortuus fuerit.cutn duobus suis filiis; —
siniiliter cum duobus filiis Alduini de Noblliaco^ si uioi erunt; al mortui
sunt^ cum consiUo illorum qui tenent iatas turres de Niolio et de Nobi^
liaco (Gallia Chrlstiana nooa, t. Il, Instrumenta, col. i7î.)
(4) Gallia Christ., t. Il, Jnstrum., col. 473.
(2) Elegit in cpiscopatus honore Jordanum, praBposilum ccclcsiœ Sancti
Leonardi, magnae nobililatis et simplicitatis virum. (Cliron. d'Adéniar de
Cbabannes, apud Labbe, Rerum Aquitan, Scriptores, t. II, p. 480.)
(3) A. Leroux, E. Molinier et A. Thomas, Documents historiques con^
cernant principalement la Marche et le Limousin. — Limoges, V« Duconr-
tieux, 1»83 et 188S, t. 11, p. 14.
(4) GalL Christ, nooa» t. Il, Instr,, col. 479. — Besly, Histoire des
comtes de Poitiers, p. 364,
LA COMMUNe DK SAIKT-LÊONARD DE NOBLAT AU XI1I° SIÈCLK. 43
établir, avec quelque netteté, la généalogie de cette vieille race
féodale. Trois ou quatre lignes seulement sont consacrées aux
Noblat dans cet ouvrage, et la plus ancienne mention qu'on y
trouve les concernant ne remonte pas au-delà de la fln du
xn" siècle.
Les renseignements fournis par diverses pièces de nos archi-
ves départementales, — les cartulaires des prieurés d'Aureil et de
L'Artige en particulier, — et par quelques recueils de la Bibliothè-
que nationale, nous permettent de suivre, dès la fin du siècle pré-
cédent, la filiation de la famille qui porte le nom du château de
Noblat et qui paraît être la plus ancienne des races féodales éta-
blies dans la forteresse des bords de la Vienne (1).
A GaubertouGauzbert de Noblat, mari de Pétrouille, lequel vit
dans les dernières années du xi* et dans les premières du xu* siè-
cle (2), succède Hildoin ou Audoin, son fils ; celui-ci, mentionné
avec son père (3), paraît avoir eu un frère du nom de Gui. Nous
avons déjà trouvé Audoin faisant une donation à la porte de la
salie de son château (4). H est marié à Conja ou Conia (5), dont
nous avons retrouvé le nom dans celui donné à une des portes
de la ville de Saint- Léonard. De cette union naissent plusieurs
enfants : Gui et Audoin (6) notamment. Gui épouse la fille
ou la veuve d'un des grands seigneurs du pays, car sa femme
Almoïs est appdée « la vicomtesse » (7) dans un acte dont la date
doit être cherchée entre 1139 et 1178, puisqu'il est fait sous le
règne de Louis VII et l'épiscopat de Gérald du Cher.
Gui eut plusieurs fils, trois au moins, dont l'un porta le nom
de Gaucelin et l'autre le même nom que son père (8). C'est le se-
cond que nous voyons figurer dans plusieurs textes de la fin du xii*
siècle, de 1188, 1192(9) et 1194 notamment, et à cette dernière
date il a pour femme Cama (10). 11 n'est pas à cette époque le seul
(1) Nous devons une partie do ces renseignements à M. G. dcSenncville,
qui prépare la publication des deux cartulaires d'Aureil cl de L'Artigc cl
auquel nous saisissons cette occasion d'exprimer notre gratitude pour
son obligeance. ,
(â) Gaubcrlus de Nobiliaco, avant H0O(Gart. d'Aureil).
(3) Cart. d'Aureil.
(4) Voir ci-dessus p. 48.
(5) Cart. de L'Artige.
(6) Cart. d'Aureil et de L'Arlige.
(7) Almois, uxor Guidonis de Noalac, la vescontessa, el filii ejus
Guido et alii duo (Cari, de L'Ariige,fol. «, v<>.)
(ë) Cari. d'Aureil. -
(9) Cart. d'Aureil et de L'Arlige.
(10) Bibl. nat., manuscrit latin 17148, fol. 3^4.
4i SOCI^.TÉ ABCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
maître du château de Noblat : un Raimond de Noblal, fils d'auti-e
Raimond, figure à des actes de 1189 et H93 (i). Au père ou au
fils se rapporte saus doute la mention R. de Nohiiiaco donnée sous
la date de 1174 par le cartulaire de TArtige. Peut-être Olivier,
cousin de Gui de Noblat, nommé au même document, vers 1188
ou 1190, appartient-il à la même branche. Est-ce le même qu Oli-
vier, nommé ailleurs oncle de Gui ? (2).
A Audoin ou Hilduin, fils de Gui et d'Almoïs, se rapporte sans
doute une mention intéressante du cartulaire d'Aureil : meur-
trier de Gaucelin de Royère, dans des circonstances que nous ne
connaissons pas, il vient demander aux disciples de saint Gau-
cher (3) de recevoir un chanoine doté par lui, en expiation de son
forfait et pour le salut de l'âme de sa victime.
Pierre de Noblat, mari d'Emelt, et Guillaume, chanoine
d'Aureil, fils d'Emell, sont nommés avant 1140 (4j. On connaît
un autre Pierre de Noblat, chanoine de Limoges (5). — Notons
encore Gérald de Noblat et Pierre Vigier, son frère, fils d'autre
Pierre Vigier de Noblat (6); Elie de Noblat, frère de Pierre Vigier
(entre 11 47- Il 89) et Elie de Noblat, frère d'Aimeric de Noblat
(même époque), qui figurent à des titres du cartulaire d'Aureil.
Une charte du même recueil, appartenante la seconde moitié du
xii* siècle, mentionne un chevalier de Noblat du nom de Turpin,
frère d'Adémar Salvaing et époux de Simiria, tequel pourrait
bien appartenir à la même famille. Les parents de ce Turpin
avaient été enterrés dans l'église d'Aureil. Il voulut reposer à
' côté d'eux. Son fils Ramnulfe et sa fille Marguerite furent inhu-
més, comme lui, dans le monastère fondé par saint Gaucher (7).
On trouve encore, au cartulaire d'Aureil, un Vrso^ chevalier de
Noblat, vers 1140. On peut se demander s'il appartient aussi à la
même famille.
(I) Cart. d*Aurcil et de L'Arlige.
(8) Cart. d'Aureil.
(3) Volumus ut sciant fratres nostri, présentes et futur!, quam domnus
Aldoiuus Nobiliacensis, venil in Aureliupri et intravit capitulum nostrum,
querens misericordiam cum magna devotione pro hoc quod sibi accideral :
Interfecerat enim Gauceliniim de Rocira, pro anima cujus postulavit ul
faceremus unum canonicum; quam postulationcm nos audientes, libenter
quod voluit executi sumuB.
(4) Cart. d'Aureil.
(5) Man. lat. 17H8, fol. 3.
(6) Cart. d'Aureil.
(7) Quidam miles de Nobiliaco, Turpinus nomine, positus in infîrmî-
tate de qua mortuus est, voluit sepcliri Aurclio juxta parentes suos. Filius
ejus Ramnulfus similiter; filia quoque ejus Margarita.
LA COUVUNË DE SAlKT-LéONÀRb Df! NOËLAt AU Xltl*^ SIECLE. 46
Quoi qu'il eu soit, les Noblat, comme on le verra plus loin,
habitôreol jusqu'au xiv* siècle le château dont ils portaient le
uom. 11 est fait mention de Jaubert de Noblat en 1220 et. en
1226 (I); de Gaubert (sans doute le mémo que Jaubert) et de Gui
on 1234 (2); d'Elie, damoiseau, eu 12:i0 (3) et 1253; d'Elie et
Pierre, frères, dans la seconde moitié du xiii* siècle (4); d'Olivier
en 1295(5); de Pierre, en 1339 (6). Nous les retrouverons plus
loin rétrocédant à l'évêque les fiefs qu'ils tiennent de lui.
Nous avons dit que le Nobiliaire se montre fort discret à l'en-
droit de cette famille. Il nous apprend cependant que Gui le
Grand de Noblat et sa femmj Cosme vivaient eu 1196 (7). Nous
les avons trouvés plus haut mentionnés l'un et l'autre deux ans
avant cette date (8).
Nous sommes très porté à croire qu'il y a identité entre ce Gui
et Gui surnommé le Brun — Guido de Nobiliaco lo Brus, — nommé
à une charte, malheureusement sans dat(3, du cartulaire de
L'Artige f9)? Mais nous ne saurions rien affirmer à cet égard; on
peut s^ demander d'autre part si Gui de Noblat le Brun ne serait
pas le même que Gui de Noblat de Montbrun, nommé à la date
de 1217 dans la chronique de Bernard Itier, moine de Saint-
Martial de Limoges (10), et que le G. Bruni du cartulaire de
L'Artige. Ce dernier a deux fils : Gui et R., — Roger, Robert ou
Baimoud.
II n'est pas invraisemblable, au surplus, que les Noblat, les Brun
et les Vigier, copossesseurs, dès le commencement du xiii* siècle,
du château de Noblat, soient trois branches issues d'une seule et
même souche. — Le nom de Brun donné à l'une de ces familles,
a fait croire à Tauteur du Nobiliaire que celle-ci était sortie des
comtes de la Marche de la maison de Lusignan (( I), dont deux au
moius ont porté ce nom. Mais cette hypothèse n'est guère admis-
sible, car à la fin du xii* siècle seulement on trouve ces derniers
(4) Arch. Haute-Vienne, D 1107.
(i) Ibid.,D\\\L
(3) Jbid.^ D 1H7 et reg. d'hommages de TEvôché.
;4) App.,C. VII, n» 125.
(5) Arch. Hauie-Vienne, D 1067.
(6) Registres d'hommages de i'Evêché.
(7) Nobiliaire de la généralité de Limoges, t. Ill, p. 298.
(8) Page 43 : à ce texte toutefois la femme est appelée Cama.
(9) Fol. 7, recto.
(10) Chron. de Saint Martial, publiées par Duplàs-Agirr, p. 100.
(11) NobUiaire, t. I, p. 267.
i6 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Kt HIStORIQUB DU LlMOUStN.
seigneurs avec le surnom de Brun ou le Brun, et dès avant 1119,
Aimeric Bruni a donné aux religieuses de Fontevrault le territoire
où s'élèvera le monastère de Bonbon (Ij. Un autre Aimeric Brun
fonde le monastère d' \ltavaux et construit plus tard le château de
Montbrun; c'est probablement celui que nomme à une charte
sans date le manuscrit d' Aureil (2). Le même (ou son fils) est tué
en 1214 à Rochefort en Anjou, et Jean-sans-Terre prend diverses
mesures pour la conservation des biens de ce seigneur et tout
spécialement pour la garde de son château de Montbrun. Nous
avons signalé plus haut Gui Brun et ses deux fils (Haimond, Ro-
ger ou Robert) et Gui. Nous trouvons Gui Brun, chevalier, en
1229; Aimeric Brun, coseigneur de Noblat, en 1234 (3). En
1^65, Pierre Brun, damoiseau d'Aixo, beau-frère des Frachet de
Châlucet;en 1275, Aymeric Brun, damoiseau, seigneur en par-
tie de Montbrun et du château de Noblat (4). Le Nobiliaire le men-
tionne, avec les mêmes litres, sous la date de 1253, et le montre
rendant à cette date le château de Noblat à Tévêque (5). Il s'agit
ici de l'hommage que nous signalerons phis loin. C'est sans doute
cet Aymeric qu'on voit appelé devant le prélat au sujet d'une
querelle avec un de ses coportionnaires du château (6). En 1274,
ce seigneur permet à la vicomtesse de Limoges, Marguerite de
Bourgogne, de mettre garnison dans la tour qu'il tient à Noblat,
et cette garnison, unie à celles d'Aixe et de Châlncet, continue
ses courses et ses déprédations même pendant le séjour du roi
d'Angleterre dans le pays (7j. En 1279, la fille d' Aymeric, Ayce-
line, a hérité de certains au moins des droits que celui-ci possé-
dait dans le château (8) et dont Gauceliu et Elie Brun ont joui
avant lui (9). Gui Brun, qui vit en 1295, 1304 et 1315, porte
encore le titre de seigneur en partie de Noblat (10). 11 est fils de
Guillaume et paraît être le dernier de sa famille qui se soit qua-
lifié du château.
(1) Locum Bobun, ex donc Pétri de Monlefreubo, Ylherii Beroardi et
Aymerici Bruni (Bref de Calixlc H, tiré des archives de Marmoutiers, 47 des
calendes d'octobre 1119: extrait donné par D. Esliennot, man, lat. 12747,
p. 507).
(2) Aimericus Brunus, frater Ugonis deu Mazeu.
(3J Arch. Haute-Vienne, D 1114.
(4) Id,, D 990, D 1098, D 1107 ; Solignac, 4o98, et liasses non classées.
(5) Nobiliaire, t. 1, p, 5>58.
(6) Voir ci-après Appendice, C. VIll, n^ U6.
(7) Chronique de P. Coral, ap. Historiens de France, t. XXÏ, p. 783.
(8) Voir ci-après, chap. V.
(9) Appendice, C. VII, n° 425.
(10) Nobiliaire, I, p. 258, et Reg. d'hommages de TEvèché.
l\ COMMbNB Dit SAltlT-LéONARD 1>R NOtiLAT AU XTIt^ SlàcLR. ill
Nous avons d^à noté que Gérald de Noblal et Pierre Vigier
sont dits, au xii" siècle, frères et fils de Pierre Vigier de Noblat,
et qu'au même siècle on trouve meution d'Ëlie de Noblat et
de Pierre Vigier, frères. Le premier des Vigier de Noblat que
nous connaissions est Gérald, qui vit au temps de la première
croisade (1). Peut-être Elie, frère d'Alexandre, n'est-il pas beau-
coup moins ancien (2).
Cette famille ou celte branche des Noblat a reçu son nom des
fonctions ou pour mieux dire du ftef inférieur dont elle a été inves-
tie. Le vigier est le lieutenant du seigneur, celui qui exerce ses
droits ou remplit ses devoirs à sa place; c'est surtout Tofficicr qu'il
délègue pour rendre la justice et auquel il abandonne certains des
revenus et émoluments de cette charge. De là la grande quantité
des familles de ce nom qu'on trouve un peu partout, mais spécia-
lement en Limousin.
Airaeric, Gérald et Elie, ûls de Pierre Vigier, que nous avons si-
gnalés plus haut, vivent à une date que nous ne pouvons préciser,
probablement vers le milieu du xii« siècle (3). A la même époque vit
aussi Pierre Vigier, frère d'Eliede Noblal(4); il est qualifié d'oncle
de Gaubert et de Raimond (5). Il s'agit sans doute de Gaubert
de Noblat, qui vit dans les dernières années du xn* et les pre-
mières du xm' siècle, et de Raimond, qu'on rencontre en 1187 et
1193 (6). G Vigeire et B. Vigers figurent comme témoins à des
actes sans date (7). On trouve Arbert Vigier — Vicario — che-
valier, nommé en 1212 (8). En 1226 « Marbode Vigier, vigier
do Noblat», est dit père de Gérald et d'Elie (9). Ce Marbode
pourrait bien être le noble du môme nom qu'on trouve qua-
lifié de chevalier de Saint-Paul et qui est nommé en 1228,
1241, 1249 (10); ce dernier a un frère du nom d'Elie, mentionné en
1228 et 1241 (i 1) et qui paraît être différent d'ElieVigier, damoi-
(«) Vers 1096 (cart. d'Aureil).
(2) Charte sans date, au cart. d'Aurcil.
(3) Cart. d'Aureil.
(4) Ibid.
(3} Ibid.
(6) Voir ci-dessus, p. 44 et 45.
(7) Cart. de L'Arlige.
(8) Cari. d'Aureil.
(9) Marbodius Vicarius, vigerius de Nobiliaco (Cart. d'Aureil).
(40) Archives de la Haute-Vienne, D 815, D Uî7.
(11) Ibid.
iâ SÔCtérà ARÉHiOLOÔlQUE Et âTstORIQtR DtJ LtMObSlK.
seau de Châlus ou de Châiucet eu 1236 (1). Gérald, Dis de
Marbode Vigier de Noblat, que nous avons nommé plus haut,
est sans doute le Gérald qui vit en 1245 (2) et qui a, en 1253,
un fils du même nom que lui (3). Une mention de Gérald
Vigier en 1272 (4) a trait sans doute à ce dernier, et c'est lui
qu'on rencontre dans plusieurs actes, entre 1260 et 4274 avec le
titre de seigneur de Noblat, du château de Noblat (5). Pierre
Vigier est dit chevalier de Solignac en 1257 (6). Aymeric
Vigier porte la même qualification en 1256 (7) et figure, mais
avec le simple titre de chevalier, à un acte intéressant l'abbaye à
la date de 1237 (8). Il meurt entre 1256 et 1265. En 1260 on
trouve Guillaume Vigier, damoiseau, fils du feu seigneur Vigier,
chevalier du château de Limoges (9). Ajoutons qu'en 1256
Almodie Vigier est l'épouse de Faidit de Royère, damoiseau (10),
et qu'en 1265 il est parlé de Pierre de Royère, gendre de feu
Aimeric Vigier, chevalier (11). On trouve encore Boson Vigier,
chevalier de Noblat en 1309 (12). Il semble résulter des actes
assez nombreux ayant trait à cette famille et conservés par nos
archives, que les Vigier de Noblat, ceux de Limoges, ceux de
Solignac et de Châiucet, et ceux de Saint-Paul et du Bost-Viger,
sont du même sang et tiennent les uns aux autres de fort près.
Notons que les Brun, comme les Vigier, sont chevaliers du
château de Limoges et à certaines dates copossesseurs ou,
comme on disait au moyen âge, portion naires de ceux de Soli-
gnac, du Bost-Viger et de Noblat.
Les Marchés, qu'on trouve au xiii* siècle établis dans le châ-
teau de Noblat, possèdent dès le xi« certains droits dans la
contrée. Nous avons rencontré en 1027 un Bernard Marchés,
(\) Archives de la Haute-Vienne, fonds de l'abbaye des Allois, liasse
7334 du classement provisoire.
(S) Archives départementales, D 931.
(3) Archives départementales, D 1086.
(4) /6êd., D65I.
(5) Gcraldus Vigcrii, dominus de Nobiliaco (Arch. dép., D 10541 —
Gcraldus Vigerii, dominus Castri Nobiliacensis {Ibid,^ D 1080.)
(6) Archives départementales, Solignac, liasse 6521.
(7) Ibid.y Solignac, liasse 4593.
(8) Ibid., Solignac, liasse 7816.
(9) Archives de la Haute-Vienne, Solignac, liasses non cotées.
(10) Ibid,, Allois, liasse 7334.
(11) Jbld., Solignac, liasse 4597.
(13) Reg. d'hommages de l'Evôché.
LA COlIliUNE OR SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII^ 5IBCLK. 49
témoÎQ avec Adémar de Noblat à la donation de l'église de
Saint-Denis-des-Murs à l'abbaye de Saint-Martial. Moins de
cent ans plus lard, le cartulaire d'Aureil nomme un autre Ber*
nard Marchés (l), qui parait être père d'un Adémar et frère d'un
autre (2). Un de ces Adémar est mentionné, dans la suite, avec le
iiti*e de chevalier (3). Audoin Marchés figure à plusieurs chartes
du xu* siècle. Le cartulaire de L'Arlige nous fait connaître Gons-
iaotia Marchés, qui vit en 1 179, et est dit gendre de Simiria, qui
a pris le voile. Le même recueil mentionne à une date un peu
postérieure, semble-t*il, Laurent et Constantin Marchés. Aimeric
Marchés, chevalier en 1212, Adémar Marchés en 1223, nous sont
aussi connus par des documents contemporains.
Vers le milieu du x\W siècle, Audoin et Constantin Marchés;
eu 1339 Aymeric Marchés, sont copossesseurs du château de
Noblat (4).
Cette famille, de laquelle le bourg de Ch&telus-le-Marcheix
parait tenir son nom, fournil un certain nombre de chanoines à
l'église cathédrale de Limoges et à la collégiale de Saint-
Léonard. Elle compta aussi parmi ses enfants — et celui-là est le
plus célèbre — un chef de routiers du nom d'Aymerigot Marchés.
Les Royère (5), qui paraissent être une branche de la très an-
cienue souche des Bernard, d'où sont sortis les Bernard de Bré et
les Beruard de Jaunhac, comptent aussi au nombre des chevaliers
du château de Noblat. Un Hilduin de Royère signe la charte de
l'évêque Itier Chabot en faveur du monastère de Saint-Léonard,
1062 (6). A la fin du xi^ siècle, Ramnulfe de Royère place successi-
vement ses deux filles, Amélie et HiLdegarde au couvent de fiost-
las-Mongeas; puis leur mère Belialdis, appelée aussi Blanche, y
enire à son tour. Une charte du cartulaire d'Aureil consacre un
don d'Amelius et d'Aimeric de Royère, fait devant Pierre de
Royère ; une autre, une libéralité de Guillaume et Gérald de
Royère, frères, en présence d'Amelius de Royère et de Daniel
de Royère. En 1100 vivent Gui et Aimeric de Royère. Pierre de
Royère compte au xii^ siècle parmi les bienfaiteurs de Soli-
(I) Vers 1100.
(9) Cartulaire de L*Ârtige.
(3) Archives de la Haute-Vienne, D. liî.
(4) Archives de la Haute-Vienne, fonds de TEvéché. Registres d'hom-
mages, tome 1, — et liasse 2440.
(5) Le nom de Royère est écrit Roeria, Roeira, Royeira, Royieira.
(6) Bibliothèque nationale, man. latin «2747, p. 479.
T. XXXVII. 4
80 sOClétÉ ARCDÈOLOCIQUE ET UlStORlQtJR DU UltOCSlN.
gnac(l); Gui et Bernard, parmi ceux d'Aureil (2) : ces derniers
soul mentionnés vers 1140. Bosou de hoyère, témoin en 1195 à
ua acte concernant l'abbaye de Soliguac (3), est frère de Daniel de
Royère et est dit chevalier de Peyrat vers 1189 (4). Il est parlé
de Gaucelin et d'Olivier de Royère dans la première moitié du
XIII* siècle (5). Le premier est, en 1234, coseigneur de Noblal avec
les Brun et les Noblat (6); c'est lui, sans doute, qui a donné sa
fille en mariage à Pierre de Jaunhac(7). Gaucelin et Olivier ont un
frère du nom de Gui ou Gaucelin. On trouve Gui de Royère
et B. de Royère, damoiseaux, frères, nommés à un acte de
1237 (8); ce sont vraisemblablement les mêmes que Gui et Ber-
nard de Royère frères, mentionnés en 1266 (9), et le premier est
le G. de Royère, fils de G., dont il est parlé en 1236 (10). Gui
de Royère, damoiseau de Châlucet, possède, en 1279, des droits
fonciers dans la paroisse de Saiot-Hilaire-Bonneval (11). Nous
connaissons encore P. de Royère de Châlucet, qui vit en 1224 (12).
Pierre de Royère, damoiseau, nommé en 1257 et 1264, époux de
Ahélis, fille d'Aimeric Vigier, chevalier de Soliguac (13), possède
sur le château et la ville de Soliguac des droits que ses enfants
Boson, Elle, Ahélis et Bernard cèdent à l'abbaye en 1287, au prix
de dix mille sols, monnaie de Limoges (14). Faidit de Royère est
répoux d'Almodie Vigier en 1256 (15). Enfin Boson vit en 1287
et 1298 (16). Plusieurs filles de celte maison prennent, aux xiii*
et xiY* siècles, le voile au monastère des AUois, En 1320, Foul-
ques de Royère a des redevances à Noblat (17).
(t) Bibliothèque nationale, man. latin 18363, padatm.
(t) Cartulaire d'Àureil.
(3) Archives de la Haute-Vienne, Sotignac, 6846.
(4) Cartulaire de L'Ârlige.
(6) Archives de la Haute-Vienne, Terrier de L'ArUge.
(6) Archives de la Haute- Vienne, D H14.
(7) Bibliothèque nationale, man. latin 18363, fol. U,
(8) Archives de la Haute-Vienne, D 777.
(9) Archives départementales, pièces diverses en dehors des fonds
constitués.
(40) Archives départementales, D 777.
(11) Solignac, 5900.
(13) Archives de la Haute-Vienne, fonds de Grandmont, Cartulaire du
Ghâtenet.
(13) Ibid. Solignac, liasse 4593.
(14) ma. Solignac, 3970 et 4592.
(15) Ibid. AUois, 73U.
(16) Ibid. D. 1 126 et Solignac, 508O.
(J7) Regislrcs d'honîmagcsdc l'EvOché.
LA COMMUNE DB SA1NT-LÉ02(ARD DE KOBLAT AU XIII^ SIÈCLE. 51
NotoDs enfin que les Châleauueuf et les de La Roche pbseè-
dent, eux aussi, au xiii* siècle, sur le château de Noblal et seis
dépendances, des droits qu'ils semblent avoir acquis par des
alliances.
Tous ces nobles personnages, et d'autres dont on trouve plus
rarement les noms, comme cet Adémar .Salvains, mentionné au
cartulaire d'Aureil (1), n'avaient pas les mêmes droits sur la
grosse tour de Noblat et ses dépendances : les uns en étaient
vraiment les seigneurs; les autres n'y possédaient que des fiefs
secondaires, des démembrements de la justice, des redevances.
Ils avaient un logis dans la forteresse et devaient concourir à sa
défe&se» sous les ordres du seigneur principal ; ils étaient cheva-
liers de Noblal» comme les Béchade étaient chevaliers de Lastoura;
les Jaunhac, les Tranchelion, les Ponroi, les Meirans, de Pierre-
buflière; les Frachet, les de Monts, les Périgord, de Châlucet.
Ajoutons que la moitié de la vigerie, c'est-à-dire de la juridiction
criminelle et de police et de ses produits : amendes, confiscations
et autres, avait été inféodée à un bourgeois de Saint-Léonard,
Jean Paute, nous ne savons dans quelles circonstances. Nous ne
pouvons dire non plus si ce bourgeois appartenait à la même
souche que la famille noble des Paute, coseigneui-s du château
d'Aixe. Outre l'exercice de la justice criminelle et de la police, la
vigerie comportait certains émoluments à raison des actes judi-
ciaires, une part des amendes et la perception de plusieurs rede-
vances ou produits de taxes. C'est ainsi que chaque marchand
boucher devait donner au vigier une tête de bœuf la veille de la
Noël. Aux foires, toute personne qui vendait des cuirs lui devait
un droit, fixé à deux deniers pour les étrangei*s, à un denier pour
les habitants de Saint-Léonard; les marchands de sel payaient
aussi, à l'Assomption, une taxe appelée le Frau (3). Le guet, pour
lequel une redevance était perçue à la saint Michel, semble
aussi avoir dépendu de la vigerie (3).
(I) Ademarus Salvains, miles de Nobiliaco.
(S) Od trouve aussi ce mot dans le cartulaire d'Aureil.
(3) Littera [conlinens] quod consules Nobiliacenses eonfessi fuerunt, pro
se et pro communitalc ville, [episcopum] habere debere insuper carni-
fices dicte ville, a quolibet vondente carnes bovts, in vigilia Natalis Domini
quolibet anno, quamdam testam bovis, nomine vigerie. prout est consuc-^
tam. Item, super mercatores ezlraneos vendentes coria in nundiriisSancti
Lconardi in quibuslibet nundinis duos denarios semel, et in habitalo-
ribus ejusdem vendentibus coria in diclis nundinis unum denarium ; pro
Salagio insuper vendentes sal Nobiliaci et extra (?), ccrlos rcdditus voca-
iii âOClÉTÎ ÀRCBéOLOGlQUB ET âiStORtOUB ÛU LtHOtslN.
L'éyéqùe, à la fia du xiii* sièclo, avait racheté presque tous les
fiefs grevant son château de Noblat ; toutefois, il n'était encore
rentré en possession que du quart de la grosse tour, et il n'avait
le droit de garder la clef que trois mois par an. On voit, en 1293,
Elis, veuve d'Aimeric Brun, et Gui, sou flls, « comme porciou-
niers », remettre cette clef au prélat, qui, après le temps voulu,
devra la leur rendre (1). On connaît plusieurs accords analo-
gues, aux xii* et xin* siècles. Rappelons celui dont le prieur de
Vigeois fait mention dans sa chronique et qui avait trait à Toccu-
palion de la grande tour de Pierrebuffière. 11 fut convenu que Gau-
celin de Pierrebuffière la garderait six mois ; Gérald Bernard et
hier son fils, trois mois; Séguin de La Porcherie et Gui, fils de
Gérald de Lastours, trois mois (2). Tous la tenaient en fief du
vicomte de Limoges.
Tous les hôtes du château, sans exception, tenaient de Tévéque
de Limoges ce qu'ils y possédaient. Un des chevaliers de Noblat,
Constantin Marchés, et le prévôt des seigneurs du château, Elie
Panabeus, le déclarent d'une façon aussi explicite que solennelle,
au cours des enquêtes de la fin du siècle (3). Aux mômes enquêtes,
Pierre Bernard, sergent du roi de France à Eymoutiers, déclare
que Gaucelin et Klie Brun, Elie et Pierre de Noblat frères, ont
prêté devant lui hommage au prélat, chacun pour sa part du
château et de ses dépendances (4). On voit, en 1253, Aymeric
Brun et Elie de Noblat avouer Aymeric de La Serre pour leur sei-
gneur (5). Un peu auparavant, l'évoque Durand appelle devant
son tribunal deux des chevaliers de Noblar, <f qui ont guerre en-
semble », Aymeric Brun et Gaucelin de Royère, les lient en
prison et leur impose un accoini (6). Constantin Marches et Au-
doin Marchés ont prêté, vers le milieu du siècle, l'hommage à
tos lo Frau in festo Assumptionis, et plura alia pertinenlia ad dictam
vigeriam. Item, certos rcdditus pro la Gâcha in ^sto Reati Michaëlis.
(Reg. O Domina^ fol. 87, verso.)
(4) Dominus Lemovicensis recejiit davem turris groBse Casti'i NoJ)iliaci
et dictam clavem ut porcionarius, per quartam partem aani tenere debjet :
quo tempoire elapso, ipsa^m cUvetn preaomiuaus rçsUluere débet (Reg.
Tuo8 hodie, fol. 3, r«).
(t) Ghron. de Yigeois, ap. Labbb, BibL nooa manuscriptorum librorum^
t. M, p. 303. — Cet accord paraît avoir été souscrit vers H30.
(3) Appendice, C. Yll, n<>» 183 et iU.
(4) id., C. VII, 12$.
(5) Arch. Haute-Vienne. Reg. de TEvécbé.
((i) Append , C. VHî, MQ.
M COSIBUNE DE SAlNT-LF.ONAnD DK NOBLAt AU Xlll* SIÈCLR. 53
Tévêque. Entre 1320 el 1340, Aymehc Marchés, Foulqaes de
Royère, les Vigier renouvellent cette solennelle formalité. En
1309, Boson Vigier déclare tenir du prélat ses maisons du châ-
teau de Noblat. En 1339, Pierre de Noblat reconnaît qu'il lient
du même seigneur « la quarte part de la juridiction haute et
basse du château, d A la même époque, Aymeric Marchés fait la
même déclaration et rend hommage pour « son repaire du châ-
teau, qui fut de Gui Brun, contigu à la maison du seigneur de
Ghâteauneuf et à celle de feu Boson Vigier, aussi tenue par
lui », et encore « pour les trois parties de la grosse tour », pour
la maison près l'église, habitée par le curé du dit château, pour
sa part de juridiction, etc., etc. (1).
Les prélats qui occupent le siège à ces diverses dates : Durand
d'Orlhac, Aimeric de La Serre, Gilbert de Malemort, Raynaud de
la Porte, Roger le Fort, ne font grâce à ces chevaliers d'aucune
de leurs obligations féodales, d'aucuîie des formalités tradition-
nelles et significatives de l'hommage.
C'est à genoux, les mains jointes, le capuchon abattu, sans
épéeetsans manteau, que prêtent serment de féauté les cheva-
liers du château de Noblat (2).
Les évêques, au cours des xiii* et xiv® siècles, rachetèrent la plus
grande partie des droits que possédaient dans le château et dans
l'étendue de la châtellenie les diverses familles nobles énumérées
plus haut. Ils avaient en vue, sans doute, de réunir dans une
seule main tous les droits sur la ville de Saint-Léonard. On trou-
vera plus loin (3j l'énuméralioii de celles de ces acquisitions dont
nous avons pu retrouver les traces dans les archives de l'évêché.
Les Marchés él les Royère conservèrent toutefois la possession
d'une partie au moins des constructions du château bas, et cet
étal de choses donna lieu, durant le xv* siècle, â des différends
sur lesquels nous avons peu de détails.
buiné et inhabitable depuis longtemps, le château de Noblat
n'en était pas moins encore, au xvr siècle, l'objet de revendica-
tions très vives de la part des représentants des anciens sei-
gneurs. La famille de Royère surtout s'obstinait à disputer à
(4) Voir pour ces dernières indications les registres de Tévéché aux
archives de la Haute-Vienne el notamment les Registres d'hommages, 1. 1,
article Noblat.
(3) Sine gladio, capucio el cucuffa, flexis genibus et manibus junctis
(Arcb. Haute-Vienne, Reg. O Domina et Mea Sancta Maria, pasêim).
(3) Voir ci-après, chapitre IX.
5i SOCIÉTé ARCHÉOLOGIQUE F.T HI^^TORIQUR DU UHOUSIK.
révêque ses droits sur Noblat. Un arrêl du Parlemeut, reudu
dans les premières 'années du xvii* siècle, termina ces longues
querelles, en décidant que le prélat — c'était alors Henri de la
Marthonie — avait seul qualité pour porter le titre de seigneur de
Noblat; aux Royère, représentés par les seigneurs de Brignac, il
fut permis de se dire seulement ff seigneurs delà maison noble
» de Janeau, autrement appelée le petit château de Noblac ». -^
L'arrêt ajoutait :
« Et pour le regard des vieilles mazures et rochiers sur les-
quels estoit baty anciennement le château et forteresse de Noblac,
la Cour les déclare appartenir au dit siéur évêque, sauf la part et
portion qui appartenoit à feu Marchés, auteur du dit Royère,
dans laquelle le dit Royère et ses successeurs ne pourront faire
bâtir aucune forteresse au préjudice et émulation du dit Evê-
que » (1).
Peu après cette sentence, en 1612, nous voyons les Royère faire
hommage à Tévêque pour tout ce qu'ils possèdent dans la châtel-
lenie de Noblat.
IV. — LE BOURG DB SAINT-LÉONARD-DE- NOBLAT. — COMMENCEMENTS
DE LA COMMUNE.
L'origine du bourg de Noblat, qu'on appelait aussi Noblat-
Saint-Léonard et Saint-Léonard-de-Noblat — NobiUacum Sanctt
Leonardi, Sanctus Leonardus de Nobiliaco — peut remonter au vu*
ou au VIII'' siècle. Autour de la petite église où avaient été déposés
les restes du saint ermite et des cellules où vivaient les continua-
teurs des prières et des austérités des premiers anachorètes, des
cabanes vinrent se grouper; peu à peu, elles furent remplacées
par des maisons plus vastes et d'une coiistruclion plus solide. Le
hameau devint un village, puis un bourg actif et industrieux,
dont on trouve des mentions à la un du xi" et au commence-
ment du xii* siècles (2). La dévotion croissante des peuples pour le
(1) Arch. Haute-Vienne, Registres des hommages de rEvôché. t. I :
Noblat,
(î) Intraipsum burgum Sanclî Leonardi (acte entre lO(J3 et 1114, aux
Documents hhiorvques concernant la Marche et le Limousin, publiés par
MM. A. Lfroux, E. MoLiNiER et A. Thomas, t. II. p. 8). Domos etsolares
ciim une orto in burgo Sancti Leonardi, 1099 (cart. d*AureiI). In burgo
Sancti Leonardi (r« moitié du xii» siècle, ibld,).
LA COMMUNK DE S.UNT-LÉONARD DE NOBLAt AU XIII** SîÈCLE. 55
patron du lieu, dont les miracles devinrent plus nombreux après
le Iransfèrement de ses restes dans la nouvelle église (1), fit af-
fluer à Noblal la foule des pèlerins. Il eu vint de toutes les coq«
Irées de l'Europe. — Le commerce de la localité a, dès le xni* siècle,
pris ua certain développement. Le travail des métaux et la pré-
paration des cuirs sont dès lors son aliment principal. Ces deux
industries, auxquelles il faut joindre la fabrication du papier, qui
parait ne s'être pas établie dans le pays avant le xv* siècle, peut-
être même avant la fin du siècle suivant, étaient au moment de la
Révolution la principale source de la prospérité de la ville. Au
XV' siècle, des poëliers et des couchers de Normandie viennent
s'établir à Saint-Léonard (2), dont les ateliers ont une assez grande
renommée dans la région du centre et fournissent, aux xvn« et
XVIII* siècles au moins, des objets de dinanderie: chenets, coffrets,
ornements, vases, — fort intéressants. On trouve même dans la
petite ville des orfèvres; il n'y en a pas moins de trois, exerçant
à la fois leur profession, dans les premières années du règne de
Ix)uisXIV(3).
Jusqu'aux incursions des Noroiands, les habitants du bourg
vécurent sans doute sous l'autorité directe du monastère; mais
celui-ci était placé, semble-t-il, sous la dépendance même tem-
porelle des évêques de Limoges. Les cellules et peut-être aussi
la chapelle furent détruites par les pirates ; quand ceux-ci s'éloi-
gnèrent, après avoir dévasté tout le pays, ce qui restait dé l'éta-
blissement religieux de Saint-Léonard, qui avait été abandonné
par ses hôtes, et sans doute aussi du village, où étaient rentrés
les habitants, tomba aux mains des seigneurs de Laron. Ceux-ci,
qui appartenaient à une famille puissante du haut cours de la
Vienne et qu'on voit jouer un rôle important dans Thistoire de la
contrée, du x* au xiii« siècles, s'approprièrent les redevances
jadis payées aux moines. Mais un membre de cette famille,
Jourdain, restaura le monastère et se mit lui-même à la tête
des cénobites qu'il y réunit. De prieur ou prévôt de Saint-
Léonard, Jourdain de Laron devint, en 1029, évoque de Limo-
(1) Ea tempestate, Sanctus Leonardus confessor, in Lemovicino, et
SaDCtus AntoniDus... miraculis ceperunt coruscare et undique populi co
eonfluxeruDt (Labbb, Nooa Biblioth., t. H, p. 179, chronique d'Adémar de
Chabannes).
(i) Registre des Massiot, à noire recueil de Livres de Raison.
(3) Archives nationales, Z* B, n° 677. — Peut-être faut -il déjà rocon-
Daltre un orfèvre dans Pierre Douradre — Dourador — consul de Saint-
Léonard vers 1269, cl nommé aux enquêtes de <288 (dép. de Pierre
Bilbax, tailleur de pierres aux Allois).
56 SOCIÉTÉ ABGHÉOLOOIQUE ET DISTORlOUe DU LlliOUSm.
ges. Il dota la communauté qu'il avait fait revivre, et, tout en
rétablissant le siège épiscopal dans ses anciennes prérogatives, il
abandonna aux religieux une partie des droits qu'avaient jadis
/ usurpés les siens. On ajoute même (mais le renseignement est
plus sujet à caution) qu'il fut aussi le fondateur de la commune
bourgeoise, et que celle-ci tenait de lui les privilèges dont ses con-
suls étaient investis (1).
Une charte de l'évéque Itier Chabot, portant la signature
d'Agnès, comtesse de Poitiers, et dont la date paraît devoir être
fixée à l'an 1060, établit d'une manière bien nette que la ville
appartenait dès lors au prélat. Celui-ci se sert en effet de l'ex-
pression caractéristique : « Un lieu de notre droit, de notre mou-
vance », en parlant du bourg même de Noblat. Il concède aux
chanoines, dans ce bourg, l'emplacement sur lequel ils cons-
truisent leur église, leur cloître et les bâtiments accessoires du
monastère (2).
Dès cette époque, il n'en faut pas douter, la ville de Saint-
liéonard était rattachée à la juridiction du château de Noblat,
qui appartenait d^à, on l'a vu plus haut (3), à l'évéque. Ce rat-
tachement ne saurait être contesté. La châtellenie de Noblat, au
xiii^ siècle, s'étendait à plus d'une lieue autour du fort, et la ville
de Saint-Léonard, comme le pont, se trouvait comprise dans ses
limites. Dans quelles conditions particulières les droits du justi-
cier s'exerçaienl-ils à l'intérieur de la ville et dans les fau-
bourgs? C'est ce que nous examinerons plus loin. Nous nous
bornons ici â constater ce fait qui nous paraît bien établi : Saint-
Léonard était dans la mouvance de la tour de l'évéque.
On pourrait tirer argument d'un passage du cartulaire d'Au-
reil (4^, pour établir, s'il en était besoin, que, dans les dernières
{\) Dinitum a Danis Nobiliacense cœnobium ad suum accersivcre do-
minium toparchœ Leronienses, sœculis X*», Xl« et XII® potentissrmi, e qui-
bus Jordanus de Leron, prœfatî cœnobii restauralor et prepositus seu
prier fuit ineunte sœculo XI, ac postca electus Lemovicensis episcopus,
qui et dominium Nobiliacensis oppidi partim cpiscopis Lemovicensibus
restituit, partim dictis cœnobitis et consulibus attribuit quo ad tenus po-
tiuntur (Bibl. nat. Manuscrit lat. 19747, p. 127).
(3) Quemdam jurisnostri locum, nomiae Nobiliacum (Man^ lat. 137 i7,
p. 474).
(3) V. ci -dessus, p. 41 et 42.
(4) Domnus Gaufredus, Nobiliacensis clericus... domum suamquam habc-
bat apud Nobiliacum, dédit Sancto Johanni... Deindc venit Domnus Um-
baldus cpiscopus ad Sanctum Johannem io Âurel ; et, deprecante Gau-
fredo, concessit banc domum Sancto Johanni.
LA COMMUNE DE SAlNT-LÉONARD DK NOBLAT AU XIll* SIECLE 57
années du xi* siècle, l'évéque de Limoges était déjà seigneur de
Saint-Léonard. On voit, en effet, à l'occasion du don d'une mai*
son à Noblat fait par un clerc du nom de Geoffroi au monas-
tère, Humbaud, qui gouverna le diocèse de 1087 à 1095, interve-
nir à la prière du donateur et confirmer celte libéralité. Mais
ce texte établit seulement que le prélat est seigneur foncier de la
maison cédée aux chanoines d^Aureil; il ne prouve pas que toute
la ville de Noblat soit dans sa dépendance.
Les droits de seigneurie du prélat sur la ville paraissent bien
établis cent ans plus tard. Tout au moins peut-on constater qu'à
cette date il exerce ces droits. Il semble posséder, dès lors, dans
l'imceiute même du bourg et au centre de l'agglomération, sa
salle, comme à Saint-Junien et daus la cité de Limoges (I ). Saint-
Léonard est compris au nombre des possessions de Jean de Vey-
rac que le roi Jean fait séquestrer, et dans une lettre énergique,
adressée en 1202 par Innocent III à ce dernier, le pape reproche
au duc d'Aquitaine de 8*ôtre approprié jusqu'aux offrandes de
l'autel du vénéré patron du lieu (2). Un document émanant du
roi d'Angleterre lui-même confirme l'existence, à cette époque,
des droits de Tévêque de Limoges sur la ville de Noblat : c'est la
lettre par laquelle Jean-saus-Terre notifie, le 28 mai 1214, aux
prud'hommes de Saint-I^éonard, le choix qu'il vient de faire du
sénéchal d*Angouléme pour garder et administrer les posâessions
de Jean de Veyrac, et enjoint à la commune de donner son con-
cours aux baillis institués par le séquestre (3).
Sur l'importance de cette ville au xii* siècle, sur le chiffre de
sa population, nous ne possédons que des indications insignifian-
(1) Donation de diverses parties du Mas de Fontloup à L'Anige, vers
1200 : Hoc factum fuit en la Sala a i'Ebesquc, a Noalac (A. Lbroux, Do^
cumerUs hietoriqueê, t. I, p. 449). tl y a tout lieu de croire qu*il s'agit ici
de la ville et non du chàleau de Noblat.
(3) Lettres d'Innocent 111, ap. Historiens de France, t. XIX, p. 416.
Ces offrandes ne seraient-elles pas les mômes que les Deniers de la
chaîne, dont il est parlé plus haut, page 98.
(3) Rex probis hominibus de Sancto Leonardo, salutem. Scialis quod se-
nescalciam et custodiam dominiorum, dominicorum et Icrrarum episcopi
Limovicensis dilecto et fideli nosiro B. de Podio, scnescallo Engolismensi«
commisimus, tanquam no[bi]s placuerit. Et ideo vobis mandamus quod
ci et ballivis suis intendentes sitis et respondenlcs. Teste me ipso [RotuU
lUterarum patentium in turri Londinensi asseroati, I. I, p. M 6}.
A la même époque, c'est Aimeric de la Roche — de Rupe — qui rem-
plit les fonctions de sénéchal du Limousin pour le roi Jean; GoufTier
Tizon est sénéchal du Périgord.
m. -■■ -M- »» — ■
58 SOCléTÉ ABCHÀO^OGIQUK KT IIISTORIQUR DU LIMOUSIN.
Icsv II résulte loutefois de quelques documents qu'une bour-
geoisie riche et commerçante s'y est constituée dès celte époque.
Des marchands de cette ville possèdent déjà des redevances im-
portantes dans les environs et on trouve dans huit ou dix actes
du cartulaire de L'Artige, compris entre 1 180 et 1220, la meution,
en qualité de donateurs ou en qualité de témoins, d'un certain
jiombre de bourgeois de Saint-Léonard : Guillaume Buschet,
Marc. P. et G. Faute,. Raimond Daniel, Vincent et Pierre de
Trémol.
A quelle époque le bourg fut-il entouré de murs? Pas avant
le xii* siècle, selon toute vraisemblance. 11 résulterait même du
texte des Aunales manuscrites de Limoges que vers 1 195 seulement
fut construiio sa ceinture de remparts. L'annaliste rapporte en
ejffet que « le roy Richard, estant en liberté, par dévotion fust à
Saint- Léonard, et la,fist ediffier Tesglise, clore et edifïier certains
portaux de la ville » (1).
Un passage de la chronique de Vigeois semble toutefois établir
que, dès 1 183, Saint-Léonard était clos et fortifié. Le moine Geof-
froi nous montre en effet, à celte date, les Paillers arrivant de-
vant la ville et demandant qu'on leur en ouvre les portes. Un
bourgeois leur crie de l'intérieur de l'enceinte : « Retirez-vous !
Allez à Malemort où vous attend votre dernier festin ! d Furieux
d'entendre évoquer le souvenir de la sanglante défaite que leur
avait fait subir six ans plus tôt l'évêque Gérald du Cher, les rou-
tiers attaquent la ville, y pénètrent et massacrent cent cinquante-
trois'bourgeois (2).
Il est à présumer que, si la ville n'eût pas été fortifiée, les
routiers n'auraient pas attendu d'être insultés pour la traverser
et la piller.
Peu d'années après, Noblat fut pris de nouveau par les Bra-
bançons, qui parcouraient le pays depuis la mort de Richard-
Cœur-de-Lion. Ils paraissent à ce moment avoir occupé la ville
comme le château. Toutefois, la ville fut probablement respectée
(t) Annales manuscrites de Limoges» pub. par E. Rubbn, âchard et
P. DucouRTiEUx. Limoges, ¥• Ducourtieux, *872, p. i74
(S) Apud Nobiliacum vero devcnicntes, sibi portas postulant aperiri
quasi hospitandi gratia. Tune quidam, de intus exclamans, dixisse ferlur
ad ilIos|: « Recedite hinc et apud castrum Malamortense festinale, ultime
convivio jcœnaluri ». Qui repente, facto impctu, irruunt, irruplioneque
peracta injburgo, centum quinquaginta 1res homines inlerimunt ab hora
lertia'usque ad vesperam illius diei, excepiis vulncratis qui postmodum
corruerunt (Chron. de Vigeois, ap. Labbe : Rerum AquUanicarum Scrip-
tores, II, <21).
I.A CO¥»UNK DS SAINT- LéONARD DC NOBLAT AU Xlil® SlÈCLK. 59
parce qu «lie ôlait ak>rs dans la main du roi d'Angleterre el sous
la garde spéciale de ses officiesrs.
Nos chroniqueurs ne nous apprennent rien de précis A cet
égard. Ils attestent seulement que leç routiers s'installèrent dans
le château de Noblat, et en firent leur quartier général. 1/évôque
Jean de Veyrac organisa contre eux une expédition qu'il paraît
avoir lui-même dirigée. Il est permis de supposer que l'ambition
de reprendre son château et sa ville ne Tenflammait pas moins
que le désir de débarrasser la contrée de cette bande de brigands.
« Suivi, dit Pierre Coral, des barons, des prélats et du peuple du
pays, il assiégea les routiers dans leur repaire, s'en empara el fit
un grand carnage de ces bandits. Et par là, ajoute avec quelque
orgueil le chroniqueur limousin, fui brisé .le bras du roi d'An-
gleterre et la province remise, par la main de son évêque, au
pouvoir des Français. Aussi le roi Philippe fit-il écrire dans son
registre que jamais il ne céderait à aucun seigneur ses droits sur
révéque de Limoges et que celui-ci demeurerait toujours sou
vassal direct ))(1).
Il est permis de penser qu'à la suite de cet exploit, les ofiiciers
de Jean-sans-Terre abandonnèrent Saint- Léonard et laissèrent
Jean de Veyrac en reprendre possession. Au surplus, si Tévêque
ne rentra pas dès 1203 dans sa ville, on ne saurait douter que
celle-ci ne lui ait été rendue deux ou trois ans plus tard, lors du
triomphe du parti français en Limousin. Mais, en 1214, l'arrivée
de Jean-sans-Terre à la tête de son armée l'en chassa de nouveau.
Le roi d'Angleterre traversa tout le Limousin. Il entra le 23
mars à Saint-Léonard (2). On peut supposer que ses officiers en
avaient déjà repris possession et avaient séquest)*é de nouveau
les biens de Tévêque.
Jean de Veyrac s'était vu, pendant les dix années qui venaient
de s'écouler, forcé d*user de prudence. Nous avons dit plus haut
(4) Johannes, Lemovicensls episcopus, devicit in prœlio maximam
multitudinem BraybansoDum qui se in Castro Noblliaci recluserant (Chro-
nique de Maleu, ch&noine de Saint-Junicn, publ. par l*abbé M. Ârbellot.
Barret, 1847, p. 63). — Johannes, episcopus Lemovicensis. cum baroni-
bus et praelatis et populo lerrœ, obsedit Nobiliacum, in quo se incluserant
quampiures bascli el ruplarii. Capti et inlerempli sunt. El sic brachium
Régis Angliœ in Aquitania primo confractum est et per manum episcopi
terra ad Francorum dominium est reducta : unde Kex Philippus in
registro suo scribi fecit quod de celero Rex Francorum Lemovicensem
episcopum de dominio suo non ejiciel (Chron. de Pierre Coral, ap. Histo-
riens de France, t. XVlil, p. 239).
(î) Voir ci -dessus, p. 8.
60 90C1ÊTIR AlICdfeOLOClQUE KT BlSTÔntQUK D13 MMOtSlN.
qu'il ne parait pas avoir ciierché i abuser de sa victoire pour
opprimer les bourgeois de la Cité de Limoges; il est à croire
qu'il se montra animé des mêmes dispositions â Tégard des
habitants de Saint-Léonard. Là du reste, comme dans la Cité, il
s'était trouvé en présence d'une bourgeoisie nombreuse, ayant
des chefs, de l'argent et des armes, bien déterminée à défendre
derrière ses remparts ses nouveaux privilèges comme ses ancien-
nes libertés, et avec laquelle le prélat fut bien obligé de
compter.
En effet, dès la &n du xn* siècle, Saint-Léonard jouit d*une
'organisation municipale des plus complètes et n'a rien à envier i
la capitale de la province. Nous avons vu qu'une tradition en
coui*8 au xvii*" siècle, faisait remonter â Tévêque Jourdain de
Laron (1023-1051) les privilèges des consuls (1). L'abbé Oroux
assure de son côté que les habitants auraient, dès la lin du xi* siè-
cle au moins, possédé une commune et des magistrats municipaux.
Le biographe de l'illustre patron de l'église de Noblat, mentionne,
en effet, une charte du roi Philippe I, datée de 1 103, et où il serait
parlé des m droits et privilèges des consuls de la ville » (2). Oroux
ne donne pas le texte du document, qu'il ù'a cerlainemeat jaùiais
vu. Les personnes qui lui ont fourni cette indication auront,
sans doute, attribué à Philippe I une des nombreuses lettres
concernant la commune qui émanent de Philippe III et de
Philippe IV.
L'authenticité de la charte de Jourdain est plus douteuse
encore que celle de la charte de Philippe I. Si on n'a jamais
produit aucune confirmation, aucune reconnaissance par les rois
de France des privilèges de nos communes limousines antérieu-
rement à la confiscation du duché d'Aquitaine au préjudice de
Jean-sans-Terre, on ne connaît non plus aucune lettre épiscopale
relative à nos agglomérations bourgeoises jusqu'au traité de 1251
entre Tévêque Aymericde Serre et la commune de Saint-Junien.
Nous croyons qu'à Saint-Léonard, comme ailleurs, il existait
dès le commencement du xii® siècle, peut-être dès le xi*, une
organisation bourgeoise rudimentaire, dos «fesemblées d'habi-
tants et même une magistrature exerçant ses fonctions sous
l'autorité et le patronage de l'évêque. Nous n'en douterions pas
s'il nous était bien démontré que la ville fût dès lors fortifiée.
Mais cette organisation résultant uniquement de la coutume,
était plutôt tolérée que reconnue par le seigneur, et le respect
l\) Voir ci-dessus, p. 66, note 4.
(8) Histoire delà oie et du culte de Saint- LéoAard, p. k^.
LA COimUNl D£ SAIKT-LBONAHD UB NO&LAt AU XIK^ SIÈCLE. dl
seul de eelui-ci pour la tradition garantissait le mai u tien de
cette tolérance. Il est vraisemblable que Saint-Léonard, ville
d'origine relativement récente, d'importance secondaire et
n'ayant pas joui autrefois du rang de cité et des prérogatives
attachées à ce rang, ne possédait pas d'institutions oiunicipales
au sens exact de ce mot au moment où le Limousin passa ^ous
lautorilé des Plantagenets par le mariage de Théritière d'Aqui*
taine avec Henri, comte d'Anjou.
Les bourgeois de Saint^Léonard reconnaissaient eux-mêmes,
à la fin du xni^ siècle, que leur commune ne datait pas de beau-
coup plus d'un siècle. C'est des ducs d'Aquitaine de la maison
des Plantagenets qu'ils déclaraient tenir leurs libertés.
Sur le premier auteur de cet octroi, ils n'étaient pas, au sur-
plus, absolument d'accord. Nous voyons, par exemple, dans
une enquête faite au cours du gran4 procès entre Tévéque de
Limoges et la commune de Saint-Léonard — enquête dont nous
aurons désormais à citer à chaque page les indications, — un
clerc, Léonard Goudel ou Godeau, maître des écoles de la ville,
déclarer qu'il a vu de ses yeux la charte délivrée aux habitants de
Saint-Léonard par Henri Plantagenet. Cette charte, à laquelle
était appendu le sceau du roi d'Angleterre, portait concession
aux bourgeois d'une commune et confirmation de leurs libertés.
Henri avait même ajouté, d'après Goudel, à cet octroi, le don d'un
étendard oA se voyait la figure d'un lion (I); mais d'autres
témoins assuraient que Saint-Léonard tenait ses privilèges, non
d'Henri, mais de son fils Kichard Gœur-de-Lion. L' un d'eux
at(teste mâme que son père était préseut lors de cette solennelle
concession (2).
Il est assez singulier que la commune n'ait pu produire ni la
charte d'Henri II, ui celle de Richard (3).
Ce quvest indéniable, c'est que dans les premières années du
xiii'' siècle, )es bourgeois de Saint-Léonard possèdent une orga-
nisation rnunicipale et jouissent de libertés assez étendues.
Nous avoua vu plus haut Jean, roi d'Angleterre, écrire directe -
meut eu 1214 à leurs prudhomQQes au sujet de la désignatioii
d'un séquestre pour l'administration et la garde des domaines
(1) Appendice, C, I, n^ i.
(ll)/6îd., C. I, n'»*iel3.
(3) NotoPtS qu'Qa trouve mémoire d'Âliénor d'Aquitaine et de RicharU
Coeur-de-Lion au Nécrologe de Saint-Léonard dont Estiennol nous a con*
serve des fragments. Mss. lat. 12747, p. 479.
61 SOCIETE AftCHtOLOOlQUJk Jit HiStOHlQUk DU LI3I0US1^.
de révéque. Soa fils Henri III leur notifie, en même temps
qu'aux consuls de Limoges, '— 16 septembre 1220 — la nomina-
tion de Philippe de Uletotaux fonctions de sénéchal de ses états
do Poitou et de Gascogne (1). Cette correspondance prouve au
moins que la commune était constituée, reconnue du duc
d'Aquitaine, et ses chefs considérés comme investis d'un pou-
voir régulier et effectif. • On ne saurait douter que la disgrâce et
l'exil de Jean de Veyrac n'aient été favorables au développe-
ment de l'autorité des consuls et des libertés municipales en
général. On va constater combien ces dernières ont été larges
et juger des conditions dans lesquelles s'exerçait cette autorité.
v. — les consuls : leur élection, leurs attributions,
l'hôtel de-ville; le serment; la milice.
Vers 1220 ou 1230, date à laquelle nous commençons â nous
rendre compte des détails de l'organisation communale à Saint-
I^onard, les magistrats municipaux portent déjà le nom de
consuls après avoir été, à l'origine, simplement qualifiés de prud-
hommes. Cette dénomination de consuls, qui est au surplus celle
adoptée par toutes les communes limousines, leur est donnée
dès 1224, dans une lettre de Louis VIII (2).
Les chefs de la commune de Noblat sont au nombœ de huit.
La durée de leur mandai est d'une année. Tous les ans, les ma-
gistrats convoquent pour le jour de la Chaire de saint Pierre à
Antioche — 22 février, — une assemblée générale des bourgeois
dans laquelle les consuls sortant de charge désignent eux-mêmes
leurs successeurs, en observant sans doute certaines conditions
d'éligibilité et en se conformant à des règles traditionnelles pour
la répartition des magistrats entre les différents quartiers de la
ville ou entre les divers corps de métiers. Pendant l'élection, les
portes de la ville sont fermées, et les clés sont apportées dans
(4) Vosque rogamus qualenus, in fide qua nobis tencmini, eidem
Philippe, tanquam sencscallo noslro, sitis in omnibas qu&e fd nos perti-
nent inlcndentes et rcspoudenles... Eidem consilium et auxilium quod
poteritis, ad honorent nostrum, conservationem et defensionem terrse
noslrae, facialis (Rvmer : Fœdera^ etc., t. I, p. 83 cl «4).
(2) Appendice, A, n«* 8 et 3.
L\ GOllMÙNK DK SAINT-LÉONARD DK NOBLAt AU XIU^ blftCLE. Ô3
la maison commuDe. Cela veut dire qu'aucune influence étran-
gève ne doit peser sur le choix des nouveaux chefs de la ville : il
émanera des seuls habitants. Les bourgeois entendent être en-
tièrement maîtres chez eux pour traiter de leurs affaires, et ils-
ne veulent pas qu'on puisse les troubler dans une occupation
aussi grave. Sans doute la milice veille aux remparts durant
la cérémonie.
Les consuls, une fçis désignés, étaient sur-le-champ installés
dans leurs nouvelles fonctions. Aucune confirmation, aucun
appel ouvert contre la décision des magistrats sortants. Les nou-
veaux chefs de la bourgeoisie recevaient aussitôt, soit dans
rhôlel-de-ville, soit en plein air, devant la maison commune,
le serment solennel de tous leurs concitoyens. Ceux-ci juraient
de garder et défendre les coutumes et libertés de la ville, de
veiller à l'intérêt commun, d'être fidèles aux consuls et de leur
obéir.
Puis les consuls prennent les clés delà ville et les remettent
à des gardiens de leur choix, désignés parmi les bourgeois qui
habitent à proximité de chaque porte (1).
Nous ne trouvons mention d'aucun serment prêté par les
consuls de Saint-Léonard à leur entrée en charge. Il ne nous
paraît pas douteux pourtant qu'ils en prêtassent un en échange,
pour ainsi dire, de celui qu'ils recevaient. Ils devaient jurer,
comme les magistrats du Château de Limoges, de donner leurs
soius aux affaires de la ville, de protéger les habitants, de veiller
à la conservation des libertés communales, d'être justes et loyaux
au peuple, de servir l'intérêt public; de défendre la ville et de la
maintenir dans l'obéissance du duc d'Aquitaine, ou, en d'autres
temps, sous la sujétion du roi de France.
Les consuls étaient assistés d'un conseil de ville que men-
tionne explicitement un texte de 1272 (2), mais sur lequel nous
n'avons pour ainsi dire aucune indication. Etait-il élu tout entier
chaque année? Se renouvelait-il par portions? Etait-il composé
des anciens magistrats ou tout au moins de ceux qui avaient
(i) Appendice, C. ni, n" 29, 32.
(2) Clerici deputati a Domino Rege ad recipienda juramcnta fidclilatis
a cousulibas consilihriis et homioibus Sancti Leonardi (App. A, n<* VI).
— Vcnerunt consulcs, et cum ip&is plurcs quos ad hec vocabant (App.
C. VI, 105). — Vidit mensurari pcr consules et plurcs burgenses ville
(idtd., «06).
Ôi 30C1ETK ARCHÉOLOeiQUE ET ai8T0fllgUK OU LIMOUSIN.
exercé ces fondions uu nombre d'années déterminé? Nous ne
saurions le dire. Nous ne pouvons non plus, vu l'absence de
mentions concernant les membres de ce conseil, nous faire une
idée de leurs attributions qu'en supposant qu'à Saint-Léonard
les choses se passaient comme dans d'autres communes à la même
époque. La principale était sans doute de recevoir et de vérifier
les comptes des magistrats municipaux. Peut-être aussi aidaient-
ils les consuls dans le recouvrement des tailles et se trouvaient-
ils chargés de certains services permanents. Un texte que nous
citons à l'Appendice mentionne, à propos des assises munici-
pales, <( ceux qui étaient du conseil des consuls » (1) : nous
hésitons à reconnaître là les conseillers de ville, et ce passage
nous parait plutôt se rapporter aux hommes de loi qui assistaient
les magistrats municipaux.
La construction, Tentrotien et la garde des tours et remparts
semblent cQustituer, à Saint-Léonard comme ailleurs, la fonction
principale, la charge propre des chefs de la commune. Nous
avons vu plus haut que, durant l'assemblée pour Téleclion des
consuls, les clés des portes étaient déposées à la maison de ville.
Ce n'étc'iit pas là une vaine formaliré, mais un signe attestant la
prérogative on môme temps que le devoir des magistrats. La
sûreté des habitants était la raison d'être du groupement des
bo!irgeois et du pacte communal : les consuls devaient pourvoir
à cette sûreté et garantir à chaque individu la tranquillité de
l'existence et la libre jouissance de ses biens, en usant, pour le
protég^er, des forces unies du groupe tout entier.
Pour exercer cette protection, il faut que les chefs de la bour-
geoisie puissent grouper autour d'eux les habitants. Us ont donc
le droit d'assembler la commune pour traiter des afiaires pu-
bliques ; ces réunions se tiennent tantôt à l'hôtel-de-ville, tantôt
sous la porte de Champmain, ou sur la place du Marché-aux-
Porcs. Pour transmettre leurs ordres, pour publier leurs man-
dements, pour annoncer les assemblées, les consuls choisissent
et nomment des crieurs publics qui prêtent entre leurs mains
un serment spécial. Us ont le droit de lever des contributions
sur les habitants, pour l'entretien ou la réfection des fortifications
et pour les autres dépenses d'intérêt public, celles des fontaines
et de la voirie par exemple ; car ces objets rentrent encore dans
les attributions des magistrats communaux. Ils reçoivent le
produit de ces tailles, sauf à justifier de leur emploi. Ils
(1) Et lili qui erant de consilio ipsorum. V. Appendice, C. IX, n" IW,
LA COMMUNS DB gAlNT-I#60NARD PK NOBUT AU XUI' SliiCLE. 65
gôrunt les intérête dirers de la commune, touchent ses revenus,
adxDinislrenl ses biens, afferment ses maisons ou ses empla^
céments. Ils ont la garde des armes appartenant à l'association,
les confient soit aux hommes chargés de faire le guet, soit, lors-
qu'il s*agit de répondre à la convocation du séuéchal du Roi,
à ceux des bourgeois désignés pour prendre part à l'expédition
et trop pauvres pour s'armer eux<mêmes.
L'argent de la commune, ses archives, ses armes, sont con-
servés à l'hôtel-de-ville. Cet édifice, qui est le siège du gouver-
nement municipal et comme le domicile légal des membres de
l'association bourgeoise, on le respecte à l'égal d'un lieu con-
sacré au culte. Dès le commencement du siècle il en est fait
mention. Nous ne savons si les bourgeois étaient dès lors pro-
priétaires de la maison commune. Entre 1250 et 1260, ils en
firent construire une, plus vaste sans doute et plus commode
que la première (1).
La maison commune se composait d'un rez-de-chaussée et d'un
étage; il n'est pas difficile d'en reconstituer au moins les princi-
pales dispositions. Le rez-de-chaussée était sans doute occupé
presque en entier par la grande salle nécessaire aux assemblées
de ville et aux audiences de justice. Peut-être avait-on ménagé,
auprès de cette pièce, une petite chambre servant de greffe et en
même temps de bureau pour le clerc du consulat. Au premier
étage on trouvait la salle du conseil, Farsenal où étaient déposées
les armes de la commune. Là sans doute on voyait le réduit
pratiqué dans la muraille — archa — où étaient conservés, avec
Targent des contribuables, les sceaux, les chartes et les titres les
plus précieux du consulat.
De tous les attributs de la magistrature consulaire, il n'en
était aucun tenu par les communes pour plus précieux que le
sceau, considéré en général comme un signe d'autorité et de juri-
diction et destiné à authentiquer les contrats entre particuliers
comme à accompagner les actes émanant des chefs de la bour-
geoisie. On ne peut douter que, dès une date reculée, la com-
mune de Saint-Léonard n'en possédât un. Les témoins mêmes
produits par l'évêque au cours de son procès avec la ville le
reconnaissent, mais ils assurent qu'autrefois ce sceau portait la
légende : Sceau des bourgeois de Saint-Léonard ou Sceau des
Prudhommes de la ville de Noblat, et que, vers 1265, les bourgeois
en avaient fait fabriquer un nouveau avec l'inscription : Sceau
Cl) Appendice, C. III, n« 35.
T. ZXXVII. 0
66 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUB DU LIHOUSIII.
des consuls et de la communauté de la ville de Noblat (1). C'est pro-
bablement celui que nous trouvons appendu à une délibération
delà commune de Saint-Léonard du 1*' mai 1308. On y voit
saint Léonard debout, tendant la main, pour le relever, à un
homme à genoux, sans doute un prisonnier qu'il délivre. Au-
dessus pendent des ceps attachés à une chaîne. Cette scène se
détache sur un treillis de fleurs de lis. Au revers, une main
tenant des ceps, avec le mot secretum (2).
Avec les armes communes, on conservait à l'hôtel-de-ville les
bannières — banieras, — l'étendard — vexillum^ — sous lesquels
marchait la milice bourgeoise quand elle était appelée à fournir
Tost au Roi ou dans les occasions où elle prenait les armes sur
Tordre des consuls. On a vu plus haut que Henri II ou son fils
Richard avaient fait don aux bourgeois d'étendards avec l'écu
d'Angleterre (3). Plus tard, la commune remplaça les léopards
des Plautagenets par les lis des rois de France; on voyait aussi
sur ses drapeaux l'image de son patron, saint Léonard (4).
Il serait assurément téméraire de parler de l'assistance publi-
que à Saint-Léonard au xiii* siècle. Notons cependant qu'à cette
époque, outre la léproserie dite du Temple, mentionnée au
xu* siècle, et plusieurs autres raaladreries établies aux envi-
rons, la petite ville possède son hôpital, sa maison-Dieu (5),
placée sous le patronage des consuls.
Nous avons déjà rappelé plus haut, d'après un passage fort inté-
ressant de la chronique de Vigeois, qu'on commença, peu après la
première croisade, à fonder des aumônes périodiques dans cer-
taines villes du Limousin (6). Nous avons relevé ailleurs des
traces intéressantes de ces fondations dans le Château de
Limoges (7). Nous avons déjà constaté à Saint-Léonard, au xv«
siècle, l'existence d'un fonds de charité géré, non comme à
(!) App., C. m, n^ 42. L'évêque dit de son côté, dans un mémoire :
Quod ollm, non est diu, hominea dicte mile utebantur quodam sigillo,
cufus aigilll litière erant : Sigillum proborum hominum ville de Nobi-
liaco... Item tempore quod a breoi, fecerunt sigillum et domum in dicta
oiUa nomine consulatus et communitatis,
{t) Inventaire des sceaux des Arch. nationales, n« 5695.
(3) Appendice, C. I, n»» 1, 2, 3 et IV, 57.
(4) Idem., C. IV, n« 55.
(5) Domum Dei (enquête de I2S8), hospitale pauperum (Livre de .ai-
son des Massiot, 4471).
(6) Voir chap. II, p. 36.
(7) Des confréries de charité et des œuvres laïques de bienfaisance
dans le diocèse de Limoges [Cabinet historique^ année 4882).
LA COMMONB OB SAlNT-LtONABD DB NOBLAT AO XIll* SIÈCLE. 67
Limoges par des prudhommes délégués à cet effet, mais par
les magistrats municipaux eux-mêmes. Go fonds est dénommé
les Aumdnes du Consulat. Ne faut-il pas reconnaître, dans ces
AumôneSy la Caisse des pauvres qui, dès le xiii* siècle, existe à
la maison commune et dont il est parlé à l'enquête de 1288(1)?
En 1485, il est fait mention d'une confrérie <c des Trépassi§s du
Consulat de Saint-Léonard (2). » Cette association, comme celle
de^ Suaires au Château de Limoges, remontait sans doute à une
époque reculée du moyen âge ; toutefois nous n'en avons pas trouvé
trace dans les documents du procès entre l'évêque et les consuls.
Les seules confréries dont nous ayons relevé la mention, aux
xiii' et xiv« siècles, dans la petite ville dont nous nous occupons,
sont des compagnies de métiers comme la confrérie des cordon-
niers, signalée vers 1266 (3), ou des sociétés de pure dévotion,
comme la confrérie de Notre-Dame-de-Sous-les-Arbres (4), celle
de Saint-Léonard qui, s'il faut en croire la tradition, différeraitde
la précédente et serait aussi fort ancienne, et celle instituée en
mémoire du Miracle des Ardents à la fin du x" siècle et qui
s'éteignit au xvii*. Cette dernière se composait de trente bour-
geois qui, le 11 août de chaque année, date anniversaire du
miracle à Saint-Léonard, assistaient à Toffice solennel, à la pro-
cession générale, faisaient ensuite un banquet et distribuaient
des aumônes (5).
On a vu que les ducs d'Aquitaine avaient réclamé et reçu le
serment de fidélité des communes limousines, qu'ils témoi-
gnaient par là tenir pour des vassaux directs. Ce serment, les
communes le prêtèrent aussi au roi de France après la confisca-
tion de l'Aquitaine sur Tean-Sans-Terre. Le fils aîné de Philippe-
Auguste le reçut en 1212, en prenant définitivement possession
du pays (6) et il fut renouvelé entre les mains de Raynaud, clerc
du roi, sur l'ordre exprès de Louis VIII, au mois d'août ou de
septembre 1224, lors de l'expédition de ce prince en Poitou et de
la soumission de toute l'Aquitaine (7).
En échange de leur promesse de fidélité, le roi de France
(1) Consules habent,,. archam pauperum. AppeDdice, C. III, n^ 34.
(2) Livre de raison des Massiot.
(a) Appendice, C. VIII, 149.
(4) Mentionnée dans divers documents du xiv" siècle du fonds de TÉvé-
ché et du Chapitre, aux Archives de la Haute-Vienne.
(5) O&oux, Histoire de la vie et du culte de saint Léonard, p. 68.
(6) Appendice, A, n® 1.
(7) Ibidem., A, n^ 5.
GS SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIOUE DU LIMOUSIN.
reconnut et confiroia les coutumes et libertés dont les coasula
et l'université des bourgeois de Saint-Léonard avaient été en
possession au temps de Henri et de Richard, rois d'Angleterre (t).
Le nom de Jean- sans-Terre est ici supprimé, à dessein sans nul
doute.
Saint Louis, à son tour, réclama le serment de nos communes.
C'était en 1242, au lendemain de la victoire de Taillebourg. Le
comte de la Marche, le roi d'Angleterre et leurs alliés venaient
de subir un échec qui assurait au pays de longues années de
tranquillité. Un mandement du sénéchal de Poitou, Thibaut de
Blond, prescrivit aux bourgeoisies de la province d'avoir à jurer
fidélité au roi de France entre les mains de Guillaume Relier,
chevalier, sou délégué (2). Ce serment fut prêté sans difficulté
par les habitants de Saint- Léonard, qui espéraient, par l'accom-
plissement de celte formalité, resserrer le lien les rattachant
directement à la Couronne, et qui voyaient, au surplus, dans la
lettre même du sénéchal, une reconnaissance de leur commune.
Ils envoyèrent à La Rochelle deux de leurs consuls : Jean
Faute et Pierre Bouzogle, pour porter au roi les clés de leur
ville. Louis IX les leur rendit, en leur enjoignant de les
garder en son nom (3).
Il semble, d'après le témoignage d'un vieillard interrogé au
cours de l'enquête de 1279, qu'une seconde fois saint Louis reçut
le serment des bourgeois, en 1248, lors de son départ pour
la Croisade (4).
De nouveau, au mois de février 1272, les habitants de Saint-
Léonard jurèrent fidélité au roi de France. Philippe III leur en
avait envoyé Tordre exprès. Les consuls, le conseil de ville, puis
la commune tout entière, réunis dans le cloître du prieuré, prê-
tèrent serment entre les mains des commissaires du fils de saint
Louis : un chevalier et deux clercs. .
La commune devait à son seigneur le service militaire : C'était
au Roi que les bourgeois de Saint-Léonard fournissaient l'ost et
la chevauchée. Et, dans le courant du xiii* siècle, ils eurent sou-
vent l'occasion de s'acquitter de ce devoir, sans que l'interven-
tion de l'Êvêque ait eu à s'exercer en aucune façon.
A deux reprises, semble-t-il, la commune de Saint-I-éonard
dut fournir un contingent à des expéditions dirigées contre
(1) Appendice, A, 3 et 3.
(2) Ibid,, A, 4, et C. IV, 46.
(3) Jbid., C. IV, 44.
(4) Ibid., G. IV, n» 47.
LA COHMUm Dff SAIHT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII® SIÈCLE. 69
le château de Châlus. Vers 1240, une soixantaine d'hommes,
80U8 le commandement des consuls, ârent partie des troupes que
le fièoéchal royal Pierre des Saules conduisit contre cette for-
iereese (t). Nous ignorons le but de cette démonstration.
En 1267, après la prise du château par Boson de Bourdeilles
et son refus de le rendre à la vicomtesse de Limoges, une petite
armée, sous les ordres du sénéchal Raoul de Trappes, du bailli
de Bourges et de Nicolas de Menot, alla mettre le siège devant
Châlus et contraignit Bosou d'abandonner le fort et de délivrer
ses prisonniers.
Saint-Léonard avait fourni, dans cette occasion encore, un
détachement de sa milice (2).
Les bourgeois ne comptaient pas moins de trois à quatre cents
miliciens dans la petite armée que Charles d'Anjou, frère du roi,
avait conduite peu auparavant en Périgord et en Bas-Limousin.
Les hommes de Saint-Léonard furent employés au siège du châ-
teau de Larche, qui appartenait à Elie Rudel (3). Le sénéchal du
roi de France, Pierre Servientis, commandait l'expédition (4).
Mais le service du roi n'appelait pas seulement dans un rayon
peu éloigné les hommes de la commune. On les voit, en 1272,
prendre pari à l'expédition organisée contre le comte de Foix.
Plus tard ils suivent l'armée française jusqu'à Pampelune (5).
Ces expéditions lointaines n'étaient pas du goût des bourgeois,
et un peu plus tard, appelée à fournir son contingent à Tarmée
d'Aragon, la commune racheta son service en versant à Phi-
lippe de Beaumanoir, sénéchal du roi de France en Poitou
et en Limousin, une somme de deux cents livres tournoises (6),
Outre le service de guerre, les bourgeois devaient encore un
service de police, analogue à celui qui fut dévolu plus tard à la
(J) Jbid^ G. IV, n<» 67. L'expédition signalée par Pierre Jouaus et un
autj'e témoin, en 4288, comme remontant à une cinquantaine d'années,
ne peut pas être la même que celle de 1367. On remarquera de plus que
le nom du sénéchal chargé de diriger les troupes dans cette occasion n'est
pas le même que celui du sénéchal de 1967. La mention d un sénéchal
français en Limousin, à cette époque, paraît néanmoins étrange. Que de-
vient l'affirmation de la Chronique de Pierre Goral que nous reproduisons
plus bas (note de la page 85) ?
(î) G. IV, n«* 58, 59, «0. Voir Chdlucet, par Louis Guhxbrt, Limoges,
Ducourtieuxy 1887, p. 48 et 49.
(3) Appendice, C. IV, n<>» 50, 51, 5î, 53, 54.
(4) Ibid,y C. IV, 56, 56.
(5) Ibid., C. IV, 63, 64, 65, 06.
(6) Ibid., C. IV, 67.
70 SOGIRTi ARCHÉOLOGIQUB ET HIST0R1QUB DU UM0U81H.
maréchaussée. On trouve plusieurs mentions de prises d'armes
dans ces conditions. Tantôt la commune envoie un détachement
d'une quarantaine d'hommes, tant à cheval qu'à pied, pour prêter
main-forte au seigneur de Châteauneuf chargé de poursuivre
des bannis. Tantôt elle donne son concours pour arrêter des
meurtriers qui se cachent dans les forêts d'alentour (1).
Plus d'une fois, sans aucune convocation ni autorisation des
ofliciers royaux, les consuls assemblèrent la commune, lui
firent prendre les armes et dirigèrent contre les seigneurs qui
troublaient la tranquillité publique et la sécurité des chemins,
de véritables expéditions. Le récit de quelques-unes nous a été
conservé. Il n'est pas sans intérêt de le rappeler; nos lecteurs
verront comment les communes savaient se défendre elles-
mêmes et se faire respecter de leurs voisins.
Vers 1230, on apprend un jour, à Saint-Léonard, que trois mar-
chands de la ville ont été pris avec leurs ballots, sur la route de
Limoges, par Guillaume du Puy, chevalier de Saint-Martin-
Terressus. Sur-le-champ les consuls donrient des ordres elle lende-
main matin la commune en armes se dirige, bannière déployée,
vers le château de ce seigneur, distant de deux lieues environ.
Le chevalier n*est pas à Saint-Martin; peut-être a-t-il fui, emme-
nant ses trois prisonniers. Les bourgeois n'en sauront pas moins
le punir. Sa demeure est mise au pillage et démolie de fond eu
comble.Puisles habitants de Saint-Léonard prennent trois paysans,
des hommes de Guillaume du Puy, et les mènent à Saint-Léonard,
où ils sont enfermés dans la prison de la commune. Ils servi-
ront d'otages et répondront, corps pour corps, des trois citoyens
qui sont au pouvoir du seigneur. Ce n'est pas tout. Â trois jours de
marché successifs, lescrieurs de rhôtel-de-ville appellent le che-
valier et le somment, au nom des consuls et de la commune,
d'avoir à comparaître à leur prétoire. Comme il ne se présente
pas, les magistrats prononcent le bannissement perpétuel contre
lui et ses héritiers. — Cette sentence n'est pas considérée comme
de pure forme. Soixante ans plus tard, un bourgeois attestera que
non seulement Guillaume du Puy, mais son fils, loraqu'ils ont
eu quelque affaire à traiter avec un bourgeois, l'ont fait appeler
hors des murs, pour s'entretenir avec lui : ni Tun ni l'autre n'ont
osé, depuis 1230, mettre le pied dans la ville (:^).
Une autre fois, ce sont des nobles d'Eybouleuf et du château
(4) Appendiee, G. Vil, 437.
(3) Jbid., C. V, n« 68.
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DB NOBLAT AU XIII^ SIÈCLE. 74
d'Aigueperse qui arrêtent « sur le chemin du roi », un bourgeois
du nom do Pommier, le frappent, le dépouillent et le retiennent
en prison. La nouvelle en est donnée à Saint-Léonard. Aussitôt
les consuls font sonner la trompette dans toute la ville et enjoin-
dre aux habitants de se réunir en armes. Eux-mêmes prennent le
commandement de la milice. On se rend d'abord à Aigueperse,
et on se saisit de Pierre Nouaille (de Noblat?), damoiseau, un
des auteurs des violences commises sur Pommier; de là, on va
à Eybouleuf et on rainène à Saint-Léonard le seigneur d'Aigue-
perse, Adémar Marchés, chevalier, son fils et son frère. Ces
quatre gentilshommes sont mis en prison et ne sont délivrés
qu'après que les seigneurs de Noblat, Constantin et Justin
Marchés^ frères ou oncles de deux des coupables, ont fait une
démarche en leur faveur auprès des consuls, et devant les magis-
trats et le peuple, sur la place publique, juré que satisfaction
pleine et entière sera donnée à la commune. Le bannisse-
ment est prononcé contre les coupables (1).
YL — LA COBIMUNK EN POSSESSION DE LA JUSTICE. DROITS DES
GHEVÀLIEAS DE NOBLAT ET DES VIGIBKS.
Le droit de justice était, au moyen âge, la principale préroga-
tive du seigneur. De tous les privilèges qu'ambitionnèrent les
communes et que beaucoup réussirent à acquérir soit par la
force, soit à prix d'argent, le plus haut, le plus envié fut tou-
jours celui de ne dépendre d'aucun justicier et d'avoir des juges
spéciaux connaissant des causes civiles et criminelles dans l'en-
ceinte des remparts de la ville : seul, eu effet, ce droit assurait
les libertés des boiirgeoisies et faisait celles-ci maîtresses chez
elles.
Mais un grand nombre de communautés ne purent atteindre
â cette entière indépendance. Les négociations, les longs procès
devant le Parlement, les révoltes à main armée n'aboutirent pas
toujours à l'élimination complète des droits seigneuriaux. Ces
droits avaient été souvent inljéodés aux officiers chargés de les
exercer, et les concessions faites dans la suite par le seigneur ne
pouvaient porter atteinte à la possession des familles qui se trou-
If) Appendice^ C. V, n~ 69, 70.
72 «OCltrtÉ AACHËOIidOlQUt BT fllSTÔAlOCB DU LIMOtlSIII.
Taiont investies de certaides prérogatives de cet ordre. Le justi^
cier, au surplus, oe consentait pas aisément à se dessaisir de ses
droits. Parfois les bourgeois réussissaient tout au plus à obteuir
rétablissement- d'une association dans lactuelle les juges et offi-
ciers étaient ou bien nommés de concert par la commune et
le seigneur, ou bien désignés moitié par l'un et moitié par l'au-
tre. Nous ne connaissons très exactement, pour aucune de nos
communes Limousines, Tétat des choses existant entre 1200
et 1250.
Il paraît toutefois hors de doute que, durant certaines périodes
comprises entre ces deux dates extrêmes, la commune de Noblat,
comme celles de la Cité et du Château de Limoges, se trouva en
possession du droit de justice. En fut-elle jamais investie d'une
façon régulière? Nous ne le savons; nous ne le croyons pas.
De ses privilèges, celui-ci fut toujours le plus contesté, et en
effet, le plus contestable; elle s'en vit au surplus dépouiller de
bonne heure comme nous le dirons plus loin.
Quoiqu'il en soit de son droit, la communauté bourgeoise de
Saint- Léonard exerce, de fait, la justice criminelle et civile au
cours d'une grande partie du xin* siècle. Il résulte de témoigna-
ges très précis que, sinon sans interruption, du moins à des dates
rapprochées et durant des périodes de calme, d'ordre, de paix
publique, les magistrats élus par les bourgeois ont, au nom
de la commune, jugé des causes civiles et criminelles, prononcé
sans distinction sur des cas ressortissant à la haute, à la
moyenne et à la basse justice, exercé la police des marchés.,
des poids et mesures, de la voirie, rempli en un mol toutes
les attributions de Tordre judiciaire que pouvait revendiquer un
seigneur.
Dans les grandes villes, les consuls ont des ofQciers spéciaux
pour rendre la justice et veiller à la police : un prévôt criminel
et un juge civil tout au moins. A Saint-Léonard, les chefs de
la bourgeoisie remplissent eux-mêmes ces diverses fonctions.
Les audiences civiles se tiennent à la maison commune : vers
1265, il y en a trois par semaine; vingt ans plus tard, deux seu-
lement, fixées au mardi et au vendredi. Les consuls jugent, peut-
être avec Tadjonction de jurisconsultes, mais surtout suivant la
coutume et l'équité. Leur juridiction semble avoir surtout le
caractère de l'arbitrage. Toutefois, les parties sont tenues de se
conformer à la sentence, et si celle qui a succombé ne s'exécute
pas, les magistrats l'y contraignent par la saisie de son mo-
LA COUHUNK DE SAlirr-LfiONAftB BK NOBLAT AU XI11* SIÈCLE. 73
bilier ou de ses marchandises. Au besoin, ils foat enlever les
portes de sa maison (l).
Sur la place dite du Marché au Blé, devant la vieille église de
Notre-Dame, étaient plantés des ormes auxquels le vénérable
sanctuaire devait sa dénomination caractéristiqne : « Notre-
Dame de sous les Arbres ». C'était sous ces ormes et plus parti-
culièrement sous l'un d'eux, — le plus rapproché, sans doute, du
porche de l'église, — que les consuls tenaient leurs assises crimi-
nelles (2), environnés du peuple et dans un appareil dont la sim-
plicilô n'excluait pas une certaine grandeur. Parfois, mais
moins souvent, semble-t-il, ces audiences se tenaient à Thôiel-
de-ville, sous le porche de Notre-Dame (3), ou encore sous la
porte de Champmain (4).
Les oonsuls avaient leurs sergents et leur bourreau. Le pilori
de la commune était, à Saint-Léonard, comme dans le Château
de Limoges, établi sur la place du Marché à la viande (5). Quant
au gibet, les magistrats bourgeois paraissent n'en avoir pas fait
élever avant 122i>. Jusqu'à cette époque, on pendait les malfai-
teurs aux arbres des chemins, et en particulier à un arbre qui
s'élevait au lieu dit de l'Ort Bonissau (6). Des fourches patibu-
laires furent, vers 1225, construites à peu de distance de la forêt,
près de la croix de Courpeyre (7).
L'assassinat, le meurtre, l'incendie, le viol, le sacrilège, les
vols d'une certaine gravité étaient punis de mort (8). Les délits
d'une moindre importance emportaient souvent pour le cou-
pable l'amputation d'un membre. Nous voyons par exemple un
voleur condamné à perdre le pied (9), un autre la main (10),
d'autres une oreille. Et à ce ^ujct un témoin raconte qu'où prit
un jour trois jeunes coupeurs de bourse devant l'église de Saint-
Léonard, où ils exerçaient leur métier, mêlés à la foule des pèle-
rins. Conduits devant les consuls, ils furent jugés sur-le^^hamp.
Les magistrats ordonnèrent qu'ils seraient privés des deux
(4) Appendice, C, VI, no» 71, 74, 75, 76, 77.
(5) Ibid., C. VI, no» 86, 87, 89, 94, 95, 99, etc.
(3) Jhid.,C. VI, no» 91, 93, 98.
(A) lUd,^ n»7l.
(5) Ibld., C. VI, no 81. Celait, à Saint- Léonard, la firandc Place, la
place du Marché au Blé.
(6) Ibid., C. VI, n«>« 79, 80.
(7) Ibid., C. VI, n«« 79, 80.
(8) Ibid., C. VI, n" 79, 87, 89, 90, 99.
(9) Appendice, C. VI, n« 95.
(10) Archives de la Haute-Vienne, Évôché, 2440.
74 SOCIÉTÉ A&CBÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
oreilles; ils firent toutefois grâce au plus jeune; mais celui-ci dut
remplacer le bourreau et couper les oreilles de ses deux compa-
gnons. La leçon corrigea-t-elle le précoce malfaiteur? Il n'y a
pas grande raison de le croire (1).
En général, les membres coupés étaient exposés au-dessus
d'une des portes de la ville pour attester le droit du justicier
et pour servir d'exemple. Parfois cependant, on les jetait dans
les fossés (2).
Pour un méfait sans conséquence, le vol d'un outil, un pauvre
diable est condamné à avoir la tête rasée a d'assez prés pour que
la crasse (?) sorte » (3). Conformément à cette sentence, l'exécuteur
tond le coupable de telle façon que le cuir chevelu se trouve
sensiblement entamé (4).
Les arrêts de ce genre recevaient d'ordinaire leur exécution
au devant d'une des portes de la ville, le plus souvent de la porte
Àumôniëre. Toutes les exécutions étaient entourées d'un certain
appareil. On publiait la sentence dans toute la ville et les crieurs
qui étaient chargés de la publier invitaient les habitants à se
rendre au lieu indiqué par les magistrats pour y voir « faire
justice », suivant Texpression consacrée (5). Le condamné était
conduit par les sergents de la commune et des bourgeois en
armes. Les trompettes de la ville marchaient à la tête du cortège.
Les consuls suivaient et présidaient à l'exécution, à laquelle
assistait souvent une foule considérable (6).
La peine ordinaire des larcins légers était la fustigation ; le
voleur était promené dans toute la ville par les sergents du Con-
sulat, qui le frappaient de verges. Il portait le plus souvent,
pendu au col ou attaché sur les épaules, l'objet volé ou ce qui
en restait (7).
Tout condamné à une peine corporelle était banni, le plus sou-
vent à perpétuité. On le conduisait à une des portes de la ville,
à la porte Aumônière de préférence, et on lui signifiait la défense
de rentrer jamais dans l'enceinte des remparts et même de repa-
raître dans les faubourgs sous peine d'être pendu (8).
(0 Appendice, C. VI, n« 94 et 92.
(3) Et vidit auriculam ipsius projici in fossatis dicte ville, subtus pon-
tem (Pierre de Roc Amadourj.
(3) SeugU, Nous n*avons trouvé ce mot dans aucun vocabulaire.
(4) App., C. VI, »8.
(5) Ibid.j C. VI, 88, 94, 9% 95, etc.
(6) Ibid., C. VI, 87, 90, 99.
(7) Jbid., C. VI, 87, 95, etc.
(8) Jbid., VI, 94, 98.
lA CeMUUNB DI 9AWT<LÉ0NAIU> DE NOBLAT AU XIU* SlàCLK. 75
Parfois, quaod il s'agissait de délits de peu de conséquence et
qull existait quelques circonstances de nature à en atténuer
encore la gravité, il intervenait une transaction entre la famille
ou les amis des coupables et les consuls. Dans ce cas, la poursuite
pouvait être abandonnée, mais à la condition que Taccusê s'obli-
geât à faire un pèlerinage aux lieux saints ou à quelque sanc-
tuaire renommé et prît immédiatement la gourde et le bourdon (i).
On sait que dans les pays du Nord, dans plusieurs villes de
Flandre surtout, ces pèlerinages d'ordre pénal étaient de règle
pour certaines catégories de délits. Beaucoup d'habitants de ces
contrées sont venus, du xii« au xv" siècles, s'agenouiller devant
la Vierge de Roc Amadour pour expier une faute et obéir à la
sentence rendue contre eux.
Le coupable réussissait-il à fuir ? Les consuls le faisaient som-
mer, au son des trompettes, d'avoir à se présenter devant eux
pour répondre à l'accusation qui pesait sur lui ; s'il ne se présen-
tait pas, il était banni de la ville à perpétuité. Parfois sa maison
était pillée ou même démolie (3).
La commune avait sa prison spéciale ou plutôt ses prisons.
Celle qu'on trouve le plus souvent désignée au xiii* siècle, est la
geôle ménagée au-dessus de la porte de Maupertuis (4). On enfer-
mait aussi les prisonniers dans la maison commune, où il y avait
des cachots — archx — (5), ou dans la tour qui surmontait la
porte de Fontpinou (6), parfois môme on les confiait à des parti-
culiers.
Ajoutons que les consuls avaient le droit de soumettre à la
question les accusés pour obtenir l'aveu de leur crime. Dans
plusieurs occasions, on les voit user de ce droit (7). Notons encore
que Torganisation de la justice est peu compliquée à Saint-
Léonard. Ce sont les juges eux-mêmes qui sont chargés de
rinstruction des affaires.
La police est pour ainsi dire inséparable de la justice. L'auto-
rité des consuls s'exerce en Tune comme en l'autre matière. La
surveillance des marchés et des foires leur appartient. Ils placent
(t) Appendice, G. VI, 96.
(1) Jbld., C. VI, 93.
(3) Ibid., C. VI, n^ <00, 101, 402.
(4) /6ûl.,85, 89,95.
(5) Ibid., 90,
(6) Ibid., 89, 86.
(7) Ibid,y 85, 83.
76 sOCIÉtA ARCBÉOLOOlQUt BT HISTORIQUe DU LIMOUSIN.
des corps de garde aux diverses portes de l'enceiate extérieure,
les jours de marché, afin que tout arrivant, fût-il uoble, soit invité
et au besoin contraint à déposer ses armes avant de pénétrer dans
la ville et que les querelles et les rixes, si fréquentes, aient ainsi
moins de gravité (1), Ils parcourent eux-mêmes le marché, fai-
sant saisir et rompre en morceaux le pain qui n'a pas les dimen-
sions ou le poids voulus et qu'ils envoient ensuite à l'hôpital (2),
ils interdisent la vente des viandes de mauvaise qualité et con-
damneut au bannissement les bouchers qui en sont trouvés
détenteurs (3). Ils font brûler sur la place publique les denrées
insalubres ou corrompues, les marchandises mal fabriquées ou
déloyales (4). Ils ont Tinspection des métiers, organisés en con-
fréries. Us vérifient les poids et mesures, et perçoivent les émo-
luments de cette vérification. Les mesut*es pour le vin sont
vérifiées à Taide d'un étalon de cuivre qui est conservé à l'hôtel-
de-ville (5). Le plus souvent, l'étalonnage se fait sur place, chez
le débitant ou bien en public, sous l'orme où les consuls rendent la
justice. Les muids et les setiers dont les particuliers se servent
pour le blé doivent être conformes aux mesures de pierre qu'on
voit sur la place commune à la disposition de tout le monde (6).
Quant aux aunes et coudées des marchands de draps et autres, les
consuls les comparent à celles qu'ils ont dûment approuvées (7)
et le public peut aisément les contrôler, car la longueur de la
mesure locale est gravée sur un des piliers extérieurs ou des con-
treforts de la grande église (8).
Les aunes et mesures qui ne sont pas d'exactes dimensions ou
de juste capacité sont brisées, et les détenteurs condamnés d des
amendes, parfois assez fortes, au profit de la commune.
Leproduitde ces amendes et les petits émoluments du greffe et
du sceau sont sans doute, après les tailles pour Tenti^etien des
murs, portes, pavés et fontaines, un des principaux revenus de la
communauté. Auprès de cet article de la recette, il convient d'eu
(1) Appendice, C. VI, !18, 119.
(2) /Hd.,li3.
(3) ïbid.y H 2.
(4) Ibid,, na, H4, H5.
(5) Ibid., 108 bis, 109.
(6) Ibid.yC.Vl, UO.
(7) Jbid.y C. Vi, 108.
(8) Vidil Nanlerium, cuslodem regalium, admensurarc alnam et cubi-
tum dicte ville ad quoddam pilarium monastcrii Sancli Leonardi; et
dicta admensuratio adhuc est in dicto pilario (Dép. d*Audoin, prieur de
Ghàtelus).
LA COHMUNK DB SAINT-l60NARD DE NOBLAT AU XIII" SIÈCLE. 77
meulionnei' un autre qui rouLi-e à peu près dans la môine calé-
gorie: c'est une contribution qui frappe les débitants de boissons:
chaque taverne doit annuellement au Consulat la valeur de deux
seiiers de via (t). Parfois, quand le vin est bon, les de\ix setiors
si>at perças en nature.
Nous avons parlé plus haut deTentrelien des fontaines et des
pavés. Nous devons avouer qu'aucun texte précis ne nous auto-
rise à ranger ce service au nombre de ceux qui incombaient aux
consuls deSaint-Léonard; mais, dans d'autres communes de la ré-
gion, on voit à la même époque le soin de la voirie et des fontaines
dévolu aux magistrats municipaux. Ceux de Noblat, du l'esté,
nous sont représentés comme chargés de veiller à ce que les par-
ticuliers ne commettent pas d'empiétements sur l'assiette des rues
et places, et de donner l'alignement aux propriétaires qui font
édifier des bâtiments. Nous les voyons par exemple, vers 1230, en-
joindre à Pierre Elie Adémar, chevalier, lequel fait construire six
maisons proche les remparts, d'avoir à laisser, entre ces bâtiments
et les murs, un passage suffisant pour les besoins de la défense
et de la circulation (2). Un peu plus tard, Etienne Faure ayant
empiété sur la voie publique, ils l'obligent à reculer sa construc-
tion (3). — Les chefs de la commune ne font pas seuls les consta-
tations nécessaires ; ils sont assistés d'un certain nombre de
bourgeois, membres du conseil de la ville ou hommes de l'art (4).
Nul no peut construire au bord de la voie publique qu'avec
l'autorisation du Consulat.
On constate, deux siècles plus tard, que les officiers munici-
paux de Saint-Léonard sont chargés du service des aqueducs et
égoûls. En 1480, l'égoilt qui se dirige du Marché aux Porcs vers
la porte Champlepot, se trouve obstrué. Les particuliers qu'in-
commode cet état de choses, sollicitent l'autorisation de le faire
constater. L'égout est ouvert en présence du « procureur de la
ville » et la réparation nécessaire confiée à deux ouvriers commis
par la commune (5). Peut-être faut-il voir dans cette mention,
malheureusement bien vague, du registre des comptes de la
famille Massiot, l'indice de l'existence à Saint-Léonard, dès cette
époque, d'un service municipal permanent de voirie.
(1) Appendice, C. VI, 120.
(2) i6«i.,C. VI, 103.
(3) Ibid,, 103, 405.
(4) Ibid., 104.
(5) Livres de raison Limousins et Marchais, p. 444 et 145.
t8 SOCIETE ARCBiOLOGIQUB ET BISTOIIQCK DC UHOOSIR.
Nous avons, dans les pages qui précèdent, représenté les
consuls comme seuls en possession, à droit ou à tort, de la justice
civile et criminelle. Il ne paratt pas en avoir été constamment
ainsi, et malgré la précision et le caractère très affirmatif des
témoignages sur lesquels nous nous sommes appuyé jusqu'ici,
il y a lieu de croire que, sans parler de Tévéque, basant ses
prétentions sur sou titre et sa possession de seigneur incontesté du
château et de la châtellenie do Noblal, plusieura nobles du châ-
teau possédaient des droits féodaux à Tinlérieur de la ville et
avaient continué à les exercer, même durant les éclipses presque
complètes qu'avait subies l'autorité épiscopale. Plusieurs témoins
entendus à l'enquête et visiblement favorables aux bourgeois,
font allusion aux droits de ce qu'ils appellent « la seigneurie » et
des vigiers, et mentionnent en termes exprès non seulement la
présence de ces derniers aux jugements criminels, mais la part
qu'ils prennent à Tinstruction des affaires, à la poursuite du
coupable et à sa condamnation. Ainsi, un religieux de Tordre du
Temple, originaire de Saint-Léonard et dont le père a été, vers
1240 ou 1245, investi des fonctions de consul, parle d'une façon
très précise du rôle des vigiers. 11 les montre recevant, de
concert avec les consuls, une plainte au criminel ; faisant appli-
quer, aussi avec les chefs de la œmmune» un accusé à la ques-
tion ; prononçant enfin, toujoura en leur compagnie, des sen-
tences capitales (!}. Cette déposition, qui émane d'un homme
intelligent, semble-t-il, fort au courant du procès, se rendant
bien compte des questions en litige et de la portée de ses dires,
nous paraît mériter une attention particulière.
Les vigiers, associés à la justice criminelle, ne l'étaient point
à la justice civile. Les. consuls, en matière civile, prononçaient
seuls (2).
Mais la vigerie, outre la justice criminelle, s'étendait aux
matières de police ; elle comprenait, par exemple, la juridiction
des poids et mesures, à la possession de laquelle la commune
attachait un prix tout particulier, à cause de l'importance et de
Tactivité du commerce de Saint-Léonard.
Nous avons déjà vu que les vigiers jouissaient de certains
droits utiles. Ainsi, tout habitant de Saint-Léonard qui vendait
de la viande leur devait à la Noël une tête de bœuf ou de vache.
Ils percevaient également des redevances sur les cuirs et sur la
(1) App. C. IX, 483, 484.
(2) Ibid., C. IX, 490.
LA COMMUNS DE SAINT-LÉONARD DB NOBLAT AU XIU* SIÈCLK. 79
vente du sel (1). Peut-être enlia partageaient-ils avec les coasuls
le produit de la taxe des deux setiers de vin sur chaque taverne
dout il est souvent parlé au procès (2).
Mais les droits des chevaliers de Noblat et des vigiers auxquels
certaines prérogatives seigneuriales et certaines redevances
avaient été inféodées, s'étendaient-ils à toute la ville? Il y a quel-
que raison d*en douter. Plusieurs dépositions des enquêtes de 1279
et 1288, parlant de maisons de Tintérienr de la ville, disent qu'elles
sont situées les unes dans les limites, les autres en dehors de la
vigerie. Dans le Château de Limoges, on paraît distinguer un
demi-siècle plus tôt le territoire soumis à la juridiction des
vigiers — solum vigeriale, sol vigeiral — du territoire ne relevant
que de la commune, de la « terre bourgeoise, » terra burgensalis.
11 semblerait qu'il en fût de même à Saint- Léonard et que
certains quartiers seulement dépendissent de la vigerie : les
autres étant soumis à la seule juridiction des magistrats muni-
cipaux (3).
Notons que l'expression : lieu en litige — locus contentiosus (4) —
se rencontre fréquemmentdanslesprocéduresdépouillées par nous.
Nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de lui accorder l'imporlance
que nous avions été porté à lui donner tout d'abord. Elle semble
s'appliquer au territoire sur lequel la commune revendique une
juridiction et signifier simplement « la ville et ses faubourgs ».
L'audition des témoins produits par l'une et l'autre parties a été
précédée d'un transport des commissaires enquêteurs sur le terrain
et d'un examen des lieux. La « montre » de ceux-ci a été faite aux
(1) C'est évidemment à ce droit, ressortissant à la vigerie, que se rap-
porte le passage suivant :
Quidam rotulus pargameni ubisunt articuU per quos dominas Episco-
pus Lemocicensis seu procurator agebat contra Petrum Palhet, mer-
catorem de NobUiaco, cui petebat mediam emlnam salis, quam in ipso et
quoUbet oendente sol in dicto loco, habebat et recipiebat anno quolibet^
in NatioUate Domini, (Registre Tuœ hodie, f. 49 r«).
(2) Yinum... taxant cum ballivo in dicta villa pro dominis Castri Nobi-
liacensis. (Enquête de 1S88). — On trouve d'autre part cette note :
Alia littera, sigillata sigillé regio... quod prepositus domini episcopi et
ejus bajulus apud Nobiliacum debent taxare cum consulibus duos sezta-
rios vini in quolibet taberna de Nobiliaco, percipiendos a domino Epis-
copo, et 11 alios sextarios vini quos habet dominus episcopus a quolibet
tabernario dicte ville, in Natale Domini. (Registres de TËvéché).
(3) In domo sita in vigeria dicte ville... morans in dicta villa, extra
Tigeriam (Appendice C. Vlli, 173).
(4) Appendice, C. V, 69.
80 SÔGlâri ARGBtoX)6IQUK KT BIATORIQUR DU LIHOUMV.
témoiaâ(l). Lo larme de monstra s'applique uoa eeulemeal à
cette opération elle-^même, mais aux lieux qui en ont été l'objet et
qui sont naturellement les lieux en litige — locus contentiosus. Or
nous constatons et il apparaît avec évidence que, dans les docu-
ments de la procédure, le mot monstra, dans cette dernière accep-
tion, désigne purement et simplement la ville avec ses fau-
bourgs (2). Nous n'insisterons donc pas sur ce point.
Nous avons dit plus haut que la moitié de la vigerie et de ses
produits appartenait à une famille bourgeoise, celle des Paute,
qui la garda entre les mains jusqu'à la fin du xiii*" siècle. L'autre
moitié, qui était restée aux chevaliers de Noblat, fut engagée de
bonne heure à Tévêque. Celui-ci exerça, au nom du débiteur qui
s'était dessaisi à son proQt, les droits émanant de sa propre sei-
gneurie, et ce fut là, comme nous allons le voir plus bas, le point
de départ du retour offensif de l'autorité épiscopale.
En dehors de quelques rentes dues par des particuliers, et des
honneurs, droits et profils ressortissant à la vigerie, on ne voit
pas que les chevaliers de Noblat jouissent, au xni* siècle, d'aucune
prérogative seigneuriale dans la ville de Saint-Léonard. On peut
toutefois reconnaître une trace de leur ancienne autorité dans la
formule employée par les crieurs de la ville pour certains bans
qui, d'après plusieurs témoins, se publiaient au nom de l'évéque,
de la seigneurie et des consuls (3). Nous aurons à revenir là-
dessus.
Ajoutons que les seigneurs de Noblat avaient un prévôt; mais
des déclarations même de l'oflicier investi de ces fonctions à la fin
du xui^ siècle, il résulte que sa juridiction s'exerçait sur des
personnes demeurant hors de la ville. S'il avait quelquefois à
intervenir auprès des consuls ou du prévôt de l'évéque, c'était pour
(I) Dicit quod erat presens cum monstra facta est... Diclt quod inoD&^
Ire inlerfuit, etc.
(9) Vidit ficri cxplecla in dictis villis et locis undiqae circumdantibus
dictam monstram, et reducebantur ad dictum castrum, pcr quod dicit quod
dicta monstra et dicta cilla NobUiaci sunt in dicta casteilania (Tém.
d'Audoin Marchés). — ,,. Dicte oillede qua facta est monstra inter partes;
et dicit quia [ibi] fuit et vidit monstram (Tém. de Jean Gay). — Dicta
cilla et monstra sita est et undique circumdata de dicta casteilania
(Hugues, prieur de Saint-Léonard). — Pons... situs est prope monsU'am
et extra monstram. (Audoin, prieur de Cbàtelus), etc.
(3) Appendice, G« IX, n»» 194, 195, 196, 497, 498. Un ancien eoQsul
dépose qu'il a ordonné la criée des bans de concert avec le prévôt du
vigier. — Una cum preposito cigerii dicte cUle,
lA Cb^ÈHÙnS DK SÀlNT-LiOlMÀtf» ofe NOBLAt AU XIIl" SIÈCLE. ^1
reveadiquer les droits des chevaliers de Noblat sur certaias
foraios. Il semble que, loin d'eutraver soo action, les bourgeois
aient cherché à s*appuyer au coatraire sur ce prévôt comme
sur les chevaliers du château, avec lesquels ils enlretinreat
souvent les meilleures relations.
Il n*en était pas toujours ainsi et il s'éleva, entre ces seigneurs
et les bourgeois de la ville, quelques querelles qui furent vidées
par les armes. Ainsi la chronique de Bernard Itier nous apprend
quen 1217, les habitants de Saint-Léonard guerroyaient contre
Gui de Noblat, seigneur de Montbrun(i). Gui était sans doute le
fils et le successeur de cet Aimeric Brun, mort en 1214 et dont le
roiJeaii-sans-Terre avait pris les biens sous sa protection, comme
l'attestent des lettres adressées par ce prince aux vicomtes de
Limoges et de Rochechouart et conservées à la Tour de Londres.
Une autre fois, on voit les bourgeois, pour venger les mauvais
traitements infligés à un de leurs concitoyens, se saisir de plu-
sieurs membres d'une dos principales familles du château, d'Adé-
mar Marchés, de Bernard, son frère, du fils du premier et d'un
damoiseau du nom de « Pierre Noualle » qui pourrait être Pierre
de Noblat, — les conduire à Saint-Léonard, les tenir en prison et
prononcer contre eux la peine du bannissement (?).
VII. — COMMENCEMENTS DB LA LUTTE ENTRE l'ÉVÊQUE ET LA
COMMUNS : INCIDENTS DIVERS.
Pas plus que Jean de Yeyrac, son successeur sur le siège épis-
copal, Bernard de Savène, ne crut pouvoir entamer une lutte
sérieuse contre la commune de Saint-Léonard. Il tâta sans doute
le terrain de ce côté, comme il avait fait du côté de la Cité de
Limoges (3). Mais les bourgeois étaient forts et Tissue des événe-
ments incertaine. Ballotté pour ainsi dire entre TAngleterre et
la France, le Limousin n'entrevoyait pas encore rétablissement
d'un état de choses définitif. L'influence d'Henri III, après
(i) Nobiliacenses guerram faciuntcum Guidone de Noalac de Monbru
(Chron, de S alnt^ Martial^ publiées par Duplès-Agier, p. 100.)
(i) Appendice, C. V, n«» 69 et 70.
(3} Voir ci-dessus, p. 11 et 12.
T. XXXVII. 0
Celle de Jéàn-sans-Teh^, àllÀtt éù Ûétrtl^tttùi; tn-àvi ùe dèôlib
Cuvait avoir dûs retours subits. Ou l'avait bitsn vu eu 1214.
Aussi l'Elvôque jugeait^l prudent d*àlleudi^ et de patienter.
D'un auti'e côté tous les yeuxétaieut tourués vers le Midi, où
se poursuivait une œuvre d'extermluàtiou doùt app)*(ychait le de-
Douement. Le Limousin apporta un faible coatingont à la croisade
contre les Albigeois : il tenait par trop de liens à cos populations
dont les seigneurs du Nord allaient se disputer le territoire, pour
preddre une part active à riuvasion. Il avait eu, lui aussi du
t^ste, ses hérétiques, mais deux siècle^ plus tôt. Bous TépiScopUt
de Gérald I, ou avait vu surgir dans toute TAqtiitaiue une secte
de Manichéens proclamant Tinutililé du baplême, niant la vertu
de la croix et maint autre enseignement dt3 rSglise, s*abstenant
de certains mets, comme les religieux, et faisant proIR^sslûn de
chasteté, mais se livrant entre eux aux plus honteux désordres (1 j.
Par bonheur, cette hérésie n'avait pu prendre racine dans nos
contrées. Peut-être ses chefs et ses principaux adhérents, forcés
de quitter le pays, s étaient-ils réfugiés dans les provln^s méri-
dionales, où un meilleur accueil attendait leurs doctrines. Quoi
^u'il en soit, on ne parlait plus de ces hérétiques daus les pt^
ihièrès années du xiîi* siècle. S*il en eût été autrement, le
Limousin, au lieu d'être uue simple étape de Texpéditioa des
croisés, fût devenu le théâtre de leurs premiers exploits et le
sac de nos villes eût précédé celui de Béziers, de 'Toulouse et
de Garcassonne.
Ce fut sous l'épiscopat de Gui de Clusel, successeur de Bernard
de Savène, que s'oUvfirenl les hoslilités éîU're le prélat et la com-
mune de Saint- Léonard. Elles ne devaient pas durer beaucoup
moins d'un siècle. Avant n<)us, M. Achille Leymarie en a donné
Thistorique sommaire dans quelques pages intéi-essantes de sou
Histoire de la Bourgeoisie (2). lia connu presque tous les docu-
(1) Fauco post icmpore, per Aquitaniam exOrti âtuit Btanichâei, scdu-
cetilcs plebcm, ncganlôs baptismûm sanctam et crucis virlatetn, et quid-
qtiîd sanœ do^trinae ôst, abstinentes a cibis, quasi monachi, et càslitaiem
simulantes, snd inter seipsôs luxaHam omnom exercènles^ qaippfe, ut
iluniii Antichrisli, tiullos a fidc exorbitare fecerunt {Vhron. d'Aéémar de
Chabannef, ap. Labbe : nooa Blbl. manuscriptorum Ubrorum^ t. Il, p. ^6).
His diebus (vers 1030) concilium ag^regavit episcoporum et abbatum dux
WiUelmus apad Saiwiium Cartofum proplef exirttguendas hserescs qa«
vulgo a Manichteis dissemlnabàntur (î6., p. IS4).
(2) Histoire da Limousin: la Botirgeolsie, Paris, DamoiîliA; Limoges,
ArdiUier fils, t. Il, p. 262 à 281, 284.
flMQte dont nou8 avoos feii usage ; il en a même eu sous la
main quelques-uns qu'il nous a été impossible de retrouver, et
au sujet desquels nous aurons à invoquer son témoignage sans
pouvoir vérifier l'exactitude de ses indications.
Sur la première phase de cette lutte, phase qui n'a pas été étu-
diée par If. Leymarie, on possède peu de renseignements. Oui de
Olusel, élevé sur le »ège épiscopal de Limoges en 1226, réclama,
peu après son installation, le serment de fidélité des habitants de
Saint-Léonard. Ceux-ci qui, deux ans plus tôt, avaient prêté oe
serment au roi de France, et obtenti de lui la confirmation de
leurs coutumes, refusèrent net. L'évêque excommunia les con-
suls et mit la ville sous l'interdit (1). Les bourgeois se soumirent-
ils? D'après un témoignage recueilli à Tenquête de la fin du
siècle, celui de Pierre Bernard, prêtre d'Eymoutiers, ils se
seraient décidés à obéir (2). Mais à quelles conditions? Nos docu-
ments ne nous le font pas connaître.
Si Tévéque Bernard de Savène n'avait pas entamé la lutte con-
tre les bourgeois, au moins avait-il commencé les préparatifs en
vue de cette lutte. Bn 1225, c'est-à-dire fort peu de temps avant
de partir pour l'armée du Roi, il s'était fait engager par Joubert
de Noblat, à l'occasion d'un prêt de trois mille sols, tout ce que
l'emprunteur tenait de lui dans la ville de Saint-Léonard : la
moitié de la Tigerie, juridiction, leide, péage, droit sur le via et
sur le sel. L'évêque n'allait plus être seulement le seigneur supé-
rieur ; il exploiterait, sans intermédiaire féodal, par ses propres
officiers, les droits tant honorifiques qu'utiles de son domaine;
et les bourgeois, sentant son pouvoir plus près d'eux, forcés de
recotinaflre pour ainsi dire chaque jour son autorité, la redou-
teraient davantage et feraient moins de difficultés pour s'y
soumettre (3).
(I) Gaido, episcopus LemoYicensis, excommunicaverat eos (les consuls)
quia juramentam fidelilatîs nolebant sibi facere ; et vidit viliam supposi-
tam interdîcto, quadraginla qoinque aoni sunt (Témoignage de Mathieu
des Moulins, templier, ancien ooosul).
(I) Appeadioe, G. VIU, a» 127.
(3) Ce sont les recueils des hommages de rEféché (t. 1, NoWae), formés
auxvni* siècle, qui nous fournissent cette date, mais avecune fausse inter-
prétation de Tobjet du contrat, dont le véritable sens nous est donné par
les anoîefis registres :
Littera slgiilala sex sigillis, qua Joubertus de Nobilîaco obllgavit domino
eplscope in pignere vîcariam, jurisdlctionem, leydam, pedagium, sal et
vinum etquidquid jaris habebat inbnrgo de Nobiliaco, pro quîbus erat, at
dicebat, homo Ugius episcopi... Alia littera quadomlnus vohrit qaod esset
1B4 sociiÈTii AacaicoLDGiQu^ Bt biâtoaiot/K t)Xi LlftoùslA.
Ce fait, iiisigniflaQt en apparence, de l'engagement à Tèvôgae
de la moitié de la vigerie et des droits qui 8*y rattachaient, nous
semble avoir exercé une action décisive sur les relations entre
révéque et la commune.
La mort ne laissa pas à Bernard le temps de tirer parti de sa mise
en possession ; mais celle-ci n'en resta pas moins, loute provisoire
qu'elle semblait être, le point de départ et la première manifesta-
tion de la politique adoptée à Tégard des bourgeois par les prélats
qui occupèrent successivement le siège de Limoges. Nous allons
les voir suivre durant tout le cours du siècle la ligne de conduite
inaugurée par leur prédécesseur.
Gui de Clusel, et après lui Durand d'Orlhac, qui monta sur le
siège de Limoges en 1236, après le court épiscopat de Guillaume
du Puy, De paraissent pas s*étre montrés trop exigeants à l'égard
des habitants de Saint-Léonard et vécurent avec eux en assez bonne
intelligence. Satisfaits d'avoir obtenu la reconnaissance de leur
prérogative supérieure et reçu à leur avènement le serment de
fidélité (que la population ou tout au moins une partie des habi-
tants consentirent à prêter à Durand (1) comme on l'avait prêté à
Gui), les deux prélats se contentèrent probablement d'exercer, â
titre d'engagistes, la juridiction de la vigerie par l'entremise d'un
préposé, de coucert avec la famille bourgeoise des Faute, investie,
comme on Ta vu plus haut, de l'autre moitié de cette juridiction.
Le successeur de Durand, Aimeric de Serre, qui fut élevé sur
le siège de Limoges eu 1246, réclama à son tour l'hommage et le
serment de la commune de Noblat. Les bourgeois résistèrent et
ils ne paraissent pas s'être soumis complètement. Peut-être une
transaction intervint-elle ? Quoiqu'il en soit, tous les habitants de
la commune ne remplirent pas la formalité requise. Quarante ou
cinquante d'entre eux seulement se présentèrent au nom delà
communauté et jurèrent fidélité à l'évêque (2).
Peu après un nouvel incident se produisit qui mit de nouveau
le prélat et la commune en face Tun de l'autre ; mais le conflit
portait cette fois sur une alïaire qui ressortissait à la juridiction
ecclésiastique. Vers 1250, les consuls avaient fait renfermer dans
leur prison de Font-Pinou un clerc du nom de Jean Bauson, qui
immunis ab ornai servicio quousque predicla redimat. {0 Domina^ fol. 89,
I*, et Tuœ hodie, 35, r«).
(1) Durand reçut ce serment derrière Taulelde Saint-Léonard, probable-
ment sous Tarcade qui supportait les reliques. Voir ci-dessus, ch. Il, p. 29.
• (2) Appendice, C. Vil, n» 429, 130, 430 bis.
LA COimUIfB DE SAUfT-L^.ONAItD DE NOBLAT AU XIII* SIÈCLE. f5
avait frappé de la façon la plus grave uq habitant dé Saint-
Léonard. L'official lança l'interdit sur la ville. Les consuls se sou-
mirent et le clerc sortit de prison (1).
Le sénéchal que Louis IX venait d'établir en 1248 dans les
trois diocèses de Limoges, Périgueux et Cahors, laissés depuis
longtemps sans représentant officiel du roi de France (2), ne
paraît pas être intervenu dans ces démêlés. Le rôle de ce fonc-
tionnaire est d'ailleurs assez effacé jusqu'au traité d'Amiens (t259j.
A partir de cette époque, les fonctions de sénéchal prennent une
importance considérable, et on trouve cet officier mêlé à tous les
événements de Thistoire de la province. Il faut noter que réta-
blissement d'un sénéchal coïncide avec l'expiration de la première
trêve de cinq ans conclue entre Louis IX et Henri III, au lende-
main de la défaite de ce dernier et de ses alliés en Poitou.
Les barons de Chàteauneuf comptaient parmi les seigneurs les
plus puissants de la contrée. Ils étaient, pour beaucoup de fiefs et
de terres, les vassaux de l'évéque; mais c'étaient des vassaux assez
indociles et des voisins fort gênants: par suite d'alliances succes-
sives, autant qu'on puisse en juger, ils possédaient non seulement
une part du château de Noblat, mais des droits sur les moulins à
blé et peut-être aussi sur ceux à foulon qui existaient au bord de
la rivière; ils avaient moitié des péages du pont; enfin une
portion de la vigerie de la ville leur était échue, la moitié pré-
cisément de la part qui, depuis un quart de siècle, était restée
entre les mains de l'évéque en garantie de la somme prêtée à
Jaubert de Noblat par Gui de Clusel.
Aimeric parait être entré de bonne heure en pourparlers avec
Gaucelin de Chàteauneuf, pour l'acquisition de ses droits à
Noblat et aux alentours. Dès 1252, ces négociations aboutissent,
pour ce qui concerne la vigerie de la ville tout au moins, et
l'évéque obtient du seigneur de Chàteauneuf la cession « de sa
pari et portion de cette vigerie et aussi de la part de la forêt de
Noblat acquise par lui d'Olivier de Royère ». Le vendeur s'inter-
(1) Villa predicta postmodum fuit interdicta per officialem Lemovi-
censem .. pro eo quod lenebant clericum captum... Et sic fuit delibe-
ratus (Evôché, 2240. Enquêtes, arch. Haute-YienneJ.
(2) Et fuit primus senescallos régis Francie a tempore quo non exstabat
memoria in parle illa {Chron. de P. Coral, Historiens de France, t. XXI,
p. 765.) — Nous avons vu plus haut (p. 69) un sénéchal français du nom
de Pierre des Saules -^Petro de Sallicibus — nommé à Toecasion d'une
expédition qui semble antérieure à cette date de lSi8.
66 SOClAt* ARCHÉOLOGIQUB BT BIATOBIQUE OU LIMOVSm.
dit QD même temps toute acquisitioa nouvelle dans la irille (1).
Voilà donc le siège de Limoges en possession définitive, outre ses
prérogatives de seigneur supérieur, de droits d'une certaine ior-
portance dans ]a ville même de Saini-Léonard.
Ce n'est pas tout. Un peu plus tard, vers 1262, Tévôque acquiert
certaines redevances sur les moulins construits au-dessous dn
pont de Noblat et relevant de Gaucelin de Chàteauneuf et de
Qérald Brun (2). Eu 1271, on le voit encore acheter d'Adémar de
La Roche, de sa femme AudoiDe de Royôre et de leura enfants,
divers mas dépendant du château de Noblat (3). Le cercle qui
entoure la commune se rétrécit et se renforce. Plus ira, plus
Tétreinte de l'autorité épiscopale se fera sentir; plus inévitables
et plus fréquents deviendront les conflits.
Saint Louis avait consenti, par le traité d'Amiens — 1259 — à
rendre les trois diocèses de Limoges, Périgueux et Cahors au fils
de Jean-sans-Terre ; mais il avait expressément excepté de cette
restitution les territoires compris dans les états de son frère
Alphonse, et ceux de tous les seigneurs vis-à-vis desquels lui-
même ou ses prédécesseurs avaient pris l'engagement de ue
jamais les mettre hors de la main du roi de France. L'évéque de
Limoges, on Ta vu plus haut, était de ce nombre et il demeura
vassal direct du souverain (4). Il en fut de même de Tabbé de
Solignac et de plusieurs autres seigneurs ecclésiastiques ou
laïques. Dans ce nombre figurait le vicomte de Turenne, qui
consentit en 1263, par traité spécial et direct avec le roi d'Angle
terre, à renoncer à ce privilège (5).
Henri III réclama Sainl-liôonard, peut-être à la suggestion
(1) Arcb. Haute-Vienne. Evécbé. Regiatrea dPhommagêê, t. I, Noblat,
p. 86.
(5) Notes de Tabbé Nadand, au Séminaire de Limoges.
(3) Ibid. et Reg. de TEvÔcbô.
(4] Fecit illi (à Saint Louis) homagium Parisius ligium pro ducatii
Atquitaniœ et pro illis quse rex Ludovicas reddidit eidem in Lemovicensi,
Petragoricensi, Galurcensi et Agenensi diœcesibus, ubi retinuit Rex terram
fratris sui, Comitis Pictavise, et omnes iUos qui habebant litteras quod
non possent ejici de manu Régis ; inler quos fnit dominus Aymericus, epis-
copus Lemovicensis, qui remansit in manu Régie Francise cum foodis et
refeodis suis, et plures alii (Pierre Goral, apud Hiatoriens 4e France,
i. XXi, p. 769.
(6) A. Lsaoux et feu fiosvuux, Chartes^ ekrçniqueê et mémoriaux pour
servir à Thisteire de la Marche et du Limeusin. — TuUe, GrauffoOt idM,
p. 89.
des bQurgeois; omus 1^ PvlamQni; (jiôcid^ uuq première fpia, ep
1250 (l), i^oe secoudQ fois vin^t aas plus lard (2), qu w raison
de la sauve^^arde jadis doqnée à TEvéque et àu% habitants par
Philippe Auguslç^ le roi do France ne pouvait se dessaisir de cette
ville et qu'elle ne sortirait pas dç ses mains. ^ N'ayant plus riep à
redouteir du roi d'Angleterre, et définitivement soustrait à son
autorité, V^Têque de Umoges prit plus sérieusement à, partie la
commune de Saint-Léonard. U ne suffisait plus que les bourgeois
lui eussent, boa gré, mal gré, prêté sermeut ; il fallait qu'ils se
çoumisseut tout 4 fait, Le conflit éclata presque aussitôt 4 Tocca-
sioa de l'exercice de la justice» Il est incontestable que les consuls
rayaient possédée et la possédaieut encore, à tort puàr^son,
vers 1260. Mais ipous avons dit plus hauc qu'auprès des témoi-
gnages favorables aux libertés des bourgeois, ou en rencontre,
aux enquêtes, d'autres qui justifient les prétentions de V^^^que.
U semble que ce dernier fût en possession de juger certaines
causes par ses officiers, soit seuls (3), soit avec le concours des
magistrats municipaux, Nous trouverons plus loiu un arrêt
recounaisi^ant aux agents de l'évêque comme aux consuls» le
droit d'arrêter et d'emprisonner les malfaiteurs, mais disposant
que le droit de juger ne doit être exercé qu'en commun par les
deux parties, Bien que l'existence de l'état de cboses défini par
cet arrêt et proclamé par lui comme en vigueur au moment du
procès, ue semble pas ressortir de la plupart des témoignages
recueillis aux enquêtes, il n'y » pas moïus lieu d'y prêter atten-
tion,
Ce qui est incontestable, c'est que, vers 1260, commença )a
période aiguë, décisive, de la lutte entre l'évêque et la commune.
L'acquisition d'une partie de la vigerie et des revenus qui en
dépendaient, fournissait à Aimeric une arme redoutable conti*e
les bourgeois. Ceax-ci n'avaient, semblo-t-il, jamais contesté
d*nne façon absolue les droite possédés dans la ville par les che-
valier^ de Noblat, droits qui consistaient^ à Saint-Léonard comme
au Château de fimoges, dans une part au moins de la vigerie,
(4) Vi<ktiir Csofilie qaod vUU 9pi9C^i l^emioviaea^U qn» diqtur
NdellUc, remtaere débet domiae Hegi, neQ potest esm pon^r^ f^tra
mmv^m suam [OUtn, 1. 1, p, 479).
(i) Appeiid. A, o^ 9.
(d) Temppro Ayqierioi qv<>^dam episcopi, vidit turb^tionen» fieri jo diçtf
ritA, média et baasa jùstieia, quia idem episcopua p^r s(^ 9t per allocatQis
filo# .e9P4ei9 explecttaret et explootab^t pacifioQt (P^P^ d^ RigA¥d ((e
88 sociiRTi arcb£olo6iqub et historique du LIMOUSm.
des redevances sur le vin et le sel, et certains produits accessoires.
La commune, qui déniait au prélat l'exercice de ses prérogatives
de seigneur justicier, abolies à l'en croire par les coutumes et
les privilèges royaux, admettait sa juridiction comme vigier et
semble avoir laissé les officiers épiscopaux l'exercer en paix. Mais
Tévéque n'entendait pas se contenter de ce rôle secondaire. Il
voulait ressaisir complètement l'autorité qu'il avait jadis possédée
et reconquérir la juridiction à tous ses degrés. En attendant que
le moment fût venu de racheter la portion de la vigerie restée
hors de sa main, le prélat essaya d'amener les bourgeois à re-
connaître el à accepter l'autorité du prévôt épiscopal chargé de
juger les causes du reste de la châtellenie (1) — preposiius fora-
neus — et qui, établi depuis longtemps dans la ville, ne parait
point avoir été jamais inquiété par les habitants dans l'exercice
de sa juridiction sur les étrangers, sur les personnes domiciliées
hors de la ville et n'appartenant pas à la commune.
11 résulte, en effet, de l'ensemble des documents, que la ville
de Saint-Léonard était déjà devenue, au xii* siècle, le siège de la
juridiction épiscopale du château et do la châtellenie de Noblat.
Le fort, construit sur un roc abrupt, abordable d'un seul côté,
n'offrait pas, pour l'exercice de cette juridiction, les commodités
et les avantages que présentait la petite ville. L'accès plus facile
de Saint-Léonard, sa population relativement nombreuse,
l'activité de son commerce, l'importance de ses marchés et de
ses foires assuraient une large publicité aux actes judiciaires,
aux annonces, aux criées de toute espèce, une solennité plus
grande aux audiences du prévôt et à Texécution de ses arrêts,
des ressources de toute sorte aux plaideurs. L'officier délégué
pour exercer les droits de Tévêque sur les vassaux de l'extérieur
des murs, jugeait donc à Saint-Léonard et y avait son pY-étoire
dans la salle épiscopale. Mais il n'exerçait aucune juridiction à
rinlérieur de la ville. Tout au moins les bourgeois le prétendent-
ils, et on entend, à l'enquête de 1288, un témoin ayant habité vingt
ou trente ans Saint-Léonard, faire cette déclaration : « J'ignore
(0 Nous nous sommes arrêté à ce sens après avoir consulté nombre de
personnes dont l'autorité ne nous permettait pas de maintenir noire pre-
mière hypothèse : à savoir que le mot foraneua doit ici s'entendre avec
Tacception d'étranger et qu*Audier était désigné sous le nom de prepoêUua
foraneus^ parce qu'il n'appartenait pas à la châtellenie. Cette traduction
nous permettait d'expliquer d'une manière plus satisfaisante un passage
de l'arrêt du Parlement de la Toussaint iS86. (V. ci-après chap. X), mais
nous ne nous dissimulons pas qu'elle soulevait certaines objections»
^K GOMMCIfK DB SAINT-LÉONAnO DR NOBLAT AU XI11« 8làCLl. 89
absolnment à quoi servait cet officier (1). » — Ces affirmations sont
contredites, cela va sans dire. Bornons-nous à constater pour le
moment que l'on connaît la série des prévôts épiscopaux à Saint-
Léonard pendant la plus grande partie du XIII* siècle. Ces fonc-
tions sont remplies, sous l'évoque Durand d'Orlhac, par Pierre
Chabecut ou Ghabessut, auquel succède son fils; sous Télu
Guillaume du Puy, par Guillaume de Magnac ; plus tard par
Elle de Limoges, Bertrand de Yassignac et quelques autres che«
valiers, écuyere ou sergents. Nous parlerons plus loin d'Audier
Normand et de Jourdain Barodier. II résulte de plusieurs dépo-
sitions que ces prévôts, dans le troisième quart du xiii* siècle
tout au moins, n'habitaient pas constamment la ville, et ve-
naient de temps en temps y tenir leurs assises; ils y demeu-
raient alors sept ou huit jours.
11 faut rappeler que les chevaliers de Noblat avaient un prévôt
spécial, résidant au château et ne paraissant avoir rien de com-
mun avec celui de l'évêquo; on relève au contraire, à la procé-
dure, la mention de plusieurs conflits entre ces deux officiers.
Létat de choses que nous venons d'exposer devait amener
d'incessants dififérends, produire surtout une confusion inextri-
cable dans l'esprit de beaucoup de personnes. Il explique dans
une certaine mesure les obscurités que nous relevons dans les
textes où il nous est permis de puiser quelques renseigne-
ments, les contradictions absolues des témoignages recueillis aux
enquêtes. Les témoins ont vu, à telle ou telle époque, le prévôt
de l'évêque tenir audience dans la salle épiscopale de Saint-
Léonard, condamner des malfaiteurs ou juger des causes civiles.
Après vingt, trente ou quarante années, peuvent-ils bien se
souvenir de la nature de l'affaire, affirmer à quelle juridiction
elle ressortissait ; s*il s'agissait d'un bourgeois, ou bien d'un habi<
tant de la banlieue ou d'un bourgeois relevant de la juridiction
épiscopale pour des terres situées hors de la ville et des fau-
bourgs? Comment nous-mêmes pourrions-nous être fixés, et
trouver une certitude dans des témoignages aussi sujets à
caution ?
Quoiqu'il en soit, Aimeric de Serre paraît avoir, vers 1265,
songé à affirmer ses droits en élevant au milieu même de la ville,
sur le Marché aux Vaches, une potence ou un pilori. — La po-
(1) Episcopus Lemovicensis habebat prepositum suum in villa Nobiliaci
triginta sunt anni, et [lestis] nescit de quo serviebat diclus prepositus
(Témoigba^e de Pierre de Roc Amadour),
90 90Cl9Tji ARCB^OlcOGlQUC ET BlSTOUlQUe QU UNQUftUI.
\MiC% était esMutÎJOllemaat h signa distiociif du aeiga^ui: bwt
justicier, et oous avoa» vu que les consuls préteodaieut seuls
exercer la haute justice dans leur YiUe. A la première uouvelle
de ce projet» les magistrats municipaux se réuaireqt 4 la maiaon
commuaa et couvoquèreut le? Jx^urgepis, La foule ameutée se
saisit de bois qui apparteuaieut, eu effet, à Tév^ue ei qu'où disait
destioés i la coustructiou du gibet; elle les traiua dans les rues
delà ville et les jeta daus les fossés^ malgré les prêtes tatioa^ des
clercs et des sergents du prélat. Celui-ci, à les eu croire, u avait
jamais coaçu la dessein qui lui était prêté (!)«
Uu nouveau sujet de différend était venu s ajoutertaprès 1260,
aux nombreuses causes de conflit qui exisUieut déjà. Uu des
seigneurs de Noblat, Aimeric Bruu« céda à la commune le droit
d'exploiter et de défricher une partie de la forêt de Noblat dé-
pendante dasou fief, Cet abandon fut-il consenti pour indemai-
ser les bourgeois des dommages qui leur avaient été causés par le
chevalier ou les siens? Aimeric Bi'uu fut-il seulement déter-
miné à conclure ce marché par la somme élevée que lui offrait la
commune? Quoiqu'il en soit, la vente fut effectuée elle chevalier
toucha cent livres pour prix de cette cession (2), lies bourgeois
se mirent donc à couper, pour leurs constructious et pour leurs
autres besoins, les arbres de la vieille forêt. Le fer et le feu y
ouvrirent de larges clairières où un certain nombre d'habitants
de la ville furent autorisés & semer du blé, à la condition de
payer au consulat une redevance annuelle égale à la moitié de
la semence. Cette contribution s'acquittait au mois d'août, au
moment de la récolte (3).
(I) Vigiali vel viginti quinque anni sont, Episcoput LemoviceDsis feeit
aduei in«rrerium in dicta viUa ut de ipso faeeret fieri quaadam «oalam in
Mercalo Vaccarum...Gonsul€8... audienies hoc,coDgrefaveruot ae et com-
manitatem auam In domo eommuai... freg«ruat dictuo) marrerium et
Ulud dinipUm irahiaabatur... et vidit dictum merrerium projici ia fossa-
tis.,. Set in dicta plaiea^.. clerici et senrientes epiacopi dicebant qaod
dictus episcopus nolebat facere fieri scalam de dicte merrerio (Pp Tutonis).
(9) Triginta quinque anni sunt vel circiter, quod dorainus Hemerycus
Bruni, miles, dominus castri de Nobiliaco in parte, donavit dictum nemus
dictis consulibus et communitati in recompensacionem dampnorum que
eia fecerat Tel intulerat. Et ipsi eonsules et cemmuniUui dederant ei cea^
tum libras propter hoc (Elle Panet). — Dicit quod ipsi (burgenses) eme-
ruut forestam a domino .^ymcrico Bruni. (Témoignage dont le début
oianque).
(3) Eo tempore quo morabatur in dicta viita, ipae vidit forestam expiée-
LA GOWCUKK M SAINT-LftONAlU) DB I«OBI«AT AV X\\l* «liCLB. 94
L'évéque de Limoges, doat l'agrément n'avait pas été demaadé
par son vassal et qui n'eu tendait pas laisser tomber sa forêt w
maia-morte, la fit aussitôt saisir, — c'était deux ans avaot sa
mort» par conséquent eu 1270 (1), — et constitua i sa garde des
préposés spéciaux. Les bourgeois continuèrent de Texploiter
comme ils l'avaient fait depuis leur acquisition (2)« Les olSciers
du prélat durent se borner à, réclamer uo& ameede des individus
isolés qu'ils parvenaient à saisir dans la forêt; mais les bour-
geois prenaient leurs précautions et allaient d'otrdiuaire en
troupe chercher du bois et reulever»
La lutte néanmoins avalises trêves, et tes bourgeois de Saial-
LAonard, quand surgissaient des difficultés entre eux et quelque
puissant voisin, n'hésitaient pas i recourir à l'évéque et à se recom-
mander de lui. Vers 1268 ou 1270, Gaucelin de Chftleauneuf, un
des seigneurs du château de Noblat, qui avait déjà émis la pré-
tentioade contraindre les habitants de la ville ou certains d'entre
tari per homînes dicte ville, sciadendo ligna dtete foreste et ea deportaodo
ad dictam Yillam... Par duodecim annos ipse seminavit bladum in qua-
dam parte dicte foreste quam combusserat, et cum semioasset, et venie-
bat (aie) ad tempos augusti, et vêllei coUigere bladum quod seminaferat,
senrientes consulum veniebant ad islam et petebant quantum ab isto
seminature seminaverat in dicta terra seu foresta; et solvebat eia, no-
mine consulum, medietatem ejus quod seminaverat (Pierre d'irfeuille).
— Yidit homines de Nobiliaco expleetantes in dicta foresta a triginta
quinque annis, et aliquos colentes in aliqua parte foreste et de blado
crescente reddentes terragia consulibus. — Requisilus si burgenses habs-
rent dictam forestam in manu morlua... dicit quod audivit burgenses hoc
dicentes plnries (Bordas, curé d*£xcîdenil).
(4) Aymericns episcopus eamdem forestam cepit in manu sua per duos
annos ante mortem suam (Déposition incomplète à Tenquéte de \%7d-$0).
(5) Vidit iymerîciim Bruni expUctantem forestam de qua fit mentio,
tanqsam domiftnm, beae suit tdgnita sex anni* Et iste met bene expiée-
tavH eam per vigtnti annos pro dicto Aymerieo, aui eam tenebai in feo^^-
dum, ni dieebatur communtler et notorium erat, ab episcopo. Et erat iste
tesiis serviens feodaius dicte foreste... Postes vidit ipse testis, bene sunt
tri|^nta anai, quod idem Aymerieos posuU dictam forestam in manu
comraiinilatis ville Nobiliaci. Et, quasa cito episcopus scivit, aisignavii ad
dictam forestam et in maaum suam posuit ob defectun h0mittis... Et eam
tam perse quam per allocalos suos in manu sua tenuit... Episcopus qui
nnac est.. eootinnavU saesinam predecoMoris sni, et testis, pro dicto
Aymerico» gualavit in dicta (ov^U, oinUas gentes dicte ville (Joceaume 4e
Û Feuille, çbevalter),
92 SOGléré AUCHftOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIV.
eux d^apporter leur graia à ses moulins, voulut leur interdire de
réparer le pont qui mettait le fort eu communication avec la ville
et d'édifier sur ce pont une porte. La cause fut appelée aux
assises de Limoges, devant le sénéchal. L'évéque s'y présenta
avec les consuls, et sur la demande formelle de ceux-ci, les ré-
clama comme ses hommes ; puis il cita devant lui les parties à
Saint-Iiéonard et les bourgeois se tirèrent d'affaire moyennant
une petite somme versée au seigneur de Châteauneuf (l).*
On voit même la commune courir aux armes pour aller au
secours de Tévêque quand sa personne est en péril. Aimeric de
Serre fut pris par les gens du comte de la Marche. Le fait se
produisit peut-être au cours des démêlés entre ce seigneur et
le prélat au sujet des comptes de la gestion de la Régale, dont
les profits paraissent avoir été à plusieurs reprises cédés ou
donnés par le Roi au comte. Aussitôt que les consuls apprirent
la nouvelle, ils convoquèrent la commune, et la milice tout
entière de Saint- Léonard prit le chemin de Pontarion, où le
prélat était retenu prisonnier. Mais le comte de la Marche avait
déjà ordonné de mettre Aimeric en liberté, et sa prison venait de
s'ouvrir lorsque arrivèrent les troupes de Noblat (2).
(4) Vldit communitatem contra dictivn militem, dominum de Castro-
novo, defendentem apud Lemovicas, coram Radulpho de Trapis, senes-
callo, pro eo quod dictus miles petebat ab eis quod facerent molere ad
sua molendiDa (Etienne Yigier). Dominus de Castronovo litigabat contra
communitatem de Nobiliaco super hoc quod impediebat ipsam ne faceret
quamdam portam super pontem de Nobiliaco. Dicta communitas et dicti
burgenses advohaverunt se ab episcopo et dixerunt quod crant homines
mansionarii ipsius (Bernard Bordas, curé d'Excideuil).
Jossellus de Castronovo... volebat impedire ne reppararent pontem de
Nobiliaco, existcntem inter castrum et villam... qui erat de lapidibus et
lignis (Etienne, sous -prieur).
Jocellus de Castronovo, dominus castri Nobiliaci in parte, fecit ajornari
consules et communitatem ville Nobiliaci apud Lemovicas, coram Henrico
de Ouessance, senescallo domini Régis Lemovicis ; et vidit (le témoin)
quod Hemerycus, tune episcopus Lemovicensis, requisivit curiam suam,
tanquam de suis hominibus, consulibus dicte ville de Nobiliaco prcsenti-
bus et eum requirentibus ut eos requireret tanquam suos homines et jus-
ticiabiles. Et vidit quod dicta curia fuit sibi reddita in plenis assisiis. Et
vidit quod postea fuerunt citati coram dicto episcopo apud villam Nobiliaci
... et tandem pacificaverunt coram dicto episcopo, ita quod dictus miles
habuit, per modum pacis, nonaginta duas libras pro dampnis et injuriis...
Dicti burgenses fecerant quemdam pontem lapideum in terra dicti militis
et contra suam voluntatem, prope castrum suum de Nobiliaco (Etienne
Vigier, sergent).
(2) Appendice, C. VU, <36.
XA tOHiIDNB 1)E SXlKT-LiÈONARl> Dfi NO'ËLAt kt XIII^ Sl^LB. d3
VIII. — GILBERT DE MALBiHORT ET LES BOURGEOIS DEVAIT LE
PARLEMENT. LE PRÉVÔT AUDIEli NORMAND ; LA COMMUNE EN ÉTAT
DE RÉVOLTE OUVERTE.
La querelle entre Tévêque et les habitants de Saint- Léonard
avait, on vient de le voir, atteint sa période aiguë sous Tadini-
nistration d*Âimeric de Serre; mais un court répit fut laissé
à la commune entre l'époque de la mort de ce prélat et de nou-
veaux assauts. Après la mort d'Aimeric, le siège épiscopal de-
meura vacant pendant près de trois années. Cette période paraît
avoir été remplie de troubles et de désordres. La forteresse de
Châlucet, enlevée peu auparavant aux soldats de la vicomtesse
de Limoges par l'évêque Aimeric, à la tête des communes, fut
rendue à la veuve deGuiVI, qui y remit ses gens. La vicomtesse
put, avec l'assentiment d' Aimeric Brun, établir dans le château
de Noblat une garnison destinée à inquiéter les bourgeois de
Limoges, à gêner leur commerce et à, entraver l'approvisionne-
ment de la ville en battant le pays aux enviroos. L'audace de ce»
routiers s'accrut; leurs déprédations jetèrent Teffroi dans tout le
pays. En vain le sénéchal du roi de France s'efforça-t-il d'arrêter
les hostilités. En vain le roi d'Angleterre lui-même vint-il dans
la contrée. La vicomtesse méprisa toutes les injonctions, brava
loutes les défenses. Ses soldats redoublèrent d'audace et de vio-
lences (1). Le 12 juin 1274, la garnison de Noblat fit une sortie
en règle et engagea à Saint-Priest-Taurion un combat avec la
milice bourgeoise de Limoges (2). Les escarmouches étaient fré-
quentes. Cet état de choses parait s'éJtre maintenu jusqu'en 1276*
Il est permis de penser que les efforts du nouvel évéque ne
furent pas étrangers à la cessation de la guerre. Toute la contrée
subissait le contre-coup de ces désordres et le prélat ne fit que se
conformer à l'exemple de ses prédécesseurs en travaillant avec
zèle au l'établissement de la paix.
Gilbert de Malemort, qui avait succédé en 1275 à Aymeric de
Serre, était un adversaire redoutable pour la commune de
{i) Et pejas faciebant présente Rage Anglie quam fecisseat aate. Chron.
de Pierre Coral, ap. Historien? de Pr\ncE; t. XX(, p. 78H,
(2) Ibid.. p. 784.
Saint-Léonard. Peu d^évéqnes se montrèrent aussi jaloux des
droits de leur siège, aussi déterminés à revendiquer ceux de ces
droits que leurs prédécesseurs avaient laissé usurper, à faire
revivre ceux qui s'étaient insensiblement éteints. Héritier des
prétentions d'Aimeric, il apporta, dans sa lutte contre les bour-
geois, beaucoup plus de vigueur et d'espri-t de suite. Les consuls
ne se laissèrent pas déconcerter; mais ils s'aperçurent bientôt
qu'ils avaient affaire à forte partie : l'attaque devenant plus vive,
plus précise et plus soutenue, ils durant a(îcâatiKr la résistance
ot furent bientôt contraints, pour ainsi dire, i la rébellion
ouverte. Ledifféread s'aobemina-dès lors vers ua<e solution.
11 faut le dire : le prélat trouva des alliés dans les rangs marne
des bourgeois. Grâce aux divisions qui existaient dans la popu-
lation tle Saint-Léûnard, la cause du prélat y comptait déjà qfoel-
quGS défenseurs. L'habileté de Gilbert sut augmenter le nombre
de ces partisans, auxquels il est fait plusieurs fois allusion dans
les pièces du procès. Par malheur les allusions dont il s^agit sont
conçues en termes génèrffox et tellement vagues qu'ils ne nous
permettent de saisir aucun fait caractéristique. Un passage du
ffactum GontenADt les protestations et récusations formulées par
kisk procureurs des consuls contre les témoins de Tévéque, nous
•fournit s»ul une indication un peu précise. Il y est dit qae
Martial Jauber^ clêrc de ia ville de Saint-Léoaard, appartenant
ators à la maison de l'évoque, et feu son père, ont été « ia cause
de tout le différend et l'origine du procès porté devant le Parle*
ment » (t)« Il nous a été du reste impossible de déterminer ies
£aits auxquels se rapporte ce passage.
Du côlé des bourgeois, on compta, au nombre des défenseurs
les plus énergiques des libertés de la commune et des instiga-
teurs les plus résolus de la résistance, Etienne Desmoulins^ plu-
sieurs fois consul; Michel, son frère ou sou cousin, Guillaume
Daniel, Martial Martin, Pierre de Pau, Etienne Faure.
Cette résistance, on le verra dans les pages qui suivent, ne
s'exerça pas seulement sur le terrain judiciaire. Les bourgeois
prirent à plusieurs reprises les armes pour résister aux préten-
tions ou aux empiétements de Tèvéque. On les -vit même s*op-
poser par la force à l'exécution des ordres du Roi et du Parle-
ment. Mous n'avons malheureusement que des indications
(1) Fuerunt causa et origo tocius discordie et litis mote iater ipsos et
>epi9eopain...elfiien)iit, etidemMarcialisesladhac inimieus fUle, et jora-
tus ipsius episoepi; et est de famtlla sua, et commensaiia st de roUs
ipslus.
tA COtttfÛRE Dk SAYm-tÊONAhD tit NÔULAT AÛ Xlîl^ SlÊCLB. 911
itmomplëtes dtst* CôCie histoire si attachante et si moaveiïientâe.
Nous allons essayer de la reconstituer, autant que nous le per-
tnettent les docuiûents conservés dans nos dépôts d'archives.
A peine monté sûr le siôg;e de Saint-Martial, Gilbert de Maie-
môft, A Texemple de ses prêdécessears, somma les bourgeois de
Noblat d'avoir â lui pi^éter le serment de fidélité. À cette mise en
^emeiire il fut répondu par un refus, et les bourgeois déclarèrent,
comme ils ravalent déjà fait sous Durand d'Orlhac et sous
Àiïneri6 de Serre, qu'ils ne devaient ce serment qu'au Roi,
I6ut an plus an duc d'Aquitaine. Le prélat eut alors recours aux
armes spirituelles. Elles réussissaient souvent. Deux cents habi-
tants ^Hivirou de la ville cédèrent devant la menace de Texconi-
munication et se soumirent aux exigences de Tévéque ; mais ce
furent surtout, semble-t-il, des bourgeois qui possédaient des
fonds grevé» de redevances particulières au profit du siège épis-
copal du qui tenaient de lui des terres situées en dehors des
limitos de la Commune. Des autres, Gilbert ne put rien obtenir.
Ijâ menace de Texcommuuication et Texcommunication elle*
même demeurèrent sans résultat. Les consuls et la majeure
partie des bourgeois persistèrent dans leur refus de prêter ser-
ment au prélat.
Gilbert de Matemort temporisa. En attendant que la commune
9e décidât & se soumettre ou qu'un incident lui fournit ToccaBion
de vaincre une résistance que pour Tinstant il ne se sentait pas
la force de briser, il continua la politique de ^es prédécesseurs
ot reprit IM négociations entamées par Aimeric de Berre pour
ie rachat des liefe dépendant de la ch&telienie de Noblat.
Il s'efforça «entretemps d'amener les bourgeois, ou tout au moins
osttx d'entre eux Wr lesquels il pouvait exercer une action quel-
conque à raison de circonstances particulières, à accepter la
juridiction de son prévôt et à comparaître devant lui. 11 avait à
SSiint-Léonard, à l'exemple de ses prédécesseurs, un prévôt dôs
causes foraines qui tenait ses audiences dans la salle épiscopale
et qui était le plus haut représentant du prélat, le chef de ses agents
iiafériews. Ce prévôt exerçait aussi, semble-t-il, les fonctioits
de vigier au nom de Tévé^ue. Celui-ci pensa qu'il pouvait mettre
à profit le double caractère de cet officier pour s'emparer peu à peu
d^une façon complète de la jusiice de Saint-Léonard.
Un nouveau prévôt venait d'être nommé : c'était un ècayer du
nom d'Audier (1) Normand. Quelques passages des procédures
(1) Oft )e trouva fiommé t&nlél Audleraè^ tanlél Andfët'êtë Norma&nus.
font supposer que Tévêque vint lui-même ribstaller avec une
soleanité inusitée. Peut-être même est-ce dans cette cérémonie
que Gilbert se serait fait accompagner d'un chanoine du Dorât,
Gérald de PierrebufiBère, qui avait, paraît-il, maltraité un bour-
geois de Saint-Léonard, et dont la présence dans la ville causa
un vif émoi. Le nouveau prévôt logea dans la maison même de
révéque. Il avait avec lui son frère et quelques sergents.
L'installation d'Âudier et les circonstances dont elle fut accom-
pagnée, éveillèrent -les appréhensions des consuls et excitèrent
Tanimosité des bourgeois contre Tévêque. Mais ces inquiétudes
et ces colères s'accrurent quand on vit le prévôt vouloir faire tout
seul la police et réclamer, sans Tassistance des chefs de la com-
mune, les taxes perçues de temps immémorial par ceux-ci, avec
ou sans le concours des vigiers.
Les bourgeois adressèrent aussitôt de nouvelles protestations
au sénéchal. Le prévôt ne s'en émut guère et continua ses entre-
prises. Hardiment il revendiqua en toute occasion les droits de
justice que l'évêque prétendait avoir conservés à Saint-Léonard
et s'efforça d'exercer ces droits à, Texclusion de tout autre officier
de la commune ou de la seigneurie; — les conflits des gens
de l'évêque avec ceux des chevaliers de Noblat n'étaient pas,
on Ta vu, moins fréquents que leurs querelles avec les consuls.
Ce^ derniers n'opposèrent pas tout d'abord la violence à ces
tentatives d'usurpation. Avant d'y recourir, ils firent leurs efforts
pour entraver, sans intervenir directement, l'action du prévôt.
Ils allaient trouver les parties ou les témoins, les dissuadaient
de comparaître, de déférer aux injonctions du juge épiscopal (1),
de verser les amendes ou les frais qui leur incombaient; ils provo-
quaient les protestations, faisaient naître les incidents, soule-
vaient indirectement mille difficultés, mais sans réussir à décou-
rager le prévôt.
La constance et la ténacité de cet officier firent à la fin sortir les
consuls de ce rôle de modération et de prudence. On les vit
encourager publiquement les délinquants à résister aux ordres du
prévôt et braver eux'^mêmes son autorité. Souvent, le jour des
assises épiscopales, ils faisaient fermer les portes de la ville (2). Ni
(1) Post hoc autem, quasi par duos menses quod lis fuit mota inter
episcopum et communitatem dicte ville, noluerunt (deux accusés mis eu
liberté provisoire) obedire coram isto. Et ipse misit -servientem suum ad
guaïandum ipsos, et noû permiserunt se guaïarc(Dép. d'Audier Normand).
(2) Homines dicte ville, scilicet Bernardus Lescolle, qui custodiebat
portas dicte ville pro communitate, denegavit eidem testi, qui erat adjor-
natus ad assisiam episcopi, ingressum ejusdem ville, nec permisit ipsi
testi intrare, bene est unus annus (Jourdain de Murs, chevalier).
XA GOHXURB 0K SAÎNT-XÉOlTAllD DE NOBLAT AO XIII^ SIÈCLE. 97
plaideurs, ni témoins du dehors ne^pouvaient entrer dans rencointe
des remparts, en sorte que, Tâudience ouverte, personne ne se
présentait à Tappel des causes. Dans les foires enfin, quand
les officiers de l'évêque youlaient vérifier les aunes ou les autres
mesures des marchands forains, les bourgeois intervenaient et
empêchaient ceux-ci de les donner en leur assurant que Tévôque
prétendait exercer un droit qui ne lui appartenait pas (i). Et
les magistrats municipaux déclaraient ouvertement à Audier
que ni les délinquants appelés par lui devant son tribunal, ni au-
cun habitant de la ville ne reconnaîtraient son autorité et ne se
conformeraient à ses ordres (2). Les citoyens se mettaient en
élat de rébellion ouverte contre lui et le chassaient de leur mai-
soii quand il y pénétrait pour remplir les fonctions de sa charge (3).
Des menaces aux pires excès, il n'y avait pas loin. Le prévôt
Qt un jour une perquisition dans la maison d'un bourgeois de la
ville : Elle Trois-Pommes, et y ayant trouvé un vêtement qui
avait été récemment volé, crut devoir arrêter le frère deTrois-
Pommes, nommé Michel. Les consuls accoururent, s^emparèrent
du prisonnier et le conduisirent dans la tour sous laquelle s'ou-
vrait la porte de Champmain. Le vêtement saisi fut confié à un
sergent du roi de France, Adémar de Brolac, — Le même jour,
un autre habitant de Saint- Léonard, Guillaume Simon, accusé
d'être un des auteurs du vol, est également pris par le prévôt.
Nouvelle émotion. Les consuls disputent une seconde fois à ToSI-
cier de l'évêque son prisonnier, et celui-ci est contraint de le
remettre aux mains du sergent du Roi (4).
(4) Quidam burgenses dicte ville inhibuerunt mercatoribus predictis ne
traderent alnas, etc. (Bordas).
(9) Consoles dicte ville, scilicet Marcialis Martini, Slephanus de Molen-
diais, Stephanus Fabri et Petrus de Pau, et plures burgenscs dixemnt
isti testi quod dicti rei nec alii de dicta villa obedirent coram isto (Dép.
d'Audier Normand).
(3) Idem prepositus ivit ad domnus Stephani de Ifoieadinis pro gualando
ip8um,i2tdicebat, de quadam emenda pro defectu. Et idem Stephanus ex-
pulit ipsum de domo sua, nec permisit gualare (Dép. IfartialJobert, clerc).
(4) Prepositus... arrestavit dictum Michaelem; etconsules dicte ville...
ibi veneruQt, et,amovendodictam arreslationem, ceperunt dictum Michae-
lem et dnxerunt adportellum de Chamagnes dicte ville, ubieam tenuerunt
in prisionem. Et propter discordiam prepositi et consulum, dictum super-
tunicale fuit positum in manuAdemari de Broleac, servientis domini Régis,
sigillatnm sigillis dicti prepositi et dicti servientis. Postea, eadem die,
idiêm prepositus cepit dictum GuiUermum Symon ; et consules et ...plures
burgenses dicte ville rescusseninf cum dicte preposito etc. (Dép. Martial
Jobert, clerc).
î. zxxvii. 7
98 SOCIÉTÉ ARCBÈOLDmQt)B ET HISTORIQUE DtJ LllftOUSlA.
Le calme semblait rétabli lorsque le bruit se répandit dans la
ville qu'Adémar avait reçu, du sénéchal du Roi à Limoges, l'ordre
de remettre son prisonnier au prévôt épiscopal. Le fait était vrai.
Un grand tumulte s'éleva par toute la ville ; les bourgeois crièrent
aux armes et une troupe d'hommes portant des épées, des javelots,
des haches et des bâtons, en tête de laquelle marchaient plusieurs
des consuls : Michel et Etienne Desmoulins, Etienne Faure,
Guillaume Daniel, Pierre de Pau, se précipita vers la salle épis-
copale, dans laquelle le prévôt venait de ramener son prisonnier.
La porte fut brisée, la prison ouverte et la foule envahit la maison
de révoque et le prétoire où se tenait Audier Normand. Les
bourgeois entouraient le malheureux officier, que ses sergents
épouvantés paraissent n*avoir pas défendu. Ils le frappaient
cruellement à coups d*épieu, à coups de pierre. Le prévôt rendait
du sang par la bouche et du dehors on entendait ses cris. Couvert
de blessures, les deux bras brisés, les côtes enfoncées, il fut laissé
pour mort sur la place. Le malheureux resta neuf jours complè-
tement privé de l'usage de la parole et dut demeurer plus de
quatre mois au lit (1).
C'était un homme de courage et d'énergie. A peine rétabli, il
reprit ses fonctions. Mais chaque fois qu'il tenta de les exercer
dans la ville, il rencontra la même résistance. Aussitôt qu'il se
•transportait sur un point pour y remplir son ministère, il voyait
accourir les consuls et les bourgeois, qui le* repoussaient et le
menaçaient de mort (2). Un jour, il avait trouvé le prévôt d'Ai-
meric Brun tenant ses assises dans la ville au mépris des droits
de l'évêque et lui avait ordonné de le suivre dans la prison épis-
copale; mais on cria aussitôt : aux armes! et deux cents bour-
(i) Et dicti hotnines rescusseruDt iterum cum preposîto. Audiebat postea
iste testis de caméra sua tumullum inter eos, et prepositum clamantem
et dicentem : a Ego sum vulneratus! » (Dép. de Martial Jobert). Verbe-
raverunt turpiter dictum prepositum in brachiis ... et percusserunt eum
in latere cum quodam ligne vol petra, ita quod clamavit aile : « Ego sum
mortuus! » (Rigaud de QuercUf curé de La Porcherie). Michaelis et Ste-
phanus de Molendinis, Stephanus Fabri, Guillermus Daniel, Petrus del
Pau et plures alii verberaverunt eum quasi usque ad mortem, ita quod
amisit loquelam quasi per novem dies ... Jacuit in lecto plus quam
per quatuor menses. (Dép. d*Audier Normand). Vidit dictum prepositum
verberatum et emittentem sanguinem per os ... (Dép. d'Adémarde Brolac).
(S) Voluilcapere corpus cujusdam hominis ... ut videret si cum gladiis
interfeclus fuerat ... Burgenses ville, usque ad quinquaginta, non permis
serunt, sed longe expulerunl ..> et minaii fuerunt de morte, si plus lan^
geret (Dép. d'Audier).
"LA GO^iramS DK èilNT-LitoilABLD i>E NOBLAt AU Xlli* SliCLB. ^
geois, ayaut à leur téie les consuls, accourureut, brlsèreul à
coups de haches la porte de la prisoo et mirent eu liberté TofiGl-
cier d'Aimeric Brun (1).
Les bourgeois ne permettaient plus au prévôt de l'évoque de
procéder à la vérification des mesures des marchands, les jours
de foire et de marché; ils lui arrachaient des mains les aunes ou
les coudées (2). Un des consuls, Etienne des Moulins, enleva
même une fois à Audier la verge qu'il portait comme insigne de
ses fonctions (3) et la brisa.
L'évêque donna un successeur à Audier, pensant que la popu-
lation manifesterait peut-être une hostilité moins acharnée à
l'égard d'un nouveau prévôt. Il n'en fut rien, les mêmes scènes
continuèrent : Jourdain Barodier, comme l'officier qu'il rempla-
çait, vit enlever ses prisonniers, contester son autorité, mépriser
ses ordres. IjOs bourgeois troublèrent ses audiences par leurs
clameurs et leurs vociférations, arrachèrent les registres du
grefie des mains de ses clercs et le menacèrent lui-même de le
jeter en prison s'il persistait à vouloir tenir des assises (4).
La situation devenait de jour en jour plus tendue; les bourgeois
affectaient une indépendance absolue à l'égard de l'évéque et de
ses officiers. La plupart faisaient des difficultés pour payer même
les rentes qu'ils devaient à titre particulier au prélat, soit sur leurs
maisons, soit sur des immeubles situés hors des remparts. Le
prévôt forain voyait souvent l'exercice de ses fonctions entravé,
et ne réussissait pas toujours à faire respecter son autorité. Les
recours au sénéchal du roi de France demeuraient vains. A plu-
sieurs reprises cet officier était intervenu, tantôt à la requête de
{{) Cepit Helyam Panebos, prepositum Aymerici Bruni, propter hoc
quod tenebat assisias in dicta villa ... Et tam cilo venerunt burgenses ...
et comsecuribus fregerunt portam dicte aule, el vidit eum extraclum, etc.
(Dép. d'Audier Normand). — Audivil clamari per dictam villam : « Ad
arma ! Ad arma ! » Et vidit incontinenti monasterium Sancti Leonardi
plénum gentibus dicte ville et aulam similiter episcopi. Et tune fuit
prisio brizata episcopi. Audivit iclus, et eadem die ipsam prisionem vidit
brisatam et portam aule episcopi. Tune fuit extractus quidam prisonarius,
notatus Helyas Panebos ... Et qui loquilur erat in choro ecclesie sancti
Leonardi, ubi latitabat (Dép. d'Elie, sous-prieur de Saint-Léonard).
(2) Dicti consules rescusserunt alnas et cubitus dicto Audiero, quos ca-
piebat in nundinis... nec permittebat eum capere dictas mensuras, sicuti
antea fecerat. (Dép. de Martial Jaubert, clerc).
(3) Slêphanus de Molendinis... amovit virgam seu baculum Audierii
Normanni (Bernard Bordas).
(4) Dép. de Martial Jobert et de Rigaud de Quercu^ curé de La Porcherie
l'évéque, tantôt sur la demande des consuls; mais sou intorven-
tion n'avait pas eu plus de résultats que peu d'années auparavant
celle du sénéchal anglais Jean de Lalinde, dans la querelle entre
le vicomte de Limoges et la commune du Château : le plus haut
i*eprésentant du roi de France dans la contrée avait dû renoncer
à tout espoir de voir la paix se rétablir par des concessions réci-
proques.
Le roi lui-môme s'était occupé de la querelle de l'évéque avec
la commune, sans doute à la demande du sénéchal. On avait vu,
vers 1277, un clerc de ce fonctionnaire, Pierre Chabaud, arrivera
Saint-Léonard avec des lettres closes de Philippe HT. Il les ouvrit
en public, et, eu présence de l'évéque, enjoignit au prélat, de la
part du Roi, qu'il eût à s'abstenir de toute entreprise nouvelle
contre la commune (1). Loin de tenir compte de cet ordre, Gil-
bert fit, peu après, arrêter les crieurs du consulat et les contraignit
à lui prêter le serment de fidélité. 11 reçut ce serment en audience
solennelle, en présence du doyen de Limoges, du doyen deSaint-
Hilaire de Poitiers et d'Elie de Limoges, chevalier (2).
Cet acte d^autorité paraît avoir décidé les consuls à s'adresser
au Parlement pour assurer le respect des libertés communales.
L'idée d'un appel direct à la suprême juridiction du souverain
avait dû s'offrir plus d'une fois à l'esprit de l'une et de l'autre des
parties; mais toutes deux avaient reculé devant les dangers d'un
procès en règle et devant l'incertitude du résultat. Mêler l'auto-
rité royale à des querelles particulières n'était ni prudent ni sûr.
La solution devant laquelle on avait hésité s'imposa bientôt.
Mais, contrairement à ce qu'a écrit M. Leymarie (3), ce ne Tut pas
Tévêque qui porta le premier la question devant la cour du Roi.
Il résulte de l'arrêt dont on trouvera plus loin le résumé (4), que
le procès fut intenté par les consuls de Saint-Léonard (5). Ceux-ci
se plaignirent non seulement de l'arrestation de leurs crieurs et
(1) ViditPclrum Chabeaud,de Lemovicis, apud Nobiliacum, cum litleris
claosis, sigillalis sigillé domini Régis; et vidit quod dictus Petrus fregit
dictas lilteras in presencia dicli epîscopi, et postea quod inhibuit ex parte
domini Régis ne t'accret in dicta villa aliquas novitates (Léonard Godelli,
mattre des écoles de Saint-Léonard).
(«) Ibid.
(3) Histoire de la Bourgeoisie, t. Il, p. 963.
(4) Appendice, D. n^ 1.
(5) C'est ce que confirme un passage d'unfactum de Tévêque : Hommet^
de Nobiliaco oUin conquesti f aérant et peticiotiem suam dederumi contra
LBinooîcensem 'episcofium, ete.
LA COMMUNE OK SAUTT-LÉONARO D« IfOBLAT AU Xlll" 8IKCLK. lOI
de la violence qui leur avait été faite, mais aussi des exigences de
révoque. Ils lui reprochèrent d'avoir abusé des armes spirituelles
pour contraindre un certain nombre do bourgeois i lui prêter le
serment de fidélité, alors que ce serment était dû au Roi seul, et,
par délégation du Roi, aux magistrats municipaux, en possession
de le recevoir chaque année. Ils protestaient contre la pi*éteotion
du prélat d'obliger tous les membres de la commune de se sou-
mettre à ce devoir, et renouvelaient les réclamations qu'ils
avaient déjà portées devant le sénéchal au sujet de la saisie de
la forêt ordonnée par Âimeric de I^ Serre et maintenue par
son successeur.
Le prélat répondit que les évéques de Limoges avaient toujours
reçu le serment de fidélité des habitants; que les bourgeois qui
le lui avaient prêté à son avènement, s'étaient de leur plein gré
acquitté de ce devoir; qu'en ce qui avait trait à Tincident des
bûcheurs, ceux-ci n'avaient point été arrêtés par ses officiers à
cause du défaut de serment, mais parce qu'ils avaient refusé de
fournir caution dans un procès, suivant l'usage du pays. Ces
crieurs, ajoutait-il, relevaient du seigneur justicier avant de
relever du consulat. Au surplus le prélat déclarait ne pouvoir
accorder aucun droit ni à l'association des bourgeois, ni â leurs
chefs et refusait même de reconnaître l'existence de la commune.
 l'en croire, les habitants de Saint-Léonard étaient des parti-
culiers, ses justiciables, sans privilèges, sans aucun lien en-
tre eux (1).. Le prélat avait bien ouï dire que de tout temps
quelques notables de la ville s'étaient réunis sur une place
publique pour traiter des affaires intéressant la population.
Mais ils ne possédaient, afflrmait-il, ni consulat, ni hôtel-de-ville,
ni caisse commune, ni aucun caractère ou attribut quelconque (2)
(t) Quod homines dicte ville sunt et esse consueveruot ab antiquo sin-
gulares persone, populares, ignobiles, subditi et justiciabiles Lemovicensis
cpiscopi (iDtendit de Tévêque).
(S) Consulatu, coramunitate, domo et archa commuDibus que usurpa-
verant, sibi non probant aiiquid titulum ... Congregabant se aliqui probi
homines de villa in aliqaa platea, quum volebant de aliquo negocio trac-
tare ; nec habebant aiiquid sigillum corporis scu communitatis nec domum
communeni ; set de novo dicuntur fccisse quandam domum ubi conve-
niunt et feeisse quoddam novum sigillum, in qno scriptum est : Sigillum
consulum et communitatis ville Sancti Leonardi (Dires de l'évéque). La
possession par la commune d*un sceau longtemps avant le procès est
attestée par d'autres témoignages. (Voir App., C. III, 33, 34, 42, etc.)
Quod olim qui volebant aliqua facere vel tractare inter se conveniebant
in aliquo loco dicte ville, pro eis tractandis et faciendis ut singulares
pcrsone (Mém. de Févôque, Appendice, B, 5« fragment.)
\Q% 80G1ËTB AAGHÉOLOGIQQB ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN*
d'un corps constitué. Ils n'avaient nul droit d'user d'un sceau
commun. Ils venaient depuis peu de temps de faire graver celui
dont ils se servaient au moment du procès et sur lequel se lisaient
ces mots : Sceau des consuls et de la commune de la ville de Saint-
Léonard, Leur maison commune était aussi de construction
nouvelle.
Quant à la saisie de la forêt, Gilbert de Malemort ne contestait
pas que la mesure n'eût été prise par son prédécesseur et main-
tenue par lui ; mais n était-il pas du droit et môme du devoir
de révéque de veiller à ce qu'un de ses fiefs ne tombât pas en
roture et en main-morte !
Pendant que les dires contradictoires, les intendit et les pièces
de procédure s'accumulaient, l'évâque pressait ses négociations
avec les possesseurs des droits démembrés de la justice de Noblat.
Avec deux d'entre euxau moins il en avaitdéjà terminé. En 1275,
Gaucelin de Chàteauneuf, réalisant sans doute un engagement
pris vis-à-vis d'Aimeric de Serre, avait vendu à Gilbert sa
part des « maison, tour, appentif, jardins sis sur le côté supérieur
du château deNoblat»(i). Au moisdejuin 1277, Guillaume Vigier,
damoiseau du château de Limoges, avait cédé au prélat le tiers
du péage du pont de Noblat, et, par un contrat distinct, le quart
de la grosse tour de la forteresse, la moitié d^une autre tour
et de certaines maisons, plus la huitième partie de la justice
haute et basse et de la vigerie de Saint-Léonard (2). Cette vente
fut confirmée, semble-t-il, par deux actes successifs. On voit, en
effet, un peu plus tard, le gendre de Guillaume, Pierre Adémar
de La Roche, et sa femme Alaïde, déclarer que, moyennant la
somme de 85 livres, ils abandonnent à Gilbert de Malemort « la
» quarte part de la grosse tour du chasteau de Noblac, et la moy-
» tié de la tour et maisons estant audit lieu et leurs appartenances
» que tient mons' Gaucelin de Chàteauneuf (3). » Enfin, en 1291,
(t) Reg. d'hommage, I, Noblat, et O Domina^ f. 89. 11 ne serait pas impos-
sible que cette cession fit doublé emploi avec celle mentionnée plus loin
sous la date de lt85.
(î) Reg. Tuœ HodlCy fol. i r».
(3) Reg. O Domina^ f. 86. L'acte de 1291 pourrait bien faire double
emploi avec la vente de 4271 mentionnée à la page 86.
Il serait intéressant d'avoir quelques détails précis sur les rapports qui
existaient en vue de la défense du château entre les diverses familles qui
Toccupaient et le « seigneur évoque ». Ces détails, malheureusement, nous
manquent. Notons que les forteresses féodales avaient toutes à cette époque
leur petit arsenal, avec des armes de tgute espèce destinées aux écuyors
LA COMMUNS DK SAINT-LÉONARn DB NOBLAT AD Xlll* SliCLC. 103
Adémar de La Roche, damoiseau, Hugues et Audoyue, ses enfants;
conârmeroDl une fois encore cette cession. Il est dit à cette époque
que les maisons cédées ont appartenu à Gauceliu de Royère et à
Gui Tigier, et qu'elles confrontent à celle d'Audoin Marchés.
La cause soumise au Parlement ne s^éclaircissait guère. La
commune établissait que depuis un siècle elle avait prêté serment
aux ducs d'Aquitaine, puis aux rois de France; qu'après Richard-
Cœur-de-Lion et Jean-sans-Terre, Louis VIII, d'abord comme
lieutenant de son père, puis pour son propre compte, Louis IX et
Philippe III lui-même Pavaient successivement réclamé et reçu.
Les bourgeois prouvaient qu'ils avaient fourni plusieurs fois des
troupes au Roi et exhibaient les ordres adressés directement à
cette occasion par les sénéchaux aux consuls. Toutes les alléga-
tions de l'évéque ne parvenaient point à détruire des faits parfai-
tement démontrés. Le prélat ne pouvait pas davantage établir
l'exactitude de ses allégations concernant la commune elle-même.
Il était permis de discuter l'origine de certains des privilèges
dont elle jouissait; mais révoquer en doute son existence même
et la possession de toutes ses libertés, c'était aller trop loin. Les
registres du Roi, les archives de la sénéchaussée, celles mêmes de
l'évêché devaient receler cent documents qui eussent fourni la
preuve du contraire.
De part et d'autre, de nouvelles prétentions étaient émises et
venaient s'ajouter à celles formulées dans les premiers intendit.
Les consuls, par exemple, ne se bornaient pas à refuser de se
soumettre à la juridiction du prévôt de Tévêque. Us déclaraient
que tout habitant de Saint-Léonard leur devait le serment de fidé-
lité et demandaient au Parlement qu'à ce titre Tofflcier épiscopal
pauvres ou aux combattants d^occasion. Nous ne possédons aucun inven-
taire de celui du chftteau de Noblat ; mais un état des armes qui se trou-
Yaient dans celui de Gimel vers le milieu du xiii* siècle, nous a été
conservé et peut nous donner une idée de ce qu*on trouvait dans ces
petits arsenaux. Raoul de Beaufort possède à cette époque, dans son fort
du bord de la Hontane : vingt-cinq pourpoints; vingt-cinq chapeaux
de fer; trente lances; deux javelots; quatre écus ; dix balistes de diverses
espèces; une cotte de mailles; neuf haubergeons; deux paires de jam-
bières de fer; vingt-cinq gorgerins dont deux en fer; huit crocs et un tour
pour tendre les balistes; trois cents carreaux; vingt épées; trois engins
de guerre d*une valeur de cent livres clermontoises. Ajoutons que le
château renferme vingt lits complètement garnis et quUl s'y trouve
un âne, dix porcs et cinquante muids de farine. — OUm^ t. 1, p. 320.
Arrêt du Parlement de la Chandeleur, «Î69 y. s. (H70),
104 90Cl6rfe AllCHÉ0L06l>ii:B RT HISTORIQUB DU LIMOUSIR.
lai-mème fût conlràint de prêter ce sormenl; aux magistrats de la
commune. Ou voit que les parties ne se plaçaient pas précisément
sur le terrain de la conciliation et des concessions réciproques.
IX. ^ ENQUÊTE DE 1280 : TÉMOIGNAIS CONTIUDIGTOIRES. ÀGQDISmON
PAR L*ÉVÊQUE DES DROITS DES FAMILLES FÉODALES QUI OCCUPENT LE
CHATEAU. INTERVENTION DES OFFICIERS DU ROI d'aNGLETERRE, DUC
d'aquitaine.
Il est assez difficile de préciser la date des événements dont nous
venons de résumer les principaux. Audier Normand parait avoir été
investi de la prévôté en 1277 ou 1278, peu après Tinjonction signi-
fiée à révéque au nom du Roi de se garder de toute innovation : ce
qui faisait dire aux bourgeois, pour essayer de justifier leur résis-
tance, que cet officier avait été établi au mépris des défenses
formelles du souverain. Il résulte des témoignages recueillis à
Tenquéte de 1288 et de la déposition d*Audier lui-même (1), que, des
scènes de violence dont le prévOt fut la victime, les plus graves
s'étaient déjà produites avant le carême de 1280, époque de Tarri-
vée à Saint-Léonard des premiers commissaires envoyés par le
Parlement.
La cour s*était enfin décidée à ordonner une enquête, à Teffet de
constater les droits respectifs des parties, les coutumes en vigueur
et l'état actuel des choses relativement aux divers points en litige.
Ce premier arrêt, dont nous ne retrouvons pas de trace aux
Registres des 0/tm, doit avoir été rendu dans la session de la Pen-
tecôte 1279, ou dans celle de la Toussaint suivante.
Cette enquête fut confiée à deux commissaires : Pierre Lemoyne,
archidiacre de Tours, et Guillaume de ChâtcUerault, prieur de
Sainte-Radegonde de Poitiers, qui se transportèrent plusieurs fois,
semble-l-il, à Saint-Léonard pour entendre les témoins produits
par les deux parties. Nous constatons leur présence dans celte
ville le mercredi après le dimanche de Laetare, 1279 (31 mars 1280)
et le samedi avant les Rameaux, 1281 (21 mars 1282). Nous pos-
sédons le texte de cinquante-cinq des dépositions (2) reçues par
eux. Toutes émanent, comme nous Tavons dit, de témoins produits
(1) Audier déclare à cette époque que la principale de ces scènes
remonte à onze ans environ.
(3) On trouvera la liste des témoins à Tappendice, sons la lettre B.
LA GOmiimB DB 8AlIfT-LtOIIAftD DB MOBLAT AO Xlll' SlftCLR. 106
par réréqve 'Gilbert. Les tèdioignages des personnes citées à la
requête des consnls existent aux archives départementales de
Limoges et nous avons jadis dépouillé cette partie de Tenquête
en vue de notre étude; mais, lors de récentes recherches pour
vérifier nos textes, il nous a été impossible de retrouver le frag-
ment de rouleau qui contient les dépositions (1).
Néanmoins, les diverses questions posées dans lapremière enquête
ayant été comprises au programme de la seconde et le texte à peu
près complet des dépositions recueillies en 1288 nous ayant été
conservé et se trouvant sous notre main^ nous sommes fixé d'une
façon suffisante sur le sens et la physionomie générale des témoi-
gnages apportés à Tinformation de 1%0 par les personnes enten-
dues à la requête des bourgeois.
L'information portait sur les points principaux de la requête des
consuls et du factum qu*y avait opposé Tévêque. Nous ne possé-
dons pas le texte même du questionnaire remis aux commissaires ;
mais, en dépouillant les témoignages, il est facile de reconstituer
le canevas de Tenquête. Chacune des parties toutefois avait remis à
la cour la série des questions qai devaient être posées aux témoins
produits à sa requête, et, comme nous ne pouvons consulter que
les témoignages des témoins appelés sur la désignation de Gilbert
de Malemort, nous ne pouvons mettre sous les yeux du lecteur que
le relevé des points sur lesquels cette série de témoins fut « exa-
minée », suivant l'expression alors consacrée.
Ces points étaient au nombre de sept ;
!• Serment de fidélité : L'évêque est-il en possession de le rece-
voir des bourgeois?
9" Arrestation des crieurs du Consulat par l'évêque;
9" Bans et criées de la ville.: Juridiction de laquelle relèvent les
crieurs;
4* Allégations relatives à Gérald de Pierrebufflère ;
8* Faits concernant le prévôt Audier Normand, que les bourgeois
disent avoir été établi au mépris des injonctions du Roi et de son
sénéchal;
6^ Droit de taxer annuellement deux setiers de vin sur chaque
taverne;
7* Droits respectifs de Févêque et des bourgeois sur la forêt.
En regard des affirmations des témoins de Tévêque, qui décla-
raient avoir été présents lors de la prestation, aux trois prédéçes*
(f } Voir la notice B à l'Appendice,
100 SOr.liTR AKCHÉOLOGIQUB ET HiSTOllQUB DU LIHOUBIK.
seurs de Gilbert, da serment de fidélité dû par les eonsuls et la
commune, les témoins produits par les bourgeois, sans nier que
ce serment eût été prêté, attribuèrent la soumission des habitants
de Saint-Léonard à Tabus fait par les prélats de remploi des armes
spirituelles. A ce serment, ils opposèrent celui prêté par la com-
mune aux rois d'Angleterre, ducs d'Aquitaine, et, depuis le retour
de la province à la France, à quatre souverains successifs :
Philippe-Auguste, Louis VIII, Louis IX et Philippe III. Ils rappe-
lèrent que, chaque année, tous les membres de la commune ayant
atteint Fâge de quinze ans juraient fidélité entre les mains des ma-
gistrats municipaux, librement choisis dans une assemblée géné-
rale des habitants par les consuls sortant de charge.
Les témoignages relatifs à la seconde et à la troisième questions
furent, dans leur ensemble, beaucoup moins contradictoires que
ceux relatifs à la première. Il résulte clairement de Tensemble des
dépositions que certains bans, ceux concernant les affaires de la
commune exclusivement, étaient publiés au nom des consuls et de
la commune seuls ^ ceux relatifs à l'ost du Roi se publiaient au nom
du Roi et des consuls; ceux, enfin, qui avaient trait à la justice, au
nom de Tévéque, de la seigneurie et des consuls.
Le quatrième point demeure obscur. La plupart des témoins
déclarent n'en rien savoir. Nous avons vu que les habitants de
Saint-Léonard avaient des griefs particuliers contre Gérald de
Pierrebufiière. Mais Gérald n'ayant pris aucune part directe à la
querelle entre les consuls et le siège épiscopal, Tévéque ne lui
ayant donné aucun droit dans la ville et s'étant borné à se faire
accompagner de ce personnage à son entrée à Saint-Léonard, on
ne voit pas que le fait ait pu avoir une très grande importance.
Il est permis de se demander si Gérald de Pierrebuffière, cha-
noine du Dorât, ne serait pas le même que Gaucelin de Pierrebuf-
fière, doyen de l'église de Limoges, lequel joua, vers la même
époque, un rôle fort actif dans les négociations depuis longtemps
entamées par l'évéque pour l'acquisition des droits appartenant
aux familles féodales du château de Noblal et concernant soit le
fort lui-même, soit la ville? Mais nous n'avons pu établir ce point
avec quelque certitude.
En ce qui avait trait à l'installation d'un prévôt épiscopal à
Saipt-Iiéonard, l'évéque établit aisément que ses prédécesseurs y
avaient eu de temps immémorial un officier chargé, sous le nom de
sénéchal ou de prévôt, de juger les causes de ceux de ses vassaux
qui habitaient hors de la ville. Depuis plus de cinquante ans, le
prévôt forain avait exercé son office sans interruption, et, semble-
t-il, sans opposition de la part des bourgeois. Quant à la justice
LA COMMUNE DE 8A1NT-LÉ0NAE0 DE NOBLAT AU Xlll* SIÈCLE. 107
de la ville, de part et d'autre des témoignages furent produits
attestant que chaque partie la possédait exclusivement. Peu de
témoins donnèrent à entendre qu'il y avait soit un partage des
droits, soit une association pour Texercice du pouvoir judiciaire.
Aucun, semble-t-il, ne fournit à cet égard de renseignement caté-
gorique et concluant.
Les personnes appelées sur la demande des consuls essayèrent
d'atténuer les scènes de violence dont nous avons donné le récit et
les mauvais traitements dont les prévôts, Audier Normand en
particulier, avaient été les victimes, sans pouvoir toutefois nier
l'exactitude matérielle des faits, sur lesquels des détails circons-
tanciés furent donnés par plusieurs témoins.
Le dernier point sur lequel porta Tenquéte était le plus simple
et celui sur lequel il semblait le plus facile d'obtenir d'exactes
informations. Tout donne à penser que de temps immémorial les
habitants de Saint-Léonard avaient joui de certains droits d'usage et
d'approvisionnement dans la forêt de Noblat. Toutefois, protitant
des bonnes dispositions d'Aimeric Brun , qui témoignait le désir de les
indemniser de certains dommages causés à la ville par lui ou ses
gens, — dommages dont nous ne connaissons pas la nature, — ils
s'étaient fait concéder en forme par lui les droits jusqu'alors garan-
tis seulement par la coutume; pour prix de cette concession, les
rx>nsuls avaient versé au chevalier une grosse somme, cent livres
d'alors, qui peuvent bien représenter 40,000 francs d'aujourd'hui.
L'évoque contesta le droit de son vassal d'avoir stipulé un tel
abandon à un être moral qui n'était pas « vivant et mourant»,
comme une commune : ce qui faisait tomber sa forêt en main-
morte. Il la fit saisir. C'était son droit. Toutefois, autre chose était
le fief, autre chose le droit d'affouage et d'approvisionnement
pour les constructions et même de défrichement et de culture
réclamé par la commune, et on entrevoit sur ce point, comme sur
d'autres, malheureusement secondaires, la possibilité de concilier
les prétentions de l'une et de l'autre parties.
Hais, sur les questions principales, les témoignages étaient abso-
lument contradictoires, comme les prétentions des parties, et la
cause s'obscurcissait au lieu de s'éclaircir.
L'évoque pressentait, avant môme le commencement des opéra-
tions confiées à Pierre Lemoyne et à Guillaume de Châtellerault,
que le résultat de l'enquête pourrait n'être pas absolument satis-
faisant pour ses prétentions. Il hâta donc la conclusion de ses pour-
parlers avec les familles nobles du château. U lui semblait indis-
pensable de faire disparaître, sans plus tarder, la complication qui
i08 SOCIÉTÉ ARGIIÉOLOOIQDB ET HISTORIQUK DU LIMOUSIN.
résultait de TexisteDce de leurs fiefs et de se trouver seul seigneur
et seul justicier en face de la commune, devant le Parlement. Neuf
mois avant Taudition des premiers témoins, le lundi après le
second dimanche de la Pentecôte 1279, Aimeric de Noblat, che-
valier, et Pierre de Noblat, damoiseau, frères, transigent avec
révoque, par l'entremise de Gaucelin de Pierrebufflère, doyen de
réglise de Limoges, et, moyennant une somme de 3S0 livres,
cèdent définitivement au prélat la moitié de la vigerie engagée et
toQS les droits et juridiction qu'ils possèdent dans la ville de Saint-
Léonard et dans ses faubourgs (1).
Le lendemain, mardi, Âdémar de La Roche, damoiseau de Saint-
Paul, et Alix, sa femme, transigent, aussi par l'intermédiaire du
doyen, avec Gilbert de Malemort, et cèdent à celui-ci tous les droits
qu'ils possèdent sur le château, la chàtellenie de Noblat et la vige-
rie de la ville. Le prix est fixé à 40 livres, et un passage des regis-
tres de l'évêché, postérieur à la convention, établit que cette
somme a été payée peu après, et que l'acquéreur a donné aux
vendeurs au-delà de ce qui leur était dû. Il résulte d'une des men-
tions ayant trait à cette vente qu'Adémar possédait seulement la
seizième partie de la vigerie et qu'il la tenait d'Audoine deRoyère,
sa mère (2).
Le mercredi, un troisième accord, plus important encore que les
précédents, est conclu, toujours sous les auspices de Gaucelin de
PierrebufiSère. Les trois fils d'Aymeric Brun : Aymeric, Elie et
Gaucelin, damoiseaux, cèdent à leur tour à l'évoque, au prix de
cent trente-cinq livres, tous leurs droits : vigerie, juridiction quel-
<;onque, rentes, etc., dans la ville et les faubourgs (3).
Le samedi suivant, c'est la fille d'Aimeric Brun, Aiceline, qui
se dépouille, au profit du prélat, de tout ce qu'elle possède de la
(1) Voir Registres d'hommages de l'évêché : I, Nohlac, et Registre Ac
singularem, fol. 265 : Quomodo Aymericus, miles, et Petrus de Nobiliaco,
fratres, remiserunt episcopo medielalem vigerie et quicqaid juris, domi-
nli, jusiicie, census et reddilus et cujuscumque deverii que ad se jure
hereditario pertinere dicebant in villa seo burgo de Nobiliaco.
(2) Littera sigillata sigilli abbatis Sancti Martini Lemovicensls, quod
P. Ademari et Haelis ejus uxor confessi fuerunl habuisse a domino epis-
copo, pro vendicione juris quod habebant in castro et castellaniaet vigeria
burgi Sancti Leonardi, ultra summam debitam, quamdam aliam pecunie
summam (0 Domina^ fol. 88 v*. — Reg. Tuœ hodie, fol. 4).
Le registre d'hommages de l'évêché nous fournil des détails plus précis
et donne la date exacte de l'acte, qu'une annotation du registre O Domina
fait remonter à ion à 4i78.
(3) Reg. Ac singulareniy fol. 365.
XA GomUire 1» SAlWT-LifcoilAlll» 1>K IfOBLAY AU Xltl* SIÈCLE. ^(f^
<K seigneuriet justice* vigerie, juridiction » de Saint-Léonard. Ëile
abandonne en même temps tous les cens, rentes et devoirs qu'elle
peut être fondée à y réclamer. L'acte est passé dans le cioitre du
monastère (1).
Les chevaliers de Noblat ne se lassent pas de vendre ; Tévéque
est toujours prêt à acheter. En 1285, Gaucelin de Châleauneuf
condrme la cession faite en 1259 par son père à Almeric de Serre.
Le mémOv à peu près à cette époque, met Gn à un différend déjà
ancien en cédant à titre définitif à Févéque et à ses successeurs
tous ses droits sur la maison et la tour situées dans la partie infé-
rieure de la forteresse de Noblat (2). Cest encore en 128S qu'est
conclu un accord entre le prélat et Gaucelin, au sujet de « la
maison et tour assis devers la aulte partie du chasleau de NoDlac,
devers le cousté de Lymoges, auprès des maisons d'Oudoy et Cons-
tantin Marcheys, chevaliers '>. Il s agit probablement ici des bâti-
ments qui ont fait Tobjet de la cession de 1275 (3j.
11 ne restait plus à Févéque, pour réunir entre ses mains tous
les droits et revenus inféodés à diverses personnes par ses pré-
décesseurs, qu'à racheter la portion de la vigerie et des produits
accessoires dont se trouvait depuis longtemps investie une famille
bourgeoise de Saint-Léonard, celle des Faute, dont il a été plusieurs
fois question. En 1293, Jean Faute, représentant de cette famille,
agissant tant en son propre nom que pour le compte de son fils et
de son gendre, consentit à abandonner à Gilbert de Malemort
tous les « droits et devoirs » qu'il possédait en la vigerie ou bailie
« de Noblac aux bancz de ladicte ville, en les emendes, en les
» adjoumements, pressés, et dation des testes de beufz» et les
•> solaiges des foyres » (4).
(1) Litterasea instrumentum quod Aycelina, filia quondam Aymerici
Broni, militis, quictavit domino episcopo quidquid juris habebat dominii,
juslicie, vigerie, juridicionis, census, reddilus et cujuscumque devcrii
qaod habebat in villa seu burgo de Nobiliaco et ejus bonis et pcrlinen-
ciis universis (O Domina, fol. 90, ro). — Voir aussi Registre d'hommages,
1. 1, Noblac.
(9) Littere magne cum duobussigillis, conlinentes et mencionem facien-
tes de cont.**oversia mola inter dominum episcopum Lemovicenscm et
dominum Gaucelinum militem, dominum de Castro Novo, de et super
domo et turre sitis in inferiori parte Caslri de Nobiliaco. Demum dictus
miles remisit eidem Domino Lemovicensi et suis auccessoribus quidquid
jaris in premissis domo, turri, ortis, appendiciis habebat, etc. (Tuœ
hodie, fol. 3, v®).
(3) Il se pourrait même qu'il nV ait en qn'un seul acte, celui de f 285.
(4) Liltera alia quod dictus Johannes Pau ta vendidit domino Episcopo
ÂjoatODs, pour n'avoir pas à revenir sur les acquisitons de
révéque, qu'en 1316 le successeur de Gilbert de Malemort acheta
d'un autre bourgeois, Nicolas Desmoulins, la leide du vin dont lui
et ses frères étaient en possession de lever le produit. Ce droit
avait été vendu à Jean, leur père, par Pierre Adémar, aussi habi-
tant de Saint-Léonard et qui en jouissait antérieurement.
Si révoque n'épargnait rien pour assurer le succès de ses préten-
tions, la commune, de son côté, ne restait pas inactive; c'est sur-
tout auprès du sénéchal du Roi que nous constatons ses démarches
et ses instances répétées; mais peut-être ces démarches n'ayant
pas abouti et le délégué de Philippe III ne se décidant pas à inter-
venir et à prendre fait et cause pour les bourgeois, crut-elle devoir
frapper à une autre porte.
En 4273 et 1274, la commune du Château de Limoges avait fait
de grands efforts pour décider le roi d'Angleterre à intervenir dans
la lutte engagée entre elle et ses vicomtes, et à prendre sa cause en
mains. Elle faillit réussir. Edouard, on Ta vu plus haut (2), envoya
des troupes pour secourir les bourgeois, et il ne fallut rien moins
qu'une défense expresse de Philippe lil pour arrêter cette inter-
vention. Les consuls de Saint-Léonard tentèrent-ils une pareille
démarche sinon auprès du roi d'Angleterre lui-môme, du moins
auprès de ses officiers? Il est permis de le croire. L'année même,
en effet, où l'évéque de Limoges a acquis la plupart des droits
possédés sur la ville par les chevaliers de Noblat, un ajournement
devant la cour du Roi est donné aux bourgeois — peut-être sur
leur propre requête — par les gens d'Edouard I, pour s'entendre
proclamer les sujets du duc d'Aquitaine; mais le Parlement statue
jus quod habcbat in baylia scu vigeria de Nobiliaco in taxacione vini,
in emolumento taxacionis vini, in banno seu bannis ville, in emendis, in
percepcione deu Frati et de la Gâcha, in adjornamenlis, judiciis et
processibusjudlciorum, et levacione capitum bovum,et soleariorum suto-
rum vendeneium in nundinis Sancli Leonardi. [Hcg. 0 Domina, fol. 88).
Johannes Pauta, burgensis Nobiliaccnsis, dédit Episcopo jus quod habe-
bat in vigeria Nobiliacensi ; et P. Pauta, filius suus, et P. Danielis, gêner
suus, hoc laudaverunt ; et est sigillala sigillé régie. El hoc tenebat in
feodum a domino Episcopo (ibid.).
(I) Inter dominum cpiscopum et Nicholaum de Nolendinis de Nobiliaco,
fuit fada permutacio de leuda vini quam idem Nicholaus levabat apud
Nobiliacum, cum IX sextariis avene et uno sexiario sillginis quos diclus
episcopus habebat in quodam manso dicti Nicholai. (0 Domina^ fol.
89 verso, et aussi fol. 85, — et Reg. d'Hommages, t. Noblac.)
(î) V. ci-dessus, p. 87.
IX COmitiMB t>t SàlNT-lÉOKARt) DE )(OfttAt At Xlll* SIECLE. \)\
sur cet ajournement dans le môme sens qu'en 1260, et déclare de
nouveau, au mois de janvier 1280, que la ville de Saint-Léonard
est exclue des restitutions faites par le traité d'Amiens,' et doit
rester en la main du Roi (i).
X. — ARRÊTS DU PARLEMENT DE 1288 ET
Le Parlement rendit un premier arrêt, dans l'affaire de Saint-
Léonard, à la session de la Pentecôte 1285 (2). La teneur de ce
jugement ne nous a pas été conservée dans les registres de la
cour; mais les archives de la Haute-Vienne en possèdent une
copie du temps (3). Il peut se résumer en quatre points princi-
paux :
!• L'évêque de Limoges est en droit et en possession de recevoir
le serment de fidélité des habitants de Saint-Léonard. Ceux d'entre
eux qui le lui ont prêté l'ont fait de leur plein gré, et si les officiers
du prélat ont arrêté les crieurs du Consulat, c'est que ceux-ci
s'étaient refusés à donner caution conformément à l'usage du
pays.
2» Les consuls sont en possession de faire publier les bans dans
la ville, mais au nom de l'évêque, de la seigneurie et de la
commune.
3"* L'évêque n'a en rien désobéi aux ordres du Roi ou de son
sénéchal, et n'a pas innové en établissant à Saint-Léonard un pré-
vôt des causes foraines chargé de remplir ses fonctions dans la
dite ville et d'y faire résidence pour le prélat.
4"* Les consuls sont reconnus en possession de percevoir tous
les ans au mois d'août, sur chaque taverne de 2a ville, avec le pré-
vôt de l'évêque et le bailli (il s'agit probablement du vigier), la
valeur de deux setiers de vin.
S"" Les consuls et la commune possèdent des droits d'usage dans
la forêt; toutefois l'évêque, comme seigneur, a pu saisir la dite forêt
et s'opposer à ce que ce fief passât d'une main noble à une main
(1) Appendice, A, n*" 8,
(S) 11 n*en est pas question aux OUm^ à la session dont il s'agit;
mais on trouve à la session suivante (Toussaint 1885), un passage qui fait
mention expresse de cet arrêt : « Visis litteris super judicio in ultimo pal-
lamento facto, inter episcopum Lemovicensem et consules ville de Nobi-
liaco p. {OUm, t. H, p. 252.)
(3) D'août 1285. Voir l'App., lettre D, n« I.
^^^ société AECRÉOLOGIOCE rr fllStMllOlIB du LIIIOUfllN.
non noble, soos réserve toutefois du droit d'usage reconnu aux
bourgeois.
6<> Les consuls arrêtent, jugent et emprisonnent les malfaiteurs
de concert avec le prévôt de révoque et les vigiers des seigneurs.
Il faut noter les termes de cet arrêt et les prendre dans leur
sens le plus précis et le plus étroit. S11 reconnaît à Tévêque de
Limoges le droit de recevoir le serment des bourgeois, il ne déclare
pas que ce droit soit exclusif de la prérogative du Roi de le récla-
mer aussi, à titre de seigneur supérieur, dans certaines occasions.
On doit ne pas perdre de vue que les souverains français eurent
toujours une tendance à considérer comme relevant directement de
leur autorité toute ville en possession d une charte de commune.
C*est ainsi que Louis VIII avait réclamé le serment et le service
militaire de nombre de bourgeoisies; Louis IX et Philippe IIÏ
s'étaient fait, à Texemple du précédent, jurer fidélité par les com-
munes limousines et envoyer par elles des contingents de milice
pour toutes leurs expéditions. Il est fort possible, au surplus, que le
Conseil du Roi eût déjà une arrière-pensée en formulant Tarrêt
dont nous résumons à dessein tout le dispositif.
Dix-huit ans plus tôt, une autre commune limousine, vassale elle
aussi de l'évêque, avait obtenu un arrêt en apparence tout contraire
à celui rendu dans l'affaire de Saint-Léonard, mais qui, au fond,
n'excluait nullement la reconnaissance, dans une certaine mesure,
du droit du prélat auprès ou plutôt au-dessous de celui du souverain.
Il ne faut pas perdre de vue que les règles ordinaires des rapports
féodaux ne pouvaient toujours être appliquées aux communes et
que les rois, comme nous l'avons dit plus haut, y dérogeaient
volontiers à l'occasion.
Brive relevait aussi de l'évoque; mais elle avait les Turenne et les
Malemort pour seigneurs intermédiaires et peu à peu ces puissants
voisins s'approprièrent, au détriment du prélat, la totahté des droits
féodaux sur cette ville. Ainsi, dans le Château de Limoges, les vicom-
tes éliminèrent peu à peu la seigneurie des abbés de Saint-Martîal.
Lepremier dignitaire ecclésiastique du diocèse était encore, au temps
de Saint Louis, en possession au moins de droits honorifiques dans la
capitale du Bas-Limousin, où. vers le milieu du siècle, les chefs des
corporations de métiers avaient pris une influence prépondérante et
modifié les vieilles coutumes municipales (1). La commune entreprit
de s'affranchir de l'hommage et du serment de fidélité dû à l'évêque
et prêta ce seiment auRoi, entre les mains du sénéchal de Louis IX;
(«} Parlement de la Pentecôte, 1S57 (OUiriy t. l, p. 43).
LA COMMUNE DB SAlMT-LÉONARD DE N0BL4T AC XllI*' SIÈCLE. 143
Âimeric de La Serre avait revendiqué sa prérogative et obtenu gain
de cause devant le Parlement en 126S (1). — Les bourgeois, vrai-
semblablement soutenus par le sénéchal, reprirent l'affaire et réus-
sirent à prouver par une enquête que le Roi avait toujours reçu le
serment des consuls et de soixante habitants : le Parlement main-
tint le souverain dans la possession de ce droit, à la session de
l'octave de la Toussaint 1267 (2). Mais, de même que, dansTarrôt
relatif à la commune dé Saint-Léonard, la Cour se tait complète-
ment sur ce qui a trait à la prérogative du roi de France, alléguée
seulement jusqu'ici par les bourgeois, — de môme, dans Tarrêt
rendu à la requête des habitants de Brive, elle garde le silence sur
le droit de l'évoque, qu'il ne lui paraît pas utile de mettre en ques-
tion et auquel elle n'entend point, pour l'instant, porter atteinte.
L'arrêt du Parlement de la Pentecôte 1288, s'il décidait une
partie des questions controversées, laissait bien des points dans
Tobscurité. D'autre part, son exécution pouvait donner lieu à des
malentendus et à des difiScultés de diverse nature. Ainsi le droit
de Tévêque à recevoir le serment des bourgeois était constaté;
mais il n'était pas expressément stipulé que les bourgeois, qui
avaient jusqu'ici refusé au prélat de le prêter, seraient contraints
de s'exécuter. Le Parlement avait omis de statuer sur la prétention
des consuls à recevoir le serment de fidélité du prévôt épiscopal.
Enfin, l'arrêt gardait le silence sur le droit de mise en culture des
clairières et terrains défrichés réclamé par les bourgeois.
Sur la demande des parties, ou peut-être du sénéchal chargé
d'assurer l'exécution de l'arrêt du Parlement de la Pentecôte, l'in-
terprétation de ces points fut demandée à la cour du Roi à la session
de la Toussaint. Elle décida que ceux des bourgeois qui n'avaient
pas juré fidélité à l'évêque lors de son avènement seraient tenus
de s'acquitter de ce devoir. Injonction fut faite aux consuls et à la
commune d'obéir au prévôt épiscopal, le Parlement ne s'arrôtant
pas à l'allégation des magistrats municipaux relative au serment
à eux dû par cet officier, et le Roi se réservant de s'enquérir des
usages et de les faire observer. Quant au droit de cultiver les par-
lies défrichées de la forêt, il fut reconnu que l'arrêt n'avait pas
statué sur ce point. Les habitants de Saint-Léonard furent donc
invités à introduire, si bon leur semblait, une action spéciale pour
cet objet (3).
(I) Olim,i. II, p. 617,618.
• (3) OWm, 1.1, p. 260, 861.
(3) Declaratum fuit quod burgenses de Nobiliaco, qui dicte episcûpo,
in prima creacione sua, non fecerunt ûdelitatis juramentum, eidem
T. xxxvu. 8
114 ' OOGIRTÉ ARCBÉOLOOIQUS CT HI8TOftl<|l3l W UMOOSIIf.
L'arrêt fut signifié pAr les officiers royaux & Tévèque et à la eom-
ikiune. Devant les termes précis de la dëcisioD explicative de la
Toussaint, les bourgeois qui avaient suivi le parti des consuls et
refusé jusqu'alors de jurer fidélité à Gilbert de Malemort» se déci-
dèrent à se soumettre. Au nombre d'environ sept cents, ils prêté*
rent serment, en audience soIeo&eUe, dans la salle épiscopale (1).
Les bourgeois de Saint^Lëonard semblaient avoir perdu la partie
et TéTéque Gilbert triomphait. Toutefois, divers articles de Tarrét
que le Parlement venait de rendre à son profit ne pouvaient entiè-
rement le satisfaire. La situation définie par cet arrêt ne ressem-
blait guère à celle indiquée dans les mtendit du prélat, où toute
existence de droit et même de fait était déniée à la commune* I>es
droits, et des droits de justice, c'est-à-dire des droits seigneuriaux,
des droits esseniiellement réservés aux nobles el aux corps privi-
légiés, avaient été reconnus à la commune et à ses chefs par une
solennelle déclaration du Parlement. La cour ne décidait rien, du
reste, en ce qui avait trait à la connaissance des causes civiles, et
les prétentions des consuls demeuraient entières. C'était beaucoup
pour les bourgeois, et ils estimaient peut-être qu'ils avaient au
fond gain de cause dans un arrêt en apparence favorable aux pré-
tentions du prélat.
La commune puisa dans cette confirmation de ses coutumes et
de ses privilèges de nouvelles forces pour continuer la résistance.
Il fut impossible de s'entendre sur l'exécution des articles de Tarrêt
relatifs à la justice. Quels étaient les droits réciproques du prévôt
épiscopal et des consuls? Ceux-ci soutenaient que l'évèque n'avait
pas la justice de Saint-Léonard, el que, s'il avait un auditoire et un
prévôt dans la ville, c'était pour le jugement des procès de l'exté-
episcopo tenenlur facerc juramenlum. Item, determinatam hiit quod,
non obstante jûrameûto quod consulôs et communltas de NobHiaco
dicebant sibi debere Heti a preposîto fôraneo epi^opi, obedient
el obedfre tenenlur diclo preposîlo; et dominas ftex, «k oMcio soo,
de piano sciri faciet si prepositi epîBcopi qui pro tempore fuemnt apud
NobiHacum, dictis eonsulibus et communitatt consueverant facere jura^
mentum; quod si inventum faerit, ad faciendum dictum juramentum dic-
ius prepositus compellctur. item, cum dicti burgenses Nobiliaceascs,
racione usagii quod habent in foresta dicti episcopi, vellent excolere pla-
teas vacuas dicte foreste^episcopo per plures raciones contradicente, vise
judicato, dictum fuit quod super dictis plateis excolendis oichil fuerat pro
eis judicatum; set si super hoc voluerint contra dictum episcopumexpefiri,
fiel Gis jus {Olim, t. 11, p. 25i).
(1) Appendice, G. VII, ^3I, 132, 133.
LA COmniNB DB SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII' SIÈCLB. 115
rieur. Civiles ou criminelles, les causes des bourgeois relevaient
des consuls seuls. Ces magistrats refusaient donc d*ad mettre Tin-
gérence d'un officier épiscopal dans le jugement de ces procès.
Il fallut revenir devant le Pariement. Celui-ci, saisi de ces diffi-
cultés dans sa session de la Toussaint 1286, ordonna que le prévôt
épiscopal pour les causes foraines, agirait et jugerait comme agis-
saient et jugeaient les prévôts qui n*ëtaient point spécialement
chargés de prononcer sur les différends ou les délits des justicia-
bles du dehors (1) et comme jugeaient les consuls eux-mêmes; qu'il
pourrait ajourner, arrêter, emprisonner seul les délinquants, mais
qu'il les jugerait avec les magistrats municipaux. Que ceux-ci, de
leur tbié, auraient le droit de poursuivre, d'arrêter et d'incarcérer
les malfaiteurs; mais qu'ils ne devraient prononcer qu'avec le con-
cours du prévôt épiscopal et des vigiers des seigneurs (2). L'arrêt,
à le considérer en soi, semble être la confirmation pure et simple
d'une ancienne coutume ou d'un modus vivendi consacré par quel-
que transaction. Néanmoins, nous l'avons dit plus haut, il ne sem-
ble pas résulter de l'ensemble des témoignages de l'enquête que
cette association de justice ait jamais existé à Saint-Léonard. La
plupart des témoins, comme les parties, le nient de part et d'autre
avec une égale énergie, et les deux ou trois témoignages moins
absolus signalés plus haut par nous ne confirment que dans une
certaine mesure l'existence antérieure d'un pareil état de choses.
(A mivre). Louis Gdibbrt.
(1) Le sens ici n'est pas très clair. Voir ce qui est dit plug haut, note
de la page 88, de la signification du mot foraneus.
{%) Declaratum fuitqood eptscopus Lemovicensis uteretur jodicato, prout
ibi eonliDetar,et habebit prepositum foraneum apud Nobiliacum^qui expiée-
labit et justiciabit quemadmodum prepositi episcoporum qui non erant
foranei explectarè et justielare coasaeverunty et consules prout contioetur
in judieato. Nec irapedleot predicti consules quin prepositus episcopi fora-
nens capiat malefactores ei adjornet coram se et justiciet cum ipsîi; nec
prepositus similiter impediet dictos consules quin capiant per se et jttsti-
cient malefactores corn preposito episcopi et vigeriis dominorum. Et fiet
incarceraeio de capXis ab lUraque parte, ubi ab antiqno extitit eonsuetum.
— Nec fieot super hoc allque novitates [Oîlm, t. If, p. 358).
NOTES
POUR SERVIR A LA
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE
La Société archéologique de Limoges veut bien ouvrir les colon-
nes de son Bulletin à quelques notes sigillographiques qui se rap-
portent au département de la Haute-Vienne et dont nous avons
pris la liberté de lui donner communication. Cette décision nous
impose un double devoir : le premier, celui de remercier la Société
de l'honneur qu'elle fait à notre modeste travail; le second, celui
de donner quelques explications sur l'origine et l'objet des notes
dont il s'agit.
Dans le cours des recherches que nous avions entreprises, de
concert av4îc M. Ernest Rupin, président de la Société archéologi-
que de Brive, pour préparer la Sigillographie du Bas-Limousin,
nous nous étions attaché à recueillir les sceaux qui concernaient
le Haut-Limousin. Nous avions eu tout d'abord, en effet, la pensée
de réunir dans un même corps d'ouvrage les sceaux du Limousin
tout entier. Deux considérations nous ont arrêté.
D'une part, M. Louis Guibert avait déjà publié deux mémoires (1)
(/) Louis Guibert, Sceaux et armes de l'hôtel-de-oille de Limoges;
sceaux et armes des olllea^. églises^ chancelleries^ cours de justice, com-
munautés, confréries et corporations des trois départements limousins»
Limoges, 4878.
Louis Guibert, Sceaux et armes des deux cilles de Limoges et des
oilles, églises, cours de justice, chancelleries, corporations des trois dé-
partements limousins; supplément. Limoges, 1885.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE. t17
dans lesquels il a décrit les sceaux les plus intéressants des trois
déparlements limousins, à savoir : les sceaux des villes, des corpo-
rations, des cours et juridictions, des abbayes, etc. Ce n'est pas
aux lecteurs du Bulletin d^ la Société de Limoges que nous avons
à faire l'éloge de ces mémoires. Il nous suffira de dire que les
notices de M. Guibert sont rédigées avec un savoir, un soin, une
sagacité, qui ne laissent rien à ajouter (1),
D'autre part, le défaut de concordance qui existe entre les limi-
tes de l'ancien Haut-Limousin et celles du département actuel de la
Haute-Vienne nous mettaient dans un certain embarras.. Il nous
semblait assez difficile d'exclure les sceaux relatifs à des seigneu-
ries, à des établissements, à des localités, qui ont aujourd'hui pour
chef-lieu la ville de Limoges; et, cependant, nous nous serions évi-
demment écarté d'un plan rationnel si nous avions compris, sous
la dénomination générale de Haut-Limousin, des territoires qui,
antérieurement à la Révolution, faisaient partie du Poitou, de la
Marche ou de l'Angoumois.
Ces difficultés, sur lesquelles il serait oiseux de s'étendre, nous
ont déterminé à offrir purement et simplement à la Société les
notes que nous avions recueilHes et qui se rapportent exclusivement
au département de la Haute- Vienne, tel qu'il est aujourd'hui cons-
titué, et sans tenir compte des anciennes délimitations administra-
tives, ecclésiastiques ou géographiques.
Nous avons pensé, en outre, qu'il ne serait pas sans intérêt de
compléter le travail de M. Guibert par la description des sceaux
personnels, qui ne rentraient pas dans son cadre.
Nous ne croyons pas d'ailleurs avoir à démontrer l'intérêt qui
s'attache aux études sigillographiques. Depuis la grande publication
de M. Douet d'Arcq sur les sceaux des Archives nationales (2), de-
puis celles de notre savant et très regretté ami M. Demay, sur les
sceaux de la Flandre, de l'Artois, de la Picardie, de la Normandie,
sur ceux de la collection Clairambault, personne n'ignore que les
documents sigillographiques, s'ils n'ont pas l'importance des docu-
(1) Précédemmenl, M. Maurice Ardant avait publié, dans \e Recueil des
traoauçp de la Société de sphraglstlque de Parla, la description de quel-
ques sceaux limousins. — Nous avons aussi consulté avec fruit l'ouvrage
de M. Paul Raymond intitulé : Sceaux des Archives du département des
Basses^Py rénées, Pau, 1874.
(2) Cet inventaire est intitulé : Ministère d'Etat. Archioes de l'Empire.
Inventaires et documents publiés sous la direction de M. le tomte de
Laborde, Collection des sceaux, par M. Dookt d'Arcq. Paris, 1863-J868,
3 vol. gr. in-4».
148 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE tT RI8T0RIQ0E DD LIMOUSIN»
men(s écrits, sont cependant le complément nécessaire de ces der-
niers, et qu'ils fournissent des renseignements précieux sur l'his-
toire des grands fiefs, des villes, des seigneuries, des diocèseSt
des établissements civils ou religieux. En ce qui concerne le
Limousin spécialement, la preuve est faite : personne^ à coup &ûr^
ne contestera que la dissertation de M. Guibert sur les Sceaux et
armes de l'hôtel-de-ville de lAmoge» n*ait jeté un grand jour sur
l'antique organisation municipale de cette ville.
A la vérité, nos notices ne sauraient être comparées à une dis-
sertation. Elles se bornent à la description de la légende et du
dessin de chaque sceau, avec l'indication sommaire et la date de
l'acte auquel il est appendu. Nous avons pris à cet égard pour
modèles les grands ouvrages cités plus haut. Nos recherches, quoi-
que nous les ayons poursuivies avec persévérance, notamment
dans les vastes collections de Paris, ne peuvent être considérées
que comme un essai. On ne saurait d'ailleurs se flatter d'être com-
plet en pareille matière. Nous nous sommes surtout proposé d'ap-
peler l'attention sur ce genre d'études archéologiques, qui a été
pendant bien longtemps négligé. Quand on consulte les immenses
recueils formés sur diverses provinces, celui de Baluze, par exem-
ple, pour le Limousin, celui de l'abbé Lespine pour le Périgord,
on est frappé du peu d'importance qu'on attachait à la description
des sceaux; quelquefois il est fait mention, au bas de la copie
d'un acte, que tel sceau a disparu et que tel autre subsiste encore,
mais sans qu'aucun détail soit donné sur ce dernier. Si Ton ne
prenait que peu de soin pour les décrire, on n'en prenait sans
doute pas beaucoup plus pour les conserver. Combien d'exemplai-
res intéressants pour l'histoire ou remarquables au point de vue
de l'art ont ainsi disparu I Les notes dont la Société a bien voulu
ordonner la publication auront peut-être, à défaut d'autres mérites,
l'avantage de combler une lacune et d'éveiller, sur ces petits mais
curieux monuments d'un autre Âge, la curiosité du public.
Notre recueil se divise en deux catégories principales : les
sceaux laïques et les sceaux ecclésiastiques.
Les sceaux laïques comprennent les séries suivantes : vicomtes
de Limoges, villes, familles seigneuriales, sénéchaussées et séné-
chaux, cours et juridictions, offices, associations, collèges.
Dans la série des sceaux des vicomtes de Limoges, l'ancienne
dynastie des vicomtes, les dynasties de Comborn, de Bretagne, de
Navarre et de France sont représentées par des exemplaires inté-
ressants. Nous signalerons surtout les sceaux équestres de Guy IV,
d'Adhémar V, de Guy VI, de Jean de Bretagne, qui offrent de
beaux échantillons de ce type remarquable. Ceux de Marguerite
SIGtLLOGRAPOIE DU DÉPARTEMENT DE LA BATJTB-VÎBNNE. M 9
de Bourgogne, reuve de Guy VI, et de Jeanne de Flandre, épouse
de Jean de Montfort, qui représentent la vicomtesse debout, dans
les costumes de répo(iue, et la première portant un faucon sur le
poing, sont également très intéressants. Les sceaux plus récents
sont au type armoriai, sauf celui d'Antoine de Navarre et du comte
d'Artois, qui, par leurs dimensions et par leur dessin, rappellent
les sceaux de tnajeslé des rois et princes souverains.
Les sceaux des villes ont déjà été décrits par M. Guibert. Nous
nous sommes borné à reproduire sommairement les détails donnés
par lui. Ces sceaux sont d'un haut intérêt archéologique et histori-
que, notamment celui du consulat du château de Limoges, monu-
ment sigillographique de la plus grande originalité.
Les grandes familles du département de la Haute-Vienne,
les Bonneval, les Lastours, les Montbrun, les Pierrebuffière,
les Pérusse, les Rochechouart, sont largement représentées
dans la série des seigneurs. Ici encore on remarquera les
sceaux équestres de Seguin de La Porcherie, de Jean de Pierre-
buffière, d'Aimery de Rochechouart : ce type est caractéristique
des puissantes maisons féodales. Au point de vue artistique, nous
citerons le très joli sceau dltler de Pérusse, commandeur de
Bellechassagne, lequel représente un homme de guerre appuyé sur
sa lance et couvert de son écu : ce sceau, malgré ses dimensions
restreintes, est d'une exécution très fine et très soignée et constitue
un petit chef-d'œuvre de gravure.
Les sceaux des seigneurs sont en général de forme ronde et en
cire rouge, tandis que les sceaux ecclésiastiques anciens sont de
forme ogivale et en cire verte, brune ou jaune. Cette observation
n'est pas spéciale au Limousin ; nous croyons qu'elle peut s'appli-
quer aux sceaux du moyen âge dans toutes les régions.
Les sceaux des cours et juridictions sont en grand nombre,
principalement en ce qui concerne la vicomte. On doit noter ceux
de la juridiction consulaire du château de Limoges, qui reprodui-
sent le type au chef de saint Martial dont il a été parlé plus haut.
Ceux des partages de Saint-Léonard et de Saint-Yrieix méritent
également une mention.
Rien de particulier à dire sur les autres séries laïques.
Les sceaux ecclésiastiques se subdivisent ainsi : évoques de
Limoges, offlcialités diocésaines, églises et chapitres, confréries
et communautés, cours et juridictions ecclésiastiques, clergé régu-
lier, sceaux ecclésiastiques divers.
Ainsi que nous l'avons dit, les sceaux des évéques, ainsi que
ceux des abbés et des abbayes, sont, du moins au xm* et au xiv
siècles, de forme ogivale. On trouvera cependant dans nos articles
4^0 SOCIÉTâ ABCHÉOLOGIQUE ET HISTOBIQUF. DU LIMOUSIN.
un sceau rond de Tévéque Jean IV Barton ; mais il est spécifié dans
l'acte que ce sceau n'est employé qu'en Tabsence du grand, c'est-à-
dire à titre exceptionnel. Dans les sceaux antérieurs au xv* siècle,
l'évéque est représenté debout, mitré, crosse et bénissant. A partir
du XV' siècle, le type devient banal : un écusson aux armes de
révoque, cime de la mitre et de la crosse et timbré du chapeau
épiscopal, dont les houppes retombent des deux côtés de l'écusson.
Les abbés sont également représentés debout, tenant une crosse
ou un bâton de la main droite et un livre de la main gauche, dans
une niche gothique. Quelquefois la niche principale est accompa-
gnée de niches latérales, dans lesquelles sont figurés des person-
nages en prière. Ces édicules sont presque toujours ouvragés avec
finesse et rappellent, par leur ornementation, les élégants détails
de l'architecture gothique. Parmi les sceaux que nous décrivons,
on remarquera ceux de plusieurs abbés de Grandmont ; la dimen-
sion de ces sceaux dépasse plus de soixante millimètres; leur
exécution est remarquable ; ils sont vraiment dignes de cette puis-
sante abbaye, qui a laissé de si grands souvenirs dans Thistoire
ecclésiastique et aussi dans l'histoire artistique du Limousin.
Les autres sceaux ecclésiastiques présentent beaucoup d'analo-
gie avec les précédents ; ils ne donnent lieu à aucune observation
particulière.
Nous exprimerons en terminant l'espoir que des communications
nouvelles viendront combler les lacunes que présente notre
recueil.
SCEAUX DU DÉPARTEMENT DK LA HAUTE-VIENNE.
PLANCHE I.
1 bis
Fif(, I et I bis. Sceau et contre-sceau d'Adémar V, vicomte
de Limoges (fin du xii* s.) (n« »).
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE. iSl
PREMIÈRE PARTIE
SCEAUX LA.IQUES
SÉRIE I
VICOMTES DE LIMOGES
N** 1 . — GUY IV (1), vicomte de Limoges (xiP siècle).
Fragment d'une matrice en bronze. Sceau rond de 76 milli-
mètres.
Ugende. — SIGILL GVID LEMOVICENSIS.
fSigillum Gnidonis, [vice-comitis] Lemovicensis.J
Dessin. — Un guerrier à cheval , coiffé d*un casque , tenant une
lance ou une épée de la main droite et la bride de son coursier de
la main gauche; il galope vers le côté sénestre du sceau.
(Décrit par M. Maurice Ardant dans le Recueil des travaux de la
Société de sphragistique de Paris, t. I", p. 87).
N^ 2. — ADÉMAR V(2), vicomte de Limoges (fin du
xn* siècle).
Sceau rond (75""), appendu à une charte dans laquelle le vi-
comte passe de Tobéissance de Richard Cœur-de-Lion sous celle
de Philippe-Auguste (sans date).
(<) Fils d'Archambaud IV, vicomte de Comborn, et d*Humberge, sur-
nommée Brunissende, fille d'Adhémar III, vicomte de Limoges ; vicomte
de Limoges en U39; marié 4<> à Marquise, fille de Roger II de Montgo-
mery, comte de Lancastre, et d'Almodis de la Marche; 9o à N., fille de
Thibaut, seigneur de Blazon, sénéchal de Poitou; mort en 1448.
(2) Fils d*Adhémar lY de Comborn, vicomte de Limoges, et de Mar-
guerite de Turenne; vicomte de Limoges en 4148; marié à Sara, fille de
Raynaud, comte de Cornouailles ; mort en 1 1 99 .
4lt socièrt argbAolociqpb it iisroftiQUB du lmousin.
Légende. — f SIGILLVM ADEMA.. ..CECOMITIS LEMOVI-
CENSIS.
fSigilluH Adeviari, vie^comitis LefnovicensisJ,
Dessin. — Sceau équestre. Le cavalier à gauche.
CONTRE-SCEAU.
Ugande. — SECRKTM A LEMO VICECOMITIS.
fSecretum Ademariy Lemovicensis vice-comitisj.
Dessin. — Ecu parti : à dextre, peut-être un lion (1); à sénestre,
un coticé.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n* 767).
Voir figures 1 et i 6m.
N^ 3. — GUY VI (2), vicomte de limoges (1249).
Sceau rond (65°"" environ).
Légende f?J.
Dessin. — Sceau équestre; le cavalier à droite, Vépée à la main,
robe flottante sur l'armure; bouclier parti : aul, à trois lions
rampants, 2 et 1 (3) ; au 2, à quatre bandes.
REVERS.
Légende f?J.
Dessin. — Ecu droit aux mômes armes; seulement le 2 est à six
bandes.
(Archives départementales des Basses-Pyrénées, E, 749. —
P. Raymond, Sceaux des Arehif^es des Basse^-PfrénéeSy n* 55).
Voir figures 2 et 2 frû.
N« 4. -- Ls NÉMB (1249).
Sceau rond (46°""*), appendu à un acte portant confirmation
d'une acquisition faite parle prieur de Grandmont (1249).
Légende. — S' GVIDON
(Sigillum Guidonis *...../
(f) Non» reproduisons le texte de Tlnven taire, mais nous pensons que
le seeau portait trois lions léopardés, 9 et i. Voir les numéros suivants.
(I) Fils de Guy V de Combora, vicomte de Limoges, et d*Ermengarde,
marié à Marguerite de Bourgogne, fille d'Hugues fV, duc de Bourgogne,
et de Yolande de Dreux, et veuve de Guillaume, seigneur de Mont-Saint-
Jean, mort le 13 août 4f63.
(a> D*or, à ipois lions léopardés d*azur, armés et Tampassés de gueules,
2 et 1.
SCEAUX DU DÉPARTEMENT DE 1.A HAUTE-VIENNE.
PLANCHE IL
9 bis
3 bU
Fig. 2 et 2 bis. Sceau et contre sceau de Guy VI, vicomte de
Limoges (1249) (n« 3).
Fig, 3 et 3 bis. Sceau et contre-sceau du même (1249) (n® 41).
SIGILLOfilÀPHIB DO D^AUTBICRNT DK Lk ■AOTE-VIBRIII. H3
Denm. — Un cheTalier armé d6 toutes pièces, galopant de dextre
à sénestre. Le bouclier porte un écu parti : au 1, à trois lions,
3 et 1 ; au 9, & six bandes.
REVERS.
Ugende ffj.
Dessin^ — Ecu droit aux mêmes armes, avec cette différence
que les lions sont contournés.
(D'après une note et un dessin de la collection Gaigniëres.
Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, V 3S4).
N* 5. — Le même (1252).
Sceau rond (1) (58""), appendu à un acte portant vente à la
Chartreuse de Glandier (17 des calendes de janvier 1252).
Ugende f?J.
Dessin^ — Un chevalier armé de toutes pièces, galopant de
dextre à sénestre; la housse et le bouclier sont armoriés (parti :
au 1, à trois lions, 2 et 1 ; au 2, à sept bandes).
REVERS.
Légende f?J.
Dessin. — Ecu droit (de forme moderne), aux mêmes armes.
(D'après une note et un dessin conservés dans la collection
Gaignières. Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118,
f309).
Voir llgvrM 3 «t 3 Mi .
N*» 6. — UARGUERITE DE BOURGOGNE, yeuve
de Guy VI, vicomte de Limoges (1268).
Sceau ogival (80"""^ de hauteur), appendu à une charte du
1*' avril 1268.
Ugende. — f S' MARGVARITE. FIE. DVCIS. BVRGOD' VICE-
COMITISSE. LEMOVICN.
fSigillum Marguante, filie ducis Burgondie, vice-
comitisse UmovicensisJ.
(I) Ce sceau et celui que nous avons décrit diaprés M. P. Rarmond
{n^ 3) présentent une grande ressemblance; toutefois les dimensions
indiquées par M. Raymond, d'une part, et par le dessin du recueil de
Gaignières, de Taulre, sembleraient indiquer que les deux sceaux sont
différents. Nous devons ajouter que le dessin de Gaignières ne saurait être
regardé comme absolument exact, car au xin* siècle la partie inférieure
des écussons ne se terminait pas en accolade, mais en pointe arrondie.
124 SOCIÉTÉ ARCHÉ0L061QUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Dessin. — Sous une arcade gothique, la vicomtesse debout, en
robe et manteau vairé, tenant un oiseau au poing. A dextre, un
écu qui semble un échiqueté ; à sénestre, le bandé à la bordure de
Bourgogne ancien.
CONTRE-SCEAU.
Ugende. — f S' MARG VICE GOMITISSE LEMOVIC.
fSigilhim Marguarite vice-comitisse LemovicensisJ.
Dessin, — Ecu parti : au i, à trois lions rampants (i); au 2, coticé.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n° 768).
Voir figures 4 et 4 bis.
N<» 7. — JEAN DE BRETAGNE (2), vicomte de
Limoges (1308).
Fragment de sceau rond (60°"°"), appendu à une procuration
donnée par le vicomte pour assister aux Etats-généraux (lundi
post Misericordiam Domini, 15 avril 1308).
Ugende. — DE BRITANIA ARMIGERI.
Dessin. — Sceau équestre aux armes. Il reste des traces d'échi-
queté sur la housse.
CONTRE-SCEAU.
Légende. — f COTRA S' lOHIS DE BRITANIA ARMIGI.
fContrasigillum Johannis de Britanid, amiigerij.
Dessin, — Ecu indistinct, où l'on reconnaît pourtant l'écEiqueté,
au franc-canton d'hermines (3).
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n° 769).
Voir figures 6 et 5 bis.
. (I) Voir les noies du numéro précédent.
(S) Néenmars 1286 (n. st.); fils d'Arthur H, duc de Bretagne et de Marie,
vicomtesse de Limoges; vicomte de Limoges en 1297; marié : 1® en H97
à Isabelle de Valois, fille de Charles de France, comte de Valois, et de
Marguerite de Sicile (née en 1292, morte en 1309); «*» en 1340, à habelle
de Castille, fille dcSanche IV, roi de CastiUe, et de Marie de Molina rnée
en 4283, morte en 1328); 3© en 1239, à Jeanne de Savoie, fille d'Edouard,
comte de Savoie, et de Blanche de Bourgogne (morte en 1334); mort
en 1341.
(3) Echiqueté d*or et d'azur, au franc-canton d'hermines, à la bordure
de gueules, qui est de Bretagne-Dreux.
SCEAUX DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE.
PLANCHE III.
4 bis
Fig> 4 et 4 bis. Sceau et contre-sceau de Marguerite de Bourgogne,
veuve de Guy VI, vicomte de Limoges (1268) (n<> O).
Fi^. S et S bis. Sceau et contre-sceau de Jean de Bretagne, vicomte
de Limoges (1 3o8) (n® T).
SIG1LL0GRAPBII DU DÉPARTEMRtVT DE LA BAUTB-TIKNNB. 4t5
N' 8. — JEANNE DE FLANDRE (1), épouse de Jean
de Montfort, vicomte de Limoges (1341).
Sceau ogival (TO""*), appendu à des lettres de trêve conclue
entre « Jehanne de Flandres, duchesse de Bretaigne, comtesse de
Richemond, de Montfort, et vicomtesse de Limoges », et Charles de
Montfort(1341).
Légende. — S : lEHANNE : DE : FLADRES : ET : DE : S CO-
TESSE:D':MONTF...
(Scel Jehanne de Flandres et de Limoges, comtesse
de Montfort),
Dessin. — La duchesse debout dans une niche gothique. A dex-
tre, un écu d'hermines à la bordure chargée de six lionceaux ; à
sénestre, Técu au lion de Montfort (2).
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n* 545).
Voir figure 6.
N' 9. — CHARLES DE BLOIS (2), vicomte de
Lamoges (1345).
Fragment de sceau rond (32""), appendu à une charte où
« Charles, duc de Bretagne, vicomte de Limoges, sire de Guysc et
du Maine », nomme des procureurs pour faire Tassiette de 5,000
livres de rentes à lui dues par le comte de Blois, son frère (18 sep-
tembre 1345).
Légende. — .IGIU : KAR IS : BRITAN....
fSigillum Karoli, ducis BritannieJ.
Dessin. — L'écu d'hermines dans une rosace.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n°'542).
Voir figure 7.
(\) Fille de Louis de Flandre, comte de Nevers, et de Jeanne de
Rethel; mariée en 1329 à Jean de Bretagne, comte de Montfort, fils
d'Arthur 11, duc de Bretagne, et de Yolande de Dreux, vicomte de Limoges
en 4341, mort en 4345.
(2) Montfort : de gueules, au lion d'argent, la queue nouée, fourchée
et passée en sautoir.
. (3) Fils de Guy de Ghàtillon, comte de Blois, et de Marguerite de Valois;
marié le 4 juin 1337 ft Jeanne de Bretagne, vicomtesse de Limoges, fille
de Huy de Bretagne, comte de Penthièvre, et de Jeanne d'ivaugour;
mort le l9 septembre 4364. •
tlé SOaÉri ABCBâOLMlQUR n IUTOAIOOK »0 UMOCMUf.
N* 10. -^ JEANNE (1), duchessa de Bretagne, yicom-
tesse de làmogres (1384).
Sceau rond (32"''), appendu à un acte par lequel la duchesse
certifie que Thomas de la Marche, son cousin, a fait les guerres de
Bretagne sans avoir eu payement de ses gages (Léhon, 18 août
1351).
Légende. — CHESSE ... BRE
f. . . .duchesse [de] Bretagne J.
Dessin. — Eou parti : au 1, d'hermines ; au 2, d'hermines à la
bordure (2); dans une rose gothique ornée d'animaux chimériques.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. XXI, P 1817).
N^ll.— La MÊME (1869).
Sceau rond (8^"), appendu à une charte portant don de la
vicomte de Limoges par la duchesse au roi (Paris, 9 juillet 1369).
Ugende. — SEEL : lEHANE : DVCHESSE DE BRETAIGNE.
Dessin. — Sceau armoriai. Au centre, Vécu d'hermines, en
losange, accosté sur ses quatre faces de quatre petits écus ronds :
le premier, d'hermines plein, qui est de Bretagne; le second, d'her-
mines à la bordure (de gueules), qui est de Penthîèvre; le troi-
sième, de trois lions (d'or, à trois lions léopardés d'azur, armés et
lampassés de gueules), qui est des vicomtes de Limoges; le qua-
trième, d'un coupé (?). Dans les compartiments qui les séparent
sont quatre anges.
COWTRE-SCEAU.
Le contre-sceau est de très petite dimension.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu rond parti de Bretagne et de Penthièvre.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n* 543).
Voir figures 8 et 8 bit.
(1) FlUe de Guy de Bretagne, comte de Penthièvre, et de Jeanne
d*Avaugour; mariée le i jain 1337 à Charles de Blois, fils de Guy de
ChàtilloD, comte de Blois, et de Marguerite de Valois ; vicomtesse de
Limoges en 4331; duchesse de Bretagne en 1341 ; morte le 10 septembre
1384.
(9) PMî : an I, nenmme^ fû eal de Bretagne; au 9, d'hermines, à
la bordure de gneoles, qui est des vicomtes de Limoget de la maison de
Bretagne. Ces armes furent adoptées par Guy de Bretagne, père de feanne*
tlOnAOOBàPBHT DU OtTAtTSMUrt DB LK «AUTB-nSNIlK. UT
N^12. — JEAN DE BRETAGNE (1), comte de Peu-
tbiàvre, vloomte de ZJjnoffes (1398).
Sceau rond (50""), appendu à un rapport de la ville et terre
d^Aresneâ (Undrecies, 9 avril 1398).
Pas de légende.
Dessin. — Ecù d'hermines i la bordure, timbré d'un heaume
eouronné ei cime d'une tète d'aigle moucheèée d'hermines, sup-
porté par un lion ei un griffon. Dans le champ, des fleurs et des
feuillages.
(Archives départementales du Nord. — Demay, Inventaire des
sceaux de la Flandre, n"" 379).
N' 13. — MARGUERITE DE CLISSON (2), veuve de
Jean de Bretagne, vicomte de lAmogeB (141â).
Fragment d'un sceau rond (35"" environ), appendu à un accord
relatif à la succession de Glisson (Ploërmel, 27 mai 1413).
Légende détruite.
Dessin. — Dans un cercle dentelé, un écu losange, parti : au 1,
à quatre macles ; au 2, à un lion (3).
(Archives départementales des fiasses-Pyrénées, E, 696. —
P. Raymond, n« S6).
N» 14. — OLIVIER DE BRETAGNE (4), vicomte de
Ldmogee (1428).
Sceau rond (82'"''), appendu au traité de la cession du Hainaut
(f) Jean de Blois, dit de Bretagne, comte de Penthièvre, vicomte de
Liàoges; fils d« Charles de Biots et de Jeaane, d^ichesse de Bretagne,
marié le 20 janvier 1387 k Marguerite de Glisson, fille d'Olivier de Ciisson,
oonnétable de France, et de Béatrix (oa Catherine) de Laval; mort le 16
janvier 4403.
(S) Voir la note du no IS,
(3« CUsson : de gueules, au lion d'argent armé, iampassé et couronné
d'or.
(i) Filt de Jean de filoia, dit de Bretagne, vicomte de Limogea, comte
de Penthièvre, et de Marguerite de ClUson ; vicomte de Limoges en 1403;
marié en 1406 k Isabean de Bourgogne, fille de Jean de Bourgogne,
comte d'Artois, de Flandre et de Bourgogne, et de Margueriie de
Bavière.
IS8 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LlMOUSlIf.
au profit de Philippe-le-Bon par la comtesse Jacques de Bavière
(Mons, 18 septembre 1428).
Ugende.—S: OLR : DE BRETAIGNE ...NTE .E PENTHEVRE
VICONTE DE LIMOGES.
fScel Olivier de Bretaigne, comte de Penthièvrey
vicomte de Limoges J.
Dessin. — Ecu d^hermines à la bordure, timbré et cime comme
le n? 12, avec les mômes supports. Dans le champ, deux équerres,
(Archives départementales du Nord. — Demay, Inventaire des
sceaux de la Flandre, n" 280).
N' 15. — ISABELLE DE LA. TOUR (1), épouse de
Guillaume de Bretagne, vicomte de Limoges (1455).
Il ne subsiste que le contre-sceau.
CONTRE-SCEAU.
Rond (24""), appendu à un hommage du syndic de la collégiale
de Saint-Germain, près Saint-Yrieix (Ségur, 26 juillet 1455).
Légende, — CONTRESEEL YZABEAV DE LA TOUR.
Dessin, — Ecu en losange parti : au 1, d'hermines, à la bordure
(de gueules) ; au 2, coupé : au premier semé de France à la tour
d'argent maçonnée de sable, qui est de La Tour, et au deuxième, à
un château à trois tours.
(Archives départementales des Basses-Pyrénées, E, 850. —
P. Raymond, n° 61).
N» 16. - ANTOINE DE BOURBON (2) ET JEANNE
(1) Fille de Bertrand V, seigneur de La Tour et de Boulogne, comte
d'Auvergne, et de Jacquette de Peschîn; mariée 1®, en juin I4îk), à
Guillaume de Bretagne, comte de Penthièvre et de Périgord, vicomte de
Limoges, fils de Jean de Blois, dit de Bretagne, comte de Penthièvre,
vicomte de Limoges^ et de Marguerite de Clisson ; 2% en 4458, à Amaud-
Amanieu d'Àlbret, «îre d'Orval, fils de Charles 11, sire d'Âlbret et comte
de Dreux.
(2) Antoine de Bourbon, due de Vendôme, né en 1548, fils de Charles
ide- bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon : marié en
.4548 à Jeanne d'Albret, princesse de Béarn, fille d'Henri H d'Albret, roi
de Navarre, et de Marguerite d'Orléans ; roi de Navarre en 1555 comme
époux de Jeanne d'Albret ; mort en 4.H62.
SCEAUX DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE- VIENNE.
PLANCHE'IV.
8 bis
Fig. 6. Sceau de Jeanne de Flandre, épouse de Jean de Montfort, vicomte de Limoge jt
(1341) (n» 8).
Fiq. 7. Sceau de Charles de Blois, vicomte de Limoges (1315) (n« 9).
Fig. 8 et A bin. Sceau et contre-nceau de Jeanne, duchesse de Bretagne, vicomtesse de
lârooge» (1369) (n* 1 lu
S16ILL06RAPHIV DU DÉPARTEMENT DE LA BADTE-TIENNB. 139
D'ALBHET (1), roi et reine de Navarre, vicomte et
vicomtesse de Limoges (1556).
Fragment d'un sceau rond (iH""' environ), appendu à un acte
par lequel Antoine, par la grâce de Dieu, roi de Navarre, seigneur
souverain de Béarn et de Donesan, duc de Vendômois et de Beau-
mont, comte deFoix, Bigorre, Armagnac, Périgord, et vicomte de
Limoges, et Jeanne, par la même grâce reine de Navarre, dame
souveraine de Béarn, duchesse, comtesse et vicomtesse des dits
lieux, notifient au juge, procureur et autres officiers de leur châ-
tellenie d'Ayen la confirmation d'un droit de sépulture dans l'é-
glise d'Aycn, au profit de Jean de Montfrebeuf, écuyer, seigneur
de La Chabrolie (Limoges, 26 décembre 1656).
Légende détruite. *
Dessin. — Sceau de majesté. Le roi et la reine assis sur leur
trône. Autour, une bordure d'écussons parmi lesquels on ne dis-
lingue plus que ceux de Navarre (de gueules, aux chaînes d'or
posées en croix, en sautoir et en orle), de Foix (d'or, à trois pals
de gueules) et d'Evreux (de France, à la bande componée d'argent
et de gueules).
(Archives du château de la Chabroulie, à M. Seguin. — Com-
muniqué par M. Champeval).
N*» 1 7 . — ANTOINE DE BOURBON, roi de Navarre,
vicomte de Limoges (1562).
Sceau ovale (28"" sur 20), empreinte sur papier, plaqué sur
une quittance de gages donnée par Antoine, par la grâce de Dieu
roi de Navarre, seigneur souverain de Béarnais,... duc de Ven-
dômois, d'Albret, de Beaumont, de Nemours et de Gaudre,...
comte de Foix, d'Armagnac, de Périgord, de Bigorre et de Marie,
vicomte de Limoges,... premier pair de France, capitaine de cent
hommes d'armes des ordonnances du roi (24 juillet 1562).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu droit écartelé de Navarre et d'Evreux, sommé de
la couronne royale et entouré du collier de l'ordre de Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Navarre, dossier
47700,^67).
(1) Née en 1598; fille d'Henri il d'Albret, roi de Navarre, et de Mar-
guerite d'Orléans; princesse de Béarn, reine de Navarre en 1555 ; mari(^c
en 1548 à Antoine de Bourbon, duc de Vendôme; morte en 1573.
T. zxxvu. 9
130 soeiiré hwmioioGiQvu, wt BisTOitooe ta UHOOSiir.
N* 18 {!). ~ HENRI II D'ALBRET (2), roi de Na-
varre, vicomte de Limoges (1531-1838).
Sceau rond (80"°), erapreinle sur papier, appendu à deux
quiitances de gages donnés par Henri, par la grâce de Dieu roi
<]6 Navarre, seigneur souverain de Béam, eomle de Foix, de
Bigorre, Armagnac et Périgord, sire d'Albret, vicomte de Limo-
ges,... pair de France, ayant la ctiarge et conduite de 80 lances des
ordonnances du roi (24 septembre 1831, 7 août 1833).
Légende. — f S : HENRICI : DEI : GRA : NAVARRE : REGIS :
COMITIS : FVXI : DOMINI : BEARNÏI : ET :
COMITIS : BIGORRE.
fSigillum Henrici, Dei gratia Navarre régis, comitùs
Fuxi, domini Bearnii et comiUs Bigarre).
Defrin. — Ecu droit, coupe d'un trait, parti de deux (six quar-
tiers) : au 1, de Navarre; au 2, écarlelé de France et d'Albret;
au 3, deFoix; au 4, d'or, à deux vaches de gueules accornées,
colletées et clarinées d'azur (Béarn); au S, de France, à la bordure
componée d'argent et de gueules (Evreux); au 6, d'or, à quatre
pals de gueules, flanqué à dexlre de gueules, au château sommé de
trois tours d'or, à sénestre d'argent^ au lion de gueules (Aragon);
sur le tout du tout, d'or, à deux léopards de gueules (Bigorre).
Emaux non indiqués. Couronne royale. Champ orné de rinceaux.
(Bibliothèque nationale, rass. Pièces originales, Navarre, dossier
47,700,^89).
N° 10. — CHARLES-PHILIPPE DE FRANCE (3),
comte d* Artois, vicomte de Limoges (1778).
Sceau rond (88""), appendu à des lettres par lesquelles Charles-
Philippe, lils de France, frère du roi, comte d'Artois, .... comte
et vicomte de Limoges, .... notifie aux président, trésoriers-géné-
pi) Ce sceau, dont nous avons eu connaissance tardivement, aurait dû
être placé, suivant Tordre chronologique, avant ceux d^Anloine de Bourbon
<n«" 16 Cl 17),
. (S) Fil» de Jean II d'Albret et de Callierinc de Foîk; aire d'Aibrei eh
4516, roi de ?iavarre en 4âJ7; marié en 1527 k Marguerite d'Orléans,
duchesse de Berry et d'Alençon; duc d'Albret en 1550 ; mort en 15Ô5.
(3) N(^ le 9 octobre 1757; fils de Louis, dauphin de France, et de Marie-
Josèphe, duchesse de Saxe; marié le 16 novembre 1773 k Marie-Thérèse
de Savoie, fille de Victor-Amédée III, duc de Savoie, et de Marie-
Antoinctle-Ferdintade de Bourbon, infante d'Espugne ; roi de France
le 46 septembre 1614, sous le nom de Charles X; abdiqua le S août
1830 ; mort le 4 novembre 1836.
SCEAU3^ OU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE.
PLANCHE V*
10
9 bis
40 bis
Fig g et g bis. Sceau et conire-sceau du Consulat de la Cité de
Limoges (i 228-1303) fn» 18).
Fig. 10 et 10 bis. Sceau et contre-sceau du Consulat du Château de
Limoges (1229-123^) (n» 19).
SIGtLLOGKAPBIB DU DÈPAllTKMtfNt DC LA HAUTE -VI EKnB. î31
raux au bureau de.^ finances de Limoges, que messire Joseph
Roquet, baron d^Estresses, chevalier, seigneur de Mercœur, a
rendu hommage pour son fief de Mercœur, mouvant de la
vicomte de Limoges (Versailles, 4 avril 1775).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche entouré de branches d'oUvler, écus-
son ovale aux armes de France, sommé de la couronne royale et
entouré du collier de Tordre, le tout posé sur le manteau royal.
REVERS.
Pas de légende.
Dessin. — Type équestre.
(Archives de M. le baron de Costa, à Beaulieu. — Communiqué
par M. Champeval).
SÉRIE II
VILLES
N*20, — LIMOGES (Cionsulat de la cité de) (1228-1303).
Sceau rond (55""), appendu : 1° à un acte constatant la presta-
tion, par les consuls et les prud'hommes de la Cité, du serment de
fidélité à Louis IX (vendredi après la Purification 1228, n. st.); *• à
une charte par laquelle les consuls adhèrent au procès de Boni-
face VIII (la veille de la Saint-Barlhèlemy, 23 août 1303).
Ugende, — SIGILLVM CIVITATIS LEMOVICARVM.
Dessin. — Une enceinte crénelée, avec porte ouverte à gauche,
renfermant un donjon et deux tours voùlées.
CONTRE-SCEAU.
Triangulaire, de 26""^ de hauteur sur 24 de largeur maximum.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu au lion couronné et à la bordure besantée.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n*5e93. — L. Gui-
BERT, Sceaux et armes..., p. 24 et planche, et Supplément, p. 5 et
planche).
Observations. — « Le sceau de 1303 est Texacte reproduction de
celui de 1228. Peut-être môme les deux empreintes ont-elles été
produites à l'aide de la môme matrice. Toutefois, l'exemplaire de
1228 est assez flou et il y a plusieurs détails qu'il est impossible de
distinguer, comme les ferrements de la porte, le trait qui accuse
les colonnettes de la double fenêtre à plein cintre du doiyon et
132 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
relève la courbe des cintres d'une sorte de cordon. On n'aperçoit
même pas les petites baies géminées qui, soixante-quinze ans plus
tard, se détachent nettement sur les deux tourelles.
» La première mention que nous connaissions du sceau de la
commune de la Cité nous a été fournie par un actç du Cartulaire de
Saint-Etienne de Limoges, sous la date de 1303 (Bibliothèque
nationale, Recueil de D. Col, mss. latin 9133, et fonds Moreau,
collection de chartes, t.CV, f* 22). »(L. Guibert, Sceaux et armes ...
Supplément^ p. 6).
Voir figures 9 et 9 bis.
N*» 21. — LIMOGES (Consulat du château de) 1229-
1254).
Matrice en bronze. Sceau rond (53""). — Empreintes appen-
dues : l"» à un acte constatant l'acquisition d'une renie par la Con-
frérie des Pauvres à vêtir (1229); 2» à un acte constatant la
reconnaissance, par I. Arnaus Lo Mazelliers, d'une rente due à
W. de Villaivenc, sur un banc de marchand étalagiste (peut-être
un banc charnier), placé auprès du banc de Guy Boutin (janvier
1246); 3» à un contrat de 1254.
Légende. — f SIGILLVM CONSVLATVS CASTRI LEMOVI-
CENSIS.
Dessin, — Le chef de saint Martial, barbu, sans nimbe, et le
haut du buste revêtu des ornements pontificaux. Derrière la tête
passe une bande, sur laquelle on lit : S MAR-CIALIS fsanctus
Marcialis),
CONTRE-SCEAU.
Légende, — SECRETVM.
Dessin. --Mn agneau passant, avec une houlette terminée en croix.
(La matrice a été décrite par M. Allou, Description des monuments
de la Haute-Vienne^ p. 236.— Les empreintes sont conservées, sa-
voir : celles de 1229 et de 1254 aux Archives de l'Hôpital deLimoges ;
celle de 1246 aux Archives départementales de la Haute-Vienne.—
Voir : 1** Talbum de M.Tripon, Historique monumental de l'ancienne
province du Limousin, n" 84 des planches de Numismatique; 2« une
note insérée dans la Feuille hebdomadaire de Limoges, année 1775,
p. 29; 3« L. Guibert, Sceaux et armes...., p. 5 et planche, et le
Supplément, p. 4 et planche). — En outre, on trouve dans la col-
lection Gaignières, à la Bibliothèque nationale (t. CLXXXVI, p. 339j
la description d'un exemplaire du cachet du Consulat appendu à
un acte de 1206. Sceau et contre-sceau sont entièrement confor-
mes à ceux dont se servent les consuls vingt- trois ans plus tard.
Voir figures 10 et 10 bis.
SIGILLOGRAPUIB DU d6pARTRMBNT DB LA HAUTB-VIKNNB. 133
N» 22. — LIMOGES (Consulat du château de) (1510).
Sceau rond (18°" environ), plaqué sur le quitus donné par bs
consuls en charge à leurs prédécesseurs, pour la gestion de 1505-
1506 (27 novembre 1510;.
Ugende, — ... LEMOVICENSIS CONSVLATVS.
f\Sigillum] Lemovicensis consulatusj.
Dessin. — Le chef de saint Martial, barbu et accosté des lettres
STAfsanetus MartialisJ en caractères gothiques. Le champ est plus
orné que sur le sceau précédent. On ne peut distinguer si la tête
est diadémée ou nimbée.
COKTRE-SCEAU.
Légende effacée; elle parait n*étre pas la môme que celle du
sceau.
Dessin. — Même dessin, de dimension réduite.
(Archives départementales de la Haute-Vienne, article 8057 du
classement provisoire. — L. Guibert, Sceaux et armes...., p. 7).
N^' 23. — LIMOQES (Ck^nsulat du château de)
(1632-1675).
Sceau ovale (24"" sur 18), plaqué au bas de plusieurs expédi-
tions ou permissions délivrées par Thôtel-de-ville.
Pas de légende.
Dessin. — Un écusson aux armes de la maison de ville de
Limoges (de gueules, à un buste de saint Martial de carnation,
velu et diadème d'or, accosté des lettres S M à l'antique de môme,
et un chef cousu d azur chargé de trois fleurs-de-lys d'or), mais
sans autre indication d'émaux que l'azur du chef. L'écu est placé
entre deux branches de laurier dont les liges se croisent au-
dessous de la pointe. Au-dessus, une tôle d'ange, les ailes
éployées.
(L. GuiBERT, Sceaux et armes..:., p. 7).
N* 24. — MASLÉON (1) (Consulat de) (1292).
« On ne connaît malheureusement pas les circonstances exactes
dans lesquelles a été créée, en 1289, celte petite commune, la
seule, croyons-nous, de tout le Limousin, à laquelle des actes
authentiques donnent la qualificalion de ville franche. M. Leroux,
archiviste de la Haute- Vienne, a signalé la mention d'un sceau de
(1) Aujourd'hui commune de Masléon, cauton de Ghâleauneuf, arrondis-
sement de Limoges (Haute-Vienne).
IS4 SOCIÉTÉ ARCSÉ6L00r^(rC m HlStOaiQOE ftC LiVOUftIK.
ses consuls dans un acte de 1292 (^Bulletin de la Société archéologi-
que et historique du Limousiji, t. XXXI, p. 392) ». (L. Guibêrt,
Sceaux et armes...., Supplément, p. 13).
N^ 25. — SAINT-JUNIEN (1) (1303).
Fragment de sceau rond (8S""), appenda à une charte par la-
quelle les consuls adhèrent au procès de Boniface YIII (mercredi
après la Saint-Barthéleroy, 28 août 1303).
Ugende. -- f SlGl NIANI.
(Sigillum \ville Sancti-] Jnniani}.
Dessin. — Un évêque debout, vu de face, tenant de la main
droite une crosse écartée, et de la gauehe un cep de vigne chargé
d'une grappe de raisin.
CONTRE-SCEAU.
Légende. — f SIGILLVM VILLE ...NIANI.
(Sigillum ville [Sancti-] Juniani).
Dessin. — Un évéque debout, vu de face à mi-Jambes, mitre,
crosse et bénissant.
fArchives nationales. Inventaire des sceaux, n* 5694. — L. Gui-
BERT, Sceaux et armes.. .^ p. 64).
Voir figures 11 et 11 bis.
Observations. — Noos avons transcrit la description donnée par
M. Douët d'Arcq; mais cette description nous paraît inexacte, ainsi
qu'on pourra s'en assurer en se reportant aux figures 11 et 11 bis.
Ijd personnage figuré sur le sceau n'est point un évéque : il est
impossible de reconnaître une mitre dans la pointe qu'orî observe
sous la croix initiale de la légende, et qui pourrait n'être qn*un
simple prolongement de la croix; de plus, ce n'est point une crosse
qu'il tient à la main, mais bien un bâton en tau ou plutôt un bâton
fleuri; dans l'arbuste qui est à la gauche du personnage il ne serait
pas téméraire de voir la représentation du « vieux aubépin » sous
lequel, d'après la légende, dormait saint Junien. Nous pensons donc
3ue c'est le saint lui-même qui est représenté sur la face principale
u sceau. L'image de l'évéque est au contre-sceau : c'est tout ce
qui était exigé par le traité conclu entre l'évéque et la ville : « In
sigillo vel contrasigillo communitatis signum episcopale ponatur,...
vel imago episcopi a pectore supra, cum mitra et crossa ». On ne
saurait décrire avec plus de précision le contre-sceau.
Le catalogue du musée de Poitiers (Notice des tableaux,... objets
d*art anciem et modernes... composant les collections de la ville de
Poitiers, par Brouillet, deuxième partie, p. 701) mentionne un
sceau-matrice qu'il décrit ainsi : </ Sceau ovale en cuivre (47*"*
sur 37); xvn* siècle; légende: SANCTVS JVNIÂNVS; dessin :
saint Junien debout, bénissant un personnage k genoux devant lui,
(1) Aajoard'hui ehef-lieu de caaton, arronditscmcnt de Rocheehouart
(Haule-Yienne).
sieiLLOtmiPatE »v BiPàKWEMEsr us la hautb-viiiiiis. IIS
tcDaot une crosse d'évéque ». Ce sceau nous parait se rapporter à
la ville de Sainl-Junien ; toutefois, en l'absence de renseignements
sur la provenance, nous nous bornons à reproduire les indications
ci-dessus.
N* 26. — SAINTLÉONARD (4) (avant 1268).
Format, dimensions et dessin non connus.
Légende. - SIGILLVM BVRGENSIVM SANCTI-LEONARDI.
Observations. — Les recherches que M. Louis Guibert a faites
sur la ville de Noblat Saint-Léonard, et dont il a bien voulu nous
faire connaître les résultais, établissent : l*" que, longtemps avant
la fin du xni* siècle, la ville avait déjà un sceau; 9f que dans le
cours de ce siècle et au commencement du xiv*, elle a fait succes-
sivement usage de trois sceaux au moins, qui se difTérencient par
la légende. C*est ce qui est établi par les pièces d'une procédure
entre les évêques de Limoges (Gilbert de Malemorl et Renaud de
La Porte), d^une part, et la ville, de l'autre (Archives départemen-
tales de la Haute-Vienne, liasse 2440). Laissant de c^ié les textes
1res nombreux qui affirment l'existence ancienne du droit de sceau,
nous citerons les deux suivants, qui font connaître les diverses
légendes dont nous venons de parier :
Déposition de Pierre Joubert, curé de Saint-Etienne de Noblat
(1280) : « Ab antiqiw habent sigilhim ; sed in illo erat scriptnm :
Sigilhtm burgensium SancH-Leonardi ; modo, a duodecim annis
dira, fecenmt notum sigillum in quo smbi feeertmt : Sigillum
constdum et commnnitatis ville de NobiliacQ ».
Mémoire de Tévéque (sans date; vers 1306) : « ... Qmd olim,
non est diu, homines dicte ville utebantitr quodam sigillo^ cujus
ngiUi littere erant : Sigillum proborum honiinum ville de Nobiliaco...
item, quod tempore a brevi, fecertmt sigillum et domum in dicta
villa, nomine consulatus et commnnitatis ».
Il semblerait, au premier abord, résulter de la déposition de
Pierre Joubert qu'au sceau à la légende Sigillum burgensium, a
succédé immédiatement le sceau à la légende Sigillum consulum,
de telle sorte que le sceau proborum hominum, cité par Tévéque,
serait postérieur aux deux autres. Mais certains documents
historiques paraissent contraires à cette hypothèse. On trouve
en effet, dans une lettre du roi Jean-sans-Terre, duc d'Aqui-
taine, datée du 28 mai 1214, la qualification de probi homines
donnée aux magistrats municipaux de Saint-Léonard {Rotuli litte-
rarum patenti^im in turre Londinensi asservati, t. I, p. 116)- Cette
dénomination a peut-être précédé, à Saint-Léonard, celle de con-
stUs, qu'on trouve cepenaant dès 1224. En tous cas, elle a été
abandonoée de beone heure, et la dernière seule est en usage
dans la seconde moitié du xm"* siècle. Il parait donc vraisemblable
que le sceau proborum hominum a été employé dans la première
moitié du xni' siècle.
(1) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges
(Haute-Vienne).
136 SOCIÉTÉ ABCHiOLOGIQUB BT HISTORIQUE OU UMOUSIN.
N» 27. — SAINT-LÉONARD (xni« siècle).
Format, dimensions et dessin non connus.
Ugende. — SIGILLVM PROBORVM HOMINVM VILLE DE
NOBILIACO.
Nous nous en référons à ce qui a été dit au numéro précédent
sur Fépoque probable à laquelle remonte ce sceau.
N« 28. - SAINT-LÉONARD (1308).
Fragment de sceau rond (60"*"*), appendu à une charte par
laquelle les consuls de Saint-Léonard, Sancti-Leonardi de Nobiliaco^
nomment des députés aux Etats-généraux (1"^ mai 1308).
Légende détruite.
Dessin, — A droite, un personnage debout, tendant la main à
un autre à genoux devant lui, les cheveux hérissés et les mains
jointes, et au-dessus duquel sont des ceps attachés à une chaîne.
Le champ du sceau est d'un treillis de fleurs-de-lys.
CONTRE-SCEAIJ.
Légende, — f SECRETVM.
Dessin. — Une main tenant des ceps.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n» 5695. — L. Gui
BERT, Sceaux et armes...., p. 65 et 66.)
Voir figures IteUt Ins.
Observations. — Sans pouvoir rien afllrmer, puisque Texem-
plaire des Archives est incomplet, nous pensons, à raison du
rapprochement des dates, que ce sceau est celui qui portait la
légende : Sigillum consulum et communitatis ville de Nobiliaco.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, l'enquête de 1280, citée au n- 26,
constate que le sceau portant cette légende fut adopté douze ans
environ avant cette date fa duodecim annis citraj, par conséquent
vers 1268.
N^ 29. — SAINT-LÉONARD (après 1696).
Sceau rond (25"*").
Légende. — SCEL D. L'HOSTEL D. VILLE D. S. LEONARD.
fScel de rhostel-de-ville de Saint-Léonard J.
Dessin. — Un écu aux armes de France, surmonté de la cou-
ronne royale. Dans la partie supérieure du champ, de chaque côté
de la couronne : ED-IT 16-96.
(L. GuiBERT, Sceaux et armes..... Supplément, p. 19).
Voir figure 13.
fA suivre J. Ph. de Bosredon.
-5)
o
1
«3
&
ROLAND
ou
SCULPTURES DE NOTRE-DAME DE LA RÈGLE
Le symbolisme joue un grand rôle dans les sculptures et les
peintures du moyen flge, notamment à Uépoque romane. Les artis-
tes de cette époque puisaient leurs inspirations dans les livres
saints; c'est pourquoi on trouve très fréquemment dans les sculp-
tures qui décoraient Fextérieur ou l'intérieur des églises, sur les
châsses ou reliquaires ornés d'émaux champlevés, dans les pein-
tures et miniatures sur vélin, le Christ bénissant, entouré des
quatre animaux mystérieux, symbole des quatre évangélistes. Ce
sujet est représenté sur la face orientale du tombeau de saint
Junien ; sur cette même face, à droite et à gauche, figurent, Fun
sur l'autre, les sept anges de l'Apocalypse, tandis que, sur les faces
latérales, on voit les vingt-quatre vieillards, tenant à la main des
instruments de musique et des vases de parfums.
Ce n'est pas seulement dans la Bible que les artistes de cette
époque puisaient leurs inspirations : ils trouvaient encore des
sujets dans l'histoire ecclésiastique et dans les légendes des saints.
Le triomphe de Constantin figurait dans un grand nombre d'églises
de l'ouest de la France; et nos reliquaires limousins représen-
taient quelquefois des scènes de la vie des saints dont ils renfer-
maient des reliques.
C'est ainsi que, sur quelques-uns de nos reliquaires, on voit
différentes scènes de la légende de sainte Valérie, le martyre de
saint Thomas de Cantorbéry (1), etc.
(1) Abbé Texibr, Esaai sur les émailleurs de Limoges. — Poitiers,
1843, p. 987.
T. xxxvii. 10
138 SOGlÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU ttMOUSltf.
Mais ce qui est plus étonnant, ce qu'on n'a pas assez remarqué
jusqu'à ce jour, ce que nous voulons aujourd'hui mettre en
lumière, c'est que les sculpteurs du moyen âge se sont inspirés
aussi des romans de çt^^çâlerie. Oui, l«s artistes chrétiens de
répoque romane sculptaient sun la façade des églises, dans le
tympan des portails, sur les grands chapiteaux des colonnes mas-
sives, des scènes guerrières ou des personnages légendaires
empruntés aux romans de chevalerie ou aux chansons des trou-
badours.
Npujs ^llons^ do^ifei; ]^Qur ejK^mpfe les^scu^uces qui ocn^kpt^be
portail de Notre-Dame de la Règle, église bâtie au xi* siècle, et dans
laquelle le pape Urbain II célébra une des trois messes du jour de
Noël, le 25 décembre 1098.
On voit au Musée de Limoges deux bas-reliefs très beaux qui
proviennent du portail de cette église : l'un représente un cheva-
lier armé de toutes pièces ; l'autre, un cheval sans son cavalier.
Nous possédons un troisième bas-relief qui vient de ce même
portail ; il était consecvé à la BibJdoihàque dju grand Séminaire
(autrefois .abbaye d^ la Règle). Un des diceelieurs, Ifr. L'abbé Mieq,
q,ui u'attachait aucune ixnpor.taiice à. ceUe seuiplure, la donna à
M.. Muret de PagadiCvarcb/éologue de SadnL^uiuep, tequet i^onâ.en
lili cadeau^ il y a plus de quarante ans. Elle représeoto un.guernier
tombé à terre, tenant d'une main: sa jamlie blessée: et. de- l'autre
sonnaat de la tarompe (1).
Nous n'avions pajs cherché à deviner la. signiAcation. de^ ce basn
relief, et nou& n'y avions va qu'ua oaf)rijce d'actistet ua sujeè de
pure fantaisie.
U y a neuf ou dix ans, M. Bmiie IMMinief^ paaaant. à
Ijiimog^^ ^aîta le Musée> lapidaire, et ib s^'écuia em veyiaiié le
superbe bas-reliefs qui neprésenta te chevalier' :> «. Tlenalr ^ilà
Eolandl o'B3t ainsi qu'il est représenté dans, la tapisserie* de
Ba^'QUxI ». -r*. GeUa parole, recueilliô pair M. Nlvet^Ecmlaubect^ qui
étaijt; présent et qui nous. ïai rapportée, cette pairoln- în\> pour nous
un trait; dtt Itimièire. Si le bas-nelief: qui pcovieiitL dui partaâl dfe
li'^J>ba^e de la Règle et où est soulptée ku figurai d'un; cbeMalier
représente Bioland. déboula, la cheval qui élail à) eôtée^tite destnter
de Roland, appelé Veillantif dans le poème, eUlei fragmenô.que
i)P^s, possédons* et: qui. pl*ovien^ de la même atibajiei nspcésente
Èplapd blessé et. sonnant, du cop pous* appi^ft se& compagwms
d'armes.
Donnons une description de ces trois bas-reliefs.
(1) Nous avons cédé ce bas-relief au Musée dugrand séminaÎPddè bbneges.
&0S.AN1I OU seuLrrcBm^ b» mnn»^xwB ^ k« Éè^n^ f39
PREMIER BAS-RELIEF.
Le premier bas-relief est très précieux, en ce sens qu'il nous
fournil de curieux détails sur le costume de guerre de cette
époque.
Dans un encadrement en forme de carré long, dans le sens de
la hauteur (haut de 40 centimètres, large de 20), le* chevalier se
tieut debeut, la tète en arrière; il porte le heaume ou casque
pointu de forme conique, dont nous voyons d'autres exemples dans
des monuments du xi* et xii' siècles, par exemple, dans
U tapisserie de Baryeux, dans les sceaux de Guy IV de Laval, de
Thibaud IV, comte de Blois, de Guillaume II, comte de Nevers,
etc. (1), Derrière la tète, au bas du casque, pend un ornement en
étoffe, rappelant, sinon par sa forme du moins par sa position,
les deux fanons- qui pendent derrière la mitre des évoques. Une
cotte de mailles, formée par Fassemblage de petites plaques
d'acier, de forme carrée^ et percées de trous au milieu, couvre* le
corps, tombe jusq4:fr'aux genoux et remonte jusque sous kir t^te, où
elle forme comme un capuchon. On sait que cette cotte de mailles
s'appdle le haubert, et la coiffe ou capuchon de mailles qui couvre
la téta estr surmontée du casque pointu, du heaume, qu'on attachait
sans doute â ce capuchon. Les pans d'une tunique ou vêtement de
dessous émergent au bas de la cotte de mailles. Dans la Chanson
de Roland, ce vêtement est appelé le bliant (vers 172).
De la main droite, le» dievalier brandit- une épée à lame large
et courte. Cette épée avait un nom : elle s'appelait la Durandal,
comme c^e de Qiarlemagne s'appelait la Joyeuse, celle de Turpin
VAlmace, celle d'Olivier VHaiteclére, eio. Le pommeau de la Du-
randal. contenait de précieuses reliques. -^ Sur la cotte de mailles,
du c6té gauche, se dessine le- fourreau de l'épée.
Le- bras- ga;uche est couvert par un bouclier de forme ovale' et
allongéeverslebas, au milieu duquel se- dessine une croix, dont
le centre et les extrémités sont ornés de fleurons. Les boucliers ou
écus- de-cette époque, formés de planches de bois couvertes de cuir,
recevaient divers ornements, des fleurs de lys, des lions, des
layons» fleuronnés-: nous n'en avons pas vu jusqu'ici qui fût orné
d'unerGFoix.
Durait la marchev les chevaliers pendaient leur bouclier à leur
cou; dfims notre-bas-relief, on aperçoit sur l'épaule du chevalier la
(1) Léon Gautier, la Chanson de Roland, édit 1876, p. 399.
140 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BlëTORlOUft DU LlkOtJStN:
bande d'étoffe ou de cuir qui servait à suspendre le bouclier et
qu'on appelait la guige.
Le bas des jambes est'découvert et la chaussure pointue du che-
valier est garnie de forts éperons.
SECOND BAS-RELIEF.
Le bas-relief qui représente le cheval de Roland est dans un
cadre en forme de carré long, dans le sens de la largeur (large de
25 centimètres, haut de 20). Ce cheval, aux allures vigoureuses, à
large croupe et à queue allongée, semble se donner un temps de
galop; la selle paraît riche et brodée; les arçons sont élevés devant
et derrière ; les deux sangles sont distantes Tune de l'autre ; une
large bande de cuir, garnie de boucles rondes, se rattache à la
selle et fait le tour du poitrail; la bride, qui paraît semblable aux
brides modernes, est formée de larges bandes de cuir, et les rênes
se terminent par un ornement qu'on tenait à la main.
Le cheval de guerre s'appelait le destrier, différent du palefroi^
sur lequel montaient les dames, et du sumier, ou cheval de
somme.
A cette époque, le cheval de guerre avait un nom : celui de
Roland s'appelait Veillantif (2160), etc. ; d'autres s'appelaient Ta-
chebrun, Saut-Perdu, Passe-Cerf.
TROISIÈME BAS-RELIEF.
Le troisième bas-relief, plus petit et moins remarquable que les
deux autres, représente Roland blessé et sonnant du cor.
Le cadre de ce bas-relief, de forme un peu triangulaire,, mesure
15 centimètres en largeur et hauteur et semble avoir été encastré
à la naissance ou dans la courbure d'un arc à plein cintre. Roland
assis à terre et ployant le genou droit, tient de la main gauche sa
jambe blessée; de la main droite il tient l'Olifant, où il souffle avec
tant de violence que son œil droit semble sortir de son orbite; une
épaisse ceinture serre sa forte taille, et sa tunique ou cotte de
mailles remonte jusque sur sa tête, où le casque ne paraît plus.
Si dans le premier bas-relief le chevalier ne rappelle- Roland que
par son costume militaire traditionnel, ce troisième bas-relief le
désigne d'une manière caractéristique, en nous rappelant une cir-
constance remarquable de son dernier jour, en nous le montrant
blessé et sonnant du cor.
ROLAND OU SCULPTURES DE NOTRE-DAME DE LA RÈGLE. 141
Nous voyons, par cet exemple, que les artistes chrétiens de
l'époque romane ont puisé quelquefois des sujets et des motifs de
sculpture jusque dans les romans de chevalerie. Cela suffit pour
nous montrer que certains bas-reliefs et divers personnages qui
ornent les chapiteaux des églises romanes, et qu'on a pris pour
des sujets de fantaisie et des produits d'une imagination bizarre,
peuvent être des personnages historiques ou légendaires, célébrés
dans les écrits du temps. Ainsi, nous soupçonnons que deux
chevaliers, qu'on voit sur un chapiteau, au bas du clocher de
Saint-Léonard, et qui se couvrent de leurs boucliers, dans un com-
bat corps à corps, sont des héros du cycle carlovingien, dans les-
quels on pourrait voir Roland et Ferragus. Quoiqu'il en soit, en
signalant cette sculpture de la mort de Roland, qui ornait le por-
tail de Notre-Dame de la Règle, nous ouvrons une porte aux inves-
tigations des archéologues; espérons qu'une étude plus approfondie
de ces sculptures symboliques, qu'on signalait en les accompagnant
toujours d'un point d'interrogation, espérons qu'une étude plus
approfondie de ces énigmes donnera la clef de plusieurs de ces
hiéroglyphes mystérieux, qui sont restés inexpliqués jusqu'à ce
jour.
L*ÂBBÉ Arbellot.
PIERRE II NOUAILHER
{ut VBJRS 4657, + « 4$ sKpmws mi)
PHEMÏÈKE ET DEUXIÈME MANIÈRES
TT^t» W tu»
Le 21 juillet 1888, M""* Hamon, libraire à Blois, chargée dû la
vente de pièces d*émaiUerie, envoyait chez nous, en communi-
cation, à M. le commandant de Saint-Didier, collectionneur éclairé
de cette ville,'vingt émaux peints anciens. Dans ce nombre, se trou-
vaient trois émaux signés P. Nouailher, ou simplement Nouailher,
et que nous attribuons, d'après la classification que nous avons
faite d'émaux analogues (1), à Pierre II Nouailher.
Ces trois pièces sont typiques : la première caractérisant les plus
anciens et les meilleurs ouvrages de Pierre Nouailher (presque tous
ceux de cette catégorie que Ton connaît jusqu'ici sont en grisaille) ;
la troisième, les travaux en couleur beaucoup plus nombreux, d'un
aspect si particulier, attribués sans conteste à cet artiste, et qui
accusent une décadence accentuée; la seconde, établissant la tran-
sition entre les deux autres. En vertu d'un axiome connu, s'il
devient certain que cette dernière pièce émane du même auteur
que les deux autres, il sera évident que la première et la troisième,
signées P. Nouailher, sont d'un seul et même émailleur.
Vu la différence J'aspect, plus apparente que réelle, de ces deux
émaux, il faudra donc conclure, comme nous l'avions fait déjà, que
Pierre II Nouailher a eu deux manières assez distinctes.
(1) Voir nos « Emaux peints à V Exposition rétrospective de Limoges en
Î886y page 187 ]e>. Limoges, Ducourlieux, 1888, in-8o.
Si âotlë iWrâbbè atijorffd'htii feur cette (Jùestiôïi, c'est que, (Jàel-
q«e évidwAè tju'elte Wft pour ûoas d^à, depuis l'éxawen appro-
fondi tl«6 émaUK de Pierre II Nouaiifter 'exposés à Limoges en 4886,
les trois pièces envoyées de Rlois fourtfesênl à Tappui de noire
iM«e ^kè ^âémoi^faaoki qua^Hsci'efitifiqa^, à laquelle les per-
soDMs qui ép^uvÀi^nt e^ot^^é des hésitations à partager notre
BuaiiiAm èe "viit, Aè nous seibbleM pas ne pas ^uYoir se rendre.
1° Un àAlNt ABBÉ (saint Bruno?).
Plaque ovale en grisaille. Hauteur : 0",H0, — largeur : 0",090.
— Le saint, à mi-corps, les mains croisées sur la poitrine, la tête
de trois-quarts à gauche> regarde au ciel. Du bras gauche, il tient
le bâton d'une crosse, dont la volute serait hors du cadre. Une
auréole rayonnante en or entoure sa tête; des rayons d'or, partant
du ciel en haut à gauche, %e tiirigenl vers lui. Le fond est une mu-
raille grise, toute en imitation d'appareil régulier, obtenue par
une légère teinte de blanc sur le fond général noir de la plaque et
avec tracé de l'appareil rapporté eti noir au pinceau; elle est très
sombre d'aspect. — Le costume noir du saint est produit par le
fond, relevé de très légères lumières blanches modelant les plis. Il
se compose d'une soutane et d'un manteau à capuchon recouvrant
la moitié postérieure de la tête. Le travail en est mou, sans carac-
tère «c peu habiter
Les maiAs sont mtddelées assez délicatement en blané, quoique
d*utie teçon un peu sommaire, tracées par nn enlevage très sec
dessinant le contour des doigts, aveft lumières blanches posées
aussi sèchement et avec une certaine dureté ; les parties les plus
ttaires sont fortement ehipâiées.
La télé est modelée de méhie, maiD plus lourdement; on y
retrouTe eotbrs Tasp^ci trts affaibli dés modelés du commence-
ment dh xvn* siècle, dé leatt I Lithosin, par exemple. Elle est, du
reste, d'un dessin détestable, M ligne de la bouche étant en com-
plet désàccoi^d avec celle des yeux. La physionomie^ au nez large
et poîntii rappelant réellement le grbin d'un certétin animal, est,
en sommes grotesques La tête est rasée^ une mince couronne
BiônÀoale de cheveuit rapportés en t)etits traits hoirs fait le tour du
crâne. Le ton de chair est léger, posé en' laviis^ et enlevé^ dans les
lumières, avec grattages en blanc traversant la figure dans les deml-
teiotes. Les yeni et le née soht ihedesslné^ sèchement en hoir
(iomibé on le femafquë sui" led émau^ de le seconde manière.
144 SOGlBTé ARCBÉ0L06IQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
seulement dans ces derniers les iraits sont plutôt bistres que noirs).
Les lèvres sont (comme dans la deuxième manière) peintes en plein
en rouge opaque, d'un ton corsé, et font une tache rouge dure
dans la figure d*une tonalité assez pâle.
L'auréole d'or est exactement la même que celle du Saint Joseph,
la troisième pièce, que nous étudierons tout à Theure, et qui carac-
térise la seconde manière de Pierre II Nouailher. Elle se compose
alternativement d'un rayon ondulé et de trois ou quatre rayons
droits; la facture est identique sur les deux émaux.
Le revers est en fondant un peu oxydé de rouge. Nous avons
calqué scrupuleusement la signature qui y est tracée, et nous la
reproduisons ici :
/lùuaum
P.ti^
7
Elle est écrite en noir au pinceau, probablement sous le fondant
et à même le cuivre. Le fondant, absorbé sans doute, à la cuisson,
par Voxyde noir des lettres, donne à sa surface une empreinte légè-
rement creuse de la signature.
Comme art, cette pièce est, en somme, très faible. Au premier
abord, on y retrouve, avons-nous dit, l'aspect sombre et un peu
léger de quelques travaux du cours du xvw* siècle. On ne peut,
toutefois, par son dessin médiocre et la faiblesse du style, la faire
remonter au-delà de 1682, date du Baiser de Paix du Musée Adrien
Dubouché de Limoges, et il est parfaitement admissible qu'elle soit
du Pierre Nouailher, auteur de ce dernier. C'est l'avis des mem-
bres de la Société archéologique qui assistaient à l'examen des
émaux envoyés de Blois, et notamment de notre savant secrétaire
général, M. Louis Guibert, notre courtois mais obstiné contradic-
teur.
Si on examine attentivement la pièce, on y retrouve déjà, outre
la faiblesse du dessin et du style, le goût maniéré des Nouailher de
PIERRE U NOOÀILHBR. U5
la déeadence ultérieure, ces yeux levés au ciel, cette sorte de chi-
noiserie dans la physionomie affectionnée par eux, et que, du reste,
Pierre II, même dans les émaux de la seconde manière, n'a pas
poussée plus loin qu'ici, et que les derniers Nouailher ont exagérée
à Texcès d'une façon grotesque. Le modelé blanc des nus est un
peu mieux étudié ici (surtout aux mains) qu'au Saint Joseph, mais
il faut en chercher la raison dans la date plus ancienne de l'exécu-
tion, date à laquelle l'artiste était encore un peu influencé par les
maîtres du xvu* siècle. Les chairs et les traits des nus sont déjà les
mêmes que sur le Saint Joseph^ en lavis roses légers, et en lignes
sèches extrêmement déliées au pinceau. Le glacé des carnations
a le même brillant et le même éclat que sur eette autre pièce et
tous les travaux de la deuxième manière.
^ Saint Ignace de Loyola.
Plaque rectangulaire, en émaux de couleurs, rehauts d'or. Hau-
teur : 0»,092, — largeur : 0»,075.
Le saint est vu à peu près à mi-corps, dans un ovale cerné d'un
trait d'or et d'un liseré blanc de deux millimètres et demi de lar-
geur. Coins en rocaille. Au bas, bande du noir du fond avec ligne
horizontale d'or au-dessus pour la délimiter; inscription en or :
S. IGNATIVS DE LOIOLA. Le saint a la main gauche appuyée sur
un livre ouvert où se lit en noir sur blanc AD MAIOREM DEI
GLORIAM (toutes ces inscriptions sont en lettres assez mal formées
et sans élégance). Le bras droit est replié, la main levée et ouverte,
la paume en avant. La tête est de trois-quarts à droite, elle regarde
au ciel; une auréole exactement semblable à la précédente l'en-
toure.
Saint Ignace est vêtu en prêtre, d'un surplis blanc et d'une
chasuble bleue à bandes gris-jaune, brochée de larges fleurs et
ornements sur toute sa surface, exécutés en blanc sous l'émail et
rehaussés d'or par-dessus. En haut, l'ouverture de la chasuble
laisse voir le col d'un vêtement violet, orné de dessins analogues
(ils sont un peu lourds, mais non sans ampleur et dans le goût des
riches étoffes du milieu du xvii« siècle). Autour du cou apparaît le
bord d'un linge blanc comme le surplis. Le sujet doit être exécuté
d'après une gravure du temps de la canonisation du saint (1622).
Le fond général de la plaque est noir comme dans la précédente
et dans celle du Saint Joseph^ comme aussi, du reste, dans tous les
émaux de Pierre II Nouailher que nous connaissons, tant à la pre-
mière qu'à la seconde manières.
4i% socitri ARCHÉodMïKitft «r b^mutHiB du limousim.
le WDtre-émail est -en fondant -et porte la ^gnatûre ^(Ûvaûte,
écrite par-dessus «ti rouge foncé opaqtre; ftotrs l^Vôùfe àécâlquèè,
co»me la précédente, avec une mintitietise fidélité :
iihi
a Jii^moifQ^
On remarquera Tanalogie frappante des N initiales, des r^ des L
dans Limoges, et surtout des ^ finales de ce mot, qui sont carac-
téristiques; Torthographe du mot emaillieur est la même sur les
deux pièces, ei la disposition des trois mots les uns a^essoud des
autres, appuyant un peu plus à droite à chaque ligne^^Mi^licore à
noter.
Cette signature est écrite très couramment au piïiceati, coftime
la précédante, et elle est tellement de la même main qMsi^ i
l'aide de calques, on en applique chaque ligne sut la ligne cor^
respoadaate, les lettres tombent presque ttiathèmaliquôiûeat lé%
uoes sur les autres. L'analogie est frappante.
Cette pièce est très intéressante comme document de transition
entre les deux manières ; elle doit dater de la fin du xW siècle
environ. Elle a toujours le revers de fondant de là première toà>-
nière, un air de famille (très éloigné, il est vrai) avec les predU6-
tions du cours du xvti' siècle et ne sent pas encore le plein xVm*.
Ainsi, la méthode y est toujours bonne, les modelés préparés par
transparence de blanc, d'une façon surtout remarquable dââê leè
dessins de la chasuble (1); la tête est presque eomplètemètil 6âl-
p&tée, il est vrai, mais celle dXkSaint Bruno, précédemment étudiée,
commençait à Tôtre beaucoup aussi. Le dessin n'en est pas trop
mauvais, bien préférable même à celui de la tête du ^uiHt BruM%
{\) La Vierge et V Enfant Jésus, plaque en émaux de couleurt sui* fond
noir, de la seconde manière de Pierre II Nouailh^r, exposée à Limogés en
I8S6^ sous le n° 303, oifrait une table recouverte d'un tapis vert à l*àrhà-'>
ges préparés en blanc exactement de la môme façon* Nous pouiriom éli
citer d'autres exemples.
iriBBBK a ROOiilUm. 447
L'aspect gëBéral delà plaque est assez rich««t hamomeQx.; son
style seulement déjà très faible, la mam molle, ainsi que le modeift
blaae.
D'antre part, on Toit s'accuser déjà tous les caractères de la
deuxième manière, de façon qu*à Texamen des pièces on soit
aussi assuré que le Saint Ignace est dû à Tauleur du Saint Jwefk^
qu'il est certain qu'il émane de Témailleur qui a exécuté le Saint
Brtmo, Etudié entre ces deux pièces typiques, qui ont l)eaiieoup de
points de o»tact communs et d'analogies suffisantes défà pour
perBiettfe d'en ideutifier l'auteur, il étairiit eutre «Hes un Uéb de
paresité indéniable et force à reconnaître «u seal et uiéflie
P. Nouailber pour Fauteur des tr<Hs èmaox.
Ainsi, ce qui suffirait à faire ideatifier l'autettr du Saint Ignace et
du Saint Jçseph^ e'est le laodelè des plis du surplis .compané au
HMMMé du yéteoient blanc de i'Ëufant Jè$m pa^r eKemple. Dans,
sa seconde manière, Pierre II Nouailher a une Cacon propne 4e
modeler les Tétemeuts ea blanc^ U le lait en deux coadies : une
première coiiebe de i>ianc léger ^t éteadue à plat partout^ puis
des lumières de blanc sont habilement filées en traits longs et
eis$âtés. Il arrive ainsi très vite et avec une remarquable facilité
à modeler ses draperies; mais elles sont monotones et saos e:Set :
la lumière jaa se fond pas avec la demi*teinle, les parties sdluées
dans Tonabre sopl traitées d'une façon aussi lumineuse q«»e le tdié
éclairé. A ce point de vue seul, on doit déclarer les deux pièces
du même auteur, et ne fussent-elles pas signées, que Ton y recoih
naîtrait sans hésitation Pierre II Nouailher. Le giacé de son blanc
est superbe dans l'une et l'autre, comme toujours, mais l'effet un
peu heurté et sans finesse, par suite des empâtements trop rapi-
dement obtenus du premier coup, au lieu df^s gradations délicates
et de l'eiiteoie du modelé par lesquelles se distinguaient les
maîtres du xvr siède (1),
En outre, les colorations translucides du Saint Ignace, le bleu
de sa chape et le violet de son col sont bien propres à Pierre II
Nouailher et se rencootrent sur toutes Iqs pièces de sa seconde
manière, où elles deviennent seulement plus vives de ton, comme
nous allons le constater sur le Saint Joseph. On ne trouve pas
encore ici le rose tendre de celte dernière plaque qu'il emploie
presque invariablement plus tard sur tous ses travaux. Ici l'har-
monie; plus douce, rappelle un peu celle des émaux de H. Poucet,
(4) Les Lsudîn empâtent aussi très vigoureusement leurs grisailles du
premier eoup, ce qui les rend souvent lourdes et molles, mais ils fondent
beaucoup plus doucement leurs diverses épaisseurs de blanc.
448 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
qui a exécuté d'ailleurs bien souvent ce sujet (peut-éfre Pierre
Nouailher copiail-ii un de ses émaux).
Si l'on compare la figure du Saint Ignace à celle du Saint Joseph,
la conclusion est aussi frappante que pour le modelé du blanc,
mais plus facile à saisir encore pour tout examinateur. C'est abso-
lument le même air de télé souriant (celles de la seconde manière
ont toutes cette expression plus ou moins marquée), la même
façoQi de redessiner les traits en brun foncé, déliés et secs, le
même manque de transparence du blanc dans les figures^ où les
lumières sont cependant empâtées très fortement, le même ton de
chair rose assez léger posé en lavis avec lumières blanches enle-
vées et ombres rechargées du ton de chair plus épais, posé peu
délicatement, en accentuant fortement la teinte des pommettes
des joues, les lèvres peintes en plein rouge opaque d'un ton vif,
les cheveux et la barbe dessinés à l'aide de traits bruns sèchement
posés les uns à côté des autres.
L'auréole en or du saint est identique à celle du Saint Joseph (et
à celle du Saint Bruno); les lettres des inscriptions sont aussi peu
régulièrement et élégamment tracées sur les deux pièces.
Enfin les rocailles des coins y sont elles-mêmes à peu près
identiques. Elles se composent simplement d'une sorte de fleuron
au milieu et de deux petits rinceaux de chaque côté, cela posé
lourdement, en très fort relief, et sans rien de l'élégance de la
rocaille des Laudin ^ des traits d'or contournés presque au hasard
et posés grossièrement les accompagnent. Sur le Saint Ignace^ le
blanc de la rocaille est retouché de petits traits noirs pour le ren-
dre moins lourd ; sur le Saint Joseph (ici le goût de la décadence
s'accentue, c'est absolument la seconde manière), il est rehaussé
des touches rose et turquoise de la pleine décadence.
Il devient certain que l'auteur du Saint Ignace est aussi celui du
Saint Joseph, comme nous avons vu qu'il fallait lui attribuer le
Saint Bruno.
3<* Saint Joseph et l'Enfant Jésus.
Plaque rectangulaire en émaux de couleurs, rehauts d'or. Hau-
teur, 0",H8; — largeur, 0°,094. Sujet ovale, coins en rocaille.
Saint Joseph, assis, tient l'Enfant Jésus sur ses genoux; de la
main gauche, qui passe derrière l'Enfant, il montre une branche
de lis fleurie. Sa tête, de trois-quarts à droite, est entourée d'une
auréole d'or identique, comme nous l'avons observé déjà, à celle
des deux pièces précédentes. L'Enfant Jésus, vêtu d'une chemise
blanche, la tête à nimbe dor radié (celui-ci sans rayons ondulés),
tient de la main droite une croix d'or et a la gauche appuyée sur
le globe du monde, boule émaillée de bleu. La robe de saint Joseph
est en rose tendre, son manteau en bleu d'un ton riche. — En
arrière-plan, à gauche, une colonne; à droite, une muraille, en
gris-jaune (ton des bandes de la chasuble du saint Ignace). A la
place du ciel, simplement le fond noir de la plaque. Autour de
l'oyale du sujet, liserés or et blanc comme à la plaque du Saint
Ignace. Les quatre coins sont garnis de la même rocaille que ceux
de cette dernière pièce, et au-dessous se retrouve la même bande
noire avec Tinscriplion en or SAINT lOSEPH. Tout autour de la
plaque, un filet en argent oxydé et noirci.
Le revers ou contre-émail est en lavages (1) translucides d'un
ton carmélite clair, marbré de taches bleuâtres plus foncées. La
signature ci-dessous, en argent oxydé, y a été calquée par nous
avec le même soin que les précédentes (2j :
^' /louanLir Jit^e
* JLiTtto
CJ^
C'est toujours la même orthographe et la même écriture cou-
rante sur les trois signatures, les mêmes N et L initiales, les mêmes
r et s à la fin du mot Limoges. Sans tenir compte de l'analogie
évidente des pièces au point de vue technique et artistique, la
comparaison des trois signatures suffirait seule pour y faire recon-
naître une même main.
Nous avons fait ressortir déjà les principaux caractères de cette
pièce, à propos du Saint Ignace; nous ne l'apprécierons pas en
détail, car elle est typique, et personne ne contestera qu'elle appar-
tienne au dernier Pierre Nouaiiher, émailleur, dont nous avons
décrit ailleurs déjà le style dans sa seconde manière (3).
(I) Résidus provenant da laoage des émaux divers après qu'ils ont été
broyés; recueillis ensemble dans une capsule, ils constituent un émail
d'un ton neutre, propre seulement à émailler le dessous des plaques.
(3) Nous possédons une pièce caractéristique, comme sujet et comme
revers, de la seconde manière de Pierre II Nouaiiher; sa signature calquée
pourrait s'appliquer exactement sur celle-ci.
(3) Voir nos publications sur les émaux peints exposés à Limoges en
laO SOGIÂTÉ ARCHéoUMttQtMI.IV USTOM^E DU LIVOUSTN.
bas rehauts d'«r du niaii;ieftir éiédYst robe é^ saÀ&t Joisepb senl
pimës' en: petits Urait8 Iranaversaux Its uns ati^esaM» des- autres,
snof» déiîdatesae et d'an dsBe2 mdtmns effet. On ae dislôogue
é^ai>levageai à yaignitle laissaiit apparaître le ffMd neir, cemne
im)y«n de? modelé dans le blaire des nus^ suir aueuce de» trois
pi&êesc U faolt reimarquer fe façon diaot la r<>b€t sose est préparée
en hbdBttiSouarétaaik : dans les plia sombires, la preiniëre coucha
dttblanoe«t tiré» mince, el ils forment comme des silloas creux dairs
ht' reste da vêlement très empâté de blanc, sans Iransition aueiuie
enlve Feimbre et la lumière. Les physionomies soumntes, les
chairs claires, tes traits secs et déliés des< nos, le beau glacé de la
plaque, les colorations bien translucides mais un peu* vives,, la
nicailte peinturlurée de turquoise et de rase, ete., tout cela carac-
térise surabondammenfl la deuxième manière de Pierre II
Mouailber.
Seul, son revers n*est pas le revers t^rpique en fondant bleuté,
mais cette variante n'a ici aucune importance, Taspect de la plaque
et la signature ne laissant aucun doute sur son auteur. D'ailleurs,
dans les travaux les plus accentués de sa seconde période de pro-
duction, Pierre II Nouailher n'a rien d'absolument fi)Bedans l'adop-
tion du ton de ses contre-émaux. Celui qui lui est bien particulier
est le revers ci-dessus indiqué, en fondant bleuté; mais à l'Exposi-
tion rétrospective de Limoges en f886, par exemple, sur onze
contre-émaux de cette époque, cinq seulement offraient le ton ca-
ractéristique et les six autres, bien qu'appartenant à des pièces non
moins sûrement dues au méme.auteur, étaient de tons* différents,
djont Tua (n« 337) offrait une certaine analogie- avec celui de notre
Saint Joseph.
Voici la coflclhsion qui découle de l'examen des trois pièeesque
nous venons d'étudier. La plaque du Saint* It/nace est en somme
équivalente, comme dessin et style, à celle du Saint Bninû ; la tête
d^ l'a pièce de transition est même préférable. Outre l'analogie^rès
sensible qui existe entre les deux émaux au point de vue du goût
et'decenuîn^ ffélaite de décor ou d'exécution, ridenlité des* deux
signatures nepermet pas'd'yreconnath-e deux auteurs différents. Or,
si le Saint Ignace et le Saint Bruno ont un auteur commun, l'émail-
lèur qui les a signés doit être aussi l'auteur du Baiser de Paia:,
dix Musée de Limoges, signé Nouaiiher et daté de t883. Cette
grisaille est plus fine et plus délicate que celle que nous venons
1886; sur ceux de Tcxposition de Tulle en. 4887, et sur ceux du Musée de
Qoérfit((lflfl8).
è'éNtdiieff', OMite rieir:0le»(ié«hd de L'attritoorm aiéme aitatidr q««r le
SmntMnna., Gm Iro^ piiècos» 3oo4 to«& par crtwfié<iu6nt i Pievm U
HQimlb€^> s^9i ^myOtowr de e^nooi qui travaillât à Qe^l^l^ é{)Qque.
— D'autre part, nous avons prouvé que le Saint Ignace est imoïk-
ta9iaUeilieaAdâ.à:Vaii4eQrc}u5atni^ Ja$^ph, D^m^ Yém»iM%jiàv qui a
ITQiieKmI ceatrctiiS^yièeeAna^Bai qtM. celle. daHtusée, esibiiaiile mât&e
FJMTQ U Notttiilbdf , qoîf a eo deux rnaoÂères : finie,. a« début, piiis
^ailiqm si Won. \eulk. ONt pluAôi, noèiâ oublieuâfe^ dBs tiradîtÂMs âe
Ift btoM' ^quQ^ (è oe momefii il ik'ejxécutait: à. pgm près/qatt des
grÎ9«Ale&); l'auj^f^^ flusr inAufeocée par la. rapide, décadetce- de
notre art local (celle-ci surtout lui est biea personnelte)-.
Bien pea d('ariistes qi^ Ira^versé nm période d'une! ce rteuxe durée
,aaiia quie: teuFSi pi^od^clions ae rBaseiHiasent d'abojd(f «ne pireinâère
ëdi«itôH<Hi reçue, Ql), pttis tard, du milieu (teua^ leqiielils iFavaillaieoit,
.Q«d«;80ftt'dur.pu^lic. auquel ils étaient quelquefois portés, plns^siOtt-
i^ftl oomlrainis à se conformer ; d'où des transforniatioiis plus ou
9iorâ$'apeeiil:uées: dans leur œuvre. Poun ne citer qm deHOLcoiutea)-
poiwns. dîB' Piîenre H' Nouaiiher,. ne voyons-nous^ pas Jacques l La»-
4iA modj'fiekr j^ ll( fin die sa cairrièire sa. méthode etï le style' de ^es
ifâivfiiiHK, et.s)i»Qt]»ev6tt, Jacques U,api^s avoir predaii des^ ouirragas
(fune délicai^se. remarquabliOt,. eo; airriiveir m^ Titymf siècle, àt d^abo-
minables peintures opaques et ternes, tout aussi pauvres d'aspeot
que tes phisi mauvaises prod;ux;tions des depoieps Nouâilher. Et,
cteB^eftdaoh leurs* divers^ émaux portent leurs signaiures- el leurs
a^lcQsses et, q.U]e]que répugnance que l'on puisse, éprouver k les
ranger s<»u&IB' nom d'un.imétne auteur, on.est!otbligé.de: sa pendre
à l'évideooe^; ils oQteu aussi dieux raanière&.
Uais^. ïtQM dï-trou. objecté, Nojnailfaer. signe « laytié^ >» siu* le Saint
Jfi$ejthieijmp lapJlupaftdBs travaunanalogues, tandis quesur le Saint
9vma et le Saint Ignace y ainsi qpe sur. les autres pièces qui consti-
(«MftaieMtt.une première manière, il signe simplement de son nom',
saQ^DaAOOtmpagnev die ce qualificalif. N'y> a-^i-il pas là* unie indica-
tioQ B^meltaokt de distinguer deux bomonymes? L'argument est
fmil0i ài Qélater el la réponse vient à l'appui de notre thèse; Stir
Ie9^oa?rrag6iS)diB sa première manière, rémâilleui^ sigo« simplemient
Sfcmiiher^Ri^mreNmMilèery P.Nomilher, ou P. N.^ paroe.qjBBà
QOfimiiiiBQtil est.aeoi émailleur de son nom et qu'ils n/a- besoin, ptar
conséquent, de se distinguer de personne. Plus tard, aa contraire,
il devient Talné de huit frères ou soeurs, dont un au moins, Joseph,
a sûrement exécuté, en. même temps que lui, des émaux qui nous
sont connus, sans parler de ses nombreux neveux, également
éisaillAurs^à la.méme époque. : aussi, sur les oiivrages, produits à
ce moment (fin du \w et cammencemeat da x.vju« siècle),, la
15S âOCilRTÉ ARCBÂOLOGIQUifc «T HISTORIQUE t>U LIMOUSIN.
YoyoDs-ûoas faire saivre soigneusement son nom, au revers de ses
plaques, de Tindication « layné », afin que Ton ne confondit pas
ses travaux avec ceux de ses nombreux homonymes et <^ontempo-
rains.
On ne peut songer à attribuer les ouvrages de sa première ma-
nière à Pierre I Nouailher. Ce dernier, grand-père de Pierre II,
dit èmailleur dans les actes du temps, mais dont on ne connaît
aucune production, était « collateur des tailles pour le canton des
Bancs » en 1601. Il était donc mort à Tépoque où Pierre II, né
vers 1687, a pu commencer à signer ses émaux, c'est-à-dire au
dernier quart du xvii* siècle.
On nous fait remarquer encore que, sur le Saint Joseph de la
seconde manière, le mot « Nouailher » est précédé d'un « P. »,
tandis que le Saint Ignace ne porte pas Tinitiale du prénom. Il
suffira d'observer que sur le Saint Bruno, de la première manière,
au bas du nom on lit « P. N. » et que l'initiale du prénom se
trouve aussi souvent sur les pièces de la première que sur celles de
la seconde manière (1); quelquefois elle fait défaut sur les unes et
les autres, comme sur le Saint Ignace; rien de fixe à cet égard.
D'ailleurs, si on ne trouvait le P. que sur les pièces de la dernière
période, cela s'expliquerait de la même façon que l'adjonction du
mot « layné ».
Enfin, si deux Pierre Nouailher avaient pu produire à la même épo-
que, il serait surprenant que l'un n'eût exécuté que des travaux d'un
caractère relativement artistique, à l'aspect pour ainsi dire plus an-
cien et plus rapproché du plein xvn* siècle, tandis que l'autre n'aurait
peint, en même temps et côte à côte avec lui, que dans le goût
d'une décadence ultérieure. En effet, d'après les documents écrits,
c'est bien un seul et même Pierre Nouailher, èmailleur, qui nait
vers 1657, a sept frères ou sœurs, épouse Anne Faute et meurt le
28 septembre 1717, dit âgé de soixante ans environ, laissant deux
fils, Jean-Baptiste et Simon, et une fille, Marie (2). Ses travaux, en
prenant à part chacune de ses deux manières, ont une analogie
d'aspect et de procédés absolue, ne permettant pas de rechercher
soit dans l'une soit dans l'antre, s'ils sont dus à deux auteurs
différents. Chaque groupe appartient sûrement au même èmailleur
et il est certain aujourd'hui que les deux ont pour auteur Pierre II
Nouailher.
(4) Voir nos Emaux peints à V Exposition rétrospectioe de Limoges en
1886. Tableau de classement.
(9) Voir notamment les documents publiés à la fin de nos Emaux peints
à VExposUion rétrospectioe de Limoges en 1886,
PIERRE II NOUAILHER. 453
Gemment les textes, qui sont surabondants et précis sur les
Noaailher de cette époque, relatant les naissances, baptêmes, ma-
riages, contrats dé toute sorte, décès, etc., dans lesquels nous
trouvons constamment mention de Témailleur auquel est consacrée
cette notice ou de tous ceux dont les émaux nous sont aujourd'hui
connus, seraient-ils muets sur un autre Pierre Nouailher, émail-
leur, vivant aussi en 1682 et ayant fourni un nombre considérable
de pièces, le Baiser de Paix du Musée (signé : « Nouailher i 682 »)
et toutes celles que nous rangeons dans la première manière de
Pierre II? Car, sans la signature et la date du Baiser de Paix, on
pourrait, de prime abord, h Texamen superficiel des pièces, faire
remonter la production du premier groupe de travaux à une époque
plus ancienne, où notre émailleur ne travaillait pas encore; mais la
pièce du Musée entraine son attribution et celle de tout le groupe
au seul Pierre Nouailher qui produisit en 1682, à Pierre II (1);
et la comparaison des deux séries d'ouvrages n'empêche nullement,
nous l'avons vu, leur réunion sous le nom de ce dernier, montrant
les particularités et les tendances communes. L'étude sérieuse et
simultanée des deux séries d'ouvrages et des pièces de transition
engageait fortement à leur assigner un auteur commun ; la date et
la signature du Baiser de Paix du Musée de Limoges, constatant la
production des premiers ouvrages en 1682, y oblige, puisqu'à ce
moment, tant d'après les documents écrits que d'après les émaux
connus, Pierre II Nouailher était seul émailleur de ce nom à
Limoges.
Si les documents écrits sont muets au sujet d'un autre Pierre
Nouailher, émailleur, contemporain de Pierre II, c'est que cet
homonyme émailleur n'a pas existé et que Pierre II Nouailher est
réellement l'auteur de tous les divers émaux dont nous venons de
nous occuper, ce que nous admettons volontiers d'après leur étude.
L. BOURDBRY.
M mai 1889.
(i) n se pourrait très bien que la si^ature de ce Baiser de Paix
a Nouailher Î682 v fût précédée de la lettre P, initiale du prénom
« Pierre », car le revers de Témail a été recouvert de vernis, pour conso-
lider la manette. Par un léger grattage, nous avons mis à jour la signa-
tare ci-dessus, mais sans oser pousser assez loin notre opération pour la
découvrir en entier.
T. xxxvii. 11
ESSAI DE CLASSIFICATION
DIS
ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES
SAINT-YRIEIX, SOLIGNAG
CONSBRTBBS
AU MUSÉE NATIONAL ADRIEN DUBOUGHÉ
Nous avons toujours eu à Limoges une élite de personnes
savantes et laborieuses qui ont consacré une partie de leur temps
à l'étude des différentes questions intéressant notre histoire
locale. Les investigations de ces chercheurs se sont portées sur
bien des points, mais certains objets les ont surtout retenus : c'est
ainsi que Tinterprétation des anciens textes, l'archéologie monu-
mentale, l'épigraphie, l'émaillerie champlevée ou peinte, etc.,
leur ont fourni la matière de monographies nombreuses ou
môme de quelques importantes éludes d'ensemble. Parmi les
sujets qui ont été le moins explorés, se trouve l'histoire de la
céramique locale : dans cet ordre d'idées, à peine peut-on citer
deux ou trois opuscules ou notices.
Pour expliquer ou pour excuser une pareille indigence, on dira
peut-être que pendant la longue période du n^oyen âge, à Tépo-
que de la Renaissance, enfin aux xvii^ et xviii" siècles, les arts
céramiques n\)nt eu chez nous que des manifestations assez hum-
bles. Evidemment, il ne faudrait pas allerjiisqu'à prétendre que nos
potiers ont égalé nos orfèvres et nos émailleurs, mais, en critique
artistique, il serait dangereux d'admettre que ce sont les œuvres
les plus parfaites qui sont les plus intéressantes ; tout au contraire,
au point de vue de l'étude, souvent tel misérable fragment où
se retrouvent quelques-uns des traits caractéristiques d'un art
dont les manifestations ont presque toutes disparu, sera plus
suggestif, pour employer un mot à la mode, que les majestueuses
colonnades d'un temple qui a des analogues uu peu partout.
ESSAI DK CLASSIFICATION DBS ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. 155
L'histoire de notre céramique locale pourrait peut-être présen-
ter beaucoup plus d'intérêt qu'où u'est disposé à se Timaginer :
nos potiers ont, je crois, constitué une école puissante et origi-
nale ; notre faïencerie nous a laissé quelques beaux spécimens,
en bien petit nombre, mais qui indiquent des tendances artisti-
ques assez remarquables ; enfin Thistoire de la fabrication delà
porcelaine à Limoges, l'étude des anciennes productions de notre
fabrique arrivées jusqu'à nous, offrent certainement un champ
considérable aux recherches et aux observations.
Je voudrais aujourd'hui apporter une faible contribution à
l'hisloire encore à faire des porcelaines limousines. Il s'agit
d'essayer la classification raisonnée et chronologique des pièces
conservées au Musée Adrien Dubouché, qui ont élé produites par
nos anciennes fabriques. Je tiens à dire que je ne me dissimule
pas les difQcultés du travail que j'entreprends, et si plus haut je
rappelle dans quel abandon ont été laissées chez nous les études
d'archéologie et d'histoire céramiques, c'€st parce que Tabsence
d'ouvrages spéciaux constitue une circonstance atténuante des
erreurs que je pourrai commettre.
I. — MÉTHODE SUIVIE DANS CETTE ÉTUDE.
Il n'est pas toujours facile de déterminer, même en se contentant
d'une précision relative, la date qu'il convient d'attribuer à certai-
nes pièces de notre ancienne porcelaine, car on se trouve parfois,
souvent même, en présence de persistances de style et d'habitudes
décoratives bien faites pour dérouter le chercheur. C'est ainsi
que l'on rencontre fréquemment des pièces remontant à l'époque
révolutionnaire et d'autres datant de l'Empire qui présentent
entre elles des analogies très intimes. La série assez homogène
d'ailleurs dont l'une des caractéristiques est la marque C. D.
n'est pas d'une répartition beaucoup plus facile, car on constate
que, de 1774 à 1784, les artistes de la manufacture de Limoges
obéirent simultanément à des inspirations diverses.
Pour résoudre certaines de ces difficultés, ou du moins pour
tenter de le faire avec quelque chance de succès, il conviejit
d'examiner à tous les points de vue les pièces douteuses et de
recueillir avec le plus grand soin ' tous les indices, — même les
moindres, — qui peuvent apporter quelque lumière sur la ques-
tion. Il importe d'abord de relever, et très scrupuleusement, les
caractères et surtout les particularités de la fabrication. L'étude
de la décoration, considérée au point de vue technique, complè-
156 SOGIlftTé ARfiaiOLOGIQUE ET BlSTOftlQUE t>0 LlttOUSllI.
tera ce premier examen, dans lequel on aura coosidéi'é : I® la
qualité de la pâte et de Témail, etc. ; 2^ la cuisson ; 3* l'étendue
et la composition de la palette décorative; 4® la qualité, Téclat,
le ton, etc., de Tor et des couleurs, la manière dont on les a em-
ployées puis fixées par le feu, etc.
Dans cette étude, il y aurait lieu Je tenir le plus grand compte
des habitudes de fabrique et d'ateliers; malheureusement les
notions qui permettraient de tirer parti d'un tel genre de remar-
ques nous manquent encore, pour la plupart, et il est bien à crain-
dre que beaucoup d'entre elles nous manquent toujours.
Les caractères d'art donneront des indications plus nombreu-
ses, plus variées et souvent plus précises. Ces caractères peuvent
être ainsi classés : l"" la composition des formes : dans son étude,
on essayera de suivre la lutte toujours ouverte entre les habitu-
des de la fabrique ou de Tatelier et « les caprices de la mode »,
car l'introduction d'une nouveauté venant à remplacer une tra-
dition peut déterminer une date; 2" le décor, plus variable encore
que les formes, mais plus qu'elles individuel et soumis à la fan-
taisie de l'artiste qui l'exécute. Le décor, plus souple que les
formes, suit plus facilement les caprices de la mode, et se met
plus vite à l'unisson de ses exigences. Souvent aussi^ par des
raisons d'économie, les fabricants font le plus longtemps possible
usage de leurs anciens moules et écoulent, après que la mode en
est passée et en les rajeunissant en quelque sorte par une décora-
tion d'un goût nouveau, des stocks de pièces dont les modèles ont
été créés à une époque souvent assez éloignée. En résumé, le décor
étant facile à changer de style peut donner des indications plus
précises que les formes, lesquelles, pour les raisons qui viennent
d'être dites, ont une certaine tendance à persister.
11 existe un certain nombre de pièces à date certaine qui peu-
vent donner des indications précieuses, qui permettront, par
comparaison, de dater certains spécimens du Musée. Telles sont,
par exemple, les productions de Sèvres; mais la fabrique limou-
sine s'est beaucoup moins inspirée qu'on ne serait tenté de le
croire des exemples de la Manufacture Nationale et les pièces
de nos collections se rattachant, plus ou moins directement, à
l'école de Sèvres sont assez peu nombreuses ; d'autre part, Limo*
ges a imité quelques fabriques parisiennes, celle de Nast, par
exemple : certaines pièces remarquables de ces fabriques nous
sont connues, soit parce qu'elles font partie de nos Musées, soit
qu'ayant figuré aux expositions nationales, elles ont été repro-
duites dans les recueils spéciaux de l'époque; mais là encore les
indications sont rares.
RSSAl DE OLASSIFIGATIOR DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. 197
On comprend que ce doit être surtout la réunion des carac-
tères dont quelques-uns viennent d'être énumérés qui peut éta-
blir une présomption de date sur laquelle on puisse faire quelque
fonds; Tobservali^n d'un seul caractère peut tromper, mais plu-
sieurs indications de diverses natures, se fortifiant entre elles,
offrent des garanties plus sérieuses.
On trouvera à la fin de ce travail un tableau présentant une
réunion aussi complète qu'il m'a été possible de l'établir de tou-
tes les particularités de fabrication, de décoration, de style, etc.,
qui caractérisent les différentes périodes de notre fabrication.
C'est sur l'observation de ces particularités que le classe-
ment qui fait l'objet de ce travail a été basé. Parfois, il a bien
fajlu se contenter de l'observation d'un seul caractère pour déter-
miner une attribution de date, et, dès lors, il est possible que
plus tard il y ait lieu de revenir sur certaines de ces attri-
butions.
La connaissance de l'histoire de nos principales fabriques
pourrait être d'un grand secours dans un travail tel que celui-ci,
aussi me suis-je efforcé de réunir toutes les notions qu'il m'a été
possible de me procurer dans cet ordre d'idées, malheureuse-
ment il est à la fois un peu tard et un peu tôt pour faire l'histoire
de notre manufacture. Il y a quelques années, pour une telle
étude, on aurait trouvé non seulement des documents écrits dont
beaucoup ont peut-être été perdus, mais encore les témoignages
verbaux de quelques vieux praticiens disparus aujoud'hui;
d'autre part, étant donné le peu de recherches qui jtisqu'ici ont
été faites sur l'histoire de la porcelaine limousine, il n'est pas
surprenant que la plupart des documents qui nous restent n'aient
pas encore été tirés de l'oubli.
II. — Vn MOT SUR LA GÉRAMIQUB LIMOUSINS*
Quelques remarques au sujet de la céramique limousine ne
seront peut-être pas déplacées ici, bien que, en général, ces remar-
ques ne se rattachent qu'indirectement à l'objet de cette étude.
On sait que la céramique s'est manifestée chez nous sous trois
formes bien distinctes. L'industrie des terres vernissées est cer""
tainement très ancienne dans le Limousin et l'histoire de nos
fabrications locales, en ce genre, pourrait sans doute présenter
un haut intérêt. Quelques rapides considérations au sujet de
nos antiques poteries seront peut-être lues sans trop d'ennui.
Un fait frappe tout d'abord, c'est qu'il ne semble exister
458 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE OU LIHOUSUT.
aucun rapport, aucun lien, aucune relation de parenté entre la
céramique limousine et nos autres arts locaux. Si, par exemple,
nous étudions notre poterie vernissée au point de vue de sa
technologie, nous nous apercevons bien vite que ses procédés lui
sont particuliers et ne doivent absolument rien aux arts voisins.
Par exemple, nos potiers ne demandaient Toruementation de
leurs produits qu'au façonnage à la main, et spécialement au
façonnage à la main agissant sans le concours d'aucun outil.
Dans le pays de l'émail champlevé, jamais le potier n'a eu l'idée
de se servir de la pointe pour tracer des dessins sur les pièces
qu'il exécutait (1) ; or, on sait combien fut répandue pendant tout
le moyen âge l'habitude d'appliquer à la céramique l'ornementa-
tion à l'aide de ce procédé (2). Dans le pays de l'émail peint
jamais la couleur n'intervient dans la décoration de la poterie
autrement qu'en couverte ou tout au plus en marbrures. Jamais
aucun ornement en couleur, pas même un simplet filet; la pein-
ture n'existe pas pour nos vieux potiers, qui n'ont peut-être môme
pas connu l'usage du pinceau.
Au point de vue de l'art et du style, nos anciennes poteries ne pré-
sentent aussi aucune espèce d'analogie avec les autres arts locaux
contemporains, et, tandis que, dès les premiers temps du moyen
âge, nos orfèvres deviennent byzantins presque au même degré
que les byzantins eux-mêmes, nos potiers restent jusqu'à la
fin absolument fidèles aux traditions gallo-romaines, à tel point
qu'il est certains de leurs ouvrages fabriqués, aux xvii* et xvni*
siècles, où ces traditions se trouvent suivies, ponctuellement pour
ainsi dire et sans qu'il paraisse 8*y être introduit de bien nota-
bles altérations.
Ce n'est pas ici le lieu de rechercher les causes d'une persis-
tance que j'ai voulu seulement signaler. Le fait de l'absolue
divergence, chez nous, des deux arts de la poterie et de l'orfè-
vrerie semble extraordinaire, mais ce qui ne Test pas moins, c'est
(1) Cette affirmation est peut-être trop exclusive : nos vieux cuviers à
lessive portent souvent des filets à la pointe, mais je n'ai pas eu Tocca-
sion d'étudier aucune pièce de cette classe remontant à une date vrai-
ment ancienne.
(2) Les carrelantes du xui^ siècle sont absolument analogues, à un cer-
tain point de vue de technologie^ aux émaux champlevés, bien que, dans
chacune de ces fabrications les mêmes résultats soient obtenus par des
procédés assez différents. Dans les carrelages comme dans les émaux, la
matière colorante a été déposée dans un creux estampé dans les carreaux,
enlevés à Taide du ciselet dans les émaux. La céramique limousine n'a
connu aucun procédé analogue à celui employé pour les carrelages.
ESSAI DE CLASSIFICATION DBS ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. 159
que cette divergence se continue entre les œuvres de nos falen*
ciers et celles de nos derniers émailleurs.
Les pièces connues jusqu'ici de la faïence de Limoges nous
montrent que les décorateurs employés â notre fabrique sui-
vaient les traditions artistiques de Moustiers. Aucune assimila-
tion ne peut être tentée entre les productions de cette manufac-
ture et les œuvres des émailleurs contemporains. On a attribué,
il est vrai, à un de ces derniers le grand plat de notre Musée où
l'on voit la représentation d*une scène comportant un nombre
considérable de figures. Mais c'est là une supposition toute gra-
tuite, car rien, dans l'exécution de ce sujet, ne vient rappeler
l'école d'émaillerie contemporaine. On sait d'ailleurs que les
premiers faïenciers de Moustiers décoraient volontiers leurs
pièces eu copiant des gravures de maîtres; les colonies de Mous-
tiers persistèrent dans cette tradition ainsi que nous pouvons
précisément le constater, sans sortir de notre Musée, en jetant
un coup d'œil sur certaines assiettes de la fabrique d'Âlcora
qui font partie de la collection Gasnault.
Si maintenant nous examinons les premières porcelaines de
Limoges, nous remarquerons que toutes les pièces de la période
initiale que nous possédons — sauf une peut-être, dont il sera
question plus loin — ne se rapprochent par aucune tradition
décorative des pièces connues de la faïencerie limousine.
D'ailleurs, ou devine aisément la cause d'un fait qui n'est certes
pas sans précédents dans l'histoire des arts décoratifs. A Limoges,
la fabrication de la faïence fut créée par des étrangers qui ame-
nèrent certainement avec eux les artistes et ouvriers dont ils
pouvaient avoir besoin. La faïence fut donc chez nous une pro-
duction étrangère, et on ne saurait s'étonner qu'elle ne présente
aucun des caractères de l'art limousin contemporain. D'autre
part, la porcelaine fut également aussi chez nous une production
exotique, au moins pendant la première période de sa produc-
tion. Eu effet, il n*est pas douteux que les artistes et ouvriers
qui furent d'abord employés à la fabrique étaient des étran-
gers qui avaient acquis dans les manufactures existant déjà
— plusieurs, sans doute, en Allemagne, — Texpérience techni-
que qui leur était nécessaire pour la réussite de Tœuvre à laquelle
ils étaient appelés à coopérer. Ces artistes et ouvriers apportèrent
à Limoges les habitudes et pratiques d'atelier particulières aux
fabriques où ils avaient appris leur difficile métier et il est pro-
bable qu'ils n'étaient pas disposés à subir aucune influence
locale. Sans doute, ils se croyaient très supérieurs à nos faïen-
ciers et à nos derniers émailleurs ; le public et peut-être les
460 SOCIÉTÉ abchAologiqub et historique du limousin.
faïenciers et les émailleurs eux^mâmes partageaient probablement
cette pensée : dès lors il n'est pas surprenant que l'art nouveau
n'ait Cait aucun emprunt à Tart ancien, lequel d'ailleurs était
bien loin, à cette époque, de briller d'un vif éclat.
Heveuautà nos anciens potiers, je dirai que, si nous voyons
leur art, modeste sans doute, différer absolument de Tart des
émailleurs, cela tient également à une diversité d'origine et je
saluerai, dans ces humbles travailleurs que l'on est trop disposé
à dédaigner, les derniers représentants d'une école glorieuse. Nos
orfèvres et nos émailleurs avaient reçu l'éducation artistique de
leur temps et ils s'étaient imbus des théories esthétiques qui
alors avaient cours; à côté d'eux, leurs modestes confrères les
potiers étaient demeurés des artisans gallo-romains. Tandis que
les premiers suivaient tous les caprices de la mode, les seconds
restèrent constamment fidèles aux principes de Tart antique ;
aussi produisirent* ils jusqu'à la un des pièces — des jarres, des
grands vases surtout — qui, au point de vue de la pureté des
galbes, doivent être citées avec éloges. Il ne s'agit pas ici, estnl
besoin de le dire, de comparer un art très savant à une grossière
industrie, mais il ne saurait être interdit de rendre justice à cette
dernière, en constatant qu'elle conservait comme un reflet d'un
art qui, alors que triomphaient nos orfèvres, semblait à jamais
oublié.
III. — BÂSBS DS Lâ GLASSIFiGATION.
Les anciennes porcelaines de Limoges conservées au Musée
national Adrien Dubouché forment un ensemble de cent soixante-
cinq pièces environ, ainsi réparties : ancienne collection (1),
cent soixante; collection Jacquemart, deux pièces; collection
Gasnault, trois pièces (2).
D'abord, il importe de s'entendre sur cette expression de
<c porcelaines anciennes », expression qui a l'inconvénient de
présenter trop d'élasticité. En effet, on peut évidemment étendre
ou restreindre, avec plus ou moins d'arbitraire, la période pendant
laquelle ont été fabriquées les porcelaines qualifiées d'anciennes.
A cet égard, l'usage ne fournit aucune indication rigoureuse.
(\) Je désigne ainsi la collection dont la formation, qui se continue cha-
que jour, a été commencée avant l'entrée au Musée des collections Jacque-
mart et Gasnault.
(9) Pans ce total, je ne comprends pas les vingt-neuf pièces de la
fabrique de la rue Fontaine au-Hoi, dont je m'occuperai cependant, à la
fin de cette étude.
ESSAI DB GLABSlFICATlÛJf DBS AKC1E1INB8 FORCELAINES DB LIMOGES. 161
Dans le langage de la curiosité, ua objel est seulement dit
ancien lorsque la fabrication à laquelle il appartient, le style
dans lequel ses formes ou sa décoration sont conçues, ont été
complètement abandonnés. Je me suis inspiré de ce principe et,
arrivé à la période la plus voisine de nous, j*ai seulement consi-
déré comme anciennes les pièces dont nos fabriques et nos ate-
liers de décoration ne produisent plus les analogues. Pour méri-
ter le bénéfice de Tancienneté, d'autres conditions sont également
nécessaires. On comprend, par exemple, qu'il ne faudrait pas que
l'abandon de la forme et de la décoration qui caractérisent la
pièce dite ancienne fût trop récent.
Quoi qu'il en soit, voici le tableau de la classification que je
propose pour les ancienuea porcelaines de Limoges. On remar-
quera que bien que cette classification ait été surtout basée sur
robservaiion des caractères technologiques, artistiques et déco-^
ratifs, elle est en môme temps une classification chronologi-
que (1).
PremiArb époque. — Période comprise entre l'origine de la
fabrication à Limoges et la réorganisation par Darcet de la fabri-
que Hassié, devenue manufacture royale (1771-1784).
§ 1''. — Pièces d'essai. — Pièces en biauc. — Figurines en
biscuit, génies divers. — (Pièces ne portant pas de marque et sup-
posées antérieures à l'époque où la fabrique a été placée sous la
protection du comte d'Artois).
§2. — Inspiration des pièces de Chantilly, librement imitées
des pièces dites coréennes. — Imitation de la porcelaine de
Saxe. — Formes dites Louis XV ou rocailles. — Pièces blanches
ou dorées en filets et festons. — Décoration polychrome en bou-
quets jetés, — (Marque G. D. en creux ou en couleur et eu ereux
ei en couleur).
§ 3. — Genres de transition. — Tendances vers la régularisa-
tion des formes. — Changements analogues dans le décor, qui
pi^ud les caractères de l'art de l'époque de Louis XVI. — Bou-
quets semés régulièrement, etc.
Deuxième époque. — Période postérieure à la réorganisation de
Darcet (1784 à 1800 ou 1804, dernière limite).
§ !•'. — Commencement de l'inspiration dite classique. —
Formes de transition et formes dites Louis XVI. — Décor
(1) On verra plus loin que, autant que la chose a pu se faire, les pièces
ont aussi été rangées par fabriques.
162 S0GIÉT6 ARCHftOLOGlQUB ET BISTOEIQUB DU LIMOUSIN.
Louis XV, bouquets jetés. -*- Décor Louis XVI, bouquets disposés
symétriquement.
§ 2. — luspiration classique. — Formes de transition (tendance
vers la régularité, pondération des lignes, etc. ), et formes Louis XVI
(apparition de la ligne droite, etc.). Décor de transition et décor
à rinceaux, inspiré de Salembier (pièces fabriquées pendant les
dernières années du règne de Lous XVI et la période révolution-
naire).
§ 3. — Affirmation des tendances classiques; recherches des
formes dites pures. — Persistance du décor dérivé de celui de Sa-
lembier. — Décor franchement académique. — Commencement
de la prédominance de l'or. — Apparition des fonds de couleurs. —
— Décor au papillon, etc. — Inspiration pseudo-égyptienne (pièces
fabriquées pendant la .Révolution et les premières années de la
période suivante). — Marques rares.
Troisième époque. — Période comprenant l'Empire, la Res-
tauration et le commencement du règne de Louis-Philippe (jus-
qu'en 1840, dernière limite).
Affirmation et même exagération de l'inspiration académique
(style de Percier). — Formes souvent directement copiées de l'an-
tique. — Même observation au sujet du décor toujours froidement
régulier, très souvent symétrique. — Fréquemment, des parties
sont réservées en biscuit, très souvent décorées d'une fine orne-
mentation, quelquefois au cachet. — Emploi très développé de
l'or. — Fleurs peintes au naturel, dans le genre de Redouté. —
Sujets et portraits très modelés, exécutés dans le genre des minia-
turistes. — Fonds de couleurs, souvent verts, fréquemment usités.
Quatrième époque. — Période comprenant la fin du règne de
Louis-Philippe et la seconde République (dernière limite 1850).
§ !•'. — Inspiration romantique. — Genres très divers. — Orne-
mentation dans le style pseudo-gothique. — Genre dit trouba-
dour. — Style pseudo-renaissance, inspiré des travaux de Chena-
vard.
§ 2, — Style pseudo-régence (1840 à 1850).
CLASSIFICATION DES PIÈCES.
FABRIQUES DE LIMOGES.
Première époque. — Période comprise entre Torigine de la
ESSAI DE GtASSlFlCATION DBS ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. 163
fabrication à Limoges et la réorganisation de la fabrique Massié,
devenue manufacture royale (1771 à 1784) (1).
§ 1". — Pièces d'essai. — Pièces en blanc, — Figurines en biscuit,
genres divers. — Pièces ne portant pas de marques et supposées
antérieures à l'époque où la fabrique a été placée sous la protection
du comte d'Artois.
Il ne peut être question de faire ici Thistoire des fabriques
limousines, mais, pour la clarté de cette étude, il a semblé indis-
pensable de présenter aux lecteurs quelques indications histori-
ques au sujet des diverses manufactures dont il s*agit de classer
ici les produits conservés au Musée céramique.
Je placerai les détails sur chaque fabrique, très succinctement
exprimés, mais aussi complets qu'il m'aura été possible de les
recueillir, en tête de la liste des pièces qui pourront lui être
attribuées.
Fabrique Massié. — En 1737, M. Massié ou Massier fonda, à
Umoges, une fabrique de faïence, d'où il est sorti des pièces impor-
tantes, si nous en jugeons parles trois spécimens qui nous restent.
En 1771, Massié, s'associant avec MM. Greilet et Fournérat,
transforme sa faïencerie en fabrique de porcelaine, dont les pro-
duits, (c pour la blancheur, la transparence, la solidité et la bonté
ne le cèdent en rien à ceux de l'ancien Japon », lisons-nous
dansle Calendrier ecclésiastique de 1772 (imprimé en 1771). Le
même recueil nous apprend que « c'est le sieur Fournérat qui a
procuré la connaissance et la combinaison des différentes terres
nécessaires à cette opération (la fabrication de la porcelaine) et
c'est aux soins de M. Turgot, intendant de cette généralité, que
cet établissement doit sa naissance. La protection qu'il lui accorde
laisse tout à espérer de ses succès, puisqu'il en sort déjà des piè-
ces magnifiques en tous genres. Un semblable établissement est
d'autant plus avantageux pour la province qu'outre le nombre
de bras qui y sont employés on tire bon parti des terres dont les
environs de Limoges sont abondamment pourvus ».
D'autre part, dans un travail iotéressant, lu en 1879 par
M. Taillebois, à la Sorbonne, nous trouvons le passage suivant (2) :
(1) L'histoire de la première fabrique de Limoges est ici scindée. Cha-
cune de ses phases est racontée à sa pince, c'est-à-dire en lête de la no-
menclature des pièces qui lui appartiennent.
{9)LaSociété ^agriculture du Limousin de i 763 à /79/...— Brive, 1879,
in-8«.
tC4 . SOCIÉTÉ AaCHÉOLOGIQVB ET BI8T0RIQUB DU LlHOUMN.
«... Si le registre des procès- verbaux de la section de Limoges
existe encore, oa pourra se rendre compte de la part considéra-
ble qu'elle (la Société d'agriculture) dut prendre à la création de
la fabrication de la porcelaine, « déjà prospère», écrit en 1771
M. de PEpine, le secrétaire du HauL-Limousin, qui invite ses
collègues de Brive « à rechercher le kaolin de Saint-Yrieix, qui
doit certainement exister dans leurs envii-ons. » Une cafetière
blanche allant au feu et un moutardier décoré, expédiés à Brive
comme échantillons de la nouvelle fabrication, excitèrent l'en-
thousiasme. Mais l'art de la peinture sur porcelaine avait encore
des progrès à faire, « car le moutardier, touché avec des doigts
» humides, abandonna toutes ses couleurs ».
Au point de vue de cette étude, les deux citations que l'on
vient de lire, lesquelles se corroborent parfaitement entre elles,
contiennent des faifs très intéressants : nous y voyons que, dès
ses débuts, la fabrication de la porcelaine obtient à Limoges un
succès complet. Fournérat, qui probablement était un habile
porcelainier, parait n'avoir eu besoin d'aucuns tâtonnements
pour obtenir des résultats excellents. D'après les témoignages
que l'on vient de lire, témoignages qui ont une véritable valeur,
dès la première année de son fonctionnement, la fabrique de
Limoges produisit des pièces dont « la blancheur, la transparence,
la bonté et la solidité » sont constatées par les auteurs du Calen-
drier {\) en termes exprès; d'autre part, nous voyons que les
objets envoyés à Brive excitèrent Tadmiration des membres de la
Société d'agriculture de cette ville.
Le Calendrier nous apprend encore qu'il sort de la fabrique de
Limoges « des pièces magnifiques dans tous les genres ». Ceci
nous autorise bien évidemment à penser que les associés ne se
bornaient pas à produire des pièces usuelles et il n'est pas inter-
dit de croire que de l'usine Massié il est sorti des vases impor-
tants et de gracieuses figurines en biscuits.
Mais si, dès la première année, la fabrication du blanc à
Limoges ne laissait rien à désirer, il n'en était pas de même de
la décoration. IjO Calendrier vante bien la blancheur et la trans-
parence de la nouvelle porcelaine, il est muet sur ses qualités
décoratives. Et lorsqu'il parle de Fournérat, il nous le présente
comme sachant composer les pâtes;' quant à la composition des
couleurs, il n'en est pas question. •
La seconde citation est encore plus caractéristique. Ce mou-
(1) L*article du Calendrier cité n'a pas le caractère d*une annonce ou
d'une réclame. On serait tenté d*y voir une communication officielle.
ESSAI DB CLASSIFICATION DES ANCIBICNRS POBCBLAIRBS DK LIVOGKSc 465
lardier, qai, « touché par des doigis humides, abandonne tontes
ses couleurs », nous est une preuve que, à la fabrique de Massié,
on ne savait pas décorer la porcelaine au moyen des couleurs
vitrifiables.
Nous verrons bientôt que les plus anciennes porcelaines sor-
ties de la fabrique dite du comte d'Artois, qui succéda à la fabri-
que Massié, sont complètement blanches ou relevées simplement
de quelques filels d'or. Après 1774 (époque où la fabrique de
Limoges fut mise sous la protection du comte d'Artois), on ne
savait encore y fabriquer que le blanc : à plus forte raison devait-il
en être ainsi pendant la période antérieure. C'est, eu efiet, ce que
rétude de l'histoire de la fabrique Massié permet de constater.
Il est donc à peu près certain que nous ne rencontrerons
jamais de pièces décorées appartenant à la première période do
la fabrication limousine; les blancs qui datent de cette époqne
ou qui peuvent lui être attribuées sont rares. Voici la nomencla-
ture de ceux que j'ai cru reconnaître au Musée :
1» Médaillon circulaire portant à sa partie supérieure un trou
de suspension. D'un côté, les armes de Turgot, dans un écusson
en forme de cuir, surmontées de la couronne comtale et accostées
de deux licornes. Inscription placée circulairement auprès du
bord : A. R. J. Turgot, intendant de Limo&bs. Les deux ext!^-
mités de l'inscription sont séparées par un petit vase dont les
formes rappellent celles de nos théières en métal. Revers, au
centre, l'inscription : Premières porgblaimbs du Limousin; au-
dessous : un vase bas sur pied accompagné d'une guirlande de
feuilles, puis la date : MDCCL.XXC. Le champ où se trouve
l'inscription ci-dessus est entouré d'un ruban portant quatre
nœuds. £n haut, près du trou de suspension, une couronne
comtale. En bas^ la signature : Troy fegit.
Biscuit. Pâte tj*ès légèrement bise* — Bonne fabrication.
Dimension, 8 c.
Don de M. François Alluaud.
Quel est ce Troy qui signe cette pièce si intéressante à tant
d^égards? 11 est assez difficile de le dire. Ce qui est certain, c'est
que Tauteur du médaillon n'est point de Limoges, où son nom est
absolument inconnu. Nous savons seulement qu'un peintre
nommé Troy et qui peut-être se rattachait à la famille bien con-
aue des De Troy, peignit, en 1774, un portrait de Turgot» qui fut
gravé par Le Brun. Ce portrait a été reproduit en tête de l'opus-
.cule de M. Taillebois, cité plus hauU
Le médaillon dont il vient d'être quosliott est d*uu biscuit très
166 SOCIÉtA AftCBÊOLOGIQUB ET HISTORIQUE OU UHOUflllI.
flti de grain ; la pftle, qui présenta uae teinte jaunâtre extrême-
ment légère, a du être très plastique : tous les détails décorati&,
imprimés par moulage sur chacune de ses faces, sont bien dis-
tincts, quoique d'un très faible relief; les ornements loin de pré-
senter aucune sécheresse, s^estompent, au contraire, en quelque
sorte, avec le fonds ; le métal le plus malléable n'aurait pu don-
ner des résultats meilleurs au point de vue de la souplesse de
l'exécution (!)•
Le Musée possède un groupe et quatre petites figures d'une
époque ancienne et qui, par leur style, appartiennent bien évi-
demment à la période du règne de Louis XVl. Ces pièces ne
portent aucune marque. U ne serait pas déraisonnable de les
faire remonter jusqu'à Torigine de la fabrication limousine,
mais le biscuit est tout à fait différent de celui du médaillon.
Or, comme, au commencement de Texploitation de Massié,
Grellet et Fournérat, une seule carrière était connue, il parait
probable que tous les biscuits produits pendant cette période
devaient être identiques, ou tout au moins très voisins, sous le
rapport des qualités de la p&te, bien que, cependant, Fournérat
ait pu modifier ses compositions.
En résumé, il n'est pas impossible que les figurines en ques*
tion sortent des fours de Massié, mais les différences d'aspect
qu'elles présentent avec une pièce authentique, différences que je
viens d'indiquer sommairement, ne m*ontpas paru autoriser une
attribution qu'aucun indice certain ne vient d'ailleurs con-
firmer.
2^ Vase de pharmacie. — Porcelaine blanche.
< Hauteur 60 c.
Don de M. Du Boys.
Ce vase est sur un piédouche placé sur une base carrée ; le corps
cylindrique est rattaché au piédouche par une calotte en section
de sphère ; l'ouverture est plus étroite que le diamètre du corps
du vase et cette différence de largeur est amenée par une mou-
lure en forme de gorge. Des moulures eu baguette ou boudins
(4) Cette exécution très libre, très facile, mais pleine de saveur, rap-
pelle absolument celle des monnaies et des médailles de Tépoque ; peut-
on inférer de Taspect très particulier du médaillon dont nous nous
occupons, que le moule en a été exécuté par un artiste de la Monnaie de
Limoges sur les dessins du peintre Troy, qui .un peu plus tard devait «
peindre le portrait de Turgot?
ESSAI BB CLASSIFICATION DBS ANaBNNES PORGBLAINBS BB UVOGBS. 1(^7
très légers se trouvent aux extrémités de la panse cylindrique.
Des tdtes de satyres barbus remplacent les anses.
Cette pièce n'a aucune marque.
La composition des formes de ce vase appartient bien à Tart
de répoque de Louis XVI; on y remarque même quelques rémi-
niscences de Tart antérieur ; il n'est pas possible de le classer
parmi les productions sorties de la fabrique de Limoges après sa
réorganisation, en 1784, car le style dans lequel il est conçu le
sépare absolument des pièces qui peuvent raisonnablement être
attribuées à la manufacture royale; d'autre part, il n'est pas pos-
sible non plus d'y voir un produit de la fabrique dite du comte
d'Artois, car notre vase ne se rattache à aucun des genres suc-
cessivement adoptés par les artistes de cette fabrique dont la pro-
duction paraît avoir eu une grande homogénéité. D'ailleurs, la
pièce en question ne porte aucune marque, et la marque était si
usitée à Limoges de 1774 à 1784, qu'il serait bien surprenant
qu'une pièce importante par sa grandeur et le soin qui a présidé
à l'établissement de son modèle y ait échappé. Mais, rien ne
s'oppose à ce que le vase qui nous occupe soit sorti des fours
de Massié. A l'appui de cette hypothèse, je rappellerai que les
faïenciers de l'époque ont produit des pièces analogues ou très
voisines. On peut admettre que la pièce dont nous nous occu-
pons est la reproduction en porcelaine d'un modèle exécuté
d'abord en faïence par Massié.
Quoiqu'il en soit, on ne voit pas à quelle fabrique autre que
celle de Limoges on pdurrait attribuer le vase du Musée; il ne
faut pas songer à prononcer le nom de Sèvres : le façonnage ra-
pide, on pourrait même dire un peu grossier, de la pièce en ques-
tion le défend absolument; son style indique une date très
voisine de celle de la découverte des gisements kaoliniques de
Saint-Yrieix, et aucune autre fabrique en France ne produisait
alors régulièrement de la porcelaine dure; or il serait difficile de
voir dans notre vase une pièce d'essai.
D'aiUeurs le vase du Musée a été trouvé dans notre ville
(pharmacie Du Boys), et il n*y a aucune raison à l'enlever à
notre fabrique.
3« Soupière ronde avec couvercle. — Porcelaine blanche.
Hauteur 22 c, diamètre 24 c.
Don de M. de Chabacque.
Cette pièce rappelle, par l'élégance de ses formes, certaines
,80upièi*es sorties de nos fabriques méridionales; elle est portée
îBur trois pieds; ces pieds ainsi que les anses sont recouverts de
16S SOCIÉTÉ ÂRCHÉOLOOIQUI ET HfSlOBIQUB BU LIKOQSIEI.
feuilles ornemeDkalefl fîaement détaillées; sur le couvercle, se
trouvent divers légumes : poireaux, céleris, choux-fleurs (for-
mant bouton).
Le Musée possède une pièce analogue à cello dont nous nous
occupons; elle est décorée de bouquets jetés, avec quelques filets
e( quelques traits d'or sur les nervures des feuilles ; elle porte la
marque C. D. Le couvercle n'existe plus.
Bien qu'elles soient presque identiques, un examen attentif fait
remarquer certaines différences entre les pièces en question.
Dans rornementation en relief de la soupière blanche, le détail
est plus soigné, l'exécution est plus nerveuse, plus voulue.
La pièce marquée C. D est d'une fabrication bien supérieure à
sa congénère; cette dernière est recouverte d'un émail fumé,
grippé, etc., mais la pièce à la marque C. D présentant une atté-
nuation d'énergie dans les parties où se remarquent dos crue*
ments en relief, il est à croira qu'elle est moins ancienne;
cependant ce n'est pas sans une certaine hésitation que je pro-
pose d'attribuer à la fabrique Massié la soupière blanche avec
couvercle.
En résumé, les pièces provenant de la fabrique de Massié qui
nous restent encore paraissent être de la plus grande rareté;
peut-être certaines d'entre elles ont elles reçu, plus ou moins
postérieurement à leur fabrication, des décors qui les ont trans-
formées et en tous cas empêchent de les discerner maintenant,
puisque c'est parmi les pièces blanches que l'on est tenté de cher-
cher les premières porcelaines limousines.
D'autre part, lorsqu'on sut, à Limoges, dorer la porcelaine,
puis la décorer en couleur, on dédaigna probablement les pièces
restées en blanc qui, par suite, disparurent rapidement. Il ne
semble guère permis d'espérer aujourd'hui que de nouvelles
recherches nous fassent connaître un assez grand nombre de
pièces de la manufacture Massié, pour que nous arrivions à nous
faire une idée juste de ce qu'était la porcelaine limousine à l'ori-
gine de la fabrication. Peut-être, cependant, découvrira-l-on des
documents manuscrits ou imprimés qui éclaireront quelque peu
le sujet.
Fabriqub ditb du comtb d'Artois ÇsuiU de la fabrique Massié).
— On a vu plus haut que, grâce aux connaissances spéciales de
Fournérat, la fabrique de Limoges avait produit, dès ses débuts,
des porcelaines de bonne qualité. Ce succès se trouve confirmé
dans un document du plus haut intérêt et qui nous fournira plus
d'une indication utile. Voici, en eS'et, ce qu'on lit dans la partie
ISSSAl DK CLASSIt^ICAtlON DBS AKClRNNES PORCELAINES DB LIMOGES. 169
cousacrée à la raanufaclure de Limoges du Compte-rendu présenU
par Rolland à la Convention Nationale le 6 janvier (sic) de l'an II
de la République : « Les essais de ces deux matières (kaolia et
pétunzé) furent heureux et leur réputation s'étendit au point que,
dès 1774, il fut question de réunir à la manufacture de Sèves
(sic)j qui s'était bien trouvée de l'emploi des matières de Limoges,
une manufacture qui s'était formée dans cette ville sous les aus-
pices de Turgot. »
Jusqu'ici^ les publicistes qui s'étaient occupé, toujours inci-
demment^ de rhistoire de l'origine de la fabrication à Limoges
(Rodgier-Chatbnet, Statistique de la Haute-Vienne; Ravenez,
Aperçu statistique de l'Exposition de Limoges en 1858; Paul
DucouRTiEux, Limoges diaprés ses anciens plans), ont bien dit que
la fabrique Massié avait été acquise pour le roi en 1784, mais ils
n'ont pas connu les négociations dont parle le Compte-rendu et
qui remontent, comme on vient de le voir, à 1774.
Ainsi, après avoir, dès la première année, réussi dans leur en-
treprise et d'une manière qui devait leur paraître inespérée, les as-
sociés, quatre ans seulemen t après l'établissement de leur fabrique,
songent à s'en défaire en la vendant à la liste civile. Il y a là un
fait singulier, surtout si Ton se reporte à Tépoque où il s'est passé.
En effet, au.xviii' siècle, les personnes qui possédaient ou même
croyaient posséder « le secret de la porcelaine » s'en montraient
extrêmement jalouses, parce qu'elles le considéraient comme un
moyen de fortune assuré, et l'histoire de la céramique nous mon-
tre les premiers fabricants de porcelaine luttant énergiquement
contre les mesures restrictives prises par l'Etat et repoussant
parfois les propositions que Massié, Fournerat et les Grellet sol-
licitaient au contraire.
Il y a lieu de croire que M. Ravenez, lorsqu'il a publié la bro-
chure citée plus haut, avait pris des renseignements auprès de
M. François Alluaud, tout au moins pour ce qui concernait l'in-
dustrie de la porcelaine. Cette circonstance, qui ne me paraît pas
douteuse, donne certainement de l'autorité à l'opuscule en
question.
Dans Y Aperçu historique qui se trouve en tête du travail de
M. Ravenez, nous lisons le passage suivant, inspiré probable-
ment par M. Alluaud, fortau courant de la question : «On a eu trop
souvent à constater dans les annales de l'industrie que les hom-
mes d'initiative, qui ont fait faire un pas à la science, n'ont acquis
leurs succès qu'au prix des plus grands sacrifices. Après dix ans
de recherches et d'essais, MM. Grellet furent obligés de solliciter
Tappui du roi. Leur demande fut entendue. M. le comte d'Anger-
T. xxxvn. i%
ItO SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE IST HlSTOMQUft DU LIMOUSIN.
villers, alora ialendaut de la liste civile, comprit que le trésor
royal pouvait seul fournir les fonds qu'il était nécessaire de sacri-
fier à Tôtude de cette nouvelle branche de Tart céramique, et, en
1784, il se rendit acquéreur, au nom du roi, delà manufacture de
M. Grellet. d
C'étaient, on le voit, des embarras financiers qui obligèrent les
Grellet à vendre leur manufacture au roi; — peut-être cependant
y eut-il une autre raison, comme nous le verrons plus tard. —
Mais il semble que, au moment où se fit cette cession, la période
des essais devait êtro close, puisque la fabrique de Limoges pro-
duisait depuis plusieurs années ces belles porcelaines à la marque
G. D., dont quelques-unes sont vraiment remarquables; il est
possible, d'ailleurs, et je ne serais pas éloigné d'admettre cette
hypothèse pour des raisons que je donnerai plus loin, il est pos-
sible qu'après avoir fourni une carrière brillante, notre manufac-
ture se trouvait fort déchue en 1784.
Mais, tout ce que l'on vient de lire dans la citation ci-dessus
s'appliquerait parfaitement âla situation où devaient se trouver les
associés lorsque, en 1774, ils sollicitèrent, une première fois, Tin-
tervenlion de la liste civile. En réalité, les associés ne possé-
daient alors que la moitié du secret de la porcelaine : ils savaient
bien fabriquer le blanc, mais, malgré leurs efiorts, ils ne réussis-
saient pas dans l'application de l'or et des couleurs. S'ils étaient
parvenus à produire des pièces dorées et décorées, il est probable
qu'ils eussent trouvé les fonds nécessaires à leur entreprise.
Quoiqu'il en soit, les négociations avec la liste civile ayant
échoué, les associés réussirent à obtenir la protection du comte
d'Artois dans l'apanage duquel se trouvait notre province. Il est
probable que cette protection ne resta pas à l'état platonique et
que, au contraire, les associés reçurent des subventions, grâce
auxquelles ils purent compléter leur outillage et perfectionner
leur fabrication.
Toujours est-il que, au début de la période pendant laquelle
nos porcelaines sont caractérisées par la marque CD., la fabri-
que de Limoges continue à ne produire que des pièces en blanc.
Bientôt, ces pièces sont relevées par une discrète ornementation
dorée, puis enfin nous voyons la décoration polychrome jeter ses
gaîtés sur les beaux produits de notre manufacture.
Parmi les porcelaines décorées appartenant au groupe à la
marque G. D. conservées au Musée céramique, on n'en rencontre
aucune qui puisse être considérée comme une pièce d'essai : elles
sont toutes bien réussies au point de vue de Tapplication* et de la
cuisson des couleurs, certaines ont seulement été peintes à l'aide
KSSAl 1» CLASSIFICATION DKS AlfCltîNFfes POUCfeLAItCRS DR UttOGBS. 174
d'une palolle moins complète que les autres. 11 paraît donc
probable que l'art de la peinture sur porcelaine fut introduit
à notre manafacture par un artiste possédant tous les petits se-
crets du métier; mais quel fut cet artiste? voici ce qu'il est
encore impossible de dire.
Dans l'opuscule cité déjà, M. Bavenez dit, sans doute d'après
les souvenirs de M. Alluaud, que, lors de la réorganisation par
Darcet de la manufacture de Limoges devenue nationale, un
praticien nommé Cloostcrmann, venu de Paris avec d'autres ou-
vriers ou artistes, fut chargé de la composition des couleurs.
Hais on ne remarque pas que les pièces d'origine postérieure à la
réorganisation soient décorées avec des couleurs plus belles ou
plus nombreuses que celles qui portent la marque C. D.; tout
au contraire, ces dernières sont peut-être supérieures sous ce
rapport. L'intervention de Cloostermann ne se reconnaît donc pas
sur les porcelaines que l'on peut raisonnablement attribuer à la
Manufacture Royale et l'esprit du chercheur serait plus satisfait
si l'on pouvait admettre qu'il y a eu confusion dans les souvenirs
dent s'est inspiré M. Ravenez. En reculant, eu effet, de quelques
années l'arrivée de Cloostermann à Limoges, on pourrait attri-
buer à cet artiste l'introduction de la décoration en couleurs à la
manufacture de Limoges (1).
D'ailleurs, la question qui nous occupe en ce moment n'est pas
insoluble et on peut espérer qu'il sera possible de retrouver un
jour le nom de Tartiste ou du savant auquel la manufacture de
lÀmoges a dû la connaissance de Tart de décorer la porcelaine.
Quoiqu'il en soit, si nous éludions les produits de la fabrique
dite du comte d'Artois, conservés au Musée, nous remarquerons
d'abord que, à part un petit nombre de pièces exceptionnelles en
quelque sorte, l'ensemble de cette production est très homogène,
la composition des formes, la décoration, etc., sont inspirées par
les mêmes principes, basées sur les mêmes données.
Au sujet de la décoration, quelques observations me semblent
nécessaires.
Un problème se pose tout d'abord : certaines pièces se présen-
lent sans autre décoration que quelques très discrets ornements
en or et rappellent ainsi une classe de faïences, assez rares, qui
se fabriquaient vers la même époque à Marseille ; on admet-
trait volontiers que les pièces en question doivent prendre place,
dans une classification des anciennes porcelaines de Limoges,
(4) Dans la Statistique du département delà Haute-Vienne, on trouve,
sar Cloostermann, les mêmes détails que ceux donnés par M. Ravenez,
179 SOCIÂTÉ ABCHÀOLOGIQUB RT DISTORIQUE bO LIMOUSIN.
immédiate ment après les pièces absolument blanches qui ne les
précédèrent probablement que de bien peu ; mais, on trouve une
autre catégorie de pièces ornées de bouquets jetés peints à l'aide
de deux couleurs seulement, employées minces ou épaisses : le
rouge de fer et le vert de cuivre, l'or n'intervient pas et les bords
couverts sont en rouge de fer. On serait tenté de croire que les
décorateurs qui ont orné ces pièces ne connaissaient pas le secret
de la dorure, car leurs ressources décoratives étaient si restreintes
qu'il paraîtrait surprenant que, le. pouvant, ils n'aient pas
songé à ajouter l'or aux deux seules couleurs qu'ils possédaient,
et cependant la composition décorative des porcelaines en ques-
tion les rattachent très directement à d'autres pièces peintes à
l'aide de la palette complète des artistes de la fabrique du comte
d'Artois. A certains caractères, on croit reconnaître que les pièces
peintes avec la palette restreinte sont plus réussies que les
pièces dorées. Mais alors pourquoi l'or n'a-t-il pas été employé à
Tornementation des premières? Peut-être trouverait-on l'expli-
cation d'une telle singularité dans quelque disposition oubliée
d'une des innombrables réglementations qui vinrent alors en-
traver l'expansion de l'industrie porcelainière (l).
Le caractère des décors, l'espèce des fleurs qui les constituent
peuvent fournir quelques indications pour le classement des
pièces. Il faut remarquer que certains décors très compliqués,
comportant une assez grande variété de fleurs, sont plus anciens
que d'autres, plus simples cependant. En général, c'est surtout
l'exécution du décor qui peut mettre sur la voie d'une attribution
de date. La facture est, sur les pièces les plus anciennes, large,
simple et habile; à mesure que Ton se rapproche de 1784 elle
devient plus précieuse, mais aussi plus froide.
(I) L'arrêt du 46 mai 1784 confirmant les privilèges de la fabrique de
Sèvres, rappelle dans son premier paragraphe que l'arrêt du 45 février
1766 donne à la Manufacture Royale u le privilège exclusif de peindre
en toutes couleurs, dorer et incruster en or les ouvrages par elle fabri-
qués ». Mais on lit dans le même document a que cependant les restric-
tions portées par les dits arrêts n'ont point été entièrement exécu-
tés, quelques-unes de ces manufactures ayant obtenu des permissions
particulières de décorer leurs ouvrages en or et en toutes couleurs; que
môme toutes celles qui se sont établies successivement se sont prévalu
de cette tolérance, etc. »
ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. HS
g 2. — Inspirations des pièces de Chantilly, librement imitées des
pièces dites coréennes. — Imitation de la porcelaine de Saxe. —
Formes dites Louis XV ou rocaille. — Pièces en blanc. — Pièces
légèrement relevées d*or, décoration polychrome en bouquets jetés,
marque C. D. en creux ou en couleurs et en creux et en couleurs (1).
4** Saucière avec plateau adbéreat, porcelaine blanche.
Hauteur, 10 c.
Marque C. D., gravés, caractères cursifs (2).
Don de M. Bardy.
Le corps de la saucière affecte la forme obconique sur un plan
oval formé alternativement par des sections de cercles et des
bandes. La composition de formes est évidemment inspirée par
certains modèles de la fabrique de Chantilly, imitant, mais libre-
ment, les porcelaines coréennes. La pièce dont nous nous occu-
pons est fort jolie, bien qu un peu fumée.
5* Corbeille ovale et à anses, fond plat, décoration en relief
imitant la vannerie.
Hauteur 7 1/2 c; longueur, 25 c; largeur, 16 c.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs.
Don de M. Bardy.
6» Plateau rectangulaire, bords festonnés, porcelaine blanche.
liOngueur, 23 c; largeur, 23 c.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs.
Don de M. Bardy.
Les coins de cette pièce sont arrondis et les bords en sont dé-
coupés, de manière à former, au milieu de chacun de ses côtés,
une sorte d'accolade dont la pointe est tournée en dedans
7*» Crémier forme rocaille, porté sur trois pieds, bords découpés,
porcelaine blanche.
Hauteur, 10 c.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs (sous un des pieds).
Don de M. Freyssengeas.
(1) Pour ne pas interrompre la suite des pièces de la fabrique de
Limoges, les fabriques des autres localités ont été placées à la suite, bien
que certaines pièces sorties de la Seynie eussent dû prendre rang dans la
catégorie § «•.
(i) Voir à la fin de ce travail le tableau des marques trouvées sur les
anciennes porcelaines de Limoges qui font partie du Musée Céramique.
474 iOCIKTÉ A^KCB&CLOGIQUK Et BISTORIQUB DU LlllOV9m«
80 Plateau rectangulaire, bords festonnés; porcelaine blanche;
filet or.
Longueur, 17 c.; largeur, 24 c.
Marque C. D., gravôs, caractères cnraifs.
Cette pièce est analogue à la pièce n"* 6, mais les accolades ont
leur pointe en dehors. La forme de ces deux plateaux a été 1res
rarement employée; aucune pièce du Musée ne se rapproche de
ces deux plateaux.
8*» (bis) Trois crémiers forme rocaille, couvercle orné d'un
petit fruit accompagné de quelques feuilles formant bouton; por-
celaine blanche, filets or; le boulon et les feuilles sont dorés.
Hauteur, 9 c.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs.
Ces trois crémiers ainsi que le plateau précédemment décrit
ont été ofiFerts par M°"« Baju.
Le plateau et les crémiers font partie du même service.
9» Petit sucrier, forme droite s'arrondissantà la partie infé-
rieure. Couvercle orné d'un petit fruit formant bouton, porce-
laine blanche, filet or; le bouton et les feuilles sont dorés.
Hauteur, 12 c.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs. Marque de Sèvres en
bleu.
Don de M. Dubouché.
Il est assurément singulier de voir les deux L de Sèvres
figurer à côté de la marque C. D. La seule explication que Ton
trouve à un fait aussi ins(>lite est que cette pièce fabriquée à
Limoges a été dorée à Sèvres (i). Si quelque indice venait per-
metti*ede croire que les quelques pièces de porcelaine simplement
ornées de quelques filets d'or ont reçu cette décoration à Sèvres,
certaines difficultés disparaîtraient. Par exemple, on n'aurait plus
à se demander pourquoi certaines pièces décorées en rouge et
vert n'ont pas été dorées, et pourquoi aussi les pièces dorées n'ont
jamaisété ornées d'un supplément de décoration aux deuxcouleurs.
10^ Cafetière sans pieds, forme rocaille, anse en S à ressaut.
Couvercle orné d'un fruit accompagné de quelques feuilles
formant bouton; porcelaine blanche, bord festonné autour du col
et contouruant l'attache du bec ; fruit et feuilles, etc., dorés.
(1) Mais la marque de Sèvres étant au bleu grand feu a éié appliquée
avant la dorure.
ESSAI DB CLASSIFICATION DBS ANCIENNES PORCELAINES DR LIMOGES. 175
Hautear, 20 g.
Marquée. D., gravés.
Don de M. Dubouché.
11« Cafetière portée sur trois pieds, forme rocaille. Anse à
ressaut. Couvercle oraé d'ua petit fruit accompagné de quelques
feuilles formant bouton; porcelaine blanche; bord festonné autour
du col et contournant Taltache du bec, fruits et feuilles, etc.,
dorés.
Hauteur, 16 c.
Marque G. D.
Don de M. Dubouché.
i2* Théière (bec à demi-couvert), forme rocaille très simple sf?
rapprochant de celle des pots-à-eau ordinaires. Anse en S sans res-
saut. Celte pièce, sans pieds, est légèrement godronnée. Cou-
vercle orné d'un petit fruit accompagné de quelques feuilles.
Bords festonnés, les festons contournent l'attache du bec; fruits
et feuilles, etc., dorés.
Hauteur, 20 c.
Marque C. D., gravés, caractères cursifs.
Don de M. Dubouché.
i3o Soucoupe forme obconique. La décoration, constituée par
de légères fleurettes jetées, est exécutée à l'aide de deux couleurs
seulement : rouge de fer et vert de cuivre. Bord couvert rouge
de fer.
Hauteur, 14 c. ; largeur, 4 c.
Marque G. D., gravés.
Don de M. A. Guillemot. »
14* Petite écuelle à deux anses. Couvercle orné d'un petit fruit,
accompagné de quelques feuilles. La décoration de cette pièce
est constituée par des fleurs jetées, exécutées à l'aide de deux
couleurs : vert de cuivre et rouge de fer, teintes nuancées. Sur le
vase, des roses, probablement traitées avec une mauvaise cou-
leur tirant sur le pourpre, ont presque absolument disparu. Les
roses qui se trouvent sur le couvercle sont en rouge de fer. Peut-
êlre le couvercle n'est-il pas celui de la pièce?
Hauteur, 5 c. ; largeur, i 1 c.
Sans marque.
Don de M. Audoin, ancien maire de Limoges.
176 ÔOClÉTé ARCHÉOLOGIQUK ET HISTORIQUE DU LIMOOSlM.
t5<» Soucoupe forme obconique (analogue au n» 13). La déco-
ratioïi, constiiuée par de légères fleurettes jetées (tulipes, mar-
guerites, chèvrefeuille), ne comporte que trois couleurs : violet
d'or, rouge de fer, vert de cuivre. Bord couvert rouge de fer.
Largeur, 4 c; hauteur, 4 c.
Sans marque.
Don de M. Alhert Guillemot.
16* Soucoupe (même forme que la précédente). La décoration,
constituée par des fleurettes jetées (roses, marguerites, chèvre-
feuille), ne comporte que les trois couleurs indiquées à la pièce
précédente.
Hauteur, 4 c; largeur, 4 c.
Marque. Peut-être la marque C. D., en creux et en caractères
cursifs, mais assez peu distincte.
Don de M. Albert Guillemot.
D*après une note manuscrite, M. A. Guillemot pensait que ces
deux pièces provenaient de la fabrique Massié et étaient anté-
rieures à la protection du comte d'Artois. Rien ne vient confir-
mer cette indication qui ne paraît avoir été basée sur aucune
donnée positive.
17» Tasse (forme de la tasse à thé) droite, s'arrondissant à la
partie postérieure ; anse en S, sans ressaut. La décoration, cons-
tituée par des bouquets jetés, a été exécutée à Taide de la palette
complète des artistes de la manufacture de Limoges, c'est-à-dire
le bleu, le rouge, le vert, le violet et le jaune. L'anse est décorée
eu violet par de légers ornements, semblables à ceux des faïences
de la même époque.
Hauteur, 6 c; largeur, 7 c.
Marque C. D., en caractères cursifs. Deuxième marque en vio-
let, caractères romains.
Don de M. A. Guillemot.
18^ Cachepot. Forme en cylindre droit, s'arrondissant à la
partie inférieure. Anses ornées de feuilles ornementales. lia dé-
coration, en bouquets jetés composés de fleurs très variées d'es-
pèces : chèvrefeuille, œillets panachés, roses, etc. ; palette
complète. Or en bordure festonnée, nervures sur les anses. Dans
cette pièce, le caractère des formes et de la décoration appartien-
nent bien au xvm^ siècle et accusent très nettement l'imitation
de la porcelaine de Saxe. Une des meilleures parmi les poicelui-
nes de même provenance.
ESSAI DB CLASSlFltiATlOiN DBS ANCIENNES PORCELAINES OB LnO«Bft. i77
Hauteur, 15c.; largeur, 16.
Marque C. D., gravés ; G. D., peiuts, caractères romains.
Don de M. Bardy.
19* Grande assiette. Forme argenterie. Décoration bouquets.
Palette complète. Or en bord festonné et en filets. Belle exé-
cution.
Largeur, 27 c.
Marque G. D., gravés, caractères cursifs; G. D., peints, carac-
tères romains.
Don de M. Dubouché.
Collection Gasnault, n* 1665. Petit sucrier à couvercle à bouton
formé d'une pomme en relief. Décor, palmes en or formant rin-
ceaux, auxquelles sont suspendues des fleurs peintes en poly-
chrome. Sur la face antérieure, dans un médaillon ovale, des
armoiries. Marque C. D. , en couleur (1).
Hauteur, 5 c. ; diamètre, 8 c.
20^ Gafetière ou théière. Forme rocaille très simple, manche
en bois. Décor, bouquets jetés, toute la palette a été employée.
Dorure, bords festonnés contournant l'attache du bec, filets.
Hauteur, 15 c.
Marque G. D.
Don de M. Eugène de Gheygurat.
21^ Gafetière. Forme presque identique à celle de la pièce
précédente, mais la décoration semble moins ancienne de quel-
ques années.
Hauteur, 20 c.
Marque C. D., peinte en rouge.
Don de M. Dubouché.
22^ Écuelle à anses. Forme rocaille très simple (identique aux
formes des pièces n*"27* etSO*'). Décoration, bouquets jetés, toute
la palette a été utilisée. Dorure en bord festonné, filets et rehauts
sur les anses.
Hauteur, 8 c. ; largeur, 14 c.
Marque G. D.
Don de M.Félix.
23<* Assiette. Bords festonnés, forme identique à cellejsi usitée
(1) La description sommaire de cette pièce est emprantée au catalogue
de la collection Gasnault.
f78 tOCIÊTÊ ÂWmÈOhOQlQVm BT BISTOHIQUB »U MII0U6IN*
à Nevers. Décoration en bouquets jetés, toute la palette a été
employée.
Largeur, îJ2 c.
Marque G. D., gravés, et G. D., peints, caractères cursifs.
Don de M. Dubouché.
24o Assiette. Forme identique à celle de la pièce précédente.
La décoration est un peu différente; on y remarque parûii lés
couleurs employées un rose très ûu et un beau violet.
Largeur, 22 C.
Marque C. D., gravés, et G. D., peints en brun (le D est effacé).
Don de M. Dubouché.
25*" Assiette à soupe. Forme ronde; décor; bouquets! Jôfés,
toute la palette a été employée. Dorure en bord festonné, contre-
filet bleu. Dans la décoration, ou remarque des fleurs (belles de
nuit?) exécutées de pratique dans la manière des décorateur^ de
Strasbourg. Des fieurs analogues se voient sur plusieurs autfe^
pièces déjà décrites, notamment sur la cafetière.
Largeur, 23 c.
Marque G.D., gravés, caractères cursifs, G. D., peints en rouge,
caractères romains.
Don de M. Alfred de Gheygurat.
26* Soupière analogue pour la forme à la pièce n" 3* (le cou-
vercle manque). Décor, bouquets jetés, toute la palette a été
utilisée. L'exécution, plus sèche que celle des pièces précédentes,
semble indiquer une époque plus moderne, mais de quelques
années seulement. Dorure, en bord festonné, filets et reliants sur
les anses et les pieds.
Hauteur, 13 c. ; largeur, 24 c.
Marque G. D., peints en rouge, caractères romains.
Don de M"«Ferru.
S?** Ecuelle. Forme rocaille (identique à la pièce n» 22*>). Le
couvercle est orné d'une branche de céleri (?), formant anse ou
bouton. La décoration, en or seulement, est constituée par de
petits pseudo-chinois, dans des attitudes diverses, marchant sur
une guirlande dans le goût rocaille et portant sur leurs épaules
une autre guirlande plus simple. Le genre de ce décor, qui peut
en quelque sorte être assimilé au genre grotesque de Moustiers,
peut faire penser qull a été exécuté par uu ancien faïencier de la
fabrique Massié.
Hauteur, 8 c; largeur, 14 c.
Marque G. D., peints en rouge.
Don de M, A. Dubouché.
fcSSAI DB CUSSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES* 179
§ 3. — Genres de transilmi, — Tendances vers la régularisation des
formes. — Changement analogue dans le décor^ qui prend les
caractères de l'art de Vépoque de Louis XVL — Bouquets semés
régulièrement, etc.
28<* Assiette festonnée dans le genre adopté à Nevers (le blanc
de cette pièce est antérieur à la période dans laquelle son décor
l'a fait classer). Sur le marly, une guirlande dorée serpentant et
contrariant les circonvolutions d'une guirlande de feuilles vertes;
Des roses sont placées dans les compartiments formés par la ren-
contre des deux guirlandes ; — hachures et divers ornements en
or. Sur le fond, roses et fleurettes disposées en semis régulier. —
Toute la palette a été utilisée.
Largeur, 21 c. 1/2.
Marque C. D. (?) gravés, caractères cursifs, C. D., peints en
rouge, caractères romains.
Don de M. A. Dubouché,
Collection Jacquemart^ n** 508. — Grande théière cylindrique
à col rentrant. Bec en S. Bordure composée de filets d'or et
d'une guirlande circulanc autour d'un filet bleu. En haut du
corps, entre deux filets d'or, une guirlande de lauriers. Ad*
dessus, des arabesques et guirlandes en couleurs et or. Bouquets
semés sur le reste. Anse et bec à rehauts d'or (l).
Marque C. D., en rouge.
Hauteur, 123 millimètres.
29*Ecuelleet son assiette. Identique comme blanc aux pièces
n~ 22® el 27". Le décor, très particulier, est constitué par une
guirlande. Branches de vigne avec des grappes de raisin en vert
de cuivre et violet d'or. Ce décor est relativement récent.
Marque C. D., en creux, caractères cursifs, et en rouge de fer,
caractères romains.
Don de M. Dubouché.
(i4 suivre). Camille Leymarie.
(I] La description sommaire de cette pièce est empruntée au catalogue
de la collection Jacquemart.
MONOGRAPHIE
DE LA
COMMUNE DE GOMPREIGNAC
I.
Compreignac est aujourd'hui une commune du canton de Nantiat,
arrondissement de Bellac (Haute-Vienne). Il est aussi le chef-lieu
d'un doyenné ecclésiastique qui comprend les paroisses de Ber-
neuil, Breuil-au-Fa, Le Buis, Chamboret, Cieux, Compreignac,
Nantiat, Roussac, Saint-Symphorien, Thouron et Vaulry.
La superficie de la commune est de 4,690 hectares, peuplée de
2,245 habitants. Au siècle dernier le nombre des habitants était
beaucoup plus grand. Uabbé Nadaud nous dit dans son Fouillé
qu'on y comptait alors 2,380 communiants, chiffre fourni par le
curé de la paroisse ; et comme il faut ajouter environ un tiers pour
les enfants et les non communiants, on voit que la population totale
dépassait 3,000. Immédiatement après la Révolution, d'après la
Statistique de la Haute-Vienne, il n'y avait plus que 4,773 habitants.
L'observation des lieux confirme cette diminution, «ar dans la plu-
part des villages on trouve de nombreuses maisons restées sans
habitants et tombant en ruine, et dans les champs un grand nom-
bre de terres autrefois cultivées qui sont maintenant en friche.
Le nombre des habitants a augmenté ensuite régulièrement chaque
année jusqji'en 1860, époque à laquelle il atteignit 2,427; depuis
il n'a fait que diminuer.
Ses limites sont : au nord, les communes de Saint-Pardoux et de
Razès du canton de Bessines ; à l'est, celle de Saint-Sylvestre du
canton de Laurière; au sud, celles de Bonnat du canton d'Ambazac
et de Saint-Jouvent, canton de Nieul, et à l'ouest celles de Thouron
et de Saint-Symphorien du canton de Nantiat.
MONOtitlAPHtfe Dfc COllt>BKI6(VA(1. 48i
Aspect général du pays. — La commune de Gompreignac est
une des plus montagneuses du département. Les sommets, qui
s'élèvent jusqu'à 889 mètres à Beausoleil, sont généralement dé-
pourvus d'arbres, mais ils produisent du seigle partout où on les
cultive. Dans les vallons et le long des ruisseaux, on trouve des
paysages qui ne le cèdent en rien à ceux de la Suisse, pendant
que sur les hauteurs on jouit d'un immense panorama qui embrasse
les départements voisins.
Les points qui attirent surtout la vue dans ce vaste horizon, sont :
au sud, Limoges avec ses clochers et ses cheminées d'usine; au
sud-est, Saint-Léonard, dont le beau clocher semble dominer tout
le bassin de la Vienne ; au nord-ouest, Bellac, vers lequel court le
Vincou sortant de nos montagnes.
La vue s'étend au sud jusqu'aux montagnes du Périgord que do-
mine Gourbefy, à 555 mètres au-dessus du niveau de la mer; à
l'est elle s'enfonce dans la Creuse, que lui masquent un peu les
hauteurs de Grandmont et de Sauvagnac, pendant qu'elle se perd à
l'ouest dans les plaines de TAngoumois et du Poitou, derrière les
montagnes de Blond, élevées de 515 mètres.
Rivières. — Dans la commune de Gompreignac se trouvent les
points de séparation de deux bassins : la Couse et le Vincou sont
des affluents de la Gartempe, pendant que les ruisseaux qui des-
cendent des hauteurs de Montaigut et de Beausoleil se rendent
dans le Taurion et la Vienne.
La Couse, dont une des branches prend sa source près de
Sauvagnac, et l'autre à Grandmont, a un parcours de quarante
kilomètres. Elle est large en moyenne de cinq mètres et arrose le
nord de la commune de Gompreignac. Elle a son embouchure
dans la Gartempe, à six kilomètres au-dessous de Châteauponsac.
Elle est poissonneuse et renommée surtout pour ses truites.
Le Vincou, qui a sa source entre Saint-Sylvestre et Gompreignac,
est le principal affluent de la Gartempe dans notre département.
Sa longueur est de cinquante kilomètres. Il serpente à travers la
coDMnune de l'est à l'ouest, traversant les étangs de Margnac, de
Pontabrier et de La Rode. Dans son cours inférieur, il a une lar-
geur moyenne de quatorze mètres, et tombe dans la Gartempe un
peu au-delà de Bellac. Les poissons voyageurs, tels que la truite,
ne peuvent pas monter jusqu'à Gompreignac, son cours étant
barré par les chaussées des étangs.
Nature du sol. — Eléments qu'il fournit a l'industrie. — Tout
le sol de la commune est granitique. Sur les hauteurs, la roche
constitutive est à peine couverte d'une légère couche de terre
Iftf SOCIÉTÉ AIICBèOLO€1QCR ET niSTOElOO* DO LiMOOSiN.
végétale. On trouve des carrières de pierre de taille partout; mais
la pierre la plus estimée de toutes est celle du massif montagneux
qui s'étend à l'ouest du village de Faneix, sur là limite de la com-
mune de Saint-Sylvestre.
On trouve aussi le kaolin en plusieurs endroits dans la même
chaîne de montagnes, mais en petite quantité. Une carrière assez
puissante a été exploitée pendant plusieurs années au village de
Margnac; cette exploitation a cessé depuis plusieurs années.
Produits naturels pu sol. — Les montagnes les plus élevées sont
nues à leur sommet. Un peu plus bas on trouve le bouleau, le
chêne, le châtaignier, le cerisier et quelques rares touffes d*arbres
verts. On rencontre aussi quelques hêtres. Le long des ruisseaux
croissent le saule, l'aulne et un petit nombre de peupliers.
Le seigle est cultivé partout, ainsi que le blé noir et les raves.
On sème peu d'avoine et fort peu de froment. Le maïs et le trèfle
sont aussi cultivés comme fourrage. Il n'y a aucune grande exploi-
tation agricole, et la propriété est très morcelée. Aux siècles
passés, on cultivait la vigne sur quelques coteaux les mieux exposés,
mais on n'y en trouve plus aujourd'hui, et le nom seul de terre de
la vigne sous lequel sont encore désignées quelques terres est le
seul souvenir qui en reste.
Le botaniste peut y recueillir dans quelques étangs : Trapa natans,
L, et dans le bourg et ses environs Chrysanthetnum segetum, L.
Langage. — On parle généralement patois, mais tout le monde
comprend le français et même le parle avec les étrangers.
Mœurs. — On constate facilement que les doctrines politiques et
sociales répandues de nos jours, dans cette commune et dans le
voisinage, ont fait baisser le niveau de l'honnêteté publique, des
bonnes jnœurs et des pratiques religieuses. D'autre part, un grand
nombre d'hommes quittent le pays pour n'y faire que de rares et
courtes apparitions, abandonnant le soin de leur patrimoine et
de leur famille aux vieillards, aux femmes et aux enfants. Au lieu
du gain qu'ils vont chercher à Paris et dans d'autres grandes villes,
ils n'en rapportent souvent que les défauts et la corruption. Quant
à ceux qui n'émigrentpas, fort peu ou pas instruits de leurs devoirs
religieux, ils les négligent souvent pour se livrer à des pratiques
superstitieuses.
Cette émigration apporte assurément quelque argent dans le
pays, mais elle ne change en rien l'état d'infériorité dans lequel s'y
trouve l'agriculture. Si tous les hommes qui abandonnent la culture
des champs pour aller travailler dans les grandes villes employaient
leur force et leur intelligence dans le lieu où ils sont nés, on n'y
MONOGAA^mS DE COMMIEIGNAC. 1^3
verrait plus tant de terres incuites ou mal cultivées, tant de champs
susceptibles d'améliorations et n'en recevant aucune ; le travail et
les bonnes méthodes doubleraient le revenu des propriétés et pro-
cureraient à tout le pays un bien-être que l'émigration ne lui a
jamais donné.
On ne sait pas à quelle époque a commencé cette émigration.
Un texte positif nous la montre antérieure à 1585 : « Le naturel des
Français, dit Gabriel Chappuys, est fort soudain et actif, et cela est
cause que l'Espagnol et l'Italien sont bien aises de se servir d'hommes
Français, à cause de leur diligence et allégresse en tout ce qu'ils
font : et pour celte raison voit-on que tous les ans il en passe un
grand nombre en Espagne du pays d'Auvergne et du Limousin,
pour y faire les œuvres de mains que l'Espagnol ne saurait faire à
cause de la pesanteur de ses actions (1) ».
Un siècle plus tard, cette émigration annuelle en Espagne conti-
nuait toujours, car on remarque que le ministre Colbert, dans les
instructions qu'il donnait au marquis de Villars, ambassadeur en
Espagne, en 1679, mentionne cette émigration d'ouvriers et arti-
sans Limousins, et lui demande de prendre des mesures pour les
proléger.
On sait aussi que ce sont les maçons limousins qui furent appelés,
en 1627, pour construire la fameuse digue de La Rochelle.
Aujourd'hui, les émigrants ne vont plus en Espagne; ils se diri-
gent surtout vers Bordeaux et Paris. L'époque du plus grand essor
de l'émigration pour cette dernière ville a été de 1860 à 1870. C'est
à ce moment que les travaux entrepris pour l'embellissement de
Paris, par M. Haussmann, enlevèrent presque tous les bras valides
des campagnes.
Ck)MMERCE. — Le commerce de cette commune consiste dans la
vente des bestiaux, des grains et de la paille. Ses foires ont tou-
jours été considérables. Aux siècles passés, il y en avait une le
premier jeudi de chaque mois, et la foire royale du 12 novembre,
lendemain de la fête de saint Martin, patron de la paroisse. Cette
dernière, d'une grande importance, devait son origine, comme la
plupart des grandes foires du Limousin, aux réunions religieuses
qui avaient lieu à l'occasion des fêtes patronales.
Le terrier de Compreignac nous fait connaître ce que payaient
les aubergistes et marchands vendant à Compreignac en 1597.
« Un pot de vin sur chaque hopte vendant vin, au jour de Saint-
(I) L'Etat et description des Royaumes, par Gabriel Chappuys, Tou*
pangeau. — Paris, 459«1, in-folio, p. 2 verso.
Iè4 SOCtÉTÊ ARCHÉOLOGIQUE tT filStOBtQCIS DO LlHOUSltt.
Martin. Quatre deniers de péage sur chaque marchand, au jour
de Saint-Martin. »
A cette époque, outre les foires indiquées ci-dessus, Gompreignac
eut encore un marché qui se tint le mardi de chaque semaine, et
fit la fortune du pays : il n'a pas survécu à la Révolution. Il fut
établi par lettres patentes d'Henri IV, du mois de septembre
1597, que nous fait connaître l'acte suivant : « Martial de Gay,
seigneur de Nexon, Gondat et Gampagnes, conseiller du roi
notre sire, et lieutenant général en la sénéchaussée du Limousin
et siège présidial de Limoges, savoir faisons que aujourd'hui,
sous écrit, en l'audience royale de la sénéchaussée, par devant
nous ont comparus les scindics, manans et habitans du bourg et
paroisse de Gompreignac, par M. Ghristophe Vincendon, leur
procureur, assistant M* Pierre Martin, notaire royal dudit bourg,
lequel en présence du procureur du roi comparant par Gibot
et Des Goutures, avocat dudit sieur, nous a dit et remontré qu'il
aurait plu à Sa Majesté leur octroyer un chaque jour de mardi de
chaque semaine un marché public dans ledit bourg de Gomprei*
gnac, pour y être dorénavant perpétuellement et à toujours gardé,
observé et entretenu, que audit jour tous les marchands y puissent
aller, venir et séjourner, vendre et acheter toute sorte de bétail et
autres marchandises et qu'ils jouissent et usent de tous les droits
et privilèges, franchises et libertés qu'on a accoutumé de faire es
autres marchés du royaume comme a dit apparoir par lettres pa-
tentes de Sa dite Majesté à nous adressantes, données à Paris au
mois de septembre dernier, signées par le roi, à la relation du
(Conseil, de Viliontreix, et scellées du grand scel dudit sieur en cire
verte à double queue sur lac de soie verte et rouge, qu'il a commu-
niquées audit procureur du roi, nous requérant ordonner qu'elles
soient présentement lues et enregistrées au greffe de la présente
cour, afin que personne n'en prétende cause d'ignorance, d'ordon-
ner que les habitans dudit bourg et paroisse de Gompreignac
jouiront de l'effet des dites lettres suivant leur forme et teneur, et
leur permettra icelles faire publier par les cantons de la présente
ville et autres lieux circonvoisins dudit bourg. Ledit Gibot a dit
avoir vu les dites lettres patentes de Sa Majesté, obtenues par les
manans et habitants dudit bourg et paroisse de Gompreignac, par
lesquelles Sa Majesté a créé et établi à chacun mardi de chaque
semaine, un marché public audit bourg et n'avoir moyen pour
empescher qu'iceux habitans ne jouissent du vouloir et intention
que Sa dite Majesté leur a octroyé, et à ces tins que les dites pa-
tentes seront lues et enregistrées au greffe, afin que personne n*en
prétende cause d'ignorance. Par quoi nous avons baillé acte de 1^
MÔNOGRA>»inE DE COttPREIGNAC. iÈi
présentation des dites patentes et après que lecture a été faite
d'icelles par le commis greffier, ouï et requérant le procureur du
roi et sindics, manans et habitans dudit bourg et paroisse de Com-
preignac, concède acte et ordonne que iceux sindics, manans et
habitans dudit bourg et paroisse jouiront de Teffel des dites lettres
suivant leur forme et teneur et qu elles seront enregistrées au
fins que personne n'en prétende cause d'ignorance, et permis de
les faire publier où bon leur semblera. Fait à Limoges, par devant
BOUS lieutenant-général susdit, le 21* jour de janvier 1598.
Signé : Gay, lieutenant-général, et Guy, commis-greffier. »
Pendant la Révolution, ce marché disparut, ainsi que la grande
foire du 12 novembre. Au commencement du siècle, les foires
furent réglementées, comme l'indique la note suivante écrite par
le maire de la commune en 1818. « Tout le monde sait que les
foires de Compreignac, qui existent de temps immémorial, qui ont
élé et sont toujours très fréquentées, ont été maintenues et conser-
vées au 8 de chaque mois, tant par un décret du 2* complémentaire
an XII (19 septembre 1804) que par un décret ministériel du 13 dé-
cembre 180S. »
C'est toujours le 8 de chaque mois que ces foires ont lieu, et
attirent un grand nombre d'habitants et de marchands des com-
munes voisines.
Lorsqu'on 1867 le conseil municipal fut consulté sur les avan-
tages ou les inconvénients qu'il y aurait à autoriser de nouvelles
foires dans le voisinage, il répondit que cette autorisation « serait
plus nuisible qu'utile à l'agriculture qui manque déjà de bras ; que
cette multiplicité de foires est une grande perte de temps pour la
plupart des gens qui s'y rendent non pour des affaires commer-
ciales, mais plutôt pour se livrer à la débauche : y aurait-il une
foire tous les jours qu'ils s'y rendraient, ne faisant nul cas de leurs
travaux agricoles pour fréquenter les foires et les cabarets (1) ».
Le bourg est en outre abondamment pourvu de magasins d'épi-
cerie, quincaillerie, draperie, nouveautés, etc., pour l'approvision-
nement des campagnes.
Industrie. — L'industrie est à peu près nulle dans cette com-
mune. On ne peut signaler qu'une filature de laine, près de la
Couse et de la limite nord-est de la commune.
Institutions. — Compreignac possède un bureau de poste, une
étude de notaire, un percepteur qui a dans sa circonscription les
communes du Buis, Compreignac, Roussac, Saint-Symphorien et
(1) Conseil municipal de Compreignac, 16 juin 1867.
T. XXXVII. 13
186. SOaÉTÉ ABC«ÉO^OGI(UJE. ET HWtO^OÇ*. i>U LIMOUSIN.
Thouron, Il y a au bourg. des é.coles primaires .municipal^», pQur
les g^rçoi^s et. poiir. les. fines, et une école mixte au iVilULg€i<|e
Népoulas.
Une école libre et. un p.ensionjiat, tew^s par. les Soeurs de. la
Croix, ont été fond^,s en 1864, pour donner rinslructionW l'édu-
cation chrétiçnnes aux. jeunes fiUés, L,e, couvent a été bâti en 1872,
à peu près sur remplacement de Tancienne chapelle de S^nt*
Lépbon; il domine le bourg du côté du.levant.
Voies de communication, — Jusqu'en 1777, la route de Paris pas-
sait par Compreignac. Aussi trouve-t-on cette localité désignée
coramie lieu d'étape, dans des documents de 1688. Elle Télait
encore près d'un siècle après, comme le montre cette lettre de
Turgot, iiitendant du Limousin de 1762 à 1774 :
« A MM. les Syndics, à Compreignac,
» Les représentatj,ons qui ootété faites, M^essieurs, àM.« le duc.
de Choiseul sur le traitement par étape ,qui e^t accordé aux nwé-
chaux-des-logis, l'ont déterminé à prendre les ordres, du roypar
rapport ai^ rations de fourrage que ces hautes payes reçoivent, et il
me mande que jusqu'à ce qu il paraisse un nouveau, règleo^ent, les
maréchaux-des-logis recevront, comme par le passé.^ deux rations
de fourrage. Je vous fais part, Messieurs, de cette décision afin flMe
vous puissiez remplir les routes, que vous délivriez aux. élapiers la
quantité de rations qu'ils doivent délivrer aux maréchftUXTdej-
logis ; je vous prie de prévenir l'étapier de votre ville de cet arran-
gement afin qu'il puisse s'y conformer..
» Je suis très parfaitement, M,essieurs, vptre très humble et tr^s
obéissant serviteur.
»,T|jRi;pT,^ ».
Pour arriver à Compreignac^ cette route passs^it vers l6,M<^lagn{ic
et^pren4it ensi^ite la direction de la ropte actuelle de Saifit^Pardoux.
Elle est souvent appelée route des soldats, pour la distinguer d'uni?,
autre qui contournait le bourg et passait au M^s-la-Roche, afin
d'éviter une pente trop rapide,
L*arpentement de 1742 signale des chemins allant dans les mêmes
directions que les routes d'aujourd'hui, et deux de plus ; le chemin
de Gcandmont et le chemin de Sauvagnac. Clest xme constaUttion
de rimporlance qu',avaient ces deux localités et des rapports .que
les habitauts de Cpmpreigns^c entretenaient avec eîles^.
De nos jours, aucune ligne de chemin de fer ne passe dans la
commune de Compreignac, qui se tr.ouye à peu près, à égale dis-
ianoende la ligue de Paris et de celle de Poitiers. Un courrier faiit'
le 8€mee<)e la poste par la gare de Nantiat aprpalteiiaiitàcett^
dernière. Les roules qu'oa y trouve sont :
lia; roalè nationale (n<> 30), de Paris à Toalouse; qoi' passe ao
Tillàgei de Népoulas, et a* remplacé Tancienne route de Paris, dont'
il est parié ci-dessus. Elle fôt commencée en 1767 par ordre de
M. Pajolde Marcheval, intendant de Limoges; elle a été contlntrée
et finie en 1777 par les soins de M. Turgot et de M. d'Aine.
Lescbemins de grande communication sont : n« 5, de Corfo^
lensà Bourganeuf, qui, venant de Nanliat et Thouron, traverse
toute la commune de Touest à Test; et en sort au village de La
llroisille; — n« 28, de Saint-Junien à Bénévent, qui vient de Safe!-
Jeuvent et se dirige sur Razès,. par les viHages de Prassigoux et
Vénaehat; — n* 60, de Compreignae à Saint-Pardoûx; — n* 96,
de Bellac à Compreignae, passant au village de La Courède, en
construction.
Les chemins vicinaux sont : n<> 1, de Compreignae à Népoulas;
— n» % de Compreignae à Saint-Symphorien par le Mas-la-Roche
et le Puyménier; la partie qui regarde Saint-Symphorien est
encore à faire, ainsi que l'arrivée dans le bourg de Compreignae;
-=* n» 3, de Compreignae à Chaptelat; un ti^onçon de ce chemin
passant sur la commune de Bonnat est encore à faire; — n* 4, de
Oowprei^naG à Saint-Sylvestre, par Le Chfttenet, n'est pas encore
achevé; ~ n^5, de Compreignae à Ambazac, par Angelard- n'est
pa^eticore achevé sur la commune d'Ambazac;— n*6, de Com^
prélgriao à Razès, par La Roche et Chabannes.
SouvENms HISTORIQUES. — EpoQue gauloise. — Les souterrains-
refuges que l'on trouve au bourg, à La Jante, au Lac, à Chabannes, à
Védrenne, etc., les monnaies gauloises de La Jante, le camp, retran-
ché de Chabannes.
Epoque gallo-romaine. — Deux cippes romains conservés à
Côûipreignac ; des débris de constructions romaines près Villebert;
des tuiles à rebord en plusieurs endroits ; les monnaies romaines
de La Jante.
Moyen âge. — L'église, les châteaux et les murailles qui défen-
daient la ville de Compreignae.
Chacun de ces monuments a sa description ci- après, accompa-
gnée déà faits historiques qui s'y rapportent.
II.'
L'origine de Compreignae est fort ancienne. Nadaud,.dënrfls6ij
Pouillé, nous dit que son nom vient de « compreor, acheter ; des
kM SOCIÉTÉ ÀBCHéOLOGIQtJB ET ÉISTOElQtJK DU tlMOUSld.
boutiques des marchands qui y étaient ». H. Deloche dans sa
Géographie historique (1), fait remarquer que cette localité avait
autrefois de Fimportance, car elle possédait, sous les rois de la
première race, un atelier monétaire duquel est sorti Tun des plus
beaux triens connus du Limousin, et Tun des plus remarquables
assurément de toute la période mérovingienne.
On y trouve aussi des traces des époques antérieures : quelques
haches en silex, les nombreuses monnaies gauloises découvertes
en 1811, les souterrains-refuges qui existent encore au chef-lieu, à
La Jante, au Lac, à Chabannes, à Védrenne, nous prouvent que
ce lieu était habité avant Tère chrétienne et avant que les Ro-
mains aient conquis les Gaules.
Pendant Tépoque romaine, son importance paraît augmenter, si
on en juge par les tombeaux romains découverts au bourg. Il y a
quelques années, on en voyait encore trois. Deux existent aujour-
d'hui devant une maison où ils ont été trouvés en 1883. Le plus beau
est un cippe funéraire en granit, formé d'un cube de 65 centimètres
de côté, portant une pyramide haute de 50 centimètres, surmon-
tée d'une boule. Le second est moins élevé ; il est vrai qu'il ne
forme que le couvercle de l'urne où fut placée la cendre d'un mort.
Il a 45 centimètres de hauteur, et se termine par une boule de
20 centimètres de diamètre. La partie inférieure de sa base est
taillée de manière à recouvrir une urne carrée. Il peut se faire que
le premier de ces monuments ait porté une inscription, mais l'état
dans lequel il est aujourd'hui ne permet pas de l'aflirmer. Avec
quelques débris de constructions romaines signalés sur plusieurs
points de la commune, et les nombreuses monnaies trouvées à dif-
férentes époques, ce sont les preuves que la civilisation romaine a
régné en ces lieux.
Deux pièces en or nous révèlent l'existence de l'atelier monétaire
de Gompreignac.
G'est M. Deloche qui nous fait connaître en ces termes la mon-
naie mérovingienne frappée en ce lieu :
« CONPRINIAGO I. Tête nue de face ; les cheveux relevés et
partagés sur le front et retombant sur les côtés ; buste habillé et
orné de perles ; le tout dans un grenetis.
» R. — ® SATVRNO MONE. Groix égale, légèrement potencée,
sur un globule, accostée sur les bras des lettres L. M.; le tout dans
un grenetis. ♦
» Tiers de sou d'or pur. Poids : 1 gr. 35. Deuxième quart du
vu* siècle. (Gabinet des médailles de la bibliothèque nationale).
(4) P. «94.
MONOGEIAPHIB DB COMPRBIGIfAG. 189
» Pièce frappée à Tefligie visigothe (dite de Bnineliaut), et d'un
dessin supérieur à celui du sceau de Dagobert, dont elle reproduit
pourtant l'aspect général. Son origine ne saurait être mise en doute
en présence des initiales LE. (Lemovicum) qui disent nettement
sa provenance limousine. Le Compriniacum de la légende est assu-
rément le lieu nommé Compriniacum dans une charte de Féglise
de Limoges, de Fan 1123 ; Comprinhacum, dans un Fouillé du dio-
cèse, du XVI* siècle (1) ; Compreignacum, en 1303 (2) ; enfin, de nos
jours, Compreignac. On a trouvé, à diverses époques, dans le bourg
de Compreignac et aux environs, des médailles gauloises et ro-
maines (3).
» Le Satumus qui a signé le triens de Compreignac est vrai-
semblablement le même qui en a signé à Limoges. Malgré la diffé-
rence existant dans le type des deux pièces, elles sont d'un travail
à peu près contemporain ; seulement, quand Saturnus passa à la
monnaie de Limoges, il dut en adopter les dessins, et c'est là ce
qui explique cette variété des œuvres du même monétaire (4) ».
La seconde pièce provenant de l'atelier de Compreignac a été
trouvée en 1868, à la Poudrière, près Limoges, et acquise par la
Société archéologique pour le Musée de Limoges ; elle est en bel
état de conservation et porte :
« Au droit, une croisette et, à la suite, la légende circulaire :
CVMPRINIACO. Tête à droite, ceinte d'un long bandeau perlé,
d'où se détache, sur la nuque, la bande supérieure, également per-
lée, du vêtement du buste.
» Au revers, une croisette et, à la suite, en légende circulaire :
ccATVKNVc» MO (monetarius); dans le champ, une croix légè-
rement pattée, posée sur un point ou globe, et portant aux premiers
et deuxièmes cantons les lettres L N, entourées d'une couronne de
feuillage qui la sépare de la légende ; le tout dans une couronne
de feuillage.
» L'or de cette pièce est un peu pâle ; le poids est de 1 gramme
20 centigrammes.
» D'après sa fabrication, elle paraît remonter à la deuxième moi-
tié du vu* siècle.
(1) Mss. Bibliot. nat., fonds Saint-Germain, français, n^ 878, t. II.
(9) Mss. Bfniot. nat., collection Gaignières, t. GLXXXVI, p. 136.
(3) On a récemment découvert un denier d'argent consulaire de la fa-
mille Cœcilia, au nom de Q. Metellus Scipio le Pieux. Voir le Courrier du
Centre de Limoges et le Journal général de V instruction publique^ numéro
du 27 octobre 4858.
(4) H. Dblocbb : Monnaie» mérooingiennes, p. 82.
^90 SOCIÉTÂ A^f;^4Plf<^^K^B (fCT HUSTO^lUiUW DU LIMOUSIN.
■p E\lete&t incontestablemept d'qmgme liinpuâipe ; il -sulfH pour
s'en convaincpe de rapprocher son type de celui de , plusieurs rpièces
;déjà reproduite^ dans notre Description des monnaies mér4)mn-
giennes du Livmusin (1). Les lettres L N du revers sqpt les deux
oopsonnos de LESiO (pour J^EMO) ,qu'oa Ut 9i\ir ;upe .jpAQumUe de
J[uini)hac.
.» Cette pièce est signée par un mo^iétaire, Satqmus,4ont le nom
se retrouve sur plusieurs triens limousins, et sur la rHionnaie .de
Compreignac, qui précède. Qp ypit que le vocable de cette localité
n'y diffère que bien peu du nom gravé sur la pièce dont il s'agit ici.
Les effigies gravées sur les deux triens sont au contraire -très diffé-
.rontôs Tune .de l'autire, puisque sur ce second triens ^Ue est .en .pro-
fil, tandis que sur l'autre elle est de face. Mais cette circonstance ne
peut a^ner aucun doute sur Tidentité de l'atelier dont l'une -et
l'i^utre sont sorties (2). »
Au moyen âge, Compreignac conservç encore de l'impartanoe,
ce qu'indiguent l'église, les châteaux et la ville entourée 4e mur^ul-
les, que aous allons étudier successivement.
Eglise, t— L'église de Compreignac, bâtie au xii* siècle, fui re-
construite au XV*. Elle est parfaitement orientée dans la direction
de l'est à l'ouest, afin que selon les règles liturgiques, le Christ qui
est sur l'autel, soit tourné, comme l'était Notre Seigneur Jésus-
Christ sur le Calvaire, aux portes de Jérusalem, lorsqu'il mourut
pour notre rédemption.
Dans la reconstruction du xv siècle, on a conservé certaines par-
ties de l'ancienne église, qui avait 6 mètres 37 centimètres de lar-
geur à l'intérieur; ce sont : la porte primitive, augmentée, proba-
blement, au xin* siècle, de trois rangs de voussures formant
aujourd'hui le portail ; tout le pignon du côté du couchant ; le mur
de la nef où l'on trouve une petite porte murée, et la chapelle de
Saint-Eutrope qui lui fait suite.
Cette première église avait été consacrée ; deux croix de consé-
cration, peintes en rouge, sur le granit de sa muraille occidentale,
en sont la preuve irrécusable. Elle dût perdre sa voûte et être en
partie ruinée lorsque les Anglais prirent Compreignac en 1870 ou
1371. Un peu plus tard, on la reconstruisit à peu près telle que nous
la voyons aujourd'hui.
L'église actaey^ a 29 mètres de longueur et 6 mètres 37 centi-
mètres de largeur. Elle est formée de cinq travées ^veç deux çha.
(1) |n-89, 1,883. — Paris, eh^z Rollio et Fe^ardetit.
(2) M. Dklocre, Bulletin de la Société archéologi^ufi ^ Uffiçi^si^^
t. XVlll, p. 131.
MONOGRAPHIE DE cÔMPRBIGNAC. 491
pelles latérales, qui donnent à son plan la forme d'une croix. Son
àxe est brisé, la nouvelle construction n*étant pas exactement dans
le môme axe que la première. C'est assurément une pieuse pensée
qui fait voir dans Tinclinaison de l'axe de nos églises l'image de
Notre Seigneur inclinant la télé sur la croix au moment d'expirer,
mais je ne crois pas que cela ait été fait à dessein, ce qui est cer-
tain pour Compreignàc.
Au chevet, elle est éclairée par la belle fenêtre qiie reproduit
nôtre dessin exécuté par M. J.de Verneilh, d'après la photographie
de M. C. Marbouty. la chapelle du midi a aussi une fenêtre de la
même époque; deux autres à pleiri-cintre ouvç*ent dans la nef du
mêine côté, et une semblable dans la chapelle du nord, où Ton en
remarque encore une petite, étroite et longue, comme on les faisait
au xîi* siècle.
Les voûtes, qui, vers le sanctuaire, ont 9 mètres d'élévation, sont
ornées de nervures prismatiques. A la clef de voûte de la première
travée, un écusson décoré à la manière du xv* siècle est peint : de
guevles, au chef d^or, chargé de trois merlettes de sable. Dans la tra-
vée suivante, un autre écusson, sans aucun ornement, est aussi
peint : d'azur^ à la croix ancrée d'or. La clef de voûte de la troi-
sième travée porte encore un écusson, qui n'a aucune trace de pein-
ture ni de sculpture.
Plusieurs chapiteaux de l'ancienne éghse ont été conservés sur les
colonnes cylindriques engagées dans les murailles qui portent la re-
tombée des voûtes.
La porte qui s'ouvre au midi, à l'extrémité de la nef, accuse le
style de transition. Elle appartient à l'ancienne église. A ses deux
colonnes dépoun ues de base, décorées de quelques ornements à la
place des chapiteaux, et surmontées d'un cintre en ogive, on a
ajouté plus tard trois voussures avec colonnes pourvues de bases
circulaires, de chapiteaux à crochets, surmontés d'arcatures se rap-
prochant insensiblement du plein-cintre jusqu'à l'archivolte, qui
couronne le tout. Ce passage de l'ogive au plein-cintre de l'arcade
maîtresse est une singularité qui n'a rien de choquant.
Un cordon, soutenu par une rangée de modillons, la décore un
peu plus haut, et au sommet règne la galerie que portent d'élégants
mâchicoulis, destinés à défendre l'accès du monument. Cette même
galerie de défense se retrouve à chacune des chapelles latérales au
chevet de l'église et au grand contrefort du nord-ouest. Elle est
dans un état parfait de conservation et a toutes ses meurtrières in-
tactes. Ces mâchicoulis donnent au monument un aspect pittores-
que. En outre, ils sont d'un bon profil et d'une exécution soignée,
Malgré la dureté du çranit. On voit que les maçons de ce pays
192 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQOB ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
s'étaient perfectionnés dans l'art de tailler la pierre, car les parties
du style de transition comme ce qui est flamboyant sont supérieu-
rement exécutées et d'un bon dessin.
Cette église était une espèce de citadelle. Elle faisait partie des
fortifications de la ville auxquelles elle se rattachait, et elle sou-
tiendrait parfaitement un siège, si on ne se servait que des moyens
d'attaque de l'époque où elle fut fortifiée. Le vaste dessus des voûtes
pouvait abriter et môme loger un grand nombre de défenseurs.
Le grand contrefort du nord-ouest, qui forme à son sommet un
élégant réduit bien propre à défendre deux côtés du monument, n'a
été construit que par nécessité. Lorsqu'on surchargea l'église des
murailles qui élèvent sa toiture et la transforment en citadelle, on
s'aperçut que les fondations cédaient en cet endroit. Un souterrain-
refuge de l'époque gauloise qui se trouvait au-dessous en était la
cause. On éleva alors, comme point d'appui, ce contrefort, qui, par
ses vastes proportions, ne ressemble en rien aux autres. Aux der-
nières réparations exécutées à l'église en 1859, plusieurs personnes
sont encore descendues dans ce souterrain, et la description qu'elles
m'en ont faite ne laisse aucun doute sur sa nature.
La plupart des grandes églises transformées en citadelles avaient
un puits nécessaire pour les besoins de leurs défenseurs. On en con-
naît encore à la cathédrale de Limoges, dans l'église de La Souter-
raine et dans plusieurs autres du diocèse. Celui de l'église de Com-
preignac, qui était de forme carrée, existe toujours, mais son
ouverture est couverte. Il est placé au milieu du sanctuaire, un peu
du côté de l'épître.
Des six fenêtres qui éclairent l'intérieur, quatre sont pourvues de
vitraux remarquables, venant de la maison Lobin, de Tours. Le
plus considérable est celui du sanctuaire. Il est partagé en trois
grandes baies par deux meneaux. Notre Seigneur Jésus-Christ oc-
cupe celle du milieu. Au-dessus, dans les lobes du tympan, on voit
le Saint-Esprit sous forme de colombe et le Père Éternel. Des an-
ges et deux séraphins en prière complètent cette partie. Dans les
baies latérales, saint Martin, patron de la paroisse, est à la droite
de Notre Seigneur, et saint Eutrope, patron de la Monge, est à sa
gauche. Ce vitrail a été acheté par la fabrique en 1869.
Le vitrail de la fenêtre du midi, qui éclaire aussi le sanctuaire, a
été placé en 1869 ; c'est une grisaille donnée par M. Duchiron, curé
de Gompreignac.
En 1874, les deux fenêtres des chapelles reçurent aussi des vi-
traux offerts par M"' Bariat. Celui de la chapelle du nord est une
grisaille, mais celui de la chapelle du midi rivalise de beauté avec
la grande verrière du sanctuaire. D'un côté on voit la Sainte-Vierge,
Chevet de réglise de Compreigoac.
Souterrain-refuge au village de La Jaote, commune de Compreignûc.
MONOGRAPHIE DE COMPRBIGNAC. 193
Regina mundi, portant son divin fils ; de Tautre, sainte Catherine,
palronne de la donatrice.
Le maîlre-autel a élé consacré par M»' Duquesnay, évêque de
Limoges, le 10 juin 1873. Il est en pierre blanche et sort des ate-
liers de Saint-Hilaire, à Poitiers, maison Charron elBeausoleil. Sur
le tombeau sont sculptées trois scènes de la vie de saint Martin.
Celle du milieu le montre disant la Sainte Messe lorsqu'un globe
lumineux apparut sur sa télé. D'un côté, on le voit partageant son
manteau avec un pauvre, et de Tautre Notre Seigneur lui apparaît
vêtu de cette moitié de manteau.
En même temps que Taulel, et venant de la même maison, deux
statues furent placées au mur absidial aux deux côtés de la grande
verrière : saint Joseph et saint Roch. Cette dernière est en sou-
venir de la chapelle qui avait été dédiée à ce saint dans la paroisse.
Les autels des deux chapelles sont en bois sculpté.
Le pignon de Fouest, qui forme le clocher-arcade, ayant été forte-
ment endommagé par la foudre, fut réparé en 1873. Il porte à une
assez grande hauteur une élégante fenêtre plein-cintre qui éclaire
la nef. Elle est accompagnée à Tintérieur et à l'extérieur de colon-
nettes romanes et sa seconde voussure est semée d'étoiles ou de
pointes de diamant, puis le tout surmonté d'une archivolte.
Le sommet du pignon, que termine une croix de pierre, est
pourvu de deux baies à plein-cintre où sont placées les cloches. On
lit sur Tune :
« Jean-Baptiste Barriat, maire, parrain. — Elisabeth Dupeyrat
des Flottes, marraine. — Geoffroy des Flottes, adjoint. — Mathieu
Bord, juge de paix, président de la fabrique. — Pierre Martin-
Compreignac, curé. — L'an 1813. — Bernard et Alexis Martin frè-
res, fondeurs. »
Sur l'autre on trouve cette inscription : « Bénite en 1822. — Par-
rain : François Jjéger, curé de Compreignac. — Marraine : Marie-
Angèle Constant, née Laforêt. — M. Jean-Baptiste Barriat, maire. —
MM. Mutel et Forgeot, fondeurs. » Par le procès-verbal de la séance
du Conseil municipal du 22 août 1822, on voit que la refonte de la
cloche cassée, l'achat du métal et les frais pour la replacer ont
occasionné une dépense de 900 francs.
A l'intérieur comme à l'extérieur de l'église, on reconnaît les
restes de la litre funéraire qui y avait été peinte ; mais on ne dis-
lingue plus rien des armoiries qu'elle portait.
Depuis 1882, on possède des reliques de saint Martin et de saint
Eutrope; elle sont placées dans deux petites châsses modernes en
cuivre doré. On conserve aussi depuis 1790, époque de la distribu-
tion du trésor de Grandmont, des ossements de huit compagnes de
^f(lé SOCIÉTÉ AIKSflÉIlteOOIQ^ ET ëitITbBtQDB DU LIMOUSIN.
.Sttiate'Ursule/prac^'s datisube chiflLsète éh'bofs'ifôspltrs rtiôflesles.
Leurs noms y sont écrils : Sanctœ Àlbinœ;^Pàmfrètœ;Ortinariœ;
Se&undW; Bû^rrœ; Victoriœ; Anathnîiœ; Essètitiœ. A ht même
époqae, «ne grande châsse en cuivre doré et èmaillé, comme celle
que possède actuellement Ambazac, avait été donnée âComprei-
gtiac^; foate te ctiré d'alors n'ayant pas voulu faire une petite
ftepense '<itfë nécessitait Tétat de cette châ^e, elle fut ^attribuée à
itne 'autre paroisse.
Jusque vers 1776, oti enterra dansTégKâe flè Compi'èignkc, mais
à cette époque un décret vint interdire cet usagfe. Le sanctuaire
iôtait réservé aux prêtres de Ifet paroisse. Il y eut aussi denOtaln'eu-
isefe sépultures dans la nef et dans les chapelles ; voici riddication
•dfe Quelques-unes :
Le 27 janrvier 1628, Léonard Duclou est inhumé dans là chapelle
de Saint-Jea».
Le 47 février 1693, Léonard Demàtys, âgé de qtiarântè^cinq ans,
procureur d'office de la terre et baronnie de Compreignkc, est en-
terré dans réglisse.
Le 7 octobre 1792, Pierre Lesseyne, prétre-chanoine de Saint-
-Mat'ttal de Limoges, âgé de soixante-quatre ans, est enseveli dans
Féglise.
• Le 48 novembre 1722, Marie Faucon, âgée de trente ans, épouse
#e Pierre Lesseyne, est inhumée dans Véglise.
Le 2 juillet 1728, Pierre Dubois, âgé de quatre-vingts ans, juge de
CompreigAac, est enterré dans la chapelle de Saint-Jean. 11 fonda
ttïi service pour le jour de saint Pierre, et un atitre bu jour de
son décès.
Le 22 décembre 1731 , Françoise-Marguerile Blondeau, âgée de
vingt-sept mois, fille de Mathieu Blondeau de Compreigndc et de
Marie de Vaucourbeix, est ensevelie dans Téglisfe.
Le 12 février 1732, Jèrémie Martin, âgé de soixante-quatorze ans,
bourgeois et marchand de Limoges, veuf de Marie Ardant, est en-
terré dans Téglise; il était père dû curé de Compreignac.
Le 2 février 1734, sépulture dans l'église de Marie Martin, âgée
de six mois, fille de Pierre Martin, greffier de la juridiction, et de
Marie Ducoudier.
Le 3 mai 1739, a été inhumée dans l'église de Compreignac Thé-
rèse Benoit de Compreignac, âgée de soixante-quatorze ans, veuve
de Pierre Blondeau.
Le 21 juillet 1754, enterrement dans l'église de Marie de Cou-
teillas de La Ribière, âgée de vingt-deux ans, épouse de )ean-
Baptiste Bârbou de Leymarie.
Le !•* avril 1760, sépulture dans l'église de Mathieu Dorât des
noMoaftàPaiB DE .eoMMiiieif AC >495
Honts, gdadaanne de :]fi .garde, âgé de^ingtr«eptt'anB/fils de Bar-
thélemyfiorat des Monts.et d'Anne d'Aubirnson.
Le 42 mars 1763, Françofe Martin, âgé de vingt-çuatre ans, fils
de Jean-Jacques Martin de Beaumoulin et de Marre-Charlotte du
Fau-de-Pontcharaud, est inhumé dans Téglise.
Le 2 juin '.1768, sépulture dans TégUse de Léonarde Dubois, âgée
de quatre-vingt-trois ans, veuve de François TMartin,l)ourgeois.
Le 19 janvier 17.64, Pierre Martin, bayle des âmes, notaire et
juge des juridictions ordinaires de Coiqpreignac ^ de Bonnat, âgé
de cinquante-quatre ans, époux de Marie-Louise Duclou de La
Garde, est inhumé dansfégliee.
«Le 48 juin 1774, enterrement dans Téglise de Suzanne-Cathei^ine
Dupeyrat, âgée de cmq ans, "flUe de Joseph Dupeyrat, dhcfvaïier,
'Seigneur et baron de Thouron et d'Elisabeth 'G^uteillas de La M-
bière.
Le S novembre 1778, sépulture dans T'églrse d-e Marie Tauconr-
beil de Compreignac, âgée de soixante-quinze ans, "veuvede mes-
sire Alondeau, écuyer, 'seigneur de Compreignac.
Le 80 juin 1777, enterrement dans l'église de Jean-Bapti^e Mar-
tin, âgé de sept ans et demi, ftls de Joseph-Mathieu Marfin, notaire
royal -et juge de la présente juridiction, et 4e Marie Buchâteau.
La mort des seigneurs de Compreignac est indiquée daïis les re-
gistres paroissiaux, quoiqu'ils soient enterrés 4 Limoges, dm^HHie
sépulture de famille :
» Le 7 octobre M35 fut sépulture Teii Mons le général [Martial
Benoit], seigneur de Compreignac, ô(mt le «corps gil «n régU^e de
Sak)t-Pierre-daQueyroix, à Limoges.
» Le 2S sep4embre 1829 a été sépulture feu Mons de Comprei-
gnac [Pierre Benoit, fils du précédent], dans l'église de Saiat-
Pierre^tt-Queyroix. »
Martial Benoit avait fait une fondation à l'église de Compreignac,
ftOA fils, Pierre Benoit (ii poser dans le sanctuaire une plaque en
cuivre, fMrijaot Tinscription suivante, destiaéeà^n conserver le
souvenir. Ce morceau de cuivre a tenté la «upîdité de quelqu'un
ei a disparu au moment de la Révolution :
Le sixi^e octobre mille six cent viagi-einq, deœda
monsieur Martial Benoist, escuifer, seigneur du
Mas-de-Lage et Gomprenial, conaelier du roi, président
et trésorier général de France au bureau des finances
en la généralité de Limoges : lequel, par son dernier
testament du vingt-huitiesme octobre mille six cents
vingt-un, signé Leyssene, notaire royal, fonda en
Té^^lize de ceans^ un service pour les morts, le sixiesn^e
id6 SOGlKTé: ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LlMOUSliC.
de tous le9 mois de Tannée, tel jour qu'il décéda; or-
donne de plus qu'il sera toujours entretenu une
lampe ardente, jour et nuit, devant le Saint-
Sacrement, de quoi il a chargé son fils et héritier,
lequel a fait poser cette lampe, a6n qu'à l'advenir
les susdites fondations soient bien exécutées, et pour
perpétuelle mémoire de la piété et dévotion du défunt.
Rcquiescat in pace
juxta quidem séries patri succedere : verum
esse simul dominos ; gratior ordo piis.
La paroisse de Compreignac a toujours eu pour patron, comme
aujourd'hui, saint Marlin de Tours. Nadaud, dans son Calendrier
manuscrit, après avoir énuroéré les paroisses du diocèse dont ce
saint est le patron, ajoute cette observation : « Le titre de Saint-
Martin que portent ces églises est un indice de leur antiquité»
parce que nos premiers rois étaient très dévots à ce saint. »
En 1233, Pierre des Cars, chevalier, seigneur de Compreignac,
fondait une vicairie dans cette église, à Tautel de Saint-Jean. Son
droit d'y nommer un prêtre avait passé, en 1478, à Marguerite
d'Àubusson, dame de Fraisse et de Mërignac, épouse de Jean de
Saint-George, chevalier, seigneur de Fraisse. Elle était probable-
ment veuve à cette époque, car la nomination est faite par elle et
son fils, Gabriel de Saint-George. Plus tard, en 1673, ce droit de
nomination appartenait à Tévêque de Limoges.
Albert Blanchard était vicaire de la vicairie de Saint-Jean en
15S8, — François Fougères en 1694 (1).
Le cimetière paroissial touchait à l'église au midi et au cou-
chant et n'était pas très vaste; aussi, outre ceux dont on constate
l'existence à Montaigut, Angelard et la Monge, y en avait-il un
second au bourg, appelé le petit cimetière. Il était situé hors des
murailles de la ville, où se trouve celui de nos jours. On n'a eu
besoin que d'en augmenter l'étendue pour en faire un cimetière
fort convenable. 11 est parfaitement tenu et on y remarque un bon
nombre de riches monuments funéraires.
Une chapelle de saint Léobon existait autrefois à Compreignac;
il en est fait mention dans plusieurs actes et en particulier dans un
du 5 novembre 1536, en ces termes : « Un verger, situé au bourg
de Compreignac, confrontant au chemin qui va des Perdrigiersà la
chapelle de Saint-Léobon (2). » Il ne reste aucune trace de cette
chapelle, si ce n'est le nom d'une terre près le cimetière, qui est
encore appelée Les Chapelles. C'est là où a été bâtie en 1872 la
communauté des Sœurs de la Croix.
(t et 3) Terrier de Compreignac.
yONOéBAPUfB DE GOHPREIGNAC. 49t
Les carés de Compreignac étaient nommés par les abbés de
Saint-Martial de Limoges. Nadaud a trouvé des nominations faites
par eux aux dates suivantes : 1482, 4512, 1578, 1579, 1586, 1587,
1591, 1641, 1651, 1652, 1706, 1720, 1727, 1754. Voici les noms de
ceux que j'ai découverts, avec les dates auxquelles ils étaient en
fonction :
Pierre Normand, alias de Monlcocu, était curé de Compreignac
en 1298 (Manuscrits Legros).
Ayraud, Ayraudus, vivait en 1334 f Ibidem J.
Pierre Roubis, ou Rouby, ou Robin, fait un arrangement en
1405 avec Pierre Sarrazin, seigneur du Mazet; il était curé en
1434 (Reg. de la pitancerie de Saint-Martial, fol. 32).
Guillaume Sandelis, chanoine de la cathédrale de Limoges et
curé de Valière, était curé de Compreignac en 1457 et 1458 (terrier
de Compreignac).
Pierre Cantays, ci-devant syndic de la communauté des prêtres
(le Saint-Martial de Limoges, était curé de Compreignac le 13 mai
1490 (Manuscrits Legros).
Jacques Piquet, 12 juin 1550 (terrier de Compreignac).
Pierre Cibot, chanoine de Téglise cathédrale, curé de Comprei-
gnac, le iS avril 1558 f Ibidem J.
Léonard Teyteyx, dont on trouve la signature sur les registres
paroissiaux en 1608, 1611, 1632. Ces registres, qui commencent
en 1603, renferment les actes de baptême, de mariage et de décès,
qui ne sont que rarement signés. La plupart sont faits par P. Cous-
turier, vicaire de Compreignac de 1604 à 1640. Ils contiennent
aussi à cette époque la mention de Mathurin Pontabrier, prêtre de
Compreignac, 4 juin 1605; André Demarzet, religieux de Tordre
de Grand mont, 5 mars 1607; Rallhazard Dubois, curé de Saint-
Justt 24 septembre 1613 ; Martial de Lacour, prêtre, 14 mars 1615;
Jean Pontabrier, vicaire de Mallemort, 26 janvier 1624.
Guillaume Jauviond, le vieux, est dit curé de Bruteille en Péri-
gord et de Compreignac le 16 mai 1614 (Manuscrits Legros).
Jean Baillol, chanoine de Saint-Martial de Limoges et curé de
Compreignac, puis de Saint-Maurice, près Nexon, le 14 octobre
1652 (Invent, arch., Eymoutiers, GG, 3, p. 107).
Martial de Leyssène, docteur en droit canon de la Faculté de
Paris, fut curé de Compreignac de 1665 à 1703. Pendant ce temps,
il eut pour vicaires : F. Bastier, 1665 ; P. Caude (?), 1667 ; Lemar-
que, 1667; Desthèves, 1667; L. Landy, 1675; Labrousse, 1681-
1685; de Leyssène, 1686 1689; Duboucheyx, 1700-1701.
Antoine Reculés, était curé de Compreignac en 1706. Il eut pour
vicaiies : David, 1709-1711; Palier, 1712; Turain, 1712-1713;
l4t sOciiri ARCHieto«Htfri'iet:BistoMQOv'iMr lihousin.
Plèrre> AVrilf so» nev6o< 1713-11718; M; Laii4lD, 1748; DUtreii,
1719^1 720i II fiiipTobableiBeat'nèparerrla chapelle niéridloBiale àt
régHse deGémpre^oac, car*une deses pierres porte la (Ia4ei717.
II fat «ictimraèdaiïs l'église: «le neoYiesme avril mil sept cent vii>gty
MMsiMnÂotoine Recules^ prêtre, ciir6 de la paroisse de Coroprei-
gnac, étant décédé après avoir reçu tous les sacrements de Noire
Mère Saioie Eglise; a étéinhiiDué parimoy soussigné dans le sanc-
tuaire de ladite paroisse, en présence de Monsieur Léonard AMaot^
curé de Saint-Sylvestre, et de Monsieur Pierre Avril, son neveu,
curé de Razès, qui ont si|^nè avec moy. L. Ârdant, curé de Saittt-
Sylvestre; Xi Origet, curé de Sainl-Jouvent. »
Pierre Ardelier^ était »coré de Gompreignac le 20 'avril 1720: Il
eut poof'Vicaires : Parreau, 1720; Penillade, 1724; Pierre Samie,
1724: «. Le viûgt-f£fuatre avril mil -sepi cent vingt-sept, Messire
Pierre Ardelier, prêtre, curé de Gompreignac, étant mort le jour
précédeat^ après avoir reçu les sacrements de Notre Mère la Sainte
Eglise, âgé de quarante-deux ans, a été inhumé dans Téglise de
cette paroisse, par moi soussigné, en présence de Messires Arnaud
Ijatreilhe, curé de Boonai; Jeaa Fraixes, curé de Thouron; Pierre
Sanid; vicaire' delà pari)i6se) qui ont signé avec* moi.— Jylebas (?),
curé de Saint-Jouvent. »
François MirtÎDs était curé, de Gompreignac le 7 maiitT27. Il
coosecvaie vicaice qu'avait son prédécesseur^ mais ce ne fut pas*
pouir àè» longues anaées.. «Le premier jour de juillet mil sept cent
trente.et*unvsuf le soir, a. été inhumé dans le sanctuaire de cette
égliset! maître Pierre Samie, prêtre, vioairede celte* paroisse, 4é-*
cédé la inuijt pnécédenle, après avoir reçu les sacrements derEgplîMv •
âgé..<][environirenlre'troisaiiset huit mois, en présence de Mes-
sieuns lea>cucés -soussignés : Avrils curé de/Razès ; Latreilbe^ xuré
deddonaL; Pacaille, curé de iThtwroni Pelity prêtre; F* IfertiOt-.
curé de Gompreignac: » Lësjricaires, ses successeurs^, forent: Des^
champs,ii731{Mavtin, 1736^1739; Noailhé, 1739*1740-, A. Boissd,
1740-i74a? Tbéveniu, 1744-174S; L Lageneste, 17484780; Nico^
laai 1780; P. Favard,; 1780-1783; Gérardin, 1783. MC François
Mantiavçiui ëtaiX fils dé Jérémie Martin et de Marie Arxiant, bouP4
geois et marchands, de ( Limoges, ne parvint pas à. une grande;
vieillesse : « Le diX-huit janvier mil sept cent cinquante-quatne, a
été.iohumé au milieu du sanctuaire de Téglise Messire Francis*
MartHXv.cuné' de. cette paroissû, décédé lëijour précédent, après:
avoir.reçtt les:saaremeDts.de pénitence, eudiarislie et :extréme-
onction, à Tàge d'environ cinquante-^ept ans, après avoir gouverné-'
pendaniiivingirsept ans cette pfkroisse.. Ontas8isi<é aux obsèques' les
sonssîgnés ù Martin» Mactîn éls^ Msùrtipr dec Gottpreigaao, de^ Goo^i
MONOGBAPBilï l)B CQM|»RfilONAC. i9d^
te^Ua|ÇiJDuç;l9U4 Duro^^savtrie^ F: Jabet, religieuiL- de Grandioontg:
Gé^aldf.curé^ de.Razès; Deschamps, curé de Thouros; Navièrft}.
curëde-Sai^t-r^ylvestre; Gérardin, vicaire de. CofDpreignac; »i
Joseph I^my de.Lurel, élail fiU d'autre Joseph Larny de Luret
ei<4ei Marie-Thérè;se de la Qhasaague.; il étall né à Li/noges. le*
30 j^i^vier 1723; parnM ses frères aines, on Irouve, Gabri^^l-Jacques
Larny, curé d'Api^ac en 1780; Jean Laroy, professeur de tb^olo-.
^e ptç^dant viogl ans aq coUëge de Limoges, et confesseur de la
foi pendant la Révolution. Joseph Lamyavait été ordcAué prêtre
eoi74i&; lorsqu'il fçit i\ommé à,la cu^e dç Gompreignac ea)i7^,
il était, au moins depuis 1750, chanoine de la cathédrale de limo-.
ges, titre qu'il résigna eu faveur de soa. neveu. Peadaot qu,'il
administra celle paroisse, il eut pour vicaires : Gera^din, jusqu'ea
1760; Barret, 1760-1762; Montaigul, 1762; Dach^s, 1762; Mazey-
raud, 1762-1767, puis conjointement avec le suivant jusqu'en 1771 ;
Martin, 1767-1772; Cosse, 1772-1773; Dubois, 1774-1775; Martin,,
le même que précédemment» 1776-1785. « Le neuC de juin mil sept
cent quatre-vingt-cinq a été inhumé messire Josepfi J^amy d.el4ir0t,
prêtre, curé de la présente paroisse et visiteui: des églises, déoédé
le jour précédent à trois heures et demie du soir, en sa maison
presbytérale, âgé de soixante-deux ans et cinq mois. OnjL assisté-
au convoi messire Pierre Lamy, écuycr, seigneur de la. Chapelle, ,
procureur du roi aux sièges royaux de limoges; messire Gabriel:
de Luret, écuyer, ses neveux et autres, qui ont signé avec moi : :
Lamy de Lachapelle, Lamy, Gerald, curé de Razès; Tramonteil,.
curé de Bonoat; Duchàteau, curé de Saint-Symphorien: ÀrE. Laur
rier, prêtre, curé de Thouron; Dupeyrat, baron de Thoiiron,-;
Roulhac de Razès, Cantillon de La Lande, AÎlartin, vicaire de Gom-
preignac. » Il n'est pas dit dans cet acte, comme dan^ celui dies icuf es .
précédents : « inl^umé dans le sanctuaire de Téglise », p^fce que.
depuis .1776 il y avait inlerdiption d'inhumer dans les églises.
Lépnard fiay ;de Vernon, fut nomnjé le 22 juin 1785, prit pos^esr-
sion ie raême^mois. Il donna dans tous les excès de la RévQhitîQn^
fat éluévéque sçhismatiquede laHaufe-Vienae. Ie.l4 février il79il.
Les vicaires de Compreignac prêtèrent ensuite le serment schi^ma-
ligue de la Gonstitulion/civile du clergé; ce. furent : M^gy, du 31
décembre.! 785 au 13 avril 1791; Martelly, vicaire régent, dq 2?.
avril 1791 au 26 septeml^re mêo^e année; Pegrateyr(>ll6S> .qui signe
vicaire rég&aij le 28,septembrel79i, puis curé jusqu'au 31 octobre
1792, enfin ofBcier public jusqu'au 18 mai 1793.
François-Thyrse G^illebaqd, ancien vicaire de Nieul, de^seif-vait
provisQiriwent^ paroisse de Corppreiguae en 186@etl9Q3. .
. Fra4{oisrAnne.Riou))laDc, fut le premier curè.d^ Gpa^n^igQMp
iOÔ SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGTOtlË ET talStORIQÛB DÛ LIMOUSIN'.
après la RëvolutioD. Il était curé de seconde classe, mais n^avait
pas le litre de doyen du canton. Ce titre ne fat attaché à la cure
de Compreignac qu'après de nombreuses délibérations des con-
seillers municipaux et des autorités civiles et ecclésiastiques, par
décret du 26 mai 1819. —M. Rioublanc devint curé de Bessines.
Jean-Baptiste Goujaud, natif de Châteauponsac, nommé en mai
1806, fut curé de Compreignac jusqu'en février 1813.
Pierre Martin de Compreignac, chanoine honoraire de la cathé-
drale, fut nommé en février 1813, et mourut le 14 mai 1817.
Jean-BapUste Joseph Guiot du Dognon, 1817-1819, fut ensuite
curé de Blond.
François Léger, du mois d'octobre 1819 au mois de septembre
1836, se retira à Beaune, où il est mort à Tâge de quatre-vingt-
quatre ans, le 15 octobre 1839.
Auguste-Jacques Boutineau-Grandpré, vicaire-régent en 1836,
curé en novembre 1837, est mort le 7 mars 18Q7.
Louis-Marie-Sylvestre Duchiron, 1867-1882.
Auguste Cocq, 1882-1883.
André Lecler, 1883.
Une maison en style de la Renaissance, qui existe encore près de la
grande porte de l'église, dont elle n'est séparée que par un jardin,
était la maison curiale. C'est là que fut hébergé Henri IV à son
passage à Compreignac. On ne sait ni quand ni comment cette
maison a cessé d'appartenir à la cure pour devenir la propriété de
la famille Duclou ; toutefois, l'arpentement fait en 1742 la désigne
encore comme étant la cure, et le jardin par lequel on communi-
quait avec l'église était aussi possédé par le curé.
Un logis, avec tour ronde renfermant l'escalier, placé en dehors
de l'enceinte de la ville, mais proche de l'église, est ensuite devenu
le presbytère. Il a un jardin s'étendant à l'est et formant terrasse,
d'où l'on jouit d'une splendide vue sur les montagnes, et à l'ouest
une cour et des dépendances. Ces dernières viennent de M. Lamy
de Luret, curé de Compreignac, qui, par contrat du 25 mars 1777,
avait acquis une maison et un terrain, qu'il convertit en grange et
écurie.
Pendant la Révolution, le tout fut mis en vente. Le presbytère ne
trouva pas d'acquéreur, mais les dépendances furent vendues par
contrat du 28 germinal an III (17 avril 1795). M. Guiot du Dognon,
curé de Compreignac, les a rachetées par contrat du 10 juillet
1819.
L'ancien logis, qui continua à servir de presbytère, semble avoir
été bâti en 1608; c'est au moins la date que porte une de ses pierres.
De nos jours, il tombait en ruine et ne pouvait plus être réparé.
1IONOGRAI»HIR DE COMPUSIGMAC. SOI
Démoli en 1870, oa a b&li sur le môme emplacement celui qui
eûste aujourd'hui.
Les Chatbaux. — II y avait au chef-lieu de Comprelgnac deux
fiefs différents, qui, plus tard, ont été réunis ; ce sont les Cars et le
Mazet, placés Tun à Fest, Tautre h l'ouest du bourg.
I. — Le château des Cars semble avoir été ruiné par îarmêe
anglaise, lorsqu'elle prit Compreignac, en 1370 ou 1371. Il était
séparé de l'église par deux jardins et se trouvait ft Fendroil où le
cadastre indique encore des masures. Une reconnaissance dd jardin
des Cars, du i3 novembre 1600, fait connaître sa position î « Ledit
jour 13 des dits mois et an que dessus, par devant nous )nge% sus-
dits, se sont aussi comparus en leur personne et jvdiciellement
Pierre Penichon l'aîné, marguillier du dit bourg, et Jacques dit
Jamme Marchandon, du dit bourg, lesquels ont dit, connu et con-
fessé tenir et posséder deux jardins, joignants et contigus ensemble,
appelés des Cars renfermés de murailles..... confrontant
au petit cimetière de Comjpreignac et dans lesquels jardins soû-
laient être les mazures et soulars du dit ilef noble des Cars >> (1).
Voici les membres de cette famille qui me sont conaas :
Adémar des Cars est témoin dans l'acte de donation de la cha-
pelle de Courrieux au prieuré d'Aureil, acte fait entre 1147 et
118&-0nnedit pas qu'il soit seigneur de Compreignac, mais il
figure dans cet acte avec plusieurs autres habitants du pays, tels
que son voisin, Pierre-Etienne du Puy-Ménier (2).
Nicolaus deu Cat9 est témoin dans la donation faite au prieuré
de Montaignt-en-Gompreignac, en 1196. Acte publié aux docu-
ments.
Pierre des Cars, seigneur de Compreignac, vivait en 1233 et
1234 (3). II fonda une vicairie à l'autel de Saint-Jean dans
l'église de Compreignac (4). On trouve une assence perpétwelle
faite par Guillaume Palmier l'aîné en faveur de sire Pierre des
Cars, chevaher du Mas de Bassac, situé en la paroisse de Com-
preignac, le mardi avant la fête de saint Luc 1304. Dans un acte de
1438, rapporté au terrier de Compreignac, on cite praltfm domini
Pétri de QxMdris, militis de Campo peîo (Champeux, paroisse de
Compreignac).
C'est à tort qo'on place Pierre des Cars dans \z généalogie de la
famille Pérusse des Gars. On voit, en effet, dans la généalogie de
(I) Terrier de Compreignac.
(9) Cartulaire d'Aureil, par Bf. de SenneviKe, en cours de pablfcâtion.
(3) Nobiliaire du Limousin, 1. 1, ?« édition, p. 307.
(4) PouiUé de Nadaud.
T. XXXVIK 1(
t(tî BOCttri ARCBÉOLOGtQdE Et BlStORIOtlB DU LtHOtlSlfr.
cette dernière famille, une convention faite Tan 1260, entre Geoffroy
de Pérusse, et les filles de Gautier de Pérusse, son cousin-germain,
d'après laquelle « ses descendants quitteraient le nom de Pérusse
pour prendre celui delà terre des Cars » située aujourd'hui dans le
canton de Chàlus. Le père Anselme, dans son Histoire des grands offi-
ciers de la couronne, nous dit qu'Âudoin de Pérusse, fils de Geoffroy
de Pérusse, se maria en 1281 et qu'il est « lé premier dont il soit
fait mention sous le nom des Cars )>. Les des Cars de Gompreignac
existaient donc un siècle avant que les Pérusse aient pris ce nom.
Un autre généalogiste. Le Laboureur, conjecture que Marie de
Carrio ou de Carris, seconde femme d'Adémar, vicomte de Limoges
en 1114, pouvait être de la maison de Pérusse des Cars. Ce qui
précède montre que cette famille n'existait pas encore sous ce
nom, et qu'il est plus naturel de rattacher cette Marie des Cars à
ceux de Gompreignac.
Le jour de Saint-Pierre et de Saint-Paul 1344, Guillaume d'Ar-
feuille, damoiseau, reconnaît qu'à cause de Guiotte des Cars, sa
. femme, il tient à foi et hommage de l'évêque de Limoges, sur le
jardin des Cars, une rente de quatre septiers seigle (1).
Plusieurs autres membres de cette famille sont désignés simple-
ment sous le nom de Compreignac ; ce sont :
Martial de Compreignac, curé de la Maison-Dieu à Limoges,
« rector capellanie Domûs Dei leprosorum », qui, agissant au nom
du prieur de cette maison, reçoit en 1262 une reconnaissance de
Pierre de la Chièze, damoiseau de Rilhac-Lastours (2).
Le Père Itier de Compreignac, d'une noble extraction, était
dominicain et éloquent prédicateur. Il mourut à Saint-Junien, le
20 août 1304, en descendant de chaire, après avoir prêché un beau
panégyrique de la Sainte- Vierge. On mit cette épitaphe sur son
tombeau :
Ghrisliferam venerans, sic clamans magnificavit,
Quod verbum superans devotio debililavit.
Rapla fuit mens flens siluit praeco Mariae
Dumum docuit, tune occubuit lux, arca Sophise (3).
Autre iLhier de Compreignac, pour lequel le chapitre provincial
des Frères prêcheurs tenu à Limoges en 1327 ordonne une messe
des morts.
(1) Uore des Hommages de VEoéché, p. 228.
(2) A. Leroux, Inoent, des arch. hospit. de la Haute-Vienne. — liaison
Dieu de Limoges, B: H, p. 4.
(3) M. ÂRBBLLOT, Reoue archéologique, p. 256.
MONOGRAPBIB DE COMPRKIGNAC. 903
Goulfier de Gompreignac, dont on trouve le nom vers la même
époque.
Jean de Gompreignac, qui vivait aussi vers le môme temps (1).
Le cimetière paroissial conserve encore une pierre tombale sur
laquelle ont voit le bouclier et l'épée d'un chevalier ; elle a dû cou-
vrir la dépouille mortelle d'un membre de cette famille.
Le château des Cars ne fut pas rebâti. La propriété et les diffé-
rents droits qui en dépendaient étaient passés au siècle suivant
dans la famille de Saint-George. En i478, Gabriel de Saint-
George, chevalier, seigneur de Fraisse, fils de Jean et de Margue-
rite d'Aubusson, nommait avec sa mère à la vicairie fondée par
Pierre des Cars, en 1233, dans l'église de Gompreignac. La croix
ancrée qui se trouve à une clef de voûte de l'église, doit être son
écusson, ou celui de sa mère; Saint-George porte : d'argent à la
croix de gueules, et Aubusson : d'or à la croix ancrée de gueules.
En 1614, François de Saint-George, chevalier, seigneur de
Fraisse, vendit tous les droits qu'il avait sur le fief des Cars à
Martial Benoit (2), qui les réunit à ceux du fief du Mazet, comme
on le verra plus loin.
IL — Le fief du Mazet était situé à l'extrémité occidentale du
bourg, sur le point où a été construit le château. Les plus anciens
propriétaires connus sont les Bodoyer, qui depuis une époque
reculée rendaient hommage à l'évoque de Limoges pour leur
« repaire et hébergement » de Gompreignac (3). Elie Bodoyer
vivait en 1266; il fut le bisaïeul de Pierre Sarrazin.
Noble Jean Sarrazin épousa Sibille Bodoyette; ils vivaient en
1388. Leur fils, Pierre Sarrazin, seigneur du Mazet, fonda un ser-
vice à Gompreignac le 7 septembre 1408. Le 7 octobre 1438, il ren-
dait hommage à l'évoque de Limoges, comme seigneur de Gomprei-
gnac (4). François de Sarrazin avait épousé Isabeau du Breuil.
Cette dernière, tutrice de leur fille Charlotte, était veuve en 1829.
Charlotte Sarrazin épousa François de Neuvic, écuyer et seigneur
de Villefort. Il vendit le fief du Mazet à Albert de Grandchaud, qui
se disait seigneur de Gompreignac en 1848, mais cette vente ne
tint pas et Charlotte de Sarrazin vendit, par acte du 24 février 1883,
il Léonard Bamy. La famille de Sarrazin porte : de gueules à trois
fletATs de lis d'argent mal ordonnées.
Léonard Bamy, avocat au siège présidial de Limoges, seigneur
(I) Nobiliaire du Umousin, t. I, 2« édit., p. 418.
(3) Terrier de Gompreignac.
(3) Archives de la Haute-Vienne. — Fonds de rEvécbé,
(4) Voir cette pièce aux document^.
%ê4 SOCIÉTÉ ARGBBttOaHliE IkT MlSlèai^l» DU LIMOUSIN.
du flef noble du Mazet de GompreigDaCt aoquil âmsi, le ii aep^tem-
bre 1576, la tiercerie et la fondalilé de Coudert-Jourde, de Foucault
Faucon, seigneur de Thouron et de la Madeleine; Antoiae et
Léonard Barny, fils de Léonard, sent seigneurs de Gampreignac
en 1584. Antoine, qui était tioenoiè è»-loi9, juge des iuridictioEs de
Grandmont, Razès, Bessines, aeheta, le 28 septembre 4589, le
fief de Puymenier, à Martial de Hoffignac et à sa mère Valérie
Fauicon. C'est aussi lui qui revendit le tout à Martial Benoit. Les
Barny portent pour armes : un chevron atcompagné de iemao roses
m chef et d'un lien en pointe.
La famille Benoit a joué ue grand rtie dans la paroisse de Gom-
preignae et mérite qu'on s' arrête uii peu à son histoire. Martial
Benoit, par ses acquisitions, devint seigneur de Gompreigme; mais
ses ancêtres depuis longtemps étaient propriétaires dans la paroisse.
Etienne Benoit marque dans son livre de raison que sa nièce
Catherine Benoit se faisant religieuse à La Drouille-Blanehe, pa-
roisse de BoMatt le 7 janvier 1403 (vie«x style), il donna à Féglise
de ce prieuré une rente de six setiers de seigle, sur son domaine
de La Vedrenne, paroisse de Compreignac. Cette Catherine Benoit
était pcieure de La Brouille-Blanche en 14ia.
Maiis ee ne fut qu'à partir de 1597 que cette famille prit une
grande importance dans la paroisse par les acquisitions qu*y fil
Martial Benoit.
Pierre Benoit, élu eut l'élection du Haut-Limoutsin, eut deux fils.
Martial, qui devint seigneur de Compreignac, et Pierre^ dit le pré-
vôt de Compreignac, areiûdiacre deMalemort et catéchisted*HenrilV.
Il fut, en (^t, un des docteurs avec lesquels le roi voutut entrer
en conférence» à Saiat-Denis, le 23 juillet 1598, avant de prendre
la détermination qu'attendait la France (1). Après sa couversioii,
Henri IV le protégea d'une manière touti> parlicidhèrev et le nomma
soA aumônier et «on prédieateur« 8oa brevet est signé die la main
mette du roi (2). « Il mourut à Toursi ea revenant de Paris en
Limousin d'où il était natif, ayaat été empoisonné dans une mala-
die par un chirurgien huguenot, qui crut rendre un grand service
à sa religion de taire périr un grand prédicateur cnlhoMque >» (3).
il tenait son litige de prévôt de ComfMreignao de révé<}ne de Limo-
ges et non de sa famille, comme le donne k croire TauHeur de la
Biogrtifàiç iee hommes iUu8$res dÉi Limemm; car il mmnrut le
22 septembre 1596, et ce n'est que le 9 juin 1619 que son frère
(I) BuUetln de la Société archéologique du JUht9iiaa%, t. XX?1, p, f39
(9) Voir cette pièce aux doc»nients.
(3} Bibliothèque nationale. Manuscrit» fhmçaifl, M,T98| fM. 969;
Martial achdtt> de Mer Raymond de La Marttmie, là jastice de Gom-
preignae. Il ne faut pas te confondre, comme on l*a fiait quelquefois,
avec René Benoit^ originaire de TÀnjou, et curé de Saint-Eustaclie
à Paris, qui était ausâi au nombre des doeteurs consultés par
Henri IV.
Martial Benoit était président trésorier général de France en la
généralité de limoges, seigneur de Gompreignac et du Mas-de-
Lage. Il fut aussi commandant de Limoges, et se distingua dans
les affaires de la Ligue. On l'appelait « le général « à cause de sa
charge de trésorier. En 4598, il eut la commission de la vérifica-
tion de la noblesse de Guyenne, conjointement avec M. de MariUac^
garde des sceaux. Sa fidélité lui procura celle de grand-voyer,
dans la généralité de Limoges, ce qui lui fit faire des réparations
considérables aux ponts et chaussées, et servit grandement à réta-
blir le commerce, qui avait beaucoup souffert par le mauvais état
des diemine»
Il acheta, le 15 juillet 1897, les fiefs nobles de Gompreignac,
alias du Maaet et du Puymenier; le 24 Juillet 4609 des rentes sur
le grand et le petit Malagnac ; le 30 janvier 1613, des rentes sur
les tenanciers de Bachellerie, Daumar et Gloupeix, sur Tétang du
Gouzet et sur le village de La Roche de Boussac, le tout dans la
paroisse de Gompreignac; le 9 juillet 1614, le fief des Gars;
le 18 février 1619, le moulin de Pontabrler; le 80 mai 1619, de
Jacques de Lescours, écuyer, seigneur, baron de Nleul, les rentes et
la justice qu'il avait sur Gouteillas, le Lac, Malagnac, La Jante, Puy-
mélier et Puy-Nartin; le 9 juin même année, la justice de Gom-
preignac (1).
Dès qu'il fut en possession du Mazet, il songea à bâtir un châ-
teau en rapport avec sa position. En 1606 et 1608 il faisait élever
celui de Gompreignac, dont il ne reste aujourd'hui que deux tours
portant chacune une de ces dates. Ge château, comme presque
tous ceux du Limousin, avait la forme d'un quadrilatère, et chacun
de ses angles était flanqué d'une tour ronde. Les vastes et belles
terrasses qui l'accompagnaient existent toujours. Martial Benoit
mourut le 6 octobre 1625, âgé de soixante-douze ans. Il fut inhumé
à 8aint-Pierre-du-Queyroix, à Limoges, dans les tombeaux de sa
famille. Son fils fit placer dans le sanctuaire de l'église de Gom-
preignac rinscription relatée plus haut.
Il avait épousé Jeanne de Douhet, le refuge des pauvres et des
religieux, la consolation des affligés, qui mourut en grande odeur
de sainteté, en 1646, âgée de près de cent ans ; elle fut inhumée
(1) Voir les contrats d'acquisition aux documents.
206 sociâré archéologique et historique du limousin.
dans le cloître des Carmélites de Limoges, avec leur habit, en re-
connaissance de ses bienfaits envers ce monastère (l). Leurs
enfants furent : 1* Catherine, épouse de Joseph du Bemet, premier
président au Parlement de Bordeaux; ** Peyronne, épouse de
Mathieu Maledent, receveur des tailles en Télection de Limoges ;
3® Marie, épouse de Gaspard Benoit, trésorier de France ; 4** Fran-
çoise, sœur Françoise de Jésus, qui fonda les Carmélites de Limo-
ges ; 5"* Pierre, qui suit.
Pierre Benoit, héritier des vertus, des biens et de la charge de
son père était, en 1613, lieutenant particulier criminel en la séné-
chaussée du Limousin. Il soutint sa maison avec honneur et s*acquit
Festime et Tamour de tous. Il mourut le 23 octobre 1629, entre les
bras de révoque de Limoges, TA«^ François de La Fayette, qui lui avait
donné TExtrôme-Onction, et qui assista le lendemain, les yeux bai-
gnés de larmes, à son enterrement, dans Téglise de Saint-Pierre-
du-Queyroix. N'ayant pas laissé d'enfants, son héritier fut Pierre
Benoit, son neveu et son filleul.
Pierre Benoit, seigneur de Compreignac et du Mas-de-Lage, était
Qls de Gaspard et de Marie Benoit. Il fut conseiller au Parlement
de Bordeaux. Il avait acquis des connaissances étendues sur This-
toire du Limousin, et composa un ouvrage plein de critique intitulé :
Remarques sur les fautes et fausseté de la table chronologique de
Collin. Ce n'est pas lui toutefois qui en fut l'éditeur; cachant son
nom sous le pseudonyme de Maldamnat (2), il chargea son érudit
contemporain, Baluze, de retoucher son œuvre et de la publier.
C'est ce qu'il lit, et l'ouvrage fut imprimé à Lyon en 1668 (3).
Pour composer son ouvrage, il avait besoin des Annales ou Chro-
niques manuscrites de Limoges ^ écrites par Jean de Lavaud, le prc-
(i) Labiche de Rbignefoat, Six mois de la oie des Saints, t. II, p. 353.
(3) On a cherché à découvrir ce que voulait dire ce pseudonyme Mal-
damnat. Je n'y vois autre chose que le nom Maldant écrit en latin. Il y
avait des alliances entre les famille Benoit et Maldant. On trouve dans les
actes de celte époque Petrus Maldanus, Johannes Maldannus, et lors-
qu'il est question d'une femme Maria Maldana, Anna Maldanna, Vitrac
dit que ce nom est celui d'une terre de la seigneurie de Compreignac.
En effet le lieu de Maldent, qui touche Blémont dans la commune de
Ghaptelat, au sud de Compreignac, pouvait appartenir au frère de Pierre
Benoit qui était seigneur de Blémont, Le même auteur y voit encore un
anagramme d*Anne d'Alesme, épouse de Pierre Benoit, qui donnerait
Maldannesse ; c'est toujours le nom de Maldant féminisé en français lout
comme ci-dessus en latin.
(3) Voy. Une œuore de BaXme oubliée^ par M. A. Leroux, Annales
du Midi, 1. 1.
MONOGRAPBIB DE GOMPRBlONAC. $07
mier historiographe du Limousin, qui étaient conservées à THôtel-
de- Ville de Limoges. Il trouva moyen de les faire enlever par le
capitaine qui commandait les soldats commis à. la garde de la
maison de ville (1). C'est au moins ce dont on l'accuse.
On l'accuse aussi d'un autre vol encore plus audacieux. Il y
avait à Limoges une fontaine monumentale dite du Chevalet ou du
Chevalier, tirant son nom de la stalue équestre de Constantin qui
la surmontait. Cette statue en bronze mesurait un demi-mètre de
hauteur, et était regardée comme une œuvre d'art remarquable.
Pierre Benoit aurait encore trouvé le moyen de la faire enlever
nuitamment par des gens habitués à faire ces coups de main et il
en orna la cour de son château de Compreignac (2).
L'auteur responsable de ces vols ne fut pas poursuivi par la jus-
tice à Limoges, probablement à cause de sa famille qui y était fort
considérée et y occupait de hautes situations. Mais la justice du roi
ne laissa pas passer ces faits et d'autres semblables. « Un arrêt du
grand conseil, du 26 septembre 1667, défenses et contumaces contre
lui bien et dûment obtenues, le déclara atteint et convaincu d'assas-
sinat et rébellion, commis aux troupes du roi et à ses officiers de
justice, d'impositions et levées de deniers de son autorité privée
sur les sujets du roi, etc Pour réparation, fut condamné, par
couluraace, d'avoir la tôte tranchée, le château de Compreignac
démoli et rasé, les bois qui en dépendent coupés à hauteur
d'homme, la justice réunie à celle du roi, tous les actes, contrats,
transactions passées entre lui et les habitants à son profit cas-
sés, etc. (3). »
Celte sentence ne fut pas exécutée. Cessant d'être contumace,
il voulut présenter sa défense et réfuter les faits dont on l'accusait.
Toutefois il fut incarcéré, et mourut en prison à Paris en 1677.
On dit qu'il y fut empoisonné. Il avait épousé Jeanne d'Alesme, et
leur fils aîné, Mathieu Benoit, alla servir le roi pour obtenir la
rémission de l'arrêt rendu contre son père. Leur flllô Thérèse
Benoit, dame de Compreignac, épousa Pierre Blondeau et lui
porta la terre de Compreignac ; les armes de la famille Benoit sont :
d'azur au chevron d'or, accompagné de trois maim bénissantes
d'argent.
De ce dernier mariage est né Mathieu Blondeau, seigneur de
Compreignac, qui épousa, le 6 février 1720, Marie de Vaucourbeix.
La famille Blondeau porte : d'azur au lion d'or.
(4) A. Leroux, BuU, Soc. arch, Limoges, L XXXVl, p. 584.
(9) Ibidem.
(3) Nobiliaire du Limousin, t. I, 2* édition, p. 176.
206 SOCIÉTÉ AHeflÉ<»LOGIQl!B ET UlSVOftfOVB M! LIMOUSIN.
Marie Blondeau, fille unique des préeédents épousa, le 9 septem-
bre 4748, François Martin, écuyer, auquel elle porta aussi la terre
de Gompreignac. Cette famille a pour armes : écartelé, aux /** et
4* d'azur à la tour d'or; aux 2^ et 3* de gueules à la fasce d'or.
Joseph Martin, fils aîné des précédents, assista à rAssemblée
générale de la noblesse en 1789, où il est dit chevalier, seigneur
delabaronnie de Gompreignac etduMas-de^Lâge. Pendant la Révo*
lytion, il fut longtemps retenu en prison, et le château de Gomprei-
gnac fut pillé, puis démoli. Il avait épousé, en 1784, Marguerite
Noailhé des Bailles, et a transmis à ses descendants, qui le possè-
dent encore, ce qu'il a pu sauver de la terre de Gompreignac. En
1820, il bâtissait une nouvelle habitation « sur l'emplacement de
son ancien château abattu par la sape révolutionnaire (1) », et
mourait le 19 juin 1835 à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Il était
ancien capitaine de cavalerie et chevalier de Tordre de Saint-Louis.
Le Bouno. — « Le bourg de Gompreignac avait le titre de ville
et était entouré de murailles; l'église elle-même était crénelée. La
route de Paris y passait il n'y a pas plus de quarante ans, et on en
avait fait un lieu d'étape pour les troupes. » G'est en ces termes
qu'en 1821 AUou parle de Gompreignac (2). Ge bourg se com-
pose aujourd'hui de soixante-seize maisons", quatre-vingt-douze
ménages et trois cent vingt-cinq habitants. Il est situé au milieu
des montagnes, à 21 kilomètres au nord de Limoges, occupe
un plateau qu'entourent de petites vallées où courent le Vincou et
ses affluents Par sa position, il était facile à défendre, aussi a-t-il
dû être habité dès les temps les plus reculés. Les Gaulois et les Ro-
mains y ont laissé des traces de leur séjour. On ne connaît rien de
particulier de son histoire pendant ces époques, et après avoir si-
gnalé ses monnayeurs de la période mérovingienne, il faut aller
jusqu'au xu* siècle pour trouver les grandes familles qui l'habitè-
rent alors.
Un fait particulier dont le souvenir est resté dans la mémoire des
habitants est la prise et presque la destruction de Gompreignac
par l'armée anglaise, en 1370 et 1371. Un petit chemin rapide, qui
monte à l'endroit où était la porte nord de la ville, conserve encore
le nom de chemin des Anglais, comme étant celui par lequel ils en-
trèrent dans la place. Le château des Gars qui en était la citadelle
fut pris et presque ruiné, et il ne se releva pas de ses ruines. L'é-
glise fut fortement endommagée, mais sa reconstruction partielle
fut différée jusqu'au xv" siècle. Le plus ancien chroniqueur qui rap-
(1) Registre de la municipalité de Gompreignac, n'» <46.
{t} Description des monumenta de la Haute- Vienne^ p. 3Sl.
■ONOft&AveiB DE coHPmeifâc. 209
porte cette prise de Gompreignac est Jean de Layaud, le premier
rédacteur de« Annales de Lmoges, qui éerivait en ISiO, c'est-i-dire
^140 ans après Tévénement : « Les Anglais, dit*il, en se retirant
{après la prise de la cité de Limoges], abattirent Rançon et Gom-
preignac, brûlèrent Hontmorillon et autres (i). » Il fixe ainsi ce
fait à Tannée 1370, après la prise de la cité de Limoges. La
Chronique de Froissard, n'en parle cependant pas ; aussi faut-il pro-
bablement rapporter cet événement à l'année suivante. En 1371 les
Anglais étaient encore dans le pays; ils s'étaient emparé de Morte-^
rolie et y gardaient leurs prisonniers. Cette même année, du Oues-
clin se fit rendre plusieurs châteaux situés sur les confins du Li«
mousin, qui étaient tombés au pouvoir des Anglais. Gompreignac
pouvait être du nombre.
Peu après, la ville reconstruisit ses murailles pour se préserver
de nouveaux malheurs, et lorsqu'on releva l'église, elle fut surmon*
tée de la couronne de mâchicoulis qui existent encore. Les rem-
parts que Ton reconslruisit alors existent en partie à Test de l'église,
et ils sont reconnaissables au nord par la différence de niveau que
l'on remarque dans le terrain. Plus tard, lorsque Martial Benoit,
en 1608, construisit le nouveau château de Gompreignac, il conti*
nua ce mur d'enceinte qui renferma dès lors la ville et le château.
Une autre tradition rapporte que Henri lY a logé dans l'ancienne
maison curiale qui est près de la porte de l'église. Ge fait n'a
jamais été signalé par aucun historien ou chroniqueur ; il est cepen*
dant exact, comme on peut s'en convaincre en se reportant & ce
qui se passa à Limoges lorsque Henri IV y vint en 1608. A cette
époque Martial Benoit, seigneur de Gompreignac, était un des hom-
mes les plus influents de cette ville. G'est lui qui, à la tête de la
milice bourgeoise, harangua le roi à son entrée solennelle ; et,
selon l'expression d'un manuscrit de la Bibliothèque nationale (2) :
« Henri IV le caressa fort, et luy dit qu'il luy fust aussi fidèle ser-
viteur, qu'il avoit esté bon et sincère ligueur. » Martial Benoit
était frère de Pierre Benoit, dit le prévôt de Gompreignac, qui avait
travaillé à la conversion du roi et en avait été honoré d'un brevet
de prédicateur et d'aumônier de Sa Majesté. Il est tout naturel
qu'en traversant Gompreignac pour se rendre à Morterolle, le roi se
soit arrêté dans ce lieu qui était sur sa route et à peu près à moitié
chemin. Il avait écrit de Limoges, le 21 octobre 1606, à M. Somin
de Morterolle, seigneur de La Groix-du-Breuil ; « Mon cher Somin,
— Je me rendrai chez toi après-demain. Préviens^en Ghamborant
(1) Annales manuscrites de Limoges, p. %T4,
(2) Bibiioihèque uationale : Manuscrits français a» 20» 783, fol. 2(19.
tlO SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT BISTORIQUS DO LINOUSIM.
de Droux et les autres gentilshommes du pays, qu'ils amènent leurs
chiens; nous ferons ensemble une partie de chasse. » Il partit de
Limoges le 23 octobre, et arriva à Compreignac, accompagné de
Martial Benoit, seigneur du lieu et des autres membres de sa fa-
mille. On n'a aucun détail sur ce qui se passa à Compreignac à cette
occasion. On pourrait être étonné de voir, selon la tradition
locale, Henri lY loger dans la maison curiale, et non dans le châ-
teau, si l'on ne savait que la construction de ce dernier était à peine
commencée, puisque la plus ancienne tour porte la date de 1606.
En 1631, la peste fit de grands ravages à Compreignac. Il y a
plus loin quelques détails sur ce sujet à l'article Saint-Roch.
Pendant plus d'un siècle, on ne trouve aucun fait historique se
rapportant à Compreignac. En 1736, la famille des Flottes, dont
une branche habitait Leychoisier, paroisse de Bonnat, fit construire
son habitation au bourg de Compreignac. Quelques années après
elle était représentée par Jean-Baptiste des Flottes de Fombesse,
seigneur des Bordes, dont le fils aîné, Geoffroy des Flottes, était à
dix-sept ans garde du corps du roi dans la compagnie du duc de
Luxembourg. Il eutThonneur de défendre l'entrée de la chambre
de la reine Marie-Antoinette contre la fureur des populations ve-
nues de Paris dans les journées des 8 et 9 octobre 1790. 11 émigra
pendant la Révolution, rentra en France en 1806, et reprit son épée
en 1815 pour servir en qualité d'officier supérieur dans la compa-
gnie des gardes du corps de Raguse. Nommé successivement che-
valier de Saint-Louis et chevalier de la Légion d'honneur, il revint
peu de temps après dans ses propriétés de Compreignac, où le gen-
tilhomme et le vieux soldat employa, comme juge de paix, les der-
nières années de sa vie à apaiser les discordes dans les familles, et
à éteindre les procès, n'épargnant dans l'exercice de ses fonctions
ni les conseils bienveillants, ni les secours de sa bourse pour attein-
dre son charitable but. Il est mort à Compreignac. le 11 décembre
1842 (1).
En 1741 les habitants de la paroisse de Compreignac, par une
délibération du 3 septembre, décidèrent de faire faire l'arpente-
ment général de la paroisse. Il fut exécuté en 4742 par le sieur
Jean de La Barde, arpenteur royal, demeurant à La Barre. Il se
compose de quatre gros in-foUo conservés aux archives de la mai-
rie de Compreignac.
L'année 1788 fut des plus calamiteuses. « Après six mois de froid
et de neige extraordinaires, il a fait des chaleurs et des sécheresses
si excessives que toutes les semences vertes ont séché sur pied. Le
(I) NobUiaire du Limousin, t. Il, p. 480«
MONOGRAPHIE DR COHPREIGNAC. 241
foin s'est vendu, pris au pré, 7 livres 40 sols le quintal. Les chan-
vres ont péri entièrement. Il y a eu beaucoup de raisins, assez de
blé dans le bon pays et quelques châtaignes. La plupart des parti-
culiers ont été obligés d'abandonner leurs bestiaux. Après Tosten-
sion des reliques, par mandement de MM. les Vicaires généraux,
toutes les églises de Limoges et de la campagne ont exposé le Très-
Saint-Sacrement, fait des processions générales pour obtenir la
pluie, et le-ciel s'est refusé à nos vœux. Les sources ont presque
tari entièrement (1) ». C'est dans ces circonstances que le curé de
Compreignac publie le 21 août « à Tissue de la messe de paroisse,
un arrêt du Parlement de Paris, par lequel la Cour défend à qui
que ce soit de faire aucuns achapts en foin, paille et autres four-
rages au-delà de la quantité nécessaire à chacun, sous peine de
100 livres d'amende, et ordonne que tous ceux qui auront du
fourrage à vendre, le fassent taxer par les juges des lieux, et que
rien ne soit vendu hors de la paroisse sans la permission expresse
des juges des lieux ». Cet arrêt est du 19 juillet 178o; il fut rendu
pour empêcher les accapareurs de s'emparer du peu de fourrage
qu'il y avait, pour en faire augmenter le prix. Il est publié par le
curé à la messe de paroisse. Le prêtre qui présidait aux actes prin-
cipaux de la vie et en tenait les actes devenait encore à cette
époque l'organe de la loi, en faisant connaître à ses concitoyens les
décrets de l'autorité supérieure. Pendant de longs siècles, le prône
ne fut pas seulement une instruction purement religieuse, il fut
encore une instruction administrative et quelquefois judiciaire.
C'était du reste, le meilleur et presque l'unique mode de publicité
de l'époque (2).
Avec Tannée 1789, les troubles commencèrent, à la suite des
événements politiques d'alors. Le curé de Compreignac, avec ses
deux frères qui étaient aussi curés dans le diocèse, travailla à révo-
lutionner le clergé, à l'assemblée du mois de mars, pour la nomi-
nation des députés aux Etats-Généraux. Mais cette entreprise n'eut
pas de succès. Le 14 février 1791 . à la suite d'une prétendue élec-
tion, le curé de Compreignac devint évêque schismatique de la
Haute- Vienne. Il fut ensuite député, régicide et apostat.
Par suite du décret du IS janvier 1790, sur la division du terri-
toire français en quatre-vingt-trois départements, Compreignac fut
compris dans le district de Bellac, et devint chef-lieu de canton.
(1) Registres paroissiaux de Thouron.
(î) Voir à ce sujet les Lettres circulaires de Turgot, aux curés de la
généralité de Limoges, pour leur demander leur concours dans diverses
opérations administratives, CSuores de Turyot^ 1, p. 633 et suivantes,
d12 SOCIÉTÉ AacaioLoa«<HJB bt ntsTomûiiff pu umousin.
Les eoQuAuùeB iqrui composaient ce caliton étaient : Gompreigjiae.
La Garde-âaint-Gérald, Baiot-Symphorien, Saint-Sylvastre et Thou-
ron (1).
DariR les premiers jours de janvier 1794 on apposa à Gonq[)rei-
gnac rafficfae suivante :
« Afrété iet représentants du peuple dans les départements de le
Corrèze et de la Saute-Vienne,
» Les représentants du peuple dans les départements de la Cor-
rèze et de la Haute-Vienne, considérant que les troubles excités par
l'aristocratie expirante et le fanatisme aux abois n'avaient d'autre
but que de rétablir l'ancien régime, les dixmes, les rentes, les cor-
vées, et qu'il est essentiel de détruire les anciens châteaux, qui
dans ces circonstances deviendraient autant de repaires pour ces
scélérats, sans cependant que, sous ce prétexte, les bâtiments né-
cessaires à l'agriculture puissent être détruits ni dégradés.
» Arrêtent ce qui suit :
» !• Les propriétaires des ci-devant châteaux-forts, dans les dé-
partements de la Corrèze et de la Haute- Vienne, seront tenus de
les faire détruire dans le courant de la seconde décade du mois
nivôse, et seront réputés châteaux-forts tous ceux qui sont défen-
dus par des tours, des mascoulies, des fossés ou ponts-levis ;
» 2** Dans le cas où la dite démolition ne serait pas effectuée dans
le dit délai, tous les citoyens sont invités à les démolir, chacun
dans leur commune respective, sans que cependant sous ce prétexte
les habitants des dites communes puissent sortir de leur territoire
pour se prêter secours ;
» 3* Tous les citoyens des dites communes qui ne sont point
logés, ou dont les bâtiments ont besoin de réparations urgentes,
prendront parmi ces matériaux tout ce qui leur sera nécessaire, et
le partage en sera fait entre eux par les officiers municipaux, en
raison de leurs besoins respectifs ;
» 4*» Les officiers municipaux veilleront de tout leur pouvoir à
ce qu'il ne soit commis aucun pillage, ni détruit d'autres bâtiments
que les châteaux, les bâtiments nécessaires à l'agriculture devant
être conservés en entier ;
» {}• Les citoyens sont tous invités à célébrer les décades par la
démolition des dits châteaux, en y mettant le plus grand ordre pour
éviter tout accident ;
» 6* Les agents nationaux, tant des districts que des communes,
(I) CalendrUr de la Hat^ie- Vienne, année 1791} p» 70»
MONOOKAFfitR DE ÛaMPBfilGNilCÎ. îlâ
mlleront âe tout leur pouyoir à Tenlière exécution du prés&nt
arrêté.
» Tulle, le 8 nivôse l'an second de la République française une
et indivisible [S8 décembre 1793].
» Nota, — Il ne faut pas confondre les maison» de campagne qui
ont des petites tours faites en eul-de-tarape, ou dont TescaUer est
placé dans une tour ; oes maisons ne doivent pas âtre détruites.
[Signé] : « Brival,
» BoRiB, secrétaire » (1).
Après une semblable invitation, faite par des hommes quî avaient
des pouvoirs illimités, la population ne se fît pas prier. Elle envahit
le château, le pilla, et après l'avoir pillé se mit à le démolir. Elle
s'arrêta seulement lorsqu'elle ne trouva plus rien à emporter, et
que la démolition hii demanda un travail trop considérable.
Il y avait à Compreignac un meunier nommé Pierre Deglane, dit
Lafleur, natif de la paroisse de Saint-Jouvent. La tradition nous le
représente comme un homme bon et honnête, fort charitable pour
les pauvres, aussi était-il généralement estimé. Malgré cela, un de
ses concitoyens, dont il n'est pas utile de conserver ici le nom, le
dénonça aux autorités républicaines, comme ayant mal parlé des
hommes sanguinaires qui étaient alors au pouvoir. Il n'en fallut pas
davantage ; le meunier de Compreignac fut arrêté le 19 ventôse
an II (9 mars 1794). On l'envoya à Paris pour être jugé par le tri-
bunal révolutionnaire, et quand il eut souffert pendant trois mois
dans les prisons que de nombreuses exécutions ne venaient pas k
bout de vider, il comparut devant ce tribunal, qui Fenroya à la
guillotine avec une vingtaine de ses eodétenos, comme 11 le feisait
tons les jours. C'était le 27 prairial an II (15 juin 1794). Pierre
I^eglane était alors âgé de trente-six ans, et laissait à Compreignac
une femme et six enfants orphelins (4).
Parmi les hommes qui composèrent la municipalité de Comprei-
gnac pendant la Révolution, on n'en remarque aucun qui ait donné
la moindre preuve de talent ou d'instruction. Ce sont des hommes
médiocres, obéissant à un mot d'ordre venu d'ailleurs. Celui qui
tient le plus souvent la plume, tant pour la rédaction des actes de
Fétat civil que pour les procès-verbaux des séances, et qui semble
diriger les autres, n'a presque jamais manqué de mettre à la fin d^
(1) On trouve cet arrêté, imprimé en placard, à la bibliothèque natio-
nale, sous Ite ir^ 997 de la série L. 41 .
(J) Archives de la Hauie-Vienne, L. 165, et Archives nationales, W.
387, Qo 899, et388, Qoaoa.
iU dOClÉTÉ ARCRÂOLOGIQtlE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
ce qu'il écrivait, le signe employé alors par les francs-maçons dn
grade le plus inférieur, consistant en une barre entre deux
points ./.
Lorsqu*en exécution de Tarticle 25 du Sénatus-Consulte organi-
que du 16 thermidor an X (4 août 1802) Ton dressa la liste des 5S0
plus imposés du département de la Haute- Vienne, aucun des habi-
tants de Compreignac n'y fut compris, pendant que toutes les com-
munes voisines y étaient représentées.
Au rétablissement de l'ordre, la division territoriale reçut de
nouvelles modifications. Les deux cantons de Compreignac et de
Cieux furent réunis pour n'en plus former qu'un seul, et Nantial
fut choisi pour être le chef-lieu, comme étant la commune la plus
centrale. La cure de Compreignac fut alors cure de 2' classe, et
celle de Nantiat cure décanale. Mais le Conseil municipal de Com-
preignac réclama, comme étant « la cure la plus importante par sa
population, sa belle église et son agréable presbytère », pendant
qu^ Nantiat n'avait alors « qu'une population de 900 âmes environ,
une église non-seulement très petite et très malsaine, mais encore
menaçant ruine, et aucun logement pour le curé de canton, qui
était obligé de se retirer au heu de Frédaigue ». Il eut enfin gain
de cause, et par une ordonnance du 26 mai 1819, la cure décanale
du canton de Nantiat fut fixée à Compreignac (1). Plus tard un vica-
riat fut aussi érigé à Compreignac, par décret du 31 décembre 1863.
Le plan cadastral de la commune a été fait, en vertu d'un arrêté
du gouvernement du 3 novembre 1803, par M. Hippolyte Pristou,
ingénieur-vérificateur, et M. Betoulle, géomètre de 1" classe.
Pour dresser la carte de France, dite de l'Êtat-Major, les tra-
vaux ont été faits sur le terrain, à Compreignac, en 1842, par M. le
capitaine Tabuteau, qui étabht un signal sur la hauteur de Beau-
soleil, à 589 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces travaux ne
semblent pas avoir été exécutés avec tout le soin désirable, car,
outre un grand nombre d'habitations isolées qu'on ne trouve pas
sur cette carte, les villages suivants, dont plusieurs sont assez con-
sidérables, n'y sont pas indiqués : Le Lac, PuymeUer, La Jante,
Maudan, La Courède, Le Châtenet, Massauvas, Les Chevailles, Le
Malagnac, Le Mas, Couteillas et Daumar. Pour les quatre derniers,
la place des maisons est figurée sur la carte, mais les noms n'y sont
pas.
Pusieurs municipalités de notre département, prenant pour
modèle les armes de la ville de Limoges, se sont composé un écus-
son où figure le buste du patron de la paroisse. En faisant cela elles
(1) Registres de la municipalité de Compreignac.
HONOÔRAPHlE DE â01I^RBl6NA<i. Î\H
reproduisent le sceau paroissial, mais elles ont poussé Timitation
jusqu'à y mettre le chef de France. C'est ce qui a été fait à Com-
preignac. Aussi trouve-t-on sur quelques pièces modernes les
armes suivantes : de gueules au buste de saint Martin vêtu et nimbé
d'or y accosté des lettres S. M., au chef cousu d*azur à trois fleurs de
lis d'or.
III.
On compte dans la commune de Compreignac quarante et quel-
ques villages, répandus inégalement sur son territoire. Nous
allons les parcourir en signalant ce qu'on trouve dans chacun
d'eux.
Angelard. — Douze maisons, douze ménages, soixante-deux
habitants. — C'était une commanderie ou un prieuré régulfer,
dont la fête patronale était l'Assomption de la Sainte Vierge. Le
prieur de la Maison-Dieu de Montmorillon y nommait des titulaires
en 1473, 1569, 1596, 1613. Les PP. Augustins de Montmorillon
prétendaient qu'il était uni à leur mense. Il fut cependant obtenu
du pape en 1659. Le prévôt de La Souterraine y nommait en 4710;
ce fut ensuite l'abbé de Saint-Martial, lorsque la prévôté de La
Souterraine fut unie à la mense capitulaire de Saint-Martial en 1747,
Drovineau était prieur d'Angelard en 1759, et Fournier en 1783.
Angelard, en outre de son prieuré, a encore été paroisse pendant
quelque temps. Celle-ci comprenait les villages de Beaumont,
Beausoleil etMassauvas. C'est ce que les registres paroissiaux de
Compreignac servent à constater, mais il semble aussi que ce titre
ne lui ait été donné que du vivant de M, de Leyssenne, curé de
Compreignac, de 1665 à 1703. Voici toutefois les textes qui s'y rap-
portent :
« Le dix-huit décembre 1677 est décédé Jacques Rebet, il a été
enterré à Angelard ; il était âgé de quarante ans ou environ. —
Deleysenne.
» Le vingt-six du mois d'octobre mil six cent quatre-vingt-dix-
neuf, après avoir reçu les sacrements, est décédée Marguerite
Faure, du village de Massauvas, et a été inhumée dans le cimetière
de la paroisse d'Angelard ; elle était âgée de soixante ans ou envi-
ron. — Deleysenne.
» Le vingt-six du mois de décembre mil six cent quatre-vingt-dix-
neuf, après avoir reçu les sacrements, est décédée Catherine
Matissonne, femme de Jean Bourbonnaud, de Beausoleil, paroisse
tiê SOCIÉTÉ ARÛBÉOM^lQUft RT HISf ORIQOII W LIUOOSIIV.
d'Angelard, âgée de quatre-yingt-41x ans et a été enterFée dans le
dmetière paroissial d'Angelard — Delejsenne.
» Le premier jour du mois de juin mil sept ceats, dans Véglise
paroissiale d'Angelard, par moi soussigné, prêtre, do&teur en la
teeulté de Paris, curé de Gorapreignac, servant la paroisse d* Ange-
lard par ordre de feu Monseigneur Louis Lascaris d'Urfé^ d'heu-
reuse mémoire, a été enterrée fille de Léonard Vergnaud, du
village du Lac, âgée de deux ans ou environ — Deleysenne. »
Si les enterrements avaient lieu à Angelard, il n'en était pas de
même des baptêmes : « Le 4 février 1700, Léonarde Bonneteau,
du village de Beaumont, paroisse d'Angelard ; le 27 novembre 1700,
Louise Texier, de Massauvas, paroisse d'Angelard; le î janvier
1701, Léonard Bourbonnaud, de Beausoleil, etc., etc. » sont bapti-
sés dans réglise paroissiale de Compreignac par M. Deleysenne.
M. Reculés, son successeur, ne fait aucune mention de la paroisse
d' Angelard dans les actes se rapportant aux habitants de ces
villages; et tous les enterrements ont lieu à Compreignac.
Le 12 février 1776, le curé de Compreignac fait un mariage dans
la chapelle rurale d* Angelard, après en avoir obtenu la permission
de Monseigneur l'évéque.
Le cimetière d'Angelard n'a laissé aucune trace. L'église^ qui a
existé jusqu'à la Révolution, était placée au nord du village, dans
un lieu transformé en prairie. On y voyait encore, il y a peu
d'années, une partie de ses murailles. A l'angle de cette prairie, et
sur le bord du chemin de Népoulas, se trouve une statne en pierre
calcaire, représentant la Sainte Vierge, patronne de cette égUse.
Elle est assise et ses vêtements parfaitement drapés semblent indi-
quer une œuvre soignée du xni* siècle. Elle avait un mètre de hau-
teur, en mesurant la tête qui manque aujourd'hui, ainsi que les
mains.
Bachellèriè. — Dix maisons, dix ménages, cinquante-huit
habitants. — Antoine Dubois, bourgeois et marchand de limo-
ges, acheta îe 2 avril 1472 la fondalité et seigneurie du lieu de
Bachellefie, à Louis Faulcon, damoiseau, seigneur de Nantiat et
du Puymenier(l).
Audoin Dubois était seigneur foncier et direct du lieu et village
deBachellerîe et du petit étang du Couzet en 1597. Son père, Antoine
Dubois, avait acheté cet étang à Foucaud Faulcon, seigneur de
Thouron, par contrat du 23 août 1571 (2). La famîHe Dubois porte:
(t> Torriev d6 Gattpeeif naev
(2) Ibidem,
MONOGRA^HIR DR GOMPKElONAC. il7
i'ar à l'arbre de simple, à la bordure de gueules, chargée de sept
boucles d'argent,
Bâchellerie semble être passé de la famille Dubois dans la famille
Martin, par suite d'une alliance; car on trouve Messire Pierre
Martin, sieur de Bâchellerie, lieutenant de la juridiction et baronnie
de Compreignac, époux de Marguerite Vauzelle, dont la fille Léo-
narde, baptisée à Compreignac le 17 janvier 1699, avait pour par-
rain Jean Martin, sieur de La Valette, son oncle, et pour marraine
Léonarde Dubois, sa tante.
Beaumont. — Cinq maisons, cinq ménages, vingt-cinq habi-
tants. — Ce village, ainsi que le suivant, est situé près du
sommet et sur le versant occidental de la montagne la plus élevée
de la commune. En 1700, il faisait partie de la petite paroisse
d'Angelard, comprise dans celle de Compreignac.
Beausoleil. — Cinq maisons, cinq ménages, trente-deux habi-
tants. — Ce village est près du point élevé de 589 mètres au-
dessus du niveau de la mer, où les officiers d'Etat-major établi-
rent, en 1842, leur signal pour dresser la carte de France. En
1700, ce lieu faisait partie de la petite paroisse d'Angelard, com-
prise dans celle de Compreignac.
Léonard de Villelume, né en 1622, est dit seigneur de Beausoleil,
de Trasforôt (commune d'Ambazac) et de Royère (commune de
Bonnat).
Bellevue. — Une maison, un ménage, trois habitants. — SUr la
rive droite du Vincou, en face de Compreignac.
Le Boucheron. — Douze maisons, douze ménages, cinquante-
cinq habitants. — En 1405, Pierre Sarrazin, seigneur du Mazet,
céda à réglise de Compreignac, pour la fondation d'un service, les
droits qu'il avait sur Le Boucheron. — Le 1" février 1698, Jacques
Couteillas, notaire royal et greffier de la juridiction de Compreignac,
était seigneur du Boucheron.
Le Coudert-Jourde est aujourd'hui joint au Boucheron. Le
21 septembre 1576, Léonard Barny, seigneur de Compreignac,
avocat au siège présidial de Limoges, acheta la tiercerie et fondalité
de Coudert-Jourde à M. Foucault Faulcon, seigneur de Thouron
et de la Madeleine. Ses fils, Antoine et François Barny, seigneurs
de Compreignac, en étaient encore possesseurs le 18 mai 1584 (1).
Le Breuu-. — Trois maisons, trois ménages, vingt-quatre habi-
(\) Terrier de Compreignac.
T. XXXVII. <5
2tB SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BiSTOftIQUB DU LÎMOCSiN.
tants.— Arbert de La Celle, était seigneur de Thouron et du Breuil
enl6U(l).
Le Buisson. — Une maison, un ménage, trois habitants.
Ghabannes. — Dix-sept maisons, dix-sept ménages, soixante-huit
habitants. — A Touest de ce village, on trouve dans un taillis
un petit camp retranché assez bien conservé ; on l'appelle Le Châ-
teau. Un souterrain-refuge de l'époque gauloise a aussi été décou-
vert dans une terre voisine.
Au nord de ce village, sur le bord de la Couse, est l'ancien mou-
lin de Chabannes et, à côté, une filature moderne.
Chatenet-Maussan. — Dix maisons, onze ménages, soixante-
deux habitants. — - Le surnom donné à ce heu est probablement
celui des anciens propriétaires, et il sert à le distinguer des
autres villages du môme nom, tels que Châtenet-Marty, commune
de Bessines, Châtenet-Colon, commune de Saint-Pardoux.
En 958, Umbert et Plectrude, sa femme, firent don au monas-
tère de Saint-Martial de Limoges d'une mense située dans la vicai-
rie de Nantiat et dans la villa du Châtenet, et de deux autres men-
ses, situées dans la villa de Adillavernia (2). La première de ces
localités est probablement le Châtenet, commune de Compreignac,
et la seconde la Vergne, commune de Nantiat.
Les Chevailles. — Deux maisons, deux ménages, douze habi-
tants.
La Courède. — Cinq maisons, cinq ménages, vingt-sept habitants.
— La route de Bellac à Compreignac, actuellement en construction,
doit passer dans ce village.
CouTEiLLAS. — Une maison, un ménage, quatorze habitants. —
Le 21 décembre 1513, Martial de Villebert, demeurant à Cou-
teillas, déclare devoir une rente foncière sur ce lieu à noble et
puissant François de Pontbriant, conseiller et maître d'hôtel
ordinaire du roi, capitaine de Loches et de Blois, et à Mathive
Formière, sa femme, seigneur et dame de la Vallette et de Sainl-
Gence, absents, mais Marin de Montchenu, leur beau-fils, stipu-
lant (3).
(\) Terrier de Compreignac.
(2) Archivesdépartementales. Fonds de Saint-Martial, n^ 9163. a Qui est
in vicaria Nantiacensis, in villa que dicunt Gastancdo, ubi Berne cum
uxorc sua et cum infanlibus suis visus est manere. *
(3) Terrier de Compreignac.
tiONOGRA1>DI« DE COAIPREIGNAC. 314
Le nom de Couteillas, comme celui de la plupart des villages,
était aussi porté par une famille du pays. Ainsi, outre Jacques Cou-
teillas, seigneur du Boucheron en 1698, on trouve Martial Couteillas
de la Ribière, bourgeois de Compreignac, dont la fille Marie épou-
sait, en 1781, Jean-Baptiste Barbou de Leymarie. François Couteil-
las, avocat au Parlement, maria en 1773 sa fille Marie avec
François Juddes, seigneur de la Rivière, gendarme de la garde du
corps du roi (1).
La Croix. — Trois maisons, trois ménages, quatorze habitants.
Daumar et le moulin de Daumar. — Huit maisons, huit ménages,
trente-neuf habitants. — Placé à une altitude de 447 mètres, ce
village domine le Vincou qui, dans son voisinage, a des bords très
pittoresques. Le moulin est aussi appelé Las Vaurias.
L'EcHALEER. — Une maison, un ménage, cinq habitants.
La Faye. — Six maisons, six ménages, vingt-huit habitants. —
La Faye et le moulin de La Faye sont situés à l'extrémité méri-
dionale de la commune, aux sources d'un petit ruisseau qui va
se jeter dans l'étang de Tricherie.
Gatebourg. — Trois maisons, quatre ménages, dix-sept habi-
tants. — Village placé à quelques centaines de mètres du bourg
de Compreignac, près de la rive gauche du Vincou.
La Jante. — Cinq maisons, cinq ménages, vingt-six habitants.—
Ce village est à i ,600 mètres du bourg de Compreignac, sur la
route de Limoges. Une maison du xsv siècle, dont la porte était
défendue par d'élégants mâchicoulis, a perdu, dans de récentes
réparations, tout ce qui caractérisait son ancienneté. C'était
l'habitation de la famille Gayte, qui y résidait très anciennement.
Une autre maison, dans le milieu du village, porte aussi quel-
ques ornements du xvu* siècle. Une de ses pierres donne la date
1672, qui, quoique écrite d'une manière assez bizarre, ne peut pas
être lue différemment.
La peste de 1631 fit beaucoup de mal dans ce lieu, qui semble
n'avoir jamais eu plus de quatre ou cinq habitations.
C'est à côté de ce village qu'ont été faites d'intéressantes décou-
vertes.
Le 3 décembre 1811, le domestique du sieur Jean Gayte, en tra-
vaillant dans un des champs de son maître, à l'est du village, brisa,
(1) Registres paroissiaux.
îiù SOCIÉTÉ ARCDÉOLOGIQOE ET tllSTORlQUB DU tlMOtJSm.
d'un coup de pioche un pot de terre noire, qui contenait environ
cent vingt médailles romaines et cinq à six cents gauloises ou cel-
tiques. Le temps et Fhumidité leur avaient donné une teinte verdâtre
qui fit croire au domestique qu'elles étaient en cuivre ; cependant il
les ramassa avec soin et les porta à son maître. Celui-ci partagea
d'abord l'opinion de son domestique; néanmoins, il les fit bouillir
dans du lessif, et cette opération les ayant un peu nettoyées, ils les
crurent alors d'étain ou de plomb. D'après cette opinion, le domes-
tique les donnait, soit gratuitement, soit pour le prix modique de
dix centimes. Les amateurs choisirent et ce trésor fut ainsi dispersé.
Un assez bon nombre furent recueillies par MM. Martin et Duroux
et ont passé dans le médailler formé par la Société archéologique,
devenu depuis la propriété de la ville, puis de l'Etat.
Quatorze de ces pièces, en argent, ont été décrites dans le Bulle-
tin de la Société archéologique (1). Elles sont toutes romaines. Mal-
heureusement on n'a pas fait la môme chose pour les gauloises.
Il y a trente ans, je vis chez M. Courdeau, propriétaire à Gom-
preignac, neuf monnaies ayant fait partie de ce trésor. Il y en avait
trois gauloises et six romaines ; elles étaient en assez mauvais état.
Voici les descriptions sommaires que j'en pris alors :
Gauloises : — 1° Tête tournée à gauche, couverte d'un casque
avec ornements; sur le devant, une rangée de points, peut-être plus
probablement de lettres? — R/ Frappée de côté : Cheval allant à
gauche (il n'y a que la moitié antérieure du cheval), une rangée de
points forme sa crinière. Au-dessus, il y a trois points ou probable-
ment des lettres ?
2** Différents ornements avec un grenelis. — R/ Cheval, avec
sa bride, allant à gauche (la moitié antérieure seulement);
3* Le côté de la face est complètement fruste. —■ R/ Cheval
dont on ne voit que le cou. Grenetis dans la bordure. Au-dessus
du cheval on voit les lettres : SOAIA» ^^ ^ *'^^ détourne la
pièce VIVOS (2).
Romaines. — - 4° LIBO (?). Tête de Rome couverte d'un casque
ailé, regardant à droite; au-dessous du menton : X; — R/ Les
Dioscures à cheval, la lance abaissée; exergue : Q. MRC. ROMA.
Deux centimètres de diamètre (3).
5* Q. CVRT. Tête de Rome couverte d'un casque ailé, regardant
(4) T. Vil, p. \n.
(9) M. J.-B. A. A. fiarlhélemy attribue les monnaies gauloises dans les-
quelles le cheval ne se voil qu*à mi-corps à la Gaule cisalpine.
(3) Denier de la famille Junia : G. Junius Libo, Caii filius (J.-6. A. A,
Darlhélemy).
MO.^OGRAPHIB DE COUPREIGNAC. 991
à droite; derrière la télé : X., le tout entouré d'un grenetis. —
H/ Homme assis dans un quadrige ; exergue : MSIA. ROMA (1).
6^ C. MARI. CAPIT, VIIII. Tête de Cérès à gauche. — R/ Un
homme labourant avec deux bœufs et allant à gauche; exergue :
VIIII (2).
7» DOSSEN. Tête laurée de Neptune tournée à droite. — R/ Vic-
toire au-dessus d'un char traîné par quatre chevaux, allant à
droite; exergue : I. RVBRI. Grenetis dans la bordure (3).
8** Tète de Mars, regardant à droite, S. C. Grenetis. — R/ Un
bélier allant à droite ; exergue : RVST. avec grenetis dans la bor-
dure (4).
9* Tête de dieu Therme, regardant à droite. — R/ I. Q. TITI.
Pégase allant à droite (5).
Vers 1858, on a découvert dans le môme lieu un denier d'argent
consulaire de la famille Cœcilia au nom de Q. Metellus Scipio le
Pieux, que M. Deloche décrit dans le Journal général de rinstruc-
tion publique du 27 octobre 1858 (6).
Enfin, au mois de mai de cette année 1889, M. Betou, proprié-
taire du champ où fut trouvé ce trésor, y a recueilli une monnaie
en argent, parfaitement conservée. Elle a deux centimètres de
diamètre, et chaque face est bordée d'un grenetis. C'est un denier
de Lucius Gassius Longinus, triumvir vers Tan de Rome 700. Il a
été décrit par différents auteurs, mais il offre quelques variantes
avec les types connus :
(4) Le médaillier du Musée national Adrien Dubouché exposé dans la
Salle des Fêles, à l'Hôlcl-dc-VilIe de Limoges, conserve les monnaies de
La Jante recueillies par la Société archéologique. 11 possède cinq deniers
de la famille Junia alliée à la famille Curlia. L*un d'eux a beaucoup de
rapports avec celui-ci. Au droit : Q. CVRT. Tôte de Rome casquée à droite.
Derrière X. — R/ M. SILA, ROMA. Quadrige.
(3) Le Musée national Adrien Dubouché possède deux deniers de la
famille Maria. L'un porte au droit : G. MARI. C. F. CAPIT. XVIIL Tête de
Cérès à gauche. — R/ Duumvir conduisant deux bœufs dans les champs;
au-dessous, XXIIL L'autre ne diffère du premier que par les chiffres de
la face et du revers : XXXXV.
(3) Le Musée national Adrien Dubouché possède quatre deniers de la
famille Rubria, dont un absolument semblable au nôtre.
(4) Le Musée national Adrien Dubouché possède un denier de la famille
Rustia absolument semblable au nôtre.
(5) Le Musée national Adrien Dubouché possède trois deniers de la
famille Titia, dont deux absolument semblables au nôtre.
(6) Le Musée national Adrien Dubouché possède six deniers de la
famille Cœcilia de types différents, dont Tun est semblable à celai décou-
vert en 4858, /
iSS SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Tête voilée de Vesta, regardant à gauche ; derrière, une lampe
(les descriptions disent le simpuluniy mais ici il ne peut pas y avoir
de doute) ; devant, une lettre qui semble être L (les mêmes des-
criptions disent : une lettre alphabétique variable). — R/ Citoyen
romain debout, de face, déposant dans une ciste, placée à sa droite,
un bulletin de vote, marqué d'une lettre qu'on ne distingue plus.
On lit à côté : LONGIN. III. V. {Longinus triumvir.) (1).
La tête de Vesta fait allusion au procès fameux intenté aux ves-
tales par le préteur Cassius Longinus Ravilla en 64i (2).
Le personnage du revers, déposant son bulletin de vote, fait allu-
sion à la loi Cassia que fit décréter en 617 le tribun L. Cassius
Ravilla, et qui ordonnait le vote par bulletin écrit dans les
jugements du peuple (3). Le Dictionnaire des antiquités roinaines,
par A. RicH, décrit et représente la ciste romaine d'après cette
monnaie.
Ce trésor a pu être enfoui au commencement de notre ère, car
de toutes les pièces que l'on connaît, la plus récente a été frappée
trois ans avant la naissance de N. S. J.-C.
Depuis cette découverte, le lieu où elle a été faite porte le nom
de champ du trésor. En le visitant j'y ai trouvé quelques rares dé-
bris de briques romaines, sans aucune autre trace de construction.
A la suite de ce champ se trouve une pièce de terre qui le limite à
l'est, connue sous le nom de terre du Temple ; elle est aujourd'hui
plantée en châtaigniers. Elle a probablement appartenu à quelque
maison des Templiers ou de l'ordre de Malte. Je ne puis pas croire
exacte la tradition qui y place un couvent d'hommes.
Dans un champ cultivé et à deux cents mètres environ à l'ouest
du village de La Jante existe un souterrain-refuge de l'époque gau-
loise qui est encore assez bien conservé. On rapporte qu'il avait été
ouvert une autre fois, sans qu'on puisse en préciser l'époque, et
cela à la suite d'un accident qui arrive fréquemment. Le terrain
s'affaissa sous les pieds des bœufs qui labouraient. Après qu'on
(1) Le Musée Dational Adrien Dubouchô possède cinq deniers de la
famille Cassia. Deux de ces monnaies portent au droit la tôle voilée de
Vesta. Derrière la léte de Tun, un vase de sacrifice, et au revers :
LONGINUS. in. VIR. Citoyen romain debout, de face, déposant, dans une
ciste placée à sa droite, un bulletin de vote marqué de la lettre A.
Nous devons les communications relatives au Musée à M. P. Ducourlienx,
l'un des sous-conservateurs.
(2) TiTE-LivE, LKllt. — Valère Maxime, t. III, p. 7, 9.
(3) CiCERO, De leglbus, III, 16, 35, 37. — Pro Sexto, 48, <03.
HOMOGRAPHIE DE GOMPRBIGNAC. 323
y eut pénétré, on se contenta de combler Touverture produite par
cet accident. De nos jours il a été ouvert en soulevant la pierre qui
en couvre l'entrée principale. Je Tai visité le 20 octobre 1870.
L'entrée est un puits de forme carrée (A). On y a ménagé des
trous dans les parois pour en faciliter l'ascension. C'est la seule
partie où se trouve de la maçonnerie, tout le reste est taillé au pic
dans le tuf dur. Arrivé au bas de ce puits, on trouve une galerie
de 8 mètres de longueur et en ligne droite, assez haute pour qu'un
homme puisse s'y tenir debout. A son origine on remarque des
deux côtés des rainures qui ont servi à fixer une porte. Au milieu
et à son extrémité, elle tourne à gauche en formant un angle
droit (B C).
Avant de la suivre plus loin, remarquons dans la paroi un sim-
ple trou, de forme ronde, placé à 0,50 centimètres au-dessus du
sol (D); on dirait l'ouverture d'un four. Un homme d'une taille
ordinaire peut juste y passer. En nous y introduisant nous pénétrons
dans une salle rectangulaire, arrondie à une de ses extrémités. Elle
est large de 1",85 et longue de 4",65. Un banc, conservé dans le tuf
môme, règne tout autour et offre un siège assez commode pour un
bon nombre de personnes. Tout autour de cette salle on voit des
niches ou espèces de placards destinés à recevoir différents objets,
et dans la partie la plus élevée, d'autres trous plus petits, proba-
blement pour le môme usage. On remarque une semblable disposi-
tion dans les autres parties de ce souterrain. A une des extrémités
de cette salle (E), se trouve un passage qui s'enfonce profondément
dans le sol, et descend probablement à un étage inférieur. Je n*ai
pu le suivre, car il est obstrué par de la terre et des pierres. A l'au-
tre extrémité (F) il existe un passage fermé par une grosse pierre.
Ce doit être l'endroit où se fit l'ouverture dont j'ai parlé plus haut.
On est obligé, pour sortir de cette salle, de repasser par où l'on est
entré.
Lorsqu'on est revenu dans la première galerie, au point (C) où
elle tourne à angle droit sur la gauche, on remarque qu'elle a une
pente assez rapide et qu'elle forme un demi-cercle autour de la
salle que nous venons de visiter. En la suivant on arrive à un em-
branchement (G), et à un carrefour, où la voie s'élargit en forme
derotonde. En face, cette galerie se resserre subitement de chaque
côté et l'on se trouve à l'une des anciennes portes (H) chargée de
fermer et de défendre celte retraite souterraine. La place de la
porte est très apparente, et les trous dans lesquels on plaçait les
barres pour fermer sont encore intacts. Après avoir passé cette
porte, la galerie tourne à droite; mais ici une meule de moulin,
passée dans les rainures qui existent de chaque côté, nous ferme
i24 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
le passage, et nous ne pouvons plus continuer notre course vers
une issue extérieure ou une autre partie du souterrain.
Revenons sur nos pas et prenons la galerie que nous avons
laissée (G). Après avoir fait un coude elle nous conduit dans une
vaste salle de forme rectangulaire et se courbant un peu dans le
sens d'un arc de cercle (I). Elle a 7 mètres de long et plus de
deux mètres d'élévation. A un des angles (J), un passage élevé de
0°,50 au-dessus du niveau du sol est fermé par ime forte pierre
qui arrête encore notre course, et nous sommes obligé de prendre
une nouvelle galerie (K) qui nous conduit au milieu de la première
où nous sommes descendu.
J'ai remarqué que les personnes placées à l'intérieur de ce sou-
terrain entendaient parfaitement celles qui parlaient à l'extérieur,
quoique les soupiraux pratiqués obliquement dans ses voûtes soient
tous complètement fermés.
L'état de conservation de cette antique retraite ne laisse rien à
désirer dans les parties visitées ; si on pouvait ouvrir les galeries
qui sont obstruées, on aurait dans un état parfait le plus beau type
que je connaisse de ces souterrains-refuges de l'époque gauloise, si
nombreux dans nos contrées.
Le Lac. — - Neuf maisons, onze ménages, quarante et un habi-
tants. — Au mois de janvier 1886, en nivelant l'extrémité méri-
dionale de la prairie qui touche ce village, on découvrit un
souterrain-refuge de l'époque gauloise. Comme il était rempli d'eau,
il n'a pas été possible d'y descendre. En y faisant pénétrer de lon-
gues perches, on a pu constater en un endroit l'existence d'un long
corridor, et dans un autre celle d'un appartement de forme circu-
laire. Le propriétaire a fait combler le tout, et a transformé en
prairie le monticule dans lequel se trouve ce souterrain.
Lavaud-Couteillas. — Deux maisons, deux ménages, douze habi-
tants. — Ce village de Lavaud est placé près de Couteillas, et il
est ainsi nommé pour le distinguer du suivant.
Lavacd-Fleuret. — Dix maisons, dix ménages, quarante-huit
habitants. — La peste de 1631 fit de grands ravages dans ce lieu.
Les registres paroissiaux l'indiquent comme un de ceux où il y eut
le plus de décès au printemps de cette année.
Malagnac. — Onze maisons, onze ménages, cinquante-quatre
habitants. — Ce village était autrefois nommé le Grand-Malagnac.
L'ancienne route de Paris y passait.
MONOGRAPHIE DE COUPftElGNAC. $95
On trouve encore ici une famille portant le nom du lieu. Les cinq
frères qui composaient la famille de Malagnac sont nommés, en
1472, dans Tacte d'acquisition faite par Louis et Antoine Dubois (1).
Au siècle suivant nous retrouvons encore cette famille dans une
reconnaissance du 27 février 1554 : « A tous ceux qui les présentes
verront, nous garde du scel autentique royal établi aux contrats au
baillage de Limoges pour le roi notre sire, salut. Savoir faisons
que pardevant le notaire royal ci-de^ssous écrit et signé, et témoins
ci-après nommés, ont été présents et personnellement établis
Mathelin, Jacques dit Jaminet et Léonard de Malagnac, habitants
dudit lieu et village de Malagnac, tant pour eux que pour les
autres cotenanciers dudit lieu... d'une part; et sieur Hélie Dubois,
bourgeois et marchand de la ville de Limoges... d'autre part... »
Ils déclarent devoir audit Elle Dubois 7 setiers seigle, mesure de
Limoges, 22 sols 6 deniers et deux gelines de rente annuelle et
perpétuelle.
Margnac. — Quatorze maisons, quatorze ménages, quatre-vingt-
deux habitants. — Ce village est sur la rive droite du Vincou, qui
traverse son pittoresque étang. En 1300, Ahélide de Penneveyre,
dame de Montanet, avait des propriétés dans ce lieu (2).
On remarque dans le village une maison et une grange qui se
distinguent des autres par leur construction en pierre échantillon-
née et qui portent la date de 1651. La tradition locale nous apprend
qu'elles appartenaient aux religieux de Grandmont. Ces religieux,
ont défriché le Limousin. M. L. Reclus, professeur d'agriculture
du département constate avec raison que « les couvents seuls,
pendant le sombre moyen âge, furent les apôtres du progrès
agricole » (3). Ils ont créé dans nos montagnes un grand nombre
d'étangs qui leur permettaient d'établir de vastes prairies. Celui
de Margnac est du nombre. Il est ainsi indiqué dans l'arpentement
de 1742 : « N*» 5459. — Un étang, appelé l'étang de Margnac,
appartenant aux Messieurs de l'abbaye de Grandmont, et par eux
joui, de la contenance de quatre setérées. » Il leur appartenait
encore lorsque la Commission dite des Réguliers détruisit leur
ordre. Cet étang fut mis en vente par le district et l'administra-
tion des domaines, le 23 mai 1791. A ce moment, il ne se trouva
pas d'acquéreur (4).
(4) Voir cet acte aux documents.
(2) Nobiliaire du Limousin, t. lll. p. 315.
(3) Almanach limousin^ année 1890, p. H6.
(i) BulleUnde la Société archéologique, t. XXIV, p. 3&9.
2S6 SOCIÉTÉ ABCHÉ0L0G1QUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN,
Le moulin que les religieux avaient construit au-dessous de la
chaussée existe toujours. Ils transportèrent sur cette chaussée une
colonne de granit que Ton y voit encore et qui semble taillée à
répoque romaine. Son fût, sur lequel ils fixèrent une croix en fer,
a 0,60 centimètres de diamètre, et sa base, ornée de trois nervures
circulaires repose sur un socle carré de 0,90 centimètres de côté.
Cette colonne ressemble en tout aux colonnes romaines trouvées à
Limoges en 1888, en creusant la tranchée du chemin de fer de
Limoges à Brive.
Le village de Margnac possède, dans sa partie nord, une carrière
de kaolin dont l'exploitation a cessé depuis quelque temps.
Le Mas. — Deux maisons, deux ménages, onze habitants. —
C'est probablement ce village qui s'appelait jadis le Mas-de-
Bassac, dont parle l'acte suivant : « Assence perpétuelle en faveur
de sire Pierre des Cars, chevalier du Mas de Bassac, situé en
la paroisse de Compreignac qu'il a acquis de Guillaume Nor-
mand de Bassac, plus le Mas de La Vedrenne, sis dans la dite
paroisse, qu'il a acquis de sire Robert de Resés, chevalier, plus
le Mas du Vieux-Bassac, sis dans la dite paroisse, qu'il a acquis
du dit seigneur de Resés, plus trois setiers moins quarte de rente,
à la mesure de Razès, qu'il a acquis de Guillaume Puymenier, sur
le Mas du Yieux-Bassac Le lundi avant la fête de saint Luc,
1304(1).»
Le Mas-la-Roche, — Douze maisons, douze ménages, qua-
rante-huit habitants. — Placé sur la rive droite du Vincou, ce lieu
conserve encore une maison bâtie en 1621. Elle doit avoir été
l'habitation de la famille Châtenet. Jean Châtenet, écuyer, était
seigneur du Mas-la-Roche en 1788.
Massauvas. — Trois maisons, trois ménages, quinze habitants. —
On devrait écrire ce nom Mas-sous-Vent. Ce lieu est placé presque
au sommet de la montagne, dans un repli du terrain qui le met
à l'abri du vent.
Auprès, et au nord-ouest de Massauvas on trouve une pierre
curieuse, couverte de bassins et de rigoles. L^imagination popu-
laire veut y voir un lieu où les payens offraient des sacrifices san-
glants à leurs dieux. Ces pierres à bassins se trouvent sur toutes
nos montagnes granitiques. Plusieurs auteurs, ignorant sans doute
l'explication scientifique de la formation de ces bassins donnée par
(I) Terrier de Compreignac.
MONOGRAPHIE DE COMPRKIGNAC. 227
les minéralogistes, n*ont pas su rejeter cette fable qui n*a aucun
fondement.
Maudàn. — Deux maisons, deux ménages, douze habitants.
La Monge ou La Mongie. — Ancien prieuré d'hommes qui avait
pour patron saint Biaise et saint Eutrope, placé à côté de Népoulas,
sur la route de Paris. On Ta quelquefois confondu avec La Mongie
ou Le Dognon, prieuré situé dans la paroisBe de Saint-Etienne de
Versillac.
Il existait en 1157. Le prieur de Saint-Gérald de Limoges y
nommait des titulaires en 1557, 1573, 1609. L'évéque de Limoges y
faisait une nomination en 1659. Ce droit de nomination est ensuite
passé au roi lorsque le prieuré de Saint-Gérald a été uni à Fhospice
de Saint-Alexis.
Peu de prieurs de La Monge sont connus : Etienne de RoflBgnac,
qui avait été tonsuré en 1572, fut prieur de La Monge; il était fils
de Léonard de RoflBgnac, de Grimodie, paroisse de Roussac. N..:..
Devoyon, chanoine de la cathédrale de Limoges était prieur en
1742. Joseph Lamy de Luret, né à Limoges en 1723, fut curé de
Compreignac en 1759, et prieur de La Monge en 1770. Il mourut
en 1785. Jean Pineau, curé dlsle, le fut en 1785 jusqu'à la Révo-
lution.
Pendant la Révolution, ce prieuré fut vendu comme bien national,
et il ne tarda pas à tomber en ruine. Les héritiers du sieur Luguel,
qui en était l'acquéreur. Tout revendu en réservant pour le culte
remplacement de la chapelle.
Lorsque les autorités révolutionnaires mirent en vente cette cha-
pelle, les habitants du voisinage se concertèrent pour sauver la
statue du saint, et ils y réussirent. Elle fut alors placée chez un
nommé Léonard Déliot, habitant le heu de la Pêcherie, à proximité
du prieuré. Pendant les mauvais jours, et malgré la persécution, ce
fut dans sa maison que les pèlerins allèrent vénérer le saint le jour
de sa fête. Lorsque Tordre commença à renaître, et qu'un peu de
liberté fut accordée au culte catholique, Déliot prit Thabitude de
porter cette statue sur les ruines de Tancienne chapelle, et de l'ex-
poser à la vénération des fidèles, le 30 avril, jour de la fête de
saint Eutrope.
Les choses continuèrent ainsi pendant quelques années, mais
le 30 avril 1804, le maii-e de Compreignac se transporta sur les
lieux pour ordonner audit Déliot de se dessaisir de cette statue,
« afin qu'elle fût transférée dans l'église de Compreignac, lieu
indiqué et seul toléré par les lois pour recevoir le peuple à la véné-
^28 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIUOUSIK.
ration de ce saint ». — « Je ne fus pas écouté, écrit-il lui-même au
préfet. Je fus obligé de garder le silence parce que je m'aperçus
qu'en voulant employer la force j'aurais peut-être été cause d une
rixe populaire : de manière que la loi, dont j'avais demandé l'exécu-
tion, ne fut pas observée. »
Le 30 avril 1808, les populations vinrent à La Monge, encore
plus nombreuses que par le passé. La statue du saint y fut portée
de la môme manière. Le maire de Compreignac, dans un rapport
sur cette réunion, dit : « Je n'ai pas voulu m'y rendre dans la per-
suasion de ne pas mieux réussir que Tan passé », et il termine en
demandant l'intervention de l'autorité préfectorale. Celle-ci ne se
fit pas attendre, comme le montre la lettre suivante : « Le 28 floréal
an XIII (18 mai 1805) . — A Léonard Déliot à La Pêcherie. — Je vous
envoie et vous notifie l'arrêté du préfet du 19 de ce mois (9 mai
180S), qui vous ordonne de transporter [à l'église paroissiale] dans
le délai de trois jours, la représentation de saint Eutrope dont
vous êtes illégalement dépositaire. — Si dans trois jours vous
n'avez pas obéi à cet arrêté, j'en rendrai compte au préfet, qui
prendra contre vous les mesures jugées nécessaires et requises
par les lois. — Bariat, maire de Compreignac (1). »
La statue fut alors portée à l'église et mise par M. Rioublanc,
curé de Compreignac, dans la chapelle nord ; c'est là où elle est
encore conservée. Depuis ce jour, elle est transportée chaque
année sur les ruines de l'ancien prieuré, le 30 avril, fête de saint
Eutrope, et une foule considérable de pèlerins y vient l'invoquer.
Il ne reste rien des anciens bâtiments qui s'étendaient au sud-
ouest de la chapelle. Une belle porte du xvi* siècle était encore
debout il y a quelques années; elle a été transportée près du
village de La Pêcherie et utilisée dans un bâtiment sur le bord
de la route.
La chapelle qui dominait les autres constructions n'était pas très
vaste ; elle avait à l'intérieur douze mètres de long sur six de large.
On n'a rien trouvé dans ses ruines qui put faire connaître le style
de son architecture. Elle était accompagnée d'un cimetière, que
l'arpenlement de 1742 indique ainsi : « N° 5,396. — Une chapelle
et un cimetière au-devant, appelés de La Mongie, appartenant au
sieur Devoyon, prieur d'icelle, chanoine de Limoges, de la conte-
nance de quatre perches trois quarts. »
En 1884 la partie de cette chapelle qui formait le sanctuaire a été
rebâtie sur les mêmes fondations; elle sert maintenant d'abri au
clergé paroissial le jour de la fête de saint Eutrope. Dans la pre-
(i) Archives communales de Compreignac.
MONOGRAPblE DE COMPHRIGNAC. fiO
mière assise, à Tangle sud-est, on a placé une plaque en plomb por-
tant Finscription suivante :
ÀNNO DOMINI M D CCG L XXX IV
HOC PERANTIQLUM S^i EUTROPI SAGELLUM
JAM AB UNO S(£CIL0 DIRUTUM
A. LECLER COMPREINIAGI DECANUS
REi£OlFICARE COEPIT.
MoîiTAiGUT. — Douze maisons, douze ménages, soixante-trois
habitants. — Montaigut-le-Noir est situé vers l'extrémité méri-
dioDale de la commune, dans des montagnes dont le point culmi-
nant atteint 555 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est la
forme de ce sommet qui lui a fait donner le nom de Mont-Aigu.
Dans quelques anciens documents, on le trouve désigné par le nom
de Montaigut-en-Compreignac. L'abbé Nadaud nous dit dans son
Pouiîlé: « A Montaigut-le-ft/awc, archiprétré de Bénévent, le curé
était habillé de blanc, comme étant chanoine de Bénévent. Ici, les
religieuses étaient vêtues de noir, et pour différencier ces deux en-
droits on Ta appelé Montaigut-le-woir. »
Il y avait, en effet, à Montaigut, un ancien prieuré de filles, sous
le patronage de sainte Anne. Il existait avant H28. En 1196, Tabbé
et le couvent de Saint-Martin-lez-Limoges lui donnèrent, moyen-
nant les redevances spécifiées, le Mas de Vaupilou, aujourd'hui
Goupilou, commune de Beaune (1).
Guy Foucaud, chevalier de Saint-Germain, par son testament du
29 juillet 1302, fit aussi une donation à ce prieuré : « Item lego
monialibus de Monte-Acuto decem solides semel solvendos. » (2).
Malgré ces donations, la prieure de Montaigut n'était pas riche,
elle ne payait qu'avec peine ce qu'elle devait annuellement à l'ab-
baye de Saint-Marlin-lez-Limoges. Aussi trouve-t-on, vers 1376,
trace d'un « procès pour l'abbé et le couvent de Saint-Martin, con-
tre la prieure de Montaigut à cause de XIX sexliers de seigle de
pension dues par elle à l'abbaye de Saint-Martin ».
En 1262 et 1396, il n'y avait au prieuré de Montaigut que cinq
religieuses. Un peu plus tard, cette maison ne pouvait plus se sou-
tenir. Aussi, le 14 mai 1437, Guillaume de l'Hermite, abbé du
Dorât, l'unit, par composition, au monastère de Ligneux. Ligueux
était une abbaye royale de Bénédictines de la congrégation de
(l) Voir aux Documents le texte encore inédit de cette charte.
(S) Ce testament est publié par Tabbé Texier, dans le Bulletin de la
Soc. arcA. du LimoutUif IX, 129.
^3é SOCIÉTÉ ARCBiOLOGlQtJE ET ËIStOHtOtlE bU UMOUSlfl.
Gluny, située dans la paroisse de ce nom, canton de Savignac-les-
Eglises, arrondissement de Périgueux.
En 1627, l'abbesse de Ligneux avait affermé ses biens de Mon-
taigut; mais, soit que ces biens ne rapportassent pas ce qu'on
croyait, soit pour d'autres motifs, il s'en suivit entre elle et ses
fermiers un procès qui n'était pas encore terminé au moment de
la Révolution.
On ne connaît pas les prieures de Montaigut, si on en excepte
Marguerite de Razès de Monisme en 1332, et Marguerite Derbeau
à une date inconnue.
Aujourd'hui, tous les bâtiments anciens ont été détruits. L'em-
placement de la chapelle est très reconnaissable près delà fontaine
du village. On y voit encore la clef de voûte de ce petit édifice. Elle
porte une croix, en forme de rosace, inscrite dans un cercle, comme
le xn" siècle en mettait à l'intersection de ses nervures rondes.
Il y avait un cimetière, qui est ainsi indiqué, en 1742, dans l'ancien
arpentement de la paroisse de Compreignac : « N° 3277. — Cime-
tière, de la contenance de deux perches et quart, appartenant au
village. »
Le village de Montaigut, qui s'est formé autour des bâtiments du
prieuré, eut beaucoup à souffrir de la peste de 1630. Il fut des pre-
miers atteints, dans la première quinzaine d'octobre, et en peu de
jours dix-huit de ses habitants succombèrent.
MoNTCHAUD. — Douze maisons, douze ménages, cinquante-sept
habitants. — Ce village doit son nom à sa position méridionale,
sur le versant d'une montagne élevée de 483 mètres au-dessus du
niveau de la mer.
MoNTiMBERT. — Quatre maisons, quatre ménages, treize habi-
tants. — Près de ce lieu, qui est sur la route de Compreignac à
Saint-Pardoux, on trouve une partie de l'ancienne route de Paris,
qui passait par Compreignac. Bien conservée jusqu'à nos jours,
elle a été peu près détruite par Textraction récente de son maca-
dam.
Népoulas. — Trente-quatre maisons, trente-quatre ménages,
cent trente-cinq hcibitants. — Ce village était un point important
pour le roulage avant l'ouverture de la ligne du chemin de fer de
Paris. Il forme deux groupes d'habitations. L'un, sur le versant
oriental des montagnes, et l'autre le long de la grande route.
Une partie des eaux de la ville de Limoges vient de sources
répandues entre Népoulas et Angelard.
Le vendredi 28 janvier 1814, Notre Saint-Père le Pape Pie VII
MONOORAt»BIE DE COMPREIGNAC. ÎM
passa au village de Népoulas, lorsqu'il était reconduit de Fontai-
nebleau en Italie. Il avait couché à MorteroUe, et alla s arrêter,
pour prendre son repas, à la Maison-Rouge, un peu au-delà des
limites de la commune de Compreignac, dans celle de Bonnat.
Nespoux. — Trente-cinq maisons, trente-cinq ménages, cent
cinquante-cinq habitants. — Par le nombre de sa population, Nes-
poux est un des villages les plus considérables de la commune. Il
avait un étang, qui a été desséché depuis peu.
Le 24 novembre 1619, une saisie eut lieu sur les fruits de ce
>111age au nom de Jamette Dupeyrat, femme de sire Pierre Verrier,
marchand et orfèvre de Limoges, comme héritière de feu Pierre
Audier, son fils, héritier universel de feu Martial Audier, son père,
de son vivant bourgeois et marchand de Limoges (1).
Palustras. — Au sommet des bois de Palustras, qui sont, comme
l'indique leur nom, au-delà d'un marais fpalus transj, on trouve
une pierre appelée le fauteuil du juge. C'est une roche ordinaire
sur laquelle on remarque une excavation affectant la forme d'un
fauteuil. Peut-être la main de l'homme a-t-elle un peu aidé la
nature à transformer ce bloc. Toutefois cette curiosité n'offre au-
cun intérêt pour l'histoire.
Pekny. — Neuf maisons, neuf ménages, trente-neuf habitants. —
Le village de Penny domine le moulin du même nom, qui est placé
sur la rive gauche du Vincou, dans une gorge des plus pittoresques.
Planchevieille, -r- Il ne reste plus rien des habitations, du mou-
lin et de l'étang de Planchevieille.
Le 15 avril 1630, Pierre Benoit, chevalier, seigneur de Comprei-
gnac, permit, moyennant une geUne par an, à François Martin,
notaire royal du bourg, de construire un moulin à chanvre au-
dessous de la chaussée de l'étang de Planchevieille (2).
Les registres paroissiaux signalent le lieu de Planchevieille
comme un de ceux où la peste fit le plus de mal, au printemps de
1631.
PoNTABRiER. — Trois maisous, trois ménages, douze habitants.
— Ce lieu, placé sur la rive gauche du Vincou, doit tirer son nom
d'un pont établi sur cette rivière. Dans l'arpentement de 1742,
il est souvent appelé simplement Le Pont ; mais dans l'hommage
de 143811 est désigné sous le nom de Pons Aberi.
Jean de Pontabrier, prêtre, et autre Jean de PoDtabrier, son
(1) Terrier de Gompreignac.
^ii SÔCléré ARCHEOLOGIQUE ET âtSTORlQUB DO LlltOUSlN.
frère, chirurgien, achetèrent, le 21 février 1614, de Vincent
Descoudier, de la ville de Grandraont et y demeurant, procureur
fiscal des juridictions des dits Grandmont et Moncocu, une maison
dans le bourg de Corapreignac. —M* Jean de Pontabrier, praticien,
habitait Compreignac le 11 mars 1655.
Le moulin de Pontabrier, sur l'étang de ce nom, que traverse le
Vincou, fut acheté, le 18 février 1649, par Martial Benoit, seigneur
de Compreignac : « Sachent tous que, pardevant le notaire royal
soussigné et les témoins ci-après nommés, a été présent et person-
nellement établi M" François Decoudier, bourgeois de la ville de
Limoges, lequel a vendu à noble homme Martial Benoit, chevalier,
conseiller du roi, trésorier général de France, seigneur de Com-
preignac et du Mas-de-Lage, deux moulins à blé, moulant l'un à
seigle, Tautre à froment, appelés de Pontabrier.... et bâtiments joi-
gnants, appelés la Maison des Fournier, la maison vieille, haute
et basse..., joignant Tétang appartenant au dit seigneur, et la
maison des hoirs de feu Gabriel Pontabrier » (1).
En 1742, il avait « quatre meules, deux à seigle, une à broyer le
chanvre et Tautre à piler le millet », et il appartenait à M* Joseph
Blondeau, seigneur de Corapreignac.
Sur la porte d'une des maisons de ce mouhn l'on voit encore les
armes des Benoit : d'azur au chevron d'or accompagné de trois
tnains bénissantes d'argent.
Prassigout. — Sept maisons, sept ménages, trente-cinq habitants.
Puy-Lariotte. — Une maison, un ménage, six habitants. —
Habitation isolée sur la rive droite du Vincou, en face du bourg.
Puy-Martïn. — Cinq maisons, cinq ménages, dix-neuf habitants.
— A l'ouest et dans les dépendances de ce village existe une
curiosité naturelle, que le voyageur aperçoit en suivant la route
de Thouron. Un chêne, d'une grosseur ordinaire, porte à son
sommet un bouleau fort \igoureux. Au-dessus de la tête du
chêne, s'élance le tronc blanc du bouleau et ses branches s'élèvent
à une grande hauteur au-dessus du chêne sur lequel vit ce
parasite.
Put-Mélier. — Six maisons, six njénages, vingl-six habitants.
Puy-Menibr. — Trente-trois maisons, trente-trois ménages,
cent quarante-deux habitants. — La route de Compreignac à
(I) Terrier de Compreignac.
MOV^fiflAPHIB DB OOHfllBIGHAGi &33
Saiût-Sympborien passe dans ce village, mais, quoique coiisli*ailè
depuis plus de vingt ans, ses deux extrémités restent encore à lairè.
Pierre-Etienne du Puy-Ménier fde Podio Mameriij prétendait
avoir des droits sur la chapelle de Gourrieux, qui fut donnée à
Aareil entre les années 1147 et li89 (1).
Guillaume du Puy-Ménier vendit, avant 1304, trois'setiefs moira
quarte de rente à Pierre des Gars sur le mas du Vieux-Bassac^
Louis Faulcon était seigneur du Puy-Ménier et de Mantiat m
1472. Les armes de cette famille sont : écarteié, aux /** ^ 4* d'atur
à la croix d'wr; aux 2* et S* d'azur à trois fewrs de <m d'$r et Prois
tours dont deux d'argent et une d'4»r.
Le château du Puy-Ménier fut détruit, peut-être pendant la
guerre des Ajaglais, mais toutefois il était ruiné lorsque cette terre
passa, par acquisition, de la famille Faulcon à la famille Barny en
1583 (2). Un peu plus tard, le fief du Puy-Menier fot acquis
d'Antoine Barny, avec Compreignac, par Martial Benoit (3).
Saint-Roch. — Une maison, un ménage, cinq habitants. —
Vers la fin de septembre 1630, un voyageur de nom et d'origine
inconnus, descendu à Thôtel des Trois-Ânges, à Limoges, y
mourut de la peste qui ravageait, cette année-là, l'Europe
entière. Ge fut l'origine de la contagion qui dépeupla cette ville
et ses environs. S'il faut en croire les Annaks, elle emp^orta,
« tant dans la ville que dans la Gité, aux faobourgs et la banlieue,
20,000 personnes ». On pratiqua de grandes fosses au cimfetière de
Saint-Cessateur, où furent jetés en hâte et sans les égards accou-
tumés, les corps, bien souvent privés de cercueil, car les ouvriers,
comme les fossoyeurs, ne suffisaient pas au funèbre travail.
Compreignac et ses environs, après Limoges, furent des pre-
miers atteints. Dès le mois d'octobre, cette peste y exerçait des
ravages effrayants,
Pierre Mesnager, réfugié dans sa métairie de Beaune, écrivait
que dans certains villages, « il n'est demeuré vivants ni hommes, ni
femmes, ni petits enfants. Le dégât fut grand notamment du côté
de Grandmont, aux villages appelés Glou, Puy-Garsault, Péret et
autres », situés sur la limite orientale de la paroisse de Gomprei-
gnac, mais dans celles de Saint-Sylvestre et d'Ambazac.
Le curé de la paroisse a écrit sur le registre des actes de sépul-
ture : « Mémoire soit, que depuis le quinziesme octobre, l'année
(1) Gartirltire d'Aurieil.
(S) Voir cet acte d'acquisition aux Documents,
(3) Voir cet acte d*acqaiaition, en 1597^ aax Documenta».
T. xxxvu. 10
334 80CIÊTÂ AECBÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
1630, jusqu'au quinziesme janvier auprès 1631, il en est mort au
village de Montagut dix-huit tant petits que grands, et sont morts
de la contagion. »
Et un peu plus bas : « Soit mémoire que en Tannée 1631, depuis
environ le mardi gras, jusqu'à la fin du mois de juing de la dite
année, il en mourut de la contagion, tant au village de La Jante,
Planchevieille,'Lavaud-Fieuret, que Compreignac ; il y en est mort
de la dite maladie quatre-vingts ou environ. »
Enfin, ceux qui restaient encore, voyant leur impuissance à com-
battre cette peste, firent un vœu, et promirent de bâtir une cha-
pelle à saint Roch, si le mal cessait.
Leurs prières furent exaucées. A la suite d'une procession faite
le 16 août, fête de saint Roch, la peste cessa, en effet. Par recon-
naissance, et pour accomplir leur vœu, ils bâtirent la chapelle de
Saint-Roch, qui a subsisté jusqu'à la Révolution.
Les habitants de nos jours, oubliant le vœu et la reconnaissance
de leurs pères, ont laissé tomber cette chapelle. Sur son emplace-
ment la table de granit qui formait son autel est toujours à sa
place; à côté se dresse une croix de bois autour de laquelle on voit
encore prier, le jour de Saint-Roch, quelques pèlerins venus des
paroisses environnantes.
La Roche. ~ Dix maisons, dix ménages, quarante-cinq habi-
tants. — Ce lieu est appelé La Roche-de-Boussac, ou de Bassac,
dans une reconnaissance du 13 novembre 1554 pour messire
Léonard Barny, licencié ès-lois, juge ordinaire de la ville de
Limoges et seigneur du fief noble du Mazet de Compreignac.
La Rode. — Une maison, un ménage, six habitants. — L'étang
de La Rode est aussi traversé par le Vincou. Ce dernier forme une
très pittoresque cascade en franchissant la chaussée de l'étang.
Le moulin a été reconstruit en 1889.
Le Sauvage. — Une maison, un ménage, huit habitants.
La Vauzelle. — Quinze maisons, quinze ménages, soixante-dix-
huit habitants. — La Chambre des fées, située à l'est et à quelque
distance de ce village, n'est autre chose qu'un immense rocher, fai-
sant partie de la montagne, sous lequel il existe une cavité de peu
d'étendue.
Vedrenne. — Le mas de Vedrenne avait été acquis par Pierre
des Cars, de sire Robert de Résé, chevalier, à une époque incon-
nue, mais antérieure à 1304. La famille Benoit, de Limoges, le
posséda ensuite. Par acte du 7 janvier 1403 (vieux style), Etienne
monograpbik de gompreignag. 232^
Benoit donne à réglise de La Drouille-Blanche, paroisse de Bonnat,
une rente de six setiers de seigle sur son domaine de La Vedrenne,
paroisse de Gompreignac (1).
Les champs ont gardé le nom de Vedrenne, mais il ne reste aucun
bâtiment. Au milieu d'une terre cultivée on trouve un souterrain-
refuge de répoque gauloise ; il est en partie comblé, et ce qui en
reste est utilisé comme cave. Auprès, et non loin de la rive du
Vincou, est une fontaine dite de Saint-Martin, à côté d'une croix,
où les habitants du voisinage vont quelquefois prier pour obtenir la
guérison de leurs malades.
Vénachat. — Dix maisons, dix ménages, quarante-deux habi-
tants. — Les tenanciers de Vénachat, le 26 octobre 1873, « dé-
clarent devoir une rente foncière annuelle et perpétuelle à sire
Antoine Dubois, bourgeois et marchand de Limoges, et à dame
Barbe Boyol, veuve de feu M« Pierre Dubois, élu, quand vivait, au
haut pays de Limousin, pour et au nom et comme tutrice de ses
enfants et du dit feu M* Pierre, et comme ayant les droits cédés du
sieur de Thouron (2) ».
V1EU.LEVILLE. — Treize maisons, treize ménages, soixante-et-un
habitants. — « D'après la tradition du pays, il existait jadis
dans cet endroit une ville très vaste et très peuplée qu'on appelait
Perey, dont l'enceinte se prolongeait jusqu'à un autre village nommé
Ville-Bert. » Cette tradition, rapportée par M. Duroux en 1812,
paraît déjà suspecte à M. Martin, membre correspondant de la
Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Vienne en 1816.
Et ce n'est pas sans raison. En publiant la dissertation de ce der-
nier, le comité de rédaction de notre Société archéologique témoi-
gne le désir que des recherches plus profondes soient faites sur ce
sujet. Je puis lui donner entière satisfaction.
La tradition de l'existence d'une ville de Peyré ne se trouve pas
seulement à Gompreignac, mais dans toutes les montagnes de nos
contrées, et pour ce canton encore plus particulièrement dans le
groupe qui s'étend sur les communes de Cieux, de Vaulry et jusqu'à
Blond. J'ai visité, sans en omettre aucun, tous les lieux où une tra-
dition quelconque plaçait cette ville. Or, je n'ai rien trouvé que
des amas de pierres assez considérables, que les laboureurs sont
obligés de sortir de leurs champs pour faciliter le passage de la
charrue. Ces pierres sont entassées sur les limites des cultures. Si
dans le pays le mot Peyré a un sens, il ne peut pas désigner autre
(1) L. GuiBBRT, BuUetin de la Société archéologique, t. XXIX, p. 998,
(2) Terrier de Gompreignac.
f^ SOCIÉTÉ AEQBÉOLOeniQS BT BfSTOMQUB DU LlVOtJSlIf.
chose que ces aœas de pierjdôs bïliteb^ qui à'èàt jamais étô
emplofées ims aucune eonstnictieâ.
Quant à la ville de Peyré indiquée près de VieiUeiriHe-, elle
aurait occupé tout le triaof le que forment lès villages de lA Jaole,
YieiHeville ei ViUeberU Or> ce dernier villâjge est à 6 kilomètres
des deux premiers^ et Goiapreignac se trouva au cailteu de èe iariàst'
gle. « Une ville aussi vaste que Tannons M. Duroux, ayant existé
à eaviroH deux myriamètres de limoges^ est un fdt historique d*aQ^
tant plus extraordinaire quo Torigine de Uetoges sepeMant dans
la nuit des temps, il est difficile de se persuader que deux grandes
villes ont existé à la même époque et à si peu de distance Fime de
r**t*ei(l)*.
h Bst iMtile de ^'arrêter plus longuëiâent à cette prétendue
tradittoû qtie rtéîi n'appiife, et qui îtt doit suï-tôttt sbh ortcitté âti
mot Vièilieviltè. (iwaht à rattfeléimetéd'e feè nWt'gè, elle êèt trè*>eia-
tiVe^ dAt les pîeites avec quelques riioùluîr'es qu'ob J troiiYe encore
ai>partièùtieht à des portes ou à de^ fenêtres du Ivi^ et bïéknie du
tsii* siècle.
ViLLEBERT. — Quinze maisons, quinze ménages, soixante-seize
habitants. — M. Marliii, dans son rapport à la Société d'agricul-
tûrè, sciences et arts de la âautè- Vienne (â^, dit que ce nom est
composé de deux mots celtes ; fii ou Guii, aoù sont venus mtté,
village, etde -Ôer, qui signifie : 1* clair, limpide; 2* illusWey célè-
hre^ et il conclut que Villebert veut dire ville illustre, ville célèbre.
En acceptant k signification des deux mots celtes, et eii tenant
compte de la position topographique de ce lieu, je proposerai une
étymologie plus modeste, mais qui semble plus vraie, villebert est
placé sur le versant oriental d'une montagne, dont le sommet, à
485 mètres au-dessus du niveau de la mer, domine tout le pays qui
s'étend entre la Couse el le Vincou. En prenant le mot Ber dans
le sens de clair, ïimpiàe, Villebert indiquera un village placé sûfMn
sommet élevé et clair. tJn grand noihbre de lieux placés daùls des
positions semblables s'appellent Clair-Mont, ou Clenntoht.
Ce C[m confirme encore cette étymologie, c^est que la tùotitâgûe
(elle-même porte le nom de ^eux-Bert, et qu'on ne peut pas soUger
à faire de ce sommet aride une montagne illustre et célèbre.
Entre les villages de Villebert et Nèpoux, dans une terre labou-
rée, oùronreûcontre d'autres débris de constructions romaines, se
trouvent cinq grandes dalles de granit, sur lesqûelïes ûnè ïigole
Kl) Bumtih de la Sodéîé etroMéôhiiitie dé lÂmù^et^ U ViU p. t38.
[i) Année 181 S, p. 50.
MOlKHIMPni DB OOIIIIBIIGNAO. §3?
de 30 centimètres de large est taillée longitudinalement. Elles
devaient paver l'avenue d'une habitation romaine, dont il ne reste
pas d'autres traces. On en signale d'identiquement semblables dans
des ruines romaines, à Poitiers (1), et au village du Mas, commune
d'Àzerables (2).
(I) Bulletin monumental^ t. XL, p. 179.
(t) Mémoire des Antiquaires de VOueet, t. XIX, p. S41.
938 SOCIÉTÉ ARGBÉOLOGIdnE BT HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
IV
DOCUMENTS
ÎÎ9Ô, — Donation^ à Montaigut^ du mas de GoupiUou.
Notnm sit omnibus Um prœsentibus qnam futuris, quod P... abbas
Sancti Martini Lemovicensis et conventus ejusdem monasterii dedere et
concessere in capitulo priorisse et sanctimonialibus de Montegut, roansum
de Volpilo et ea que manso pertinent, et auum dominlum et decimam,
lespleitet ea que in manso suo erant eu vestir eu devestir> que omnia erant
supradicte ecclesie Sancti Martini, tali censu quod supradicte domine debent
annuatim reddere duodecim sextaria, VI frumenti et VI siliginis, vendenlia
et ementia, V solides in festo sancte Marie septembris, duodecim sextaria
debent reddi preposiio de Beuna in cellario de Beuna, et V solidi in nati-
vitale Domini, salvo jure parrochîonatas ecclesie de Beauna et molendini. Et
sialiquisdefamilia sanctimonialium ibi decesserit, ad ecclesiam suam repor-
tabitur et sepelielur, et si forte fortuitu, quod absit, aliquis aliquam vio-
lentiam saper prenominatis que dominus abbas et conventus eis concesserit
vellel inferre, dominus abbas et conventus debent jure defendere et sequi
eas ubi aliquis vellet causidicari ; ita lamen quod dominus abbas, seu ille
quem roittet ad presentiam Domini Episcopi infra dietam unam, de bursa
sua faceret expensam suam et nullam prorsus aliam. Hanc donationem con-
firmavil dominus abbas et totus conventus retinendo sibi V libras accapta-
menti in mutatione abbatum Sancti Martini. Testes hujus confirmationis
sunt P. Deveural archidiaconus, Hel. Lamaeza, archipresbiter ; Hel. Daisa.
B. Olries, Nicolaus deu Cars, P. Laurers, archipresbiter; B. Deboisol,
Michael, diaconus ; Guido Rangt, Jautiel de Compreiniac, Ymbert de Mon-
tagut, Â. de Montagut, diaconus, et piures alii. Et ut ratum et firinum
habeatur, predictus R. {sic) abbas sigillavit sigillo suo et confirmavil
anno ab incarnatione Domini M** C^" XC<> VI».
Collation et vidimus a été fait par nous, notaires royaulx, du susdit titre,
à la requeste de noble dame Suzanne de Sainte-Aulaire, dame abbesse de
Ligneux, ordre de Saint-Benoit en Pérlgord, laquelle nous a îceluy exhibé
escrit en une petite peau de parchemin du môme contenu que dessus, sans
y avoir rien augmenté ni diminué en iceluy, a mesme temps retiré, dont
lui avons concédé le présent acte nous le requérant, au parloir de la dite
abbaye, le dixième du mois de novembre 1668.
(Archives de la Haute-Vienne. — N© 6,703 du classement provisoire).
XONOGRAPHIB DB GOMPRBIQNAC. 239
140S. — Fondation d'un service dans l'église de Compreignac par noble
Pierre Sarcuin,
Die sepiiina measis septeicbris, anno Domini mlllesimo quadringin«
tesimo quinto, personaliter cooslitutis nobili viro Fetro Sarazi domicello»
domino du Nazet, filio nobilis viri Joannis Sarazi domicelli ; videiicet dic-
tas nobilis Petrus Sarazi de et cum licentià et auctorithate ac speclall
modo dicii Johanois patris sui scripta agenda esse pro se et suis ex parte
nnft ; et dilecto in Christo domino Petro Robini presbltero, capellano de
Compreignac etiam pro se et dicia ecclesia sua de Compreignac et suis suc-
cessoribns quibuscumque ex parte alterft. Profatus vir nobilis Petrus
Sarazi domicelns non coactùs, non seductus, nec ab aliquo, ut assernit,
circumventus, imo gratis et scienier, babens, ut dixit, devotionem\ad
ecclesiam de Compreignac donatione purâ, simplici et irrevocabili facta
siquidem inter vives et absque spe etiam illo tempore revocanda dedil,
divisit, solvit perpeluo penitus et quitavit ; seque dédisse, divisisse, voluisse
perpetno penitus et quitasse recognovii publicè confessus fuit^dictœ eccle-
siae de Compreignac, prœdicto Domini Robini presbitero pro ipsa ecclesia
solemniter stipulanti et recipienti videiicet partem successionum ac tutum
imo et actionem, qu» et quod ipse domicellus donator babebat et sibi
coinpeiebat habere et exigere, requirere et sibi compctere poierat et^posset
qnoquo modo in et super décima du Boscbero, sito in parocbia de Com-
preignac, item in et super hœredita du Cosdri (?) de La Fonl-Perina, item
in et super heredita promo (?) sex denarios nionetœ communiter currentis
siti in burgo de Compreignac, item in et super quasdam domos vocatas du
Ardoula quas nunc tenet Petrus Perdrigier de Compreignac quartes solides
renduales monetœ communiter currentis, item in et super locum de La
Gente siti in parocbia de Compreignac duo sextaria siliginis, ad mensuram
de Razes, item in et super borto vocato Tort malate, quod nunc tenet
capellanus de Compreignac, item in et super quamdam cumbam vocalam
de Gautier unum sextarium frumenti, cum hoc voluit et ordinavit dictus
Petrus Sarazi domicellus donatorque ; dictus capellanus et vicarius et eorum
successores, teneantur facere annuatim pro prœmissis superius declaralis,
datis et transportatis unum anniversarium in eorum ecclesia de Comprei-
gnac, pro sainte anim» ipsius donatoris et parentum suorum, tam in vite,
quam in morte, in crastino festi beati Martini biemalis; et quidquid juris
actionis, proprielatls, possessionis, nominis, dominii, deverii, etc., et
deveriivit et dictus donator de prsemissis superius datis et declaralis et
ipsum capellauum per tradilionem notulae prsesentium litterarum, nomiua-
liter et perpétue invettivit tanquam dominus fundalis et volens et conce-
dens dictus donator, etc., ut dédit ac dat per tenorem presentium in man*
datis omnibus personis tenentibus et explectentibus prœmissas datas supe-
rius et declaratas quatenus de cœtero ut antea solvant, reddant, sibique
prœbeant et obediant dicto capellano et soccessoribus suis modo et forma
ac terminis et pro ut sibi domicello donatori solvere reddere, obedire et
MO soGiÉTi arcbAologiods mr HisroaiovB du limodsin.
prœbere teneantur et consuecebanl solvere et quitare per presentem idem
domicellas donator personas et tenendarios prsBmissas donatas tenantes et
explectentes «oWenda prœmissa eidem oapelUno et suis inecessoribuSf
sibique parendo et obediendo auper ilUa profatus dicto commissario et
jurato pro omnibus illis quorum inierest et interesse potest et poterit in
futurum solemniter stipulanii et recipienti, et promisit dictus oapellaans
pro se et suis successoribos faeere anno quolibet dietum anniversarium die
ac termino superius declaratis, et renunciaverunt dictae partes et ùornm
quolibet pro se et suis omni exception!» roali, fauri, loci et promitentes
dicte parles, etc., obligaverunt^ etc., et conoesserunt Utteras domlDorum
ducis Àquitanise et ofiicialis Lemoviceosis in meliori form& ; preseotiboa
Petro Boscho de Compreignac et Bertolo Imberti fabro de Compreignac,
testibus ad boc voeatis, signatum Planchons
Extrait collalionné et vidimus a été fait par nous, notaire soussigné, en
présence des témoins bas nommés, de Tacte ci-dessus, sur la capie qui
nous a été présentée par M. François de Grateyrolle, curé de Compreignac,
demeurant au bourg de Compreignac, laquelle nous avons trouvée conforme
à la susdite copie, qui a été par lui de suite retirée ; duquel collalionné il
nous a requis acte, lequel nous lui avons concédé. Ce 10 février t792, pré«>
sents sieurs Pierre Boysse et Joseph Lageix, cilqyens du bourg de Com-
preignac, qui ont signé avec nous et ledit sieur curé. Signé : de Gratey-»
rolle, curé ce Compreignac ; F. Boysse, J. Lageai^ el Luguet, notaire.
Enregistré à Compreignac, le 46 février 1799, fol. iOQ, case 3, reçu dix
sols. Signé : J. Martin.
(Archives de la cure de Compreignac).
1438, — Hommage rendu par le seigneur de Compreignac à l'épéque de
Limogea.
Nos, Petrus de Peyrato, domini nostri régis consiliarius, custosque sigilli
autentici praafatl domini nostri Fraucorum régis in baylivia Lemovicens
constitnli, notum facimus uuiversis quod coram fideli commissario nosiro
dicti quesigilU jurato subscriplo ad hoc a nobis specialiter depulato, et tes^
tibus inferius nominatis, personaliter constituas, nobilis vir Petrus Sarrazi
domicellus, dominus de Compreignaco, qui gratis, scienter, pro se et suis
recognovit et publiée çonfessus fuit se tenera a Révérende in Christo Pâtre
et Domino Lemovicensi episcopo domino suo nomine et causa sue
Ecclesie Lemovicensis in feodum et homagium ligium, cum jaramento fide-
litatis ea que secuntur.
Et primo quidqaid ipse domicellus habet tn burgo seu villa de Comprei*<
gnaco prediclls. Decimam dicti loci, et quidquid habet in manso deu
Queyreu et de Lacu, videlicet duodecim solidos in prato de Campello et sex
denarios commande in manso deu Peny.
item sex denarios renduales quos idem domicellus babet in manso de
Domars.
item sex denarios commande quod ip&e domicellus habet in niansQ deu^
Clfpeux,
VONOeiLAFHIB DS COMNtBlQNAO. Î4t
Item sez denarios eommende in manao deu Cûibi,
Item septem denarios eommende quoa idem domicellaa habei in maaso
de Chabanaa. Item super dielo manso habel etiam dictas domieenus uoam
eminam siliginis annuatim rendualem.
Item duodecim deDarios rendualea quoa habei ipse domiceHus in daobus
maasis de Parasoulx.
Item in mauso deu Neapol septem denarios renduales, in manso de Rupe
septem denarios eommende.
Item amplius habet idem domiceHus in dicto manso de Rupe quiaque
sextarios siliginis, quinque rasos avene, vigenti solidoa et très gallinaa, et
est takîabiUs dictua ioous.
Item septem denarios eommende in manso deu Salvage.
Item decem denarios commande in manso de Gardia,
Item decem et octo denarios eommende in manso quod babet in platea
de Compreignaco, in festo Epiphanie Domini et amplius vigeriam et jus
yigerie de Compreignaco et manso de plenassas que preroissa sita sunt in
parochia de Compreignaco, et fuerunt quandam Elle Bodoyer prpavi dîcti
domicelli.
Item reoognovit amplius tenere item domioellus prefati Domini Reve-
rendi Lemovicensis [episeopi] granarium suum de Compreignaco, cum
domibus, viridario et nemoribus dieti deu Ghampforn, sitis inter nemora et
pascna Prancisci de Manso.
Item amplius Sorgand et heredes Geraldi Bigaud cum quibus predecea-
sorea ipsius domicelli consueverunt percipere duos sextarios siliginis ad
mensaram de Razès et decem et octo solides et octo denarios rendnalea.
Item domum dicti Rossea, oum bereditagiis et tenentiis suis inqua domo
percipit idem domiceHus unam eminam frumenti et quatuor solides et sex
denarios renduales.
Item cum Emerieo Gerii ac tenentiis et possessionibns s^ia cum que per-
cipit quatuor solides et unum sextarium siliginis rendualem ad mansnram
de Razès.
Item cura Petro de Pomerio cum tenenllis inqno percipit idem domicel-
lus septem solides et quatuor denarios et unum sextarium siliginis et unam
eminam frumenti renduales.
Item pralum de CampeHo quod potest yalere sex solides renduales.
Item partera suam quam babet in décima de La Rebeyrada que voeatur
deu Treys et deu Quart, que potest valere anno quolibet octo sextarios sili-
ginis renduales, vel clrca.
Item très sextarios siliginis et duos sextarios avene quos habet idem
domicellna in manso veteri domini Hugonis Fuiconis militis.
Item cum Petro et Jeanne de Lascoux, qui solebant morari in manso de
Las Brolbas, cum tenentiis cum quibus percipere consuevît ab antiquo idem
domiceHus ratione dicti loci de La Brolbas unam eminam siliginis» et
sexdecîm avene renduales.
Item quidqnid juris habet idem domiceHus in décima de Cozct quod potest
valere quolibet anno undecim sextarios siliginis, aut circa.
Item pratura de Las Mesuras, vel Chantaviella cum suis pertinentiis quod
valet quinque solides reoduales et très emiuas siliginis renduales.
94) SOGIÂTÉ ▲iCBiOLOOIQUV ET RISTOMQOB DU LIMOUSIN.
Item qulnqae sextarios siliginis et quinqae solidos rendaaies qnos habet
idem domicellus super mansum de Bossae.
Item vigenti solidos rendnales qaos habet etiam idem domicellus in manso
de Vielh-Bossac.
Item unnm rasum avene et unum euroulatum avene et uoum denarium
super tenutas Marie de Penny de La Vauzelle.
Item cum qaolibet homine tenente focum in manso deu Honchaad, habet
ipse domicellns unum rasum et unum cumulatum avene renduales.
Item pratum deu Eychards si tu m inter nemora de Palustra et de Champ-
forn, valent decem solidos renduales.
Item omae jus quod ipse habet et homines sui habent in nemore sea
foresta de Palustra.
Item trigenta solidos renduales quos habet in terris et bonis domini
Guillelmi de Razès.
Item duos sextarios et emiuam siliginis et très solidos renduales io
manso de Boscheron.
Item eminam siliginis rendualem in manso de Las Vauzellas et premissa
sita sunt in villa et parocbia de Compreignaco.
Item recognovit tenere idem domicellus a dicto Domino suo jus quod
habel in décima Gallona quod valet quioque sextarios siliginis renduales
in eadem parocbia.
Item bomines qui morantar in manso de Villapalbart scilicet dicti Los-
monier parocbie sancti Pardulfi cum tenentiis suis, cum quibus percipit
idem domicellus octo solidos et unam eminam siliginis et sexdecim rasos
avene renduales et dictum bladum est ad mensuram de Razes.
Item recognovit tenere idem domicellus a dicto Domino suo lenentiam
de Lacu cum pertinentiis suis quam excolere solebant heredes Pétri de
Furno.
Item cum dictis abbalibus de Lacu decem solidos, unum rasum et unum
cumulum avene et unam gallinam rendualem ravione teoeure de Lacu,
sitam intra ecclesiam dicti loci.
Item 1res solidos renduales apud Vouzela et unum* rasum et unum cnmn-
lum avene renduales.
Item apud Podium-Martini quatuor solidos renduales, apud Brolium duo-
decim solidos renduales.
Item in nemore de Cumbis Ley Conos duos sextarios siliginis renduales.
Item in domo religiose prioresse de Monte-Acuto, duos sextarios siliginis
et septem razos avene, et quatuor denarios renduales.
Item partem ipso domicello contingentem de nemore de Palustra.
item quamdam domum sitam apud Compreignacum, cum horto et aliis
perlinenliis ejusdem domûs^inquasolebatmorari diclus Consul, sitam inter
ecclesiam de Compreignaco ex parte una, et domum quondam Elle Bodoyer
domicelli ex parle altéra.
Item domum in qua solebat raorari antiquilus Elias Bodoyer servieos^,
cum subterraneis propinquorum dicte domui, site inter domum dictorum
Lous Sergaus ex una parte, et domum dicti Bocber ex parte altéra.
Item quoddam pratum vocatum Gharoux et quamdam partiam terre
absam dicto prato contiguam inter pratum deu Rogers ex altéra.
MOlfOGIIAPHIB DE GOMPBBIGNAG. 143
Item medietatem horti Seyra et medielatem horti de Ponte-Aberi.
Item in domibus dictoram Loas Ardonlats de Gompreignaco undecim
solidos renduales.
Item in domibus dicti Pommeyronaud habet ipse domicellus septem
solidos et quinque rasos avene renduales.
Item in domibus filii Joannis Lou Mercier decem solidos et unam camu-
lum avene et unum sextarium siliginis renduales.
Item domnm qnam anliqaitus solebat tenere et inhabitare dictus
Cboaffier.
Item domos quas tenet de presenti dictus Quiquard et hortum contiguam
domnî qnam tenere solebat Bozo de Gompreignaco, cum horio et aliis per-
tinentiia dicte domûs.
Item quatuordecem denarios renduales quos habet idem domicellus in
tennla dicti Bochet de Gompreignaco.
Item duodecim solidos renduales quos habet etiam ipse domicellus in
prato domini Pétri de Quadris militis de Gampo pelo.
Item apud Nepoz duos sextarios siliginis reusses [renduales].
Item sex solidos renduales in domo quam tenere solet Sudraud de Gom-
preignaco, sila inter domum quondam Elle Bodoyer servientis ex parte una,
et domum dicti Bocher ex parte altéra, et fuerunt omnia premissa supe-
rius dicta et narrata diclorum Los Bodeyeri, que premissa superius decla-
rata ut dictum est, prefatus Sarazi domicellus aceruit se tenere a prefato
domino suo nomine et causa dicte ecclesie Lemovicensis, proteslans dictus
domicellus quod si ipse sciât vel sire poossit aliqua alla que sunl vel esse
debeant de dicto feodo, ea quauto ad sut notitiam perveneriot, a dicto
domino suo advocabit, et perpétue inlendit advocare ab eodem do-
mino suo aliqua que comprehendantur seu comprehenderi debeant in
premissis quod ab alio domino feodo ne moveantur vel moveri debeant,
supplicans idem domicellus eidem domino suo et ejus oflBciariis quod si ipsi
sciant vel scire possinl aliqua aliaque sint vel esse debeant de dicto teodo
suo, ea si placet sibi notificent et déclarent, quia paratus est una cum pre-
missis ab eodem domino suo advocare et amplius facere quod debebit, et
siquis excessus vel defectus fuerit in premissis eos sibi placeat suplere.
Hec aulem acia et recognita fuerunt coram Joanoe Gorteix, clerico fideli
commissario nostro in ofticioque dicii vigilli jurato subscripio, qui premissa
loco nostro audivil et recepit, ut nobis fideliter retulit oui super hoc légi-
time commisimus vices nostras, relalioni cujus nos prefatus custos fidem
plenariam adhibentes et premissa laudantes et approbantes ac si coram
nobis in judicio acta fuissent, sigillum predictum auleniicum regium
lilteris presentibus in premissorum fidem et testimonium duximus appo-
nendum.
Daium et actum coram dicto commissario et jurato nostro presentibus
teslibus ad hec vocatis Stéphane Laborie, alias Doat et Juniano Laborie,
ejus filio, ville Sancii-Juniani habitantibus, die seplima mensis octobris
anno Domini millesimo quadringentesimo trigesimo octavo, signatum :
Corteix, clericus retulit.
(Terrier de Gompreignac).
ft44 soci^É ÀRCBAOLMiom Bf BisreKiooB w LiMonsm.
1458. — Teneur des rentes dues sur le ténement des BoulaVkds^ qui on^
ÇtUtrefaist appartenu à la cure d^ Comprel^nac^ et à. présen^t q^fnar-
tiennent au seigneur du dit lieu^ au moyen de Véch(^çie ^ut a ét4 (ait
e^tre le dit seifn^ur et l^ dit curé des rentes appartenant à l'église,
aoec la dtme du dit ténement, appartenant q,% dit seignet^r (2e Cqmr
Nos oasiQS sîgilli aqteaUci ^^ tM^UyiA Lemovloenai ^o DomljiK) iio^tro
Fraociffi ref e eonatitoti, ii(a«iii f«elmiis uoiverii^ qxioA corf^ni MeU çoow
missario noslro in of&cio qoe dicti sigilli regil juralOt inlts^ripi^ka e( (esU^
hua inferiua oQminaUa, hoQOPal)iU ei ^cie^Ufico viro Qomioo Guillelmo de
Sandelis, in legibus Ucenciaio, caoonico ec€)eai8e oalb^ralia LeiQOvicenaia,
capellano eecleaiarum parochîaiipm de Compreignaco e| de Yalei?^ Lemo-
vicensis diocesis, pro se et suis suceessoribus pro temppr^ futuro, capel-
lanis prœdicte eocleaite de Compreignaco. en, uaa parte, et Petro de La
Vallette, pro Dune eommoreote in hurgo de GompreignaeOy eti^n^ pro se
et auia beredibas et suooeaaorîbus qqibusciiinque eii alia parte, Prefams
vero domiDtt» de Sandelia capellanus et r^tor predieioe eeclesiœ de Com-
preignaco,.,.. acensavit et in amphltheosam tradidit...., Datum et actun
die 9* menais Martii anao Domini) œillesimo quadri^geqtesimo quî^qua-
gesimo octavo»
(Terrier de Compreigoac).
H72' ^ Acquisition faite par Louis et Antoir^ Dubois, le 2 avril Î4?2^
iu $eigneur de Nantiat^ de la rente du Grand^Malagnac.
Nos eustos aigUli autentici regiî in baillTia Lemoyicensi pro Don^ino
Bostro Fraoeiffi rege eonsiituti notnm (acimns universis quod coram fideli
oommiaiario noatro iq offieioque dioti sigiUi jurato subsoripto ad hec a
nobis specialiter deputato et testibua inferius nominatis personalîter cons-
tiiutis, nobili viro Ludovico Fulcouis domicello, domino de Puymeqier et
de Nantiaoo Lemovicensia diocesla pro se et suis heredibofi et sqoeçssonbas
universia ex una parte, et Peiro de Malagnac, secundo nalQ paroç)^i$B de
Gompreniaco, tam pro se, qqam pro aitero Pelrq semore, primo qato, et
alio Petro juniore et ultime nato, Joano^ et Géorgie de llalagqaç fra^ribus
aois ex parte alia. Et provido viro Antoqio de Bo^eo, burgense et i^er-
catore dieti oastri Lemovicensi etiam pro aa ejqsqqe lieredibqi e( suoçea-
soribns, ex parte alia
(Terrier de Gompreigaae).
îMi9. *- AcquisUiçn du fief du Puy^-Ménier,
Sachent tous qu*il appartiendra que par devant )ç notaire royal aoqasigoé
et les lômoiDS ci -après nommés, îe mercredi S8* jour du mois.de sep-
«oiraGiiAraiB dc Goii»RBi«i(Ae% W^
lévabté 1563^ au bourg de Compreigiiflc-, séo^^tiaHMée de Liinousm^ en la
Maksdii de Jaeqoes Martin ^ marchand du dit bourg, et environ rhenre de
hliii heures du matin dn dit jour, furent présente et personnellement
éublîs en droit Maniai de Roffignat^ énuyer^ sci{$neur de Saanat et du
CroB de fialledent^ demeurant au chàtoan de Sannat^ paroisse ée Saint-
liinien^s-Gombes, eénéchanssée de Limousin, faisant et cfentractaat ces
l^résenieB tant en son nom propre et privé que comme procarenr de
damioiselle Valérie Faulcou, sa mère, et veuve de feu Ghristopëe de
KoufiignacH en son vivant écnyer, seigneur du dit Sannat, et père du dit
Martial de Rouffiguae, et contractant ces présentes comme procureor de
Jean «le RmifUgnac, son frère, écuyer, sieur de Janaillac, et de di^** Marie
et Jeanne de fioufttgnacs ses sœurs..^ d'une part^ et honorable Antoine
Bamy, licencié ès-lois, juge des jnridiotions de Grandmont, Razès et Bes-
sioes, siear de Gompreignac, d antre part.. Davantage a dit lai appartenir
on sollar oà paraissent de présent eeriaines vieilles mazures, où soûlait
être la maison noble du dit fief dn Puy^Ménier; ensemble un jardin, appelé
THort du Seigneur, lesquels mazures et jardin sont situés dans le village
dn Puy-Menier Cède, moyennant lé prix et somme de 1,610 écus sols,
revenant, suivant rordonnanre, à la somme de 4,630 livres tournois.
Foi et hommage lige àTévèque de Limoges.
(Terrier ée Gompreignac}^
t594. — Eaïtr€Ut du brevet de prédicateur «t awm&nier du Roy Henry
le Grandy signé de sa propre mcdn^ et contresigné de Af. Forget^ sei-
gneur de Fresne, secrétaire d'Estast, en faoeur de mesfire Pierre
Benoisty frère du sieur de Compreignac en Limousin^ docteur de
Sorhonne^ archidiacre et théologal de l'église cathédrale de Limoges,
oulgairement appelé à Paris le jeune Benoist^ à la différence de
René Benolst^ curé de Saint-Eustache, qui convertit le même roy
Henri le Grand,
Aujourd'hui, «t jour d'avril an V« HH" XHH, le roy étant à Saint-
Germain-^n-Laye, sur le récit qui lui a esté fail de bon devoir que messire
P4erre Beooist, docteur de théologie de la Faculté de Sorbonne, a fait
d'anuoBcer la pal-oie de Dieu, et voulant à oeste occasion, suivant ses
mérites Tbonorer de quelque qualité pour estre près de sa personne»
Sa Majesté lui a accordé la charge et place d*un' de ses prédicateurs et
anftnosnters avec pcntion de deux cents écus par an à prendre sur son
espan[ie,ponr cet éffect a commandé les lettres pour ce nécessaires luy
estre expédiées; et cependant le présent brevet, qu*EHe a voulu signer de
sa main et fait contresigner par moy son conseiller on son conseil d'Esiast
et secrétaire de ses commandemenls.
{Signé) Hbiibi (et plus bas) : Forget.
l^dit Pierre Benoist, docteur de Sorbonoe, archidiacre et théologal de
Limoges, estoil frère de Martial Benoist, seigneur baron de GoMpreignac,
246 SOCIÉTÉ ARCHAOLOGIQUK et HISTOKIQQE DU LHIOOSIR.
qui estait surintendant des finances pour la Ligne dans les généralités de
Limoges et de Bordeaux, auquel le mesme roy Henry-le-Grand, après la
réduction de Paris donna plusieurs beaus emplois, entre autre celuy de la
vérification de la noblesse avec M. de Marillac qui fust depuis garde des
sceaux dans la généralité de Limoges, et quelques provinces circonvoisi-
neSf et ce!uy de Grand-Voyer dans la Guyenne ; en conséquence duquel il
fist restablir touts les pavés, ponts et chaucées. 11 estoit oncle de la femme
du sieur du Bernet, qui fust advocat général du Grand Conseil à vingt-un
ans, président à mortier au Parlement de Bordeaux, premier président au
Parlement de Provence, et enfin premier président an Parlement de Bor-
deaux, lequel estant mort à Limoges pendant les dernières guerres de
Guyenne voulust estre enseveli auprès dudit Pierre Benoist, docteur de
Sorbonne, prédicateur et ausmosnier du roy. il estoit aussi grand oncle du
sieur Henoist, seigneur, baron de Compreignac, à présent conseiller au
Parlement de Bordeaux. Il mourut à Toars, en revenant de Paris en Li-
mousin, d*où il estoit natif, ayant esté empoisonné dans une maladie par
un chirurgien huguenot qui crut rendre un grand service à sa religion de
faire périr un grand prédicateur catholique.
Le dit sieur Pierre Benoist fuH conguu du roy Henry-le-Grand par le
moyen de René Benoist, doyen de la Faculté de Sorbonne, nommé à
Tevesché de Troye, qui convertit le roy, lequel estoit de basse condition
d^Ângers, voulut passer pour son parent à la faveur de la ressemblance du
nom, et rendit témoignage à Sa Majesté que pendant le siège et le blocus
de Paris, il avait toujours fait prier bien à la fin de ses sermons pour la
conversion du roy, et que quoiquMl fust de la Ligue, il ne i^estoit que pour
Tintérest de la religion, et non pas par un esprit de faction, ce qui fust
attesté à S. M. par tous les Parisiens; c'est pourquoy il Tenvoya quérir
pour luy lesmoigner qu*il luy scavoit bon gré de son procédé, lui promit
hautement le premier esvéché vacant, et lui donnant cependant le susdit
brevet, dont il ne jouit pas longtemps, étant mort un an après.
M. de Mézeray dit (<) que le Roy donna la charge de Grand-Voyer à
M. de Rosny en Tan 1598. Il pouvait ajouter que M. de Rosny donna sa
lieuienance à Martial Benoist, sieur de Compreignac, président des tréso-
riers de France en ladite généralité, lequel s'appliqua avec grande exacti-
tude à la fonction d'icelle, en faisant réparer tous les ponts, pavés et
chaussées, à la grande satisfaction des peuples qui se louent encore de
ses soins et diligence pour cela.
Le mesme Martial Benoist donna des preuves de son courage à la ba-
taille de La Roche-rAbeilIe en Limousio, combattant dans Tarmée du duc
d'Anjou, qui fut ensuite Henry lll, de laquelle rencontre M, Mézeray parle (2)
l'appelant seulement escarmouche. Il combattit aussi à Rocquemadour
dans larmée des catholiques, ayant été blessé dans cette rencontre aussi
bien que celle de La Rocbe-r Abeille; M. Mézeray parle de cette dernière (3).
(1) Page 1353 de son Abrégé,
(2) Page 1061.
^3) Paffe 1192.
lIONOQBAPHn 1»B COX^RBIGNAC. 247
H fat aassi dépaté par|Henry IV avec H. de MarlUac, maistre des requestes,
qui fust depuis garde des sceaux» pour la Térification de la noblesse de la
généralité de Limoges, lequel roy faisant son entrée à Limoges le caressa
fort et lui dii qu*il lui fust aussy fidèle serviteur qu'il avoit esié bon et
sincère ligueur. ^
Le roi Henri III ayant mis le sieur de Chambéry pour gouverneur parti-
culier de la ville de Limoges pour la conserver à son service pendant les
troubles, parce quUl n*estoil pas assuré du comte de Ventadour, gouver-
neur de la province, il fit une sortie par Tordre dudit sieur de Chambéry
sur ledit comte de Ventadour, qui avoit bloqué la ville pour en chasser
Chambéry, et dans cette sortie il rompit les barricades du comte, fit entrer
des vivres, et donna si grande espouvanie au comte de Ventadour qu'il se
relira» ce qui conserva la ville à Henry ill.
11 fust fait soperintendant des finances dans la généralité de Limoges et
de Bordeaux et de l'armée de Guyenne par commission du cardinal de
Bourbon, qui se qualifiait Charles X, et après la mort de ce cardinal le duc
du Mayne lui envoya une pareille commission en son nom, prenant la
qualité de lieutenant général de TEsiast et Couronne de France, lesquelles
commissions sont entre mes mains.
(Bibliothèque nationale. — Manuscrit français, n® 20,793, folio 289.)
1597. ^ Contrai d^ acquisition de la terre de Comprelgnac.
Sachent tous présents et avenir qu'aujourd'hui, seiziesme jour de juillet
Tan mil cinq cent quatre-vingt-dix-sept, par devant le notaire royal en la
sénéchaussée du Limousin soussigné, et présents les témoinz bas nommés
à Limoges en la maison de honorable Monsieur M** Martial Benoist, conseil-
ler du roi, trésorier de France, général de ses finances au bureau établi
audit Linnoges, seigneur du Mas-de-PAge, a été présent en sa personne
honorable M' Antoine Barny, habitant la présente ville, lequel de sa bonne
volonté et parce que très bien lui a plu et plaît, a vendu, cédé, quitté
et par la teneur des présentes perpétuellement transporte audit sieur
H" Martial Benoist, seigneur du Mas-de-l'Age présent en sa personne
stipulant et acceptant à savoir les seigneuries et fiefs nobles de Com-
preignac alku du Mazet et du Puymeynier en la paroisse dudit Gom-
preignac, icelles seigneuries et fiefs, avec tous leurs cens, rentes,
droits de dixmes, lierceries, métairies, propriétés d*lcelle8, avec tout le
bétail étant dans icelles, et appartenant audit sieur Barny, étangs,
bâtiments, bois de haute-futay, bois taillis, guerennes, droits de
vigerie, péage et toutes autres appartenances et dépendances d'iceluy,
sans y faire aucune réservation et ce avec tous les droits seigneu-
riaux de rétention par puissance de fiefs, investiture, droits de lots-et-
ventes et aultres quelconques dépendants des dites seigneuries et fie£s,
tous ainsi et de même que tant ledit sieur vendeur ses fermiers, receveurs
et autres en jouissant et ont accoutumé d*en jouir avec tous, réservé seu-
lement la rente foncière due sur le village de La Ribière-Doyrat, en la
148 SOCIÉTÉ ARCBÉQftOaiQI» KT HiBTORIQim HD LIMOUSIN.
paroisse de Saint-Symphoriea, dépendante de la dite seigneorie de CSoln-
preigoac pour élre de présent en litige entre ledtt sievr vendeur, tes (e—
Baaciers dudit village et les héritiers de feu Pierre Massonlaad, vivant
praeureur au siège présidial de Limoges tous tes droits, cens» rentes, pro*
priélés, droits'de dixmes et tons grains, laines et agne^x, droit de vige«
rie, péage, lierceries, malteries, étangs et antres choses en dépendant au
long désignées et spécifiées et contenues par ta déclaration de tons icevix
éteriisau pteddtt présent contrat, signé des pariies, témoins et notaire Bon«
écrits, à laquelle déclaration spécifique en la forme et teneur, par ioelle
desdUes parties se rapportent, et ce pour jouir par ledit sieur Benoit
acquéreur de toutes les entières seigneuries de Gompreignac et du Poy-
menier, et de toutes les choses en dépendant, ainsi qu'elles sont spécifi-
quement désignées par la dite déclaration comme de sa chose propre «t
nlnai en disposer à la charge seulement de payer au curé de Gompreignac
vtngt^'-hnit setiers de seigle mesure de Limoges, de pension annuelle pour
cause et surfles dixmes qui sont prises sur ladite paroisse de Gompreignac,
comprenant ;au86i en ladite acquisition les droits de dixmes, de grains et
vhamielages accoutumés être levés par ledit sieur Barny, ses receveurs et
fermiers,^sur le bourg et paroisse de Saint-Symphorien acquis par ledit
sieur Barny, vendeur de Demoiselle Jeanne de Montrocher, veuve de défunt
seigneur de Saint-Pardoux, lesdits droits de dixme tenus par ledit sieur
Barny par l'acquisition de la dite Demoiselle, pour la somme de cinq cents
livres à pacte de rachat ^insi quMl est contenu par le contrat sur ce reçu
par M' Laurens Dafraisse de Kazès, délivré par icelui sieur Barny audit
sieur Benoit, ladite vente faite pour et moyennant le prix et somme de
sept mille six cent soixante-six écus deux tiers, revenant à vingt-trois
mille francs payables comme ledit sieur Benoit, acquéreur, a promis et s*est
obligé payer audit sieur Barny et à son acquit et décharge, ^ savoir à aire
Martial Bayard, héritier de feus sires Jean et autre Jean Bayard ses père et
frère, aulrement appelés les Thaliayres, la somme de cinq cent soixante^ix
écus deux tiers revenant k dix-sept cents livres dues, ainsi que le sieur
Barny a dit ; aussi a dit devoir par obligation à sire Jean Maledent le jeune,
bourgeois et marchand de la présente ville^ tant en son nom, qu'au nom
de tuteur des enfanis de feu sire Joseph Maledent, son frère, la sonHue de
sept cent trente-trois écus un tiers, revenant à vingt-deux cents livres,
nussi à lui dues par ledil sieur Barny par obligation payable, celle de
Bayard audit nom dans le onzième novembre prochain, et celle dudit Male-
dent dans le premier octobre aussi prochain^ outre lesquelles sonimes
revenant à trois mille neuf cents livres, icelui sieur Benoit acquéreur a
ycelle payé comptant, réellement et de fait audit sieur Barny, vendeur,
stipulant comme dessus la somme de mille trois cent soixante-six écus
deux tiers, revenant à quatre mille cent livres et ce en quart d'écus tes-
tons, pièces de dix et de vingt sols et autre bonne monnaie^ le tout du
poid et coing de Tordonnance, dont et de laquelle entière somme de huit
mille francs après les payements desquels ledit sieur Benoist s*est chargé
faire vers ledit Bayard el ledil Maledent, icelui sieur Barny s'est contenté^
et d'icelle a quitté» comme quitte ledit sieur Benoist acquéreur avecpro^
MONOORAPBIB DB COMrRBlGlCAC. 948
niasse n'en demander jamais, ni permettre êlre demandée aueune chose,
en jugement ai dehors, et les cinq mille écus sols, revenant A qainse mille
livres parfaisant le total prix de ladite acquisition, icelai sieur Benoist
acquéreur a promis et s'est obligé payer audit sieur Barny, vendeur, dans
trots ans prochains à compter de la date des présentes et finissant au
même jour et ce pour tous délais : pendant lesquels et durant iceux ledit
«car Benoist acquéreur a promis et s'est obligé payer audit sieur Barny la
somme de deux cents écue par forme de jouissance pour chacune desdites
aonéts, pour la présente au payement desquelles icelui sieur Benoist a
payé et d'avance audit sieur Barny, vendeur, la somme de deux cents écus
faisant six cents livres, en mêmes espèces que dessus, dont icelui sieur
Barny s'est eontenlé et d'icelle a quitté ledit sie»r Benoist pour la pre-
mière anoée. Et lequel sieur Benoist a promis payer audit sieur Barny par
avance chacune des deux antres années suivantes pareille somme de deux
cents écus, à chaque fête de Saint-Jean-Baptiste^ dont commencera la pre-
mière desdites deux années à la Saiut-Jean-Bapliste procbaioe, et auquel
tenaps et terme de trois ans faisant par ledit sieur Benoist, acquéreur
payement de ladite somme de cinq mille écus restant en fond de terre ou
antrement duement assurée, ladite somme pour Teffet de lia garantie de la
présente acquisition. Et a, outre ce, le dit sieur Barny promis de fournir
et délivrer audit sieur Benoist tous litres, livres baillettes, documents et
enseignements concernant les droits et devoirs desdiles seigneuries 4»t
choses vendues contenues en ladite déclaration, et ce par iuventaire som-
maire qui sera inscrit au pied du présent contrat, et desquels icelui sieur
Benoist se chargera pour en faire exhibition et représentation audit sieur
Barny toutes fols qu'ils lui seront requis. El en événement que dans
les susdits temps de trois années ledit sieur Barny ne trouverait
fonds commodes ou autre due assurance pour recevoir ladite sommé
de cinq mille écus restante du total prix de la présente acquisition,
audit cas et jusqu'à cet e£fet il sera tenu de représenter ladite somme
pour être mise à rintérét entre les mains de marchand, ou autre per-
sonne solvabie uu profit du sieur Barny, vendeur. Et avec ce, s'est ledit
sieur Barny, vendeur, devestu et dessaisi desdites choses vendues, leurs
appartenances et dépendances par la forme qui sont contenues en ladiie
déclaration contenue au pied du présent contrat, et de tout à investir ledit
sieur Benoist acquéreur par le bail de la cède des présentes, se constituant
tenir le tout désormais pour et au nom dudit sieur Benoist, acquéreur,
lequel a promis et s'est obligé garantir le tout envers et contre tous, et de
tous troubles, charges, renies, obligations et hypothèques quelconques,
qu'il a déclaré tant par ledit présent contrat que par déclaration et désigna -
lion spécifique, contenue au pied dudit présent contrat, et avec pacte de
même. Et expressément accordé entre les parties, que ledit sieur vendeur a
promis et s'est obligé faire cesser tout lignagier, que durant l'an et jour de
retrait voudrait recouvrer les choses vendues par droit de lignagier, à
peine de cinq cents écus de peine commune, et accordé entre les parties
sans laquelle ledit sieur Benoist, acquéreur, n'est entendu en la présente
acquisition, de tout ce que dessus ont lesdites parties et chacune d'elles
T. xxxvii. 17
250 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQOË ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
en droit, oy, promis lenir et accomplir de point en point; en défaut de ce
ont promis amender et payer tous dépens, dommages et intérêts que Tune
d'icelies ferait ou souffrirait par le défaut de Tauire, et tenir les choses
susdites, renonçani sur ce à toutes renonciations tant générales que spé-
ciales par lesquelles pourrait venir contre la teneur de ces présentes, et ce
moyennant leur serment, par eux et chacun d*eux, sur ce fait, touché les
heures, et sous obligation et hypoièque de tous et chacun de leurs biens
présents et advenir à quoy faire et souffrir ont voulu être contraints par
tous juges, lant royaux que subalternes, à la juridiction desquels se sont
boumis, à dire, faire, et souffrir oui été de leur propre vouloir et consen-
tement condamnés par le notaire royal en la sénéchaussée de Limousin ï
Limoges]soussigné, ainsi qu'a rapporté à nous garde du scel royal auteniique
établi aux contrats au baillage de Limoges, par ces présentes, de sa main
signées, à la relation duquel nous foy pléniêre adjouttons, ledit scel auten-
iique que nous gardons, à ces dites présentes avons mis et apposé.
Fait audit Limoges, en la maison dudit sieur Benoist, en présence de
honorable maître IMerre de Douhet, sieur du Puymoulinier, eslu pour le
roy au présent pays de Limousin, et le sieur Léonard Saleys, bourgeois et
marchant de la présente ville, témoins.
Signé à l'original des présentes: Barny, contractant; Benoist, contrac-
tant; L. Saleyx, présent, et de Douhet, présent. Signé : Vernejoul, notaire
royal.
(Terrier de Compreignac.)
1619, — Acquisition de la justice de Compreignac.
Sachent tous quMl appartiendra que pardevantle notaire royal soussigné,
et les témoins sous nommés ont été personnellement établis Révérend
Père en Dieu M" Raymond de la Martonie, conseiller du roi en ses con-
seils d'Etat et privé, et évoque de Limoges, pour lui et ses successeurs
d'une part, et noble Martial Benoit, écuyer, sieur de Compi eîgnac et Mas-
de-Lage, conseiller du roy, présidcni et trésorier général de France, pour
lui, ses héritiers et successeurs, d'autre part. Comme soit ainsi que ledit
seigneur évêque n'ait rien lant en recommandation que d'augmenter et
accroître par tous les moyens licites les revenus du temporel de son évê-
ché; ayant trouvé ^ son advcnemenl que sondit temporel était chargé de
neuf vingt livres de rente annuelle et perpétuelle envers M" les doyen, cha-
noines et chapitre de Téglisc cathédrale du dit Limoges, en conséquence
de certains piassages, maisons, jardins et autres domaines dans lesquels ses
prédécesseurs avaient commencé à bâiir le château épiscopal, comme plus
cmplement est contenu par les transactions sur ce faites entre ledit sieur
évêque, doyen et chanoines, en date du 30^ janvier 1555, signées Goubert
et Palais, il aurait cherché de se décharger et acquitte^ d'icelle rente de
neuf vingt livres, laquelle intention ayant fait savoir et communiquer aux
dits sieurs doyen et chanoines, après avoir usé de plusieurs remises et sur
ce mûrement délibéré, lesdils sieurs auraient voulu et arrêté d'amortir
MONOGRAPBIR DE COMPREIGNAC. 351
icellc rente à eux due pour la somme de cinq mille livres, ainsi quMI
résulte par les actes capitulaires sur ce fait et contrats d'amortissement
passés par le notaire soussigné, en date du 18* jour du mois de mai der-
nier. Pour parvenir auquel amortissement, ledit sieur Benoit, pour plus
grande assurance, se serait obligé envers les dits sieurs du chapitre de
ladite somme de cinq mille livres, à la prière et requête du dit sei-
gneur évéque et pour lui faire plaisir, pour laquelle payer et rembourser
au dit sieur Benoît et par ce moyen décharger Thypothèque qu'il avait sur
le domaine dudit évéché, ledit seigneur évoque aurait fait proclamer, de
l'avis desdits sieurs doyen et chanoines, es églises paroisiiales de la ville
et cité de Limoges, paroisses de Comprcignac, Bcssines, Razès et autres,
si quelqu'un désirait acheter quelque partie du domaine dudit évéché, du
moins domageable pour ladite somme de cinq mille livres, en faisant la
condition de Téglise avantageuse, serait reçu. Lesquelles proclamations
ayant été publiées par diverses fois aux prônes des dites églises les jours
de dimanche, des afticbes d'abbondant aux carrefours et lieux publics de
la ville et cité par un sergent, et étant venue par ce moyen k la notisse du
dii sieur Benotl, il se serait adressé audit sieur évéque, et lui aurait repré-
senté qu'ayant su, par lesdites affiches et proclamations qu'il fait faire,
qu'il est en volonté d'aliéner quelque portion de son domaine, la moins
commode et fructueuse pour la somme de cinq mille livres, se décharger
de pareille somme qu'il lui doit pour les causes contenues au contrat sur
ce fait, et que s'il lui plait de lui laisser la justice que ledit seigneur a
dans la paroisse de Compreignac, dépendant de la juridiction de Rasés,
bien que icelle justice ne soit d'aucun revenu et ne rapporte aucun profit,
mais d'autant que ledit sieur Benoit a dans la paroisse tons les Hefs, cen-
sives, fondantes et une grande partie des dîmes, inféodée pour la conser-
vation de ses droits et plus grande autorité, il offre audit seigneur évéque
de payer à son aquil la somme de cinq mille livres et de décharger l'hy-
pothèque qui est pour raison due sur tout le domaine de son dit évéché.
et de plus, pour améliorer la condition de l'églitc, offre de lui donner en
permutation la justice de Coudât et prévôté de Saint-Lasis [Lazare (?)], des
mêmes façon et manière qu'il l'a acquise de noble homme Léonard Gay,
sieur de Nexon, laquelle justice ledit Gay ou ses auteurs ont acquise du
roi, lors de l'aliénation de son domaine, avec promesse d'icelle garantir
jusqu'à la somme de mille livres, d autant que ledit domaine du roi est
perpétuellement rachetable, laquelle lui est grandement commode et assez
bienséante pour être joignante à la terre et châlellenie d'isie, appartenante
audit seigneur évéque. Sur lesquelles offres voyant qu'aucunes personnes
ne se présentaient pour en faire d'autres, ledit seigneur évéque ayant fait
recherche du rapport et profit que lui rendait ou pouvait rendre ladite jus-
tice de Gompreignac, et même fait faire des extraits des défaut et amendes
puis les quinze ans derniers, qui se seraient trouvés ne valoir rien du tout,
qu'an contraire souvent ies seigneurs évéques, ses prédécesseurs, avaient
été contraints d'employer de leur revenu pour nourrir leurs officiers lors-
qu'ils viennent tenir les assises sur les lieux, et pour la poursuite des
procès criminels qu'il y a quelquefois ; et qu'aussi ledit seigneur évéque
282 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT filSTOlllQUiC t>U UMOCSIN.
na aucune renie censive, ni fondalité, maison ou château dans ladite
paroisse que seulement tiers d*unc dîme appelée de la Ribeyrade, qui peut
valoir de dix à douze seliers de blé par an, que par ce moyen ladite jusiice
lui est du tout plus honéreuse que profitable, ayant le tout communiqué à
son conseil et principalement à Mi*' les doyen et chanoine, de TégUse cathé-
drale de Limoges, lesquels auraient par acte du 29" jour de mai dernier,
reçu par Laurent, scribe, trouvé les offres dudit sieur Benoit utiles et
avantageuses pour ledit seigneur évoque, et baillé avis d*icelles accepter
comme est contenu par ledit acte. A ces causes est-il que ledit seigneur
évêque, de l'avis de son dit conseil, doyen, chanoines et chapitre, tant pour
lui que pour ses successeurs, acceptant lesdiieis offres pour le bien de
Téglise el revenu de l'évôché, a vendu, cédé, quitté et perpétuellement
transporté audit sieur Benoit, stipulant et acceptant, tous les droits de jus-
tice : haute, moyenne et basse, mère et impère, devoirs, juridictions,
émoi u mens, autorités, prérogatives et autres choses dépendantes de la jus-
lice de la paroisse de Compreignac, appartenant audit seigneur évêque et
dépendant de la seigneurie de Razès, consistant aux villages qui s'ensui-
vent, savoir ce qu'il y a et peut avoir de jusiice dans le bourg dudU Com-
preignac^ les moulins de Pontabrier, la Rode et Plancheoieille, Chabctnneê,
Le Mas^ Prassigou, La Roche^ La Vaugelle, Vénachat, Chatenet,
Montaiguty Montchaux^ Ptiy-Ménier^ Laoau- Fleuret, Népoux, VUlebert,
Massouoas, Doumar, Bachellerle, Maudant^ et outre les villages de
Grudet, La Ribière-Doyrat et Las Bordas et Maiaonneuve, lesquels sont
hors de ladite paroisse de Compreignac, et ce que les tenanciers et habi-
tants du village de Penny, Beausoleil, Villechenoux, Beaumonl, La Jante,
Puymarlin, Margnac, possèdent et font valoir dans ladite juridiction de
Kazès, et généralement tout ce que ledit seigneur a de justice dans la
paroisse de Compreignac, sans y rien réserver en façon quelconque, si ce
n*est l'hommage lige que ledit sieur Benoit el ses dits successeurs à l'ave-
nir seront tenus faire audit seigneur évêque et ses successeurs, en la
manière accoutumée, à cause de ladite seigneurie dudit Compreignac et
fiefs joints à icelle, môme ladite justice vendue et échangée sans aucune
réserve ni exception pour, par ledit sieur Benoit, jouir à Tavenir de ladite
justice que ledit seigneur évoque a et peut avoir comme dit est dans le
bourg de Compreignac et villages ci dessus spécifiés, dudit bourg, mou-
lins, villages ci-dessus mentionnés, comme de son bien propre, sans que
ledit seigneur évêque soit tenu de faire ladite justice de plus grande étendue
que comme ses prédécesseurs en ont accoutumé d'en jouir, et en contres-
change el permutation de laquelle aliénation icelui sieur Benoit, suivant
ses offres, a quitté et déchargé par ses présentes tant ledit seigneur évêque
que ses succ(*sseurs de la somme de cinq mille livres, en laquelle il était
obligé, à sa prière, envers lesdils sieurs doyen et chapitre pour Tamortis-
sement de la rente de neuf vingt livres par le susdit contrat, et a pronais el
promet ne lui en demander aucune chofe A l'avenir et le tenir quitte ores
et pour l'avenir envers lesdils sieurs doyen, chanoines el chapitre, outre
laquelle somme pour le bien et augmentation dudit évèché « cédé, quitté
et délaissé audii seigneur évêque, stipulant iH>inme dessus la jusiice haute,
MOlfOORAPHIK DE COMPREIGNAC. 953
moyenne et basse, mère, mixte, impère de Gondat ei prévôté de Saint-
Lazex [Lazare (?)], appartenant audit sieur Benoit, comme ayant les droits
de noble homme Léonard Gay, sieur de Nexon, qui l'avait acquise, ou ses
auteurs, du roi, lors de l'aliénation de son domaine, avec tout ce qui peut
dépendre de ladite justice et prévôté pour la tenir en la même qualité
qu elle a été acquise par ledit sieur Benoit. Et d'autant que le domaine du
roi est inaliénable et sujet à rachapt perpétuel, icelui sieur Benoit a promis
seulement garantir icelle justice jusqu'à la somme de mille livres en cas
de revente ou rachapt du dit dommaine, sans qu'il soit tenu d'aucune autre
éviction, dépense, dommages et intérêts que jusqu'à icelle somme. Et
moyennant ee, ledit seigneur évéque et ledit sieur Benoit se sont respec-
tivement et réciproquement déveslus desdites justices et s'en sont investus
Ton et Fautre par le bail des présentes, d'où veut lent qu'ils en jouissent
des à présent comme à lavenir, promettant les tenir et posséder pour et au
nom de l'autre, et ledit seigneur évéque a promis porter tout gueriment au-
dit sieur Benoit pour jouir des choses susdites, tout ainsi que lui et ses
prédécesseurs en ont joui. Et pour plus grande fermeté et assurance du pré-
sent contrat, a promis ledit seigneur évoque fournir toutes procurations et
consentements requis et nécessaires pour parvenir à rhomologation d'ice>
lui, et ce pardovant M. l'archevêque métropolitain en la cour primace de
Bourges ou ailleurs que besoin sera, dans trois mois, en bonne et due
forme, ei, pour ce faire, bailler tout consentement et procuration nécessai-
res et en ce aussi ledit sieur Benoit sera tenu de fournir les frais qu'il
conviendra faire pour obtenir ladite homologation. Et a ledit seigneur
Benoit décliné audit seigneur évoque les titres et pièces concernant la jus-
tice de Gondat, qui sont : premièrement, un contrat de vente de ladite jus-
lice de Gondat, fait par le sieur Verdier, trésorier de France et commissaire
des aliénalious du domaine du roi, a feu Martial Gay^ vivant lieutenant
général en la présente sénéchaussée, ledit contrat en date du 3 août 1594,
en parchemin, signé Latreille et Gaston, notaires, au pied duquel est transcrite
la commission et pourvoir dudit sieur Verdier, commissaire, et copie de la
quittance de la finance de ladite aliénation, plus le procès-verbal de vente de la
prévôté de Saint-Lazeix, signé Verdier, commissaire, ei Pradelles, commis
du greffier, plus Toriginal de la quittance de la finance de ladite aliénation de
ladite justice de Gondat, pour la somme de six cents livres, signée Heynaud,
trésorier général de l'extraordinaire des guerres, plus les lettres patentes
de Sa Majesté, portant la ratification d'icelle vente, signée par le roi en
son conseil : De Villoutreix, données à Paris, le 6 septembre 1594, avec
leur enregistrement au bureau des finances, du 17 août 1595, signé Pradel-
las, plus la prise de possession de ladite justice de Gondat, par ledit sieur de
Gay, parM<* Martin Veyrier,juge de Saint-Léonard, signé dudit Veyrier et
Bourdeix, greffier, plus un contrat d*acquisition fait par ledit sieur Benoit de
ladite justice de Gondat, en date du 20 mars 1643, au pied duquel est la
ratification dudit sieur de Gay, du 18 février 1619, signé Vernel, notaire,
plus la prise de possession de la justice dudit Benoit, faite par Guiberl,
lieutenant de ladite juridiction, signé dudit Guibert et de Darfeuille, greffier,
en date du 4 juin, au dit an '613. El tout ce que dessus a été stipulé et
254 SOCIÉTÉ ARCUÊOLOOIQUE ET HISTORIQUK DU LIMOUSIN.
promis tenir par les sieurs parties contractantes, à faute de ce émaner tous
dépens, dommages et intérêts et rononcer à tous moyens par lesquels pour,
raient venir, au contraire, moyennant serment et sous obligations de leurs
biens présents et futurs avec soumission à toutes cours et de leur consen-
tement condamnés. Fait et passé en la maison et hôtel dudit seigneur évo-
que, en présence de honorable M* Simon Palats, juge de la présente cité et
secrétaire dudit seigneur; et M» Gérald deJayac, procureur au siège prési-
dial dudit Limoges, témoins à ce appelés le 9* jour du mois de juin 1619,
après midi ; ainsi signé : Raymond, évoque de Limoges, contractant ;
Benoit, Palais, présent; de Jayac, présent, et Laurens, notaire royal.
Dit a été que la cour intérinant les dites requêtes quand à ce, et attendu
la dite inquisition et consentement du procureur général du roi, a homo-
logué et homologue les dits contrats d'amortissement de rente, et échange
des 18 mai et 9 juin 4619, enjoint aux dites parties iceux contrats garder
et entretenir suivant leur forme et teneur. Prononcé à Bordeaux, en par-
lement, le 30" mai 1620. Collationné, signé Dufau, et en marge est écrit
M. Degourgue, premier président ; Raquenaud, rapporteur.
(Terrier de Compreignac).
A. Leclkr.
MONOGRAPHIE
DU CANTON
D'ORADOUR-SUR-VAYRES
Aspect général du pays, — La plus grande partie de ce canton
est plantée de châtaigneraies qui, avec quelques bois de chêne,
donnent pendant l'été beaucoup d'ombrage et de fraîcheur au pays :
son aspect a quelque analogie avec le « Bocage », département de
la Vendée. De toutes parts émergent de nombreuses collines
arrondies, au pied desquelles jaiUissent des sources; celles-ci donnent
naissance à des petits ruisseaux sinueux, et dont les vallons sont
frais et charmants. Sur le flanc de ces coteaux, quelquefois cou-
verts de bruyères et d'ajoncs, s'élèvent de nombreux villages que
la vue découvre plus aisément l'hiver, lorsque les feuilles des
arbres sont tombées. Les routes, les prairies, les domaines, les
jardins, etc., sont bordés de haies appuyées sur des troncs d'arbres
ébranchés ou de toute venue. Le Gabouraud, qui se trouve entre
Brie et La Chapelle-Montbrandeix, en est le point culminant. Son
altitude est de 488 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il fait
partie du domaine de Brie et possède un belvédère, appelé aussi
lanterne, de 45 mètres de circonférence, d'où la vue s'étend sur le
Limousin, l'Angoumois et le Périgord. Les rivières alimentent
quelques étangs sans importance, des forges et des moulins.
Rivières. — Ce canton est arrosé par plusieurs cours d'eau. On
remarque : La Tardoire, la Cole, la Vayres, le ruisseau de Brie et
le Gorret.
La Tardoire, qui a 100 kilomètres et dont les eaux se perdent
sur le sol charentais, prend sa source en amont de Châlus. Elle
est le plus important de ces cours d'eau. Elle traverse le canton de
256 80G1ÂTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HMTORIQUB DD LIMODSIN.
Test à l'ouest, a à sa droite Champsac, Oradour, Saint-Bazile, et à
sa gauche Cussac.
La Cole, joli ruisseau dont les eaux claires serpentent dans les
prairies, prend sa source près du Gabouraud. Il fait mouvoir les
moulins de Grafeuil et de La Bregère, commune de Cussac. De là
il entre dans le canton de Saint-Mathieu pour se jeter dans la Tar-
doire, dont il est un affluent de gauche. Il alimente les étangs de
Bonbon et des Champs.
Le ruisseau de Brie prend sa source entre La Grange et La Favi-
nie, commune de Champagnac. Il se jette aussi dans la Tardoire,
aux forges de la Rivière et est un affluent de gauche.
Ces trois cours d'eau font partie du bassin de la Charente. La
Vayres, qui appartient au bassin de la Vienne, prend sa source
entre Oradour et Beauséjour. Elle va se jeter dans la Graine, qui
passe à Rochechouart. Elle a donné son nom à Vayres et à Ora-
dour. Elle entre dans le canton de Rochechouart au lieu dit
« La Chaise », commune de Vayres.
Le Gorret prend sa source vers Champagnac et va se jeter dans
la Gorre. Son parcours est peu étendu dans le canton. La Gorre
prend sa source près de la gare de Champsac, entre les Pradelles
et Nailhac.
Nature du sol. — La plus grande partie du sol de ce canton est
granitique. Sa partie ouest est argileuse. On y trouve des espèces
variées de granit à mica et servant toutes à la construction des
habitations. Près de Forgeas, se trouvent des mamîères assez con-
sidérables. L'argile sert à la confection des tuiles et des briques qui
font le principal commerce des villages qui avoisinent la roule
d'Oradour aux Salles-Lavauguyon.
Produits naturels du soL — Le châtaignier est Tarbre le plus
répandu dans ce canton. Il est d'une grande ressource pour le pays,
car ses fruits sont employés en grande partie à la nourriture des
animaux. Il est aussi livré à l'exportation une grande quantité de châ-
taignes et le surplus est consommé par la population locale. Il y a
beaucoup de chênes, de bouleaux, de cerisiers, de pommiers, dont
les fruits servent à faire du cidre. L'aulne croit en abondance le
long dès coufs d'eau. Le peuplier y vient également bien. On y
cultive beaucoup de froment et de seigle^ du maïs, du sarrasin, des
betteraves et des topinambours pour la nourriture des animaux.
On y cultive surtout beaucoup de pommes de terre.
Il y a quelques grands domaines^ tels que celui de Brie qui a
800 hectares; celui de Cromière : 200 hectares, etc.
Le botaniste peut trouver dans le canton : Drosera rotundifùlia
MONOORAPBII D'0llAD0UII«-8t}R**VAYRES. Stt7
L; Radiola ImoUes Gmel; Umbilicus pendulinus, D. C; Wahlen-
bergia heredacea. Bchl ; Digitalis purpursa L ; Ctandestina rectiflcra
Lam; Polystichum filix-mas. Ro'h; Athyrium filix fcemina; Blech-
niÊm 9ficans. Sm; parmi les espèces moins communes, citons :
Hftianthemum guttatum D. C; sous les châtaigneraies: Lobelia
urens L. Le long des fossés humides, Festuca poa; dans quelques
champs cultivés, ça et là de rares pieds d'Epipactis latifolia, AU.
Enfin, Asplenium ruta-muraria L, sur plusieurs vieux murs
d*Oradour.
Langage. — Le patois qui est parlé par la population, conjointe-
ment avec le français, compris de tous, diffère peu des patois qui
sont en usage dans les autres parties du département. La pronon-
ciation n'est plus la même; ainsi, vers Limoges, les voyelles sont
ouvertes, tandis que le contraire existe du côté d'Oradour.
Moeurs. — Elles ne sont pas très bonnes. La population a des
goûts religieux, mais moins prononcés qu'autrefois, et sa religion
est entachée de superstition. Les pèlerinages des Bonnes-Fontaines
et de Saint-Bazile en donnent un exemple. En ce qui concerne
l'instruction, la statistique démontre qu*en 1869, le canton d'Ora-
dour occupait le 96*" rang sur les vingt-sept cantons de la Haute-
Vienne, soit 78,82 p. "/o des conscrits ne sachant ni lire ni écrire.
En 1880, il occupe le 23« rang ou 55,85 p. ^/o.
En 1883, il occupe le 13" rang ou 31,81 p. °}o.
En 1885, il occupe le 8* rang ou 18,00 p. %.
Le progrès a donc été grand depuis Tinstitution de Tinstruction
obligatoire pour tous. (P. Ducourtieux : l'Instruction primaire dans
la Haute-Viennêy 1886).
Commerce, — Vente de produits agricoles, volailles, lapins,
veaux, cochons en quantité et de bonne qualité, bois de chêne et
de châtaignier. Le 8 de chaque mois, il y a des foires assez impor-
tantes à Oradour et il s'y fait un commerce considérable de cham-
pignons, ainsi qu'aux chefs-lieux des communes de Champagnac, de
Champsac, de Cussac et de Saint-Bazile, qui les exportent à Bordeaux.
En 1^, la gare d'Oradour seule en a expédié plus de 100,000
kilogrammes. La gare de Champsac en a mis en mouvement 7,000
kilogrammes en un jour. Oradour a de nombreux magasins d'épi-
cerie, de lainages, de quincaillerie ; à signaler aussi deux diar-
rons.
Industrie. — Quoique l'industrie ait moins d'importance qu'il y
a un certain nombre d'années, elle est encore florissante de nos
jours. Les forges de la Rivière, alimentées par la Tardoire, ont de
258 SOCliTÉ ARCHéOLOGIQUR ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
nombreux ouvriers, ainsi* que la fabrique de droguets et la mino-
terie de M. Ferrand, d'Oradour, toutes deux également sur la Tar-
doire.
Il se fabrique beaucoup de tuiles et de briques aux Tuilières, près
d'Oradour, et La Pouméroulie fabrique des ustensiles aratoires
renommés.
Institutions. — Le canton d'Oradour-sur-Vayres possède un juge
de paix, une brigade de gendarmerie à pied depuis 1848 ou 1849,
un agent-voyer, un receveur de l'enregistrement, un receveur et un
commis principal des contributions indirectes (Oradour), un per-
cepteur (Oradour), trois notaires (Oradour, Champsac, Cussac), et
un huissier.
Oradour, Champagnac, Champsac et Cussac ont un instituteur
et une institutrice; Saint-Bazile possède seulement un instituteur.
Il y a aussi des écoles de hameau à Puymoreau, sur la route de
Saint-Laurent-sur-Gorre, et à Lachenin, sur la route de Châlus.
Cussac possède une communauté religieuse dite des sœurs du
Sauveur et de la Sainte- Vierge, fondée par M"' la marquise do
Cromières, il y a environ vingt-cinq ans (1).
Voies de communication. — Une route départementale d<'
Séreilhac à Mansle, n*» 8, traverse ce canton sur un parcours de il
kilomètres.
Les douze chemins de grande communication, qui ont ensemble
un parcours de 84 kilomètres, sont : xi*> 22 (de Saint-Junien aux
Trois-Cerisiers) ; n" 40 (de Saint-Mathieu à Saint-Laurent-sur-
Gorre); n* 42 (de Saint-Mathieu à la station de Bussière-Galanl);
n*» 33 (de Châlus à Chasseneuilf; n« 34 (de Séreilhac à La Roche-
foucauld) ; n'» 54 (de Tulle à Chabanais) ; n° 66 (de Gorre à Miallel):
n*> 73 fde Cussac à Piégul) ; n« 75 (de Dournazac à Oradour); n° 85
(d'Oradour à La Grue); n* 100 (de Champagnac à La Chapelle-
Montbrandeix) ; n*» 122 (d^Oradour à Saint-Gervais). De plus, il
existe 65 kilomètres de chemins vicinaux ordinaires.
La voie ferrée de Saillat à Bussière-Galant traverse le canton
du nord-ouest au sud-est, et dessert les gares de Champsac, de
Champagnac et d'Oradour-sur-Vayres.
Le trafic de cette voie a été inauguré le 31 décembre 1881.
Souvenirs et monuments historiques. — 1° Époques préhistorique
et gauloise. — Quelques haches et quelques outils en silex taillé
(I) Avant la création des écoles de hameau, les prêtres étaient chargés
de l'insiruction des enfants dans le chef-lieu de leur commune où il
n'existait pas d'instituteur ni dUnstitulrice.
lÉO.NOGRAPHlE D'ORADOUR-SUa-VAYRCS. 259
ont élé trouvés dans le canton. Le tumalus de Champagnac (détruit),
celui d'Oradour, celui de Champsac qui était à quelques mètres de
celui de Champagnac ; le monolithe de Morinas, le demi-dolmen
de La Tamanie et la pierre branlante de La Jalade-de-Gussac, sont
des vestiges de cette époque. 11 y avait un dolmen à Oradour dont
il ne reste plus trace.
** Époque gallo-romaine. — De nombreuses tuiles romaines à
rebord, des tessons de vases, ainsi que des tombeaux, ont élé
trouvés à Lépinasse (près Saint-Bazile). On trouve également des
vestiges de cette époque à La Salesse, commune de Champagnac,
à La Betboule (même commune), où un puits a été découvert, ainsi
que vers Cussac.
Moyen âge, — On remarque à Oradour la « Maison Ducombeau »
et le « Puy-Chevalier » ; à Cussac « le Puy » ; à Cromières « le
Château ». Il existait aussi un ch&teau au Boucheron, qui était
l'habitation des comtes d'Oradour. Les Brosses ont aussi un vieux
château. La « Maison Ducombeau » signalée plus haut, et qui
existe encore fut donnée en échange par René de La Pisse, écuyer,
seigneur des Brosses, et Anne de Sausay, son épouse, en 1669, à
Léonard Morlon, contre une maison appartenant actuellement à
M""* de Balzac, laquelle maison avait un pavillon aujourd'hui dis-
paru.
Le canton d'Oradour-sur-Vayres qui a 9,041 habitants et 12,773
hectares d'étendue, se compose de cinq communes : Champagnac,
Champsac, Cussac, Oradour-sur-Vayres et Saint-Bazile. Ces com-
munes s'étendent du canton (nord) de Sainl-Mathieu au canton de
Châlus (arrondissement de Saint-Yrieix) qui sont leurs limites sud,
et elles ont pour limites nord, les cantons de Saint-Laurent-sur-
Gorre et de Rochechouart, chef-lieu d'arrondissement. Au siècle
dernier, elles- faisaient partie de l'archiprétré de Nontron, et leurs
paroisses font actuellement partie de Tarchidiaconé de la Haute-
Vienne.
Champagmac. Champainhac {Chronique de Maleu, 1316, p. 90).
— Époque celtique. — Sur le chemin de Châlus à Rochechouart, à
2,150 mètres est du bourg de Champagnac, un tumulus détruit
depuis quinze ans.
Moyen âge. — Ancienne église, autrefois prieuré de filles sous
le vocable de saint Paul, fondé vers la fin du xvii" siècle, fut uni eu
1527 à la mense abbatiale de la Règle (Rép, arch, de la Haute-
Vienne, par E. Grignard).
Sainte-Harie-de-Champagnac en 1498.
960 SOCIÉTÉ AKCBÉ0li061Q!IB KT HISTOBIOUB DU LIMOOSIIC.
Patron : Saint PanI, apôtre, jadis, Nativité de la Sainte Vierge.
Gnre : 4,800 communiants; patrons : mêmes saints qae ci*des-
sas. L'évéqoe de Limoges v nommait en t3i0, Tabbesse de la
Règle dès iK04.
Vicairie fondée par Anne de Samalhie (Saint-Mathieu), veuve
d'Yrieix de Chouly, chevalier, seigneur de Permangle, Champa-
gnac, gouverneur de la ville et cité de Limoges (le 23 décembre
1680), pour servir de vicairie à la paroisse; elle fut augmentée par
Anne de Ferrières, fondée à l'honneur de saint Mathieu. Une
nomination fut faite par les héritiers de la fondatrice ; Anne-Thé-
rèse de Chouly Permangle, veuve de Charles-Joseph de Ferrières,
marquis de Sauvebœuf, baron de PierrebufBère, Aigueperse, Ché-
ronnac, Congonssac, 1700, 1726.
Champagnac occupe la partie à peu près centrale du territoire
de la commune de ce nom ; il est situé sur la rive droite de la Tar-
doire, au confluent du petit ruisseau de Jouveau, à une hauteur
moyenne de 308 mètres au-dessus du niveau de la mer.
« On distingue deux époques et deux styles différents dans l'archi-
tecture de réglise de Champagnac. L*ensemble est en style roman
du xii* siècle, et de nombreuses retouches ont été faites dans la
seconde moitié du xv« siècle.
» La nef se compose de quatre travées, avec un collatéral complet
du côté du nord, et deux chapelles latérales du côté du midi. Les
arcades cintrées qui séparent la nef des collatéraux ont une légère
tendance à Togive, et reposent sur de gros pihers cylindriques.
L'abside, semi-circulaire, est voûtée en demi-coupole, au bas de
laquelle on remarque, du côté du nord, une arcature romane. La
porte principale, placée à Tangle nord-ouest, date, comme la nef
et le chœur, de la première construction.
» Quant aux restaurations du xv* siècle, on les voit : ^* dans le
mur latéral du nord, dont trois fenêtres ogivales, «n style flam-
boyant, ont remplacé les étroites baies romanes ; 2° dans les ner-
vures des voûtes et du collatéral du nord, voûtes malheureusement
fermées par un mauvais lambris.
» Le clocher, placé devant le chœur, sur la première travée de la
nef, est de forme carrée et paraît faire partie de la première cons-
truction ; toutefois, une longue fenêtre ogivale, ouverte du côté du
nord, accuse le style du xvi° siècle.
» Les deux chapelles latérales du sud, en style flamboyant, ontété
restaurées au xvn* siècle, et, sur un linteau d'une porte, à l'ouest,
on lit cette inscription :
LE s' DUMAS MA FAIGT FAIRE. 1618.
MONOOHaPBIK D^0RAD0UR*8UR-VAYftftà. 26^
» Les faits historiques relatifs à cette église sont assez rares; en
voici un que nous avons pu glaner :
» En 4679, le 14 mars, le P. Boniface Peyron, prieur du couvent
des Augustins de Limoges, prononça, dans Téglise de Ghampagnac,
I*oraison funèbre de Messire Yrieix Cbouly de Permangle, maré-
chal de logis de la compagnie de deux cents chevau-légers de la
garde ordinaire du roi, gouverneur de Ja ville et cité de Limoges.
L'orateur parlait devant le marquis de Sauvebœuf (Charles-Joseph
de Ferrières), neveu de Tillustre défunt.
» On peut lire dans les Annales du Limousin, par le P. BoNAVB^-
TURE (t. III, p. 869), la biographie et les exploits militaires de
Chouly de Permangle, véritable type du héros chrétien.
i> Le marquis de Sauvebœuf, qui demeurait alors au château de
Brie, paroisse de Ghampagnac, avait épousé, en i673, dans cette
église, la nièce du gouverneur de Limoges, Thérèse de GhouUy de
Pennangle, qui mourut en 1737, et fut inhumée dans Téglise de
Ghampagnac. » Labbé àrbbllot. »
f Semaine religieuse de Limogesy tome II, page 382).
La grosse cloche porte : s^^ maria ora pro nobis 1748. besson
RECTOR PARRAIN FRANÇOIS JUDE SEIGNEUR DE LA RIVIÈRE. — MARRAINE
DAME MARIE GENEVIÈVE DE VASSAN.... MARQUISE DE MIRABEAU, REPRÉ-
SENTÉE PAR JUDE DE LAUBANIE.
La petite cloche porte : ego sum quia in tanto regimine pr/Evalui
PARRAIN JUDE DE LAJUDIE, MAIRE; MARRAINE'. DAME DE JAUBERT; PORT
RECTOR ECCLESIiE, MAI 1826. — FONDUE PAR BONNIN A LA MONNAIE DE
LUIOGES, dans l'atelier DE M* PARANT.
Noms des curés que j'ai pu recueillir : Garissot, 1697. — Ghave-
roche, 1731. — Antoine Delbés, 1735. — Besson, 1748. — Pierre
Besson, 1762-1763; vicaire, Gabriel Mandon de Forgeas.— Besson,
1785.
1763. (1) Gommuniants, 900.
Sénéchaussée de Montmorillon.
Patron : l'abbesse de la Règle.
Décimateur : idem.
Seigneur : Madame de Vassan.
En 1698, le marquis de Sauvebœuf avait des possessions dans la
paroisse de Ghampagnac.
Au-dessus des portes de plusieurs maisons, j'ai relevé les dates
(I) Les renseignements relatifs à Tannée 1763 sont empruntés au Mé-
morial dee oisUes pastoraiee de Mgr d'Argentré^ publiés dans les Chartes,
chroniques ei mémoriaux (A. Lkaoux, 1886}.
SÔ2 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
ci-après : 1642. — M. 1771. B. — Sur le chambranle d'une che-
minée, ouvragé en losanges : 1704. — Sur une poutre soutenant
le plafond d'une cuisine : l ivde s' bESNOCHES et bonvev davbanie
MA FC LE FA. 1700.
Des dévotions ont lieu chaque année à Champagnac, le jour de
la Saint-Pierre, qui est en môme temps le jour de la fête patro-
nale. Les pèlerins se rendent à diverses sources, y prient, y trem-
pent les lèvres, et y jettent môme souvent quelque menue monnaie.
Un grand nombre d'entre eux font le tour d'une croix de bois qui
se trouve à l'intersection de deux chemins, prennent des morceaux
de cette croix avec la pointe de leur couteau, et déposent en
offrande des épingles, qu'ils enfoncent dans le bois. — Ces dévo-
tions, môlées de superstitions, sont très goûtées des habitants de
la contrée, et se renouvellent à Saint-Bazile, le 2 février, ainsi que
le 24 juin de chaque année, aux « Bonnes fontaines », commune
de Cussac.
Des foires mensuelles ont été établies au chef-heu de la com-
mune de Champagnac, en avril 1879. — Elles sont fixées au 15
de chaque mois.
Cette commune, qui a 1,8S4 habitants et une étendue de 2,446
hectares, comprend les villages suivants :
Beaubaty.
Bethoule (La). — J'y ai trouvé des éclats de silex, un morceau de
hache néoUthique, des tuiles romaines et une quantité de tessons
de vases de toutes dimensions.
Boissonnie (La Chapelle).
Brise-Bois (Bas du Mas).
Braconnerie (La).
Brie (château), j Château d'Ambrie (Cassini 1744. Moyen âge).
Brie (domaine). | Sur la petite route de moyenne conununica-
tion, entre Châlus et Cussac, ancien château construit au commen-
cement du XV" siècle, sur l'emplacement de l'ancienne maison
seigneuriale de ce nom, qui existait en 1470 et qui appartenait à la
famille Boschand de Brie et qui relevait de la vicomte de Roche-
chouart.
Il se trouve situé sur le versant septentrional du Mont Puycon-
nieux, sur le chemin de Champagnac, au village de Veimpère, à
4 kilomètres du chef-heu de la commune. Il dépendait autrefois de
la province du Poitou.
En 1484, Jean Boschand de Brie, écuyer et conseiller du prince
d'Albret, capitaine des forteresses de Châlus et Courbefy, obtint de
Jean, vicomte de Rochechouart, l'autorisation de bâtir et édifier, au
lieu noble de Brie, une maison forte de tours, tourelles, créneaux,
llONOGRAt»BtK D^ORADOUR-SOR-VAYRKd. ^63
mâchicoulis, ponUevis, fossés, etc. — Cette autorisation lui fut
confirmée, le 11 décembre 1500, par François de Rochechouart,
avec garantie contre tous troubles et inquiétudes. —Cette construc-
tion fut terminée en 1625 et prit le titre debaronnie, haute et basse
justice de Champagnac. En 1574, la terre et baronnie de Brie
passa au seigneur de Neuvillards par la mort du dernier màle de
la branche aîné des Boschand ; en 1657, elle fut aliénée et vendue à
Yrieix de Chouly Permangle, marié à Anne de Saint-Mathieu :
morts sans enfants. — Ils léguèrent cette terre par moitié à Yrieix-
Junien de Chouly Permangle et à Marie de Permangle, leur neveu
et nièce. Celle dernière épousa le sieur Perrière de Saulvebœuf,
duquel est descendue, par les femmes, la famille de Mirabeau.
En 1681, un partage provisoire régla les droits des deux familles
et en 1692, 1700 et 1711, tous les biens appartenant à Yrieix-
Junien de Chouly Permangle furent saisis à la requête de nom-
breux créanciers, sur les sentences rendues par Thôlel de Paris et
la sénéchaussée de Montmorillon; ces biens furent successivement
administrés par des curateurs nommés par le Parlement de Paris.
L'autre partie de cette terre fut jouie par la famille Ferrières
de Vassan-Sauvebœuf, de laquelle descendait Marie-Geneviève de
Vassan, marquise de Mirabeau, mère du fameux Mirabeau, Tora-
teur président de l'Assemblée constituante. Elle fit sa résidence
à Brie de 1770 à 1787 et mourut à Paris en 1794.
« Marie Geneviève de Vassan, issue du mariage de Anne-Thérèse
de Ferrières, marquise de Sauvebœuf, baronne de Pierrebuffière,
avec Charles, marquis de Vassan, en 1719. — Epousa, en 1723,
Victor de Riquettis, titré, en 1743, marquis de Mirabeau, comte
de Beaumont, vicomte de Saint-Mathieu, et porte : d'azur à une
bande d'or, accompagnée en chef d'une demi-fleur de lis de Florence,
défaillante à droite de même, et fleurie d'argent, en pointe, de trois
roses aussi d'argent posées en bande, »
En 1794, tous les biens de la famille de Mirabeau furent séques-
trés et saisis; ils furent vendus le 27 décembre 1808 à l'audience
des criées du tribunal de Rochechouart. — M. Bouland, avocat à la
Cour impériale de Paris, s'en rendit adjudicataire; en 1820, il en-
treprit la restauration du manoir détruit en juillet 1793 et dont il
ne restait qu^ les murailles.
11 existait dans la cour du château une chapelle-oratoire voûtéiî
avec arêtes et ogives, et construite en 1312 par Guillaume Boschand
de Brie.
On peut voir, dans le pavillon central, un escalier fort beau, en
spirale, donnant accès à toutes les chambre.^ du château. A ciiaiiuc
palier des voussures et ogives.
^64 SOGIBTÉ AKCHÉOLOOIQUB KT HISTOHIQOB DU LIMOUSIIV.
Uae chambre, qui se trouve au sommet du donjon, porte encore
le nom de « Chambre des Pucelles ». Deux Yieilles caves et la cui-
sine sont voûtées.
Deux cheminées en pierre de taille méritent d*étre signalées,
mais les armoiries qui les ornaient ont été détruites pendant la
Révolution, ainsi que celles qui devaient exister dans les diverses
parties du château.
Au-dessus de la porte d'entrée, sur le granit, on peut lire Tins-
cription suivante qui est en creux :
CASTELLUM BRIE
ANO DOM 1484
iGDIFIGATVM
ANC 1793 VASTATVM
ANNO 1845 CVRA ET OPERE
STEPHANI V BOYLAND
RESTITVTUM.
Brie (Etang de), i90 mètres de longueur, 7S de largeur et
460 mètres environ de circonférence.
Champs (Les).
Chandos.
Chapelières (Les).
Chatinaud (Chez).
Etang (L^),
Favinie (La) lEp. moderne]. — Ancien manoir mentionné par
Cassini sous le nom de Fayne.
Font du Loup (La).
Genêts (Les).
Got du Hazet.
Grange-Neuve.
Grateloube.
Jarrosses (Les).
Jaurie (La).
Judie (La).
Lacaux.
Lachaud.
Landes de Lachaud.
Loges (Les).
Loutre.
Maisonniau (Le). On y a trouvé des substructions et des
tuiles romaines.
La Martinie (La), chapelle.
Mazet (Le).
ItONOGRAPHlR O'ORADOUR-StJB-VAYRBS. S65
Meilbaudoax.
Mondoux (Les). Ruines d'une ancienne forge construite vers la
fin du xvn* siècle sur le petit ruisseau de Brie et détruite en 1818
par une inondation. (^Rep. archéologique de la Haute-Vienne, £.
Grighàrd). Martinet, fer doux de première qualité et acier corroyé.
Négrelat.
Permangle. Ancien manoir et fief de la sénéchaussée de Limoges,
mentionné au rôle officiel de 1605 et désigné par Gassini sous le
nom de Petit-Permangle.
Pouge (La). Possédait, en 1617, une chapelle en ruines.
(Vatssiéab, Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en lÀmousin, p. 46.)
Poteau (Le).
Pressoir de Brie.
Puy La Paye.
Puy (Le). Souterrain-refuge.
Règle (La).
Renaudie (La).
Rifière (La) [Ep. moderne]. — Magnifique tréfilerie qui a acquis
de la renommée par la qualité des produits de sa fabrication,
(importance en 1878, 1,170 tonnes). Elle fut construite, en 1836,
sur remplacement de deux forges qui dataient de la fin du xvii* siè-
cle et dont les aciers furent exclusivement employés, en 1796, à la
fabrication des sabres {Rép. arch., E. Gr[gnard). M. Bouillon, ingé-
nieur mécanicien, en est le propriétaire et a fait bâtir non loin de
Tusine un joli eh&teau qu'on aperçoit de la ligne ferrée.
Il existe encore une habitation fortifiée devant dater de la fin
du XVI* siècle, époque de prospérité pour Tindustrie métallurgique.
C'est un logis à pavillons carrés.
Rochet (Le). On y trouve des éclats de silex.
Salesse (La). Nombreuses tuiles romaines & rebord.
Soulat (Chez).
Tamisac (Le). Ancienne cure.
Valade de Brie.
Vauperie (La).
Vialle (La). Souterrain refuge découvert le 39 juin 1889.
Champsàc ou Chànsàc. — Campus Sacer (Nadaud, p. 16i). Chan-
sat, Senier coût. 1691. D. Tassin, 1630. — Jaillot, 1719. — Occupe
la partie à peu près centrale du territoire de la commune de ce
nom. Hauteur moyenne : 327 mètres au-dessus du niveau de la
mer; près de la source du ruisseau de la Monnerie, sur le chemin
dit Grande-Pouge, de Rochechouarl à Châlus.
Époque celtique. — A 58 mètres du tumulus de Champagnac
(alias)y se trouve un tumulus appartenant à cette commune. Il a
T. XXXVII. 13
266 SOCIÉTÉ ARGHéOLOGiQUE ET RIStORlOtlB DU LlMOUSlk.
une circonférence de 45 mètres sur 3 mètres 50 cenlimètres de
hauteur. Suivant une opinion très répandue, il aurait servi, avec
celui de Champagnac qui a disparu, de délimitation entre cette
partie du Limousin et les anciennes dépendances du Poitou. Ces
deux lumuli sont appelés <' Mottes de Jouveaux » par les gens du
pays. Des fouilles pratiquées par M. Masfrand, de Rochechouarl»
le 3 avril 1889, ont amené la découverte de vieilles poteries, de
clous et de nombreux ossements parmi les cendres du foyer.
Jusqu'à ce jour, ces vestiges de Tépoque celtique étaient resti-
tués tous deux, soit à Ghampsac, soit à Champagnac par les
divers auteurs, mais j*ai acquis la certitude que la limite de nos
deux anciennes provinces se trouvait entre les deux tumuli.
Moyen-âge, — Ancienne église fondée dans le courant du
\m^ siècle, était sous le patronage de Tévéque de Limoges en 4565.
Ce prieuré qui avait une certaine importance, était, en 1761, un
des bénéfices dépendant de la communauté d'Uzerche.
11 y avait une infirmerie de lépreux eu 1274. {Rép. arch.,
E. Grigmard.)
Cure : 1,400 communiants. — Patron : Décollation de saint
Jean. L'évéque de Limoges nommait les titulaires en 4500, etc.
L'église de Champsac (longueur 27 mètres; largeur 6 mètres
50 centimètres dans œuvre) est de style roman. Le chœur, mal
reconstruit, supporte, comme le transept, une voûte surbaissée,
semblable à la voûte d'un four. Le clocher, en pierre, qui se dres-
sait autrefois sur les piliers du transept, a été démoli. — On Ta
remplacé par un clocher en bois, situé au fond de la nef, et pour
lequel on a construit quatre énormes et affreux piliers en maçon*
nerie. Il a fallu, pour bâtir ces piliers, supprimer une tribune que la
superficie très insulTisante de Téglise rendait pourtant indispensa-
ble. C'est vers 1845 ou 1850 que ces aetes de vandalisme incons-
cient furent commis. Avec les meilleures intentions du monde, on
dépensa beaucoup d'argent pour tout gâter. A ces fautes, on
ajouta celle d'ouvrir dans le pignon qui sert de base à Taxe de
l'église, une grande porte carrée, véritable porte de grange.
C'était d'autant plus inutile qu'il existait déjà pour cette petite
église deux portes sur le côté sud, donnant sur la place publique :
l'une, au milieu, bâtie en plein cintre et portant la date de 1646 ;
l'autre, du style du xiii* siècle, au fond de l'égh'se, servait et sert
encore d'entrée principale; elle est surmontée de la date 1628 et
d'un écusson complètement détérioré, sans doute en 1793. Ces
deux dates ne peuvent qu'indiquer des époques de restauration
partielle. Les chapelles du transept sont très peu profondes.
MOlfOGRAPHIB d'ORADODR-SCR-VAYRBS. 867
UaDcienne voùle de la nef, dont la poussée des épaisses murailles
latérales atteste Texistence, a été remplacée par un plafond plat.
Le clocher actuel, carré à sa base, a une flèche octogonale. On vient
de le couvrir en ardoises. Un bénitier^ tout d'une seule pièce, en
pierre, de 70 centimètres de hauteur et de 1 mètre 20 centimètres
de diamètre attire seul Tattention dans cette église, dont les nom-
breuses relouches lui ont ôté son caractère architectural primitif.
La cloche porte les inscriptions suivantes : sangte joannes
BAFTISTA ET SANGTE FIACRl ORATE PRO NOBIS. ^ A ÉTÉ PARRAIN MESSIRE
FRANÇOIS COUSTIN, GHEVAUER, SEIGNEUR DU MASNADAUD. MARRAINE :
DAHOISELLE YSABEAU DE GAMÀIN, ÉPOUSE DE JEAN DE BRIE, ÉGUYER,
SEIGNEUR DE MONTEGUERRE. — ESTANT SINDIGS : M'* JEAN NADAUD,
M'* ET W JACQUES BUISSON, CORDONNIER, M'*" BARBE, NOTAIRE ROYAL.
l'an de GRACE 1628. — NOBLE M'* FRANÇOIS DE BRIE, DOCTEUR EN
THÉOLOGIE, CURÉ. — PIERRE CHARPENTIER M* A FAfTE.
Le 16 juillet 1587, Marguerite de La Rochefoucauld, veuve du haut
el puissant seigneur Claude de Bourbon, comte de Busset, seigneur
de Ghàlus, etc., fit marché avec François Limosin, peintre de la
ville de Limoges, « pour peintrer es églises Lageyrac, Dournazac,
La Ghapelle-Montbrandeix^ Champsac et Pageas une ceinture
au dehors et au dedans des dites églises, avec les armes du dit
seigneur ». Ces armes sont : semé de France à une bordure en
devise de gueules, au chef d'argent chargé de la croix et des croiset-
tes de Jérusalem f Nobiliaire , I, 266).
Noms des curés que nous ont donné les registres paroissiaux
ou les archives départementales :
Vers 1573. Jean Texier, chanoine de la cathédrale.
En 1628. François de Brie.
En 1663. Pinot, curé de Chaussât.
1671. Nadaud, curé de Champssat.
1671 à 1692. Descordes Léonard, prêtre, curé de Champsac.
1673. Dupré, vicaire.
1676-1677. Jean Ondouze, vicaire.
1677. E. Roche, vicaire.
1678-1679. Raby, vicaire.
1678. Mailhot, vicaire.
1679-1680. Navéne, vicaire.
1680. Guingnaud, prêtre.
1681-1682-1683. Durand, vicaire.
1684-1685-1686-1687. B. Nayne.
1688-1689-1690-1691. Gibot.
1691-1692. Dumas, vicaire.
1692 à 1698. Destermes, vicaire.
^68 SOCIÉTÉ AACliOLOGIQOfe St H1ST0RIQUK DU LÏMOUStN.
1698 à 1731. Destermes de Chérade, curé de Champsact, mort le
S mars 1731 à soixante-sept ans.
1731. Laplaigne, curé. — Manet, Yicaire.
1732 à 1735. Lamy, vicaire,
1763. Cosse.
1763. Joseph Gérald, curé. — Pierre Châtenel, vicaire.
1763 à 1765. Rayer.
En 1787. Lemaçon. — Antoine Lemasson, curé de Champsac,
fut déporté pendant la Révolution. — « Mgr d'Argentré ».
(1763). Communiants : 800. — Sénéchaussée : Limoges. —
Patron : Tévéque. — Seigneur : le curé. — Gentilhomme : M. de
Châteauneuf. — Décimateurs : le curé, le comte de Bourbon-
Busset, le commandeur de Puybonieux et M. du Mas-Nadaud.
En 1664, 1666, 1669, nous voyons que M. Barbe était notaire
royal de Champsac. — En 1667, 1669, 1672, 1673 et 1677,
M, Chambon, notaire de Champsac. — Pierre Nicolas vivait en
1708-1709.
La commune de Champsac est arrosée par la Tardoire, dans la
direction S.-E. au N.-O., sur une étendue de 1,700 mètres, et par
la Gorre, dans la direction du S. au N.
Le nord de la commune est aussi arrosé par le petit ruisseau
de Cabaret, qui sort de Tétang de ce nom et qui va du S.-O.
au N.-E.
La population de cette commune se compose d'agriculteurs et
de journaliers. Il y a un grand nombre de petits propriétaires qui
cultivent eux-mêmes leur modeste fonds de terre, qui leur donne
tout juste de quoi vivre. Outre qu'ils sont mal logés et nourris, ils
se livrent à des excès de différentes sortes, qui paraissent être la
cause d'un affaiblissement physique qui a été remarqué et auquel
il y aurait lieu de donner quelque attention. D'où vient, par exem-
ple, qu'il y a deux ou trois ans le conseil de révision ne pril pour
le service militaire que deux conscrits sur dix? Celle année 1889,
m'assure- l-on, il en a pris quatre sur quinze?
L'étang de Champsac est long de 150 mètres. Sa largeur est de
80 mètres en moyenne et sa circonférence de 300 mètres.
Cette commune, qui a 1,529 habitants et 2,394 hectares d'éten-
due, comprend les villages suivants :
Bas-Mady.
Bousséroux.
Boussilles.
Bramefort.
Branchie (La).
Brisebois (Chez).
MONOORAPHIB o'ORAPOUa-SUR-VAYRIS. S69
Ghandeaui. Des pièces en argent espagnoles de Ferdinand-le-
Gatholique et dlsabelle y ont été trouyées.
Ghandeaux (Landes de).
Glaretis (Les).
Courrière (La). Près de ce village, à environ 300 mètres du
bourg de Champsac, s'élève une petite chapelle carrée, d'une
construction simple et primitive. Un vieil autel vermoulu, une
statue de saint Roch en font tout Tornement. Cet oratoire est
bâti sur une élévation de terrain, au milieu de chênes et de châ-
taigniers, dont le frais ombrage rend ce lieu fort agréable. La tra-
dition raconte qu'une dame, propriétaire du village de La Cour-
rière, voyant tout le bétail de ses domaines atteint d'une maladie
contagieuse qui le décimait chaque jour, et reconnaissant Tim-
puissance des moyens ordinaires pour le guérir, eut recours à
saint Roch. Elle fit le vœu de bâtir en Thonneur du saint une
chapelle et de lui donner tout le terrain environnant qui forme la
charmante petite colline couverte aujourd'hui de vigoureux châtai-
gniers, et elle lui demanda, en retour, de ramener la santé dans
ses étables. Elle fut aussitôt exaucée. — Telle est l'origine de ce
pèlerinage. — Mais à quelle époque cette faveur insigne fut-elle
accordée à la foi de la pieuse dame? Est-ce il y a environ deux
cents ans, comme on le présume? On ne saurait le dire. On ne
peut davantage faire connaître le nom de cette fervente chrétienne :
la tradition populaire ne l'a pas conservé et aucun document
n'existe qui puisse le faire découvrir.
Croix (La).
Cros.
Curmont.
Dougneix (Le).
Elie (Chez).
Elie (Chez).
Epinas (L').
Gorre (La).
Grateloube (souterrain-refuge).
GrauUler.
Gubfliou.
Juandoux (Les).
Jouveaux (tumulus).
Jadie (La). Il y avait un seigneur de La Judie.
Lande (La).
Landou (Le).
Lussac.
370 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGlat'B ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Maurie(La).
Mazardie (Ep. moderne). Ancien manoir mentionné par Gassini,
1764.
Mas du Puy.
Maison-Neuve CLa).
Messac.
Monnerie (La).
Moulin-de-Cros (Le).
Moulin-du-Sage (Le).
Nailhac.
Parades.
Petavigne (La). La famille Nicolas avait fait des acquisitions dans
ce village. En 1663, Barrière, notaire royal de Ghampsac. En
1662, Devillevaleix, notaire de Lageyrat.
Achats de biens situés à La PeytavignectàDounier, appartenant
aux frères Jean et Pierre Bugeaud : 582 h. 101 (14 avril 1662) et
800 h. (novembre 1663).
Plaisance.
Pressonas.
Roche (La).
Soude-Vieille.
Therme (Le).
Verdier (Le).
Vergnolle (La).
Vigne (La).
GussAC. — Au nord du territoire de la commune de ce nom, sur
le plateau qui domine les rivières de la Tardoire et du Bandiat
(nord), à une élévation moyenne de 362 mètres au-dessus du
niveau de la mer. — Traversé par la route départementale n* 8 de
Mansle à Limoges et par le chemin de grande communication n"" 22
de Saint-Junien aux Trois-Gerisiers.
Moyen âge, — Ancienne église fondée dans le courant du xv* siè-
cle sous le vocable de saint Pierre; relevait en 1470 du prieuré de
Saint-Jean de Gole; passa en 1531 sous le patronage de Tévèque
de Limoges et fut cédée à Tabbaye de Solignac en 1631 ÇRep. arch.,
E. Grignard).
Gure : 1,800 communiants. — Patron : Saint Pierre-ès-liens. —
Par un jugement du vendredi avant LéPfar^ 1252, il fut déterminé
que les bourgs de Gussac et de Marval, avec les paroisses, vigue-
ries, etc., seraient au vicomte de Rochechouart, sauf les homma-
ges que le vicomte de Limoges y avait. fHist. de la Maison de Ro-
chechouart^ p. 87, t. II).
MONOGRAPHIE d'ORADOUR-SUR-VATRES. S71
L'église de Cussac est en style roman, mais elle a subi des modi-
Tications à différentes époques. Bâtie en forme de croix, son clo-
cher octogonal repose au centre sur quatre piliers carrés formant
les angles intérieurs de la croix. Le chœur est surmonté d'une
voûte à plein cintre. Les chapelles collatérales, ont des voûtes à
ogives, et le dessous du clocher forme également une voûte à
ogives, dont les rainures accusent nettement Vindinato capite.
Cette église a été incendiée, mais je n'ai pu me procurer la date
de ce sinistre. Lorsque le dallage en a été refait par les soins du
curé actuel, des tombeaux ont été mis à jour et leurs pierres ont
servi en partie à ce dallage. Il existait encore, à Tintérieur de
Féglise, il y a quelques années, un lambris bleu, daté de 1610 et
signé : FAURE, charpentier.
La plus grosse cloche porte : parrain : armand-hippolyte-astolphe
RENAUD DE BERMONDET. — MARRAINE *. d'*^ HORTENSE DE BERHONDET.
l'an 1781.
La plus petite porte : thérése a été pondue en 1856 par les soins
DE MM. PUTBOYER, MAIRE, ET BERTHET L^ , CURÉ. PARRAIN *. FRANÇOIS
PUYBOYER M. P. — MARRAINE : CLÉMENTINE DE TRYON DE MONTALEMBERT,
MARQUISE DE CROMIÉRES. — TÉMOINS : MM. DUVOISIN, ADJOINT, ET COHADE,
VICAIRE. — FAITE A SAINTES PAR LANOAILLE, DUMAS ET PEIGNEY.
Noms des curés fournis par les registres, paroissiaux :
En 1655, Foussille. — En 1666, Simon Vireton. — En 1700,
Descubes. — En 1717, Chauny. — 1735-1737, Jean-Baptiste
Robert, vicaire. — En 1751, Noël Reygondaud, curé, mort à
soixante ans, remplacé par Goursaud. — 1752, Godet, vicaire. —
1762-1782, Jean Goursaud, curé. — 1763, Nénert, vicaire.— 1784»
de Râteaux de Vaux. — 1830-1835, Léonard Deschamps, curé de
Cassac, où il mourut.
1763. Communiants : 1,000. — Sénéchaussée de Montmorillon.
— Patron : Tévéque. — Seigneur : M. .de Bermondet de Cro-
mières. — Décimateurs : le curé, M. de Bermondet, les dames de
Bûubon et M"* de Vassan. — Gentilshommes : M. de Bermondet,
H. Guilhol du Doucet.
On signale des souterrains à Cussac.
Encastrées dans le mur de certaines maisons, j'ai remarqué des
moulures en granit, représentant des têtes humaines, et qui doi-
vent provenir de l'église ou de Tabbaye de Bonbon ; un de ces
modillons forme une triade bien conservée et a dû servir de con-
sole à une statue.
La commune de Cussac, au chef-lieu de laquelle se tiennent des
foires le 24 de chaque mois, a 2,097 habitants et une superticie de
3,170 hectares. — Elle se compose des villages suivants :
972 SOCléTÂ ARCHÉOLOGIQUE ET BiSTOklQUB DU LIMOUSIN.
Arbre (L') du Faux-
Arsac.
Bénéchie (La).
Berthussie (La).
Boubon. — Borboninm (titre de 1247), Bobonium (Testain de
Guy-Foucaud du 29 juillet 1302), Bo6wm*Boubon, Bibio (Nadaud,
p. 166), Boubon-les-Nonnaiiis.
Moyen âge. — Ruines d'un ancien monastère de Tordre de
Poûtetrault, établi en 1106 par le célèbre Robert d'Arbrissel, fon-
dateur de cet ordre, et Pétronille de Chamillé, première abbe&se
de Fontevraull. En 1119, Pierre de Montfrebœaf, seigneur de la
terre de ce nom, située à quelque distance de Boubon, sur le ter-
ritoire de Marval, Ithier Bernard et Aymeric Brun, dotèrent cette
maison naissante, connue sous le nom de Notre-Dame de Boubon.
Ce monastère, un des plus anciens de France, fut détruit par les
Anglais et reconstruit par les soins des seigneurs de Lastours et
de Pompadour, dont les armoiries réunies figuraient, ayant 1789,
à rentrée de l'église, avec celles des seigneurs de Peyrusse et des
Gars, qui lui firent plusieurs dons. L'église du monastère était
celle de la paroisse; elle fut supprimée par ordre royal du 24 août
1829. On remarquait encore, dans les derniers temps, sur quelques
voûtes de la basilique, les armoiries des bienfaiteurs de rétablis-
sement {Rep. arch., E. Grignard;. La Révolution de 1789 a dé-
truit presque en entier ce monastère, ainsi que le pensionnat
salarié affecté à TéJucation des filles. Cette maison, tenue par des
religieuses de la communauté, jouissait d'une grande et ancienne
réputation. On y voit encore le cloître, formé d'une suite d'arca-
des. — Un des côtés du clottre porte encore les armes des sei-
gneurs des Cars.
Dans le Pùuillé de Nadaud, on lit : Boubon. — Prieuré de filles
— ordre de Fontevraull. — Patron : Assomption de la Sainte-
Vierge. — La prieure est élective et triennale. Etienne, seigneur
de Magnac, Pierre de Montfrebœuf, Itier Bernard et Aimeric
Brun avaient donné ce lieu à Fontevrault en 1H9. [GalL
christ, nov., t, II, col. 1316), Gérault de Salis et son compagnon
Robert d'Arbrissel y établirent la régularité en 1106. (Marténe,
Amplissimat coll. t. IV, col. 994). Renée de Bourbon, abbesse de
Fontevrault, envoie à Boubon sept religieuses qui y furent intro-
duites le 18 septembre 1S28, reprirent possession de ce monastère
et y mirent la réforme. Jean Bermondet, chanoine et chantre de
l'église de Limoges avait ce prieuré en commande et jouissait de
tous les revenus; il fut obligé de le quitter par arrêt du grand
Conseil du 26 mars 1539.
MOKOGRAPBIR D*0nAD013R-SUR-VAYRBS. 273
Gare régulière dômembrëe de Cussac. — 170 commuûiants.
L*abbesse de Fontevrault nommait les titulaires en 1682, 1689,
puis ce fut la prieure et les religieuses de Boubon, du consente-
ment de Tabbesse, à partir de 1700.
Saint-Jean-de-V Habit élàii un oratoire ou chapelle en 1471. —
Il eut aussi le litre de vicairie. — Patron : Saint-Jean-Porte-
Latine. — La prieure de Boubon nommait un titulaire en 1S18,
avec Tabbesse de Fontevrault 1672-1675. {Fouillé de Nadaud.)
Amand Fouguel, curé en 1763, religieux de Tordre de Fonte-
Trault. — Communiants : 86. — Sénéchaussée : Montmorillon. — -
Patron : Les religieuses de Boubon. — Décimateurs : Les reli-
gieuses de Boubon. — Seigneur : M. de Permangle. — La com-
munauté compte, en 1763, quinze religieuses y compris les sœurs
conterses qui ont pour directeurs : Amand Fouguet, curé ; Robert,
curé de Vayres, et Morand, ancien curé de Javerdat.
Le village actuel était autrefois chef-lieu de commune et avait
le titre de Bourg. Il fut réuni avec ses dépendances au territoire de
Cussac, par ordonnance royale du 24 août 1829. Située à une hau-
teur moyenne de 466 mètres au-dessus du niveau de la mer, c'est
la partie la plus boisée et la plus montagneuse de la commune de
Cussac. Il existe quatre étangs qui avaient été concédés en pro-
priété au monastère.
Un missel, haut de 52 centimètres, plusieurs livres de prières et
un curieux manuscrit provenant de Tabbaye de Boubon se trou-
vent entre les mains de divers particuliers.
Boubon (Moulin).
Bregère (La).
Bregère (Moulin de la).
Breuil (Le), Brolium. (Deloche, introd., p. cui).
Moyen âge. — Ruines d*une ancienne chapelle, détruite en 1740-
{Mep. arch.y £. Grignard.)
Broulie (La}.
Cbambinaud.
Champs (Les).
Châtenet (Le).
Crémières (Moyen âge). Château parfaitement conservé, à 1,500
mètres du clocher de Cussac, et dont Torigine parait remonter à
une haute antiquité. C'était, dit Allou, une des places les plus im-
portantes de cette partie de Tancien Poitou. Il fut assiégé et pris
parles ligueurs en 1586. Ceux-ci en furent chassés quelques temps
après par le capitaine Puymoulinier, commandant les troupes de
limoges, et furent repliés sur Saint-Viclurnien.
Propriété héréditaire de Tancienne et illustre famille de Ber-
S74 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
mondet. Les construcUons actuelles de ce château ne remontent
qu'à la seconde moitié du xv* siècle. Elles se composent d'un
corps de bâtiment à gauche duquel se trouvent deux tours, dont
Tune est de forme octogone et dans laquelle on accède par un
escalier en pierre formé de quatre-vingt-deux marches et en spi-
rale, conduisant dans les divers étages du château. Dans la plus
grande tour, on remarque des voûtes percées à chaque étage, lais-
sant passer la corde de la cloche. — Ce château n'avait aucune
ouverture au rez-de-chaussée. — La cour d'honneur, remarquable
par ses dimensions, est entourée de bâtiments qui commencent et
se terminent de chaque côté par une tour. Autrefois cette cour
était divisée en deux par un mur et des fossés qui défendaient l'en-
trée de côté et au nord, où on voit encore la trace de ces fossés.
L'épaisseur des murs atteint seize pieds et elle dissimulait par
places des galeries ou souterrains-refuges. Un de ces passages
existe encore. Les autres ont été comblés il y a environ soixante
ans, lorsqu'on a pratiqué les ouvertures des fenêtres actuelles.
Pendant la Révolution de 1789, la démolition du château fut décidée
et commencée par la grande tour dont la hauteur a été réduite d*un
tiers, dit-on. — Elle atteint encore soixante-six pieds d'élévation.
La grande salle à manger est remarquable par sa belle voûte à
grosses rainures ogivales. On y a encastré dans le mur deux
médaillons en marbre blanc de 40 centimètres de diamètre
intérieur, représentant des têtes d'empereurs romains, à peu près
de grandeur naturelle, qu'on a pris pour des sculptures antiques,
et qui ne sont probablement qu'une contrefaçon de la Renaissance,
importées d'Italie au xvi« siècle. Les têtes sont de proBl et l'une
d'elle a pour exergue : avrelio ; c s : imperator. Les cheveux
sont bouclés et courts, comme les portait Marc-Aurèle, mais
il est diflBcile d'admettre que ce médaillon appartienne à ce
dernier empereur, qui est mort en 180 de J.-C, puisqu'il est du
même travail que le second, qui porte en exergue, gravé en creux :
IMP. c. M. Q. TRAiANvs DEciv. — Imperatop Cœsar ou Caïus, Messius,
Quinlus, Trajanus, Décius, et est de Trajan Dèce, mort en 251.
On comprendrait plutôt que le premier médaillon nous donne les
traits d'Auréiien, sous une couronne radiée, mort en 275 de J.-C,
et qui vivait par conséquent en même temps que Trajan Dèce.
Cependant je n'admets pas encore ce nom d'Auréiien pour ce
médaillon, puisque celui-ci porte en exergue avrelio : c^esar et
qu'Aurélien n'avait pas ce titre. — Ces considérations démontrent
surabondamment que nous sommes en présence de deux bas-reliefs
d'un travail précieux, mais ne datant nullement de l'époque ro-
maine, comme on paraît le croire généralement.
MONOGRAPHIB O^ORADOUR-SUR-YATRBS. 27S
La chapelle est de date plus récente que le château. Elle avait
été dëtéroriée pendant la Révolution, mais elle a été restaurée.
L'aatel en bois sculpté est très ancien.
La terre de Gromières passa dans la maison de Bermondet par
le mariage de Jehan de Bermondet, qualifié noble chevalier,
seigneur du Boucheron, Oradour-sur-Vayres, Panazol et Saint-
Laurent-sur-Gorre, avec damoiselle Isabeau de Selve, tille de
Jehan de Selve, seigneur de Gromiëres, Viilers-le-Gastel et de
Duysson, premier président du Parlement de Paris, et de Cécile
de Bnssy, le 15 novembre 1626.
Une tradition fait descendre la famille de Bermondet de Gro-
miëres d'un chef égyptien venu en Aquitaine au temps des
Romains Les armes de cette famille sont dans la troisième
salle des croisades à Versailles.
Le moine de Tabbaye de Saint-Martial de Limoges qui raconte
le passage de Gharles VU dans cette ville, nous dit que Martial de
Bermondet, consul de la ville de Limoges, eut Thonneur de rece-
voir le monarque à sa table, après lui avoir fait un beau discours
qu'on écouta avec plaisir.
Pierre de Bermondet, seigneur du Boucheron, de La Quintaine,
Panazol, Pennevayres et Saint-Laurenl-sur-Gorre, conseiller du
roi et son lieutenant général en la sénéchaussée du Limousin,
ayant eicité la jalousie de François de Rochechouart-Pontville,
celui-ci le fit assassiner.
Le 2 avril 1513, le seigneur de Pontville, qui passait pour être un
peu jaloux, était parti pour la chasse, selon son habitude, lorsque
M. Bermondet de Cromières vint lui rendre visite; il fut reçu par
la vicomtesse en l'absence de son époux. M. de Gromières avait de
très belles mains, et justifiait, sous tous les rapports, la réputation
des Bermondet, depuis longtemps surnommés les beaux Cromières.
Prié de s^asseoir à la table de la vicomtesse, 11 ne crut pas pouvoir
décliner Thonneur d'une pareille invitation. Le vicomte n'arrivant
pas. Ton se mit à table, et M. Bermondet partit un peu avant le
retour du seigneur. A son arrivée la dame lui fait part de ce qui
s'est passé, et des regrets de M. de Gromières de ne point l'avoir
rencontré; elle lui parle avec enthousiasme de l'élégance du mar-
quis, de la beauté de ses mains, du plaisir que lui a fait éprouver
sa visite. M. de Pontville écoute avec impatience les éloges donnés
au visiteur; le venin de la jalousie s'insinue dans son cœur, lui
trouble l'esprit. Il sort brusquement, ordonne au chef du poste
militaire de faire monter à cheval Anizi, Lachapelle, Indant et
lienègre, s'élance avec eux, aiguillonné par la colère, atteint sur la
place de Saint-Laurenl-sur-Gorre M. de Gromières, qui l'ayant
276 SOGIÉTi ARCHÉOLOGIQUE IT BISTOIIIQUR OU LIMOUSIN.
aperçu, s'avançait avec politesse pour le saluer, fait un signe à ses
cavaliers, et Tinfortuné magistrat tombe sous leurs poignards! Le
farouche vicomte descend alors de cheval, coupe une main de sa
victime, la place dans une boite, revient à Rochechouart, entre
dans la chambre de son épouse, couvert de poussière et de sang, et
lui présente Thorrible trophée en disant : ^ Madame, voici Tobjel
de votre admiration, de votre idolâtrie!... C'est la belle main du
marquis de Cromiëres I...La pauvre femme s'affaissa brisée, anéantie
par ces paroles, qui la frappaient lourdement au cœur, une à une,
comme les coups d'un lourd marteau. »
Fier de son exploit, satisfait sa double vengeance, le vicomte se
retira. Mais sa joie ne fut pas de longue durée. La justice qui,
dit-ôn, marche pour les puissants avec un pied boiteux, eut des ailes
pour lui. Saint-Laurenl-surGorre et Rochechouart relevaient du
Parlement de Paris, qui rendit (25 juin 1813), un arrêt par lequel
les cinq meurtriers furent condamnés à être décapités, savoir :
« François de Rochechouart-Pontville en la ville et place publique
de Limoges, et sa tête mise au bout d'une lance sur la porte de
ladite ville par laquelle on va de Limoges à Rochechouart, et son
corps pendu au gibei dudit Limoges. Lesdits Anizi, Lachapelle,
Indant et Lenègre, au lieii de Saint-Laurent, où le meurtre avait été
commis; leurs corps pendus au gibet. Les biens de François de
Rochechouart situés en pays de confiscation, confisqués, et s'ils
n'étaient pas en pays de confiscation ledit Rochechouart condamné
à trente mille livres, et chacun des autres à deux cents livres.
» Condamné en outre ledit Rochechouart en trois mille deux
cents livres de dommages intérêts envers la veuve de Pierre de
Rermondet de Cromières et envers Jean Petit, curateur de ses
enfants mineurs, outre la provision de douze cents livres ci-Klevant
adjugée, et la rente annuelle et perpétuelle de six cent quarante
livres parisis assise sur les seigneuries et héritages appartenant
audit de Rochechouart, les plus prochains de la terre et seigneurie
de Boscheyron et ses appartenances ;
» Condamné ledit de Rochechouart à payer la somme de douze
cenfs livres pour être employée à bâtir une chapelle en Téglise de
Panazol où ledit Rermondet de Cromières a été inhumé. » (^Histoire
de Rochechouart, par Tabbé Duléry).
Au moment de la Révolution, la terre de Cromières appartenait
au marquis Philippe-Armand de Rermondet de Cromières, mestre
de camp de dragons. Il avait épousé, le 27 août 1775, Marie-
Hortense Moreau. Le contrat fut signé à Versailles par Leurs
Majestés et la famille royale. Les sœurs de la jeune marqaise
étaient la comtesse d'Agout, la comtesse de Gauville et la mar-
IlONOGRXPBIR d'oRADODB-SUR' VAYREd. 2T7
quise de Saporla. Elle était créole et les nègres et les négresses
qui étaient à son service la suivirent à Cromières où leur vue
faisait sensation dans nos campagnes limousines.
Les armes de la famille de Berroondet de Cromières sont :
d'azur à trois mains gauches de carnation, appaumées, posées 2eti.
Couronne de marquis. Supports : deux lions,
La propriété de Lambertie, commune de Doumazac, fut vendue
le 28 juin 1828 au marquis de Cromières. C'est aux héritiers de
celui-ci qu'elle a été achetée, en novembre 4875, par M, le mar-
quis de Lambertie, de Cons-la-Grandville, qui relève les raines du
château.
Cromière (Etang). Longueur, 280 mètres; largeur moyenne,
100 mètres et circonférence : 770 mètres.
Châtre (La).
Fayolas.
Forigetas.
Fontanelle (La).
Forêt de Cromières.
Gaboureau.
Genetle (La).
Gipouloux.
Grafeuil.
Grafeuil (Moulin).
Guionnie (La). Des éclats de silex y ont été trouvés.
Jalade (La). Pierre branlante à 50 mètres de la Tardoire.
Jaladeaux (Les).
Magnigne (La).
Mas (Le).
Mazaurie. Non loin de ce village et au milieu de bois de châtai-
gniers ou autrefois il n'existait ni route ni chemin, se rend chaque
année, le 24 juin, une foule d'habitants de la contrée ainsi que
d'étrangers. Des tentes abritant des auberges en plein vent ainsi
que des cafés s'élèvent de toutes paris ; des jeux, des bals s'impro-
visent C'est la frairie des Bonnes-Fontaines. Une prairie qui se
trouve sur la lisière des bois, et dans laquelle coulent quelques
sources ou filets d'eau, reçoit la visite des pèlerins .qui font leurs
dévotions autour des « fontaines », simples mares où Teau boueuse
croupit. — Une de ces fontaines a le don de guérir plus spéciale-
ment la goutte, et les autres ont la propriété de guérir les autres
sortes de maladies. — On voit des gens convaincus, faisant couler
l'eau dans la manche de leur habit, en levant le bras de telle sorte
qu'après avoir mouillé le corps, elle puisse retomber le long des
jambes. D'autres lavent leurs plaies ou leurs sabots, d'autres enfin
Î^S SOCIÉTÉ ARâDÊOLOÛlQUK ET HISTORIQUE DU tlMOUSlN.
recueillenl Teau miraculeuse dans des flacoD3 et la boivent sans
être le moins du monde dégoûtés.
Il y a aussi à cette frairie un marchand de cheveux.
Monnerie (La Petite-). Sur la Tardoire. — Ancien moaliD qui
appartenait à la famille de Cromières. En 1870, M. Ferrand, fabri-
cant de droguets, y créa une usine qui occupait, il y a quelques
années, jusqu^à cinquante ouvriers. Aujourd'hui, une trentaine
d'ouvriers suffisent, en raison du ralentissement général des affaires.
(Monolithe ou pierre branlante, détruit il y a cinq ou six ans).
Négrelat.
Pellegerie (La).
Piégut,
Puy (Le). Ep. moderne. — Ancien manoir mentionné par Cas-
sini en 1764, à 1 kilomètre deCussac. — Ce château, incendié en
partie en 1834, avait une toiture, un pavillon à cul-de-lampe et à
mâchicoulis du xiv" siècle. — Une tour de 2 mètres 60 centimètres
de diamètre intérieur se trouve à Tangle ouest ; elle possède une
fenêtre et une meurtrière. On voit des vestiges d'une tour avancée
de forme circulaire à environ 7S mètres du château au sud-ouest ,
une troisième, du même genre, devait exister à 300 mètres au
nord-ouest, car on a trouvé des substruclions de forme circulaire,
dont les matériaux, qui étaient très solides, ont servi à empierrer
la route. — Au-dessus d'une porte d'entrée, on voit une date de
reconstruction : 1658. — Sur des pierres, on voit des écussons et
des fleurs de lys lapidés.
Joseph, marquis de Lavergne, propriétaire du château du Puy,
colonel du régiment de la Fère, meurt à Paris sur Téchafaud en
1793; sa fille, Marie-Antoinette de Lavergne, épouse au château du
Puy, en 1812, René, baron de Gageac. Son beau-frère, Auguste de
Lavergne, meurt sans enfant au Puy, qui échoit à sa pelite-nièce,
Pauline d'Hugonneau de Boyat, qui épouse Félix Oudot de Dain-
ville.
Puymoroux.
Reille (La).
Ribières (Les).
Soumagnas.
Termenières.
Vergnolas.
Villageon (La).
Oradour-sur-Vayres. — Oratorium. Ancienne église fondée en
1098 sous le vocable de saint Christophe, patron (Smpuc, t. IV,
p. 782). Communiants : 2,700. — Cure en 1262 et siège de Tarchi-
kOKOORAPHIB d'ORADOCB-SUR-VAYRRS. ^79
prêtre de Nontron, qui y était annexé en 4531. — Saint-Christophe
de Vayres en 1262, de Vaires en 1311 . — En 1280, Gérald de Mau-
mont, qni avait reçu de Marie, vicomtesse de Limoges, le château
de Ghâlus, eut un démêlé avec Aymeric de Rochechouarl, à cause
du bourg d'Oradour, dont chacun revendiquait la justice et la pro-
priété fBoNÀVENT., t. m, p. 892). Â celte date, Oradour est appelé
Burgus Oratorii (Chron. anonyme de Saint-Martial, ap. Duplës-
Agier, p. 117)
L'ëvêque de Limoges v faisait les nominations en 1499, 1514,
1548, 4531, 1555, 1560, 1572, 1573, 1575, 1576, 1579, 1617, 1647,
1674, 4744, 1762.
L'archiprétré de Nontron prit possession dans l'église de Saint-
Etienne de Nontron, le 28 novembre 1555, le 29 dans l'église
paroissiale de Saint-Jean de Vaires et dans celle d'Oradour, près
Vaires. Même cérémonial pour les prises de possession en 1556.
Le 45 juin 1860, il prit en ojitre possession de Saint-Georges de
Vaires, qui était bien fort ruiné. — Autres prises de possession en
1571, 1573 et 1578.
Communauté de prêtres fondée par Jean de Bermondet, bache-
lier ès-droit, curé du dit Oradour et archiprélre de Nontron, par
son testament du 6 juin 1531, reçu par Malribus, Boudeau et Fon-
lanaud, patrons de la communauté. — Les héritiers, puis leurs
successeurs, en nommaient les titulaires fPouillé de Nadaud). -—
En 1614, le commandeur de la commanderie de Puybonieux levait
des rentes sur les paroisses de Champsac, Champagnac, Oradour-
sur-Vayres; et celui de la commanderie de Saint-Junien en levait
aussi sur la paroisse d'Oradour-sur-Vayres (Vayssiêre, Ordre de
Saint-Jean de Jérusalem, p. 112-114).
En 1698, le marquis du Masnadeau avait des terres dans la
paroisse d'Oradour-sur-Vayres.
En 1735, nous trouvons que Jean de Veupeyre, notaire d'Oradour-
sur- Vayres, est décédé à Thôpital de Saint-Yrieix à l'âge de quatre-
vingts ans.
Marguerite de Limoges, dame de Saint-Laurent, fille de Guy,
cinquième vicomte de Limoges, épouse d'Aymeric VIII de Roche-
chouart, seigneur de Mortemart et de Pérusse, eut en héritage les
forteresses et villes de Gorre, Oradour, Cussac, Cussaret, Champ-
nier, la forêt de Tren et la moitié du domaine de Marval (1242).
(Hist. de Rochechouart, par Tabbé Duléry.)
Simon, fils d'Aymeric IX et de Jeanne de Tonnay-Vivonne, 1303,
était vicomte de Rochechouarl, seigneur de Sainl-Laurent-sur-
Gorre, de Saint-Auvent, d'Oradour-sur-Vayres, de Brigueil, de
180 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIIIQUK DU LtXOtlSlN.
SaiaUCyr, de Cognac, de Gorre, de Champagnat, de Ghaillac et
autres lieux fHist. de Rochechouart, alias).
En 1763, Pierre Soury, curé d'Oradour; Laurent Brissaud,
vicaire, et Jean Soury, frère du curé. — Communianls : 2,000;
sénéchaussée : Montmorillon ; patron : l'évéque; seigneur : M. du
Mas-Nadaud; décimateur: M. Tarchiprôtre ; gentilhomme : H, de
Bemy.
Chapelle au grand cimetière en 1513-1669.
Oradour(Ziuper«tacttm)(?). Occupe la partie S.-O. du territoire
de la commune de ce nom. — Sur le plateau qui domine la rive
droite de la Tardoire. Sur la route départementale de Ghabanais
à Tulle. — A la source des rivières de Vayres et de la Grenne ; elle
est arrosée par la Tardoire dans toute son extrémité sud, dont la
direction est de Test à Touest. Hauteur moyenne, 357 mètres au-
dessus du niveau de la mer. — Eglise paroissiale aujourd'hui dé-
truite. — Le sanctuaire et le chœur étaient en style roman ; la nef
et les chapelles latérales dataient du xV" siècle. — - La chapelle de
la Sainte- Vierge, qui était en style gothique flamboyant, avait des
arcatures remarquables. — Aujourd'hui, cure de 2* classe, érigée
par décret impérial du 28 août 1808.
Le 6 octobre 1872, les deux vieilles cloches de Téglise d'Oradour-
sur- Vayres, Tune étant fêlée et l'autre trop petite, ont été descen-
dues du clocher pour être remplacées par trois nouvelles sœurs,
fondues par MM. Dulat et Jérôme de Paris. — La plus grande, du
poids de 930 kilogrammes, avait pour inscription : bénite par
M. p. TEVUER, ARCHIPRÊTRE DE NONTRON, CURÉ D'ORADOUR S VAYRES;
PARRAIN : ANNET-FRANÇOIS COUSTIN DU MAS NADAUD, COMTE D'ORADOUR-
S-VAYRES. — MARRAINE : MADELEINE DE BERMONDET, COMTESSE DE
BUSSET. PIERRE VIRTON, J. DUPTIN, FAULT J. MORETON, DE BEACUEV,
MARC BARRON, FONDEUR, L'AN 1714.
La plus petite, du poids de 52 kilogrammes, portait : parrain :
CHARLES DE LA PlSSE-GABRIEL. 1613.
Les trois nouvelles cloches, bénites par Ms' Duquesnay, évoque
de Limoges, le 22 janvier 1873, pèsent : Tune 925 kilogammes; la
deuxième, 655 kilogrammes et la troisième, 492 kilogrammes. Elles
ont coûté 8,500 francs.
Sur la première, on lit : parrain : m. Mathieu fougeron-laroche. —
MARRAINE : m"* EMMA LAUBANIE.
Sur la deuxième : parrain : m. joseph-emile moreau. — marraine :
m"* marie ferrand.
Sur la troisième : parrain : m. pierre descubes. — marraine :
M^** marie besse. — Après les noms des parrains et marraines, se
trouve inscription suivante sur chaque cloche :
MOffOGRAPHIK D*ORADOUR-SUR-VATRSS. 3SI
DBSJAGQUES, CHANOmi HOIfORAIlUS, GUHÉ DOYEN; EDOUARD LAUBAniE,
DOCTEUR MÉDECirf, MAIRE ; FORESTIER CHAMBONIHAUD , PRÉSIDENT DE LA
fabrique; AUGUSTE MARGILUUD, JULES FOUGERON-LAROCHEt SECRÉTAIRE;
LÉONARD DUGOMBEAUi LÉANDRE UUBANIE.
La nouvelle église fut commencée le 11 mars 1878. La bénédic-
tion de la première pierre n'eut lieu cependant que le ^ avril sui-
vant, en présence de plus de 3,000 assistants. — Elle fut livrée au
culte le 30 octobre 1879, et enfin consacrée par Vl«^ Blanger, évo-
que de Limoges, assisté de M»' Rougerie, évéque de Pamiers, en
présence de 40 prêtres et d'une foule immense.
En faisant les fouilles pour la construction de la nouvelle église,
on a trouvé différents objets, tels que vases en terre cuite, grains
de chapelets en jais et des monnaies, dont une pièce de 6 livres de
Louis XVI, frappée à Pau et datée de 1786, qui autorisent à penser
que les prêtres et les notables du bourg ont été enterrés à
proximité de Vancienne église, jusqu'à une époque rapprochée de
la nôtre.
Une hache celtique en silex a été trouvée près d'Oradour.
Le bourg est sillonné par des souterrains-refuges. On voit encore
rentrée de Tun d'eux dans la tranchée du chemin de fer qui avoi-
sine la gare, et qui passe sous le champ des Gluzeaux.
Par arrêté du préfet, transmis par Odon de Lestrade, sous-
préfet de Rochechouart, l'adjudication de deux arbres peupliers
plantés sur la place d'Oradour est ordonnée (5 janvier 1816). Le
prix de vente sera employé à faire faire une croix, qui sera placée
sur la place, au-devant de l'église : Léonard Desliat, boulanger,
s'est rendu adjudicataire pour la somme de 37 francs.
Gomme habitations du moyen-âge, on ne trouve plus dans le
bourg que la maison Ducombeau (dite Château)..
Noms des curés que j'ai pu retrouver : 1606, Teuliet, vicaire ;
1624, Moreau et Jalade, vicaires; 1631-1632, Blanchon, vicaire;
1633, Morland, sacristain; 1637, Mandon et Blanchon, vicaires;
Berchenain, sacristain; 1647-49, Bayle, curé; 1674, 1676, 1677,
1680, 1683, 1684, 1688, 1691, 1692, 1694, Paul Dubois, curé, mort
en 1710; Hayraud, vicaire; 1688, 1692, 1694, 1696, Faure, vicaire;
1687, Guéry, vicaire; 1690, Dubois, vicaire; 1691, Lemasson,
vicaire; 1698-1699, Delauge, vicaire, mort en 1701, à l'âge de
vingt-neuf ans; 1710, Pierre Teuiller, archiprêtre, mort le 28 oc-
tobre 1738, à rage de soixante et un ans, a remplacé Dubois ; 1712,
Rousseau, vicaire; 1714, Fault, vicaire; 1718, 1716, 1717, Groizet,
vicaire; 1718, Pierre Berchenain; 1719, Par veau, vicaire; 1720,
Audoyn, vicaire; 1721, 1730, Mazeyraud, vicaire; 1722, Désisle,
vicaire; 1730 à 1743, Gharon, curé; 1732 à 1734, Rey (Jean);
T. xxxvn. tè
Zki 80CIRTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOEIQUE DU LlMOUSlfl.
1734, Roche, vicaire; 1744, 1748, 1760, 1789, 1761, Bussière,
curé, mort en 1762, à soixante et un ans; 1744, Brandy, vicaire;
1746, Longeaud de Charbonnière, vicaire; 1748, Blancheton,
vicaire; 1781, Puyjolet, vicaire; 1783-1788, de La Brunie, vicaire;
1789, Albin, vicaire; 1761, Nénert, vicaire; 1762, Nénert et Bris-
saud, vicaires; 1762, 1769,1778, 1777, 1779, 1791, Soury, curé,
précédemment à Châlus, installé le 29 avril 1762; 1767, Soury,
Duvernet, vicaires; 1769, 1777, 1779, 179i,Brissaud, vicaire; 1782-
1804, Jupile de Lagrange, curé; 1804, Laurent, vicaire; 1827,
Tournois, vicaire; 1828, Barnyde Romanet, vicaire, et Courtaud;
1830, Malhieu, vicaire, et Ruchaud; 1832, Roche, vicaire; 1834,
Pailler, vicaire.
Le 8 octobre 1738 a été enterré dans l'église d'Oradour, Jacques
Longeaud, prêtre, âgé de quarante ans, en présence de Élie Rou-
coules, curé de Saint-Jean-de-Vayres ; Pierre Judde, curé de Saint-
Pierre-de-Vayres ; Antoine Delbés, vicaire de Champagnac, et
Jean-Baptiste Robert, vicaire de Cussac (Reg. paroissiaux).
La commune d'Oradour, qui compte 3,484 habitants, a une "
superficie de 3,910 hectares. Une foire assez importante se tient
les S de chaque mois au chef-lieu, dont la fête patronale a lieu le
28 juillet. La commune comprend les villages suivants :
Ages (Les)
Anvers.
Arcis (Les).
Barbarie (La).
Barotttie (La). Moulin.
Beauséjour.
Bizardies (Les).
Blancher (Chez).
Bordex (Les).
Boucheron (Le). Eglise de fief dans les premières années du
xvn* siècle. — Le neufvième décembre mille sept cent vingt-un, a
esté baptisé dans l'église paroissiale d'Auradour-sur-Vayre par
moy soubsigné, damoiselle Marie-Françoise-Henrie Coustin, fille
naturelle et légitime de Monsieur François-Annet Coustin, comte
d'Auradour et seigneur de Blanac et autres places, et de dame
Jeanne-Henriette de Beynac, sa femme, laquelle est née le vingt-
huit du mois de novembre, au château du Boucheron. Le parrain
a esté Monsieur François Coustin, marquis du Mas-Nadaud, et
mareine dame Mariane de Bermondet, qui ont signé avec moy,
par. .... reverendissime père en Dieu. Signé : François-Pierre de
La Guérinière, abbé général de Tordre de Grandmont ; de Coustin
Masnadeau, Marie-Anne de Bermondet. (Reg. paroissiaux).
MONOGRAPHIB D*0RADOIIR-SUK-VATRKS. 283
Bougerie.
Boaroazeaa. (Chapelle détruite en i64â). Feldspath.
Bregères (Grandes). Pierre-borne avec date de 1789 et P. U. B.
Bregères (Petites).
Brosses (Les). Gh&teau.
Ghalards (Les).
Chantallouette et Baffecoen.
Ghandos.
Chapelle (Les), près de la Petite-Côte. — Chapelle da Roazaud
(roseau en français), en 1645. Détruite. (Pouillé de Nadaud).
Ghàlenet (Le).
Ghenin (La). Ecole de hameau fondée en 1880. Tumulus.
Chouettes (Les).
Cimetière (Le Bas).
rx>ntie (La).
Côte (La).
Cure-Bouteille.
EcubiUon (L').
Elysée (U).
Fiateau (Chez).
Fougeras. Tumulus que j*ai fouillé.
Frais (Les).
Fressignas.
Gardelles (Les).
Gros-Bos(Le).
Lacroix (Chez).
Lsjout.
Lande (La).
Lande (La), ou Chez-Mizet.
Lauzanne.
Linge (Chez Le).
Manvin.
Masseix (Le). Souterrain chez un nommé Chambon. Monolithe
détruit pour empierrer la route.
Maison-Neuve (La).
Maurie (La).
Haurinas. Monolithe sur une colline dominant la Tardoire.
Monnerie (Grande).
Montagnies (Le).
Morelle (La).
Moulinasse (La).
OUières (Les).
Palaines (Les).
i%À SOCIÊTé ARCgÈOLOdiqUR 17 lit«TOMQt)E DO UllOOSltf.
Parade. Tuiles romaines.
Planitaud.
Point (Le).
Pommier (ChezJ.
Ponly (Le).
Poulueix.
Pouméroulie (La). Les Registres paroissiaux mentionnent une
nombreuse famille de La Pouméroulie, de 1712 à 1792.,
Pouze (La).
Puychevalier. Fief ayant appartenu à la famille de Bernis. Habi-
tation des comtes d'Oradour.
Puymoreau. Ecole de hameau. Il y avait autrefois une tuilerie.
Rivaiidon (Le).
Serve (La).
Tamanie (La). Demi dolmen renversé, où je n'ai trouvé que
quelques débris de charbon de bois et un morceau de tuile romaine
à rebord. L'hôpital du Dorât et les prêtres de la llission, de
Limoges, avaient des rentes sur ce village au xvm* siècle. En 1719,
existait un sieur Virthon de La Tamanie.
Therme (Le).
Tronchaise (La).
Tuileries (Les). Deux tuileries en activité datant de deux siècles.
Vents (Les Quatre).
Vergues (Les).
Villeneuve.
Villotte(La).
Saint-Bazile. — Alias Saint-Baseri, — Basilidis en 1404, 1476,
ce qui semble dénoter Saint-Basilide et Saint-Nabor. Saint-Basilide
en 1311. Sanctus Basilicm eu 1475. Oratorium Saint-Basilu^Chron.
de Maleu, 1316, p. 90). Cure : 390 communiants; palran : saint
Biaise, martyr.
Ancienne église construite dans le courani du ix* siècle (?). Le
prieur de Saint-Jean-de-Cole y a fait les nominations. L*évéque de
Limoges les fait depuis 1475. Elle fut donnée en bénéfice à Vab-
baye de Beaulieu en 894; fut sous la dépendance, de Maumont,
1322, et reçut en 1531 le patronage de Tévéque de Limoges. Vicai-
rie de Saint-Basilide fondée par Jordain, prévôt-curé de Champniers
qui vivait en 1300. (Rép. arch., E. Grignard). (Pouillé de Nadaud).
La voûte de Téglise est en style gothique. Les arcs et les arêtes
retombent le long des murs sur huit pilastres ménagés dans Tépais-
seur du mur. Sur chacun de ces pilastres, à l/intersection des
arêtes, se trouve un écusson dans lequel on remarque en relief un
MONOOIAFHIB D*ORAD0UR-SUR*VAYRBS. 985
aigle éployé. Sur les huit contreforts extérieurs se trouvent les
indnies écussons. Il n*y a qu'une seule travée.
La cloche porte : ^ l'an 1611. Sous la mairib de m' ges Léonard,
J*ÀIETE BENITE PAR M' GhENOUX; MON PARRAIN A ETE M. L. LeCLEC, E VA
marraine, om* Jeanne Boulesties. La porte d'entrée est de style
OgivaL ÀU'dessuB d'elle se trouve une rangée de moulures frustes
figurant des têtes humaines et des têtes d'animaux. En guise de
clocher, un mur triangulaire s'élève au-dessus de la porte princi-
pale h une certaine hauteur, et au centre, environ, a été ménagé un
espace où se trouve placée la cloche à laquelle on aboutit par une
échelle abritée par un petit toit.
Faute de presbytère, il n'y a pas toujours eu à Saint-Bazile de
réaident. Le dernier était le curé Chiroux. En 1721, Goustin du
Mas-Nadaud était baron de Saint-Bazile.
Gibot, curé en 1704.
Pierre Judde, curé en 1762-1763. Gommuniants : 260; sénéchaus-
sée de Montmorillon ; patron : Tévôque; décimateur : le curé et
M"' de La Reille; seigneurs : M. du Mas-Nadaud et M. de Ber-
mondet.
1793. — François-Léonard de Belair, curé, né en 1739 ou 1740,
mort sur les pontons le 13 août 1794, à Tâge de cinquante-cinq ans.
Avait été nommé curé en 1772.
La Tardoire forme la limite naturelle de la commune de Saint-
Bazile au sud. Le chef-lieu en occupe la partie Est, et se trouve
situé sur un plateau, à droite de la Tardoire, à une hauteur
moyenne de 295 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La fête patronale de Saint-Bazile a lieu le 2 février de chaque
année, jour de la Purification. Des dévotions sont faites ce jour-là
par les gens du pays et des départements voisins qui y viennent en
foule. Après les prières d'usage, pendant lesquelles les pèlerins
brûlent des cierges, on se rend à une fontaine qui a, m'a-t-on dit,
la propriété de préserver les animaux des maladies. Aussi voit-on
les pèlerins jeter dans la fontaine des petits paquets renfermant de
la laine, du lard, des plumes d'oiseaux et même des œufs! Une
fois les dévolions accomplies, les pèlerins festoient, dansent et sou-
vent même boivent plus que de raison.
Cette commune, qui a 527 habitants et 858 hectares d'étendue,
comprend les villages suivants :
Abbaye (U).
Bacherat.
Baron (Le).
Besse (La). Restes de tour.
Bethoule (La).
286 SOCIÉTÉ ARCHÉ0L06IQUB ET HI8T01IQDK DU LIMOUSIN.
Côte (La). Cimetière actuel de Saint-Bazile.
Epinasse (L'). Cimetière gallo-romain découvert en 1887. J'y ai
recueilli des outils en silex et des tessons de poterie romaine ayant
appartenu à des vases divers, tels que dolium, patères, etc. Quel-
ques morceaux sont en poterie samienne à dessins en relief.
Forgeas ou Les Forges. (Forgetas, Nadaud, p. 164). Moyen âge.
Restes d'un ancien prieuré sous Tinvocation de sainte Quitterie,
martyre d'Espagne; 22 mai, fondée au commencement du xiv* siè-
cle. La chapelle tomba en 1751. Relevait en 1352-1604 du prieuré
du Chalard, passa sous le patronage de Tévéque de Limoges en
1679 et fut ruinée en 1751. Existait en 1783. Chapelle appelée du
Loup. (Fouillé de Nadaud). On signale une marniëre considérable.
Carrière de blanc d'Espagne. Il y a aussi un étang, mais sans
importance.
Forgeas (La Tuilerie de).
Laubanie. Ep. moderne. Ancien manoir mentionné par Cornuau
en 1782. (E. Grignard, Rép. arch.). Etang sans importance.
Maison-Neuve (La).
Maison-Neuve (La Tuilerie de La).
Maison du Ruisson.
Moulin-Neuf (Le).
Pairie (La).
Pont (Le).
Poulier (Le Grand).
Poulier (Le Petit).
Vanoermarcq.
DOM PRADILHON
Pradilhon (Jean-Baptiste) naquit à Eymoutiers en 1640. D'après
les actes paroissiaux qu'a consultés M. Alfred Leroux, il fut baptisé
le 24 décembre ; il était fils de. maître David Pradillon, sieur du
Champaufaure (1).
Une note de ces mômes registres nous apprend que Pradilhon, à
peine âgé de dix-huit ans, c'est-à-dire le 15 février 1658, entra
dans la congrégation des Feuillants, réforme de Tordre de Cîteaux,
fondée à la fin du xvi* siècle par Jean de La Barrière. Il fit son
noviciat dans Tabbaye de Feuillens, située dans l'ancien diocèse de
Rieux, à dix lieues de Toulouse (2), abbaye qui a donné son nom à
la Congrégation. Il prit en religion le nom de Jean-Baptiste de
Sainte-Anne.
Dom Pradilhon a été oublié dans la Biographie universelle de
Michaud et dans la Biographie générale du docteur Hoefer. Toute-
fois il en est fait mention dans le grand Dictionnaire de Moréri
(supplément de 1749, et dernière édition, en dix volumes, de 1759).
Une courte biographie, tirée des manuscrits de l'abbé Vitrac, a été
publiée dans les Annales de la Haute-Vienne de 1813 (p. 117). On
lit dans cette dernière notice que J.-B. Pradilhon, après avoir fait
d'excellentes Humanités, réussit dans toutes ses études, et môme
dans les arts d'agrément.
Son mérite et ses vertus rélevèrent aux premières charges de
son ordre. Il fut élu quatre fois abbé général de la Congrégation
des Feuillants. Une première fois, à l'âge de quarante ans, en 1681
(on sait que l'élection de l'abbé général avait lieu tous les trois
(<) Inventaire des archives communales d^ Eymoutiers, p. 93.
(S) Aujourd'hui La Bastide de Feuillans, canloa de Hicumes, arron-
dissement de Muret (Haute-Garonne).
388 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
ans) ; une troisième fois en 1696, et une quatrième fois en 1699,
deux ans avant sa mort. Il avait de grands talents pour le gouver-
nement monastique et pour la direction des âmes. On fait Téloge,
dans son épitaphe, de sa science et de son habileté ; on célèbre
ses vertus, sa foi, sa piété, sa douceur et son zèle.
n était fort veinsé dans notre histoire et dans la connaissance des
généalogies, surtout en ce qui concerne les grandes familles nobles
du Limousin. Paléographe habile, travailleur infatigable, il a fait
des recherches dans les archives de la plupart des abbayes et des
monastères du Limousin. Peu soucieux delà renommée, il envoyait
le fruit de ses recherches à des savants de Paris, à Gaignières, à
Baluze ; il fut notamment le collaborateur de Charles d'Hozier,
pour les généalogies des grandes familles de France.
« Homme d'un rare mérite », dit Vabbé Nadaud. Son portrait
est dans la salle des Feuillants de Limoges (1).
Une note de M. Alfred Leroux nous apprend que « dom Pradilhon
a été, concurremment avec Léonard Bandel, le correspondant de
Gaignières en Limousin. Les extraits d'actes qu'il communiqua h
ce savant se retrouvent aux tomes CLXXXIII, GLXXXIV et
CLXXXVI de la collection Gaignières, à la bibliothèque nationale.
Ces communications portant le nom de leur auteur, on peut affir-
mer, d'après la nature et l'origine des pièces, que dom Pradilhon
visita et exploita, à Limoges, les archives du chapitre de la cathé-
drale, de l'abbaye de Saint-Martial, de l'abbaye de Saint-Martin,
du couvent des Cordeliers » ; en dehors de Limoges, les archives
du chapitre d'Eymouticrs ; et dans le Bas-Limousin, les archives de
Tulle, d'Uzerche, Bonlieu, Treignac et Glandiers.
Quelques-unes de ces communications sont datées : 1683, 1687,
1689, 1690 et 1691.
Dans les quatre années suivantes, dom Pradilhon fut en corres-
pondance avec Baluze. Nous devons à M. Emile DuBoys la trans-
cription de plusieurs lettres adressées par lui à ce savant, et qui
sont datées de Limoges, de Tulle et de Bordeaux.
Baluze, qui travaillait alors à ses Vies des papes d'Avignon, ayant
écrit à dom Pradilhon, le 5 janvier 1692, pour lui demander quel-
ques renseignements sur le cardinal Audoin Albert, neveu du pape
Innocent VI (Etienne Aubert), dom Pradilhon lui répondit, dans
une lettre datée de Limoges, le 16 janvier suivant, « qu'il avoit
beaucoup de plaisir à obliger une personne de son mérite et qui
travailloit si utilement pour le public. » « Je fais des recherches,
(\) Mém. mss„ l. IV, 3» cahier, p. 469. (Mss. appartenant à M. Emile
DuBoys).
DOM fflADILRON. ^89
ajouta-t^il, pour servir à la généalogie des maisons nobles de cette
proTiace, et voicy ce que j'ay d'Albert. Cette famille est sortie d'un
lieu nommé Le Mont^ paroisse de Beissac, dans la terre de Pompa-
dour ». Puis il cite dirers actes relatifs à cette famille.
Baluze ayanl répondu le 39 janvier suivant, dom Pradilhon lui
envoie de nouveaux détails sur la famille du pape Innocent VI, et
11 termine par ces paroles : « Gomme j'ay beaucoup de mémoires
de différentes familles de la province, j'ay sans doute plusieurs
choses qui appartiennent à nos cardinaux ; si j'en avois les généa-
logies entières, je vous les envoyerois volontiers, mais je n'ay
encore que des parties informes, et pour vous ayder utilement, il
faudroit estre à Paris, car une conversation de demi-heure vaut
mieux que cent lettres; mais je ne sçais pas quand je pourray faire
ce voyage, »
Dans une troisième lettre, datée de Limoges (12 mars 1692), il
donne encore des renseignements sur d'autres membres de la
famille Albert.
Dans une quatrième lettre, datée de Limoges (4 avril 1692), dom
Pradilbon annonce à Baluze l'envoi des trois volumes in-folio du
P. Bonavenlure Saint-Amable qu'il a achetés pour lui au prix de
12 livres (brochés), et il dit que « dans cet ouvrage, il y a beaucoup
de simplicité et peu de jugement, mais d'assez bonnes matières
pour l'histoire du pays, sans que l'auteur cite d'où il les a puisées.
Le premier tome est tout pour l'apostolat de saint Martial contre
M. de Launoy et autres ; le deuxième est la vie de saint Martial, où
il a mis plusieurs actes des fondations des églises et des monastè-
res; le troisième est en forme A* Annales de la province où il y a
bien des curiosités ».
En réponse à une question de Baluze, dom Pradilhon dit que « la
terre de Tranchelion est près de Pierre-Buffière, et le château est
situé dans le faubourg de cette ville. « J'ay remarqué, ajoute-t-il,
que les anciens seigneurs de Tranchelion se nommoient indiflférem-
vaeniDmie Trancaleone, o\x Dns Castri-inferioris de Petra-Bufferia.
Cet usage était assez commun dans le xm* et xiv® siècle; j'en ay vu
de mesme àPompadour et à Gimel, où des gentilshommes se disent
Dus Castririnfetiam de Pùtnpadorio, de Gimello.,, C'estoicnl de
nobles vassaux des grands seigneurs, possesseurs du chasteau prin-
cipal. D
Dom Pradilhon ajoute à sa lettre le tableau généalogique de la
famille La Garde de Tranchelion, qui manque dans le Nobiliaire de
Nadaud.
La cinquième lettre, datée de Limoges (19 juin 1692), débute
ainsi : « Monsieur, j'ay esté longtemps sans me donner l'honneur
â90 SOCifcTÂ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LTMOUSIK.
de vous escrire, à cause d'une attaque de goûtes qui m^a tenu près
de deux mois ; je vais revoir vos lettres, et respondre aux articles
qu'elles contiennent.
» Lorsque mes pieds seront plus affermis, je verray les tom-
beaux des cardinaux de Chanac et d'Argfeuille
» J'ay donné un mémoire à un chanoine-sindic de Saint-Eslienne
pour le testament du cardinal de La Porte; il m'a promis de le
chercher, et je le presse tous les jours par les raisons que vous me
marqués; mais à vous dire le vray, je n'ay pas bonne opinion du
succès. Ces Messieurs se sont rendus si difficiles à communiquer
leurs titres qu'ils en sont i-idicules. Cependant cela desrobe bien
des connessances à l'histoire, car on tient que ce thrésor est bon ; je
vous promets de ne point perdre de temps à presser sur cet article.
» J'espère mieux réussir pour celui du cardinal de Chanac, dès
que je pourray voir mes amis de Saint-Martial.
» S'il est vrayque Petrus de Pipemo^ prevost d'Esmoutiers en
1293, ail esté fait cardinal en 1298, il aura succédé à un autre car-
dinal dans ce bénéfice, qui estoit Petms de Capella.
» A l'esgard de Guillelmus de Roffiliaco, prévost d'Esmoutiers,
j'ay dans mes extraits qu'il estoit prevost en 1369, et je ne crois
pas m'estre trompé; je remarque dans quelque catalogue que j'ay
dressé des chanoines de Saint-Estienne qu il en estoit chanoine en
1332, 1341. Phisieurs de ses prédécesseurs estoient prevosts dEs-
moutiers et chanoines de Limoges en mesme temps. Je trouve ce
mesme Guillaume de Rofflliac officiai de Limoges et vicaire de
i'évesque dans des hommages rendus à Tévesché, sans date.
» Dans ce dernier voyage d'Esmoutiers, j'ay trouvé la carte des
anniversaires de cette église, et comme on les devoit célébrer pour
l'an 1598. J'en ay pris copie, parce qu'il m'a paru fsicj des anni-
versaires fort anciens et jusques à l'evesque de Limoges, Turpin
d'AubussoD, ce qui peut prouver l'antiquité de cette église.
» Puisque vous travaillés sur le cardinal de La Porte, vous devés
sans doute sçavoir tout ce qui le concerne; je ne laisse pourtant
pas de vous offrir le catalogue des chanoines qui assistèrent à son
élection. Il y en a vingt-sept dont vingt sont des plus nobles famil-
les de la province. » — Suit un texte sur cette élection tiré des ar-
chives de Saint-Etienne.
A cette lettre est joint le tableau généalogique de la famille de
Chanac.
Il n'est pas douteux que Baluze, qui fit paraître l'année suivante
(1693) ses Vies des papes d'Avignon, a utilisé dans son ouvrage les
notes savantes que dom Pradilhon lui a envoyées sur les cardinaux
Limousins.
DOM PRADILHOIf. 291
La sixième lettre est datée de Tulle, 26 août 1694. Elle com-
mence ainsi :
« Monsieur du Verdier m'a montré dans vos lettres les marques
de votre souvenir. Je viens, Monsieur, vous faire mes remercie^
ments et vous assurer que rien dans la vie ne me peut estre plus
agréable que d'avoir quelque part d'un honneur qui est recherché
par tous les honestes gens du siècle. »
Après quelques notes historiques sur certaines familles du Bas-
Liaiousin, il termine ainsi : « Je ne veux pas finir sans vous remer-
cier de tous les honneurs que je reçois de M. votre frère et de
M. du Verdier, parce que j'ay l'avantage d'estre de vos amis. Il y
a mesme deux grandes et belles niepces qui veulent y prendre
part. L'aisnée surtout me conte avec plaisir mille et mille obliga-
tions qu'elle vous a, et les impatiances où elle est de vous voir. Je
m'asseure qu'elle vous en aura de plus essentielles dans quelque
temps : elle les mérite asseurement, estant aussy bien faite qu'on
peut le souhaiter.
» P.'S.— Je partiray dans la semaine prochaine pour aller faire
une longue résidence à Bordeaux. »
La septième lettre est datée de Bordeaux, 5 janvier 1698. Elle
débute ainsi : « Le renouvellement de Tannée m'avertit. Monsieur,
que je dois vous rendre mes devoirs et me renouveller dans le
souvenir d'une personne que j'honorerai toujours parfaitement. »
Dom Pradilhon mourut à Paris, dans le couvent des Feuillants
du faubourg Saint-Honoré, le 25 septembre 1704, âgé de soixante
et un ans, et fut inhumé dans le monastère de Saint-Bernard*
Piganiol de la Force, dans sa Description de Paris, rapporte l'épi-
tapbe dont ses confrères ont honoré sa mémoire et orné son tom-
beau :
Ad immortalem vitam proficisc6ns,
Mortalilalis sarcinam hic deposuit
ReTerendissinitts Pater
D. Joannes Bapiisia A Sancla Anna PradilloD,
Pairia Lemovicns.
Yir in multis egregias,
Qaem qaater in praesulem sibi elegerat
Tota Congregatio Fuliensis ;
HuQC ad magna natum majoraqae spirantem
Frontis houos et totius corporis habilus
Arguebani.
Dignam tali hospilio animam
Non una vlrtas, non una ornabat scientia,
Maxime quœ viram decet alioram moderamini invigilantem,
Pides recta, sincera pielas, pradens religionis zelus,
Temperala justiiiœ finibus mansuétude,
19S SOCIÉTÉ ARGHéOLOOIQVK ET HI8T0RIQUV DU LIMOUSIN.
Divinaram, Hoinanarumqot Legum
Perilia singularis;
Aaimorum quamounque in pariem
Vellet adducandorum,
Arte proreas alupend pollebat :
Gujus exercends dexteritaiem
Et industriam plerique suavitalem omnes
Admiratî sunl.
Nullus facile assequetur
Obiil Yll. kal. oelob. anno Uomiiii M. OCCI.
iCUlissue LXI(l).
iPITAPHE DE DOM PHADILLOM.
Partant pour la vie immortelle»
Le très révérend père
Dom Jean -Baptiste de Sainte^ An ne Pradillon,
né en Lfmoasin,
Déposa ici le fardeau de la mortalité.
Homaie disiiogué en beaucoup de points,
Que toute la GongrégaiioD des Feuillanla
Avait élu quatre fois pour boq général;
La majesté de son front et tout son extérieur
Nonlraienl qu'il était né pour de grandes choses
Et qu*il pouvait aspirer au plus haut rang ;
Plus d'une vertu, plus d*une science
Ornaient son âme digne d*un tel corps.
il avait surtout ce qui convient à un homme appelé à veiller
Sur la conduite des autres;
Une foi droite, une piéié sincère, un zt\e religieux plein de prudence,
Une douceur tempérée par les règles de la justice,
Une habileté peu commune dans les lois divines et humaines;
11 avait un art merveilleux [pour diriger les esprits] là où il
voulait les conduire;
La plupart admiraient son habileté,
Tous admiraient sa douceur;
Nul n^atleindra ftieilement [ua pareil modèle].
Il mourut le Vil des calendes d'octobre, Pan du Seigneur MCCI,
k l'âge de LXi ans.
On a de lui :
1° Praxis jum Puliêtisis, Paris, Josse, 1676. Nous ne connaissoDS
aucun exemplaire de cet ouvrage (2).
(I) PiGANiOL DE LA FoRCS, OescHpHon de Paria, U H, p. 383 et 384. —
MoHÉRi, Supplément de 1749, t. II, p. 304.
(t) Praxis juris prp coogregatione B, Martini FuliensiSi 1675 (Nadaud,
Fouillé /ïw., p. 36).
DOtl PRADILHON. 293
2" Histoire de la fondation des religieuses Feuillantines à Tou-
louse, etc. — Bordeaux, 1696; Paris, 1699.
Cet ordre des Feuillantines, fondé par Jean de La Barrière en
1588, s'établit d'abord à Montesquieu-Volvestre, puis se transporta
à Toulouse, dans un monastère du faubourg Saint-Cyprien.
3* La Conduite de dom Jean de La Barrière, premier abbé et ins-
tituteur des Feuillens, durant les troubles de la Ligue, et son atta-
chement au service du Roy Henry III, par un religieux feuillant. A
Paris, chez François H. Muguet, M D. XCIX, in-12.
Nous lisons dans le Supplément de Moréri, 1749 : « Cet ouvrage
contient une critique de ce qu'a écrit sur ce sujet Jean Le Labou-
reur, dans ses Additions aux Mémoires de Castelnau, »
Nous possédons un exemplaire de cet ouvrage.
4® Des mémoires manuscrits, cités par l'auteur du Supplément de
.Ifor^'^ imprimé en Hollande en 1716. Il est cité également dans
l'ëditioa de 1733, t. VI, article Souillac,
L'abbé Arbbllot.
Dom PradilloD avait dédié son Praxis juris Fullensi» k Pierre Régie r,
abbé des Penilkants du monaslère de SaiDl-Marlin-Iôs-Limoges.
(Voir Nàdaud, Mém. ma., 1. 1, p. 167. ^ Lcgros, Abbayes du Limousin,
|>. H9}.
L'ABBÉ OROUX
Oroux (Etienne) naquit à Saint-Léonard le 14 septembre 17Î0;
il était fils d'Etienne Oroux et de Marguerite Lafont (1). Doué d^une
aptitude rare, et unissant à beaucoup de facilité un grand amour
du travail, il fit, avec une distinction marquée, au collège des
Jésuites de Limoges, ses cours d'humanités, de rhétorique, de
philosophie et de théologie. M^ Jean-Gilles de Coëtlosquet ayant
pris possession du siège épiscopal de Limoges en 1740, Tabbé
Oroux soutint en présence de ce prélat une thèse publique, qu'il
lui avait dédiée, et qui lui valut les témoignages les plus flatteurs
et des applaudissements universels. Cette thèse embrassait tous les
traités Ihéologiques, tant dogmatiques que moraux. La justesse de
coup d'œil et la précision de langage que l'abbé Oroux montra dans
l'exposition des principes, la force et la solidité avec lesquelles il
développa ses preuves, la netteté de dialectique qu'il déploya dans
la solution des difficultés qui lui furent présentées, frappèrent
l'évéque de Limoges, qui devint le protecteur du jeune théologien;
et, quand l'abbé Oroux fut ordonné prêtre, ce prélat se l'attacha
en qualité d'aumônier (2).
En 1758, Mp" de Coëtlosquet fut appelé à la cour pour l'éducation
(I) a Le U septembre HiO, j'ai baptisé un fils légitime du sieur
Etienne Auroux (sic), et de Marguerite Lafont, sa femme; lequel était nà
à quatre heures du matin dadit jour; on lai a donné le nom d'Etienne.
Son parrain a été Etienne Lafont, sieur d'Epagne, et sa marraine de-
moiselle Marie Ouroux {sic), lesquels ont signé avec nous : E. Lafont,
Marie Oroux, Fahgbaud, prêtre, chanoine de Saint-Léonard, par ordre de
M. le curé. (Registres de la Mairie de Saint-Léonard).
(î) ViTRAC, Dict, me.
l'abbé onoux. 295
du duc de Bourgogne, et cette année même il se démit de son évô-
ché. Il emmena avec lui Tabbé Oroux, et il s'en servit utilement
dans Fexercice des fonctions très honorables, mais difficiles et
délicates, qu'il avait à remplir. Après la mort du duc de Bourgo-
gne (1760), ce même prélat fut successivement précepteur des
autres fils du dauphin, du duc de Berry (depuis Louis XVI), du
comte de Provence (Louis XVIII) et du comte d'Artois (Charles X).
Pendant son séjour à Versailles, l'abbé Oroux trouva le temps de
composer de savants ouvrages. En 1759, il datait de cette ville un
article adressé aux Mémoires de Trévoux; l'année suivante (1760),
il dédiait à la reine, Marie Leczinska, sa Vie de saint Léonard : il
était alors chanoine de l'église de Saint-Léonard deNoblac; mais
les fonctions qu'il remplissait à la cour le dispensaient de la rési-
dence. Il fut plus tard nommé chapelain du roi, et pourvu de
Tabbaye de Fontaine-le-Comte (1) en Poitou (1774). Quatre ans
après, il dédiait au roi Louis XVI son histoire de la chapelle du
roi sous ce titre : Histoire ecclésiastique de la cour de France,
En quittant Versailles, vers 1775, l'abbé Oroux vint habiter sa
ville natale. Le 24 juin 1778, iî présidait, en l'absence de l'évéque de
Limoges, la brillante cérémonie de la clôture de TOstension (2). Il
mourut à Saint-Léonard, dans une maison qui est aujourd'hui
annexée à l'hospice, le 7 septembre 1786, à l'âge de soixante-six
ans et il fut inhumé le lendemain dans le caveau des chanoines, situé
derrière le chœur de l'église de Saint-Léonard (3).
(1) Et non pas Fontenay-le^Comte, comme le disent Tabbé Vitrac, la
FeuUle hebdomadaire, etc. L*abbayc de Fonlaine-lc-Comte, à deux lieues
sud-ouest de Poitiers, donnait un revenu de 3,000 livres.
(8) VU de saint Léonard (1863), p. 139.
(3) Le môme jour (8 septembre) an susdit («786), a été inhumé au tom-
beau du chapitre vénérable mcssire Etienne Oroux, prôlre, abbé commen-
(lalaire de Fontaine-le-Gomte, ancien chapelain du roi, chanoine honoraire
de Saint-Léonard, décédé hier (7 septembre), rue Aumônlère, âgé d'envi-
ron soixante-six ans et muni des sacrements de TËglise. Ont assisté au
convoi : M' messire Mathieu Lafont, prêtre et chanoine de Saint-Léonard
et Jacques Martin, curé de la Chapelle.
Lafond, chanoine ; Farge, vicaire ; Martin, curé de la Chapelle.
Dans le procès-verbal d'apposition des scellés sur la maison où décéda
Tabbé Oroux il est dit que « ledit Oroux était en pension depuis environ
onze ans (4775), chez la dame veuve Lanouaille et ne possédait en pro-
pre aucun meuble, mais seulement des effets {sic), » Septembre 1786.
(Archives départementales, fonds du Présidial. — Note communiquée
par M. Alfred Leroux, archiviste.)
i9^ SOCIBTft ARCRÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Des vieillards qui l'avaient connu nous ont parlé de ses qualités
aimables, de la douceur de son caractère, de son enjoûmenlet de
sa bonté. Il n'était pas seulement recommandable par sa vaste
érudition > mais encore par sa piété et par la pratique des vertus
chrétiennes et sacerdotales (1).
On a de lui les ouvrages suivants :
1*» Histoire de la vie et du culte de saint Léonard du Limi)usin. —
Paris, chez J. Barbou, 1760, un vol. in-12. Au mois de Juillet 1760,
l'abbé Oroux eut l'honneur de présenter ce livre à la Reine, à Mon-
seigneur le dauphin, à Madame la daupbine et à Monseigneur te
duc de Bourgogne (2).
Cet ouvrage, accompagné de savantes dissertations et suivi de la
liste des prieurs de Noblac, est fait avec méthode, et accuse de
grandes recherches et une érudition de première nmin. D est tou-
tefois à regretter que la critique y règne souvent aux dépens de la
piëlé, et que l'auteur, prenant Baillet pour modèle, ait négligé le
récit de nombreux miracles qu'avaient rapporté des écrivains
dignes de foi.
2o Histoire ecclésiastique de la cour de France. — Paris, [rapri-
merie royale, 1778, 2 vol. in-4". — Le 8 mars de cette année,
Fabbé Oroux, qui était alors chapelain du roi et abbé de Fontaine-
le-Gomte, fut admis à l'honneur de présenter cet ouvrage à Sa Ma-
jesté (Louis XVI) et à la famille royale (3).
Cet ouvrage, encore plus que le précédent, annonce une éru-
dition de bon alqi. L'abbé Oroux fait l'histoire de la chapelle du
roi depuis le règne de Pépin jusqu'à la fin du règne de Louis XV.
Il y parle de tout ce que nos rois ont fait pour la religion, et donne
de très curieux détails sur leurs aumôniers, leurs confesseurs, etc.;
en un mot, c'est l'histoire des rois de France au point de vue
religieux. Un autre écrivain, Guillaume du Peyrat (4), avait traité
ce sujet en 164S; mais l'abbé Oroux, tout en profitant des recher-
ches de son devancier, l'a surpassé et a fait un ouvrage d'un
mérite supérieur.
3<» Une lettre sur le lieu de naissance d'Adémar, moine de Saint-
Gybard et de Saint-Martial, datée de Versailles, le l'"' décembre
1759, et insérée dans les Mémoires de Trévoux, à la fin du second
volume de janvier 1760. Celte lettre est anonyme; mais l'abbé du
(4) Legeos, Dict. ms„ p. 357.
(5) Nadaud, note manuscrite.
(3) Feuille hebdomadaire^ année 1778, p. 50.
( i) VHUtolre ecclésiastique de la cour ou les antiquités et recherches de
la chapelle et oratoire des rois de France depuis Clovia /«', in-fol.
L*ABBÉ OROUX. 297
Mabaret, compatriote de Tabbë Oroux, nous en fait connaître Tau-
teur dans un article sur Adémar (1).
^"^ Ufi fueUt ouvrage manusc^rit qu^ npus avçns yi| à la biblio-
thèque du séminaire de Limoges, et intitulé : Remarques sur le
propre des saints du diocèse de Limoges. On s'est servi beaucoup de
cet ouvrage pour Tédition du d^r^ier bréviaire limousin, imprimé
sons l'épiscopat de Monseigneur d'Argenlré, en 1783. Les légendes
de Saint-Martial, de saint Rorice, de saint Vaast, etc., sont de la
composition de Tabbé Oroux. Il ,Bt insérer dans ce dernier bré-
viaire la fête de plusieurs saints du diocèse, qui ne se trouvaient
pas dans le bréviaire précédent, publié en 1736. Il est fâcheux que,
sous iUoAiienfie de ia mauvaise xjribqi^e ifui doucait à jceUe épo-
que, il ait enlevé à quelques légendes la poésie et la piété qui en
faisaient l'ornement.
îi^ Un livre d'offices et de prières, et un processionnal à l'usage
de la compagnie royale des pénitents bleus de la ville ^e Sajnt-
Lèo^nard^ 2 v.ol. inl2, imprimés à Limoges, chez P. Chapoulaud,
en J784. Cet ouvrage ,ne fut tiré qu'à 200 exemplaires.
On trouve dans la Feuille hebdomadaire de Limoges (2) le résumé
d'un sermon de l'abbé Oroux prononcé dans la chapelle des péni-
tents bleus de Saint-Léonard, le 13 septembre 1777. à l'occasion
de la réception dans la co^mpagnie, à Toulouse, de Monsieur, Jrëre
du roi (depuis Louis XVIII).
La Biographie universelle et le pictionnaire historigue ,de Feller
ont oublié Tabbé Oroux. L'auteur de la Vie de saint %éof\ard et de
Y Histoire ecclésiastique de la cour de France méritait d'être traité
avec plus de justice. Nous e^péro^ que.çqt^e lacune sera comblée
dans une future édition de la Biographie universelle,
'L'abbé Aabbllot.
(1) MimolreB pour fcrolr à la future édition du DiciionnaXre de
Moréri, ms. de la bibliotbèqac du 'Louvri;, article Adémar. — Examen
critique des dictionn, hist., de Barbier. — Paris, 4820.
{%) FeiUlfe h^bdom. du U jiepteipbre 4777.
T. XZXVIK 30
ËIOGRAÎ>HtES LIMOUSINES ET MARCHOISES
III.
LÉONARD NADAUD. — JACQUES DUROUX. — BARNT DE ROMAMET
CH.-niC. ALLOU.
Nous continuons par ces quatre noms (1) la série de biographies
que nous avons commencée dans le précédent Bulletin avec J.-B.
Chorllon, Léonard Albert, J.-B. Tripon, Emile Grignard, Aug. Bos-
vieux, Jean et Léonard Bandel, François Marvaud. Si nous fixons
notre choix uniquement sur des historiens et des archéologues,
c'est que nous voudrions donner une base aussi large, aussi solide,
aussi achevée que possible à cette Bibliothèque historique de la
Marche et du Limousin que nous préparons depuis longtemps, et
dont le tome I verra le jour dès qu'il trouvera un éditeur de
bonne volonté.
LÉONARD NADAUD.
Léonard Nadaud naquit à Limoges le 3 juillet 1714 et mourut au
Châtenet (paroisse de Feyliat), près Limoges, en juin 1767 (2). Il
était frère puîné de Tabbé Joseph Nadaud, si connu en Limousin.
Tous deux étaient fils d'un tapissier de Limoges (comme M. Guibert
(1) Nous aurions désiré y joindre celui de Joullietton, rhistorien de la
Marche. Mais les renseignements que nous possédons sur lui sont encore
trop sommaires. Nous serions reconnaissant aux personnes qui voudraient
bien nous aider à les compléter.
(2) a Le 4 juin 1767 est mort le R. P. Léonard Nadau (sic) et a été
enterré le 5* à 40 heures du matin. Ont été présens à son enterrement les
soussignés : F.-J. Lassagne, sacristain; Vidal, étudiant ; Jouidanon. »
{Registres des sépultures des RR, PP, Dominicains de la oiUe de Limo-
ges à la date. Arch. départementales de la Haut«-Vienne, série H,
registres mortuaires des communautés de Limoges). C'est donc à tort que
le Nobiliaire du Limousin (t. IV, p. 471) donne la date de 1764.
BIOGRAPHIES LIMOUSINES BT MARCHOISES. 999
Ta prouvé récemment] (1) ; tous deux entrèrent dans les ordres et
loos deux s^occupërent d'études historiques. Aussi les a-t-on sou-
vent confondus, dès le commencement de ce siècle. Mais tandis que
Joseph appartenait au clergé séculier, Léonard fut membre de Tor-
dre de Saint-Dominique qui le réélut plusieurs fois prieur.
Nous n'avons à nous occuper ici que de Thistorien. Le Nobiliaire
de la Généralité de Limoges (3) nous apprend qu'il fut archiviste de
révéché de Limoges, mais lui fait beaucoup trop d'honneur en
disant que Léonard « est considéré [par qui donc?] comme un des
fondateurs de la paléographie, cette science qui n'existait pas
encore ». Le vrai fondateur de la paléographie est dom Mabillon,
qui lui consacre tout un chapitre dans son De re diplotnatica^ paru
en 1681.
Le Nobiliaire nous dit encore que « le plus important des ouvra-
ges de Léonard Nadaud est VInventaire raisonné des titres de
Vévéché de Limoges^ deux beaux volumes in-folio que conservent
les archives de la Haute-Vienne » (3). L'indication est exacte, mais
incomplète, car ce laborieux chercheur est aussi l'auteur d'un Invenr
taire des titres de l'abbaye des Allois, qui porte la date de 1760 (4),
et de celle Liève des maisons et bancs charniers de Vhôpital général
de Limoges qui figure, avec la date de 1764, dans notre Inventaire
des archives du dit hôpital sous la cote D., 4.
A ces trois ouvrages, il convient d'en ajouter un quatrième, ce
Pouillé du diocèse de Limoges, qui porte la date de 1773, mais qui
contient beaucoup d'additions postérieures. M. l'abbé Lecler Ta
édité sans nom d'auteur en 1886. En examinant récemment l'In-
ventaire des titres de Vévéché de Limoges, M. Lecler a reconnu, à
n'en pouvoir douter, l'écriture fine et réguHère du Pouillé ma-
nuscrit. L'attribution ne peut donc faire doute. La date de 1773
prouve seulement que Nadaud n'a point mis la dernière main à
celte œuvre.
Cet ouvrage a le mérite de constater l'état du diocèse en 1773;
mais il est loin d'offrir tous les renseignements historiques qu'on
en attend. On y cherche vainement la liste des compagnies de péni-
tents et autres confréries du temps, la date de fondation des prieu-
(I) Bulletin de la Société archéologique du Limousin^ t. XXXVI, p. 296.
W T. IV, p. 471 .
(3) Aatremeal dit le Liore des hommages de Véoéché de Limoges,
Comme il est dédié à Mgr Duplessis d'Argentré, évoque de Limoges, nous
pouvons affirmer que cet inventaire est postérieur à 1758 et antérieure
4767, date de la mort de l'auteur.
(i) Archives départementales de la Haute-Vienne, n° prov. H., 6,496,
petit in-folio.
300 SOCIÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET Rlf^l-O^lQbR DO LlkoOSlk.
rés, îiôpîlâuîL et collèges. ïl tïê seïttWe pàfe tjttiê imttifû HfMktA
aU ïrô*ùvé en «on frère Tafde que tdtH-d eût pu Itti prêter.
Nons terminerons cette courte nolîce ^ Vepw>dHiaaittt Ml mt
lettre de Léonard NadantI (\ne M. Ï.-B. €haitepevàî ta^te «i lOBl
récemment commnniquée. Elle provient duchartrier de M~ fle
Gay de Nexon :
Madame, vous ne ierés guères contente Ôe moy; c'est Titie *irtfnli?ra^
que 7e p&rtage arec vOus, cat je sforê ibrt mécontent de nfoi-méimc. A la
première occasion qtre vém me fourbisses <Ae vous marof^er mon Mè, je
seit;nfe dn liés. Je [tie] vous envoyé pas Inolls 'totfttes les noGtes qoe j'«i
s^nr Mil. De toy ct^alhchier (i). il ne me passe ^èresde liestai»em oi
contracta de mariages. Mon frère est plus Ardenl que moi dans leur recher-
che. Je lui écris et lui demande ses nottes sur les deux famiUea. Je
souhaitte fort qu'il ine mette en même de vous fournir ^[uelquc
chose de plus intéressant que le mémoire cy inclus. Je vous prie d'èlro
toujours persuadée que je suis à vos ordres. Si vous croyés avoir cliés
vous quelques pièces utiles dont le dëpouillement vonspar*tfttrolp Oifecilc,
le tnoindre signe de votre part me suffira et je n'atfrai point d'àfci^e plus
[fressanle que celle-là, parce qu'elle m'aidefra à (vous) volts faire iij{fÔ«rle
respect avec lequel j'ai Phontïeur "d'èire, Uadame, votre très hoÉible «ft
très obéissant serviteur.
F. Nadaud,
de Vordre àes F. F. P. P.
Limoges, 45 août l76B.
Voulés-vous bien permettre Toffre de mon respect à V06 Messieurs et
Demoiselles.
JACQUES DUROUX.
On sait fort peu de chose sur Jacques Duroirx. "Né 'Vers 1740, h
Saint-Pardoux près Dessines, suivant les uns, plus prol)abletnelît à
Limoges, comme d'autres Taffirment, 11 aida ddm Coï flans ses
recherches érudites et s'intitula plus tard, de ce cheï, ëlfeve du
savant bénédictin (2). C'est sans doute à la demande de *flom Col
que Duroux compirlsa e!t classa les richeîs archiver de rhôjiital
général de Limoges. Nous avons déjà signalé cette partictflarilé (3)
(\) Les Gay de Nexon étaient alors en procès contre M. de Verneuil,
qui avait nommé à leur pféjuUiée un ^boursier au collègte Hfe 4ft Varche,
fondé à Paris par un Gallichier au xvi« siècle.
(3) D)an8 l'article des Annatês de la EFatt^-Vierme, t|ttlî nous citons
plus loin. 11 est quelquefois appelé féodtste dans quelques actes du temps-
(3) Voy. notre notice sur les Institutions charitables en 'léte de
V Inventaire des Archioes hospitalières de la Hkitite-Vèènne (p. 11 et art.
^., 30), et notre étude stir les Chron^uetirs et Tiisio riens du Umùosin
(p. 57).
9IOa|^FHUS LtMOUSiNfiS ET MARCHOi^S. S^\
^( ri^P^lé S^ )ei9 aosily»^ de Dupoux subsistent $ar Teniirqil de$
cbeiRÎses doQlil babillait soigneusement chaque parchemin.
Lorsque le comte d'Artois reçut le Limousin et les provinces voi-
sines en apanage (1773), Duroux obtint ou peut-élre acheta le titre
de secrétaire du prince. Au début de la Révolution, il était Tbomme
d'affaires des Derocard de Monisme, qui lui vendirent leurs biens
avant d'émigrer. Aux environs de 1792, nous le trouvons secrétaire
du comité de Constitution de Limoges, et plus tard président du
district de Bessines. Quand les Derocard rentrèrent en France,
Duroux, se considérant comme simple engagiste, leur restitua tout
ce qu'il stvait pu conserver de leurs biens, « ce dont on ne lui sut
aucun gré », si nous en croyons la tradition. Il habitait alors
Grossereix (commune de Beaune). Plus tard, il acheta un petit
domaine à Saiqt-Pardoux, devint maire de la commune en 1817 et
y mourut en septembre 1824 dans la plus grande gène (1).
Quelques apnées après la reconstitution de la Société d'agricul-
ture de Limoges (qui est de 1801), Duroux en devint membre cor-
respondant et s'occupa dès lors activement de l'œuvre historique à
laquelle son nom est resté attaché (2).
En voici le titre exact :
Essai histoiuque sur ul sénatorerie de limoges, orné de gr^^vures
représentant les anciens monuments de la ci-dpvant province du
Limousin. Dédié à M. le baron de l'Enupire Louis Texier-Olivier,
membre de Iq, Légion d'honneur, préfet du département de la
Haute-Vienne et président de la Société d'Agriculture, des Sciences
et Arts du même département, par M. J" Duroux, correspondant de
la môme Société. [Pius est patriœ fada referre labor. Ovid. Trist.
L. 2. 1 Prix: 6 francs 78 centimes broché. || (Armoiries de l'empire)
I A Limoges, chez Martial Ardant, imprimeur-libraire, rue Ferrerie,
1811. — (Petit in-4° de v-297 pp., plus un certain nombre de
feuillets non cbiÇrés et quatre planches gravées par De Crossas.)
L'ouvrage fut annoncé dans les Annales de la Haute-Vienne
(n^du 16 avril 1811) par un assez long article dont certaines erreurs
ne sont pas sans surprendre. L'abbé Joseph Nadaud, curé (Je Tejjac
(1) Nous avons publié son acle de décès dans le Bulletin de la Société
arcJ^QlogUims du Limouain, t. XXXill, p. 91. Nous devons à M. Balmet,
de Limoges, quelqu£s-uns des renseignements qui précèdent.
(2) 11 9 au^si rédigé en !81î, pour la Société d'agriculture de Limoges,
un mémoire, resté manuscrit, sur des antiquités découvertes à La Jante,
VieiUeville et Vilbert (commune de Compreignac), — et«i I82t, dans les
Annaieê de la Haute-Vienne^ une rectification (que noufi n'avons pu
retrouver) à quelques passages de la Peêcription des monumenf» de la
30) SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(+ 1775), y est confondu avec son frère le dominicain Léonard
Nadaud (f 1767). Le comédien antiquaire Beauménil (f 1788)^
y est appelé Duménil. Preuves de la rapidité avec laquelle s'ou-
blient certains détails dans la tradition orale.
Un feuillet intercalaire des Annales de la Haute-Vienne contenait
le curieux avis que voici :
Avis. — Messieurs les Maires sont prévenus que M. le Préfel ayant
rintention de leur passer dans le budjet prochain le montant de Texein-
plaire qu'ils recevront de VEssai historique^ ils n'oublieront pas d'en
faire un article particulier dans leur budjet. Ils remettront aux piétons le
montant dont est question, afin qu'il parvienne directement au bureau des
travaux publics de la Préfecture de la Haute-Vienne.
Ce n*est pas la seule preuve d'intérêt que le baron Texier-Olivier,
alors préfet du département, ait donnée à Duroux. Il invita les
maires de la sénatorerie, c'est-à-dire des trois départements limou-
sins, à transmettre à l'auteur, « sous le couvert de M. le Préfet de
la Haute-Vienne », les renseignements historiques qu'ils jugeraient
bon de communiquer. Ces renseignements devaient former un
supplément à l'ouvrage de Duroux. Il y a lien de croire que les
communications ne furent pas abondantes, car le supplément
annoncé ne fut jamais imprimé. Quant aux avances faites aux com-
munes, nous serions curieux de savoir ce qu'elles produisirent.
Nous nous représentons difficilement la municipalité d'Azat-le-Ris
ou de Saint-Nicolas votant l'achat de pareil ouvrage. Un bon
manuel des maires eût bien mieux fait leur affaire.
Duroux exprima fort légitimement sa reconnaissance au baron
Texier-Olivier en lui dédiant son Essai historique. La dédicace
exprime ce regret oiseux que Clovis n'ait point vécu dix siècles
pour le plus grand bonheur des Lémovices, victimes de « l'ambi-
tion effrénée de l'orgueilleuse Albion ». La dédicace se continue
par réloge du bon Henri, « le vainqueur et le père de ses sujets »,
et s'achève par un panégyrique ampoulé du digne successeur de
Charlemagne et de son épouse Marie-Louise.
Ce début trahit déjà dans Duroux un esprit médiocre. La suite
de l'ouvrage ne dément pas ce jugement préliminaire. Il s'intitule
modestement, il est vrai. Essai historique, mais l'essai est manqué :
ce n'est qu'une chronologie d'événements tirés non point des
sources, mais des chroniques manuscrites du xvn* siècle, de Bona-
venture de Saint-Amable et du Laboureur.
L'auteur clôt son œuvre au moment où le Limousin est réuni à
la couronne. Il remplit les cinquante dernières pages du volume
par des listes de dignitaires limousins et des dissertations archéo-
BIOGRAPHIES LIMOUSINES ET MARCHOISES. 303
logiques qui n'ajoutent rien à ce que Ton savait déjà. Il a cepen-
dant ce mérite de faire plus de place à rarchéologie que Saint-
Àmable, son prédécesseur, et, le second en Limousin, de joindre au
texte la représentation de quelques monuments. Rien par contre
sur les institutions du pays, rien sur les grands fiefs, presque rien
sur le clergé ni sur sur le tiers état, rien non plus sur Tart ni sur la
littérature du Limousin. On pouvait attendre mieux de l'homme qui
avait si consciencieusement étudié les archives de Thôpital, qui
avait aidé dom Col dans ses recherches, qui affirme avoir puisé à la
bibliothèque impériale et dans les différents dépôts d'archives du
Limousin, qui cite Baluze, le Gallia christiana et tant d'autres
ouvrages non moins recommandables. Comme l'a fort bien dit Bos-
vieux, « Duroux s'est contenté, pour la partie qui concerne la Mar-
che, de reproduire presque textuellement le travail deMallebay de la
Mothe, en le tronquant de loin en loin par quelques suppressions
insignifiantes » (1). On en pourrait dire autant de la partie qui
concerne le Limousin en tant que tirée de Bonaventure de Saint-
Âmable.
Quant au style, il est à la hauteur de l'œuvre : terne et souvent
incorrect. Duroux ne se doute point cependant de son insuffisance,
car il termine son livre par ce satisfecit : « Puisse notre essai être
aussi agréable à nos concitoyens en sortant de nos mains, qu'il
Ta été sous la plume de son auteur ». VEssai de Duroux est incon-
testablement très inférieur à VHistoire de la Marche, que Joullietton
publia quelques années plus tard.
BARNY DE ROMANET (2).
J.-A.-A. Bamy de Romanet naquit à Limoges en 1782, d'une
famille bien connue dans notre ville. On ignore où se firent ses
premières études, mais on croit qu'il les acheva, comme ses deux
frères puinés, au collège de Vendôme, réorganisé vers 1796 et fort
à la mode sous le Directoire. Il ne put échapper à la loi du recru-
tement et fit sans doute quelques-unes des campagnes de Napoléon.
En tous cas, il fut incorporé, sous Louis XVIII, dans les Gardes de
la Porte, et en 1821, âgé seulement de trente-neuf ans, il s'inti-
tulait, « ex-commandant du dépôt de l'armée royale de France en
(<) Rapport au Conseil général de la Creuse^ 1863, p. 5.
{t) Nous devons à robligeance de M. le chanoine Tandeau de Marsac
les renseignements biographiques qui suivent.
304 SOCIÉTÉ Aftc^éOLOGiQtJE ^T fri^o^i(t<rr. tits Likovsiv,
Belgique » (1). — Èh sôrittdè, nou5 ite siioni pi'èMquë rîdi dé là
pttmibre partie de ^st cafrrlè^ë.
En quittartt lé service n/riUtâife, Bàriït ^e Èèmariét revint â
Limoges, éù il fconsacfa iëé lolsirà à fêttidé et iifûi spéciëleiflent
k celle de rKistoirè. GTesi alôi^s qu'il cofri^dfsa l'otlVW^e que ùcfùs
élàttinërans (oiit à i'hètii'e.
Bâriiy dé Rdmânet s'ê<âM Hé dtec le chanoine Labiche de Rei-
gnefort, qui est connu eh Limousin par quelques publications d'édi-
flcëtioii auWftt que d'hiàtoire. Vers 1828, sous Tinfluerice Ati celle
amitié^ ÏJarny de Rotnanet se décida à entrer ati gt^and téminaire
de LiiiiOges pioui* j faire qtielques études dé théologie. Il atslît alors
eriliroîl quarante-trois aîhi. Ordonné prêtre au bout de quelques
âbriéesi lî fui nônimé silccessivement à là cure de Saint-Bonnet
près Bellac, puié à celle de Vaury, qu'il occupa de 1830 à 18SS.
beveriu tieiix, il Sollicita Tin poste de repos et fut liommé à la ciï^e
de Saint-Martiii-dé-lussac (arr. de Rochechouart), où il resta
Jusqtl'en 1858. Il mourut six ans plus tard, en 1864, aumôùier dé
rhôpital de Saint-Junien, âgé de auatre-vingt-deux ans.
Son Histoire de Lithogeè et du Haut et Bns-Liniomin est titii lirre
de* plus singulier^, mais des moins réussis. L*idée mère en est
excellente. Bàrny rompt résolument arec rhistoire-batèille pour
s'occupëi- àvaiit tout des institutions, de la pt-oductioii économi-
que, des hKfetirs et des coutumes, c'est-à-dire de ce qui est le fond
méttië de la civilisation. Le livre I (138 pages), après trois dotirts
chapitres sur les Lémovices et la fondation de Llthogesi trëite des
productions naturelles du Limousin, de la population, des maladies
endémiques, du langage, de la religion, des juridictions de tout
genre, de l'administrâliôti publiqtie, de l'agHéullure, du commerce
et de l'industrie. Le livre II (167 pages), s'occupe de la nourriture,
du vêtement, de l'habitation, des divertissements, du mariage, de
rèducation, des professions, des superstitions, etc. Au livre ÎII
seulement (189 pages), il est question des événements mémorables
qui se sont passés dans la province et des monuments qui s'y
rencontrent. Un court chapitre est consacré aux anciennes sei^
gneuries du Limousin, aux hommes illustres et à un « coup d'œil
sur les arts. » Ce coup d'œil semble d'ailleurs destiné uniquement
à compléter ce qui a pu manquer au chapitre sur l'industrie.
Comme on le voit, le plan du livre peut fort bien se justifier.
L'auteur étudie d'abord le sol, pilis les institutions publiques,
ensuite les institutions privées, en dernier lieu les événements et
(I) te litre n*est pas fort clair pour nous. 11 semble se référer à î^ohga-
nisalion de l'émigration royaliste penianUiesCént-Jours.
les édifices. S'il vivait encore, Barny de Romanet s'occuperait avec
prédilection de sociologie.
Le malheur est que, pour remplir an si beau cadre, il eût fallu
une érudition de première main que Barny ne possédait pas et
dMfyàvi'ai dife, il lie tentait pas le besoin. La connaissance des
tetteâ lui faisant défaut, il se contenta de piller Salnl-Amable,
Bàliizei la Statistique de la Haute-Vienne de i808, Duroux, Juge
Saint-Martin, etc.
La somme des renseignements réunis sur le Limousin étant assez
itiinime, Barny prit chaque sujet ab ovo, remontant aux Gaulois,
aoi Romains, aux Francs avec César, Tite-Livc, Grégoire de
Totirs^ — ou bien les traita pour d'autres provinces, sans plus se
soucier du Limousin. L'un de ses chapitres est intitulé : Ordres de
cketalerie institués en France, un autre : Anciens revenus de la
Couronné, un autre encore : Histoire de la cuisine française. De la
curiosité, Barny de Romanet en a certes beaucoup ; de la méthode,
point; Son livre est le résumé de lectures aussi variées qu'étendues,
mais aussi peu appropriées que possible au sujet qu'il se proposait
de traiter. La trai0 mine à exploiter pour lui, c'était ces livres de
raison, ces registres de famille que l'on commence aujourd'hui
d'éditer. A leur défaut, il eût mieux valu garder sur certains
sujets un silence prudent.
Il y a dans cet ouvrage quelques bévues amusantes. Duroux
s'était appuyé sûr les Acta SS, August. pour prouver qu'à une cer-
taine époque Limoges était désigné sous le nom de Lemovica.
Baray ne èottiprit point la signification de cette référence et écrivit
en cdhfiance que « saint Augustin (Acta SS.J désigne Limoges sous
le nom de Lemovica » (p. 44)!
Avons-nous le droit d'être sévère pour Barny de Romanet?
A lire sa préface, nous voyons qu'il se proposait uniquement
d'inëlt*aire et d'amuser les « gens du monde ». Or, ceux-ci
ne sont guère difficiles en général, et Barny, qui les renvoyait à
de graves autorités, put leur paraître digne de toute confiance. Mais
Barny a élevé une autre prétention : celle d'avoir « tiré la plu-
pari de ses matériaux des chroniques manuscrites les plus estimées
et des registres [également manuscrits] de l'hôtel de ville de Limo-
ges. » Qu'il les ait feuilletés, nous n'y contredisons pas. Qu'il en
ait pris quelque^ détails, c'est fort possible. Mais qu'il en ait faitune
éludé assez approfondie pour s'en approprier la substance et,
^dmme il te dit, pour <c désarmer la critique sur le fond du tra-
vail ») c'est lit «ine exagération que nous nous dispenseroas de
qualifier.
306 SOCltri ARCflÉOLOGIQUS KT BJSTOhIQUI DU LIMOUSIN.
CHARLES-NICOLAS ALLOU.
Les Mémoires de la Société des antiquaires de France ont publié,
en 1844 ou 1845 (1), une bonne notice biographique sur cet
ingénieur archéologue, notice qui est due à la plume de M. Beau-
lieu. Nous la mettrons à contribution, en la rectifiant et en la
complétant sur quelques points. Puis nous essaierons de déter-
miner l'origine et le mode de composition de la Description des mo-
numents de la Haute-Vienne, qui est, pour nous Limousins, le prin-
cipal titre de M. Allou à notre souvenir. Nous terminerons par
quelques remarques sur les mérites et les défauts de cet ouvrage.
Charles-Nicolas Allou n'appartient point au Limousin, puisqu'il
naquit à Paris le 18 novembre 1787. Il sortit de TÊcole polytech-
nique en bon rang et, après quelques hésitations, entra à TEcole
d'application des mines, qui était alors établie à Moutiers, en Savoie.
Il y passa deux ans, tout occupé d'études métallurgiques et de
recherches géologiques. A sa sortie, vers 1810, il fut nommé ingé-
nieur ordinaire des mines à Poitiers, plus tard à Limoges (1814-
1821), puis au Mans et enfin à Angers. A Limoges, Allou avait
connu M. de Martignac, alors procureur général. C'est sur sa
recommandation qu'il fut appelé à Paris en 1829, avec le titre
d'ingénieur en chef de deuxième classe et la charge d'inspecter les
travaux souterrains du département de la Seine. Vers 1838, déjà
ingénieur de première classe et membre de la Légion d'honneur,
Allou entra dans le Conseil supérieur des mines. Ce fut la dernière
étape de sa carrière. Il mourut le 7 octobre 1843, après plusieurs
années de cécité et d'atonie morale autant que physique, causée
par l'excès de travail.
C'est qu'en effet, à ses occupations professionnelles Allou en
avait joint beaucoup d'autres, non moins absorbantes pour lui, quoi-
que purement désintéressées. II aimait la science et voulait contri-
buer à ses progrès et à sa diffusion. Son premier ouvrage fut cette
Description des monuments de la Haute-Vienne que nous examine-
rons plus loin : elle parut en 1821 et fut récompensée d'une médaille
d'or par l'Académie des inscriptions. En 1828, il publia un Essai
sur runiversalité de la langue française, dédié à Andrieux, qui
obtint de l'Académie française une mention honorable. En 1835,
1836 et 1837, il donna, dans les Mémoires des antiquaires de
France, des fragments d'un Traité qui l'a occupé jusqu'à la fin de
(I) Nouv. série, l, VIII, p. 31.
BIOGKAPBISS LIMOUSINES BT MAIICHOISBS. 307
sa vie, sur les armes et les armures du moyen âge (1). C'était son
OBUvre de prédilection et il n*a épargné ni temps, ni voyages, ni
argent pour la mener à terme, sans avoir pourtant cette satis-
faction.
Allou était membre résidant ou correspondant de plusieurs socié-
tés savantes : la Société d'agriculture de Limoges, la Société des
antiquaires de France, dont il devint successivement secrétaire,
archiviste et président; la Société de Thistoire de France, la Société
de géographie, la Société philotechnique, TÂcadémie de Bordeaux,
celle du Brésil, la Société des antiquaires d'Ecosse et celle de
Londres. Il a collaboré aui Annales des mines, à la Revtie encyclo-
pédique, au Bulletin universel de Férussac, qui parut de 1823 à
1830, à Y Encyclopédie des gens du monde, à V Annuaire de la Société
de l'histoire de France (1837), où il a inséré le catalogue des ma-
nuscrits du grand séminaire de Limoges (2), aux Mémoires de la
Société des antiquaires de France, où il publia entre autres articles
fnouv. série, I, 272) une « Note au sujet d'une peinture sur verre
de Limoges » (le vitrail de Jeanne d'Albret); à l'Annuaire du dépar-
tement de la Haute-Vienne, où il inséra trois rapports sur l'ex-
ploitation des mines d'étain de Vaulry (années 1815, 1818, 1820).
— Limoges et le Limousin lui attribue une « Bibliographie limou-
sine, 1837 », que nous n'avons pu retrouver ni dans les Nouvelles
éphémérides de Limoges ni dans la Revue du Centre, qui sont de
cette année là. Il s'agit peut-être du catalogue des manuscrits du
grand séminaire (3).
Nous allons exposer maintenant, en nous aidant d'un dossier des
Archives départementales de la Haute- Vienne (série T), par suite
de quelles circonstances la Description des monuments a pris nais-
sance et par quelles voies elle fut menée à terme.
(I) Ces fragmenls furent inlitulés : Etudes sur les casques du moyen
âge,
(9) Ce calaloguc a élé reproduit dans le Bulletin de la Société archéo-
logique du Limousin (1803, t. Xlll, 210), sans qu'on ail renvoyé à la pre-
mière publication.
(3) En 1850, le ministre de Pintérieur ayant demandé une note sur la
pierre de Châlus, dite de Richard-Cœur de-Lion, qui était menacée de
déplacement, ce fut M. Allou qui rédigea la réponse. — L'Académie des
inscriptions ayant remarqué dans la Description des monuments,,, la
mention d'une ancienne exploitation de mines d'étain découverte en 4813
à Vanry (Haute-Vienne) par M. Alluaud, ce fut naturellement M. Allou
qui, en sa qualité d'ingénieur des mines, fut chargé de rédiger sur
cette découverte un mémoire étendu, qui fut communiqué à l'Académie
en I8il.
908 SOCIÉTÉ ARdttÉOLÔ&IOUB KT HlflTORfOUK ft« LIMOUSIN.
Au mois de juin 4810, uiie circulaire du Ministre de Hntértcur
dem«indait à tous les préfets de France des renseignements sur les
châteaux, abbayes et autres édifices remarquables de leurs dépar-
tements respectifs, ainsi que sur les faits historiques pouvant s'y
rattacher. Il s'agissait de préparer le grand ouvrage que méditait
Alexandre de Laborde sur les monuments de la France (1). Bien
que la circulaire du ministre ait été transmise aux sous-préfets du
département, la préfecture de la Haute-Vienne ne donna point
suite à cette demande. Le 16 avril 1817, Laine, alors ministre de
rintérieur, fit adresser aux retardataires (il y en avait bien d'autres)
une lettre de rappel. Avant de la transmettre à ses subordonnés,
le Préfet de la Haute- Vienne, M. de Barrens, écrivit en marge ces
mots : « Faire des recherches. Prendre des renseignements, en
demandera plusieurs personnes et particulièrement à M. de Redon,
de Coussac-Bonneval. Dans la réponse à son Excellence on pourra
indiquer M. de Redon comme le savant du département avec
lequel on peut correspondre sur ces divers objets » (2).
Parmi les sous-préfels de la Haute-Vienne alors en fonctions, îl
s'en rencontra un qui prit à cœur, dès le premier moment, de
satisfaire aussi abondamment que possible à la demande du minis-
tre. C'était M. Gondinet (3), de Saint-Yrieîx, où ses ancêtres avaient
fait souche depuis au moins trois siècles. Dès le 2 mai, il envoyait
sa réponse à la Préfecture, en se bornant d'ailleurs à signaler les
monuments historiques de son arrondissement. Son collègue de
Rochechouart en fit autant. Mais le dossier ne se compléta pas et
pour cette raison ne fut point expédié à Paris. Le Ministre s'en
étant plaint en avril 1819, l'enquête fut reprise. Seuls encore les
sous-préfets de Saint-Yrieix et de Rochechouart répondirent par
des mémoires plus développés que la première fois, sous la date
des 27 juin et 3 août. Les arrondissements de Bellac et Limoges
manquant toujours, soit qu'on ne trouvât point de collaborateurs,
soit que les engagements pris n'aient pas été tenus, on n'expédia
rien au ministère. Celui-ci, à la date du 27 novembre 1819, adressa
au Préfet une troisième lettre de rappel, où il est question pour la
(<) Lea monuments de la France parurent de 1816 k 1826, io-folio.
Nous n'avons pu vérifier dans queUe mesure le Limousin y est représenté.
(2) Nous ne savons rien de ce M. d^ Redon, qui n*étail sans doute qa'ua
amateur.
{B) Est-ce le même que Adolphe Gondinet, auteur d*un Coup d'œil eur
les progrès de la cioUisatlon en tBZ7% qui parul à Paris en 18i8.
k14GllilP«m LQiOlISIltES 8T MA«GB0l8fiS. 309
pTMrière fois de TAcadémie des faiscniptiofis « chargée 4e faire un
traraii tor les antiquités nationales n (1)«
Le Préfet (c'était maintenant M. de Casiéja), écrivît en marge :
« Appeler M. Attoii, lundy à onze heures chez moi ». Le vCAe de
notre archéologue comaience donc pour nous à cette daie; mais il
fèsuUe d'autres lettres qu'il étaii ohargé depuis q«el4[ue temps
déjà, sous te contrôle d'une commission spéciale, de rassembler et
de GMrdonMfr les résultats de reaqaôte commencée ea 4817.
Au bout de trois mois, M. AUou présentait s^u travail q«i ne
«omptttftt pas moni6 de 210 pages grand in<folio, d une écrHore
serrée. II fut soumis à Texamen d'une commission de la Société
d'ÂgiicnHmre (i) et, après avis favorable formulé ^r Maurice
Ardant (3), adressé par voie hiérarchique à l'Académie ^es ins-
criptions et belles lettres.
Les développements donnés à ce travail sont tels qu'on peut
déjà attribuer à l'auteur l'intention de transformer en u-ne œuvre
personnelle les indications sommaires qui lui avaient été deman-
dées pour M. de Laborde.
Quoiqu'il en soit, l'Académie fit examiner à son tour le mémoire
d'AlIou par une commission composée de Petit-Radel, Walckenner
-et deLaborde et, dans sa séance du 6 octobre 1890, se plut à recon-
naître le zèle de l'auteur, tout en regrettant que sa critiqae ne fut
pas toujours assez sévère en ce qui touchait l'attribution d'âge des
plus anciens monuments. Elle chargea même le Ministre de trans-
mettre à l'auteur, à titre d'encouragement, le témoignage de sa
satisfaction. Le Préfet avait fait mieux encore en allouant à AIIou,
au commencement de 1820, une somme de 1,200 fr. qui devait le
défrayer des voyages entrepris pour lever le dessin des princi-
paux monuitients et dresser une sorte de carie archéologique de la
%aute-Vienne(4).
An dire du comte de^astéja, la flatteuse approbation de l'Aca-
démie des inscriptions remplit de joie « le jeune et laborieux culti-
vateur des sciences et des lettres » qui avait nom Allou. Il voulut
même s'en rendre plus digne en enrichissant son manuscrit de
(1) Derrière rAeadémic, c'est toujours le comte de Laborde qu'il faut
voir, si nous ne nous trompons.
»(i) Composée de MM. de Roulhac, de Vaucorbcil, Bachelierie, Oachez,
6ardel« AHuaud.
(3) Ce mémoire figure au dossier de la série T. Il a d^ailleurs été imprimé
en *téte^dic>lB Beacription des monuments et, en partie, dans V Annuaire
de la Haute-Vienne de 18âi.
(4; Voy. la ieUre préfectorale du 16 mars 1820 au dosaier cité.
3^0 SOCIRTi ARCBÂOLOGIQUI BT HISTORIQUB OU UMOQSIII,
tous les renseignements qu'il avait recueillis depuis la première
rédaction et en se livrant à de plus amples recherches. Celte rëso-
lulion est sans nul doute la raison de la nouvelle enquête qui fut
aussitôt instituée par voie administrative dans toute retendue du
département. On adressa aux sous-préfets (31 janv. 1821) un
exemplaire de Vlnstrtiction pour la recherche des antiquités , que
venait de dresser le sous-préfet de Thionville, et on les chargea,
quelques mois plus lard (3 mai), de faire remplir par les maires
de chaque commune un questionnaire détaillé.
Nous n'avons retrouvé de cette enquête que des résultats partiels,
relatifs aux communes de Tarrondissement de Bellac. Pour les
arrondissements de Limoges et de Rochechouart, il ne subsiste que
quelques lettres insignifiantes, mais il est certain que, dans le
premier de ces deux arrondissements, M. Allou s'était chargé lui-
même de la besogne. Quant à l'arrondissement de Saint-Yrieix, ce
fut encore M. Gondinet qui se chargea de fournir les renseigne-
ments demandés, dans un long et très soigné mémoire qui figure
au dossier.
Nous ne saurions dire dans quelle mesure Allou profita des
résultats de cette seconde enquête. Il ressort de quelques lettres
du préfet que Fauteur était fort pressé de mettre son travail au
jour. Le prospectus qui l'annonce au public est, en effet, du
1" mars 1821 (1), et nous savons avec certitude que la Description
parut avant la fin de l'année (2). Or, le mémoire de M. Gondinet
porte la date du 14 avril 1821 (3), et les réponses des maires sont
pour la plupart de la fin de la même année on du commencement
de l'année suivante. Allou ne les attendit certainement pas. Il n'y
perdit guère d'ailleurs, car la plupart d'entre elles sont négatives.
Le Prospectus contient, sous une forme un peu différente, les
déclarations et les explications que l'on trouve dans Y Avertissement
du volume. Mais il contient de plus un paragraphe final qu'il est
important de recueillir :
La publication simultanée de cet ouvrage [la Description., .] et des dessins
qui sV rapportent (et qui composeront environ vingt-cinq feaiUe& in-folio)
lui eut prêté, sans doute» beaucoap d'intérêt; mais, en raison des frais
(t) Il y a lieu de croire qu*à cette date l'impression était à peine com-
mencée, bien qu'on annonce la publication pour le mois de juillet. On
promet, en effet, environ 300 pages. Or, le volume en compte xii-37a.
Les éditeurs se trompent rarement de cette manière.
(2) lien est question dans le Bulletin de la Société d'agriculture de
1812.
(3) Il a été publié dans le Bulletin Soc, arch. du Limousin, VI i, 157.
ÙOOIUPHIBS LIMOUSiifES BT MARCHÔISBS. 34 i
assez considérables qu*elle entraînerait, on n'a pas cru devoir s*y décider.
Si cette Description, rédigée d'ailleurs de manière à n*avoir pas besoin
du secours des fi|cures, est accueillie avec quelque bienveillance, Tau-
teur a le projet de publier, immédiatement et au moyen d'une seconde
souscription, des dessins lithographies et, par conséquent, d'un prix mé-
diocre. 11 les accompagnerait d'un texte, qui permettrait également de les
isoler du premier ouvrage.
Pour ne poinl augmenter le prix de Touvrage (1), Allou n'a
donc point publié Talbum de dessins qu'il avait projeté de joindre
à la Description des monuments. C'est grand dommage, car les cro-
quis sont bons (2) et nous eussent peut-être préservé de voir en
1837 quelques-unes des vilaines planches lithographiques de
Tripon. Il est vrai que Léonard Albert commence, juste à ce mo-
ment, son recueil de Vues pittoresques et monumentales du Limou-
sin (3). Mais cette publication, beaucoup moins étendue que celle
que projetait Allou, a été si mal conduite commercialement, qu'on
n'en connaît aujourd'hui aucun exemplaire complet.
Nous avons cru instructif de tirer du dossier Allou à peu près tout
ce qu'il contient (4). Outre que nous savons maintenant de quelle
(4) C'est encore le prétexte qu'Âllou donne ailleurs. Mais la hàle
d'en finir pour vaquer aux nouveaux devoirs qui lui incombaient par sa
nomination au Mans fut peut-être pour beaucoup dans cette regrettable
détermination.
(t) Acquises vers 4845 par la Société d'agriculture de Limoges pour la
somme de 600 francs, elles ont été cédées par elle à la Société archéolo-
gique en 4857 (Voy. à ce sujet le Bull, Soc, arch. du Limousin, Vil, 30,
et XXXYI, 246).
(3) Nous avons conjecturé, dans notre notice sur Léonard Albert {BuHe-
tîn^ XXXVI, S68), qu'Allou était pour quelque chose dans cette publi-
cation. La preuve fait malheureusement défaut.
(4) Le dossier contient en outre : lo des Notes sur le vieux château de
Châlusset, ms. non signé de 7 pages, in-4o; 9» un Rapport de M. Ardant,
secrétaire de la Société d'agriculture, sur une dissertation de M. Martin
qui traite des antiquités trouvées à La Jante, Vieilleville, Vilbert, com-
mune de Compreignac, lue à la séance du 5 février 4817; o<^ la Dissertation
elfe-méme en double exemplaire (elle a été imprimée dans V Annuaire de
la Haute-Vienne de 1813) ; 4<' une correspondance entre le préfet de la
Haute-Vienne et le baron de Ladoucette, président de la Société des Anti-
quaires de France, au sujet de prétendues fouilles qui auraient été faites
près de Saint-Junien. Le président ayant par la même occasion demandé
des renseignements sur les monuments, inscriptions, médailles, usages et
dialeclcs du départementi le préfet lui répond en lui adressant un exern-
maftièf e la Description des imnimeUs de la Haute-Vienne (ùi eo«i.*
posée, nous avons pris «ne vue neUe ëes déd)u(â des .èl«de€ bdcMo-
logiques à Limoges (1) et eonslaté une fois de {>lus qiie, ea ce
domaine comme en beaucoup d'autres, Timpulsion prefiiière e&l
venue de Paris. ïl nous resie à examiner la valeur de Touvrage en
question.
L'abondance ,des renseignemenls y est oojosidérable. AUou a
recueilli et utilisé aoj^i-seulement tout ce que }\)i mi fQ.iiroJ aes
cailaboratears wonymes (il ja'en j)omme pas un seul, noa point
même M. Gondinet), mais.ce ^ue contenaient les nPié.moire$ des deux:
Robert, encore inédits, les calleotions manuscrites de Nadaud eJL^^r
Legros, les portefeuilles du dessinateur feawinesnil., la Feuille heb-
domadaire et les calendriersTannuaires de la seconde moitié du
xvm* siècle. Celte abondance ne nuit pas à la clarté; elle témoigne
en toul cas d'une force d'assimilation assez rare e.q ces mati.ères
chez un mathématicien de profession.
Malheureusement les erreurs de faits ne manquent pas ; les attri-
butions sont très souvent fautives, et mainte légende a été repro-
duite qu'il eût fallu passer sous silence. AUou accorde d'ailleurs au
témoignage de Beauraesnil une valeur qu'il ne saurait avoir. Pour
tout dire, il a fort peu de critique et point de doctrine. Il comprend
les édifices des trois derniers siècles sous la rubrique Mimumewt^ du
moyen âge, et consacre, bien inutilement, 50 pages à 'l'histoire pro-
prement dite. Ces défauts sont patents. Mais quand on songe que
cette Description précède de dix années les premières publications
de M. de Gaumont, qu'elle est d'un homme nullement .préparé par
ses études antérieures à ce genre de travail et qu'elle .ouvre chez
nous la série des productions de cette sorte, on est obligé de conve-
nir que le résultat est aussi satisfaisant que possible. Si J'on ne
peut en faire honneur à M. Allou seul, puisqu'en somme cet
ouvrage est une œuvre de collaboration (la première quk>n ait vue
en Limousin), cette remarque importe assez peu pour le jugement à
porter sur lelivre môme. Son mérite fut aussitôt reconnu de tout le
plaire de la Description d'Alloa à la date du 27 janvier iai3,ipreuve indér-
niable que Touvrage avail effectivement paru en ASii ; 5^ un dOHsierreLa-
Uf au mémoire sur les antiquités de Limc»gds, présenté à TAcadémie des
Inscriptions par Maurice Ardant (f899).
(1) Que Orent les départements de la Creuse et de la Gorrèze pour
répondre à la demande de rinslilut? Nous ne sommes pas en oietHire de
le dire, mais la recherche mériterait d'être faite.
BIOGRAPBIRS LIMOUSINES ET XARCHOISBS. 313
monde, et c'est peut-éire à cela qu'il convient d'attribuer la rareté
des travaux d'ensemble, qui se constate chez nous sur ce domaine
depuis cette époque jusqu'à l'Exposition rétrospective de 1886«
Celle-ci a véritablement renouvelé en Limousin les études d'ar-
chéologie provinciale inaugurées par ÂUou.
AUred Leroux.
i4 décembre 1889.
T. xxxvii. 9t
DEUX
CORRESPONDANTS LIMOUSINS DE BALUZE
leUres inédites de Pradilhon de Saiote-lnne el de I. dv Verdier
(1692-1695)
Parmi les innombrables correspondants de notre célèbre com-
patriote, nous choisissons aujourd'hui (soin et objet doublement
chers à notre cœur) deux enfants du Limousin, intéressants à
des titres divers, quoique le nom du second n'ait guère franchi
les limites de sa province : nous voulons parler du religieux feuil-
lant Pradilhon de Sainte-Anne, qui eul, au xvii* siècle, un certaia
renom comme généalogiste, et contribua beaucoup aux recher-
ches et aux travaux de d'Hozier, — et de M. du Verdier, neveu de
Baluze, conseiller au présidial do Tulle.
Le second volume de la Biographie limoitsine, contenant la
lettre P, n'ayant pas paru, et, selon toute probabilité, n'étant
pas près de paraître ; d'autre part, la Nouvelle biographie générale
ayant i^efusé toute mention à Pradilhon, nous croyons devoir
reproduire ici le court mais précis article que lui a consacré lo
vénérable Moreri (édition de 1759), où Ton trouve tant de choses
qu'on chercherait vainement ailleurs :
« Pradillon (1) (dom Jean), religieux feuillant, étoit d'Esmou-
tiers en Limosin. Il entra jeune dans la congrégation des Feuil-
lants, où son mérite l'éleva aux premières charges. Il fut quatre
(i) Moréri écrit Pradillon, mais nous allons voir par la signature auto-
graphe de Pradilhon que son nom doit être écrit avec un A.
D80X GORRSSPONXIANTS LIMOUSINS DB BALUZB. 315
fois général de sa congrégation. 11 avoLt de grands talens pour le
gouTeroement monastique, et il étoit fort versé dans notre his-
toire et dans la connoissaace des généalogies. Nous ne connois-
8ons que deux ouvrages de lui, le premier intitulé : Praxis juris
FuliêTms;lesecimA, en françois, sous ce titre : La conduite de
dom Jean de La Barrière, abbé et instituteur des Feuillans, du-
rant les troubles de la Ligue^ sous Henri IIL — A Paris, 1689, in-12.
— Cet ouvrage contient une critique de ce qu'a écrit sur ce sujet
Jean Le Lat)oureur dans ses auditions aux mémoires de Gastel--
eau. Dom Pradillon est mort à Paris le 25 septembre 1701, âgé
de soixante et un ans. Ses confrères ont honoré son tombeau
d*une épitaphe, que M. Piganiol de la Force a rapportée dans sa
Description de Paris, tome II, pages 383, 384 » (MoRÉai, édit. de
1759} (l).
Le second correspondant est Charles-Antoine Melon du Yerdier,
conseiller au présidial de Tulle, qui fut pourvu, en 1701 ou
1702, nous apprend notre confrère, M. René Fage, dans l'inté-
ressante introduction des Lettres inédites de Baluze à M, du Yer-
dier, publiées dans le Bulletin de la Société des Lettres, Sciences
et Arts de la Corrèze (4' livraison de 1882 et année 1883), d'une
charge de receveur des tailles à Ne vers et mourut le 18 décembre
1725. Parent déjà de Baluze, M. du Yerdier épousa, en 1683,
après une vive opposition de Tévôque de Tulle, Mp" Humbert
Ançelin, une fille du frère de Baluze, M'^» Perrine Baluze.
M. Fage, dans son introduction aux cent treize lettres par lui
publiées, a mis en relief, avec de nombreux détails, les relations
de Baluze avec sa famille et spécialement avec M. du Yerdier.
Les lettres de Baluze, publiées par M. Fage, et dont les originaux
font partie d'une collection particulière, vont de Tannée 1682 au
6 novembre 1700.
Celles des deux correspondants du savant diplomatiste, toutes
autographes, que nous ofi'rons aujourd'hui à notre Société, ne
sont malheureusement pas nombœuses, mais il faut considérer
qu elles se rapportent à un espace de temps peu étendu, trois ans
(1692-1695). Deux de ces lettres, celles extraites du volume 208
(*) Bb corrigMnt nos épreuves, notons qae notre savant président,
M. i*abbé Arbellot, a lu à la Société archéologique du Limousin une notice
sur Pradîllion» dans U séance môme où notre travail était par lui présenté
^ noire Société.
dl6 SOClétÉ ABCâiOLOGlQUB ET HISTORIQUE Dt) UMOUSIN.
àes Arvioireê, nous ont été signalées par notre savant confrère,
M. Clément-Simon, que nous prions d'accepter tous nos remer-
ciements.
Les lettres de Pradilhon, au nombre de sept, nous donnent les
résultats des actives et patientes recherches d'un généalogiste et
d'un chercheur infatigable. Elles contiennent de nombreux et
précieux renseignements sur de grandes familles du Limousin et
leurs terres, lesquels ont le rare mérite d'émaner d'un homnae
digne de foi, « fort versé, rappelons le mot de Moréri, dans notre
histoire et dans la connoissauce des généalogies », et d'être
basées sur des documents authentiques qu'il serait assez difficile,
sinon impossible, pour la plupart, de retrouver aujourd'hui.
Nous voyons successivement passer sous nos yeux les grands
noms, connus et honorés dans les annales du Limousin, des
d'Albert ou Aubert, de La Jugie, Lagarde de Trenchelion, de
Chanac, etc., etc. Nos lettres, nous avons la prétention de le
croire, apporteront une forte contribution à rétablissement de la
généalogie des plus grands noms de notre pays, et serviront
à combler bien des lacunes et à rectifier bien des erreurs pou-
vant s'être glissées dans les ouvrages des généalogistes limousins
ou autres, notamment le Nobiliaire de Nadaud. Nous laissons le
soin de ces rapprochements et de ces rectifications à ceux de nos
confrères plus versés que nous dans les généalogies limousines.
Faisons seulement quelques petites remarques. Il est intéres-
sant de lire (lettre II; l'appréciation de Pradilhon sur Touvragedu
P. BoNAVENTURE DE Saint-Amable, Histoîre (U Saint Martial, « où il y
a beaucoup de simplicité et peu de jugement, mais d'assez bon-
nes matières pour l'histoire du pays, sans que l'auteur cite d'où
il les a puisées. »
Relevons (lettre V) des lettres du chancelier Duprat, signalées
par Pradilhon dans les papiers de la famille de l'Estang, don t
deux membres furent évoques de Garcassonne, l'un, Christophe
de l'Estang, du 24 septembre 1603 au U août 1621, et l'autre,
Vital de l'Estang, du U août 1621 au 28 septembre 1652 {An-
nuaire de la Société de [histoire de France pour tannée 1848,
p. 138, n«* 73 et 74).
Les lettres de du Verdier ne se rapportent qu'aux deux années
1694 et 1695. Elles traitent, commue celles de Pradilhon, surtout
de généalogies. A côté des questions ardues s'y rattachant, on
aime à y retrouver ces doux épanchements de famille, ces entre-
tiens si pleins de cordialité qui font le charme de la correspod-
dance publiée par M. Fage. Nous voyons souvent reparaître,
sous la plume du correspondant de Baluze, cette intéressante
DEUX gorhespondants limousins de baluze. 347
'Agure àe Mimi, Teafant de du Yerdier, doat Baluze fut le par-
rain et dont on a soin de lui donner des nouvelles avec une
scrupuleuse attention. On aime encore à retrouver dans nos
lettres ces souvenirs charmants à l'adresse de la famille du finan-
cier Yillault, avec laquelle Baluze avait mis du Yerdier en rela-
tions étroites. On ne peut s'empêcher de sourire à ce passage de
la lettre première du neveu de Baluze : « .... Je me sers de cette
occasion pour vous envoyer une coeffure que j'ai faite faire icy
pour présenter à Madame Villault ou quoy que ce soit à M"" ses
filles : ce qui m'embarrasse, c'est qu'il n'y en a qu'une, et, comme
elles sont deux, il en faudroit une autre ; mais outre que je n'ai
pas pu en faire faire une autre à faute de fil et d'ouvrière, c'est
que je suis bieu ayse de sçavoir plutost si elle est à leur
gré, etc.... »
Enfin, disons en terminant que les lettres de nos deux corres-
pondants de Baluze ont entre elles une certaine connexion basée
sur le lien commun et Tidentité des sujets traités. Pradilhon
cite à l'envi du Vordier, qui, de son côté, mentionne et rappelle
plusieurs fois le nom du savant feuillant.
Emile Du Boys,
318 SOCIÉTÉ ÀRCHÉOLOGIQCI ST BlSTORIQUI DO UHOUSIN.
LETTRES DE PRADILHON.
i. — pradilhon a baldze (1).
Monsieur,
Pour satisfaire aux demandes de vostre lettre du 5 de ce mois,
j'auray l'honeur de vous dire qu'il u'y a dans Glandier aucun
vestige de l'eaterrement de père et mère du cardinal Âudoya
Albert, ni aucun mémoire de cela dans les titres et obituaires de
cette maison, j'ay vu des mémoires qui nomment Guy Albert et
Marguerite de Livron (2) père et mère de ce cardinal, mais je ne
suis garand que de ce que j'ay extrait moy mesme sur les titres
qui ont passé par mes mains : le voicy Monsieur et je vous le
donne avec plaisir, en ayant beaucoup d'obliger une personne de
vostre mérite, et qui travaille si utilement pour le public Je fais
des recherches pour servir à la généalogie des maisons nobles de
cette province et voicy ce que j'ay d*AIbert. Cette famille est
sortie d'un lieu nommé le Monty paroisse de Beissac dans la terre de
Pompadour (3). Il y a à Glandier des actes d'un Stephanus Alberti
de Pompadorio clericus uxoratus en 1265 et 1273. Il est a présu-
mer que c'est l'ayeul du pape; en 1305, Ademarus Alberti de
Pompador; celuy la peut estre le père du pape, mais l'un et l'autre
n'est que conjecture, sans preuve.
En 1331, Guido Alberti agit comme procureur dni Stephani
Alberti fratris sui legum doctoris. Voila donc Guy frère du pape, et
père d'Audoin et autres frères. J'ay vu des actes d'un Guy Albert
{{) Armoires^ vol. 211, fol. 66. L*adresse manque.
(9) Au sujet de la famille de Livron, qui existe encore en Limousin,
une note de la page 336 du tome II de VHistoire du B eu-Limousin^ par
Harvaud, est ainsi conçue : c La maison de Lioron^ originaire de la Cham-
pagne, se fixa en Limousin dans les premières années du xiv« siècle.
Elic de Livron prenait le titre de seigneur d'Âyen et d'Objat en 4341. Son
fils épousa, en 4362, Marie, fille du seigneur de Saint-Exupéri. Antoine de
Livron hérita de sa mère, Marie de Pompadour, de la seigneurie de la
Rivière, et épousa Marguerite de Noailles vers Tan 1413. • (Rosier,
généalogie de cette maison.)
Voir ce que dit Pradilhon, lettre III, sur Torigine de cette famille.
(3) Yoy. ce que nous disons plus loin (lettre IV), de la terre de Pom-
padour,
DEUX CORRESPONDANTS LIMOUSINS DE BXLUZC. 319
en 1328 qui prend la qualité de domicelhu et je crois bien que
c^eel le fi^re du pape, par lequel on doit commencer la généalo-
gie. Je tix>uv« que ce Guy est père d'Âudouyn Arnaud et G.
Dans un contract par lequel Audoin, evesque de Maguelone (1) et
Arnaud son frère, doyen de Saint- Yrieix, enfans de Guy Albert,
chevalier, acquièrent des seigneurs de Pompadour, en 1352, la
seigneurie et justice du lieu de Mont pour les enfans de leur
defunc frère G.> il est à remarquer que ce G. est nommé Galterus
dans cet acte, et mesme dans les autheurs qui parlent de luy,
cependant je suis persuadé que c'est une faute et qu'il s'appeloit
Guy comme son père ; je n'ay point vu l'original de ceste vente,
mais seulement une copie qui met Galterus tout du long. J'ai
vu un contrat original dans lequel Eugo Alberti tlectus et confir-
matuê Albiemis traite par procureur pour un certain bien avec
Contoria Coiheli l'elicta Guiianis Alberti junioris militis, que je
crois estre ce mesme G. peradu cardinal Audoyn et dont les
enfans sont Petrus, HitgOj Guillelmus^ Stephanus, Guido et Galiena^
nommés dans le contrat d'acquisition des seigneurs de Pompa-
dour, de 1352. (Vous conessés de ceux la Hugues, evesque d'Alby
et Estienne cardinal, je trouve que Guillaume continua la famille),
Guy acheta la baronie de Peyrat en Limosin, de la maison de
Hochechouart-Mortemar en 1364, et fust seigneur de Bulbon du
coslé d'Avignon ; on dit que ses enfans moururent sans suite.
Guillaume Albert fust seigneur de Monteil le Dégelât, la Roche-
labeilie (2), Bré, Murât et autres terres, on luy donne pour
espouse Isabel de Rochechouarty dont je n'ay pas vu la preuve.
Il fust père d'Estienne Albert, seigneur des terres susdites et de
(1) L'Annuaire de la Société de VHistolre de France pour l'année 1848
mentionne parmi les évéques de Maguelone (ensuite Montpellier), p. 134
^1, Arnaud II de Verdale, 20 avril 4339; «3 déc. 135Î ; ZS, Audoin
Auhert, 25 déc. 1352 ; 15 février 1353.
(2) La Aoche-rÂbeille, à 30 kilomètres de Limoges, arrondissement de
Sainl-Yrieix. Ce village est célèbre, on le sait, par la bataille qui y fut
livrée le Î4 juin 1509, entre l'armée royale commandée par le due d'An-
jou, et celle des protestants commandée par Coliguy, et dans les rangs
de laquelle faisait ce jour -là ses premières armes, Henri de Bourbon,
depuis Henri IV.
11 faut voir au sujet du combat de La Rocbe- l'Abeille, un mémoire très
complet de M» d'Hennin, alors capitaine au 5® régiment de hussards,
inséré dans le tome V du Bulletin de notre Sociélé, mémoire intitulé :
Aperçu sur les opérations de la campagne de 1569, dans la Saintonge, le
Pérlgord et le Limousin par les armées catholiques et protestantes, et
plus particulièrement sur le xfombai de La Roche-VAbstUe {Hle'\\enne}.
310 SOCléri ABCHÉOLOOIQUB ET BISTORIQUI OU LIMOUSIN.
Rochedagoux, qui eust pour femme Marie de Gbaslut, dont viDt
Gilbert Albert, gui espousa Catherine de Gbazeron ; ils eurent
pour fils Jacques Albert, gui testa en 1445 et mourut sans enfans,
partageant ses biens entre Galherine de Gbazeron, sa mère, et sa
femme Antoinette de la Tour, fille d'Agne de la Tour, baron
d'Oliergue et d'Alix de Yendat. Celte Antoinette se remaria avec
Jacques de Bourbon, seigneur d^Aubigay et de Carency. Voila,
Monsieur, ce que j'ay des Albert par actes, je puis aussy vous
fournir la fondation que fist dans son église Arnaud Albert,
arcbevesque d'Auch, frère du cardinal Audoin de dix chapele-
nies sous le nom de Saint-Martial, Tacte est fort long et beau,
avec ceste clause : volumus quod de patria nostra Lemovicenti taies
clerici institiAantur et cœteris pariinu aliis preferantur; on m'a dit
que ces chapelenies vallent à présent 500 " de revenu, et sont à
la collation de Tarchevesque. Si par hasard, Monsieur, vous avés
quelque conoissance d'un Thomas Albert qui aiourut gouverneur
du Pont-Saint-Esprit environ Tan 1454, et de qui il peut estre
fils, faites moy la grâce de m'en informer. Je vous offre très
volontiers tous mes mémoires des familles ou vous travailierte,
je n'ay rieu de celles de Monterue.
Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble et Iris
obéissant serviteur.
F. Jean-Baptiste Paadilhou,
Religieux feuillent.
A Limoges, le 16 jaDvier 4692.
II. — PRADILHON A BALUZE. SdUS date (t).
Monsieur,
J'estois à la campagne lorsque la lettre que vous m'avés fait
rhoneur de m'escrire du 29 janvier est arrivée icy, et je ne suis
revenu que depuis peu de jours.
Comme il est certain que le frère du pape Innocent (3) s*appel-
(1) Bien que cette lettre ne soit pas datée, nous la plaçons ici parce
que son contenu se rapporte immédiatement au sujet de la lettre I. Elle
répond, on le voit par les premières lignes, à une lettre de Baluze da
39 janvier, laquelle répondait elle-même à notre lettre 1 du 16 janvier
1699 au sujet des d'Albert, Notre lettre II doit donc selon toute vraisem-
blance, être placée entre février etladate du 43 mars que porte la lettre III.
(3) Armoires^ lettre S«, fol. 41.
(3) Innocent VI, pape le 18 décembre 135), mort en t362.
DKUX CORRESrONDAKTS LIMOUSINS DE BALUZB. 321
lait Guy Albert et qu'il estoit père d'Audoyn et d*Arnaud, si
vous avez preuve que Marguerite de Livroa estoit sa femme,
cette flliatiou sera bien prouvée. La veate faite, en 1352, par les
seigneurs de Pompadour à Audoyn et Arnaud Albert nomme
leur père Guy, leur frère Gautier et les enfans de leur frère
coname je vous lay mandé.
llyaun acte du 7 juin 1331 par lequel noble Pierre Brun,
chevalier, faisant pour noble Gancelin de Pierrebufifiière, vend
certains cens et rentes, Guidoni AlberU parochiano de Beissaco
ut procuratori discreti viri dni Stephani AlberU legum doctoris fra-
tris dicU Guidonis. Voilà les qualités qu'ils prennent en cet acte.
Vous avés sans doute plusieurs actes qui vous marquent les
différents estats d'Rstienne Albert; celuy que je viens de mar-
quer y servira ot en voici encore deux autres :
Helias Folcatidi domicelltu et Bergia de sancto Roberto ejus uxor.,.
veruUderunt dno Bosoni de Turre capellano sancti Pétri de Fursaco ut
procuratori dni Stephani cardinalis Claromontensis septem libras
renduaks,., die lune post festum sancti Johannis Baptistx 1342.
Anno 1361 die penultima Martii nobilis vir Hugo de Castris domi-
eeUus dicec, lem. vendidit venerabili et discrète viro dno Petro Las-
Uyria decretorum doctori ut procuratori ss'^^ patris Innocenta
papœ YI quindecim sextaria siliginis et triginta solides rend,,.
S'il est certain que le frère du cardinal Audoin s'appelloit
Gautier, je me seray trompé dans ma conjecture, en voulant que
ce soit le mesme qui est appelé Guido Junior, dans l'acte passé
par Hugues Albert eslu d'Alby, et, en effet, je ne vois pas qui
peut estre ce Guy Junior^ car de dire que ce soit le frère du pape
qui aurolLesté marié en deuxième noces avec cette Comtors Cothet
le temps n'y repugneroit pas, mai pourquoy l'appeler Junior?
Gela ne peut aussy convenir à Guy neveu d'Audoin et qui est
nommé entre les enfans de son frère, car nous savons que ce
Guy a vescu longtemps, et ât testament le 8 septembre 1370, et
laissa Hermeseude, dame de Bulbon, près Avignon, sa veufve.
Il faut donc s'il vous plaist scavoir certainement et d'original si
Gautier est le véritable nom du frère d'Audoyn cardinal, Voicy
l'extrait de Tacte :
Constitutis nobili Petro Bruschardi domicello condomino de Jumi-
Ihaco Petragorensis diœcesis ex una parte et R^^ pâtre dno Bugone
Alberti electo confirmato Albiensi tanquam privata persona; ipse
nobis Petrus Bruschardi dixit quod habebat supei* hospitio dicto
d'Atbiarts quod quondam fuit Heliœ Cotheti domicelli et modo est
nobilis dn^ Comtorix filiœ et hxredis dicti quondam Hélix Cotheti
et quœ fuit uxor dni Gutdonis Alberti Junioris militis nuper de-
3)9 SOCliTB AftCBiOtOGiQUB BT flJST01ll<)0K DU LIBOUSIN.
funcU videlicet ûentuM solidQs renduaUs quot Béndiiii décto
domino Hugoni aeiumaptid VUlamnomm supra poniem Rhadani
cUra capellam sU B^nedieti a parte Vilianova.».
Moa extrait n'a point de date, je ne scaU si c'est par oubly ou
qu'il n'y en eust pas dans l'acte, quoiqu'il en soit vous poavés
le suppléer a peu près à cause de la qualité que prend Hugues
Albert, d eslu et confirmé d'Alby, car il ne vous est pas difficile
de trouver la date de sa consécration.
Gomme j'ai beaucoup de mémoires de différentes familles de la
province, jay sans doute plusieurs choses qui appartieanefit à
nos cardinaux, si j'en avois les généalogies entières, je vous les
envoyerois volontiers, mais je n'ay encore que des parties
informes, et pour vous ayder utilement il faudroit estre à Paris,
car une conversation de demi-heure vaut mieux que cent
lettres^ mats je ne sais pas quand je pourray faire cd voyage.
Gepandant je continuée vous offrir ce qui dépend de moy, estant
toujours avec respect, Monsieur, votre très humble et très obois-
sant serviteur.
F. Jean-Baptiste Pradilhon.
111. — pradilhon a baluzb (1).
monsixur,
Il ne faut pas douter que Marguerite de Livron ne fust femme
de Guy Albert fràre du pape. Le temps auquel vivoit Goiutor
Gothet pourroit faire croire qu'elle seroit la deuxième femme du
mesme Guy^ si elle ne s'appeioit veufve de Guy le jeune. Ge qui
détermine assés â croire que c'est un autre Guy frero de Gautier
et d'Audoyn et dont nous ne conessons pas la suite.
Il est bien certain que la maison de Livron est issue du Limô^
sin quoique M. d'Hozier, dans la généalogie de cette famille, la
marque originaire du lieu de Livron en Daupbinôet trausplaatèe
en Limosin proche de leur terre de Vart. Le P. Garme déchaussé (S)
rapporte cette généalogie dans son troisiesme tome de YHigtoire
de saint Martial^ page 527. J'en ai aussi beaucoup d'actes.
Depuis la dernière letire que j*ay eu l'honeur de vous oscrire,
j ay trouvé des actes d'un noble Estienne Albert, seigneur de
(l) Armoires, vol. 498, f* 39.
(^) Bonaventore de Salnl-Amable, dont nous parlerons à la lettre soi*
vante.
vwox c<mitKtF(mt>AiiT8 LiMOOsnra dc baluzk. 31
Brenil ei de quelques villages dans la paroisse de La Meize, près
Lia RochelabeiUe, de Taa 1540 et enviroa. Gomme la branche
aisnée des Albert estoient seigneurs de La Hochelabeille par acqui-
sition qu'en fisiGuilIaume^filsde Gautier, l'an 1557, il est à pré*
snmer qu'Esiienue Albert vivant en 1540, dans ce voisinage, est
isflu de quelque cadet ; je tascheray d'en trouver quelque chose
de plus. 6u7 Albert, seigneur du Bulbon, ayant eu Elzear et
Jean, ses enfans, comtes do Lyon, on pourroit trouver là des aou-
velles de la famille, supposé qu'en ce temps on fit exactement les
preuves comme on les fait a presant.
. J*oubliois de vous marquer que ce nouveau Estienne Albert,
dont le testament est de l'an 1547, avoit espousé avant Tan 153!,
Marie de Brie, fille de Jean, seigneur de Brie et de Jehanne
d'Hautefort, laquelle Marie de Brie avoit espousé en premières
nopces Antoine de La Garde, seigneur de Trenchelion. Vous
Bcavés mieux que moy quHl estoit de ces seigneurs de La Garde,
près de Tulle et issu d'Aymeric de La Garde qui espousa Theri-
tiere de Trenchelion, Tan 1364, et qui estoit neveu d'Estienno
de La Garde, archevesque d'Arles et cardinal. Je crois avoir de
quoy fournir toute la descente de cet Aymeric Jusques à Tettinc-
tiou de la branche, qui arriva en 1574.
Je voudrois bien scavoir de quel pays estoit Guillaume de
Champeauz, èvesque de Laon qui, l'an 1423, baptiza le dauphin
depuis roy Louis 1 !• et de quelle province il estoit, pour dier-
oher quelque vestige d'une Petronilla ou Panilla Ghampcella,
femme de Thomas Albert, depuis Tan 1414 jusques en 1454.
Jesuis toujours avec respect, Monsieur, votre très humble et
très obéissant perviteur.
F. Jean-Baptiste Pradilhon.
A Limoges, le f 9 mars 1699. '
IV. — - Pradilhon a Baluze (1).
MOKSIBUR,
Je suis toujours disposé à satisfaire à vos demandes autant
que je le pourray. Yoicy donc les responses à votre dernière
leUre.
J'ay acheté le livre du P. Bonaveuture, carme déchaussé, il y
(J) Armoires, vol. 408, f» <5.
324 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
a trois volumes in-fol. (1), je vous donneray advis du jour que je
lesfairay partir et de l'adresse pour les retirer, et de la personne à
qui il faudra donner 12 livres qu'ils coûtent ; ils sont en blanc f 2),
afin que vous les fassiez relier a vostre façon (3), vous scaurés
bien juger de cet ouvrage, où il y a beaucoup de simplicité, et
peu de jugement, mais d'assès bonnes matières pour Thistoire
du pays sans que l'auteur cite d'où il les a puisées (4), le pre-
mier est tout pour l'apostolat de saint Martial contre M. de Lau-
noy et autres ; le deuxième est la Vie de saint Martial, où il a
mis plusieurs actes des fondations des églises et monastères. Le
troisième est en forme d'annales de la province où il y a bien
des curiosités. S'il vous prend envie de voir ce livre en attendant
le voslre, vous le trouvères dans notre bibliothèque de Saint-
Bernard de Paris. C'est moy qui l'y ay mis.
La terre de Vart (5) est dans le Bas-Limosin ; je ne scaurois
vous dire précisément à qui elle appartient, vous le scaurés
mieux par Tulle, qui doit en estre assés proche.
La terre de Trenchelion (6) est près de Pisrrebuffiere, el le
(1) Rappelons que le premier volume parut à Clermont, en i676, et les
deux autres à Limoges, en 1683 et 1685.
(S) En blanc ; nous dirions aujourd'hui brochés. Cette expression était
très employée au xvu« siècle; nous ne la voyons pas figurer dans ce sens
au Dictionnaire de Liltrô.
(3) On sait que Baluze, qui était un des bibliophiles les plus délicats de
son temps, comme Ta si bien fait remarquer M. Delisle (Biblioth. deVEcok
des chartes^ t. XLIII, p. 253), donnait tous ses soins aux reliures qu*il fai-
sait faire pour lui-même.
(4) Ce jugement d'un savant limousin sur Touvrage le plus important
d'un auteur non Limousin (Bonaventure de Salnt-Âmable était né à Bor-
deaux vers 1610), mais qui a acquis droit de cité en Limousin comme
nous allons le voir, est intéressant à rapprocher des autres jugements
sur VHlstoire de S oint- Martial^ réunis avec tant de discernement
et de juste modération par notre savant président dans la notice quUl a
consacrée à Bonaventure de Sainl-Amable dans le BuUetin de notre
Société, t. XXV (1877). Puisque nous en avons l'occasion, répétons avec
M. l'abbé Ârbellot que <^ le P. Bonaventure, quoique étranger par sa nais-
sance au Limousin, a conquis, par ses recherches et ses publications, le
droit d'être compté parmi les hommes illustres de notre province. En
rendant d'éminents services à notre histoire locale, il a bien mérité de sa
patrie d'adoption ».
(5) Dans la lettre précédente, Pradilhon nous dit cependant que la terre
de Vart était à la famille de Livron.
(6) Rappelons à propos des La Garde de Trenchelion qui s'y trouvent,
qu'il serait intéressant de consulter au sujet des maisons nobles ou des
Armoiries limousines, en général, un charmant petit manuscrit dépendant
DEUX GORK1SPON0ANTS LIMOUSINS OK BALUZE. 3S5
chasteau est situé dans le fauxbourg de cette ville ; j'ay remar-
qué que les anciens seigneurs de Trenchelion se uoinmoint indif-
féremment dns de Trancaleone^ ou dns Castri inferioris de Petra
Bufferia (i). Cet usage estoil assés commun dans le xiu^ et xiv«
siècle, j'en ay vu de mesme à Pompadour (2) et à Gimel (3), où
de la succession de M. Eugène Ardant, imprimeur-éditeur à Limoges. Ce
recueil, que nous avons mentionné déjà dans notre élude sur Siméon
Du Boys, un magistrat érudit du xvi* siècle ; Siméon Du Boys, lettres
inédiles publiées et anotées par Emile Du Boys, Paris, Picard, 1889,
avec notice biographique par Auguste Du Boys, ce recueil, disons-nous,
d'armoiries limousines a été écrit, dessiné et colorié par un Lamy, phar-
macien à Limoges en 1655.
(4) Nous tenons à rappeler que « la famille qui portait le nom du châ-
teau de Pierre-Buffière, était, suivant M. AUou, Monuments de la Haute-
Vienne, Paris, 1824 , p. ^94, une des principales de la province, et dispu-
toit aux seigneurs de Lastours le titre de premier baron du Limousin, »
« Celte terre, continue M. Allou, devint à une époque déjà ancienne, une
propriété de la maison de Sauvebœuf; elle passa ensuite dans celle de
Mirabeau, qui en jouissoit encore à V époque de la Révolution ».
Nous a>ons souligné ces derniers mois, en voici la raison :
Le Dictionnaire encyclopédique de l'Histoire de France, par Ph. Le
Bas, et, après lui, la Nouvelle Biographie générale^ qui rapporte le fait,
s'expriment ainsi au sujel d*un épisode de la jeunesse du grand Mirabeau,
d'après ses Mémoires, publiés par Lucas de Montigny {Nouo. Biogra-
phie générale^ t. XXXV, col. ^^i, note 3) : « Mon rude fils, écrivait [le
père du grand orateur] au bailli de Mirabeau, est enfin en résidence bien
appropriée à ses mérites; j'ai voulu lui donner la dernière façon par Tédu-
cation publique, et je Tai mis chez l'abbé Choquard. Cet homme est roide
et force les punitions dans le besoin » a Son père, ajoute la note,
Tavait fait inscrire sous le nom de Pierre Bufflère, afin qu'un nom
habillé de quelque lustre ne fût pas traîné sur les bancs d'une école de
correction. » (Mémoires de Mirabeau, t, 1, p. 276).
11 est intéressant, on le voit, de rapprocher ce nom de collège de la pos-
session de la terre de Pierre-Buffière par les Mirabeau, car on le voit
aussi, le marquis n'avait pas donné à son fils un nom d'emprunt absolu-
ment imaginaire.
(2) Le marquisat de Pompadour appartenait encore au xvir siècle au
marquis d'Haulefort aujourd'hui arrondissement de Périgueux (Dordo-
gne). Voy. le Mémoire de M. de Bcrnage, intendant, sur la Généralité de
Limoges, publié et annoté par notre confrère M. Leroux, dans le bulletin
de notre Société, t. XXXII, 1885, p. 241.
Du Mémoire de M. de Bernage, nous possédons, à la suite d'Auguste Du
Boys, une copie portant la date de 1700, que n*a pas connue M. Leroux, et
qu'il faut joindre par conséquent aux neuf copies mentionnées par lui dans
le préambule de la publication de ce mémoire, loc. cit., p. 150.
(3) Au XVII® siècle, la baronnie de Gimel, toujours d'après le Mémoire
396 SOGliîi ARCBftOLOdlQUB tT ftlKTORlQUB ^^ U|IOD8llf.
des gentilshommes se disent dn$ Castri inferioris de Pwwpêdmio,
de Gimello c'estoint des nobles, vass^us des grands sei-
gneurs possesseurs du cbasteau principal. Trçncbelion a toujours
'relevé du baron de Pierrebufdère ; M. Martin de La BasUde,
conseiller de Limoges, l'acheta de feu M"" de I4nars à qui il
apparlenoit de son chef, et Ta donné en partage a un de ses cadets
qui en porte le nom et sert à l'armée dan9 la compagnie des
chevaux légers.
Vous m*obligerés de m'envoyer ce que vous avés de Taneien
Trencbelion. Je vous envoyé le nouveau de la Camille de La Garde,
ils prennent indifféremment les deux noms dans leurs actes,
mais beaucoup plus celuy de La Garde; je ne connais que cette
branche directe, il peut y avoir des collatéraux qui me sont
incognus, soyés seur que j'ay preuve de tous ces degrés, extraite
sur actes originaux ou en bonne forme, je ne vous l'envoyé
points car cela est long. Cependant, si vous en avés bonne envie,
je prendray mon temps pour le copier. J'en fairay de mesme
pour les Epitaphes des cardinaux de Ghanac et d*Arfeuilbe, il me
semble que le P. carme les rapporte dans son deuxième tome.
J'avois confondu Estienue de La Garde, archtfvesque d'Arles,
avec Aymeric de La Garde, cardinal de Clément VI en 1342, si
je ne me trompe.
Je suis, Monsieur, voslre très humble et très obéissant servi-
teur.
F. Jean-Baptiste Pradilhok.
A Limoges, le 3 avril 169?.
Suit le tableau annoncé de Trencbelion :
Tableau généalogiqub db la fabcillb I^a Gardb db TaBNCHBLiOff.
Noble et paissant seigneur Bernard de La Garde, seigneur de Pelis-
sane Ozede, conseigneur de Mondragon, 1* cspousa N.; 3«, en Tan 1349,
cspousa Gonslance de Rialh, belle-mere de son fils cadet.
Estienne de La Garde ^ frère de Bernard^ archevesque et prince d* Arles,
«36Î.
N. et P. Aymeric de La Garde^ chevalier, espousa l'an 4864, Marie de
Trenchelion^ fille et héritière de Guillaume, seigneur de Trenchelion.
Jean de La Garde, cadet, espousa en t36l, Sicclette, fille de Philippe
Astraud, seigneur de VeUheron et de Conêtance de /2ûbA.
de M. de Bernage (édit. Leroux, Ufid.^ p. 237, n° 30], appartenait à Mil. de
Leotillac (Lentillac, arrondissement de Figeao (Lot), près Saint-Céré).
DKOX CORRRSPONDANTS LIMOUSINS DE BALUZB. 3S7
QuUtaume de La Gardey seigneur de TreDebelioD.
Sa mère luy fit donation de tous tes biens du Limosin, l'an 14ti, j^ar
acAe passé à Avignon, du consentement d'Aymerio son mary.
Ce Guillaume espousa Tan 4 4M Yolande Fouehier, fille de N, et P., sei-
gneur de Sainte-Fortunade ; il vivoil encore en 1440.
Pierre, dont il y a des actes en 14i0.
Pierre de La Garde^ seigneur de Trenchelion ea 1444, fit testament
Tan 1900. Je n*ay pas trouvé le nom de sa femme; il eût les enfans suivans :
Antoine de La Garde, seigneur de Trenchelion, espousa Marie de Brie»
fitte de Jehan, seigneur de Brie, et de Jehanne d'Autefort ; elle se dit
veufve de luy eu 1526.
K« et P. Feueaud de La Garde^ seigneur de Trenchelion, estolt Taisné.
Hort sans alliABce ; il lesta en 1505.
Jean de La Garde, chanoine de Saint-Yrieix, 1381.
Ant.Qifie 2^ de La Garde ^ seigneur de Trenchelion» Tourdonnet... ,.,
chevalier de Tordre du Roy, gentilhomme de sa Chambre^ lieutenant de la
compagnie du duc de Guise et gouverneur de ce duché, espousa, en I56J,
Françoise d'AiUy, fille d'Antoine d'Ailly, seigneur de Picqueny, vidame
d*Amiens» et de Marguerite de Melun. Antoine testa en 1&70 et sa femme
en 1)69(1).
Haut et puissant seigneur François de La Garde^ soigneur de Trenehe-
lion, mort, en 1675, avant son mariage, dont le eontract estoit passé avec
Jehanne de Pierrebuffîère.
Jacques de La Garde^ prevost de Sainte-Croix de Pierrebuffîère en
1536.
Charles de La Garde, mort sans alliance.
Jehanne de La Garde, héritière de Trenchelion, par la mort de ses
frères, avoit espousé auparavant François de Montroux, gentilhomme de
la maison du Roy.
Françoise de La Garde espousa François de BouUnars^ gentilhomme de
la maison du Roy.
V. — Pradilhon a Baluzb (2).
A Limoges, le i9 juin 1692.
MONfilEUQ»
J'ay esté lo»g temps sans me doiiner riioœuF de vous eaerire,
à cause d'one attaque de goules qui m'a tenu près de deux mois;
je vais revoir vos lettres et respoiidre aux articles qu'elles con-
tienueut.
(1) Voy. Antoine de La Garde de Tranchelyon^ gouverneur de Guise [f 15701, et Françoise
dtAiUy [f «M^; Uêkt ptm^ tombale en tégliae de Guiêê [leUre de c« goweroeur m duc de
GuiM], dans le t. VI II (1881), p. 48, de la Thierache, Bulletin de la Société arehéologiqUù de
Venins (Aisne), par M. Léandre Papillon.
(î) Armoires^ vol. 198, f^ 43.
3âB SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT BISTORIQUR DU LIHOUSIR.
Lorsque mes pieds seront plus aSermis, je verray les tombeaux
des cardinaux de Chanac et d'Argfeuille (!)•
Je vous envoyé l'extrait des preuves de la généalogie de
Lagarde-Trenchelion. J'ay bien plusieurs actes sur chasque de-
gré, mais je crois que ceux-là suffisent pour prouver la descente
et filiation.
J'ay donné un mémoire à un chanoine sindic de Saiat-
Estienne pour le testament du cardinal de La Porte (2), il m'a
promis de le chercher et je le presse tous les jours par les raisons
que vous me marqués; mais à vous dire le vray, je n'ay pas
bonne opinion du succès, ces messieurs se sont rendus si diffici-
les à communiquer leurs titres qu'ils en sont ridicules ; cepan-
dant cela desrobe bien des conessances à l'histoire, car on tient
que ce thresor est bon, je vous promets de ne point perdre de
temps à presser sur cet article.
(1) Rappelons que ces deux tombeaux se trouvaient, avant la Révolo-
tion, dans Téglise de Saint-Martial de Limoges.
Mentionnons sur la famille de Chanac un intéressant travail de
M. Emile Fage, dans le Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts
de la Corrèse^ livraison d'octobre à décembre 1882. M. Fage cite les
sources où il a puisé, notamment Baluze et les manuscrits de M. Louis-
Théodore Juge, déposés à la bibliothèque des archives de la Société.
 la suite du travail de M. Fage, dans le même numéro du Bulletin
mentionné, se trouve la savante notice de notre vice-président et ami,
M. Guibert; sur le Tombeau du cardinal de Chanac^ notice qui avait déjà
paru dans le Cabinet historique en 4882.
(2) Raynaud de La Porte (l'abbé Vitrac^ Mémoires mes., écrit Renaud),
né à Allassac (Corrèze) vers le milieu du xiu® siècle, successivement cha-
noine de Limoges, archidiacre de Combrailles, chanoine du Puy, évêqae
de Limoges, 15 novembre 1294, archevêque de Bourges, 4346, enfin
cardinal en 13S0, mourut à Avignon en 1325. Il faut voir au sujet du
cardinal de La Porte une ample notice, offrant de Tintérét, publiée par
M. Armand de La Porte, de la Société archéologique et historique du
Limousin, dans le Bulletin de notre Société, t. îl, 4861, p. 139-191.
M. Tabbé Arbellot, dans son Mémoire sur la cathédrale de Limoges, pu-
blié dans notre Bulletin^ t. 111, 1848, avait déjà très bien montré le zèle
déployé par Raynaud de La Porte pour Tavancement des travaux de notre
cathédrale. « En 4332, dit M. de La Porte, nous le voyons faire son testa-
ment (Duchesne, Nadaud), dans lequel il fonde une vicairie dans la
cathédrale de Limoges, à la chapelle de la Vierge, une autre à Allassac,
et son anniversaire dans toutes les collégiales, abbayes, prieurés et
couvents du diocèse où il était né, et qu'il avait gouverné si longtemps
avec amour. »
DEQX CORRESPONDANTS LIMOUSINS DB BALUZB. dî9
J'espere mieux réussir pour celuy du cardinal de Ghanac (1),
dès que je pourray voir mes amis de Saiot-Martial.
S'il est vray que Petrus de Priperno, prevost d'Esmouliers en
1293, ait esté fait cardinal en 1295, il aura succédé à un autre
cardinal dans ce bénéfice qui estoit Petrus de Capelia.
A l'esgard de Guillolmus de RoffUiaco^ prevost d'Esmou tiers,
i'ay dans mes extraits qu'il estoit prevost en 1369, et je ne crois
pas m*estre trompé; je remarque dans quelque catalogue que
j'ay dressé des chanoines de Saint-Eslienne qu'il en estoit cha-
noine en 1332-1 34i. Plusieurs de ses prédécesseurs estoint pre-
vosts d'Esmoutiers et chanoines de Limoges en mesme temps; je
trouve ce mesme Guillaume de Hof&iiaco, officiai de Limoges et
vicaire de Tevesque, dans des hommages rendus à l'evesché,
sans date.
Dans ce dernier voyage d'Esmoutiers, j'ay trouvé la carte des
anniversaires de cette église et comme on les devoit célébrer pour
Tan 1598, j'en ay pris copie parcequ*il m'a paru des anni-
versaires fort anciens et jusques à l'evesque de Limoges, Turpin
d'Aubusson, ce qui peut prouver l'antiquité de cette église. Or,
entre ces anniversaires il y a un endroit : ann. dai. Pétri
de Cella cauonici et en un autre : ann. dni Pétri de Gella
cardinalis ; examinés s'il vous plaist si vous trouvères quelque
vestige que cet homme ait esté cardinal, et pour vous approcher
de son temps il y a un acte de 1305 où est nommé Robertus de
Cella domicellus nepos Pétri de Gella cauonici.
Puisque vous travaillés sur le cardinal de La Porte, vous
devés sans doute sçavoir tout ce qui le concerne ; je ne laisse
pourtant pas de vous offrir le catalogue des chanoines qui assis-
(1) Gaillaume de Chanac, d*abord moine à Saint-Martial de Limoges,
fui abbé de Saint-Florent de Saumur. Voy. sa biographie dans les Hom-
mes illustrée du Limousin, 11 fat fait cardinal en 1371 par lo pape
Grégoire XI, limousin d'origine.
Nous relevons, dans une lettre de Baluze à du Verdier, datée de
eux ans avant notre lettre, ce passage : a ... Je receus ces jours passés
le testament de Guillaume de Ghanac, cardinal, qui m'a esté envoyé de
Tabbaye de Saint-Florent de Saumur. »
Le testament du cardinal de Chanac est daté du 29 décembre 4384 (le
cardinal mourut le 30). M. Guibert, dans sa notice, en a donné la traduc-
tion, en partie du moins, a Ce testament, dit M. Guibert, qui a été du
reste publié par Baluze (Vitœ Pap. Aoen.^ Il, 9S2), existe aux archives de
)a Haute-Vienne, mais en deux fragments : la première partie se trouve
dans la liasse no.2957 de Tancien classement provisoire, la seconde
forme Tarticle 9237. »
T. xxxvn, S^
330 SOCIÉTÉ ARCUÉÛLOGIQUI «T BISTOHIOOB DU LIMOUSIN.
tereut à sou eslectiou. Il y a en a vingt-sept dont vingt 8Qut dos
plus nobles familles de la province, coname Neuvi)le, Barry,
Rochechouart, Gornil, La Chapelle, Lastours, Maumout, Noalhe,
Chasieauneuf, Béchade, Maiemort, Rançon, Pierrebuffière,
Ornhac, et à la fin il esl dit : « Raynaldus de Porta archidiaco*
nus Combralise Gapellanus dui PapaB a praedictis electus
episcopas anno 1394 per viam compromissi publicante eleclio-
uem Gerardo de Malomonte uno ex compromissariis, cum PetiD
de Castronovo, G. de Ornhaco, P. Maleu, et Uterio de Barrio die
lanse in quendena festi omnium sanctorum atqne ut citius pera-
geretur eleclio dalum tautum spatium eligendi, quamdiu dura-
ret una candela accensa. Praadictus Raynaldus erat tantum
diacouus. » Je crois que cette petite remarque tous plaira, elle est
tirée des archives de Saint-Estienne par main seure.
J'ay retiré le cayer 6. Q. qui manque au 3* tome de YHiiîoire
de Saint-Martialf vous le recevrés par la première occasioa favo-
rable.
Je ne sçais rien de Calmefort-sur-Creuse, je m'en informeray.
11 se peut faire qu'Antoine de Tranchelion, abbé de Saint-
Genou, fut vicaire gênerai du cardinal de Prie, mais il ne faut
pas pour cela confondre les familles de Prie et de Brie. Celle de
Prie est très considérable et de grands seigneurs, je ne sçais pas
précisément la province de son origine, je la crois du costé de
France, si vous voulés connestre cette famille, vous la trouvères
à la fin du 2* tome de ï Histoire généalogique de France de Mes-
sieurs de Sainte-Uarlhe^ de la première édition, qui est, si je ne
me trompe, de Tan 1628, car je n'ay point ici les livres pour véri-
fier. M<"* la mareschale de la Mothe-Houdancourt est la dernière
du nom de Prie (1).
Pour la maison de Brie, elle esl du Limosin et la terre qui
leur a donné le nom est dans le vicomte de Rochechouarl (2). Ce
sont de simples gentilhommes. Cette terre entra dans 1^ qaaison
de Meillars avec une fille de Brie à la fia du siècle passé; mais
elle en est sortie par vente.
Ma lettre est desjà trop longue et vous en serés fatigué, j'ay
(4) Loui«e de Prie.
(9) Rappelons que la vicomte de Rochechooart formait une cnalave
poitevine en plein Limousin. V. l'édit. du Mémoire de Qerqage par
M. Leroux, qui avec raison a inséré deux extraits concernant cette enclave
d'un Rapport au Rog^ par Colbert de Croissy, en 1664, et du Mémoire
Bur la province de Poitou, par l'intendant Maupeou d^^bleiges, i69S
(fiaM. du Limousin, t. XXXII, p. 259-261).
DSU3Ç GOBRE^fONDANlfS LlBIpUÇINS DE BALCZE. 331
vpula réparer le teiqps perdu duraat ma mals^die et vous n^^y-
quer le respect avec lequel je suis., voBtre, etc.
[La siguature est cachée].
GÉNÉALOGIB DB GHANAG. — BALUZB, ArmoireS, VOL. 198, FOL. 45.
Chanac, — Guillaume de Change, H8|.
Pierre et Quy de CtiaDaç, ffères, damoiseaux, 4256.
Aymard ç| Lj^nar4 d^ Gbanac, damoiseaux, 1265.
Dulcia Robert, femme de H. de Cl^anac, fait testameat Tan 1265.
Allassac.
AUassa. — Pierre de Chaaac, damoiseau, espousa Halais Foucher: elle
fit testament le vpndredy après saint Martin d*hiver, T^n 1280, estant
veufve. Ensevelie au couyentd'Allassac.
Guy. — ^eguine, espousa Pierr^ de Nq^h-
N...\ religieuse aux AUois.
Alemende, espousa Belles de Tulle, chevalier.
Pierre de Chanac, chevalier d*Alassac, espousa Dauphine, testa le
i7 may 1306. Eijterré avec sa mère.
Almodie, espousa Pierre Arnal. Son sceau burelé de s. p. à un lion
brochant.
Guillaume, professeur es-loix, archidiacre ^e Paris, 1318-1324, obit
1335.
Guy de Chanac, chevalier, seigneur du boupg aux Chablons et de Chas-
teaufort, espousa Isabel de Monlbcron, sœur de Robert de Montberqn,
chevalier; il teste 1348, 12 août.
Doulce de Chanac.
pilberl, moyne.
Bertrand, prevostde Saint-Viance.
Bertrand, prevost de Sainte-Marie.
Guillaume, evesque de Paris.
^Uarde, religieuse.
Bertrand Fouques, evesque de Paris, et Bernard, destinés par le (es-
tameql du père à estre moines.
Helie de Chanac, chevalier, espousa Galienne, fille de Gérard de Venta-
dour, chevalier, selgnepr de Donzenac, par contrat de 1338, 14 novembre.
Guy, deuxième aîsné, espousa Eustache, fille de Bernard de Gomborn,
par contrat de 1318, U juillet.
Son père Bernard.
Robert, doyei) de Beauvais, chanoine de Paris.
Guillai^me, moine et chefcier de Saint-Martial.
Fouques, moine de Saint-Martial.
Pemard, chanoine de Paris et de Meaux.
Denise et Dauphine, religieuses à Saint-Pardoux.
So^ye^aine, religieuse de la Règle; Comptors, espousa Louys de Sey-
del, damoiseau, ^n\i% de Millaria en Poitou.
332 sociiié archéologique et historique du LikouBitf.
Jolienne de Chanac, espousa Bertrand de Favars, damoiseau, fils de
Bertrand de Favars, chevalier, <348, 3 may; 2* espousa en <365 Ran-
nulfe-flelie de Pompadour, chevalier.
Blanche.
Guy de Chanac, chevalier, Bis d'Helie et de Marie de Chaslus, vivant
en 4368.
Félix de Chanac, fils de Guy, 1401-1440, seneclial de Limosin.
Monteruc. — N. d« Louise de Monleruc, femme de N. Jehan de Roffi-
nhac, chevalier, 42 octobre 1443. Pomp. I.
Chaalus. — Le iO mars 1368. Testament de N. d' Marie de Chasias-
Marchez, fille de N. et p. s. Milhard, seigneur de Chaslus, Marchez, et sa
femme, d'Archambaud, vicomte de Comborl, Agnès de Mailhac, sa mère ;
Jchanne de Chaslus, sa sœur; le prieur de Benevent, son oncle, ib.
La Jugie, — Bertrand la Jugie, damoiseau, 4393, 18 octobre, ib.
Magister Gérard Judicis clericus jurisperitus, 1338, 44 novembre, ib.
Bernard Judicis praspositus Gapellse gencste, 1348, 3 mars.
Saint-Martial, — Petrus de S*<* Martiale, domic. diocesis Tulellens.,
1333, 23 Augusti Pompadour.
Idem 4345 ib nob. et pot., 4350-1353.
Idem Nob. vir Guillielmus de S^» Martiale domic. dioc. Tutell.
Item nunc habitor Gastri de Lexeio dioc. Avenionis ib. 1414..., 4 octo-
bre.
Guido dnus de S**» Martiale, Fromentallo de Maravalle....
Die jovis post festum S^^ Joh<* Baptislœ 4308 cum sigillo ib.
Guido de S*^ Martiale dnus de Maravallo et Fromentello domicell.
sabb. ante nativ. domini 1374.... ib.
Albert. — La terre de Bré, vendue à Guillaume-Albert par M'« Luis de
Sully, au mois d*aoust 1358, ib.
Albert. — Dominus Petrus Lasteiria decretorum doctor, ut procurator
SS™' patris Innocentii Papœ VI émit quosdem seditus in parochia de
Lubersaco... die penuUmartii 1361, ib.
Albert, — Relias Foulcaudi domiscellus vendidit domino Bosoni de
Turre Gapellan, S^* Pétri de Fursaco, ut procurator! domini Stephani,
cardinalis Claremont. Septem libras renduales die lunae post festum S^
Johannis Baptislas, 4342, ib.
Albert. — Dominus Petrus Bruni miles pro Gaucelino de Petra Buffe-
ria domicello filiastro suo vendidit Guidoni Alberti parochiano de Bussaco
et procuratori discret! viri domini Stephani Arberti legum doctoris fratris
dicti Guidonis domini 1331, ib.
Pré. — Johes de Biena domicell. filius Pétri de Biena militis émit die
mercurii post festum S" Barnabaei, 4347, ib. (Ce peut être celui-là dont
parle le pape en sa lettre de 4360 et non pas un fils de Guillaume Albert.)
DarfeuUhe. — Nob. et pot. dominus Elzearius miles dominus Baronia-
rum de Gramato et de Therminis (Caturcen. dioc.}... vendidit magistro
Johanni Fabri clerico de rupe Adulphi Claremont dioc. ut procurati nob.
et pot. {Albert), — Domini Stephani Alberli domini Montilii degelaii rupis
Adulphi Claromont. dioc. el de Murato Lemovic. diœc. et Dominas Mariae de
Caslucio ejus conjugi ca quse sequuntur in terra de Murato scilicet ,
DEUX COhRESPONDAiNTS LIMOUSINS DE BALOZS. 333
proui per nobilem Ademarum de Agrifolio ipsius venditoris predecesso-
rem faerunt quondain acquisita a domino Arcambaudo vicecomite Corn-
bornii anno 1340 die 9. junii et dictus dominus Elzearius de Agrifolio de
iis investivil nob. et pol ... Virum Gilberlum Aiberli militem dominum
de Rupeapis fîlium emaocipatuin dictorum conjugum die 90 aag. 4407.
(Monceaux).
lyArfeaUle-Malessec. — Hugo de Agrifolio miles, dominus Baro de
Gramato Caturcensi dioc. et Pelra de Malessec domicell. Dominus de
Malessec Tutell. dioc. testes, anno 1473. iaug. (Turenne) Dominus Ademar
de Agrifolio miles. Dominus de Gramato facit homagium vicecomiti
Turenne pro Januari 1350, ib.
Johannes de Agrifolio senior domiscell. filius emancipatus nob. Ade-
.mari de Agrifolio domini de Gremato. . . . fecit homagium <366, ib.
Nob. Elzearius de Agrifolio domicell. dominus de Gramalo, Caturc. dioc.
filius et haeres universalis nob et pot. dominus Johannis de Agrifolio
facit homagium 1396, ib.
Guido Judicis domicell, ib. 1350.
Dominus Gérard La Garda, domic. facit hom. 4384, ib.
Dominus vir Bertrand de Gardia, miles. Dominus de Dommorio et con-
dinis de Estivalis, dioc. Tutell. facit hom. 4335, ib.
Nob. V. Guillelmus La Garda domic. loci de Sancto Amantio Claromont
dioc. facit homagium 1445, ib.
N. vir Petrus de Sancti Martiali domiscell dominus de Duiglaco et de
Solenha facit homag., 1415, ib.
N. Y. f^etrus de Sancto Martiale domicell. dominus de Duiglaco et de
Solenha facit homag., 1445, ib.
VI. — PfiADILHON A BaLUZB (1).
A Tulle, le 26 aoust 1694.
Monsieur du Verdier m'a monstre dans vos lettres les marques
de votre souvenir; je viens, Monsieur, vous en faire mes remer-
ciemens et vous asseurer que rien dans la vie ne me peut estre
plus agréable que d'avoir quelque part d'un honneur qui est
recherché par tous leshonnestes gens du siècle.
Je n'aygueres travaillé icy faute de besoigne; j'ay vu seule-
ment plusieurs cèdes originales, et dans une j'ay trouvé le traité
de mariage entre Estienne de L'Estang et Louise de Juyé, père
et mère de M. de Carcassonne ; j'ay prié M. du Verdier de vous
en envoyer copie, et vous verres la différence des qualités dans
cet acte original et dans celuy qui fust produit pour les preuves
du commandeur des ordres du Boy.
(1) Armoires, vol. i08, f» 330.
s:
334 SOGIÉTft ARCËÉOLOfitOl^t ET HIBtORtQUft DtJ UllOtlSllf.
Je me Bouviëhs Hùe dans ces preuves de M. de GdreaBMdue il
y a des lettres du chancelier Dupral, qui traite db nëVeil Bstieiihl^
de L'Eslang; je tie scais qu'elle petit eslre leur àlllaûcé, mais il
m'est venu eu pensée que le chancelier pourroit eôtrô issd Û'htt
Ëslienne Duprat, notaire de Tulle, il y a un peu plus de aeùs
cent ans ; voicy mes conjectures : j'ay trouvé une alliance eatre
les buprat et L'Ëstang, Tuu et l'autre demande a ses frères sa
portion des biens de sa mère qui s'appelle Catherine 8oloy(6i et
dit qu'il est a presarit habitant a Aurillàc ^a Auvergnie^ cela
approche du pays d'où estoit le chancelier. J'avoue que cela est
eh de chase, mais qui peut donner lieii a d'àUtt^s découvertes.
e bife souviens aussi que M. le baron de Puget Vôulolt fort trou-
ver Torigine de ce chancelier dans les Duprât, de Tôulousô, qui
y estôienl notaires en 1300.
Le pays de Toulouse me fait ressouvenir de quelque chose qui
vous divertira. Peut estre avés vous vu Thisloire des Albigeois
composée depuis quelques années par le père Benoist Jacobin (t).
Cet autheur a ajouté depuis peu deux petits volumes (2), dans
l'un il a inséré la généalogie de la maisoii de Fresals qui ne vous
est pas incognue. Il dit que Simon de Fi*esals es^ousà une
fille de là maison de Besse, petite lûépce du ^ape Olement Vl,
et le prouve par un fort bon acte qu'il a li'oilvô é Montàtibaû.
Ors comme ce Simon de Fresals estoit seigneur de Beautbrt
dans les Cevennes (ses descendans possèdent encore cette terre à
presant), ce bon père a conclu que Grégoire XI, qui portait le
nom de Beaufort, estoit fils de Simon de Fresals, seigneur de
Bcaufort, et de cette Besse. Il fonde son sentiment sur le nom
de Beaufort, et sur ce que Grégoire est appelle neveu de Clé-
ment VI, comme issu de sa niepce ; que dites vous d'une si belle
découverte ? dont Messieurs de Turenne ne luy auroint pas obli-
gation si elle estoit bien fondée.
J'ay en main tous les titres de la maison de Sainte-Fortunade.
Il me semble que rien n'y est afferact a votre histoire de Tulle,
il paroist que cette terre estoit toujours possédée conjointement
par les seigneurs du nom de Tulle et de Fouchier ; je ne scais
point l'origine de ce nom de Tulle, je trouve seulement qu'entre
1520 et 1530 un Pierre d'Artonse, damoiseau, fils d'Ëbrard
d'Artense, chevalier, se dit seigneur de Sainle-Fortunade, comme
<1) L'ouvrage du P. Benoit, FTistoire deà Albigeois et des Vàudois, 8 vol.
'\n-\% était encore assez récent à la date de notre lettre. Il iiVâil paru à
Paris eu 1691.
(2) Suite de l'Histoire des Albigeois. — Toulouse, 1693.
BKIfS QOl\RK8fONDA!fT8 LIII0061NS DE BALU». 336
donataire de Gaillaume de Talie (la terre d'Artense est dans le
Quercy), dont il prend le nom dans la suite. Après Tan 1400,
Marie de Tnllë, héritière, espousa le chef des Fouchiers et reunit
toute la lerre ; a la un du siècle passé, Bonaventure, seigneur de
Lâvaur, grand père de M" de Sainte-Foriunade d*apresant,
espousa rhéritiere des Fouchiers. Si cela vous est nécessaire, je
voue donneray cette suite plus ^exactement, vous pouvés en dis-
poser comme de toutes mes autres recherches.
Je ne veux pas finir sans vous remercier de tous les honneurs
que je reçois de M. votre ft*ere et de M. du Verdier, parceque j'ay
l'avantage d'estre de vos amis. Il y a mesme deux grandes et
belles niepces qui veulent y prendre part. L*aisnée sur tout me
coote avec plaisir mille et mille obligations qu'elle vous a, et
les impatiances ou elle est de vous voir. Je m'asseure qu'elle vous
en aura de plus essentielles dans quelque temps ; elle les mérite
asseuroment estant aussy BSbu faite qu on peut le souhaiter. J'ay
rhonneur d'estre. Monsieur, très parfaitement vosire très humble
et très obéissant serviteur.
Fr. Jean-Baptiste Pradilhon.
Je partiray dans la semaine prochaine pour aller faire une
longue résidence â Bordeaux.
Vil. — Pradilhon a Baluzb (l).
J. M. A Bordeaux, le 5 de Tan leO.'i.
Le renouvellement de Tannée m'avertit, Monsieur, que je dois
vous rendre mes devoirs et me renouveller dans le souvenir d'une
personne que j'bonoreray toujours parfaitement.
Je ne puis vous donner autre chose touchant les Duprat, de
Tulle, que ce que j'ay desja eu l'honneur de vous mander. Celte
idée m'est venue sur les alliances des Duprat et L'Eslang,
familles assës médiocres a Tuile, et sur ce que le cardinal Duprat
escnvoit au père de M. de Carcassoue, et le qualiûoit de neveu,
au moins «'iî en faut crere la production de cet evesque qui <)st
d'ailleurs très défectueuse comme je vous l'ay mandé.
Je n'ay point l'histoire du P. Benoist, jacobin, touchant les
Albigeoiô. Je l'ay vetle a Toulouse; les jacobins du fauxbourg
(1) L'adresse manque. — Armoires^ Vol. t08, f^ SSt.
336 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT BISTORK^CI DU LIMOUSIN.
Sainl-Germaia qui sont de sa province vous en dilx>nt des nou-
velles, l'acte portant l'alliance des Besse et des Fresals est dans
un petit tome séparé, et ajouté à son histoire des Albigeois.
Je vous envoyé ce que j'ay des Fouchers et prouvé par actes.
Cette famille est bien plus ancienne comme il paroist par les
cartulaires de Tulle, Uzerche Ils ont toujours esté consei-
gneurs avec ceux du nom de Tulle jusques à l'union des deux
familles, il peut y en avoir plus que je ne dis, mais ce que je vous
donne est certain et prouvé.
Si ce que j'ay du nom de Tulle peut estre utile à votre his-
toire, je vous Tenvoyeray, aussy bien que tout le reste des
familles de ce pays-la, dont j'ay quelque connoissance.
J*ay remarqué dans le cartulaire de Tulle un Donarelli qui est
appelle bastard d'Aymar, vicomte restaurateur de l'ancienne
famille noble des Donnereaux, de Tulle, que je cognois depuis
1260. Les anciens se nommoint tous Donarelli au singulier, et
les derniers ont mis leur nom au plurier, en françois, des Don-
nereaux (1). J'ay l'honeur d' estre. Monsieur, vostre très humble
et très obéissant serviteur.
F. Jean-Baptiste Praoilhon.
LETTRES DE DU VERDIER.
I. — DU VERDIER A BALUZE (2).
A Tulle, le 90 may 1694.
Vous aves sans doute receu. Monsieur, les 29 11. 12 s. que
vous avies avancé pour M' le curé de Saint-Julien. Depuis
ce temps-là M' vostre frère m'a dit que M' le curé de Saint-
Pierre vous devoit le prix du coffre ou esloint les livres. Si vous
aves la boulé de me faire scavoir à quoy il monte, je le luy de-
manderay, et ne feray pas compte avec lui du port que cela ne
(4) Ce passage servira d'important complément à la note très laconique
mise par M. Fage sous le nom de M. des Donnereaux, dans une des lel-
Ires par lui publiées, du 10 juin 1694 {Bulletin de la Société des Lettres,
Sciences et Arts de la CorrèsSy livr. janvier-mars I88J, p. 166, note 1),
et ainsi conçue : • M. des Donnereaux appartenait à une famille d*origme
limousine. »
(a) Baluze, Armoires, vol. 808, f» 289.
DKUX COBKESPONDANTS LIMOUSINS DE BALUZB. 337
soit fait, il vous manque aussy ce que vous avez donné pour l'em*
balage, mais je ne peux faire compte de Tun que je ne sache l'au-
tre; prenez la peyne de me Tescrire.
En lisant vostre livre des papes d'Avignon, j*ay remarqué que
dans la page 855 et 856 des notes, vous dites que Nicolas de la
Jugie mourut sans enfans, cependant, j'ay son testament du
26 mars 1374 dans lequel il institue Isabelle son aynée, pour son
héritière, et luy substitue en cas de décès sans enfens Eleonor sa
cadette, et eu cas de décès de toutes deux sans enfens substitue
plusieurs de ses nepveux graduelement de Tun à l'autre, à la
charge de porter nom et armes, et Tun des substitués est de
Puydeval (i), comme vous aves remarqué, car en 1402 j'ay uu
acte par lequel uu Jean de Puydeval s'apelle de La Jugie.
Vous avez aussy obmis, que ce Nicolas avoit deux sœurs, une
mariée à Puydeval, et l'autre abesse de la Règle, il est vray que
vous faites mention de celle de Puydeval; il y a encore quelqaes
autres petites réflexions que je n*ay pas encore bien digérées, et
que je vous envoyeray si vous le trouvez bon. Je crois, Monsieur,
que vous ne serez pas fasché que j'ay pris la liberté de vous
escrire cecy.
Je ne répons pas à une lettre que j*ay receu de M' de Jayac(2)
pax* ce Courier, n'ayant rien à lui escrire de nouveau après ce
j'ay mis dans votre lettre de jeudy dernier.
Je suis surpris que M' d'Aix n'ayt pas repondu à la manière
honeste dont vous avez parlé de sa famille dans votre livre (3),
(1) Voy. la Monographie du château de Puydeoalj par M. René Page,
dans le Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèxe^
3* livraison de 18S3, juillet-sept. (avec tirage à part).
(2) Il s* agit de Léonard de Jayac, chanoine de Reims, qui fut légataire
de la Bibliothèque d'Antoine Faure, notre savant compatriote, laquelle
fut achetée par la Bibliothèque royale et remise en 1701. (V. L, Delislb,
Cabinet des manuscrits^ t. I, p. 320 et t. HI, p. 369.)
Nous trouvons, en effet, dans une des lettres publiées par M. Fage, où
il est très souvent question de M. de Jayac, cette mention : J'ay aussy
monstre à M. Jayat ce que vous m*escrivez qui le regarde, il vous en re-
mercie. Il a esté en Limousin pendant le voyage de M^ TÂrchevôque de
Reims. Il est de retour depuis lundi dernier, «c Bulletin de la Corrèze^
f883, p. 570. »
(3) Daniel de Gosnac, nommé à Tarchevêché d'Aix en 1687, préconisé
senlemcnt en 1693, et mon en 1708.
Voyez la Notice que M. le comte Jules de Gosnac a mise en tête de Té-
dition qu'il a donnée pourra Société de V Histoire de France, 1852, 8 vol.
in-8o, des Mémoires de Daniel de Cosnac.
Du Verdier fait allusion aux notes de Baluze dans son ouvrage, publié
33^ SOClStlfc AKGRÉOLOGIQUB ET BlSTORl'QOB OU LIMOUSIN.
mais oe n'edt pad d'aujourd'huy qUtô Toug d«t)9z ^V6(r que ce
n'est pas un homme capable de boaaeB réS^xions.
Gomme le commis de M' Jaucea luy envoyé aujoahl'huy uû
ghos ^aquîBt, jo me sers de celle occasioa pour vous envoyer une
CDifFbre que J'ay faiie faii-e icy pour pi*eseater à Madame Villaull,
ou quoy que ce soit à Mesdemoiselles ses fiUes, oe qui m*em-
barrasse, c'est qull n'y eu a qu'une» et comme elles soal d^ux^
il en faudroil une autre, mais outre que je n'ay pa« pu «n faire
faire une autre à faute de fil et d'ouvrière, c'est que je suis bien
ayse de sçavoir plutost si elle est à leur gré, affin que si elte ue
plait, j'en fasse faire une autre, et si elle ne plait pas, ou qil'elles
y IrouveiU du deffaut, qu'elles me le fassent sçavoir, et en quoy
on doit corriger l'ouvrière ; si elles envoyoint de beau fil, je leur
fairois faire de plus bel ouvrage. Accomodez sli vous plait la
chose, comme vous jugeres à propos, et si elle est à leur gré, j'en
envoyeray bientosl une autre (1). Yostre fiUot vous baise les
mains, car il peu déjà vous faire ce compliment, et je suis U)Ujours
avec respect, Monsieur, voslre très humble et Ires obeissaût ser-
viteur et nepveu. Duverdibr.
Après ma lettre escrite et cachetée, on m'a dit que le prevosté
de Favars vaquoit, on dit qu'il est de la collation de l'abbé de
Beaulieu (2), c'est à une lieu de Tulte, quoy qu'il ne vaille guère;
cependant on prétend qu'il pourroit valoir beaucoup, je vous en
donne avis pour servir ce que de raison.
ÎI. — DUVERDIBR A BaLUZE.
AtttUe, leS^jaln^rti.
Je vous envoyeray sans faute, Monsieur, par le premier cour-
rier, l'argent que M. le curé de Sainl-Pierre vous reste, des ijne
je le retireray entre cy et ce temps là.
à Paris^ en 4603^ sous ^e titre : VUœ Paparum Aœnionenèitun^ col. I<M9-
107S et U43, H48.
(I) Tout ceci se rattache à la dentelle limousine, au poiai de TtUe,
^ai eut à la fin du xyii» siècle une si grande vogue, et auquel s'intéressa
tant le patriotisme local de Baluze. Voir à ce sujet les intéresants détails
donnés par M. Fage dans son introduction précitée, p. 543-545. Voyez
alasi la Notice mr le Point de Tulle, par le même, BMetin de la Société
des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, 4888, t. IV, p. 417.
{%) Voyez ee que nous en disons à la note % de la lettre suivante.
DKOX COftRKBPONbANTS LlSlOU8tN$ D8 tALUZB. 399
On est a^rès à collàtioùnBk' bd titreâ de Puydeval; J'ëà Aj Ait
coliationer déjà quatre qtie J'aVois copié, j^ëir M. le curé d*Orlhac,
proûtaut d'un jour de séjour qu'il fit en ce pays la sepmaine der-
nière, je luy fis mesme relire deux fois le mot de Leniveridj dont
Colin de la Jugie eslôil seigdeur, pour voir si je m'estois trompé,
car vous mettes dans vos notes qu'il estoit seigneur de la Vineria
et il y a trouvé comme moi de Leniveria.
Quand ces actes seront parâchtevés, je vous les envoyeray.
Mon petit Mimi se porte bien, il vous baise lès mains.
M. Baluze est à Gorreze pour secourir M. Plàsàe(l) qui est Tort
mal; peut estre ne reviendra-t-il pas d'àujourd'huy.
Je suis toujours et avec respect, Monsieur, vostre très humble
él très obéissant serviteur et nepveu.
DùVBRDIBR.
L'avis dé Favars est inutile, cela dépend de Tàbbé de Heau-
lieù (2), (Jùi est dfe là maison de Saidt-Viance [S) y et qui y a
(1) 11 s'agît selon toute apparence du chevalier Fiasse, dont il est ques-
tîob dans une lettre de Balaze à Duverdier, publiée par tt. Fage {ÉuîL
de la Société des lettres, sclencea et art» de ta Corrèze, liSS), p. )S7),
lettre du 18 mars 1690 : « .... Je crois que M. le chevalier Plasse sera à
Roebefôrt lèrsq^ie vous y artiverez, et il vous fera voir to^ites choses bien
aysément. »
(î) Arrondissement de Brive (Corrèze), « petite ville sur la Dordogne,
à Teitrémité da diocèse », dit le Mémoire de Beraage^ édit. Leroux, toc.
cU,f p. 184, n** 4. Le mémoire menlionne que Beaulieu possédait, au
xvii* siècle, une abbaye de Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur.
Voy. au sujet de cette abbaye la courte notice de M. Tabbé Roy-Pierre Btte,
))Qbliée dans Buïletin de la Société historique et littéraire du Bas-
LImottaûi, 1. 1 (seul paru, deux livraisons), 1857, p. 47; et au tome X,
p. i67, de notre BuUetin, le compte-rendu par M. d'Hugues, du cartnlaire
de Tabbaye de Beaulieu et la savante préface de la publication dé ce
eartvdaife •pay* M. Mkïîmin Deloehe, de Tliastilut, dans ta OoUectioa des
IXocument» inédits, 4859.
(3) Saint-Viance, arrondissement de Brive (Corrèze). « La terre de
Saint-Vianee, nous dit le Mémoire de Bernage (Lehoux, p. 940) appartient
[xvii* siècle] au marquis de ce nom, qui s'appelle Phiiix. U a servy autre-
fois avec distinction et se retira à cause d'une blessure qu'il reçut en
Catalogne, servant sous M. dé ^Ifond. Sa Majesté Ta gratifié d'une pen-
sion de I ,"^0 livres. *
M. Leroux ajoute en note : « Charles Phiiix de Saint-Yiance n'est pas
autrement connu que par ce passage. Son sixième frère, Louis Phelip,
mentionné plus loin, fut gouverneur du château de Cognac et mourut en
1716, à l'âge de quàtre-viogl-deux-ans. Le commandeur de l'ordre de
Malte s'appelait Jean » {NobU. de la génér.).
340 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORIQUE DU LIMOUSIN.
pourveu; et mesme M. de Tulle a déjà doané soq droit à M. de la
Farge, eo cas que le bénéfice dépende de luy.
III. — DUVERDIER A BaLUZE (1).
Je vous escrivis demieremeat, Monsieur, que M. l'abbé de la
Farge, chanoine de cette église, avoit esté pourveu du prevosté
deFavars par M. deTuUe, et que le curé de Favars avoit esté
pourveu par M. de Saint-Viance, abbé de Beaulieu. Je ne sçay
s'ils ont pris possession, mais je m'en informeray.
Je repondray à M. de Jayac par le premier courrier et lui feray
tenir sou argent par la première voye qui me tombera en main,
si non je prendray une lettre de change pour Paris ; au reste,
vous pourres luy dire par advance qu'il s'est trompé quand il
croit qu'on luy a fait payer toutes les décimes de 1693. Car le
mot de quotité qui est dans la quittance que j'ay donnée ne veut
dire qu'une partie du total, joint qu'il y a dans la quittance
la quotité dont il pouvoit estre tenu, et s'il avoit calculé l'argent
que j'ay receu, il verroit bien qu'il ne se monte que cela pour sa
part.
J'ay deux titres fort anciens, un du samedy ante ascensionem
Domini anno miUesimo ducentesimo nonagesimo nono, et l'autre
deux ou trois ans après; un desquels est un hommage rendu à
Rigual, seigneur de Sarran, pour le village de Salvanes, par uq
nommé Guillelmus Judei parrochianus de Serran^ et l'autre ud
rachat dudit village fait par un certain Jacques d'Anguoilesme,
comme estant au lieu de Guillaume Judei, Je vous escris cecy.
Monsieur, pour vous dire que j'ay conjecturé que ce GuilUlmus
Judei pourroit bien estre de ces messieurs de La Jugie^ à cause
de la proximité du lieu de Sarran et d'Eyren, les deux paroisses
estant presque limitrophes, et du nom de Judeus à Judicis ou de
Jitdicia, car la difierence de les exprimer en latin vient de la ma-
nière dont chacun des notaires le concevoit, et pour expliquer en
bon limosin le mot de Judseus, on dit encore Jusio et Judicia,
Oojugio, ce qui n'est guère différent.
Si ces titres pouvoint vous servir, je vous les envoyerois volon-
tiers, mais vous n'y trouvères que cela qui fusse pour vous.
(4) Cette lettre n'est pas datée, mais elle doit être placée immédiatement
après la précédente, car son début a le môme objet que la fin de la lettre
du 3 juin 1694.
DfeUX COnRltSt>ONDANtS LIUOCSINS DE ËALUZB. 34 1
Si je voulois exprimer ea bon et vieux limosia Guillelmus
Judei, je dirois Guillaume de Jusio, ce qui se raporte beaucoup
au mot de Jugie.
Je vous envoyé une lettre que Mademoiselle Louise (1) m'a
envoyée pour vous.
Vostre flllol se porte bien, grâces à Dieu; il est si plaisant
el paroit avoir déjà tant d'esprit que c'est un petit miracle de le
voir.
Je ne sçay coment mesdames Villault auront trouvé la coefuro
ny si elle sera bien conservée, je voudrois pourtant bien sçvaoir
coment elles sont contentes de cet ouvrage.
Je suis toujours, avec respect, vostre, etc.
IV. — DUVBRDIER A BaLUZE (2).
A Tulle, le 5« aousll694.
J'ay donné ordre. Monsieur, pour avoir coppie des provisions
du prétendant au prevosté de Favars, mais il y a deux jours
qu'il a paru une autre personne qui est venue demander un visa
sur une provision de Rome, admise, m'a-t-on dit, sur la rési-
gnation du dernier titulaire ; j'en auray copie de mesme et vous
envoyeray le tout.
Le chanoine de Fraysse se porte bien a présent, mais son
grand aage et quelques faiblesses qu'il avoit eues, faisoint crain-
dre pour luy.
Nous avons trouvé parmy les papiers que j'ay fait voir au P.
Pradilhon le contrat de mariage d'Estienne L'Estang avec Louise
Jugé. J'ay cru que vous ne séries pas fasché de l'avoir et je le
copie pour cela; il est de l'an 1539 et il paroit par la que ces Mes-
sieurs estoint de petite extraction et d'un costé et d'autre, car un
Linet apoticaire y traitte pour MM. de Jugé, comme tuteur de
Sebastien de Jugé, et du costé de L'Estang, il prend la qualité
d'advocat en parlement de Bourdeaux.
Je viens de recevoir vostre lettre et m'acquiteray avec plaisir
de ce que vous m'ordonnes a l'égard du P. Pradillon.
{{) Louise Baluzc, nièce de riiislorien el belle-sœur de du Verdier,
cette intéressante personne à qui était destinée une émeraude que
Baluze avait fait acheter par Tabbé Boyer (lettre publiée par M. Page, op,
eU., p. 495 du BuU, de la Corrèze de 1883).
(î) Armoires, vol. «98, f«> 49,
34i SOCIÉTÉ AflCflÉOLQQfVtUfe ^T aiST0^1(^U9 DU L|VOUSlN.
Jç r^u4^^y coqpte à M. da <[4yac de c^ que vous a)'^scri¥és
tQl^çI^ftnt le prevosté (le SâiDt-@^Wa({Qi|r^ mais je prQi3 q^i'qp ^
trompe de dire qu'il vaut 700 livres ; il seroit boq ^]\q yoiis iq^
m^nda^siés d^qs quel epdroit e^t situé le l^eneâce de Bf. 0e
Jayac, de quelle nature il est, et de quel revenu, c^f p^u| eçtre
trouvepQit-il à permuter p}us aysément si on le scavoit, et on luy
dQuneroit de meilleures instructions pour cella.
 propos de permutation, M. de Faussebrune qui a eu la tréso-
rerie de TuUe^ en vertu de son induit, veut ou (loit vQulqir s'en
deffaire; si quelquun de vostre cognoissance i^voit uq petit \)ene-
fice simple à luy donner, je pense qu'oq aqroit son droit ^sses
facilement, le bénéfice vaut 7 ou 800 livres et est logé ; j'avois
pensé que si M. Tabbé Muguet vouloit se fixer en ce pays il
pourroit permuter le bénéfice que vous luy douâtes et qui est de
peu de valeur, comme vous me dites, avec [déchiré]
Vous y penserés, «t M. de Jayac qui connoit ce M. de Fausse-
brune vous dira qui i\ est.
Il a vaqué icy depuis peu un petit bénéfice de 40 escus dont la
collation appartenoit a feu M, de Glermont de Castehiau ; on dit
que M. de Sessac comme substitué y a nommé, cependant on
prétend qu'il n'a pas droit, car ou dit que la substitution luy est
contestée et que M. de Bonzi y a droit; je ne scais cella, comme
vous voyes, que confusément, il s'appelle le prieuré de Mon
Camp, ordre de Saint-Benoit. On vint hier demendar un visa à
M. de Tulle dans le temps que j'eslois avec luy pour ce boa^fice
sur une provision de Rome, et oeluy qui le demanda dit qu*il
avoit une provision de M. de Sessac aussy, m^is qu'on luy avait
conseillé d'en prendre une do Rome. Il vaque par la mort, d'un
certain M. Dudrqt, cy-devant pure de MercfBur, et mort à Guise
depuis le mois d'avril à ce qu'on assure, c'estoit son pays uatal.
Mon petit Mimy vous présente ses respects.
Je suis toujours avec respect, Monsieur, vostre, etc.
V. — DUVERDIER A BaLUZE (I).
A ÎMlle, le 19'ao4Stl694.
J'ay trouvé un acte. Monsieur, p^riniy les papiers de Puydeval
qui est passé entre Denis de Puydeval et Marc Groing, çpmoie
(I) Armoires, vol. 198, f» 33.
DEUX CORRESPONDANT^ LIKQUSINÇ DE BALQZS. 343
procureur de Giles de Malesec, seigneur de Chastelus de Tau
1512, au sujet de la Constitution dotale de Blanche de Malesec,
mère de Denis, sœur de Qiles, et fille de Pierre de Malesec, sei-
gneur de Chastelus, dans lequel la vente de la seigneurie de
Malesec est éjnpuqée faite p^r )e dit Giles à Jean do Neufville;
ainsi, Monsieur, il y a apparence que nous devinerons où est ce
lieu de Malesec dont vous aves esté en peyne, car je m'en infor-
meray à ceux qui ont soin des affaires de M. de Neufville pour
scavoir si elle est encore dans les dependences de la terre de
Neufville.
Cependant si vous aves quelque habitude du costé de Gueret,
vous pouvés scavoir de Messieurs de Chastelus, qui demeurent
dans ces quartiers, des nouvelles de cette famille ; il y a un
Gomendeur de Chastelus qui est homme de mérite, je m4nfor-
meray aussy de mon costé de ce que je pourray découvrir de
cela; c'est apparament ce qui a donné lieu à Terreur de ceux
qui font venir ce cardinal de la Marche, parce que la famille de
Chastelus, qui est celle de ce cardinal, habite en ce pays-là.
J'ay fait une réflexion sur vostre livre qui a esté du goût du
P. Pradilhon ; c'est que vostre table est faite sur les noms de
baptême (1), ce qui la rend malaysée, au lieu que si vous l'avies
faite sur les noms de famille elle seroit très commode, car tout
le monde scail, par exemple, le nom de Malesec, mais peu scavent
que ce cardinal s'appeloit Guy; ainsi quand il faut chercher ce
cardinal, il faut feuilleter toute la table ou scavoir qu'il s'appe-
loit Guy ; je crois que vous agreeres que je vous fasse part de
cettR petite reflexion.
Mimy vous présente ses respects ; il fait tellement la guerre a
l'avis de Verdun que vous me donnâtes pour luy il y a deux ans,
qu'il commence a finir.
J'attendois le courrier pour fermer mon paquet, mais il ne
vient pas.
Je suis, etc.
(4) Au xvn' siècle, les noms de baptême avaient une importance pré-
pondérante pour rétablissement des tables dans Tordre alphabétique, car
nous relevons dans une lettre de La Monnoye que nous publions en ce
moment dans le Bulletin du Bibliophile (depuis le dépôt de notre manus-
crit à Timpression, cette lettre a paru dans le Bullet'n^ livraison de juillet-
août 1889, p. 350} : a Dijon, le it mars 1695. Vous voulez bien, Mon-
sieur, que je vous demande des nouvelles de votre santé et de ma
procuration. Comme en vertu de mon nom de batéme, je suis à la lettre
B [Bernard], je dois estre des premiers payés >• (Bibliolb* nation.,
Nouo, acquiait, franc,, vol. 563, f> 106).
344 SOCIÉTÉ ABCHÉOLOGIQUE CT HISTORIQOB DU LIMOUSIN.
VI. — DUYERDIBR A BALUZB (1).
A TuUe, le 40» septembre 4694.
J'ay pris parmy les papiei-s de Sainle-Fortunade, Monsieur,
un vieux parchemiu de Tao 1419 qui coatient une assemblée
tenue en ce temps là dans la cathédrale de Tulle par diverses
personnes de qualité du Limosin pour lever la somme de 24000 11.
sur le Limosin pour chasser les Auglois du chasteau d*Aubero-
que et d'autres chasteaux qu'ils teuoient en Perigord et dans le
voysinage, sur la resolution qu'il en avoit e^té prise par les sei-
gneurs de Ventadour, de Comborn, de Peyrusse, de Maumont,
de Faucher, etc. J'ay cru que vous ne seriez pas fasché d'avoir
une copie de ce titre, et c'est pour cela que je Tay retenu.
Le prevost de Saint-Salvadour est en province, j'ay prié une
personne de s'informer de luy vaguement s'il voudroit permuter
avec un bene&ce qui seroit plus près de luy et de donner un
estât de son contract de ferme; il m'en doit rendre compte dez
qu'il viendra en ville, je ne luy ay nommé personne, si le béné-
fice estoit à M' de Jayac, je lui ferois donner un bon fermier,
mais on me dit qu'il ne vaut pas 300 11. à M. le prevot, quand
j'en seray mieux eclaircy je vous en dirai davantage. M. le pre-
vost de Pompadin fut installé hier en sa charge de président, on
fit valoir dans sa présentation ses alliances dont vous faites men-
tion dans voslre livre.
Mimi vous fait ses petits compliments et je suis toujours avec
respect. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
et nepveu.
DUVERDIBB.
Adresse : Monsieur, Monsieur Baluze, à Thostel Golbert, Paris.
VU. — Ddverdier a Baluze (2^.
A Tulle, le 14 avril 1995.
J'ay donné à M. vostre frère, Monsieur, une partie des titres
de Puy-de-Val, pour les mettre dans un paquet qu'il a dessein do
(4) Armoires, vol. 308, f« . Î93.
(2) Armoires, vol. 808, f« 291.
DBUX C0ERS8t>0NDANTS LIMOUSINS DE BALUZB. 345
douaer à M. Gaye (1), (}ui part demain pour Paris avec M. Tévé-
que, vous y trouverez le testament de Nicolas de la Jugierdu 26'
mars 1374, le mariage de Jaques de la Jugie, de Tau 1313, le
mariage de Marie de Puydeval avec Raymond de Bouchiac, du
2^ aoust 1352, et le mariage d'Eymard de Puydeval, du 12* juil-
let 1426. J'y en aurois mis davantage, si M. Gaye eust voulu
s'en charger; je vous prie, dès que vous les aurez copiés, de me
les renvoyer par la première voye assurée qui se trouvera.
Mimy vient de charger M. Gaye de vous faire des compliments,
il alla hier en pleine rue attaquer M. de Tulle, à qui il dit fort
hardiment qu'il le prioit de faire ses besemains à son parrain,
M. de Tulle le ât arrester et prescher au milieu de la rue, ce
qu'il fit de bonne grâce, il a mille boutez pour luy et le caresse
partout où il le trouve, aussy bien que M^^* Descerleaux, sa
niepco, qui ne manque pas de le faire porter dans sa chambre
quant il va à Sainte-Ursule, cela me fait plaisir de voir qu*il
soit aimé de tous ceux qui le voyent, et je vous le mande parce
que je sçay que cela vous en fera.
Je suis toujours avec respect, Monsieur, vostre très humble et
très obéissant serviteur et nepveu.
DUVERDISR.
(1) Au sujet de M. Gaye, nous trouvons dans les notes de M. Page (/oc
cit. p. 194, note \) cette simple mention : « M. Gaye, compatriote de
Baluze et de du Yerdier. »
T. xxxvu. Î3
iNVENTAlRB
D'ETIENNE AUDEBERT DE FONMAUBERT
A BEI-LAC (Hauxe-Vienne)
En 1741, mourait à Bellac « M* Estienne Audebert, avocat, con-
seiller du roy en ce siège et son procureur à la police de celte
ville (1) ».
On fit aussitôt Y « inventaire des meubles et effects », « dans les
trois maisons sises en cette ville », à la demande de la veuve et
des enfants. Cet acte, sur papier timbré, de forraat in-folio^ forme
un cahier de 94 pages. J'ai fait cadeau de l'origioal à la Société
archéologique du Limousin, à qui j'offre maintenant des extraits
avec un conmientaire, car une partie seulement mérite d'être repro-
duite.
(1) « Item, ledit sieur Âudebert de Fonmaubert nous a représenté les
provisions de procureur du roy en la police de celte ville, accordées par
Sa Majesté audit feu sieur Audebert, son père, donné à Versallle le douze
avril Tan de grâce mil sept cent, signé sur le reply : Par le roy, Remy,
et ensuite est écrit : M^ E^sjjienney dénommé aux présentes lettres^ a esté
receu en testât et office y mentionné et fait le serment accoustumé, juré
fidélité au roy, suioanl Varrest de ce jour à Paris en Parlement, le oingt-
clnq mai 1700 ^ signé : Dutillet. Et lesquelles provisions ont estées enre-
gistrées au bureau des finances de la généralité de Limoges, le dix février
mil seplcentdeux, signé: Daché, greffier; auxquels provisions sont joint
la quittance de finance du trésor royal accordée audit feu sieur Audebert,
pour ledit office de Procureur du roy de cette ville, montant la somme de
deux mille livres Plus les provisions anciennes et nouvelles et antres
pièces ce concernant de l'office de conseiller du roy au siège royal de
cette ville, par luy acquis des héritiers de François de la Coudre, sieur
des Ouchéez Item la sentence de réception faite en la susdite charge
par ledit sieur Audebert au présidial de la Marche, à Guéret » (p. 49-50).
INVRNTAIIIK D*iTlBNNK AUDBBSRT D£ FOHIIAUBBI.T. 347
Etieime eut quatre femmes, comme il résulte des contrats (}e
mariage : Marguerite Charon (1689), Glaire Buissûn, Marie Marot
(1696), et Jeanne Brucbard de la Pcqnélie (1738), qui est quaMâée
«< donnataire et douairière ».
Ses frères étaient : François Audebert, mort eu 1705 et « Charles
Audebert de la Borde, garde de Sa Majesté », décédé en 4734.
Ses enfants sont au nombre de quatre : Gervais Audebert de
FoiiHiaubert (1), « lieentier ez Mx »; Françoise, qui résidait « à
Poitiers au couvent des dames religieuses de Notre-Dan^ dudit
Poietiers, paroisse de Saint-Didier »; Marie-Ignace, ?eligieusa au
même couveiU ; et Marie-Glaire, « fille mineure du second mtriage
avec dame Glaire Buisson », fille elle-même de Jeaa-Bvaptiste Buis-
son, avocat, sieur de Vaugelade (â) et de Marie Nouique. Fr^çoise
se dt représenter par <c messire Léonard Géuébrias, prêtre, prieur
delAgudet », moyennant un acte passé par « Darbaui et DecressAC,
notaires royaux gardes scel à Poitiers » ; Marie, par le même,
c< son parent germain » et « curateur ».
L'inventaire fut long, on y employa près de trois mois. L'exper-
tise fut faite par « M* Léonard Bessonneau, sieur des Gorces,
bourgeois de la ville du Dorât ».
La maison habitée par le défunt était sise à BeUac, « grand'rue »,
» paroisse Notre-Dame ». Dans le « cabinet, atenant àuacoin de la
salle », étaient les « papiers » : on rouvrit avec une « def femeUe (3)
(4) Etienne et sa fille Marie signent Audebert tout court, Iç fiJs aîné
Servais ajoute 4 son nom de Fonmaubert^ qu'il orthographie Fomolfert,
tandis que le notaire écrit plus correctement Fontnaubert et ei^coption-
nellement Fonmauber.
Q Item deux sacs remplis de papiers concernant les titres et documents
du lieu de Fonmaubert » (p. 85).
(2) «t Item, deux grosses d'acquisition du moulin de Yaugetlade, la
première consentie par François Génébrias, marchand, au proffit de Pieric
Buisson, greffier, en date du vingt-six septembre mil six cent quarente-six
et la seconde consentie par Françoise Mallebay, veuve de feu Jfacques
Génébcias, an proffit dudit M^ Pierre Buisson, en datte du vingt-quatre
novembre mil six cent quarenle-sepi » (p. 01).
(3) Clef femelle est employé partout par les serruriers pour désigner
celle dont le canon est percé, par opposition \ la cUj mâle, dont le canoji
est plein.
te Compte de Vœuore de la cathédrale de Chartres^ en 14J^^ dit indif-
férenuneot clef creuse o.u forée : « Pour 3 clefs pour les 3 huis du cuer
de l'église, dont Tune d'icelles est creuse. Pour une clef creuse ppvr une
des portes de Téglise. Pour une clef forée de Thuys par où l'en descend
dessoubsi les cloches. Pour une serrure et uue clef forée, mi^e et ^sise
en une des fenestres de la tourelle de chappilre n (^uZf. arc^' du Com» dfi$
Xrao. hiet.^ 1889, p. 48, 49, 83, 90.
;U8 SOCIÉTÉ ARCoéoLÛÛlQUE BT B18T0RIQCS DU LIMOUSIN.
et uzée par le bout » et Ton y trouva des contrats d*acquisition,
de vente, d'arrentement, d'échange, de transaction ; des mémoires,
des pièces de procédure, de signification, de désistement, d'investi-
ture, de consignation, de ferme, de déclaration, arpenlement, etc.
Parmi les « titres » et « enseignements », les suivants ont un
intérêt local et généalogique :
1581. Testament de Jean Charon, « procureur du roy ».
1676. Testament de « M" Pierre Charon, novice aux Feuillants
de Saint-Honnoré à Paris », tous les deux frères.
1695. c< Partage des domaines et effets mobiliers des successions
de deffunts M* Livier Marot, sieur de Nerboneau et dame Francoyse
Guérinet, son épouze ». Le frère de Livier était « Charles Marot,
prêtre, curé de Saint-Pierre de Bougon », qui partagea en 4695
avec « demoiselles Françoise et Marie, ses sœurs ». Françoise Gué-
rinet était fille de « M" Pierre-François Guérinet, sieur des Combes
de la Ville Dieu de Comblet, paroisse de Saint-Easne (1) » (p. 32).
Françoise Marot épousa « M" André Brie, advocat en parlement,
juge sénéchal de la terre et seigneurie de Pamproue » (p. 33j (2).
1710. Testament de Joseph Charon, « sieur de la Borde, con-
seiller du roy, son procureur au siège royal de cette ville » (Bellac),
enfermé « dans une cassette, couverte d'écarlate, garnie de petits
doux, fermant à clef ».
1710. « Item un acte de vente, concernant le plassage d'un ban
en Téglize de cette ville par Pierre et Jean Papon, marchands bou-
chers et autres, en faveur dudit sieur Estienne Audebert, en date
du vingt-deux octobre mil sept cent dix , auquel est joint une
grosse d'acte du trente un mars mille sept cent onze, passé entre
M" Jean de la Coste, curé de Saint-Sauveur et Notre-Dame dudit
Bellac et autres sieurs prêtres et fabriciens de lad. églize, portant
fondation de vingt sols par chascun an à la fabrique de lad. église »
(p. 38).
1719. « Item un acte double, soubz signature privée, passé entre
la Révérende dame de Boismorin, supérieure du couvent des reli-
gieuses de Notre-Dame de la ville de Poitiers, avec dame Marie-
(4) Saint-Eanne, canton de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Pamproux cl
Bougon sont dans le môme département.
(«) II est encore ailieurs(p. 33) question du Poitou, a Partage privédedeux
petites portions de jardins, sictuées à la Villedieu en Poitou, entre Icd.
sicur Audebert et François Chabot» (1714).— « Ferme consentie par Icd.
sieur Estienne Audebert à François Chabot, sicur de la Barotinière» (4717).
— « Reconnaissance de deux boisseaux fromant de rente par Michel
lîrssau, meusnier du moulin du Petit Ratel, paroisse de la Mothe Sainte-
Héreie, en faveur dud. sieur Audebert » (1794).
INVBNTAIRB D^ÉTIENNE AUOEBRRT DE FONHAUBERT. 3i9
Ignace Audebert et led. feu sieur Estienne Audebert, son père, en
date du quatre juin mil sept cent dix sept, concernant la prise
d'habit et profession de lad. dame Audebert; ensuite duquel acte
privé est une quittance de la somme de trois mille livres pour la
dotation monacalle de lad. dame Audebert en date du trois juillet
mil sept cent dix-neuf » (p. 36).
1720. « Inventaire, attaché par deux épingles ».
« Item, s'est trouvé des mémoires concernants Tusage des billets
de banque, ayant inclus un bordereau écrit de la main dud. feu
sieur Estienne Audebert, comme il a remis au bureau de M'Estienne
notaire, pour la somme de mil sept cent cinquante livres de billets
de banque » (p. 51).
« Item, un livre de raisons, relié en parchemin, contenant quatre
vingt-trois feuillets et un demy , commençant : Table des procès
de la maison ». (p. 53) (1).
« Item, un livre journal dud. feu sieur Audebert, commençant sur
le premier feuillet de Tenveloppe : Sit nomen Domini benedictum;
ensuite est un chiffre mil sept cent dix et au dessoubz écrit de la
main dud. feu sieur Audebert : Papier journal des ventes et achapts
des bestiaux des maitéries, comtes des métajers, fermes » (p. 28).
« Item, un autre livre ou mémoire, commençant par ces mots :
Registre des procès de la maison » (p. 29).
« Item, un autre livre, relié en parchemin, contenant deux cent
trente-six feuillets, concernans les Receptes des rentes dues à la mai-
son » (p. 30).
« Item, un livre relié en parchemin, contenant recours à la table,
Mémoire journalier, avec la table cy placée à costé de chasque arti-
cle en particulier, pour les réparations, acquêts, marchés, contes,
prêts, sallaire de loyers domestiques, contracts de mariage, naissance
d'enfans, déceds de mes ancestres et parents et autres affaires; de
tout quoy il y a une table de chasque article au commencement et
à la fin du livre qui renvoyé à chasque pages suivant ses dattes ou
indictions séparément pour esviter la confusion du journal ; plus
des fassons de toilles, des quittances, créances, arats » (p. 37).
« Item, un autre livre relié en parchemin, contenant au premier
feuillet : Papier journal, concernant toutes les affaires de Marie
Audebert, ma fille, héritière de feue dame ClèreRuisson, mon espouze,
iia mère » (p. 38).
Je viens maintenant à l'inventaire proprement dit, dont j'aurai
(4) « Tous les sacz des procès qu'avons heu contre la ville sont dans
mon coffre, à Bourdeauxj()(GuiBERT, Le Livre de raison des BaluMe^ p. 67,
année 1601).
350 SOGlàTB ARCHÉOLOGIQUE ET DISTOAIQUB DU LIMOBSIN.
soin de numéroter tous les articles pour rendre plus faciles les réfé-
rences.
1. Ouvertu(*e faile d*un armoire estant enclos dans ledit cabinet, y
avons trouvé vingt-trois louis d*or, de chascuns vingt-quatre livres et dix
écus dé chascuns six livres, revenant à la somme de six cent douze
livres (p. 27).
2. Dans la chambre haute de lad. maison, ayant vue sur la rue, oh led.
feu sieur Àudebert en son vivant couchoit, deux pistollets de Forets (IJ,
qui ont esté estimés à la somme de dix livres.
3. Item, un livre appelle Bareame^ relié en veau^ demy uzé, qui a esté
estimé à la somme de vingt sols (p. 98).
4. Nous nous sommes portées au grenier de lad. maison, au dessus de
la salle d'icelle, au cabinet en entrant à main droite, (un armoire) à deux
batans et ouverture d'icelluy faite avec sa clef, s'y est trouvé.: une
douzaine et demy de draps de toillé de brin (2), my uzées, une dou-
zaine et neuf servietes et une napede toillc ouvrée; le tout my uzé, eslimé
à cidquente livres.
Stir ritiâlant s'est présentée lad. dame Jeanne Bruchard, veuve aud.
sieur Àudebert, qui a vendiqué cinq draps pour lict de toille de brin pres-
que neuf, comme luy appartenants, lesquels elle a pris et retirés
5. (tem, ledit armoire à deux batans, avec une serure et sa clef, presque
neuf, estimé à la somme de vingt livres.
6. Plus s'est trouvé dans led. grenier cinquante huit servietes fines,
dont partie sont uzées et trouées et l'autre partie à demie uzée ; plus dix
neuf napes 6nes, aussy plus que demie uzécs; plus cent deux servietes
de toille grosse d'étoupes (3), plus qu'à demy uzées; plus six draps de
toille de brin, plus qu'à demy uzés ; le tout eslimé à la somme de cent
livres.
7. Plus onze draps pour lict dé grosse toillé my uzée et onze napes,
aussy de grosse toille; estimé à yingt livres.
8. Plus huit draps et neuf napes de toille de brin, fortes (4) antienes,
servants d'ornements lors des processions à port du très Saint-Sacrement
et pour les morts ; doivent rester dans la maison comme immeubles, à
cause de ce n'ont estée estimées.
9. Plus huit chemizes d'homme fine fort uzées et dix neuf de toille de
ménage ; douze cols ou cravates, six petits mouchoirs de cotton ; un habit
complet de draps d'Albœuf (Elbeuf) my uzé, deux mauvais habits de came-
lot complets, un mauvais manteau (5) d'écarlate, une robe de chambre de
(1) De U fabrique du Forez, de Saint-Etienne.
(2) ff Une douzaine de serviettes de brin commun, ayant chacune une aune de longueur et
une demi-aune de largeur » [Compte de Vahb. de La Couronne, 1626).
(3) « Cinq poches de toille d'estoopé, prisées ensembles vingt soulz tournoya » (/mo. de
QuermeUn, 1585).
(4) L'orthographe du notaire est très fantaisiste. Ce n'est pas toujours celle du temps, mais
bien d*nn ignorant de la grammaire. Je l'ai respectée, quoiqu'elle ait surtout un caractère
personnel, non susceptible d'intérêt. Il faut rétablir fort oncienneM.
(>) En 1607, Baluze acheta ■ douze ou quinze escus », « un manteau de velours », à Pam
pour R M. le lieutenant général » (Guibert, Le Livre de raison des Baluze j p. 63).
INVENTAIHK d'ÉTIKNNC AUDRBBRT DB FOXHAUBRRT. 351
caltnatide my fizée,Qne robe de palais avec un bonnet carré; le toai estinîé
à. la somme de quatre vingt seize livres.
10. Plus un ehapeau assés bon, un autre my uzé, deux peruques assez
uzées, deux pères de bas, les souliers dud. feu et un grand manteau de
draps, façon de Saint-Félix, le tout plus que my uzées ; estimé le tout à la
somme de dix (ivres (p. 40-li).
44. Nous sommes remontés dans le grenier cy devant commencé à
inventorier, dans lequel y est un coffre, à main droite en entrant...
Ouverture faite dud. coffre par sa clef dont nous nous sommes chargés, s'y
p$l trouvé, en grands bassins, plats, assietes, le tout d^étain moitié fin et
Vautre commun, la quantité de deux cent quarante deux livres, qui a esté
estimée le tout à la ^omme de deux cent seize livres doaze sols.
42. Plus un service de corbeilles ou petits paniers dorés, pour servir à
un dessert, estimés à la somme de cinq li\res.
43. Plus vingt deux livres de pelotons et eschevaux de fil de brin, estimé
à treize livres et quatre sols.
14. Plus un habit et jupe de damas couleur citron à reis rouge, my uzé;
un autre habit et jupe de tafelas d'Angleterre, aussy my uzé ; une mau-
vaise veste de sole à fleurs d*or, boutons et botonières d'or; plus quatre
mourceanx d'étoffe de soie fort ancienes à fleurs d'argent, avec un lan-
beau pour une manche et une écherpe de taffetas fort uzée et anciene ;
tout quoy on a jugé ne devoir estre inventoriés comme estant les habits de
deffunte dame Claire Buisson, hors la veste et quatre mourceau d'étoffe.
45. Item, le coffre dans lequel toutes les susd. choses se sont trouvées,
my uzé, avec sa serrure et clef, estimé à la somme de six livres.
46. Item, s'est trouvé dans led. grenier, un bassin d'étaîn à servir à un
malade, une seraingue et un petit bassin d'érain; tout quoy a esté estimé
à la somme de trois livres.
17. Plus s'est trouvé dans led. grenier deux grands coffres et un petit,
tous troués et percés, sans clef ny serure, qui ont esté appressiés à la
somme de quatre livres.
(8. Ce fait, ouverture a estée faite d'un autre coffre et exa-
men fait de ce qui s'y est trouvé, consiste à plusieurs anciens papiers à
demy pouris et consommés ; lesquels, à cause de leur ancienetés et après
examen fait d'iceux, les parties ont jugés ne les devoir employer autre-
ment au présent inventaire. Led. coffre ayant esté reffermé par sa clef, ...
déclaré fort ancien, uzé, a esté appressié à la somme de dix sols (p. 49-43).
19 A esté procédé à la continuation du présent inventaire par les
meubles qui se sont trouvés dans la salle de lad. maison, qui consistent en
un lict, garnv d'étoffe verte, avec son chaslict, lict de plume, pesant soi-
xante deux livres; un matelat, pesant douze livres; une couverte, une
courtepointe de soie ; plus une tapisserie en verdure, composée de sept
pièces, quatre grandes et trois petites ; un grand miroir à cadre doré dont^
la glace est entierrement tachée: plus douze chaises, garnies demoquetes;
quatre fauteuilles, deux de tapisserie et deux de moquet; plus deux che-
nets garnis de cuivre (4), un soufftei; plus six chaises de paille et un fau-
1) « Plus deux chenet» de fer battu, recouverts de cuivre, sur le Taiz desquels sont deux
.:51 SOCIÊTé AS€BÉOLOGlQVB ET HISTORIQUE DO LIMODSIN.
teuil ; plus deux tables et un pliant, un mauvais tapis, une cuvete el un
pot à l'eau de faiance ; le tout esiimé, avec les rideaux des deux feoes-
ircs, de toille de ménage^ à la somme de quatre cent quarente livres-
90. Et d'illec nous sommes allés dans la cuisine,... où s'est trouvé an
lict, garny d'une mauvaize étoffe rouge et son chaslict, un Uct de plume
avec son taverssier, pesant quarente -six livres ; une paillasse et une cou-
verte ; plus un cal^inet de bois de serizier, deux tables, quatres chaises de bois,
trois de paille et deux escabeaux, deux chenests de fert; plus cinq flam-
beaux de cuivre, desquels il y a un de cassé; trois grands étaodron (1),
trois marmites de fonde, une mauvaise poissonnière, un écbaufe-lict (2),
trois casseroles, une tourtière, deux mauvaises lèchefrites (3). une cafe-
tière et un pomier (4) de fertblanc, une culière de pot de fert, un tourne -
broche avec sa broche (5) ; tous lesquels meubles ont esté estimés à la
somme de cent trente livres.
31. Plus s*est trouvé dans ladite cuisine en plats, atsiéstes, cutllières,
pot à Teau, esvière et autres vaisselle, le tout d'étain (6) du pins commun,
quatre-vingt-deux livres estimées à la somme de soixante-treize livres.
22. Et d'illec sommes entrés dans une petite entichambre, estant à
costé de ladite cuisine, où s*y est trouvé une petite couchète, aiant an
mauvais lict, une mauvaize couverte et bois de chaslict et une paillasse ;
qui a esté aprésié à la somme de deux livres.
23. DMllcc sommes montés dans la chambre que oc<'.upoit ledit feu sieur
Âudebertetla dame son épouze, au devant d'icelle qui a vue sur la rue
publique, où s'est trouvé : un lict, garny d'une mauvaize étoffe rouge,
avec son chaslict; un lict de plume, pesant soixante livres; un matelat,
une couverte, une courte -pointe, une mauvaise tapiserie de Bergame(7)
toute déchirée, neuf chaises de pailles, deux tables et un mauvais tapis,
un bois de couchète avec un petit matelat, puis un cabinet de bois de
chesne, un miroir à cadre doret, deux mauvaizes chaises à bras, plus
deux chenests garny de cuivre, deux rideaux de fenestre de toille de
ménage; le tout estimé à la somme de cent trente-cinq livres.
94. D'illec sommes entrés dans dans Tentichambre, estant à costé de
■Utnes d'enfants, aussi de cuivre, portant les armes : l'un de trois raUins et Vautre de raisin
et croix de BiéruscUem mi-partis » {Inv. d'un bourgeois de Nevers, 1608).
(1) a Ung caudron cocquet, ung couldron noir » (/no. d'un bourgeois de Toumaif 1527). —
« Deux autres chaudrons de fer. m (/nv. de Ch. Thiret, 1621).
(S) a Ung chauffeUt d'argent. Pour la façon et doreure dudit chauiTelit » {Compte de
René d'Anjou, 1455;. — « Une paielle à rescauffer lit » {Inv. d'un bourgeois de Tournai, 1527).
— a Un chaufelict ». {Journal de J. Péconnet, 1660, op. Bull, de la Soc. atch. de la
Corrèxe. t. VI II, p. 339).
(3) ff Trois leschefrites de fer, compris une petite ». (/nv. de Ch. Thiret, 1621).
(4) Ustensile pour faire cuire les pommes.
(5) <f Une bioche à rôt de fer, avec le tournant et la roue de bois ». {Inv. de Ch. Thiret,
(6) • Item la vesselle d'estain ». (/no. de Quermelin, 1585). Voir pour le dénombrement de
cette vaisselle, Soil, On inventaire de 1527, p. 30-31.
(7) « Une aultre pièce de Upisserie de Bergame, couleur violet et noir. Une autre pièce
de tapisserie, aussy de Bergamme, semé de fleur de lys. garny de toilles, toute les dites piè-
ces de Upisseries estant sur les dites tables » (/no. de Ch. Thiret, 1621.) Voir sur les tapissiers
en Berçamef au xvn* siècle, les Mém. de la Soc, arch, du Midi, t. XIV, p. 71.
INVENTAIRE O^ÉTIEffNR AODEBERT DR FONMAUBERT. 353
la susdite cy devant inventoriée. S*y est trouvé un iict garny de ses ri-
deaux de droguet tain en jeaune, my uzé, garny de son Iict de plume,
mathelat pesant cinquante-huit livres, sa paillasse et un bois de chasiict
coupé et un petit paire de cabinet à deux batans et un tiroir fermant à
clef et un fauteuil de paille; le tout estimé à la somme de soixante livres.
S5. D*illec sommes montés dans un grenier ou galletas, estant au haut
de ladite maison ayant vue sur la rue publique, dans lequel s*est trouvé :
un rouleau de droguet, contenant vingt-quatre aulnes; puis un autre rou-
leau de toille d*étoupe, contenant quarante-neuf aulnes; plus soixante
livres de gros fil d'étoupes en échevoaux ; plus vingt-cinq livres de fil de
brin, aussyen écheveaux; plus vingt livres de laine nete, plus quatre-vingt
douze livres d^autre laine sale, plus soixante-seize livres de gros til, et
dix'huit livres de brin, le tout en pelotons. Le tout ayant été appressié
par lesdits sieurs arbitres à la somme de cent quarante-huit livres.
t6. Et d*illec sommes descendus dans Tétage ou chambre estant au-
dessus de récurie, où s'est trouvé une table et un coffre fermant à clef,
lequel a esté estimé avec ladite table à la somme de six livres.
97. D^illec sommes allés dans la buanderie de ladite maison, où s\ est
trouvé deux cuvier de terre, avec un grand pot de fonte, vulgairement
appelé Aottte, estimé à la somme de dix livres.
iS. Et d'illec à une petite chambre estant au-dessus de ladite buan-
derie, où s^est trouvé un petit bois de chasly, coupé en couchète, avec une
garniture de sarge verte plus qu'à demy uzé, un petit matelal de laine,
la pailliasse, une petite table; le tout estimé à la somme de vingt-sept
livres.
â9. Dlllec dans la cour de ladite maison, où s'y est trouvé deux cochons,
qui ont esté estimés à la somme de cinquante-huit livres.
30. b*illec sommes entrés dans Técurie de ladiUe maison, où 8*est
trouvé un poulain servant d^aras, une vieille jumant et un jeune cheval,
d*flge d'environ six ans ; le tout apressîé avec les pmois à la somme de
quatre cent soixante livres.
31 D*illec dans Tétage estant au-dessus de la cave de ladite maison,
s y est trouvé deux paniers manequins, un petit salloir et quatre janbons,
estimés à la somme de douze livres.
39. Et d'icetle sommes descendus dans la cave de laditte maison, dans
laquelle s'y est trouvé deux banques de vin vieu et deux de nouveau, du
crut de ce pals; le tout estimé à la somme de quatre-vingt-dix livres.
33. Lesdits sieurs arbitres ont déclarés y avoir dans ladite cave huict
fuis de banques et un fut de pipe (I).
3i. Ce fait, nous nous sommes conduits dans la maison appellée che
Loubard, estant au devant la susdite rue entre deux, dans le bas de
laquelle s'y est trouvé un tonneau à couler environ cinq banques, huit
fûts de pipes et cinq de banques très mauvais.
35v Plus un saloir, ayant deux petits lars (â), qui n'ont pas pu eslre
(i^ H Huict futailles de pippes i> {Inv. de Quermelin, 1585).
(2) a Un grand et on petit charnier contenant plusieurs porcs de lard n {Ino. de Cl. Ga$'
coing, xvii* s.}. — « Plus an charnier neuf a \^Inv. de l'abb. de La Couronne, I6S6).
354 sOGitrfi AncnéoLoeiQeB et historioce t>o LtMd'tsiN.
Yallablemettt pesH^ aprébeDdant que par le remuement ils oê se gftUsSént
et sur le récit qni en a esté fait par les domestiques, peuvent pezer la
quantité de cent livres de lars ; estimé avec ledit salloir à la somme de
trente-cinq livres.
36. D'illec, en montant dans Tétage estant au-dessas du degré, s y est
trouvé un petit moulin de fil d'archal, à passer bled, plat, plus que my
uzé, estimé huit livres.
.37. Dlllec dans le galletas de ladite maison Chez Laubard, dans lequel
s'est trouvé un câble de corde, plus que my uzé, estimé à la somme de
cinq livres.
38. Plus, s'est trouvé dans le mémegalletas environ trente quintaux de
foin, estimé à la somme de trente livres (p. 44-48).
39. Et de suite et sans autre divertissement, lesdits sieurs Audebert
de Fonmaubert, Génébrias et arbitres se sont portés avec nous au i>oàrg
de Lagudet, dans la maison y appartenant en particulier audit sîeur de
Fonmaubert, dans laquelle s'y est trouvé ce qui suit :
Premièrement, dans la chambre haute de la dite maison de Lagudet, à
droite en entrant, un lit de phzme et son traverssin et mathelas de laine,
pesant le todl ensemble soixante-dix-neuf livres ; son bois de chalict ; une
couverte de laine, plus que my uzée et une garniture, toute utée et trouée,
d*étofifc couleur maron. Le tout a été apressié à la somme de cinquante-
six livres.
40. Item, un autre lict pour domestiques, pesant avec ses toilles qua-
rente-quatre livres, estimé à dix-huit livres.
41. Item, un cabinet de bois serizier fermant à quatre batans; deux
petites tables, une ovale et l'autre carrée ; deux chaises de bois, un Mau-
vais fauteuil ; le tout estimé à vingl-uûe livre.
4î. Item, deux chesncts de fert, pesant à trente livres, un échauflPe lict,
un petit miroir, un poilon (i), un cuillière à pot, une broche de fert à routir,
neuf mauvaizes assiesles de fayance, trois pols-à-l'eau de fayance, un
' chandelier de cuivre ; le tout estimé à la somme de sept livres.
43. item, quatre draps de grosse toille, deux de gros brin, estifné à
douze livres.
44. D'illec, dans la chambre à gauche en montant, s'y est trouvé un lict
et son chevet de plume, pesant cinquante-quatre livres, en mauvaize
plume ; un mauvais bols de chalict et un mourcean de garniture fort usé ;
estimé à seize livres.
45. item, dans la môme chambre y a esté mezuré dîx-neof septiers de
bled fromant nouveau et quatre septiers deux quarts de petit fromant
moindre que celluy cy dessus, aussy du nouveau ; le tout, mesure de cette
ville, estimé à la somme de cent soixante livres.
46. Dans la môme chambre s'y est trouvé deux cent livres de chanvre
breyé et dix-sept livres de fil de gros, qui a esté appressié à la somme de
vingt-quatre livres.
47. item, s'est trouvé, tant dans la première chambre cy dessus inven-
toriée que dans deux greniers plantés au haut de la dite maisoft, la quan-
ti; « Quatre petis poilon» d'arato » {Inv. de Fr. de La TrémoiÙe, IMÎ).
llfTIHTAlK D*lkTIBlfNB AUDBBBRT DE FOimAUBËtlT. 355
tité de treate setitiers bled noir. . . . , appressiés ioixante-qtïifaze litres.
iS. D^illec, dans la chambre basse en entrant à droite de la mftme mai-
SMS et serrant de cuisine, un lict de grosse plume, pesant cinquante
livres, deux mauvais bois de cbaslict, un petit cabinet ; deux mauvais
ebeanets de fer, pesant trente-deux livret; une table longue ; deux mau-
vais pots de fert, qui lie peuvent servir estant cassés ; une poille et un
poilon ; le tout fort uzé et estimées le tout ensemble à la somme de vingt
livres.
40. D^illee, dans une autre petite chambre estant 2i costé, s*est trouvé
deux petits mauvais licts pour domestiques, pesant les deux, en très mau-
vaize plume, quarente-quatre livres et un ceiton ou sie, ce qui a esté
estimé joint à la somme de dix livres (p. 61 , 6t).
90. Ouverture a esté faite du cabinet ey-devant commaqcé, dans lequel
est un petit étage: sur les baisses (t) d^icelluy s'est trouvé en cuillières,
fourchetes et gobelets, le tout dVgent, huit marcs et trois quarts d*onces.
Plus a esté raporté par ledit sieur de Fonmaubert une cullièrc et une
fourchete, aussy d^argent, qu'il a dit pour remploy de ce que le feu sieur
son père luy donna lors de sa séparation et qui ont estées pezées et ce
sont trouvées monter trois onces et demy, revenant le tout joint à la
somme de quatre cent cinq livres neuf sols.
5i. Plus s'est trouvé six flanbaux de cuivre ou élain blanchy, plus que
my uzés, avec des mouchetés et garniture de m4me aloy, aussy my uzés,
et une épée à poignée d'argent; le tout apressié à la somme de quarente-
deux livres.
52. Item, l'armoire estant inclus dans ledit cabinet, à deux baians, fer-
mant à clef, avec les livres qui se sont trouvés sur les baisses du cabinet;
le tout estimé à la somme de quarentc livres.
53. Item, au derrière dudit cabinet et par étage séparé s y est trouvé
deux sceau et un godet, le tout de bois, et dans la boulangerie y atenant
une met à poitrir pain (2), sans serure, et doux tamis; le tout, plus qu'à
demy uzé, estimé à la somme de trois livres.
54. Item, dans ladite boulangerie un petit coffre, sans clef ny serure,
servant à mettre du son, tout uzé, estimé cinq sols.
55. Item, dans un armoire à placard, estant dans le mur, du costé de la
maison du sieur de Vaucourbeil, s'y est trouvé quatre douzaine et demy de
fayance my nzée et deux saladiers; le tout estimé à la somme de trois
livres, y ayant plusieurs de fendues.
56. A esté représenté la veste et quatre lambeaux d'étoffe des habits de
feue dame Glaire Buisson et qui ont estes estimés à la somme de douze
livres.
57. Et sur l'instant ledit sieur Àudebert de Fonmaubert nous a fait
représenter les meubles qui suivent, qui luy avoient estes donnés lors de
la séparation qu'il fit au temps de son mariage et qui consistent en un
(1) Ait, pUnchei.
(2) « Deux iranda fora pour cuyre le pain et pitance de rostel, une mey à péatrir. une
petite arche de costé la dicte mey et trois tables plates à faire le pain et pitance » {Invent, de
l'hôpitaX de Beaune, 1501).
356 SOCléTÊ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORIQUE DU LIMOUSIN.
chaslict et une garniture de même couleur, unes paillaisses, coucbète,
coussin et mathelat, pesant en tout soixante-seize livres, et une courte-
pointe d'inguiene (indienne); le tout mis et apressié à la somme de
soixante livres.
58. Plus, douze mauvaizcs chaises de paille, deux mauvais fauteuils
garnis d'étoffe verte, une petite table et deux petits chenets de fert; le
tout estimé huit livres dix sols .
59. Plus, un bois de couchcte et un petit lict de plume, pesant qua-
rente cinq livres; deux chenets de fert, pesant trente- deux livres et
deux petits bacins presque uzés; le tout estimé à la somme de vingt-deux
livres.
60. Plus, un grand chodron jeaunc, un bassin d'étain, deux mauvaises
poilles, une mauvaise mermite, un mortier de fonte, une lèchefrite, un
passe-purée, un poilon, des mouchetés et portes mouchetés, une cuillère
à pot et un écumoir ; le tout estimé à la somme de huit livres.
61. Item, un petit lict, pesant dix-huit livres, avec une mauvaise cou-
verte; le tout estimé à quatre livres.
62. Plus, cinquante trois livres de vesselie d^étain, en plats et assiestes,
estimé quarente livres.
63. Plus, deux vieux coffres, estimés à la somme de six livres.
64. Plus, huit draps fins, six gros; quatre napes fines, six autres napes
de gros; trois douzaines de serviettes fines, trois de grosses.
65. Finalement, un petit tonneau, coulant environ quatre banques;
une petite cuve, coulant environ une barrique, et un fut domard, le tout
trèsuzé (p. 69-71).
66. Et sur l'instant ledit sieur de Fonmaubert a déclaré qu'il a ouy dire
que lorsque le sieur son père s'est marié avec dame Claire Buisson et
après le déceds de d"» Marie Nonique, sa belle-mère, il fut fait inventaire
du peut de meubles qu'elle délaissât et lesquels ont estes mis et déposés
dans une des chambres de la maison de Lechaufie, seize en cette ville,
tout presl l'églize d'icelle A quoy acquicssant, nous nous y sommes
conduits et nous a esté représenté ce qui suit :
Premièrement, une table carrée avec un tiroir, quatorze chaises et
quatre fauteuils, garnis d'étoffe rouge et verte, deux bancs et deux tabou-
rets (I), un armoire à trois balans, un autre armoire à quatre batans, une
met à poitrir, un prié-Dieu (2), un vesselicr, un garde-manger, un grand
(1) « Deux tabourets de toille d'or, damassé d'argent, brodés autour de satin cramoisy,
avecques passemens d'or et d'argent. Item, ung aultre tabouret de velours vert, entaillé par
dessus de toille d'or et de vellours cramoisy ». {Invent, de Fr de la Trémoille, 15i2). —
f( Ung taboret de velours figuré. Ung taboret satin vert, rayé dor, Deui taboretz de
me^me -toile d'argent Mllanoise). Deux taboretz de velours figuré. Deux taboretz de satin
gris noir, rayé d'or. Ung aultre Uboret de toille d'argent Milanoise. Ung aultre taboret de
satin gris noir, rayé d'or. Ung taboret de tapisserie. Ung hault taboret de cbesne. Trois
haults taboretz. Ung hault taboret. Quatre tabouret* et une chaise non doublés ». {Invent, de
Quermelm, 1585). — « Deux taborets » {Invent, d'un bourgeois de Nevers, 16(»8).
(2) a Plus un petit prie-Dieu, dans lequel ne s'est rien trouvé; plus un autre petit prie-Dieu»
{Invent, du chan. d'Armagnac, 1746). — a La stalle du milieu set a plus élevée que les autres,
au devant de laquelle sera un prie-Dieu fermant à clef » {Projet pour S. Afathurin de Luçon,
1774^ — « Un petit prie-Dieu de peuplier » {Invmt. d'Et. Bourot, 1775)
INVENTAIRE d'ÉTIEKNB ACDRBKRT bfi FONItAVBEBt. 'èù'l
coffre fermant à clef; ouverture duquel aiant estée faite, il s'y est
trouvé trente-cinq servietes de grosse loille, six napes et onze draps, aussy
de grosse toille.
67. Plus douze livres de pratique de droit et autres, un bois de chasUt
et deux de couchete, un lict de plume et deux travcrssier, deux horclier
(oreillers) et un petit maleiat, pesant le tout soixante quatre livres; une
garniture rouge, composée de deux tours de lict et deux mourceau de
rideau; trois petits tapis et huit mauvaizes courtes-pointes. Evalué trente
livres.
68. Plus un autre petit lapis d*Aubusson; deux fauteuil, garny de
mouquete (I), deux tabouresls, garny de tapisserie; un lict de plume,
pesant trente-quatre livres ; un autre lict, avec son chaslict et une garni-
ture de droguct jeaune et un matelat; ledit lict pesant avec ledit matelat
cinquante livres; un autre lict de plume et un mauvais matelat, le tout
pesant soixante-une livres; un autre lict, pesant quarente livres; plus
trois courtes-pointes fort uzées, quatre couvertes, une table osvalle et un
tirroir, une marmite, un mauvais échauffelit, deux cbodron, un bassin
d*érain (9), une lèchefrit, une casserole, une petite lampe à Thuile, un
livre de la vie des saints, huit chaizes garnies d'étoffe et un mauvais fau-
teuil; quatre chenets de fert, trois mauvaizes chaises de tapisserie, et un
garde-manger, sans estre garny de toille (3); une tourtière, deux flan-
beaux de cuivre, un bois de couchete, et une petite malle, une poile, un
petit chodron, une petite mermite de cuivre, un couvercle de tourtière,
un mauvais couvercle de pot de cuivre, un poilon aussy de cuivre, un
passe pure et une petite culière de pot, le tout de cuivre ; un flasque à
passer linge, de fer (À); un gril; un chandellier de cuivre, une autre mer-
mite de fonte d*environ demy sceillée, une broche à routir. Estimé
soixante livres.
69. Plus, en plats, assiestes et escuelle, d'eslaing, trente-huit livres.
70. Trois métier ou ouvroir à toille, dont le nommé Reburat, dit La
Gallai, tixerant, est fermier de ladite maison de Lechauffie (p. 71-72).
Je me cootenterai de signaler les greniers de « la maison ap-
(1) V Inventaire de la sainte Chapelle de Dijon, en 1745, enregistre : « Un tapis et deux
pentes de moquette ; ung grand tapis de pied, de moquette, lequel se met sur le marche-
pied du grand autel ».
(?) «c Une grande chaudière d'airain, à deux oreiUions. Neuf chaudrons d'airain, tant grandz
que petitz. Une casse d'airain et une petite poésie à queue aussy d'aiiain. Ung petit fourneau
d'airain avec le courercle, fasson d'Etpaigne. Trois marmittes, avec les couverceaux d'airain •
{Inv. de Ch. Thiret, 1641).
(3) Ce mot a deux acceptions : office et meuble, — u Plus, dans un petit garde-manger,
joignant à la dite cuysine, avons trouvé un petit tyne de boys à faire le pain » {Inv. du xvi* siècle^
ap. BuU. de la Soc. arch. de la Corrèze^ t. III, p. 675). — L'inventaire d'un bourgeois de
Tournai signale, en 1505, « ung garde-minier»; et, en 1534, n un garde-megier». Il est probable
qu'U hut lire mengier^ le sigle abréviatif n'ayant pas été figuré. — « En la despanse ung
dressouer, le garde-manger d'auprès. En la cuisine, vers le pavillon, on garde-manger, prisé
ung escu et demy » /'/hv. de Quermelin» 1585). — « Ung garde-manger, garny de cannevas,
fermant à clef b {Inv. de Ch. Thiret, 1621). — « Plus un mauvais garde-manger, dans lequel
ne s'est rien tronvé » {Inv. du ch. d'Armagnac^ 1746).
14) 11 s'agit évidemment d'un fer à repasser. Cette acception ne se trouve pas dans le
Qlossûire archéologique.
358 SOCU^i JliCBtQLOGIQUK KT HISTOAIQVK OC LIUODSlir.
pellée chez Lauèart », où i*OQ trouve du « bled frooiani », du
(( bled seigle », de « Torge et baillarge », des « pelHs pois mes-
lés », des « feuves noires », des «nentines » (lentilles), des « foids
comme métare pour les domestiqaes et aumosnes pour les pau-
vres », des « noix » (p. 25 26). Il y a \in « premier grenier en
entrant, le plus près du degré çjant vue sur la rue publique », un
(( autre grand grenier estant à coslé et ^ plein piçd du sus(^it » et
« deux greniers hauts ».
Les immeubles sont : « la maison appellée chez Laubart >», « la
maison appelée Lechaufie » (p. 26) ; « au lieu du Puis, paroisse de
Berneuil », une « maitérie appartenante à la dite d^^* Marie-Glaire
Attdebert » (p. 64); « une autre maitérie au bourg de Saint-
Sauveur, appartenante à ladite d^'* Marie-Glaire Audebert » (p. 64) ;
au même lieu, une « autre maitérie appartenant au dit sieur de Fou-
maubert nfibidj; au « lieu de La Borde, paroisse deMézière »,
une» maitérie », dont « le feu sieur Joseph Charon » avait pris le
nom, se faisant appeler <« Charon de La Borde » (p. 84).
Le cheptel consiste en bœufs, vaches, taureaux (i), juments,
poulains, cochons, brebis et moutons. « Plus quatre vingt mau-
vaizes brebis et moutons qui ont la gasle eC dont la majeure
partie ne vaslenl presque rien » (p. 64).
Le matériel comprend « une chareste » et tout ce qui sert an
« pressoir » (2j, tonneaux, cuves, « fûts de pipes », barriques,
futailles.
X. Barbier de Montauu,
Prélat de la maiaoa de Sa SainteH^
(1) « Une grand taure », a deux lorrains et une taure » (p. 65).
(9) « Ung pressouer de chesne. Ung auUre vieu pressouer de chesne »
(/no. de QuermeUn^ it>8â>.
INVENTAIRES DU CHATEAU DE COGNAC
(haute- vienne)
EN 1794
Les inventaires de Cognac sont au nombre de trois; le premier,
le se^l que je put>lie intégralement, est à peu près copié par le
second, mais en abrégé; le troisième récapitule tout le mobilier et
en donne le prix. Leur date est « Tan II de la République fran-
çoise. n
La « maison » est si considérable qu'elie a plutôt l'apparence
d'un château. On y arrive par une « allée » et l'on entre par un
m portail » à « pont-levis ». II existait une « tour », mais elle fut
« détruite » et « démolie ». Le rez-de-chaussée comprend : une
« cuisine », avec un « garde-manger » et « office », une « salle »
avec son « vestibule », un « salon », une « grande chambre »^ deux
« chambres basses », une « petite chambre », cinq chambres, dont
use avec « cabinet » et la « chambre de Monsieur », flanquée de
de«x cabinets, le tout desservi par un <( corridor ». Le bas seul
était habité ; au premier, on compte cinq chambres inoccupées et
un « galetas ». Les communs se composent d'une « grange », d'un
« pavillon », d'un « vollallier », de deux écuries, « grande » et
« petite », et d'une « cour » avec « puits ».
Les domestiques souchaient dans la cuisine, la petite chambre et
les écuries. Un Ut était dressé pour les maîtres dans le salon et
l'on mangeait dans la salle.
Le mobilier est fort modeste, à peu près analogue à celui d'Aixe.
Le propriétaire était le même ; c'est pourquoi les papiers sont res-
tés au château de Nexon entre les mains 4^ Bt le baron de Nexon,
qui a bien voulu me les confier , après leur découverte par
in. Çhampeval.
Cognac est situé dans la Haute- Vienne, près de Rochechouarl.
Le château féodal a d'à donner son nom à la commune.
360 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTOhlQUR DU LIMOt'SIII.
I.
i. Dans la cuisine : Un lit à quenouille, ayant 3 couvertes de laine,
dont deux mi-usées et l'autre usée ; une couette de plume, pesant avec
son mauvais plontif, 30 1.; un traversin garni de plume, pesant 8 1.; an
matelat garni de laine, pesant 17 I.; une toile de pailliasse usée, un drap
de toille servant de rideau, sans aucune tringle ni autre ferement; plus un
matelat garni de laine, pesant avec un petit oreiller garni de plume 44 1.;
plus une courte-pointe piquée de siamoise à ray(e) bleue assés bonne,
plus deux draps d*étoupes ; une table longue 4 pieds, trois mauvais bancs
de bols, une met à pétrir le pain ; un armoire à 4 battans, ayant 3 serru-
res avec leurs clcfe, dans laquelle il si est trouvé 6 bouteilles en verre,
un gobelet d^élein, une lampe ou chanet (I), une bouteille de terre» un
pot-à-renu de terre, un pot de terre dont un bort est cassé, une coupe de
bois pour faire les fromages, un pot-à-Veau cassé, de fayance ; 9 écuelles
de terre, 6assietes et 3 morceau(x) de culière, le toutd'étain, pesant 9 1.;
un grand et petit chandelier d'étein, pesant 3 i.;un pot de terre et un autre
plus petit, l'un et l'autre ayant leur bordure cassée ; un couloir (î) de lall;
une petite marmite avec son couvercle, le tout de fonte, le tout pesant
61. 1/2; un bassin de cuivre jaune, pesant 3 I. i/2; un grand cbauderon
en cuivre rouge, pesant avec sa barlière 46 1. 4/2 ; plus un autre, de cui-
vre rouge, pesant 9 1.; plus une galetîère; un pot de fonte, pesant avec
sa barlière 32 1.; un autre de fonte avec son couvercle, pesant 28 1.; une
petite marmite de fonte, pesant avec son mauvais couvercle de fert, 7 1.;
une houH'e (3) de fonte, pesant avec sa barlière 52 1.; un petit cbauderon
mi-usé, de cuivre rouge, pesant 5 I. 1/2 ; 2 trépieds et un porte-poille de
fert, pesant 9 1.; une lèchefrite usée, pesant 3 L; 2 écumoir(s), 2 culières
à tremper la soupe et une petite à arroser la viande, le tout pesant 3 1. 1/9 ;
un gril et une petite fourche de fert pour ati se r le feu, pesant trois 1. 3/4;
un tournebroche avec la chaîne de fert, pesant ensemble 15 1. 4/4; une
pelé de feu, de fer et tras foyer (4), pesant ensemble 7 1.; une grande
broche à rôtir et une très petite à main, pesant ensemble 8 l.; un poide de
tourne-broche en pierre, garni d'un anneau de fert; 2 chaînes de cuisine
en fert (5), pesant ensemble 37 l.; 2 cramaillières attachées dans la chemi-
(1) « Une lampe ou chanaU m. Voir Chaleil dans le Glouaire archéologique.
(2) PaBsoire, pour passer le lait après qu'on a trait la vache.
(3) M. Louis Guibert, à qui je dois l'explication de plusieurs termes locaux, m'écrit : « On
appelle ouïe ou houle, aoulo, le pot, la marmite. La berle, lo barlé, lo berlé, est l'anse a.
Du Cange se contenta de cette définition trop peu précise : ■ OUa, genus msis tel meo*
sur», distinctum ab oUa vulgari ».— « Un grand pot de fonte, vulgairement appelé houle * i/nv.
d'Bt. Audebert, 1741, n* 27).
Le livre de raison du Limousin Pierre Esperon (13S4-1443) emploie deux fois le mot
OUa : a Fac buUire in oUa nova ». « Item, una ola de coyre (cuivre), d'une aelhada (seil-
lée). » Ces textes sont cités dans le Bulletin de la Soci^é archéologique de la Corréze,
t. XI, p. 43i, 448.
(4) « Mot encore en usage pour désigner la pierre ou la plaque de fonte qui forme le fond
de la cheminée ». (Note de M. Guibert).
(5) Quelle était leur destination ? Le poids empêche d'y voir la chaînette destinée à tenir la
INTVflTAlAK DU CHATBAU 0B GOGKAC. 301
née à une barre de fer^ une teuille (4) de bois, ayant ses cercles de fer
propre à faire les galets; une table usée, composée de plusieurs mor-
ceaux» ayant 40bra8se(s) de long; 3 tamis, dont un en soye et les autres
en crins, assez bon(s); 4 mauvaises palisses (2), un pallisson de paille,
une coupe de bois, un crible mi-usé, S mauvais dais (3) pour porter les chA-
leignes, une grêle (4) pour les châteignes, 3 chaises en paille, une salière
de bois en fauteuil (5), une planche à hacher la viande, 9 mauvaises lan-
ternes, un dévidoir de bois; un pot de gré(s) ou bulre d*huile, de la con-
tenance d'un sceau et i/9 ; un bac de bois pour les cochons ; 3 sceaux,
dont S mauvais et un bon, garnis de leurs ferrures; une pelé en radoit
hors d*usage, un mauvais taille-pré, un grand cuvier de pierre pour la
lessive ; une nape de cuisine, ayant une aune et demi, très trouée et usée;
6 mauvais essuimain, 4 râtelier pour le pain (6) ; 6 mauvaises planches,
dont 3 au ciel du lit, une au-dessous du lit, une proche le râtelier et Tau-
tre suspendue ;6 barres de fer, pesant ensemble 44 1.; 4 crochet pesant
jusque à 69; 3 poêles à frire, dont une grande, une moyenne, une petite,
pesant ensembleOl. 3/4; S casseroles de fert, pesant ensemble 1 1. 1/4 : S
petiles casseroles de cuivre, un passe-purée et un plat d'œufs à miroir (7),
aussi de cuivre, le tout pesant d 1.; S couvercles de fer blanc, un grand et
l'autre petit, pour couvrir les casseroles ; un souflet de cuisine usé, hors
d'usage ; un colier de chien, garni de ses pointes (8).
Michel Léonard, commis pour la préparation du salpêtre, prit les 2
meilleurs sceaux, une bare de fer, elle pèse 6 1. 3/4, une casserole de fer
blanc pesant 2 1. 3/4.
3, Veêtibule de la $ale : Un armoire à 4 batlans et % tiroir(s) au
milieu, dans le bas il y avoit huit draps de brin en bon état, 3 de boira-
dis, 3 d*étoupes, 6 napes ouvrées ayant une aune et demi, 43 servietes
ouvrées, 4 autres servietes ouvrées très usées.
3. Sale. Un buffet à 3 portes; 5 bouteilles de verre, un pot-à-l'eau de
fayance, 3 huilliers en fayance, 2 autres en cristal par leur porte-huillier,
4 gobelets de verre dont un est cassé, une pâtissière avec son couvercle
en fayance, 5 fourchetes cassée(s} en composition, une culière potagère,
un salinat de iayance (9), une feuille de fer blanc, une corbeille dans
qoeae d« la poU«, que l'oa obtarre «neore ea PoHoa. Le second înTentalre fixe le MOf , grâce
à an acceot; il s'agit de chenets ; • 2 chaînés en fert et une petite fourche pour rengar le fea ».
(fl) M, Gaibert propose de lire eeuille, t On appelle lou ieillou, le seau où l'on met la pâte
p«<ir Csire les galau de blé noir. »
(2) «c Paluton, sorte de corbeille ronde en paille. ■ (L. Gnibert).
(3) « Le mot dée est ancora employé pour désigner une boite cylindrique, dont le fond est à
jour » (L. Gnibert).
(4) Grêlif sorte da orible où l'on agite les châuignas apréa une première ébuUition, afin de
les débarataer du tan ou deuxième enveloppe (L. Guibert).
(5) Ces salièr^t ezisUnt encore en Poitou. On les suspend dans la cheminée pour que le
ael soit toi^ours sec. Leur forme est une boite carrée en bois, arec dossier qui sert â wiq^en-
dra. Le second inventaire dit : « Une salière faîte en chaise ».
(6) Ce râtaUer consiste en une planche suspendue au plafond.
(7) ExpraMion ancora oaltée pour signifier ara/< eut le pUU,
(8) « Un boisseau ferré, 2 con8erve{s) de fayance, un pichar de terra, des morceaus de
cible, un paiM-yaréa an cuivra étamé, 2 lanternes, une bardina à laver Las galetas i» (f
Itweniaire).
(9) « Une salière de ftiyance ». « Salinat, mot inconnu. Ce doit être une salière. » (L. Guibert).
T. 3JXXVII. M
362 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIOUE DU LtMOUSik.
laquelle il y a une porte-huilièrc de fayance, une lasse à caffel el 2 sou-
coupes, un moutardier de fayence, une table avec ses tretaux, une autre
table moyenne sans pieds, une petite table avec son pliant, un fauteuil
couvert d'élofe verte, 3 fauteuils en paille, 6 chaises en paille i une bas-
sinoir(e) en cuivre rouge mi-usée, pesant avec son menche 5 1. 1/2 ; 8
carafes cassée(s) de verre blanc, une cruche de terre vernissée, une bou-
teille de vere noir envelopée d'une vpcle ; une petite table à pied de biche,
ayant trois tiroir(s), dont deux fermant à clef; un panier à salade et un
autre panier servant à porter les bouteilles, ayant 9 cloisons ; une autre
crache de terre vernissée, ayant sa anse cassée et un cuir servant d'anse ;
une masse et S coins de ier, pesant ensemble 47 i.; une grande hache
avec son menche, pesant 6 1. 1/2; une petite avec sou menche, pesant
3 I.; 2 chenets de fer, pelles à feu et une pincete, le tout pesant avec une
barre à fer 39 1.; un Dictionnaire latin de Tannée 1765; un guéridon de
bois, ses bordures cassée(s) ; une râpe à râper sucre (\).
4. Salon. Un petit lit, ayant une couete, un traversin garni de plume,
pesant avec leur plonlif raye bleue et grise 35 1.; une paillasse ayant sa
toille à rayes piles, % malelals garni(s) de laine, pesant avec leurs plonlifs
en toille 54 1.; une courte-pointe piquée à fleur bleue et rouge, un drap de
lit boirady, une nape unie très tachée et usée, une servieie ouvrée, des
ridaux de droguel jaune sans barre ou tringles et sans ciel de lit, 2 trin-
gles de lit étant dans le dit salon, pesant 16 I.; un pot de fayance, 2 feuil-
les de feri blanc, une table, 2 petites bares de vitrage, une laquetrise, une
écuelle de fayance manquant d'une de ses oreilles, 2 chaise(s), uo fauteuil
en paille, une petite pandule de bois (2), un compas à 3 branches propre à
niveler la terre des plans, un paquet de fil de fer, une toille d'un fouret (3)
déchirée; un armoire à 2 battans, dans lequel il s'est trouvé 6i servieles,
C napes, 2 essuimains, un bissac, des mouchetés, 27 draps de lit, une
chemise, une coife de gasc, une botte de carton contenant des grènes, une
serure, 7 bouteilles, un petit peloton de fil de brin, un de fil tord, un de fil
bleu, 10 pelotons de til de brin ront (4), pesant 4 1.; un grand et un
petit poid(s) de pendule en plond, une bourse de soye à fleur et un mau-
vais rubent, un pain de sucre pesant 3 l.; 2 petites boites de saptn, une
écuelle de terre el demi-livre de fil de ferl, 2 petites clef(s) atlacbée(s) à
un morceau de bois; une culière de fer percée, pour tremper la soupe.
5. Petite chambre : un polit lit à lange, ayant une couche, un malelats,
une paillasse, un traversin, courte-pointe, i drapo, de ses ridaux d'élofe
(i) « Salle à manger d'antre» hnillier? en verre, une servlete ouvrée, une lertière, 3 plats
loDg(s) en fayance, de la fleur de soufre pliée dans du papier, une soupierre, 10 plats long(s),
2 saladiers, t écuelles, i assiettes d'étein, 39 assietes de fayance; une petite t&ble à pied de
biche; dans un des tiroirs c'est trouvé un canif et 2 fiches de fert, 2 autre(s) table(s) à pied
Irisé, 3 chaises à bras, 2 paniers d'osiers, un livre portant pour titre : Compte fait. » {f
Inventaire).
(2) « Une pendule, avec support d« bois sculpté et verni. » (Inventaire du château de Ram^
bouillety 4718).
(3) c( Le mot fouret, daos nos campagnes, désigne une sorte de filet. » (L. Guibert). La toil«
aurait donc servi d'enveloppe.
(4) Roux : « Deux chemises de toile rousse », dit un contrat de CdS (GuÉlon, Vollore,
p. 185).
INVENTAIRE DU CEIATEAU DE COGNAC. 363
verle, soa docier de soye et cotoo à peiis caros (carreaux) blanc et vert, 2
mauvaises chaise(s) ; un petit placar vis à vis, dans lequel c^est trouvé
lin plat à barbe, une bouteille, 2 pot(s) de terre, 2 de fayance, un plus
grand (i).
6. Dans le colidor : 2 coffres de la contenance de 40 boisseaux de bled,
Tautre de 4 setiers, ayant une maille pour fermer avec un cadenat qui ni
était pas, un setier de cendre pour le salpêtre (S).
7. Chambre basse ou cuisine : une table supportée par deux chaises en
paille, deux petite(s) palisse(s)» une grande et une moyenne terrine de
terre, un panier à 4 bouteilles ; 3 pot(s] de terre, lesquels les bord(s)
sont cassé(s), un entoiioir en bois, nne tardille à placer les fontaines aux
hariques, nne buge de gré; 6 pots à fleurs (de terre), dont 2 assés grands ;
un râtelier à mètre le pain, â planches, 6 morceaux de colonnes.
8. Office : 48 bouteilles de verre noir, un crible, une corbeille sans
couvercle, 2 pots de terre hors d*usage, un petit vinegrier; une grande
buge (3) de gré avec son couvercle, de la contenance de deux sceaux ; une
grande bouteille de verre blanc, une grande fiole, une bouteille et.... cas-
sées, 2 petis moutardiés de terre; 3 chaise(s) de paille, dont une mi-usée;
une planche suspendue, 9 assietes de fayance cassée(s) (4).
0. Dans un petU colidor : une porte neuve détachée, ayant 2 pein-
tures (5), un renard et un petit crochet; une mauvaise colonne de 7 à 8
pieds.
10. Chambre des pomes de terre (6) : 26 cherveis de cbarete en bois
de fayant, une grande louche d*accassias de 6 pied(s) de long, le tout
ouvré et bon.
4 4. Colidor : un râtelier et les bois, deux échelle(s) à main, le tout neuf.
42. Autre chambre : un mauvais lits de cbarete, un mauvais tomberaud
sans roues, 2 roues fuiine non ferrée(s), les boutons d*icelle transférés et
ayant leurs boites; une roue de charete ferrée, manquant d*une chervis (7);
un support en bois de cuvier, les débris de trois chaises, 2 chèvre(s) de
charpentier, une pièce de râtelier, une planche (8).
43. Garde -manger : un garde-manger, garni de ses toilles percées;
une banque plaine de chaud gâtée en poudre, une pièce de boisure,
2 pièces de bois courbe et un mauvais madrier.
4 4. Sur la terrasse : 20 planches de chêne de 8 pieds de long, bois à
brûler.
(1) « Petite chambre : 2 morceaux de ridaox jaune, i morican (morceau?) de toille cirée »
(2* Inventaire).
(3) • Un moatardier, S soucoupes et 2 tasses, un petit panier contenant de la feraille, de
la coUe forte » (Ibid.)
(3) « No bujo^ une huit, vase pour l'huile » (L. Guibert).
(t) « 0/^Sce : 2 pot(s) de lait, un panier à 4 étages servant à porter les bouteilles »
fy me).
(5) Sic pour pentures,
(6) 11 est curieux de constater cette culture en Limousin à cette époque.
(7) Quoique l'essieu s'appelle en Limousin charvix, l'expression doit se rapporter ici aux
rayons de la roue.
{8) m 3* chambre bcuse : une cruche, 2 pot(s) de moutarde, une carafe, une grande fiole »
2' inv.).
364 SOCIÉTÉ ABeBtOLOGIQtm BT BISTÔRIOOB AU LlHODSlk.
45. Caoeê : I fus de Pirigord vuiée, S ptôees de boh te^viBl d« ims (I),
un mauvais baril el 9 mau?aise(s) buge(s) à l'huille.
fÇ. Au oesiibuleée la caoe : À piokes de gré, un pot au htl, on» ban-
que plaine de chaux en poussière, 4 pièces de boisure; un fus de Périford,
ayani dn TÎn de péis au deux ller(8) da fus; un fus d'Asgoonois, où il
y a dp via de péis à moitié fus .
17. Porte d*antrée : environ 3U0 brkpies, % mauvais manequina sans
couvercle.
\ 8. Grande chambre : 9 pièces 4e bois en forme de lias, 51 piancbes
de différand bois ; un baril ayant A sercles de fer, oonlenant une demi-
banque. 10 quinlaux de mauvais foin, iO bottes de patile de poix, une
mauvaise iaaterne, 24 planches bfttarde(s), 6 colonnes, S meavaia tus
d'Angoumois, une planche à hacher la viande, 10 pièces de boisure ; deux
mauvaises poélles hors d'usage et une petite marmite de fonte, «NiDqaaat
d*uB pied, pesant ensemble 5 1.
49. Autre chambre : Uu baril garni de 4 seneles de fer. 3 pièces de boi-
sure, la boisure d'un dessus de lit neuve ; on chairt de lit neuf, façon de
village; un autre châlit ayant une paliasse, garni(e; de sa toille et une
mauvaise courle-poinle piquée de toile couleur jaune; plus un Ut ayant des
ridaux vept(s), le tour bleu, one très mauvaise ooorte*pointe pkfiiée de
(oille grise, un maielai garny de laine pesaai CO l., une mauvaiae loiUe de
paliasse; plus une chaise de paille, un pot de chambre de fayance sans
ance; 50 boisseaux et demi de noix, mesure de Saiiit«Jaaien; un mauvais
dais ou corbeille, un mauvais panier; un boisseau, mesure de Saint-iunien,
avec sa rasoire, le boisseau ferré; un embauchoir de bottes (3), manquant
d'un pied ; t coupes ou environ de fèves en gousse.
20. Autre chambre : Dans le placar qui joint à la cheminée, detni-^Jivre
d*indigot, 2 mauvaises coiies et un mouchoir de gase, un foureau (3) d'in-
dienne à fleuF(s) fond blanc avec sa jupe, plus un foureau et jupe de gros
de Tour(s) (4) couleur de ramenons (5) clair, 3 paires de bas de coton,
une vielle, une mauvaise poche de ras, ayant une veiigeite (6) pour les
dents et 5 deniers en cuivre, 3 chemises mi-usée(4) de famé, 2 chemises
d'home, 2 servieies usée(s), un échevaux de fil retor(s) et un peiotAii ; un
lit, dont les ridaux d*élofe verte sont mi-usé(s), il ni a qu^uae paillasse
garnie de sa loille ; sur ledit lU il y a quatre coussins garDi(s) de crin, le
dessus étant d*étofc soye et coton à raye verte, fond blanc; un fauteuil de
paille, 3 chaises de paille, une mauvaise table à 4 pieds (7).
H) Pièces de bois formant chantier sous les barriques. « Le mot est encore employé chextoos
nos marcbanda de vins pour désigner les pièces de bois servant à l'installation et au maintleo
en place des barriques et des foudres » (L. Guibkrt).
(9) Expression encore usitée pour déaignei* la jamb^ de bols, avec pied arUculé, qui s'intro-
duit dans une botte pour la maintenir dans sa forme : un coin, qu'on enfonce au centre,
permet d'élargir plus ou moins la tige.
l'A) ■ Fourreau» Ce mot se dit des couvertures qu'on met sur certains meubles pour les
garantir de [a poussière... On le dit encore en fait d'habits : des fourreaux de manteaux, des
fourreaux d'enfants i> {Dictionn. de Trévoux). Ici, le sens doit être corsage, car le compté-
menl de la robe se trouve indiqué à la suite par ces mots : avec sa jupe.
(4/ Voir sur le gros de Tours \e tome I de mes Œuvres complètes^ p. 187.
(5) Ramoneur? Serait-ce un noir clair, noir de suie 7
(6) Œuv. complètes f t. I, p. 176.
(7) ■ 7 mauvai8e(s) pantoufle(s} » (2* inv.).
IlfTBIlTAlBB DU CBATBAU DB COGNAC. 365
ft4. Caèiftet : «il petit Ut, sans a«ire garniture qtCvtnt paillasse avec &i
toilie; «ne eovette garnie de plume, pesant SI I. avec sa toîlle, sans
rideaux ni del de lit.
S2. Chambre dite de M' (9) : le lit, à la droite de Tescatier,
a ma« paillasse garnie de sa toilie, un matelat garni de laine pesant
97 1., une courtepointe piquée mi-usée, à ray(e) rouge, fond
jaune; les ridanx de vert; Tautre lit, à gauche de la môme porte, du
c6té de la cheminée, les ridaax de ras bleu, le dossier à fleur rouge ; il y a
one paillasse garnie de sa toîUe et une courtepointe piqné(e) k fleur
ronge en siamoise; 9 mauvais pot(s) de chambre, une table de nuit, une ter-
rine, une petite table à quadrille; un lit de camp, garni de sa toilie à petite
rave; on fameuil et une chaise de paille, t euvetes de fayance, une cruche
de terre vernissée, une mauvaise caf»tiôre de fert blanc, une plaque de
plond pesant t L et demi (9) ; une botte à poudre en carton, avec une mau-
vaise fa^pe de signe (S); une cage d'oiseaux vernissée, gârnfe de fil de fer.
S3. Cabinet : 4 chaises, une table à toilette, une autre où il y a 9 bou-
teilles contenant du tabac. 2 patres de bas de coton, une coife montée en
gase, un petit et un grand peloton de fil brin blanchi, une coife de bonet,
une paire de chausson(s) de iil, un col de basin, un mauvais mantelet de
tafetas noir; un sac contenant un petit estoc, des doux et pointes de Paris,
9 paquets d alumetos ; un plat à barbe et un bassin de fayance, 3 bouteilles,
an panier contenant de la ferailte, une serviete, un manteau de lit, 3 lire-
boties, 4 gonds ei quatre peniures, une petite boite de carton, un sac con-
tenant 19 livres de fil blanchi, un autre contenant une livre et demi do
maavaise laine« un petit pot de fayance; la table de toilette, garnie d*un
verre, 2 petis pots de porcelaine, un enionoir de verre, une serviete,
ladite table bien garnie de ses miroir et écriloire.
94. Autre cabinet au bout : une paire d'embauchoir, une mauvaise
oape, de mauvaise culotte noir, une paire de fonte de pisiollet, une car-
nassière, un gilfît de moileton, une télièrc de bride avec son mord sans
gourmele, un sac de papier contenant des bouchons de liège, une grande
boite de carton contenant quelque coife et mauvaise gase.
95. A f étage êupérleur^ 1'* chambre du côté de la cour : on y a rien
trouvé. — 9* chambre : 3 boisseaux de fèves, 9 petis bancs, sur lesquels
sont 3 planches. ^3* chambre (4) : 3 pièces de boisure, 4 planches de
caisse, des fèfes en gousse eoviron demi-coupe (5), une chaise en paille.
(1) « !'• chambre haute: ao lit, garai... de rideaux Tert(s); ptai an autre lit, garni d'une
courtepointe piquée de tiamotse rouge, une pattlaete, les ridaux blett(8), le doeier, le ciel
d'indienne k grands earros ; un 3*, n'ayant que le pied et les eangleii, façon de bergère... un
pot de chambre de fajance, un autre de terre. .., 62 1. et demi de chanvre » (2* ifm.i.
{t\ ■ Une plaque de plond, aerTaat à mètre u'\r la table, ajant quelque Sguri de boit »
(t* in».),
(3) Houppe en dutet de cygne.
(4) «c a* chambre : 3 ehalHt, dont un n'a rien et lee deux autrei deux ont dea paiaaiae(8),
1 matelat, % mauvaise(t) couvertes, un drap, une mauvuse garniture de ridatix ycrt bleu,
lesdlta châlits sont garni(8} de planches dessus..., un pot de chambre..., cinquante bois-
leanx de nois » (t* tnv,),
(5) <c Quarterium et euppam frumenti » (Linre de raison de Pierre Eiperon, daûs le BulL
4e la SoCf arch. de la Corrèxe^ t. ZI, p. 414;,
366 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
— 4« chambre : 4 planches, les débris d*une galetière, 3 boites de cbaretes
le loul eo fonte, pesant 45 1. (1). — 5* chambre des pommes : 1-4 chaises
neuves en paille, 3 mauvaises planches et un vieux chambranle détaché de
poste, un tiroir sans serure, 3 poi(s) de terre,
S6. Galetas : 10 paquets de lattes de À pieds de long, chaqae paqaet
contenant 30 lattes; plus 300 latles de 9 pieds, 100 bardaux, un pelit coo-
trevant manquant d*une de ses fiches, environ â boisseaux de fèves en
gousse, environ 700 tuilles plaltes, une colonne et une planche (9).
27. Vieu{x) pavUlon : une balustrade en claire-voie, un baoc de
cœur (3), 4 planches, de mauvais solivaux, un lit de charete pouri et un
poullalier fort mauvais.
28. VoUalUer (4) : un bac de pierre, une mauvaise planche sur 2 piquets^
UD ancien râtelier de cheval, une pièce de boisure.
29. Grande écurie : un bois de lit, ayant une mauvaise courte—poiote
piquée, de loille ; un coffre d*avoine, avec une serure détachée, sans clef;
2 râteliers, 2 auges, 2 autres auges ; une brouete, avec sa roue noo ferrée,
employée à la conduite des terres; un gond de contrevant a été pris (5).
30. Petite écurie : Tauge et le râtelier, un mauvais bois de lit très pelit,
un banc à établis de charpentier, 3 pièces du sercle de la fontaine, pesant
65 1.; plus 2 chaînes du pont-levis, pesant 68 L, et un câble de meule ayant
9 brasse(s] (6).
31. Cour : le pui (ts) a une chaîne de fer, avec son crochet, pour puiser
Peau ; 19 planches chêne, 2 de fayanl (7), 1 1 colonne(s) de chêne, uo lii
(1) tiGrcMde chamhrê : an madrier propre à couper la yiande..., S gros iolÎTauj:, le jon
d'un eforceau ; dans la cheminée, 80 taillea plat » (1* inv.).
(?) a 4* chambre: 3 corniches, 2 mauvais cadres. — G* chambre : un maurais derler de lit,
14 chaiseS) 3 pot(B) au lait, dont un a de la laine..., de la paille de fèves sans être ballaen
(f in».).
(3) Cette balustrade et ce banc devaient provenir de régbse de Cognac, où les de Nexon, en
qualité de seigneurs, avaient sans doute une chapelle et un banc dans le chœur. — Voir sur
le banc seigneurial le Bulletin de la Société des lettres de la Corrèxe, 1889, p. 3g4.
(4) « 2 oyes, S8 poulets ou chapons, plus un tout propre à lever les meules de moulin u
(«• /«».).
(5) « Une grande hache, une petite, 2 coins de fert, une bombe... un juchoit en forme de
râtelier» {Ibid,)
(6) <t Grenier au-dessus : 3 boisseaux de froment chaulé ; 3 housses, dont une grande et 2
moyene(8); la grande contient environ uo boisseaux de poix (a), Fantre environ -une coupe,
l'autre de la grène de rave environ demi-ooupe, une coupe (6) à mesurer le bled, plus 2 coupej*
de poix. — Autre yrenier .-un boisseau, mesure de Rochoir (Rochechouart). — 3* grenier : S
coupes de fèves rouges, 3 boisseaux de blanche, 4 boisseaux de pois ou environ, une banque
contenant environ 3 boisseaux de grène, plus un boisseau de bled d'Espagne et environ 34
sacs d'épis de bled d'Espagne, 7 boisseaux comble d'avoine, 3 boisseaux d'orge, plus une ma-
chine en toile pour mettre le boisseau pour mesurer le bled..., des épies de bled d'Espagne
sur une perche.
a Dan» la petite écurie : un petit lit, dont les planches sont élevées pour former le châlit,
où il y a un matelat, une courte-pointe, un traversin..., plus un mauvais châlit cloué et une
mauvaise pelé courbée propre à ramasser le fiant u (2* inti.).
(7) <i Fayan^ mot encore en usage pour signifier le hêtre » (L. Guibert). En Aavergne, on
dit t^yard (Vollore, p. »46).
(a) 1 sextarium pisorwn », a eminam pisorum » (Livre de raison de P, Esperon^ an. 1403,
p. 413, 416).
('*) Coupe et demi-coupe (Guélon, VoUore, p. 40u, 401).
INVENTAIRE DU CHATEAU DE COGNAC. 367
neuf de charete, une bille de chêne de 8 pieds, une auire de 7 pîeds, une
autre de 8 pieds, une bille de fayant propre à brûler de 8 à 9 pieds, un
chevron écarie (équarri) ayant 21 pieds, une mauvaise échele à main, 8
tradaux ou madrier ayant H pieds.
3i. Sous le portail : une bille de fayant de 9 pieds, une de 7 pieds, une
autre de 6 pieds destinée à être sié (sciée).
II.
Le troisième inventaire est intitulé : « Précis de l'état des meu-
bles de la maison de Cognac », et ainsi divisé : « Couvertes de lit,
raalelals, lit de plume, paillasse, bois de lits, draps, servietes,'
napes, napes de cuisine, pots, chauderons, bassin, poilles à frire,
chandeliers, buie ou buges, panier, tables, banc, planches, armoi-
res, fus ou bariques, fer, casseroles, chaises, bouteilles, cruches,
colonnes, charetes, bois ». Je vais en faire de courts extraits pour
montrer le genre et préciser certains articles :
I. Couvertes de Ut : 3 couvertes de laine, dont deux mi-usées et Tautre
usée; 1 courte-pointe piquée de siamoise à ray(e) bleue, assés bonne;
I courte-pointe piquée, mi-usée, à ray(e) rouge, fond jaune; K courte-
pointe à fleur rouge en siamoise, piquée; 9 mauvaise(s) courlepoinle(s)
piquée(s), de toille jaune; \ courtepointe à flour bleue et rouge, 17 I.
3. Bois de lits ; . . . . Un bois de lit, le ciel et le daussier d*étofe à raye
soie et coton vert el blanc, avec ses ridaux vert. Un bois de lit à Tange,
avec ses ridaux vert, le ciel et le dossier. Un bois de lit à lange, avec ses
ridaux de ras vert. Un autre lit à lange, avec ses ridaux de ras bleu
3. Tables : \ table à cadrille (i), qui servoit à ma fille qui Tavoit
faite faire
4. Armoires : 2 coffres servant à lusage des servantes.
6. Casseroles : \ plat d'œuf a miroir, de cuivre rouge.
6. Chaises : 35 chaises en paille, dont ii de neuve. Un fauteuil garni
d*étofe verte. 2 grands fauteuils en paille, garni de coissin en crin et cou-
vert d*étofe blanche et verte, soye el colon. 4 fauteuils en paille, sans être
garnis.
7. Cruches : % petis moutardiés de terre, 4 pelil vinegrier.
• 8. Charetes : 26 chervaix de charele en fayant ouvrés et bon. 2
roues futines non ferée, les boulons d'icelle transforés et ayant leurs boUes.
i roue de charete ferée, manquant d'un chervis. La boisure d'un dessus de
ht, neuve, façon de village. S mauvais manequins sans couvercle.
9.^ Caoes : 1 écuelle de bois, un entonnoir de fer blanc.
X. Barbier de Montault,
PréUt de la maisou de Sa Sainteté.
(1) Table de jeu ou joueU comme on dit en Poitou. « Cadrille, quadrille^ jeu de carte entre
quatre personnes, imité du jeu de l'hombre. a {Dictionnaire de Trévoux).
U BIBLIOTHÈQUE ET LES ARCHIVES
DU
CHATEAU DE NEXON
Sur riûvitâtiOQ du maître de léaas, j'ai yisité, il y a quelques
mois, les curiosités du château de Nexou (1). J'y ai trouvé notre
confrère et collaborateur Ghampeval occupé, depuis plusieurs
semaines, à rendre à la lumière du jour nombre de vieux regis-
tres, de poudreux volumes et de pièces jaunies qui reposaient en
toute quiétude dans les obscurs recoins des grands combles. Lors
d'une première visite, il avait déjà mis la main sur de précieux
livres de raison ou registres de famille, qui seront prochainement
publiés, et reconnu dans cet amas de <i vieilleries » deux fonds
priacipaux qu'il a signalés dans sa récente notice sur les archi-
ves du Limousin (2) : le fonds de la seigneurie de Nexon et celui
de la seigneurie de Cognac, près Saint-Junien, — sans compter
maints titres relatifs à la baronnie de Lastours, aux prieurés
d'Âureil et de TArtige. De nouvelles et plus amples recherches
lui ont prouvé que le château de Nexon possédait aussi (par
quelle voie de fortune, on ne sait trop) les archives de Tancienne
aumônerie d*Aixe. Ce sont donc, en réalité, trois fonds intéres-
sants qui sont venus s'échouer en ce lieu.
Nous ne pouvons songer à en dresser l'inventaire détaillé; il y
faudrait plusieurs mois. Nous signalerons seulement quelques
plaquettes plus particulièrement curieuses, quelques volumes
(4) Nexon est aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement de
Saint-Yrieix. Au xvn* siècle déjà, les seigneurs du lieu s'occupaient en
grand de Télève des chevaux, tout comme aujourd'hui.
(3) Voy. le Bulletin de la Société archéologique du Limouêù^^ t. XXXYI,
p. SU.
I
BIBLIOTHÈQUE IT AQGBIVBS IHJ GHATBAU DB NBXON. 369
plus parliculiôremeut intéressants pour Thistoire de rimprimerie
et de renseignement en Limousin aux deux derniers siècles. Que
M. le baron de Nexon, qui nous a autorisé à publier ces notes
pour rinslruction de tout le monde et qui nous a facilité la tâche
ea nous laissant emporter à Limoges tout ce que nous avons
voulu > reçoive ici de nouveau Texpression de nos remercie-
ments.
1. — Proprium sanctorum diœeesis Lemavieensis juxta brevia-
rium dicffcesanum, authoritate episcopaliy de eonsensu eapituli edi-
tum. DeniÂO reeognitum anno 1683 authoritate illustrissimi ae rêve-
rendissimi D. D. Ludovici Lascaris d'Urféy episcopi Lefnovi4xnsi%
^Armes de l'évoque). — Lemovicis apud Petrum Barbou^ D. D.
episeopi typographum, 1689. Cumprivilegio régis. 48 -f 240 p. in-32.
2. — Abrégé de la dévotion du 5. Rosaire de la mère de Dieu
composé par leR. P. Joseph Mayol, professeur en théologie de V ordre
des F. F. Prêcheurs, — A Limoges, chez François MeilhaCy impri-
meur et libraire, M. DC. XCI. 8 + 332 p. in-32. — Avec les Obli-
gations (en douze articles) des confrères de la congrégation de N.-D.
du S. Rosaire. A remarquer que l'approbation des supérieurs
porte la date de 1679.
3. — Riiuale seu Manuale Lemovicense aucloritate illustrissimi ac
revereruiissimi D. D. Ludovici d'Urfé, episcopi Lemovicensis editum.
(Armes de Tévéque). — Lemovicis, apud Martialem Barbou, régis
et D. episcopi typographum. . . UDCLXXVIIL 13 + 120 p. in■8^
4. — Catéchisme du diocèse de Limoges. — In-32. Les deux pre-
miers feuillets et les derniera manquent. Mais le mandement
épiscopal, qui annonce la nouvelle édition, porte la date du
2 janvier 1760 et est signé : Jsan-Gillbs.
6. — Edit du roi portant suppression des sergents des tailles
(Armes de France et de Navarre). — Compiègne, mai 1624.
« Imprimé à Lymoges par Michel Lemoyne, suyvant la coppie
inoprimée à Paris, MDDXXV » {sic). — Brochure in-18 de 24, 8
ei 8 pages.
6. — RetatUm de la levée du siège de Limeric [16901, — « A Li-
moges, chez Estienne Leclerc, avec permission et privilège ». «-
Plaquette in-S"» de 8 pages.
7. — Mandement de Monseigneur l'évtque de Limoges pour la con-
vocation du synode au cinquième d'avril, le premier jeudy après la
quinzaine de Pâques 1731. — Plaquette in-8*de 6 pages, sans nom
370 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
d'imprimeur. — Il y a, outre les paragraphes relatifs au synode,
trois paragraphes relatifs aux écoles :
« J'ajoute ici des ordres conceriians les maîtres et maîtresses
d'école, ayaat appris que plusieurs ne s acquiltoient pas comme
il faut de leur devoir. Vous êtes particulièrement intéressez à ce
que ces écoles se fassent bien et par le zèle que vous devez avoir
pour l'instruction de vos paroissiens et parce que vous y trouve-
rez votre avantage particulier en ce que les maîtres el maîtresses
d'école s'acquittans bien de leur emploi, vous en aurez moins de
peine à instruire vos peuples. || Et comme il nous est revenu que
plusieurs s'étoient immiscez dans cet emploi d'eux-mêmes et
sans notre permission ni celle de notre illustre prédécesseur, ce
qui est contre les règlemens de ce diocèse faits eu 1686, auxquels
voulans nous conformer, nous vous ordonnons, mes chers frères,
de défendre de notre part, sous peine d'excommunication, à ceux
et celles qui instruisent dans vos paroisses, de continuer d'ensei-
gner que préalablement ils ne se soient présentez devant nous
avec de bonnes attestations de vie et de mœurs, ou devant nos
vicaires généraux pour être examinés sur leur capacité et suffi-
sance », etc.
8. — Sentence de Céleclion de Limoges qui condamne Louis Bar-
nouille, ci-devant préposé à la levée des impositions royalles des
paroisses de Vicq et de Magnac, à être pendu et étranglé jusqu'à ce
que mort naturelle s ensuive^ à aumoner les pauvres de la paroisse de
Vicq de la somme de deux cents livres et ceux de celle de Magnae de
celle de cent livres^ en la somme de six mille livres pour tenir lieu aux
habitants des dites deux paroisses des dommages intérêts résultans des
concussions, exactions et malversations commises à leur préjudice par
le dit Barnouille dans la levée des dites impositions, en l'amende de trois
livres envers le Roi et aux dépens envers ceux qui les ont faits. Du Ib
décembre 1772. — A la suite de la sentence vient l'ordre d'afficher
dans toutes les paroisses des élections d'Angoulême, Tulle,
Brive et Bourganeuf, signé Turgot. — Placard imprimé, grand
format, sans nom d'imprimeur.
9. — Lettres patentes de Monseigneur le comte d'Artois qui fixent
le tarif des droits et frais des actes de réception des foi, hommages^
aveutCy dènombremens et déclaration de ses vassaux soit laïques
ou ecclésiastiques, 1 Données a Choisy, le 15 mai 1774, enregistrées
es registres de Vaudience de Monseigneur et aux bureaux des finances
des généralités de Riomet de Limoges, — Paris, C. Ballard, impri-
meur. Plaquette in-8° de 12 pages. C'est un des très rares actes
du comte d'Artois en tant que « comte et vicomte de'Limoges,
marquis de Pompadour, vicomte de Turenne >>, etc.
BIBUOTBÈQUE KT ARCHIVES DU CHATKAU DE NKXON. 371
10. — Pub» Virgilii jEneidos liber octavus ad usum coUegiorum
Societatis Jesu (Marque des Jésuites) — Lemovicis apud viduam
Ant. Barbou et Martialem Barbou,,.. 1655. Iu-8° de 48 pages.
Particularité à relever : les lignes sont largement espacées,
pour permettre d'écrire la traduction sous chaque mot. C'est ce
qu'a fait en plusieurs endroits le possesseur du volume.
11. — M, T, Ciceronis De ofpciis liber II ^ ad tisum coUegiorum
Societatis Jesu (Marque des Jésuites) — Lemovicis apud Petrum
Barbou, collegii typographum^ via Ferraria prope divum Michaelem,
JUDCLXXXYIL In-8" de 48 pages. Mêmes particularités que ci-
dessus.
Il subsiste des fragments du livre III du même traité, avec la
datedeMDGLXXXVIIL
12. — Luciani Dialogi mortuorum 7, 8, 9, 10, 11, 12, ad usum
coUegiorum Societatis Jesu. — Marque des Jésuites, même libraire,
mêmes particularités que ci-dessus. MDCLXXXVII.
13. — M. T. Ci4'.eronis Pro lege Manilia ad populum oratio XIII,
ad usum coUegiorum Societatis Jesu, — Marque des Jésuites, même
libraire, mêmes particularités que ci-dessus. MDGXGIX.
14. — Règlements et conditions de la pension du collège de Brive
des prêtres de la Doctrine chrétienne.
Epigraphe : La bonne éducation a pour objet la religion et les
lettres.
Suit le règlement en 17 articles.
A la fin) : A Aurillac, chez Antoine Viallanes, imprimeur du
collège royal de Brive, 1775. Plaquette in-8° de 2 feuillets.
15. — Une autre plaquette, de même titre et de même
forme, diffère de la précédente en ce que les articles sont un
peu plus développés et l'épigraphe un peu plus longue : La
bonne éducation a pour objet Us mœurs, la religion et les lettres.
Bans nom d'imprimeur et sans date : mais évidemment posté-
rieure à la précédente. Nous la reproduisons intégralement à
l'Appendice.
16. — Exemplaire des bulletins fournis par le directeur du
collège de Laval-Magnac en Basse-Marche, aux parents des
élèves.
Celui que nous avons sous les yeux est adressé à M""' de Nexon,
à la date d'août 1776. Il comprend les rubriques suivantes, com-
plétées à la main quand il y a lieu :
379 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOCIQUC ET HltTORlQtB DV LIMOUSkN.
!• Nom... Taille... Santé.... Conduite... Classe de lalin...
Classe de géographie, de mythologie, d'antiquités, de Wazou...
Poésie latine... Poésie française.
2* Histoire sainte... Histoire romaine... Histoire ancienne ..
Histoire de France.
3^ Musique... Dessin... Ecriture... Mathématique... Danse...
Ex6rcice littéraire public.
Au verso, le bon billet que voici :
« Madame, Je ne sais d'où cela peut venir : M. votre fils est
plein de bonnes qualités, et avec cela il ne fait pas beaucoup de
progrès. Nous ne saurions dire encore que ce soit deffaut d'apti-
tude. Peut-être est-ce l'âge et Tenfance. Il faut espérer que la
persévérance à la fin réussira. J'ai Thonneur d'être avec respect,
Madame, votre très humble et très obéissant serviteur. Guillot. »
Suit la note à payer pour Tannée échue. Les diverses dépenses
montent à la somme de 385 11.
17. — [nsolemni afflxiorum triduo pr^clarum dabant diligen-
lias sux spécimen selecliauditores coUegii LemovicensU Societaiis Jesu
diebus 25, 26, 27, mane ab 8*> ad IU»°», sera a 3^ ad b^ A. M, D, G.
V. Q, M. D, (Marque des Jésuites). — Lemovids^ apud Petrum
BarboUy collegii typographum, prope divum Michaelem MDCXCVIIL
In -8® de 16 pages.
18. — Une autre plaquette, toute semblable quant au titre,
porte la date de MDCXCIX. L'indication du mois des e.\ercices,
qui fait défaut dans la précédente, y est portée : diebus 24, 28, 26
mensis augusti anni 1699.
Ces plaquettes fournissent d'amples détails sur Torganisaiion
des études et le genre des exercices littéraires dans le collège des
Jésuites de Limoges à une date assez reculée. Nous reproduisons
la seconde à l'Appendice.
19. — Thèses de mathématiques dédiées à Monseigneur Marie-
Pierre-Charles Meulan d'Ablois, chevalier^ conseiller du roi en êes
conseils, maître des requêtes honoraire de son hâtel^ intendant de
justice, police et finances en la généralité de Limoges, (Armes de
Meulan d'Ablois, échiqueté d'azur et d'or, couronne de vicomte).
— il Limoges, de l'imprimerie de Pierre Chapoulaud, imprimeur-
libraire, place des Bancs. In-12 de 23 pages. Au basde la der-
nière, on lit : <c Ces thèses seront soutenues dans la salle des
Dominicains le .. août 1784, à quatre heures après midi, par
M. François-Alexis de Gay de Nexon,
BIBLIOTHÈQUE Et ARCblVES t)U ClIATKAU DE NBXON. 373
20. ^ Positioas de thèse littéraire :
Verbi sœeuiorum opi/icis theorhetoris Chrtsti Jesu vlrgini matri
vârx C(»U$i%qae suad» augusiissimx Marùs Disputationes rhetarieas
consecrant Parthenii alumni rhetores Lmiovicensis coUegii Secietatis
JiSU.
Il y a huit positions. Puis vient cette indication finale : Has
thèses cum Deo et virgine propugnabunt in Parthenio rheioriees audi-
torio ^Itegii Lemovicensis Societatis JesUy die 20 augusti hora pome-
ridiana 2, anno 1653.
lies candidats sont : Martial Desmaisons, Lemovix; Simon
Delhorty Lemovix; Josoph Yerthamond, Lemovix; Simon Symon,
a Slo Juniano; Nicolas Chamberlant, Saliensis; Etienne Mondon,
Uxellensis; Pierre Ghamboux, Petralevatensis; Jean Biays, Le-
moviûB.
Lemovicùt^ aptui viduam Anl. Barbou et Mariialem Barbou, régis
eollegiique typographos, via Ferraria, prope divum Miehaeiem, 1653.
21. — Thèse de théologie :
lllmtrissimo viro D. D. Joanni Périere insignis ecclesiœ Sancti
Mariiaiis prœcentori meritissimo, prœposito des Secheres et officiali
metropolitanOf suas de omnibus et singulis sacramentis conclusio-
nés theologicas D. D. D. Leonardus Mas Tutetlensis^ propugnandas
in collegio Lemovicensi Societatis Jesu, anno Dom, millesimo sexcen-
tesimo nonagesimo nono die.,, mensis augusti. (Marque do l'im-
primeur). — Lemovicis, apud Petn^m Barbou MDCXCIX.
Brochure iu-4° de 20 pages. — Au revers du feuillet de tête se
trouvent, à page pleine, des armoiries représentant deux lions
passant, qui soutiennent un arbre. Signées F. Ponroy, sculp.
22.-* Thèse de théologie, sans titre, imprimée dans un magni-
fique passe-partout représentant la famille de Satll aux pieds de
David.
An bas : Bas thèses ^ Deo duce^ auspice Deipara^ et préside S. Jtf.
N. Petro Nolierre, sacrœ facultatis Purisiensis doctore theoiogo^ ttteri
conabiiur Lucas de Gay de Nexon, subdiaconus Lemovicensis, die
JQvis vigesima sexta mensis novembres, anno Domini 177S, a septima
ad meridiem in Sorbena,
23. — Traité de rhétorique, manuscrit (de 294 pages in-8«),
qui provient sans doute d'un des collèges de la région. Il est in-
titulé : Oratorix exewcitationes. L'écriture est celle du xvii« siècle.
24. — Fragment d'un programme d'exercices littéraires.
Ce fragment se termine par cette indication : « Ces exercices se
feront le 10 et le 1 1 d'octobre 1780. Ils seront terminés le deuxième
3^i SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGiQUK ET HlStORlQUE DU LIMOUSIN.
jour par la représentation d'une tragédie et d'une comédie^ pré-
cédée par le ballet du Paisan Gaillard et suivie de celui des Cer-
ceaux^ et de la distribution des prix ». — A Limoges^ chez Martial
Barbouy imprimeur du Roi et du Collège.
Ce programqie contient quelques indications fort précieuses au
point de vue pédagogique. Nous en tirerons ce qui suit :
« Messieurs François Ducros de lia Rebière, de Saint- Léonard,
et Jean-Baptiste Magy, de Saint-Léonard, accompagneront les
questions ci-dessus énoncées (1) d'exemples envers et en prose
tirés des meilleurs auteurs ; réciteront en entier VArt poétique de
Boileau,et celui d'Horace qu'ils traduiront. Ils traduiront de plus
les deux premiers livres des Annales de Tacite, les Satyres d'Ho-
race : Qui fit Mecenas, Olim truncus eram^ Ibam forte via, etc.; les
Epitres du même auteur : Albi nostrorum^ Si potes archaicis^ etc.;
l'Evangile selon saint Mathieu, et Texcellent discours de Cice*
ron : Pro rege Maniliaf où ils feront remarquer les principales
règles d'éloquence qui y sont observées.
Versification latine. — Ce qu'on entend par vers. Ce qui entre
dans la composition des vers latins. Pieds simples et composés.
Césure : ses espèces. Cadence finale ou Depositio. Manière de
scander. Ellipse. Synalèphe et comment elle s'obtient. Synérèse.
Diérèse. Division des vers en trois genres. Vers hexamètre,
héroïque et négligé. Pentamètre. Archiloquien. Alemanieu.
Dactilique tétramètre (2)
Syntaxe figurée. — Ce que les Grecs appelaient Métaphasme,
Prothèse, Epen thèse, Paragoge, Diérèse, Aphérèse, Syncope,
Apocope, Synérèse, Antithèse.
Figures de construction. — EUypse de verbe, de nominatif
avant le verbe, d'accusatif après le verbe, de verbe qui veut
après soi un infinitif, de substantif devant l'adjectif, de particu-
les. Zeugma. Pléonasme
Premiers principes de grammaire française. — Définition,
objet de la grainmaire. Quels sont les signes de nos pensées?
Qu'entend-on par substantif commun, commun phisique, com-
miin métaphisique, propre, collectif général, collectif partitif,
par adjectif et par degrés de comparaison ? Noms de nombre,
nombres adjectifs, cardinaux, ordinaux
[et] Pierre-Léonard Valierre de Sivergniat, de Saint-Léonard,
tâcheront de satisfaire à ces questions (3). De plus, ils traduiront
(1) Elles manquent dans le fragment qui nous reste.
(2) U nous parait sans inténH de continuer cette longue énumération.
(3) Gomme plus haut, ces questions manquent dans le fragment.
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES DU CHATEAU DE NEXON. 375
les 3% *• et 5« livres des Fables de Phèdre, dont ils réciteront les
3' et 4* ; les cinquante premiers Billets de Cicéron, et le Selectœ
enovo[leslamento]}\xsquà la mort de notre Sauveur, inclusive-
ment.
MM. Léonard Michelon du Masbarreau, de Saint-Léonard,
Pierre Constant, de Saint- Ijéoiïard, répondront aux mêmes ques-
tions ci-dessus et traduiront le petit Catéchisme de Fleuri, les
trois premiers livres des Fables de Phèdre, dont ils réciteront les
deux premiers.
Suite des questions sur l'histoire de TAncien testament. —
Josué successeur de Moyse. Passage du Jourdain. Prise de
Jéricho, Raab sauvé du saccage de cette ville Juges
Gouvernement des rois Rois d'Israël Gouvernement
des souverains pontifes Histoire des Machabées
Règne des Âsmonéens
MM. Etienne Courty, de Saint-Léonard, J.-B. Fargeaud, de
Saint- Léonard, Chabeau, de Saint-Léonard, répondrontà ces ques-
tions et traduiront les qninze premiers chapitres de l'Evangile selon
saint Jean, la seconde partie du Selectœ e veteri [testamento] }usq\ïi
la révolte d'Absalon, inclusivement, et les dix Eçlogues de Virgile,
dont ils réciteront les cinq premières. Ils déclameront de plus les
cinq premières Eglogues de Gresset. Enfin ils tâcheront, ainsi
que les Messieurs sus-nommés, de répondre aux questions qu'on
voudra bien leur faire sur les premiers principes de la gram-
maire latine et sur les principales règles de la syntaxe, dont ils
feront l'application en rendant en latin des phrases françaises,
et en français des phrases latines qu'on leur proposera à leur
perlée. »
25. — Recueil manuscrit de Proverbes scéniques : Les bons
comptes font les bons amis; — Bonne renommée vaut mieux
que ceinture dorée; — Abonne volonté point de chandelle; •—
Toujours pêche qui en prend un; — Entre deux vertes une
mure; — Bn forgeant on devient forgeron; — N'éveillez pas le
chat qui dort; — Point de bruit si je ne le fais; — L'eau qui
coule vaut mieux que celle qui croupit; — (deux autres sont sans
titre). — Ces Proverbes sont suivis (f. 57 etsuiv.) d'une Petite chro-
nologie de l'histoire de France, d'une Petite chronologie des empe-
reurs d'Occideniy d'une Géographie des quatre («c) parties du
monde, etCf 105 et suiv.) de Conversations sur les occasions, sur
le danger des mauvaises compagnies, sur la raillerie, sur les
amitiés, sur la dévotion, sur la bonne conduite, sur le bon es-
prit, sur les ajustements, sur la bonne gloire, sur Tamour-
propre, sur la douceur. — In-S** de 147 feuillets. Provient d'une
37Ô soGiiri archéologioub kt aiaroBiouB du umoumm.
iastitutioa de jeunes filles, peut-être de Saiat-Cyr. Ecriture du
XTiii' siècle. Sur le feuillet de garde ou lit le oom de Dbslaizb
26. — Livre destiné à écrire les choses qfii concernent la chapelle
de Sainte-Magdelaine, fondée dans l'église paroissiale de Saint-
Léonard, dont M. Gay^ seigneur de Nexon^ est patron, comme l'aine
de la famille des Gays. — Petit registre manuscrit ia-iS de 91 pa-
ges, contenant les comptes de la dite vicairie depuis 1679 jusqu'à
1715. On Ut à la page 12 ce qui suit :
« Tout ce qui est dans ce livre a esté escrit de la main du sienr
Joseph Benoisl, prestre de TOratoire et vicaire de la vicairie de
Sainte-Magdelaine. 11 contient vérité. Ou y peut avoir recours
dans les besoins. J'y ai escrit plusieurs choses touchant les reve-
nus de la dite vicairie. Pour donner autorité au dit livre, j'y va
mettre mon nom, quoy qu'il soit encore dans la page précédente.
A Limoges, ce onzième octobre 1698. Joseph Benoist, vicaire de
Sainte-Magdelaine Mon prédécesseur estoit appelle prieur de
la Madelaine. Il est mieux de se servir du titre de vicaire pour
plusieurs raisons utiles » — P. 3 : « Je, Joseph Benoist, prestre
de l'Oratoire de Jésus, fus nommé sans que j'y eusse contribué
en rien, grâces à Dieu, par M. 6ay, seigneur de Nexon, mon
beau-frère, à la vicairie ou chapelle de la Magdelaine, fondée
dans Téglise paroissiale de Saint-Léonard. Et j'en pris possession
par le R. P. Pierre Robin, mon procureur en cela, le 17* de
mars 1679... »
27. — Compliment de M. Faye, médecin de Nexon, à M. et
M"« Desthèves, à Toccasion de leurs noces d'or, 1784 (copie du
temps, que nous publions à l'Appendice, en corrigeant les fautes
d'orthographe).
L'ensemble des archives du château de Nexon est actuellement
ronfermé dans dévastes coffres, quien assurent pour quelque temps
encore la conservation. Leur répartition dans de solides cartons-
tiroirs les sauverait à tout jamais des rats et de l'humidité. Tout
comme la bibliothèque, qui a son local propre et ses rayons dans
un recoin du château, le chartrier mériterait d*étre organisé sur
un bon pied. Il pourrait tenter alors la curiosité de quelque
amateur érudit qui en ferait, sans trop de peine. In dépouillement
méthodique et le classement définitif. Ce serait le commence-
ment d'un inventaire général des archives seigneuriales du
Limousin.
Alfred Lbroux.
BIBUOTBÈQUS CT ÀRCBIVES DU CHATSAU DE MKXON. 377
APPENDICE
I.
RÈGLEMENTS ET CONDITIONS DE LA PENSION DU COLLÈGE DE BRI?E
DES PRÊTRES DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE (1).
La banne éducation a pour objet
les Mantr», la Religion et lei Let-
trée.
Des Mœurs.
La pension de Brive se fait une loi de ne recevoir que des jeunes gens
de bonnes mœurs, et de rejeller de son sein quiconque serait reconnu
pour en avoir de mauvaises. On n'admet pour nouveaux pensionnaires que
des enfants de dix à quatorze ans, ei on ne les garde que jusqu'à la rhéto-
rique inclusivement, pour prévenir le danger du mélange entre des enfants
d'un âge trop disproporlfonné.
De la Religion.
La prière se fait toujours en commun le matin et le soir, au commence-
ment de chaque exercice, avant et après le repas. Celle du matin et du soir
est suivie d'une lecture de quelques versets du nouveau Testament, ou de
rioiilation de Jésus-Christ, sur lesquelles ou fait de courtes et pieuses
réflexions, proportionnées aux besoins des pensionnaires. On leur fait
entendre la messe tous les jours.
MM. les pensionnaires assistent les jours de dimanche et de féie à tous
les exercices qui se font le malin à la congrégation des écoliers, après-midi
au catéchisme, à une instruction familière, et ii vêpres. Ils doivent choisir
leur confesseur parmi les prêtres de la maison, se confesser chaque mois,
et produire à celui des maîtres qui en tient registre un billet de confes-
sion. On les exhorte à s'approcher souvent du sacrement de TEucharistie,
et on prépare à la première communion ceux qui ne Tout pas encore faite.
Sur la fin du carême on donne une retraite, pour les disposer à remplir
dignement le devoir paschal.
Des Lettres,
On n'oublie rien de ce qui peut contribuer aux progrès de Messieurs les
pensionnaires dans tous les genres de littérature qui font Tobjet de rensei-
gnement public du collège. Le succès dépend principalement de la distri-
bution du temps.
(l) Voy. d-destuB le n* 15.
T. xxxvii. 25
378 SOCIÉTÉ ARCHKOLOGIQUK ET HISTORIQUE DU LIKOUSiN.
On éveille Messieurs les pensionnaires tous les jours à cinq heures. Au
quart ils se rendenl à le salle d'éludé, où, après la prière, ils étudient
jusqu^à sept heures. Ils se rendent alors dans les chambres de leurs pro-
fesseurs respectifs, pour y rendre compte de leur élude. Pendant les repas,
on fait toujours des leçons de liltéraiure. Chaque pensionnaire paroit i son
tour.
Pendant la récréation de Taprès-dliiée, qui est d'environ une heure, les
maîtres étrangers donnent des leçons de danse, d'écriture, de musique
vocale ou instrumentale, et les parents sont libres de leur donner ces maî-
tres particuliers, qu*on paye d'avance tous les trois mois.
La classe publique du soir est suivie de Télude, jusqu'à six heures trois
quarts, qui est le temps du souper. A huit heures et demie on fait la prière
et on se relire pour se coucher.
Les jours de congé on éveille Messieurs les pensionnaires à six heures.
Ils vont corriger leur devoir dans les chambres de leurs professeurs,
depuis dix heures jusqu'à onze. L'après-dtnée est consacrée à la promenade,
si le temps le permet. Les jours de congé sont les seuls où Ton permet à
Messieurs les pensionnaires de sortir pour aller dtner en ville. Cette per-
mission ne s'accorde que rarement. L'expérience n'apprend que trop com-
bien les sorties fréquentes sont pernicieuses aux enfants. On n'accorde
jamais celle permission les jours de dimanche et de (êle.
Conditions,
La pension est à vingt-sept livres par mois; sur quoi Messieurs k'S pen-
sionnaires sont éclairés et peignés. On donne en entrant six livres pour le
chauffage, l'encre, les plumes, le papier et les repas extraordinaires qui se
font pendant le cours de l'année, ou à la campagne, ou dans le collège.
La pen.sion se paye toujours d'avance pour trois mois. On ne distrait rier.
pour les absences, à moins que ce ne soit k raison de maladie. On rem-
bourse tout ce qui reste d'un lrimestre,^oit que Messieurs les parents reti-
rent d'eux-mêmes leurs enfants, .soit qu'on les prie de les retirer.
Chaque pensionnaire, s'il est étranger, doit avoir un correspondant dans
Brivc, tant pour l'exactitude des payements de la pension, que pour se char-
ger du pensionnaire lui-même, dans le cas où l'on ne pourroil plus !e
garder dans la pension.
Il faut que chaque pensionnaire ait six .serviettes pour son usage à table
ou dans sa chambre, des draps pour son lit, une malle ou une armoire pour
mettri* sous clef tout ce quilui appartient. Ceux qui ont un couvert d'ar-
gent donnent douze sols par an au domestique qui en est chargé et qui en
répond.
On est libre de se faire blanchir par qui on veut. Ceux qui voudront s»*
servir de la blanchisseuse affectée à la pension donneront vingt iols |»ar
mois. Le perruquier se paye à raison de quatre sols par frisure. Ceux qui
voudront s'abonner payeront vingt sols par mois.
On traite dans l'infirmerie de la pension les petites maladies de Messieurs
les pensionnaires, et on paye, outre la pension, la volaille nécessaire poar
les bouillons. Si la maladie est dangereuse, on transporte les mala les dans
BIBLIOTHÈQUC ET ARCHIVES DU CHATEAU DK NEXON. 379
une maison bourgeoise de la ville, au voisinage du collège, où ils sont fré-
qaemmenl visiiés par les pères mallres et servis avec le plus grand soin.
Alors la pension ne court plus, mais on paye le service et tous les frais de
la maladie. Le service est à raison de quinze sols par jour lorsqu'on a
besoiii d'être veillé, et de huit sols pendant le temps de la convalescence.
On donne six livres par mois à un préfet particulier qui enseigne les pre-
miers principes des langues à ceux qui ne sont pas encore en état d*enlrer
dans la classe de cinquième.
II.
IN SOLEMNI
AFFIXIONUM TRIDUO
PRiECLARUM DABUÎST
DILIGENTLC SU.*: SPECIMEN
SELECTl AUDITORES COLLËGII LEMOVIGENSIS
SOCIETATIS JESU
Diebus 24, 25, 26, memis Augmii anni 1 699
Mane ah 8, ad iO^"^, Sero a 3« ad 5^
A M. D. G. V. Q. M, D.
(Marque de l'imprimeur)
LEMOVICIS
Apud Petrum Barbou Collegii typographtim prope divum Michaëlem,
M.^DC.XC. IX(1).
1. — IN RHETORICA.
Extemporales Orationes et Garmina proposito argumento scribent : Alpi-
nianus Boisson, Âxiensis; Georgius Duchêne, a Sancto Juniano; Martialis
Dufour, Lemovix; Baptista Colomb, Lemovix ; Joannes Ardent, Lemovix;
Halhurinus Mandavi, Viacanensis.
Horatii Odas heroico carminé donabit ex tempore Franciscus Marchadier,
a Sancto Juniano.
Ex Oratorlbus et Poêtis,
Varia Oraiiooum gênera et prsecepta explicabit : Joannes Lamy de Luret,
Lemovix.
N. T. Giceronis Orationes primam et secundam in Gatilinam pro M. Mar-
cello, pro Ligurio et pro Rege Dejotaro, argumento exposito factaque
omnium analysi, memoriter dicet : Joannes Lamy De Luret.
De natura tum poêmatis epici in génère, tum iEneidos disscrenl : Baptista
Colomb, Joannes Dubrac, Magnacencis; Slephanus Pichon, Lemovix;
Georgius Duchêne; Mathurinus Mandavi.
Sx Virgtiio, argumento proposito, memoria réfèrent, inlerpretatione el
(1) Voy. ci-<le8tu8 le n* 18.
380 SOa^é ARCBÉOLOOIQUS BT HISTOHIQUI DU LIMOUSIN.
DOtis illastrabunt : ifineidos libros duodecim. Bapiisla Colomb; primoni,
secundnm, tertiam, quartum et sextum : Jcaones Dubrac; seeandum, qoar-
tum, quintum et sezium : Georgius Duchéne; primum, secundum eiqaar-
tam : StephaDus Pichon ; octavum, noDum et décima m : Hatbari&as
Mandavi.
Odarom nec non Satyrarum prscepla exponent : Alpinianas Boisson;
Martial is Grelet, Lemovix ; Franciscas Marcbadier.
£x Horatio nolis et interprelalione illustrato dicenl memoriter Uonlii
opéra omiiia : Franciscus Marcbadier.
Satyrarum librum utrumque : Mariialis Grelel.
Similiter réfèrent Juvenalem iniegrum : Alpinianus Boisson.
Selecta Martialis Ëpigrammata, Ëpigrammatum dotibus explicalis : Martialis
Dufour, Lemovix.
EX HISTORICIS TUM SACRIS TUM PROPHAMS MEMORITER REFERENT.
Hlstoriam Universam ab orbe condito ad Carolnm magnum authore
Tursellino : Philippus Durand, Lemovix.
Conciliorum OEcumenicorum hlstoriam : Marlialis Dufour ; Petrus Ddo-
mcnio, à Sancio Mariino de Castro ; Philippus Durand.
Praecipuorura HaBreiicoruma Chrislo nalo ad ooslra lempora : Joannes et
Josephus Lavau, Leniovices.
Hlstoriam Romanam ex Livio, Floro, etc. collectani : Josephus Gui,
Lemovix.
lllustrium Romanorum mortes a Romulo ad Anlonium : Baptista Colomb.
Famiani SLradœ de bello Belgico ulramque decadem : Joannes Aidenl.
Nonnulla de Cardiualium origine : Franciscus Marchadier.
Juris canonici elementa dif*et : Marlialis Dufour.
Grœcum Evangelium Sancti Lucas interprelabilur : Joannes Lamy de Lurel.
SELECTiC EX L'NIVERSA RHETORICA.
Conclusiones,
DE ARTS.
L
Rhetorlca non minus est ars bene silendi quam bcne dicendl, et simul
scientia.
il.
Ad res omnes sese extendlt tanquam ad objectum suum materiale.
in.
lllius finis et opus est oralio ad persuadendum accommodaïa.
IV,
Absque illius ope nulliis est scienliis splendor, necessarium ergo ad eseic-
rarun) scienliaruin ornatum contendimus.
BiBUOTHàQUK BT ARCUIVES DU CUATKAU DE NRXON. 381
V.
Unde nec rejicieada ul inulilis, mendax, aut perniciosa, sed ul utilissima
est excolenda.
DE AailPlCK.
1.
Oralor Iribaa perficitur, nalura, arle cl exerciialione.
H.
Nallas fuit perfeclus oralor; posse tamen esse DÎhil veiai.
111.
Oraiorîs perfectio non cxigil ul nihil oratorem fugiat.
IV.
Nec ille monim probitas est absolule necessaria, ulilis tamen.
V.
Peccal qui praecepia ariis semper non serval, et peccat qui praecepla arlis
aliquando non negligil.
DK opsas.
I.
Oralio quatuor parlibus constat, exordio, narratione, confirmalione et
peroralione : nulla lameo prae aliâ ipsi esl essenlialis.
IL
Exordio. Oralor bcnevoleDliam, atieotionem et docilitatem sibl conciliai,
Poicsl tamen exordiri oralionem sine exordio.
m.
Narratio fit brevis, perspicua, probabllis et suavis: brevis ssepe esl longa,
et longa saepe brevis.
IV.
Confirmalione suam adstruit, adversarii causam desiruil Orator.
V.
Peroralione, causa compendiose anle oculos posita, vehementiores excilat
animi molus.
Has ihescs Deo duce et auspice Dcipnra Virgine propugnabunl Rhclorcs
collegii Lemovicensis Socielalis Jcsus, tolo afiixionum iriduo : Alpinianus
Boissou ; Georgius Duchêne; Marlialis Dufour; Peirus Delomcnic ; .Malhu-
rinus Maudavi; Bapllsla Colomb; Joannes Ardent: Marlialis Grelet; Phi-
lippus Durand.
2. — - IN HUMAMTATE.
Narralioiuim, Chriarum^ Fabularum virlules ac praecepta cxponent pie-
rique omnes.
Narralîones, Chrias, Fabulas, proposito argumenlo, scribent : Andréas
Mosnier, Ranconensis; Franciscus Delomenîe, Lemovicensis; Josephus
Constant, Lemovix; Peirus Barraud, Lemovicensis; Philippus Ringuelet,
Lemovicensis; Garolus delà Maze, Userchiensis; Joannes Aubusson, Lemo-
vicensis ; Leonardus Filloulaud, Lemovicensis ; Petrus Descordes, Lemovi-
censis.
382 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORrQUR DU LTlfOUSlN.
Ex Virfjilii iEneide, argumente proposilo, memoriter réfèrent, interpre-
taiione etnolis illustrabuntlibrum primum etsecundum : Andréas MosnUr,
Ranconeosis; Carolus de la Maze, Uscrchiensis; — secuiidum, tertium,
sextum et duodecimum : Joannes Aubasson, Lemovicensis; — quartum :
Hyacynlus Farne, Lemovix; — nonum : Joannes Rousseau, Garaclensis; —
undecimum et duodecimum : Franciscus Brandy, Lemovicensis.
Sine notis interpretabuntnr et memoriler dicent librum primum ei
secundum : Franciscus Ardant, Lemovix; — eumdem ulrumque cum 12 :
Petrus Descordes, Lemovix ; — primum et sextum : Fbilippus Ringuelel,
Aenthinus; — tertium et quartum : Andréas Mosnier, Ranconensis; — prio-
res sex. : Joannes Balier; — ociavum : Martialis Lombardie, Lemovix.
Horalii Odarum librum primum et secundum interpretabitur et memo-
riler referel, Hyeronimus Reynaud, Lemovix; — libros qualuur intègres
memoriter dic(>t et gallica et latina interprelatione donabit, notis illuslrabit:
Franciscus Delomenie, Lemovicensis; — Epistolarum utrumque librum
interpretabitur et memoriter dicet : Leonardus Filloulaud, Lemovicensis.
Quintum Curtium explicabunt et praecipua iisdem authoris verbis memo-
riter réfèrent : Franciscus Dumay, iLemovix ; GregoriusThcvenin, Lemovix.
Commentaria item Caesaris et compendiose muUa referet : Joannes
Robert, Axiensis.
Salustum explicabit : Franciscus Ardant, Lemovix.
Ortum ac illustriora facinora Gallorum imperatorum primœ et secundse
familiae : Carolus de La Maze, Userchiensis ; Franciscus Brandy, Lemovi-
censis.
Iconoclastarum Historiam excerptam ex paire Maimbourg : Carolus de
La Maze, Userchiensis; Claudius Farne, Lemovix,
Ciceronis Oralionem pro lege Maniliâ interpretabitur et memoriler dicet ;
Carolus de La Maze, Userchiensis.
Calilinariam primam, secundam et tcrtiam : Petrus Descordes, Lemovix.
Ejusdem Orationes pro Archia poêla, pro Marco Marcello, proposilo
argumente, cum analysi exponent et memoriter dicent : Jesephus Censiant,
Lemovix; Jesephus Latreille, [^emovlx.
Oralionem pro Milone simililcr : Petrus Barraud, Monberonensis.
Aulhorum latinse linguae praestanliorum caracterem efformabit : Fran-
ciscus Delomenie, Lemovicensis.
De Poelis idem praeslabit : Joannes Aubussen, Lemovicensis.
Grœcum Evangelium sancti Lucœ interpretabitur : Martialis Lombardie,
Lemovix.
3. — In prima Grammaticc.
Epistolas de quocumque argumente scribent ex tempère : Eduardus
Avril, Lemovix; Franciscus Garai, Lemovix; Jacobus Blanchard, Lemovix;
Joannes Garai, Lemovix ; Joannes Moniîgnac, Lemovix ; Joannes Muret,
Lemovix ; Jesephus Bourdicaui, Aentinus ; Jesephus Complainviile, Pari-
sinus ; .Martialis Dechaumeys, Axiensis; Petrus Bonin, Lemovix.
M. T. Ciceronis Officiorum libres inlerprelabuniur cl mulla ex duebus
BIBLIOTHÈQUE ET ARCUlV£S DU CHAI EAU DE MSXON. 383
prioribus sc'Ua digna réfèrent memoriler : Eduardus Avril, Lcmovix;
Josephus Bourdicot, Aeolinus; Marlialis Dechaumeys, Axiensis ; Petrus
BoniD. Lemovix.
Circa Paradoxa ejusdem Ciceronis idem prsestabit : Andréas Vidaud,
Lemovix.
Quinlum Curlium explicabil et elegantiores orationes dicet memoriter :
Eduardus Avril, Lemovix.
Ex TurselUno, a Constaiilino ad Carolum maj^'num hisloriam memoriter
dicel, caeteraqitc inierpretabitur : Marlialis Dechaumeys, Axiensis.
Ex Sallostio Catilinarium bellam explicabit, et oraliones tum lalinè lum
{rallicè proDuntiabit : Gabriel Loriget, Lemovix.
Tiii Livii nonnullas oraliones memoriler dicel gallicè ac lalinè : Francisons
Garât, Lemovix.
De Herodiani auihoris graeci orationibus idem praesiabil : Leonardus Boj-
chet, Lemovix.
Dniversmn Cornelii Nepoiis hisloriam de Graecise Imperatoribus, latine
ac gailicè réfèrent memoriter et interprelabunlur : Anlonius Olivier, a
Sancto-Mauricio; Benedîctus Landrieve, Albuconensis ; Franciscus Duquai-
rcii, a Sancio-Mauricio; Josephus Faugeras, Lemovicensis; Ludovicos Val-
net, Albuconensis.
Romanae Historiae breviarium ex Euiropio, ab ipso urbis fundamenio
memoria répètent : isaachus Moaricr, Lemovicensis; Marlialis Roussel,
Lemovicensis.
De llluslribus Romanse urbis Imperaioribus inlerroganli gallicè ac latine
rcspondobil : Marlialis Dechaumcys, Axiensis.
Romanum Floru n inlerprelabilur ; Joannes Simon, a Sunclo-Juniano.
Fabulas omncs Phsedri réfèrent memoriler gallicè et latine; Joannes
Ducloud, I^emovix ; Petrus Bonin, Lemovix.
Luihcran:e lisereseos origincm et progressum explanabit : Leonardus
Aubusson, Burgonovensis.
Iconoclaslicaro Hisloriam proponel compendiose : Franciscus Garai,
Lemovix.
Francorum quaedam insigniora cerlamina referet memoriler : Joannes
Simon, a Sancto-Juniano.
Bclli Punici ortnm et exitum breviler rccensebit : Leonardus Aubusson,
Burgonovensis.
insigni diiigenti»e specimine, dcpromplos ex Pomario, ut vocant, latioi-
lalis exquisilissimo:» flores memoriter réfèrent : Joannes Ducloud, Lemovix;
Leonardus Gerald, Axiensis ; Leonardus Marchadier, a Sancio-Juniano ;
Marlialis Courtaud, Lemovix; Petrus Heraud, Lemovix.
P. Ovidii Consolalionom ad Liviam inierpretabitur et memoriter dicet :
Petrus Bachet, Garaclensis.
Girca Horatii artem poeticam idem prœstabil : Joannes Lesserie,
Lemovix.
Ex Virgilio memoriler diceril et interprelabunlur, argumenta, notas,
fabulas, et quse spectanl ad Hisloriam Romanam breviler exponenles,
Bucolica et Georgica : Eduardus Avril, Lemovix; Guido Rameru, Lemovix;
Jacobus Blanchard, Lemovix, Jacobus Tranchant, Lemovix, Joannes Muret^
r:84 SOGtÉTft AKGHiOLOOIQUB ET HISTORIQUE DO LIMOaSIN.
Lemovix; Josephus Complainville, Parisinus; Leonardus Harchadier, a
Sanclo<Janiano; Martîalis Dechaumeys, Axlensia; Petras Bodîo, LerooTÎx.
i£neidos, librum primtim : Joannes Dufourt, Lemovix; Petras Mourier,
Lemovicensis ; Josephus Bourdieatid, Aentinus; — secundom : Bduardas
Avril, Lemovix; Josephus Grelel, Lemovix; Marlialis Cognacs, Lemovix; —
teriium : Francïscus Garai, Lemovix; — quintum : Joannes Puimège,
Lemovicensis ; Malhurinus Ducloud, Lcmovicensis ; — sextum : Leonardus
Aobusson, Burgonovensis; — septfmum : Carolus de Ribeyreyx, Lemovi-
censis ; — ociavum : Joannes Héralde, Lemovix ; — decimum : Joscphos
Bargeas, Lemovix; — undecimum : Josephus Maleden, Lemovix; —
duodocimum : Joannes Garai, Lemovix ; Joannes Honlignac, Lemovix.
Graecam Orationem D. Cbrisoslomi De precibus sacris laùnam lacieni
plerique.
4. — In secunda Grammatkle.
Phrases gallicè preposilas latînas facicnt omnes, sed maxime : Anlonius
Massaloux, Axiensis ; Joannes Châtenel, Axiensis ; Josephus de Umaze,
Userchieosis ; Joannes Malevergne, Lemovix; Josephns Goudin, Lemovix;
Petrus Borie, Lemovix.
Selectas Ciceronis Epislolas ex 3^ memoriler diceni et interprelabunlur:
Joannes Dupré, Lemovix; Joannes Lafosse, Lemovix; Joannes Romanel, a
Sancto-Viclurniano ; Joannes Châlenet, ; Matheus Jauffrcnci,
Lemovix; Petrus Avril, Lemovix ; Petrus Morin, a Petrâ-BufFeria.
Ëjusdem Ciceronis omnes Epislolas breviore gallica inlerpreiaiione
donabunt, et maximam partem memoriler réfèrent : Gabriel Blanchard,
Lemovix; Joannes Lafosse, Lemovix.
Solum vero explanabit : Peirus Avril, Lemovix.
Ex Sexlo Aurelio Victore vivorum illuslrium hîstorias explicabuni omnes.
Selectas memoriler pronunliabunl : Josephus Goudin; Anlonius Massaloux;
Joannes Malevergne; Frauciscus Labriderle, Lemovix; Aiexius Guillol,
Lemovix; Hélias Faudry, Lemovix; Joannes Romanel; Joannes Chatenet.
Quatuor Virgitiipriores Eclogas lum latine tum gallicè réfèrent: Josephus
de Lamaze, Hélias Faudry, Joannes Lafosse, Petrus Borie, Lemovix; —
Decem similiter : Joannes Chavepeire, Lemovix ; Josephus Goudin, Petrus
Avril, Joannes Romanel, Leonardus Navieres, Lemovix.
Primum Georgicorum librum : Joannes Chavepeire, Ludovicus Lajoix,
Lcmovicensis; — secundum : Joannes Chavepeire, Joannes Daniel, Lemovix.
Ex quarto insigniora loca plerique omnes, inlegrum : Joannes Tirebas,
Lemovix; Leonardus Naviere«, Joannes Chavepeire.
Primum iEneidos librum : Anlonius Fonbonne, Lemovix; Josephus de
Lamaze ; — secundum : Josephus Goudin, Joannes Dupré, Josephus Dela-
maze; — teriium : Joannes Ch&tenel; — quartum : Josephus Goadin,
Joannes Chftlenet ; — quintum : Marlialis Laircille, Lemovix; — sextam :
Jacobus Rouflie, Avalliensis; Jacobus Theuiller, Lcmovicensis; Petrus
Morin, Joannes Bastide, Userchiensis; Marlialis Laircille; — decimum:
Anlonius Massaloux.
BIBUOTHiQUE ET ARCHIVES DU CHATEAU OK NEXON. 385
Selectaa ex primo libro de Tristibos Ovidii : Ludovicus Lajoix, Garac-
lensis.
Ex Epistolis Ovidii : Joannes Ghiitenei
PhflBdrt Fabulas omnes explicabuQl. Priores libros memoriler dicet :
Joannes Maleverf^^ne, Joannes Romanet, Franciscus Labiiderie, flelias
Faudry, Joannes Tirebas.
Selectas i£sopi Fabulas laiinè pronuntiabunt : Josephus Goudin, Josephus
Lamaze, et passim omnes.
Selectas Titi Livii Orationes dicent : Petrus Borie, Malhcus Jauffrenet,
Lemovix.
De Historia Gallicâ compendiosè respondebtl : Relias Faudry.
De Grsecis interroganti salisfacient pro capta scholœ : Joannes Dapré,
Ludovicus Lajoix.
Fabulas etiam Graecas explirabunt latine et gallicè memoriter quoque
dicent plerique omnes.
5. — In tertia Grammatkle.
Phrases gallicè proposilas, latinas reddent ex tempore : Guitlelmus
Dupuymathien, Lemovix ; Ludovicus Deiabernardie, Piclavensis, Joannes
Barbou, Lemovix; Joannes Pouliot, a Sancto Juniano; Joannes Marchandon,
Burdigaîensis; Simon Nicol, Lemovix; Joannes Colomb, Lemovix; Fran-
ciscus Tuilier, Lemovix; Petrus Ardant, Lemovix; Marlialis Guingan,
Axiensis; Joannes Ragot, Lemovix; Josephus Avril, Lemovix.
Selectas ex Cicérone epistolas memoriler réfèrent et interpretabuntur :
Joannes Thévenin, Lemovix; Simon Nicot, Lemovix; Jacobus Guerri, Le-
movix ; Slephanus Laribiera, Lemovicensis.
Omnes Phaedri Fabuias memoriter tum gallicè tu m latine recilabunt :
Bemardus Turin, Lemovix; Gabriel Grelel, Lemovix; Joannes Ragot;
Josephus Avril; Franciscus Teulier; Guillelmus Essenaud, Lemovix;
Joannes Pouliot ; Josephus Volundat, Lemovix.
Omnes Uistorias ex Aurelio Victore latinas et gallicas dicent memoriler :
Guillelmus Dupuymalhieu ; Slephanus Bclu, Lemovix ; Simon Jobert, Le-
movix; Joannes l*elu, Lemovix; Petrus Hoche, Lemovix; Simon Taillan-
dier, lemovix.
Omnes Virgilii Eclogas referont, quasdam interpretatione donabunt :
Bartholomeus Pinot, Lemovix; Joannes Colomb; Pelrus Ardanl; Joannes
Barbou; Joannes Pouliot; Petrus David. Lemovix; — S priores : Joannes
Marchandon; Martialls Gaingan ; — 7 Joannes Moulinier, Lemovix; —
quantum Georgicorum recilabunt : Joannes Barbou ; Josephus Avril.
Ex Ovidio, De Tristibus dlceni librnm quinlum : Bernardus Turin.
Joannes Ragot; Guillelmus Essenaud;— Ex eoJem libro Elegias:8. Gabriel
Grelet; H. Baptisla Taillandier, Lemovix; 7. Lu-Jovicus Delabernardeiie.
Paulns Ardilier, Lemovix;— de Ponto librumprimum : Dyonisitts Piquet,
Lemovix; Pcirus Tevenîn, Lemovix ; Franciscus Teulier; — ex eodcm libro
Elegias : 8. Josephus Yolundat;?. Martinus Quillel, Lemovix; 7. Leonardus
Hotiard; — ex quarto : 7 Elegias; Josephus du Goudau, Lemovix.
386 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
Muodi miracula et labores Herculis exponent : Leonardus Malfore, Lemo-
vicensis ; Aolonius Nynaud, Lemovicensis.
De Grsecis plerique rospoodebunl pro capta scholae, isti prœcipuè : Josc-
phus do (ronJau, Marlinus Quillel, Guillelmus Dupaymathieu, Leonardus
Rouard.
A. D. M D. G.
III.
COHPIJHKNT DE HONSIFUR FAYE, MÊDEaN DR NEXON, A MONSIEUR ET MADAME
DËSTHÈVES AU SUJET DE LA CINQUANTIÈME ANNÉE DE LEUR MARIAGE, RÉVOLUE
LE 26 OCTOBRE DERNIER 178i (l).
Messieurs les curés de Meun, de Saint-Gerrais et de Nexon, leurs fils, officièreot ce jour-là
soIeDoellement; toute la famille, beaucoup d'ecclésiastiques, de nobles et de bourgeois j assis-
tèrent. Le même jour il y eut et \n lendemam pour toute cette nombreuse et respectable
assemblée un diner et souper servis au presbitèt'e de Nexon, oii la cordialité et la magnifi-
cence agirent de concert.
Bénédicte dos a Domino qui fecit coelum et terram, le Seigneur, donl
le ciel et la lerre sont Touvrage, vous a bénits {Daoid» pseaume 113, ver-
set 24»e).
Si dans les siècles passés et assex reculés de nous on consignait dans le
temple J'Ësculape les faits mémorables^ no doii-on pas placer dans les
faslei do temple de mémoire un jour aussi remarquable que Fcsl celuy
d*aujourd*huy pour le iransmctre aux races futures des siècles à venii*.
C'est le jour toujours ambitionné, mais presque toujours refusé aux foibles
mortels. C'est le jour si rare, rara aois in terris. C'est le jour enfin qui
fait le dixième lustre accompli du mariage, on ne peut plus fortuné, d'une
vieillesse plus qu'octogénaire, qui ne paroit en avoir rien moins que l'Age
sans en ressentir les incomodiiés, agile, leste, gracieuse, salue de toutes
ses facultés, taisant l'agrément de tous les cercles.
i\h6ne, quelque rapide que soit le cours de vos ondes, arrêiés-le!
Cèdres du Liban, quelque altières qu'en soient vos cimes, dont vous heur-
tés impérieusement presque le plus haut des cieux, suspendés-en le mou-
vement pour voir avec autant d'étounement que d'adiiûration cette rare
et respectable vieillesse !
C'est de vous. Monsieur et Madame, dont j ay l'honneur de parler et
dont nous célébrons dans ce moment, le cœur rempli de joye et transporté
d'alégresse, le dixième lustre de votre mariage qui fut le mieux assorti et
par conséquent le plus fortuné.
On y vit régner l'uniformité des caractères; la volonté n'y fut qu'une et
toujours la même, dirigée du côté du bien.
(i) Voy. ci -dessable n* 25.— Ce spécimen d'éloquence provinciale nous a paru mériter d'être
conservé. Il est cependant de beaucoup inférieur, comme ton et comme pensée, à an dis-
cours analogue prononcé par un curé d'£ymoatier.s au mariage de M. et U"« Chastaignac de
Narbonné en 165i, discours que nous avons reproduit en entier dans aolre Inventaire deê
archivée communales d'Eymoutiers (p. 110).
BIBLIOTHÈUHE et AHCHIVRS ou CHATEAU DB NEXON. 387
La paix, la tranqailité, la candeur, l'affabilité, Tamour d*uD6 amilié ma-
luelle, la probité y tinrent le premier rang; point d'ambition que celle
d*avoir une postérité bien éduquéc.
Quel exemple d'avance, quel modelle de vertu pour cette famille à venir!
Le ciel ne pouvoil-il qu'exaucer vos vœux, BenedicU vos a Domino. En •
effet, devenus successivement père et mère d'une nombreuse famille qui,
née avec des dispositions les plus heureuses, sait mettre tout son temps à
profit et faire des progrès rapides dans les sciences. Excurrlt ëlcut gigas
«d 0).
Elle marcha à pas de géant dans le sentier des muses, et breol tempore
multa expUoit, Et dans peu elle parvint au faisie de l'érudition et de la
gloire. Voire principalle occupation pour elle fat de ne rien épargner pour
son éducation dans l'espérance flatteuse qu'elle vous feroit honneur un
jour, jour qui ne vous a point trompés dans votre attente. Mais que de
paine, que d'inquiétudes, 6 juste ciel I n'ont pas assaillis vos tendres cœurs
jusqu'à cet heureux moment.
Il faloit, pour remplir une tâche aussi forte, et malgré tout d'un pen
de longue haleine, une fortune des plus riantes. Sans quoi, quels sacri-
fices ne fallait-il pas faire I hélas, que de larmes d'amertume dans certains
moments I mais aussi quel torrent de larmes de joye ne vous fut-il pas
réservé dans la suite. Benedicti vos a Domino.
Pères et mères, venez apprendre de ce couple respectable, dont nous
célébrons aujonrd'huy le dixième lustre de leur mariage, venez, dis-je,
apprendre de quelle façon il faut élever votre famille. Il vous dira que
Téducation est le premier bien, pour ne pas dire Tunique; qu'il faut mètre
tout en œuvre, se sacritier, sçavoir prendre non-seulement sur le super-
tlux, mais encore sur le nécessaire pour la procurer à ses enfmts ; que les
peines et les inquiétudes (ab, Dieu propice, quel agréable contraste!)
deviendront dans la suite une source de contentement et de satisfaction et
que les larmes d'amerlume seront converties en larmes de joye.
C'est, Monsieur et Madame, ce que vous éprouvés plus que jamais dans
ce moment.
De cette méritante postérité vous comptés encor quatre dignes fils et au-
tant de vertueuses demoiselles. A l'un le dieu Mars sousrit pandant tout le
temps qn'il fut sous ses drapeaux ; il le vit mesme avec peine passer de ses
drapeaux sous d'autres et se destiner, à l'instar d*un second Esculape, h
secourir fructueusement l'humanité.
Le Dieu des Dieux, scruptaieur des cœurs, vit la pureté de celuydes trois
derniers, leurs talents, [et] les voulut sous ses étandars. Quelle ardeur,
quelle ferveur, quel zèle ne montrèrent-ils pas à ce divin service ! Tun curé
à Meun, le second à Saint-Gervaix, plains d'esprit, d'urbanité et d'affabilité,
s'y distinguèrent, s'y acquittèrent on ne peut plus dignement de leur
devoir de pasteurs. Que n'a pas fait le troisième! Que ne fait-il pas en-
core! Que d'éloges u'a-t-il pas mérités! Que de lauriers n'a-t-il pas recueil-
lis pendant tout le tems qu'il a professé la philosophie à Poitiers avec une
distinction qui n'est pas commune. En a-t-il moins recueillis lorsqu'atliré
H) La. citation est restée inachevée.
388 SOCIRTi AHCBÉOLOOlQt'E ET BI9T0RIQUI DU LIMOISSlIf.
aH collège de noire capilalle, aa grand regret do celle du Poitou, on loi
décerna la cdaire d*éioquence? Il n*eut dans ces deux capilalles qu'une
même voix sur son compte.
Notre illustre prélat reconnut si bien son mérite (eh! qui le pouvait
mieux que le prince de TEglise?), que d'un œil toujours clairvoyant le dis-
cernant dans la foulle des concurents, il lui conféra en récompense d'une
partie de ses traveaux la cure de Nexon, à notre grande satisfaction. Avec
quelle assiduité, avec quel zèle, avec quel exemple, ce modelle de vertus
ne s'acquitie-t-il pas des fondions de sou état !
S'il est notre apôtre par ses lumineuses instructions, nous sommes Ions
les siens par les éloges bien mérités que chacun ne saurait lui refuser.
Ce sont ces trois derniers dignes fils, Monsieur et Madame, que vous
venés de voir, il n'y a qu'un instant, par rang à Tholel (sic) oflQcier solen-
nellement et rendre grâce au tout puissant de votre conservation qui leur
fut toujours si précieuse. Ce fut dans ce moment de crise qu'entourés, dans
le temple saint, de votre nombreuse et respectable famille, imilatears
(permeiés-moi Temblème) de celte affectueuse et tendre mère des poussins
qui glousse pour les atirer à elle et les couvrir de ses ailes, quasi giUUna
tubalis eoUigens pullos suos, qu'environés d'un cercle nombreux d'ecclé-
siastiques, de noble» et de bourgeois de l'endroit et des environs, — ce
fui, dis-je, dans ce momenl critique où l'on entendit avec autant d'atten-
drissement que de satistaclion tressaillir vos cœurs comme malgré vous,
qu'on vil découler le torrent de larmes de joye, qu'il vous fut impossible
d'en retenir le cours plus longtemps, quelque digue que vous eussiés
voulu y opposer Tentative inutile.... Efforts vains et superflus... Le
spectacle en fut irop frappant
Il falloit que le nuage fondit, que les cactaractes [sic) s'ouvrissent pour
que le calme et la iranquililé survinssent.... Enfin, Monsieur et Madame,
voilà les soUciludes, les paines, les traveaux aujourd'huy bien récompen-
sés par les bruits mesmes qui en ont résulté.
Benedlcti vos a Domino^ le Seigneur vous a bénits. Benedixit dointii
Aaroriy le Seigneur a béni la maison d'Aaron que vous habites. Ab, fortu-
née montagne ! montagne de GrandmontI vous qui avés été le berceau de
si rares sujets; montagne célèbre, qui tenés à tant d'autres par une chaîne
qui ne finit presque plus, apprenez, apprenez-leur de droite et de gauche
à être comme vous, fécondes en dignes sujets. Annoncés leur par un éeho
successif et votre bonheur el votre joye, pour qu'à Tenvi elles tachent de
vous suivre de près, si elles ne peuvent vous imiter. Dans vos productions,
filles vertueuses, issues et dignes de ce respectable couple, modelez*votts
sur luy en tout, et surtout pour l'éducation de voire famille. Vous sçavez
vous-mêmes qu'il n'a rien négligé pour la votre. C'est un miroir fidelle qui
ne vous trompera pas. Vous ne devés cesser de le consulter si vous voulez
avoir un jour la même satisfaction que luy-méme éprouve aujonrd'huy.
Couronnez, Appollon, couronnez au son de la lyre et au milieu de nos
acclamations ces testes respectables blanchies par l'Age.
N'oubliez dans leurs couronnes ny le pampre ny le laurier. Cimentés-les
avec l'élixir de longue vie que je vous souhaite.
LIVRE DE RAISON
D'UN VICOMTE DE SAINT-GEORGE (1762- 1824)
M. Tabbé Lecler, curé de Corapreignac, nous signale un inté-
ressant livre de raison de la famille de Saint-George, dont ii veut
bien nous envoyer les extraits suivants :
Charles- Sylvain, vicomie de Saini-George, chevalier, seigneur de Fraisse,
l'ommune de Berneuil, naquit en ce lieu le :23 décembre 1759. Il était fils
lie François de Saint-George. Il fut premier page de la chambre du roi en
1779, puis capilaine au régiment de Royal-Cravaie cavalerie. Il épousa le 20
Janvier 1786 Jeanne-FIavie-Vicloire Couhé-Lusignan, de Fayoile. Cest par
ce mariage que la lerre de Fayoile passa à la maison de Saint-George. Elle
est située dans la commune d*Abzal-sur-Vienne, près Confolens. C*cst là
que mourut Charles-Sylvain de Sainl-G(»orge, en février I8U.
il a laissé un livre de raison, qui est conservé au château du Fraisse, cl
qui contient les comptes de chaque année, tant pour les ventes et achats
dans ses domaines, que pour Tintérieur de sa maison. Au milieu d'une
longue suite de chiffres se rapportant aux objets indiqués ci-dessus, 011
trouve quelques indications, qui, comme les suivantes, touchent à This-
toire locale et à la généalogie de la famille.
« Doit tous les ans pour le service de la chapelle de Berneuil, lO septicrs,
mesure de Bel lac.
» La dite chapelle est à la nomination de IViiié de la famille. Possédéi;
actuoliemenl par H. Lafont, curé de Berneuil, comme y a>ant été nommé
par feu mon père, François de Saint-George.
» L'acte de fondation de la chapello de Péglise de Berneuil, fondée par
Jacques de Saint-Georges, le 7 avril 1633, reçu par le notaire royal de Ber-
neuil. — Six septiers de blé. » (1).
(l) Au-denBui âe la petite porte de l'église de Berneuil, on remarque une pierre portant
les armes des Saint-George : d'argent à la croix de gueule.<, avec Tinscription : I. DE Si
GEORGE. Cette pierre, mise à l'époque de cette fondation, n'indique pas un Jean de Saint
George, ainsi que plusieurs l'ont pensé, mais bien Jacques de Saint George, comme nous
l'apprend ce texte.
La ctupelle en question était placée dans l'église de Berneuil, du côté de l'évangile. On la
rebâtit aujojrd'hni (1889) à peu près sur le môme point, en même temps que l'église, que l'on
recono-truit en partie.
390 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HlSTORlOUB DU UllOUSm.
a Les biens de Fraisse fureni vendus par adjudication du dislricC ae
Bellac. »
a Le 30 julllel 1763 est né et a été bapt'ip.é Sylvain Olivier de Saint-
George, fils de François de Sainl-Gcorge, seigneur de Fraisse, et d^Anne lie
Couhé. Son parrain a été Sylvain de Gouhô, et sa marraine Catherine de
Saint-George, veuve de Lage, demeurant à Lage, paroisse de Nantiat (I).
V François de Saint-George, mon père, a été inhumé dans l'église de
Berneuil, le 5 juillet HSi (2).
» Mon contrat de mariage du 24 janvier 4786 est sur les registres de
l'i^glise de Nouic, étant marié dans la chapelle d*Âuby (3).
» inhumée dans Téglise de Berneuil Marie-Berlhe de Douhet, femme
d'Antoine de Saint-George, grand-père et grand'mère, mai 1787 (4).
0 A été baptisée Berneuil Glaude-Gédéon de Saint-George, fils de Char-
les-Sylvain de Saint-George et de Victoire de Couhé de Lusignan de Saint-
George, le 2S juin 1787(5).
» François-Gédéon de Saint-George, mon oncle, est mort à Fraisse, ce
16 ventôse an XI, ou 7 mai 4803.
» Anne de Couhé Saint-George, ma mère, est morte à Fraisse, ce 19
prairial an XI, ow 8 juin 4803. \>
(l) Le Ticomte de Saint-George donne ici la naissance du plus jeune de ses frères. :Vofri-
liaire, t. 11, p. 317.
iS et 4} On voit qu'on n'observait pas toujours dans no<i paroisses la défense d'ense^el r
dans les églises, qui avait été faite en 1776.
C^) La terre d'Auby, commune de Nouic, est passée dans la famille de Saint-George en
septembre 1781 par le mariage de Jean- Michel de Saini-George avec dame Renée des Mon-
tiers de Mainville. Jean-Michel la légua par testament du f août 1797 à Claude- Gédcon de
Saint-George, ûls aîné de Charles Sylvain.
(b) Le vicomte de Saint-George donne ici la naissance de son fils aîné.
DOCUMENTS
RELATIFS A U VILLE ET A LA BARONNIE
DE PEYRAT-LE-CHATEAU
M. Cousseyroux, avocat à Limoges, nous a communiqué quel-
ques documents se rapportant à la ville et à la baronnie de Peyrat-
le-Château. On sait combien l'histoire de Peyrat, localité men-
tionnée fort anciennement, est obscure et peu connue. Il nous a
semblé utile de conserver les pièces réunies par M. Cousseyroux et
nous avons pensé que nos confrères nous sauraient gré d'accorder
à ces notes Thospitalité de notre Bulletin.
Peyrat-le-Château, on le sait, était en Poitou. Dans sa notice sur
les Enclaves poitevines du diocèsede Limoges (p. 15), M. L. Guibert
en parle avec quelques détails, rappelant notamment que le car-
lulaire d'Aureil nomme deux sénéchaux particuliers de Peyrat :
Geoffroi Ysaurer (entre H50 et H80) et Brandisius (vers 1190),
tous deux vraisemblablement officiers du roi d'Angleterre, duc
«rAquilaine. Plusieurs riches bourgeois de Peyrat figurent à des
chartes grandmonlaines de la fin du xn"" siècle.
A Tune des dernières séances de la Société archéologique du
Limousin, M. Guibert a signalé au nombre des pièces se rapportant
à rhisloire du Limousin et extraites par lui des volumineux recueils
de textes publiés il y a quarante ans en Angleterre, une charte
du roi Jean Sans-Terre qui pourrait bien se rapporter aux habitants
de Peyrat-le-Château (1). Elle est datée de La Souterraine, 28 mars
(i) Cette charle ayant, eo France, la valeur d'un document inédit et
n'ayaot été, croyons-nous, mentionnée par aucun historien limousin, il
nous a paru nécessaire d'en mettre le texte sous les yeux Je nos lecteurs.
Le voici :
Reœ omnibus baUHois et fidelibus nosiris ad quos présentes Uttere per-
oenerlntj etc. SciatLs quod concessimiis et oolumus quod homines nostri
391 SOCiAtA archéologique BT historique ou LIHOUSIIY.
1215, et so trouve à la page 112 du tome premie/ des Rotuli litte-
rarum patentium in turre Londinensi asservati.
I. — Extrait d'un dénombrement de la chatellenie, ville et commune
DE Peyrat. — 1624.
Du dénombrement rendu au roy nostre sire à cause de sa comté
de Poitou el tour de Mauberjon par messine Jean dePierrebuffière,
baron de Peyrat, en mil six cent vingt-quatre a été extrait ce qui
suit :
C'est la nommée et dénombrement que rend au roy, nostre sire,
à cause de sa comté de Poitou et tour de Mauberjon, sous le res-
sort de Montmorillon, haut et puissant seigneur messire Jean de
Pierrebuffière et de Comborn, marquis de Châteauneuf el premier
baron du Limousin, baron de Peyrat, vicomte dudil Comborn,
conseiller du roy en ses conseils d'Etat el premier maréchal de
camp de ses armées, pour raison de ladite terre et baronnie
de Peyrat, située dans ladite comté de Poilou el ressort dudit
Montmorillon, suivant Thommage lige qu'il en a rendu à Sa Majesté
selon et en sa forme et manière que ses prédécesseurs seigneurs
barons dudit Peyrat l'ont accoutumé rendre cy-devanl : première-
ment lad. baronnie de Peyrat ainsy quelle se comporte en ses
appartenances et dépendances, estant située comme dessus, est
dite tenant, d'une part, aux chastellenies du sieur commandeur de
Bourganeuf, d'autre, à la chaslellenie de Gompeix, appartenant au
seigneur et chapitre de l'église cathédrale de Limoges, à la chas-
lellenie de la Villeneuve-au-Comle, éclipsée et démembrée de lad.
baronnie de Peyrat, à la chaslellenie du Chaslard, à la baronnie et
chaslellenie du Dognion, à la baronnie et seigneurie de Laron de
toutes parties, — auquel lieu de Peyrat il y a chasteaux, place
forte, basse-cour, clostures de murailles, tour, fessées, pont-levis,
maisons, bastiments dans lesdites clostures, au dedans desquelles
il y a plusieurs hommes, sujets, manants et habitans ayant do-
maines el édifices el baj^timents, — et aussi y a droit de capitaine-
rie, de guet et péages avec tous droits de justice, juridiction haute,
moyenne el basse, el pour Texercice d'icelle sénéchal juge, procu-
reur d'office, greffier, sergents, prévost et autres officiers en siège,
de Pairac [o ?] habeant easdem consuetudines quas habaerunt tempore
H. régis t pat ris nostri. Et in hujus rei testimonium ew in[8trumenuun?]
fieri fêeimus. Teste melpso, apud Subterraneam, XXV II l die mardi
anno XV,
DOCUMKNTS RBLATIPS A PETRAT-LK-GUATEAU. 393
ressort da juge sénéchal, scel aux contrats, et tous autres droits
dépendant de ladite baronnie à la coutume dudit pays et comté de
Poitou.
Sont aussy audit Peyrat quatre consuls pris des autres manans
et habitans, élus chacun an par les autres citoyens dudit lieu le
jour de saint Pierre de février, etc.. (1)
Et tiennent en commun avec les autres habitans de ladite ville
plusieurs champs communs pour la nourriture et entreténement
desdits habitans et leurs familles, tenues roturièrement.
Sçavoir : est un puis et champs froits, appelés des Beneytous,
contenant cent sestérées, etc. , etc.
Outre autre puis dénommé Las Péladas et de Roche-Bos-Moury,
contenant cent sestérées de terre ou environ, tenant au bois
Moury des hoirs de feu Léonard de Paye et au village de Ville-
melange (la moitié du feuillet est coupée; manquent douze
lignes)
En témoing des quelles choses j'ay signé cettuy mon présent aveu
et dénombrement et fait signer aux notaires soubsignés à ma re-
queste le vingt-quatrième jour de juillet mil six cent vingt-quatre.
Signé à Toriginal : Comborn. Pour avoir fourny le présent dénom-
brement : maîtres Champeaux, notaire royal, à la requeste dudit
seigneur marquis; L.-C. Laborne, notaire royal héréditaire, à la
requeste dudit seigneur marquis.
. Le susdit extrait a esté tiré et vidlmé par nous, notaires royaux
héréditaires soubsignés, sur son original, trouvé entre les ceddes
de L. Laborne, vivant notaire royal. — Signé Miau.
11. — Notes diverses relatives a la baronnie de Nedde et de
La Villeneuve-au-Comte, distraite de la baronnie de Peyrat
DEPUIS le partage JUDICIAIRE DES BIENS DÉPENDANT DE LA SUCCES-
SION DE Charles de Pierrebuffiêre (Tirées des Archives de la
Vienne, C' 104).
17 février 1619. — Hommage au roi à cause de sa comté de
Poitou et tour de Mauberjon, sous le ressort de Montmorillon, par
(1) Ainsi les consuls de Peyrat triaient élus le môme jour que les magis-
trais du chAleau de Limoges (jusqu*au xv° siècle) et que ceux de la ville de
Saint-Léonard de Noblal. Faul-it voir dans ce fait un indice de l'ancienneté
de rétablissement de la commune ?
T. xxxvii. 26
3di SOClilÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HlSTOaiQUB DO LIMOUSIN.
Gabriel (Je Pierrebuffière, premier baron du Limousin, seigneur
baron de Nedde, La Viileneuve-au-Gomte, Lostanges eliytayw^ (?) :
La Villeneuve ci-devant éclipsée de la baronnie de Peyrat par Jes
partages faits entre le p»>re de Ta vouant et ses partpxenaût. A
droit de haute, moyenne et basse justice, patronage des .é^fees,
rentes, dîmes, hommages et péages, avec les dîmes des blés de l^
Marche, paroisse de Tarnac, — ia dime de Benassis et Mas
Négriers au lieu de Vauveix, — la dîme de Mas Graugeas et .de La
Chaume, paroisse de Royère, — l^dîme du lieu et paroisse deBeau-
mont, — un tiers de la dîme de la Malesinge, le tout d'ancienneté
et de toujours auparavant le concile de Latran, suivant hojBmage-
lige fait au roi Louis XIII, à savoir : 1» château au .bourg d'Ajaède,
précloturcs, moulins sur rivière de Vienne. Ledit seigneur a tout
le .bourg en pleine justice, de môme la baronnie de La Villeneuve-
au-'Comte, en comté et pays de Poitou, sous le ressort de Montmo-
rillon, .parlement de Paris, tenant es châlellenies .de La FeuiUade,
Tarnac, Treignac, Emoutiers, Fellctin, les fiefs de Faux, du Léris
et la :baronnie de Peyrat. -— La baronnie de La ViHeueuve-au-
Corate comprend les forôLs de Crouzat, La Gladières, tout ce qui
est de la paroisse de Beauraont, les bois de Gladières, près Vauveix
et Chaussidas. — Il y avait jadis à La Villeneuve un châ-leau el
place forte, capitainerie, guet, péages, pleine justice avec un séné-
chal ou juge ordinaire, scel aux coalrats, huiliages, mesure.
notaires. Il y a deux consuls pris des manans et habitants, élus
chacun an par les autres citoyens, et ces consuU out la police de
la franchise et communauté d iceux habitants. Il y a église parois-
siale, four, moulin à ban, garenne, droit de 6 livres par an sur la
franchise. Il y a un grand pays en agrier, terrage au complet, deux
moulins. Le mas et tènement de Boneysson, confrontant Cha-
.diéras, la rivière de Vienne, rente, mesure de La ViUe,ueuve : —
le tènement des Marviers, entrelassé avec le paratisu^ 4^s tène-
.ments de La Villeneuve, les Bartrounols, rivière de Vienne; — le
tènement de Chez-Chapelle, près Bastounols, Clavérolas et rivière
de Vienne; — le tènement de Péauve, entrelassé avec^les lènemenls
de Chapelle, Masmouri, Les Martias; — le tènement de Roche, à
La Villeneuve, près Les Martias, Péauve et Châtaignier ; — le tène-
ment des Bartounauds et Combi, pour lUiéritage de Romanet, sis
à La Villeneuve; — le tènement du Cbâtenier; — le lène^nent de
Bure ; — le tènement et village des Goumelaux, en les franchises
de La Villeneuve, confrontant Chez-Chçipelle, Chadiéras, Clavé-
rolas; — le tènement de Masmoury, près La Villeneuve, .Chastain,
le Monteil et les Fargeas ; — le tènement de Be^uregard, près la
Villeneuve ; — la paroisse d'Anède; — le bourg d'Anède, e^ pleioiB
DOCUMENTS RELATIFS A PEYRAT-LE-CHATEAU. 395
juslice, en la baronnie de La Villeneuve-au-Comte; — le lieu des
(Ihamboux, confrontant au paransus du lieu d'Anède, rentes, me-
sure d'Anède ; — le lieu de Cohadorn, di^pendances d'Anode, près
le Marceau-Chetiers, Lauzat, Le Nut; — le lieu de TAmigot, dé-
pendances d'Anède, confrontant le paransus dudil Anède, tenu
par les Gentoux, rente au quatre cas; -— la maison de David
Chenaud, sis au bourg d'Anède, près une rue allant au lieu du
Nul; — le lieu et village de Glaveirolas, prés Sarut, Anède, Chaux,
Chadiéras, tenu en condition serve, aux quatre cas, avec arbans,
outre un mouton de rente sur la rente de Glaveirolas; — le lieu et
village de Lavaud, tenant es lieux du Montoil, Lonzat, Le Mets,
Laleu, LasFargettas; — les villages du Mas-Faucher, le Châtenet,
le Leyri, le Mas Emevri, conligus à Anède, le Mazeau-Clieytien et
la terre de Béchadergue, près Neuvialè; — le lieu et village de
Chaud, paroisse d'Anède, tenant es lieux de Glaveirolas, Mazeau-
Bourbon, Veivialle et Penartige, tenu en condition serve; — le
village de La Vedrenne, paroisse d'Anède, confrontant aux villages
de La Ribière, Penartige et Verviale, tenu en condition serve; —
le lieu et village de La Mallessinge, paroisse d'Anède, près la
rivière de Vienne, le Mas-Vergnoux, le Mazoau-Bourbon ; — les
lieux du Mets et de Ghez-Tiveaux; — le lieu de Mas-Soubrot, pa-
roisse d'Anède, près Bouchefarolz et le fleuve de Vienne; — le lieu et
village de Guimont, paroisse d'Anède, près Les Fargettes et Laleu;
— le lieu et village de La Ribière, même paroisse, près La Vedrenne
et Penartige; — le lieu et village de Legaud, paroisse de Saint-
Pierre-Château, près Mapecou, le Maignaud et la rivière de Vienne;
— le village du Meiniaud et de Guillemot, paroisse deSaint-Pierre-
Châleau, tenant ès-lieux de Maspecou, Legaud et le fleuve de
Vienne; — le village du Puy, dépendance du Maignaud; — le
village du Mapecou, paroisse de Salnt-Pierre-Chdteau, tenu en
condition serve; — le Mas-du-Cloup, paroisse d'Anède, près Les
Bordes, Réjat, les Fargetas et la rivière de Nedde ; — le village de
Verviale, paroisse d'Anède, près la rivière de Vienne, La Vedrenne
et le Mazeau-Bourbon; — les lieux et tènemenls de La Ghapelle-
Saint-Theau, de La Bachellerie, paroisse d'Anède, avec les fruits et
revenus, une rente de trois livres argent, et 47 seliers seigle ; — le
village de Laschaux, paroisse d'Anède, près le Mazeau-Bourbon,
Châtenet tenu en condition serve ; — le village de Pérols, paroisse
de La Celle, tenu servement, confrontant la Ghabrière, le Massaberl
et Masvallier, doit trois livres, argent, une vinade, arbans et ser-
vices, tailles et questes à chacun des quatre cas, droit de guet;
—le village de Las Fargeas, paroisse de La Celle, près La Villeneuve-
au-Comte, la rivière de Vienne et le Monteil ; — le Mas-Poutrot,
396 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LllfOUSlïf.
paroisse de La Celle, confrontant le Monteil, Las Fargeas et Ma-
soury ; — le lieu du Monteil-de-la-Celle, paroisse de La Celle, tenant
à Las Fargeas, La Bessette et Masgadoux ; — le bourg et la
paroisse de Remnat, en pleine justice, comprenant notamment les
villages de Villefourneix, près Las Fargeas, leMonteil, le Masga-
doux, Le Bousson, La Combe ; — la tenue de Lonjechaud-Pradoux,
paroisse de Remuât, près Malatieu, Las Fargeas et Pradoux ; — le
lieu du Fressinet, paroisse de Tarnac, près Réjat, La Terrade,
Clupeau, Mercier, avec la rente et la moitié de la dîme dudit lieu;
— le tènement du Bouisson, dépendance de La Bessette, paroisse
de Tarnac, près Masgadoux, Le Monteil, La Combe et La Bessette:
— le lieu et mas du Tréga, dépendance de La Combe, paroisse de
Tarnac, près Malatieu et La Noaille ; — le village de La Combe,
paroisse de Tarnac, et la tenue de Thost blanc, confrontant à
Malatieu, La Bessette, Massoutrées et Clupeaux, doit la moitié de
la dîme; — la tenue du Lavandier, paroisse de Remuât, près la Paulie
et Prade; le village de La Noaille, près Villefouneix, Pradoux et
Remnat; — le village Pradoux près de La Noaille, La Villatte, Le
Maslatieu, en justice, rentes aux quatre cas; — le village de la
Terrade, paroisse de Remnat, près le Negremont et le bourg de
Remuai; — le village de Broussas-Mondlnaux; — le village du
Bur, paroisse de Remnat; — la paroisse de Gentioux, en laquelle
sont les villages de La Vareille, tenant à Verviale, Le Mazet, La
Chaux, le village de La Chaux-Couraud, paroisse de Gentioux,
près Pouneix, Gensenetas, Le Villars, le village de la Chaux-
Faureix, paroisse de Gentioux, près Télang de Maulde; — le village
du Rejat, paroisse de Faux, tenant ès-lieux du Freyssinel, Cla-
peaux, Beaumartin ; — le village de Broussas, paroisse de Faux,
près Vauveix, La Chaux, Pouneix, Tétang de Maulde et Verviale:—
le bourg et paroisse de Beaumont, avec les villages d*Auzoux,
de Châteaucourt, près Nergoux et Vauveix, les villages de la Virolle,
Pierrefitte, laVilatte, les Ternes, Vassivière, la Vareille, Ramouze,
Vichiers, le Mazeau, le Confeix, Pers-Villemoujane, Champagne,
Yvernaud, près La Ternas, et Châteaucourt, le village de Nergoux;
— le bourg et paroisse de Royères, avec les villages de Chassagnat,
Auchèze, Chatagnoux, Vaux, le Chassin, Haule-Faye, Arpeix,
Roubenne, le Mazeau, le Cloup, le Villars, Roudaressas et Verdi-
nas; — te noble repaire des Masgranges, avec ses moulins, préclô-
lures, étang, garenne, tenant aux villages de Soumeix, Vauveix,
Oraldeix, droit de dîme; — le tènement de Thomas, paroisse de
Royères; — le village de Las Bordas, le village de Fourneaux,
près Auzoux et Langladure ; les villages de Gensenetas, du Cloup.
de Gensanas, de Vauveix, de Villecors, de Langladure, delà Chas-
sagne, de Grandrieux, même paroisse de Royères.
DOCOMKNTS RELATIFS A PEYRAT-LB-CHATBAU. 397
En la justice du seigneur de La Villeneuve-au-Comte sont les
villages de Lavau, Puidagier, Vervialle, près Felletin, le Villars de
La Noaille, le Theil, haut et bas, le Cloux-Valouix, partie du Mont-
Bessas, le moulin Desiies, Rochas, Roubenne, Vergnolas, Vincent,
Arpeix, Lacau.
Ledit seigneur a sous sa juridiction les vassaux suivants à hom-
mage-lige en fief ou refief (arrière-fief), mais sans la justice :
Le seigneur de Vieillevilie (Louis Chappellon, écuycr, doit cent
livres de rente sur les fiefs et lieux de Vichiers, les Ternes, le
Couffeix, Champagnat, le Mazeau, Fumouze, la Virolle {supranas
et subranas)^ Ardenne, Guimont, Laleu et le bourg de Beaumont;
Les héritiers de Jacques d'Eschizadour, écuyer, seigneur d'Au-
bepeyre, doivent 3S livres de rente sur une partie du bourg de
Royères, sur les lieux et villages de Gensenetas, le Cloup, Cloup-
Valereix (Estiveix, paroisse de Saint-Yriei\-la-Montagnej, le Theil,
Haut, Magnat, paroisse de Saint-Yrieix, la moitié de la rente.
Il est dû :
Par les héritiers de feu noble Aunet Mauris, écuyer, seigneur
d'Arfeuille, vingt livres de rente, à prendre : un tiers sur le village
de Vervialle, sur le village de la Mallessinge, paroisse d'Anède, un
tiers de la dîme sur le village de La Noaille, item sur le village de
Lavaud-du-Gier, paroisse de Vallières.
Par les héritiers de Brandeleys de Saint-Martial, seigneur du
Verdier, trente-trois livres de rente, à prendre sur partie des
villages de Vervialle et de la Mallessinge, et un tiers de la dîme des
villages de Rochas, Roudaressas et Arpeix, paroisse de Royères,
avec les rentes des dits lieux.
Par Antoine de Pichard, d'Esmoutiers, cent soûls de rente à
prendre sur les lieux de Saint-Amand-le-Petit, Nedde, du Mets et
de la Vareille.
Par les héritiers de noble Jacques Bonnet, seigneur de la Porte,
dix livres de rente, à prendre sur le village des Boueys, paroisse
de Beaumont et partie du bourg de Royères.
Par Messire Jean Bonnet, si^îur de Châtain, au lieu des hoirs de
Martial de Rieublanc, cinquante livres de rente à prendre sur le
village de Pourcheiroux, paroisse de Saint-Marc à Loubeau et sur
le village de Roubenne.
Par les hoirs de feu W Nicolas Laborne, demeurant à Peyrat,
sept livres dix sols de rente à prendre snr le village de la Virolle
et le tènement du Mas Blanc, paroisse de Beaumont, tenu par Jean
Faure.
Par les hoirs de feu Louis du Qoup, seigneur de la Cour, vingt
livres de rente à prendre sur partie du bourg de Royères, sur les
308 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIUOUSIN.
villages du Mazeau, paroisse de Royères ; Vassivière, paroisse de
Beaumonl ; Villefouneix, paroisse de Rempnal et le Mazeaii-Bour-
bon, paroisse d'Anéde.
Par Julien et Martial Thiveau de Rempnat, vingt livres de renie
à prendre sur le bourg de Reropnai, le Bur, le vieux Remnal, la
dixme du vieux Remuât, la tenue de Corbet, dépendance de Rem-
nat, Villefouneix, le Masoutre de Réjal, Freyssinet, La Combe, le
Mas Latieu.
Par les hoirs de feu François et Guilhen Ruben d*Esmouliers,
vingt-cinq livres de rente à prendre sur les villages de Pers Villc-
nioujane, la dîme du repaire noble de Rempnat le vieux, la dime
du Fressinet et de Réjal le Poutre, la dîme de Treraouillas, de
rOrt au Blanc, la dîme d'Arpeix, paroisse de Royères.
Par le seigneur de La Faye près Peyrat, quinze livres de renie à
prendre sur les villages d'Hyernaux et la Villelte, paroisse de
Beaumont.
Par les hoirs de feu Jacques et Guilhen Bourdicaud, frères,
d'Aymoutiers, vingt livres de rente à prendre sur les villages de
Laleu Guimon, lènement de la terre de Nedde, du Metz, la dînie
du village de Las Rochas, de La Cassine, le tiers de la renie
d'Arpeix, le quart de la rente de Villars.
Par François de Chasteauneuf, seigneur du Châlard, vingt cinq
livres de rente à prendre sur les villages de Chastagnioux, dWu-
chèze, paroisse de Royères et sur les villages du Mazeau-Bourbon,
paroisse de Nedde.
Par Joseph Romanet, seigneur de Farsac, et les hoirs de feu
M*» de Pichard d'Esmoutiers, vingt-cinq livres pour divers fîefs non
désignés.
Par noble Léonard de La Faye, seigneur de Villechenine
{Villa caninia)y dix-huit livres de rente à prendre sur le village de
Roudaressas, paroisse de Royères, etc.
Parle seigneur du Coudert, cinq livres de rente pour le fief de
Chenigoulx.
Parle seigneur de Mérignac, baronnie de Peyrat, quinze livres
de rente à prendre sur le village de Pierrefite et autres.
Par le seigneur de Saint-Angel, douze livres de rente pour la
dîme des villages de La Combe et du Metz.
Par le vicaire de l'Ombre (Ruben), douze livres de rente pour
les villages de la Virolle, Grenier et Vergnolas, paroisse de
Beaumont.
Par messire Antoine du Leiris, demeurant à Peyrat, vingt livres
de rente pour les villages de Chassaniaset de Vaux, dîme et rente.
Par le prieur de VArtige, dix livres de rente pour le village de
Chasset (?;.
UtîCDMÉWtS RELATIFS A PEYRAT- LE-CHATKAU. 399
Par Te prteur de La Vinadière, çualre livres pour divers biens
now désignés.
Par les Trompoudon et Aubusson, de Bourganeuf, six livres de
rente sur divers villages dépendant de la baronnie de La Villeneuve,
Par le seigneur Montage, dix livres de rente sur La Terrade.
Parle seigneur du Châlard, quarenle sols de rente sur le village
de Fauveix.
Par la prieuresse de Vilievaleix, cinquante sols de rente.
Par la prieuresse de Blessac, soixante sols de rente.
Par la comrmunauté des pi^étres de Royères, trente livres de
rente sur divers villages dont un paroisse de Mansat(?).
Par le commandeur de Charrieras, vingt livres de rente sur di-
vers villages de Royères.
Par la seigneurie de La Feuillade, quarante sols de rente sur le
village d'Hyvernaux.
Par le prévôt et les chanoines d'Esmoutiers, dix livres de rente.
Par les vicaires de Saint-Léonard, sur le village de Nergoux,
vrngl livres de rente.
Par le seigneur d'Enval, sur le village de Péroulx en fondalilé,
sans la justice, vingt livres.
Par les religieux de Solignac, vingt livres.
A la suite de la liasse G" i04 des Archives de la Vienne se trou-
vent les copies de pièces relatives àla baronnie de La Villeneuve au
Comte, mouvance de Peyrat-le-Fort ou Peyrat-le-Château, de 1477,
137*, 1619 et 1623; — une copie très importante, en latin, d'un
contrat de vente ou transaction, du 14 mars 1364, consentie par
Geofroi de Mortemartà Guy Auberl ou Albert de Burbon (Bourbon).
Cette charte fort longue, de 38 feuillets, fait connaître l'étendue
immense de la terre et baronnie de Peyrat, puisque Guy Aubert
de Burbon achète de Geofroi de Mortemart, chevalier, seigneur de
Couhé, deCohiaco (Poitou), la châlellenie de Peyrat et ses annexes
de Pontarion, s'étendant sur les paroisses, super parochias de
Meyriniaco, Mayrignat, de Aneta, Anède, Ramnato, Remuât,
de Carriefis, de Charrieras, de Sancto Juliano et Lartmdo, do
Saint-Mien et Laron, de Sanctô-Maurilio, de Saint-Maureil, de
Sancto- Amando de Jertudesis, Saint-Amand Jarloudeix, de Sancto
Prejecta Melac (?j, de Sancto Juniaco, Saint-Junien-la-Bregère, de
Sancto Pardulpho, Sainl-Pardoux, de Castro, de Sainl-Marlin-
Château, de Roeria, de Royère, de Bellomonte, Beauraonl, de
Sancto-Amando propè Peyractm, Sainl-Amand-le-Petit, de Villa-
nova, La Villeneuve, de Tousol{l), de Manso {'?), de Capella SancH
Martialis (?), de Sancto-Georgio, Saint- Georges-Nigremolit, de
400 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
SanctO'Ylario, de Vidaliac, de la Posta (?), de Superbosco^ Sou-
brebot,et de Fraderia{*^), On énumère ensuite les seigneurs relevant
de la baronnie de Peyral.
Lettres patentes de nov. 16SS érigeant en marquisat la baronnie
de La Villeneuve-au-Comte en faveur de Théophile de Blanchier,
capitaine de cavalerie, baron de Lostanges, La Villeneuve, Anède
en Poilou, depuis 1654. Cette baronnie avait pleine justice sur les
paroisses de La Villeneuve, Nedde, Rempnat, Royères et Beaa-
mont, comme relevant de la tour de Mauberjon.
Arrêt du Conseil d'Etat du 39 août 1724 attribuant au sieur de
Montalembert droit de péages sur les ponts situés sur rivière de
Vienne es lieux de Nedde, La Villeneuve, et péage sur Royère, etc.
Vente du 23 juin 1746 par Charles de Montalembert, chevalier,
seigneur, marquis de La Villeneuve-au-Comte et Nedde, à messire
Raymond Garât, écuyer, seigneur du Puy-du-Tour, époux de Marie
Faulle du Puy-du-Tour, de la terre ou marquisat de La Villeneuve
et Nedde, relevant du roi, où il y a château, bois, élangs, chauffage
en la forêt de La Feuillade, rentes, dîmes, pêche sur les rivières de
Vienne et de Maude, vigne es dépendances du bourg de Perpezac,
en présence d'Antoine Malevergne de Fressignac, docteur en
médecine, témoin, demeurant à Limoges.
Copie de l'hommage fait au roi de France, le 7 août 1775, par
messire Raymond Garât, seigneur, baron de La Villeneuve, Nedde
et Saint-Yrieix-la-Montagne. Saint-Yrieix lui provenait de Jeanne
Martiale de Turenne, sa femme.
La seigneurie de Neuviale, paroisse de Saint-Amand-le-Petit, fut
vendue le 11 février 1647 par Jeanne de Fabas, veuve de Pierre de
Caumont, marquis d'Amure, demeurant à Chasteauneuf en Limou-
sin, à Pierre Ruben, demeurant au repaire de Fontmacary près
Esmouliers, moyennant 230 livres tournois.
Le 20 juin 1748 Joseph Bachellerie, bourgeois, marchand à
Eymoutiers rendit hommage au roi de sa terre de Neuviale qu'il
tenait en pleine justice.
Justice seigneuriale du Leyris et Royère, mouvance de Peyrat :
Le 21 octobre 1499, hommage au roi par Louis, comte de Ventadour,
baron de Glanges et de Charluz-Champagnac, seigneur de Beaure-
gard et du Leyris, — Le 17 octobre 1337, hommage au roi par
Louis de Noailles, seigneur de la baronnie du Leyris, plus tard
distraite de la baronnie de Peyrat et donnée en dot à Marie de
Pierrebufflère, femme de Charles, comte de Ventadour. — Le
31 août 1600, hommage par Léonard de Lafaye, fils de Jean de
Lafaye de La Porte, baron du Leyris. — Le 26 février 1698, hom-
mage de Jean de Fricon, seigneur de Farsac, baron du Leyris.
DOCUMENTS RELATIFS A PETRAT-LK-CBATEAU. 401
Ibid, C* 104, n** 391. Vente de la terre de Pontarion, distraite de
Peyrat, en 1870, au chapitre de Saint-Etienne de Limoges, par le
baron de Peyrat de Pierrebufflère. (Baronnie de Laron pour la
moyenne, baule et basse justice de Peyrat) ; — Aveu du 2 juin 1407
rendu par Ysabeau des Moulins, dame de Laron; — Aveu de
1861, par Jacques Despaigne, seigneur, baron de Panissac, Laron;
— Aveu de 1883, par Catherine de Narbonnne, veuve du susdit ;
— Aveu du 24 juillet 1602, par Desse d'Aubusson, seigneur de
La Brugière et Gabrielle Trompoudon, sa femme, nièce de feu
Pierre du Repaire, baron de Laron ; — Aveu du 9 juin 1687, par
Marc de Labermondie d'Auberoche, baron de Laron, etc.
En 1789 Raimond Romanel de Beaune, seigneur de Beaune, La
Combe et Les Bordes, fut électeur de la noblesse, à Poitiers.
En 1789, Pierre Gautier était seigneur de Villemorenjane..
IIL — PrDCÊS-VERBAL de l'inventaire des titres de LA VILLE ET
BARONTWE DE Peyrat-le-Chateau . — 7 uivôsc au II (1),
Aujourd'hui, 7 nivôse an second de la République une et indi-
visible, à dix heures du matin, nous, Emmanuel-Jean Coutisson,
juge de paix du canton de Peyrat, district de Saint-Léonard, dépar-
tement de la Haute-Vienne, et sur la réquisition du citoyen Léo-
nard Meyrignat, membre du comité de surveillance du district de
Saint-Léonard, en date du trois du courant, la dite commission
portant que le citoyen Meyrignat se transportera chez le citoyen
des Maisons pour relever les scellés apposés, et y étant, nous
avons trouvé le citoyen Lachaud, gardien des dits scellés, qui nous
a représenté une armoire pratiquée dans le mur de la salle, sur
laquelle porte nous avions apposé une bande de papier, cote C, et
scellée du cachet du canton de Peyrat, lequel cachet nous avons
reconnu sain et entier, et, après avoir ouvert la porte, nous avons
procédé à l'inventaire des effets, ainsi qu'il suit :
1* Arrêt de la Cour du Parlement de Paris, contenant 162 pages,
en parchemin, en date du 8 mars, Tan de grâce 1788, et relatif à
Joseph des Maisons, ci-devant seigneur de Peyrat, d'une part, et
Geneviève Romanet de Beaune, Pierre Esmoingt et autres ;
2** Un plan figuré de la métairie de la Coux, franchise de Peyrat;
3* Un livre intitulé : Terrier des rentes et autres devoirs de la
(4) L'original de ce document est entre les mains de M. de Berthier Bizy.
40î SOCIÉTÉ Ait'ciiéOLoai«2tj^ et âistoaiouis ou tiitdusiK.
barontïie de Pe^ral, contenant 478 pages écrites et le festé en
blanc ;
4* Un livre sur papier timbré, portant des reconnaissances,
signées de plusieurs notaires, tels que Rouchon, Foresl, de Malle-
ret, jusqu'à la page 32, et le reste en blanc ;
5*» Un papier étiqueté : Vieux titre à examiner dont on peut se
servir dans les affaires pour la terre de Peyrat, contenant quarante-
trois pièces en parchemin, presque toutes illisibles;
6** Un autre paquet contenant vingt-huit pièces, presqiie toutes
en parchemin, en latin, et illisibles ;
7** Un autre paquet contenant plusieurs registres du greffe de la
ci-devant justice de Peyrat ou actes de justice, depuis 1600 jusqu'à
1700;
8" Un paquet ne contenant qne des titres de femille, quelque cor-
respondance insignifiante, avons remis le tout, après Tavoir lu et
examiné, au citoyen des Maisons, exceptée une copie informe
d'aveux et dénombrements de la terre de Saint-Martin-Châleau et
plusieurs édits, arrêts et lettres-patentes du Roi ;
9° Un paquet contenant plusieurs sentences et devoirs par plu-
sieurs particuliers, au citoyen des Maisons, que nous lui avons
remis, après les avoir lus et examinés ;
lO*» Aveu et dénombrement de la baronnie de Peyrat, d'après
l'hommage de messire de Chaumont, en 1675 ; — Arrêt rendu à la
Cour des Aydes contre les habitants de Peyrat ; — Nomination des
consuls de Peyrat ; — Relevé informe et mutations faites dans la
baronnie de Peyrat; — Vente portant rente d'une géline, de Taii
1624 ; — Autre vente, aussi portant rente, de Tan 1632 ; — Dénoni-
brement informe de la baronnie de Peyrat, de l'an 1572; — Projet
de terrier de l'an l'612, signé en plusieurs reprises de Comont et
autres, dont plusieurs retraits consentis par le Roy à la damé des
Maisons du Paland, du 7 juillet 1752 ; — Acte portant réserves de
la justice, et hommage à la baronnie de Peyrat (1613) ; — Aveux
ou appellations de la baronnie de Peyrat, expédiés par Neuville»
commis- greffier, 1644; — Ordonnance du grand maître pour la
chasse et la pèche pour la baronnie de Peyrat, du & mai 1705; —
Plusieurs contrats relatifs aux devoirs féodaux, astreignant plu-
sieurs particuliers de Peyrat, tant pour les moulins que pour le
four banal; — Reconnaissance de Balandei'x, du 4 septembre
1670 ; — Hommage rendu au baron, de Peyrat ; — Délibération
des habitants de Peyrat sur la franchise, et plusieurs autres actes y
relatifs; — Un extrait des registres de Peyrat, portant réclama-
tion du droit de laitx (lods) ; — Sentence pour la solidarité sur le
viilatge du* Clotip ; — Aveux et dénombrements du 22 ^ptemfere
DOCUMENTS RELATIFS A PEYRAT-LE-CHATRAU. 403
1572, expédiés par Rouchon; — Plusieurs pièces informes, rela-
tives à la franchise de Peyrat, ainsi que plusieurs actes aussi infor-
mes, relatifs aux reconnaissances de renies, faits par différents par-
ticuliers de la terre de Peyrat ; — Copies d'arrêts informes du
parlement de Paris ; — - Arrél du Conseil du Roy, conienant règle-
ment sur les péages ; reconnaissances de renies, de l'an 1602, sur
plusieurs villages de Saint-Amand-le-Pelil, Chatreix ; — Requêtes
pour obtenir lettre de terrier ; - Dix-neuf actes d'affiches aux
portes des églises relevant de la terre de Peyrat; — Autre relevé
des rentes de la terre de Peyrat ; — Des mémoires aux Conseils
pour la mouvance de Peyrat ; — Copie d'un acte portant hommage
de la lerre de Ponlarion ; — Plusieurs mémoires imprimés tendant
à soutenir la non-franchise des habitants de Peyrat; — Copies
d'actes de reconnaissance des droits féodaux par plusieurs parti-
culiers de différentes paroisses circonvoisines à celle de Peyrat; —
Copies d'arrêts de parlements relatifs aux terres de Châteauneuf,
Saint-Prîest-Palus et Peyrat ; -— Copies des projets des écritures,
signifiées dans un procès qu'a eu le baron contre plusieurs parti-
culiers de la lerre de Peyrat ; - Copies des litres de la terre de
Peyrat, de La Villeneuve-au-Comtc, Nedde et autres, déposés au
comté de Poitiers, pour en rendre foi et hommage; — Plusieurs
autres actes et projets, tels que mémoires aux Conseils, actes féo-
daux ou pièces d*écriturcs, signifiées de procès à procès;
H® Procédure tenue par le ci-devant seigneur de la lerre de
Peyrat, tendant à la demande d'arrérages de rentes, et autres
papiers conc<^rnanl la rhapelle de Ville Chenille, dont la majeure
partie sont inintelligibles, ainsi qu'une copie du dénombrement du
22 septembre 1572 ; — Un autre paquet contenant les titres éta-
blissant la renie sur le village de Trasrieux et Saint-Amand ; —
Un contrai de reconnaissance de rente par François Esmoingt au
baron de Peyrat, du 9 juin 1714 ; — Copie du dénombrement de la
terre de Peyrat; autre copie du dénombrement de la môme terre,
dont le rédigé a été fait le 23 juin 1779, par Lajoumard, notaire ;
— Un vieux titre, intitulé : acense faile par Louis de Pierre-Buf-
fière, seigneur de Châteauneuf, Peyrat et autres lieux, du 10 sep-
tembre 1499 ; — Autre litre intitulé : litre pour la seigneurie de
Peyrat, en date de l'an 1505, signé : Médicis; — Hommage rendu
à la baronnie de Peyrat par messire Léonard Chappellon, seigneur
de Vieille-Ville, pour plusieurs endroits y désignés, du 8 septembre
1559 ; — Autre hommage et dénombrement au baron de Peyrat,
par fiabriel de Paye, du 15 février 1559; — Différentes autres
pièces, toutes illisibles ou informes, et des procédures tenues pour
des contestations féodales, quelques-unes intitulées : rentes à
40-i SOGléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
Peyrat, le reste illisible; — Actes généraux de la baronnie de
Peyraf, reçus parRouchon et Forest, notaires royaux, du 23 octo-
bre 1778 ;
12» Actes portant assignation par ban général à tous les sujets
redevables à la terre de Peyrat, reçus par Ronchon et de Mallerel.
du 15 novembre 1779; — Hommages rendus par les habitants de
Peyrat, scellés à Montmorillon ; — Reconnaissance de rente par
Léonard et François Esmoingt ou Esmoins au baron de Peyrat,
pour les années 1670 et 1714; — Copies informes de reconnais-
sances de rentes par plusieurs particuliers de SaintPardoux-
Lavaud, de l'année 1602; — Accense faite par Pierre Joubertde
Noblac et du Masfaure, de Tan 1534 ; — Autre accense faite par
Pierre Solié et Jean Joubert de Noblac, de Tan 1418 ; — Autre par
le seigneur de Peyrat et Jean Lavaux, de l'an 1419; — Copie
informe d'un dénombrement de la terre de Peyrat par le citoyen
des Maisons à la Chambre des comptes, de 1775 ; — Copies des
sentences rendues en la sénéchaussée de Montmorillon entre le
seigneur de Peyrat et plusieurs autres particuliers pour arrérages
de rentes, du 7 septembre 1514;
13*> Différentes lièves portant reconnaissance de rentes ou
comptes-rendus par les agents de la baronnie de Peyrat ;
14° Copies de relevés de ventes par plusieurs particuliers, por-
tant reconnaissance de rentes sur une partie des communes de
Peyrat ; — Copie des droits de la terre de Peyrat, du 12 décembre
1642, signée : Remy; — Plusieurs pièces d'écritures répondues
par le baron ou signifiées relativement au procès de la franchise
de Peyrat ; — Copies d'hommages rendus au seigneur de Peyrat
par les propriétaires du château de Breilh (du Masfaure et Chap-
pellon);— Extrait du terrier de la terre de Peyrat de Tannée
1670, contrôlé à Saint-Léonard le 2o juin 1779 ; — Ventes d'une
certaine quantité de rentes, faites par Charles H de Pierre-
Buffière à différents particuliers de Peyrat sur plusieurs villages
de la dite terre du 24 avril 1614, expédiés par Brieus; — Ventes
par Antoine Rougier, seigneur de Trasrieux, de plusieurs domai-
nes à différents particuliers, portant établissement de rentes, du
28 octobre 1601, collationnées par Brieus; — Plusieurs autres
papiers, dont quelques-uns sont intitulés : reconnaissances de
rentes par différents particuliers de différents villages ; — Mémoi-
res dans la cause du baron de Peyrat contre les habitants pour
droit de franchise, et autres mémoires, relatifs à la même affaire;
— - Plusieurs autres vieux papiers illisibles que le seigneur a remis
de sa propre volonté ; — Un paquet d'actes d'affiches, faites à la
porte des églises de Peyrat, Magnat, Meyrignat, Saint-Amand-
DOCUMENTS RELATIFS A PEYRAT- LE-CHATEAU. iO'i
Jartoudeix , Charrière , Saint-Janien-la-Bregère , Auriat , Saint-
Pardoax-Lavaud, Saint-Moreil, Saint-Martin-Château, Sainl-Julien-
le-Pelit, Beaumont, Royère, Nedde, La Viiieneuve-aa-Comte, '
Saint-Amand, Beaulieu et Saint-Yrieix-la-Montagne, le tout pour
le terrier général de la terre de Peyrat (1779) ; — Acquisition de
rentes sur le territoire de la terre de Peyrat, de Tannée 1362; —
Autre de Tannée 1518; — Observations imprimées contre les
habitants de Peyrat ; — Copie d'un prix fait pour réparer les forti-
fications de Peyrat, du 29 octobre 1631, expédiée par Tramonteil ;
15" Journal relié, dont Tintitulé commence par ces mots : « Au
nom de Dieu », journal pour la terre de Peyrat, contenant 260
pages; — Un autre intitulé : livre des recettes, écrit à leur envers et
invers, contenant 308 pages ; — Ventes par Louis de Chausse-
Courte de tous droits seigneuriaux sur le bois de Citernat, situé en
la paroisse de , signées par Dubayle et Moissanes, contrôlées
à Bourganeuf par Rambau, le 26 novembre 1786 ; — Vente des
biens de Château-Vieux (près Aubusson), contrat illisible dont Tin-
titulé porte que Toriginal est chez les héritiers Maffaure ou du
Masfaure, actuellement de Loménie, de Saint-Martin-Château ; ---
Extrait des registres de greffe de Peyrat, en date du 10 février
1748 jusqu'au 11 juin 1787, délivré par le contrôleur des actes de
ce temps ; — Vieux parchemins sous la date de 1620, portant en
tête ces seuls mots lisibles : acquisitions des villages, paroisse de
Royère ; — Un paquet de lettres insignifiantes ; -— Quittance de
lods et ventes dus par un particulier pour acquisition de deux jar-
dins et d'une maison, sis au lieu de Chez-Périer, hors la franchise,
et autres pièces y relatives ; — Un vieux parchemin dont les seuls
mots lisibles sont le village d'Artin, Laujasse, et quittances de
droits de lods, portant établissement de ces mêmes droits, du 30
août 1788, reçues par Seygaud et Moissanes ; — - Affermes de la
terre de Peyrat, sous la réserve de la moitié des fiefs et du montant
des retraits féodaux, du 23 février 1737 ; — Descript de Beaumont,
dépendant de la terre de Peyrat , sous la date de 1643, collationné
par Aubourg; — Hommage rendu par la dame de Lafaye ,
à la dame Jeanne de Chaumont, en date de 1670 ; — - Quittance
servant de reconnaissance pour les Plazeix, du 29 août 1788,
expédiée par Seygaud et Moissanes ; — Ventes faites d'une quan-
tité de blé, sur la paroisse de Saint-Martin-Château, sous la date
de 1365, année de disette, les dites ventes signées : Guilelmin ; ~
Plusieurs notes informes et vieux papiers non lisibles, relatifs à
la féodalité ; — Un vieux titre, signé : Pinaud;
16** Amortissement de la terre de Peyrat de Tan 1313. (Pièces y
relatives, le tout en latin) ; — Section des habitants de Peyrat en
406 SOCIÉTÉ ARÇHÉOLOiGl^UE ET HISTÇRIQUE DU LT;^0U9lFf.
i^^veur (Je l^\ir seigneur ; — Donation de Léonard Bdaud pu Velaud,
damoiseau de Peyrat, d'une maison située tout auprès des fossés
.de la dite ville, en date du 48 avril 14to ; — Plusieurs autres
feuilles illisibles et un acte intitulé : taille franche pour le ohajpilre
de Taillefert, plus une quittance informe des droits de lods et
ventes du jardin de Larsénigout, situé en la franchise de Peyrat ;
— Vente de partie des communaux et champs froids de Peyrat,
sous l'obéissance de notre Roy ; — Arrentement fait par noble,
puissant homme, Louis de Pierre-Buiïière, au profit de noble
Bonnet de Pierre Lavigne, à l'occasion d'un pré, situé ep^ la com-
mise de Peyrat. (1495) ; — Ratification de la vente faite par
Marie de Grandraont, épouse de noble de Paye, de six septiers sei-
gle à prendre sur le lieu de Lintignat ; — Autre acceme faite par
Bernard Belaux, damoiseau de Peyrat, et vente en faveur de Jean
Chavansaux, du lieu du champ de La Michelle, exceptées des mai-
son^, en date du M mars 1114, signé : Laubard; — Privilège con-
firmé par Guy de Lusignan, le dimanche avant Noël, 1283, —
confirmé encore le 2 mars 1 606, par Louis de Pierre-Buffière ;
47° Copies informes du terrier de Bonne et de Rempat, du 49
août 4670 ; — Deux terriers portant reconnaissance de lods et ven-
tes pour la terre de Peyrat, presque illisibles, et signés : Chap-
pellon et de Malleret, notaires royaux ; — Arrêt du Conseil pour le
cantonnement des porcs, plus un titre portant reconnaissance pour
la terre de Peyrat, signé : de Malleret et Laborne ; — Plusieurs
terriers illisibles, signées : de Malleret et Laborne ; — Cahier con-
tenant arrêt de la Cour, qui ordonne l'homologation de plusieurs
contrats de ventes, faites par dame Jeanne de Favas, Castez et
Ladoz, des terres de Saint-Junien-la-Brugère et autres en faveur de
Léonard du Masfaurc, du 29 janvier 4647, signées : Chappellon;
— Aveux de plusieurs baux et ordonnances de l'intendant j)om' la
hquidation des rentes de Peyrat; — Vieux papiers concernant les
gués et péages de la terre de Peyrat ; — Dénombrement des biens
que Gabriel de Faye tient dans la baronnie de Peyrat ; — Titre et
sentences concernant la rente de La Vareille ; — Terrier des ren-
tes de la baronnie de Peyrat à demoiselle Jeanne de Chaumont,
fait en 4670, par Rounat et Duleyris, notaires ; — Mémoire au
Conseil pour la franchise de Peyrat ; — Reconnaissances des tenan-
ciers de La Révélières en faveur de la dame du Paland, reçues par
Fantoulier; — Reconnaissances du tènement de Neuf-Maisons; —
Sentejices contre les tenanciers de Las Coux pour la rente due à la
baronnie de Peyrat; — Titre pour la rente de Chavansoux; —
Reconnaissance en parchemin de Langladure, de dix-sept sepUers
de blé, presque illisible ;
18" Affiches et publications de l'aveu et dénombrement de la
•Laronnie de Peyrat, en date du 10 mars 17«2 ; - Autres affiches et
publications du dénombrement de la baronnie de Peyrat, en date
du 24 fémer d782 ; — Hommage de la baronnie de Peyrat du 18
mai 1785, avec Tenregistrement du Bureau des finances de Poitiers,
et aveu et dénombrement de la baronnie de Peyrat ; — Saisie féo-
dale des fiefs d'Artinscc, relevant de la baronnie de Peyxat; —
Terrier en parchemin pour la terre de Peyrat ; — Un extrait des
registres du Conseil d'Etat du Roy ; — Hommage de la baronnie de
Peyrat, qui est au dépôt de la Chambre; — Sentences contre le
Bureau des finances de Limoges, réclamant les cens et droits
royaux, en faveur de la terre de Peyrat, et autres papiers justifica-
tifs ; — Foi et hommage de Marie-Anne Farges, veuve d'Esmoins,
pour la terre de Peyrat ; — Arrêts du Parlement de Paris en faveur
du citoyen des Maisons, contre les trésoriers des Finances de Limo-
ges, en date du iO août 1784;-- Extrait de différents actes justi-
ficatifs de la suzeraineté de la terre de Peyrat sur plusieurs fiefs,
coUalionné par de Malleret et Tramonteil; — Prérogative et privi-
lège de la ville de Peyrat par haut et puissant seigneur Jean Bar-
tons, seigneur de Lusignan (original illisible) ; — Copie intitulée :
le Roy voulant exempter de tous logements de gens de guerre les
habitants de la ville de Peyrat, ensemble les paroisses de Saint-
Martin^hâteau et Beaulieu ; — Hommage des fiefs de la Cour,
rendu au seigneur de Peyrat, en date du 9 septembre 1670; —
Reconnaissance de Trasrieux en faveur du baron de Peyrat, en
date du 9 novembre 1678 ; — Hommage des fiefs de Meyrignat au
Jbaron de Peyrat, en dale du 9 avril 1679; — Reconnaissance du
tènement de Tanisout, en parchemin, presque illisible; — Recon-
jtaissance du grand Grandmont ;
19° Advenant, nous sommes montés dans la chambre où le
citoyen Laschaud nous a représenté un coffre fermant à clet,
scellé d'une bande de papiers, cote B, lequel scellé nous avons
trouvé sain et eatier, et, après en avoir fait l'ouverture, nous avons
-observé que ce.coffre était plein de papiers, et, après avoir examiné,
nous n'avons trouvé que des registres et sentences du ci-devant
^elle de la justice de Peyrat que nous avons fait transporter à la
municipalité du dit lieu ;
Advenant, nous nous sommes transportés dans la salle à côté,
OÙ le dit Laschaud nous a présenté une armoire à deux battants,
scellée et cotée A. Examen fait du dit cachet, nous l'avons trouvé
sain et .entier, et après l'avoir ouvert pour faire la vérification das
objets y renfermés, avons interpellé le citoyen des Maisons de
uous remettre le catalogue des ilivres que contient la dite armoire.
408 SOCIÉTÉ ARGBÉOLOGIQUB KT HISTORIQUB DU LIMOUSIN.
Nous a dit n'en avoir pas ; et, pour nous convaincre si ces livre»
contenaient des écrits contre-révolutionnaires, nous en avons fait
Texamen, volume par volume; nous n'y avons trouvé que des
hommages permis et analogues aux circonstances et aux affaires du
temps.
Signé : Pierre Peyroux, ayant écril à la demande et sous la
dictée du juge de paix le procès-verbal ci-dessus.
IV. — Plainte et réclamation du baron du palland, enregistrée
LE 22 GERMINAL AN VI, SOUS LE NUMÉRO 2,539.
Aux administrateurs du département de la Haute-Vienne,
Citoyens,
Le citoyen des Maisons du Palland, propriétaire au canton de
Peyrat, a l'honneur de mettre sous vos yeux la lettre du Ministre
des Finances, en date du 28 ventôse dernier.
Veuillez, citoyens administrateurs, vous rappeler les précéden-
tes pétitions qui vous ont été remises pour cet objet, et vous faire
présenter les lettres du Ministre de l'Intérieur et celles du Bureau
du Directoire, relativement à l'enlèvement forcé que fit Meyri-
gnat, maire de Peyrat et membre du Comité révolutionnaire,
assisté de plusieurs municipaux, qui lui ont enlevé, d'autorité, tous
les titres et papiers, et ceux qui, après son décès, ont été pareille-
ment pris par la municipalité actuelle de Peyrat, laquelle prétend
en avoir envoyé quelques fragments aux archives de notre dépar-
tement.
Mais il est prouvé que les plus importants de ces titres ont été
pillés, longtemps avant l'envoi fait aux archives ; ce qui expose le
citoyen du Palland et grand nombre d'habitants de Peyrat à éprou-
ver journellement des procès et contestations pour fixer les bornes
et limites de chaque propriété, qu'ils ne peuvent plus constater
depuis l'enlèvement des titres, qui étaient communs à tous, avec un
plan géométrique.
Ce considéré, qu'il vous plaise, citoyens administrateurs, ordon-
ner que le citoyen archiviste du département rendra l'inventaire des
papiers à lui remis par la municipalité avec tout ce qui reste des
dits papiers.
Mais que les titres et papiers soient confrontés avec l'expédition
DOCUMENTS RELATIFS A PEYRaT-LE-CBATEAU. 409
de l'aveu et dénombrement en bonne forme, trouvée au dépôt
national du Louvre, à Paris, production faite. Aussi, qu'il vous
plaise statuer sur la pétition relative à l'ouragan, qui a été général
dans votre département, et dont les changements de ministres et des
commis de leurs bureaux ont retardé la réponse.
Salut et respect. Signé : des Maisons du Palland.
Nota, — Les secrétaires des bureaux sont priés d'enregistrer
les pièces jointes à la pétition et d'en donner les numéros.
T. xxxvn. 87
EXCURSION
!•' AOUT 1889
La Société archéologique, dans sa séance de juin 1889 avait
projeté une excursion aux ruines romaines de Chassenon. Remis
sur le tapis à la séance de juillet, ce projet fut exécuté le jeudi
1" août.
Notre Société avait avisé de son programme la Société les Amis
des sciences et arts de Rochechouart. Fondée depuis le mois de
mars 1889, cette société compte parmi ses membres plusieurs per-
sonnes qui se proposent de faire une étude complète de ce qui
reste de Chassenon et de poursuivre méthodiquement les fouilles
commencées sur plusieurs points. La faible distance qui sépare
cette localité de Rochechouart et le haut intérêt que présente Télude
de ses ruines devaient amener ce résultat. Nous allions pour ainsi
(lire chasser sur les terres de la jeune Société, et nous nous faisions
un devoir de la prier de se joindre à nous.
A l'heure du départ, tous les membres qui s*étaient fait inscrire
se trouvaient à la gare. Nous avions avec nous le meilleur des
guides, M. le chanoine Arbellot, qui, depuis 1888, a fait faire de
nombreuses fouilles à Chassenon, et qui a publié ses intéressantes
observations dans le Bulletin monumental (1).
Favorisée par un temps splendide, Texcursion s'annonçait
comme devant s'effectuer dans les conditions les plus favorables.
La ligne de Limoges à Angouléme, que nous suivions jusqu'à
Chabanais, doit à son voisinage de la Vienne d'être citée parmi les
plus agréables de France.
Le soleil, ce soleil éblouissant du mois d'août, se mirait dans les
eaux limpides de notre chère rivière et dorait les arbres et les
(1) Bulletin monumental, 3« série, t. VIII, 28« de la coll. 1869, p. S97
EXCURnON A ClASSKNOtC
4H
prairies qtd lui font un si bel encadrement. De temps à autre, la
ligne blanche d'une écluse et le groupe des bâtiments d'un moulin
ou d'une usine venaient donner un attrait de plus aux paysages si
pittoresques qui s'offrent aux yeux des voyageurs.
Âpres avoir salué au passage la jolie petite ville d'Âixe, avec son
vieux château-fort si souvent mentionné dans nos chroniques du
xin* siècle, et l'église romane de Saint-Victurnien, nous arrivons à
Saint-Junien. La voie passe auprès de la chapelle de Notre-Dame-
du-Ponl et traverse la tête de l'ancien faubourg au-dessus duquel
se montrent les clochers de l'antique Collégiale. La Vienne, à l'en-
droit où la ligne là traverse, présente un aspect magnifique, au
pied de l'ancienne église de Saint-Âmand.
Nous approchons du but. Après avoir dépassé Saillat avec son
importante fabrique de papier de paille, nous laissons sur notre
droite l'ancienne celle grandmontaine d'Etricor, dont nous aperce-
vons vaguement au-delà de la rivière l'église romane d'une archi-
tecture austère, édifiée au milieu d'une prairie et conforme au
plan généralement adopté pour les constructions de l'Ordre. Nous
entrons dans le déparlement de la Charente et bientôt nous met-
tons pied à terre à Chabanais.
Cette partie de la Charente était limousine autrefois. La nature
du sol et l'aspect du pays sont les mêmes que chez nous. Les habi-
tants sont du restes Limousins de cœur : ils ont toujours nos mœurs,
SOS usages et notre patois.
Comme Limoges, la petite ville de Chabanais a le privilège d'être
placée au bord de la Vienne, et la perspective qu'elle offre aux
yeux en traversant le pont est une de celle dont on ne peut se
lasser. On ne sait auquel des deux côtés d'amont et d'aval on doit
donner la préférence. Si, en amont, la nappe d'eau est large,
majestueuse, en aval, au contraire,
le lit est divisé par des îlots om-
breux entre lesquels la rivière
semble se cacher pour reparaître
bientôt au travers des arbres.
Avantle départ pour Chassenon,
nous avions deux heures à dé-
penser et nous ne pouvions les
employer plus utilement qu'en
visitant les curiosités archéolo-
giques de Chabanais.
Le beffroi de Saint-Michel, poste
d'observation qui domine la ville,
nous attirait tout d'abord. La tour
Saint-Michel est d'origine romane;
elle présente un carré de 5 mètres
412
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
20 de côté, soutenu au nord et au sud par deux énormes contre-
forts. La porte d'entrée, de forme carrée, s'ouvre du côté ouest,
sans aucun ornement; on remarque du côté nord une pelite abside,
en forme de cul-de-four. Les personnes du voisinage nous ont
assuré que Vintérieur était absolument nu et que Ton n'y trouvait
que réchelle qui permet au sacristain de Saint-Pierre de venir
sonner les cloches de cette paroisse.
En descendant le coteau, nous entrons à Saint-Pierre. Cette
église ne présente aucun intérêt architectural; elle possède
cependant un autel et un rétable en bois sculpté d'un très bel
aspect. M. le curé de Saint-Pierre a bien voulu nous indiquer les
noms des deux artistes qui ont exécuté ces sculptures d'après
rinscriplion gravée par eux au-dessous du tabernacle : « Fait par
» nous, sieur de Miran, prêtre, curé de Saint-Pierre de Ghabanais
» et Marlin Belol, en cette paroisse, 1712, priez Dieu pour nous. »
Ce Marlin Belot ne serait-il pas Marlin Bellet, sculpteur de Limo-
ges qui jouit d'un»3 certaine réputation et dont plusieurs couvents
de notre ville possédaient, avant la Révolution, des statues ou des
autels remarquables. Nous avons remarqué aussi sur une plaque
de marbre une inscription rappelant le nom d'une des bienfaitrices
de cette église, M"* Antoinelte-Félicie-Charles de Plument de
Baillac, morte à l'âge de vingt-cinq ans, le 7 juin 1864. En sortant
de l'église nous nous trouvions tout près de l'ancien château des
princes de Chabanais, dont il reste quelques portions remontant
aux \\f et XV' siècles. Pendant que nous le visitons, M. Louis
Guibert en prend un croquis.
La grande cour par
laquelle on pénètre dans .
le château se trouve pres-^1
que à l'entrée du pontet ~
devait être protégée par
des travaux de défense
qui ont disparu ; ces Ira- -.^
vaux se ratlachaien là une
épaisse muraille percée'
de loin en loin de larges
fenêtres grillées et dont la base est battue par les eaux delà Vienne.
La seule pièce du rez-de-chausée que nous ayons pu visiter a la
forme d'un parallélogramme; elle est voûtée en arête. Le donjon
encore debout présente, comme à Monlbrun, cette particularité,
c'est que les architectes du xv° siècle ont entouré d'une gaine semi-
circulaire trois des côtes du donjon carré du xu* siècle. Celui-ci se
trahit du côté de la rivière par les assises de sa construction et par
L.ê.
EXCURSION A CHASSENON.
113
les moDtants d*une large cheminée. La gaîne du xv« siècle est percée
en différents endroits d'archères et de trous de couleuvrines.
Après avoir traversé le pont, nous entrons dans l'église du
doyenné, placée sous Tinvocation de saint Sébaslien et de saint
Roch, tous les deux invoqués jadis en temps de pesle. C'est ce qui
explique une inscription gravée à l'extérieur
EX BENEFICIO
CIVIVM
1630
^-rsk"^
indiquant que cette partie de l'église a été reconstruite par les
habitants à la suite de la peste de 1630. On sait que cette peste fit
de grands ravages dans toute la région.
Après le déjeûner, nous montons en voiture et nous franchissons
proraptement les cinq kilomètres qui nous séparent de Chassenon.
Là, nous sommes cordialement accueillis par nos confrères de la
Société de Rochechouart, dont plusieurs sont bien connus de nous.
MM. Mathey, d'Abzac, Précigou, Laboujonnière, Martinaud,
Deserces, Henri Rousseau veulent bien se mettre à notre disposi-
tion et nous faire profiter de leurs récents travaux sur Chassenon.
Nous visitons d'abord l'intéressante églisiî romane de Chassenon ;
l'ancien portail a disparu et d'après les sculptures qui l'entouraient
autrefois nous devons regretter sa dispa-
rition. Il est, en effet, surmonté d'une scène
de la Passion sculptée dans le granit de la
façon la plus naïve : dans un encadrement
carré, le Christ en croix apparaît, accosté
de deux soldats, l'un portant la lance, l'autre
présentant l'éponge. Un peu au-dessous,
à gauche, on dislingue une autre sculpture
de la même époque que les maçons et le
temps ont presque effacée; ce qu'il en reste permet de supposer
qu'elle représentait l'Adoration des Mages.
L'église est à une seule nef, voûtée en berceau. Les quatre
colonnes qui supportent la coupole placée à la croisée sont sur-
montées d'un chapiteau uni avec boudin. Au-dessus de la coupole
se trouve un clocher carré à un seul étage, les fenêtres sont gémi-
nées, la corniche qui termine la tour et sur laquelle s'appuie la
toiture est soutenue par de nombreux corbeaux sculptés. Dans la
sacristie, on remarque un meuble intéressant du xiv* siècle.
4U
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIOUB IT HMTOllOVB DU LIMOUSlIf.
Au milieu de la place de Féglise ' " ^ ^
se trouve une ancienne borne mil- 'c
liaire dont les intempéries ont fait^"
disparaître Finscriplion. Les murs ^"'
de clôture des propriétés avoisi-
nantes sont tous formés par des
pierresprovenantd'anciennesmai-
sons gallo-romaines.
Malgré la chaleur torride, les
membres des deux sociétés se sont
ensuite dirigés vers le palais de Longea. Le sol qui recouvre les
ruines est à peu près nu; quelques amas de pierre et des pans de
murs trahissent à peine la présence de ces restes,
M. le chanoine Arbellot veut bien mettre les excursionnistes au
courant des fouilles exécutées autrefois par M. l'abbé Michon
et par lui. Il donne lecture de la notice qu'il a écrite sur Chassenon
en 1862. Les excursionnistes, assis sur Tun des murs de Tancien
palais, à Tombre d'un noyer, écoutent attentivement la savante
dissertation de M. Arbellot. De son côté, M. Précigou signale les
découvertes faites par lui dans ces derniers temps et complète,
sur quelques points, les indications du président do notre Société.
On procède ensuite à la visite des caves dont M. Précigou a
publié une description dans le premier numéro du Bulletin de la
Société les Amis des sciences et arts (juin 1889).
Qu'il nous soit permis d'indiquer les modiflcations nouvelles
apportées au plan du sous-sol du palais, par M. Précigou, depuis
la publication du travail de M. Arbellot.
Nord
i. 1
b
: I
; i i
: C \
ï \ i
e'
d' _
n'inz:
e
Caves du palais de Longea (plan de M. A. Précigou).
BZCVtSION A CBASSENON. 4i5
Au-delà de la grande muraille, du côté de la route de Chabanais
à Rochechouart, nous voyons figurer sur le plan de M. Précigou
quatre caves b (16",45 de longueur; 3" ,60 de hauteur; 2» de lar-
geur) : elles sont parallèles à cette muraille ; puis la cave o, 6"», 80
de longueur sur 4" de largeur. En deçà de la même mupaille
on trouve un certain nombre de caves perpendiculaires aux pre-
mières, dont trois ont été reconnues par M. Précigou, qui les
désigne par la lettre c.
A la suite, on a trouvé un plus grand nombre de galeries orientées
de Touest à Test, divisées en quatre groupes de quatre caves
chacun et séparées au milieu par un couloir f qui permettait
d'y accéder. I^es caves des deux groupes les plus rapprochés du
couloir fd, i' ) ont S",»© de longueur et les autres (e, e' ) i5",45.
Ces longueurs permettent d'avoir la longueur totale de la façade
qui mesure 57™, en y ajoutant les épaisseurs de murs.
M. le chanoine Arbellot pensait que Ton pouvait accéder au
couloir f par ses deux extrémités; mais ses fouilles ne lui
avaient pas permis de voir que le couloir se prolongeait pour
permettre Taccès d'une quatrième cave latérale et se terminait
ensuite par une épaisse muraille. En revanche, il a montré à
M. Précigou la porte de l'ouest A par laquelle il était entré dans les
caves en 1862. Cette porte est aujourd'hui en partie obstruée par
les terres.
D'après M. Arbellot et M. Précigou, les caves de Longea avaient
uniquement pour but de niveler et d'assainir le sol qui supportait
le palais. Celui-ci doit le nom de Longea qui lui a été donné parles
habitants à la forme allongée do ses caves.
Il reste maintenant à établir le plan du rez-de-chaussée. La
Société de Rochechouart compte dans ses rangs plusieurs membres
qui se sont dévoués à celte tâche et qui ne peuvent manquer de la
mener à bonne fin. Déjà, dans son premier article sur le palais
de Longea, M. Précigou a déterminé plusieurs murailles, nous ne
doutons pas que par la suite il n'arrive à déterminer le plan
complet.
Les excursionnistes se dirigent ensuite vers la grande muraille qui
formait l'enceinte du château, muraille dont il reste encore une
centaine de mètres ; puis, non loin de son extrémité, du côté ouest,
ils rencontrent le temple de Montélu.
Avant de procéder à l'examen du temple. M. le chanoine Arbellot
soulève la question de savoir à quelle divinité païenne cet édifice
était dédié. Il avait pensé d'abord que c'était un temple de Diane,
la déesse de la lune, d'où serait venu le nom de Mons lunœ trans-
formé par le vulgaire en celui de Montélu. Mais depuis que, dans
416 SOCléTé AKCBÉOLOGIQUB FF BI8T0AIQUB DU LIMOUSIN.
un voyage en Italie, il a examiné la forme des temples élevés à
Vesta, qui sont presque tous circulaires avec colonnade, il se de-
mande si le temple de Ghassenon n'aurait pas été consacré à Yesta.
Les personnes présentes ont eu la bonne fortune de pouvoir
consiater le résultat des dernières fouilles faites par MM. Masfrand
et Malhey. Ce dernier a bien voulu nous lire le résumé de leurs
découvertes que nous donnons ci-après :
Sans rechercher si la forme extérieure du temple répond à l'oc-
togone donné par M. Tabbé Michon, M. Mathey constate que le
temple a la forme circuuire, et que le diamètre intérieur est de
18».
Le mur d'enceinte, à sa partie inférieure seule existante, a2~,10
d'épaisseur. Il est en moellon, relié par du mortier et recouvert
par un revêtement en ciment de 15 millimètres d'épaisseur.
Dans ce mur sont engagés douze contreforts distants de S^,90
les uns des autres, destinés à supporter la toiture. Six de ces con-
treforts forment un angle saillant extérieurement et mesurent
3",08 du sommet de l'angle au parement intérieur ; ils alternent
avec les six autres contreforts qui ne font pas saillie extérieu-
rement et mesurent seulement 2",80. La saillie à l'intérieur qui
est commune à tous les contreforts est de 40 centimètres. Ceux-ci
sont construits en brique, et ils sont recouverts, comme les murs,
d'un revêtement en ciment de 15 millimètres d'épaisseur.
A l'^iS de la partie latérale de chaque contrefort, il existait des
tiges en bronze parfaitement scellées dans la brique qui servaient
à maintenir le parement en marbre. D'autres pattes en bronze
ont été trouvés dans les matériaux.
Intérieurement, les murs étaient revêtus de marbre blanc veiné
de vert, de 3 centimètres d'épaisseur, et d'ardoises appliqués sur
le ciment. Le dallage était en marbre de même couleur et de même
épaisseur ; mais les plaques étaient de plus grandes dimensions
que celles du revêlement. Ce dallage s'étendait extérieurement et
circulairement à 1*,64 du mur d'enceinte.
A 11",30 de la porte du temple qui paraît s'ouvrir au S. 0. et à
4",50 de l'enceinte existe un puits. Ce puits mesure 2"*,20 à son ori-
fice et sa profondeur est de 3". Il est à remarquer que, contrai-
rement aux constructions romaines en général, et aux caves de
Longea en particulier, ce puits est mal construit; ce ne sont point
des pierres taillées avec soin et de même dimension qui ont seni
à sa construction, mais bien des moellons irréguliers tels qu'ils
sont sortis de la carrière. La partie supérieure est plus large
que la partie inférieure, dans laquelle se trouvent plusieurs cavités
irrégulières à des hauteurs variables. Le fond est formé par une
EXCURSION A CBASSENON. 417
roche 1res dure ; Textraction des matériaux que le puits contenait
n'a amené aucune découverte, car ce n*est pas la première fois
qu'il avait été fouillé.
Les auditeurs remercient M. Malhey de cette très intéressante
communication.
Les obsen'ations de M. Mathey viennent à rencontre de celles de
MM. Michon et Arbellot qui ont yu le temple à une époque où il
était moins ruiné qu'aujourd'hui, et lui donnent la forme octogonale
à Texlérieur et circulaire à l'intérieur. M. Précigou partage leur
opinion. D'après lui « le mur, circulaire au dedans et octogone au
dehors, était en outre renforcé par huit pilastres intérieurs ayant
chacun 0",90 de largeur et 0'",40 de saillie ; son épaisseur était
de 2°,40, sauf celle mesurée suivant la bissectrice des angles de
l'octogone, qui était de 3" » {i).
L'étude de MM. Masfrand et Mathey, en donnant au temple la
forme circulaire, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, viendrait
appuyer son attribution à Vesla, comme les temples circulaires
consacrés à celte déesse que l'on observe en Italie.
L'Amphithéâtre, situé à peu de distance, a fait l'objet de la visite
suivante. Il reste fort peu de chose de cet amphithéâtre, mais le
sous-sol doit receler des ruines ignorées jusqu'à ce jour. La dis-
cussion s'est engagée sur la forme de l'édifice. Etait-ce un théâtre,
c'est-à-dire un édifice semi-circulaire, ou un amphithéâtre de
forme elliptique, comme la configuration du sol semble l'accuser?
M. Arbellot engage les membres de la Société de Rochechouarl à
procéder à des tranchées profondes, allant de l'intérieur à Texté-
rieur, des centres au périmètre. Ces fouilles amèneront certaine-
ment d'intéressantes découvertes.
La Société a regretté de ne pouvoir visiter un autre point inté-
ressant où se trouvent encore des ruines : Le Maine, situé à un
kilomètre. A Chassenon, elle a vu, chez des propriétaires, une
monnaie en bronze, de Lucilla, fille d'Anlonin et femme de
Lucius Verus, dans un parfait état de conservation, qui a été
trouvée dans le voisinage.
LVCILLAE ICfGmtœ ANTONINI A^GtisH Yiliœ. Buste de Lucilla
à droite.
R/ HILARITAS. Une femme s'appuyant de la main droite sur un
rameau et tenant de la main gauche une corne d'abondance. Dans
le champ : S C.
L'excursion s'est terminée par une visite au cimetière, dont le
(I) Bull, de la Société les Amis des sciences et artSy livr. d'août 1889,
p. 38.
4t8 SOCIÉTÉ ARCHiOI.OeKW9l K7 »SXOiltOUI DU LIMOUSIN.
mur de clôture est en partie formé par A&s sarcophages. Nous en
avons relrouvé plusieurs placés sur des tombes.
Il paraît qu'en creusant les fosses dans une certaine partie du
cimetière, on a trouvé plusieurs monnaies romaines. Au centre du
champ du repos, se trouve une base de colonne en granit sur
laquelle on a scellé une croix de fer.
La chaleur avait altéré les excursionnistes. Aussi est-ce avec
une véritable satisfaction qu'ils purent se rafraîchir. MM. Arbellot
et Guibert saisirent cette occasion pour porter un toast à la pros-
périté de la Société les Amis des sciences et arts de Hochechouart.
MM. d'Abzac et Précigou remercièrent la Société de Limoges de
ses souhaits cordiaux. Ils nous annoncèrent leur intention d'orga-
niser une exposition à Rochechouart pour 1890> et ils nous donnè-
rent rendez-vous pour Tannée prochaine.
L'heure du retour étant arrivée, nous remerciâmes les membres
de la Société de Rochechouart d'avoir bien voulu venir nous
servir de guides à Chassenon et de nous avoir mis au courant des
travaux qu'ils ont faits et de ceux qu'ils se proposent d'entrepren-
dre.
Noua aurions terminé notre tâche, si nous ne tenions à vous
signaler le plaisir que nous a fait éprouver le spectacle du coucher
du soleil sur la Vienne, vu du pont de Chabanais, Si cette sensa-
tion agréable n'est pas précisément archéologique» elle a cepen-
dant son point d'attache avec le but poursuivi par notre Société.
N'est-ce point par amour pour notre rivière que nos pères se sont
fixés sur ses bords, et le charme qu'elle exerce sur tout bon
Limousin n'a-t-il pas de tout temps inspiré d'excellents vers à nos
poètes?
Paul DUGOURTIEUX.
NOTES ET COMMUNICATIONS DIVERSES
LiMOGIATlIRES, ÉTOFFES LIMOGIÉES«
On n'a pas perdu le souvenir des discussions auxquelles a donné
lieu la traduction des termes : optus limogiatum, tela lemogiata,
limogiatura. Les léraogiatures, avait-il été dit d'abord, étaient soit
des orfrois, soit des (issus ou tout au moins des broderies d'or
ou d'argent. Aujourd'hui on s'accorde à y voir (out simplement
certaines étoffes à dessins et tout spécialement des étoffes à raies
fabriquées à Limoges du xiv* au xvi* siècle, et probablement à une
époque antérieure. Ces dessins, ces raies étaient faits à l'aide de
fils de diverses couleurs, parfois de fils d'or et d'argent. Nos gros-
sières limousines d'aujourd'hui conservent encore, avec le nom,
quelque chose de l'aspect des anciennes limogiatures.
Les citations suivantes, extraites d'un inventaire qui nous est
très obligeamment communiqué par M^^ Barbier de Montault, con-
firment de la façon la plus claire et la plus catégorique cette opi-
nion :
« Item, quatuor magnas chualias (ibualias) seu coperias aliaris figura-
las... quarum una est limogiata filo rubeo et aliis filis plurium collorum
[sic) ei duas limogiatas filo persico et nigro.
s Ilem de novo uaam coperiam aliaris limogiatam pulchram filo debo-
rato et rubeo et diversorum collorum... »
Ces mentions sont extraites de l'inventaire de l'église de Saint-
Maurice de Brusson, au diocèse d'Aoste (Piémont), dressé le 14
septembre 1580. —Notre Bulletin a inséré, dans son t. XIII, p. 149,
249, 254, 256, des extraits de l'inventaire de la Sainte Chapelle des
ducs de Savoie, à Qiambéry, où se trouvent mentionnées des
limogiatures; mais ces mentions n'ont pas la précision de celles
que nous donnons ci-dessus.
Emaux; (euvres de Limoges.
Dans de fort précieux extraits, faits par M. Edm. Bishop, des in-
ventaires de la cathédrale de Rocbester, en Angleterre, et qui nous
itO 90CII^.TÉ ARCDÉOLOGIQOE ET HISTORIQUK DU LIMOUSIN.
sont communiqués par M»' Barbier de Monlault, nous relevons
quelques mentions de pièces émaillées et d'œuvres de Limoges :
WiUelmus de Eliolune, filius Ausfridi vicecomilis, in obila suo dédit ca-
pellam suam, scilicet albam paratam de viridi ciclade... et calicem deaura-
tum et palliola plura et duo candelabra d'esmaZ, que omnia sunt ad altare
Sancte Marie. Dédit eliam isteWillelmus, in capellam Sancte Marie de infir-
initorio, albam. .. cl duo candelabra de esmal (commencement du xii' siècle).
— Ernulfus episcopus (1IU-H24) dédit... ihurribulum argenteum, et in ta-
bula argentea ante majus altare accrevit duas listas de esmalo, — Gilebertus
episcopus (1185-1314) dédit albam casulam de samit... et cofros de Limo^
ge», et tapelum. — Hubertus archiepiscopus (arcb. de Cantorbéry, H93-
1205) dédit mitram in qua sunt C et dimid. et XXV lapides preciosi, et
IV esma^s. — Heiyas prior (avant 122i)... bacinos de Limoges qui sunt
cotidie ad majus altare dedil.
On sait que le mot d'émail est rarement employé avant le
xin** siècle et que dans la seconde moitié du xii" seulement on ren-
contre l'expression : œuvre de Limoges. Les citations ci-dessus ne
sont donc pas sans offrir un certain intérêt et nous devons remer-
cier notre savant correspondant de nous avoir signalé ces textes.
Testament de Laurent Bavard.
Nous devons à l'obligeance de notre confrère, J.-B. Champeval,
à laquelle plusieurs d'entre nous ont souvent à recourir, quelques
extraits d'un testament fort intéressant et dont nous regrettons de
n'avoir pas reçu le texte in extenso. Le testateur, Laurent Bavard,
drapier du Château de Limoges, ne nous est pas personnellement
connu ; mais un des siens, son contemporain, peul-éire son frère
ou son fils, joua un rôle important dans l'histoire de la bourgeoisie
limousine. Jean Bayard fut un des quatre notables que les consuls
envoyèrent à Paris pour traiter directement avec le roi Charles V
des conditions de l'entrée des troupes françaises dans le Château
de Limoges. On sait quelle fut l'issue de la mission de ces ambas-
sadeurs. Les demandes de la commune furent accordées et
Charles V confirma aux habitants du Château les libertés dont ils
avaient obtenu à prix d'argent la restitution du Prince-Noir et du
roi d'Angleterre, comme en 1224 Louis VIII avait confirmé aux
communes limousines les privilèges dont elles avaient joui sous les
Planlagenet, ducs d'Aquitaine.
Les Bayard étaient de riches marchands dont l'hôtel fut l'édi-
fice privé le plus notable du Château de Limoges, à la fin du
moyen âge. Charles VII y logea en 1438; la reine sa femme y fut
reçue la môme année. Dès 1420 ou 1425, cette habitation était
devenue la propriété d'une autre des grandes familles bourgeoises
NOTES RT COVUUNTCATIONS DIVERSES. 421
de Limoges : les Julien ou de Julien, plus riches encore que les
Bayard; mais on continua de désigner leur maison sous le nom de
Bayarderie ou Bayardère. Les Récollets s'y établirent au xvn* siè-
cle. Leur église, placée sous Tinvocalion de saint François, fut uti-
sée à Tépoque de la Révolution comme salie de spectacle. Elle a
été démolie en partie il y a deux ou trois ans seulement. C'était
V Ancienne Comédie.
Laurent Bayard mourut avant la fêle de sainte Madeleine de
Tannée 1372, puisque c'est v,ers cette date qu'a été délivrée Texpé-
dilion de son testament, dont M. Charapeval nous a envoyé quel-
ques extraits. Par malheur la pièce a été coupée sur les hords et
est eu assez mauvais état.
Il y est fait mention d'Huguet Bayard, cousin.du testateur; de
Marcelle, femme de Laurent Bayard, morte avant lui, et de Jean
Bayard, son défunt frère, pour lequel il fonde une messe anniver-
saire. Peut-être ce dernier est-il l'envoyé des consuls de 1371,
Les clauses les plus intéressantes de ce testament sont celles
qui se rapportent à la sépulture du testateur et à la fondation par
loi, dans l'église des Frères Prêcheurs de Limoges, d'une chapelle
de saint Martial et saint Jacques, ornée des statues de ces deux
bienheureux, décorée de peintures, de vitraux, etc., et desservie
par un vicaire doté de huit Hvres de rente.
Voici le texte de ces dispositions :
Eligo sepuUuram in domo Frairum Predicatorum Lemoviccnsiam, ubi,
in eadcm domo, jacei dominus paier meus; et si contigerit mori extra
villam Lemovicensem.... ossa mea defferanlur Lemovicis ut ciUus fieri
polerit, in dicte lumulo aut in sepultura de qua ioferius fiet mencio.
— Volo fieri et construi unam capellam in ecclesia Fratrum Predicatorum
Lemovicensium. . de tali tallia et de tali sortade qua est capella Béate Anne
ecclesie Fratrum Minorum Lemovicensium, infra unum annum a die obiius
mei... El fiai ibidem unum allare ; et quod dicta capella sil fundala de Sancto
Marciale et de Sancto Jacobo; et fiant ibidem due ymagi nés lapidée sive
(illisible)... una ad honorcm Beati Marcialis et altéra ad honorem Beati Jacobi.
Et ordino quod dicta capella paretur et ordinetur bene et suffioienter orna-
mentis.... ad celebrandum ibidem missas de quibus infra fit mencio; et
quod fiant ibidem vitraria sive oltrals prout fuerit necessarium. Et volo
(quod (?) fiât (?; in (?) capella, ante allare, quedam sepultura ubi ponanlur
ossa mea et parentum meorum et aliorum de génère meo, videlicet illorum
qui sunt in sepultura... in capilulo dicte ecclesie Fratrum Predicatorum
Lemovicensium ; et ad edifficandam dictam capellam et eam pingendam,
garnlendam ornamentis predictis,ei faciendam sepuUuram predictam e tcœtera
faciendum que ad hoc fuerint necessaria et opportuna, lego quingentos
denarios auri semel (?) solvendos. Ordino quod de tribus pannis meis quos
dicti fratres liabent seu habere debent de me seu predecessoribus meis,
fiât quoddam vesiimentum (?) [sacer]dotaIe cum cortiballibus ad opus
4St SOCIÉTÉ AMBÉOliOGlQCB VT BtSTOaiQUB »0 1.IM0USIIf.
dyaconi el subdyacoai... — Ordino vicariam perpeiuam ad altare îpsius
capelle per diclos fratres perpetuo dasserviendam. Yolo quod in dicta
capella celebretur, qualibel seplimana, pro salule anime mee et parentum,
una missa, videlicel die lune de Hortuis, mercurii de Sanno Martiale, el
altéra die sabbali de Virgine Maria.
Bictam qnidem vicariam doio oclo libris rendQalibus, el assigno saper
ocio libris el qainqae solidis tninas doobus denariis ceasvalibus qnas habeo
in et super domibus.. .. li(?)erbier sitis in rua Jouvion oastri predicti Lemo-
vi<!ensis. Etvolo que (?) ex lune capella fuerit edifficaia (?) quod omnes...
in tnmul.... domioi palris mei quod in capitulo dicte domus frairum
predic exlrahaniur ab iode el ponanlur sive inlumulenlur in dicta sepul-
iura ; et lego illa die diciis frairibus sex denarios auri ad regale semel
solvendos ad opus uni us reffeclionis. . . .
Les La Fontai^ie dans la Marche.
On sait que La Fontaine vint à Bellac en 1663. N*aTait-4l pas des
parents en Basse-Marche? C'est la question que pose M. Louis
Dessalles, juge dMnstruclion à Limoges, en communiquant à la
Société l'acte ci-après, relevé par lui dans les anciens registres delà
paroisse de Monlrol-Senard :
Le cinquième jour du mois de juin, Joseph de La Fontaine a esté
inhumé dans nôtre église, étant decedé dans ce boorg, après avoir reçu
tous les sacremens de TEglise, a Tage d'environ quatre- vingt-qaaire ans;
led. sieur de La Fontaine, originaire de la ville de Bellac, fivnnt mari de
Anne Proux. — Messire François de La Foniaioe^ prêtre de ladite ville de
Bellac, ei Jean Bouyot, secretain, ont assisté a son enlerenent, qui ont
signé.
François de La Fontaine, prêtre ; Plaignaud, curé
de Montrol-, Bonyot.
Sépultures et inscriptions.
Parmi les pierres tombales provenant de Tancien cimetière des
nobles, placé auprès de Téglise Saint-Sernin, à Toulouse, et dépo-
sées dans la cour de rinstitut catholique de cette ville, on agnale
la suivante :
ÀNNO : Dni : MCCC LXI : die : h^ti : décima : nonà :
ENSIS ,.,.
..OBIIT :
0 : Lemovices : dioce : abbas : iSTius M[oNASTERn].
Celte inscription se rapporte à Hugues Roger, quinzième abbé
de Sainl-Sernin, enseveli dans le cloître de Tillustre basilique.
Hugues Roger était vraisemblablement de la famille des Roger de
Beaufort, qui donna à l'église le pape Grégoire XL
HOnS ST C0V1ftN1CAtl6NS tVlTCKfiË^. 4*23
M. ï'âbbè Poulbrière nous communique la note suivante :
L'épUaphe de Msr de Saint-Marsault existe à Rome dans Téglise nationale
de Saint-Louis-des-Français. Elle est gravée sur une dalle de marbre blanc,
encastrée dans le pavé d'une des chapelles qui flanquent le basH^té
gauche.
Ses deux titres y sont rappelés : il fut évéqne de Pergame et aumônier
de Madame Adélaïde, tille de Louis XV.
La mort est axée an 29 août 18I8.
Cette inscription n'est pas inédite: elle a éié publiée par Forcella dans ses
lacrUioni délie Chiese dU Roma, U 111 , p. 69, n^ i 52.(X. Baibier di Montaiilt. )
D. 0. M. (1).
MEMORI^. ET. GIRERIBVS
MARLC. JOSEPHI. GREEN
E. COMITIBVS. S. MARSAVLT
EPISGOPl. PERGAME^SIS
A. SAGRtô. LARGITIONIBVS. ADELAIDIS
AVGVST^. LUDOVIGI. XV. REGIS.
GHRISTIAmSSIMI. FIHJE
DEO. REGI. ET. PATRIE. DEVOTVS
VIXIT. AN. (2). LXXXIX,
OBÏIT. IV. KAL. SEPTEMBRIS
AN. R. S. (3). MDCCCXVIII.
EXTRAITS DU MeTCure de France et de u Gazette des Gazettes.
Nous devons encore à Tobligeance de M. Tabbé Poulbrière com-
munication des extraits du Mercure de France que nous repro-
duisons ci-après ; ils intéressent la biographie et la bibliographie
de notre province :
Septembre 1717, — Madame de Bellefonl, abbesse de Montmartre, étant
morte la nuit du 29 au 30 du mois passé, après une longue maladie, les
religieuses firent supplier avec instance Madame la duchesse d'Orléans
(réponse tlo régent) de lenr accorder Mademoiselle^ pour succéder à la
place de la défunte. L'invitation en ayant été faite à Mademoiselle, elle les
remercia par cette réponse toute chrétienne : qu'il fallait qu'elle apprit à
obéir avant que de commander. Sur ce refus, Madame de Montpipeau de la
Roche-Ouarly grande prieure de Fontevraud, a été choisie pour occuper
cette place {inconnue au Nobiliaire, qui mentionne seulement les deux
sœurs comme religieuses à Fonteoraud, IV, 74).
(1) ùeo optimo maxinio.
(%) Annos,
(3) Anno réparât œ aalutls.
4î4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORIQOE DU LIMOUSIN.
Juillet 1721.— Le 25, M. le duc d^Orléaos, régeni, reçut de Rome la non-
velle de la promotion de M. rarchevêque deCambray (Gai^Zauma Dubois) an
cardinalat; deux jours aprAs, le Roi lui donna l'abbaye d'Orcan {Ourêcamp),
après avoir reçu {après que Varcheoéque eût reçu) la calotte des mains de
Sa Majesté.
Août de la même année. — Le Pape a donné au père Quinqnet, théatin,
le titre d'évêque de Tillopolis; c'est un évêché in partibus qui le rendra
suflraganl de Tarchevéché de Cambrai, où il ira résider [pour suppléer le
cardinal-ministre), La réputation du père Quinquet est assez étendue cl
dispense de parler ici de ses talents pour la prédication.
Juillet 1727. — Dans le consistoire que le Pape tint le 86 du mois der-
nier, il préconisa... Tabbé de Mouchy, clerc de la chapelle du Roi, pour
Tabbaye de Saint-Pierre de Solignac.
Féorier 1729. — [Nomination royale à] Tabbaye commendalaire
d'Obazine, ordre de Clteaux, diocèse de Limoges, vacante par le décès de
M. de Lescure, en faveur de M, de la Rocheaimon, évêque de Sarepte
(l'abbé RoyPierrcfilte le place entre les deux Charles de Beaupoil de Sainic-
Aulaire, abbé, dit-il, c'est-à-dire sans doute nommé en juin 4 728, mais qui
probablement reçut, comme on va le voir et comme l'abbé le constate lui-
même, une autre abbaye à plus grande dislance).
Item U l'abbaye commendalaire de Morlemer, ordre de Cileaux, diocèse
de Rouen, vacante par le décès de M. Raiabon, ancien évéque de Viviers,
en faveur de M. Charles Beaupoil de Saint-Auiaire, aumônier de la reine.
Item à l'abbaye commendalaire de Beûil, ordre de Cileaux, diocèse de
Limoges, vacante par le décès de M. Poisson, en faveur de M. Martial
Sardine, prêtre du diocèse de Limoges.
Juillet 1733. — Dans le consistoire secret que le pape tint le 12 juin,
le cardinal Otlhobooi proposa l'abbaye de Saint-Serge d'Angers pourTabbé
de la Rochechouart (Jean-François-Joseph de Rochechouarl, d'après Vabbé
Tresoaux : Hist. du dioc. d'Angers^ II, 602, qui le place à Vannée précé-
dente, probablement pour sa nomination).
Extrait encore de la Gazette des Gazettes, seconde quinzaine
d'avril 1785 :
Le â-i mars, après l'absoute faite par Tévéque de Tulle (Ms^ de Saint-
Sauveur) et le sermon prononcé par l'abbé Bossut, curé de Saint-Paul, le
Roi (Louis XVI) lava les pieds à douze pauvres et les servit à table avec les
cérémonies accoutumées.
Extrait de la même Gazette, première quinzaine de mai 1788 :
Marguerite Benoit de Blômont, née à Limoges le 31 janvier 1684, y est
morte le 15 février dernier, âgée de lOl ans et iS jours. Elle avait
passé toute sa vie dans la plus grande dévotion, jeûnant au pain et à l'eau
et couckant sur la paille ; elle n*a perdu Tusage de sa raison que deux jours
avant sa mort (manque au Nobiliaire).
NOTES BT COMIlUNICAtlOliS DlVKRSES. 42o
Supplément du Mercure :
Septembre 1733, — Le 28 août, le roi a nommé à l'évôché d'Evreux, va-
cant du 7 mai dernier, par le décès de Jean le Normant, Pierre-Jules-César
de Rochechouart, préire du diocèso d'Orléans, vicaire général de ce dio-
cèse el prieur commendalaire de Saint-Lô de Rouen, pourvu de ce bénéfice
au mois de décembre I7i4, Ois de Louis de Rochecliouari, seigneur de
Montigoy et du Monceau en Beauce {ce qui a fait omettre cette branche
par Nadaud), de même maison que les ducs de Mortemart, et d'Elisabeth
de Cugnac de Joui, sa femme.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS AUX TOMES XXXV KT XXXVI DU Bulletin.
Au tome XXXV, p. 83 du Bulletin de la Société, M. Paul Ducour-
lieux, parlant d'un livre manuscrit ayant appartenu à Geoffroy des
Gars, seigneur du lieu de Juillac et autres places, y signale dans
un frontispice enluminé les armes de la maison des Cars et la
devise : LORS ARA Y lOIE, qu'il constate différente des devises
connues se rattachant à cette illustre famille.
J'ai relevé absolument ces mômes armes et cette même devise
(peut-être personnelle) sur une sorte de rétable de la chapelle de
la Sainte Vierge, dans l'église de Juillac (1). Ge travail de la
Renaissance, fait en forme de cheminée et manifestement rapporté
là, doit venir d'une des deux habitations que possédaient les des
Gars à Juillac. Ils y avaient le château proprement dit, aujourd'hui
en ruine et conservant quelque chose des armes du cardinal de
Givry; puis le presbytère actuel, plus ancien, dont un petit cabinet
porte aussi leur écu. G'est de là que doit venir l'ex-cheminée,
agencée en rétable.
Au commencement du Missale Lemovicense de 1505, le même
M. Ducourtieux (p. 120) a remarqué un ex-libris dont il a, dit-il,
vainement cherché le propriétaire : « Gelui-ci devait posséder une
» riche bibliothèque; car, ajoute encore l'auteur, nous retrouvons
» le même ex-libris collé sur une quantité d'ouvrages appar-
» tenant à différentes bibliothèques. G'est un élégant cartouche
» du xviii» siècle, encadrant les armes suivantes : d'azur à la corde-
» Hère d'or (?) accompagnée de trois étoiles d'argent^ deux en chef et
» une en pointe, au chef de sable (?) à un croissant d'argent. »
Les armes ci-dessus décrites sont celles des Gabat.
(I) Corrèze. —Seule variante : lOYE.
T. XXX vu i8
M SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET filSTORlQUB DU LIMOUSIN.
Rien d'étonnant à leur diffusion dans Limoges puisque, au der-
^ nier siècle, trois docteurs de Sorbonne, de cette famille, furent l'un
' sulpicien, un autre clianoine de la cathédrale, l'autre curé de Saint-
Maurice de la Cité, en attendant qu'il devînt théologal de Saint-
Etienne, — sans parler d'un quatrième qui exerça le saint ministère
à Paris, ni d'un cinquième, qui fut vicaire général à Tréguier.
C'était d'ailleurs une maison très notable de Limoges (V. Nad., Il,
200).
Quant à mes preuves, je les tire : 1° des couverts que j'ai vus et
notés à Vignols, chez M. Edouard Pradel de Lamaze, — à qui ils
sont venus par sa vénérable dame Thérésa de Joussineau, dont la
famille avait eu alliance avec les Garât fibid., 265) ; 2" d'un écran
tiré d'une chaise à porteurs du xviir siècle, qui se trouve au château
de Tudeils, chez M. de la Salvanie, dont le grand-père Jacques
de Bardoulat de la Salvanie, chevalier, seigneur de Puymège,
Dounet, Maugein et autres lieux, né à Tulle le 21 mars 177i,
épousa en 1801 Marie-Angélique Garât de Saint-Priest [Taurion].
Celle-ci était fille de Pierre Garât, marié en 1769 avec Marie-
Angéhque Morel de Fromental (Nad., II, 161^. C'étaient ces deux
époux qui avaient fait faire la chaise à porteurs, ce qui m'amène à
compléter Nadaud en donnant les armes des Morel de Fromental,
mises en alliance : d'azur au chevron d'argent, accompagné de trois
étoiles d'or y 2 et 1 , celle de pointe soutenue d'un croissant de même.
Aux Garât, le chef est d'or, avec une étoile d'azur, ce qui est
conforme aux règles et n'a pu être changé que par brisure.
Aux pages 265-266 du dernier Bulletin (t. XXXVI), M. Leroux
rend compte d'une gravure d'Albert et de De Crossas, représen-
tant une scène du passage de Pie VII à Limoges {Ikez à la Maison-
Rouge, car c'est là qu'eut lieu la scène représentée) ; il ajoute, après
les huit vers de légende : « Il existe une Relation du passage de
Pie VU à Limoges, qui a été imprimée plusieurs fois. On peut sup-
poser que cette gravure fut faite pour la première édition de cette
/?^/artow. » Suit une note, qui est juste; mais la supposition émise
porterait à faux.
J'ai la première Relation de M. Massainguiral, in-12 de 40 pages
chiffrées, précédées dans mon exemplaire, dont on a refait la cou-
verture, d'un feuillet de titre, d'un feuillet de dédicace et d'un feuil-
let d'avis, en dehors de la numération. Elle a pour intitulé exact :
« Relation du voyage de Notre Saint-Père le Pape Pie VII de
Fontainebleau à Savone, dédiée à Sa Sainteté. Par M. M..., vicaire
NOTES Rt COMMUNICATIONS DIVERSES. 427
général et supérieur du séminaire de Limoges. — Se vend à Limo-
ges chez Martial Ardant, imprimeur-libraire, rue Ferrerie » (sans
date, mais postérieur à février 1814); la signature de la dédicace
porte tout au long Massainguiral, et les titres ci-dessus. Or, je
prends à la dernière page les quatre lignes que voici :
<c Les vers suivants sont destinés à être [gravés (?)] au bas d'un
petit tableau, qui représentera le saint pontife attendri en relevant
Monseigneur l'évoque de Limoges prosterné à ses pieds. »
Suivent les huit vers donnés par M. Leroux et accompagnés au
bas de la mention : Par le même.
On voit clairement que la gravure ne fut pas faite pour la
Relation, puisque la Relation annonça la gravure.
L'Abbé POIILBRIÈRE.
BIBLIOGRAPHIE
RECUEIL DE PROSES LIMOUSINES
Prosarium Lemovicense. Die Prosen der Abtei St Martial zc
Limoges, aus Troparien des 10, H und 12 Jahrhunderts, heraus-
gegeben von Guido Maria Dreves, S. J. — Leipzig, Fues, 1890,
ia-8' de 282 pages, avec deux fac-similé. (Forme le lome VU des
Analecta hymnica medii aevi.)
Ce recueil de proses liturgiques est l'une des plus importantes
contributions qui aient été fournies depuis longtemps à Thistoire
littéraire du Limousin. Il ne comprend pas moins de 265 pièces,
des x% XI' et XII* siècles, pour la plupart inédites (1), et nous
apporte ainsi de nouveaux éléments d'appréciation sur l'activité
intellectuelle du monastère de Saint-Martial.
Ces 268 pièces se décomposent comme suit :
I. De Tempore (Noël, TEpiphanie, la TransGguration, Pâques,
TAscensiop, la Pentecôte, etc.) : n**" 1 à 97;
IL De Beata (les diverses fêtes de la Vierge) : n*» 98 à 114;
III. De Sanctis : n°" 114 à 207. Parmi les saints locaux nous rele-
vons : saint Yrieix (n°- 125 et 126), saint Gérald (n*» 134), saint
Martial (n** 160 à 169), saint Pardoux (n*» 180), saint Sacerdos
(no 190), sainte Valérie {xf' 203 et 204);
IV. Commune sanctorum : n" 208 à 228. A relever huit proses
sur la dédicace de la basilique (n°» 221 à 228) ;
V. De Dominica : n»' 229 à 268.
Dans sa préface, le P. Dreves nous apprend que ces 265 pièces
sont empruntées à seize tropaires provenant de Saint-Martial et
(1) Cependant quelques-unes figurent déjà dans Kehrein [Laieinische
Sequensen des Mittelalters), dans Weales (Analecta liturgica), et dans
Tabbé Arbellot {Doc. inédita sur V apostolat de saint Martial et Semaine
religieuse de Limogez,
B1BL10GRAPH1R. 429
acquis par la bibliothèque dn roi avec les autres manuscrits de
l'abbaye, il y a plus d'un siècle et demi. Deux de ces tropaires sont
du x* siècle, deux du commencement du xn*, les douze autres du
XI*. C'est un total supérieur à celui qu'offre le monastère de Saiul-
Gall, où la poésie des tropes a pourtant pris naissance.
Plusieurs des pièces contenues dans le recueil du P. Dreves
semblent à la vérité d'origine extra-limousine; mais la plupart ont
été composées dans Tabbaye même. Elles appartiennent au second
cycle de la première époque et, comme celles du premier cycle (1),
se sont répandues non seulement en France, mais encore en
Allemagne et en Angleterre. Les séquences de ce second cycle,
que le P. Dreves appelle gallo-anglican, se distinguent quant au
contenu, par une conception moins profonde que la conception
mystique de Notker; quant à la fomie, par une tendance plus
prononcée à l'assonance finale et par un style et une langue des
plus singuliers.
Le P. Dreves n'ose affirmer (car sa conscience scienlifique
demande des. preuves qu'il n'a point encore trouvées) que le
monastère de Saint-Martial ait été le centre principal de cette
poésie liturgique; mais il en fut certainement un des centres
secondaires, comme il sera, à la fin du xn* siècle, un des centres
secondaires de production des séquences rimées dont le centre
principal était l'abbaye Saint-Victor de Paris.
La langue de ces tropes est, avons-nous dit, des plus singulières.
En voici quelques exemples pris dans la foule de ceux que relève
l'éditeur :
1* Variations dans le genre des mots et leur déclinaison :
tnelus et melos, hymnus et hymnum, resperae et vesperi, etc. ;
S* Formation d'adjectifs nouveaux : mblimus pour sublimis, lenus
pour lenis, etc.;
3"" Mélange des formes actives, passives et déponentes pour les
verbes;
4* Mots neutres au pluriel suivis d'un verbe au singulier : En
rirginum agmina praecellit, etc.
5* Verbes régissant d'autres cas que dans la latinité usuelle;
6* Variations des cas avec mêmes prépositions ;
7* Suppression de la préposition après un grand nombre de
verbes;
8* Emploi de l'accusatif absolu au lieu de l'ablatif;
9* Répétition d'expressions favorites et emploi de mots grecs.
(I) Représenté par Nolker, Ekkeharl, Berne, Gollschalk, Hermann de
Vchringen.
130 SOGIRTË ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DU LIMOUSIM.
Ces particularilés sont précieuses à connaître pour Thistoire de
la langue. 11 est seulement regrettable que Féditeur n*ait pas tenté
de les expliquer de quelque manière.
Par contre, il consacre huit pages à Tétude du rhythme roasieal
et Terbal de ces tropes. Notre incompétence en ces matières nous
interdit de le suiyre.
Il y a dans la note 1 de la page 1 une légère erreur historique,
dont le P. Dreres n'est d'ailleurs pas l'inventeur. C'est à tort qu'on
a dit que les rois et les ducs d'Aquitaine se faisaient couronner
dans la basilique de Saint-Martial. M. Robert de Lasteyrie a réduit
cette tradition à sa juste valeur dans son mémoire sur les Comtes et
vicomtes de Limoges antérieurs à Van mil (p. 35).
Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer, en terminant,
que sur ce domaine de la poésie latine, comme sur beaucoup d'au-
tres, les résultats de la science positive et documentaire ont fait
progresser, depuis quelques années, notre connaissance de l'his-
toire du Limousin beaucoup plus sûrement que les conjectures et
les exagérations du chauvinisme provincial ou ecclésiastique qui
prévalaient autrefois. Souhaitons donc que le P. Dreves trouve des
imitateurs, habiles comme lui à découvrir les textes. C'est le fonds
qui manque le moins.
Alfred Leroux.
HISTOIRE DE L'ABBAYE ROYALE DE N.-D. DE LA COURONNE
En Angouraois, par M. l'abbé Blanchel. — • Angouléme, Chas-
seignac, 1888 et 1889, 2 vol. gr. in-8% le premier de 338 pages, le
deuxième de 495, tous deux avec planches et héliogravures.
M. l'abbé Blanchet, supérieur de Saint-Paul d'Angoulême, vient
de se faire connaître par une importante publication : l'Histoire de
Vabbaye royale de N.-D. de La Couronne, en Angoumois. C'est un
ouvrage extrait à 200 exemplaires du Bulletin de la Société archéo-
logique et historique de la Charente.
Toute une moitié de ce dernier volume se trouve consacrée aux
Notices sur les prieurés qui dépendaient de Vabbaye. Ce célèbre
monastère de La Couronne, de l'ordre de saint Augustin, était, en
effet, l'un de ces chefs-lieux secondaires, à points de règle spé-
ciaux, qu'on appelait parfois improprement des chefs d'ordre,
BIBLIOGRAPHIE. 431
mais qui constitaaient réellement des chefs de famille. Fondé par
un saint dans la première moitié du xii* siècle, il avait prompte-
ment rayonné sur TAngoumois, la Saintonge, TAunis, la Guyenne,
le Périgord, le Poitou, le Limousin, le Gévaudan, l'Auvergne el le
Quercy. Trente el quelques prieurés furent le résultat de celle
féconde et bénie influence. M. Tabbé Blanchet, renseigné de çà et
de là, énumëre toutes les maisons, les décrit, s'il se peut, et en
trace l'histoire.
Nous en avions Irois dans la province limousine.
C'était d'abord, pour le haut du pays, Altavaux, devenu Tavaux,
dans la paroisse de Dournazac. Le tome I en détaille la fondation
d'après une charte encore inédite des archives de la Charente,
émanée de Jean-aux-BlanchesMains, évéque de Poitiers et légat
du Saint-Siège. Cette page ne fera double emploi ni avec les textes
latins de notre tome XXX, ni avec les renseignements donnés au
tome XXXI, p. 33 el 35, par notre excellent collègue, M. l'abbéLecler.
Aussi vais-je la reproduire, en signalant au premier Appendice de
M. Blanchet la publication du texte précieux qui a servi de base :
c( Emery de Brun, seigneur de Monlbrun, fondateur, choisit
dans ses domaines, au milieu des collines d'où descendent la Cha-
rente, la Tardouëre, la Dronne, et presque à la source de celle der-
nière, quelques hautes vallées de la paroisse de Dournazac, pour
en faire la dotation du nouveau monastère, où devaient vivre treize
religieux et autant de serviteurs. Il y construisit une église avec
les autres bâtiments nécessaires, el, de sa position élevée, ce lieu
tira le nom de Haulevaux. Emery pria Jean de Saint-Val, abbé de
La Couronne, de lui envoyer quelques-uns de ses frères, qui feraien»
en ce lieu le service divin et prieraient pour le fondateur el ses
parents.
» Le légat du Saint-Siège était alors au Peyrat, monastère béné-
dictin, aujourd'hui hameau de Saint-Cybard-le-Peyrat, canton de
La Valette (Charente). Il y était avec Pierre de Sonneville, évéque
d'Angoulôme; Pierre Mimez, évoque de Périgueux; Adémar, évo-
que de Bayonne ; Rainulphe, abbé de Saint-Cybard ; Bernard, abbé
de Nanteuil ; Bernard, abbé de Grosbos ; Pierre, abbé de Font-
douce; Pierre, abbé de Celles, et aussi Jean de Saint- Val, abbé de
La Couronne, accompagné de quelques-uns de ses religieux, clercs
et frères lais, entre autres de Géraud de Codouin, prieur, et de
Pierre d'Arrade, sous-prieur et préchantre de l'abbaye. Evoques et
abbés s'étaient ainsi réunis au Peyrat pour y traiter de certaines
affaires que le pape Alexandre III leur avait confiées, quand Emery
de Brun se présenta devant eux, leur exprima son désir, rappela
ses pourparlers avec Jean de Saint-Val, expliqua que l'évéque de
43â SOCIÉTÉ ARCBÊOLOOli^UI ST HISTORIQUE OU LIMOUSIK.
Limoges, Sebrand, consulté par lui sur Tordre à qui il deyail con-
fier son monastère, lui avait formellement désigné celui de La
Couronne (ce qu'attestèrent Tarcbidiacre de Périgueux, Arnaud,
et maitre Guillaume Painvin), et supplia le légat de donner à sa
fondation la consécration de Tautorité apostolique dont il ét&il
revêtu. Le légat se prêta volonliers à ce désir, et, en présence de
tous les vénérables personnages nommés plus haut, Emery de
Brun investit Tabbé Jean de Saint-Val, par l'anneau de Pierre,
évéque d'Angouléme, du lieu de Hautevaux, appartenances et
dépendances, pour y établir un monastère suivant les règles et
usages de La Couronne, secundum instituta ecclesiw de Corona,
Le fils le plus jeune d*Emery (l'aine était absent) joignit sa volonté
à celle de son père (1180). Le 27 février 1181, le pape Alexan-
dre III confirma ce qu'avait fait son légat, et prit sous sa protec-
tion le prieuré de Hautevaux (p. 40, 42). »
Ainsi débarrassé du récit de la fondation, M. Blanchet, aa
tome II, traduit la Brève chronique du tome XXX de notre Bulletin,
en y corrigeant certaines identifications : celle de Nanleuil, qui est
le Nanleuil-en- Vallée de Tancien diocèse de Poitiers, aujourd'hui
Charente ; celle d'Aumont, qui est de nos jours et depuis long-
temps Escalmels, commune de Saint-Saury, canton de Saint-
Mamet (Cantal). Puis il met à profit VInventaire des reliques, pour
signaler quelques-uns de ces précieux restes et commencer sa liste
habituelle de prieurs. C'est ici que je regrette de n'avoir pas uni
(par pur oubli, bien entendu), à l'envoi des textes latins de notre
trentième volume, celui des deux pages plus haut rappelées du
tome XXXI. Indépendamment de quelques détails, qu'on y eût
relevés avec plaisir, elles eussent fourni un certain nombre de
noms, qui ne seront pas perdus, du reste, car M. Blanchet se pro-
pose l'annexion à son livre d'un petit supplément de corrections et
d'additions. Je dirai seulement ici qu'il note, en plus que M. Lecler,
le prieur Gombaud, meniionné, en effet, p. 204 du t. XXX; le
prieur Arnaud de Clermont (ibidem), qui fut ensuite prieur claustral
de La Couronne (1202, 1204), et le prieur G[éraldl, qui est le G.
de la p. 205. Combien plus nombreuses seront les additions de
M. le curé de Compreignac ! — Je passe en Bas-Limousin.
Montcalm, paroisse de Bassignac-le-Bas et canton de Mercœur,
fut de ma part, il y a onze ans, l'objet d'une notice parue au pre-
mier volume du Bulletin de Tulle ; à ce que m'apprend Touvrage,
une ébauche que j'en avais remise à M»^ Cousseau avait eu le
môme honneur en 1873, au Bulletin de la Charente. M. Blanchet
me fait à son tour celui de me résumer en quatre pages: inutile de
dire que je serai plus court ici.
BIBLIOGBAPBIB. 433
Ce fat Bernard II de Gaslelnan de Bretenoux, beau-père du
vicomte Raymond II de Turenne, qui fonda le prieuré dans la
deuxième moitié du xii* siècle, en donnant aux religieux de La
Couronne le mas de Montcalm, paroisse susdite, plus deux autres
biens, soit dans cette paroisse, soit dans celle d'Âltillac. Malfred,
son (ils, posa la première pierre de la chapelle « en Thonneur de
Dieu et de Notre-Dame-de-La-Couronne » ; on n'y honora plus
tard que saint Jean-Baptiste, dont la vigile fut marquée par une
procession où deux paroisses s'unissaient. Les seigneurs de Cas-
lelnau avaient droit de patronage, Tabbé de La Couronne droit de
collation ; quant au prieur de Montcalm, il avait sur son fief droit
de haute, moyenne et basse justice. Ses revenus, réduits petit à
petit, furent estimés à la Révolution, par le Directoire de la Cor-
rèze, 786 livres, sur lesquelles on basa la pension du dernier titu-
laire. C'est assez peu, et pourtant bien des compétitions tombèrent
pendant des siècles sur ce petit bénéfice; aussi n'a-t-on pas mal à
faire pour dégager du milieu des concurrents évincés la liste des
vrais prieurs. La voici dans la mesure possible :
Premier tiers du xiv* siècle, Guillaume Vidal. — 444^, 1803,
frère Etienne Duprat. — 1530, frère Barthélémy Carpantier, alias
Chauvac. — 1868, Antoine Chauvac. — 1888, M« Hérard Javaize
(7 juillet). —1888 (postérieurement, je suppose), frère Jean Jacob,
domicilié à Sainte-Catherine du Val-des-Ecoliers, à Paris. — 1898,
M* Jean Sauron, du diocèse de Saint-Flour. — 1899 fin, noble
Jean de Longueval de Sugarde, du château de ce dernier nom,
paroisse d'Altillac. — 1607, M« Pierre Laquièze, prêtre d'Altillac,
qui ne dura pas longtemps ou ne fut qu'un préte-nom. — 1609,
Jacques de Longueval de Sugarde, se démettant en faveur du
suivant. — 1609 à 1630, Gaspard de Longueval de Sugarde, qui
résigna en faveur du suivant. — 1630, M* Jeau-Claude de Combarel
du Gibanel. — 1688, François de Clermont. — 1669, Barnabe
Pinson, — 1680, François Dudroc, curé de Mercœur. — 1698,
Etienne Dupuy, clerc du diocèse de Paris, archidiacre de Castres.
— 1782, M*» Pierre Massoulio, qui fut curé de Beaulieu, sa ville
natale. — Enfin, 1786, M» Etienne Farges, qui mourut aussi à
Beaulieu, dont il était l'enfant, le 3 novembre 1797.
Reste le prieuré de Valbenète. De celui-là nous ignorions le lien
avec l'Angoumois; il n'a donc pas été possible de prévenir M. Blan-
chet, qui, n'ayant pas interrogé, n'a pu que lui consacrer cette
courte et vague mention : « Disons que, d'après la liste des béné-
fices de La Couronne, insérée après l Inventaire de ses titres, il
existait dans le diocèse de Limoges un prieuré de Val-Bénit ou de
La Val'Benoite fVallis benedictœj, dépendant immédiatement du
434 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIHODSm.
monastère d'Escarmeil et à la nominatioD du prieur du dit lieu. »
Je viens de donner le vrai nom, Valbenète, en la paroisse de
Roche-Peyroux , canton de Neuvic (Gorrèze), dans ce religieux
ravin de la Dordogne, qu'ont aussi sanctifié le Port-Dieu, Bort,
Saint-Projet, Valette, Glénic, Argentat, Brivezac, Montcalm et
Beaulieu. Il devait dater de loin, si l'on en juge par les curieuses
nervures de ce qui fut autrefois sa chapelle: nervures qui me paru-
rent, en 1874, des premières années de Tart ogival ou du commen-
cement du XIII* siècle. Mais on ne sait malheureusement que peu
de chose sur son compte ; Nadaud seul nous a livré les lignes sui-
vantes, qu'il sera bon d'ajouter ici d'après son « Pouillé rayé » :
« Val Beneyte fVallis benedictaj, prieuré qui payait de déci-
mes 15 livres , sous le patronage de saint Léobon , jadis
de la sainte Vierge. Marie de La Guiche, marquise d'Annonay,
dame de Saint-Loup, Chitain, Baignoux, Sainle-Marie-du-Monl,
veuve et héritière de Charles de Lévis, duc de Venladour, pair de
France, chevalier des ordres du Roi, gouverneur du Haut et Bas
Limousin, y nomma en 1668. Louis de Lévis, duc d'Anville, pair de
France, prince de Maubuisson, comme duc de Venladour, y nomma
en 1686. Le prieur et le couvent des Carmes déchaussés de Saint-
Pierre de Chanloen, près Clermont, comme ayant les droits de
l'abbé et des chanoines du dit lieu, y nommèrent aussi en 1665
(par conflit, sans doute). Un Dubrac possédait en 1783». (D'après un
pouillé postérieur, lisez : Philippe du Bac du Couderl, de Servières,
titulaire connu, en effet, depuis 1770.
L'estimable auteur de VHistoire de La Couronne a déjà recueilli
ce supplément, en attendant celui dont j'ai parlé plus haut et ceux
qu'il sollicite encore dans un autre diocèse. C'est un scrupule dont
il faut le louer ; mais ne laissons pas pour cela de lui dire qu'il a
déjà rendu, par son oeuvre telle quelle, un service éminenl à toute
une région.
J.-B. POULBRÏÈRE.
PROGÊS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU MARDI 31 JANVIER 1888
Présidence de M. le chanoine i^ftBEI^LiOT» Président
Sont présents : MM. l'abbé Arbellot, L. Guibert, Hervy,
Judicis, Guyonnet, Paradis, Bourdery, I^chenaud, Nivet-Fon-
taubert, Hersant, Jules Tixier, Blanchaud , Ducourlieux,
J. Dubois, Goutenègre, Fray-Fournier, R. Fage, Tabbé Tandeau
de Marsac, Cam. Marbouty et Garrigou-Lagrange, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté, puis
il est procédé aux élections. Sont nommés, au scrutin secret,
savoir :
Président : M. l'abbé Arbellot.
Vice-présidents : MM. Astaix, Hervy et Garrigou-Lagrange.
Secrétaire général : M. Louis Guibert.
Secrétaire : M. René Fage.
Trésorier : M. Bourdery.
Bibliothécaire-archiviste : M. Leroux.
Adjoints : MM. Moufle et Marbouty.
Le conseil d^administration sera composé de : MM. l'abbé
Tandeau de Marsac, Ducourtieux, Nivet-Fonlaubert et les mem-
bres du bureau.
Le comité de publication comprendra M. le président, les trois
vice- présidents et le secrétaire général, auxquels le scrutin
adjoint : MM. Leroux, Cam. Jouhanneaud, Beaure d'Augères,
Jules Tixier et Blanchaud.
M. le président passe ensuite aux publications et bulletins qu'a
436 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
reçus la Société depuis sa dernière réunion, et fait une mention
spéciale des ouvrages suivants : 1° le Bulletin historique et phUo-
logique du Comité des Travaux Historiques y contenant un article de
M. Louis Guibert sur les premiers intendants de Limoges, avec
une note de M. de Boisiisle; 2"* la Revue de la Saintonge et de FAunis,
contenant un article de M. Leroux, notre archiviste, sur les rap-
ports de La Rochelle avec la Hanse Teu tonique, et, en outre, une
inscription romaine; 3^ le Bulletin de la Société archéologique de la
Corrèze, publié à Brive, avec un article sur la graphologie, par
Mgr Barbier de Montault, et Tapplicalion qu'il en fait à la signa-
ture de Mgr de Rechigne- Voisin, évêque de Tulle, puis divers
autres articles sur saint Théau, abbé de Solignac ; sur la croix-reli-
quaire de Brageac; sur des monnaies gauloises, trouvées à
Issandon, et sur le cartulaire de l'abbaye de Tulle ; 4* les Poésies
complètes de Bertran de Bom^ avec introduction, publiées par
M. Antoine Thomas; 5^ la Dette Beaupeyrat^ par M. Louis Gui-
bert, et 6® l'Art rétrospectif à l'Exposition de Limoges en 18H6,
splendido volume, avec texte et dessins dus à la plume de
M. Louis Guibert et au crayon de M. Jules Tixier.
MM. Gany et Félix Vandermarcq, présentés à la dernière
séance, sont ensuite, au scrutin secret et successivement, nom-
més membres résidents de la Société.
MM. R. Fage et Leroux présentent en la même qualité M. Gely,
imprimeur à Limoges.
M. Joseph Dubois communique à la Société un Nouveau
Testament, format in- 16, imprimé eu 1540, chez Jean Barbou,
de Lyon. Le volume porte sur la couverture un dauphin d or
replié sur lui-même, formant la lettre G, initiale du nom de la
famille Cramouzaud, et à l'intérieur, des initiales à personnages
style Renaissance, le tout exécuté avec autant d'habileté que de
soin minutieux.
Le même membre lit un travail sur les doléances des habitants
d'Eymoutiers et de Saint-Léonard aux Etals-Généraux, et recher-
chant d'abord le mode d'élection des députés pour la Noblesse,
pour le Clergé et pour le Tiers-Etat, puis rappelant la liste des
députés élus dans chaque ordre, il nous fait assister à la rédaction
des cahiers et nous en fait connaître le contenu, qui, sous les
formes de la plus parfaite déférence à l'autorité, se résumait en
vœux pour la plupart déjà en voie de réalisation, sur l'initiative
royale elle-même, dans l'ordre judiciaire et dans Tordre social.
On n'y découvre pas de griefs bien graves contre le clergé et
contre la noblesse.
Après cette lecture, M. Judicis communique à la Société un
PROG&S-VKRBAUX DBS 8ÉANC£8. 437
moulage en plâtre représentant, croit-on, le Joyau de la confré*
rie du Saint-Sacrement, dans l'église de Saint-Pierre, ainsi
qu'un moulage d'un panneau relatif à la confiserie des Pastou-
raux établie à Sainl-Pierre pour honorer l'Enfant Jésus. Ces
sculptures, assez grossières, sur pierre calcaire, sont du xvi" siè-
cle, et les moulages de M. Judicis en conserveront les intéres-
sants dessins.
M. Louis Guibert fait du trésor de l'église de Grandmoct
une description qui fait supposer qu'il y avait une école d'orfè-
vrerie au monastère. 11 cherche surtout à reconstituer le grand
rétable en cuivre émaillé, dont les auteurs qui ont décrit l'église
ont parlé avec tant d'admiration, et qui, selon toutes les probabi-
lités, se composait surtout des statues des douze apôtres, aujour-
d'hui dispersés dans quelques musées et dans les collections
particulières.
— Et maintenant, Messieurs, cette plume de secrétaire général,
que j'ai tenue quinze ans, non sans un légitime orgueil ,
puisque vous me l'aviez confiée, et de laquelle n'est jamais tombé
un seul mot qui ne fût à Thonneur de notre chère société ; cette
plume, je la passe au plus dignel  vous, Guibert ! A vous d'écrire
désormais les procès-verbaux de nos séances, et par l'attrait de la
science et la séduction du style, de répandre de plus en plus
autour de nous le goût des études historiques.
lia séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire général^
Garrigou-Laoramgb.
SEANCE DU MARDI 28 FEVRIER 1888
Présidence de M« le chanoine ARBEXiEiCyr» Président
Sont présents : MM. Arbellot, Hervy, Garrigou-Lagrange,
L. Bourdery, J. Dubois, René Fage, Mariaux, Maurat-Baiiange,
Nivet-Fontaubert, Lachenaud, Gany, Hersant et L. Guibert,
secrétaire.
M. Garrigou-Lagrauge, ancien secrétaire général, élu vice-
43B SOCIÉTÉ ARCaÂOLOGIQUE ET BISTORIQDK DO LIHOOSIM.
présideot à la dernière réunion, donne lecture du procès-verbal
de la séance do janvier, qui est adopté.
M. le président énumère les ouvrages et publications adressés
A la Société depuis le mois dernier. Il mentionne d'une façon
spéciale le Builetin de la Société des lettres, arts et sciences de la
Corrèze (Tulle), qui renferme une excellente notice de M. René
Fage sur la cathédrale de Tulle, avec de fort jolies gravures; un
fragment du carlulaire d'Uzerche, publié par M. Champeval, la
fin du Livre de Raison des Baluze, annoté par M. L. Guibert, et un
article de Mgr Barbier de Montault.
M. Ârbellot présente également à la Société une livraison du
Bulletin archéologique du ministère de Tlnstruclion publique, où
figure le résumé des lectures faites au Congrès des Sociétés
savantes, tenu à la Sorboane en 1887; un opuscule de M. Gui-
bert ; le Budget de la ville de Limoges au moyen-âge ; la Revue de
l'art chrétien^ qui contient deux articles de Mgr Barbier de Mon-
tault: Tun sur la notice écrite par M. R Fage, concernant la
Maison de Loyac^ à Tulle ; l'autre, sur les Emaux « à lamelles. ^
On sait qu'une petite châsse, d'un travail assez barbare et d^assez
pauvre aspect, appartenant à Mgr Tévêque de Limoges, et expo-
sée en 1886 à l'Hôtel-de- Ville, a soulevé entre divers savants une
assez vive polémique : M. Léon Palustre et Mgr Barbier de Mon-
tault y voient un échantillon d'une fabrication dont les spéci-
mens sont, de leur propre aveu, très rares, et qualifient ces
émaux « d'émaux à lamelles. » D'autres archéologues parmi les-
quels ou peut citer M. Emile Molinier, prétendent que les raies
qu'on remarque sur les émaux de la châsse de Tévêché ont été
faites avec une pointe et constituent une simple détérioration.
M. L. Guibert, qui est resté quelques jours détenteur de l'objet,
et qui l'a récemment étudié à nouveau, en compagnie de
M. Molinier, affirme qu'il en est bien ainsi et que l'émail de ce
coffret a été exécuté à l'aide des procédés ordinaires.
Il est donné communication d'une lettre du Ministre de Tins-
truction publique et des Beaux-Arts relative aux réunions de la
Sorbonne, qui se tiendront du 20 au 24 mai. M. le président
engage ceux des membres de la Société qui désirent assister à ces
réunions, à se faire inscrire sans retard.
Sur la proposition de M. le président, interprète du bureau, la
Société décide que le titre de membre honoraire sera conféré à
deux membres correspondants : M. Robert de Lasteyrie, membre
du comité des travaux historiques, professeur d'archéologie à
l'École des Chartes, et M. Jules Claretie, administrateur du
Théâtre-Français, récemment élu à TAcadémie française.
PROCfts-TERBAUX DES SÉANCES 439
M. Gély, imprimeur à Limoges, est élu au scrutin secret,
membre résident.
Sont présentés en qualité de membres résidents :
M. Hubert Texier, avocat à Limoges, par MM. Nivet-Fontau-
bert et Maurat-Ballange;
M. René-Thomas Duris, docteur en médecine à Eymoutiers,
par MM. Ducourtieux et Joseph Dubois;
Et comme membre correspondant :
M. fleuri Lachenaud, étudiant, par MM. R. Page et Em.
Lachenaud.
Il est donné connaissance par M. Leroux d'une communication
de M. Félix Vandermarcq, d'Oradour-sur-Vayres, relative à un
monolithe qu'on observe à Morinas, commune d'Oradour-sur-
Vayres, auprès de la Tardoire. Les fouilles pratiquées par
M. Vandermarcq au pied de ce monolithe sont restées sans résul-
tat.
M. le président fait passer sous les yeux de ses confrères quel-
ques barbarins d'argent, offrant d'un côté la face barbue de saint
Martial, de l'autre une croix ; ils ont été trouvés au château de
Peyrat-le-Châleau et appartiennent à M. Cousseyroux, avocat.
Après avoir signalé à la Société uii curieux objet conservé au
musée de Gompiègne : des balances à plateaux émaillés, oQrant
un écusson . armorié et portant le uom de Bardonnaud, bien
connu à Limoges, M. Bourdery aborde le sujet de sa lecture sur
les Jean Limosin.
Les catalogues de tous les musées de l'Europe prennent aujour^
d'hui pour base de leur classification d'émaux peints, les listes et
les généalogies d'émailleurs publiées par M. Maurice Ârdant.
M. Ardant a beaucoup travaillé, beaucoup su, et l'étude de l'art
limousin lui doit beaucoup ; mais il a commis de nombreuses
erreurs, et il ne pouvait eu être autrement.
Une confusion complète règne encore dans l'attribution des
nombreux émaux signés IL (avec une fleur de lys) et exécutés
par divers artistes du nom de Jean Limosin, entre les dernières
années du xvi« siècle et le milieu du xvii'.
Ces émaux sont cependant fort différents d'aspect et de carac-
tères. Une étude attentive permet de les diviser en deux groupes :
Les uns, qui portent Tempreinte affaiblie de la grande époque,
et qui appartiennent visiblement aux dernières années du xvi*
siècle, sont d'un aspect sévère, presque triste. Ils doivent, suivant
M. Bourdery, être attribués à l'artiste qu'il désigne sous le nom
de Jean I, et qui, né en 1561, est mort entre 1602 et 1610. De ce
nombre sout le grand émail de M"^ Dauriat et un autre de
440 SOCIÉTÉ ABCBÉOLOOIQUB BT BlStORIQUB DU UMOUSIN.
M. labbô Ârbellot, qui figuraient, eu 1886, à l'Exposilioa de
Limoges.
Les autres dénotent un talent plus jeune, plus souple; ils ont
plus d'éclat, plus de gaîté, s'il est permis d'employer ce mot.
L'artiste subit l'iniluence de son temps, sans cependant perdre
de vue le style et les procédés des anciens maîtres. M. Emile
Davousl, d'Orléans, possède deux tableaux remarquables et abso-
lument caractéristiques de cet émailleur, auquel appartiendrait
aussi une plaque représentant le Triompiie de l'amour divin sur
C amour profane, et appartenant au Louvre (D. 392).
Ces émaux, et bien d'autres, seraient Toeuvre de Jean II, qui
aurait commencé à travailler vers 1610, et qui pourrait avoir vécu
jusque vers 1646.
Quanta Jean III Limosiu, qu'on trouve mentionné en 1679,
M. Bourdery le laisse eu dehors de ses recherches, qui nous pa-
raissent fournir les éléments d'une classification absolument
neuve, et, ce qui vaut mieux, appuyée sur les indications les plus
précises et sur les caractères les mieux définis.
Après la lecture de H. Bourdery, M. J. Dubois déroule de
magnifiques passe-partout gravés du dernier siècle, servant d'ea-
cad rement à des thèses imprimées et à des programmes d'exerci-
ces littéraires des collèges des Jésuites et des Jacobins (Domini-
cains) de Limoges, et du collège de Magnac-Laval. La Société
accueille avec intérêt cette communication.
M. Louis Guibert lit la fin de son étude sur le rétable de cuivre
émaillé qui occupait le fond de Téglise abbatiale de Grandmont.
II s'eQorce de replacer ce magnifique ouvrage dans son cadre, et
à. ce propos évoque le spectacle grandiose des cérémonies solen-
nelles dont la célèbre basilique a été le théâtre.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire général,
Louis Guibert.
^ROCÉS-VBRBACX DES SÉANCES, 44Ï
SEANCE DU MARDI 27 MARS 1888.
I^pésldence de Ai. le chanoine A.I1BEIjIX>T9 Président.
Sont présents : MM. Arbellot, Blanchaud, Bourdery, Cornué-
jouls, Ducourlieux,Guyonnet, Hersant, C. Jouhanneaud, Judicis,
Lachenaud, Leroux, Mariaux, Nivet-Fontaubert et Paradis.
M. Alfred Leroux, faisant fonction de secrétaire, donne lecture
du procès-verbal de la séance de février. Le procès-verbal est
adopté après quelques rectifications.
M. le président énumère les publications adressées à la Société
depuis la séance dernière et appelle tout spécialement l'attention
sur les suivantes :
1* Les anciennes familles de Magnac-Laval, par le comte de
Couronnel. Il s'agit dans cet opuscule du prince-duc de Laval-
Montmorency, qui n'appartient d'ailleurs au Limousin que par
des liens de famille ;
2* Le Bulletin monumental (nov.-déc. 1887), qui reproduit une
inscription du iv® siècle, de leglise de Valcabrère (Haute-
Garonne), où se trouve le mot Depositio dans le sens de Inhuma-
tion. Par là se trouve fixé sans conteste le sens d*un passage d'une
chronique limousine, celle de Maleu de Saint-Junien, racontant
qu'un évéque de Limoges du iv* siècle, nommé Dativus, fuit
depositus. Devoyon, dans son catalogue des ôvêques de Limoges,
a traduit cette expression par « fut déposé », et conclu de là que
Dativus avait été en butte à la haine des païens. C'est une con-
jecture inadmissible ;
3* Le Gay-Lussac (n«» 7 et 8), relatant le voyage en Assinie de
M. Gh. Âlluaud ;
4*» Lo Bulletin de la Société historique et archéologique du Péri-
gord (janvier-février tb88), où nous lisons avec surprise que
Géraud de Borneil est un troubadour périgourdiu. On doit
cependant savoir à Périgueux que le pays d'Excideuil, où naquit
Géraud de Borneil, relevait alors du diocèse et de la vicomte de
Limoges ;
5® La Revue de Saintonge et d'Aunis (mars 1888), où est an-
noncée l'Exposition rétrospective qui doit avoir lieu à Saintes du
25 avril au 30 juin prochain ;
T. xxxvii S9
4t2 SOCIÉTÉ ARCHèoLOGlQUE Et hlStORtOOB t>U UMOUâlK.
6° La Revue historique et archéologique du Maine (tome XXII},
qui parle de la peur en 1789. M. Leroux rappelle à ce propos
que M. Pierre de Witt a publié tout récemmeat, à Caen, un
opuscule sur ce même épisode en Limousin. [La journée des bri-
gands en Limousin). Malheureusement, Tauteur n'a connu qu'un
fort petit nombre de textes. Il ignore la relation de Tabbé de
Mondésir, publiée à Montauban en 1790, qui est le témoignage le
plus important à recueillir sur cet événement. — A l'occasion
d'un article de la même revue sur le droit d'asile dans la cathé-
drale du Mans au ziv« siècle, M. Arbellot rappelle que ce droit
était aussi reconnu en fait, sinon juridiquement, à l'église de
Sainl-Junien.
Il est ensuite donné communication : 1^ d'une lettre de M. le
Ministre de rinstruolion publique^ invitant la Société a se faire
représenter au Congrès des Sociétés savantes, qui aura lieu à
Paris le 22 mai prochain et jours suivants: MM. Arbellot, Louis
Guibert, René Fage et Louis Bourdery sont délégués, ainsi que
MM. Ducouriieux, Lachenaud, Nivet-Fontaubert et Paradis; 2*
de lettres de M, Jules Claretie, membre de l'Académie française,
et de M. Robert de Lasteyrie, professeur à l'Ecole des Chartes,
remerciant la Société de la récente décision par laquelle le Litre de
membres honoraires leur a été conféré; 3^ d'une demande de
M. Camille Chabaneau, professeur à la Faculté des lettres de
Montpellier, tendant à obtenir l'échange du Bulletin de la Société
archéologique du Limousin contre la Revue des langues romanes^ qui
se publie à Montpellier.
M. Guyonnet fait passer sous les yeux des membi^es de la So-
ciété un bel exemplaire à gravures de YHistoire des chevaliers de
l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem^ par Baudouin (Paris, 1643, in-
folio), appartenant à M. Paradis. Il y est naturellement question
de Pierre d'Aubusson et de la commanderie de Bourganeuf.
M. Blanchaud annonce qu'il a été trouvé à Nantiat, sur l'em-
placement d'un ancien cimetière, un cœur en plomb renfermant
un véritable cœur embaumé. M. Bourdery fait observer quecetie
pratique fort ancienne s*ost perpétuée jusqu'au xix* siècle.
M. Pinchaud, curé de Nexou, a envoyé une petite sphère en
cuivre doré, aplatie à ses deux pôles, dans l'intérieur de laquelle
se trouvait une relique. Cette sphère, qui porte la date de 1652,
était placée autrefois sur la pointe du clocher de Téglise de
Nexon. Beaucoup d'églises du Limousin en possédaient de sem-
blables.
M. Brouard a découvert chez une personne habitant la roule
de Saint-Léonard une boite à reliques, provenant de Grandmont
^ftOCÂS-YKRBAUk t>KS sàARCKS. 4 i^
el datant du xm' siècle. Les émaux qui rornaieat ont été enlevés.
liais rioscriptiou subsiste :
Hic bunt sANCTOauAf sagrosangta, memoria quorum
SlT GONSOLAMBN M0BI8 ORANTIBUS, AMBN.
M. Hersant communique deux petites médailles de dévotion.
L'une, du xvii* siècle, représente sainte Jeanne de Chantai et
Philippe de Néri; l'autre, du xvi*, figure une madone ei un por-
tique grec.
Sont élus au scrutin secret membres résidents : MM. Hubert
Texier, avocat à Limoges, René Thomas-Duris, docteur-médecin
à Ey mou tiers.
M. Henri Lachenaud, étudiant, est élu membre corres-
pondant.
Sont présentés : en qualité de membre résident, M. Charles
Besbordes, propjûétaire à Rançon, par MM. Guibert et Blanchand;
— membre correspondant, M. Georges Lezaud, avocat à Cham-
bon, par MM. Ârbellot et Guibert.
L'ordre du jour appelle la lecture de M. Arbellot sur le
P. Martial, de Brive, de son vrai nom Martial Dumas, fils d'un
président au prôsidial de Brive. Malgré la célébrité dont il a joui
dans sa province au milieu du xvii® siècle, ce moine poète n'a en-
ooi'e qu'un article insuffisant dans la Biographie limousine. Né
dans les premières années du xvii'' siècle, il fit ses humanités à
Paris, son droit à Toulouse, puis entra dans Tordre des Capucins
de Saint-François. Il se livra d'abord à la prédicatiou et entreprit
plusieurs missions a Toulouse, à Agen, à Limoges où il prêcha
i'Aveut en 1647, et le Carême en 1648. A cette seconde visite, il
s'efforça d'introduire ses confrères capucins dans notre ville,
mais se heurta à l'opposition des ordres rivaux et du Consulat.
Devenu goutteux, le P. Martial renonça à la prédication et
s'adonna à la poésie religieuse. Ses cantiques populaires, certai-
nes de ses paraphrases sacrôes méritent d'être lues, et Charles
Nodier les estimait à haut prix. Le P. Martial mourut vers 1656.
C'est seulement en 1660 que le P. Zacharie donna à Lyon, sous
le titre de Parnasse séraphique, une édition des œuvres de notre
compatriote.
Après M. Arbellot, M. Leroux annonce que le tome premier
des Registres de famille et Livres de raison limousins et marchois^
publiés par M. Guibert avec le concours de plusieurs membres de
la Société, doit paraître dans quelques semaines.
Le tome second est déjà en préparation et promet de ne le cé-
der en rien au précédent pour la variété du contenu ec l'intérêt
des mentions. M. Leroux lit une notice sur quatre de ces sortes
444 SOClÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
de registres qu'il vient d'étudier et de dépouiller miûutieasement.
Le plus récent, celui du sieur Romanet de Là Briderie, conseil-
seiller au présidial de Limoges, appartient aux dernières années
du xviii* siècle et n'offre qu'un médiocre intérêt. Celui des sieurs
Terrade, notaires àChaumeil, s'étend de 1548 à 1685. Il est fort
mal tenu, mais rachète ce tort par la nouveauté des détails. Il
renferme, en effet, une série de recettes médicales et de formu-
les magiques qui donnent une pauvre idée de la thérapeutique
populaire de ce temps. M. Leroux s'étend plus longuement sur le
livre de raison de messires Pierre et Antoine de Sainte-Feyrc,
qui est sans contredit le plus copieux, le plus instructif, le plus
varié de tous ceux quo l'on connaît. Il appartient presque tout
entier au xvi* siècle et nous donne, entre autres choses^ le récit
d'un voyage d'Antoine de Sainte-Feyre à Naples, en compagnie
du duc de Nemours (1501), et d'un pèlerinage à Notre-Dame-de-
Loretteet à Rome (1504). M.Leroux lit divers passages de ce
registre qui apporte aussi à l'histoire provinciale une large con-
tribution de faits ignorés.
M. Judicis, architecte, fournit ensuite quelques indications
sur l'étude qu'il a entreprise de la sculpture des églises limou-
sines au moyeu âge.
M. Judicis reconnaît qu'il n'y a pas au xii* siècle d'école d'ar-
chitecture limousine. Mais, d^accord en cela avec plusieurs
archéologues distingués, il admet une école de sculpture dont il
se propose de nous faire connaître plus tard le caractère. On
croit généralement que cette école a eu son berceau à Moissac,
d'où elle se répandit chez nous par Beaulieu et le Bas-
Limousin.
La séance est levée à dix heures.
Pour le secrétaire général absent^
Alfred Leroux.
PROCES-VERBAUX DES SÉANCES. 445
SEANCE DU 24 AVRIL 1888.
Présidence de II. le chanoine ARBEIjIjOX« Président*
Présents : MM. Arbellot, Blaochaud, Cornuéjouls, Dubois,
René Fage, Fray-Fournier, Hersant, Judicis, Leroux, Mariaux,
Paradis, i'abbé Tandeau de Marsac, Ducourtieux et Louis Guibert,
secrétaire.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière
réunion. M. le président signale les livres et publications reçus
pendant le mois ; mention spéciale est faite du dernier Bulletin
de la Société scientifique et historique de Brive^ où se trouvent plu-
sieurs articles ou notices intéressantes parmi lesquels on dis-
lingue quelques pages de Mp* Barbier de Montault sur une
couverture d'évangéliaire décorée d'émaux cbaniplevés, et des
documents inédits sur notre pittoresque forteresse de Ghâlucet.
M. le D' René Thomas-Duris, membre de la Société, fait
hommage d'un Essai sur la topographie médicale du canton d'Ey-
moutiers. Il serait à désirer qu'on possédât un semblable travail
pour tous les cantons de la Haute- Vienne.
Le Livre de raison des Baluze^ de Tulle, offert à la Société par
par M. L. Guibert, renferme une précieuse chronique lulloise de
la fin du xvi" et du commencement du xva® siècle, en même
temps qu'un grand nombre d'actes de naissance, décès, etc.,
permettant de rectifier et de compléter sur bien des points la
la généalogie de cette famille.
M. le président donne lecture de deux circulaires de M. le
Ministre de rinstruction publique : Tune a trait à la réunion
des Sociétés savantes et spécialement des Sociétés d'art, en 1888;
l'autre, à l'inventaire et au classement des objets mobiliers
offrant un grand intérêt au point de vue artistique ou archéolo-
gique et auxquels il y aurait lieu d'appliquer la loi du 30 mars
1887 sur la conservation des monuments.
La Société arrête qu'une commission sera chargée de préparer
ce travail et de le lui soumettre. Sont nommés membres de cette
commission : MM. Geay, Tabbé Lecler, Bourdery, Nivet-
Foutaubert, J.Tixier et L. Guibert. Elle sera présidée par M. Ar-
bellot.
446 SOGlÉTé AlkCBtOLOGIOUE Et BlStOMQtJS DU LIXOCSIN.
Une session du Congrès archéologique de France se tiendra
à Bayonne, du 12 au 20 mai prochain. Des circulaires sont
déposées sur le bureau, à la disposition des sociétaires désireux
d'en prendre connaissance.
M. le président a reçu de M. le Préfet de la Haute- Vienne une
convocation pour les réceptions officielles qui auront lieu de-
main 25, à l'occasion de l'arrivée de M. le Président de la
République à Limoges. La Société décide que les membres du
Bureau seront convoqués pour aller saluer M. Carnot, et les
Sociétaires présents sont invités à se joindre à cette délégation.
M. Charles Desbordes, propriétaire au Mont-Rû, près Eancon
(Haute- Vienne)> et M. Greorges Lezaud, avocat, ancien magistrat,
chevalier de la Légion d'honneur, demeurant à Chambon
(Creuse), présentés à la dernière séance, sont élus, au scrutin
secret, le premier membre titulaire, le second membre corres-
pondant de la Société.
M. des Termes, ancien magistrat, inspecteur de la compagnie
d'Assurances générales, demeurant à Poitiers, est présenté
comme membre correspondant par MM. Eugène Brisset-Desisles
et Louis Guibert.
Communication est donnée par M. Leroux d'une lettre de
M. F. Vandermarcq, commis principal des contributions indirectes
à Oradour-sur-Vayres, membre de la Société, relativement au
demi-dolmen de la Tamanie. Cet intéressant monument, qui est
connu dans le pays soùs le nom de la Grosse^Pierrey passe
pour avoir été jadis l'objet d'uno vénération particulière, d'une
espèce de culte. Contrairement à ce qui se voit d'ordinaire, la
table est de moindres dimensions que les supports. Les fouilles
exécutées par M. Vandermarcq n'ont amené la découverte
que de fragments de charbon de bois, d*un morceau de tuile
à rebord et d*une pierre en grès de forme triangulaire, d'une lon-
gueur d'environ seize centimètres, et rappelant un peu le type
le plus commun de la hache celtique. Peut-étro avait-on déjà
pratiqué des fouilles au-dessous de ces blocSi
M. Ducourlieux prévient la Société que des pierres sculptées,
non sans intérêt, découvertes au cours des travaux de terrasse-
ments nécessités par la construction des halles, ont été retaillées
et employées dans la maçonnerie. Elles devaietu être envoyées au
Musée. M. Ducourtieux pense qu'il y a lieu d'émettre un vœu
pour que la chose ne se renouvelle pas. La Société accède volou-
liers à cette proposition et exprime le vœu que les restes archéo^
logiques de toute nature soient conservés avec plus de soin à
l'avenir. Au début des travaux des Halles, elle a adressé à ce
sujet une requête à M. le Maire de Limoges.
PROCÈS^VBftBAUX DftB SéAlfCBS. 447
M. BlaDchaud rappelle, à ce sujet, que de curieux débris ont
souvenl été portés au loin et ont ainsi perdu une partie de leur
signification et de leur intérêt. Il cite des fûts de colonne anti-
ques que Ton voit dans le parc de M. Desbordes, au Mont-Rû,
et qui proviennent sûrement des anciens monuments du bourg
de Bancon.
M. Louis Ouibert donne lecture d'Une note très substantielle
de M. l'abbé Lecler, sur la trouvaille récemment faite à Nantiat.
Cette note constate que le cœur en plomb découvert sur la
place du bourg se trouvait sous le sanctuaire de Tancienne église
paroissiale. Il y a lieu de croire qu on se trouve en présence du
rxBur d*un prêtre, probablement d*un curê de Nantiat. Sans re-
monter à une date très reculée, l'inbumation au pied de l'autel
de ce débris humain parait être antérieure d 1648, date à laquelle
remontent les plus anciens registres paroissiaux de cette localité.
Communication est également donnée, de la part de M. Goussey-
roux, avocat à Limoges, de diverses pièces concernant le prieuré
de Saint-Denis, à Peyrat^e-Château (xvii* et xviii» siècles).
La Société remercie les auteurs de ces diverses communica-
tions.
M. le chanoine Arbellot rappelle d'anciennes coutumes sur les-
quelles il se propose de faire une lecture à la prochaine réunion
des Sociétés savantes, à la Sorbonne. Il s'agit de jeux, de diver-
tissements populaires coïncidant avec la célébration de certaines
fêtes religieuses. Telle la Quintaine^ à Saint-Léonard. Naguère
encore, le jour de la fête du patron de la ville, les membres de la
confrérie placée sous son invocation se rendaient, au sortir du
banquet traditionnel, sur le boulevard, où était installée une
grande boite de bois ayant la forme d'un chàteau-fort et que le
peuple appelait « la Salière ». Les confrères, à cheval, une ser-
viette autour des épaules, s'élançaient, la massue à la main, sur
ce formidable château, que l'imagination populaire se représen-
tait, sans doute, rempli de captifs implorant Saint-Léonard pour
leur délivrance. Morceau à morceau, la Salière tombait sous les
coups des vaillants confrères, et la foule s'en disputait les débris.
Un chant traditionnel, assez grossier du reste, accompagnait ce
singulier exploit.
Au pont de Noblat, on courait la bague le jour de la fête de
Saint-Martial. Le vainqueur était couronné sous une cabane de
feuillage, au milieu du vieux. pont.
Revenant sur une question des plus intéressantes et dont la
Société a eu souvent à s'occuper, M. Arbellot parle de la fête des
Innocents. Elle était célébrée au xvii» et même au xvni" siècle,
us SOCliré ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
à Saiot-Martial et à Saint-Etieone de Limoges. Les enfants de
chœur avaient « les honneurs » ce jour-là; ils tenaient le chœur
et, à la procession, marchaient les derniers, précédés des cha-
noines qui portaient la croix et les cierges. On voit que les rôles
étaient intervertis. En 1735 on trouve encore trace de la nomi-
nation, par les Enfants de la Psallette, d'un évéque des Innocents.
Jusqu'à 1525, il y avait même, ce jour-là, un sermon qui était
fait par un enfant de chœur. L'usage fut aboli à cette époque.
On s'est demandé souvent ce qu'il faut penser d*un passage
du livre de Pierre Bonnet (Histoire de la Danse sacrée et profane)^
où il est parlé de danses exécutées par le peuple dans l'église
même de Saint-Martial, le jour de la fête de ce saint.
M. Arbellot estime, pour sa part, que ce fait est entièrement
apocryphe. Il explique ensuite les expressions chorea^ baculum
sumere, cappam facere, employées par nos chroniqueurs et où on
a cru retrouver la trace de ces danses.
M. Louis Guibert émet un doute sur Texaclitude de quelques-
unes de ces interprétations, et MM. Blanchaud, Page et Leroux
rappellent divers jeux singuliers pouvant être rapprochés de celui
de la Quintaine, ceux notamment de la Cruche au Dorât, et du
Roitelet, dans une autre localité de l'arrondissement de Bellac.
L'ordre du jour appelle la lecture de M. Louis Guibert sur le
Journal de Yielbane, magistrat au présidial de Brive et consul
de celte ville en 1584 et 1588. Ce curieux manuscrit, qui fait
partie d'un Recueil de livres domestiques limousins en cours de
publication, contient beaucoup de renseignements intéressants
sur les attributions des consuls de Brive, les événements du
temps, les petites dépenses de Thôtel de ville.
Vielbans fait trois ou quatre voyages pour voir le roi de
Navarre; il se rend à Paris, chargé d'une mission par ses collè-
gues, les magistrats du présidial. Jour par jour, il note sur sou
livre ses dépenses d'hôtellerie. M. Louis Guibert en relève
quelques-unes et se demande si on n'exagère pas la diminution
de la valeur relative de l'argent, de son pouvoir d'acquisition, eu
estimant ce pouvoir, à la fin du xvi* siècle, triple de ce qu'il est
aujourd'hui.
M. A. Judicis, dans un travail d*uu excellent style, développe
les considérations qu'il a sommairement exposées à la dernière
séance, sur Tart au moyen âge et sur les caractères particuliers
qu'il a affectés dans notre région. On n'entend plus dire que
le moyen âge a été, dans son ensemble, une époque de barbarie,
où le sentiment artistique s'est peu développé. A ne prendre que
l'architecture, elle donne à elle seule le plus éclatant, le plus
magnifique démenti aux assertions de l'ignorance.
PBOCÈS-VFRBAVX DES SftANCBS. 449
La sculpture est de tous les beaux-arts celui qui touche de
plus près à l'architecture; il est impossible d'étudier Tune sans
s'occuper de Tautre.
Au moyen âge, les œuvres des sculpteurs, comme celles des
architectes, slnspirent surtout du sentiment religieux* Après
l'efflorescence première des écoles provinciales dont les carac-
tères sont déterminés par la nature des matériaux du pays, les
mœurs et certaines particularités locales, l'unité s'impose avec
le temps; les écoles disparaissent et la grande période de Tart
ogival voit non seulement la France, mais une notable partie de
l'Europe adopter les mêmes types et les réaliser dans les plus
gigantesques proportions.
On a voulu établir une comparaison entre les produits de Part
au moyen âge et ceux de Tart grec. Une telle comparaison est
difficile ; Yiollet-Leduc a traité la question avec son talent et sa
perspicacité habituels. Pourquoi rapprocher des œuvres d'une
beauté absolument différente et dont les auteurs sont partis de
points de vue tout à fait opposés? L'idéal de l'antiquité grecque,
c'est la beauté physique, l'harmonie et la plénitude de la forme,
la simplicité et la pureté des lignes. Ce que le moyen âge, au
contraire, recherche par dessus tout, c'est l'expression des senti-
ments. Les matériaux dont se servirent en général les archi-
tectes et les sculpteurs de celte époque étaient moins précieux,
moins délicats, se prêtaient moins à certaines combinaisons, à
certains effets; mais le moyen âge sut utiliser tous les éléments
de l'édifice pour sa décoration et pour son expression, si Ton
peut ainsi parler.
La conclusion de M. Judicis est qu'il faudrait consacrer, à
l'étude do l'art du moyen âge, les mômes moyens, le même
temps qu'on donne à l'étude de ce qu'on appelle l'art classique.
L'art du moyen âge mérite qu'on l'examine de plus près et qu'on
le connaisse mieux.
Après avoir remercié M. Judicis de son intéressante lecture
et l'avoir félicité des termes choisis dans lesquels il a présenté
ses idées, M. le président propose à la Société de remettre à hui*
taine la séance du dernier mardi de mai, cette date coïncidant
avec celle des réunions des Sociétés savantes à la Sorbonne. Il
est convenu que la réunion sera reportée au mardi 5 juin.
La séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire général,
Louis GUIBBRT.
450 SOCIÉTÉ ARCBtOLOGIQVV %T BltTORlOUC DU LIMOUSIN.
SÉANCE DU 5 JUIN 1888 (1)
Présidence de II. le chanoine AHBE:L.I^0X, tHrésIdenC
Présents : MM. Arbellot, président, Aslaix, Blanchaud, Bour-
dery, Ducourlieux, commandant Dorât, Joseph Dubois, Hervy,
P. Mariaux et L. Guibert, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — Ce
procès-verbal mentionnait la mutilation et l'emploi, dans la
maçonnerie des Halles, de fragments sculptés trouvés au cours
des fouilles. Une note émanant de la dernière municipalité a con-
testé le fait et affirmé que les fragments découverts pendant
les travaux ont tous été, sur le champ, transportés au Musée.
M. Ducourtieuxi attaché à la conservation du Musée national, dit
qu'en effet des pierres sculptées ont été envoyées au Musée, mais
postérieurement à la publication du procès-verbal de la séance du 24
avril. A cette date, le Musée n'avait rien reçu, et c'est seulement
après la publication, dans les journaux de la ville (dimanche 6
mai) de ce procès- verbal, que les envois mentionnés dans la
note officielle ont été effectués. Au surplus, il a parlé de visu
et dans le seul but d'obtenir la conservation de morceaux offrant
un certain intérêt.
M. Guibert rappelle que la commission nommée dans la
dernière séance pour dresser la liste des objets mobiliers dont la
conservation peut avoir de l'importance au point de vue artis-
tique et archéologique, ne s'est pas encore réunie. Le ministre
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts insiste pour que cette
liste soit établie sans retard, et M. de Lasteyrie, qu'il a vu à
Paris, Ta personnellemeut prié de hâter ce travail. Il est con-
venu que la commission se réunira lundi prochain It juin, à
quatre heures, à la bibliothèque de la Société f Archives dépar-
tementales).
M. le président procède au dépouillement de la correspondance
et énumère les livres et les publications reçus depuis la dernière
séance. 11 cite en particulier : 1® la dernière livraison du Gay*
LussaCf qui contient un joli dessin deTémail du cinquantenaire
(1) La séance da 28 mai avait été remise au 5 juin.
fROGÈB^miBACX DES SÉANCBft. 4$t
ponlificali aocompagQô d'uae notice, et un intél-essaut article
dô M. MaBfranc sur le dolmen de La Cote; — * 2^ le Bulletin de
fo SodéU des sciences, lettres et arts de la Corrèze, à Tulle, avec
un excellent article de M. René Page (suite du Vieux Tulle) ; -^
3^ un article de M. I^uis Guibert sur les Félibrest dans la Revue
diis Centre; <^ A* un article deM. de VerneUh dans le Bulletin de la
Société du Périgord ; — et 5» le dernier recueil annuel de l'Aca-
déraie des Jeux floraux, dans lequel M. Ârbellat signale deux
OBUYres remarquables intéressant plus spécialement le Limou-
6ii], et ayant toutes les deux obtenu un prix : un beau discours
en prose de M. Gaston David, membre de la Société archéolo-
gique, un des lauréats habituels de Clémence Isaure, — et une
gracieuse et charmante pièce de vers de M"* Fondi de Niort, qui
habite actuellement Limoges.
M. Masfrand a envoyé à la Société une notice détaillée sur la
grotte sépulcrale de Gorgnac (Dordogne). De très intéressants
dessins l'accompagnent. Il sera donné lecture de celte notice à
la prochaine séance. En attendant, le président exprime les
remerciements de la Société pour cette communication»
M. des Termes, inspecteur de la Compagnie d'Assurances
générales, ancien magistrat à Poitiers, pi*ésenté à la dernière
réunion, est élu, au scrutin secret, membre correspondant de la
Société.
li'ordre du jour appelle le compte-rendu delà réunion annuelle
des Sociétés savantes, à Paris. M. le chanoine Arbellot, qui a
pris une part active aux discussions de la section d'histoire et
de philologie, signale les particularités de nature à intéresser la
Société.
M. Guibert a été assesseur dans la même section et a lu une
notice sur les livres de raison de la province et notamment sur
celui de Vielbaus, consul de Brive, document qui i-enfermo
d'intéressantes mentions et va de 1571 à 1598. Le môme a rendu
compte d'un travail de M. Romand, correspondant du ministère,
sur les noms en usage au moyen âge dans le Haut-Dauphiné.
M. Arbellot a parlé des fêles traditionnelles et des usages singu-
liers conservés en Limousin ; des cérémonies qui signalaient
chaque année la célébration de la fête des Innocents à Limoges ;
de la course de la Bague et de la Quintaine à Saint-Léonard, etc.
Ce mot de Quintaine a été l'objet d'une intéressante discussion :
ou en a recherché l'origine. M. l'abbé Martin a émis l'avis qu'il
venait d'une voie existant dans les camps de Rome, appelée via
Quintana^ et où avaient lieu certains exercices militaires ;
M. Gaston P&ris a confirmé cette étymologie«
452 SOCIÉTÉ ARCOÉOLOGIQUE ET OISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Une autre lecture de M. Arbellot, relative aux saints auxquels
est attribuée d'une façon spéciale la guérison de certains maux,
et aux pèlerinages effectués à certains lieux placés sous le
patronage de ces saints, a donné également lieu à un échange
très animé et très intéressant d'observations.
Parmi les communications faites à la section d'histoire, plu-
sieurs ont eu trait à des questions dont la Société a eu à s'occu-
per. Ainsi, M. Tranchau, membre de la Société historique
d'Orléans, a lu un très curieux mémoire sur les colonies de
marchands et de mesnagiers que plusieurs villes de l'Orléanais
et de la Touraine furent obligées de fournir pour le repeuplement
d'Arras, après la prise de cette ville par Louis XI. Les réquisi-
tions du roi s'exercèrent dans un rayon bien plus étendu, puis-
que Limoges dut fournir plusieurs marchands,* dont nos Annales
manuscrites nous ont conservé les noms : c'étaient les fils d'An-
dré Rogier et d'Elie Disnematin. Le succès de cette colonisation
forcée fut médiocre. Malgré sa colère, le roi finit par laisser
rentrer dans Arras une partie de ses anciens habitants.
On a beaucoup parié des caves et des souterrains qui existent
sous nombre de villes. Il est singulier que la plupart offrent
des caractères analogues à ceux que nous observons dans les
vieilles caves de la Cité de Limoges et des rues du Consulat, du
Temple, Cruche-d'Or, Andcix-Manigne, etc.
Les communications faites par les délégués des Sociétés des
beaux-arts et les correspondants du ministère, à l'hémicycle de
l'Ecole des beaux arls, n'ont pas été moins intéressantes. M. L.
Guibert, qui a lu une notice sur les Peintures de Vèglise de Saint-
Yicturnien^ mentionne quelques travaux d'une réelle valeur ; il
regreite que M. Camille Leymarie n'ait pu faire la lecture
annoncée par lui sur les Compositions originales des anciens émail-
leurs. Il serait à désirer que cet article fut bientôt publié.
Dans ses recherches aux Archives nationales, M. L. Guibert
a eu le bonheur de trouver toute une procédure se rattachant au
procès, fameux entre tous dans notre histoire locale, de Gaultier
Pradeau.
On se rappelle que ce magistrat, choisi par ses concitoyens pour
pourvoir à leur défense, oublia son devoir au point de pactiser
avec leur ennemi, Jean de Laigle, lieutenant général du vi-
comte de Limoges.
Au moment même où la ville va être livrée par le traître, ses
menées sont découvertes ; il est appelé à la maison commune,
interrogé par les consuls, convaincu par ses propres aveux et
livré par ses collègues au prévôt criminel de la ville. Gondamué
PROCES-VERBAUX DES SÉANCES. 4B3
à mort, il subit le dernier supplice au pilori de la place des
Bancs ; son corps est coupé en quatre, et chaque quartier placé
au bout d'une lance, au dessus d'une des portes de la Tille.
La procédure découverte par M. Guibert, grâce aux obligeantes
indications de notre sympathique collègue, M. Antoine Thomas,
professeur à la Faculté de Toulouse, confirme en tout point le
récit de nos annales. Elle nous montre toutefois Jean Pradeau,
frère du coupable, cherchant à faire casser Tarrêt du prévôt des
consuls par le Parlement, demandant que les débris du corps de
Gaultier soient réunis et qu'il soit fait au traître des obsèques
solennelles ; qu'enfin les consuls soient condamnés à une amende
honorable et à d'énormes dommages-intérêts
Le procureur du roi n'est pas favorable aux magistrats muni-
cipaux: il tient que Gaultier avait bien commis le crime pour
lequel il a été puni, mais les consuls et le prévôt ont, suivant
lui, excédé leurs droits. On entrevoit, dans toute cette atTaire,
et dans divers autres procès limousins, dont M. Guibert a trouvé
trace aux registres du Parlement vers la même époque, le jeu
de passions ardentes, les suggestions de haines implacables, et, il
faut le dire, des mœurs rien moins que douces.
Après M. Guibert, M. Joseph Dubois donne dans une notice,
malheureusement trop courte, quelques renseignements sur les
institutions communales d'Eymoutiers. Les habitants de cette
ville obtinrent, en 1428, de l'évêque de Limoges et du chapitre
du lieu, l'autorisation de construire des remparts et d*élire
annuellement, le jour de la fêle de Saint-Etienne (26 décembre),
quatre consuls pour veiller à la justice de la cité et administrer
les affaires communes des habitants. La charte a été publiée
par M. Leroux. Cette organisation se maintint et se développa.
Au siècle suivant nous la voyons fonctionner sous la surveil-
lance d'un officier seigneurial.
La délibération qui fait l'objet spécial de la communication de
M. Dubois nous montre le corps de ville assemblé, au commen-
cement de Tannée 1569, sous la présidence de Léonard Romanet,
seigneur de Farsac, juge ordinaire du chapitre. Les quatre
consuls : Jean Cramouzaud l'aîné, Claude Romanet, Jean Des-
champB et Biaise Briance, exposent qu'ils ont reçu une lettre du
lieutenant-général de la province, leur ordonnant de rompre les
ponts, de creuser des tranchées autour des murs, de redoubler de
vigilance pour la garde de la ville, et de recevoir une compa-
gnie d'hommes d'armes, avec un capitaine pour la défendre si
besoin est.
Le chapitre, les officiers de l'évêque et les notables bourgeois
4&4 SOCIÉTÉ AIICaÉ0t66IQUK KT tHdTORtOUtt DQ LlttOUSlN.
sont assamblés dans la chapelle basse de l'église pour aviser aux
mesures qu'il coovient de prendre à Tefiet de se procurer de
l'argent ; la caisse communale est à sec el les consuls déclarent,
qu'ils ont déjà fourni, pour subvenir aux dépenses communales,
7 ou 800 livres, et qu'ils ne peuvent continuer à faire des avan-
ces. Sur la proposition de ces magistrats, on décide qu'il sera
vendu ou délivré « à perpétuel bail », des biens et champs com-
muns jusqu'à concurrence de onze cents livres. La délibéraliou
rappelle une précédente aliénation autorisée en vue de la répa-
ration des fontaines. Quatre commissaires sont choisis parmi
les bourgeois pour s'occuper spécialement de cette opération.
Les 6 et 13 mars 1569, sous la halle, le juge du chapitre,
assisté des consuls et des quatre commissaires, procède à l'adju-
dication, aux enchères, des emplacements désignés pour être
vendus. La vente est faite moyennant un prix déterminé en
argent, plus une aumône annuelle en pain, à donner le jour de
TAscension. Un marchand, Chantagreu dit Meymi, au nom de
Psaumet Hugon, est déclai^ adjudicataire d'un lot dit « de la rue
delaFarge», moyennant vingt écus sol et une rente annuelle
d'une tourte et demie de seigle, -* la tourte était d'une quarte
et pesait seize livres. Malgré l'abolition des rentes perpétuelles,
la famille qui possède cet emplacement, acquitte encore, dit
M. Dubois, la redevance constituée au seizième siècle, et Vient
à honneur de donner ce la tourte » aux pauvres du quartier.
M. le chanoine Ârbellot fait part à la Société de nouveaux
documents qu'il a recueillis à Paris sur le P. Martial de Brive.
11 a rectifié la date attribuée généralement à la mort de ce bizarre
poète. C'est en 1653 et non en 1655 que doit se placer cette mort.
Le P. Martial avait un frère, écrivain comme lui« Guillaume Du*
mas de la Gautrie. LaGautrie est le nom d une propriété apparte-
nant à cette famille. M. Ârbellot parle des œuvres du plus célè-
bre des deux frères, et examinant les éditions successives qui en
ont été données, relève entre elles dlmportantes différences. La
dernière et la plus complète de ces éditions est devenue très rare
et est fort recherchée des amateurs.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire général^
Louis GUIBEAT,
^IIOGI»- TKBBAUX DïS SÊANCllS. 4S5
SBANGB DU 26 JUIN 1888
K^réftidence de ÎMI. le ehttnolae ARBEIjf^OT» Préaident
Présents: MU. Arbellot, Astaix, Bourdery, Brisset-Desisles,
Joseph Dubois, René Page, Fray-Fournier, Hervy, Hersant,
Caai. Jouhanneaud, Leroux, Paul Mariaux, Ducourtieux et
Li. Guibert, secrétaire.
Après la lecture et l'adoption dn procès-verbal, M. le président
procède au dépouillement de la correspondance et appelle Tat-
iention de la Société sur les envois et communications reçus
depuis la dernière séance et qui paraissent dignes d'un intérêt
particulier.
Il signale tout spécialement une plaquette publiée par Timpri-
merîe Ducour lieux et relative à la marque nouvellement adoptée
par cette maison. M. Paul Ducourtieux, qui est l'auteur de la
brochure, y a rappelé en quelques mots la vie et les travaux de
son père, le sympathique fondateur de YÀlmanaeh Limousin. La
marque a été dessinée par M. Jules Tixier avec la facilité du
crayon et le goût qu'on lui connaît.
M. Arbellot mentionne une autre brochure de M. Ducour-
tieux : le Délégué; une notice de M. Louis Guibert sur l'Orfèvre-
rie et les émaux d'orfèvre à l'Exposition rétrospective de Limoges
Cl886j, où sont reprises les principales discussions soulevées ù
Toccasion des objets les plus intéressants et les plus précieux
ayant figuré dans les galeries de THôtel-de- Ville; un article de
M. Camille Leymarie sur la Bibliothèque du Chancelier d'Agnes-
seaUf inséré dans la Revue Littéraire du Centre; enfin un travail
important sur Tabbaye de lia Couronne, publié par M. l'abbé
Chauve t dans le Bulletin de la Société historique de lAngoumois,
M. Leroux rappelle que l'abbaye de La Couronne possédait
dans le diocèse de Limoges plusieurs prieurés : Il cite entre
autres celui d'Altavaux.
Une lettra de M. le conservateur du musée ethnographique du
Trocadéro informe la Société de l'extension qu'il se propose de
donner aux collections consacrées aux diverses provinces de la
France.
11 demande si le Limousin qui, parait^il, n'est jusqu'ici repré-
456 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIUOl'SlN.
seuté dans ces collections que par un barbichetj ne pourrait pas
fournir d'autres vétemonts, outils ou objets caractéristiques.
M. Guibert signale comme particulier au pays, le deboueirodour^
dont les ménagères se servent pour blanchir les châtaignes. D'au-
tres membres parlent de certains bijoux. Il conviendra de revenir
sur ce sujet.
La Société pour l'avancement des sciences tiendra un congrès
à Limoges en 1890. Sur la question posée par un membre, M. le
président déclare qu'il n'a reçu aucun avis concernant ce con-
grès. Il ignore du reste s'il y sera abordé des questions se rappor-
tant à Tobj et ordinaire des éludes de la Société. Ne pourrait-on
pas inviter la Société française d'archéologie à tenir une nouvelle
réunion à Limoges.
M. Guibert fait remarquer que la Société scientifique et histo-
rique de Brive a déjà pris les devants. Il a rencontré récem-
ment, chez M. de Lasteyrie, le président de la Société française,
M. le comte de Marsy, et l'a entendu accueillir, de la façon la
plus favorable, les ouvertures de M. Ernest Rupin.
Au nom du bureau, M. Arbellot propose d'offrir à MM. Emile
Page, président de la Société des sciences, lettres et arts de Tulle,
et Ernest Rupin, président de la Société scientifique et histori-
que de Brive, le titre de membres correspondants. L'un et Tautre
accepteront certainement ce titre comme un témoignage de la
sympathie de la Société archéologique de Limoges pour leur per-
sonne et de son estime pour leurs travaux, et en même temps
comme une nouvelle preuve des sentiments de bonne confrater-
nité qui unissent tous les membres des diverses associations his-
toriques de la province. Cette proposition est adoptée à l'unani-
mité.
Plusieurs découvertes archéologiques ont été faites dans la
région depuis la dernière séance. M. Tabbô Arbellot en entre-
tient la Société.
C'est d'abord celle de la dalle mortuaire d'un chanoine de
Limoges, qui se trouvait engagée dans la maçonnerie du mur du
jubé. Autour de cette pierre où n'est du reste gravée aucune
figure, aucune armoirie, on lit l'inscription : Hicjacet Pelrus de
Beihono, canonicics ecclesiœ Lemovicensis et recior de Selhaco^ qui
obiitdie XVIII mensis decembris UCCCCVIIII (1409); cujus anima
requiescat inpace. Amen.
Dans les environs de Nontron, un ouvrier nommé François
Bernard, a trouvé quarante-sept pièces d'or des xv* et xvi« siè-
cles. 11 y en a de Louis XII, François !•', Henri II, Charles IX,
mêlées à un certain nombre de pièces espagnoles aux efiigies de
PROCÊS-VKRBAUX DES SÉANCES. 457
Ferdinand-le-Calholique et d'Isabelle, de Joaime-la-Folle, de
Philippe II ; on eu remarque une de Jean II de Portugal, une
autre de Henri V d'Angleterre où il est qualifié « roi d'Angle-
terre et de France »; enfin, sur un écu de François I«', celui-ci
porte le titre de « roi de France et duc de Bretagne. »
M. Arbellot signale comme fort intéressant le portail de Téglise
de Sain t-Marlial-de la- Valette (Dordogue). La triple voussure de
ce portail, d'un beau type roman, est couverte de fines sculptures
ea pierre calcaire.
M. Fage présente un intéressant silex à double pointe et sensi-
blement contourné, trouvé par M. Berthonnerie, à La Berthon-
nerie, commune de Saint-Priest-la-Feuille, canton de La Souter-
raine (Creuse).
Dans lo dernier bulletin publié par le Musée impérial autrichien^
M. Leroux a noté un intéressant article sur les plats émaillés de
Limoges, connus sous le nom de gémellions, parce qu'ils se fabri-
quaient toujours par paire. Ils servaient à « donner à laver »,
suivant l'expression consacrée, et l'un d'eux, celui à l'aide duquel
OQ versait l'eau, porte souvent un bec; l'autre servait de cuvette.
L*auteur de cet article, le D' Frimmel, après avoir parlé des
gémeilions de l'église de Conques, des musées de Cluny et du
Louvre, signale une vingtaine de ces objets en Autriche et eu
Allemagne, notamment à Vienne, Dresde, Berlin, Luuebourg,
Meinnberg, Aix-laChapelle, etc. 11 les attribue aux xiu" et xiv»
siècles et leur assigne une origine limousine; mais il croit,
d'aptes rétude qu'il a faite d'un plat semblable conservé au
musée d'Insprtlck, portant des caractères orientaux et apparte-
nant, à son avis, au xii^ siècle, que les orfèvres de Limoges
se sont inspirés d'objets fabriqués en Orient. M. Leroux voudra
bien donner un résumé de cet article pour le Bulletin de la
Société.
Les statuts de la confrérie corporative des tanneurs d'Eymou-
tiers ont été conservés. Ce document appartient au xvii* siècle.
M. Joseph Dubois donne à la Société une intéressante analyse
des statuts dont il s'agit et du volume où il les a découverts. Ce
manuscrit renferme des pièces dont les dates extrêmes sont 1628
et 1669, et a été conservé dans la famille Cramouzaud-Lenfant.
Les tanneurs et corroyeurs étaient nombreux, autrefois, à
Eymoutiers; de là le surnom de Pelauds, donné aux habitants de
cette ville. M. Dubois relève les noms qui figurent le plus sou-
vent sur les listes de membres de la confrérie; ce sont ceux des
Ruben, des Paquet, des Romanet, des Péconnet, des Cramouzaud,
des Nony, des Raymond, des Coutisson, etc.
T. xxxvn. ?0
458 SOCIÉTÉ ARCIIÉOLOGIQQB ET HlSTORIClUK DU LIMOUSIN.
La confrérie est placée sous Tinvocation de la Saiote-Triaité,
comme celle de Limoges, dont M. Astaix possède le précieux
registre. Les bailes, c'est-à-dire les officiers de la confrérie soot
élus, mais on met à Tencan, suivant l'usage, les dignités du jour
de la fête; on procède à cette opération dans une réunion tenue
sous la présidence du curé, et acte est dressé par un noiaire des
enchères et adjudications. Parmi ces dignités, on trouve, à côté
de celles de roi, reine, connétable, porte-enseigne, celle de porte-
image, qui a besoin d'être expliquée, et de connèlablesse^ qui est
absolument inusitée.
L'abus des banquets est signalé par M. Dubois. Les confrères
d'Eymoutiers, en dehors de la fête religieuse annuelle, avait fini
par ne plus se réunir que pour banqueter. Ils avaient cinq repas
par an. La confrérie percevait un droit assez élevé des nouveaux
tanneurs qui s'établissaient et de ceux des confrères qui se
mariaient. Quand un membre de l'association venait à mourir,
chacun des confrères devait faire dire une messe pour le repos de
son âme. Nous avons déjà trouvé cette obligation imposée aux
membres de plusieurs confréries corporatives à Limoges.
M. Dubois a cru devoir inférer d'un article de ces statuts que
les ouvriers, comme les maîtres, pouvaient appartenir à la con-
frérie corporative. M. Guibert pense que l'article cité n'est pas
assez explicite, et l'admission, dans la confiserie, des apprentis,
en général fils de maîtres et probablement tous futurs maîtres,
ne suffît pas à établir que les ouvriers pussent en être membres.
M. Masfrand a communiqué à la Société un très intéressant
mémoire sur la grotte de Corgnac (Dordogne). M. Guibert en
donne lecture. Il appelle l'attention des auditeurs sur les silex, de
formes très variées, dont le dessin accompagne cet article, et
manifeste le désir que celui-ci soit publié dans le Bulletin.
M. Guibert lit ensuite le commencement d'une notice sur le
cartulaire de l'ancienne abbaye cistercienne d'Obazine. Ce pré-
cieux manuscrit, que M. Brunet, ancien ministre, avait bien
voulu lui confier pour figurera l'Exposition de Limoges, en 1886,
a depuis été cédé par son propriétaire à la Bibliothèque nationale.
Il paraît être des dernières années du xii* siècle et renferme le
texte ou l'analyse des chartes souscrites en faveur du monastère
sous l'administration de saint Etienne et de ses quatre succes-
seurs immédiats. M. Guibert note quelques passages intéressants
pour l'histoire du Limousin et un grand nombre d'indications
confirmant ou rectifiant la chronologie des abbés et dignitaires
ecclésiastiques de la contrée.
M. Arbellot entretient à sou tour la Société, de Joseph Chalard,
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCiCS. 459
appelé aussi Joseph du Chalard, né à Saint-Léonard eu 1560. Cha-
lard a le premier donné en français la vie du patron de cette
ville. Son livre, qui a toute la Jiaïveté du temps, et dont
M. Arbellot lit quelques passages, est extrêmement rare. On
n'en connaît qu'un seul ex»)mplaire, celui de la Bibliothèque
nationale; M. Aslaix croit toutefois posséder quelques feuillets
d'un autre. Le litre porte : A Saint- Léonard, pour Etienne Roland.
Y eut-il jamais un imprimeur à Saint-Léonard?
Joseph Chalard a laissé quelques poésies ; on trouve de lui un
sonnet français et une pièce acrostiche en latin, au commence-
ment de la Tragédie de Saint- Jacques, du vénérable Bardon de
Brun, imprimée en 1596, chez Barbou, aux trais de Pierre Gui-
bert. Ce fut à la prière de Joseph Chalard, que Jean Prévôt, du
Dorât, composa sa tragédie de Clolilde.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire général,
Louis GUIBERT.
8EANCK DU 31 JUILLET.
Présidence de II* le ebanolne ARBEIJLOT, Préftldeut.
Sont présents : MM. Arbellot, Astaix, Hervy, Louis Bourdery,
le commandant Dorât, J. Dubois, Fray-Fournier,Gany, Hersant,
Camille Jouhanneaud, A. Judicis et L. Guibert, secrétaire.
Lecture est faite par le secrétaire du procès-verbal de la der-
nière réunion.
M. le président signale à la Société un certain nombre de
communications et d'envois offrant, au point de vue de ses étu-
des spéciales, un intérêt particulier. Ce sont, en premier lieu, le
beau volume de M. René Page, où notre laborieux et sympathi-
que confrère a réuni tant de précieux renseignements sur le
Vieux Tulle, et un fascicule de l'inventaire des archives de la
Ci-euse par MM. Bosvieux, Richard, Duval et Autorde, où Ton
trouve des renseignements intéressants sur beaucoup de familles
du pays.
460 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
M. le chanoine ArboUot, mentionne également le volume des
délibérations du Conseil municipal de Limoges, année 1887 ;
Une brochure de M. Thuot, de Guéret, sur les ruines romaines
de la forêt de Chabrières ;
Les dernières livraisons de la Revue littéraire du Centre;
Un numéro de l'Echo de la Dordogne^ du 15 juillet, renfermant
un intéressant article de M. Dujarric-Descombes, sur Tavant-
dernier volume du Bulletin de la Société;
Deux livraisons du Gay-Lussac, dont la dernière contient la fln
des notes de M. C.^arbouly sur son voyage en Egypte et quel-
(lues pages sur YAnémogène. On sait que cet ingénieux appareil,
inventé par M»^ Rougerie, évêque de Pamiers, sert à la démons-
tration et à la confirmation de la théorie du savant prélat sur la
cause et la production des Vents réguliers.
Communication est également donnée à la Société d'un article
des plus élogieux, consacré par le journal spécial de lExpositiou
du Vatican, au magnifique tableau d'émaux exécuté par
M. Bourdery et offert par le diocèse de Limoges au souverain
pontife, à l'occasion de son jubilé sacerdotal. Une belle gravure
accompagne cet article. M. le président saisit cette occasion de
féliciter, au nom de la Société, l'habile peintre émailleur de la
distinction si bien méritée qui lui a été décernée par Léon XIII:
la croix de chevalier de Saint-Sylvestre. M. Arbellot rappelle
que cette décoration est spécialement destinée aux artistes et aux
hommes de lettres.
En finissant cette revue des principales publications offertes à
la Société, &4. le président remercie tout spécialement M. Jules
Tixier ei M. Louis Bourdery pour l'envoi de'leurs notices relatives
aux monuments historiques dont les plans et dessins figuraient
à l'Exposition de Limoges, en 1886, et aux émaux peints qu'on y
a admirés. 11 donne aussi communication d'un prospectus du
Dictionnaire des Dictionnaires^ importante publication encyclopé-
dique en préparation. C'est Mk»* Paul Guérin qui se propose de
publier ce grand ouvrage.
La Société a perdu depuis sa dernière séance un de ses mem-
bres honoraires, M. Âllou, l'éminent avocat. M. le président
annonce la mort de M. Âllou, retrace en quelques mots cette
honorable et brillante carrière et rappelle quels liens rattachaient
M. Allou à notre province. Il était né à Limoges, où son père
était ingénieur des mines. Ou sait quels services ce dernier a
rendu à l'archéologie limousine et tout le monde connaît et con-
sulte avec fruit sa Description des monuments des différents dges ob-
serves dans le département de la Haute-Vienne. M. Allou, celui qui
FROCèS-VBRBAUX DES SÉANCES. 461
vient de mourir, et dont M. Dubédat a rappelé et caractérisé,
dans le Bulletin de la Société, les plus célèbres plaidoyers, avait
g^ardé peu de relations en Limousin. II y était toutefois revenu
il y a quelques années et avait conservé le meilleur souvenir de
l'accueil qu'il avait reçu dans notre ville : il lègue, dans son tes-
tament, à la bibliothèque des avocats de Limoges, son buste, par
Carrier-Belleuse.
M. Arsène Brouard, botaniste, demeurant à Limoges, rue
Porle-Panet, est présenté comme membre résident, par M. le
chanoine Arbellot et M. L. Guibert.
M. L. Guibert et M. A. Dubois, ancien inspecteur primaire,
présentent comme membre correspondant M. Bellel, instituteur
communal à Saint-Maurice, près La Souterraine (Creuse).
Il sera statué, à la séance d'août, sur ces deux présentations.
M. L. Guibert donne communication à la Société d'une lettre
de M. le préfet delà Haute-Yienne relative aux fanaux funéraires
de Vicq et de Coussac-Bonneval. La Société était intervenue, ainsi
que le Comité des Travaux Historiques, pour conserver ces inté-
ressants édicules. Cette intervention n'a pas eu de succès. La « lan-
terne des morts » de Vicq est démolie, et en ce qui a irait à celle
de Coussac, le Conseil municipal déclare n'avoir pas de ressources
pour la restaurer. La Société a oflert de se charger de la restaura-
tion de ce petit monument, mais à la condition que la propriété
du fanal serait régulièrement concédée soit à la Société archéo-
logique, soit au département de la Haute-Vienne. M. Jules
Tixier, dont ou connaît le zèle et le talent, a bien voulu se char-
ger de cette restauration.
Plusieurs placards fort curieux de la période révolutionnaire
sont mis sous les yeux de la Société par M. Aslaix.
M. Judicis rappelle que le moulage du bas-relief de Saint-
Pierre, représentant le Joyau de la confrérie du Saint-Sacrement,
a été exécuté sous sa direction et est à la disposition de la Société.
Au nom de la commission chargée de dresser le catalogue des
objets mobiliers appartenant à l'Etat, au département, aux com-
munes et établissements publics et offrant un intérêt artistique
et archéologique suffisant pour être classés, conformément à la
loi du 30 mars 1887, M. Guibert donne lecture du rapport résu-
mant le travail de cette commission et de la liste d'objets qui
l'accompagne.
Beaucoup d'objets portés à cette liste donnent lieu à un échange
d'observations et la lecture de ce rapport se prolonge jusqu'à dix
heures.
Le secrétaire général,
Louis Guibert,
463 SOCIÉTÉ ARCDÊOLOGIQrE BT HISTORIQUE PU LIMOUSIN.
SEANCE DU 28 AOUT 1888
Présidence de M. le chanoine AROKU^OT, Président.
Présents : MM. Arbellot, Antoine Thomas, Aslaix, Brisset-
Desisles, J. Dubois, P. Ducourlieux, Hersant, A. Judicis, Alfred
Leroux, C. Marbouly, Paul Mariaux et Louis Guibert, secré-
taire.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
Parmi les ouvrages et publications adressés à la Société de-
puis la séance d'août, M. le président signale le Bulletin de la
Société des lettres, sciences et arts de Tulle, renfermant d'intéres-
sants articles de MM. Decoux-Lagoutte, René Fage et Hugues,
et surtout un travail fort important de M. Eugène Mûntz sur les
peintures de la chapelle de Saint- Martial, au Palais des papes à
Avignon. Ces fresques, dues à un artiste italien d'un assez grand
mérite, représentent les scènes principales do la vie de saint-
Martial, d'après la légende dite « du faux Aurélien ». M. Arbel-
lot relève quelques erreurs de détail qui s'y rencontrent.
La Société des sciences naturelles et archéologiques de Guéret
a également publié une livraison de son bulletin. On y trouve
des articles de MM. de Cessac, Thuot, et quelques pages relatives
à la discussion qui s'est élevée au sujet du lieu de naissance de
Quinault. Les habitants de Felletin ont toujours réclamé le
collaborateur de Lulli comme un de leurs concitoyens; celte
prétention a été combattue par M. Jal, qui assure avoir trouvé
dans les actes des anciens registres paroissiaux des églises de
Paris, des indications suffisantes pour croire que Quinault serait
né dans cette ville. Quelques observations sont échangées sur
Tobjet de ce débat. M. Antoine Thomas dit que, si vraiment,
comme Tassure l'auteur de l'article inséré dans le Bulletin de
la Société de Guéret^ il existe un portrait de Quinault gravé au
xvn* siècle et mentionnant Felletin comme lieu de sa naissance,
ce document fournirait un sérieux appui à la tradition qui fait le
célèbre poète lyrique originaire de cette ville.
Dans les Annales de la Société du GâtinaiSy M. Arbellot a
noté un intéressant article sur le culte de Saint-Mathurin, où
il relève quelques pages sur la relique do ce saint conservée
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. 46)
dans l'église du Vigen, près Limoges. L'article est accompagné
de gravures doat l'une représente le bras-reliquaire que possède
cette église.
A signaler encore, dans le BuUeUn de l'OHèanaiSy un travail
sur les « disques émaillés », et dans celui de la Société de
Nantes, un autre sur les « gémellions ». On voit que partout les
savants s'occupent d'étudier l'œuvre de Limoges.
Le président remercie M. Ducourtieux, qui a offert à la Société
un exemplaire de sa remarquable notice sur les Manuscrits et les
imprimés à l'Exposition de Limoges. Remerciements aîissi à
M, Georges Cihauvet pour l'envoi de son ouvrage : Coup d'œilsur
La période néolithique dans la Charente.
M. Sénemaud, membre de la Société, a bien voulu lui adresser
deux lithographies de Tripon figurant dans la liste des planches
de l'Historique monumental que ne possède pas notre bibliothè-
que. Par malheur, ces dessins appartiennent à la publication en
petit format dont M. Eyma avait écrit le texte. Néanmoins des
remerciements sont adressés à M. Sénemaud.
Le Président rappelle que le tome XXXV du Bulletin de la
Société â paru. M. René Page en a donné un compte rendu très
exact dans le Courrier du Centre.
M. Arbellot communique ensuite, de la part de M. Demars,
curé du Châlenet, des hymnes à la Vierge, écrites sur des lames
de papyrus ou d'un autre tissu ligneux très serré provenant de
Tîle de Ceylan. Ce curieux objet a été trouvé dans le grenier
d'une maison de Saint-Léonard. On a découvert également à
Ghâlussel, sur la limite de la Haute-Vienne et de la Dordogne,
une magnifique pièce de monnaie en or, à l'effigie de Philippe de
Macédoine.
Une lettre de M. Dujarric-Descombes, notaire au Grand-Brassac
(Dordogne), signale un émail peint représentant saint Jean-
Baptiste et signé P. N. (Pierre Noualhier), conservé dans l'église
du Grand-Brassac. M. Louis Guibert croit se rappeler qu'à l'ex-
position de Tulle figurait un saint Jean-Baptisle, eu grisaille,
du même artiste.
MM. Arsène Brouard, naturaliste à Limoges, et Bellet, insti-
tuteur communal à Saint-Maurice (Creuse), présentés à la der-
nière séance, sont admis, au scrutin secret, le premier comme
membre titulaire, et le second comme membre correspondant de
la Société.
MM. Louis Guibert et P. Ducourtieux présentent, comme
membre correspondant, M. Genesteix, ancien notaire, rue du
Petit-Maure» à Poitiers,
464 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTOIUQUR DU LIMOUSIX.
De la pari de M. l'abbé Lecler, M. Louis Guibert communique
à la Société un fort intéressantir/nu^ en argent, avec traces d'une
décoration émaillée bleu et rouge, ayant contenu uue parcelle
du bois de la Yraie Croix, et une jolie buratte en cristal taillé,
qui contenait une dent de saint Léonard. Le tout se trouvait an
sommet du clocher de Saint-Léonard.
L'ordre du jour appelle la lecture de la notice de M. Paul
Ducourtieux sur la vente de la bibliothèque limousine de
M. Auguste Bosvieux. On sait combien Taiicien archiviste de la
Creuse a travaillé en vue do recueillir des notes, d'abord concer-
nant l'histoire de Saint-Yrieix, sa ville natale, ensuite concer-
nant l'histoire et la géographie de la Marche. Ce qu'on connait
moins, c'est le soin avec lequel ce laborieux savant avait composé
sa bibliothèque, où abondaient les livres rares et précieux pour
l'étude du passé de notre province. Le but de Bosvieux était de
dresser un catalogue raisonné de tous les documents imprimés
pouvant se rapporter à cette étude. 11 est mort avant d^avoir
achevé ce grand inventaire; mais les fiches du catalogue de sa
bibliothèque — fiches que le comité de la Bibliothèque de Limo-
ges fit copier il y a quelques années — fourniront bien des don-
nées à l'homme qui entreprendra ce travail.
Il eût été à désirer que cette collection ne fût pas dispersée.
Des tentatives furent faites à diverses reprises pour obtenir qu'elle
fût acquise parla ville de Limoges; mais elles ne purent aboutir.
Au cours des pourparlers qui eurent lieu à cette occasion,
MM. Arbellot, Fage, Ducourtieux, Tandeau de Marsac et
Guibert furent chargés d'étudier le calalogue et de fixer le
prix qui pouvait être oflfert par la ville: ils indiquèrent six mille
francs. Rien n'ayant pu être conclu, la famille se décida, il y a
deux ans, à céder pour 6,500 fr. ou 7,000 fr. a-t-on dit, à
M. Claudin, la précieuse bibliothèque, qui a été vendue aux
enchères, à Paris, au mois de décembre 1887. Cette vente, bien
que faite dans des circonstances peu favorables et à une époque,
semble-t-il, mal choisie, n*en a pas moins produit des résultats au-
dessus de toute attente. Le total des vacations ne s'est pas élevé
à moins de 12,600 fr. Certains volumes ont atteint des prix très
élevés ; ainsi la plus ancienne édition des Coutumes de la Marche a
été adjugée à 645 fr.; les Heures de Limoges , à 545 fr.; les Heures
de Notre-Dame (Barbon, 1582), à 200 fr. ; ï Historique monumental^
de Tripon, à 175 fr. ; la Vie des Saints du Limousin^ de Collin,
à 106 fr. Les deux plus forts acheteurs ont été M. Tandeau de
Marsac, notaire à Paris, et la Bibliothèque communale de Li-
moges, laquelle s'est rendue adjudicataire de 154 ouvrages, payés
2,987 francs.
PROGÈS-VKRBAUX DES SÉANCES. 465
Beaucoup de volumes resteront en Limousin ou du moins
dans des bibliothèques limousines; mais on doit regretter qu*une
collection réunie avec tant de peine, de soin et d'intelligence, en
vue de l'étude de Thistoire de nos contrées, n'ait pas été acquise
tout entière par la Bibliothèque de Limoges.
M. Joseph Dubois esquisse à grands traits l'histoire de l'église
collégiale d'Ëymoûtiers, qui se lie étroitement à l'histoire de
cette intéressante et curieuse ville. Saint Psalmet parait avoir le
pi*emier marqué l'emplacement de celle-ci en établissant sa
cellule sur les bords de la Vienne. Le chapitre est d'origine fort
ancienne. A la fin du x" siècle, des religieux furent installés à
Bymoûtiers par un évoque de Limoges; il est probable qu'ils y
remplaçaient d'anciens chanoines. Cette communauté, d*ailleurs,
ne s^s maintint pas longtemps : le chapitre fut rétabli ou établi au
commencement du xi* siècle. Il compta jusqu'à trente membres;
ce nombre, au xviii» siècle, était réduit de moitié.
La fondation du collège d'Ëymoûtiers paraît due aux chanoines.
Tout au moins rencoutre-t-on des legs et donations faits par plu-
sieurs d'entre eux à son proGt.
M. Dubois décrit la grande église qui est restée le principal
monument d'Ëymoûtiers et du c:iuton; il parle de ses stalles
sculptées, de ses magnifiques vitraux du xv* siècle, qu'on tient
pour les plus beaux de tout le Limousin.
Les savants du Périgord semblent avoir juré de prendre au
Limousin, l'une après Tautre, t(mtes ses illustrations. M. l'abbé
Pergot, curé de Terrasson, tentait naguère de nous enlever saint
Yaast. C'est maintenant le tour de M. Dujarric-Descombes, qui
veut arracher à Eymoûtiers Gabriel Ruben, pour le donnera
Nontron. M. Tabbé Arbellot qui s'est donné la mission de veiller
sur nos gloires limousines, réfute la thèse de M. Dujarric-
Descombes plus aisément encore qu'il u'aréfuté celle de M. l'abbé
Pergot. 11 rappelle que le chanoine Gollin, contemporain de
Gabriel Ruben, place celui-ci parmi les Limousins célèbres, et le
fait naître à Eymoûtiers. Gabriel Ruben lui-même, dans l'épi-
taphe de son frère, dit expressément que celui-ci est natif d'Ëy-
moûtiers. La tradition constante de cette origine a été confirmée
au dernier siècle par les témoignages de l'abbé Dutheil, curé
d'Ëymoûtiers, et du savant abbé Nadaud, curé de Teyjac, — de
la paroisse, précisément, dont M. Dujarric-Descombes veut faire
le lieu de naissance de Gabriel Ruben.
C'est un écrivain de 1 Oratoire, le P. Battarel, qui, le premier,
a écrit que Gabriel Ruben était originaire de Treijac {sic). Il a
pu être induit en erreur par ce fait que Jacques Ruben, frère de
466 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Gabriel, était mort, en effet, à Teyjac. Mais cette erreur, copiée
par l'abbé Tabaraud, ne fournit pas un fondement suffisant aux
prétentions de nos voisins. Il y a, au xtii* siècle, des Ruben à
Nontron et à Teyjac ; mais on en connaît à Eymoûtiers dès
lexv«.
M. Guibertaété chargé par M. de Senneville de donner quel-
ques indications à la Société archéologique sur l'étal d'avance-
ment de son travail relatif au cartiilaire du prieuré d'Aureil, dont
M. Senneville veut bien préparer la publication. Il y joindra, sur
la demande qui lui en a été faite, le cartulaire de l'Artige, très
court et se rapportant à la môme période. Les chartes sont copiées,
classées, annotées et l'introduction rédigée en partie. M. Guiberi
donne lecture de quelques pages de cette introduction. Elles ont
trait à l'état matériel du manuscrit, à sa date, etc. M. de Senne-
ville, entre autres questions, se pose celle-ci : le cartulaire
d'Aureil est-il delà main même de saint Gaucher, fondateur du
prieuré, comme on l'a prétendu? Il estime que non ; on ne sau-
rait toutefois douter que ce cartulaire ne remonte au temps de
saint Gaucher ou aux premières années de l'administration de
son successeur.
l^ comité de publication de la Société se propose de faire
paraître les cartulaires d'Aureil et de l'Artige aussitôt après Tim-
pression de celui de Vigeois, dont s'occupe M. B. de Montégut. Ce
dernier formera, i moins de contre-temps imprévu, l'unique
livraison du Bulletin de 1889. Tout le texte est imprimé.
Une question est posée au Secrétaire général, au sujet de la
publication, depuis si longtemps réclamée, de l'ancien cartu-
laire du Consulat de Limoges. Répondant à cette interpellaliou,
M. Guibert rappelle qu'en 1877, M. Gustave Beaure d'Augères
a bien voulu se charger de cette laborieuse tâche. Le registre a
été intégralement copié, avec beaucoup de soin ; le travail d an-
notation doit être fort avancé, et il y a lieu d'espérer que
M. Beaure d'Augères ne tardera pas à faire part à la Société de
ses vues relativement à cette importante publication.
Le Secrétaire général,
Louis GUIBBRT.
FftOCBS-VERBAUX DK8 SÉANCCS. 467
SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1888.
I^r^sldence de M. le chanoine A.RBKIJL<OT» Président.
Présents: MM. Arbellot, Astaix, Hervy,Cournuéjouls, Ducour-
lieux, René Page, Fray-Fournier, Hersant, Cam. Jouhaiineaud,
Judicis, l'abbé Lecler, Alfred Leroux, P. Mariaux, le chanoine
Tandeau de Marsac et Louis Guibert, secrétaire
M. le président donne communication des ouvrages et publi-
cations reçus depuis la dernière séance; il mentionne entre
autres le recueil de Livres de raison limousins et marchais,
publié par MM. Louis Guibert, Alfred Leroux, de Cessac et
l'abbé Lecler, renfermant des documents précieux pour l'histoire
de la famille et des mœurs dans notre province ; — des lettres iné-
dites de notre célèbre compatriote, Marc-Antoine Muret, décou-
vertes par M. A. Bertolotti, archiviste de TÉtat, à Mantoue; une
notice sur les Peintures de l'autel de Saint-Victurnien et une autre
sur ï Ecole d* orfèvrerie monastique de Grandmont et sur l'autel ma-
jeur de l'abbaye, par M. Louis Guibert; une étude sur le château
de Maroile en Périgord, par M. Dujarric-Descombes, avec un
beau dessin de M. de Verneilh; un remarquable article sur le
poète « séraphique », Martial de Brive, par M. Clément Simon,
dans le Bulletin de la Société scientifique et historique de Brive;
diverses publications de MM. Leroux et René Fage, dans le Bulle-
tin de la Société des lettres, sciences et arts de Talle; un travail sur
le Graduel de la Bibliothèque commun île de Limoges et plusieurs
autres communications de M. Louis Guibert dans le Bulletin du
comité des travaux historiques, etc., etc.
On a signalé Texistence d'un certain nombre de lumuli à
Lafaye, près Quinsac, à quatre kilomètres environ de Saint-
Yrieix. M. le Président donne quelques détails à ce sujet.
M. le Ministre de l'instruction publique a adressé à la Société
la liste des sujets sur lesquels le comité des travaux historiques
appelle l'attention des sociétés savantes, et qu'il désirerait voir
traiter à la prochaine i*éunion annuelle de la Sorbonne. 11 en
sera donné lecture à la séance de novembre.
Le conseil municipal de Coussac-Bonneval a, comme le lui
avait proposé la Société, abandonné à celle-ci la propriété du
fanal funéraire qui existe au bourg, à la charge de réparer et
d'entretenir ce petit monument. La délibération a été approuvée
par M. le Préfet. M. Jules Tixier est allé récemment à Goussac
468 SOCIÉTÉ auchAologique et historique do limousin.
pour étudier Tétat du fanal et établir un devis des réparations
nécessaires.
M. Louis Guiberl communique, de la part de M. Bellel, mem-
bre correspondant, deux documents originaux : une petite charte
de 1215, relatant un don fait au couvent de La Saulière, sous le
sceau de Guillaume de Malemort, et une bulle de Clément VI,
approuvant l'union à la manse abbatiale de Saint-Martial, de la
prévôté de Pauazol ou des Sécherres, union prononcée en 1339
par Roger, évêque de Limoges.
M. Louis Guibert fait passer sous les yeux de la Société un
beau dessin de M. Bouidery, représentant la vierge-dyptique de
M. Hugonneau-Beauffet, curé de Dournazac.
M. Paul Genesleix, ancien notaire à Poitiers, présenté à la
dernière séance, est élu membre correspondant au scrutin secret.
M. Raynaud, directeur d'assurances, vice-consuldu Portugal, est
présenté comme membre titulaire parMM . Judicis et Louis Guibert.
Au cours des travaux de terrassement qui ont été récemment
exécutés â Limoges, dans la région de la Croix- Verte et des
Palisses, auprès de l'embranchement des deux lignes, les ouvriers
ont trouvé des vestiges intéressants de constructions appartenant
â Tépoque gallo-romaine. M. Ducourtieux, qui a relevé avec
soin ces découvertes, en entretient la Société.
La plus importante consiste en socles et fiUs appartenant à une
vingtaine de colonnes, d'un diamètre moyen de îiO centimètres,
formant une seule rangée et dont une partie était encore debout.
On a trouvé également une sorte de puits où viennent se dé-
verser à diverses hauteurs, des conduites d'eau; les restes d'une
chaussée remblayée dès une époque très reculée; des tuyaux
d'appareils calorifères en briques; des pièces de monnaie, au
nombre desquelles un grand bronze do Néron, très beau; trois
vases à col étroit et une quantité considérable de fragments de
poterie dont M. Ducourtieux et M. Hersant présentent de nom-
breux et intéressants échantillons. Nous y retrouvons les chasses,
lespersonnages jouant de la flûte et le décor un peu surchargé
des vases recueillis du côté de la nouvelle route d'Aixe.
L'ordre du jour appelle la communication de M. l'abbé Lecler,
relative à des monnaies d'or trouvées à diverses époques et sur
différents points de notre ville. M. Lecler fait passer sons les
yeux de la Société plusieurs de ces pièces, d'une remarquable
conservation : on en distingue une pi-ésentant d'un côté une
image de saint Jean-Baptiste, vêtu d'un manteau à poils hérissés,
et de l'autre une grande fleur de lys fleuronnée. Notre Musée
possède plusieurs exemplaires de ce type. D'autres sont des écus
à la Couronne, frappés sous le règne de Charles VI parle partidu
\
PROCfts-VERBAUX DES SÉANCES. 469
Dauphin; la plus récente appartient au règne de Louis XIII
et porte la date de 1629.
M. Leroux a cherché à déterminer à qui nous devons le pre-
mier contexte des Annales françaises de Limoges^ et par quels
apports successifs ont été constituées ces annales, dans l'état où
les ont publiées, en 1872, MM. Ruben, Achard et Ducourtieux.
L'étude attentive qu'il a faite de cet ouvrage et les recherches
auxquelles il s'est livré, Font conduit aux conclusions suivantes,
qu*il développe en les appuyant, les unes de preuves positives,
les autres d'indications en établissant au moins la probabilité.
Le premier auteur de ces annales, Jean de Lavaud, procureur
au siège présidiai de Limoges, a d'abord traduit, en dialecte
limousin, une chronique latine du xiv« siècle, proveuant de
l'abbaye de Saint-Martial; puis il a reproduit cette chronique en
français et l'a poussée jusqu'en 1538, date de la sécularisation de
la grande abbaye. Sur le tard de sa vie, il compléta son travail
sous le titre de Rectteil des Antiquités de Limoges et donna diverses
listes de proconsuls, de vicomtes, qu*on retrouve trente ans plus
tard dans les manuscrits de Tavocat Etienne Guibert.
Un anonyme, qui avait consulté les sources et connaissait de
précieux documents, reût ce travail sur de nouveaux frais.
M. Leroux a cru un instant pouvoir attribuer ce remaniement à
Razès, vicaire de 1603 à 1631 à Saint-Pierre-du-Queyroix. Mais
il semble plus probable qu'à cette partie ou plutôt à cette phase
de la composition de nos annales, on doit attacher le nom du
chanoine Bandel, grand vicaire et officiai de Limoges, né en
1570 à Grandmant, auteur d'un Traité de la dévotion dis anciens
chrétiens à saint Martial^ et qui, au témoignage de CoUin et de
Baluze et au sien propre, avait copié les annales de Lavaud. Il
conduisit ces annales jusqu'en 1556.
Les récits mouvementés qui se rapportent à la période de 1560
à 1594, et qui semblent être Tœuvre d'un témoin oculaire, sont
peut-être un abrégé de cette Historia Lemovicum, de Nicolas de
Tralage, 'aujourd'hui perdue. Enfin, les morceaux ayant trait
aux années 1594 à 1632, pourraient être mis à Tactif, soit du
vicaire Razès, soit du chanoine de Cordes. Jean Bandel, qui
peul-étre les avait coliigées, y ajouta sans doute quelques notes.
Après la communication, par M. Jjouis Guibert, de deux
pièces fournissant des indications précises de nature à modifier
certaines parties de la biographie de Tabbé Joseph Nadaud,
la séance est levée à dix heures et demie.
Le Secértaire général,
Louis GuiBBFiT.
f
470 SOClèTÉ ARCH6OLOCIQUB ET niSTOtlQUB DU LIMOI 81N.
SEANCE DU 27 NOVEMBRE 1888.
Présidence de M* le chanoine, AROBEiI^OX Président.
Présents : MM. Arbellol, Astaix, Hervy, J.-B. Champeval,
Cournuéjoals, commandant Dorai, J, Dubois, Ducourlieux, R.
Fage, Fray-Fournier, Gany, Gilbert, Judicis, G. Jouhaunaud,
abbé A. Leclerc, A. Leroux, P. Mariaux, Nivel-Foutaubert, C.
Yergniaud et L. Guibert, secrétaire.
Lecture est donnée par le secrétaire du procès-verbal de la
dernière réunion, gui est adopté, après échange de quelques
observations entre M. Judicis et M. Ducourtieux, au sujet des
récentes découvertes faites dans les terrains de la Croix- Verte
et des Palisses, à Limoges. M. Judicis s'étonne qu'on n*ait pas
trouvé, au dessous des fragments de colonnes rencontrés près de
la jonction des deux lignes, une base quelconque, un massif
de maçonnerie; de plus, il paraîtrait que, contrairement à ce
qui avait été dit d'abord, aucune colonne n'était debout : toutes
étaient couchées, dans la même direction, il est vrai, mais eo
morceaux. Il faut conclure, de ces constatations, que le terrain
où on les a découvertes n'était pas l'emplacement même de
l'édifice auquel elles appartenaient; elles ont été transportées là
et y ont été abandonnées, on ne peut dire dans quelles circons-
tances.
Une observation faite par M. Arbellot à l'occasion d'un passage
du procès-verbal relatif à la lecture de M. Leroux sur les sources
et les premiers auteurs des knnaU^ françaises de Limoges^
amène M. Leroux à rappeler que la continuation du travail
historique de Bernard Gui existe à la Bibliothèque vaticane, à
Rome.
Passant en revue les publications les plus intéressantes reçues
depuis la dernière réunion, M. le président signale tout parti-
culièrement une brochure de M. Emile Du Boys : Un Magistrat
du xvi* siècle^ renfermant des lettres inédiles de Siméou Du Boys,
et une notice sur ce personnage, qui joua un rôle si considérable
de sou temps; le récit du voyage de la Société Gf.y-Lussac
en Auvergne, écrit d'une plume agréable autant que facile par
M. Paul Garrigou-Lagrange et accompagne de cTmnnaate cro-
procrs-veubaux dks séaitces. 471
quis de M. Jules Tixier; ÏAnnuaire-Àlmanach de la Creuse, pour
1889, publié par M. Paul Ducourtieux et où se trouve la suite
du Dictionruiire topographiquey archéologique et historique de la
Creuse, de Tabbé Lecler.
Après avoir donné lecture d'un compte rendu consacré par le
Polybihlion au dernier volume du Bulletin, M. le président com-
muuique la circulaire de M. le ministre de l'instruction publi-
que, relative â la réunion des Sociétés savantes en 1889 et aux
sujets sur lesquels le comité des travaux historiques appelle de
préférence Tatlention des habitués des congrès annuels.
M. Raynaud, directeur d'assurances, vice-consul du Portugal,
présenté à la dernière réunion, est admis, au scrutin secret,
comme membre titulaire.
L'ordre du jour appelle la suite de la lecture de M. Leroux sur
les Annales françaises de Limoges. L'obligeance bienveillante de
M. 6. Tandeau de Marsac, notaire à Paris, dont la riche collec-
tion est bien connne, a permis à M. Leroux d^étudier un pré-
cieux manuscrit de ces Annales. Ce volume, acquis par M. de
Marsac, en même temps que ÏHistoire de Grandmont, de l'abbé
Legros, et annoté du reste par ce dernier, provient évidemment
des i)apiers du laborieux érudit, aujourd'hui en la possession des
prêtres de Saint-Sulpice de notre séminaire. M. Leroux y recon-
naît une copie des Annales de Jean de Lavaud, continuées par
le prêtre Razès, dont la paternité est attestée par une note du
continuateur.
Le cinquième livre est tout entier une addition et on peut
attribuer à Razès lui-même tout ce qui. est postérieur à 1603 et
qui paraît être un travail original. Razès, comme plus tard
Pierre Mesnagier, s'est contenté de continuer Lavaud, sans le
modifier. C'est en cela que l'œuvre de l'un et de l'autre diffère
de l'œuvre de Bandel : celui-ci, en effet, a remanié et amplifié
Lavaud. Le manuscrit de la bibliothèque de M. Tandeau de
Marsac mériterait d'être copié eu entier et publié.
Prenant occasion de la lecture de M. Leroux, M. le président
rappelle que les savants ne se contentent plus du témoignage des
chroniqueurs, mais s'efforcent de remonter aux sources des chro-
niques elles-mêmes et de retrouver les écrits primitifs qui ont
inspiré leurs auteurs. C'est ainsi qu'il a paru, en Allemagne, un
important travail sur les sources de l'œuvre de Grégoire de
Tours.
Dans sa notice sur Vitrac, M. Arbellot fait remarquer qu'en
tête do son Eloge de Marc-Antoine Murets figure un prétendu por-
trait de Muret, portant l'indication : /. Hainzelman ad vivum
473 SOCIÉTÉ arcbéologiniije et historique ou limousin.
deL et se. àParis^ 1681. De quelpersoaaage la gravure d*Haiiizel-
raan nous conserve-l-eile les Irails? M- Emile Du Boys croit
avoir trouvé la solutiou de ce petit problème. Dans une intéres-
sante note. adressée à la Société, il émet l'hypothèse que ce portrait
pourrait être celui de Pierre Muret, littérateur français, né à
Cannes, attaché à l'ambassade d'Espagne en 1666 et en 1667, mort
vers 1690.
M. Guibert communique à la Société une notice de M. Mas-
frand, de Rochechouart, sur le tumulus de Lascaux, commune
de Saint-Gyr. Outre une grande urne cinéraire de 45 centimètres
de hauteur, on y a trouvé trois autres vases dont un fort beau,
orné d'un décora chevrons, et des ossements môles de charbons.
Cette sépulture, comme le tumulus de la forêt de Rochechouart,
déjà fouillé par M. Masfrand, paraît appartenir à la fin de
l'époque du bronze.
L'histoire de Tinstruction en France est loin d'être faite ; celle
de Tinstruction en Limousin a été esquissée à peine. M. Guibert
a entrepris de recueillir ce qu'on en sait aujourd'hui. Il rappelle
la barbarie et l'ignorance des populations après la conquête fran-
que; les efiorts faiis par l'Eglise pour instruire le peuple, la pre-
mière renaissance des études sous les auspices de Gharlemagne.
Dès la fin du x* siècle il constate l'existence de l'école épiscopale
de Limoges et trouve, dans tous les monastères du pays, des
revenus et des prébendes destinés à l'entretien des écoles. L'au-
torité ecclésiastique dirige l'enseignement public. Toutefois, les
corps municipaux des villes s'afiranchissent plus ou moins com-
plètement de cette tutelle. M. Guibert parle des grandes écoles de
Limoges, de Drive et des écoles plus modestes dont il a pu cons-
tater l'existence. Il finit en disant un mot des collèges. Celui des
Jésuites de Limoges compta plus d'un millier d'élèves vers 1620 ;
celui de Tulle n'en avait pas moins de cinq cents en 1622. Sans
parler des établissements spéciaux de Paris et de Toulouse où
des places étaient réservées aux enfants de notre province, il
n'existait pas moins de vingt-quatre ou vingt-cinq collèges dans la
Marche et le Limousin. La plupart, il est vrai, étaient de peu d'im-
portance et le programme de l'enseignement devait y être assez
limité.
L'histoire des petites écoles est plus difiicile à saisir que celle
des collèges. Hors des villes et sauf dans quelques bourgs où la
communauté des habitants paraît avoir organisé elle-même
récole, avec le concours de personnes charitables, la plupart des
maîtres sont nommés par l'évêque. Tous doivent être approuvés
et autorisés par lui. Ils sont placés sous la surveillance des ecclé-
siastiques chargés de la visite des paroisses.
PROCÂS*VERBAUX DBS SÉANCES^ 473
M. Guibert arrête là sa lecture. 11 donnera à la prochaine
réanion quelques renseignements sur les écoles de campagnes
el sur les établissements consacrés à l'inslructiou des filles.
Le dernier mardi de décembre coïncidant avec la fêle de Noël,
la réunion du mois prochain aura lieu, suivant l'usage, le ven-
dredi d'après, 28 décembre.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire général,
Louis GUIBBRT.
SEANCE DU 28 DECEMBRE 18'<8
Présidence de M. le chanoine AltBEEiLiOT» PréMldent.
Présents : MM. Arbellot, Astaix, E. Hervy, Bourdery, de
Bruchard, Cournuéjouls, P. Ducourtieux, Judicis, A. Leroux, L.
Moufle, Nivet-Fonlaubert, chanoine Tandeau de Marsac, C. Ver-
gniaud et L. Guibert, secrétaire.
Après la lecture et ladoplion du procès-verbal de la dernière
séance, M. le président signale à la Société les ouvrages reçus
depuis la fin de novembre.
Il mentionne, tout spécialement, les Almanachs limousins pour
la Haute- Vienne et pour laCorrèze, offerts par l'éditeur, M. Paul
Ducourtieux, et dont la partie historique sera, comme d'habi-
tude, lue avec un vif intérêt ; dans le Gay-Litssac, les articles de
MM. Cantillon de Trament et René Fage sur l'excui'sion faite par
la Société Gay-Lussac en Périgord, et les gracieux dessins de
M. Jules Tixior qui accompagnent le premier de ces articles;
dans la même revue, quelques pages de M. Masfrand, de Roche-
chouart, sur la grotte sépulcrale de Corgnac; — un compte-
rendu de la notice sur les Mises au tombeau, de M. l'abbé Lecler,
publié dans la Revue de l'art chrétien, par Mgr Barbier de Mon-
tault; — un autre opuscule de Mgr Barbier de Montault sur le
transport du Saint-Sacrement quand le Pape voyage; enfin, quel-
ques notes de M. Emile Du Boys insérées dans le Bulletin du
Bibliophile, et accompagnant une notice d'Auguste Du Boys sur
le poète Jacques Daurat.
T. XXXVII 31
474 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIUOt)Sl?f.
M. Dubédat» membre honoraire de la Sociélé, a bieu voulu lui
adresser un exemplaire de la réimpression d*une curieuse pla-
quette iutitulée : Récit véritable des choses étranges et prodigiewes
arrivées en l'exécution de trois sorciers^ à Limoges^ 1630. Ce rare
opuscule, dont la Bibliothèque nationale et plusieurs bibliothè-
ques particulières possèdent des exemplaires, rapporte les détails
de la triple exécution qui eut lieu au creux des Arènes à cette
date. Trois malheureux paysans d'Erain, près le château de
Rochefort, paroisse de Séreilhac, nommés Paulier, Galletou et
/ûSAOi*; furent pendus comme sorciers avérés; on prétendit que
le diable, sous la forme d'une mouche énorme, était sorti de
Toreille de Paulier, et avait failli faire rouler au bas de l'échelle
le bourreau terrifié. Pierre Robert pourrait bien être l'auteur do
cette narration.
Il n'existe pas,, dans tout le Limousin, de monumeut de la
Renaissance aussi précieux que le Jubé de la Cathédrale de
Limoges. On a dû récemment le déplacer pour dégager la nef
qu'il obstruait et le transporter à l'entrée de l'église, contre le
narthex. Il y a cent ans, un transfèrement analogue avait causé
à Ci»tte magnifique page de sculpture d'assez graves dégâts. Le
déplacement auquel on procède eq ce momept s'opère avec lout
Je soin possible ; mais il ne s'eifectue/'a pas sans une assez grosse
dépense. Mgr l'évéque de Limoges a écrit à la Société archéolo-
gique pour demander son concgurs ; M. le président donne lec-
ture de la lettre de Mgr Renouard.
La Société a voté naguère, à titre tout exceptionnel, une allo-
cation de 1,000 francs pour l'achèvement de la cathédrale ; la
subvention de l'Etat dont elle jouissait lui ayant été retirée, elle
ne saurait aujourd'hui, malgré tout l'intérêt qu'elle attache aux
travaux du jubé, renouveler une libéralité trop peu en rapport
avec l'état de ses ressourcus ; elle tiendrait cependant à marquer
sa respectueuse déférence au désir de Mgr Renouard et à s'asso-
cier, au moins par un témoignage de sympathie, à l'œuvre pour
•laquelle son concours est réclamé.
M. Guibert rappelle que 100 francs ont été alloués pour la res-
tauration du clocher de Saint-Léonard et propose de voter pareille
somme. Cette proposition est adopiée. M. le président voudra
bieu en informer Mgr l'évéque de Limoges et lui exprimer le vif
regret qu'éprouve la Société de lui envoyer une aussi niodeste
oQ'rande : ses ressources disponibles ne sont pas à la hauteur de
son bon vouloir.
M. le président annonce à la Société la mort réceute de
M. Duplès-Agier, membre correspondant, et rappelle Timponaai
PROCKS-VCHBAUX DBS Sb'ANCES. 475
service que ce laborieux érudit a rendu à Thistoire limousine en
publiant les chroniques de Tabbaye de Saint-Marlial.
De la part de M. Bouillaud, vicaire de Saint-Pierre, M. Tan-
deau de Marsac offre à la Société une petite pièce d'argent avec
la lôte barbue de saint Martial (de celles qu'on appelait barbarins,
barbariniy barbata moneta). M. Astaix l'examine et la trouve con-
forme au type d'un grand nombre de pièces de même espèce
découvertes naguère dans un vieux mur à Saint- Yrieix.
M. Arbellot présente à la Société deux curieuses statuettes en
bronze provenant du pays des Ashantis.
M. L. Guibert a été chargé par M. Paul Lagrange, demeurant
au Masrévéry,' d'informer la Société d'une inlérei^sante trouvaille
récemmentfaile sur les limites des communes de Saint-Léonard
et de La Geneytouse : on a mis au jour plusieurs pierres, trois
au moins, présentant une cavité qui renfermait de belles urnes
en verre et de petits vases de terre. Dans les urnes se trouvaient
des charbons et des ossements ; l'une d'elles contenait, en outre,
une bague sans chaton et plusieurs feuilles de laurier en or.
Une seule médaille a été découverte, M. Lagrange ne Pavait
pas vue et n'a pu dire à quelle efïîgie elle avait été frappée.
Ces vases funéraires supportaient des couvercles en forme de
cônes ou de pommes de pin analogues à ceux déjà signalés à
Bersac et ailleurs.
L'ordre du jour appelle le compte-rendu de la gestion du tré-
sorier pour l'exercice de 4888. M. BôurJery, trésorier, constate
que les cotisations ont été payées avec régularité, et que cinq
seulement restent .arriérées. La situation financière est, en
somme, satisfaisante, et malgré les frais occasionnés par la publi-
cation du Bulletin exceptionnel consacré à l'Exposition de
Limoges de 1886, la réserve s'est notablement accrue.
Toutefois, le chiffre de l'actif au 31 décembre 1888 ne doit pas
faire illusion. La Société a des engagements à remplir, qui
absorberont une notable partie de cet actif; elle a touché une
subvention du ministère pour la publication du cartulaire de
Vigeois, dont Timpression n'est pas encore terminée ; son Bulletin
a plus d*une année de relard ; enfin, il y aura sous peu à payer à
l'imprimeur le quatrième volume, actuellement sous presse, des
Registres consulaires^ volume pour lequel l'allocation du Conseil
municipal a été intégralement versée. Il convient donc de ne pas
se départir d'une stricte économie.
_ M. Bourdery résume par les chiffres suivants les opérations de
l'exercice 1888 et l'état des finances de la Société archéologique ;
i76 SOCIKTÊ AP.CHi^.OLOGltiUE ET B1ST0R100K DO LIMOUSIN.
RECETTES.
l"" Cent quarante colisation^ de membres titu-
laires pour I88S 2.100 »
2*» Quarante-cinq cotisations de membres corres-
pondants pour 1888 315 »
3° Cotisations arriérées 1 .453 »
4® Subvention du Conseil général 500 »
5*> Allocation de la ville de Limoges pour la publi-
cation des Registres consulaires » >»
6° Produit de la vente des bulletins et publications
de la Société 303 50
?• Intérêts d'argentet boni sur frais d'encaissement. 34 35
Total des receltes 4.705 85
DÉPENSES.
1<» Impression du Bulletin 3.668 50
2*> Publication des Registres consulaires » »
3" Allocations à des publications d'histoire locale. . 150 »
4« Hibliothèquo de la Société : acquisitions, abon-
nements, reliure, rayonnage 121 25
5° Appointements de l'encaisseur 100 »
6^ Chauffage, éclairage, service des séances 66 60
7" Ports, fournitures, diplômes, impressions et
divers 403 80
Total des dépenses 4.510 15
D'où un excédent de recettes de 195 fr. 70 : l'avoir de la
Société se trouve porté à 5,542 fr. 05, sans y comprendre le mon-
tant de la créance Renon (670 francs).
M. le président remercie, au nom de la Société, M. Bourdery
de son comple-i'endu et le félicite des résultats qui a obtenus. Us
sont dûs sans doute à la bonne volonté de tout le monde, mais
avant tout à la sollicitude et au zèle du trésorier. Une bonne
gestion fluancière est la condition indispensable de la prospérité
d'une Société.
M. Bourdery continuera à mériter la gratitude de ses collè-
gues en donnant ses soins dévoués à l'important service dont il a
bien voulu accepter la charge.
M. le chanoine Arbellot évoque une mémoire bien oubliée : I^
Dorât n'a pas assez gardé le souvenir d'un de ses enfants, Jean
Prévost, qui cependant mérite l'attention des érudits et des litté*
rateurs.
PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES. VTJ
Prévost était avocat et se délassait des travaux du barreau eu
cultivant la poésie. Père de quatre enfants et daus une position
de fortune médiocro, le poète recueillit un héritage qui devint
pour lui la source de toutes sortes de tribulations; il eut même
des démêlés à ce sujet avec la justice et fut jeté en prison.
Mort à Paris en 1622, Prévost a laissé deux volumes de poésies
devenues fort rares.
M. Àrbellot, qui les à trouvés dans la riche bibliothèque de
M. 6. Tandeau de Marsac, notaire à Paris, donne un aperçu de
leur contenu. Le premier, imprimé en 1610, par Robert Eslienne,
renferme notamment la' traduction en vers d^une Imprécation
contre le parricide^ poème latin composé par Nicolas Bourbon, à
Toccasion de l'assassinat d'Henri lY. Le second, paru à Poitiers,
chez Julian Taureau, en 1613-1614, renferme des tragédies,
une apothéose d'Henri IV, enfin, sous le titre de Bocage, un
recueil de poésies diverses. M. Arbellot lit quelques passages do
la tragédie de Tumus et de celle de Clotitde. Le sujet de cette der-
nière, composée sur la demande de Joseph Chalard, de Saint-
Léonard, est emprunté à la vie du patron de cette ville. Prévost
met en scène l'heureuse délivrance de la reine des Francs à la
prière de Termite de Noblat.
M. Guibert continue la lecture de sa notice sur Y Instruction
primaire en Limoitsin avant 17^9. Il cire quelques pièces relatives
à rintervenlion des communautés rurales soit dans le choix de
l'instituteur ou la fixation de ses honoraires, soit dans la fonda-
tion même et Torganisation de l'école. Il constate qu'on ne
trouve pas, en dehors des monastères, de traces de Texistence
d'anciennes écoles de filles. L'honneur d*avoir établi dans nos
contrées l'instruction primaire pour les filles des classes labo-
rieuses, revient aux Ursulines, qui jouirent, dans la province,
d'une grande popularité et qui, après les débuts les plus modes-
tes, comptèrent jusqu'à trois cents religieuses, réparties entre
quinze ou vingt maisons, dans les deux diocèses de Limoges et
de Tulle.
M. Guibert fait ensuite, sous le bénéfice des plus expresses
réserves, un essai de statistique de l'instruction primaire dans la
Haute- Vienne, entre les dates extrêmes de 1600 et )850.
Le Secrétaire général^
Louis GUXBBHT.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU MOMENT DE LA PUBLICATION DU BULLETIN
BUREAU.
Président-né. — M. le Pbéfet de la Haule-Vienne(4).
Président. — M. Tabbô Arbellot, A. y f .
Vice-Présidents, ■— MM. Astaix, ijfe, 1. P. y, Hervy (Emile) el Garhicou-
Lagrange (Joseph).
Secrétaire général, — M. Guibert (Louis), A. y.
Trésorier, — M. Bourdery (Louis), ^.
Secrétaire. — M. Fagk (René), A. y.
Bibliothécaire- archioiste, — M. Leroux (Alfred), A. i^.
Adjoints, — MM. Moufle (Léonard) ei Marbouty (Camille).
CONSEIL D'ADMlNISTRATlOiN.
MM. les Membres du Bureau.
M. Tabbé Tandeau de Marsac.
M. DucouRTiEUx (Paul), A. ^.
M. Nivet-Fontaubert.
COMITÉ DE PUBLICATION.
MM. LE Pr^.sinent, les Vice-Présidents, le Secrétaire général.
M. Leroux (Alfred), A. i^,
M. Tabbé Lecler.
M. JouHANNBAUD (Camille).
M. Beaure o*Augères (J.-B.-Guslave).
M. TixiER (Jules).
Commission chargée de la publication des Registres consulaires de la
ville de Limoges,
M. GuiBERT (Louis), Secrétaire général de la Société.
M. DE Brqchard (Jean).
M. Fougeras-Lavergnolle (Gaston).
M. Marbouty (Camille).
M. Mariaux (Paul).
H. Moufle (Léonard).
(1) La Société a été fondée le 26 décembre 1845, et s'est constituée à la saite de la nomina-
tion d'une commission pour la recherche, l'étude et la conservation des monuments histo-
riques, désignée, le 3 du même mois, par M. L. liiorisot, préfet de la Haute* Vienne.
LISTE DES 3lEliBRKS. 479
MEMBRES RÉSIDANTS
MM.
Arbkllot (l'abbé), A. ^ f , chanoine de Limoges, correspondanl honoraire
du Comité des travaux historiques, boulevard de la Corderie, 49.
AsTAix >{>, I. P. ^, directeur honoraire de l'Ecole de médecine, 8, rue
Pont-Hérisson.
NivKT-FoNTAUBERT, aucieu directeur d'assurances, à Aixe-sur-Vienne.
PouYAT (Emile) ij^, négociant, S, cours Jourdan.
Drisset (Frédéric), ancien juge au tribunal civil, boulevard de la Promenade.
Graves (le comte de), propriétaire, à Verneuil-sur-Vienne.
DuvERT DE LA Gabie, propriétaire, maire de Verneuil-sur- Vienne.
UoGUES DE FuRSAC (Vîclor), notaire, à Aixe-sur-Vienne.
Lbclsr (l'abbé), curé- doyen de Compreignac (Hte-Vienne).
Tandeau de Marsac (rabbé), chanoine de Limoges, 2, place Fournier.
Labonne (Martial de), propriétaire, au château de Montbrun, par Dournazae
(Haute-Vienne).
Garrigou-Lagrangb (Joseph), ancien avoué, 23, avenue Foucaud.
Uervy (Emile), notaire honoraire, 33, boulevard Sainte«Catherine.
*• Font-Réaulx (Théophile de), ancien notaire, à Saint-Junien.
Le Sage (Charles), ^, A. (#, ingénieur civil, ancien maire de Limoges,
18, rue Péliniaud-Beaupeyrat.
Lagrange (Paul), propriétaire. 18, rue Manigne.
480 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET lllSTORIQt'B DU LIMOUSIN.
MM.
Jabrt (Edmond), propriétaire, 3, place des Bancs.
MauraT'R^llange, !^, ancien conseiller à la Cour d*appel, 5, faubourg des
Arènes.
DucouRTiEOx (Paul), A. ^, imprimeur-libraire, membre correspondani du
comilé des Sociétés des Beaui-Arts des déparlements, 7, rue des Arènes.
Ardant (Georges), imprimeur, 14, rue Pont-Hérisson.
Baju (Henri), avocat, <5, rue Péliniaud-BeaupeyraU
Bleyme (Francis), docteur en médecine, 34, rue Manigne.
Frangez (René), propriétaire au Mas-Rome.
GuiBBRT (Louis), A. 4#, directeur d'assurances, correspondant du ministère
de l'instruction publique pour les travaux historiques, membre corres-
pondant du comilé des Sociétés des Beaux-Arts des départements, rue
de rObservaloire.
Henry (Charles), ^, avocat, 7, rue Sainte-Valérie.
JoDUANNEAUD (Camille), avoué, 23, boulevard Victor Hugo.
Joyeux (l'abbé), curé d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne).
Laruk (Armand), avocat-agréé au Tribunal de commerce de Limoges,
6, avenue de Juillet.
PiNOT (l'abbé), curé de Saint-Michel, 13, impasse des Clairettes.
Romanet du Caillaud (Frédéric), f, au chftleau du Caillaud, près Isle.
Sénémaud, greffier au tribunal de commerce, 19, rue du Consulai.
Tandeau de Marsac (Henri), propriétaire à Marsac par Bénévenl (Creuse).
Clappier (Amable), avocat, 9, boulevard Victor Hugo.
** Cressac-Bacubllerir (de), percepteur, au Dorât.
Face (René), A. y, avocatf correspondant du ministère de l'Instruction
publique pour les travaux historiques, t3, boulevard Gambetta.
Gadon (Abel), avoué à la Cour d'appel, 3, boulevard Montmailler.
Vandermarcq (Eugène), propriétaire, 7, rue Sain te- Valérie.
BouDBT (Gabriel), A. Q^ docteur en médecine, 1, rue Sa in te- Valérie.
Ratmondaud (E.), I. P. 4^, directeur de Técole de médecine, Î8, faubourg
Manigne.
18T».
Bourdery (Louis), ^, avocat, peintre émailleur, membre correspondani dn
Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 98, rue Pétiniaud-
Beaupeyrat.
Chouffour, avocat, 96, boulevard Gambetta.
LlbTE DES MEMBRES. 481
MM.
Constantin (Jérémie), avocal, 43, avenue de Juillet,
Léobon-Létang, notaire, à Saint-Friest-Ligoure, par Nexon (Haule-Vienne).
** MoMTÊGLT (Emile), ^, homme de Icllres, à Thias, commune d*lsle, pr&a
Limoges.
Pénicaut (Léonce), négucianl, 3, place Dauphîne.
Bbavrb d'Augures (J.-B. -Gustave), avocat, I5« rue du Saint-Esprit.
Guérin-Lêzé (Guillaume dit William) ^, fabricant de porcelaine, 41, rue
du Petit-Tour.
MoNSTiER-MÉRiNviLLR (te comtc Jean drs), au château du Fraisse, par
Hézières (Haute- Vienne).
NouALBiER (Gabriel), propriétaire à Linards,
* Vicier (Kabbé), curé de Nedde (Haute-Vienne).
'* Cercle de l'Union, à Limoges.
Dklor (Adrien), propriétaire, maire du Vigen.
Deluret de Feix, propriétaire, rued'tsly.
Gérard (Emile), négociant, 26, boulevard de la Pyramide.
Laportb (fabbé), curé de Vicq, par Magnac-Bourg (Haute-Vienne).
Muret (Eugène), vice-président de la Société d*Agriculture de la Haute-
Vienne, 11, cours Vergniaud.
PoMÉLiB (le baron Melchior de la), >3(^, propriétaire, au château du Mont-
joffre, près Saint-Léonard.
Sazbrat (Léon), ^, fabricant de porcelaine, 18, faubourg Monljovis.
Berger (Elie), A. ^, professeur au Lycée, 33, avenue de Toulouse.
Blancuaud (Charles), à Monismes, par Le Dorât (Haute<Vienne).
* Ducbatbau (Georges), notaire, à Bessines (Haute-Vienne).
(ioutenègbb (Eug). A.^, ancien professeur au Lycée, 13, rue du Consulat.
•• Lkroux (Alfred), A. ^|, archiviste de la Hle-Vienne, 48, faubourgde Paris.
Leygonie, ingénieur hydrographe, 3, rue Neuve- de-rËvéché.
PROUFF, médecin-oculiste, 6, rue Sain le- Valérie.
TnizARD (Lucien), notaire, 8, rue Pont- Hérisson.
1870.
Bbllabre (Jules db), propriétaire, au château de Puyjoubert, commune de
La Geneylouse, par Saint- Léonard.
Lacbrnaud (Emile), entrepreneur, 7, avenue du Midi.
Lèpinat (Gaston de), maire de Lissac, au château de MorioUes, par Larche
(Corrèze).
Malbvbrgnb de la Fayb, ancien juge suppléant près le tribunal oivil de
Limoges, 39, boulevard Victor Hugo.
Boulland (Henri), docteur en médecine, 34, boulevard Victor Hugo.
i82 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HlSTOaiQUE DU LIMOUSIN.
MM.
Demkngeon (Emile), receveur de renregislrement, 13, cours Jourdan.
* Laportr, docteur en médecine, ft Bessines.
Marbouty (Camille), négociant, 48, cours Gay-Lussac.
Geay, architecte, inspecteur des bâtiments diocésains, 36, avenue de Juillet.
Gilbert (Kabbé), vicaire général, 40, boulevard de la Cité.
Mariaux (Paul), avocat, 9, boulevard de la Poste-aux-Chevaux.
Mbrlin-Lemas (Abel), avoué près la Cour d'appel, I, rue Léonard Limosin*
BnfssBT-DRsisLBs, ancien magistrat, directeur de la compagnie d'Assurances
générales sur la Vie, 1 1, avenue de Juillel.
BooRDKAU DE Lajudir (André), rue Cruchedor.
Catheu (Théodore de), f , propriétaire, an château de Juillac, près Limoges.
Chatard (Emile), propriétaire^ à Vicq, par Magnac-Bourg.
Nrnert (André), 4, avenue Garibaldi.
Savodin (Jules), 50, avenue de Juillet.
TixiER (Jules), architecte, 34, boulevard Gambetta.
1883.
Bruchard (Jean de), avocat, 8, boulevard Montmailler.
Chassoux, !^, ancien préfet, 7, avenue de Juillet.
Degrond, i^, ancien préfet, 0, place Denis Dussoubs.
Fougkras-Lavrrgnolle (Gaston), avocat, 24, boulevard de la Pyramide.
LouvET (André), avoué près la Cour, 13, boulevard Victor Hugo.
BIouFLE (Léonard), avocat, rue de TObservaioire.
Wottlino, a. y, architecte, ancien directeur des travaux de la ville, 24,
avenue Garibaldi.
De Bletterie, docteur en droit, avoué près la Cour d'appel, 1, place d*Aine.
Bourdeau d'Antony, docteur en médecine, 5, avenue Garibaldi.
Briguril (Louis), >^, ancien président du tribunal civil de Lyon, S, boule-
vard de la Pyramide.
Coffre (l'abbé), secrétaire à TEvôché.
Couronnel (comte de), ^, membre du Conseil général, à Magnac-Laval.
Delcairk (Maurice), avoué près la Cour d'appel, 3, rue Sain te- Valérie
Dorat (Hubert), 0. ^, ancien officier supérieur, 8, rue des Auguslins.
Dubois (Amand), A. (^, ancien inspecteur primaire, 3, avenue de Juillet.
Gaumy Tabbé), curé de La Meyzc (Haute-Vienne).
Gébardin (Albert), avorat, 14, avenue du Midi.
Gilbert (A.), *, président du Tribunal civil, 27, avenue du Midi.
Labrouhr de Laborderie (de), avocat, à Flavignac.
• Lacoste (André), négociant, â Châteauponsac (Haute-Vienne).
Lamy de La Chapelle (Auguste), avocat, 3, rue Montant-Manigne.
Lamy de La Chapelle (Charles), avocat, 4, boulevard de la Pyramide.
I
LISTE DES MEMBRES. 183
MM.
Maurat-Ballahgb (Albert), avocat, 46, place du Champ-de-Foire.
Mazakd fils, 16, boulevard de la Pyramide.
Du Mazaubbun (Antoine), avoué près le Tribunal civil, U, rue Turgot.
MoTNAT (Fabbé). supérieur du Petit-Séminaire du Dorai (Haute- Vienne).
Redon (Joseph], 43, boulevard de Fleurus.
Sazerat (René), 9, me Dalesme.
Tardieu (J.), négociant, 47, cours Bugeaud.
Bletnie (Louis), I. P. ^, docteur en médecine, i, rue d'Islj.
BouoBT (L.OUÎS), 3, rue Sainte-Valérie.
BoucBERON (Edouard du), capitaine d*état-major, avenue Foucand.
Garrigou-Lagrange (Paul), secrétaire général de la Société Gay-Lussac,
à l'Observatoire météorologique, 23» avenue Foucaud.
GuTONNCT, chef de district à la compagnie d*Orléans, avenue Saint-Eloi,
maison Barny.
Maignb (Léopold), banquier, 6, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.
Paradis, entrepreneur de serrurerie, 6, rue des Charseix.
Demartial (André), avocat, 17, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.
Feat-Fournier, chef de bureau à la Préfecture de la Haute-Vienne, rue de
la Croix-Verte, 4.
" Lassallb^ clerc de notaire, ii Bellac.
I.EVI1ARIE (Camille), A. Q^ conservateur de la Bibliothèque communale,
membre correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des
départements, route d*Ambazac.
1 88>.
* Cbarronniéras (l'abbé), curé de ChâteauneuMa-Forêt.
CouRKuÉJouLS (E.),0.#, I. P. y, proviseur honoraire du Lycée de Ver-
sailles, rue Pétiniaud-Beaupeyrat, 33.
Dubois (Joseph), avocat, faubourg Montmailler, 48.
Hersant (Edourd), directeur particulier de la compagnie d'assurances la
Providence, 1, place Manigne.
JoDicis (Antoine), architecte, 13, rue Andeix-Manigne.
LftzAUD (Maurice), directeur particulier de la compagnie d'assurances la
Foncière^ 16, avenue du Midi.
MoNTAUDON-BoussKREssG, ^^ Bucien directeur de rEnregistremeni et des
Domaines, administrateur de Thospice, 48, avenue Garibaldi.
Vergetaud (Camille), secrétaire particulier de M. le Préfet, 4 , avenue du Midi.
Brouaro (Arsène), naturaliste, à Limoges, rue Porte-Panet, présentement
sous-ofiTicier au 407» d'infanterie, à Angouléme.
Dbsbordbs (Charles), propriétaire au Mont-Rû, près Rançon (Haute- Vienne).
* École nationale d'Arts décoratifs de Limoges,
Gant, sons-chef de bureau à la Préfecture, 42, boulevard de la Cité.
48i SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
MM.
* Lachenaijd (Heari), étudiant» avenue du Midi.
Hayn/ud, t, inspecteur d'assurances, vice-consul du Portugal, boulevard
Victor Hugo.
Texier (Hubert), avocat, 2, boulevard de la Pyramide.
Thomas-Duius (René), docteur en médecine, à Eymoutiers (Haute-Vienno).
Vandermarcq (Félix), commis principal des contribotions indirectes» à
Oradour-sur-Vayres (Haute-Vienne).
D*Abzag, percepteur, à Rochechouart (Haute- Vienne).
Cbarbbybon (Pierre), avocat, docteur en droit, boulevard de Fleurus.
*Dehars (l'abbé), curé du Châtenel-cn-Dognon (Haute- Vienne).
Monique (Pabbé), à Eymoutiers (Haute-Vienne), présentement professeur aa
collège des PP. Maristes, à Saint-Quentin.
Dubois (Armand), A. 0, docteur en médecine, rue du Consulat, 9.
Oger du Rocuer (Joseph), avocat, 11, avenue lu Midi.
MEMBRES HONORAIRES (i).
MM.
Brunrt (Joseph), 0. i^, «ivocal, ancien conseillera la Cour de Paris, ancien
sénateur, ancien ministre de Tlnstruction publique, des cultea el des
beaux-arts, A\, rue de Yaugirard, Paris.
Deloche (Maximin), C. >J^, membre de Tlnstitut (Académie des Inscriptions),
ancien clicf de division au ministère du commerce, 60, avenue de Gra-
vellc, à Saint-Maurice (Seino).
Rougkrie (Mgr), évoque de Pamiers.
Larohbièrb, c. ^, membre de l'instiiut, (Académie des sciences morales et
politiques), Premier Président honoraire à la Cour de Cassation, &, rue
d'Assas, Paris.
DuBÉDAT, ^, ancien conseiller à la Cour d'appel, à Toulouse.
TeissERENC DR BoRT, C ^, Sénateur, ancien ambassadeur, ancien minislre
du Commerce, 89, avenue Marceau, Paris.
Claretib (Jules), 0. ^, de l'Académie Française, administrateur da Théâtre
Français, rue de Douai, 10, à Paris.
(4) Quand il y a deux dates, c'eat la dernière qui indique l'année de la promottoa au titre
de m<smbre honoraire.
LISTE DES MEUBDËS. 485
MM.
Lastieyrte (Comie Hoberl dr), ^, professeur d'archéologie à i*école des
Charles, \0 6w, rue du Pré-aux-Clcrcs, Paris.
Deuslk (Léopold), C. ^, membre de Tlnslilut (Académie des iDscriplîons)^
administrateur général directeur de la Bibliothèque nationale, rue de
Richelieu, Paris.
MEMBRES CORRESPONDANTS.
MM.
Cléhert-Simoii, ancien procureur général, château de Bach, près Naves
par Tulle (Corrèzc).
Lemas (Elle), ^^ I. P. ^, inspecteur d'Académie, à Tours.
CousTiN DU Masnadaud (Ic marquis de), au château de Sazerat, par Bénévent
(Creuse).
Dbbort (Gabriel], propriétaire, ft Monlaiguet (Allier).
Tandeau de Marsac, notaire, 14, place Dauphine, à Paris.
Lalandb (Philibert), rue Haute, à Brive.
19TO-1879.
PicBON (François), avocat, 36, rue Carpenteyre, à Bordeaux.
** AokÉPiN, archiviste du départemeut du Cantal, à Aurillac.
18T».
Decoux-Lagoutte, ancien magistrat, 16, roule d*Angoulême, à Péngueux.
*" PovLBRitef (l'abbé), directeur au Petit-Séminaire de Servières (Corrèze).
197>€-189CS.
Dkmaatial (Henri), procureur de la République, à Roueu.
1S>».
Do Bots (Emile), licencié en droit, 28, avenue de Tourville, Paris.
Mabaretoc Basty (Edouard), conservateur des hypothèques, k Sens (Yonne).
** Barbier de Montault (Mgr), f, I. P. Q, prélat de la Maison de Sa
Sainteté, 35, rue Saiut-Denis, à Poitiers.
48<> SOGIRTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET tllSTOAlQUE DU UHOUSIN.
MM.
iuBUssoif DE SoDBREBOsr (Edouard), propriétaire aa châleau de Poinsouze,
par Boussac (Creuse).
Lahbbhtyr (le marqais de), au châleau de Cons-la-Granville, par Longuyon
(Meunhe-et-Moselle).
lioNTCHEUiL (Paul db), chflteau de Monicheuil, près Nonlron (Dordogne,.
MoprrYAiLLBR (Paul de), avocat, à Coofolens (Charente).
Petit-Séminaire d'Ajain (Creuse).
Saint-Mabc-Girardin (Barthélémy), 'jff^, rue Bonaparte, 5, à Paris.
David (Gaston), avocal, 33, rue de Caudérao, à Bordeaux.
Dujarrig-Descombes, a. Q, licencié en droit, notaire au Grand-Brassac,
par Montagrier (Dordogne).
Maleplane (Paul Veyhier de), receveur particulier, à Château-Chinon (Nièvre).
Mazaudois (Philibert), notaire à Treignac (Corrèze).
Bonbomme de Montégut (Henri), ancien magistrat, aux Ombrais, près La
Rochefoucauld (Charente).
BosviBUX (Paul), inspecteur de l'enregistrement, à Auch (Gers).
18TO.
CiAi.is (Pabbé), curé de La Souterraine(Greuse).
Rakcogne (de), à Angoulême (Charente).
**Tbohas (Antoine-André), professeur à la Faculté des Lettres, de Toulouse,
chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris, rue Friaol, 45, à Paris.
lÀ^O.
Larocbk, percepteur, à Tarbes (Basses-Pyrénées).
Fougeras (Joseph), sous-inspecteur de Tenregistrement, à Avesnes (Nord).
Lacombe (Oscar), ancien archiviste du départemenl de la Corrèzo, à Tallc
** MoLiNiEB (Emile), attaché au Musée du Louvre, 53, quat Bourbon, à Paris.
Bertrohieb, propriétaire, au chftleau de Saint-Germaio-Beaupré, par La
Souterraine (Creuse).
Grrllbt de Fleurelle, substitut du procureur général, à Ageu.
Senneville (de), conseiller à la Cour des Comptes, 52, rue de Grenelle, à
Paris.
18é»>€.
Deuartial (Octave), conseiller à la Cour d*appel, 5, rue Lebascle, à Poitiers.
iluBEN (Emile), libraire, Charleville (Ardennes).
1984-1898.
Charbonnier, docteur en médecine, à la Roche-Posay (Vienne).
LISTE DES MEMBRES. 487
MM.
Hf.cquart (Arihur), aa château de Vosl, par Aigupandc (Indre).
TnÉZARD (Philippe), ingénieur civil, rue de Chazelles, 32, à Paris.
TouMiRUX (Zenon), notaire, li Uoyère (Creuse).
** Champbval (Jcan-Bapliste), avocat, à Figeac (Lot).
Faurk d*Aubbc (U"*'), rue Sainte-Anne, 8, à Toulouse.
Bellet, instituteur communal, à Saint-Maurice, par La Souterraine (Creuset.
** Face (Emile), A. Q^ vice-président du conseil de Préfecture de la Corrèio,
président de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Tullç.
Genesteix (François-Emmanuel-Fresne), rue Mont-Gautier, 8, à Poitiers
(Vienne).
Lézaud (Georges), ^, ancien magistral, avocat à Chambpn-sur-Voueize
(Creuse).
Mazbt (Albert), architecte, à Paris, boulevard des Balignolles, 26.
*• RcPiN (Ernest), A. ^, président de la Société scientifique, historique et
archéologique de la Corrèze, à Brive.
Termes (Emile des), inspecteur de la Compagnie d'Assurances générales,
rue de l'Est, 30, à Poitiers (Vienne).
BosnKDON (Philippe dk), 0. ^, ancien conseiller d*Etat, directeur de la
compagnie d'Assurances générales sur la Vie, rue de Bv'rlin, 18, Paris.
Drapeyron (Ludovic), h P. ^, professeur au Lycée Cbarlemagne, directeur
de la Reçue de Géographie, rue Claude Bernard, 55, Paris.
GoNDiNET (iMichel), avocat, docteur en droit, à Paris, rue du Vieux-Colom-
bier, <«.
Melnirr-Pouthot (Narcisse), à Suresnes, rue du Roi de Suède, o.
Tu c Y fcR AS (Gabriel), percepteur à Saini-JuUen-rArs (Vienne).
Etablissements auxquels la Société envoie ses publications :
Ministère de rinstruction publique, à Paris.
Bibliothèque de TEcole des Charles, à Paris.
Bibliothèque communale dé Limogeai.
Archives départementales de la Haute-Vienne.
Grand-Séminaire de Limoges.
Ecole normale d'Instituteurs, à Bellevue, prè9 Limoges.
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Société Historique et Archéologiqae de Ghâtean-Thierry.
Société Archéologique, Historique et ScientiBque de Soîssods.
Algérie :
Société Historique algérienne, à Alger.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Académie d'Hippone, à Bône.
Amer:
Société d'Emulation de l*Allier, à Moulins.
Anbe :
Société Académique de l'Aube, à Troyes.
AYeyron :
Société des Lettres, Sciences et Arts de TAveyron, à Rodez.
Boaohee-dtt-BhAne :
Académie des Sciences de Marseille.
Société de Statistique de Marseille.
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix.
Charente :
Société Archéologique et Historique de la Charente, à Angoulème.
Charente-Inférieare :
Société des Archives historiques de la Saintonge et de TAunis, à Saintes.
Cher :
Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.
Corrése :
Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrète, li Tulle.
Société Scieniitique, Historique et Archéologique de la Corrèze, à Brive.
CAU-d'Or :
Académie des Sciences, arts et Belles-I^ettrcs, à Dijon. '
Creuse :
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, k (iuércl.
SOCIÉTÉ CORRESPONDANTES. 489
Dordogne :
Société Historiqae et archéologique du Périgord, à Périgueux.
Société d'EmalatioD du Doubs, à Besançon.
Bim-ei-Lolr :
Société Dunoise, à ChIkteauduD.
Finistère :
ScMsiété Académique de Brest.
fiard:
Académie du Gard, à Nîmes.
Oaroime (Hanta-) :
Académie des Jeux Floraux, à Toulouse.
Société Archéologique du Midi de la France, à Toulouse.
Gironde :
Société Archéologique de Bordeaux.
Hteanlt :
Académie des Sciences et Lettres, à Montpellier.
Revue des Langues Romanes de Montpellier.
nie-et-YUalne :
Société Archéologique, à Rennes.
Indre :
Rédaction de la Reoue du Centre, à Ghâleauroux.
Indre-et-Loire :
Société Archéologique de Touraine, à Tours.
Société française d*Archéologie pour la conservation et la description des
monuments, à Tours.
Isère :
Académie Delphinale, à Grenoble.
Société de Borda, à Dax.
Loir-et-Cher :
Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, à Ven-
dôme.
Loire :
Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Saint-
Etienne.
Loire -Inférieure :
Société Archéologique, à Nantes.
Loiret:
Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans. ^
Lot:
Société des Etudes Littéraires, Scientifiques. Artistiques du Lot, à Cahors.
Lot-et-Garonne :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Agen.
T. xxxvii ^^
490 SOCIÉTÉ AHCBÉOLOGIQQE LT HlSTOllOOK BU LlMOtSIN.
Maine-ot-Loira :
Sociélé d^Agricaltnre, Sciences et Arls de Maine-et-Lafre^ à Angers*
Marne :
Société Archéologique, à Gh&lons-sur-Màrne.
Académie des Lettres, Sciences et Arts, à Reims.
Mearthe-et-Mosaile :
Académie de Stanislas, à Nancy.
Morbihan :
Société Polymathique du Morbihan, à Vannes.
Nord :
Société des Sciences, de TAgriculture et des Ârls, à Lille.
Olae:
Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts, a Henuvais.
Comité Archéologique, à Senlis.
Pas-de-Calais :
Académie des Sciences, Leilrcs et Arts d'Arras.
Sociélé Académique, à Boulogne-sur-Mer.
Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omet*.
Puy-de-Ddme :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arls, â Clermonl-Ferrand»
Pyrénées (Basses-) :
Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.
Rhône :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Lyon.
8aône-et-Loire :
Académie des Sciences, Agricullure, Arts et Bellcs-LeUres, à MAcoi).
Société Eduenne, à Autun.
Sarthe:
Société Historique et Archéologique du Haine, au Mans.
Savoie :
Société Savoisienne d'Histoire cl d'Archéologie, à Chambéry.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arls de Savoie, à Chambéry.
Savoie (Hante-)
Société Florimontanc, à Annecy.
Seine :
Sociélé des Antiquaires de France, à Paris.
Société Française de Numismatique et d'Archéologie, à Paris.
8eine-et-Mame :
Sociélé Historique et Archéologique du Gatinais, à Fontainebleau.
Seine-et-Oise :
Société Archéologique de Rambouillet*
Seine-Inférienre :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arls, à Rouen.
Sèvres (Denx-) :
Société de Statistique, Sciences et Arts du déparlement dés DeuJi-Sèvrcs,
ù Niort.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. 491
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Académie des Sciences, Bel les- Lettres, Arts, Agriculture et Commerce, à
Amiens.
Tarn-et-Oaroime :
Société Archéologique de Tarn-et-Garonnts à Monlauban.
Yar:
Société d'Etudes Scientifiques et Archéologiques, à Draguignan.
Académie des Arts du département du Var, à Toulon.
vienne :
Société des Antiquaires de TOuest, à Poitiers.
vienne (Haute-) :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Limoges.
Société Gay-Lussac, à Limoges.
Tonne :
Société des Sciences Historiques et Naturelles de TYonnc, à Auxerre.
Société Archéologique, à Sens.
Belglipie :
Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
à Bruxelles.
Académie royale d'Archéologie d*Anvers.
Etats-Unis d' Amérique :
Société Smithsoniennc, à Washington.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
La commune de Saiot-Léoncrd de Noblat auxm® siècle par M. Louis
GUIBERT 1
Notes pour servir à la sigillographie du déparlement de la Haute-
Vienne, par M. Philippe de Bosredon 116
Roland, sculptures de Notre-Dame de la Règle, par M. l*abbé
Arbellot. . 1 37
Pierre II Nouailher, première et deuxième manières, par M. Louis
BOURDERY U^
Essai de classification des anciennes porcelaines de Limoges, Saint-
Yrieix,Solignac, conservées au musée national Adrien Dubouché,
par M. Camille Leymarie 154
Monographie de la commune de Compreignac, par M. Tabbé A. Lkcler 180
Monographie du canton d'Oradour-sur-Vayres, par M. Félix Vander-
MARCQ 955
Dom Pradilhon, par M. Tabbé Akbellot 287
L*abbé Oroux, par M. Tabbé Arbellot 294
Biographies limousines et marchoises. — III. — Léonard Nadaud, —
Jacques Duroux, — Barny de Romanet, — Ch. Nie. Allou, par
M. Alfred Leroux 298
Deux correspondants limousins de Baluze. Lettres inédites de Pradi-
Ihon de Sainte-Anne et de M. Duverdier, par M. Emile Du Boys. 314
Inventaire d'Etienne Audebert de Fonmaubert, à Bellac (1741), par
Msr X. Barbier de Montault 316
494 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORIOOE DU LIMOUSIN.
Page».
luventaire du château de Cognac en 1794, par M^X. Barbier de
MONTAULT 359
La bibliothèque et les archives du cbftteau de Nexon, par M. Alfred
Leroux 368
Documents relatifs à la ville et à la baronnie de Peyrat le-Châleau
(communication de M. Coussbyroux) 389
Excursion de la Société archéologique à Chassenon, par M. Paul
DUCOURTIEUX 410
Notes et communicalioos diverses : Limogiatures, étoffes limogiées. 4f 9
— Emaux, œuvre de Limoges 419
— Testament do Laurent Bavard. . 4tO
— Les La Fontaine dans la Marche 493
-^ Sépultures et inscriptions 432
— Extraits du Mercure de France
et de la Gcuette des Gouettea 423
— Additions et rectifications aux
t. XXXV et XXXVI du Bulleiln 4 25
Bibliographie : Le Prosarium Lemoviccnse de R. P. Dreves, par
M.A.Leroux 428
— Histoire de Tabbaye de La Couronne, de M. Tabbé
Blanchet, par M. Tabbé Pollbrière i30
PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES
Si^ance du 3 i janvier 1888 435
— du «8 février < 888 437
— du 17 mars 1888 441
— du 24 avril 1888 445
— du 5 juin «888 450
— du 86 juin 1888 455
— du 34 juillet < 888 459
— du 38 août 1888 46î
— du ^ octobre 4888 467
— du 37 novembre 4888 470
— du S8 décembre 1888 473
Liste des Membres de la Société au moment de la publication du
Bulletin 478
Liste des Sociétés correspondantes .' 488
TABLE. ^95
PLANCHES
Pages.
Plan de la ville de Saint- Léonard, d'après le cadastre 1
Sceaa et contre-sceau d'Adémar V, vicomte de Limoges (xir siècle),
par M. Ernest Rupin 1SI
Sceaux ei contre-sceau de Guy VI, vicomte de Limoges (12^9), par
M. Ernesl RoPhN 123
Sceau et contre-sceau de. Marguerite de Bourgogne, vicomtesse de
Limoges (1268), par M. Ernest Rupin. — Sceau et contre-sceau de
Jean de Bretagne, vicomte de Limoges (1308), par M. Albert
Géraroin 125
Sceaux de Jeanne de Flandre(1341), de Charles deBlois(i3i5) et de
Jeanne, duchesse de Bretagne et vicomtesse de Limoges (1369),
par M. Albert Gérardin 1 25
Sceaux et contre-sceaux du Consulat de la Cité de Limoges (1228-
1303], et du Consulat du Château (1229-1251), par H. Louis
BOURDERY 131
Sceaux et contre-sceaux de la ville de Salnt-Junien (1303) et de la
commune de Saint-Léonard (1308 et après 1696), par M. Louis
BoURDERY 133
Roland armé. — Le cheval de Roland. — Roland sonnant du cor,
bas-reliefs de N.-D. de la Règle, par M. Jules Tixikr 137
Trois fac-similé des signatures de Pierre II Nouailher 114,146,149
Eglise de Compreignac, dessin de M. Jules de Verneilh 181
Chevet de Téglise de Compreignac, par M. J. de Verneilh, et Plan
du souterrain-refuge de Tépoque gauloise au village de la Jante. 193
Château du Puy.— Eglise de Saint-Bazile.— Château de Cromières.
— Château de Brie, dessins de M. Jules Tixier 255
Tour Saiut-Michel.— Château de Chabanais. — Bas-relief de Téglise
de Chassf'uon. — Eglise de Chassenon, dessins de M. Louis
Guibert 4llà4f4
Caves du palais de Longea, plan de M. A. Prégigou 414
Limoges, imp. V* H. Ducourtieux, 7, rue ùes Arènes.
COLLECTIONS I3U BULLETIN
ra^^T ^''oyons être agréable à nos confrères en leur
tio H °* que la Société possède encore quelques collec-
nsdeson bulletin, et que ces collections peuvent être
dcquises aux prix ci-après fixés par le Bureau :
* tiollec" " '^ ' ■ ■
l «♦ o j ^^^^' — la livraison 2 du t. IV, — les livraisons
et ^ du t. XXIII, les livraisons 1 et 2 du t. XXV,
""^- ■ . , ^ 120 fr.
_Xxv£°^^®^*^OD complète ' ('1846 à 1886 inclus), t. I à
^ T ' — manquent treize livraisons : celles 2 et 3 du
^ et À'i^^^ livraisons 3 et -4 du t. II, — les livraisons 1, 2,
X otZ j" *• II'i — la livraison 2 du t. IV, — les livraisons
yi ^ «u t. XXIII les livraisons 1 et 2 du t. XXV,
^ 3°"rr- • • ^'^^^'-
■X. et 4 j ^ Collection incomplète comprenant les livraisons
^^t ^ f "H t. j^ jgg livraisons 1 et 3 du t. II, les livraisons 1
^t 4 ," *• IV 'les livraisons 3 et 4 du t. V, les livraisons 2
'c^ 34" *• -^li les tomes 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
4-n*^>prix "^Sfr.
«^Ui f 11® colJpction incomplète comprenant la livraison 4
^"^' 28 è^^ivraison 1 du t.. IV lestomes 18, 20, 22, 24, 26,
Uk^' 3o 31 32, 33 et 3o, prix 50 fr.
*• -S^ 9A^*^t*5 Uo^î^ècle en outre quelques exemplaires des
01:» à 4}^' ^7 is2^ 30, 33, 34, 35, 36, à 7 fr. le volume
^- ' ^9 livraison semestrielle.
rtVOis seront faits contre remboursement.
S 1 rlemancl®® à M"" V" Dugourtieux, impri-
gèr ies a «société, 7, rue des Arènes, Limoges,
(jfjjjraire de la .^«^
c^\ j -j^gi^ Société archéologique qui en feront
iç^^^N^eS toembres ** ^^^ pour le prix de dix francs les quatre
^\ft VV^^^"^^' recev ^^^ consulaires de la ville de Limoges
pt' ^eS^^^ Reg^s -^yy^- Le contenu des quatre volumes
7^1^ntpa^" ^ *^^ -X*». T>ér iode de deux cent trente-deux ans
PL
AVi
à MM. les Membras de la Société
Los réunions
dcrroior loaitli il«
ttii fîoii
du /i.
r toïilc
à adresser on à au Tr
— F;i
Ceux des > ^ lio la
rc^'- ■ '"fîr ili|'iMiiiL' voiidroii' i»n m i^
B' , Trosurier, nie PtUiniaud-l^
lui ouviivaiit, î>'ils ut* Tout df*j4 l'a
rreMtr*?e rixn à 10 tr. — Ce druit i
Soci*^taire8 rt*sîdant. d^us le d»>part» :
lA*tiU!*uiibbinii^ HOivt^ui utreadrns^eeN jinr ♦*(!rii au i
A moins qu'ils* n'eo l^moigoenl
aux >
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lé mçu de la |K>$te |ioiivnnl ou lenir lie^
BTJI-.IL.ETIlSr
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUR
DU LIMOUSIN
TOME XXXVIII.
(tome XVI DE LA DEUXIÈME SÉIUE)
LIMOGES
IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE LIMOUSINE
V" H. DUCOURTIEUX
Libraire de la Société archéologique et historique du Limousin
7, RUE DES ARÈNES. 7
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i^iCARTE FÉODALE DU LIMOUSIN
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carte que nous publions en tête du Bulletin de la Société
ologique du Limousin représente Tétat féodal de Tancien ter-
dre limousin au commencement du xvii* siècle. Celte carte
s paraît comporter quelques explications.
territoire actuel du Limousin était jadis fractionné en des
liers de petits fiefs ou repaires nobles. On désignait encore par ce
e, en ces trois derniers siècles (tout en ayant à peu près
rdu la notion de son vrai sens), un refuge de guerre essentiel-
menl rural. C'était une sorte de caserne préalable du plat-pays,
patria, une seconde patrie provisoire. Ce repaire, noble et
anc, comme tout lieu d'intérêt public, consacré à l'usage exclusif
le tous les habitants des quatre ou cinq hameaux (tènemenls)
oisins de chacun de ces petits points, était fortifié tant bien que
al, sous la direction du noble ou chef, tenu de fournir asile à
ut le groupe en ce premier essai de défense au poste assigné
;omme rendez-vous militaire ou sauve-qui-peut. D'où les chapelles
'(castrales) en chaque repaire, dans le but d'assurer pour cette
éventualité le service religieux à cette portion du troupeau parois-
sial; les silos, le souterrain habituel, le circuit muré et case-
maté pour les bestiaux, les gens, les provisions; les étangs ali-
mentant les douves, etc.; la garenne destinée à fournir les pa-
lissades, la toiture ou les ouvrages défensifs, en môme temps
qu'un délassement de chasse propre à s'entretenir la main. Ce
mode de défense, fort inaperçu jusqu'ici, émanait, semble-t-il,
d'une organisation carlovingienne, imitée sans doute des procédés
d'occupation romaine, quoiqu'on n'en trouve trace bien clairement
qu'à partir de 1280 à 1300.
T. xxxvni. 1
î SOCtKTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LTttOUSTK.
Chacun de ces repaires {i) à son tour, avec sa population ainsi
concentrée, se maintenait de son mieux, grâce à Tappui de Tun des
grands fiefs (castrum, castellum, puis châtellenie), désignés
.ci-après, dans lesquels ces habitants avec leur chef avaient encore
droit d'assistance et de sauvetage, le cas échéant de défense
devenue pour eux impossible dans leur petit avant-poste; ils
étaient là comme en grand'garde tout en cultivant leurs champs
durant les accalmies. Nous pourrions en donner pour preuve telle
et telle forteresse devenue villette, dans laquelle chaque barry
(subdivision de faubourg) et quartier reproduisait le nom du
repaire rural vers lequel il était orienté, et renfermait le logis
noble homonyme dans les cours d'enceinte.
Ce procédé, qui pourrait d'abord paraître spécial au Limousin
(puisque cette expression de repaire ne se trouve guère, du moins
en l'état actuel de nos recherches, que dans cette province, celle
du Quercy et le nord et l'est du Périgord), s'est étendu en Poitou,
en Languedoc, en Navarre et ailleurs, sous les noms modifiés
seulement (l'institution reslant la même) d'hébergement, parfois
de maynement, de manoir, de logis, de lieti, d'hôtel noble, d'hos-
picium selon le cas, de maison forte, etc.
CORRÉZE.
Revenante notre sujet, nous constatons que le déparlement de /a
Corrèze, qui comptait plus de 2,000 repaires nobles, a été composé:
L — Du diocèse entier de Tulles minuscule circonscription ecclé-
siastique de cinquante-deux paroisses, ne comprenant guère, en
dehors de la Xaintrie (précédemment en majeure partie sous la
suzeraineté de l'abbé de Saint-Géraud d'Aurillac), que le gros des
possessions du monastère de Saint-Martin de Tulle et les plus
rapprochées de son beau clocher. On peut, en effet, se le repré-
senter assez exactement en lui donnant l'aspect d'une croix, aux
bras largement ouverts près des frontières de la Haute- Auvergne,
de façon à englober entiers, sauf Altillac, les doyennés actuels de
Servière et de Mercœur, et dont le pied ne porterait qu'à vingt
kilomètres de Tulle sur Sainl-Clément et Corrèze, tandis que le
fût irait s'allongeant vers Argentat— Monceaux exclus — à travers
l'archiprétré de Gimel, gouverné par l'évêque de Limoges, mais se
(() Pour avoir une idée de l'abondance de ces repaires, voyez au
Bulletin de la Société des Lettres^ Sciences et Arts de la Corrèze, siège
à Tulle, 3" trimestre 1890, notre carte des fiefs des deux paroisses de
Tulle.
CARTE FÉODALE DU LIMOUSIN. 3
trouverait serré de plus près encore, si c'est possible, par la
paroisse de Comil, qui relevait de la crosse aussi bien que du tem-
porel du même siège de Limoges.
II. — Du diocèse de Limoges pour ses archiprêtrés entiers de :
1<> Gimel, né de lantique vénération à saint Dumine; 2^ et 3** Brive
et Brivezac, élablis en des passages très fréquentés de rivières,
témoins des miracles de saint Martin l'Espagnol et de sainte
Fauste ; 4° de Vigeois ; 5° de Lubersac, placé sous le très vieux
patronage des saints Gervais, Protais et Etienne, mais diminué de
ce que la Dordogne nous a pris à la Révolution : Teillots, Saint-
Trie, Génis, etc.; 6° de Saint-Exupéry, assis sur un vieux chemin
important.
Et pour partie seulement des archiprêtrés de : 7^ Peyrelevade
ou Chirouze, ancien centre druidique à combattre énergiquement
en y portant ainsi un foyer d'action catholique ; 8** enfin de La
Porcherie, pays de forêts, dernier asile des superslilions, quoique
traversé par la grande voie, plus tard dite chemin francès^ mais
appelé en 1404 (archives de M. le baron de La Poméhe) « chemin
roumieu de Saint-Léonard à Roc-Amadour » et amenant par Déols
et la (chapelle) Souterraine un flot incessant de pèlerins, égrené le
long de ses pieuses étapes de TArtige, des AUois, d'Aureil,
d'Uzerche, de Vigeois, de Saint-Antoine-lcs-Plantades, de Naza-
reth, de rhôpital Saint-Jean dé JafTa, de la Vraie-Croix de Martel,
de Saint-Georges d'Yssordel, de La Monljoie à péage des Alix, de
Notre-Dame de Roc-Amadour, de Saint-Sauveur de Figeac, etc.. .
III. — De la partie limousine de la vicomte de Turenne, que
nous décrirons cependant ici sommairement tout entière.
La vicomte de Turenne avait, sans parler des hommages : 1^ en
Limousin, leschâtellenies de Turenne, Colonges, Beaulieu, Servière,
Ghameyrat, s'allongeant en pointe aiguë jusqu'à Tintignac, Brive
en co-seigneurie et Malemort; â*» En Quercy, les châtellenies de
Turenne, Martel, Creysse etBétaille (ressort du Parlement de Bor-
deaux); Gaignac, La Millière, Saint-Céré, et enclave de Laval,
commune de Reilhaguet (Parlement de Toulouse); 3° En
Périgord (Sarladais), les paroisses de Montfort (comté), Vitrac,
Carsac, Aillac, Saint-Vincent (de Paluel), Proissans, La
Canéda, Graulezac, Vcyrinhac, Saint-André, Caudon, Calviac,
Sainte-Nathalène, Peyrinhac, soit en un mot tout ou partie de
96 paroisses en l'élection de Brive, 41 en celle de Figeac et 14 en
celle de Tulle, en 1739. Ce n'est pas ici le lieu d'en venir au
détail.
IV. — Du Comté de Ventadour (à l'exception de la majeure
partie de la baronnie d'Herment et de quelques hommages de
i sociÉrÉ ARcnéoLOGiQue et H[storiovb du limousin.
l'Outre-Dordogne), subdivisé en châlellonies de Ventadour, Ussel,
Egletons, Corrèze, Boussac, Donzenac, Neuvic, Davignac.
Meymac, Thinières-rive-droite, Le Lie, Chavanon, Aix, Lachaud,
Sarsou, Le Peyrou, etc.
V. — De la Haute-Marche, soit de maigres portions de terrain
on amont de Bugeat, d'Eygurande et de Somac.
VI. — D'un faible lambeau d'enclave poitevine près de La Celle
et de rÉglise-au-Bois.
VIL — De la Vicomte de Comborn, avec ses châtellenies de
Comborn, Beaumont, Chamboulive, Treignac, Rochefort (Sor-
nac), etc.
VIIL — Des biens de nos abbayes, telles que : faj Uzerche,
possédant Saint-Viance, Gondat, Salon, Chamberet, Veix, Mille-
vaches, Saint-Solve, etc. ; fbj Tulle, ayant les paroisses de Cler-
goux, Vitrac, Sainte-Fortunade, Branceilles, Naves, etc.; fcj
Obazine, avec ses membres de Chanteix, Veyrières (Roziers-
d'Égletons), Chabanncs (Tarnac), Chadabet (Bonnefonl), etc.; fdj
Glandier, et ses rentes ou domaines de Beyssac, Vigeois, Troche,
Orgnac, Chanteix, Saint-Bonnet-rEnfantier , Vertougy, (Vou-
t(îzac), etc.; fej Beaulieu, et ses possessions bas-limousines de
Nonars, Tudeils, Ménoire-le-Sotra, près du Moulin-d'Arnac ,
Aslaillac, etc.; ffj La Règle de Limoges, avec ses prieurés de
Brignac, Saillac, Vars. Omettons ici Bonnaigue, Meymac, Bonne-
saigne, etc.; l'évéque d*Angoulôme, suzerain d'Ayen et d*Yssaiidon;
révoque de Limoges, seigneur-châtelain de Sadroc, La Graulière,
suzerain de Comborn, etc.
IX. — Des seigneuries laïques secondaires et néanmoins consi-
dérables des Noaillcs, Pompadour, Gimel et des Cars-Peyrusse,
seigneurs de Ségur, Juillac, Saint-Ybard, Saint-Bonnet-la-Ri-
vière, etc.; des de Saint-Chamans, d'Hautcfort, Ligneyrac, etc.
CREUSE.
On y comptait (1) en 1789, les terres titrées suivantes : les
comtés de la Marche, de Dun et de La Feuillade ; les deux marqui-
sats de Saint-Germain-Beaupré et de Saint- Maixent; les cinq
vicomtes d'Aubusson, Ciiâteauclos — en la paroisse d'Anzême,
au nord de la Creuse — Le Monteil-au-Vicomte, Grand-Saigne
et Bridiers; les huit baronnies de Combraillos, Saint-Julicn-
le Châlel, Malval, La Borne, Châteauvert, Saint-Georges- la-Pouge,
(1) Nous empruntons la plupart de ces indications à feu Bosvicax, la
plus sûre des sources marchoises.
CARTE FiODALE D€ LIMOUSIN. 5
PoDtarion que nous appeUcrions volontiers Pont-Taurion, Boussac
et Saint- Vaulry, et de plus, 3,000 simples seigneuries (1) mouvant
du comté de la Marche en 1724, au total 4,000 circonscriptions
féodales au moment de rétablissement du département.
La Creuse fut formée, en 4790, de huit provinces, soit :
I. — Le Franc-Alleu entier, ancien district démembré de la pro-
vince d'Auvergne, s'administrant librement, régi par des coutumes
particulières — compensation sans doute aux maux de la guerre
toujours plus vivement renouvelés dans les pays frontières, consé-
qnemment habités d'ordinaire par des gens d'allure décidée et de
caractère belliqueux. — On nous permettra de remarquer à ce
propos combien les frontières de province, môme de paroisses,
restaient habituellement vagues, indéterminées en fraux commu-
naux ou en forêts. L'Angoumois et le Périgord revendiquèrent
toujours l'un sur l'autre la forêt si bien nommée de La Feuillade,
près Marthon. Suivez le contour de la plupart de nos paroisses
et vous reconnaîtrez la marge séparative de chacune d'elles à la
simple lecture des villages, eu prenant pour ceinture ceux dont
les noms dérivent du mot ou de l'idée de bois, sous les formes de
Breuil, Rose, Broche, Linars, La Feuille, LaChassagne, LaFage,
l'Age, TEspinasse, la Siauve fSUra). etc.
Le Franc-Alleu était pour moitié du diocèse deClermont et pour
moitié de celui de Limoges; pays de droit coutumier et du parle-
ment de Paris, capitale Bellegarde. Il occupait dans le canton de
La Courtine un sixième du centre, du nord-ouest, du nord, et du
nord-est, et dans celui de Crocq, les deux tiers au centre, nord,
sud et ouest.
IL — De la Combraille entière, elle-même composée de tout le
canton d'Evaux, de ceux d'Auzances (moins deux communes) et de
Chambon (moins deux autres communes), complété par deux
communes du canton de Bellegarde, deux de celui de Chénérailles
et un septième du canton de Boussac. Cette région, comprise
entre Cher et Tarde, était du droit coutumier et du Parlement de
Paris, et avait les cinq châtellenies d'Evaux, Chambon, Auzances,
Lépaud et Sermur.
III. — De la Marche limousine proprement dite, mais en partie
seulement, car le surplus a aidé à la formation des départements de
la Haute-Vienne, de la Vienne, de l'Indre et du nord de la Corrèze.
Au xni* siècle, le comté de la Marche (Haute), capitale Guéret,
(1) Une liste incomplète donne 250 châteaux. Voyez au Bulletin de
la Société Bcientlfique de Brioe une première énuméralion des châteaux
limousins par M. René Fagc, augmentée par M. de Lépinay et de nos
additions personnelles.
6 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
droit coutumier, parlement de Paris, englobait les châtellenies
royales de Guéret, Crozant, Droailles et Le Chdtenet (aujourd'hui
Haute- Vienne), Ahun, Aubusson et Felletin : soit, en totalité, les
cantons d'Ahun, Guéret, Bonnat, Saint-Sulpicc, partie de ceux de
Dun, Aubusson, La Souterraine, un tiers; Saint- Vaury, moitié;
Bellegarde, un tiers; Chénérailles, les quatre cinquièmes; La
Courtine, les trois quarts; Crocq, un cinquième; Felletin entier
moins Vallières et Saint-Yrieix; Gentioux, trois quarts; Bénévent,
un quart à Test; Jarnages, plus de moitié; tout le canton de Pon-
tarion moins trois communes ; un tiers du nord-est du canton de
Royère; et une commune du canton de Chambon.
Et dans la Corrèze, près de moitié des cantons de Bugeat,
Somac et Eygurande.
IV. — Du Haut-Limousin, droit écrit, parlement de Bordeaux,
prenant en partie le canton de La Souterraine (centre et sud); celui
de Grand-Bourg (centre, nord et sud-ouest) ; un tiers au sud-ouest
et au centre de celui de Saint- Vaury; un neuvième au centre du can-
ton de La Courtine (Saint-Denis était cependant en Bas-Limousin,
à cause de Ventadour); un quart du centre et de Touest du can-
ton de Bénévent; un dixième à Test dans le canton de Royère.
Signalons aussi Neuvic-Entier, en la Marche [sic), mais pour quel-
ques hameaux seulement.
Voici Texplication que nous proposerions, à vol d'oiseau, de ces
îlots restés limousins dans la Marche.
Ces enclaves, à titre de grands biens ecclésiastiques, de lieux sa-
crés, se défendirent par là delà main-mise royale : La Souterraine,
pèlerinage et prévôté dépendant du fameux Saint-Martial de
Limoges, ainsi que Saint-Vaury, Bénévent-FAbbaye, Gartempe,
ex-prieuré important, Grand-Bourg, prévôté dépendant de la
Cathédrale Saint-Etienne de Limoges.
De même en fut-il d'Eymoutiers (bien d'évéque et de chapitre),
enclave limousine au sein de Tenclave poitevine.
V. — Du Berry, tout le canton de Boussac, moins deux com-
munes, et un tiers du canton de Jarnages, au nord.
VL — Du Bourbonnais^ pour trois communes du canton de Jar-
nages, à Test; une partie de la commune de Bord, canton de Bous-
sac, et de celle de Saint-Loup-les-Landes, canton de Chambon.
VIL — De V Auvergne, l'est et le sud-est du canton d'Auzancos;
un neuvième au sud et au nord du canton de Bellegarde, et deux
cinquièmes du canton de Crocq sur la bordure ouest.
VlII. — Des parties suivantes du soi-disant Poitou :
Le nord et l'ouest du canton de La Souterraine, Touest de celui
de Grand-Bourg, un neuvième de celui de Saint-Vaury au sud-
CARTE FÉODALE DU LIMOUSIN. 7
ouest. — Partie des communes de Vallières et de Saint-Yrieix au
canton de Felletin ; un quart du canton de Gentioux, au centre et
au nord-est; la moitié du canton de Bénévenl, au sud; tout le
canton de Bourganeuf, moins quatre communes (les rois ayant eu
toute facilité d'action sur nos commanderies) ; enfin deux tiers du
canton de Royère, à Touest et au nord.
HAUTE- VIENNE.
I. — Enclave poitevine, — Rochechouart, avec les fiefs de Saint-
Mathieu, Cognac, Champagnac, La Vauguyon, etc., avec les
paroisses de Maisonnais, en partie, Videix, Milhaguet, Pensol-le-
Pauvre, etc.; le marquisat de Mortemart, érigé en duché-pairie en
décembre 1650, consistant en la baronnie de Saint- Victurnien,
elle-même composée de la châlellenie d'Oradour-sur-Glane, des
fiefs du Repaire, Puigaillard, elc; et, en outre, les paroisses de
Morlerolles, Blond, Nouic, Vaury, Breuil-auFa, les fiefs du Fraysse
et de Rochelidoux, partie des paroisses de Javerdat, Cieux,
Bussière-Boffy, MonteroUet, Saint-Christophe, Mézières, etc.
II. — Basse-Marche y divisée :
1* En Basse-Marche limousine, capitale Bellac, démembrée de
la vicomte de Limoges, régie par le droit écrit (droit romain).
2® En Basse-Marche poitevine, démembrée du comté de Poitou
(obéissant k la coutume du Poitou), capitale Le Dorât; ayant
d'abord compris les quatre baronnies ou chefs-lieux de Charroux,
Calais (aujourd'hui appelé llsle-Jourdain) , Saint-Germain-sur-
Vienne et Le Dorât.
On y comptait de plus, en 1663, les fief et marquisat de Magnac,
baronnies de Darnac, du Ris, La Périère, Mas-Rocher, châtelle-
nies d'Availles, Lussac-le-ChAleau, Le Vigeant, Brillac, Mézières,
Dompierre, Le Gros de Baledent, le Soulier, Ordière, Anières,
Lussac-les-Eglises, Broulonière, Persat, etc.
Quant à la sénéchaussée de Bellac, elle embrassait la châtellenie
royale de Rançon, celle de Champagnac, etc., et cent quatre fiefs
relevant du roi. Les paroisses entières de Bellac, Saint-Sauveur
son annexe, Blanzat, Laguzet, Peyrat, Rançon, Saint-Junien-les-
Combes, Saint-Bonnet, Sainl-Barbanl elVacqueur; et, en outre,
les paroisses mi-parlies (c'est-à-dire ressortissant pour moitié de
Bellac et pour moitié d'autres sénéchaussées), Anières, 50 feux,
réclamée par le Poitou; Adriors, Balledent, Berneuil, Blond,
Bonnat, Bussière-Poitevinc, 175 feux ; l'enclave du Deffant,
79; Chamborél, Châteauponsac, Compreignac, Droux, Fursat,
La Croix, Le Buis, Luchapt, 44 feux, revendiquée par le
8 SOGléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Poitou; Mézières, 51; Nantiai, Pont-Saint-Marlin, Roussac» Sainl-
Joiivent, Saint-Martial, Saint-Symphorien, 8 feux; Thouron, Vaulry,
Voulon. (Série provisoire AA,2, Préfecture de la Haute-Vienne) (1).
Vicomte de Limoges. — Comprenant, en 1553, Limoges et ses
chàtellenies de Châlucet, Aixe, baronnie de Nonlron, Courbefy,
Cliâlus, Thiviers, Excideuil, Auberoche, Génis-Moruscles, — Ans,
lequel relevait de Tévéque de Limoges, ainsi qu'Ayen et Yssandon,
— Ségur, Sainl-Yrieix, Chcrvix et Ghàteau-Chervix, Masseret,
Ijarche et Terrasson, la seigneurie de Peizac (2), — et, en hom-
mage les chàtellenies de Bré, Pierrebufflère, des Cars, de La Roche-
TAbeille, d'Hautefort, Thenon, etc. (On sait que nos vicomtes de
Limoges possédèrent aussi, mais à litre de comtes du Périgord, les
chàtellenies de Montignac, du Vergt, Montpaon, Mussidan).
OBSERVATIONS EXPLICATIVES DE LA CARTE.
Nous aurions pu justifier ici et compléter notre carte en donnant
à l'appui de longues listes de justices seigneuriales de chaque
grande circonscription judiciaire, de collectes, de paroisses, de
façon à montrer au vif telle ou telle bizarrerie encore inexplicable
des subdivisions de notre pays, quant à son gouvernement spiri-
tuel ou temporel; mais il eût fallu faire un livre.
Voici nos sources pour celle carte : extraits divers, par nous
recueillis, après un travail forcené de dix ans, dans les archives
particulières ou publiques, Ponillés, Bruel, Longnon, etc.,Bosvieux
(rapport au Conseil général), Nobiliaire de Nadaud-Lecler, Justel,
considérablement corrigé dans sa carie Du Bac; M. Tabbé Poul-
brière (carte religieuse modifiée, que nous avons additionnée sur-
tout des prieurés les plus oubliés, avec le regret de ne pouvoir à
cause de l'échelle et de la noircissure redoutée, faire entrer dans
notre cadre une foule de petits prieurés ou de seigneuries des deux
Limousins, particulièrement le long de la Dordogne et ses affluents,
déjà si encombrée de noms importants. Nous avons aussi mis à
profit les publications si sûres de M. Clément-Simon, aussi bien
que les solides indications qu'a bien voulu nous fournir, autour de
Poitiers et de Sarlal, M. le baron Marc de Meynard de Chaussenejoux,
dont rhabile crayon a dessiné celte carte avec la sûreté, la sou-
plesse de main d'un peintre, l'exactitude rigoureuse d'un officier
(I) Voyez sous ce titre : Enclaoes poUeoLnea, la sérieuse élude qu'en a
faite M. Louis Gulbert.
(9) Nous avons modifié en quelques points le périmètre proposé par
M. Clément-Simon.
CARTE FÉODALE DU LIMOUSIN. 9
d'élat-major, et une aimable passion d'érudil pour ces questions.
Nous le prions d'en agréer encore tous nos remerciements bien in-
sistants. Nous remplissons aussi un agréable devoir en consignant ici
nn témoignage de reconnaissance et pour la Société archéologique
du Limousin, si hospitalière aux Iravailleurs, et pour MM. Leroux
et Guibert, initiateurs de la présente carte.
Nous mettrions volontiers à Martel le siëg« resté inconnu de
Tarchidiaconé de Tornés, que M. Longnon considère avec raison
comme élabli en faveur des paroisses quercynoises rattachées féo-
dalement à Turenne. On remarquera que nous plaçons la vicaria
Exidensis au camp des Césarines, où étaient les tènementet ruisseau
de TEyssidou. (Voyez nos réfutations des identifications de M. De-
loche, de rinstitut, au Bulletin de Brive, 1887-1888), et le minùte-
riutn (lisez ce mot au lieu de vicaria sur la carte) Acteraceme, de
Desjardins, à Ytrac (Cantal).
Nous avons marqué du signe des châtellenies tous les sièges de
vicairies carlovingiennes telles que Treignac par nous révélé, et
nous avons donné avec elles bien des seigneuries ou prieurés dis-
parus avant 1600 ; nous attachant surtout aussi à n'omettre aucune
commanderie, en raison de cette idée très juste de M. Guigucs
(nous devons beaucoup aussi à Tobligeance extrême de son (ils),
qu elles permettent de reconstituer le tracé des voies antiques du
Limousin.
J.-B. Champeval.
LES SOURCES DE L'HISTOIRE
DES ORIGINES CHRÉTIENNES DE LA GAULE
Dans Grégoire de Tours (0
Quid enim fortius desiàerat anima quam
veritatem? (S. Auo.)
Il y a près de trente ans (1861), un savant bien connu, M. Lecoy
de la Marche, dans son ouvrage intitulé : De Vautorité de Grégoire
de Tours, avait fait une étude critique sur le texte de X Histoire des
Francs, et indiqué quelques-unes des sources où le Père de Vhis-
toire de France avait puisé les éléments de son ouvrage. Tout
récemment, c'est-à-dire il y a deux ans, M. Godefroy Kurth, pro-
fesseur à l'Université de Liège, a publié, dans la Revue des questiom
historiques, un article ayant pour titre : Les Sources de Vhistoire de
Clovis duns Grégoire de Tours (2). Avant lui, M. W. Junghans avait
publié à Gottingen (18S7) VHistoire critique des règnes de Childéric
et de Clodovech, ouvrage traduit en français par M. Monod (3).
Nous avons entrepris un travail analogue en recherchant les
sources où Grégoire de Tours a puisé ce qu'il dit, dans divers
endroits de ses ouvrages, sur les origines chrétiennes de la Gaule
et sur les premiers évéques de nos contrées.
Grégoire de Tours, qui vivait à la fin du vi" siècle, ne pouvait
écrire l'histoire religieuse de la Gaule pendant les quatre premiers
siècles que d'après des documents antérieurs ou les données de la
tradition orale; or quels sont les documents, quelles sont les sour-
(1) Ce mémoire a été lu, en partie, à la Sorbonne, le j«udi 4 3 juin 1889,
dans la section d'histoire et de philologie, présidée par MM. Gaston
Paris etLéopold Delisle.
(2) Fascicule du 4«' octobre 1888.
(3) Bibliothèque de VEcole des Hautes Etudes^ 37^ fascicule, 1879.
SOURCES DB l'histoire DES ORIGINES CHRÉTIENNES DE LA GAULE. 11
ces où il a puisé Thistoire de nos premiers évoques? Voilà quel est
l'objet de notre travail.
Si Grégoire de Tours est un véritable historien pour les faits qui
se sont passés de son temps et dont il a été témoin oculaire, « il
est (comme l'a remarqué un savant du siècle dernier) plutôt im
compilateur d'histoires qu'un historien pour les événements anté-
rieurs à son époque ; les choses qu'il trouvait écrites, il les a recueil-
lies, la plupart du temps, sans critique et sans examen; et voilà
pourquoi, lorsque les auteurs dont il s'est servi ont eu des opinions
différentes, il a écrit, ou plutôt il a transcrit des choses différentes et
quelquefois cantraires » (1).
Ainsi, dans le premier livre de son Histoire (chap. xxvi), il
place Torigine des hérésies de Marcion et de Valentinien sous
l'empire d'Anlonin (138-164) : « Sub Antonini imperio, Marcionitana
et Valentiniana hœresis insana surrexit (â) ; » or, deux chapitres
plus bas, dans le chapitre xxvni, il place Thérésie de Valentinien
sous l'empire de Dèce, Tan 250 : « Sub Decio imperatore.,. Valenti-
nianus et Novatianus, maocimi tune hœreticorum principes, contra
fidem nostram, inimico impellente, grassantur (3). »
Dans le chapitre xxx, il place sous l'empire de Valérien et de
Gallien (l'an 258), le martyre de saint Corneille à Rome et de saint
Cyprien de Carlhage : Valerianus et Gallienus Romanum imperium
sunt adepti... Tune Romani CorneiiiAS, Cyprianus Carthaginem felici
sanguine illustrarunt (4). Cela est vrai pour saint Cyprien, qui fut
en effet martyrisé près de Carthage, l'an 258; mais cela n'est pas
vrai pour le pape saint Corneille, qui fut martyrisé sous Gallus et
Volusien, Tan 252 : à Rome, d'après saint Jérôme, et à Centum-
celles (Civita-Vecchia), d'après le très ancien Livre Pontifical.
Disons, à la décharge de Grégoire de Tours, qu'il a puisé cet
anachronisme dans l'exorde de la Passion de saint Privât, évéque
de Mende, qu'ila abrégée deux chapitres plus loin, dans le cha-
pitre xxxn de son Histoire; [on lit en effet dans cette légende :
Valeriani et Gallieni temporibus, qui tune romance reipublicœ prœsi-
(1) Is caim, qui polius hisloriarum compilator, quam auctor fuit, rcs
quas scriptis Iraditas repcrit, sine examine plerumquc collegit; indcqufe,
cum auctores, quibus usus est, diversa sentirent, diversa eliam ipse, imô
et saepe inler se pugnantia transcripsil (Franc. Pagi, Dissertatio hlstorico'
critica de aancto^ Dionysio, ap. Ant. Pagi, Breolarlum Ponti/lcum
Roman , I7Î7, t. IV, p. <6).
(2) Gkegor. Turon., édit. Ruinabt, col. 2-2 ; — Patrolog.y l. LXXI.
(3) Ibid., col. 2Î-Î3.
(4) Ibid., col. 25.
12 SOCIÈTB ARCHÉOLOGIQUE EX HISTORTQUB DU LIMOUMIf.
debant, gravis adversitëChristianos persecutio seeiebat,.. Ea namqn:*
tempestate, Romœ Cornélius^ Cyprianm Carthagine, summi antis-
tites, pro Christi nomine, glorioso martyrie caronati sunt (ij.
Nous pensions avoir été le premier à signaler ce fait, à savoir
que Grégoire de Tours avait puisé ce qu'il dit de saint Privât de
Mende dans l'ancienne Passion de ce saint (2) ; nous étions dans
Terreur. Au xvii* siècle, un savant jésuite, le P. Jean Colomb, dans
ses Opuscules historiques^ imprimés à Lyon en 1675^ avait Tait cette
même observation, que les Actes de saint Privât sont plus anciens
que Grégoire de Tours, et que cet historien a puisé dans ces Actes
ce qu'il raconte du martyre de saint Privât (3).
Article premier.
Grégoire de Tours et les sept évéqms.
Le texte le plus important de Grégoire de Tours, relativement à
nos origines chrétiennes, est celui où cet historien parle des sept
évéques envoyés dans les Gaules sous le consulat de Dëce et de
Gratus, c'est-à-dire l'an 250. Ce texte a servi de base au système
iiistorique qui retarde jusqu'au milieu du ni'' siècle la fondation
des principales églises de France. Grégoire de Tours adopte pour
l'époque de cette mission une darte qu'il a trouvée dans une Pas-
sion de saint Saturnin. Voici, en effet, ce qu'il dit dans le chapitre
xxviu du premier livre de YHiMoire de Francs : « A la même
époque (sous l'empire de Dèce), sept personnages ordonnés évo-
ques furent envoyés pour prêcher dans les Gaules, comme le rap-
porte l'histoire de la Passion de saint Saturnin; elle dit, en effel :
Sous le consulat de Dèce et de Gratus, d'après le fidèle souvenir
qu'on en conserve, la ville de Toulouse avait commencé à avoir son
premier pontife. Voici donc ceux qui furent envoyés : chez les
habitants de Tours, l'évêque Catien; chez les habitants d'Arles,
l'évêque Trophime ; à Narbonne, l'évêque Paul ; à Toulouse, l'évê-
que Saturnin; chez les Parisiens, l'évêque Denys; chez les
(I) Actes de saint Privai, Bibliothèque Nationale, ms. 41,7*8, fol. 13,
(ix« ou x« siècle); — ms. li,6C6, fol. 86. — Voir encore SuRius, 21 août,
édit. ItfIS, p. 250; — Acta SS., t. IV aug., p. 439.
(î) Documents inédits sur V apostolat de saint Martial, 1860, p. 3î.
(3) Joannes Coliimbus nosler, in opusciilis historicis 'supra citalis, quie
anno 1^76 Lugduni Gallorum édita sunt, p. I9i, arbitralur Acta S. Privaii
conscripla esse anle aelatem S. Gregorii Turonensis, et hune suam
narralionem de ma»*lyrio S. Privaii ex illo auctore excerpsissc. iGuiulelm.
CupER, Acta SS.j t. IV aug , p. 436).
sorncEs de L^HisTornE dës origines cbrétiennks de la gaule. 13
Arvernes, révoque Auslremoine; chez les Limousins, l'évéque
Martial. »
Op, la Passion de saint Saturnin, sur laquelle Grégoire de Tours
s appuie, dit bien que le premier évéque de Toulouse fut envoyé
sous le consulat de Dëce, mais elle ne dit pas un mot des six
attires éVêques que Grégoire de Tours donne pour compagnons de
saint Saturnin. Pourquoi donc le pieux historien fait-il dire à celle
Passion ce qu'elle ne dit pas? Pourquoi se fonde-t-il sur celte
Passion pour assigner la mission des six autres évoques à Tempire
de Dëce, lorsque cette Passion parle uniquement de saint Satur-
nin?
Les savants qui s'étaient aperçus de cette citation inexacte avaient
cherché à l'expliquer en disant que Grégoire de Tours avait ajouté
ces détails d'après une tradition qui faisait venir ces sept évéques
vers le même temps; mais quelle est la source où il a puisé cette
tradition?
Un savant de nos jours a eu l'honneur de la découvrir. Dans ses
Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Madeleine en Pro-
vence (1), M. Tabbé Paillon a établi, d'une minière aussi solide
qu'ingénieuse, que Grégoire de Tours a puisé celte tradition dans
l'ancionne légende de saint Ursin de Bourges, que le même savant
a publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque nationale, peint
au x'' siècle. Dans celle légende, les noms des sept évoques men-
tionnés par Grégoire de Tours se trouvent identiquement les mê-
mes; et ce qui prouve qu'il a puisé là cette mission simultanée des
sept évéques, c'est que, après avoir parlé de cette mission dans le
chapitre xxvni de son histoire, il consacre le chapitre suivant
tout entier au fondateur de l'église de Bourges, qu'il ne considère
toutefois que comme un prédicateur de second ordre et un disciple
des sept évéques. Or, les détails qu'il donne, dans ce chapitre, sur
le premier évéque de Bourges, sont empruntés évidemment à la
légende de saint Ursin, dont ils retracent les faits principaux et
dont ils reproduisent textuellement certaines locutions.
Il est donc certain que Grégoire de Tours a puisé ce qu'il dit
sur la mission des sept évéques dans deux documents plus anciens
que lui, à savoir : la légende de saint Ursin de Bourges et la Pas-
sion (le saint Saturnin ; dans le premier de ces deux documents, il
a pris le dénombrement des sept évoques, et, dans le dernier,
l'époque de leur mission.
Mais voilà où se trahit l'inexactitude de Grégoire de Tours. La
légende de saint Ursin dit que les sept évéques ont été envoyés,
(4) Monuments inédits, etc., t. Il, col. 42.'t cl suiv,
H SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
non pas sous l'empire de Dèçe, mais par les samts apôtres^ c'esl-à-
(lire au premier siècle : ce qui est bien différent. Pourquoi donc
Grégoire de Tours, ayant puisé dans la légende de saint Ursin
de Bourges ce fait de la mission simultanée des sept évoques,
n'ajoute t-il pas, avec cette légende, qu'ils ont été envoyés par les
saints apôtre»? Et puis, pourquoi fait-il dire à la Passion de sainl
Saturnin ce qu'elle ne dit pas, à savoir que les six autres évoques
ont été envoyés avec saint Saturnin sous Tempire de Dèce?
Voilà une double inexactitude qui amoindrit singulièrement Tau-
torité de Grégoire de Tours sur l'époque de l'évangélisation des
Gaules.
Dans notre Dissertation sur Vapostolat de saint Martial, nous
avons réfuté ce passage de Grégoire de Tours relatif à la mission
des sept évoques. Nous avons montré que ce passage est en contra-
diction avec des écrivains antérieurs à cet historien; ainsi, dès le
second siècle (190), saint Irénée de Lyon, dans son ouvrage Contré?
les hérésies, déclare que de son temps, il y avait plusieurs églises
chrétiennes établies dans les Germanies, c'est-à-dire dans deux
provinces de la Gaule Belgique, dans les Ibéries, c'est-à-dire en
Espagne, et chez les Celtes, c'est-à-dire dans les diverses provinces
de la Gaule; ainsi Tertullien, dans son livre Contre les Juifs, écrit
vers l'an 220, par conséquent avant l'époque assignée par Grégoire
de Tours à la grande mission des Gaules, énumère les nations qui
croient en Jésus-Christ; et dans cette énumération, il comprend
« les Gélules et les Maures d'Afrique, tous les confins des Espa-
gnes, les diverses nations des Gaules {Galliamm diversœ nationes)
et enfin les îles Britanniques, inaccessibles aux Romains et pourtant
soumises au Christ»; ainsi Lactance, qui écrivait au commence-
ment du iv« siècle, dit que, u après la mort de Domitien (fin du pre-
mier siècle), l'église étendit ses bras à l'Orient et à TOccidenl, en
sorte qu'il n'y avait aucun coin de la terre où la religion du vrai
Dieu n'eût pénétré... Mais, ajoute-t-il, dans la suite cette longue
paix fut troublée ; car, longtemps après, Dèce s'éleva pour persé-
cuter l'Église ». Ce texte prouve que longtemps avant le milieu
du ni" siècle, la religion chrétienne était généralement répandue
dans les diverses parties du monde. Nous laissons d'autres témoi-
gnages qu'on peut voir dans notre Dissertation sur l'apostolat de
saint Martial.
En outre, ce passage de Grégoire de Tours renferme une erreur
manifeste sur saint Trophime. Ainsi, dix-neuf évoques delà province
d'Arles, écrivant au pape saint Léon, Tan 440, lui disaient : « Toutes
les provinces de la Gaule savent, et la sainte Église romaine ne
l'ignore pas, que la cité d'Arles est la première ville des Gaules
SOURCRS DE l'histoire DES ORIGINES CHRÉTIENNES DR LA CAULE. 15
qui ait mérité de recevoir pour pontife saiut Trophirae, envoyé
par le bienheureux apôtre saint Pierre » ; assurément ces dix-neuf
évéques, un siècle et demi avant Grégoire de Tours, étaient mieux
renseignés que lui sur l'histoire de leur église. Les plus chauds
partisans de cet historien ont été forcés de convenir qu'il s'est
trompé sur cette mission de saint Trophime. « En présence de la
lettre des évoques d'Arles, dit Tabbé Bourassé, je m'incline, parce
que je trouve là un témoignage supérieur à Grégoire de Tours;
supérieur par l'antiquité, supérieur par son caractère local,
supérieur par le nombre imposant des témoins. Je n'hésite donc pas
à abandonner Grégoire de Tours sur ce point, car tout témoignage
doit céder à un témoignage supérieur » (i). De plus, il est histori-
quement démontré par une lettre de saint Cyprien, que, à l'épo-
que assignée par Grégoire de Tours à la mission de saint Trophime,
il y avait sur le siège d'Arles un évéque hérétique nommé Marcien,
qui fut dénoncé par les évéques de la province de Lyon comme
étant infecté du schisme et de l'hérésie de Novatien. L'erreur de
Grégoire de Tours, relativement à saint Trophime d'Arles, est
donc manifeste. Nous renvoyons pour les détails de cette démons-
tration à notre Dissertation sur Vapostolat de saint Martial, Etu-
dions maintenant les sources où Grégoire de Tours a puisé ce qu'il
dit sur saint Saturnin.
Article IL
Grégoire de Tours et saint Saturnin.
Comme nous l'avons vu dans le précédent article, Grégoire de
Tours, dans son Histoire des Francs, s'appuie sur une Passion
de saint Saturnin pour fixer au consulat de Dèce et de Gratus
(an 250) la mission du premier évéque de Toulouse : Ait enim :
stib Decio et Grato consulibus, sicut fideli recordatione retinetur,
primum ac summum Tolosana civitas sanctum Saturninum habere
cœperat sacerdotem, (L. I, G. xxvin.)
D'un autre côté, le môme Grégoire de Tours, dans son livre de
la Gloire des Martyrs, ch. xlviii, dit que saint Saturnin a été
ordonné par les disciples des apôtres : Ab apostolorum discipulis
ordinatm (2). Or, Grégoire de Tours n'a pas inventé ce détail; il
l'a puisé dans un document antérieur, dans une Passion ou légende
de saint Saturnin; et, en effet, il y a une Passion abrégée de saint
(i) Lettre à M. l'abbé Rolland sur quelques principes de critique, 1870,
p. n.
(i) Patrolog.y t. LXXl, col. 739.
\(y SOCIÊTK AllC&éOLOi;iQUK BT HtSTORIOUB DU LIMOUSTN.
Saturnin qui commence par ces mois, et qui a élé citée ou repro-
duite par plusieurs écrivains du moyen-âge : au ix* siècle, Raban
Maur, dans son Martyrologe (1) : au \nf siècle, Pierre de Voragîne,
dans sa Légende dorée (2); au xiv*, Pierre de Nalalibus, dans son
Catalogus Sanctorum (3), etc.
Voici le texte de cette petite Passion, tel que nous Tavons trans-
crit dans un manuscrit de Florence (4), et tel qu'il a été publié
dans la Légende dorée de Jacques de Voragine :
Salurninus, ab aposlolorum discipulis episcopus ordinalus, in urbem
Tholosanam directus est. Cumautem, ipso ingrediente, dœmones à respon-
sis cessareDt, unus genlilium dixil, quod nisi Salnroinum occidereDi, a diis
suis nil penitus obtinerent. Âpprehendenles igilur Satarninum« nolcntem
sacrificare^ ad pedes tauri ligaverunteum, cum slimulis agitantes a summa
arce, et per gradus Capitolii praecipitavcrunl. Sicque, capiie confracto, cl
ccrebro excusso, marlyrium féliciter consummavit. Cujus corpus du8B
fcminae rapientes, in profundoloco propter metum gentilium condiderunt:
quod postea successores ejus ad locum reventiorcm Iranslulerunt.
En rapprochant ces deux passages de Grégoire de Tours, on voit
aisément qu'il n'est pas d'accord avec lui-môme : comment saint
Saturnin n'a-t-il récusa mission qu'au milieu du ni'' siècle (an 250)
s il a été ordonné par les disciples des apôtres? Il est vrai que dom
Ruinart a essayé de justifier Grégoire de Tours en disant que, par
disciples des apôtres, il entendait les papes du milieu du ni" siècle :
mais cette explication ne peut soutenir Texamen. Toute Tantiquité
a entendu ces paroles dans leur sens obvie, c'est-à-dire dans le
sens de contemporains des apôtres. Ainsi, dans les anciens monu-
ments et docuraenls ecclésiastiques, le pelit Martyrologe romain,
par exemple, on ne donne ce litre de disciple des apôtres qu'aux
disciples immédiats et contemporains des apôtres (5). D'ailleurs si
l'on pouvait donner ce titre de disciples des apôtres aux papes du
ni« siècle, on pourrait le donner également aux papes du moyen-
âge et même aux papes de notre temps; or, ainsi interprétées, ces
paroles n'auraient aucun sens et ne désigneraient aucune époque
déterminée.
(1) Saturninus vero martyr, ut feruat, ab apostolorum discipulis ordi-
nalus, in urbem Tolosatium est directus. {Martyrolog., 9 nov. Patro-
log.,LCX, col. H82).
(î) Legenda aurea, édition de Lyon, 1519, fol. 135. v«.
(3) Catalogus Sanctorum^ 1. I, cap. v.
(A) Blbliotheca Laurentiana, Codicc Slrozziano, n* 4, fol. 258, v».
(5) Saint Tite, saint Paul de iNarbonnc, saint Quadrat, saint Aristarquc,
saint Sosthône, saint Trophime, elc. [Patrolog.j l CXXlil, col. 145 et
suiv.)
SOURCES DE L HISTOIRE DES ORIGINES CHRÉTIENNES HE LA GAULE. . i7
Voilà donc que, relativement à la mission de saint Saturnin,
Grégoire de Tours est en désaccord avec lui-môme. Il s'appuie
sur deux documents différents, dont Tun fixe la mission du pre-
mier évoque de Toulouse au milieu du ni* siècle, et dont l'autre,
qui fait ordonner saint Saturnin par les disciples des apôtres, attri-
bue par cela même sa mission au i*' siècle. De ces deux docu-
ments, quel est le plus authentique ? de ces deux dates, quelle est
celle qu'il faut adopter?
L — Constatons, en premier lieu, que la Passion de saint
Satupnin, sur laquelle Grégoire de Tours s'est appuyé pour fixer la
mission du premier évoque de Toulouse au consulat de Dècc et de
Gratus, est une Passion interpolée, c'est-à-dire que cette date a été
insérée maladroitement dans une transcription postérieure de
cette Passion, vers le commencement du vi" siècle.
En effet, cette date est en contradiction avec l'exorde de cette
pièce, où il est dit que saint Saturnin reçut sa mission dès l'au-
rore du christianisme, à l'époque de la prédication des apôtres
dans nos contrées.
Nous avons eu la chance de découvrir, dans deux manuscrits de
la Bibliothèque nationale (dont l'un, peint au x" siècle, provient
de l'abbaye de Saint-Martial], les actes authentiques de saint
Saturnin, la Passion primitive, où cette interpolation est absente,
où cette date fautive n'est pas exprimée. Nous avons publié ces
Actes authentiques dans notre Mémoire sur saint Denis de Paris.
Depuis cette publication, nous avons eu connaissance d'un troi-
sième exemplaire de ces Actes authentiques qui se trouve dans la
Bibliothèque du Vatican (ms. 517), et nous en possédons une
copie.
Grégoire de Tours a donc été induit en erreur par la Passion
interpolée qu'il a eue sous les yeux; et, en adoptant la date du
consulat de Dèce et de Gratus, il s'est mis en contradiction avec
lui-même, puisqu'il reconnaît, d'après d'autres documents, que
saint Saturnin a été ordonné par les disciples des apôtres, et qu'il a
reçu, par conséquent, sa mission au i" siècle.
II. — Disons, en second lieu, que Grégoire de Tours est dans le
vrai quand il rapporte que saint Saturnin a été ordonné par les
disciples des apôtres ^ parce que des documents historiques, anté-
rieurs à Grégoire de Tours, d'autres documents, contemporains de
cet écrivain, donnent à saint Saturnin le titre de disciple des
apôtres.
(a) A Rome, nous avons transcrit en partie, et fait transcrire
intégralement au couvent de la Minerve, dans la Bibliothèque
Casanata, un traité inédit contre les Ariens, qui a pour titre :
T. xxxviii. %
\S SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUR Et HISTORIQUE DU LlltOUSlN
Collectio (peut-éire Collatio) de Mysterio Trinitatis. Or, ce traité,
écrit en caractères lorabardiques dans un manuscrit du ix'sicclt» (i),
a été composé, vers la lin du v* siècle, par un écrivain du midi de
la Gaule, que nous croyons être Fauste de Riez. Gennade, en effet,
attribue à cet écrivain un petit traité flibellumj contre les Ariens
et les Macédoniens, que l'on croyait perdu, et qui a tous les
caractères du traité que renferme ce manuscrit. Or, cet écrivain,
antérieur d'un siècle à Grégoire de Tours, donne à saint Saturnin,
comme à saint Trophime d'Arles et à saint Paul de Narbonne, le
titre de disciple des apôtres (2).
(bj Un autre document d'une réelle importance, et qui fait
remonter la mission de saint Saturnin aux temps apostoliques, a
été découvert à Florence vers la fin du siècle dernier. Ce sont les
Actes des saints Saturnin, Honeste et Fiimin. publiés par Joseph
Macéda, à Bologne, en 1798, dans son livre : De celenpropagatione
Evangelii (p. 27-34). Ces Acles paraissent avoir été composés à
Pampelune, en Espagne, vers le v" siècle, au vi" pour le plus tard.
Ce qui n'a pas été remarqué jusqu'ici, ni par Macéda ni par les
aulres savants qui ont étudié la question, c'est que ces Actes espa-
gnols se trouvent intercalés, dans le manuscrit de Florence, entre
le commencement et la lin de la Passion de saint Saturnin, com-
posée à Toulouse et citée par Grégoire de Tours. Seulement,
l'écrivain ou le collecteur qui a réuni ces deux Acles a voulu les
mettre d'accord sur l'époque de la mission du premier évéque de
Toulouse ; et, au lieu d'assigner cette mission au consulat de Dèce
et d€ Gratus, comme on lit dans la Passion interpolée, il Ta
placée sous l'empire de Claude, au i" siècle : Snb Claudiêy qui
Gaio defuncto suhrogatus, etc. Or, dans ces Actes composés en
Espagne, saint Saturnin est dit « parfait disciple de saint Pierre,
au commencement de la prédication évangélique... » In primordio
prœdicationis evangelicœ,.,^ Saturninus apostoli Pétri perfectus
exstitit discipulus (3). Cet accord des traditions espagnoles et tou-
lousaines n'est-il pas d'un grand poids, et ne doit-il pas faire
pencher la balance en faveur de l'opinion de Grégoire de Tours,
lorsqu'il dit que saint Saturnin a été ordonné par les disciples des
apôtres?
fcj Nous profitons de l'occasion pour signaler un autre docu-
ment, moins ancien, mais non moins curieux, que nous avons eu
(1) Ms. B., IV, 18, Kalendarla et opéra varia.
(2) Macéda, de Céleri propag ai ione Eoangeîiiy p. 14. — Mahachi, t. I,
p. Î39, édit. 4843.
(3) Macéda, de Céleri propag atione Evangelii, p. 80,
SOURCES DE l'histoire DBS ORIGINES CHRÉTlEtfNCS DE LA GAULK. t9
la bonne -fortune de découvrir dans un seul manuscrit de la
Bibliothèque nationale. Ce sont d'anciens Actes de saint Saturnin,
que l'on croyait perdus, et qui, au témoignage de Bivar, — lequel
en cite plusieurs extraits dans son Commentaire de la chronique du
pseudo-Dexter (1) — se trouvaient, au xni* siècle, dans la Biblio-
thèque de Rodrigue Ximénès, archevêque de Tolède, historio-
graphe de l'Espagne. Ces Actes, que nous avons transcrits en
partie, que nous avons fait transcrire intégralement, mais que
nous n'avons pu encore publier, sont dédiés à Sanche fO Sanctus,
0 AgieJ, évêque de Pampelune à la fln du x* et au commencement
du XI* siècle. Or, il est dit, dans ces anciens Actes, que saint
Saturnin était un disciple de saint Pierre : Satuminus Pétri
alùtnnus (2).
fdj Aux documents déjà cités, qui placent la mission de saint
Saturnin au i*' siècle, il est inutile d'ajouter les anciens Actes de
saint Denys, dans l'exorde desquels saint Saturnin est dit avoir été
ordonné et envoyé par les apôtres (3); citons encore les Actes
moins anciens de saint Denys, où le premier évoque de Paris est
identifié avec Denys TAréopagite, et dans lesquels saint Saturnin
est représenté comme ayant reçu sa mission de saint Clément (4).
Cette tradition aétéadoptée parOdon de Beauvais(5),qui florissait
au IX* siècle (860), et d'autres écrivains qu'il serait trop long de citer.
fej Au surplus, ce qui démontre que saint Saturnin, premier
évéqae de Toulouse, a reçu sa mission bien avant le consulat de
Dèce, c'est que, dès le n* siècle, il y avait à Toulouse une église
chrétienne fondée par lui. En effet, saint Jérôme, au iv* siècle,
s'appuyant sur un témoignage de saint Irénée (6), dit qu'un certain
Marc, issu de la race de Basilide-le-Gnostique, vint d'abord dans
les Gaules et infecta de son hérésie les pays arrosés par le Rhône
et la Garonne, puis, passant les Pyrénées, pénétra jusqu'en Espa-
gne (7). Dans son Commentaire sur haie, s'appuyant toujours sur
(\) Patrolog,, I. XXXI, p. 246
(9) Bibliothèque nationale, ms. 3,809 A, p. 216, tl{.
(3) Voir Tédilion que nous avons donnée de ces anciens Actes {Saint
Denys de Paris ^ p. 97).
(4) Saint Denys de Paris, 48BO, p. 78.
(5) Patrolog.,i. CXXIV, coL 1H6.
(6) In iis quœ secundum nos sunt regiones RhodanenseSy muUas seduxlt
mulieres. {Contra hœreses^ cap. IX).
(7) Marcus quidam, de Basilidis Gnostici stirpe descendons, prinium
ad Gallias vénerie, et eas partes per quas Rhodanus et Garumna fluunt
sua doctrina maculaverit... Inde, Pyreneum transiens, Hispanias occu-
pant, {Kpist., LXXXV,ad Theodoram olduam; — Patrolog,, t. XXII, col,
687).
SO SOCIÉTÉ ARCIlÉOLOGlOUfi RT UlSTORtQUE DU LiMOLSiN.
raulorilé de saint Irénée, il répèle que ce Marc TEgyplien a séduit
de nobles matrones, d'abord dans les contrées des bords du Rhône,
et ensuite en Espagne (1); enfin, dans sa lettre à Thérélique Vigi-
lance, qui habitait au pied des Pyrénées, il lui reproche de repro-
duire les erreurs de Basilide, très ancien hérétique, qui avaient
clé répandues dans cette contrée (2); les villes situées sur la
Garonne et au pied des Pyrénées indiquent évidemment Toulouse ;
or, s'il y avait dans cette ville, dès le n* siècle, des hérétiques
Marcosiens, il y avait certainement des catholiques, car Tivraie
suppose le bon grain. Donc saint Saturnin avait reçu sa mission
avant le milieu du m* siècle; il avait été ordonné, comme le dit son
antique Passion, par les disciples des apôtres.
On objectera peut-être que saint Irénée, dans son Traité des hé-
résies, ne parle que des villes situées sur les bords du Rhône et
non de celles qui sont arrosées par la Garonne ; mais saint Jérôme,
l'homme le plus érudii de son siècle, devait savoir par d'autres
sources ce qu il ajoute au texte de saint Irénée. On ne sait que par
lui ce délail historique, que Pompée, en revenant d'Espagne à
Rome, a fondé la ville de Comminges [Convenœ)\ or qui a révoqué
en doule ce fait historique, quoiqu'il ne soit appuyé que sur le
témoignage de saint Jérôme ?
Dès le second siècle, il y avait donc des chrétiens à Toulouse
comme il y en avait à Lyon; et comment peut-on supposer que la
ville de Toulouse n'a reçu son premier évoque qu'un siècle après
que le sang des martyrs de Lyon ruisselait dans les rues de cette
cilé?
(f) Mais comment expliquer l'interpolation de cette date, sub
Decio et Grato constilibus, dans la Passion de saint Saturnin cilée
par Grégoire de Tours?
Voilà une explication qui nous paraît très plausible :
Il y a une ancienne et très courte Passion de saint Saturnin, que
Pierre de Natalibus a reproduite dans son Catalogue des sainte.
Cette Passion, dans laquelle il est dit que saint Saturnin fut or-
donné par les disciples des apôtres se termine par cette addition
(1) Vir aposlolicus scribit Irencus... multarum origines explicans liaere-
scon, et maxime Gnosticorum, qui per Marcum iEgyplium, Galliarum pri-
mum circa Rhodanum, dcinde Hispaniarum nobiles feminas dcccperunt.
(M Isalam. c. LXIV; — Patrolog,, t. XXIV, col. 623.)
(2) El quia ad radicos Pyrenei Iiabilas, vicinusque es Ibcriie, Rasilidis,
anliquissimi haerelici, et impcritœ scientiae, incredibilia portenla prose-
qucris, et proponis quod lotius orbis aucloritate damnatur. (EpUtolar.
lib. m, edit. 16i7, p. 527).
SOURCES DE L*HISTOIRE DBS ORIGINES CBRÉTIENNE3 DB J.A GAULE. '21
apocryphe : « Il souffrit [le martyre] sous Dèce, le 3 des calendes
de décembre » (1).
Florus, moine de Sainl-Trond (760), dans ses Additions au Mar-
tyrologe de Bède (2), et saint Adon de Vienne (856), dans son Mar-
tyrologe (3), ont puisé à cette source et reproduit ce détail.
Or, cette addition apocryphe nous parait le fait de quelque
copiste, ancien à la vérité, mais ignorant, qui, voulant rattacher
le martyre de saint Saturnin à une époque déterminée, l'aura assi-
gné, par conjecture, à la persécution de Dèce, qui avait sévi à Tou-
louse, et dont le souvenir était resté gravé, en caractères de sang,
dans la mémoire des peuples.
Un copiste des anciens Actes de saint Saturnin, s*appuyant sur
cette addition apocryphe, aura interpolé cette date du consulat de
Dèce et de Gratus dans la Passion consultée par Grégoire de
Tours; mais, au lieu de fixer à cette date le martyre de saint Satur-
nin (ce qui était plus naturel), il aura placé sous ce consulat sa
venue à Toulouse, ce qui est tout à fait improbable et contraire à
tous les monuments de la tradition.
Donc saint Saturnin a été ordonné par les disciples des apôtres,
comme le dit Grégoire de Tours, et sa mission remonte au
i" siècle.
Article III.
Saint Martial et Grégoire de Tours.
Grégoire de Tours a parlé de saint Martial dans maints endroits
de ses ouvrages. Outre les deux principaux passages où il parle de
sa mission, Tassignant, tantôt à Tempire de Dèce, tantôt aux évé-
ques de Rome, sans préciser aucune époque, on trouve dans son
Histoire des Francs un passage qui montre combien le culte de
saint Martial était en honneur au vi" siècle.
Léon de Poitiers, mauvais conseiller de Chramne, fils de Clo-
taire, qui, selon Tinterprétation de son nom, était « un lion très
cruel dans toutes sortes de passions », Léon de Poitiers dit un jour
que « Martin et Martial, confesseurs du Seigneur, ne laissaient rien
d'utile aux droits du fisc »; c'est-à-dire que l'argent des fidèles, au
lieu d'aller grossir le trésor du roi, se perdait dans la crypte du
(1) Passus est aulcm tempore Decii, m kal. dccemhris. {Cataîogus Sanc
torum, 1. ï, C. V, édition de l.yon, 1542, fol. I, v«).
(«) Martyrol, Bedœ, 29 nov. ; — Patrolog.y t. XCIV, col. H18.
(3) Martyrolog,, 29 nov.; — Patroloj.y t. CXXllI, col. 406.
Z% SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIK.
tombeau de saint Martial. « Aussitôt, frappé par la vertu des con-
fesseurs, Léon de Poiliers devint sourd et muet et mourut fou (1). »
On voit par là que le culte de saint Martial, à cette époque, était à
l'égal du culte de saint Martin ; or, le cuHe de saint Martin, au vi«
siècle, était universel; et l'on connaît le vers de Fortunat sur ce
sujet :
Où le Christ est connu, Martin est honoré,
Et quo Ckristus habet nomen, Martlnus honorem (î).
Nous avons cité le passage de Grégoire de Tours où saint Mar-
tial figure parmi les sept évoques envoyés sous le consulat de
Dèce et de Gratus; ce texte n'ajoute presque rien sur le premier
évéque de Limoges.
Dans son livre De la Gloire des Confesseurs^ Grégoire de Tours
a consacré trois chapitres à saint Martial,
Dans le premier de ces chapitres, après avoir dit que saint
Martial avait été envoyé par les évéques de Rome — qu'il ne dési-
gne pas autrement fSanctus Martialis episcopm a Romanis missus
episcopisj, il ajoute que ce pontife, « après avoir renversé les
statues des faux dieux et aboli leurs rites, après avoir rempli la
ville de Limoges de la foi au vrai Dieu, sortit de ce monde f migra-
vit a sœctiloj ». Il dit de plus qu'il y avait avec lui deux prêtres,
qu'il avait amenés avec lui d'Orient dans la Gaule fqtws secum ab
Oriente adduxit m GalliamJ; et lorsqu'ils vinrent à mourir, leurs
sarcophages furent réunis, et ils furent ensevelis dans la même
crypte que le saint évéque; l'un était près de la muraille, l'autre
lui était contigu; mais leurs tombeaux n'étaient pas relevés de
terre; et l'on ne pouvait, à cause de cette juxtaposition, ni étendre
une nappe fpalaj, ni allumer de (lambeau. Gomme les habitants
du lieu voyaient cela avec peine, il arriva qu'un matin, en entrant
dans la crypte, ils trouvèrent les sépulcres placés dans des murs
différents; et ainsi l'accès à chaque sépulcre fut libre, et il fut
manifesté clairement que le bienheureux pontife devait être vénéré
comme un serviteur du vrai Dieu (3).
Dans le chapitre suivant, Grégoire de Tours raconte la guérison
d'une jeune fille dont la main était paralysée, dont les doigts étaient
(1) Gregor. Turon., HLst» Franc, lib. IV, c. xvi, édit. Ruinart,
col. «56.
(î) Fortunat, Viia S. Martini^ lib. IV, dernier vers;— Patrolog.j
{. LXXXVllI, col. 426.
(3) Gregor. Turon., De gloria confessorum, cap. XXVll],ôdit. Ruinart,
col. 917.
SOURCES DR l/niSTOiRK DES OPIIGINES CHRÉTIENNES DE LA GAULE. 93
rentrés dans la paame, et qui, ayant confiance dans la vertu du
saint confesseur — lequel avait délivré le peuple des vaines prati-
ques d'un culte superstitieux — célébra la vigile dans la nuit de sa
fête, et qui, en priant devant son tombeau, fut tout étonnée de
voir sa main guérie en présence du peuple.
Dans le troisième chapitre, il raconte la guérison d'un homme
qui, après avoir prêté un faux serment dans une église, était de-
venu muet : sa voix ne ressemblait plus à une voix humaine, mais
à un bêlement de brebis. S'étant prosterné pour prier devant le
tombeau du saint, il sentit comme une main qui lui touchait le
gosier; el ayant fait signe au prêtre qui était là de lui faire le signe
de la croix sur la bouche, il recouvra l'usage de la voix, et raconta
tout ce qu'il avait souffert (1).
Où Grégoire de Tours a-t-il puisé le récit de ces trois miracles?
Il Ta puisé certainement dans l'ancienne Vie de saint Martial que
nous avons découverte, et où ils sont racontés (le troisième en par-
ticulier) en des termes presque identiques (2).
C'est là ce que nous avons dit lorsque nous avons publié, en
4860, celte ancienne Vie; c'est là ce que nous répétons aujour-
d'hui avec une entière certitude.
Deux savants allemands, à qui Ton doit une édition récente
(1884) de Grégoire de Tours, MM. W. Arndt et Bruno Grusch, ont
cité notre opinion à ce sujet, et tout en accordant que celte an-
cienne Vie de saint Martial et les miracles qui y sont racontés ont
été écrits peu de temps après Grégoire de Tours, ils penchent plu-
tôt vers cette opinion que c'est l'auteur de cette ancienne Vie qui a
emprunté à Grégoire de Tours le récit de ces trois miracles (3).
J'en demande pardon à la critique allemande; mais elle me
paraît ici en défaut. Prétendre qu'un écrivain limousin est allé em-
prunter à Grégoire de Tours le récit de miracles opérés à Limoges,
c'est aller contre toute vraisemblance. C'est comme si on disait que
(I)Gregor. Turgn., De Gloria confessorum, c. xxix, édil. Ruinart, col.
91 S. {Patroîog., t. LXXï.)
(t) Documents Inédita sur l'apostolat de saint Martial^ 1860, p. 39.
(3) Miracala quœ Grogorios subjecit, ex hac ipsâ vilâ fluxisse, Arbellol,
(Documents Inédits sur l'apostolat de saint Martial, Paris, 4860, p. 32.)
slaluit, sed è Gregorio potius viiae scriptor profccit, qui bldentis mugltum
in balantem oolum vocem scnlentiam, sensltque^ ut postea adserebat.
tanquam si aliquls guttur ejus iangeret» in illam tanquam si gut-
tur ejus aliquls tangeret mulavcrit. Quamquam haec miracula non
adco mullo lempore post Grcgorium composita esse concède. {Monu-
menta Germantœ hlstorlca. — Scrlptores Rerum Merovlnglcarumt Gre-
gor. Turon.^ Hannocerœ^ 4881, p. 765, noie I.
Si SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Grégoire dft Tours est venu chercher en Limousin le récit des mi-
racles opérés en Auvergne. Ces miracles étaient écrits naturelle-
ment dans les lieux où ils étaient opérés. Serait-ce, par hasard,
que, à cette époque, il n'y avait, dans les Gaules, d'autre écrivain
que Grégoire de Tours? Comment soutenir cette opinion, quand on
convient, du reste que cette ancienne vie de saint Martial a été
écrite peu de temps après Grégoire de Tours?
Les miracles racontés dans cette ancienne Vie sont évidemment
antérieurs au vu* siècle, puisque dans Tautre Livre des Miracles
que nous venons de publier (1), le premier en date se rapporte à
rélection de saint Loup, qui eut lieu en 6i4.
Il y a plus : non seulement Grégoire de Tours a connu rancienne
Vie de saint Martial et y a puisé le récit des trois miracles qu'il
rapporte, mais il a dû connaître aussi la légende prolixe de saint
Martial composée par le pseudo-Aurélien,
Les savants se sont étonnés de trouver dans Grégroire de Tours
un détail curieux sur les deux prêtres compagnons de saint Martial,
à savoir que le saint évéque les avait amenés avec lui d'Orient
dans la Gaule (2). C'était insinuer la mission de saint Martial au
premier siècle, puisque c'est surtout à cette époque que les
apôtres et leurs disciples partaient de TOrient, c'est-à-dire de la
Judée. Or, où Grégoire de Tours a-t-il puisé ce détail? ce n'est pas
dans l'ancienne Vie de saint Martial, où on ne le trouve point,
mais dans la légende prolixe, composée par le pseudo-Aurélien.
C'est encore d'après cette légende qu'il dit que saint Martial mou-
rut après avoir rempli la ville de la foi au vrai Dieu : repletâ jam
creduUtate (3) Dei urbe (ch, 27).
Et cela n'a rien de surprenant, puisque Fortunat, évéque de
Poitiers, a composé sur cette légende de saint Martial un petit
poème qui porte son nom dans un manuscrit de la Bibliothèque
Laurentienne de Florence, et que le cardinal Luchi, au siècle der-
nier, a inséré dans l'édition complète des œuvres de Fortunat (4).
Ces vers ont été reconnus comme authentiques non seulement par
le cardinal Luchi, mais par les autres savants italiens, Bandini,
(1) Leone des miracles de saint Martial (texte lalin inédit du ix« siècle).
Paris, René Haton, 1889, p. 12.
(2) MM. W. Arndt et Bruno Cruscli, dans leur édition de Grégoire de
Tours : « Martlaleni ab Oriente in Gallias adoenisse, Gregorius iafra
scripsit. 0 (p. 764, note 3).
(3) Le mot credaZtias, aux v^ctvi* siècles, voulait dire non pas crédulité^
mais foi sincère et religieuse : « Scia mihi ad credulitalcm sufficit per-
sona dicenlis. » (Cassian. De Incarnat^ lib., IX, c, vi.)
(4) Romœ^ 4786, in-io, t. I, p. 71. — Patrolog., t. LXXXVIII, p. 115.
SOURCES DE l'rISTOIRR DRS 01lI6i:«E9 CflRÉTIENNKS DR LA GAULE. 3$
Amadazzi, qui les ont publiés en 1783 dans les Anecdotes littérai-
res de Florence (t. IV, p. 433).
Nous nous étonnons que M. Frédéric Léo, dans l'édition qu'il
Tient de donner à Berlin des Œuvres de Fortunat, ail classé ce
petit poème de saint Martial parmi les œuvres apocryphes de ce
poète (1). Il n'a pas eu connaissance de l'édition que nous en avons
donnée, ni des preuves d'authenticité que nous avons produites
.dans notre Dissertation sur V apostolat de saint Martial (2). Comme
il n'a étudié que le manuscrit de Florence, plusieurs fautes se sont
glissées dans son édition : plus heureux que lui, nous avons pu
coUationner le manuscrit de Florence avec trois autres manus-
crits, Tun de saint Jean de Latran, un second de la Minerve, à
Rome, et un troisième de la Bibliothèque Ambrosienne de Milan (3).
Nous pensons en donner ici une édition exacte, et nous indiquons,
en caractères italiques les mots qui ont été mal lus par les édi-
teurs précédents.
Christus principium, finis, lux est, via Chrislus,
Nomine cujus in almifico, semperque beato,
MartlaUs rcsoaant hic oerotclssima gesla.
Qais hominum digne valeat doctissimus unquam
Quanti ait meriii prseclarus apostolus isle
Dicere, vel prosa vel pulchri carminé metri,
Que saltem modicis decorelur pagina verbis?
Tullius atque Marc venianl ; sit lingua faceta,
Versibus aut currens, aut presse mella retexens.
Non lua, sancte pater, poterunt depromere gesta,
Tellus te Romana, quibus te Gallica tellus
PostPelrum recolunt juniorem parte secunda,
Cum Pctro recolunt aequalem sorte priori.
Bcnjamita tribus te gessit sanguine claro,
Urbs le nunc retincl Lemovica corpore sancto.
Hinc tibi sil, Rex magne, Deus, laus, gloria, Ghristc !
Ghriste caput, fmisque cluens, pax, lux, via, Ghristc !
Mais, dira-t-on, si Grégoire de Tours a connu Tancienne Vie de
saint Martial, et même la légende apocryphe composée par le
pseudo-Aurélien, comment n'a-t-il pas adopté la date qu'on trouve
(1) Monumenta Germanlœ hisiorica, t. IV : Berolini, ^881, Appendlx,
p. 389.
(2) P. 77 et 23i-î38.
(3) Saint Jean de Latran, Armario 11, A, fol. i72. — Bibliothèque Gasa-
nata, Galalogue ms. p. 350. -— Bibliothèque Laurentiennc à Florence,
plutei XX, cod. 3. — Bibliothèque Ambrosienne, à Milan : B, 49, infer.
p. cxxvni, V®.
20 SOCIRTé ARCHÉOLOGiQrR RT HIST0R1QUR OD I.I3I0US1(I.
dans ces deux légendes? Comment n'a-t-il pas dit que saint M ir-
lial avait été envoyé par saint Pierre ?
La raison en est bien simple : Grégoire de Tours n'a pas voulu
se déjuger. Après avoir adopté pour la mission des sept évéques
(et par conséquent de saint Martial), la date qu'il avait trouvée
dans la Passion interpolée de saint Saturnin (mais qui ne regar-
dait que cet évêque), c'est-à-dire le consulat de Dèce et de Gratus,
il ne pouvait se mettre en contradiction d*une manière m flagrante.
Que fait-il? Il reste dans le vague. « Saint Maniai, dit-il, envoyé
par les évoques de Rome ». Quels sont ces évoques? il ne le dit
pas, et pourtant, la première année de Tempire de Dèce, l'évoque
de Rome était saint Fabien.
Par ces évêques de Rome, a-t-il voulu désigner, comme quelques
savants l'ont pensé (1), a-t-il voulu désigner saint lin et saint
Clément, ou saint Clément et saint Clet, que quelques anciens
écrivains de l'Eglise latine ont prétendu avoir siégé ensemble? Ce
qui pourrait le faire supposer, c'est que, en parlant de saint
Eutrope de Saintes, il dit qu'il avait été envoyé par saint Clé-
ment (2).
Si cette interprétation n'est pas admise, quels sont ces évéques?
Il n'en sait rien. Ce sont aussi bien des évéques du i" siècle que
du ni*. Donc, Grégoire de Tours avoue son ignorance et reco&naîl,
par cela même, l'incertitude de la date qu'il a assignée une fois à
cette mission des sept évoques, savoir : le consulat de Dèce et de
Gratus (an 250).
Saint Martial a donc reçu sa mission de saint Pierre, comme il
est dit dans son ancienne Vie et dans d'autres vieux documents,
échos fidèles de la tradition immémoriale.
Ce qui contribue à donner à celte tradition du Limousin un
degré de certitude, c'est non seulement la tradition des autres
Églises de l'Aquitaine qui reconnaissent saint Martial, disciple de
saint Pierre, pour leur fondateur, mais encore les traditions con-
cordantes de Rome et de l'Italie.
A Rome, nous avons transcrit dans la Bibliothèque du Vatican
et dans les archives de Sainte-Marie in Via-Lata un ancien docu-
ment dans lequel il est dit que le fondateur de l'oratoire souter-
rain de cette église est saint Martial, disciple de saint Pierre, venu
avec lui d'Antioche à Rome, et envoyé par lui d'abord à Ravenne,
(I) Ap. François Pagi, Breoiarlu m pontifie. Roman,, t. IV, p. \% n^
XXVllI.
(î) Gregor.Turon., De Gloria Martyrum^ cap. LVI, éefll. Ruinart, col,
780. — Patroloff., t. LXXl
SOtlRCBS DR L*HI.ST01RB DES ORIGINES GHRRTIElfXES DE LA GK[:LK. 97
et ensuite dans les pays au-delà des monts, c'est-à-dire dans les
Gaules. Le savant historien «Je Téglise Sainte-Marie in Via-Lata,
Fioravanle Martinelli, reconnaît, après Baronius, que ce saint
Martial, fondateur de cet oratoire, est celui qui a été envoyé par
saint Pierre pour prêcher TEvangile aux habitants de Limoges, de
Toulouse et de Bordeaux (1).
A Colle di Val d'Eisa, autrefois Gracchianum, en Toscane, une
église mentionnée dans les conciles de Limoges a été élevée sur le
tombeau de saint Àustriclinien, que la tradition locale dit avoir été
ressuscité par saint Martial avec le bâton de saint Pierre. L'accord
des traditions de Rome et de l'Italie avec celles du Limousin et de
toute r Aquitaine en prouve la vérifé : Quod apud multos unum in-
venitur, non est erratum, sed traditum (2).
Article IIL
Grégoire de Tours et saint Gatien,
Il semblerait que Grégoire de Tours n'a pu se tromper sur les
origines de TEglise dont il était évéque; et toutefois, quand on y
regarde de près, on voit que sur ce point, il n'est pas toujours
d'accord avec lui-même.
V Dans son Livre de la Gloire des Confesseurs, il dit que,
« d'après la tradition, Tévéque Catien a été envoyé à Tours par
les évéquesde Rome, et qu'il a été donné comme premier pontife
aux habitants de cette ville (3) ». Quels sont ces évoques de Rome?
il n'en sait rien : et par ce terme vague il avoue naïvement son
ignorance sur l'époque où saint Galien a reçu sa mission.
Dans le livre dixième de son Histoire des Francs, il est plus
précis. Il assigne la mission de saint Gatien à la première année
de l'empire de Dèce : il a puisé cette date dans la Passion interpolée
de saint Saturnin, et il l'a appliquée, sans raison valable, à saint
Gatien; et toutefois il ne nomme pas le pape qui siégeait à cette
époque, et par qui saint Galien aurait élé envoyé (4). En adop-
(I) Primo Trofeo délia 5™* Croce eretto in Roma nella Via Lata da
S. Pietro apostolo^ elc, da Fioraoante MartineUi, romano (dédié à
AlcxRodre VU), -< Roma, 1655, p Si.
(î) Tertull. De Prœacrlpt.^ c. xxviii.
(3) Gatianum cliam cpiscopum a Homanis cpiscopis ad urbem Turoni-
cam missum,primumqiieTuronicis poalificcmdalum, fama ferente, cogno-
vimus {De Gloria confessor., cap. iv, édit. Ruinart, col. 897.)
(4) Primus Galianus cpiscopus, aano impcrii Dccii primo, k Romanae
sedispapa transmissus esl. {Hist, Franc, l. X, c. xxxi, Uuinart, col. 527.)
28 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
tant cette date, il tombe en contradiclion avec lui-môme. En effet :
1*» Il dit d'abord que saint Gatien fut envoyé la première année
de Tempire de Dèce, c'est-à-dire Tan 250 ;
^ Il ajoute que saint Gatien siégea cinquante ans dans la vilie de
Tours (1), ce qui porte sa mort à Tan 300;
3« Il dit ensuite que l'évêché de Tours resta vacant pendant trente-
sept ans (2), c'est-à-dire jusqu'en 337 ;
4* Que saint Lidoire, second évêque de Tours, fut ordonné la
première année du règne de Constance (3), c'est-à-dire en 338.
Et, vers la fin du premier livre de son Histoire, il s'exprime
ainsi : « Si quelqu'un demande pourquoi, après le passage fia
mort) de l'évoque Gatien, un seul évoque, à savoir Lidoire, a été
jusqu'à saint Martin, il saura que, par l'opposition des payens, la
cité de Tours resta longtemps sans bénédiction épiscopale; en
effet, les chrétiens qui existaient de ce temps célébraient roflîce
divin en cachette, car ceux qui étaient trouvés chrétiens par les
payens, ou étaient criblés de blessures, ou périssaient par le
glaive » (4).
Or, cela est en contradiction avec ce qu'il dit autre part, que,
« après la mort de Dioclétien (313), la paix fut rendue aux églises » (5).
Si la paix a été rendue aux églises après l'an 313, comment la
persécution des payens a-t-elle duré, à Tours, jusqu'en 338?
En n'admettant qu'un seul évêque, — saint Lidoire, — entre
saint Gatien et saint Martin, Grégoire de Tours est en contradiction
avec un écrivain plus ancien que lui, Sulpice Sévère, qui écrivait
à la fin du iv« siècle.
Cet historien raconte, dans sa Vie de saint Martin, chapitre viu,
que ce saint pontife renversa un autel que les évéqms ses prédé-
cesseurs avaient érigé sur la tombe d'un larron que le peuple
honorait comme un martyr. Des savants peu suspects, tels que
dom Ruinart et dom Liron (6), ont conclu de ce passage qu'il y
avait eu plusieurs évéques à Tours entre saint Gatien et saint
Martin. L'évoque de Tours, qui avait érigé cet autel, ne pouvait
(1) In hac urbe... ut fcrunt, annos quinquaginta commoralus (/d. et
ihld,),
(2) Cessavit episcopalus Iriginta septem annis (/d. et U>ld,),
(3) Secundus, anno imperii Conslanlis primo, Lilorius ordinalur episco-
pus [Id. et ibld.),
(4) /6td., lib. l, édil. Ruinart, col. 36.
(5) Cum post cxcessum Diocleliani, pax reddita fulsset ecclesiis (Id.
ibld.^cap. XXXIV, cdit. Ruinart, col. 27).
(6) Don Uuinaut, edit. Gregor. Taron,, col. 36, N G; — Don LiRCN»
Singularités historiques^ t. IV, p 64.
SOUrr.P.8 DK L*HtStOIRK 1)1-3 ORIGINKS CtlRKTIENNRS DR LA GAULR. ^
être ni saint Catien ni saint Lidoire. Snpposer avec Tabbé Cheva-
litîr a que peut-être il y avait eu des chrétiens à Tours avant l'arri-
vée de saint Catien, amenés dans cette ville par des causes di-
verses » (1), c'est supposerjque le christianisme existait en Touraine
avant saint Catien, c'est donner un démenti à Grégoire de Tours,
qui regarde saint Catien comme le premier prédicateur de TEvan-
gîle en Touraine.
Or, si Grégoire de Tours s*est trompé sur les origines de sa pro-
pre église» quelle autorité peut-il avoir sur l'origine des autres
églises de la Gaule?
Article IV.
Saint Paul de Narbonne.
Grégoire de Tours ne parle de saint Paul de Narbonne qu'une
seule fois : c'est dans le passage relatif à la mission des sept évé-
ques, emprunté, comme on le sait, à la légende de saint Ursin;
mais, encore sur ce point, il est en désaccord avec des documents
d'une haute antiquité et avec toutes les traditions du moyen-âge.
Ainsi, le petit Martyrologe romain, plus ancien que le vni* siècle,
cpoquft où il a reçu quelques additions, fait de saint Paul de Nar-
bonne un disciple des apôtres^ et ne donne ce titre qu'aux disciples
immédiats et contemporains des apôtres; au ix* siècle, les Mar-
tyrologes d'Adon de Vienne et d'Usuard, échos fidèles de docu-
ments antérieurs, en font un disciple de l'apôtre saint Paul; — le
Traité contre les ArienS;, de la Bibliothèque Gasanata, à Rome, ou-
vrage composé dans le midi de la Gaule, à la fin du v" siècle, et
et que nous croyons de Faust de Riez (2), donne à saint Paul de
Narbonne, comme à saint Trophime d'Arles et à saint Saturnin de
Toulouse, le titre de disciple des apôtres; — l'ancienne Passion de
saint Denys, d'où Fiorus a tiré ce qu'il dit, dans son Martyrologe,
de saint Paul de J<arbonne, raconte qu'il était du nombre de ces
hommes choisis auxquels les apôtres conférèrent la dignité épisco-
pale (3). Tout le moyen-âge a suivi cette tradition. En présence de
(1) Les Origines de Véglise de Tours, 1871, p. âiO.
(2) C'est un ouvrage que Ton croyait perdu et que Gennade désigne en
CCS termes : a Legi efus et adoersus Arianos et M<xcedoniano8 paroum
libeUum, in quo coeasentialem prœdicat Trinitatem » (De Scriptor,
Ecoles , cap. LXXXV; — Patrolog,, l. LVlll, col 1109). Tous ces ca-
ractères conviennent parfailement à cel opuscule de la Bibliothèque Ca-
sanala, qui a pour litre : Collectio (peul-êlrc Collatio) de Mysterio Sanctœ
Triniiatie.
(3) Voir pour les textes précédents notre Dissertation sur Vapostolat de
saint Martial.
30 SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUK BT HISTORIQUE DU LItfOUSiN.
cet ensemble de monuments et de cette nuée de témoins, quel est
le critique qui oserait adopter l'opinion de Grégoire de Tours?
Il serait puéril, pour justifier la méprise de cet historien, de sup-
poser, comme l'ont fait quelques savants, qu'il y a eu deux Paul
de Narbonne, deux Trophime d'Arles, deux Saturnin, deux Mar-
tial, etc.
Article V.
Grégoire de Tours et saint Denis de Parts.
Grégoire de Tours, dans maints endroits de ses ouvrages, a
parlé de saint Denys de Paris. Dans le passage relatif à la mission
des sept évoques, qu'il assigne à l'empire de Dèce, il ajoute :
« Parmi eux, le bienheureux Denys, évéque des Parisiens, après
divers suppHces supportés pour le nom du Christ, termina la vie
présente par le tranchant du glaive ». Il semblerait par là qu'il a
eu connaissance de Tancienne passion de saint Denys : comment
n'a-t-il pas ajouté ce qu'on y trouve, « que le premier évéque de
Paris avait été envoyé par saint Clément » ?
Si la tradition de l'Eglise de Paris sur l'époque de la mission de
saint Denys eût été conforme à ce que rapporte Grégoire de Tours,
les écrivains des anciennes Passions de saint Denys n'auraient pas
manqué d'assigner cette mission à l'empire de Dèce, au lieu de
rassigner, comme ils Tont fait, à saint Clément. Dira-t-on que c'est
par amour de l'antiquité qu'ils ont choisi cette date? Mais s'il en eût
été ainsi, ils auraient fait remonter cette mission à saint Pierre, ou
au Christ lui-même, au lieu de la retarder jusqu'à saint Clément.
Nous renvoyons le lecteur à notre Mé)noire sur saint Denis de
Paris, dans lequel nous avons publié son ancienne Passion, et une
autre Passion moins ancienne, dans laquelle il est identifié avec
Denys l'Aréopagile. Après avoir réfuté Grégoire de Tours, nous
avons prouvé qu'il faut assigner à saint Clément la mission du
premier évoque de Paris.
Dans l'édition des Œuvres de Fortunat que viennent de publier
en Allemagne MM. Frédéric Léo et Bruno Crusch (4), le premier de
ces savants, éditeur des poésies, a rangé parmi les pièces apocry-
phes rhymne de Fortunat sur saint Denys; nous pensons qu'il
aurait changé d'avis s'il avait connu les preuves d'authenticité
que nous avons données de cette pièce. — L'éditeur des ouvrages
en prose, M. Bruno Crusch, a publié la Passion de saint Denys
avec la date traditionnelle — qui, tradente beato Clémente, Pétri
[\) MonumentaGermaniœhistorica^iAY, 6eroliDi,188t, Appendix,vi.
SOUnr.RS DE l/niSTOIRK Des ORir.lKES CIlHftTlENNKS hK t.A GAL'LK. 31
(tpostùli successorêy etc. (1); il a eu raison de ne pas Taltrihaer à
Forluoal, elle est certainement plus ancienne, puisque c'est là que
Forlunal a puisé les détails qu'il donne dans son hymne sur saint
Denys.
Article VI.
Grégoire de Tours et saint Austremoine.
Dans le chapitre xxvin de son Histoire des Francs, Grégoire de
Tours compte saint Austremoine parmi les sept évéques qui furent
envoyés de Rome sous le consulat de Dèce (an ^0) ; mais, dans
son livre De la Gloire des Confesseurs, il parle d'une manière plus
vague de Tépoque de sa mission, et il se borne à dire qu'il fut
envoyé par les évéques de Rome avec l'évéque Gatien et les autres
déjà mentionnés » (2).
Or, cinquante ans après la mort de Grégoire de Tours, un de
ses successeurs sur le siège de Qermont, saint Priest (670) est
l'auteur d'une Vie de saint Austremoine, dans laquelle il fait
envoyer par saint Pierre : « à Tours, Gratien fsicj; à Arles, Tro-
phime ; à Narbonne, Paul ; à Toulouse, Saturnin; à Limoges, Mar-
tial ; en Auvergne, Austremoine » (3).
Dans nos Observations critiques à MM. Bourassé et Chevalier sur
la légende de saint Austremoine, nous avons prouvé que cette
légende est bien l'œuvre de saint Priest, comme l'affirme l'ancien
auteur de sa vie. Outre le manuscrit de la Bibliothèque nationale,
où cette légende porte son nom (ms. 5365, fol. 117 v**), nous avons
connaissance d'un autre manuscrit de Clermont, où celte passion
de saint Austremoine est dite l'œuvre de saint Priest. Le succes-
seur de Grégoire de Tours, mieux éclairé sur les traditions de
l'Auvergne, fait donc remonter à saint Pierre la mission de saint
Austremoine, martyr. Et la légende de saint Genou, dans un ma-
nuscrit du IX* siècle (4), compte aussi saint Austremoine, le glorieux
martyr, et saint Martial, parmi les envoyés de saint Pierre; et
Paul de Narbonne et Trophime d'Arles, parmi les évéques ordon-
nés par saint Paul (5).
(I) MonumerUa Germaniœ hlstorica, t. IV, â<> pars, p. 103.
(tj Ipsc (Stpcmonius) a Romanis episcopis cum Galiano beatissimo ctreli-
quis quos mcmoravimus esl(]ireclas.(De Gloria conf essor., c. xxx, Ruinart,
col. 918).
(3) Voir le lexlc dans nos ùocunientê inédits sur C apostolat de saint
Martial^ p. 49, et dans les Obseroations critiques^ etc. , p. 4.
(4) Dlbl. Nationale, ms. 12,193, fol. 166 v^.
(5) ActaSS.f t. Il, jaouar., p. 94. — Dissertation sur l'apostolat^
etc., p. Cl>.
32 SOCIÉTÉ AaCMÉOLOGIQUE BT UlSTOBIQtE DU LIMOUSIN.
Dans notre Dissertation sur V apostolat de saint Martial (p. 149 et
suiv.), nous avons traité cette question de saint Auslremoine ; nous
y renvoyons le lecteur.
Article VII.
Grégoire de Tours et saint Ursin de Bourges.
Dans le chapitre xxix du premier livre de son Histoire d^s Francs,
Grégoire de Tours fait du premier évoque de Bourges un des disci-
ples des sept évoques (c'est-à-dire de saint Austremoine (1), selon
l'ancienne tradition de TAuvergne), et par conséquent il assigne sa
mission postérieurement à Tan 250. Il résume dans ce chapitre la
légende de saint Ursin, où il a puisé la mission simultanée des sept
évéques (2). D'autre part, dans son livre de la Gloire des Confesseurs,
il reconnaît que « la ville de Bourges reçut en premier lieu la
parole du salut de saint Ursin, qui, ordonné pa** les disciples des
apôtres, fut envoyé par eux dans les Gaules » (3), ce qui porte
sa mission au i" siècle. Evidemment c'est cette dernière date
qu'il faut adopter. Et il confirme celte opinion par ce qu*il dit du
premier évéque de Saintes ; « Eutrope, martyr de la ville de Saintes,
est dit envoyé dans les Gaules par le bienheureux évéque Clément,
qui lui avait donné la bénédiction épiscopalc », puis il rapporte sa
prédication et son martyre (4). On voit par son témoignage quMI
y avait eu dans les Gaules des martyrs isolés avant les grands
martyres de Lyon, qui eurent lieu, en 177, sous Marc-Aurèle, et
qu'ainsi l'objection qu'on lire d'un passage de Sulpice-Sévère sur
les premiers martyrs de la Gaule est sans valeur.
Comment comprendre après cela la méprise de Grégoire de
Tours, dont le texte (si souvent réfuté), si on le prenait au sérieux,
retarderait jusqu'au milieu du ur siècle la prédication de l'Evan-
gile dans la majeure partie des Gaules? Il nous semble que, après
cette discussion, la cause est jugée, la critique a dit son dernier
mot : causa finita est.
L'abbé Arbellot.
(i) Vita S. Prœjecti, ap. Labbb, Blhl, nooa mas. libror., t. Il, p. 483.
(i) On trouve celte légende de saint Ursin, non senlement dans le ms.
du X* siècle qu'a publié M. Paillon, mais dans un autre ms. de la Biblio-
thèque nationale que nous avons consulté, le ms. 13,3S0, fol. 13-19.
On nous a signalé, d'Orléans, un ms . de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-
Loire qui renferme la même légende.
(J) De Gloria confessor., Ruinaut, col. 961, — Voir sur la mission de
saint Ursin notre Dissertation sur l'apostolat de saint MarticU, p. \Si.
(4) De Gloria Martyrum, cap. lvi, Ruixart, col. 786. — Dissertation
sur l apostolat etc., p. 153.
PI. II.
LE CALICE D'AUBUSSON
L*église paroissiale de Sainte-Croix d'Aubusson possède un
calice, précieux spécimen de Torfèvrerie limousine, qui offre les
rapports les plus frappants avec le célèbre calice de l'hôpital de
Limoges. C'est vraisemblablement l'œuvre du même artiste, œuvre
de l'art le plus pur et le plus délicat des premières années du xvi«
siècle. Ce calice avait été déjà signalé par l'abbé Texier, qui s'est
contenté d'écrire, dans son Essai sur les étnailleurs et les argen-
tiers de Limoges : — « Aubusson. Un calice orné d'émaux. » Évi-
demment, le savant abbé n'avait ni vu ni manié ce précieux
ouvrage. Il le mentionnait d'après une indication très sommaire
et il nous a paru utile d'en offrir une description aussi complète que
possible à la Société archéologique du Limousin.
Le calice d'Aubusson, en vermeil ciselé et repoussé, orné
d'émaux peints et d'émail incrusté, a 0™,230 de hauteur. Le dia-
mètre du pied est de 0",1''8.
La coupe, large et basse, ornée, dans sa partie inférieure, de
rayons ondulés au repoussé, a O'^fOTO de hauteur et le diamètre de
son ouverture est de 10 centimètres. Elle repose sur un nœud de
0",065 de diamètre, qui offre, à sa partie supérieure, une série
d'ornements au repoussé en forme de larmes bataviques. Autour
du nœud, sont huit petits médaillons d'émail peint, de 0",015 de
diamètre, représentant des figures de saints, de saintes et d'évéques,
avec auréoles d'or (1). Il est vraisemblable que ces émaux sont
(I) Une de ces figures, ornée d'un diadème, parait être celle du roi David.
Une autre est celle d'une jeune femme, coiffée aussi d'un diadème. D'au-
tres sont des religieux, des patriarches.
T. xxxviii. )
3i SOCI^.TÂ ARCHiOLOOIQUR ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
sur argent, comme le sont les armoiries du pied du calice, et ils
sont enchâssés dans une légère saillie en vermeil. L'un de ces
émaux est signé très lisiblement : M. I.; sur un aulre on croit
lire I. P. ou I. B.; d'autres semblent avoir des petites marques
qu'il est difficile d'interpréter". Les personnages sont en buste et
le dessin est accentué par un trait noir. Les carnations sont mo-
delées en blanc, sur un fond violet bleu. Les lumières des vétemenis
sont indiquées par des rehauts d'or appliqués au pinceau. Du reste,
les rayons des auréoles et les accessoires des vêtements sont tracés
assez négligemment. Ces caractères nous paraissent être ceux qui
distinguent les ouvrages des premiers Pénicaud.
Au-dessous du nœud, et formant la partie haute du pied du
calice, est une sorte de tour d'église à huit faces. Sur chacune de
ces faces, s'ouvrent des fenêtres géminées du style ogival flam-
boyant, surmontées d'une rosace à quatre compartiments. La par-
tic de la tige sur laquelle est appliquée celte élégante ciselure est
recouverte d'un émail bleu foncé, légèrement bleuâtre. Le dia-
mètre (ie ce petit édifice est de 0°,036.
Le pied du calice, qui est à huit lobes, est orné de rayons droits
et flamboyants alternant, exécutés au repoussé. Il repose sur un
socle de 0",015 de hauteur, sur lequel se déroule une guirlande de
fleurs (le lys en relief, sur un fond croisillé. Cette décoration est
de l'eff'ct le plus riche et le plus élégant. Sur le pied est un cru-
cifix en relief ciselé, ayant d'un côté la sainte Vierge et de l'autre
saint Jean, petite scène d'un travail exquis. L'inscription de la
croix est en caractères gothiques. Sur le lobe opposé, est un écus-
son aux armes de la famille Barthon de Montbas. Le cerf d'or cou-
ché est tracé au burin dans le métal et le fond est un émail
incrusté, de couleur bleu verdàtre. Cet écusson est fait sur une
plaque d'argent et rapporté.
Le poinçon apposé à l'intérieur et à l'extérieur du pied du calice
et sur la coupe, se compose d'une petite base carrée, sur laquelle
sont deux lettres indéchiffrables, surmontée des lettres gothiques
P. L, et d'une fleur de lys. Nous croyons que ce poinçon était la
marque de fabrique de la famille Pénicaud. On le retrouve sur le
calice de l'hôpital de Limoges. Le même orfèvre a évidemment
exécuté les deux ouvrages. Ceci confirme l'opinion de M. Louis
Guibert, qui pense que le calice de l'hôpital est antérieur à l'ins-
cription de 1555, au nom de Jehan Poyllevé, curé de Saint-
Gence. Les armoiries du calice d'Aubusson indiquent qu'il a été
exécuté pour un membre de la famille de Barthon de Montbas ou
peut-être donné par lui. S'il s'agissait d'un des deux évoques de
celte famille qui se sont succédé sur le siège de saint Martial, la
LE CALICR D^AUBUSSON. 35
pièce sérail, au plus lard, de 1540, année de la mort de l'évoque
Jean II. Nous serions donc en présence d'une œuvre de l'époque
de transition de l'orfèvrerie limousine, datanl du commencement du
XVI» siècle, offranl à la fois un émail incrusté et la peinture sur
émail proprement dite.
La patène, également en vermeil, a un diamèlre de 0",175, qui
est à peu près celui du pied du calice. Sa partie concave est de
10 centimètres. A l'opposé, dans un cercle légèrement en saillie,
est finement gravé le monogramme IHUS, en belles lettres gothi-
ques de 0'",030 de hauteur. La patène est marquée du même
poinçon que celui du calice, offrant les caractères P et I, sur-
montés d'une fleur de lys.
Le calice a dû être réparé il y a quelques années. La coupe, qui
se détachait de la tige, a été fixée au moyen de quatre vis d'argent.
On rapporte que ce précieux objet d'art est entré dans l'église
de Sainte-Croix par les soins de François Furgaud, archiprôtre
de Combraiile, promoteur en l'ofTiciaiité de Chénérailles, curé
d'Aubusson de 1777 à 1791.
Cyprien Pérathon.
ESSAI DE GLASSIFIGATIOX
ORS
ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES
SAINT-YRIEIX, SOLIGNAG
CONSBATÊES
AU MUSÉE NATIONAL ADRIEN DUBOUCHÉ
(Suite) (I).
OBSERVATIONS AU SUJET DE LA MARQUE G. D.
Dans les pages qui précèdent, toutes les pièces portant la nnarque
G. D. sont considérées comme ayant été fabriquées pendant la
période qui s'étend de 1774 à 1784. La manufacture de Limoges
était alors sous la protection du comte d'Artois (2) et c'est par celle
circonstance que l'on a cherché à expliquer le choix de celle mar-
que, en la considérant cornme composée des initiales du prince
protecteur de la fabrique.
Gependant, celle explication a été contestée : quelques amaleurs
ont fait observer que les initiales du comte d'Artois étaient G. A. et
non pas CD. Celte remarque n'est que spécieuse, car il ne sérail pas
difficile de réunir un certain nombre d'exemples de noms propres
auxquels la particule s'est, pour ainsi dire, soudée dans le langage
courant. Une ville des Landes a été nommée, jusqu'à la fin du xvm*
siècle, la ville d'Ax; aujourd'hui l'on dit Dax et non pas Ax, ainsi
qu'il serailplus naturel; et pour prendre un exemple qui nous louche
de plus près, n'appelons-nous pas toujours un de nos illustres compa-
triotes Daguesseau, et lui-môme ne signail-il pas toujours ainsi?
(l) V. Bull. Soc. arch. et hist. du Lim.^ t. XXXVII, p. 154 cl suiv.
(9) Le comlc d'Artois ne posséda l'apanage du Limousin que pendant
trois ans : 1773 à 1776. C'est donc pendant qu'il était apanagi;»te qu'il
accepta la protection de la fabrique de Limoges, mais il n'y avait aucune
raison pour que cette protection cessât avec Tapanagc ; il la continua
jusqu'au moment de Tacquisilion par la liste civile.
RSbAl OK CLASSIFICATION DES ANCIENNES POBCKLAINKS DE LIMOGES. 37
On pourrait multiplier les faits analogues. Je me bornerai à en
citer deux encore que je trouve précisément dans l'histoire de la
porcelaine. On écrivait au xvni« siècle le nom de l'auteur des cé-
lèbres lettres qui révélèrent le secret de la porcelaine indifférem-
ment Dentrecolles ou d'Entrecolles, et Darcet, qui, comme on sait,
réorganisa la manufacture de Limoges, est souvent appelé d'Arcet.
li existe un document contemporain, communiqué par M. Nivet-
Fontaubert à M. Paul Ducourlieux, reproduit par celui-ci dans son
ouvrage sur Limoges d après ses anciens plans, et cité de nouveau,
en 4888, dans l'introduction historique du volume de \ Encyclopédie
Frémy consacré à la porcelaine ; ce document tranchait définitive-
ment la question au moment où il fut utilisé, ainsi qu'on va le
voir :
On lit, en effet, dans VAlmanach général du commerce, des mar-
chands, négociants, armateurs, etc., d^ la France, de VEurope et
des autres parties dn monde, par M. Gournat, avocat au Parlement,
année 1788, p. 308, arl. Limoges : « Manufacture de porcelaine.
Elle est sous la protection du comte d'Artois, chaque pièce est mar-
quée C. D. Les ouvrages qu'on y fait sont très estimés, la beauté de
leur pâte ne contribue pas peu à les faire rechercher; ils sont
exempts de tous droits à la sortie du royaume. Entrepreneur,
M, Grellet. Cet artiste fournit encore au commerce des matières
toutes préparées, connues sous le nom de pâtes «t couvertes, avec
lesquelles on peut faire de fort belle porcelaine ; deux moulins à
eau avec dix meules tournantes et vingt pilons chacun, écrasent et
broyent les matières nécessaires à la fabrication de la porcelaine. »
U est vrai que l'auteur de YAlmanach ne dit pas d'une façon
absolument explicite que les lettres C. D. étaient considérées
comme les initiales du protecteur de la fabrique, mais cela
ressort bien évidemment des informations qu'il donne (1). D'ail-
leurs, la chose intéressante, c'est de savoir que la marque C. D.
caractérisait la porcelaine de Limoges ; or, ceci est bien constaté
par le passage de YAlmanach, dont la reproduction était de nature
à lever des doutes qui se manifestaient précisément à l'époque où
(i; Les véritabies initiales du comte d^Artois C. P. (Charles-Philippe)
servaient déjà de marque à la manufacture du faubourg Saint-Denis,
placée sous la protection du prince ; lorsque celui-ci eut accepté de pren-
dre sous son patronage la fabrique de Limoges, on ne voulut pas appliquer
surnos porcelaines la marque C. P., sansdoule pour que les produits de la
rue Saint-Denis ne fussent pas confondus avec elles, et c'est probablement
dans ce but que la marque C. D. ne se trouve pas surmontée de la cou-
ronne, ainsi que cela a lieu pour la marque G. P.
38 SOCI^.TÉ ARCnÉOLOGIQOB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
elle se fit. Les documents établissant la signification bisloriqae,
pour ainsi dire, des lettres C. D. ne manquent pas, d'ailleurs, et
Ton en trouve chaque jour de nouveaux ; j'en citerai un qui a éié
fourni par Texamen d'une pièce de porcelaine.
Dans une intéressante monographie sur les Vitraux et la Céra-
mique à VExposition de Limoges (1886), M. Moufle nous apprend
qu'un amateur de Limoges possède une théière ayant fait partie
d'un service fabriqué à Sèvres pour le comte d'Arlois. Cette pièce
est décorée d'un D. surmonté d'une couronne ; on ne peut que se
ranger à l'opinion de M. Moufle lorsque ce publiciste ajoute que
le fait en question semble confirmer qu»î le D. était bien considéré
comme étant le chiffre du comte d'Arlois.
Mais je suis obligé de me séparer sur un point, que je considère
comme très important, de l'auteur de l'opuscule sur les Vitraux et
la Céramique, On lit dans ce travail que les porcelaines de Limo-
ges « comme l'indique VAlmanach de M. Goumay, consen^èrenl la
marque C. D. après l'acquisition de la Manufacture par le roi ».
Il est visible que Goumay s'est contenté de reproduire sans
les contrôler, sans les rajeunir, que Ton me passe l'expression, des
renseignements qu'il a pris dans des ouvrages antérieurs à VAlma-
nach, ou qui lui avaient été fournis à une époque où ils étaient
exacts. UAlmanach se publiait, en effet, avant 4788, et à cette date
il paraît avoir déjà une assez longue exisl,ence.
En 1788 il y avait déjà quatre ans que la fabrique de Limoges
était devenue manufacture royale. H y avait donc quatre ans au
moins qu'elle n'était plus sous la protection du comte d'Artois, car
si ce personnage a pu conserver après qu'il n'a plus été apanagiste
du Limousin un titre qui lui avait été offert en cette qualité, il est
absolument impossible d'admettre qu'après l'acquisition de la
fabrique de Limoges par la liste civile, le comte d'Artois ait pu con-
tinuer à jouer vis-à-vis de cette manufacture le rôle de protecteur,
môme simplement nominal. Un pareil fait serait en complet désac-
cord avec les principes suivant lesquels la liste civile et les admi-
nistrations diverses se comportaient envers les manufactures par-
ticulières, et il ne faut pas perdre de vue que les fabriques
protégées par les princes et même par la reine n'ont jamais été
assimilées, dans aucune mesure, à celles de l'État.
Si l'auteur de VAlmanach avait connu l'acquisition par le roi
de la manufacture de Limoges, il n'eût parlé ni de la protection du
comte d'Artois, devenue caduque, en quelque sorte, ni probable-
ment de la marque C. D. Son témoignage n'a donc aucune espèce
de valeur, puisqu'il est de la dernière évidence qu'il ignorait absolu-
ment la transformation radicale, pourrait-on dire, qui s'était intro-
ESS\I DE CLASSIFICATION DES ANCIËISNES POUCELAINES DK LIMOGES. 39
<luite dans le régime auquel la fabrique de Limoges était soumise.
En écrivant, en 1788, que la marque C. D. était encore usitée,
Go'urnay nous montre simplement que sa publication n'avait pas été
exactement tenue au courant, et l'examen attentif de son ouvrage
ne fait que confirmer celte présomption.
D'ailleurs, l'étude des diverses pièces à la marque C. D. réunies
au Musée Céramique, conservées dans les collections particulières
ou dans d'anciennes familles, ne permet pas d'admettre la persis-
tance de la marque après que la fabrique de Limoges fut devenue
manufacture royale. Un fait est acquis par de nombreux témoigna-
ges : c'est qu'en 1784 la manufacture, qui périclitait probablement
depuis plusieurs années, fut réorganisée par le chimiste Darcet, qui
amena avec lui un personnel nouveau, parmi lequel nous remar-
(|uons le peintre Cloostermann, chargé de la composition des
couleurs ; il serait fort extraordinaire que, après celte réorganisa-
lion, à laquelle coopéra un peintre, le genre de décoration usité à
Limoges ait continué à être exactement le même qu'avant le voyage
de Darcet et l'arrivée de Cloostermann, d'autant plus que ce genre
de décoration, inspiré des porcelaines de Saxe, était déjà démodé
au moment où nous le voyons adopter par la fabrique de Limoges.
X'est-il pas au contraire naturel de croire que le personnel nouveau,
que nous savons avoir accompagné Darcet, conserva ses habitudes
professionnelles et resta fidèle au goût qui régnait alors à Paris ; en
tous cas n'est-il pas quelque peu téméraire de supposer que ce per-
sonnel ait accepté, sans y changer absolument rien, les traditions
décoratives de l'ancienne fabrique qui, en 1784, était en décadence
complète depuis plusieurs anné(»s et ne pouvait guère avoir une
influence quelconque sur des étrangers appartenant a la Manu-
facture de Sèvres, et qui, certainement, ne devaient pas se trouver
disposés à suivre les errements artistiques et autres en usage h une
époque qui avait vu se produire la ruine de l'établissement à la res-
tauration duquel ils venaient prendre part.
I^s pièces de la fabrique du comte d'Artois portent souvent deux
marques, toujours constituées par les lettres C. D. L'une, en carac-
tères cursifs, est gravée à l'outil ; l'autre, en caractères romains, a
été exécutée au pinceau ; il semble que l'on ait voulu ainsi établir
authentiquement, pour ainsi dire, que les pièces en question ont
été exécutées en blanc (d'où la marque gravée) à la manufacture
de Limoges, puis décorées dans le môme établissement (d'où la
marque peinte); il paraît évidemment surprenant que notre fabrique,
après avoir marqué ses produits avec tant de soin, cesse tout à
coup d'y apposer un signe dislinctif, et tout juste au moment où ce
signe pouvait, étant donné les idées du temps, devenir singuliè-
D SOCtCTt ARCHKOLOGIQUC «T HISTORIQUE DU LIMOUSIK.
rement honorable et même servir les intérêts financiers de la fa-
brique. La fleur de lys imprimée au cachet au-dessus du mol :
Limages, au revers du médaillon de Turgot (n* 30), pouvait certai-
nement relever^ aux yeux des amateurs, les pièces sur lesquelles
elle aurait figuré, et il était sans aucun doute avantageux de rappli-
quer; pour quelles raisons la manufacture de Limoges a-t-elle
renoncé à ces avantages, cependant très réels? C'est ce qu'il est
peut-être difficile de dire aujourd'hui, tout au moins avec quelque
certitude ; mais pour pallier à Tabsence de marque sur la por-
celaine de Limoges pendant la période de la fabrication royale,
faut-il aller jusqu'à dire, en vertu de la négligence d'un contem-
porain, que les produits de la Manufacture Royale portent la
même marque que ceux de la manufacture précédente ? Je ne le
crois pas, et j'ai exposé plus haut quelques-unes des raisons qui
m ont conduit à penser ainsi ; il me reste maintenant à étudier la
question si importante de la marque sur les pièces que nous possé-
dons au musée.
On a vu que les pièces portant les initiales C. D. que nous possé-
dons au Musée, sont au nombre de vingt-cinq, parmi lesquelles il
s'en trouve dix blanches ou sommairement dorées et quinze dé-
corées. C'est de ces dernières seulement dont il paraît nécessaire
de s'occuper ici.
Dès le premier coup d'œil jeté sur les pièces en question, on de-
meure frappé de l'air de famille qu'elles présentent entre elles;
mais une élude plus approfondie fait apercevoir, entre quelques
pièces, certaines différences d'ailleurs généralement très légères.
Cependant, il y a au Musée cinq pièces signées CD., qui, par
leurs caractères décoratifs, se séparent très nettement de l'ensem-
ble général. Ce sont :1° un petit sucrier faisant partie de la collection
Gasnault (n* 1665) ; 2° une écuelle forme rocaille (désignée dans ce
travail sous le n* 27); 3° une assiette festonnée (n* 28); 4* une grande
théière cylindrique (collection Jacquemart, n^ 808) ; 5*» une écuelle
forme rocaille (n*' 29). Ces pièces, appartenant, au point de vue dé-
coratif, à des genres différents, ont entre elles, surtout sous le rap-
port de l'exécution, des caractères communs; il paraît évident
qu'elles datent de la même époque et qu'elles ont été décorées par
des mains très habiles; mais, après tout, bien que ces pièces — les
deux écuelles surtout — aient été ornées de motifs assez différenls
de ceux que les artistes de la fabrique du comte d'Artois choisis-
saient d^ordinaire, on ne remarque en elles aucune particularité
qui autorise à les enlever à la série où les place la marque qu'elles
portent. Ce sont des morceaux qui indiquent chez les auteurs quelque
gofti pour l'originalité, peut-être tout au plus le désir de chercher
KSSAI DK CL\3SIFtCATI0N DBS ANCIENNES PORCF.LAirtKS DIS LIMOGES. 4t
<l€s voies nouvelles, désir bien naturel au moment où il se produi-
sait, c'est-à-dire après une production considérable, par la manu-
facture de Limoges, de pièces conçues, tant au point de vue de la
forme qu'à celui de la décoration, suivant les données d'un style
qui, en France où il avait pris naissance, était déjà vieux de
soixante ans.
Cependant, parmi les pièces que je viens de signaler, il en est une
qui, n'était la marque C. D. qu'elle porte, pourrait être attribuée à
la Manufacture Royale ; c'est la grande théière de la collection
Jacquemart (n* 808); les formes de la pièce en question appartien-
nent bien à l'art de l'époque qui suivit la réorganisation de Darcet.
On y sent une double influence, celle du goût classique et celle de
la céramique anglaise. Quand à la décoration, elle se rapproche
beaucoup du genre qui fut simultanément en usage à LaSeynie et à
Limoges, et qui paraît avoir été très probablement celui qu'apporta
Clooslermann dans notre pays.
II est curieux de rapprocher la théière de la collection Jacque-
mart d'une autre théière, de forme à peu près identique et de déco-
ration très voisine, qui semble pouvoir être raisonnablement attri-
buée à la Manufacture Royale; mais il y a lieu d'observer que 1 on
retrouve, dans la production de presque toutes les fabricfues de
l'époque, des théières semblables, tout au moins comme forme, à
celles dont nous nous occupons ; quand à la décoration, si elle se
rattache au genre introduit par Clooslermann, il ne faudrait pas
inférer de là que la théière Jacquemart est postérieure à la réorga-
nisation de Darcet, c'est-à-dire à l'arrivée à Limoges de Cloosler-
mann, car cet artiste n'était pas le seul, bien loin de là, à pratiquer
le genre qu'il paraît avoir apporté à Limoges.
Ce genre était nouveau seulement à Limoges — cl encore peut-
être? -— Mais si l'on voulail absolument tout expliquer, on pourrait
sans doute prétendre qu'il y eut quelques indiscrétions, ou même,
si Ton veut, quelques pratiques plus blâmables encore. En tous
cas, ce ne serait pas la première fois que nous verrions tenter
de soustraire des modèles à Sèvres au profit de Limoges. En effet.
Jacquemart, dans son Histoire de la porcelaine, nous rapporte un
fait dont l'intérêt n'échappera certainement pas au lecteur ; je cite
textuellement : « Plus ferme ou plus habile que son devancier
(Charles Adam), Eloy Brichard (directeur de la Manufacture), en-
tend d'ailleurs se servir de toutes les armes mises à sa disposition
pour garantir ses ouvrages contre une concurrence déloyale; ainsi,
à la date du 25 janvier 1755, il obtient un jugement contre un de
ses ouvriers. Le dispositif en est curieux : « Vu, y est-il dit, le
» procès-verbal de la perquisition faite à Vincennes dans un cabi-
4^ SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
» net occupé par le nommé Jean-Baptiste Nouailher, ouvrier de la '
» manufacture royale de porcelaine, établie au dit lieu, cabinet
» où il a été trouvé vingt-huit esquisses et dessins de fleurs colo-
» riées, huit lettres et un rond de porcelaine propre à mettre des
» couleurs, lesquels dessins le dit Nouailher est convenu avoir él^'
» copiés sur des dessins de la manufacture par les nommés
» Aubert, Faurré et Geffroy, ouvriers de la dite manufacture,
» que son intention était de les porter à Jean-Baptiste Nouailher,
» son père, peintre en émail dans la ville de Limoges...., à la
» requête du sieur Eloy Brichard, Nouailher à la conGscation
» des objets faits, en mille livres d'amende, etc. »
Doit-on supposer que Nouailher avait eu la pensée de s'appro-
prier certains secrets relatifs à la fabrication ou à la peinture de la
porcelaine (il s*agit évidemment de la porcelaine tendre), comme
semblerait l'indiquer le « rond » propre à mettre les couleurs et
surtout les huit lettres, qui pouvaient être des documents dans le
genre de ceux que Denlrecolles envoya en France. J'inclinerais à
le croire devant la sévérité avec laquelle il fut frappé. Dans cette
hypothèse, nos compatriotes auraient songé d'assez bonne heure à
remplacer par une industrie nouvelle, pleine d'avenir, Tantique art
de rémaillerie, dont la vie semblait depuis longtemps se reti-
rer; il serait évidemment fort intéressant d'étudier une ques-
tion, dont la formule de recherches pourrait être celle-ci : les
derniers éraailleurs, sentant le terrain industriel leur manquer,
n'ont-ils pas essayé de rajeunir leur art en le rapprochant autant
que possible, au point de vue décoratif, de la branche des indus-
tries du feu — la porcelaine — qui alors avait pris le premier
rang dans l'estime des artistes, des amateurs et du grand public
des acheteurs, absolument comme cela avait eu lieu pour la faïence,
qui par l'adoption du procédé de réverbère avait été mise, dans
une certaine mesure, en harmonie avec le goût nouveau. Ce pre-
mier fait n'est pas douteux et se trouve confirmé par la condamna-
tion de Nouailher pour avoir soustrait, entre autres choses, dix-
huit dessins à la manufacture de Sèvres. Mais faut-il aller jusqu'à
admettre que, avant Massié, nos artistes limousins eurent la pen-
sée de naturaliser, pour ainsi dire, à Limoges l'industrie de la
porcelaine? C'est là un point que l'on pourrait, dès à présent,
essayer d'éclaircir; mais on comprend qu'une pareille étude ne
saurait être même effleurée dans ce travail.
Je dois sans doute m'excuser auprès du lecteur d'une digression
peut être un peu longue, mais qui se rattache cependant direc-
tement à mon sujet, et c'est cette considération qui m'a engagé
à m'y livrer.
GSSAl OB CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCRLAINES DE LIMOGES. 43
Ces observalions sur la marque C. D. paraîtront peut-être trop
développées, mais la question discutée a une véritable importance.
En eiïel, si Ton admettait que la marque C. D. continua à être en
usage après la réorganisation de la manufacture de Limoges, on se-
rait amené à se contenter de cette notion et à ne pas chercher les
productions de la manufacture parmi les pièces non signées, et c'est
là où elles doivent se trouver, pour les raisons exposées plus loin.
Les pièces à la marque C. D. forment un groupe bien homogène.
Pour rompre cette homogénéité, pour disperser en quelque sorte
les parties constituant ce groupe, au Musée Céramique, par exem-
ple, il faudrait des raisons bien fortes et capables de contre-
balancer les arguments d'ordre historique qui conduisent à penseï*
que la marque C. D. n'a pu être employée que tout à fait acciden-
tellement après 1784. Le témoignage de ïAlmanach de Gournay
peut-il être considéré comme une preuve suffisante contre les
anciennes théories relatives à la répartition chronologique des
pièces à la marque C. D.? Je ne le pense pas quant à moi, et je
crois même inutile d'appuyer sur les motifs qui me font considérer
ce témoignage comme très suspect.
Deuxième époque. — Période postérieure à la réorganisation de
Darcet (d784 à 1800 ou 1804, dernière limite).
Genres divers. Réminiscences de l'ancien style. Inspiration clas-
sique plus ou moins accentuée,
MANUFACTURE ROYALE (aunexe de Sèvres, ancienne fabrique Massio .
Il sera nécessaire de donner ici un certain développement à
l'histoire de la Manufacture Royale, et cela parce qu'il importe
de recueillir tous les indices qui, en l'absence à peu près cons-
tante de marques sur les pièces de cette provenance, peuvent mettre
sur la voie d'attributions qu'il serait parfois très difficile de décider
sur les seules particularités de la fabrication, des formes du décor.
En effet, les points de comparaison manquent encore à peu près
absolument, car, à part le cachet de la Manufacture et le médaillon de
Turgot, marqué au revers d'une fleur de lys, nous ne connaissons
aucune pièce authentique de la fabricalion limousine qui suivit la
réorganisation de 1784, et les spécimens que nous venons de
citer sont des pièces exceptionnelles, qui ne peuvent nous apporter
aucun secours utile dans la recherche à laquelle nous nous livrons
en ce moment.
Si. comme la chose estmalheureusement à craindre, on ne retrouve
pas à Limoges de pièces, authentiques et marquées, delà Manufac-
ture Royale, peut-être pourra-t-on encore espérer découvrir à
44 SOaÉTÉ AIICHÉOLOGIQVK KT UIsrOAlQUB DU LlllOtlSIK.
Sèvres quelques spécimens à date connue qui, par Toie d'analogie,
pourront servir à élablir de sérieuses présomptions en faveur de la
détermination de certaines pièces douteuses ; mais ce secours ma
fait défaut, car j*ai dû restreindre mon étude aux spécimens qui
se trouvent exposés dans les collections du Musée de la HanufaC'-
(ure ; or ces spécimens sont fort peu nombreux pour la période
qui nous intéresse : il en existe certainement dans les réserves on
dans les greniers un certain nombre qu'il serait de toute nécessité
d'examiner avec le plus grand soin.
. Comme on le verra plus loin, la fabrique de Limoges ayant été,
après 1784, une annexe de la Manufacture de Sèvres, il parait
évident que les produits des deux usines durent être très voisins,
sinon absolument identiques. Cette supposition est encore confir-
mée par ce fait qu'au moment de la réorganisation, Darcet amena
de Sèvres un personnel nouveau. Les pièces d'origine limousine,
reconnues très analogues aux pièces de Sèvres (après ^84), pour-
ront donc sans trop de témérité être attribuées à notre Manufac-
ture Royale.
Pour bien comprendre toutes les diflicultés de la question qu'il
s'agit de résoudre, il faut se rappeler que plusieurs fabriques de
Limoges sont presque contemporaines de la Manufacture Royale (la
fabrique de La Seynie produisait pendant que la Manufacture
Royale était en activité). Ainsi, les fabriques fondées à Limoges
pendant la période révolutionnaire, et un peu plus tard, eurent dans
leur personnel, on le sait d'une manière certaine, des artistes et
des ouvriers autrefois employés à l'ancienne manufacture, et
comme le goût avait très peu changé, comme les procédés de
fabrication étaient restés identiquement les mêmes, on peut penser
qu'il sortit des fabriques en question des produits difficilement dis-
tinguables peut-être de ceux de l'établissement royal, et c'est,
en effet, ce que l'expérience vient démontrer, par certains exemples.
Dans cette situation, je ne me serais pas cru suffisamment
autorisé pour attribuer une pièce à la Manufacture Royale par des
présomptions de date, tirées du style des formes et du genre
des décors, j'ai encore dû essayer de fortifier ces présomptions par
des faits plus positifs; ces faits, j'ai dû les chercher surtout dans
l'histoire même de la Manufacture, et voici comment j'ai été con-
duit à donner à cette partie de mon travail un développement tout
spécial.
Jusqu'ici, les quelques personnes qui ont écrit sur la fabrique de
Limoges paraissent s'être presque exclusivement intéressées à
l'étude de ses premières origines : deux lignes leur ont suffi pour
faire Thistoire de la Manufacture Royale. Une pareille manière de
ESSAI DR rXASSlPICATION DBS ANCIRNNBS P0RCBLAINB8 D8 LIMOGES. 4S
procéder ne pouvait âtre employée ici, puisque, encore une fois, il
devenait nécessaire de réunir tous les faits qu'il serait possible de
recneillir, si menus soient-ils, paraissant de nature à justifier une
attribution, toujours quelque peu hasardeuse, en l'espèce.
C'est contraint et forcé, en quelque sorte, par les exigences de
mon sujet que je fais ici Tbistoire détaillée de la Manufacture
Royale; je n'ai pas d*ailleurs besoin d'ajouter que l'expression
<c d'histoire détaillée » est ici tout à fait relative, l'histoire, même
lorsqu'elle reste monographique, comporte une hauteur de vue à
laquelle je n'ai pas prétendu.
Nous avons vu que ce fut Foumerat qui organisa la fabrication
de la porcelaine dure, lorsqu'elle fut établie à l'ancienne faïencerie
de Massié ; mais ce praticien ne resta que cinq années avec ses
coassociés; dès lors, la manufacture de Limoges se trouva privée
du secours de ses connaissances techniques à partir de 1776.
Ces faits, fort importants pour l'histoire des commencements de
la fabrication de la porcelaine à Limoges, résultent d'une lettre
adressée de Paris, le 20 juin 1781, à M. l'Intendant de Bourgogne,
pour le renseigner sur Foumerat, qui demandait l'autorisation de
créer une fabrique de porcelaine à Dijon. Ce document a été pu-
blié par H. le D' Louis Marchand, dans ses Recherches mr les
faïenceries de Dijon (1885), auquel je l'emprunte :
«... Il résulte des éclaircissements pris que ce particulier a tra-
vaillé pendant cinq ans à la manufacture de Limoges, où il avait la
direction d une partie de cette manufacture, mais jeune et dissipé
il n'a pu la conserver.
» Il est marié et sans fortune, et vient de revenir à Ancy-le-
Franc, dont il est originaire.
» Il n'est pas possible de parler de ses talents, puisqu'à Ancy-
le-Franc il n'y eut jusqu'à présent qu'une faïencerie fort mé-
diocre.
» Cependant, il est à présumer que le sieur Foumerat a des
connaissances dans cette partie, puisqu'il remplissait une place de
directeur à la manufacture do Limoges. S'il en est sorti, cela ne
prouve rien contre ses talents. Il peut avoir fait la découverte dans
ce canton d'un grain de terre propre à faire la pâte. Au surplus,
si le gouvernement l'employait, ce devait être plutôt en quahté
d'artiste pour diriger les travaux que comme administrateur des
fonds et du travail du cabinet, pour lesquels il ne paraît avoir
aucune disposition. » (Chambres des Etats, c. 44, Arch. dép.).
M. Marchand ajoute : « Nous ne croyons pas qu'il ait été donné
suite à la demande du sieur Foumerat ».
46 SOCIÉTÉ AnCHÊOLOGIQUB ET HISTORIQUE DO LIHOOSIIV.
M. Moufle nous apprend, d'après des notes de l'abbé Legros,
que, lorsqu'il transforma définitivement sa faïencerie en fabrique
de porcelaine (^71), Massié faisait depuis deux ans des essais
pour la production de la poterie nouvelle ; il est possible, il est
môme probable que ces recherches ont été faites de concert avec
Fournerat. En tous cas, si Massié était un céramiste et s'il avait
des connaissances spéciales dans la fabrication de la porcelaine,
ce que Ton ne sait pas d'une manière positive, en 1784 il était
probablement mort, car son fils l'avait remplacé alors à la fabrique,
et rien ne vient nous indiquer que ce dernier ait eu l'expérience
que pouvait avoir acquise son père(l).
Il est probable que les Grellet n'étaient pas des céramistes, mais
plutôt des capitalistes ou encore des brasseurs d'affaires, s'il est
permis d'employer ici cette expression moderne; l'un d'eux
était mort dès 1774, à Paris, où il était allé pour présenter
au comte d'Artois une pièce exceptionnelle. Son frère Gabriel resta
associé avec Massié; pour lui aussi, rien n'est venu nous indiquer
qu'il ait eu des connaissances techniques ; on verra que, tout au
contraire, il paraît avoir donné, comme directeur de la Manufacture
Royale, des preuves de son incapacité.
Après le départ de Fournerat, départ dont le document cité plus
haut nous fait entrevoir les causes, il est probable que Gabriel
Grellet et Massié laissèrent péricliter leur fabrique, qu'ils ne par-
vinrent pas à diriger convenablement, par suite sans doute de
rinsufflsance de leurs connaissances techniques.
Il parait probable que les associés s'étaient adjoint des bailleurs
de fonds ou actionnaires (2). Ceux-ci se montrèrent, et sans doute
(1) A celle époque Tassocié de Grellet signe Massié fils; dans les diverses
pièces rclalivcs à la venin de la manufacture en 4794, sa signature est ainsi
libellée. 11 paratl bien difficile d'admettre que le Massié que nous voyons
figurer à la vente de 1794 soit le même que celui qui fondait, en 1737, la
fabrique de faïence où devait plus tard élre établie notre première manu-
facture de porcelaine dure : c'est pourquoi j'ai pensé que Massié avait pu
être remplacé par son fils, mais de ce fait nous n'avons encore aucune
preuve certaine.
La famille Massié paraît être originaire de Limoges : le père du céra-
miste y exerçait la profession d'architecte. Je tiens ce renseignement de
M. Fray-Fournier.
(3) On lit la remarque suivante dans rintroduclion historique qui se
trouve placée en tête du volume consacré à la porcelaine de V Encyclopédie
chimique de M. Frémy [Dunod, 1885} : a Le nom de Massié disparaît
bientôt, et la fabrique parait n'être plus dirigée que par l'un des Grellel,
qui prend le litre d'entrepreneur de la manufacture. Nous avons trouvé
ESSAI DK CLASSIFICATION DES ANC1RNNGS PORCRL^iNBS DK LIMOGES. 47
«ivec raison, peu satisfaits de la tournure que prenaient les affaires
de la manufacture après la retraite de Fournerat; peut-être de-
mandèrent-ils la liquidation de Tentreprise, toujours est-il que,
sans nous mettre trop en frais d'imagination, nous pouvons supposer
que Grellet et Massié fils se trouvèrent dans une situation fort
difficile à tous les points de vue. Ils semblent s'être tirés fort habi-
lement d'embarras, car la cession qu'ils firent à la liste civile d'un
établissement dont ils ne pouvaient tirer aucun parti fut consentie
tout à leur avantage, ainsi qu'il est facile de s'en rendre compte.
Le rapport de Rolland, que J'ai cité déjà, fournit à ce sujet
des détails absolument oubliés dans notre ville.
D'après ce document, fort curieux à tous les points de vue, il
semble que, à Limoges, on a su très habilement lier la fabrique
«le celte ville aux carrières de kaolin de Saint-Yrieix, récemment
découvertes (1). D'après les renseignements recueillis dans les
celle qaalification à la suite de son nom, dès 4783, sur la liste des con-
seillers politiques du corps de ville de Limoges, dont Grellet faisait
parlie : ce titre d'entrepreneur paraît indiquer que la manufacture appar-
tenait à plusieurs individus dont Grellet était Tagent; peut-être même les
Grellet et Massié s'étaient-ils adjoint un certain nombre d'actionnaires,
ainsi que nous voyons les choses s'être pratiquées pour plusieurs fabriques
de celle époque. » Mais voici un renseignement plus positif:
En 1869, le Journal le Libéral du Centre, de Limoges, publia une
nombreuse suite d'articles sur la fabrication de la porcelaine. Ce travail,
tort bien fait sous tous les rapports et qui indique une profonde con-
naissance du sujet, est signé J.-B. Cartel. Malheureusement, il m'a été
impossible de découvrir le nom de la personne que cachait ce pseudo-
nyme. Quoiqu'il en soit, voici un passage, très important, que J'emprunte
à l'article publié par le Libéral dans son numéro du 4 juillet 1879.
« En 1873, M. de Turgot, intendant du Limousin, prévoyant le bril-
lant avenir réservé à la porcelaine, réunit les notables en assemblée et
leur conseilla fortement d'établir à Limoges, centre de la production kao-
Unique, des manufactures de porcelaine.
o Ces conseils ayant été écoutés, la plupart des notables se réunirent
cl créèrent une fabrique, dont ils confièrenl la direction à M. Grellet.
o En 4784, le roi désintéressa les notables et fit de la manufacture de
Limoges une annexe de la manufactupc de Sèvres — la direction en fut
laissée à M. Grellet, avec le titre de sous-directeur, la directioj générale
se trouvant à Sèvres. î»
(f) Pour bien se guider dans l'histoire de la iabriquc de Limoges, en
ses commencements, il faudrait d'abord et de toute nécessité connaître
les principaux faits qui signalèrent la découverte du kaolin dans notre pays.
Voici à ce sujet quelques détails indispensables à l'inlelligence du résumé
que je présente de l'histoire de la fabrlquo royale.
. On sait que le gUe kaolinique de Saint-Yrieix fut découvert, dès i765,
46 SOClérft ARCHÊOLOOlftUR ET BlSTOmOUR DU UMOtlSIII.
archives de Sèvres par M. Nivet-Fontaubert et communiqués par
ce dernier à M. Paul Ducourtieux, qui en a fait usage dans son
intéressant livre : Limoges d'après ses anciens plans, « le !•' juillet
1784, la fabrique prenait le titre de Manufacture Royale, en vertu
par M"^« Darnet, femme d'un chirargieo de celle ville. « Celui-ci, nous dit
M. Alluaud (Nouoellea éphémérides de la Haute-Vienney 1837], soupçon-
nant que cette matière blanche et onctueuse contenait une essence de
savon naturelle, la soumit à un pharmacien de Bordeaux, Villaris, qui
reconnut le kaolin dans cette argile.
» Immédiatement, Villaris écrivit au ministre Berlin pour lui faire part
de « sa découverte » et lui offrir « son secret », à beaux deniers comp-
lanls, bien entendu. Alors parait avoir commencé, enlre Villaris et les
délégués du gouvernement royal, une lulle de ruses dont la responsabi-
lilé doil sans doute incomber au pharmacien de Bordeaux; sa dupli-
cité en cette circonslance ne semble pas douleuse. Berlin renonça bienldl
à s'entendre avec Villaris, el, sur Tindicalion Hu célèbre Borda, qui
Icnlait lui-même de fabriquer de la porcelaine dans une poterie qu'il
possédait à Dax, on essaya des kaolins qui venaient d'être découverls à
quelque dislance de celte ville, sur le territoire de la commune de Pouillon;
ces matières n'ayant pas donné de bons résultats, il fallut reprendre
les négociations avec Villaris, auquel on finit par acheter son secret, ou
plutôt celui de Darnet. Mais, lorsque Ton connut le lieu du gisement
kaolinique, d'autres difficultés se présentèrent : il se trouva que les ter-
rains où étaient sKués les carrières appartenaient à des mineurs, etc., etc »
Si Ton veut bien se rendre compte des déceptions de toutes sortes aux-
quelles avait donné lieu la recherche des gîtes kaoliniques depuis qu'il
en était question en France, on comprendra que la liste civile ait été
amenée, pour s'assurer la possession d'une carrière, à faire des sacrifices
considérables, dont surent sans doute profiler tout d'abord les possesseurs
de la fabrique de Limoges.
Il n'est pas inutile, d'autre part, de rappeler — en quelques lignes —
les principales circonstances qui ont accompagné l'introduction de la
fabrication de la porcelaine dure à Sèvres.
C'est en 4769 que Macquer lut à l'Académie des sciences son Mémoire
sur le kaolin (on sait que ce travail avait été entrepris à Toccasion des
découvertes des carrières de Saint-Yrieix). Vers la même époque, la fabri-
cation de la porcelaine dure fut introduite à Sèvres, mais seulement pour
les pièces d'usage; c'est au comte d'Ângevillers, nommé en 1780
directeur des bâtiments de la Couronne et qui en celte qualité était ordon-
nateur pour la régie et l'administration de la manufacture des porcelaines
du roi, c'est au comte d'Angevillers, dis-je, que revient l'honneur
d'avoir donné à la porcelaine dure l'impulsion nécessaire (voir à ce sujet
rinléressant opuscule de M. Edouard Garnier : Note sur un vase de
Sèvres au Musée du Louvre^ extrait du Bulletin des Musées), On trouvera
dans ce travail de curieux détails sur la fabrication de la première pièc<î
importante sortie des fours de Sèvres.
ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. ^9
do la vente faite à Louis XVI au mois de mai précédent devant
31* Monnet, notaire au Châtelet. Elle devint alors une succursale
de la manufacture royale de Sèvres. La prise de possession au
nom du roi fut faite par Darcet, de l'Académie des sciences, en
vertu d'un ordre signé à Versailles par M. le comte d'Angevillers.
M. Gabriel Grellet en fut nommé directeur, aux appointements de
7,000 francs, et M. Massié contrôleur ». On voit déjà que Grellet
avait su sauvegarder ses intérêts. Quant à Massié, ses appointe*
raenls ne furent peut-être pas aussi élevés que ceux de son
coassocié, car il paraît avoir été placé hiérarchiquement au-
(lessî)us de celui-ci. Cependant, il est probable qu'il ne fut pas
trop mal traité.
D'après quelques lignes empruntées au rapport de Rolland qui
ont précédemment été mises sous les yeux des lecteurs, il semble
que, dès 1774, on avait su joindre habilement la fabrique de
Limoges aux carrières de Saint-Yrieix, en sorte que Tacquisilion
des unes était corrélative, pour ainsi dire, de l'acquisition de l'au-
tre. Le document en question devient plus loin plus positif encore
sur ce point. Nous y lisons, en effet : « L'acquisition de cette
manufacture (de Limoges) et sa réunion à celle de Sèvres n'eut lieu
iju'en 1784. Le directeur des bâtiments d'Angevillers consomma
celte affaire à très haut prix. La manufacture de Limoges fut alors
une annexe de celle de Sèvres et le vendeur de la première de ces
manufactures (Grellet), en devint en même temps le directeur et
le caissier.
» Sèvres n'y gagna que la matière nouvelle, qu'elle s'habitua à
employer; l'influence de l'art y resta la même, mais ce changement
n'en fut pas moins une révolution réelle dans le commerce de cette
manufacture.
» Ses moyens même en augmentèrent, et ce fut alors que ses
ateliers se distinguèrent en ateliers de porcelaine tendre, où l'on
employait Tancienne matière, plus coûteuse à fabriquer par la
nécessité des supports dans la cuisson, dès lors plus bornée dans
ses formes et moins sohde à l'usage, et en atelier de porcelaine
dure, où l'on employait la matière de Limoges, dont la nature se
rapprochait des porcelaines de l'Orient. »
Les avantages que Sèvres pouvait retirer de l'emploi des ma-
tières de Saint-Yrieix ne sont pas douteux ; mais à la distance où
nous sommes placés de l'époque où se passèrent les événements
dont nous nous occupons ici, il serait difficile de comprendre com-
ment, pour s'assurer les matières de Saint-Yrieix, il fut nécessaire
d'acquérir « à très haut prix la fabrique de Limoges », si l'on
n'admettait pas qu'il y eut là une manœuvre habile de Grellet, qui
T. XXXIII. 4
50 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGiaUE ET HISTORIQUE DU LIHOUSIK.
parvint à se débarrasser d'une entreprise à laquelle il se sentait
impuissant à assurer le succès (1).
Grellet paraît avoir été chargé spécialement de la préparation des
pâtes et couvertes qui entraient dans la consommation de Sèvres :
dans le passage cité plus haut de YAlmanach de Gournay, on a vu
que, en 1788 (ou plutôt antérieurement, étant donné que les infor-
mations contenues dans ce passage se rapportent à la période qui
a précédé Tannée 4784), on a vu déjà que Grellet était un véritable
fabricant de pâtes. Nous verrons plus tard qu'il dut sa disgrâce à
la mauvaise direction qu'il donna à Tapprovisionnement, en ma-
tières premières de la succursale de Limoges, dont il s'occupait,
sans doute, d'une manière particulière. Tout ceci nous donne à
penser que Grellet était un spécialiste, ou que tout au moins il se
donnait pour tel. Sa fonction fut donc de mettre à la disposition
des fabriques de Sèvres et de Limoges des matières premières de
bonne qualité et bien préparées, ce à quoi d'ailleurs il ne réussit
pas toujours.
Dans une conférence qu'il a faite à Limoges le 13 août 1890,
M. Garnier, un céramographe depuis longtemps fort avantageuse-
ment connu dans le monde de la critique, a apporté sur la ques-
tion traitée ici quelques éléments d'informations nouveaux; je
reproduis in extenso le passage où le conférencier s'est occupé de
la fabrique de Limoges :
« Malgré tous les efforts de certain ministre, en effet, la situa-
lion de Sèvres était loin d'être prospère au point de vue financier,
et les comptes se soldaient généralement par un excédant de dé-
penses, même dans les meilleures années. Comprenant bien cepen-
dant que Ton n'y pouvait fabriquer que des porcelaines véritable-
ment artistiques, il songea à lui donner une succursale, et, dans
ce but, il proposa de faire l'acquisition de la fabrique qu'avaient
établie à Limoges les sieurs Gabriel Grellet et Massié, qui possé-
• daient également des carrières à Saint-Yrieix. « La manufacture de
» Sèvres, dit-il dans un rapport qu'il adressa au comité des finances
(1) L'article du Libéral cité plus haut est bien affirmalif, et j'avoue
qu'il me faii impression et que je suis tout à fait disposé à croire ce qu'il
dit au sujet de la formation — bien dans les idées du xvui* siècle —
sous l'impulsion de Turgot, d'une association de a notables » pour rétablis-
sement de manufactures de porcelaine à Limoges. S'il est vrai — cl pourquoi
ne Tadmetlrait-on pas — que les bailleurs de fonds ou actionnaires de la
fabrique furent désintéressés lorsqu'elle fut cédée au roi, il n'est pas témé-
raire de supposer que ces actionnaires a notables », ne l'oublions pas,
purent servir très utilement Grellet dans des négociations qu'il était si
intéressant pour eux de voir aboutir
ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. ol
» du roi sur ce sujet, possède déjà dans le Limousin la carrière à
» terre de porcelaine la plus précieuse; un sieur Grellet, proprié-
» taire dans la même province d'une manufacture de porcelaine, a
>» fait, depuis, lacquisition de plusieurs carrières de môme espèce;
» il y aurait de l'utilité à traiter, pour Votre Majesté, avec ce parti-
»> calier de tous ses droits, ce qui pourrait faire une mise de 120,000
» livres une fois payée. » Peut-être espérait-il, en se rendant ainsi
possesseur de ces carrières réputées les meilleures après la car-
rière déjà acquise pour le compte du roi, empêcher les manufac-
tures de Paris de s'approvisionner à Saint- Yrieix.
« Grellet était d'autant mieux disposé à accepter les proposi-
tions de d'Angevillers que la manufacture de Limoges était loin, elle
aussi, d'être dans un état prospère; mais il voulut profiler de la
situation et commença par demander pour lui des lettres de
noblesse qui lui furent accordées le 16 janvier 1785. Quelques mois
plus tard, le 22 juin, le contrat de vente consenti en faveur du roi
fut expédié et la manufacture de Limoges devint manufacture
royale, avec Grellet comme directeur et Massié contrôleur. Darcet
y fut envoyé pendant quelque temps pour réorganiser la fabrica-
tion et emmena avec lui quelques peintres de Sèvres qui s'établi-
rent à Limoges. »
Le fait nouveau que nous apporte M. Garnier, c'est que la ma-
nufacture possédait, antérieurement à l'acquisition de la fabrique
de Limoges, une carrière de kaolin à Saint-Yrieix ; cette carrière
méritait-elle l'élogieuse qualification qui lui est donnée dans le
rapport? Il est permis d'en douter, et cela pour plusieurs raisons
qu'il serait trop long d'exposer ici ; peut-être aussi et ainsi que le
pense M. Garnier, eut-on la pensée de monopoliser pour la fabri-
que royale et son annexe la production kaolinique des carrières de
Saint-Yrieix. En tous cas, il paraît certain que c'est bien la ques-
tion du kaolin, fort habilement conduite par Grellet, qui a décidé
du sort de la fabrique de Limoges. C'est l'extrême importance
accordée à la matière première qui nous expliquera bien des faits,
dont a priori, on serait tenté de s'étonner : par exemple, les condi-
tions avantageuses faites à Grellet et à Massié, l'établissement
d'une annexe de Sèvres à Limoges et la fabrication, peut-être
exclusive pendant un certain laps de temps, des biscuits dans notre
établissement ; on trouvera plus loin des détails sur ce dernier
point.
Quoiqu'il en soit, l'Etat fit de très grands sacrifices pécuniaires
en faveur de la fabrique de Limoges lorsqu'elle fut devenue manu-
facture royale. Le compte-rendu de Rolland donne à ce sujet des
renseignements qu'il est nécessaire de faire connaître au lecteur.
oâ SOCIÉTÉ ARCBÉOLOeiQUR ET BISTORIQUR DU UMOVSIN.
M. Moufle nous apprepd dans son travail (pour lequel U a utilisé,
répétoûs-le, quelques notes de Vabbé Legros)^ que la liste civile
acheta la fabrique de Grellet et Massié au prix d64Û,000fr. a eoclos,
four, ustensiles et bestiaux en dépendant ». Il est diflScile de savoir
aujourd'hui si cette somme est comprise dans le total de 233,000
livres, prise en faveur de Limoges» nous apprend Rolland, sur
les 822,208 livres versées dans les caisses de Sèvres depuis. 4784;
en tous cas, en 1793, date du rapport de Rolland, une samoie de
46,306 livres était due à M. Alluaud, nommé directeur en 1788,
sans préjudice d'une créance de 14,422 livres réclamée par Grelot
au moment de sa retraite, et qui n'était pas encore payée en 1793.
On voit donc que la liste civile avait fait, dans une période d^ huit
à neuf ans, des frais considérables en faveur d'une manufacture
qui, lorsqu'elle fut acquise, comptait déjà treize ans d'existeace, au
cours de laquelle elle avait fabriqué des produits excellents sous
tous les rapports, et probablement en quantité considérable.
Mais ce qu'il y a de véritablement extraordinaire c*est que, à
partir du moment où la Manufacture devint royale, ses produits
cessent d'être marqués et sont pour nous très difficilement recon-
naissables. On ne peut guère admettre que, après 1784, notre pro-
duction porcelainière soit demeurée fort au-dessous et comme
quantité et comme qualité de ce qu'elle était sous le régime de la
protection du comte d'Artois. Le fait delà réorganisation de Diarcet,
effectuée avec le concours d'un personnel emprunté à la Manufac-
ture de Sèvres, nous conduit à penser que la fabrication dut, tout
au contraire, entrer alors dans une voie de progrès bien carac-
térisée. D'autre part, les sacrifices pécuniaires si considérables
consentis par la liste civile donnèrent évidemment une vie nou-
velle à notre manufacture qui, certainement, traversa alors une
période d'activité qu'elle n'avait peut-être pas connue autrefois.
L'abandon certain, mais difficilement explicable, de l'habitude
de la marque, n'est pas la seule cause de l'embarras qu'éprouve le
céramographe, lorsqu'il s'agit de déterminer les pièces qui peuvent
être plausiblement attribuées à la Manufacture Royale. Il parait
présumable que si ces pièces étaient restées nombreuses dans
noire pays, nous arriverions facilement à les distinguer. Ceci sem-
ble incontestable, si l'on veut admettre, comn^ie la cliose parait
naturelle, que la réorganisation de Darcet dut coïncider avec
l'adoption d'un style nouveau et avec certains perfectionnements
dans la fabrication et l'application des couleurs.
Il convient de remarquer que l'état dans lequel se trouvait la
manufacture, lors de sa mise en vente, ne permet pas de supposer
que les sacrifices de l'Etat avaient été affectés à la reconstrueUon
ESSAI DC ClASSIFICX-nON DES ANC1ENKRB PORCRLAINES DE UUOGES. 53
des bâlittients anciens et autres dépejises analogues (1). La plus
grande partie des sommes dont il est possible de constater aujour-
d'hui le versement, entre les mains de la direction, fut certaine-
ment appliquée aux besoins de la fabrication; il me fautajouter qu'il
est certainement permis de supposer l'existence d'un assez large
gaspillage. Le fait de la démission — obligée — de Grellet, dont je
parlerai plus loin, peut être interprété dans ce sens, surtout lors-
que Ton se rappelle que Grellet, et probablement Massié, s'étaient
fait attribuer de fort beaux appointements et que certains détails
que nous connaissons nous font voir qu'ils avaient fort bien su
ménager leurs intérêts particuliers.
Il est une pensée qui se présente, en quelque sorte, tout natu-
rellement à l'esprit pour expliquer l'extrême rareté des pièces pou-
vant être attribuées à la Manufacture Royale. Voici la raison qui
pourrait être donnée d'un fait aussi extraordinaire, mais il est
nécessaire de bien spécifier que les preuves à l'appui ne forment
pas, jusqu'à présent, un ensemble de nature à s'imposer sans con-
testation possible dans l'avenir :
La liste civile, en acquérant la fabrique de Limoges, ne se borna
pas à l'élever au rang de manufacture royale (telle que celle qui
existait à Orléans, par exemple) ; elle en fit une annexe de l'éta-
blissement de Sèvres, en sorte que dans l'esprit des promoteurs
de cette mesure la Manufacture de Sèvres se trouvait avoir des
ateliers à Limoges, mais ces ateliers faisaient bien réellement par-
lie du grand établissement porcelainier appartenant k la couronne
de France. Le mot : annexe de Sèvres, constamment employé pour
désigner l'établissement de Limoges n'a pas, en l'espèce, la signi-
fication de succursale : il indique bien réellement que l'ancienne
fabrique Massié était considérée comme ayant été incorporée à la
Manufacture de Sèvres.
Les termes du rapport de Rolland (écrit en 1793), sont exprès
et ne peuvent laisser aucun doute sur la réalité d'un fait sur lequel
j'appelle rattenlion du lecteur, et auquel il est nécessaire de resti-
tuer toute son importance. Voici, en effet, comment s'exprime le
rapporteur : « J'ai parlé plus haut de l'acquisition faite en 1784
par le surintendant des bâtiments Dangevillier, d'une manu-
facture située i Umoges et de sa réunion comme annexe à
(1) Le rapport de RoUnnd ne laisse subsister aucun doute sur ce point.
On y voit, en efFei, que lors de l'acqulsilion le fonds fui évalué par Darccl
à .^6 ou 40,000 fr « et no présente maintenant tout compris qu'une
\aleûr de 10,000 livres » dit expressément le rapport. Il y avait donc eu
une dépréciation considérable des immeubles.
54 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUE ET HISTORIQUR DU UMOUSllf.
celle de Sèvres. Le kaolin de Saint-Yrieix devenait sans doule
précieux à celle-ci, qui en a constamment tiré jusqu'à présent, et
pour qui il sert de base à ce qu'on y appelle la porcelaine dure (1^.
Il y avait même une espèce de vraisemblance à se flatter qu*un
atelier sur le lieu même où se trouvait la matière, rénnirail le
double avantage d'une fabrication moins coûteuse et d'une spécu-
lation proGtable de commerce dans les provinces méridionales.
Pour faire réussir cette idée, il n'eût pas suffi, sans doute, de
porter à Limoges et le goût et les talents qui n'ont pas cessé de
vivifier l'établissement principal, il fallait encore s'assurer d'une
exacte surveillance et d'une grande économie d'administration à
un si grand éloignement. Mais une direction royale aveugle ou
dilapidatrice au centre même de son action, saurait-elle voir
clair ou juste à cent cinquante lieues. »
Rolland semble dire que la tentative de transformer la fabrique
de Limoges en annexe de Sèvres n'a réussi qu'incomplètement:
mais le passage que l'on vient de lire indique que cette transforma-
tion a été effectuée.
Mais il semble que ce ne soit qu'après mûre réflexion que le
gouvernement ait décidé l'établissement à Limoges d'une annexe
de la Manufacture de Sèvres ; la pensée de cette combinaison se
trouve très explicitement exprimée dans le mémoire rédigé en
1781 par Bachelier à la demande de M. d'Angevillers (2). Il con-
vient de remarquer qu'en 1781 Bachelier appartenait depuis
trente-trois ans à la Manufacture, où son influence parait avoir été
considérable; y étant resté quarante ans, il s'y trouvait encon»
(1) On le voit, le rapporteur, si bien informé cependant, ne parait pas
soupçonner la possession par Sèvres, anlérieurcment à racquisilion de
la fabrique de Limoges, d'une carrière de kaolin à Sainl-Yricix. Le fait est
cependant positif, mais il faut croire que cette carrière avait trompé les
espérances conçues par ses acquéreurs.
On ne saurait trop le répélcr, pour résoudre certaines difficultés de
rhistoire de la porcelaine limousine, il serait nécessaire de faire au
préalable Thistoire, et très circonstanciée, de nos carrières de kaolin.
(2) Mémoire historique de torigine du régime et du progrès de la
Manufacture Nationale de porcelaine de France, aoec des observations sur
toutes les parties de sa manutention et les moyens d'améliorations éco -
nomiques dont elle est susceptible^ demandé par M. d'Angevillers, direc-
teur général, cl remis en 1781, parle citoyen Bachelier, alors un des
inspecteurs de la partie des arts de ladite manufacture. Cet opuscule fut
publié sous la République, à Paris, chez Dclance, sans date. M. Gustave
Gouellain en a donné une reproduction annotée en 4878, chez Raphaël
Simon.
ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DE LIMOGES. 55
en 1784, au moment de .racquisilion de la fabrique de Grellel.
Voici commenl s'exprime Bachelier :
a Projets économiques, — Depuis la découverte de la pâte de
Limoges, commenl n'a-t-on pas imaginé d'établir k Saint-Yrieix,
liiîu d où on la tire, une maison pour y fabriquer la porcelaine
blanche : les ouvriers et leurs conducteurs y seraient beaucoup
moins chers qu'à Sèvres ; le goût n'y perdrait rien, tous les modèles
seraient envoyés de Paris ; l'influence des arts serait la même et la
dépense réduite d'un tiers : la journée des hommes, en été, est de
quinze sous, en hiver, dix sous; celle des femmes, huit sous toute
l'année.
» Le lavage, le foulage et la pulvérisation des terres, faits sur le
lieu par des femmes, leur serait une ressource qui vivifierait le
canton en y portant des secours que plusieurs intérêts nous enga-
gent à leur procurer. La porcelaine cuite exigerait moins de frais
de transport que la terre brute, dont le quintal ne donne que
quarante livres à la cuisson.
» La porcelaine tendre s'y fabriquerait avec la même économie
le sel qui entre dans sa composition n'y vaut que treize deniers la
livre, et ici quatorze sous, le bois un tiers de moins et tous les
autres objetg à proportion.
» Nous ne douions pas qu'on puisse y prendre un genre de cou-
rant avec succès, nous pouvons avancer que cet établissement
coûterait peu de frais, d'après les renseignements que nous avons
pris et que nous communiquerons.., »
Remarquons que, dans une brochure déjà citée et qui fut écrite
on 1855 par M. Ravenez, probablement avec les données communi-
quées par M. Alluaud, il se trouve un passage très curieux en ce
qu'il semble indiquer que les conseils donnés par Bachelier, furent
certainement suivis, tout au moins sur plusieurs points. Voici ce
passage :
« M. Darcet, de l'Académie des sciences, qui avait suivi les opé-
rations de la manufacture de Sèvres, fut envoyé à celle de Limoges
pour en diriger les travaux. On fit venir plusieurs ouvriers de
Paris, M. Cloostermann fut chargé de la composition des couleurs
et cette manufacture fut bientôt en pleine activité. Mais il fut
décidé qu'on n'y fabriquerait que des pièces d'une exécution facile,
qu'on ne pouvait enrichir que de légères décorations ».
L'élude des produits sortis de la manufacture de Limoges pourrait
sans doute nous aider à déterminer dans quelle mesure il fut
donné suite à la pensée de faire de l'ancienne manufacture Grellet
et Massié une annexe de Sèvres; malheureusement, ainsi que je
fai dit plus haut, les spécimens authentiques de cette fabrication
56 SOaàTÉ AIICB6OLOGIQUB ET HISTOhIQUB DU LIMOUSIN.
sont introuvables aujourd'hui; mais il y a aux Archives de la Haute-
Vienne (4) plusieurs pièces du plus haut intérêt, qui, quoique bien
sommairement rédigées, peuvent nous donner de très utiles ren-
seignements sur la production habituelle de la fabrique, ce sont
les procès- verbaux d'estimation des marchandises ou ustensiles, etc.,
qui se trouvaient dans les locaux de la Manufa^ure au moment 011
elle fut mise en vente (2). Au nombre des objets dont nous avons
ici les listes se trouvent quarante-un moules de statuettes ou
groupes. On remarque parmi les désignations quelques sujels clas-
siques, tels que l'Enlèvement des Sabines, les Trois Grâces^ etc., et
deux statuettes de sainteté (saint Bmno et saint Benoit) et surtout
beaucoup de représentations empruntées à la vie ordinaire, la
Joueuse de harpe, la Ramoneuse, la Joueuse de vielle, etc. Ces moules
et surtout les modèles sur lesquels ils furent établis n'ont guère
pu être exécutés à Limoges, où manquaient sans doute les artistes
capables de se livrer à un tel travail. On pourrait supposer, il est
vrai, que des sculpteurs de Sèvres ont pu être détachés, en quelque
sorte,dans notre ville, mais n'est-ii pas plus simple d'admettre que
la direction de Sèvres a envoyé dans notre ville un certain nombre
de moules de statuettes ou groupes qui servirent à constituer à
Limoges un atelier pour la production de la statuaire céramique.
Une des raisons qui firent adopter cette combinaison fut sans doute
la commodité de trouver sur place des quantités de l'excellente pâte
employée pour la production des statuettes et groupes. On a vu
plus haut que Bachelier faisait figurer parmi les arguments qui,
selon lui, devaient conduire à établir en Limousin une fabrique
annexe de Sèvres, cette considération que la porcelaine « cuite » ne
représentait en poids que 30 pour 100 de la matière première
entrée dans sa confection. Quelques mouleurs et répareurs suf-
fisaient pour produire une très grande quantité de figurines et
groupes; les répareurs pouvaient n'être pas de premier ordre, car
Bachelier nous dit qu'à Sèvres même on n'était pas très exigeant
quand à la réparation des statuettes. Il parait donc possible, même
probable qu'un certain nombre de biscuits qui nous sont venus
avec la marque de Sèvres aient été fabriqués à rétablissement
(1) M. Alfred Leroux, archiviste, a mis sa complaisance habituelle à fa-
ciliter mes recherches, cl M. Fray-Fournier, qui connaît admirablement
nos archives, m'a rendu de très réels services en cherchant pour moi cer-
taines pièces auxquelles j'attribuais une grande importance ; il a fini par
les découvrir.
(9) A TAppendice, on trouvera in extenso on analysées les pièces qui
n*ont pu prendre place dans le texte de ce travail.
ESSAI DR CLASSIFICATION DES ANCIENNES POBCRLAINES DE LIMOGES. 0/
annexe de Limoges : jusqu'ici d'ailleurs il n'y a iù qu'une hypothèse
à laquelle on pourrait probablement donner quelque consistance
grâce aux indications que peuvent renfermer les archives de Sèvres.
Les pièces conservées aux archives et où se trouvent des nomen-
clatures de pièces ou de moules existant à la Manufacture de
Limoges, au moment de la mise en vente, nous permettent de nous
rendre un compte assez exact de la fabrication habituelle de
Limoges. Le service de table et la plalerie y occupent une large
place : on trouve aussi de nombreux cabarets, cafetières, tasses,
pots au lait, des écuelles avec ou sans leurs plateaux, des pots à
eau et leurs jattes, des plats à barbe, des vases de nuit ronds et
ovales, des «écritoires à encre éternelle », des cuillers à moutaixlc,
des caisses à fleurs, des corbeilles, des seaux à verres, des gla-
cières, etc.
Il y a lieu de remarquer que les pièces de porcelaines portées
sur un des inventaires conservés aux Archives sont réparties en
irois classes : pâle blanche, pâle jaune, rebut. Môme au cas où Ton
admettrait qu'il ait été fabriqué à l'annexe de Limoges des pièces
destinées à être décorées et terminées à Sèvres, il est d'autre part
certain qu'il y eut aussi une fabrication en quelque sorte locale. Il
n'est évidemment pas possible de supposer, par exemple, que les
pièces en pâte dite jaune, aient été produites pour notre grand»3
manufacture (1).
L'annexe de Limoges a donc fabriqué pour son propre compte ;
elle produisait des pièces de première et de seconde catégorie qui
s'écoulaient soit sur les lieux, soit dans les provinces méridionales.
L'usage de la porcelaine paraît s'être rapidement développé en
Limousin, surtout dans la haute classe. Nous voyons, en e(Tet,dans
les inventaires des biens saisis aux émigrés, figurer de nombreuses
pièces en porcelaine ; par exemple, dans le procès-verbal de séques-
tre des biens, de Claude-Etienne des Roys (2), !26 brumaire an II et
(t) Il est possible cependant que les mots : pâte jaune aient désigné
non une pâte inférieure mais une composition spéciale. On voit dans le
Traité des arts céramiques» de Brongniarl, que la pâle de Tristant, dont
il donne la composition, était légèrement jaunâtre et présentait les incon-
vénients d'être parfois un peu rugueuse et de prendre assez mal la cou-
verte. Serait-ce la pâle de Tristant dont il est qucslion dans les inven-
taires? Mais celle composition était surtout propre au façonnage des
grandes pièces et on n'en fabriquait pas à Limoges.
Tristant, au témoignage du directeur Régnier, était le plus habile dos
tourneurs de Sèvres : il mourut en «785.
(î) M. le marquis des Roys était avant la Révolution grand sénéchal du
timousiq.
58 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE bT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
jours suivants (Archives de la Haule-Vienne), nous voyons dénom-
mer deux cent-cinquanle assiettes, vingt-sept plats, neuf corbeilles
et de nombreux ustensiles en porcelaine; il est vrai que nous trou-
vons également dans ce document la mention de pièces nombreuses
en poterie diverse : des faïences à fleurs et ordinaires, des cafe-
tières et écuelles en terre noire, des tasses et des soucoupes en
terre de pipe, des écuelles de terre de la fabrique de la rue du
Pont-aux-Choux, un cabaret de Chine de quinze pièces.
.- Dans son livre si connu {Changements mrvenus dans les mœurs
des habitants de Limoges depuis une cinquantaine d'années, i 817),
Juge Saint-Martin nous apprend que la faïence était presque incon-
nue à Limoges à l'époque à laquelle se rapportent ses observations,
soit de 1770 jusqu'à la Révolution. Nos ancêtres se servaient alors
presque exclusivement de vaisselle d'étain. On est quelque peu
étonné de voir des quantités relativement considérables de porce-
laine chez des personnes habitant la campagne, alors qu'àLimoges
on n'en n'était même pas encore arrivé à la faïence ; peut-être ces
personnes recevaient-elles en cadeau quelques produits de la Ma-
nufacture, peut-être savait-on les mettre dans l'obligation d'y faire
(les achats ? Il faut aussi considérer que les maisons nobles, même
de fortune médiocre, avaient souvent des liabitudes de luxe qui con-
trastaient avec la parcimonie des familles bourgeoises de Limoges,
où la plus stricte économie était à l'ordre du jour.
La question qui se présente aujourd'hui est toute nouvelle. Ici on
ne peut que la poser, car, pour la résoudre, si jamais elle doit
être résolue, de longues recherches sont encore nécessaires. Cette
question se formule ainsi : la fabrique royale de Limoges est
qualifiée, dans des documents officiels, d'annexé de la Manufacture
de Sèvres ; d'autre part, nous savons que de très larges subveu-
tions (233,000 francs, d'après le rapport de Rolland) ont été payées
pour notre fabrique par la caisse de Sèvres. D'un autre côté, le
rapport de Rolland montre que le conseil donné par Bachelier
(1781) et dont il est parlé longuement plus haut, fut suivi ; en sorte
qu'il est certain que Limoges a fabriqué des porcelaines pour
Sèvres, dans une mesure qui reste à déterminer. Ce qui paraît cer-
tain, c'est que notre fabrique a continué à produire pour son pro-
pre compte. Cette dernière donnée se trouve établie sur la grande
quantité de pièces en pâte dite jaune, qui existaient à la fabrique
de Limoges au moment de sa vente, pièces que Ton ne pouvait
songer à écouler à Sèvres. Les plus belles productions sorties de
notre fabrique reçurent seules, probablement, la marque de la Ma-
nufacture de Sèvres, où elles étaient sans doute décorées. Com-
ment, aujourd'hui, retrouver sous cette marque les produits de
Limoges? Il y a là, évidemment, une grande difficulté.
ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANCIENNES PORCELAINES DR LIMOGES. 59
Un fait me semble, dès à présent, hors de conteste; c'est que, à
Limoges, la fabrication des biscuits, groupes, figurines, etc., exé-
cutés à l'aide des moules envoyés de Sèvres, a été active. Il y a, du
reste, à cela une raison : la pâte dite pâle à ligure est encore consti-
tuée, non seulement en France mais aussi à l'étranger, à Taide des
belles « caillouteuses » de Saint- Yrieix, qui ne peuvent guère être
remplacées pour cet objet. En établissant un atelier de fabrication
de biscuit au centre môme de la production kaolinique, on a voulu
s'assurer un choix, facile dans un tel milieu, de matières premières
de la meilleure qualité. Il tombe sous le sens qu'à Sèvres les pra-
ticiens préposés à la constitution des pâtes ne pouvaient, comme à
Limoges « écrémer » pour employer une expression populaire,
d'immenses masses de kaolin pour se procurer, en vue d'un usage
spécial, une petite quantité de « caillouteuse » de tout premier
ordre. Il convient de ne pas perdre de vue que dans cette pre-
mière période de la fabrication, alors que la technique de la por-
celaine était encore dans l'enfance, il ne faut pas perdre de vue,
dis-je, que l'on devait accorder une très grande importance à la
qualité du kaolin.
Ainsi, en présence d'un biscuit portant tous les caractères d'une
production de Sèvres, le doute paraît aujourd'hui permis, et il y
aura lieu désormais d'examiner si l'on n'a pas affaire à une pièce
sortie de l'annexe de Limoges; mais on ne saurait dire, dès à pré-
sent, si le produit de Limoges est absolument similaire de celui de
Sèvres où s'il s'en sépare par des différences sensibles. Il est pro-
bable qu'il y eut aussi pour les biscuits deux catégories, dont l'une,
considérée comme inférieure, ne recevait aucune marque.
Dans les inventaires et autres documents analogues conservés
aux archives de la Haute- Vienne, nous ne voyons figurer aucun
vase, et il paraît très probable que l'annexe de Limoges produisait
seulement de la porcelaine d'usage. Nous savons qu'une partie des
pièces qui sortaient de ses fours étaient sans doute envoyées à
Sèvres pour y être peintes et dorées; la fabrication de ces pièces
était tout spécialement soignée.
D'autres pièces, également d'usage, mais probablement établies
avec des pâtes de qualité relativement inférieure, recevaient sur
place de « légères décorations » et étaient écoulées dans les dépôts
du Midi. Il est probable que ces pièces n'étaient pas marquées;
aussi les attributions que j'ai cru devoir faire, dans cette catégorie,
restent-elles bien hypothétiques.
Quant aux pièces d'usage de première qualité, que l'annexe de
Limoges produisait pour Sèvres, il faut bien avouer qu'aucun docu-
ment authentique n'est venu établir explicitement l'existence de
«M) SOClÊTt ARCHKOLt>G<tttflK ET «ISTORIQUI M) IlHOVSlN.
cette fabricftlion ; le fait est néanmoins très probable et ott t^^^rrait
sans iloute en trouver des preuves irrécusables, Mit en ct««iiaiit
les archives de la Manufacture Nationale ou en explorant d'autres
réunions de documents, soit en étudiant avec un soin scrupuleux
certaines pièces considérées jusqu'à présent comme faisant partie
de la production de Sèvres.
Si Ton veut bien se rappeler que la fabrication de la porcelaine
dnfe fut introduite à Sèvres pour la production des pièces d'usage
(la pâte nouvelle étant incomparablement supérieure à Tancienne
au point de vue de la solidité), si Ton veut bien se souvenir d'autre
part que Torganisation de notre grande manufaclare, les tendan-
ces de son personnel, etc., devaient la conduire invinciblement^ pour
adn^ dire, vers Ik fabrication artistique, on comprendra qu*eUe dut
se décharger volontiers de la production « courante » comme nous
dirions, sur son annexe provinciale. La pâte tendre était encore
fort appréciée en 1784, mais on la savait impropre à Tusàge.
D'autre part, dès 1780, Tère de la fabrication artistique de ia por-
celaine dure avait commencé pour Sèvres ; le champ d'action de
celte manufacture était assez vaste pour qu'elle abandonnât sans
regret une production jugée inférieure et encombrante à l'établis-
sement devenu son satellite.
('A suivre J, Camille LËYlilAniË.
UN LIVRE D'HEURES DE L'ORDRE DE GRANOMON F
A LA BIBLIOTHÈQUE D'ANGERS
Ce manuscrit serait probablement passé ifiaperçn, si je ne lui
avais récemment consacré, dans la R&vue (f Anjou, une courte
nolice, que je crois opportun de reproduire textuellement :
I
N' 132. Heures, datées de 1 (H6, iii-18 do 137 rolios de véHn, le texte
écrit au-dessus d'une ligne rouge, rubriques de môme couleur; très en-
domiu âgées.
La couverture est en basane : sur chaque plat est gaufrée une cruci-
fixion, entre la Vierge et saint Jean, inscrite dans une auréofe à rayons
alternativement droits et flamboyants; aux angles, fleurs de lys dans des
carrés. Cette reliure nVst pas antérieure au xvii® siècle.
4. Suffrages. Celui de saint Martial est ainsi conçu : c Sanctus Marcialis,
ad prcdicandum Gallie detegatus Lcmovicis civibus, jubente Pctro apos-
tolo^ S9mina fîd<;i crroganda suscepit.
» t* Marcialis, apostotus Xpisti,
» i|. Pro nobis intercédât ad Dominum. »
Dans Toraison, il est répété qu'il est apôtre : a Qui bcatum Marel.atem
apostolum. tuum » (4).
tl y a un suffrage particulier pour les saintes reliques, « de rcliqniis »;
c>st \a première fois que je le rencontre.
Vignette do la crucifixion : la croix est en tau,
« i, Seq>iuntur hocf*. béate Marie Virginis secuadum Grandimon. »
L* ordre de Grandmont avait précisément une maison près d'Angers, à La
Haye (les-Konshommes. La vignette figure l'Annonciation : l'ange, en
daimalique, le sceptre en main, agenouillé, montre la colombe qui des-
cend du ciel; Marie osl à genoux devant use banquette^ où elW a ]^^
(1) L'ipostoUt de Mlnt Mairtial, trèn populaire au moyeiiràge, a «té de aod- jffurat qbaieu -
reiu«aieDt défeodu p«r 1|. le ohaoolM Arbeliot: oeftendABl Rome n'% pa^ v^alu U r^cou^
naUre.
Qi SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQOB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
son livre sur un coussin ; au baldaquin qui Tabrile, on lit celte date en
majuscules romaines : i486 29 lANVlER.
A matines, il y a neuf leçons : les trois dernières sont tirées de l'évan-
gile et varient suivant le temps. Voici le premier répons do troisième
nocturne : « Vidi speciosam sicut columbam ascendentem desuper rivos
aque, cujus incstimabilis odor erat in vcstimentis ejus. Et sicut dies
verni circumdabant eam flores rosarum et lilia convallium. • — Comme
celte poésie est suave !
A laudes, hymne O gloriosa Domina et scène de la Visitation.
A prime, hymne Jam lacis orto sydere ci symbole de saint Athanase ; en
vignette, la Nativité : Marie tient sur ses genoun Tenfant nouveau-né.
A tierce, TAnnoncc aux bergers. Hymne :
« Mater Dei sanctissima,
Alque virgo perpétua,
Ofifer nos tuo filio
In celcsti palacio.
Maria, plena gracie.
Mater misericordie... (I) ».
3. a Horc pro defunctis ».
4. « Ad terciam de die » : hymne : l^unc sancte nobis Spiritus.
5. Tierce de Toffice de la Vierge : adoration des mages, barbus et sans
couronne. Hymne : Mémento salutia.
G. Sexte da jour : hymne Rector potens,
7. Sexte de la Vierge : présentation au temple. Mario a les mains enve-
loppées d'un linge blanc pour ne pas toucher directement au fils de Dieu.
8. None du jour : hymne Rerum Veus.
9. None de la Vierge : fuite en Egypte, Joseph suit l*âue qui porte Ma-
rie. Hymne : Mémento Maria plena,
10. Vêpres : massacre dos Innocents. Hymne : Ace maris steUa.
H. Compiles : Dieu le Père, chape et couronné, tenant en main le
globe du monde, bénit Marie agenouillée devant lui. Le capitule est em-
prunté à la première strophe du Virgo Dei genitrlx et Thymnc formée
des trois dernières strophes de Y Ave maris.
42. Psaumes de la pénitence. Dans les litanies des saints, après saint
Barnabe, saint Marc et saint Luc est intercalé saint Martial, qui vient ainsi
le dernier des apôtres ; parmi les martyrs, on rencontre saint Maurice et ses
compagnons, saint Ausone et saint Léger ; parmi les évêques, saint Front,
après saint Grégoire; parmi les ermites, saint Guillaume et saint Cybard.
13. a OfBclum mortuorum » : la mort assise sur trois cadavres ; Tun
ost celui d'un pape, l'autre d'un roi, le troisième d'un bourgeois.
II
Quelques mots d'explication me semblent indispensables au
point de vue spécial du Limousin.
Le manuscrit est daté de 1486, c'est-à dire d'une époque où les
Heures imprimées commençaient déjà à être en circulation et rap-
;l)X. Barbier ob Montault. Heures poitevinee du x\- siècle, p. ^.
(JX LIVRE d'hRURES DE L*ORDRS DB ORANDMONT. 63
pelaient l'âge précédent par le vélin de leurs feuillets et par les
miniatures faites après coup sur les gravures au trait. Le manuscrit
maintient donc la tradition monastique : probablement, il a été
exécuté dans un couvent de l'ordre.
Rien ne fait soupçonner à qui il a été destiné^ mais son luxe,
contrastant avec la simplicité des frères, peut faire supposer qu'il
fut offert à un prieur ou commandé par lui.
Pourquoi sont-ce des Heures et non pas un Bréviaire? M. Guiberl,
rhistorien de Tordre, est mieux en mesure que moi de nous rensei-
gner à cet égard. Je suppose que le petit oiïîce était seul récité dans
Tordre et non le grand ofBce, destiné aux moines proprement dits.
Cependant, j'y relève une particularité liturgique fort curieuse :
les petites heures, prime, tierce, sexle et none, sont doubles, c'est-
à-dire qu'à celles de l'office ordinaire s'ajoutent celles du bréviaire:
prime s'allonge mémo, comme le dimanche, du symbole de saint
Athanase.
Un troisième office complète les précédents : c'est celui des
morts, qui, à Tordinaire, ne comporte que vêpres et matines. Ici,
il y a en plus les « hore », ce qui est absolument insolite. Est-ce qu'à
Grandmont on aurait récité, chaque jour, le petit office, partie
de Toffice du jour et Toftice des morts? En outre, comme partie
intégrante de laudes et de vêpres, il y avait les suffrages. Or,
parmi eux se trouve celui de saint Martial, qui se disait, à cause de
la maison-mère, même en dehors du diocèse de Limoges; on Tho-
norait également dans les litanies, qui devaient se réciter à certains
jours, après les psaumes de la pénitence.
Les diocèses respectifs avaient aussi leurs droits, puisque dans
les litanies figure saint Maurice, titulaire de la cathédrale d'Angers.
A ce passage, comme aussi au lieu du dépôt actuel, on peut sans
crainte affirmer une origine angevine.
Le suffrage de reliquiis se réfère-t-il directement au couvent de
La Haye-des- Bonshommes? Il est possible qu'il ait été riche en
reliques; mais j'y vois plutôt un souvenir de Grandmont, qui en
possédait une quantité considérable, comme en témoignent les
anciens inventaires.
Quoique de mince valeur, ces petites Heures, que je qualifierais
presque de poche, ont donc quelque intérêt si on les examine
sous lo triple rapport deTart, de la liturgie et de Thistoire locale.
X. Barbier de Montai'lt.
DALLE TOMBALE D'UN CHEVALIER
AU CIMETIÈRE DE MAISONNAIS
I^es pierres tombales sculptées sont assez rares en Limousin; lin
moins en reste-t-il encore fort peu, surtout dans les églises rurales.
Lia diilicultéde tailler des statues de granit a dil, en tous temps, re-
buter nos maçons de campagne et la dépense arrêter les familles
désireuses de transmettre en ronde-bosse leurs regrets à la posté-
rité. Le marbre, les plaques de bronze gravées et émaillées étaient
réservés généralement aux évéques ou aux très grands person-
nages, et chacun sait qu'il en sortait d'admirables des ateliers de
Limoges. Malheureusement les objets de métal, même les plus
artistiques, sont fatalement condamnés à être fondus, et on se sou-
vient encore à Limoges des charretées d'émaux détruits sans
pitié au commencement de ce siècle et transformés en chaudrons.
Le savant et regretté abbé Texier avait, dans son enfance, assisté à
ces actes inconscients de vandalisme et se plaisait à les raconter
en en gémissant.
La tombe de Maisonnais (1) n'était pas pour tenter le creuset des
fondeurs, et si on l'a détournée de sa destination première, encore
faut-il se réjouir qu'elle n'ait pas été débitée en moellons, comme
la mise au tombeau de N.-S. qui décorait l'église des Salles-La-
Vauguyon, très voisine de celle de Maisonnais. On s'est contenté
d'en faire xxn dessus de porte pour le cimetière : ce qui, pour une
pierre tombale, est plus décent qu'autre chose, tout en étant
(1) Cette dalle funéraire avait élé signalée, un peu sommairement, par
mon savant ami, M. l'abbé Lecler, dans sa Monographie du canton de
S(unt' Mathieu,
PL' m.
Dalle tombale «l'un chevalier au cimetière de Maisonnais.
DALI.R TOtfBALfS d'uN CHEVALIER AU CIMETIÈRE DE HA180NNA1S. 65
regrettable. J'ignore où<^.tail*placée cette tombe, longue de 2 mètres
30 centimètres, haute de 70 centimètres et d'une épaisseur d'en-
viron 25 centimètres : probablement dans Téglise, où elle devait
reposer sur un socle; mais je n'ai pas pu vérifier le fait, n'ayant
trouvé personne pour me renseigner pendant la courte halte que
j'ai faite à Maisonnais.
Quoiqu'il en soit, on voit par le croquis que j'en ai dessiné que
cette dalle funéraire représente, en demi-relief, lefligie de gran-
deur naturelle d'un chevalier du xin* siècle. Nu télé avec d'assez
longs cheveux, les mains jointes sur la poitrine, la taille ceinte
d'une courroie où s'attache l'épée, la tunique descendant un peu
au-dessous des genoux, les pieds appuyés sur un plan légèrement
incliné pendant que la tôle repose sur une sorte de coussin, sa
silhouette rappelle assez fidèlement celle des bonnes statues cou-
chées du moyen-âge. C'est même là ce qui permet, avec les détails
du costume, de lui assigner une date, sans la moindre hésitation.
Mais quelle différence entre cette effigie grossièrement exécutée
et les belles œuvres de la sculpture du temps de saint Louis! Le
maître maçon qui tailla celte image avait dû certainement en voir
de meilleures ; mais il était hors d'état de les reproduire, bien
qu'on devine, au caractère général de son travail, qu'il connaissait
les bons modèles et avait fail de son mieux. Il faut cependant tenir
compte à cet artiste inconnu de l'état de dégradation de son bas-
relief. Est-ce le temps ou les intempéries des saisons qui l'ont mis
dans l'état où on le voit aujourd'hui? Je l'ignore. Je serais porté à
croire, par la conservation parfaite de la tunique, dont les moindres
plis ont conservé une netteté irréprochable, tandis qu'il ne reste
presque rien des mains el rien du tout des traits du visage, que
ces parties ont été plus ou moins martelées. C'est invariablement
à la tôle el aux mains que s'attaquent les destructeurs de statues.
Le chevalier de Maisonnais ne pouvait être décapité sans un long
travail du ciseau et du marteau; on trouva plus simple de lui casser
le nez et de lui racler consciencieusement les autres traits du
visage, en cassant du même coup les doigts saillants de ses mains.
On n'eut pas manqué d en faire autant au bouclier armorié si,
selon l'usage, le chevalier en avait eu un ; ce qui, par parenthèse,
nous eût indiqué à quelle famille il appartenait.
Devons-nous faire honneur à l'art limousin de cette tombe,
taillée dans un calcaire compact el dur que fournissent encore de
nos jours les carrières des environs de Monlbron en Angoumois?
Je n'en voudrais pas répondre. J'ai eu maintes fois à constater dans
les églises romanes du canton de Sainl-Malhieu, à Marval notam-
ment, des chapiteaux calcaires finement sculptés, qui, à défaut de
T. XXX v m. 5
60 SOCIÉTÉ ARCBiOLOGIQUE ET HISTORIQCR DU LlMOUSlir,
leur origine angoumoisine nettement caractérisée, montraient, par
la façon défectueuse dont ils se raccordaient avec leurs colonnes de
granit, tantôt trop grosses, tantôt trop minces, qu'ils n'avaient pas
été faits pour elles, sur place. Même avec les moyens de transport
qui existaient au moyen-âge, rien n'était plus facile, après tout, qae
de faire venir de cinq ou six lieues des pierres prèles à être pesées
et préparées d'avance dans des ateliers où la nature des matériaux
employés avait formé, dès longtemps, des sculpteurs plus habiles.
Je ne serais pas surpris qu'il en eût été ainsi pour la pierre tom-
bale de Maisonnais. Taillée, elle était bien moins lourde à voilurerde
TAngoumois en Limousin que prise à la carrière. Peut-être même
Tabsence d*armoiries et d'inscription laisserait-elle supposer
qu'elle avait été prise toute prête chez un fabricant de tombeaux.
En tous cas, qo'elleait été sculptée à Maisonnais ou en Angou-
mois, la dalle funéraire que nous sommes heureux de signaler à la
Société archéologique n'est pas pour rehausser la renommée des
artistes de Limoges au xni'' siècle. Ils ont des titres plus sérieux.
Mais, elle n'en est pas moins intéressante, et si la Société pouvait
obtenir sa réintégration dans l'intérieur de l'église, où on pourrait
la dresser contre un mur, elle assurerait la conservation d'un mo-
nument qui, s'il n'est pas beau, a du moins le mérite d'être rare en
Limousin.
B** DE Verweilh.
NOTES
POUR SERVIR A LA
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE
(Suite) (4).
SERIE III
SEIGNEURS ET FAMILLES SEIGNEURIALES
N^ 30. — ALESME (Jean-Marie d') (2), sieur du
Pic (3).
Cachet ovale (20""* sur 19), plaqué sur une letlre à M. Gay de
Nexon (Limoges, 17 avril 1775).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un carlouche, deux écussons ovales accolés :
celui de dextre aux armes d'Alesme (d'azur, au chevron d'or
accompagné en pointe d'un croissant du môme, au chef cousu de
gueules chargé de trois étoiles d'or) ; celui de sénestre aux armes
de Pichard (de gueules, à trois bourdons d'or), deux en chef et un
en pointe, celui-ci surmonté d'une étoile d'argent) (4). Couronne
de comte.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
(\) V. Bull. Son. arch. et hlat. du Llm., t. XXXVI!, p. 116 elsuiv.
(î) Marié «• à N ; î° à Anne-Françoise de Pichard.
(3) Aujourd'hui commune, canton et arrondissemenl do Limoges.
(l) V Armoriai général de 4696 {Limousin, f» <i3) indique le champ
d*azur.
68 SOCIÉTÉ ARCQÉOLOOTQUR ET HtSTORIQUB DU LIUOUSIN.
N<» 31. — ARDANT (Famille) (1) (xviii* siècle).
Cachet ovale (42"™ sur 18), gravé sur une breloque en porce-
laine (2).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale d'azur, au chevron
d'or accompagné en pointe d'un soleil ardent (armes parlantes)
d'argent, au chef d'or chargé de trois étoiles de gueules (3). Cou-
ronne de marquis. Supports, deux lions.
(Appçirtient à M. Teillel, avocat à Sarlat. — Communiqué par
feu M. Louis Carvès, membre de la Société historique et archéo-
logique du Périgord).
N*" 32. — AUTHIER (Etienne) (4), seigneur de La
Roche-l'Abeille (5) et de Bré (6) (xiV siècle) (?).
Sceau rond (40™").
Légende, ~ f SGVTVV. ST. ALETI. DNI. DE. RVPEAPIS. ET
DE BRENO.
fScutum Stephani Aleti^ domini de Rupeapis et de
BrenoJ.
Dessin, — Ecu à une bande ou traverse sur laquelle est posé
un lion rampant; chef chargé de trois coquilles. Rinceaux dans le
champ.
(La matrice de ce sceau, qui a été imparfaitement décrit dans le
({) Famille originaire de Limoges, qui posséda, au xvni» siècle, les
seigneuries de Meillars et La Grèncrie en Bas-Limousin, et qui. en 4789.
vota dans Tordre de la noblesse lant en Haut qu'en Bas- Limousin.
(2) Trouvé à Saint-Junicn (Haute-Vienne).
(3) Nadaud, qui mentionne ce même blason {Nobiliaire, t. I, p. 3«),
indique ailleurs cette variante : d'azur, au soleil d*or accompagné de trois
étoiles d'argent, 2 et 1. (/6id., t. l«', p. 492). L Armoriai général
{Limousin^ f® 121), blasonne ainsi : d'azur, au chevron d'argent accom-
pagné en pointe d'un soleil d*or, au chef cousu de gueules chargé de trois
étoiles d'or.
(4) Plus tard du Authicr.
(o) Aujourd'hui commune de La Roche-l' Abeille, canton de Nexon,
arrondissement de Saint-Yrieix.
(6) Aujourd'hui commune de Goussac-Bonneval, canton et arrondisse-
ment de Saint -Yrieix (Haute-Vienne).
SlGlLLOGRAPniB DU DÉPARTEURNT DE LA HAUTE-VIENNE. 69
Nobiliaire de Nadaud, t. I, p. 823, a été retrouvée récemment à
Ghampniers,cantoQ de Bussiëre-Badil, département de la Dordogne,
et une empreinte en a été communiquée à la Société historique et
archéologique du Périgord, dans sa séance du 6 février 1879, par
M. l'abbé Lecler, curé de Compreignac en Limousin. (Voir le
Bulletin de la Société, t. VI, p. 94).
Voir figure 14.
N** 33. — AUTHIER (Marie- Anne du) (1), épouse de
N. de La Grange, baron de Tarnac.
Cachet ovale (21"*" sur 17), plaqué sur une lettre à M. Lachaud.
docteur en médecine à Forsac (1789).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés,
celui de dexlre aux armes de La Grange de Tarnac (de gueules, à
trois merlelles d'argent, 2eli, au canton d'hermines); celui de
sénestre aux armes du Authier (les trois coquilles sont posées 2
eti). Couronne de baron. Supports, deux lions couchés.
(Communiqué par M. Champeval).
N*» 34. — BARTON (Jean) (2), évêque de Limoges.
Voir ci-après la série IX (Évéques de Limoges).
N^ 35. - BARTON DE MONTRAS (Marguerite) (3).
Cachet ovale (30""" sur 25), apposé à un testament du 2 janvier
1692.
Pas de légende.
Dessin. — Écusson à un cerf passant, au chef échiqueté d'or et
d'azur de trois traits (4). Couronne de comte. L'écusson accosté
de deux palmes.
(Musée de Brive).
(i) Née vers 175^; fille de Jean du Authier et d'Anne de Jouss.ncau
de 'Payai ; mariée à N. de La Grange, baron de Tarnac; morte en 1846.
(i) Des seigneurs de Monibas, aujourd'hui commune de Gajoubert,
canton de Mézières, arrondissement de Bellac.
(3) Fille de Claude Barlon de Montbas, seigneur de Fayolle, et d'Éléo-
nore de Saint-Jullien.
(4) Voir, au sujet des armes, la note de Tarticle relatif à Jean Barlon,
évéque de Limoges (ci-après, série IX, Évéques de Limoges).
70 SOCIKTÈ ARCBÂOLOOIQUK iST BlSTORIQmC DU LIMOUSIN.
N' 36. --BEAUPOIL DE SAINT-AULAIRE (4) (Mar-
tial-Louis de) (2), évêque de Poitiers.
Sceau ovale (41"" sur 38), plaqué sur des lettres d'ordioation
(Poitiers. 23 mars 1765).
Légende, — M. L. DE BEAUPOIL DE SAINT-AULAIRE EPSC. (
PICTAVIENSIS.
(MartialiS'Ludoricûs de Beaupoil de Saint- Aulaire, |
episcopus PictavimsisJ. \
Dessin. — Sur un cartouche, écusson rocaille aux armes, timbré I
d une couronne de marquis accompagnée à dextre d*une mitre, à
sénestre d'une crosse, et surmontée du chapeau épiscopal.
(Communiqué par M. Tabbé Poulbrière).
N* 37. — BEAUPOIL (Henri de) (3), marquis de
Saint-Aulaire, seigneur de Oorre .
Fragment de sceau ovale, plaqué sur les preuves de Charles-
Adrien de Coustin, pour Tordre de Saint-lean-de-Jérusalem (26
juin 1783).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson rocaille aux armes, sur un cartouche orné de
guirlandes. Couronne de marquis.
(Archives du département du Rhône, fonds de Malle, H 498).
N' 38. —BEAUPOIL DE SAINT-AULAIRE (GabrieUe
de), épouse de Jean de Marsan ges.
Voir ci-après, même série, article Marsanges,
(1) De la branche des seigneurs de Gorre (aujourd'hui cominaoe de ce
nom, canton de Saint-Laurent, arrondissement de Rochechouart).
(2) Né le 1er janvier 1719: fils de Louis de Beaupoil de Saint-Aulairc,
seigneur de Gorre, et de Françoise Guingand, abbé de Lezat au diocèse
de Ricux en I75:J, sacré évoque de Poitiers le Î4 mars (ou le 13 mai)
n59.
(3) Né le 25 décembre 1719 ; fils de Louis de Beaupoil de Sainl-Aulaire,
seigneur de Gorre, et de Françoise Guingand : aîdc-major de la première
compagnie française des ga»'dos-du -corps du roi, avec rang de meslre-de-
camp de cavalerie; chevalier de Saint-Louis; marié le 17 octobre
1765 à Adélaïde-Claudine-Françoise- Marie-Anne de Thibault de La
Rochethulon.
SIGILLOGRAPHIR DU OÊPAaTF.HRNT DE LA HADTE-YIRNNR. 7t
N* 39. — BERNARD (Pierre) (1), seigneur de Châ-
lucet (2).
Scean rond (27'°°'), appendu à Tacte de vente d'an bois par
Pierre Bernard, chevalier, dominus de Castro-Lticu, el Hugues de
Jaunbac, damoiseau, son neveu, à Halaïde, prieure des Allois,
pour son couvent (le H des calendes de juin, 22 mai 1264).
Ugende.--iS, P. B
fSigiUum Pétri Bemardi..,.)
Dessin. — Ecu triangulaire portant trois demi-vols mouvants de
sénestre et posés 2 et 1.
CONTRE-SCEAU.
Rond, de 18 à 20"".
Légende détruite.
Dessin. — Un sanglier passant de dextre à sénestre.
(Archives départementales de la Haute- Vienne, fonds de Tahbaye
des Allois, liasse 8633).
Voir âgures 15 et 15 bU.
N' 40. — BESSE dit DE BELLEFATE (Pierre de) (3),
«eigneur de Peyrac (4).
Sceau rond (33"'''), appendu à une charte de 1369.
Ugende (?).
Dessin, — Ecu droit parti : au 1, de Roger de Beaufort (d'ar-
gent, à la bande d'azur accompagné de six roses de gueules ran-
gées en orle); au 2, de Besse (d'azur, au chevron d'or).
(D'après un dessin de la collection Gaignières, Bibliothèque
nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, T 493).
(I) Bernard paraît avoir été le nom patronymique primitif, auquel se
substitua, dès le xui» siècle, celui de Jaunhac.
(i) Aujourd*hai commune de Boisseuil, canton de Pierrebuffière, arron-
dissement de Limoges.
(3) Fils de Guillaume (ou Jacques] de Besse et d'Almodis Roger (sœur
du pape Clément VI).
(i) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Saint- Yrieix.
73. SOCIÉTÉ ARCHéOLOGIQlTR ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
K» 41 — BOISSE (1) (Marie de) (2), épouse de Claude-
Hugon du Prat.
Cichet ovdle (20™" sur 18), plaqué sur uqd lettre signée Boisse
du Prat et adressée à M. de La Mase, lieutenant général à Uzerche
(La Bournerie, 7 août 1723).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes de Boisse
(fascé d'argent et d'azur de six pièces), les fasces d'argent char-
gées chacune de trois mouchetures d'hermines (3). Couronne de
marquis. Supports, deux lions.
(Communiqué par M. Champeval).
N* 42. — BOISSE (Marthe- Ambroise de Landouil-
lette de Logivière, épouse de Jacques-Joseph de) (4).
Cachet ovale (21"" environ sur 18), plaqué sur une lettre signée
« Logivière de Boisse », et adressée à M"" de La Chatonie, à Trei-
gnac (La Farge, 6 décembre 1732).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés:
celui de dextre aux armes de Boisse; celui de sénestre, de gueules,
à la fasce d'argent chargée de trois tourteaux de sable, qui est de
Landouillette. Couronne de comte.
(<) Aujourd'hui commune d'Eyjeaux, canton de Pierrebuffiôre, arrondis-
sement de Limoges.
(2) Fille de Jacques de Boisse, seigneur d'Eyjeaux, de La Farge, etc.,
et de Marie de Cbcvialle; mariée, par contrat du 28 janvier 4701, à
Claude Hugon du Prat, ôcuyer, sieur de Masgoutlôre, fils de François-Hu-
gon du Prat et de Louise GeofTre.
(3) Le cachet porte distinctement fascé d'argent et d*azur, tandis que
Nadaud {Nobiliaire^ t. l, p. I9G) indique fascé d'argent et de gueules, ou
(fautivement) de gueules, à trois fasces d'argent.
(i) Fille de René de Landouillette de Logivière, marquis de Maule, et
de Marthe du Val; mariée, par accord du 4 avril i7i0, à Jacques-Joseph
(le Boisse, écuycr, seigneur de Treignac, La Farge, Eyjcaux, La Bachellerie,
Margeride et Murât, né le ïO janvier 1697, fils "de Joseph de Boisse,
écuyer, seigneur de La Farge, de La Bachellerie et d'Eyjeaux, et de Marie
de Félines de La Renaudie, page de la petite écurie du roi le 16 mars
1742.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTBMêNT DE LA HAUTE-VIENNE. 73
(Archives de M. le comte de Moatbron. — Communiqué par
M. Champeval).
No 43 _ BOISSE DE LA FARQE (Antoine de) (1).
Cachet ovale (16°^"» sur 14), plaqué : 1° sur le testament de
messire Antoine de Boisse, seigneur abbé commendataire de
Vigeois (Vigeois, 26 octobre 1738); ^ sur un brevet conférant
au sieur Brugeron la charge de greffier de la juridiction de Vigeois
(Vigeois, 2 mars 1750).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes. Couronne de marquis
accostée à dextre d'une mitre et à seneslre d'une crosse à volute
tournée en dedans. Supports, deux lions.
(Etude de M° Daudy, notaire à Vigeois; — Archives de la
famille Pradel de Laraaze. — Communiqué par M. Champeval).
N° 44. — BOISSE (N. de) (2).
Ciachet ovale (21"" sur 18), plaqué sur une lettre à M. Chauf-
four, receveur de la terre de Treignac (20 mai 1778) et sur un
certificat relatif à Marie-Marthe de Boisse, religieuse de Saint-
Corentin (6 mai 1786).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson en losange aux armes
Couronne de marquis.
(Archives départementales de la Haute- Vienne).
N*» 45. — BOISSE (Adélaïde-Marie-Stanislas mar-
quis de) (3).
Cachet ovale (25"" sur 21), apposé sur uu acte portant nomina-
(i) Fils de Jacques de Boisse, écuyer, seigneur de La Farge,Eyjeaux, etc.,
cl de Marie de Chevialle; abbé commendataire de Vigeois en H 10; vicaire
généra! de Limoges ; morl en avril 1753.
(î) Demoiselle de La Farge; fille de Jacques-Joseph de Boisse, seigneur
de Treignac, La Farge, etc., et de Marlhe-Ambroise de Landouillelte de
Logivière; abbesse de Saint-Corentin.
(3) Né en 1762; fils d'Ambroise-François-Joseph-DuIcem marquis de
Boisse et de Marguerite de Bassompierre; chevalier, vicomte de Treignac,
seigneur de La Bachellerie, Margeride, La Farge et autres places ; officier
7i SOCICTt aRCMF.OLOGIQUK FT HlSTOhlQlK DU LIMOUttK.
tion, en ffualité d'échevin de la ville de Treignac, de Pierre-lfarie
Lachaud, docteur en médecine. (Treignac, 1" décembre 17* î).
Pas de légende.
Deêsin. — Sur un cartouche, écusson aux armes. Couronne
docale. Supports, deux lions couchés.
(Appartient à M. Tabbé NieL, curé de Naves, département de la
(kwrèze).
N* 46. — Le même.
Cachet ovale (22"» sur 18), plaqué sur une lettre signée
« ChaufToui' » (1) et adressée ce à M. Ddamaze, en son château de
Roffiniac, à Allaseac ». (Treignac, 29 se^itembre 1788).
Pas de légende.
Demn. — Sur un cartouche, écusson aux armes. Couronne
ducale fermée. Supports, deux lions couchés.
(Archives départementales de la Corrèze, E 19. — Communiqué
par M. Hugues, archiviste).
N* 47. — BONNEVAIi (2) (Jean U de) (3).
Sceau rond (26""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Limousin et de Périgord) (Limoges, 5 septembre 13S4). —
Autre exemplaire sur une quittance du 17 septembre 1334.
Ugende. — ... lEHAN DE BONNE VAL CHVR'
(... Jean de Bormetml^ chevalier).
Dessin. — Ecu au lion (4), penché, timbré d'un heaume cime
d'un vol, sur champ réticulé.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 141, f 2761.
Pièces originales, Bonneval, n* 5).
supérieur de gendarmerie ; marié le 9 avril 478) à Adélaïde-Françoise de
Broglie, fille de Victor -François duc de Broglie, maréchal de France, eldc
Louisc-Airgiislinc-Salbigothon de Grosat de Thicrs.
(I) M. Chauffeur élail receveur de la terre de Treignac^ dont le marquis
de Boisse était seigneur.
(t) Aujourd'hui commune de Gonssac-Bonneval, isanton et arrondisse-
ment de Saint-Yricix.
(:4) Fils de Jean i^ seigneur de Bonneval, et d*AUx d'Aixe; capitaine
d*une compagnie, marré à Aude. de Tranohelion.
Ci) D-œur, au Uoq d*or amyé et lampaaisé de;gu8ules.
S1GILL061IAPBIB DU DÉPARTEMENT DB LA HAUTE-VIEKNE. <5
N** 48. — Lb même.
Sceau rond (21""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Périgord et de Limousin) (Plazac, 10 octobre 1354). — Autre
exemplaire sur une quittance du 36 mai 1354.
Ugende. - f S' I DE BONAVAV MIL'.
[Sigillum Johannis de Bonavau, militis).
Dessin, — Ecu au lion.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 141, t* ^59, et
Pièces originales, Bonneval, n* 4).
N« 49. - BONNEVAI^ (GuiUaume de) (1).
Fragment de sceau rond (2) appendu à une quittance du 19 jan-
vier 1382.
Légende effacée.
Dessin, — Le dessin paraît avoir représenté un personnage
debouL
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval, n*" 7).
N"* 50. — BONNEVAL (Antoine de) (3), seijgneur de
Bonneval.
Sceau rond (35""), appendu à des quittances de pension données
par Antoine de Bonneval, seigneur dudij lieu et de Blancbefort,
conseiller du roi, capitaine de trente lances à la mode d'Italie
(24 juillet, 6 septembre et 15 novembre 1474, 18 janvier 1492,
n. st.).
(i) Fils de Jean 11, seigneur de Bonneval et d'Aude de Tranchclion;
abbô de Saint-I.omer de Blois.
ft) L'acte porte qu'il a été fait usage du pélit sceau en rabsr»ncc du
grand.
13] Fils de Bernard de Bonneval, seigneur de Bonneval et de Blanche-
fort, et de Marguerite de Pierrebuffière; premier ch.mbcllan Je Gaston
de Forx, roi de Navarre; chambellan et conseiller des rois Louis XI,
Charles VllI el Louis XII; capitaine des châteaux itc Perprgnan, Puycerda,
Collioure, Bellcgarde, La Roque, etc., et du château de Dolver en Sar-
daigne; juge cl viguier de Saint-Yrieix ; gouverneur et sônéchRl du Haut
et Bas-Limousin ; marié en H7t à Marguerite de Foix, lille de Mathieu de
Foix, comte de Comminges, et de Catherine de Goaraze ; mort le 18 sep-
tembre 150».
76, SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIOUK ET HISTORIQUE DU LIMOUSm.
Légende. — XmnO... DE BONNÉVAL.
{Anthoine de Bonneval).
Dessin, — Ecu au lion, penché, timbré d'un heaume cime d'un
vol, supporté par deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval, et
Clairambault, 1. 141, f° 2763).
Voir figure 16.
.N° 51. — Le même.
Sceau rond (30"""), appendu à une quittance de gages donnée
par Antoine de Bonneval, chevalier, seigneur du lieu et de Blanche-
fort, chambellan du roi, capitaine du château de Belver en
Sardaigne. (Perpignan, 28 novembre 1487).
Légende. — ANTHOINE DE BONNEVAL.
Dessin. — Ecu au lion, penché, timbré d'un heaume cime d'un
vol, supporté par deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 141, f» 2783).
Voir figure 17.
N° 52. — BONNEVAL (Germain de) (1), seigneur de
Bonneval.
Sceau rond' (30°*"), appendu à des quittances en date du 1"^ mars
1497, 30 avril et 8 mai 1498.
Légende. — GERMEN
Dessin. — Ecu droit à un lion.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval, n* 7.)
N» 53. — Le même.
Sceau rond (30""™), appendu à des quittances en date des 4 mars
1499, 2 juin 1802, 15 juillet 1812.
Légende. — SCEL GERMEN DE BONNEVAL.
(1) Seigneur de Bonneval, Coussac et Blanchcfort, baron de Coaraze,
Appel, Saint-Félix, Agonis, Maraselle, McrvcUes, Monchez, Cbelbouionne
et Bury ; fils d'Antoine de Bonneval, seigneur de Bonneval, et de Mar-
guerite de Foix; conseiller et chambellan du roi, gouverneur et sénéchal
du Haut et Bas-Limousin; marié le À février 1543 à Jeanne de Beaumont,
hlle d'Antoine de Beaumont, chevalier, et de Marie de Gravillc, dame de
Chcfboulonne et de Bury; tué à la bataille de Pavie le i5 février 1524*
SICILLOGRAPHIE DU DÉPARTE]iRNT DE LA HAUTE-VIENNR. 77
Dessin. — Ecu aa lion, penché, timbré d'un heaume cime d'un vol.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval, n** 45.)
N<» 54. — BONNEVAL (Jean de) (1).
Sceau rond (34°*°), appendu : 1** à une quittance donnée par
Jean de Bonneval, lieutenant de quarante lances (26 juillet 1519) ;
^ à une quittance de gages de Toffice de capitaine (14 septembre
1527).
Légende. — I : DE BON
[Jehan de Bonneval.)
Dessin. — Ecu au lion, penché, timbré d'un heaume ciraé d'un
dragon ailé, supporté par deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval, n^ 61,
Glairambault, t. XVII, r> 1163.)
N** 55. — Le même.
Sceau rond (35°""), appendu à des quittances données : 1** par
Jean de Bonneval, chevalier, seigneur du Theil, capitaine de trente-
six lances (17 août 1526); 2*^ par le même, seigneur de Blanchefort
et du Theil, conseiller et chambellan du roi, capitaine de quarante,
lances (20 avril 1534).
L^^ende. — I: DE BON
[Jehan de Bonneval.)
Dessin, — Ecu penché vers le côté sénestre du sceau, timbré
d'an heaume taré de face, cime d'un cygne. Supports, deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Bonneval,
n«» 52 et 55.)
Voir figure 18.
N^57. — BONNEVAL (Jean-François, comte de) (2).
Cachet ovale (23""" sur 18), plaqué sur une lettre à M. Dumon,
(1) Fils d'Anloine de Bonneval et de Marguerite de Foix; seigneur du
Theil ; capitaine de cinquante lances, gouverneur de Lodi, conseiller et
chambellan du roi ; marié à Françoise de Varie, fille de François de
Varie, seigneur de L'Isle-Savary, et disabeau FroUier, et veuve de
François Brachet.
{%) Né vers 1630; fils d*Henri il de Bonneval, seigneur de Coussac et
d& Blanchefort, et d'Elisabeth de Saint-Mathieu; capitaine de chcvau*
78 HOGIÉTR AUCaÊOLOOIQOE ET HISTORIQUE hV LIMOUSIN.
juge de Corrèze (Biancherorl, 7 jaillet, sans date d^anaée, vers 4689).
Pas de légende.
Dessin. — Sur an cartouche, écussou ovale aux armes. Cou-
ronne de marquis.
(Gomiiiaiiiqué par M. Gbampeval).
Voir figura 19.
N* 58. — BONNEVAL (André de) (1).
Cachet ovale (22""" sur 19), plaqué sur une lettre à M"* de Nexon
(Nanliat,2juinl778).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, éeusson ovale aux armes. Couronne
de marquis. Supports, deux lions.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N" 59. — Le même.
Cachet ovale (21"" sur 19), plaqué sur une lettre à M"* de
Nexon (Nantiat, 26 octobre 1783).
Pas de légende.
Dessin. — Eeusson aux armes. Couronne de marquis. Supports,
deux griffons.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N"* 60. -- BOUVILLE (Adhémar de), seigaeur du
DefEèns (2).
Sceau rond, appendu à une donation à Tabbaye de Grandmont
(9 des calendes d'octobre, 23 septembre 1228).
Légetide. — f SIGILLVM : A : DE : BOVEVILLA.
fSigillum Ademari de Bovevilla.J
légers; marié le U janvier 1670 à Claude Monceaux, fille de Pierre Mon-
ceaux, seigneur de Bréau et de Bois-au-Roux, et de Claude de IHoacy ;
mort le 19 juin 168t.
(1) Seigneur du Chata o et de Langle, puis marqiis de Bonnevai ; fils
d'Uugues-Marien-Gabriel de Bonneval et de Marguerite dWudebert; capi-
taine au régiment de Poitou; marié le 13 mars 1760 à Marie-Denise Joubert
de Nantiat; mort en 180:2.
(2) DominuatU Defesêo, probablement IcDefens (aujourd'hui commune
de Bussièic-Poitcvine, canton de Mézières, arrondissement de Bellac).
SI01LL06RAraiB DU DÊPARTKMErct DE LA BACTB-VIBIINB. 79
Dessin. — Ecu droit à un taureau furieux.
REVERS.
Légende ffj.
Dessin, — Un chevalier anné de toutes pièces, galopant à sénes-
tre, portant un bouclier aux mêmes armes.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Bibliothè-
ihèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, f* 383).
N« 61 . — BRÊ (1) (Othpn de).
Sceau rond (32""»), appendu à une reconnaissance en date du
7 des ides de juin (7 juin) 1279.
Légende. — E BRE : MILITIS :
([Sigillum Othonis] de Bré, militis).
Dessin. *- Ecu droit papelonné.
(D'après une note et un dessin de la collection Gaignières,
Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, f 303).
N« 62. — Le MÊME (1298).
Format (?). Dimensions (?).
Ugende. — f SIG. OTTONIS : DE : BRE :
fSigilhm Ottonis de BréJ.
Dessin. — Ecu droit à une doloire.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, f* 279).
N« 63. - BRÉ (Jean de) (1280).
Sceau rond (22»»).
Ugende. - S' I. DE : BRENO : MILITIS :
f Sigillum Johannis de Breno, mititisj.
Dessin. — Ëcu droit à trois lions, 2 et 1 , dans une bordure
besantée.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Bibliothè-
que nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118. P 273).
{\] Aiijoiiprt'hnî commane de Coussac-Bonneval, eanlon et arrondisac-
mcnl Je Saint-Yrieix.
80 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUR ET RISTORIQUR DU LIMOUSlIf.
N° 64. — BRÉ (Guy de).
Sceau ogival (38"»°»), plaqué sur une charte donnée par « Giiidû
de Breno, humilis prepositus de Arnaco » (1323).
Légende, — ... GVIDO... DE BR... ITI...
([Sigitlum] Gnidonis de Breno, preposiii,,,).
Dessin, — Dans une niche gothique, la Vierge tenant TEnfanl
Jésus ; au-dessous, deux écussons à trois lions (?) rampants, 2 et 1.
CONTRE-SCEAU.
Hexagonal.
Légende. — S. G POSIT...
(Sigillum Guidonis..,, prepositi ,,J.
Dessin. — Écusson a trois lions rampants, 2 et 1, à la bordure
chargée de croisettes.
(Archives départementales de la Hte-Vienne, pièces non classées).
N*» 65. - BRETTES (1) (Anne de) (2), épouse de
Joseph de La Porte.
Cachet ovale (20°" sur 18), plaqué sur un testament du 19
juillet 1784.
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés :
celui de dextre d'argent, à trois pals de gueules, au chef d'azur
chargé de trois étoiles d'or, qui est de La Porte ; celui de sénestre
d'argent, à trois vaches bretonnes (armes parlantes) de gueules,
qui est de Brettes. Couronne de comte.
(Ph. DE BosREDON et Ernest Rupin, Sigillographie du Bas-
Limousin, p. 228).
N° 66. — BRETTES (Jean-Baptiste, comte de) (3).
Cachet ovale (20"" sur 17), plaqué sur une lettre au comte do
Parel (La Mothe, 23 avril 1787).
(i) Seigneurs de Cieux (aujourd'hui commune de ce nom, canton de
Nantiat, arrondissement de Bellac).
(2) Fille de N. de Brettes, seigneur de Cieux et de Gros; mariée à
Joseph de La Porte, seigneur de Lissac en Bas-Limousin, fils d'AnloiDC
de La Porte, seigneur de Lissac, et de Marguerite d*Aubery.
(3) Baplisé le 42 septembre 1744; fils de Joscph-Marliâl de BreUcs,
PI. IV.
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Pas de légende.
Dessin. — Sut un cartouche, écusson otale. Couronne de marquis.
Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Montbron, au château de Ghauf-
failles. — Communiqué par M. Champeval).
N« 67. — BRIGUEIL (Guillaume de), du bailliage
de Poitou et de Limousin.
Sceau rond (18""»), appendu à une quittance de gages pour ser-
vices de guerre (Paris, 13 novembre 1339).
Légende détruite.
Dessin. — Ëcu portant une aigle sous un chef chargé de trois
étoiles, dans un trilobé.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 22, f» 1367).
N* 68. — BRUN (Resplandine de Gromières (1),
épouse de Guy), seigneur de Noblac (2) et de Mont-
brun (3). (Fin du xm* ou commencement du xiv siècle).
Format (?). Dimensions(?).
Légende f?J.
Dessin, — Une croix denchée seulement à dextre {Nobiliaire de
Nadaud, t. I, p. 288).
N* 69. — BBUN (Aymeric), seigneur de Noblac
(1270).
Rond. Dimensions non indiquées.
marquis du Gros, et de Placide-Anne de Cognac; page de la grande écurie;
marié, par contrat du 34 mai 1780, à Louisc-Hadeleinc de Barcntin, fille
(le Charles- Paul-Nicolas de Barentin, vicomte de Montchal, et de Jeanne-
Marie-Dorothée de Combres de Bressole.
(1) Fille de Guy de Cromières {de Croumerii»); mariée avant 1298 à
Guy Brun (Bruni), seigneur de Noblac et de Monlbrun, fille d'Aymcric
Brun, seigneur de Noblac et de Montbrun, et d'Ayceline ; était veuve en
1309 ; remariée en 4314 à Guy Flamenc, seigneur de Bruzac. — Cromiè-
res, aujourd'hui commune de Cussac, canton d'Oradour-sur-Vayrcs, arron-
dissement de Rochechouart.
(2) Aujourd'hui Saint-Léonard, chef-lieu de canton, arrondissement de
Limoges.
(3) Aujourd'hui commune de Dournazac, canton de Saint-Mathieu,
arrondissement de Rochechouart.
T. xxxvui. 6
89 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIK.
Légende f?J.
Dessin. — Ecu droit à une croix.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds lalin, t. 17118, P 131).
N^ 70. — BRUN (Gui) (1), seigneur de Montbrun.
Fragment d'un sceau rond (55"»), appendu à une donation faite
par Gui Brun à Marguerite Pescanine (datée sans lieu, du samedi
après la Saint-Pierre, 30 juin 1347).
Légende, — jS. DNI.... M ITIS.
fSigillum domini... Montis-Bruni, militis).
Dessin, — Dans un quadrilobe gothique, un écu droit chargé
d'une croix (d'azur, à la croix d'or). Rinceaux dans le champ.
CONTRE-SCEAU.
Rond (22™).
Pas de légende.
Dessin. — Écu penché aux mêmes armes, timbré d'un heaume
conique à volets. Rinceaux dans le champ.
(Archives départementales des Basses-Pyrénées, E, 715. — P.
Raymond, n» 482).
N^ 71. — CARBONNIÉRES (2) (François de) (3), sei-
gneur de Chambery (4) et de La Vigne (5).
Cachet ovale (22"° sur 19), plaqué sur une quittance de 200
livres pour un mois de solde comme gouverneur de la citadelle de
Lyon, donnée par François de Garbonnières, seigneur de Cham-
bery, La Vigne et Montaudin (12 décembre 1567).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson aux armes (d'argent, à trois
(1) Fils de Gui Brun, seigneur de Noblac et de Monlbrun, et de Res-
plandine de Cromières ; marié à Tissia de La Roche.
(2) Famille originaire du Bas-Limousin; nous ne donnons que les
sceaux de la branche de Saint-Brice (aujourd'hui commune de ce nom,
canton de Saint-Junien, arrondissement de Rochechouart).
(3) Fils d^Hugues (alias Elle) de Garbonnières et d'Isabelle de Chapl;
marié : P avant <66i, à Anne Guyot; S» le 45 août 4569, à Françoise de
La Baslie, fille d'Annel de La Bastie, baron de Châleaumorand, et de
Marguerite de Pompadour.
(4 et 5) Aujourd'hui commune de Saint-Brice.
SIGlLLOOitAPHIB DU DÉPARTEMENT DE LA BAUTE-VIENNE. ^
bandes d'azur accompagnées de huit charbons de sable allumés de
gueules, posés 1, 3, 3 et 1 dans le sens des bandes).
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n* 5333).
N« 72. — GàRBONNIÊRES (Christophe de) (1), sei-
gpieur de Chambery.
Cachet ovale (20"" sur H), plaqué sur une quittance donnée par
« Ghristofle de Carbonnières, seigneur de Chambery, gouverneur
de Roqueroi » (34 août 1568).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 35, ^ 1825).
N» 73. —Le MÊME.
Cachet ovale (25"" sur 17), plaqué sur des quittances de gages
(3 octobre 1572, 3 et 12 septembre 1573, 17 septembre 1578).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes, entouré du collier de l'ordre.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Carbonnières).
N' 74.— CARBONNIÈRES DE SAINT-BKIGE (N. de).
Cachet ovale (20"" environ sur i6), plaqué sur une lettre signée
« Saint-Brice » et adressée au comte de Carbonnières, frère du
signataire, au Montjaufre (Saint- Junien, 15 octobre 1741).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, ecusson ovale aux armes. Couronne
de comte.
(Archives de M. le baron de La Pomelie. — Communiqué par
M. Champeval).
jfo 75, _ CARBONNIÈRES (Jean-Baptiste de) (2),
marquis de Saint-Brice.
Cachet ovale (23'*" sur 19), plaqué sur les preuves d'Auguste-
Edmé de Carbonnières, son fils, pour Tordre de Saint-Jean-de-
(f ) Pils de François de Carbonnières, seigneur de Chambery, et d*lnne
Guyot; gentilhomme de la chambre en 1563, gouverneur de Rocroi en
4S168, chevalier de Tordre en 1669, gouverneur de Lyon en 4575; mort
sans alliance.
(2) AUoê François-Jean-Baptistc de Carbonnières, marquis de Saint-
94 SOaêTÉ ARCniOLOOIQUE ET HISTORIQUK DU LIMOUSIN.
Jérusalem (8 octobre 1773) et sur d'autres preuves analogues (17
mai 1779).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes; émaux
non indiqués. Couronne de marquis.
(Ph. DE BosREDON et Ernest Rupin, Sigillographie du Bas-
Limot^in, p. 93).
N* 76. — CARBONNIËRES (René-Henri de) (1).
Cachet ovale (22""^), plaqué sur une présentation à la cure de
Neuville (novembre 1781).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu aux armes. Supports, deux sauvages.
(Archives du département de la Seine -Inférieure. -^ Dëmây,
Inventaire des Sceaux de la Normandie, n<» 2873).
N<»77.— CHAPELLEDE JUMILHAG( Jean- Joseph) (2),
archevêque d'Arles.
Cachet ovale (20"" sur 18), plaqué sur une lettre à M"' de
Nexon (Paris, 14 avril 1769).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale écartelé : au 1, d'ar-
gent, à la bande de gueules chargée d'une rose d'or accostée de
deux roues du même; au 2, d'argent, au lion couronné de gueules;
au 3, de...., à trois lions de...., 2 et 1; au 4, de sinople, à trois
fasces d'or, à la bande du môme brochant; sur le tout, d'azur, à la
chapelle d'or, qui est de Chapelle. Couronne ducale, cimée de la
croix archiépiscopale et du chapeau.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
Brice, fils de Melchior de Carbonnières, comte de Saint-Brlce, et de
Françoise de La Breuille; marié, par contrat du 14 novembre 4730, à
Louise-Françoise-Armande de Uilhac, fille de Louis-Marie de Rilhac, baron
de Boussac, et d*Antoinette-Charlotte de Coustin du Masn'adaud.
(1) Fils de François-Jean-Baplistc de Carbonnières, marquis de Saint-
Brice, et de Louise-Françoise-Armande de Rilhac; abbé de Sainl-Vincent-
au-Bois (aujourd'hui département d'Eure-et-Loir).
(î) Né en 4706; fils de Jean-Baptiste Chapelle de Jumilhac, seigneur de
Saint-Jean-Ligoure, et de Guillemette de Bachellerie de Neuvillars;
vicaire général de Chartres; évoque de Vannes le 2 avril 1742; transféré
à rarchevôché d'Arles le 47 avril 4746; chevalier-commandeur du Saint-
Esprit le 1®' janvier 1771 ; mort en février 4775.
.SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTB-VIENNB. 85
N° 78. — CHAPELLE (Pierre- Joseph) (1), marquis
de Jumilhac, seigneur d'Arfeuille (2).
Cachet ovale (30™° sur 28), plaqué sur un brevet par lequel très
haut et très puissant seigneur Pierre-Joseph Chapelle, marquis de
Jumilhac et de Mavaleyse, baron de Langoiran ^t de Montégut-le-
Blanc, seigneur d'Arfeuille, de Chenaux, Puimangoux, etc., lieute-
nant général des armées du roi, lieutenant du roi en Périgord au
département de Sarlat, gouverneur de Philippeville, chevalier de
Saint-Louis, et ci-devant capitaine-lieutenant de la première com-
pagnie des mousquetaires à cheval servant à la garde ordinaire de
la personne de Sa Majesté, confère au sieur Pierre Denois l'olBce
de la juridiction de Chenaux et Puimangoux (en Périgord) (Paris,
12 février 1781).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale écartelé : au 1,
d'azur, à la fasce de gueules accompagnée de trois merlettes du
même, 2 en chef et 1 en pointe; au 2, d'argent, au lion couronné
de sable; au 3, d'azur, à trois fasces d'or et une bande du même
brochant sur les fasces; au 4, d'argent, à la bande de gueules
chargée d'une étoile d'or accompagnée de deux roues du môme;
sur le tout, d'azur, à la chapelle d'or, qui esl de Chapelle. Couronne
de marquis.
(Communiqué par M. Dujarric-Descombes, membre de la Société
historique et archéologique du Périgord).
N*» 79. — CHAPT (3) de L'Age-au-Ghat (Aimeric),
évêque de l^imoges.
Voir ci-après, série IX (Évêques de Limoges).
(f) Né le 6 mars 1692; fîls de Jean Chapelle, marquis de Jumilhac, et
de Marie d'Esparbès de Lussan; mousquetaire en 4713, sous-Heutenant le
ÎO novembre <727, premier lieutenant le 4 janvier 1729, brigadier le
1«' août 1734, capitaine-lieutenant de la première compagnie des mous-
quetaires le 21 mai 1738, maréchal-de-camp le 1'^'' janvier 1740, lieutenant
général le l®'"mai 1745; marié le 21 mai 4731 à Françoise-Armandc de
Menou, fille de François Charles marquis de Mcnou et d'Anne-Thérèse
Cornuau de La Grandièrc.
{'i) Aujourd'hui commune de Champnétery, canton de Saint-Léonard,
arrondissement de Limoges.
(3) Chat, ensuite Chapt, famille d'ancienne noblesse qui paraU être
originaire des environs de Saint-Yrieix. En 1789, messire Jacques-Gabriel
de Chapt vota dans la sénéchaussée de cette ville.
85 SOCIÉTÉ AECBÉOLOGIQOE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN..
N« 80. — CHAPT (Louis-Jacques de) (1), évêque de
Tulle.
Cachet ovale (22"»™ sur 20), plaqué sur une lettre adressée aux
administrateurs de Thôpital de Tulle (Paris, 1" mai 1722).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale d'azur, au lion
d'argent armé, lampassé et couronné de gueules, timbré d'une
couronne de marquis accompagnée à dextre d'une mitre et à sénes-
tre d'une crosse, le tout sommé d'un chapeau épiscopal à quatre
rangs de houppes.
(Archives de M. de Meynard, au château de La Sudrie. — Com-
muniqué par M. Champeval).
N* 81. — Lb même, archevêque de Tours.
Cachet ovale (20™* sur 18), plaqué sur des lettres signées
« L.-J., év. de Tulle, n. arch. de Tours » et adressées à l'abbé
Meynard, chanoine de Tulle (Paris, 12 janvier et 30 septembre
1724).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes, timbré
d'une couronne ducale surmontée d'une croix archiépiscopale ; pas
de mitre ni de crosse ; chapeau à cinq rangs de houppes.
(Archives de M. de Meynard. — Communiqué par M. Champeval).
N"* 82. — CHAPT (Françoise Foucauld de La Besse,
veuve d'Armand-Hlppolyte-Qabriel de) (2).
Cachet ovale (fragment), plaqué sur une lettre signée « Foucaud
de Rastignac » et adressée à M. de Gironde (La Besse, 17 août
1740).
(1) Fils de François de Chapt, marquis de Rastignac, baron de Luzech,
et de Jeanne-Gabrielie de Touchebœuf-Ciermont; sacré évêque de Tdlc
le !•' janvier Mtl ; transféré à Tarchevôché de Tours en octobre 17X3;
commandeur du Saint-Esprit en 1746; mort le â août 4750.
{%) Fils de François de Chapt, marquis de Rastignac, et de Jeanne-
Gabrielle de Touchebœuf-Ciermont ; page de la grande écurie en ir»99,
capitaine au régiment Commissaire-Général-Cavalerie, chevalier de Saint-
Louis; marié en 1723 à Françoise Foucauld de La Besse, fille de Pierre
Foucauld de Pontbrianl, comte de La Besse, cl d'Isabeau de Vassal ; mort
le 18 août 1726.
SIGILLOGRAPHIE OU DÂPARTEMENT DB LA HAUTB-VIBNNE. 87
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes de Chapt,
Couronne de marquis.
(Communiqué par M. Champeval).
N* 83. — CHAPT (Jeanne de) (1) veuve de CSiarles
de Beaulieu.
Cachet ovale (20»" sur 18), plaqué sur un testament du 17 mars
1754.
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes de Chapt.
Couronne de marquis.
(Archives des notaires de Sarlat. — Communiqué par M. Louis
Carvès, membre de la Société historique et archéologique du
Périgord).
N*" 84. — CHAPT (Jean- Jacques-Charles de) (2).
Cachet ovale (20°" sur 17), plaqué sur une lettre à Tabbé
Leydet (8 mars 1774).
Ugende. — SIGILLVM DOMI. DE COLONGES.
fSigillum domini de ColongesJ»
Dessin. — Écusson ovale aux armes, entre deux branches d'oli-
vier. Couronne de marquis.
(Bibliothèque nationale, mss. Périgord, 1. 15, f* 171).
N"" 85. — CHASTANH (Amélius de), damoiseau
d*Kymoutiers (3).
Sceau rond (32""), appendu à un hommage à Tévêque de
Limoges (n des calendes de janvier, 31 décembre 1267).
Ugende. — S : AMELII DE : CHASTANT.
fSigillum Amelii de ChastantJ.
(I) Mariée à Charles de Beaulieu, marquis de Gaubert (en Périgord);
morte le <9 février i768.
(3) Né le S4 septembre [alicis 31 novembre) 4728; fils d'Armand-
Gabriel-Hippolyte de Cbapt, vicomte de Rastignac, et de Françoise Fou-
cauld de La Besse ; marquis de Raslignac et seigneur de Colonges (en
Périgord).
(3) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
88 SOCIÉTÉ ABCBÉOLOGIQUB BT HiSTORiaUE DU LIMOUSIN.
Dessin, — Ëcu droil à une bande accompagnée de six billettes
rangées en orle, trois en chef et trois en pointe.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. — Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, P 17).
N' 86. — GHATEAUNEUF (1) (Gauoelin de).
Sceau rond (38""), appendu à une charte de mars 1238.
Légende f?J.
Dessin. — Écu droit à un lion.
CONTRE-SCEAU.
Rond (28"»).
Ugende. — SECRETVM.
Dessin. — Une fleur de lys.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. — Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, f 364).
N'^ 87. — Le même.
Sceau rond, appendu à une donation à Tévéque de Limoges
(L'Artige, 1252).
Légende f?J.
Dessin. — Écu droit à une croix (2).
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. —
Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, f» 21).
NO 88. ^ CHAUVERON (3) (Jean) (4), chevalier.
Sceau rond (20""), appendu à une quittance de gages donnée
par Jean Chauveron pour lui et pour neuf écuyers sous le com-
mandement de Mk' le connétable (13 avril 1370), et à une autre
quittance de gages (poursuite des Anglais, 6 août 1380).
(I) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
(î) « Gaucelin de Châteauneuf, chevalier, seigneur dudil lieu. Son
sceau, qui esta Tévêché de Limoges, représente une croix losangée a.
Nadaud, Nobiliaire^ 1. 1, p. 374).
(3) Seigneurs du lieu et du Ris (aujourd'hui commune d*Azat-le-Ris,
canton du Dorai, arrondissement de Bellac), du Dognon (aujourd'hui
commune et canton d'Aixe, arrondissement de Limoges), de Jourgnac
(aujourd'hui commune de ce nom, même canton), etc.
(<) Probablement Jean de Chauveron, seigneur de Ris, frère d'Audouîn,
marié à Marie Yigicr.
SIGILLOORAPHIB DU DtPARTBMBlfT DB LA BAUTB-VIBNNB. 89
Ugende. — S lEHAN CÏÏAVVER.,.
{ScelJehan Chauveron).
Dessin, — Eca au pal (d'argent, au pal bandé d'or et de sable de
six pièces), penché, timbré d'un heaume cime d'une tête de lion et
supporté par deux lions rampants.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Chauveron,
Glah*ambault, t. 30, f 2241).
Voir figure 20.
N*» 89. — Le même.
Sceau rond (36"), appcndu à des quittances de gages (10 mai
1384 et 10 juillet 1386).
Ugende. — SEEL lEHAN CHAUVERON.
Dessin. — Ecu aux armes, penché, timbré d'un heaume cime
d'une tête de loup, supporté par deux lions.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 216, f* 9733.
Pièces originales, Chauveron).
Voir figure 21.
N» 90. — CHAUVERON (Audouin) (1).
Sceau rond (28""), appendu à une quittance de gages (12 novem-
bre 1380).
Ugende, — ....DOVIN
(... Atidouin....)
Dessin. — Ecu aux armes, penché, timbré d'un heaume ciraé
de ...., supporté par deux sauvages.
(Biblio^èque nationale, mss. Pièces originales, Chauveron).
N«91. - CHAUVERON (Bernard de) (2).
Signet rond (18**"), plaqué sur une quittance du 30 juin 1582.
Pas de légende.
Dessin. — Cartouche aux armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Chauveron).
(I) Docteur ès-lois, chevalier, conseiller du roi, garde de la prévôté et
vicomte de Paris du 30 mai 4361 au 20 janvier 1388; marié à Galiène de
Vigier; mort avant le 49 octobre iiOO.
(t) Seigneur de Dussac, gentilhomme ordinaire de la chambre, gouver-
neur de La Réolc.
00 sociéri archrologiqub et historique du limousin.
N»92. — CHAUVERON (Anne de) (1), épouse de
Oodefroy d'Aubusson.
Cachet ovale (16"™ environ sur 12), plaqué sur une lettre à
M. de La Rue du Griffolet (10 mai 1694).
Pas de légende.
Dessin. — Eeusson aux armes de Chauveron. Casque taré de
profil et orné de lambrequins.
(Archives de M. le marquis de Cosnac. - Communiqué par
M. Champeval).
N« 93. — CHAUVERON (N., chevalier de).
Cachet ovale (24™ sur 19), plaqué sur une lettre à M"' de
Nexon (Limoges, 13 septembre 1786).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes. Couronne
de comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
NO 94. - CHAUVET (2) (Pierre).
Sceau rond (fragment) appendu à une quittance de gages donnés
par Pierre Chauvet, écuyer d'écurie de M»' le duc d'Orléans et de
Milan (14 novembre 1464).
Légende détruite.
Dessin. — Ecu à quatre fasces accompagnées de neuf merlettes,
3, 3, 2 et 1 (3), timbré d'un heaume cime d'une télé de lion (?),
supporté par deux sauvages.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Chauvet).
N» 95. - CHAUVEt (Maurice) (1843).
Sceau rond (35™), plaqué sur une quittance de gages donnés
(4) Fille d*Annet de Chauveron, seigneur de Dussac, et de Jeanne de
Lascaux; mariée le 97 janvier 1()61 à Godefroy d*Aubusson. seigneur de
Castel-Npvel, dit le marquis de Saint-Paul, fils d'Hector d'Aubusson, sei-
gneur de Castel-Novel, et de Madeleine de Raymond.
(2) Les Chauvet étaient seigneurs de La Villate et de La Bruneterie
(aujourd'hui commune de Saint- Junien-les-Combes, canton et arrondis-
sement de Bellac) et dcFrédaigue(auj. commune deNantiat, même canton).
(3) Nadaud (A^oôiZta/re, t. I, p. 380) explique ainsi le blason : d'argent,
k trois fasces d'azur accompagnées de neuf merlettes de gueules, ni
pattées ni becquées, 3, 3, 2 et 4.
SIGILLOGEAPHIB DU OÉPART&HBHT DE LA HAUTS-VIKNRB. 91
par Morysse Chauvet, chevalier, seigneur des Brosses, lieutenast
d'une compagnie de cinquante lances des ordonnances du roi sous
la charge et conduite de Hs' de Bonneval (36 septembre 1543).
Légende effacée.
Demn. — Ecu carré écartelé : aux 1 et 4, parti : au premier, à
trois pals ; au deuxième, coupé k deux léopards passants Fun sur
l'autre, et à quatre otelles ; aux 2 et 3, à un lion ; sur le tout, Ghau-
vet. Rinceaux dans le champ.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Chauvel).
N« 96. — CHAUYET (Philippe) (1), seigneur de La
ViUatte.
Sceau rond (31™), appendu à des quittances de pension (8 juil-
let 1539, 27 septembre 1543).
Pas de légende.
Destin. — Ecu à quatre fasces accompagnées de neuf merlettes,
3, 3, 2 et % la deuxième fasce chargée d'un besant; dans un
entourage de rinceaux.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 31, ^ 2279. Pièces
originales, Ghauvet).
Voir figure >2.
N'^e?. — Le MÊME.
Signet ovale (17""), apposé sur des quittances de pension
(24 février 1541, n. st. (4 mai 1557).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu aux mêmes armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 31, f^* 2281.
Pièces originales, Ghauvet).
Voir figure 23.
N» 98. — COTHET (Etienne) (2).
Sceau rond (32""), appendu à une reconnaissance du 4 des
nones de janvier 1292 (2 janvier 1293).
(4) Fils de Christophe Ghauvet et de Marguerite Glérclle; écuyer, lieu-
tenant de quarante lances, puis de cinquante lances sous le commande-
ment de M. de Burie; marié : 1* à Françoise de Launay; 2<^àPaule de
Ravenel; testa le 38 octobre 4657.
(3) Damoiseau, prévôt de Ségur (octobre 4278), chevalier de Ségur,
procureur des religieux de Glandier (janvier li93). 11 appartenait vrai-
9i ^ÛCliLrk AAGHÂOLOOJQUB CT HISTOAIQUB DU. LIMOCSL"(.
Légende f?J,
Dessin. — Ecusson à trois lions, 2 et i (i), à la bordure char-
gée de huit besants ou annelets.
(D'après une note et un dessin de la collection. Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17H8, f* 303).
N* 99. — COUSTIN (Jean de) (1).
Signet ovale (21"*" sur 19), plaqué sur une quittance donnée par
Jean de Coustin, seigneur de Brézolles (2), Tun des cent gentils-
hommes sous la charge de M. le grand sénéchal de Normandie
(14 novembre 1521).
Pas de légende.
Dessin. — Un lion (3) contourné dans une bordure ovale.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Coustin).
N* 100. — COUSTIN (François de) (4), seigneur du
Masnadaud (5).
Cachet ovale plaqué sur une quittance donnée par François de
Coustin, seigneur du Masnadaud (6), lieutenant dans la compagnie
de M. de Merville (Secondigné, 9 avril 1568).
Pas de légende.
Dessin. — Écu droit aux armes, cime d'un fleuron.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Coustin.)
semblablemcnt à la famiHe des Cotet ou Colhet, seigneurs de Laron
(aujourd'hui commune de Sainl-Julien-le-Pelit, canton d'Eyraouliers,
arrondissement de Limoges) et des Biars (aujourd'hui commune, canton
et arrondissement de Sainl-Yrieix).
(\) De gueules, à trois lions d'or.
(i) Fils de Foucaud de Coustin et d'Isabeau de Faugeyrac ; seigneur de
BourzoHes en Quercy; marié, par contrat du 6 août 4553, à Louise de
Lamberlie; lesta en 1554. — D'après Nadaud (t, I, p. 736)» la branche de
Bourzollcs a la même origine que la branche du Masnadaud en Limousin.
(3) La quittance est signée « BourzoHes ».
(4) D'argent, au lion de sable armé et lampassé de gueules.
(5) Chevalier Je Tordre de Saint-Michel, gouverneur de Montfaucon en
Piémont; marié : t<* en I54S, à Madeleine d'Archiac, fille de Jacques
baron d'Archiac, et de Marguerite Dais; 2<' en 4617, à Béraude de iau-
court, fille d'Aubert de Jaucourt et de Renée de Roux.
(6) Aujourd'hui commune de Pageas, canton de Châlus, arrondissement
de Saint- Yrieix.
(7) Dass la quittance ce mot est écrita Manadaull ».
SIGILLOGEAPHIK DU DÉPARTRItBNT DtS LA BAUTB-VIBNNE. 93
N« 101, — COUSTIN DE BOURZOLl.ES (Jeanne
de) (1).
Cachet ovale (fragment) plaqué sur un testament (17 février
1703).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson en losange, aux armes. Couronne de comte.
(Archives des notaires de Sarlat.)
N<> 102. ~ COUSTIN DU MASNADAUD (N. de) (3).
Cachet ovale (22"» sur 18), plaqué sur une lettre signée « du
Mas-Nadau » et adressée à M. de Nexon (au Masnadau, 3 février
1776).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons accolés : celui
de dextre aux armes de Coustin; celui de sénestre indistinct.
Couronne de marquis. Supports, deux lions. Croix de Saint-Louis,
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N« 103. — COUSTIN (François- Annet de) (3), oamte
d'Oradour (4).
Cachet ovale (19°"" sur 16), plaqué sur une lettre au marquis de
Parel (Sascirat, 22 juillet 1782).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un support, écusson de forme ordinaire aux
armes. Couronne de comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Monlbron, au château de Chauf-
failles. — Communiqué par M. Champcval).
(1) Demoiselle de Berbigutères en Périgord.
(2) Probablement François -Anaet de Coustin, comte d'Oradour; né le
11 septembre f7l7; fils d'Alexandre de Coustin et de Louise de Havard de
Mésieux ; page de la petite écurie, gouverneur des pages, ofHcier au ré-
giment Dauphin-Infanleric, exempt des gardes-du-corps du comte de
Provence, gentilhomme ordinaire de ce prince, lieutenant-colonel de
cavalerie, chevalier de Saint-Louis; marié en \11% à Mario-Aone Philip
de Saint-Viance, fille de Claude Philip de Saint*-Yiance et de Sylvie de La.
Celle.
(3) Voir la notice du numéro précédent.
(4) Aujourd'hui commune et canton d'Oradour-sur-Vayres, arrondisse-
ment de Rochechouart.
9i SOGliTÉ ARCHBOLOQIQUK ET BI8T0RIQUK DU LIMOUSIN.
N'^ 104.- COUSTIN DU MASN AD AUD ( Jean-Charles-
Armand de) (1).
Cachet ovale (23"" sur 20), plaqué sur une lettre à M. Veyrinas
de Nexon (Tréguier, 9 ayril 1786).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes. Cou-
ronne de comte accompagnée à dextre d'une mitre et à sénes-
tre d'une crosse. Supports, deux lions.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N' 105. — CRAMAUX (2) (Simon de) (3), évoque de
Béziers.
Sceau rond (30**"), appendu à une quittance délivrée au rece-
veur général des aides (2 mars 1385, n. st.).
Ugende. — YMO
f Symonis J.
Dessin. — Dans une niche gothique, la Vierge à mi-corps, por-
tant TEnfant Jésus; au-dessous, un écu à la bande accompagnée de
six merlettes en orle (4).
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 36, f 2733}.
Voir flgore U.
(1) Fils de François-ADnel de Coustin du Masnadaud et d*HeDriette de
ficynac; chanoine de Nancy, vicaire-général de Sainl-Brieuc, abbé de
Saint- Yilmer de Boulogne.
(2) Anjoard'hui commune de Biennac, canton et arrondissement de
Rocbechouart.
(3) Né vers le milieu du xiV siècle, an château de Cramanx ; fils de
Pierre de Cramaux, damoiseau, et de Marthe de Sardène; entra dans
Tabbaye des Bénédictins de Saint-Lucien de Beauvais; licencié ès-loisen
i:i69; maître des requêtes en 1380; conseiller du rot; évêque d*Agen le
46 juin 4382; envoyé en ambassade auprès du pape Clément Yll en 1383;
évéque de Poitiers et administrateur de Tévéché de Béziers en 1384;
chancelier du duc de Berry en 1387; chanoine de Saint-Martin de Tours,
évéque d* Avignon, patriarche d'Alexandrie et administrateur de Carcas-
sonne en 1391 ; ambassadeur en Espagne en 1396; ambassadeur auprès du
pape Benoit XII l en 4407; archevêque de Reims en 4409; cardinal en
4412; évéque de Poitiers de nouveau en 4448; mort en 4412 (ou 14S6).
(4) D*azur, à la bande d'or accompagnée de six merlettes du même ran-
gées en orle.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA UAUTS-VIBlfNE. 95
N* 106. — Le même, évêque de Poitiers.
Sceau rond (33""), appendu à une pièce relative aux gages de
Jourdain de Llsle, chevalier, pour les guerres de Guienne (4 dé-
cembre 1386).
Ugende. — S* SIMONIS EPI PICTAVEN'
(Sigillum Simonis, episcopi PictavensisJ.
Dessin, — Dans une niche gothique, la Vierge à mi-corps, por-
tant TEnfant Jésus, accostée de saint Pierre et de saint Paul dans
deux logettes latérales; au-dessous, Tévéque priant, accosté de
deux écus aux armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 62, P 4767).
Voir flgur«« 25 et 26.
N*" 107. — Le même, patriarohe d'Alexandrie.
Sceau rond (Î8 à 30"™), appendu à une quittance de pension
donnée par Simon, patriarche d'Alexandrie, conseiller du duc
d'Orléans (Paris, 1" juin 1406).
Plus rien d*utile de la légende.
Dessin. — Dans une niche gothique, la Vierge à mi-corps, por-
tant l'Enfant Jésus; dans deux petites niches latérales, deux anges
agenouillés; au-dessous, un évéque priant, accosté de deux petits
écussons, celui de dextre aux armes de Cramaux, celui de sénestre
effacé.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Cramaux).
N"" 108. — CRAMAUX (Jean de), chevalier.
Sceau rond (28""), appendu à une quittance de gages (guerres de
Guyenne) (La Rochelle, 12 octobre 1387).
Ugende. — S lEH DE CRAMAVT.
fScel Jehan de Cramant).
Dessin. —• Ecu aux armes, penché, timbré d'un heaume couronné
et cime d'une tête de lion dans un vol, supporté par deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 36. f 2735).
Voir flgore 27.
N*» 109. — DAVID (1) (Pierre de).
Format? Dimensions? — Sceau appendu à un acte d'investiture
(t) Seigneur de Lastours (aujourd'hui commune de Rilhac-Lastours,
96 soeiéTÉ AacoAoLooiQUB bt iistoriqvc do livousin.
d'une maison située dans la ville de Saint-Junien à Pierre Maleu,
chanoine de Limoges (le vm des calendes de mai, 24 juin 1277).
Légende. - PETRVS DAVIDIS D0MICELLV8.
Deisin. — Un écusfton chargé d*ane coquille.
{Nobiliaire de Nadaud, t. II, p. 39).
N' 110. -^ DAVID (Amelius de) (1), (seigneur de
Saint-Junien) (2).
Sceau rond appendu à un acte de 1296.
Ugende f?J.
Dessin.'-' Ecu droit à une fasce chargée de trois coquilleSi accom-
pagnée de deux lions léopardés.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, m«». Fonds laUn, t. 17i(6).
N« 1 1 1. — DAVID (Amelius de) (3).
Sceau rond, appendu à un acte de 1376.
Ugende f?J.
Dessin. — Ecu penché à trois coquilles, 2 et 1 (4), timbré d'un
heaume cime d'un panache. Supports, deux sauvages.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Bibliothè-
que nationale, mss. Fonds latin, 1. 17116).
N» 112. <- DAVID (François de) (S),oheTaUer, baron
des Etangs et de Monbeysier.
Cachet ovale (20""* sur 16), plaqué au bas d'un brevet con-
férant à H* Jean Bourdlchouts, sieur de La Fauge, juge de la
canton de Nexon, arrondissement de Saint-Yrieix), et des Etangs (aujour-
d'hui oominiinc de Ladignac^ canton et arrondissement de Saint'-Ymix).
(1) Fils d'Amelius 1*' David, damoiseau de Saint-Junien, et de Joyeuse
Davina.
(2) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Rochechouart.
(3) Fils de Jean de David et de Raymonde de Favard.
(A) D'or, à trois coquilles de Saint^acques de sinople.
(5) Né le 7 mars 1715; fils d'Emmanuel de David, seigneur de Vantaux,
Maaddoup et Chanlcloube* et de Catherine de David ; capitaine au régi-
ment de Toulouse-Infanterie ; marié, par conlral du 17 juin t744, à Marie-
Anne-Françoise de Berny, fille de Pierre de Berny et de Valérie de Ber-
chenin.
Pi V.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE. 97
baronnie de Lastours, la charge déjuge de la juridiction etba-
ronnie des Etangs et enclave de Monbeysicr (en notre maison et
fief noble de La Rejmondie, le 25 ianvier 1752).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche reposant sur une sorte de con-
sole, deux écussons ovales accolés : celui de dextre aux armes
de David ; celui de sénestre d'azur, à deux chevrons accompagnés
de trois croissants, deux en chef et un enpoinle(Bemy). Couronne
de marquis. Supports, deux gantes.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N^ 113. — DAVID DE LASTOURS (Charles de) (1).
Cachet ovale (21"™ sur 17), plaqué sur le testament de Marie
de Chauvaux (23 mars 1771).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale à trois coquilles. Cou-
ronne de marquis. Au-dessus, une banderole portant une inscrip-
tion illisible. Supports, deux gantes.
(Communiqué par M. Champeval).
N« 114. — DAVID (Charles de) (2), marquis de Las-
tours.
Fragment d'un cachet ovale apposé sur un certificat constatant
que le sieur de La Serre a servi dans le ban et arrière-ban de la
province du Haut et Bas-Limousin (Poitiers, 15 juin 1697).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson parti : au 1, de David ; au 2, d'azur, à trois
lances (?) de L'écusson accosté de palmettes.
(Archives de M. le comte de Montbron. — Communiqué par
M. Champeval).
(1) Né le i3 avril 1732; fils de Jean-Charles de David et d'Anne de La
Tour; écuyer, maréchal-des-logis des gardes -du-corps du roi ; titré de
comte de Laslours d'après la généalogie donnée par Nadaud {Nobiliaire^
t. II, p. 44); marié à Marie de Chauvaux (aliaa Chauveau), fille d'Ignace
de Chauvaux, seigneur de Balesme, et de Jeanne de Gain.
(2) Fils de François H de David, baron de Venlaux, et de Charlotte
d'Abzac; commandant de la noblesse du Haut et Bas-Limousin; marié, par
contrat du 6 avril 1686, à Marie de Pichard, fille de François de Pichard,
comte de Villemonteix, et de Catherine Ësnioingt.
T. xxxvui. 7
98 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HtSTORIQUR DU LIMOUSIN.
N^ H5. —GAIN (i) (Aimery III de) (2), chevalier.
Sceau rond (So""), appcndu à une vente faite k révoque de
Limoges (7 des calendes d'août, 26 juillet 1291).
Légende. — ... GAHANI : MILITIS :
Dessin. — Écu droit à trois baudes (d'azur, à trois bandes d or).
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, p. 18;.
N** 1 16.— GAIN (Jean de) (3), baron de Montaignac.
Cachet ovale (19"" sur 17), plaqué sur un testaujent du lOavril
1699.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes (émaux indiqués), accosté de
deux palmettes. Couronne de comte.
(Appartient à M. Jondot, au château de Pouymas-Bas. — Com-
muniqué par M. Champeval).
N^ 117. — GAIN (François de) (4), chevalier de
Linars (S).
Cachet ovale (21°"" sur 16), plaqué sur une lettre de M. du
Pouget, à Allassac(Enval, 28 octobre 1765).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes. Couronne de marquis.
Supports, deux lions.
(Archives de M. de Selve de Sarran. — Communiqué par
M. Champeval).
(4) Aujourd'hui commune d'Isle, canton nord cl arrondissement de
Limoges.
(â) Fils d'Âimery II de Gala. ^ Le nom est écrit Guahanh dnns le
texte; on trouve aussi la forme Gaing, qui est assez fréquente dans les
anciens actes.
(3) Fils de François [allas Henry) de Gain de Montaignac et de Gab**iclle
de Sainie-Fôre.
(4) Né vers 17 t, fils de Charles-François de Gain, marquis de Linars,
et de Judith de La Baume de Forsal ; maréchal-de-camp en 1770.
(5) Aujourd'hui commune de Linards, canton de Ghàteauneuf, arrondis*
sèment de Limoges.
SIGILLOORAPHIB DU DÉPARTEMENT DB LA HAUTE-VIENNE. î)0
N» 118. — GARAT (1) (N.), épouse de N. de La
Grange de Tamac.
Cachet oyale (S2~" sur 20), plaqué sur une lettre signée « Garât
de Tarnac » et adressée à Tabbé de La Chalonie, curé de Treignac.
(Tarnac, 31 mars 1778).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés :
celui de dextre aux armes de La Grange de Tarnac (de gueules à
trois merlettes d'argent, 2 et 1, au franc-canton d*hermines); celui
de séneslre aux armes de Garât (d'azur, à Tentreiacs d'or accom-
pagné de trois étoiles du môme, deux en chef et une en pointe, au
chef chargé d'un croissant renversé d'argent) (2). Couronne de
comte.
(Archives de M. le comte de Moutbron, au château de Chauf-
failles. — Communiqué par M. Champeval).
N» 119. - GAY DE NEXON (N. Hébrard de Veyri-
nas» épouse de N. de) (3).
Cachet ovale (22™™ sur 20), plaqué sur une lettre signée
« Veyrinas de Nexon » et adressée au sieur Teyssart, à Cognac.
(Nexon, 8 mars 1784).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés :
celui de dextre aux armes de Gay de Nexon (d'azur, au chevron
d'or accompagné de trois chausselrappes d'argent, deux en chef et
une en pointe) (4), celui de sénestre à deux barres accompagnées
en chef d'une croix ancrée (5). Couronne de comte. Supports, deux
lévriers.
{\) Seigneurs de Saint-Priesl-Taurion, aujoardhai commune de ce nom,
canton d'Âmbazac, arrondissement de Limoges.
(2) Nous donnons la descripUon des émaux d'après l'Armoriai général
{Limoualny fo 119), dont nous avons rectifié la description, qui est assez
confuse, conformément au dessin du cachet.
(3) Anne Uébrard de Veyrinas, fille de Luc Hébrard de Veyrinas, con-
seiller du roi, et de Marie de Loménie ; mariée le 18 février 1746, à Jean-
Baptiste- Ferréol de Gay, chevalier, seigneur de Nexon, fils de Philippe-
Ignace de Gay, seigneur de Nexon, et de Jeanne de La Grange de Tarnac.
(4) Armoriai général, Limoasfc'n, f^ 149.
(5) Cet armes ne sont pas celles d'Uébrard de Veyrinas. (Voir cet article).
100 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N° 120. — GAY DE NEXON (Jean -Joseph, chevalier
de) (i).
Cachet ovale (21"" sur 18), plaqué sur des lettres à M"* de
Nexon, mère du signataire (Verdun, 1" mars 1887; sans lieu,
28 octore 1787, 11 mars 1788).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson aux armes. Couronne de
marquis.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N<^ 121.— GENTIL (N.) (2), seigneur de L.ajonehat(3).
Cachet ovale (18"" sur 15), plaqué sur une lettre à M"' de
Nexon (Saint-Yrieix, 22 janvier 1779).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes (d'azur, à Tépée nue d'ar-
gent, mise en pal la pointe en haut, sous laquelle passe un che-
vron du môme accompagné de trois roues de Sainte-Ciatherine
également d'argent, 2 et 1) (4). Couronne de marquis. Supports,
deux lévriers.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N« 122. - GUILLAUME DE ROCHEBRUNE (N.de)(S).
(1) Les lettres étant signées « l.-l. ch*" de Nexon » (sauf une signée
c( Laplive de Nexon »), nous pensons que le cachet doit être attribué à
Jean-Joseph de Gay de Nexon, fils de Jean-Baptisle-Ferréol de Gay, sei-
gneur de Nexon, et d'Anne Hébrard de Veyrinas.
(2) Probablement Léonard Gentil, seigneur de Lajonchat, fils d'autre
Léonard et de Marie Desmaisons de Bonnefon; marié le 23 février 1745 à
Anne Valette, fille de Pierre Valette et de Gabrielle de Cramarigcas;
assista en 1789 à l'assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Saînt-
Yricix.
(3) Aujourd'hui commune, canton et arrondissement de Saint-Yrieix.
(4) Les émaux sont ainsi indiqués par Nadaud {Nobiliaire yL H, p. 300-
D'après l'Armoriai général [Limousin, ^ 37), le chevron et les roues se-
raient d'or.
(5) Probablement Pierrc-Jean-Baptiste de Guillaume de Rochebrane,
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA UAUTC>VIENNE. 101
Cachet ovale (26"" environ sur 24), plaqué sur une lettre à
M. (le Chauffailles (Limoges, 22 janvier 1777).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson ovale écartelé : aux 1 et 4, d'azur, au chevron
d'or accompagné en chef de deux étoiles d'argent et en pointe d'un
croissant du môme; aux 2 et 3, contre-écartelé d'azur à trois fasces
d'or et de gueules, à trois chevrons d'or. Couronne de comte.
(Archives de M. le comte de Mon tbron, au château de Chauffailles.
— Communiqué par M. Champeval).
N° 123.- HAUTEFORT(GiUesd') (l),baroiid'Aixe(2),
seigneur de Nexon (3).
Cachet ovale (18°" sur i6), plaqué sur un certificat délivré par
Gilles, marquis d'Hautefort, comte de Monlignac et de Beaufort,
vicomte de Ségur, Templeux, La Fosse, baron deThenon, Aixe, La
Flotte, seigneur de Juillac, La Borie, Génis, Saviguac, Nexon, La
Mothe, Bellelille, Le Ménil, Saint-Firmin Obvillier, Pierre-Pont,
Champien, Fonches, Auberives,La Guiterie et autres places, grand
et premier écuyer de la reine ; ledit certificat relatif à la charge de
maréchal-des-logis des écuries de la reine exercée par Jacques de
Pradel, sieur de La Mase (Paris, 30 septembre 1681),
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale à trois forces (d'or,
à trois forces de sable). Couronne de marquis. Bordure de grènetis.
(Archives de la famille Pradel de Lamaze. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 124. — HËBRARD (4) DE VEYRINAS (Luc) (5).
seigneur de La Grange et de Courdelas, qui faisait partie, en 4789, de
Tordre delà noblesse pour le Haut-Limousin. (Nadaud, t. IV, p. 668).
(1) Né vers 161 2, fils de Charles d'Hautefort, marquis de Montignac,elc.,
et de Renée du Bellay; mousquetaire du roi, lieutenant de cavalerie,
lieutenant-colonel, enseigne des gendarmes du Dauphin, capitaine-lieu-
tenant des gendarmes d'Anjou, lieutenant-général ; premier écuyer de la
reine le 19 mars 1675; marié à Marthe d'Estourmel, fdle de Louis, sei-
gneur d'Estourmel, et de Marthe de Neubourg; mort le 31 décembre 1693.
(2) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
(3) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Saint-Yrieix.
(4) Famille originaire du Quercy, dont une branche s'était établie
anciennement en Limousin.
(5) Fils de Jacques Hébrard et de Catherine Origet; conseiller du roi,
102 SOCIÉTÉ: AltcaéOLOGlQUB BT IISTORIQUE DU LIMOUfilN.
Cachet ovale (21""" environ sur 19), plaqué sur une lettre à M. de
Loménie, notaire royal (23 juillet 1750).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale (d'or), au dextrochère (de gueules)
armé d'une lance du raôine et accompagnée de deux étoiles (d'azur)
2 et i (1). Sans couronne.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N° 125. — HËBRARD DE VEYRINAS (Marie de
SanziUon, épouse d'André) (2).
Cachet (21""* sur 19), plaqué sur une lettre à M"*' de Nexon,
sœur de la signataire (Saint-Yrieix, 23 mai 1778).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes (le champ est d'azur et non
d'or) (3). Couronne de comte. Supports, deux sauvages.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 126. - HÉLIE DE POMPADOUR (4) (Arnoul
ou Renoul) (ÏJ).
Sceau rond (21""), appendu à une quittance de gages donnée
conirôleur-jcénéral des finances de la généralité de Limoges; marié t« à
Marie de Loménie; 2<» à Marie-Jeanne de Berny.
(i) On trouve aussi les étoiles d'or et le champ d*azur. L'Armoriai géné-
ral (Limousin^ P» 315), donne un blason de fantaisie : de sinople, à la
fascc d'or.
(8) Fille de Jean-Baptiste de Sanzillon, chevalier, seigneur des Barrières
et de La Bonnetie; mariée en 1764 à André Hébrard, seigneur de Veyrinas,
gendarme de la garde, fils de Luc Hébrard, seigneur de Veyrinas, et de
Marie-Jeanne de Berny.
(3) Le blason ainsi modifié n'est pas conforme aux règles héraldiques.
(4) Nous donnons, sous ce numéro et les suivants, les sceaux des sei-
gneurs de Pompadour qui furent également seigneurs de Gromières en
Haut-Limousin (aujourd'hui commune de Gussac, canton d'Oradour-sur-
Vayres, arrondissement de Rochechouarl).
(5) Arnoul, alias Renoul ou Uamnjlphe Hélie, seigneur de Pompadour
et de Gromières, lils de Geofroi IV Hélie, seigneur de Pompadour, cl de
Philippe de Li Garde; marié !<> le i3 juillet 1355, à Galiène de Cbanac,
fille de Guy, seigneur deChanac, et d'Eustachede Gomborn, morte en t3&1 ;
to en 1364, à Constance de La Marche, fille de Guillaume de La Marche et
de Jeanne de La Motte ; mort après 1399.
SIGlLLOGRAPBIg DU DÉPARTEMENT DE LA BAUTE-VICMMB. 103
par Arnoul de Pompadour, chevalier, sur les guerres du Limou-
sin (Limoges, 16 octobre 1353). .
Légende, — f S A D R GHL.
fScel ArnotU de Pompadour, chevalier J.
Dessin. — Ecu portant trois tours (d'azur, à trois tours d*ar-
gent maçonnées de sable, 2 et 1).
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 87, f» 6881).
N° 127. — Le même.
Sceau rond (18°"™), appendu à une quittance de gages donnée
par Renoul de Pompadour, chevalier (8 novembre 1353).
Légende f?J.
Dessin. — Ecu droit à trois tours accompagnées d'un lambel de
trois pendants mouvants du chef dans une arcature à plusieurs
lobes.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Pompadour).
N» 128. — Le même.
Sceau rond (22°»"), appendu à une quittance du 5 mai 1354.
Légende. — ...AS.
f...HéliasJ.
Dessin. — Ecu à trois tours, entouré de palmettes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 188, f 7133j.
N* 129. — Le même.
Sceau rond (22°"), appendu à une quittance de gages donnée
par Renoul Hélie, sire de Pompadour, chevalier (Limoges,
25 juin 1354).
Légende. — ...NOL ...PADOR.
(...Amol ... PompadorJ.
Dessin. — Ecu portant trois tours.
(BibHothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 169, p. 5337).
No 130. — Le même.
Sceau rond (22°"), appendu à une quittance de gages donnée
par le môme pour les guerres de Limousin et de Périgord (Limo-
ges, 18 juillet 1354).
Ugende. — ...NOL ...LIAS.
f...Arnol HeliasJ.
104 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Dessin, — Ecu portant trois tours, à la bordure (les tours sont
plus petites qu'au numéro précédent).
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 188, P 7i33j.
Voir figure 28.
N<^ 131. — HÉLIE DE POMPADOUR ( Jean) (1).
Sceau rond (20""), appendu à des quittances données par
Jean Hélie (2) (Montignac, 26 janvier 1407 ; Périgueux, 16 février
et 3 mars 1407).
Légende. — ...LIAS.
f... Relias) .
Dessin. — Dans un trilob'î, écu droit à trois tours, supporté
par deux lions.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 59, f 4499).
N» 132. - JOUSSINEAUDEFAYAT(3) (Jeanne) (4,
épouse de N. La Qrange, sieur de Reignac.
Cachet ovale (22"" environ sur 17 ou 18), plaqué sur une lettre
signée « Fayat de Reignac » et adressée à M. de La Chatonnie, à
Treignac (Reignac, janvier 1751).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes de Joussineau (de gueules,
au chef d'or). Couronne de comte.
(Archives de M. le comte de Montbron. — Communiqué par
M. Champeval.
N« 133. - JOUSSINEAU DE FAYAT DE SAINT-
MARTIN (N. de) (5).
(4) Jean !«' Hélie, seigneur de Pompadour el de Cromières, fils de Rcnoul
Hélie, seigneur de Pompadour ei de Cromières, et de Galiène de Chanac;
marié 1° en 477 i, à Madeleine de Venladoar, fille de Bernard 1°', vicomle
de Ventadour, el de Marguerite de Beaumoul; ^^ en 1394 à Alix de Cosnac,
fille de Jean, seigneur de Cosnac, et de Marthe de Born ; était mort en 1424.
(2) Il est appelé Jehanot dans la quittance du 3 mars 1407.
(3) Aujourd'hui commune de Château-Chervix, canton de Sainl-Germain-
les-Belles, arrondissement de Saint-Yrieix.
(4) Née le S mars i720; fille de tVançois-AImé Joussineau, sieur de Fayat
et de Saini-Martin-Sepl-Pers, et de Catherine de Veyny; mariée à N. La
Grange, sieur de Reignac.
(5) Fille de François-Aimé de Joussineau, seigneur de Fayat et de Saint-
Martin, et de Catherine de Veyny; religieuse aux Allois.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEBICNT DE LA HAUTE-VIENNE. 105
Cachet ovale (22"" sur i8 environ), plaqué sur une lettre signée
« S' de Fayat de Saint-Martin » et adressée à M™' de Parel, à
Treignac (aux Allois, 27 septembre 1770).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes, couronne de comte. Supports,
deux gantes.
(Archives de M. le comte de Montbron, au château de Chauffailles,
— Communiqué par M. Champeval).
N*» 134. — JOUSSINEAU (Joseph de) (Ij, marquis
de Tourdonnet (2).
Cachet ovale (24»" sur 20), plaqué sur une lettre à M"* de Nexon
(Tourdonnet, 28 septembre 1776).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson rocaille aux armes. Cou-
ronne de marquis. Supports, deux sauvages.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
No 135 _ JOUSSINEAU DE TOURDONNET
(Jean de) (3).
Cachet ovale (25"" sur 22), plaqué : 1° sur un acte conférant au
sieur Massénat l'office déjuge des prévôts deLentilhac et Gondres,
dépendant de l'abbaye d'Uzerche (Meaux, 26 décembre 1779);
2° sur une lettre à M"" de Nexon (Meaux, 1" avril 1780).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson rocaille aux armes, tim-
brés d'une couronne de marquis accostée d'une mitre et d'une
crosse. Supports, deux sauvages.
(Archivés de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
(f) Fils de François-Annel (ou Aimé) de Joussineau, marquis de Tour-
donnei, et de Marie-Anne de Maumont: écuyer du roi, maître de la garde-
robe du comte d'Artois.
(2) Aujourd'hui commune de Château-Chervix, canton de Saint-Germain*
les-Belles, arrondissement de Saint-Yrieix.
(3) Né en 1738; fils de François-Aimé de Joussineau, marquis de
Tourdonnet, et de Marie-Anne de Maumont; abbé d'Uzerche du 11 juin
4769 au 16 février 1782; vicaire-général de .Meaux.
106 SOCIÉTÉ ARCHBOLOGIQITK ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
N*» 136. — LANSADE (Dominique de) (1), seigneur
de Meuzac (2).
Cachet ovale (âS"" sur 18), plaqué sur un testament daté de
Brive le 3 octobre 1775.
Pas de légende.
Deêsin, — Ecusson ovale d'azur, à deux lames d'argent la
pointe en haut, posé sur un socle et supporté par deux lions. Goa-
ronne de marquis.
(Archives de M, le marquis de Gosnac. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 137. - LA PORCHERIE (3) (Pierre de) (1216),
Sceau rond.'
Légende. - f S' PETRI : LA : PORCHARIA.
Dessin. — Ecu droit à un porc passant.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, t^ 336).
N* 138. -Le MÊME (1221).
Sceau rond.
Légende f?J.
Dessin. — Ecu droit à un porc passant, à un chef fascé.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, ^ 361).
N» 139. - LA PORCHERIE (Seguin de) (4).
(xui* siècle).
(I) Fils de François de Lansade, écuyer, seigneur de Saioi-Bonnet ei
de Chaoat, coseigneur d'Âllassac, el de Marie Teyssier de Gardillac; capi-
laine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis ; marié le 27 déccrabre 1778 à
Françoise-Bcnrielte de Cosnac, fille de Daniel-Joseph marquis de Gosnac
cl de Marie-Anne de Lostanges. — Messlre Dominique de l^insade, seigneur
de Meuzac, Preissac et Logeric, figure en 1789 dans Tordre de la noblesse
pour la sénéchaussée de Limoges (Nadauo, Nobiliaire^ p. 67t).
(3) Aujourd'hui commune de Meuzac, canton de Sainl-Germain-les-
Belles, arrondissement de Saint-Yrieix.
(3) Aujourd'hui commune de Saint-Jean-Ligoure, canton de Pierre-
buffière, arrondissement«de Limoges.
(A) Probablement Seguin de La Porcherie, qui vivait en 1247 et ^240.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPAUTEMBNT DE LA HAUTB-VIBNNE. 107
Sceau rond (55™"). Matrice ronde à trois anneaux extérieurs.
Ugende. — f SIGILLVM SEGVI : LAPORCHARIÀ :
fSigillum Seguini LaporehariaJ.
Dessin. — Un chevalier armé de toutes pièces, l'épée liante, ga-
lopant de sénestre à dextre, portant un bouclier à deux lions léo-
pardés, à un lambel de trois pendants. La légende entre deux bor-
dures de grènetis.
(Communiqué par M. l'abbé Lecler, curé de Compreignac. — Ce
sceau a été découvert dans la commune de Paunac, déparlement
de la Dordogne. M. Dujarric-Descombes en a donné la description
et le dessin dans le Bulletin de la Société historique et archéologique
du Périgord, t. VII, p. 463).
Voir figure 29.
N* 140. — LA. RYE (1)(N. de Saint-Martin, épouse
de François de) (2), seigneur de Châteautison.
Cachet (fragment), plaqué sur une lettre signée « Saint-Martin
de Châteautison » et adressée par M"® de Châteautison à son frère
(lisez beau-frère) M. de Larye fsicj, à Beilac (La Berge, î février
4761).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale à une aigle (d'argent,
à une aigle de sable membrée et becquée d'or, qui est de La Rye).
Couronne de marquis.
(Archives de M. de Monlbron, au château de Montagrier. — Com-
muniqué par M. Champeval).
N* 141. — LA RYE (N.. , épouse de N. de), sei-
gneur de La Qoutebernard (vers 1761).
Cachet ovale (fragment), plaqué sur une lettre de M"' de Larye
de La Goutebernard à son neveu M. de Larye, à Blac fsic) (2 dé-
cembre....).
Pas de légende.
(1) Seigneur de La GoulebernarJ (aujourd'hui commune des Chezeaux,
canion de Sainl-Sulpico-les-Feuilles, arroodissement de Beilac), de La
Berge et de Montagrier (aujourd'hui commune de Saint-Bonnet, canton el
arrondissement de Beilac), de LaCosie (aujourd'hui eonimune de Mézières,
même arrondissement).
(2) N. de Saint-Martin, mariée à François de La Rye, chevalier, seigneur
de Châteautison.
108 SOCIÉTÉ ARCHKOLOOIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales : celui de
dextre, à une fasce ondée; celui de sénestre aux armes de La Rye.
Couronne de comte. Supports, deux lions.
N° 142. - LA RYE (N..., épouse de N. de) (vers 1761).
Cachet ovale (21"" sur 19), plaqué sur une lettre de M"* de La
Rye à sa tante M"** de La Berge, à Bellac (La Coste, 27 mars ....)
Pas de légende.
Dessin. — Deux écussons accolés : celui de dextre aux armes de
La Rye ; celui de sénestre d'azur, à trois losanges d'or, 2 et 1 .
Couronne de comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Montbron. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 143. — LASTOURS (1) (Ramnulfe de) (2), évo-
que de Périgueux.
Fragment de sceau ogival (64"™ sur 45), appendu à des lettres
par ?esquelles Tévéque et le clergé de Périgueux demandent au
roi de leur envoyer un bon sénéchal (sans date; vers 1226).
Ugende. — ...AMNVLF...
(... Ramnulfi...).
Dessin, — Un évoque debout, vu de face, mitre et bénissant.
CONTRE-SCEAU.
Rond (17"^"^).
Ugmde. - PAX VOBIS.
Dessin, — Un Agntts Dei.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n** 6810).
Voir figures 30 et 30 bis.
N» 144. — LASTOURS (Guy de), chevalier.
Sceau rond, appendu à une donation à la chartreuse de Glandier.
(novembre 1232).
Légende, - S' GVIDONIS DE TVRRIBVS.
fSigillum Guidonis de TurribiisJ.
{\) Aujourd'hui commune de Rilhae-Laslours, canton de Nexon, arron-
dissemeni de Limoges.
(S) Fils de Golfier de Lastours et d* Al pais de PierrebuOière ; évCque de
Périgueux en 4810; vivait encore en 1231.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA UACTB-VlENNB. 109
Dessin, — Ecu semé de fleurs de lys, à trois tours (d*azur, semé
de fleurs de lys, à trois tours d'argent brochantes sur le tout).
CONTRE-SCEAU.
Rond.
Ugende. — SECRETVM.
Dessin. — Ecu à trois croix, au lambel de cinq pendants.
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Bibliothè-
que nationale, inss. Fonds latin, t. 17118, p. 2309).
N'» 145. — LASTOURS (Séguin de) chevalier.
Sceau rond (18°*°*), appendu à une quittance de gages (guerres
d'Angoumois et de Limousin (Paris, 3 février 1350, n. st.).
Légende. — ...EGVI....
(... Séguin ....)
Dessin, — Ecu à trois tours.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 107, f 8387).
N° 146. — LASTOURS (Jean de) (I), baron de Las-
tours.
Sceau ovale (26"" sur 21), apposé sur les quittances données par
Jehan de Lastours, seigneur et baron dudit lieu, guidon d'une
compagnie de cinquante hommes d'armes des ordonnances du roi
sous la charge de M. de Bourdeille (Paris, 9 juin 1868 et 9 août
1569).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson en forme de cartouche; on ne distingue plus
rien du côté dextre de l'écu; du côté sénestre, on voit une tour
accompagnée de fleurs de lys, deux en chef et une en pointe.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Lastours, n°" 3
el4j.
N° 147. —LA VERGNE (N. de), seigneur de Gham-
pagnac (2).
/
(1) Probablement Jean de Laslonrs, baron de Lastours, Campagne,
Nexon, Ressoulx, Saint-Michel-Laslours, etc., chevalier de l'ordre; marié
par conlral du io juillet 1570 à Madeleine de PierrebufBère, dame de
Murât et de Fleurac, fille de François de Pierrebuffière, vicomte de Com-
born, et de Calherine-Jeanne Chabot; mort peu après le 44 août 4576.
(t) Probablement paroisse de Château-Ghervix, où M. de Champagnac
HO SOCIÉTÉ ARCBÉOfcOGlvlUK ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN.
Cachet ovale (47"™ sur 18) plaqué sur une lettre au comte de
Sainte-Fère (Monlentois, 8 mars 1175).
. Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale à trois croisettes, 2 et 1 (1). Gouroane
de comte, palmettes.
(Communiqué par M. Champeval).
N« 148. - L'HEBMITE (Jôan) (2), écnyer.
Sceau rond (27"") appendu à une quittance de gages pour les
guerres de Guienne (Périgueux, 45 février 1408, n. si.).
Légende détruite.
Dessin. — Ecu à trois chevrons (3), penché, timbré d'un
heaume, supporté par ....
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 59, f* 4527).
NO 149. — LOMÉNIE (N. de) (4).
Cachet octogonal (IS'""' environ), plaqué sur une lettre à M. de
Loménie-Lépline, neveu du signataire, à Montent (Sainte-Bazeille,
8 juin 1669).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson (d'or), au chêne terrassé (de sinople), au
chef chargé de trois étoiles. Casque taré de profil et orné de lam-
brequins.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N' 150. -LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (16'"" environ sur 14), plaqué sur des lettres
donnait son adresse. Aujourd'hui commune de ce nom, canton de Saint-
6ermain-le-Belles, arrondissement de Saint-Yrieix.
((} D*après Nadaod {Nobiliaire, 1. 111, p. 63), les armes seraient : d*azQr, à
trois cygnes d'argent, 3 et 1.
(9) Probablement Jean L*Hermite, seigneur de La Rivière (aujourd'hui
commune d'Augne, canton d'Eymoutiers, arrondissement de Limoges), de
Souliers (aujourd'hui commune de lanailhac, canion de Nexon, même
arrondissement) el le Traslage (aujourd'hui commune de Vicq, canion de
Saint-Germain-lea Belles, arrondissement de Saint-Yrieix), né en 4379.
paoelier du roi Charles VIL
(3) D'avgenl, à lois chevrons de gueules.
(4) Famille originaire de Limoges (Naoàud, Nobiliaire^ t<llll> P- &95).
SIGiLLOGRAPHIS h\3 DBPARTRMBNT DR LA HAUTB-VIBNNB. Ut
signées « l>e Loménic, p*'" indigne », et adressées à son cousin,
M. de Loménie, notaire royal à Monlcut (Pluviers, 27 septenabre et
19 décembre 1669).
Pas de légende.
De$sin. — Ecusson aux armes (le chef à trois losanges et un
besant en pointe). Casque taré de profil et accompagné de rameaux
qui descendent le long de lécusson.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 151. — LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (18"™ environ sur 13), plaqué sur une lettre signée
« de Loménie » et adressée à son cousin, M. de Loménie, notaire
royal (Flavignac, 14 juin 1671).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes, cime d'un sauvage tenant une
flèche de la main droite et une massue de la main gauche. Supports,
deux lions.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Ciiampeval).
N^ 152.- LOBIÉNIE DE PAYE (N. de).
Cachet rond ou ovale (de petite dimension), plaqué sur «ne
lettre signée « De Loménie Paye », et adressée à M. de (nom illisi-
ble), notaire royal à Saint-Yrieix (Paye, 11 janvier 1677).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson de forme ordinaire, au chef chargé de trois
losanges. Casque taré de face et orné de lambrequins.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N« 153. — LOMËNIE (N. de).
Cachet ovale (IS"*" sur 13), plaqué sur une lettre à M. de Lomé
nie le jeune, à Montcut (Grandraonl, 18 février 1677).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson au chêne terrassé, accosté de deux lions,
affrontés et accompagné en pointe d'un tourteau (de sable), au
chef (d*azar) chargé de trois losanges (d'argent). Casque taré de
profil et orné de lambrequins.
H 2 SOCiéTB ARCHÉOLOGIQUR F.T HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N« 154. — LOMÉNIE (N. de).
Cachet octogonal (16"" environ), plaqué sur une lettre à M. de
Loménie fils, à La Gasne (La Réolle, 20 janvier 1679).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux mômes armes que le numéro précédent,
moins les lions affrontés. Casque taré de face.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 155. —LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (13""), plaqué sur une lettre à M. de Loménie, à
Montent (Bordeaux, 10 avril 1688).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson ovale parti : au 1, de Loménie (au type
définitif (1) : le chêne, le tourteau et le chef aux trois losanges);
au â, à un arbre autour duquel s*enroule un serpent. Couronne de
comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
NM56. — Le>ême.
Cachet ovale (16"" sur 14), plaqué sur une lettre à M. des Ciars
d'Auradour (Bordeaux, 4 septembre 1700).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson ovale aux armes. Couronne de comte. Sup-
ports, deux lions.
(4) Définitif en ce qui concerne celte branche, car d'autres branches
ont adopté des armes un peu différentes. Le dossier Loménie, au Cabi-
net des titres, contient une généalogie imprimée avec blasons; celte gé-
néalogie commence par François de Loménie, seigneur de Fayc, donl le
blason est à un chef d'azur chargé de trois mondes d'argent croisetés
d'or, et qui est marié à Louise de Loménie, dont le blason porte le chef
aux trois losanges. Charles de Loménie, conseiller du roi et secrétaire de
son cabinet, entoure ses armes d'une bordure engrélée de gueules. Con-
sulter, en outre du dossierde la Bibliothèque nationale (Pièces originales,
Loménie), plusieurs blasons inscrits dans TArmorial général de 1696,
Limousin cl Paris.
PI. VL
SIGILLOGRAPHIE DU DéPARTENENT DK LA BAUTE-VIENNE. Ii3
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Ghampeval).
N» 157. - LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (fragment), plaqué sur une lettre à M. de Loménie,
à Montent (iO décembre 1700).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson de forme ordinaire, à un arbre accosté de
deux Uons affrontés, au chef chargé de trois étoiles. Casque taré
de feu et orné de lambrequins.
(Archives de M. le baron de Nexon. Communiqué par M. Cham-
peval).
N* 158. — LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (21"" sur 19), plaqué sur une lettre à M. de Lomé-
nie, maître de poste de la ville d'Aixe, avec le nom du signataire
(Montpouillan, 14 avril 1741).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes : le tourteau est supprimé,
et le chef porte trois étoiles; l'or du champ est indiqué. Casque
taré de face et orné de lambrequins. Supports, deux griffons.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Ghampeval).
N« 1 59. — LOMÉNIE (N. de).
Cachet ovale (16"" sur 14), plaqué sur une lettre à M. de Lomé-
nie, maître de poste de la ville d'Aixe (Sainte-Bazeille, 16 novem-
bre 1741).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes (tourteau et losanges). Cou-
ronne de comte. Supports, deux griffons.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N° 160.— LOMÉNIE DE BRIENNE (Etienne-Char-
les de) (1), archevêque de Toulouse.
(<) Né en nt7; Hls de Nicolas-Louis de Lom<*nie, comte de Brienne,
et d*AnDe-GabrieUe de Chamillart; évoque de Condom en 1760, arche-
T. XXXTUl. 8
IH «OCléTÉ AaCHéOLOGIQOr. KT «KTORI^B ou U«9DSI9r.
Sceau ovak (tt""), apposa». : 1* à %m état du mobilier des «eurs
du tiers-ordre de Saint-François de la ville de Toulo«se (Toulou&e,
23 mars 1766) ; 2° à des lettres de prêtrise (Toulouse, 18 septem-
bre 1784).
Légende. ~ STEPH. CAROL. DE LOMENIE DE BRIENNE
ARCH. EPISCOPUS THOLOSANUS.
fStephnnus-Carolus de Loménie de Brienne, archiepis-
copus TholosanusJ,
Dessin, — Ecusson ovale écartelé : aux 1 et 4, à deux vaches de
gueules, accolées, clarinées et accornées d'azur (Béarn), passantes
Tune sur l'autre; aux 2 et 3, d'argent, au lion couronné de gueu-
les; sur le tout, Loménie. Couronne ducale, croix patriarcale, cha-
peau archiépiscopal.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n" 6411 et 6412).
N« 161. — LUR(l) (Giraut de) (2).
Sceau rond (21""), appendu à des quittances données par Giraut
de Lurz, chevalier (20 juillet et 22 août 1354).
Légende détruite.
Dessin. — Écu à trois croissants (de gueules, à trois croissants
d'argent, 2 et 1), penché, timbré d'un heaume.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Lur).
N« 162. — LUR (Jean de) (3).
Sceau rond (31™"), appendu 1** à uac quittance donnée par
Jean de Lur, sénéchal d'Albret, écuyer d'écurie du roi (1" janvier
1478); 2° à une autre quittance donnée par Jean de Lur, conseiller
et chambellan du roi, sénéchal d'Albrel (24 janvier 1479).
Légende. — lEHAN DE LURE.
Dessin. — Ecu droit à trois croissants.
yêque de Toulouse le 2 février 4763; abbé du Mont-Sain t*MicbeI ea juillet
i766; commandeur du Saint-Esprit.
(<) D'après les recherches de M. Champeval, le château de Lur était
situé enlrc La Porcherie et Cbâleau-Chervix (aujourd'hui cantOB de Saiat-
Gcrmain-les-Beiles); celle famille est donc originaire du Haut-Limousin.
(2) Fils de Boson de Lur, seignenr du lien, et de lourdaine de loussi-
neau-Fraisslnet; marié à Marie Hélic de Chabrignac.
(3) Fils de Bertrand II de Lur, seigneur de Fraissinet, du Breuil, de
Looga, etc., et de Marie de Couderc; marié k Léiice de Pommiers, tille
de Gombaud de Pommiers.
SIGILLOORAPBIB DU DÉPARTEMENT DE LA BAUTK-VIBRRE. tf5
(Bibliothèque nationale» mss. Pièces originales, Laf).
N« 163. — LUR (Pierre de) (1).
Sceau rond (32""), plaqué sur une quittance donnée par Pierre
de Lur, l'un des cent gentilshommes du roi, capitaine du château
de Saint-Sever (26 octobre 1815).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit écartelé : au 1, de Lur ; au 2, à un lion ; au
3, fascé ; au 4, contre-écartelé ; aux 1 et 4, à une croix; aux 2 cl 3,
à un vase à anse d'où sortent des lys (ou des flammes?). Rinceaux
dans le champ.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Lur).
N<» 164. — MAISONS (N. des), seigneur deBonne-
font (2).
Cachet ovale (49"°» sur 16), plaqué sur une lettre au chevalier
de Reignac (Sainl-Junien, 20 janvier 1772).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale à une porte de
ville flanquée de deux tours et accompagnée en chef de deux étoi-
les (3). Couronne de comte.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N<» 165- - MALEDENT (4) DE LA POU JADE
(N. de).
Cachet ovale (20"" sur 18), plaqué sur des lettres à M. de
(I) Fils de Pierre il de Lor et d'isabelle de Monlferrand; marié •• à
Jeanne d'Aubusson, fille d'Antoine d'Aubusson et de Louise de Peyre,
veuve de Foucauld, seigneur de Pierrcbuffière ; 8® en 1535, à Nicole de
Lisle, fille de Jean de Lisie et de Marguerite Guy.
(S) Aujourd'hui commune de Saint-Just, canton et arrondissement de
Limoges.
(3) Nadaud, Nobiliaire, l. 111, p. 139: d'argent, au cbéne de sinople
accosté de deux maisons de gueules et surmonté de deux étoiles de sino-
pJe en chef. — Armoriai général, Limousiny f» US : de gueules, à deux
tours d*or maçonnées de sable, giroueltées d'argent, au chef d'argent
chargé de trois étoiles de sable.
(4) Famille qu'on croit originaire d'Angleterre, mais établie très ancien-
nement à Limoges.
116 SOCIRTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Lamaze, lieutenant général, à Uzerche (Brive, 12 juin 1716; Laca-
bane, 14 mai 1718 ; Brive, 24 novembre 1720).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale à irois lions léopar-
dés (d*azur, à trois lions léopardés d'or) (1), sans indication d'é-
maux. Couronne de comte. Bordure de grenetis.
(Archives de la famille Pradel de Lamaze. — Communiqué par
M. (ihampeval).
N"" 166. -* Le même.
Cachet ovale (23™'" sur 19), plaqué sur une lettre à M"* de
Lamaze (2), « lieutenante-générale » d'Uzerche, sœur de M. de
Maledent (Perpignan, 9 juin 1731).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes (émaux
indiqués). Couronne de comte. Bordure de filets.
(Archives de la famille Pradel de Lamaze. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 167. — MALEDENT DE LAGABANE (N. de) (3).
Cachet octogonal (18°" sur 16), plaqué sur une lettre à M. de
Lamaze, conseiller du roi, lieutenant-général à Uzerche (Brive,
5 janvier 1736).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson parti : au 1, de Maledent; au 2, à un sau-
toir (?). Couronne de comte. L*écusson accosté de palmettes.
(Archives de la famille Pradel de Lamaze. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 168. - MALEDENT (François- Joseph de) (4).
Cachet ovale (20"°» sur 16), plaqué sur le testament de Marie-
(I) L*Ârmorial général (Limousin, f» 3), ajoute que les lions sont lam-
passés d'argent.
(i) GiloD-Paule de Maledent.
(3) Peut-être le môme qne le suivant.
(4) Fils de Pierre de Maledent, seigneur de Lacabane ; avocat au Par-
lement de Bordeaux, liculenant-général es sièges royaux de Brive le
47 octobre 1764; seigneur de Lacabane; marié à Marie-Madeleine de
Gourcclles, fille de N. de Courcelles et de Marie-Jeanne-Elisabeth-Fran-
çoise d'Alloneau du Roullet ; mort le 8 décembre 1778.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE. H 7
Madeleine de Courcelles, épouse de François-Joseph de Maledent
(Brive, 18 février 1751), et sur une lettre à M"' de Gaye (26 sep-
tembre 1762).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche accosté de deux palmettes, écusson
ovale aux trois lions léopardés. Couronne de comte. Bordure de
filets.
(Etude de M* Massénat, notaire à Brive. — Archives de M. de
Malliard).
N** 169. — Le même.
Cachet ovale (22"" sur 20), plaqué sur un certificat délivré par
François-Joseph de Maledent, écuyer, seigneur de Lacabane, con-
seiller du roi et de Mk' le comte d'Artois, lieutenant-général en la
sénéchaussée et siège présidial du Bas-Limousin (Brive, 15 janvier
1776).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche orné de rinceaux, écusson ovale aux
armes. Couronne de comte. Bordure de grenetis.
(Archives de M. le marquis de La Tourelle. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 170. — MALBDENT DE FEYTIAT (Barbe de),
épouse de Jean-Martial Rogner, sieur de Nexon.
Voir ci-après, môme série, article Rogiei\
N« 171. —MANDAT (N.)(l).
Cachet ovale (19™"" environ sur 16), plaqué sur une leltre à
M. de Bigorie, avocat au Parlement, intendant du marquis d'Hau-
tefort (Russengeas, 1" août 1722).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson d'azur, au lion d'or, au chef d'argent chargé
d'une hure de sanglier de sable accostée de deux roses de
gueules. Couronne de comte. Palmetles.
(Communiqué par M. DulheilleLde Lamolhe, notaire àCaramija,
près Lubersac.
(4) Famille originaire du Limousin (Saim-àllais, Nobiliaire universel,
t. m, p. 360).
h 8 90C1KTÉ AB.C|IÉp;.OCflQ0B gT Bl^TOA^^UK W LIHOUSIN.
N' 172. — BIA?ISANGES (Jean de) (1), seigneur de
Vaulry (2).
Cachet ovale (24"" sur 22), plaqué sur les preuves de noblesse
de Jacques de Marsanges de Vaulry pour Tordre de Saint-leaB-de-
JérusaleiB (12 octobre 1776).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés ; celui
de dextre d'argent, à trois merlettes de sable, 2 et 1, qui e»l de
Marsanges ; celui de sénestre de gueules, à trois couples de chiens
d'argent mis en fasce et posées 2 et 1, les laisses d'azur posées en
fesce, qui est de Beaupoil.
(Archives départementales du Rhône, fonds de Malte, H 194,
N° 173. - MAUMONT (3) (Guillaume de) (4). sei-
gneur de Maumont.
Sceau Pon4l (33 ou 34™""), appendu à un aveu fait au doyen el au
chapilre de Saint-Etienne de Limoges par Guillauoàe de Maumont,
curé de Roziers et d'Eglelons, et P. (Pierre), son neveu, seigneurs
de Maumont, pour la maison de Maumont, sise en la Cité (4 des
noues de juillet i275).
Légende déèruile.
Dessin, — La Vierge vue à mi-corps, tenant TEnfant Jésus qui
est en pied et debout, au-dessus d'une arcature sous laquelle est
un priant. A dextre de la Vierge, un écu à une bande accompagnée
de six croisettes ou étoiles en orle ; à sénestre, une croix tréflée.
(Archives départementales de la Haut*- Vienne, Chapitre, liasse
5«7.8).
Voir figure 31.
(f) Fils de Jacques-François de Marsanges, seigneur de Vaulry, ei de
Syivie Mérigol de Saiate-Fère; baptisé le H janvier 1714; seigneur de
VaiUry, Puyboureaud, Moussac, Bouteix, elc; marié le 32 septembre 4744
k Gabrielle de Beaupoil de Sainl-Âuialre, fille de Louis de Beaupoil de
Sainii-Aulaire, seigneur de Gorre, el de Françoise Guin(;and ; mon le 25
aoûl 1781.
(î) Aujourd'hui commune de Vaulry, canton de Nanliat, arrondissement
de Bellac.
(3) Famille d'ancienne chevalerie du Haut-Limousin.
(4) Fils d'Adhémar de Maumont.
SIGKLOGttAPHIR BET DÉPARTICMENT DE LA BAUTK-YIE:«1<(B. 1 19
Observations. — L'acte parle cfes sceaux des deux Maumont
funa cumsigillis suis);\\ paraît ccrtsfin néanmoins (jue le sceau
ci-dessus a été seul appose (avec celui de roflQcialité de Limoges,
dont il subsiste quelques fragments). Le sceau doit vraisemblable-
ment être attribué à Guillaume plutôt qu'à son neveu Pierre ; ce qui
semble confirmer cette conjecture, c'est que les armes figurées sur
le sceau ne sont point celles de Maumont (un sautoir accompagné
de quatre tours), et qu'elles ont une grande ressemblance avec
celles des Roger, seigneurs de Roziers (une bande accompagnée
de six roses au quintefeuille en orle).
N» 174. — MAUMONT (Aimar de) (1), chevalier.
Sceau rond (19""), appendu à une quittance de gages pour te
garde de la forteresse de Tonnay-Boulonne (Niort, 26 octobre i349).
Ugmde. - S AIMAR D' MALMO.
(Scel Aimar de Malmont).
Dessin. — Ecu portant d«ux fasces à la bordure (d'azur, à deux
fasces d'or), dans un trilobé.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambaull, t. 72, f"560i).
VoiK figure 32.
N^ 175. — Le même.
Sceau rond (14°"), appendu à une quittance (fe gages penr ser-
vice devant Loudun (Loudun, 23 août 1350).
Ugende. — ...GILLV...ECRE...
fSigUlum secretttmj.
Dessin. — Eca partant deux tasces à la bordure, dans une rose
gothique.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambaull, t. 72, f» 860i).
Voir figure 33.
N« 176. — Le même.
Sceau rond (22""*), appendu à une quittance de gagnes pour
service de guerre (devant Saint-Jean-d*Angély, 22 août i35*).
Légende détruite.
Dessin. — Ecu portant deux fasces à la bordure, sur champ
réHculé.
(1) FiU de Guillaume de Maumont, seigneur du lieu.
ISO SOCIÉTÉ ARCBiOLOGiQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 72, f 8603).
Voir figure 34.
N« 177. — MAUMONT (Guérard de) (1).
Sceau rond (18""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Guienne) (Poitiers, 4 septembre 4386).
Ugende. — ... ERART DE MAVM. .
f[Sce[] Guerart de Maumont).
Dessin. — Ecu portant deux fasces à la bordure.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 72, f"* 5605).
Voir figure 35.
N» 178. — Le même.
Sceau rond (21"""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Guienne) (25 juin 1387).
Ugenie. — S GUERARD D' MAVMOT.
(Scel Guérart de Maumont J,
Dessin. — Ecu portant deux fasces à la bordure, dans un tri-
lobe.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 72, f*" 5609).
Voir figure 36.
N» 179. —Le même.
Sceau rond (28""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Guienne) La Rochelle, 12 octobre 1387).
Légende. — SEEL DE MAUM TAUNAY BOUTONE.
fScel [Guérart] de Maumont, [seigneur de] Tonnay-
Boutonne).
Dessin. — Ecu portant deux fasces à la. bordure, penché, timbré
d'un heaume cime d*un oiseau à tète humaine dans un vol, sup-
porté par deux oiseaux à tête humaine. Dans le champ, deux ban-
derolles, sur chacune desquelles est écrit : non autre.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, t. 72, ^ 5609).
Voir figure 37.
[\) Guérard ou Gérard de Maumont, chevalier, seigneur de Tonnay-
Boutonne, tils d*Aimar 11 de Maumont, seigneur de Tonnay-Boutonne, et
de Marie de Parthenay-rArchevéque; marié l*» à Anne de Thouars; 2» à
Anne de Bord, dame d'Ebernon.
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE. 191
N° 180. — MAUMONT (Pierre, sire de) (1), xiV siècle.
Sceau rond (30""), Lppendu à une quittance de gages, délivrée
le 31 juillet 1389 par Jean, sire de Maumont, chevalier, pour servi-
ces de guerre devant le château de Ventadour.
Ugende, — S PIERRE SIRE DE MALMON.
fScel Pierre, sire de MalmonJ,
Dessin. — Ecu au sautoir engrôlé, canlonné de quatre tours
(d'azur, au sautoir engrélé d*or, canlonné de quatre tours d'argent
maçonnées de sable), penché, timbré d'un heaume couronné et
cime d'un vol, dont un cordon de fleurettes.
(Ribliothëque nationale, mss. Clairambault, t. 72, f 8611).
Observations. — On voit que Jean de Maumont avait fait usage
du sceau de son père.
Voir figure 88.
N« 181. — MAUMONT (Antoine de) (2), seigneur
de Saint- Vitte (3).
Sceau rond (26°"), apposé sur une quittance donnée au rece-
veur du domaine royal par Antoine de Maumont dit de Saint-
Vie fsicj, écuyer panetier du roi (1'' août 1478).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu aux armes entouré d'un cordon formé de fleu-
rons.
(Archives de M. le comte de Noailles, au château de Noailles).
(4) Seigneur en partie de Maumont, de Gimel, de Châleauneuf et de
Tournoellc; fils de Bertrand de Maumont; marié à Anne d'Aubusson,
fille de Renaud d'Aubusson, vicomte de La Feuillade, el de Mar-
guerite N.
(3) Fils d'Alexandre de Maumont et de Philippie d'Aubusson; seigneur
de Maumont en partie et de Saint-Vitte ; écuyer panetier du roi, garde
des sceaux de la vicomte de Limoges; marié à Catherine Je Pierre-
buffière, fille de Louis, seigneur de Pierrebuffière, et de Marie de Roche-
chouart.
(3) Aujourd'hui commune de Saint-Vitte, canton de Salnt-Gerraain-les-
Bellcs, arrondissement de Saint-Yrieix.
121 SOCIÉTÉ ARCHiOLOGlQUB ET HISTOMQUB DU LIMOUSIff.
N' 182. - MAUMONT DE LA RIBETRIE (1) (Au-
gùste-Gabriel-Aiitoine de) (2).
Cachet ovale (aS""" sur 18), plaqué sur une lettre à 3f . de La
Salvanie, à Tulle (Badefol, 29 février 1780),
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussofts ovales accolés :
celui de dexlre aux armes de Maumont; celui de sénestre aux
ariBes de Booneguise (d azur, à la croix alaisée d'or, cantonnée aux
1 et 4 d'un besant d'argent, et aux 2 et 3 d'une fasc« alaisée dit
même). Couronne de comte.
(Archives de M. Clément-Simon, au château de Bach).
N» 183. - MONFRABEUF (3) (Jacques-Joseph de) (4).
Cachet ovale (23""" sur 21), apposé sur un testament reçu à
Brive le 17 novembre 1759.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale parti : au i, d'azur, à un lion d'or,
armé, lampassé et couronné du même, qui est de Monfrabeuf;
au 2, de gueules, à une coquille d'argent en chef et un croissant du
môme en pointe, accostés de deux épées d'or posées en pal, la
pointe en bas, qui est de Sahuguet d'Espagnac. L'écasson pMé
sur un cartouche, timbré d'une couronne de marquis et supporté
par deux chevreuils.
(Elude de M' Eschapasse, notaire àBrive>
(<) Aujourd'hui commune de Saint-Gilles -Ics-Forôls, canton de Château-
neuf, arrondissement de Limoges.
(i) Né en avril 1737; fils d'Antoine de Maumont, seigneur de La
Ribeyrie/.et de Louise Germain; marié à Marie de Boaneguise» Elle de Jean
de BÔnneguise, seigneur de La Martinie en Périgord, el de Marie Gra-
vière.
(.H) Alias Monfrebeuf et Monlfrebeuf. Nous avons suivi Torthogr^phe de
Pacte. — Aujourd'hui commune de Marvai, canton de Saint-MIathieo,
arroadtissement de Rocfaechouiart.
(i) Fils de Pierre de Monfrabeuf, seigneur de Razac, et d'Anne de
Sahuguet d'Espagnac: seigneur de Razac, La Bouige, Cherveix^ etc.; ea*
pitaine des grenadiers au régiment d'Anjou ; marié à Louise de Lubersac,
fille de Pierre de Lubersac, seigneur de Cbabirignae, et de* Jeasse-Jolie
Chapelle de Jumilhac.
SlOllLOORAPHIB DU DÉPARTEMENT DK LA KAUTR- VIENNE. It3
N» 184. — NEUFVILLE (Louis de) (i), seigneur de
Neufvllle (2).
Sceau rond ^24°*"»;, appendu à ime quittance donnée par Loys
de Neufville, seigneur du dit lieu, porteur d'ense/igne d'une
compagnie de cinquante lances des ordonnances du roi (24 juillet
1537j.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit à une croix (de gueules, à la croix vidée
d'argent, remplie de sinople), accosté de palmettes.
(Bibliothèque nationale, mss. I>ièces originales, t. 2100, Neuf-
ville, f» 36).
N» 185. — Le même.
Signet rond (12"°), appendu sur papier à une quittance de
gages donnée par Loys de Neufville, chevalier, porteur d'easeigne
d'une compagnie de cinquante lances des ordonnaBces du roi
(6 mai 1846).
Pas de légende.
Djessin, — Ecu penché à une croix, sommé d'un casque taré de
face, cime de et orné de lambrequins..
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, t. i200. Neuf
ville, f* 37).
N« 186. —NEUFVILLE (Antoine de) (2), baron de
Magnac (3).
Sceau ovale (22"°" sur 18), appendu à deux quittances de gages
données par Automne de Neufville, seigaeur et baron de Magnac,
chevalier de l'ordre du roi, conseiller en son conseil d'Etat, gentil-
homme ordinaire de sa chanàbre (18 et 25^ décembre iS81).
(1) Fils d'ÀDtoine de Neufville, seigneur de Magnac; marié en 1530 à
Louise de Gain, dame de Bort.
(2) Seigneur de Magnac, Lalgny, Morlinièrc, Argental; conBeiller au
conseil privé el au conseil d*Eltal,. genlilhornme ordinaire de la chambre,
chevalier de Tordre de Saint-Micliol; marié à Claude du Bellay U -Flotte;
mort le S8 juin 4590.
(3) Aujourd'hui Magnac-Laval, chef-lieu de canton, arrondissemeot de
Beliac.
\^4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOHIÛDE DO LIMOOSIN.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu en bannière à une croix, entouré du collier de
Tordre de Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, t. 2101, Neuf-
ville, f»- 5 et 6).
N« 187. — ORADOUR (1) (Hélie d'), chevalier.
Sceau appendu à un acte de 1290.
Légende ffj.
Dessin. — Ecu à un chef bastille de six billeltes, trois à dextre
et trois à sénestre, à une croix brochant sur le chef.
(Nadaud, Nobiliaire, t. III, p. 303).
N^" 188. — PEHBROKE (N., comtesse de), dame de
Beynac (2) et Ghampagnac (3).
Sceau rond, appendu à une charte de 1326.
Légende ffJ.
Dessin. — Ecusson parti : au 1, à...(?); au 2, à deux pals vairés
surmontés d'un lambel.
(D'après un croquis conservé à la Bibliothèque nationale, mss.
Fonds latin, 1. 17118, P 361).
N« 189. — PERUSSE (Audoin de) (4).
Sceau rond (32°""), appendu à une transaction avec la Chartreuse
de Glandier (le 3 des calendes de novembre 1309).
(T) Aujourd'hui commune et canton d'Oradour-sur-Vayres, arrondisse-
ment de Rochechouart.
(2) Aujourd'hui commune de Beynac, canton d'Aixe, arrondissement de
Limoges.
(3) Probablement Champagnac, commune de Cbâteau-Chervix, canton de
Saint-Germain-Ies-Belles, arrondissement de Saini-Yrieix.
(4) Probablement Audoin 1*' de Pérusse, seigneur de Saint-Bonnet;
tils de Geoffroy de Pérusse, seigneur de Saint-Bonnet; marié en MSi à
Marguerite de Ségur. Cet Audoin est le premier qui soit menlionné comme
ayant ajouté au nom patronymique de Pérusse celui de la seigneurie des
Gars. Le château de Pérusse est actuellement situé dans le département
de la Greuse ; mais celui des Cars (improprement appelé d'Escars) est
situé sur le territoire de la commune de ce nom, canton de Châlus, arron-
dissement de Saint- Yrieix.
SI6ILL0GBAPH1B DU DÉPABTRMSNT DE LA HAUTB-VIBNNE. 4S5
Ugende. — S' AVDOINI : DE : PERVSSIA : MILITIS.
{Sigillum Audoini de Perussia, militisj.
Dessin, — Ecu droit à un pal de vair (1) accosté de deux
coquilles.
(D'après une note et un dessin du recueil de Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17H8, f 274).
N« 190. — PERUSSE (Itier de) (2).
Fragment de sceau rond (25""), appendu à un acte portant
adhésion à rappel du comte d'Armagnac au roi de France contre
le duc de Guyenne (8 juin 1369).
Ugende, — FRERE Y.... DE PERUSE.
f Frère Ytier de PéruseJ.
Dessin, — Un homme de guerre debout, s'appuyant sur sa lance
et couvert de son écu, à un pal de vair; à ses pieds, deux lions.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n" 9908).
Voir figure 39.
N« 191. — PERUSSE (Gautier de) (3), seigneur
des Gars.
Sceau rond (39""), appendu à une quittance de gages donnée
par Gautier de Pérusse, seigneur des Cars, chevalier, conseiller et
chambellan du roi, commis à faire asseoir en Limousin l'aide pour
le recouvrement du château et de la forteresse de Thenon en Pé-
rigord (18 février 1440, n. st.).
Ugende. — S GAUTIER DE PERUSSE SEIGNEUR DES GARS.
fScel Gautier de Pérusse, seigneur des Cars).
Dessin, — Ecu au pal de vair; penché, timbré d'un heaume cime
d^une tête humaine, supporté par deux sauvages.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, tf 187, f^ 7085).
(t) De gueules, au pal de vair.
(2) Chevalier de Tordre de Saint-Jean-dc-Jérusalcm, commandeur de
Bellechassagne en Bas-Limousin.
(3) Fils d*Audoin III de Pérusse, baron des Cars, seigneur de La Vau-
guyon, et de Marguerlte-Hélie de Pompadour; conseiller et chambellan
du roi Charles VII ; sénéchal de Limousin; marié \o en 1432, à Jacqueline
de Saint-Man, veuve de N. de .Saint-Julien; 3" le H octobre tSH, à
Andrée de Montberon, fille de François de Montberon, vicomte d'Aunay,
et de Louise de Clermont; vivait encore en 1469.
tt6 SOCiÈTi AftCSAOLOOli^UC ET flIBTORIQOfi DU UHOUSlfi.
N"" 192. — PËRUSSG (Jacques de) {\), seigneur
des Gars.
Sceau rond (18"°), appendu à une quittance de gages de ToiBce
de capitaine donnés par Jacques des Gars, seigneur du lieu, gentil-
homme de la chambre du dauphin et capitaine de cinquante lances
(27 juillet ^544).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu au pal de vair.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. ^89, f» 4423).
N» 193. — PÉRUSSE DES CARS (François de) (2)
Sceau rond (IQ"""), appendu à une quittance de pension donnée
par François des Cars, lieutenant de cinquante lances sous Monsei-
gneur des Gars, son père (13 septembre 1S44).
Pas de légende.
Dessin, - Ecu au pal de vair, timbré d'un fleuron et accosté de
deux palmes.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairarabattit, 1. 150, f" 4437).
N" 194. - Le même.
Sceau ovale (SO"""" sur 17J, plaqué sur deux quittances données :
(4) Fils de Geoffroy de Pérusse, seigneur des Cars, et de Françoise
d*Arpajon ; il fut en outre conseiller du roi en ses conseils, séuéchal de
Marsan, Tarsin et Galardan, gouverneur du Périgord; chevalier de Tordre
le 7 décembre 1561 ; marié i*^ à Anne Jourdain de Tlsle, fille de Bernard
Jourdain de Tlsle, seigneur de La Motte-Saint-Sézert, et de Hargnerile de
Montesquieu ; 2® à Françoise de Longwy, dame de Pagny et de Mirabeau,
comtesse de Buzanfais, veuve en 4543 de Philippe Chabot, comte de
Gharny, amiral de France, et fille de Jean de Longwy, seigneur de Givrj
et de Pagny, et de Jeanne, bâtarde d'Orléans-Angoulôme.
(2) Fils de Jacques de Pérusse, seigneur des Gars, et d*Anne Jourdain de
risle ; comte des Gars, seigneur de Juillae, de Ségur, d'Aiie, et Bassière-
Galand, etc. ; lieutenant, puis capitaine de cinquante lances; chambellan
du roi de Navarre, lieutenant général à Bordeaux en 1563 ; gouverneur du
Limousin en 1568, conseiller du roi en tous ses conseils, chevalier de
l'ordre de Saint-Michel, chevalier du Saint-Esprit le 31 décembre 1578;
marié l«ii Claudine de Bauffrement, fille de Claude de Bauffremont, sei-
gneur de Soey, et de Jeanne de Vienne ; S» & tsabeau de Beau ville, veuve
de Biaise de Montluc, maréchal de France, mort en i577, et fille de Fran-
çois de Beauville et de Claire de Laurens; il vivait encore en 1008.
SlfilLLOOKAPlIE: DD DÉPARTEMENT D& LA HAUTC-VIKHNR. 497
!• par N. (le nom en blanc) des Cars, chevalier de Tordre, lieute-
nant de quarante lances (48 novembre 1862); 2^» par N. des Cars,
chevalier de Tordre, capitaine de trente lances (21 avril 1863).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit aux armes, entouré du collier de Tordre de
Saint-Michel. Couronne de comte. Bordure de grenetis. Ce cachet
se distingue très nettement des autres, parce que Técusson est
reporté vers la partie supérieure du sceau, afin de laisser plus
d'espace à la médaille du collier de Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n" 2^
et 32).
N"" 195. — Le même.
Signet ovale (24""» sur 20), apposé sur deux quittances données :
1* par François des Cars, chevaUer de Tordre, capitaine du château
du Ha (26 avril 1868); 2** par François des Cars, chevalier de Tor-
dre, capitaine de cinquante lances (18 septembre 1868).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit au pal de vair, entouré du collier de
Tordre de Saint-Michel. Couronne de comle. Bordure de filets.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n°" 17
et 18).
N*" 196. — Le même, comte des Gars.
Signet ovale (23"" environ sur 18), apposé sur une quittance
donnée par François, comte des Cars, chevalier de Tordre, capi-
taine de trente lances (11 janvier 1876).
Pas de légende.
Demn. — Ecu droit au pal de vair, entouré du collier de Tordre
de Saint-Michel. Couronne de comte. Bordure de grenetis.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n"" 33).
N*» 197. — Le même.
Signet ovale, plaqué sur une quittance donnée par N., comte
des Cars, capitaine de cinquante lances (2 janvier 1878).
Pas de légende.
Dessin. — Analogue à celui du numéro précédent; mais Técus-
son est plus petit.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n"" 36).
128 SOCléTÉ ARCHKOLOOIQUB BT HI8T0R1QUB OU LIMOUSIN.
N<> 198. — PERUSSE DES CARS (Jacques de) (1).
Signet ovale (21»« sur 18) apposé sur deux quittances données :
^" par Jacques des Cars, chevalier des ordres du roi, conseiller du
roi en son conseil d'Etat (30 décembre 1682) ; ** par Jacques des
Cars, sieur de Beaufort, conseiller du roi en son conseil d'Etal (26
août 1585).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson en forme de cartouche, au pal de vair. Cou-
ronne de comte. Bordure de perles.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n«* 4i et
43).
N° 199. - PÉRUSSE DES CARS (N..., épouse de
N. de) (vers 1670).
Cachet ovale (21"*"* environ sur 18), plaqué sur une lettre signée
« Votre... servante, Des Cars » et adressée au sieur de Loménie,
notaire royal à Montcut (sans date).
Pas de légende.
Dessin, — Deux écussons accolés : celui de dextre aux armes de
Pérusse; celui de sénestre coupé d'un trait, parti de quatre
(huit quartiers) : au 4, à trois tourteaux, 2 et 1; au 2, indistinct;
au 3, au bâton péri en barre, accompagné de trois fleurs de lys,
2 et 1 ; au 4, à un lion; au 5, à une bande échiquetée (?), accom-
pagnée de trois fleurs de lys, 2 et 1 ; au 6, à un lion ; au 7, indis-
tinct; au 8, un échiqueté. Couronne ducale.
(Archives de M. le comte de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
{{) Fils de François de Pérusse, comte des Cars, et de Claudine de Bauf-
fremont ; comte des Cars et de Beaufort, seigneur de La Roche-l* abeille,
Nexon, Savignac, Ladiguac, Chftleau-Chervix, etc. ; chevalier de Tordre,
conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé; marié : \^ par contrat du
17 lévrier 1594, à Louise Lcjay, dame de Boissequin, fille de Jean Lejay et
veuve de Georges de Villequier; V* en 1604, à Yolande de Llvron, fille
d*Evard de Livron et de Gabrielle de Bassompierre, morte le 29 juillet
1607; 3o par contrat du S8 novembre 1608 à Olympe Green de Saint-
Marsault, fille de Jean Green de Saint-Marsaalt, seigneur de Haillancy, et
de Françoise de Sainte-Maure, et veuve d'Isaac de Salignac, morte en
février 1634.
PL VU.
SIGtlXOOtAFHlB DU DéPA«TEMRIfT DE LA HAUTG-TISNNE. 499
N« 200. — PÊRUSSE DES CARS (Isabeau de) (1),
veuve de Pi.ayiiiond de Lasteyrie du Saillant (xvii''
siècle).
Cachet ovale (19"" sur 15), plaqué sur une lettre signée « Sail-
lant » (2) (sans date).
Pas de légende
Dessin. — Ecusson parti : au 1, de Lasteyrie (coupé : au 1, à
une aigle ; au 3, à un lambel) (3) ; au 2, de Pérusse. Couronne de
comte. Cordelière de veuve.
(Archives de M. le marquis de Cosnac. — Communiqué par
M. Champeval).
N\201. — PÊRUSSE (Louis-Prançois de) (4), mar-
quis defihCars.
Cachet ovale (18"*" sur 15), plaqué sur une ordonnance rendue
par le marquis des Cars, gouverneur du Limousin, au bas d'une
plainte présentée par M. de Félelz contre des indi>idus qui Tavaient
insulté (Saint-Bonnet, 16 octobre 1718).
Pas de légende.
Dessin. — - Sur un cartouche, écusson ovale aux armes. Couronne
de marquis.
(Archives départementales de la Corrèze. — Communiqué par
M. Vayssière).
(«) Fille de Léonard de Pérusse, comle des Cars, cl d'Adrierine de Bour-
detlle ; mariée en 4629 à Raymond de Lasteyrie du Saillant, vicomte de
Comborn, fils de Jean de Lasteyrie du Saillant et de Marie de Proubet.
(i) Bien que la lettre n'émane pas d'Isabcau de Pérusse, l*attribulion du
cachet ne saurait faire doute.
(3) Coupé de sable, à Taigle d'or, et d'argent, au lambel de gueules à
trois pendants mouvants du cbef.
(4) Né en «688 ; fils de François 111, comte dos Cars, seigneur de Satnl-
Boonet, Saint- Ybard, La Roche-rAbeille, La Renaudie et Pranzac, et de
Marie de Redon de Salm ; lieutenant-général au gouvernement du Haut
et Bas-Limousin ; marié, par coùtral du 6 octobre 1708, à Marie-Françoi«e-
Yictoire de Verthamon, tille de François de Verthamon et de Marie-Anne
de Goury ; mort le tO juin 175i.
T. xxxviu. 9
130 SOCI^^ ARCBioiOGIQOE ET HISTORIQUR DD UMOUSIN.
N^ 202. — PÊRUSSE DES CARS (Marie- Anne de) {i),
épouse de Jacques-François-de- Sales d'Hautefort.
Cachet rond (lO""), plaqué sur un brevet conférant au sieur
Dufaure la charge de procureur d'office de la seigneurie de Saint-
Chamans (9 avril 1740).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés; celui
de dextre aux armes d'Hautefort (d'or, à trois forces de sable, 2 et
1) ; celui de séneslre aux armes de Pérusse. Couronne de marquis.
(Archives départementales de la Corrèze, B, liasse 1^07).
N« 203. — PÊRUSSE DES CARS (Marie-Anne
de) (3), abbesse de Sainte-Croix de Poitiers.
Cachet ovale (22"" sur 20), plaqué sur une lettre à M. de Nexon
(30 juin 4774).
Pas de légende.
Dessin, —Sur un cartouche orné de guirlandes, écusson en
losange, aux armes. Couronne ducale cimée d'une crosse.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
Voir figure 40.
N<*204. — PÉRUSSE DES GARS (3) (Gaultier de) (4),
seig^nenr de La Vauguyon (S).
(1) Fille de Charles- François de Pérusse des Cars et de Françoise de La
Fond-de- Saint- Projet; mariée le 27 février 1729 à Jacques-François-de-
Sales d'Haulefort, marquis de Saint-Chamans, fils de Charles-Nicolas
d*Hauteforl et d^Elisabeth de Creil.
(2) Née en maUTU ; fille de Louis-François de Pérusse, comle des Cars,
et de Marie-Françoise- Victoire de Verthamon ; religieuse à Sainl-Ausone
d'Angoulôme le ^t juin 473i, puis abbcsse de- Sainte-Croix de Poitiers.
(3) Ce numéro et les suivants se rapportent à la branche de La Yau-
£^uyon.
(i) Fils d*Audoin IV de Pérusse des Gars et d'Hélène de Roquefeuil;
conseiller et chambellan du roi Charles VIII ; sénéchal du Périgord et de
la Marche, premier chambellan du duc de Bourbon ; marié, par contrat du
13 décembre U98, à Marie de Montberon, fille de Louis de Moniberon, sei:
gneur de Fontainc-Chalendray, et de Radegonde de Rochechouart-Norte-
marl.
(5) Aujourd'hui commune de Maison nais, canton de Saint-Mathieu, ar-
rondissement de Rochechouarl.
SIOILLOORAPHIB DU DÊPARTENKNT DK LA HAUTE-VIBNNE. 131
Sceau rond (33™"), appendu à une quittance donnée par Gaul-
tier des Cars, seigneur de La Vaulguyon, de Varaigne, de La
Gonssière, baron de Saint-Germain, conseiller et chambellan du
Roi (27 juin 1810).
Légende illisible.
Dessin. — Ecu droit aux armes (de gueules à un pal de vair),
surmonté d'une banderole.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n® 8).
N<» 205. ^ PÊHUSSE DES GABS (François de) (1).
Sceau rond (32™), appendu à une quittance de gages de l'office
de capitaine (17 mars 1523).
Ugende. — FRANÇOIS DESQUARS, SEIGNEUR DE LA VAU-
GUION.
Dessin. — Ecu portant un pal de vair à la bordure engrélée
(d'argent), qui est de Pérusse des Cars de la branche de La Vau-
guyon.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, 1. 159, f 4425).
N« 206. — PÉRUSSE DES GARS (Jean de) (2).
Sceau rond (21"^"^), appendu à une quittance de gages donnée
(1) Fils de Gautier de Pérusse des Cars et de Marie de Montheron ; il est
dénommé dans Pacte « baron de Saint-Germain, seigneur de La Vau-
guyon et de Carency, sénéchal de Bourbonnais» capitaine de \ingtrcinq
lances » ; il fut, en outre, conseiller et chambellan du roi François 1*>'
(4531), gentilhomme ordinaire de sa chambre, capitaine de cinquante
hommes d'armes de ses ordonnances, chevalier d'honneur et premier
écuyer de la reine Eléonore d'Autriche, maréchal et sénéchal de Bour-
bonnais, lieutenant-général et commandant pour le Roi es pays de Lyon-
nais, Dauphiné, Savoie et Piémont; marié, par contrat du 2S février 1546,
àlsabeau de Bourbon, princesse de Carency, fille de Charles de Bourbon,
prince de Carency, et de Catherine d'Alègre ; mort en 15S0.
(2) Fils de François de Pérusse des Cars, seigneur de La Vauguyon, et d'Isa-
beau deBourbon, princesse de Carency; prince de Carency, comte de La Vau-
guyon, seigneur de Varaigne, Aixe, Abret, Vendat, Saint- Germain en Basse-
Marche, Confolens, Loubert et Brillac, capitaine de cent hpmmes d'armes,
lieutenant-générai des armées du roi en Bretagne, maréchal et sénéchal
du Bourbonnais, conseiller et chambellan du roi ; chevaHer de l'ordre de
Saint-Michel (avant août 1559); chevalier du Saint-Esprit le 31 décembre
U78; marié par contrat du i" octobre 4591 ^ Anne de Ciermoni, fille
d'Antoine comte de Clermont et de Tonnerre et d'Anne (ou Françoise) de
Poitiers; mort en 4595.
139 SOClfttt. ARCtfÉOLOGIQiyE ^ tlldtOIlIQt}^ DO LtfKOC^lN.
par J^an des Cars, cheyàlier, lieutenant de 4a compagnie du prince
de Salerne (S8 janvier 18116, n. st.).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu en cartouche écartelé : aux 1 et 4, a\i pal de vair,
à la bordure engrôlée, qui est de Pérusse de La Vauguyoti, an 2 et
3, à trois Beui^ de ÎJrs, à eue bannie (d'atur, à trois fteurs de lys
d'or, au bâton de gueules péri en bande, chargé de trois lionceaux
d'argent, qui est de Bourbon-Vendôme).
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 1S9, f. 4429).
N"" 207. ^ Le même, sieur de La Vaug^yôn.
Sceau rond (45'"'°}, appendu à une quittance de gages de l'office
de capitaine (15 décembre 1SS8) ^1).
Ugende, - lEHAN DES ...R DE LA VAVGVYON.
fJeayi des [Cars], seigneur de ïm Vaugm/onJ.
Dessin, — Ecu en cartouche écartelé aux mêmes armes que le
précédent.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 159, f 4431).
N*» 208. — Le même.
Signet ovale (25""* sur 20), plaqué sur une quittance donnée au
trésorier des guerres par N. (le prénom en blanc) des Cars, sieur
de La Vauguyon, chevalier de l'ordre, capitaine de trente lances
(25 janvier 1562).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale à un pal de vair, entouré du collier de
Tordre de Saint-Michel, ©ordure de grenetis entre deux filets.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n° 14).
N" 209. — Le même.
Signet ovale (24"™ sur 18), apposé sur une quittance donnée par
(i) Autre exemplaire apposé sur une quittance donnée au -trésorier <les
guerres par N. (le nom en blanc) des Cars, sieur de La Vauguyon, cheva-
lier de Tordre, capitaine de cinquante lances (2.) aoOl (659). (Bibliothè-
que nationale, tnss. Pièces originales, Escars, n<* 1 1). — Sur la plupart des
quittances, le nom est écrit DeBoara en un seul mot, sans apostrophe et
sans majuscules. Même observation pour les signatures. — Le nom de
Pérusse n'est que très rarement mentionné.
SlGl|.VOGRAl^q,IE ^U DÉTARTÇMBNT DK U HAUTE-VIENNE. i33
François (i) clés Cars, siaur de La VauguyoD, capil^oe de cin-
quaCLle l^ces, chevalier de Tordre (3 octobre 1865).
Pas de légende.
Des8i$fr. — Eçu droit écartelé de PérusBC et de Bourbon-Ven-
dôme, entouré du coUier de Tordre de S^nt-MiCtltel. BArdure de
fUet^.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars,n»20).
N» 210. — Le MÊME.
Signet ovale (27""* sur 19), apposé sur deux quittances données
au trésorier des guerres par Jehan des Cars, seigneur ée La Vau-
guyon, prince de Carency, chevalier de Tordre, conseiller du roi
en son privé conseil, capitaine de cinquante lances(8 novembre 1870,
29iuilleH877).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit écartelé de Pérusse et de Bourbon-Vendôme,
entouré du collier de Tordre de Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n" 30
et 8«).
N' 211. — Le même.
Signet ovale (22™"' sur 17), apposé sur une quittance donnée par
Jean des Cars, sieur de La Vauguyon, prince de Gareqcy, cheva-
lier de Tordre, conseiller du roi en son conseil d'Etat (4 décembre
1583).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson écartelé de Parusse et de Bourbon-Vendôme,
entouré du double collier des ordres de Saint-Michel et du Saint-
Esprit. Couronne de marquis. Bordure de filets.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n' 42).
N« 212. — PÉRUSSE DES GARS (Claude de) (2),
sieur de La Vauguyon.
(1) Il doit y avoir erreur dans le prénom, car les généalogies ne
donnent, pour la branche de La Vauguyon, qu*un seul François (celui qui
épousa habeau de Bourbon, princesse àeCareney), lequel mqurul en 1550.
— Le cachet ci-dessus nous paraît se rapporter comme les précédents, à
son fils Jean des Cars
(3) Fils de Jean de Férus&e des Cars, comte de La Vauguyop, prince de
Carency, et d'Anne de Clermonf, gentilhomme ordinaire de \^ chi^mbre;
mort le 6 mars 1586,
134 SOCliTft ARCHiOLOGlQUK IBT HISTORIQUE DU LIMOUSIK.
Signet ovale (22"»" sur 17), apposé sur une quitance donnée par
Claude des Cars, sieur de La Vauguyon, le jeune (1" octobre 1578).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson en forme de cartouche, au pal de vair, en-
touré du collier de Tordre. Couronne de marquis.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n"" 38).
N' 213. — PÉRUSSE DES GARS (1) (Jacques de) (2),
sieur de Merville.
Sceau ovale (23»" sur 20), plaqué sur une quittance du !•' avril
1567.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit au pal de vair. Bordure de grenetis.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n« 22).
N* 214. — Le même.
Sceau ovale (29"" sur 26), plaqué sur une quittance du 10 avril
1568.
Pas de légende.
Dessin.— Ecu droit au pal de vair. Un fleuron au-dessus del'écu.
Bordure d'or entre deux bordures de filets.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n"" 26).
N* 215. —Le même.
Signet ovale (28"" sur 18), plaqué sur une quittance du 18 sep-
tembre 1586.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale écartelé : aux 1 et 4, de Pérusse ; aux
2 et 3, à une croix cléchée et pommetée. Collier de Tordre de Saint-
Michel. Bordure de filets.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Escars, n* 44).
(1) Ce sceau et les suivants se rapportent à la branche de Bferville.
(9) Fils de Jacques de Pérusse, seigneur des Cars, et d'Anne Jourdaio
de risle, dame de Mervilte; geutilhomme ordinaire de la chambre du
grand-sénéchal de Guyenne, chevalier de Tordre ; marié : 1<» k Catherine
de Bérault, fille de Fronton de Bérault et d'Aone de la Borie; 2^ à Jeanne
d'Attbusson.
SIGILLOGKAPHIE DU DÉPARTI- MENT DE LA HAUTE-VIEKNE. 435
N* 216. — PÉRUSSE DES GARS (Charles-Fran-
çois de) (1\ marquis de Merville.
Cachet ovale (20"" sur 17), plaqué sur une lettre signée « le
marquis de Merville » et adressée à M. de Montvert, à GouUes (La
Roquebrou, 27 janvier 1697).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson écartelé : aux 1 et 4, de Bourbon-Vendôme
(d'azur, à 'trois fleurs de lys d'or, au bâton de gueules péri en
bande, chargé de trois lions léopardés d'argent) ; aux 2 et 3, parti
de Montai (2) (^d'azur, à trois coquilles d'argent, au chef d'or) et
de (de gueules, à la croix pommelée d'hermines); sur le tout,
Pérusse (les émaux ne sont pas indiqués sur le cachet). Couronne
de marquis. L'écu accosté de deux palmettes.
(Communiqué par M. l'abbé Poulbrièrej.
N« 217. - PÉRUSSE DES GARS (Joseph-Bona-
venture-Polyoarpe de) (3), marquis de Merville.
Cachet ovale (20"° sur 48), plaqué sur une lettre de M""' des
Cars à M. de Saint-Mûr, à Tulle (22 septembre 1783).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales, accolés :
celui de dexlre aux armes de Pérusse ; celui de sénestre de gueules,
à la fasce d'argent, qui est de Lastic. Couronne de marquis.
(Archives de M. Clément-Simon, au château de Bach, près
Tulle).
(1) Fils de Charles II des Cars, marquis de .Merville, et de Charlolte-
Françoise Braneau, dame de La Rabastelière ; marquis de Merville, b^ron
de Monlal et de La Roquebrou; marié le 7 mai 1696 à Françoise de La
Font-de-Jean, fille de Fabien de la Font-de-Jean, marquis de Sainl-Projel,
el de Françoise de Rilhac; mort le t^ janvier 1707.
(2) En mémoire de l'alliance d'autre François de Pérusse des Cars avec
Rose de Monlal (1595).
(3) Né le 18 octobre 1703; fils de Charles-François de Pérusse des Cars,
marqais de Merville, el de Françoise de La Font de-Jean; marquis do
Merville, de Monlal et de La Roquebrou, baron de Carbonnières et de
Saint-Jean 'de- Lespi nasse; marié, le 11 novembre 1723, à Elisabeth de
Lasitc, fille de François de Lastic, marquis de Sieujac, et de Marie de La
Hoche- Ay mou.
436 SOCIÉTÉ ARenÉOLOtiiQUS ET HISTORIQUE DU UMOUSIlf.
N« 218. — PIERRCBUFFIÈRE (1) (Pierre, sei-
gneur de) [i), damoiseau (xiii* ou xiv' siècle).
Scesu rood (45""). Matrice plate, munie d'un anneau.
Ugende, — f S : P : DNI : DE PETRA BVFERIA DOttlS-
SELLI.
fSigillum Pétri, domini de Petra-Buferia, domù-
selHJ.
Dessin. — Dans le champ, un écu ogival portant un lion ram-
pant (de sable, au lion d'or), au milieu d'un orle quadrilobé très
saillant.
(Comte DE SouLTRAiT, Notice sur les sceaux du cabinet de
M^ Feàvrcy de Mdcon, p. 77).
N° 219. — PIERREBUPFIÈRE (Jean, sire de) (3).
Sceau rond, afvpendu à une quittance de 870 1. 18 s. 9 d., mon-
tant de sa rançon, payée par le roi (18 mai 1355).
Ugende. - S lE... SIRE DE PIERRE BVHERE.
fSeel Jehan, sire de Pierre-BufièreJ,
Dessin. — Ecu à un lion, penché, timbré d'un heaume coaronné
et cime d'un vol, sur champ réticulé.
(Bibliolhëque nationale, mss. Clairambault, t. 85, ^ 6729).
Voir figure 41.
N"" 220. — Le même.
Sceau rond, appendu à une charte du 5 juin 1367 (4).
Légende ffj.
Dessin, — Un chevalier armé de toutes pièces, galopant à sénes-
tre, tenant un bouclier à un lion.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, f 389).
(1) Aujourd*hai chef-lieu decanlon, arrondissemeni de Limoges.
(2) Probablement Pierre 11, fils d'Audoin de Pierreburtière et d'Aoos,
marié en 1272 à Aigline de Gordon.
(3) Fils de Guy de PierrebufHère et de Guicharde de Lusignan; marié à
Gilienne de Monlmorillon.
(f) Dans celte charte, Jean de Pierrebuffière est qualifié de seigneur de
Châteauncuf (aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.)
SIGILLOGRAPHIE DU »ÉPARTElil£Nr •« LA HAUTE-VIBNNK. ^37
N» 221. — Le même.
Sceau rond (Sd»""), appendu à une qaittan<^e de huit arbalètes, à
deux pieds et de quatre à uq pied pour les forteresses du roi eu
Limousin (17 avril 1371).
Ugende. — PEREBVFIERE.
Dessin. — Ecu à un lion.
(BiMiolhèque nationale, mss. Clairambault, t. 85, P 6731).
Voir figure 42.
N*» 222. — Le même.
Sceau rond (28*^), appendu à une quittance à valoir sur 3,000
francs d'or donnés par le roi (21 juin 1372J.
Ugende, -S' lEHAN SIRE DE PL...BVFIERE
fSeel Jehan, sire de PierreèufièreJ.
Dessin. — Ecu à un lion, penché, timbré d'un heaume cime
d'un vol, sur champ réticulé.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 85, P 6734).
Voir figure 43.
N» 223 - PIERREBUFFIÈRE (Louis de) (1),
chevalier.
Sceau rond (22""), appendu à une quittance de gages (guerres
de Guyenne) (Montignac, 26 janvier 1408, n. st.).
Légende. - S LOUYS DE PIEREBUFIERE.
; Scel Louis de PierrebuflèreJ.
Dessin. — Ecu à un lion, suspendu au cou d'un aigle.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 85, f° 6731).
Voir figure 44.
N* 224. — PONTVILLE (Jean de) (2), vioomte de
Hochechouart (3).
(i) Fils de Jean de Pierrebut6ère et de Galienne de Monlmorillon ;
marié à Arcende de Mirabei, fille d* Hugues de Mirabel et d'Alix de Haie-
mort.
(S) Conseiller et chambellan du roi, sénéchal de Saintouge le 4 lévrier
1481, capitaine du château de Sainl-Jean-d*Ange(y ; marié, par contrat du
21 août 1740, à Anne, vicomtesse de Rochecbouart, fille do Foucaud, vi-
comte de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Charenie, et d'Isabelle de
Surgères; subsliuié aux nom et armes de Rochechouart.
(3) Aujourd'hui chef-lieu de l'arrondissement de Rochechouart.
138 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIR.
Sceau rond (36""), appendu à un récépissé déliTré par Jean
vicomte de Rochechouart et de Bruylais, seigneur de Tonnay-
Gharente, de lettres royaux autorisant Héliot Richard à acheter
cent tonneaux de froment avec exemption de droit (Amboise,
2S août 1489).
Légende fruste.
Dessin, — Ecu fascé enté (d^argent et de gueules) de six pièces,
qui est de Rochechouart, penché, timbré d*un heaume cime de ....,
supporté par deux sauvages.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, 1. 192, f- 7485).
N» 225— PONTVIL.LE-ROGHEGH0UART (Claude
de} (1), vicomte de Rochechouart.
Sceau rond (28"'°'), appendu à une quittance de gages donnée
par Claude de Rochechouart, enseigne de quarante lances (28 octo-
bre 1153).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, à une bordure.
(Bibliothèque nationale, mss, Glairambault, t. 192, f 7503).
N* 226. - PONTVILLE- ROCHECHOUART (N.
de) (2).
Gachet ovale (20"" sur 18), plaqué sur une lettre du sieur Gou-
neau, receveur du vicomte de Rochechouart, au sujet de Thom-
mage de la terre de Gognac appartenant à M. de Nexon (Roche-
chouart, 5 juillet 1777).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux mômes armes.
Gouronne ducale.
(1) Fils de François de Ponlvilie-Rochechouart, vicomte de Rochechouart
et de Jacquetie de La Rochefoucauld; mari6 à Blanche de Tournon, fille de
Just, seigneur de Tournon, et de Jeanne de Rissac.
(î) Probablement Louis-Françoîs-Marie-Honorine de Rochechouart,
vicomte de Rochechouart-Poniville, (ils de François {alias Bertrand) de
Rochechouart, vicomte do Rochechouart-Pontville, et de Xainte-Hélène
Gesiin; marié le 93 juin 1 757 à Marie-Victoire Boucher, fille de Jean-
Baptiste-Jacques Boucher et de Marguerite- Menriette de La Roche.
WCILtOOKAPBIK DO I»*P*«TIIIE«T DK t» HAUTErV.KNSE. «39
(Archives de M. le baron de Nexon. - Communiqué par
M. Ghampeval).
N« 227. - RATIER (Abon). seigneur de Montro-
cher (1).
Sceau rond (33~), appendu à une donation à l'abbaye de Grand-
mont (1232).
D^^-Un droit échiqueté. au chef chargé d'un lambel de
'^"(îrapîèrinrnote et un dessin du recueil Gaignières. Bibliothè-
que naUonale, mss. Fonds latin, 1. 17188, P 389).
N* 228. — Le hêhe.
Sceau carré (?) (39-»), appendu à une charte de mars 1234.
Ugende. — SIGILLVM. RAT
fSigilhm Raterii J- , ^,,
Demn. - Ecu droit échiqueté, au chef chargé d'un lambel de
cinq pendants.
CONTRE-SCEAC.
Carré (?), de 39»-.
Légende ffj. , , ,
Detsin. - Un chevalier armé de toutes pièces, galopant a
séDBstrc*
(D'après une note et un dessin du recueil Gaignières. Biblio-
thèque naUonale, mss. Fonds latin, 1. 17118, P 364).
N» 229. - RATIER DE MONTROCHER(N.).
Sceau rond (18»-), appendu à une quittance donnée par
Ratier (2) de Monlrocher pour lui et douze écuyers de sa Compa-
ct) Aujourd'hui commune de MontroUScnard, canton de Mézières,
arrondissement de Bellac.
(9) Le prénom n'étant pas indiqué, on pourrait croire que Ralier éitit
on prénom, mais le contraire semble prouvé par les deux articles précé-
dents.
liO SOCIÉTÉ ARCHÉ0I.OSiQUS Wf W&T^ElQljE DU LI||OV$|M.
gnie sous te coAimandemeQi d' « Arno^) d'Odehao, (Audrcbem,,
maréchal de France, capitaine commandanl pour ledict sei^Beur
(le roi) es païs de Poitou, Xaintonge, Limosin, Angoumois el Pregort »>
(SainUJuoieo-du-Vigier, 9 février 13S1).
Ugende. — ROCHIER.
f MontrochierJ,
Dessin. — Ecu à un lion, penché, timbré d'un heaume cime
d'une tête de[serpent ou d'oiseau.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Moûtrocher).
N^ 230. — ReATIER(N.), seigneur de WfontroQher et
de Nieul (1).
Fragment d'un sceau rond (27"»" environ), appendu à un acte
portant main-levée d'une saisie (21 janvier 1367, n. st.).
Légmde. — ... DE MO ...
f,.. de Montrocher...J
Dessin. — Ecu à un lion (?), à la bordure besantée.
(Archives départeroefttales de la H^ule-VienBe, Chapitre, Masse
8778).
Voir figure 45.
N"" 231. — REZÈS (2) (Guillaume de), chevalier.
Sceau rond (48""), appendu à une charte du 15 des.caleaées
d'avril (18 mars 1272).
Légende. -^ f S' W... DE : REZES : MIIJTIS :
fSigillum Willelmi de Rezès, miHtisJ.
Dessin. — Ecu droit à cinq pals, au chef chargé de trois anne-
lets (3).
(D'après une note et un dessin du recueil Gaigoières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17118, P 353).
(4) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
(3) Aujourd'hui Razès, commune de ce nom, canton de Dessines, drroo*
dissement de Bellac.
(â) Paie d'argent et de gueules de cinq pilles, au chef d*or. (Nadaud,
Nobiliaire, t. iV, p. <3).
SlGILLOOf^APHie 00 DÉPARTneNT DR LA H\UTR-VIENNe. IH
232. - RIQUETTI (Victor de) (1), marquis de Mi-
raheau.
Cadïèt ovale (25""* sor 20), apposé sur une lettre par laqtrelle
Viclor de Riquetti, marquis de Mirabeau, comte de Beaumemi,
grand'croix de Tordre de Vasa, donne pouvoir à M. Cousin, pro-
cureur ès-sièges royaux de Limoges, d'être présent au procès-
verbal d'estimation des augmentations et améliorations par lui
faites dans la terre de Chéronoac (2), ordonné par arrêt du Parie-
noient du 26 mars 4783, nommer expert, etc. (Paris, 1"' septem-
tembre 1783).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale, d'azur à la bande d'or accompagné en
chef d'une demi-Heur-de-lys de Florence, défaillante à droite, du
même et en pointe de trois roses d'argent posées en bande. Croix
de Malte et chapelet. Couronne de marquis. Au-dessus, une ban-
derole portant la devise : Dibu et Patrie.
(Etude de M* Paul Massénal, notaire à Brive).
Voir figure 46.
N^ 233 - ROCHECHOUART(3)(Aimery VlIIde) (4).
Fragrtieint de sceau rond (60™"' environ), appendu à une charte
de Hemerictis de Rupe Choardi, junior, qui promet à Alphonse,
(I) Fils de François-Anioine de Riquetti, marquis de Mirabeau, et de
Françoise de Castellane; capitaine dans lo ri^gimcnt de son porc, ctie-
valier de Saint-Louis, auteur de VAmL des hommes ; marié le H mars 1*743
à Marie-Geneviève de Vassan, fille de Charles marquis de Vassan et
d'Anne-Thérèse de Forrières, marquise de Sauvcboeuf, baronne de Pierre-
huffière; il devînt, du chef de sa femme, possesseur de la sei^curle
de l'ierrcbuffière, qui lui fut retirée par suite de la séparation de corps et
de biens intervenue entre sa femme et lui. L'acte sur lequel est apposé
le cachet ci-dessus se rapporte évidemment aux droits qu*il possédait ou
qu'il avait eus sur la terre de Chéronnac. Le marquis de Mirabeau figure
comme seigneur de Chéronnac dans la liste des seigneurs du Limousin
(drossée entre HTO et 1788), publiée dans le Bulletin de la Société de
Brive, t. IV, p. 531.
(S) Aujourd'hui commune de Chéronnac, canton cl arrondissement de
Rochechouart.
(3) Aujourd'hui chef-lieu de l'arrondissement de Rochechouart.
(4) Fils d'Aimery Vil de Rochechouart, vicomte de Rochechouart, et
d'Alix de Mortemart; marié à Marguerite de Limoges, fille de Guy V, vi-
comte de Limoges, et d'Ërmengarde ; marié le 25 août Ii45.
U% SOCIÉTÉ AaCHÉOLOGIQCI ET HISTOHIQUE DD LIMOUSIN*
comte de Poitiers, de lui rendre à grande et petite force le château
de Pérusse (actum in castris propè Pontes, août 1Î44).
Légende détruite.
Dessin. — Type de chasse. Cavalier à gauche, un oiseau sur le
poing.
RBYERS.
Plus rien d'utile de la légende.
Dessin. — Ecu d'un fascé onde (d'argent et de gueules) de six
pièces, brisé d'un lambel.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n® 3412).
N<* 234. — ROCHECHOUART (OuiUaume de) (1),
seigneur de Mortemart (2) (1275).
Sceau rond.
Ugende ffj.
Dessin, — Un chevalier armé de toutes pièces, galopant à dex-
tre, tenant un faucon sur sa main gauche.
CONTRE-SCEAU.
Légende (?).
Dessin, — Ecu droit aux armes, accompagné de deux petits
écussons à deux pals et à un chef.
(D'après une note et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17118, f 363).
N' 235. — ROCHECHOUART (Aimery, vicomte
de) (3).
Sceau rond, appendu à une donation à Tabbaye de Grandmont
(le samedi après la fête de Sainte-Marie-Madeleine (1282).
Légende (?).
(1) Fils d'Aimery VllI, vicomte de Rochechouart, seigneur de Morte-
mart et de Pérasse, et de Marguerite de Limoges ; marié 21 Marguerite (tes
généalogies nMndiquent pas le nom de famille).
(2) Aujourd'hui commune de Mortemart, canton de Nézières, arrondis-
sement de Bellac.
(3) Probablement Aimery X, vicomte de Rochechouart, fils d*Ai-
mery IX, vicomte de Rochechouart, et de Jeanne de Tonnay-Charenle ;
chevalier banneret ; marié à Jeanne de Vivonne, fille de Guy (on Guil-
laume) de Vivonne.
SIOILLOOHAPRIK DU DRPARTEMENF DE Lk HAUTB-VIBNNK. H3
Dessin, — Ecu droit à trois fasces ondées.
(D'après une noie et un croquis du recueil Gaignières. Biblio-
thèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17il8, f^ 362).
N* 236. — ROGHEGHOUART (Simon de) (1).
Sceau rond (24"*"), appendu à un ordre à maître Jean d'Arras,
son cher ami, de payer à Bertrand, fils du seigneur de Varèze, 100
sous parisis (Bruges, 13 février 1300).
Légende détruite.
Dessin. — Ecu fascé enté d'hermines et de... de six pièces.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, f 7463).
N» 237. — ROCHEGHOUART (Foucaud de) (2), évo-
que de Noyon.
Sceau ogival (60""), appendu à une charte relative aux affaires
de Flandre (à l'abbaye de Royal-Dieu, 3 août 1319).
Ugende. ~ ... FVLC... DEI GRACIA EPI. N
([Sigillum] Fulconis, Dei gracia episcopiNoviomensisJ.
Dessin, — Sur champ fretlé fleurdelysé, un évéque debout, vu
de face, crosse, mitre, bénissant et accosté de deux crosses. A ses
pieds, un écu aux armes.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n*» 6752).
N» 238. - ROCHEGHOUART (Aimery de) (3), sei-
gneur de Mortemart.
(1) Filsd'Aimery IX, vicomte dcRochechouarl,et de Jeanne de Toiiiiay-
Charente; prit à l'âge de onze ans l'habit des Frères-Prêcheurs; sa pro-
fession ayant été annulée, il obtint permission de se marier ; il fut sei-
gneur de Sainl-Laurcnl-siir-Gorrc, La Coussière, Brigueil, Saint-Cyr,
Compobac, Saint- Victurnien, Gorre, Champagnac, Oradour, etc.; cheva-
lier, connétable de La Rochelle en i303 ; marié à Lore de Chabanais, fille
d'Aimery et d'AdélaTde.
(2) Fils d'Aimery IX, vicomte de Rochechouart, et de Jeanne de Ton-
nay-Charente; doyen de Bourges en 129J, évoque de Noyon en ni8, ar-
chevêque de Bourges en 1330; mort le 7 août 1343.
(3) Fils de Foucaud de Rochechouart, seigneur de Mortemart, et
d*Alix de Honlrocher; chevalier, capitaine général de Languedoc, séné-
chal de Toulouse et d'Albigeois le 26 novembre i35f ; marié à Ayde de
Pierrcbuffière, fille de Jean de Pierrebuffière cl d'Anne de GhAteauneuf ;
mort le \6 février i363.
f44 SOCrftTÉ àVCBÉaLOGlQUE ET HlflTOIIt(^U« DO LtlfOtnM.
Sceau rond (â8""°), appendu ime quiUafioe de gages (liaiiges,
30 novembre 1349).
Légende, — S AYMERI DE ftO
{Scel Aymeri de RochechouartJ.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, chargé d'un chien cou-
rant en abîme, penché, timbré d'un heaume cime d'ene télé de
licorne, sopporté à dexire par un chien «et à sénestre par un lion,
un loup, deux cerfs, un griffon et un sangli^.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, l. 492, f^ 75t8j.
N* 239. — Le même.
Fragment d'un sceau rond appendu à une quittance donnée par
Aimeric de Rochechouart, seigneur de Mortémart, chevalier, con-
seiller du roi et capitaine souverain pour lui en Ltmosin et ville,
et châtellenies du ressort de Montmorillon et de Brive (i juin
1380).
Légende détruite.
Des9m. — Ecn fasoé, enté de six pièces, penché, timbré d'un
heaume, supporté parmi lion et un griffon.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
N"" 240. — Le même.
Sceau rond (33""), appendu à un acte conférant TofiSce de capi-
taine de Montauban à Arnaud de Caraman (Toulouse, 26 novembre
i882).
UgenOe, — S AYMERI D' ROCHECHOART.... DEMORTEMAR.
fScel Aymeri de Rochechouart, [sire ou seigneur] de
MortemarJ,
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, chargé d'un chien (1)
courant en abîme, penché, timbré d'un heaume ciraé d'une tête
de lieorne, sur champ à compartiment, chargé de fleurettes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 192, f* 7548).
(4) Une belette de sable, d'après Nadaud, Nobiliaire» t. IV, p. h%.
PL VIII.
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SIGILLOGRAPHIE DU DKPARTEilENT DK LA ÏÎAUTE-VILNNE. i45
N^ 241.— ROCHCGHOUART (Louis, vicomte de) (1).
Sceau rond (25""), appendu à une quittance délivrée au rece-
veur général des aides (Paris, 31 mars 1375, n. st.).
Ugende. — S' LOYS VICONTE DE ROCHECHOART.
fScel Loys, viconte de RochechoartJ.
Dessin. — Ecu en palette, fascé enté de six pièces, penché,
timbré d'un heaume couronné et cime d'une tête de licorne, sup-
porté par deux aigles.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, P" 7465.)
N<>242.— BOCHECHOUART (Jean de) (2), chevaUer.
Sceau rond (25»"), appendu à une quittance de gages (chevau-
chée de Bourbourg) (17 septembre 1383j.
Ugende. - .... N DE ROCHECH....
f... Jehan de RochechouartJ.
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, penché, timbré d'un
heaume couronné et cime de..., supporté par deux hommes d'ar-
mes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, f 7465).
N« 243. — ROGHEGHOUART (Aimery de) (3),
chevalier.
(<) Fils de Jean !«', vicomte de Rochechouarl, et de Jeanne de Sully,
vicomte de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Charcnte, Saint-Auvent,
Brion, Sully, Fontainc-de-Burle, Maupas, Mosay, Jars, etc.; chambellan du
roi, capitaine de Limousin, chevalier bannerel: marié P à Marie de Javer-
Ihac, dame dudit lieu; 2<* à Marie Vigier ou à Isabeau de Parlhenay, dame
d'Aspremont, fille de Guy Larchevéque, seigneur de Soubise, et de
Guyonne de Laval -Loue.
(î) Fils do Louis, vicomte de Rochechouart, et de Marie de Javerlhac;
vicomte de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Cbarenle, etc; chevalier
banneret, conseiller et chambellan du roi ; marié à Eléonore de Mathefe-
lon, fille de Thibaud, seigneur de Malhefclon, et de Béatrix de Dreux;
mort en 1438.
(3) Fils d'Aimery de Rochechouarl, seigneur de Mortcmart, et d'Ayde
de Pierrebuffière; sénéchal du Limousin en 1386; conseiller et cham-
bellan du roi, capitaine général de Poitou et de Sainlonge le 19 dé-
cembre <30i ; marié : <" à Jeanne d*Archiac ; 2*» en 1381, à Jeanne
d'Angle, dame de Montpipeau, veuve de Renaud Chenin, sire de Mause
Biort en février 1397.
10
t'iil SOCIÉTR ARCnéOLOG.QUE ET HlSTOniQUE DU LtllOOSlfr.
Sceau rond (33"*"), appendu à une quittance des gages de
Hugues Tison, chevalier (chevauchée de Bourbourg) (SS août
1383).
Légende, — ... MERI ....OCHECHOUA...
{Aytneri [de] RochechouartJ,
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, chargé d'un chien cou-
rant en abîme, suspendu à un arbre, portant un heaume couronné
et cime de..., accompagné à dexlre d'un chien, et à séneslre d un
cerf, d'un loup, d'un renard et d'un lion.
(Bibliothèque nationale, mss.. Clairambault, t. 106, f" 8281),
N"* 244. — Le même, sénéchal du Limousin.
Sceau rond (30"^"), appendu à une quittance des gages de Gale-
haut de Saint-Simon, chevalier (guerres de Guyenne) (au siège
devant Verteuil, 28 août 1385).
Légende, — .... AIM....
([Scel] Aimeri,,,.)
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, chargé d'un chien cou-
rant en abîme, supporté par un aigle et par un chien coiffé d'un
heaume couronné et cime de...
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambaull, 1. 103, f*» 8041)
N° 245. — Le même.
Sceau rond (22°"*), appendu à une quittance de gages (guerres
de Guyenne) (Tours, 2 juillet 1387).
Ugende. — ..YMERI DE ROCHECHOV
flScel] Aymeri de RochechouartJ.
Dessin. — Ecu fascé, enté de six pièces, chargé d'un chien
courant en abîme, penché, timbré d'un heaume, couronné et cime
d'une tête de..., supporté par deux aigles.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, f« 7471.
N*» 246. — ROCHECHOUART (Geoffroi de) (1), che-
valier.
{\) Fils de Jean II, vicomte de Rochcchouart, et d'Eléonore de Mathe-
félon; vicomlc de Rochcchouart, seigneur de Tonnay-Charcntc, etc.; che-
valier-bachelier, chevalier-banneret le 42 août 1443; marié le 84 janvier
440Oà Marguerite Chemin, fille de Renaud Chemin, seigneur de Mauzé,
et de Jeanne d*Angléj et veuve de Guillaume de Rochcchouart ; était veuf
en U36«
M61LL0GRAPI1IB DU DKPARTKMKNT DE LA HAUTE-VIENNE. t47
Sceau rond (28"»), appendu à une quittance de gages (guer-
res de Guyenne) (4 août 1403).
Légende. — ... DE ROCHECHOART.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, penché, timbré d'un
heaume à lambrequins, cime d'une tête de licorne.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambaull, t. 96, p. 7478).
N^ 247. — Lb même, vicomte de Rochechouart.
Sceau rond (38™») appendu à une quittance de gages pour ser.
irices de guerre contre les Anglais (La Rocheroucauld, 14 septembre
4418).
Légende,-^... FROY VICOTE DE ROCHECHOA...
f.,, Geoffroy, vicomte de RochechoartJ,
Dessin, — L'écu est détruit ; il ne reste plus que les supports :
deux hommes d'armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, P 7478j.
N» 248. — ROCHECHOUART (Jean de) (1), seigneur
de Mortemart.
Sceau rond (30""), appendu à une quittance de gages de
Toffice de capitaine (36 septembre 1418).
Légende détruite.
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, penché, timbré d*un
heaume couronné et cime d'une tôte de licorne, supporté par
deux griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 96, f** 7475).
N« 249. — Le même.
Sceau rond (36"™), appendu à une quittance d'une somme à lui
(1) Fils d'Aimery II de Rochcchouarl, seigneur de Mortemart, et de
Jeanne d'Angle, dame de Montpipeau, veuve de Renaud Cihenin, seigneur
de Haute; seigneur de Mortemart, Vivonnc, Sainl-Gcrmain, Cercigné,
Vouillé, etc.; chambellan du roi et du dauphin, lieutenant- général du roi,
capitaine et gardien du chftlcau du Dorât, chcvalier-banneret en 1419;
marié : \^ à Jeanne Turpin, fille de Lancelot Turpin, seigneur de Vihcrs
et de Crissé, et de Denis de Montmorency ; î*» à Jeanne de Torsay, fille de
Jean, seigneur de Torsay et de Marie d'Argenlon, et veuve d'André de
Beaumont, seigneur de Bressuire; mort avant 1449.
H8 SOCIÉTÉ ARCiiéDLOiîIQUe Kr lilSTORlQliB ou LI]tOUSl5l.
donnée par les trois Etais de Siintonge (20 mars 1426, n. st.).
Ugende. — ... SIRE DE MORTEMAR.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, penché, timbré d'un
heaume couronné et cime d'une télé de licorne, supporté par deux
griffons.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, 1. 193, f 7361).
N» 250. - ROCHEGHOUART (Gui de) (1).
Signet octogone (14""*), apposé sur une quittance donnée par
Gui de Rochechouart, prieur séculier de Saint-Gilles de Surgères,
d'une rente sur les aumônes du grand fief d'Aunis (20 décembre
1424).
Ugende. — G. DE ROCHECHOUART.
(Guy de Rochechouart J.
Dessin, — Ecu fascé de six pièces, à un lambel.
(Bibliothèque nationale, mss. Glairambault, 1. 193, P 7557).
N"» 251. — ROCHECHOUART (Poucaud de) (2J,
grand-prieur de France.
Sceau rond (18""*), appendu à une approbation de bail (1444).
Ugende. — FRERE FOUCAULT DE ROCHECHOART.
Dessin. — Ecu aux armes.
(Archives nationales. Inventaire des Sceaux, n* 9901).
N^ 252. — ROCHECHOUART (Charles de) (3).
Sceau rond (34""), appendu à une quittance donnée par Char-
les de Rochechouart, chevalier, baron de Montpipeau, bailli de
Rouen, de ses gages de commissaire à l'assemblée des trois Etals
de Normandie (6 mars 1508, n. st.).
Légende, - CHARLES ...OCHECHOUART.
(Charles [de] Rochechouart J,
(I) Fils d*Aimcry 11 de Rochechouart, seigneur de Mortcmarl, et de
Jeanne d*Angle, dame de Montpipeau ; archidiacre d'Aunis, évéqae de
Sainics le \'* mai 14i6 ; démissionnaire en 4460; vivait encore en 1466.
(!) Fils de Louis, vicomte de Rochechouart, et de Marie Vigier; sei-
gneur de Brion ; grand-prieur de France en H36.
(3) Fils de Jean II de Rochechouart, seigneur do Rochechouart, Monlpi-
pjau, Vivonne, etc., et de Marguerite d'Ambart; mort sans alliance.
SIGILLOGRAPHIE OU DÉPARTKUENT DE LA UAi:T(!:-VlENNE. Md
Dessin. — Ecu portant quatre fasces ondées accompagnées d'un
chien courant en abîme.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 193, f*» 7871).
N*253. — ROGHEGHOU ART (Antoine de) (1).
Sceau rond (26"*), apposé sur des quittances données : 1* par
Antoine de Rocbechouarl, chevalier, seigneur de Saint-Amand et
Faudoas, chambellan ordinaire du roi, sénéchal de Toulouse et
Albigeois et capitaine du château de Puycelcy (45 juillet 1820);
2*» par le même pour ses gages (21 juin 1538) ; 3** par le même,
chevalier, baron de Saint-Amand et Faudoas, conseiller et cham-
bellan ordinaire du roi, lieutenant-capitaine des capitaineries de
Montelle et Bazet (... juin 1541).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit aux armes, dans une rosace. Fleuron
au-dessus de Fécu. Bordure de grènetis.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n*» 39 et 61). — La Vlxg^E'Bxrms (Sceaux gascons du moyen-âge ^
!!• partie, p. 484).
Voir figure 47.
N- 254. — Le MÊME (1524).
Sceau rond (25""), apposé sur une quittance donnée par An-
toine de Rochechouart, baron de Faudoas (4 juillet 1524).
Pas de légende.
Dessin. —Ecu droit aux armes, sans rosace. Fleuron au-dessus
de reçu.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n»45).
(1) Fils de François de Rochechouart, seigneur de Champdcniers, Ja-
varzay, etc., et de Blanche d^Aumont; sénéchal de Toulouse cl d'Albigeois,
gouverneur de Lomagne et de Rivière-Verdun, capitaine de cinquante
hommes d'armes, chambellan du roi, chevalier de Tordre de Saint-Michel,
lieutenant-général au gouvernement de Languedoc en 1536; marié, par
contrat du 25 octobre 1547, àCalherine de Faudoas de Barbazan, fille de
Béraud de Faudoas de Barbazan, baron de Faudoas, et de Jeanne de Car-
daillac; mort avant le 16 août 1560,
150 SOCIÉTÉ ARCaéOLOGIQUE ET HISTORIQUR DU hlSIOUSlIf.
N* 255. — Le même.
Signet rond (18""), apposé sur une quittance de gages de Tofflce
de capitaine (!•' juillet 1534).
Pas de légende.
Dessin, — Ecufascé enté de six pièces,
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 192, f 7513),
N« 256. - ROCHEGHOUART (François de) (1),
Sceau rond (Si"»"*), apposé sur une quittance donnée par Fran-
çois de Rochechouart, chevalier, seigneur de Champdeniers, con-
seiller et chambellan du roi, de 1,000 livres prêtées au roi (6 mai
1519).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu droit aux armes,
(Bibliothèque nationale, mss. ClairambauK, t. 193, f 7493).
N*257. —Le MÊME.
Signet rond (18°»"), apposé sur une quittance donnée par Fran-
çois de Rochechouart, chevalier, seigneur de Champdeniers et
Javarzay, gouverneur des villes, gouvernement et capitainerie de
La Rochelle (1«' mars 1524).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu droit aux armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n«48).
(1) Fils (le François de Rochechonarl, seigneur de Jars, etc., et d'Anne
de Chaunay; premier chambellan du duc d'Orléans le H octobre 1405,
grand-maltre des eaux et forêts du duché de Valois vers 1496, maître
des eaux et forêts de Languedoc le 6 août 1502, sénéchal de Toulouse le
3 octobre 450i; gouverneur cl lieutenant-général du comté d'Asl et duché
de Gênes en octobre 1508, puis de La Rochelle et du pays d'Aunis le
f9 mars 1514; ambassadeur à Venise en 15U; marié, par contrat du
8 mai U77, à Blanche d'Aumont, fils de Jacques seigneur d'Aumonl .et
de Catherine d'Eslrabonne; mort le 4 décembre IS3Q.
SIQILLOGRAPRIB DU DEPARTEMENT DE LA n/.UTB-YlENKK, 451
No 258. — ROCHECHOUART (Jean-Georges de) (i),
seigneur de Rochechouart.
Signet rond (17°^"*), apposé sur des quittances de gages (26 mai
1847, 20 juillet 1582).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu à trois fasces ondées.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 192, f» 7827). —
La Plagne-Barris, Sceaux gascons du moyen-dgcy IP partie, p. 488.
Voir figure 4B.
N« 259. — Le même.
Signet rond (16""), apposé sur une quittance de gages (1" no-
vembre 1551).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu fascé enté de six pièces, à une bordure.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 192, f» 7831).
N» 260. — ROCHECHOUART (René de) (2).
Sceau rond (18""), apposé sur une quittance donnée par René
de Rochechouart, sieur de Champdeniers, l'aîné (7 juillet 1849).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu droit aux armes.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n« 66).
N*» 261. — ROCHECHOUART (Jacques de) (3).
(1) Fils (l*Antoine de Rochechouart, seigneur de Champdeniers, et de
Blanche d'Aumont; seigneur de Rochechouart et de Plieux ; guidon de
quarante lances sous les ordres du comte de Laval, puis lieutenant d'une
compagnie sous les ordres de M. de Jarnac; marié à Louise de Mon(pezat,
fille de N. de Montpezat, seigneur de Loignac, et de Louise de Monllczun-
Campagne.
(3) Fils de Christophe de Rochecliouart, seigneur de Champdeniers,
Javarzay, etc., et de Suzanne de Blezy; baron de Couches et de Hroignon;
guidon des gendarmes de la compagnie du baron de Faudoas; mort en
janvier 1552.
(3) Fils de Jean-Georges de Rochechouart, seigneur de Plieux, et de
Louise de Monllezun-Campagne ; baron de Faudoas, seigneur de Barbazan,
152 soc|ÉrÉ ABCoéoLooiQue et histobique du limousin.
FragmeDt d*ua sceau apposé sur une quittance donnée par Jac-
ques de Rochechouart, porteur de guidon de la compagnie de
M. de Chaulnes (15 février 1557).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu droit aux armes, sur un cartouche.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n«68).
N» 262. — ROCHEGHOUART (Charles de)(l).
Signet rond (16"°), plaqué sur une quittance de gages (30 avril
1550).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit écart elé : aux 1 et 4, de Rochechouart; aux
2 et 3, aune croix.
(La Plàgne-Barris, Sceaux gascons du moyen-âge^ II* partie,
p. 485).
Voir figurt 49.
N» 263. — Le Même.
Signet rond (19™°), apposé sur une quittance de gages donnée
par Charles de Rochechouart, seigneur de Saint- Arnaud, lieutenant
de quarante lances (4 juin 1558).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu écartelé : aux 1 et 4, fascé enté de six pièces ;
aux 2 et 3, à une croix. L'écu embrassé de palmeltes (2).
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, t. 192, f» 7527).
N« 264. — ROCHECHOUART (François de) (3).
Monlégut, Ole; marié, par conlral du 20 août 456i, à Marie d*Isalguier,
fiUc de Bcrlrand d'Isalguier, baron de Clermont, et de Jeanne de Saint-
Ktienne, et veuve de Sébastien de Béon.
- (t) Fils d*Anloine de Rochechouart et de Catherine de Faudoas; lieute-
nant de la compagnie de quarante lances du vicomte de Sancerre.
(2) Ce sceau nous paraît ôire une empreinte plus complète du numéro
précédent
(3) Fils de Guillaume de Rochechouart, seigneur de Jars, et de Louise
d'Autry; guidon, puis lieutenant de la compagnie d'ordonnance du comte
deCihaulnes, maître d*hôtel du roi en i568, chevalier de Tordre de Saint-
Michel en 1569; marié : \^ le il mars 1565, à Antoinette de Pisseleu, fîllc
SIGiLLOCnAPHIB DU OÉPARTEHENT DE LA HAUTE-VIENNF.. 453
Signet rond (20""), apposé sur une quittance de gages (28 juin
1558).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, à une bordure.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 192, f« 7537).
N« 265. — Le même.
Sceau rond (19""), apposé sur des quittances données : 1*^ par
François de Rocliechouart, guidon de la compagnie de trenlc
lances du comte de Chaulnes (8 novembre 1566; ; 2* par le même,
enseigne de trente lances sous le même commandement.
Pas de légende.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n« 84, et Clairambault, t. 192, P 7541).
N' 266. — Le même (xvi» siècle).
Matrice en cuivre, sceau rond (38"").
Ugende. — FRANÇOIS DE ROCHECHOVART, S' DE lARS.
{François de Rochechouart^ seigneur de Jars),
Dessin, — Ecasson aux armes, entouré du collier de l'ordre de
Saint-Michel.
(Brouillet, Notice des tableaux, dessins, gravures, statues, objets
d'art anciens et modernes composant les collections de la ville de
Poitiers, p. 700, n^6957).
N« 267. — ROCHECHOUART CRené de) (1), sieur
de Mortemart.
Sceau ovale (25"" sur 18), appendu à une quittance donnée par
d'Anloine de Pîsseleu et d*Antoinelte d'Yaucourl; 2<» le <3 septembre
1568, à Anne de Bônille, fille deGaléasde Bérulle et de Louise de Neafvis.
et veuve d*Edme de Brie, baron de Monlpoupon ; mort en novembre* «676.
(1) Né le 27 décembre 1528; fils de François de Rochechouart, baron de
Mortemart, elde René Taveau; capitaine de cinquante lances, conseiller au
conseil privé^, chevalier de Tordre de Saint-Michel, puis, en 1580, de Tor-
dre du Saint-Esprit; marié, par contrat du 1*^' janvier 1570, à Jeanne de
Saulx-Tavannes, fille de Gaspard de Saulx, soigneur de Tavannes, maré-
chal de France, et de Françoise de La Baumc-lfontrevel ; mort le
15 avril 1587.
154 SOClèTÉ ARCn&OLOaiQUE ET Ul&TOBlQUS DU UUOt SUE.
René de Rochechouart, sieur de Mortemart et de Lussac, cbevalier
de l'ordre, capitaine de cinquante lances (Paris, 3 juillet 1868;
19 janvier i569j.
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson aux armes, entouré du collier de Tordre de
Saint-Michel. Les ondes sont indiquées par un filet très étroit.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n« 85)-
N' 268. — Le même.
Sceau ovale (29"'' sur 22), apposé sur une quittance du 28 dé-
cembre 1670.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit aux armes, entouré du collier de Tordre de
Saint-Michel. Bordure d'oves. Variante du numéro précédent.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n° 90).
N° 269. — Le même.
Sceau ovale (29""* envipon sur 21), apposé sur deux quittances,
du 28 décembre 157ft et du 29 novembre 1577.
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit aux armes, entouré du collier de Tordre.
Les ondes sont larges. Bordure d'oves.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n^* 90 et 94).
N^ 270. - Le même.
Sceau ovale (25"°»), appendu à une quitlanoe de gages pour
TofTice de capitaine de Poitiers (8 juin 1574).
Pas de légende.
Dessin, — Ecu fascé enté de six pièces, chargé d'un chien cou-
rant en abîme, entouré du collier de Tordre de Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Clairambault, 1. 193, f° 7579).
N*^ 271. — Le même.
Sceau ovale (22"»"* sur 19), apposé sur une quittance du 14 octo-
bre 1575.
SIGILLOGRAPHIE DU DÂPARTfiHBNT DK LA BAUTC-YIBNNK. 15$
Pas de légende.
Dessin. — Ecu droit aux armes, entouré du collier de l'ordre,
d'un dessin plus serré.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n* 93).
N« 272. — nOCHECHOUART (Aimery de) (1), évo-
que de Sisterou.
Signet rond (19'»*), plaqué sur une lettre au duc de Guise
(Paris, 19 mai 1553;.
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson en forme de cartouche, aux armes. Orne-
ments dans le champ.
(Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, 1. 17029).
N« 273. — ROGHEGHOUART (Pierre de) (2), sieur
de Mortemart.
Sceau ovale (29'"°* sur 22), apposé sur une quittance donnée par
Pierre de Rochechouart, sieur de Mortemart, chevalier de Tordre,
capitaine d'une compagnie de trente lances (28 octobre 1574).
Pas de légende.
Dessin, -— Ecu droit aux armes, entouré du collier de Tordre de
Saint-Michel.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n^ 92).
N^ 274. — ROGHEGHOUART (Suzanne de) (3),
épouse de Pierre Ghaludet.
Très petit cachet, apposé sur une lettre signée « Chaludet » et
adressée à M. Rozier, procureur au Parlement (16 mai 1653).
(!) Fils d* Aimery II I de Rochechouart, seigneur de Mortemart, et de
Jeanne de Pont/iUe; abbé de Sainl-Savin en 15i7, évoque de Slstcron en
1536; mort en f580.
(i) Probablement le môme que Pierre de Rochechouarl, fils de Jean I"
de Rochechouart, seigneur de Mortemart, et de Jeanne Turpin.
(3) Née le 22 juin 1630; fille de Louis de Rochechouart, seigneur de
La Brosse, et de Louise Lamy; mariée i^ le 26 juin 1650, à Pierre Chalu-
det, sieur de LifFermeau, maître d'hôtel du roi, général des finances à
Orléans; 2o à Gilles de La Grange, seigneur de La Brelèche, Bis de
jean-Jacqaes de Lagran^e, vicomte de Soulangis, et de Catherine Ëstreliq-
150 SOCIÉTÉ ARCUKOLOGIQUR KT UISTOKIQUE OU LIMOUSIN.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson parti : au I, de Ghaludet (d*or, au lion de
gueules rampant vers une nuée d'azur chargée d'une étoile d'or,
an franc-canton d'azur chargé d'une fleur-de-lys d'or); au 2, de
Rochechouart. Couronne de comte. L'écusson accosté de pal-
mettes.
' (Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n» 100).
Observations, — On voit que ce cachet était celui de Pierre Gha-
ludet, époux de Suzanne de Rochechouart; nous avons cru devoir
néanmoins le mentionner, à cause de la partition de Rochechouart.
N« 275. - ROCHEGHOUART-MORTEMART (Ma-
rie-Madelaine-Gabrielle de) (i), abbesse de Fon-
te vrault.
Sceau rond (50°"), plaqué sur un certificat délivré par Marie-
Madelaine-Gabrielle de Rochechouarl-Mortemart, « abbesse-chef et
générale de l'abbaye et ordre de Fontevraud », le dit certificat rela-
tif au dépôt d'une somme de 35 livres entre les mains du receveur
des domaines de la ville de Poitiers (Fontevraud, 8 juin 1679).
Légende. — MARIE-MADELAINE-GABRIELLE DE ROIGHE-
GHOVART] DV MONASTERE ET DE
L'ORDRE DE FONTEVRAVT.
Dessin. — Ecu droit aux armes, accosté de deux palmes. Gou-
ronne ducale surmontée d'une crosse.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Rochechouart,
n« 209).
N« 276. — ROCHECHOUART (Eléonore de) (2)
Entre 1682 et-1690.
Matrice en cuivre, munie au revers d'une douille, dans laquelle
le manche était engagé. Sceau ovale (38"").
(t) Née vers ^645; fille de Gabriel de Rochechouarl, duc de Morlcmarl,
et de Diane de Grandsaignc; abbesse de Fonlevrault en 1670; morte le
45 août 4704.
(i) Fille de François de Rochechouart, marquis de Bonnivel, et d'Eléo-
nore de Faudoas; mariée à Jacques de Mcsgrigny, clievalicr, président au
Parlement de Normandie.
SIGIIX06RAPHIB DU otr\RTP.MSMT DB LA HAUTS-VIEN.^B. 15^
Ugende. - ELEON. DE ROCHECHOVART MARQ. DE BON-
NIVET COMT. DE BELIN VIVONNE ET GER-
SIGNY VID. DE MEAVX ETG.
(Eléonore de Rochechouarty marquise de Bonnivet^
comtesse de Belin, Vivonne et Cersigny, vidame
de MeauXy etcj.
Dessin. — Ecusson aux armes de Rochechouart, timbré d'une
couronne de marquis et entouré d'une cordelière de veuve. La
légende en petites capitales se déroule en deux lignes concentri-
ques le long d'une bordure fleuronnée autour de Técu.
(Barbier, Inventaire des sceaux matrices du Musée de la Société
des antiquaires de l'Ouest, dans les Mémoires de la Société, t. III de
la !!• série, année 1880, p. 437, et planche HI, fig. 15).
Voir figure 50.
N* 277. — ROCHECHOUART (GabrieUe de Marolt
de Brion, veuve de Jean-Jacques de).
Gachet octogone (18"°), plaqué sur un dénombrement (Lahille
en Languedoc, 27 février 1730).
Pas de légende.
Dessin. — Gartouche écartelé : aux 1 et 4, conlre-vairé ; aux
2 et 3, à une croix; sur le tout, un écusson à trois fleurs-de-lys.
(Archives départementales des Basses-Pyrénées. — P. Raymond,
n'»449).
N° 278. — ROCHECHOUART (Pierre-Jules-Oésar
de) (1), évêque d'Evreux,
Sceau ovale (24""), apposé à la présentation à la cure de Nolre-
Dame-de-Bon-Secours (juin 1740).
Pas de légende.
Dessin. — Ecu aux armes, timbré d'une couronne entre une
mitre et une crosse, surmonté d'un chapeau épiscopal, dans un
cartouche.
(Archives départementales de la Seine-Inférieure. — Demay, In-
ventaire des sceaux de la Normandie, n° 2220).
(I) Fils de Louis de Rochechouart, seigneur de Monligny, et d*Elisabelh
de Cugnac de Jouy; prieur de Saint-Lô en 47ii; abbé de Saint-Nicolas
de Verneuil, de Pacy, de Bellccombe et de Saini-Pierrc-de-Conches;
évoque d'Evreux en 1733; transféré à Bayeux efl 1763; démissionnaire
en 4776; mort le 91 décembre 1781,
158 ftOCléTÉ AKCnÉGLOCItlVF' *T HiSTORIQCB 00 LIMOUSm.
N* 279. — Le même, évêque de Bayeux.
Sceau ovale (40"" sur 25), apposé à des lettres de diaconat (21
septembre 1754).
Légende, — PET. IUL. CJES. DE ROCHECHOUART. EPÛS.
BAIOCENSIS.
fPeîruS'Julius-Cœsar de Rochechauart, episcopm
BaiocensisJ,
Dessin, — Ecu aux armes, dans un cartouche timbré d'une cou-
ronne ducale, accompagnée d'une mitre et d'une crosse, surmonté
du chapeau épiscopal.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n^ 6504. — Paclbk
Farcy, Sigillographie de la Normandie [évéché de Bayetix), p. 242
et planche. — Demay, Inventaire des sceaux de la Normandie,
n» 2194).
N*» 280. — Le même (entre 1753 et 1776).
Sceau ovale (50""" sur 45).
Môme type que le précédent.
(Paul de Farcy, Sigillographie de la Normandie f évéché de
Bayeux) y p. 242).
N*» 281. — ROCHECHOUART (Jean -François-
Joseph de) (1), évêque de Laon.
Sceau ogival (35"*), apposé à des lettres de prêtrise (23 septem-
bre 175ft).
Légende. — lOHAN. FRANC lOSEPH US ROCHECHOUART
EPIS. DUX LAVDVNENSIS PAR FRANaiE
fJohannes-Franciscus- Joseph de Rochechouarf ,
episcopus dux Laudunensis^ par FranciœJ.
Dessin. — Kcu aux armes, timbré d'une couronne, surmonté
d'un chapeau et posé sur un manteau d'hermines.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n° 6648).
{\ ) Fils de Charles de Rochechouarl-Faudoas, comte de Clermont, et
de Françoise de Montesquieu; prieur de Saint-Etienne de Caslillon, «bbé
de Châlcaudun le 15 août 1731 ; 6véquc-d oc-pair de Laon; sacré le 13 oc-
tobre 1741 ; abbé de Saint^Remy de Reims en 1745: grand aumônier de
la reine en 1757; ambassadeur à Rome en 1757; cardinal en 1761 ; prélat
commandeur du Saint-Esprit le 30 mai 1762; mort le *0 novembre 1779.
SIGILLOGRAPDIB DO DèPARTEMBWT BR LA HAUTE-VIENNE. 159
N« 282. — ROFFIGNAG (Jean de) (1), sire de
Richemont (2).
Sceau rond (42™™), appendu à une charte relative à Thospice
d'Allassac (11 août 1418). _
Ugende.-- .... DE. ROFIGNAC. SIRE. DE. RIGHEMOT.
f,,. de RofignaCy sire de Richemont).
Dessin, — Ecu à un lion (d*or, au lion de gueules), au lambel de
trois pendants mouvants du chef; penché, timbré d'un heaume
cime d'un lévrier portant un collier. Supports, deux anges.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Roffignac).
Voir figure 51.
N*» 283. — ROGIER (Barbe de Maledent de I^ey-
tiac, épouse de Jean-Martial) ^ écuyer, sieur de
Nexon (3).
Cachet ovale (19°^™ sur 17), plaqué sur une lettre à M"* de Nexon
(Limoges, 7 mars 1777).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons ovales accolés : celui
de dexlre, d'or (4), à la bande d'azur accompagnée de six roses de
gueules rangées en orle (5) ; celui de sénestre, aux armes de Male-
dent. Couronne de marquis.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N' 284. — ROGIER DE LAGE (N.).
Cachet ovale (20"" sur 18), plaqué sur une lettre datée de Limo-
ges, 9 novembre 1785.
(I) Fils de Regnaud de Uoffignac, seigneur de Sainl-Germain et àù
Meauce, et de Catherine de Monieruc; marié le 18 avril 4396 à Louise de
Montcrac, fille d'Blienne de Monteruc, chevalier, et de Marguerite de
Meauce.
(S) Aujoard*hui commune de Blond, canton et arrondissement de
Bellac.
(3) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
(4) V Armoriai général (Limousin^ fîg. 9) indique à tort le champ d'ar-
gent.
(5) Ces armes sont identiques àcellesdcs Rogier ou Roger de Bcaufort.
f(k) SOCIÉTÉ ARChAOLOGlOUR kT BlSTORlOOB DU LlïlOUSIJf.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes. Couronne de marquis. Sup-
ports, deux lions.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N^ 285. — ROYÊRE (1) (Elle de), de Saint-Yrieix.
Sceau rond (23""), cire verte, appendu à un acte de vente
(Saint-Yrieix, le dimanche avant Sainte-Marguerite (16 juillet] 1307).
Ugende. — f S ELIE D' ROIEIRA.
fSigillum Elie de RoieiraJ.
•Dessin, — Dans un double cercle, un écu droit chargé de trois
demi-vols, 2 et 1 (d'azur, à trois demi-vols d*or), sommé d'une
fleur-de-lys.
(Archives départementales des Basse&Pvrénées. — P. Rayvo>d,
n»564).
N« 286. — ROYÊRE (2) (Jean-Marie de) (3).
Cachet ovale (20"'" sur 18j, plaqué sur unr une lettre signée
« Fénelon de Peyraux » et adressée à M. Melon du Pesaret, à Tulle
(Lons, 16 juin 1727).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale fascé de vair et do
gueules (4), Couronne de marquis.
(Archives de M. de Vaublanc, au château de Lieuteret. — Com-
muniqué par M. Champeval).
N* 287. — ROYÊRE (Jean-Marc de), évoque de
Castres.
(1) Et non La Roherie, comme Tindiquclc catalogue de U. P. Raymond.
— Royère, aujourd'hui commune de La Roçhc-rAbcille, canton de Nexon,
arrondissement de Limoges.
(S) Aujourd'hui commune de Royère, canton de Saint-Léonard, arron-
disscmcnl de Limoges.
(3) Fils d'Annet de Royère, comte de Peyraux en PérlgoH. et de
Catherine de Brachet; marié le t juillet 4731 à Catherine-Elisabetb de
Saliernac de La Mothe-Fénelon, fille de François de Salignac, comle de
La Molhe-Fénelon, et d'Elisabeth de Beaupoil de Saint-Aulairc.
(4) Le véritable blason est : de gueules, à trois fasccs de vair, •
SIGILLOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTES-VIENNE. 461
Sceau ovale (33"""*), apposé à un état des revenus des religieu-
ses bénédictines de La Salvétat, diocèse de Castres (9 décembre
1781).
. Pas de légende.
Dessin, — Ecu de gueules, à trois fasces de vair, timbré d'une
couronne et surmonté du chapeau épiscopal.
(Archives nationales. Inventaire des sceaux, n*» 6652).
N« 288. — ROYÊRE (N.) (vicomte de).
Cachet ovale (23"" sur 12j, plaqué sur une leltre datée de 1784.
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale aux armes, sur un cartouche orné de
guirlandes. Couronne de marquis.
(Communiqué par M. Alexandre de Bosredon).
No 289. — Le même.
Cachet ovale (23'"" sur 12), plaqué sur une leltre du 17 octobre
1784.
Pas de légende.
Dessin. — Deux écussons accolés : celui de dexlre aux armes de
Royère; celui de sénestre d'azur, à trois besants d'argent, qui est
de Marquessac. Couronne de marquis.
(Communiqué par M. Alexandre de Bosredon).
N*» 290. — SANSON (Jean), sieur du Masbayer.
Voir ci-après, série VI (Offices), article Sanson.
N'» 291. — SANSON (Siméon) (1), écuyer.
Cachet octogonal (18'""'), plaqué sur une lettre à M"* de Nexon
(Paris, 8 juillet 1766).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale à une colonne
H) Fils de Guillaume Sanson de Royftre, écuyer, cl de Marguerite
Colomb; mousquetaire gris; marié à N. Léonard, fille de N. Léonard,
écuyer, seigneur de Fressanges, Neull, etc., et de N. Texandicr de l'Au-
mônenc. — Voir le n» suivant.
T. xxxvui. {{
1G2 SOClÉTfi ARCIlÉOLOaiQUE ET HISTOIUQUB 00 LIMOUSIK.
accompagnée à dextre d'uae étoile et à Bénestre d'an lion grim-
pant contre le Mt de la colonne. Couronne de comte.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval:.
N"" 292. — SANSON Guillaume (1), seigneur de
Royère (2).
Cachet ovale (21"™ environ sur t&), plaqué sur une lettre à
M°« de Nexon (Bordeaux, 18 mai 1776).
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, deux écussons rocaille accolés :
celui de dextre aux armes de Sanson ; celui de sénestre aux armes
de Colomb (de ..., à une colombe posée sur une terrasse et tenant
dans son bec un rameau, accompagné en chef de trois étoiles.
Couronne de comte.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champeval).
N« 293. — SANZILLON (3; DE DOUILLAC (Margue-
rite-Thérèse de) (4), veuve de Louis-Jean-Prançois
deTaiUefer.
Cachet ovale (23"" sur 20) plaqué sur une lettre à M. de Sanzil-
lon des Barrières, à Limoges (Périgueux, 26 décembre 1778).
Pas de légende.
Dessin, — Deux écussons accolés : celui de dextre aux armes
(l)Ecuyer, trésorier de France à Limoges; marié à Marguerite Colomb,
fille de Pierre Colomb et de Marguerite Descordes.
(9) Aujourd'hui commune de La Roche-rAbeillle, canton de Nexon,
arrondissement de Limoges.
(3) Famille originaire de Saint-Yrieix. (De Gourcelles, HUtolre généa-
logique et héraldique des Pairs de France, t. Vf, arl. Sanzillon).
(4) FilledcJeandeSanzillondeLa Foucaudie, seigneur de Douillac, et de
Françoise de La Croix; mariée, par contrat du 7 juin 17î6, à Lonis- Jean-
François de Taillefer, marquis de Barrière, fils d'Henri de Taillefer et
d'Antoinette du Chesne de Montréal; veuve avant juin 1766; morte en
septembre HSl. (SAiNT-ALLAis,iVo6iWaire urdoersely l. XïV, p. 99: d'après
de Gourcelles, sa môre était Renée d'Haulefort).
StOlLLOORAPHIR DU DÈPAnTBXBNT DB LA HAUTS-VIENNE. 163
de Taillefer(l), celui de sénestrc aux armes de Sanzillon (2). Cou-
mnae de marquis. Cordelière de veuve.
(Archives de M. de Nexon. — Communiqué par M. Champoval).
N* 204. — TOUZAC (3j (N.).
Cachet ovale (SS"*" sur 22), plaqué sur une lettre à M™" de Chauf-
failles (Limoges, 26 septembre 1776).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale d'azur, au lion d'or
(ou d'argent), au chef chargé de trois étoiles (4). Couronne de
comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Montbron, au château de Chauffailles.
~ Communiqué par M. Champeval).
N° 295. — VERGNIAUD (Guillaume) (S), ancien
curé de Magnac (6), seigneur -du lieu.
Cachet ovale (25"° sur 22), plaqué sur une lettre à M. de Parel,
à Treignac.
(1) De gueules, au dexlrochère de carnation paré d'argent, mouvant de
l'angle dextre supérieur, tenant une épée du môme en bande, garnie d'or,
Uillani une pièce de fer de sable en barre, accompagné de deux molettes
d*éperon d'or, une en chef etPaulre en pointe.
(2) D'azur, à trois sarufUles ou mésanges d'argent, les ailes, lo bec et les
pieds de sable, i cl 1. {U A.rmonal général. Limousin, ^ 126, donne un
blason conforme, sauf La variante : trois pigeons).
(3) Seigneur de Saint-Etienne, aujourd'hui commune de ce nom, canton
de Royôrc, arrondissement de Bourganeuf (Creuse).
(4) Ces armes sont bien celles de la famille Touzac. On les retrouve,
en effet, sur un cachet ou elles sont réunies à celles de la famille du Bur-
guet. Ce dernier cachet est plaqué sur une lettre datée de 1790 et signée
« Touzac de Chaufifaine » : il porte sur un cartouche, deux écussons accolés :
celai de dextre aux armes du Burguet (d'azur, à un chevrou accompagné
en chef de deux croissants et en pointe d'une Aamme, au chef de gueules
chargé de trois étoiles) ; celui de sénestre aux armes de Touzac. Cou-
ronne de marquis. Supports, deux lions accroupis. (Archives de M. de Uont-
bron).
(5) Figura en 1789 dans l'ordre de la noblesse pour le Haut-Limousin
<IU»AtTii, l. IV, p. 67i).
(6) Aujourd'hui commune de Magnac-Bourg, canton de Saint- Germain-
les-Belles (Haute-Vienne).
{64 SOCIKTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Pas de légende.
Dessin, — Sur un cartouche, écussbn ovale écartelé de Navarre
et de France, à un écu posé sur le tout (ai mes effacées). Couronne
ducale. Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Montbron, au château de Chauffailles.
— Communiqué par M. Champeval).
N^ 296. — VERTHAMON (Ij (Isaac-Jacques de) (2i.
Entre 1708 et 1725.
Sceau ovale (Sô""" sur 24).
Légende. — f ISAAC. lACOB. DE. VERTHAMON. EPISCOP.
CONSERANEN.
fIsaac-Jacobus de Verthamon, episcopus Consera-
nensisj.
Dessin. — Ecusson ovale écartelé : au i , de gueules, au lion léo-
pardé d'or; aux 2 et 3, à- cinq points d'or équipollés à quatre
d*azur; au 4, de gueules plain. Couronne de comte. Attributs épis-
copaux.
(Bibliothèque nationale, mss. Fonds latin, t. 17025).
N^ 297. — VERTHAMON D AMBLOY (Martial-
François de) (3), baron de Ghalucet (4).
Cachet ovale (19™° sur 16), plaqué sur une lettre à M. Dubur-
guet de Chaufailles (Bordeaux, 2 mars 1765).
(1) « Le Limousin a été le berceau de la famille de Verthamon, soit
qu'elle ait pris son nom d'une terre qui le porte encore dans celte pro-
vince, soit qu'elle lui ait imposé le sien. » {Nobiliaire de Nadaud, t. IV,
p. 628).
(2) Fils de Guillaume de Verthamon, baron de Chalucet, et de Calherinc
de Romanel; membre de la congrégaliun de l'Oratoire; vicaire général de
l'évêché de Ramiers; sacré évêque de Conserans en 1708; mon en 17i5.
(3) iNé le 21 mai 1719; fils de Jacques- Martial de Verthamon,
seigneur de Chalucel, el de Calherinc de Verlhamon; nommé bour-
geois de Bordeaux le 29 mars 1760; conseiller, puis, le 1^' mai 4761, pré-
sident au Parlement de Bordeaux; marié k Marie-Thérôze de Caupos,
fille de Jean-Baplistû de Caupos, vicomte de Caslillon, et de Marie de
Caupos.
(4) Aujourd'hui commune de Boisseuil, canton de Picrrcbuffiôre, arron-
dissement de Limoges.
SHiILLCGHAPHIR DU PÉPARTKMëNT DE l,A IIAUTK-YIENNR. 165
Pas (le légende.
Dessin. — Sur un carlouche, ccusson ovale aux mêmes armes.
Couronne de comte. Supports, deux lions.
(Archives de M. le comte de Montbron, au château de Chauf-
failles. — Communiqué par M. Champeval.)
N^ 298. — Le même.
Sceau ovale (42"" sur 34), plaqué : 1° sur un brevet de la charge
de procureur d'office de la baronnie de Chalucel, conférée à Fran-
çois CarboynCaU par Martial-François de Verlhamon d'Ambloy,
seigneur d'Ambloy et de Saint-Amand, marquis de Tercis, vicomte
«le Biscatosse et de Castillon, baron de Chalucet, etc. (23 mai
1772); 2* sur des lettres de provision de la charge de procureur
postulant en la baronnie de Chalucet pour Martial Pradeau (11 fé-
vrier 1782).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, écusson ovale aux mômes armes.
Couronne de marquis, surmontée d'un phylactère replié des deux
côtés et portant la devise : fais. ce. que. dois, advienme. que. pourra.
Supports, deux lions.
(Appartient à M. Louis Guibert).
N»299. — VIGIER(Eraud), damoiseau deRochechouart (1).
Cachet rond (fragment), appendu à une quittance donnée par
Eraudm Vigier, domicellus de Rnppechoardi (Toulouse, 2 décem-
bre 1344).
Légende. - S ERAV
fSlgillum Eraudi ....J.
Dessin. — Ecu paie de six pièces, dans un quadrilobe.
(Bibliothèque nationale, mss. Pièces originales, Vigier).
iV 30p. - VIGIER (2) (Jean).
Sceau rond (!îî2"*"). Matrice en bronze, munie d'un appendice
percé (xiv« siècle).
(!) Aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement.
(2) Les Vigier ôlaient seigneurs de Saint-Malhieu, aujourd'hui chcf-Iicu
de canton, arrondissement de Rochechouart.
I6G SOCIRTÊ ARCH^.OLOGIQUE ET BISTORIQUK DU LIMOUSIX.
Légende. — f S. lEHAN. VIGIER (une étoile à la suite de la
légende).
fScel Jehan VigierJ.
Dessin. — Dans une rosace gothique à plusieurs lobes, un écu
droit à trois fasces, à une bordure (d'azur, à trois fasces d'argent,
à Torle de gueules).
(Communiqué par M. le baron de Verneilh-Puyrascau).
Voir figure 52,
N' 301. — VILLOUTRETS {i) (N. de).
Cachet ovale (15™ sur 13), plaqué sur une letlre signée « Le
Breuil de Villoutreyx » adressée à M. de Loménie, à Moncut (Paris,
io octobre 1661).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson de forme ordinaire, aux armes (d'azur, au
chevron d'or accompagné en chef d'un croissant accosté de deux
étoiles et en pointe d'une rose, le tout d'or) (2). Casque taré de
face et orné de lambrequins.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N» 302. — VILLOUTREYS (N. de), seigneur de
La Judie (3) (xvir siècle).
Cachet ovale (fragment), plaqué sur une lettre signée « La Itidie »
et adressée à M. de Loménie, à Limoges (sans date).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson de forme ordinaire, aux armes, accosté de
palmettes. Couronne de comte à trois feuilles d'ache.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
(1) Famille originaire de TAngouniois, dont une branche s'élaii établie
en Limousin.
(2) Armoriai général de IÔ96, Limousin, f« 216.
(3) Aujourd'hui commune de Saint-Martin-lc-Vioux, canton de Nexon,
;:rrondissemcnl de Limoges.
SIGILLOCltAPUIK DU DÉPARTKMKNT DK LA HAUTE- VIENNE. <07
N'» 303. - VILLOUTREYS (N. de), seigneur de
Xia Judie.
Cachet ovale (fragment), plaqué sur une lettre signée <* La ludie »
et adressée à M. de Loménie, maître de la poste d'Esse (Aixe)
(Bordeaux, 21 décembre 1726).
Pas de légende.
Dessin, — Ecusson ovale aux armes. Casque taré de profil et orné
de lambrequins.
{Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N° 304. — VILLOUTREYS (N. de), seigneur de
Faye (1).
Cachet ovale (22™™ sur 20), plaqué sur une lettre à M. de Lomé-
iiie (3 avril 1747).
Pas de légende!
Dessin, — Sur un cartouche, écusson ovale aux armes. Cou-
ronne de comte.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N*> 305. - VILLOUTREYS (N. de) (2), seigneur de
La Judie.
Cachet ovale (21""" sur 18), plaqué sur une lettre à M. de Nexon
(3 septembre 1769).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson ovale écartelé : aux! et 4, vairé; aux 2 et 3,
de Villoutreys (3). Couronne de marquis. Supports, deux lions.
(1) Aujourd'hui commune de Flavignac, canton de Châlus, arrondisse-
ment de Saini-Yricix.
(2) Probablement Jean-François de Villoulreys, né le 29 juin 1738, fils
d'autre Jean-François de Villoulreys, seigneur de La Judie, et de Calhc-
rinc de Solier; page de la petite écurie en I7S5.
(3) L^Ârmorial général, Limousin^ f<» S10, indique pour Jacques de Villou-
treys, seigneur de La Judie, le croissant, les étoiles et la rose émargent;
il semblerait donc que la branche de La Faye et celle de La Judie avaient
des armes un peu différentes; mais peut-être aussi n'y a-t-il dans ces
variantes qu'une erreur de TArmorial général.
108 SOCIÉTR ARCHEOLOGIQUE fcT RISTORIQUK OU LIMOUSIN.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Ghampeyal).
N« 306. — VILLOUTREYS (N. dej (1), seigneur de
Faye.
Cachet ovale (20"" sur 18), plaqué sur une lettre signée « de
Faye » et adressée à M. de Nexon (Faye, 20 décembre (1777).
Pas de légende.
Dessin. — Sur un cartouche, deux écussons accolés à bords
droits, à sommet et pointe arrondis : celui de dextre aux armes de
Villoutreys ; celui de sénestre à un sanglier passant, au chef chargé
de trois étoiles. Couronne de comte. A dextre, un griffon grimpant;
au-dessous des deux écussons, un autre griffon couché.
(Archives de M. le baron de Nexon. — Communiqué par
M. Champeval).
N° 307. - VILLOUTREYS (N. de) (2), chevalier
de La Judie.
Cachet ovale (17™°* sur 15), plaqué sur une lettre à M"*" de Nexon
(4 octobre 1788).
Pas de légende.
Dessin. — Ecusson aux armes. Couronne de marquis. Supports,
deux lions.
(Archives de M. de Nexon. -- Communiqué par M. Champeval).
(0 Probable m en l Pierre-Louis-Augusle de Villouircys, chevalier, soi-
gneur de La Paye, lieut'inani-coloncl du régiment Royal -Etranger cara-
ieric, chevalier de Saint-Louis, qui figura en 1789 dans Tordre de la no-
blesse pour le Haut-Limousin (Nadauo, L IV, p. 673).
(2) Probablcmcnl Jcan-Marlial-Charles de Villoutreys, frère- du préct^-
cédent et comme lui page de la petite écurie eu 1755.
fA suivre.) Ph. de Bosredo'v.
PI. IX.
'.'.'/),H>-.""-:4ll.'iUllill!im
« Chobrf.taire. »
Cul-de-lampe du xvi« siècle dans Téglise d'Oradour-sur- Glane.
LA « CHABRETTE »
(1)
LUnslrument de musique rustique que nos paysans désignent
sous le nom signilicatif de chabrette, n*est autre que la cornemuse.
On sait que la cornemuse se compose d'une outre, habituelle-
ment en peau de chèvre, que l'exécutant gonfle d'air comme un
ballon, pour la soumettre ensuite à la pression.
A celle outre sont adaptés deux ou trois chalumeaux munis
chacun d'une anche, et dont un ou deux ne font en lendre qu'un
(1) Lore du Coogrès tenu à Limoges au nioU d'août 1890, par l'Association française pour
l'avancement des sciences, M. Paul Charreire voulut bien donner, dans les salons de l'Obser-
vatoire météorologique, où le sympathique secrétaire général de la Société day-Lussac,
M. Garrigou-Lagrange, avait eu la bonne pensée de réunir un grand nombre de membres
du congrès, une conférence des plus originales et des plus attrayantes sur la musique ancienne
et les vieux airs limousins. Cette conférence était accompagnée de l'exécution d'un certain
nombre de morceaux, qui furent fort goûtés de l'auditoire. lAchabretle, nécessairement, tenait 6a
place dans ce concert. En l'écoulant, un de nos plus savants et de nos plus aimables confrè-
res nous faisait remarquer que cet instrument devait être des plus anciens et que sa forme
n'avait pas varié depuis un temps Immémorial. U nous cita, pour preuve, un fort curieux cul-de-
lampe du zvi* siècle, qu'il avait naguères étudié et dessiné dans l'église d'Oradour-sur Glane,
canton de Saint-Junien ^Haute- Vienne), où il supporte les retombées de la vuûte à nervures
d'une chapelle du xv* siècle. Cent ou deux cents ans plu4 tdt. le sculpteur eût orné son cul>
de-lampe d'un ange jouant du psaltérion : l'idéal faiblissant, il se contenta d'y représenter
un petit paysan soufîlant dans sa cornemuse... Nous priâmes cet obligeant voisin, qui n'était
autre que M. le baron de Verneilh, de vouloir bien nous donner, pour le Bulletin de la So-
ciété archéologique, un croquis du cul-de-lampe ed question, et aussitôt l'objet reçu, nous
avons demandé à l'excellent maître de notre école de musique limousine de nous écrire
quelques pages pour accompagner ce dessin. Nous remercions, au nom de la Société, et le
dessinateur et l'écrivain.
Rappelons que jadis la «r chabrette ■» était admise dans nos églises limousines au moms une
fois par an : à la fête de Noël. A Limoges, les membres de la confrérie des Pastoureaux, qui
se réunissaient à Saint-Pierre-du-Queyroix, passaient sous une chaumière, élevée dans Téglise
même, toute cette nuit. Us étalent habillés en bergers et accompagnés de sonneurs de musette»
dont le salaire figure chaque année au compte des recettes et dépenses présenté par le^
bayles à leurs collègues. Vers 1840, on entendait encore, ce jour-là, à la cathédrale, les sons
' de la musette unis à ceux de rorgue.
170 SOCIKIÉ ARCIIKOLOGIQUR KT UISTOIUQUK DU LIMOUSIN.
son fixe appelé bourdon, tandis que Taulre, percé de trous plus ou
moins nombreux, permet aux, doigts de produire des mélodies
variées.
Dès la plus haute anliquité, on trouve la cornemuse en usage
chez presque tous les peuples de race blanche parvenus à un
certain degré de civilisation. Les sons fixes des bourdons, premiers
rudiments d'harmonie, annoncent chez une race l'instinct d'une
tonalité déjà bien déterminée dont ces bourdons font entendre les
sons générateurs.
Un tel instrument est à coup sûr un progrès dans Tart à côté
des flûtes et des trompettes : la musique indigène des races jaunes
et noires ne présente rien de semblable.
Depuis plus de cinq mille ans la Perse et l'Inde ont dansé au
son de la cornemuse; les Assyriens, les Babyloniens, les Hébreux,
les Phéniciens nous apprennent' par leurs monuments que leur
sumponia, sorte de cornemuse, jouait un grand rôle dans leurs
concerts. L'Arabe sous sa tente n'a jamais cessé de charmer ses
loisirs par les accents variés à TinOni de sa zougarah. C'est dans
la même classe d'instruments qu'il faut ranger le biniou des
Bretons, le bagpip des Gallois, le pipbrock héroïque des Ecossais,
et enfin notre sémillante chabrelte limousine.
Fait singulier : Dans l'ancienne musique des Hellène.<, art si
vanlé, on n'aperçoit aucun spécimen de l'instrument qui nous
occupe; mais l'étonnemenl cesse à cet égard dès qu'on se rappelle
que la tonalité rendue prépondérante par l'invasion dorienne
n'était basée que sur le tétracorde, qui excluait comme son géné-
rateur la quinte bourdon des cornemuses. En revanche, dans la
grande Grèce, te Latium et la Sabine, les utricularii abondaient et
sont encore goûtés de nos jours sous le nom impropre ^e pifferari
(joueurs de fifre, mais en réalité de chalumeau).
En France et dans la Grande-Bretagne, le domaine des corne-
muses semble s'étendre plus particulièrement à la région de
l'ouest; nos provinces de l'est n'en paraissent avoir fait usage que
par emprunt.
Par ce fait, l'ethnologie musicale apporterait une preuve à l'as-
sertion de M. Alexandre Bertrand, qui prétend que la race qui a
élevé les tumuli n'est pas la môme que celle des dolmens et des
cromlechs, preuve toutefois fort peu convaincante à notre avis.
Revenons à notre chabrette limousine : présente-t-elle quelque
caractère qui la distingue? Voici ce que nous avons pu constater :
Le quatrième degré de son échelle tonale sonne presque toujours
environ un demi-ton plus haut que le même degré dans notre
échelle diatonique moderne; ainsi s'expliquerait pourquoi nos
LA CHABRKTIE. 171
chabrettaires font si rarement usage des deux bourdons, car celui
qui fait entendre la quinte ou son générateur, produirait dès lors
avec le quatrième degré haussé d'un demi-Ion une dissonance
le plus souvent intolérable.
Hélas! Pourquoi nous faut-il déplorer que la chabrette, avec sa
joyeuse crânerie, soit sur le point de déserter complètement nos
chaumières, nos bals champêtres et nos cortèges matrimoniaux?
0 tenipora! 0 mores! Les cris autrefois si musicaux de nos colpor-
teurs, de nos peillaratuls, de nos rétameurs disparaissent dans
Foubli comme le joyeux chalumeau de nos pères. Qu*il était mélo-
dieux notre peillaraud : mi, ré, do.,, do, do, do, ré, mi, ré... Le
pilaver breton a conservé celte mélodie, avec cette différence qu'il
la chante en mineur; on sent que son oreille retient quelque écho
des sourdes plaintes de la mer.
Ce serait rendre un véritable service à Tart musical de recueillir
ces instruments, ces mélodies dans lesquelles vibraient Tâme .et le
cœur de nos aïeux. Il nous serait doux d'accomplir cetlç tâche,
mais le temps nous presse, c'est avec grand'peioe que nous
pouvons noter quelques murmures de cette voix qui tombe et de
ces accents pleins de charme qui ont si longtemps bercé nos
ancêtres.
0 temporaf 0 mores!
— Quoi ! disent aujourd'hui nos coquettes /^aww^fown, vous voulez
que j'accepte pour danser le radotage de nos chabrettaires! Bravo
le violon! bravo la clarinette ! La chabrette, ça n'est plus qu'une
vieille zouille dont il n'est plus permis de faire cas, pas plus que
de cette mauvaise guenille qu'on appelle encore notre pimpant
barbichet.
Eh! Mesdames Jeannetoun, nos grands poètes d'autrefois ne
dédaignaient pas de consacrer leurs rimes au chalumeau plein de
verve dont vous faites si fort mépris ; écoutez plutôt Ronsard, ce
rimeur-là marchait de pair avec le roi :
Lors appuyant (le pâtre) un pied sur la houlette.
De son bissac aveinl une musette,
La met en bouche, et ses lèvres t*nfla,
Puis coup sur coup en haletant souffla
Et resoufQa d'une forte baleinée
Par les poumons reprise et redonnée,
Ouvrant les yeux et dressant le sourcy.
Mais quand partout le ventre fut grossi
De la chevrette et qu'elle fut égale
A la rondeur d'une moyenne baie,
172 «0<:iKTÉ ARGIIÈOLOGlUliK KT HISTORIQUE DU LiyOUSIN.
A coups de coude en repousse la voix;
Puis çà, puis là, faisaul saillir ses doigis
Sur le perluis de la muselle pleine,
Comme saisi d'une aDgoisscu^e peine,
Pasle et pensif, avec un irisie son,
De sa muselle ourdit une chanson.
(Chant pastoral à la princesse Marguerite).
P. GlIARREIRE.
LES GRANDES CHASSES DE GaANDMONT
Dans son étude sur Técole d'orfèvrerie de Grandmont et son
essai de reconstitution du magnifique maître-autel de l'abbatiale,
M. Louis Guibert a recherché, après Tabbé Texier, quel avait été
le sort des sept grandes châsses disposées sur la façade du retable.
I! a constaté que de ces fiertés une seule existe encore : celle de
Sainl-Macaire. Elle est aujourd'hui conservée à Ambazac et ren-
ferme des reliques de saint Etienne de Muret. Deux autres, celle
de sainte Panafrète et celle contenant les restes de plusieurs autres
compagnes de sainte Ursule, transportées à Saint-Sylvestre, fu-
rent, en octobre 1794, envoyées à Limoges sur la réquisilion de .
l'Agent national, réclamant du cuivre pour une chaudière. La
châsse de sainte Albine, donnée à la paroisse de Saint-Priest-Palus,
fut, dit-on, enterrée dans le cimetière par les fidèles, désireux de
la soustraire aux profanations des révolutionnaires. L'abbé Texier
a fait exécuter quelques fouilles dans le but de la rclrouver; mais
ces recherches sont demeurées sans résultai. Un cini]uième coffret,
excepté de la distribution faite aux paroisses du diocèse, à cause
du mauvais état de sa garniture, et gardé à l'évéché, fut compris,
au témoignage de l'abbé Legios, au nombre des débris de toute
espèce vendus au fondeur Coutaud, qui vraisemblablement ne
l'épargna pas plus que les autres objets acquis par lui soit de
Vl^ d'Argentré, soit de l'économe-séquestre.
Sur le sort des deux autres châsses, M. Guibert n'a pu trouver
aucune indication. Plus heureux que lui, nous sommes en mesure
de fixer les archéologues et les amis de l'art sur la destinée de l'un
et l'autre de ces précieux morceaux.
La grande châsse de saint Etienne de Muret, celle qui occupait
la place d'honneur au-dessus du tabernacle, fut donnée à l'église
171 SOCIRTÉ ARCUÉOLOniQUE KT HISTORIQUR DU LIUOUSI?!.
paroissiale de Razès. On s'est demandé si le caré en prit réelle-
ment possession. Les deux extraits qui suivent des registres de la
commune de Razès, ne laissent aucun doute sur renvoi de la
grande fierté de saint Etienne à Téglise de cette localité, et sur le
sort de cette pièce d'orfèvrerie, la plus importante que possédai le
Limousin à la veille de la Révolution :
a Aajourd'bui, cinq octobre t79i, an I de la République française,
nous, commissaires soussignés, nous sommes transportés dans réglisc.
paroissiale, où avons fait rencontre du citoyen J.-B. Magy, ministre catho-
lique, auquel ayant déclaré le sujet de notre transport, il nous a ouvert le
tabernacle, dans lequel il s*est trouvé un calice
une grande châsse eu cuivre, garnie de pierreries de peu de conséquence,
ayant de longueur 3 pieds i pouces, sur 9 pieds 7 pouces de hauteur,
et 13 pouces de largeur
» Fait, clos et arrêté le présent inventaire, pour copie être envoyée
aux citoyens administrateurs du district de Bellac, et nous sommes sous-
signés avec le dit citoyen ministre catholique, ainsi : Terrasson, officier
municipal; Magy, curé de Razès; Moreau, !)ardon. «
— « Aujourd'hui, 18 frimaire l'an H de la République une cl indivisible,
séance publique. Le procureur de la commune a dit que l'hidre du fana-
tisme ayant cédé la place à la raison, il est temps que le peuple recon-
naisse la pureté que ta nature a gravée dans le cœur de Fhomme ; il est
temps enfin que tous les hochets de la superstition tombent et rentrent
dans Tanéantissement, — et a requis que tous les cuivres et guenilles du
fanatisme seroiïl adressés au Département, cl que de toute rargenlcric il
en soit fait don à la nation.
» Au même instant, le Conseil s'est transporté dans le temple, et après
Touvcrture faite d'une petite armoire au-dessus de l'autel, il sV est trouvé
trois marcs six onces et demi d'argent; au-dessus de rautcl,.huit chande-
liers en cuivre jaune, une croix même métal ; dans la sacristie, deux croix,
un encensoir, nne lampe et un bénitier en cuivre, le tout pesant 45 livres,
et finalement une grande châsse et une petite renfermant beaucoup de
superstition, pesant 190 livres, y compris six livres propres à faire des
cartouches, un petit plat d'étain, pesant une livre cinq onces, une ban-
nière en toile peinlo. o Signé : Terrasson, maire; Moreau, président de la
Société républicaine; Gantilton, vice-président; Dumas du Breuil, secré-
taire de la Société républicaine.
~» Le 49 pluviôse Tan II de la R(^publique une et indivisible, le conseil
de la commune de Razcs arrête que Fargenterie de la ci-devant église,
aujourd'hui le temple de la Raison, y sera également envoyée. » Signé :
Moreau, maire.
La dernière châsse, celle qui se trouvait placée la seconde du
côté de TEvangile et qui renfermait des ossements de sainte
Essence et de plusieurs autres des vierges de Cologne, fut destinée
à l'église de Thouron.
LRS ORANDRS CHASSKS DK GRANDMONT. I T.'i
La mention suivante, relevée aux registres de la paroisse, éta-
blit qu'elle y était au moment de la cessation du culte :
« Le 9 septembre 1790, je me suis reodu à liimoges, accompagné du sieur
Martial Meriiadon, officier muDÎcipal et électeur du canton de Comprcignac,
habitant le présent bourg de Thouron, et de là chez M. Lcgros, vicaire de
Saint-Martial, qui a eu la bonté de nous accompagner le lendemain ù une
des salles de révôché, où étant, il m'a remis les reliques des saints avec
une' châsse, comme il est dit au procès-verbal, déposé, ainsi que les let-
tres et autres pièces à ce concernant, dans les papiers de la cure. Le onze
des dits mois et an que dessus, les susdites reliques ont été conduites
par moi et déposées dans la chapelle de Suint-Roch, en cette paroisse»
d*où le lendemain elles ont été transportées en grande célébrité à Téglise
paroissiale après vêpres. Le jour fixé annuel de leur fête, vénération et
procession, est aussi indiqué dans les susdits papiers déposés parmi ceux
de la cure. En foi de tout quoi nous avons signé pour servir et valoir en
toute vérité. » A Thouron, le 11 septembre 1790, A.-E. Laurier, prêtre,
cnré.
Nous n'avons pas trouvé de mention expresse de renvoi de
chÉsse au fondeur; mais tout donne à penser qu'elle subit le sort
de la fierté de saint Etienne.
A. Le'cuer.
ANNALES DE LIMOGES
PAR LES SIEURS GOUDIN
(1638-1690)
Ces Annales présenlenl ce caraclère particulier qu^cIlcs ne sont qu*une
continuation des Annales de Umoges dites de 1638, connues aussi sous
le nom do a Mémoires en forme d'histoire », par le chanoine Jean Bau-
del. Nous les avons extraites, en effet, d'un manuscrit de ces Annales de
1638 (I) qui appartient à la famille Devoyon- de La Planche, au château
de La Planche, près Sainl-llilairt-Bonneval (Haute-Vienne) (§). Elles cou-
vrent les pages 351 à 361 du registre et continuent sans interruption
ni titre spécial les « Mi^moires en forme d'histoire » de Bandel.
Quoique remplissant fort imparfaitement l'espace compris entre 1638 et
1690, ces courtes Annales contiennent cependant un certain nombre de faits
inédits, et apportent sur quelques autres déjà connus l'appui d'un nouveau
témoignage. Elles semblent avoir été rédigées en trois parties — 1638-58,
4673-78, 1684-90 — qui ont chacune leur auteur. Les indications recueil-
lies sur l'intérieur de la couverture et les feuillets de garde du registre
nous aideront à déterminer leurs noms.
On lit, en effet, au verso du plat :
Ex libris Josephi Goudin, in suprenw
Aqnitaniœ senatu patroni.
(1) C'est une nouvelle copie qu'il convient il'ajoutcr h la liste de celles
que nous avons énuméréos dans noire Etude critique sur les Annales
françaises de Limoges (dans les Annales du Midi, 1889 et 1890). Elle
contient, à quelques interversions près, toutes les matières contenues dans
l'édition des Annales de 16'SS. Ce manuscrit ii)-4*' compte 361 pages chif-
frées, plus \ î feuillets liminaires non chiffrés.
(2) Nous devons la communication de ce mannscril à l'obligeance de
y\. l'abbé Grand, cur<' de Saint-Hilaire-Bonneval.
ANNALES DE LIMOGES. 177
Si par fortune ou autrement
Le présent livre estait perdu.
Je vous prie très humblement
Qu*au soubzsigné il soit randu.
J. GouDiN, raisné.
Suivent quelques notes historiques, des années 1673-1678, que
Ton trouvera reproduites plus loin, à leur rang chronologique.
Sur le dernier feuillet :
Jean Goudin, Jean-Baptiste Goudin.
Annales de Limoges appartenant à M. Joseph Goudin, advocat,
XV décembre i680.
Les Annales appartiennent à M. Jean Goudin, aoust i 682.
Joseph Goudin, qui s'inlilulc avocat au Présidial en Tannée 1680, pour- '
rail bien ôlre l'auleur de la seconde partie. Jean ou Jean-Baplisle Gou-
din, qui est sans doute son fils (I), serait alors i'aulcur de la dernière
partie. Quant à la première, composée d'un seul jet, vers 1660, par un
marchand de Limoges, comme il résulte de divers indices, elle est
d*uoe rédaction très faible (2). Deux mentions de 4673 et 1681 sont sans
doute Tœuvre du second auteur.
A. Leroux.
L'année 1638 (3), les Mercs Carmélites s'estant retirées en leur bas-
liment du fauxbourg de Manigne, ayant vendu le leur au dessoubz
du portai Himbert aux religieuses filhes de Nostre-Damc (4) la
somme de 24,000 livres, incontinent s'y retirèrent. Elles ont une
bonne fontaine dans leur enclos et ont fait hausser des chambres
sur leur église. Elles ont achetté un jardrin fsicj près le leur, une
venelle ou mette entre deux, ensamble une maison tenant à icelluy
qui va dans la grande rue des Combes.
{<) VlnoentcUredea A rchcoes communales de Limoges, par M. A. Thomas,
ne fournit aucun renseignement sur cette branche de la famille Goudin.
(2) L'auleur parle, sous la date de 1639, de velours vendu par lui à
Tintendant.
(3) Plus exactement 1634, comme il résulte de divers contrats conser-
vés aux Archives départementales de la Haute-Vienne. Cf. M. P. Ducour-
tieux, Limoges d'après ses anciens plans, p. 160.
(4) On voit encore, au coin de la place Fontaine-des-Barres, la porte
d'entrée du couvent.
T. xxxvni. 12
478 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTOaiQUE DU LIMOUSIN.
En Vannée 1639, le roy envoya au dit Fremin (1) ordre d'im-
poser sur les plus riches et aizés plusieurs sommes. A ce coup il
fist encore mieux ses affaires, car il imposoit et levoit plusieurs
sommes qu'il ne tenoit en comte sur Testât et fornissoit aux laxés
de bons contratz pour recevoir les ranles sur les tailles ; qui fol
payé de deux ou trois années et plus rien, ayant [esté] cogneue sa
fripponnerie et vollerie. Est la cauze que le fondz et rante sont
perdus.
Et après les aizés il fist des soubzaisés, qui fut aussi très grand
vollerie. Car s'il scavoit quelcun à la campagne, incontinant il luy
faisoit signifiier la taxe qu'il luy plaisoit, et incontinant contrainte
pour payer dans le delay qu'il donnoit. Et par ce moyen il eut
grosses sommes au détriment du peuple. Il fesoit trembler tout le
monde. Quand il vint a Limoges, il estoit grêlé, n'ayant qu'une
meschante solane (2) et une vieille robe, pour laquelle fere des
parements je luy vandis (3) deux pantes de vieux velours noir. En
ce temps les partizans estoient en foula a Lymoges, sans compran-
dreceux de la ville, et depuis cootinuerent
En l'année 1640, plusieurs furent accusés d'avoir rougné (4),
dont fut exécutée une femme qui laissa quelque (ilz. Icelluy Fremin
l'ouyt en secret, luy fesant accuser plusieurs qui furent déclarés
innocentz par le Conseil, et autres qui, pour ne venir aux pour-
suites qu'on eust fait, donnoient de l'argent soubz main. Il estoit
soustenu de quelques particuliers et officiers de la ville qui estoient
toujours à son oreille et parlicipoient à ses volleries et faussetés,
desquelles il en fit plusieurs, et fausses accuzations qui durèrent
longuement, lesquelles demeurèrent soubz silence, et que le grand
conseil a cogneu par ses arrestz qu'il randit aux accuzés ez années
1642 et 1643, et autres depuis.
Icelle année 1640, les consulz oblindrent la foire du jeudy (3)
(I) Avant cette ligne, il y a dans le manuscrit un blanc que l'auteur se
proposait de remplir en parlant sans doute de Tarrivée de Fremin à
Limoges. — Ce Fremin, appelé aussi Fremin des Couronnes, était un in-
tendant envoyé par le pouvoir royal dans la généralité de Limoges. Ses
exactions sont racontées aussi par Pierre Mesnager dans un passage de sa
Chronique ms., reproduit par les éditeurs des Annales de 1638 (p. 408)
et des Registres consulaires (p. 320).
(9) Le mss. porte sotatane.
(3) Voilà le seul indice qui soit fourni par le manuscrit sur la profession
de l'auteur de ces premières notes.
(4) D'avoir rogné des écus? affaibli des monnaies?
(5) Une déchirure dans le manuscrit.
ANNALES DK LIMOOFS. 179
devant les rameaux, et depuis ilz ont obtenu foire pour tous les
derniers jeudis des mois (1), comme la foire de Saint-Loup pendant
huit jours Tan 1673 (2).
• Iceile année, les vicaires de Saint-Estienne et de Saint-Marlial,
scavoir ceux de Saint-Estienne le jour de Toussaints, prindrent
robes et capuchons longs comme M'" les chanoines, réservé le
parement des robes qui sont noires et celle des Messieurs de damas
ou velours rouge cramoisy. Et le dimanche suivant, ceux de Saint-
Martial Brent de mesme. L'an 1681, les porte-masse et les deux
bedeaux commencèrent à porter des robes de Téglise collégialle
de Saint-Martial, le jour et fesle de saint Martial.
En Tannée 1643 fut une maladie de fieuvre chaude suivie de
pourpre, de laquelle mourut («te) plusieurs hommes, chefs de familles
très considérables et des meilheurs marchandz et bourgeois et point
de femmes. Le mardySSjuin, la maladie s'eschauiïant, fustfaict
procession generalle (3) pour implorer la miséricorde de Dieu, ou les
chapses fsicj des sainlz furent portées comme le roardy de Pas-
ques, ou assistèrent grand nombre de personnes nudz en chemize
et autres portant cierges. La prédication fut faite soubz les arbres
a l'ordinaire, et trois jours après, de plus de deux cens malades
qu'il y avoit, n'en mourut que six ou sept, et les autres guéris, et
la maladie cessa. Quand Messieurs les vicaires des deux paroisses
sortoient pour porter le Saint-Sacrement, ilz ne retournoienl en
leur église qu'ilz ne l'eussent administré à 10 ou 12 endroitz. Il y
avoit des jours qu'il y avoit 12 grandz cor|. s et tous chefs. Et par
la grâce de Dieu, aucun des vicaires n'eust de mal.
L'année 1645, Tobstenlion fsicJ du chef saint Martial fut faite
et d'autres saintz, commancant au mardy de Pasques, et la closlure
le mardi de Pentecoste par Monseigneur de La Fayette, evesque de
Limoges. Les offrandes et présents qui furent donnés. Mess, de
Saint-Martial les donnèrent pour faire la chapse fsicJ, et fut fait
queste par la ville pour y joindre. Laquelle fut faille a Paris et
eslimée la plus belle de France, hors (4) les pierreries qu'ont
(1) Oq sail que les foires de Limoges se Uennent encore le dernier jeudi
de chaque mois.
(2) Ce détail donnerait à croire que celte foire, depuis son inslitulion
en 4565, ne durait guère que deux ou trois jours, comme celle des Inno-
cents, créée à la même date.
(3) La procession du mardi de P&ques était faite en mémoire du miracle
des Ardents.
(4) Le texte porte or. Il faut comprendre hormis.
180 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSI!*!.
d'autres, icelle a*ea ayans point, ainsin que me fut dit par le sieur
Celliere, enfant de Lymoges, maître orpheuvre a Paris, qui avoil
la conduite, et deux des ouvriers qui esloient les meilheurs de
France (1).
Le i 2". avril 1647, veilhe des rameaux, la dite chapse arriva de
Paris, et fut bénite par M«^ l'evesque et (à). Le 20* du dicl,
fut transférée ce qui estoit dans la vieille, qui estoit couverte
d'argent doré, scavoir le coffre où est le saint chef et autres cho-
ses, tant en reliques que linges, et outre ce deux layettes el
papiers, desquelz fut fait invantaire suivant les bilhelz qui so
trouvèrent. Laquelle chapse demeura a la veue du peuple depuis
le dit jour 20' avril jusques au mercredy 19* juin, veilhe de la
Feste Dieu, dans la dite église haut cslevée jongnant les grilles du
sépulcre du cardinal de Saragose (3), du côté de Thorloge, et fut mize
dans le grand autel par mon dit seigneur après avoir célébré la
messe, ou estoient grand nombre de personnes. La vieille chapse
fut rompue quelques jours après soubz les arbres et dispersée a
plusieurs qui tirent des présents, qui fut pour payer les advances
qui avoient été faictes (4).
L'année 1047, lymage de Noslre Dame de soubz les Arbres estant
dehors fut renfermée par la dévotion d'un voysin de l'église nommé
Psaumet Faute, de colommes, ou il y eut grande dévotion des
personnes. Enfin, en l'année 1651, la chappelle de presant fust
bastie, et depuis beaucoup de réparations dans icelle (5).
Le 4* juillet 1647 (6), fust mize la première pierre ou sont les
muscles (7) et daufins de la fontaine d'Aigoulene et effigie de saint
Martial dans la coupe de la dite fontaine, et furent recherchés les
conduitz dicelle en divers endroits, qui sont très beaux et espa-
(!) Cf. la CAronigae ms. de Pierre Mesnager, citée par Tédileur des
Registres consulaire» \}\\^ 333, noie), — et surloul les Annales du Limou-
sin, (p. 848-8 19) de Bonaventurc de Saint-Amablc, conlemporain des faits.
La châsse en qucslion était l'œuvre de Pierre Celière et de Claude de
Villiers (V. L. GuiBEar, Orfèorerie et orfèvres de Limoges, p. 52, 63).
(5) Une déchirure dans le manuscrit,
(3) Gui d'Arfeuiilc, dont le tombeau était placé dans la basilique de
Saiui-Martial, en face de celui du cardinal de llende, Guillaume de
Ghanac.
(4) Cf. la Chronique de Pierre Mesnager, déjà citée.
(6) Ibid.
(6) Ibid,
(7) Mufles, ou masques, dans le sens de mascarons (?).
ANNALES DE LIMOGES. 181
deux; laquelle couppe fut levée plus haut qu'elle n'estoit de deux
a trois piedz, outre la hauteur des dits muscles et dauphins, telle-
ment que l'eau estant contrainte par le reserrement des ditz mus-
cles, qui auparavant sortoit par un gros thuyaud de plomb de la
grosseur presque de la teste, a gros bouillons et floquons d'eau,
selon le temps, et le surplus dans les estangs, au lieu que dans le
regorgement Feau de la source a prins ailheurs chemin, dont s'est
fait plusieurs prairies vers le Masjambost et ailheurs, tellement
que c'est bien tout sy elle a la moylié de son ancienne source (1).
Et qui plus est, les conduilz [estant] mal entretenus, lorsqu'il fait
des pluyes, incontinent l'eau [devient] comme du mortier, laquelle
auparavant esloit tousjours très clere, belle et bonne. Lesquelz
frailz furent faitz par les consuls, mais non de leurs deniers; mais
comme il y eust plusieurs logements de gens de guerre qui furent
logés et nourris par les habitans et outre ce fait payer plusieurs
sommes, leur promettans qu'ilz seroient rambourcés, ainsin que le
roy vouloit, et lesquelles sommes ilz eurent entre leurs mains, au
lieu de les rambourcer, ilz firent fere ce que dessus, et de plus ilz
firent provision de foing, disant qu'il debvoit passer quanlité de
cavalerie, ce qui ne fust, mais la pluspart piétons en grand nombre,
et le foing leur demeura.
Le 15* apvril 1648, les Pères Capucins furent a Lyraogcs pour se
placer. M^" l'evesque le vouloit permettre, et par ce fust fait assem-
blée de ville, ou tous les corps furcnl. Et ayant eslé remonlrc
qu'il y avoit dans la ville et fauxbourgz et cillé beaucoup de reli-
gieux mandiants, et recevant iccux augmenteroient le nombre, ce
que les habitans ne pourroient nourrir, ayant d'ailheurs plusieurs
charges, lesquelles les fouloienl tous les jours, et par ce furent
refusés (2).
Le jour et fesle de Pasques 1648, M''" du Presidial estèrent de
leurs places certains preslrcs de l'église Saint-Michel estant placés
pour dire vespres, disant qu'ilz avoient leurs places; dont y eut
grand bruit, n'eust esté Mons. le curé qui leur manda de céder. Il
y eust grand escandallc.
Le jour de Noël l'an 1658, fust la mesme chose, mais plus grande,
car tous les prestres descendirent ne voulant dire vespres, mais
s'assemblèrent dans la sacristie; enfin vespres furent dites. Et
(i) On sait que les eaux d*Âigoulène ont leur source prés de La Boric.
(2) Cf. le récit des Registres consulaires de Limoges^ 111, 351, plus
développé que celui-ci, mais identique pour le fond.
482 SOCIÉTÉ ARCOÉOLOGI^UR RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
aflin que cella n'arriva plus, Tut faict acommodement par lequel
Messieurs du Presidial auroieut six chères de chasque coté. Notta
que les chères sont esté faictes par le curé et prestres, dont Tépi-
taphe est aux quatre pilliers et copie a folio 228 (1).
Le... jour de juin 1648, fust fait procession soleropnelle pour le
jubillé, où furent toutes les compagnies pénitentes qui n'avoient
plus esté aux processions generalles, lesquelz ont depuis continué.
Icelle année (2), les bourgeois, marchandz et artizans se voyant
oppressés de logemcns de guerre, levée de grosses sommes pour
la nourriture des Espagnols prisonniers, que pour le mois de juin
fallut payer 720 II. pour la nourriture des Espagnolz prisonniers
sur la ville, cyté et faux bourgtz, outre une garnison et logement
de gens de guerre, les officiers estjjnt consulz deschargeoienl les
autres officiers de ville, tellement qu'il fallait que les marchandz
artisans sussent le but pour souffrir tout cella, car la levée des Espa-
gnols et autres taxes durèrent longtemps. Et pour le paj^ement des
sommes taxées falloil les payer sans remize, dont aucuns n'avoient
pas pour vivre. Quoy voyant, certains bourgeois et marchandz,
pour obvier a ces desordres, forment plainte au Conseil contre
Tesdit du Presidial pour leur empescher l'entrée du consulat; dont
s'ensuivit plusieurs arresls. Et quand fut question de fere la nomi-
nation des consulz a l'ordinaire, ilz produiront {HcJ un arrest du
Conseil qui n'estoit en forme, dont y eust opposition (3). Enfln les
bourgeois obtindrent un arrest par lequel est inhibé aus ditz sieurs
du Presidial d'y entrer. Et pour la nomination, [elle) fut faille le
lendemain de Noël, ou Mons. de Ventadour, gouverneur, fut com-
mis pour faire la dicte nomination (4). Les gardes duquel rompi-
rent les armes et dictons qui estoient sur un marbre en lettres d'or
devant le palais, entre le portail et la grille des prisons, à l'honneur
de Mons. de Corberon, intendant (5).
(1) C'est un renvoi à l'inscriplion qui est reproduite dans rédilion des
Annales de Limoges dites de 1638, p. 267: L'an quarante et quatre^ etc.
(?) Cf. \qs Registres consulairesy III, p. 348 et suiv., et la Chronique ûe
Pierre Mesnager, p. 2i6.
(3} Voici la réponse à la question posée par M. Guibert dans une note
des Registres consulaires^ \\l^ 354, au sujet du retard apporté en celte
année 1648 à Télection des consuls.
(4) Cf. les Registres consulaires^ (II, 354.
(5) Plus exactement ancien intendant. Il avait en effet démissionné
Tannée précédente pour des raisons inconnues. Nous ne savons ce que
contenait Tinscription à laquelle il est fait ici allusion.
ANNALES DE LIMOGES. 183
Iceux consulz à cause de leurs authoritez menoient eux-mesraes
les soldatz aux maisons afin de les contraindre a fere quelque refus
pour leur en donner une compagnie pour les ruiner ou faire eslever.
Mais Dieu a tout préservé.
Icelle année 1648, le jour de saint André, premier jour d'advent,
le prédicateur qu'avoyt donné Mp" Fevesque pour prescher Tadvent
et caresme a Saint-Estienne comme de couslume (1), et que le sei-
gneur evesque doibt payer, fut refusé par le chapitre, et fut faile
la prédication à Saint-Maurice pendant le dit advent, pour quelque
différend qui esloit entre eux, dont y eust quelque accommode-
ment. Et le caresme, la prédication fut a Saint-Eslienne.
Le premier lundy d'octobre 1648, Messieurs du Presidial (2)
contre Mons. le grand prevost. Dont (3) Mess, du Presidial pas-
sant devant Saint-Michel, voyant un des archers du dit prevost qui
parloit près le lion avecq aucuns des voisins, fut envoyé un archer
de Mons. le visscnéchal par iceux pour le prandre prisonnier.
Lequel se voyant poursuivi, se sauva à la course et se jetta chez le
dit grand prevost n'en estant eslongné, qui pour lors avoit quelque
nombre d'archers chés luy. Lesquelz sieurs du Presidial furent
incontinant chez le dit archer qui dcmeuroit devant chés le dit
grand prevost, pensant le trouver. Et sachant qu'il estoit chés le dit
grand prevost se campèrent devant la maison aveq plusieurs gens,
voulant fere ouvrir les portes par force, ce qui fust refuzé. Et par le
moyen d'aucuns d'iceux messieurs qui passèrent par le dernier (^»tc A
parlèrent au dit sieur prevost et terminèrent cest affere pour ce
soir. Ce bruit appres eust de grandes suittes.
En Tannée 1649, divizion entre Messieurs du Presidial et Tréso-
riers, lesquelz sieiirs trésoriers envoyèrent le commis de leur
greffier signifier quelque ordonnance aux dits sieurs du Presidial
dans le palais; lequel commis fui retenu par iceux qu'ilz gardèrent
assés de temps ; pendant lequel temps couroit.le bruit par la place
que l'on luy faisoit donner le fouet par la salle du palays, ce qui
ne fut, mais grandes suittes.
(1) On sait que rAvent et le Carême étaient prêches, au moins depuis
la fin du xvr siècle, dans la Cilé par un prédicateur du choix de TEvêquo,
et dans la ville par un prédicateur à la désignation des Consuls.
(2) Le verbe a été oublié.
(3) Le sens de ce mot£8t : Il résulte de cela que
484 sociéTé archéologique et historique du limousin.
En la dite année aussi divizion entre les esleus touchant leur
bureau. Et par ce fusl donné arrest à Ciermond (1).
Le 26 febvriep 1649, fusl fait assemblée aux Jacobins des trois
estats (2), et fut depputté Mk*" de La Fayette, evesque, pour le
clergé, Mons. de Meilhard pour la noblesse, et Mons. de Trasiage,
lieutenant général, pour le tiers estât. En laquelle assemblée y
eust dispute entre Tabbé de Saint-Martial et doyen de Saint-
Eslienne pour la [pré]séance.
La dite année 1649 (3), passa sy grand nombre de gens de guerre
qu'on ne sauroit croire. Il y eust 44 ou 43 logemens. On est
estonné comme la ville s*est sauvée sans estre pilhée. Et mesmes
des compagnies de Mons. le prince, conduittes par Soligny de
Coligny qui estoient a Lymoges, n'en fesoient pas la petite bouche,
disant que dans bref ilz viendroient fere grand'cheres et mesmes
chez les mieux habilhés. Mais les nouvelles vindrent que Mons. le
prince esloit arresté prisonnier quand ilz alloient pour se joindre
aveq ceux de Saint- Léonard et autres trouppesqui se debvoientjoin-
dre aveq eux au rendés-vous pour faire leur gros d armée, pour jouer
leur entreprise. Mais Dieu leur ota le pouvoir par les prières du
glorieux saint Martial. Ce qu'ayant sceu, ilz s'esvaderent du
pays.
Le jour de sain le Catlierine 1649, quatre maisons tombèrent au
bas du montant de Manigoe, depuis la mette qui va dernier fsicj
la maison de ville en bas vers la crois (4), environ 8 heures du
soir, et fut tuée Madamoizelle Romanet Rose et sa fille, les autres
de la maison estants sur le dernier comme les autres des autres
maisons, et par ce moyen furent sauvées. Le deflaut fut qu'un des
voisins vouloit fere une cave.
(f) L'élection de Limçges dépendait de la Cour des aides de ClcrmonU
(%) Cf. la Dernière Chronique de Pierre Robert, dans nos Chartes, Chro-
niques et Mémoriaux, ..., p.301, etaussi \cJournalde Lafossc (p. I3)qui
fut envoyé avec son collègue de Verthamon à cette assemblée pour y re-
présenter la ville.
(3) La Chronique ms. de Pierre Mesnager fixe ces passages de gens de
guerre au mois de décembre <649.
(4) Par conséquent du c6lé droit de la rue en montant vers la place des
Bancs. Au siècle suivant il se produisit dans la mémo rue un accident
semblable.
ANNALBS DE LISlOGBS. 485
Icelle anuée, Mous, de Vanladour mourut à Brive (1), auquel
succéda au gouvernemeiît Mons. le duc d'Anville.
Icelle année [1649], le sieur de Foulé, intendant, vint à Lymoges
et avec luy le nommé Tabouret, partizan des tailles, et autres de
leur caballe, lesqueJz parloient pour faire payer le Bas-Lymousin ;
et pour ce [on] assembla toutes les compagnies du pays ,qu'ils me-
nèrent, qui ruinèrent beaucoup de familles (2).
En ce temps du commancement de la guerre de Bourdeaux,
Mons. Mousnicr, conseilher au Parlement du dit Bourdeaux, vint
à Lymoges au pallays du PrésiJial, publier quelque arrest que le
Parlement avoit donné, ou ne se trouva personne (3); dont il prins
acte par un commis qu'il avoit aveq luy, et incontinent partit.
Lequel fist bien, s'estant azardé d'estre arretté, car il fesoit pour
Mr. le prince contre le roy.
L'an 16S0, le premier jour de may fust donné commission à
(4) quatre de chasque canton pour lever la taxe que debvoient
(5) chasque canton, suivant ce qui fust aresté le jour aupara-
vant par M. de Pompadour, lieutenant au gouvernement; Mons. de
Foulé, intendant, Mess, le lieutenant gênerai, procureur du roy
et consulz et autres officiers de la ville et officiers des six compa-
gnies en garnison, de lever en tous les cantons la somme de 20011.
par jour. Et fut aretté que lous les habitans payeroient, exemps
et non exemps, excepté les ecclésiastiques, comme appert par Tor-
donnance imprimée et signée que j'ay en main, et les refuzantz
contrainlz par logement des gens de guet de la dite garnizon, el
que Tadvance seroit faite par les cantoniers. Lesquelz levèrent (?),
ayant mis dans leurs rolles les officiers, lesquelz ne voulurent rien
payer. Ce que remonstrant aux dilz lieutenant gênerai, procureur
du roy el consulz, qui n'en firent estât; au contraire, conlraindrent
les cantonniers a payer les sommes, amenant avecq eux les sol-
datz chez eux. Voillà d'honnesles gens pour gouverner une ville.
(I) Cf. notre Inoentaire des archioes dépariementales de la Haute-
Vienne^ série E., suppl., Eyinouticrs, p. 107. Voir aussi le Journal du
consul LafossCy p. 23.
(i) Cf. la Chronique ms. de Pierre Mcsnager ; la Dernière chronique
de Pierre Robert (dans nos Chartes, Chroniques et Mémoriaux ,
p. 309) et les Registres consulaires, lll« 350.
(3) Le môme fait est rapporté par Lafoase {Journal, p. 34).
(4) Une déchirure dans le ms.
(5) Idem,
486 SOCISTi ARCHÉOLOGiQUB ET HISTORIQUR DU LIMOUSIN.
Le IP (lu dict mois, fust faict assemblée de ville pour voir sy les
officiers debvoient payer et contraindre les* cantonniers, fust aretlé
que Ton envoyeroit des gens de guerre ches tous les ofBciers qui
ne voudroient payer et autres qui esloient en reste. Mais après la
conclusion prinze, estant sortis de Thostel de ville le lieutenant
gênerai, procureur du roy et consulz et plusieurs soldatz furent
ches les cantonniers ayant boutiques, les fere payer soliderement
aveq grand rigueur. Ce que voyant, pour esviter exécution ou autre
malheur qui pourroit arriver, les consulz ne désirant qu'une
révolte et mettre pour autheurs les pauvres cantonniers quoyque
innocens. Et par ce furent contrainlz de payer pour les plus riches.
En laquelle assemblée fust aretté de faire bonne garde; car le
soir auparavant avoit passé au pont rompu cinq cens fantazins et
200 cavalliers venant de la part de Mr. de La Rochefoucaud, et
alloienl à Uzerche joindre M. de Bouilhon (1).
Le 13« du dit [mois et an], la ville fust avertie que le sieur de
Bouillon s'estoit saizy de Brive et qu*ilz parlementoient a ceux
d'Uzerche, ce qui fut cause que la garde fust faitte exactement a
une après-rtfiidy, jour et nuit. Car le bruit courroit qu'ils se deb-
voient tous rendre le dimanche suivant à Uzerche pour faire leur
gros d'armée.
Et d'autant que les murailhes de la ville ont bon besoing de ré-
paration, fust depputlé des cantonniers le dit jour pour recepvoir
les libéralités d'un chascun pour les reparer. Et incontinent y
firent travailher.
Le 21* du dit may 1630, Madame de Villegarde passa icy aveq un
bon train. Les consulz furent luy dire le lendemain de desloger,
disants qu'elle estoil du parly de Madame la princesse qui s'estoit
retirée a Turenne vers Mons. de Bouillon.
Le sieur de Sauvebœuf s'estant joinct a Mons. de Bouillon, ayant
fait un gros d'armée près Tulle, il y avoit auprès environ 80 mais-
tres appartenans au prince Thomas; Icsquelz furent chargés telle-
ment que les uns prindrent parti aveq le dict duc, les autres se
sauvèrent jusques dans Brive, lesquelz furent poursuivis jusques
dans la dite ville et presque tous démontés, les autres maltraittés.
(1) Ici commencent les renseignements que nous fournissent ces Anna-
les sur l'épisode de la Fronde en Limousin. Ils ajoutent quelques détails
instructifs, au point de vue local, à ceux que l'on trouve dans les Mémoi-
res de Lenet.
ANNALES DE LIMOGES. 187
Ceux qui peurenl se sauver vindrent àLymoges, estant 19 ou 20 en
mauvais équipage.
Cependant, le dict Foulé, intendant, Tabouret (1) archers et
soldatz de la garnison estants vers la Marche, après vint à Limo-
ges (2), qui est du party cy-dessus, ayant quelques archers
aveq eux passent par la porte Montmalhier qui, ce jour, estoit
ouverte ; car en ce temps on n'ouvroit qu'une porte pour mieux
garder la ville, le canton de Manigne estant en garde; et lesquelz,
peu de temps après l'ouverture, plusieurs ayant afferes, s'estoient
retirés; c'est pourquoy le corps de garde estoit faible n'y ayant
que le capitaine et peu de soldats. Le susdit.... vint à luy, le
pistolet en main, luy disant plusieurs outrages afin de l'inciter,
forçant les sentinelles qui estoient aux faux bourgs et tirant quel-
ques coups de pistoletz, dont furent deux du faux bourg légère-
ment blessés, tellement que l'alarme fust dans la ville et bien
furieuse. Etn'eust esté qu'ilz se sauvèrent, il y auroil eu du mau-
vais peureux. Cependant, ilz tindrent le chemin du Masjambost
tout le jour, attendant Tordre qui leur fust donné par Tabouret.
Et de la furent a Razès ou Tabouret tenoit des gens de guerre qui
fesoient grand mal, dont le sieur Juge dudil Razès voullant empes-
cher, print quelques habitans du bourg et paroisse pour faire
teste. Lequel Juge fust tué et les autres prindrent fuitte, et pour
ce n'en fust rien.
Le sieur de Pompadour donna des ordres aux ditz soldats d'aller
loger à Jurniac (3), de la a Varneil (4) et a Barneil (5), les autres
aRilhac(6), Beaune (7) et autres bourgs, ruinant partout ou ilz
passoient.
Cependant les ditz qui avoient forcé le corps de garde font...
(8) verbal, y comprenant plusieurs disantz qu'une maison...
au bout des faux bourgs de Montmalhier appartenant au
nommé [Àmault], huissier au bureau, qui estoit aveq eux pour
faire les signiflications ou exploitz qu'ilz pourroient avoir affere,
avoit esté pilhée et ce qui esloit faux. Quoyscachant qu'ilz
avoient envoyé au conseil.... qui dit est, Mons. le lieutenant géné-
ral et autres officiers se portèrent a la dite maison, ouyrent la
(1) En blanc dans le manuscrit.
(2) Idem.
(3 et 4) Jourgnac et Verneuil, canlon d'Aixe, à TO. de Limoges.
(5) Berneuil, canton de Nantiat, au N. de Limoges.
(A et 7) Rilhac-Rancon et Beaune, au N.-E. de Limoges.
(8) Déchirure dans le ms., comme plus bas.
188 SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUB RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
femme du dit ArnauU et ceux de la. maison et voisins, et
fut faict procès verbal de Testât de la maison, coffres, iitz et
autres meubles, ou ne fut trouvé aucune fracture. Sur ce, Mes-
sieurs du Présidial ordonnent adjournement personnel au sieur
contre les snsditz et appelles à trois briefs jours, et lesquelz font
signifBer aux dilz sieurs du Présidial des inhibitions du Conseil et
se retirent tous a Saint-Léonard.
Au mois de juin. Tabouret (l),rintendant Foulé, Brice, recepveur
général, et les dessus ditz et autres de leur caballe, après avoir
fait lout ce qu'ilz peurent contre la ville et tout ce qu'ilz avoient
remonstré au Conseil, enfin obtindrent que le bureau de la gene-
rallité de Lymoges, eslection et recepte, seroient a Saint-Léonard.
Ce qu'eslant signifBé, deux de Messieurs les trésoriers partirent
pour Paris pour avoir règlement, ce qu'ilz obtindrent.
Les dessus ditz, le dernier de juillet [1650J, obtindrent sur une
requeste arrest du grand Conseil par lequel ilz sont mis soubz la
protection et sauve garde du roy, de Messieurs du Présidial et
senechal de Lymoges, des consulz et de la ville, qu'ilz firent
signiffler.
Les consulz lèvent 9 sols 2 deniers pour livre de la lailhe, plus
4 sols 4 deniers, font 14 sols.
Les compagnies venantz de devant Bordeaux, plusieurs passèrent
icy, lesquelz/^5ic^ pilhoient et volloient partout ou ilz passoient; mes-
mes estantz sortis de Lymoges au-delà de Couzeilz, près la cha-
pelle de Nouallias, volèrent des chariots de marchandize venant
de Paris appartenant a des marchandz de Lymoges, Thoulouze,
Perigueux et autres.
(2) Le 1" septembre 1673, commance le papier timbré ; le 1" octo-
bre 1674, la seconde espèce de papier timbré; le 1" janvier 1676,
le parchemin timbré pour l'expédition de tous actes des unitaires,
contractz, obligations qu'on veut mettre à exécution, à peine de
mille livres; le 1"' avril 1678, a commencé la troiziesme espèce du
papier timbré (3).
(i) Trailanl des lailles, Reg, consulaires^ Hi, 350.
(2) Les menlions suivantes, des années 1673-1678, sont inscrites sur la
feuille de garde du volume.
(3) Ces constants changements dans la forme de papier timbré sont un
ANNALES DE LIUOPES. 189
Le jour de caresme prenant 22* febvrier 1678 à deux heures du
matin, tumbèrent des murs de la ville Aernier fsicj les Jesuittes
depuis la première tour au desoubz la porte Boucherie jusques à
la tour devant les Cordeliers, et se renversèrent aveq leurs fon-
demens dans les fossés; le restant jusques au fort Saint-Martin
menasse ruine.
Les Pères Jesuittes avoient obtenu du roy depuis peu tout le
long de ce qui est tombé jusques au fossé, et pour ce avoient fermé
le chemin qu'on alloit de la porte Boucherie à la tour Saint-Martin,
tant de bas que sur la muraille le long des classes.
Environ la fin de caresme, mesme année, tomba depuis la tour
Branlant autant de mur que le susdit.
L'an 1684, Tostension du chef de saint Martial fut faitte avec un
concours de peuple de touttes les provinces voisines, mesme des
estrangers. Ensuite, la mesme année, il y eut une mission dans
Teglise de Saint-Pierre parle R. P. Honoré de Cannes et ses com-
pagnons missionnaires capucins, qui finit le 1" janvier 168S (1).
L'an 1687, se fil Tostension du chef de saint Martial et des reli-
ques de la ville et province.
La veille de la saint Barthélemi 1690, il [y] eut une allarme si
grande sur un bruit que les Huguenos au nombre de sept à huit
mille hommes (2) venoient du côté de Soulhac (3) et Brives, que
toutte la ville fut dans la consternation et se mit sous les armes.
Ensuite cela ne fut rien. Cette allarme avoit esté à Bourdeaux,
Agen, La Réolle et Toulouse, en moins de huit jours, qui eurent
la mesme peur.
La mesme année, la ville de Limoges fit présent au roy de vingt
compagnies d'infanterie équipées, armées et en estât de servir.
des expédients fioanciers de rancieo régime. Il en est encore question dans
les cahiers de doléances do 17 89. (Voy. nos Nouo, documenta historiques^
p. fi),
(i) Sur cette mission voyez un long récit du Mémorial des sieurs Nico-
las dans le Bulletin de la Société archéologique du Limousin^ XXXVill.
(4J Voy. sur ce point les Registres consulaires, IV, 71 .
(5) Soulhac doit être corrigé en Seilhac (arrond. de Tulle), non loin
duquel se trouve la peliie localité de Gourdon mentionnée dans le passage
des Registres consulaires^ qui vient d*ôtre rappelé.
LES FOUCAULD DE SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ
D'après les lettres d'Henri IV
I. -— SIÈGE DU CHATEAU DE SAUNT-GERMAIN-BEAUPRÉ EN 1S80.
« Le château de Saint-Germain, nous dit l'abbé Ratier, avait été
attaqué deux fois dans le siècle précédent; mais le siège dont nous
parlons fut plus célèbre et plus ensanglanté » (1).
En rappelant ces divers sièges et bien que nous donnant la des-
cription du dernier, Thistorien du château ne cite aucune date.
Cette omission est d'autant plus regrettable que M. Tabbé Ratier
avait en sa possession la correspondance de Gabriel FoucauM et de
sa famille (2). Henri IV, alors roi de Navarre, nous offre un docu-
ment précieux à ce sujet :
« A Monsieur mon oncle. Monsieur le duc de Montpensier.
» Monsieur mon oncle, je ne doubte point qu'on ne vous ayt
faict beaucoup de rapports du sieur de Beaupré et de sa maison de
Saint-Germain, pour donner plus de couleur et de prétexte à la
démolition et razement d'icelle. Mais tant s'en fault que ses enne-
mys ayent pris ceste occasion, que j'estime qu'ils ne sont fondez
que sur une haine et malveillance qu'ilz luy portent, spécialement
de ce qu'il a suivy le party de la Religion. Car, à moy-mesme, si
tost que l'on a vcu la paix preste à se resouldre, on a faict le sem-
blable à mes maisons de Meilhan, Vicfaizensac, Auvillars, le Mont-
(4) Le Château de Saint-Germain- Beaupré, par Tabbé Ratier. — Limo-
ges, H. Ducourlieux, 4G62, in-8«», p. 79.
(«) Chat, de St-Germain- Beaupré j p. 76, en note.
LES FOUCAULD DE SAINT-GBRHAIN-BKAUPRÉ. 191
de-Marsan, estans après d'en faire de mesme ez aullres que j'ay en
Perigort. Dont je me plains à vous, pour vous prier de considérer
combien telle animosilé est insupportable, et de m'excuscr si je
ne puis satisfaire à vostre prière pour le regard du dict sieur de
Beaupré^ auquel j'ay de l'obligation pour m'avoir assisté et faict
service, ne me pouvant départir de luy faire en cela le plaisir que
je pourray; et au contraire, Monsieur mon oncle, je vous prieray
m'estre favorable en la justice que je prétendez demander de telz
razemens et démolitions, craignant que pour le desespoir auquel
les particuliers pourroient entrer, à cause de telles exécutions, ce
que chascuns peult juger par soy-mesme. Je ne le dis pour vous
desobéir ou desplaire, saichant le respect que je désire vous porter,
mais pour l'équité et la raison, laquelle vous pouvez considérer
par ce qui se faict à moy-mesme, dont je m'asseure que vous ne
recepvrez que desplaisir, veu l'aniitié que je sçay que me portez.
Recongnoissant laquelle, je seray tousjours prest de vous tesmoi-
gncr par tous effects combien je la désire conserver. Et sur ce,
prieray Dieu, après mes bien humbles recommandations à vostre
bonne grâce, vous donner. Monsieur mon oncle, en santé bonne et
longue vie.
» Votre humble et obéissant nepveu comme (ils,
» Henry (1).
» De Saintc-Foy, ce !•' jour de novembre 1580. »
Cette lettre, si élogieuse pour le seigneur de Saint- Germain-
Beaupré, vient confirmer le passage suivant des Recherches archéo-
logiques de M. de Beaufort (2) : « Leur petit fils Gaspard Foucault,
seigneur de Saint-Germain, devint le chef des huguenots et em-
brassa le parti de Henri, roi de Navarre. Son château de Saint-
Germain fut assiégé en ioSO et pris; mais pour s'en venger, en
1587, il prit et rançonna Chàtcauponsac, et ensuite le prieure de
FArtige, qu'il livra au pillage » (3).
(1) Lettres missioes du roi de Naoarre, publiées par Berger de Xivrey,
1843, — Origin. Archives *du Royaume, secl. hist., série K, 101-9.
(2) Recherches archéologiques^ p. 190. — Mémoires de la Société des
Antiquaires de VOuest^ années 4860-1861, Poitiers.
(3) D*anciennes fondations, recouvertes de constructions plus récentes,
ainsi que les matériaux trouvés pendant le cours d'une restauration par-
tielle terminée en 1885, ont offert à mon père la preuve certaine de trans-
formations complètes subies par le château de Saint-Germain-Beaupré. On
peut donc croire, avec H. Tabbé Ratier, que Saint-Germain a supporté plu-
sieurs sièges.
\9l SOCIÉTÉ ABCR&OLOGIQUE ET HISTaRIQIJK DO LIHOOSIK.
II. — GABRIEL FOUGAUD II JUGÉ PAR HENRI IV ET SULLY.
Gabriel Foucauld, deuxième da nom, auquel était adressée la let-
tre que nous publions plus loin, ne méritait certainement pas les élo-
ges qu'Henri IV adressait à son père. SuUy, dans ses Mémoires, nous
montre Gabriel Foucauld conspirant avec le duc de Bouillon pour
établir une république aristocratique en Tannée 1894. « Hé bien,
Monsieur de Turenne n'est-il pas bien honnête etbien humble?...
Il ne parloit pas si doux à Montauban et à Saint-Paul-de la-Miatte,
lors d'une assemblée qui s'y tint, où vous me vinstes trouver, en
laquelle estoit un des docteurs de l'Electeur Palatin nommé Butrix,
avec lequel les ministres et gens de synode et de consistoire, luy et
ses partisans, comme Constans, Aubigny, Sainct-Gen^main-Beau-
pr^et Sainct-Germain de Clan, Bressolles et autres tels brouillons
faisoient toutes sortes de menées et pratiques pour faire que tontes
les églises de France résolussent de se mettre en espèce d'Estat
populaire et République comme les Pays-Bas, eslisant pour protec-
teur, afin d'en tirer secours puissant et opportun, le susdit comte
Palatin, qui eslabliroit, disoient-ils, quatre ou cinq lieutenants
dans les provinces avec puissance égale, sans se fonder plus sur
les princes du sang (1). »
Sully ne se montre pas tendre pour ces grands novateurs, et n'esl-il
pas singulier de voir François Miron redouter, d'autre part,ravène-
ment d'une sorte de République démagogique? Le prévôt de Paris,
dans une lettre écrite au Roi, lui signale le danger qu'il pouvait y
avoir d'attirer en trop grand nombre des ouvriers étrangers à Paris:
« Sire, vous verriez alors que vostre couronne commenceroit de
brandiller sur vostre teste royalle, et quand et alors que cesbohes-
mes seroient les plus forts en nombre, le volcan sous Paris vomi-
roit son feu, et bientôt il n'y auroit plus ni capitalle, ni couronne,
ni roy; mais une respubliqtÂe, où les premiers seroient des voleurs
et des bandits.
» Le vray et honneste ouvrier parisien besoigne ce jourd'hui, et
il a beau salaire, vit chèrement, mais bien et grassement, caresse
sa femme, lui faict des enfants, et aime Votre Majesté.
» Quant aux crieries isolez, ne vous en interloquez pas, cher
syre. Vienne Jésus sur la lerre, il y auroit encore des farinents (fai-
néants?) et des bohesmes qui diroient: Jésus est un tyran. J'ai dicl.
» Votre fidelle prévost, François Mmow » (2).
{i) Afémoireê de SuUy, chap. liv, collect. Mich. et Pouj.
(2) CeUe lelire a éié citée par ravocat de la famille François Mîroa
dans un procès intenté par les descendants du prévôt à un sieur Morin,
journaliste (mars 188S).
L|<:S POUCAULD DK .SAINT-GERUAIN-Br.AlîPRÉ 193
Grâce à celte lettre aussi curieuse par la pensée que par le
style, nous pouvons constater chez le bourgeois et chez le grand
seigneur la même sévérité pour les agitateurs grands et petits.
En 1597, pendant qu'Henri IV assiège Amiens occupée par les
Espagnols, le duc de Bouillon et ses partisans huguenots recom-
mencent leurs intrigues. — « Le roy craignoit, nous dit encore
Sully, qu'à la longue ces messieurs de Bouillon, de La Trimouille,
du Plessis, accompagnez par quinze ou vingt de leur caballe, dont
les deux Saint-Germain (de Clan et de Beau-Pré), Aubigny, etc.,
estoient les plus eschauiïez qui les solliciloient à cela, ne les y
disposassent avant qu'il eut pris Amiens : [ce] qui seroit la ruine de
ses affaires » (1).
C'est bien certainement aux menées du duc de Bouillon et des sei-
gneurs dont il était le chef que nous devons la lettre d'Henri IV à
Gabriel Foucault. Cette lettre, datée de cette même année 1597,
vers le 4 juin, reproche à Saint-Germain-Beau-Pré, non-seulement sa
négligence, mais encore un véritable abus de confiance : celui d'avoir
reçu depuis un an la solde de si compagnie qui restait inactive.
r
« A Mons' de Saint-Germain-Beau-pré,
») Mons' de S'-Germain-Beau-pré, je scay que vous avez trop de
)) courage pour demeurer à la maison quand je seray à la campa-
» gne avec tous mes bons serviteurs, pour m'opposer à mes cnnemys
» et entreprendre sur eulx. Vous m'avès aussi rendu des témoigna-
» ges de vostre affection qui m'ont donné occasion de croire que
» vous m'assisterès volontiers avec vostre compagnie de gens
» d'armes, laquelle ayant estée payée d'un quartier l'an passée, et
» la précédente d'un aultre .quartier, le tout sans m'avoir servy, il
» est bien raisonnable qu'elle vienne maintenant s'acquitter de ce
» debvoir, et gagner le paiement qu'elle a receu avant le coup.
» C'est pourquoy je vous escris cestc leltre, et vous prie affectueu-
» sèment faire vostre compagnie la plus forte et la plus complète
» qu'il vous sera possible, et avec icellc vous rendre dedans le
» mois prochain en mon armée, en laquelle je fais estât de m'ache-
» miner dedans huict jours. Vous y trouvères un bon nombre de
» gens de bien qui ont bonne envie de bien faire, et m'assourc
» que vous auriés regret de perdre ceste occasion de me faire
» service, au besoing que j'ay d'cstre assisté de tous ceux qui ai-
» ment et ont intérêt à la conservation de cest état. Préparé vous
(I) Mémoires de Sully, clia^. lxxv, p. t^f, collcct. Mich. et Pouj.
T. xxxvni. 13
194 SOCIÉTF- ARCHÉOLOGIQUE KT mSTORlQUE DU LIMOCSIK.
» donc pour cest effect et vous asseurés que je vous y verray très
» volontiers, et que vous y serés bien venu ; priant Dieu, Mons'
» de Saint-Germain, qu^I vous ayt en sa saincte et digne garde.
» Henry » (1).
Ajoutons à cette lettre un entretien d'Henri IV et de Sully et
nous serons complètement édifiés sur la fidélité plus que douteuse
de Gabriel Foucaud : « N'ay-je pas oublié les bons tours qu il (le
duc de Bouillon) m'avoit faits durant le siège d'Amiens, m'ayanl
esté rapporté de divers endroits et très bien justifié que ma bonne
tante de Rohan avec toules ces resveries, luy, Messieurs de La
Trimouille, du Plessis, de Saint-Germain-Clan, de Beau-pré... et
autres, avoient couru et tracassé par les églises et synodes et usé
d'une infinité de mauvais discours, artifices et calomnies, non seule-
ment pour mettre tous ceux delà Religion en ombrage de moy, mais
aussi pour les disposer à prendre ouvertement les armes, alléguant
en autres raisons, que moy ayant ainsi changé de Religion, non par
ignorance ou faute de cognoistre la vérité, mais par pure ambi-
tion et avoir plus de liberté à me plonger es plaisirs et délices
mondains » (2j. ,
III. — SÉJOUR D'HENRI IV AU CHATEAU DE SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ.
En 160o Henry IV forme le projet de visiter le Limousin pour
réduire le duc de Bouillon et ses partisans à complète obéissance.
Le voyage ne se fit pas sans résistance de la part des courtisans.
« P(îur achever d'esteindre les brouilleries dont il avoit este
parlé en ses provinces circon voisines... il falloit sans différer
mettre fin a tout cela dans le mois d'octobre, comme ce luy seroit
chose facile s'il vouloit promptement partir. Ce qu'après plusieurs
contestations avec la plus part de ses serviteurs et peut estre luy
mesme, il résolut finalement : car jamais voyage ne se fit tant
contre le gré de la Cour que celuy là, duquel sachant que vous
(Sully) estiez le solliciteur, vous ne fustes pas épargné par les lan-
gues médisantes de ceux qui font leur paradis des délices de
Paris (3). »
Henry IV partit de Paris vers le 15 septembre, à la tête d'une
(1) Cop. Bibl. nal. Fonds Béthune, mss. 8953, fol. 36, recto.
(2) Mémoires de Sully, chap. lxxi, p. 272, collect. Mich. et Pouj.
(3) Mémoires de Sully, t. lî, p. 73.
LES FOUCAULD DR SAINT-GERMAIN-HKAUPRR. 10.S
petite armée dont Sully commandait l'artillerie, composée de
deux canons, deux couleuvrines et deux bastardes. Arrivé à Li-
moges le 14 octobre, le roi ne fit son entrée solennelle que
le 20 et séjourna dans la ville jusqu'au dimanche 23 octobre (I).
Le départ eut donc lieu le 24 et non le 25 comme le dit l'abbé
RaUer (2).
a âioclobre 1605.
» À LA Reine,
» Mon Cœur, je pars et ay commandé à ce porteur de me voir le
pied à Testrier pour vous en asseurer (3). »
Parti de la Croix du Breuil, le roi se dirigea sur Saint-Germain-
Beaupré. Il ne s'arrêta pas à La Souterraine, que désolait une terri-
ble épidémie et reçut à une petite dislance les hommages présentés
par le conseiller du roi Salet (4).
A la môme date, nouvelle lettre :
a Î4 octobre 1605.
» A LA Reine,
» Mon Cœur, je m'en vois coucher à Saint-Germain, chez Beau-pré,
et seray, s'il plaist à Dieu, demain à Argen ton. Toutes les nouvelles
que vous pourray doresnavant mander ne seront que des chemins et
du beau etdumauvois temps. Le cœur commence a relever à tout le
monde de sentir le visage tourné vers la douce France (5). Ce mal-
heureux pays et les importunilez nous l'avoient tout abattu, et par-
ticulièrement amoy, qui, je vous jure, fusse tombé matede si je
fusse esté encore deux jours à Limoges. Ce xxiiij* octobre (6). »
Cette lettre nous renseigne très exactement sur la date de l'ar-
rivée du royal visiteur à Saint-Germain-Beaupré; elle a en outre
(t) Entrée d'Henry IV à Limoges, relation de Simon Descoutures, au
Bulletin delà Société arch. et hist, du Limousin, t. IV, I85Î, p. 47. —
Limousin historique, t. IV.
(2; Château de Saint^Germaln- Beaupré, par l'abbé Raticr, p. 70.
(3; Origin. Autographe. Collection de M. Feuillet de Couches.
(4) Château de S aint-Germain- Beaupré^ p. 7i.
(5) La « douce France ». C'est le mot si souvent appliqué à la patrie
par Charlemagnc et ses preux. On aime à retrouver cette expression, à
huit siècles de distance, sous la plume d'un Français Jcomme Henri IV.
(6) Origin. Autographe. Collection Feuillet de Conches.
<96 SOCIKTÉ AnCBëOLOGTQUR RT HISTORÏQL'K DU LIMOUSIN.
Tavantage (rexpliquerles résisiar>ees bien justifiées des courlisans
et du roi lui-môme à quitter Paris pour entreprendre ce voyage en
Limousin.
« 95 octobre 160a.
» A LA Reine,
» Je ne vous voulus pas mander hyer comme, depuis le portement
deNicolo, le dévoyement m'a rf^pris, parceque jecuidois que le chan-
gement d'air m'en guériroit; mais, mon cœur, il me continue avec
un lel mal d'estomac que je crois qu'il me faudra arrester à Cliâ-
teauroux, ou je seroy demain, pour prendre médecine et me repo-
ser; car ce mal m'affoiblil et m'attriste extrêmement. Je pars tout
asteure de Saint-Germain y m'en vois coucher à Argenton. Voilà
tout ce que je puis vous mander. Bonjour, mon cœur, je vous baise
mille fois, ce xxv® octobre (1). »
Henry IV a donc passé la nuit du 24 et la journée du 23 au Châ-
teau de Saint-Germain-Beaupré. Jouilletton nous indique exacte-
ment la durée de ce séjour; mais, suivant sa déplorable habitude,
sans fournir aucun document à l'appui de son dire (2).
La dépense extraordinaire, dit le journal de l'intendant, occa-
sionnée par les soixante personnes de la compagnie du Roi et les
nombreux invités, ne s'élevia pas à plus de soixante-dix livres tour-
nois, tant étaient grandes les ressources de la maison seigneu-
riale (3).
La santé du roi s'améliore à son arrivée dans le Berry, justifiant
ainsi le désir de quitter à la hâte le Limousin pour rentrer dans la
« douce France » :
« 26 octobre 4605.
» A LA Reine,
» Mon Cœur, je receus hyer deux lettres de vous. Il y avoit deux
jours que n'en avois eu. J'ay mieux dormy ceste nuit, et sens ce
matin moins de douleurs à l'estomac. Je vis avec un extresroe ré-
gime; s'il m'amende tout aujourd'huy, demara, au lieu de prendre
médecine, je courray un cerf. Je seray, s'il plaist à Dieu, vendredy,
(1) Origin. Autographe. Collection Feuillet de Couches.
(2) Histoire de la Marche, par Jouilletton, p. 348.
(3) Château de Saint 'Germain- Beaupré^ p. 7î.
LES FOUCAULD DS SAINT-G£RMAIN- BEAUPRÉ. 197
qualriesme du mois qui vient, à Fontainebleau. Gardés vous pour
Famour de moy et de ce que vous avès dans le ventre. Je vais cou-
cher à Chasteauroux où je sejourneray demain ; vendredy à Vatan,
et feray ma feste à Vierzon ou à Aubigny. M*** de la Chastre vous
dira tout ce pays-là. Bonjour mon cœur, je te baise cent mille fois.
Carleroux seraicy auhuy. Mercredi xxvP octobre, a Argenton (i). »
On nous permettra d'emprunter encore à la correspondance
royale l'appréciation de ce voyage : « Au reste, dit Henry IV au
Landgrave de Hesse, j'ay accomply mon voyage de Limousin très
heureusement, ayant par ma présence consolé et fortifié mes bons
subjects en leur obéissance et fidélité, et par ma bonté et justice re-
dressé les desvoyez au chemin de leur debvoir, ainsy que je pou-
vois désirer (2).
G. Berthomier.
(1) Origin. Aulogr. Collcclion Fcuillcl do Conchcs.
(î) Le 8 novembre <603, au Landgrave de Hcss'î.
INVENTAIRES
DU CHATEAU DE NEXON
NexoD esl un château du Limousin, qui a donné son nom à
ses seigneurs, les de Gay, et au bourg qui Tavoisine. La commune,
chef-lieu de canton, est située dans le département de la Haute-
Vienne, sur la ligne de Limoges à Saint-Yrieix.
Les inventaires, exhumés de ses archives, sont au nombre de
quinze. J'en dois la connaissance à Tobligeance de M. Champeval,
qui les a découverts, et la communication à la gracieuseté de M. le
baron de Nexon, qui a bien voulu me les adresser pour que je
puisse les copier et étudier à loisir. Que tous les deux, puisqu'ils
ont bien mérité de la science, trouvent ici l'expression de ma gra-
titude, qui sera certainement partagée par mes lecteurs.
Nexon était une seigneurie, un fief noble, ayant juridiction sur
un territoire déterminé. Aussi, dans la salle, conservait-on l'étalon
de la mesure locale, appelé timbre. L'habitation seigneuriale était
protégée par un canal, un pont-levis et deux cations.
Le château, que Ton peut reconstituer dans sa division inté-
rieure, grâce aux indications des pièces, peu nombreuses dailleurs
et nécessairement très spacieuses, comme on faisait jadis, n'a
qu'un mobilier de peu de valeur. Son luxe consiste surtout dans
ses tapisseries et tapis, qui donnent tout de suite grand air aux
appartements, et dans l'argenterie, abondamment fournie.
Une seule fois, il est question de bijoux.
Les documents que je transcris vont du xvi* au xix^ siècle. Nous
liNVENTAlRES OU CIIATEAU DE NEXON. 199
avons donc sous les yeux raraeublement d'un château pendanl une
période de trois cents ans. En somme, il n'y a pas, à chaque mu-
tation de seigneur, de changement notable. Nous y trouvons aussi
de curieux détails sur le costume.
Je supprime systématiquement tout ce qui ne rentre pas dans mon
cadre, par exemple l'énumération des titres et du bétail. Il y aurait
là, sans doute, pour l'histoire locale, un curieux appoint relativement
à la généalogie et à la condition agricole; mais tout autre est mon
but et je tiens à ne pas m'en écarter.
1. — XVI* SIÈCLE.
Les biens que feu Mons, maistre Léonard Gay^ en son oloant conseiller
au grand conseil, mon oncle^ possédoit au temps de son décès (I).
Les bagues et joyaux que Catherine SaleiXy danioy selle ^ ha, qu'estoint
des biens délaissés par led, feu M° Léonard Gay.
i. Et premièrement, une grosse daurouro d*or, du prix de xxx r. {i)
ou environ.
2. Plus, une auUre dauroure (3) d'or, du prix de xn r.
3. Plus ung gascran (4) d'or, du prix de lx r.
4. Plus, ung aullrc gaseran, du prix de xv r.
5. Plus, une chaîne d'or esmalhée, du prix de xvii r.
6. Ilcm, deux brasseletz d*or, poisant x r.
7. Plus, une rose de dyamant, avec ungs pclis palcnostrcs d*or, vâllant
le tout L r.
8. Plus; ung fermail d'or, où il y avait trois rubis cl' deux dyamans, vâl-
lant xxx r.
9. Plus, une patcnoslrcs de perles grosses, marqués de marques (5)
d*or, vallanl lx r.
(1) Cet inventaire a été écrit, à la fin du xvi* siècle, sur un petit cahier de huit pages.
(2) Royaux, réaux.
(3) On écrivait aussi doreure, témoin ce passage de l'idylle de George» de Selve, évéque de
Lavaur (1526-1542) : Les plesin de ta retraite :
« A peine le soleil brille sur l'Orient
Qu'il voit l'endroit où je demeure
Et peint d'une belle doreure
Tous les murs de mon bastiment,
Mais l'esclat de cette peinteure
Que donne la seule nature
N'est-il pas cens fois plus charmant
Que n'est la vaine architecture? »
(4) a Jaserarty collier d'or, formé de petits anneaux; chaîne de cou, à petits anneaux, dite
aussi jaseron » (Larousse .
(5) Les marquée formaient les Pater.
2U0 SOCIÉTÉ ARCIlÉOLOGiQUK KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
40, Plus, une disaine (I) de patenostres d'or, avec une bulleie (2) d*or
au bout, vallant x r.
11. Plus^ UDge palcnosires de couraud (3) verny, fori beau, marqués de
marques d'or, vallant xv r.
42. Plus, ung aneau, appelle saphier (4), vallant xx r.
13. Plus, ung auUre aneau appelle dyamenl, vallant xxi r.
14. Plus, ung autre aneau, appelle reby, fort grand, de la >allcur de
XX r.
15. Plus ung autre aneau appelle turquoyse, de la valleur de x r.
Les bijoux énumérés sont de sept sortes : dauroure, jaseron^
chaineSy bracelets, fermail, chapelets et anneattx. L'émail est men-
tionné une fois, au n° 5, à l'ocasion d'une chaîne d'or, collier ou
ceinture. Les pierres précieuses sont le diamant, le saphir, le mbû
et la turquoise. Un des chapelets est en corail vernis (S), c'est-à-
dire peint en rouge, ce qui indique une imitation de corail.
L'estimation de la valeur se fait en royaux, monnaie d'or.
Un mot paraît ici pour la première fois dans les inventaires (q«*
1 et 2). On peut le lire dauroure ou dauvoure. Aucun glossaire ne
donne une forme analogue ou équivalente. Le contexte peut seul
éclairer sur son sens. L'énumération des joyaux doit commencer par
la tête : on passe ensuite au cou, où est le jaseron; à la ceinture,
où se met la chaîne; aux bras, qui ont des bracelets; à la taille.
avec son fermail, qui peut aider à fixer les patenôtres pendantes
et enfin aux doigts, où s'enfilent les anneaux.
L'ornement de tête ne peut être qu'un diadème, ou plutôt une
ferronnière, qui était alors très populaire. Ce n'est pas certainement
une paire de boucles d'oreilles, puisqu'elles ne vont pas ensemble.
Tune aurait valu trente rovaux et l'autre douze seulement.
IL — 1593.
\, Deux robbes de drapt noir, bandées (6) de veloux.
(1) Le dixain était une pdtenâtre de dix Ave Maria seulemeot.
(2) La termioaison de la patenôtre était ordioiireraent une houppe; ici, elle est une rose
de diamant (n- 7) ou une petite boule d'or.
(3) Corail vernis, peint en rouge, ou imitation de corail.
(4) La rédaction est défectueuse : le saphir n'e^t pas Tanneau lui-même, mais la pierre du
chaton.
(5) En italien, on dit dans le même sens verniciatay qui dérive de vernicfif couleur.
(6) Le Glossaire archéologique n'a ni bandé, ni bande, qtù signifie une large bordure.
« Ugn manteu de fort fine migrcne rouge, handéyé à deus bandes de velous noir. beu. Xîgn
Kavau de fin noir, à pointes de satin noir, à deus bandes de velous » (/nr. de J. de Mai-
linrd, 1527).
INVENTAIRES DU GBATKAU DK NËXON. 201
3. PiuB deuxcothes (0*
3. Plus ung corps (2) de robbe de drapl noir, allaché avec ung garde-
robbe (3) de sarge d'Orléans.
4. Plus une cothe.
5. Plus, une robbe de drapl noir, faiclc à Toupalandrc, doublée de
satin.
6. Plus, une autre robbe, bandée de veloux, faicte aussy à Toupalai)-
dre (4).
7. Plus, une autre robbe, de la mesme façon, aussy bandée de vcloux.
8. Plus, une cothe de drapl rouge.
9. Plus, ung paire de manchons (5) de veloux noir.
10. Plus, ung garderobbc de sarge de Beauvoys (6), garny de veloux
par en hault.
Un acte, du 17 février 1593, énumère les legs fails par « feii
Monsieur Maistre Jehan Degay, quand vivoit advocat en la cour de
Parlement de Bourdeaux », à « Dame Anne Degay », sa femme,
« outre les sommes à elles constituées en dot ».
(1) Cotte ou surcot : ■ Ugne coûte de cscarlate fort fine. U|$ne couste de fin noir, bone.
Ugne coûte de rouge, bon pour les dimenches. Ugne coûte de demUostade tanéyé. Ugne coûte
de drap jaulne, bon. Ugne coûte de rouge pour tous les jours. Ugne coûte de bon noir pour
les dimenches » {Inv. deJ. de Malliard^ 1527Ï.
(2) Corps ou corsage.
(3) Victor Gay définit le garde-rol^e « un tablier ».
(4) I Pour une fourreure d'aigneaux blans, délivrez pour fourrer une hoppelande de gris.
Pour !!■ de menu vair dont furent forrées v hoppelandes de drap de soye vermeil à une
manche noire. 7 aulnes de gris brun fin de Moustiervilliers dont ont esté faites deux hoppe-
landes pour Monseigneur, une longue et Vautre à mi-jambe. 5 hoppelandes de drap de soye à
devise de gettz et une manche noire, une longe dessus, fourrées de menu vair. Une hoppe-
lande longue de gris, fourré de gris, qui sout 7 garnemens. 1 drap de soye noir de damas
pour faire une hoppelande • [Compt. de Guy de la Trémoille, 1395-1406).
f5) Les manche» et manchons étaient mobiles, c'est-à-dire ne tenaient pas à la robe.
« Ugn pourpoint de sarge fine et piesse et les manchons de velous, doublé de tafetas
blanc, ner>'é de velous vioulé, fort beu. Les manchons : ugn menchons de velous gris. Ugn
menchons de vellous tané. Ugn menchons de velous noir. Ugn menchon de satin tané. Ugn
menchons de tafetas de Jénes noir. Ugn menchons de bourt de soie noir tané. Ugn men-
chons dez ostade bleue, vieulx. Ugn menchons de drap fin blanc. Deus menches de robe dcz
ostade ■ (/hr. de /. de Malliard, 1B27).
• Mémoire des manchons que je luy hus ou qu'elle avoit, que luy fit fère : Ugns manchons
de velous orange, beus. Plus ungs manchons de velous cramoysin vioulet, que je fis fère,
fort beu». Ugns manchons de velous vioulet qu'elle avoit. Ugns manchons de velous orange,
qu'elle avoit aussi. Ugns manchons de satin blanc qu'elle avoit et, pour tous les jours, de
noir. Et je lui en balles de boure de soye noir et tané et des autres de Ufetas noir et des
antres de fin noir bon. Et en doné ugns manchons de velous orange et ugns de satin vioulet.
Ugns autre de satin noir h {Ino. d'/sabeau de Solmigniac, 1528;.
H Une robe de drap d'or,.... les manches de mesme. Ung manteau de damas cramoisy...,
»ans manches. Aultro robe, de taffetas cannelle cramoisy, les manches de satin vert rayé
d'argent. Aultre robe de satin gris rayé d'or, avec les manches de saUn façonné, rayé d'or,
Aultre robe de taffetas gris frangé, les manches de toille d'or milanolse » (/'lo. de Quermetin,
1586.)
• Plus 3 paires de manches à ses sœurs, plus quatorze livres pour une robe et une paire
de manches n {Journ. de P. Vacherie, 16f5).
(6) 1 Sarge de Chartres. Sarge de Beauvais - (/«p. rfi* marquis dr Hémovitle^ 163*»).
âOS SOCléTé ARCUÉOLOGIQUB ET UISTORIQUB DU LIUOUSIN.
Les vêtements sont des robesy des cottes et des garde-robes.
L'étoffe est du drap noir ou rouge, de la serje. d'Orléans ou de
Beauvais, employée seulement aux garde-robes, et du satin^ pour
la doublure.
Le velours est affecté aux bandes ou pourtour et aux man-
chons.
On remarquera la façon de deux robes, qui sont en manière de
houppelande, c'est-à-dire entièrement ouvertes en avant.
IIL — 1687.
4. Dans la chambre kaulte^ quy a prospect sur le jardrin : Ung chas-
lict(0denoyer(2), 8 1.
2. Ung lict, guarny de coelle, coussin, une couverlc verte, 50 I .
3. Ung tour de lict de salin de Bruges en broderie, usé, 4 1.
4. Troys rideaux de sarge de couleur jaulne, 12 l.
5. Ung dressoyr (3) de mesmc esloffre, 40 s.
6. Ung boys de couchelle de noyer, 3 1.
7. Une coelte et cuissin de couchette, 42 l.
8. Une couverte blanc, 40 s.
9. Ung pavillon de sarge jaulne imprimée, 10 I.
10. Une table de noyer, 5 1.
11. Ung tapis de Flandre, 6 1.
1î. Six chaires, Iroys grandes, les autres troys moyennes, garnyes de
sarge de coulleur verte (4) obscure, 18 1.
13. Six chaires, troys grandes et troys moyennes, garnyes de cuir
doré (5), 18 1.
14. Une aullre chaire, garnye de cuyr rouge, usée, 40 s.
15. Une autre chaire, guarnye de tripe de velour (6), fort usée, 40 s.
16. Ung dressoir de noyer, y ayant au-dessus un tapis de camelot (7)
rouge, frangé de layne, fort uzé, 6 1.
17. Quaire grand tableaus où sont les pourtraictz dud. feu s'Degay et de
lad. damoyselle du Chenaud, sa vefve, et les autres deux de deux prin-
cesses, ayant les ruydeaux (8) de tafelas vert, 12 1.
(1) Défini parle Glossaire archéologique «bois de lit ».
{%, Le noyer et le chêne sont les deux essences dominant en Limousin.
(3) Dreêêoir se disait donc, non-seulement du meuble, mais aussi de sa housse : V. Gay
n'a pas donné cette acception, i Plus ugn petit tapis de ladite tapiçarie comune, louge et
jaune, sur le dressoir « (Inv. de J. de Malliard, 1527).
(4) ■ Sarge verte u (Inv. du marquis de Rémoville, 4632).
(5) Voir ce mot à la table du tome [de mes Œuvres complètes.
(6) Peluche.
(7) Voir ce mot à la table du tome I de mes Œuvres.
(8) Ces rideaux protégeaient les tableaux à la fois contre le soleil et la poussière. ■ SupfT
altare quamdam ymaginem Béate Marie, cum quodam vello vîridi. — Item quamdam cortînam
nigram, que erat ante dictam ymaginem, pendentem in filo ferreo » (/«p. des Templiers 'If
Toulouse, 1313, n« 1, 14).
INVENTAIRES DU CHATEAU DE NKXON. 203
18. Un père de chaneiz ou landiers (1) de leton, 18 1.
19. Deux petitz tabouretz, garnys de sarge fort usée, 40 s.
20. (Jng coffre de Flandre, dans lequel n*a esté trouvé que les habis
de damoyselle Marie du Chcnaud, vefve de feu Joseph de Petiot, juge de
Lymoges, 8 1.
2t. Dans autre chambre^ ausay en hault de lad. maison, ayant aspect
sur le deoant d'icelle : Un grand chasly de nouyer, 10 1.
2i. Une coestc et.cussin, 25 1.
93. Troys ruideaux de sarge de colleur orange (2), uzés, 8 1.
24. Ung llnceux de tbille de pays, 30 s.
25. Une table et ses Irateaux (3) de noyer, 7 I.
26. Deux boys de cochele de noyer, 6 1.
97. Deux coestes et cussin desd. couchettes, 20 l.
28. Une couverte blanche, 4 1.
29. Autre couverte jaulne, uzée, 4 1.
30. Ung ban de boys de chaisne de pcult de valleur, une chaire de
noyer, 40 s.
31. Ung vieulx coffre de bois de chaisne, dans lequel ne c'est trouvé
aucunes choses qui appartiene aud. deffunct que seullcment quelques
acoustrementz appartenant à damoiselle Marye Ghenaud, 4 liv.
32. Ung réveilhe •malin, 18 1.
33. Une petite table à deservlr, 3 1.
34. Ung petit scabeau (4), 10 s.
35. Dans un cabinet estant sur la rue : Une table de cuisine, 4 1.
36. Une vielhe chaire, 20 s.
37. Ung vieulx bahus, 25 s.
38. Ung mauvais lapis, 20 s.
39. Dans un cabinet estant sur le hault ^ ayant prospect par le der-
nier [b) : Ung chaslict de noyer plainne (6), 7 l.
40. Un autre chasly de menuzerie, appelé lirt de campt (7), sans aul-
cune garniture et une custode (8) de sarge jaulne usée, 12 t.
(1) «I Une autre paire de landiers qui servoient à la cuisine, avecq deux chesnets, le tout de
fer« prisé soixante sols » (Inv. du lieut. de Chdteaugontier, 162C).
(3) « Ubg ciel de lit fait à l'éguille et à» bardes de satin crainoisy, esquelles y a cinq carraux
de satin rouge et cinq d'orenge. Un carreau de soye Taict à l'aiguille à diverses devises, le fons
de damas oranges. Un ciel de drap d'or, garny de III ridaux de damas jaulne d'orenge.
Deux vieulx carreaux de toille d'or noyre, l'un fonsé de mesmes et l'aultre de satin jaulne
oranges. Une pièce de tapicerye piquée de taffeta<« jaulne orange. » {Invent, du chat, de
Craon, 1553.)
(9) Les tréteaux supposent une table assez longue : de la sorte, on pouvait la transporter à
volonté.
(4) Sic pour escabeau.
(5) Sic pour derrière, <• Est enjoint à tous ceux qui ont des portes au dernier de leur
maison les murs. » [Ordonnance du maire de TuUe^ 1632).
(6; Plein, peut-être dans le sens de fonce\ que nous trouvons dans un autre inventaire.
(7) « Item, le bois d'ung lit de camp, prest à monter, dans des étuys de cuyr. u (/no. du
chat. d^Aigueperse, 1507, n« 1^7. Voir aussi les n" 10 et 11.)
{8} Furetiëre écrivait en 1690 : n Custode... Et mssmes on appelle quelques fois ainsy les
rideaux des lits des particuliers ».
tH SOCIÉTÉ AIICBÉOLOGIQUK ET UlSTOHIQUB DU LIMOUSIN.
41 . Ung père d*armes, i^arnics et compUicte, ayant double plaslroB, 60 1.
42. Quatre arquebuzes de cbasse et deux mousquelz (1), 60 1.
43. Un espicu, 4 1.
44. Une pcrtuixaue dorée, 6 1.
45. Une arquebuse en fust, de laquelle est rompu, 3 l.
46. Deux grandes arbaletles, Ô 1.
47. Une pelile arbaicsle, 50 s.
48. Une celle pour cheval, neufve, bandée de veloux, 18 L
49. Ung pistolet, avec son foureau, 12 ).
50. Ungpougnard (S), 4 1.
51. Ung bouclier de Loys, 40 s.
52. Une boytlc avec un bonel caré audcdans, 40 s.
53. Une fontaine de cuire (3) à laver les mains, 8 1.
54. Un coffre à bague, avec sa serure et clef, 6 1.
55. Dans une chambre^ qui a son aspect dans la rue du basti-
ment : Ung vieux cliaslict de chaisne, 4 1.
56. Ung surciel (4) de tapisserie de Feletin sans rideaux, 40 s.
57. Une couette, ung coussin, 12 1.
88. Un grand coffre de noyer pour serrer les papiers.
59. Ung grand coffre do chaisne, dans lequel c'est trouvé deux piesscs
de tapiserie, propres à maittre dans la chaumière, vielbc et quelques
liabis du deffunt de peult de valeur, 40 l.
60. Deux rideaux de sarge d'Amiens (5), verls et fort uzés.
61. Ung autre grand coffre de chaisne, où que c'est rien trouvé, 4 1.
6i. Autre grand coffre, aussy de chaisne, dans lequel ne s*est aussy
rien trouvé, 4 1.
63. Dans autre chambre y joignant : Ung coffre, dans lequel
cstoyent les habilz du dud. feu Degay, comme sont une robbe de damas
avec les paremenlz de vclourx, 36 1.
64. Une autre robbe longue de tafetas, usée, 10 I.
65. Une autre robbe de sarge de Florance, usée, avec ses parements de
veloux, 40 1.
66. Une autre robe de drapl de seau (6) à dcmy usée, avec son pare-
ment de veloux, t8 I.
(1) tt Un mousquet de trois doigts d'embouchure. »(/no. de Atascaron. évéque cfA^en, 1703,
n" 337).
^2; Poignard.
(3) Sic pour cuivre : se dit du cuivre rouge, le Jaune étant nommé laiton. • Une grande
fjntaine à deux roblnés, couvercle et grande cuvete, le tout presque neuf. • {Ihv, de Senh^if,
1793.)
(4) Voir ce mot à la table du tome I de mes Œuvres.
H Plus, deux surciels de tapiçarie, lit et cochette. Plus, deus autres surctels de sarge rouge
et verte, lit et cocbete. Plus, deus autres aurciels de tapiçarie roge et jaune, comuns, lit
et cochette. Plus, trois surciels de toyll«. » {Inv. de J. de Malliard^ 1527.)
ib) Les inventaires de Nexon nous fournissent l'indication de quatre serges différentes,
d'Orléans, de Béarnais, d'Amiens et de Florence.
Il existe quatre arrêts du roi, imprimés en trois pièces in-4% portant les dates de 1716 et
17*24 et relatifs aux,u manufactures d'étamines, de serges et de peluches d'Amiens».
(6) Drap de Caux ? n Caux pays en Normandie. Le commerce de ce pays confdste en toile
hrune, propre à doubler des habits, m (Kxpilly, Dict. des Gaules.)
INVRNTAIRRS DU CUATRAU DP. NRXON. 205
67. Deux soutanes (1), Tune de damas, l*autrc de salin et ung jouppc
lori uzée, 40 !.
68. Deux vieulx propoinclz (9), Tung de velloux figuré, Tautre de tafeUs,
avec un autre de chamelot de soye (3) fort uzée, 6 1.
69.. Plus, ung vieux coffre chaisne, dans lequel a esté trouvé ircntc lin-
ceux, tant bons que mauvais, servant à l'usage de la maison, 40 l.
70. Plus liuict nappes et six douzaines de serviettes, servant comme des-
susd., tO I.
7i. Dans la salle basse aud, logis : Une table do noyer double, à tirer,
avec un tapis vert et demy uzé, ï8 l.
79. Un banc de serieys (4), 40 s.
73. Deux chaires de noyer, garnycs de tapiserie jautnc, 6 1.
74. Plus, aullres six chères de bois de noyer, 9 1.
7», Une cspinèle (5,6 1.
76. Un père de landicrs de lelon (6), \B 1.
77. Un grand chandelier (7) au milieu de lad. salle, à quatre branches,
aussy de leton, 12 1.
78. Un bufot de noyer, 18 1.
79. Dans la cuisine: Une table viellhe, 4 1.
80. Ung banc vieulx, 20 s.
81. Deux coffres de chasne, aussy vieulx et ung bufet aussy vieulx, i l.
82. Deux douzaines de platz d^estang '8), deux douzaines d'assicles,
98 1. 8 s.
83. Deux chandeliers d'arain, 3 1.
84. Un chodcron et deux pelilz polz, 7 1.
83. Deux cramelières, 40 s.
86. Une broche de fert, 15 s.
87. Une poelle, 30 s.
88. Un petit bassin (9), 3 1.
89. Dans la caoe : Un grand tonneau de huict charges, serclé de qua-
tre sercles de fert et demy plainct de vingt, 19 1.
90. Plus, autres deux picsscs de chascune quatre charges, serclée de
fert, 10 1.
(1) n Item, une sotane do taffetas. Item, deax sotanne« d'estamine. Item, une sotanne de
satin. » (Invent du lieut. de ChàteaugontieTf 16?G).
\f) « Ugn pourpoint de velous tané, bon. Ugn pourpoint de fin noir, la piesse et manchons
de Telous noir bon, Ugn pourpoint de satin tané fin. Ugn pourpoint de utin de Bourges (tte),
escartelé ronge, blanc et tané. Ugn pourpoint de bon noir, la pi s «se et manchons de satin noir
fin. Ugn pourpoint de tafetas blanc de Jènes,bon. Ugn pourpoint de fustène blanc. U:.{n pourpoint
de canebas. » (/no. de J. Malliard^ 1527). — n Item, deux Tîelz prepoinctz, l'un de satin et
l'autre d'estamine. » {Invent, de ChàteaugontieTf 1626.)
(3) 41 Item, un capichon de camelot. Item, un ballendrap de camelot noir, doublé de sarge. »
(Inoent. de Châieaugùntiet\ 1626.).
(4) Cerisier.
(5) Furetiére disait en 1690 : n Le clavecin est une espèce d'épinette >•.
(6) Voir le mot laiton à la table du tome l de mes Œuvres.
(7) Ici il signifie lustre.
(8) Sic pour étain.
(9) « Item, un bassyn lavemain. » {Invnt. du chat. d'Aigueperse, 1507, n* 124).
âO<> .SOCléTK ARCnÉOLOGIQUR ET IIISTORIQUR DU LIMOUSIN.
91. Uog bac (I) à remplir les vaiseaux, fort vieulx, 10 s.
Calcul du tout faict ensemble à la somme de 1145 1. 8 s.
Cet inventaire est écrit sur papier, dont le filigrane représente
une main tenant une fleur, en cinq pages petit in-folio.
Six choses méritent plus particulièrement attention : les sou-
tanes et robes du magislral; l'épinette, ce qui prouve que la
dame était musicienne; le réveille- malin (n** 32), quelques armes,
moins pour la défense que pour la chasse, un tapis de Flandre
(n*" il), mais surtout une tapisserie de Felletin formant ciel de lit
(n*» 56) ; enfin les portraits des deux époux (n* 17).
IV. — 4680 (î).
1. Dems la grande chambre, apcUée la chambre peinte : Une tapisse-
rie de bcrgamc (3).
2. Deux licts (4), avec leurs couettes, couessins, matelats et rideaux de
sarge (îS) blœuf, avec des passemens et franges de laine et soye meslée
de diverses couleurs, des tours de licts, de ligatures avec une crespine de
soye.
3. Six vieux fauteuils (6), garnis de mesme eslolFe et couleur que les
licts.
». Une table (7) carrée, bois de noyer (8), couverte d'un tapis de mesme
csloffe.
(1) Bac pour baquet n'est pas dans le Glottatrt archéologique.
(2) Cet inventaire forme un cahier de 56 pages petit in-foli«, dit moyen papier^ au timbre
de la généralité de Limoges. 11 fut rédigé, le 7 octobre 1680. aa « cluisteau et maison de
Nexon, où il est décédé »» à la mort de « François Degay, e^cuyer, seigneur de Nexon >, eo
présence de '< Marc Anthoine Degay, escuyer, seigneur de La Grange, fils aine da dit deffunt
sieur de Nexon » ; de ■ la dame de Nexon, sa veufve *, née de Benoist; de « la dame de La
Judie, sa fille, et autres enfans dud. feu s' Degay ». J'en supprime toute la partie relative a
la procédure, ainsi que le détail des papiers et registres qui contiennent l'état de la fortune ;
j'omets encore la visite des métairies, ob est relevé le ■ chaptaU (cheptel) des bestiaux •.
(3) Les tentures des murs sont simplement en bergame (n** 1, 59, 74). Une portière seule
est en « tapisserie à personnages » (n* 60).
(4) Les lits sont souvent par paires dans les chambres (n** 2, 41, 44, 51, 67, 68).
(5) La serge est do quatre couleurs : grue (n** 52, 61), bleue (n* 2), jaxaie {n«« 8, 51) et
verte (n** 6, 47, 65), avec les deux nuances, olive (n* 55) et brun (n* 68K Une fois, elle e»t
qualifiée de pays, c'est-à-dire fabriquée en Limousin.
On s'en sert, non-sculement pour les lits, mais aussi pour les fauteuils, les chaises, lestable*
et les paravents.
(6) Les fauteuils sont enregistrés aux n«« 3, 6, 47, 55, 64, 65, 71. Leur garniture est ordinaire-
ment assortie à celle du lit (n° 3).
(7) Les tables sont carrées (n«* 4, 53, 85), rondes (n« 10, 53); il en est une owHe (n* 56) et
deux à l'antique Cn** 11, 46).
(8) Le bois employé aux meubles est le noyer (n«* 4, 58, 63), le chêne (n** 56, 95) et le reri-
9ifT (n" 56 MSj 07), tous bois du pays.
mveNTAlRES ou CIIATKAU DK NEXON. 20?
5. Dans la salle en bas : Uqc aulrc vieille tanturc de tapisserie de
bergam»^, fort usée.
6. Six vieux fauteuils d'une sarge de pays, couleur verie.
7. Deux formes (i), garnyes de sarge de mesme couleur, fort usez.
8. Douze petites chèzes, garnyes d'une sarge et frange de laine de
couleur jaulne.
9. Une table ronde, bois de noyer, en menuiserie (2), couverte d'un
lapis de moquette (3).
10. Une autre petite table, aussi ronde, bois de noyer, couverte d'un
tapis de bergame (4).
\ I. Une autre vieille table à l'antique, de peu de valleur.
- 12. Une cuvette d'airain, de la capacité de quatre sehaux (seaux).
l.H. Cinq tabourez, garnis de bergame, fort usez.
1i. Dans une autre salle basse^ laquelle on fait servir présentement
de despance : Quatre vieux cofifres (5), qu'on a dit servir à mettre le
linge dont on se sert à table.
15. Un petit bois de lict.
16. Une liltièrc (6), avec les scelles (selles) et harnois.
i7. Un rouleau de droguet de pays, d'environ vingt aulnes.
\S. Environ un quintal de chanvre.
19. Un petit cabinet (7) h deux battans, servant à mettre la vaisselle (8).
20. Lequel ayant esté ouvert, si est trouvé une escuelle d'argent cou-
verte, une petite tasse aussi d'argenf, dix-sept cueillôres et treze four-
chettes d'argent, le tout marqué aux armes dudit feu sieur de Nexon.
21. Treze grands plats ou bassins, unzc petits plats ou assiettes creuses,
soixante deux assiettes, quatre sallières, quatre coUièrcs (sm;) (9), le tout
d'estain commun, avec (rois flambeaux de mesme, le tout marqué aux ar-
mes dudict sieur de Nexon.
22. Quarante-six serviettes d'estoupes, vingt-six linceuls, moitié brin,
moitié étoupes, une nape flne, unze napes grosses, neuf aulnes toille
brin, une coutrepointe, vingt livres de laine, quatorze livres fille (sic) de
brin.
(1) Les «ègen sont de cinq sortes : fauteuils, chaises, formes^ tabourets et escabelle
(n* 12). La forme est un baoc à dossier.
(2) Af.'auiserie signifie ici travaillé.
(3) Les étoffes de laine mentionnées dan<} cet inventaire sont : la Lergame^ la serge^ le
droguet \n— 17j, la moquette.
(4) Ontre les tentures, la bergame est employée aux lits (n** 44, 51), aux tables (n** 46, 70)
et aux tabourets (n* 13).
(5) Les coffres sont souvent mentionnés (n'* 14, 26, 50, 56, 57, 66, 95, 97) : il y en a de
grands (n* 66) et de petits (n* 97).
(6) Les véhicules sont la litière (n> 16) et la cariole (n** 76, 81). — Gatisault, I}raité des
voitures pour servir de supplément au Nouveau parfait maréchal, avec la construction d'une
berline nouvelle nommée l'inversable ; Parih, Barrois, i750, un vol. i(i-4*', illustré de 18
planches hors texte.
(7) Les meubles sont : le buff^et (n* 91), le coff're, le cabinet et la cassette (n* 99). Le cabi-
net est à deux batUnts (n" 19, 72) et à huit {n' 43).
(8) La vatsseUe est en argent (n' 20), en étain (n" 21) et en fcAence (n' 43).
(9) U n'y avait pas de fourchettes assorties à ces cuilldres, qui peut-être servaient à la cui-
sine.
i08 r;or:iRTÉ aroiikologiqijk kt iiistoriqur oit limousin.
i3. Dans un sallouer, quelques pièces de sallé.
34. De riiuille dans un bac de pierre.
in. Autres deux bacs vides, qu*on a laissé pour Tusage et dcspanee de
la maison.
20. Dans une chambre : Nombre de eaffres.
27. Une petite cassette couverte de velours, dans laquelle il y a sa (de
la veuve) bouelte d'argent doré, avec t»'eze deniers d'or (<) et autres nipes.
28. Un crucifix (î).
39. Dans le cabinet : Cinq carehaux de bois, du mesme des autres
dont la dite chambre est carrelée, qui sont défalcts et ostcz de leur rang.
30. Une bourçe de peau de senteur (3), doublée de taffetas (4) blœuf,
dans laquelle n'y avoit d'argent ny autre chose..., qui estoit plaine
d'or (5) du vivant et pendant l'agonie du dit feu seigneur de Nexon.
3t. A l'écurie • Un cheval allczan (6), ayant le balson (7) et les quatre
pieds blancs.
32. Un autre coureur (8), poil bay (9), marqué au front.
33. Un petit bidet (<0;zain (H). "
34. Un poulain (i3) noir, de deux à trois ans.
35. Un autre petit poulain, d'un à deux ans.
36. Une jument bay-brun (13), de cinq à six ans.
37. Un grand coureur poil bay, ayant le champfrain (14) et deux pieds
blancs (15j.
(1) Ce sont les treixaina^ bénis à la masse de mariage.
(2) La dévotion comporte deux crucifix (n** 28, 98) et ane médaille (n* 08).
(3) Il y a deux bourses, l'une en cuir parfumé (n* 3()) et l'autre en satin (n* 101).
(4) Les étoffes de soie sont le taffetas^ le velours n* 99) et le tatin vert (n* 100) ou roage
(n" 104).
(5) Les monnaies sont spécifiées aux n** 89 et 101.
(6) Alesan, se rapprochant de la couleur de la cannelle : les crias, membres et tète ont
a même nuance que le tronc. — « Une hacquenée alzan >• {Inv. de Craon, 1553).— Jourdin,
Le grand mareschal françoiSt où il est traité de la connaissance des chevaux, d" leurs malrn-
dies et de leur guérison ; ensemble la manière de faire emplastres, onguents et breuvages
pour icelles ; Paris, J. Promé, 1053. — De Saumek (J.), La parfaite connoissanee des che-
V2UX, leur anatomie, leurs qualitez^ maladies et les remèdes ; La Haye, 1734, avec por*
trait et 61 planches, par Bleysswyk et Cave. — Dic La GuÊRiNiàRB, Ecole de eanalerie,
contenant la connaissance, finstruetion et la conservation du cheval ; Paris, 1756, 2 vol. in-8*,
illustrés de 33 planches hors texte. — Voir, sur la qualité des chevaux^ Y/nveHtaùre du château
de Jamac, en 1668, n"* 373-379.
(7) La balzane est une tache blanche, plus ou moins étendue, située à la partie inférieure
des membres.
(8) Coureur, cheval ae pur sang deetiné à courir, à galoper sur les hippodromes.
(0; Bai, caractérisé par la couleur rouge des poils qui recouvrent le corps et la partie
supérieure des membres, et par la couleur noire des crins et des membres à partir du genou
et des jarrets inclusivement. — < Ung traquenart boy noir • (/no. de Craon^ 1553).
(10) Bidet, petit cheval de selle et d'attelage, marchant généralement l'amble; cheval de
peu de valeur marchande.
ill) lA cheval est dit sain, quand il ne présente pas de poils blancs, qu'il est tout aoir,
tout bai, tout alezan.
(1?) Poulain^ jeune cheval, depuis sa naissance jusqu'à quatre ans.
(13) Bai-brtm, dont la couleur est presque noire; avec les fesses, le flanc et !• oez mar-
qués de feu. — • Ong petit couruulx brun i» {Inv. de Craon^ 1553).
(14) Chanfrein, partie de la tête qui fait suite au front, précède les naseaux et s'étend d'aoe
joue â l'autre.
(15) Deux pied.q ayant des balzanes.
INVENTA IRKS DU CHATEAU DE NEXON. 200
38. Une autre jugemen {aie) bay brun, lesquels cheval el jument ont
esté vendiquez par le dit sieur de Nexon comme luy apartenans, desquels
il est chargé pour le service du roy.
39. Dans la cuisine : Sept pois de fert grands et petits.
40. Une casserolle, un bassin d*airaln de la capacité d*un sceau, un pe-
tit chaudron d'environ deux sceaux, deux poissonnières, une lèche-frite,
deux poisles, une grille et une tourtière, un petit mortier d'airain, deux
chesnets de fert {<), une cloche de lonte de fert (i), une broche de fer»,
des rôtissoires, deux cramaillères, trois fuzils (3).
41. Dans une chambre sur la cuisine : Deux petits liclz, garnis de leurs
couvertes, couessins, couettes.
4Î. Deux chesnets de fert, un petit crochet de fert, un garde-manger,
une table, une escabelle, une palle de fert, un grand chaudron et un bas-
sin de deux sceaux.
43. Dans le degré (escalier) : Un cabinet à huict battans, lesquels ayant
fait ouvrir, ne si est trouvé autre chose que treze petits plats de fayance
et Irois assiettes de mesme.
44. Dans une des chambres, apelUe la chambre jaulne^ qui a une baie
grillée sur la cour et une croisée sur le jardin non grillée : Deux licts,
garnis de couettes, couessins, matelas, de rideaux de bergame, couverte
blanche.
45. Un autre plus petit lict, garny de mesme sans matelas.
46. Une table carrée à Tantique, couverte d'un petit tapis de ber-
game (4).
47. Cinq fauteuils vieux, couverts d'une vieille sarge verte.
48. Un cabinet, lequel ayant fait ouvrir, ne si est rien trouvé dedans.
40. Deux chesnets de fonte.
50. Dans le degré : Un grand coffre vieux.
51 . Dans une chambre au-dessus de la précédente : Deux autres Ucls
garnis, y ayant fort peu de plume, avec leurs matelas et couvertes blan-
ches, des rideaux de sarge jaulne à frange de laine et l'autre de bergame.
52. Un autre petit lict, avec sa couette et couverte blanche, les rideaux
de sarge grise, une couette et un drap de village (5) servant de couverte.
53. Une petite table ronde et autre petite carrée.
64. Deux petits chesnets de fert.
55. Deux vieux fauteuils, garnis de sarge verte et olive.
56. Quatre petits coffres de bois de chesnes, le plus grand desquels ne
si est trouvé autre chose que le petit linge à l'usage des damoiselles filles
du défunt.
(1) Le /!ni comprend les chenet t, la pelle (a* 62) et la pince, (n« 6i). Les cheneU sont en
fer (n«* 42, 54, 60) on en fonte (n* 49).
(i) Soit une coquille de rôtissoire, soit une cloche à faire cuire les marrons.
(3) Les armes consistent en fusils (n* 40) et en pistolets (n* 73).
(4) • De grandes tables axes, revêtues d'un vieux Upis de Turquie et des coffres couverts
de cuir, avec des compartiments de clous dorés, étaient ce qui décorait les principaux
appartements » (Juge, p. 10}.
(5) Drap rouxT Au n» 75 est inscrite « une couverte à la villageoise >», c'est-à-dire sem-
blable à celles dont se servent les paysans.
T. XXXVIII. <4
210 SOCIÉTÉ ARCUROLOGIQUR KT BtôTORlOl^li; »\i LIMOUSIN.
56 bu. Un auirc coffre de bois de serizier.
57. Dan» la chambre que la dame de Nexan oecupoU : Deux ïieU, f^ar^
nis de couelles, coacsslns, matelas, couvertes, tours de Uds ei rideaui
de couleur oli/c à frange de soye jaulnc, Tun desquels a une 4Md)leiire
de fil à IViguille (I).
58. Une table bois de noyer, en auvallo, couverte d*ua isipis de roesrae
cstoffe et frange que les licts.
69. Laquelle (chambre) est iapissée d'uoe vieille lantufc de hergaiii«,
partie différente Tune des autres et rapies&>es.
60. A la porte, uae pièce de tapisserie à personnages, fort uzée*
61. Un parvant (2), à quatre plis, garny dcsarge grise de pays.
62. Deux chesnets de fert, une pelle et pince de fort.
63. Une glace, ayant le cadre de la longueur d'environ deux pieds de
bois de noyer.
61. Deux vieux fauteuils, g«iroîs de mosme sa.'*gc que lc£ Ucls.
65. Deux autres vieux et usez, garnis de sarge couleur verte.
66. Trois grands coffres.
67. Dans un apartemerU détaché de la grande mu'son : iJn liei, garny
de oouetle, couessin, matelas et couverte blancbc, le tout fort uzé, à
Taolique, garny de rideaux de sarge verte à crospine de laine, nn ioiir de
Hct faict à Taiguille fort ancien.
68. Un autre lict, qui n'a qu'une couette et son couessin, un tour et
rideaux anciens de sarge de couleur vert brua.
69. Deux chesnets de fert.
70. Une pelile vieille table deslabrôe, couverte d'un pelil tapis de bcr-
gamc.
71. Trois vieux fauteuils, la garniture deschirôe.
72. Un cabinet à deux baltans, lequel ayant faiX ouvrir, daas leqael
ne s'est trouvé autre chose que quelque petit linge, uae cravalte (3) et
autre apartenant à un des enfans du dict deffunct.
73. Une paire de pistolets.
74. Trois vieilles pièces de bergame.
75. Dans uae autre chambre à plaln pied : Un vieux boi^ de lict, y
ayant une couette, couessin et une vieille couverte à la vils^e^oisc.
76. Une paire de roues de cariolle ferrées.
77. Deux fusts de barriques.
78. Dans la boulan^rle : Un grand coffre à payirir pain.
79. Une grande cuve à faire la laissive (4), cerclé de trois «e noies de iért.
(1) Les travaux « à raiguUle * ne reviennent que deux fois (n** 57, 07).
(3) •* Une table, deux chaises et un garde-vent. Un fauteuil, trois chaises, une table et an
garde-vent « {Inv. det Capucins de Bourbourg, 1791).
(3) bln fait de vêtements, je n'ai à relever qu'une cranàte d'enfant (n* 7S) et une toilette ou
robe d'apparat (n- 100). — D'après Fétiquette réglée par le marquis de Brézé, en 1789, le cos-
tume de la noblesse, aux Etats généraux de Versailles, comportait la ■ cravate de dentelle *.
— Craoatiana ou traité général de* cravates, comidéréen dans leur origine, leur influence
politiquey physique et morale, leurs formes^ leurs couleurs et leurs espèces ; Pai'is, 1823,
1 vol in-l:>, 1 ûg.
M) «< Un vase doré pour jecter la lessyve sur la teste • {Trousseau de Marg. de YaUns
INVENTAIRES DU CBATF.AU DE NBXON. t2 M
80. Un i^rand bassin, de la capacilé d'environ trois sceaux.
81. Une bassine servant à laissive, d'environ huit sceaux.
82. Un pot et un trépicr de fert.
83. Dana un gallatall au-dessus de la boulangerie : Trante et deux
douves esbauchées à faire un tonneau.
84. Dans Ut grange : Deux tas de foing... trois fusls et pipe cerclez de
fcrl et trois autres cerclés de bols, le train du carriole à deux roues fer-
rées, cinquante moutons grands on petits, une vache poil pie, une porche
avec trois petits cochons.
85. Dans le cabinet : Une petite table carrée, couverte d'une toiUe (1)
attachée à àes clouds.
86. Un escritoire, couvert de bazane, fermant à clef, à laquelle se tient
une autre petite clef et deux cachets, le plus grand aux armes dudit feu
seigneur de Nexon et l'autre aux armes de la dame veufve dud. sieur ;
dans lequel escritoire n'avons trouvé autre chose que des plumes.
87. Plus un autre escritoire, aussi en carré, couvert de bazane, dans
let[nel nous avons trouvé divers papiers.
88. De petits sacs, plains de papiers, et deux registres couverts de
parchemin, sans aucune relieure.
89. Un louis de trois livres, un de trante sols, trois .de quinze sols et
quarante-sept pièces de trois sols et six.
90. Une petite bolste (%), de plus d*un pied de long, où il n'y a que
quelques vieux boutons et filles (sic).
91. De plus, sur un petit buffet, cinq autres registres, deux grands et
trois petits, quatre sacs plains de papiers (3), quelques autres papiers
espars, un petit livre in-quarto intitulé : Liore d'obligations à nous deues^
un antre petit livre intitulé : Liore des chaptaux",
9i. Le dit buffet a deux battans, un grand tiroir au-dessous, dans
lequel y a des sacs et divers papiers.
93. Un autre petit cabinet.
94. Un bahut couvert de cuir (4).
95. Un coffre bois de cbesne.
96. Une malle.
97. Un autre petit coffre serizier et divers autres petits meubles et
ustancilles.
98. Dans le susdit plus grand escritoire s'est trouvé un petit image, en
forme de médalle, à parchemin (5), d'or esmaillé, avec une petite croix
et crucifix d'or esmaillé et trois grains d'ambre.
99. Une cassette, couverte d'un si vieux velours qu'à grand peine en
peut-on cognoistre la couleur ; laquelle ayant fait ouvrir, y avons trouvé
quelques petites nipes.
tl) 11 est bien probable que c'est une toile cirée.
(i} Boiftft à oayrage, puisqu'elle contient des boutons et ûu fil.
(3j Ces ran, 4« grosse toile, sont bien connus des fureteurs de vieux papiers. On lit dans»
ce même inventaîr» : « Un sac de toille neufve, de la capacité d'environ une csmine de bled,
à demy plain de divers papiers et documens »,
(4) Bahut, cofinre à couvercle bombé.
(5) Cette miniature, si ricliement encadrée, devait être sous verre.
2li SOCIKrÈ ARCllÉOLOniQUe Rt niSTORlOUR ou LIMOUSIK.
10(1. Une loyUltc de satlin verl, bordée d^'ape danlelle d*ai^cnl lf}Je
dessus de tabis (2) de mesme couleur.
101. Un pclit SPC, y oui eslé tro-jvez 4|uatre-vingl-buit louis d*uD escu
pièce.
402. Une petite boiste en tiroir, dans le plus bas desquels noas avons
trouvé de petites perles enfilées en deux partyes en forme de brasselels,
de la longueur chacun de près d*unc aulne et demye, au bout du fil des-
quelles nous avons fait apposer nostre cachet (3).
103. Deux brasselels d*or, rehaulcez de perles, Tun de six plaques d or
percé à jour et Tautre de cinq et deux autres plaques avec chacun trots
perles, qu*on a nous dit estre des pcndans d*oreiIle, lesdits bracelets
enrichis en tout de Irante trois petites perles (4).
104. pans une petite bource de satin rouge, deux bagues d'or, Tune h
deux diamans et Taulre un rubis (5).
V. — 1693.
L' « inventaire de feu messirc Marc Anlhoine Degay, seigneur de
Nexon, qui aurait esié lue le vingt-neuf juillet dernier dans la bataille
de Nervinde en Flandre, où il servit en qualité de brigadier des che-
veaux-légers de la garde ordinaire du Roy », fut fait, le 9 septembre
(le l'an 1693, à la requôte de son fils, « Messire Jean Degay do
Nexon, chevalier, seigneur de la Garde, cappilaine dans le régi-
ment de la .... » et de sa veuve, « dame Marianne de Carbonnière >>.
Il forme un cahier de de 54 pages, en papier timbré de la « gén.
deLimozin ».
1. Dans la salle dudlt chasteau (de Nexon), à ma:n droite : Une table
en auvallc, avec ses Iratcaux, bois de noyer en meouserie, presque
neufvc, avec un tapis sur icelle de bcrgame façonné ou mocquette (6).
9. Plus, une «nuire table carrée et double, avec ses tratteaux, bois de
sirigler (7), demy uzéc.
3.. Plus, une douzaine cl unzc chiczes, tapissées de vert, de bois de
noyer, en mcnuzcrio.
(1) Voir, sur la dentelle d'argeat, le tome I de me^ Œuoret, p. CS, 161, 193.
(2) Voir sur le tabis, ibid., à la Uble.
(3) Les bijoux se résument en un treizmn {n^ 27), deux bracelets (n** 101, 103), des pen-
dants d'oreille (no 103) et deux bagues (n" 10 1).
(4; Les gemmes sont de trois sortes : perle, diamant, rubis^
(5; Ces bagues ont d& être offertes dans deux circonstances différentes : le rubis, symbole
d'amour, convient aux fiançailles; le diamant double, emblème de fidélité inviolable, rappelle
la messe du mariage.
(G) ■ Vingt-quatre chaises de noyer, garnies de moquette d'Utrecht cramoisie, avec na galon
d'urfaux. >> (/no. du chdt. de Rambouillet^ 1718).
(7) Sic pour cerisier.
IKVENTAIRRS OU CBATEAU DR iNEXON. 1213
•4. Plus un timbre (1) à deux ances de cuivre» cstanl sur un pied de
bois, de ]a capacité de quatre sceaux.
5. Deux chenet de fer battcu.
6. Dtms une chambre à main gauche : Deux coffres fort vieux, fer-
manl à ctcf, qui servent à mettre la vessolle de là maison.
7. Dans iceux, trente-trois eschevcaux de fil d'eslouppcs, avec quatre
vingt-trois pelotons aussy d'estouppcs.
8. Dans un autre mescbant coffre, y a deux cent pelotons aussy d'cs-
louppes et trente-six escheveaux de mcsmc.
9. Une table ronde, avec ses trateaux.
10. Une autre table ronde, avec ses trateaux. de menuserie, demy uzôe.
W. En montant dans le degré : Un cabinet à huict portes, fort uzé.
l2. (Y) avons trouvé huit plats terre de fayance et quelques pots de
confitures.
43. Au preml' r cètage, passant dansée couloir à main gauche^ une
chambre, tapissée de bergame neufve à onde et poin d'Ongrie (î).
1 i. Une table en auvalle, de bois de chastaigner, avec son tapis de
Feletin neuf.
i5. Douze chaises, tappissées de gros poin (3), toutes nœufves.
i6. Deux fauteuils de mocquclte.
17. Un lict d'cstoffe verte, neuf, avec ses pommes, le chaslit estant tout
neuf, de bois de noyer, avec sa coytte, cuissin, matelat et la couverte de
catelonne (4) et une courte poincle.
18. Deux petits chenets, garnis de fonte, avec des pincettes h feu de fort.
19. Un miroir (5), d*un p\,ed et demi en carré.
iO. Un crucifix de bois d'hébène.
21. Une pasle (6) de fert.
(1) Ce ttmhre était 1 étalon de la mesure seigneuriale de Nexon. 11 y en a de ce genre, avec
inscriptions, an musée d'Angers : je les ai publiés dans mon Eptgraphie de Maine-et-Loire.
(2) Furetière, en 1690, définissait ainsi la bergame : « Tapisserie grossière faite d'un tissu
de laine, de fil ou de cotton, sans représenter aucunes figures. On les appelle maintenant ta-
pisseries de Rouen », A l'origine, elles se fabriquaient dans la ville de Bergame, en Italie,
dont elles ont pris le nom,
Savary disait en 1723 : « Grosse tapisserie qui se fabrique avec difl'érentes sortes de nib'
tières filées..... C'est proprement un tissu de toutes ces sortes de fils, dont celui de la chaîne
est ordinairement de chanvre, qnl se manufacture sur le métier à peu près comme la toile.
Rouen, Elbeuf.... fournissent une quantité considérable de bergames de toutes les couleurg
et nuances : les unes en façon de point de Hongrie, les autres à grandes barres chargées de
fleurs et d'oiseaux ou d'autres animaux ; d'autres à grandes et petites barres unies sans aucune
façon et d'autres qu'on appelle Chine et écaille, parce qu'elles sont remplies de façons qui
imitent le point de la Chine et les écailles de poisson, a
(3) Il y avait deux manières de broder sur le canevas : suivant la grosseur de la laine, on
disait gros ou petit point.
(4> Originairement, elle se fabriqua en Catalogne (^Ispagne), puis, plus tard, en Flandre.
C'est a une couverture de fine laine plucheuse à deux envers », dit Victor Gay.
(61 n Deux pjgnières, girnies de pignes d'yvoire, de miroucrs et de gravières pour Madame
et ses filles ». [Compt, de Guy de La TrémoUle, 1395). « Ung grand miroir » {Compt. de
Marie VEmpereur^ 1500J. — « Ung miroir d'achier, Jfix a. Il d. » {Compt. de Ph. Tru-
fin, ld07). — « Ung mirouer, prisé ung escu et demy. » {tuvcnt. du chût, de Querm€hn,lh9fi).
\fi) Sic pow pelle, en raison de la prononciation.
9U SOCIÉTÉ ARCBROLOOIQUE ET HISTOBIQUB DU LIMOUSIN.
^1. Dans une petite antichambre, à co9té de la dite chambre : Un ca
binct (le noyer, (où) avons trouvé une petite lieite, cooverle de bazane, oo
il y a quelques lettres cl trois cravatles (i), une de poin de France (2) et
les autres deux de poin d'Angleterre (3), avec une paire de manchettes (4),
aussy de poin de France.'
23. Plus, une autre cassette, dans laquelle ne s'est trouvé que quelques
lettres.
24. Plus, un battus, couvert de cuir et picqué de cloups, où il n'y a
rien que les habits de la dicte dame.
25. Plus, une masle (5) presque neufve, où il ne s'est rien trouvé.
26. Cinquante-six eschevcaux de bovradis (6).
27. Dans une autre chambre, au bout dudit couloir : Une petite table
carrée, avec ses tracteaux, bois chastaigner, fort vieille, avec un tapis vert
de sarge.
^8. Un licl de mesme sarge, presque neuf, avec sa couverte de cate-
lonne, garny de coytte^ matelats, traversier, foncé par le haut et parle
bas (7).
29. Un vieux bahut, picqué à cloups perdus (8), où sont quelques bar-
des dudit seigneur de La Garde, avec deux ances (9).
30. Un vieux cabinet à deux portes, où sont les hardes de lad. dan>e.
31. Deux chenets de fer balteu.
32. Deux mcschanl fauteuils, garnis de blœuf (10).
33. Dans une petite chambre au-dessus : Deux couchettes de bois de
chaisne, avec deux meschamslicls.
34. Dans une autre chambre au bas dudit^ couroir^ tapissée de ber-
game, my nœufve.
35. Deux licls d'estoffc de sarge bluye, avec leur frange, garnis de
bande de soye, avec leurs châlits, le licl de plume, chescun leur matelat,
(1) u A la fin du règne de Louis XIV, les rabats ne se portaient plus à plat, mais froneéç
80U8 le nom de cravatesy qu'on dit venir de Croates » (Lefkbuhe, Broderie et demtelies
p. Î20)
(2) L'ouvrage de Lefébure donne, p. 221, t23, deux spécimens du point de France, dont
parle ainsy M"« de Sévigné, dans une lettre de 1674 : « belle (M"» de Blois) comme ange,
avec un tablier et une bavette en point de France ».
(3) Voir LefÊburk, p. 207, 232, sur le point d'Angleterre, où des « fleurs travaiUées à
l'aiguille » étaient appliquées u sur fonds de réseau »,
(4) tt Deux manchettes de catnelo tenné,vis. viù d. » {Invent, d'un botargeoit de Tottnai,
1527). Manchettes se confond ici avec man^Âbns, — Voir sur les manchettes en point de
Tulle, en 1714 et 1763, la brochure de M. Fage, Un atelier de dentelles à TulUf p. 10-11. —
a Manchettes et morceaux de dentelles de Valenciennes. » (/no. Petau, 1771.)
(5) « Pour une selle de maie pour mettre sur un cheval. Pour une maie pour mettre lesdites
besongnes. » {Compt. de Guy de La Trémoille, 1395). — « Une malle, v s. » {Im. ct'im beuBr-
geois de Tournai, 1527).
(6) Ce mot n'est pas dans le Glossaire archéologique.
(7) Foncé se dit encore des barriques auxquelles on met un fond. Le lit foncé était fermé à
la tête et aux pieds.
(8i Nicot, en 1606, nous fournit cette définition : « Bahut est un coffre couvert de cuir à
bandes de lames de fer, clouées à petits clous. » Les clout perdus, c'est-à-dire inutiles à h
Bolidité du meuble, formaient sur le cuir des dessins aussi variés qu'ingénieux.
(9) Poignées pour l'enlever. Le Glossaire archéologique n'a pas le mot anse,
(10) BleUf écrit bluye aux n"35 et 4L
liNVENTAIRKS DU CHATEAU DE NEXON. ât5
Iravcrsier et à chcscun une couverte de calelonneetchescunc pendenlc (I)
de serge.
36. Une vieille lable, avec un tappis vorl fort uzé.
37. Deux chenets de fer batteu.
38. Deux vieux fauteuils garnis de sarge.
39. Deux grands coffres, un de sirigier et Tautrc de chaisnc^ où il y a
du linge dedans.
40. Dans une autre chambre estant à Vestrénùiè dttdSct couroir, taf-
pissée de bergame, plus que demi uzée.
41. Une inblc carrée, de bois 'cliastaigncr, ayant un t^ippis de mesme
qu^est la dicte tapisserie.
4i!. Trois licts, garnis de bergame, avec leor eouvcrlurc de catelonne,
licl de plumo, matclat et traversicr, tous les chaslit foncés haut et bas.
43. Plus, un paire de petits chenets de fer batteu.
44. Six vieux fauteurs, garnis de vieille sarge bluye.
46. liooze chaises de paille.
• 46. Dans Ventichembre dUcelle : Un mcschant lict pour les vaslels (i),
arec la couverture à Tuaage de vHlagc (3), avec un vieux lour de lict et
mcschant rideau.
47. Dans le second estage du deijré : Un bahut my uzé, de bois de
chaisne.
k%. Dans la chambre où couche ladite dame, tapissée de bergame my
nœufve.
49. Deux licl» d'csloffe de mesnagcmcnl (4), autrement do sarge
drappée, dont la -frange est de soye aurore (5).
50. Une table de bois de chaisne et le lappis de mesme estoffc que
les licts (6), iceux garnis de leurs coytlcs, cuissins, matelals, cou\ cries
de catelonne, foncés de haut et bas.
£14. Deux chenets de fert batteu.
52. Une douzaine de chaises de paille, fort vieilles.
53. Dans Ventlchambre : Un chaslit, avec un mcschant lict et un<3 cou-
verte pour un valet.
54. Dans la cuisine, à costé de la saUe : Une fort meschantc table de
bois de chaisne, attachée sur deux bois enfoncés dans la terre (7), avec
deux bancs.
55. Deux chenets de ionte, pezant cent cinquante livres.
56. Quatre pots de fert, deux moyens et deux petits.
(1) Cooverte peirdante, qui couvrait le lit complètement. ■ J*ai trouvé, au xvTi* siècle, pendants
de Ut dans le sens probable de lambrequins du dais. Le sens de couverture ou housse lon-
gue me semble bien admissible. » {Note de Af. Guibert.)
(2) Les domestiques n'avuent pas de chambres à part; ils couchaient dans les antichaifibrcR,
à proximité de leur.^ maîtres, qui pouvaient ainsi mieux les surveiller et, au besoin, réclamer
plus facilement leurs services.
(3) Cest à dire semblable à celle dont font usage les villageois ou paysans.
(4) Etoffe économique et par conséquent grossière.
(5) La science de cromatique, en 1616, indique Y « aurore », parmi les « couleurs à la
mode ».
(6^ On remarquera que Tameublement est assorti : libi, fauteuils, chaises et tapis,
(7) Ce ne peut pas être plus primirif.
31G sociéré archêologiqub et historique du limousin.
67. Deux poyles à frire.
58. Deux cramillèrcs de fert.
50. Une paire de pincettes de fert» une pasie de fcrt.
60. Deux broches à roslir.
61. Une cuillière et un escumoir (I) de fonte.
61. Deux bassins moyens.
63. Un mortier ()), avec son battant de fonte.
6*. Un chauderon, autre plus petit de peu de valeur.
65. Un fuzil.
66. Un sceau à mettre eau, cerclé de trois cercles et son anse de fer,
avec une cassotle (3).
67. Dana une antichambre^ à costé de la cuisine : Une mcschante table
carrée, bois de chastaijçner.
68. Douze cuillères d*ar{i(ent, du mesme mouUe (4) et douze fourchet-
tes, aussy d'argent, le tout à double poinson (5); les fourchettes à trois
polncles et au dos des cuillères et fourchettes sont gravées les armes de
la maison (6).
69. Item, six cuillères aussy d'argent et deux fourchettes d'un mouUe
différant, aussy à double poinson, une desquelles fourchettes estant à trois
poinctes, en a une rompue et Tautre cspoinctée.
70. Plus, dix-huict cousteaux de table, manches de bois noir.
71. Plus, une escuellc d'argent, avec son couvercle, ayant les armes de
la maison
73. Plus, trois douzaines d'accieltes potlagères du mesme molle.
73. Trente-quatre acciettes, des petites, d'un autre molle.
74. Deux bassins à laver les mains.
75. Sept plats pottagcrs, à trois différents mouUe.
76 Six plats moyens et quatre plus petits.
77. Huicl acciettes voilante (7), quatre creuzcs de deux différents
moulles et une petite.
78. Un plat pour la souppe.
79. Un brocq, trois cscucllcs, deux salières.
80. Dix flambeaux de différents moullc, dont il y en a un de cassé.
81. Deux esguières.
(1) Ustensile pour écumer le pot au Teu. Ce mot manque dans le Glostaire archéologique,
(2l « Ung mortier de potin, estimé quatre ooulz tournoya la livre et ung aultre mortier trouvé
en la vieille cuisiue, estimé aussy quatre soulz tournoys la livre, pesant quarante et deux
livres. Le pilon dud. mortier, prisé cinq soulz tournoys. » {Ino.duehdt. de Quêrmetin, 1585).
— a Une bassinoire, un pot de chambre, deux petits flambeaux, un coquémard, un crachoir et
un mortier. » {Argenterie du duc de Berry. 1760). — « Un mortier uni. » {Argent, du comte
de Provence, 1764;. — «c Un mortier de cuivre. » {Invent, de la eath. de Poitiers, un III).
(3) Calotte, qui répond à godet, n'est pas dans le Glossaire de Gay. — <t Une caste à
prendfe eau. » (/no. du château dAxgueperse, 1507, n* 118).
(4) Nous dirions maintenant modèle, mais mou/« est plus exact, puisque cette argenterie était
fondue.
(5) Le double poinçon donnait la marque de fabrique et le contrôle de TBlat.
(6) Elles ne sont pas dans le Nobiliaire du Llnîoutin.
(7) Dépareillées.
INVENTAIRES DU CHATEAU DR NRXON. 3(7
82. Une peinte, une choppine, un liers, deux quarts et une vinaigrette (i ),
le tout d*estaing tin (2), pezant poix de marc deux cent trente-cinq livres.
83. Quatre nappes fines ouvrées, my uzées.
84. Deux nappes de reparonne (3)«
85. Huict nappes et cinq douzaines de serviettes d'estouppes, le tout
my uzé.
86. Plus dix-huict paires de drapts de brin (4) et huict d*cstouppes my
uzés et servant ordinairement dans la maison.
87. Un petit chandelier de fonte.
88. Un crochet à paizer (5).
89. Dans le cabinet : Un coffre dans lequel avons trouvé sept paires
de drapts de brin my uzés ; trois douzaines et deux serviettes, dont il y en
a une dousaine de reparonne et les autres d'estouppes, le tout ouvré ; sept
nappes d'estouppes et deux de brin.
90. Dans le coffre qui est dans la susdite chambre : Vingt paires de
draplz fins de réserve et un d^eslouppes, dix pièces de raizeau (6).
91. Dans un autre coffre, unze douzaines et huict serviettes de brin
fines, trois douzaines de reparonne et quatre douzaines d'cstouppes, neuf
nappes de brin ouvrées.
d2. Dans le dit cabinet ; Quatre fusils, bons à tirer, deux desquels ledit
sieur de La Garde a dit luy appartenir.
93. Quatre meschants(7)... et deux fort meschant mousquets.
94. Quatre canons sans roues.
95. Une table carrée,
96. Un roulaud (8) d'estouppes, contenant vingt aunes.
97. Un grand coffre bois de noyer, nœuf.
98. Un meschant bahus, couvert de cuir.
99. Un cabinet, bois de chaisne, à deux portes et un tiroir.
100. Plus un autre pelit coffre. Lesquels deux coffres ont esté ouverts,
avons trouvé dans iceux les tiltres de la maison.
lOt. Dans la caoe: Un feut de baricque vuyde.
(1) «> Probablement un viDaigrier h (L. GuibeitJ.
(2) La fonte de l'étain se faisait souvent sur place, par des marchands qui empt)rtaient avec
eox tous leur matériel. M. Champeval a relevé, sur un document de 1749, de très curieux dé-
tails à ce sujet : « Un potier ambulant d'étain, s' J.-B. Janty, marchand d'éuin à Ussel et
Beaulieu, a un grand mouUe de plas double, un mouile de petit plas avec l'assiette creuse de
terre, un mouUe d'assiettes grandes et seconde, un d'écuelle, le tout de pierre ; un mouUe
de métail de fourchette, un autre de sallière, un autre de tace aussy en cuivre; le tour, les fers
à tourner, les limes, les fere à souder, les pots à fondre, et les cuillières à jetter, les trots
marteaux, l'anclume à battre l'étaiog, deux assiettes de montre gravées, deux crochets à
peser, ?5 moulles d'étaing i faire la chandelle, pesant environ 30 livres. »
(H) « Beparon, seconde qualité du lin qui a passé au séran » ou peigne (Llttré). « Six touail-
Ions de grosse toille de reparon. ii {Inv. de Quermelin^ 1585.) Les lettres patentes de 1780 par-
lent du n reparon de Un et de chanvre, u
(4) Brin est ici opposé à étoupes, pour indiquer deux qualités de fil.
(5) Balance dite romaine, ce Item, une roumaiie de fer tirant deux quintaulx. » {Inv. du chat.
d^Aiguepfrse^ 1507, n* 123.)
'6) Voir sur le réseau ou réseuil, le tome 1 de mes Œuvres, à la table.
(7) Méchant se dit encore dans le peuple pour maiivat«. Le mot manque à la suite.
(8) Rouleau.
218 SOGIKTÉ ABCIléOLOOlQDB ET HISTORTQVfc DU LIMOUSIN.
lot. Dan» le grenier : Deux boiticcaux de ehemfouin (4), an troisseaa
de poids blancs, deux couppes (9) de veri: (9), plus vingUun sestier de
st>igle, qualrc meschanles housses (4), une meschante baricqae où il ▼ a
quelques noix dedans (5), quatre boisseaux d^orgc, le tout mesure de
Nexon*.
103. Danê la cour, au bas dudit grenier : Qualre planches, bois de
noyer.
104. Dans une maison hors le susd. chasteau : Cinqaanle-trois livres
de laine salle et quelque peu de plume dans deux saea.
105. Un meschant lict de peu de valeur.
f06. Deux meschant chasliz, avec deux tours de lit fort meschanls.
t07. Dans Vescurie : Cinq poulins de deux à quatre ans, on cheval
d*aras gris, un coureur noir, un de ceux que ledit feu seigneur de Nexon
avait à l'armée; un autre meschant cheval et une poulaine poii halezaiD,
le tout ayant esté estimé à la somme de mitfe vingt livres.
VL — Fin du xvir siêclb (6).
t . Trois esquellcs d'estain, à oreilles.
9. Plus, huict plas, quatre de moycne grandeur et qualre pclis.
3. Plus, cinq aciestes, trois grandes et deux petites.
4. Une méchante selière d'eslain.
5. Plus, un grand chandalicr de ponlit (7).
6. Plus, deux méchant poylon, un grand et un pcti(t).
7. Plus, trois pot de fcrt, Tun du demy scieau et les autres de la con-
tenance de troy(s) choppincs.
8. Plus, une culière de fonde pour le pot.
9. Plus, un grand chodcron casé et sans bor(d) ny anses, de la conte-
nance de quatre sciau environ.
10. Plus, un autre méchant, quasé et crevé, qui ne sert pas, de la con-
tenance du sciau et demy.
K I. Plus, une couniée (cognée) et un méchand acherau.
19. Plus, un grand cofre, fermant à clef, de bois de serizier, de la con-
tenance de sept sctier(s) de segle environ.
(3. Plus, un autre petit méchan, de la contenance d'une esmine envi-
ron, son (sans) clef.
(1> Mot d'une lecture difficile, peut être chineoi»?
(<) « Une carte et coppe. » {Inv. dm prieuré de DerMS, 1584.) Le GIomsmv archéiplofpque
ne donne pas le sens de mesure, qui ici est évident.
(3) Pois verts.
(4) « Deux coffre d« paUheoa boasec, à mettre plume. » (/no. dv Lomémê» 1663, o* 3t.)
(5) M. Chtmpeval a trouvé, au château de Pompadour, un billet d&< 99 aedt 1605^ « con-
tenant lalayne, plume et noix laissés dans le grenier «.
(6) Ecrit sur une fouille volante, nos «krtée,
(7) Potin?
INVENTAIRES DU CHATBAU DE NEXON. 219
14. Plus, un vieux armoyre de bois de chêne, de grosse meauizerie,
avec deux petites portes cassées, avec leurs scrures, sans clef.
15. Plus, une velle met à pétrir le pain, avect son couvercle.
16. Plus, deux tables, une grande de la longueur de deux aunes envi-
ron, avet les tratau de grosse menuserie et de bois de chaîne, sans
banc|; plus une autre petite, de la longeur de quatre piet et dcmy envi*
ron, avet les bans et tratau.
17. Plus, deux lits de plume, delà pesanteur de..., Tun garny d'une
méchante couverte rayée de vilage et Tautre d'une blanche dract de vilage,
de la pesanteur de....
18. Plus, deux chalict de bols de chaîne, de grosse menuserie.
19. Plus, une autre petite couchaitte de bois de chaîne, comme desus,
avect un petit lit, sans couverte, de la pesanteur de...
30. Plus, un vieux ciel de lict de courdeliat (1) neuf.
21. Plus, douze linseal d^estoupes et un de brin.
Vil. — 1747.
Estât sommaire {i) des meubles et esfalts [effets), bestiaux et autres
choses délaissées dans le chasteau de Nexon et domaines en dépan-
dants, par feu Messire Jean Degay, cheoalUer, seigneur de Nexon et
autres plasses (3).
I. Dans la cuisine : Une table de grosse menuzerie, avec deux baneq.
9. Plus, une autre petite table, servant au cuzinlcr (4).
3. Plus, deux grands chenest de fonte, pezant trois cent cinquante livres.
4. Plus, un grand pot de ferl, de la contenance de quatre seau d'eau.
5. Plus, trois pot de fert, d*cnviron un seau d'eau et autres deux petits^
d'environ chascun pinte.
6. Plus, deux pendants de crcmillièrc. .
7. Un escumoir.
8-, Deux cullières à tremper la soupe, de cuivre jaune, une grande et
une petite.
9. Un mortier de métal.
10. I^us, deux casserolles demy uzées.
II. Deux poilles, une grande et une petite.
12. Un gril de fert.
13. Deux seau à puiser Feau.
(1) Des arrêts du roy, datant de 1718 et 1716, relatifs aux produits du Rouergue, du Quercy,
du Roussillon et du Languedoc, inaprimés de format in-quarto, concernent, entre autres choses,
les « fabricants de cadis et cordelats ».
(i) Au dt>8 est écrit Inventaire. Ce document est sur papier, de neuf pages, et signé (c Cam-
pagne de Nexon », la veuve, et .« chevalier de Nexon », le fils.
(3) Le titre ajoute : i décédé en 1747 ».
{4} La mention du cufinier dénote qu'on faisait bonne chère au château.
âiO SOCIKTÉ ARCHBOLOGIQUB ET HISTORIQUE 00 I.IMOUSIK.
U. Uq grand crochet ou romaine et un autre petit.
15. Six fuzil et un canardicr ( I ) fort entiens (anciens).
16. Deux chauderon de enivre, de deux seau chascun.
47. Une pelle à foyer de fert.
18. Un couteau de fert à hacher la viande.
19. Une tourtière (î) avec son couvercle, fort uzcc.
20. Une broche de fort.
2i. Dana Voffice à conté, seroani au cuzlnier : Une plaque de fonte,
servant à faire les crêpes.
Si. Une marmite de cuivre rouge, d*environ demy seau d*eau.
23. Un poissonnier, aussy de cuivre.
84. Un cercle de banque de fert.
25. Une vollière.
26. Une mauvaise banque, servant à mettre la plusme.
27. Un petit coffre, servant à mettre les hardes du cuisinier.
i8. Deux poylon de cuivre fort uzés.
29. Dans un autre office en entré de la cuUine, dans la salle sur la
droite : Vingt grand plat d*cslain.
30. Cinq douzaines d'assicstes, le tout d'cslain fin, pezanl cens vingt
livres.
3i . Vingt quatre sacs, d'étoupes, demy usés.
32. Une chaize de pallie {paille),
33. Un méchand cabinet de grosse menuzeric.
34. Une mauvaise tablo.
35. Cens vingt livres de fil blanchy, moitié boiradis, moitié cstoupcs.
36. Dans la salle : Deux tables petites de menuzeric cl une autre
grande, avec un tapis vert dessus.
37. Deux fosteuil, garnis d'estofe verte.
38. Quatre de paille.
39. Douze chèzes, aussy de pallie.
iO. Une cuveste à laver les mains.
4i. Deux chenet de fert batu, pczant trente six livres.
4:(. Une taque (3) de fonte, fort uzée.
43. Une petite pelle à foyer de fer.
44. Dans un cabinet (4) dans la boizure de la salle : deux chandeliers
de cuivre et huit d*estain fin et deux paires de mouchclles de cuivre.
45. Dans le buffé, deux cuillères potagères, onze petites et neuf four-
chettes, le tout d'argent.
46. Plus dix-huit cullicr d'eslain commun et douze fourchettes d'assior
(acier).
47. Douze boulellcs de verre noir, deux de fayancc.
48. Deux douzaines de gobcllel, une douzaine de vcrcs.
(I) Faail à long canon, pour U chasse aux canard;;.
12) Ustensile pour faire les totirteM,
(3) Plaque de cheminée.
(t) Cabinet, ici comme au n* 80, signifie placard.
tNVENTAlRKS DU CHaTRAU DK NKXON. 2)1
49. Une pinte et deux lier (I) d*estain commun.
50. Une méchand parrevend [î^araoent) verl.
5t. Quatre pièces de tapisserie en verdure, fort uzéc.
53. Dam la cave : Deux mauvaises tables où Ton me(t) le pain (2).
53. Quatre pièces de vin de pays et une de Bas-iJmousin.
54. Cinq fus de pièce, donc il n*y a rien dedans, dont six desd. fus sont
cerclés de chascun quatre sercles de fert.
.H5. Dans la chambre basse : Un lict. avec ses garnitures d'eslofc
rouge, dcmy uzéc, sa couette et cousin (3), pezant soixante livres, avec
»son mateliat de laine, deux couvertes à dcmy uzées de cattellonne et la
courte pointe de tafetas piqué fort uzôc.
56. Deux fosteuil et neuf chaises de tapisserie.
57. Une petite table de menuzeric.
58. Quatre pièces de tapisserie point d^Ongrie, fort uzées.
59. Dans Ventichambre : Un petit lict, garny de ses rideaux de droguct,
fort uzé, pezant vingt cinq livres, avant une couverte de droguet fort
uzée.
CO. Deux chenest de fert, pezant douze livres.
61. Dans la chambre du canal : Deux lict, garny d'eslofe cancllc, avec
les courte pointes de mcsme estofe, pezant la couette et cousin cinquaole
livres, ayant chascun leiXrs malelat de laine et chascun deux couvertes
de calcllone demy uzées.
62. Quatre pièces de tapisseries neufves et une mauvaise tapisserie
sur la cheminée, avec un grand miroir.
63. Deux fosteuil et huit chèzes de bois, garnie d^estofe canelle.
61. Deux tables de mcnuzerie, ayant l'une un lapis fort mauvais.
65. Dans Ventichambre de la tour : Deux lict pour les domestiques
sans rideau, les couettes et cousin pezant tous deux quarente livres,
avec chascun une mauvaise couverte.
66. Dans la chambre de sur la salle : Deux lict, garny de leurs rideaux,
d'estofc verte, avec chascun leurs couette et cousin, pezant soixante
livres chascun, avec chascun leurs matelas de laine et chascun deux cou-
vertes de calalonne fort uzées, Tun ayant une courte pointe de toile pinle.
67. Deux tables de menuzerie.
68. Six chèzes de bois garnies d'estofe verte.
. 69. Deux autres petites chèzes de bois.
70. Un mauvais fosteuil, garny d'estofe verte.
71. Six pièces de tapisserie eu verdure, néufve.
72. Un grand miroir doré, avec un ridau de toile d'indienne.
73. Un plat de barbe d'estain.
74. Deux méchand coffre, où quelque linge de M' le chevallier.
75. Un cabinet de menuzerie à deux baptand {battants)^ où est le
linge et habis de feue Madame de Campagne.
(1) Le tien de U pinte.
(t) On mettait ainsi le paio à la cave pour l'eropéclier de durcir.
(3) Sic partout pour coussin
Sâ2 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGiaUB ET HISTOaiQUB DU LlHOOSIK.
76. Deux chenès de fort,pezADt quinze livres.
77. Dans Vantichambre de la tour : Un licl eu tumbeau (I), garoy de
droguel vert, la couottc el cousin pezant quareute livres, ayant sa cou-
verte de catalonnie (t) non uzée, avec un petit mateilas de laine.
78. Une petite table,
70. Un grand cabinet, que led. feu scig' fermoit, où sont des papiers et
tiltres de la maison, les habis dud. feu seig' ayant estes donnés pour Dieu.
80. Un cabinet dans le mur, où il y a quatre douzaines d'assietes de
fayancc, quatre salladier de fayance, deux casses aussy de fayance pour
faire la soupe, six pot à Teau, une escuelle d'estain fin avec son couvercle.
8t. Dans la chambre de sur la cuissine : Un lict, garny d'estofc verte
fort uzéc, la couette el cousin pezant cinquante-ciaq livres, a»e« son
matelas de laine, une couverte de catatlonnie demy uzée, la courtepo'nli:
dMndicsne piquée.
83. C/inq chèzes de bois, garnies d'eslofc verte.
83. Un petit bureau de menuzerie, servant de table, servant k mettre le
linge de Madame.
84. Un grand cabinet à deux bâtants, où sont les habis de Madame.
86. Trois pièces de tapisserie en bandes de droguel, de peu de valleur.
86. Deux petits chenet de fcrt, avec la pelle et pinsettes de fert, pezanl
le tout dix livres.
87. A la porte : Un méchand coffre, où il y a les entions livres des rentes.
88. Dans la chambre haute des damoiselles : Trois lict garny d^estofe,
un brun et deux vert, avec chascun leur couette et cousin, pezant chas-
cun quarante livres, ayant chascun deux couvertes de droguel fort uzées.
89. Deux mauvaises tables.
90. Quatre mauvaises chaizes de pallie.
9i . Deux grand coffres de bois de noyer, dans lesquels il y a dix-fauit
douzaines de servictes fmcs, la moitié fort uzées et les autres à demy
uzées; et dix-huit napes de la mesme qualité; vingit linceul (3) de toille
blanchie, à demy uzée.
92. Deux autres coffres, un couvert de cuir, l'autre de bois de noyer, et
un petit cabinet, servant le tout à mestre le linge des damoiselles.
93. Dans Vantichambre qui reperde sur la cour : Un petit lit où la
servante couche.
94. Un coffre, où il y a de vieux papier, qui ne peuvent servir à rien.
95. Deux selles de mullet, servant au litière, «vec les brides.
06. Deux chenest de fonte, pezant environ trente Ktm^
97. Dans la chambre haute sur celle du canal : Un lict, garai^ 4e ses
rideaux, la couette et cousin pezant trente-cinq livres, ayant deux cou-
vertes de droguel fort uzées.
98. Un autre ebasly avec ses ridaux, sans Hct.
99. Une mauvaise table.
(1) « LU en tombeaUf lit tout carré. » (Larousse.)
(2) Ce mot est ainsi orthographié dans la suite de l'ioveiitaire.
(3) Drap : ce mot se dit encore chez les paysani.
INVENTAIRES DU CHATKAU DE NEXON. â23
JOO. Un fosleuil de bois, non gamy.
KM, iJne. autre de pallie.
102. Deux pelils chenets de fert, pesant quinze livres.
403. Trois mauvaises chaises de paille.
404. Z>a«s le grenier de Bur le chctêteau : Dix-huit ses tiers bled nodr,
deux fus de pièce, une bnrique à meslre le viguaigrc, quinze boisseaux de
noix.
1jQ5. Dans le degré : Deux ^coffres de rocnuzerie, où il y a quinze
douzaines de servictes d'esioupes, iBiollié fort uzécs, les autres presque
aeufves; vingt nsq;)es de boiradis (1) demy uzées; deux douzaines de
linceul de brin et autant d*efttoupe6.
406. Une petite table ronde.
107. Dana le degré boa : Un cabinet, fermant à huit portes, dans lequel
il y a, dans un pot de terre, de la graisse; dans un autre, du miel (2). Il
y a aussy quatre buyos (3), dans lesquelles il y a douze pintes d'huille de
noix, deux sallières de cristal et quatre livres de chandelle.
lOd. Dana la boulangerie : Un moulin à passer la farine.
409. Une mcstà pestrir pain.
tiO. Un tenil (A) ou cuvicr à mener la lisivc.
411. Une bassine de cuivre jaune fort uz6e, de la contenance de six
seau d'eau.
142. Une peyrolle de fonte à mener lissive.
4 13. Deux rotisson de fert batu, pczani quarante livres.
4 44. Trois sacq de farine d*un sesticr.
4 45. Dana la grange : Trois lict pour les domestiques, de peu de valleur
et huit fus de pièces ou banques, fort vieux.
116. Dana V écurie : Un cheval d'aras (5).
117. Un vieux animal, servant ossy à Taras.
1 18. Trois poulin, un de quatre ans, un de trois et un de deux.
419. Trois chevaux de service, avec leurs selles et aroes (Aornois),
estimés par arbitres rail livres.
420. Flus, deux noarice de cochon, vingt livres.
421. Une coffre à meslre la d"»» {dime?) .
422. Deux mauvais lict pour les vallet.
123. Dana une chambre à coaté de Véqurie^ aeroant de charnier :
Deux lard, pezanlcent quatre -vingt livres.
424. Un vieux oinf (6), pesant douze livres.
125. Claquante livres de salle de coch^m.
çl) « Drap de boiradi», espèce ée drognet; 4e met boueirà veut dire mêler et presser à U
fois. On appeUe de U toile d'étoupes, telo de boueradis, » (Note de M. Gixibert.)
(i) L'acte enregistre, à la fin, a au lieu de la Fenot, dans le domaine exploité par Vallet,
quatre ruches à miel » et h au vUlage de Montezol« dans la mestérie exploitée^ par Léonard
Deverneull, six ruches à miel m.
(3) Peur kiârest suivant le langage populaire.
^i) Tine^ Oneite? a Teni, en patois limousin, se dit d'une petite cuve affectant la forme d'uAe
moitié de tonneau. » {C. Guiberi.)
4&) De haras, pour la remonte.
(6) Oint?
2i4 SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQtJK KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
116. Trois quintaux de sallô de vache.'
Ii7. Deux pclils cuviers de pierre, servant à faire saller la viande, et
un autre grand de bois, servant à saller le lard.
128. Deux pâlies de fer, deux tranches, une acognéc, deux acberaax (1),
une gibe ou voilant (2), un picq, une boure de feit et deux coins, pesant
quinze livres.
129. Danê le grenier : Quatre sestiers froment, soixante-quinze de sei-
gle, dix sestiers balliarge, vingt éminaux à d°«, un sestier de poix (poU;^
deux quintaux vingt livres de chanvre broyé, un moulin de fil de ter servant
à passer le froment, une petite table de bois, une mauvaise chèze, une
quarte et une coupe à mezurcr les grans (grains).
VIII. — 1747.
Nous avons va dans les précédents inventaires plusieurs « tapis-
series en verdure », dont quelques-unes neuves et désignées par
le lieu de fabrication, Felletin. Ici, c^est rénumération des tapis-
series et lapis du château. Les tapis sont « de Turquie »; quant
aux tapisseries historiées, deux sont bien d'Aubusson, mais les
autres passent pour « Flandre ». Ces dernières, à en Juger par les
sujets, pouvaient remonter au moins au \\V siècle.
Estai des tapisser iea et tapis qui sont entre les mains de M. du Pouget.
1. Scipion. Aubusson. A neuf pièces. Hauteur, trois aulnes, moins
demy quart. Aulnage : vingt-sept aulnes largeur.
2. Encien Testament. On doute qu'il soit Flandre. A 8 pièces. Hau-
teur : deux aulnes, trois quart demy. Aulnage : 23 aulnes.
3. Cœzard. On le croit Flandre. A 8 pièces. Hauteur : trois aulnes
moins un quart. Aulnage : 29 aulnes.
4. Sanson. Aubusson. A quatre pièces. Hauteur : trois aulnes moins an
quart. Aulnage : IS aulnes.
5. Vertus ou fables. On les juge Flandre. Ont 8 pièces. Hauteur : trois
aulnes un quart. Aulnage : 3i aulnes.
6. Les Roix (I). On les croit Flandre. Ont 8 pièces. Hauteur : trois aul-
nes moins un quart. Aulnage : 34 aulnes.
7. MoTse ou Jézabel. Mesme qualité. A 8 pièces. Hauteur : deux aulnes
trois quart. Aulnage : 23 aulnes.
(1) ffaehereaUf petite hache.
(2) M Volant^ mot patois qui sert k désigner plas spécialement la faucUle à long manche pour
couper le blé. — Gibo, espèce de serpe, à long manche, employée pour la taUle des bubsoos
et rébranchage, suivant l'acception donnée à ce mot en Limousin n {L. Guibert).
(3) Les rois de Juda, ancêtres du Chrif t, peut-être np arbre de Jessé, comme sur une des
Upisseries de l'église de Nantilly, à Saumur.
INVKNTAIUKS OU CUATKAU OK NEXON. 395
B. Abraham. A 8 pièces. Hauteur : trois aulnes moins un quart. Aul-
n<age . 24 aulnes.
9. Plus cinq tapis de Turquie, nj fins ni grossiers. Premier : de lon-
gueur de quatre aulnes et large une aulne trois quart. Le second : de
longueur de trois aulnes et de largeur de deux aulnes. Le troisiesme : de
longueur de trois aulnes demy et de largeur de deux aulnes. Le qna-
triesme : de longueur de cinq aulnes et de largeur de deux aulnes. Le
cinquiesme : de longueur de quatre aulnes trois quart, largeur une iiulne
demy.
Le tout pesant, tant les tapisseries que les tapis, deux mille trois cent
quatre-vingt treize livres.
IX. — 1779.
Le 13 février 1779, « Tabbé de Magnac », comme il signe, écri-
vait de Paris à M. de Nexon la lettre suivante, relative à des em-
plettes d'argenterie et de toilette :
Je fais partir ce soir, comme je Tavois compté, la caisse dans laquelle
sont renfermés les objets que vous m*avez demandé, savoir *2 couverts
à fillets, 4 cuillères à ragoust, 6 cuillères à caffé, une écuelle et son
plateau, en argent, le tout armorié.
Vous y trouverez joint une mente (1) ou pelisse, à la dernière mode,
garnie en martre zibeline (2), très belle, que j'ai trouvée d'hazart. J'ai
fais faire la mente en salin jeaunc reiyé, qui est la couleur à la mode.
Cette dépense vous paraitrat peut-^tre un peu forte. J*ay cru qu'il valloit
mieux donner quelque chose de mieux que dje vouloir épargnicr, d'autant
qu'en voilà pour lontems, si les vers ne la mangent pas. La garniture a
été estimée 8 louis et je Ta! eue pour 102 1.
Je vous envoyé le mémoire de l'orfeuvre quitancé. J'y joindrai le reste
quand Tambalage serat fait. Les couverts et Técuelle ont leur bouette
particulière.
J'ai fais un billet à l'orfeuvre pour le montant de la somme. Ainsi, je
vous prie, le plustost que vous le pourés, faites la partir par la turgo-
tine (3), qui part tous les lundis. La difficulté de trouver des lettres de
change est trop grande pour pouvoir y compter.
J'ai joint à la pelisse un reste de sa garniture, qu'il faudra garder en
cas que quelque morceau s'use. C'est une marchandise chère et bonne à
garder.
(1) « La mante ancienne... était un habillement fort court que les Espagnols appelaient
mante, parce qull ne couvrait que les mains, c'est-à-dire les bras » {Dict. de Trévoux). Tou-
tefois, en Limousin, on donne le nom de mante k un grand manteau de femme, à capuchon.
(2) « Les martres zibelines sont nommées autrement souris de Moscovie. C'eft un animsl
sauvage qui se trouve dans les pays septentrionaux, qui a le poli doux et noir » {Trévoux).
(3) « Turgotine, de Turgot, sous le ministère duquel furent établies les premières diligen-
ces • iUwobsse).
T. XXXVIU. 1$
^G SOCIÉTÉ ABCBftOLOOlQUE ET filSTOftIQUS DU -LlMOUSlK.
ie jofns à nm lettre tes mémoires de PorfeuVi^ et de k marehande de
mode et un mémoire circonstaotié de la totalité.
. Voici le « mémoire circonstancié » :
Amplettes faites pùur M. de Nexon,
Argenterie '4.S96 I. 'Il s.
Bordure de martre zibeline lOÎ 1.
Façons du mantellet et fournitures 58 1. U s.
Bouette d'embalage 2 1.10 s.
Toille sirée \ 1. lO s.
Toille pour envelopper la pelisse il.
1.462 1. 5 s.
Lfe mémoire de l'orfèvre est sur papier à en4éte imprimé :
Au charioi d'or, quai des orfèvres, la quatrième boutique du côté du
Pont-neuf, à Paris.
Cheret, successeur de Madame Doucel, marchand orfèvre, fabrique
toutes sortes d'ouvrages d'orfèvrerie sur de nouveaux modèles de son
invention.
Fourny à Monsieur l'abbé de Magnac :
12 couverts à filets, façon, O? 1.
4 cuillières à ragouls, 20 1.
6 cuillières à caffé, 10 1.
F.e tout pczant 49 m. 7 o. 4 g., à 56 1. U s. le marc argent et con-
trôle 733 1. 10 s.
Une écuelle couverte, pezantc 3 m. 7 o. 4 g., à 56 1.
14 s 233 1. 44 s.
Façon 48 I.
Une assiette, pezante 2 m. 2 o. 4 g, à 56 1. H s. le
marc argent et contrôle l3l l. 12 s.
Façon , . 18 1.
Gravure de 37 armes à 15 s. pièce 27 1,
Un étuy pour l'écuelle i5 ' 1.
Plus 1 étuy pour les couverts 12 1.
1.296 1. Il s.
Le mémoire de la « marchande de mode » est écrit au dos d'une
gravure qui représente, dans une charmante bordure, en style
rôcaiile, ornée de feuillages, de fleurs, de traits et <i*un carquois;
trois à'motirs, occupés à verser des traits enrubannés ou à les lancer.
Au-dessous de la vignette est cette adresse, encadrée dans un
cartouche :
INVENTAIRES DU CHATEAU DE NRXON. 2)7
AusD traits gala/its.
Rue S. Honoré, vis-à-vis le Palais-Royal, à Paris.
Pagelle,. marchande, avertit qu'on troi\vera chés elle tout ç^ qui con-
cerne les modes, elle réunit le goût et la nouveauté. On y trouvera aussi
des corbeilles de mariage et toutes sortes de marchandises de mode. Elle
vend à très bon compte.
Son mémoire se réfère au complément d'une toilQtte de noces,
jour et lendemain.
1. Une pièce de manchettes pour le jour de la noce, en blonde (I)
fine, entoilé de Iule {%) 72 1.
2. Le bonnet pour le jour de la noce, en blonde fine,
monté en pouf (3), avec une guirlande de fleurs blanche et
un bouquet, les barbes pleines i8 1.
3. Le fichu, en blonde fine, avec des nœuds blanc 27 1,
4. Les nœuds de manches et le parfait contentement (4)
en ruban blanc 3 1. il s.
5. Une seconde parure pour la môme robe, en ruban bleu
et blanc broché et deux autres étroit 6 1.
e.Pour le lendemain, une paire de manchettes de gaze (5),
avec une petite blonde fine 47 1.
7. Un fichu en gaze ajusté 6 1.
8. Un bonnet en gaze tule, fleurs, perles et ruban 48 1.
9. Une parure en ruban rayé, rose et verd 4 1.
<0. Deux autres étroit assorti 3 1.
H . Un manlelel de gaze d'Italie, garni de ga^e rayée. ... 37 1.
<4. Un carton ^ *•
13. Un bonnet rond de gaze, avec un rubanTOse i^ L
289 1. fî s.
X. — n94.
Etat estimatif des meubles et effets inventoriés dans la maison du
citoyen Jean-Baptiste Féréol Gay Nexon, par le citoyen Martial
Siméon Merlin Chabant, administrateur du district de Saint-Junien,
commissaire nommé par Varrété dudit dU^trict en date du quatorze
prairial de Van deux de la République française, une et indivisible,
i. yn lit en quenouille, ayant trois couvertes de laine, dont deux rai-
(1) a Blonde, espèce de dentelle de soie » [Trévoux),
m « Tulle, du nom de la ville de Tulle, où les premières fabilques de cette étoffe parais-
sent avoir été établies. Sorte de tissu en réseau, très léger, à mailles hexagones » {Larousse),
(3) H Pouf, sorte de gros tabouret, de forme circuUire. qui est souvent assez grand pour
servir à plusieurs personnes ■ {Larouue).
(4) Expression inconnue des lexicographe».
(5) . Gaxe, espèce d'étoffe, tissa léger de fil ou de soie, ou moftîé fil et moiUé soie, ira
vaillée à claire-voie • {Trévoux}.
158 SOCIÉTÉ A«CHÈ0L0OIQ0It ET MISTOKtQUK OU LlHOt-Sl!».
u^s el rautre usée; «ne couette, garale de P'"™*' P^'AJ^To Z
mauvais plontif, .renie livres; on traversa, P^»"',^»'"*;;, ^'^^i^^^^
:sï;r;^rrr;i:n?: ?i;e:nsru:ï™s:cra:^Ve.
"TKsTmal'llgarnl de laine, pcsan,, avec «n petit oreiller garni de
plan,; qul«e livrfs; une couriepoinle piquée, de ^^^^oise ^ r^e.
b res .si bonne; deux draps déioupes, une uble longue à quatre
p Stroirmauvais bancs de bois, une mai à pétrir le pa.n ; e»l,mé 70 .
•^ 3 Un armoire à quatre batlans, ayant trois serrures avec leurs clefs ; s.
boa teiires en verre"un gobelet d'élain ; une lampe, vulgairement appelée
chareix: une bouteille de terre, un pot à leau de terre; un pot de terre
Sont un bord cassé; une coupe de bois pour faire les fromages, un pot à
IVan rassé de favance; eslimé 36 K
î sTxassletes et trois morceaux de celui, le tout d'étain, pesant en-
sembU neuf ïvres; un grand et un petit chandelier d'étaio ; «n po de
terre et un autre plus petit, l'un et lauife leur bordure cassée; ud couloir
de ai. ; une petite marmite, avec son couvercle, le tout de fonte, pesam
six livres a demi ; un bassin de cuivre jaune, pesant tro.s livres et dem.;
un grand chauderon en cuivre rouge, pesant avec sa barlière, quinze
livres et demi; fsllmé Si l.
6 Plus, un autre chauderon de cuivre rouge, pesant neuf hyres; une
«aleUère; un pot de fonte, pesant avec sa barlière .rente deux livres; un
autre, du pois de vingt-trois livres; un autre de fonte, avec son couvercle,
pesant vinjl-huit livres; une petite marmite de fonte, pesant, avec son
mauvais couvercle de fert, sept livres ; estimé 36 1.
6. Un houUe de fonte, pesant, avec sa barlière. cinquante deux Ivres,
un petit chauderon, mi-usé. de cuivre rouge, pesant cinq livres et demi,
deux irépiés et un porte-pollle; estimé 301. ,.» . . ^, i,
7. Une lèchefrite usée, pesant trois livres; deux cullères à tremper la
soupe et une petite à aroser la viande, le tout pesant trois livres et demi;
un gril et une petite fourche de fert pour aliser le feu, pesant trois livres
trois quarts; un tourne-broche avec sa chêne de fert, pesant ensemble
quinze livres un quart; une pelé de feu de fert rt tras foyer, pesant en-
semble sept livres; estimé 16 1.
8. Une grande broche à rôtir el une autre très petite à main, pesant en-
semble huil livres ; un poid de tournebroche en pierre, garni d'une ance
de fert; deux chenés de cuisine en fert, pesant ensemble sept hvres; deux
cramalières attachée dans la cheminée à une bare de fert, une tenaille de
bois, avant des cercles de fert, propre à faire les galets; une uble usée,
de dix "brasses de longueur; trois tamis, dont un est en soye, esumé 18 i.
9. Quatre mauvaises palisses (1), une coupe de bols, un crible mi-usé,
deux mauvais dais à porter les chaieigoes, une grêle, trois chaises en
paille, une salière en bois en fauteuil, une planche à (h)acher la viande,
estimé S I.
(1, « P»ni«r d* piilhe ou pillsse. » (lia. de Loménie, 1658, n» 88).
INVENTAIRES DU CHATEAU DR NEXOif. 939
10. Deux mauvaises lanternes, un dévidoir, un pot de gi*ai (grès), de la
contenance d'un sceau et demi ; un bac de bois pour les cochons ; trois
sceaux, dont deux mau irais et un bon, garni(s) de leur ferement; une pelle
en ractoit hors d usage, un mauvais taille-pré (4), un grand cuvier en
pierre pour la lessive, une nape de cuisine très trouée et usée, six mau-
vais essuimain, un râtelier pour le pain; estimé 6 I.
41. Six mauvaises planches, dont trois au ciel du lit; cinq bares de fert,
pesant ensemble quarante-une livres; un crochet à peser; trois poilles
à frire, pesant ensemble neuf livres trois quarts ; deux casseroles de fert,
pesant ensemble cinq livres un quart; deux petites casseroles de cuivre
élamé; estimé 35 livres.
12. Un passe purée et un plat de cuivre, le tout pesant six livres; deux
couvercles de fert blanc, un soufflet usé et hors d'usage ; un collier de
chien en cuir, garni de pointes; eslimé 6 l.
13. S*est présenté le citoyen Michel Léonard, commis pour la prépara-
tion du salpêtre, lequel a requis les deux meilleurs sceaux, Tune des bares
de fert pesant six livres trois quarts, un casserole de fert blanc, pesant
deux livres trois quarts, dont la délivrance lui a été faite.
14. Une grande armoire à ((uatre batians, deux tiroirs au milieu; huit
draps de brin, trois de boiradis, deux d*éloupes; six napes ouvrées, douze
serviettes ouvrées, quatre autres serviettes très uzée(s), estimé 1301.
15. Ginq bouteilles de verre, un pot à Peau de fayance, deux huiiliers en
fayance, deux aulre(s) en cristal par leur porte huillier; quatre gobelets de
verre, dont un est cassé; une pâiissière avec son couvercle en fayance;
cinq fourchelles cassée(s) en composition, une culièrc potagère, un salinai
de fayance, une feuille de fert blanc ; estimé 6 I.
16. Une lasse à cafifé (2), deux soucoupes, un moutardier en fayance; un
bufifet à trois portières, une table avec ses traileaux ; une autre table
moyenne, sans ses pieds; une petite table avec son pliant, un fauteuil
couvert d'étoffe verte, trois fauteuils en paille, cinq chaises en paille, une
bassinoir(e) en cuivre rouge; eslimé 48 1.
17. Une bouleille de verre noir, enveloppée d'une vessie; une cruche de
terre, une petite table à pieds de biche, ayant trois tiroirs, dont deux fer-
mant à clef; un panier de salade et un autre panier servant à porter des
bouteilles ; une autre cruche de lerre, sa anse cassée ; une masse, deux
coins de fert, une grande hache, une petite, deux chenés de fert, deux
pelles et un pincete ; estimé 24 1.
18. Une bare de fert, un dictionnaire laiin, un guérindon, une râpe à
râper sucre ; un petit lit, ayant une couette et un Iraversln garni(s) de
plume, une paillasse, deux matelats, une courtepointe piquée â fleur bleue
et rouge, un drap de lit boiradis; estimé 95 l.
(1) « Oatll servant à couper la terre dans les prairies pour faire des rigoles » (L. Guibert).
[2} tt Plus, trois petites cuillères vermeille doré, à prendre du caffé. Plus un étui de cha-
grin, dans lequel s'est trouvé six petites cuillères d'argent, à prendre du caffé. o(/fio. de
Afascaron, 1703, n** 118, 119.) — « Un vieux moulin à café, presque hors d'usage. » (/nv.
Dej^an, 1732, n* VU.) — n On ne prenait du café que par remède. Un pain de sucre, du poids
de quatre livres, sufSsait à la consommation annueUe des bonnes maison». » (Juge, Change"
mentt navenus dans les mamrs des habitants de Limoges^ 1817, p. 15.)
230 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
19. Une nape unie, très lâchée et usée; une serviele ouvrée; des ri-
deaux lie droguet jaune, sans barres et sans ciel de lit, deux tringles de
lit, un pot de fayance, deux feuilles de fert blanc, une table, deux petites
barres de vitrage; estimé 18 1.
20. (ne écuelle de fayance, manquant d^une de ses oreilles, deux chai-
ses et un fauteuil en paille, une petite pandule de bois, un compas à trois
branches, un paquet de fil de fert, une culière de fert pour tremper la
soupe; estimé 46 i.
î(. Deux coffres, une lable suporiée par deux chaises en paille, deux
petites palisses, une grande et une moyenne terrine de terre, un panier
à quatre bouteilles; deux plats de terre, desquels les borts sont cassés;
un énionoir en bois, une tarditle à placer les fontaines au(x} bariques,
une bùge de grô(s), six pot à fleur, un râtelier à mètre le pain, deux plan-
ches, six morceaux de colonne; estimé 24 1.
2î. Dix-huit bouteilles de verre noir, un crible, deux pol(s) de terre
hors d*usagc, un petit yinagrier, une grande buge de gré avec son couver-
cle, une grande bouteille de verre blanc, une grande fiole de verre blanc,
deux petis moutardiers de terre; trois chaises de paille, dont une mi-ùsée,
une (Planche suspendue, neuf assietes de tayance, cassée en deux; es-
timé 15 1.
23. Une mauvaise banque, où il y a six livres de plume; une planche,
deuk chèvre(s) de charpentier ; un garde-manger, garni de ces loilles per-
cée; vingt planches de chêne, de huit pieds de longueur; une barique,
une écuelle de bois, deux banques, cinquante-une planches de différend
bois, un baril ayant quatre sercles de fert, plus vingt-quatre planche bâ-
tarde, six colonnes, une planche â hacher la viande; une petite marmite,
manquant d'un pied; estimé I2i l.
94. Un baril, garni de quatre sercles de fert, U boisurc d*un dessus de
lit neuve; un chalii de lit neuf, façon de village; un autre châlit ayant la
paillasse garnie de sa toille; une mauvaise courte-pointe piquée, de toille
jaune; plus un lit, ayant des rideaux verl(s), le tour bleu; une autre mau-
vaise courte-pointe, un inalelat, une mauvaise toille de paillase ; estimé
(00 1.
25. Unechalse de paille, un pot de chambre de fayance sans anse ; un
boisseau, mesure de St-Junien; un lit, dont les rideaux sont mi-usé(s),
uhe paillasse garnie de sa toille; quatre coussins garnis de crins, les
dessus étant d*étofe soye et coton, couleur verte, fond blanc; un fauteuil
de paille, trois chaises de paille, une mauvaise table à quatre pieds;
estimé 60 t.
26. Un petit lit, sans autre garniture qu'une paillasse, une coueie gar-
nie de plume, un lit, une paillasse, un matelat ; une courte-pointe piquée,
m)-usée, à ray(c) rouge, fond jaune; les rideaux de ras vert; un autre lit,
ses rideaux de ras vert, le duussier â fleur rouge, une paillasse, une courle-
poinie piquée â fleur rouge en siamoise, deux mauvais pots de chambres,
une table de nuit; estimé 2i0 I.
27. Quatre planches de caisse, une chaise de paille, quatre planches,
deux boites de chareies, quatorze chaises en paille, un pot de terfè, un
INVEH.TÂIRES DU CHATEAU DE NKXOIV.. 231
paquet d^ latte, de quatre pieds de long; trois cent lattes de deux pieds,
un bois de lit; une mauvaise coune-poinie piquée, de toile; un co(fre sans
clef, un banc de charpentier, trois cercles de fert, les chaînes de pont-levis,
un câble de meule; estimé i 10 1.
28. Dix-neuf planches de chône, deux de fayani, onze colonnes de chaîne,
un lit neuf de charete, huit iradaux, trois housses (i) moyennes, un bois-
sâau mesure de Rochechouard, un sercle en toi lie poux me^ui;er Iç l^lçd,
trois petites palisses, une plaiiche de çhéne; estimé 51 l.
29. Une petite table à cadrille (1); lit de camp, garni de toiletta gri§c ;
un fauteuil et une chaise de paille, deux cuvetes de fayance, unt^ crqçbe de.
terre, une mauvaise cafetière de fert blanc; estimé 40 1.
Cet inventaire énamère les objets dans un désordre incroyable :
décidément, les fonctionnaires de la République s'y entendent
moins bien que ceux de la Monarchie. Cependant, il s'en dégage
une série d'observations que je ne dois pas négliger.
L'ameublement n'est pas plus luxueux qu'autrefois, mais on ne
sait trop où le caser, faute d avoir suivi pièce par pièce. Une £|mé-
lioration sensible se produit de certain côté : ainsi la propreté
exige désormais le « pot à l'eau » et sa « cuvette », en faïence,
ainsi que le « pot de chambre », qui a son meuble spécial, la « table
de nuit. »
Le service ne se fait plus seulement dans l'étain; la teurre et la
faïence ont la vogue et, pour manger, on se sert de « composition»
(n« 18).
La cuisine est renforcée surtout d'une foule d'ustensiles : le cuivre
domine encore, mais on a soin de T» étamer » et il s'y ajoute le
fer blanc. Parmi eux, je distingue, pour faire les galettes de blé
noir, la « galetière » et la tenaille » ; puis le « tourne-brpche » est
installé avec son poids de pierre qu'une anse de fer permet de Qia-
nœuvrer; enfin, quelque mauvaise qu'on la dise, les domestiques
peuvent étendre une nappe sur leur table, devant laquelle ils $Qnt
assis sur des bancs.
(1) w Sorte de panier à coaverole rond, ob on met de la farine. H y en a de larges, d'an-
tres en forme de gourde ou cylindriques » {L. Gvîberi),
(1) Voir sur le jeu de cartes en Limousin, en 1690, le Bullet, de la Soe. areh. de la
Corrige, 1800, p. 443. — Cf. Académie universelle des jeux, contenant les règles des jeux de
quadrille et quintiUe, de l'hombre à trois^ du piquet, du reversis, des échecs, du trictrac et de
tous les autres jeux, avec des instructions faciles pour apprendre à les bien jouer. Paris,
Legras, 1730, in- 12. Le «jeu de quadrille » est expliqué p. 1-66. Le chapitre 1 débute ainsi :
(I 11 est surprenant que, depuis quelques années que l'en joue le quadrille, personne ne f>e sot
donné la peine d'en recueillir les règles Le quadrille n'est, à proprement parler, que l'hom-
bre à quatre , mais aussi faut-il convenir qu'il est plus amusant et plus récréatif (que l'hom-
bre à trois) particulièrement le beau sexe a reçu avec plaisir cet hombre mitigé et en fait son
plus agréable amusement, le préférant à tout autre jeu; et au cliap. II : Le nom de quadrille
que porte ce jeu fait sentir que c'est un jeu qui doit étra joué à quatre personnes. »
Les jeux de quadrille» de quintille, de l'hombre à trois et à deux; Paris, Legras, 1732, in-12.
932 SOCIKTB ARCHÉOLOGIQUE BT BISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Le café est à la mode : on ne le prodigue pas, car s'il y a ane
« cafetière » pour le faire (n« 29), pour le prendre, on ne voit
mentionnée qu*une seule tasse avec deux soucoupes, Tune se posant
dessus, comme font encore les Orientaux. Son usage était donc
absolument personnel.
Quant à la moutarde, elle devient une nécessité, puisqu'on
compte plusieurs « moutardiers >» de faïence {n° 16).
On a aussi la précaution du « garde-manger », garni de « toile »
(n* 23) contre les mouches.
XI. — 1798.
Je me contenterai d*extraits de plusieurs comptes de « lissive »,
qui n'ont d'intérêt qu'à cause du linge de table, de corps.
f. 12 nappes d'estoupes.
2. 5 douzaines et demie de grosse serviettes.
3. 18 serviettes de gros brin.
4. 13 serviettes de brin, à petit carreaux.
5. 43 serviettes de boiradis, de la môme façon.
6. A serviettes fines à grand carreaux.
7. 44 draps de brin, 9 de boiradis, 6 d'estoupes; 9 qui sont roux.
8. 5 pièces de serviettes d'estoupes.
9. 7 serviettes à grain de mil.
10. 3 serviettes damacés.
14. M. le cheoalier : 17 chemises, 1 canessont, t bonet de coton,
3 serrelête. 3 mouchoirs simple, 9 double dont un bien mauvais, et Tautre
barre rouge, 8 paire de bas, 4 col, 4 paire de bas Siam, 4 gris, 1 paire de
chausson de laine.
12. 43 chemises, dont il y en a 6 de fines, 2 mouchoirs bleue, 6 paires
de bas, S paires de gris, 9 siam, 2 paires en soie.
13. 6 grosses chemises, 7 de fines, dont 3 ont les manches de fronsées,
8 paires de bas blanc, dont 11 y en a une paire bien fin, 4 mouchoirs de
col.
14. Af^^ Degay : 43 chemises, 3 jupons, 6 serviettes unies, 1 jupe de
mousseline, 9 paires de bas, 8 mouchoirs de poche, 1 simple.
15. 4 jupes garnis, 2 manteau de lit, 5 bandeaux, 4 boets, t paires de
poches, iO paires de bas.
46 14 bonet,
17. 6 barbiches (4) et 4 bonet(s) rond(s).
(l) R Le barbiehet est la coiffure locale de rarrondissement de Limoges : un bonnet avec
deux grandes ailes que les paysannes aisées font garnir de dentelles » {L. Guibert).
iNVeNTAIRES DU CHATEAU DR NEXQN. ^33
XII. — 1798? (1).
1. 2 faaleuils en tapisserie.
2. 2 aQtre(s] en paille.
3. 2 chèses.
4. 42 chèses, garnie(s)en éiofe.
5. 3 fauteuil(s] pein(ls) en bleu.
6. 1 bergère garnie en baille (2).
7. 10 fauteuils, tant en damas indienne que siamoise (3).
8. 4 fauteuils, dont 3 pein(ts) en rouge et Tautre en bleu.
9. 2 chèses en paille.
10. f broueie.
H . Un banc à décharger.
12. 1 assiete d'étain.
13. 19 planches de six pieds.
U. 5 cercles de toneaux et 9 auire(s) plus pelis.
15. 4 sercles de toneau.
16. 4 servietes.
17. H planche(s) cornu ne(s).
18. 4 draps d'étoupes.
19. 4 bouteilles vere.
20. Une écuelle de fayance.
21. 13 d*étin en plats et assieles et écuelles.
22. 1 petit chandelier de cuivre.
23. 2 fer(s) à repasser.
24. 1 entière à tremper la soupe, cuivre jaune.
25. 2 culière(s) de fer.
26. Une petite marmite, 3 pot(s), 1 chauderon.
tl, 2 gobelel(s) de vere, un bassin de cuivre.
28. 1 lèchefrite, I broche à rôtir et une autre à main.
29. 3 cramalières, une bare de fer.
30. 2 chenets de fer, 1 pele à foyer, i chené.
31. I bouteilles vere noir.
32. 1 tranche, 1 pele, 2 bigots (4), 1 crible en fer d'arechal.
33. 7 mauvaises chèses à bras (5).
(1) Cet inventaire porte en titre : Part de mes tantes, m&is n'a pas de date. Il est écrit sur
une feaiUe volante.
(i) Sic pour paillé,
(3) «t Une courtepointe piquée de siamoise âi raye bleue, assés bonne » {Ftiv. du chat, de
Cognac, an II, n* 1). ,
(4) « Bigot, outil en usage à la campagne, sorte de tranche à deux becs de fer, servant sur-
tout à remuer le fumier » {L. Guibert). — « Deux bigots servant à bêcher la vigne n (/nv. de
Loménie, xviii* s., n* 30).
(5) « Plus, un fauteuil, bois noguier, autrement dit chaise à bras » [Inv. Dejean, 1732,
• 36),
S34 SOCIÉTÉ AACUÉOLOGIQUB ttT UlfifTORIQUK ÙU LIMOUSIN.
XIII. — 1798? (1).
Etat du linge de Nexon et autres effets»
1. Dans la tour : Ud guéridon, un écranl en tapisserie, un pot ^ Te^a
et cuvete, 9 coussin(s) de litière, un lit avec sa paillasse, matelals, traver-
sin, courte pointe et rideau rouge.
2. Dans ma chambre : S lits cramoisis, leurs paillasse(s), i matelas, !
couettes, coussins, une courte pointe seulement. 4 couvertes, 3 oreillers,
9 obèses et 2 fauteuils de paille, 2 tablefs) de nuit, 2 pot(s) de chambres, 2
tables cou verle(s) chacune d^me ^erviete, un soufflet, une pendule, 2 che-
nets, pelé et pincete, on miroir.
XIV. — 1798? (2).
1. Vous renverai à Moncut le châlit qui est dans la petite chambre et
celui du lit de la Cati, avec le lil de plume, la couverte et le chenet, les
ridaux bleu(s) qui sont dans le galetas et les bares des deux châlits.
2. Le bufet.
3. Les 9 cbèses de pailles et les 9 garnitures de fauteuils qui sont dans
ma chambre.
4. Le fauteuil qui est dans la ruelle de mon lit.
5. La pelé et les pincettes qui sont dans ma chambre.
6. La couverte non neuve blanche, qui est à mon lit et Torelller.
7. Les iO draps de brin ou boirady.
8. La poille, Técumoir, la casserole, les t pots et la marmite, le gris
(gril), la pcrole pour la lessive, la vesselle.
9. Vous ferés porter à Nexon : les deux grand lits.
10. Les 19 chèses et le fauteuil ver(t).
11. Les 4 grand(s) fauteuils avec leurs garniture, qui est pliée dans un
drap.
12. Les 9 grand(s) fauteuils en tapisserie, qui sont dans ma chambre et
les 2 petis fauteuils.
13. Le cabinet qui est dans ma chambre.
XV. — 1808 (3).
Dans une armoire à deux battants, qui est dans la chambre où est
décédé M, de Nexon père : 1. 39 chemises, dont 9 toile fine, mi usées,
estimées ci 78 1. 5 s.
(1) Sar une feaille volante, non datée.
(2) Sur une feaille volante, sans date.
(1; Sar une feuille volante in-folio, intitulée : Extrait de l'inventaire; il n'y a, portés ici,
que les effets personnels d'habillement.
INVBNTA1A89 DU CHATBAÛ DE ftEXOrf. 135
9. 4 paires de bas cotoai §(rts, 4 1.
3. 40 aaires paires de bas, dont 2 grts et 8 fit blanc, 20 1.
4. 9 desoye grise, 10 1.
5. H autres <fe coton, mi usés, 4S I.
d. 4 paires de bas en laine, dont 2 de noire, une de blanche, Faurire
grise, 8 1.
7. t habit, veste et 2 culottes de lustriAe (4)., i% 1.
8. \ habit mi usé et une culotte neuve drap d'Elbeuf ()), 15 1.
9. I habit, f culole drap noir, t veste raz de eastor (3), 3 1.
10. I habit, une eulotle, I mauvais habits, I d« drap de Silézie, autre
de drap blanc hors d'usage, autre mnsq, t de baraean (4), autre de drap
noir, de drap vert galoné, 2 veslies de drap écarlaie, I culotte de mémo,
tt 1.
11.3 robbes de chambré, 1 veste, 4 I,
12. 1 vielle roupe (5), ♦ veste en soye k raye, autre v(eal€) de
moarre (6), i gilet, 2 culones, autres culottes, i de soye, « veste, 3 culot-
tes, f veste, 2 autres vestes, 1 gilet, avec plusieurs autres articles, le tout
estimé 13 1.
Dans uneboête en bols : 13. Plusieurs mouchoirs de poche et de col, 4 1.
Dan» une autre boëte à tôté de la cheminée : 14. f4 mouchoirs de
poche en fil, 6 de coton et mousseline, 1°« paire de bas en soye blanche,
40 1.
Dans une autre boëte : 15. 7 bonnets et 10 serre-têtes, 7 l.
Total de Testimation des hardes du père, 301 1.
Suit Tétat des hardes de Madame de Ncxon. Dans une maie qui est
dans la chambre au rez-de-chaussée : 16. 31 paire de bas pour femme,
fil et coton, 29 mouchoirs dont 7 de col en mousseline et 29 de poche, 30
chemises toile de pays, 8 bonnets de nuit, 30 l.
Dans une autre maie : 17. 19 chemises toile de ménage, 14 paires de
bas, 2 paires de souliers, I de pantoufles à talon haut, 3 mouchoirs de
col dont 1 en soye, \ chauderon en tafetas (7), 9 paires de mitaines, 24 1.
Dans une 3^ maie : 18. 6 jupes bazin, 3 paires de brassières ou corset,
un mantelet, 9 cazaquins (8), 5 paires de poches, I cazaquln, 2 coupons
en siamoise, 18 I.
(t) « iJustrifle, sorte d'étoffe de soie à fleurs, qui a bsaacoup de brillant » (Trévoux). Elle
doit évidemment son nom à son aspect lustré.
(2) « fcUbeuf, gros bourg de France, dans la Normandie..., fort renommé par les étoffes de
draperies qu'on y fabrique. Blbeufw. dit aussi pour le drap qui se fabrique à Ëlbeuf ou qui
l'imite » (Trévoux),
(3) Ce mot manque dans les dictionnaires, ainsi que drap de Siléiie^ qui indique la prove-
nance.
(i) « Bouraccau On disait autrefois harMan, gros camelot ou étotfe tissée de poU de cher» •
Trévoux).
(5) « Àoupe, sorte de blouse en diap grossier, fendue par devant, dont font surtout usage
les berger» transhumants dans la Drôme » (Larousse), Cette acception n'est pas la seule.
Ici, roupe signifie houppelande, comme on dit encore en Anjou.
(6) Moarre n'est pas moirCy qui parait plus loin.
(7} (I Chaudron^ genouillère de botte, aussi haute en dedans qu'en dehors » {Larousse).
(8) « Casaquinj espèce de petit corsage, à basques courtes et relevées, qui n'est plus porté
que par quelques femmes du peuple et de la campagne « {Larousse)^
230 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UISTOAIQUE DU LIMOUSIIC.
JDona une armoire : 49. i couvertes de coton, 9 jupes, une manie en
satin, 1 jupe, I robe en taffetas maron, 4 robe de même, puce; I robe en
soyc cramoisi, 1 eu satin avec sa jupe, autre en lafetas à rayes, autre de
même couleur, I jupe en tafelas, i robe de même, autre robe de croisé (1),
autre avec sa jupe en soye verte; autre de même, blanche; i jupe soye
verte ei blanche, 2 robes en indienne, une jupe en laine, I mantelel en
lafetas noir, i tablier en toile, in« bourasse {%) en tafetas vert, le tout
3001.
Total de Festimation des bardes de Mad. de Nexon, 372 1.
Hardes de M. de Gay atné. Dana une Qu'onde armoire : 20. t habit, 1
veste et i paires de culottes droguet, en soye, brodé en argent; autre babit
veste en drap de soye brochée gris; autre habit gris, veste et 2 paires de
culottes en velours de soye, à fleurs, rayé; t habit de velours vert avec sa
culotte, les jarretières en argent; veste en soye blanche, brodée en or; un
habit de velours noir, une culotte de même» jarretières en or, gilet assor-
tissant; I autre habit en soye satin broché à fleur, fonds bleu et gris;
autre de velours à rayes, couleur de chair et 2 culottes de même ; i habit
de drap, 1 culotte, autre habit de moire, 1 habit en soye, I gilet et une
culotte gris de lin, 2 habit de Gragrame (3), veste de drap d'argent brodée
en or, 1 culotte drap de soye noire, autre paire de culottes satin broché et
barbeau (4), 2 vestes brodées en or, en argent et en soye; i culottes de
soye, I de peau, 1 gilet rayé en bazin, 5 paires de culottes de siamoise
blanche, un gilet même étoffe, un de bazin rayé, une paire de caleçons, i
drap de camp (5) toile grise : tous ces objets estimés à 300 1.
21. 6 paires de manchettes à bottes (0), six chaussons en iil, 4 mauvai*
ses chemises, 33 1.
22. 6 chemises toile de Rouen, 4 autres chemises sales même toile, i
habit de drap noir, 3 paires de culottes noires, 2 gilets en flanelle, 8 pai-
res de bas de soye blanche et grise, \ I autres paires de bas de coton
blanc, 3 de colon mélangé, 9 de til, 2 en laine, 1 paire de chaussons laine,
ii cravates en mousseline, 4 autres de même, sales; 14 mouchoirs de
poche, coton et Gl; 2 chemisetles, 1 paire degan(ts) de peau, 3 bonnets d^
coton, I éthuis h razoirs avec ses deux razoirs et son cuir, 8 coêffes de
bonnets, 4 paire de culottes avec 1 vesle cazimir (7] noir, 2 culottes en
satiu noir, 1 habit noir d'étamine, l gilet noir en drap, I lévite (8) de caU
(1) ■ Croisé, étoffe travaillée à quatre marches au lieu de deux « {Larousse),
(2) «Cinq bourras, grosse toile^rise, uzps » (/><d. de la Colette, 1732, n* 131). — * Bottrras,
toile grise très grossière ; bure, drap grossier • (Lcrousse),
(3) Ne te trouve pas dans les dictionnaires.
(4) n Barbeau, de couleur du barbeau ou bluet » {Larousse).
(5) Drap pour lit de camp ?
(6) t Manchette de botte, sorte de genouillère de toile que l'on mettait entre la botle et le
vêtement, lorsque les bottes atteignaient jusqu'au genou » (LarousseJ.
(7) ■ Casimir, drap léger, en laine fine, tissé par l'armure batavia et qui est presque exclu-
sivement employé pour vêtements d'hommes {Larousse).
(8) ■ I^ite, par comparaison de ce vêtement avec l'habit ecclésiastique » {Larousse). Cette
définition manque de précision, car il importerait savoir de de quel habit il s'agit. Ce n'c*t
pas la soutane, mais une redingote, longue et droite.
INVENTAIRES DU CHATEAU DE NEXON ^37
mone(l), Hévile drap olive, 1 gilcl de drap de Silézie, i autre de Casi-
mir à rayes, 1 aulre en couly bleu, I veste eD drap jaune; le tout estimé
iOU I.
33. 2 paires de bottes, 3 paires de souliers, 4 paire de boucles en cui-
vre, 3 chapeaux, 3 labaiières, I épaulete et sa contre épaulete, 24 I.
Total de la valeur csiimaiive des bardes de M. de Gay aine, 557 I.
Total général des bardes, «,230 1.
X. Barbier de Montault
(l) Cftlmande?
INVENTAIRE
DU CHATEAU DE CHAUFFAILLES
Le 20 septembre 1778 mourait, en son château de Ghaaflfailles,
paroisse de Coussac-Bonneval, François du Burguet, écuyer, sei-
gneur de Chauffailles, Fayat et autres lieux, époux de Marie
Touzac de Sainl-Etienne. Le 10 décembre suivant, Maître Léonard
Lespinas, notaire royal à la résidence de Lubersac, se rendait à
Chauffailles pour procéder à l'inventaire des biens du défunt, en
vertu d'une commission du lieutenant général. L'honorable tabel-
lion était assisté d'un certain nombre d'experts : les sieurs Bau-
douin, marchand de Tulle; Begoûgne, tapissier à Limoges; Cuber-
tafon, propriétaire à Pierrefiche;Rigaudie,« habitant d'Ambazac-la-
Marche », et Château, architecte, — celui-là même qui devait, peu
d'années plus tard, égayer de ses couplets de circonstance les
réunions de la Société populaire de Limoges, et changer successi-
vement son nom, rappelant de trop aristocratiques souvenirs, en
celui de « Chaumière » d'abord, puis de « Masure ». Il est permis
de se demander où se serait arrêtée son humilité si la Révolution
eût duré quelques années de plus.
L'inventaire dura plus d'un mois et ne fut clos que le 19 janvier
1779.
Le procès-verbal de cette opération, qui appartient aux char-
triers de famille de M. le comte de Monibron, et dont nous devons
la communication à M. Champeval, constitue un des assemblages
les plus formidables de cahiers de papier timbré qu'il nous ait été
INX'EMtAMlES OU CH^ATBAU DE CUAUFPAILLGS. 389
donné de voir .jamais. On dirait un gros dictionnaire. Il csi du
reste largement écrit, comme il sied à toute œuvre calligraphique
qui doit se payer au rôle... Nous nous sommes borné, bien
entendu, à en extraire quelques articles, choisissant les passages
qui nous ont paru de nature à offrir quelque intérêt, soint au point
de vue des mœurs, de Thistoire ou des industries locales, soit à
titre d'indication permettant de juger du confort et du luxe qui
existaient dans nos châteaux de province à la veille de la Révolu-
tion.
Le château se compose d'un grand corps de logis construit en
pierres, couvert en tuiles plates. Jl mesure 160 pieds de. longueur
sur 26 de profondeur, avec logement de régisseur en retour
d'équerre. Il est élevé sur cave et rez-de-chaussée, d'un ipremier
étage, avec grenier. Des dépendances, offrant le môme develqppe-
ment, renferment une écurie pour les chevaux du propriétaire; une
autre, celle-ci double, pour les chevaux des visiteurs et des hôtes ;
une troisième pour les mules, puis une grange à deux étables. Plus
loin, la chapelle et le colombier. A quelque distance, une forge
avec fourneau de fonderie, très renommée dans :1a province; un
moulin, puis les bâtiments de divers domaines.
Tout, à Chauffailles, respire l'aisance, la vie large de la campa-
gne. L'installation est commode, riche môme à certains égards : ce
qui n'exclut pas une certaine simplicité. On pourra le constater par
quelques-uns de nos extraits.
La veuve du seigneur de Chauffailles demande qu'un certain
nombre de meubles lui appartenant personnellement, et pour la
plupart se trouvant dans sa chambre, soient exclus de l'inventaire.
Mentionnons dans cette énumération :
tJn lit de damas vert avec sa courte-pointe, bonnes grâces et
champ-tourné, également en damas vert, et ses rideaux de. ras
assortis ;
Huit fauteuils, couverts en velours d'Utrecht vert, avec leurs
houpes en toile ;
Une commode en marqueterie, gnrnie de ses bronzes, avec son
dessus de marbre ;
Une petite console à pied doré, avec son dessus de marbre,
placée entre deux- croisées ;
•La glace qui est sur la cheminée, avec sa bordure dorée; le
tableau au-dessus, ainsi que les tableaux qui sont sur les deux
portes, tous trois garnis de leurs baguettes dorées; le baromètre
qui est sur la console entre les deux croisées ;
Quatre pièces de tapisserie d'Aubusson à petits personnages :
2iO SOCIÉTÉ AKCIléOLOGiQUR ET HISTORIQUE DU LIMOOSIK.
une en face de la cheminée, nne petite à côté de la dite chemioée
et deux autres petites à côté du lit;
Des rideaux d'alcôve et de croisée en toile anglaise, vert et blanc;
Deux chenets de fer à trois pommes avec les tenailles, pelle et
pincettes ;
Une table de jeu « qui plie », avec quarante jetons d'argent;
Un cabaret composé de dix-huit tasses de porcelaine bleue et
blanc, avec deux sucriers, un pot au lait, une théière et le plateau;
Une grande tasse de porcelaine de Saint-YrieiXy avec son cou-
vercle et sa soucoupe.
Négligeons, pour ne pas être indiscrets, quelques ustensiles de
toilette ou d'hygiène d'un caractère par trop intime et arrêtons-
nous à la tasse que nous venons de mentionner. Elle a pour nous
un intérêt tout particulier; rappelons que la fabrique de porce-
laines de Saint-Yrieix avait été établie presqu'en même temps
que la manufacture de Limoges, c'est-à-dire vers 1770-71, par un
gentilhomme du pays, M. Joseph du Garreau, marquis de La
Seinie, ancien capitaine de cavalerie, qui devait mourir quelques
années plus tard dans les hôpitaux de l'armée de Coudé.
L'inventaire commence par le rez-de-chaussée, et c'est tout
d'abord le mobilier de la cuisine qui passe sous nos yeux. Rien à
signaler ici. Les grandes et petites marmites, les bassines, les
casseroles, les chaudrons, la vaisselle d'étain fin et celle d'élain
commun, les chandeliers, lanternes, bassinoires et autres objets
qui ne de nos jours encore s'étalent sur les murs de nos cuisines
limousines, sont mentionnés en quantité, mais sans que nous
ayons à relever dans celte nomenclature aucune particularité inté-
ressante. Du gros linge et quelques provisions. L'office est médio-
crement garni. Toutes les denrées de prix sont dans les placards
du salon.
Dans la salle à manger, une table à pliants, avec ses tréteaux.
Dans les placards on trouve, avec une assez grande quantité de
faïence, quelque porcelaine et quelque verrerie, cent douze ser-
viettes de toile de brin, vingt-sept nappes de même toile, de cinq
aunes chacune; un moulin à café, en tôle; un petit cabaret de bois
peint, avec huit tasses à café, leurs soucoupes et un sucrier de por-
celaine de Saint-Yrieix, Ce cabaret est évalué à 8 livres seule-
ment; mais on sait ce que sont les estimations d'inventaire.
On sait qu'en 1770, peut-être même avant cette date, MM. Cha-
petias et Pouyat avaient fondé à Saint-Yrieix une fabrique de
faïence. Notre inventaire nous fournit, dans le paragraphe suivant,
la seule mention que nous ayons jamais rencontrée de produits
de cette manufacture :
IXVRNTAIRK DU CHATEAU DR CHAI FFAILLF.S. 241
« Deux soupières ovales, leurs soucoupes et couvercles de fayence
de Saint'Yrieix, estimées douze livres ».
On trouve plus loin « deux sucriers, avec leurs couvercles et
leurs soucoupes, de porcelaine de Saint-Yrieix, estimés 6 livres ;
« cinq petites écuelles, dont irois avec leurs soucoupes, de porcelaine
de Saint'Yrieix ; cinq cafetières de différentes grandeurs, même
matière, — appréciées, avec six tasses à café et leurs soucoupes et
quatre à chocolat, 3S livres ».
L'argenterie est assez importante pour le temps : vingt-quatre
cuillers, vingt-cinq fourchettes, six cuillers à ragoût, une grande
potagère, une cuiller à sucre, huit cuillers à café, une à mou-
tarde, un porte-huiliers avec ses bouchons, une écuelle avec son
couvercle, une assiette, le tout du poids de 30 marcs; il faut y
ajouter un autre porte-huiliers, six cuillers à café, une à sucre,
deux moutardiers en verre garnis et montés en argent, quatre
salières de cristal avec leur monture d'argent; deux bouts de table
de cristal, aussi garnis d'argent. L'estimation dépasse 2,100 livres.
Suivons dans la « salle de compagnie » le notaire et les experts.
La pièce doit être vasie; car elle renferme un ameublement consi-
dérable. Un certain nombre d'objets sont d'un assez grand prix.
Voici dix fauteuils de velours à la Reine, garnis de velours
d'Utrecht cramoisi et « en bon crin », avec leurs houpes de sia-
moise bleu et blanc, évalués 300 1.; — puis un mobilier assez varié,
parmi lequel nous notons une grande table de marbre, de cinq
pieds sur deux pieds six pouces, « avec son pied en sculpture »,
100 1.; une- petite table à quadrille, avec son tapis de drap vert
de Lodève; un trictrac garni de ses dames, dés et cornets; un jeu
de Trou-Madame, avec ses boulettes d'ivoire; une table à jeu
pliante, avec quarante jetons d'argent;
Deux « bra^ de cheminée » à double branche, dorés; six chan-
deliers de cuivre argenté, dont deux à double girandole, un tru-
meau avec décoration dorée, à deux glaces, évalué 400 1. ;
Ajoutons deux pièces de tapisserie d'Aubusson en soie et étaim
(on désigne ainsi la laine cardée la plus fine) à petits personnages,
« tirant cinq aunes et demie de tour » et encadrées dans la boiserie,
évaluées 297 1.; quatre petits tableaux « peints sur verre » à cadre
doré, de peu de valeur.
Les rideaux sont de toile anglaise, feu et blanc; les chenets
sont en fer et à trois pommes. Mentionnons encore un petit
soufflet, divers ustensiles, « une cloche pour faire cuire les mar-
rons » et trois cannes. Tune chinoise, la seconde de jonc garni d'ar-
gent; la troisième « de canne portant une pare-sol de tafetas
vert ».
T. XlXVHi. 16
242 SOCIÉTÉ ARCHROLOGIOUB ET HlSTORÎQCR DU LIMOUSIN.
Nous avons dit que les provisions de cfuelque valeur sont dépo-
sées sous clé dans les placards du salon. Le notaire y menlionoe,
en effet, cinq livres et demie de poivre, seize livres de riz et trente^
deux pains de sucre... Disons bien vite que ces pains ne pèsem
que quatre ou cinq livres chacun.
Du salon on passe à la « chambre de Madame », fort }>ten gar-
nie, mais dont Tameubleraent, les pièces les plus rntéressanles
tout au moins, nous est déjà connu.
Le cabinet dii feu seigneur de ChauffaiHes ne renferme aucun
meuble à mentionner; mais il existe dans le « bureau » cinq « portes
fermant à clé » protégeant « les titres et papiers de la maison de
Chauffailles, terre de Payât et autres ».
Sur le bureau, sont placées Técritoire en faïence et la paire de
mouchettes d'acier traditionnels.
On trouve aussi, dans les tiroirs, une montre d'or gaillochée,
deux cent treize louis en or ou argent blanc, plusieurs paires de
boucles de souliers ou de jarretières, en argent; un cachet aussi
d'argent, et « une paire de jarretières montées en pierres ».
Cest dans le cabinet du défunt que sont renfermées ses armes :
deux fusils à deux coups, « dont Tun est sans platine et le canon cre-
vé», une paire de pistolets, une cpée à monture d'argent, un couteau
de chasse à la turque, aussi monté en argent. Dans les armoires,
sont rangés divers objets : des balances, des paquets de vieux ga-
lons d*or et d'argent; puis la garde-robe de François Du Burguel;
— le linge et les menus effets d'abord :
Quatre douzaines de mouchoirs de différentes couleurs et quali-
tés, estimées 72 livres;
Quatorze paires de bas de soie, 100 l. ;
Dix chemises à la matelote, fines, avec leurs garnitures, et douze
autres chemises fines, à manches plissées, 198 1. ;
Soixante-six chemises toile de brin, avec leurs garnitures, 264 1.;
Dix-huit bQunets doubles de coton, dix-huit bandeaux de toile de
ménage, vingt paires de bas à l'étain, quatorze bas de colon, deux
douzaines de gros bas de fil, une douzaine et demie de « manchet-
tes de bottes », 199 1. ;
Quatre bourses à cheveux, deux vestes de basin fin, deux gilets
de basin, trois paires de caleçons de toile, 24 1.
L'inventaire énumère ensuite les vêtements :
Une robe de chambre avec sa veste de camelot rayé ; une autre
de moellelon de coton, 24 1. ;
Deux chapeaux bordés en or, usés, 32 1.;
INVENTURE DU CHATRAU DE CBAUFFAILLRS. t43
Sept autres chapeaux uuis, dont deux presque neufs, 14 I. ;
Quatre paires d*escarpins neufs, sept autres paires de vieux sou-
liers ou escarpins, une paire de pantouQes, deux paires de boites,
dont une presque neuve, 44 1. ;
Quatre douzaines de cols, 24 1. ;
Un habit, veste et culotte de baraquan (bouracan?) d'Angle-
terre à petites raies, avec ses boulons à bordoré fsicj, façon d'An-
gleterre, 50 1.;
Un autre habit et veste de ratine d'Exandelie (des Andelys),
doublé de salin cramoisi, presque neuf, avec les boutons comme
les précédents, 80 1. ;
Un autre habit de camelot sur poil, veste et culotte, doublé
d'une serge en soie, galonné en argent, 150 1. ;
Un autre habit de velours sur coton, culotte môme étoffe, veste
en soie piqûre de Marseille, brodée en soie, le tout de couleur puce,
garnis en bouton d'acier, 100 1. ;
Un habit de drap rayé, avec la veste de satin gris piqué, demi
usé, 40 1.;
Un habit de drap gorge de pigeon, avec sa veste et culotte,
galonnées en or, 140 1.;
Un habil camelot mi-sole, marron, avec veste et culotte de
Nankin, brodées en soie, 40 1. ;
Un mauvais habit et veste de Nankin, 8 1. ;
Un habit de drap gris uni, avec une veste d'écarlate galonnée en
or, 401.;
Un frac de turquoise verte avec une veste de drap biche, galonné
en or, culottes de la même turquoise, 30 1.
Nous faisons grâce aux lecteurs de vingt-cinq ou trente autres
vieux habits, vestes, gilets, culottes. Notons une « petite redingote
à Tangloise, de ratine bleue, avec une petite tresse d'or »; une
autre <f redingote à Técuyère, de ratine gris blanc »; une * palingote
d'un petit baracan gris »; un « fnantelet de peluche »; plusieurs
paires de guêtres, des garnitures de boutons et jarretières cramoisi;
plusieurs vestes sont dites de sirsacat? quadrillé ou cramoisi,
d'autres de coutil.
La bibliothèque offre peu d'intérêt. On y trouve surtout des
ouvrages de littérature française classique : Molière, Racine, Boi-
leau, le Téléinaque, les CaractèreSy deux ou trois livres de mathé-
matique et de physique, deux Histoire de France, le Jardinier
fleuriste, l'Ordonnance des eaux et forêts, « une paire d'heures
de Limoges », quelques ouvrages de dévotion et des brochures, le
tout évalué à 100 livres
444 SOCléTK ARGHROLOGIQie ET HISTORIQt K DU LIMOlSIIf.
Nous avons déjà Irouvé du linge dans les placards ou armoires
de la cuisine et de la salle à manger. La chambre dite tU la
Combe va nous en offrir un approvisionnement considérable :
soixante-deux aunes et demie de toile de brin en deux tiers; cin-
quante-neuf aunes en trois quarts et demi fl); quatre-vingt-unc
aunes toile rousse pour serviettes ; quarante aunes toile d'étoupes
blanchie pour serviettes; deux autres rouleaux pour serviettes, Tun
de quarante, l'autre de quarante-cinq aunes; quinze aunes de coalil
de ménage; soixante-quatorze aunes de grosse toile d'éloupe:
soixante-dix-huit aunes de toile de brin roux ; (il y a de plus deux
pièces Taisant ensemble cent cinquante aunes chez un tisserand de
Coussac); cinquante-six aunes droguet jaune; onze aunes « étoffes
de pais » jaune, à 34 sois l'aune «; deux cent treize serviettes et
seize nappes de toile commune; vingt-quatre draps toile de
Rouen; treize douzaines de serviettes de^Flandre ; huit nappes de
Flandre, sans couture; quarante-six serviettes de toile commune;
vingt et une douzaine de serviettes; treize grande nappes; huit
nappes moyennes et quatre petites de toile de brin. D'aulres pla-
cards, dans les chambres qu'on visitera plus tard, recèleront
encore du linge. Nous n'y reviendrons pas; mais nous signalerons
dans le grenier un dépôt de divers approvisionnements, parmi les-
quels cent trente-deux livres de chanvre broyé. Dans une sorte de
petit magasin de Tentresol, sont renfermées sept cents livres de
grosse étoupe, cent livres d'étoupe fine, cent vingt-deux livres de
fil de brin, treize livres de laine à l'étaitiy du savon, etc. Dans un
autre réduit, sous l'escalier, autre magasin domestique contenant
un certain nombre de pièces de faïence : le notaire n'y signale pas
moins de quinze de ces ustensiles indispensables (|ui ont nécessité,
pour les y dissimuler, l'invention des tables de nuit.
Après le rez-de-chaussée, on visite le caveau placé sous la cham-
bre dite de La Gombe. On y compte trois cents bouteilles environ
de vin de Bordeaux, Bergerac, Béziers, Voutezac; plus loin, six
charretées de bois à brûler, à IS sols Tune; cinq barriques de deux
charges pièce, remplies de vin ordinaire, à 20 livres la charge, et
plus loin treize pièces, les unes de huit, les autres de quatre char-
ges, de vin nouveau et de cidre.
L'étage supérieur renferme des chambres et des cabinets de
maîtres et de domestiques, avec un ameublement beaucoup moins
riche que celui du rez-de-chaussée. On y trouve des lits de tous
(I) Le frère du défunt, présent à rinvcnlaire, rappelle « qu'il est dû six
aunes de celte toile aux servantes, sur leur loyer de la présente année ».
INVEWTAIRK DU CHATEAU DR ClIAUFFAlLLES.
âi5
les temps et de toutes les formes : lits à Tange, lits à niche, lits en
tombeau, lits à demi-duchesse, etc. Parmi les tentures et orne-
ments qu'on y rencontre, citons des « rideaux et tour de lit d*in-
dienne à grands pavots, fonds mordoré, et pièces de tapisserie de
même indienne ».
Il y a, dans le château, une pièce appelée « la Chambre du Café »,
où le notaire inventorie, en effet, soixante trois livres de café
ordinaire et cinquante-deux livres de savon « fabriqué dans la
maison ». Nous trouvons dan*>plusieurs passages de l'inventaire la
trace de ces industries domestiques, jadis bien plus répandues que
de nos jours. Ailleurs, dans les placards et les armoires, sont ali-
gnés des bocaux d*abricots et de pêches à Teau-dc-vie, des confitu-
res de noix, de la gelée de groseille, des confitures de guindons
(sorte de grosses cerises), des boîtes de confiture de Clermonl, de
pâte de coing, de pèches « tapées ». Une des pièces est probablement
le cabinet du P. Chaumon, carme, aumônier de M. du Burguet.
On y trouve, outre un calice et sa patène, une cinquantaine de
volumes « fort anciens » : instructions, sermons, lettres pasto-
rales, etc., parmi lesquels les œuvres de saint Bonaventure, celles
du P. de Grenade et la Somme de saint Thomas ; des « lettres do
prêtrise, de bachelier et vieux sermons ».
La chapelle domestique, dont on lit plus loin la description, est
médiocrement garnie.
L'écurie n*abrite que deux montures : un vieux cheval gris
blanc et une jument baie. Parmi les harnais, notons une selle de.
velours cramoisi, avec une housse d'écarlale galonnée el'or. —
Le colombier tombe en ruines.
L'inventaire des bâtiments ruraux et des cheptels offre peu de
mentions intéressantes. Nous remarquons que les livrets des mé-
tayers les constituent tous débiteurs du maître, quelques-uns pour
d'assez fortes sommes; il est observé que plusieurs de ces créances
« sont des effets très véreux », et qu'on ne pourra « jamais peut-
être en rien retirer ». Les choses étaient donc à cet égard, avant la
Révolution, ce qu'elles ont été depuis.
La forge est « un bâtiment ne servant qu'à mettre à couvert les
accessoires de la dite forge ». Quatre roues transmettent le mou-
vement à tout le matériel : « la première fait mouvoir le gros
marteau; deiîX autres font mouvoir quatre souBlets; la quatrième,
deux autres grands soufflets pour le fondage ». Cette dernière est
sous la charpente qui entoure le fourneau de deux côtés et qui
sert d'abri aux ouvriers et aux approvisionnements. La charpente
en question n'est soutenue que par des piliers de bois. Celle des
autres roues est supportée par des massifs de maçonnerie.
246 S0C|^:t6 ARCKOtQOlUUe RT ■ISTORIQUB bC (.IHOt'SIN.
Une cinquième roue (ait mouvoir les pilons. Aucune charpente
ne la protège.
La halle aux charbons est en assez mauvais état.
Nous avoiis vainement cherché quelqueslindications $ur TacUvité
de cet établissement industriel, fort connu dans la contrée et selon
toute apparence assez ancien. Nous n'en avons trouvé aucun. Noos
relevons seulement, parmi les papiers inventoriés, aux derniers
feuillets du procès-verbal dépouillé par nous, la mention d une
créance sur M. de Saint-Yictour, de l>ille, à raison d'une livraison
de fer faite par François Du Burguet « à la manufacture royale des
canons i».
Dans la même partie de l'inventaire, il est parlé d'un acte por-
Itant concession de droits de bancs et de tombeaux, etc., dans
'église de Coussac, en faveur de François Du Burguet, à la date
du V' février 1660.
Nous ne pousserons pas plus loin ce dépouillement. Si sommaire
que soit c^t article et si courts que semblentnos extraits, ils suffiront
à prouver que des inventaires, môme d'une date assez rapprochée de
nous, peuvent être feuilletés avec fruit, et à établir une fois de
plus l'intérêt net et précis que présente l'étude des documents de
ce genre. Ils placent sous les yeux le décor tout entier du drame
humain, la scène d'une existence, comédie ou tragédie, avec tous
ses aménagements, tous ses accessoires, tout le matériel, pour-
rions-nous dire, d'une époque, d'une fonction, d'une condition
sociale. La vie seule manque à ce spectacle : il suffit d'un peu de
mémoire et d'imagination pour qu'elle revienne animer et expliquer
tout cela.
Léonard Moittle.
LA GARDE-RÔBE D'UN ÉTUDIANT NOBLE
en 1625
Les archives du château de Montagrier, récemment étadiées par
nous, nous ont fourni des notes assez nombreuses et assez variées.
Nous détachons aujourd'hui du recueil de nos extraits, pour le
Bulletin de la Société archéologique de Limoges, quelques indica-
tions concernant la garde-robe d*un jeune liomme de notre pays,
éludianl à Poitiers en 1628.
Il s'agit de Robert d^Asnières, écuyer, seigneur de La Chapelle
en Sainlonge et de Graine, près Biennac, qui suit les cours de TUni-
versité de Poitiers ; il est en pension chez un sieur Bernier, dont
le lils lui donne des répétitions payées. — Les notes que nous
avons relevées dans ses papiers domestiques éveillent une idée
assez avantageuse de sa toilette. C'est ainsi qu'on le voit porter :
« Un manteau d'escarlale avec des bandes de satin rouge era-
moisy, et des boutons à la limace, deux douzaines d'esguilheUes
et du galon ;
» Un habit de raz de Londres, acheté à Limoges, du sieur
Komanet,. marchand, avec de la tavelle et galon ;
» Un chapeau gris demy castor avec le cordon d'or et d'argent
(coût H livres);
» Une espée à guarde argentée et un baudrier couvert de galon
d*or et d'argent, avec la ceinture de même (le tout ayant coûté, à
Limoges, 20 livres). »
Le linge du jeune homme est en harmonie avec ce brillant équi-
page. Il porte des chaussettes et des caleçons de toile fine ; ses
collets et ses manchettes sont de toile de Hollande avec « des
348 SOCitTÉ ARGBÉOLOGIUIJK ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
glands et des courdous ». Ses chemises, de toile de Hollande éga-
lement, ne coûtent pas moins de quatre livres la pièce. Il porte
des gants.
Il chausse tantôt des souliers de maroquin de Flandre, laniôt
des souliers de cuir de vache, achetés, les uns et les autres, au prix
(le trois livres iO sols, du sieur Mordifer, de Rochechouart. Il a de
plus une paire de grosses bottes, qu'il a payées dix livres. Et il y
ajuste une paire d'éperons, de 20 sols.
Notons quelques autres passages du livre des dépenses de l'étu-
diant gentilhomme se rapportant à sa garde robe.
Robert s'est fait faire un habit à la mode par un tailleur en
vogue du nom de Jean Jouinet : la façon lui a coûté cent sols, plus
3 sols pour le vin des garçons. — Ce pourboire se donnait d'ordi-
naire lors de l'essayage.— La façon d'un autre habit, celui-ci d'écar-
late, lui coûte un peu moins cher, 4 livres.
Un habit de camelot changeant; un autre de drap d'Dsseau mar-
bré, accommodé de boutons d'or et d'argent et un « roquet » lui
ont coûté chez le même Jouinet, de façon et garnitures, 32 livres.
11 a, bien entendu, fourni l'étoffe.
Il paye 3 livres 19 sols deux aunes de futaine à grain d'orge
pour faire deux paires de « brassières >>, et la façon des dites
brassières; un peigne, 5 sols; un baudrier de broderie d'or,
acheté à Paris, 17 livres; un ruban pour mettre à son baudrier,
12 sols.
Un chapeau « bourru », acheté à un chapelier à Oradour-sur-
Vayres, est payé 43 sols. Un chapeau « feustre de Paris » coûte
cent sols à Limoges. On reteint un chapeau pour 5 sols.
Il y a, à Rochechouart, d'habiles lingères et un gantier au moins:
deux paires de gants prises chez ce dernier, ont coûté 39 sols. La
lingère fait payer 20 sols la façon de quatre paires de manchettes,
six coiffes de bonnet et six mouchoirs.
Ajoutons enfin que Robert donne à Tabbesse de la Trinilédu Dorât,
pour le trousseau de sa sœur, religieuse dans ce monastère, « 20
aulnes de sarge de deux esteintes, amarante cramoisy, constant
32 sols 1/2 l'aulne; il y ajoute pour 60 livres « d'estamine pour
faire lincieux et chemises ».
11 serait facile de multiplier les citations.
J.-B. Champeval.
LA
COMMUNE DR SAINT-LÉONARD DE NOBLAT
AU XIII* SIÈCLE
(Suite) (4)
XI. — EIHQUÊTE DB 1288 : IMPOSSIBILITÉ DE CONGILIEH LES TÉMOIGNAGES
QUI Y FIGURENT.
Pas plus que les autres arrêts rendus jusqu'alors par la Cour du
Roi dans l'affaire de Saint-Léonard, celui de la Toussaint 1286
n'offrait le caractère d'un jugement définitif. Rien n'était tranché au
fond, et les décisions du Parlement avaient pour seul objet de
régler, à titre provisoire et en attendant la solution de toutes les
difficultés pendantes, l'exercice des droits respectifs dont les par-
ties étaient actuellement en possession.
Le procès de révoque avec les consuls avait du reste donné
lieu, dans cette même session de la Toussaint 1386, à un autre
jugement de la Cour (2). Gilbert ne demandait pas seulement h être
remis en possession des droits du siège épiscopal : il poursuivait
aussi le châtiment des rébellions et des violences de la commune.
(i) V. Bulletin de la Société arch, et hUt, du Limousin^ t. XIXVIl, p.
4 el suiv.
[%) OîiiH., t. H, p. 357. Il n*est pas bien sûr que cet arrêt, qui est
conçu en termes très généraux, ait trait à TafTaire de Saint-Léonard; mais
tout donne à penser qu'il s'y rapporte.
T. yxivui. 17
2S0 SOClKTi'. ARCHÉOLOGIQUE ET HISTO&IQUK DO LIHODSIR.
Le Parlement fit droit en principe à sa requête sur ce point, et
condamna les bourgeois à Famende ; mais il fixa le montant de
celle-ci à cent livres au lieu de mille, chiffre indiqué par le
prélat.
Les évéques de Limoges, accoutumés depuis longtemps à la plus
large indépendance, n*avaienl pu voir sans dépil cette liberté
d'allures diminuée et leur influence amoindrie par Tinstitutioa des
sénéchaux du Roi de France, établis dans le pays dès i248; pea
sensible au début, Faction de ces officiers s'était exercée dans toute
la province avec beaucoup plus d'énergie et d'une façon moins
intermittente depuis la restitution à Henri III d'une portion des
territoires des trois évéchés de Limoges, Périgueux et Cahors.
Jamais, semble-t-il, notre pays n'avait subi au môme degré la puis-
sance centralisatrice de la royauté. A cet égard, le traité d'Amiens
peut être considéré comme le point de départ du travail d'assimi-
lation définitive de la région, qui fut interrompu quelques années
seulement par les désastres du règne de Jean II.
En s'efforçant d'accroître le prestige de la puissance royale et de
relever son autorité effective dans une province que, depuis un
siècle, se disputaient rAngleterre et la France, les sénéchaux se
heurtèrent plus d'une fois aux privilèges ou aux droits du siège
épiscopal de Limoges. Nous avons déjà vu un différend s'élever
entre l'évéque et le délégué du Roi dans la province, à propos du
serment des consuls et de la commune de Brive. La justice de la
Cité de Limoges donna également lieu, sous Tépiscopat d'Aymeric
de La Serre, à certains débats sur la nature desquels nous sommes
assez mal édifiés. Gilbert de Malemorl, à son tour, eut, dès les pre-
mières années de son administration, d'assez graves démêlés avec
le sénéchal de Poitiers. Le différend parait avoir eu pour origine la
prétention de l'évéque de ne pas être tenu au service militaire, et
de considérer comme ne l'atteignant pas les mandements du
sénéchal enjoignant aux seigneurs de faire publier le ban et de
fournir au souverain le contingent qu'ils devaient mettre à sa dis-
position.
L'affaire vint devant le Parlement : celui-ci jugea, en 1280 (1), que
l'évéque de Limoges devait Tost au Roi comme les autres seigneurs
terriens de son diocèse. D'autres difficultés surgirent entre Gilbert
de Malemortetle sénéchal. L'évéque, appelé devant le tribunal de
ce dernier, refusa de reconnaître sa juridiction : mais ses préten-
tions ne trouvèrent pas, auprès du Parlement, un accueil favorable
et la Cour décida, en 1287, que l'officier royal avait le droit de jus-
(1) OUm., t. II, p. «69.
LA COHMUNEfDK SAINT-LÉONARD DR NOBLAT AU XII1<^ SIÈCLE. 951
licier Tévêque de Limoges (1). Il était fait toutefois exception pour
le procès pendant devant le Parlement entre le prélat et les deux
communes de la Cité et de Saint-Léonard.
Nous avons vu plus haut à quel point ce procès était arrivé à la
fin de Tannée 1286. Les bourgeois, qui s'étaient, sans trop de ré-
sistance, résignés à prêter serment à Tévôque, ne se montraient
point d'aussi facile composition en ce qui avait trait à l'exercice de
la justice. Ils voyaient, dans l'institution à Saint-Léonard d'un pré-
vôt à demeure, une violation flagrante de leurs droits ou plutôt une
atteinte à l'état de choses qu'ils avaient peu à peu réussi à établir,
en profitant des circonstances politiques et de l'impuissance où
s'étaient trouvés réduits quelques évéques.
Le droit de justice était, on le sait, de beaucoup le plus impor-
tant de ceux qui faisaient l'objet du litige ; on ne peut donc s'éton-
ner qu*il fût, de tous, le plus vivement disputé et que les contradic-
tions les plus nettes, les plus inconciliables se produisissent sur
ce point, dans les dépositions des témoins comme dans les factums
émanant des parties. L'enquête de 1280 n'avait été ni assez com-
plète ni assez concluante pour édifier à cet égard la religion du Par-
lement; il jugea de nouvelles informations indispensables, et une
seconde enquête fut ordonnée au cours de Tannée 1287. Elle devait
porter sur deux questionnaires fournis l'un par Tévêque, l'autre par
les consuls. Voici le sens général des articles proposés par le pre-
mier, et sur lesquels devaient être examinés les témoins qu'il se
proposait de produire :
1° L'évêque est seigneur justicier de la ville de Saint-Léonard;
2® Ses officiers y ont exercé de tout temps le pouvoir judiciaire,
tenu des assises, rendu des jugements, fait exécuter les condamna-
tions prononcées par eux ;
S** Les habitants de Saint-Léonard sont justiciables de Tévéque,
qui possède dans leur ville la justice haute, moyenne et basse :
Aucun privilège ne les soustrait à la prérogative du seigneur ;
4* Ils ont usurpé, sans droit et sans titre, le consulat, la caisse
commune, le sceau commun et tous les autres attributs de com-
mune : ils sont de simples particuliers et ne constituent aucun
corps ;
5<> Les soi-disant consuls et leurs adhérents ont troublé Tévéque
dans la jouissance de ses droits : ils ont commis des rébellions et
des violences contre ses oflîciers, — maltraité, notamment, de la
façon la plus grave le prévôt épiscopal ;
(1) OUm., 1. 11, p. Î65.
259 SOCIÉTÉ ARCBéOLOOlQUE BT BISTORIOOB DU LIMOUSIII.
6* L'évéque a la garde et la police des foires; il a la police de la
voirie et donne les alignements ; les habitants n'ont pas le droit
de louer la partie de la voie publique qui est au devant de leur
maison ;
7* L'évéque a la police des poids et mesures ainsi que le produit
des amendes prononcées en cette matière ;
9" C'est au nom de Tévéque que se publient les bans et criées;
9** Le prélat et ses officiers lèvent annuellement un droit de deux
setiers de vin sur chaque taverne de la ville ;
10* La Torét est dans la mouvance de Tévéque et lui appar*
tient. — Il y avait un onzième article. Nous n*avons pu en déter-
miner exactement Tobjet.
Le canevas sur lequel devaient être interrogés les témoins appe-
lés à la requête des consuls, comporiait neuf propositions princi-
pales :
1® Les consuls de Saint-Léonard possèdent le consulat au nom
de la commune; ils le tiennent du Roi : ils reçoivent chaque année,
après leur élection, le serment de fidélité de tons les habitants;
3® La commune fournit directement le service militaire au Roi ;
3* Les consuls ont la justice haute, moyenne et basse ; ils exer-
cent toute juridiction dans la ville, au nom de la conmiune ;
4<* Les consuls font crier les bans en leur nom et au nom de la
commune ;
8" Us ont la garde de la ville, Tentretien et la réparation des
murs, tours et portes, tiennent les clés et exercent la police des
foires ;
6"* Us ont la police des poids et mesures, et perçoivent deux
setiers de vin sur chaque taverne ;
7* Les consuls ont la police de la voirie, donnent les alignements
aux propriétaires qui veulent construire, et on ne peut édifier sans
leur autorisation aucun bâtiment à Tintérieur de la ville, tout au
moins aucun bâtiment confrontant à la voie publique; les particu-
liers jouissent, en vertu d'une coutume immémoriale, du droit de
louer, pendant les foires et marchés, une partie de la voie publi-
que, chacun au devant de sa maison, à la condition de laissa au
milieu de la rue un passage suffisant pour la circulation ;
8** Les habitants ont des droits d'approvisionnement dans la
forêt et peuvent y prendre le bois de chauffage et le bois de
construction dont ils ont besoin ;
9*" L'évéque n'a exercé dans la ville d'antres droits de justice
que ceux attachés à la vigerie qu'il tenait en gage; il a acquis les
droits des vigiers depuis le commencement du procès entamé
LA COmiUIfB DK SAIIfT-LF.ONAJlD DR NOBLAT AU XllI^' SIÈCLE. S53
devant le Parlement, pour essayer de justifier, dans une certaine
mesure, les prétentions sans fondement émises dans ses intendit.
Par lettres du 29 août 1287, le Roi désigna pour procéder à la
nouvelle enquête deu\ « maîtres » du Parlement : Philippe Suard,
chanoine de Laon, et Jean de Morancy. Les deux commissaires ne
paraissent pas s'être mis sur le champ en rapport avec les parties.
On les voit attendre, pour s'occuper de l'affaire, un nouvel ordre
de Philippe III, daté du H décembre de la môme année. Trois
jours après, un chanoine de Rodez, Flour Agniy leur est adjoint,
en raison, semble-t-il, d'un empêchement de Philippe Suard ;
mais celui-ci ayant pu remplir sa mission, il n'est pas autrement
fait mention de ce Flour. Le 29 avril suivant, les enquêteurs enjoi-
gnent à Simon de Paris, sergent du Roi de France à Limoges,
d'assigner les témoins pour le dimanche dans la quinzaine de la
Pentecôte, 30 mai 1288. Les consuls notifient avant ce terme (10
mai), aux deux envoyés du Parlement, le choix de leurs procureurs :
Etienne Faure et Nicolas Desmoulins, tous deux bourgeois de
Saint-Léonard. Quant à l'évêque, on le voit représenté tantôt par
un prêtre du nom de Pierre Dupin, tantôt par deux clercs, soit
Pierre Durand et Robert Maurel, soit Jacques Gastard et P. de
Vallières.
L'enquête s'ouvrit-elle à la date indiquée? Il est permis d'en
douter; car la présence de Philippe Suard et de Jean de Morancy à
Saint-Léonard ne nous est signalée par les documents de la procé-
dure que le vendredi après la Saint-Clément 1288. Qu'il s'agisse de
la Saint-Clément du 23 novembre, de celle du 4 décembre ou de
la fête de la dédicace de l'église de Saint-Clément, 22 juillet, il
est à présumer qu'il y a une erreur dans cette indication. Il faut
noter qu'à cette date, les commissaires ont déjà entendu toute une
série de témoignages. Nous possédons le texte des dépositions de
quarante-un témoins : vingt-sept assignés à la requête de l'évoque,
et quatorze produits par les consuls. La procédure nous apprend
que les envoyés du Roi durent quitter Saint-Léonard le lundi sui-
vant (la pièce indique le lundi de la Pentecôte) pour se rendre à
Tours, où ils étaient attendus le samedi d'après. Le peu de temps
dont ils pouvaient disposer les empêcha d'entendre un supplément
de témoignages que les parties, au cours de l'enquête, sollicitèrent
Tautorisation de produire (1).
(i) Voir les 9* et 3* fraf^ents des pièces analysées ci-après à l'Appen-
diee, lettre B.
S54 SOClérft ABCHtoLOGlQUB BT HISTORIQOB DO LIMOUSIN.
De cette seconde enquête, nous avons en somme le dossier pres-
que complet. C'est dans son ensemble le document le plus inté-
ressant, le plus caractéristique et le plus circonstancié qui nous ail
été conservé sur l'organisation et Tétat de la commune de
Saint-Léonard au xm* siècle; c'est à lui que nous avons emprunté
la plus grande partie des indications données aux chapitres précé-
dents sur les institutions municipales de la petite ville. Pourquoi
faut-il que nous soyons obligé de constater en même temps les
contradictions dont il est rempli. Et, qu'on nous permette de le
répéter encore une fois, ce ne sont pas seulement des différences
de détail qu'on relève entre les témoignages produits par une des
parties et ceux fournis par l'autre ; ce sont des antithèses complè-
tes, des affirmations absolument opposées et inconciliables.
L'existence de la commune, l'autorité de fait exercée depuis un
temps immémorial par les consuls, le service militaire fourni an
Roi par les bourgeois, ne purent toutefois être sérieusement con-
testés. Mais il fut de nouveau établi que, depuis le commencement
du siècle, tous les évéques avaient reçu le serment de fidélité des
habitants (1); que, dans une occasion au moins, ceux-ci avaient pris
les armes pour marcher au secours de l'évêque (2) ; que, si cer-
taines publications concernant exclusivement la commune se fai-
saient au nom des seuls magistrats municipaux, les bans d'un inté-
rêt plus général, ceux des foires, par exemple, et ceux se rapportant
à l'exercice de la justice, étaient criés au nom de l'évêque, de la
«seigneurie» et des consuls (3). Tout cela résultait déjà suffisamment
des témoignages de la première enquête.
Quant à l'exercice du droit de justice, chaque partie produit des
témoins affirmant que seule elle le possède. Il n'y a pas d'explica-
tion satisfaisante à tenter de ces dires opposés. L'obscurité et la
contradiction demeurent complètes. Nous avons donné déjà, en
parlant des attributions des consuls et des privilèges de la commune,
le résumé des témoignages qui la représentent comme investie du
pouvoir judiciaire et l'exerçant dans la personne de ses chefs. Nous
n'y reviendrons pas ici (4).
Ce que cherche surtout à établir l'évêque, au moyen des déclara-
tions de ses témoins, c'est que ni lui ni ses prédécesseurs ne se
sont jamais dessaisis de leurs droits de seigneur justicier de la
ville ; qu'ils les ont au contraire exercés sans opposition et sans
(t) App., G. VII, no* «26, 127, 128, 439, 130, 130 bia, 131 et suivants.
(8) Ibid,, C.VII, n»« 136 et 137.
(3) Ibid..C. Vil, n*»- 183, etC. IX, 194, 195, 196, 197, 198, 199.
(4) Voir ci-dessus chap. VI, p. 71,
LA COmiUNE DB SMNT-LÉONARD DR NOBLAT AU XIII' SIÈCLE. 255
interruption depuis soixante ans au moins. Il résulte, en effet, de
Tensemble des témoignages, que les évêques ont toujours tenu à
Saint-Léonard des officiers, sénéchaux, prévôts, sergents (1); que ces
officiers ont entendu el jugé les causes, non-seulement dans la salle
épiscopale, mais dans la maison de Pierre Astaix, sous le porche de
Notre-Dame ou même sur la place publique (2). Les témoins men-
tionnent un certain nombre de causes civiles portées devant le
sénéchal de révoque (3). Ils citent même une affaire dans laquelle
les consuls se sont présentés pour les parties devant le juge épis-
copal(4). En matière criminelle aussi, les exemples ne sont pas
.rares de causes déférées à ce dernier et de condamnations pro-
noncées par lui et ayant reçu aussitôt leur exécution. Le prévôt de
révoque a fait pendre nombre de meurtriers, larrons, faux mon-
nayeurs, destructeurs de récoltes, incendiaires (S), couper la main ou
le pied à des voleurs (6), amputer Foreille aux auteurs de moindres
méfaits (7), fustiger certains délinquants parles rues (8), bannir des
coupables, des complices et des suspects (9). Il a prononcé des
amendes (10). Il a arrêté et incarcéré (H), exercé la police de la
voirie et donné des alignements (12) ; vérifié les mesures : aunes cou-
dées, pintes pour le vin, setiers pour les grains, et perçu des amendes
pour celles qu'on a reconnu non conformes aux usages du
lieu (13). Il a même reçu, et reçu seul, des gens tenant taverne, en
valeur ou en nature, les deux setiers de vin auxquels ils sont taxés
suivant la coutume (14). Enfin, il a exercé, à l'exclusion des officiers
de la commune, la police des foires et marchés (15). En un mot
beaucoup de témoignages de l'enquête nous montrent Tévêque et ses
officiers exerçant seuls toutes les attributions qui semblent, d'après
d'autres, exclusivement dévolues aux magistrats municipaux, — et
cela à la même date.
(0 Append., C. VIII, no» U3, 443, 153, elc.
(3) IbLd., VIII, no» UO, U1, U2, 147, H8.
(3) Jbid.y VIII, n » U5, U6, U7, H8, H9, ^50, 151, I5i.
(4) Ibid.y VIII. no 150.
(5) Ibcd., C. VIII, no» 153, 155, 157, 160, 165, 166, «67.
(6) Ibid., n«* 154, 156.
(7) Ibid., n"» 169, 161, 168.
(8) Ibid., n" 171.
(9) Ibid., no» 159, 162, 163.
(10) /6td., no» 164, 169.
(H) Jbid., no» 153, 156, 158, 161, 163.
(1î) Ibid,, no 171 bis.
(13) Ibid., no» 172, 173, 174, 175, 476, 177.
(14) Ibid., no 179.
(15) Ibld., no 183.
956 sociftri arcbAologiqui et historiqdi do imoutiif.
Plusieurs témoins affirment non seulement que Févéqae a joui
en paix de ces droils et que ses officiers les ont exercés sans réâs-
tance de là part dé la population, mais que les consuls eux-mêmes
ont, en mainte occasion, explicitement reconnu leur autorité. Ain»
ces magistrats sont intervenus auprès d'Âudier Normand lui-même
pour implorer sa pitié en faveur d'un pauvre diable qui avait Tolé
des fèves (1). Dans un autre cas, informés d'une mort violeole,
suicide, accident ou crime, ils ont prévenu du fait les officiers de
l'évéque et attendu que ceux-ci se fussent transportés sur les lieux
pour le constater (3). Enfin, le gardien de la régale, qui n'est in-
vesti d'aucun autre droit que de ceux appartenant au siège épisco-
pal, a, dans une autre occasion, condamné les consuls à une amende
pour avoir indûment reçu une plainte : ils se sont dessaisi de la
plainte et ont payé l'amende (3).
Nous avons dit que tous les témoignages adjugent exclusivement
le pouvoir judiciaire à une des parties. Deu)L ou trois, néanmoins,
sont conçus en termes moins afOrmatifs ; mais il semble que les per-
sonnes interrogées ne se rendent pas bien compte de l'objet du litige.
Une seule déposition, très précise, atteste l'existence d'une associa-
tion qu'il serait intéressant d'étudier d'après d'autres témoignages,
et cette déposition mérite d'autant p^us l'attention qu'elle émane d'un
officier de justice, Elie Panabeus, prévôt des seigneurs de Noblai.
Le témoin nous fait assister à une audience. Le sénéchal ou le pré-
vôt de l'évoque siège, assisté des chevaliers de Noblat et des con-
suls. Il semble diriger les débats ; mais quand ils sont clos et que
le moment de rendre l'arrêt est venu, on le voit se tourner vers
ses assesseurs : « Que vous en semble? leur demande-t-il. Le
malfaiteur qui est ici présent, sous telle inculpation, je vous pro-
pose de le condamner (ou de l'absoudre, selon le cas). Quelle est
votre opinion? Telle peine me semble devoir être appliquée. J'ajou-
terai à cette peine si c'est votre avis; je la réduirai si vous pensez
qu'elle soit trop sévère. » -— Et ainsi, ajoute le témoin, le sénéchal
de l'évéque rendait la sentence d'après Tavis de ceux qui l'assis-
taient (4).
Parmi les propositions qui figurent au canevas de l'enquête de
1288 et dont il n'avait pas été question à la précédente, il faut
noter les deux articles contradictoires relatifs au droit dont jouis-
saient les particuliers de Saint-Léonard de louer aux marchands
(1) Append., C. VIII, n« 171.
(t) Ihid., n« no.
(3) Ibid,, tfi «60.
(4) Ihld., C. VIII, no 165.
LA COMMUNE DR SAINT -LiONABD DB NOBLAT AQ XIII® SIÈCLE. )57
forains, les jours de foire el de marché, la portion dç la voie publi-
que s'étendant au-devant de leur maison, et d'y installer des bancs
crctalagistes et des tentes (1). Cet usage, vraisemblablement fort
ancien, est catégoriquement affirmé par plusieurs témoignages
sérieux et nié de la façon la plus expresse par révoque. Il y a quel-
que raison de penser que les bourgeois réussirent à le faire main-
tenir et qu'ils en étaient encore en possession au xV siècle. Les
nécessités de la circulation restreignaient seules l'exercice de ce
droit; il fallait qu'entre les tentes et les bancs un passage suffisant
demeurât libre.
On pense bien que les affirmations des témoins produits par une
des parties n'étaient pas accueillies sans protestation par les pro-
cureurs de la partie adverse, fort attentifs à toutes les particula-
rités des dépositions, à tous les incidents de Tenquôte. Presque
toutes les personnes assignées à la requête de l'évêque sont récu-
sées ou tout au moins suspectées par les consuls : elles ont intérêt
au procès, sont les hommes liges du prélat, appartiennent à sa
maison, ou bien encore on les connaît pour les ennemis de la com-
mune. Ce sont de mauvais religieux, des prêtres indignes, sacri-
lèges même Du côté de Gilbertde Malemort, onfait entendre des
articulations non moins énergiques, mais qui semblent parfois
plus précises. La plupart des témoins des bourgeois possèdent
des biens situés dans les limites de la commune et par suite doi-
vent être considérés comme parties dans la cause; les autres sont
de pauvres diables ou de mauvais garnements, dont on a acheté le
serment et la conscience, fort suspecte du reste (2). 11 en est même
un, Pierre Goudelli, clerc, ancien mallre des écoles de la ville de
Saint-Léonard, que Tévêque accuse de trigamie (3).
Naturellement la partie qui a produit le témoin mis en suspicion
proieste ; « C'est un bon témoin, apte à déposer dans la cause,
honorable de tout point et digne de foi (4). » Pour les personnes
(1) Dicit... quod commorantcs locant plateas vacuas ante domos suas
venienUbos ad nandlnas et mercala, aliquotiens duos denarioa et aliquo-
tiens quatuor, a sexaginta annis... Non crédit quod dicta locacio voniat
in communi (Pierre Tulonis). — Quilibet burgensium explectat ante doinum
suam, tempore nundinarum et mercatoruni, faciendo logias el slalos,
prout sibi placet, duranlibus nundînis et mercatis (Fr. Vincent, templier).
(3) Quod ipse est vilis persona, pauper, maie famé el conduclus precio
a gerentibus se pro consulibus.
(3) Appendice, D, n» 5.
(4) Procuratores dicunt eos esse bonos, ydoneos et fidèles, et non esse
coaductos nec corruptos,
958 SOCIÊTB ARCHiOLOGlQUt KX HISTORIQUE DO UMODSIN.
n*habi(ant pas Saint-Léonard et qu'ils ont fait citer, pour trois
ou quatre bourgeois de Montauban entre autres, les consuls pro-
duisent de curieux certificats de bonnes vie et mœurs, émanant de
Tautorité municipale du lieu de leur domicile. On trouvera à l'ap-
pendice plusieurs de ces attestations (i).
Deux, templiers, frère Mathieu Des Moulins et frère Vincent, ori-
ginaires de Saint-Léonard, figurent parmi les témoins produits en
faveur de la commune; le premier appartient à une des familles
les plus anciennes de cette ville; il parait élre frère ou cousin d'un
consul qui a été Tâme de la résistance et parent d'un des deux
procureurs de la ville : Mathieu lui-même est accusé, parle procu-
reur de Gilbert de Malemort, d'avoir été Tun des instigateurs de la
révolte des bourgeois avant son entrée en religion, qui ne remonte
qu'à sept ou huit ans (2).
Au nombre des témoins de l'évoque, on remarque plusieurs che-
valiers et damoiseaux appartenant aux familles féodales du châ-
teau de Noblat, et cinq ou six juristes, valets ou sergents du Roi de
France, dont quelques-uns ont été gardiens de la régale ou juges
pendant la vacance du siège épiscopal de Limoges.
Notons que le droit de régale a été très régulièrement exercé
par le Roi de France dans le diocèse de Limoges après la mort de
chacun des évoques : nous pouvons le constater à partir de 1235.
On trouve au procès le nom des officiers qui ont exercé ces fonc-
tions : c'est Nantier et Raoul de Laron (3), après la mort de Gui de
Clusel; plus tard un sergent du Roi, nommé Larbalète; ensuite
Rertrand de Vassignac, puis Jean de Sainville, Guillaume de
Razès, etc.
Il faut dire que le souvenir, plus ou moins net, de ce qui s'était
passé durant ces périodes, d'un retour assez fréquent, puisque le
siège de Limoges n'a pas été occupé par moins de huit évéques au
cours du xm* siècle, ne contribuait pas peu à entretenir la con-
fusion et l'obscurité du procès. Les consuls attribuaient volontiers
au jeu normal et régulier de l'autorité royale, à l'exercice de ses
droits permanents, des actes que les officiers du souverain avaient
accomplis pendant une vacance du diocèse, aux lieu et place de
l'évéque et à titre intérimaire en quelque sorte. De son côté,
Gilbert de Malemort mettait volontiers au compte des agents de la
(<) Append., D, n« 2.
(2) Sa déposition se trouve sur le fragment de rouleau que non»
n*avoD8 pu retrouver. ^Voir Append., B.).
(3) f/6uron? peut-être Le vroux?
LA COmiUNK DK SAlNT-LiONAED DR NOBLAT AU XIII* SIÈCLE. 259
régale toute intervenlion des officiers du Roi dans les affaires du
pays et spécialement toute démarche faite par eux auprès des chefs
de la commune de Saint-Léonard, tout ordre direct envoyé à
ceux-ci, lout acte dans lequel ses droits de seigneur immédiat
n'étaient ni affirmés, ni réservés ou tout au moins rappelés. Celle
constatation peut rendre compte de certaines difficultés; mais la plu-
part des contradictions que nous avons signalées à Tenquéte restent
pour nous à peu près inexplicables.
XII. — RÀTIIAUD DE LA PORTE, Ë\ÊQUE DE LIMOGES. — ÉCHOS DE LA LUTTE
ENTRE LE PAPE ET LE ROI DE FRANCE. — LA JUSTICE CIVILE DE SAINT-
LÉONARD, d'abord MISE A LA MAIN DU ROI, EST ADJUGÉE A L'ÉVÉQUE.
On ne voit pas que Tenquôte de 1288 ait eu de résultats immé-
diats. Au surplus les pièces que nous avons entre les mains ne
nous renseignent pas d'une façon précise sur cette phase de
l'affaire. De 1386 à 1308, le texte d'aucun des arrêts successifs
rendus par le Parlement sur le procès de Tévéque de Limoges
avec les bourgeois de Saint-Léonard ne nous a été conservé; nous
ignorerions même la tournure que prit l'affaire et la suite des
événements, si quelques mentions éparses dans les anciens regis-
tres de l'évéché ne nous fournissaient certaines indications et si
nous ne trouvions dans un factum assez détaillé de Raynaud de
La Porte, un sorte d'historique sommaire des phases du différend
au cours des dernières années, historique malheureusement bien
rapide et conçu en termes trop généraux (1).
Cet historique ne commence que vers 1301, et toute la période
comprise entre 1289 et 1300 nous reste à peu près inconnue. D'un
passage du registre ilc singularemde l'évéché, il résulterait qu'en
1291, le lundi avant la fête de la Toussaint, un commissaire royal,
Naude d'Auxerre, se serait, sur Tordre exprès de Philippe IV,
transporté à Saint-Léonard pour enjoindre aux consuls d'avoir à
obéir aux prévôt et officiers du Roi et de révêque(2); mais il y a toute
raison de penser que la date indiquée est fautive et que la mention
se rapporte à des faits postérieurs à l'établissement du Pariage.
11 semble au surplus qu'une détente se soit produite dans les der-
nières années de la vie de Gilbert de Malemort, et que les hosti-
(I) Append., D, n<» 9.
(3) Evôché : Reg. Ac singularem, fol. 385, v«.
360 SOClÊTft ARCHÉOLOGIilUB BT ■UVailQUI DU LlMOQStlf.
lités ontre Tévéque et les bourgeois n'aient pas recommencé dès
le début de Tépiscopat de son successeur, Raynaud de La Porte.
Celui-ci, nommé en 1294, vit son élection, d'abord approuvée par
le pape Boniface YIII, annulée peu après sous le prétexte que
Gélestin III s'était réservé la disposition de l'évéché de Limoges.
Raynaud ne fut reconnu définitivement et intronisé qu^en 1297 {!'.
On comprend que, durant ces trois années de négociations avec
le Saint-Siège, de tiraillements et d'incertitudes, le proeès de
Saint-Léonard ait été un peu perdu de vue.
Une difficulté d'une autre nature avait surgi, en 1287, entre
révéque de Limoges et la commune de Saint-Léonard, au sujet de
l'imposition d'une taille sur les biens des clercs. Ceux-ci se pré-
tendaient exempts et Gilbert de Malemort avait porté leurs récla-
mations devant le Parlement. La Cour prononça cette fois en
faveur des consuls. Elle déclara, vers le commencement de Tannée
1288, que, si les magistrats municipaux n'avaient pas le droit de
soumettre le patrimoine de l'Église au paiement des contributions
pour l'entretien et la réfection des murailles, et pour les dépenses
des autres services communaux, ils pouvaient comprendre au rôle
de leur taille les héritages appartenant aux clercs à titre per-
sonnel (4).
Ce procès n'avait rien de commun avec la grande querelle
dont nous cherchons à retracer ici les phases successives. Toute-
fois la solution qui lui fut donnée confirmait en quelque sorte les
privilèges des bourgeois et proclamait une fois de plus lexis-
tence de fait et de droit de la commune.
Un nouvel arrêt du Parlement suivit-il le dépôt du dossier de
l'enquête et le rapport des commissaires? Nous l'ignorons absolu-
ment. Peut-être quelques productions nouvelles furent elles
réclamées aux parties et le retard apporté à les fournir fit-il
perdre le procès de vue à la Cour? Quoiqull en soit, une accalmie
dut se produire, comme nous l'avons dit plus haut ; car dix années
s'écoulent sans quil nous soit possible de constater aucune trace
soit de procédures, soit de scènes de violence analogues à celles
dont on a trouvé plus haut le récit.
Des événements étrangers à la cause elle-même pourraient bien
avoir exercé une action décisive sur la dernière période du différend
et sur son issue. Mais à peine nous est-il permis de les entrevoir.
(t ) Lboros, Mémoires pour seroir à VMstoire des évéques dé lÀmo^eê,
p. 334. — Gall. christiana nova, l. Il, p. 53^.
(S) Inventaire des Archives nationales. Boutabic : Aeten du ParUméni,
t,I, p. 440,411,
LA COMVUKB DB SAUfT-LfiONARD DB NOBLAT AU XIII® SIECLE. 361
Le rôle de Raynaud de La Porte au cours du grav<5 différend qui
éclata entre le souverain Pontife et le Roi de France, n'a pas été
élndié avec Tatlention qu'il semble mériter. On voit Tévéque de
Limoges prendre part au concile de la province de Bourges tenu
à Glermont, en 1294, et où un subside est voté au Roi. On le re-
trouve à rassemblée générale des évoques convoquée par Philippe
à Paris, le 27 mai 1296 ; il y assiste, seul de toute la province de
Bourges, avec l'évoque du Puy (1). On sait quelles protestations
s'élevèrent contre cette assemblée, qui avait consenti à accorder un
décime au Roi. Les prélats furent accusés d'avoir « tendu le dos
en silence et évité le combat du Seigneur pour la maison disraêl »;
ils furent traités de « chiens muets ne sachant pas même
aboyer » (2).
Mais en 1302, lorsque Boniface YIII convoque un concile à
Rome, révoque de Limoges quitte son diocèse, malgré la défense
Tormelle du Roi; il est à Rome le !•' novembre, jour fixé pour
l'ouverture du concile (3). Quatre archevêques et trente-cinq
évéques français seulement se trouvent présents. On sait que beau-
coup de prélats n'avaient pas cru pouvoir répondre à l'appel du
souverain Pontife et avaient chargé trois d'entre eux de se rendre
auprès de lui pour exposer les motifs de leur conduite. Philippe
donna ordre à ses sénéchaux de saisir le temporel de tous les
êvéques qui avaient enfreint ses défenses. Quelques indices
pourraient donner à penser que cet ordre fut exécuté dans le
diocèse de Limoges. Toutefois il est permis de se demander si c'est
vraiment contre la défense du souverain que Raynaud de La Porte
se serait rendu à Rome. N'y alla-t-il pas, soit chargé d'une mis-
sion par SCS confrères, soit à titre d'agent du Roi? Son altitude
avant et après ce voyage ne rend improbable ni l'une ni Tautre de
ces hypoUîèses.
Quoiqu'il en soit, si Tévéque de Limoges encourut un instant la
colère du Roi, il ne tarda pas à rentrer en grâce. Sa présence est
signalée aux assemblées tenues au Louvre les 13 et 18 juin 1303.
L'abbé de Beaulieu s'y trouvait avec lui. On sait que les membres
de ces deux assemblées firent acte solennel d'adhésion à la cause
de Philippe, s'engagèrent à ne pas se considérer comme déliés de
(1) D. Martenne, Thésaurus Anecdotorum^ t. I, col. S77 et 1S86;
RouTARic, Documents relatifs à l'Histoire de France sous Philippe le Bely
passim.
(2) Terga facile praebuisse ac pugnam pro domo Israël in prselio Do-
mini évitasse... Canes muti qui non valent lalrare.
(3) Vrlly, Histoire de France, l. VII, p. Sîfi.
263 SOCléTÉ ARCRéOLOGlQUR ET HISTORIQUB DU LIMOUSIM.
leur devoir d'obéissance par les lettres du Saint-Siège les relcYan:
du serment de Gdélité prêté au souverain, et demandèrent la con-
vocation d'un concile œcuménique pour juger Boniface VIII, décla-
rant qu'ils appelaient d'avance à ce concile de toutes les sentences
d'excommunication et autres que le pontife pourrait fuImiDer
contre eux.
Aussitôt commence une singulière campagne en vue d'un appel
à l'opinion, unique dans l'histoire de France. Des clercs du Roi
parcourent le royaume tout entier, s'arrôtant dans chaque ville,
dans chaque abbaye, convoquant les communes, réunissant l^<
chapitres, exposant les griefs de la Couronne contre le souverain
Pontife, demandant au nom du Roi Tadhésion de tous les corpf,
de toutes les communautés aux résolutions des assemblées du
Louvre et à l'appel, à un concile général, de tous les actes qu'il > .1
lieu de redouter de la part de Boniface VIII. Non seulement lt^>
bourgeois du Château de Limoges, de la Cité et de Saint-Junieu,
mais le chapitre calhédral, le prieur général et les religieux «lu
monastère de Grandmont, le prieur et la communauté de Sain;-
Martial de Limoges firent des déclarations conformes aux désir>
de PhiUppe IV. Procès-verbal fat dressé de ces délibérations 1 .
Plusieurs de ces assemblées, celle de la commune du Château «lo
Limoges, par exemple, s'étaient tenues dans des églises (2).
e L'envoyé du Roi en Limousin était Jean d'Auxois, grand chan-
tre de réglise d'Orléans et clerc du Parlement, très mêlé aux affai-
res poHtiques durant quinze ou vingt années. Il était accompagne,
semble-t-il, de plusieurs ecclésiastiques, de Pasquier de Blois,
chanoine de Péronne, et d'un autre chanoine, Pierre de La Tour-
nelle, entre autres. Ce fut dans les dix derniers jours du mois d'aoùi
1303, que l'envoyé de Philippe IV traversa le Limousin; il venaii
du Languedoc et se dirigeait sur Bourges. De là il devait gagner le
diocèse de Poitiers.
Jean d'Auxois se heurta sans nul doute à plus d'un refus. Les
documents conservés aux archives nationales ne nous permelteni
toutefois de noter, dans le diocèse de Limoges, qu'un seul exemple
de résistance aux désirs du Roi^^Les Frères Prêcheurs du couvent
de la ville épiscopale déclarèrent qu'ils avaient député auprès do
Philippe IV leurs supérieurs et qu'ils croyaient devoir attendre les
instructions de ces derniers.
(I) Ces procès verbaux sont conservés aux Archives nationales, J 480
et J 490. Nous en avons pris la copie.
(3) Celle des bourgeois du Château se tint dans Téglise de Saînt-Pieire-
du-Queyroix.
LA COXHUNB DE SAINT-LÉONAUD DB NOBLAT AU XIll® SlitCLK. 363
Deux mois plus tard, dans la seconde quinzaine d'octobre, le
clerc Ju Roi passa de nouveau à Limoges. Il relourna au couvent
des Frères Prêcheurs, somma les religieux au nom du Roi de lui
donner une réponse, et fit tout ce qu'il put pour l'obtenir favorable :
ses prières et ses menaces demeurèrent vaines. Les fils de saint
Dominique persistèrent dans leurs refus; ils déclarèrent que le
prieur provincial avait été chargé de faire connaître leur réponse à
Philippe IV, au nom de tous les prieurs et de toutes les commu-
nautés de Tordre, et qu'ils avaient lieu de croire que cette réponse
était parvenue au Roi(l). Dans toutes ou presquetoutes les maisons
des Dominicains, la même réponse fut rendue aux commissaires de
Philippe IV. Des mesures d'une extrême rigueur furent prises con-
tre ces religieux dans quelques villes : à Montpellier notamment, où
Denis de Sens se trouvait à la fin de juillet, les Frères Prêcheurs,
sollicités par lui de donner leur adhésion aux actes de l'assemblée
du Louvre, ayant refusé et déclaré qu'ils ne pouvaient répondre
sans l'autorisation de leurs supérieurs, reçurent l'ordre de sortir du
royaume dans les trois jours (2j.
Il n'est pas question de l'évéque de Limoges aux procès-verbaux
des assemblées tenues à cette occasion ; mais Raynaud de La Porte
ne put se montrer hostile à ce singulier appel au peuple, qui n'est
pas un des actes les moins extraordinaires du règne de Philippe le
Bel, si plein, si mouvementé, si digne d'étude. La grande mani-
festation d'opinion publique provoquée par le Roi n'était que la
conséquence des assemblées du Louvre. L'évéque demeura ferme
dans sa fidélité à la cause du Roi : il assista, seul de la province
avec l'évéque de Mende, au concile de Bourges réuni pour voter
sur une nouvelle demande de subsides.
Nous avons dit que, dans les premières années de Tépiscopat de
Raynaud, une détente s'était produite dans la lutte entre l'évéque et
les consuls de Saint-Léonard. Quelques indications des archives de
lévéché pourraient même faire croire que les bourgeois s'étaient
décidés à se soumettre, au moins sur certains points. On trouve,
en effet, à un registre auquel nous avons déjà emprunté maint ren-
seignement, mention d'une importante déclaration faite au nom
de la commune, s*il faut en croire une note marginale, par les
consuls, le lundi avant la saint Barnabe 1396 (3) : ils reconnaissent
que l'évéque de Limoges a le droit d'exiger chaque année, la veille
(1) Archives naiionales, J 400, n© 70a.
(2) BouTARic : La France sous Philippe le Bel^ p. 387 .
(3) Reg. Tuœ hodie, fol. 52, r* et 84, v».
304 SOCIÉTÉ ARGBÉOLOGIQITK ET HISTORIQUE DD LIMODSIK.
de Noël, de chaque boucher, une côte et ane tête de bœuf; à la
même époque, de chaque marchand de sel de la ville, une demi-
émine de sel ; de percevoir un denier de salage sur tous les mar-
chands étrangers vendant des cuirs aux foires. Ils confessent enfin
que le prélat possède des revenus sur certaines maisons et terre:»
tant dans la ville qu'à Textérieur, le fiau ou le^/raw, qui est dâ le
jour de TAssomplion, la gâche (guet) due le jour de la fête de salut
Michel; mais tous ces droits il faut bien le remarquer, relèvent
de la vigerie, et les consuls n'ont garde de ne pas insister sur ce
point (1). La commune parait, on Ta vu plus haut, n'avoir jamais
contesté la possession de certains droits par les vigiers, représen-
tants en somme des seigneurs de Noblat et dont il est souvent parlé
au procès ; ceux-ci y sont plusieurs fois désignés sous cette dénomi-
nation bizarre: les Jamborteus{i)y dont nous avons en vain cherché
(1) Le passage en question, deux fois copié an Reg. Tuœhodie^ fol. 51,
v<*, et 84 yo, donne, avec plus de détails et quelques différences, la men-
tion qu'on trouve en note au chap. ni ci-dessus, p. 54, diaprés le registre
O Domina, Nous le reproduisons ci -dessous :
Item in eodem cophino sunt quedam lictcre cum uno sigillo, signate
per dupplicem d. d., continentes quod consules ville Nobiliacensis pro se cl
communilate dicte ville recognoverunt et confessi fuenint dominum épis-
copum Lemovicensem habere super carnifices dicte ville, videlicet super
quolibet carnifice carnes bovis seu bovium vendente, quolibet anoo, in
vigilia Nativitalis Domini, quandam costam (alUu testam) bovis nomine
vigeric dicte ville, recipiendam more consueto;item, supra mercalores ex-
traneos vendenles coria in nundinis [duos denarios, et super habitatori-
bus ejusdem ville vendentibus eliam coria in diclis nundinis] nnnm dena-
rium, quod publicc solagium vocatur; item, supra vendentes sa! in
dicta villa, videlicet super quolibet vendente, dimidiam cminam salis,
quolibet anno in Nativitale Dominl; item, supra ccrta loca domorum
et terrarum sitarum in dicta villa et extra, recognoverunt Ipsum domi-
num episcopum habere certos redditus qui vocanlur publice Ià Fraa
{ou Fiau) in quolibet festo Assumplionis Béate Mario, et plura alia jura
pcrtinentia ad dictam vigeriam; item recognoverunt ipsum dominum cpîs-
copum habere supra ccrta loca domorum eciam et terrarum certos red-
ditus qui vocantur La Gâcha in quolibet festo Beali Micaells : quorum
omnium {sic) habere jus Icvandi cl percipicndi ipsum dominum episcopum
recognoverunt, et omnibus causis molis intcr cos coram domino senescalto
Lemovicensi renunciavcrunt, promittentes contra in aliquo non vcnîre.'
(9) Cum oiim episcopi qui pro tempore fnerunt, habaissentab ipsis Los
Jamborteus : Aymerico Bruni, milite, et ejus comportionariis, nomine
galjerie, vigeriam quam habebant in dicta villa, et Johannes Paula et ejus
pater jure hereditario tenuissent et leneanl medietatem dicte vigerie pro
dictis Los Jamborteusy etc. (^Arch. Haute- Vienne, Evêché,2440).
LA COMHUNB DK SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU Xlll<^ SIÈCLE. 2G5
l'explicalioQ(l) ; mais tout en reconnaissant au moins d'une façon
tacile les droits des vigiers, les consuls protestaient contre l'acqui-
sition, au cours du procès, de la vigerie par l'évoque, acquisition
qui modifiait Fétat de choses sur lequel le Parlement avait été
appelé à statuer lorsque le procès s'était engagé.
Cette acquisition, celle notamment faite en 1293, de Jean Faute,
agissant pour lui et les siens, avait été suivie d'un procès entre
révoque et les consuls, par devant le sénéchal (2). La reconnais-
sance mentionnée plus haut mettait fin au procès: les consuls décla-
raient se désister expressément de leurs revendications.
En 1300 ou 1301, un arrêt favorable à l'évoque avait été rendu par
le Parlement; nous n'en connaissons pas la teneur; mais des let-
tres du Roi du vendredi avant la Noël 1301, prescrivant l'exécution
de cet arrêt, nous ont été conservées. Il y est dit que les injonc-
tions de la Cour devront recevoir leur entier accomplissement; que
tous les obstacles apportés jusqu'alors par les consuls à l'exercice
des droits de l'évoque devront disparaître et que les bourgeois de
Noblat paieront au Roi une amende de mille livres tournois et au
prélat une somme de trois cents livres, à titre de dommages inté-
rêts (3). Peu après, le sénéchal de Poitiers, qui plaidait en ce mo-
ment contre Raynaud de La Porte devant le Parlement au sujet de la
mise sous séquestre de la justice de la Cité de Limoges, revendi-
quée par l'officier du Roi comme appartenant à son maître, rece-
vait ordre d'assurer aux arrêts de la cour obéissance et respect.
La justice civile de Saint-Léonard fut mise à la main du Roi le
{i) Ce nom ne pourrait-il pas venir de Jaubert? On a vu plus haut qu'un
chevalier de Noblat de ce nom avait précisément engagé la vigerie k
révoque.
(2) Peut-être est-ce à cette occasion que le sénéchal avait établi deux
sergents royaux, que le Parlement lui interdit de maintenir.
(3) ... Quod judicata predicta tenebunt, et intègre fiel et expicbitur
execulio eorumdem; et impedimenta super hiis eidem episcopo oppo-
sila(?) amovebuntur; et quod dicti Nobiliacenses, pro prcdiclis eorum ino-
bedienciîs, nobis solvent mille libras turonenses pro emenda, ac dicto
episcopo trecentas libras turonenses pro suis dampnls (Arch. Haute-
Vienne, fonds de TEvôché, liasses diverses). — Lictere régie continentes
quod, per arrestum, dicti consules Nobiliacenses fucrunt omnino exclusif
quantum ad possessorium, a cognicione causarum civilium, et quod quan-
tum [ad] emendas in quibus ipsi consules fuerunt condempnati proptcr
eorum inhobedicntias etexcessus: Régi, in mille libris, et episcopo Lemo-
vicensi, in trecentis libris, amplius non audircnlur, et dicta con-
dempnacio execucioni demandaretur {Ibid,, Evèché, Heg« Tuœ hodie^
fol. 35, ro).
T. xxxvuu 48
966 SOCIÉTB ARCHÉOLOGIQUE Et BISTOhIQDB DU LIMOUSIH.
mercredi 90 février 4303, au témoignage des aQciens registres de
rEvôclië (2). II est vraisemblable que l'attitude de Raynaad de La
Porte, dans le difféiend de Boniface VIII et de Philippe IV, fut
étrangère à Taffiire, car un autre registre nous apprend que
le séquestre devait durer « jusqu'au prochain parlement » (3;; :
un clerc du nom de Jean Chauvet était investi des fonctions de
juge à titre provisoire.
Pour éclairer sa religion sur ce chef spécial, le Parlement
ordonna une troisième enquête. De cette dernière, aucun lémoi-
gnage, croyons-nous, n'a été conservé; du moins n'en avons-nous
pu retrouver un seul. On constate seulement que la commission
pour procéder à cette enquête fut donnée à Etienne Bourrel, sous-
doyen de Poitiers, clerc du Roi, et à Jean d'Harblay — de Arre-
blayo — chevalier du Roi et sénéchal du Périgord. Ils sont nona-
més tous les deux à un acte du samedi après la Quasimodo (30
avril) de l'année 1303.
Le 8 mars 1304, vieux style (1305), la justice était encore à la
main du Roi et Jean Chauvet continuait à occuper la charge de
juge civil malgré les protestations de l'évéque; mais cette situation
touchait à sa (in : cette même année, le Parlement déclara que
la justice civile appartenait au prélat et elle fut en effet remise
à Raynaud de La Porte par rofficier à qui le sénéchal en
avait confié l'exercice : rien n'étant d'ailleurs modifié au contenu
des arrêts précédents en ce qui a trait à la justice criminelle (3).
C'est surtout sur les Incidents de la dernière phase de l'affaire,
— celle qui suit l'arrêt de 1303, — que le mémoire de l'évéque
nous fournit de précieux renseignements.
Les consuls ne se soumirent pas à la décision du Parlement;
ils prétendirent que l'arrêt rendu en faveur de l'évéque ne portait
en rien atteinte à leur droit de connaître des causes civiles dont
leurs concitoyens leur déféraient le jugement. Ils firent si bien
(1) Le 40 des calendes de mars 1302, vieux sL (Reg. Ttiœ kodU,
fol. 36, vo).
(3) Reg. Ac singularem^ fol. 326, 327.
(3) Pcr arrcstum curie diclum fuit quod manus regia amoveretur de
causis civilibus de villa de Nobiliaco. De cognilione causarum civilium
prediclarum diclus cpiscopus vel ejus prepositus expleclabit, et consules
dicte ville cum diclo episcopo vel ejus preposito incarcerabunt et justicia-
buQt Quod per arreslum curie, causa cognila, dicli gerentes se a pos-
scssione causarum civilium penitus fuerunl exclusi (Procédures, 5* frag-
ment).
LA COMMUNR DE SAINT-LEONARD DE NOKLAT AU XIII<> SIÈCLE. 267
qu'ils oblinrent du sénéchal de Poitiers un mandement prescrivant
une information sur ce point précis. L'évéque forma opposition.
L'affaire revint devant le Parlement, qui, après s'être montré dans
un premier arrêt favorable à Tévêque, parut un moment disposé à
admettre les prétentions de la commune, tout au moins à les exa-
miner avec bienveillance; et, comme les consuls affirmaient que le
dossier des premières enquêtes avait élé perdu, et d'un autre côté
prétendaient qu'ils étaient troublés par Tévêque dans l'exercice
des droits garantis par la coutume aux chefs de la bourgeoisie (1), ils
obtinrent un arrêt ordonnant une nouvelle enquête; mais l'ancienne
ayant été retrouvée et la vérité connue, cette enquête, ou simple-
ment Tordre d'y procéder fut annulé (2).
Presque aussitôt, les consuls revinrent à la charge : ils firent si
bien qu'ils réussirent à obtenir une seconde fois de la cour un
arrêt portant qu'il serait procédé à une enquête. Mais, de
rechef, sur les protestations de Tévêque, le Parlement revint sur
sa décision; l'affaire fut arrêtée et toute la procédure depuis la res-
titution de la justice civile à l'évéque annulée (3). Les bourg, ois ne
se tinrent pas pour battus et s'efforcèrent de regagner encore une
fois l'oreille du Parlement; ce fut en vain. La cour repoussa leurs
prétentions, déclara qu'elle ne pouvait ordonner une enquête sur
une matière jugée; il fut enjoint au sénéchal de Poitou de faire exé-
cuter les arrêts et d'obliger la commun.^ à se soumettre, à payer
au Roi l'amende à laquelle elle avait été condamnée en 1301 et à
indemniser l'évéque.
Vaincus sur ce point, les consuls essayèrent de conserver au
moins la police des poids et mesures, alléguant qu'elle appartenait
à la juridiction criminelle et non à la juridiction civile. Une sen-
tence du sénéchal déclara qu'elle dépendait de cette dernière, les
(I) Gonsulcs Nobiliaci conquesti fuerunt quod dominas episcopus l.c-
movieensis ipsos impediebat in posscssione, in qua erant^ cognosccndi
inlcr parles de causis civilibus, ob quod pluries faerat commissum infor-
macioncm super premissis fieri; quarum alique fuerant deperdilc (Tuœ
hodie, f. 35, r^). — Asserucrunt... quod episcopus impediebat ces in cogni-
lionc causarum civilium, et impetraverunt commissionem quod super hoc
nquircretur (Factura de l'évoque).
{Vj Guria, comperla verilate, prediclam inqueslam annullavit, cl de hoc
exstat litlera curie (ihld.).
(3) Intormacio fuit per judicium curie annullata, et de hoc cxslat Mi-
tera curie (Mém. de révoque.) — Demum, visis litteris... annullaliono prio-
ns informacionis per Parlamenli judicium facta, secunda informacio per
ipsius Parlamenli judicium fuit totaiiter annullata (H«g. Tuœ hodie^
fol. 35, r«).
268 SOCIÉTÉ ARCBÉ0L061QDB ET HISTOEtQOB DU LIMOCSIIf.
contrevenants étant passibles d'une peine pécuniaire seulement,
d'après la coutume du pays. La commune essaya d'empêcher les
officiers de Tévêque de vérifier les poids et mesures; il fut de nou-
veau enjoint aux consuls et aux bourgeois, de la part du Parlement
et du sénéchal, de cesser toute résistance. Cet ordre leur fut
signifié par Jean de Gômpiègne — un sergent du Roi sans doute
— qui dut non seulement leur défendre de troubler le prévôt
de l'évéque dans l'exercice de la justice en ce qui se rapportait
aux causes civiles, mais aussi leur iûterdire toute connaissance de
ces causes, sous peine d'un châtiment exemplaire.
XIII. — INTERVENTION DU ROI ; ARTICLES DU PROCUREUR DE LA COU-
RONNE. — MÉMOIRE DE L'ÉVÊQUE.
Trente années s'étaient écoulées depuis le jour où le différend
entre l'évéque de Limoges et la commune de Saint-Léonard avait
été porté devant la Cour du Roi ; depuis quinze ans les enquêtes
prescrites par le Parlement sur le fond même de la cause étaient
terminées et rapportées. L'une et l'autre parties avaient présenté
leurs conclusions. Toutes les allégations, tous les moyens avaient
clé examinés, tous les incidents vidés. Le procès semblait épuisé et
il ne manquait plus, au volumineux dossier du greffe, que l'arrêt
décisif devant mettre fin à cette longue querelle (1).
En attendant avec confiance une solution définitive, l'évéque tra-
vaillait sans se lasser à obtenir des habitants de Saint-Léonard la
reconnaissance des droits dont les divers arrêts prononcés jusqu'à
ce jour, auraient dû lui assurer la jouissance; mais la résistance
que rencontraient ses officiers ne faiblissait pas. Tantôt passive,
tantôt violente, cette résistance s'exerçait avec certaines apparences
de légalité et la commune avait toujours à faire valoir, pour l'ex-
pliquer, sinon pour la justifier, quelque argument plus ou moins
spécieux, tiré de l'arrêt même qui venait de condamner ses pré-
tentions. Les consuls y trouvaient toujours, en effet, quelque point
obscur ou ambigu, quelque lacune, dont ils savaient tirer parti en
tournant toute phrase douteuse au profit de leurs prétentions.
(I) Super premissis liligaverunt cum diclo domino modo per trigÎDU
annos et amplius... Sunl inqueste factc, et super hiis est conclusum hinc
et inde, jam quindecim anni sunt elapsi, et jam non restât, nisi quod
feratur sententia {Procédures, 5« fragment).
LA COMMUNE DE SAINT -LÉONARD DE NOBLAT AU XllI* SIÈCLE. S69
Leur cause, néanmoins, semblait perdue, et nous ne voyons
guère sur quoi ils purent s'appuyer pour continuer la lutte après
les ordres du Parlement obtenus par le prélat en 1308 et 1306. Ils
ne désarmèrent point, pourtant : n'avaient-ils pas, dès lors, quel-
que motif de compter sur Tintervention d'un puissant auxiliaire, et
ne pressentaient-ils pas, s'ils ne le savaient pertinemment, que
l'affaire allait changer de face?
Raynaud de La Porte somma le sénéchal de faire respecter ses
propres injonctions et celles de la Cour suprême. L'officier royal ne
répondit pas à cette mise en demeure. Celle-ci fut renouvelée dans
les termes les plus énergiques et les plus pressants. Le sénéchal fit
la sourde oreille.
La mauvaise volonté de l'officier du Roi était flagrante. Elle ne
pouvait s'expliquer que par des instructions récemment adressées
au sénéchal et inspirées par les calculs politiques des conseillers du
Roi. A force de revenir devant le Parlement, l'affaire de Saint-
Léonard avait uni par appeler l'attention de Philippe IV et de son
entourage. Longtemps on n'avait pas prêté l'oreille aux allégations
des consuls, et on n'avait considéré leur thèse que comme un
moyen de défense, un argument de procédure plus spécieux que
solide ; on parut peu à peu y accorder quelque importance. Nul
doute que les bourgeois, voyant le succès de leur cause très com-
promis, n'aient fait de grands efforts pour obtenir que le Roi fit
valoir ses droits à rencontre de ceux de l'évêque et se décidât enfin
à se porter partie au procès.
Ces efforts auraient, sans doute, réussi plus tôt, si la commune
avait consenti à s'effacer complètement et à laisser le Roi se substi-
tuer, pour ainsi dire, à elle : on trouve trace des pourparlers qui
furent engagés en vue de donner à l'affaire cette tournure plus
nette ; mais les bourgeois ne purent se résoudre à se retirer com-
plètement ^u procès et à déclarer que leurs magistrats n'avaient
jamais été que les préposés de la Couronne, comme les consuls de
certaines bastides royales. Tout en avouant le Roi pour leur sei-
gneur immédiat, ils continuèrent à affirmer et à défendre leurs
libertés communales, à invoquer en leur faveur la garantie de la
coutume non moins que celle résultant de l'octroi du souverain.
Quoiqu'il en soit, l'évêque ne s'aperçut pas seulement à l'inertie
du sénéchal du changement qui s'était opéré à son endroit dans
les dispositions du Roi et de son conseil par rapport à l'affaire de
Saint-Léonard. La rébellion persistante des consuls l'inquiétait
moins que les complications qu'il pouvait déjà entrevoir. Il conce-
vait de sérieuses appréhensions qui ne tardèrent pas à être justifiées.
970 BOCIAtÉ ARCDÉOLOGIQUC ET HISTORIQUE DU LIMOUSIV.
En effet, quand le procès revint devant le Parlement, euire les
deux parties qui, depuis trente années, se trouvaient en présence,
on en vit tout à coup surgir une troisième : le Roi s'était décidé à
intervenir. Son procureur exposa les raisons de cette intervention.
Il avait été, suivant lui, établi au cours des diverses phases du
procès, que le Roi ne pouvait rester désintéressé dans le débat qui
s'agitait entre révoque de Limoges et les consuls de Saint-Léonard.
Ceux-ci, en effet, n'étaient que les officiers du souverain, ses délé-
gués. Du Roi seul ils tenaient les droits qu'ils possédaient. En son
nom et par son investiture, ils jouissaient de la juridiction haute,
moyenne et basse ; ils exerçaient la justice pour son compte ; ils
avaient reçu de lui la garde de la ville, de ses remparts, de ses
tours, de ses fossés et les clés de ses portes. Tout cela, la com-
mune, dans la personne de ses magistrats, le tenait en fief immé-
diat du Roi, et devait à celui-ci, à raison de ce fief, Thommage et le
serment de fidélité (1).
L'organe officiel de la Couronne exposait, dans un factum dont
nous ne possédons pas le texte, les preuves des droits réclamés par
lui au nom du souverain et celles de la mouvance directe de la ville
(Je Saint-Léonard. Il s'efforçait d'établir que la seigneurie et la jus-
lice de cette \111e, comme celles de la Cité de Limoges, appartenaient
au Roi, et demandait en conséquence qu'elles lui fussent définitive-
ment adjugées. 11 parlait, du reste, pour le compte des consuls
comme au nom du Roi, et proclamait les droits de la commune, eu
affirmant ceux de son maître (2).
A ce factum, l'évêque riposta par un long et intéressant
mémoire qu'on retrouve dans un des rouleaux du procès. Il nous a
paru nécessaire d'en indiquer les points principaux et d'en donner
une rapide analyse.
(I) Âsscruit idem procurator pro domino Bege quod ipsi gerenles se
[pro consulibus] pro jure suc cl pro consulalu prediclo, quem tcnebaot a
Rcge, habebanl altam, mcdiam et bassam justiciam et omnimodam jusli-
ciam ab anliquo... que premissa lenebant in feodum a Rege, et pro pre-
diclis faciebanl homagium et juramcntum fidelitatis... Asseruit idem pro-
curator domini Régis quod omnia que speclant ad altam, mediam et bassam
jusliciam, et omnimodam juridiclionem, et quod fortalicia, mûri, fossata et
porte ville et claves earum cranl ipsorum se gerentium et quod ea lene-
bant dicti gerentes a domino Rege... Fer ipsos ui pcr ministros Rex in
dicta villa utitur alla, bassa et média justicia. (Appendice, B, 5« fragment).
(I) On trouvera à l'appendice D, n^ 7, les articles donnés pour le
Pioi, qui se trouvent allachés à la suite d'un des rouleaux de renquéte do
1288.
LA GOMMDirB DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAF AU XIU® SIECLE. 271
Le prélat ne se laisse pas effrayer par l'intervention du Roi et
n'abandonne aucune de ses prétentions. Il réclame avec énergie le
bénéfice des divers arrêts obtenus jusqu'ici du Parlement et dé-
clare qu'il n'entend ni renoncer à la situation résultant de ces
arrêts ni laisser de nouveau mettre ses droits en question. Il rap-
pelle qu'il est seigneur temporel de la ville de Saint-Léonard à la
suite des prélats ses prédécesseurs ; qu'il en a le gouvernement et
la défense; qu'il les tient directement du Roi, à foi et hommage,
comme seigneur immédiat et baron. Il formule de nouveau toutes
ses revendications concernant la justice pleine et entière de
la ville et constate que le Parlement les a reconnues bien fon-
dées.
Le serment prêté au Roi dans des circonstances exceptionnelles
et en vue de l'intérêt général, par les prétendus consuls et les habi-
tants, ne prouve rien en faveur de la thèse qu'ils s'efforcent de
faire accepter à la Cour. Il y a en France, et en particulier dans la
sénéchaussée de Périgueux et dans celle de Poitiers, de laquelle
dépend Saint-Léonard, un grand nombre de villes plus impor-
tantes, plus célèbres que celle-ci, et ne possédant aucun droit de
justice. Les consuls ou les échevins de ces villes n'ont d'autre auto-
rité, d'autres attributions que celles qu'ils tiennent du seigneur
immédiat et que celui-ci a consignées dans leur charte. Le seigneur
demeure en possession de la justice haute, moyenne et basse comme
de tous les droits dont il n'a pas fait abandon.
En ce qui concerne les bourgeois de Saint-Léonard, ils ne peu-
vent justifier de leurs droits prétendus. Depuis peu ils ont un sceau
et un hôtel de ville qu'ils ont toujours déclaré posséder au nom de
leur commune, et non pas au nom du Roi, comme ils l'assurent à
présent. Or, la coutume, le droit et la raison veulent qu'ils n'aient
pu acquérir les libertés de la commune sans un privilège ou un
litre concédé par-leur seigneur immédiat; ce privilège n'a jamais
été accordé par les évêques de Limoges. Les bourgeois ont usurpé
lélat de commune sans droit et au mépris du serment de fidélité
prêté par eux à tous les prélats qui se sont succédé sur le siège
épiscopal. Ils violent ce serment en empiétant sur le domaine de leur
seigneur, et en assurant, dans leurs libelles mensongers, qu'ils
tiennent leurs privilèges d'un octroi du Roi de France. Ils n'ont pas
le droit d'avouer celui-ci pour seigneur au préjudice de leur sei-
gneur direct, et le Roi lui-même n'a pas le droit de recevoir un
pareil aveu.
Etl'évêque, reprenant, un à un, tous les arguments qu'il a fait
valoir contre les prétentions de la commune, lui dénie de nouveau
toute organisation, tout privilège. Les habitants de Saint-Léonard
973 SOCIETE ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LINOGSItl.
ont pu tenir des réunions pour traiter d'affaires ayant un intérêt
commun. Ils ont pu môme charger quelques prud'hommes de
s'occuper spécialement de ces affaires ; mais ils ne forment point
un corps et, en tant que collectivité, n'ont pas d'existence légale,
ne sauraient par conséquent revendiquer aucun droit. S'ils en
possédaient, ils ne pourraient les tenir que de Tévéque deLimoges,
leur seigneur immédiat, et jamais le prélat ne s'est dessaisi, en
leur faveur, d'aucune portion de son domaine.
Le prélat aborde ensuite un sujet plus délicat. Il s'agit de répon-
dre aux allégations du procureur du Roi et de repousser les pré-
tentions de la Couronne. Raynaud de La Porte ne songe pas à
contester les prérogatives que Philippe IV tient de sa qualité de
seigneur supérieur et de la majesté royale. Il reconnaît que lo
souverain a pu demander et recevoir, à son avènement, le serment
de fidélité des hommes des diverses villes, dans le ressort des
sénéchaussées de Poitiers, de Limoges et de Périgueux; mais
c'était à la suite d'événements graves et dans des circonstances
extraordinaires ; il s'agissait, quand les villes furent appelées à
prêter ce serment pour la première fois, d'assurer la paix du
royaume et le maintien de la tranquillité publique. L'exercice par
le Roi de sa prérogative, en cette occurrence, ne saurait avoir pour
effet de priver de ses privilèges les plus incontestables, de ses
droits essentiels, le seigneur immédiat, ni de porter en quoi que
ce soit atteinte à son domaine.
Et que le procureur de la Couronne n'allègue pas on ne sait quel
droit de seigneurie directe du Roi sur la ville de Saint-Léonard.
Où est l'origine de ce droit? Quand et comment a-t-il été réclamé,
reconnu, exercé? Tout le monde sait qu'en Limousin et en parti-
culier dans la portion de la province où est située cette ville, le
roi ne possède ni propriété directe ni domaine inunédiat (1). Il est,
dans la contrée, seigneur supérieur, pas autre chose, et il n'y
exerce qu'à ce titre et en cette qualité, soit la juridiction, soit toute
autre prérogative. Tous les droits directs sont aux mains de sei-
gneurs, qui les tiennent en fief de lui.
Il n'y a pas longtemps, au surplus, que le nom du Roi a été pro-
noncé dans le procès, et qu il a été question des droits directs de
la Couronne sur Saint-Léonard. Les consuls n'avaient jamais parlé
de ces droits, et ne paraissaient pas se soucier beaucoup de leur
(1) L'évoque oubliait la bastide de Masléon, fondée par Philippe IV en
1289, et les châteaux récemment acquis des héritiers de Gérald de Mau-
mont.
LA COUMUNB DE SAIKT-L^ONARD DE NOBLAT AU WM^ SIÈCLE. 273
existence. Jamais, dans leurs nombreux différends avec le siège
épiscopal, ils ne les ont allégués. C'est à leur profit et non au profit
du Roi qu'ils ont tenté d'empiéter sur les droits de Tévéque, qu'ils
ont cherché à usurper la juridiction de leur ville, et ils n'ont jamais
réclamé ni exercé cette juridiction pour le compte du souverain;
ils la voulaient pour eux seuls. C'est en leur propre et seul nom
qu'eux et leurs adhérents ont engagé le procès et se sont pré-
sentés devant leurs juges. Au cours des incidents de l'affaire,
ils ont pu constater le peu de chances qu'offrait leur entreprise, et
toute la difficulté qu'ils auraient à soutenir et à justifier leurs
prétentions. Alors seulement ils se sont résignés, en haine de
l'autorité épiscopale, à essayer de substituer le souverain à leur
seigneur.
Au surplus, le procureur du Roi, assure Tévéque, a lui-même
reconnu, au moment même où des pourparlers se sont engagés entre
la Couronne et les bourgeois pour la revendication de ces prétendus
droits du Roi, combien la thèse imaginée et soutenue depuis peu
par eux se conciliait mal avec l'attitude et les dires des consuls au
début du procès et la jouissance des droits dont ils se prétendaient
en possession. Ce procureur n'a-t-il pas dit qu'il se refuserait à récla-
mer la justice pour le Roi et à intervenir au procès, si les consuls ne
déclaraient expressément que cetle justice appartenait toute entière
au souverain, qu'elle était de sa propriété et de son domaine, que
le produit devait lui en revenir, et que les magistrats communaux
avaient toujours jugé les causes et perçu les émoluments pour le
compte du Roi, comme ses officiers et ses mandataires?
Cette déclaration, ils ont refusé de la faire puisqu'ils restent
partie au procès. Au surplus Teussent-ils donnée, il serait aisé
d'en démontrer la fausseté. Jamais, en effet, dans les audiences
quont indûment tenues les magistrats municipaux, dans les juge-
ments que sans droit ils ont rendus, dans les actes quelconques de
leur administration, le nom du Roi n'a été prononcé; jamais les
consuls ne se sont dits officiers ou préposés du souverain et on
chercherait vainement, dans les archives des sénéchaussées ou
de la Chambre des Comptes, la trace dune gestion quelconque
de deniers royaux exercée par eux.
On trouvera à l'appendice, avec les articles du procureur du Roi,
quelques extraits du mémoire de Raynaud de La Porte. C'est une
des pièces les plus intéressantes et les plus caractéristiques du
procès.
974 SOCIÉTff AACIIBOtOGIQOE KT IISTORIOVR WS LHIOIISIX.
XIV. — LA JUSTICE CIVILE DE SAINT-LÉONARD PLACÉE DE NOUVEAl
SOUS LE SÉQUESTRE. — RÉBELLION DES BOURGEOIS. — L*ÉVÊQUE NÉGOat
AVEC LE ROI ; CONCLUSION D'UN TRAITÉ DE PARIAGE.
La Cour ordonna une nouvelle enquéle; mais elle décida que,
provisoirement, Tévéquc jouirait du bénéfice des arrêts obtenus par
lui jusqu'ici et continuerait à exercer la justice dans les conditions
OÙ la lui avaient adjugée les deux décisions de 1286 et de 4305.
Raynaud de La Porte, rencontrant toujours la même opposition de
la part des bourgeois qui continuaient à tenir les audiences civiles
au nom de la commune, renouvela ses instances auprès du séné-
chal. Il lui adressa une dernière sommation en pleine audience,
alors que cet officier tenait ses assises. Le représentant du souve-
rain déclara que, ne sachant pas s'il devait, en somme, considérer
les actes reprochés aux bourgeois comme un empiétement sur les
prérogatives du prélat ou comme la jouissance légitime de droits
acquis, il allait mettre la juridiction contestée à sa main ei en
référer au Parlement.
L'évéque adressa une protestation à la Ciour, qui enjoignit de
nouveau au sénéchal d'avoir à faire respecter ses arrêts, cl
ordonna une enquête supplémentaire, sans toutefois, scmble-i-il,
prescrire la restitution de la justice civile à Tôvêque.
Mais avant que ce nouvel arrêt eût été signiQé aux parties, il
s'était produit à Saint-L.éonard des faits assez graves et qui n'étaient
point de nature à concilier aux bourgeois la protection des offi-
ciers de Philippe IV et la bienveillance du Roi.
Le sénéchal de Poitiers avait envoyé dans cette ville un sergent,
Guillaume Paperet ou Paparet, pour remplir, à titre provisoire, les
fonctions de juge civil. Cet agent était également chargé de défen-
dre aux consuls de continuer l'exercice d'une juridiction dans
laquelle plusieurs arrêts successifs leur avaient interdit de s'im-
miscer. Les consuls, qui avaient perdu l'habitude d'obéir et dont
les rébellions multiphces avaient jusqu'alors rencontré une trop
indulgente tolérance, crurent qu'ils pourraient traiter les officiers
royaux comme ils avaient fait des préposés de Tévêque : non seu-
lement ils persistèrent à recevoir des plaintes, à donner des ajour-
nements et à juger les affaires civiles qui leur étaient déférées:
mais on les vit braver ouvertement les ordres du juge commis par
le sénéchal, briser les scellés apposés par lui, violer les saisies
LA COMMUNS DB SAINT- LÉONARD DE N08LAT AU X1U<^ SIÈCLE. ^75
qu'il avait opérées et empêcher par tous les moyens les habitants
(le Saint-Léonard d'obéir à ses injonctions.
La punition ne se fit pas attendre : les consuls furent condamnés
à une forte amende, dont une portion dut revenir à l'évoque,
reconnu possesseur de la juridiction mise sous séquestre.
Paparet fut chargé de faire payer cette somme aux bourgeois. Ce
n'était point chose facile ; malgré les avertissements, puis les me-
naces que leur adressa le sergent royal, ils refusèrent d'établir une
taxe pour le paiement de l'amende, et comme Paparet insistait et
faisait mine de procéder à une saisie des deniers communaux, ils
se mirent en état de rébellion ouverte, sans toutefois commettre
d'actes de violence à l'endroit du délégué du sénéchal.
Celui-ci fit son rapport. Une enquête spéciale fut ordonnée sur
ces faits. Reconnus de nouveau coupables de désobéissance au Roi
et de rébellion contre ses officiers et ceux de l'évoque, les habi-
tants de Noblat furent condamnés, par arrêt du Parlement du 28
février 4308, à payer les amendes qui leur avaient été précédem-
ment infligées et dont le chiffre fut porté à douze cents livres tour-
nois : mille livres au profit de la Couronne et deux cents au profit
du prélat. On se souvient qu'ils avaient déjà été condamnés à payer
1,300 livres deux ans auparavant (1).
(1) Cum, ex parte Lemovicensis episcopi, jamdudum fuisset propositum
coram senescallo Piclavcnsi, contra gerenles se pro consulibus ville Nobi-
liacensis quod, cum propter debalum quod pendet in curia nostra inter
dictum episcopum ex una parle, et dictes Nobiliacenses ac procuralorcm
nostnim, exaltera, saisina cognicionis causarum civilium dicte ville posila
fuisset ad manum nostram, tanquam supcrioris, et hoc fuisset per dictum
senescallum eisdem Nobiliaccnsibus signîficatum, et ad exercendum in
dicta manu nostra cognicionem dictarum causarum, dictus scnescallus
deputaret Guillelmum Papereti, servientem nostrum, et eisdem prece-
pisset quod dicto Guillelmo parèrent et intenderent in premissis et ea
tangentibus, et eisdem inhibuisset ne de diclis causis cognoscerent ; et
quod postea, contcmptis predictis inhibicionibus, predicti Nobiliacenses
de dictis causis cognoscere communiter presumpscrunt, et dicto Guil-
lelmo, cognicionem dictarum causarum exercere voient!, multipliciter res-
titerunt, inhlbendo hominibus dicte ville ne coram dicto Guillelmo de
dictis causis litigarent, frangendo saisinas per cum factas et muUas
eidem rescussas faciendo, domos firmatas et sigiliatas per eum aperiendo
et sigilla frangendo, et ad terram prohiciendo, et plures alios excessus,
rescussas et inobedientias faciendo in conlemptum nostrum et prejudi-
cium dicti episcopi non modicum et gravamen. Propter quos excessus
ipsi, tam nobis quam dicto episcopo, in certis pecunie summis condemp-
nati fuerunt et eidem senescallo mandavimus quod dictos Nobiliacenses
compelleret ad solvendum condempnacionem predictam ; demum, dicto
376 SOCIÉTR ARCUÉ0L06IQUK ET HISTORIQUE DU LlllOUSIlf.
Il avait été, peu de temps auparavant, procédé au supplémeot
d'information ordonné par la Cour du Roi, sur la demande de
révéque. Gui de Huys, désigné par le sénéchal pour y procéder, se
rendit à Saint-Léonard afin de remplir cette mission ; mais les
témoins assignés à la requête de Raynaud de La Porte furent
Tobjet d'injures et de menaces de la part des bourgeois, et le com-
missaire parait s*étre trouvé dans Timpossibilité de remplir son
mandat. Il retourna soit à Poitiers, soit plus probablement à
Limoges où se trouvait en ce moment le sénéchal, et rapporta à
celui-ci, en audience publique, ce qui s'était passé. Le sénéchal ne
châtia point les coupables. L'évêque renouvela ses protestations el
dénonça de nouveau au délégué royal tous les actes irréguliers, tous
les excès et les violences des consuls et de leurs adhérents, en le
sommant de les punir ; mais ces mises en demeure restèrent,
comme les précédentes, sans aucun résultat.
L'évéque avait maintenant de bonnes raisons de supposer que
son mémoire ne produirait pas sur le Parlement une impression
assez décisive pour lui faire gagner son procès. On le vit modifier
tout à coup son attitude et changer ses batteries. Ne se préoccupant
plus des bourgeois relégués au second plan par suite de rentrée
en scène du procureur du Roi, il prit le parti, qui peut-être lui fut
suggéré par quelque membre du Conseil, d'entamer directement des
pourparlers avec Philippe IV, pour obtenir le retrait de cette inter-
vention. Dans sa belle Histoire de la bourgeoisie en Limousin (i),
M. Leymarie assure que les négociations commencèrent dès i304
et que l'évéque offrit alors au Roi de remettre la solution de Taf-
faire à trois arbitres dont Philippe IV lui-même aurait le choix. Nous
n'avons pu retrouver la source de cette information et nous avons
lieu de croire en tout cas que Raynaud de La Porte n'entra pas avant
la fin de Tannée 1305 ou le commencement de 1306 en négocia-
tions suivies avec le Roi. Le prélat crut devoir se montrer, dès le
Guilielmo depulato per dictum senescallum ad execncionem predicte coq-
dempnacionis faciendam, ipsi Nobiliacenses multipliciter in hujus modi
restiterunt, plures excessus, rescussas, et inobediencias faciendo, et ite-
rato mala mails accamulando, in contemptum noslrum et prejudicium
episcopi supradicti ; super quibus, vocatis parlibus, inquiri fecimus verita-
tem. Tandem, mquesta super premissis facta, visa et diligenter examioaU,
per curie noslre judicium dictum fuit quod dicli Nobiliacenses, pro pre-
dictis excessibus et inobedienciis ileralo factis, solvent nobîs mUie libras
Turonenses pro emenda, el dicte cpiscopo ducentas libras, pro suis
dampnis et interesse, hominica post cathedram sancti Pétri (S5 février
1308). Pasquerius reportavit. {Olim., t. III, p. 305).
(4) Tome 11, p. 373.
LA GOHHUIfS DE SAINT-UONARD DR NOBLAT AU XIll^ SIECLE. 977
début, disposé à de larges concessions. Il fit sagement, car les con-
seillers de Philippe IV avaient jeté leur dévolu sur la Cité et Saint-
Léonard, et on demanda au prélat des sacrifices qui lui semblèrent
sans doute bien durs ; mais menacé de voir son siège dépouillé de
tous ses droits sur deux des villes les plus importantes de son
domaine, il consentit à ce qu'on exigeait de lui, et, de peur de per-
dre le tout, se résigna à céder à la Couronne la moitié de ses droits,
tant de ceux contestés que de ceux reconnus au cours du "procès
par le Parlement.
Le traité qui consacra le résultat de ces négociations fut conclu à
Pontoise, dans les premiers jours du mois de septembre 1307.
Par cet accord, Raynaud de La Porte, en son nom et pour le
compte de ses successeurs, associait le Roi de France à tous ses
droits de seigneurie et de justice sur les villes de la Cité de Limoges
et de Saint-Léonard, se réservant toutefois, dans cette dernière, la
propriété de la salle épiscopale, des fortifications, le produit du
vinage. Le Roi consentait de même à partager sa seigneurie avec
révéque, réservant de son côté les droits de la Couronne sur les
consuls, celui de recevoir le serment des magistrats municipaux et
des habitants à chaque avènement (1), et ses prérogatives de justi-
cier supérieur.
Il fut convenu que, dans chacune des deux villes, le Roi et révo-
que auraient un prévôt commun, un juge commun et des sergents.
Ces officiers seraient désignés de concert ; au cas où cette nomina-
tion donnerait lieu à quelques difficultés, le Roi les nommerait
pour le compte communia première année, le prélat la seconde, et
ainsi de suite.
Il n'y eut, pour le pariage, qu'un seul sceau, un seul auditoire,
une seule prison, un seul gibet. Les bans et les ordonnances durent
être faits et proclamés au nom des deux coseigneurs, qui parta-
gèrent les émoluments de la justice et du greffe.
Les fourches qui existaient dans les villes du pariage devaient
être abattues sur le champ.
L'évêque réservait naturellement tout ce qui avait trait à sa juri-
diction sur les vassaux demeurant hors des limites du pariage, qu'il
(f) Exceptis tamen... juribus quse habemus supra consules dictorum
locorum, si status eorum remaDcat inquestis judicalis (le texte porlc
indicatis^ évidemment par erreur), et jure sacramenli fidelitatis, quod dicli
consules et (ut?) singulares personae nobis et nostris successoribus in novî-
tate nostri regiminis tenentur et consueverunt prestare. {Ordonnomcea des
Rois de France, t. XllI, p, 906, 207).
178 SOCIÉTÉ ARGHéOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
ferait arrêter, incarcérer, juger et punir dans la plënitade de ses
droits.
Le Roi consentit, par faveur spéciale, à ce que les sénéchaux de
Poitiers et de Limoges, ses baillis et ses sergents fussent tenus de
s'engager, par serment, à observer et à maintenir les conventions
du traité.
Il va sans dire qu'en ce qui concerne Saint-Léonard, le pariage
s'étendait à la ville et aux faubourgs, c'est-à-dire au territoire com-
pris dans les limites de la montre, sur laquelle nous nous sommes
expliqué à un précédent chapitre.
Tout ce qui, dans les procédures faites jusque-là, pouvait être
contraire aux stipulations de cet accord, était rapporté et annulé.
On relève, à ce traité, un article qui semble gros de menaces
pour les communes de Saint-Léonard et de la Cité de Limoges, et
dont il faut bien peser les termes. Il est ainsi conçu :
« En concluant ce traité de pariage, à titre de composition ou de
transaction, il n'entre ni dans nos intentions ni dans celles de
l'évéque de porter un préjudice quelconque aux consuls et aux
consulats desdits lieux touchant les droits et la juridiction revendi-
qués par les consuls au nom de leur consulat sur ces lieux, droits
dont certains sont l'objet d'un procès pendant devant notre cour
entre eux et ledit évéque ; nous n'entendons non plus qu'ils puis-
sent acquérir par ce fait aucun droit nouveau. El s'il était reconnu
par le Parlement que ces consuls n'ont aucun droit sur la juridiction
des dits lieux ou que leurs consulats doivent être abolis, nous vou-
lons que les droits ainsi supprimés soient dévolus à l'Association
établie entre nous et l'évéque par le présent traité » (1).
Ces partages royaux étaient chose nouvelle dans notre région.
Inconnus encore, semble-t-il, vers le milieu du siècle, ils y avaient
été établis par les Rois de France, désireux d'implanter leur
autorité dans les territoires où elle n'avait pas poussé encore de
profondes racines et où elle se heurtait à chaque pas au souvenir
(I) Nec est intentionis nostrae vel dicli episcopi, per praesentcm asso-
ciationcm vel Lransaclionem seu corapositionem, consulibus et consulatî-
bus dictorum locorum in juribus et jurisdiciionibus dictorum locorum, in
quibus ipsi consulcs rationc consulatus sui habere pretendunt, et de
quorum aliquibus pendetlis in curia noslra inter episcopum eteos, aliquod
prcjudicium gencrari, vel aliquod jus novum acquiri; et si pro {sic) curia nos-
lra cognoscalur ipsos jus aliquod in jurisdiciionibus dictorum locorum
non habere, vel consulatus eorum cadere debere, volumus quod illud
veniat in communionem prsesenlem, inter nos et episcopum memoratam.
{Ordon. des Rois de France^ t. Xlll, p. 907).
LA GOmiUIVK DR SAINT-LtOlfARD M NOBLAT AU XIII* SlItCLE. S79
de la domination des Rois d'Angleterre, ducs d'Aquitaine.
Philippe III avait eu recours à des associations de ce genre pour
fonder des bastides en Périgord;îl avait notamment traité avec
Tabbaye de Daion pour avoir part à ses droits de seigneurie sur une
localité du nom de Tauriac, où il avait établi une de ces bastides,
villes franches fortifiées avec siège d'une juridiction royale (1).
Un peu plus tard et vers l'époque même de la conclusion du
traité de Pontoise entre le Roi et Tévéque, Philippe IV obtenait,
après des négociations auxquelles paraît avoir eu part le fameux
Guillaume de Nogaret, que le chapitre de Saint-Yrieix Tassociftt
dans les mêmes conditions à ses droits de seigneurie. Ce chapitre
avait depuis longtemps de graves démêlés avec les vicomtes de
Limoges, et il comptait trouver dans le Roi un défenseur.
XV. — LA COMMUNE RÉSISTE ALX OFFICIERS W PARIAGE : DERNIÈRES
RÉVOLTES ET DERNIERS ARRÊTS.
Aussitôt le traité de pariage conclu, le Roi et Tévêque désignè-
rent, pour exercer les fonctions déjuge de la Cité de Limoges et de
li ville de Saint-Léonard, au nom des deux coseigneurs, maître
Gérald de Solo, chanoine de Saint- Yrieix, et pour remplir celles de
prévôt et receveur, un damoiseau du nom de Raimond de Saint-
Dizier. La nomination du premier porte la date du 15 septembre,
et celle du second du 14 du même mois.
Les nouveaux officiers ne perdirent pas de temps pour prendre
possession de leurs charges. Le samedi avant la fête de saint Luc,
évangéliste, 18 octobre suivant, ils arrivaient à Saint-Léonard. Les
(1) Cum abbas et conventus Daionensis associassent dominuni Begem
ad qucndam locum qui dicitur Tauriacus, pro quadam baslida ibidem
consiruenda, et dominus Garnerius de Castro Novo, miles, et vicecomes
Turenne se opponerenl et dicerent diclam baslidam absque corum preju-
dicionon posse fîeri : aaditis eoram conlradicionibuset racionibus, pronun-
cialum fait quod dicta baslida ibidem fieret et remaoeret. (OUm., t. il,
p. 147, Parlement de la Toussaint, \Z19,)
Les consuls de Tauriac, comme les consuls de Masléon (Voir notre Notice
sur les Enclaoes poUeoines du diocèse de Limogea, Limoges, imp. V*
Ducourlieux^ f 880), paraissent avoir rempli les fonctions d'ofikicrs royaux.
On peut consulter, à ce sujet, un arrêt du Parlement rendu en 1901 sur une
requête des consuls de Tauriac à Teffct d'obtenir, aux dépens de Martel,
de Brive etc., une extension du territoire soumis à leur juridiction).
(OHm.., t. LH, p. 88, 80.)
980 SOCliTÉ ARCBiOLOGIQUK ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
consuls avaient été vraisemblablement prévenus : le sénéchal avait
dû leur faire signifier l'accord de Pontoise, ainsi que les com-
missions du juge et du prévôt. Il y a toutefois quelque chose d'in-
compréhensible dans la conduite du délégué du Roi, au cours de
cette dernière phase de l'affaire de Saint-Léonard. L'agent qn*il
avait nommé en 1306 pour remplir les fonctions de juge pendant
le second séquestre de la justice civile, Adémar Vincent, était
demeuré dans la ville et n'avait pas été relevé de son mandai :
en sorte qu*il parait faire cause commune avec les bourgeois, lors
des événements dont il nous reste à faire le récit.
Le juge et le prévôt du pariage, à peine entrés dans la ville,
parcoururent les rues à la tête de leur petite escorte, s'arrêtant à
chaque place, à chaque carrefour, pubUant à son de trompe les
lettres royales dont ils étaient porteurs et en exposant le contenu
en langue vulgaire, afin que le peuple l'entendît (i).
Puis, au nom du Roi et de l'évéque, ils requirent les consuls de
se dessaisir des fonctions judiciaires qu'ils avaient depuis long-
temps usurpées, au mépris des arrêts du Parlement, et de leur
remettre tous les insignes, papiers et objets se rapportant à l'exer-
cice de ces fonctions. Sommés d'ouvrir l'armoire où se trouvaient
renfermés les registres et les procédures du greffe, les chefs de la
commune répondirent par un refus formel ; ils refusèrent également
de livrer au juge et au prévôt les clés d'une prison qu'ils avaient
fait établir dans la maison même où se trouvait cette armoire f2).
Cette maison était celle où se tenaient alors leurs audiences, sans
doute l'hôtel de ville. Non contents de cette désobéissance, ils
dirent des injures aux officiers du pariage. Ceux-ci les firent saisir
par leurs sergents et conduire à la salle épiscopale, où ils les dé-
tinrent pendant plusieurs jours (3); puis ils ordonnèrent de hisser,
sur la maison même où les consuls avaient rendu la justice, une
bannière portant les insignes réunis des deux seigneurs du pa-
riage, des fleurs de lys et une crosse (4).
(i) In plateis et quadriviîs, palam et publiée legerunt et pablicaverunt,
ac in vulgari et linga (aie) materna contenta in prcdictis litteris expo-
suerunt.
(2) Requisiti ut archam quondam existentem in quadam domo, in qua
archa processus et registra ad cxplectum et exercicium jurisdictionis et
officii sibi commissi aperirent, hoc denegavenint expresse... item claTCS
cujusdam carceris privati quem in dicta domo fecisse dicebantur predicli
gerenles se requisiti et jussi quod redderent, hocfacere noluerunt.
. (3] Leyharir, Bourgeoisie, t. II, p. 279.
(4; Quandam banneriam seu quoddam vexillum cum fioribus lilii et
crossa... in dicta domo erexerant aut erigi fecerant.
LA COmtUNE Dl? SAINT-LÉOrrAnf» DR NOBLAT Ail X1ll« STÈGLE. 281
Les magistrats munkipaax, mis en liberté sur l'ordre du Heote-
»a»l à limoges du sénéchal de Poitiers, excitèrent les bourgeois
à une nouvelle révolte. A la tête d'une troupe armée, ils reprirent
possession du local de leurs audiences, au mépris de la défense qui
teur en avait clé faite, arrachèrent la bannière plantée aa-dessus
de rentrée du préloire et la jetèrent dans la boue (1). On les accusa
même de l'avoir ignominieusement foulée aux pieds (nous les ver-
rons plus loin se défendre avec énergie de cette imputation). Enfin,
ils chassèrent le juge et le maltraitèrent (2).
Il y a lieu de remarquer de nouveau combien nos renseignements
sur ces derniers épisodes sont incomplets. Il résulte, comme nous
l'avons dit plus haut, de quelques mentions des procédures et d'un
passage très catégorique d'un document cité par M. Leymarie (â),
que le juge commis par le sénéchal de Poitiers, n'avait pas encore
reçu, lors de ces dernières scènes, avis de la révocation de ses
pouvoirs. Il se joignait donc aux consuls pour protester : lui, en
vertu de la commission d'autorité royale lui remettant l'exercice
provisoire de la justice civile dans la ville de Saint-Léonard; les
magistrats municipaux, en vertu non seulement de leurs prétentions
et des droits qu'ils revendiquaient, mais encore de la copossession
de la justice criminelle, que le Parlement leur avait reconnue par
les arrêts de 1285 et 1286.
Ajoutons qu'Adémar Vincent, juge civil commis, n'es! pas le seul
officier du Roi dont nous constations à ce moment la présence à
Saint-Léonard et dont l'attitude nous semble inexplicable. Un
agent d'un ordre plus relevé, Jean Minuit, bailli de Limoges, est
désigné par les consuls comme ayant assisté à l'abattage de la
bannière des coseigneurs sans qu'il paraisse s'en être ému et sans
que rien indique qu'il se soit cru obligé d'intervenir. On le voit
seulement s'approcher, ramasser la bannière pour la préservei* de
tout outrage, la plier avec soin et la mettre en lieu sûr (4).
Il semble donc évident que les consuls durent se croin», soutenus
dans leur résistance aux agents du pariage, tout au moins par le
sénéchal de Poitiers ; cet officier, s'il ne fut pas complice de la
(1) Ceperunt dicti gerentes se dictum vexilluni,el captum ad ierram cl
la Utio prostraverunl et projecerunt, et cum dicto vcxillo, quod délesta-
bilius fuit, solulares tergi fecerunt. (Procédures).
(3) ËjeceruQt eum de dicta domo, impingendo.
(3) Lbymarie, BourgeoUie, t« 11, p. 981.
(4) Joannes Mienuit, bajulus Lemovicensis pro Roge, deposuit dicluin
vcxillum et cum plicavit, etc.
T. xxxvni. <9
283 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIÛCB DU LIMOUSIN.
rébellion dans une mesure plus ou moins large, montra certai-
nement dans cette affaire une négligence ou une réserve que nous
ne nous chargeons pas d'expliquer.
Mais n*exislait-il pas alors, dans Torganisation féodale et judi-
ciaire de la contrée, une complication qui, sans donner la clé de
tous ces petits problèmes, serait peut-être de nature à expliquer
certaines anomalies, certains tiraillements, certaines incertitudes
de direction. Limoges et le Limousin, comme rAngoumois, firent
partie de Tapanage constitué par Philippe IV à son second fils,
Philippe-le-Long. Or, une ordonnance rendue par ce dernier, lors
de son avènement au trône, rétablit les anciennes circonscriptions
judiciaires et supprime les grands offices et juridictions créés par
lui dans les domaines qui constituaient cet apanage : « Nous vou-
lons, dit-il, que nos terres soient replacées dans le ressort des sièges
royaux dont elles dépendaient avant de nous appartenir. Nous sup-
primons donc entièrement la charge de sénéchal d'Angoulôme et
celle de bailli de Limoges, entendant que la sénéchaussée d'An-
gouléme soit remise dans la dépendance du sénéchal de Saintes, et
le bailliage de Limoges dans la circonscription du sénéchal de Poi-
tiers ». (21 décembre 1316) (i).
Des modifications apportées par l'établissement de cet apanage
à rétat de choses constitué sous saint Louis dans notre région,
nous ne savons guère, à dire vrai, que ce que nous apprend cette
ordonnance. L'existence d'un bailliage, établi par Tapanagiste à
Limoges, qui nous est signalé par elle, ne se trouve attestée
par aucune pièce de procédure du temps, et l'institution de l'apa-
nage lui-même n'a pas laissé de traces dans nos archives locales.
Les officiers du pariage réussirent, aidés de leurs sergents, à
rentrer dans la maison commune de Saint-Léonard et à remonter
sur leur siège; on procéda à l'appel des causes, et les plaideurs
(t) Philippus dilectis et Bdellbus gentibus nostris nostrura prcsens
lenentibus parlamentum, salutera et dilectionem. Cutn nos, ex delibera-
cione nostri consilii, duxerimus ordinandum ulomnes terre nostrc in règne
nostro Francie existentes, qiias habebamus antequam ad nos devenirenl
régna Francie et Navarre, eodem modo et sub eisdem ressortis deinceps
regantur, quibus antequam essent nostre regebantur; quodque sencscallia
Engolismensis per Xanctonensem, et ballivia Lemovicensis per Pîctaven-
sem, senescallos tcueantur et regantur, senescallum Engolismensem et
ballivum Lemovicensem exinde tolaliter amoventes; mandamus vobis
qualinus ordinacionem hujusmodi publicantes, eam leneri faciatis et fîr-
miter observavi {Olim,, 1. 1, p. 639).
LA COMMUNE DK SAINT-LÉONAno OR NODLAT AU Xlll® SIÈCLE. ^S3
furent invités à se présenter; mais on vit bientôt revenir les con-
suls à la tête d'une nombreuse troupe d'hommes du peuple, armés
de verges et de bâtons. Cette foule envahit la salle d'audience;
les plaideurs qui avaient comparu furent frappés et contraints de
se retirer (1). Le magistrat se vit entouré etmenacé; on lui enleva
le papier qu'il tenait; on s'empara du sceau de la juridiction ; on le
brisa. Finalement, les gens des consuls arrachèrent le juge de son
siège et une seconde fois le jetèrent à la porte avec force
horions (2).
Mais l'évéque avait montré qu'il ne se laissait pas aisément dé-
courager. Il ordonna à ses officiers de faire une nouvelle tentative.
Peut-être jugea-t-il qu'effrayés eux-mêmes des conséquences de la
faute dont ils s'étaient rendus coupables en résistant aux ordres
du Roi et en maltraitant un de ses agents, les consuls se décide-
raient à cesser une lutte sans espoir et consentiraient enfin à se
soumettre. Il n'en fut rien : l'énergique résolution des chefs de la
commune égalait, si elle ne la surpassait, la persévérance du pré-
lat, et peut-être se savaient-ils des appuis, ou tout au moins
avaient-ils quelque raison de le supposer.
De nouveau, le mercredi avant la fête de la Toussaint, Gérald de
Solo et Raymond de Saint-Dizier se rendirent à Saint-Léonard. On
essaya de leur interdire l'entrée de la ville : mais ils réussirent à
s'introduire par une poterne laissée ouverte, et se rendirent aussi-
tôt sur la place commune ; ils y trouvèrent les consuls réunis au-
devant de l'église de Notre-Dame, sous ces ormeaux, où, depuis si
longtemps, ils avaient rendu la justice. Les officiers du pariage
leur déclarèrent derechef qu'ils venaient prendre possession de
leurs charges et les invitèrent à les laisser s'acquitter de la com-
mission qu'ils avaient reçue.
Les bourgeois ne pouvaient s'imaginer que tout fût fini :
ils répondirent qu'ils en appelaient au sénéchal et au besoin au
Parlement, et qu'ils protestaient contre toute entreprise faite, au
mépris de cet appel, par les officiers du pariage. Ceux-ci, sans
s'arrêter à ces protestations, voulurent tenir audience, tout au
moins donner des ajournements aux plaideurs pour une date pro-
chaine ; mais les consuls et les personnes qui les accompagnaient
(1) Dicti se gérantes venenint, secum mullos homines viles, quos vir-
gas et baculos portare facicbanl, ducentes; et cum homines liligare coram
dicto judice incepissent, predicli baculos defferenlcs dictes litigantcs vcr-
berando et impingendo exinde reccdere faclebnnt. (Procédures),
(2) De manibus judicis quandam iitleram arripuerunt et sigillum rupc-
runt et in personam ipsius irruerunl et impegcrunl.
284 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUV RT RlSTOniQUE DU LIMOUSIN.
refusèrent de reconnaître leur autorité et la foule, devenue hou-
leuse, se mit à les huer (1).
Le juge et le prévôt se retirèrent, mais en annonçant qu'ils
reviendraient le premier jour de marché pour tenir audience.
Gérald chargea môme son lieutenant de faire publier le ban du
marché. Les consuls le firent annoncer de leur côté par les crieurs
de la commune et maltraitèrent l'agent du juge (2).
Au jour fixé, les deux officiers dupariage arrivèrent de Limoges,
accompagnés de trompettes et de quelques sergents à cheval. Les
bourgeois, cette fois, avaient pris leurs mesures, et le juge et le pré-
vôt virent se fermer à leur approche la porte vers laquelle ils se
dirigeaient. C'était la porte Aumônière. Vainement ils frappèreni
Fhuis de leur baguette et sommèrent les gardes de les laisser rem-
plir les devoirs de leur charge. L'entrée leur demeura interdite. Ils
allèrent àlapotenieMaupertuis, ensuite à la porte Champlepot, pui:^
à celle de Champmain, qui restaient ouvertes pour tous les gens
venant au marché, mais qu'on ferma successivement dès qu'ils se
montrèrent. Il leur fallut demeurer, pendant la durée du marché,
hors de la ville. On pense qu'ils ne se firent pas faute de renouveler
leurs sommations, avec force protestations et menaces : si bien qu'à
la fin une multitude de bourgeois, armés de bâtons, sortit de la
ville, fondit sur eux et força, en les chargeant de coups, les che-
vaux de la petite troupe à reprendre le chemin de Limoges (3).
La punition de ces nouveaux excès ne se fit pas attendre. Une
fois encore le Parlement condamna les bourgeois à consigner une
grosse somme d'argent pour garantir le paiement de l'amende
qu'ils avaient encourue en désobéissant aux officiers des cosei-
(1) Eslans davant l'esglise de Nostre Dame de la dicte ville de Saincl-
Lienard, comparurent les dictz consulz de ladicte ville, que firent res-
ponce ausdicts juge et prevoslz, assavoir est que maistre Gcraull, juge
susdict et Icdict Raynaud (sic), prevoslz, estants par le Roy el par Mon-
sieur de Limoges expressément commis, icdict maistre pour exercer
office de judicature ou le dicl Raynaud, son licuctenant, elledictprevostz:
contre lesquieulx lesdicts consulz se appellarent par davant le seneschal
de Poictiers ou au Grand Conseilh. Ce nonobstant, lesdictz juge et pre-
vostz se efforsarent exercer et tenir la dicte [audience] au lieu des bans
charniers et en place commune, et assignarent aux juridicls pour exercer
leurs causes Les consulz et commune ne leurs vol urenl aulcunement
obeyr et la maieur partie se misrent a crier : Ho! ho! ho! b (Reg. Ac
Singularem, foL 326).
(2) Lrymarie, Bourgeoisie, t. Il, p. 279.
(3) Ibid., p. 279 et 280.
LA COMMUNE DE SAINT- LBONARD DR NOBLAT AU XMl'^ SIKOLE. 285
gneurs de Saint-Léonard et en les maltraitant : amende dont la
cour se réservait de fixer le chiffre après enquête.
Dès le dimanche avant les Rameaux (31 mars 1308), Jean d<3
Roye, chanoine de Lille, clerc du Parlement, et Jean de Vaissiac,
chevalier, désignés comme commissaires enquêteurs, arrivaient à
Saint-Léonard. Les consuls tentèrent de justifier leur conduite. Ils
avaient, prètendirent-ils, vainement réclamé une copie du traité
conclu entre le Roi et l'évoque, lequel ne leur avait pas été notifié.
On leur avait bien fourni une pièce ; mais la teneur en était telle
qu'elle leur paraissait fausse et qu'elle n'avait pu être obtenue que
par fraude. —Les malheureux se débattaient en vain contre la réa-
lité. Pour atténuer la gravité de leur faute, ils faisaient remarquer
qu'ils avaient agi de concert avec un officier du Roi, le juge civil
délégué par le sénéchal ; que c'était sur sa réquisition qu'ils avaient
fait fermer les portes de la ville devant le juge et le prévôt du
pariage; que les pouvoirs de Vincent n'avaient pas été révoqués;
que celui-ci avait en vain sommé les nouveaux magistrats de
lui exhiber les lettres du souverain ou de son sénécUal révoquant
sa commission.
Ils reconnaissaient que la bannière aux armes du Roi et de
révéque avait «té enlevée de l'hôtel de ville, mais elle n'avait subi
aucun outrage et elle avait été remise au bailli de Limoges.
Us ajoutaient que les précautions prises par les gens du pariage,
l'escorte armée dont ils s'étaient fait accompagner, le pennon
inconnu que portaient ses gens, leur soin de recourir à des
crieurs étrangers, avaient excité les inquiétudes et la colère des
bourgeois; que le bruit s'était répandu dans la ville qu'ils ve-
naient pour faire violence aux habitants, et que les consuls avaient
interdit à ces officiers Ventrée de la ville non moins pour pré-
server leurs concitoyens de mauvais traitements que pour prévenir
un soulèvement populaire, tout près d'éclater (1).
Malgré la phrase menaçante que renfermait une des clauses du
traité intervenu entre le Roi et l'évêque, il n'avait été, semble-t-il,
porté aucune atteinte à la constitution même de la commune de
Saint-Léonard. Les chefs de la bourgeoisie continuaient à exercer
leurs fonctions administratives avec une entière indépendance. La
justice civile, seule, leur avait été enlevée. Quant à la juridiction
criminelle, on peut supposer, en l'absence de tout renseignement
précis, qu'elle s'exerçait dans les conditions déterminées par les
arrêts de 1285 et 1286. La commune conservait non seulement son
(1) LBYUAftiE, Bourgeoisie^ t. Il, p. 281, 288.
$80 SOCIRTÊ ARCHÉOLOGIQUiT. ET HISTORIQUE DU UMODSIN.
existence, mais le droit de s'assembler, d'élire ses magistrats, de
gérer elle-même ses affaires; elle était restée en possession de son
sceau, sur lequel ne figurait aucun emblème de Tautorité royale ou
épiscopale. On voit, quelques semaines à peine après leur condam-
nation à 1,200 livres d'amende et de dommages intérêts prononcée
contre eux par le Parlement, les consuls et la commune donner,
le 1" mai 4308, sans l'intervention des officiers du pariage et sous
le sceau du consulat, une procuration à six bourgeois de la ville
pour les représenter aux Etats Généraux qui allaient s'assembler à
Tours (1).
A ce moment, les consuls devaient éprouver de grandes diflical-
tés à se procurer les sommes dont ils avaient besoin, tant pour
payer les condamnations prononcées contre la commune que pour
subvenir aux divers frais du procès. Ils n'avaient pas toutefois
abandonné complètement la partie, et ils se préparaient à tenter
un dernier effort pour détourner de leurs lèvres un calice que des
illusions longtemps entretenues leur faisaient trouver par trop amer.
Une ententf avait depuis longtemps existé entre les chefs de la
commune de Saint-Léonard et les consuls de la Cité de Limoges.
Le procès avec l'évoque avait été, semble-t-il, entrepris et pour
suivi, pendant un certain temps, d'un commun accord. Les bour-
geois de Limoges, toujours sous la main du prélat et soumis à l'in-
fluence de son entourage, s'étaient montrés, dans la défense de
leurs libertés, moins confiants et moins violents que leurs voisins.
Mais, accablés sous la même catastrophe, les uns et les autres se
réunirent de nouveau pour adresser une suprême protestation au
Parlement. Ils se plaignirent des arrestations opérées par les offi-
ciers du pariage, d'excès commis au détriment des consuls et de
jugements prononcés en violation des droits que garantissaient à la
commune les arrêts de la Cour non moins que l'usage local. Le
Parlement consentit encore une fois à l'enquête qu'ils sollicitaient,
et trois « maîtres » du Parlement, Jean d'Auxay, chantre d'Orléans,
Jean de Roye, chanoine de Saint-Quentin, et Denis d'Aubigny fu-
rent désignés pour y procéder par lettres du mardi après les
Rameaux 1310 (1309 v. st.). Il leur était enjoint de ne pas
s'occuper des points litigieux qui avaient fait l'objet des enquêtes
précédentes et de s'en tenir aux seuls faits reprochés aux officiers
du pariage (2).
Jean d'Auxay était déjà venu trois fois au moins en Limousin.
On le trouve envoyé, en 1298, dans cette province pour régler, avec
(I) Appendice, E.
(t) Arch. Haute-Vienne, fonds du Chapitre, liasses diverses.
LA COMMUNE DE SAlNT-LÊOif ARD DE NOBLAT AU XI11<^ SlfcCLE. 287
d'autres commissaires, les graves différends qui avaient éclaté entre
le vicomte de Limoges et le chapitre de Saint-Yrieix (1). Nous
l'avons vu, dans le cours de Tannée 1303, séjournera deux reprises
au moins à Limoges, et recueillir des adhésions aux délibérations
de rassemblée du Louvre et à Tappel des actes du Souverain Pon-
tife à un concile œcuménique.
Quant à Jean de Roye, il était sans doute le même que le cha-
noine de Lille délégué en 1308 à l'information sur les mauvais
traitements dont les consuls et leur adhérents s'étaient rendus cou-
pables à l'égard des officiers du partage.
Nous ne connaissons aucun des témoignages recueillis à cette
dernière enquête, aucun des incidents qui purent la signaler. Peut-
être l'affaire fut-elle jointe, en ce qui concerne la commune de
Saint-Léonard tout au moins, à la poursuite relative aux actes de
rébellion et de violence commis par les bourgeois au mois d'oc-
tobre 1307. La réalité de quelques-uns des griefs allégués par les
consuls détermina sans doute la Cour à modérer la peine qu'ils
avaient encourue par leurs désobéissances ; un arrêt du 23 février
1311 les condamna à deux cents livres seulement d'amende envers
IeRoietrévêque(2).
(1) Arch. des Basses-Pyrénées, E. 855,
(2) Gum In Parlamenlo quod fuit anno Domini millésime trecentesimo
seplimo, gerenlcs se pro consuUbus ville de Nobiliaco, pro pluribus vio-
lenciis, injuriis ac inobcdienciis, per eos illalis judici et preposîto commu-
nibus domini Régis et episcopi Lemovicensis apud Nobiliacum cooslilutls,
per arrestum curie nostre condempnali fuissent ad gagiandum emendam,
el ipsi gagiassent eandem, fuissetque dictum, per curiam noslram, quod
taxacio dicte emende differretur quousque fuisset plenius inquisitum et ad
curiam noslram reporlalum de modo, qualilate et quaiititale excessuum
prcdiclorum, ad fmcm majoris vcl minoris taxacionis dicte emende fa-
ciende : Tandem, inquesta super hoc, de mandato curie nostre, advocalis
partibus, fada, visa ctdiligenter examinala, quia invcntumesl suffîcientcr
probalum quod, judice et prcposilo communibus supradictis intrare volen-
tibus dictam villam Nobiliaccnsem,. ipsi dicte ville portas claudi fecerunt
contra eos, licet alios indistincte intrare volentes admilierent, in tribus
tamen portis dicte ville introitum denegarunt eisdem, verberando equos
tubicinatonim qui cum ipsis erant, dictosque judicem et prepositum volen-
tes suum in dicta villa exercere officium commune, in introiiu domus
communis in pressura gencium pulsaverunt, pluresque alias iojurias ipsis
et nostris servientibus communibus intulerunt, per curie nostre judicium
taxata fuit, pro Nobis et dicto episcopo, predicta emenda ad ducentas
libras turonenscs, pro excessibus supradictis. — Dominica qua cantatur
Reminiscere, — Creci reportavit. (0/tm., t. III, p. 415, 446).
288 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT illSTORIQlE 1>U LIMOUSIN.
Gel ajTét esile dernier ayant trait au procès de la conimuae de
Saint-Léonard dont on trouve trace, soit aux registres du Parlement,
soit dans les archives de l'évéché de Limoges. Le procès reçut-il
une solution judiciaire? Nous ne le croyons pas. A Limoges, la po-
pulation de la Cité se divisa sur la fin du procès. Les mécontents,
— ils étaient nombreux — formèrent une sorte de syndicat poar
refuser tout concours aux consuls et à leurs adhérents et pour pro-
tester contre la continuation de la résistance. Ils réussirent mémt*
à obtenir du Parlement un arrêt (j^^idi- après la Purification 4310j
prescrivant aux chefs de la commune de rembourser aux plaignant.^
leur quote-part de tous frais à compter de l'établissement du pa-
riage. Il est probable que les choses ne se passèrent pas autrement
à Saint-Léonard, où de tout temps l'évoque avait compté des par-
tisans (1). Les bourgeois, las de la lutte, désireux de vivre en paix
et espérant aussi sauver leur argent, obligèrent sans doute les ma-
gistrats à se soumettre. Peut-être le gage de cette soumission, dont
la remise d une partie des amendes encourues put être le prix,
fut-il l'abandon définitif, par la commune, des droits de participa-
lion à Texercicc de la justice criminelle, expressément reconnus
aux consuls par Tarrêt de la Pentecôte 4285? Il est certain que pas
un document, à notre connaissance, ne donne lieu de penser qu'à
partir de l'installation définitive du partage à Saint-Léonard, les
bourgeois aient eu la moindre part soit aux poursuites, soit au
jugement des procès criminels ou à leur exécution.
Il ne serait pas impossible que les choses se fussent passées
autrement et que le Roi eût, par exemple, fait mettre à sa main,
durant un certain temps, les droits de justice des bourgeois, pour
obtenir que de guerre lasse ils y renonçassent au profit des justi-
ciers du pariage. Il n'y aurait à cela rien de bien étonnant. On voit,
en effet, précisément dans les premières années du xiv« siècle, le
Roi séquestrer la justice de la ville de Périgueux, à cause de
la mauvaise administration du maire et des consuls (2). On pouvait
aisément alléguer un prétexte semblable pour achever de dépouiller
les magistrats municipaux de Saint-Léonard du bénéfice des arrêts
du Parlement de 1285 et 1286.
Toutefois, nous inclinons à penser que les consuls prêtèrent les
mains à un arrangement les excluant définitivement de Texercice de
(I) Les consuls, au cours du procès, prétendent qucrévôquc a usurpé la
justice do la ville « procurantibus aliquibus de communitate, causa odii
» et malivolencie suborte inler aliquos burgenscs dicte ville ».
(î) Propter malum rcgimen majoris et consulum, exigcntc justiciti, fuit
apposila manus noslra. (Ollm., t. 111, p. H65}.
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XHI« SIÂCLK. 389
la justice, mais garaûlissant à la commune la jouissance d'une partie
(le ses coutumes et de son autonomie administrative. Quelques pas*
(^ages, non datés malheureusement, des registres de révôché, nous
conflrmeat dans cette opinion. On voit, par exemple, les consuls re-
connaître en justice, devant le lieutenant du sénôclial, que Tévéque
a le droil de percevoir des laverniers de la ville les deux setiers
de vin (1) dont il avait été si souvent question au procès, et
prendre rengagement de ne plus troubler le prélat,. se réservant
seulement de fixer la valeur du setier d'accord avec le prévôt de
révolue (2). L'acquisition delà vigerie par Tévéque avait évidemmaent
modifié à son profit Tétat de choses existant au début du procès.
Toutefois, cette déclaration des consuls implique tout au moins une
détente après la crise aiguë dont nous venons de raconter quelques
épisodes. Il est fort possible que les reconnaissances analogues
ayaat trait aux divers produits de la vigerie et signalées plus haut,
d'après une annotation du Registi'e Tuœ hodie, sous la date de
i296, se rapportent à la même époque et soient postérieures au
dernier effort tenté par la commune pour détendre ses privilèges.
Si la lutte cessa, les haines qu'avait excitées cette longue que-
relle ne s'éteignirent pas avec elle. Pendant plusieurs années on en
relève en maint endroit les manifestations. Gitons-en un exemple :
en 1318 un bourgeois de Saint-Léonard, Etienne des Moulins,
dénonce au Parlement un ancien juge du partage, Jean Jauberl,
(1) Ce droit sur les tavernes, qui dépendait de la vigerie, avait donné
lieu, vers la môme époque, à un procès. L'évoque avait attaqué devant le
Parlement Léonard Paule, marchand de Saint-Léouard, un des héritiers de
l'ancien copossesseur de la vigerie, au sujet de ce droit et de la quarte du
sel. Un accord intervint et le prélai garda la paisible jouissance des divers
revenus delà vigerie. {TuœJtodie, fol. 6l r»),
(i) Sont atie liclere signale per dupplicem AÂ,per quasconsules ville de
Nobiliaco confessi fuerunt judicialiler, coram locum tenente domini senes-
c&lli Lemovicensis, dominum episcopum Lemoviccnsem jus levandi et per-
cfpiendi habite, a quolibet tabernario dicte ville vinuni vendente de festo
assumpcionis Béate iUarie usque ad siquens festum Nativitatis Domini, daos
sestarios vini vei precium ipsorum, laxacione tameh prehabita per preposi-
lum et bajulum dicti domini Lemovicensis, una cum consulibus dicte ville :
omne impedimentum per ipsos consules in predictis appositum amovendo.
Et ultra hoc recognoverunt dicti consules, pro se et corum communitate,
eundem dominum Lemovicensem habere, percipere et levare alios duos
sestarios vini a quolibet tabernario vinum vendente in dicta villa a festo
Nativitatis Domini usque ad sequcns festum Assumpcionls Bcate Marie, veS
precium dicti vini, et fiet laxacio nisi (sic) tabeniarii habeant vinum in
Nativitate Domini, promictentes a cetero dictum dominum episcopum in
predictis non impedire. {Tuœhodie^ fol. 51, v**}.
390 SOCIRTt ARCHÉOLOGIQrE ET HISTORIQUR DO LIMOUSIN.
qu'il accuse d'avoir, durant ses fonctions, violé une femme nommée
la Riffaude. On se souvient qu'un Jaubert avait joué au cours du
procès un rôle important quoique mal défini et que les procureur?
des consuls s'étaient efforcés de le faire récuser comme témoin, l'ac-
cusant d'être un « ennemi de la ville » ; on a vu, d'autre part, que
plusieurs membres de la famille Des Moulins comptèrent parmi
les instigateurs de la résistance et les chefs les plus déterminés de
la commune.
À la date où nous sommes parvenu, toutes les communes limou-
sines du cours de la Vienne ont été vaincues après une lutte plus ou
moins longue contre leurs seigneurs respectifs. Les bourgeois de
Saint-Junien se sont soumis les premiers, et dès 12S1 ont conclu
avec l'évéqueun accord tout à l'avantage du prélat. Le Château de
Limoges, après une longue et vigoureuse résistance, a dû subir le
joug de la vicomtesse Marguerite et de sa flUe. La population, long-
temps unie dans une même résolution énergique, dans un mémo
dévouement à ses libertés, a fini par se diviser, et le parti de la résis-
tance, personnifié dans le Conseil des prud'hommes de l'Hô-
pital et dans la ligue dite des Croisés, a vu grandir en face de lui un
parti de plus en plus puissant qui a réussi à faire triompher au sein
des assemblées communales des idées de paix et de soumission. Les
bourgeois se sont résignés à accepter les conditions dictées par
deux de leurs ennemis avérés et que le Roi a à peine adoucies. Leur
hôtel de ville ne leur appartient plus ; leurs magistrats sont en
partie choisis par le seigneur; le prévôt vicomtal préside les réu-
nions des consuls et reçoit leurs comptes.— La Cité et Saint-Léonard
sont soumises les dernières. Toute prérogative de justice est enle-
vée à ces deux communes; mais elles conservent au moins les traits
principaux de leur vieille constitution, la garde de leurs remparts,
une certaine indépendance administrative et surtout le droit d'élire
librement leurs consuls et de lever des contributions pour faire
face aux dépenses d'intérêt commun. Aucune de nos bourgoisies
limousines ne possède de plus larges privilèges au début de la
guerre de Cent Ans.
(i) BouTAaiG, Actes du Parlement, n» 5534.
L% COSIVUïfR DB SAINT-LÉONARD DR NOBL\T AO XI1I<» SIBCLR. 291
APPENDICE
A-
Extraits des privilèges de la ville de Saint- Léonard.
prodtUts par les consuls au procès de la commune avec
PEvêque de Limoges.
1. — Lettres de Philippe II Auguste pour les habitants de Saint-
Léonard (mars 121 i, y. st. : 1213) (1)-
Philippns, Dei gracia Francorum Hex, omnibasadquos littcre présentes
pervenerint, salutem. Novcritis quod Nos volumus quod homines et villa
Sancti Leonardi de Moalhe (2) (wc), sint in nostra custodîa et protectione,
sicut alie ville regni noslri, quum ipsi Nobis vel mandato nostro jurave-
rinl et iidelitatcm fecerinl. Neqae Nos ipsam villam de manu nostra remo-
vebimas. Actum apud Pontem Arche, anno Domint m<* ce» xii% mense
niartio.
II. — lettres de Louis YIII ordonnant aux consuls et à la com-
mune de Saint-Léonard de prêter le serment de fidélité entre les
mains de Raynaud, clerc du Roi de France (août 1224).
Ludovicus, Dei gracia Francorum Rex, diiectîs et fidelibus suis consuli-
bus et universitati burgensium Sancti Leonardi de Noalhe, salutem et
dilectionem. Miitimus ad vos dilectum et iidelem clericum nostrum Régi-
naldum, latorem presencium, pro fidelitate ville vestre accipienda ex
parte nostra, (et?) vobis mandâmes et vos rogamus ut dictam fidelitatem
coram ipso, loco nostri, faciatis sub forma quam vobis dicet. Actum apud
Rupellam, anno Domini m® cc*> vicesimo quarto, mense augusto.
(1) Otte lettre eit contestée à cauM du m&uvais état du sceau : Non appwreni earae»
teret, née litière, née ymago^ née poteet diseerni et^ut fuerit tigilUm predietum .
(S) Ce nom wt écrit Noaelaeh k an viditnus donné par Philippe III au mois d'avril 1277.
299 SOCIKTÊ ARGHéOLOGlQUe Et lilSTORlt^UE ftU LIMOUSIU.
Il[. — Lettres de Louis VIII confirtnant les coutumes et libefiéi
des consuls et de la commune de Saint-Léonard (août i224;.
Lmlovicus, Dei gracia Francorum Rcx. Noverinl univcrsi présentes
Hueras iospccturi quod Nos dilcclis et fidelibus noslris coDsuIibus el
universilali burgensium SaacliLeonardi de Noclac(l) concessimus consuc-
ludincs el libertates quas habiierunl cl tenucruot tcmporc Henrici cl
Richardi, quondam rcgum Anglic, et eos in proteclione nostra et coq-
(luclu nostro recepimus sicut alios burgenscs Icrre noslrc, ut salvi possinl
ire cl redire per lerram nostram, reddendo suas reclas consuetudines.
Aclum apud Rupellam, anno Doniini m*' ce® vicesimo quarto, mensc
aagusto.
IV. — Mandement de Thibaut de Bazonis, sénéchal du Poitou pour
Louis IX, aux consuls de Saint-Léonard, pour qu'ils prêtent le
serment de fidélité au Roi de France entre les mains de Guillaume
Relhier, chevalier (s. d.).
Thcobaldus de Bazonis senescallns Pictavensis, dilcclis suis consuli-
bus de Sancto Leonardo, salulcm et amorcm. Cum tenelmini (sic) domino
Regl Francorum jurare et lenere fidcliiatem, el ipse Rcx nobis specialiler
dederit in mandatis m a vobis fidclilalem reciperemus, nos ad prcsens,
pro fidelilate recipienda, ad vos non possumus accedere ; set dilecturn
nostrum Guillelmum Relherii» militem, latorem presentium, ad vos miltt-
mus loco noslri, pro fidelilate recipienda. Unde vobis mandamus et ex
parte domini Régis Francorum diligenler requirimus, quatinas ipso GuU-
Iclmo présente fidelilatem domino Régi Francorum fideliter [sic) tenerc
cl servare jurelis. Et cidem Guillelmo super hiis que ex parte nostra
dixeril, credalis lanquam nobis, cl quid indc feceritis nobis per veslras
lîXteras rescribalis (2).
V. — Mandement de Raoul de Trapes, sénéchal du Roi de France
dans les diocèses de Périgueux, Cahors et Limoges, aux consuls
et aux prud'hommes de Saint-Léonard, pour qu'ils fassent pMier
le ban de l'ost et se tiennent prêts à fournir le service miiitaire au
souverain (22 juillet 1269).
Radulphus de Trapis, domini Régis Franclc illustris in Petragoriccnsi,
Calurcensi et Lcmovicensi civitttibos et dyocesibus sencscallas, consu-
(D Au vidimu:^ qui suit, on peut lire Noelac.
(2) La pièce parait incomplète.
LA <:0»MUNB DE SAINT-Lt.Oï«ARI> DK NOBLAT AU XHt* Stècl.R. 293
Hbus ot prjbis hominibus ville Saocti Leonardi Nobiliacensis, salulem in
DomiBO. Ex parle dicti domini Régis el no6tra tobis preeipimus et man-
da mus qualin us, vtsis litlcris, facialis arma preeooizari et elamari in villa
predicla; item, quod parait sitis nos seqai ad submonilioiienii noslram vcl
noslri mandati, ubi mandandum duxerimas vobls. Datam Leinovicfs, die
iunc in féslo Béate Marie Magdalene, anno I>omiiii m^ ce9 Ix"*^ nono.
VI. — Lettres de Simon de Cubitis, chevalier, de Nicolas de Ver-
neuil et de Gilles de la Cour, clercs du Roi^ attestant qu'ils ont
reçu des consuls, du Conseil de ville et de la commune de
Saint-Léonard, le serment de fidélité au Roi. — 27 février 1271,
V. st. (1272).
Universis prcscules lillcras inspccturis^ Symon de Gnbitis, miles, et
niagislri Nicolaus de Vemhouil el Egidius de Aula Pictaviensi (?), clerici,
missi a domino Rege ad recipienda juramcnla fidcliialis a eoosulibus,
consiliariis et aliis hominibus Sancii Leonardi de Nobiliaco, salulem in
Domino. Novcrit Universitas voslra nos récépissé mandaltim iiluslm éo>«
mini R^gis Francie in bec verba : « Phiiippus, Dei gracia Francie Rex,
universis présentes litteras inspecluris salutem. Cum nos magislrum
Micliolaum de Vernolio, clericum noslrum, el Symonem de Ci]yi>ilis,
mllitem, el Egidium de Aula, clericum, exhibitores presencium^ mit-
tamus pro juramcnlis fidclitalis recipiendis ex parte no»ira^ ac vice
cl nomine noslro a consulibus el hominibus civitatis Lemovice&sis
cl ab hominibus ville Saacli Leonardi de Nobiliaca, necnon pro quibus-
dam inquestis et negociis que sibi indicimus faciendis et exponeadis in
illis partibus, mandamus vobis cl requirimus, quatinus, in hiis que ad
prcniissa pertinent, parcatis cfficaciler el inlendatis eisdeni. Âclum apud
Uupellam, die iovis post oclabas Purificationis Bcate Marie Virginia, anna
Domini m» cc^ scplungcsimo primo ». — Hujus aulem aucloriUle maadaU
predicli, Nos, Symon de Gubilis, miles, et magistri Nicholaus de Vernholio
ol Egidius de Aula Pictaviensi, clerici, ad villam Sancii Leonardi accedenles
die dominica post calhedram Sancii Pétri, hora misse, in mane, in daustro
priorutus dicti loci, anno predicto, rccepimus a consulibus, consiliariis cl
universitate hominum dicti loci juramentum (idelilalis prediclura. lu cujui»
rci tcstimonium prescnlibus litleris sigillum noslrum duximus apponen-
(lum. Datrum dicta die domjnica posl cathedram Sancii Pétri, anno Do-
mini m^ ce» septuage^mo primo.
VII. — Vidimus et confirmation par Philippe III des libertés de la
commune de Saint-Léonard (mars 1271, v. st. : 1272).
Phiiippus, Dei gracia Francorum Rcx, notum facimus lam presenlibus
quamluluris quod Nos litteras inclite rccordationis Régis Ludovici, avi nos-
t9( âOCltTÉ AKCHâOLOOIQUS KT HlStORlQUB DU UMOUSIR.
tri, vidimus in hec verba : Ludooieua, Dei gracia.., mense augusto (t).
Mo8 autem eisdem fidelibus noslris consolibus et universitati burgeasism
dictorum, predictas consuetudines et Ubcrtates prout ipsis consaetudioibas
et Ubertatibus pacifice et rationabiliter hactenas usi sunt, et alîa que sih
penas continentaraactoritate regia confirmamus. Quod ut ratum et stabile
perinaneat in futuram, presentibus litteris noslnim fecimus apponi sifit-
lum Actnm apud Jarnacnm, anno Domini m^ ce® septuagesimo primo,
mense marcio.
VIII. ■— Lettres de Philippe III déclarant que la sauvegarde ipéeialf
accordée à la ville de Saint-Léonard lui interdit de la placer
sous une autre main^ et rejetant les réclamations faites à ce sujet
par le Roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, et ses gens. — Janvier
1279, V. st. (1280) (2).
Philippus, Dei gracia Francoram Rex. Notum faeimus aniversis tam pre-
senlibus quam futuris, quod, cum gentes iUustris régis Ânglie, doeis Ae-
quitanie, fidèles nostri, procurassent adjornari coram nobis homînes
Sancti Léonard! de Nobiliaco, nitentes revocare in dubium an hominet
dicti loci ita privilegiali essent, quod extra manum nostraro poni non
deberent, tandemque nobis légitime constitit quod predecessores nostri
volucrunt quod homines et villa Sdncti Léonard! essent in sua custodia et
protecUone, sicut alie ville regni sui, quum ipsi homines eisdem predeees-
soribus noslris jurèrent et fidelitatem facercnt, neqne villam ipsam de ma-
nu sua removerent, — communicato bonorum consilio, predlctos homines
et villam ad manum nostram retinuimus, dicto Régi Ang!ie et ejus gen-
tibuB super hoc perpetuum silencium imponentes. Quod nt ratnm et
siabile permaneat in futurum, presentibus litteris nostrum fecimus apponi
sigillum. Actum Parisius, anno Domini m<* cc« septuagesimo nono, mense
januario (2).
(1^ Charte n* 3 ci-deBSQs.
{%) Cette pièce a déjà été publiée par M. Tabbé ArbeUot. d'après D. Estiennot {Bull de h
Soc. areh. et hUt. du Litnouain, U IV, p. 144); nous la doonons d« nouveau à cause
de quelques différences que nous avons relevées entre les deux textes.
(8} On sait que pareille décision avait déjà été prise dès 1260 par le PmleiBent.^S'i] faut en
croire l'abbé Oroux {Histoire de la vie et du culte de Saint-Léonard, p. 104), le Hoi d'Angle-
terre réclama derechef Saint-Léonard sous Philippe-le-Bel, et celui-ci déclara de noa
veau qne cette ville n'avait pu être aliénée. Il y a lieu de croire à un double emploi des
lettres ci-dessus, vu la ressemblance des dates : janvier 1270 et janvier 1290.
LA COIIUUNIS DR SAINT- LEONARD DE NOBLAT AU Xlll« SIÊCLR. 295
B.
Description et analyse sommaire de six rouleaux ou
fragments de rouleau se rappo7Hant au procès entre
Févêque de Limoges et la commune de Saint-Léonard,
— avec un relevé des noms, qualités, âge et demeure
des témoins dont les dépositions sont consignées à trois
d^entre eux (1279-1308).
Les lérooigoages recueillis aux enquêtes de 4379-1283, 1i88 et la copie
des dires et principaux documents produits par les parties au cours du
procès entre Tévôque de Limoges et la commune de Saint-Léonard de
Noblat, se trouvent consignés sur sept rouleaux ou fragments de rouleau
en parchemin, dont sii — ceux ci-après décrits — ont ensemble une
longueur d'environ cinquante mètres (exactement : 49'",45]. De ces
fragments, deux seulement constituaient jadis, avec d'autres pièces étran-
gères à Taffairc, la liasse n» 2440 du fonds de TÉvêché (classement provi-
soire) aux archives du département de la Hauie-Vienoe. Les cinq autres se
trouvaient disséminés dans d'autres liasses de rËvôché, du fonds du cha-
pitre deSaint-Léonardelde celui du chapitre de Limoges. De ces derniers,
dépouillés par nous en 1885 et 1886, nous n'avons pu, lors d'une récente
révision à laquelle nous nous sommes livré, retrouver que quatre,
aujourd'hui réunis aux deux rouleaux principaux dans la liasse 2440. Quant
au cinquième, que nous avions étudié il y a cinq ans avec les autres,
nous nous sommes vu dans Timpossibilité, par suite de la perte de
quelques-unes de nos fiches, de remettre la main sur la liasse dont 11
faisait partie et où il avait été réintégré. Toutes nos recherches sont
demeurées infructueuses, et cette pièce ne pourra vraisemblablement être
jointe aux autres que lors de la confection de l'inventaire du riche tonds
de l'Évéché.
Ainsi constituée, la liasse 9440 recèlera des éléments précieux pour
Pétude de l'histoire municipale dans notre province. Quatre surtout des
sept rouleaux que nous avons dépouillés, ceux qui reproduisent les dépo-
sitions des témoins entendus à la requête de l'évèque et de la commune,
' sont des pièces d'une importance exceptionnelle. Nulle part nous ne saisissons
aussi nettement, nous ne prenons ainsi sur le fait le fonction oemeiii de m»
communes et la vie bourgeoise au xiii^' siècle. Nulle partDOns ne rencontrons
une pareille abondance de détails caractéristiques et une aussi pittores-
que mise en scène.
(1 nous a paru utile de donner, des six fragments à présent réunis dans
la liasse 2440, une description sommaire.
296 SOCIÉTÉ ADCH^.0L0G1QUB ET HISTOKIQOB DO LiVOUSiIf.
Le premier fragment a une longueur de S'BjOG sur une largeur de
0">,t9i ^ 0">,219. li comprend la fin des déposUions des témoins eniert-
dus à la rcquôie de Tévêque à une date non indiquée — première prodac-
llon;— le mercredi après le dimanche de Lœtare, Â^\r'i\ 1279 v. st. (ItSO) —
seconde production, — cl le samedi avant les Hameaux 1281 v. st. (1283;
— troisième production. — Les derniers témoins sont entendus par Pierre
Le Mtiioc, archidiacre de Tours, et par G«iill:aBme de Ctùtelleraull, pneur
de SaLale-Radegonde de Poitiers, commissaires royaux. Ce fragment e»m-
mence au milieu d'une déposition qui précède celle de Bernard de La
Porcherie r \rn]terro gâtas de tercio artlculo^ videllcet preconUatione,
ei se termine à la fin de la déposition de Pierre dit Prune, prêtre de Snnt-
Michel de Noblat, par ces mots : de auditu» — Fcicta est coUcUio. —
Cote ancienne : Inquesta pro jurisdictione Noblliaci F. (?) Ed. xxvn. Oo
lit plus loin : Ce rouleau contient écritures [el] enquentes f aides reque-
rent Monsieur VEoesque a cause de la jurlsdiction de S oint- Léonard.
Dattees S oint -Léonard, 1279. Ia dernière peau ne présente pas de trace de
coutures, ce qui peut faire penser que nous avons ici la fin d*un rouleau. Notre
fragment ne contient pas moins de cinquante quatre dépositions. Voici la
liste des témoins, qu'il nous a semblé inlérossant de reproduire in-extenso:
...1. Bernardus diclus de Porcheria (i), miles, sexagenarius.
2. Bernardus Helye, miles, quadragenarius, uxoratus, homo ligius
Episcopi.
3. Bernardus dictus de Peruce, miles, quinquagenarius, uxoraCus, homo
ligius vicecomilis Lcmoviceosis.
4. Petrus Tyson, miles, quaiervigînti annorum, uxoratus, homo ligîas
vicecomitis Lemovicensis.
5. Petrus de Qu ad ris, miles, tringinta quinqee annorum.
6. Fulco de Rueria, vallelus, quinquagenarius.
7. Jordanus de Mûris, vallelus, quadragenarius, uxoratus, homo ligius
Episcopi.
8. Petrus dictus Chabecut, sexagenarius, uxoratus, homo ligius Episcopi
Lemovicensis et capîluli Lemovicensis.
0. Berlrandus dé Yacignac, valletus, quinquaginla quiaque annorum,
uxoratus.
10. Guillermus Ghambellani^ sexagenarius, borgensls de Briva, oxoratus.
1 1. Petrus Ademari, presbller, sexagenarius, testis.
{ 2. Petrus Kannulphi^miles, sexagenarius, uxoratus, konu) ligius Episcopi.
13. Pelrus Fabri, presbiler, quinquagenarius.
U. Johannes Boisson, presbiter, quadragenarius et plus.
15. Guillelmus de Maignat, miles, sexagenarius et plus.
16. Bernardus La Galamacbe, presbiter, canouicus sancti Leonardi «
Nobiliacensis, sexagenarius.
17. Slephanus Puygnet (Purgnet?), presbiter, sexagenarius.
18. Johannes Jauberli, sexagenarius, uxoratus, homo ligius ei iuratus
episcopi.
(1) La Porcherie, château de la commune de ce nom, détruit une preontère (om mi
du xiu' siècle (canton de Saint-Germain-le«-BeIles, arrood. de Saint-Yrieix, Haute>VieDDe).
LA COMMUNE DR SàlNT-LÉONARD DE NOBLAT AU Xlir SIÈCLE. 297
19. CoDStanliDus Marches, quaJrageoarius, homo ligius domini Episcopi
Lemovicensis.
iO, Petras Stephani, sexagenarius, uxoralus, homo Ëpiscopi, servions,
et de famtlia Ëpiscopi.
21. Helias FanebuoUyCaslri Nobiliacensis, quadraginla quinqueannorum.
it, Hugo, prier Saticii Leonardi, ordinis Sancti Augustin!.
93. Girardus Silvani, miles, homo ligius Ëpiscopi, quadragenarius.
â4. Maninus Jornet, clericus uzoratus, quinquaginta et quinque anno-
rum et plus, usque ad scxaginta.
25. Âudoynus Marches, presbiier, prior de Chastelutz-Marches (1), sexage-
narius.
26. Oliverius de Nobiliaco, miles, homo ligius Ëpiscopi.
27. Jaucelinus de Aurifolio, quinquageuarius, uxoratus, homo domino-
rum Gasiri Nobillaci.
38. Slephanus, subprior Sancli Leonardi, quadragenarius.
29. Jocelinus de Anelo (2), homo ligius, uxoratus.
Après la déposition de ce témoin se lit la mention suioante : An no
Doiïiini mo cc« lxx™o nono, die mercurii post Laetare Jérusalem, inquesta
facta pro episcopo Lemovicetisi contra burgcnses et communitafem ville
Nobillaci in lile mola inter eo.s coram domino RegeFrancorum,secundum (?)
articulos dicti ëpiscopi in secunda productione testium, seu secunda dila-
tionc :
30. Jaubertus dictus Trt-nche Serpent, canonicus Nobiliacensis.
31. Petrus(?; diclus Peirade, presbiter, reclor capelle Béate Marie Nobi-
liacensis, quadragenarius.
32. Ademarus (?) de Rocha, domicellus, sexagenarius et plus, uxoratus.
33 Vigerii (?) deBualuou (3), quinquaginta annorum et plus, uxo-
ratus, prepositus domini Castri Novi.
34. Helias de Saocto Marcho, miles, quinquagenarius, uxoratus, homo
domini Castri Novi.
35. Durandus Las Moleres, miles, quadragenarius, uxoratus.
36. Guillermus de Fonte Pynay, presbiter, vicarius perpeiuus in ecclesia
Beati Leonardi.
37. Pelrus Jauberli, canonicus et capellanus curatus ecclesie de Nobi-
liaco, natus de Nobiliaco, de licencia prioris sui.
38. Pelrus, capellanus Sancti Dyonisii de Mûris (4), presbiter, quinquage-
narius et plus.
39. Petrus Lateris, canonicus ecclesie Rausoliensis (5), subdyaconus.
40. Bernardus Bordes, clericus, vicarius capelle de Exidolio (6), quadra-
genarius.
41. Pelrus d'Escinaygues, miles, quadragenarius.
(1) Chàtelu8-le-MarcheJx, commune du canton de Bénévent (Crease^
(2) 1! n'est pas probable qu'il s'agisse ici de Nedde : il y aurait Anedda.
3) Bujaleuf, aujourd'hui commune du canton d'Eymouiiers.
(4) Saint-Denis -des-Murs, aujourd'hui commune du même canton.
(5) La Moùticr Rozeille, aujourd'hui canton de Felletin, arroodissem. d'Aubusson (Creuse).
(6) Ëxcideuil, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arroodiss. de Périgueuz (Dordogne).
T. XXXVIII. 20
298 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUB ET HISTOBIQU» DU L.IIOl.SW.
4i BernardusPlgmaur, miles, sexagenarios.
43. Joluniics Anlili, prcsbilcr. quinquagenanos el plus.
44. JohanncsMorelli.dc caslro Nobiliacl, homo ei bajulus F ulcon.s de
Royere, quinquagcnarius, uxoralus
45. Girardus Bajulus, quinquagenarius.
40. Petrus Slephaiii, de villa Nobiliacl, iriginla qumque annorum (non
fuil receplus). . . j- j i- _
47 Constaniinus Bernardi, canonicus regularis Beali Leonardi, de licen-
cia prloris, presbiier, Iriginla quinque annorum.
4« Dcrnardus, diclus de Ponte (?), presbiier, Iriginla quinq.ic annorum.
4»' Malhens de Podio Albano. |.resbiicr, viginli quinque annorum.
.5o'. Marcialis Jauberii, dericus, sexaginla annorum.
Un lit ici : Anno Domini m« ce» ocluagcsimo primo, die Sabbali anic
HamosPalmarum,inqueslafacia pro episcopo Lemovicensi contra consulcs
01 hommes ville Nobiliacl per nos, Petrum Monachi, archidiacono Toro-
nenst (?), etGuillermo de Castro Ayriudi, priore Beale Radegundis Picta-
vensis, in lercia dilacione seu produciionc :
51 Jacobus Maraude, dericus, qulnquagenarius, uxoralus.
52'. Petrus Reginaldi, burgensis de La Sosierrana (1), quadragcnarius,
uxoralus. .^.,. . .
53 Girardus Jorneii. canonicus Sancii Leonardi Nobiliacensis, dyaco-
nus viginli quinque annorum el plus, de licencia sui prions.
54 Pelru's, diclus Prune, presbiier Sancii Michadis de Nobiliaco, triginla
annorum, bencticialns In dicia ecclesia Sancii Michaclis.
1 ■, liasse Î440 ne renferme que ce fragment rdalif à la première en-
nuêic • Il a irait seulement à des dépositions de témoins dlés à la demande
do lévfq.«.On conçoit que les archives de l'évêché aient conservé ces
dénosilions avec soin. Si les archives communalesde Saint-Léonard avaient
nnrdé aussi rdigieusemenl les dires des témoins des consuls, nous possé-
5e fon un précieux élément d'information de plus. Par malheur, la
con mime sesl laissé enlever jusqu'à la copie de ses privilèges, qu, exis-
tTmicorc à la Mairie en «870, dernière épave d'un passé communal
qu'on aurait peut-élrc, même ignorant de son histoire, du traiter avec
plus de respect.
1.0 second et le troisième fragments se rapportent à la deuxième cnquéle
el ont anDartcnn au même rouleau. ,■ , ,.
ïï scLnd, qui mesure l8-«,530 sur 0>»,4Î5 à 0»,SU, renferme les dépo-
sitions des témoins de l'évéque au nombre de vingt-sept (première el
seconde productions à la deuxième enquête). Ces deux séries de témo.-
Tnagcs sont complètes. Quelques lignes seulement de a première dépo-
2n manquent, ainsi que tout le préambule, qui aurait eu pour nous un
crand intérêt. Celle portion de Tenquêlc esl suivie de divers dires,
nièces cl productions dont on trouvera ci-après le détail. La première
peau commence par ces mois de la première déposition..... en sepUmo
W
U SoaUrr.ine, .ujourd-hui cb.W.eu de c»nton ôt l'urond. de Gaéret(Cre«.).
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DK NOBLAT AU XIJI* SIÈCLE. 299
articula, R[equ\ûtu8] super decimo articulo, dicit quod neaclt. Le frag-
menl finit : nec monstra, quatinus laclor fada est quam peticlo pacùa-
tur, •— Collacio facta est, La première peau est cotée ///« pecia. —
Autres cotes : Première liasse. Enquestes pour Monsieur de Limogea
contre les consuls et comm^* de Salnci LUnard, a cause de la JU'
risdlctlon dud. lieu, es années 1287 et Î288, D. n» 6. — Signd :
RoGiRR DBS EssARTS ; RoMANET, procureuF du Roy. — Plus loin : Enquestes
faictes a la requeste de Monsieur VEoesque contre les consulz et com-
mune de Sainct-Leonard a cause de la jurisdiction hauUe^ moyenne et
basse, mère, mixte^ de la ditte oille^ appartenent a mondit selg''
Eoesque, et aussy a cause de la forest appartenent a mondit seigneur :
EUes sont sans datte, — Sainct^ Léonard,
Nous donnons ci-dessous le relevé des témoins.
[Testes episcopi]. — 1. N
2. Helyas Panabeus, de Castro Nobiliacensi, ctatis scxaginta annorum.
3. Petrus Nigri, etatis quinquaginla annorum.
-4. Bernardus Bordas, rcctor capelle de Exidalio {sic)^ Lemovicensis
d^ocesis, quinquagenariu.s.
5. Stephanus, subprior Sancli Leonardi de Nobiliaco, de dicta villa
oriundus, etatis quinquaginla annorum et plus.
6. Petrus Bernardi, francus servions, oriundus de Aenmoler (1), etatis
quatuor viginli annorum vcl circa.
7. iudoynus, prior de Castelluz-Marcheis, oriundus de Castro Nobilia-
^ensi, ubi moratus fuit quondam bene per triginta annos; set sunt
viginli quatuor anni quod moram continuam non fecit ibidem
etatis sexaginta annorum.
8. Dominus Guillelmus de Rezcis, miles, homo ligius Episcopi, com-
morans apud Rezeis (3), elalis sexaginta annorum.
9. Petrus Jouberti, canonicus regularis Sancli Leonardi et capellanus
Sancti Stephani de Nobiliaco» oriundus de villa Nobiliaci, et
ibidem quasi per totam vilam, excepto quod fuit scolaris et extra
dictam villam vicissim per quindecim annos vel circa, elatis
sexaginta quatuor annorum.
10. Magister Petrus Latere, canonicus ecclesie Rausoliensis, oriundus de
Ahenlo, etatis quinquaginla annorum.
i 1 . Ernaudus de Bordelose, oriundus et commorans de (sic) Juncheria (3),
que dislal a villa Nobiiiaci per quatuor leucas, eiatis sexaglnia
annorum, qui mulium conversatus fuit in villa Nobiiiaci, et
ibidem [fuit] custos Regalium.
19. Hugo, prior Sanct: Leonardi de Nobiliaco, oriundus prope villam
Nobiiiaci per leucam, elalis quinquaginla annorum.
Testes producti ex parte Episcopi Lemovicensis contra consules cl corn-
(1) De Aentis monasieriOt Eymontiers, chcf-liea de canton de l'arrondistement de Limoges.
(2) Rezès, château de la commune de ce nom, canton de BessinéB, arrondiaitement de
Bellac (Haute-Vienne).
(3) La Jonchère. aujourd'hui canton de Laurière, arrondiisement de Limoges, appartenait
à l'E/éque.
300 SOGIÉTÉ ABCHROLOGIQUR ET HISTORIQUE DO LIHOUSIII.
munilatcm sub secunda productionc, aniio Domini m^ ce* octogesimo
octavo, die vencris post fesium Beali démentis :
13. Hugo Rolineau, miles, clatis sexaginla annorum vel cina, qui mora-
tur prope villam de La Soulerrenne.
14. Magtsler Johannes Jocosi, sive Gay, jurisia, de Subterranea, quinqoa-
gcnarius vel circa.
15. Pelrus Kaymondi, vallelus de caslellania de Guarcl (1), cujus domicî-
lium dislai a dicta villa Nobiliaci pcr Ircsdccim lencas,elalislrigint.i
oclo annorum \A circa.
16. Stephanus Vigerii, Irancus serviens, de Murarl (?), elalis sexaginla
annorum.
17. Constantinus Marcheis, miles^ commorans in casicllo de Nobiliaco.
elalis sexaginla annorum vel circa.
18. Petrus Faure, presbiter dicle ville Nobiliaci, quinquagenarius vel
circa.
19. Marcialis Joberti, clcricus, burgensis di! dicta villa, elalis iriginla
quinque annorum. vel circa.
20. Pelrus Kenaul, de Sublcrranca, burg»nsis, elalis qu:idraginia anno-
rum vel circa.
21. Riguaudus de Qucreu, presbiter, curalus ecclesie de parrocbia de
Porcheria (2), elalis sexaginla quinque annorum et plus.
23. Pelrus, rcclor ecclesie de Barsages (3), canonicus regularis Sancû
I.eonardi Nobiliacensis, quadragenarlus vel circa.
23. Ademarus de Brelac, servions domini l^egis, quadragenanus vel circa.
24. Jordanus de Mûris, miles, commorans int'ra monsiiam, elalis quin-
quaginia annorum vel circa.
25. Joccalmus de la Focllc, miles, quinquagenarius.
26 Audierus Normanni, armiger de Hezeis, prope villam Nobiliaci, per
quinque leucas, elalis quadraginia annorum cl plus.
27. Johannes Moreau, de Castro Nobiliaci, elalis quinquaginta annorum
v«l circa.
On trouve à la suite de ces dispositions : des lettres de Mathieu, abbé de
Saint-Denis cl de Simon, seigneur de Nesie, lioulcnanls d«i Roi de France,
du mois d'août 1285, rappelant les prétentions des parties et Tarrél rendu
par le Parlement, A la Pcnlooôlc 128li; — la Commission donnée par
Philippe IV, le 29 aoùl 1287, à Philippe Suard, chanoine de Laon et à
Jean de Morancy, clercs du Roi, de procéder à Tenquéle et de recevoir
les déclarations des témoins de la promièiv prodiulion; — leslctlresdu Roi
exécutoires de l'arrêt du Parlement déchirant que l'Evoque n'a pas innové
et n'a agi ni contre les ordres du Roi, ni f.'nlrt^ ceux du sénéchal en
établissant à Saint-Léonard un prévôt de> cîiusos forâmes, et enjoignant
à l'Evêque et aux consuls de ne pas appoiler réciproquement d'entraves à
(1) Guérct, Garnrtum, Waractum^ at '.ucl'cment rhef-Iieu du département de la Creuse.
(2) La Porchfiie, auj. rommun'j du canton di; Saint i.ormain-lcb-Bell.^s, arrondiss.e.nenl de
Sainl-Viioix (Hniito-Vi'>nnci. Po'-'-tdait auti\-k>i-î un c h a -au occupé par une branche delà
grande famille des Bcr.iarJ.
^3) Probablement Barsauges, cauloii de Uiigoat. arrondissement d'Ubsel (Corrcze).
LA COMMUNE DE SATN'T-LKONARD DR NOBLAT AU XIll^ SIECLE. 301
Texercice des droits de justice qu'ils possèdent de pan et d'autre, ces droits
devant être exercés conformément aux usages, mars 1286 v. st. {H87) ; —
les propositions et récusations des procureurs des consuls contre les témoins
de TEvôque ; — enlin diverses protestations et réponses. II est dit à la fin que
les commissaires doivent partir de Saint-Léonard le lundi après la Pente-
côte, pour se trouver ^ Tours le samedi suivant.
C'est le troisième Fragment, de beaucoup le plus intéressant, qui nous
conserve les dépositions des témoins cités à la requête des consuls (pre-
mière et deuxième productions de la seconde enquête).
On doit regretter à tous les points de vue que cette portion de la
procédure nous soit arrivée aussi incomplète; nous avons, en effet, les
déclarations des douze témoins des consuls qui comparurent à la deuxième
production, mais celles des deux derniers témoins, seulement, de la pre-
mière. On trouve de plus, dans ce rouleau, le texte dos privilèges de la
ville et diverses pièces que nous analysons plus bas. Notre fragment, de
17", 73 de long sur 0™,225 à G™, 259 de large, commence par ces mots :
Frater Vincenclus, ordinis mllLcie TempU. Il finit : per ipsos artlculos
liquide apparat. Collacio facta est. On y a ajouté les dires des consuls en
français, commençant par : A ceste fin que nostre sirea U Rols^ et finis-
sant : de fait et de droit, en leu et en temps. — Cote : Informaccon pour
les consuls de Saint Lienard a cause de la jurisd^'*' de lad. oiUe
contre Mons"" de Limoges. F. CLxxini. Autre plus récente : Ce rouleau
de parchemin ne contient aultre chose que les Informations faictes par
les consuls de Sainct Léonard^ a cause de sa jun'sdiction de laditte oille,
contre Monseigneur de Limoges, a Montauban (sic), l'an 1280. Saint-Leo-
NARD. Signé : Rogikr des Essakts.
Voici la liste des témoins cités par la Commune :
i. Frater Vincencius, ordinis milicie Templi, quinquaginta quinque an-
norum.
2. Magister Galterius, factor ciforum, de Laitora (I), sexaginla annoram
et plus.
Utraque pars voluit et pairata fuit plures lestes producere coram nobis,
auditoribus, sub prima productione; sed nos, auditorcs, non poluimus eos
examinare nec recipere, cum ego, magister Philippus Suardi, necesae
haberem recedere et alibi, de mandalo domini Régis, me transfferre.
3. Magisier Leonardus Goudclli, clericus, quadraginta quinque anno-
rum, horiundus de Nobiliaco, commorans apud Mastacium (i).
4. Pelrus de Ruppe Amatoria (3), quinquaginia annorum et jilus... nalus
apud Nobiliacum, et moraïus fuit apud Ruppem Amaloriam et
Montem Albaiium, et adluic moratur, bene per viginti duos annos.
(1) Il s'agit de Lectoure, chef-lieu d'arrondissement du Gers, comme on le voit à la dépo-
sition.
(2) Probablement Matha, aujourd'hui canton de l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angély
Charente-Inférieure). On trouvera plus loin de singulières articulations sur le compte de ce
témoin.
(3) Roc Amadour, canton de Gramat, arrondissement de Gourdon (Lot), célèbre pèlerinage.
302 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
5. Martinus Le Tourneur, horiundus de Burgondia, sexaginU anoorum.
Vigioli siintanni quod non moralus fuil in villa Nobiliaci; set anle
lllud icmpus ipse moralus fuit in dicta villa per viginli aniios.
6. Peirus Tulonis, ocloginlaannoruni,oriuudus au Vénal (?) propc vîUam
Nobiliaci, per ires leucas parvas : moralus fuii in villa predicla bene
per quindecim annos, et sunt triginta anni.
7. Domiaus Johannes de Dosco, presbiler, qui fuil nalusapud Pairac (1],
prope villam Nobiliaci per qiialuor leucas; et moralus fuit in dieu
villa per quatuor annos, tempore quo erat juvenis : ocloginia anoo-
rum.
8. Peirus d^Arfeuille, natus in villa Nobiliaci, septuaginta annorum et
plus.
9. Peirus Velade, natus in villa Nobiliaci, ocloginia annorum : xxxjisunt
anni quod ipse non moralus fuil in dicia villa.
Suit le texte des pièces produites par les consuls et dont nous reproduisons
ci dessus (Appendice, lettre A) la teneur. Les procureurs de Tévéque en
demandent copie. Les enquêleui's les invitent à s*adresser à la cour pour
Toblenir.— La liste des témoins reprend ici, avec un en-iéte que nous repro-
duisons :
Testes producli a procuratoribus ville Nobiliaci contra episcopum Lemo-
viccnsem in secunda productîone, anno Domini m° cc^ octogesimo octavo,
die veneris post feslum Beali démentis, qua die predictus episcopus cons-
liluil procuratorem suum coram nobis Felrum de Pignu, presbiierum, ad
omnia in hoc negocio necessaria vel. . . oporluna, et que facerei vel facere
posset, si personaliter interesset, qui procuraior in presencia procurato-
rum ville et consulum Nobiliaci, se producturum bonos et fidèles testes
juravit. Et.... procuratores dicte ville illud idem juraverunt, videlicet Sle-
phanus Faurc et Nicbolaus de Holendinis.
10. Ademarus Bordes, de Breno (2), oclogenarius .
H. Petrus Pbilippi, civis Lemoviceosis (3), sexaginta annorum elalis.
It. Peirus de Bilhax, lathomus de Alodiis (4), quinquagenarius.
13. Petrus Jouaus, ballivus defuncti (?) Pétri de Jumellis, domicelU, apud
Oriacum (5), oclogenarius, vel clrca.
14. Johannes Vueriau, commorans in Castro Lemovicensi, sexaginta anno-
rum etatis vel circa.
Suivent des dires et protestations des procureurs de Pévéque contre les
témoins produits par les consuls. Texte de divers dires et productions et
de lettres du Roi aux commissaires enquêteurs ; lettres des commissaires
(1) P«jrat-le-Chàteau, vieux bourg qui a ses sénéchaux particuliers au xiT« siècle (ai^oar-
d'hui eommuDe du canton d'Eymoutiers, arrondissement de Limoges.)
(X) Bré, château dont les ruines subsistent dans la commune de Coussac-Bonneval, arroo*
dissement de Saint- Yrieix (Haute- Vienne).
(3) C'est à-dire bourgeois de la Cité de Limoges. Les bourgeois du Château sont désignés
d'habitude sous la dénomination de burgensiSf parfois de eastrensis.
(I) Les A.UoiB, ancienne abbaye de filles, dont il ne reste que des ruines; aujourd'hui
village de la commune de La Geneytouse, canton de Saint- Léonard.
(5) Auriat, aujourd'hui commune du canton de Bourganeuf (Creuse).
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONAKD DE NOBLAT AU Xlll» SIÈCLE. 303
Cl documenls relatifs au procès. — A la tin, faclum des consuls en
français.
Le quatrième fragment (9«,7I sur O^jUS) constitué par une seule peau,
donne le commencement d'un Intendit de Tévéque : il commence par ces
mots : DLcit et probare Intendit eplscopus... Il est lacéré après les mots se
adimplere negUglt et neglex'U» qui terminent du reste un paragraphe.
Cote : Pour Mon^ de Lymoges^ contre les consulz de Saint- Léonard.
Hec sont articuU contra homines de NoblUaco^ pro eplscopo LemoolcensL
— Et DiviNA. E cxlviii. Autre : Ce rouleau contient les escriteures et
articles pour Monsieur VEoesque contre les consulz^ a cause des causes
cioiles de la oille de Saint- Léonard et Cité de Lymoges, estant dit par
arrest que Monsieur de Limoges, ou son preoost, congnoistra en laditte
oille des causes cioiles, Noblac. Sign. Rogier des Essarts et Rohanbt,
procureur du Roy.
L'évêque y rappelle les événements depuis Tarrél du Parlement qui lui
a adjugé la juridiction civile, et signale la résistance des bourgeois.
Le rinquième fragment a ^ mètres 70 de long sur une largeur de ^t à
83 cenli mètres. 11 commence : Ad istum flnem quod episcopus Lernooi-
censls^ nomine ecclesie (déchirure), et finit par ces mois : ad intencionem
suant fundendam, et probare poterlt. Il renferme un mémoire de Tévéque
relatif à la justice de Saint-Léonard.
Ce mémoire non seulement énonce les prétentions de Tévôque, mais
rappelle les dires des consuls et aussi les arguments du procureur du Roi
qui est intervenu au procès. Cote : Iz (ou r) 6. xxo (ou xpd). Autres :
Ecxlj, no 25. Escrittures balhees par Monsieur VEoesque de Limoges^
comme seigneur temporel et juridlct de St-Leonard par la moytié^
ou il y a plusieurs articles^ et n*cst signé, — Saint- Léonard. — Rogier des
Essarts, Romanet, procureur du Roy.
D'une longueur de 82 centimètres environ, le sixième fragment est com-
posé d'une peau de 25 centimètres de largeur et d'un petit parchemin de
92, qui y est attaché : il meulionue des comparutions et dires divers des
procureurs, tant de Tévêque et du Roi que des consuls, du dimanche de la
Passion 1307 v. st. (1308) jusqu'au 1<''^ mai suivant, devant Jean de Roye,
chanoine de Lille, clerc, et Jean de Vaissiac, chevalier, commissaire du
Roi. Il commence par ces mots : Memoria est quod die domlnica ante
Ramos Palmarum, anno Dominù mlUesimo ccc» vu®, comparuerunt apud
Nohiliacum,,. et finit : quorum rotulorum tradicioni procurator dicto^
rum domlnorum Régis et episcopi contradlxerunt. Au dos, cote du xv«
ou xvi" siècle : n° 20. SS. Mémorial pour Mons^ de Limoges contre les
eonsuU de Sai-nct-Lienardy olgc. et d'une écriture du xvn" siècle : Actes et
procès- oerbal des commissaires contenant le dlscepte faîct deoant les
commissaires^ accordés entre le procureur du setjnleur eoesquo et le
sindlc des hommes et consulz de Noblac» ou n'I a que delays a bailler et
articles a produire y sans aulcune décision ni resolution, et le tout n'en
vault gueres. Noblac, 1307. Puis les signatures Rogier des Essarts et
304 SOCliTft ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUS DU LlHOUSIlf.
RONANET, procureur du Roy, Au dos du pelil parchemin, ces mots,
contemporains de la pièce : Memoria et processus foetus de Nobiliaco^
Le septième fragment de rouleau, celui que nous avions étudié il y a
cinq ans et que nous n'avons pu retrouver dans nos récentes recherches,
conserve le texte de plusieurs dépositions fort intéressantes : mentionnons
celles de Mathieu des Moulins, Pierre Dupin (de Pinu), Pierre de Rcuica*
nos, Bernard de La Chenaud, Giraud Pareau, Imberl Boise (sic)^ Pierre
Chabeau, témoins produits en 1288 par les bourgeois, lia une longueur
de plusiears mèires, mais nous ne Tavons pas exactement notée.
C
Extraits des dépositions recueillies aux enquêtes.
I. — Origine de la commune. Elle a été fondée par les Rois d'An-
gleterre, qui ont fait don aux bourgeois d'une bannih^e à leurs
armes.
Charte de Henri II \ bannière, — \. Ipse vidit priviiegium Henrici,
quondam Régis Anglorum, suo sigillo sigillatum ut prima facie apparcbat,
in quo continebalur quod dominus Rex eisdem conlulerat communitatera
et coniirmaverat eorum liberlates et dederat eisvexillum in quo est signum
leonis, prout vidit dictum vexillum; sed non recoUt de colore vexilli.
(Léonard Goudelli^ clerc, malire des écoles de Saint-Léonard, 4288).
Charte de Richard-Cœur- de- Lion : bannières. — t. Item, dicit quod
habent consolatum et communilalem ex dono régis Richardi, quondam
régis Anglorum, prout audivit dici a paire suo; et dicit quod dicti homines
habent duas banerias in quibus arma régis Anglie sunt depicte, scilicet
leopardi. (Pierre d'Arfeuille, ancien bourgeois de Saint-Léonard, ^288).
Do. — 3. Et audivit dici a pUro suo quod ipse erat presens quum rex
Richardus Anglie dederat eis consulatum et communilalem: et dicit quod
dicii homines habeni vexilla in quibus armature régis Anglie sunt depicte.
(Pierre Velade, 4288).
Charte d'un Roi d'Angleterre, — 4. Vidit burgenses dicte ville habere
consulatum et communilalem sexagioia anni suni, et a sexaginta annis
citra... ipsi habent ex dono régis Anglie, prout audivit dici. (Pierre
Tutonis, 1288).
D«. — 5. ipsi habent consolatum et communilalem a tempore quo se
LA COMMUNE DR SAINT-LÉONAHD DB NOBLAT AU X1II<^ SIÈCLE. 305
recoHl (1). .. el predicla habent ex dono Régis Anglie, prout audivit dici,
et dicii quod predicla icnent a rege Francie. (Pierre de Roc Amadour,
1288).
D^ — 6. Dicil quod ipsi habeol (la commane et le consulat) ex dono Regum
Ânglie seu Régis, prout audivit dici communiler : ipse vidit eos uli de pre-
diclis septuaginla sunt anni et a sepluaginta annis citra. (Jean du Bois,
prêtre de Peyrat, 1288),
Possession paisible du Consulat et de la commune. — 7. A tempore quo
se recolit, ipse vidit in villa Nobiliaci consules et communitatem pacitice
et sioe contradiciione. Non vidit quod Ëpiscopus et gentes ipsius super his
se in aliquo opponerent. (Fr. Vincent, templier, 4288.)
[Bannières, v. n»" 7, 52, 57, 62, 63, 68.)
IF. — Les consuls, au nombre de huit, sont désignés dans une assem-
blée de ville par les consuls sortant de charge. Ils reçoivent le ser-
ment de fidélité de la commune.
Des consuls et de leur nombre, — 8. Vidit quod, in dicta villa, eran
oclo burgenses ejusdem ville qui vocabantur et se vocabant consules \ et
iili custodiebant homines dicle ville ab injuriis et molestiis. (Pierre Joubert,
curé de Saint-Etienne de Noblat, 1288).
Election des consuls. Serment. — 9. Vidit eos creare, a dicto tempore
citra (soixante-dix ans), pluries consules, per consules antiques, in festo
cathedre Sancti Pclri; el vocatur ad hoc communilas ex parle consulum
antiquorum et communitalis, et, dictis consulibus ita creatis, dicta commu-
nilas jurât se obedire dictis consulibus (Jean du Bois, prôlre, 1288).
D». — 10. Consules.., quolibet anno mulantur. (Audoin, curé de Châletus-
le-Marcheix).
D^ — H. Iste vidit... quod consules antiqui creabant alius consules
novos. (Pierre d'Arfeuille, 1288).
Do. — 12. Consules vocabant communiiatem dicte ville semel in anno, in
festo calhedre Beati Pétri; et faciebani diciam communitatem jurare quod
obedireut eis... In dicto feslocreanlur consules in dicla villa, prout vidit; et
ipsis creatis... ipsi accipiunt sacramenlum a communitate. (Léonard Gou-
deili, clerc, 1988).
D^ -— 13. Vidil per triginta annos quod homines congrcgabani se semel in
anno, in festo cathedre Sancti Pétri, in domum communem dicte ville ; etlunc
consules antiqui, qui fuerant in anno pretorito, eligebant et faciebani con-
sules novos pro anno futuro, et quod consulibus novis creatis per anle-
cessores, ut dictum est, communilas dicte ville tnciebat... sacramenlum
fidelitatis. (Pierre Velade, 1288).
h».- 14... Porte dicte ville firmabanlurclclavcsrliclarumportarum pone-
bantur in domo communi ... postmodum dictas clavcs dicti consules cre-
(1) Depaia le temps qu'il ae souvient, aassi loin que peut remonter sa mémoire.
306 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUB DU LIMODSlIf.
debanl ad cuslodiendum illis qui morabanlur prope portas quaram cln s
eranl, et a consulibus de novo crcatis ipsi accipiebaol dictas clavcs el p.r-
tas dicte ville apperiebant. (Pierre Vclade.)
D«. — 15.ViditpIuries, semclin .inno, in festo cathedre Sancti Pclri,q8nin
consules creantur in domo commuui, quod porte Nobiliaci firmantun et.
cis iirmatis, claves ponuntur in domo communi, et crcatis consulibus,
predicli consules tradunt claves portarum predictarum ad custodicndum
alicui habitatori de dicta villa, cui volunt. (Léonard Goudelli.)
D". — 16. Vidit pluries in dicta villa dictos consules... eligi in festo Boaù
Pétri. Cum ipsi creabantur, homines dicte ville faciebant cis sacra-
mentum, et ipsemet fecit bene sex vicibus. (Maître Gautier de Lecloure.
4i88.)
Serment de fidélité et d'obéissance. — 17. Vidit juramentum prcslari a
quibusdam hominibus dicte ville dictis consulibus in domo communitatis,
et a quibusdam aliis in quadruvio ville, triginta anni sunl elapsi. Et pos-
tea iliud vidit per decem annos. (Pierre Dupin, homme (de Tabbaye) de
Saint-Martial, 4 288).
D<^. — 18. Sexaginta auni sunt elapsi, ipse teslis, qui tune erat de commu-
nitalc Sancli Leonardi, in domo communilatis, una cum hominibus dicte
ville, fecit juramentum fîdelitatis consulibus. (Pierre de Rancctnas^ 1288.)
D''. — 19. Consules recipiebant juramentum... anle domumconsulatus, et
aliquocicns in eadem domo et per vicos. (Bernard de Lacbenaud, 1^88.)
Formule du serment. — 30. Et ipse vidit a quinquaginta annis... ot
ip^e testis, viginti anni sunt elapsi, pluries recepit hujusmodi juramen-
tum a pluribus liominihus dicte ville, tanquam unus de consulibus dicte
ville. (Fr. Mathieu des Moulins, templier, soixante ans, 4288.)
i>. — tl. Faciebant juramentum fîdelitatis et quod starent ad esgardum
consulum. (Pierre du Bois.)
Do. — 92. Jurabant servarc bonas consuctudines et profectum ville, cl
slare ad esgardum consulum. (Giraud Parcau, 4288.)
D". — 23. — Jurabant bonas consuctudines ville servare el liberlales,
el slare ad esgardum consulum. (Imbcrt Boyse, 1288.)
D '. — 24. Jurabant fidelitatem et profectum ville servare. (Pierre Chnbau.^
III. — Attributions des Consuls. Ils réunissent la commutie, répa-
rent et entretiennent les fortifications. — Hôtel-de-Ville. Armes
communes. Caisse commune. Archives. Sceau.
Assemblées de commune. — 25. Fuit Irumpalum in villa Nobiliaci, ex
parle consulum, quod omnes venircnt ad domum communem in vim
sacramnnti quo erant astricti consulibus.
Do. —26. Vidit multotiens dictos burgcnses in domo communi el alibi io
plateis communibus dicte ville; et ibi congregabantur pro tractando de
negociis illorum communibus. (Pierre Tutonis, quatre-vingts ans, 1288).
(Assemblées de commune, n«" 9, 42, 43. 68, 69).
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XllI" SIÈCLE. 307
Garde et entretien des fortifications. — 27. Vidit, a lemporc quo se
recolit, muros et porlalicia (sic) dicte ville refici et reparari, quum indi-
gebant, per coosules. Vidit custodiri de die et de nocte, ciim annis et sine
armis, villam Nobiiiaci et nundinas dicte ville per coosules... et poni
custodes de die et nocte per dictos consoles... et dictis custodibus tradi
arma communia. (Léonard Goudelli, 1388).
D°. — 28. Consulesfaciunt refici muros, portalitiaetforlalicia; etscitquia
quinquaginta anni sunl et a quinquaginta annis circa, quod ipse vidit prc-
dicta refici per consules... Vidit, quum jacebal in dicta villa, quod quum
ipse exiebat de villa summo mane,quod illi qui cuslodiebant clavesporta-
rum dicte ex parle consulum, apperiebant sibi portas... Quadraginta sunt
anoi, istc qui loquitur vidit quod diclus Natebloie, clericus, imposuit
tigna domus suc in mûris dicte : que domus est propc portalc de Campo
Magno. Propler quod ipse solvit consulibus quinque solidos. (Pierre Tuto-
nis, 1S88).
(Voir n^» 14 et <5 ci-dessus).
Garde et entretien des murs et attributs dloers de V autorité des consuls,
— 29. Consules habent carcerem, furclias... precones, ban nu m, clavcs
porlarum, turres, muros et portalia, et forlalicia, et cuslodi<'im dictarum
rerum a tempore quo se recolit. Vidit pluries refici muros et forlalicia per
dictos consules, et poni precones et custodem portarum... Consules tradi-
derunt claves portarum dicte ville ad custodicndum quibusdam homini-
bus dicte ville, vidcl'cet magis ydoneo de vico in quo eral porlalc (Fr.
Vincent, templier)... De nominibus illorum quibus dicte clavcs tradeban-
tur custodicndum per dictos consules, dicit quod Pctrus Albucon, qui
morabatur ad portam de Campo Magno, et Girardus Fabri, qui morabalur
ad portam de Bancheram. (Léonard Godeau, 4288)... Guillermusdc Bousou
custodiebat portam de Bousou et dictus Joli (?) custodiebat clavcs sou
portam Elemosinariam. (Martin Le Tourneur).
Do — 30. Consules... faclebant tallias ad refîciendum muros et aliancccs^
saria ville. (P. Joubert, curé de Saint-Etienne, 1388)... Vidit capi in
dicta villa per consules Johannem Ademari, burgcnsem, in domo sua, pro
eo quod nolebat solverc talliam impositam super ipsum ex parle consu-
lum. (Pierre Tulonis).
D". — 31. I£t reficîebant... muros, et sic faciebant diebus feriatls. (P.
Velade).
D». — 38. Consules cuslodiebant claves et faciebant custodire dictam
villam pcrnoctem. (P. Vigier, 1280).
Maison commune^ sceau, caisse commune, archioes, armes, banniè-
res. — 33 Dicti consules cl communilas habent domum, sigillum, ar-
chamcommunem, papirum (i), armaturas et bancrias, el alia spectanciaad
communilatem. (Fr. Vincent, chevalier du Temple).
Do. — 34. Usisunt burgcnses haberc in dicta villa domum communcm,
archam panperum(«(c)(2), sigillum, armaluras communes etvexilla et ban-
(1) P&r papirum, il faat entendre les archivei en général, mais plus spécialement les regis-
tres dn greffe.
(2) Nous avons parlé ailleurs des œuvres charitables ayant un caractère communal, et spé-
cialement de la confrérie des Trépassés du Consulat.
308 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIOUB DU LlMOUSIfT.
nerlas...elviditeos ilauti prediclis a Icmpore suc memorie. (Pierre Jo!!::.is.
quatre-vingts ans. H88).
D". — 35. De domo communi, dicit q-iod vidil a triginla quinqjc annîs
citra, hahenl diclam domum commiinom que modo est, et conlinoe.
(Etienne Vigier, !288). ^^
D*. — 36. Ipsi consules habenl ab antique archam, sigillum et domum
communes, elcommunilatcm ei consulatum. (Bordas, curé de La Chapellc-
d'Excideuil, 1288).
D«. — 37. Consules vidil habere... domum communem, archam, sigillum,
armaturas et vexillum et papirum... sepluaginla sunl anni et a septaa>
ginta annis. (P. Velade).
D<>. — 38. Bene est triginta annis quod non habebanl domum commu-
nem : nam eral vacua platea in qua construxerunt, a diclo tempore citra,
domum quam notant communem... et quum construxerunt istam domum,
a diclo lemporc cilra, construxerunt archam, quia antea, ut crédit, non
habebanl. (Pierre Joubert, curé de Saint-Elienne).
(Hôtel-de-Ville, n-l3, U, 4-, I7, 48, 19,38,39,40, 52,7', 7î, 73, etc.).
D». — 39. Vidil custodibus (de la ville) Iradi arma communia que sunl
in domo communi. (Léonard Goudclli).
D«>. — 40. Claves portarum poncbanlur in domo communi. {Id.)
D», — 44. Consules dixerunt quod ipsi (les bourgeois) sequerenlur
gentes Régis apud liCucat (?) cum armis, cl qui non haberct arma, quod
accipcret arma que erant communia in domo predicla (rhôtel-de-ville)
secundum quod indigerct. (Pierre Tuionis.)
(Armes communes, n* 27 ci-dessus et 53.)
D". — 42. Ab antiquo habenl sigillum ; sed in illo sigillo erat scriplum :
Sigillum Burgensium Sanctl Leonardl ; modo, a duodecim annis citra,
fccerunt novum sigillum, in quo scribi fcccrunl : Sigillum consnlum et
communltatis ville Nobiliacl. (Pierre Joubert, 1288).
IV. — Les consuls tiennent la ville du roi de France. — La com-
mune doit à celui-ci le serment de fidélité, le service militaire et
les autres prestations féodales.
Le Roi est seigneur direct de la cille, — 43. Consules ville Nobiliaci
tcncnl predictam villam a domino Hegc. (Martin Le Tourneur, 4λ8.)
Les consuls et la commune prêtent le serment de lidëlité au Roi. —
44. Bene sunl quinqiiaginla anni, quod Johannes P.mla el Polrus Bouzo-
gle, consules ville Nobiliaci... porlaverunl claves ville prediclc apud
Rupellam in Piclavia, proul vidil Icslis ipsos defcrcnlcs dictas claves; cl
eas reddidonuit et tradiderunl ibi régi Ludovico, qui dictas claves gra-
lanler recepit... Et audivil dici ab ipsis quod Rex Iradidcral dictas claves
ipsis consulibus ul cuslodirenl nomine suo, (Elionne Philippe, bourgeois
de la Cité de Limoges, 1288.)
LA COMMUIfR DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AD X1H« SIÈCLE. ^ 309
D°.— 46.Quadraginlaanni sunl, audivitdiciaGuillermo Relier, mililc(l),
quod consoles et conimunitas ville Nobiliaci fccerunt sacramenlum fide-
litatis ipso domino Guillermo, nomine domini Régis Francie; qui dominus
Guillcrmus missus erat ad hoc a domino Theobaldo de Blazon, milile, se-
nescallo Pictavcnsi et Lemovicensi. (Le môme.)
D*. — 46.Sexaginta sunl anni, quod iste qui loquitur vidil... tempore quo
dominus rex Ludovicus habuit guerram contra comilem Marchic... quod
pater istius et alii de dicta villa fecerunt... in dicta aula (de l'évoque)
sacramenlum fidelitatis diclo domino régi Ludovico... Crédit quod Theo-
haldus de Blesis recepit dictum sacramentum, qui fuerat sencscallus
Lcmoviccnsis eo tempore quo regina Blancha custodiebal regnum...
sexaginta anni sunt. (Autre témoin.}
D<*. — 47. Dicii homines loncnt villam a domino Rege Francie. Eo tempore
quo bone memorie rex Ludovicus ivit apud Damietam, iste qui loquitur
et homines dicte ville fecerunt sacramenlum fidelitatis diclo domino Régi
Ludovico, in aula quam episcopus Lcmoviccnsis habel in dicta villa.
(Pierre d'Arfeuille.)
Serment^ aeroice militaire et autres ferolces dus au Roi. — 48. Paciunl
(les bourgeois) juramentum fidclilatis Régi Francie, cavalcalam et cxer-
cilum et servicia consucla. ^Fr. Vincent, templier.)
Ost et cheoauchée. — 49. Commorantes in dicta villa faciunt exercitum
et cavalcalam domini Régis. (Martin Le Tourneur.)
D". — 50.Dicit quod dicti burgonscs usi suntetfueruntab antiquo eundo
ad mandalum domini [Régis] in exercitu et cavalcata. Vidil preconizari in
dicta villa, ex parle domini Régis, quod burgenses exirent cum armis cl
sequerenlur gentcs dicli Régis. (Pierre Jouaus.)
D". — 51. Triginla quinque anni sunt. .. vidil quod fecerunt cavalcMam
domino Régi (2)... apud Larche (3), prope Bergereat (4), prout vidit eosire
et rediiC. (Fr. Vincent, templier.)
D®. — 5"2. Communilas ville Nobiliaci sequta fuit dominum regem Ca-
rolum, tune comilem Andcgavic, cum armis et vexillo, apud castrum de .
Archa; et erant bcne quatuor ccntum homines vel circa, de communitale
dicte ville.., El ibi diu slelerunl, et postmodum vidit eos reverti. (Pierre
de Roc 4madour.)
I)«>. — 53. Trescentum homines ville Nobiliaci seculi fuerunl, cum
armis et vexillo, Karolum. comilem Andegavie, de mandalo Régis... et
erat senescallus Lcmoviccnsis pro domino Rege Pelrus Serviens... Et
dictum comilem seculi sunt a Larche. Petrus Pcricr, Johannes Paroti et
quidam alii erant consulos. Preceperunl in domo communi hominibus
ville ibidem congregalis ox j)arlc domini régis et consulum... quod ipsi
sequercntur cum armis diclum comilem, fralrem Régis... et consules
Iradiderunt arma communia qui erant in dicta domo (juibiisdam homi-
nibus, qui iverunl in diclum exercitum. (Pierre Tulonis.)
(1; Voir ci-dessus, Appendice A, n» 4.
(2\ Nui. 4 avons plus haut, cliap. V, donné quelque<) reoseignemeots sur cott4 expédition et
les suivanutes.
(3) Larciie, chef-lieu de canton, arrond. de Brive.
4) Bergerac, chef-lien d'arrond. de la Dordogne.
310 ^ SOCtÉTÂ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
D*. — 54. Triginta sunt anni... homiaes ville Nobiliaci scciiti fiicrant
dominum Karolum, quondam regcm Sicilic et tune comiiem Andegavie,
apiid Larchc. (Pierre d'Arfeuille.)
D*". — 55. Trii^inta quinque anni sunt elapsi, consules et communîlas
Nobiliaci iverunt Archam, perlantes vexUlum suum, ubi crant depicta
domini Régis signacula, una cum Beato Lconardo... contra Hcliam Rei-
delli (Rudeili?), dominum" castri Arche. (Autre témoin.)
D*\ — 56. Vidit, viginti quinque anni sunt, consules et communitatcm
scqui cum armis et vexillo Peirum Servientem, senescallum Pictavcnsem
et Lemovicensem pro domino Rege, in exercilum apud Bruzac, contra
dominum Heliam Flamancum, dominum de Brunzac... Et erat isle prc-
sens in diclo exercitu una cum ipsis, et aliis communitatibus Lemovi-
censis [patrie] (Autre témoin).
]y*, — 57. Et vidit eas (les bannières avec les léopards d*Ang!elerrc)
defferri per dictos homines, ex parle domini Régis Francie, cum vexilio
domini Régis Francie, apud Brucat(?). (Id.)
jy^, — 58. Vidit burgenses ire; cum armis et bannems suis, in exerci-
lum domini Régis apud Brunzac, bene sunt quadran^inta quinque anni,
et apud Salvam terram, bene sunt quadraginta anni. (Pierre Joaaas, 4S88.]
D^. — 59. Bene sunt quinquaginta anni vel circa, quod vidit istc qui
loquitur, burgenses dicte ville, bene quinquaginta aut sexaginla homines
vel circa, ad prcconizationem factam ex parte dicti domini Régis in dicta
villa, ire cum armis et banneria sua in exercitu domini Régis apud Chai-
luz Chebreu(t) (Pierre Jouaus).... Consules et communitas dicti loci ivenint
Chalus cum domino Petro de Sallicibus. milite, senescallo Pictavensi et
Lemovicensi. (Autre témoin.)
D«, — 60. Iste qui loquitur... viginti quatuor anni sunt, et bene tres-
cenlum homines de Nobiliaco sequti fuerunt, cum armis et veiillo^senes-
callum Lemovicensem pro Rege apud Chalup Chevroc; et interfuerunt
iste et isti ante diclum castrum per Ires dies, cum armis et vexillo ; e(
postmodum reversi fuerunt. Fuit preconizatum apud Nobiliacum ex parte
dicti Régis, cpiscopi Lemovicensis et communilalis dicti loci, quod illi de
communitate sequercnturdicium senescallum,cum armis et vexillo, usque
ad dictUTï locum ; et sic fecerunt. (Pierre de Roc Amadour.)
D®. — 61. Burgenses... iverunt apud Chaluz Chevrol; detFerebanl vexil-
lum de armis domini Régis : ibi stctcrunt eundo et redeundo per quatuor-
decim dies. (Martin Le Tourneur.)
D^. — 63. Quindecim anni sunt quod iste vidit et audivit quod con-
sules preceperunt eis in vim sacramenti quo tenebantur eis, quod seque-
rentur génies domini Régis ad Chalut Chevrol. (Pierre Tutonis.)
D°. — 63. Vidit communilalem Nobiliaci sequi dominum Regem apud
Fois, quum comes dicti loci captus fuit et ductus in Franciam... comma-
nilas predicta misit xl vel 1 homines armatos, cum vexillo, ad diclum lo-
cum, pro communitate sua. (Léonard Goudelli.)
(1) Chiliu-ClLabrol, aajourd'hai chef-lieu de canton de l'arrondisBement de Saint-Trieix
(Haute- Vienne). Richard Cœur-de-Lion avait été blessé mortellement sous les mors de Chiiiw
en 1199.
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XUl^ SIÈCLE. 311
D". — 64. Vidil, apud Lelorani, centum homines de villa Nobiliaci ire
cum armis in Navaram... Porlabant vexilla domini Régis et dicte ville,
proutvidit. (Maître Gautier, de Lectoure, U88.)
D^. — 65. Item communitas misil apud Pampelunc. duodecim anni
sunt elapsi, plurcs homines armalos pro communitate sua, de mandato
Régis. (Léonard Goudelii).
D®. — 66. Vidlt, duodecim anni sunt, homines de Nobiliaco facere Iran-
silum per villam Ruppis Amatoris, qui ibant cum armis in Navariam pro
communitale Nobiliaci, de mandato domini Régis. (Pierre de Roc
Amadou r.)
D°. — 67. Homines et communitas ville Nobiliaci dederunt domino Régi
duccnlas libras turonenses eo quod non irent in exercitu Arragonensi...
Vidit eas solvi domino Philippo de Bello Manerio, milite, tune senescallo
Lemovicensi et Pictavensi. (Etienne Philippe, bourgeois de la Cité de
Limoges, iî88.)
V. — Les consuls assemblent la commune en armes pour protéger
les bourgeois et punir les seigneurs qui ont attenté à leurs person-
nes ou à leurs biens.
68. Bene sunt sexaginta anni, imponcbatur domino Guiltermo de Podio,
milite, quod ipse ceperat très mercatorcs de dicta villa et curia ipsorum
(des consuls), extra locum contenciosum, inler villam Nobiliaci et civila-
Icm Lcmovicarum, et quod eos et eorum bona duxerat caplos per uemora
et forestas... In crastinum consules et communitas dicte ville qui tune
erant, iverunt cum armis et vexillo ad domum dicti mililis apud villam
Sancli Martini (1); que quidem villa distat per duas leucas a villa Nobiliaci...
Et omnia bona que erant in dicta domo ceperunt et ea secum apportavc-
runt, et domum dicti militis funditus destruxcrunt... Ipsi ceperunt très
homines de hominibus dicti militis et secum adduxerunt captos in
villam de Nobiliaco, et eos posuerunt in prissione. Audivit evocari
ter... diebus mercali, dictum mililem ex parte consulum et com-
munilatis... Cum non compareret, dictus miles et ejus heredes in perpe-
tuum fuerunt banniti, ex parte consulum et communitatis, de dicta villa.
Et filius dicti militis adhuc vivit, et modo non est ausus intrare dictam
villam. Vidil mullociens quod, cum habebat aliqua expedire cum burgen-
sibus dicte ville, quod ipse venicbat usque prope dictam villam, et man-
dabat pro burgcnsibus dicte ville cum quibus habebat aliqua expedire;
et loquebatur cum ipsîs; et postmodum recedebat (Pierre Tutonis, 1288 )
Do.— 69. Ademarus Marches, miles, cepil quemdam burgensem ville Nobi-
liaci et eum secum duxit captum in domum suam... Audivit preconizare
cum trompis por villam Nobiliaci, ex parle consulum et communitatis...
quod omnes sequerentur dictes consules, cum armis, ad domum dicti
(1) Saint-Martin-Terrasaaa, aujoord'huî commune du caaton de Saint-Léonard, arrondii-
sement de Limoges.
31 i SOCIÉTÉ AKCHÉOLOGIODB ET BtSTORlQDK DO UIIOOSIII.
mililis... El ivcruot... Vidil (le témoin) eos revcrti, et adducebant diclas.
mililem caplnm cl ejos fratrem, Bernardum Marches, el Petnim Nooalle.
domicellnm, et filium dicii oiiliiis. El dicium Pelrum posueronl ïn |>n>-
sioocm de Foole-l'ioon ; et dicium militem posuerunt in pnssionem ic
dicta villa, in domo Helyc Ademari... El postmodam fuit dcliberatos, seJ
nescil qnaliler. Domus dicii mililis est extra locum contenciosam... et
boc scit quia ostensioni interfuit... Et addaxerant burgeosem qui diee-
balur fui>se caplus : deoomine burgensis, dicit quod dictus Pomier. (Pierre
Tutonis.)
D®. — IC. Quinquaginla qninque anni sunl, coosules el commonitas dicto
\ille iverunicum armis apud Aquam Sparsam (l)in Lemovicinio, ot ibi cepe-
runt Petnim Noualle. domiccllum, cl poslmodum iverunt apud quamdain
villam Ueboulevi (2) vocalam, el ibiccperunl dominum Ademarum Marches
cl Bernardum, ejus fîlium, prout vidil <;os adduci captes ... cl didos
domiccUos posuerunt in prisione consulum, el dictum militem in qoadam
domo cujusdam burgensis. Et eos cepcranl pro eo quod imponcbalur ois
quod ipsi verberaveranl quemdam burgcnsem dicte ville in chemin^
domini Bcgis, et merces ipsias eidem austulerant... Posl modo, dominj
Giustinus Marches et Coastanlinus, milites, vencrunl in platea communi.
anlc mcnsuras ad bladum, coram consulibus, cl juraverunl ad sancLa
Dei evangelia, in presencia dictorum consulum, quod dicii miles el do-
micelli predicli starent super hoc volunlati consulum... Ipsi fuerunl deli-
berali. Ibidem fuit judicatum pcr diclos consules quod miles predicin^
bannirctur de villa ex parle ipsorum et communitatis pcr annum, et dicti
duo domicelli in perpeluum... Audivit eos banniri de villa ex parle con-
sulum et communitatis. (Pierre Velade, i288.)
YI. — Dépositions attestant que, durant tout le cours du siècle,
les consuls ont exercé la justice dans la ville, y ont jugé le^
causes civiles et les procès cnminels, y ont tenu gibet, pilori,
prison, chambre de question, quils ont eu la police de la voirie^
des poids et mesures, des métiers, des foires et marchés.
Les consuls sont en possession de la justice. — 71. Vidil, sexaginU
anni sunl, consules ville lencre assisias et placila sua in domo communi
dicte ville, in plateis communibus et sublus porlale Campi Magni, inter
homiûes dicte ville et alios quorum nominibus [sic) non recolil. (Pierre
Tutonis, Hd8).
Audiences cioiles. — 72. In illo tempore quo solebat (le témoin^
morari in villa Nobiliaci, vidil quod... consules audiebanl causas ipsorum
(des habitants) 1er in sepiimaua, iu domo communi dicle ville. (Pierre de
Roc Amadour, iiSS.)
(2) Il s'agit d'Aigueperae, commune de Saiat-Paul-d'Eyjeaux.
;3) Eybouleuf, aujourd'hui commune du canton de Saint- Léonard.
LA COMMUNE DE SAINT-LÉON A Ul) DE NOBLAT AU XIll^^ S11^.€LK. 3(3
D*>. — 73. Honiines dicte ville liligaDl inler se super debitis, verbera-
tionibus et heredilatibus... coram consulibus... Gonsuics in talibus aclio-
nibus tenent assisias suas bis in septimana, videiicet die marlis et die
vcneris, in domo consoiatus; et hoc faciuntsoli, sine vigeriis. (Fr. Vincent,
templier.)
I>>. — 74. Consules audicbant causas pccuniarias et bereditarias in
domo commun!. Triginta quinque sunt anni... conlencio erat inter
Matheum de Molendino et Giraudum Symonis, de villa predicta, super
quodam gradu qui crat inter domos ipsorum... Tune vidit (le témoin)
quod consules veneruntad dictum locum,prout vidit, etmensurati fuerunt
locum contenciosum cum quadam corda, et assignaverunt cuilibet parlem
suam de gradu de quo erat contenclo. (Pierre de Roc Âmadour.)
D°. — 75. Conlcstatio erat inler Giraudum Symonis et Matheum de
Molendinis, burgenses, super limiiatione cujusdam mûri... Consules...
venerunt ad dictum locum et murum predictum limitaverunl; et dicti
consules posuerunt metas lapidum in capite dicti murL (Témoignage de
l'enquête.)
D<». — 76. Viginti quatuor anni bene sunt, fecit (le lémoin) citari coram
consulibus... Robertum,factorem ciforum, avunculum suum ; et petebat ab
oodem quandam pecunie quanlitalem, quam ejus avunculus amoverat
de societate quam ipsc habebat cum ipso. Ct negavit ejus avunculus se
dictam pecuniam amovisse de societate : quod probavit iste coram dictis
consulibus per octo testes. Et tune fecerunt ei soivi dictam pecuniam.
Requisitus si gentcs Episcopi interfuerant, respondit quod non, quod
sciât (Gautier de Lectoure). — Non satisfecit (la partie qui avait perdu le
procès), infra tempus predictum... Iste (le témoin) conquestus fuit consu-
libus, et tune dicti consules fecerunt ipsum gagiari de pennis que erant
in domo sua, et amoverunt portas domus (1) in qua morabatur. (Martin Le
Tourneur.)
D^. — 77. Vidit pluries quod quum homines extranci veniebant ad villam
Nobiliaci et vendebant ligna vel bladum suum vel alia hominibus commo-
rantibus in dicta villa, et dicti emptorcs nolebant satisfacere dictis vendi-
toribus de co in quo sibi tenebanlur, quod dicti consules precipiebant
dictis hominibus commorantibus in dicta villa quod satisfacerent dictis ven-
diloribus. (Pierre Velade.)
Fourches de la commune, — 78. Quadraginta sunt anni et a quadra-
ginla annis, vidit quod consules habent furchas ad quas suspendunt ma-
lefactores. (Pierre de Roc Amadour.)
D». — 79. Sexaginta et septem bene anni sunt... quidam homines
venerunt ad nemus de Queneu et ibi très arbores sciderunt (aie), et. . .
fecerunt quasdam furchas, quas elevavcrunt juita dictum locum, propc
cruccm de Courepere ; et habebant dicti homines duas secures cum qui-
bus fecerunt dictas furchas... Plantaverunt dictas furchas cum quadam
scala. . . Statim post, ipse vidit quemdam lalronem suspcndi ad dictas
furchas, pro eo quod crepuerat quamdam ecclesiam et ibi subripucrat
(1) Ce procédé est soavent employé à l'égard des payeurs récalcitrants. Les consuls de
Limoges et leurs officiers en usent encore au xvu* siècle.
T xxxviu. 21
31 i SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
veslimenta ipsius (i), de quibus fecerat vestes. . . ilii qui dictas farcha^
crexcrunt et qui dictum lalroncm suspendcrunt, erant de dicta villa...
Aole illud tempus, homines dicte ville suspendebaot latrones ad quam-
dam arboreni... Et in suspensione eraot plures homiues armati et sise
armis. (Pierre Velade, 1288.)
D^ — 80. Scxaginta anni suot, vidil fieri quasdam furchas per con-
suies et communitalem .. . et eas erigi fecerunt in loco qui dicitur La
Courpeire, prout vidil... Audivit dici quod, ante illud tempus, dicli
consules suspendebant latrones et malefactores suos ad quandam arbo-
rem siiam in loco qui dicitur a VOrt Bonissam, Ipse vidil scîndi pcr
consules et communiiaiem predictos arbores, de quibus facie fuenini
dicte furclie, in bosco de Quenevi. (Pierre Tutonis.)
(Fourches, n'- 84, 87, etc.).
Pilori de la commune. — 81 . Vidit capi . . . quemdam hominem pro eo
quod furaverat bladum; vidit ipsum poni, quodam die sabbati, per dictos
consules, in scala, in plalea communi dicte ville in qua sont mensurc ad
bladum . . . Cum ibi fuisset per unum diom . . . vidit eum fuslîgari per
dictam villam. (Pierre Velade, 1288).— Ipse vidit judicari dictum Petram in
domo communi dicte ville, per dictos consules, ad pooendum in scala pcr
unum diem .. et quod in perpetuum banniretur de dicta villa. (Pierre
Tutonis, lâ88.)
Les consuls font donner la question. — 82. Consules fecerant. . . poni
eum in prisione dictorum consulum, in portali de Fonte Pinon, pro eo quod
imponcbalur ci quod ipse inveneral thcsaurum in quodam campo, quod
consules volebant habcre.. . Vidit (le témoin) ipsum poni in queslionibus
et lormentis in dicla prisione, ut ab eo extorqueretur veritas... Fuit in
dicta prisione bene per annum. (Pierre Velade.)
D^. — 8i. Viginli anni sunt vel circa. .. quidam. . super pecunia
subrcpta. . . conquesti sunt consulibus et vigeriis dicte ville, qui ccpcrunl
scrvicnlem domus predicte, et... addixerunt questionibus et tormeolis.
(Kr. Vincenl, templier.)
Prison des consuls, — 84. Consules habent carcerem, furchas... (Le
môme).
O*). — 85. Et dictum Slephanum vidit poni in prisioncm de Maio Per-
tuisio per eosdem (les sergents du consulat) et dicta prisio est consulum.
(Martin Le Tourneur.)
[)o. — 86. Vidit, sexaginta anni sunt, quemdam hominem in prissione
consulum in porlalicio de Fonte Pinon, pro eo quod impoucbatur quod
inveneral Ihesaurum abscondilum in terra; et fuit bene per duos annos...
Post... vidit dcliberatum in plalea in qua sunt mensurc ad bladum.
pcr judicium consulum, ita quod redeceret quitus et immunis super
diclo facto. (Jean du Bois, prêtre, 1Î88.)
Causes criminelles jugées par les consuls. — 87. Vidit adduci in dic-
tam villam per consules, scxaginta anni sunt... quemdam latronem pro
co quod subripuerat in quadani ecclesia veslimenta dicte ecclcsie et de
(1) Ipsius ecclesie — de c«tte église.
LA COMHUNK DK SAINT-LÉONARD DK NOBLAT AU XUl^ SIÈCLK. 315
dictis vestimentis fccerat camisiam et brachas, et de stola bracharium. . .
Yidit dictum latronem judicari ad suspendendum per dîclos consules in
quadam platea in qua sunt meDsure ad bladum... Et preconizatum fuit
cum trompis... ex parle diclorum consulum et communitatis tantam.quod
omnesvenirent visuri fier) justiciam de dicto lalrone... Viditdiclum latro-
nem daci ad suspendendum per dictos consules et commuDilatcm... Vidil
ipsum suspensum ad quasdam furchas que fueranl facte de novo per con-
sules inler boscuu de Morteseigne et crucem de Courtpeirc. (Jean du
Bois, prêtre de Peyrat.)
Do. — 88. Quinquaginta anni sunt, quidam... furaverat forpices (sic)
sive ciaailes, Consules judicaverunt eum ad hoc quod tonderetur super
capul, ila quod seugis exiret de capite. . . Et duxerunt ad quamdam por-
tam dicte ville, vocatam Blancheram, et ibi amputaverunl ei capillos et
aliquanlulum de corio capitis; et inhibuerunt ei de celcro quod intraret
villam. (îd.)
D^ -« 89. Vlditcapi, quadraginta duo anni sunt, in mercalo ville Nobiliaci,
Siephauum Dresseres, pro 60 quod furatus fuerat duos boves versus Sub-
icrianeam, quos volebat vendere in mercalo dicte ville... et vidii ipsum
poni in prisione consulum de Malo Perlusio; et ibi sielii per duos dies.
Vidit ipsum adduci in platea commun! dicte ville, ante mensuras ad
bladum... ei judicari ad suspendendum. Dicti boves fuerunt reddili homini
cujus erant per consules. (Pierre Velade.)
D*».— 90. Quadraginta anni sunt, vidit capi per consules quemdam hominem
dictum Ribauium et eum poni in prissione consulum, in quadam archa.
In craslinum ipse vidit dictum Ribaldum judicatum, in domo commun
dicle ville, ad suspendendum per d!cl08 consules, eo quod... combusserai
quandam domum et septem tam homines quam mulieres in eadem, et quod
inlerfecerat quandam mulierem prenantem (sic), Audi vit preconizari cum
irumpis, ex parte consulum et communitalis lanlum, quod omnes venirenl
visuri fîeri jusliciam Et venerunl, et duxerunt ipsum ad dictas furchas.
Eraniibibene trescenlum homines armali. (Le même.)
D<^. » 91. Triginta ocîo sunt anni quod iste vidit capi per consules
ville... ante ecclesiam Sancli Leonardi, 1res garciones... pro eo quod
scindebant bursas peregrinorum. Et ducli fuerunt in domum communem
consulum, et ibi judicali fuerunt, duo ex eis ad admiclendum auriculas
propter latrocinium... Et tercius ex ipsis fuit judicaïus ibidem per dictos
consules quod scinderel auriculas aliorum duorum, pro .eo quod erai
juvenis. Ipse vidit eos duci per dictos consules ad portam Ëlemosinariam.
et dlctus parvusgarcio ampulavit aliis duobusaures. (Manin Le Tourneur.)
D^, — 9i. Triginta septem anni sunt, vidil ires pueros capios in domo
consulum .. et fuerunt capli pro eo quod scindebani bursas peregrinorum...
Siaiim consules dicle ville judicaverunt duos majores ad perdendum auri-
culas; et quod tercius ex eisdem eas amputarel. El fuerunt eis amputate
ad poriam Ëlemosinariam. Et fuerunt 1res pueri banniii de villa cum trom-
pis, ex parte Régis et consulum. (Mallre Gautier, de Lecloure.)
D^, — 93. Triginta septem anni sunt, vidil capi el duci in prisionem
consulum per consules Petruro Baudrit, Bernardum Pazani et Petrum
SIC SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIVOUSIR.
Salviac, pro eo qaod subripueranl angullas salsatas in quadam domo diele
ville. Petrus Baudril fregit prisîonem consulum et fagîil (sic)... Ainici
iilorum duorum qui non fregeranl prisîonem, concordaverunl com conso-
libus .. quod dicli homioes reverlerentur in vitla, lia quod îpsi accipereoi
burdones et peras, cl quod incontinenli exirent de dicta villa el quod
iront in pcrpeiuum ultra mare. Et sic fecerunl. (Pierre Velade.)
D». — 94. Triginla très sunt anui quod ipse vidit capi in dicta villa
Slephanuni Pailarleu... cum uno sextario bladi quem ibidem furatns fuerat.
El fuit adduclus in domo consulum per consules qui tune erant; et statim
ipsum feceriint fustigare per dictam villam, portando dictuin bladum saper
humeros, et banniverunt eumdem cum trumpis, ex parte domini Régis et
Consulum. Requisiius si génies Episcopi ibi inlerfuerant, dicit qaod non,
quod sciai. — Bene suni triginia anni, vidit et audivit banniri, ex pane
domini Régis et consulum de dicta villa, Guionetum. dictum Bat-Sausse,
pro eo quod interférerai quemdam homincm de dicia villa. (Maître Gautier,
de Lecloure, 1988.)— Et cum fuisset ejeclusde dicta villa, consules qui erant
ibidem, inhibuerunt dicio Stepbano ne de ceiero intraret dictam villam.
Quod si inlrarei dictam villam, quod suspenderetur. (Martin 1^ Tourneor.)
D°. — 95. Triginia anni sunt qaod vidit capi in villa Nobiliaci... dic-
tum Metadier per consules et eorum servientes .. Ipsum ducebant verssas
prissionem de Malo Fertuisio... Posimodum vidit adduci dictum Heladier
anle ecclesiam Béate Marie, subtus ulmum ; et vidit qaod dictas Metadier
fuit judicalus per diclos consules ad admissionem (sic) pedis... Ductus fuit
ad porlam Ëlemosiiiariam cum trumpis, et ibidem fuit pes amputatus. Pro
judicioelampulacioni intereranl bene mille persone. (Manin Le Tourneur.)
D° — 96. Triginia quinque anni sunt, vidit dictum Stephanum poni in
prisione... pro racemis quos dieebatur subripuisse; el vidit ipsum judicari
in plalea communi dicte ville, anle mensuras ad bladum; et vidit eum
fustigari per diclam villam, ex parte consulum, quadam die sabbati post
diclam caplionem. El porlabal racemo^f super collam suum... Et aadivii
ipsum forbanniri cum trumpis, ex parte consulum, per annum. (P. Velade.)
D°. — 97. Vidit capi, viginii septem anni sunt, dicium Blancbart in
domo sua per consules... et duci in prissionem in domum commanem
consulum... El ibi stelit per Ires dies. El cum nichil posseï probari
contra dicium Blanchart, isie vidit quod consules fecerunl abjurarc dictam
Blancliarl diclam villam (1) in perpeluum; el non fuit baanitus... Imponek^a-
tur quod ipse interfecerat uxorem Jacelmi Jauberli de qaadam lapide...
Abjuravil in domo communi. (Marlin Le Tourneur.)
D^ — 98. Iste vidit capi, viginti quinque anni sunt, Stephanum Pailarl
in quodam domo, pro eo quod furatus fuerat bladum, et captas fuit per
servientes consulum... Et vidit dictum Stephanum judicari per dicios
consules ad fusiigandum per villam, et eum judicaveruni in domo com-
muni... El vidit ipsum fusiigari per villam cum irompis; et defiferebat
super collum suum, bladum quod dieebatur subripuisse. Et dicit qaod,
(1) Faut -il comprendre que Blanchard jura d« ne plaa habiter U vUle, — > ou bien quM
déclara s'exclure lui-même de la commune : son ahjuratio ayant pour effet d'annuler le «er-
ment qui solidarisait entre eux les membres du corps de bourgeoisie?
LA COMHUNE DK SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIU^ SIÈCLE. 317
eum fuissel ejectus de dicta villa, consules qui cranl ihidcm, inhibuerunl
diclo Stephano ne de celero intraret dictam villam. [Id.]
1)0. — 99. Viginli sunt anni qaod isle vidil Giraudum de Arverniha (?)
apud Nobiliacum, sabtus ulmum, anle ecclesiam Beale Marie, captum coram
coQsulibus, pro furlo... El judicaverunl dicii consules dicium Giraudum ad
suspendendum propter furlum... El vidii ipsum duci ad suspendendum, ei
audivit preconizari apud Nobiliacum, ex pane consulum el communilalis
quod omnes irent visuri fieri jusiiciam de diclo Giraudo; et sic fecerunt,
prout dictam est. (Léonard Goudelli, clerc.)
Contumaces, — 100. Imponebalur... triginta quatuor anni sunt elapsi...
Johanni Goulon quod intcrfecerai quemdam hominem inter villam Nobi-
liaci et poniem dicte ville; et fugil. Et vidit (le témoin) tune quod commu-
nitas dicti loci sequta est cum armis dictum Johannem ; et cum ipsum
dicta communilas non posseï invenire, ipsa reversa fuit ad domum dicti
Johannis in qua morabatur, prope pontem et ultra dinum pontem. . et
dictam domum fnnditus diruerunl. .. Postmodum fuit preconizatum ter,
ex parle Ëpiscopi, consulum et communitatis, quod dictus Johanncs veniret
coram consulibus stare juri super diclo facto, et cum non venisset, fuit
bannitus ex parte consulum el communilalis. (Pierre de Roc Amadour).
D^ — 101. Audivil trompariper dictam villam quod omnis venisset...
ad plateam que est anie ecclesiam Beale Marie, subtus quemdam arborem.
Et cum omnes vcnissenl ad dicium tocum, vidil judicari, per judicium die-
torum consulum qui tune cranl, quod domus dicti Guillermi fundilus des-
troeretur, et, facto judicio, isle vidil quod consules predicli el communilas
iverunl ad diclam domum cum armis, lanceis, securis [sic) cl crocis, et
dictam domum fundilus deslruxerunt.. . Et poslmodum vidil ter vocari
dictum Guillermum cum irompis per diclam villam, ex parte consulum...
et cum non veniret, isle vidil... quadam die mercali, quod dicli consules
banniverunl in perpetuum dictum Guillermum de dicla villa per judicium
omnium ipsorum ; et dicium judicium fecerunt subtus diclam arborem,
ad diclam ecclesiam... el poslmodum, fuil bannilus de dicla villa in per-
petuum cum Irompis, ex parle Episcopi Lemovicensis, consulum el com-
munilalis. (Pierre Tutonis.)
D°.—10î.Peirus dictus de Gai inlerfecii Guillermum Lalrovomile(?) in villa
Nobiliaci, de quodam caslcllo (1), et fugiit in ecclesiam Saucii Leonardi.. .
nia nocle qua confugeral ad ecclesiam, consules dicie ville fecerunt cuslo-
diri cum armis dictam ecclesiam ; et non obstanle, ipse fugiit. . . Consules
qui lune erant fecerunt ipsum ter vocari per dictam villam cum trumpis, ex
parte ipsorum et communilalis, el stare juri coram ipsis super dicto faclo...
Et cum non compareret, ipse (le témoin) vidit et audivit dicium De Gai
banniri de dicta villa ex parle consulum et communitatis tantum, cum
trumpis (2). (Pierre Velade).
Voirie; alignements, — t03. Sexaginla anni sunt, Bernardus Helie,
(1) Peut-être pour cuHeîîo,
(2) C'est, croyons-nous, le texte le plus ancien où se rencontre le nom de la famille Gay,
l'une des plus anciennes de Saint-Léonard.
318 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUR OU LIMOUSIN.
miles, faciebal edifîcari sex domos in dicta villa prope muros ville. . . et
dimillebat parvum spacium inler dictas domos et muros... Consules veiie-
ruDt ad dictum locum, et preceperant dicto miliii quod ipse magis elongna-
ret domos suas a mûris predictis, et quod dimittereliir magnum spacium
inler muros et domos predictas. Et sic iecil, prout vidit. (Pierre d'Ar-
feuille.)
Do, — 40i. Qaadraginta suni anni et plus... Stephanus Fabri faciebat
cdificari quamdam domum in dicta villa, uimis prope viam publicam. Et
lune consules venerunl ad dictam domum, et mensurati fuerunt dictam
domum et viam; et quoniam ipsi viderunt quod diclus Stephanus edifîcabai
nimis prope viam, ipsi preceperunt diclo Stephano quod iliud quod edifica-
verat, traheret magis rétro in domum suam. (Pierre Velade.)
D^, — 105. Triginla sunl anni, vidit [quod] Petrus Ademari, burgensisde
Nobiliaco, vellet quandam domum suam, silam apud Nobilîacum, faeerc
corrui ut in meliori modo reediticaret eam. Venerunt ibi consules de Nobi-
liaco et cum ipsis plures quos ad hoc vocabant, et mensuraveruni vicam in
quo sita erai domus predicia, ne dictus Pelrus Ademari prediclam domani
suam recdificaret super vicum, vel caperet de terra vicini sui... Et dicli
consules, accepta ab ipsis dicta mensura, dederunl licenciam diclo Petro
Ayemari reedificandi. (Pierre de Billiax, tailleur de pierres aux Allois, lâSS.;
D°. — i06. Triginta sunt anni, vidit mensurari per consules et plares
hurgenses ville quandam plateam Jocelini de Latere, burgensis, que sita
erat extra muros ville, et est immédiate prope diclos muros. Et per meo-
suram vidit licenciam dari ab ipsis consulibus ipsi Jocetino cdificandi ibi-
dem, (/d.)
Poids et mesures. — 107. De mensuris vero et cubitis et alnis, ipse
vidit capi in nundinis, per consules ville, falsas alnas et eas frangi... De men-
suris vini, vidit eas multotiens capi per consules, et eas porlari ad domum
consolatus. (Maître Gautier.)
Do. — 108. Girauduà Perucho conquestus fuitcoram consulibus, dicendo
quod Johannes de Sublerranca, de dicta villa, habebat falsam mensuram ad
vinum... Consules iverunt ad domum in qua morabatur dictus Johannes.
et feccrunt portari mensuram suam cupream ad dictam domum et ibi
adjustavcrunt mensuram dicti Johaniiis» etc. (P. Velade.)
D<». — 109. Ipse vidit capi mensuras ad vinum, in domibus illorum qui
vendebant vinum, per consules... et iecerunt cas adportari ante ecclesiam
Beaie Marie, sublus ulmum, et eas adjustavcrunt, prout vidit. (Martin Le
Tourneur.)
D**. — 110. A tempore quo se recolit, vidit mensuras lapideas ad bla-
dum in platea communi Nobiliaci, et adhuc sunt in dicta platea... Bur-
genses Nobiliaci habenl mensuras ad bladum in domo sua, et dictas men-
suras... ad mensuras lapideas [adjustant], et si reperiatur quod aliqais
habeai parvas mensuras ad bladum in domo sua, consules ipsum puniunt
pro falsa mensura. (Léonard Goudelli.)
D*>. — tH. Dicil quod nunquam vidit dictum episcopum uti justicia
mensure bladi. (Elie Panabeus, témoin de Tévéque, 1988.)
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU Xlll° SIÈCLE. 310
Police du commerce et des métiers. — H2. Vidit, iriginta anni sunt, in
quadamplalea dicte ville, per consules... comburi duos porcos salsaios, qui
morlui fuerant malo morbo, ut dicebant carnifices... Et erani dicli porci
Aodoini Lcfourt, lune carnificis de dicta villa... Cum dicti consules corn-
bussissenl dictos porcos... ipsi fecerunt banniri in perpeluum de dicta
villa cum trompis, ex parle ipsorum et communitalis, diclum Âudoinum.
(Pierre Tulonis.)
Do. _- 113. Vidit pluries consules capere panem, et cum erat nîmis
parvus, fregebant (sic)^ et panem fracium mittebant ad Domum Dei dicti
ioci. (Léonard Goudelli, clerc.)
Do. — M4. Bene trigintaanni sunt, vidit in domo consulum... pannum
de lana falsum quod {sic) dictus Balindon de dicta villa fecerat, et quoi
judicatus fuit quod erat falsus... Poslmodum consules dicte ville fecerunt
comburi diclum pannum in quadam platea communi. Requisilus si dicte
combustioni inierfuerunt génies Episcopi» dicit quod non, quod sciât.
(Maître Gautier de Lecloure).
Do. — 115. Viginti et quinque anni sunt, consules fecerunt adportarc
quemdam pannum laneum in quadam platea communi dicte ville, et judi-
caverunt quod dictus pannus non erat sufficîens, et cum judicaverunt ad
comburendum ; et, eo judicato, ipse (le témoin) vidit quod ipsi fecerunt
dictum pannum in dicla platea comburi. (Pierre de Roc Amadour.)
D®. — 116. Seplemdecim anni sunt, consules Nobiliaci ceperunt pannos
cujusdam mulieris de Joncberia... pro eo quod vendebal pannos suos apud
Nobiliacum ad parvam alnam, et dictos pannos fecerunt dicti consules
secum portari. (Léonard Goudelli.)
0°. — H7. Vidit comburi quemdam pannum falsum in quadam platea
commun! dicte ville per consules dicte ville qui lune erant ; et fuerat facius
dictus pannus de pilis caprarum, et dictum pannum fecerat fieri Giusiinus
Belauds (1), burgensis dicte ville... et panno combusto, dictus Giusiinus
fuitbannitus de villa per annum, ex partt; consulum. (Autre témoin).
Police des foires, — 1(8 Dicit quod, sexaginta sunt anni et a scxaginta
annis, vidit cuslodiri per consules mcrcala et nundinas Sancti Léonard i
de die et nocte, cum armis cl sine armis;... quod predicla cuslodiebanl
juvenes homines dicte ville ; et quum aliquis veniebal de extra villam et
deffercbat ensem, quod illi qui cuslodiebanl nundinas auferebant eis en-
ses suos et cuslodiebanl... quousquc illi quorum erant enses reverleban-
tur ad domos suas, et poslmodum eos rcddcbanl. Requisitus de nominibus
ilhsrum quibus vidit auferri enses in inlroilu dicte ville et eis reddi in
exilu... dicit quod... Baro de Castro novo et Pelrus de Domnyon {t) et
plures alii nobilcs. (Pierre Tutonis.)
(1) Il s'agit probablement du bounteols nommé Balindon au n* 114.
(21 Le Dognon, très ancienne chàtellenio qui comprenait une partie du canton actuel d«
Saint-Léonard. — Châteauneuf, aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
Les barons de Cbâteauneuf sont souvent mentionnés dans les documents relatifs k l'histoire
rie Saint-Léonard.
3^0 SOClRrÊ ARCHÉOLOGIQUE El UISTOAlvtUE DU LIMOUSIN.
D«. — 119. Quum aliquis dcfercbat ensem quum iotrabat in villain, ipsi
(les consuls et les gardiens) auferebant ei enscm suam, et postmodan,
quum rccedebatde villa, ipsi reddebant.... De nominibus illorom quibns
vidit aufcrri enses suos,.-. dicit quod domino Pelro de Pelra Buferia (i) et
aliis tribus mililibus qui cranl cum ipso. El dictos enses amoverunt tsto
Giraudus Lafeille cl ejus fratcr, et quatuor alii... subtus portale porte
Eleemosinarie. (Pierre d'Arfeuille.)
Perception de deux setters de oln sur les taoernes. — *20. Viiiit taxar
apud Nobiliacum dicla duo scxtaria vini per consules ville Nobiliaci... e>
ipsemet qui loquitur dicla duo sexlaria solvit... co quod erat tabemarius.
(Adémar Bordes, <288.)
Crieurê du consulat.^ 121. Vidit eos (les consuls) habere preconesquî
faciebant cridas etbanna. (Pierre d'Arfeuille.)
D^ — 121 bis. A temporc quo se recolil, ipse vidit quod consules Nobi-
liaci qui pro lempore fuerunt, habuerunt prcconcs seu tubicinalores qui
vocanlur ^ Boucaus. (L<^onard Goudelli.) Dicit quod dicti burgcnscs cl
consules usi sunl et fuerunt ab antiquo prcconibus et huchiis, clamalori-
bus bannum et banno. (P. Jouaus.)
VII. — Dépositions affirmant que VÈcéque est seigneur direct de la
ville comme du château âe Noblat, que les bourgeois lui doiteut et
lui ont toujours prêté le serment de fidélité et qî$'Hs lui ont fonmi
le service militaire.
L'Eréque est seigneur de Saint-- Léonard. — t22. Gaslrum Nobiliaei
esse Episcopi in parte, «et alia parte tenetar ab eo; et dicta villa est
pars dicti castri. (Pierre Vigier, 1280 et 1288.)
D». — 123. Villa Nobiliaei sita est infra castellaniam castri de Nobiliaco
et de caslcllania; que castcllania tenelur ab Episcopo in feodum; et tune
dictus episcopus habel ibi seilam dccimam parlem, et residuum tenctur
ab co in feodum... Vidit dominos dicli castri ibi explectantes justiciam et
levarc emendas. Et Episcopus emil a diclis dominis quidquid tenebaot in
villa Nobiliaei ; et vidit episcopos Lemoviccnses explectare in dict4 vilU
et pcrtinenciis tanquam domini, omnimoda juslicia, a quinquaginta
annis, etc. (Elie Panabcus, prév6t du château de Noblat, 4 280-1288.)
D<*. — 424. Episcopus est dominus pro parle castri et caslellanie Nubi-
liaccnsium, et alii domini qui habcnl parlem in dicto Castro, tenent snam
parlem ab Episcopo... Dicla villa est in castellania et de castellania dicli
castri, et circumquaque castellania circuit diclam villam et monstram, el
se exlendit ultra bene per leaeam... Tota juslicia, alla, média ci bassa,
(1) Ltn barons àe Pierrebuffière (aujourd'hui cheMieu dé canton de rarrondissenient de
Limoges) comptaient parmi les seigneurs les plus puissants du pays.
LA COUHUNi: DK SAINT-LÉONARD DE MOULAT AU Xlir SIÊCLK. 3ât
pertinet ad Episcopnm. (Gonstanlin Marchés, chevalier da cbâteaa de
Noblat, 1380-4988.)
D». -- 125. Episcopus cl predecessorcs sai sunl et fuerunt domini dicte
ville, quia castrum de Nobiliaco, quod est juxta villam de Nobiliaco, aqna
média, est ipsius Episcopi cl fuil predecessorum suorum; el dicli épis-
copi fuerunt semper domini dicli caslri et pertinenciarum cjusdem. El de
dicta et in dicta caslcllania, aliqui, qui sunl porcionarii dicli caslri, icnent
partcm suam a dicto Episcopo. Et vidit ipsos facerc homagium ipso Epis-
copo, quillbet pro parle sua... Jocealmum elHelyam Bruni, Helyam el Pe-
trum de Nobiliaco, fratres (Pierre Bernard, sergent du Roi de France à
Eymouliere, H88.)
Le8 habitants de la cille ^ à partir de Vdge de quinze ans^ doioent le
serment de fidélité à VEoêque, — i26. Homincs ville faclunt ei (à Tévôque)
juramentum fidelitalis singulariter ex quo vcniunl ad etatem qnindecim
annorum. (Elie Panabeus, prévôt du chAleau de Noblal.)
Les bourgeois ont prêté le serment à Véoêque Gui de Clusel (1826-f535).
— U7.Scxaginla anni sunl, vidit quod... omnes burgenses ibant in aulam
episcopalem de dicta villa, et dicebanl quod ibanl ut redderent sacra-
mentum fidelitatis Episcopo. Et vocabalur Guido. (Pierre Bernard, d'Ey-
mouticrs.}
IlsVontprété à Véoêque Durand (1236-1245). — H8. Vidit burgenses
omnes... prestanlcs cl facientes juramentum fidelitatis episcopo Durando,
in aula episcopali ville ^obiliaci, (Guillaume de Razès, chevalier, homme
lige de révoque, 1288.)
D». — 128 bis.., Vidit episcopum Durandum, qui rccepitab hominibus
dicte ville diclum sacramcnlum rétro altare Sancli Lconardi (Pierre Fabri,
1280.)
Ils Vont prêté à Véoêque Aimeric (1215-1272.) — 129. Vidit, bene sunl
quadraginla anni... diclos burgenses omnis communitatis facientes dic-
lum sacramcnlum Aymerico episcopo in aula episcopali ; postea episcopo
Gilberto qui nunc csl, vidit fîeri ab eisdcm bene sunl qulnquc vel sex
anni, juxla dictam aulam : sed fuerunt compulsi... pcr judicium curie do-
mini Régis, quod vidit scriplum cl sigillé domini Régis ccra viridi sigil-
latum. (Audoin, prieur de Châlclus-le Marcheix.)
D«.— 130. Ipso teste présente, vidcntc et audîcnte, consules el majores
ville, usque ad quinquaginla, pro se cl aliis hominibus ville, fecerunl
juramentum fidelitatis Aymerico, predecessori ipsius episcopi, triginta
quatuor sunl anni. (Martin Jornet, clerc marié, 1280.)
Voir plus loin, n® 132.
!)•. — 130 6m. Aymericus, predecessor dicli Episcopi, recepit juramen-
tum... a dictis hominibus valenlibus... triginta anni sunl vel circa, in aula
sua de Nobiliaco, (Constantin Marchés, chevalier; Foulques de Royère,
môme déposition, H80.)
Ils Vont prêté à Véoêque Gilbert de Malemort (1 275-1 Î94). — 131. Duo-
dscim anni sunl, vidit dictes homines singulariter facientes homagium et
sacramcnlum fidelitatis episcopo Lemovicensi qui nunc est. Et erant bene
septem centum... et erant de dicto numéro majores el gerentes se pro
3îî SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTORIQOK DU LlMOOSlîî.
consulibus dlcle ville... Tune audivit clamari per villam ex parte Episcopi
el consuhim, quod omnes de villa qui quindocimum annum ailimpleve-
ranl, ircnt ad aulam Episcopi, prcstiluri sacramenlum fidelitalis Episcopo.
(Pierre Joubcrt, curé de Sainl-Etlcnne de Noblaî, 1288.)
D». — 132. Ducenli lïomines dicte ville fecerunt dictum sacramenlum
Ëpiscopo qui nunc est, bene sunt duodecim anni vel circa, in aula episco
pâli ville Nobiliaci. Posiea idem Episcopus liliguavil contra rcsidaom
hominum dicte ville in curia domini Régis, quia nolebant dictum sacra-
menlum facere... et tuerunt compulsi seu condempnati ad faciendum...
El ipsemet qui loquitur, vidil quod fecerunt et reddiderunt dictum sacra-
menlum diclo ëpiscopo in dicta aula, bene sunt quatuor anni. (Hugues,
prieur de Saint -Léonard, 1288.)
D».— 133. Vidit, quum ipse Episcopus qui nunc est Lemovicis fuil crea-
lus, quod homines dicte ville fecerunt sibi homagium in villa Nobilia-
censi, in domo aua episcopali, omnis communilas et consules. Audivil
dici quod ad hoc fuerunt compulsi per judicium curie Régis. Ncc vidil
quod predccessoribus dicti Episcopi fccissenl homagium. Tamen audivit
dici quod Aymerico, quondam episcx)po Lemoviccnsi, trigînla hominc?«
dicte ville, pro tota communitate, fecerunt homagium, quum fuil créa-
lus episcopus. (Etienne, sous-prieur de Saint- Léonard, 1288.)
D®. — 134. Vidit dictos homines singulariter facienles homagium el
sacramenlum fidelitalis ëpiscopo Lemovicensi qui nunc est, et eraut bene
scpiem ccnlum, quos vidit sibi prcstantes dictum sacramenlum in aula
episcopali... Tune audivil clamari per diciam villam, ex parte Episcopi et
consulum, quod omnes de villa qui quindecimum annum adimplcveranl,
irent in aulam Episcopi, presliluri juramentum fidelitalis Ëpiscopo. (Pierre
Jouberl, curé de Saint-Etienne de Noblal.)
Do. — 135. Vidil, duo anni sunt, burgenses facere juramentum fidelitalis
Ëpiscopo. De forma juramenli, dicil quod jurabanl quod servarent corpus
suum el honorem et secretum, si revelaret eis, et jus suum et dominium.
(Olivier de Noblal, 1Î80.)
La commune a fourni le seroice militaire à VEoêque, — 136. Audivil
clamari in villa... ex parle dominorum consulum el communilalis ville
Nobiliaci, quod omnes irent cum armis ad adjuvandum el liberandum
Hcmerycum, episcopum Lemovicensem, qui eral delenlus apud Pontem
de Teryon (?); cl vidit quod génies dicte ville vénérant cum armis el
irompis... El cum venirent ad locum, invencrunl eum liberatum... de
mandalo senescalli domini Bertrandi de Vasynaco, lune gcrenlis vices
episcopi (P. Vigier.j
1)0. _> Iô6 *t5. Vidil... burgenses ville Nobiliaci, bene usque ad mille,
eunles apud pontem Arion et dicentcs : Nos imus apud pontem Arion pro
deliberando dominum noslrum, quem génies comilis Marchie tencnl ibi-
dem caplum. (Audoin Marchés, curé de Châlelus).
D«. — 137. Berlrandus de Vassinhaco, qui cuslodicbal regalia-.. fccil
clamari in dicta villa ex parte custodis regalium, quod burgenses dicte
ville scqucrenlur islum Icslcm cl irenl cum co ad persequondum murtra-
rios qui erant, ut dicebalur, in nemore Caslri Novi. El dicli burgenses
LA COMMUNE DB SAlNT-LÊONARD DB fCORLAT AU XIU* SIÈCLR. 323
venerunt, tam armati quam inhcrmes, bene usque ad centum, et iverunl
ad diclum locum cum islo teste, sexdecim anni sunt. (Pierre Raymond,
sergent — oalletus — de la châtellcnie de Guéret, 1288.)
D^. — 137 bis. Homines de villa Nobiliaci, bene usque ad quadraginla
armatos, pedites et équités... iverunl in auxiiium domini de Castro Novo,
ad capiendum bannitos qui erant in terra sua... quatuordecim anni. (Autre
témoin, 1280.)
VIII. — Témoignages attestant que l'Êvéque est justicier dans la ville
de Saint-Léonard, et qu'il y a de tout temps exercé la juridiction
civile et criminelle.
UEoéque est justicier de la oUle et y rend ou fait rendre la Justice. —
138. Homines dicte ville sunt justiciabiles cl subdili Episcopi Lemovicensis.
(Pierre Jaubert, curé de Saint-Etienne de iNoblat, 1280-1288.)
D<^. — 139. Dicit quod Episcopus habet omnem justiciam, altam et
bassam, in villa et monstra predlclis. (Guillaume de Kazès, chevalier,
homme lige de Tévêque, ancien gardien des Régales, 1280-1288.)
D«. — 140. Pluries et publiée vidit allocalos Episcopi tencnles assisias
in dicto Castro... et placila de mililibus elaliis hominibus dicte castcllanie.
Non vidit quod burgenscs ircnt ad assisias... De loco [interrogatus]...
dicit in auld Episcopi et in porticu Bcale Marie de Nobiliaco. (Etienne,
sous-prieur de Saint-Léonard, 1988.)
Do. — 141. Vidit, viginli quinque anni sunt, Helyam de Lemovicis,
cujus iste testis erat tune clericus, tenentcm assisias et placita, nomine
Episcopi, in aula episcopali, et aliquociens in domo Pétri Astais dicte
ville, et aliquociens in porticu Béate Marie. (Pierre Latere, chanoine du
Moûtier-Roseille, 1988.)
D^ — 142. Vidit allocatos domini Episcopi... Helyam de Lemovicis,
militem, Stephanum Fabri et Girardum Audoyni, vicissim tenenles assisias
in villa de Nobiliaco, in plaiea seu porche Bcate Marie et in aula Episcopi,
pro episcopo et nomine ejusdcm. (Elie Panabeus, prévôt.)
D**. — 143. Vidit episcopos Lemovicenses, a quinquaginla annis, ha-
bentes suos senescallos, prepositos et sirvientes vel allocatos in dicla
villa. (Audoin, prieur de Châtelus-le-Marcheix.)
Do. — 144. Nunquam audivit quod alius [que TËvôque) faceret ibi ali-
quem suspendi, vel quod explectaret aliquis jusliciam, nisi Episcopus
Lemovicensis, nisi a lempore lilis mole intcr Episcopum et communita-
tem ville de Nobiliaco; quo tempore dicta communitas incepit explectare
el facere ibi justiciam. (Etienne, sous-prieur.)
VEoéque ou son préoôt jugent les causes ciolles. — 145. Vidil pluries, a
quinquaginla annis vel clrca.plus quam cenlies, homines dicte ville litigare
inter se, agendo el.respondendo, et gagiando emcndas, in aula episcopali
etcoram suo gente... in causis pecuniariis, injuriarum, fundo(tf(c) terre et
aliis multis causis. (Vigier, ancien sergent de Jocelin de Chftleauneuf.)
3!4 SOCIÉTÉ ARCUÉOLOOrQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIK.
D». — 146. Vidit, qaadraginta et octo sunt aoni, duos domicilies, scilt-
cet Aymcricum Bruni el Gasealinum de Rooria, captos et detenlos in dicta
aula episcopali Nobiliacensi coram episcopo Durando... qui eos faciebai
dctineri propter hoc quod habebant guerram insiraul; et crant Tassa!ii
ipsius cpiscopi, commorantes in castro de Nobiliaco : et vidit qaod dîctns
AymericQS recessit a presencia Epîscopi, et exivit aolam. Tune Episcopas
bis clamavil : Ad Arma, et jussit claudi portas ville, et dictum Aymcricom
capi ; et incontinenter burgcnses, plus quam cenlum, armavcrunt se et
secuti fuerunt diclum Aymericum ; et cucurrerunl ad portas ville, qnas
Iste vidit tune firmatas, el burgeoses armalos eas custodire ... Aliqni de
dictis burgensibus obviaverunt ipsi Aymerico ante monasterium Sancti
Léonard i dicte ville; et ceperunt eum, et captum adduxerunt domino
Episcopo in dictam aulam ... Episcopus conpulit per verba vel induxit ad
concordiam cum diclo Guasealino, adversario suo, et fuit facta intcr eos
concordia. (Audoin, curé de Cbâlelus-le-Marcheix.)
D*. — 147. Viginti quinque sunt anni, vidit quamdam mulierem, que
petebat porcioncm a fratre suo, de omnibus bonis suis mobilibus et immo-
bilibus existenlibus in dicta villa, coram domino Bernardo, tune allocato
Episcopi, tenente placitum inter dictos fratres et sororem in porticu
ecelesie B. Marie. (Bernard Bordas.)
D^ — 148. Vidit quemdam ... quod pc^rcusserat aliumcum pugno super
oeulum ... judicari in aula Episcopi et in dicto porticu (de Notre-Dame!,
(Le même.)
D<^. — 149. Viginti duo anni sunt, confralres confratri e sutonim de dicta
villa agebant contra Petrum de Paeu, de dicta villa, coram ilelya de
Lemovicis, milite, tune senescallo episcopi Lemovicensis... El pclebant
très denarios redditus quos sibi debebat, ut dicebant ; et ipse negabal.
Postes vidit ipse teslis, qui erat advocalus pro dictis sutoribus in dicta
causa, quod unus diclorum sutorum dixit dicto Pelro, coram dicto senes-
callo, in aula episcopali ... quod tanquam falso (?) relinebat et negabal
dictum reddilum, et offcrebat ibi guagium belli (i). Scncscallus respondit
quod non erat talis casus in quo deberet admittcre guagium belli ; et
recusavit admittere. Dicti sutorcs ex hoc appellaverunt ad senescaUum
domini Begis, prout iste testis vidit. Poslea vidit quod dicte partes
liliguaverunt de dicta causa coram eodem senescallo Episcopi, in dicta
aula Episcopi. Et dicebatur quod sencscallus domini Régis reddiderat
curiam dictarum parcium prediclo Episcopo. (Etienne Vigier, sergent.)
D^, — 450. Joccalmus Davierus, burgensis dicte ville» agcbat contra
Petrum iomet, comburgcnsem, super hoc quod vineam suam extirpari
fecerat et arbores suos scindi, ut dicebat, de nocte, per quosdam gentes...
Dicii exlirpatores redderunt {sic) diclo senescallo (au sénéchal del'Ëvéque),
instrumenta cum quibus cxtirpaverant et scindcranl vineam et arbores.
In dicta lite, septem de consulibus dicte ville fovebant parlera, et erant
advocati seu consiliarii dicti Jocealmi. Oclavus vero fovebat partcm dicti
Pétri. (Audoin Marchés, prieur de Châielus-le-Marcheix.)
(1) Ce témoignage est un des rares documents limousins de la seconde moitié du xiii* aiède
où se retrouve la trace de l'usage du combat judiciaire.
LA COMMUNE DE SAlNT-LéONARD DB NOBLAF AU XIII® SIÈCLE. 325
D<». — 151. Sexdecim anni sunt, quidam insuUus fuit cum armis de
nocte in villa predicta, inter Matheum et Nicholaum de Holendinls ex
una parle, et Jocellum et Guillermum Danielis ex ahera ... super hoc fuit
lis inter eos in aula Episcopi predicta, coram domino Bernardo de Por-
cheria, senescallo ; et tandem fuit pacificalum inter parles coram diclo
episcopo, presentibus Guidone, viscecomite Lemovicensi et Bemardo de
Ventadore, cantore Xanctonensi. Et vidit quod gatgiaverunt emendam ...
et quod reddiderunt arma que dicebantur portasse ; et vidit ea deportari
in aulam Episcopi. (Elie Panabeus).
Do.— iSâ.Dicit quod in assisiis suis, quas tenebat in aula episcopali dicte
ville, sexdecim anni sunt, audivit multas causas civiles inter burgcnscs,
quarum numcrus estimât centum vel plus. (Jean Gay, juriste de La Sou-
terraine, 1288.)
VÉoêque ou sonpréoôt jugent les causes criminelles, — <53. Quadra-
ginta quinque sunt anni, vidit génies seu allocatos episcopi Lemovi-
censes ducentes quemdam hominem captum cl liguatum in aulam pre-
diclam dicte ville, propter hoc quod interfecerat hominem ... vidit postea
ipsum Irahinari per diclam villam cum quadam equa et duci ad furchas ;
vidit eum suspcnsum. (Audoin Marchés, curé de Châtelus.)
D® — <5i. Triginta anni sunt, Helyas Maies, tune senescallus Heme-
ryci episcopi ... fer.il suspendi ad furchas, per judicium, quemdam latro-
nem qui fuit captus in dicta villa per génies domini Episcopi. Vidit, tri-
ginta anni sunt elapsi, quod quidam lalro fuit captus... per génies domini
Episcopi pro eo quod furalus fuerat vestes laneas, et vidit quod serviens
Episcopi fecil sibi amputari manum ad dictam portani (Aumonière). Inter-
fuit judicio in aula Episcopi, etconsulcs ville etplures alii. (Elie Panabeus.)
D^ — 155. Quadraginla sunt anni, allocali Episcopi judicavcrunt quem-
dam latronem ad suspendendum. (Bernard Bordas, 4988.)
D<*. — 456. Vidit, triginta anni sunt, capcum dictum Meladier, burgcn-
sem de Nobiliaco, in dicta villa, et duci in prisione episcopi per
senescallum, et vidit eum judicari per diclum senoscallum, et vidit eidem
pcdem amputari ad portam Elemosine. (P. Vigier.)
D*. — 157. Bernardus de Porchcrya fecil suspendi per judicium curie
Episcopi quemdam burgensem dicte ville Nobiliaci pro furtis ... vidit eum
exlrahi de prisione Episcopi. De aslantibus judicio, dicit quod consules,
scd non tanquam conjudices, et plures alii de villa. (Autre témoin de
1288.)
D^ — 158. Viginli quinque anni sunt, quod senescallus Episcopi con-
dempnavit duos latrones in aula Episcopi pro furto ... Unus ex ois fuit
suspensus ad furcas ville Nobiliaci, et aller amisit aurem per judicium
dicti scnescalli ; et habcbant quilibet mulierem, que forbannite sunt de
dicta villa per dictum senescallum. De aslantibus, dicit quod burgcnscs
de villa, et milites, et multi alii. Vidit eos capi per génies Episcopi et duci
in prisione Episcopi, in dicta villa. (P. Vigier.)
D«.— 159. Triginta anni sunt, imponebalur diclo Jornetau quod ipse de
corticavcrat arbores vergerii Guillermi Danielis, burgensis. Judicatns fuit ...
coram dicto Bernardo, senescallo Episcopi. (Id.)
D*». — 160. Jacquetus ... qui custodiebat rcgalia, judicavit duos jocu-
32G SOCIKTé ARCHÉOLOGIUUR KT llIgTORlQUIC HC LIMOUSIN.
latores ad Botencoraye ... ad suspcndendum. Et fueranl capli, nt dice-
balur, in dicta villa, in nundinis Sancti Leonardi, et eos vidit ipse teslis
adduci ad aulam dicti Eplscopi de dicta villa. El dicebatur quod dccipe-
rant (ace) génies per ludum suum de Boieencoraye. (Constantin Marchés.)
... Deccperant unum liominem in mutacionc monete plombi pro mo-
nela arg«niea. (Pierre Faure.)
D». — <61. Vidit servienles dicti senescalli (de FÉvôque), dncentes
quamdam vclulam cujus nomen ignorât, caplam ad prisionem dicti épis-
copi, pro latrocinio pannorum lancorum . . . Poslca vidit ipsam duci ad
porlam Aumoniere, per dictos servienles, et fecerunt sibi scindi aurem.
(Pierre Latere, chanoine de Aloûlier-Rozeille.)
h^ — 4 62. Iste . .. cum cuslodiret regalia ... Cepit quandam mulierem
(lefferentem piiiverem, unde habebat eam suspectam ne vellel intcrfîcere
seu empresonare {sic) gentcs ; et de dicla pulverc fecit eam comcdere :
et poslea bannivit ipsam usque ad revocalionem suam. (Guillaume de
Razès, chevalier, homme lige de Tévôque.)
D^. — 163. Ipse . . . tenuil in prisionc, per menscm vel circa, in mane-
rio episcopali dicte ville, quandam mulierem vocalamdefiaUetrM^propter
suspectionem venenorum Et ipsa confessata fuit coram isto teste, îd
judicio, quod properaverat Podium Amatoris ad dandum cuidam saccrdoli
[venenum?]. Propler hoc iste bannivit eam de dicla villa per judicium,
in assisia quam tenebat in aula episcopali . . . Propler suspectionem illtus
facti, ccperat duas mulicres ... et poslea dclibcravil per judicium, quia
non invenit eas culpabilcs. (Jean Jocoêi, aL Gay, juriste à [^Souterraine,
juge pendant la Régale.)
O''. — 164. Quinquaginla homincs dicle ville iverunt ad nenius de L*Ar-
tige et scinderunl arbores de nocte el verberaverunt usque ad sangoinis
effusionem monachos de L'Artige, quorum crat illud nemus . . . Relinuil
dictos arbores iste tcstis; item retinuit dictos homines quousque gagiavc-
rint emcndam. (Id.)
D^. — 165. Viginti anni sunt, Bernardus, cjus (de lEvêque) senescallas,
apud Nobiliacum fccil suspcndi ad furcas quemdam hominem, quia extir-
paverat quandam vincam . . . Iste (le tômoin) interfuit judicio, in aula
episcopali, in dicta villa — Requisitus de adstantibus, dicit quod dominns
scnescallus et plurcs milites et consules. —Requisitus si dicti consules
crant ibi juri suo ad judicandum cum sonescallo, tanquam conjudiccs,
dicit quod non scil ... Vidit tamen pluries, in causa sanguinis (?), quod
quum scnescallus volebat aliquem malcfaclorem condempnare vel absol-
vcre, pctebat a diclis consulibus et adictis niilitibus et ab aliis : « Quîd
vobls videtur? Ego talem malcfaclorem hic prcsentem pro tali dolicio
commisso propono condempnare vel absolvere ? Quid \obis videtur? Si
videtur quod sil addendum vel rclrabendum(i), ego addam vel retraham. v
Et sic faciebal judicium de consilio corum.(Fr. Vincent, templier.)
Do*. ^ 166. Vidit, qualuordecim anni sunt. quemdam vocalum Maeuvo-
res (?) in prisione Episcopi apud villam Nobiliaci captum propler latroci-
nium. De qua prisione exivil el inlravil monasterium sancti Leonardi,
i,lj Ajouter à la peine ou en retrancher.
LA COMMUNE DE SAINT-LBONARD DE NOBLAT AU Xlll<^ SIÈCLE. 327
elfuil per duos dies... Poslea islc conduxil ipsum latronein de monasierio
extra villam ; et ipse latro, reversus ad villam... fuil captus, et custodes
regalium fecerunt suspeodi. (Etienne, sous-prieur de Saint-Léonard.)
Do. — 167. Ipse... cum custodiret regalia, judicaviiel condempnavil ad
mortem quendam lalronem qui cral de dicta vilia, et in dicia villa furalus
fucrat bladuni,cl de nocte scinderat arbores (ructiferas infra monstram...
et fecit eum suspend! ad furchas... Presentibus ad diclum judicium Gons-
tantino Marcheis, Oliverio de Nollac, Futcone de Rozers, militibus;
Joceaimo Daniele, Petro Jouct« Johanne Faute, burgensibus, et pluribus
aliis. (Pierre Raymond, sergent de ta châtellenie de Guéret.)
D°. — 168. Fecit, juxta poriam de Banchereau, scindi aurem oujusdam
latronis qui... furatus fueral quosdam solulares, caseos et unam peciam
lardi, per judicium factum ab ipso teste... in aula episcopali, presentibus
mililibus quo supra et Jobannc Paule et Petro Jouet. {Id,)
Les consuls ont été condamnés^ par le gardien des Régales, à
V amende pour aoolr reçu une plainte en matière de coups et blessures,
— 169. Gonsules receperunt qucmdam clamorem verberacionis... et quum
iste lestis scivii quod reccperanl, ivit ad domum consulatus, et adjoriiavit
dominos consules, super dicta recepcione clamoris, coram Bertrando de
Vassiniaco, custode tune regualium, cujus ipse teslis eral allocalus, in aula
episcopali dicte ville. Qui ibidem venerunt coram dicto Bertrando, et
guaiaverunt sibi eniendam propler hoc quod receperant clamorem, quia
non poteranl recipere... El reddiderunt eidem Bertrando dictum clamo-
rem. (Pierre Raymond, sergent de la châtellenie de Guéret, 4388.)
Les consuls ont eux-mêmes appelé les officiers de l'Eoéque en matière
criminelle. >- 170. Quedam mulier fuit inventa morlua in quodam puteo,
undecim annisunt... et dicebatur quod consules et burgenses dicte ville
qui eam invenerunt, non fuerunt ausi extrahere eam a puteo quousque
allocaii Episcopi quos, ut audivit dici, propler hoc adivcruni, essent pré-
sentes et facerent extrahere eam. (Audoin, prieurde Châtelus-le-Marcheix.)
Les consuls ont assisté à des procédures du juge épiscopal et ont même
recommandé des coupables à son indulgence. — 171. Judicavit in plalea
communi quemdam homincm... presentibus consulibus dicte ville et pluri-
bus aliis, bene ducenlis hominibus, et non contradicentibus, immo ipsi
icsii sijpplicanlibus quod misericorditer se haberet erga dictum hominem,
qui tune erat mansionarius dicte ville... El judicavit ad fustigandum, et
fecit fusligari per villam, cum fabis suspensis ad collum quas furatus
fuerat... Fostea eum banni vil et emisit extra portas. (Audier Norrpand.)
UÉoéquea exercé la police de la ooirle, — 171 bis. Stephanus Fabri
volebat edifficare domum suam juxia dictam villam, infra monstram. Et iste
testis non permisit quousque fecisset mensurari plateam a chemino. Et fecit
mcnsurari, et posiea dédit Ucenciam edifticandi. (Audier Normand, 1288.)
D*. — 171 ter. Bene sunt duodecim anni et plus, quod Jordanus Lefevrc
volebat edifficare domum in dicta villa. Iste testis non permitlebat ei donec
mensuraret plateam a vico. Gonsules dicte ville, scilicet Ma rcialis Martini et
GuUlelmus seu Jocealmus Danielis... etalii... rogaverunt ipsum tesiem
ut mensuraret plateam; et mensuravit; et ad rogationcm eorum dédit dirlo
Jordano licenciam edliicandi. (Autre témoin.)
3^8 SOCIÉTÉ ARCHÉ0L061QUK RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
VÉoéque ou ses officierB ont exercé la juridiction en ce qui concerne le^
poLdn et mesures. — 172. Vidtl, quînquaginta anni sont, Nanleriain, qui
custodiebal regalia... admensurare alnam et cubilum dicte ville ad quod-
dam pilarium monaslerii Sancti Leouardi; et dicta ad mensuratio adhnc
est in dicto pilario. (Audoin, prieur de CbAtelus.)
D*». — 173. Triginta suDt anni, dictus Vingnaud... gatgiavtt emendam
gentibus Episcopi pro quadam mensura falsa vini, quam babebal in domo
sua, sita in vigeria dicte ville .. Viginii anni sunt, Petrus de Monasterio,
roorans in dicta \illa, extra vigeriam, gaigiavit eniendam gentibus Epîscopi
pro quadam falsa mensura vini quam habebat in domo sua.(EliePanabeus.j
Do. — 474. Viginti sex sant anni, Johannes Pauta, tune alloeatus Epis-
copi, tradidit alnas et cubilos mercatoribus qui vénérant ad nundinas,
pacifiée. (Id.)
D'*. — 475. Vigiuti quinque sunt anni, Hemerfcus Brito, draperias de
Castro Radulpbi (l), solvit preposito Episcopi viginti solidos pro falsa a!na
quam babebal iu nundinis. (P. Vigier.)
Do. — 176. Bernardus Viviaui, tabernarius, promisit dicto prepo^lo sex
solidos cum duobus denariis pro duobusfaisis mensuris quas babebal [Id.].
Do. — 477. Senescallus (de l'Evoque) faciebat capi per servienles et
allocatossuos alnas et cubitus in nundinis Sancti Leonardi dicte ville, tam
a mercatoribus dicte ville, quam ab illis qui de extra villam veniebani.
(Pierre Lalere.)
Les Consuls ont sollicité de Véoéque Durand (1240- 1245) la rédudion
des amendes pour fausses mesures et ils Vont obtenue moyennant finance,
— 178. Aodivit dici a Peiro Terade, presbitero, nuper clerico consulum
dicte ville, quod vidit et Icgit lilteras scriptas et sigiUo episcopi Darandi
sigillatas, super quadam pactione quam burgeoses dicte ville fecerunl cum
ipso episcopo, quod emendam falsarum mensurarum et cubituum, que crai
de sexaglnta solidis et uno denario, abreviaret dictus episcopus diclis bur-
gensibus usque ad très solidos cum uno denario ; et de hoc dicti consales
babent litteras, pro quibus dederunt ipsi episcopo centum libras. (P. Jou-
berl, curé de Salnt-Eiienne de Noblat.)
Léoèque a seul le droit de perce ooir deux setlers de oin sur chaque
taverne. ~ 179. Consules posuerunt se injuste in sacsina taxandi, una
cum preposito Episcopi, dicta duo sexlaria vini. Ipse teslis, viginti anni
sunt, recepit et taxavit per très annos continuos dicta duo sexlaria vini
in qualibet taberna dicte ville pro episcopo.. consulibus non preseniibas
nec vocalis... et si ipsi venlssent, non admisissel eos. — Quindecim anni
suol, Reginaldus de Subterranoa, domine custodis regualium, taxavit una
cum isto teste présente, dicla duo sexteria in omnibus tabernis... Et ali-
quociens taxabat in denariis, et aliquociens accipiebat vinum, dum esset
clarum et sanum.Nec eranl consules présentes. (MartîalJoubert, clerc, 1380.)
UEoêque seul est en possession de la garde et de la police des foires.
— 180. Triginia anni sunt, vidit Helyam de Lemovicis, miliiem, Ber*
Irandura de Vossiniac et servienles suos armatos custodientes nundinas
(1) Châteauroux, dont les draps se veod&ient déjà dans le pays.
LA COHMUNR DIS SAINT-LI^ONARD DR NOBL\T AU XIII® SIÈCLR. 329
dicte ville, el bcne vidil per très annos» vel per qoataor, pro dicto
episcopo Lemovicensi. (Pierre Boutineau, chevalier.)
D°— 481. Senescallus Ëpiscopi precepil ex parte Episcopi qood isle tedlis
caperetur et sibi daceretur capius, propier hoc quod traxeral eosem suam
pro percutiendo quemdam homiDem de Petrabafferla in nondinis Sanctî
i^eonardî. Ad quod preceptum quidam serviens, nna cum pluribas genlibus
dicte ville secuii fueranl islum et ceperunt in prisionem Episcopi, scilicet
in aalam episcopalem. (Ernaud de Bordelose^ de La Jonchère, 1288.)
Do — 182. Vidlt Guillermum Maument, de dicta villa Nobiliaci, captum
et arrestalum in aula episcopali dicte ville, ubi prepositas (le prévôt de
TEvèque) tenebat eum, pro deuariisquos debebat,ut dicebatur, in nundinis
Campanie. Poslea vidit ipsum liberatum quia, ut dicebatur, solvit dictes
denarios. (Rigaud de Quercu, curé de la Porcherie.) — Ârrestavit Guiller-
mum Maument... ad instanciam consulum dicte ville, Guillermi Danielis,
Jocealmi et fratris Joliannis Joberii, Pelri Jovet et aliorum drappariorum
de dicta villa, qui dicebant isti tesli quod, nisi caperet eum, ipsi arresta-
rentur cum irent ad nundinas Campanie. (Àudier Normand, prévôt.)
Le ban des foires est publié au nom de VÉoêque^ des consuls et de la
commune, — 18H. Quum nuudine Sancli Léonard! debent esse, lune prc-
conizatur in dicta villa, per septem dies vel octo, quod omnes venientes
ad dictas nundinas habeaot salvum et sccurum venire et reverti ad
dictas nundinas per septem dies in veniendo ad dictas nundinas, et per
septem post in rcdeundo... Et tune fit hannum in dicta villa seu preconl-
zatur cum trumpis ex parte Episcopi Lemovicensis, consulum el commu-
nitatis, quod omnes habeant salvum venire ad dictas nundinas per septem
dies ante ipsas nundinas et per septem dies post. (Pierre d*Arfeuille.)
IX. — Droits des seigneurs tortionnaires du château de Noblat et
de leurs vigierssur la justice de la villey et droits accessoires.
Interoention des oigiers dans les causes criminelles, — 18i. Quadraginia
quinque anni sunt, quod vidit quemdam latronem, dictum Ribaut, in
prissioue In dicta villa, in domo patris sui, tune consulis, in compedibus
et in quadam archa, pro eo quod fregerat quoddam molendinum et
bladum dicti molendini furaverat, et quod haberet rempervim cum quadam
muUere... et a domo patris istius translalus in prissionem de Maupertuis
que est consulum et communltalls... Abinde vidit ipsum duci ad suspen-
dendum per consules dicte ville et per vigerios... Requisilus quis judicavii,
dicit quod consules et vigerii. (Fr, Vincent, templier.)
Do. — 185. Quidam Theutonici, qui erant hospitali in domo Helie
Ademari... super pecunia subrepla conquesti sunt consulibus et vigerils...
qui ceperunt servienlem domus predicte, et eum submiserunt questiooibus
et tormentîs... Postmodum, ille qui subripuerat dictam pecuniam, fuit
sttspensos apud Lemovicas... Erant autem vigerii... Johannes Pauta et
T. XXXVIII. ^3
330 SOCitTi ABCBROLOGIQI F. RT HISTORIQUE DO UHOOSIN.
Giraudus Âudoini qui erat vigenos proEpiscopo, qui teoebal parieo;
vigerie in gageria. (/d.)
(Voir 83 et f65.)
ù^, — 186. Quadraginla sunt anai, vidil Stephanum dîclom Patlon
fusiigari per villam predictam per consulos etvigerios dicte ville... Porlabai
unum saccnm plénum bladi super humeros suos... Erant TÎgerii...
Johannes Pauia ei Stephanus Fabri pro Episcopo, qui tenebat partent vigerie
in gageria. (Le môme.)
D^. — 187. (îutdam lalro fuit i^ondemnatus ad mortero per dominos
caslri et per dictum Burrillon, servientem domini Régis, custodienlem sibi
regalia pro Rege, sede vacante, et suspensus ad forças, co quod... molea-
dina fregerat de nocte et quia robabal peregrinos. (Elie Panabeus, prévôt)
D^ — 488. Fréquenter veniebal requirerc curîam de hominibus caslri
Nobiliaci ad villam Nobiliaci, qui erant ibi citati vel detenti per geutes
Episcopi. (Le même.)
D<>. — 189. Quidam lairo de ca^tellania castri... fuit capius per gpotes
Episcopi, qui furalus fuerat ibidem unam rasam a^ene. Beruardos do
Porcherya, tune scnescallus Episcopi, fecit eidem ampulari auricolam ad
diclam portam. Ipse (le témoin), lanquam prepositus castri Nobiliaci, venit
ad dictum locum, ad requirendum eum, et antequam pervenisset ad
locum, vidit quod auricula erat jam amputaïa. (Le même).
Les viciera Uiterolennent dans les causée crUnlneUes, mcUs non dans
les affaires cioiles. — <90. Requisitus sUohannes Pauta, burgensis dicte
ville, inlererai judiciis et expleclis... lanquam vigerius dominomm castri
de Nobiliaco, vel lanquam unus de consulibus Nobiliaci, dicit quod eral
tanquam vigerius in criminalibus causis que tractabantur in plalea com-
muni; sed in civilibus causis que tractantur in doroo commuai nou
intererat, et in dictis causis nullus intereral, nisi consules, et ilii qui
erani de consilio ipsorum. Requisitus si emendc criminales dividebantar
per consules et vigerium insimul, dicit quod de koc nichil scit, quia doo
vidit aliquam cmendam levari ncc aliqua bona confiscari que per ipsos
consules et vigerios dividerentur. (Léonard Goudelli, clerc.)
Participation des oigiers à la police des poids et mesurée. —
491. Consules mittebani questum Johannem Pauta, tune vigerioro. S:
veniebal, oapiebanl alnas et mensuras insimul... Si non veniret, consules
accipiebant dictas alnas et mensuras, eo absente, prout vidit. (Léonant
Goudelli, clerc.)
D^. — 492. De meosuris, alnis, cubitis et ponderîbus, dicit quod cou-
suies tradiderunl mensuras... consules et vigerii eas justificant... et consu-
les babent emendam falsarum mensurarum, prout audîvit. (Fr. Vincent,
templier.)
Do. — 493. Vidit in nundinis et mercatis, quod consules et vigerii
dicie ville accipiebant alnas et eas adjustabant, et cum inveniebant alnam
bonam, eam reddebant ei cujus erat. (Id*)
Les bans sont publiés d'ordinaire dans la oUle au nom de VÉoéque, di
la seigneurie et de la commune, — 49i. Requisilus quomodo preconizatur
bannum in dicta villa, dicit quod ex parle Episcopi, seigneurie et commu-
I.A COMMUNE DR SMNT-LÉONARD OR NOBLAT AU XIII* SIÈCLE. 331
nilatis, el hoc per precones dicle ville: ita vidit et audlvit fieri communiter.
(Fr. Vincenl, lemplier.)
D*'. — 495. Clamabatur bannam publiée, ex parte Episcopi et domino-
rum et communitalis. (Elie Panabeus, prévôt du château de Noblat.)
D®. — 190. Preconizalur bannum... ex parte Episcopi, seigueurie ci
communitalis. (Autre témoin.)
D». — 197. Preconizalur per hac verba : « Ex parte Episcopi, dominii et
communitalis. » (Fr. Etienne, sous-prieur de Saint-Léonard.)
D^ — 198. Audivit, a quadragînla annis citra, plus quam per ducentas
vices, clamari et preconizari, tam in casibus aile quam basse justicie, ex
parte Episcopi, dominii et communitalis. (Pierre Faure, prêtre, 1280-1288.)
Quand le ban n'a trait qu'aux affaires du Consulat, il est publié seu-
lement au nom des consuls et de la commune. — 199. Banoum preconi-
zabalur ex parle Episcopi, dominii el communitalis; sed quum preconizalur
quod burgenses congregenl se vel quod eant quesitum lapides pro reedifî-
calione murorum ville el aliis speclantibus ad consolatum suum, quod pre-
conizalur tune ex parte consulum et communilatis tanlum. (Autre témoin.)
Le oigier a droit aux têtes des bœufs et des caches vendus à la foire
de la Noël, — 200. Nunquam vidit quod prepositus Episcopi Lemovi-
censis aut ejus vigerius faceret aliquid explectamentum justicie in dicta
villa... Sed audivit dici quod vigerius recipit capila boum et vaccarum in
Fïativitate Domini a vendenlibus carnes in dicta villa. (Pierre Yelade.)
Lettres et documents divers extraits des procédures
I. — Lettres de Mathieu, abbé de Saint-Denis, et du seigneur deNesle,
lieutenants du Roi de France (1), notifiant l'arrêt du Parlement
intervenu dans le procès entre Vévêque de Limoges et la commune
de Saint-Léonard (Paris, août 1285).
Malheus, miscrationc divina ecclesie Bcati Dyonisii in Francia abbas
humilis, et Symon, dominus Nigelle, locum tenenles domini Régis Fran-
(1) Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, et le « bon seigneur » Simon de Nesle
étaient lieutenants généraux du royaume, lorsque Philippe III mourut à Perpignan, au retour
de sa malheureuse expédition d'Aragon. Quinze ans auparavant, en 1270, Saint-Louis, se
préparant à partir pour Tunis, avait déjà remis l'administratiob de ses états à ces deux
hommes dévoués et leur avait fait prêter serment de fidélité, comme à lui-même, par tous les
membres de ton conseil.
33i SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DU LIMOUftIK.
corom, universis prets^tes liUeras iospecturis salutem. NoUma fadinas
quod, eu m in curia domini Régis moverclur discordia inler consul es el
communitatcm San.cli Leonardi Nobiliaceasis ex una parle, et episcofMim
LemoviceDscm ex altéra, super co quod diccbant dicU coa&ules et com-
muDitas quod Episcopus» turbando possession e m eoru m et injurisdiclioois
domini Régis prejudicium, per violcnciam spiritualis (?) jurisdiclioaîs, a
quibusdam homlnibus dicte ville extorsît juramcntum fidelilatis, eum jus
non habcret habendi dictum juramentum, maxiqae /cum dicli coasules siot
in saesina percipicndi juramentum fidelilatis ab omnibus hominibus dicte
ville singulis annis: diclo episcopo protestante quod non intendil ces pro
consulibus vol pro communiiate habere, nec sigiUum in eorum procura-
torio appositum in aliquo approbare, et in contrarium dicente quod oon
cxtorslt juramentum prcdictum, sed ab ipsis volentibus rcccpit^ et quod
tam ipse quam predccessores sul fuerunl in possessionc et saisina cooli-
nua rccipicndi juramentum fidclitalis ab hominibus dicte ville per deccm,
por viginti, per Iriginta annos et per tantum tcmporis quod suflicit ad ac-
quirendum jus super ipso juramcnto; — item, super eo quod diccbanl quod
diclus cpiscopus qui nunc est, arrcslavit consulatus preconcs el ab ipsîs
violenter, indebilc, elde novo, in prejudicium dominiRegis ctsuum, jura-
mentum fidelilatis extorsil, turbando possessionem consulum predicto-
rum, quibus solis dictum juramentum à tcmpore a quo non exlat memo-
ria, fieri consucvit; et de hoc crant in possessione sive saisina coasules
anlcdicli : — diclo episcopo asscrente quod ab ipsis volentibus recepit
juramentum fidelitalis, sicut a céleris hominibus dicte ville, el quod eos
arrcslavit non occasione juramcnli, sed quia adjornati in curia Episcopi
et ccrla causa, nolucrunt cavcre de slando juri, secundum usum et
consuctudinem pairie. Item, super eo quod cpiscopus fecit preconizari per
villam, nomine suo tantum, homines dicte ville venirent eidem factnri ju-
ramentum tidclilalis, in prejudicium Régis, et consulum, et commnni(ali«,
contra liberlales et consuetudines eorum, cum soli Régi tcneantur faeere
juramentum fidelilatis, et sunt in saesina faciendi preconizari per villam,
el indicunl cl ordinant preconizalionem : Episcopo dicenle se nichil fecissc
in prejudicium Régis vel bominum de Nobiliaco, sed continuando posses-
sionem predccessorum suorum, recepit juramentum fidelilatis ab homini-
bus antediclis, et non virtute aiicujus preconizationis ; — item, super eo
quod diccbant quod cpiscopus duxit in villam Geraudum de Pelrabuferia,
iminicum >ille, qui quemdam burgensem dicte ville ip strata publics ce-
pcrat el diu caplum per nemora detinuit contra liberlatem dicte ville, cum
jus non haberet faciendi hoc : episcopo dicente quod diclus Geraudus, qui
est canonicus ecclesie Dauralensis, cum diclo episcopo venit ad dictam
villam, nec credenie aliquod prejudicium in hoc fuisse; — item, super eo
quod dicebant quod cpiscopus misit in dictaip villam Audrerium Nonnao-
num, cl Audrerium, fralrem suum, foreuses, ad explectandum et moran-
dum ibidem pro eo, cum alias nullus fuerit ibi allocalus resideas ah
episcopo, vel predccessoribus suis ; et hoc fecit contra mandatum Régis,
el scncscalli Pelragoricensis, qui prohibuerant ibi non fieri aliquas novi-
taies : Episcopo dicente nichil fccisse conlra mandatum Régis vel sencs-
calli, sed continuando possessionem predccessorum suorum qai, suis
LA COV1I0NC DC SAINT-LéOITAnD DE NOBLAT AU XIll^' SIÈCLE. 333
cemporibus, exercuerant tam per se quam per alios, in dicta villa, altam,
mediam et bassam jusliciam, et omninlodamjuHsdictioneTn, posuit dictum
Audrcrium in officie' prepositnre dicte vilie, qui, in casibus ibidem emer-
gentibus, explectavit palam et publiée ;
Aem, super eo quod dicebant quod, cum sînt in saîsina taxandi, una
cum Johanne Faute, bailivo in dicta villa pro dominis Caslri Nobiliacen-
sis, duo sexteria vini, que dicii domini dicunt se habere de facto, cum de
jure non possint, in qualibet taberna dicte ville, mense augusti; et dictus
Audrerius pro episcopo taxaverit dictum vinum, qui nullum jus habcbat
in tnxàlione predicia ultra forum compclens, consulibus non vocatis,
turbando possessionem eorum in prejudiciam Régis et suum : Episcopo
dicente quod, conlinuando possessionem suam et predecessorum suo*
rum, taxavit per se vel per sues, vel iantum habentes ab eo dictum
vinum;
Item, super eo quod, cum sint in saisîna, a quadraginta annis et citra,
et fuerunt, resecandi et percipiendi ligna et arbores de foresta de qua
agitur, pro voluntate sua, et excolendi et explectandi eandem, et hanc
tenent a Rege, una cum aliis bonis communitalis predîcte : Episcopo ne-
gante et asserentc quod dictam forestam tenet saisitam, et erat in posses-
sione ejus, tcmpore litis mote, et antca, perannum; et quod erat de feodo
suo; et eam posuit ad manum, tanquam feodum alienatum prêter con-
sehsum suum, maxime a manu nobili in (?) non nobilem ; cl de biis asserebat
famam esse in patria;
Que omnia petebant dicti consules revocarl et emendari, et episcopum
compelli ad desistendum : Episcopo, in contrarium, asserente et dicente
se non teneri ad predicia, et se esse in possessione prcdictorum.
Tandem super prcmissis facta inquesta et visa, visîs et racionibus par-
cium, judicatum fuit dictum episcopum esse in saisina et babere jus
reclpicndi juramcntum fidelitatis ab hominibus dicte ville, et quod illud
reccpit ab eis voleutibus, et spoiite, et cciam a preconibus ; et quod eos
arrestavit non racione preconizacionis, scd quare nolebant cavere de
stando juri secundum consuetudinem et usum patrie. Item judicatum fuit
dictes consules esse in saisina faciendi preconizari per villam nomine
dicti Epîscopi et dominorum ville et communilatis. De facto Geraldi de
Pclrabuferia nichil dicunt testes. Item, judicatum fuit dictum episcopum
nichil fccissc contra mandatum Régis sive senescalli, nec tamen
fccîsse aliquas novilales ponendo ibidem prepositum foraneum ad
cxpleclnndum in dicta villa et morandum nomine Episcopi; et quod
petunt consules, totum illud quod in articule continetur, ad nichilum
reducinon fiet (sic). Item, adjudicata fuit saisina diclis consulibus taxandi
dicta duo sexteria vini, mense augusti, una cum preposito episcopi, et
bailivo in dicta villa. Item, judicatum fuit dictes consules et communi-
taiem esse in saisina explectandi dictam forestam, et quod dictus episco-
pas tenebat eam saisitam tempore litis mote et ante, et quod posuit eam
ad manum suam tanquam feodum suum alienatum de manunobilis in
non nobilem, et quod hoc polerat faccre salva saisina usus explectandi pre-
diclorum. item, inquesta facta quis erat in saisina justiciandi malefactores et
incarcerandi in villa de NobiHaco, qanm duo homines ibi ultimo per senes-
334 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT BISTORIQUK DU LIMOUSIN.
callum Pctragoricensem, vel cjus mandatum^capli fuerunt, invenlum fait et
judicatum quod consules, una cum preposito Ëpiscopi et vigeriis domiDoniin,
crant in saisina justiciandi et incarcerandi malefaclores in villa Nobîliaci,
quanquam (?; dicti duo homines capti fuerunt per dictum senescallum
vel ejus mandatum. In cujus rei teslimonium présentes litleras sigîllo
Régis, quo utimur, fecimus sigillari. Actum Parisius, anno Domini m® ce»
oclogesimo quinto, mense augusto (1).
Il,-— Lettres de Philippe IV: Addition au premier arrêt du Parlement
touchant la justice de Saint-Léonard (mars 1286, y. st. : 128*7).
Philippus, Dei gracia Francorum Rez, universis présentes litteras ins-
pecturis salutem. Notum facimus quod cum in judicio per curiam nostram
facto inter dilectum et fidelem nostrum Episcopum Lemovicensen), ex una
parle, et consules et communitatem Sancti Lconardi Nobiliaci ex altéra,
super duabus causulis {sic) in dicto judicato contentis que taies sunt :
a Judicatum fuit diclum Episcopum nichil fecisse contra mandatum Domini
Régis sive senescalli, nec eciam fecisse aliquas novitates, ponendo ibidem
prepositum foraneum ad explectandum in dicta villa et morandura nomine
Ëpiscopi, et quod petunl consules, illud totum quod in arliculo continetnr,
ad nichilum reduci non fiet » ; alia causula talis est : « llem, inqoesta
facta quis erat in saisina justiciandi malefactores et incarcerandi in villa
de Nobiliaco, quum duo homines ibi ullimo per senescallum Petragori-
censis, vel ejus mandatum, capti fuerint, inventum fuit et judicalum quod
consules, una cum preposito Ëpiscopi et vigeriis dominorum, eranl in
saisina justiciandi et incarcerandi malefactores in villa de Nobiliaco,
quum illi duo homines capli fuerunt per dictum senescallum vel ejus man-
datum», — pelerelur dcclaratio, declaratum fuit per curiam noslram quod
Episcopus Lemovicensis uteretur judicato prout ibi continetur, cl habebit
prepositum foraneum apud Nobiliacum, qui explectabit et judicabit quem-
admodum prepositi cpiscoporum qui non crant foranei, expleclare et jus-
ticiare consueverunt; el consules, prout continetur in judicato; nec impe-
dicnl predicti consules quin prcposilus Ëpiscopi foraneus capiat malefac-
lores, et adjornet coram se et jusliciel cum ipsis ; nec prepositus simiiiter
impçdiel diclos consules quin capiant per se et justicicnt malefactores
cum preposito Ëpiscopi el vigeriis dominorum. Et fiet incarceratio de
captis ab utraque parle, ubi ab anliquo cxtilit consuetum. Nec fient super
hoc alique novilatcs. in cujus rci teslimonium, prcsentibus lilteris nos-
(1) C'est à l'arrêt du Parlement reproduit dans ces lettres^ et mal interprété par le copiste,
que 8e rapporte le passage suivant d'un manuscrit de D. Estiennot :
« Concordata inter consules Nobiliacenses, canonicos et Ëpiscopi Lemovicensis officiario^,
anno MCCLXXXV, leges in litteris Mathœi, abbatis Sandyonisiani, et Symonis NigeUensis,
quarum originale inspexi in scrioiis Nobiliacensibus et transcriptum accepi ab humanissàmts
DD. Veyrier aliisque consulibus, quod leges parte lia Tragmentorum nostrorum historise A qui-
tanicœ ^Bibl. nationale, man. lat. 12747, p. 128).
On voit qu'il ne s'agit nullement d'une transaction ni d'un accord, mais d'un premier arrêt
du Parlement sur un procès introduit par les Consuls et la commune.
LA COMMUNE DE SAlNT-LÊONARD DE NOBLAT AU Xlll« SIÈCLE. 335
trum fecimus apponl sigillum. Actum Parisius, anno Domiai m» cc<^ octoge-
simo sexto, mense marcio.
III. — Lettres de Philippe IV chargeant Philippe Suard, chanoine de
Laon, et Jean de Morancy, clercs du Roi de France, de procéder à
une nouvelle enquête {29 août 1287).
Philippus» Dei gracia Francie Rex, dilectis suis magislro Philippe
Suardi, canonico Landunensi, et Johanni de Morenciis, clericis nostris, sa-
lutem et diiectionem. Mandamus vobis quatiaus in causa que vertitur in
caria nostra inler dilectum et fidelem nostrum Episcopum Lemoviccnscm,
ex una parle, et gerentes se pro consulibus et communitate ville de Nobi-
liaco ex altéra, recipialis probaiiones sub prima productione et quas utra-
que pars producere volucrit, secundum articules vobis sub contrasigilio
nostro misses, et testes utriusque partis examinetis super ipsis articulis
de notorio et fama, et quod inde feceritis, nobis ad proximum pallamen-
tum remiltatis sub sigillis veslris inclusum. Actum Parisius, die veneris
in feslo Decollationis Beati Johannis Baptiste, anno Domini m^ cc^ octo-
gesimo septimo.
IV. — Les consuls et la commune de Saint-Léonard constituent
pour leurs procureurs spéciaux au cours de Venquête, Etienne
Faure et Nicolas Desmoulins (10 mai 1288).
Vins venerabilibus et discrelis reverendis dominis suis magistris
Philippe Suardi, canonico Landunensi, et Johanni de Morenceils, clericis
Domini Régis Francie, Consuleset communilasSancti Leonardi de Nobiliaco,
salutem cum omni revercncia et honore. Noveritis quod nos facimus ei
constiluimus procuratores nostros Stephanum Fabri cl Nicholaum de Mo-
lendinis, comburgenses nostros, exhibilores presencium lillerarum, et
quemlibet eorum in solidum, îta quod non sit meiior conditio occupantis
ad procedendum coram vobis in inquestis per vos faciendis, auctoritate
dicli Domini Régis commissis, super causa que vertilur in curia ipsius
domini Régis inler nos, ex parle una, et revcrendum patrem Episcopum
Lemovicensem exaltera, dantes etconcedentes, dictis procuratoribus nostris
et cuillbei eorum in solidum, potestatem et spéciale mandalum procedendi
coram vobis in diciis inquestis per vos facieudis aucloritale dicli Domini
Régis in dic*a causa quantum crii de jure, et jurandi in animas nosiras et
eorumdem, et omnia faciendi que veri debent et possunt facere procura-
tores, ratum et tirmum habcnles et habitari quecumque per ipsos vel
eorum alterum coram vobis super premissis actum fueril seu .... pro-
curatum» obligantesnos et nostra, si necesse fuerit, pro judicato solvendo.
Et bec vobis et omnibus quorum interest significamns per bas présentes
336 SOCIÊTé ARCBÉOLOGlQtTR ET HISTORIQUR DO LIMOUSIN.
liiteras, sjgillalas sigillo nostro. 9atuin die lune post Ascensionem Dominî,
anoo ejusdem m<*cc^ octogesimo septimo (4).
V. — Certificats de bonnes vie et mœurs produits par ditev^
témoins (1280rl287).
Sequilur lillera tcstimoDÎalis dicti Pelri de Ruppe Amatoria» producta e\
parte bargcnsiam ville Nobiliaci, ad probandum qaod dictus Petrns sit
bone famé, sigillala sigillé quo utuolur consulcs Moniis Albani, m prima
facie apparebat, cajus icnor sequilur in hec verba :
ce Universis présentes litleras inspecturis, Consules Montis Albaoi, dyoce-
cis Caturcensis, salotem in Domino. Notum iacimus universis et singolis
quod Fetrus do Rocamador, et Peirus de Oifeiha, et Geraldus Pareu, ei
Philippus de Salviac, cohabitatores nostri, sunt homines boni et légales, et
eciam bone famé. In cujus rei testimonium presentibus litierts sigiliuni
nostrum duximu^ apponendum. Datum apud Montem Albanuro, die lune
posi festum Béate Marie Virginis, in Annunciacione. Anno Domini m^ ce*
Ixxx®. »
...Ad probandum quod illi quorum nomina eontinentur in liltera cnjos
transcriplum sequilur, sunt bone famé, produsserunt (sic) consules ville
Nobiliaci quamdam litleram, [sub] sigillo consulum elcommanilatis Honlts
Albani, cujus ténor sequilur in licc verba :
« Universis présentes litleras inspecluris, Consules Montis Albani.dyocesis
Calurcensis, salutem in Domino. Nolum facinius universis et singulis quod
Petrus Daorfulha, Petrus Rordi, Petrus Racheril, Geraldus Procha, Giusti-
nius Bossurchel, cohabitatores noslri, sunl homines bone fnme, et sunt et
fuerunt lemporibus inler nos laudabililer conversât!, in cujus rei testi-
monium, présentes lilteras sigillo nostro fecimus sigillari. Datum apud
Montem Albanum, die lune post festum aposlolorum Pbiiippi et Jacobi,
anno Domini m^ cc^ \xxx9 vn^.
VI. — Permission donnée par Hugues, prieur du monastère de
Saint-Léonard, au sous-prieur Etienne, de comparaître comme
témoin à V enquête (22 mai 1288) (2).
Viris venerabilibus, providis et discretis dominis et amicis suis, magis-
tris Philippe Suardi, canonico Laudunenni, et Johann! de Morenciis, clericis
domini Régis Francie, auditoribus dalis in causa que vertitur inter Rêve-
(1) VoMT octavo. Il y a là encore une erreur évidente. Les enquêteurs n'ont été dêsigoés
qu'au mois d'août 1287. La procuration donnée par i'évéque porte la date du 24 mai 1188 et
rectifie celle de la pièce ci-desaua.
(2) La date du 22 mai 1S87 que portent ces lettres est certainement erronée, puisque la
commission des enquêteurs est du 29 août 1287.
LA COMMUNS DK SAINT- LÉONARD DE NOBLAT AU Xltl^ SIÈCLR. 337
rendum Patrem Dominum Lemovicensem Ëpiscopum, et se gerentes pro
consulibuset communitate ville de Nobiliaco, — Hugo, humilispriorde Nobi-
liaco, salulem îd Domino. Noverilis quod nos Stephano subpriori monas-
lerii nosiri, damus iîceniiam ei auctoritalem perbibendi in dicta causa
leslimonium verilali. Datum XI kalendas junil, anno Domini m^ cco oclo<
gesia)0 septimo.
VII. — Articulations des procureurs de l'évéque contre un des
témoim des consuls.
Dicit et proponit excipiendo procurator episcopi Lcmovioensis contra
Leonardum Godelli, qui dicit se esse clericum (2), teatem productum a gereu-
tibus se pro consulibus et communitate ville Nobiliaci contra eundem ëpis-
copum, quod idem Leonardus est excommunicatus roajori excommunica-
lione et muUipUciter aggravatus et publiée nunciatus auctoritate officialis
Lemovicensis ad instanciam Àudierii Normanni.
item, dicit quod idem Leonardus est persona vilis et infamis, utpote qui
contraxit cum Valeria de Paolbac matrimônium et ex ea prolcm suscepit ;
ac post modo, eadem Valeria adhuc vivente, contraxit cum Marieta, filia
Stephani de Monasterio, et deinde transferens se ad villam de Mayslat (t),
Xanctonensis dyocesis^ contraxit cum lertia^ aliis duabus viveniibus.
Item dicit quod Leonardus est orinndus de dicta villa et habet ibi pos-
sessiones et bona, et quod ipse contribuit ad prosccutionem dicte causci et
commodum et incommodum ipsius speclat ad eum sicut ad* unum de
dicta villa.
VIII. — Mention d'un usage particulier pour la prestation du
serment en justice.
Circa sexdecim anni sunt, sede vacante per morlem dicli episcopi
Aymerici(3)... dictotempore aliqui burgenscs dicte ville Tueront producti in
lestimoninm coram isto teste, qui non jurabant : qui nolebant ponere ma-
num supra librum. Immo dicebant quod semper consueverant, coram
senescallo et allocatis episcoporum Lemovicensium, ponere nianus ad
pcctus eljurare in animam suam, Iste teslis inquisivitdehoccum Stéphane
Fabri, Johanne Jouberti, Stephano Vigerii et cum pluribus aliis burgensi-
bus dicte ville, qui deposuerunt quod ab antique con^ueverant coram
senescallis Episcopi qui producebanlur in testimonium, ponere manus ad
pectus et jurare in animam suam, ut premiltilur. (Témoignage d'Ëroaud de
Bordelose, de La Jouchère, ancien garde de la Régale, enquête de Ii88.)
(1) AjoatoDh que Léonard Godelli était .alors ou avait été directeur dot école» —r^elor
seolarum — de la ville de Saint-Léonard.
(S) D'Eymoutiers.
^3) D'Âymeric de Serre, mort en 1272.
3')8 SOCIÉTÉ ARCHtoLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
IX. — Articles proposés au Parlement par le procureur du Roi.
au nom de la Couronne et des consuls de Saint-Léonard.
A ceste fin que notre sires li Rois et 11 consols ou nom de la ville cl
commune de Nocillat, soient absols de la demande (?) que H evesques de
Limoiges a fait ou plei qui pen en la Cour de ceanz,
Entent aprouver le procurateur noire Seigneur le Roy, pour le Roy et
pour les consols ou nom dessus dit, contre TEvesque de Limoiges, les
choses qui s*en suient :
Premièrement, que li consols et la commune de Saint Lienart de Noellac
ont Consulat, cors et commune ;
Item, que il ont les choses de«)sus dites par titre et olroy de donaisoQ
des Rois de Angleterre, au temps que la terre et li pais estoit au Roy de
Angleterre, devant que elle venist en la main et seignorie dou Roy de
France, senz moyen (1) ;
Item, que des choses dessus dites il usent et ont use, et font et ont
este en saisine de si lonc temps qu'il n'est mémoire dou contraire, et que il
soufBst a droit avoir acquis quant aus choses dessus dites, se autre droit
n*i avoient;
Item, que le Consulat, le Cors et la Commune et la dite ville sont
subgiez au Roy comme a seigneur et soverain senz maien ;
item, que au Roy, comme a seigneur et soverain senz maien, ou a son
commandemeni, li consols ei les hotnes lays de ladite ville qui sont de
1 aage de XV ans et par dessus font serement de feaute toutes foiz qu'il a
novel Roy en France;
Item, que, chacun an, chacun home lay de Paage de XV anz font sere-
ment de feaute aus diz consolz ;
Item, que, avant que il facent ledit serement, les consols baillent et
rendent aus genz le Roy en signe de obéissance et de slibjection, comme
envers seigneur et soverain senz maien, les des des portes, des fortc-
reces et dou Consulat, des prisons et des tours de la ville ;
Item, que après le serement fct, les consols, ou nom dou Consulat,
Cors et Commune, les dites des reprannent et receivent des genz le Roy,
qui les leur baillent de par le Roy ;
Item, que li Rois et ses prédécesseurs, li consolz et la Commune de
la dite ville de ce sont et ont este en bone sai:iine par tant de temps qall
n'est mémoire dou contraire, et que il leur souffîst a droit avoir acquis
quans aus choses dessus dites ;
Item, que li Rois, comme seigneur soverain et senz maien, a en ladite
ville, sus les consols et la Commune, ost et chevauchée, et les services qui
sont acouslumez ;
Item, que de ce est li Rois et si prédécesseur sont et ont este en bone
saisine par tant de temps qu'il n'est mémoire dou contraire, et que il
(1) Sans seigneur intermédiaire : le Roi de France est seigneur direct et immédiat de la
ville.
LA COMMUNE DE SAINT-LÉONARD DE NOBLAT AU XIII" SIÈCLE. 339
soafîst a droit avoir acquis quant aus choses dessus dites, se autre droit
n'i avoit ;
Item, que li diz consols et commuDe ont, en la dite ville, la joustice
haule et la moienne et la basse;
Item, que il ont, en ladite ville, la congnoissance des causes civitles et
criminaus, le jugement el Texequcion de la joustice haute, moienne et
basse ;
Ilem, que il ont chartre et prison, et forches de ancienneté, prise et
cnprisonuement en leur prison propre, et pugnissement des mauffai-
leurs; leurs bûcheurs ; le ban et la criée delà ville et cognoissance des
causes, et ce qui appartient a toute joustice haute, moienne el basse;
Item, que ces choses ont-il et tiennent souz le Roy et deu Roy, comme
de seigneur et soverain senz maien ;
Item, que il mesurent Tone-et le coude, et les mesures dou ble et dou
vin, et en lievent les amandes quant il i treuvent fausele;
ilem, que de ces choses est li Rois en bone saisine et ont este (1) si pré-
décesseur par tant de temps que il n*est mémoire dou conlraire;
Item, que li Gonsols, par reson de la commune, ont et a us {eic) appar-
tient les clés des portes de la ville, et a aus appartient faire el refaire les
tours, les murs, les porlaus et les portes, les forieresces de la ville et la
guarde d'icelles; et la guarde des feires et des marchez, de nuit et de
jour, a armes et senz armes ;
Item, que il lievent la taille chascun an, et taillent de touz les beritaiges
de la dite ville et des genz de la dite ville ;
item, que li diz Consols, pour reson dou Consulat et de la Commune,
ont meson commune, arche, papier oaquel tout li bien de la Commune
sontescrit; seel et armeures communes, et banicres pour armes porter
toutes lesfoiz que mestier en a este ou seroii;
Item, que II Roi s*en aide el s'en est aidie, elpeulaidier, toutes foizque il
li plaisl, a pieu el plaira, comme seigneur soverain et senz maiea;
ilem, que des choses dessus diles sont li consols et la Commune et ont
este en bone saisine par tant de temps que il n'est mémoire dou conlraire;
Ilem, que ces choses il tiennent el ont tenu dou Roy de si lonc temps
que il n*est mémoire dou conlraire;
item, que il baillent les mesures des balissemenz de la ville el des
apartenances, et ont le pugnissement de elles, et de ce sont et ont este en
bone saisine par tant de temps, etc. (pIc)\
Item, que il ont les esplaiz des places de la ville, et de ce sont et ont
este en bone saisine, eic. ;
Item, que les choses dessus dites il tiennent et ont souz le Roy et dou
Roy comme de seigneur et soverain senz maien, par reson dou Consulat
el Cors el Commune de la dite ville, avecques les autres choses dessus
dites;
Item, que II Rois et si prédécesseur de ce est et ont este en bone saisine
par tant de temps, etc.
ilem, que ausdiz Consols et Commune appartiennent Tusage et les
(1) Sous-entendu : en bonne saisine.
3iO SOaÉTé ARCBftOLOGIQUB ET BISTORIQDB DU LlMODSIff.
espteiz de la foresl, de quoy li plet pent et a este entre l'EVesqne et les
consols, par reson de la dite ville;
Ilem, que ce tiennent et ont les Consols pïr reson de Consulat et de U
communauté, dou Foy et souz le Roy, comme de seigneur soveraid senz
moien, avecqoes les autres choses dessus dites ;
Item, que 11 Rois et si prédécesseur est et ont este de ce en bone saisine
par tant, etc.;
Item, que se 11 Evesque ou d-aucuo- pour lui ont csploitie en la ville
d'esploiz, ce a este par reson de une vigerie que li Evcsques, ou temps que
H plet commença entre lui et les Consuls de ladite ville, tenoit eo guage
d'aucuns qui disoient qu'il avoient vigerie en la dite ville ;
Item, que li plcl pendant et de novel eu reguart au plaît, au débat et a
la pleinie des causes contre Tevesque, li diz evesque a acheté le droit que
cil disoient que il avoient en la dite vigerie;
Item, que des choses dessus dites et de chacunne par soy est voiz et
commune renommée en la dite ville, et es villes voisines et 6u pais;
Et des choses dessus dites offre le procureur notre seigneur le Roj, eu
nom dou Roy et pour le Roy, a prouver^ et fere savoir : ce que li soufira
tant seulement, et le fait de Tadversc partie en tani comme il est contrai-
res au sien, li Procureur le Roy le mest en ni (?) (1) ;
Et faii retenue et protestation de toutes ses bonnes reSons de fel et de
droit, en leu et en temps.
X. — Interdit de Vévéque de Limoges (vers 1306).
Dicit et probare intondit Episcopus Lemovicensis contra gerentes se pro
consulibus ville de Nobiliaco, cl contra gerentes se pro conslilibus civitatis
Lemovicensis (î), — cl primo conlra illos (?) de Nobiliaco :
Quod, pcr arrestum curie diclum fuit quod Episcopus Lemovicensis vel
cjus prcposllus foraneus explectabat (3) in villa Nobiliaci de cOgnitîone
causarum civilium;
Ucm, quod diclus Episcopus vcl ejus prepositus, una cum gerentibus se
pro consulibus dicte ville, incarcerebunt et justiciabunt malefactores ;
llem, quod, pcr arrestum, manus rcgia posita in causis civilibus dicte
ville de Nobiliaco fuit amota, et datum in mandatis episcopo quod ipse
vel cjus prepositus foraneus cxp[l]eclaret de causis predictis;
Item, quod pcr arrestum curie, diclum fuit et pcr curiam declaratum
quod dictus Episcopus habcbil apud Nobiliacum preposilum forancum qui
cxpleclabit et justiclabil ibidem, et quod gerentes se pro consulibus non
impedient quin prepositus predictus malefactores capiat et ajornct coram
(1) La dénie.
(S) Ce qui concerne la cause entre l'^véque et les consuls de la cité de Limoges n'a
malheureuse ment pas été conservé. Presque tous les documents relatifs à ce procès ont
disparu, même dans les Archives de l'Evéché.
(3; Explectabat et non explectaret : le Parlement a constaté la situation, le droit actod
résultant de la coutume.
LA COMMUNE OB 8A1NT-LR0NAB0 DS NOBLAT AU Xlll'^ SIÈCLE. 34l
se» et ju&UiOiet cum ipsis, nec pfeposilus sioiiUler impediet diclos consoles
quin capiant per se et juslleient malefaciofes eum preposito Ëpkcopi et
Yi^ri(o?) 4ominoruni;
Item, quod ralione et virtute prediclorum judicatorum et arreslorum,
idem episeopus fuit et est in possessione cogooscendi de causis civilibos
sCjCundum tenorcm dictorum judicatorum et arreslorum ;
Item, quod fuit iu possessione incarcerandi et puniendi malefaciores
iû villa predicta de Nobiilaeo, una cum diciis gercntibus se, secundam
tenorem judîcali ;
iLem, quod erat eo lempore quo Mex dedii ariiculos suos cootra episco-
pum prediclum (I);
Item, quod post judieata et arresta predicta, dicti gerentcs se pro con-
sulibus multiplicilcr nisi sunt dictum cpiscopum impcdire in cognitionc
causarum civilium prediclarum, et tacite de judieatis et arresiis predictis,
asserentes se esse in saisina cognoscendi de causis civilibns motis coram
eisy et quod impediebantur per filpiscopum in premissis, obtinucrunt
qu^mdam informalionem fierï per scncscallum Pictavensem, cui inrorma-
tioni dictus Episeopus se opposuit, diccns quod premissa commissio
tacila verilale do dictis arrestis et judieatis fueral impetrala; et tandem,
audilis ralionibus utriusquc partis, quodam alio impctrato mandate per
consulcs super consimili informalionc faeienda per senescallum predic-
lum, cum per eos prima informalio asscreretur esse amissa, per judicium
curie fuerunl omnia cassata et penitus annullata;
lleui, quod poslea datum fuit scneseallo Piclavcnsi per curiam in man-
dalis quod predicta arresta et judieata et mandata faceret cum diligentia
obscrvari, et impedimenta per prcdictos hominesapposita et omnia attemp-
tala do piano faceret amoveri ;
lem, adbuc dicti gerenles ao pro consulibus, in sua malieia persistentes,
a curia quoddam aliud impelraverunt mandatum, tacilo de premissis, ad
dictum senescallum, quod fîerct inquesta super eo quod ipsi dicebant
diclum episcopum eos impedire in eognitione causarum civilium ville
Nobiliaci, cum ipsi, ut dicebant, essent in possessione cognitionis causa-
rum civilium dicte ville ;
item, quod per curiam declaratum fuit non esse inlentionis curie
inqucslam fieri mandare contra tenorem arrestorum et judicatorum curie
predicte, et datum diclo senescallo in mandatis, pro oceasione dicti man-
dati, nullam faceret (9), et si quam feeeral, penitus anullaret, et ipsos de
tanla malieia puniret, et diclum episcopum dedampnificari;
Ite^^ ciim dicti gerenles se pro consulibus assererent quod cognitio et
punitio utenciuu falsis alnis non compreliendebalur sub cognilione cau-
sarum civilium, per senescallum qui tune temporis eratfùit declaratum in
plena assisia, adhibito consilio sapientum, cognitionem et punitionem
liujusmodi (?) ad cognitionem causarum civilium pertinere, cum taies pena
pecuniaria punianlur secundura consueludinem patrie ;
(1) C'ect-à-dire au moment oii le Roi est intervenu ao procès et s'eat joint aux consot^
contre l'Ëvêque.
(2) Sons-entendu : inqueatam.
Mi SOatlt ARCHÉOLOGIQUR ET UISTORIQUK DO LIMOUSIN.
ilcm, cum dicti gerenles se pro consulibus, hoc non obslante, dicton:
episcopum impedirent in cognitione et punitione premissorum^pcr cnriam
datum fuit in mandalis quod ipsi compellerentur ad desistendum a pre-
missis ;
Item, cum adhuc dicti gercntes se eundem episcopum in judicatis e:
arrestis suis multipliciter impedirent, idem episcopus a predicta curia
semei, secundo, tercio, quarto et pluries obtinuit mandari senescallo pre-
dicto dicta judicata, arrcsta et mandata servari de puncto ad punctam.
et attemptata revocari et attemptantes punir! ;
Item, quod predicta mandata fuerunt senescallo l^ictavensi exhîbita et
ostensa ;
Item, quod ipse mandavit predicta judicata, arresta et mandata înTîola-
bililer observari ;
Item, quod dictis gerentibus se pro consilibus expresse inhîberi man-
davit per Johannem de Gompendio, ne ipsi de causis cirilibns cognosee-
rent, nec preposilum in cognitione dictarum causarum civilium impe-
dirent, et si eos cognoscentes inveniret, puniret eos, cum boc esset
facere contra judicatum curie ;
Item, et quod dictum mandatum fuit eis per dictum iobannem de Com-
pendio factum ;
Item, et quod, non obstantibus prcdictis mandatis et inhibition! bas sibi
factis, ipsi eundem episcopum in predictis judicatis et arrestis împedi-
verunt et àdhuc impedire nituntur ipsum episcopum et cjus prepositam.
et in cognitione contentorum in eisdem ;
Item, quod idem Episcopus et ejus gentes eundem Episcopum [sic) (4) et
ejtts locumtenentem pluries et fréquenter requisiverunt ut predicta impedi-
menta contra arresta et judicata predicta apposita faceret revocari ; que (aie)
idem senescallus, licet sibi constaret de predictis judicatis, arrestîs et
mandatis, facere recusavit;
hem, quod Episcopus vei ejus mandatum, eundem senescailum planes
requisivit ut aitemptata per eos contra judicata et arresta predicta, de
quibus obtulit se facere promptam fidem, faceret revocari et ipsos
condigne puniri; que omnia dictus senescallus contempsit et facere
recusavit ;
Item, quod occasione dictorum articulornm per dominum regem dato-
rum, de quibus commissa est cognitio facienda, dicti gerentes se nisi
fuerunt se im possession are de contentis in articulis predictis, per
Regem datis. non admitlcndo prepositum Episcopi, sed per se solum
cxplectando et cognilionem causarum civilium usnrpando contra tenorem
arrestorum et judicatorum predictorum ;
Item, quod per curiam dictum fuit et declaratum quod, non obstantibus
predictis articulis, judicata et arresta, et contenta in eis servarentur, et
quod Episcopus servaretur, non obstantibus predictis articulis, in pos-
sessione in qua crat, tempore dationis dictorum articulorum, et anle;
Ilem, quod, occasione cujusdam clausule in dicta declarationc contente,
qua cavetur quod dicti gerentes se in saisina, si qoam ohtinebanl ante
(1) LapauR évident : Il faut lire senescailum.
LA COMMUNE DR SAINT-LÉONABD DE NOBLAT AU XIII® SIÈCLE. 3i3
dalionem arliculorum, scrventur, dicii gerentesse de hiis que altemplave-
ruDt contra dicta judicata el arresta et corum contenta, et contra inhibi-
tiones et mandata curie, assei*unt se esse in possessione, et petunt se in
ca servari, cum de hoc pocius debcant puniri;
Item, quod idem Episcopus seu ejus mandatum eundem senescallum
requisivit in assisia Lemovicensi proximo pretcrita, et alias pluries, quod
predicta judicata et arresla facercl observari et attcmptata predicta facerel
revocari ; 'dem vcro senescallus, dubitans, ut dixit, an prcmissa facta post
et contra judicata et arresta predicta dici debeant attemptata vel posses-
sio, omnia posuit ad manum suam sub colore quod voiebat consulere cu-
riam super premissis antequam aliud expediret, quanquam Episcopus
diceret premissa censcri deberc attcmptata et non possessio, pro co quod
si ipsi unquam aliquam posscssioncm babuerunt de contenlis in judicatis
cl arrestis predictis pro dicto episcopo reddilis, ab ea fuerunt exclusi per
judicata predicta, nec post ea sibi potuerunt acquisivisse vcniendo contra
judicata predicta, presertim cum idem Episcopus semper conqueslus fue-
rit et inhibiliones a curia impetraverit contra attemptata predicta, prout
polest apparere per litleras curie;
Item, quod tandem ad requestam dicti episcopi, idem senescallus, juxla
mandatum per curiam sibi factum, de attemplatis predictis mandavit
inquiri per Guidoncm de Huysi, corani quo dicius Episcopus plures testes
etiam de dicta villa Nobiliaci produxil ad informandum dictum Guidonem
super dictis attemptatis ; et dicti gerentes se vel eorum mandatum, predic-
tam informationem impediendo, inhibuerunl teslibus quod non deponerent
super premissis attemptatis, et etiam aliquos qui juraverant ab ejus pre-
sencia per vioienciam amoverunt nec eos deponere permiserunt, non sine
dicti Episcopi prejudicio et Domini Régis contemptu ;
Item, quod licet de hoc dicto senescallo constaret per relacionem dicti Gui-
donis in assisia publiée sibi factam, ipsos, per dictum Episcopum pluries
requisitus, punire noluit ;
Item, quod idem Episcopus eidem senescallo plures casus qui contra
predicta judicata et arresta fuerant attemptata exposuit et in scriptis sibi
tradidit, et de eis oblulit facere promptam fidem, inter quos specialiter
continebaluF quod quemdam notorium homicidam, oriundum de dicta
villa, per gentes Episcopi captum in recenti delicto, per vioienciam abs-
tulerunl eisdem et Ipsum per se solos deliberaverunt et impune abirc
permiserunt; item, et quod de pluribus aliis malefactoribus dicto senes-
callo in scriptis traditis fecerant hoc idem, de quibus idem senescallus
noluit veritatem inquirere nec ipsos punire ;
item, quod judicatum vinagii noluit facere observari prout continetur
in ipso judicalo, pluries requisitus, sed per suum servientem levari pre-
cepil ;
Item, mandatum sibi factum de mensuris combustis per dictos gerentes
se, adimplere negligii et neglexil.
{La fin manque).
344 SOCIÉTÉ AftCBÉOLOGIQCE ET BI^TORIO^B DO LIVOUSIII.
XI. — Extraits 4'un mémoire de l'Evéque de Limoges postérieur é
l'intervention du Roi (1306 ou 1307).
... Episcopus Lemovicensis... non intendit recedere a causa et processa
habitis in curta domini nostri Régis... Imo vult stare etinsistere dicto pro-
cessui.
Prolestatur quod arreslis et judicatis per curiam dicto pro ipso episcopo
dalis non intendil in aliquo renuntiare, imo juvare se de eis, suo loco et
tcmpore ;
... Quodhomines Nobiliaci sunt jusliciarii ejusdem Episcopi, et facinnl
ipsi juramentum fidelilatis... et ipse habet justiciam allam, mediam el
bassam, et juridiclionem omnimodam;
Quod pro hiis et aliis que lenct ab eodem domino Regc, idem Episco-
pus solus, ut baro et dominus immedialus, est in fide et homagio ipsius
domini Régis, et sui predecessores fuerunt ab antique ;
Quod dicti homines a brevi tempore fecerunt sigilium et domum in dicta
villa, nominc consulatus et communitatis que se dicebant babere, et non
nomine Régis ;
Item, quod predicta taies persone de jure, racione et consuetudine usur-
pare non possunt nec sibi acquirere per aliqua sine spécial! privtlegio
vcl juste lilulo sibi concesso sive dato a domino suo immediato ; quod
dicii bomines usurpant et usurpaverunt... predicta contra Toluntatem
Episcopi Lemovicensis, sui domini immediati el predecessomm suorum,
quibus juramentum fidelilatis faciunt et fàcere consuevenint ab antiquo...
Item, quod premissa centra juramentum suum fidelilatis per eosusurpata
falso et indebite advoaverunt el advoanl se tenerc a Domino Regc,
licet jus non habeant advoandi vei faciendi premissa; — et quod dietas
Rex non babet jus recipiendi ab eis aliquam advoacionem;
Quod si bominus Rex, jure regio el ut superior el racione superioritatis
et régie majeslatis, in novitate sua habeat el percipiat juramentum ab
hominibus cujuslibet ville senescalliarum Piclavensis, Lemovicensis et
Petragoriccnsis, hoc juramentum est de pace observaa^ai et sic fuit a
principio inceplum el introductum, et sic fit in aliis pluribus villis regni
sui... quod per receplionem tatis vel cujuslibet atterius juramenti, non fil
prejudicium nec fieri débet dominis proximis el immedialis tenentibus a
domino Rege, quominus babeant in hominibus dictarum viilarum et reei-
piant suum juramentum fidelilatis, et quin in ipsis viilis et hominibus
earumdem plene utantur dominio suo ;
In regno Francie sunt multe ville et specialiter in senescallia Picla^
vensi, in qua villa de Nobiliaco sita est, et in senescallia Petragorîcensi sibi
contigua el adjacente, longe meliorcs et nobiliores quam sit villa Nobi-
liaci, babentes statum (1); et tamen non habent justitiam nec altam, nec
mediam, nec aliquam jurisdictionem ; nec scabini nec consules ipsarum
(1) Ayant l'état (de Commune), ce que nous appellerions une existence légale.
LA eOUMlNB DE SAINT-LÉONARD DR NOBLAT AU XUl^ SIÈCLE. 345
villarum habent ibi aliquam potestatem nisi in quanlum et prout est ipsis
concessum per dominos ipsarum villarum et per punctum carte (I) : Immo
domini ipsarum utunlur in eis alta, média et bassa justicia, et omnimoda
juridictione, non obstante quod ipsi habeant consulatum.
Rex non habet, nec habere consaevit, in partibus illis ubi dicta villa
exislit, v«l in locis circumvicinis, aliquam proprietatem seu domagnium
nec aliquam justictam seu juridictionem, nisi ut dominus superior et me-
diatus, et nisi in casu ressorti, nisi de novo cmcril (9), vel aliquo litulo,
acquisiverit... De premissis est publica vox et fama, in patria et locis cir-
cumvicinis.
Item procurator Episcopi... dicil quod procnrator domini Régis dixit
quod îpse non arlicularet nec daret articulos pro domino Rege super alta,
bassa et média justicia et omnimoda juridictione dicte ville Nobiliaci, nisi
ipsi (3) recognoscerentetdicerent, seu eorum procuralores, quod alla, bassa
et média justicia et omnimoda juridiclio dicte ville et emolumentum pro-
veniens ex premissis erat ipsius domini Régis, ut domaignium ipsius et
ipsi tanquam ministri ejusdem domini Régis ei pro ipso administraverant
cl exercuerant premissa.
Dicit idem Epîscopus quod inauditum.est quod alias vocaverint se ml-
nistros Domini Régis in dicta villa... dicli gerentcs se : domino Régi vel
ejus mandato de aliquo emolumento dicte ville nunquam responderunt,
nec reperietur per aliquam senescalliam nec in caméra computorum,
nunquam dicti gerenles se pro domino Rege vel ejus nomine aliquod
aclum alte, basse vel medic justicie expleclaverunt ibidem.
E
Procuration donnée par les consuls et la commune de
Saint-Léonard à leurs députés aux Etats généraux
de Tours (1" mai 1308).
Excellentissimo domino suo, domino Philippo, Del gracia Régi Francic
iiiustri, tideles sui consules et communitas ville Sancli Leonardi de Nobi-
liaco, I^emovicessis dyocesis, se ad pedes sue celsitudinis inclinatos, et omni
(1) Par les termes mêmes, par un article de leur charte.
(i) L'Evéque fait avec raison cette réserve : peut-être pense-t-il à la ville franche de
Masléon, établie en 1289, et aux projets d'acquisition, par le Roi, des châteaux laissés
par le chanoine Gérald de Manmont à ses neveux, projets réalisés dès 1306, mais devenus
déGnitlfs en 1313 seulement.
(3) Les Consuls.
T. XXlVlll. 93
3i6 SOClÉTé ARCHéOLOGIQUB RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
subjeclione debiu el devou. Novcril veslra regia Celsiiudo qaoJ m-
facimus ei consiiiuimus procuralores nostros générales el spéciale?
Geraldum Fabri, Petrum Albilhanges, Stcphanum de Fraes, Peirum Bugs-
dal, Stephanum Fabri el Peirum Vincencii juniorem, el eorum quemlibeiiD
solidum, ila quod non sil condicio melior occupaniis, ad prese manda ai v^
pro nobis el communitate noslra coram regia mageslale Taronis, ad dioc
dominicam ad (rcs seplimanas Pasche instanlis el ad dies sequenies, cooti
nuandas a dicla die, volanlalem regiam el mandaium audituros, et factDro>
ea que nos faceremas el deberemus si présentes essemas, promiiieDie»
ralum babiluri el firmum quicquid per ipsos procuralores nostros t^.
eorum allerum seu aheros aclum fueril sive geslum sea eciam procoraiom.
El hoc signiticamus per présentes lilieras, sigillo dicii consulatus dicte
ville slgillalas. Dalum die mercurii in feslo apostolorum Philippi el Jacobi 1 ,
anno Domini m** ccc° oclavo.
(Archives nationales, J 415, B n** 307. La pièce avail été autrefois classée
par erreur dans le dossier de la sénéchaussée de Beaucaire).
(1) Cette date n' est-elle point mise par errear ? La fête de SaÎDt-Jacqaes et de Saint- Phifpp-e
se célèbre le 1*' mai, et la fête de Pâques, qui semble indiquée ici comme prochaine, non
encore passée — instans — était tombée, en 4308, le 14 avril. Notons toutefois qne c<r"'
année-là, le 1*' mai était bien un mercredi.
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
TomeXXXVIl
La commune de Saint-Léonard-de-Noblai au ziu<^ siècle I
1. Les Planlagenets et les communes limousines t
IL Le châleau de Nobiat el la ville de Saint-Léonard M
tu. Les seigneurs de Noblal : TEvôque de Limoges ; les Nobiat ; les
Brun ; les Vigier ; les Royère ; les Marchés 30
ly. Le bourg de Saint-Léonard de Nobiat. Origine de la commune. 55
V. Les consuls : leur élection ; leurs attributions ; rhôLel-de-ville.
Le serment de la commune. La milice 6i
VI. La commune en possession de la justice. Droits des clievaliers
de Nobiat el des vigiers 71
VII. Commencements de la lutte entre TÊvéque et la Commune.
Incidents divers 81
VIII. Gilbert de Malemort el les bourgeois devant le Parlement. Le
prévôt Audier Normand : la commune en étal de révolte ou-
verte ; -. 93
IX. Enquête de 1380 : témoignages contradictoires. Acquisition par
révéque des droits des familles féodales qui occupent le châ-
teau. Intervention des ofiicicrs du Roi d* Angleterre, duc
d'Aquitaine <0i
X. Arrêts du Parlement de 4283 el I28fi M\
Tome XXX VI II
XL Enquête de 1288. impossibilité de concilier les témoignages
qui y figurent 219
XII. Raynaud de La Porte, évêque de Limoges. Echos de la querelle
de Boniface Vlll et de Philippe IV. La justice civile de Saint-
Léonard, d'abord mise à la main du Roi, est adjugée à l'évêque. 359
XIII. Intervention du Roi. Articles du procureur de la Couronne.
Mémoire de Pévôque 868
XIV. La justice civile de Saint-Léonard placée de nouveau sous le
séquestre. Rébellion des bourgeois. L'évêque négocie avec
le Roi. Conclusion d'un traité de pariage 274
XV. La commune résiste aux officiers du pariage : dernières révol-
tes et derniers arrêts 278
348 SOClKTi ARCHÉOLOGIQCTK ET HISTORIQUE 00 LIMOUSIfl.
APPENDICE.
A. — Anciens privilèges de la ville de Sainl-Léonard produits par les
consuls au procès de la Commune avec TÉvêque de Limoges 991
I. Lettre! àe Miilippe II Auguste pour les habitaot» de Stiot-I^éonard (mars
1213) , »1
II. Lettres de Louis VI II ordonnant aux consuls et k la commune de Saint-
Léonard de lui prêter le serment de fidélité entre les mains de Rajnaud,
clerc du Roi de France 'août 1214) I9l
III. Lettres de lA)uis VIII confirmant les coutumes et libertés des consoU et
de la commune de Saint-Léoftard (août 1224) •» V/i
IV. Mandement de Thibaut de Boxonis, sénéchal de Poitou pour le Roi de
France, aux consuls de Saint-Léonard, leur enjoignant de prêter le serment
de fidélité k Louis IX entre les mains de Guillaume Relhier, cheralier
(s. d.) m
V. Mandement de Raoul de Trapes, sénéchal du Roi de France dans les dio-
cèses de Périfueuar, Cahors et Limoges, aux consuls et aoz prud'hom-
mes de Saint-Léonard, pour qu'ils faasent publier le ban et l'ost et se tien-
nent prêts à fournir le service militaire au souverain {22 juillet 1269) 2Vi
VI. Lettres de Simon de Cubitis, chevalier, de Nicolas de Verneuil et de Gilles
de La Cour, clerc du Roi, attestant qii'ils ont reçu des consuls, du
Conseil de viUe et ie la commune de Saint-Léonard le serment de fidé-
lité au Roi (février 1272) î»3
VII. Vidimus et confirmation par Philippe 111 des libertés de la commune de
Saint-Léonard (mars 1271) 2ï»3
VI II. Lettres de Philippe III, déclarant que la sauvegarde spéciale accordée à la
ville de Saint-Léonard lui interdit dé la placer sons une autre main et reje-
tant les réclamations faites à ce sujet par le Roi d'Angleterre, duc d' Aqui-
taine, et ses gens (janvier 1280) 294
B. - • Description el analyse sommaire de six rouleaux ou frag-
menls de rouleaux se rapportant au procès entre Tévéque de Limo-
ges et la commune de Sainl-Léonard. Relevé des noms, qualités,
âge et demeure des témoins dont les dépositions sont consignées
à trois d'entre eux (1279-1308) «95
C. —Extraits des dépositions recueillies aux enquêtes de 1280 et 128S.. 304
I. Origine de la commune. Elle a été fondée par les Rois d'Angleterre, qui
ont <aii don aux bourgeois d'une bannière à leurs armes, n<* 1 à 7 904
II. Les consuls, au nombre de huit, sont désignés dans une assemblée de viUe
par les consuls sortants. Ils reçoivent le serment de fidélité de la com-
mune, n" 8 à 24 as
m. Attributions des consuls. Us réunissent la commune, réparent et entretien-
nent les fortifications. H6tel-de-ViUe ; armes commune», caisse com-
mune, aichives, sceau, n»» 15 à 42 *.*
IV. Les consuls tiennent la ville du Roi de France. La commune doit à celui-ci
le serment de fidélité, le service militaire et les autres pretiàlions féo-
dales, n«43 à 67 »»
V. Les consuls assemblent la commune en armes pour protéger les bour-
geois et punir les seigneurs qui ont attenté k leurs personnes on à leurs
biens, n" G8 à 7(» 311
VI. Dépositions attestant, que, durant tout le cours du siècle, les console ont
exercé la justice dans la ville, y ont jugé les causes civiles et les causes
criminelles, y ont possédé gibet, pilori, prison, chambre de question ;
qu'ils y ont eu la police de la voirie, des poids et mesures, des métiers,
des foires et marchés, n«» 71 à 121 bis :«1
LA COMMUNK DE SAIM-LÉONARD-OE-NOBLAT AU Xlll^ SIÈGLIf. 349
Vil. Dépositions affirmant, au contraire, qae l'évéque est seigneur de la ville
comme du Cliàteau, que les bourgeois lui doivent et lui ont toujours prêté
le serment de fidélité et qu'ils lui ont fourni l'ost, n" 122 à 137 bis 32U
VIII. Témoignages attestant que l'évéque est justicier dans la ville de Saint-
Léonard, qu'il 7 a de tout temps exercé la juridiction civile et criminelle
et possédé tous les droits accessoires découlant de cette jnridiction
n** 138 à 183 323
IX. Droits des seigneurs portionnairts du Château de Noblat et des vlgiers sur la
justice de la ville et droits accessoires, n** 184 à 200 329
D. — Lettres et documents divers, extraits des procédures 331
I. Lettres de Mathieu, abbé de Saint-Denis, et de Simon de Netle. lieute-
nants du Roi de France, notifiant un arrêt du Parlement intervenu dans
le procès entre l'évéque de Limoges et la commune de Saint-Léonard
(août 1Î85) 331
II. Lettres de Philippe IV : Additions au premier arrêt du Parlement touchant
la justice de Saint-Léonard (mars 1287) 334
III. Lettres de Philippe IV chargeant Philippe Suard, chanoine de Laon, et
Jean de Morancy, clercs du Roi de France, de procéder à une nouvelle
enquête (29 août 1287) 335
IV. Les consuls et la commune de Saint-Léonard constituent pour leurs procu-
reurs spéciaux à l'effet de suivre l'enquête, Etienne Faure et Nicolas
des Moulins (10 mai 1288) 335
V. Certificats de bonnes vie et mœurs produits par divers témoins (1280-1287). 336
VI. Permission donnée par Hugues, prieur du monastère de Saint-Léonard, au
sous-pricur Etienne, de comparaître comme témoin à l'enquête, (22 mai
1288; 386
VII. Artieolation d'un des procureurs de Tévêque contre un des témoins des oob-
suls 337
VIII. Mention d'un usage particuUer pour la prestation du serment en justice.... 337
IX. Articles proposés au Parlement par le procurenr dti Roi, au noA de la Cou-
ronne et des consuls de Saint-Léooard... 388
X. Intendit de l'évéque de Limoges (vers 1306) 340
XI. Extraits d'un mémoire de l'évéque de Limoges postérieur à l'intervention du
Roi (1306 ou 1307) 344
E. — Procuration donnée par les consuls et la commune de Saint-
Léonard à leurs députés aux Etats généraux de Tours ((«'mai 1308) 343
REGISTRE
DE LA
FAMILLE DE SALIGNAG DE ROGHEFORT
(i 571-1626)
Ce registre de famille remplit les trois premiers feuillets d'un terrier de
la chAtellenie de Rocbefort et autres fiefs relevant de la maison des Cars,
dans la paroisse de Séreilhac (canton d*Aixe, arrondissement de Limoges}.
Commencé en 1629, ce terrier fut achevé en 1566 (I). C'est donc postérieu-
rement à sa rédaction que fut commencé le registre de famille. Celui-ci,
qui seul nous occupe en ce moment, n'a d'autre intérêt que celui qu*offire
la qualité du possesseur, des parrains et marraines, qui semblent avoir .
tous appartenu à la petite noblesse protestante du Limousin Rocbefort
possédait, en effet, une église de fief dont nous avons parlé dans noire
^ Histoire de la Réforme en Limousin (pp. 83 et 244). Ce registre de fa-
mille vient aujourd'hui à Tappui de quelques-unes de nos assertions.
François de Salignac (ou Salagnac), qui a commencé le registre, se dit
fils de mcssire de La Seigne (ou Saigne) et de noble demoiselle de Roche-
fort. Il était frère de Françoise de Bouschiat, neveu de Françoise de Pierre-
bufHère et cousin du sieur de Mayac. La dernière mention de sa main est
de 1585.
Le Nobiliaire limousin avance, en effet, qu'il fit son testament le 19 no-
vembre 1585.
Deux générations et le commencement d*une troisième sont représentées
dans ce registre de famille : François de Salignac et ses enfants, Isaac de
Salignac et ses enfants, Achille de Salignac et le premier de ses enfants.
(1) Il compte 161 feuillets parchemin, format in-4^ Il est coté « Picaud,
notaire, n^ S » sur une bande de papier collée sur la couverture à une
date inconnue. Ce terrier appartient aujourd'hui aux Archives départe-
mentales de la Haute-Vienne, fonds des Cars.
REGISTRE DE lA FAMILLE DE SALIGNAG DE ROCBEFOKT. 351
Nous avons indiqué en notes les rectifications que ce registre apporte au
Nobiliaire limousin, A. L.
Mémoire que le huictiesme may 1571, ma fille aisnée nasquit et
fut son parin le sieur de Lastoars et marrine Madamoiselle de
Rocheffort ma mère. Laquelle heust nom Jane.
Le 23« jour du mois de may en Tan 1573, mon fils aisné nacquit
et fut baptisé le 27« aoust 1573. Et fusl son parin le sieur de La
Seyne (1), mon père, et marrine, Madame de Montauzier (2), El
heust nom Samuel.
Le huictiesme jour d'aoust 1574 nasquit Jehan, mon troisiesme
(ilz, et fust baptisé le quatorziesme jour d*octobre au dict an.
Et fust son parrin Mons. de Bonneval et marrine, ma sœur, Fran-
coisse de Bouschiat.
Le 22* jour du mois d'ocfobre, ung sabmedy au soir, heure de
liuict à neuf heures, en Tan 1577. nasquit ma seconde filie {sic) et
fuct baptisée le 3' jour d'apvril 1578, estant son parrin noble Fran-
çois de Saincle-More (3), seigneur et baron de Montauzier, et
marrine, Françoise dePiarrebufflère (4), matante, dame de Sainct-
Maury, qui lui donnarent nom Susanne.
Le 22* jour de febvrier 1580, environ la minuict, nasquist ma
iroiziesme filie (sic) au heu de Montauzier en Sainclonge, qui fust
baptisée ung mois après, estant son parrin noble Jehan deRabaine,
seigneur d'Usson près la ville de Pons en Sainctonge, et marrine
Madame de Montauzier, qui luy donnarent nom Anne.
(5) Tous mes susdiclz enfens ont eslés baptisés en TesgUse relTor-
mée, grâces a Dieu.
F. Saugnac.
Le huictiesme jour de septembre ung vandredy en l'année 158^ ,
nasquit mon quatriesme fils entre neuf et dix heures de matin,
au lieu de Rocheffort (6), et fust baptisé le huictiesme de novembre
au dict an en Tesglise réformée, estant son parrin Monsieur
(1) Le château de La Seynie est près de Saint- Yrieix.
(2) En Saintonge, est-il dit plus loin.
(3) François de Salignac avait épousé, en 1567, Louise de Sainte-
Maure f 1619. [Nobiliaire Umoaain):
(4) Aujourd'hui chef-lieu de canton de la Haute-Vienne. Les barons de
Picrrebufllère étaient protestants.
(b) Ce dernier paragraphe est encadré entre quatre lignes.
(4) Aujourd'hui commune de Sércilhac, arrondissement de Limoges.
I
d5i S0€lêT6 ARCHfeOLOGrftUlC Cr BISTORIQUR tV LIIOOSIX.
d'Oradour-sar-Glane (1) et marhne ma sear de Boo^chiac, qui
lui donnarent nom Isaac.
Le vingt sepliesme jour du mois d'aoust Tan 1585, nasquii mon
cinquisme fiîz à quatre heures du matin au lieu de Rocheffort. et
fust baptisé le huictiesme jour du mois de seplambre au dict an fa
l'esglise refformée, et fust son parrin Monsieur de Hayac (î; moa
"^cousin et marrine ma fille aisnée qui loy donnarent nom Charles.
{D'une autre écriture que ce qui précède) :
De tous les susdits enfans masles n*a esté marié que Isaac, qu;
espouza au mois de février 1601 Oleimpe {sic) Grain de Sl-Mar-
9ault(3). Et demeurèrent ensemble jusques au dernier jour de février
^606 (4) que Dieu le relira à luy, et lessa deus enfens masles, a
savoir : Achilles et Pierre (5), et la ditle de St-MarsauU grosse d'en-
viron scinq {sic) mois (6).
Naquit a Isaac de Salagnac le 5°"' septembre 1603 un fils masle,
ung jeudy environ quatre heures du soir. Et fut baptisé au mois
de may 1604 en Teglise reformée au lieii de Rochefort, et fui son
parrein Monsieur de Chaux et marrine Madame de Rochefort,
mère du dit sieur Isaac. Et lui donnèrent nom Achilles.
Nasquit au dit sieur Isaac un segond fils, le premier jour de
Tannée 1605 ung samedy, environ neuf heures du maleio («Cj, el
fut baplissé environ le 15"' du dit mois en réglisse reformée au lieu
de Rochefort, et fut son parrein Monsieur de Rovière et marreine
Madame de Parcoul, mère de la dite de St-Marsault. Et luy donnè-
rent nom Pierre.
{D'une autre écriture que ce qui précède) :
Le l"* jour d'ost {sic) 1606 ung leundy, nasquit à la ditte de
St-Marsault veusve du dit seigneur Isaac une fille quy fut baptissée
au mois de septembre suivent [sic) en réglisse reformée au Ûeu de
^ Rochefort, et ut (^tc) pour parrein Monsieur de Beaulieu (7), oncle
(1) Aujourd'hui canton de Saint-Junien (Haute-Vienne). Le châtelain do
lieu était protestant.
(2) Peut-ôlre faut-il corriger Magnac. Les Salignac étaient seigneurs de
Magnac d*après le Nobiliaire limousin.
(3) Elle mourut à Paris, en 1634, après s'être remariée avec François,
comte des Cars, puis en troisièmes noces avec Georges d'Aubnsson, comte
de La Fcuillade {Nobiliaire limousin).
(4) Le Nobiliaire limousin ignore cette date.
(5) C'est donc une erreur du Nobiliaire de donner trois enfants mâles à
Isaac de Salignac. Ce qu*il dit d'un troisième fils N... doit être atuibné à
Pierre.
(6) Voyez plus loin, à la date du 7 août 1606.
(7) Aujourd'hui chAteau de la commune de Benayes, canton de Lnberuc
(Corrèzc).
nSGIr^TRB DE Là FAXILLK DR SALIGNAC DE ROCUBFORT. 353
paternel de la ditte de St-Marsault, et pour raerrine (sic) Madame
du Puismalie, seur du dit feu seigneur Isaac, et lui donnère[nt]
nom Jullie.
[D'une autre écriture que ce qui précède) :
Des deusfils du seigneur Isaac n'a elle (sic) marié que Achilles,
quiepouza, le troysieme juin 1621 (\) Caterine de Meillars (2).
Le treziesme jenvier 1623 nacquit à Achilles de Salagnac un fis
entre dis et onze heures du matin un samedi ; et futbatisé a Roche-
fort le dis et huiliesme mars 1626. Il hut pour parrayn Monsieur
de Meillars, frère de la ditte de Meillars, et pour mayrayne
Madame la coraptesse de La Feuillade, mère «lu dit seigneur de
Rochefort, et luy donnèrent nom Isaac (3).
(1) Le NobtUaire limousin donne la date de. mai 1625.
(2) Aujourd'hui Mcithars, cantoa d'Uzerchc (Gorrèzc). Le châtelain du
lieu était protestant.
(3) Cet isaac est inconnu au Nobiliaire limousin, qui nomme seule-
ment Charles, Jean-Marie et Catherine.
EXTRAITS DU MÉMORIAL
DE
JEAN NICOLAS, marchand de Limoges,
DE PIERRE ET FRANÇOIS KICOUS, SES FILS, DE CIIAHPSAC
(i(J53-n3S)
A première vue, ce gros registre de 928 pages in-4° est des plus confus.
On y reconnaît cependant trois mains différentes et, par Tétude attentive
des écritures, on peut affirmer qu'il se décompose comme suit :
1» Le livre déraison do Jean Nicolas, de 1653 à 1655 (pp. I à 39 et UO
à \t% du ms.);
2*» Le livre de famille commencé par le môme Jean Nicolas, de' 1654 à
1671 (pp. 218 et 219);
3<^ La continuation du livre de famille et la généalogie des Nicolas, par
Pierre Nicolas, de 1699 à 4708 (pp. 219 à 224 et p. H 4);
4° Une autre continuation du livre de famille par François Nicolas, de
1727 à 1735 (pp. 22 i à 226);
6<> La reprise du livre de famille par un descendant des Nicolas en
1849 et 1853 (p. 926);
6° Diverses pièces que nous attribuons à Pierre Nicolas et que nous
classons sous les rubriques suivantes : Inventaire de titres et de meubles,
comparaison des mesures locales, itinéraire de voyage de Gliampsac à
Bordeaux, catalogue de bibliothèque, scolastica, poetica, modèles de let-
tres, jeux d'esprit, jeux de société, recettes culinaires, médxinales et
autres, morceaux divers, relation de la mission de 1680 (pasfiim);
T" Mention de compte, non signée, de Tannée 1792 (p. 112).
La parenté du premier auteur de ce Livre de raison nous est connue.
Jean Nicolas était fils de M« Léonard Nicolas, procureur au siège présidial
de Limoges, et de Marie Bastide. 11 naquit dans les premiers jours de juillet
MÉMORIAL DE JEAN NICOLAS. 355
4691, car nous savons qu'il fut baptisé le 6 de ce mois dans Té^lise Saint-
Maurice en la Gilé de Limoges. Son parrain fut M° Jehan Nicolas, curé de
Saint-Yrieix-sous-Âixe, dont le neveu et successeur se retrouve dans le
Livre de raison ; sa marraine fut Jeanne de Oouhet, épouse d'un sieur
Léonard, contrôleur des finances (1).
Par suite de quelles circonstances ce fils de magistrat devint-U mar-
chand d'étoffes? nous ne le savons. Le fait n'a d'ailleurs rien d*absolu-
ment insolite : il suffit de le mentionner.
Le Livre de raison de Jean Nicolas nous permet de dire que ses affaires
étaient étendues et ses sources d'approvisionnement fort diverses, puis-
qu'il fait ses achats non seulement à Paris, mais encore à Orléans, à Beau-
vais, à Rouen, etc. Il est vraiment dommage pour nous que ce livre do
comptes s'arrête à 1655. Il eût été intéressant de suivre le développement
du négoce de Jean Nicolas el de le voir prospérer au fur et à mesure que
Faction de Golbert se faisait sentir dans le pays.
En 1653 ou 1654, âgé par conséquent d'environ trente-trois ans, Jean
Nicolas avait épousé Marie Brugèrc (f 1688), fille d'un juge des Combes do
Limoges. 11 en eut dix enfants : sept garçons et trois filles, dont beaucoup
moururent en bas âge. Lui-même décéda en janvier 1677, à l'âge de
cinquante-six ans, et fut inhumé à Ghampsac, près Rochechouart
De ses sept garçons, deux seulcmentnous intéressent comme continua-
teurs du registre de famille : Pierre, né en 1660, François, né en 1671. La
personnalité du second nous est inconnue ; celle du premier ressort au
contraire en haut relief des très nombreuses notes dont il a rempli son
Registre personnel, si nombreuses qu'elles font oublier celles de son
père, puisqu'elles remplissent à elles seules les neuf dixièmes du re-
gistre.
Pierre Nicolas fit ses premières études au collège des Jésuites do
Limoges; il les poursuivit au collège des Jacobins, qui enseignaient seu-
lement les mathématiques et la physique, puis les compléta à la Faculté
de droit de Poitiers où il passa au moins une année. De ce dernier fait,
autant que de l'absence dans le registre de toute mention d*o''dre com-
mercial, nous pouvons inférer que Pierre Nicolas ne succéda point à son
père. 11 devint, en 1690, greffier des deniers publics à Ghampsac, et plus
lard, vers 17i0, syndic perpétuel de cette localité.
Ses années de jeunesse semblent avoir appartenu aux folies de cet âge.
Compulant quelque part les phases de la vie humaine, il ne manque point
de constater que sept ou huit ans s*écoulent « en jeunesse et folie ».
A défaut de cet aveu, nous serions arrivé aux mômes conclusions par
d'autres voies. Pierre Nicolas a parsemé son Registre de famille de chan-
sons à boire et de chansons amoureuses qui irahissenl un homme de tem-
pérament. On pourrait même conjecturer qu'il donna plus au plaisir qu'aux
études, quand on considère son orthographe vicieuse, — margré pour
malgré, anaritica pour analytica (double exemple de rolacisme], cynopsis
pour synopsis, etc., — et le peu de temps qu'il passa à Poitiers.
(1) A. Thomas, Invent. de» areh.comm. de Limoges, GG, 72.
390 SOCIÉTÉ ARCIlÊOLOOlQUe Bt BISTORIQUK Dt' LIMOLSIX.
Quoi qo'il en soit, il esi deux choses qu'il empoi-ta du collège dea Jésui-
tes : le goût des cérémonies ecclésiastiques, celui des exercices lîtit*-
raires, des jeux d'esprit el des divertissements de société.
En dépit de quelques maximes sérieuses quil inscrivit sur son registrr.
à une époque peut-être tardive, en dépit de son titre de confrère des pé-
nitents noirs de Limoges, nous ne saurions voir en Pierre Nicolas hd
esprit religieux : cette marque s^achète à plus haut prix. Mais à coup sûr il
aimaii, comme tous ses contemporains, les cérémonies publiques, dontk
clergé du xvn« siècle était si prodigue, et il s'est fait, avec une prolixiie
complaisante, le chroniqueur d'une mission qo! eut lieu à Limoges, à la 6d
de 1680, par un capucin, le P. Honoré, de Cannes. Ce qui intéressa noire
chroniqueur, ce ne furent point les sermons du capucin, ni raclion qu iU
purent exercer sur la foule : ce sont uniquement les manifestations exté-
rieures de la dévotion populaire : les foules assiégeant le confessionnal
de Téglise et se pressant à la communion de clôture ; ce sont surtout les
processions qui se déroulèrent alors dans Limoges sous la conduite de Té-
véque. Quarum pars ego, semble-t'il toujours sur le point dire.
Nous avons parlé d'exercices littéraires : ils remplissent une bonne
partie du registre, d'une écriture serrée et quelquefois difficile. Ce sont,
sur des sujets divers el pour des circonstances dififérenles, des formes de
lettres où la boursouflure, le faux esprit, la passion simulée tiennent lieu
de tout. Ce genre de littérature a trouvé, dès le xvi« siècle, les honneurs
de l'impression (I), et se perpétua même pendant le xvii" siècle. Nous
avons cru bon de le mettre hors de doute en reproduisant quelques-unes
de ces lettres. Aujourd'hui il vit encore, au service des gens peu lettrés,
dans de petits volumes à couverture jaune que Ton rencontre dans toutes
les foires sous des noms divers : Le Secrétaire galant, Le Parfait secré-
taire^ La Correspondance unioerselle. Le Conseiller des lettres. Le Secré-
taire pratique. Le Secrétaire pour tous, et même Le Trésor iUtéraire,
quoique la littérature en soit absente. Pierre Nicolas était passé maîire
on ce genre : en règle générale, sur chaque thème il compose six lettres.
Manie d'écolier, dira-t-on. Nous y consentons. Cependant, il semble
bien résulter de plusieurs Indices que quelques-unes de ces lettres au
moins avaient un destinataire et que ce destinataire était une jeune vil-
lageoise de la vicomte de Rochechouart. Or Champsac est près de Roche-
chouart. C'est de cette correspondance effective qu'auraient pris origine
les exercices littéraires qu'il faut reconnaître dans les autres lettres.
Pierre Nicolas a dressé le catalogue de sa bibliothèque. Elle comprend
environ 70 volumes: classiques latins, ouvrages de dévotion, d'agrément
et autres dont le titre n'indique pas toujours le contenu. On retrouve dans
la composition de cette bibliothèque la trace des principales directions
de l'esprit du possesseur.
Nous devons communication de ce Mémorial à l'obligeance de Madame
veuve Henri Nicolas, de Champsac.
Alfred Lkroux.
(i) L'ouvrage qu'on attribue quelquefois, mais sans preuve, à Mathn-
rin Cordicr : la cioUUé puérile et honnête, fut imprimé à Lyon en 4556.
MBMOaUL DR JBAN NICOLAS. 33?
COMPTES.
(Page 1). — Journal commencé à Vhonneur de Dieu H de la Vierge
Marie y le 2 i^ décembre 1653, par Jean Nicolas, marchand de
Limoges.
Doibt sieur Jacques Dauvergne, livré à Mad""*" sa sœur la Marie,
prix faict, un manchon noir pour 3 11. 5 sols.
Doibl Mad. Ghastaignac 2 douzaines images eDluminées, 6 11.
Doibt M. Raby le Jeune, deux peignes de corne à iO sols pièce,
1 livre.
Doibl M. Brigondys de Thours, une paire tablettes d'écaillé, 3 11.
10 sols.
Doibt M*" Joseph Mailhard, une callotle de maroquin, 18 sols.
Doibt le R. P. prieur des Auguslins, petit ruban étroit, 3 sols.
Doibt M. Grand, procureur, une espée d'enfant avec son bau-
drier, 1 livre 10 sols.
Doibt M, Léonard 6ellière, un masque de velours, 1 livre 10 sols.
Doibt M. le commissaire Mallevergne, une tabattière d'eymay
(esmail), 3 IL
(Parmi les clients figurent encore) :
M. Mousnier, chanoyne (1654); Mahgnaud, chanoyne; Dupey-
ral, théologal; Dumas, chirurgien; Paignon, procureur du roi
(1688); Veyrier, orfèvre; Ghambon, greffier en la cylé; les dames
de la Visitation ; Joseph Mala vergue, marchand au faubourg Bou-
cherie, débiteur d*une somme de 1,499 11.
(P. 116). — Achapt[s] que je Jean Nicolas fist au moys de novembre
i6ô3 à Paris à plusieurs.
De M. Bellavôyae, marchand, rue Saint-Denis, au Dauphin cou-
ronné.... A63\\.\ de iMM. Lanfant et Olivet, rue Saint-Denis, aux
Trois poyssons, 468 IL ; de Pierre Callot, sous Thorloge du pallays,
aux Trois couronnes, 14 IL, etc. (au total 3,185 IL).
Achapt[s] faict[s] à Chasteau-Roux, Romorantin, Orléans, Beauvoys,
Rouan et Paris par Jean Nicolas au moys de juillet 1 654 (et
aussi à Etrépagny et GisorsJ,
Deux bures à 58 IL, rabays de 8 IL 16 sols =: 110 IL 4 sols.
Un drap blanc à 69 IL
Dentelle de fdlet à 17 sols.
358 SOCIÉTR ARCHÉOLOGIQUR RT HISTORIQUE DU LIMOUSIK.
(P. H8 et ss). — Draps du sceau blanc à 8 11. 7 sols 6 deniers.
De M. Primoys, marchand chappellier [à Rouen), rue du Gros
Horloge à La Crois d*or, un chappeau de lesne fsicj d'Espagne à
62 11., etc., etc.
(P. 220). REGISTRE DE FAMILLE (J).
Samedy au soir 12« décembre 4654, nacquist Catherine Nicolas
notre fille, heut baptesme à S* Pierre du Queyroys notre parroisse.
Son parin fust mon frère M' Léonnard Nicolas, prêtre et curé de
S* Yryeys soubs Aixe, et marine Catherine Mouret, veufve de feu
Jean Durand Brugere, vivant juge des Combes, ma belle mèn\
Mons. Gaddaud (?), vicaire, estant en charge de vicaire. Le bon
Dieu la veuille bénir et mettre en sa s** garde.
J. Nycolas.
Le 28' octobre 1687, ma femme est accouchée un dismenche au
soir de Michel Nicolas notre filz ayné. A esté baptisé a Chaslu
dans.lesglize de la ville hauUe par M'Esscnaud, curé en icelle.
Son parain a esté M*^ Michel Brugere, juge des Combes et asses-
seur de la cour royalle de Limoges, et marine Barbe Nicolas, ma
sœur, femme de M' Martial Cusson, notaire royal.
J. Nycolas.
Le 23» febvrier 1689, nacquit Marie Nicolas, notre 3« fille. Elle
fust baspiszée par M' Mouly, curé de Tesglize de la ville hausle de
Chaslu. Son parrin est W* Francoys Brugiere, prêtre de S* Pierre
du Queyroys a Limoges, et marine Marie Nicolas, ma jeune sœur.
Le bon Dieu la veuille prendre en sa s** garde.
J. Nicolas.
Le 1" april 1660, nacquit au chasteau de Chasleuz de la ville
haulte notre fils secong Pierre Nicolas. Il na pas esté baptisé
encore, sinon suplombé (2), en Tesglise de la ville haute de Chas-
(1) Nous reproduisons ce registre d'après la copie qu'en avait faite
M. l'abbé Pelil, curé de Champsac.
(9) Ce mol, que nous n'avons rencontré dans aucun dictionnaire, signi-
fie ondoyé. Nous Favons déjà relevé sous sa forme laline (aubumblatui
pour 8ubambratu8 au lieu de subundatus) dans la Chronique de Géral<J
Tarnean, noiairc de Picrrebufrièrc,HU commencement du xv® siècle, dans
nos Chartes^ chroniques ei mémoriaux^ p. Î20. H y en a un aulrc
exemple sous la forme provençale dans le Liore de raison d'Etienne
Renoist, 1426 (p. 86) : a llem, la dicha Catherina fo soplombal en la
çonclia. »
MRMOHlAr. 5R.JRAN NICOLAS. 3.H9
leuz par Mons' Boursaud, curé en icelle, esperanl moyennant
Dieu et la Vierge, le faire baptiser et luy bailler nom au premier
jour; n'ayant peust encore, a cause de Tinconnut du parin. Le bon
Dieu veuille lui faire la grâce de le mettre au rang des enfans de
Tesglise et de le mettre soubs sa sainte sauvegarde. En foy de ce
ay signé la présente attestation a Chasleuz, ce 28® may 1660.
J. Nicolas.
Extraict pour Teaige de mon fils Pierre Nicolas.
11 a esté du deypi baptizé a Limoges a S' Pierre du Queyrois
par M. Croyzeix, vicaire. Sonparin a esté mon frère Pierre Nicolas
et sa marine dam"» Paulhie Vigenaud, femme de M. le juge des
Combes.
(P. 218). — Le 3« mars 1663, naqnict à Brameffort Annet Nicolas n'»
lilz. Il a esté baptizé en lesglize de la parr. de Chaussât par M. Pi-
not, curé en icelle et a esté son parin M" Anne de Coustin du Mas-
nadaud, abbé du Chalard et de Fontenay en Bourgonnie; et la maryne
damoysellc Marye de Brye, fille de M. du Boffrant, a présent femme
de M. de S* Sirevain (?) proche de Chasleuz. Et le baptesme a esté
faict par le dit s' curé le....
Dieu me fasse la grâce de le voir un jour au nombre des biens
heureux. Faict a Chaussa, ce 15* juing 1671.
Il fault retirer des herittiers de M' Pinot le subsdict extraict bap-
tistère pour servir en temps et lieu.
J. Nicolas.
Il nous est mort encore notre filz Anthoyne, aasgé de 14 moys,
quy avoit esté baptisé en l'esglize de Chaussât par M' Pinot, curé
en icelle. Son parin estoit s*" Hébert, bourgeois, habitant de Meys-
sat^ parroisse subsdite, et sa marine Françoise Devignere, femme
de M' Desmoulin. Il nous est mort encore 3 filles, qui sont esté
enterrées Tune en l'esglize de la ville haute de Chasleutz et les
deux autres au semithere fsicj de Chaussât ancien, avecq le dit
Anlhoine.
Nota. Les trois filles de bas aasge.
*J. Nicolas.
(D'une écriture différente).
(P. 219).— Le vingt deuxiesme juillet mil six cent soixante trois a
esté baptizé Anne Nicolas, fils de s' Nicolas, bourgeois de la ville
de Limoges, et de damoiselle Marie Brugiere, sa femme, estant de
présent au lieu de Brasmefort. A été parin vénérable messire Anne
de Coustin, abbé du Chaslard, et mareine damoiselle Marie de Bric,
360 SOCIÉTÉ ARCBÉ6L0G1«|I>R RT HISTOIIQUR DU LlHOUSIK.
présents les soussignés et ainsin signé : Le Chasurd nu Masnaoaoo,
parin; Maaii de Brie, P. de Saovebeuf, M. de Sauvebeuf, Feai-
çoiSE Grahd, R. du Masnadaud, m. de Lahbertie, Lamourie du BIas-
nadaud, Terames Alexis, R. Pinot, curé de Ghampsac, et Rdrest,
notaire, pour avoir l'original (fudit extraict.
À esté baptizé notre filz Jean Nicolas en Tesglize de Champssat
par M** Pinot, curé en icelle. Son parin a eslé Pierre, mon (ils ayné
a présent, et marine Marie, ma fille. Dieu lui fasse la grâce qu'il
soict un jour au nombre de ses esleuz pour le ciel. Faict à
Chanssat, ce 15« juing 1671 .
J, Nicous.
A esté baptizé notre fils Pierre Nicolas en lesglize de Chanssat
par M' Pinot, curé en icelle. Son parin est H' Croyzit, ehanoyne a
S' Martial de Limoges, et sa marine damoyzelle Charlotte Bnigiere,
veufvc de M*" T ( ) Vinaux, ad** en la cour. Dieu le fasse
homme de bien. Faict la présente notte ce 18« juing 1671.
J. Nicolas.
A esté baptizé notre fils Françoys Nicolas en lesglize paros^le
de Champssat par M' Nadaud i curé de la paroisse de Pagas, estant
W Pinot, curé dudict Chanssat, mallade; et a esté son pvin
M' Françoys Nadaud, demeurant au présent boui-g de Chanssat, et
marine Catherine Nicolas ma fille. Le bon Dieu le veuille mettre
soubs sa saincte protection. Faicte la présente notte a Champssat,
ce 15« juin 1671.
Nota. — A mes enfans qui seront advertis que leurs extraicls
baptistères, en cas de besoing, les trouveront oomme je marque
cy*de68us et a costé.
J. Nicolas.
(P. 113).— Le 25 (1) janvier 1677 a été enterré à Champsacle
corps de s' Jean Nicolas, bourgeois et marchand, natif de la ville de
Limoges.
Nota que ce 26 janvier 1677 s' Jean Nicolas, bourgeois de Limo-
ges, deceda ab intesta.
Nota que le 15 octobre mille six cent huictantehuict, dam"* Marie
Brugiere, veufve dudit s' Jean Nicolas, deceda, et par son testa-
ment institua s" Pierre et Anne Nicolas ses enfants, ses vrais hœri-
liers universels.
MKMORIAL DE JEAN PI1C0LA§. 361
(P. 223). — Nola que ce 26"-* février 1699, jour de jeudy malin, nous
avons espouzé a Chalulz a la ville basse; le s' curé de Compniat
nous at donné la bénédiction nupliaile a damoiselle Marguerite
Segue ma chère espouze et a moy.
P. Nicolas.
Nota que le lundy malin 26 de juillet 1700, jour de saincte Anne,
a environ demye heure après minuict, est née nôtre première fille
a Champsact. Et ce jeudy 29 juillet 1700 ma ditte fille a esté bap-
lizée dans Tesglize parolialle de Champsact par Monsieur Dester-
mes, curé en icelle. A esté parin s' Aimé Nicolas, mon fraire, et
maraine damoiselle Anne Boysou, ma belle-mere. Dieu la veuille
conserver dans sa grâce en parfaicte sanclé et la recevoir à la fin
de ses jours dans son sainct Paradis.
P. Nicolas.
(21-22 mars 1703. Naissance et baptême d'un fils à Champsat.
Parrain François Sègue, m" de poste à Châlus, beau-frère de
P. Nicolas.
28 novembre-l" décembre 1704, naissance et baptême d'une
seconde fille à Champsat. Parrain François Boisson, docteur en
théologie et curé de Cognât, oncle de P. Nicolas.
28-28 mars 1706, naissance et baptême d'une troisième fille à
Champsat. Marraine Marie Nadaud, veuve de Pierre Sègue, apo-
thicaire de Champsac.
18-19 avril 1708, naissance et baptême d'une quatrième fille à
(Champsac. JMarraine d*'* Anne Barbe, épouse de Pierre Bardinet,
lieutenant de la juridiction de Crémières.)
(P. 224). — Nota que le 13» sept. 1727, nous avons épousé à Champ-
sat damoizelle Izabeau Nadaud et moy François Nicolas; et avons
reçu la bénédiction nuptialle de Messire Jean Destermes, curé
de la susdite paroisse.
F. Nicolas.
(Naissance d'un fils Jacques, le 29 juin 1728; d'une fille Char-
lotte, le 18 novembre 1730; d'une autre fille Anne, le 20 novembre
1732; d'un autre fils Jacques II, le 20 septembre 173S, « baptisé
par Messire Pierre de Li Plaigne, curé de Champsac et dans le
temps de la mission faite par les révérends Pères Jésuites »).
(») Cette date est contredite par la suivante.
T. xxxvni. %i
362 SOCléTR ARCBéOLOOIQOK Sr niSTOniQUK DU LIHOUSIN.
(P. H4). Généalogie des Nicolas,
Les Nicolas sont venu de Romme (1); ils s'appeloient anlienne-
ment Theodores, 1res nobles et illustres. Leur nom de Théodore
se changat en Nicolas lan de grâce trois cent vingt six, sous 1 am-
pire du grand Constantin, a cause d'un fils de leur fraire qui fut
consacré evesque de Myre sous le nom de Nicolas ; et quand il fol
mort ses couzins germains paternels apportèrent le nom de Nicolas
a cause des belles qualitez dont se grand evesque estoil doué et
de Tamilié que tous ses parcns luy portoient sy bien que du des-
puis leurs descendant ont apporté le nom de Nicolas, ils ont tenu
pendant plusieurs siècles les premiers rangs enLicie vers rorient;
et aprez plusieurs siècles, un des cadets de ces Nicolas vient se
marier a Pierre-Bufflère dans la province du Limousin, qui laissât
plusieurs anfanls, ou il y en u plusieurs qui moururent généreuse-
ment pour la deffence de la foy catholique apostolique et romaine,
du temps de la persécution de lesglise, lesquels commandoienl une
belle compaignie de genls qui s'estoient déclaré contre les enne-
mis de Tesglise. Et de tous ses enfants de ce Nicolas il n'en resta
qu'un qui se mariât et duquel sont provenus tous les Nicolas de
Limoges avec le sieur de La Reynie, etc.
(P. 91). INVENTAIRE DE TITRES (2).
Dénombrement des con tracts d'acquisition et autres que nous
avons concernant les biens et mestairies que nous possédons de la
Peytavigne et St-Yrieix-soubs-Ayse.
Premièrement sensuivent ceux de St-Yrieix soubs-Aixe.
Contrat de vente de certain pascafge et terre appelée de La Ver-
gue où est présentement situé notre moulin et estangt de Sl-Yrieix
soubs-Aixe, icelle vente faite par Jean Coussy, recouvreur, à s' Jean
Nicolas, bourgeois, pour 54 11. du 17 janvier 16S2, signé par copie
Aysou (ou Cessou?), notaire royal — avec l'investiture dudict con-
(1) Celle assertion vaut celle d'Adam de Sychar, chapelain de la ba-
ronnie de Morlemart au commencement du xvii® siècle, qui affirmait que la
famille de Rochcchouart descendait de Fabricius, le vainqueur de Pyrrhus.
(2) Nous reproduisons ce qui suit d'après la copie qu'en avait faite M.rabbé
Pelit, curé de Champsac.
MÉMORIAL DE JEAN NICOLAS. 3G3
tract oslaiil au pied tlu 28 iliidil mois et an signée : de Verthamond,
abbesse de la Raigle.
Contrat de vente faite par Jean et Pierre Moulins fraires a Jean
Deville, des droicts que feue Catherine Cousy avoit (deux
mots illisibles) pour 170 11. du 6 juin 1651. Signé par copie Daudet,
notaire dont le s' Jean Nicolas a les droicts de lots et ventes et de
prelalion suivant la cession d'écriture privée du 30 ianvier 1652.
Signée en original : J. de Verlharaond, abbcssc de la Règle.
Contract d'acquisiton faicte par Simon Coussy, masson, de Pierre
Bouby... maréchal, d'un bois appelé des Ages venu de feu André
Coussy pour 35 II. du 9 feuvrier 1652. Signé par coppie : Mellin, no-
taire, avec une investiture des lots et ventes et de prelation d^escriturc
privée en faveur de Jean Dubin, masson du Mas Marvenl, du 3 avril
1052. Signée en original : J. de Verthamond, abbesse de la Règle.
Coppie de contract de transaction entre M* Jacques et François
Barbe, notaire royal pour raison de la fontaine et place commune
qui est derrierre la maison que le s^ Nicolas at acquits du s' Des-
pont partie de laquelle place commune le s' Deschamps a mils
dans son jardin ; le dit contract du 9 janvier 1663. Signé : Devilleva-
leix, notaire.
Coppie du contract d'affermé faicte par d"* Marie Bruglereveufve
de feu s' Jean Nicolas bourgeois, as' Jean Blanchard, bourgeois,
de Raterie (?) de partie de ses biens scitûes dans les paroisses de
St-Yrieix et Ste-Marie de Vau pour sept années du 2 aoust 1681.
Signé : Cusson, notaire royal.
Coppie de la prolongation de laditle afferme faicte par laditte
d"* Brugiere audit s' Blanchard desdits biens pour un an après les-
dittes sept années aschevées, du 9 mars 1685. Signée : Nicolas no-
taire royal.
Coppie de la sentence rendue a lencontre de messire Benoit de
Brie, seigneur de Soumanias, en faveur du s' Pierre Nicolas por-
tant condampnation a lencontre dudit s' de Soumanias de 175 11.
9 s. pour arrérages de renies ; du 27 aoust 1695. Signée : Garceau
greffier.
Ordonnance dudit seigneur de St-Maurice, intendant, portant
364 SOCIKTK ARGiikOLOGIQUE ET IlISrORIQUK bV LIMOUSIN.
liquidation de la finance de l'office de greffier ancien des relies de>
tailles delà paroisse de Champsact a la somme de six cent qmiranle-
huict livres, a laquelle se trouvent monter celles portées par les
ditles deux quittances des dits s" trésoriers des revenuts casuels, et
en conséquence ledit seigneur ordonne que ledit s' Pierre Nicolas,
propriétaire desdils greffes, en serat payé et rembourcé par impo-
sition sur les habitants de laditte paroisse suivant les mandements
qui ont esté et qui seront par luy anvoyés a cet effet en deux an-
nées, dont la première est la présente 1699, et la dernière serat la
prochaine 1700. A quoi faire les collecteurs en charge lesditle?
années seront contraincts chacun a leurs esgard par les voye?
accoutumées pour les deniers.
Nota que le titre de partie du tenement du Gaslavigneas (?
.... scitûé au bourgt de Ghampsact appartenant au s' Segue,
m* appotiquaire, au devoir de deux esminaux advoine mesure de
Chasiucts, deux gelines et 2 s. 6 deniers d'argent de rente fonliere
et directe, se confroncte d'un coté au chemin qui vat du village de
La Bariere a lesglise parotialle de Champsact sur main gauche,
d'autre au territoire de la cure du dit Champsact et au jardin de
Brouchaud, d'autre part, iceluy tenement donné a Jean Barbe de
Champsact par Jean Damnelly, s' du Puyfaucon, le H iuillet 1489,
par contract receu par m* Pierre Charcille, notaire, et collationnê
par de Flayat.
Edit du Roy portant reunion des offices des greffiers anciens et
alternatifs des rolles des tailles aux corps et communautés des
villes, bourgts et paroisses ou ils ont esté créez par les edits des
mois d'aoust 1690 et décembre 1694. Donné a Versailles au mois
d'aoust mille six cent nonante huict. Signé : Louis, et plus bas,
Par le Roy, Philippeau, et registrées an la chambre des contes, le
trente aoust 1698. Signé : Richer.
Avec l'ordonnance du seigneur intendent portant que les proprié-
taires desdits greffes représenteront incessamment des quittances
du trésorier, des revenuts casiiels avec les contracts et litres justi-
ficatifs de propriété, scavoir : ceux du ressort de l'esleclion de
Limoges, par devant le s' du Gondaud, procureur du Roy en laditte
eslection, etc., pour estre par luy dressé des procez verbaux de
verilication desdittes quittances et titres et sur iceux estre asreslô
par ledit s' intendent, des estats de liquidation de la finance des-
dits offices, dont les propriétaires seront remboursés par les maires,
eschevins, consuls et syndics collecteurs et habitants des villes,
MéiMORlAL DK JEAN NICOLAS. 365
bourgs et paroisses de chaque eslection ainsin qu'il serat ordonné
par ledit intendant chacun dans son ressort. Laditte ordonnança
faicte a Angoulesme, le 12 septembre 1698. Signé : De Bernage, et
plus bas, Par Monseigneur, Du Chesnay.
Quittance du trésorier des revenuls casiiels pour Taugmenlation
de finance que Pierre Nicolas s' de La Gasne a faict d'un denier
par Hvre de son entier office de greffier des rolles, des tailles et
autres impositions ordinaires et extraordinaires de la paroisse,
enclave de Grateloube, eslection de Limoges, generallité de Limo-
ges, pour la somme de soixante-trois livres pour le montant de la
finance dudit denier, pour livres d'augmentation pour ledit s' ou
ceux qui auront cause de luy joiiir de quatre deniers pour livre des
Jeniers^des tailles et autres impositions annuellement, et des pri-
Ailcgcs et exantions a titre d'hérédité, comme dessubs est dit et
comme il est au long porté parles edits de crieation dudit office
antien et augmentation de finance pour les mesmes privilèges que
l'office alternatif de greffier des rolles des tailles et autres impo-
sitions ordinaires et extraordinaires des paroisses, des mois d'aoust
1690 et mois de novembre 1694.' Signé Louis. Faict a Paris, le
26 mars 1695. Signé : Millier, et enregistré au contrerolle gênerai
des finances a Paris, le vingtiesme septembre mille six cent
nouante cinq. Signé Soubeyran.
Nota que la finance des offices de greffier alternatif des parois-
ses de Ghampsat et enclave de Grateloube, a esté faicte par les-
dites paroisses et enclave a proportion de la taille, et ce sur les
habitans ne s'etant trouvé aucun particulier qui les aye voulu
achelter.
Quittance du trésorier des revenuts casiiels pour servir au recou-
vrement de la finance provenant de l'office de greffier des tailles
et autres impositions ordinaires et extraordinaires de la somme de
cent quatre-vingt-dix-huict livres, faicte par ledit s' Pierre Nicolas,
bourgeois de Limoges, de l'office de greffier des tailles et autres
créés ordinaires et extraordinaires de la paroisse, enclave de Gra-
teloube, eslection de Limoges, généralité de Limoges, créé haire-
ditaire par Tédit du mois d'aoust 1690, pour en jouir par ledit
s' Nicolas ou son commis avec les privilèges ou attribution de trois
deniers par livre des deniers des tailles et autres créés ordinaires
et extraordinaires, le tout ainsi qu'il est plus complément porté
par ledit édit, faict à Paris le 10 octobre 1690. Signé : Bertin.
Et enregistré au contrerolle gênerai des finances a Paris, le 2 no-
vembre 1690. Signé : Soubeyran.
366 SOCIÉTÉ ARCnÊOLOGlQUE ET OISTORIQUB DU LIMOUSIN.
Quittance du trésorier des revenais casûels pour senrir au re-
couvrenaent de la finance d'un denier pour livre attribué à s' Pierre
Nicolas, pourveu de l'olHce de greffier antien des rolles des tailles
et autres impositions ordinaires et extraordinaires de la paroisse
de Champsact, généralité de Limoges, eslection de Limoges, pour
la somme de cent-quarante-cinq livres pour le montant de la finance
dudit denier pour livre a lui attribué faisant en tout quatre deniers
par livre des deniers des tailles et autres impositions ordinaires et
extraordinaires de ladite paroisse de Champsact, pour par ledit
s' Nicolas en jouir, sa veufve, héritiers ou ayant cause a titre
d'hérédité par chacun an, tant en exercice qu'hors d'exercice a
commencer du premier octobre 1694, et en estre payé de quartier
en quartier sur sa simple quittance par les collecteurs d^ laditle
paroisse, et encore pour jouir de l'eyxanlion de la collecte des
tailles et imposl du sol (ou du sel ?), de celle de l'ustencille, et tou-
tes autres impositions de quelque qualité et nature qu'elles puissent
estre, de la contrainte solidaire qui pourrait estre décernée contre
le gênerai ou le particulier des habitants de laditte paroisse faute
de payement de tailles et autres impositions, en payant seulement
sa cotte part et portion desdicts deniers, du logement effectif des
gens de guerre, de la contribution des sommes qui s'imposent
pour les fourages, pour la descharge du logement et subsistance
des troupes qui séjourneront ou seront en quartier d'hyrer, et
pour la solde et entretien de la milice, de tutelle, curatelle, nomi-
nation d'icelle, de guet et garde, corvées et autres charges publi-
ques, d'établissement de commissaire el gardien des fours et saizits,
et dépositaire de biens de justice, le tout ainsin qu'il est plus au
longt porté par les edits de création dudit oflBce, et augmentation
de fi nence des mois d'aoust mille six cent nonante et mois de
novembre mille six cent nonante quatre. Signé : Louis. Faicl a
Paris, le vingt-sixiesme mars mille six cent quatre-vingt-quinze.
Signé : Millier, el enregistré au contreroUe gênerai des finances
à Paris, le vingliesme septembre mille six cent quatre-vingt-
quinze. Signé : Soubeyran.
Double faict de sein privé entre le s' Nicolas et Reymond Des-
moulin, cler, portant cession faicte par le dit Desmoulin en faveur
du dit s' Nicolas de la plus grande et majeure valeur des biens
qu'il tenait par hypothèque du dit Desmoulin, 9 may 1696.
Coppie de contract de bail de mestarie faict par le s' Nicolas à
François Choneau (ou Choveau?), laboureur de Chouzat, de ses
biens de Sl-Yrieix et de Ste-Marie, du 19 décembre 1697.
MÉMORIAL D£ JEAN NICOLAS. 367
Coppie de contracl de bail de meslairie faicte par le s' Nicolas
a Eslienne el Martial Marchadier et Léonard (.... ) des
biens de la Peylavigae, du 5 janvier 1698. Signé : BuissoNt
notaire.
Original de la quittance de finance de Tofflce de greffier des rôles
des tailles et autres impositions ordinaires et extraordinaires de la
paroisse de Champsact, ellection de Limoges, generalUté de
Limoges, créé héréditaire par l'edit du mois d'aousl 1690.
Pour cinq cent trois livres du s' Pierre Nicolas, faict a Paris, le
10 octobre 1690. Signé : Bertin. Et enregistré au conlreroUe gêne-
ra) des finances a Paris, le 2 novembre 1690. Signé : Soubeyran.
Et enregistrée au greffe de Teslection de Limoges, le vingt-huict
novembre mille six cent nouante. Signé : Gingan et Nicolas, greffier.
Prestation de serement et réception de s' Pierre Nicolas, bour-
geois de Limoges, de Toffice de greffier des rolles des tailles de la
paroisse de Champsact, duquel il est titulaire et acquéreur. Faict
a Limoges en la chambre de l'élection, le 28 novembre 1690.
Signé : Lapine et Nicolas.
Contrat de cession faicte par Pierre Nicolas, s' de La Gasne, a
dame Magdelaine de Barmondet, comtesse de Busset et dame pro-
priétaire de la terre de Ghasiucts, de tous les droicts qu'il avoit et
pouvoit preslandre sur les rentes de Puyrichenas et Lauberesse
en la paroisse de LaGeyrat, sans garanties, moyennant que la ditte
dame donne el ccde au dit s' Nicolas et aux siens le droict de bant
de la dite dame dans leglise paroissialle de Champsacl, ensemble
donne et cède au dit s' et aux siens le droit de chasse dans la
paroisse de Champsact et estanduë dicelle seulement, et finallement
cède audit s' et aux siens le droict de guet pour sa maison seule-
ment, iceluy du septiesme may mille six cent quatre-vingt-seize.
Signé a Toriginal de Barmondet, comtesse de Busset; P. Nicous,
acceptant subsdit; Jeariot, présent; Daproge, présent, et E. Chaf-
KAUD, notaire.
Et controllé p. n. au 27 f*, c. 41 a Ghasiucts, le vingtiesme may
1696, par Deleron, commis, x. s. Et signé par coppie E. Ghaffaud,
notaire de Chasluct.
Goppie de contract d'obligation portant hyppoteque faicte par
Léonard Mariglier, meunier de Ste-Marie de Vaud, a s' Pierre
Nicolas, d'une terre et vigne appelée du Briieil, contenant environ
six boiselées et d'un bois chatenier appelé du Reynier, conte-
308 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IllSTORlQt'E DU LIMOLSIN.
nanl environ une seterée, pour 147 11., du 29 janvier 1697, rcceu
par Seigue, notaire d'Aixe ; ou il est porlé que le dit Mariglier
pourat jouir des dits biens en donnant annuellement au dit
s' Nicolas 7 II. 7 s. a chaque feste de Notre Dame de Mars,
outre la rente annuelle de son moulin.
Cession en original faicte par Jean Aymard, clerc du village de
Tirenaillas en la paroisse de Pagas, a Pierre Nicolas s' de La Gasne
de la moitié de deux setiers blé seigle mesure de Chaslucls, etc.,
du 26 octobre 1691.
Conlract de mariage an original d'entre Jacques Vesy de La
Peytavigne et Gaillanne Gay fille de m» Pierre Gày, prestre, et de
Peyronne la mère, du 26 may 16Si. Signé : Helie, présent ;Di5coux,
Baunart, présent, et Buisson, notaire; Gay, contractant; Dureygeix,
présent seulement sans me prejudicier.
Avec un contract en original portant quittance en faveur du dit
m* Pierre Gay, preslre, de 80 11. payées par les mains de ra^ Jean
Dureyceix laine, notaire, a Guillaume Vesy et Mariette Raffier,
père et mère dudil Jacques Vezy, du 16 jui[lel 1631. Signé:
Dureyceix, faisant pour m" Pierre Gay, prestre, sans me prejudi-
cier; Peylet, présent; et Buisson, notaire.
Reconnoissance faicte par s' Pierre liascoux pour dam"* Marie
Bougiere a messire Jusl de Faygellande, commandeur de Puy-
bonnieux, sur le mas et tenement de la Peytavigne, du Peyrier, du
Sarot et pour la moitié de la Bessounie, en compaignie des autres
contenanliers de fromenl deux setiers, esmine seigle trois setiers,
advoine neuf esrainaux, mesure de Chaslucts, et trois gelines et
une geline pour la disme de lin et chanvre et trois journeaux de
rente fontiere et annuelle; et aussi reconnut sur le tenement de
Dompniex et la moitié de la Béchounie audit s' commandeur en
compaignie des autres contenentiers qui ont faict si devant recon-
naissance le 29 mars 1681, reçue par J. Massaloux, notaire royal,
de renie aussy fontiere et directe annuellement, froment deux
setiers, seigle quatre setiers, advoine quatre esminaux, mesure d<'
Chaslucts, argent vingt-sept sols et six deniers et trois gelines ou
la disme des fruicts naissans et croisans desdits lieux trois jour-
neaux, Tun a la vigne, l'autre au bois, l'autre au pré du 23 iuin 1681 .
Signé par coppie : J. De Massaloux, notaire royal, commissaire.
Contract entre Jacques Reymond et autres tenentiers de la Pey-
tavigne, et Louis Pouliou et autres tenenliers de Dompniex et de la
Béchounie, portant que la lende de la Peytavigne se partagerai au
MÉMORIAL DE JBaN NICOLAS. 360
premier jour enlre eux par teste, suivant les parts et colites d'un
chacun des habitants, en payant chacun la coltité de rente deue
pour raison de ladite lande. Du 10 juin 1633. Receu par Dureyceix,
notaire royal, et par cotation représentée par Dpymery de S'* Ca-
therine, au requit de s' Pierre Nicolas du 20 mars 1685. Signé :
P. Nicolas et Dureyceix et Joubert.
Coppie informe du litre en latin du tenement de Puyrichenas,
pourtant reconnoissente faicte par Maniai Lorent Dupuy en faveur
des' Jean Vigerie de deux setiers seigle, advoine six esminaux,
argent vingt sols, gelines deux de renie, fontiere et directe, an-
nuellement, du 14 ianvier 1446, receu par Jean Helias, notaire, et
par colation, signé : Guitard.
Reconnoissance faicte par messire Jacques Reymond, prestre,
en compaignie d'autres teneuciés de la Peytavigne, a très religieux
François Arbert (ou Arbaut?), chevalier, commandeur de Puy
Bonnieux de 2 setiers 2 boisseaux froment, 3 setiers seigle, germi-
naux advoine, mesure de Chasluctz, 45, argent trois couronnes
trois gelines et une autre geline pour raison de disme du lin et
chanvre de rente fontiere et directe deûe annûellemenl au dicl
commendeur sur les lieux et tenement de la Peylavigne, le Perier,
le Sarout, et la moilié par indivis du mas, vilage et tenement de
Bessounie, du 17 ianvier 1519. Signé par coppie : Raffier, notaire
de Champsact.
Reconnoissance faicte par M* Pierre Jude, prêtre, et autres babi-
tans de la Peytavigne el Dompniex, ont reconnu a messire Claude
de Bourbon, seigneur de Chaslucts, de rante segonde, sur le
tenement de Dompniex, de et de la Bessounie, en la paroisse
de Pagas, advoine quatre esminaux, mesure de Chaslucts, annuel-
lement, du 29 octobre 1576. Signé par coppie : Barny, notaire.
Reconnoissance faicte par M» Jacques Raymond et Coluy (?) Rey-
mond du lieu de la Peytavigne au seigneur el dame de Chaslucts
annuellement de rente segonde sur le tenement de la Peytavigne
et ses appartenances, seigle un setier, froment un setier, advoine
six esminaux, mesure de Chaslucts. du 11 décembre 1636. Receue
par Louis Faure avec ledit Boueysaud et par collation représentée
par Madame la comtesse de Busset le 15 aoust 1686. Signé : la
comtesse de Busset et J. Massaloux, notaire royal.
Reconnoissance faicte par M' Pierre Jude et autres tenantiers
de la Peytavigne a messire Anne De Veyrat, commandeur de Puy-
bonnieux, a cause du tenement de la Peytavigne et dépendances
pour 2 11. froment, 3 seigle, 9 esminaux advoine, mesure de Chas-
lucts, el 3 gelines et 1 geline pour le disme du lin et chanvre et
trois journeaux de rente fontiere annuellement. Du 20 mars 1649
1
S70 SOCIÉTÉ ARCUÊOLOOIQUE ET BISTORIUUIk DU LIMOUSIN.
Receue par J. Barbe, notaire royal, avec M* Estienne de Parsat. Et
par collation représentée par s' Jacques Raymond de la Peylavigne.
du unziesme décembre 1649. Signé : Bcisson, Dureyceix, présent,
Pierre Chouly, notaire, et Fardet, notaire de Chaslucts.
S'en suivent les contracls que nous avons des acqnisitions àei
biens de la Peytavigne et autres de la paroisse de Champsact h
dépendances.
En 1663, Barrière, notaire royal a Champsac.
Devilevaleix, notaire a Lageyrat, 1662,
Achat de biens situés a la Peytavigne et a Dounier, appartenant
aux frères Jean et Pierre Bugeaud, 582 H. 10 s. (14 avril 1662i et
800 11. (novembre 1663),
Chambon, notaire a Champsac, 1673, 1669, 1667, 1672, 1677.
Pierre Nicolas vivait en 1708, 1709.
Gontract du bois des Ames contenant deux seterées pays, mesan*
de Chaslucts, donné a s' Jean Nicolas et aux siens moyenant vingt
sols de rente fontiere et directe annuellement par M* Léonard
Descordes, prestre, curé de Champsact, et Antoine Buisson,
m* cordonnier du bourgt de Champsact, sindicq et fabricateur do
l'église paroitialle dudit Champsact, a chaque jour et feste de la
Noël. Le dit contract du 11 août 1673, signé par coppie: J, Nadaud.
notaire.
Arpentement du tenement de la Loubarie, de la paroisse de
Champsact, du mois de novembre 1665. Signé par coppie : Devile-
valeix, arpenteur de Lageyras.
Contract d'arenteraent faict par Léonard Meriglier dit Paler, A
s' Jean Nicolas du moulin appelé de la Vergne, de seigle 5 setiers
2 boisseaux, mesure d'Aixe, et deux chappons annuellement et
perpétuellement payables par le dit Meriglier et les siens au dit
s' Nicolas et aux siens, du 25 octobre 1670. Signé par coppie
Chabaneyx, notaire, et par collation sur l'original représenté par
Estienne Chabaneix le 13 aousl 1680, signé : Cvsson et Chanpotro,
notaires royaux.
(P. 216). — Mémoire du linge que nous avons, ce ^4* janvier 1696.
(Mentionne quelques tapisseries de Bergame et de Felletin, six
tableaux, le portrait de feu Jean Nicolas « mon père » ; une thèse
sur satin dédiée à feu Messire François de Lafayette, évoque de
Limoges, un fusil, une carabine, deux pistolets, trois épëes, un
sabre de Damas; trois cassettes ou layettes fermant à clef, » une
desquelles est d'escaille entourée de miroirs par le dedans, ayant le
dessus de la serrure d'or »).
P. NiCOLXS.
MBMORIAL DE JEAN NICOLAS. 37i
(P. 243). MESURES.
Réduction des mesures du Limousin à celle de Limoges [vers i690\.
Rochouard, Razct, Benevent, Ladignat, Comprenias, La Jon-
liere et Ambazat : les trois setiers font quatre à Limoges ;
Chaslucts : les trois font cinq à Limoges.
Aixe, les Cards, Nexon, Meliat, Rochefort, Lastours, Poulial,
Lauriere : les quatre font cinq a Limoges ;
La Souterraine : le setier faict deux à Limoges;
L'abbaye de Saint-Augustin, Solompniat, Juliat : les huict se-
tiers font neuf à Limoges;
Confolens : les sept setiers font treize à Limoges; trois boisseaux
advoine comble font deux esrainaux; Tesminal advoine faict, me-
sure de Limoges, deux esminaux moins une conppe; la mesure
sezarée ou casure est moindre de deux coupes que la ronde.
Saint-Léonard : les cinq [seliers] font six à Limoges, mesure
vendant. L'on m'a asseuré que la mesure chaslelerie est une
couppe moindre que la vendant; la mesure noillieuse moindre sur
les cinq setiers d'une couppe de celle vendant;
Le bourg de Salagnat : les dix setiers font unze à Limoges ;
Saint-Junien, Cieux, Bussière-Beaufils et Brelioufat : les deux
setiers font trois à Limoges;
Saial-Yrieix : les neuf setiers font dix à Limoges;
Ségur, Payzat et Chasluzet : le setier est comme [celui de| Limo-
ges;
SaintPriest-Ligoure, Pierrebuffîère, Ghasteauneuf, Fresinet : les
six setiers font cinq à Limoges;
GhervY, Esmoutier : les cinq [setiers] font quatre à Limoges;
Saint-Germain, Libersat, Saint-lbard, Bret, Maignat, La Grou-
silie, Uzerche, Maysant, Salon, Saint-Jean-Ligoure : les cinq setiers
font quatre à Limoges ;
Gonniat : le setier faict trois esminaux une couppe demie à
Limoges ;
Chasteaumorand : le setier faict trois esminaux deux couppes un
quart à Limoges;
Peyrat : le setier est moindre que [celui de] Limoges d'un quart
couppe. Est à enquérir, n'ayant trouvé ailleurs que le setier soit
moindre d'un quart couppe;
Genis : les douze setiers font dix-sept à Limoges ;
Annède : les dix setiers font huict et esmine à Limoges;
Gombort : les cinq sestiers font trois à Limoges;
372 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LlHOOStN.
Le Dongnion : le selier est moindre que [celui de] Limoges de
demie couppe;
Budière : ie setier faicl six quartes à Limoges;
Saint-Pardoux et Chateauponsat : [le selier] est plus grand quo
[celui de] Limoges de six couppes et trois quarts couppe.
Etc., etc.
Nota que aux lieux où les esnfiinaux d'advoine sont combles, il
n'y a que deux esminaux au setier, comme à Ladignat, les Cards.
etc. Et où ils sont ras, il y en at quatre.
Les deux esminaux d'advoine combles en valent trois de ras.
Les deux quartes combles ne font qu*un esminal comble.
A Magnai faut huict quartes advoine au selier.
A Chateauponsat les deux setiers font trois et quatre, mesure dt^
Limoges.
Au prieuré des Folles les quatre setiers font six à Limoges..
Au setier seigle il y at huit boisseaux et au setier advoine il y at
seize boisseaux.
A Uzerche il n'y al que douze couppes au selier tant du froment
que du seigle, six couppes à Kesminal d'advoine et trois couppes à
la quarte. L'on met cinq esminaux advoine pour faire le selier.
Le cent de fagots de rente vaut vingt sols.
Le journail ou arpent de fondalité vaut dans Limoges et aux
environs dix sols et ailleurs huit sols.
La poulaille de fondalité vaut huit sols.
Le chappon de fondalité douze sols.
La paire poulets huit sols.
La charettée fiante seize sols.
La charettée raves quarante sols.
Le journal à faucher dix sols.
La charettée bois à Limoges trois livres.
La charetée bois es environs vaut quarante sols.
La vinade d'une charctte à quatre bœufs pour chaque lieu vaut
vingt sols, et s'il y at trois paires de bœufs faut augmenter de dix
sols pour chaque paire par lieu d'aller et autant à revenir.
Le selier seigle, mesure de Limoges, de réassencc vaut quaranlo
livres.
Les cinq esminaux petite advoine font le selier seigle.
La charetée fagots vaut de rente un selier seigle.
La grosse advoine vaut un tiers plus que la petite.
Le setier froment vaut de réassence cinquante livres.
La charettée de fusle de rente vaut de réacence soixante livre?.
Le setier seigle de disme inféodée vaut quarante livres.
Les trois esminaux petite advoine valent deux de grosse.
UÊMOKIAL DR JKAN NICOLAS. 373
Le moulon de renie vaut ordinairement trois livres:
Le chevreil vaut vingt sols.
Le couchon de laict vaut seize sols.
La vinade d'une paire de bœufs est réglée à quatre livres.
La taille sur quatre quard fsicj est réglée pour chaque quard \
trois livres.
Le denier d'or est réglé à trois livres.
La mesure cézarée vaut deux couppes moins qu'à Limoges.
Cinq esminaux châtaignes vertes valent un setier seigle.
L'esminal comble vaut un tiers plus que le ras.
Le journail pré lient quatorze couppes, mesure de Razès et Ro-
choir, et à Limoges en faut dix-huit.
La géline de rente vaut de réacence huit livres dix sols,
Despuis 1 600 jusques à 1635,
Le cy-après serai estimé et mis à prix par les auditeurs des con
les en cas de besoin :
Le cent de fagots [vaut] cinq sols.
Le journail de fondalité à la campagne cinq sols; à Limoges et
aux environs six sols.
La poule six sols.
Le chappon dix sols.
La paire poulets six sols.
La charetlée feumier à la campaigne douze sols et à la ville et
auprès quinze sols.
La charetlée raves vingt-six sols.
Le journail à faucher huict sols.
La chareltée gros bois à la campaigne quarante sols el à Limo-
ges ou es environs trois livres.
Ld réassence de la chareltée bois de rente quarante livres.
La réassence d'un setier seigb quarante livres.
La réassence d'un setier froment cinquante livres.
La réassence de la chareltée de fuste cinquante livres.
La chareltée de fuslc de renie vaut trois livres dix sols; dedisme
inféodée irenle-cinq cinq livres.
Le mouton de rente vaut quarante sols.
Le chevreil vaut douze sols.
Le couchon de lait douze sols.
Les tuteurs rendant compte aux mineurs, ils ont six mois pour
employer l'argent ou affermer les biens, après la nomination faicto
pour la présente année, sans qu'ils doivent d'inlerels; comme
auss) loutes les années suivanles l'on les fait débiteurs des intérêts
374 SOCIÉTi ARCHROLOGIQITR ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
a rordonnancê a 15 deniers pour livre; mais Ton ne conle Tinteresl
que pour dix mois chaque année. Comme aussy lorsque les mi-
neurs se trouvent devoir quelque chose aux tuteurs, Ton conte les
intérêts aux dits tuteurs a raison du denier vingt; mais aussy Ton
ne déduit aucun mois, mais Tannée toute entière, si elle y est.
Les taxes des procédures et pour la grâce est fsicj a deux sols
parfeuillel; et est taxé pour chaque feuillet du conle en grand
papier huict sols, les présentations a l'ordinaire hoict sols.
Et despuis 1635 jusques a présent, pour toutes les années au-
dessus de 1635, Ton mel :
Le cent de fagots, trente-cinq sols.
I^ journail de fondalité a la campagne sept sols, a Limoges ou
es environs huict sols, etc.
Faict au Conseil privé du roy, tenu à Saint-Germain-en-Lave, le
ÎO octobre 1671. Collationné. Signé : Pecquat.
(P. 40.) ITlNÉRAniK.
Rotite quon doit tenir pour aller de Champsact à Bourdeaur.
Premièrement, de Champsact faut aller à Latarie ; il y a environ
une lieue et demie. De Latarie à La Maison-Rouge ; il y a environ
demye-lieue. De La Maison-Rouge aux Farges ; il y a environ deux
lieux. Des Farges àSt-Pardoux ; il y a environ deux lieux; disner
à St-Pardoux. De Sl-Pardoux à Sieux ; il y a environ une lieue.
De Sieux à Ponlarnaud; il y a environ deux lieues; coucher à
Pontarnaud. De Pontarnaud aux Potences Des Potences à
Cercles.... De Cercles à La Longue De La Longue à Lanbo-
die.... De Lanbodie au Cbasiard. Disner au Chaslard. Du Chasiard
fi St-Privat De St- Privât au pont delà Risoune Coucher
au pont de la Risoune. Du pont de la Risoune à Peyra^le-
Nègre. De Peyra-le- Nègre au Chalaure. Du Ghalaure àJCoutras
Disner à Coutras. De Coutras à La Frappe. De La Frappe à Li-
bourne Coucher à Libourne.
Si vous voulez laisser votre cheval à Libourne vous pouvez aller
par eau moyennant 2 sols ou 4 sols pour le plus, de Libourne à
Caverne, qui est quatre lieues que vous fairez par eau. Et quand
vous serez arrivé à Caverne, vous sortirez de dessus Teau et tous
en yrez à pied, ou si vous voulez prendre un cheval de louage,
vous le trouverez moyennant environ 5 soIspooraUer de Caverne
MÉMORIAL DE JBAN NICOLAS. 975
à Larmond. De Caverne il faut aller au Carboablaac ; il y a eaTi-
roa demie-lieue. Du Garbonblanc à Larmond il y a environ demie-
lieue. De Larmond vous irez par eau jusques à Bourdeau, qui est
environ une lieue, moyennant un sol.
Si vous voulez emmener voire cheval à Bourdeau ou à La Bas-
lide, vous faudra aller de Libourne environ quatre lieues par terre,
el vous traverserez Teau deux fois. Vous pouvez laisser votre
cheval à La Bastide pour moyennant environ 2 sols 6 deniers par
jour à rherbe, et au foin pour moyennant environ 6 sols par jour.
Et si vous le voulez passer à Bourdeaux il vous coulera environ
6 sols ou 7 sols tout au plus par jour au foin, le tout sans y com-
prendre Tadvoine. Aussy bien qu'à Libourne, si vous le y laissez,
coûtera environ 6 sols ou 7 sols par jour au foin seulement.
Vous pouvez aller loger chez le sieur Averard, m* cartier, dans
la rue de St-Remy, faisant le coin de la rue Courbein, à Bourdeau,
raoyenent 15 sols par jour pour votre bou<îhe seulement et pour
couchée. Mais vous ne fairez que deux repas, disner et souper.
Que si vous voulez boire ou menger hors des dits deux repas,
il faudra payer ce que vous prendrez.
Le s' Hugues, cabaretier, demeurant proche de la rue Ste-Gou-
lombe f8ic)y aussy bien qu'un m* tailleur demeurant dans la mesme
rue de Sle-Colpmbe, logent un homme à pied moyenent 3 sols par
couchée, et l'on se norrit à ses piesses comme Ton veut. Et vous
font cuire moyenent les dits 2 sols par jour ce que vous voulez
manger.
Le s^ Casternaud, courrier de Limoges à Bourdeaux, loge au dit
Bounleaux, chez m" Baptiste, à la Maie royale, dans la rue du
Bashutier.
Nota que M' Puylauzy, procureur au Parlement de Bourdeaux,
demeurant rue neufve, est. un bon procureur.
(P. o7). BIBLIOTHÈQUE.
Cathalogue de mes livres.
Dictionnaire Gandin (1), francois et latin.
(1) Jean Gaudin, jésuite du collège de Tulle et plus tard, croyons-nous,
du collège de Limoges, fit cession en <675 à Antoine de Lagarde, marchand
libraire de Tulle, du privilège de faire imprimer, vendre et débiter un
livre intitulé : Trésor de trois langues française^ latine et grecque
(Voy. Vlnoent. des Arch, dép. delà CorrèMe, E, 765). C'est sans doute ce
376 SOCIÉTÉ ARCBKOLOGIttUE ET HISTORIQIF DU LIMOUSIN.
Regia Parnassi surnommé Gradus francois et latin.
Fons aureuseleganliopis, selectioris aucliorisque lalinilalis.
Flores lalinae locutionis.
Un ancien Dispautère fsicj (1), avec des ansiens rudimans qm y
sont jointes.
Un autre Dispautère (2).
Un troisième Dispautère.
Deux grammaires.
De ralipne conscribendi epistolas, nommé Vellius en latin.
Philosophia divi Thomae quatuor tomis comprehensa, scilicel
logica, phisica, methaphisica et moralis, en latin.
Lucii Annaei Senecae epitome rerum romanarum, en latin.
Herodiani historiaB de imperio posl Marcum vel de suis tempori-
bus et compendium ejusdem manuscriplum.
Méthode curieuse (3).
Autre méthode curieuse.
Flos latinitatis (4), nommé Pomariolon.
Oraliones ex Tito Livio colleclae.
Ma Rhétorique écrite en main, traduite par le R. P. Obusson,
latine.
même ouvrage qui panil à Limoges choz Barbou, en *676, iii-4*>, sous ce
litre : Nooum dictionarium sioe Thésaurus oocum et locutiomim latina-
rum quitus gaUicœ et grœcœ parUer respondunt. Nouvelle édition, Tulle,
1680, sous ce tilre. Thésaurus t nu m iwiflruaru.Ti, et Limoges, Barbou » 1730,
sous cet autre litre, Trésor des langues française et latine. — 11 esl aussi
l'auteur d'un abrégé de la grammaire de Despaulère, abrégé que nous ne
connaissons que par l'édition suivante : Despaulère abrégé par le R. P.
Gaudin, de la Comp, de Jésus, Accru nouoellemerU par un père de la
même compagnie. — Limoges, Barbou, HSi. {Biblioth. des écrioaùis de
la Compagnie de Jésus) .
(I) Lk Grammaire latine du Brabançon Jean Despaulère parul en «515.
Elle a élé en usage en France pendant tout le xvn* siècle.
ifi) Peut-être l'ouvrage suivant : Joannis Despauteri grammatica emen-
data R, P. Francisco Creuxio^ societatis Jesu sacerdote, ad usum colle-
giorum ejusdem societatis edliip teriia plenior, Limoges, Barbou, 4673.
(3) Sans doute l'ouvrage suivant : Méthode curieuse pour acheminer à la
langue latine par V observation delafrancoise, parJ. Bretonnau. — Limoges,
J. Calhue, lG5:i, in-32 (Bibliographie limousine ms. de M P. Duconrlieuxl.
(i) Flos latinitatis ex auctorum linguce la'inœ principum monumentis
excerptus auctore P. F[rançois] P[omery], Soc. Jesu, Limoges, Barbou,
1699. La première édition, à une date qui n'a pas encore élé retrouvée,
avait pour tiire : Pomariolum latinitatis.
MÉMORIAL DE JEAN NiCOLAâ. 377
Candilatus rhetoricae (1).
Alius candidatus rhetoricae (2).
Quanlitas pro carminibus.
Elegantiae Aldi Manutii (3).
Carraina de urinarum judiciis édita a magistro Egidio.
Paratilla seu annotationes ad juris ulriusque tilulos.
Antonii Mizaldi roedica arlifîcia comparandorum horlensium
frucluum oleoram.
Le blason des couleurs en armes, livrées et devises.
Livre où sont contenues les diverses formes de l'or et de l'argent
monoyé. .
L'histoire du martire de sainct Rustique (4).
Heures en francois et en latin.
Les Espitres morales en francois du sieur Vostaing de Luzy,
avec un meslange des poésie.
L'Octavius de Minucius Félix en francois.
Chansons chresliennes et spirituelles, en francois.
Consolation de la philosophie traduite de latin en francois par
le R. P. de Ceriziers, de la Compagnie de Jésus.
Le Jour dévot.
Petit catéchisme catholique en francois et en latin, qui se voit
en troisième.
Petit catéchisme ou Doctrine chreslienne en francois.
Les quatre fins de l'homme.
Des Rudimens latins.
Autres Rudimens grecs.
M. T. Ciceronis epistolarum familiarium liber 10.
M. T. Ciceronis epistolarum ad familiares liber I.
P. Ovidii Nasonis de Tristibus.
P. }ff Maronis Bucolica.
Autre livre de thèmes, de Ciceron et de vers escris en main.
i\) Peut-être Touvrage suivant: Candidatus rhetorlcœ a P. Jo^epho
Juoencio auctua, emendatus et perpoUtus, ad usum regll Ludocicl
Magni collegll societatis Jesu, dont on connaît une édition à Paris,
chez Jean Barbou, 1714, in-12.
il) Noou8 candidatus rethoricœ, par P. François Pomery. — Limoges,
Barbou, 1099, in-U.
{^) Elegantiœ Aldi Manutii auctœ^ gallicœ factœ,... par Jacques Gaultier,
S. J. — Limoges, Barbou, 1653, in-<8.
(4) Il y a un chapitre sous ce titre dans V Histoire sacrée de la oie des
Saints du Limousin^ par Jean Gollin (1672, p. 319). Ce chapitre avail^
il été imprimé à part dès 1666, à l'occasion de la translation des reliques
de saint Rustique? C'est ce que nous ne saurions dire.
T. xxxvui. 55
378 SOCIETE ARCHÉOLOGIQUE ET niSTORlQGE DU UBIOUSIN.
Autre livre de thèmes en troisième.
M. T. Ciceroûis de Natura deorum.
M. T, Ciceronis pro rege Dejotaro.
Alius liber themalis quo in tertio ordine et in humanisla usas
sum.
Alius liber themalis in rhetorica.
M. T. Ciceronis Paradoxa.
M. T. Ciceronis pro lege Manilia.
M. T. Ciceronis pro Q. Ligario.
Les hommes illustres de l'ancienne Rorame par Sextus Aurelias
Victor, francois et latin.
Valerius Cortus (?), Aromatiques confections.
Brieve arithmétique pour faciliter à comprendre et nécessaire à
ous ceux qui font trafic de marchandise et autres pour conter, et
sommer.
Prières pour ganier le jubilé.
Quelques cayés de papier cscrits de travers.
Lîs OEuvres de Virgile Maron, prince des poètes latins, ira-
duicles de latin en francois; les Bucoliques et Georgiques par
Cl. M. R. Leblans; les douze livres de l'Enéide par Louys des
Masures, avec un trczième livre adjouté par Maphaeus ; ensemble
les Epigrammes de Virgile nouvellement traduits par P. D. Mou-
chault.
Novum lestamentum vulgatae editionis.
Le Petit missionnaire.
La devoction de la couronne de l'esclavage à l'honneur de la
très saincte Vierge Marie.
Arithmétique et arpentage de Jean-Abraham dit Launais.
Le Basliment des receptes, autrement le Plesant jardin, escrit
en main.
Les Œuvres de Bruscambille (1).
L'esprict de cour ou les Conversations galantes (2) divisées en
courts dialogues, dédiées au roy, par René Bary, conseiller et his-
toriograplie de Sa Majesté. A Paris, chez Charles de Gercy(?j,
au Palais, dans la salle dauphine, à la Bonrie foy couronnée,
MDC. LXll (3).
(I) Dcslaurinrs dil Bruscambille, comédien de THôtel de Bourgogne,
qui publia en 1619 des Fantaisies ou recueil de facéties très souvent
réimprimées au xvn* siècle.
(t) La première édition de ces Conoersations est de 1633, 2 vol. in-4®.
(3) « Ne lises aucun livre de ccux-cy ». Indication qui s'applique aux
trois derniers ouvrages que Nicolas a entourés d'un cercle.
IIÉMORIAL DE JEAN NICOLAS. 379
Les Secrets de R. S. Alexis Plemonlois. Livres des secrets et
receptes de divers aulheurs.
(P. 89). SCHOLASTICA.
Les noms des regens que je ay heu dans mes classes :
En 5-, 4- et 3* le R. P. Moysez.
En seconde'^e R. P. Pinot.
En rhelhorique le R. P. Obusson.
En philosophie aux Jacobins le R. P. Maisonneufve.]
Les P. P. prefaicts des classes du temps que j'étudiois aux
Jésuites : R. P. Garry, R. P. Lemaye, R. P. Pinot.
P, Nicolas.
(P. 86). — Le nom des docteurs soubs qui j'ay estudié en droit à
Poytiers.
Premièrement Jean Leroy qui enseignoit le malin, et segonde-
ment Alexandre Straquant qui enseignoit le soir
(P. 144). — Ego Petrus Nicolas diocaesis Lemovicensis incaepislu-
dere utrique juri et excepi lectionos dominorum Joannnis Leroy et
Alexandri Straquant die decembris anno Domini 1681.
P. Nicolas.
(P. 42). — Augustissimae caelorum reginae virgini Mariae orato-
rum parenti facondissiraae suas de rhetorica institutiones in aeter-
num observantiae monumentum afferunt rhetores Lemovicenses.
Rhetorica a reverendissimo pâtre Obusson tradita anno 1670.
(Suivent quatre pages d'extraits de cette rhétorique).
(P.lSo).-— CELEBRIORUM PUILOSOPHIAE QUESTIONUM CY^NOPSIS ANARITICA (sic)
(Suivent huit pages de questions philosophiques avec les répon-
ses et les objections : Utrum logica sit scientia? Utrum logica sit
scientia speculaliva? etc.).
POETICA.
(P. 46). Du lever du soleil à la nuii sombre
Louez celui qui règle l'ombre.
(P. 89). Je vous parle sans cesse ei vous vois en tous lieux,
Car toujours mon amour Eaict faire à ma pensée
L'office de ma langue et celui de mes yeux.
380 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(P. 126). Eferoité de vie, élerniié de mon,
Chalimens éternels, éternelles délices.
Rien n*en peut dispenser, il faut choisir un son :
Ou voler à la gloire ou marcher aux supplices.
{Polyeuete}
Hodie mihi, cras tibi.
(P. 127). 0 longue éternité, qu*on pense rarement
Ce que nous devons estre, estant ce que nous sommes.
On feroit son salut bien plus asseurement
Si Ton examinoit que deviendront les hommes.
(P. 41). Beaux yeux qui faictes vivre ei mourir tout ensemble
Et qui de tous humains estes les vrais vainqueurs,
Vousn'estes pas des yeux, vous estes dieux des cœurs
Qui donnez vie et mon, comme bon il vous semble.
Donc, ces traits acérez, ces fleiches et ces dards
Sont des rayons divins et non pas des regards,
Car ils percent nos cœurs et puis dedans nos âmes
Font germer en tous temps des amoureuses flammes.
(P. 50). — Margré la jalouzie
De tous mes ennemis
J'iray à Sainte-Marie
Et verray ma Filis.
Flon, flon, la lire dondaine,
Flon, flon, la lire don don.
— D'où vient que tout m'enchanic
Âujourd'huy dans ce lieu ?
Marion la plesante,
C*est de voir vos beaux yeux.
Flon, flon, etc.
— Je vous chéris, Marie,
Certes uniquement.
N'en doutez point, m'amie.
Tout en vous est charmant.
Flon, flon, etc.
— Quoy q»ie l'on puisse dire.
Je seray toujours tel .
Celte aymable Marie
Possédera mon cœur (1).
Flon, flon, mariez-vous, fille.
Flon, flon, maries^vous donc.
(1) La rime est abandonnéâi
MÉMORIAL DE JEAN MCOLAS. 38i
Belle Iris, vous avez deux pommes
Que je baizerois tendrement,
Loin de les mordre goulûment
Comme Bt le premier des hommes.
Heureux qui peut monter sans bruit
Sur Tarbre qui. porte ce fruit.
Epitaphe sur un sepulchre.
J'estois dans ce bas monde le plus infortuné
De tous ceux que le ciel a jamais gouverné.
Dieu veuille que je sois bientost en Paradis.
Frères, pour cet effaict, dites De profundis.
Ne Usés rien de sela.
Buvons, mes chers confraires :
Nqus ne scaurions mieux faire.
La bouteille est toujours
L*object de nos amours.
Buvons, buvons, buvons la toute
Et voyons en la fin.
En laisser une goutte
Cesi mépriser 1* bon vin.
Que me diront meis parenlibua?(1).
Ils me battront virgis et fustibus,
Me conduisant coram hominibus.
Petites filles quae juvenes estis,
Prenés vous garde ab scholasticis.
Ils vous feront adolescentulum
Comme ils m*ontfaict in uterum meum.
(P. 51). Allons dessus Terbette
Conter nostre amourette.
Ces gazons de verdure
Sont des lieux bien charmans.
(1) Il faudrait évidenament le noaÙDatif. Maki la rime a de teliet exigence». — Le ytm sut
Tant, indiqué par des points, nous a paru inintelUgible.
383 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(P. 54). Il faut laisseï cet asne braire,
Tempester, bondir et suer.
Un baudet qu'on met en colère,
Ne peut moins faire que ruer.
Chers amis, allons à Tarmée
Puisque l'on voit tant de galans
Qui s'y font voir toute Tannée
Si généreux et si vaillans,
Bourbon est uostre capitaine.
Il le faut donc bien imiter.
De son bras la valeur extrême .
Suffira à nous y exciter.
(P. Î22). Chanson.
Ha! qu*on m'apporte du vin I
Buvons, cher voisin,
A la charmante catin
Et disons luy une chanson
Qui lui puisse toucher le son (1)
Petit cœur gauche (2).
Mais peut estre qu'après cela
Elle voudra fairejla la la
La desbauche.
Chanson,
D'où me provient la rude destinée
Qui me conduit à cette triste mort?
Que ne m'a-t-on fait mourir à l'armée
Pour m'empôcher d'ofifenser ma lignée?
0 sort que tu me fais de tort ?
Où est le temps que parmy la milice
L'on m'appcloit le généreux Taxin?
Hélas ! après dix-huit ans de service
L'exécuteur de la haute-justice
Soudain m'a deslruit de sa main.
Après avoir vescu toute ma vie
Dans les hasards en servant noslre roy,
(1 et 2) C«i deux rers nous paraissent inintelligibles à moinx d'admettre que l*i ton est poor
le sien*
UÊMORIAL DB JEAN NICOLAS. 383
Un Limougeau, pour une lyrannie,
Veut de mon corps que Tame soil ravie
Sans foy ni sans suivre la loy.
J*ay 6vilé le damas et la balle,
J'ay évité la gueule du canon,
J'ay combattu pour la palme royalle.
Point d'occasion qui me fusse fatalle
Non, non, car je servois Bourbon.
Si Ton n'eut pas avancé mon supplice,
Le retardant seulement de trois jours,
J'aurois bien peut éviter la malice
D'un l.imougeau
lO-
Je o'ay pas craint la perte de ma vie,
Car je Pavois bien souvent exposée
A un million de périls et dangers.
Mon plus grand mal ce fut Tignominie
Non, non, ce n'est point la douleur.
(P. 45). MODÈLES DE LETTRES.
Mademoiselle, il faut enfin que je vous dise, mais plus de cœur
que de bouche, que de toutes les personnes du monde vous estes
la seuUe que j'aime uniquement.
Monsieur le.... quand je vous dirois que vous estes l'unique
objet de mes respects et de mes affections, je ne vous représente-
rois encore qu'une partie de Testime
(P. 88). — Je m'estois proposé de vous escrire, Mademoiselle,
aussi test que je scrois arrivé à Limoges. Mais ayant considéré et
pensé sérieusement à vos mérites, les ayant contemplez à mesme
temps avec les yeux de Tesprit, je ne mis en exécution le dessein
que j'avois formé
(P. 132). — Mademoiselle, je vous demande par icelle un million
d'excuses si je ay tant tardé a bavoir l'honneur de vous voir et
mesmes de vous escrire Faict à Ijmoges ce 1 juillet 1679.
Mademoiselle, vous escuserés, si vous plaict, l'audace ou plu-
tost l'impudence que je ay heu de vouloir, nonnostant toute mon
ignorance, despaindre la moindre partie des mérites deus à vos
belles qualités. Il me semble néanmoins que la nature sera mon
(1) Fin de strophe inintelligible.
98 i SOCIÉTÉ ARCHéOLOGlQUE £T BISTOaiQUEDU LIMOUSIN.
deffenseur pour vous contraindre, pour ainsi dire, à pardonner à
mon fsicj stupidité Je vous prie très humblement saluer
de ma part Madame de Maraval et la seur du sieur Laplasse. Mon-
sieur N. vous faict ses baize-mains.
(P. 140). — Monsieur, je vous suis acquis par tant de façons que
la seule attente des occasions de vous le témoigner faict toutes
mes inquiétudes.
(P. 141). — Lettres pour se plaindre d'un long silence.
(Suivent six formes de lettres sur ce thème).
(P. 142). — Response aux lettres qui se plaignent du silence.
fidetnj.
Lettres de remerciement.
fideinj.
Response aux lettres de remerciement.
fidemj.
(P. 144). — Lettres de prières.
fidemj.
(P. 145). — Réponse aux lettres de prières.
fIdemJ.
(P. 146). — Lettres de congratulation à un amy touchant un
bonheur qui luy est arrivé.
fIdemJ,
Lettre à un seigneur pour se justiflîer d'un faux rapport qu'on
luy auroit faict à nostre desavantage.
fIdemJ,
(P. 147). — Lettres de présentation de service.
fIdemJ,
Lettre pour demander réponse.
fIdemJ,
(P. 148). — Lettres sur l'absence.
fIdemJ.
Lettres de protestation d'amour et de fidélité.
fldemJ,
(P. 149). — Lettre de plainte sur un mespris.
fIdemJ.
Lettres pour se plaindre d'une inconstance.
fIdemJ.
Lettre pour demander \e portrait d'une maîtresse.
fIdemJ,
MÉMORIAL DE JBAN NICOLAS. 385
(P. 150). — Lettre pour tesmoigner à un amy le plaisir qu'on a d«
le servir.
fidemj,
(P. ISl). — Lettre de conjouissance à un nouveau marié.
fldemj.
(P. 184). — Lettres particulières de recognoissance d'une faveur
signalée à un seigneur.
fidemj.
Lettre à un amy malade.
fldemJ.
(P. 156). — Lettre de consolation d'un mary à sa femme sur la
mort de leur fils.
(Idem).
(P. 157). — Lettre pour demander pardon d'une faute commise.
(Idem),
(P. 158). — Lettres de reproche à un amy sur sa froideur.
(Idem).
(P. 165). — Lettres de congratulation à un amy touchant un bon-
heur qui luy seroit arrive.
(Idem).
(P. 167). — Pour conjurer son altesse de donner grâce a quelque
criminel.
Etc., etc.
JEUX d'esprit.
(P. 85.) — Pour attrapper quelcun, faut luy dire ; dites moy.
Monsieur, vous qui vous piquez de scavoir si bien palier {sic)
francois, lequel de ces trois molz est mieux dit en francois : Bou-
ter, ficher ou mettre? Et s'il vous répond vous scavez bien que. . .
vous lui direz de mettre.
Que reste-lil à une personne qui a rendu corps et ame? Il luy
reste un corps et une âme, si c'est une femme qui se soit accouché»^
d'un enfant vif, laquelle a rendu corps et ame, c'est-à-dire le corps
et l'âme de cet enfant qu'elle avoit dans son ventre. Mais elle n'a
pas pour cela rendu son propre corps et sa propre ame.
Qui de 10 en oste 1, combien reste-l-il? 9. — Qui de 9 oste 1,
reste 8. — Mais qui de 2 oste 1 reste 2. Et pourquoy? Parce que
(|uand le mary a couché avec sa femme, aprez qu'il se lève du lict
et qu'il y laisse sa femme, il y en reste deux, à scavoir sa femme et
l'enfant qu'il luy a fait dans son ventre.
38<> SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
(P. 87). — Pour faire danser une personne en chemise dans la
charttbre faut donner le mot du guet à une perconne et luy dire :
« Je vous donneray une piesse d'argent et venez dans une telle
chambre ». Et dès lors que vous y serez entré, quittez vos abiis et
commencez d'y danser en chemise, sans faire semblant que je
vous aye parlé. Et les personnes qui seront dans celte chambre
ne sachant que vous ayez donné le mot du guet à Tautre croironî
que c'est une grande merveille.
(P. 63). JEUX DE SOCIÉTÉ.
Pour manger un cousteau, il faut escrire un cousteau sur du
papier et après manger le papier, sera faict.
Pour faire danser un couteau sur le bout d'une régule, il faut...
Pour faire passer une grosse cerise dans un petit trou, il faut
Pour faire danser un œuf au milieu d'une chambre, il faut, elc
RECETTES CULINAIRES, MÉDICALES ET AUTRES.
(P. 39). — Pour faire de bons boudins blancs
(P. 63). — L'on fait fondre des cailloux les mettans en poudre,
cl après les faut mettre avec de la claire d'œuf et avec de l'uyle de
lin et s'en formera une pierre.
Salpêtre meslc avec eau boulie et puis après dessendu dans un
puits frais, se gèlera en plein esté.
(P. 84). — Pour attrapper des pigions, il faut avoir du chamure
et le faire bouillir dans de l'urine et puis en faire menger aiï\
pigions et les faire sortir du colombier. El beaucoup d'autres
pigions les suivront jusqucs dans le colombier, et les attraperas
ainsi.
Pour netoyer des tableaux peints en huille, faut avoir du verjus
et les en frotter et ils sembleront estre neufs, et s'ils ne sont peints
en huille, il les faudra seullement frotter avec de l'eau, car
autrement ils se dépeindroint tous.
(P. 87). — Secret pour faire du bon tabat muscat. Faut prendre
demie-livre de tabat commun, plus un grain de sivette,deux grains
de musc plus gros comme une noix d'iris de Florence, etc.
Secret pour empêcher que le froment et autres grains ne soient
coiiez et pourris
Remède pour guérir promptement quand on s'est piqué d'un
poinçon de fer ou autre ferrement
MÉMORIAL DB JEAN NICOLAS. 387
(P. 212). — Nota que la racine de Consolida major esl propre
pour guérir Tes couppures et blessures dans 24 heures, en raclant
la ditle racine et mettant un peu d'icelle sur le mal pendant le
dit temps.
Nota que pour guérir les malandres qui viennent aux jambes des
chevaux, faut pendant trois ou quatre fois frotter les diltes malan-
dres d'eau meslée avec un peu d'huile de noix.
(P. 44). — Vray moyen pour cognoistre quand le temps est dan-
gereux de prendre la peste.
Peste est une vapeur venimeuse d'air, ennemye du cœur. Elle
advient quand le temps ne garde pas sa nature, et maintenant faict
chaud et tantost froid, maintenant clair et tantost trouble, main-
tenant pleuye et tantost poudreux et autres semblables ; quand les
fruicts, chairs et poissons sont de bon goût et se corompent incon-
tinent, quand les oiseaux laissent leurs nids et changent de lieux
en autres et tombent morts, quand la vermine abonde sur la terre,
quand le vent chaud dure en automne, quand la sueur et la vérole
molestent les enfans, quand plusieurs sortes de maux surviendront.
(P. 211). Pour exciter une fille a époser un garçon.
Comment vous pouvez vous tant plaire à la conversation des
filles? Ne scavez-vous pas que les filles sont mal servies des filles et
que l'amour qui règne entre elles n'exerce poinl les sages femmes?
Les pierres sont dispensées de produire leurs pareilles, elles ne
sont pas animées. Les anges sont dispensés d'engendrer leurs
semblables; ils ne sont pas organiques. Les monstres sont dis-
pensés de perpétuer leur engeance; il leur manque quelque chose.
Mais qui peut dispenser une fille du monde de fournir à la multi-
plication?
Quand je n'aurois point d'adversion pour les hommes, je ne me
marierois pas : qui a mary a maistre. — Voilà ce que disent les
filles vulgaires. Mais qui a une maistresse a-t-il une servante?
Nous perdons la qualité de maîtresse dès que nous perdons la
qualité de fille.
Je ne prétends pas que le mariage soit si désavantageux à notre
sexe. Mais enfin, les femmes comme femmes ne sont pas tant
aymëes que les filles comme filles.
388 SOCléTi ARCHBOLOGIQUB ET HISTORIQUB DU LIMOUSIN*.
(P. Si7). NORGEAOX DIVERS.
Miroir véritable du cours de la vie humaine.
Nous pouvons vivre en toui quatre-vingts ans :
Dont sept ou huit sont en petits enfants,
Autant s*escoule en jeunesse et folie,
Deux, trois et quatre emportent maladie.
Four le manger cinq ou six seront mis.
Reste le quart pour vacquer à bien faire.
Qui perd ce temps faict bien mal son affaire.
(P. 62). Proportions du corps humain.
Uhomme bien proportionné doit avoir neuf visages et un tiers,
et la mesure de Thomme est en cette sorte : le visage de l'homme
dès le premier poinct dessus le front jusques au plus bas du men-
ton, qui est égal à la longueur de la main, à icelle prendre depuis
la joincture du bras jusques à l'extrémité du doigt moyen. Après,
. disons que la teste entière tient un visage et le tiers d'ice-
luy, etc. (1).
(P. 49). Le gentilhomme ignorant.
L'un de ces jours, passés, comme je m'en alois la teste basse
entre les deux espaules, le bras dans la manche, ma casaque sur
l'eschine, je rencontray comme par hazard Monsieur de comle
de Tâte-poule, marquis de Fretillon, duc de Pleure-pain, qui trou-
veroit à tondre sur un œuf et mordre sur un pain, de pourceau.
Avec lequel ayant un peu discouru, il me fît ressouvenir
à ces grosses mouches qui grondent et bourdonnent entre deux
châssis, picquenl tout le monde avec Taiguillon de leur lèvre. I!
fesoit de l'entendu et du dédaigneux; mais à la vérité telles gens
ne sont estimés que parmi les frères ignorans. Ohî qu'ils sont
aises de discourir dans la cuisine auprès de la marmite, parlant
tantost des malchossez, tantost des affaires de leurs voisins et
d'une infinité d'autres chauses qui n'apartiennent qu'aux lavandiè-
res et autres gens de peu d'esloffe. C'est là que leur ignorance se
trouve sans controlle. Mais s'il estoit question d'enfiler en bonne
compagnie un discours d'importance, flut! Et cependant ils veu-
lent corriger magnificat. Je conseille à telle manière de gens de se
(l) Un dessin grossier accompagne cette théorie.
MÉMORIAL DB JEAN NICOLAS. 389
despouiller de leurs fantasques manières d'agir. Sinon je proteste
de les faire appeler au parlement des sages pour y eslre condam-
nés à laver tous les jours leur bouche d'eau de sapience, pour la
purger d'un tas de calomnies qui à la fin pouroint prendre une si
forte racine en leur naturel qu'il n'y auroit que la mort qui la peut
extirper. Autrement et à défaut de ce, ils se feront hair de la con-
grégation des vertueux esprits. -— N'ajoutez pas foy à ces choses.
(P. 203). Les Juifs redevenus menaçants.
Sire, Nous croyons estre obligez d'advertir vostre Majesté que
les Juifs, qui avoint estez transférez à Babilone, sont revenus en ce
pays, qu'ils rebâtissent leur ville qui avoit esté destruicte à cause
de leur révolte, qu'ils en relèvent les murs, qu'ils y restablissent
des marchez et qu'ils rebâtissent aussi leur temple; que si on leur
perm^.t. Sire, de continuer, ils n'auront pas plustost achevé qu'ils
refuseront de payer les tributs dus à vostre Majesté et d'exécuter
ce qu'on leur ordonnera de sa part, d'autant qu'ils sont toujours
prests de s'opposer aux rois par cette humeur qui les porte à
vouloir toujours commander et à ne jamais obéir. Ainsi voyant
avec quelle ardeur ils travaillent à relever ce temple, nous avons
creu qu'il estoit de nostre debvoir d'en donner avis à vostre Ma-
jesté. Et s'il luy plaist de se faire lire les registres des rois ses
prédécesseurs, elle y trouvera que les Juifs sont naturellement
ennemis des souverains et que ça esté pour cette rayson que l'on
a ruiné leur ville. A quoy nous pouvons ajouster que si vostre
Maje.-té permet qu'ils la rétablissent et qu'ils achèvent de la clore
de murailles, elle nous fermera le passage de.... {i). C'est l'avis
que nous supplions très humblement vostre majesté d'agréer de la
part de ceux que le devoir de leurs charges oblige d'eslre comme
ils sont par une inclination particulière dans un profond respect,
Sire, (le vostre majesté les très humbles, très obeissans et très
très fidèles sujets.
(P. 41). Harangue.
Ceux qui se présentent mal purifiez devant les dieux reçoivent
un salaire condigne à leur téméraire impiété. Au lieu de se recon-
cilier, ils agravent la haine céleste. On en pourra dire de mesmc
de nous qui, nous présentant tous stupides devant une si illustre
et si honorable assemblée qui nous a faict l'honneur d'assister à
(4) En blanc.
390 « SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LiMOGSm.
nos thèses, aUirerons plus tost des soufrages de nostre stupidiié
que des louanges. Mais la loy n'oblige personne à plus que soc
pouvoir.
(P. 81). Dévotion.
Exercice du chrestien pendant la journée, avec un abrégé de?
choses que tout bon chrestien doit croire et faire pour acquérir la
vie éternelle. Par les révérends pères missionnaires capucins.
(Suit pendant quatre pages un extrait du dit livre).
(P. 204). Notions diverses.
Il faut mettre [sur Jes lettres] le lieu et la date du jour et de l'an-
née que Ton escrit. Pour plus grand respect on la met tout au bas
de la page où on finit la lettre et à costé quand on escrit à des per-
sonnes de qualité. QuanJ on fait des responses il faut avant toutes
choses marquer la datte de la lettre qu'on a rcceue et respoudre
article par article à tous les chefs, et puis ajouter ce que Ton
auroit de nouveau à faire scavoir. Il est bon aussi de scavoir que
pour plus de respect on met la lettre dans une enveloppe sur
laquelle on escrit le dessus. Et pour les dames on cachette les
lettres avec de la soye en mettant le dessus sur la lettre mesmr,
ce qui s'observe à l'esgard des dames de la plus grande qualité, si
ce n'est que pour marque d'un plus grand respect on peut melln-
la lettre déjà cachetée de soye dans une enveloppe sur laquelle
on met encore le dessus.
(P. 400). — Le bas boust est toujours du costé de la porte par
laquelle nous sommes entrés; le haut bout est toujours où la per-
sonne qualifiée se met. Le siège le plus honorable est le fauteuil,
ensuite la chaise cà dos et après le siège pliant. Il ne se faut pa-
assoir costé à costé de la perconne caliQée, mais vis-à-vis délie,
mais néanmoins un peu de costé et de poiu-fil.
(P. 60 et suiv). Notions de blason,
(Sur la signification des couleurs : l'or signifie sapience, argent
pureté, etc.).
(P. oo et 56). — fUne vingtaine d'armoiries, d'un dessin très gros-
sier, remplissent ces deux pages).
MKUORIAL DE JEAN NICOLAS. • 391
MISSION DE 1680 (1).
La mission qui c'est faicte ceste année dans Teglise parotialle de
Sainct-Pierre de cette ville [de Limoges] par l'ordre de Messire
Louis de Lascaris d'Urfé, nostre evesque, a esté si célèbre et con-
tient tant de particularités qui regardent nostre compagnie des
PénUents noirs qu'on a jugé qu'il estoit important d'en faire men-
tion et estât dans ce livre et de concerver au temps advenir la
mémoire d'une dévotion si solennelle, dont toute la ville doit des
remerciemens aux soins charitables de Monseigneur nostre esves-
que et au zèle particulier du révérend Père Honnoré de Cannes,
religieux capucin, le principal mobile de cette mission et des
bonnes œuvres qui ^'y sont faictes.
Elle commença dans la dicte esglise de Sainct-Pierre, le diman-
che dixiesme de novembre de Tannée 1680, par une procession
generalle qui se fit par toute la ville à l'heure de vespres où Mon-
seigneur portait le très Sainct Sacrement, précédé des compa-
gnies de pénitents, des religieux et du clergé de Sainct-Pierre et
suivi d'une multitude innombrable de peuple de toutes conditions
qui remplissoint toutes les rues.
P'-ndantle temps qu'elle durât, qui fut jusques au dernier jour
de l'an, il se fict régulièrement quatre prédications tous les jours
dans la dicte esglise : la première, le matin à cinq heures par le
R. P. Nicolas d'Avignon, aussi capucin et compagnon du P. Honoré;
la seconde à dix heures par le dict R. P. Honoré; la troisiesme
estoit un catéchisme à une heure après midy par un missionnaire,
et la quatriesme le soir à 5 heures par le mesme P. Honoré. Et
pendant tous les dimanches du temps que durât la mission. Mon-
seigneur fesoit une fort belle prédication à la grand'messe.
. Il y avoit pour le moins clans la dicte esglise trente ou quarante
confesseurs dont les confessionnaux estoint assiégés par une
grande multitude de pénitents despuis le matin jusques au soir.
Et après qu'on heu pris jour pour la communion generalle des filles,
qui fut la première, elles se rendirent (2) mille dans la dicte
esglise dont [S), après leur dévotion, elles liront une belle pro-
cession par toute la ville, ayant chascune un siergc en la main,
le P. Honnoré portant la croix et Monseigneur avec le clergé de
(1) Nous avions déjà transcrit celle relation |lorsqu'elle a paru par les
soins de M. Petit, curé de Champsac, dans la Semaine religieuse du dio-
cèse de Limoges, 1890, p. ?5G et ss.
(3) f/auteur a laissé le nombre cardinal en blanc.
(3) C'esl-à-dire d'où.
3d3 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et BlSTQRtQUB DU LlllOUStN.
Saincl-Pierre fesant la closture de la dicte procession. Ensuite les
farames firent aussi leur dévotion; mais la procession ne se fiel
qu'autour de Tesglise. Après cela on marquât que c'esloil le reng
(les compagnies des Pénitents pour faire leur procession et venir
de. leur chapelle dans la dicte église communier de la main d^
monseigneur, si bien que, quoyque le temps fut très rude et tout le
pays couvert de neige et de glace, nostre compagnie se rendit le
Ireziesme du mois de décembre au nombre de plus cent penitants,
pieds nuds et suivils des prebstres de la compagnie revestuls de
menleaux pluviaux dans la dicte esglise de Sainct-Pierre, où après
avoir entendu la messe de Monseigneur et un très beau sermon
du dict P. Honnoré, ils communièrent tous dévotement et s'en (\
retournèrent en bel ordre dans nostre cbapelle. Toutes les autres
compagnies des pénitents en firent de raesme, un jour après Faa-
tre. Mais le temps estant devenu plus rude, on ordonnai aux
Penitanls rouges, qui faisoint leur procession les derniers, de la
faire choses (?), ce qu'ils firent. On avoit faict la grâce aux dici<»s
compagnies des penitanls de leur envoyer dans leurs chapellt»*
des perres capucins, missionnaires et autres, pour les confesser et
les disposer aux dictes processions.
Entin le dix-neufviesme de décembre [1680j, la croix de la
mission que nostre compagnie donnât, estant en estât d'estre plan-
tée, nous nous rendîmes en très grand nombre dans la dicte
esglise de Sainct-Pierre à deux heures après midy, et après avoir
faict nostre prierre, nous allâmes prendre la dicte croix à la porte
de la maison curialle et nous la portâmes dans le semilierre au i
devant la dicte esglise, où la bénédiction s'en fit par Monseigneur !
revestu de ses habits pontificaux, tout le semitière et les fenêtres J
des maisons voizines estant ramplies de peuple, chascun tenant
une croix à la main. Et ensuite on alla en foule adorer la dicte
croix de la mission.
Le lendemain vingtiesme du dict mois, on fit la serraonie [sic
du plentement de la croix, qui commensal par une procession qui
se fit par toute la ville, composée des veufves et de cent pauvres
qu'on avoit habillé[s], portant toutes des flambeaux et des croix «i
la main et en suite de nostre compagnie des Pénitents noirs au
nombre de 150, qui portoint des bannières représentant les mis-
tcres de la passion et ayant quantité de petits enfans vestus en
anges qui portoint les instruments de la passion, qui sont attachez à
la croix. Après que la procession fut finie, on pranlat (sic) la croix
dans le dict semitière au bruit de toute rartillerie que nostre com-
(<) Le texte porte san».
394 SOCIÉTÉ ARCHOLOGIQUE BT HISTORIOQB DO LIMOUSIN.
saiACt ouvrage dans les protestations de continuer nos pfl^rr*^
pour leur santé et prospérité.
Il parut comme une coromecte quatre ou cinq jours avant que la
dicte mission finit. Elle avoit aussi parut la veille de Noël et elle
paroissoit le soir environ cinq heures, en façon d'une lueer.
comme un demy arcanciel, mais qui estoit de couleur blanchâtre.
L'adoration perpétuelle du 1res Saincl Sacrement de l'autel, p^r
moy Pierre Nicolas, le 4 juin [1681] depuis 11 heures du malin
jusqu'à roydy.
PROGÊS-VERBAL
Constatant la remise faite, le 8 mai i SS4^ par Archambaucl de
Greyliy captai de Buch, aux procureurs de Roger, comte de Beau-
fort, d'une croix en or donnée en gage pour un an audit Archam-
baudpar ledit Roger pour une somm£ de 9,500 francs d'or, en
déduction des 12,000 que ce dernier devait encore pour le prix de
la rançon dudit Roger, comte de Beau fort et de Jean de La Roche,
fixée à 30,700 frauês d'or par acte du 31 mars 1382
(V. st.) (1).
L'Intéressant document qtie nous reproduisons ci-après avait été
signalé par le regretté Camille Rivain à ses amis de la Société
archéologique du Limousin, et, sur leur demande, l'ancien archi-
viste de la Haute- Vienne, peu de jours avant sa mort, avait bien
voulu leur en envoyer une copie.
En recueillant dans notre Bulletin ce souvenir d'un de nos plus
aimables confrères, il n'est que juste de rappeler quelles sympa-
thies avait su, pendant son séjour à Limoges, se créer M. Rivain ;
on n'a pas oublié parmi nous le concours actif donné par lui aux
travaux de la Société, sa sollicitude pour les intérêts de tout
genre du dépôt confié à ses soins, Tenlrain et le courage avec
lequel il a poursuivi le fastidieux travail de la reconstitution des
anciens fonds de nos archives, préliminaire indispensable de la
rédaction de l'inventaire définitif. Ce que nous aimons surtout à
nous rappeler, c'est l'inépuisable obligeance de M. Rivain, sa cor-
dialité, son charmant caractère, les rares qualités de son cœur.
Elles l'avaient fait apprécier et aimer aux Archives nationales, où
il a terminé sa carrière, comme à Limoges, comme à Aurillac où il
débuta. Aussi sont-ils nombreux les confrères, les amis qui se sont
associés de tout leur cœur à la douleur de sa famille, au deuil
profond de sa femme et de ses enfants.
(1) Cette croix avait été engagée pour un an, du 30 mai 138:i au 30 mai
138i, sous condition de reprise par Tengagiste moyennant la somme de
0,500 francs, à laquelle était estimée la dite croix, plus 1,000 francs d'or.
396 SOCIÉTÉ ARCBÊOLOGIQUE El BI8T0RIQUB DU LIMOUSIN.
Voici la liste des ouvrages de M. Rivaia ; le Limoasin y a sa
part :
Notice sur le Constdat et Vadmxnùtration consulaire d'AurillaCy
par Camille Rivain, archiviste du département du Cantal, licencié
en droit, ancien élève de l'Ecole les chartes. — Aurillac, Bonnet-
Picut, 1874, 1 vol. in-i2 de 185 pp.
Table générale de l'histoire littéraire de la France^ 1 vol. in-4r
Le rouleau des morts de l'abbaye de Solignac, texte et commen-
taire par Camille Rivain. — Limoges, Chapoulaud, 1879, broch
in-8- de 43 p.
Beaufort en Vallée et son château, de 1542 à 1380, par Ca-
mille RivAiN, archiviste aux Archives nationales. — Angers,
Lachèse et Dolheau, 1888, br. in-8° de 96 p.
in nominc Domini, amen. Sapian tolz qui lo présent public înslrumcD
veyran et audiran, que cum los nobles el paissanlz senhors monscnhor
Rolgcr, comle de Belfort,et monscnhor Jehan de La Rocha, cavalers, fossao
eslalz prisoners deu noble el puissant scnhor, monscnhor Archambaad
de Greyii, caplal de Buch, vcscomlc de Benauges et de Castelhon, e
agossan final ab lo médis monscnhor lo captai et promes de pagnar per
la finansa, rcmpsson el delivransa de lors corps, en la soma de Irenta
milia el sept cens francs de bon aur et de bon pos, per losquaus paguar
dcdcnlz ccrlans termes, li mcdis monsenhor Rolger el monscnhor Johan
agossan obligual lors personas el tolz lors beus et causas sotz degudas
obligaiions, submissions, rennncialions et segramenlz, per lor fcylz el
preslalz si cum pot apparer per la lenor de un public inslrumeol feyl et
inquiril per min, nolari dejus nompnal, lo darrer jour deu mes de marlz
l'an mil ccclxxxu ; el en ouïra lo vescomle de Torena, monsenhor Nicho-
lau de Bellorl, senhor de Lymulh el de Caumoni; monsenhor Hugo de La
Rocha, scnhor de La Rocha el de Torneyra, cl Guiiiol de La Bardonia fos-
san et sian inlralz principaus pagadors, fermances et pleyas, per lo deyl
monsenhor Kolger et monsenhor Johan, per paguar las deilas somas aus
termes conlengulz en lodeil instrumen, et agossan e ayan cascun de lor
obliguat lors personas el lolz lors beus el causas solz cerlanas formas cl
conditions, cum per inslrumcnlz el leclras sageradas de lors sagclz appar
el pot apparer, si cum fo deyl; et ensiguenl li deilz monsenhor Rolgcr cl
mossenhor Johan agossan pagual tota la soma el finansa avanl dcita,
exceplalz dolze milia francs, losqunus restavan a paguar de la delta
finansa; e en après lodeil monscnhor Johan de La Rocha, Tibbaul lo Jaul,
Gaucem Fricon el Guinol de La Bardonia, escuders, en loc et en persona
deu deil monsenhor Rolgcr, aguossan balhal audeyl monsenhor Archam-
baud una crolz d'aur el de peyras preciosas el de perlas, pesant en aur ab
las deylas peyras el ab las perlas plus bas declaradas trenta el seys
marcs d'aur, ayssi cum eslava, en la quau crolz ave et a cinquante cl
quatre que l)alais que rubuis, Ircnta et nau saphirs, Irenla et seys esme-
PROCÈS- VEnBAL DE RRIIISE d'uNE CROIX. 307
raudas, xxiiii grossas perlas, et plus enlorn ladeita crolz.ave et son plu-
rors perlas menudas, laquau crolz en la mancyra fos estada aprecîada et
lo médis monscnhor Archambaud Tagos presa et receubuda en gnatge et
en la maneyra que plus bas s'ensec, per lo prelz et per la soma de nau
milia elcincq ceniz francs, en parlida de paguameul deus avantdcilz doize
milia francs reslanlz a paguar de la deila finansa; et lo médis Mossenhor
Archambaud agos promcs et fevt combent exprès, a ravantdeit mossen*
hor (<)Joh?n de La Rocha et aus autres dessus nompnalz, eu nom deudeit
mossenhor Rotger, que totas vetz que lo médis monsenhor Roger o sous
procuradors o autre per nom de luy durant lo terme de un an, loqual
comensel lo \x^^ jour deu mes de may qui fo en Tan de Nostre Senhor
mil 1res cent quatre vint ti'es et finira lodeit xxei jour deu présent
mes de may lodeit an revolut. pagueren et salisfaren au deit Mossenhor
Archambaud o a d'aulra persona per nome de luy, dedinlz la vila de
Bordeu, los avantdeitz nau milia et vcens francs d^una part et mil francs d'au-
ira part en partida de pagament deus avantdeitz dolze milia francs, lo mé-
dis mossenhor Archambaud balhere, rendre et restltuirc au médis mossen-
hor Rotger 0 a tota autra persona fasent lodeit paguamen per nome de luy
Tavant deita crotz ab las peyras preciosas et ab las perlas dessus déclara-
das et ayssi el per medissa maneyra cum ed Tave recebuda ; e au jorn de
la data d*aquest présent public instrument, lodeyt Gaucem Fricon et
Johanin de Morteles, procuradors et atornalz deu deit senhor comte de
Belfort, cum de lor procuration pot apparer, et jo, notari dejus nompnat,
vi el legi estre conlengut en unas patentes letlras sageradas en pendent
ab cera verda deu sagcl de la prebostat de Paris, de las quaus la ténor
plus bas s*ensec, fossan vengutz en la ciulat de Bordcu e agossan et
ayan présentât a l'avant deit senhor mossenhor Archambaud los avant-
deitz nau milia et v cens francs d'una part el los deylz mil francs d'autra
part et requerit luy que la deyta crotz los volos rendre et restituir ab las
peyras preciosas, perlas et tal oum edFavcre cebuda, es assaber que en la
prcsencia de min notari public] et deus testemonis dejus nompnalz, li
avantdeitz procuradors eu nom deu deyt senhor comte de Belfort i>ague-
ren et satisferen el delivreren reaumcnt et de feyt a Tavanldeyl senhor
monsenhor Archambaud, en sa propria persona, totz los avantdeitz nau
milia et cincq cenlz francs d'una part, par lasquaus la deyla crotz era
eslada apreciada et balhada en guatge, cum deyt es, et los dcitz mil
francs d'autra part, bons, enterges, de bon aur el de bon pcs; las quaus
somas lo deit mossenhor Archambaud prengo et recebo el las reconogo
aver agudas, presas et recebudas en partida de pagament deus deilz dolze
milia francs deus avantdcylz procuradors, et s'en tengo a ben paguat,
content et habondos en prescncia de min, notari public, el deus testemonis
dejus nompnalz, renuncians sobre asso lo médis senhor monsenhor
Archambaud a la exception de no aver agulz près, de no comptatz et de
no rccebutz los deylz nau milia et cincq cenlz francs, d'una part et los
deylz mil francs d'autra part, en aquesta part de doU de frau, de barat et
(l) Le texte inanascrit porte tantôt et tantôt e, soit devant ane consonne soit devant une
voyelle. On uoove de même monsenhor et mossenhor.
398 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUB ET HlSTOftlQUB OU UMOUSIK.
de tota déception; par loquau causa lo deyl Monseohor Archambaod
rcndo, balhet, reslituit et délivrai reaumcnt et de feyl aus deytz proeun-
dors deu deyl senhor comle de Bclfort, on presenlia de min noUri et
deus tcslemonis dcjus nompnatz, la deyta crolz ab lotas las peyras precio-
sas, perlas grossas et menudas et en tal estât cum lodeyt senhor mossea-
hor Archambaud Tave presa et recebuda et en la maoeyra que dessus e<
plus a plcn declarat.Et lideylz procuradors, eu nom deu deyt senbor comte
de Belfort disenlz, reconoyssentz et confessantz que la roedissa croU en
aquera inedissa et en tal estât sens aucun afolament ni aucuna aner-
mansa en tota ni en partida cum cra quant fo baltiada audeyt senhor
monscnhor Archambaud prengoren et receboren den deyt senhor mosseu-
hor Archambaud realmcnt et de feyt, en prcsentia de min noUri et deo^
testemonis dejus nompnatz, Tavant deyta crolz et aquera recebodq eu
nom et cum procuradors deu deyt senhor comte de Belfort, H médis pro-
curadors, per lurs bonas voluntatz et de lurs certas sciensas, ^nicleren et
prometeren fere quicle emvert lo médis senhor comte de Beifori ei sobs
bers et son ordenh et envert totas autras personas qui eu temps avenir
aucuna causa demandessan et poscossan demandar au deit senhor mon-
senhor Archambaud ni à sons hers ni a son ordenh per rasoo ni per eassa
de ladcyla crolz; et aqui médis recebudas las dey tas somas per lodejl
moscnhor Archambaud deus deytz procuradors et a lor balhada restituida
et renduta la deyta crotz, cum deyt es, lo médis senhor mossenbor
Archambaud, de sa cerla sciensa et propria voluntat, quitte! per aras et
per (otz temps los avanldeylz monsenhor Rotger de Belfort el los autres
qui eran et son pleyas per luy ahsenlz, min notari ensembo ab los deytz
procuradors eu nom el a opz de lor stipulant! et recebentz et lors hers et
lor ordenh et lors bens el causas per tolz temps de toi quant que de-
mandar los poscos tant per rason deus deytz nau milia et cineq centz
francs d'unapart quant per rason deus deylz mil francs d*aurd'autra part.
E en après feylas et aulreyadas lotas et senglas las causas avant dcytas
en la maneyra que deyt es li deytz procuradors deu deyl seobor comle
de Belfort, si com de la deyta procuration appar de laquau la tcnor s*enscc
de mot a mot en aquesta maneyra :
(Suit le texte de la procuration donnée par devant Richart de Varly et
Jehan Mangier, notaires au Chalelcl de Paris, par noble Roger^ comte de
Beaufort, chevalier, comparant, à Joceaume Fricon, écuyer, el Jehannin
de Morcelles, pour recevoir de noble Archambaud de Greyii, captai de
Buch, vicomte de Benaugcs et de Caslelhon, une croix d'or et de pierres
précieuses, baillée en gage au dit captai de Buch par le dit Roger poor
la sûreté d*une somme de 9,500 francs d*or au coin de France en dé-
duction d*un payement de 1 3,000 francs d'or restant à payer sur la somme
de 30,500 francs d*or au coin de France, dont ledit Roger el ses pièges
étaient tenus : samedi 13 mars 1383, Paris).
Et lo deyt senhor mossenhor Archambaud, en tant cum a cascun appar-
ten, deu et pot appartener, an promes de tenir, gardar, observar e complir
lotas et senglas las causas en lo présent instrument contengudas, e si per
fauta de tenir e observar aqueras, lo médis mossenhor Areharoband o lo
rnocfes-vie«B.\L de remise d'une citoix. 309
d«yl sen^hor comte « lors procoraAors o aulra pcrsema en nomê de atrcun
<tc lor, tasco o saffrev! aucuns dcspens, dampnatj^c^ o i^tcrrcsscs, li dcylz
procuradors en nome dco dcyt senhor comte de BclForl et lo dcyl sctihor
mosseniior Archambaud ae an loi promes rendre, salisfar et esmendar
cum a ca^cun apparicndra, sens loia conlradiclion. Per iasquaus causas
tolas e scnglas tenir, gardar, observât c complir en la maneyra que deyl
es, cum a cascuA apparlen, p'ot et deu appartenir et appartiendra en
temps a venir, li avantdilz procuradors, eu nomden dcyt senhor comte de
BeU'ort et lodcyl senhor mosscnhor Archambaud an ne obliguat e yppo-
tcchat, obltguan elyppothecan ab la ténor deu présent instrnmen, ^ es
assaber li deytz procuradors la personA e los castelz, tilas e tolz los ben^
c causas deu deit senhor comte de Belforl; e lo deyt senhor mossenhor
Archambaud que na obliguat sa persona, sous castclz,Yilas e sous autres
bons e causas, mobles e no mobles, presenlz eavenidurs, ont quesian per
totz locs, e que s*en son solzmes la una partida a Tautra cum a cascun
apparten, las personas et los avantdeilz bens e causas a la juridiction
compulcion e destrensa de Tauditor, viceaudilor de la cambra de nostre
senhor lo papa e de totz senhors e jutges ecclesiastics e seclars e de lurs
locs tenentz e de cascun de lor per davant losquaus clamor o comptanla
ne sia feyta d'assi en avant; rcnuncians sobre asso a toi dreyt escrlut e no
cscriut, canon et civil, a tola recesion de contreyt a copia deu présent
instrument, a Iota relaxation de sagrament, a totas leys dreyls, ajudas, dcfifen-
sas, rasons, exceptions, caulhelascaulras causas por Iasquaus se posdossan
ajudar per venir en contra las causas sobre deylas o aucuna d'aqucras, c
an mandat, promes e jurât, sobre los sanlz evangelis Diu, li dcylz procuradors,
en Tarma deu deyl senhor comte, e lo deyl mosscnhor Archambaud que tôt
ayssi cum dessus es deyt, en tant cum a cascuna parlida apparlcn deu e
pot appartenir, tendran, compliran e guarderan Icyaumenl e a bona fe,
en la maneyra que deyl es sens venir en contra per lor ni per autre ab
ginh ni sens ginh en aucun temps ni en aulra maneyra. E voloren li deytz
procuradors e lo deyt senhor mossen Archambaud e rcqueroren eslrc
feylz de e sobre las causas sobredeytas dos publics instrumenlz d'una
medissa ténor, un a cascuna partida, o tanlz quanlz lor en sera besonh
corregulz esmendatz ab conselh de savis, subslancia no mudada, losquaus
jo, notari dejus nompnal, los aulreyey de far. E a major fermetat e leste-
monansa de las causas sobredeytas e de cascuna d'aqueras, lo deyt senhor
mossen Archambiaud de Greyli a mes e pausat son propri saget au présent
instrumenlz, loquau fo balhat aus dcylz procuradors deu deyt senhor
comte de Belforl. E li deytz procuradors deu deyt senhor comte an mes
e pausat son saget a Tautre instrument, loquau fo balhat au deyl senhor
mosscnhor Archambaud. Acta el conccssa fuerunt hec in domo dicti
domini Archambaudi prope ecclesiam Béate Marie de Podio Paulini, in
civitate Burdegalensi, die oclava mensis maii, circa horam lercie, anno
Domini millésime trecentesimo octagrsimo quarto, prcsenlibus ibidem
nobilibus viris Dominis Hugone de Vibone, domino de Jors, Helia de
Boys, mititibus Piclavensibus ; Johanne Maynerii, scutiffero Xainctonensis
diocesis; Arnaudo Conslantini, burgcnsi Burdegalensi, maglslro Helia de
Broiio, jurisperito; magistris Johanne Preposili, Bernardo de Lastonario,
iOO SOCIÉTÉ ARGHÊOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
Petro de Maderano jaoiore el Gauffrido de Spana^ Bardegalensis diocesis,
Dotariis publicis, et pluribus aliis ad premissa teslibus vocatîs et ro^alis.
Et me, Petro de Maderano senioro, Bardegalensis diocesis apostolica et
imperiali auctoritatibus publico notario, qui in premissis omnibus et siuga-
lis una cum prenominatis testibus preseos fui et hujusmodl instrameo-
tum et contenta in eodem audivi, inquisivî, retinui et recepi manaqut
mca propria fideliter me subscripsi, quod ncgotiis occapatus per aiioio
scribi feci signoque meo consuelo quo utor apostolica auctorîlate signavi
requisitus.
Constat michi notario de rasuris in vocabulis lo deit mossen Arekait^
baud de Greyli a mes factis non vicio sed scriptoris errorcm corrigendo.
Actum ut supra.
QUELQUES
DÉLIBÉRATIONS D'ASSEMBLÉES PAROISSIALES
« Une paroisse, a dit quelque part Tupgot, est une assemblée
de cabanes et d'habitants non moins passifs qu'elles ». Il est cer-
tain qu'aux XVII* et xvin* siècles, les villes, jadis presque autonomes,
avaient gardé une part bien modeste d'indépendance, et que les
habitants d'une paroisse rurale jouissaient de bien peu d'initiative
et n'exerçaient pas une influence fort sensible sur l'administration
générale.
Il y avait cependant quelques manifestations de vie et
d'activité dans les campagnes comme dans les villes, et, en y
regardant de près, on voit que ces groupes paroissiaux n'étaient
pas absolument dépourvus de vie politique et de droits. Par la
force des choses, par l'effet de la nécessité, la paroisse était
devenue une circonscriplion administrative; et on constate la
permanence de sa vie administrative, à côté de l'action non moins
sensible de la circonscriplion fiscale : la collecte. Reconnaissons
néanmoins que dans certains actes l'action des deux groupes n'est
pas entièrement distincte. C'est ainsi que les collecteurs sont
désignés par l'assemblée des habitants de la paroisse et non par
l'assemblée des habitants de la section qui forme le territoire de
la collecte.
Il y a un réel intérêt à déterminer quelle était, sous l'ancien
régime, la part d'initiative et de participation à l'administration
du pays laissée au peuple des campagnes. Cette part, qui, à dater
du règne de Louis XV se précise et se réglemente, est jusque là
assez difficile à discerner nettement. On constate néanmoins, d'une
402 SOClKTK AKCHÊOLOCIQUK ET UISTORIQUE DU LIMOliSlN.
façon très nette, que Taction de rassemblée de communauté
s'étend à des objets assez variés et prend, en certaines matières, un
caractère qui n*est pas sans rapport avec celui des pouvoirs dévo-
lus actuellement à nos conseils municipaux.
Il y aurait une étude intéressante et neuve à beaucoup d'égards
ii faire sur la commune rurale, sur la paroisse de Tancienne
France, sur les membres des fabriques, ces municipalités rudî-
mentaires, et sur les syndics. Le ministère de l'Instruction publique
et le Comité des travaux historiques ont avec raison appelé Talten-
tion des érudits sur l'intérêt que présentent les procès-verbaux des
assemblées de paroisses et recommandé Félude et la publication
de ces documents.
Pour se conformer à ces recommandations, la Société archéolo-
gique a adressé un pressant appel à ses membres et à ses corres-
pondants. Jusqu'ici, un petit nombre seulement y ont répondu, et,
sauf les pièces ci-après, que nous devons à l'obligeance et au zèle
de nos confrères J. Bellet et G. Touyéras, aucun document de quel-
que intérêt ne nous a été adressé. Nous renouvelons notre appel,
avec Tesfioir que, cette fois, il sera mieux entendu.
Il résulte des mentions que portent les expéditions officielles
d'un certain nombre de ces procès-verbaux, que ks actes de.^
délibérations de communauté étaient soumis à la formalité du
contrôle, c'est-à-dire de l'enregistrement, au moins lorsqu'ils étaient
susceptibles d'être produits en justice. Ceux de nos confrères qui
recherchent les documents de cet ordre ne doivent donc pas se bor-
ner à feuilleter les registres paroissiaux et les minutes des notaires.
Ils feront bien de parcourir avec soin les anciens registres du
contrôle conservés dans les archives de nos bureaux actuels de
TEnregistremenl.
L. G.
I. — La Souterraine. — Adjudication^ en assemblée ée paroisse,
de la herse et des chaînes de la porte de la ville, placée en face iu
faubourg Saint-Michel, et application A* prix à la réparation de
la toiture de l'église Saint-André (21 mars 1700).
Aujourd'huy, dimanche, vingt unième du mois de mars mil sept cent,
en la ville de La Sousieraine, en la place publique appelle la Croix de la
Place, lieu acoustumé a faire les assemblt^es publiques, à l'issue dt la
grand messe, le peuple et habiiants eslaai assemblées au dii lieu en graitd
nombre pour le fait cy-après et suivant la déclaration et publieairoo qui en
a estée faite par vénérable M^ Rolland (kiillemel, prestre, caré de la dite
QUKLQUKS DKUBéRATIONS D*A<seMBLÉKS PADOISSIALCS. , 4^3
ville, an prosne de la grand messe, déclaré par devant le notaire royal soussi-
gné en la presance des lesmoins cy-après nommés, — se sont présentés en
leur personne If François Kanjon, sieur de Gresac, juge de celle ville;
W Léonard Guillemet, sieur de Lavau, bailly, procureur fiscal dans la dite
ville; M' André Ranjon, sieur du Gliariis; vénérable Rolland Guillemet,
prôtre, curé de celte ville ; maisire Pierre Gaillaud, Pierre Roanel, Léo-
nard Compain, Jacques Bonnet, Jacques Ghapellel et.... Gaillard, prestre
de la communauté de celte ville; Maniai de BonneuiU s^ de Lagetroinet;
Pierre de Bonnoeil (4), sieur de la Brcuisie; Pierre de Bonnoeil, s' de la
Brejadc; Antoine Noniquc, AndrA Delacroix, Léonard Bonne, André Jobely,
Henry Granger, Gharles Guillemet, s' de V ; Jeau Compaiu, Pierre Au-
zanet et aulres principaux habilanisde cette dilte ville ei faisant la plus
saine et majeure voye, ont dit sur ce que la grille de fer et chesne qui la
soiistcnait, du portail et porte par laquelle on entre dans la forteresse ée
cette dilte ville du côté du fauxbourg Saint-Michel d'ycelle, eSi tombée à
cause de la ruine tolalle du dit portail qui est arrivée il y a longtemps; que
la dite grille et chesne sont par se moyeu eu danger d'cstre défaistes,
prises et emportées par des gens mal inlanlionnées ci seraient pac ce
moyen inutille à la ville et au publiq. El comme la couverture de resglize
paroissialle de Saint-André de cette ville menase de ruine tolalle cl est
bien endommagée, de sorte qu^il pieu sur la voulle de la dilte esglize et
labreuvc enlièremcnt, ce qui causera la ruisne lotalle de la dilte voulle (le
plairas et crespy du dedans d^icelle tombe journellement dans la dilte
esglize et sur le publiq), — ils sont d'avis cl consanleus que la ditte grille
et chesne dessus soient vandues et que les deniers en provenant soient
employés aux réparations* de la couverture de la dilte esglize qui sont
nécessaires, et pour cet eSd mis entre les mains de M" Léonard Compain
et Pierre Bonnet, prestres de celle ville» preuanl soin de resglize à défaut
de fabrisiens, habitants de celte ville. A quoy est comparu Pierre Laurent,
marchand chaudronnier du pays d'Auvergne, estant de présant en celle
ville, qui a mis la dilie grille et chesne de fer à la somme de soixante et
onze livres; laquelle mise a éié au mesme instant publiée h tous les car-
fours de la dilie ville. Et après avoir attendu jusqu'à la sorlie et issue de
vespres et qu'il ne s'est trouvé de plus haut meteurque le dit Pierre Lau-
rens, la dilie grille et chesne de fer luy a estée délivrée presantement pour
la dilte somme de soixante onze livres ; laquelle somme le dit Pierre Lau-
rens a presantement baillée, payée, nombrée, comptée et réellement déli-
vrée en louis d*argenl et autre bonne monnaye ayant cours, aux dits
H^* Léonard Compain et Pierre Bonnel cy-dessus nommés. Signé : L. Com-
pain, P. BoNiiBT, pour ce presanis et personnallemeni établis, qui ont pris
et receu icelle somme pour employer aux reparalions et resiablissement de
la couverture de la dite esglize qui est nécessaire à faire et promettre d*y
faire travailler incessamment et fournir de maciériaux, doux, latte, thuile
et rebardeaux, et la peyne des ouvriers, jusqu*à la concurauce de la dite
(1) 11 y t Ii«u de penser qu'Etienne de Bonneuil, arehitecte de l'église d'Upsal au xiii* siècle,
est sorU de cette famUle et appartient à notre pays.
404 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
somme. Dont et du tout les dits comparants et le dit Pierre Lanreiis Mt
requis acte au dit notaire, qui leur a octroyé le presant pour servir et valoir
en temps et lieu ce que de raison, en presance de H" André Delacroix,
praticien, et de Pierre Nonique, chirurgien, habilans de cette dilte ville,
témoins connus à ce requis et appellées soussignées aucq les dits compa-
rans sauf du dit Pierre Laurens, qui a déclaré ne savoir signer, de ce
enquis et inslerpellé.
Signé : Guillemet, Guillemet, curé de La Souterraine; Ramon,
A. Ranjon, Bonnet, P. Bonnet, Pierre Gaillard, A. Nonique, L. Coï-
PAiN, ancien curé de S. Moris ; L. Bonne, C. Gaillard, Delachois^
Granger, Delacroix, André Jobely, de Bonoeil, de Bonobil, Guillemet,
P. AuzANNET, J. Bonnet, Chapellet, preslre: J. Gompatn, Nonique, Rochb-
ROLLBs (f ), notaire royal (rédacteur de Tacie). Controllé à La Sousteraine,
le 1" avril 1700, par Pigné.
(Minutes de Tétude de M. Ernest Monlaudon, notaire à La Sou-
terraine. — Communiqué par M. J. Beiiet, instituteur à Saint-
Maurice, membre de la Société).
II. — Lv SouTERRAi?«E. — Délibération d'une Assemblée de Com-
munauté tenue au sujet de droits de bancs et sépultures dans
réglise de cette ville, réclamés à diverses personnes par la
fabrique (4 janvier 1739).
Aujourd'huy, unziesme du mois de janvier mil sept ceni trente-neuf,
jour de dimanche, issue de vcspres, en la ville de La Souterraine, place
de La Croix de Plasselieu (?) ou on a accoutumé de faire les actes publiqs
cl de convocation au son de la cloche qui a cet effcct a esté tirée, par
devant le notaire royal soussigné, présence des lesmoins bas nommes, a
esté duemenl eslably M»" M" Pierre Anihoine Bonnet, seigneur, baron de
Sl-Priesi, senechal de Bridiers, demeurant en ceUe ville, en qualitté de
sindic fabricien de l'église de celte ville, ayant convoqué ei assemblé les
liabitans de celle dille ville, et eu parlant à M"» Jean-Bapiisle Sallcloo,
s' de Champion, procureur (?) fiscal, son adjoint; a M" Jean-Baptiste de
Rebierre de Lasalle, curé de cette ville; à M. Pierre Poujou, preslre; a
M' André Denepoux ^?), prestre, a M"" Jacques Floret, s' de Poumeroux, lieu-
tenant ; a W André de Gartempe, s' de La Cour, juge subdellpgué:
a M'® Bernard Dalignac (?), ecuyer, seigneur du Breuil ; a Léonard Forge-
mol, s' de Bosquenard, bourgeois, consul ; a Gervais Pasteaud, s' de
(l) De la famille de RocheroUes, ancienne à La Souterraine, est sorti M. RocheroUf"^,
professeur dans un Lycée de Paris et auteur de divers ouvrages à l'usage des écoles pri-
maires.
QUELQUES DÉLIBÉRATIONS d'aSSRMBLÉBS PAROISSlALKS. 405
Lagrange, M® chirurgien ; a 4ndré Floret, s' du Mas, procureur fiscal, a
sieur Silvain Montaudon, marchand; a s^ Louis Choyzex (?) du Chiroux,
bourgeois ; a Pierre Monlaudon, s' de Foi {?), bourgeois; a Pierre Sallet, s'f de
Morleras, bourgeois; a Pierre Martial Chappellet, s»" Doreîx (sic), bour-
geois; a M' François Monlaudon, preslre; a M" Pierre Rocherolcs, uolaire
royal ; a Léonard Forgemol, s' des Fougères, el a Pierre Monlaudon, s' de
La Planle, tous principaux habiians de cette ville et y demeurants : il leur
a exposé et fail voir les avance» qu'il a failles pour les réparations de
charpente (sic) et de couverture de ladite église; qu'ayant fait donner plu-
lusieurs assignations aux héritiers de ceux qui sont inhumés dans ladite
église pour en payer les droits, ils font contestations, •nottament S''-Marc
Auzanet, qui prétend avoir droit de tombeaux gratuit dans laditle église et
refuse de j)ayer celui de Thérèse Nonique, sa femme ; et Marie- Anne Bonnet,
qui prétend aussi que la damoiselle Horaire et sa fille . . -. (<)
ayant eu pouvoir de W° Joseph-Léonard Hondin de Montostre, ecuyer,
seigneur du Courot, de se faire inhumer dans les tombeaux de la chapelle
de St- Vincent, ne doit payer leur droit; et que dame Françoise Bou-
chaud, veuve de M**^ Léonard de Norair, chevallier, seigneur de (<ham-
boranl, qui ont depuis quelques années un (?) banc dans la dite église au-
dessus de la chaire de Si-André, propose qu'en luy accordant permission
de jouir dudit banc pendant sa vie et après son dicès d'être inhumée dans
le tombeaux qui est sous ledit banc, elle offre donner présentement comp-
tant la somme de quarenle- quatre livres une fois payée et pour toutes.
Surquoy, ledit seigneur de Saint-Priesi, fabricien, somme lesdits habitans
de délibérer et donner leur avis pour suivant iceluy agir el se pourvoir
ainsy qu*il appartiendra ; et luy donner tout pouvoir a ce néces-
saire. Lesquels habitanis, ainsi convoqués el assemblés, ayant délibérés
sur le tout, ont esté d'avis que ledit seigneur de Sdint-Priest accepte
la proposition de ladite dame de Chamboraoi, attoridu le besoin pres-
sant que la fabrique a d'argent pour subvenir aux avances dudit s'
sindic fabricien et autres réparations a faire, et que, par rapport auxdits
s** Auzanet et damoiselle Marie-Anne Bonnet consernant les droits d*en-
tlierement desdites Thérèse Nonique, demoiselle Morair et de sa fille, les-
dits habitans donnent pouvoir audit seigneur de Sainl-Priest de prendre
communication des tiltres (?), moyens et raisons, consulter et prendre avis
d'un ou de plusieurs avocats a son choix, et de tel siège el cour qu'il
jugera^ pour, sellon qu'il sera estimé el reson par ledit avocat ou plusieurs,
acquie>ser ou plaider et poursuivre jusques a arrest ou jugement définitif
sur les demandes déjà formées par ledit seigneur de Saint-Priest; el de
tous frais et avances qu'il fera, de les rapporter en son compte de mises
et avances pour luy estre alloué. En conséquence de la présente délibéra-
tion iceluy sieur de Saint-Priest, fabricien, et lesdits habitans convoqués
et délibérant ont, par les présentes, permis el permeitenl à la dite dame
de Chamboraot, demeurant en cette ville, présente et acceptante, de jouir
pendant sa vie et jusques a sou deceds, a Texclusion de tous autres, dudit
(1) Trois» mots ilUsiblea.
406 soejKxt AwcetococrQUR rt historiqitb do umwiuif.
bêvc posé daas ladille église, au-dtssas (êic) de la chaire de SainUAndré,
et après tondeceds^ que son corps soU inhumé dans le tombeau qui eH
des!rt>nB iceiay, moyeananl qu'elle demeure quitte de tout ce qu'elle peut
devoir jusqu'à ce jour a ladite fabrique pour la jouissance dudit baoe, ei
de la somme de quarante-quatre livres qu'elle a présentement payée cooip-
tant en argent audit s* fabricien, par iuy prise et reçue en deduaion de
ses avances et eux estant Et tout ce que dessus touttes parties ont voolo
et conscnty, promettant , obligeant, renonssanl, etc. Fait et passé en pré-
sence de M'* Jean Savy jàr d*" (?) et de Pierre Dardanne, marchand, habi-
tans de cette ville, tcsmoins connus ; ci a ledit Dardanne dedaré ne
savoir signer, de ce interpellé.
i^NRKT, sindicfabricien. — Salléton, ajoint (tiic) du sindic. — Frarçoisi
BOUCIIAVD DE ChAMBORANT. — Dc GOARTRHPB, jUgC. — CuiPPV. — RANIOlf,
p*'». — La Salle de Riocyrrvs. — S. Montaudon. — Drrbpoux, prêtre Sa-
cristain. — Dr La Font IIrrrnnr (?). — Rochrrolles. — Floref... ~ Mom-
TAUDON. — Dalesmr. — Floret, lieutcnaut. — Chapprllet. — D'O... —
FoRGEMOL DB BosTQUBNARD. — BaTRAULT (?). ^ FORGKHOt nES FArCÂRES.
— V. Sallet. — Monta UDON, preirc, vie. — Hontaudor. — Savt. —
Danjod (?), notaire royal.
Controlié a La Souterraine, le treize janvier t739. Reccu douze sols.
Savy.
(Communiqué par M. J. Ballet).
III. — La Souterraine. — Sommation au st^délégué de Vi^en-
tendajit d* a voir à exhiber les ordres en vertu desquels il a conuh
que tous les habitants de La Souterraine pour l'acqmt de la
corvée (10 novembre 1744).
Aujourd'huy, dix du mois de novembre mil sept cent quarante-qualrei
environ les cinq heures et demie du soir, par devant nous, notaire royal
és-sencchaussées de Limoges et Montmorillon, résidant en la ville de La
Souterraine, présence des témoins bas nommés, a la réquisition de Jacqoes
Florel, s*" dc Pomnicroux, lieutenant dc la presante ville; Léonard
Choppy, s' de La Coulure, bourgeois; Léonard Foq^mol, s' de Bosqueoard,
bourgeois ; Charles Rebiere de Bresenly, bourgeois; Jacques Betolaud, s^
de Lascoux, bourgeois; Jean Bnmd, s' de La Barre; François^ s' de L^-
caad, bourgeois; Léonard Cujas, s' de Ribbes, bourgeois; Pierre Antoine
Bonnet, seigneur de Saint-Priesl; Pierre Ranjon, s' de Ghaissaignes;
Louis Sallet, s*^ de Peuimaillat; Pierre Dardanne, marchand; Jacques Mes-
tadier, s' de Peynal^ tous officiers de judicature, bourgeois, marchands,
demeurant en ladite ville de La Souterraine ; nous nous sommes trans-
portés avec eux et d. témoins en la maison, scise en ladite ville, de M' de
Gartempe, subdelégué de monseigneur l'intendant de la généralité de
QUSLftltBS DBLliSRATIONS b'aSSRMBLÉBS PAKOISSIALBS. 407
Limoge«, oii ctani et parlant a sa personne, les diis s'** habUanA^ de la dite
ville de La Souterraine lui ont dit que lui, mondit sieur de Guastempe,
ayant donoé des ordres le premier du présent mois an sindic de la dite
ville pour commander les iournaliers et voiluriers de la dite ville pour faire
des corvées sur le graïKl chemin de Boismaudé à La Villaubrua (1} el cela
relaliveracni à Tordonnance de monseigneur Tiatendant de Bourges, du
vingt-cinq />ctobre dernier et a la nolte el ordre donné au dit sindic
estant en tête d'ycelle; et en exécution, le sindic ayant fait son r6lle et
donné ses ordres aux journaliers el voiluriers qui onL dhû satisfaire dès le
jour de hier, les susdits habitanla, officiers, bourgeois et marchands sont
surpris de ce que aujourd'hui, environ les quatre heures du soir, moodil
&* de (>uartempe a fail afficher au son du tambour une ordonnance du sa
part par laquelle il commande indistinctement tous les susdits habitants
de se trouver demain à soleil levant sur les dits grands chemins pour y
travailler avec pelles et pioches, et cela» est-il dit, en exécution des ordon-
nances de nos dits seigneurs les intendants de Limoges el de Bourges, les
susdits sieurs habitants, très respectueusement soumis aux ordres de nos
dits seigneurs intendants, sont néanmoins surpris de ce que mondil sieur
de Guartempe ne leur en a voulu communiquer, afficher ni publier aucune
et que d'ailleurs lordonnance de mondil sieur de Guartempe de ce jour-
dMiuy, contraire aux précédentes, leur fait présumer qu'il n'y a, en con-
formité d'ycelles, que les journaliers el voiluriers qui soient dans le cas
des corvées ; comme etfeclivemenl, tous leurs métayers y sont actuellement
avec bœufs et charrettes el néanmoins ou il y aurait des ordres contre eux
personnellement, offrent même avec soumission de satisfaire a vue des dits
ordres ; a cei effet ont requis d'abondant, priant et requérant par ces pré-
sentes, mondil s^ de Guartempe de leur exiber présentement les ordres
qu'il a de nos dits seigneurs les intendants, notamment de monseigneur
de S(-Contest ou de monsieur son subdélégué à l'intendance, avec déclara-
tion qu'a faute de la dite exibition ils pensent et ont lieu de penser que
rien ne leur sera imputé à blâme, n'entrant dans aucune désobéissance, —
et ont signés.
Signé : BoNNsr de Saint-Prisz ; Pkumaillat; Ribièrk de Bkesknty ;
BfiTOLAUD DE Lacou ', Choppy DE La Gouture ; Cujas ; Beraud; Busson ;
AksTAoïER; Floret; Ranjon; Forgeicol de Bosquemard; P. Dardante.
Ledit s^ de Guarlempc a présentement dit avoir une lettre Je monseigneur
de Saînt-Conlest, du dix-sept août mil sept cent qurante-qualre, qu'il n'a
voulu exiber, disant qu'il ne doit pas communiquer les lettres qu'il reçoit
de mon dit seigneur mais qu'elle porte ordre aux habitants de se conformer
à l'ordonnance de monseigneur l'intendant de Bourges; et au surplus a cxihé
et fait kcturc d'un extrait écrit de la main du s' Betolaud, greffier du dits' de
Guartempe, informe et non signé [par] personne el qu'il a dit contenir les
décisions de Monseigneur le controUeur général au sujet des corvées
et portant a l'art. 7 que les bourgeois aisés seront sujets aux corvées,
{!) Aujourd'hui la grande route nationale de Paris à Toulouae.
408 SOCIKTB AKCBÛOLOGIOUR ET HISTORIQUE DU LIMOUSIIV.
même quand les dits bourgeois seront sexagénaires ou malades et a, moo-
dit S' de Guartempe déclaré ne vouloir signer sa presanle réponse de ee
dhuement interpellé, les dits habitants persistant dans leur soumissisn ci-
dessus, disant que les ordres de monseigneur le conlrolleur gênerai ne leur
ayant été ordonnés par monseigneur Tiniendant de Limoges, et jusqucs à
ces ordres, qu'ils exécuteront avec respect, protestent de n'cslre a blâme et
dans aucune désobéissance. Et ce fait en présence de s' Jean Buisson,
commis aux aides et distributeur de la formule, et de M* Jean-Baptiste
Massard, clerc, demeurants en celle ville, témoins connus soussignés tant an
présent original qu'en la coppie d'yceluy que nous dit nottaire avons laissée
es m;iins de mondil s** de Guartempe lui requérant la dite coppie. Signé :
BossoN, Massard, Ranjon, nottaire royal.
(Communiqué par M. J. Bellet).
IV. — Saint-Auvent. — Nomination des syndics de la paroisse
pour Vannée 1746 (40 janvier 1745).
Aujourd'hui, dimenche, dixième jour du mois de janvier mil sept cents
quarante-cinq, a l'issue de la messe paroissialle du bourg et paroisse de
SaiQt>Âuvenl, qui a élée célébrée en l'église de Saint-Gyr a cauze de Tin-
terdict de celle dudit Saint-Auvent (1), par devant les notaires royaux de la
seneschaussée de Mon Imori lion soussignés, s'est présenté François Mus-
nier, laboureur, demeurant au village de La Berle, et Martial Gorse, aussi
laboureur, demeurant au village du Peyrat, le tout présente paroisse, les-
quels nous ont dit qu'ils avoit été nommé scindicts de la dite paroisse de
Saint-Auvent par les dits habitants pour en faire la fonction jusques au pre-
mier du présent mois et qui devait être deschargé dudit ofhce de sindicts
ainsi qu'il parait par Tacte du receu par Touyeras,
un des notaires sous-nommés avec son comfrère, duement controilé;et
comme les dits habiians ont de coutume de se asembler en la place du
présent lieu, les dits Musnier et Corses nous ont requis de nous trans-
porter avec eux audit litu, la place de Saint-Gyr, ou on accoutumé de nom-
mer lesdils scindicts : a quoi ce devant nous nous sommes transportés
avec lesdlts Musnier et Gorse eu ladite place dudit Saint.Cyr, ou étant les
habiians dudit bourg et paroisse de Saint-Auvent, assemblés, qui sont
ss'" (?) François Chapus, bourgeois; Martial-François Demarcilliat, no-
taire; Jean Touyéras, sergent; Jean et Anthoine Nenert, taillieurs d'ha-
bits; François de Villard ; François Chembord; Pierre Demasroaud;
Léonard Guy« laboureur; Jean de La Gasne; François Richemont; Jean et
(1) On volt combien le caractère paroissial domine les assemblées da genre de celles doot
nous nous occupons. La réunion doit se tenir à l'issue de la ftiesse paroi»^siale de Saint-Auvcntt
et eUe a lieu sur la place de Saint-Cyr, non sur la place de Saint-Auvent, parce qu'eUe doU
se tenir après la messe paroissiale et que cette messe est célébrée à Saint-Cyr,
QUELQUES DÉUDÉRATIONS D ASSEMBLÉES PAROISSIALES. 409
Pierre Vtuzclle, laboureurs; .Michel et Jean Dumur, recouvreur; lous prin-
cipaux dudil bourg et paroisse de Saint-Auvent, auquels lesdits Musnier et
Gorses ont remontré que leur charge de sindicts est finie depuis le premier
de ce mois et ont sommé lesdils habilans de nommer dautres sindicis,
sinon et a faute de ce ont protesté de n*étre tenus d'aucun événement ;
et d'une mcsme voye nommé pour sindict dudit bourg et paroisse de Saint-
Auvent pour en faire la fonction pendant un an a comter du premier de ce
mois Jacques de La Garde, dit Pied, laboureur, demeurant au village de
Senas, et Anthoine Gourse, cardeur, demeurant à La Berthe, le tout pa-
roisse dudit Saint-Auvent; dont et du tout lesdils François Musnier et
Gorses nous ont requis acte aussi bien lesJits habitans qu ils ont nommés
au lieu et place desdits Musnier et Gorses, que nous leur avons octroyé
chascun a leur égard. Après avoir fait lecture du présent acte auxdits habi-
lans, les soussignés ont signés et les autres ont déclarés ne scavoir, de ce
interpellés.
Jean Thamanion, Demarcilhat, J. Touyéras, Marius, Lagasne, notaire
royal, Touyéras, notaire royal. Controllé à Saint-Auvent, fO janvier I74S.
Reçu douze sols. Signé : Desoubsdanes, commis.
(Communiqué par M. G. Touyéras, percepteur à Saint-Julien-
TArs, membre de la Société).
V. — Oradour-sir-Vayres. — Délibération de l'assemblée parois-
siale au sujet (le la prétention du curé de percevoir la dirne sur les
niennés récoltes (3 mai 17S0).
AujourdMuiy, jour de dimanche, troizième jour du mois de may mil sept
cents cinquante, par devant le notaire royal de la scnescliaussée de Mont-
morillon, soussigné, et le notaire du comlé d'Auradour-sur-Vayre, aussi
soussigné, au devant de la grande porte et principallc enirée de Téglise du
bourg et paroisse dudit Auradour-sur-Vayre, ressord dudil Monlmorillon,
les habilans de la paroisse, ce réquérand, assemblés au son de la cloche
en la manière accoutumée, à Tissue de la grand'messe célébrée par M. Tar-
chiprélre et curé dudil bourg et paroisse d*Auradour, en la quelle assem-
blée ils se sont informés, suivant Tordonnance royale, aux fins de délibérer
sur rinlérél de leurs affaires communes pour laquelle ils sont attaqués à
l'effet de pouvoir se défendre par les voyes ordinaires de la justice dans
la matière dont il sera cy après fait mention. Ont été présents et sont com-
parus en Heurs personnes devant nous dits, notaires sou<%signés, à l'effet des
présentes, Messire Pierre Berchemain de Alorinas, prêtre, docteur en théo-
logie, faisant pour autre Messire Pierre-Guabriel de Morioas, mareschal-dc-
T. xxxviii. 87
410 SOCIÊTi ARCaéOLOGlQUS ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN.
logis des chevaux-legers de la garde du Roy, demeurant en leur chAleiu de
l*uy chevalier, Maniai Biandon sieur de La Gasne, etc (suivent qutre
pages de noms).
Faisant la plus seine et plus grande partie desdils habitants comme dit
est et faisant pour tous les autres habiians de ladite paroisse qui sont
absants, les qacls après ladite convocalion ont propozé les uns aux autres
que M^ Jean Bussière, prestre, archiprestre de Nontron et curé de ladite
paroisse d'Auradour-sur-Vajres, a fait appeller devant Messieurs les officiers
de la dite sénéchaussée de Montmorillon lesdils habiians aux tins deire
condemnés à iuy payer un prétendu droit de dixmes sur les bleds sara-
zins, vulguérement appelés blé noir^orge, balliarge, bled d*Espaigne, millet,
pois, monjette, laine, poules, chanvres et autres légnmes, contre laquelle
assignation lesdits habitants veulent se défendre de sorte qu*il est question
à présent de fournir des moyens pour faire casser ladite assignation et se
détendre au fond de la demande dudit prétendu droit de dixme. Cette ma-
tière mise en délibération, tous les habiians convoqués ont, après avoir sur
ce délibéré unanimement, dit que jamais ils n'ont étés asubjétis au paye-
ment du droit de dixmes desdils blé noir, bleds d'Espagne, laine et autres
fruils ci-dessus énoncés, que la demande qui est faite par ledit s^ Bussiôre,
curé, est mal fondée et en laquelle il est non recevablo comme d'une dixroc
insolite que lesdits habiians n'ont jamais payés et à laquelle ils ne peuvent
être à présent asujetis, conformément à Tordonnance de Philippe-le-Bel,
roy de France de Tannée 1303, appellée la Philipine. Au moyen de quoi ils
demandent se pour/oir conlre cette demande; k Tefietde quoi ils ont unani-
mement nommé par ers présentes leurs chefs et sindics Christophe Faure,
sieur de La Roche, bourgeois, demeurant au dit bourg et paroisse dudit
Auradour, un des habiianls ici présent et acceptant, auquel ils donnenl
pouvoir de poursuivre et défendre à la demande dudit s' curé et de se ser-
vir dos moyens cy-dessus énoncées et de tous autres qu'il jugera à propos
ou qui Iuy seront indiqués par le conseil et qu'il jugera à propos,
de prendre des avocats et d'aulres gens de pratiques et de faire, pour cel
effet, toutes les poursuites et procédures qu'ils jugeront à propos et néces-
saire et dans tous les tribunaux ou besoin sera jusques à sentence et arre^t
définitifs
Et pour l'exéculion d*icelle, fait et passé au-devant de ladite église parois-
siale et place publique dudit Auradour ei lesdits soussignés ont sigué et
les autres ont déclaré ne scavoir signer, de ce interpellés suivant l'ordon-
nance. (Suivent 5*2 signatures). L'acic est reçu par L. Faure, notaire;
Lhommc, notaire héréditaire ; Touyéras, notaire royal. — Controllé à Saint-
Auvent ce douze may 1750. Keçu douze sols par Desoubsdanes.
(Communiqué par M. G. Touyéras).
QUELQUES DÉLIBÉRATIONS D*ASSEU1iLÉES PAR01SSIALFS. 4U
VI. — Saint-Auvent. — Désignation par l'asseinblée de paroisse
d'un habitant pour remplacer un collecteur décédé (12 octobre
1760).
Âujourd'huy, dimcnche, ilouzièmc octobre mil sept cents soixante, a
issue de messe paroissialle da bourg et paroisse de Sainl-Aaveni, les liabi-
tans, assemblés sous la halte, en place publique, au son de la cloche à la
manière ordinaire, devant nous notaires royaux de la seneschaussée de
Montmorillon soussignés, ont comparu en personnes Jacques Lemasson,
François Bourgeaud Tainé, Pierre Dumur, demeurant au bourg, tous habi-
lans de la présente paroisse, lesquels, en parlant auxdits habitans, leurs
[ont] remoniré qu'ils demeurent averiy qu'ils ce trouvent compris dans la
collonne des collecteurs d'icelle pour Tanoée prochaine mil sept cents
soixante [un] ladite colonne de dernier signée d'une partie
desdils habitans; et comme despuis la dite collonne, ont esté (?) avisé que
le nommé Jean Monnerie, de La Bellemenie, qui était leur consord et
nommé pour collecteur pour ladite année prochaine 4761 est décédé des-
puis les fêtes de Pasques dernières, et requièrent lesdits habitans d'en
nommer un autre au lieu et' place dudit deffunt Jean Monnerie, pour col-
lecteur avec eux pour ladite année prochaine 1761, telle autre personne
qu'ils adviseronl; ont déclaré ne scavoir signer de ce enterpelles, fors ledit
Lemasson qui a signé, de ce requis.
A quoy se sont présentés M" François Demarcillai, notaire royal ; Fran-
çois Gaspard de Soudanes, chirurgien juré; Jacques de La Couchie, s*^ de
La Borie; Martial Jallageas. sindic de ladite paroisse, et Aiuhoine Dclominie;
François Brun, marchand, François Allegraud, Léonard G^eniso^ et plu-
sieurs autres habilans dudit -bourg et paroisse faisant la majeure partie
desdits habilans; et après avoir examiné la remontrance dudit Lemasson
et consord, ont unanimement et d*une mesmc voye déclaré qu'il est vray
que ledit deffunt Jean Monneric est décédé despuis lesdites fesle de Pas-
ques dernières : ont nommé en son lieu et place dudit deffunt Monnerie,
la personne de s' Jean Devillard, habitans du village de Manetexîer, pré-
sente paroisse, qu'il habite, et [l'ont] certifié bon et capables, sufffisant pour
ladite charge, lecture faite ont persisté. Dont et de tout quoi a été par nous,
notaires soussignés, fait et concédé acte pour servir et valoir en temps et
lieux.
Ont les soussignés signés ; les autres ont déclaré ne scavoir, de ce inter-
pellez.
Desoubsdanbs. — Jallagas, sindic. — Delominie. — J. Lacouchie,
Demassaloux, notaire royal. — Touyéras, notaire royal.
Gontrollé à Saint-Auvent, ce 19<^ octobre 1760. Reçu douze sols et six
deniers. Hegravellat, Delagasnb.
(Communiqué par IW. G. Touyéras).
412 SOCIÉTR ARGHÉOLOCflQUR RT aiSTOMQUR DC UMOUSIR.
VIT. — Saint LALRE?iT-suR-GoRRE.— Désignation d*un procureur en
vue de foimer un pourvoi contre un arrêt du Parlement, qui
reconnaît au curé, contrairement à l'usage, le droit de dime sur h
blé noir {SO novembre 1772).
Âujourd'huy, irenliesmo novembre mil sepi cent soixanle-douxe, jour de
fesle de saint André, nous, notaires royaux héréditaires des seneschaossét^
d'Angoulesme et Montmorillon soussignés, au requis de Martial Debver-
gne, sindic du bourg et paroisse de Sainl-Laurenl-sur-Gorre, nous sotnmfs
iransporlés en place publique dudil bourgt au moment que le peuple sor-
loient de la première mess:? et (?) le curé, Messire Dclasniau, prêtre, curé de
ladille paroisse. Nous présent, ledhl s** sindic, après avoir fait sonner !a
grande cloche en la manière accoutumée, aurait dit et exposé au peuple,
manans et habitans qui formé rassemblée, qu*il y avait un arrêt inlcrloca-
toirc de la cour du Parlement de Paris, en date du ... août dernier, rendu
à rencontre de Messieurs les décimaleurs de la présente paroisse et ledit
s' curé par lequel, entre autres chef de condamnations, ledit s' curé est auio*
r!zé a percevoir dans le général de la paroisse la dixme du blé noir, sans
qu'il soit autrement dit a quelle coiiltée; lequel arrest ne peut avoir été
rendu [qw*'] parce que nos seigneurs du Parlement ont crût que la dixme
de cette espèce de grain se payé comme des gros grains : lequel arresl est
préjudiciable à la parolr,sc, attendu qu'il ne sont point dans Tuzage de
payer aucune disme de celte espèce do grain (i), que c'esioit pourquoy ils
tenaient la présente assemblée et convocation afin de délibérer entre eux
le party qu'ils avoient a prendre a cet égard.
Le peuple, après avoir con ferré ensemble et délibérée, ont résou qu'il
fallait, sous le bon plaisir de Monseigneur Tintendani de cette généra-
liié, s'opposer audit arrest de la Cour qui auiorize ledit s' curé a percevoir
la disme dudil bled noir, attendu qu'eux ny leurs auiheurs n'ont été d'uzage
dans jamais donner, et pour requérir l'autorizalion dudit seigneur intendant
cl faire ladille opposition et tout ce qui sera nécessaire de faire pourrai-
son d'icelle, ils constitue pour leur procureur général et spécial, ledit
S"" Delavergne, sindic et acceptant, auquel ils donnent d'une unanime voje
plain pouvoir de pour eux cl en leurs nom de s'opposer audit arrest et
faire assigner sur ladite opposition ledit s*" curé, constituer procureur,
élire domicilie et générallem^int faire par ledit procureur constitué tout ce
qu'il conviendra faire pour raison de laditt« oppositions et les maintenir
à l'uzagc de ne point payer do dixme de bled noir, promettant avoir le tout
pour agréable, ny venir contre au peines de droit, promettant, obligeant,
alTectant et ce dont, acte, lequel a été fait sous le sel royal en la place pu-
(1) Ce n'était pas seulement k Saint-Laurent, qu'on ne payait pas La dime lar le ianaaio.
L'usage général ou presque général l'exceptait comme n menu g^ain *.
QUF.LQUBS OÉLlBltitATlONS d'aSSEM BLÉES PAROISSIAL RS. H 3
blique dadit lieu, en présence d^Anthoine Raynaud, sacristain ; de Pierre
Descubes, s** de Salnl-Desir, procureur d'oHice de la jurisdiclion dudii
Sainl-Laurent-sur-Gorre, de Léonard Boulaud, laboureur; M*»Jean Vigniaud,
notaire; d'Anlhoine Voullant, laboureur; Jacques Roulland, laboureur;
Pierre Descubes, laboureur; Pierre Descubes, s' Dupayrat, bourgeois;
M" Charles Descubes, s' Dclalande, juge séneschal de Saint- Laurant-sur-
Gorre; Léonard Brand, marchand; François Morellon, s"" Delacoste ; Fran-
çois Haynau, sergent; s' Pierre Nenerl, garde de monseigneur le prince de
Conly; Simon de Lacoste, marchand. On les présent signés avec nous; el
autres signataires et autres habitans déclaré ne scavoir, de ce interpellés.
Descubes de Saint-Dêsik, Lavergne, sindic ; L. BouTAfCT, Yigniauo,
DES Jante, Jacques Voullaud, Descubes, Dupuybrat, L. Brand, F. More-*
LON DE La Cottk, a. Reynaud, Delacote, Nbnert, Dbscubes, de Lalandk,
Pierre Reynaud, Dusoutier, Declareul, chirugicn juré; Saury, IIouland,
A. DuNOYKR, Laurant Verliat, G. Vkyreton, Gayout
(Communication de M. G. Touyéras).
LIVRE DOMESTIQUE
DE LA
FAMILLE DU BDRGUET DE CHAUFFAI LLKS
Le chartrier de M. le comte de MontbroD, au châteaa de Ghauf-
failles, n'est pas moins riche que celui de M. le baron de Nexon.
Ce dernier nous a fourni bon nombre de documents intéressants :
en premier lieu, plusieurs registres domestiques, que nous avons
compris dans la seconde série de notre recueil de livres de raison
limousins et marchois (entre autres celui de Pierre Esperon, juge
épiscopal de Saint- Junien, commencé en 1384 et le premier en
date de tous les manuscrits de ce genre découverts jusqu'à ce
jour dans nos provinces du centre ; ensuite de précieux inventaires,
étudiés par Mk' Barbier de Montault dans ce volume môme du
Bulletin, Dans le dernier tome des Mémoires de la Société,
M. A. Leroux a passé en revue un certain nombre de pièces inté-
ressantes provenant de la même source. Personne jusqu'ici, que
nous sachions, ne s'était occupé de ce dépôt, digne cependant
d'attention sous plus d'un rapport.
Les archives de Chauffailles, non moins inconnues jusqu'ici, ont
été ouvertes avec la plus extrême bienveillance par le possesseur
actuel à notre infatigable confrère et ami Champeval, qui y a
elTectué sa petite récolte de notes sur la topographie et la géogra-
phie historiques, puis, avec sa libéralité ordinaire, nous a fait
profiter du fruit de ses investigations. Les extraits donnés plus
haut par M. Moufle de l'inventaire de François du Burguet, ont
déjà appelé Tattention des membres de la Société sur ce chartrier.
A notre tour, nous avons feuilleté un grand registre in-folio qui
provient de Chauffailles et dont le feuillet de garde porte l'intitulé :
Livre journal de M^' Yrieiœ du Burguet^ commencé l'an 1686.
LIVRE DOMESTIQUE DR LA FAMILLE OU BURGURT DE CDAUFFAILES. 4ld
^ Ce registre, comme tous ceux désigués autrefois sous le même
nom, est un livre de comptes où chaque domaine ou établissement
a son chapitre spécial et où le père de famille inscrit, au fur et à
mesure qu'elles sont effectuées, toutes les recettes et toutes les
dépenses relatives à Vexploitation. Cette partie du manuscrit de
Chauiïailles, malgré quelques mentions ayant trait au charbon et à
la minSy c'est-à-dire au fer de la forge de Chauffailles, n'a rien de
particulièrement intéressant. A cet égard, beaucoup de livres do-
mestiques nous fournissent des indications plus précises, plus com-
plètes et plus variées.
La destination de ce registre n'a pas été seulement de servir à
rinscription des recettes et dépenses. S'il était un livre de
comptes, il était aussi un livre de famille, un « papier baptistaire »
comme on disait autrefois. Tracées au haut de la première page,
les lignes suivantes en font foi :
Natalisse de nos enfans, ensemble les jours qne feti M^^ François
Burguet, mon père, estoit né et décédé^ et autres de nostre familhie.
Cette série de mentions constitue, on le sait, une des parties
principales du livre de raison, en Limousin comme dans tous les
autres pays. Les notes relatives aux événements contemporains
faisant absolument défaut au registre que nous signalons, et d'autre
part son contenu ne nous ayant fourni aucune particularité digne
d'être relevée, nous nous bornerons à copier ces natalitia qui occu-
pent seulement le recto du premier feuillet :
Natalisse de François Burguet (1). — Le 13* octobre IrtOî, jour de
Saiucl Gérai, cnvironl deux heures appres minuit, est né François Burguet,
niz a M**" Anlhoyne Rurguetet a Magdelaisne Sceneschal; a esté baptizé le
l'' décembre an que dessus; a esté son parain .>1'« François Burguet, son
oncle paternel, et sa maralne Marie Paignon (2), femme à W^ Bertrand
Burguet, advocat, frerc auait M'" Anlhoyno. A esté baptizé par M'® Léonard
du Burguet, preslrc et curé de resglizc parossialle de Coussac.
Jour du deces de Magdelesne Sceneschal — Le 18 juin 1603, environt
trois heures appres midy, est decedée Madeïaisne Sceneschal, ma grand
merc, mère de feu M^« François Burguet, mon père. A esté ensepvely le
13 dud. moys, quatre heures appres midy.
Jour du deces de M^e François Burguet, — Le 30 mars 4670, jour des
Rameaux, environt cinq heures appres minuit, dans n'« maison de Cous-
sac, proche la place, est dcced« M^® François Burguet, mon perc, appres
avoir demeuré loogt temps allilté d'un hasmc; et a esté ensepveli dans
(1) Note marginale.
(2) Faoïillc de robe. Un membre de cette famille remplissait les fonctions de procureur du
roi au prcsidial do Limoges au xvii* siècle.
4fG SOCIRTÊ ARClléOLOGiQUe ET HlSTORlUUfe. DU UMOUSIIf.
DOS tunbeaax, dans la chappelle N^ Dame de l'esglize de Coussac, vis a tîs^
de Tespiltre, proche le baluste.
Natalisse de Jeanne Burguct. — Le 2 may 1623, joar du mardj, csl
née Jeane Burguet, Hlhe à M'" François Burguet el de Louize Duroy, enri-
ront sept heures de malin. A eslé son parain Jean Duburgael dil Besse, ei
sa maraisne, Jeanne Feydil, femme a feu W^ Blaize Duroy, procureur
d office de Coussac. A esi6 baplizée a Coussac, environt trois heares appre>
midy, le mesme jour, dans la maison ou demeure M'* Léonard Dedinla-
porle (?), greflier, mon beau frère; le baptesme a eslé fait par Hessire
Michel Dupuy, p'^^ et vicaisre en la pi;esent paroisse.
Mort de lad. Jeane. — Le lendemain decedat lad. Jeanne Bargaet,
environt six heares de malin; et a esté ensepvelie enriront vers ;?^
midi (?).
NatalUse de BlaUe Duburguet. — Le 49° jour du mois d'aoust 1834,
environt deux heures avant jour, est né Blaize du Burguet, aud. M'* Fran-
çois Burguet et à lad. Louize Duroy. A esté baptizé le dimanche, 3 novem-
bre 16âi, appres vcspres. A esté lenu par M" Jean Duroy, pbtre^ pour
M"' Biaise Roy, proccureur d'office, père a lad. Louize; a eslé sa maraisne
Anne Guilhoumaud, femme de M''^ Uosialhet (?), lieutenant de la présente
jurisdiciion.
Malgré la date des événements auxquels se rapportent ces men-
tions, il est hors de doute qu'elles n'ont été écrites que vers 1686
par l'auteur de notre registre et le fait seul de l'intercalation de la
note relative au décès de François du Burguet, survenu en 1670,
au milieu de mémentos concernant des événements de cinquante
années antérieurs, suffirait à le prouver.
Sur le dernier feuillet du registre et le feuillet de garde qui le
suit, on trouve inscrites une série de notes concernant une autre
génération.
Natalité de mes enfans.
Du 18 jano. 1687, — Premièrement, est née Leonarde Burguet, ce
18 janvier 1687, environt neuf heures du matin. A estée bapliséc le 33 du
dil mois : a esté son parin Messire Jean Maillard, mon oncle, prestre,
docleur en iheologie, grand archidiacre de Limoges et grand vicaire el
officiai de Tulle (I), qui, ne pouvant venir, commit Messire Pierre Mail-
lard, curé d^Orgnact en sa place; a esté sa marine damoizelle Leonarde Guay,
ma mère. A esté baplizée par Messire Esticnne Chassaigne, curé de
Coussact.
Le segond du mois d'aoril 1690^ est née Anne Burguet, environ deax
heures après minuit; a eslé baplizée par le s^ Bouly, vicaire de Coussacl;
(1) U eit assez singulier de trouver ud «rckidiacre de Limoges remplissant les fooctioni
d'official dans un autre diocèse.
LIVRE DOMESTIQUE OK LA FAUlLLb DU BURGUET DE CIIAUFPAILLES. 4l7
a eslé son parin M"*» François îmberl, mon beau frère, procureur d'oflicc,
et sa marene d>^' Anne de La Jouberlie, ma bclle-sœur.
Du 7 septembre 1691. — Esl née Jean Burguel, mon fils, ei de ma
femme susnommée ; a eslé sa marine Jeanne de La Jouberlie^ ma belle-
sœur, el parrin Jean Burguet, mon frère; — que ma femme a failly a
mourir après ces couches, d'une maladie peu après qui s'en est ensuivie.
Du 16 nooembre 1692, — Est née au point du jour Jane (?) Burguel,
nostre fille, el a esté bablisée le mesme jour; mon frère el ma beilc-sœur
la jeune Pont portée sur les fons de baptesme.
Du 4 janoler 1692, — Anne Burguet, nostre fille, est morte et a eslé
encevelie dans nos tumbeaux, devant Noslre Dame, le lendemain.
Du 20 janvier 1691. — Est né nostre petit, qui a eslé babtisé ; et a eslé
parin le s' de La Ruas (?) ei marine ma sœur Dupré (?). A vécu huit jours
après, il a esté enterré dans nos tumbeaux.
I>u 30 décembre 1695. — Est né noslre petit, et a esté babtizé; a eslé
son parini M' le marquis de Bonneval, qui s'estoit treuvé ici a cause du
desordre arrivé (?) dans.... M' le marquis le fils (?).
Du 9 feb, 1697, — E«t née nostre petite; a esté baptizée ; et a esté sou
parin mon beau-frere Dupuy, de Segur (?), et sa marine ma sœur de la
Regodie.
Du 14 feb, 1697. — Mon frère esl parly de Limoges pour Bourdeaux,
ou il est aie prendre l'aby de chartreux, après avoir esté fay prestre despuis
la Noël dernière.
Mon frère est mort a Chaufaille le â7 avril 1700. Il luy a paru a son
agonie un spectre qui n'a paru qu'une fois, el il est mort, disans et decla-
rans que ce spectre ne pareislroit plus cl qu*il voyoit continuellement son
bon ange qui l'assairoit qu'il esloit sauvé.
Du 15 (?) aoust 1702. — Leonarde Burguet, ma fille, a pris Thabit de
religieuse dans le couvent de Sainte-Glaire de Saint-Yrieix. Je luy ay cons-
lilué, de mon chef, 1,500 1., et ma femme 900 1., payables en quatre pactes
égaux, la somme de 2,000 1. de chacun 500 1. [sic). Le premier payement
un ans après sa profession et le toules les années 500 1. Pour les
400 l. de l'équipage (?) avons payé 200 I. par contract receu Theuret (?), n'«
royal, et j'ay payer 900 1. a la profession.
Elle a fail profession le 8 septembre 1703.
On a remarqué plus haut la curieuse meation relative aux appa-
ritions qui ont signalé l'agonie du chartreux. C'est la seule note de
ce genre que nous ayons rencontrée dans les livres domestiques de
notre province.
Louis GUIBERT.
DOCUMENTS DIVERS
Abomination par Marie Stuard, reine dotiarière de France, d'un
notaire à Brigueil-l'Aisné (4 janvier 1571).
« Marie, par la grâce de Dieu Royne d'Escosse, douairière de
France, duchesse de Touraine, comtesse de Poictou et de Chaul-
mont en Bassigny, dame d'Espernay et de Saincte Manehould, à
tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Salut. Scavoir faisons
que pour le bon rapport qui faict nous a esté de la personne de
nostre cher et bien amé Jehan de La Jarrodie et de ses sens, suffi-
sance, loyauUé, prudhommie, expérience et bonne diligence, a ice-
luy pour ces causes et aultres ad ce nous mouvans, avons, en vertu
du pouvoir à nous donné par le Roy nostre très cher sire et frère
de proveoir à tous les offices ordinaires de ce pais, terres et sei-
gneuries à;nous baillez et délaissez par ledit sire pour rassinal(?)de
nostre douaire et nommer aux extraordinaires quand vacation y
eschet, donne et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes
l'office de notaire royal au bourg de Brigueil TAsné, sénéchaulcée
de Monlmorillon en Poictou, que naguères souloit tenir et exercer
feu M** Denis Panis, dernier paisible possesseur d'iceluy, vacant à
présent par son Irespas pour ledit office avoir, tenir et doresnavanl
exercer et en jouyr et user par ledit de La Jarrodie aux honneurs,
auctoritez, prérogatives, prééminences, franchises, libertez, droiclz,
prousfitz, revenuz et émolumens accoustumez et qui y appartien-
nent, tout ainsy et par la forme et manière qu'en a jouy et usé le
dict defunct Panis tant qu'il nous plaira, à la charge de vivre calho-
licquemenls, selon nostre ancienne religion calholicque, apostolic-
que et romaine, et non aultrement. Si donnons en mandement par
ces dictes présentes au sénéchal dud. Montmorillon ou son lieute-
DOCOIIBNTS DIVBRS. 419
nant qu'après qu'il luy sera apparu des bonnes vie, mœurs et
religion catholicque, apostolicque et romaine dud. Jehan de La
Jarrodie et de luy prins et receu le serment en tel cas requis et
accoustumé, il le mette et institue ou face mettre et instituer de par
Nous en possession et saisine dud. office et d'iceluy, ensemble des
honneurs, auctoritez, prérogatives, prééminences, franchises,
libertés, droictz, prousfltz, revenus et émolumens dessusd., le face,
soùsfre et laisse jouyr et user plainement et paisiblement, et à luy
obéir et entendre de tous ceulx et ainsy qu'il appartiendra es cho-
ses touchans et concernans led. office; oste et déboute d'iceluy
tout autre illicite détenteur non ayant sur ce noz lettres de don et
provision précédentes es date des présentes, car tel est nostre plai-
sir. En tesmoing de ce nous avons faict mettre notre scel à ces d.
présentes. Donné à Paris le un"" jour du mois de janvier, Tan de
grâce mil cinq cens soixante et unze ».
Sur le repli : « Par la Royne d'Escosse, douairière de France, à
la relation de son conseil,
Lenfant. »
Le sceau, très bien conservé, de cette pièce sur parchemin, est en
cire rouge et retenu par des bandelettes également en parchemin.
Il est aux armes mi-parti de France, mi-parti d'Ecosse, entourées
de cette exergue :
MARIA D. GRATIA SCOTORVM REGINA ET FRANCIE DOTATA
Le contre-sceau, aux mêmes armes, est de plus petite dimension.
Sur le revers du parchemin on lit : « Le titre de l'office du pré-
sent a été distrait de?... de la ville de Brigueil, ressort de Poictou,
du 11 janvier 1561 ».
(Communication de M. A. Barbier, de Poitiers).
LETTRES DU ROI LOUIS XIII ET DE LA REINE RÉGENTE
AU PRÉSIDIAL DE LIMOGES.
fjettre du roi Louis XTÏI au présidial de Limoges,
De par le Roy,
Nos amés et féaux, nous avons eu contentement de veoir par
vos lettres l'obéissance que vous avez rendue au commandement
4i0 SOCIKTF. ARCIléOLOGtQUE Ef QtSTOniQUK DU LIMOUSIN.
que notts vous avions fait de ne vous trouvef à la cérémonie dê>
obsèques et funérailles du feu Roy, notre très honnoré seigneur
cl Père, que Dieu absolve, pour éviter le désordre qui eust pa
arriver à cause de la contention qui estoit entre vous et les tréso-
riers généraux de France de Limoges, pour la préséance des raniiN.
Vous ne debvez entrer en aucune apréhention que le respeel qUi*
vous avez rendu en cela à nosd' commandemens vous puisse en
rien prêjudicier, notre intention estant que vous demeuriez les uns
et les autres aux mesmes termes et droiclz que vous les prétendiez
avoir auparavant lad. cérémonie. Nous avons au reste toute satis-
faction de la procédure qui a esté tenue en ce faict de votre part,
sachant bien que vous ne vous estiez préparé dW aporler aucune
violence. Mais aussi il vous doibl suffire de la bonne opinion qui
nous en demeure, sans vous altérer davantage les uns contre ie^^
autres, désirans que vous viviez ensemble en bonne union et con-
corde, vous exhortans d'en donner tout bon exemple, en sorte que
nous ayons toujours nouvelle occasion de vous louer de vos boo^
comportemens. Donné à Paris, le xni' jour d'aoust 1610.
Louis, et plus bas : Phélypkaix.
Lettre de la Reine, mère de Louis XHI, au ménie présidial.
Messieurs, j'ay veu par vos lettres, et entendu par vos députez
l'obéyssance que vous avez rendue au commandement qui vous avoit
esté faict par le Roy, Monsieur mon fdz, de ne vous trouver à la
cérémonie des obsèques et funérailles du feu Roy mon seigneur,
à cause de la contention qui estait entre vous et les trésoriers de
France pour la prescéance. Vous ne debvez croire que le respect
que vous avez aporlé en cela puisse prêjudicier en aucune faç^n à
vos droictz et prétentions, pour lesquels le Roy mond. sieur etfilz,
veut que vous demeuriez tous aux mesmes fermes et droiclz où
vous estiez auparavant icelle. Je vous asseureray au reste que j'ay
tout contentement de la procédure qui y a esté tenue de votre part,
estant bien avertie que vous n'aviez faict aucune assemblée de
gens sur cette occasion, comme aussy n'y avois-je aporlé aucune
créance. Continuez à bien et fidèlement servir le Roy mond. sieur
et fllz, et faictes que vos prétentions n'altèrent point la bonne
union et intelligence qui doibl estre entre vous et lesd. trésoriers de
France pour son service, vous admonnestant d'y aporter toiyours
la prudence et discrétion qui y est requise, comme vous avez faict
DOCUMENTS DIVERS. 4M
jusqoc à présent. Sur ce, je prie Dieu, Messieurs, qu'il vous ait en
sa sainte garde. Escript à Paris, ce xni'' jour d'aoust 1610.
Signé : Marie, et plus bas : Phélypeaux (1).
(Communication de M. Tabbc Lccler).
EDIT DU ROY
Portant création d'une élection et bureau de recette des tailles en la
rille de ConfoUans, pour estre du ressort de la généralité de Poi-
tiers, Donné à Marly, au mois de juillet i7i4.
Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous
présens et à venir, salut.
I/incommodité que souffrent nos sujets taillables par Féloigne-
raenl du lieu où ils sont obligi^'s de porter les deniers de nos tailles
et d'aller plaider sur les différons qui surviennent au sujet de la
levée des dites tailles et autres impositions, nous a engagé, aussi
bien que nos prédécesseurs, lorsque nous en avons eu connais-
sance, à faire de nouveaux élablissemenls de sièges d'élections,
dans une distance assez proche pour que nos dits sujets puissent,
avec plus de facilité et moins de dépense, porter les deniers de
nos lailles, et poursuivre leurs procès pour raison des impositions
faites sur eux
A ces causes et autres, à ce nous mouvans, de Tavis de nostre
conseil et de nostre certaine science, pleine puissance et authorité
royale, nous avons par le présent édit perpétuel et irrévocable,
créé, érigé et établi, /.réons, érigeons et établissons dans la dite
ville de Confollans, un corps et siège d'élection et un bureau de
recette de nos tailles en chef, lesquels seront à l'avenir de la géné-
ralité de Poitiers et du ressort de notre cour des aydes de Paris,
sans qu'ils puissent cy-après en estre distraits sous quelque pré-
texte que ce soit ; et pour composer le ressort de la dite élection et
bureau de recette, nous avons distrait et désuni des élections voi-
ci) L'original de ces deux lettres était conservé chez M. de l'Epine
(Lkcros, mil msSf III, 307).
4fl SOCIÉTÉ AilCHROLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
sines les parroisses qui ensuivent, sçavoir : de Yélectian éfAngou-
lestne, la ville, fauxbourgs et parroisses de GonfoUans, qui sera le
chef-lieu de ladite nouvelle élection; — de Sélection dePoitierSy les
villes et parroisses de S* Vincent en S* Germain, Lessac, Negral,
Brillac, S' Quentin, Abzac, Oradour-Fanois, Gharopeaux, Availles,
Brigueiiil Tainé, le canton de Montreuil, enclave du dit Brigueûil,
Nohic, Bussière, S* Christophe, Montrollel, Mazières, l^Iillac, L«-
chapt, Asnières, Pressac, Morleoiart, Montrol-Sénart, Le Vigean,
risle-Jourdin, Pleuville, Rochechouard, Biennac, Vidais, S* Ger-
vais, Les Salles, Ghaillac, les villages de S' Pierre et S* Jonien,
enclaves de Ghaillac, Benest, Vairs quartier. S' Mathieu, S* Ba-
zery, Maisonnais, Ghéronnac, Javerdac, Le Bouchage, Blond,
Vaury et Fraize, Breuilhaufa, S'Marlin de Jussac, Oradour sar
Vairs, Gussac, Millaguet, Pansoubs, Manal, S* Gir, S^ Auvenl,
Gliampagnac, Boubon, S* Victurnien, Oradour sur Glanne, S* Lau-
rent sur Gorre, Gognac et Montbrun; — et de l'élection de Niort.
les parroisses d'AUoûe, S* Laurent de Sery, La Péruse, S* Gonslant,
Champagne Mouton, le Grand Madieu, le Petit Madicu, Parsac et
Ghassier.
Toutes lesquelles parroisses ci-dessus nommées au nombre de
soixante-huit, nous avons unies et incorporées, unissons et incor-
porons au dit siège d'élection et bureau de la recette des tailles de
la dite ville de GonfoUans
Gréons et érigeons en titre d'office, à titre de survivance, un
nostre conseiller président, un noslre conseiller lieutenant civil,
un nostre conseiller lieutenant criminel, •vérificateur des rolles des
tailles, un nostre conseiller élu assesseur, un nostre conseiller élu
garde scel, quatre nostres conseillers élus, un nostre conseiller élu
controlleur des tailles, un nostre conseiller procureur du roy, un
nostre conseiller avocat du roy, deux substituts, un greffier, deux
nos conseillers receveurs des tailles et des deniers communs et
d'octroys, ancien et mytriennal, alternatif et mytriennal
A tous lesquels officiers nous avons attribué et attribuons les
mêmes juridictions, honneurs, autoritez, prérogatives, privilèges
et exemptions, remises, franchises, libériez et généralement tous
autres droits, fonctions et exercices, dont jouissent, aux termes de^
règlements, les pourvêus de semblables offices dans les autres
élections de nostre royaume, sans aucune distinction ni différence,
encore que le tout ne soit icy plus particulièrement exprimé. Per-
mettons aux officiers de la dite élection de réunir à leur corps, ?i
DOCUMENTS DIVERS. iâ3
bon leur semble, l'office de lieutenant criminel vérificateur des
rolles et celui d'élu conlroUeur des tailles, pour en jouir ensemble
des gages, taxations et attributions y attachées, conformément à
leurs édits de création, et ce sur les simples quittances de finances
qui leur seront expédiées, sans qu'ils soient obligez de prendre des
provisions des dits deux offices, dont nous les avons dispensé et
dispensons; leur permettons pareillement de les désunir et en dis-
poser dans la suite ainsi qu'ils aviseront; leur avons en outre
attribué et attribuons pour un quartier de gages effectifs, sçavoir :
au président quatre cens cinquante livres; au lieutenant civil trois
cens cinquante livres ; au lieutenant criminel vérificateur des rolles
des tailles cent cinquante livres, outre les six deniers pour cote,
attribuez au dit office ; à l'assesseur deux cens cinquante livres ; à
relu garde scel deux cens livres ; à chacun des quatre autres élus
deux cens livres ; à l'élu controlleur des tailles deux cens livres,
outre les taxations d'un denier pour livre du montant de la taille ;
au procureur du roy deux cens livres; à l'avocat du roy deux cens
livres; au substitut des dits procureur et avocat du roy cent livres;
au greffier et aux deux receveurs des tailles et deniers communs et
d'octroys à chacun mille livres, outre la somme de deux cens livres
que nous avons aussi attribué et attribuons au receveur en exer-
cice pour son droit d'exercice. Tous lesquels gages seront payez
chaque année aux pourvëus des dits offices, sans aucune diminu-
tion ni retranchement, par celuy des dits receveurs des tailles qui
sera en exercice, et en attendant la vente des dits offices à celuy
qui sera par nous chargé du recouvrement de la finance qui pro-
viendra de l'exécution du présent édit, à l'effet de quoy en sera fait
fonds dans Testât de nos finances de la généralité de Poitiers à
commencer du premier d'aoust de la présente année.
Voulons que ceux qui seront pourvëus des dits offices en jouis-
sent à titre de survivance, conformément à nostre édit du mois de
décembre i709, sans néanmoins qu'il soient tenus de nous payer
aucune finance pour raison de ce, pour la première fois seulement;
les dispensons pareillement d'acquérir leur part des nouvelles
taxations créées par nostre édit du mois d'octobre 1713. Et attendu
la finance qui nous sera payée par les pourvëus des offices de rece-
veurs des tailles, deniers communs et d'octroys, nous les avons
dispensez et dispensons par le présent édit de donner caution ni
cerlificateur, sans qu'à l'avenir ils puissent être taxez pour raison
de la dite dispense; pourront aussi les dits deux offices de rece-
veurs des tailles, estre possédez par un seul et môme titulaire,
sans auôune incompatibilité ny qu'il soit besoin d'obtenir nos let-
tres, ny de payer pour raison de ce aucune finance; faisons deffen-
424 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGlQUR ET U1ST0RIQUE DU LIMOUSIN
ses aux collecteurs et habitans de toutes les parroisses cy-dessns
distraites de porter les deniers de nos tailles et autres imposilioDs,
et de plaider pour raison des dites tailles et des droits d'aydes, en
autres élections qu'en celle de Confollans, et aux officiers des élec-
tions de Poitiers, Angoulesme et Niort de faire aucunes poursuites
ni connaistre des affaires concernant les dites paroisses distraites
de leur ressort, à peine de nullité et cassation des procédures et
jugemens, et de répondre en leurs noms des dépens, dommages et
intérêts des parties, sauf à estre par nous pourveû au dédommage-
ment qu'il conviendra faire tant aux officiers des dites élections de
Poitiers, Angoulesme et Niort, qu'aux receveurs des tailles des
dites trois élections pour raison du dénombrement et dislracliou
des dites parroisses, suivant la liquidation qui en sera faite en nostre
conseil.
Nous avons pareillement créé et érigé, créons et érigeons en litre
d'offices formez, quatre procureurs postulans et deux huissiers
audianciers, pour, par les pourveiis des dits offices, en jouir
au niesme titre de survivance et aux droits, fonctions et préroga-
tives dont jouissent les pourveûs de pareils offices dans les autres
élections, mesme les dits procureurs du droit de postuler dans la
justice ordinaire du dit Confollans. Permettons aux particuliers
qui voudront acquérir les dits offices d'emprunter les sommes dont
ils auront besoin et d'affecter pour seûreté des dits emprunts le5
dits offices, gages, taxations et droits y attribuez sur lesquels ceux
qui leur auront preste leurs deniers auront privilège spécial; à
l'effet de quoy mention en sera faite dans les quittances du rece-
veur des revenus casucls; et pour donner un arrondissement con-
venable aux élections de Poitiers et Gh&tellerault, nous avons
désuni et désunissons de la dite élection de Chàtellerault les
parroisses de Bonneuil-Matours, Bellefonds, S' Léger et S* Cyr, qui
se trouvent enclavées dans les parroisses de l'élection de Poitiers,
et les avons réunies et incorporées, réunissons et incorporons à la
dite élection de Poitiers, pour estre à l'avenir de son ressort et
bureau de recette de la dite élection; comme aussi nous avons dé-
suni et désunissons de ladite élection de Poitiers les parroisses de
Lcsigny, autrement dit le port de Lusignan avec ses enclaves et la
parroisse de La Rocheamenon, qui se trouvent aussi enclavées fort
avant dans l'éleclion de Chàtellerault, lesquelles nous avons pareil-
lement réunies et incorporées, réunissons et incorporons à l'élec-
tion de Chàtellerault, pour estre à l'avenir du ressort et bureau de
recette de la dite élection.
Si, donnons en mandement, etc
DOCUMENTS DIVERS. 425
Donné à Marly» au mois de juillet, l'an de grâce rail sept cent
quatorze et de nostre règne le soixante douzième.
Signé : Louis.
Par le Roy y Signé : Voysin.
Vëu au conseil : signé Desmàretz, et scellé du grand sceau en
cire verte en lacs de soye rouge et verte.
Registre, etc....
(Communiqué par M. G. Touyéras^i.
CONFIRMATION DES PRIVILÈGES DE L'ORDRE
DE GRANDMONT (1716) (1).
Lettres patentes du Roy et arrests d'enregistrement au Parlement,
chambre des comptes et cour des aydes.
Obtenues? par dom René-François-Pierre de La GuérinièrCy abbé de
Grandmonty chef et supérieur général de tout l'ordre de Grandmont,
Portant? confirmation générale de tous les privilèges de l'ordre
de Grandmonty en faveur de l'abbaye et des prieurez du dit ordre.
LOUIS, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à
tous présens et à venir, Salut. Les feus rois nos prédécesseurs au-
roient, par plusieurs lettres patentes, accordé à nos chers et bien
araez les religieux, abbé, prieur et couvent du monastère de Grand-
mont, au diocèse de Limoges, chef du dit ordre, et à tous prieurs,
religieux des monastères et membres dépendans du dit ordre, et
leurs hommes, plusieurs privilèges, franchises, libertez et immuni-
tez, contenues aux lettres ci-attachées sous le contre-scel de nostre
chancellerie, desquels ils auroient paisiblement joui et usé jusqu'à
présent; mais comme ils appréhendent d'y estre troublés à l'avenir,
pour n'avoir, despuis et à cause de nostre avènement à la cou-
(0 Peut-être Limoges n'a-t-il ni gd original ni en (copie les lettres
octroyées en I7t6 par Louis XV à Tordre de Grandmont, pour la confirma-
tion de ses privilèges et franchises. S'il en est ainsi, je suis heureux de
les lui communiquer, d'après une copie qu'il était grand temps de tirer
des greniers. Elle vient de Tancien prieuré de Ghargnac, paroisse de
Louignac, au canton d'Ayen (Corrèze).
T. xxxvm. 98
426 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQDK ET HI8T0E1QUP. DO LIMODSIR.
ronne, obtenu nos lettres de confirmation sur ce nécessaires, i)>
nous ont très humblement fait supplier et requérir les leurrouloir
confirmer.
A CES CAUSES, désirant, à Timitation des dits feus roys, nos prê>
décesseurs d'heureuse mémoire, pour les mesmes considéraliona
portées par les dites lettres, gratifier et favorablement traiter le?
dits cxposans, de Tavis de noslre très cher et très amé cousin le
duc d'Orléans, régent; de nostre 1res cher et très amé cousin le
duc de Bourbon ; de nostre très cher et très amé oncle le duc du
Maine; de nostre très cher et très amé oncle le comte de Toulouse,
et autres pairs de France, grands et notables personnages de no^
tre royaume, et de notre grâce spéciale, pleine puissance et auto-
rité royalle, Nous avons continué et confirmé, continuons et con-
firmons par ces présentes, signées de nostre main, les dits privilè-
ges portez aux dites lettres patentes accordées au dit ordre par nos
dits prédécesseurs rois, pour en jouir par eux avec leurs hommes et
leurs successeurs, ainsi qu'il est porté par les dites lettres, comme
ils en ont bien et dhuement joui et usé, sans que cy-après ils y soient
troublez ny empêchez pour quelque cause et occasion que ce soit,
pourvu qu ils n'ayent esté cy-devaut révoquez. Sy do?ï.>'oxs es man-
dement à nos amez et féaux conseillers les gens tenant nos cours
de parlement, chambre des comptes, cour des aydes de Paris et
autres nos cours supérieures de nostre royaume, trésoriers de
France des généralités de nostre dit royaume et à tous baillifs,
sénéchaux ou leurs lieulenans, élus sur le fait de nos aydes et tail-
les, et à tous nos autres justiciers et officiers qu'il appartiendra,
chacun en droit soy, que ces présentes nos lettres de continuation
et confirmation des dits privilèges, franchises, immunilez el
exemptions ils ayent à enregistrer et de leur contenu ils fassent,
souffrent et laissent jouir et user pleinement et paisiblement el
perpétuellement les dits exposans, avec leurs hommes et leurs
successeurs, sans en ce leur faire mettre ou donner ny souffrir
leur être fait, mis ou donné aucun trouble ou empêchement au
contraire : lesquels sy faits, mis ou donnez leur étoienl, cessez ou
faites cesser; el à ce faire, souffrir et obéyr, contraignez et faites
contraindre tous ceux qu'il appartiendra par toutes voyes dues et
raisonnables, nonobstant quelconques ordonnances, mandemens,
restrictions, défenses et lettres à ce contraires, auxquelles el à la
dérogatoire des dérogatoires nous avons dérogé et dérogeons par
ces présentes, pourvu, ainsy qu'il est dit ci-dessus, qu'ils n'ayent
été révoquez ou que, par nos édits, déclarations et arrests de nos-
tre Conseil, il n'ait été ordonné chose contraire, sauf nostre droit
en autre chose et Tautrui en tout, car tel est nostre plaisir. Afin
DOCUMENTS DIVKRS. 437
que ce soit chose ferme el stable à toujours, nous avons fait mettre
notre scel à ces dites présentes. — Données à Paris, au mois d'oc-
tobre Tan de grâce mil sept cens seize et de nostre règne le
deuxième. — Stg^w^ : LOUtS, et sur le reply : Par le Roy, le duc
d'Orléans, régent, présent. Signé : Phelipeaux, et à côté : Visa,
Votsln; pour la confirmation des privilèges aux religieux de
l'ordre de Grandmont, signé : Phelipeaux; et au dedans du reply :
Vu au Conseil, Rouillé, et scellé du grand sceau de cire verte, en
lacs de soye rouge et verte.
Registrées, ouy le procureur général du Roy, pour jouir par les
impétrans de V effet et contenu en ieelles, ainsy qu'ils en ont ci-devant
bien et dhuement jouy et usé, jouissent et usent encore à présent,
suivant Varrest de ce jour. A Paris, en Parlement, le vingt-deux
janvier mil sept cent dix-sept. Signé : Dongois.
Registrées en la chambre des comptes, ouy le procureur général
du Roy, pour être exécutées selon leurs forme et teneur, et jouir par
les impétrans de l'effet et contenu en icelles, ainsy qu'ils en ont bien
et dhuement joui par le passé et jouissent encore présentement. A
Paris, le huitiesme mars mille sept cent dix-sept. Signé : Noblet.
Registrées en la Cour des aydes, ouy le procureur général du Roy,
pour être exécutées selon leur forme et teneur, et jouir par les im-
pétrans de Veffet y contenu, ainsy qu'ils ont bien et duement jouy,
usé et jouissent encore, à la charge de n'en point abuser, à peine de
déchéance. A Paris, le 23 décembre 17 i 6. Signé : Olivier.
Collationné à l'original par nous, conseiller secrétaire du Roy et
maison couronne de France et de ses finances.
(Communication de M. l'abbé Poulbrière).
FOUILLES EXÉCUTÉES
au cours des années 1889-90, sur divers points
du canton d'Oradour-sur-Vayres (Haute- Vienne)
I. — TUMULI DE LA ROUTE DE ChaLUS.
Grâce à la subvenlion que la Société arcliéologique a biea voulu
m'accorder, j'ai pu faire fouiller, en 1889, par des ouvriers inlelli-
genls, les lumuli qui m'étaient connus dans le canton d'Oradour-
sur-Vayres, et les détails que je donne ci-dessous sur ces fouilles
pourront servir de comparaison avec celles du même genre opé-
rées antérieurement, ainsi qu'avec celles à venir.
Avant d'aborder les détails en question, je ferai remarquer que
la route qui conduit d'Oradour à Ghâlus se trouve, pour ainsi dire,
assise sur la crête d'une chaîne de collines qui servent de partage
au bassin de la Gorre à gauche, et au bassin de la Tardoire à
droite. Les monuments funéraires ou mégalithiques que j'ai décou-
verts ou qui m'ont été signalés, sont tous situés à droite de cette
route, c'est-à-dire sur le versant de la Tardoire, de laquelle ils ne
sont éloignés que de quelques cents mètres et entre la route et la
voie ferrée de Bussière-Galant à Saillat.
Je ne parlerai que des monuments funéraires de l'époque pré-
historique, me réservant de continuer mes recherches sur les
mégalithes et les monuments de l'époque gallo-romaine dès que
les récoltes seront enlevées.
Le 19 avril 1889, j'ai déjà rendu compte des fouilles que j'ai
faites au tumulus qui se trouve situé à 200 mètres derrière la gare
d'Oradour, à 357 mètres au-dessus du niveau de la mer. J'y ai trouvé
épars sur le foyer, près de deux gros blocs de quartz blanc, des
FOUILLES EXÉCUTÉES DANS LE CANTON d"0RAD0UR-5UR-VAYRES. 4S9
morceaux de fer, des clous, des débris de poterie grossière, une
urne en terre brune, dont la forme et romementation dénotent un
goût artistique assez prononcé, des morceaux de bronze fortement
oxydés, des cendres, des ossements calcinés... Sa circonférence
était de 85 mètres et sa hauteur de i",10. Les fouilles que j'y ai
opérées de nouveau ont été sans résultats.
Le second tumulus, que j'ai fouillé le 2 août 1889, est éloigné du
premier d'environ 300 mètres et se trouve plus rapproché de la
roule, dont il est distant de 30 mètf'es environ. Il est à 900 mètres
d'Oradour. Sa circonférence est de 70 mètres; son diamètre de
20 mètres environ et sa hauteur de 80 centimètres. Il fait partie
d'un champ labouré qui était autrefois une châtaigneraie.
Après avoir creusé une tranchée de ^ mètre de largeur et être
arrivé au sol vierge, j'ai constaté les traces du foyer, mais je n'ai
pu recueillir que quelques débris de charbon de bois et d'osse-
ments, ce qui m'a laissé supposer tout d'abord que des fouilles
antérieures y avaient été pratiquées; toutefois un habitant des lieux
m'a raconté que, lorsqu'on avait planté la châtaigneraie, on avait
profité de l'élévation de la « motte » pour y placer un arbre qui
devait dominer les autres. Lorsqu'on a arraché le bois, un demi-
siècle plus tard, les racines ayant poussé profondément, force a
été de mettre sens dessus dessous le foyer, les poteries, en un
mot tout ce que contenait le tumulus. Personne n'a songé à recueil-
lir le moindre objet et tout a été jeté au vent.
Plus récemment, j'ai pratiqué les fouilles du troisième tumulus,
situé à 2 kilomètres 400 mètres d'Oradour, au lieu dit La Ghenin,
sur le bord de la môme route. Sa circonférence est d'environ
48 mètres et son diamètre moyen de 15 mètres. Il a été aplani,
comme les deux autres, pour les besoins de l'agriculture, et à
90 centimètres, j'ai trouvé le foyer qui contenait des cendres et des
ossements calcinés, dont deux morceaux de fémur. J'ai pu recon-
naître aussi quelques morceaux de grosse poterie très fragmentés;
enfin, au milieu de la terre rejetée par les ouvriers j'ai trouvé un
grattoir concave en silex rose, une pointe mouslérienne ou perçoir
en silex gris, et quelques éclats de silex noir. De plus, à quelques
mètres de là, dans une terre labourée, j'ai ramassé un instrument
en silex gris à larges lames, paraissant être un couteau de l'épo-
que de la Madeleine.
On peut conclure de cette énumération que ces tumuli ont été
élevés pour honorer la mémoire de personnages dont les corps
ont été incinérés et que le premier de ces monuments funéraires,
en tout semblable comme mobilier à celui qui a été fouillé un peu
plus loin, sur la môme route, par M. Masfrand, de Rochcchouart,
430 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUIf. ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
le 3 avril 1889, appartient à Tépôque hallstadtienne (fin da bronze
et commencement du fer).
Il est permis, en outre, de supposer que ces tumuli, comme ceux
de la forêt de RochecUouart, datent du vi* ou du vu* siècle avant
l'ère chrétienne.
Je joins à la présente communication un plan des monument-^
du canton d'Oradour, ainsi que les dessins des objets recueillis
dans les tumuli.
II. — TUMULUS D'ORADOLR-SUR-VAYRES.
Ce tumulus est situé à 700 mètres d'Oradour-sur-Vayres, et à
environ 200 mètres derrière la gare de cette localité, à gauche de
la route qui conduit à Ghampagnac.
Le champ où il a été dressé se nomme « Le champ des Mottes •>.
Il est sur une hauteur d'où la vue découvre un vaste p.anorama,
et appartient à M. Guimbelot, conseiller général de Rochechouart,
qui a bien voulu m'autoriser à y opérer des fouilles.
Oradour se trouve au nord-ouest, et le village de^Fouçeras au
sud, et à peu de distance.
Le 19 avril courant, je me suis donc rendu dans le « Champ des
Motlcs » et j'ai constaté que le tumulus avait été aplani, pour
les besoins de l'agriculture . La terre a été rejetée de tous côtés,
et le labourage a continué Tœuvre de destruction. Il est donc im-
possible de déterminer ses dimensions, mais on m*a dit qu'il était
très élevé autrefois. Il a actuellement 88 mètres de circonférence
à la base et 1 mètre 10 centimètres de hauteur. Il repose sur un
sol argileux.
Après avoir fait pratiquer une tranchée de l^.SO de largeur, j'ai
trouvé le centre du foyer, qui doit s'étendre à plusieurs mètres,
et au milieu des cendres et des ossements calcinés, deux blocs de
quartz, plusieurs morceaux d'un grand vase, une urne, une cer-
taine quantité de clous, lin anneau, des débris d'ornements ou
d'armes en fer, des traces d'oxyde de cuivre ou d'argent, enfin, un
morceau du fond d'un vase épais, le tout souillé de cendres et de
charbon.
Voici la description des objets que j'ai examinés ou recueillis,
et qui formaient le mobilier funéraire, à une profondeur de
1 mètre 10 cent.
1** Les blocs de quartz. — Ils sont blancs et ont chacun environ
80 centimètres de largeur et 40 centimètres de longueur. Le feu les
a rougis et noircis par endroits;
FOUILLES EXÉCUTÉES DAN> LE CANTON d'ORADOUR-SUA-VAYRES. 431
2° Le grand vase, — J'en possède le fond en entier, qui a 23 cen-
timètres de diamètre, elles débris que j'ai réunis me permettent
d'en fixer les dimensions à peu près comme suit : hauteur, 25 cen-
limètres; plus grand diamètre, 25 centimètres. Il est en poterie
rouge et ordinaire, semblable à de la brique. Son épaisseur est de
i centimètre. Le feu en a noirci l'intérieur, et des morceaux de
charbon y adhérent encore. Il se trouvait placé à gauche des blocs
lie quartz, à environ 50 centimètres. Ce devait être un dolium ou
une cruche.
3° L'urne, — C'est la pièce qui m'a paru la plus intéressante
(le la découverte. La pression de terres l'a écrasée, et c'est par
fragments, avec précaution, que je l'ai exhumée. Je Tai reconsti-
tuée, et il n'en manque que quelques petits morceaux. Elle a
li centimètres de hauteur, 16 centimètres de diamètre à la panse,
et le bord a 10 centimètres de diamètre. C'est un joli vase en
poterie rouge et fme de 3 millimètres d'épaisseur. Un léger vernis
noir le recouvre intérieurement et extérieurement, et de plus l'ex-
térieur est sillonné de lignes grises et lustrées l'ornementant, et
paraissant avoir été faites au pinceau. Il se trouvait placé à droite
des blocs de quartz, à environ 80 centimètres et à lest. Il a dû
renfermer du \in ou un autre liquide dont la trace circulaire se voit
très distinctement à l'intérieur.
4** Les clous. — Ils sont en fer ou en bronze, mais plutôt en fer.
Une couche de rouille mêlée de grains de quartz ou d'argile les
recouvre. Répandus un peu partout sur le foyer, ils ont 2 et 3 cen-
timètres de la tète à la pointe. Ne seraient-ce pas les restes d'un
coffret?
5* L'anneau. — Celui-ci, qui est recouvert, comme les clous,
d'une rouille épaisse, est en bronze et paraît bien travaillé. 11 a
14 centimètres de circonférence, et 12 centimètres seulement, si
on en déduit l'épaisseur de la rouille. Je ne serais pas éloigné de
croire que nous sommes en présence d'un bracelet d'enfant; mais
un morceau manque.
6* Les morceaux de fer. — Ils sont petits, peu nombreux et leur
forme ainsi que la rouille empêchent de les déterminer.
7** Les traces d'oxyde, — Elles consistent en un disque de patine
verte très friable, ayant environ 3 centimètres de diamètre, et en
plusieurs petites boules également en patine verte, qui peuvent
ôlre des perles.
8^ Le débris de vase. — Il est de même forme et de même pâle
que le « dolium », mais a appartenu à un vase de dimension
moins grande.
N'ayant pas mis à nu entièrement le foyer, il est probable.
43i SOCIÉTÉ ARCDÉOLOGIQUK KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
comme semble Tattester le débris du dernier vase, qae d'autres
objets se trouvent encore dans le tumulus. J'estime que des fouilles
nouvelles pourront y être pratiquées avec succès, et en attendant,
j'attribue la confection de ce tombeau à Fépoque romano-
gauloise.
J'ajouterai qu'une dépression considérable et circulaire du ter-
rain se remarque à 150 mètres du tumulus, ce qui permet de
supposer que la terre qui le compose a été prise en cet endroit.
Cette dépression se trouve au nord, et au sud, m'a-t-on affirmé,
se trouvait un autre tumulus, mais moins grand, à environ 80 mè-
tres de celui qui nous occupe, ce qui justifierait le nom de <« Champ
des Mottes ». II n'en existe aucune trace. De plus, toujours au sud,
se trouve un souterrain refuge, mis à jour par la tranchée du che-
min de fer, et j'ai cru reconnaître à peu de distance les restes d'un
autre tumulus. Il y avait donc à Oradour, dans les premiers siècle?
de notre ère, une station assez importante.
III. — Camp gaulois aux Chalards.
A quatre kilomètres et au sud-est d'Oradour-sur-Vayres, au-
delà des forges renommées de La Rivière, en se dirigeant vers
Châlus, on rencontre le village des Chalards (nom qui par contrac-
tion vient de châtelard, châtel ou petit château), qui se com-
pose de vingt feux, et qui compte de 60 à 65 habitants.
Sur le penchant d'une colline boisée, ce village, qui a encore
quelques vieilles habitations, n'offre rien de particulier en lui-
même. Sur le linteau efi granit de certaines portes, j'ai remarqué
des écussons en reUef, et j'ai relevé les dates de 1773 et 1785.
Les habitants de l'endroit rapportent qu'il existait autrefois un
château et même une chapelle, dont ils montrent encore le béni-
tier en granit, qui ressemble à un mortier de forme cylindrique,
mais peu profond.
A l'est, et séparé des maisons par quelques jardins seulement,
s'élève un ouvrage en terre, que les gens des Chalards disent avoir
été élevé lors des guerres anglo-françaises, et ils appuient leurs
dires sur cette particularité que du point culminant qui se trouve
près de ce tertre, on aperçoit Châlus, où Richard Cœur-de-Uon
trouva la mort en 1199. En effet, d'une coUine qui domine la con
trée à 359 mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui est en
quelque sorte la continuation de celle où est placé l'ouvrage, on
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FOUILLES KXKCUTBES DANS LE CANTON d'ORADOUR-SUR-VAYRES 433
aperçoit les tours de Châlus, et mérae les habitations de la ville
qui sont sur la hauteur.
Les recherches auxquelles je me suis livré permettent cependant
de supposer plutôt un retranchement de Tépoque gauloise qu*un
ouvrage du moyen-âge. Ce qui permet de baser mon opinion avec
certitude, c'est que, comme les camps retranchés de Tépoque
néolithique, celui des Chalards était attaquable d'un côté seule-
ment. Au nord et à Touest, les pentes raides de la colline défendent
le camp tout naturellement ; au sud et à Test a été élevé le retran-
chement, qui a 4 mètres de hauteur et 90 mètres de long. Sa lar-
geur au nord est de 15 mèlres : c'est son point terminus et où on
voit Tescarpement qui se prolonge sur une assez grande distance;
au sud, il contourne sur un parcours de âS à 30 mètres et sa trace
disparaît dans le village. A l'endroit où sa courbe est le plus pro-
noncée, sa largeur atteint 20 mètres, et en extrayant de la terre en
cet endroit les ouvriers ont trouvé du bois calciné. Du côté est du
retranchement et à ses pieds, un large fossé le suit sur toute sa
longueur; c'est de là que la terre qui le forme a été extraite.
Nos vieux ancêtres, comme on le voit, savaient bien tirer parti
des accidents naturels du terrain, pour s'abriter contre les coups
de l'ennemi, et dans le cas particulier, on remarque que le môme
travail a servi à mettre deux obstacles à la fois entre les envahis-
seurs et les habitants du camp, dans lequel je n'ai rien trouvé,
malgré mes recherches. En revanche, dans les champs avoisinants
et à l'est, j'ai recueilli une certaine quantité d'éclats de silex.
Enfin, le camp, qui n'a qu'une légère déclivité, a environ 2 ares
d'étendue. Des fouilles amèneront certainement, tôt ou tard, la
découverte de quelque objet intéressant, et dans tous les cas, je suis
heureux de pouvoir signaler aux archéologues la présence dans
notre contrée d'un ouvrage fortifié bien conservé et assez remar-
quable.
IV. — Station préhistorique de La « Jalade », commune de Cussac.
Pour faire suite à ma communication du 8 janvier 1890, j'ai la
satisfaction d'annoncer à la Société que mes recherches ont abouti
à la découverte de plusieurs stations préhistoriques, et que j'ai
recueilli assez de matériaux dans l'une d'elles pour pouvoir lui en
donner une description dès aujourd'hui, me réservant de l'entre-
tenir des autres dès que je les aurai suffisamment fouillées.
434 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGItillE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIX.
Celle, station, qu'un éclat de silex me fit découvrir un jour que
je me rendais à Cussac, et que je traversais un champ labouré, est
à droite de la route qui conduit d'Oradour-sur-Vayres à Cussac, à
2 kilomètres 500 mètres d'Oradour, et à une altitude de 300
mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Elle se trouve
située sur une colline du nom de « Jalade » (Jelade, étang gelé),
au pied de laquelle coule la Tardoire, qui alimente un étang endi-
gué, à Tusage d'une filature qui est également aux pieds de la
station. Tout autour, sont des coteaux plus élevés qu'elle, et qui
semblent l'abriter.
Parmi les centaines d'éclats de silex et de roches diverses que
j'y ai trouvés, on remarque quelques pièces intéressantes, dont
voici rénumération :
1 morceau de quartz hyalin, ou cristal de roche.
1 percuteur entier et deux brisés (silex).
i nucléus à longs sillons (silex).
1 pointe de flèche ébauchée (silex).
i pointe en silex noir.
1 outil avec encoche, ayant dû servir à graver l'os (quarlzile ou
grès).
9 grattoirs en silex et en quartz.
43 fragments de haches en silex.
La présence des haches polies nous indique que cette station
appartient à l'époque néolithique, el le percuteur ainsi que le
nucléus et les nombreux éclats de roches dures que j'y ai trouvés,
démontrent qu'il y avait à La Jalade un atelier important; aussi,
serait-il intéressant de retrouver le polissoir en silex ou en quartz,
qui certainement ne peut être éloigné de cet endroit, s'il n'a pas
été détruit.
V. — Station de La Bethoule, commune de Champagnac.
La Bethoule {Betula, bouleau) est située sur la route d'Oradour-
sur-Vayres à Châlus, à 3 kilomètres 500 mètres d'Oradour et à
une altitude de 360 mètres. Elle se compose d'une seule maison,
et les travaux exécutés pour sa fondation ont fait découvrir de
nombreux vestiges de l'occupation romaine. Les champs qui l'en-
vironnent forment plateau, et à gauche et à droite on aperçoit de
grands et beaux vallons formés par les rivières la Gorre et la
Tardoire. En face, et au midi, on voit le bourg de Champagnac et
plus loin le château de Brie, dont les tours blanches se détachent
du penchant de la colline, élevée et boisée.
FOUILLES KXÉCUTÉKS DANS I.R CANTON o'oRADÛUR-SOR-VAYRKS. 435
Le nommé Léonard, propriétaire et habitant de La Bethoule,
rapporte qu'en faisant les fondations de sa maison, il a trouvé, à
60 centimètres environ du niveau du sol, une sorte de mortier en
granit, mêlé de grains de quartz, que j'ai vu et dont j'ai pris le
croquis; ce mortier a 24 centimètres de diamètre et 12 centimètres
de hauteur. Un creux part du bord, toujours en s'accentuant, ot
n'atteint guère au centre que 3 centimètres. Cet objet me parait
avoir servi à moudre du grain.
Léonard a trouvé également des tuiles à rebords et à talons,
et en cherchant une carrière qui pût lui procurer la pierre néces-
saire à l'édification de son habitation, il a découvert dans son
champ un puits dont personne ne soupçonnait l'existence. Ce
puits a 22 pieds de profondeur, et l'eau qu'il renferme n'étant
jamais claire ne peut servir à l'alimentation.
Les nombreuses visites que j'ai faites à La Bethoule m'ont permis
de recueillir une quantité de tessons de poteries romaines, mais
grossière, une tuile à rebords et à talons presque entière, de
40 centimètres, ayant sur un côté trois rangs de demi-cercles, pa-
raissant faits à la main, ainsi qu'une quantité de débris de
briques semblables et ayant 2 centimètres 1/2 d'épaisseur. A noter
des tessons de poterie à ornements, une anse de vase en torsade et
un peson plat de tisserand, en terre cuite, de forme ronde.
Parmi les nombreux débris dont il s'agit, j'ai trouvé le talon
d'une hache néolithique en silex jaune, ainsi qu'une certaine
quantité d'éclats de silex de différentes nuances, ce qui démontre
que La Bethoule a été habitée par des peuplades gauloises avant
que les Romains y aient fait leur apparition. Derrière la maison de
Léonard, un champ, dont la terre est noire, recèle surtout des
débris de l'époque romaine, et l'attention des archéologues doit
être appelée par le puits découvert, qui pourrait bien contenir un
mobilier funéraire.
F. Vandermarcq.
MELANGES
Sommaire. — Jean Dorat. — Le cardinal de Sisleron. — M. de Canisy —
Aymard de Graae. — I e duc de Venladour. — Etienne de Grellel. —
La compélition ôpiscopale de 1415 à Limoges. — Les Grands-Jours de
4688. — Les haras de Nexon, des Cars et de Pompadour. — Documeols
sur le Limousin dans diverses publications récentes. — Le pèlerinage
de Roc-Amadour. — Le massif central de la France.
Une Ihèse de M. P. Robiquet, De Joannis Aurati poetœ regiivita
et latine scîiptis poematibus (Paris, i887), conlient en appendice
quelques poèmes inédits.
Le torae III des Rolls of Parlament reproduit, p. 826, les Peti-
tiones traditœ régi en 1379-80. On y trouve la mention du car-
dinal de Sisteron « neez du pays de Limosin, qu'est a présent a vous
rebelle ». Il s'agit du cardinal Renoul Gorse de Monteruc.
Les intéressants Mémoires de Tabbé Legendre, chanoine de
Notre-Dame de Paris à la fin du xvii« siècle et au commencement
du siècle suivant, renferment le curieux passage que voici :
« Canizy, déjà grand garçon [vers 1690], avoit de la piété, du
bon sens, de la politesse. Après avoir été évoque de Limoges, il a
survécu longtemps croyant toujours élre malade ».
Le manuscrit latin 2342 des « nouvelles acquisitions » de la
Bibliothèque nationale contient un acle original sur parchemin,
de 1368, dont voici l'analyse : vente faite par Aymard de Grane,
de la paroisse de Biennac, damoiseau de Rochechouarl, chanoine,
MéLANOBS. 437
f^ccrétaipe d'Urbain V, et originaire de Cussac dans la châtelleoie
de Rochechouart, de 4 livres 10 sols de rente, monnaie de Roche-
chouart, sur tous ses biens.
Dans Y Histoire des réfugiés hugrienots en Amérique, du D' Baird,
traduite en français par MM. Meyer et M. de Richemond, archiviste
de la Charente-Inférieure (1886), il est fait mention (p. 16) du
jeune duc de Ventadour comme ayant succédé, vers 1635, à son
oncle de Montmorency dans la vice-royauté du Canada. Ce fait
était, croyons-nous, ignoré.
Un nom bien oublié aujourd'hui à Limoges c'est celui d'Etienne
de Grellet qui naquit dans cette ville en 1773. Son père exerçait
remploi de contrôleur de la Monnaie (1) : il fut plus tard, aux heu-
res difficiles, Tami de Louis XVL
Etienne, après avoir étudié dans plusieurs collèges, fut envoyé à
celui des Oratoriens de Lyon, où il resta jusqu'aux approches de la
Révolution. Ses parents ayant été emprisonnés comme suspects, et
leurs biens séquestrés, Etienne et son frère prirent du service dans
l'armée des émigrés à Coblentz. Bientôt fait prisonnier par les
troupes françaises, il allait être fusillé quand il réussit à s'évader.
Il s'embarqua alors pour l'Amérique et atteignit File de Demerara
en 1793.
El) 1795, à la nouvelle de l'approche d'èine flotte française, Etienne
de Grellet quitta Demerara pour New-York, toujours en compagnie
de son frère. Tous deux s'établirent à Long-Island. C'est là que la
lecture des ouvrages de William Penn et la fréquentation acciden-
telle d'assemblées religieuses le jetèrent dans une voie imprévue
qu'il devait suivre jusqu'à la fin de sa vie. Cependant, c'est seule-
ment quelques années plus tard, à Philadelphie, qu'il devint mem-
bre de la Société des Amis et fut consacré minisire de TÉvangile
dans cette célèbre communauté. Il se signala par son zèle et son
dévouement lors de Tépidémic de fièvre jaune qui éclata à Phila-
delphie en 1798. Atteint lui-même par le fléau, il fut considéré
(1) Vlno. des Archioes comm. de Limoges, par M. Ant. Thomas, men-
tionne, sous la cole GG, 10î,à la date de <785, messire Anioîne Grellet,
écuyer, directeur de la manufactare royale des porcelaines de France et
contrôleur de la Monnaie de Limoges, époux de Suzanne Sénemand. Ne
serail-ce pas le père de notre Etienne?
438 SOCIÉTÉ ARCRËOLOGIQUR RT HISTORIQUE DU LÏMOUSIff.
quelque temps comme mort et porté sur la liste des décédés sou«
cette rubrique vague : « un quaker français. »
Il n'était qu'évanoui et revint à lui au bout de quelque temps.
Rendu à la santé, Etienne de Grellet continua pendant neuf années
son œuvre missionnaire à travers les Etats-Unis et le Canada, pois
se résolut à rentrer en Franco pour y annoncer TEvangile (4807).
Il y retrouva sa mère devenue veuve. Le rigorisme des principes
d'Etienne, Taudacieuse franchise avec laquelle il blâmait la guerre
en elle-même, le rendirent aussitôt suspect. Il essaya d'obtenir une
audience de Napoléon dans l'espoir (naïveté sublime) de le convertir
à l'esprit de l'Evangile. Il ne put même obtenir un passe-pori
pour Paris. Au bout de neuf mois, désespéré de tant d'insuccès, il
se décida à repartir pour l'Amérique.
Dénué de ressources, Etienne de Grellet dut se faire marchand
pour élever sa famille et couvrir les frais de ses tournées mission-
naires. G'estalors qu'il parcourut les états méridionaux de l'Amérique
du Nord et recueillit sur l'esclavage des détails instructifs qu'il
nous a transmis. En 18H, on ne sait trop pour quelles raisons, il
revint en Europe, débarqua à Liverpool, visita en missionnaire
itinérant non-seulement l'Angleterre, mais encore l'Ecosse et
l'Irlande, puis aborda «le nouveau en France, à Morlaix, au cours
de l'année 1813, prêchant en tout temps et en tout lieu, visitant
les prisons et accomplissant son œuvre de paix selon les seules
suggestions de sa conscience. De Paris, il gagna Genève, puis
Berne, puis Zurich, enfin la Bavière, où il plaida auprès du roi la
cause d'une communauté dissidente. De Suisse, il passa en Italie,
puis retourna en Amérique-vers la lin de 1814.
Cette incroyable odyssée n'était pas à sa fin : Etienne de Grellet
revint plus tard encore en Europe, eut plusieurs entrevues avec
l'empereur Alexandre à Saint-Pétersbourg, fut reçu par le pape à
Rome et se rendit à Conslantinople pendant la peste qui sévissait
dans cette ville. Affranchi de tout esprit de secte, il était prêt à voir
un frère dans tout chrétien, à quelque communion qu'il appartînt.
William Allen, qui l'accompagna dans quelques-uns de ses voya-
ges, partageait ces idées.
Etienne de Grellet mourut en Amérique en 1855, à Tâge de
quatre-vingt-deux ans, rassasié de jours et de travaux. Sa vie a été
écrite en anglais par un anonyme, d'après les relations et les
lettres laissées par Etienne. M"'' Abric-Encontre Ta traduite en
français en 1873 (1). C'est à cette traduction que nous avons em-
prunté les détails sommaires qui précèdent.
{{) Paris, Grassart, in-é" avec portrait.
MÂLANGKS. 439
Le Diaire du célèbre cardinal Guillaume Fillaslre sur le concile
de Constance vient d'être publié pour la troisième fois (1) par le
D' Heinrich Finke dans le volume intitulé : Forschungen und
Quellen zur Geschichte des Konstanzer Concils (Paderborn, 1889).
Nous y relevons, p. 179, le passage suivant, relatif à la compéti-
tion de deux évéques de Limoges portée devant le concile :
[Fin juillet H15]. Post hec proposult adoocatus maglstrl Rabnundt de
Perucio dicentis se elertum Lemooicensem contra dominurn Nicolaum
Viaudif episcQpum consecratum Lemooicenaem et possessorem» qui multa
proposait ad laudein dicti magistri Raymondi et oituperium Viaudi
episcopi. Et post hec ooluit audiri pars dicti episcopi, set non potuit^ quia
tarde erat. Ca^us auteni horum duorum est : oarante ecclesia Lemooi-
censiy papa sicut de ceteris ecclesiis oigore generalis reseroacionis dédit
illam in commendam cardinali Cameracensi nooo. Idem Raymundus
dicens se electum {et nescitur ai canonice) prétexta eleclionis per rim
occupaoit ecclesiamy castra et alia temporalia ecclesie. Et ipso per oim
impediente dictas cardinalis possessionem hahere. non pot ait. Tandem
idem cardinalis prefate commende renanciaoU et papa Johannes XXIII
pre fatum N, Viaudi eidem ecclesie prefecçt et super illa assignaoU car-
dinali pensionem octingentarum librarum turonensium. Qui Viaudi
adhuc fuit impeditus per dictum R» in possessione hahenda. Tandem ob-
tinuit monitorium a caria romana, cui non parait R.» set appellaoit ;
propter quod N. imploraoU curiam secularem régis Francie pro habenda
possessione. Et illo R. oocato et audito, fuit decretum per illam curiam
quod N. Viaudi haberet posesslonem et dati executores. Iste R. oenit
adroncilium et proposait illum Viaudi symonUzce habuisse. Pendet causa
appellationis p redicte. Hec scio, qui scribo.
Les Œuvres complètes du poète latin Santeuil f 1697, conlieu-
nent (au moins dans la seconde édition, qui est de <698) deux
élégies que nous signale M. Fray-Fournier et qui méritent de
fixer Tattention.
L'une, aux pages 237-240, est intitulée comme suit : Hier. Pele-
TERio (2), S. Comistorii comiti, ad Lemovicos, Pictonicos et Santo-
nés pro restauratione jtistitiœ proficiscenti, anno mdclxxxvhi.
(J) 11 figure déjà dans MARTÈiNB, Ampl. collectio, VU, 1405, et dans
Mansi, Concil, XXVII, 53â.
(S) Jérôme Le Peleticr (frère cadet des célèbres Claude et Michel Le
Pelelier), né vers t635. Il fut lié, comme ses deux frères, avec Jérôme
Bignon, dont il est parlé plus loin. En 1666, il avait été nommé avec
Michel, son frère, « pour Texéculion des arrêts de la cour des Grands-
Jourg tenus à Clermont en Auvergne ». (Morgri, Dictionnaire),
440 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
L'autre, aux pages ^4-336, n'est pas datée, mais se rapporte
évidemment à la même époque et eut pu chronologiquement suivre
la précédente. Elle est intitulée : H. BiCNomo (1), S. CtmHstorU
comti, po8t restitutam L&movicibus, PictonibtAs et Santonibtu jusH-
Ham, revertenti.
La table des matières, qui est en français, traduit Sancti consis-
tort comiti par « conseiller d'Etat », et les expressions restauratio
jiAStitiœ, restituta justitia par « Grands-Jours. » C'est cette dernière
expression qui a éveillé notre attention. En effet, les Dictionnaires it
Chéruel et de Lalanne ne mentionnent point d'assises de ce genre
après celles de Clermont de 1665 et nous ne connaissons pas
d'autre Grands-Jours communs au Limousin, au Poitou et à laSain-
totige que ceux de 1634. La seule chronique que nous ayons en
Limousin à la fin du xvn' siècle est celle du Registre consulaire.
Elle est muette également sur tout événement de ce genre en
l'année 1688. — A défaut de confirmation directe, qu'on trouvera
bien un jour, il sufiira à notre objet de prouver ici que ces Grands-
Jours de 1688 sont mentionnés par Santeuil.
Notre confrère M. J.-B. Champeval a publié dans le Moniteur du
syndicat agricole central de la Corrèze (18 avril 1890) un curieux
article sur Télevage du cheval en Limousin, article qui a été re-
produit dans le Corrézien du 3 mai et dans la Gazette du Centre du
15 mai. Il en résulte que, bien avant la région de Pompadour, celle
de Nexon, dès le commencement du xvii* siècle, pratiquait en
grand rélève du cheval, avec l'aide des seigneurs du pays. On
constate le même fait pour la région des Cars, mais seulement au
xvin" siècle.
Les quatre volumes parus du Recueil des chartes de Vabbaye de
Cluny, publiés par M. Al. Bruel dans la « Collection des docu-
ments inédits m, contiennent un grand nombre de documents rela-
tifs au Limousin, pour les ix-xi" siècles.
La Bibliothèque de l'Ecole des chartes a donné récemment (tome
IV, p. 68 et ss.) un relevé des manuscrits relatifs à Thistoire de
France, qui sont conservés à Cheltenham, dans la bibliothèque de
(4) Jérôme Bîgnon (fils aîné du célèbre juriste et historien Jérôme
BigQOD) naquit en 4697 et mourut en 1697.
MÉLANGES. 441
sir Thomas PbiUpps. Outre quelques articles où il est question
d'intendants du Limousin et que nous signalerons en meilleure
place, nous notons dans ce relevé :
Sous le n"" 167, des lettres de Marmontel;
Sous le n<> 232, vingt-huit volumes in-folio des « comptes de
Jehan de Serre dit Vigneron, commis par M. le régent du royaume,
daulphin de Viennois, duc de Berry, à recevoir le prouffit et émo-
lument des monnoies de Tours, Angiers, Poitiers.... La Roch^'lle...
Bourges et Limoges », 1820-21.
Sous le n"" 3842, des lettres de Jourdan.
Le Bulletin de la commission royale d'histoire de Belgique pour
1887 (n* 1) contient un mémoire de M. Van den Bussche sur Roc-
Amadaur : les pèlerinages dans l'ancien droit pénal de la Belgique,
L'auteur constate que « Roc-Amadour est un lieu de dévotion ex-
piatoire reconnu et sanctionné par les traditions judiciaires des
Pays-Bas dès le x* siècle ; les cours de justice y envoient le coupa-
ble d'un crime ou d'un méfait grave, mais pour lequel la mort est
une peine exagérée. » (1).
Le programme pour l'agrégation d'histoire et de géographie en
1890 porte ce sujet : Étude géographique du Plateau fsic, corrigez :
Massif) central de la France. Rapports entre les populations et le
sol. D'autre part, il a été fait à l'Institut, à la fin d'octobre 1890,
une lecture sur ce môme massif central. Le Limousin ne peut que
trouver profit à ces études, trop négligées jusqu'ici.
A. L.
(1) Voir, sur ce sujet, plusieurs des ouvrages de M. Charles de Linas,
entre autres : La châsse de Gimel et les anciens monuments de VémaUlerie.
Paris, Klingsieck, 1883.
T. xxxvui. 29
BIBLIOGRAPHIE
UŒuvre de Limoges (1), par Ëraest Rupin. — Chro-
niques ecclésiastiques du Limousin, recueillies et
annotées par M. Tabbé Legler (2).
L'année qui vient de s'écouler a vu paraître la première partie
d'une publication du plus haut intérêt pour l'étude dej'art et de
l'industrie de notre province. Nous voulons parler de l'Histoire de
VEmaillerie Limousine, qui forme le premier volume du magni-
fique ouvrage consacré à XŒuvre de Limoges par un de nos
confrères les plus compétents dans cette matière, M. Ernesl
Rupin, président de la Société scientifique et historique de Brive.
Imprimé en beaux caractères, tiré sur papier fort, orné de cinq
cents gravures, dont un certain nombre de planches hors texte, ce
bel ouvrage résume tout ce qui a été écrit jusqu'à ce jour sur un
sujet intéressanl à plus d'un litre.
Uart de l'orfèvre remonte aux premiers âges de l'humanité ; ses
produits figurent parmi les débris les plus caractéristiques des
anciennes civilisations. Us permettent de constater les progrès du
goût et les exigences croissantes du sentiment artistique. De bonne
heure, l'ouvrier a été impressionné par la froideur des surfaces
métalliques, qu'exagère l'éclat môme du métal poli, et a cherché
à y remédier à l'aide du burin et du ciseau. Les dessins plus ou
moins profonds, les reliefs et les creux, les lumières et les ombres
(4) Deux beaux volâmes in-4". — Prix de la sousmpiion à Touvragc
complet : 100 fr. On souscrit chez M'°« V® H, Ducouriieux, à Limoges.
(2) Un volume in-8° de près de 600 pages. TuUe, Mazeyric, et Limoges,
Ducourtieux. — Prix : <0 fr.
BIBLlOr.RAPHIB. 4 i3
haWlement ménagés, ont ajouté, aux formes si diverses des bijoux
et des ornements, un décor aussi varié que la fantaisie elle-même
de l'orfèvre. Mais cette variété ne suffisait pas : la distribu-
tion des reliefs, le mouvement du modelé, les jeux de la lumière
ne constituaient pas une décoration suffisante. L'artiste eut birntôt
recours à des ornements de couleur différente, rapportés sur le
métal, simplement enchâssés d'abord, comme les pierres pré-
cieuses et certaines pâtes, puis parfondus et faisant corps avec lui,
comme rémail.
L'émail, qui devait jouer un si grand rôle dans le décor des piè-
ces d'orfèvrerie, fait son apparition dès une antiquité assez reculée.
L'Orient, l'Italie, la Gaule, l'Angleterre, l'Espagne, tous les pays
de TEurope ont fourni des spécimens intéressants et indiscutables
de son emploi à une époque antérieure ou de peu postérieure au
commencement de l'ère chrétienne. La plupart de ces objets ont
été maintes fois décrits; mais les reproductions, presque toutes
publiées dans des brochures, dans des études monographiques, en
sont rares. M. Rupin a réuni tous ces précieux éléments de compa-
raison et d'étude, et la série de dessins des pièces appartenant à
celte première période qu'on trouve dans son Histoire de VEmail-
lerie lÀmomine, sufTirait seule à donner à ce livre un intérêt
exceptionnel.
Si l'ouvrage fournit de précieux documents pour l'histoire de
rémaillerie en général, il en recèle de plus précieux encore pour
l'histoire de l'art Limousin dont l'émaillerie fut, durant plusieurs
siècles, la branche la plus florissante et la plus renommée.
Toutes les périodes de cette histoire sont successivement étu-
diées; mais celle des origines, si obscure, si controversée, est
traitée par l'auteur avec un soin particulier. Il résume toutes les
discussions auxquelles ont donné lieu le phénomène de l'implan-
tation à Limoges de l'industrie de l'orfèvre-émailleur, la constante
application des ouvriers de Limoges à varier et à perfectionner
l'emploi de l'email, la notoriété extraordinaire acquise à leurs pro-
duits, et la reconnaissance, pour ainsi dire universelle, de la supé-
riorité de nos ateliers dans la pratique de certains procédés
d'émaillage, à ce point que l'emploi des émaux champlevés sur les
pièces d'orfèvrerie devient le signe distinctif des œuvres de nos
ateliers et comme la marque de fabrique de Limoges.
Saint Eloi a-t-il pratiqué l'art de Fémailleur? Les traditions de
cet art se sont-elles conservées à Limoges durant la période la plus
tourmentée du moyen-âge? L'école Limousine est-elle indépen-
dante de l'école Rhénane. A-t-elle eu son point de départ propre
et son développement parallèle à celui des ateliers allemands et
444 SOCIRTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT filStORlQUfc DU LIMOUSIN.
entièrement indépendant de leur action? Trois problèmes du plus
haut intérêt, non-seulement pour notre histoire provinciale, mais
au point de vue plus large de l'histoire de Tart français et de Tin-
diistrie nationale; trois questions auxquelles M. Rupin répond par
Taffirmative et autour desquelles notre confrère accumule des indi-
cations si variées, des témoignages si précis et si concordants que,
pour le lecteur attentif, ils équivalent presque à des preuves.
Signalons les inductions si ingénieuses et si probantes tirées de
l'emploi du moi gemma dans certains textes, les arguments en
faveur de l'originalité de l'école Limousine fournis par les carac-
tères particuliers de ses produits, par les habitudes constantes de
ses artistes, par la date reculée à laquelle on constate la vogue
dont elle est en possession, enfin par la rareté des rapports qui
ont existé au moyen-âge entre notre province et les contrées du
Rhin.
La seconde partie de VŒuvre de Limoges sera le complément
indispensable de la première, et n'offrira pas un moindre intérêt.
Elle contiendra la description de toutes les pièces d'orfèvrerie
émaillce de quelque importance que possèdent les musées, les
églises, les collections particuhères des divers pays de l'Europe.
Parmi ces objets, il en est de fort curieux, de fort beaux, dont il
n'a pas été parlé toutefois dans la partie historique, parce qu'ils
ne soulèvent aucune question, ne donnent lieu à aucune difBcullé.
Le livre de M. Rupin contiendra, on le voit, une énorme quantité
de renseignements, dessins, textes, descriptions. Aucun des volu-
mes publiés jusqu'à ce jour sur l'art de l'émailleur ne pourrait à
cet égard soutenir la comparaison avec cet ouvrage. L'archéolo-
gue, l'artiste, l'amateur, posséderont désormais un répertoire des
plus précieux et auxquels ils auront souvent recours. Ayant vu à
l'œuvre, depuis cinq ans, notre laborieux et sympathique confrère,
nous avons qualité pour attester tout le soin qu'il a mis dans ses
recherches, ses éludes et ses constatations. C'est dire avec
quelle confiance on pourra consulter ce livre, avec quelle sûreté il
sera permis de le citer.
UOEuvre de Limoges est en résumé un ouvrage d'un haut intérêt
et d'une importance considérable. Les érudils le liront avec satis-
faction ; les ignorants avec fruit; les enfants de notre province avec
un plaisir particulier mêlé de fierté et de reconnaissance : ils y
verront un monument élevé par un savant consciencieux, par un
véritable artiste, à l'honneur de la patrie Limousine et de Tari
Français.
BIBLIOGRAPHIE. 445
En ce moment, nous avons la passion des textes et nous en
demandons sans cesse de nouveaux. De leur comparaison, de
leurs rapports, de leurs contradictions jaillissent, en effet, de vives
lumières. Les archives locales, où tant de trésors restent encore
enfouis, sont fouillées avec une admirable persévérance : un à un,
on leur arrache leurs secrets et on les livre au public. Aussi n*est-il
presque plus de nos vieilles provinces qui ne possèdent un recueil
spécial de documents. Quelques-unes de ces publications ont atteint
leur vingtième ou leur trentième volume, et un vaste champ s'ouvre
encore devant leurs éditeurs.
Malgré l'exemple qui nous avait été donné par quelques villes
voisines, par Bordeaux notamment, dont les riches archives parle-
mentaires offrent un si grand intérêt pour l'histoire de notre pays,
puis par Saintes, où notre vaillant et laborieux confrère, Louis
Audiat, a su grouper autour de son œuvre toutes les sympathies et
tous les concours, sans distinction d'opinions et de partis, le Limou-
sin et la Marche, il y a trois ans, ne possédaient aucun recueil spécial
de documents historiques. De temps en temps, les bulletins de nos
sociétés d'archéologie ou d'histoire publiaient quelques textes, mais
en notes ou en appendice, en petits caractères et en place sacrifiée.
Deux de nos confrères, des plus laborieux et des plus érudits,
tentèrent de combler cette lacune et entreprirent à leur tour, sous
ce titre : Archives historiques de la Marche et du Limottsin, une
publication analogue à celle dont nous parlions tout à l'heure. Les
noms seuls de MM. Alfred Leroux et René Fage disaient assez
qu'il s'agissait d'une entreprise sérieuse et promettaient que celle-ci
serait conduite dans l'esprit le plus pratique et avec la plus parfaite
connaissance de la matière.
Il y a environ deux ans qu'a paru le premier volume de ce recueil.
Il renfermait d'intéressants documents relatifs à plusieurs épo-
ques : des extraits des registres de la confrérie du vSaint-
Sacrement de Limoges (xvi» et xvu" siècles), des pièces relatives à
la Réforme en Limousin, des fragments de chroniques, les cahiers
de doléances préparés par les corporations de Limoges en 1789.
M. Leroux était l'éditeur de ces textes. Nous avons rendu compte
de ce livre au moment où il a paru et signalé les précieux maté-
riaux qu'il apportait à l'édifice, à peine commencé encore» de notre
histoire provinciale.
Le recueil des Chroniques ecclésiastiques annotées par notre
érudit confrère, M. l'abbé Leclcr, curé de Compreignac, l'un des
membres les plus justement estimés de notre Société archéologique,
forme le second volume de la série inaugurée par M. Leroux. Ce
446 SOCIRTÉ ARCBéOLOGIQLE RI HISTORIQUE DU LlMOUSl?!.
volume, imprimé par M.'Mazeyrie, de Tulle, dont on connaît le
goût et rhabileté typographiques, vient de paraître et a été ces
jours derniers distribué aux souscripteurs. On le trouve en vente à
la librairie Ducourlieux.
La valeur de cette publication n'est pas dans Timportance des
faits historiques qu*elle fait connaître. Nous savions déjà en gros,
par ailleurs, tout ou presque tout ce qui est là. Ce qui mérite
d*exciter notre intérêt, c'est le ton des documents, la pensée qui
les inspire, les sollicitudes élevées qui les pénètrent; c'est Tétude
psychologique d'un temps déjà bien éloigné de nous, la connais-
sance intime de grandes âmes dévouées au bien de l'humanité et
qui, la voyant et l'aimant pour ainsi dire à travers Jésus-Christ, la
voient plus exactement et l'aiment mieux.
Quoi de plus admirable que le concert de dévouements d'où est
sortie la création de l'hôpital général, du séminaire d'Ordinands et
de la Mission? Les siècles, les guerres étrangères, les guerres civi-
les avaient singulièrement amoindri les ressources des nombreuses
œuvres de charité fondées à Limoges et qui paraissent avoir été si
florissantes, chacune dans sa petite sphère, à la belle époque dn
moyen-Uge. il n'était plus question des aumônes du consulat. L^s
antiques distributions des Pains de Noël et des Aumônes de Sainte-
Croix n'étaient plus alimentées que par quelques rentes insigni-
fiantes. Des six ou sept établissements hospitaliers que possédait
la ville, deux seulement recevaient encore des pauvres et ils s'y
trouvaient installés dans les plus mauvaises conditions. La coro-
mende dévorait les restes de l'héritage de la charité. M. Pierre
Laforest a dit éloquemment, dans son beau livre de Limoges au
xvu® siècle, quelle lourde entreprise c'avait été de réunir et d'orga-
niser ce qui restait du patrimoine des anciens établissements de
bienfaisance. Mais notre regretté concitoyen voyait de haut, et il
écrivait largement. Nous voulons aujourd'hui suivre dans ses dé-
tails l'entreprise et ses promoteurs. Grâce à la publication du
recueil des Chroniques de M. Lccler nous le pouvons : il nous est
permis de vivre un moment au milieu de ces saints et charitables
personnages, dont aucune rue de notre ville ne porte le nom, mais
auxquels l'histoire locale conservera toujours un respectueux sou-
venir, et dont elle redira sans se lasser les bienfaits : Ms»* de La
Fayette, Pierre et Hélène Mercier, Marie de Petiot, Anne de Male-
dent de Meilhac, — enfin Martial de Savignac, dont Tévêque, son
ami, disait que, « depuis saint Martial, personne n'avait rendu
d'aussi importants services au diocèse de Limoges... »
Les Chroniques des Ursulines de Limoges^ d'Eymoutiers et de
Tulle nous initient à mille particularités curieuses. On voit l'éta-
BIBLIOGRAPHIE. 447
blissement se fonder et grandir, prendre peu à peu une place im-
portante dans la vie de nos ancêtres. Les commencements sont
durs et on traverse de terribles épreuves; le récit du séjour à
Eymoutiers d'une partie de la communauté de Limoges, pendant la
grande peste de 1630-^631 » est deB plus touchants. Que d'indica-
tions dans ces pages! Les faits ont peu d'importance; mais tous
ont leur physionomie; comme on en induit bien l'état d'esprit, les
pensées habituelles, les occupations et l'existence de ces pieuses
communautés et du milieu où elles s'étaient établies I On peut
regretter de n'y pas trouver plus de renseignements sur les classes
ouvertes parles religieuses; mais cette pauvreté d'indications sur
un sujet qui nous intéresse et nous passionne aujourd'hui est ra-
chetée par d'autres détails silr les travaux (\\xe fait exécuter la
communauté, ses rapports avec l'autorité ecclésiastique, des parti-
cularités sur la famille des religieuses, et on perçoit, par ci par là,
quelques échos du dehors qu'il est utile de recueillir.
Je ne dirai rien des chroniques peu importantes des Frères
iPrôcheurs de Limoges, du chapitre de Saint-Léonard et de la
paroisse de Thouron; mais j'appellerai d'une façon toute spéciale
l'attention du lecteur sur le Tableau ecclésiastique et religieux de la
ville de Limoges. L'auteur, l'abbé Ballat, avait été vicaire de Saint-
Pierre avant la Révolution, et, en 1801, il avait inauguré, dans
cette môme église, l'exercice du culte rétabli. Personne ne se trou-
vait donc mieux en mesure que lui de nous laisser le tableau que
vient d'éditer notre excellent confrère.
Cet ouvrage a été écrit vers 1820, mais par un homme familier
avec le Limoges d'avant 1789 et dont l'esprit curieux et l'heureuse
mémoire avaient retenu bien des choses. Nous ne connaissons rien
d'aussi pittoresque et d'aussi complet sur notre chère ville que ce
tableau^ écrit sans prétention, d'une composition assez inégale et
assez mal digérée, mais sincère, exact, remph de précieux détails, et
trace par la main d'un témoin qui avait vu le vieux Limoges, y avait
vécu dans le milieu le plus propre à le lui faire bien connaître, et
qui, après quelques années d'exil, rentré pour reprendre sa tâche
sacerdotale, avait pu constater la transfortnation que la tourmente
révolutionnaire et ses diverses conséquences avaient fait subir à la
capitale limousine en passe de devenir le Limoges nouveau, la mé-
tropole industrielle et commerciale du Centre.
Nous en avons assez dit pour que le public puisse juger de l'itti-
portance et de la valeur du second volume de nos Archives histori-
quêi; nous devons ajouter que les notes trds nombreuses et très
substantielles de M^ Lecler en facilitent la leéturei et en augmen-
tent singulièrement l'intérêt. Lotilâ Ouibêkt.
PROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 3» JANVIER 1889.
Présld«n€»e d« nf • le chanoine ARBBLiIX>X9Pr6aldenl.
Présents : MM. Arbellol, Astaix, J. Dubois, P. Ducourlieux,
Fray-Fournier, Gany, Judicis, Alf. Leroux, G. Raynaud et L. Gui-
bert, secrélaire.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
M. Guibert se fait, auprès de M. Arbeliot, Tinterprèle des senti-
ments de cordiale satisfaction qu'ont éprouvés tous les membres
de la Société en apprenant que le Souverain Pontife venait d'en-
voyer à leur très respecté et très aimé président la décoration pro
Ecclesia et Pontifice, créée récemment par Léon XIIL Les mem-
bres présents joignent leurs félicitations à celles de M. Guibert.
Parmi les volumes et publications reçus par la Société depuis sa
dernière séance, M. le président signale d'une façon toute spéciale
la première livraison des Annales du Midi, revue fondée à Tou-
louse par M. Antoine Thomas, professeur à la Faculté de cette ville
et membre de la Société. Outre des articles d'une très grande va-
leur, signés de M. Léopold Delisle, de M. Tamizey de Laroque, etc.,
celte livraison renferme une note critique qui intéresse parti-
culièrement notre province. M. Deloche avait cru pouvoir identifier
avec le Grand-Bourg-de-Salagnac le chef-lieu d'une vicairie da
nom de Selabunac. M. Thomas montre qu'il n'y a pas eu, au viii*
siècle, de vicairie géographique de ce nom. Le texte qui la signale
a été mal la : c'est Sclabonac qu'il faut lire et on doit placer cette
localité, chef-lieu d'une simple vicairie administrative du xu* siècle,
dans les environs de Bellac.
PROCàs-YBRBAUX DKS SÉANCES. i49
M. le Président signale encore à la Société une très intéressante
plaquette de M. Emile Du Boys sur quelques lettres d'Ezéchiel Span-
heim, un des nombreux correspondants de Tabbé Nicaise; la
Notice de M. L. Guibert sur Tinstruction primaire en Limousin sous
Fancien régime; quelques pages instructives de M. Masfrand et de
H. le docteur Boulland, dans la sixième livraison du Gay-Lussac;
un remarquable article, fort bien écrit et fort piquant, de M. Clé-
ment-Simon, sur la Gaieté de Baluze, dans le dernier volume de la
Société scientifique de Brive; une note de M. Ârbellot au Bulletin
de la Société du Périgord sur des pièces d'or découvertes à Neu-
tron ; enfin, un très bienveillant compte-rendu du dernier tome du
Bulletin de la Société archéologique de Limoges, inséré par M. le
comte de Marsy au Bulletin monumental.
M. L. Guibert, au nom de M. Paul Lagrange, du Masrévéry, com-
munique à la Société plusieurs feuilles d'or et une sorte d'aigrette,
aussi en or, paraissant provenir d'une couronne de laurier et trou-
vées dans les urnes funéraires de pierre récemment découvertes
à Labesse, sur la limite des communes de Saint-Léonard, de La
Geneytouse et d'Eybouleuf. Il fait passer également sous les yeux
des membres présents d'autres objets trouvés dans les mêmes
sépultures, notamment un anneau, uni et sans chaton, d'un or
plus jaune, peut-être moins pur, une pièce de monnaie en cuivre,
dont la légende est effacée, mais que le type de la tête permet de
rapporter à la période des Antonins. M. Lagrange promet d'en-
voyer à la Société des vases en verre qui ont été trouvés à Labesse
avec les objets ci-dessus.
Il est également donné communication d'un parchemin envoyé
par M. Dupin, procureur de la République à La Flèche, et qui a
trait à l'assence, par l'abbaye de la Règle, d'un jardin sis à
Bussière-Boffy et appartenant à un prieuré dépendant du monas-
tère (1439).
M. Ducourtieux entretient la Société de la découverte faite par
un métayer d'Ambressac, près le « Puy de Diane », commune de
Glanges, d*une belle monnaie d'or, de l'empereui; Anastase (491-
518). Cette pièce, de la grandeur d'une pièce d'un franc, présente
rimage du prince à mi-corps, portant un sceptre sur Tépaule et la
main gauche appuyée sur un bouclier. Légende : Hanastasius
augustus (ces mots précèdent un oméga). Au revers, une grande
victoire tenant une haste surmontée d'une croix, avec l'inscription :
Victoria Augg. A.
M. le président rappelle qu'à Eymouliers on a trouvé une inté-
ressante monnaie d'or, à l'efligie de Justinien II; elle est, au dire
de H. Dubois, entre les mains de M, Claveau.
490 SOCliTÉ ARCIÉOLOGIQUE KT fl»T9RlQllK DU LlHOUSIIf.
L'ordre du jour appelle la lecture d'un trayatl de M. Jaditis sur
le rôle des artistes italiens dans la Renaissance française. M. ludi-
cis constate que l'Italie a été incontestablement le berceau de la
Renaissance en Europe, c'est-à-dire du retour aux. formes antiques
et à l'expression classique du beau avant le christianisme. Elle la
dû) il ne faut pas l'oublier, à Timmigration des savants et des artistes
grecs lors de la prise de Constantinople par les Turc», La France
suivit l'évolution dont la péninsule donna l'exemple; mais elle ne
copia point servilement l'Italie et sut, pendant de longues années,
ne pas perdre de vue les traditions de son génie pariiculier.
On attribue aux artistes italiens venus en France à la suite des
expéditions de Charles VIII, de Louis XII, de François I" beaucoup
d'édifices à l'embellissement, à l'ornementation desquels ils ont
pris part, mais dont ils n'ont ni conçu les plans, ni dirigé les tra-
vaux. C'est ainsi que Gaillon doit être restitué à Guillaume Sénaud,
à Colin Billard, à Pierre Delorme; Colin Billard (quelquefois appelé
Viard), a commencé le pont Notre-Dame et concouru à la cons-
truction d'Amboise et de Blois; Chambord a été commencé avant
l'arrivée en France du Rosso et du Primalice. Ceux-ci n'ont donc
pas fait les plans de ce chef-d'œuvre. Il faut en rendre l'hon-
neur à un artiste français, à Pierre Neveu dit Trinquaud, qui fat
peut-être aussi un des architectes d'Amboise. C'est sous la quaUfi-
cation modeste de « maitre-maçon » qu'il faut savoir reconnaître
ces grands artistes, dont les étrangers, plus brillants, plus souples,
plus adroits, ont usurpé trop souvent la gloire.
Les édifices dont le plan est incontestablement l'œuvre d'Italiens,
comme les châteaux de Madrid, de Saint-Germain, de Fontaine-
bleau, sont inférieurs à Chambord et à Gaillon. La logique du génie
français s'accommodait malaisément des fantaisies de ces étran-
gers; nos matériaux se prêtaient moins à leurs caprices que les ma-
tériaux de leur pays. Plût à Dieu qu'ils n'eussent pas pris, peu à
peu, une influence prépondérante sur le goût du public et l'enseigne-
ment de l'art. Celle influence a été en grande partie la cause de la
décadence de l'architecture française aux xviï* et xvm^ siècles.
L'histoire de l'instruction avant 1789 est depuis quelques années
le sujet de bien des éludes.
Aucune question ne passionne en ce moment à un aussi haut
point les chercheurs; aussi les moindres documents qui s'y rappor-
tent sont-ils recueillis avec grand soin.
M. Guibert donne lecture d'une délibération d'assemblée de com-
munauté, du 14 mai 1741, par laquelle les habitants de La Souter-
raine, privés d'instituteurs par la mort de Pierre de I.a Croix,
décident qu'il sera établi dans leur ville deux maîtres : un
F hOCèS- VERBAUX DES séANCBS. 451
régent pour enseigner le latin et un maître d'écriture, et désignent
pour remplir ces fonctions Joseph Dubranle et André Chastenet.
La communication de cette pièce est due à un membre très zélé
de la Société, M. Bellet, instituteur communal à Saint-Maurice, qui
Ta découverte dans les minutes de l'étude de M* Leroy, notaire à
La Souterraine. Ce document sera imprimé au Btdletin.
M. L. Guibert entretient la Société des livres de raison conservés
aux archives du château de Nexon et dont il doit la communication
au zèle obligeant de M. Charapeval et à la bienveillance de M. le
baron de Nexon. Il n'en a pas moins de cinq entre les mains :
celui de Pierre Espéron, juge de Saint-Junien, qui remonte au
xiv« siècle, et dont le lecteur a déjà entretenu la Société dans la
dernière séance (il se propose d'y revenir ultérieurement) ; celui de
Martial de Gay, seigneur de Nexon et de Condat, lieutenant-général
au Présidial de Limoges — fin duxvi" siècle; — ' ceux de Pierre
Robert, prêtre communaliste d'Aixe, et d'un sieur Sazerac, chi-
rurgien et apothicaire à Nexon; — enfin, un livre de famille
r.infermant la généalogie des Gay de Nexon, avec notes relatives
aux naissances, mariages et décès, continuées jusqu'à nos jours.
De ces cinq manuscrits, les deux premiers sont de beaucoup les
plus intéressants; celui de Martial de Gay, en particulier, est un
des plus précieux parmi les documents intimes qu'on ait étudiés
jusqu'ici. Commencé peu de temps après les scènes qui avaient
ensanglanté les rues de Limoges au mois d'octobre 1589, il con-
serve l'écho des troubles de l'époque et témoigne de la violence
des haines qu'ils avaient laissées dans les cœurs. M. L. Guibert lit
quelques extraits du manuscrit de Martial de Gay qui se rapportent
aux événements des années 1894 à 1602.
Mais ces passages, si précieux pour notre histoire locale, ne sont
cependant pas ce qui, dans ce registre, mérite surtout l'attention :
nulle part on ne trouve la trace d'autant de confort dans la maison,
d'autant de luxe dans le train extérieur. Martial de Gay note un
grand nombre d'achats d'objets de valeur, de réparations, de ca
deaux, etc. Là se trouve le côté le plus caractéristique et le plus
intéressant à la fois de son manuscrit.
La séance est bvée à dix heures et quart.
Le Secrétaire,
Louis Guibert.
459 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1889.
Présidence de Bf . TAbbé ARBEL.L.OT, Présidene.
Présents : MM. le chanoine Arbellot, président; Aslaix, E. Hervy,
Cournuéjouls, Fray-Fournier, Gany, Moufle, Nivct-Fontaubert,
chanoine Tandeau de Marsac et L. Guibert, secrétaire.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal dq la dernière
séance, le président signale, parmi les ouvrages et publications
adressées depuis un mois à la Société : 1"* Les livraisons 7 et 8 du
Gay-Lussac; 2" le dernier Bulletin de la Société des lettres, sciences
et arts de Tulle, contenant des articles intéressants à divers points
de vue, entre autres une notice de M. Clément-Simon sur Charlotte
de Maumont; 3* une nouvelle livraison des Gens de qualité de la
Basse-Marche, par M. le docteur de Laporte, ancien membre de la
Société; 4° un numéro du Bulletin de la Société de l'Histoire de
France, où se trouvent quelques pages de M. Pierre de Cessac sur
répitaphe d'un comte de la Marche, et un article de M. Emile Mo-
linier sur quelques-uns des objets d'art exposés à Tulle en 1887,
notamment sur le chef de sainte Fortunade et sur un disque émaillé
représentant Guillaume III, prieur général de Grandmont.
M. le Président donne communication à la Société de deux cir-
culaires de M. le Ministre de l'Instruction publique et des beaux-
arts : Tune relative à la réunion annuelle des délégués des Sociétés
artistiques des départements ; l'autre à une enquête sur les condi-
tions de l'habitat. Des questionnaires sont remis à plusieurs
membres.
M. Arbellot fait connaître que, sur l'invitation du Ministère, la
Société a adressé à Paris les volumes publiés par elle depuis 1879;
ces volumes feront partie d'une exposition d'ensemble des publi-
cations dues aux Sociétés savantes de la France depuis la dernière
Exposition universelle.
Il a été récemment découvert, dans la carrière des Places, com-
mune de Saint-Hilaire-Lastours, une belle hache de silex noir, que
M. Delignat-Lavàud, de Saint-Yrieix, a bien voulu envoyer à
M. le Président et que celui-ci fait passer sous le yeux des mem-
bres présents. Cette hache rappelle, par sa forme et ses dimen-
sions, la belle hache de silex brun trouvée il y a peu d'années,
cous TArtige.
rnOCÈS-VEhBAUX des séANCBS. 453
M. L. Guibert, au nom de M. Cailler fils, communique à la
Société quelques pièces de cuivre de petite dimension, à Teffigie
de Posthume, de Claude II, etc., faisant partie d'un trésor décou-
vert à Chasseneuil (Charente), dans un jardin. Ce très modeste
trésor se composait uniquement de monnaies de cuivre : il n'y en
avait pas moins de 70 à 80 kilos, formant un bloc lié par Toxyde
et renfermé dans un grand pot de grès.
Dans une conférence récente faite par M. Ludovic Drapeyron,
directeur de la Revtie de géographie, sur « limage de la France
sous les derniers Valois et les premiers Bourbons », notre distin-
gué compatriote a signalé à ses auditeurs la carte du Limousin et
le plan ou vue cavalière de Limoges, publiés en 1594, par Jean
Fayen, médecin de cette ville. M. Guibert donne lecture à la
Société du passage relatif à Jean Fayen et annonce que M. Drapey-
ron se propose de consacrer une notice spéciale à ce cartographe
et à ses œuvres.
MM. Fray-Fournier et P. Ducourlieux présentent comme mem-
bre titulaire M. d'Abzac, percepteur à Rochechouart. Il sera
statué sur cette candidature à la prochaine réunion.
La parole est donnée à M. Cournuéjouls poux la lecture qui
figure en tôte de Tordre du jour. M. Cournuéjouls signale tous les
avantages qu'offre le goût, la passion — certaines gens disent la
manie — des collections. A Fentendre parler, on ne peut douter
que rhonorable ancien proviseur ne soit collectionneur lui-même.
Ce n'est pas la Société archéologique, fondatrice et longtemps gar-
dienne du « défunt » musée de Limoges, qui pourrait être surprise
de rencontrer de telles dispositions chez un des siens.
Tout peut se collectionner, et toute collection a sa valeur et son
intérêt. En recherchant, en classant avec méthode les timbres-
postes, les enfants n'acquièrent-ils pas de nombreuses notions de
géographie et d'histoire? Les cabinets d'amateurs, comme les
musées ne recèlent-ils pas une multitude d'objets dont la con-
naissance et Tétude peuvent rendre de très sérieux services à la
science, à Fart, à l'industrie?
Il y a des collections originales et sortant tout à fait du cadre
habituel, celle, par exemple, de ce marchand de tableaux, dont la
salle à manger était entièrement garnie de toiles représentant des
têtes de chat, et signées toutes du nom d'un peintre connu.
Telle est encore la collection sur laquelle M. Cournuéjouls appelle
Tattention de ses auditeurs : elle réunit des accessoires de bon-
bonnerie de toute espèce, depuis la Restauration jusqu'à nos jours.
Devises, charades, images, M. Cournuéjouls étudie rapidement tous
ces souvenirs, tous ces débris de tant de premiers de Tan dont les
454 SOCléTÈ ARCaiOLOOIQUB ET H1«^T0IIIQIIK D^U LIMOUSIN.
trenle-nn décembre sont loin de nous, et cet examen lui foarfiît
r.occasîOD d'ingénieuses observations, de curieux rapprochements.
La charade a peu varié; la devise n'est guère sortie de la noie
sentimentale ou galante^ avec un accent plus ou moins naïf pour
ne pas dire plus. Mais riauagerie a fait d'énormes progrès. Ce sont
surtout les images des bonbons qui datent ceux-ci, qnï accusent le
temps parcouru depuis leur éphémère existence. H y a les costu-
mes, les jeux de société, les scènes de mœurs, rimageiie cham-
pêtre, pieuse, militaire, patriotique, polilique même. M. Coumaé-
jools fait passer sous les yeux de ses auditeurs toute la collection
commentée par des vers, — qui ne sont point tous sans défaut.
Il témoigne, en terminant, le regret que son collectionneur n'ait
pas recueilli, à cêté des autres accessoires de boobonnerie, les
boîtes, sacs et cartonnages, qui lui ont semblé trop insignifiants.
Il est certain que ce vêtement d'un jour, parfois si coûteux, n'est le
plus souvent qu'un oripeau, fané et fripé bien vite. Pourquoi ne
le remplacerait-on pas par le coffret, — coffret de métal ou de bois,
d'émail ou de porcelaine? — M. Cournuéjouls termine sa lectur*»
sur ce vœu, auquel s'associera l'industrie limousine.
M. le comte de Couronnel a tiré de ses archives de famille une
intéressante étude dont M. Guibert communique, au nom de
l'auteur, quelques passages à la Société.
C'est dans cette ville d'Arras, si riche et si vivante an xv* siècle,
qu'il faut nous transporter avec M. de Couronnel. Un de ses aïeux,
Guérard de Mailly-Couronnel s'y fixe avant 1380, peut-être sous
les auspices du duc de Bourgogne. Charles de Couronnel, fait che-
valier en 1421, à la bataille de Mons-en-Vimeux, joue un rôle
important dans celte ville, au temps de Philippe-le-Bon, qui aime
Arras et y réside volontiers. Charles de Couronnel prend part aux
fêtes, aux tournois qui sont donnés à cette époque ; il commande
une compagnie d'hommes d'armes à l'entrée du duc et d'Isabelle
de Portugal, sa nouvelle épouse. Conseiller de Philippe, il est
aussi agrégé à la bourgeoisie, et remplit les importantes fonctions
d'échevin et de « Clerc des Quatre ». On le voit figurer, à la tête de
la députation des bourgeois, à l'entrée solennelle de Charles-Ie-
Témérairc, entrée célébrée par diverses représentations théâtra-
les : la Vie de sainte Marguerite (patronne de la duchesse); YEntrée
de la Reine de Saba dans le Palais de Salamon^ etc.
Ces splendeurs et ces réjouissances devaient avoir un triste len-
demain, que M. de Couronnel se propose de retracer dans la suite
de son récit».. Louis XI, après' la prise d'Arras, voulut remplacer
la population de celte ville par des colonies appelées de fontes les
cités commerçantes de la France. L'Orléanais et la Touraine en
envoyèrent de nombreuses. Limoges fournit aussi son contingent;
►ROCèsVRRi&AlilX DES SKAMCSS. i55
mais nos aonales ne mentionnent que deux noms, ceux probable-
ment des chefs de cette petite colonie : un Rogier et un Disnematin.
Cet essai de repeuplement eut peu do succès. La plupart des
immigrants retournèrent dans leur pays et une partie de l'ancienne
bourgeoisie d'Arras y rentra peu à peu et reprit possession de ses
foyers. Un certain nombre d'étrangers réussirent néanmoins à
fonder des établissements durables. M. Tandeau deMarsac rappelle
qu'il existe encore en Artois une famille Disnematin, se rattachant,
de son propre aveu, à la souche limousine.
C'est une question déjà plusieurs 'fois agitée qu'entreprend de
résoudre M. le chanoine Arbellot. Il y a près de quarante ans,
dans la séance de la Société du 21 novembre 18S1, M. Grellet du
Mazeau lut un article sur la véritable orthographe du mol Mont-
Jauvy, qu'il soutenait être Montjovis, M. Arbellot lui répondit et
défendit la forme Mont-Jaiivy, annonçant du reste son intention de
présenter un mémoire à ce sujet dans la « prochaine » séance de la
Société.
Ce mémoire s'est fait un peu attendre et son auteur s'excuse
auprès de la Société; mais les textes qu'il a recueillis n'en seront
que plus nombreux et sa réponse plus décisive.
M. Arbellot commence par établir qu'il n'y a aucune raison de
croire qu'un temple de Jupiter se soit jamais élevé sur la colline
de Mont-Jauvy. Le seul temple de Jupiter signalé par d'anciens
documents est celui qui était bâti sur l'emplacement de la cathé-
drale. Aucun témoignage antérieur au xv!** siècle n'a signalé l'exis-
tence d'un temple quelconque àMontjauvy; on n'en a jamais vu
aucun débris. L'auteur des Annales nianmaites est probablement
le premier qui en ait parlé, et l'orthographe Montjovis, très rare
au XVI* siècle, rare encore au xvu% ne devint officielle qu'en 1760.
L'étymologie Mfins Gaudii a sa source et sa justification dans un
événement connu, célèbre, de la fin du x* siècle : la cessation de la
Peste des Ardents. Cent textes, du xi" au xvi« siècles, donnent inva-
riablement cette étymologie, et M. E. Ruben a fait remarquer avec
raisoû que la prononciation locale du mot Montjauvy, -^jau long et
diphlhongué — ne peut se rapporter à l'étymologie défendue par
M. Grellet du Mazeau, et confirme au contraire celle adoptée pai*
M. Arbellot.
C'est donc Mont-Jauvy — de Mons GaudiU —- et non Mantjûvis--
de Monsi Jotis — qu'il faut lire et écrire. Jupiter et l'Olympe n'ont
rien à. faire ici. Le rôle de la Société archéologique est de rectifier
les erreurs de cette nature et de ramener l'orthographe à la
vérité en rétablissant les traditions exactes.
Le Secréiairej
Louis GUIBERT.
45<( 80CIÉTR ARCHàOLOOIQUK ET HISTORIQDB DU LIMOUSIN.
SÉANCE DU MARDI 26 MARS 1889.
Présidence de M. l'Abbé ARBEL.L.OX, Président.
Présents : MM. Arbellot, El Hervy, Bourdery, Brisset-Desisles,
Cournuéjouls, Dubois, Fray-Fournier, Judicis, de La Pomëlie,
A. Leroux, Nivet-Fontaubert, Raynaud et L. Guiberl, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. A pro-
pos de la discussion sur l'orthographe traditionnelle de Monljauvy,
M. le président invite M. Ducourlieux à revenir, dans VAlmatiack
limousin, à cette orthographe, qui est incontestablement la vraie,
et à donner ainsi un excellent exemple qui« sans nul doute, sera
suivi. Après quelques timides objections en faveur de Jupiter,
M. Ducourtieux promet de faire, dans VAlnianach, acte d'adhésion à
Torthographe dont M. Arbellot se montre le vaillant champion.
M. le Président énumère les publications reçues depuis la der-
nière séance, et il signale tout particulièrement un Bulletin de la
Société de Borda, à Dax, où il est parlé d'une monnaie d'argent de
Trajan, trouvée dans le déparlement des Landes, et portant, à
Texergue, le mot Lem., qui pourrait se traduire par Lemomcœ,
Bien que, de Tavis des membres présents, celte abréviation, à la
date ci-dessus, doive plutôt se rapporter à Lemonum (Poitieis) qu à
Lemovicœ, la pièce n'en est pas moins fort intéressante. — En voici
la description, d'après le Bulletin de la Société de Borda :
Face : buste lauré, à droite; lég. : Imp. Trajan. Hadrianus Aug.
— Revers : Pallas debout, à gauche, tenant une patère et une hasle.
A ses pieds, un autel allumé. Lég. : P. M. TR. P. Cos ///{pontifex
maximus, tribunus plebis, Consul III), et Lem. à l'exergue.
M. le comte de Gontaut-Biron a bien voulu adresser à la Société
un exemplaire d'un beau et précieux volume récemment publié
par lui et intitulé : Ambassades en Turquie de Jean de Gontaut-
Biron.
Le président a également reçu Y Historique du 9 5* régiment terri-
tonal, par M. Prévôt, lieutenant au corps. La Société exprime ses
remerciements à M. de Gontaut-Biron et à M. Prévôt pour ces
envois.
Dans le Reciml de l'Académie de législation de Toulouse, M. Du-
bédat a publié un piquant article sur le procès des Saint-Siraoniens.
PROCÈS- VERBAUX l>ES SÉANCES. 457
Dom Piolin, dans le Bulletin de la Société du Maine, consacre une
page au Graduel de la Bibliolhëque communale de Limoges, qu'a
fait Gonnailre une notice de M. Guibert, insérée au Bulletin
du comité des travatuc historiques, et appelle ce manuscrit : « un
des plus intéressants monuments liturgiques de la France ». Dans
le Bulletin critique, M. Misset, professeur au collège Fcnelon, à
Paris, s'occupant de ce môme Graduel, expose les raisons qui lui
permettent d'affirmer qu'il a été fait pour l'abbaye de Fontevrault.
Il est donné lecture d'une lettre de M. le président de la Société
Gay-Lussac, relative au congrès que doit tenir à Limoges, en 1890,
la Société française pour l'avancement des sciences, et à l'érection
d'une statue de Gay-Lussac dans notre ville. Toutes les sympathies
de la Sociélé archéologique sont acquises à cette œuvre et son
concours ne saurait faire défaut à une entreprise ayant pour objet
de rendre hommage à un enfant du Limousin qui a fait honneur à
sa province natale et à la France.
Une autre lettre annonce la création, à Rochechouart, d'une
société archéologique, scientifique et littéraire, sous la dénomina-
tion de Société des Amis des Sciences et des Arts. La Société forme
les vœux les plus cordiaux pour le succès de cette création et
échangera volontiers ses publications avec sa jeune sœur de Ro-
chechouart.
Le quatrième volume des Registres consulaires de la mile de
Limoges, publiés, sous les auspices de la Société, par M, Louis
Guibert, avec le concours d'une commission composée de MM. Jean
de Bruchard, Gaston Lavergnolle, Camille Marbouty, Paul Ma-
riaux et Léonard Moufle, est présenté à la Société ; il paraîtra au
commencement d'avril. Ce volume renferme les délibérations du
corps municipal de 1662 à la fin de l'année 1740. La série des
Registres consulaires, avec les tables, fournira encore la matière de
deux volumes.
M. d'Abzac, percepteur à Rochechouart, présenté à la dernière
séance, est admis, au scrutin secret, en qualité de membre titulaire
de la Société.
MM. L. MouQe et Maurat-Ballange présentent en la môme qualité
M. Pierre Charreyron, avocat à Limoges.
Pour M. René Fage, qui s'est excusé de ne pouvoir assister à la
séance, M. Leroux donne lecture de quelques passages d'une inté-
ressante notice biographique sur M. Auguste de Larouverade.
M. Fage étudie surtout les deux principaux ouvrages de ce dernier :
les Lettres à Julie sur le Sarladais et les Etudes historiques et cri-
tiqttes sur l'histoire du Bas-Limousin. Le premier de ces livres se
compose d'une série de tableaux épisodiques, animés par une
T. XXXVIH. 30
458 SOCIÉTÉ ARCHÉ0L061QCB BT BtSTOaiQUE DU LIMOCSIN.
brillante imagination et par un style des plus colorés, entrecoupés
de vers qui ne sont ni sans esprit ni sans charme. M. de LarouTe-
rade s'y montre ultra-romantique; il a pris la forme à la mode
pour intéresser ses lecteurs aux récits historiques qu'il leur pré-
sente dans ces lettres. Son intelligence élevée se révèle dans
maints passages; sa sagacité et sa pénétration se montrent dans
quantité d'observations fines et ingénieuses. Les Etudes histari^uet
sont une œuvre plus sérieuse; l'auteur aborde franchement, au
début, l'examen des difficullés les plus sérieuses de la période des
origines et fait preuve d'une science de bon aloi ; il ne conclal pas
toujours, mais il expose avec clarté, avec méthode et sincérité. La
suite est plus sommaire et se réduit le plus souvent à un simple
précis historique. Toutefois, si ce livre ne constitue pas, à propre-
ment parler, une œuvre d'érudition, on ne saurait y voir une simple
compilation. Il est plus et mieux.
M. l'abbé Poulbrière, directeur du Petit Séminaire de Scrvières,
a bien voulu envoyer à la Société une série de notes et de do-
cuments dont M. le président entretient ses collègues et sur les-
quels il se propose de revenir à une prochaine séance. Aujourd'hui,
il signale particulièrement un passage concernant la curieuse ins-
cription des fonts baptismaux de l'église de Saint-Priest-Ligoure
(Haute-Vienne) : Gardes vos du rapportor. Vivo Jésus t Que signifie
ce mot de rapportor? Plusieurs archéologues très experts n'ont pu
donner une solution satisfaisante de ce petit problème. M. Poulbrière
rélève, dans un article (Loupiac) du tome IV du Dictionnaire du
Càntaly la mention de la représentation d'un personnage fantasti-
que chargé d'un sac de rats, avec la légende à double sens : ra-
portor. M. Arbellot pense que le mot rapportor est mis pour accu-
sator, nom sous lequel le démon se trouve désigné dans l'Apocalypse.
L'inscription de Saint-Priest signifierait donc simplement : « Gar-
dez-vous du démon. Vive Jésus I »
M. le Président donne ensuite lecture d'une assez curieuse lettre
de Bordas, député de la Haute-Vienne à la Convention, également
envoyée par M. Poulbrière.
Le même communique à la Société l'empreinte d'un triens d'or
qui se trouve entre les mains de M. Beauvais, négociant à Saint-
Léonard, et qui a été trouvé dans les terrains dépendant de l'an-
cienne abbaye de Saint-Martin-lès-Limoges, auprès d'un sarco-
phage, à l'angle de la rue des Feuillants et de la rue d'Isly, lors
des déblais que fît exécuter M. Beauvais père pour la construction
d'une maison. Ce triens, qui n'a pas beaucoup plus d'un centimè-
tre de diamètre, présente d'un côté une léte d'un dessin fort
barbare, accusant le vu* ou le vni* siècle, avec la légende très
PROCÈS- VEBBAUX DES SÉANCES. 4^9
lisible : martigian; au revers, une croix encadrée dans un cercle
autour duquel on lit : emofra ra[gio] ecclesie lemof.
M. Ducourtieux présente à son tour à la Société un beau Tibère
en or qu'il tient de M. Hervy et qui appartient à M. Tliabaraud,
orfèvre. Ce Tibère, qui a été trouvé dans le pays, est du même
type et du môme coin qu'un autre Tibère d*or, découvert dans les
terrains du cimetière gallo-romain du Mas-Barbut, près Bersac. La
tête laurée, tournée à droite, a beaucoup de caractère; elle est
entourée de la légende : c^sar divi avg. f. filitisj avgvstvs. Au
revers, une femme assise, de la main droite tenant la haste et de la
gauche Itendant un rameau. Légende : P[ontifex] Maximus. Cette
belle pièce n'est pas rare.
Les déblais opérés sur le boulevard Sainte-Catherine, au-dessus
de la maison Rattier, en face du débouché de la rue Léonard
Limosin, ont mis au jour, à 1 mètre 40 environ au-dessous du
Jardin Sapin fils (ancien immeuble Peyrusson) et à 4 mètres au-
dessus du niveau du boulevard, des aires en ciment et des murail-
les appartenant à des constructions gallo-romaines. M. Ducourtieux
appelle Tatlention sur cette découverte. On se souvient qu'il y a
quelques années on avait découvert des restes analogues de l'autre
côté de la rue des Clairettes, dans Timmeuble appartenant alors
aux Pères Jésuites et dépendant aujourd'hui du collège de Saint-
Martial.
M. Guibert lit quelques extraits de l'ouvrage de M. de Cou-
ronnel qui a déjà fait l'objet d'une communication à la dernière
séance. Ces extraits sont relatifs à Clarembault de Mailly-Cou-
ronnel, l'un des chefs de la bourgeoisie d'Arras, qui, attiré dans
un piège avec plusieurs de ses compagnons, envoyés par la ville
auprès de Louis XI, fut mis à mort. Louis XI fut impitoyable pour
les habitants d'Arras, dont la résistance l'avait un moment effrayé.
On sait comment il essaya, mais sans grand succès, de remplacer
la population par des colonies appelées d'un certain nombre de
villes du centre de la France : Orléans, Tours, Blois, Limoges, etc.
Le plus ancien de tous les livres de raison dont l'existence ait
été signalée dans la région du centre, est celui de Pierre Esperon,
clerc, juge de la ville de Saint-Junien pour l'évêque de Limoges.
M. Guibert, qui se propose de publier ce curieux manuscrit,
en signale à la Société les passages les plus intéressants. Il
note surtout une sorte de compte-rendu des dépenses faites par
Esperon pour sa famille; frais des funérailles de parents, dots de
sœurs et d'enfants, secours, construction et réparation de maisons,
acquisitions de rentes, etc. On trouve dans le livre d'Esperon
rénumération des fabuleuses propriétés attribuées par la crédulité
iCO SOCIBTÉ ARCBèOLOGIQOK BT BISTOIIIQUB DD LIMOOSIK.
de nos pères à la peau du serpent, à Teau-de-yie, à certaines plan-
tes, etc. Les articles les plus anciens de ce registre sont du mois
d'août 1384, les plus récents de 1413; mais on ne rencontre plas
aucune mention de la main d*Esperon après les 21-22 septembre
1417. Il est mort rraisemblablement peu après.
M. Dubois fait passer sous les yeux des assistants trois frag-
ments, de dimensions et de couleurs variées, de haches de pierres
trouvées en divers lieux.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire,
Louis GUIB£RT.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1889
Présidence de M. le chanoine ARBELAX>X, Président.
Présents : MM. Arbellot, Hervy, Bourdery, Brissel-Desisles,
Cournuéjouls, R. Page, Fray-Fournier, Hersant, A. Leroux, le
chanoine Tandeau de Marsac, C. Vergniaud et L. Guiberl, secré-
taire.
Après la lecture et Tadoption du procès-verbal, M. le Président
fait part à la Société des ouvrages et publications reçus depuis
la fin du mois de mars. Il signale le premier volume d'une collec-
tion précieuse, les Archives révolutionnaires de la Haute-Vienne,
entreprise par M. A. Leroux, archiviste du département. Ce
volume, intitulé Doléances paroissiales, a été publié conformé-
ment au vœu du Conseil général. 11 contient les cahiers de neuf
villes ou communautés : Châlus, Eymouliers, paroisse inconnue
près Eymoutiers, Miallet, qui était situé en Limousin avant 1789,
Oradour-Saint-Genest, Rochechouarl, Sanit-Léonard , Uzurat el
une autre paroisse non dénommée de la Basse-Marche. Peut-être
Miallet, qui appartient aujourd'hui au département de la Dor-
(logne, n'avait-il pas de titre à figurer dans cette petite collection.
M. Leroux a complété sa publication par quelques documents
intéressants à plus d'un titre et se rapportant à la confection de>
cahiers.
PROCÊS'VERBAUX DR6 SÉANCES. 46i
Dn volume récemment publié par M. de Brémond d'Ars, et con-
tenant, avec la réédition de la Vie de la vénérable Suzanne de la
Poméliey dame de Neuvillars, du P. Dussault, une ample et savante
introduction, est recommandée par M. Arbellot d'une façon toute
particulière à l'attention des membres de la Société. Il en est de
même de Tintéressante Vie de M^ Alfred Duquemay, de M. Pataux,
curé de Saint-Quentin, à laquelle devra recourir le continuateur
du grand travail sur les évoques de Limoges entrepris par Nadaud
et Legros.
M. le président signale encore la dernière livraison du Gay-
Ltissac, contenant une liste des œuvres de Tillustre savant ; celle
du Bulletin critique^ qui rend compte avec éloge du travail de
M. Emile du Boys sur les Correspondants de l'abbé Nicaise; deux
articles de la Remie de Vart chrétien relatifs à de récentes publica-
tions de M. L. Guibert; — la mention, au bulletin de la Société
archéologique de Bordeaux, d'un don, fait par M. Juge de Saint-
Martin au Muséum d'instruction publique de celte ville, en 1809,
de plusieurs notes et dessins de Beaumesnil, le comédien anti-
quaire; mention est encore faite d'une intéressante notice de
Mk*" Barbier de Montault sur la Crosse de la collection Bretagne, à
Nancy.
La Revue du Midi, dont la seconde livraison vient de paraître,
donne le travail lu par M. Leroux à une récente séance de la
Société, au sujet de l'auteur véritable de l'ouvrage de Maldamnat :
M. Leroux pense que sous le pseudonyme de Maldamnat se cache
Baluze lui-même. De nouveaux arguments lui ont été fournis, à
l'appui de son hypothèse, par un récent article de M. Clément-
Simon : La Gaité de Baluze. M. Arbellot, qui a précédemment
combattu l'opinion de M. Leroux, estime que les indices réunis
par M. l'archiviste, sans produire une complète certitude, donnent
cependant à sa thèse une assez grande vraisemblance.
M. le Président donne communication d'une circulaire de M. le
Ministre de l'Instruction publique relative à la réunion des sociétés
savantes qui se tiendra au mois de juin prochain. Sont désignés
comme délégués : MM. Arbellot, Bourdery, Ducourtieux, L. Gui-
bert, L. Moufle et Nivet-Fontaubert.
M. Pierre Charreyron, avocat à Limoges, présenté à la dernière
réunion, est admis, au scrutin secret, membre résidant de la
Société.
MM. Arbellot et Berlhomier présentent, en qualité de membre
correspondant, M. Abel Mazet, architecte à Paris, boulevard des
Batignolles, 26.
M. Guibert communique à la Société, de la part de M. Th. Boisse,
46i SOCIETE AECHÊOLOOIQUK BT BISTORIQOB DU UHOUSllC.
de Saint-Janien, un rôle du ban et de rarriëre-ban de la séné-
chaussée du Haut-Limousin du 19 férrier 1568. D en a fait part à
BI. Tabbé Lecler, qui recherchera si cet intéressant document a
été utilisé pour le Nobiliaire, S*il ne Ta pas été, il conriendrait de
le publier.
Au nom de H. Yandermarcq, percepteur à Oradour-sur-Yayres,
M. Leroux communique à la Société quelques notes sur un tunulas
sis au lieu dit Champ des Mottes, à SOO mètres d'Oradoor.
M. Yandermarcq a commencé à fouiller ce tumulus, qui a 85 mè-
tres de circonférence sur 1 mètre 10 seulement de hauteur. Il y a
découvert, à 1 mètre 50 de profondeur, des ossements calcinés
placés entre deux blocs de quartz qui ont subi Faction du feu, un
anneau, des clous et divers fragments de fer et de bronze très
oxydés, une urne en poterie rouge, fine, de 11 centimètres de bant
sur 15 de diamètre à la panse, et les débris d*un vase d'assez
grandes dimensions. Le bureau de la Société a mis à la disposition
de M. Yandermarcq une petite sonune pour continuer ses fouilles,
et il lui sera demandé un rapport avec dessins pour le Bulletin,
M. Yandermarcq a également envoyé à la Société des frottis de
diverses monnaies espagnoles et portugaises découvertes dans les
environs.
On sait quelle importance a eue à Limoges, au moyen-ftge, la
fabrication de Torfèvrerie. L'étude des types, des formes et du
décor les plus ordinairement employés par les artistes limousins
offre donc un assez grand intérêt. M. Guibert signale les princi-
paux types de reliquaires : la châsse (tombeau, maison ou ég^se);
les formes empruntées au règne végétal et qui se pliaient si bien à
tous les besoins du décor, à toutes les allusions du symbolisme
chrétien ; puis les statuettes, la représentation des êtres inférieurs,
enfm de l'homme, de l'ange et de la divinité. Il cite, pour chaque
catégorie de types, des exemples choisis parmi les objets que con-
servent les églises de la région.
A la dernière réunion, M. Ârbellot a fait part à la Société de
quelques-uns des sujets auxquels se rapporte un récent envoi de
notes dû à l'obligeance de M. Tabbé Poulbrière. M. Fage complète
cette communication. Il lit notamment une lettre de l'ancien repré-
sentant Pénières, datée de 1811, et dont l'allure leste et gaie con-
traste singuUèri'ment avec la phraséologie des lettres écrites par
le même durant la période révolutionnaire. M. Poulbrière donne
quelques noies sur l'abbé de Saint-Marsault, aumônier de Mes-
dames Victoire et Adélaïde, et qui les accompagna dans Témigra-
tion. Mesdames avaient sollicité à Rome un litre d'évêque in par-
tihtis pour leur aumônier. Le cardinal de Bernis, alors ambassa-
PROCftS-VBRBAUX DES SEANCES. 463
deur de France auprès du Saint-Siège, obtint aisément cette grâce,
mais la chancellerie romaine joua à Saint-Marsault le mauvais
tour de lui délivrer des bulles pour Tévéché de Paphos. On ne dit
pas si Louis XV se montra froissé de Tépigramme; mais elle ne
pouvait pas ne pas être comprise : Bemis fut chargé de demander
un autre titre, qui prêtât moins matière aux rieurs, et Tabbé de
Saint-Marsault fut fait évéque de Pergame.
Quelques notes sur le lynx des Ternes, une des fameuses « bêtes
du Gévaudan » dont on a tant parlé ; sur un ouvrage imprimé à
Limoges, chez Guillaume de La Nouaille, en 1539 et non signalé
jusqu'ici; sur les familles du Gasseau et de David deLastours, enfin
sur une 5orte de comice agricole institué à Argentat par le cheva-
lier de Combarel, épuisent les communications envoyées par
M. Poulbrière.
M. le chanoine Arbellot rappelle que Grégoire de Tours a été
contemporain d'une partie seulement des;événements dont il a écrit
rhistoire. Le récit de ce qui s'est passé avant lui, il Ta emprunté,
sans beaucoup de critique, à divers auteurs des siècles précédents,
aux hagiographes surtout. M. Lecoy de la Marche avait depuis
longtemps appelé Tattention sur ces emprunts, auxquels la Revue
des questions historiques a consacré un récent article. Parfois la
compilation de notre premier historien national est assez confuse.
Ainsi le passage, si souvent cité, relatif & l'envoi des sept évêques,
parait avoir été tiré de deux écrits différents : la Passion de saint
Satufuin, qui mentionne l'envoi de cet évéque au temps de l'em-
pereur Dèce, et la légende de Saint-Ursin de Bourges, qui nomme
les sept évangëlisateurs de la Gaule, mais en les donnant comme
disciples des apôtres. C'est M. Tabbé Paillon qui a constaté ce sin-
gulier amalgame de deux textes, à l'un desquels Grégoire a pris
renonciation du fait en empruntant à l'autre une date, fort sujette
à caution du reste. En effet, les actes les plus anciens de saint
Saturnin, conservés à Pampelune, le donnent comme disciple de
saint Pierre.
M. Arbellot communique à la Société une fort intéressante lettre
écrite par lui à M. Dubédat à ce sujet.
La séance est levée à dix heures et quart.
Le Secrétaire,
Louis GUIBERT.
4ft4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQUK ET ITSTaAIQOB DO LIMODSlIf.
SÉANCE DU 28 MAI 1889.
Présidence de M. le ebanolne AItBEL.IX>X, Président.
Présents : MM. Arbellot, Astaix, Louis Bourdery, Amand Dnbois,
Joseph Dubois, P. Ducourtieux, René Page, Emile Lacbenaud,
Alfred Leroux, Paul Mariaux, Léonard Moufle, Nivet-Fonlaubert el
Louis Guibert, secrétaire.
Après la lecture et l'adoption du procès verbal, M. le Président
fait passer sous les yeux de la Société les lettres de faire part en-
voyées en 1808, à Toccasion du mariage des deux filles du maréchal
Jourdan avec M. Ferri-Pisani et le prince de Luperano. Ces lettres
ont été communiquées par M. Amand Dubois.
Sont Fobjet d'une mention particulière, parmi les ouvrages el
publications reçus depuis la fin d'avril : 1** la dernière livraison du
Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Tulle, avec
des articles intéressants de MM. Page, Champeval, Decoux-
Lagoulte; ** celle du Bulletin scientifique de Brive^ avec une inté-
ressante conférence sur Témaillerie, par M. Emile Molinier; —
3» celle de la Société historique du Périgord, avec quelques pages
sur l'église de Saint-Martial de Valette, dont M. Arbellol signalait
naguère le curieux portail ; — 4** le programme du cours de M. Lièvre
àla Faculté de Poitiers : rArchéologi4> préhistorique ; — S'^ unonYV^g^
sur les Représentants du Peuple en mission, par M. Henri Wallon,
ouvrage dans lequel on peut noter un certain nombre de passages
relatifs à nos déparlements limousins; — 6° enfin le volume de
l'Académie des Jeux floraux pour 1889, renfermant, entre autres
productions intéressantes, YEloge de Clémence Isaure, en vers, par
notre compatriote, M. Gaston David, maître ès-jeux floraux, après
avoir été un des lauréats les plus souvent couronnés de ces con-
cours. "
M. le Président rappelle que tout membre de la Société qui en
fera la demande par écrit, pourra acquérir, au prix de dotize
francs, les quatre volumes publiés jusqu'ici des Registres consulai-
res de la ville de Limoges.
La Société des sciences naturelles et historiques de Guérel vient
de perdre son digne et respecté président. M, Pierre de Cessac.
M, Arbellot rappelle avec quel zèle M. de Cessac s'est occupé de
f AOCBS-TRBBAUX DES SÂANCBS. 465
l'histoire de son pays et quelle part importante il a prise aux
travaux de la Société de Limoges. Il a été de plus Torganisateur
principal du congrès scientifique de 1866, et a publié un assez
grand nombre d'ouvrages estimés.
La Société s'associe, avec les sentiments de la plus vive sympa-
thie, à l'hommage rendu par son président à un des savants les
plus distingués de notre province.
M. Mazet, architecte à Paris, présenté à la dernière réunion, est
élu au scrutin secret membre correspondant de la Société.
M. L. Guibert a reçu de M^^ Barbier de Montault un intéressant
Inventaire, dressé en 1741, après le décès d'Etienne Audebert de
Fonmobert, conseiller du roi et son procureur pour la police
à Bellac. Cette pièce est offerte aux archives de la Société.
M. L. Guibert ajoute que M. Jules de Boysse a bien voulu égale-
ment faire don à la Société du rôle du ban et de Tarrière-ban con-
voqués en 1568, document communiqué à la dernière réunion.
La Société française d'archéologie tiendra cette année sa session
ordinaire à Evreux. M. le Président met des programmes à la
disposition des personnes qui voudraient prendre part à ces tra-
vaux^
Il est parlé d'une excursion àChassenon; mais M. le Président
fait remarquer que plusieurs membres devant sous peu de jours
s'absenter pour la réunion annuelle des Sociétés savantes, il y a
lieu de remettre l'élude de ce projet à la prochaine séance.
M. Guibert dit qu'il compte se rendre incessamment à Coussac-
Bonneval avec M. Jules Tixier, pour examiner les réparations à
effectuer à la lanterne des morts de cette localité, devenue la pro-
priété de la Société. Il invite ceux des membres qui désireraient
se joindre à eux à le prévenir.
M. le Président donne lecture d'une fort curieuse lettre écrite par
Baluze à d'Aguesseau, alors âgé de quatorze ans, au sujet d'une
pièce de vers latins du futur chancelier, communiquée par son
père au grand érudit. Cette lettre, inédite, sera publiée au Bulletin.
Elle a été copiée par M. Emile Du Boys, dans les documents ven-
dus par Libri en Angleterre, et dont on doit au zèle de M. Léopold
Delisle la restitution à la France.
M. Louis Bourdery communique à la Société le projet d'un inven-
taire général de l'œuvre des anciens peintres émailleurs de Limoges.
Le catalogue dont il s'agit comprendra non-seulement toutes les piè-
ces antérieures à la période de décadence de notre bel art provin-
cial, mais encore toutes les œuvres typiques ou intéressantes à un
point de vue quelconque sorties de nos ateliers, et qui sont conser-
vées soit en France, soit à l'étranger. Ce travail, dont M. Bourdery
466 SOCIÉTÉ AECHÊOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIHODSIN.
et M. Lachenaud ont conçu le dessein et trace le plan, est déjà en
bonne voie : plus de 4,000 fiches sont constituées et le dépooille-
ment des catalogues de plusieurs des plus importantes collections
d'Europe, de plusieurs des Expositions qui ont laissé le plus bril-
lant souvenir est achevé.
Les deux auteurs de ce projet sont admirablement préparés
à Texécuter et personne ne se trouve dans de meilleures conditions
pour mener à bien le vaste et difficile travail qu'ils se proposent de
poursuivre. Tout le monde sait quelle connaissance approfondie
M. Bourdery, émailleur distingué, possède de son art et combien
ses études spéciales l'ont familiarisé avec les produits de nos vieux
maîtres, ses prédécesseurs. M. Lachenaud est un amateur de gra-
vures et de livres des plus compétents. Sa bibliothèque est riche en
documents de toute espèce relatifs à Thistoire de l'art. On doit se
promettre les plus heureux résultats d'une telle collaboration.
MM. Bourdery et Lachenaud se proposent d'adresser à tous les
détenteurs d'émaux limousins, qui auront été signalés, un question-
naire destiné à leur fournir les indications essentielles pour la
description de chaque pièce. Ils demandent à la Société son
patronage auprès de leurs correspondants et du public, afin que
les résultats de leur laborieux inventaire soient aussi satisfaisants
et aussi complets que possible.
M. le Président félicite M. Bourdery et M. Lachenaud de leur
projet. Le concours le plus sympathique et le plus dévoué de la
Société est assuré à un travail qui non-seulement aura une impor-
tance considérable pour l'histoire de l'art français, mais sera un
véritable monument élevé à la gloire de notre province limousine.
M. Ducourtieux communique à la Société de nouveaux rensei-
gnements sur les découvertes faites au cours des travaux exécutés
dans la région de la Croix- Verte. A 50 mètres du nouveau viaduc
de la Vienne, on a trouvé une ancienne carrière de schiste délité.
Les ouvriers ont rencontré nombre de vestiges de murs, quelques-
uns fort épais; un aqueduc de grandes dimensions, avec de petits
refuges latéraux, des fragments de poterie avec les signatures :
DEMODES F; MAHETI; OF BILICA, qu'on avait déjà trouvées,
mais incomplètes; une peule à grain et divers autres objets. Les
monnaies exhumées sur ce point sont aux effigies d'Auguste,
Agrippa, Néron, Faustine, Constantin. Il faut noter une pièce en
argent de Géta. Grâce à l'obligeance de M. l'ingénieur Draux et
de MM. Vigner et Rigaud, entrepreneurs, une partie des objets
ainsi découverts ont été mis de côté avec beaucoup de soin. — La
Société vote des remerciements à ces messieurs.
M. Ducourtieux rappelle que M. l'abbé Poulbrière a signalé à la
PROCÈS-VERBAUX DBS SÉANCBS. 467
dernière séance un livre imprimé à Limoges, chez Guillaume de La
Nouaille, en 1539. Cet ouvrage appartient à une collection de di-
vers traités de morale souvent réunis sous le titre : Auctores octo,
continentes libros videlicet Cathonem, Facetum, Theodolum, de con-
temptu mundi^ Floretum, Alanum de ParaboliSy Fabulas _Esopi,
ThoMam. Le Floretus a été imprimé par Jean Berton dès 1508.
Gonlinuant son élude sur les sources de Thistoire de Grégoire
de Tours, M. Arbellot cite plusieurs passages de cet auteur relatifs
à Saint-Martial, surtout à sa sépulture. Grégoire a, sans nul doute,
connu la vie de Tapôtre écrite par le pseudo Aurélien, car il lui a
emprunté plusieurs passages; il a également puisé dans Tancienne
vie du saint le récit de certains miracles. Mais il n'a reproduit que
les indications de ces ouvrages ne contredisant pas les renseigne-
ments donnés ailleurs par lui.
M. Guibert expose les principaux traits des institutions muni-
cipales de la ville de Saint-Léonard de Noblat au xni* siècle. C'est
de Henri II Plantagenet ou de Richard-Cœur-de-Lion que les ha-
bitants tenaient leur commune eh le droit d'élire leurs consuls.
Ceux-ci, au nombre de huit, nommés pour une année, avaient des
attributions dont Tampleur et l'importance nous étonnent aujour-
d'hui. M. Guibert se borne à passer en revue, d'une façon som-
maire, ces attributions.
La séance est levée à dix heures et quart.
Le Secrétaire,
Louis Guibert.
SÉANCE DU 25 JUIN 1889.
Présidence de M* le chanoine AItBE:ijL.OX« Président*
Présents ; MM. le chanoine Arbellot, Astaix, P. Charreyron,
P.Ducourtieux, Fray-Fournier, E, Goutenègre, Hersant, C. Jouhan-
neaud, Em. Lachenaud, Alf. Leroux, Nivet-Fontaubert, Paradis,
J. Tixier, L. Guibert, secrétaire.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal, M. le Président
communique à la Société les envois reçus depuis la dernière
séance.
466 SOCIÉTÉ ARCHÉÛLOGI^B ET UISTORIQUB DU LIMOUSIX.
II signale entre autres le premier Tolnme des œuvres complètes
(l*un'des plus savants et des plus laborieux correspondants delà
Société, MB' X. Barbier de Monlault; un intéressant rapport de
M. Raoul Fougères à la Société havraise d'Etudes diverses, oà
Tauteur, sous le titre : Limoges et le Haut-Limousin, a réuni une
grande quantité de renseignements sur notre province et sa capi-
tale ; le premier Bulletin de la Société des Amis des sciences et
arts de Roch^chouart, renfermant de très bons articles de MM. Mas-
frand, d'Abzac et Précigou.
M. le Président mentionne Thommage fait à la Société, par
M. L. Guibert, d'une notice sur les Anciens statuts du diocèss de
Limoges, extraite du Bulletin des travaux historiques, — et de son
analyse des Cahiersdu Lifnottsin et de la Marche en / 789.
M. Tabbé Poulbrière a également offert à la Bibliothèque de la
Société un exemplaire du Cahier de la noblesse de la Sénéchaussée
de Saint-Yrieix.
Plusieurs membres signalent des ouvrages rares d'origioe
limousine.
M. Nivet-Fontaubert demande si on connaît Tauteiur de VEpitre
à la Mort ou épitre à rien, « par un Chinois de Limoges ».
M. Leroux pose la même question à propos d'un recueil de Noêh
français, imprimé chez J.-B. Dalesme.
Aucune des personnes présentes ne peut répondre à ces ques-
tions.
M. Arbellot dit qu'il a montré à M. Chabouillet la pièce d'or
mérovingienne où on avait d'abord cru lire Artigia, M. Chabouillet
a lu sans hésiter Marticiaco et au revers Fravualdo ou quelque
chose d'approchant pour le nom du monétaire. La pièce paraît
limousine, mais il est difficile de déterminer la localité où elle a
été frappée.
M. le Président fait passer sous les yeux des membres présents
une pclile pièce d'argent, qui paraît être du xn* siècle, el qui
appartient à la catégorie des monnaies dites barbarines. Le droit
représente le buste de saint Martial, avec toute la barbe et de longs
cheveux. Légende : s. e. s. marcial. h. {Signum ecclesiœ Sancti
Martialis). Au revers une croix cantonnée de huit besans (deux
dans chaque secteur), et le mot : Lemovicensis,
L'ordre du jour appelle le compte-rendu de la réunion des
Sociétés savantes. M. le Président donne un aperçu général de
l'organisation du Congrès. Cette année, les diverses sections ont
pu trouver un abri à la Sorbonne; celle des Beaux-Arts,
seule, a continué à se réunir à l'Ecole des Beâux-Arls. La Société
archéologique du Limousin n'a fourni de communications qu'à
rROCÈS-VEBBAUX DES 8ÉANCE8. 469
deux sections : celle d'hisloire et philologie, où M. Arbellot et
M. L. Gaibert ont fait des lectures, et celle d[archeologie, où
M. de Lasteyrie a bien voulu donner communication d*un travail
envoyé par M. Guibert.
Parmi les mémoires lus dans ces réunions, il faut donner une
mention toute particulière à celui lu par notre distingué compa-
triote, M. Ludovic Drapeyron, à la section de géographie, et inti-
tulé : Jean Fayan, auteur de la première carte du Limousin et colla-
borateur de notre premier atlas national.
Un membre de la Société, M. Camille Leymarie, bibliothécaire
de la ville, a reçu les palmes académiques.
M. L. Guibert fait part à la Société d'un certain nombre de
documents présentant un réel intérêt pour l'histoire limousine et
extraits des publications faites en Angleterre par le conservateur
des Archives de la Tour de Londres. Trois séries ont été com-
mencées presque simultanément : les Chartes, les Lettres Patentes
et les Lettres closes. Tout ce qui a paru jusqu'ici se rapporte au
règne de Jean-sans -Terre (1199-1216), et aux premières années du
règne de Henri III, son fils et successeur.
Parmi ces chartes, M. Guibert en a relevé qui concernent la com-
mune de la Cité de Limoges, celle du Château, celles de Peyrat-le-Chà-
teau et de Saint-Léonard; il signale plusieurs sauvegardes accordées à
des marchands de Limoges, l'ordre aux trésoriers royaux de donner
des gratifications à deux envoyés des bourgeois et des citoyens de
cette ville; diverses lettres relatives à la succession d'Aymeric
Brun, seigneur du château de Montbrun, etc., etc. M. L. Guibert
rappelle qu'en 1214 Jean-Sans-Terre vint en Limousin. On cons-
tate sa présence à Angouléme le 15 mars; à Saint-Junien, le 17;
à Aixe, les 21, 22 et 23; à Saint-Léonard, le même jour, 28; à
Saint- Vaury, le 25; à La Souterraine, les 28, 29, 30 et 31 ; à
Grandmont, les 1 et 2 avril; à Limoges, le 3; à Montbron, le 4.
Le 5 il est de retour à Angouléme.
M. Leroux prépare la publication du premier volume de l'inventaire
des archives communales delà Haute- Vienne. Ce volume contient le
sommaire de celles de Bellac, le Dorai, Eymoutiers, Rochechouarlet
Saint-Junien, avec un supplément à l'inventaire de Limoges. Bellac
seul, en dehors de Limoges, a conservé des archives communales
renfermant autre chose que des registres paroissiaux. M. Leroux
donne quelques renseignements sur ces derniers registres et cons-
tate que, dans tout le département, trois localités seulement :
Limoges, Magnac et une petite commune, possèdent des documents
de cet ordre antérieurs à 1600.
Parmi les indications que fournit le premier volume de Tinven-
470 SOCIETE ARCBÉOLOOIQDB ET HISTORIQUE DD LiHOCSIN.
taire en cours d'impression, il faut noter quelques détails biogra-
phiques, de précieux renseignements sur la population, sur les
naissances illégitimes, sur les meurtres, les duels, les événements
d'intérêt local.
M. Leroux a trouvé mentioa d*un petit gouvernement militaire
spécial, établi, vers l'époque de la Fronde, au profit de M. de La-
feuillade, et comprenant les trois villes d^Eymoutiers, de Saint-
Léonard et de Bourganeuf. Ce gouvernement paraît être demeuré
longtemps dans la même famille et avoir subsisté jusqu'à la
Révolution.
Les registres d'Eymou tiers offrent [un intérêt tout particulier
pendant qu'ils sont tenus par le curé François Masmoret. Celui-ci
se fait chroniqueur de la paroisse et note quantité de petits détails
précieux à retenir. Les doctrinaires de Bellac rédigent une espèce
de nécrologe.
Il résulte des notes recueillies par M. Leroux que les religieuses
de Saint-Alexis n'ont pas seulement desservi les hôpitaux de
Limoges, Saint-Léonard, Saint-Junien; on les trouve à Beaulieu,
Turenne, Eymoutiers, Saint-Yrieix et La Souterraine.
M. Leroux montre encore l'hospice d'Ëymoutiers menacé dans
son existence par Louvois; il signale une imprimerie à BeUac
en 1794, et pense qu'il en a existé une dans cette ville avant 1780;
il mentionne un criminel roué à Châteauneuf-la-Forêt en 1658; ce
qui donnerait à supposer que le seigneur de cette localité avait
conservé l'exercice de ses droits de haute justice, fait bien rare i
cette date.
Il est donné lecture d'une obligeante lettre de M. d'Abzac, se-
crétaire général de la Société de Rochechouart, au sujet de l'ex-
cursion projetée aux raines romaines de Ghassenon. On décide
que cette excursion aura lieu dans la seconde quinzaine de juillet.
La date en sera ultérieurement fixée.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire^
Louis GUIBERT.
PROCÈS- VERBAUX DES 6ÉANCES. 471
SÉANCE DU 30 JUILLET 1889.
■^résidence de IH. le chanoine ARBBL.LiOX, président*
Présents : MM. le chanoine Arbellot, Astaix, Hervy, Dorât,
Amand Dubois, Joseph Dubois, Ducourtieux, R. Page, Fray-
Fournier,Guyonnet, Hersant, Nivet-Fontaubert, Paradis, Raynaud
et L. Guibert, secrétaire.
Après l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, on
décide que l'excursion projetée aux ruines romaines de Chassenon
(Charente) aura lieu le jeudi l'^' août. Avis en sera donné à
MM. les Membres de la Société des Aîiiis des Sciences et Arts de
Rochechouart, afin que les deux Sociétés visitent, s'il est possible,
ensemble l'emplacement de Fancien Cassinomagus.
M. le Président présente à la Société la seconde livraison du
tome XXXVI du Bulletin^ renfermant des travaux aussi intéressants
que variés, dus à MM. l'abbé Lecler, Barbier de Monlault, Leroux,
Fage, J. Dubois, Ducourtieux, Arbellot, Guibert, et de beaux
dessins de M. Jules Tixier et de M. Louis Bourdery. Puis il énu-
mère les envois reçus depuis la réunion de juin. Mention toute
spéciale est faite d'un exemplaire d*un tirage de luxe du Catalogue
de r exposition de Blanc et Noir (Limoges, mai 1889) qui fait hon-
neur et au talent de M. Tixier et au goût de l'imprimeur, M. Du-
courtieux ; — d'un Recueil précieux de Documents sur la ville d'Ey-
moutiers, publiés par M. Joseph Dubois (tirage à part du BulletinJ;
— d'une bonne notice sur la Bibliothèque d'Auguste Bosvieux, due
à M. Ducourtieux et extraite aussi du Bulletin; — de la dernière
livraison du Bulletin d'histoire et de Philologie^ publié par le comité
des travaux historiques, et où ont été insérées diverses communi-
cations de M. Guibert, — enfin d'un nouveau fascicule de la Revue
de l'Art Chrétien, contenant notamment un article dans lequel
Mp" Barbier de Mon tault revient sur la date des Peintures du rétable
de Saint'Victumien. L'opinion de M. de Lasleyrie et de plusieurs
autres savants, adoptée par M. Guibert dans sa notice sur ces pein-
tures, est qu'elles ne remontent pas au-delà du milieu du xv« siècle.
Mgr Barbier de Monlault émet l'avis qu'elles sont d'un siècle plus
anciennes.
M. Ambroise Tardieu, l'archéologue et rhistoricn bien connu
471 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTOEIQUB DU LlSODSl!!.
de TAuver^e, offre renvoi gratuit de sa charmante brochure :
Histoire des villes d'Auzances et de Crocq, à tout membre de la
Société qui lui adressera 30 centimes en timbres-poste ('Adresse : à
Hermenty Puy-de-Dôme), On engage vivement MM. les membres
de la Société k profiter de Toffre de M. Tardieu et à se procurer
son intéressant ouvrage, illustré d'une grande quantité .de dessins
et renfermant des renseignements d'un réel intérêt pour rhîstolre
de la Marche et du Limousin.
M. l'abbé Monique, demeurant à Eymoutiers, est présenté comme
membre titulaire par MM. Garrigou-Lagrange père et L. Guibert.
M. l'abbé Demars, curé du Châtenet-en-Dognon, est présenté en
la même qualité par MM. le chanoine Arbellol et L. Guibert.
M. le Président dit que M. Monique possède une Vie des plus
intéressantes du célèbre oratorien Gabriel Ruben, et qu'il se pro-
pose d'en donner communication à la Société. Celte vie, écrite par
un contemporain, confirme pleinement l'origine limousine du
P. Ruben ; celui-ci est et demeure enfant d'Eymoutiers, en dépit
des prétentions du Périgord. La Dordogne et même la Garonne
auraient beau faire, toutes leurs eaux ne pourraient effacer Thisloire
et la vérité. Le P. Ruben est plus près de nous que saint Waast,
et on renoue plus aisément le fil d'une généalogie dans une yille
bourgeoise du xvu* siècle qu'au milieu des ruines presqu*informes
de Yoppidum de Courbefy.
Au mois de juin dernier, on a trouvé, en exécutant des terrasse-
ments dans les anciens jardins de Thôpital de Limoges, une curieuse
statuette en bronze du dieu Terme. M. Ducourtieux la présente à
la Société.
La statuette est d'un bon style. Le dieu a la chevelure abondante
et la barbe fleurie. La gaîne qui termine cette statue, offire sur le
devant un attribut de virilité. Ce très intéressant morceau sera
déposé au Musée national Adrien Dubouché.
Aux Grands-Chézeaux, on a découvert, dans le cimetière, les
restes d'anciennes sépultures. M. l'instituteur a bien voulu donner
à M. Le Gendre, qui les a communiqués à la Société, quelques frag-
ments trouvés dans ces sépultures^ notamment une brique avec
un dessin qu'on rencontre souvent, une moulure en calcaire et an
vase en terre que M. Arbellot croit ne pas remonter au-delà du
moyen-âge, du xiu* siècle peut-être, et avoir été destiné à contenir
de l'eau bénite.
L'auteur de cette dernière communication, M. Le Gendre, prési-
dent de la Société botanique du Limousin, a demandé que des rela-
tions s'établissent entre cette Société et la Société archéologique.
Cette ouverture est accueillie avec la plus vive sympathie et la plus
sincère cordialité.
PROCèfl-VKilBAUX DES SÉANCES. 473
Au nom de M. Emile Du Boys, M. le Président donne leeturo
«raiie très curieuse communicalion envoyée par celui-ci, de Paris.
Il s*agitde deux correspondants inédits de Bahize, Dom Pradilhon
ei Du Verdier. Dom Pradilhon a été abbé général des Feuillants, et
OB le tenait pour un généalogiste d'une très grande aatorité. Du
Verdier remplissait à Tulle les fonctions de conseiller au présidial.
II était nereu par alliance de Baluze. C'est de la volumineuse cor-
respondance que recèlent les armoires de TiHuslre érudit limousin
que M. Du Boys a extrait ces lettres, très intéressantes pour notre
historiographie provinciale.
M. le Président en donne lecture ainsi que de la substantielle
introduction qui les accompagne.
A son tour, M. le chanoine Arbellot lit une notice sur Dom
Pradilhon de Saint-Anne. Né en 1640, à Eymouliers, Pradilhon,
après de brillantes études, entra à Tabbaye de Feuillant, qui
donna son nom à une congrégation célèbre dont le jeune religieux
devait être quatre fois élu abbé général. Il s'occupa avec succès do
généalogie, de droit, etc. Il fut le correspondant de Gaignières et
de Baluze. Peu de religieux ont joui, au xvn* siècle, d'une aussi
universelle et aussi haute considération. Il mourut à Paris, en 4701,
et fut inhumé dans l'église de Saint-Bernard des-Feuillants.
I/ordre du jour appelle une lecture de M. Joseph Dubois : Jean
Buben, chanoine et théologal d'Eymoutiers, oncle du P. Gabriel
Ruben, fit en 4648 son testament. Ce testament fut ouvert après
sa mort, trois ans plus lard. M. Dubois donne lecture de ce curieux
document dont plu<%ieurs clauses sont à noter : La demande du
testateur d'être inhumé auprès du chanoine de Ruhcn de Lombre,
son oncle et bienfaiteur; le legs fait par lui à la théologale de deux
maisons, l'une lui venant de de Lombre et d'Antoine Ruben de La
Vialle, l'autre acquise de Suzanne Mcnot, toutes les deux avec leur
mobilier ; le legs au chapitre de la bibliothèque du chanoine sauf
le droit, pour les neveux du testateur, d'emprunter les livres (|ui
la composent; un autre à Gabriel Ruben, son neveu, alors cha-
noine, de « toutes ses prédications, collections et autres manuscrits »
pour les publiei', s'il le juge convenable; enfin, un legs de quarante
livres à chacun de ses filleuls, même à venir.
Lecture est donnée d'une lettre de Turgot aux officiers munici-
paux de Limoges, touchant les prétentions du sieur Manent, secré-
taire-greffier. Un post-scriptum parle du projet de rétablissement
d'une partie de la halle sur la place des Bancs. Cette pièce appar-
tient k M. Nivel-Fontaubert.
M. L. Ouibert indique les difficultés qu'on éprouve dans l'élude
de l'histoire des communes du cours supérieur de la Vienne, —
T. xxxvui. 31
i7i S0CIÉ1F ARCIlÉOLOGlOUli; KT UISTOIUUUK UL LIMOUSIN.
Saint -Léonard, le Château et la Cité de Limoges, Sainl-Junien, —
pour démêler la vérité en présence de documents et de témoignages
absolument contradictoires. Il cherche le secret de ces contradic-
tions dans les vicissitudes politiques, dans les usurpations insen-
sibles des bourgeois encouragées par les rois d^Anglelerre, ducs
d'Aquilaine, et dans les retours offensifs de rauloritc féodale.
D'après lui, le mouvement communal dans nos provinces, se
serait produit surtout entre i180 et 1220, et non pas en 1250
comme Ta cru M. Leymarie. Les luttes si intéressantes et si achar-
nées qui ont commencé à celte époque entre les corps de bour-
geoisie et leurs seigneurs, auraient pour point de départ une
réaction entreprise par ces derniers.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire,
Louis GriBERT.
SÉANCE DU MARDI 27 AOUT 1889.
Présidence de M* le chanoine AItBBLiL.OT, nréslflent*
Présents : MM. le chanoine Arbellot, Brissct-Desisles, Ducour-
lieux, E. Hersant, Judicis, Tabbé Lecler, A. Leroux, Nivet-Fonlau-
berl, Paradis, Raynaud et L. Guibert, secrétaire.
Après la lecture du procès-verbal, qui est adopté, M. le Président
donne communication des ouvrages reçus depuis la dernière
séance.
Il signale en premier lieu le nouveau volume de Tinventaire de
nos archives (série E), qui vient d'être publié par M. A. Leroux.
Le fascicule renferme l'inventaire des archives municipales de
Saint-Junien,Rochechouart, Evmoutiersj Le Dorât, Bellac, plus un
supplément à celui du dépôt communal de Limoges. Ce volume, qui
est précédé d'une intéressante introduction, constitue un nouvel et
imposant appoint à l'ensemble de documents et d'informations mis
à la disposition de tous ceux qui ont besoin de consulter le passé
de la province, qu'il s'agisse d'études historiques, biographiques,
PKOCÈS VKRBAUI DES SÉANCES. 475
bibliographiques, adminislralives, sociales ou autres. M. le Pré-
sident, au nom de la Société, félicite et remercie M. Leroux.
Auprès de ce volume, il faut en mentionner un autre, concer-
nant les archives départementales de la Corrèzc, et qui vient d'être
publié à Tulle par rarchivislc, M. A. Hugues. H comprend les
séries B, C, D, E (complément).
M. le Président signale h Tattenlion de la Société deux envois de
Mk*" Barbier de Montault : La crosse du musée de Nancy et la grande
pancarte de la basilique de Latran; — le rapport de M. Guibert sur
les Monuments historiques du département; une biographie de
M. Lecointre-Dupont, membre distingué et zélé de la Société des
Antiquaires de l'Ouest; enfin, une publication intéressante à plus
d'un point de vue, due à M. le comte de Couronnel, membre du
Conseil général de la Haute-Vienne, et intitulée : Souvenirs d'une
ancienne famille : la maison de Mailly en Artois (branche
de Mailly-Couronnel), Plusieurs passages de cet ouvrage ont été
lus à deux des dernières séances de la Société.
Mention est faite aussi de la ilcrnicre livraison du Gay-Lussac,
avec un article à noter de iM. le D' Boulland ; — de celle du Bulle-
tin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze^ conte-
nant une remarquable notice de M. Clément-Simon sur l'instruction
en Limousin et sur le collège de Tulle; — de celle du Bulletin de la
Société scientifique et historique de Brive; — d'une livraison récente
de la Société archéologique de Bordeaux, où il est parlé d'une
branche de la famille Dorat-Disnematin de Limoges, qui s'établit
dans la capitale de la Guyenne au xyu** siècle et dont un membre
devint acquéreur de la maison de Montaigne.
Le Bulletin bibliographique et des archives loue M. Leroux de Tidée
qu'il a eue de publier dans VAlmanach la liste générale des revues
de toute nature reçues par les divers établissements publics : biblio-
thèques, séminaire, administrations, cercles, etc., de Limoges. 11
serait à souhaiter que cet exemple fût suivi.
MM. L. Bourdery et Em. Lachenaud ont entrepris, comme on
sait, l'inventaire général de nos émaux peints d'origine limousine.
M. Guibert fait connaître à la Société les résultats encourageants
obtenus par les premières démarches de ces messieurs. Beaucoup
de colieclionneurs ont répondu à l'appel qui leur a été adressé, et
de précieux concours sont dès à présent assurés à la lâche de nos
deux laborieux confrères.
M. Paradis présente à la Société quelques pièces de monnaie
qu'il a recueillies : trois ou quatre sont de moyens-bronzes des
empereurs Flaviens et Antonins ; toutes les autres sont des jetons
et monnaies françaises des xvn'' et xvni' siècles ou des pièces étran-
476 SOCIÉTÉ Ar.CIIÉ0t.OCIQUE KT ■ISTOt:l(^l'R !»« LiyOCSIK.
gères. I^ même communique un curieux recueil de fraviires du
wi^ siècle, représentant des poissons, dont l'artiste a souvent ma*
diiié la forme au gré de son imagination.
M. Tabbé Monique, demeurant à Eymoutiers, et M^ Demars,
curé du Ghatenet-en-Dognon, présentés à la dernière réunion, soBi
élus au scrutin secret membres titulaires de la Société.
MM. Ernest Rupin et Louis Guibert présentent, comme membre
correspondant, M. Philippe de Bosredon, ancien conseiller d*Etat,
directeur de la Compagnie d'Assurances générales sur la Yie« de*
meurant à Paris, rue du Général Foy, 4.
M. Ludovic Drapeyron, professeur au,Lycée Charlcmagne, direc-
teur de la Revue de Géographie, demeurant à Paris, rue Claude-
Bernard, S5, est présenté en la même qualité par MM. Arbellol et
L. Guibert.
M. le Président donne lecture d'une lettre adressée par M. le
supérieur du Grand Séminaire à Ms<' Févéque de Limoges, au sujet
dû la création, au séminaire, d'une bibliothèque limousine et d'un
petit musée d'archéologie sacrée.
La Société accueille avec le plus grand plaisir la nouvelle de ce
projet, auquel M»*^ Tévéque de Limoges ne peut manquer de don-
ner son adhésion la plus bienveillante. M. Guibert dit que le
Bulletin de la Société et toutes ses publications sont depuis long-
temps adressés au Séminaire. Il rappelle que Tabbé Texier avait
établi au Dorât un cours d'archéologie qui n'a pas été sans d'heu-
reux résullats, au point de vue, notamment, de la tenue et de la
conservation de nos églises. Ne serait-il pas po-sible de reprendre
celte tradition au séminaire de Limoges? La Société s'associe avec
empressement à ce vœu.
M. Hersant, au nom de M. de Laborderie, inspecteur de la com-
pagnie d'assurances la Providence^ présente une curieuse tortue
fossile, trouvée par celui-ci dans la commune de Boir, canton de
Saint-Genis (Charente-Inférieure).
Le rapport sur l'excursion aux ruines de Ghasseuon^ arrêtée
dans la dernière séance de la Société, est lu par M. Paul Ducour-
lieux. M. Ducourtieux décrit les charmants aspects de la route, les
sinuosités de la Vienne, les paysages qui se succèdent. Il signale
au passage la petite ville d'Aixe, qui joue un si grand rôle dans
notre histoire du moyen-âge; Saint- Victumien, jadis la «vallée
ténébreuse», si prospère et si vivante aujourd'hui; Saint-Junien,
avec sa belle collégiale et ses monuments si intéressants; Etritor,
avec son austère église grandmontaine du xii* siède. Nous voici
à Chabanais : les excursionnistes visitent la tour Sainte-Michel, ad-
mirent le curieux rétable de Saint-Pierre, qui porte avec la date
de ITlâ, les signatures : « De Miran », curé, et « Martin Belot ».
. PttOcfes-YERUAUX DKS SKANCKS. -i"7
(M. Gufberl se demande s'il ne s'agirait pas de notre sculpteur Martin
BeUel, qui florissait précisément à cette époque et dont on connaît
plusieurs ouvrages estimés); l'église Saint-Roch et Sainl-Sébaslien,
rebâtie après la peste de 4830 aux frais des habitants; l'ancien
cbûteau des princes de Ghabanais, qui avançait jusqu'au bord de
la rivière et dont le donjon a été entouré, au xv« siècle, d'une gaîno
de forme hémi-cylindrique allongée, on maçonnerie.
On se rend de là à Chassenon, où on trouve un certain nombre de
membres de la Société des Amis des sciences et arts de Rochechouart.
Ces Messieurs sont là sur leur lerrriloire d'étude et tiennent à en
faire les honneurs à leurs confrères de Limoges. Les représen-
tants des deux sociétés visitent ensemble l'église de Chassenon,
les beaux et curieux souterrains de Lonja, reconnus autrefois par
M. Arbcllot et récemment explorés par MM. Précigou et Labou-
jonnière; puis le temple de Montélu, jadis fouillé par l'abbé Michon,
étudié de nouveau par M. Malhey, qui veut bien donner commu-
nication des constatations résultant des derniers travaux.
On examine les restes de l'ancien mur d'enceinte, le théâtre, qui,
d'après la configuration du sol, paraît être un amphithéâtre; le
cimetière, le bourg. H faittrès chaud : les excursionnistes prennent
un repos bien mérité, et on boit cordialement à la prospérité des
deux Sociétés.
L'heure du départ arrive; on se sépare, mais en conservant le
meilleur souvenir de cette journée d'études en commun et de bonne
causerie.
Les membres de la Société de Limoges, revenus à Chabanais,
admirent une dernière fois les aspects pittoresques du bassin de la
Vienne, en amont et en aval du pont. Puis le retour s'effectue
sans incident ni accident.
Quelques dessins de M. Guibert, destinés à accompagner le rap-
port de M. Ducourtieux, sont communiqués à la Société.
Parmi les objets trouvés à Chassenon, M. Arbellot signale un
bronze fort curieux, dont il fait passer sous les yeux de ses audi-
teurs d.îs photographies. C'est un triton portant un dieu marin sur
sa croupe, recourbée comme une queue de dauphin. Il a été décou-
vert au mois de juin 1887.
M. Arbellot mentionne plusieurs passages des lettres de Rorice
l'Ancien, évéque de Limoges (488-807), qui viennent d'être publiées
de nouveau en Allemagne. Ces extraits établissent l'exislence, dès
cette époque, d'une église à Uzerche, et il semble en résulter que
cette ville avait alors un gouverneur du nom de Rustique. Une
autre lettre, adressée à Cler, évéque d'Eauze, contient des remer-
ciements au sujet de colonnes de marbre dont l'envoi a été promis
par ce prélat. M. Arbellot pense que ces colonnes étaient destinées
à la décoration de l'église de Brive.
478 SOCIÉTÉ ARCnKOLOGtQUE ET HISTOHIQUR DU LIXOISIN.
M. Tabbé Monique, dont Tadmission a été prononcée au com-
mencement de la séance et qui a été introduit au cours des commu-
nicalions précédentes, donne lecture d'un document qu'il a récem-
ment découvert et qui est accueilli par la Société avec un vif
intérêt. C'est une Vie inédite du P. Gabriel Ruben, composée par
un contemporain dont l'écriture, au dire de M. Leroux, ressemble
fort à celle de Léonard Bandel.
Né à Eymoutiers, le H novembre 1623, Gabriel Ruben était le
troisième des cinq enfants d'Antoine de Ruben de Lombre, — qui
portait, pour se distinguer des autres branches de la famille, le
nom de la propriété de La Vialle, — et d'Antoinette de Leslrade.
Après avoir donné une courte notice sur les trois frères et la
sœur de Toralorien, M. Monique nous montre Gabriel pourvu, à
treize ans, d'un canonicat à Eymoutiers, et envoyé successivement
au collège des Jésuites de Limoges, au collège de Billom, puis à
l'Université de Bordeaux, où il fut reçu docteur en théologie. Il
conçut le dessein d'entrer dans Tordre de Saint-Dominique ; mais
sa famille Ten détourna. Sa première prédication, à Fellelin, en
1651, commença sa réputation. Nommé curé de Sainl-Pierre-
Château, il y appela le célèbre P. Lejeune pour prêcher une
mission, et ainsi commencèrent, sans doute, des rapports qui
devaient devenir si intimes. Bientôt la renommée de Gabriel Ruben
s'étend. Mascaron le fait venir à Tulle ; le vénérable évoque de Ga-
hors, Alain de Solminhac, le veut pour coadjnteur. Il refuse et
continue ses prédications. On le trouve en 1657 à Pamiers et à
Toulouse, en 1660 et 1661 à Limoges.
C'est à cette époque qu'il s'offre à M''*' La Fayette pour l'aider à
réaliser un projet bien ancien déjà : la fondation d'un séminaire
d'Ordinands. Ce projet est enfin mis à exécution, et Gabriel Ruben,
aidé de son frère Jacques, reçoit les jeunes clercs dans son prieuré
(le Bujalcuf. Le nombre des élèves augmentant, Tévéque installe le
séminaire dans son château d'Isle, et l'établit, enfin, dan^ les cons-
tructions où il doit demeurer jusqu'à la Révolution : ces construc-
tions sont devenues la caserne de cavalerie.
La suite de cette lecture est remise à la prochaine séance.
Sur la proposition de M. L. Guibert, la Société décide que son
bureau fera une démarche auprès du Ministre de l'instruction pu-
blique et de la direction des archives nationales, pour obtenir les
moulages des sceaux les plus intéressants ayant trait au Limousin,
qui existent tant aux archives nationales que dans divers autres
dépôts publics.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire,
Louis GUIBERT.
PROCÈS-VERBAUX DKS SF.AVCF.5. 479
SÉANCE DU 29 OCTOBRE i889.
Préaldenee de M. le chanoine ARBKL.L.OX9 Président.
Présents : MM. Arbeliot, Astaix, Brisset-Desislcs, Tabbé Demars,
P. Ducourlieux, R.Fage, Fray-Fournicr, Gany, Guyonnet, HersanI,
Hervy, P. Mariaux, Nivet-Fontauberl, Paradis, Raynaud et
L. Guibert, secrétaire.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
réunion, qui est adopté. Puis M. le Président procède au dépouil-
lement de la correspondance. Mention spéciale est faite du tome II
des Œuvres complètes de Mk' Barbier de Montaull, où le savant
prélat traite surtout de sujets archéologiques et liturgiques, ayant
trait à la capitale du monde chrétien; — du dernier Bulletin de la
Société des sciences et arts de la Corrèze, où se trouvent une inlé-
ressante notice de M. l'abbé Lecler, sur Tancien archiprétré de
Saint-Exupéri, avec une bonne carte, et la suite de Tarticle de
M. Arbeliot sur le P. Martial de Brive; — des premières livraisons
de la quatrième année du Gay-Lussac, résumant les comptes-ren-
dus de la belle Exposition du « Blanc et Noir », organisée par la
Société Gay-Lussac, et accompagnées de gravures soigneusement
choisies et exécutées; — du dernier Bulletin de la Société des Amis
des sciences et arts deRochechouart, renfermant de nouveaux articles
sur Chassenon et sur Thôpital du chef-lieu d'arrondissement; —
(Vwn Bulletin de la Société de Statistique, etc., des Deux-Sèvres,
avec un article relatif aux croix de cimetières et aux lanternes des
moi'ts; — d'un Bullelin de la Société havraise d'études diverses, où
nos compatriotes liront avec intérêt le mémoire inlitulé : Un coup
d'œil sur le Haut-Limousin, par M. Fougères.
M. Dujarric-Dcscombes a fait hommage à la Société d'un travail
où il établit Torigine parisienne de Cyrano de Bergerac, qui devait
son nom à une petile propriété des environs de Paris et non,
comme on le croit généralement, à la ville périgourdine.
Une notice sommaire sur le Trésor de Saiiit-Sertais à Afaëstricht
est communiquée à la Société de la part de M. le D' Boulland.
Elle renferme des indications précieuses et d'intéressantes gra-
vures sur des pièces émaillées conservées dans ce trésor, et dont il
n'est guère possible de contester Torigine limousine.
480 socikré AncnÉOLOGiQUE rt iimtorique du limousi.x.
M. le Président donne leclure d'une circulaire de M. le Ministre
de rinslruction publique relative à la réunion des Sociétés savantes
en 1890; il énumère les questions sur lesquelles le Comité des
travaux historiques appelle plus particulièrement rattenlion et les
recherches des membres de ces Sociétés.
Il communique également à la Société une lettre par laquelle
M. le Maire de Limoges lui annonce que, conformément à la
demande de la Société, le Conseil municipal a bien voulu voter le
crédit nécessaire pour continuer l'impression des Registres consu-
laires, dont la publication est confiée à la Société, Deux volumes
seulement restent à publier : quatre ont paru.
Les remerciements de la Société seront transmis à la munici-
palité par M. le Président.
MM. Philippe de Bosredon, ancien conseiller d'État, directeur
de la Compagnie d'assurances générales sur la vie, — et Ludovic
Drapoyron, professeur au lycée Cliarlemagne, directeur de la
Berne de géographie, sont successivement, au scrutin secret, admis
comme membres correspondants de la Société.
La mort de M. Camille Rivain, archiviste aux archives nationa-
les, ancien archiviste de la Haute-Vienne, a été douloureusement
ressentie à Limoges, où M. Rivain avait conservé de viv^'S et sin-
cères sympalhies : M. le Président paie à sa mémoire, au nom de
la Société, un juste tribut de regrets. Notre confrère avait lait, h
Limoges, une grosse part du travail de reconstitution des anciens
fonds au dépôt d'archives départementales, travail qui devait néces-
sairement précéder l'inventaire;!! avait même commencé cet inven-
taire et publié la série de l'Intendance. Outre les Tables générales
de Ihistoire littéraire de la France^ travail considérable et qu'il a
mené à bonne (in, M. Rivain laisse quelques ouvrages d'un très
réel intérêt : une Notice sur le Consulat d'AurillaC: une autre sur le
Rouleau des Morts de l'Abbaye de Solignac, un pelit volume sur Beau-
fort-en-Y allée et son château. Notre ancien archiviste n'avait pas
oublié la Société archéologique, aux travaux de laquelle il donna,
pendant son séjour h Limoges, le concours le plus actif et le plus
assidu. Tout récemment, il copiait pour le Bulletiny aux archives
nationales, une curieuse pièce en langue provençale, relative à la
rançon d'un des chevaliers qui défendirent la Cité lors de l'entrée
du prince Noir. M. Arbellot donne communication de ce document,
où il est parlé d'une croix d'or enrichie <ie rubis, d'émeraudes, de
saphirs et de perles, objet d'une grande valeur puisqu'elle servit
de gage à un emprunt de neuf mille francs d'alors, représentant
une somme énorme d'aujourd'hui. Il résulte du texte communiqué
l)ar M. Rivain que la caplivilé de ce chevalier dura au moins qua-
torze ajinées : c'est au captai de Buch qui fut payée la rançon.
PROCÈS- VKItBAI \ DK? SÉANCRS. iHl
M. Tabbé Demai's, admis à la dernière réunion, demande la
parole, et, après avoir remercié la Société, lui annonce qu'il vient
de présenter à M. Gustave Lefèvre, directeur de TEcole de musique
religieuse fondée par Niedermayer, son système pour l'interpré-
lalion et l'accompagnement du plain-chant, et que M. Lefèvre s'est
rangé en principe a ce système en invitant M. Deraars à formuler
cl à développer sa méthode.
On connaît les difficultés harmoniques que présente le plain-
chant et les incertitudes de nos musiciens les plus distingués sur
ses règles fondamentales, dont la connaissance est pourtant indis-
pensable à Taccompagnateur.
M. Demars, en lisant le morceau à rebours, comme se lisent les
écritures orientales, trouve dans la succession harmonique des
sons dont Tordre se trouve ainsi renversé, la base rationnelle de
raccompagnement. Cette méthode, expérimentée depuis quelque
temps déjà au couvent des Filles de Noire-Dame, à Saint-Léonard,
a donné les résultats les plus satisfaisants.
Au nom de M. Cyprien Pérathon, M. Guibert donne lecture d'une
description très précise et très minutieuse du calice de Téglise de
Sainte Croix irAubusson, qui offre des rapports frappants avec le
beau calice de l'hospice de Limoges ; môme décor au repoussé,
formé de rayons flamboyants, mômes fines ciselures autour du
pied, mêmes enjolivements à la base ; au nœud, mêmes émaux
peints sur argent, représentant des bustes de saints ; seulement, les
émaux portent les initiales IP et MI (ou L), et au lieu de l'écusson
des Poylevé, qui figure au calice de Limoges, le calice d'Aubusson
porte celui des Barthon de Monlbas. M. Pérathon veut bien pro-
mettre de compléter celle précieuse élude.
M. l'abbé Poulbrière communique à la Société des extraits du
Mercure galant de^ mai 1677, concernant des personnages du Li-
mousin; ce sont des notes élogieuses : 1° sur Mk*" de Lascaris
d'Urfé, à l'occasion de son sacre comme évéque de Limoges;
2" sur l'évéque de Tulle Mascaron, à l'occasion du carême que
le roi l'a chargé de prêcher à la Cour; 3° enfin sur l'abbé Louis-
Antoine de Noailles, à l'occasion de Yacte de résumpte qu'il
vient de passer en Sorbonne.
Dans une noie bibliographique communiquée à la Société à une
précédente séance, M. Poulbrière demandait le nom de l'auteur
dun ouvrage anonyme intitulé : Imtructions dogmatiques et mo-
rales sur le saint sacrifice de la messe. Notre érudit correspon-
dant a trouvé ce nom inscrit sur la garde d'un exemplaire : C'est
M. l'abbé Laire, missionnaire à Limoges.
Une monnaie d'or d'Anastase, trouvée à Glanges et communiquée
482 sociRTB AnciiéoLOGrQue et hisforiqur du limousin.
par M. Deschamps, est soumise à la Société par M. P. Ducourlieiix,
qui entretient ensuite celle-ci de fouilles récemment pratiquées à
Châlucet par MM. Guyonnet, Hersaq^t, Paradis et lui. Ces messieurs
ont déblayé la première salle à gauche de rentrée principale ei
ont dégagé la base d'une colonne située dans Taxe principal de la
salle et correspondant aux colonnes engagées de chaque côté. Une
autre colonne semblable devait se trouver un peu plus loin, égale-
ment dans Taxe, et recevoir comme celle-ci la retombée de la
voûte. La salle était élevée d'environ quatre mètres et éclairée,
sur la gauche seulement, par deux fenêtres de 80 centimètres de
hauteur, permettant au regard de franchir le mur de Tenceinle
extérieure.
Dans les pièces qui avoisinent le donjon, à droite et à gauche,
on a découvert des fragments de carrelage, formés de carreaux de
terre, les uns carrés, les autres triangulaires, tous revêtus d'un
émail cuil. La forme régulière de ces carreaux atteste une décora-
tion symétrique. Auprès de carreaux de bordure, d'un vert sombre,
il s'en trouve de tons plus clairs, jaunes, blancs, qui^roviennenl
de la partie centrale du dessin proprement dit. Il répondent bien
aux indications données par M. Viollet Le Duc sur les carrelages
du xni* siècle. Aucun toutefois des carreaux découverts dans ces
dernières fouilles n'offre les sujets qu'on observe sur ceux recueil-
lis au cours d'une exploration précédente par M. Hersant.
M. Paradis communique de vieilles clés dont l'une est de forme
très ancienne, et un fragment de cadre de bois, également sculpté';
le tout provenant du château de Mounisraes.
M. le chanoine Arbellot, rappelle que, dans un article publié il y
a une vingtaine d'années par la Semaine religieuse, il avait signalé
l'ancien autel de Saint-Martial à Saint-Pierre-de-Rome, dont il est
question dans une communication récente de M. l'abbé Poulbrière,
d'après un ouvrage du dernier siècle, appartenant à M. l'abbé Les-
tourgie. Cet autel, élevé en 1041 par le pape Jean XIX, était dé
dié à saint Martial et à sainte Valérte et placé à droite de Tautei
des samts Simon et Jude. Les peintures qui l'ornaient avaient été
exécutées par un artiste de talent, Jean-Antoine Spadarino, et un
tableau représentant saint Martial se voyait encore, il y a une cin-
quantaine d'années, au-dessus de l'autel; il fut remplacé par un
saint François d'Assise et remis à cette époque à des artistes char-
gés de le reproduire en mosaïque. L'autel est aujourd'hui dédié à
saint François. Une démarche a été faite par M. l'abbé Ardant,
secrétaire général à l'Evôché, pendant son récent séjour à Rome,
pour le rétablissement de l'autel de saint Martial : elle va être
renouvelée par le chapitre cathédral.
PKOCÈS-VESRBAI X DKS si^.ANCF.S. 4S3
Continuant la lecture de ses éludes sur Saint-Léonard, M. Gui-
bert esquisse l'aspect de celte ville auxui* siècle; il décrit la grande
place où les consuls tenaient leurs assises sous un ormeau ou bien,
quand il pleuvait, sous le porche de Téglise Notre-Dame; Tenceinte
des remparts percée de six portes, auxquelles venaient aboutir les
rues les plus commerçantes. Il indique les principaux édifices : les
églises, le prieuré, la salle épiscopale, Thôtel-de-ville construit
vers 1260, et dont on aperçoit encore quelques vestiges.
La séance est levée à dix heures un quarl.
Le Secrétaire.
Louis GUIBERT.
SEANCE DU 26 NOVEMBRE 1889.
Préaldenco de Af. le chanoine i%ItBIi:L.IXI'r9 Hréalcl^nt.
Présents : MM. le chanoine Arbellot, Astalx, de Bruchard,
Brisset-Desisles, Tabbé Demars, P. Ducourtieux, Dubois, R. Page,
Gany, Guvonnct, Hcrsanl, Judicis, C. Jouhanneaud, A. Leroux,
C. Marbouty, L. Moufle, Paradis, Raynaud et L. Guibert, secré-
taire.
Après la lecture du procès^verbal de la dernière réunion, ap-
prouvé sans observations, M. le Président communique à la Société
les volumes et publications reçus depuis la fin du mois dernier. Il
signale tout spécialement un volume de M. le capitaine Espéran-
dieu : Êpigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge, accompa-
gné d'une lettre intéressante dans laquelle Tauteur manifeste
l'intenlion de recueillir les inscriptions antiques du Limousin et de
la Marche.
M. Delagrave, éditeur à Paris, fait hommage à la Société de la
carte murale de la Haute-Vienne, dressée par M. Garban, ancien
inspecteur d'Académie à Limoges. Cette carte ne pouvant être
484 SOCIKTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IliSTORIQUR DU LIMOUSIN.
placée, suivant le désir de Téditeur, dans la salle des réunions de
la Société, sera exposée dans la bibliothèque.
M. le Président signale encore la dernière livraison du Bulletin
de la Société scientifique de Brive, dans lequel M. Guibert a com-
mencé, avec le concours de MM. Leroux, Champcval, Tabbé Lecler
et Moufle, la publication d'une nouvelle série de livres de raison
limousins et marchois, et où sont insérés d'intéressants travaux de
MM. Niel, Champeval etTardieu; le dernier volume du Catalogne
des manuscrits des bibliothèqiies communales de la France, publié
par le minislère de rinstruction publique, et renfermant Tinven-
ventaire — hélas I bien court — des manuscrits de nos bibliothè-
ques de Limoges, Brive et Tulle, dressé par MM. L. Guibert et
Frérainvillc; VAlmanach de la Creuse pour 1890, offert par l'édi-
teur, M. Ducourtieux, et renfermant la suite du Dictionnaire des
noms de lieux de ce départc^ment, dû à M. Tabbé Lecler; les Bulle-
tins de la Société de Rochechouart, de celle du Périgord, etc.
M. Arbellot entretient la Société d'un ouvrage qui vient de pa-
raître en Allemagne; une fois de plus, les érudits d'outre-Rhin nous
devancent dans la publication de documents intéressant notre pro-
vince. On sait combien sont curieux à tous les points de vue les
anciennes proses de Tabbaye de Saint-Martial. M. Arbellot en avait
recueilli un certain nombre et se proposait de les faire paraître :
un savant allemand vient de les publier sous le titre de Prosarinm
Lemovicense dans les Analecta Hymnica Medii jEri.
A propos d'un échange d'observations au sujet du bassin de la
fontaine d'Aigoulène, transporté ces jours derniers de la place
de la Mothe sur le Champ de foire, M. le Président rap-
pelle que la Société a depuis longtemps exprimé le vœu que le
souvenir de Sédulix, chef de la peuplade des Lémovices, tué sous
les murs d'Alesia en allant secourir Vercingélorix, soit consacré
par un hommage public.
La municipalité a en ce moment une grande voie à dénommer,
l'avenue du nouveau pont : cette avefnue, qui précisément traverse
les terrains de la ville primitive, pourrait recevoir le nom du héros
de l'indépendance gauloise, qui, on le sait, ouvre la série des hom-
mes célèbres du Limousin.
La Société émet le vœu que la municipalité et le Conseil munici-
pal, prenant en considération une demande déjà ancienne, donne
le nom de Sédulix à l'avenue du nouveau pont. Ce vœu sera com-
muniqué sans retard à M. le Maire de Limoges.
Une pièce d'argent à l'effigie de Charles X, et avec la date de
1594, trouvée à Colondannes (Creuse), est communiquée par
M. Guibert à la Société, de la part de M. le capitaine Garassus.
PROCàS-VKBDAUI DR8 SRANCBS. 485
On sait que le cardinal de Bourbon avait été proclamé roi sous
ce nom par les Ligueurs.
M. Marbouty fait passer sous les yeux de ses confrères deux,
intéressants objets qu'il a rapportés de son récent voyage en
Orient : une petite coupe en argent, ayant pu servir de custode, et
où sont figurés, au repoussé, les symboles des évangélisles, d'un
style byzantin très accusé et d'un dessin rappelant celui des figures
de nos reliquaires et de nos vieux manuscrils; — et un curieux
médaillon en corne sur lequel ont été gravés, d'un côté un calvaire,
et de l'autre huit saints ou martyrs de l'Eglise d'Orient. M. Mar-
bouty montre aussi un petit crucifix émailié, qui paraît être un
travail espagnol.
A son tour, M. Paradis présente diverses monnaies, parmi les-
quelles on remarque une médaille de cuivre de Constantin et diver-
ses pièces d'argent de Henri II, de François II, etc.
Une intéressante découverte vient d'être faite par les entrepre-
neurs de la ligne du chemin de fer en construction, au-dessous de
Pierrebuffière. M. Ducourtieux en entretient la Société; on a mis
au jour la partie inférieure d'une tour ronde de quinze mètres
environ de circonférence, entourée de murs de deux mètres
d'épaisseur. Tout autour de cette tour, à l'intérieur, se trouvent
trois rangées superposées de cases carrées, mesurant quinze cen-
timètres dans tous les sens. Celle découverte a fort intrigué la
population de Pierrebuffière. Il serait bon qu'un membre de la
Société allât sur les lieux étudier ces restes.
Trois membres correspondants sonl présentés :
M. Gondinet, avocat, docteur en droit, demeurant à Paris, rue
du Vieux-Colombier, 16, présenté par MM. B. de Montégut et
L. Guiberl.
M. Narcisse Mounier-Pouthot, demeurant rue du Roi-de-Suède,
5, à Suresnes (Seine), présenté par MM. le chanoine Tandeau de
Marque et Tabbé Deraars.
M. Touyéras, percepteur à Saint-Julien-l'Ars (Vienne), présenté
MM. L. Moufle et L. Guibert.
II sera statué sur ces candidatures à la séance de décembre.
L'ordre du jour appelle une communication de M. Leroux sur
les Annales françaises de Limogts, L'auteur demandera permis-
sion de remettre la lecture de ce travail à la prochaine séance ot
d'y substituer celle d'une description sommaire du Limousin et de
la Marche, qu'il compte placer en lête d'une géographie historique
de cette région.
M. Leroux a pris pour cadre de cette description le système
hydrographique, et c'est en suivant sitccessivement le cours de cha-
i86 SOCIKTR ARCHROLOGIQUE RT HISTORIQUB D(] LIMOUSIfl.
cane des rivières importantes de la contrée qu*il signale la forma-
tion des centres de population, la création des établissemenls
monastiques ou industriels, les courants divers qui se sont prodoiu
à différentes époques, les événements notables, certains phéao-
mènes historiques qui se rattachent plus ou moins inlimemeni à la
configuration du sol. Ainsi composée et déduite, la description du
pays a quelque chose de plus rationnel et acquiert un intérêt
nouveau.
Au nom de M. le comte de Couronne!, M. Guibert donne lecture
de quelques passages des recherches sur la famille de Mailly-
Couronnel, publiées par le conseiller général du canton de Magnac.
Ces passages sont relatifs aux colonies de négociants et d'artisans
appelés de divers points de la France pour repeupler Arras après
la prise de cetle ville par Louis XI. Cet essai de colonisation
ne fut pas heureux, et M. de Couronnel donne sur ce point quel-
ques détails nouveaux et intéressants.
Ce qui reste des lettres de saint Rorice TAncien, évêque de
Limoges, a fait Tobjet d*une étude spéciale de la part de M. le cha-
noine Arbellot. Ces lettres, découvertes dans un manuscrit de la
célèbre abbaye de Saint-Gall, furent publiées pour la première
fois en 1604. On vient d'en donner en Allemagne une nouvelle édi-
tion : on y trouve la mention de la ville d'Uzerche et de son église,
de la Yézcre, de Jumilhac, de Gourdon et de son église, de l'église
do Brive, pour laquelle Rorice demande à l'évoque d'Eauze de lui
envoyer des colonnes de marbre. Il est parlé aussi d'un gouverneur
du Limousin.
M. Arbellot signale comme présentant un intérêt tout particulier
une lettre de Rorice à saint Césaire d'Arles au sujet d'un concile
tenu par ce dernier et auquel l'auteur de la lettre n'avait pu se
rendre. Ce concile paraît être celui-là même auquel on fait assister
un évêque de Limoges du nom de Pierre; il faudrait donc rayer ce
Pierre du catalogue des successeurs de saint Martial.
M. Page donne connaissance à la Société d'une note de M. Poul-
brière sur un livre-journal de François-Claude de Pestels, seigneur
de Beauregard, etc., demeurant à Altillac (Corrèze), officier de
cavalerie avant la Révolution. De ce journal, que M. Poulbrière se
propose d'annoter et de publier un jour, un passage intéresse tout
particulièrement Limoges : il est relatif à un séjour qu'y fit M, de
Pestels en 1771, et on y trouve l'énumération des habitants les
plus notables de la ville.
M. Poulbrière signale encore, au château de Tudeils (Corrèze ,
chez M. de La Salvanie, un portrait de Mk' J.-B.-Aug. de Villou-
treix de Faye, évêque d'Oloron, né au château de Paye, diocise
PROCÈS- VEll BAUX DES SRANCRS. 4Ô7
de Limoges, le 3 novembre 4739, député du clergé de Soûle aux
Etats- Généraux en i789. Ses armes sont : d'azur au chevron d'or,
accompagné en chef d'un croissant entre deux. étoiles d'argent et en
pointe d'un quatrefeuilles de même. Cet évéque est omis au Nobi-
liaire.
Un placard imprimé à Limoges, en 1713, est joint aux notes
envoyées par M. Poulbrière. On était alors en pleine disette : les
châtaignes, les raves, le seigle et le blé noir avaient manqué à la
fois. Les paysans étaient exposés à mourir de faim et les cultiva-
teurs abandonnaient les exploitations. Dans ces circonstances, le
conseil d'Etat avait, jtar un arrêt du 2 mai 1713, défendu aux pro-
priétaires et fermiers des cens et renies de contraindre les censitai-
res et tenanciers au-delà de la moitié de ce qu'ils devaient. Col
arrêt avait été publié et afliclié par ordre de; l'intendant.
Pour faire suite à ses précédentes communications sur rbistoirc
de la ville de Saint-Léonard au xni^ siècle, M. L. Guibert raconte
quelques épisodes de la longue lutte soutenue par la commune de
Saint-Léonard contre l'évéque de Limoges, son seigneur. Au cours
du grand procès qui se poursuivit devant le Parlement pendant plus
de trente ans, les bourgeois se mirent plus d'une fois en révolte
ouverte contre les officiers épiscopaux. Le prévôt de Gilbert de
Malemort, Audier Normand, fut même, dans une émotion popu-
laire, dangereusement blessé et laissé pour mort sur la place.
M. Guibert cite quelques passages des témoignages recueillis à ce
sujet aux enquêtes auxquelles procédèrent les commissaires du
Parlement, en 1280 et 1288.
Le dernier mardi du mois de décembre tombant le 31, M. le
Président prévient la Société que la séance de décembre se
tiendra le lundi 30.
La séance est levée à dix heures et quart.
Le Secrétaire,
L. Guibert.
488 SOCIKTR ARCft^OLOOIQUC RT HKTOKIOCC Dt) LDIOUSIR.
SEANCE DU 30 DÉCEMBRE 1889.
I»r««ldence de M. PAbbé ARm^LLOT, I»r«slUenl.
Présents : MM. le chanoine Ârbellot, Em. Hervy, L. Boorden.
Tabbé Demars, P. Ducourlieux, R. Fage, Fray-Foumier, Ed. Her-
sant, C. Jouhanneaud, Tabbé Joyeux, A. Judicis, Air. Leroux.
L. Moufle, NIvel-Fontaubert, et L. Guibert; secrétaire.
Après la lecture et Tadoplion du procès-verbal de la derniers
séance, M. le Président prend la parole et remercie ses confrères
de la manifestation si cordialement affectueuse dont il a été l'otijol
de leur part à Toccasion de son cinquantenaire sacerdotal, céléhrê
le 22 courant. Il les assure de nouveau de son dévouement à i'a»u-
vre commune et de son désir de justifier de plus en plus par son
zèle pour Thisloire de la patrie limousine, pour les intérêts de la
science et ceux de Tassocialion, une sympathie qui Ta profondé-
ment louché.
Il communique ensuite les volumes et publications reçus depuis
la dernière séance; mention toute spéciale est faite de VAÏmanack
iimousin pour 1890, édité par M. P. Ducourlieux, et contenant
d'intéressants articles de MM. Grange, Leroux, Leymarie, Char-
reire, Ducourtieux, Cholet, Dhéralde, Guibert; de YAlmanach de la
Corrèze, du même éditeur, où il faut noter un article de M. Jules
Tixier sur la tour de Mars, à Tulle, et des biographies et bibliogra-
phies de M. René Fage ; de la dernière livraison du Bulletin de la
Société des sciences naturelles et historiques de la Creuse, contenant
un excellent article de feu M. Pierre de Gessac sur la croix du
Moûtier d'Ahun et divers travaux de MM. Jean de Gessac, Cyprien
Pérathon, etc.; d'un fascicule du Bulletin archéologique du Comité
d£s travaux historiques, où Ton trouve une discussion intéressante
sur le sens de l'inscription du menhir du Vieux-Poitiers et quel-
ques pages sur une curieuse plaque de cuivre émaillé du xv* siècle,
conservée à la cathédrale d'Amiens, et relative à une fondation de
l'évéque Jean Avantage. La scène représentée en tête de ce petit
monument rappelle d'une manière frappante le bas-relief du tom-
beau du chanoine Pierre de SoubrebosI, al. du Monteil, à la cathé-
drale de Limoges.
PR0Cè>-VER6AUX DR5 SÉANCES. 480
Sont successivement élus, au scrutin secret, membres corres-
pondants de la Société, les trois candidats présentés à la dernière
séance : MM. Michel Gondinet, avocat, docteur en droit, demeu-
rant à Paris, rue du Vieux-Colombier, 16; Narcisse Meunier-
Pouthot, rue du Roi-de-Suèdc, 8, à Suresne; Gabriel Touyéras.
percepteur à Saint-Julien-l'Ars (Vienne).
Sont présentés comme membres résidants; MM. Joseph Oger du
Rocher, avocat à Limoges, avenue du Midi, H , par MM. de Bletterîc
et R. Page, — et Armand Dubois, docteur-médecin à Limoges,
rue du Consulat, 9, par MM. Tabbé Demars et Guibert.
La parole est donnée à M. L. Bourdery, trésorier, pour le compte-
rendu financier de l'exercice 1889.
M. Bourdery constate une situation à tous égards satisfaisante.
La Société compte actuellement 148 membres titulaires et 55 mem-
bres correspondants. Le trésorier avait en caisse au 31 décembre
1889 832 10
Recettes.
1° 138 cotisations de 18 fr 2.070 »>
*» 82 cotisations de 7 fr .- . . 364 »
3*» Droits d'entrée 60 »
4* Subvention du Conseil général 800 »
8* Produit de la vente des bulletins et publications . . 89 20
6"" Bonis sur frais d*encaissement par la poste à la
charge des sociétaires, et recettes diverses 63 38
Total des recettes 3.648 68
Dépenses.
1* Impression du bulletin 1 .208 »
2*» Publication des registres consulaires (tome IV). . 1.398 »
3^ Allocations à des travaux d'histoire locale et sub-
vention pour des fouilles 214 80
4** Bibliothèque de la Société : acquisitions, abonne-
ments, reliure, rayonnage 131 08
8* Appointements de l'encaisseur (élevés de 30 fr.). . 130 »
6* Chauffage, éclairage, service des séances 69 30
T* Ports, fournitures, impressions diverses 138 88
Total des dépenses 3.280 70
T. XXXVIll. 3î
400 SOCIÉTÉ ARCU^.0L0GIQCK KT BISTORIQL'K DU LIMOUSIN.
D'OU un excédent de recettes de 367 fr. 95 dans la caisse dm tré-
sorier; ce qai, avec les 5,190 fr. 65 en dépôt chez MM. Lamy et
Maigne (les intérêts de 1889 : 151 fr. 18 compris), constitue à la
Société un acUf de 5,558 fr. 60.
M. le Président remercie M. Bourdery de cette communication et
de sa sollicitude pour les intérêts de la Société.
La lecture inscrite en tête de Tordre du jour est celle de M. Le-
roux, sur les Annales françaises de Limoges. M. Leroux rappelle
que, dans un travail précédemment lu à la Société, il a constaté
trois formes successives de ces annales. L'oeuvre du premier auteur,
Jean de Lavaud, a été reprise et continuée par Pierre Mesnagier
d'abord, puis par Bandel. Un quatrième annaliste doit prendre
place entre les deux premiers : c*est Pierre Razës, vicaire de Saint-
Pierre-du-Queyroix de 1603 à 1631, et dont le manuscrit, signalé
à M. Leroux par M. Guibert, appartient à M. Tandeau de Marsac,
notaire à Paris. Celui-ci a eu l'extrême obligeance de le metlre à la
disposition de M. Leroux, qui l'a fait copier, dans Vespoir que quel-
que érudit limousin voudra u» jour s'occuper de sa publication. —
Razès continua Jean de Lavaud ; le quatrième et le cinquième livres
surtout lui appartiennent. Mais pourquoi l'annaliste arréta-t-il son
travail à Tannée 16iî0, alors qu'il a vécu vingt ans de plus? M. Le-
roux suppose que Razès fut envoyé à cette époque dans quelque
paroisse hors de Limoges; il n'est pas éloigné de croire que l'an-
cien vicaire de Saint-Pierre a été le collaborateur du P. Labbe.
D'importants documents recueillis et copiés par lui se retrouvent
dans la Nova bibliotheca manuscriptorum librorum du savant
jésuite. La personne à qui nous devons la copie des annales de
Razès, les continua jusqu'en 1644. Ce conlinuateur fut-il Simon i
Descoutures, mort cette année-là? Ce dernier à son tour eut un
ou plusieurs successeurs, peut-être Simon II Descoutures et Périère
de La Gardelle.
M. P. Ducourtieux donne de nouveaux renseignements sur la
tour découverte au cours des travaux de la ligne d'Uzercbe, à
500 mètres environ de Pierrebufflère. U communique à la Société
un plan et un développement des cases dont les murs sont revêtus
à Tintérieur. Tout démontre que cette tour est tout simplement un
ancien colombier remontant au xv* ou au xvi*' siècle.
M. Bourdery en cite une analogue à Jumilhac-le-Grand, et
M. Tabbé Joyeux en signale plusieurs sur les bords de la Loire.
M. René Page a la parole pour faire à la Société une communi-
cation de M. Tabbé Poulbrière; ce dernier a envoyé une note bi-
bliographique sur un RittAel de Limoges publié sous Tévêquc
César de Borgognonibus. L'ouvrage, signalé par Tabbé Roy-
PROCfe?-VERBAUX DES st.ANCES. 491
Pierrefite dans le Nobiliaire de Nadaud (t. I, 829) avec la date de
i5S6, a été imprimé en réalité en 1554 par Claude Garnier. Il est
de formât in-8<> et comprend quelques initiales ornées, au folio
xxxm une vignette qui représente David regardant de sofi palais
Betsabée au bain, et, sur le verso du feuillet final, une composi-
tion que M. Poulbrière nous décrit et qu'il croit être une marque
de Tiraprimeur, mais qui ne rappelle en rien la marque de Garnier
décrite par M. P. Ducourtieux. Le dessin signalé par M. Poulbrière
ne contient ni initiales ni légende et doit être plutôt considéré
comme une vignette allégorique.
M. Fabbé Demars présente quelques objets :
Une petite boite en citronnier avec un amour peint sur le cou-
vercle; un petit émail (B. Nouailher) provenant sans doute du
chapelet d'un tertiaire franciscain et offrant d'un côté les stigmates,
do l'autre sainte Catherine ; il donne ensuite lecture d'un acte par
lequel Pierre Constant, « ci-devant curé de Royère », sur le point
de partir pour l'armée, laisse le 7 messidor 1793 une délégation à
sa mère pour toucher la pension qui lui est due par l'Etat.
A ce propos, M. Guibert rappelle le souvenir d'un curé des
environs de Bellac (Blond ou Nouic) qui avait été appelé à Limoges
à la môme époque et chargé de l'instruction d'un corps de canon-
niers. Il en est souvent question dans les registres de la munici-
palité et dans ceux de la société populaire.
Il est donné lecture, par M. Arbellot, de quelques passages sail-
lants de la biographie de Pierre Arbellot, engagé volontaire en
1827, mort général. Libéré une première fois en 1831, il com-
mença ses études de droit, mais il rentra bientôt dans l'armée où
l'attendait la carrière la plus honorable et la plus brillante. Au
cours des seize années qu'il passa en Afrique, il fut plusieurs
fois cité à l'ordre de l'armée pour des traits admirables de
bravoure et d'énergie. Il eut dans un seul combat trois chevaux
tués sous lui. Arbellot se distingua en Italie, où le service de re-
connaissances qu'il dirigeait ne fut jamais en défaut. Retiré dans
ses propriétés, il demanda un emploi actif quand éclata la guerre
de 1870. On lui conlia le poste de gouverneur de la ville de Lan-
gres, et la défense de cette place fut le dernier acte, et non le moins
honorable, de cette belle carrière.
La parole est donnée à M. l'abbé Joyeux, qui signale plusieurs
points des bords de la Glane où il existe des traces d'occupation
très anciennes et des travaux importants de fortification; il décrit
entre autres les vestiges d'un castnim gaulois au lieu dit le Repaire.
M. Joyeux entretient aussi la Société de ses découvertes à la villa
d'Orbagnac, près Oradour-sur-Glane. 11 y a trouvé des briques
493 SOCIF.TÉ ARCIIÉOLOOIQUR ET BISTORIQUK DU LIMOUSIN.
siriées octogonales, des débris de peintare et de curieux objets en
terre cuite. Il espère pouvoir continuer ses recherches grâce à
Tobligeance du propriétaire, M. Martial Peyroux. Une subvention
est votée à M. Tabbé Joyeux pour lui permettre de poursuivre ses
fouilles.
M. Joyeux rappelle qu'il a déposé au musée les objets trouvés
dans ses recherches du Mont-Gargan et du Mont-Ceix ; M. Adrien
Dubouché, qui lui avait promis une subvention de 300 fr. pour con-
tinuer les travaux, s'était réservé de faire un choix parmi ces
débris ; mais la subvention n'a pas été versée à M. Joyeux, et
celui-ci demande à rentrer en possession des objets dont il s'agit.
La Société, tout en reconnaissant l'exactitude des assertions de
M. Joyeux, l'invite à s'adresser à l'administration du musée, à
laquelle elle est aujourd'hui étrangère.
La séance est levée à dix heures un quart.
I^e Secrétaire,
Louis GUIBKRT.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU MOMENT DE LA PUBLICATION DU BULLETIN
BUREAU.
Préaident-né, — M. le Préfet de la Haute- Vienne (4).
Président. —M. Fabbé Arbbllot, A. ^^.
Vice- Présidents. — Hervy (Emile) el Garrigou-Lagrangb (Joseph).
Secrétaire général. — M. Guibert (Louis), A. ^.
Trésorier. — M. BouRDRRY(l.ouis), 1^,
Secrétaire. — M. Page (René), A. ^.
BihUothécaire-archioiste. — M. Leroux (Alfred), \. P. ^.
Adjoints. — MM. Moufle (Léonard) et Narbouty (GHmille).
CONSEIL D^ÂDMlNlSTRATlOiN.
MM. LES Membres du Bureau.
H. Tabbé Tandeau de Marsac.
M. DucouRTiEUX (Paul), A. 4>.
M. Nivbt-Fontaubert.
COMITÉ DE PUBLICATION.
MM. le Président, les Vice-Présidents, le Secrétaire général.
M. Leroux (Alfred), I. P. ^.
M.'l'abbé Lecler.
M. JouHANNEAUD (Camille).
M. Braure d*Augère8 (J.-B.-Guslave).
M. TixiBR (Jules).
Commission chargée de la publication des Registres consulaires de la
Dille de Limoges.
M. GuiHERT (Louis), Secrétaire général de la Société.
M. DE Bruchard (Jean).
M. Fougeras-Lavergnollb (Gaston).
M. Marbouty (Camille).
M. Mariaux (Paul).
M. Moufle (Léonard).
(1) La Société a été fondée le 26 décembre 1845, et s'est conitiluée k la suite de la nomlna-
tioa d'une commi&sion pour la recherche, l'étude et la conservation des monuments historiques,
désignée, le 3 du même mois, par M. L. Morisot, préfet de la Haute-Vienne.
406 SOCIKrÈ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOBKiVE DU LlHOUSIN.
MM.
LAoBOn-LÉTAifG, notaire, à Saînt-Priest-Ligoure, par Nezon (Haote-VieoBe).
** MoMTÉGUT (Emile), ^, bomme de lejtres, rue des Charseix,6.
Pénicaud (LéODce)y négociant, 3, place Daupbine.
Beaurb d'Augères (J.-B. -Gustave), avocat, t5, rue du Saint-Esprit.
Guérin-Lézé (Guillaume dit William), i}^, fabricant de |>orce1aine, 14, rue
du Petit-Tour.
Honstirrs-Mérinvillb (le comte Jean des), au chàlean du Fraisse, par
Mézières (Haute- Vienne).
NouALHiER (Gabriel], propriétaire à Linards.
* ViGiBR (Fabbé), curé, à Auzances (Creuse).
1 sy y.
* Cercle de l'Union , à Limoges.
Dblor (Adrien), propriétaire, maire du Yigen.
Drluret de Fbix, propriétaire, rue d'Isly.
GÉRARD (Emile), négociant, 36, boulevard de la Pyramide.
Laportb (Fabbé), curé-doyen à Sainl-Malhieu (Haute-Vienne).
Muret ^Eugène), vice-président de la Société d*Agnculture de la Haute-
Vienne, 11, cours Vergniaud.
PoMÊLiE (le baron Melchior de la), ^, propriétaire, au cbâteau du Mont-
joffre, près Saint- l«éonard.
Sazerat (Léon)^ ^, fabricant de porcelaine, 18, faubourg Nontjovis.
1 »T8.
Berger (Elie), I.P. ^, professeur au Lycée, 33, avenue de Toulou>e.
Blanchaud (Charles), à Monisuies, par Le Doiai (Haute-Vienne).
* DucBATEAu (Georges), notaire, à Dessines (Haute- Vienne).
GouTENÈGRE(Eug.), A. ^, profcsscur lionoraircau Lycée,23, rue du Consulat.
*• Leroux (Alfred),!. P. ^, archiviste de la Hte- Vienne, 48, faubourg de Paris.
Lrygomr^ ingénieur hydrographe, 3, rue Neuve- de-l'Êvôché.
Proufp, médecin-oculiste, 1, avenue de !a Gare.
Thêzard (Lucien), notaire, 8, rue Pont -Hérisson.
Bellarre (Jules de), propriétaire, au château de Puyjoubert, commune de
La Gcneytouse, par Saint-Léonard,
Lachenaud (Emile), entrepreneur, 7, avenue du Midi.
Lépinay (Gaston ne), maire de Lissac, au châieau de Moriolles, par Larcltc
(Corrèze).
Naleverone de la Paye, ancien juge suppléant près le tribunal civil de
Limoges, 33, boulevard Victor Hugo.
BouLLAND (Henri), docteur en médecine, 34, boulevard Victor Hugo.
Demekgeon (Emile), receveur de Tcnregistrement, 13, cours Jourdau.
LISTE DES M.VBRES. 407
MM.
• Laportr, docteur en médecine, à Bessines.
Marbouty (Camille), nc^gocianl, 48, cours Gay-Lussac.
Geay, architecte, inspecteur des bâtiments diocésains, 36, avenue de Juillet.
Gilbert (l'abbé), vicaire général, 40, boulevard de la Cité.
Mariaux (Paul), avocat, 48, avenue de Juillet.
MERLiM-LEMAs(Abel), avoué près la Cour d'appel, 4, rue Léonard Limosin.
I{ri8set-Desisles, ancien magistrat, directeur de la compagnie d'Assurances
générales sur la Vie, M, avenue dm Juillet.
BouRDBAU DB Lajudie (André), rue Cruclicdor.
Catbeu (Théodore de), ^^ propriétaire, au château de Juillac, prés Limoges.
Cbatard (Emile), propriétaire, à Vicq, par Magnac-Bourg.
Nénert (André), 4, avenue Garibaldi.
Savodin (Jules), 50, avenue de Juillet.
TixiBR (Jules), architecte, 34, boulevard Gambetta.
1983.
BRUCBARD(Jcan de), avocat, 8, boulevard Montmailler.
Cbassoux, *, ancien préfet, 7, avenue de Juillet.
Degrond, ^, ancien préfet, 9, place Denis Dussoubs.
Fouceras-Lavbronolle (Gaston), avocat, 24, boulevard de la Pyramide.
Louvet (André), avoué près la Cour, 13, boulevard Victor Hugo.
Moufle (Léonard), avocat, rue de TObservaioire.
WoTTLiNG, A. ^, architecte, ancien directeur des travaux de la ville, 4,
avenue des Ctiarentes.
De Bletterie, docteur en droit, avoué près la Cour d'appel, I, place d'Aine.
Bourdeau d'Antony, docteur en médecine, 5, avenue Garibaldi.
Brigueil (Louis), ^, ancien président du Tribunal civil de Lyon, 2, boule-
vard de la Pyramide.
Coffre (l'abbé), secrétaire k TEvôché.
CouRONNEL (comte dk), ^, membre du Conseil général, à Magnac-Laval.
Dëlcaire (Maurice), avoué près la Cour d'appel, 3, rue Sainte-Valérie.
DoRAT (Hubert), 0. ilt, lieutenant>colonel eu retraite, 8, rue des Augustins.
Gaumy (l'abbé), curé de La Meyze (Haute-Vienne).
GÉitAKDiN (Albert), avocat. 11, boulevard Gambetta.
Gilbert 'A.), ^, président du Tribunal civil, Ï7, avenue du Midi.
Labrouhe de Laborderie (de), avocat, à Flavignac.
* Lacoste (André), négociant, à Châteauponsac (Haute-Vienne).
Lahy de la Cbapelle (Auguste), avocat, 3, rue Moniant-Manigne.
Lahy de la Cbapelle (Charles), avocat, 4, boulevard de la Pyramide.
Maurat-Ballange (Albert), avocat, 16, place du Champ-de-Foire.
Mazard fils, 16, boulevard de la Pyramide.
498 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTORIQUE J>U LIMOUSIN.
MM.
Du Mazaubruh (Anioioe), avoué près le Tribunal ci vil , ô, rue Neuve-dc-Paris.
MoYNAT (l'abbé), supérieur du Peiil-Sémiaaire du Dorai (Hauie-Vienne)
Redon (Joseph), 13, boulevard de Fleurus.
Sazerat (René), 2, rue Dalesme.
Bletnie (Louis), 1. P. Q^ docteur en médecine, i, rue d*ls!y.
Boodet (Louis), 3, rue Sain te- Valérie.
BoucBERON (Edouard do), capitaine d'état-major, avenue Foucaud.
Garrigou-Lagrangs (Paul), A. ^, secrétaire général de la Société Gay-
Lussac, à rObsenratoire météorologique, 23, avenue Foucaud.
GuYONNET, chef de district li la compagnie d'Orléans, avenue Saint-Eloi,
maison Barny.
Maigne (Léopold), banquier, 6, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.
Paradis, entrepreneur de serrurerie, 6« rue des Charseix.
Demartial (André), avocat, 17, rue Pétiniaud-Beaupeyral.
Fray-Foornier, chef de bureau à la Préfecture de la Haute-Vienne, rue de
la Croix-Verte, 4.
* Lassalle, clerc de notaire, àBellac.
LuYMARiE (Camille), A. ^, conservateur de la Bibliothèque communale,
membre correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-irts des
départements, H, rue Borneilh.
* Charbonniéras (fabbé), curé de Châleauneuf-la-Forêt.
CouRNoÉjouLs (E.), 0. *, I. P. ^, proviseur honoraire du Lycée de Ver-
sailles, rue Pétiniaud-Beaupeyral, 33.
Dubois (Joseph), avoué, 16, boulevard Victor Hugo.
Hersant (Edouard), directeur particulier de la compagnie d'assurances la
Providence^ 1, place Maaigne.
JuDicis (Antoine), architecte, 13, rue Andeix-Manigne.
Lézaud (Maurice), directeur particulier de la compagnie d'assurances la
Foncière^ t6, avenue du Midi
Montaudon-Bousseressr, >j^, directeur honoraire de rEnrfgislrement et
des Domaines, administrateur de rhospice, 46, avenue Garibaldi.
Vergniaud (Camille), secrétaire particulier de M. le Préfet, I , avenue du Midi.
Brouard (Arsène), naturaliste, à Limoges, rue Porte-Panel, présenteraeni
sous-officier au 107« d'infanterie, à Angoolôme.
Dbsbordes (Charles), propriétaire an Mont-Rû, près Rançon (Hauie-Vieone).
* École nationale d'Arts décoratifs de Limoges.
Gany, sous-cbef de bureau à la Préfecture, IS, boulevard de la Cité.
* Laohenaud (Henri), étudiant, avenue du Midi.
LISTB DKS IIEMBABS. 409
MM.
Raynaud, >î<, inspecleur d'assurances, vice-consul du Porlugal, i6, boule-
vard Victor Hugo.
Tëxikr (Hubert), avocat, 2, boulevard de la Pyramide.
Thohas-Duris (René), docteur en médecine, à Eymouliers (Uaule-Vienne).
Yandermarcq (Félix), commis principal des contributions indirectes, à
Oradour-sur-Vayres (Haute-Vienne).
D'Abzac, percepteur, à Rochechouart. (Haute-Vienne).
Charrryron (Pierre), avocat, docteur en droit, boulevard de Fleurus.
* Dkmars (l'abbé), curé du Châtenet-en-Dognon (Hante-Vienne).
Monique (l'abbé), à Eymoutiers (Haute-Vienne).
Dubois (Armand), I. P. ^, docteur en médecine, rue du Consulat, 9.
Ogrr du Rocher (Joseph), avocat, 1 1 , avenue du Midi.
*Sabroox (fabbé), curé de Saint-Laurent-les-Églises, par lA Jonchère
(Haute-Vienne).
Griffin (WaUer), consul des États-Unis de l'Amérique du Nord à Limoges.
Pkrussault, pharmacien, place Saint-Pierre, !t.
MEMBRES HONORAIRES (1).
>IM.
DsLOCHE^Maximin}, G. ^, membre de l'Institut (Académie des Inscriptions),
ancien chef de division au ministère du commerce, 60, avenue de Gra-
velle, à Saint-Maurice (Seine).
RouGERiE (Mgr), évoque de Pamiers.
Larombièrr, C. ^, membre de l'Institut (Académie des sciences morales
et politiques), Premier Président honoraire à la Cour de Cassation, 5,
rue d'Assas, Paris.
DuBÉDAT, ^, ancien conseiller à la Cour d'appel, à Toulouse.
Teissfrknc de Bort, c. *, sénateur, ancien ambassadeur, ancien ministre
du Commerce, 89, avenue Marceau, Paris.
(1) Quaad il y a deux dtt«8, c'ast la dernièr« qui indique raaaée de la promotion au titre
de membre lionoralre.
500 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQfJB KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN.
MM.
Glaretib (Jules), 0. ^, de l'Académie Française, admioislraleDr da Théâtre
Fraoçais, rue de Douai, fO, k Paris.
Lastbyrie (Comte Roberl dk) ^, professeur d'archéologie à recelé des
Chartes, 10 bU^ rue du Fré-aux-Clercs, Paris.
Dblislb (Léopold), C. ^, membre de Tinsiitut (Académie des iDscriptioos),
administrateur général directeur de la Bibliothèque nationale, rue de
Richelieu, Paris.
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM.
Clément-Simon, ancien procureur générai, château do Bach, près Naves,
par Tulle (Corrèze).
Lehas (Elie), it, I- P- M> inspecteur d* Académie, à Tours.
Coustin du Masnadaud [le marquis de), au château de Sazeral, p^r Béoé-
vent (Creuse).
Debout (Gabriel), propriétaire, à Mpntaiguct (Allier).
Tandeau de Marsac, notaire, 4 i, place Dauphine, à Paris.
Lalande (Philibert), rue Haute, à Brive.
19TO-19T8.
PiCHON (François), avocai, 36, rue Garpenteyre, à Bordeaux.
197 1-lliT4.
*' AuBÉPiN, archiviste du département du Cantal, à Aurillac.
Decoux-Lagoutte, ancien magistrat, 16, route d^Angouléme, â Périgurax.
** PouLBRiiRE (Pabbé), directeur au Petit-Séminaire deScrvières (Corrcze).
ItlT4-199».
Demartial (Henri), procureur de la République, à Rouen.
197».
Du BoYs (Emile), licencié en droit, 48, rue Lacordaire, Paris-Grenelle.
Mabaret i>c Basty (Edouard), Conservateur des hypothèques, à Scus (Yonoe).
LISTE DRS MENBRBS. 50 f
MM.
** Barbibr de Montault (Mgr], ^ 1. P. ^, prélat de la Maison de Sa Sain-
lelé, 35, rae Saiol-Denis, à Poitiers.
AuBUSsoN DE SouBREBOST (Edouard), propriétaire au château de PoinsouzCi
par Boussac (Creuse).
Lambertye (le marquis de), au château de Cons-la-Granville, par Longuyon
(Meurthe-et-Moselle).
Montcbeuil (Paul de), château de Montcheuil, près Nontron (l)ordogoe).
MoNTVAiLLER (PauT DE), avocHl, à Confolens (Charente).
Pktit-Sémlnaire d'Ajain (Creuse).
Saint-Marc-Girardin (Barthélémy), ^, rue Bonaparte, 5, à Paris.
David (Gaston), avocat, 33, rue de Gaudéran, à Bordeaux.
Oujarric-Descombes, a. ^I, licencié en droit, notaire au Grand-Brassac,
par Montagrier (Dordogne).
Naleplane (Paul Vbyrier de), receveur particulier, à Chftteau-Chinon (Nièvre).
Mazaudois (Philibert), notaire à Treignac (Corrèze).
Bonhomme de Montcgut (Henri), ancien magistrat, aux Ombrais, près La
Rochefoucauld (Charente).
BosviEUx (Paul), inspecteur de Tenregistrement, à Auch (Gers).
Cialis (Fabbé), curé de La Souterraine (Creuse).
Rancognr (de), à Angouléme (Charente).
*' Thomas (Antoine-André), professeur à la Faculté des lettres de Toulouse,
chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris, rue Friani, 46, à Paris.
Laroche, percepteur, à Tarbes (Basses-Pyrénées).
1881.
FouGEHAs (Joseph), sous-inspecteur de renregistreroenl, à Fontenay-Ie-
Comte (Vendée).
Lacombe (Oscar), ancien archiviste du département de la Corrèze, à Tulle.
**MoLiNiER (Emile), attaché au Musée du Louvre, 53, quai Bourbon, à Paris.
188!».
Brrthomier (Georges), propriétaire, au château de Saint-Germain-Beaupré,
par La Souterraine (Creuse), et à Paris, 85, rue d^Amsterdam.
Grellet de Fleurellk, substitut du procureur général, à Agen.
SENifEviLLE (de), conseillcr à la Cour îles Comptes, 53, rue de Grenelle, à
Paris.
509 SOCIËTé ARCnéOLOCIQUS BT RISTORIQUR DU LlMOOSIM.
DRHAftTiAL (Octave) , eonseiller à la Cour d'appel, 5, rae Lebascte, à Poitiers.
KuBKN (Emile), libraire, Charlcville (Ardennea).
Gbarbonnier, doctcar en médecine, h Bonneuil-Malours (Vienne).
HscQVART (Arlhur), au chàleau de Vost, par Aigurande (Indre).
Thrzard (Philippe), ingénieur civil, rue de Chazelles, 32,, à Paris.
TouMiEux (2énon), notaire, à Royère (Creuse).
*• Ghampeval (Jean-Baptisle), avocat, à Figeac (Loi).
Faurb o^Aubkc (M""»), rue Sainte-Anne, 8, à Toulouse.
19il».
Bpxlet, instituteur communal, à Saint-Maurice, par La Souterraine (Creuse^
•• Fagb (Emile), A. Q, vice-président du conseil de Préfecture de laCorr^ze,
président de la Société des L^eltre^, S'iîences et Arts de Tulle.
Gehestbix (François-EmmanueUFresne), rue Mont-Gautier, 8, à Poitiers
(Vienne).
Lézaud (Georges), ^, ancien magistrat, avocat, à Chambon-sur-Voaeize
(Creuse).
Mazet (Albert), architecte, boulevard des Balignolles, 26, à Parts.
** Rupin (Ernest), L P. ^, président de la Société SMentiiique, historique
et archéologique de la Corrèze, à Brive.
Termes (Emile des), inspecteur de la Compagnie d'Assurance.*; générales
rue de TEst, 30, à Poitiers (Vienne).
BosREDON (Philippe de), 0. ^, ancien conseiller d'Etal, directeur de la
compagnie d*Assurances générales sur la Vie, rue de Berlin, 18, Paris.
Drapeyron (Ludovic), I. P. ^, professeur au Lycée Gharlemagne, directeur
de la Reoue de Géographie, rue Claude Bernard, 55, Paris.
GoNoiNËT (Michel), avocat, docteur en droit, boulevard Sainl-^emain, 93i.
Paris.
Mconier-Pouthot (Narcisse), rue du Bac, à Suresnes (Seine).
TouYÉRAS (Gabriel), percepteur à Saint-Julien-l'Ars (Vienne).
Dulaii et G'*, libraires, 37, Soho-Square, Londres.
ÀLEXÉÏEFF (Son Excellence le comte (àcorges o'), maître de la Cour de S. M>
TEmpereur de Russie, tuteur honoraire, rue Sergutevskaya, iO-li,
Saint-Pétersbourg.
LISTE DBS BIBUBRES. 503
MM.
BéNAUD (L.), joaillier, à La Souterraine (Creuse).
Cars (If» duc des), au ciiâleau de La Roche de Braud, près Poiliers (Yleonc).
FiLuouLAUD (Alfred), propriétaire, à Bourganeuf (Creuse).
MoMTAUDON (Ernest), notaire, ancien membre du Conseil général, U La Sou-
terraine (Creuse).
** Pératbon (Cyprien), membre correspondant du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts, à Àubusson.
RiOAUDiE (R.-J.), missionnaire de Tlm maculée-Conception, à Lourdes
(Haute-Pyrénées).
** Verneilh (baron de), au chftlcau de Puyraseau, par Piégut (Dordogne).
Vkrthamon (comte de) chftlcau d'Hauterîve, par Saint-Germain-d'Esteuil
(Gironde).
Etablissements auxquels la Société envole ses publications
Ministère de rinstruction publique, à Paris.
Bibliothèque de TËcole des Chartes, à Paris.
Bibliothèque communale de Limoges.
Archives départementales de la Haute-Vienne.
(franc! -Séminaire de Limoges.
Ecolo normale d'Instituteurs, à Bellevue, près Limoges.
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Aime :
Société Historique et Archéologique de Châl eau-Thierry.
Société Archéologique, Historique et Scientifique de Soissons.
Algérie :
Société Historique algérienne, à Alger.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Académie d'Hippone, à Bône.
AUiêr :
Société d'Emulation de l'Allier, à Moulins.
Aube :
Société Académique de TAube, à Troyes.
Aveyroii :
Société des Lettres, Sciences et Arts de rAvcyron, à Rodez.
Booohes-da-Rhône :
Académie des Sciences de Marseille.
Société de Statistique de Marseille.
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d*Aix.
Charente :
Société Archéologique et Historique de la Charente, à Angouléme.
Charente-Inférieare :
Société des Archives historiques de la Saintonge et de TAunis, à Saintes.
Cher :
Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.
Corrèie :
Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, k Tulle.
Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, à Brive.
C6te-d'0r :
Académie des Sciences, Arts et Belles-Leltrcs, à Dijon.
Creuse :
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, h (iuéret.
soci6tâs correspond a ntrs. 505
Dordogne :
Sociéié Hislorique et 4rchéologique du Périgord, à PérigtieUx.
Doubs :
Société d^Ëmulalion du Doubs, à Besançon.
Eura-et-XiOir :
Sociéié Danoise, à Cbàleaudun.
Finistère :
Société Académique de Brest.
Gard :
Académie du Gard, à Nîmes.
Garonne (Haate-) :
Académie des Jeux Floraux, k Toulouse.
Société Archéologique du Midi de la France, à Toulouse.
Gironde :
Société Archéologique de Bordeaux.
X Hérault :
Académie des Sciences et Lettres, à Montpellier.
Revue des Langues Bomanes de Montpellier.
nie-et-Vilaine :
Société Archéologique, à Bennes.
Indre :
Ptédaction de la Reoue du Centre, à Châteauroux.
Indre-et-Loire :
Société Archéologique de Touraine, h Tours.
Société française d'Archéologie pour la conservation et la description des
monuments, à Tours.
I84re :
Académie Delphinale, à Grenoble.
Landes :
Société de Borda, à Dax.
Loir-et-Cher :
Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, à Ven-
dôme.
Loire :
Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Saint-
Etienne.
Loire (Haute-).
Société Agricole et Scientifique de la Haute-Loire, au Puy.
Loire -Infôrlenre :
Société Archéologique, à Nantes.
Loiret :
Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans.
Lot :
Société des Etudes Littéraires, Scientifiques, Artistiques du Lot, à Cahors.
T. xxxvm. 33
506 SOCIKTÊ AUCnÉOLOGIQUK ET HISTORIQUE DP LIMOUSIN.
Lot-et-Garonne :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Agen.
Maine-et-Loire :
Société d'Agriculture, Sciences cl Arts de Maine-et-Loire, à Angers.
Marne :
Société Archéologique, à Chàlons-sur-Maroe.
Académie des Lettres, Sciences et Arts, h Reims.
Meuthe-et- Moselle :
Académie de Stanislas, à Nancy.
Morbihan :
Société Polymathique du Morbihan, h Vannes.
Nord :
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, à Lille.
Oise:
Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts, à Re»uvais.
Comité Archéologique, à Senlis.
Pas-de-Calais :
Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras.
Société Académique, à Boulogne- su r-Mrr.
Société des Antiquaires de la Morinic, à Saiiil-Omcr.
Pay-de-D6me :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Ans, «'iClcrmonl-Ferrand.
Pyrénées (Basses-) :
Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.
Rhône :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Lyon.
Sa6ne-et-Loire :
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, «^ Mflcon.
Société Eduenne, à Autun.
Sarthe:
Société Historique et Archéologique du Maine, au Mans.
Savoie :
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, à Chambéry.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, à Chambéry.
SaTOie (Hante-)
Société Florimontane, à Annecy.
Seine :
Société des Antiquaires de France, k Paris.
Société Française de Numismatique et d'Archéologie, à Paris.
Seine-et-Marne :
Sociélé Historique et Archéologique du Gatinais, à Fontainebleau.
Seine- et-Oise :
Société Archéologique de Rambouillet.
Seine -Inférieure :
Académie des Sciences, Helles-Letlres et Arts, h Rouen.
SOCIÉTÉS LORRKSrOXDAMKS. 507
Sèvres (Deax-) :
Société de Statistique, Sciences et Ans du déparlement des Deux-Sèvres,
à Niort.
Somme :
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts, Agriculture et Commerce, à
Amiens.
Tarn-et-Oaronne :
Société Archéologique de Tarn-et-Garonnr, à Monlauban.
Var:
Société d^Eludes Scientifiques et Archéologiques, à Druguignan.
Académie des Arts du département du Var, à Toulon.
Vienne :
Société des Antiquaires de TOuest, à Poitiers.
vienne (Haute-) :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Limoges.
Société Gay-I^ussac, à Limoges.
Tonne :
Société des Sciences Historiques cl Naturelles de l*Yonne, à Auxerre,
Société Archéologique, à Sens.
Belgique :
Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
à Bruxelles.
Académie royale d'Archéologie d'Anvers.
Etats-Unis d'Amérique :
Société Smiibsonienne, à Washington.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Carie Téodale du Limousin, par M. J.-B. Ch\mpsval 1
Les sources de Thisloire des origines chrétiennes de la Gaule dans
Grégoire de Tours, par M. le chanoine Arbellot 10
Le calice d'Âubusson, par M. Cyprien Pérathon 33
Essai de classification des anciennes porcelaines de Limoges, Saint-
Yrieix, Solignac, conservées au musée national Adrien Dubouché,
par H. Camille Lbymarib (suite) 36
Un livre d'heures de Tordre de Grandmont à la bibliothèque d'An-
gers, par M" X. Barbier de Montault 61
Dalle tombale d'un chevalier au cimetière de Maisonnais, par M. ie
baron Jules de Verneilh 64
Notes pour servir à la sigillographie du département de la Haute-
Vienne, par M. Ph. de Bosredon 67
La chabrelte, par M. Paul Charreire . ... 169
Les grandes châsses de Grandmont, par M. Tabbé A. Legler 173
Annales de Limoges par les sieurs Goudin (1638-1690], par M. A.
Leroux .... 176
Les FoucaulddeSaint-Germain-Beaupré, d'après les lettresd'Heari IV,
par M. G. Berthomibr 190
Inventaires du château de Nexon, par M" X. Barbier de Montault 106
Inventaire du château de Chaufifailles, par M. Léonard Moufle. . .. 238
La garde-robe d'un étudiant noble en 1625, par M.J.-B.Champkval 247
La commune de Saint- Léonard-de-Noblat, par M. Louis Guibert
(suite et fin, et pièces justificatives) ... Î49
Registre de la famille de Salignac de Rochefort (1571-1626), par
M.A.Leroux 350
5(0 SOCIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUE KT UISTORIOUE DU LIMOUSIN.
Papes.
Exirails da Mémorial de Jean Nicolas, marchand de Limoges, de
Pierre ei François Nicolas, ses iils, de Champsac (1653-1 735), par
M. A. Leroux 354
Procès-verbal constatanl la remise faite, le 8 mai 1384, par Archam-
baud de Greyii, captai de Buch, aux procureurs de Roger, comte
de Beaurort, d'une croix en or donnée en gage... par M. C. Rivain 395
Quelques délibérations d'assemblées paroissiales, communiquées
par MM. J. Bellet et 6. Touyéras « 401
Livre domestique de la famille du Burguet de Chauffailles, par M. L.
GUIBERT 41 4
Documents divers, communiqués par MM. A. Barbier, Tabbé A.
Lecler, g. Touyéras et Tabbé Poulbrière 4i8
Fouilles exécutées au cours des années 1889-90, sur divers peints
du canton d'Oradour-sur-Vajres, par M. F. Vanderhargq. ..... 438
Mélangea, par M. A. Leroux 436
Bibliographie, par M. L. Guibeat : L'Œuore de Limoges, par
M. Ernest Rupin ; — Chroniques ecclésiastiques du Limousin,
recueillies et annotées par M. A. Lecler 44i
PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES
Séance du 28 janvier 1889 418
— du 27 février 1889 45î
— du 26 mars 1889 .. . . 456
— du aOavril 1889 460
— du 28 mai 1889 464
— du 25iuin 1889 467
— du 30 juillet 1889 471
— du 27 août 1889 474
— du 29 octobre 1889 479
-- du 26 novembre 1889 483
— du 30 décembre 1889 488
JJsle des Membres de la Société au moment de la publication du
Bulletin 493
Liste des Sociétés correspondantes 504
TABLE. 51 i
PLANCHES
Pages.
I. Carte féodale du Limousin, dressée par M. J.-B. Champeval, dessinée par
M. le baron de Ma.tna.rd 1
II. Le calice d'Aubusson, dessin de M. G. Bbrthomibr 33
III. Dalle tombale d'un chevalier àMaisonnais, dessin de M. le baron Jules de Ver-
NBILH 65
IV. 14. Sceaux d'Etienne du Autier xiv* siècle (n« 32), dessin de M. L. Bourdery.
— 15 et 15 bis. Sceau et contre-sceau de Pierre Bernard, 1264 (n* 39), dessin
de M. le baron Jules de Vernbilh. — 16. Sceau d'Antoine de Bonneval, 1474,
1492 (n« 50). — 17. Sceau du même, 1487 (n« 51). — 18. Sceau de Jean de
Bonncval, 1534 (n» 55^ . — 19. Sceau de Jean- François, comte de Bonneval,
vers 1659 (n* 57), ces quatre numéros dessinés par M. E. Ru fin 81
V. 20. Sceau de Jean Chauveron, 1370, 1380 'n* 88). — 21. Sceau du même, 1386
(n» 89). — 22. Sceau de Pliilippe Chauvet, 1539, 1543 (n«9«). — 23. Sceau du
même, 1511, 15d7 (n* 97). — 24. Sceau de Simon de Cramaux, 1385 (n« 105).—
25 et 26. Sceaux du même, 1386 (n« 106). — 27. Sceau de Jean de Cramaux,
1387 {n« 108) 97
VI. 28. Sceau de Amoul Hélie de Pompadour, 1354 (n* 130). — 29. Sceau de Seguin
de La Porcherie, xiii* siècle (n* 139), dessin de M. Gërardin.— 30 et dObis,
Sceau et contre-sceau de Ramnulfe de Lastours, vers 1226 (n* 143), dessin de
M. Jules TuciBR. » 31. Sceau de Guillaume de Maumont, 1275 (n* 173), dessin
de M. Gbrardin. — 38. Sceau d'Aymar de Maumont, 13-t9 {n« 174). —
33. Sceau du même, 1350 (n« 175). — ai. Sceau du même, 1351 (n« 176). —
35. Sceau de Guérard de Maumont, 1386 (n* 177).— 36. Sceau du même, 1387
(nM78) 112
VM. :{7. Sceau de Guérard de Maumont, 1387 (n« 179). — 38. Sceau de Pierre, sire
de Maumont, 1389 (n* 180). — 39. Sceau d'ilier de Pérusse, 1369 (n« 190;,
dessin de Mi E. Rupin. — 40. Cachet de Marie-Anne de Pérusse des Cars,
1774 (n* 203), dessin de M. Gérardin. — 41. Sceau de Jean, sire de Pierre-
buffière, 1355 (n* 219). — 42. Sceau du même, 1371 (n" 221). — 43. Sceau
du même, 1372 (n> 222). — 44. Sceau de Louis de PierrebufQère, 1408 (n« 223). 129
VIII. 4:1. Sceau de Katier, seigneur de Montrocher, 1367 (n* 230), dessin de M. Gbrar-
din. — 46. Cachet de Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau, 1783 (n" 232;,
dessin de M. Bertho.mier. — 47. Sceau d'Antoine de Rochechouart, 1520,
1538, 1541 (n* 253). — 48. Sceau de Jean-Georges de Rochechouart. 1552
(n« 258). — 49. Sceau de Charles de Rochechouart, 1550 (n* 262). — 50. Sceau
d'Eléonor de Rochechouart, entre 1682 et 1690 (n» 276), ces quatre numéros
dessinés par M. Judtcis. — 51. Sceau de Jean de Roffignac, 1418 (n» 282),
dessin de M. E. Rupin. — 52. Sceau de Jean Vigier, xiv« siècle (n<> 300),
dessin de M. le baron Jules de Vbrneilh 145
IX. Ckobretaire, cul-de-lampe de l'église d'Oradour-sur -Glane, dessin de M. le baron
Jules DE Verneilh 169
X. TumuU du canton d'Oradour-sur- Vayres, dessins de M. Vandermarcq 433
Limoges, imp. veuve H. Ducourticux, rue des Arènes, 7.
/
\
COLLECTIONS DU BULLETIN
Nous croyons être agréable à nos confrères en leur
rappelant que la Société possède encore quelques collec-
tions de son bulletin^ et que ces collections peuvent être
acquises aux prix ci-après fixés par le Bureau :
r Collection complète (1846 à 1886 inclus), t. I à
XXXV, — manquent treize livraisons : celles 2 et 3 du
t. I, — les livraisons 3 et 4 du t. Il, — les livraisons 1, 2, 3
et 4 du t. III, — la livraison 2 du t. IV, — les livraisons
1 et 2 du t. XXIII, — les livraisons 1 et 2 du t. XXV,
prix 120 fr,
'2* Collection complète (1846 à 1886 inclus), t. 1 à
XXXV, — manquent treize livraisons : celles 2 et 3 du
t. I, — les livraisons 3 et 4 du t. II, — les livraisons 1, 2,
3 et 4 du t. III, — la livraison 2 du t. IV, — les livraisons
1 et 2 du t. XXIII, — les livraisons 1 et 2 du t. XXV,
prix 120 fr.
3^ Une collection incomplète comprenant les livraisons
I et 4 du t. I, les livraisons 1 et 3 du t. II, les livraisons 1
et 4 du t, IV, les livraisons 3 et 4 du t. V, les livraisons 2
et 4 du t. XII, les tomes 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34 et 35, prix 75fr.
4* Une collection incomplète comprenant la livraison 4
du t I Ist livraison 1 du t. IV, les tomes 18, 20, 22, 24, 26,
27 28 29, 30, 31, 32, 33 et 35, prix 50 fr.
Q riété possède en outre quelques exemplaires des
P te ^n. 2^' ^^' ^' ^^' ^' ^' ^^' ^' et 38, à 7 fr.
' '^ ' ^ à 4 fr. la livraison semestrielle.
^ ^^ ^ -^ seront faits contre remboursement.
^^^ Yqs demandes à M""' V Dugourtieux, impri-
Adress ^^ Société, 7, rue des Arènes, Limoges.
meur-libraiï-^
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M*
RETURN TO th# circulation desK ol arty
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AFWTFBiÔ
■«MLiiO. Î252?i.
:^ fiE«RALUBRARy. u.c. BERKELEY
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