Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl
J)c
DB LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
Kl
BULLETIN
nE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIOUE & IIISTORIOUE
DU LIMOUSIN
LIMOGES
imprimerie: et i^ibra.iris limousines
V H. DDCOURTIEUX
Libnire de 1> Soeièlè irchÊolai{ii)U« et bitcoriquc du Umounin
7, RUE DES ARÈNES, 7
1803
feULLETlN
DK LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE & HISTORIQUE DU LIMOUSIN
TOME LU
DISCOURS D'INSTALLATION
de M. René FAGE, Président
Messieurs,
En m'appelant à la présidence de votre Société, vous m'avez fait
un honneur dont je sens le prix. Vous représentez, à Limoges, une
élite intellecluelle, le groupe vivant et actif des hommes qui s'in-
téressent à rhistoire de leur province, qui aiment à chercher dans
le passé des enseignements pour l'heure présente, qui ont le culte
des souvenirs et qui s'efforcent de perpétuer celte longue tradi-
tion chevaleresque et patriotique, artistique et littéraire qui fait la
gloire du Limousin.
Depuis l'époque déjà lointaine où vous m'avez agréé dans vos
rangs, j'ai suivi, avec le vif intérêt qu'ils méritent, vos travaux
aussi variés que savants. Dans vos réunions, dans vos <^ongrës,
dans vos promenades archéologiques, j'ai été un auditeur curieux,
un spectateur désireux de s'instruire. J'aurais voulu avoir plus de
loisirs pour devenir un utile collaborateur. L'accueil que vous avez
fait à quelques-unes de mes études était on ne plus sympathique
et encourageant.
La direction donnée à mes recherches historiques m'a tenu un
peu éloigné de vous, sans m'en séparer jamais. Je le déclare en
toute franchise, j'ai l'amour de la terre natale profondément gravé
dans le cœur. Je suis attaché à ma ville de Tulle, cette patrie
d'Etienne Baluze, notre premier maître, de François Bonnélye, qui
m'a initié à l'étude des vieux documents, du regt*etté Maximin
Deloche, qui connaissait si bien notre histoire locale et nos monu-
T. LU i
^ SOGlftrfi ARCHftotOdlQUIt ^ HIStOElQUK DU LllkOUSl)^
ments du moyen âge. Après eux, sur la voie qu*ils ont ouverte,
je me suis engagé et j*ai eu la satisfaction de faire quelques ren-
contres heureuses ; il n*en a pas fallu davantage pour m'y retenir.
Mais Tulle et le Bas-Limousin ne sont pas en dehors de votre
domaine. Vos investigations s'étendent sur les trois départements
formés par Tancienne province du Limousin. En m'occupant de
Tulle je ne sorlais donc pas de votre programme. Vous me l'avez
prouvé en 1873, lorsque vous avez publié la première en date de
mes notices. Depuis, vous m'avez montré que vous me considériez
comme un des plus dévoués à votre œuvre, quand vous m'avez
admis dan^ le Comité de la Société et chargé de la préparation de
vos Bulletins. Vous venez de m'en donner un nouveau témoignage,
le plus éclatant et le plus flatteur de tous.
Mon premier devoir, en prenant la place où votre bienveillante
estime m'a élevé, est de vous exprimer ma vive gratitude. Vous
m'avez jugé digne de présider vos réunions et de diriger les tra-
vaux de votre Société. Je suis fier d'une si honorable désignation ;
mais je ne puis m'empôcher de vous dire, en môme temps, que
j'en suis bien troublé.
Pourquoi faut-il que les circonstances vous aient déterminés à
porter vos suffrages sur moi? Il y a parmi vous des travailleurs de
premier ordre; des archéologues, des historiens, des bibliographes
dont les travaux font autorité dans le monde savant; des confrères
dont la valeur morale est aussi grande que le savoir, dont l'esprit
critique et l'impartialité historique sont appréciés des juges les
plus compétents. Ouvrez nos Bulletins^ vous trouverez leurs noms
à chaque page. Si les publications de notre Société comptent parmi
les meilleures et les plus estimées, c'est à ces collaborateurs émi-
nents que nous le devons. Ils jouissent ici de la plus grande con-
sidération et réunissent toutes les sympathies. C'est à l'un d'eux
que l'honneur de la présidence revenait de droit. — Il n'en a pu
être ainsi.
S'ils se sont volontairement effacés pour me laisser le premier
rang, ils resteront, du moins, l'âme de notre Société. Ils m'ont assuré
de leur plus dévoué concours. C'est à cette condition que j'ai cru
pouvoir accepter les fonctions dont vous avez bien voulu m'inveslir.
Pour les remplir sans défaillance, je compte sur vous tous,
Messieurs, sur votre zèle, sur votre attachement à notre œuvre
commune. Aidez-moi à maintenir le bon renom de notre Société.
Elle compte parmi les plus anciennes et les plus fécondes des
sociétés savantes de France. Fondée en 1845, elle n'a interrompu
ses travaux que pendant deux années, en 1848 et 1849; et, depuis
cette époque, elle a toujours marché en progressant. Il faut par-
blS^ORS D^NSTALLA'hON bfe H. RENÉ FA^B ^
courir ses Bulletins pour juger du nombre considérable de mé-
moires et de documents qu'elle a publiés. Les procès-verbaux de nos
réunions suffisent à prouver la régularité et Futilité de son travail.
Mais aussi quels présidents exemplaires elle a eus, jusqu'à ce
jour, pour tracer sa voie, diriger ses discussions et donner à ses
éludes la plus bienfaisante des impulsions I
A ses débuts, lorsqu'elle n'était encore qu'une émanation de
rAdminislration départementale, nous voyons à sa tête des préfets
qui s'intéressent à Thistoire de la région, sont soucieux de la con-
servation de nos monuments, se tiennent au courant des problèmes
archéologiques et en cherchent, avec curiosité, la solution. Votre
fondateur, M. Morizot, et ses successeurs à la préfecture de la
Haule- Vienne, M. de Mentque et le baron Petit de Lafosse, prési-
dent exactement vos réunions, prennent part aux travaux delà
Société, font une heureuse propagande. A leur autorité personnelle
s'ajoute l'influence qu'ils tirent de leurs fonctions. Dans les com-
mencements toujours difficiles d'une entreprise comme la vôtre,
ils ont rendu de signalés services.
Depuis sa fondation, les préfets présidents avaient eu pour prin-
cipal collaborateur dans la direction de la Société, le vice-président
Alluaud. Votre compagnie s'honora en l'appelant à la présidence.
Quel homme eût été mieux qualifié pour conduire votre œuvre?
François Alluaud était un organisateur de grand mérite et un
administrateur de génie. Il a fait delà céramique la plus importante
et la plus célèbre des industries limousines. Son court passage à
la mairie a été marqué par d'inoubliables travaux : nous lui devons
l'établissement du Champ-de-Juillet, la construction du Pont-Neuf,
l'agrandissement de l'Hospice et l'ouverture de nos premières
belles avenues. Membre et président de la Chambre consultative
des Arts et Manufactures, juge au Tribunal de commerce, membre
du Conseil général, président de la Société d'agriculture, il
était toujours en tête du mouvement intellectuel, scientifique et
commercial. Son impulsion vers le progrès se faisait partout
sentir. Il a révélé les richesses géologiques et minéralogiques de
l'Auvergne et de la Haute-Vienne, et publié de savants mémoires
sur la chimie appliquée à la céramique et sur l'exploitation des
mines de votre département. Il connaissait notre pays aussi bien
dans son passé que dans son présent et il était de ceux que leur
marche en avant n'empêche pas de jeter un regard en arrière
pour demander aux temps écoulés l'enseignement qui fait la sage
expérience. Il avait présidé, en 1847, le Congrès archéologique de
Limoges et faisait partie de l'Institut des provinces. Très assidu à
vos réunions, il écrivit pour vous l'histoire des vases murrhins,
»>
^ SOGliré ARCliéOLOOlQUK Rt BlâTOHlQtlfe bO LlHOUSDl
dissertation charmante et pleine d'érudition sur ces coupes
d'Orient, si célèbres, au commencement de notre ère, que les
empereurs romains les consacraient à leurs dieux. Tel fut le pre-
mier de vos présidents élus.
Il fut remplacé, en 1865, par M. Bonnin, inspecteur d'académie,
qui appartenait à votre Société depuis plus de dix ans et qui en
avait été nommé vice-président en 1859. M. Bonnin était un esprit
orné, un lettré, un homme de bon conseil. Il se mêla activement à
vos discussions et montra le plus grand attachement à votre œuvre.
Vous ne le gardâtes pas longtemps.
Il eut pour successeur, en 1866, Othon Péconnet, avocat, dont le
souvenir est encore bien vivant au barreau de Limoges. La plupart
des qualités maîtresses qui avaient fait d'Âlluaud un président
remarquable, se retrouvaient en Péconnet. Il avait Tintelligence
lumineuse, la parole qui entraîne, la volonté qui produit, la bonne
humeur qui gagne les sympathies. A la Mairie de Limoges et au
Conseil général de la Haute-Vienne, il sut se rendre utile et popu-
laire. Quelle heureuse influence il eût exercée sur la Société archéo-
logique I Quelle part il eût prise à ses études! Sa notice sur Fou-
caud est un morceau achevé où le fougueux jacobin et Taimable
fabuliste sont peints de main de maître. Ce fut le seul mémoire
qu'il put écrire pour votre Bulletin, La politique vous Tenleva
bientôt et la mort inexorable le prit au début de sa carrière parle-
mentaire, en pleine maturité de son talent.
C'est un président que vous mîtes à sa place, un président que
les plus hautes compagnies judiciaires ont été iîères d'avoir à leur
tête. Ancien avocat général à Limoges, Larombière présidait,
depuis 1855, une des Chambres de notre Cour, lorsque la Société
archéologique lui donna la direction de ses travaux. Ses études
favorites et ses occupations professionnelles ne l'empêchaient pas
de s'intéresser aux questions d'histoire et d'art qui s'agitent dans
vos réunions. Par son exactitude à vos séances, par le rôle qu'il y
tenait, il montrait que l'homme le plus distingué et le plus élevé ne
s'abaisse pas en venant à vous. La clairvoyance, l'esprit critique, la
rectitude du jugement, la rigoureuse logique, dont il était si mer-
veilleusement doué et qui l'ont mis au rang de nos plus éminents
magistrats et de nos plus autorisés juristes, sont aussi les qualités
qui font les bons archéologues et les bons historiens. Il était nourri
de classiques; ses traductions de Lucrèce et de Virgile ont fait les
délices des lettrés. S'il aimait Athènes et Rome, s'il se plaisait à
remonter jusqu'aux grands jurisconsultes latins pour y rechercher
les sources de notre droit, il aimait aussi passionnément son pays
limousin ; il en connaissait les évolutions morales, intellectuelles et
économiques, et ne dédaignait pas l'étude de ses statuts particuliers
DISCOURS D*1NSTALLAT10N DB M. RENÉ PAGE 9
et de ses règlements locaux. Son savant Mémoire sur le Régime dotal
et la Coutume de la Haute-Marche, nous fait regretter qu'il n'ait pas
eu le temps de recueillir et commenter les Coutumes du Limousin.
Mais les plus hautes situations Tattendaient à la Cour d'appel de
Paris et à la Gourde Cassation; TAcadéraie des Sciences morales et
politiques allait lui ouvrir ses portes; vous le perdîtes en 1869.
Le palais de Limoges, qui vous avait donné Othon Péconnet et
Larombière, devait vous donner encore leur successeur. M. Dubé-
dat, conseiller à la Cour, a présidé vos séances pendant cinq ans.
Je ne puis oublier que c'est lui qui, en quelque sorte, m'a mis la
plume à la main et m'a suggéré, avec sa bienveillance si encoura-
geante, d'écrire pour votre Société la première de mes notices
acbéologiques. C'est depuis cette époque que je vous appartiens.
— L'influence de M. Dulîédat s'est manifestée dès les premiers mois
de sa présidence. En feuilletant vos Bulletins, vous verrez combien
d'adhésions nouvelles il a valu à la Société. Il payait de sa per-
sonne, secouait aimablement les indifférents, communiquait autour
de lui son zèle et son entrain. En même temps, il donnait à vos
publications une allure plus moderne et abordait lui-même, dans
ses études, des sujets contemporains. Vos réunions devinrent plus
nombreuses. On écoulait, avec un charme réel, la lecture de sa
biographie d'AUou, de son mémoire sur Tabaraud et ses Œuvres,
de ses notices sur les personnages qui ont illustré votre compagnie
et le Limousin. Un groupe d'excellents travailleurs se formait, qui
allait bientôt apporter à votre Bulletin l'abondance et la variété.
N'est-ce pas alors que vous avez commencé la publication de cette
œuvre magistrale qui devait être suivie de tant d'autres importants
travaux du même auteur : La destruction de l Ordre et de V Abbaye
de Grandmont,
Et puisque je parle de lui incidemment, permettez-moi, mes
chers collègues, de dire à M. Louis Guibert, avec quelle profonde
satisfaction nous avons appris, il y a quelques semaines, la nouvelle
de son élection comme Correspondant national de l'Institut. En lui
conférant ce titre, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a
proclamé bien haut les mérites de notre cher secrétaire général et
récompensé justement les services qu'il a rendus et qu'il rend tous
les jours à la science. Notre président, lorsqu'il l'enrôla dans nos
rangs, lit pour la Société archéologique la plus précieuse des recrues.
M. Dubédal nous a quittés en 1874 pour aller siéger à la Cour de
Toulouse. Dans cette grande ville du Midi, où les lettres, les
sciences et les arts ont été de tout temps en honneur, il ne pouvait
tardera conquérir une place d'élite. Sa belle Histoire du Parlement
de Toulouse lui valut les suffrages du monde savant; et les lettrés
et les poètes, qui appréciaient la sûreté de son goût et l'ornement
10 80C1&TÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de son intelligence, l'appelèrent dans les conseils de l'illustre Aca-
démie de Clémence Isaure. En brisant les liens de Thonorariat, par
lesquels il nous restait attaché, la mort vient de mettre en deuil
notre compagnie.
Celui qui devait le remplacer à la présidence, nous était désigné
d'avance. Un des fondateurs de la Société archéologique, M. l'abbé
Arbellot, pendant dix ans, de 1849 à 1859, en avait été le secrétaire
général; pendant dix ans, de 1865 à 1876, il en avait été le vice-
président. Ai-je besoin de vous dire, à vous tous qui l'avez connu
et aimé, qu'il a été jusqu'à son dernier jour — et sa présidence a
duré plus de vingt-cinq ans — le modèle des présidents ? Quelques
semaines après sa mort, répondant à un vœu de votre bureau,
M. Louis Guibert, qui a été son plus utile collaborateur et l'un de
ses plus affectionnés collègues, nous a retracé la carrière de notre
vénéré et regretté président. Je ne puis que m'associer à l'hom-
mage, si sincère et si respectueusement cordial, qu'il a rendu à sa
mémoire.
M. le chanoine Arbellot professait pour la Société archéologique
un dévouement admirable. Il était pénétré de cette idée que son
entreprise est, entre loutes, bienfaisante et méritoire. Aussi, Mes-
sieurs, ce digne prêtre s'acquittait-il de la mission, que vous lui
aviez confiée, avec le zèle et la foi d'un apôtre. Il vous consacrait,
il consacrait à ses travaux historiques et archéologiques tous les
loisirs que lui laissait son ministère sacerdotal. Son œuvre est con-
sidérable. Pendant cinquante ans, il s'est appliqué à faire revivre
nos vieux souvenirs et à célébrer nos gloires nationales. Il avait
dépouillé nos archives, compulsé les collections de documents des
Archives nationales et de la grande bibliothèque de la rue Riche-
lieu. Sur toutes les questions qui intéressent notre contrée, il avait
des notes et des dossiers. Il connaissait mieux que personne notre
bibliographie limousine. Servi par une merveilleuse mémoire, il
pouvait intervenir dans toutes nos discussions, rectifier nos erreurs,
nous signaler des sources ignorées. Bon et conciliant, il exerçait
sur nous une autorité vraiment paternelle. Nous étions heureux et
liers de le voir à notre tête dans nos réunions, dans nos fêtes, dans
nos excursions. Depuis plus d'un quart de siècle, il nous représen-
tait aux Congrès des Sociétés savantes. Un peut dire qu'il incarnait
la Société archéologique et historique du Limousin.
Voilà l'homme que votre confiance m'appelle à remplacer; voilà
les présidents qui m'ont précédé dans la haute fonction que je dois
à votre estime et à vos sympathies. Ne soyez donc pas surpris, mes
chers collègues, si j'éprouve les plus vives appréhensions en prenant
kl place qu'ils ont occupée avec tant de distinction et de mérite.
DISCOURS d'installation db m. rené page 14
Ma pensée s'est reportée nalurellemenl vers eux, non pas seule-
ment pour leur rendre le tribut de gratitude que nous leur devons,
mais aussi pour leur demander renseignement dont j*ai besoin.
Je veux m*inspirer de leurs leçons, adopter leur méthode et suivre
leur trace. Pourrais-je prendre de meilleurs exemples?
Ils ont failla Société archéologique prospère. Sous leur direction
elle n'est jamais sortie de la bonne voie. Nos Bulletins ont plus
que doublé de volume, et les mémoires et les documents qu'ils ont
mis au jour n'ont diminué ni de valeur ni d'importance.
Tous mes eiîorts tendront à maintenir l'œuvre si bien entreprise
et si heureusement menée par mes prédécesseurs. Mais ma bonne
volonté serait insuffisante si je n'étais énergiquement soutenu et
aidé par vous tous. Je ne vous demande pas seulement l'exactitude
à nos réunions qui est la première vertu de tout sociétaire dévoué ,
permettez-moi d'être plus exigeant. Je sollicite de vous une colla-
boration plus effective. Notre Bulletin vous est ouvert. Quel est
celui que ses lectures, ses études, voire môme ses occupations pro-
fessionnelles ne mettent pas, un jour ou l'autre, en face d'un pro-
blème archéologique, d'une question artistique, d'un point obscur
d'histoire ou de bibliographie ? Le sujet est trouvé. Alors commence
le travail des recherches, qui paraît ingrat aux profanes, mais qui
est si plein d'imprévu et d'intérêt, qui procure aux curieux de si
vives jouissances^ Et lorsqu'on a mis la main sur le document
précieux, recueilli le renseignement désiré, dégagé l'inconnu,
quelle intime satisfaction I Croyez-le, Messieurs, ce plaisir intellec-
tuel récompensera amplement votre labeur.
Mais pourquoi vous dire ce que vous savez déjà? En vous rap-
pelant vos émotions de chercheurs et vos joies de trouveurs
heureux, je parle surtout pour ceux qui ne sont pas ici et qui
devraient y être. Communiquons-leur l'étincelle. Attirons-les à
nous. Les esprits éclairés, les hommes d'étude sont nombreux à
Limoges. Répétons-leur que notre Association est faite pour eux ;
qu'ils y ont leur place ; que le champ que nous travaillons est vaste,
et qu'ils pourront, avec profit pour notre cher Limousin, y employer
leur intelligence, leur savoir et leur bonne volonté. Disons-leur
qu'à une époque où tant de causes de division troublent la société}
il existe à Limoges une compagnie où se pratique la plus large
tolérance, où la courtoisie est de règle dans les controverses, où se
nouent entre collègues de précieuses relations d'estime et d'amitié.
Qu'ils sachent que notre programme est fait pour concilier tous les
partis, puisqu'il s'inspire uniquement du désir de conserver et
mettre en valeur notre patrimoine artistique et historique ; et ils
répondront à notre appel, parcequ'ils auront à cœur de collaborer
à une œuvre patriotique.
12 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTORIQUK DU LIMOUSIN
Messieurs, dans la dernière séance, vous avez complété le Bureau
de la Société en donnant un successeur à notre regretté trésorier,
M. Louis Bourdery. Je n'ai pas à retracer la carrière si laborieuse
et si prématurément finie de notre très distingué et affectionné
collaboradaur; un de vous, tout particulièrement indiqué par sa
compétence artistique et par les liens de vive amitié qui Tunissaient
au défunt, a bien voulu se charger de ce soin. Qu'il me soit permis
seulement de vous dire quel vide considérable a fait parmi nous
la mort de Louis Bourdery. Artiste délicat, maniant avec habileté
le crayon, la plume et le pinceau, il ornait nos Bulletins de char-
mantes illustrations. Les fours de nos anciens émailleurs venaient
à peine de se rallumer à Limoges lorsqu'il s'appliqua avec succès à
découvrir les procédés des Pénicaud, des Gourteys et des Limosin.
Nul mieux que lui ne connaissait les maîtres dans Fart du feu.
Vous avez admiré le savant ouvrage qu'avec la collaboration de
M. Emile Lachenaud, il a consacré à Léonard Limosin. Ce beau
livre ne devait être que le premier volume d'une importante col-
lection; nous espérons que son collaborateur continuera l'œuvre
commencée. Cojsime trésorier, M. Bourdery a été un administrateur
d'une exactitude et d'une prudence exemplaires. M. Louis Guibert,
qui a bien voulu le suppléer pendant sa longue maladie et auquel
j'adresse au nom de la Société nos vifs remerciements, vous a dit
l'excellent résultat de sa gestion.
A M. Touyéras, son successeur, je souhaite la bienvenue dans
notre Bureau. Son dérouement à la Société, ses connaissances
spéciales ont déterminé votre choix. Je puis vous dire qu'avec lui
l'administration de nos finances est en de bonnes mains.
J'ai le plaisir de saluer les nouveaux membres du Comité de
publication, MM. Courtot et Gaston Lavergnolle, dont la colla-
boration nous sera précieuse.
Je me fais l'interprète de vos sentiments en remerciant les mem-
bres du Bureau qui, depuis la mort de notre vénérable président,
ont assuré le bon fonctionnement de la Société. Nos vice-présidents,
M. le chanoine Lecler et M. Hervy, notre secrétaire général,
M. Guibert, notre secrétaire, M. Jouhanneaud, enfin notre archi-
viste, M. Leroux, se sont partagé la besogne et, avec le zèle le plus
louable, ont pourvu à tous les besoins. Je les prie de rester groupés
autour de moi et de me donner le concours de leur expérience.
Je dois aussi l'expression de ma gratitude à tous les membres de
la Société archéologique qui, en venant assister à cette séance où
je prends mes fonctions, me donnent une nouvelle preuve de leurs
sympathies et confirment en quelque sorte le vote qui m'a élevé à
la présidence.
COUP DCEIL SUR L'HISTOIRE
DE LA
VILLE DE LIMOGES
Conférence faite aux jeunes gens de la Réunion de Sonis
à r Ecole Saint-Martial (i)
Messieurs,
Eo parcourant en tous secs, dans vos promenades, les rues et les
faubourgs de Limoges, vous ne songez guère, j'imagine, aux géné-
rations qui TOUS y ont précédés et aux monuments dont vous
foulez la poussière. Cette indifférence est toute naturelle ; on ne
(I) 11 a quelqae vingl-cinq ans, Tauleur de cette conférence, alors tré-
sorier de rAssociation amicale des anciens élèves du lycée de Limoges,
s*était demandé sMl ne serait pas possible de donner aux élèves de notre
grand établissement universitaire, tout au moins aux jeunes gens des
classes supérieures, quelques notions d'histoire locale et provinciale
et de chercher par là à éveiller chez eux, avec la curiosité des choses de
la petite patrie, le goût de les étudier. L*idée, bien que son exécution offrit
quelque difficulté^ souriait à Teicellent proviseur qui dirigeait alors la
maison, M. Richaud : un lettré délicat et un aimable poète. Mais M. Ri-
chaud quitta Limoges et les circonstances ne permirent pas de reprendre
un projet qui était du reste demeuré imprécis. Après un quart de siècle,
nous avons dû à la bienveillance de M. le chanoine Dublanchy, supérieur
du collège libre de Saint-Martial, de réaliser un souhait bien ancien déjà,
comme on la voit : nous lui en exprimons notre respectueuse gratitude.
H SOGIÉTft ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
saurait s'intéresser à ce qu'on ignore : ignoti nulla cupido. Vous avez
étudié la grande histoire, l*histoire des peuples, des guerres, des
événements qui ont modifié les territoires des nations et transformé
les nations elles-mêmes, des institutions qui ont régi les royaumes
et les républiques ; mais l'histoire de la petite patrie, de la pro-
vince et de la cité, celle des groupes qui constituent les molécules
du corps social, la vie de la commune et de la corporation, de
l'atelier et de la famille, vous n'en savez pas grand'chose, et ne
soupçonnant point l'intérêt qui s'y attache, vous ne pouvez vous
en préoccuper. L'heure n'est pas encore venue où l'importance
et le charme de cette étude se révéleront à votre esprit, et où vous
songerez à y rechercher le secret de bien des problèmes, l'origine
de bien des questions qui agitent et passionnent notre époque.
Je voudrais cependant éveiller dès à présent votre attention sur
ce passé qui la sollicite à tant de titres, et vous inspirer au moins
quelque désir de le mieux connaître, en vous entretenant de This-
toire, des vicissitudes et des monuments de cette ville, berceau de
beaucoup d'entre vous et à laquelle vous demeurerez tous rattachés
par un lien bien fort : le souvenir de vos excellents maîtres et de
vos études poursuivies sous le patronage de Saint Martial. — Des
événements considérables se sont déroulés dans ce cadre modeste,
sur ce sol qui vous est familier, entre ces pittoresques collines,
témoins aujourd'hui de vos jeux ; des édiPices magnifiques y ont
surgi de terre ; des monastères au loin renommés y ont vécu ; des
institutions bienfaisantes, inspirées par le pur esprit de l'Evangile,
s'y sont implantées; on a vu s'y former des groupements sociaux
d'un type parfois original, répondant à certaines nécessités de la
vie on à des aspirations particulières de l'âme humaine. Les arts et
les lettres y ont fleuri ; des industries prospères y ont eu leur foyer ;
le commerce y a pris un remarquable développement. L'histoire
de Limoges, en un mot, n'est ni sans intérêt ni sans gloire. Je ne
saurais vous en donner qu'une bien terne esquisse. Je compte sur
votre jeune imagination pour compléter le tableau et y ajouter la
couleur et le charme dont cet aperçu trop sommaire sera néces-
sairement dépourvu.
A l'origine de toutes choses on trouve des traditions, plus ou
moins vagues, souvent accommodées et transformées au cours des
siècles, tantôt par l'imagination populaire, tantôt par la fantaisie
des lettrés. Le souvenir confus des migrations des peuplades
primitives, des apports successifs fournis à la population par de
nouveaux immigrants, subsiste partout. Nous le constatons chez nous,
où, de temps immémorial, on a attribué à des héros venus de l'Orient,
COUP D*OBIL SUR L*BISTOIIIE DR LA VILLE DR LIMOGES f5
sinon le premier peuplement du pays, toul au moins sa plus
ancienne conquête sur les aborigènes ella Tondation des principales
villes. L'auteur des Annales mantiscrites de Limoges, indigeste
compilation dont la rédaction déflnitive ne remonte pas au-delà du
(lix-seplième siècle, raconte que notre ville a été fondée par un
prince Troyen, Lemovix, frère de Pictovix, qui bâtit Poitiers, et fils
du vieil Alvernus, échappé à la première catastrophe d'Ilion et
fuyant la colère d'Hercule. Limoges n'aurait ainsi rien à envier à
Rome, et nos poètes sauraient au besoin où trouver leur Enée. Il
ne faut pas oublier, du reste, que les traditions relatives à Tin-
fusion de sang troyen dans les veines de certaines peuplades du
centre de la Gaule remontent à Tanliquité. Rappelez-vous ce vers
de la Pharsale, où Lucain s'indigne de trouver chez les Arvernes
des prétentions à une communauté d'origine avec les maîtres du
monde :
Arvernique ami Latio se fingere fratres
Sanguine ab Iliaco
Un autre Lemovix dispute au prince Troyen l'honneur d'avoir
fondé Limoges. Celui-là appartenait à la race des géants et vivait,
au calcul d'un savant -magistrat, Siméon Descoustures, qui évoque
son souvenir dans un discours de 1605 sur l'origine de notre ville,
« au temps où Pannias régnait sur l'Assyrie, Ramsès sur l'Egypte,
ot où Ciédéon était juge d'Israël ». Plusieurs écrivains du seizième
siècle en témoignent aussi avec une remarquable sérénité.
L'annaliste reproduit, après Descoustures, cette seconde légende
comme il a énoncé la première, puisée aux « vieux mémoires du
pays », et ne se reconnaissant pas les lumières nécessaires pour faire
entre elles un choix, il conclut, en honnête et prudente personne :
« J'en laisse le jugement à Dieu, ne sachant les accorder. »
Nous imiterons sa réserve et, sans vouloir percer les voiles impé-
nétrables d'un trop lointain passé, nous chercherons quelles notions
un peu précises nous fournissent, sur Limoges et les habitants de
la contrée, les écrivains de l'antiquité. Ces indications se résument
à fort peu de chose. César, Strabon, Pline le naturaliste et Ptolémëe
nomment la peuplade des Lémovices : AcfAoucxic, AcfAoutxoc, Lemo-
vices. Les trois premiers ne parlent pas du chef-lieu de leur ter-
ritoire; seul le dernier en fait mention. On pense généralement
que le nom primitif de cette bourgade était Rith, Ritu ou Rita, qui
signifie « gué ». M. Desjardins, l'éminent géographe de la Gaule,
estime toutefois que ce mot devait être précédé d'un autre : Ans
peut-être, et que notre ville se serait appelée dès l'origine Ausrith
46 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQDB BT HISTORIQUB DU UMOUSIN
OU AusritUj dénomination qu'elle aurait reprise plus tard. A ce nom
elle accola, comme beaucoup d'autres cités gauloises, celui de l'em-
pereur Auguste et devint Augustoritum, Ce changement se produi-
sit vers le commencement de l'ère chrétienne, peut-être peu après
l'érection du fameux autel d'Ainay, déJié à la divinité de Rome et
de l'Empereur par les soixante cités de la Gaule dont les Umite«
avaient été modifiées l'an 27 avant Jésus-Christ. L'Avyouaro^tTov de
Ptolémée, V Augustoritum de l'Itinéraire d'Antonin, qu'on trouve
encore appelée Ausrito à la Table Ihéodosienne ; dans l'ouvrage
du grammairien Magnon, Lemofex AugustoretuiHy et sur des triens
du septième siècle : Lemofex Augustoredo^ avait déjà depuis long-
temps repris le nom du groupe de tribus dont elle était le chef-lieu.
A la Notitiaprovinciartim, Limoges est dénommée Civitas Lemom-
cum. Dans les vieilles chroniques, sur les chartes et les monnaies
nous lirons plus tard : Lemovicum, Limodicum, LimodicaSy Lemovicœ,
LemovicaSyLemovecaSy Lemovigas, Lemovegas, LemêtgaSyLemoiges,
Limotges, — Limoges.
La bourgade primitive de Limoges est pour ainsi dire née des
eaux de la Vienne. Une nymphe dut être notre première divinité
topique. La rivière s'élargit sensiblement à 250 mètres environ en
aval du viaduc de la ligne du chemin de fer de Toulouse et offre
un gué qui, de temps immémorial, a été appelé gué de la Roche,
Ce passage paraît avoir été l'amorce du groupe d'habitations
auquel il donna son nom. La tradition place dans la région de la
Croix- Verte, de Beauséjour, de La Vigne, des Récollets, des Pa-
lisses, du Clos Mascoussy, l'emplacement du Limoges primitif. Néan-
moins sauf une hache en silex et quelques fragments tout-à-fait
insignifiants et d'époque douteuse, on n'a jamais fait sur ces terrains
de découvertes dont l'objet se rapportât à la période antérieure à
l'occupation romaine.
Mais il semble bien établi que les abords de la rivière, la rive
droite en particulier, ont été habités dès un temps reculé, et tous
les savants sont d'avis qu'il y a lieu d'accepter les données de la
tradition, en ce qui concerne l'assiette première de la ville. Celle-ci
était le centre politique d'une peuplade qui, à la suite de guerres
sanglantes, put envoyer dix mille guerriers à Alise, alors que les
Pictons, les Turons, les Parisiens en fournissaient huit mille seule-
ment; il est donc permis de penser qu'elle eut une certaine impor-
tance, s'étendit le long de la rivière vers l'Est, dans la direction du
futur pont Saint-Martial. Peut-être ses constructions gravirent-elles
le coteau aujourd'hui couronné par les arbres de la place d'Orsay ;
mais rien ne donne à penser qu1l y ait jamais eu en ce point un
bourg fortifié, un oppidum.
CDU^ D^ÛEIL SUR l'BISTOIRK DB LA VlLLB DB Ll)l06B8 \'t
De la Rita des Lemovices on ne peut savoir autre chose, et ses
monuments, si elle en posséda, nous sont restés inconnus. Le
comédien-antiquaire Beaumesnil, qui a la réputation d'un faussaire
ëhonté — et qui la mérite — nous a laissé des dessins, très curieux
du reste et fort jolis, de têtes sculptées, prétendues gauloises, et
existant à Limoges au dernier siècle. La plupart de ces sculptures,
visiblement arrangées par la plume ingénieuse de Tartiste, parais-
sent appartenir au moyen âge ; quelques-unes à la période
romaine. Le même archéologue a exploré un souterrain, qualifié
par lui de « Temple Sphérique », situé aux Pénitents Rouges, qu'il
juge remonter à la même époque et auquel son crayon a, sans nul
doute, ajouté certains détails. Il n'est pas impossible que quelques-
unes des galeries sillonnant le sous-sol de nos vieux quartiers
aient vraiment une haute antiquité ; mais on ne peut l'affirmer, des
remaniements successifs ayant profondément modifié leur premier
aspect.
Laissons passer un siècle, deux siècles. Ce n'est plus la rustique
Rita que nous avons devant les yeux : c'est Augustoritum avec ses
monuments, ses jardins, ses voies pavées se dirigeant vers Lyon et
Bourges, par Prœtorium; Saintes, par Chassenon ; Bordeaux et Tou-
louse, par Fines et Périgueux. Les solides constructions de la période
gallo-romaine ont remplacé les maisons de bois et de boue de la po-
pulation primitive; elles couvrent, tout le donne à penser, un terrain
beaucoup plus étendu. Le coteau nord de la Vienne est en entier
jalonné de maisons, sillonné d'aqueducs. Un pont, dont les fonda-
tions subsistent encore en partie sous les piles du vieux pont Saint-
Martial actuel, et qui fut démoli lors du siège du Château de Li-
moges par le roi Henri II d'Angleterre, en H82, franchit la rivière
et offre aux voyageurs comme aux habitants un passage plus com-
mode et plus sûr que l'ancien gué de La Roche. Sur divers points,
assez distants les uns des autres, s^élèvent des édifices importants :
à Beauséjour et à la Croix- Verte d'abord, où la tradition place le
« château de Sainie- Valérie » et où on voit encore un grand mur
en bel appareil, au milieu de jardins dans lesquels on ne peut
creuser à quelque profondeur sans rencontrer des débris d'édi-
fices et des fragments de poteries; — au Clos Orphéroux, un peu
au-dessus du vieux pont Saint-Martial, les vestiges de deux édi-
fices considérables excitaient encore, au dix-septième siècle, la
curiosité des archéologues et des érudits; l'une de ces construc-
tions était, à ce qu'on croit, le « théâtre » expressément mentionné
dans la Vie de Saint Martial dite « Vie Aurélienne » ; l'autre, une
grande résidence fortifiée désignée par l'annaliste sous la dénomi-
nation de Palais de Duratius, du nom d'un chef Picton fidèle aux
romains el dont on avait fait un proconsul. Sur la hauteur d'où surgit
aujourd'hui la masse imposante de la cathédrale, s'élevait un temple
dont quelques débris attestent les grandes proportions. Enfin
presque au point culminant de cette série de paliers et de rampes,
avait été construit un amphithéâtre dont le grand diamètre
mesurait plus de cent vingt mètres, et qui servit durant douze
ou treize siècles aux réunions, prëdica lions solennelles, foires,
revues, tir à l'arc, exécutions capitales. Le « creux des Arènes »
n'a été comblé qu'en 1868 et les vestiges de l'édifice n'ont dis-
paru qu'entre 171a et 1715, lors de la construction de la place
d'Orsay.
Certains écrivains prétendent qu'un temple dédié à Jupiter
s'éleva à Montjauvy. On n'en a retrouvé aucun vestige, et je doute
que cet édifice ait jamais existé. Je vous signale aussi pour mé-
moire une galerie souterraine de grandes proportions qui aurait
établi une communication entre l'amphithéâtre et la Vienne — el
qui paraît n'avoir jamais été construite que par l'imagination de
Beaumesnil.
Des institutions locales de cette période dans notre ville, nous
ne savons pas grand chose. Nous ne connaissons le nom d'aucune
divinité particulière; nous ne trouvons trace d'aucun collège spé-
cial de prêtres. Dans les monuments épigraphiques découverts soit
à Limoges, soit au dehors, aucune mention catégorique ne nous
ouvre le moindre jour sur l'état social, politique, administratif,
religieux de ce temps-là. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que la
Cité de Limoges jouit d'une organisation municipale analogue à
celle des autres cités de la Gaule. Il est permis de suspecter les
dessins représentant des médailles ou monnaies dont les légendes
font mention des décurions de notre ville ; mais Grégoire de Tours,
dans son Histoire des Francs, parle, à propos d'une émeute qui
éclata sous Chilpéric P, d'une assemblée du peuple de Limoges
convoquée aux calendes de mars. Or, cette date est celle à laquelle
avait lieu le renouvellement des magistrats municipaux. — Quant à
la culture des lettres, des sciences et des arts à Limoges durant
cette période, aucun témoignage écrit ne permet d'émettre à cet
égard une opinion. Des ruines informes, des maçonneries de fon-
dations, quelques fragments de sculpture, des colonnes de pierre,
des moulures et des plaques de revêtement en marbre, des pote-
ries qui peuvent avoir été importées, ne suffisent pas à nous
donner une idée de ce que furent les architectes, les artistes et
même les ouvriers limousins de ce temps-là. L'inscription du cu-
rieux tombeau, conservé à notre Musée, du Biturige Blesianus, qui
COU^ ti'Ctth SUR L*H18tOlll DB lA VltLB DB LlMOOtt \^
professa la grammaire et la morale, et « demeura toujours fidèle
au culte des muses »
Artis grammatices doctor morumque magister
Blœsianus Biturix, musarum semper amator.,,
nous autorise seule à dire que notre ville ne fut pas alors dépour-
vue d'écoles.
Un grand fait marque cette phase de Thisloire de notre cité, un
événement qui va devenir le point de départ d'une ère nouvelle
et l'aurore d'un jour dont la lumière n'a pas cessé de nous éclairer.
Saint Martial arrive à Limoges; il apporte TEvangile au peuple de
notre région. Du moment où le pied de l'apôtre a touché notre
sol, la transformation commence, et désormais toutes les grandes
entreprises, toutes les institutions, toutes les œuvres seront impré-
gnées d*un esprit nouveau. Le christianisme s'établit parmi nous.
L'arbre est planté : nous le verrons grandir, avivé sans cesse
d'une sève nouvelle, pousser de profondes racines, étendre au loin
ses branches protectrices, porter des fruits d'une merveilleuse
variété. Le nom et le souvenir de l'évangélisateur de la contrée
demeureront inséparables de tous les bienfaits que ce pays devra
à l'esprit chrétien. Peu importe la date précise à laquelle a paru
l'apôtre et les éclipses momentanées qu'a pu, qu'a dû subir la doc-
trine révélée par lui à nos ancêtres. Le culte de saint Martial est,
dans le cœur des Limousins, le complément en quelque sorte de
celui de Jésus-Christ. La dévotion au patron de la ville a été, dans
tout le cours du moyen âge et reste encore un trait caractéristique
de la mentalité et de la physionomie de la population de Limoges.
Tous les sept ans, les Ostensions en fournissent un nouveau et
touchant témoignage. On a donné ce nom d'Ostensions à l'expo-
sition publique et solennelle des reliques de l'apôtre d'Aquitaine,
et subsidiairement des restes des autres saints, des saints du pays
surtout, à la vénération des fidèles. Ces solennités, dont l'origine
remonte aux époques troublées du haut moyen âge ou on dut ca-
cher les ossements de noire premier évoque, les transporter par-
fois dans une forteresse du voisinage pour éviter qu*ils fussent
profanés ou détruits, et où on les montrait au peuple au retour,
d'où le nom d'Ostensions, eurent lieu, durant longtemps, à des dates
irrégulières et indéterminées, à l'occasion de certains événements :
épidémies ou autres calamités, menaces de guerre, passage de prin-
ces ou de hauts dignitaires ecclésiastiques. On ne peut constater
la périodicité des Ostensions et rétablissement d'un cérémonial
do SOCltrfc ARCftiOLOGTQUK tt HlSTOUlQUt DU LlM^USm
particulier qu'à partir du commencement du seizième siècle. Elles
durent cinquante jours, du mardi de Pâques au mardi de la Pente-
côte, sont ouvertes par la Grande Confrérie de Saint-Martial qui par-
court toute la ville et qui faisait jadis retentir nos rues d'une joyeuse
fusillade ; une promenade analogue de la Confrérie de Saint-Âurélien
marque la clôture. Pendant cette période, un étendard blanc por-
tant une croix de Saint-André amarante, qui a été béni par révo-
que et ensuite présenté dans tous les sanctuaires de la ville, flotte
au clocher de Saint-Michel-des-Lions. C'est dans cette église que
depuis le 17 décembre 1790, jour de la cessation du culte dans la
basilique de Saint-Martial, on conserve le chef du patron de Li-
moges, seule relique aulhenlique d'une certaine importance qui
subsiste de lui depuis le douzième siècle. — Le retour des Ostensions
est, de nos jours encore, marqué par des cérémonies aussi inté-
ressantes que pittoresques ; on peut y observer certaines coutumes
remontant sans nul doute à une époque fort ancienne, par exem-
ple l'usage où sont les principaux parmi nos bouchers, confrères
de Saint-Aurélien, de dresser le dimanche de la Trinité, au rez-de-
chaussée de leur maison, des tables couvertes de victuailles et de
pâtisseries auxquelles tout passant, pauvre ou riche, est convié à
s'asseoir.
La Gaule, soumise à l'Empire romain, jouit d'une longue période
de calme et de prospérité, à peine troublée par les premières
révoltes des Bagaudes; mais cet âge d'or louche à sa Hn : De nou-
velles insurrections éclatent et déjà les barbares menaçants se
pressent aux frontières. Il faut, môme dans les provinces de l'in-
térieur, se fortifier et se préparer à la défense. Les habitants de
Limoges ne peuvent songera entourer de solides remparts toute leur
ville, qui couvre une superficie trop étendue. Ils se décident à aban-
donner sans protection les quartiers du gué dç La Roche, et cons-
truisent une ceinture de murailles autour de l'agglomération qui
s'est formée sur le coteau dominant la Vienne à l'Est. C'est là qu'a
été établi le siège du nouveau culte et que les évoques, succes-
seurs de saint Martial, ont fixé leur résidence, auprès du temple
converti en église chrétienne, et placé, s'il faut en croire la tradi-
tion, par l'apôtre lui-même sous l'invocation de saint Etienne. Il
est vraisemblable qu'à Limoges, comme ailleurs, on utilisa pour
la construction des remparts les matériaux des édifices restés en
dehors de l'enceinte. Ces murs furent élevés, à ce qu'on peut
croire, vers la fin du quatrième siècle ou au commencement du
cinquième, conformément du reste aux ordres de l'Empereur.
C'est un problème qu'il semble impossible de résoudre, de savoir
tOUP d'<ÉIL sua L^HISTOIRÈ Dt LA V1LLB DE LIMOGES il
si rancienne ville de Limoges avait été fortiflée. Je ne le crois pas
pour ma part; mais certains archéologues ont signalé sur plu-
sieurs points, même en dehors au château dit « Palais de Dura-
tius », les vestiges de construclions antiques paraissant avoir élé
des tours ou des ouvrages de défense et qui auraient appartenu
peut-être aux fortifications de cette première période.
Nos Annales mentionnent, à tort sans doute, en 277, Tirruption
dans la contrée d'une horde d'ÂIamans qui attaquèrent Limoges ;
elles rapportent aussi que vers 410 le pays fut ravagé par les Van-
dales. En 488, notre ville, assiégée par les Golhs de Théodoric,
était saccagée et incendiée, ses « haultes tours, palais, églises,
maisons et aultres edifflces ruinés. » A la suite de cet événement,
notre région appartint quelques années au royaume visigoth de
Toulouse. Quand Alaric II fut vaincu par Clovis, le Limousin
passa, sans avoir cette fois, semble-t-il, souffert beaucoup de la
guerre, aux mains des Francs ; leur domination ne lui assura ni
la tranquillité, ni la sécurité : en 573 sa capitale fut prise et rui-
née de nouveau par Théodebert, fils de Chilpéric roi de Neustrie,
au cours d'une expédition en Aquitaine, après le partage des états
de Charibert. Un personnage dont la légende a fait un comte de
Limoges et que la reconnaissance publique, traduite par les suffra-
ges de TEglise, a mis au rang des saints, Dampnolenus, essaya de
défendre la ville. Tué avec la plupart de ses soldats, dans un
combat qui eut lieu sur la rive gauche de la Vienne, au lieu dit
le Puy La Nau, il fut enseveli comme eux dans une chapelle dé-
diée à saint Georges et placée contre les remparts. A Tossuaire où
reposaient leurs restes, mêlés probablement à ceux de beaucoup
de chrétiens des siècles postérieurs, s'attachait une singulière
tradition. On prétendait que, lorsqu'une épidémie menaçait la ville
— et Dieu sait quelles fréquentes et meurtrières apparitions la peste
et les autres contagions firent à Limoges dans les anciens temps
— ces ossements gonflaient d'une façon sensible et que leur niveau
se trouvait fort exhaussé. Il y avait peut-être là un phénomène que
des causes physiques suffiraient à expliquer. Quoi qu'il en soit,
saint Domnolet a toujours été tenu pour un des patrons spéciaux
de notre cité, et quand, à l'occasion de quelque fléau ou devant
la menace de quelque grand danger, l'évêque, sur la demande
des magistrats municipaux, ordonnait des prières publiques, le
curé de la petite paroisse du bord de l'eau était invité à exposer les
reliques du guerrier et à commencer la neuvaine d'usage, en môme
temps que l'abbé de Saint-Martial, le curé de Saint-Pierre (à cause
de saint Rustique), celui de Saint-Michel (à cause de saint Loup) et
celui de Saint-Cessateur (à cause de saint Aurélien).
T. LU s
ii àO«litft ÀRCHÂOLOèlÛnS Et BlSTORÏÛOk DU tlUlObSl)^
Dès la période mérovingieune, toutes les forêts des environs sont
peuplées d'ermites et des monastères se fondent aux portes même
de Limoges : c'est Saint-Augustin, construit par Tévéque Rorice P'
dans les premières années du sixième siècle; Saint-Martin, établi
cent ans plus tard par saint Eloi et ses parents, à quelques centaines
de mètres plus haut. Sous Louis le Débonnaire, la communauté de
vierges de La Règle se blottit déjà à Tombre de la cathédrale ; enfin,
une partie des clercs de Saint-Etienne, qui desservaient la chapelle
construite hors des remparts, sur la sépulture de saint Martial, se
séparent du clergé épiscopal, prennent en 848 Thabit religieux et
choisissent pour premier abbé Dodon, appelé du célèbre monastère
de Sainl-Savin en Poitou. La constitution de ce nouveau corps
ecclésiastique est un événement capital de notre histoire provin-
ciale : Tabbaye de Saint-Martial devient, pendant plusieurs siècles,
rétablissement monastique le plus considérable, le plus florissant
et le plus célèbre de la région, un centre important d'études ecclé-
siastiques ; on y cultive non seulement la philosophie et la théo-
logie, mais la grammaire, les lettres, la musique et les sciences; la
poésie liturgique y est en honneur. A mesure que l'histoire limou-
sine se complète et s'éclaire, non seulement par les études locales,
mais par les grands travaux d'histoire générale, nous nous rendons
mieux compte du rayonnement puissant de ce foyer moral et intel-
lectuel, non seulement dans le diocèse, mais dans les provinces voi-
sines.
La basilique de Saint-Sauveur, qui a été construite au milieu du
neuvième siècle sur le tombeau du premier évêque de Limoges, et
qu'on se trouve obligé de rebâtir deux cents ans plus tard, n'est
pas seulement le sanctuaire le plus illustre et le plus vénéré de la
contrée; c'est aussi un bel édifice, de grandes proportions, et qui
demeurera, jusqu'à la construction de la cathédrale gothique, le
principal monument de notre ville. L'architecte de l'abbatiale, qui
comprenait une nef avec collatéraux et un chœur entouré d'un
déambulatoire, avait suivi un plan peu différent de ceux de Sainte-
Foy de Conques et de Saint-Sernin de Toulouse. Au surplus, l'as-
pect intérieur de Notre-Dame du Port, à Clermont-Ferrand, rappelle
assez celui de notre vieux sanctuaire limousin. Saint-Martial était
précédé d'un vestibule au-dessus duquel s'élevait une tour carrée,
démolie il y a un siècle, avec le reste de l'édifice, celui-ci conserva
jusqu'à la fin, malgré les réparations et les remaniements des &ges
postérieurs, l'aspect imposant et lourd des grandes églises de cette
époque.
Lacathédoale fut reconstruite au onzième siècle, comme Saint-
Martial, sur l'emplacement de l'église latine qui s'était substituée
tOiJP D^CÉIL SUR L^HTStomS Dt LX VIlU bK LttlOOtei îi
au temple gallo-romain. Elle était aussi de graRdes dimensions,
puisqu'elle s'étendait de la base du clocher actuel à Textréniité
du chœur. Le pape Urbain II, venant de Clermont, où il avait
prêché la croisade, s'arrêta quelques jours à Limoges et fit solen-
nellement la dédicace de Téglise de Saint-Martial le 31 décembre
iU9S, après avoir consacré Saint-Etienne le 29 du même mois. C'est
devant la cathédrale, en plein air, en présence d*une multitude
enthousiaste, que le Souverain Pontife adressa aux chevaliers et au
peuple de la province un pressant appel pour la délivrance des
Lieux Saints. Des contemporains nous ont conservé de cette scène
quelques pittoresques traits, ainsi que la substance des exhortations
du pontife. Le Limousin, vous le savez, fournit de nombreux croisés.
D'autres édifices avaient surgi sur le sol de notre ville : j'ai déjà
parlé des trois monastères de Saint- Augustin, de Saint-Martin et de
La Règle. Le sixième siècle avait vu s'élever, près de l'avenue
actuelle du Pont-Neuf, l'église de Saint-Michel-de-Pistorie — Ar-
changea ecclesia inferior — fondée, s'il faut en croire la légende, par
le père de Saint-Yrieix, désignée dans le testament de l'homme
de Dieu et dépendant d'un monastère auquel fut à l'origine sou-
mise l'abbaye de Terrasson ; — Saint-Pierre-du-Queyroix, dont la
construction est due à l'évoque Rorice II (835-853); — la chapelle
de Saint-Paul, bâtie à peu près exactement au point où débouche
aujourd'hui le tunnel de la gare; — Saint-Julien, à 120 mètres à
l'est de cette chapelle; — et peut-être Saint-Michel-des-Lions, Saint-
André de la Cité, Sainte-Félicité du pont Saint-Martial et Notre-
Dame des Arènes, vieille paroisse dont le territoire sera réuni, au
quatorzième siècle, à la circonscription de Saint-Michel-des-Lions,
et qu'après cinq cents ans on verra renaître de nos jours sous
l'invocation du Sacré-Cœur.
Toutes ces églises eurent à souffrir, comme la ville elle-même,
des guerres de la période carolingienne. La cité de Limoges fut
prise et ses remparts abattus par Pépin le Bref au cours de son
expédition de 745 en Aquitaine. A leur tour, les Normands dévas-
tèrent le pays et saccagèrent la ville en 849 et 911 ; celle-ci subit un
nouveau désastre en 988. Au rapport de nos annales, notre ville,
du commencement de l'ère chrétienne à l'an 1370, n'a pas été
détruite moins de huit fols.
Mais déjà un second Limoges s'élevait au pied des remparts de
la cité épiscopale : une autre ville plus active, plus industrieuse,
appelée à un plus large avenir. Elle était, celle-ci, sortie pour ainsi
dire du tombeau de l'apôtre d'Aquitaine. Autour de la basilique qui
recoHvrait cette vénérable sépulture, devenue le but d'un pèleri-
Î4 fiOClÈtfe ARCBiOLOGIQOB Et BISTOUlODK t)Û LlttODSlN
nage au loin renommé, des hôtelleries s'étaient construites ; des
marchands étaient venus s'établir. L'agglomération se forma et
grandit sous le patronage du monaslèrç qui possédait le terrain sur
lequel se bâtirent les maisons. L'abbé devint naturellement le sei-
gneur du nouveau Limoges. Celui-ci fut désigné sous le nom de
« Château de Saint-Martial »,et cette appellation de Château — Ca5-
trum Lemovicarumy Castrum Lemovicense — lui demeura à travers
les siècles, le distinguant ainsi de l'autre ville, la Cité, dont l'évéque
resta le seigneur et conserva la justice et la police jusqu'à la Révo-
lution, après avoir partagé, de 1307 à 1597, ses droits avec le roi de
France.
À partir de la fin du dixième siècle, le Château a ses tours
comme la Cité. Son enceinte, formée d'abord d'une palissade et
d'un fossé, et percée à l'origine de trois portes au plus : Fuslinie
(du côté dét Arènes), Orgelet (Poulaillère) et le Portail Imbert,
se fortifie peu à peu et s'agrandit. Deux cents ans plus tard, la
nouvelle ville acquiert son assiette définitive, et son périmètre,
encore dessiné par de grandes voies établies sur les anciens fos-
sés, embrasse les quartiers compris dans ce que nons appelons le
« tour des boulevards ».
Désormais, Limoges se composera de trois agglomérations dis-
tinctes, ne relevant pas du môme seigneur, ayant une administration
séparée, des coutumes et des règlements différents, des mesures
inégales, soumises parfois Tune au roi d'Angleterre et l'aulre au roi
de France. On comprend à quelles singulières confusions pourra
donner lieu un pareil état de choses dans les ouvrages dont les
auteurs ne connaissent pas la topographie locale ; et de fait, on
relève de ce chef de grosses erreurs dans nombre de livres
estimés.
Jetons un rapide coup d'oeil sur ce Limoges ainsi divisé : il gardera
jusqu'au dix-huitième siècle la physionomie générale qu'il a déjà
cent ans avant la première croisade. Dès cette époque, ses construc-
tions s'étagent le long des terrasses successives qui gravissent le
coteau, au milieu des vignes déjà mentionnées par les écrivains du
sixième siècle. Ces vignes, (Igurées au panorama de Joachim
Duviert, forment encore la ceinture de noire ville au dix-septième :
Vineœ undique circumjacenty écrit le voyageur Abraham Golnitz.
Elles disparaîtront presque complètement entre 1690 et 1710.
Nous trouvons d'abord à l'Est le bourg du Pont Saint-Martial —
Villa pontis Sancti Martialis — qui a remplacé l'agglomération pri-
mitive de la Roche au Gô. Ses maisons sont surtout groupées des
deux côtés du chemin montant de la rivière au Château : bourgade
coup 0*Œ1L SUR L'niSTOlKB DE LA VILLE DE LIMOGES 25
ouverte et sans défense, relevant en partie de Tévêque, en partie
du vicomte de Limoges et de divers autres seigneurs, elle n'a qu'un
édifice, Téglise de Sainte-Félicité : celle-ci paraît avoir aussi porté
les noms de la « Trinité » et de « Saint- Symphorien ». Dans cette
région, le sol est semé de ruines de constructions antiques. C'est le
plus pauvre et le moins important des trois noyaux de population.
La Cité dresse en amont sa silhouette pittoresque. Elle a pour
avenue, du côté de la campagne, le pont Saint- Etienne, qui parait
remonter au haut moyen âge et dont le péage est disputé à l'évéque
parle comte de Poitiers. A ses pieds se trouve le port du Naveix ~
Navigium — où s'empilent au douzième siècle, et probablement dès
une époque antérieure, les bois que le flottage amène du haut bas-
sin de la Vienne. La superficie de ses quartiers, intra murosy n*est
pas considérable : onze ou douze hectares au plus. Les boulevards
actuels de la Corderie, de la Cité, Saint-Maurice et des Petifs-
Carmes, avec les terrasses de l'évôché et du séminaire, dessinent à
peu près son contour. Ses remparts sont percés de quatre ou cinq
portes : Traboreu, Las Cessas (probablement la même), Escudarie
ou Scutarie, porte Panet, porte du Rouvej^s ou du Chêne. Cette
enceinte, jetée à bas dès le seizième siècle, est très insuffisamment
connue.
Dans cet espace restreint se pressent déjà, au temps de Saint
Louis, un assez grand nombre d'édifices : la Cathédrale d'abord,
imposant monument, dont la reconstruction sur un nouveau plan,
dans le style ogival à la fois sobre et élégant de cette époque, va
être entreprise en 1273, grâce aux libéralités du testament d'un des
successeurs de saint Martial, Aimeric de La Serre de Malemort.
Auprès de Saint-Etienne, le cloître des chanoines, la résidence de
l'évéque, le monastère de Notre-Dame de La Règle avec ses dépen-
dances; puis plusieurs petites églises : Saint-André, dont la légende
fait remonter l'origine à saint Martial; Saint-Domnolet, blotti
contre les murs de l'abbaye de La Règle, pauvre paroisse des pau-
vres gens de TAbbessaille ; Saint-Maurice, brûlée en 1103 ou 1105,
qui étend sa juridiction sur TEntre-Deux-Villes et qui deviendra
la chapelle des Carmélites ; Notre-Dame-du-Puy, qui au dix-sep-
tième siècle sera annexée au couvent de la Providence; Saint-Genès
et Sainte-Affre qui disparaîtront de bonne heure; Saint-Jean,
dépendance de l'église Cathédrale, où tous les enfants nés dans les
deux villes et les faubourgs, pendant les octaves de Pâques et de la
Pentecôte, doivent recevoir le baptême.
Les édifices civils sont moins nombreux. A peine pouvons-nous
mentionner la sénéchaussée royale, qui, à partir de la fin du qua-
torzième siècle, sera transférée dans le Château ; la modeste maison
{6 SOCIÉTÉ ABCBÉOLOGIÛCS ET B18T0EIQUB DU LINOUilN
commune de la Cité, quelques tours seigneuriales el quelques hôtels
de familles nobles ou de prélats de la province.
Le Château est plus étendu : trente ou trente-cinq hectares. Il est
entouré de remparts que jalonnent de nombreuses tours de formes
diverses et dans lesquels, dès le treizième siècle, ne s'ouvrent pas
moins de neuf portes : celles de Mirebœuf, de Montmailler, des
Arènes, de Lansecot, de Pissevache, de Banléger, de Manigne, de
Vieille-Monnaie et de Boucherie, correspondant en général à une des
voies principales ou charrières — charrieiras — de la ville. Nous
possédons des dessins de cette enceinte dont la silhouette est vrai-
ment mouvementée et pittoresque. Entre 1612 et 1616, le voyageur
Zinzerling parle de ses hautes tours qui dominent la campagne et
dont U voyageur aperçoit de loin le faite. Quinze ou vingt ans plus
tard, Golnitz mentionne les fossés profonds dont nos remparts
étaient entourés.
Le principal édifice du nouveau Limoges est la basilique du Sau-
veur et de Saint-Martial, avec son annexe Saint-Pierre-du-Sépulcre ;
le baptistère de Saint-Jean qui, au onzième siècle, jouit dans le
Château d'une prérogative analogue à celle dévolue au baptistère de
la cathédrale, el les chapelles de Saint-Benoit et de La Courtine.
Les premiers bâtiments du monastère se sont élevés au sud de
réglise, du côté de la rue actuelle de La Courtine. Au treizième
siècle, les moines, assiégés dans cet espace trop restreint par la
ville qui grandit sans cesse, abandonnent leur ancien établissement
et transportent les lieux réguliers de l'autre côté de l'église, sur
l'emplacement des immeubles Astaix, Raison-Rlgonnaud et de partie
de la place de la République. De belles constructions s'élèvent
autour de la basilique, et le cloître édifié par Guillaume Rafart est
orné de statues que le dix-septième siècle proclame encore « d'excel-
lent ouvrage et des plus belles de France. » Le réfectoire passe
pour uoe des plus hardies constructions du style ogival et des plus
élégantes qu'ait possédées le pays. Auprès de Saint-Martial, Saint-
Pierre-du-Queyroix. présente déjà des proportions plus vastes que
les autres églises paroissiales; c'est sous ses voûtes qu'en 1182 les
bourgeois, sous la pression du vicomte, prêtent serment de fidélité
au « roi jeune», Henri, l'aîné des fils d'Aliéner; qu'en 1303, les
Consuls et l'assemblée de ville, convoqués par un clerc dePhilippe-
le-Bel, adhèrent solennellement à l'appel au Concile œcuménique
formulé par le roi et sa noblesse, et s'associent de la sorte, avec
maints corps religieux du reste, à la grande manifestation organisée
contre le pape Boniface VIIL Plus haut, auprès de la tour vicomtale
de IfL Motte, démolie de bonne heure, Saint-Michel-de»-Lions —
COUP D*Œ1L SUR L*H1ST0IRB DB LA VaLE 1>B LIMOGK S7
Archangeli ecclesia superior — montre à sa porte les figures infor-
mes de granit auxquelles elle doit sa dénomination. Le petit château
du Breuil, qui deviendra THôtel de Flntendance et plus tard de la
Préfecture, et la maison des frères de Peyrusse, dont on fera le
presbytère de Saint-Michel, puis l'auditoire royal et la prison, se
blottissent à ses pieds. La maison commune du Consulat et les
petites halles du Gras et des Bancs sont, avec le pilori du Vieux-
Marché, les seules constructions affectées à des usages publics
qu'on puisse mentionner en dehors des précédentes.
Des faubourgs importants sont disséminés autour de ces trois
agglomérations principales. C*esl d'abord le groupe de maisons qui
avoisine Saint-Michel- de-Pistorie et que des vignes jonchées de
débris antiques séparent de la ville du Pont-Saint-Martial; plus
haut, le faubourg Manigne qui forme, avec le faubourg Boucherie,
le quartier proprement dit de « TËntre-deux- Villes ». Au seizième
siècle, le premier de ces faubourgs aura ses fortifications particu-
lières. — Séparé de ces groupes de constructions par les tanneries,
le bourg de Saint-Martin ou de Saint-Paul a son réseau spécial de
voies publiques. C'est là que la tradition place le fameux entrepôt
des Vénitiens. Malgré toutes les recherches faites à Venise, tant
dans les archives du commerce que dans les archives politiques, on
n'a pu trouver aucune trace de cet établissement. Le fait de l'exis-
tence à Limoges, au onzième siècle, d'un entrepôt de denrées
d'Orient paraît néanmoins certain ; mais il est à croire qa'il fut
créé par des négociants de Montpellier, où les Vénitiens possédaient
un comptoir important, et non directement par des marchands de
Venise. Le quatorzième siècle verra les Anglais achever la ruine
de cet intéressant faubourg; un cimetière couvrira plus tard une
partie des terrains occupés jadis par ses maisons. Au-dessous
on trouve encore les petites églises de Saint-Paul-de-la-Fontaine —
Sanctfis Paulus de Fonte — et de Saint-Julien, que j ai déjà men-
tionnées; l'abbaye de Saint-Augustin avec ses importantes construc-
tions, l'église de Saint-Christophe dont le territoire paroissial for-
mera quelque temps, sous la Révolution; une commune particulière,
enfin la léproserie de Saint-Jacques ou des ladres blancs, aux Cas-
seaux. — Au nord, de l'autre côté des bâtiments actuels de la gare, la
Maison-Dieu montre les cabanes dans lesquelles vivent les lépreux
d'une autre catégorie, réputés atteints d'un mal plus redoutable, les
« ladres rouges », autour de l'église de Sainte-Marie-Madeleine.
En remontant vers le Château on trouve d'abord l'abbaye de Saint-
Martin avec ses belles prairies, sa « bonne fontaine » renommée,
ses dépendances parmi lesquelles on distingue la chapelle de
Saint-Laurent, presque sous les remparts de la ville. Quelques mai-
28 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIODE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN
sons dispersées dans les jardins dits de Sainte- Valérie, s'égrènent
entrie le bourg de Saint-Martin et Moutraailler, dont la voie princi-
pale aboutit à Montjauvy, lieu célèbre dans nos fastes d'Aquitaine
et qui vit, le 12 novembre 994, le fameux miracle des Ardents;
une église dédiée à Saint-Martial s'élève sur la hauteur, à l'endroit
môme, dit la tradition, où furent déposées les reliques du premier
évéque de Limoges et des autres saints de la province, à la grande
procession supplicatoire qui fut faite ce jour-là. Il y a vingt ans,
une cérémonie chère à tous les Limousins, la procession dite des
châsses, établie ou peut-être rétablie au quinzième siècle, conser-
vait le souvenir de cet événement et en perpétuait pour ainsi dire
la physionomie.
Je vous ai déjà parlé de Notre-Dame des Arènes, construite à peu
de distance des ruines de l'amphithéâtre gallo-romain, et auprès
de laquelle il existait un petit hospice de pèlerins, sous le vocable
de Saint-Jacques. En redescendant le coteau, on rencontrait l'église
de Saint-Gessateur, qui posséda longtemps les reliques de Saint-
Aurélien et dont le clocher fut, en <2i5, abattu par une tempête.
Plus bas le bourg de Saint-Gérald, où se fonde en 1158 le principal
établissement de bienfaisance de Limoges et où nous trouvons
installées, dans la première moitié du quatorzième siècle, les écoles
de la ville, entre un cimetière et un hôpital.
Le douzième siècle et les premières années du treizième, bien
que troublés et calamiteux par instants, nous apparaissent, tout au
moins en Limousin et en particulier à Limoges, comme la période
la plus active et la plus féconde du moyen âge.
La plupart des églises rurales de la contrée et plusieurs de nos
plus belles abbatiales et collégiales datent de cette époque. Les
communes s'organisent sous la protection des rois d'Angleterre, qui
trouvent, dans la population des villes, des alliés contre la féoda-
lité, dévouée en général à la France ; les corporations acquièrent
leur forme définitive et fixent leurs coutumes ; les confréries de
dévotion et de charité surgissent de toutes parts; les industries
locales prennent de l'importance ; nos tanneurs vont en troupes aux
foires de Champagne où ils possèdent des halles spéciales de débal-
lage; la fabrication de l'orfèvrerie émailléc devient le monopole de
nos ateliers et la vogue de 1' « œuvre de Limoges »> s'étend à toute
l'Europe. Tout nous invite à faire ici, en quelque sorte, la grande
halte de l'étape que nous parcourons ensemble à travers les âges.
Toute esquisse, pour sommaire qu'elle soit, d'une société
doit offrir quelques traits pouvant donner une idée de l'état de la
famille. Les indications qui nous sont fournies par les testaments
COUP D ŒIL SUR L BlSTOlRK DR LA VILLE DE LIMOGES 99
et les autres pièces de nos archives sur le foyer de Thabîtant de
Limoges au treizième siècle, sont très amplement et très sûrement
complétées par les témoignages des deux siècles suivants. La famille
nous apparaît comme un groupe très uni et très discipliné, sous
l'autorité presque absolue du père. La mère y tient une place consi-
dérable, est honorée de lous, et, dans maint testament, le chef de la
maison ordonne qu'après sa mort elle reste la dame et maîtresse
du logis — domina gubematrix. Elle y exerce, môme pendant la vie
de son mari, une influence considérable et est en fait étroitement
associée à son gouvernement; mais elle est soumise à Taulorité du
père au même titre que les enfants. Ceux-ci restent dépendants,
quels que soit leur âge et leur situation, tant qu*ils n'ont pas obtenu
du père congé de former un établissement spécial.
Notons cependant un trait caractéristique de la physionomie de
celte famille : les seconds mariages y sont fréquents ; peu d'époux
qui ne se remarient, s'ils perdent leur conjoint avant d*avoir atteint
une respectable maturité. Nous avons relevé, dans les familles dont
il nous a été possible de suivre l'histoire, un nombre notable
d'exemples de ces unions au cours d« périodes relativement courtes.
La sévérité des mœurs de nos aïeux explique cette habitude et suffit
peut-être à la justifier; néanmoins cette particularité est de nature
à nous étonner un peu.
Les enfants sont nombreux à ces foyers, dont la vie simple est
réglée avec une discipline rigoureuse et une scrupuleuse économie.
Le père dispose d'eux en maître et trace leur avenir suivant ses
appréciations et ses vues. Ce n'est point l'intérêt individuel de chaque
membre du groupe qu'il consulte : l'intérêt collectif et permanent,
le souci de l'union étroite de la famille, de sa prospérité, de sa durée,
dominent les préoccupations de son chef; le sentiment du devoir
vis-à-vis des générations à venir comme vis-à-vis des générations
passées, dirige la conduite du parterfamilias et inspire constam-
ment sa gestion.
Le père de famille institue un héritier, presque toujours mais
non nécessairement l'aîné, auquel, après le prélèvement de quel-
ques legs pieux et de la dot de sa femme, il laisse la totalité de
ses biens, à la charge par lui d'acquitter une pegulhieyra, une dot
à ses autres enfants et de continuer de « tenir le foyer », fardeau
singulièrement lourd, parfois.
Les dots ne sont d'ordinaire payables qu'à la majorité ou au
mariage des fils et filles. II arrive souvent que les frères ne réclament
pas à l'héritier leur « frairescha » et demeurent avec lui dans une
sorte d'indivision. II n'est pas rare non plus que le père crée deux
héritiers au lieu d'un ; surtout à partir du quinzième siècle, ces deux
30 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DD LIMOCSIH
héritiers sont souvent la mère et un des fils, celui que le testateur juge
le plus apte à diriger son commerce et à gouverner la maison. Au
moyen âge il semble qu*en général, auprès de son héritier, le père
établisse toujours ou presque toujours des exécuteurs testamentaires,
ordinairement au nombre de deux, avec la mission de veiller à ce
que ses intentions soient remplies et le pouvoir de modifier, dans
certains cas, une ou plusieurs clauses déterminées du testament.
Un document nous montre, en 1270, un bourgeois de Limoges
chargeant ses <c aumôniers » du contrôle de Tadministration de sa
vevve, et leur donnant la faculté d'enlever à celle-ci la gestion de
ravoir familial, si le patrimoine venait à péricliter entre ses mains.
Le Château de Limoges était, comme beaucoup d'aggloméà^ations
du Midi de la France, ville de coutumes en pays de droit écrit. Ces
coutumes, qui régissaient Tenceinte et les faubourgs, mais n'étaient
point en vigueur dans la Cité, sont fort anciennes dans certaines de
leurs dispositions. La première rédaction que nous en ayons remonte
au règne de Philippe-Auguste et à Tannée 1212. L'objet de la plupart
de leurs articles est de régler les rapports des membres de la
famille, des voisins et de conserver le patrimoine, legs sacré du passé
à l'avenir et garantie de la stabilité du foyer. Ce patrimoine, le
père de famille seul en a la disposition ; lui seul gère l'avoir de
tous; les gains de chacun doivent revenir à la « bourse commune »,
et le salaire apporté du dehors par l'enfant ne lui appartient qu'au-
tant que l'administrateur de la collectivité lui en a fait don.
L'intérieur de ces maisons, fort modestes d'aspect le plus sou-
vent, élevées de plusieurs étages, construites de bois et de torchis
à partir du rez-de-chaussée, et se joignant presque parle haut dans
les ruelles étroites qui étendaient leur réseau de chaque côté des
ckarrières, — la Boucherie nous offre encore un aperçu du Limoges
du moyen âge — était en général très simple et à peu près le
même chez le riche bourgeois que chez l'artisan : des meubles
massifs, des bahuts et coffrets couverts de cuir; des lits presque
toujours confortables, avec des tentures de tapisserie dans les
bonnes maisons, ou même des surciels de broderie aux armes de
la famille (beaucoup de bourgeois avaient des armoiries, le plus
souvent parlantes); peu d'objets d'art : quelques images de piété et,
aux trois derniers siècles, quelques émaux. Les chambres à coucher
étaient peu habitées; on se tenait dans la cuisine sise ordinaire-
ment au rez-de-chaussée, et, chez les petits marchands, les artisans
et même les hommes d'affaires, communiquant avec l'ouvroir, le
magasin ou l'étude du chef de famille. La cuisine, véritable sanc-
tuaire de la vie domestique, était le salon d'autrefois, le lieu de
COUP DŒIL SUR L HISTOIRE DB LA VILLB DB LIMOGES 31
réuDion; la bourgeoise s'y tenait, avec ses filles et ses servantes, et
y recevait les visites. Bien entendu, le fable^fi que j'esquisse ici est
relativement moderne; c'est celui à peu près que M. Juge a tracé
dans un curieux livre publié au commencement du siècle dernier
sur les Changements survenus dans les mcsurs des habitants de
Limoges; mais nous constatons, par les vieux inventaires, par les
documents de toute sorte, que cette peinture s'applique aux inté-
rieurs d'il y a trois et quatre cents ans. M. Juge insiste, dans son
précieux ouvrage, sur la régularité et la simplicité de la vie de nos
pères, sur leur économie. Il assure qu'avant la Révolution, il n'y
avait pas dans toute la ville soixante maisons où on Ht usage d'ar-
genterie pour là table.
Les repas étaient, en général, simples comme la vie ; les mets
peu recherchés, médiocrement variés. M. Juge nous initie aux menus
qui étaient presque partout adoptés dans les bonnes maisons et
dont le retour périodique, immuablement fixé pour chaque jour de
la semaine, réveille nos souvenirs de collège d'il y a un demi-siècle.
Toutefois, dans les grandes occasions, aux mariages surtout, nos
pères se départaient de leur habituelle frugalité et les descrip-
tions des fameuses noces de Gamache ne paraissent plus chose
extraordinaire quand on considère les redoutables amas de victuail-
les autour desquels s'asseyait, aux grandes solennités familiales,
la nombreuse assemblée des parents et des amis. On trouve dans
maintes liasses de vieux comptes, contemporains d'Heori IV et de
Louis XIV, des mémoires de restaurateurs ou des projets, des
« devis », de nature à plonger les érudits dans une véritable stupé-
faction. Les potages, les entrées, les rôts, la volaille, le poisson, le
gibier, les plats d'entremets et de dessert, les friandises de toute
sorte se succédaient, se pressaient, s'entassaient devant les convi-
ves. Vins du Bas-Limousin, vins du Périgord, vins de Bordeaux,
vins muscats du Midi ou de l'étranger remplaçaient pour un jour le
produit « aspre au palais » de ces vignes dont le géographe arabe
Edrisi signalait l'abondance autour de Limoges. Les témoignages
précis de la profusion qui régnait dans les grands repas d'autrefois
sont relativement récents ; mais les ordonnances sompluaires ren-
dues par le Consulat dès le treizième et le quatorzième siècles, per-
mettent de penser que, dès cette époque, il n'en allait pas autre-
ment. Quant aux distractions, elles étaient rares et ^'assistance
aux cérémonies religieuses fut toujours la principale. Les repré-
sentations théâtrales, fort suivies malgré les défenses de l'Eglise,
ont laissé peu de traces. Des manuscrits d'origine limousine con-
tiennent néanmoins des monuments fort curieux du théâtre primitif,
et nos Chroniques signalent en 1296 et 1302 un fait d'un intérêt
31 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOOIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
tout particulier : la représentation d'un jeu des miracles de Saint-
Martial, donnée à Limoges par une compagnie de bourgeois de
Cahors. Au seizième siècle plusieurs représentations de la Passion
et des Mystères sont mentionnées par les Chroniques; à la fin du
dix-huitième s'organise un théâtre d'amateurs.
Le costume des hommes ne différait pas de celui des habitants
des autres villes de la région. Celui des femmes, s*il faut en croire
nos annalistes, aurait été au moyen âge, tout au moins au début
du treizième siècle, assez peu convenable. Les fils de Saint-François,
dès leur installation à Limoges, firent tous leurs efforts pour réfor-
mer ce fâcheux état de choses. Saint Antoine de Padoue obtint que
bourgeoises et artisanes adoptassent des accoutrements plus en
rapport avec Tesprit du christianisme. Elles dissimulèrent dès lors
sous un chaperon une partie de leur tête et de leur buste. Le galant
Charles VII, encore Dauphin, passant à Limoges, fut frappé de la
mauvaise grâce des vêtements féminins et supplia les dames de la
ville de changer, pour Tamour de lui, ces modes par trop sévères.
Elles acquiescèrent à son désir, mais pour un temps seulement, à
ce qu'il semble, et revinrent aux ajustements recommandés par les
prédicateurs. Coulon, dans son Ulysse François, s'exprime en
termes désobligeants sur le compte de nos aïeules. Le passage vaut
la peine d'être cité : « Elles sont, dit-il, fort chastes, mais fort peu
agréables... vestues grotesquement, et la simple représentation des
vefves, qui portent leurs collets à rebours des autres, fermés et
eslendus sur la poitrine, et ouverts sur l'épaule, — des femmes
mariées, des filles, des dévotes, des grandes et des petites cham-
brières, seroit plus divertissante aux yeux des estrangers qu'une
farce de comédie. » Zinzerling, qui a publié une voyage en France
sous le pseudonyme de Jodocus Sincerus, formule des appréciations
plus malgracieuses encore et écrit grossièrement que les femmes
de Limoges sont laides. Il va sans dire que cet avis n'a pas été par-
tagé par d'autres touristes. Je n'insiste pas. Je dois ajouter que les
bijoux étaient rares dans la plupart des familles; mais les riches
bourgeoises avaient, dans leurs forciers et leurs cassettes, quantité
d'objets de valeur : agrafes, enseignes, ceintures, colliers, chaînes,
épingles, bandeaux et autres ornements. Il est vrai qu'elles ne s'en
paraient pas dans les circonstances ordinaires de la vie ; ces objets
provenaient le plus souvent de la traditionnelle « corbeille » de
mariage oulies cadeaux rapportés par le mari de ses voyages de
commerce : ils ne sortaient qu'aux grands jours de fête.
Les historiens et les voyageurs s'accordent à peindre sous les
mêmes traits le caractère des habitants de Limoges. Notre ville est,
tOO» D^'CÊIL SCR L*aiST01llÉ Dt là VlLtl DK LlHOGftS &)
dit de Thou, la cité de la vieille écoQomie — « urbs antiquœ parci-
moniœ » ; — c'est un atelier où on travaille sans cesse, — « officina
diligentiœ » — ajoute Fauteur de la notice insérée à Tatlas de Mer-
cator. Goulon a bien connu nos concitoyens; il les dépeint « indus-
trieux, sobres, ménagers, semblables à ces plantes qui proiBlent
partout A. Golnitz confirme ce jugement et y ajoute un détail qu'il
convient de ne pas omettre pour que l'esquisse soit complète : ils
sont, dit-il, « adroits, ingénieux, avisés, ne se hâtent point —
comme c'est bien cela! — et savent à merveille pourvoir à leurs
intérêts et à ceux de leur famille » : industriosi, ingeniosi et cauti^
nec prœcipites, egregie sibi suisque comulentes.
Avec ces aptitudes et ces qualités, la population de Limoges
devait nécessairement s'adonner au commerce et y réussir. Aussi
loin que puisse plonger notre regard dans le passé, nous voyons la
capitale du Limousin fabriquer des objets assez variés et envoyer
les produits de ses ateliers au dehors. Nous ne saurions donner ici
un aperçu, même fort sommaire, de l'histoire du commerce et des
industries de notre ville. Ses multiples fabrications ont, au cours des
siècles, subi des évolutions considérables. De véritables boulever-
sements même se sont produits qui ont fait abandonner certaines
voies où nos pères avaient longtemps marché : on a vu des indus-
tries nouvelles surgir tout d'un coup et conquérir en quelques
années une vogue extraordinaire. Les objets principaux qui sor-
taient de nos ouvroirs étaient, outre les pièces d'orfèvrerie et
d'émaillerie, les marchandises de sellerie, bimbeloterie, fonderie,
poterie d'étain, chaudronnerie, draperie etdroguets, broderie, pas-
sementerie, de menus ustensiles de corne et des boulons de toute
espèce, des épingles, des couteaux, des tapis. La faïencerie pré-
céda de peu la porcelaine : Limoges ne paraît pas avoir produit
de faïence avant le dix-huitième siècle.
Les relations commerciales de notre ville sont fort étendues dès
le moyen âge ; on les constate avec des points éloignés du royaume :
Lyon, Troyes, Provins, Rouen, La Rochelle, Toulouse, Avignon,
Montpellier, avec l'Italie, la Suisse, l'Espagne, l'Angleterre et les
Flandres. Plus tard, certaines de nos marchandises, les couteaux,
par exemple, trouvent un débouché en Turquie. Au seizième et
dix-septième siècles, on rencontre nos négociants sur les navires
qui parcourent la Méditerranée, et plusieurs sont pris par les cor-
saires barbaresques.
Avant de vous parler des associations dont la similitude de l'in-
dustrie ou du commerce, la communauté des intérêts profession-
nels constituèrent le lien principal, il convient de vous entretenir
^4 SDCIBtÉ ARCHÀOLOOIQUK Vt IIISTO&TQOK DU LlUOtTSIlT
des groupes à la formation desquels une pensée religieuse ou cba--
ritable seule présida et dont Tinfluence sociale nous apparaît
énorme au cours des six derniers siècles.
Beaucoup de fidèles n'estimèrent pas suffisant le lien de frater-
nité établi par la même foi entre tous les disciples de TEvangile et
voulurent, en dehors du cadre ecclésiastique, mais sous l'autorité
des évêques, constituer des associations particulières pour se livrer
avec plus de régularité et de ferveur à certaines pratiques de dévo-
tion ou vaquer avec plus d'efficacité à certaines œuvres de bienfai-
sance. Ces groupes furent les confréries. L'antiquité et les premiers
siècles du christianisme avaient connu des sociétés de ce genre et
certaines communautés de fidèles, au temps des empereurs romains,
ne nous apparaissent pas très différentes de nos charités du moyen
âge. Ces confréries s'étaient éteintes; tout au moins n'en retrouve-
t-on aucune trace pendant de longues années. On a prétendu, et la
dernière de nos Encyclopédies, celle qui porte le nom de M. Ber-
ihelot, reproduit cette affirmation déjà émise par Mgr Bouvier,
qu'elles ne reparurent qu'au treizième siècle. Les témoignages de
nos chroniques et les pièces mêmes de nos archives nous les mon-
trent existant à Limoges au siècle précédent.
Tout prouve que ces groupes ont exercé dans notre ville une action
considérable au point de vue religieux et social. Peut-être même
ont-ils, à certains moments, pris, sans perdre leur esprit essentiel,
un caractère politique et ont-ils joué un rôle dans les événements
extérieurs. J'ai toujours pensé, pour ma part, qu'une des confré-
ries instituées dans la basilique de Saint- Martial avait pu contribuer
à l'établissement de la commune du Château, être, par exemple,
l'embryon, le noyau de la première organisation laïque constituée
dans la nouvelle ville ou avoir servi soit de prétexte, soit de dégui-
sement à cette organisation. Je n'en ai toutefois, je dois le dire,
trouvé nulle part la preuve.
Ce qui apparaît clairement, c'est la force du lien qui unit tous
les membres de chacune de ces associations; c'est l'attachement
profond, passionné parfois, qu'ils témoignent au groupe et aux
intérêts collectifs; ce sont les services qu'ils se rendent les uns
aux autres dans un esprit de mutuelle charité; c'est la grande
autorité morale dont jouissent auprès de tous les associés les chefs
élus de la confrérie, autorité qui doit avoir sa répercussion dans
la vie ordinaire. Les plus anciens statuts dont le texte soit arrivé
jusqu'à nous, ceux d'une société de pure dévotion, la Confrérie
de « Notre-Dame sur l'autel de Saint-Sauveur » (1212), nous four-
nissent les traits principaux des coutumes de ces groupes. Le
tOMP b^(ÊlL SUR L^HISTOlRi Dk LA TILLB bl LIIIO6KS 3Î$
devoir de visiter les associés malades, de leur procurer non seu-
lement les secours spirituels, mais Taide pécuniaire dont ils peu-
vent avoir besoin, est inscrit dans ce premier règlement. Si le
malade meurt, tous ses confrères veillent son corps, prient pour
son âme et interrompent tout travail jusqu'à l'inhumation, à la-
quelle ils doivent assister. Une messe est célébrée à leurs frais le
jour des obsèques, une autre sept joqrs après. Les chefs de la
pieuse famille, les officiers, ne sont pas seulement chargés de pré-
sider aux prières, aux manifestations religieiuses, uux actes divers
de la vie collective : une haute mission sociale leur est imposée à
regard de leurs frères. Ils doivent faire régner entre eux la paix.
Aussi est-il interdit à tout associé qui a un différend avec un autre,
d'en saisir les juges. Il doit exposer ses griefs aux officiers de la
compagnie. Ceux-ci s'informent de la difficulté, s'interposent entre
les parties et les accordent ou, pour employer les termes mémos
du précieux document que nous éludions, leur donnent la paix —
deven lor donarpatz. De là la dénomination de paguedors (paca-
toresj, prise par les chefs de la Confrérie. Les parties ainsi accor-
dées sont tenues d'obéir à l'arbitrage, et le confrère qui n'observe
pas la sentence des paguedors doit être chassé de l'association.
Les mêmes traits essentiels se retrouvent dans les statuts de la
plupart de nos confréries limousines. Les dispositions que nous
venons d'emprunter au règlement de la Confrérie de Notre-Dame
de Saint-Sauveur, figurent à la charte constitutive d'autres asso-
ciations, non seulement du moyen âge, mais des xvu* et xviii® siè-
cles. Les termes sont parfois moins impératifs, mais les statuts ne
s'expriment pas d'une façon moins nette à cet égard ; écoutez par
exemple à quatre cents ans d'intervalle ceux des Pénitents feuille-
morte, fondés en 1619 : « Tous les associés vivront en paix, union,
charité, comme de bons chrétiens, se prévenant les uns les autres
par toutes sortes de marques d'une vraie affection, évitant entre
eux tout sujet de querelle et de contestation. Que s'il leur sur-
venoit quelque différend, ils tâcheront de se réconcilier au plus
tôt, sans avoir recours à d'autre voie qu'à celle de la médiation et
s'en rapportant entièrement à la décision du conseil de la Compa-
gnie. » Un autre article prescrit de visiter les confrères malades
et (( de les assister de toutes sartes de secours spirituels et tem-
porels » s'ils en ont besoin. Jusqu'à la fin, les associations de cette
nature resteront fidèles à l'esprit de fraternité et de paix qui les
ont animées au début, et, dans un mémoire adressé en 1781 à
M. Amelot, secrétaire d'Etat, les prieurs des Compagnies de Péni-
tents de Limoges, répondant aux calomnies dirigées contre l'insti-
tution, pourront dire avec une légitime fierté : « Il n'y a point de
pauvres parmi nous. »
^ àOCIfttA JlftCaiOLOGTQUE ET BIStORtQVlfe DU LtttbOSlH
Il faut ajouter qu'une partie de ces sociétés, les Pénitents, les
Pèlerins de Saint-Jacques, les Pastoureaux et d'autres, avaient un
costume spécial, qu'ils portaient dans les cérémonies et qui don-
nait à nos processions Taspect si pittoresque et si touchant qu'elles
ont conservé jusqu'à notre époque.
Tout cela explique la vogue extraordinaire de nos confréries et
le zèle de chaque membre pour la prospérité et l'honneur de son
groupe. Il n'y avait pour ainsi dire pas un chef de famille, à Li-
moges, qui n'appartint à une de ces sociétés. L'abbé Bullat affirme
avoir compte quatre cent soixante pénitents pourpres assistant
avec leur costume à une procession peu avant 1789; la Compagnie
des pénitents gris n'avait pas moins de cinq cents membres
au dix-huitième siècle; au dix-septième, la Grande Confrérie de
Saint-Martial en avait possédé six cents, et celle de Notre-Dame de
Pitié, dit-on, quatorze cents. Toutefois, le Préfet de la Haute-
Vienne exagérait certainement quand, dans un rapport adressé en
1809 au ministre de llntérieur, il évaluait l'effectif des associa-
tions de pénitents du département à près de 6,000 hommes, dont
environ 4,000 pour celles de Limoges, ville de 21 à 22,000 âmes
au plus à cette époque. Ce rapport, empreint d'une prudence
excessive et du plus pur esprit administratif, est du reste un docu-
ment tout à fait caractéristique de l'époque.
Je n'ai parlé que des confréries de piété dont l'objet était la
sanctincation personnelle de l'associé, la pénitence, la participa-
tion aux cérémonies de l'Eglise, la décence ou l'éclat du culte. Les
associations laïques de charité, que nous trouvons organisées et
fonctionnant avec zèle dès le temps de Philippe-Auguste, n'ont pas
joué à Limoges un moindre rôle. Les unes, comme celle des
Suaires^ se proposaient d'assurer aux plus misérables des habi-
tants de la ville, un linceul, des obsèques décentes et des prières
autour de la fosse où étaient déposés leurs restes ; les autres, comme
celle des Pauvres à vétir^ distribuaient des secours en argent ou
en nature aux nécessiteux ; d'autres encore s'étaient assigné une
tâche plus limitée, par exemple le soin de pourvoir aux besoins
d'un établissement spécial et à l'assistance des pauvres atteints
d'une maladie déterminée : telle la Société du Saint-Esprit qui
semble liée à la Maison-Dieu des Lépreux. Presque tous les grou-
pes créés dans un but exclusif de dévotion recommandaient du
reste ou même imposaient à leurs membres l'aumône et certaines
œuvres d'assistance. Les bailes de la Grande Confrérie de Saint-
Martial sollicitaient, aux Quatre-Temps, les libéralités de tous les
membres en faveur des hôpitaux, des pauvres honteux et des indi-
tOtP D^'CBIL 8CR L^BIStOI^IC bS LA ViLLÈ Dit LikOGBâ Vf
gents en général ; les Pénitents visitaient les malades et les pri-
sonniers, et la GompagQie des Noirs au seizième siècle, celle des
Pourpres au dix-seplième, accompagnaient le condamné à Técha-
faud, suivaient après Texécution sa dépouille au cimetière et s'age-
nouillaient comme une famille autour de la croix plantée sur sa
tombe. Par une sublime inspiration de la foi et de la charité, plu-
sieurs des membres de celte dernière association, des négociants
aisés, de riches bourgeois, des magistrats, d'anciens officiers vou-
lurent être enterrés dans le cimetière des suppliciés, auprès des
restes de ces criminels à qui leur réconciliation avec Jésus-Christ,
à rheure suprême, avait ouvert le chemin du ciel, et dans lesquels
ces âmes, profondément croyantes, voyaient pour leurs propres
fautes des intercesseurs auprès de la miséricorde de Dieu.
Les fondations charitables de toute sorte sont nombreuses à
Limoges au moyen âge. Un hôpital, pour les pèlerins et les pauvres
malades, a existé dès une époque reculée auprès du tombeau de
Saint Martial. La légende en fait remonter l'origine aux libéralités
de sainte Valérie et de son fiancé. Nos archives attestent que, dès
le dixième siècle, il reçoit des donations de diverses familles féo-
dales et se trouve dans les dépendances de Tabbaye. En H58, un
évéque dont Limoges ne doit pas oublier le nom, Gérald du Cher,
fonde au faubourg de Saint-Gérald un autre hôpital sur l'emplace-
ment où s'élèvera au dix-septième siècle notre hôpital général.
La maladrerie de la Maison-Dieu a été, dit-on, construite par le
même prélat. Elle abrite une petite communauté de lépreux,
qui élisent ou tout au moins acceptent librement le prieur désigné
par l'autorité ecclésiastique et administrent directement leurs
biens. Une autre léproserie, celle de Saint-Jacques, paraissant
avoir remplacé un hospice de pèlerins et de voyageurs, s'élève à
l'entrée des faubourgs de la Cité, derrière Saint-Augustin. Nous
avons vu un autre hospice de Saint-Jacques tout au haut de la
ville, auprès de Notre-Dame des Arènes. — Ces établissements ont
été créés par des évoques, des corps ecclésiastiques ou des con-
fréries; mais d'autres doivent l'existence à la généreuse charité
d'un particulier : telle Taumônerie du Pont-Saint-Martial fondée
vers 4225 par un bourgeois du Château, Aymeric La Gorse, avec
ses seules ressources, et l'hôpital de Saint-Maurice, qu'un habitant
de la Cité, Jean Roche, a installé dans sa propre maison aux
termes de son testament portant la date de 1319.
Notons encore, dans le Château, une institution intéressante :
les aumônes municipales de Sainte-Croix et des Pains de Noël.
On appelait de ce nom des distributions en argent et en nature,
T. LU 3
38 SOCIÉTÉ ARCBÉOLCMÏIQOB BT HISTOftIQCB DU LtUOUSlN
faites chaque année à certaines épo:|ues par les magistrat» de la
commune, à Taide, soit d'une levée spéciale de deniers, soit des
revenus provenant de fonds constitués par divers legs ou dona-
tions et administrés par des bailes ou préposés spéciaux. Plusieurs
de ces libéralités ont élc faites expressément en vue d'appeler la
bénédiction de Dieu sur l'élection des consuls. D'après un passage
fort curieux de la chronique de Vigeois, ces distributions d'au-
mônes dans les villes remonteraient à une époque postérieure de
peu à la première Croisade.
Les corporations de métiers étaient, vers le milieu du treizième
siècle, au nombre de trente-trois dans le Château de Limoges.
Peut-être ce nombre était-il symbolique et avait-il été Qxé en mé-
moire des trente-trois ans que Jésus-Christ passa sur la terre.
Quoiqu'il en soit, nous savons peu de chose de l'organisation du
travail dans notre ville au moyen âge.
Il semble bien que chacun avait le droit d'exercer la profession
de son choix, en se conformant aux coutumes, sous le contrôle des
bailes du métier et la police des magistrats municipaux. A ces
coutumes se substituèrent peu à peu des statuts rédigés, d'après les
usages en vigueur, par le corps professionnel lui-même, et approuvés
par l'autorité communale et l'autorité judiciaire. La bonne qualité
de la marchandise parait être la préoccupation dominante des
auteurs de ces règlements; on trouve, dans le texte de ceux qui
nous sont parvenus, peu de renseignements sur la distinction entre
les diverses catégories de travailleurs, sur les rapports entre patrons
et ouvriers. Particularité singulière, le mot de « maître » n'est pas
prononcé une seule fois dans les plus anciens. Les coutumes
proclament que le métier est « communal », c'est-à-dire que son
exercice dépend de la commune au lieu de dépendre d'un seigneur,
et que tout bourgeois peut ouvrir un magasin ou atelier en vertu
des libertés et privilèges de la ville, en remplissant bien entendu
certaines conditions et en justifiant d'une certaine capacité. Plus tard,
le gouvernement, sous la pression des besoins du fisc, substituera
ses exigences tracassières à la large liberté municipale; le nombre
des maîtres sera limité et la maîtrise s'achètera à chers deniers.
Nous voilà bien loin de l'atelier familial soumis à la discipline
et aux coutumes du foyer. Nous nous en éloignerons plus encore
au dix-huitième siècle, quand le régime manufacturier fera son
apparition dans notre pays et que les conflits entre les patrons et
leurs ouvriers emprunteront à l'importance de l'atelier, au nombre
des personnes employées, une gravité qu'ils n'avaient pas eue
jusque-là.
toM^ D'àciL sùa l'ristoirs de La villb db LiMoGsà %^
Dans le Château, les métiers faisaient tour à tour, au moyen âge,
le service du guet; mais à Tinverse de ce qui se passait ailleurs,
en Flandre par exemple, ils ne formèrent jamais un corps politique
et on ne voit pas qu'à aucune époque ils aient joué un rôle dans
les divisions et les querelles locales. Le lien principal de la corpo-
ration professionnelle, à cette époque, c'est le lien religieux. Ici
encore nous retrouvons la confrérie avec les mômes obligations de
charité, le môme esprit de fraternité, mais avec une vie moins
intense et des manifestations religieuses plus rares que celles des
groupes dont nous avons parlé plus haut.
Au moyen âge, toutes ces petites sociétés, qu'anime une activité
propre et qui jouissent d'une assez grande indépendance, se
meuvent dans le cercle plus large de la commune. La population
de la Cité, dont les institutions municipales peuvent seules avoir
puisé leur origine dans celles de la période gallo-romaine, ne paraît
avoir, à aucune époque du passé, joui d'une complète autonomie.
L'évoque, qui est le plus grand seigneur féodal du pays et tient
tout le haut cours de la Vienne, puisqu'il possède dans sa mouvance,
outre la vieille ville de Limoges, Eymoutiers, Saint-Léonard etSainl-
Junien, — ne laisse pas se développer une organisation qui annihi-
lerait ou restreindrait tout au moins son autorité dans sa propre
capitale. Les six consuls de la Cité semblent n'avoir été jamais de
gros personnages.
Pendant quelques années, entre 1213 et 1224, sous la protection
des rois d'Angleterre, ducs d'Aquitaine : Jean Sans-Terre et
Henri III, et durant l'absence de l'évoque qui, en butte aux per-
sécutions de ces princes, dut à certains moments abandonner son
siège, la commune put jouir d'une indépendance assez large; mais
elle ne posséda jamais la puissance ni les libertés de sa voisine, la
commune du Château. La prise de la Cité par le prince Noir, en
1370, et l'abandon définitif, à partir de cette catastrophe, du quar-
tier épiscopal par les autorités, la population riche et le commerce,
réduisirent les magistrats de la vieille ville, à une condition peu
différente de celle des syndics des petits bourgs. Néanmoins le con-
sulat subsista et l'administration des deux groupes de population
était encore distincte au début de la période révolutionnaire; à
partir du 11 novembre 1792 seulement, Limoges n'eut plus qu'une
municipalité unique.
Tout autres nous apparaissent, dans les nombreux documents où
se reflète l'histoire de la ville de Saint-Martial, les consuls du
Château, qui étaient au nombre de douze, et dont le mandat avait
4t) SOClÊtÉ AReÊfe>LOOIÛUI tX âlStORI^tJ^ DÛ LIKOYISIN
une durée d'un an seulement. Nous les voyons en lutte, dès l'ori-
gine, avec le chef de la célèbre abbaye et le vicomte de Limoges,
qui, vassal ou avoué du monastère au début, a peu à peu réussi à
substituer son autorité à celle du véritable seigneur. Les chefs de
la bourgeoisie industrieuse et riche de la nouvelle ville ont tiré leur
influence et reçu leur première investiture de la force des choses :
il a bien fallu que leurs seigneurs comptent avec eux. Ils ont réussi
à imposer à ceux-ci le respect de leurs biens et de leurs personnes,
tantôt par l'adresse, tantôt par la force, négociant et finançant
aujourd'hui, recourant demain aux armes et se renfermant derrière
leurs remparts où, pendant une douzaine d'années, entre i26S et
4274, ils constituent une sorte de petite république, dont quelques
documents contemporains attestent l'autonomie à peu près absolue
— puis défendant pied à pied leurs libertés devant le Parlement et
le Grand Conseil, s'embusquant et se fortifiant successivement
derrière tous les incidents d'un interminable procès. La lutte
entamée sous Saint-Louis, ou même dès les premières années du
treizième siècle, interrompue à plusieurs reprises par les événe-
ments de toute sorte, les guerres, les calculs de la politique, les
exigences des temps, les catastrophes nationales, ne prendra fin
que sous Charles IX, comme je le dirai plus loin. Au cours de ce
long duel, les magistrats municipaux, trahis deux fois par la
fortune des armes, ont réussi par leur énergie, leur persévérance,
leur habile diplomatie, non seulement à retarder la victoire défini-
tive des vicomtes, mais à assurer à la population de la ville de
longues périodes d'indépendance et de paix. Ils ont obtenu du roi
d'Angleterre, une première fois à la fin du douzième siècle, dans
des circonstances que nous ne cnnnaissons pas; une seconde
en 1264, après le traité de Paris et de Londres; une troisième
en 1364, après celui de Brétigny, la confirmation de leurs cou-
tumes et privilèges, et ont été mis officiellement par le sénéchal
anglais, dans une journée mémorable (8 décembre 1368), en
possession de toutes les prérogatives seigneuriales, au mépris
des droits de l'abbé et des revendications du vicomte. Plus
tard, ils ont directement traité de la reddition de leur ville
avec le roi de France, et Charles V, pour rentrer en possession
d'une place considérée comme la clé de toute la contrée, a solen-
nellement réuni Limoges à la Couronne, donné à perpétuité le
Château à la commune et reconnu les magistrats municipaux seuls
seigneurs de la ville, seuls justiciers, seuls chefs militaires, seuls
administrateurs, sous la haute et unique mouvance du souverain.
Et de 1371 à 1844, durant deux siècles, les consuls, malgré quelques
entreprises de l'autorité royale, réussissent à maintenir cet état de
COUP o'œIL sur L^HlSTOiaE DK LA VILLE DB LIHOGKS 41
choses et à faire jouir, sous leur aulorilé, leurs concitoyens des
libertés les plus larges et les plus fécondes.
Pendant que se fixe pour des siècles l'organisation de la société
laïque, une évolution des plus intéressantes se prépare dans le
monde religieux : Tordre monastique va donner une nouvelle et
magnifique floraison. Les abbayes fondées du sixième au onzième
siècles sont presque toutes devenues de grands propriétaires terri-
toriaux et ont pris place dans la hiérarchie féodale. Leurs rapports
avec le peuple, relativement rares, ont changé de caractère. Il faut
bien se souvenir, du reste, que Tobjectif des moines, souvent
disciples d'un ermite, a été surtout la méditation, la pénitence, la
prière et l'étude, et non à proprement parler Tapostolat et Faction
sociale. Tout en continuant à servir la religion et Thumanité par
leurs travaux, leurs exemples et leurs bonnes œuvres, les Béné-
dictios et les autres religieux des instituts analogues n'ont plus, du
reste, le zèle et Tesprit de sacrifice des premiers temps. L'état de
la société réclame des ouvriers animés d'un esprit nouveau, moins
absorbés par la contemplation et la prière, mêlés davantage à la
vie quotidienne des populations. Quelques grands saints, cœurs
vaillants et hautes intelligences, ont l'intuition des besoins des
générations prochaines et du genre d'apostolat qui leur conviendra ;
ils fondent les ordres mendiants, dont, en quelques années, les
maisons vont se multiplier à Tinfini.
La pacifique invasion de ces nouveaux apôtres est signalée à
Limoges dès 1220. Au carême de cette année arrive Pierre Cellani,
un des fidèles compagnons de Saint-Dominique. Il s'installa
d'abord en face de la ville, au bord du chemin qui, du pont Saint-
Martial, monie à Saint-Lazare; mais comprenant presque aussitôt la
nécessité de s'établir plus à portée de la population dont ils vien-
nent réchauffer la foi, les Frères prêcheurs fondent leur monastère
définitif à l'extrémité du faubourg Manigne : maison importante
qui comptera, dit-on, dans sa période de prospérité, plus de cent
religieux et d'où sortiront un certain nombre d'hommes distingués.
Le cloître des Frères prêcheurs abritera des cours de philosophie,
de théologie et de sciences. Leur chapelle, amputée d'une portion
du chœur, deviendra l'église paroissiale de Saint-Thomas-d'Aquin,
puis de Sainte-Marie.
Après les enfants de Saint-Dominique, apparaissent les fils de
Saint-François qui, grâce à leur simplicité, à leur esprit de pauvreté
et à leur éloquence familière, acquièrent sur le peuple une influence
sans pareille. A la suite d'un différend avec l'abbaye de Saint-
Martin, ils abandonnent leur première maison de la Fontaine des
It SOiMÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Menudets, près la gare, et s'établissent plus haut, au débouché actuel
du boulevard de Fleurus sur la place Jourdan. Leur premier gar-
dien est le doux Saint-Antoine de Padoue lui-même, dont les pré-
dications et les miracles laisseront, dans la contrée, un profond
souvenir. Aucune famille religieuse n'atteindra jamais au degré de
popularité que vont acquérir les Franciscains : ils compteront
jusqu'à trois maisons indépendantes existant simultauémenl à
Limoges : le grand couvent des Cordeliers, sous les murailles du
Château; les Récollets de Sainte- Valérie, au-dessous de l'hôpital de
Saint-Gérald , et les Récollets de Saint-François, à l'intérieur de la
ville (ancienne Comédie). Limoges verra avant la fin du treizième
siècle s'établir près de ses murs deux autres colonies régulières :
les Carmes en 1260 et les Augustins en 1390.
Les détails qui précèdent m'ont amené à empiéter sur une
période de l'histoire à laquelle, dans notre voyage à travers les
temps, nous n'étions pas encore parvenus. Mais je n'ai nullement
la prétention de vous présenter un simple résumé chronologique.
Il m'a semblé que mon esquisse pourrait vous offrir plus d'intérêt
si j'en complétais au fur et à mesure certaines parties par des traits
empruntés aux âges plus rapprochés de nous. Il est nécessaire,
toutefois, de revenir maintenant à quelques siècles en arrière.
Après avoir été placé sous la dépendance des comtes de Toulouse,
Limoges passa sous celle des comtes de Poitiers. Les premiers
avaient institué nos vicomtes, dont le rôle a été complexe : leur
caractère primitif d'officiers de grands fcudataires disparut avec le
temps et ils demeurèrent les vassaux directs du roi pour certaines
de leurs possessions, pour d'autres les vassaux de divers seigneurs
de la province, de l'abbé de Saint-Martial notamment, duquel ils
tenaient le Château de Limoges, Pierrebufflère et la tour de Château-
Chervix.
Le divorce d'Aliénor d'Aquitaine avec Louis VII et son mariage
avec Henri Plantagenet, duc d'Anjou, qui monte en 1154 sur le
trône d'Angleterre, inaugurent une phase particulièrement agitée de
l'histoire de notre région. Pendant de longues années, les provinces
du Centre et de l'Ouest vont être troublées, meurtries, ravagées,
ensanglantées par les discordes de cette famille batailleuse et enra-
gée des Planlagenels.Ces guerres préluderont à la grande lutte entre
les souverains français et les souverains anglais, qui ne prendra
fin, dans notre région, qu'à l'époque des victoires de Jeanne d'Arc.
En 855, Charles le Jeune, fils de Charles le Simple, avait été
sacré roi d'Aquitaine dans la basilique de Saint-Martial. Peut-être,
aux deux siècles suivants, certains ducs d'Aquitaine étaient-ils
COUP D*ŒIL SUR l'hISTOIRB DB LA VILLB DB LIMOGES 43
venus aussi s'y faire couronner. Henri d'Anjou voulut, en 1152,
suivre cet exemple.
La légende de saint Martial représente sainte Valérie comme la
fille et rhéritiëre d'un grand seigneur; allant plus loin, Timagina-
tion populaire avait fait d'elle une duchesse d'Aquitaine : ie nou-
veau duc tint à mettre solennellement à son doigt l'anneau de la
sainte, conservé à la cathédrale de Limoges. Il espérait donner par
là, aux yeux du peuple, une consécration religieuse aux droits
qu'il tenait de son mariage avec l'héritière des comtes de Poitiers.
La cérémonie eut de fâcheuses conséquences. Une émeute éclata ;
Henri la réprima durement et Qt abattre les murailles et combler
les fossés du Château. Quinze ans après, Henri et Aliéner se dessai-
sirent, en faveurde leur second fils Richard, du duché d'Aquitaine.
Richard vint à son tour se faire sacrer à Limoges. Mais ses diffé-
rends avec ses frères et la révolte des fils du roi d'Angleterre
contre leur père devinrent le signal d'une guerre qui ne dura pas
moins de cinq ans et au cours de laquelle une partie des provinces
de l'Aquitaine furent ravagées par des bandes de mercenaires se
livrant à tous les excès.
Les barons du pays avaient pris parli, les uns pour le roi, les
autres pour les révoltés. La mort du fils aîné du souverain, Henri
le Jeune, dont le célèbre troubadour Bertrand de Born a exailé les
qualités, put seule amener la fin de cette funeste lutte. La prise, par
le roi, du Château de Limoges, au mois de juin 1182, mit un terme
aux hostilités. Le vicomte y avait eu part : il se souvint, quand
Richard Cœur de Lion, devenu roi à son tour, fui parti pour la
Croisade, de ses griefs contre le bouillant prince, et, fort de l'ap-
pui de Philippe-Auguste, se souleva de nouveau. Ce fut en répri-
mant cette révolte à son retour de captivité que Richard reçut une
blessure mortelle au siège de Châlus.
Les évoques avaient, depuis longtemps, tenté de réfréner les
passions belliqueuses des seigneurs féodaux. Le Concile de Limo-
ges, en 1031, après les Conciles de Charroux (vers 988) et de Poi-
tiers (1000), avait prononcé les plus terribles anathèmes contre les
chevaliers batailleurs, les oppresseurs du pauvre peuple et les per-
turbateurs du repos public. Quand les mercenaires à la solde des
Plantagenets ravagèrent le pays, les successeurs de saint Martial
n'hésitèrent pas à prêcher la croisade de la paix contre ces brigands.
On vit l'évoque Gérald du Cher, aveugle, chevaucher au milieu des
chevaliers et des milices de la province qui allaient tailler en pièces,
à Malemort, une de leurs principales bandes. Plus tard, Scbrand
Chabot, successeur de Gérald, défit et poursuivit jusque dans la
Gombraille une véritable armée de ces aventuriers connus sous la
44 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
déDomination de Brabançons. Enfin, Jean de Yeyrac leur reprit la
ville et le château de Noblat-Saint-Léonard. Bernard de Savennes
et Gui du Cluzeau, successeurs de ces énergiques pasteurs, inter-
viennent entre les seigneurs du diocèse et obtiennent que ceux-ci
prennent l'engagement formel de ne pas fouler dans leurs querelles
les habitants des campagnes, de ne pas brûler les maisons et de pas
s'emparer des animaux de labour. Plus tard, en 1269, Àymeric de
Serre, outré des excès commis contre les bourgeois de Limoges et
les paysans par les hommes d'armes de la vicomtesse Marguerite,
convoquera les communes et ira, à leur tête, s'emparer de la for-
teresse de Ghâlucet. Au quinzième siècle, Tévéque Pierre de Mont-
brun s'interposera entre les communes et le lieutenant général du
vicomte pour épargner à la contrée les horreurs de la guerre. Vous
voyez qu'en Limousin, pas plus qu'ailleurs, TEglise n'a jamais failli
à sa mission et que l'Histoire en porte un solennel témoignage.
Un parti français et un parti anglais se sont formés ; l'évéque de
Limoges est le chef avoué du premier, auquel appartient également
le vicomte. Les communes qu'ont presque constamment protégées,
peut-être môme fondées les trois derniers ducs d'Aquitaine de la
famille des Plantagenets : Richard, Jean sans Terre et Henri III,
ont embrassé le second. Le diocèse de Limoges, confisqué avec le
reste des Etats continentaux du roi d'Angleterre en 1204, soumis
entièrement à l'autorité française vingt ans plus tard, à la suite de
l'expédition de Louis VIII à La Rochelle, est rendu, en 1258, à
Henri III par Saint Louis sous certaines réserves, celles notamment
de l'hommage et de l'appel au souverain. De plus, le roi de France
entretient, sur les territoires restitués, un sénéchal dont la haute
situation et la grande autorité entravent singulièrement l'action et
diminue l'influence des oRiciers du duc d'Aquitaine. Néanmoins, la
protection accordée par celui-ci aux communes semble avoir encou-
ragé les consuls du Château dans leur révolte contre le vicomte.
Après treize ans d'hostilités, Philippe III enjoint à Edouard I", qui
vient de succéder à son père, d'abandonner la cause des bourgeois,
que le roi d'Angleterre a énergiquement soutenue. En vain les
magistrats municipaux, au cours d'une dernière et dramatique
entrevue avec ce prince, dans le cloître de Saint-Martial, jettent les
clés de la ville aux pieds d'Edouard, en lui rappelant leur fidélité
à tous les siens et !e mettent en demeure ëe les défendre. Le roi
d'Angleterre refuse d'aller plus loin dans une voie qui aboutirait à
une guerre avec le roi de France. S'il se laisse entraîner à faire
marcher des troupes, sous le commandement de son oncle, contre
Aixe, occupé par les vicomtins, ces troupes se retirent à la première
sommation d'un héraut de Philippe III. Le Parlement condamne le
roi d'Angleterre, à la suite de cette expédition, à une grosse
COUP D*OEIL SUB L OISTOIBE DK LA VILLE DB LIMOGBS 45
amende et à des dommages intérêts considérables. Il annuité le
serment qu'Henri III et Edouard I" se sont fait prêter par les bour-
geois. Mais déjà ceux-ci se sont résignés à rouvrir leurs portes à la
veuve du dernier vicomte (il novembre 1274) et à subir les condi-
tions humiliantes d'une sentence arbitrale rendue par les frères
de Maumont, tout dévoués à l'adversaire de la commune.
La guerre de Cent Ans éclate. Les deux villes de Limoges sont
remises à Chandos, lieutenant-général du roi d'Angleterre, en
vertu du traité de Brétigny. Mais neuf ans ne se sont pas écoulés
qu'à la suite de l'imposition d'un fouage trop lourd sur les pro-
vinces cédées aux Anglais, les populations prolestent et se soulè-
vent contre la domination d'Edouard III. Une expédition est organi-
sée en secret avec une extrême diligence ; des troupes, commandées
par les ducs de Berri, de Bourbon et le maréchal de Sancerre, et
que seconde une diversion de Duguesclin du côté de Saint-Yrieix,
se présentent devant la Cité de Limoges. Celle-ci, grâce à la conni-
vence de l'évoque Jean de Cros, ouvre ses portes aux Français le
24 août 1370. Malheureusement, les chefs ne laissent à la garde de
leur conquête que des forces insuffisantes; le Prince Noir, qui a
quitté Cognac à la nouvelle des événements en jurant de tirer de
cette trahison une vengeance éclatante, arrive le 10 septembre, met
le siège devant la Cité, y entre par la brèche le 19 et massacre tout
ce qu'il trouve sur son passage ; mais arrivés auprès de la cathé-
drale, les vainqueurs sont arrêtés par trois chevaliers français qui
engagent, contre trois des chefs des troupes anglaises, un combat
épique. Froissart, qui a raconté cet épisode dans sa langue pitto-
resque et savoureuse, assure que le Prince Noir, présent à cette
prouesse, fut émerveillé du courage de ces trois vaillants, que le
spectacle de leurs exploits « remboucha la pointe de sa colère » et
qu'il commença par eux à faire grâce à tous les habitants de la Cité.
Il y avait eu certainement un grand nombre de victimes ; mais étant
donné le peu d'étendue de la ville épiscopale et la densité médiocr3
de sa population, le chiffre de dix-huit mille morts, indiqué par l'au-
teur de nos Annales, est, on peut l'affirmer sans crainte, ridicule-
ment exagéré. Il semble même qu'il y aurait lieu de rabattre de
celui de trois mille accusé par Froissart.
La terreur répandue au loin par ce châtiment n'empêcha pas les
habitants du Château, jusqu'ici Gdèles à la cause anglaise, mais dont
les intérêts souffraient de l'abandon où Edouard III laissait le pays
et de rinsécurité générale, de négocier, nous avons dit plus haut
dans quelles coiditions, de la reddition de leur ville avec le roi de
France. Après avoir eu, au couvent des Frères Prêcheurs, le 14 UQ-
46 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQCE DU LlllUUSIlf
vembre 1371, plusieurs conférences avec le maréchal de Sanccrre,
commandant des troupes françaises dans la région, les consuls
ouvrirent leurs portes aux soldats de Charles V.
Celui-ci s'était fait céder, le 9 juillet 1369, la vicomte de Limoges
par la vicomtesse Françoise de Bretagne, veuve de Charles de Blois,
et il montra certainement Tacte aux trois députés envoyés à Paris
par les consuls du Château pour traiter des conditions de leur
retour à la France ; mais la politique a parfois des pratiques mal-
honnêtes. Le roi omit de dire aux bourgeois qu'à la même date, lui,
Charles, avait souscrit à la vicomtesse une contre-lettre par laquelle
il s'engageait solennellement à la remettre en possession de tous
ses ^lals, sans en rien excepter, dès que lui-même les aurait recon-
quis. Ce sera là tout le procès dit de la Vicomte : pendant deux
cents ans, le Parlement entendra d'un côté les consuls invoquer la
cession sans réserve de la vicomte au roi et les lettres par les-
quelles Charles V a, en vertu de cette cession, réuni le Château à
la couronne et donné à perpétuité la seigneurie de la ville à la Com-
mune, — et les vicomtes, de l'autre, alléguer la contre-lettre et
réclamer l'exécution des promesses formelles du souverain.
Quoi qu'il en soit, les Anglais ne devaient plus rentrer à Limoges.
Soixante ou soixante-dix ans encore, les routiers, qu'ils soudoient
ou qui se réclament d'eux, occupent les principales forteresses du
pays, courent les chemins et pillent les campagnes. La capitale de
la province réussit à les tenir à distance. Elle envoie même contre
les garnisons anglaises les plus rapprochées de petites expéditions,
fournit aux troupes françaises de l'artillerie, des munitions, des
renforts, des secours de toute espèce. Non seulement elle a alors à
se défendre contre les entreprises des ennemis du roi, mais à se
garder de celles des vicomtes qui revendiquent sans relâche leurs
droits et font tous leurs efforts pour rentrer en possession du chef-
lieu de leur seigneurie. La famille de Bretagne, qui doit à un mariage
d'avoir succédé aux anciens seigneurs, est venue s'établir en
Limousin. Un des petits-fils de Charles de Blois, Jean de Penthièvre,
seigneur de Laigle et lieutenant-général du vicomte, son frère,
est un brave capitaine au service de Charles VII; il équipe à ses
frais ses vassaux d'Excideuil et de Nontron pour courir sus à l'An-
glais, vend pour entretenir ses hommes les dernières tasses d'argent
qu'il possède, et mérite les bonnes grâces du roi. Celui-ci résiste
néanmoins à toutes les instances et refuse de rendre le Château de
Limoges aux héritiers des vicomtes. Jean essaie de le reprendre par
la force ou la ruse et peu s'en faut qu'au mois d'août 1426, le succès
ne couronne ses efforts, grâce à la trahison du consul Gautier
Pradeau^ mais le complot échoue; Pradeau paie son crime de sa
COUP d'œiL sur L'BTSTOIRB DB la ville de LIHOGRS 47
tête, et c'est devant le Parlement que se poursuit désormais le dif-
férend entre la commune et son seigneur. Le procès, plusieurs fois
arrêté, plusieurs fois repris, est enfin jugé : deux arrêts, en date du
7 septembre 1538 et du S septembre 1544, proclament le vicomte
seul seigneur et justicier de la ville. Une transaction entre Jeanne
d'Albrel, alors vicomtesse, et les délégués des consuls, termine, le
30 juillet 1566, ce différend trois fois séculaire : les magistrats de
la commune ne gardent que Tadministration proprement dite, sous
le contrôle des officiers de justice du seigneur, puis du souverain.
Le pouvoir royal, bien servi par les intendants, va du reste amoin-
drir de plus en plus leur autorité, rogner patiemment leurs attribu-
tions, et on peut dire que notre histoire municipale est close vers le
milieu du seizième siècle.
L'introduction du protestantisme suscita de terribles haines ; la
Réforme trouva en Limousin des adeptes convaincus et des martyrs ;
tel un malheureux vicaire de La Jonchère, Guillaume du Dognon,
qui fut brûlé en 1555, au pilori de la place des Bancs. Des religieux
Augustins du couvent de Limoges dépouillèrent le froc en plein prê-
che. On put croire un moment que la foi de la vieille bourgeoisie de
notre ville allait être entamée; elle résista néanmoins aux plus redou-
tables assauts, et l'esprit de prosélytisme de Jeanne d'Albret, non
moins que les violences des partisans de la nouvelle doctrine, nuisit à
celle-ci plus qu'elle ne lui profita. L'échec de la Réforme fut complet
à Limoges, et dès le règne de Louis XIII, elle n'y comptait plus
qu'un petit nombre d'adhérents.
Les plus ardents des catholiques avaient embrassé la cause de
la Ligue. Une coospiration fut ourdie pour surprendre Limoges.
Deux de ses chefs, les seigneurs de Prinçay et du Bouchot, arrêtés
dans l'hôtellerie du Lion d'Or, au faubourg Manigne, eurent la
(été tranchée à ce même pilori du Vieux Marché, le 12 octobre 1579.
Après l'assassinat d'Henri Ifl, les Ligueurs, qu'indignait la pensée
de voir monter sur le trône un prince huguenot, firent une nouvelle
tentative. Cette fois l'évêque Henri de La Martonnic, le juge royal
Martial de Petiot, fort populaire à Limoges et qu'on appelait « le
saint », l'avocat du roi Aymeric Guiberl, le vice-sénéchal Pierre de
La Roche, plus connu sous le nom de « capitaine Vouzelle » ; le
greffier Claude Rouard ; Léonard Delauze, hôte du Cheval-Blanc et
capitaine de la milice, plusieurs autres personnages influents et
énergiques étaient du complot. Il échoua cependant, grâce à la ferme
attitude de l'intendant Méry de Vie et des magistrats municipaux;
Un des consuls, Etienne Pinchaud, maître de la monnaie, fut tué et
un autre, Durand-Brugière, blessé dans une émeute (15 octo-
4S SOCIÉTB ARCHROLOGIQUB ET HISTOBIQOB DU LIMOUSIN
bre 1589). Les partisans de la Sainte-Union s'emparèrent de Téglise
de Saint-Michel, dans laquelle ils se fortifièrent ; mais leurs adhé-
rents n'ayant pu réussir à soulever la population, les uns se rendi-
rent, les autres tentèrent de s'échapper. Plusieurs furent pendus
après un procès sommaire. Les ardents catholiques les tinrent pour
de véritables martyrs et leur mémoire fut longtemps en vénération.
A la suite de cet événement, on délogea les Ligueurs de la Cité où
révéque les avait introduits. Beaucoup de citoyens furent bannis.
Le règne réparateur d'Henri IV, qui réunit la vicomte de Limoges
à la Couronne, rétablit partout le calme, la sécurité et la concorde.
Limoges tient sa place, et une place distinguée, dans le mouve-
ment littéraire de la Renaissance, comme il l'avait eue au moyen âge,
où ses troubadours, ses hymnographes, ses chroniqueurs acquirent
une juste renommée. Plusieurs de ses fils : Jean Dorât, Jean de
Beaubreuil, Marc-Antoine Muret, Joachim Blanchon, marchent aux
premiers rangs de la pléiade des savants, du chœur des poètes
de leur siècle. L'architecture de cette époque n'a, par malheur,
laissé l'empreinte de son style que sur quelques édifices privés, et
les belles sculptures de la cathédrale : le jubé, le mausolée de Jean
de Langeac, les vantaux du portail Saint-Jean, sont le legs le plus
notable de la grande période qui a fait surgir du sol de la France
tant de magnifiques monuments. Mais une importante et heureuse
évolution de notre industrie artistique avait précédé ce renouveau.
Peu après le milieu du quinzième siècle, l'art de la peinture en émail
né peut-être des recherches de nos verriers, n'ayant en tous cas
qu'un rapport fort éloigné avec l'ancienne (euvre de Limoges, s'im-
plante dans notre ville. On ne sait rien de sa genèse. Nous consta-
tons son existence et, avec les premiers Pénicaud, nous le trouvons
déjà en possession d'une technique sûre et compliquée, sans que
personne soit parvenu à surprendre la trace, les tâtonnements de
la période empirique par laquelle il a dû passer. En peu d*années
il conquiert une vogue qui a abandonné l'orfèvrerie émaillée, depuis
longtemps en décadence. Des hommes d'un grand talent et d'une
habileté rare : Léonard Limosîn et Pierre Raymond surtout, por-
tent, dès le règne de Henri II, cet art délicat à sa perfection. Le
Limosin produit des chefs-d'œuvre d'un coloris merveilleux et
d'une incontestable puissance. Après lui, l'émaillerie commence à
décliner. Au dix-huitième siècle la sève artistique des successeurs
de nos maîtres est épuisée. Ceux qui pratiquent encore l'œuvre de
*rémail ont perdu le vrai sens de leur art et abandonné les meilleurs
procédés de la technique. Leurs plaques n'ont plus ni dessin ni
çoqleur. M^s les fourneaux de Limoges ne doivent pas s'éteindre.
tO0> D^QEIL SUR L^HISTOIRB DÏ LA VILLIC t>B tlHOÛBS 4d
La dëcouYerte en i76S de gisements considérables de kaolin dans
les environs de Sainl-Yrieix, dotera Tinduslrieuse cité d'un nouvel
art du feu non moins séduisant, appelé à une fortune plus grande
encore et, espérons-le, plus durable que celle de Témail.
La vie de Saint Geoffroi du Chalard fait mention des écoles de
Limoges dans les dernières années du onzième siècle, mais ne
fournit aucun renseignement sur elles : il s*agit évidemment
d'écoles placées sous l'autorité ëpiscopale. Elles sont, en 1308,
hors des murailles au faubourg Saint-Gérald; d'un texte postérieur
de trente ans, il résulte qu'à cette date, elles se trouvent installées
dans une maison de la place Saint-Gérald appartenant à l'archi-
diacre de la Marche et qu'on y enseigne notamment la grammaire
et la logique. En 1489, nous voyons les magistrats municipaux
investir pour une année un régent de la direction des écoles de la
ville du Château; cette investiture se fait dans les formes tradition-
nelles, par la remise d'un livre au maître. Mais la désignation de ce
régent par les consuls ne constitue qu'une sorte de présentation :
car le droit de conférer les écoles appartient encore à cette épo-
que au chantre de la cathédrale, dépositaire de la prérogative
de l'évoque. Ce droit passe bientôt, non sans résistance et sans
procès, de l'autorité ecclésiastique aux magistrats de THôtel-de-Ville.
En 154K, les grandes écoles se tiennent dans une maison à rimé-
rieur du Château, près de la Croix neuve. Un collège, dont la créa-
tion a été décidée dès 1525, est organisé vers 1550, mais ne parait
pas avoir, dans ces conditions, fonctionné d'une manière satisfai-
sante. Changeant souvent de régents, n'offrant à la jeunesse qu'un
curstis incomplet d'études, l'établissement ne répondait ni aux
besoins du temps, ni aux légitimes désirs de la population. Les
consuls se décidèrent à le confier, dans les dernières années du
seizième siècle, aux Pères Jésuites, qui en prirent aussitôt posses-
sion : ils réparèrent et agrandirent les constructions, y installèrent
un collège de plein exercice, y appelèrent de nombreux élèves. La
maison, en 1620, en aurait compté plus de mille, avec trente-deux
professeurs, s'il faut en croire certains documents. Après l'expulsion
des Jésuites, l'établissement fut remis, en 1763, à des prêtres séculiers ;
ceux-ci ne purent lui rendre la prospérité dont il avait joui sous ses
anciens maîtres. La Révolution survint et le collège disparut.
De petites écoles étaient annexées à l'établissement; on comptait
en outre, dans la ville, un certain nombre de classes tenues par des
maîtres d'écriture; ily avait même, au dix-huitième siècle, quelques
pensionnats de jeunes gens offrant beaucoup d'analogie avec nos
institutions d'aujourd'hui. — Limoges n'était pas sans ressources au
50 SOClÈtÉ ARCttÊOlOGlOUÈ RT ftlSTORIQÛE DU LlVOUSlH
point de vue de rinstruction des Glles. Les religieuses de la Règle
avaient, dès le seizième siècle, un pensionnat où elles recevaient
les demoiselles de la noblesse et de la riche bourgeoisie. Au siècle
suivant, les Visilandines, les Filles de Notre-Dame, les Filles de La
Croix en ouvrirent à leur tour qui répondirent aux besoins d'une
plus modeste clientèle. Mais c'est aux Ursulines que nous devons
les premières écoles gratuites do filles : celles-ci furent créées (rès
peu de temps après la fondation de la communauté de Limoges, qui
date de 1620.
L'instruction primaire ne se développa que bien lentement dans
notre ville. Les registres de nos paroisses en témoignent. En 1675
et 1676, à 232 actes de mariage, on ne relève que 56 signatures
d'époux et 39 d'épouses ; en 1789 et 1790, sur 360 actes, 146 et
120 signatures. Il est vrai qu'en 1850, les chiffres ne diffèrent pas
très sensiblement de ceux que fournit la dernière de ces dates :
179 signatures d'hommes et 130 de femmes sur 344 mariages.
Dans un livre substantiel autant que bien écrit, M. Pierre Lafo-
rest a tracé, au cours d'une série d'esquisses très colorées, l'his-
toire de Limoges au dix-septième siècle. U nous fait surtout assister
à la renaissance morale et religieuse qui a été l'honneur du règne
Je Louis XIII et qui s'est prolongée pendant la première période
du règne suivant. Notre ville posséda alors un certain nombre
d'hommes et de femmes dont la vertu, la piété, l'énergie, le dé-
vouement, la féconde charité firent l'admiration de leurs contem-
porains et exercèrent sur la population la plus remarquable et la
plus heureuse influence : Bardon de Brun, l'avocat des pauvres,
le fondateur des confréries de pénitents, l'inspirateur des confé-
rences ecclésiastiques ; Martial de Maledent, le grand homme de
bien, à qui Limoges doit l'Hôpital général, la Mission, le Sémi-
naire; Mgr de La Fayette, dont un épiscopat de quarante-huit ans
usa les forces sans épuiser le zèle; Madame Germain, humble
veuve d'un petit libraire, qui présida la première association de
Dames de charité et créa l'orphelinat de la Providence; Hélène
Mercier, Marie de Petiot, Anne Decordes, fondatrices de la congré-
gation de Saint-Alexis, spécialement établie pour desservir notre
hôpital, — et bien d'autres dont je ne puis rappeler ici ni les
œuvres ni même les noms.
La période qui suit nous montre encore de beaux exemples de
désintéressement et de zèle pour l'intérêt public. Juge de Saint-
Martin, le « bon vieillard», témoigne d'un rare dévouement à tout * /^ f
ce qui peut contribuer au bien de ses concitoyens. Ardant du IHe^ V^ /j^^
avance à la province et d la ville des sommes considérables pour
OOU» d'OÈIL son L^HISTOIRK de la VtLtG DK LIHOGIS 51
parer à une disette. Pétiniaud de Beaupejrat compromet sa fortune
pour venir en aide à ses concitoyens. Le malheur des temps, les
passions révolutionnaires, le désarroi des finances communales
retardent le paiement de cette créance sacrée, et le plus riche
négociant de Limoges, victime de son généreux patriotisme, meurt
petit employé dans une maison de commerce de Bordeaux.
Nous Tavons vu plus haut : Limoges avait, au seizième siècle,
perdu ses plus précieuses libertés. Le dix-septième acheva l'œuvre.
L'esprit municipal, si vivant et si énergique naguère, s'était peu à peu
éteint. Le vieil hôtel de ville de la rue du Consulat, fidèle image
de la commune elle même, tombait en ruines. La royauté, dominée
par un idéal de centralisation à outrance dont ses intendants furent
les agents les plus zélés, livrait Tadministration à la bureaucratie.
Celle-ci travaillait avec acharnement à détruire tout ce qui restait
aux provinces et aux villes de leur autonomie, de leurs coutumes,
de leurs liens particuliers. Ainsi Tancien régime, en restreignant
de tout son pouvoir la vie provinciale, préparait inconsciemment
la destruction de la province elle-même, élément de force nationale
et de résistance pourtant, — et le découpage tout arbitraire du
territoire en départements sans liens d'intérêt commun, sans
cohésion, sans vie propre, parfois de droits et de langues divers.
Ici comme sur bien d'autres terrains, la Révolution ne fit que con-
tinuer l'œuvre de la monarchie centralisatrise.
Avec le dix-huitième siècle s'ouvre l'ère des grands travaux et
des profondes transformations. Le roi nomme à Tlntendance de
Limoges des administrateurs de premier ordre : d'Orsay, deTourny,
d'Aine, Turgot surtout. Ce dernier, qui attend encore sa statue,
acquiert, par son zèle sincère pour le bien public, son application
persévérante à toutes les réformes utiles, son dévouement sans
bornes à tous les intérêts de la province, des titres impérissables
à la reconnaissance des Limousins. Pourquoi faut-il qu'il apporte
à notre bourgeoisie l'esprit irréligieux de l'Encyclopédie dont il
la laissera imbue et dont la diffusion coïncida avec un certain relâ-
chement des mœurs attesté par divers témoignages au cours de
la seconde moitié du dix-huitième siècle. Mais l'administration du
grand intendant laisse partout sa féconde et durable empreinte;
longtemps après lui sa sollicitude prolonge ses bienfaits : maints
travaux considérables effectués au cours du dix-neuvième siècle,
n'ont fait que réaliser des projets conçus et étudiés par le grand
intendant. Dès avant 1789, des routes magnifiques, qui exciteront
l'admiration du voyageur anglais Arthur Young, mettent Limoges
en communication avec les villes voisines et ouvrent à son com-
^! SOClArè ARCR^-OLOGIHUE Et ttlStORIQUB 1>0 LlHOtJSm
merce des débouchés dans toutes les directions. Des places, des
promenades publiques ont été créées; le réseau, insuffisant du
reste, de nos aqueducs et de nos égouts, a élé Tobjet de répara-
tions; des mesures d*assainissement ont été prises. On a jeté à
bas les remparts et les tours qui étreignaient les quartiers inté-
rieurs de rancien Château dans une ceinture de granit; et pour la
première fois depuis bien des siècles, Tair et la lumière pénètrent
dans ces rues étroites, entre ces hautes maisons où nos aïeux vécu-
rent, courbés avec résignation sur le travail de chaque jour, mais
sachant élever leur âme avec leurs yeux vers le ciel pour y cher-
cher le réconfort et Tespérance.
Nous voici parvenus au seuil de Tépoque révolutionnaire. Le
chemin que nous avons parcouru ensemble est assez long et je n*ai
pas la prétention de vous conduire plus loin. On a dit, et il est bien
vrai, que les dates de 1789 et de 4793 marquent le début d'une
nouvelle période historique et sont le point de départ d'une orien-
tation tout autre des esprits. Néanmoins la métamorphose qui
s'opère dans l'âme d'un peuple comme celle qui se produit dans le
décor extérieur de sa vie, ne s'accomplit pas en quelques années.
La transformation matérielle du vieux Limoges aura exigé des
siècles. Malgré des travaux de voirie et de nivellement considérables,
malgré la démolition de deux quartiers tout entiers, malgré les
grands incendies du 6 septembre 1790 et du 15 août 1864, qui ont
chacun consumé plus de cent maisons, malgré la reconstruction de
beaucoup d'habitations particulières et l'édilication de quelques
monuments publics, cette transformation n'est point entièrement
achevée. Les changements dans les idées, les mœurs et les rapports
sociaux n'ont pas été beaucoup plus rapides, et il semble qu'on ne
doive pas prendre trop à la lettre certains passages du livre si
intéressant et si précieux du reste de M. J. Juge dont je vous ai
déjà entretenus. Ce n'est qu'au théâtre et dans les contes qu'on
assiste à des métamorphoses instantanées. La nature n'a guère de
ces changements à vue. Comme les écarts du pendule, les mouve-
ments violents des révolutions sont toujours suivis d'une réaction
qui détruit au moins en partie leurs effets. Si la population de
Limoges se laissa entraîner, au cours des terribles convulsions qui
marquèrent la fin du dix-huitième siècle, à de coupables excès,
elle ne se trouva pas plus transformée le lendemain qu'un homme
après un excès de boisson ou une crise de fureur. Quand les
esprits se furent calmés et que l'ordre eût été rétabli sous la
garantie d'un gouvernement conscient de son rôle et résolu à
remplir ses devoirs, tout le monde revint, non sans une certaine
COUP d'cEIL sur L'hISTOIRB DK la VILLB de LIMOGES 53
satisfaction, à ce qu'il est permis de croire, à ses habitudes d'autre-
fois. La bourgeoisie reprit son existence simple el laborieuse; les
artisans retournèrent à leurs usages et à leurs chères confréries.
La Révolution qui croyait avoir noyé dans le sang et écrasé sous
les ruines Tancienne société française, n'avait, en somme, porté
qu'un nouveau coup au passé, et cette plaie était certes moins cruelle
que la blessure du Protestantisme. Pour que le changement pro-
fond que nous constatons aujourd'hui dans les relations sociales,
les moeurs et les idées des habitants de notre ville, ait pu s'opérer,
il a fallu un complet bouleversement dans les conditions du travail,
la substitution de la manufacture au petit atelier et à la boutique,
l'abandon du foyer par la mère de famille transformée en ouvrière;
il a fallu les secousses nouvelles de trois révolutions, la diffusion
de la presse, les progrès de l'alcoolisme, le débordement du luxe
et de l'individualisme, Tavènement du suffrage universel : le vieil
édifice s'écroule enfin sous les coups répétés qui ébranlent et
désagrègent ses murailles.
L'histoire dont je viens de vous tracer le résumé, vous ne la trouve-
rez. Messieurs, écrite en entierdansaucunlivre.Mainte page manque
à nos annales ; mainte autre qu'on avait pu croire exacte et définitive,
est à modifier ou même à refaire complètement. Le travail de véri-
Gcation et de recherches auquel il faut se livrer pour connaître
avec quelque sûreté le passé de notre ville est loin d'être achevé ;
mais il se poursuit avec persévérance ; il avance grâce au zèle
studieux de quelques entants de notre pays et à leur ardent amour
pour le sol natal. Plus d'une existence s'est déjà usée à cette œuvre
utile et modeste. Il est juste de garder la mémoire de ceux qui s'y
vouèrent et de l'honorer. Aussi quand on prononcera devant vous
les noms de Nadaud et de Legros, de l'abbé Texier et des frères de
Verneilh, du chanoine Arbellot et de Maurice Ardant, d'Achille
Leymarje et de Pierre Laforest, d'Emile Ruben et de Louis Bour-
dery, ne haussez pas les épaules en murmurant dédaigneusement :
« Antiquaires I » Saluez avec sympathie, avec respect, la mémoire
de ces savants et de ces patriotes : ils ont droit à la pieuse gratitude
de tous leurs concitoyens ; c'est à eux que nous devons de mieux
connaître l'histoire de la petite patrie et, vous le savez, mes chers
amis, mieux on connaît son pays, mieux on sent les liens sacrés
qui nous y attachent et plus on Taime.
Louis GcilBERT.
T. LU
A PROPOS D'CN PAN DE MUR
LE REMPART DU CHATEAU
de Limoges
Limites de Venceinle du Château de Limoges. — La muraille de la Tour
Branlant à la porte Montm^iller. — La portion du rempart encore debout.
— Par qui et comment était défendue la muraille. — Conclusion,
SaDs avoir Tintention de rééditer ce qui a été dit ailleurs sur les
enceintes de la Cité et du Château de Limoges (i), le dégagement
d'une partie du rempart du Château, à la suite de la démolition du
quartier Viraclaud, nous fournit l'occasion de dire un mot à ce
sujet.
On sait que la deuxième enceinte du Château de Limoges fut
construite au commencement du xni« siècle et qu'elle suivait à peu
près le contour des boulevards actuels, ce que Ton appelle le « tour
de ville ».
Le quartier Viraclaud, qui vient de disparaître, était protégé, par
la portion de la muraille partant de la tour Branlant (à la hauteur
de la rue du Général-Cérez actuelle) jusqu*à la porte Montmailler
(au sommet de la rue des Combes).
D*après les Annales manuscrites (3), les consuls des années 1416
à 1418 firent continuer la construction de cette partie de l'enceinte.
Cette mention laisse supposer que la muraille du xiip siècle, proba-
blement construite à la hâte et avec de mauvais matériaux, avait
besoin d'une réfection complète.
En 1542, on reconstruisait les parements des fossés dans cette
partie (3).
(1) Paul DucouRTiBUX, Limoges d'ap'^ès aes oncieM plans. (Limoges^
V« Ducounieux, 1884, in-8«).
(2) Annales manuscriteê de Limoges, publiées par E. Ruben, F. Achard
et P. Dacourtieux. (Limoges, Y" Ducourtieux, 1873, ia-tt»), p. Î91.
(3) Registres consulaires de Limoges, publiés par E. Ruben et L. Gui*
ben. (Limoges, Ghapoulaud el Ducounieux, «867-1898, 6 vol. in-8»). T. I,
p. 337.
LI BEHPÂB1 DU CHATUU DB UHOGES 5S
En faisant le tour de celte portion du rempart et en partant de la
tour Branlant on rencontrait d'abord, à l'angle formé aujourd'hui
par la rencontre des boulevards Carnet et Montmailler, une sorte de
redan très accusé, que nous avions pris tout d'abord pour une tour.
Surla bulle en arrière
se trouvait autrelois
un moulin à vent qui
avait donné son nom
aux rues adjace-nies,
comme l'a établi M.
Louis Guibert dans sa
notice sur te Quartier
Viraclaud (i).
En remonlanl un
peu plus, on rencon-
trait la tour Beaupuy
(derrière le n* H du
boulevard Monlmail-
ler), à laquelle abou-
tissait la ruelle de ce
nom, et sur laquelle
s'appuyail la maison
Thouvenet, apparte-
nant précédemment à
M. 'Tixier-Lachassa-
gne. Les propriétaires
de la maison avaient transforma en cave le rez-de-cliaussée de
celle lour, qui avait 4 mètres de diamètre. Puis la muraille allait
se souder à la porte Montmailler, la plus ancienne porte de la
deuxième enceinte, qui fermait le quartier des Combes, relevant
d'une juridiction particulière, la prévôté des Combes.
D'après ce que les démolitions permettent de voir, le mur
d'enceinte avait une hauteur de 12 mètres (son faile atleigaait le
troisième étage des maisons). 11 avait trois mètres d'épaisseur à la
base el deux et demi au-dessus des arches. La largeur du faite
s'augmentait de l'encorbellement des mâchicoulis qui supportait les
créneaux, soit 3",30.
(I) Louis GuiBiBT, Le Quartier Viraclaud. (Limoges, PerreUe, 1897,
iti-(8.}
56 SOCIÈtA ARCHÉOLOOlQTJB BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Ces mesures concordent avec celles données au xvii* siècle Tabbé
Jean Cluzeau (i), prêtre communallste de Saint-Michel-des-Lions,
ingénieur et architecte. C*est à ce prêtre que Ton doit le premier
relevé de l'Amphithéâtre (1713), le sujet de piété qui surmontait
la croix de l'Andeix de Manigne (2) et des travaux d'une certaine
importance. Ses connaissances lui valurent d'être souvent appelé
comme expert par les consuls. •
Dans son expertise, à la suite de la chute du rempart de la ville
entre la porte Boucherie et la tour de Vielle-Monnaie» en 1718, on
lit ce qui suit : « ... Le mur était de six pieds d'épaisseur jusqu'au-
dessus des clefs des arches qui portaient ledit mur; son épaisseur,
du rez-de-chaussce de Vescharpe jusqu'à la hauteur des créneaux,
était de cinq pieds, et de sept pieds à la tête pour soutenir le mur
du parapet servant de défense à l'esplanade dudit mur. Le mur était
soutenu par des pilastres de dix pieds de face sur six d'épaisseur
servant de laz de décharge aux arches de trente six pieds et demye
chacune, dont le demi-diamètre étoit de dix-huit pieds et trois
pouces, surbaissés sur les dix-huit pieds d'environ d'un quart d'un
demi-diamètre, qui sont quatre pieds et demi; ce qui faisait que
lesdites arches n'ayant pas assez de coupe et n'étant pas soutenues
par un terrain solide et rocher vif, les clefs desdites voûtes ont
manqué, ce qui a causé en partie la précipitation de cette ruine (3).
Le dit mur servant de clôture à la ville portait dans la partie inté-
rieure un terrain d'une hauteur d'environ seize pieds (4), lequel
terrain de la largeur de huit à dix, servait de communication aux
maisons qui confrontaient audit mur (8), pavé seulement de la lar-
geur de six pieds pour servir d'écoulement aux eaux pluviales des
toits de toute l'étendue de la rue; lesquelles dites eaux ne s'écou-
laient pas tellement par le penchant du côté de la tour de Bouche-
rie et du côté du quartier du Canard, qu'elles ne se filtrassent dans
le terrain qui était entre le mur et le pavé, lequel terrain n'était pas
tuf bâtard, ce qui ne laissait pas de l'emmolir beaucoup et ce qui
n'a pas peu contribué à celte chute... » (6).
(4) Sur Tabbé Cluzeau, voy. Registres consulaires^ IV, «33, 266, 4î8,
4 47.
(5) La reproduclion de la croix de TAndeix de Manigne se trouve dans
les Annales manuscrites, et dansTripon, Historique monumental,
(3) On peut constater la disposition de ces arches sur les murs des ter*
rasses du boulevard Gambetla, auprès de l'endroit où débouche la rue
Vigne-de-Fer.
(i) C'est-à-dire avait à supporter un terrain encontre haut de seize pieds.
(5) Il s*agit de Tancien chemin de ronde.
(6) Registres consulaires, IV, 266.
LB BBMPAET DU CHATBAU DE LIMOGBS 57
V
» *
L'extrait qui précède donne la raison des fréquentes dégrada-
tions du mur d'enceinte. Les Registres consulaires nous font assister
aux brèches qui se produisaient à chaque instant, si bien qu'ils ne
se passait pas une année où les consuls n'eussent à faire face aux
réparations de tel on tel point de la muraille, réparations qu'il fal-
lait exécuter aussitôt dans la crainte que la brèche ne s'agrandisse.
C'est que, comme le disait l'abbé Cluzeau, le terrain sur lequel
était construit le mur n'était pas solide, les arches avaient (rop de
portée, la charge des terres à l'intérieur était trop grande, et comme
les eaux qui tombaient dans le chemin de ronde ne trouvaient pas
leur écoulement, il se produisait des infiltrations qui amenaient peu
à peu la chute des murailles.
L'impôt du .wMcAef(l), établi vers 1260 spécialement pour subve-
nir aux réparations de l'enceinte, et dont personne n'était exempt,
élait insuffisant pour parer aux dépenses de ces réparations. Les
consuls endettaient la commune et souvent payaient de leurs
deniers.
La découverte des armes à feu obligea les villes à changer leur
système de défense. Les murs, les tours et les porles durent être
disposées pour recevoir l'artillerie, les archères des chemins de
ronde furent remplacées par des canonnières.
A Limoges, ces transformations eurent lieu assez tard, vers le
milieu du xvi« siècle (2). Elles se bornèrent au stricte nécessaire en
raison des faibles ressources dont disposait la commune.
, On construisit cependant les forts Saint-Martin et Saint-Martial
* pour pouvoir placer sur Ipur terrasse, au niveau du chemin de
ronde, une dizaine de pièces d'artillerie.
Comme l'a très bien dit VioUet le Duc (3), « les villes tenaient à
leurs vieux murs et ne pouvaient s'habituer à les regarder comme
des obstacles à peu près nuls. Si la nécessité exigeait qu'on les
modifiât, c'était presque toujours par des ouvrages qui avaient un
caractère provisoire. Telle était la force des traditions féodales
qu'on ne pouvait rompre brusquement avec elles et qu'on les
(1) On retrouve l'impôt du souchel dans les privilèges du Châieau de
Limoges, privilèges accordés par Henri 111 d'Angleterre et confirmés plus
tard par Edouard 111 et Charles V.
(2; Registres consulaires, I, 363, el 11, 137.
(3) VioLLiT-Lis-Duc, Dict, rais, de Varchitecture française du xi* au
xyi* siècle, 443 el 446.
58 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
conliDuait encore malgré Texpérience des inconvénients attachés à
la fortification du moyen âge en face de Tartillerie à feu. C'est ainsi
qu'on voit longtemps encore, et jusque pendant le xvi« siècle, les
mâchicoulis employés concurremment avec les batteries couvertes,
bien que les mâchicoulis ne fussent plus que d'une défense nulle
devant du canon ».
L'enceinte de Limoges, au moment où l'intendant de Tourny en
fit commencer la démolition, présentait un aspect lamentable.
Les portes, les tours et la muraille elle-même, par la diversité de
leur construction, témoignaient des nombreux remaniements qu'ils
avaient subi. Tout cela menaçait ruine et n'attendait pas la pioche
des démolisseurs pour s'écrouler.
Les propriétaires des maisons sur le pourtour de l'enceinte
s'étaient emparé sur plusieurs points de la partie du chemin de
ronde (1), du rempart ou des fossés qui se trouvait devant leur mai-
son. Il fallut des ordonnances royales pour mettre fin à ces empié-
tements (2).
*
* «
La gravure qui accompagne cette notice représente le pan de
muraille encore debout vu du sommet de la rue des Combes, ,du
côté intérieur par conséquent.
On remarque tout d'abord les grandes arcades ogivales qui sou-
tenaient le mur, dont le garnissage a été enlevé par les derniers
propriétaires, et qui présentent des trous béants. Puis l'appareil de
la construction, appareil très irrégulier formé de moellons de
toutes formes et de toutes grosseurs. Le genre et la diversité des
matériaux sufSsent à démontrer que les consuls, souvent pris au
dépourvu, ne s'arrêtaient pas au choix de ces matériaux et visaient
plus à la solidité du mur qu'à son aspect monumental.
Les traces des maisons qui s'appuyaient sur la muraille, aussi
bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, couvrent le mur. Les maisons du
côté intérieur bordaient l'ancienne rue Vaulry, celles de l'extérieur
étaient en façade sur le boulevard Montmailler.
Sur la gauche de la gravure, on remarque Tune des canonnières
(\) Le chemin de ronde faisait le tour des remparts à rîntérieur. C'est
daos ce chemin que l'on plaçait des échelles, de dix en dix brasses, pour
monter sur le rempart. (Registreê consulaires^ U, 938).
(9) P. DucouRTiBux, Limoges d'après ses anciens plans, p. 137 et 198.
qui avaieni remplacé les archères en 1577 (1). Elle est en très bon
clat et se présenle avec son banc de repos et son embrasure. GeiLe
canonnière indique bien le niveau dn chemin de ronde qui, dans
celle partie du mur, correspondait à peu près au sommet des
grandes arches.
Cette portion du rempart a fait l'objet de charmantes peintures
ou aquarelles, nous leur avons préféré une photographie directe
qui a plus de valeur documentaire (2).
Du cAté extérieur, le sommei du rempart a conservé quelques
consoles des mâchicoulis. L'encorbellement de ces mâchicoulis et
les créneaux qui les surmontaient n'existent plus. Nous donnons
ci-dessous deux dessins qui montrent les consoles dans l'état
actuel, et d'antre part les mâchicoulis avec leur encorbellement
et le créneau.
Machicsnlii rccoi
Les consoles sont formées de quatre blocs de granit, placés en
retrait les uns au-dessous des autres, les trois inférieurs taillés en
dés, dont l'arrête saillante est légèrement arrondie, le bloc supé-
rieur de forme triangulaire pour recevoir la voûte en encorbelle-
ment masquant les trous par lesquels on lançait les projectiles.
(l) a Nous avons fait réparer les muretles gardiennes, vulgairement appe-
> lées machicolis, y celles reformant,; taisant faire des canonnières de dix
» en dix brasses, avec des feneilrcs a repos visant dans les fossés. « (flegia-
tret coMulairei, 11, 137).
(S) La pbotograpliie est de M. Faissal, que nous remereiooâ ici d'avoir
bien voulu nous auioriser à la reproduire.
60 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTOEIQUE DU LIMOUSIN
*
« *
En ce qui concerne la garde des murailles nous empruntons à
M. Louis Guibert un passage de son mémoire sur les Communes en
Limousin (1).
(( Tous les habitants en âge de porter les armes sont astreints
au guet et à la milice. Dans le château de Limoges, au xni» siècle,
le service du guet est fait chaque jour par plusieurs des trente-
trois corporations de la ville, suivant un tableau de roulement
arrêté par le Consulat. Les troupes de la commune sont divisées
en compagnies dont les circonscriptions ne coïncident pas au
xvi* siècle avec les sections politiques. Le capitaine qui commande
en chef cette milice est nommé et révoqué au temps de Saint Louis
par les magistrats municipaux. On constate plus tard qu'il en est
de même des officiers des compagnies (2). »
Le guet n'était pas seulement employé à la garde de la ville, il
était chargé, dans certaines occasions, d'exercer sa surveillance
contre les malfaiteurs aussi bien de la ville que de la banlieue. En
1834, il fut chargé de veiller sur les vignes.
Parfois aussi, lorsque les circonstances l'exigeaient, la commune
désignait, pour un temps, un certain nombre de personnes « sti-
pendiées », qui étaient chargées de veiller de jour et de nuit aux
portes et sur les remparts (3). C'est ce qui arriva pendant les
guerre de religion de 1560 à 1581.
Mais la milice ne se prêtait guère à ces fonctions de police. Dans
les Registres consulaires {Y , 91), M. Guibert dit en note qu'en 1756
la milice ne se réunissait guère que pour accompagner les auto-
rités dans les cérémonies publiques et que c'est avec une certaine
répugnance qu'elle s'astreignit, sur Tordre des consuls, à garder
les prisons, à la suite du départ d'un régiment de cavalerie.
Enfin, en 1775, fut mis à exécution le projet élaboré par Turgot,
d'établir à Limoges une compagnie du guet, qui fut spécialement
chargée de veiller à la sûreté publique.
(1) Louis Guibert. Les communes en Lùnouain du douzième au quin-
zième nècle (Paris, Société d'économie sociale, 1891, in*8. — Extrait de
la Réforme sociale)^ p. 19.
(2) Voy. sur la milice el sur le guet : Annales manuscritee, p. 295, 353;
— Limousin historique, p. 406 et ss; — Registres consulaires^ 1)210, 928,
943, 384; — Archioes historiques, Vil, 136, 993; Vlll, 81, 383.
(3) Registres consulairess H, 903, 205, 358, 449.
(4)i«d..'.V,91.
Ë i.
il
Ltt IBMPAKT DU CHATBAU DE LIHOOBS 61
«
Pour défendre une ville dont Tenceinte avait i ,800 mètres de
tour environ, il fallait un grand nombre de pièces d'artillerie. On
sait que pour en augmenter le nombre, les consuls avaient décidé
en 1535 que le banquet offert à leurs collègues par les nouveaux
élus serait remplacé par le don à la ville de pièces d'atillerie (1).
Grâce à cette mesure, Tarsenal de la commune s'augmentait d'an-
née en année.
Le moment où cet arsenal était le mieux garni nous parait cor-
respondre à Tannée 1575 (2). Il y avait à cette époque dans les
tours des quatre portes du Château 85 pièces d'artillerie, assorties
de chevalets, boulets, et des barils de poudre chez plusieurs nota-
bles bourgeois.
« La commune prêtaient ses canons au roi pour réduire les forte-
resses de la contrée où tenaient encore des garnisons anglaises.
Une de ses pièces, la célèbre Marsale^ avait sa légende et était
considérée par les troupes de la ville comme une sorte de palla-
dium (3). » Ce fameux canon, plus un autre aussi gros, furent
prêtés au roi Louis XIII, en 1628, lors du siège de La Rochelle,
mais ils ne furent pas rendus.
En 1716, les choses avaient bien changé, la commune ne possé-
dait qu'un seul petit canon de fonte et quelques petits fauconneaux
crevés et hors de service (4).
S'il faut en croire les Registres consulaires, nos pères goûtaient
fort le bruit de la canonnade et l'odeur de la poudre. Lorsque
l'occasion d'une entrée princière ou d'une réjouissance publique
se présentait, ils ne manquaient pas de s'étourdir à (|ui mieux
mieux et de s'abreuver de fumée. Les personnages qu'ils croyaient
honorer trouvaient parfois ce bruit assourdissant et intempestif, et
les priait de faire cesser ces pièces d'artillerie «qui sonnaient si
merveilleusement et qu'il faisait si bon oyr (5) ».
(1) Registres consulairesj I, 256.
(9) Ibid,, il, 4i0.
(3) Louis GuiBKRT. Le» communes du Limousin, p. 33. Registres consu-
laires, I, 318 ; 11, 461 à 467. Annales manuscrites, 310, 356, 370, 380.
(i) Registres consulaires, IV, 250. On fit fondre les petits fauconneaux
pour avoir cinq canons, pesant ensemble huit quintaux sept livres, sur les-
quels furent empreintes les armes de la ville et de M* d'Orsay.
(5) Ibid., 1, 303,
62 SOCliTÉ ARCBÂOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Si nos ancélres se décidaient avec tant de peine à transformer
leurs vieilles murailles suivant les exigences de la défense, quels
sentiments de tristesse n'auraient-ils pas éprouvés en les voyant
démolir? On sait que la plus grande punition que le roi ait cru
devoir infliger à la ville, lors des troubles au sujet de la gabelle,
en 1548 (1), fut d*ordonner qu'une brèche serait faite dans ses
murailles.
C'est que ces murs protégeaient leurs foyers, et qu'avant d'être
Français, ils étaient citoyens de Limoges et comme tels ses dé-
fenseurs.
Ces murailles n'étaient-elles pas témoins de la vigilance de ceux
qui en i426 avaient déjoué l'entreprise de Jean de Laigle, des
alertes causées par le passage de la bande des Mille diables en
1523, par celle des Gascons en 1544, des mesures prises contre
les réformés de 1560 à 1580, de la tentative de coup de main de
Princay et du Bouchet, prélude des combats que les gens du roi
eurent à soutenir contre les Ligueurs en 1589.
Les Limougeauds du xvu* siècle n'avaient peut-être pas ces faits
historiques présents à la mémoire; mais ce qu'ils savaient bien
c'est que leurs pères avaient veillé bien des fois sur ces rem-
parts (2) et qu'ils étaient toujours prêts à donner leur vie pour
leur défense. C'est pour cette raison qu'ils tenaient tant à leurs
vieux murs.
A la suite du développement du pouvoir central, les gens du
roi finirent par accaparer toutes les fonctions administratives exer-
cées autrefois par les bourgeois et marchands. La conséquence fut
l'affaiblissement de l'esprit municipal, des traditions de patrio-
tisme local et de dévouement à la chose publique parmi la popu-
lation de Limoges. M. Guibert (3) constate qu'en 1768, le maire
décida, sans soulever de protestation, la suppression de la pro-
(1) Registres consulaires^ I, 4S8.
{f') Registres consulaires, 11, 449 et ss, 478. i El fust arresté que lors-
quoQ entendroict quelques nouveaux advertissemens deux de aous (consuls)
coucheroient sur la muraille assavoyr lung jusques a minuit et Taullre
depuis la minuit jusques au jour. » (1580).
» Ce qui fust faict et arreste que chacun scavoir un de nous à rang cou-
cheroil dans la tour de l'Arreiae, pour d*illec observer les rondes qui se
faisoient... » (1681).
(3) Ibid.y V, dSQ.
LE REMPART DU CHATEAU DE LIMOGES 63
cession qui se faisait chaque année, sans interruption, depuis trois
cent quarante-un ans, pour perpétuer le souvenir de la découverte
du complot du consul Gautier Pradeau, qui voulait livrer la ville
au vicomte de Limoges.
C'est avec indifférence que la population de Limoges vit démolir
ses murailles au xvni* siècle.
Au XX' siècle, lorsque par hasard on découvre un petit coin de
rancienne ville, le public, généralement si étranger à son histoire,
se livre aux réflexions les plus invraisemblables. Quelques per-
sonnes, peut-être, mais leur nombre est bien restreint, se sou-
viennent alors qu'il existe une Société archéologique qui a, dans
de nombreux Bulletins, publié des études intéressantes sur le vieux
Limoges, ses usages, ses industries d'art et ses illustrations. Nous
souhaitons que le nombre de ces personnes augmente et que
par rintérêt qu elles prendront aux travaux de la Société, elles les
encouragent et contribuent ainsi à la gloire de notre province.
Paul DUCOURTIEUX.
MARQUISAT D'AUBEPEYRE
CHAPITRE I"
LES ORIGINES
Aubepeyre [Alba yetra^ 1476), hameau de la commune de Sainl-
Yrieix-laMontagne, canton de Fellelin, arrondissement d'Aubusson
(Creuse), était, dès le xiv siècle, le siège d'une seigneurie, qualifiée
plus tard comté et enfin marquisat, ayant justice haute, moyenne
et basse, et mouvante, tenue à foi et hommage de noble et puissant
seigneur le baron de la Borne, qui, lui-môme, relevait du comte de
la Marche.
Ce fief se trouvait sur les limites de la Haute-Marche et de l'élec-
tion de Bourganeuf, province de Poitou. La limite entre les deux
provinces traversait même Tancien chàleaii d'Aubepeyre, dont la
plus grande partie, où se trouvait la cuisine, était en Marche.
Comme la paroisse de Saint- Yrieix était le principal noyau de
cette seigneurie, il est nécessaire de donner quelques renseigne-
Oients sur cette paroisse.
LE MARQUISAT D*AUBBPBT1B 65
CHAPITRE II
U PAROISSE D£ SAINT-YRIEIX
§ 1". — Le bourQy Véglise et la cure.
Le bourg de Saiot-Yrieix, désigné avant la Révolulion sous le
nom de Saint-Yrieix, près Vallière, aujourd'hui sous celui de Saint-
Yrieix-la-Montagne, compte trente-sept maisons. Il est à seize kilo-
mètres de Felletin et à dix-neuf kilomètres d'Aubusson.
L*église est sous le vocable de Saint-Yrieix.
La paroisse de Saint-Yrieix était dans Tarchiprétré d'Aubusson,
ofBcialité de Ghénérailles. En 1770, on lui donnait comme étendue
un diamètre de trois quarts de lieue; on y comptait six cent cin-
quante communiants.
La cure était une cure séculière, sous le patronage de Tévéque
de Limoges.
En 1770, le curé payait deux cent quarante-six livres de décimes
sur les revenus de sa cure; en était visiteur son propre curé
Bandy (1).
§ 2. — Villages^ collectes, seigneuries , ressort judiciaire,
La paroisse de Saint-Yrieix comprenait vingt-huit aggloméra-
tions, villages ou hameaux : Ars, Aubepeyre, Bessas, Le Brudieu,
Cherfeuil, Le Cloap-Vallereix, Giboalioux, Lorthomas, Madéry,
Magnat, Le Marcelleix, Le Meysounioux, Le Mont, Le Montruc, le
moulin des Isles, le moulin du Roudet, le moulin de Sarepte, Pey-
langes, Puy-Bessas, La Rocherolle, Saint-Yrieix, Serre, Le Theil-
Bas, Le Theil-Haut, Le Treidars, La Valette, Le Verdinaud, Vernon.
Le Montruc et Le Treidars ont disparu.
Cette paroisse était partie en Poitou, partie en Marche. En 1788,
elle comptait cent soixante feux, dont quatre-vingt-huit en Poitou
et soixante-douze en Marche. Faisaient partie de la collecte de Saint-
Yrieix, élection de Bourganeuf, en Poitou, généralité de Limoges :
Bessas (en partie), Le Brudieu, Le Cioup-Vallereix, Lorthomas (en
partie), Madéry, Magnat, Le Montruc, le moulin des Isles, le moulin
(I) PouUlé du diocèse de Limoges , publié par l'abbé A. Lecler.
66 SOGiAtA ARCHiOLOGIQUI BT BI8T0R1QUB BU LIMOUSIN
du Roadet, le moulin de Sarepte, Peylanges (en partie), La Roche-
rolle, le bourg de Saint- Yrieix, Le Theil-Haut, Le Treidars, La
Valelle (en partie), Le Verdinaud, Vernon. Faisaient partie de la
collecte de Saint-Yrieix, élection de Guéret, en Marche, généralité
de Moulins : Ârs, Aubepeyre, Bessas (en partie), Cherfeuil, Gibou-
lioux, Lorthomas (en partie), Le Marcelleix, Le Meysounioux, Le
Mont, Peylanges (en partie), Puy-Bessas, Serre, Le Theil-Bas, La
Valette (en partie). En 17Sâ, le rôle de cette collecte n'indique que
deux exempts : le s' curé et le s' marquis d* Aubepeyre (1).
La paroisse fut arpentée en 1756 ; la partie en Poitou contenait
quatorze cent trente-neuf articles, la partie en Marche quatorze
cent cinquante-huit articles.
Ars (en partie), Bessas (en partie), Le Brudieu, Le Cloup-Valle-
reix, Lorthomas (en partie), Madéry, Le Montruc, le moulin des
Isles, le moulin du Roudet, le moulin de Sarepte, Peylanges (en
partie), La Rocherolle, le bourg de Saint- Yrieix, Le Theil-Haut, Le
Treidars, La Valette (en partie), Le Verdinaud, Vernon dépendaient,
en 1789, de la juridiction du seigneur de Saint-Yrieix.
Magnat relevait de la justice de la baronnie de la Villeneuve-au-
Comte et Nedde.
Aubepeyre, Bessas (en partie). Le Meysounioux (2), Le Theil-Bas
(en partie) ressortissaient à la justice du marquis d'Âubepeyre.
Cherfeuil, Lorthomas (héritage des Baudy), Le Marcelleix (en
partie), Peylanges (en partie), Puy-Bessas, Serre, La Valette (tène-
ment du Masclau), relevaient de la justice du seigneur de la Ville-
neuve, près Vallière.
Ars (en partie), Gibbulioux, Le Marcelleix (deux tënemenls), La
Valette (en partie), avaient pour seigneur haut justicier le baron
de la Farge.
Enfin Le Mont dépendait de la châtellenie d'Aubussoo (3).
§ 3. — Curés et vicaires^ notaires, etc,
1" Carés et vicaires.
Cette paroisse a eu successivement pour curés
Pierre Benoît (qui résigna en 1514) ;
Jean de Leygue (1614-1515) ;
(1) Archives de la Creuse.
(2) Peu de temps avant 1789, ce village dépendait delà juslioe duMonteil-
au-Vicomte.
(3) Dès i687, Le Mont, qui comptait alors trois feux, était chAtellenie
d'AubussoD.
LB MARQUISAT D'aUBKPBTRV 67
Vincent Chaulcebource (1515) ;
Geoffroy d'Aubusson (vers 1520);
Antoine de Montaignac (1531);
Austregesille de La Soubzmaigne (1569);
Jean Quaybonnet (décédé le 3 mars 1630} ;
Pierre Vacherie (1630-1631);
Léonard de Goutanegues (1631) ;
Pierre Garraud (1642) ;
Antoine Lavandier (1653, 1654) ;
François Chassât (1670, f 1676) (1) ;
François Matheyron de La Chapelle (1679, 1683) ;
Ruyneau le jeune (1696, 1698) ;
Pierre Ruyneau de Selonges, prieur-curé (1728, 1733) ;
Joseph George, prieur (1737) ;
Julien Chassaingt (1738, 1757);
René Bandy, curé-prieur (1769, 1783) ;
Antoine Bandy (1787-1789).
Les dîmes de la partie de la paroisse située en Marche apparte-
naient pour les trois quarts au curé de Saint-Yrieix, pour l'autre
quart au curé de Saiut-Marc-à-Loubaud (2), sauf quelques exceptions.
Les dîmes de la partie située en Poitou appartenaientau curé de Saint-
Yrieix, au seigneur de Larfeuillère et au seigneur de Saint-Yrieix.
Les fonctions de vicaire furent successivement remplies par :
Biaise Guilhebaud (mort en 1633) ;
Léonard Ferrand (1633) ;
Antoine de Magniac (1654) ;
Laurent Matheyron de Pétillac (1681);
Chassalines(1731);
Robichon(1741);
Jean-Julien de Rieublanc (1751) ;
Jean-Baptiste Meillet de Sauriat(1756, 1759) ;
Jacques Carbonneau (1769) ;
Roux (1777);
Jacques Carbonneau (1782) (3) ;
î'' Notaires.
Lanac, notaire royal (1575) ;
L. Démichel (1614, 1618).
(1) Décédé le 34 janvier 1676, à Felletia, en la maison de François Sallan-
droaze,el enseveli le lendemain dans le choeur, en Téglise du château, a 11 éiail
homme savant el de mérite », disent les Registres paroissiaux de Felleiin.
(ij Archives de la Creuse C 327, 328.
(3) Registres paroissiaux de Saint- Vrieix.
M sociiri ARCHtoLOoiQUi bt ■istoriqui du limousin
CHAPITRE III
LA JUSTICE DU MARQUISAT D AUBEPEYRE
La juridiclioQ du marquisat d'Àubepeyre, en Marche, était une
justice seigneuriale haute, moyenne et basse. Les appels de cette
juridiction ressortissaient devant le sénéchal de la Borne (1).
Les officiers de cette justice étaient à la nomination du seigneur.
On y comptait un juge châtelain, un lieutenant de la justice, un
procureur fiscal ou d'office, son substitut, un greffier et un ou plu
sieurs sergents. Des procureurs postulaient près cette juridiction.
Nous n'avons trouvé aucun nom de notaire ayant eu sa résidence
dans le ressort.
Toutes ces charges étaient vénales; les titulaires en étaient pour-
vus movennant finances.
Ressortissaient à la justice du marquisat d'Aubepeyre, en 1789,
les villages suivants de la paroisse de Saint-Yrieix : Aubepeyre,
Bessas (en partie). Le Meysounioux et Le Theil-Bas.
On tenait les audiences tantôt à Aubepeyre, dans une chambre
du château, tantôt au village du Meysounioux.
En 1739, information fut faite par le juge d'Aubepeyre contre
plusieurs garçons du Meysounioux qui avaient emmené dans la
forêt du Meysounioux les vaches du village de Bessas et en avaient
tué une. Dans Tenquéte, les prévenus disaient qu'ils allaient dans
la forêt à raffut des sangliers (3).
Comme juges châtelains d'Aubepeyre nous connaissons :
Michel Meaulme, sieur de la Troudière, advocat en parle-
ment (1656, + 1680);
Jean Maleden (1689, 1704).
Comme procureurs fiscaux :
Marcheys (1660, 1661);
Gabriel Darfeuilhe, sieur de la Brousse (1711) ;
Etienne Leblanc, notaire royal à Pimpérigeas (1730) ;
Jean Barben, habitant de Pimpérigeas (1739, 1743] ;
Léonard Coutisson de Grandrieux (1773) ;
Martin Coutisson (1774) ;
Comme greffiers :
Léonard Darfeulhe (1619) ;
Léonard Despagnat (1638) ;
Gasne (1732) ;
Leblanc (1780).
(1) Terrier de 15S5.
(t) La loréi du Meysounioux a complèlemeat disparu.
IB lAROUISAT D'AUBBiPRrMi ^0
CHAPITRE IV
LES SEIGNEURS D AUBEPEYRE
Les premiers seigneurs d'Àubepeyre, dont le nom esl venu jusqu'à
nous, étaient de la maison d*Eschizadour. Celte famille est parfois
appelée Eycliizadour, Àychizadour ou Chizadour. Le lieu d'Eschi-
zadour, dont elle tirait son nom, est situé dans la commune de
Saint-Méard, canton de Châteauneuf (Haute- Vienne). « En vue du
bourg de Saint-Méard se trouve Tantique tour d'Eschizadour, seul
reste de l'ancien château qui fut le berceau de la famille de ce nom.
Le style de cette tour rappelle les constructions du xi« siècle. Elle
est carrée, à murailles épaisses, soutenue sur chaque face par deux
contreforts plats » (1). On voit encore sur une fenêtre de l'église de
Saint-Méard les armes de la maison d'Eschizadour. Cette famille
lit ses preuves de noblesse en 1598 (2).
De cette maison était Umbert d'Eschisador, dont la femme Brea
se fit religieuse, vers 1190, au monastère d'Aureil et d(mna à ce
monastère deux sous de rente annuelle payables le jour de la nais-
sance du Seigneur, qui lui provenaient de sa dot, à prendre sur
un cerlain mas, situé dans la paroisse de Meillars, près d'Uzerche,
appelé Chap-Chastanet. Cette donation fut confirmée plus tard
entre les mains de dom Gui, prieur d'Aureil, par Umbert d'Eschi-
sador, son mari, et Goulfier, son fils; étaient présent Àudier du
Dompgnon et Gaucelme Gâcha, chanoines. Foulques de Royère et
Gérald de Royère, chevaliers, neveux d'Umbert, et beaucoup
d'autres. Ils eurent pour enfants : 1<* Marbodius d'Eschizador ;
2** Goulfier de Chisador ; 3° Alpazie de Chisador, épouse d'Amelius
de Grammont, chevalier de Peyrat. Cette dernière, en 1220 et 1236,
fit donation par devant Pierre, prieur d'Aureil, pour le repos de
son âme, au monastère d'Aureil, où elle voulait être ensevelie,
d'une rente annuelle d'un selier de seigle, deux setiers d'avoine et
douze deniers à prendre sur le mas de Teillet, paroisse de Château,
et aux religieuses de Bost-las-Mongeas d'une rente de trois sous
et deux setiers de seigle, mesure de Peyrat. Amelius de Grammont
fit donation de son homme Pierre de Teillet. Marbodius et Goullier,
ses frères, se constituèrent cautions pour le paiement de ces
(I) Abbé Lbclbr. Monographie du canton de Châteauneuf -Ici' Forêt, ap.
Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XXII, 247.
{%) Nobiliaire du Limousin, II, 90, 92.
T. Ul 6
fÙ dOÙlferÉ ARCfliiOLOGIQUX BT BlStOmCUS DU LllOtISt!!
donations. Etaient présents Guillaume de Goret, prieur de Peyrat,
G. de Chaucher, chapelain de Peyrat, Ramnulphe Âdiroair et
beaucoup d'autres (1).
Imbert de Chizadors, chevalier, qui rendit hommage à Tévéque
de Limoges au mois de juin 1290 (2). Il eut, entr'autres enfants :
1*» Imbert de Chizadour, chevalier ; ^ Golfier de Ghizadour, écuyer,
mentionné dans un acte de 1304 ; 3"" Jeanne de Ghizadour, mariée
d'abord à Âdémar de Goral ou Coralli, damoiseau, et ensuite à
Aymeric de Coux, damoiseau, de la paroisse d'Aixe ; par son
testament du vendredi 7 des ides d'août 1304, signé Garnier, elle
veut être inhumée chez les Frères prêcheurs de Limoges (3).
I. — Bertrand d'Eschizadour, seigneur d'Aubepeyre, vivait en
1349. Il fut présent le 7 juillet dite année, mercredi après la Saint-
Martin, au contrat de mariage de Hélie de Noailles, damoiseau,
seigneur de Noailles, et de Marguerite de Maulmont (4).
IL — Louis d'Eychizadour, seigneur d'Aubepeyre, est mentionné
comme vassal dans la vente des terres, villes et châtellenies de
Peyrat et de Pontarion, consentie le 22 novembre 1364 par Geoffroy
et Jean de Mortemart à noble et puissant seigneur Guy Albert ou
Aubert, seigneur de Boubbon, frère du pape Innocent VI (5).
III. — Noble homme Antoine d'Eschizadour ou de Chizadour,
damoiseau, seigneur d'Aubepeyre f Antonio de Chyzadour, domi-
cello, domino de Aubepeire, prope Valeriam}^ fut témoin le 4 juil-
let 1458, avec Jean de Rochefort, seigneur de Saint-Maixenl, d'un
accensemenl fait par Geoffroy de Rochefort, seigneur de Saint-
Angol, en Limousin (6).
IV. — Noble et puissant seigneur messire Troulhard ou Trouil-
lard d'Eschizadour, d'Aychizadour, Ychizadour ou Chizadour, che-
valier, seigneur d'Aubepeyre, du Monteil, Puyseguin, Belleville-la-
Forest, figure à la montre des nobles de la Marche faite à Guéret
le 17 décembre 1470 par Mathelin Brachet, seigneur de Montaigu,
conseiller et chambellan du roy ; il y parut monté et armé d'harnais
(1)G. de Sbnnbville. Cartulaire du prieuré d'Aureil, ap. Bulletin de
la Société archéologique du Limousin, XLVIII, 940, 289.
(t) Vicomte de Maussabrb, ap. iVofriftaîre du Limousin, II, 100.
(3) Nobiliaire du Limousin, J, 456.
(4) La Crbnayb-Dbsbois, Dictionnaire de la Noblesse, XHI, 440.
(5) Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XLV, 461 .
(6) P. de Cessac, ap. Nobiliaire du Limousin, II. 100. — Gel accense-
menl a élé imprimé à la suite de notre Monographie de la baronnie de la
Farge.
il Marquisat d\ubii»byb:è ^\
blancs, accompagné de deux archers en brigandines (1). Il fut
témoin le 8 juillet 1481 d'un accord fait entre noble Pierre Rochon
de Fournoulx, écuyer, seigneur de Fournoulx, paroisse de Vidaillat,
et Jean de Montaignac, écuyer, seigneur de TArfolière, qui avait
épousé Lienne de Fournoulx, nièce dudit Pierre Rochon de Four-
noulx.
Troulhard de Ghizadour fut désigné le 21 septembre 1491 par
Guillaume de La Roche dans son testament olographe parmi les
exécuteurs de ses dernières volontés ; le testateur rappelle « son
bon ami et cousin » (2).
Par acte du 8 janvier 1498, fait au mas ou ténement d'Àrpeys,
reçu Pierre du Leyris, clerc et commissaire juré, garde du scel
authentique au château et en la châtellenle de Peyrat, prudent
homme Martial Ruben, bourgeois de la ville d'Âimouliers, agissant
tant en son nom que comme se portant fort de ses frères, tous héri-
tiers d*aulre Martial Ruben, vend à noble et puissant seigneur messire
Trouillard d'Aychisadour, chevalier, seigneur d'Aubepeyre, de la
paroisse de Salnt-Yrieix, la fondalité et directe seigneurie d'un
certain lieu ou ténement, appelé d'Arpeys, situé dans la paroisse
de Royère et juridiction de Peyrat-le-Château, à raison de laquelle
seigneurie foncière et directe, il lève et perçoit chaque année des
tenanciers de cens et rente onze setiers trois quartes de seigle, six
seliers et un esminal d'avoine, mesure de Peyrat (3), payables le
jour de la fête de Notre-Dame d'août, plus vingt-cinq sols tournois
et une poule, lesquels cens et rente il vend, avec la fondalité et
directe seigneurie, audit messire Trouillard d'Aychisadour, moyen-
nant le prix et somme de soixante- cinq livres tournois ayant cours
présentement dans le royaume. Par le môme acte les tenanciers
d'Arpeix reconnurent messire Trouillard d'Aychisadour pour leur
véritable seigneur foncier et direct. Cet acte fut passé en présence
d'aimé en Dieu messire Pierre de Las Masuras, prêtre, de la
paroisse de Royère, et de nobles hommes Jean de Lafon, sei-
gneur de Morneyx, et Léonard de Venleniac, écuyer. En 1599,
la rente féodale d'Arpeix n'appartenait plus à la seigneurie
d'Aubepeyre.
Troulhard de Ghizadour rendit le 28 juillet 1506, par son man-
dataire Antoine de La Roche-Aymon, seigneur de Saint-Maixent,
(1) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze, XI, S85.
(2) Papiers de l'abbé Bouleiller.
(3) Le setier de Peyrat pesait quatre-vingt livres et valait cinquante-
cinq litres; la quarte était le quart duselier; Témine pour les blés, Téminal
pour Tavoine valait deux quartes.
79 sDaÉri ARcnfioiooiQUi Et ristorique du liIousiH
foi et hommage poar les rentes féodales que possédait ledit
Troulhard à la Mazure et Pnignolas, mouvance de la châtellenie de
Bellegarde, pays de Franc-alleu (1).
Trouillard de Chizadour avait épousé Perronelle Evrard ou
Hebrard de Montespedon (3) ou MontaIpedon.il eut pour successeur
comme seigneur d'Aubepeyre Louis de La Soubzmaigne, seigneur
du Rasteau, son neveu (3).
V. — Loys ou Louis de La Soubzmaigne, écuyer, seigneur du
Rasteau, Aubepeyre, Belleville-la-Forest était, croyons-nous, Ûls
d'Antoine de La Soubzmaigne, sieur du Rasteau, qui comparut le
17 décembre 1470 à la montre des nobles du comté de la Marche
faite par Malhelin Brachet, chevalier, seigneur de Montaigu, con-
seiller et chambellan du roy (4). En 1803 (vieux style), il fit dresser
le terrier de sa seigneurie du Rasteau, où Ton trouvait une maison
noble forte à deux étages et quatre tourelles, avec une autre tour
devant ladite maison et une muraille par devant, le tout environné
de fossés et un pont (( à passer et aller és-dite maison » (5). Lh
23 juin 1515, il rendit aveu de la seigneurie de Belleville-la-
Forest (6).
Loys de La Soubzmaigne avait épousé Jehanne de Moussy, nièce
de Perronelle Hébrard, femme de Troulhard d'Eschizadour. Par
leur contrat de mariage, Perronelle Hébrard leur fit donation de
certains cens et rentes de deniers, blés et autres choses situées en
la paroisse de Domérot, pour lesquels Loys de La Soubzmaigne
rendit hommage le 11 octobre 1519 à René de Brosse, dit de Bre-
tagne, comte de Penthièvre et de Périgord, vicomte de Limoges et
de Bridiers et seigneur de Boussac, à cause de sa seigneurie de
Boussac (7).
Il vivait encore en 1521 (8).
Le 24 octobre 1537 Louis de La Soubzmaigne, écuyer, seigneur
de Fers (?), fut nommé capitaine d*Ahun et de Ghénérailies (9).
Est-ce le même ? Dans tous les cas il n'était seigneur d'Aubepeyre
(t) Papieis de Tabbé Bouteiller.
{t) Vicomte de Maussabrè, ap. Nobiliaire du Limouêin^ II, 100.
(3) Ibid. — Archives de la Vienne, châlcUcnie de Monlmorlllon.
(4) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèïïe, XI, S88.
(6) Archives de la Creuse.
(6) Archives de la Vienne.
(7) Archioes historiques du Limousin, V, 319.
(8) Vicomte de MAOssABaib, ap. Nobiliaire du Limousin^ II, 100.
(0) Archioes historiques du Limousin, V, 31 f.
LB MARQUISAT D'AUBIPBTRB 73
depuis loDglemps, car d^s 1824 Âubepeyre et le Rasleau avaienl
UD autre seigneur (1).
VI. — Noble et paissant seigneur Lionne!, Léonetou Léonard de
Chizadour, Eschizadou»' ou Eychizadour, écuyer, seigneur d'Aube-
peyre, Rasteau, Puy-Seguin, La Forest-Belleville et La Chaux, près
Saint-Julien, apparaît en 1524. II était vraisemblablement (ils de
Trouillard d'Eschizadour, mais nous ignorons en vertu de quel
titre passèrent sur sa tête les seigneuries qu'avait possédées Louis
de La Soubzmaigne.
Le 9 août 1824, Lionnet de Chizadour rendit hommage lige à
noble et puissant seigneur Hessire Loys d'Àubusson, chevalier,
seigneur de la Villeneuve, de Tarrière-fief de Saint-Yrieix, situé en
Marche, composé du Meysounioux et de Bessas, avec le droit de
haute justice (2).
En janvier 1840 (v. st.), il fit dresser le terrier de sa seigneurie
du Rasteau. Le 6 juillet 1883, il comparut à l'assemblée de Tarriëre-
ban de la Marche tenue à Guéret par Amable de Saint-Georges,
chevalier, seigneur dudit lieu et de La Bussiëre, sénéchal de la
Marche, et fut choisi pour fournir une « sallade estât de cheval
legier »; il reçut pour aydes quarante livres (3).
Léonet de Chizadour obtint des lettres de la chancellerie du roy,
en date du 8 septembre 1888, pour faire dresser le terrier de la
seigneurie d'Aubepeyre « parce que les livres et papiers avaient été
perdus durant les guerres, divisions et mortalités qui ont eu cours ».
Les notaires commissaires furent Jacques Péchant, de Chénérailles,
et Jehan Leslys, d'Aubusson. Ils procédèrent « à la faction et per-
fection du terrier et pancarte et nouvelle recognoissance de la
terre, lieu noble et seigneurie d'Aubepeyre, au pays et comté de la
Marche, paroisse de Saint-Yrieix, près Vallières », le 30 décembre
de la même année (4). A cette date, la seigneurie d'Aubepeyre pos-
I) De la famille de ce seigneur étail Austregesille de La Soubzmaigne,
curé de Saint-Yrieix : le 91 décembre 4561 il reçut procuration de Jacques
d*Eschizadour, seigneur d*Aubepeyre et de La Poresl-Belleville (Arch. de
la Vienne, chÂlellenie de Monlmorillon). Aux termes d'un acte du 19 dé-
cembre 1569, cet Aaitregesille légua à la communauté des prêtres de Saint-
Germain-de-Rojrère la somme de 700 II. à charge de dire tous les jours une
messe haute, à diacre et sous-diacre.
(2) Voy. cet hommage à l'appendice.
(3) Mémoireê de la Société archéologique de la Creuse, II, 137, 149.
(4) Le terrier d*Aubepeyre conservé aux archives de la Creute, série E 9
(registre) est incomplet, il comprenait primitivement deux cent dix feuil-
lets, il s'arrête au quatre-vingt-dix-huitième.
74 SOCIÉTÉ AIICHÉ0L061QUC ET HISTORIQUB DU LIHOCSIM
sédalt, outre le domaine d'Aubepeyre, des cens et renies féodales sur
les villages du Meysounioux,Bessas, La Valette, Puy-J8essas, Magnat,
LeMoni,LeTheil-Haul, LeTheil-Bas, paroisse de Sainl-Yrieix; sur le
village de Pourcheyroux, paroisse de Sainl-Marc-à-Loubaud ; sur
celui de La Vau-du-Gîer, paroisse de Vallière ; sur ceux d'Allemand,
Las Coux, Les Eycures, paroisse de Banise; sur celui de la Buxiëre,
paroisse Je SaintPierre-le-Bost ; sur le bourg de Royère et les
villages de Rochas, Andaleix, La Mazure, Prugnolas, Le Mazeau,
Arfeuille, Le Cloup-Taloux, Masgrangeas, Langladure, Les Bordes,
Ouzou, Gensenelas, paroisse de Royère ; sur les villages de La
Ghassaigne, Grandrieux, Boussac, paroisse deSaint-Marlin-Château.
Les villages de la paroisse de Saint-Yrieix étaient en condition
serve; ceux des paroisses de Vallière et de Banise en condition
franche.
Léonet de Ghizadour était mort en 1558. Il avait épousé Gilberte
d'Aigurande, dame du Ghier, fille de Pierre d^Âigurande, seigneur
du Ghier, de Salvere et de Jupille en partie, qui en 1558 élait
veuve et tutrice de ses enfants, de laquelle il laissa :
1° Jacques qui suit;
^ Jean d'Eychizadour, qui était mort avant 1598, laissant un fils
naturel, Martin d'Eychisadour, à qui sou oncle Jacques légua mille
écus par son testament, ainsi que nous le verrons plus loin. Ledit
Martin fut trouvé mort, le cou percé d'une balle de pistolet, non
loin du château d'Aubepeyre, le 11 mai 1619; son corps fut trans-
porté au château et le lendemain, à la requête de Pierre Dandallès,
procureur fiscal de la baronnie de la Villeneuve-au-Gomte, procès-
verbal fut dressé par Bertrand Darfeulhe, notaire, en présence de
Léonard Darfeulhe, greffier de la seigneurie d'Aubepeyre, de mesr
sires Jehan du Feix, Gharles du Mont et Anthoyne de Masgniat,
prêtres, de Michelle de Genssanas, servante dudit Martin d'Eychi-
sadour, et de plusieurs habitants des villages voisins (1).
3* Jehanne d'Eychisadour, dite Jehanne d'Aubepeyre, mariée
1* à noble Léonard de Faye, écuyer, seigneur de Villechenyne,
baron de la baronnie du Leyris, fils d'Anthoine de Faye, écuyer,
sieur de Villechenyne, de Fayfrey et d'Arlodeys, mort entre 1583
et 1587 ; 2* à Glaude de Bressolles, sieur de Boussay, d'une famille
noble connue en Bourbonnais et en Berry par de nombreux actes
de foi-hommage depuis 1393 (2) ; elle vivait encore en 1598 ;
4* Françoise d'Eychisadour, dite Françoise d'Aubepeyre, mariée
(I) Voy. ce procès-verbal à l'appendice.
(9) fiouiLLBT. Nobiliaire d'Auvergne, I, 327.
ut HAROUMAT d'aOBIPKTRB 75
par contrat du 29 janvier 1873 à noble Foucaud de Saint-Âignan
de la Gastine, sieur de Lizières, dit le capitaine La Gastine, fils de
Gaspard de Saint-Âignan de la Gastine et de Françoise d'Ussel,
dont Brantôme parle en ces termes : « vaillant limousin, lieute-
nant de Léonard d'Orléans, duc de Longueville, lui servit de
second dans son duel avec Henri de Montmorency, seigneur de
Damville, maréchal de France, qui avait aussi un second. Ces
quatre très vaillants et braves hommes se fussent très bien battus
sans que M. Damville se contentât d'honnêtes paroles (1). » La
Gastine testa le 17 janvier 1588 et était mort en 4598.
5*" Jebanne d*Eychisadour, dite Jehanne d'Aubepeyre, mariée à
Annet de La Porte, escuyer, seigneur de La Porte. Ils n'eurent
qu'une fille, Marie de La Porte, qui épousa François de Faye, fils
cadet de Léonard de Faye, baron du Leyris, et de Jehanne d'Eychi-
sadour : Annet de La Porte l'institua son héritier universel, sous
la condition que les enfants desdils François de Faye et Marie de
La Porte joindraient le nom de La Porte à leur nom patrony-
mique. Annet de La Porte et sa femme vivaient encore en 1600.
e** Léonard d'Eychisadour, tonsuré en 1564, prieur de Jarnages
en 1565 ;
7^* Louis d'Eychisadour, bachelier en 1571 (2) ;
8* Peut-être encore Françoise de Chizadour, religieuse à Blessac
en 1600 et 1601.
VIL — Noble homme Jacques de Chizadour ou d'Eychisadour,
éeuyer, chevalier, seigneur d'Aubepeyre, La Fouresl-Belleville, Le
Chier, Râteau, Puy-Seguin, Saint-Yrieix et autres places, afferma
le 30 juin 1566 devant du Leyris et de La Chaussade, n'" roy.,
la grande dîme de la paroisse de Boyère, qui appartenait à la sei-
gneurie d'Aubepeyre, à Antoine du Leyris le jeune, à Jacques
du Leyris, son frère, et à Martial de Chapellanie, fils à feu Ger-
main, de Royère. Il parait que les fermiers lésèrent les droits de
la communauté des prêtres de Saint-Germain de Royère et ceux
du Commandeur de Charrières, qui étaient propriétaires des trois
quarts de ces dîmes. Ces derniers attaquèrent la dernière ferme
consentie par Jacques de Chizadour. Il intervint le 18 juillet 1598,
entre le seigneur d'Aubepeyre, Michel de Masgranges, syndic des
prêtres, et le commandeur de Charrières, une sentence qui consacra
les droits des parties tels qu'ils se sont exercés dans la suite (3).
Au rôle du ban et arrière-ban des nobles du Haut-Limousin con-
(1) Nobiliaire du Umouêin, 1, 204.
(i) Nobiliaire du Limousiny II, 91.
(3) Archives de la Crease» E S84.
76 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
voqués eo 1S68 pour le service du roi par Frauçois de Ponlbriant,
chevalier, seigneur de Montréal el de Chapdeuilh, gouverneur et
sénéchal du Limousin, on lit : « Jacques d'Eychisadour, seigneur
de Puysegny-Salot a dict qu'il est guydon de la compagnie de
Mons' d*Allègre, par quoy ordonné que y sera pourvu. — Et le
27* dudit moys de février a esté arreslé que contribuera pour
demy quart de cheval légier. Le 6^ d'avril 4568, sur ce que
Gaspard de Montaignac, sieur de Larfolière en la Haute-Marche,
homme d'armes de la compaignie de Mons' le comte d'Escars, a
rapporté et déclaré que le dict d'Ëychisadour est homme d'armes
de la compaignie de Mons' d'Allègre, a esté déclaré exempt par
Mons' le gouverneur du service du ban el arrière-ban (1). »
Par contrat du 27 juin 1886 J. de la Bourderye, no" roy., el
A. Chappellon, no'«, noble homme Jacques de Ghizadour fil de
messire Jacques du Leyris, prêtre, habitant de Royère, l'acquisi-
tion, sous faculté de rachat perpétuel, moyennant onze cents livres,
des lieux, domaines et héritages, qui appartenaient à ce dernier
au bourg de Royère et consistaient en une maison appelée de Ghez
le Greffier ou de Chez Laporte, jardin, pré et bois, le tout se
tenant (2), et en une métairie appelée de Ghez Thomas, alors
exploitée par Jacques Thomas, métayer, et d'une métairie siluée
au village d'Auzoux, tènement du Mazot, paroisse de Royère. La
maison, jardin, pré et bois, appelés de Chez Laporte, furent reven-
dus, sous môme faculté de rachat, par le seigneur d'Aubepeyre au
seigneur de la Villeneuve-au-Comte, moyennant neuf cents livres.
Par autre acte du 18 juin 1593, passé au château d'Aubepeyre,
Jacques de Ghizadour fît l'acquisition de la terre et seigneurie de
Sainl-Yrieix, près Vallière, en Poitou, de messire Gharles de
Pierrebuffière, vicomte de Gomborn, baron de Ghâteauneuf, Pey-
rat, Pontarion, Treignac, Ghabannes, Beaumont, Ghamberet, sei-
gneur de Saint-Yrieix, Soubrebost et La Groizille, agissant tant en
son nom personnel qu'au nom de Jeanne Chabot, sa mère, et de
Philiberte de Biron, sa femme. Cette vente fut ratifiée par lesdites
dames au château de Ghâteauneuf le 2t juin suivant (3).
Jacques de Ghizadour testa au château d'Aubepeyre le 5 octobre
1598, devant Jacques de la Bourderye, no'« roy., en présence de
Jean de Garbonnières, seigneur de la Chapelle-Biron, et de Guillau-
me de Garbonnières, seigneur de Sainte-Aulaire. Par ce testament,
(1) Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XLI, 549.
(9) Il y a lieu de croire que celle maison étail située sur remplacement
de celle qui sert aujourd'hui de caserne de gendarmerie el qui a été long-
lemps la demeure de la famille Fnure (i900).
(3] Archives de la Creuse, E, 285.
LA SEIGNBURIB D*Al]BBPBTRE 77
dont le texte est assez curieux (1), il ordonne sa sépulture en
réglise de Châtain, au tombeau de ses prédécesseurs, où seront
appelés trente à quarante prêtres, qui recevront chacun dix sols,
outre leur diner, avec distribution d'aumônes, ordonne des prières
dans les églises de Châtain, Royère, Saint-Marc-à-Loubaud, Saint-
Yrieix, lègue à ces églises des ornements, ordonne d'autres prières
dans réglise de Soubrebost et dans la chapelle de Notre-Dame de
la Borne (2) ; il lègue trois mille écus a Jacques d'Eychisadour,
son fils naturel, mille écus à chacune de ses filles naturelles Gil-
berte et Hélène, mille écus à Martin d'Eychisadour, fils naturel de
feu Jean, son frère ; ordonne que lesdits Jacques, Gilberte, Hélène
et Martin seront nourris et entretenus dans la maison d'Âubepeyre,
le premier toute sa vie, les autres jusqu'à leur établissement ou
âge de raison; lègue à Jacques de Champmoreau cent cinquante
écus et une paire de ses accoustremenls, à M. de la Chapelle, son
beau-frère, son courtaud noir, à Piarrou Brunet, son laquais, cin-
quante écus, à Jeanne Brunet, sœur de ce dernier, vingt écus ;
institue pour son héritier universel Françoise d'Aubepeyre, sa fille
légitime ; lègue à Françoise de Carbonnières, sa femme, l'usufruit
de tous ses biens et trois mille écus d'or sol ; nomme pour ses
exécuteurs testamentaires les seigneurs de Sainte-Aulaire et de La
Porte, ses beaux-frères.
Jacques d'Eychisadour avait épousé Françoise de Carbonnières,
fille de feu Charles de Carbonnières, chevalier, seigneur de la Cha-
pelle-Biron (3), chevalier de l'ordre du roi, capitaine de cinquante
lances, député de la noblesse de Guyenne aux Etats de France, et de
Françoise du Fraisse, dame du Breuil et du Pin, et sœur de Jean de
Carbonnières, seigneur de La Chapelle-Biron, et de Guillaume de
Carbonnières, seigneur de Sainte-Aulaire. De leur mariage naquit
seulement une fille, Françoise, dont l'article suit.
Le testament de Jacques d'Eychisadour constate qu'il eut d'Anne
Brachet trois bâtards : un fils, Jacques d'Eychisadour (4), et
(1) Yoy. ce testament à Tappendice.
(2) L*obituaire du prieuré des Ternes menlionne qu'il y était dit chaque
semaine une messe pour le seigneur d'Aubepeyre (A. Lbroux. Archioes
historiques du Limousin, III ^ 25).
(3) NobiUaire du Limousin, 11, 91. — La Chbnaye-Desbois, Dictionnaire
de la noblesse, IV, 704 ; IX, 538.
(4) Marguerite de Chizadour, seconde femme d*Arnaud Barjaud, sieur
de Mallassaigne, qui, par le contrat d'Antoine Barjaud, sieur de la Grale,
fils d'Arnaud, avec Léonarde Darfeuilhe de Magnai, du 5 février 1684 de
Truffy, no'* roy., lit donation de cqille livres au fulur« était peut-être fille dQ
ce Jacques d'Eychisadour^
78 SOCIÉTÉ AECnâOLOGIQUE BT BISTOEXQUB DU LIMOUSIN
deux filles, Gilberte et Hélène d'Eychisadour, à qui il fit des legs.
Françoise de Carbonnières se remaria à haut et puissant seigneur
messire Louys Ricard de Gourdon de Genouilhac, comte de Vaillac,
baron et seigneur de Gourdon, Vaillac, Genouilhac, Le Boisset, La
Barière et autres places, chevalier des ordres du roi, conseiller du
roi en ses conseils d*E(at et privé, capitaine de cinquante hommes
d'armes des ordonnances, gouverneur de Bordeaux et du Château-
Trompette, maréchal de camp ës-armées du roi, d'une maison con-
sidérable du Quercy, dont le nom patronymique était Ricard, el
qui tirait son origine de Pons Ricard, chevalier, capitaine de Gour-
don, lequel servit en la guerre de Languedoc, sous le sire de Craon,
en 1353(1). II était fils de Jean Ricard de Gourdon, co-seigneur de
Gourdon, seigneur baron de Genouilhac el de Vaillac, chevalier de
Tordre du roi, l'un des cent gentilshommes de sa maison, gouver-
neur de la ville de Bordeaux et du Château-Trompette, et de Jeanne
de Brun, dame de Boisset (2), et arriëre-petit-neveu du fameux
Jacques-Galiot de Genouilhac, seigneur d'Acier, sénéchal d'Arma-
gnac, gouverneur du Languedoc, grand-écuyer et grand-maitre de
l'artillerie de France, mort en 1546 (3).
VIII. — Damoiselle Françoise de Chisadour ou Chiradour, dame
d'Aubepeyre, Sainl-Yrioix, La Forest-Belleville, Le Râteau et autres
places, qui, après la mort de Jacques de Chisadour, son père, se
trouvait sous la tutelle de Françoise de Carbonnières, sa mère, fut
mise, après que celle-ci fut remariée, sous la tutelle de Louys de
Gourdon de Genouilhac, comte de Vaillac, second mari de ladite
Françoise de Carbonnières.
Par contrat du 29 juin 1600 Dufau, no'* roy., le tuteur de Fran-
çoise de Chisadour traita avec dame Jehanne d'Aubepeyre, épouse
d'Annel de Là Porte, au sujet des droits que ladite dame avait dans
la maison d'Aubepeyre : le prix en fut ViKé à trois mille trois cent
trente-trois écus un tiers, faisant la somme de dix raille livres. Le
19 octobre 1600, Louys de Genouilhac, voulant libérer sa pupille,
céda et transporta à la dame de La Porte un grand nombre de
créances dues à feu Jacques de Chizadour en vertu de titres
authentiques.
Le 22 juillet 1606, Françoise de Chisadour, dame d'Aubepeyre,
épousa Louys de Gourdon de Genouilhac, baron de Vaillac et de
Gourdon, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, fils de son
tuteur et de feue Anne de Montberon.
(1) La Cbbnatb-Dbsbois, Dictionnaire de la Noblesse, IX, 535.
(9) Nobiliaire du Limousin, W, 290; 111, 1S3.
(3} La Cbbnayb-Dbsboib, Dictionnaire de la Noblesse, IX, 536, 537.
LA SfclGNIDRlB D*AUBKPBTBB 79
En 1603, 1604, 1605, la seigneurie d'Aubepeyre avait pour rece-
veur Léonard Gbanssard, en 1606 Le Roy, en 1608 Bally.
Vers la fin de 4613, honorable m* Antoine du Leyris, licencié
ez-droits, sénéchal juge ordinaire de la baronnie de Peyrat et de la
comté de la Feuillade, neveu de l'estoc paternel de feu Jacques du
Leyris, prêtre, requit haut et puissant seigneur messire Louys de
Gourdon de Genouilhac, comte de Vaillac, baron des baronnies de
Gourdon, La Barrière, Genouilhac, Le Boisset, seigneur d^Aube-
peyre, Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, Le Râteau et autres
places, au nom et comme maître des droits de dame Françoise de
Chisadour, sa « consorte », de le recevoir neveu propre paternel et
lignagier de feu Jacques du Leyris et de lui faire vente et rétroces-
sion par droit de lignage et suivant la faculté de rachat insérée au
contrat du 37 juin 1S86 des deux métairies vendues à Jacques de
Chizadour par Jacques du Leyris. Pour éviter un procès, le seigneur
d*Aubepeyre, en qualité d'époux de haute et puissante dame Fran-
çoise d'Aubepeyre, fille et héritière universelle de défunt Jacques
de Ghizadour, consentit, suivant acte du i février 1614 A. Dau-
dallès, no** roy. héréd., passé au château d'Aubepeyre, en présence
de m* Jacques Raffy, notaire royal de Vaillac, et de Léonard du
Martin, procureur de la comté de Vaillac, revente et rétrocession,
moyennant quatre cents livres payées comptant, à Antoine du
Leyris, d'une métairie, dite de Ghez-Thomas, sise à Royère, alors
exploitée par Germain et Pierre Thomas, métayers, et d'une autre
métairie, sise à Auzoux, paroisse de Royère, alors exploitée par
Jehan Menet et François, son consort, que Jacques de Chizadour
avait acquises, en 1S86, de messire Jacques du Leyris, prêtre de
Royère. Gette revente, dans laquelle étaient compris les bestiaux
tant « bouin que brebialhe », sous la seule réserve des bestiaux que
la métairie d'Auzoux tenait en cheptel de feu Léonard Rougier,
sieur du Mas, fut ratifiée au mois de juin 1616 par Françoise de
Ghisadour suivant acte fait au château de la Cour de Vaillac, en
Quercy.
Entre temps, le comte de Vaillac, tuteur de Françoise de Chisa-
dour, mourut en 1615. Homme âpre au gain, il intrigua beaucoup
pour faire nommer évoque de Tulle son fils Jean. Plus lard, il vou-
lait se faire payer une rente viagère de cent ccus à prendre sur les
revenus de la mense épiscopale; il poursuivit son fils en paiement
de cette rente devant le parlement de Bordeaux, qui le débouta de
sa demande (1). Il avait épousé : 1° en janvier 1573 Anne de Mont-
beron, fille de Louis de Montberon, seigneur de Fontaine-Chalen-
(4) NiKL, ap. Bulletin de la Société archéologique de la Corrèxe^ Xlll, 309.
80 SOCléré ARCOéOLOGlUUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
dray, et de Claude Blesser, morte en 1899, dont il eut vingt-trois
enfants ; 2* Françoise de Carbonnières, veuve de Jacques de Cbi-
zadour, seigneur d'Aubepeyre, morte en 1606, dont il eut cinq
filles, mortes avant leur mère; 3° et le 25 août 1606, Jeanne-Marie
de Foix, fille de Germain-Gaston de Foix, comte de Gurson et de
Fleix, vicomte de Meilles, marquis de Transr, chevalier de Tordre
du roi, capitaine de cinquante lances de ses ordonnances, et de
Marguerite Bertrand, dame de Mirebeau, laquelle Jeanne-Marie de
Foix mourut en 1617. De ses trois femmes, il avait eu trente
enfants. Il survécut du premier lit :
1*^ Louys de Gourdon de Genouilhac, carme déchaussé, en reli-
gion frère Bernard de Saint Joseph, provincial de la province
d'Aquitaine en 1630;
2* Jean Ricard de Gourdon de Genouilhac de Vaillac, né à la
Brède, près Bordeaax, dans l'intervalle de 1576 à 1579, abbé de
Rocamadour, nommé évéque de Tulle le 9 octobre 1599, sacré avec
dispense d'âge à vingt-cinq ans le 1" mai 1600, prieur de Jarnages
en 1600, député à l'Assemblée du clergé de France en 1603 et à celle
des Etats du royaume en 1614; il est dit, en 1651, évéque et vicomte
de Tulle, seigneur spirituel et temporel de Rocamadour, Laguenne,
Veyrat, Meyronne, Branceilles, Sainle-Féréole, baron de Reilhat et
Reilhaguet (1), conseiller du roi en ses conseils publics et privés;
mort à Meyronne, en Quercy, le 13 janvier 1652, après avoir rendu
de grands services à son diocèse et à sa ville épiscopale;
3° Jean-Paul de Gourdon de Genouilhac, abbé de Saint-Romain
de Blaye ;
4^ Bertrand de Gourdon de Genouilhac, baron de Miremagne ;
5* Louys, époux de Françoise de Ghizadour ;
6° Louys de Gourdon de Genouilhac, seigneur de Saint-Clair;
7'' Jacquelte de Gourdon de Genouilhac, mariée : A, à Jean, baron
de Lazech ; B, le 23 février 1604 à Jean Chapt, seigneur puis mar-
quis de Rastignac, maréchal de camp, mort le 26 octobre 1620, fils
d'Adrien Chapt, comte de Rastignac, et de Jeanne de Hautefort;
91* Galiotte de Gourdon de Genouilhac, prieure de l'hôpital de
Beaulieu, morte en odeur de sainteté le 24 juin 1618;
Et du troisième lit :
9"» Charlotte de Gourdon de Genouilhac, prieure d'Espagnac, en
Quercy ;
10* Une autre fille (2).
(1) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze^ IX, 450.
(t) Lainâ, Archloea de la noblesse, lome ViU. — > La Cbënayb-Dcsbois,
dictionnaire de la Noblesêe, \X, 537, 538,
tA SKtONRURIK D^AOBtPlTTftR fil
Par contrat du 30 janvier 1621, m* Jacques Debrossy, notaire
royal, mandataire de Louys de Gourdon de Genouilhac, époux de
Françoise de Chizadour, vendit à Léonard Brousiaud et Léonard
Rinquarl, laboureurs du village du Villards, paroisse de Royèrc,
une métairie, siluée audit village du Viltards et dépendant de la
seigneurie d'Aubepeyre, moyennant sept cent trente livres. Le
comte de Vailiac ratifia cette vente par acte du 9 mars 1621 ; Fran-
çoise de Ghizadour la ratifia également suivant acte du 18 janvier
1623, et par ce dernier acte les deux époux cédèrent la plus-value
ou supplément de juste prix, moyennant soixante-treize livres, à
Marc Brousiaud, fils de Léonard, et à Léonard Rinquart.
Par contrats des 22 août et 3 octobre 1621 Laborne, no'« roy. et
de Faye, no'% Louys de Gourdon de Genouilhac et Françoise de
Ghizadour, son épouse, vendirent à Léonard de Faye, écuyer, sei-
gneur de la baronnie du Leyris, la rente féodale de six setiers
seigle, mesure de Peyrat, qu'ils percevaient sur le tènement de
Tras-Ouzou, joui par les habitants de Langladure, paroisse de
Royère, la rente féodale de treize setiers seigle, mesure de Peyrat,
trois livres en deniers et quatre gélines et la dîme inféodée qu'ils
percevaient sur le tènement de Plazanet, joui par les mêmes habi-
tants (1).
Françoise de Ghizadour, dame d'Aubepeyre, mourut peu après
l'acte du 18 janvier 1623. Elle avait testé le 20 décembre 1616.
Elle laissait de son mariage avec Louys de Gourdon de Genouilhac :
1° Louis-François, dont l'article suit;
2* Jean-Paul, dont nous nous occuperons à l'article X;
3** Glaude, qui figure à l'article XI ;
4* François de Gourdon de Genouilhac, baron de Gourdon,
mestre-de-camp du régiment de la Reine;
S"" Jean-Louis de Gourdon de Genouilhac, capitaine dans le régi-
ment de son frère ;
6* Galiote de Gourdon de Genouilhac, grande prieure de l'hô-
pital de Beaulieu, morte le 7 janvier 1702, à qualre-vingt-q^uatorze
ans (2).
Louys de Gourdon de Genouilhac, qui, en 1614, était capitaine
de cinquante hommes d'armes des ordonnances, conseiller des
Conseils d'Etat et privé, mestre-de-camp d'un régiment de dix
compagnies de gens de pied, porta, après la mort de son père, les
titres de comte de Vailiac, baron de Gourdon et de Genouilhac ; en
1617, il fut député de la noblesse de Guyenne à l'assemblée tenue à
Rouen.
(1) Papiers de la famille Goutisson, de Royère.
(S) La ChbnayR'Dbsbois, Dictionnaire de la noblesse, IX, 538«
^t SOClitft ARCrtOLOGXOm Et aisronTQiûi Du UHOtJtttr
En 1638, le comte de Vaillac était maréchal des camps et armées
du roi. II fit son testament en 1643 et était mort en 1644.
Il avait épousé en deuxièmes noces Antoinette de Grignols, fiile
de Jean de Grignols, marquis de Grignols, et d'Antoinette d'Espar-
bësde Lussan, et en troisièmes Marie-Madeleine Jaubert de Barraud,
veuve de François de La Motte, baron de Castelnau, et fille d'Emery
Jaubert, seigneur de Barraud, et de Guyenne de La Motte. Il ne
laissa pas d*enfant du deuxième lit. Du troisième lit il eut :
l*" Guyonne de Gourdon de Genouilhac, mariée à Jean du Bou-
zet, comte de Poudenas ;
2° El Galiote de Gourdon de Genouilhac (1).
IX. — Louis-François de Gourdon de Genouilhac, chevalier,
marquis de Castelnau, seigneur du Rasteau, Aubepeyre, Saint-
Yrieix, La Forest-Belleville, le Chier et autres places, fut baptisé
le 17 septembre 1614. Comme donataire testamentaire contractuel
de Françoise de Chizadour, sa mère, il hérita des seigneuries
d'Aubepeyre, Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, le Râteau et le
Chier.
Par acle du 24 février 1638 Borel no'® roy., il vendit, moyen-
nant le prix de dix mille cinq cents livres, à noble Etienne Toumyol,
sieur du Bouchot et du Mont-Chaudurur, conseiller et avocat du
roi en la sénéchaussée et siège prësidial de la Marche à Guéret, le
château et la terre du Râteau, sise en la paroisse de Bonnat, métai-
ries, bois taillis et hautes futaies, dimes, moulin banal, écluse sur
la petite Creuse, hommes serfs et autres sujets audit moulin, bois
en haute futaie et taillis contenant deux cents stérées (2), hommes
serfs à la Coutume relevant à foi et hommage lige de la baronnie
de Malval. Le 24 mai 1638, celte vente fut ratifiée par le comte de
Vaillac, père de Louis-François. Le 16 janvier 1640, Etienne
Tournyol donna assignation à Flotard de Turenne, marquis d'Ay-
nac, et à Claude de Gourdon de Genouilhac, son épouse, alors
reprcsenlanls de Louis-François, vendeur, de la somme de huit
mille neuf cents livres lui restant à payer sur la vente de la terre
du Râteau (3).
Au rôle des nobles défaillants à la convocation du ban et arrière-
ban fait le 1«' septembre 1635 par Louis Reydier, on lit : « Messire
Jean Gourdon de Genouillac, chevalier, seigneur comte de Vaillac,
(4) Laiiié, ArcMoes de la noblesse^ VIll. — La Chena.yb-Dbsbois, Die*
tionnaire de la noblesse, IX, 537, 538, 539.
(5) La stéréo de Bonnat contenait 4.90O toises carrées et valait
45 ares 5849.
(3) Archives de la Creuse, B 33.
à cause de ses terres et seigneuries d'Àubepeyre et Râteaux sis
en cette province, tenu de fournir un cheval léger ». Au rôle de
toute la noblesse de la sénéchaussée de la Marche et ch&tellenies
en dépendant convoquée à Guéret par Louis Reydier le 20 août 1636,
son article est ainsi conçu : « Messire Louis de Gourdon, comte de
Vaillac, écuyer, seigneur baron d'Aubepeyre et Râteaux. — A
remontré qu'il est au service du roi, ayant un régiment entretenu
depuis trente ans en çà, dont acte, et néanmoins ordonnons qu'il
en justifiera et en fera duement apparoir au s' de Vallençay dans
huitaine; autrement sera contre lui procédé comme raison (1) ».
Dans (a première de ces pièces il est prénommé par erreur Jean ;
dans les deux il est qualifié comte de Vaillac, quoique son père
vécut encore.
En 1636, 1637 et 1638 un Du Leyris était fermier de la terre et
seigneurie d'Aubepeyre. En 1639 il fut remplacé par noble Gabriel
Vallenetou Vallanet, sieur de Rouzelhe, bourgeois d'Aubusson.
Prétendant que la vente de la métairie du Villards était nulle,
parce que sa mère était alors mineure et en puissance de mari, le
marquis de Castelnau poursuivit les héritiers Brouslaud et Ren-
quarl devant la Chambre des Requêtes du Palais à Paris et obtint
contre eux, le 11 août 1639, une sentence qui condamnait les dits
héritiers à lui laisser la possession de ladite métairie et à lui resti-
tuer les fruits qu'ils avaient perçus. Mais les héritiers Brouslaud et
Renquart voulant faire appel de cette sentence en la Cour du
parlement et appeler en « quériment » le comte de Vaillac, vendeur
et père de Louis-François, il intervint, le 10 septembre 1639, devant
G. Moulin et L. Darfeulhe, notaires à Royère, une transaction pré-
parée par M« Raymond de Muret, avocat au parlement de Toulouse,
demeurant en la ville de Villefranche, pays de Rouergue, diocèse
de Rodez, agent et négociateur des affaires du marquis de Castel-
nau, et par m* Martial Masfaure, sieur du Monteil, conseiller élu
pour le roi en l'élection de Bourganeuf, conseil des autres parties.
Par cet acte la métairie du Villards fut abandonnée aux héritiers
Brouslaud et Renquart, qui en échange cédèrent au marquis la
rente féodale de sept setiers émine seigle, sept éminaux une quarte
avoine, mesure de Peyrat, vingt-six sols en deniers et une géline et
demie due sur le village du Villards par eux acquise de Joseph
Romanet, sieur de Farsac, par contrat du 23 mars 1630 J. Ruben,
no'« roy. Les dits héritiers Brouslaud et Renquart constituèrent
en outre sur ladite métairie au profit du marquis, seigneur d'Aube-
peyre, une rente annuelle et perpétuelle de quatre setiers émine
(4) Mémoires de la Société archéologique delaCreuae, 11, 1 44, 148, 157,
Si SOClBti IRCttiOLOGlOUl Et BLSTORIQUÏ DU LittOUSiN
seigle, trois quartes avoine, mesure de Peyral, quatre sols en
deniers et une demie géline ; ce qui établit la rente due par le
village du Villards à la seigneurie d'Aubepeyre à douze setiers
seigle, deux setiers avoine, mesure de Peyrat, trente sols en deniers
et deux gélines, le tout payable à la fête de saint Michel.
Le marquis de Casteinau fut tué en duel vers 1640 par le marquis
deCanillac (i). Il ne laissait pas de postérité de Guyonne de La
Motte, Gile de feu François de La Motte, baron de Casteinau, et
de Marie-Madeleine Jaubert de Barraud, qu*il avait épousée le
2 mars 1636, ladite Marie-Madeleine Jaubert de Barraud étant alors
remariée au comte de Vaillac,
X. — Jean-Paul Ricard de Gourdon de Genouilhac, chevalier,
comte de Vaillac, baron de Gourdon et de Genouilhac, baron de
Montferrand, premier baron de Guyenne, seigneur d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, Le Boisse, La Barivière, Estantier,
Plassac, Pinard, naquit le 12 mai 1621 . Il succéda à son frère Louis-
François dans les seigneuries d'Aubepeyre, Saint-Yrieix et La
Forest-Belleville.
Gabriel Vallenet, sieur de Rouzelh, était toujours fermier général
de la terre et seigneurie d'Aubepeyre, lorsque, suivant acte du
29 janvier 1643 Chenaud et Dorlhiac, no'", Jean et Pierre de
Gensanas lui vendirent leur domaine de Gensanas, paroisse de
Royëre. Si cette acquisition avait été faite pour le compte du sei-
gneur d'Aubepeyre, ce domaine ne resta pas longtemps la propriété
de la seigneurie, car en 1646 il ne figure pas au nombre des biens
territoriaux de ladite seigneurie.
En i643 et 1644, le même Gabriel Vallenet donna quittance aux
habitants de Laschaux-Gouraud d'une rente féodale annuelle de
seigle vingt setiers, avoine dix setiers, mesure de Peyrat, argent
trois livres dix sols, due à la seigneurie d'Aubepeyre.
En 1644, ce Gabriel Vallenet, alors demeurant en la paroisse de
Saint-Yrieix, pays du Haut-Poitou, fut poursuivi par Jacques Tissier,
notaire et marchand de Felletin, dont il était le débiteur, et fut
condamné en la sénéchaussée de la Marche. Tissier fit saisir à son
préjudice les revenus du membre de Royère appartenant à la sei-
gneurie d'Aubepcyre.
Par acte du 23 décembre 1644 Roux et Darfeulhe, no~% le même
Gabriel Vallenet, habitant alors la ville d'Aubusson, vendit à noble
Léonard Masfaure, sieur de Pont, tout le poisson qui pouvait être
dans Tétang de Genssanettas, appartenant à la seigneurie d'Aube-
peyre, ensemble la pêche en son entier dudit étang, sous la seule
(1) La Chenatb-Desbois, Dictionnaire de la noblesse^ IX, 538,
LE MARQUISAT d'aUBEPETRB 85
réserve de vingt pièces de poisson telles qu'elles se trouveraient
dans ledit étang. Cette vente fut consentie moyennant sept vingt
dix livres, et Léonard Masfaure s'obligea de pêcher dans la pre-
mière semaine du carême prochain.
Vers 1644, Jean-Paul de Gourdon de Genouilhac céda les sei-
gneuries d'Aubepeyre, Saint-Yrieix et Laforest-Belleville à Claude
de Gourdon de Genouilhac, sa sœur, épouse de Flotard deTurenne,
marquis d'Âynac.
Le comte de Vaillac fut premier écuyer et capitaine des gardes
françaises de Philippe de France. Il mourut à Paris le 18 jan-
vier 1681 , étant lieutenant général des armées du roi, chevalier des
ordres du roi depuis 1661 et chevalier d'honneur de Madame la
duchesse d'Orléans. Il avait épousé : 1" le 31 mars 1644, au château
de Vaillac, en Quercy, Marie-Féhcie de Voisins, baronne de Mon-
tant, fille de feu François de Voisins, chevalier, baron de Montant,
premier baron d'Ârmagnac, lieutenant-général en Languedoc, et
de Jacquettc de Beausoubre, alors épouse de François de Montfer-
rand, chevalier, seigneur de Rançon, premier baron de Guyenne,
conseiller du roy en çon conseil et maréchal de camp ; î® en 1676,
Marie de La Vergue de Tressan, fille d'honneur de Madame, fille
de François de La Vergue, seigneur de Tressan et de l'Estang,
lieutenant-colonel du régiment de Madame Royale de Savoie, et de
Louise de Monteynard (1).
Il n'eut pas d'enfant de sa seconde femme, qui mourut en 1681.
De la première naquirent :
1** Jean-François de Gourdon de Genouilhac-Montferrand, comte
de Vaillac, premier baron de Guyenne, seigneur de Cancou, Cas-
seneuil et Moulinet, mestre-de-camp du régiment de Vaillac cava-
lerie, mort le 16 décembre 1696,à cinquante-et-un ans, après avoir
épousé, le 19 décembre 1683, Anne-Marie-Louise du Cambout, fille
d'honneur de Mademoiselle d'Orléans-Montpensier, petite-fille de
France, fille de René du Cambout, marquis du Cambout, comte de
de Carheil, gouverneur de l'Isle de Rhuys et du Château de Sucinio,
et de Jeanne Raoul, morte en 1693 (S).
^ Marie-Félicie de Gourdon de Genouilhac, dame de Montant,
qui porta la terre de Montant à son mari, Gaspard Le Secq, mar-
quis de la Mothe-Sainte-Héraye, comte de Montant par sa femme,
conseiller au parlement de Paris ; morte en 1705 ;
3'» Alexandre de Gourdon de Genouilhac, vicomte de Gourdon,
mort sans alliance ;
(I) La Ghinayb Dcsbois, Dictionnaire delà noblesse^ XIX, 602,
(«) Ibidem,, IV, 6M.
T. LU 6
86 SOClÉTft A11GBÊ0L06IQUI ET HISTORIQUB DU LlllOOSlN
4* François de Gourdon de Genouilhac, comte de Vaillac, sei-
gneur de Monlferrand, colonel d'un régiment de cavalerie de son
nom, chevalier de Saint-Louis en 1694, lieutenant-général des
armées du roi en i704, mort sans alliance, le 22 juin 1707, en sa
cinquante-cinquième année ;
8* Michel-Ange de Gourdon de Genouilhac, capucin ;
6° Charles-Gaston de Gourdon de Genouilhac, chevalier de
Malte, mort en 1664;
7* Jean-Baptiste de Gourdon de Genouilhac, abbé de Saint-
Romain de Blaye ;
8** Marie-Galiote de Gourdon de Genouilhac, coadjutrice de
rhôpital de Beaulieu, morte le 22 octobre 1701 ;
9*» Claude de Gourdon de Genouilhac, prieure de la Mothe-Sainte-
Héraye, en Poitou, puis grande prieure de Thôpitalde Beaulieu;
10** Madeleine de Gourdon de Genouilhac, femme de François
de Lestang, seigneur de Pommeiol et de Belpech;
11* Marie-Guyonne de Gourdon de Genouilhac, prieure d*Espa-
gnac, en Quercy, puis, le 16 février 1691, prieure des Filles-Dieu
de Rouen, morte en 1707 ou 1708 (1).
Jean-Paul de Gourdon, ami du duc de Saint-Simon, père de l'au-
teur des Mémoires, laissa, au dire de ce dernier, « d'une Voisins
une quantité d'enfants tous mal établis (2) ».
XL — Haute et puissante dame Claude de Gourdon de Genouilhac,
dame d'Aubepeyre, Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, fille de
Louys de Gourdon de Genouilhac, comte de Vaillac, et de Françoise
de Chizadour, dame d'Aubepeyre, épousa, le 15 août 1633, Flotard
de Turenne, marquis d'Aynac{3), baron de Molières, seigneur de
Monthierm, de Lapize et de Salles en Rouergue, et à cause d'elle
comte d'Aubepeyre, seigneur de Saint-Yrieix et La Forest-Belleville,
fils de feu François de Turenne, baron de Molières et d'Aynac, et
d'Antoinette de Pontanier, dame de Salles en Rouergue.
La maison de Turenne d'Aynac a pour souche Hector de Turenne,
seigneur d'Aynac, en Quercy, fils naturel de Raymond VHI de
Beaufort, vicomte de Turenne, qui, par son testament du 5 juil-
let 1399, donna audit Hector la terre d'Aynac, recommandant à
Eléonore de Beaufort, sa sœur, de le bien traiter et de le faire légi-
{{) La Chbnate-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, IX, 539.
(2) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze, XX, 163.
(3) Le fief d'Aynac relevait de la vicomte de Turenne; hommage en fut
rendu en 4350, 1463 et 1672. Le fief de Molières, en Quercy» relevait de la
même vicomte, quoique situé en dehors; hommage en fut rendu en 1350,
1458, 1 463, 1601 et 1672 {BuU. de la Soc.arch, de la Corrèze, II, 413, 423).
LK MARQUISAT D*AUBKPETRB 87
timer. Cette maison s'est illustrée depuis par de très beaux services
militaires et par des alliances avec les premières maisons du pays (1 ).
Les seigneurs puis marquis d'Âynac ont Turenne pour nom de
famille depuis le commencement du xv^ siècle (3).
Flotard de Turenne fut guidon de la compagnie des gendarmes
du maréchal de Thémines, son cousin, et servit sous ce général
dans rarmée qu'il commandait en Guyenne contre les religion-
naires. Le roi Louis XIII l'envoya, pendant ces mômes troubles,
par une commission expresse de sa part, à Gardaillac, pour conte-
nir les religion naires du Haut-Quercy, qui tenaient leurs assem-
blées dans cette place. Il était chevalier de Tordre, conseiller du
roi, capitaine de cent hommes d'armes (3).
Le seigneur d'Aubepeyre fut compris au rôle de la première
convocation et monstre des nobles de la sénéchaussée de la Marche
faite à Guéret le 30 août 1674 par François Mérigot, seigneur de
Sainle-Feyre, sénéchal delà province (4).
Depuis la mort de Jacques de Chizadour, aucun des seigneurs
qui précèdent ne parait avoir habité le ch&teau d*Âubepeyre. De
i644 à 1667, le seigneur eut au château un receveur, qui le repré-
sentait. Ges receveurs furent : Lagrange (1644-1645); Rieublanc
(1646-1647); Glouzaud (1647-1663). Du commencement de 1646 à la
iin de 1661, le ch&teau d'Âubepeyre fut habité par noble messire
Jacques de la Faye de la Porte, chevalier, seigneur baron du Leyris,
seigneur de la Porte, le Breilh, Yillechenine, qui administrait la
terre et seigneurie d'Aubepeyre au nom du seigneur, son parent
éloigné. En 1663, ladite terre et seigneurie fut affermée à Jehan
Darfeulhe, sieur de Roubène, notaire et bourgeois de Royère, et
à Antoine Forest, bourgeois de la Villeneuve au Comte, son beau-
frère. Jehan Darfeulhe habita le ch&teau d'Aubepeyre jusqu'en 1670;
cette année-là il fit réparer la chaussée de l'étang du Mont. De
1670 à 1673 De Truffy était fermier de la terre et seigneurie d'Au-
bepeyre.
Flotard de Turenne résidait ordinairement, en 1674 et 1675, au
ch&teau d'Aynac, en Quercy, et venait quelquefois en celui d'Aube-
peyre, où il avait pour receveur Jean Truet. Par acte du 3 juil-
let 1674 Darfeuilhe, no" roy., il vendit, moyennant deux cent
soixante livres, le pré et la terre de la Roche, près Pimpérigeas (6).
(1) BouiLLBT, Nobiliaire d'Auoergne^ VI, 418.
(2) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze^ II, 605.
(3) H ARCHB, La vicomte de Turenne ^ 52.
(4) Mémoires de la Société archéologique de la Creuse^ II, 175,
(6) Archives de la Creuse, E 284.
88 SÔClKtÉ ARCfiÂOLOGIOUC Et HlStORiaUt 1>U LIMOUSIN
Flolard de Turenne, premier comte d'Aiibepeyre, mourut en
1677 (1). De son mariage avec Claude de Gourdon de Genouilbac
naquirent :
l"" Louis, qui suit ;
2** Jean-Galiol de Turenne, comte d'Aynac, capitaine dans le
régiment du roi, mort sans enfants de Françoise-Antoinette des
Armoises, son épouse, morte en 1709, fille de François des
Armoises, baron du Saint-Empire, comte d'Aunoi, et d*Antoinette
Le Bouteiller de Senlis ;
3*" Jean, qui vient après son frère Louis ;
4® Flotard-Galiot de Turenne d'Aynac, chevalier de Malte, capi-
taine dans le régiment de Monsieur, duc d'Orléans, aide-de-camp de
ce prince, tué à la fleur de Tàge à la bataille de Cas5el,en 1677 ;
5* Marie-Guyonne-Romaine de Turenne d'Aynac, mariée, par
contrat du 22 janvier 1664, à Barthélémy de Gontaut de Saint-Geniès,
dit le marquis de Lanzac, seigneur de Lanzac, Loupiac, Gaulejac,
encore vivant en 1702, fils de Jean Gontaut de Saint-Geniès, sei-
gneur de Lanzac, Gaulejac et Loupiac, et de Françoise-Galiote de
Lostanges de Saint-Alvère (2) ;
6"* Claude de Turenne d'Aynac, religieuse à Thôpital de Beaulieu ;
7'' Jeanne de Turenne d'Aynac, aussi religieuse à Thôpital de
Beaulieu (3).
XIL — Louis de Turenne d'Aynac, chevalier, marquis d'Aynac,
comte d'Aubepeyre, seigneur de Saint-Yrieix, La Forest-Belleville,
et par sa femme, baron de Felzins et de Montmurat, premier baron
du Quercy, servit pendant quelques années en qualité de capitaine
dans le régiment du comte de Vaillac, son oncle. Il épousa en 1666
Marie-Hélène de Felzins, baronne de Monlmurat (4), fille aînée de
Jean de Felzins, marquis de Montmurat, premier baron du Quercy,
et de Jeanne de Lenthillac.
La même année 1666, il rendit hommage au roi pour la baronnie
de Felzins et autres terres dans la généralité de Montauban (S).
Le 28 septembre 1681, il afferma la terre et seigneurie d'Aube-
peyre à Gabriel Darfeuilhe, notaire royal à Ghastaing, moyennant
deux mille sept cents livres de fermage annuel, payable moitié à la
(4) Marchk, La oicomté de Turenne, 5S.
(3} La Chenàtb-Dbsbois, Dictionnaire de la noblesse, IX, 150.
(3) Nobiliaire du Limousin, IV, 236.
(i) La baronnie de Montmurat, en Rouergue, relevait de la vicomte de
Turenne, quoique située en dehors; hommage en fut rendu en 1460, 1519,
179S (BulL de la Soc. arch» de la Corrèse, II, 193).
^5) BuUetin de la Société archéologique de la Corrèse, II, 604.
LR Marquisat d*aubeprtre 89
Saint-Jean et moitié à la Noël. Dans cette ferme étaient comprises
les terres et seigneuries de Saint-Yrieix et de La Forest-Beileviile.
A partir de 1687 inclusivement, Léonarde Forest, veuve de Jean
Darfeulhe, et Léonard Darfeulhe, sieur de Roubène, son fils, bour-
geois de Rojère, furent fermiers desdites terres et seigneuries.
Par contrat du 28 novembre 4688, Louis de Turenne vendit à
son frère Jean, comte d'Aynac, les terres et seigneuries d*Aube-
peyre, Saint-Yrieix et La Forest-Belleville.
Le marquis d'Aynac mourut en 1697. Il signait : « Ainac ».
De son mariage avec Marie-Hélène de Felzins naquirent :
1"* Jean-Paul de Turenne, marquis d'Aynac, baron de Felzins et
de Montmurat. capitaine de chevau-lëgers, qui servit depuis la
campagne de 1675 jusqu'en 1696 (1), marié, par contrat du
24 août 169S à Victoire de Durfort de Boissières, baronne de
Gramat (2), fille d'Armand de Durfort, comte de Boissières, vi-
comte de Puycalvel, baron de Salviac, Gourdon et Gramat, sei-
gneur de Saint- Germain, Landyon, Puybegon, etc., colonel du
régiment de Normandie-infanterie, et d'Anne de Touchebœut,
comtesse de Glermont-Yerlillac (3) ; duquel Jean-Paul sont des-
cendus les marquis d'Aynac et comtes de Turenne (4) ;
2" Amable-Charles de Turenne d'Aynac, docteur en Sorbonne,
abbé de TIsle-Ghauvet, qui en 1705 fut député à l'Assemblée géné-
rale du clergé de France ;
3"" Galiot-Emmanuel de Turenne d'Aynac, dit le chevalier d'Ay-
nac, capitaine de cavalerie, qui eut une jambe cassée à la bataille
de Fleurus en 1690, dans la treizième année de son âge, et qui,
après s'être signalé dans plusieurs occasions, qui lui avaient mé-
rité une pension de deux mille livres, fut tué en 1704 en Souabe,
près de Notre-Dame-des-Sapins, à la tête d'un détachement qu'il
commandait ;
4"" Catherine de Turenne d'Aynac, dame de Molières, mariée à
Louis de La Garde, comte de Saignes, baron de Parlan et de Pa-
laret ;
(I) La. Chbnatk-Desbois. Dictionnaire de la nobleese, XIX, 959.
(f) La baronnle de Gramat, en Quercy, relevait de la vicomte de Tu-
renne, quoique située en dehors ; hommage en fut rendu en 1365, 1498,
1693 {Bull, de la Soc. arch. de la Corrèze, II, 418).
(3) La Chbnayk-Dbsbois. Dictionnaire de la noblesse, VII, 146.
(4) Cette branche aînée est aujourd'hui représentée : U par le marquis
de Turenne ; 3^ le vicomte de Turenne d'Âynac, marié le U octobre 1873
à Françoise de Fltz-James; 3<> le comte Guy de Turenne d'Aynac, marié
le 95 juin 1874 à Marie-Elisabeth-Alexandrine Berthier de Wagram.
90 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
S* Charlotte de Turenne d'Aynac, religieuse à Thôpital de Beaa-
lieu;
6*» Marie de Turenne d'Aynac, aussi religieuse au môme hôpital ;
7*» Marie-Cécile de Turenne d'Aynac, religieuse de la Visitation
à Saint-Céré ;
8*» Claude de Turenne d'Aynac, aussi religieuse de la Visitation
à Saint-Céré ;
9^ Suzanne de Turenne d'Aynac, mariée en 1704 à Mercure de
Corn, seigneur de Queyssac, dans la vicomte de Turenne (i).
XIII. — Jean de Turenne d*Aynac, chevalier, seigneur comte
d'Aubepeyre et d'Aynac, baron de Salles, seigneur de Belleville-
la-Forest, Saint-Yrieix, le Chier, le Bousquet, naquit à Aynac en
1643 (2). Il suivit dans sa jeunesse Tétai ecclésiastique et fut
pourvu du prieuré de Bourqueiron par Jean de Gourdon de Ge-
nouilhac, évéque de Tulle, son grand-oncle. Il fut depuis capitaine
dans le régiment de Yaillac et colonel de celui des milices d'Ar-
magnac (3).
Le nouveau comte d'Aubepeyre résidait ordinairement en son
château de Salles, en Rouergue, et quelquefois en celui d'Aube-
peyre. Léonarde Forest, veuve de Jean Darfeulhe, et Léonard
Darfeulhe, sieur de Roubène, son fils, étaient depuis 1687 fermiers
des terres et seigneuries d'Aubepeyre, Saint-Yrieix et La Forest-
Belleville et le restèrent jusqu'en 1692. En 1693 et 1694, le comte
d*Aubepeyre avait pour agent et régisseur à Aubepeyre Raymond
Delbosc. En 1699 son receveur était Guillaume Laguarrigue. En
1710 le seigneur d'Aubepeyre fit saisir les meubles et bestiaux des
héritiers Dandaleix, de Royère, et d'Etienne Larte, sieur de Chas-
sagnas, bourgeois d'Orladeix, paroisse de Royère, pour obtenir
paiement des condamnations prononcées contre eux à raison des
redevances féodales dues pour leurs domaines des Bordes, même
paroisse.
Jean de Turenne, comte d'Aubepeyre et d'Aynac, signait : « Au-
bepeyre Dainac ». Il mourut à Châtain le 27 juin 1711 (4). Il avait
épousé le 13 décembre 1671 Catherine de Felzins, fille cadette de
Jean de Felzins, baron de Felzins, marquis de Montmurat, premier
baron du Quercy, et de Jeanne de Lenthillac, dont :
1* Jean-Galiot, qui suit ;
2*» Barthélémy de Turenne, chevalier d'Aubepeyre, capitaine
d'infanterie ;
(1) Nobiliaire du Limousin^ IV, So6, 237.
(2) A. Tardiku. Grand dictionnaire de la Haute- Marche^ 35.
(3) Nobiliaire du Limousin^ IV, 937.
(4) A. Tardieu, Grand dictionnaire de la Haute-Marche, 35.
LB MARQUISAT D*AUBSPBTIIB 9t
3* François de Turenne, seigneur de Saint- Yrieix, tué en 1703 ;
4* Jeanne-Félicie de Turenne, mariée vers 1690 à Barthélémy
d*Estresses, marquis de Graulejac, liéritier du seigneur de Lanzac,
son oncle (1);
5* Tliérése de Turenne, religieuse de l^ordre de Saint-Jean de
Jérusalem à l'hôpital de Beaulieu ;
6* Catherine de Turenne, demoiselle d'Aubepeyre (2), seigneu-
resse du Bouquet, qui, étant créancière de huit mille livres, Gt
saisir le 8 juin 1727 tous les cens, droits et revenus d'Àubepeyre
et le 22 avril 1730 les meubles de Jean-Galiot, son frère (3).
XIV. — Haut et puissant seigneur messire Jean-Galiot de Tu-
renne, chevalier, seigneur comte, puis marquis d'Aubepeyre, Salles,
seigneur de Saint-Yrieix, Laforest-Belleville, Courbatier, Le Pouget
et autres places, portait avant la mort de son père le titre de mar-
quis de Salles et signait alors : « Sales Turenne ». Il résidait ordi-
nairement au château de Salles en Rouergue. En 1713, on le qua-
lifie marquis d'Aubepeyre (4).
D'ancienneté la communauté des prêtres de Saint-Jean de Bour-
ganeuf possédait une rente féodale sur Arfeuille, Le Villards et le
bourg de Royère, avec tous droits de fondalilé et seigneurie, pro-
venant de la dotation d'une fondation. Les tenanciers en avaient
passé différentes reconnaissances, lorsqu*en 1712 Jean-Galiot de
Turenne fit assigner Léonard Darfeulhe, sieur de Roubène, tenan-
cier du village d'Arfeuille, pour se voir condamner à payer ladite
rente féodale à lui seigneur d'Aubepeyre. Le tenancier dénonça
cette assignation à la communauté de Saint-Jean ; ce qui amena un
procès devant le parlement de Paris. La communauté n'étant
nantie que de la moindre partie des titres (le surplus était dans
les archives de Tordre de Saint-Jean de Jérusalem), Jean-Galiot
surprit au Parlement le 5 septembre 1718 un arrêt par lequel il
fut reçu opposant, et ayant égard aux lettres de rescision par lui
prises contre les reconnaissances émanées des tenanciers, il fut
maintenu dans la propriété et jouissance de se dire seul seigneur
direct et foncier du village et tènement d'Arfeuille, il fut fait
défense au syndic de la communauté de prendre ladite qualité,
Léonard Darfeulhe fut condamné à lui payer la rente noble, féo-
dale et foncière et lui passer reconnaissance de tous les héritages
dudit tènement, le syndic de la communauté fut condamné à in-
(t) Nobiliaire du Limousin^ II, 17.
{%) NobUicùre du Limousin^ IV, 237.
(3) La Ghbnatr-Dbsbois. Dictionnaire de la noblesse^ XIX, 260.
(4) P. DE Cessag, ap. Nobiliaire du Limousinj II, 104.
92 société ARCHéOLOGians et histohiqur du limousin
demniser Darfeulhc. Cependant frère Gilbert Ragon, commandeur
de Lieu-Dieu, receveur et procureur général de Tordre de Saint-
Jean de Jérusalem au grand prieuré d'Auvergne, présenta requête
au Grand Conseil et obtint dudit Grand Conseil une ordonnance
permettant d'assigner le marquis d'Aubepeyre et Léonard Dar-
feulhe à Teffet de voir réformer ledit arrêt. Mais un nouvel arrêt
de 1126 confirma le premier.
Jean-Galiot de Turenne était d'humeur violente et processive.
Nombreux sont les procès qu'il soutint contre ses tenanciers et
autres. En 1716, continuant les poursuites commencées par son
père contre Etienne Larte, sieur de Chassagnas, il fit vendre à la
foire d'Eymoutiers les bestiaux saisis sur ledit Etienne Larte, son
débiteur.
En 1719, notre marquis se rendit adjudicataire, moyennant deux
mille livres, des justices de Cloquas et Beix, situées dans l'éten-
due de la terre de Salles et aliénées du domaine du roi. Pour payer
la finance des dites justices, il emprunta la somme de deux mille
livres de Philibert Dubret, advocat en parlement, demeurant à
Paris, rue Hautefeuille, paroisse Saint-Cosme, et souscrivit au
profit de ce dernier le 9 septembre même année devant Marctot
et Gueidon, no"" au Châtelet de Paris, un contrat de rente de cent
francs, en capital deux mille francs. Philibert Dubret céda sa
créance à dame Jeanne Racaud, veuve de Louis Sauvage, directeur
des postes de Blois, mais en restant garant de la solvabilité du
débiteur. Celui-ci n'ayant payé aucun arrérage de la rente, fut
poursuivi en 1724 au Parc civil du Châtelet de Paris ; le créancier
fit même saisir les rentes féodales dues à la seigneurie d'Au-
bepeyre.
Le 4 septembre 1721, Jean-Galiot fit à Villefranche une transac-
tion avec Catherine de Turenne d'Aubepeyre, seigneuresse du
Bousquet, demeurant au château du Bousquet, paroisse de Pey-
russe, en Rouergue, à qui il devait plus de huit mille livres. Ne
pouvant obtenir le paiement de sa créance, elle fit le 8 juin 1727
saisir tous les cens, droits et revenus d'Aubepeyre. Cette saisie
n'eut pas de suite, mais le 22 avril 1730 le marquis fut de nouveau
sommé de payer par huissier, et sur son refus Catherine de Tu-
renne fit saisir les meubles de son frère, ses chevaux, le bétail de
sa métairie, le fourrage et le blé.
Un procès, dans lequel le marquis d'Aubepeyre ne joua pas le
beau rôle, révélera mieux que tout son caractère violent et pas-
sionné.
Jean-Galiot eut une rixe avec Léon de Sainl-Yrieix, petit noble
ruiné du bourg de Saint- Yrieix. L'affaire fut portée devant le tri-
LE MARQUISAT d'aUBIPBTEE 03
bunal des Maréchaux de France. Devant cette juridiction le mar-
quis soutint que Léon de Saiot-Yrieix avait perdu la noblesse parce
qu'il avait travaillé d*œuvre manuelle et fait d'autres ouvrages
capables de déroger à sa prétendue qualité de noble. À Tappui de
son dire, il fit appeler en 1728 comme témoins pardevant M* La-
chaud, notaire royal de la ville d'Âubusson, plusieurs habitants
de la paroisse de Saint- Yrieix. La déclaration qu'ils donnèrent à
cette époque ayant été adirée, ces témoins se présentèrent le
7 février 1738 au château d'Aubepeyre devant M* Delavergne,
notaire royal héréditaire du Monteil, et certifièrent qu'ils avaient
vu Léon de Saint-Yrieix semer du blé et des raves pour ses voisins
et faire les commissions du sieur Ruyneau, curé de Saint-Yrieix.
L'un d'eux, Gabriel Penot, sergent en la justice de Nedde, habitant
du village de Madéry, déposa que Léon de Saint-Yrieix lui avait
servi de recors ou assistant lors d'une saisie par lui pratiquée en
sa qualité de sergent. Le marquis d'Aubepeyre envoya expédition
de celte enquête au parlement de Paris, chambre de la Tournelle
criminelle.
Le résultat de ce procès ne fut cependant pas avantageux pour
le marquis. Il succomba devant la chambre de la Tournelle crimi-
nelle, où Léon de Saint-Yrieix obtint contre lui un exécutoire pour
les dépens auxquels le marquis avait été condamné. Pour ramener
cet exécutoire à exécution, Léon de Saint-Y'rieix fil saisir les biens
des tenanciers du village de Peylanges. Ceux-ci, le 26 avril 1730,
assignèrent en garantie Jean-Galiot de Turenne. Un premier paie-
ment de ce dernier eut lieu aux termes d'un acte du 13 décembre
1730 Darfeuilhe et Leblanc, no'^roy., par lequel messire François
de Saint-Yrieix et damoiselle Sébastienne de Sainl-Yrieix, épouse
de maître Jean Baudy, marchand, héritiers de défunt messire Léon
de Saint-Yrieix, leur père, habitants du bourg de Saint-Yrieix,
donnèrent quiltance audit Jean-Galiot de Turenne, par les mains
de maître Jean Carneiac, son receveur, de la somme de trois cent
quatre-vingt-six livres dix-neuf sols six deniers ; ils lui donnèrent
en môme temps main-levée des saisies-arrét pratiquées à son
préjudice. Enfin, par autre acte du 18 mars 1741 Champeaux et
Coutisson, no'«' roy., passé au château du Monteil, paroisse de
Saint-Martin-Château, messire François de Saint-Yrieix, écuyer,
et sieur Jean Baudy, bourgeois, son beau-frère, confessèrent avoir
reçu de M* Sébastien Demahis, procureur en la Cour du parlement
de Paris, par les mains de messire de Lomenie, seigneur de Saint-
Mar lin-Château, la somme de douze cent trente-six livres cinq sols,
restée due sur l'exécutoire de dépens obtenu contre le seigneur
d'Aubepeyre.
94 SOCIRTR ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Lorsque Léonard Darfeuilhe, sieur de Roubène, cessa en 1692
d*élre fermier de la terre et seigneurie d'Aubepeyre, ses comptes
avec le seigneur ne furent pas, parait-il, complètement réglés.
Depuis cette époque, chacune des parties adressa des réclamations
à Tautre. Après la mort de Léonard Darfeuilhe, sieur de Roubène,
arrivée en 1734, son fils Léonard Darfeuilhe, sieur de Rochas, aussi
plaideur que le marquis Jean-Galiot de Turenne, eut à soutenir un
procès contre ce dernier, lequel prétendait que la succession du dit
sieur de Roubène lui était redevable de diverses sommes, comme
représentant du comte d'Aubepeyre, son père. A ce sujet Léonard
Darfeuilhe, sieur de Rochas, rédigea un mémoire où il soutient :
1** que le seigneur d'Aubepeyre garda en 1692, comme objets
appartenant audit sieur de Roubène, « deux barriques de vin, esti-
mées cent quarante livres, un lit garni de couette, cuissin déplume,
deux couvertes catalanes, avec ses ridaux neufs estimé deux cents
livres, douze lincieux, deux douzaines de serviettes fines, une dou-
zaine et demy d'assiettes, quatre grands plats, trois assiettes creuses
et quatre escuelles, le tout d'eslain fin estimé à cent livres, une
batterie de cuisine, pot de fer, culières, gris, hache, hacheraux,
broche, le tout apprécié à soixante livres »; 2** qu'en Tannée 1704
« M. le chevalier d'Aubepeyre, frère dud. s' de Turenne, avec ses
valets, enlevèrent dansTescurie dud. feu de Rubeyne à Royère un
très beau cheval et lemmenerent par force à Aubepeyre », que
pour ce vol et enlèvement, pour Tinformation qui fut faite par le
grand prévôt de Limoges, ou pour les dommages intérêts, il est dû
huit cents livres; 3** qu'il est dû six cents livres audit feu sieur de
Roubène pour cinq années d'arrérages de la rente du village de
Laschaux-Fauveix lui revenant en qualité de fermier de la terre
d' Aubepeyre, rente dont il a été privé parce que le sieur Vareille
disputa cette rente au seigneur d 'Aubepeyre et que le procès à ce
sujet est encore pendant; 4° qu'en 1709, le seigneur d'Aubepeyre
enleva au village de Prugnolas deux vaches mères et une velle, pour
quoi le dit seigneur fut condamné en trois cent cinquante livres
par sentence du 23 mars dite année du sénéchal de la Marche à
Guéret(l).
Le marquis d'Aubepeyre ne vivait pas en bonne intelligence avec
le curé de Royère, Martin Rallit, homme d'un caractère difficile et
qui avait souvent maille à partir avec ses paroissiens. Ce curé
n'avait pas de vicaire et s'absentait fréquemment : aussi le service
de la cure çn souffrait-il. Le marquis, comme seigneur direct de
la plus grande partie de la paroisse de Royère, fit dresser, le
{{) Papiers de la famille Darfeuille, de Royère.
LE MARQUISAT D*AUBVPBYRB 95
22 juin 4735, par Faure et Coulisson, no'", en présence de Léonard
Darfeuilhe, sieur de Rochas, un acte constatant que le curé était
souvent absent, qu'il n'y avait pas de vicaire pour le suppléer, et
qu'un enfant présenté à l'église pour la sépulture ne put être enterré
de toute la journée.
Tous ces procès occasionnèrent de grandes dépenses. Aussi Jean-
Galiot de Turenne faisait-il argent de tout :
Il céda et transporta à Gabriel Darfeuilhe de la Brousse, notaire
royal de Châtain : 1*» par acte du 24 janvier 1722 Gasne, no'* roy.,
soixante-dix livres, fermage du moulin des Isles dû par Charles
Fiallon, cinquante-cinq livres dues par le même pour fermage du
domaine du Theil, seize livres dues par Louis Lagaye du Meysou-
nioux, pour fermage du pré du Nouallet, vingt livres dues par
Michel Pradinaud pour la ferme du pré du Nouhaud, quarante-cinq
livres dues par Antoine Fouilhaud, de Saint-Marc-à-Loubaud, pour
la ferme du pré du Baliadis, quarante-cinq livres dues par Léonard
Lebalif, dit le Bourgeois, pour la ferme du pré du Seigneur, cent
vingt livres dues par Michel Nardon et Charles Ternas pour la
ferme de la métairie du Meysounioux, cent vingt livres dues par
Gabriel Peytounaud, pour la ferme de sa métairie de Gsnsanetas,
cent quarante livres dues par Pierre Lemerle, pour la ferme de la
métairie de Neygres; 2** par acte du 23 avril 1728 Leblanc, no'«
roy., cent quarante livres dues par Antoine Gensanetas et consorts
pour la ferme de leur métairie de Gensanetas; outre des fermages
dépendant des terres de Saint-Yrieix et de La Forest-Belleville.
Par acte du S juillet 1727 Rebière, no'* roy. héréd., passé à
Aubusson, le marquis d'Aubepeyre céda et transporta à maître
François Larte, sieur du Leyris, bourgeois d'Orladeix, paroisse de
Royêre : 1* six cents livres dues par les curé, prêtres communalistes
et syndic de Bourganeuf, à raison des condamnations prononcées
contre eux par les arrêts du parlement de Paris énoncés plus haut;
2" et tous les cens, renies, dîmes et autres droits et devoirs sei-
gneuriaux lui appartenant sur le village de Laschaux-Couraud,
paroisse de Gentioux, sur ceux du Villards, des Bordes, de.Ver-
gnolas, de Rubeyne, deLascoux, de Vincent et'le moulin de Rochas,
paroisse de Royère, le tout moyennant le prix de huit cent quatre-
vingt-dix-neuf livres payées comptant (1).
Suivant acte du 21 janvier 1737 Delavergne, no'« roy. héréd.,
passé « au-devant de la principale porte de la cour du château
d'Aubepeyre », en présence de Jean Barben, marchand à Pimpé-
(I) Commuaicatioa de M. Frédéric Rogier, propriétaire au château de
BoDlieu.
06 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOCIQUK ET HISTOBIQUB DU LIMOUSIN
rigeas, noire marquis vendit à Philippe Peylangeas, de Bessas,
les biens auxquels il avait succédé, comme seigneur de Bessas, par
le décès arrivé sans hoirs de Jean Lagaye. Dans cet acte il est dit
« résidant parfois en son château d'Aubepeyre, mais demeurant
d'habitude en son château de Salles ».
Par acte du 31 juillet 1747 Jarrigeon et Delavergne, no'" roy.,
le marquis vendit à Gabriel Guyonie, sieur d*Hautefaye, bourgeois,
résidant au lieu d'Hautefaye, paroisse de Banise, la rente directe
et solidaire, en franche condition, noble et foncière, et tous droits
seigneuriaux, droits d*investilure généralement quelconques dus
sur les villages de Lamant et de Lascoux, paroisse de Banise, con-
sistant, savoir : pour Lamant, froment quatre quarlons, avoine un
setier,. mesure de La Borne (1), argent vingt-six. sols, gélines deux,
arbans deux; et pour Lascoux, seigle douze quarlons, mesure de
La Borne, argent trente-deux sols six deniers, poules deux, avec
tous droits de directe, lods, investiture, retenue, lesquels étaient
établis par le terrier dudit seigneur en date du 22 janvier 155S, par
un autre terrier ou reconnaissance faite par les habitants desdits
villages en faveur dudit seigneur reçae Despagnat, no'* roy., le
6 juin 1505, et par une sentence obtenue par ledit seigneur contre
les mêmes habitants en la sénéchaussée de la Marche à Guéret le
17 mars 1714.
En 1719, Jean-Galiot de Turenne avait pour agent et receveur au
château d'Aubepeyre Antoine Puechoultre, advocat en parlement.
En 1722 et 1723, Jean Carneiac était receveur au château d'Aube-
peyre; le marquis y demeurait alors, et afferma le moulin des
Isles, situé sur la rivière da Thaurion. En 1728, Jean Roque était
receveur de la terre et seigneurie d'Aubepeyre. En 1730, ladite
terre et seignearie était affermée à Pierre Dumond, notaire royal
d'Eymoutiers, mais cette ferme ne fut pas de longue durée, car en
1733 on voit Antoine Puechoultre, agent et mandataire du marquis,
affermer le moulin des Isles et la métairie du Theil-Haut. Le
4 mai 1738, Jean-Galiot « étant de présent en son château noble
d'Aubepeyre », afferma pour huit ans, moyennant le prix et somme
de trois mille deux ^^ents livres, à Gabriel Guyonie, de Vailière,
tous les fonds, proflts et revenus des terres et seigneuries d'Aube-
peyre, Saint-Yrieix, Belle ville-La-Forest, sans autre réserve que la
chambre et l'antichambre au-dessus de la cuisine du château
d'Aubepeyre. Depuis 1746 jusqu^à sa mort, notre marquis eut pour
(4) Le seller de la Borne pesait deux cent cinquante- six livres et valait
un hectolitre quatre-vingt-quatre litres ; il contenait seize boisseaux ou
quarlons, pesant chacun seize livres et valant onze litres 49,
LE MÀftQUISAT D^AUBKPlTftC 97
agent aa cbàteaa d*Âubepeyre Jean Monrouzié, natif da Quercy.
Jean Galiot de Turenne, marquis d*Aubepeyre, mourut au châ-
teau d*Âubepeyre dans les premiers mois de l'année 17S0, laissant
sa maison appauvrie. Quoi qu'il eut consenti de nombreuses alié-
nations, sa succession était grevée de dettes. Il signait : « Turenne
d'Aubepere ».
Il avait épousé, le 1*' septembre 1703, Anne de Galezëde, Qlle
unique et héritière de François de Caiezède, chevalier, seigneur de
Marcorinian, etc., et d'Antoinette du Buisson-Bouteville, dont :
l"" Jean-Antoine, qui suit;
9!" Barthélémy de Turenne d*Aubepeyre, qui était mort en 1761 ;
3"* Barthélémy-Henri de Turenne d*Aubepeyre (1), qui était éga-
lement mort en 1761 ;
4* Jean-Claude-Galiot de Turenne d'Aubepeyre, chevalier de
Salles, lieutenant au régiment de Bourbonnais, né en 1724, marié
en 1763 à Jeanne de Mealet, dont Jean-Baptiste- Claude-Honoré-
Marie de Turenne, marquis de Turenne d'Aubepeyre, né en 1770,
marié en 1796 à Clotilde Bastide, duquel est descendu Jean-Fran-
çois-Alyn de Turenne, marquis de Turenne d'Aubepeyre, résidant
à Rodez (2) ;
5*" Marianne de Turenne d*Aubepeyre, majeure en 1753, qui
vivait encore en 1764 ;
6* Anne de Turenne d'Aubepeyre, majeure en 1783;
7« Françoise de Turenne d'Aubepeyre, majeure en 1753, qui
vivait encore en 1761.
XV. — Jean-Antoine de Turenne, chevalier, seigneur marquis
d'Aubepeyre, Saint-Yrieix, Laforest-Belleville, Salles-en-Rouergue,
Charbonnière et autres places en Gévaudan, habita dès Tabord en
Gévaudan.
En 1752 et 1753, il avait pour agent au château d'Aubepeyre
Claude Barben, marchand, du village de Pimpérigeas, paroisse de
Vallière. Durant ces deux années on répara le moulin des Isles et
on y établit une « mallarie ou fouUerie à drap » et un pressoir à
faire Thuile. En 1752, Jean Gigaudeau, duMeysounioux, construisit
à Aubepeyre un bâtiment d'exploitation et y répara le moulin.
Par acte sous seings privés du 5 juillet 1753, Jean-Antoine de
Turenne vendit à François Delavergne, notaire royal au Monteil-
au- Vicomte, la terre et seigneurie de Laforest-Belleville, moyen-
nant douze mille livres de prix principal et six cents livres d'épingles.
(\) Nobiliaire du Limottaîn, IV, 237.
(2) A. Tardisu, Grand Dictionnaire de la Haute-Marche ^ 35, 369,
98 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUX ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Par autre contrat du 30 mars 1754 Coutisson, no"*, notre marquis
aliéna, moyennant mille vingt-quatre livres, à Léonard Lepetil,
marchand, du Mo nteil-a a-Vicomte, la rente féodale due à la sei-
gneurie de Laforest-Belleville par les tenanciers du tènement de
Las Couriéras ou Les Courières, justice du Monteil, joui par les
habitants du village de La Borderie, paroisse et justice du Compeix,
en Limousin, ainsi que les cens et renies dues à la seigneurie
d'Aubepeyre par les habitants de La Bussière, paroisse de Saint-
Pierre-le-Bosl.
En 1756 et 1757, Jean-Antoine habitait le château d'Aubepeyre.
Le 6 septembre 1757 devant Barben, no" roy., il traita, tant pour
lui que pour ses frères et sœurs, avec messire Julien Chassaingt,
prieur-curé de Saint- Yrieix, envers lequel les héritiers de feu Jean-
Galiot de Turenne étaient redevables de la somme de huit cents
livres. Celte transaction mit fin à de nombreux procès (1).
En 1756 et années suivantes, notre marquis plaida devant la
sénéchaussée criminelle de la Marche à Guéret contre un marchand
forain du Dauphiné, nommé Julien Siaud, et contre Léonard Dar-
feuilhe, sieur de La Brousse, au sujet d'une montre en argent, à
double boilier, qui avait été vendue, moyennant deux louis de
vingt-quatre livres, par Darfeuilhe à Siaud et qui fut reconnue être
la propriété du marquis d'Aubepeyre. Ce dernier ne vit pas la fin
de ce procès qui alla jusqu'au parlement de Paris et ne se termina
qu'en 1777. Léonard Darfeuilhe succomba, car il paya les frais le
3 janvier 1778.
Le 10 novembre 1760, m« Jean-Bruno Bernard, avocat au parle-
ment de Toulouse, habitant de la ville de Villefranche, en Rouergue,
créancier de feu Jean-Galiot de Turenne, fit saisir réellement au
préjudice de messire Jean-Antoine de Turenne, chevalier, seigneur
d'Aubepeyre, de messire Jean-Glaude de Turenne, chevalier de
Salles, et de demoiselles Marianne et Françoise de Turenne, frères
et sœurs, habitants de Villefranche, enfants et successeurs de
messire Jean-Galiot de Turenne, le fief, terre et seigneurie d'Aube-
peyre et dépendances, pour être vendu par décret et autorité de
justice pardevant le sénéchal de Rouergue ou son lieutenant en la
sénéchaussée de Villefranche. Des procès-verbaux de criée furent
affichés pour la quatrième fois en janvier 1761 aux portes princi-
pales des églises des paroisses de Saint-Yrieix-la-Montagne, Vallière,
Châtain et Royère, dans lesquelles étaient situés lesdits fief, terre
et seigneurie et les biens, domaines et rentes en dépendant. Nous
possédons une copie du procès-verbal de la dernière criée faite à
(1) Archives de la Creuse, E 285.
LB MABQUISAT D*AUBEl>BYRK 99
Rojère : elle contienl le détail des biens fonds et renies féodales
composant alors les terres et seigneuries d^Aubepeyre et de Saint-
Yrieix(l]. La créance due à Jean-Bruno Bernard fut probablement
soldée, car les poursuites ne furent pas continuées. Mais pour
solder les nombreuses dettes laissées par Jean-Galiot il avait fallu
réaliser de nombreuses aliénations, qui diminuèrent sensiblement
le patrimoine de la maison d'Aubepeyre.
Jean-Antoine de Turenne, dernier marquis d'Aubepeyre, mourut
au château d'Aubepeyre le 30 septembre 1764. Son inventaire fut
dressé le 23 novembre suivant. Il signait « de Turenne ».
Trompé parla tradition, nous avons dans notre ouvrage intitulé
« Royèrê {jadis, aujourd'hui) », attribué à Jean-Antoine de Turenne,
dernier marquis d'Aubepeyre, certains traits de violence plus ou
moins originaux contre des tenanciers et des huissiers. Reconnais-
sant aujourd'hui notre erreur, nous estimons que le seigneur, dont
la mauvaise renommée est parvenue jusqu'à nous, n'est pas Jean-
Antoine de Turenne, dernier marquis d'Aubepeyre, mais bien Jean-
Galiot, son père.
Jean-Antoine de Turenne avait épousé Marie-Elisabeth de Volon-
zac, comtesse de Yolonzac, dame de Charbonnière, Montbrun,
Montézie et Varrille, qui vivait encore en 1762, de laquelle il laissa
pour seule et unique héritière une fille, Jeanne-Martiale-GaliotOf
qui suit.
XVI. — Jeanne-Martiale-Galiole de Turenne, dame d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, Salles, Courbatiers, Le Pouget et la Tour de Royère,
avait épousé, par contrat du 7 juin 1761 Barben et Coutisson, no'®*
roy,, messire Raymond Garât de La Villeneuve, écuyer, seigneur
baron de La Villeneuve-au Comte, Nedde, Beauvais, capitaine au
régiment de Cambrésis, fils de Laurent-Raymond Garât de Nedde,
écuyer, seigneur marquis de Nedde, et de Marie-Anne Faulte du
Puidutour, résidant au château de Neddè, en Poitou.
Pendant les premières années de leur union, Raymond Garât de
La Villeneuve et Jeanne-Marliale-Galiote de Turenne habitèrent le
château de Nedde. A partir de 1767, on les trouve souvent au châ-
teau d'Aubepeyre.
Le 15 avril 1765 devant Coutisson et Tramonteil, no'" roy., fut
dressée une attestation ou acte de notoriété constatant que Jeanne-
Martiale-Galiote de .Turenne, épouse de Raymond Garât de La
Villeneuve, était sejile et unique héritière de Jean-Antoine de
Turenne, marquis d'Aubepeyre, son père. Cette attestation fut
(4) Voy. à rappeodice extrait de ce procès-verbal de criée.
100 SOCIÉTÉ ARGHÊOLOGIQUR Et HISTORIQUB DU LlMODSIII
signée par : 1** messire Etienne de Brugière, chevalier, seigneur de
Farsac, Serre» demeurant en son château de Farsac, paroisse de
Bussy-Varache ; 2** messire Melchior de La Grange, chevalier, sei-
gneur baron de Tarnac, demeurant en son château de Tarnac,
paroisse dudit lieu; 3* et messire François-Alexis Garât, chevalier,
seigneur de Beaumont, capitaine au régiment de Cambrésis, demeu-
rant en son château au bourg de Nedde.
Après la mort de Jean-Antoine de Turenne, Raymond Garât de
La Villeneuve est qualifié chevalier, seigneur baron de La Ville-
neuve-au-Comte, Nedde, Saint- Yrieix, Aubepeyre, le Meysounioux,
Pimpérigeas et autres lieux, et encore seigneur haut et bas justicier
des justices de Pimpérigeas, d*Aubepeyre, le Meysounioux, de
Saint-Yrieix et de la baronnie de La Villeneuve-au-Comle et Nedde.
A partir du 31 janvier 1778, Raymond Garât de La Villeneuve est
plus souvent qualifié chevalier, seigneur marquis de Nedde, baron
de La Villeneuve, seigneur d*Aubepeyre, Saint-Yrieix, Pimpérigeas,
Beauvais, Saint-Priest et autres lieux. Il était connu sous le nom de
« Monsieur de La Villeneuve ».
Claude Barben, notaire royal, du village de Pimpérigeas, était
receveur au château d'Aubepeyre et y mourut le 9 juin 1780.
Suivant acte du 21 mars 1784 Coutisson et Jagot, no'"roy., M. de
La Villeneuve vendit à Léonard Fiallon, entrepreneur de bâtiments,
demeurant au Mont, paroisse de Saint-Yrieix, le domaine du Theil-
Haut, paroisse de Saint-Yrieix, en Poitou, moyennant deux mille
sept cents livres. Par autre acte du 12 janvier 1787 Coutisson et
Tiquet, no'~ roy., il fit de François Olivon, de La Valette, Tacqui-
sition d'un petit domaine situé à La Valette.
Jeanne-Martiale-Galiote de Turenne, dame d'Aubepeyre, Saint-
Yrieix, mourut au château de Nedde le 2 mars 1787, à quarante-
six ans. Elle laissait de son union avec Raymond Garât de la
Villeneuve huit enfants :
1° Raymond-Galiot-François Garât delà Villeneuve, dit Monsieur
de Saint-Yrieix, né le 22 mars 1764, mort à Tlle de Grenade;
2*» Henri-Joseph- Raymond -Galiol Garât de la Villeneuve, dit
Monsieur de Royère, né le 6 mars 1769, mort à Liège ;
3° Raymond-François Garât de la Villeneuve, mort à Francfort ;
4** Raymond-Marie Garât de la Villeneuve, dit Tabbé de Négre-
mont, tonsuré le 19 février 1780 ;
5* Raymond-Joseph-François Garât de la Villeneuve, dit Mon-
sieur d'Ardenne, mort à Nedde en 1824;
6* Raymond-Bernardin-Gyrille Garât de la Villeneuve, dit Mon-
sieur de Beauvais, depuis marquis de Nedde, né en 1776, qui
épousa Marie-Calherine-Sophie du Authier, fille de Jean du Au-
LE MARQUISAT D*AUBBPETRK 101
ihicr, comte du Aulhier, colonel du régiment de Penthièvre-dra-
gons, et de Marie-Léonarde de Rieublanc du Bost, dont postérité,
mort le 16 juin 1848;
7° Marguerite-Thérèse Garât de la Villeneuve, dite Mademoiselle
de la Villeneuve, qui épousa en 1784 Pierre Gaultier, seigneur de
Villemoujanne, le Mazaud et Bethe, président trésorier de France
au bureau des finances de Limoges, fils de feu Psalmet Gaultier
du Marache, aussi président trésorier de France au même bureau,
et d'Anne Chassdigne, demeurant à Saint-Gilles, paroisse de Saint-
Pierre-Château ; témoin : Alexis-Jean-François Garât de Beau-
mont, chevalier de Saint-Louis, ancien capitaine au régiment de
Saintonge.
Et 8'' Une autre fille, religieuse au couvent de Blessac.
Raymond-Galiot-François Garât de la Villeneuve, dit Monsieur
de Sainl-Yrieix, fit ses preuves de noblesse devant Chérin père,
généalogiste du roi, le 10 novembre 1784, pour être admis au ser-
vice militaire. Pour la même admission, Henri-Joseph-Raymond-
Galiot Garât de la Villeneuve, dit Monsieur de Royère, fit aussi ses
preuves de noblesse devant Chérin père le 4 février 1785.
A la Révolution, les trois fils aines émigrèrent. Ils moururent à
Télranger. Leur père, qui signait « Lavilleneuve», assista en 1789
à TAssemblée de la noblesse du Limousin. En 1792 il était admi-
nistrateur du Directoire du département de la Haute-Vienne.
M. de la Villeneuve n'émigra pas, pas plus que ses jeunes fils,
mais à cause de rémigration des fils aînés, la Nation fit vendre
comme bien national la terre d'Aubepeyre.
CHAPITRE V
LE CHATEAU D AUBEPEYRE
Le château et maison noble d'Aubepeyre, en la Marche, était en
1555 entouré de fossés remplis d'eau, et à Torient il touchait à un
petit étang qui subsiste encore. Un pont-levis faisait communiquer
avec la basse-cour et les jardins. A la porte d'entrée s'élevaient
deux tours, dont l'une servait de colombier.
Depuis la mort de Jacques de Chizadour, ce château ne fut plus
habité par les seigneurs qui n'y résidèrent que momentanément.
Les fermiers ou régisseurs, qui y faisaient leur résidence, se pré-
occupèrent peu de son entretien. Aussi au commencement du
xvni^ siècle se trouvait-il bien délabré et les réparations étaient
devenues urgentes.
T. LU I
402 SOaÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et HISTORIQUE DU LlllOUSlIf
Les détails qu'on va lire feront connaître en quoi consistait ce
château.
En 1719, Jean-Galiot de Turenne fit reconstruire le grand pa-
villon du château.
Suivant acte du 25 octobre 1737 Delavergne, no" roy. héréd.,
le même Jeau-Galiot fit prix avec Jacques Nuellas, maître maçon
de Madéry, pour la réparation du château. Nuellas s'obligeait
« à construire, à l'entrée du château, un pont pour rentrée d'icelui
de la première cour à Vautre, composé de deux arcades et deux
parapets, de largeur de douze pieds dans œuvre ; à faire le portail
en pierres de taille, de largeur de neuf pieds sur dix pieds de
hauteur, avec un fronton au-dessus pour mettre les armes dud.
seigneur, et à côté dudit pont ou portail faire un bâtiment qui con-
tiendrait un cabinet voûté à plein-pied Je lad. entrée ou de quel-
que chose plus bas ; la porte de sortie duquel serait située auprès
dud. portail; et au-dessus duquel cabinet, un autre cabinet aussi
voûté, la porte duquel serait posée à plein pied de l'antichambre
de la chambre dud. seigneur, avec trois couverts à mansarde, au-
dessus desquels deux cabinets auront toute Tenssavure que led.
bâtiment qui aboutira seulement auprès de la fenêtre de lad.
chambre ; les murs duquel bâtiment auront dans les fondements
quatre pieds et demi d'épaisseur et leur haut d'une largeur suffi-
sante à soutenir lesd. deux voûtes ; à faire dans le haut cabinet
un chauffe pour la cheminée d'une grandeur honnête et conve-
nable à icelui ; comme aussi à remettre le mur, qui est du côté de
la prison où il en aura besoin, afin de pouvoir soutenir le susd.
portail et le tout prendre par les fondements ; à faire ouvrer les
bois nécessaires aud. ouvrage, faire la charpente desd. cabinets
et le couvert ; à repasser et remettre les fraisures dud. château et
fermer les gouttières qui se trouveraient en icelui ; à remettre la
tête de la cheminée de la grande tour, à crépir toute<« les têtes des
autres cheminées dud. château ; à tirer dans la carrière les pierres
nécessaires, les tailler comme il faut; couper les bois et les ouvrer
là où le seigneur lui indiquera ; à faire et poser une porte d'entrée
dans le vide ou chambre, qui se trouvera au-dessus desd. cabinets ;
faire une fenêtre dans celui d'en haut, d'une grandeur suffisante,
et dans le bas une petite fenêtre ; placer et poser une fenêtre dans
l'antichambre qui donnera entrée au second cabinet auprès de la
porte d'icelle ; a mettre le couvert de |la chapelle du château en
mansarde et le couvert de la galière qui est au devant de la pente ;
pour ces effets, refaire et remettre la muraille qui est du côté du
corps de logis en bon état, capable de soutenir le couvert ; faire le
plancher de lad. chapelle, le plancher accomodé pour faire un
LS MàftQOlSAT d'aUBKPKTKK 103
petit dôme pour placer la cloche au-dessus de ladite mansarde ;
faire la charpente du tout, faire scier les bois nécessaires, à Tex-
ception des planches et des soliveaux qui manqueraient au plan-
cher ; à faire un mur contre terrain à une face pour soutenir la
terrasse, que le seigneur lui donne à faire du côté de l'étang et le
long de la face dud. château ; et de plus, s'il convient aud. sei-
gneur, faire le parapet à lad. terrasse sur led. mur ; mettre un
entablement de pierres de taille en dedans d'icelle. »
Le seigneur devait fournir et faire conduire tous les bois, pierres
et autres matériaux nécessaires sur place et dans la cour du ch&-
teau, fournir les clous, la chaux et tout ce qui pourrait être re-
connu nécessaire. Pour le mur de la terrasse, le seigneur s*obli-
geait à lui payer deux livres par toise de six pieds de roi (1), en y
comprenant l'entablement. Pour les autres travaux, le seigneur
s'obligeait à lui payer quatre cent vingt livres. Ces travaux furent
exécutés, du moins en partie, car on trouve une quittance en date
du 14 avril 1738 constatant que le marquis a payé un à-compte de
cent trente-deux livres quinze sols.
Suivant autre acte du 8 juillet 1738 Delavergne, no'« roy., Jean
Gigaudeau, maître charpentier du Meysounioux, s'obligeait envers
Jean-Galiot de Turenne à réparer la toiture du colombier, à re-
couvrir de bout à autre la muraille de la cour du portail d'en bas
de la première cour du château, à repiquer la couverture de la
petite tour à côté du portail d'en haut, à repasser la couverture de
l'écurie du château, à reparer la couverture du moulin des Isles,
la toiture des bâtiments des domaines du Theil et la toiture des
bâtiments d'exploitation d'Âubepeyre. Le seigneur restait chargé
des fournitures et conduites. Ce prix fait fut convenu moyennant
deux cents livres, en présence de Jean Barben, marchand à Pim-
périgeas, et de François Gasne, praticien à Vallière.
Par acte du 28 octobre 1781 Delavergne, no" roy., Jean-Antoine
de Turenne, dernier marquis d'Aubepeyre, fit marché avec Gabriel
Desgabriel et Léonard Valereix, maître maçon et tailleur de pierres
du Cioup-Vallereix, pour la construction d'une maison ayant dans
œuvre soixante pieds de long sur dix-huit pieds de large ; ils
durent en même temps démolir le degré ou escalier du château
et le remplacer par un autre escalier à marches de six pieds de
long, cinq pieds dans œuvre, un pied de large et six pouces
d'épaisseur reposant sur six plafonds en bois; ouvrir trois fenêtres
sur cet escalier; raccorder les portes des chambres et faire une
(f ) Le pied de roi qui contenait douze pouces valait 0'"3248 ; la toise de
six pieds valait donc i">9490.
104 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
cave voûtée sous Tescalier. Pour tous ces travaux et autres acces-
soires, le seigneur leur donna six cents livres et deux setiers de
blé, mesure d'Aubusson (1).
Le 29 avril 1758 le même Jean-Antoine fit marché avec Léonard
Cancalon, « pour faire le degré en pavillon, y placer deux fenêtres
de cinq pieds de haut et trois de large ; percer une porte au pre-
mier étage pour entrer dans Tapantz; relier le degré à la grande
tour du côté de Tétang par un mur de la hauteur de Tapantz, avec
trois fenêtres de ce côté et deux sur la façade de la salle de la
même grandeur que celles qui evislaieut déjà. Après Texécution
de ces travaux, les parties ne purent s'entendre : de là procès. Des
experts furent nommés pour vérifier les travaux exécutés; procès-
verbal de réception du rapport desdits experts fut dressé en 1759
par Etienne-Charles de Nesmond, écuyer, seigneur de la Ghassaigne,
lieutenant-général en la sénéchaussée et siège présidial de Guéret (2).
En 1761, dans la saisie pratiquée au préjudice des héritiers de
Jean-Galiot de Turenne, le château est ainsi désigné : « Un château
à trois étages, couvert à tuiles, renfermé d*une cour, dans laquelle
est une chapelle domestique et une boulangerie, et d*une avant-
cour, dans laquelle il y a plusieurs écuries pour les chevaux, des
granges, étables pour les bestiaux, un colombier attenant au nord
et une guérite à côté du portail de Tavant-garde, hors de laquelle
il y a six écuries et étables, deux granges et un jardin de quatre
boisselées (3), »
Le 19 octobre 1761, M. de la Villeneuve, gendre du dernier
marquis, fit marché pour continuer les réparations du château,
depuis le jambage gauche de la porte jusqu'à Tencoignure à droite
du château, y faire au rez-de-chaussée, entre ladite porte, une
porte vitrée et deux fenêtres, au premier deux fenêtres au-dessus
de chaque porte, au second deux fenêtres au-dessus de celles du
premier.
A la suite de toutes ces démolitions, reconstructions et répara-
tions il ne reste plus du château d'Aubepeyre qu'un grand bâtiment
carré ; les deux tours ont disparu.
(1) L'ancleo boisseau d'Aubusson pesait dix-huit livres et valait douze
liires 924; le seller comprenait huit boisseaux pesani cent quarante-
quatre livres et valant un hectolitre 03. Le nouveau boisseau, pesani
vingt-cinq livres, valait dix-sept litres 951 ; le setier pesant deux cents
livres valait un hectolitre 33. Nous ignorons à laquelle de ces deux me-
sures il est ici fait allusion.
(3) Archives de la Creuse, E H04.
(3) La boisselée d'Aubusson, Fclletin, Vallière, valait sept ares soixante
centiares. Celle de la Borne ne valait que quatre ares 8542.
LE MARQUISAT D*AUBKPCYRB 105
CHAPITRE VI
DOMAINE UtIlE, rentes ET DIMES DE LA SEIGNEURIE D'AOBEPEYRE
§1". — Domaine utile
Eq fait de biens territoriaux, la seigneurie d'Âubcpeyre possé-
dait en 1761 :
1* A Aubepeyre : le château ; un pré, dit le Grand Pré de la
Porte, de contenance à recueillir trente charretées de foin; un
pré, dit le Pré du Seigneur, de contenance à recueillir vingt-cinq
charretées de foin; quatre étangs, dont trois étaient alors rompus
et en pacage; un bois de haute futaie, appelé la Garenne, de la
contenance d'environ cinquante stérées, mesure d'Aubusson(l);
trois métairies, au labourage chacune de quatre bœufs et pouvant
récolter chacune trente charretées de foin. (Il n'y existait aucune
maison de métayer et pas d'autres bâtiments d'exploitation que
ceux qui étaient attenant au château).
^ Au Meysounioux : un pré, appelé de la Bailladie, de conte-
nance à récolter vingt-cinq charretées de foin ; et une métairie, au
labourage de quatre bœufs, où Ton recueillait chaque année vingt-
cinq charretées de foin (en 1646, elle était affermée vingt setiers
seigle, mesure d'Aubusson).
S** Au Theil-Haut : une métairie, au labourage de quatre bœufs,
où Ton recueillait chaque année dix-huit charretées de foin (en
1646, elle devait être moins considérable, car elle n'était affermée
que vingt-cinq livres au métayer).
4"" A Gensanetas, paroisse de Royère : un étang, un moulin et
deux métairies d'inégale grandeur. (En 1636, la grande métairie
était exploitée par Jehan Le Rousseau, la petite par Pierre Pey-
tounaud. La petite métairie avait été donnée à métairie perpé-
tuelle à Pierre Peytounaud par Louis de Gourdon de Genouilhac,
suivant bail du 8 janvier 1636 Despaignat, no". En 1646, la
grande métairie était affermée à Le Rousseau et à Le Rat, son
gendre, moyennant quarante setiers seigle, cinq setiers avoine,
mesure de Peyrat, trente livres argent, six livres de beurre, dix-
huit fromages et une paire de bœufs de vinade de fermage annuel ;
(t) La stérée d'Aubusson conienail seize cents toises carrées et valait
soixaDle ares 7798.
106 sociAtA archéologique et historique du limousin
la petite était affermée à Peytounaud, moyennant trente-six setiers
seigle, trois setiers avoine, mesure de Peyrat, trente livres argenl,
six livres de beurre, dix-huit fromages et une paire de bœufs de
vinade de fermage annuel. En 17S1, la grande métairie était ex-
ploitée par la famille Durât; la petite par Louis Peytounaud).
Dans le procès-verbal de saisie du 18 janvier 1761 la petite mé-
tairie a été omise; il y est dit que la métairie de Gensanelas est
au labourage de quatre bœufs et qu'on y recueille chaque année
trente charretées de foin. En 1766, le seigneur d'Aubepeyre payait
pour ces deux domaines dix-sept livres seize sols d'imposition
principale (1). Â la Révolution, la grande métairie était exploitée
par les familles Durât et Biolette, la petite par Pierre et Martial
Gery et par Jean Gensanetas. Comme trois des propriétaires de la
terre d'Âubepeyre avaient émigré, la Nation confisqua cette terre
et la fit vendre aux enchères comme bien national : le domaine des
Gery et Gensanetas fut vendu dix mille quatre cent cinquante
francs.
S"" Les moulins banaux, appelés des Isles, paroisse de Saint-
Yrieix, en Poitou, situés sur la rivière du Thaurion et composés
d'un moulin à blé, d'un à chanvre, d'un à huile et d'un à draps.
(En 1646, ces moulins étaient affermés six vingt livres (120 livres);
en 1761, ils étaient exploités par Pierre Gasne, du village du Theil-
Haut). Par acte du 30 mai 1764 Barben, no'« roy., ils furent
donnés en arrentement perpétuel audit Pierre Gasne ; ce bail fut
renouvelé, suivant acte du 21 avril 1792 Jagotet Coutisson, no'«%
par Raymond Garât, baron de la Villeneuve, marquis de Nedde(2).
6** Le moulin banal de Rochas, paroisse de Royère, auquel
étaient astreints les habitants du bourg de Royère. (En 1646, ce
moulin était affermé dix-huit setiers seigle, mesure de Peyrat. Les
habitants du bourg de Royère ayant essayé de s'affranchir de la
banalité de ce moulin, Jean-Galiot de Turennè, marquis d'Aube-
peyre, les fit condamner par sentences de la sénéchaussée de
Montmorillon du 7 septembre 1714 et 7 août 1716 à faire moudre
leurs grains au moulin de Rochas tant et si longuement qu'ils
seraient habitants dudit bourg de Royère. En 1721 ce moulin était
en ruines). En 1761 il était exploité par François Chabrouty, en
1789 par Pierre Chenaud, alors qu'il possédait deux tournants,
l'un à blé, l'autre à chanvre. Il fut vendu comme bien national et
adjugé à François Chenaud.
(4) Archives de la Creuse, G 394.
(2) Archives de la Grense, E 284.
LE MARQUISAT D^AOBEPEYRfi |07
§ 2. — Rentes féodales
En 1646, la seigneurie d'Aubepeyre percevait en rentes féodales
annuelles :
1** Sur le village du Mont, en Marche, une rente serve et soli-
daire de trente-sept sols argent, deux setiers seigle, six raz
avoine (1) et une géline ; en 1761, cette rente est indiquée comme
consistant en argent trois livres douze sols, seigle trois quartons,
avoine quatorze quartons.
2*» Sur le village du Meysounioux, aussi en Marche, une rente
serve et solidaire de dix-sept livres seize sols huit deniers argent,
quinze setiers seigle, treize seliers avoine (2), neuf gélines et
cinq paires de bœufs de vinade; en 1761, argent cinquante livres,
seigle dix setiers trois quartons, poules dix.
3"" Sur le village de Bessas, moitié en Marche et moitié en Poi-
tou, une rente solidaire de douze livres sept sols quatre deniers
argent, douze setiers seigle, dix setiers avoine (3), quatorze gélines
el six paires de bœufs de vinade ; en 1761, dix-huit livres dix sols
argent, trois setiers seigle, quarante-deux quartons avoine, outre
une autre rente dont la consistance ne nous est pas connue.
4* Sur le village de Magnat, en Poitou, une rente de huit livres
neuf sols argent, sept setiers seigle, trois quartes froment, quatre
setiers avoine (4) et quatre gélines; en 1761, la consistance de la
rente n'est pas indiquée;
5* Sur le village de la Valette, aussi en Poitou, une rente de
treize livres quinze sols argent, y compris la vinade, treize setiers
deux coupes seigle, quatre quartons froment, cinq seliers deux
coupes avoine et quatre gélines ou poules. En 1748, une sentence
de Montmorillon fixa la quotité de cette rente. En 1761, on men-
tionne quatorze livres argent, quinze setiers deux quartons seigle
ou froment, cent douze quartons combles avoine (5), cinq poules ;
6» Sur le village du Cloup-Vallereix (alors Cloupt- Valéry), aussi
(1) La mesure n'esl pas indiquée. C'était, croyons-nous, à la mesure
d^Aubusson, le Mont dépendant de cette châtellenie. Le boisseau, quarton
ou quarte se nommait rat lorsqu'il servait k mesurer Tavoine.
(S) Mesure non indiquée : probablement celle de la Villeneuve, dont le
setîer pesait cent soixante livres et valait iii litres 88.
(3) Môme observation que pour le Meysounioux.
(4) Mesure non indiquée : probablement celle de Peyrat.
(5) Môme observation que pour Magnat. — La coupe était le quart de la
quarte ou quarton.
108 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UISTORIQCE DU LIMOUSIN
en Poitoa, une rente solidaire de cinq livres onze sols argent, huit
seliers trois coupes seigle, quatre setiers sept raz avoine (1), neuf
gélines et cinq bœufs et charrettes de vinade ; en 1761 , vingt-deux
livres dix sols argent, huit setiers demi-quarton seigle, cinq setiers
trois quartons avoine, neuf poules, arbans chaque maison un ; .
7" Sur le village du Theil-Haut, aussi en Poitou, une rente soli-
daire de vingt livres neufs sols onze deniers argent, trois seliers
seigle, deux setiers avoine (2) et deux gélines ; en 1761, vingt-quatre
livres argent, douze quartons seigle, deux setiers avoine, deux
poules, arbans chaque maison un;
8** Sur le village de Pourcheyroulx, aussi en Poitou, paroisse de
Saint-Marc-à-Loubaud, une rente de dix sols quatre deniers argent,
quatre coupes seigle et quatre coupes avoine (3) ; cette rente fut
aliénée avant 1761;
9** Sur le village de Lavaud du Gier, aussi en Poitou, paroisse de
Vallière, une rente solidaire de cinq livres deux sols neuf deniers
argent, sept setiers six quartes deux coupes seigle et trois setiers
un raz avoine; en 1761, trente sols argent, cinq seliers deux
quartons seigle, trois setiers quatre quartons avoine (4), une poule
et demie ;
10*" Sur les villages de Lamant (alors Âlleman), les Escures, la
Ghassagne (alors la Chachagnie] et Lascoux, paroisse de Banise,
uoe rente de trois livres quinze sols argent, trois esmines seigle,
trois quartes froment, mesure de la Borne (5), deux gélines et deux
arbans; d'après une reconnaissance du 22 janvier 1885, faite à
Léonet de Ghizadour, cette rente était de vingt-cinq sols tournois,
payables à Noël, une esmine froment, un setier avoine, mesure de
la Borne, et deux arbans au temps de mestive ; elle fut aliénée
en 1747 ;
11* Sur le village de la Bussière, en Marche, paroisse de Saint-
Pierre-le-Bost, une rente de vingt sols argent; cette rente fut alié-
née en 1754;
12'' Sur le village de la Hazure, en Franc-alleu, paroisse de
Royère, une rente de quinze sols argent, trois setiers seigle, cinq
raz et sa part d'un autre raz d'avoioe, mesure de Peyrat, une
géline et un cinquième de géline ; reconnaissance de cette renie
avait été faite à Léonet de Ghizadour, par acte du 22 janvier 1855
(4) Môme observation que pour Magnat.
(2) Ibid.
(3) Ibid.
(4) Ibid.
(8j L'émine était de quatre boisseaux, la quarte de deux boisseaux.
LE MARQUISAT d'aUBBPETRE 109
Pei'cliaud et Leslys, no'®' (1) ; en 1761, cette rente consistait en
vingt-huit sols argent, huit setiers un quarton et demi seigle, cinq
setiers avoine, trois poules, mais la rente due par le village de Pru-
gnolas y était comprise ;
IS'* Sur le village de Prugnolas, aussi en Franc-alleu, môme
paroisse, une rente de vingt-quatre sols argent, six setiers une
quarte seigle, sept raz et cinq coupes avoine, mesure de Peyrat (2),
et une géline et demie ; reconnaissance de cette rente avait été faite
à Léonet de Chizadour, par autre acte du 22 janvier 155S Perchaud
et Leslys, no'" (3); en 1761, la rente due par ce village était réunie
à celle due par le village de la Mazure ;
14'' Sur le village d'Ândaleix, en Poitou, même paroisse, pour les
tènements de Champeaux et des Poux, une rente de quarante-cinq
sols argent, neufs setiers seigle, quatre setiers avoine, mesure de
Peyrat, et deux gélines; en 1761, quarante-cinq sols argent, neuf
setiers seigle, cinq setiers avoine et trois poules ;
15** Sur le village de Vergnolas, aussi en Poitou, même paroisse,
pour le tènement du Leyrisson, une rente de vingt sols en deniers,
trois setiers seigle et deux setiers avoine, mesure de Peyrat ; en
1761, trois setiers seigle ;
IG"" Sur le village de Gensanetas, aussi en Poitou, même paroisse,
une rente de quarante-huit sols argent, vingt setiers seigle, deux
setiers avoine, mesure de Peyrat, et des arbans; en 1761, même
consistance ;
17® Sur le village du Villards, aussi en Poitou, môme paroisse,
une rente solidaire de trente sols argent, douze setiers seigle, deux
setiers avoine, mesure de Peyrat, et deux gélines ; en 1761, même
consistance ;
IS"" Sur le village de Gensanas, aussi en Poitou, môme paroisse,
une rente de quatre livres un sol un denier argent, seize setiers
seigle, six setiers avoine, mesure de Peyrat, et une géline; en 1719,
même consistance; en 1761, même consistance, sauf qu'il est dû
trois poules.
19® Sur le village des Bordes, aussi en Poitou, môme paroisse,
une rente solidaire de huit livres argent, trente setiers seigle, dix
setiers avoine, mesure de Peyrat, et quatre gélines ; cette rente
féodale fut confirmée par arrêt du parlement de Paris du 8 juillet
1710 ; même consistance en 1761 ;
(i) Voy. cette reconnaissance à rappendlce.
(2) La coupe de Peyrat était le quart de la quarte.
(3) Archives de la Creuse, Ë 284.
flO SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOBIQUB DU LIMOUSIN
20"* Sur le village da Cloup-Taloux, aussi en Poitou, même
paroisse, une rente de quinze sols argent; cette rente fut aliénée
avant 1761.
21** Sur le village d'Arfeuille, aussi en Poitou, même paroisse,
uue rente de quinze sois argent, trois esmines seigle et trois esmi-
naux avoine, mesure de Peyrat; conGrmée par arrêts dn parlement
de Paris de 1718 et 1726; cette rente fut aliénée avant 1761.
22° Sur la Tour de Royère, une rente de douze sols argent et
deux poules, et spécialement sur la maison de Pierre du Leyris,
une rente de cinq sols et une géline. Cette maison, située derrière
réglise, était en ruines en 1714. Très anciennement, le seigneur
d'Aubepeyre possédait au bourg de Royère un repaire féodal,
connu sous le nom de Tour de Royère ; ce repaire, en 1714, consis-
tait uniquement en une tour en ruines. Par arrêt du parlement de
Paris du S septembre 1718, le moulin de Rochas fut reconnu dépen-
dre du domaine de la Tour de Royère. En 1761, cette rente avait
la même consistance;
23<* Sur le village de la Chassaigne (alors la Chachanie), en
Poitou, paroisse de Saint-Martin-Château, une rente de trente-cinq
sols argent, quatre setiers une quarte seigle, deux setiers avoine,
mesure de Peyrat, et deux gélines ; cette rente fut aliénée avant
1761 ;
24^ Sur le village de Grandrieux, aussi en Poitou, même paroisse,
une rente de vingt et un sols argent, trois setiers trois quartes
seigle, deux setiers avoine, mesure de Peyrat, et deux gélines;
cette rente fut aliénée avant 1761 ;
25'' Sur le village de Boussac, aussi en Poitou, même paroisse,
une rente de quarante-cinq sols argent, onze setiers esmine seigle,
dezx setiers avoine, mesure de Peyrat, et deux gélines ; cette rente
fut aliénée avant 1761 ;
26<» Sur le village de Laschaux-Couraulx, aussi en Poitou, pa-
roisse de Genlioux, une rente de trois livres cinq sols argent, vingt
setiers seigle, dix setiers avoine, mesure de Peyrat; cette rente fut
aliénée en 1727 ;
27** Sur le village de Laschaux-Fauvey, aussi en Poitou, même
paroisse, une rente de douze sols argent, six setiers seigle et six
setiers avoine, mesure de Peyrat (1). En 1687, le sieur Vareille dis-
puta au seigneur d'Aubepeyre la possession de cette rente, qui ne
fut plus payée : de là procès encore pendant en 1734. Cette rente
n'appartenait plus à la seigneurie en 1761.
(1) Papiers de la famille Darfeuille, de Royère.
LB MARQUISAT D^AUBBPBTRE Hl
Eu t718 et 1721, la seigneurie d'Aobepeyre percevait, en outre
des rentes féodales détaillées plus haut, sar le village de Chassa-
gnas, en Poitou, paroisse de Royëre, une rente annuelle directe,
féodale et foncière de huit setiers deux quartes seigle, quatre
setiers avoine, mesure de Peyrat, quarante sols argent et deux
gélines (1); en 1761, même consistance.
Dans l'hommage rendu au roi le 17 février 1619 par Gabriel de
PierrebuflBère, marquis de Lostanges, la Villeneuve au Comte et
Nedde, de la baronnie de la Villeneuve au Comte, il est dit que le
seigneur d^Aubepeyre doit au baron de la Villeneuve au Comte
trente-cinq livres de rente sur une partie du bourg de Royère et la
moitié de la rente sur les lieux et villages de Gensanetas, le Cloup-
Taloux, paroisse de Royère, le Cloup-Vallereix, le Theil-Haut et
Magnat, paroisse de Sainl-Yrieix (2).
§ 3. — Dimes.
Dès avant 1S66, le seigneur d'Âubepeyre percevait une partie
des dimes des villages de la Mazure, Prugnolas, Rubeyne, Rochas,
Vincent, Arpeix, Lascoux, Vergnolas, Le Feix, Villecros, Vaux, Au-
zoux, Langladure, Hautefaye et Roudaressas, paroisse de Royère.
En 1661, le fermier de ces dîmes était Pierre Darfeuilhe, dit Garas-
sou. En 1646, ces dîmes étaient affermées, moyennant les quantités
de seigle suivantes : La Mazure, vingt-neuf setiers ; Prugnolas,
quinze setiers ; Rubeyne, vingt-trois setiers; Rochas, treize setiers;
Vincent, neuf setiers ; Arpeix, douze setiers; Lascoux, sept setiers une
quarte; Vergnolas, neuf setiers; Le Feix, douze setiers; Villecros,
huit setiers; Auzoux, treize setiers esmine; Langladure, huit setiers ;
Hautefaye, quarante setiers; Roudaressas, douze setiers: le tout
mesure de Peyrat. Les dimes de Royère montaient ordinairement à
neuf vingt setiers seigle, mesure de Peyrat, par chaque année. Dans
la saisie de 1761, il n'est parlé que de la moitié de la dîme de La
Mazure (y compris Prugnolas), et du quart de la dîme des villages
de Rubeyne, Rochas, Vincent, Arpeix, Lascoux, Vergnolas, Le Feix,
Villecros, Auzoux, Langladure et Roudersas.
Le 22 avril 1792, Raymond Garât de la Villeneuve fit dresser par
le maire (François-Léonard Coutisson), et les officiers municipaux
de la paroisse de Royère (Martin, procureur; Vareillaud, Faure,
Moreil, Jagot, secrétaire-greffier), un état des dîmes de blé seigle,
(I) Papiers de la famille Faure, de Royère.
(9) BuUetin de la Société archéologique du Limousin, XXXVII, 397.
H s SOCIÉTÉ ARCHÉ0L0G1QUB ET HISTORIQUB DU LIMOUSIN
avoine et agneaux qu'il percevait dans la paroisse de Royère, avant
la suppression de la dime. La plus grande partie de ces dîmes,
connue sous le nom de Grande dime de Royëre, appartenait pour
moitié aux prêtres communalistes de cette paroisse, pour un quart
au commandeur de Charrières, ordre de Malte, et pour l'autre
quart à Raymond Garât, comme seigneur d'Aubepeyre. La Grande
dime de Royëre était affermée en ce qui concernait les grains; le
fermage, pour le quart de la seigneurie d'Aubepeyre, s'élevait à
soixante-sept setiers deux quartes seigle, dix-sept quartes avoine,
le tout mesure de Peyrat. La dime des agneaux n'élait pas affermée,
mais levée en espèces, et pouvait s'élever, pour le même quart, à
dix à douze livres argent, année commune.
En 1601, le seigneur d'Aubepeyre percevait le quart des dîmes
des villages du Theil-Haut et du Thell-Bas, paroisse de Saint-Yrieix.
Il n'est pas question de ces dîmes dans la saisie de 1761.
(A mivre). Zenon Toijmieux.
U
a:
O
H
h]
>
O
O
en
o
^^
en
LA RENAISSANCE
DB
L*ÉMAILLERIE PEINTE
à Limoges
La renaissance, à Limoges, de la peinture sur émail, durant la seconde
moitié du xix* siècle, est un fait trop intéressant pour quMl paraisse superflu
d'en rechercher le point de départ.
C'est à M. Ernest Ruben, orfèvre de profession, associé à M. Aslaix, phar-
macien-chimiste de noire ville, que l'on doit les premiers essais destinés
à faire revivre parmi nous un art oublié. Ces essais datent, nous assure-
t-on ((}, de 4856 et aboutirent à la production de quelques émaux peints et
de grisailles, dont la famille Ruben a conservé plusieurs spécimens. La
date paraîtra respectable si l'on sait que «c'est vers 1840 qu'ont dû être
faits [à Paris] les premiers émaux qui se puissent rattacher à la façon
de Limoges > (9).
En 1860, un sieur Baud voulut donner à cette reprise tout l'élan dont il
la croyait susceptible en établissant, à Limoges, une sorte d'école profes-
sionnelle dans laquelle les procédés de Témaillerie eussent été enseignés.
M. Baud avait trouvé un bailleur de fonds, 11 désirait néanmoins obtenir
aussi du Conseil municipal de Limoges une subvention régulière sous
forme de bourses à chacun des apprentis qu'il admettrait dans son atelier.
Malgré l'avis favorable que la Société archéologique du Limousin donna à
cette demande par Tenlremise de M. Nivet-Fontaubert, le Conseil muni-
cipal ne crut pas pouvoir prendre l'engagement qu'on sollicitait. C'est le
souvenir de cette négociation que rappelle le document dont nous repro-
duisons plus loin la teneur.
(1) Voy. le procès-verbal de la séance de la Soc. arch. et hist. du Limousin,
du 26 nov. 1901 (Bulletin, LI, p. 423 et 424).
(2) Gazette des Beaux-Arts, t. 72, 1893, p. 423; Marias Popelin.,.y par L.
Falize.
LA RSKaISSANCB DE L^tllAlLLSRIB PCUfTE A LIMOGES H5
ODzeondouie ans plus tard (1),M.LouisDalpayrat réussit à fonder à Ur
moges un atelier d'émaillerie peinte. Sur son œuvre, sur celle de ses colla-
borateurs et de ses successeurs, H. Blancher fournira plus loin des rensei-
gnements précis, auxquels nous renvoyons les lecteurs du Bulletin,
Dans la délibération de 1860 que nous avons retrouvée, M. Baud est dit
« ancien artiste de la manufacture de Sèvres p, M. Baumgart, administra-
teur actuel de cet établissement, à qui nous avions demandé de vouloir
bien faire faire quelques recherches sur ce nom, a eu Textrôme obligeance
de nous répondre la lettre que voici :
MINISTÈRE
DE ^INSTRUCTION PUBLIQUE
ET DES BBÂUZ-ARTS
Jî^pu:bi,jqu^ Française
Sèvres, le i6 décembre i90i.
Manufacture Nationale
de porcelaine
Monsieur,
Nous n^avons pas trouvé trace du passage de M. Marc Baud à la manufac-
ture de Sèvres.
Les archives ont été compulsées et nous n*avons rien vu concernant cet
artiste, même dans les livres décomptes, àVépoque que vous indiquez (1860).
D'anciens artistes de la manufacture, aux souvenirs desquels nous avons
fait appel, n*ont pu nous fournir aucun renbeignemenl sur M. Baud, tout en
indiquant comme possible la commande à cet artiste de quelques travaux,
sans qu'il eût fait partie du personnel de rétablissement, ce qui 8*est produit
à diverses époques et se produit même encore ai:gourd*hui.
Regrettant de ne pouvoir vous donner les renseignements que vous désirez,
je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus dis-
tinguée.
L'Administr&tear de la M&nuf&ctare NsLtionaXe de Sèvres,
Signé : Baumoart.
Donc, le souvenir de Baud ne s'est pas conservé à Sèvres. Et pourtant
la Gasette deê Beaux-Arta, parlant de cet artiste en 1859 (I, 185), dit
expressément qu^il appartient à la célèbre manufacture. Môme elle ajoute
(lli, 36) qu'un de ses émaux, copie de la Vénus de Gleyre. se voit dans les
rollrcllons de rétablissement. — S'y trouve-t-il encore? Nous ne saurions
le dire.
Quoi qu'il en soit, nous apprenons d'autre source que Jean-Marc Baud
(1) L'article de la Gazette des Beaux- Arts, cité tout à l'heure, parle de la
présence à Limoges, en 1871, d'Alfred Garnier, le peintre émailleur bien connu
(t. 74, 1894, p. 141).
116 SOCIÉTB ARGHROLOGIQUB ET HISTORIQOB DU LIMOUSIN
élait originaire de Genève (1), où, comme l'on sait, la peinture sur émail
a jeté quelque éclat au xviii* siècle. Ses débuis comme peintre émaillenr
remontent au delà de 1859, puisque en cette année là, deux de ses produc-
tions, les Sirèneê et la Caravane^ figuraient à la vente de M. Let..., où elles
furent payées respectivement 600 et 570 fr. (9). « Ce sont des curiosités du
plus grand goût », dit un anonyme, qui ajoute même, avec une pointe de
malice : « Nous ne saurions trop appeler Taltenlion des amateurs sur ces
objets d*art, modernes et authentiques, tout aussi rares que s*ils étaient
d*un inconnu et restaurés. >
Un critique, rendant compte du Salon de 1859, parle aussi des émaux de
notre artiste : « M. Baud, de Genève, et M™« Estelle Apoil y travaillent [à la
renaissance de la peinture sur émail] avec un zèle heureux. Le premier a
reproduit sur une plaque d'assez grande dimension un tableau peu connu
de Dominiquin, et il Ta entouré d'un beau cadre dans le goût italico-fran-
çais des émailleurs de Limoges, i^e tableau et le cadre sont dignes Tun de
Tautre. Sans doute la pratique de M. Baud est un peu petite, un peu gene-
voise; mais chez lui Texéculion n'en est pas moins d'une remarquable
finesse et les tons ont celte intensité, cette puissance qui n'appartiennent
qu'aux couleurs émaillées. M. Baud n'a pas été moins habile dans la copie
qu'il a faite de la Vénus de M. Gleyre ; il nous semble toutefois que l'action
du feu a jauni quelque peu les carnations rosées de la blonde déesse. Ce
charmant morceau appartient à la manufacture de Sèvres et nous espérons
qu'elle lui fera une bonne place dans son petit musée > (3).
C'est peu après ce succès au Salon de 1869 que Marc Baud fit à la ville
de Limoges l'offre ou, si l'on préfère, la demande que rappelle le procès-
verbal reproduit ci-dessous. Malgré son échec, il n'abandonna sans doute
pas le projel de s'établir chez nous, car il fit un envoi à l'Exposilion de
Périgueux de mai 1864 (4) et à celle de Limoges, qui eut lieu en même
temps (5). M. Frédéric des Granges nous apprend, à cette occasion, que
M. Marc Baud « embrasse l'émaillerie tout entière dans trois genres qui,
jusqu'alors, loin de vivre ensemble, sont nés l'un sur les ruines de l'autre ».
Et il termine son compte rendu par ces paroles d'encouragement : a Souhai-
tons au courageux et savant émaillenr qui, pour ressusciter son art, a dû
passer comme tant d'autres par l'indifférence publique, une prompte
renommée : elle sera la juste récompense de ses vaillants travaux et de
son incontestable talent • (6).
(1) Gazette des Be&ttx-Arts, 1859, III, p. 36. Cf. le Catal. de VExposit. de Péri-
gueux en iS64 (p. 89) et l'ouvrage de M. Frédéric des Granges, cité plus loin.
(2) Gazette des Beaux-Arts, lSb9, ï,p. 185.
(3) Gazette des Beaux-Arts, 1859, III, p. 36.
(4) Une porte de tabernacle (xii' s.), une croix (xii' s.), Agar avec encadre-
ment en grisailles (xvi* s), coupe en email sur paillon. Catal. de VExposition
de Périgueux en i864, p. 89.
(5) Voy. Frédéric des Grangbs, UArt en province; train de plaisir à VExpo-
sition artistique de Limoges, p. 156-158. Baud avait exposé une porte de taber-
nacle, un ostensoir, un portrait, un groupe de sirènes et une caravane, c'est-à-
dire les deux pièces que nous avons rencontrées à la vente de M. Let...
^6] Félix AciiARD, Revue du Salon des beaux-arts de Limoges en 1870, p. 52.
LA liENAlSSANCE DR L*ÉUA1LLER1E PEINTE A LiMOGES 117
La renommée souhaitée ne vint pas. Pendant six années, nous perdons
de vue Marc Baud et ses œuvres. Nous le retrouvons en 1870 au Salon des
Beaux-Arts de Limoges. M. Félix Achardi chargé de le présenter au public,
ne lui consacre qu'une courte notice :
« Les deux panneaux décoratifs de M. Baud, qui sont destinés à Torne-
menialion du meuble, sont, nous dit-il, d'un effet qui n'est pas moins
agréable. On y distingue une libre allure, une élégance, un marivaudage
galamment troussé, qui rappellent Walteau » (i).
Rapprochées du texte qui suit, ces rares indications, les seules que nous
ayons su trouver, laissent deviner que Marc Baud a sincèrement cherché à
Limoges une seconde patrie. Il doit paraître regrettable que le Conseil
municipal de 1860 n'ait point cru pouvoir l'y fixer.
Alfred Lbroux.
CONSEIL MUNICIPAL DE LIMOGES
Séance du iô juin 1860
Rapport de la commission chargée d'examiner la
demande de M. Baud au sujet de la création à
Limoges d'une fabrique d'émaux (^/^" 214 et as. du
registre coté w° 25),
Aujourd'hui, 15 juin 1860, le Conseil municipal de la ville de
Limoges, légalement convoqué par M. le maire, en vertu des divers
arrêtés de M. le préfet de ce déparlement, s'est réuni en l'Hôtel-de-
Ville dans la salle ordinaire de ses délibérations, sous la prési-
dence de M. Louis Ardanl, maire.
Sont présents : MM. Dupuylrem (Jean), Nogaro (Eugène),
Dumas (Jean-Baplisle-Hugues), Barbou des Courrières (Henry-
Eugène-Léonard), Fournier (Etienne), Péliniaud-Champagnac(Fran-
çois-Joseph), Fayelle (André), Sirieix (Thomas), Nassans (Jean-
Joseph), Laporte (Jean-Antoine-Ernesl), Delor (Léon), Pétiniaud-
Dubos (Georges-Prosper), Ruben (Guillaume), de Beaulieu (Jean-
Baptiste - Joseph) , Pouyat (François - Bernard - Emile) , Jouhan-
iieaud (Pierre-Adolphe), Vandermarcq (Amédée-Joseph), Des-
champs (Pierre-Régulus).
(1) Dans un article sur le Cours municipal de chimie appliquée à Tindus-
Irie (Alm&na.ch Limousin, 1866, partie hist., p. 29), M. J -B. Astaix déclare
qu'en 1862 ou 1863, il a visité à Paris les maisons Barbedienne, Baud, etc ,
sans plus s'expliquer d'ailleurs sur le caractère de celle-ci. Dans ce même
article, le regrette professeur consacre deux pages à rémaillerie sur cuivre.
T. LU 8
U8 80C1ÊTB AaCBéOLOGIQUS KT HISTORIQUE OU LIMOCSIfl
M. Petit, conseiller municipal, remplit les fonctions de secrétaire
en remplacement de M. Bardinet.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
L'ordre du jour est le rapport de la commission chargée d'exa-
miner la demande de M. Baud au sujet de la création à Limoges
d'une fabrique d'émaux.
M. Jouhanneaud (1), rapporteur, s'exprime en ces termes :
<( Messieurs,
» M. Marc Baud, ancien artiste de la manufacture de Sèvres,
croit avoir retrouvé l'art de la vieille émaillerie.
» L'appliquer aux besoins de l'industrie nouvelle en le combinant
avec les progrès et les exigences qu'ils ont créés, lui parait une
chose possible, dès à présent, et fertile au point de vue artistique
pour l'avenir, comme au point de vue commercial.
» Voulant créer un établissement industriel où il fabriquera ses
émaux, où il créera des élèves et où il vulgarisera sa science et sa
découverte, M. Baud a été assez naturellement amené à songer à
la vieille cité des Noailler, des Limosin, où vécut cette pléiade
d'artistes émailleurs qui Tillustrèrent par leurs œuvres, estimées
et recherchées par les archéologues de tous les pays.
» Si leurs traditions n'ont pas eu de continuateurs, si leurs pro-
cédés oubliés ou restés sans application, depuis le xva* siècle (3),
passent dans le public profane pour être perdus, leurs travaux
restent nombreux et de plus en plus appréciés par l'élite des con-
naisseurs ; le goût s'[en] est maintenu à Limoges où leurs noms
sont toujours vénérés. Dans notre cité transformée fleurit, plus
que dans aucune autre, la peinture sur porcelaine qui n'est pas
sans analogie et qui peut fournir au cher d'un atelier d'émaillerie
une pépinière féconde de dessinateurs et de coloristes, où il trouvera
d'excellents et habiles sujets, tous prêts à s'initier à sa découverte
et à lui fournir les moyens de la faire fructifier par la plus heureuse
application de leurs talents.
» M. Baud, patroné par M. le préfet de la Haute- Vienne (3), pro-
tecteur éclairé des beaux arts, s'est présenté à la Société archéo-
logique, à laquelle il a soumis divers échantillons d'émaux diverse-
ment appliqués ; et, sur le rapport (4) fait par un de ses membres
(1) Adolphe Jouhanneaud, alors avocat près la Cour impériale.
(2) L«i dernier fourneau de pcintre-émailleur ne s'est éteint à Limoges
qu'en 1804.
(3) Celait alors M. de Coêtlogon,
\a) Yoy. ploa loin.
LA RBNA1SSANCR DE L'tMAiLLBRiE PBINTB A LIMOGES 119
les plus spécialement adonnés à Tétude de ces matières, elle a,
dans sa séance du 27 avril dernier, accordé aux œuvres de M. Baud
une approbation qui, suivant le procès- verbal, s*est traduite par
une admiration difficile à décrire et qui s'est exprimée par des
exclamations involontaires, par des applaudissements unanimes,
à la suite desquels la savante assemblée archéologique a proclamé
d'une voix unanime que la restauration de Témaillerie est une
œuvre possible et qu'elle croyait s'honorer en disant cela bien haut.
» Puis elle a décidé qu'un extrait de ce procès-verbal sera adressé
à M. le maire de Limoges et que, dans la lettre d'envoi du dit procès-
verbal, elle demandera au magistrat de la cité qu'il veuille bien
convoquer d'urgence le Conseil qu'il préside, afin que celui-ci
accorde sa protection morale à l'entreprise de M. Baud et assure
aussi (1) à notre pays, par son haut patronage, la nouvelle source
de richesse et de célébrité qui se présente.
» Le procès-verbal est ainsi conçu : (2). Le vœu de la So-
ciété a été rempli et M. le préfet a fait parvenir au maire de Limo-
ges une copie du procès-verbal, en même temps que M. Baud
écrivait lui-même, sous la date du 30 avril, la lettre suivante :
» Cette lettre est ainsi conçue :
A Monsieur le maire,
A Mesêieure les membres du Conseil municipal
de la viUe de Limoges,
» Messieurs,
» Vous recevrez de votre Société d'archéologie un extrait du procès-
« bal de sa séance du 27 courant. Vous y verrez, Messieurs, qu'elle
» m'appuie auprès de votre Conseil pour obtenir qu'il veuille bien accor-
» der la faveur de son patronage à l'entreprise que je me propose de
» mettre li exécution dans votre ville.
» J'ai l'honneur de vous en faire moi-même la demande par ces lignes
> et dans l'espoir qu'il vous plaira d'agréer celte démarche.
» Agréez, etc.. >
» Il ne semblait pas d'abord, Messieurs, que vous eussiez de sitôt
à vous préoccuper en conseil du projet de M. Baud et tout semblait
se passer, quant à présent, entre lui et M. le maire, dont il voulait
non un engagement mais un avis sur le point de savoir s'il pensait
que la ville de Limoges aurait intérêt à favoriser son entreprise.
(4) Il faut probablement corriger par ainsi. Ce membre de phrase se
retrouve d'ailleurs plus loin, p. 418, note S.
(2) Voy. au tome X, p. 350 et ss. du Bulletin de la Société archéologi--
que du Limousin.
V * ■^
130 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Voici la lettre du 17 avril :
« Monsieur le Maire,
• M. Nivei-Foolaubert vous a déjà parlé de mon projet d'opérer dans
» >olre ville, à de certaines condilions, la restauration de l'émaillerie, et
» a dû vous soumettre un rapport que j*ai rédigé pour demander son
• appui à votre Conseil municipal; mais la réponse que M. Nivet m*a faite
» sous la date du 10 courant est trop vague pour avoir une influence snr
» la détermination que je dois prendre.
» Je voudrais savoir, Monsieur, si vous admettez en principe que la ville
» de Limoges devra trouver intérêt à favoriser mon entreprise, de la
» manière que j'ai exprimée dans ledit rapport.
» Ce n'est point un engagement que je vous demande, c'est Tavis du
B maire qui aura un grand poids dans ma propre décision.
» Plus tard, lorsque je m'élablierai d'une façon certaine à Limoges, ma
» proposition deviendra l'objet de transactions officielles entre votre
>' Conseil et moi et je pense qu'il est de notre intérêt commun de les
» retarder jusqu'à ce que je puisse vous offrir les garanties d'un établis-
» sèment fait.
9 Je vous serai infiniment obligé de vouloir bien, Monsieur le maire,
» me faire répondre le plus tôt possible et dans cet espoir, je vous prie de
» trouver ici Tassurance de mes meilleurs sentiments. »
» Nous n'avons pas la réponse de M. le maire, mais il nous a été
facile d'en retrouver le sens. Assurément la restauration de Témail-
lerie, appliquée aux besoins du luxe moderne, avec tout le fini de
la peinture actuelle et ses productions à bon marché permettant
leur accès et leur appropriation à toutes les classes de la société,
serait une chose désirable, favorablement accueillie à Limoges et
que Tadministration locale serait heureuse de patronner; mais
quant à présent il n'y a de la part de M. Baud qu'une idée. Il faut
le voir à l'œuvre. Que son établissement soit organisé, qu'un com-
mencement de succès indique ce qui est possible pour que, s'ap-
puyant sur des faits matériels, M. le maire demande au Conseil de
la ville son patronage.
» Ilfautencorequ'onsachedequelle nature est ce patronage. Est-ce
un concours moral ou financier? L'avenir déterminera ce qu'il sera
possible de faire; mais dans un vague aussi complet, il n'est pos-
sible de prendre aucune espèce d'engagement.
» Une autre lettre du 22 avril avait formulé quelque chose d'un
peu plus précis. Nous la reproduisons pour vous faire l'inventaire
complet de ce que nous avons trouvé dans le dossier de cette
affaire, où nous avons voulu tacher de tout comprendre. Si nous
n'y sommes pas parvenus, veuillez accuser le défaut de notre intel-
ligence et non celui de nos efforts.
LA RBNAISSANCK DB L^ÉUAILLKIIIE PRINTE A LtUOOF.S tSI
» Voici la lettre du 22 avril, qui est ainsi conçue :
a MONSIBOR LB MaIRB,
» Je vous remercie sincèrement de rinlérôt que vous voulez bien prendre
» à mon émaillerîe et pour entrer dans vos vues autant qu*il dépend de
» moi, j'ai Thonneur de vous informer que je serai à Limoges jeudi matin,
» "16 courant.
» Si, conformément à votre lettre du 20 courant, vous voulez bien avoir
9 la bonté de convoquer, pour le susdit jour ou le lendemain vendredi,
u les hommes spéciaux et la commission municipale que vous jugerez
» aptes à apprécier la chose qui nous occupe, je leur soumettrai quelques
» spécimens et les mêmes qui ont prouvé aux hommes les plus compd-
» tents que tous les genres connus dans Thistoire de rémaillcric sont
» retrouvés et je ne doute pas que ces Messieurs seront du même avis.
» Toutefois, Monsieur le maire, permettez-moi, pour avancer le plus
» possible, de vous donner un aperçu de mes prétentions.
» J'aurai dans mes ateliers un nombre déterminé de places qui seront
» occupées par des enfants que la ville désignera ; mais je ne les accepterai
V que sur l'exécution, sous mes yeux, d*une académie d'après la ronde
• bosse, car je n'entends pas implanter la décadence dans Tesprit du corps
» de mon idée en lui donnant le jour. La subvention annuelle de la ville
» s^élévera à autant de fois mille francs qu'elle désirera avoir de places
> réservées. Elle s'engagera pour une durée de douze années consécutives.
0 Elle s'en rapportera entièrement au mode d'enseignement dont je me
B servirai pour tous mes employés*, en d'autres termes, si elle nomme une
o commission, celle-ci n'aura d'effet que vis-à-vis [de] ses ressortissants;
«) mais je garderai toute liberté de mon côté. Du reste un règlement sera
» fait d'un commun accord et les élèves devront s'y conformer.
> Telles sont, Monsieur, les bases sur lesquelles je crois que nous
9 pouvons nous entendre, parcequ'clles établissent une juste relation
» t'ntre les services donnés et rendus, tout en laissant à la ville la latilu'le
9 d'agir selon âcs moyens.
• Si cependant ces mesures ne vous paraissent pas praticables, soyez
» assez bon, Monsieur, pour m'en informer, et nous renoncerons tout à fait
» à Limoges.
» Je dois vous dire encore que je ne pourrai rester que deux jours dans
» votre ville et que je désire rapporter une réponse positive avec moi, le
> contrat devant être signé ce mois, attendu que mon bailleur de fonds
» pari le 1^' mai pour sa résidence d*été. Cela me parait très possible. En
» étudiant la question financière d'avance, il ne restera que l'examen de
» mes produits.
» Je vous le répèle. Monsieur, moi personnellementje désire ardemment
» que l'affaire se fasse dans votre patrie; j'y trouve mon compte, comme
» elle y trouvera le sien encore mieux; mais je ne liens pas les cordons
» de la bourse.
9 Agréez, Monsieur le maire, etc. »
43% SOCliTÉ ARCBéOLOGIQUB RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Voici, Messieurs les documents soumis à votre commission
appelée, comme vous le savez, à préparer votre vote sur l'oppor-
tunité du concours moral qu'on demande pour l'œuvre de M. Baud.
» Ils se complètent tout naturellement par le rapport fait à la
Société archéologique et qui a reçu son approt)ation.
» Nous ne vous priverons pas de cette lecture que nous avons
réservée jusqu'à présent, parcequ'elle est le seul élément d'appré-
ciation des œuvres et de la pensée de M. Baud.
» Nous n'avons eu aucune communication directe avec cet artiste,
nous n'avons pas vu ses échantillons dont la vue a excité dans une
autre assemblée un sentiment d'admiration difficile à décrire (et si
bien décrit pourtant), qui s'exprime par des exclamations invo-
lontaires, par des applaudissements unanimes, qui étonne d'au-
tant plus qu'on réfléchit davantage et qui promet des consé-
quences de la plus haute importance pour Limoges.
» Nous n'avons rien vu de tout cela et si nous l'avons regretté,
vous ne le regretterez certainement pas.
» M. Baud a été apprécié par des juges d'une compétence incon-
testable, et pour nous, à qui manque complètement sinon le sens,
au moins l'instruction et le feu artistique (je parle pour le rap-
porteur et non pour ses collègues qui ne lui ont pas donné mission
de faire un pareil aveu), nous aurions profondément affligé peut-
être un artiste de talent par nos réfrigérantes observations, après
le lyrisme enthousiaste du rapporteur archéologique.
» Mieux vaut. Messieurs, faire comme nous et voir par ses yeux,
parler avec son langage et le croire sur parole.
» Admettons tout ce que nous fait espérer le rapport.
» Qu'avons-nous à faire. Messieurs, de la proposition qui nous
est soumise ? Ne s'est-on pas trop hâté d'appeler un vote du Conseil
municipal; et M. Baud n'avait-il pas mieux apprécié la conduite à
suivre, dans sa lettre du 17 avril, que ne l'ont fait ses admirateurs
de la société savante ?
» M. Baud a fait une découverte précieuse pour Fart et pour
l'industrie. Une société d'archéologues, à qui il n'est pas défendu
de s'occuper de l'avenir, déclare d'une voix unanime que la restau-
ration de l'émaillerie est œuvre possible.
» Que cet encouragement donne confiance à M. Baud; que la foi
qu'il a su inspirer aux hommes spéciaux, le patronage qu'ils lui
confèrent, le déterminent à poursuivre sa pensée, à la convertir en
fait matériel et à créer son établissement industriel et artistique
dans un milieu où se sont conservés le goût des émaux et Tamour
des arts qu'il veut restaurer et faire progresser. Il est sûr d'y être
accueilli avec faveur. Un public d'élite a déjà battu des mains à ses
LA RBNAISSANCB DS l'ÉMAILLBRIS PEIMTK A LIHOGRS 1)3
premiers essais et nous serions, comme individus et comme repré-
sentants de la ville de Limoges, les plus inintelligents des hommes
si tous nos vœux n'appelaient pas Tœuvre de M. Baud et si nous ne
désirions pas ardemment Touverturede son atelier dans notre cité.
Mais après ces vœux stériles, je le reconnais, pour un artiste chez
qui les ressources Hnancières ne viennent pas toujours faciliter les
productions de Tespril ou du génie, que pouvons-nous faire? Quel
engagement pouvons-nous prendre ?
)) M. Baud, appuyé, dit-on, par une haute notabilité financière,
réussira. L'amitié, les lumières et le concours pécuniaire de la
personne dont le nom est prononcé au rapport, sont une garantie
qui protégera puissamment ses efforts et assurera à sa découverte
tout le succès qu*elle doit espérer. Si avec un tel appui il venait à
périr, il faut dire que la Société archéologique aurait été dupe d'une
illusion, comme l'artiste lui-même. Nos vœux et notre patronage
ne conjureraient pas une ruine dont la cause serait intrinsèque et
viscérale (sic).
» S'il en était ainsi, Messieurs, votre commission a dû réfléchir
aux conséquences du patronage qu'on veut vous faire accepter. Ce
ne serait pas seulement un sacrifice stérile de quelques deniers de
la commune que vous auriez imprudemment consommé, mais,
chose plus grave, sur la foi d*une possibilité, d'une espérance
même, si vous voulez, des tiers, des propriétaires, des constructeurs,
des ouvriers ou des artistes viendraient vous demander compte des
avances dans lesquelles ils se seraient imprudemment engagés et
faire peser sur vous la responsabilité, morale au moins, d'un
patronage accordé à une entreprise sans la connaître, sans avoir pu
la juger. Ils vous diraient, avec quelque raison, que votre nom a
servi de réclame et de garantie et vous auriez à regretter, vous les
tuteurs nés des intérêts de là cité, d'avoir motivé leur imprudence
par la votre.
» Et puis, lancés dans cette voie, où vous arrêterez-vous ? Quelle
est la pensée qui ne viendra pas vous demander votre concours
moral, auquel elle se dira des droits pour être secourue et fécondée?
» Avec les tendances de l'époque. Messieurs, cette voie, vous
l'avez déjà conclu avec nous, a trop d'écueils et de dangers.
'> L'autorité d'un nom illustre ou d'un haut personnage a sa
séduction plus que jamais, dans un siècle qui a cependant la pré-
tention de ne pas se payer par des mots; et vous savez que plus
d'une œuvre folle ou mauvaise a dû son succès éphémère et suivi
de ruines désastreuses, à ces concours apocryphes ou trop légère-
ment accordés^ Le gouvernement a dû s'en préoccuper et faire
cesser ces abus.
iâ4 SOGlérÉ ARCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Laissez donc chaque pensée éclore et se féconder librement;
encouragez de votre bienveillance individuelle ces essais d'exécu-
tion, et lorsqu'elle se traduit en œuvres utiles, lorsque des résul-
tats matériels viennent prouver qu'on n'est plus dans les chimères
ou dans les utopies, alors vient Theure de patronner, de subven-
tionner, s'il le faut, l'invention, l'établissement utile à la cité, de
payer le relief et les profils qu'elle peut en retirer par une con-
venable rémunération au maître qui choisira ses élèves parmi nos
jeunes artistes.
» Votre choix parmi les plus distingués, pour les confier à ses
soins, sera une récompense pour les efforts des premiers, une
indemnité pour le maître. La ville, par ce mode ou par tout autre,
acquittera sa dette.
» Quant à présent. Messieurs, M. Baud, qui paraît trop intel-
ligent et qui est trop heureusement recommandé auprès de nous
pour avoir à s'appliquer aucune des réflexions générales que j'ai
dû vous soumettre, M. Baud comprendra que l'Administration ni le
Conseil ne peuvent prendre envers lui aucun engagement.
» Votre commission conclut donc à ce que le Conseil fasse
exprimer à M. Baud tout son désir de voir se fonder à Limoges
l'étaWissement d'émaillerie qu'il se propose d'ouvrir; ses vœux
ardents pour qu'il obtienne le succès dont l'approbation de la
Société archéologique est pour lui l'heureux présage.
» Mais jusqu'à sa réalisation, il ne peut donner ou promettre
aucune espèce de patronage ou de concours. »
Le Conseil charge M. le maire d'exprimer à M. Baud tout son
désir de voir se fonder à Limoges l'établissement d'émaillerie qu'il
se propose d'ouvrir, ses vœux ardents pour qu'il obtienne le succès
dont l'approbation delà Société archéologique est pour lui l'heureux
présage; mais, jusqu'à sa réalisation, le Conseil ne peut donner ou
promettre aucune espèce de patronage ou de concours.
L'ATELIER D'ÉMAILLERIE
de Louis Dalpayrat
A la séance du 27 décembre 1901, j'ai demandé à présenler
quelques observations au sujel du procès-verbal de la séance du
26 novembre précédent. Mon intention était de demander la recti-
fication du paragraphe suivant : « Vers 1878, M. Bourdery trace
» enfin la véritable voie à suivre pour l'exécution des émaux
» peints, etc. », allégation à mon avis inexacle.
Vous avez bien voulu m 'inviter à présenter à noire Société une
note écrite; en vous la remettant, j'accomplis un double devoir :
membre de la Société archéologique et historique du Limousin, je
rétablis des faits et des dates qui seront demain du domaine de
rhistoire; élève de Louis Dalpayrat, je rend^ à la mémoire du
maître qui m'a mis le pinceau à la main, un hommage reconnais-
sant.
Louis Dalpayrat a été un véritable artiste. Chercheur infatigable,
doué de remarquables facultés d'assimilation, il a touché à tous les
genres de peinture. D'une grande habileté technique, il était
devenu bien vite un des premiers peintres sur porcelaine de son
temps. Remarqué comme le meilleur élève de TEcole de dessin de
la Société d'agriculture, des sciences et des arts, il fui appelé à sup-
pléer M. Masjambost alors professeur à cette école, fort âgé et
souvent malade. A la mort de M. Majambost, il resta seul, à peine
âgé d'une vingtaine d'années, pour professer le dessin à près de
cent cinquante élèves. J'étais un de ces élèves.
A quelle époque songea-t-il à l'émaillerie ? 11 est dilTicile de le
préciser. Eut-il connaissance de la demande faite par M. Baud à la
municipalité? Reprit-il l'idée pour son propre compte? Au cours
des nombreux voyages qu'il fil à Paris en 1869, se mit-il en rapport
126 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOâlQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
avec les émailleurs de la capitale et de Sèvres, et l'idée jaillit-elle
de ce contact? Il est permis de le supposer, car à celte époque bril-
laient, à Paris, les Robillard, Meyer et avant tous, Ciaudius Popelin,
savant artiste qui n*a pas été égalé.
Quoi qu'il en soit, en 1872, Louis Dalpayrat fabriquait des émaux ;
c'est dans le courant de cette môme année qu'il m'appela à colla-
borer à ses travaux. Son atelier était situé place de la Préfecture;
nous y faisions des peintures à l'huile, pastels^ gouaches, aqua-
relles, miniatures sur ivoire, émaux, faïences et porcelaines; dans
rarrière-roagasin étaient construits les fours et les moufles pour la
cuisson des peintures céramiques.
En 1873 (le 29 juillet) (1), M. Dalpayrat présentait à la Société
archéologique divers émaux de sa composition. La Société, désirant
encourager cette industrie toute limousine, chargea son président
d'acheter à M. Dalpayrat l'un de ses émaux.
En 1875, Louis Dalpayrat s'associa avec M. Ferdinand Lot qui
apporta des capitaux importants qui permirent à la nouvelle Société
de prendre un sérieux essor et de se consacrer exclusivement à la
fabrication des émaux. Le siège de la société était situé rue des
Pénitents-Rouges, n* 3, au lieu dit de Sainl-Cessateur. Elle s'assura
le concours de peintres distingués, MM. Saquel, Moreau, Laprairie,
Bureau, Boutet, Larthe, Willamson, Roly élève; comme batteurs
de métaux : MM. Mousnier et Pradeaux.
En 1876, le procès-verbal de la séance de la Société archéolo-
gique du 28 mars (2) contient le passage suivant : <( M. Dalpayrat
présente à la Société de magnifiques émaux de sa composition qui
reproduisent à s'y méprendre, tant par la perfection du dessin que
par la richesse du coloris les œuvres de nos plus célèbres émail-
leurs limousins. A force de patience et de travail, M. Dalpayrat a
retrouvé le secret d'un art qui fut, dans le passé, une des gloires
de Limoges, et que pendant longtemps on avait pu croire à jamais
perdu. M. le président félicite M. Dalpayrat et lui exprime la satis-
faction et l'admiration de la Société. »
De 1875 à 1878, la production fut considérable en pièces d'émail-
lerie de toute forme et de toute sorte. En effet, indépendamment et
à côté des interprétations classiques et traditionnelles de l'Ecole
limousine, Dalpayrat donnait libre carrière à ses artistes pour tous
travaux de fantaisie et d'imagination. Incalculable est le nombre de
pièces qui sortirent de notre atelier, depuis les objets de toute
petite dimension tels que des boîtes à pastilles jusqu'à des vases de
un mètre de hauteur dont fleurs, paysages, fonds jaspés et mor-
(t) BulL de la Soc. arch. du Limouain^ XXII, 983.
(2) Ibid., XXV, 410.
l'ATCLIBR D*iMAlLLBRlB DB LOUIS nALPATRAT 127
dorés de toutes nuances formaient la décoration habituelle. Ces
pièces étaient acquises par des riches amateurs, des musées et
aussi par des industriels. Je citerai notamment l'émail de très
grande dimension qui fut commandé pour l'Exposition de 1878 par
M. Mazaroz-Ribalier, le célèbre fabricant de meubles de Paris ; cet
émail qui était destiné à la décoration d'une bibliothèque fut payé
6.000 fr. II n*est pas de genres de peinture en émail que n'ait pra-
tiqués dès cette époque l*atelier Dalpayrat et Lot, et j'avoue que
mon étonnement a été grand de voir à TExposilion de 1900 quali-
fier de nouveautés certaines décorations que nous faisions couram-
ment vingt-cinq ans auparavant.
Enfin, en 1878, à TExposition universelle de Paris, Tobtention
d'une médaille d'argent vint consacrer la réputation de la maison
Lot et Dalpayrat. Je dois ajouter que ce fut la plus hante récom-
pense décernée dans la section des émaux.
En 1879, la société Lot et Dalpayrat fut dissoute d'un commun
accord, et L. Dalpayrat, jusqu'à l'époque où il partit pour l'Angle-
terre (commencement 1880), resta attaché comme simple ouvrier à
cet atelier qu'il avait fondé. Entre temps, M. Lot resté seul titulaire
de la maison, m'avait confié les fondions de chef d'atelier, circons-
tance qui fit de mon ancien maître et patron mon subordonné pen-
dant quelque mois.
A la fin de l'année 1880, M. Lot abandonna à son tour la fabrica-
tion des émaux et me céda son atelier et son matériel. Je restai
pendant huit années encore rue des Pénitents-Rouges et, en 1888,
je transportai mon atelier rue PétiniaudBeaupeyrat.
Devant le succès obtenu par Louis Dalpayrat, nombreux furent
les artistes ou amateurs qui tentèrent de le suivre dans cette réno-
vation artistique : M. Charles, professeur de dessin au lycée;
MM. Alexandre et Adrien Dalpayrat qui cédèrent plus tard leur
matériel à M. Bourdery; M. David, M"'Boirleau, aujourd'hui en
religion, M. Sazerat eu collaboration avec MM. de Laëre et Bour-
dery, et ensuite un de nos ouvriers M. Boulet. M. Bourdery parvint
seul à un résultat sérieusement apréciable. Nous avons tous pré-
sentes à la mémoire les œuvres remarquables qui sont sorties de
son atelier et qui le classent parmi les amateurs les plus distingués
dans le genre très personnel qu'il s'est créé. Plus que personne,
je rends hommage à son incontestable talent. Mais en 1878, il pro-
duisait ses premières œuvres, alors que depuis plusieurs années
l'atelier de Louis Dalpayrat était en pleine activité et n'avait plus
besoin de guide pour lui tracer une voie déjà largement ouverte.
Je me crois donc autorisé à dire que c'est à Louis Dalpayrat que
revient l'honneur de la renaissance de l'émaillerie limousine.
E. Blancher.
ÉTUDE
SUR LES
CLOCHES DU DIOCÈSE DE LIMOGES
(suite)
XIX« siècle
Les inscriptions de cloche du xix* siècle offrent moins d'intérêt
que celles des siècles précédents. Elles n*ont aucun caractère parti-
culier, mais nous permettent de comparer les variations du style
campanaire depuis l'époque la plus reculée jusqu'à nos jours. Dans
quelques-unes d'entre elles, le saint patron de la paroisse n'est
même pas nommé; toute autre invocation y fait défaut, ainsi que
toute parole de l'Ecriture sainte. On dirait que leurs rédacteurs se
sont proposés pour but unique de donner le nom des parrains et
des marraines ou de quelques autres personnages de la paroisse. Il
y en a cependant un bon nombre où la prière et les sentiments reli-
gieux sont traduits d'une manière heureuse. Beaucoup d'entre elles
par les noms et les indications qu'elles renferment deviendront des
documents qui ne sont pas à négliger.
1802. — BEYNAT (Corrèze). — « Quelque mauvais citoyen me fil
» briser l'an 4 et j'ai été refondue par les bons citoyens del'anX,
» sous les auspices d'un gouvernement pour qui réédifier est plus
» doux que détruire 1802. Chabrignac, maire. Ramade,
» adjoint. »
Deux cloches furent fondues à Beynat en 1802. I.e lieu où
elles sont suspendues ne permet pas de lire entièrement leur
inscription. Sur une on lit les lignes ci-dessus. (L'abbé Poul-
brière, Dict. des paroisses).
ÉTUDE sua LKS CLOCHRS DU DIOCÈSE DR LIMOGES 139
1802. — BEYNAT (Coprèze).
« Beynat comme Lyon longtemps persécuté,
» Fut par son bienfaiteur en Tan dix visité.
» Bonaparte au premier rendit son opulence ;
» Verneilh, préfet, rendit au second l'espérance.
» Le dix-neuf germinal fut pour nous Theureux jour
» Où nous pûmes ici lui peindre notre amour.
» Si d'un marché Beynat obtient la jouissance,
» A lui nous en devons toute reconnaissance. »
M. de Verneilh, préfet de la Corrèze, visita Beynat le 9 avril
1802. Il avait fait rétablir dans ce lieu les anciens marchés, le
conseil municipal lui en témoigna toute sa gratitude en mettant
sur la cloche qu'on fondit alors Tinscription ci-dessus.
1803. — LA CHAPELLE-AUX-SAINTS (Corrèze). — Bien que
tous les saints figurent au vocable que cette paroisse a reçu,
saint Namphase, solitaire au diocèse de Cahors vers le ix* siècle,
est le seul qu'on y honore, sinon comme titulaire, du moins
comme patron. Il a seul les honneurs de la cloche, où son nom
{Sancte Namphasi, ora pro nobis}^ vient immédiatement après
ceux du maire, de l'adjoint et des conseillers municipaux ; pas de
nom de curé. A cet oubli des règles, on reconnaîtra sans peine
notre époque. De fait, la cloche fondue par les Martin, père et
fils, est de messidor an XI, ou juillet 1803. (L'abbé Poulbrière,
Dict. des paroisses),
1803. — BERSAC (Haute-Vienne). — « * M'« Joseph Tardy,
r desservant la paroisse de Bersac. Nom du parrain : Léonard
» Champcommunal. Nom de la marraine : Léonarde Boscier.
» M. Louis-Charles Mignot, maire de la commune. 1803. Jacques
» Martin et François Martin, fondeurs. »
1804. — LIMOGES. Cathédrale. — « Le... du mois de thermi-
dor dernier, M. l'évéque a baptisé une cloche destinée pour sa
cathédrale. Le parrain fut M. Brigueil, premier adjoint du maire
et fabricien de Saint-Etienne ; l'épouse du préfet était la marraine.
Celte cloche doit s'appeler Richard, nom de famille de M"'*
Toxier-Olivier, car au baptême d'une cloche, on lui donne un
nom, comme on donne un prénom à l'enfant qui reçoit ce pre-
mier sacrement. » [Feuille hebdomadaire de Limoges — 19 fruc-
tidor an XII. —6 septembre 1804).
1804. — SAINT-PRIEST-TAURION (Haute-Vienne). — « * Sancle
» Prejecte, ora pro nobis, ut a fulgure et tempcstalc liberct nos
130 SOCléré ARCHéOLOOlQUR RT BISTORIQUB DU LIMOUSIll
» DeQs. Parrain : SilvaiQ Gravelat de Monlebeau, de la Souter-
» raine. Marraine : Marie-Angélique de Fromental, de Saint-
» Priest, 1804. An XII. Bernard et François Martin les fon-
» deurs. »
1 805. — CHATEACPONSAC (Hante-Vienne). — « * J'ai été bénie
)> par M. Jacques Villejoubert, curé. J*ai eu pour parrain M. J.-B.
» Daubin, et pour marraine dame Marie-Florence- Victoire Du-
» brac. — M. Jean de Fenieu, avocat, M. André-Louis de Fenieu
» de Vaubourdolle, Alexis Mathieu Ventenat, maire ; F. Tardy
» et F. Chénieux, marguillers. 1805. — Jacques Martin, fon-
» deur. »
1805. — NOUIC (Haute- Vienne). — Une cloche du poids de 490
kilos fut fondue à Nouic en 1805. Elle a été refondue en 1883.
Voir à cette date.
1806. — TULLE. Cathédrale. — Une cloche, appelée Notre-Dame,
fut fondue à Tulle, sous M. le curé Brival, en 1806.
1807. — DUN-LE-PALLETEAU (Creuse). — « * Sit nomen Domini
» benedictum. — Bénite par M. Joseph Bazénérie, curé de Dun.
» Parrain : M. Charles-Thomas Desbarreau. Marraine : M"* Mar-
» guerite-Cécile Goguyer, fille de M. Gabriel-Martin Goguyer,
» maire. L'an 1807. Fabriciens : W Etienne Goguyer, Deschaa-
» mes, Jean Doreau et François Simon. Bernard Martin, fon-
deur. »
Cette cloche, ayant 0",66 de diamètre, doit peser environ
165 kilos.
1807. — BOURGANEUF (Creuse). — « * IHS. Sit nomen Domini
0 benedictum. 1807. — Dubois Robert, au Puy. »
1807. — NANTIAT (Haute-Vienne). — « Dubois Robert, au Puy. »
Une petite cloche de Nantiat porte ce nom de fondeur, sans
date. Mais elle est absolument semblable à la précédente qui est
de 1807. On y voit aussi la marque du fondeur, qui est un écus-
son, sur lequel est une cloche, entourée des mêmes mots :
« Dubois Robert, au Puy. »
Une sonnette, au presbytère de Saint-Sulpice-Guéretois, est
signée « Dubois, neveu, au Puy ».
1810. — SAINT-LÉONARD (Haute- Vienne). — « * Ad majorera
» Dei gloriam. 1810. »
Cette petite cloche de Saint-Léonard servait à la sonnerie de
l'horloge.
ifcTODR SDR LES CLOCHES DO DIOCÈSE DE LIMOGES 131
1810. — SAINTPRIEST-LIGOÙRE. FREISSINET (Haute- Vienne).
— a Le 20 octobre 1810, il fut procédé par la Tabrique de Saint-
Priest-Ligoure, à la vente et aux enchères d'une grosse cloche
et d'un cimetière servant l'un et Tautre, avant la Révolution, à
Tancienne paroisse de Freissinet, réunie à Saint-Prie^t-Ligoure. »
[Annales de la Haute-Vienne^ 2 octobre 1810.) J'ignore quel a été
le sort de cette cloche.
1811. — ROCHECHOUART (Haute- Vienne). — On possède le
procès-verbal de la fonte de la grosse cloche de Rochechouart
du 3 mai 1811. Cette pièce est surtout intéressante parce que le
maire, M. Chazaud, y donne la description complète de la vieille
cloche descendue du clocher et destinée à être refondue. Celle-ci
datée de 1618.
1812. — GENTIOUX (Creuse). — « * 1812. Bénie par M. Jean-
» Baptiste Benassy, curé de Faux. — Parrain : M. Louis-Joseph
» Benassy, notaire. Marraine : D"* Charlotte de la Vareille. Les
» Dubois fondeurs. »
1813- — SAINT-PRIEST-TAURION (Haute- Vienne). — « * Deus
» nobiscum. J'ai été fondue en 1813 et bénie par M. Roche, curé
» de Saint-Priest. J'ai eu pour parrain M. de Bord et pour mar-
» raine dame Lucie de Duvillars de Salvanez. — Cornevin et
» Mulel, fondeurs. »
1813. — AIXE (Haute- Vienne). — « * Ad majorem Dei gloriam.
D J*ai été fondue le 3 juillet 1813 pour l'église de Sainte-Croix
» d'Aixe. Ont été parrain M. Jean-Joseph-François Bony de La
» Vergue, maire de cette ville, et marraine dame Marie-Rade-
» gonde Londeyx, épouse de M. Durand de la Saigne: Sindincs-
}> fabriciens MM. Durand de la Saigne, Massaloux, Chastenet de
» La Besse, Rougerie, Jayac et Bramaud, curé. —Bernard et
)) Alexis Martin les frères, fondeurs. »
Cette cloche qui pèse 840 kilos donne la note mi.
1813. — COMPREIGNAC (Haute-Vienne). — « * Jean-Baptiste
» Barriat, maire, parrain. Elisabeth Dupeyrat des Flottes, mar-
» raine. Geoffroy des Flottes, adjoint. Mathieu Bord, juge de
» paix, président de la fabrique. Pierre Martin-Compreignac,
» curé. L'an 1813. Bernard et Alexis Martin, les frères, fon-
» deurs. »
1813. — GUÉRET (Creuse). — « * Sous Iç ponliflcat de Sa Sain-
» télé le Pape Pie VII et le règne glorieux de Napoléon-le-Grand,
» empereur des Français, cette cloche a été bénite par M. l'abbé
» ^arry-de-Lille, curé de cette ville et paroisse de Guëret, et
132 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT TMSTCRIQL'E DU LIMOUSIN
» nommée Emmanuel par M. Emmanuel-François Camus du
» Marlroy, baron de l'Empire, chevalier de la Légion d'honneur,
» auditeur au Conseil d'Etat, préfet du département de la Creuse,
» et dame Marie-Zéphyrine Nompère de Champagny Cadore, son
» épouse. Evêque du diocèse Mgr du Bourg. — M. de Lille, curé
» de Guéret; Couturier de Fournoue, maire, baron de l'Empire,
» chevalier de Tordre de la Réunion ; MM. Fayolle, Druiilelle,
» Duceilloux, Faucher, Coudert de Lavillatte, Vosuiey, directeur
» des douanes, marguilliers en exercice. An 1813. »
1813. — CHAPELLE-DE-FA VAHS, commune de Nespouls (Cor-
rèze). — i< ^ J'ai été bénite par M. Antoine Valin, curé de
» Nespouls. Le parrain a été Louis Lacoste de Monceaux; la
» marraine demoiselle Antoinette Gouyon, épouse de Mathieu
» Téorisse, dit Tourisson. »
1813. — SEILHAC (Corrèze). — € ^ 1813. Appartient à la com-
« mune de Seilhac. Bénite par Pierre Jouannet, curé de la com-
)) mune. — Les Dubois fondeurs. »
Cette cloche, qui pèse environ 150 livres, porte le nom de
Saint-Roch, patron de la paroisse.
1814. — LIMOGES. Saint- Michel-des-Lions, — « >î< J'ai été fondue
» par Duboys, en 1814, sous le règne de Louis XVIII le Désiré, et
» baptisée par Mgr Jean-Marie-Philippe du Bourg, évoque de
» Limoges, assisté de M. J.-B. Monlégul, curé de la paroisse de
» Saint-Michel-des-Lions. — Le parrain a été M. J.-B.-Hippolyte
» Etienne Monluc, baron de La Rivière, premier président de la
» Cour royale de Limoges, chevalier de la Légion d'honneur; et
» la marraine dameMarie-Madeleine-Geneviève Gaudrée-Boileau,
» épouse de M" Charpentier de Belcourt, directeur dos conlribu-
» lions du département de la Haute-Vienne. — Membres de la
» fabrique en exercice: MM. Etienne de La Rivière, président;
)) Pierre-Martin Gravier ; Charles Dccous ; Pierre-Eustache Char-
» pentier de Belcourt; d'Humières, recteur de l'Académie;
» François-Xavier Boutault de Russy; Georges Noualhier, négo-
» ciant; Vivien; Joseph Peyroche du Reynoux. Sous laprc-
» fecture de M. René, comte de Brosses. — Prêtres attachés à la
)) paroisse: MM. J.-B. Montégut, curé; Aucamus, vicaire; Du-
» four, vicaire; Faugeron-Desvergnes, vicaire; Ganny, vicaire;
» Péconnet, vicaire; Bardinet, prêtre habitué, ancien curé de
» Janailhac. — Les Dubois père et fils et Charton, fondeurs,
» Montée par les Chabrol fils et petit-fils, tous deux entrepre-
» neurs. »
Celle cloche qui existe toujours est appelée le Bourdon.
éTODB soft LKS CLOCHES DU DtOGÊSB OB LIMOGES 133
1817. - SAINT-QUENTIN (Charente). - « * L'an 1817. M. Pierre-
» Hippolyle Martin de Labaslide, parrain. Dame Marie-Anne
» Peyroche de Labastide marraine. M. François Lavergne de
» Saint-Quentin, maire. »
1819. — PENSOL (Haute-Vienne). — « * L'an 1819. M. Jean-
» Thomas Valentin, curé de Saint-Mathieu, m'a bénite. M. Léo-
» nard Millet Delage a été mon parrain et M' Catherine-Justine
» Fleurât ma marraine. Le chevalier Malnuit, fondeur. »
Cette cloche a O'^JK de diamètre et pèse environ 240 kilos.
1819. — PENSOL (Haute- Vienne). — « * L'an 1819. M. Jean-
» Thomas Valentin, curé de Saint-Mathieu, m'a bénite. M. Henri-
» Benoit Joubert a été mon parrain et M"« Petronille Villevaleix
» ma marraine. Le chevalier Malnuit, fondeur. »
Cette seconde cloche a O^^ySS de diamètre et pèse environ
95 kilos.
1819. — DARNAC (Haute-Vienne). — « * Bénite en 1819 par
» M. F. J. B. Sandemoy, curé de Darnac. Parrain M. Léon Ri-
» chard-de-Latour. Marraine Mademoiselle Honorine de Blanc.
» Maire M. Richard-de-Latour^ Fargeau, fondeur. » ^
1819. — MAGNAC-LAVAL (Haute-Vienne). — « *En août 1819,
» j'ai été bénite par M. P. Puifferat, curé de Magnac-Laval. Par-
» rain : Anne-Pierre-Adrien de Montmorency-Laval, prince et
» duc de Laval, pair de France, grand d'Espagne de première
» classe. Marraine : Bonne-Renée-Charlotle-Adélaïde de Mont-
» morency-Luxembourg, duchesse de Laval, son épouse. Maire :
» M. A. Javerda-Fombelle. Adjoints : Jh. J. Decressac-Villogrand
» et V. T. Dubrac-Lachassagne. Juge de paix : H. Mitraud. Mar-
» guilliers : MM. J. B. Dubrac de Feux; P. T. J. G. de Veriaud;
» J. Blanchard; F. A. Frichon. — Sancle Maximine, ora pro
» nobis. — MM. Mutel et Forgeot, fondeurs. »
1820. — BESSINES (Haute-Vienne).— « * Sitnomen Domini
» benedictum. — Dubois Robert, au Puy, 1820. »
Cette cloche pèse 250 kilos.
1820. — BALLEDENT (Haute-Vienne). — « * Bénite en août
» 1820. Fut parrain Fut marraine »
Cette cloche à 53 centimètres de diamètre et pèse 85 kilos. Le
nom du parrain et celui de la marraine n'y sont pas ; ils de-
vaient y être gravés au burin après la fonte de la cloche. Celle
de Fromental de 1830 se trouve dans le même cas.
T. LU 9
\
434 SOCIÉTÉ ARCHéOLÛGIQUK ET HiSTOtllQCE DU LlllOUSiIf
1821. — PEYR\T-LE-GHATEAU (Haute- Vienne). — « * Cloche
» de la confrérie des pénitenls bleus de la ville de Peyrat, faite
» Tan de grâce 1821. Parrain : M. Léonard Tramonteil, notaire
» royal et maire de Peyrat. Marraine : dame Hélène Laborne,
» veuve Tristan de l'Hermilte. Prieur des pénitents : Pierre-
» Gabriel Peyroux. Sous-prieur : J.-B. Darfeuille. Trésorier :
» Pierre Lachaud. Maître des cérémonies : Léonard-Jean La-
» pouille. — F" et B'« Martin, fondeurs. »
Cette cloche qui a 60 centimètres de diamètre, pèse 125 kilos.
1822. — COMPREIGNAC (Haute-Vienne). — « * Bénite en 1822.
» Parrain : François Léger, curé de Compreignac. Marraine :
» Marie-Angèle Constant, née Laforet. M. Jean- Baptiste Barriat,
» maire. — MM. Mutel etForgeot, fondeurs. »
Cette cloche a été fondue dans le parc du château de Comprei-
gnac. On voit dans le procès-verbal de la séance du conseil mu-
nicipal du 22 août, que la refonte de la cloche cassée, Tachât
du mêlai et les frais pour la replacer, ont occasionné une dé-
pense de 900 fr.
1822. — SAINT-ESTÈPHE (Dordogne). — « * Parrain : M. Sta-
» nislas de Blocque, baron de Wisme, préfet de Maine-et-Loire.
» Marraine : Madame Emilie deLaRaraière, baronne de Wisme,
» représentés par M. Jean-Baptiste Murtin, propriétaire, et par
» D"' Jeanne Lapeyronie. — Pierre Lapeyronnie, curé de Saint-
» Estèphe. — Si je suis cloche, le sieur Jean Parachon, adjoint
» de la commune en est Tauteur, 1822. GHIJK. — Auguste Mar-
» lin, fondeur. P[oids] 1,100. »
1 823. — SAINT-DENIS-DES-MURS (Haute-Vienne). - « * Année
» du salut, 1823. — Jésus, Marie, Joseph. — S*' Dyonisi, ora
» pro nobis. — Parrain : M. Antoine Veyrier du Muraud. Mar-
>» raine : D"« Thérèse Lajouraar de la Boissière. Nicolas Veyrier,
» curé. M. Germain de La Pomélie, maire. Joseph Laforest,
» adjoint. F. Martin, fondeur. »
L*an 1823 et le 27 juillet, dixième dimanche après la Pente-
côte, je soussigné, Nicolas Veyrier, curé de Sainl-Denis-des-
Murs, âgé de 82 ans, ai béni la cloche dudit Saint-Denis, refon-
due par François Martin de La Colombey-de-Choiseul, départe-
ment de la Haute-Marne. M. Antoine Veyrier du Muraud en a
été le parrain, et M"' Thérèse Lajoumar de la Boissière en a
été la marraine, dont les noms se lisent en lettres saillantes au-
tour de la cloche qui porte cette prière : S*« Dyonisiy ora pro
nobis. Elle pèse mille trois livres. Elle a étô bénite sous Tinvo-
ÉTUDE SUR LES CLOCEES DU DIOCÈSE DE LlltOGES l35
cation de Sainte Thérèse, patronne du Carmel, à la plus grande
gloire de Dieu, que nous prions avec la plus grande ardeur dont
nous sommes capables, de faire la grâce à tous ceux qui enten-
dront le son, d'élever leur cœur vers lui, de le bénir et de le
louer. Amen, amen, amen. — Veyrier, curé. Veyrier du Mu-
raud. Thérèse Lajoumar. Catherine Marsa. (Registres parois-
siaux).
1823. - MASLÉON (Haute-Vienne). — «* Bénite en 1823. —
» Fut parrain M. Léonard Leblois, membre du Conseil général
» du département. Marraine : dame Marie-Anne Fargeaud, née
» Beaure. M. Jérôme Fougères, maire et pharmacien. — For-
» geot, fondeur. »
1823. — LABUSSIÉRE-MADELEINE, commune de La Souter-
raine (Creuse). — « * Sit nomen Domini benediclum. L'an 1823.
» — Parrain : Charles Gartemples. Marraine : Marie Gaulier.
» — Lhéritier à Clermont. »
1823. - EYGURANDE (Corrèze). — «* L'an 1823 j'ai été bénite
» par M. Moussard, vicaire d'Eygurande et curé de Feyt. J'ai eu
» pour parrain M. Claude Paret, curé d'Eygurande, et pour
» marraine dame Joséphine Rochefort, épouse de M. Choriol,
» notaire à Eygurande. MM. Philippe-Gaspard Levadour, maire
» et Jean Simonnet, adjoint. »
On voit aussi sur cette cloche une croix de la Légion d'hon-
neur avec ces mots : Eques Malnuit, Camardque artifices. Puis
un écusson tiercé en barre, chargé d'étoiles avec l'inscription :
Chevalier Malnuit, fondeur à Brevannes.
1823. — AUGINHAC (Dordogne). — «* Parrain : M. Louis
» Beaupoil de Sainte-Aulaire, chevalier de la Légion d'honneur.
» Marraine : M°' Marie-Marthe de Saleton, épouse Texler, che-
» valier de Saint-Louis, juge de paix du canton de Nontron.
» M. Pierre Verneuil fils aîné, maire d'Auginhac. M. Pierre
» Bonilon fils, adjoint. Huguet Dufresse, desservant, 1823. —
» Auguste Martin, fondeur. »
L'église d'Auginhac, de l'ancien diocèse de Limoges, conserve
cette cloche qui est peut-être de 1825, le dernier chiffre de sa
date étant peu lisible. Elle a 94 centimètres de diamètre et
doit peser environ 470 kilos.
1824. — LIMOGES. Hospice.— «* Au nom de la Très Sainte
» Trinité. L'an 1824 j'ai été fondue dans l'atelier du sieur Bon-
» nin, métallurgiste à Limoges. J'ai eu pour parrain M. Hippo-
436 socièrfc arcbêologique bt tusTORiQUB du limousin
» lyte, baron de la Bastide, maire de Limoges, président de la
» commission administraliye de l'hospice, chevalier de Tordre
» royal de la Légion d'honneur; pour marraine dame Félicité,
» baronne de Gaujal. »
1824. —LE DORAT. Petit Séminaire (Haute- Vienne). — « *
» Faite par les soins de M. Petit, supérieur du Petit Séminaire
» du Dorât, 1824. »
1884. — BELLAC (Haute-Vienne). — « ^î L'an 1824 cette cloche
0 a été bénie sous Tinvocation de Sainte Anne, par M. J.-B. Du-
» theil, curé. Le parrain a été M. Jean-Théobald Nesmond, avo-
» cat et juge suppléant. Marraine M"' Anne-Sylvie Mallebay-
» Demar. En présence de MM. J. Barbier de Blamont, maire ;
» J.-B. Leborlhe de Juniat ; J.-B. Demar ; J. Rivaud Lechalar-
» derie; F. César; F. Buisson, fabriciens. — Faite par Peigney
» frères. »
1824. — BELLAC (Haute-Vienne). — « ©L'an 1824. J'ai été
» bénie sous l'invocation de la Sainte Vierge, par M. J.-B. Du-
» theil, curé de Bellac. Le parrain a été M. Michel de Faydean,
» chevalier de Saint-Louis : la marraine dame Jeanne Génébrias-
» Gouttepagnon. En présence de MM. J. Barbier de Blamont,
» maire; J.-B. Leborlhe de Juniat; J.-B. Demar; J. Rivaud-
» Lechalarderie; F. César; F, Buisson, fabriciens. — Faite par
» Peigney frères. »
1825. — SAINT-MÉARD (Haute- Vienne). — « * J'ai été fondue
» en octobre 1825 par les soins de M. Jean-Jacques Joyet, capi-
» taine retraité, maire de Saint-Méard, et Jacques Boutaud,
» adjoint. Léonard-Frédéric Martinot, bourgeois, parrain. Marie-
» Sophie Hennequin, bourgeoise, marraine. — Le chevalier
» Malnuit et Couzard, fondeurs. »
1826. — SAINT-JUNIEN (Haute- Vienne). — « * En juin 1826,
» j'ai été bénie par M. François-Amable Goumot, vicaire général
» et curé, sous l'invocation de Saint Amand. Fut parrain M. Jo-
» seph Desvergnes-Lafont, Juge de paix; marraine dame Marie-
» Hyacinthe Chabodie-Dupérat, épouse de M. Amédé Chabodie-
» Dupérat, avocat. — Augustin et Alexis Martin, fondeurs, et
» Réglot, fondeur. »
1826. — SAINT-JUNIEN (Haute- Vienne). — « * En août 1826,
n j'ai été bénie sous l'invocation de Saint Junienpar M.François-
» Amable Goumot, vicaire général des diocèses de Limoges et
» d'Angoulême, curé de la ville de Saint-Junien, assisté de
ftTUDB SUR LES CLOCBES DU DIOCÈSE DS LIMOGES 137
» M. Jean-Baptiste Lamy-Boisrosier, prêtre, et de MM. Léon
» Dépôret et Claude RonlHgnac, vicaires. A été parrain M. Jean-
» Baptiste Chauvignier, !•' adjoint du maire, et marraine
« M"" Rose Pouliot, épouse de M. Junien Londeix de Labrousse,
» chevalier de Saint-Louis. M. Jacques-Anselme Teiliet, 2* ad-
» joint, nommé en remplacement de feu M. Simon, son père,
» !•' adjoint. »
Au bas de cette cloche il y a d'un côté Timage de la Sainte
Vierge, de l'autre une croix avec ces mots : SU hominibus salutis
monitum,
1826. — CHAMPAGNAC (Haute-Vienne). — «* Ego sum quia
» in tanto regimine praBvalui. Parrain : Jude de Lajudie, maire.
0 Marraine : dame de Jaubert. Port rector ecclesiae, mai 1826.
» Fondue par Bonnin à la Monnaie de Limoges dans Tatelier de
» M. Parant, o
1886. — LA CROISILLE (Haute- Vienne). — « * Anne Roux, de
» Bazenge, donatrice, 1826. - Parrain : M. Pierre Joyet, maire.
» Marraine : Catherine de Vaucorbeil de Montréal. M. J.-B.
» Chadebec, curé de La Croisille. — Le chevalier Malnuit et
» Gousard, fondeurs. »
1826. — MAGNAC-BOURG (Haute- Vienne). — « * J'ai été bé-
» nile par M. Rcymond de Beunos, curé de Magnac. M. Guillau-
» me Fénelon Delignac, notaire et maire, parrain. M"' Antoi-
» nette-Rosaiie-Pauline de Villelurae, veuve de M. Athanase de
» la Bastide, marraine. — Le chevalier Malnuit et Gousard,
» fondeurs, 1826.»
1826. — RANÇON (Haute- Vienne). — « * 1826. Sancta Maria.
» Sancte Pelre, ora pro nobis. — Grati animi et famere (?)
» signum. — Parrain : M. le comle Albéric-Joseph-Charles-
» Gédéon de RofHgnac. Marraine : M"« Gédéonie-Marie-Agnès-
» Sophie de RofBgnac, fils et fille de M. le comte Gédéon de
» RoflBgnac et de feue M"' la comtesse Honorine de Coustin ;
» petit-fils et petite-fille de M. le marquis de Roffignac, chevalier
.> honoraire de Tordre de Malte, ancien capitaine de cavalerie
» et premier page de Tarme, et de M°* la marquise de Roffiguac,
» née Guiot d'Asnières, et de M. le comte de Coustin, chevalier
» de Saint-Louis, capitaine d'infanterie et de M™« la comtesse de
» Coustin, née deNesmond. — M. Léonard D.D. Desmousseaux,
» curé. — Auguste Martin, fondeur. »
1827. — LE DORAT (Haute-Vienne). — « * Ave Maria. Sancti
» Israël et Theobalde, orate pro nobis. — Je m'appelle Marie-
138 SOCIÉtA ARCBiOLOGIQOE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Madeleine. J*ai été bénite au mois d'avril 1827 par M. Gham-
» blet, curé du Dorât. Parrain et marraine : M. Claude Pascal
» de Gobertière-Lamothe, maire du Dorât et dame Marie-Made-
» leine de Voyon, née Etourneau. Fabriciens : MM. de Voyon,
» chevalier de Saint-Louis; Ducoux, notaire ; Vacherie, juge de
» paix ; Desmoulin père; Boucheuil ; D' de La Porte : de Taillac,
» chevalier de la Légion d'honneur. — Peigney frère, fondeur,
» natif d'Amblaix, département des Vosges.»
1828 — AIXE (Haule-yienne). — « •î L'an 1828, j'ai été bénite
» par M. Roche, curé d'Aixe. — Parrain : Jean-Baptiste Gicquet
» de Pressac. Marraine : Madame Marie-Gharlotte-Rose Balatier,
» comtesse de Villelume, dame de Losmonerie. — Le chevalier
» Malnuit, Petitfour, fondeurs. »
Gette cloche pèse 500 kilos et donne la note sol,
1888. — NEXON (Haute-Vienne). — « ^ L'an 1828, j'ai été bénite
» par M. Pierre Mazérieux, curé de Nexon. — Parrain : M"
» Gharlesde David, baron des Etangs, chevalier de l'ordre royal
» et militaire de Saint-Louis, maire de Nexon. Marraine : dame
» Amable-Hortense de Bermondet de Gromières, épouse de
» M'* François-Alexis Gay de Nexon, chevîflier de l'ordre royal
» et militaire de Saint-Louis. — Le chevalier Malnuit et Petit-
» four, fondeurs. »
1828. — DOURNAZAG (Haute- Vienne). — «* Louis-Léonard
» Legros, curé de Dournazac. — Auguste Martin, fondeur. —
» Gouyot Victor. »
Gette pelile cloche faite avec les débris d'une qui était à
Montbrun, a 63 centimètres de diamètre et pèse environ 112 kil.
1828. — BERSAC (Haute- Vienne). — v * M. Martial Bonnel-La-
» borderie, curé deBersac. Parrain : M. J.-B. Théophile Mignot.
» Marraine : M"' Louise - Glarisse - Glémence des Marais. —
D M. J.-B. Mignot, trésorier de la fabrique. M. Jérôme-Arsène
» des Marais, maire. J.-B. Gausard, 1828. »
Gette cloche bénite le 1*»' juillet 1828, pèse 439 kilos 300 gram-
mes. Elle a été achetée à raison de 4 fr. le kilo.
1828. — ABJAT (Dordogne). — « * Les parrains présentés par
» M. Duvoisin, maire d'Abjat, sont : M. Louis Beaupoil de Saint-
» Aulaire, membre de la chambre des députés de France, et
» dame Egidie de Saint-Aulaire, duchesse de Gaze. M. Etienne
» Masson, curé d'Abjat. — Auguste Martin, fondeur, 1828.
» Pèse i ,200 livres. »
ÉTUDE SUR LES CLOCHES DU DIOCÈSR DE LIMOGES 439
1829. — FâILLEMENDY, commune de la Chapelle-Montbrandeix
(Haute-Vienne). — « * 1829. M. Jouve. Léonard Lavé. M. Jac-
» ques Jouve, parrain. Marraine : Marguerite Jouve, sa sœur. —
» Gouyot Victor. »
1830. — LIMOGES. Cathédrale. — «* Monsieur Jean-Aimé Mas-
» singuiral, vicaire général, chanoine-archiprôtre; M. Martin
» Thomas, chanoine; M. Joseph Audoin; M. Marie-Joseph La-
» forest ; M. Martial Nicot ; M. Pierre-Simon Mallevergne-Fressi-
» niât; M. Léon P. Elle Judde de La Judie, fabriciens ; M. A'^
» Prosper Feret, chanoine et secrétaire. — Sous le règne de
» Charles X, 1830. —Marraine : M"' Louise-Elisabeth-Françoise
» Augeraud de la Branche, vicomtesse Rafelis de Brèves. Par-
» rain : M. François-Jean-Adolphe-Prosper Cabasse, chevalier
» de Tordre royal de la Légion d'honneur, procureur général du
» roi à Limoges. — Bénite par Monseigneur Prosper de Tour-
» nefort, évoque de Limoges. — J.-B. Causard, fondeur. »
1830. - FROMENTAL (Haute-Vienne). — «* L'an 18[30, j'ai
» été bénite par M. J.-B. Fermin Beraud, curé de ce lieu, et
» nommée par ] J'ai été faite par Osmond, fondeur du roi,
» à Paris. »
Ce qui est entre [ ] dans cette inscription, a été gravé au
burin. Le reste est en relief et fondu avec la cloche. C'est le cas
de la cloche de Balledent de 1820.
1830. — MAGNAC-LAVAL (Haute- Vienne). — « * J'ai été bénite
» le 1" août 1830. Parrain : M. Léonard Mitraud, juge de paix.
» Marraine : M"' Fombelle, épouse du maire. — MM. Audebert,
» curé; Coussedière, vicaire; Javerdat- Fombelle, maire; De
» Cressac-Villegrand, 1®' adjoint; Blanchard, 2*» adjoint; Mi-
» traud, juge de paix. — Membres du Conseil de fabrique :
» Mesure, président; Blanchard, secrétaire ; Mitraud, trésorier;
» Porcher ; Laroque; Dumonl. »
1830. — ROUSSINES (Charente). — « * Année 1830. Marc-
» Antoine Dauphin d'Escossut, maire; J.-H. Duclou, curé;
» A. Lageon, juge de paix, parrain; M"* Pradiguet, marraine;
» F. Chapelle, adjoint; J. Penoty, sacristain et conseiller muni-
» cipal; et Jean Callendreau, conseiller municipal. »
La paroisse de Roussines, qui était de l'ancien diocèse de
Limoges, possède cette cloche, au bas de laquelle était le nom
du fondeur. Un défaut de fusion de la fonte en cet endroit le rend
illisible. On sait d'autre part que cette cloche a été fondue à
Roussines et qu'elle pèse 600 kilos.
HO sociâtA arcbéologiqob et historique du limousin
1831. — GENTIOUX (Creuse). — « * 1831. Causard ».
Il n'y a sur celte cloche qu'une croix, la date et la marque du
fondeur, qui est un écusson portant une cloche entourée du nom
CAUSARD. On sait par ailleurs, qu'elle Tut bénite en 1837, ayant
pour parrain M. Adolphe Dufour, demeurant à La Vareille, et
pour marraine, M"» Stéphanie Dupic. M. François Montcalier,
curé de Gentioux.
1832. —LIMOGES. Cathédrale. — « * Sous Tépiscopat de Mon-
» seigneur Prosper de Tournefort, évoque de Limoges, 1832. —
» Parrain : Martial-Léonard Peyroche de Pressac, chanoine.
M Marraine : M""* Audoin, née Marie-Henriette BoutauU de Russy.
» — J.-B. Causard, fondeur. »
1833. — ISLE (Haute- Vienne), — « * J'ai été bénite par M. Louis
» Blanchard, curé d'Isle. Parrain : M. Eléonore-Simon Vidaud
» d'Envaud, du lieu d'Enraud. Marraine : M"" Jeanne-Suzanne -
» Jenny Faure, épouse de M. Charles Lesterps, chef d'escadron
» d'artillerie, chevalier de S'-Louis et de la Légion d'honneur.
» — M. Alpinien-Pierre Tharaud, maire, 1833 ».
Cette cloche pèse 170 kilos.
1834. — BELLEGARDE (Creuse). — «^ J'ai été fondue en
» 1834. M. L. Mergoux étant curé de Bellegarde, MM. A. -F.
» Laveis, maire; J.-F. Lachaise, avocat, adjoint, P. -F. Boudet,
» trésorier; F. Robert; F.-L. Gorsse, notaire, J.-U. Lavaurre,
» conseillers de fabrique. — M. Jacques-Marie Laveis, représenté
» par M. Jacques Boudet, notaire, son grand-père. elM"« Made-
» leine-Angélique Semraenterry, nièce de M. le curé, m'ont
» donné les noms de Marie-Angélique. — Paul Petitfour, fon-
» deur à Brevanne (Haute-Marne). »
1834. — TURENNE (Corrèze). — « * Sous l'invocation de Saint-
» Pantaléon, martyr, patron de l'église de Turenne, et de la
» Sainte-Vierge. — Parrain : M. Jean-François-Marie de Mire-
» mont. Marraine : dame Madeleine Muzac, née Lagorsse. M.
•» Vachon, maire, M. Raymond Molinié, curé, 1834. Paintandre
» frères, fondeur. »
M. Molinié a béni cette cloche qui pèse 894 kilos, le 25 mars
1834.
1835. LIMOGES. Saint-Michel-des-Lions, — « J.-B. Causard, fon-
deur, 1883 ».
Trois cloches servant à la sonnerie de l'horloge portent les
les mots ci-dessus.
irUDE SQR LK8 CL0CBK8 DU DIOCftSB DE LIMOGES l4l
1836.— RANÇON (Haute- Vienne). — « * Bénite par M. l'abbé
» L** Desmousseau, ancien curé de Rançon. M. L<*-François Vin-
» cendon, parrain ; M"« Marie-Céline, épouse Vincendon, mar-
» raine. M. Hippolyte Vacherie, maire, 1836. Causard, fondeur. »
Au bas de cette cloche, on yoit les armes de révoque de
Limoges qui sont d'azur à la tour donjonnée et accostée de deux
lions affrontés le tout d'argent. Elles sont entourées des mots :
Prosper de Tourneforl Lemovicensis episcopus.
1836. — CHABANAIS (Charente). Eglise de Saint-Pierre. —
« * Bénite par M. J.-B. Prévoton, curé. — Parrain : M. le Colonel
» Dupont, ofiScier de la Légion d'honneur, inspecteur général
» des haras; marraine : M™' Marie-Jean oe-Grâce-Claire Dupont.
» M. Pierre-Achille Chazeaud, juge de paix. M. J.-B. Longeaud,
» maire de Chabanais; Monsieur J.-B. Rougier, trésorier de
» Tabrique. »
1837. — LAURIÈRE (Haute-Vienne). — « * Bénite sous 1 invo-
» cation de Sainte- Victoire. — Parrain : M. Viclorin Dutheil.
» Marraine : M^'* Victorine Thoumas. M. J.-B. Merle, curé de
» Laurière. M. Martial Fauveau, maire. MM. J.-B. Thoumas ;
» J.-B. Manceaux; C. deThouron; M. Dutheil; A. Boismandé,
» syndics-fabriciens, 1837. Causard, fondeur. »
On y yoit aussi le sceau des armes de Tévéque, entouré des
mots : Prosper de Tournefort Lemovicensis episcopus.
1837. - SAINT-BONNET-LA-MARCHE (Haute-Vienne). —
« ^ Ad gloriam Dei et solemnitatem catholici cultus, ex chari-
» tate fidelium S^* Bonneti conflata anno 1837. — Patrino DD.
» Francisco-Henrico-Gaston S* Martin de Bagnac. Matrina DD.
» Lucia-Aloysa de Chauffailles, sponsa Augusti de Montbron.
» M. Bernard Vacherie, notaire et maire. M. Mathurin Bandel,
» curé. — J. B. Causard, fondeur. »
Au bas sont les armes de Mgr de Tournefort, comme sur la
précédente.
1837. — LE DORAT (Haute- Vienne). — « * Beatae Virgini
» Mariae sine peccati labe conceptas. — Sancti Petre, Israël et
^> Theobalde orate pro nobis. Anno Domini 1837. De Charme F. ».
Cette cloche a été refondue en 1861.
1337. LINARDS^Haute-Vienne). — « * M. Jean-Baptiste Fou-
» gères, curé de Linards. Parrain : M. Joseph Faucher, notaire.
» Marraine : M™' Fougères, née C°« E** Bargez. M. Aimé-Guil-
» laume Rougier, maire. Syndics-fabriciens : M. Jean-Baptiste
142 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Fougères, médecin et adjoint; M. Basiier; Léonard-Baptisle
» Roux; Jean Duri, 1837. — M. Joseph-Marie Lavialle, curé.
» J.-B. Causard. »
1839. - SAINT-MARTIN-TERRESSUS (Haute-Vienne). -
« * M. L* Ruchaud et M. J.-B. Thouvenet, curé, 1839. Decharme,
)* fondeur. »
1839. - BOURGANEUF (Creuse). — « * J'ai été bénite par
» M. J.-B. Goussedière, vicaire-régent de Bourganeuf. M. Fran-
» çois-Emile Fourest, parrain et M"« Anne-Mathilde Filloux,
» marraine. G"* Dulery aîné, maire, 1839. »
J*ai relevé cette inscription en 1873 sur une cloche hors de
service, conservée dans la sacristie de Téglise de Bourganeuf.
1840. — JALESCHES (Creuse). - « * J'ai été bénite par M. An-
» toine Nadaud, curé de Ciugnat et de Jalesches. Parrain : M.
» Jean Bourdeau, du bourg. Marraine : Marie Lacour, du village
» de Marcillat, 1840. — Prosper de Tournefort Lemovicensis
» episcopus. — Causard, fondeur. »
1841. — SAINT-PRIEST-SOUS-AIXE (Haute-Vienne). — « *En
» Tan 1841, en l'honneur du grand Saint Priest, j'ai été bénite
» par Mgr Prosper de Tournefort, évéque. M. J. Perenqucreur,
» curé. M. Etienne Cramaille de Létat fut mon parrain, et mar-
» raine. M™' Marie Thoumas de Bosmie, épouse de M. Gérald de
» Faye, maire de la commune. J.-B. Causard, fondeur, — Pros-
» pér de Tournefort Lemovicensis episcopus. »
1843. — DOURNAZAC (Haute-Vienne). — « * L'an 1843. Bénite
» par Louis-Léonard Legros, curé de la parroisse. Mon parrain
» est M. Léonard-Salomon Châtenet, maire et notaire à Dourna-
» zac et marraine M"» Duverneuil, née Lamosnerie Marguerite.
» M. Martin Lagarde-Desborde, adjoint. — J.-B. Causard, fon-
» deur. — Prosper de Tournefort Lemovicensis episcopus. »
1843. — LES- GRANDS -CHÉZEAUX (Haute -Vienne). —
« * L'an 1843 j'ai été bénite, nommée Jeaqne-Julie par M. Jean-
» Baptiste Gravier, parrain, et par M"* Anne-Julie Delacou,
» marraine. MM. Dufour, curé des Chézeaux et Jules -Mathias
» Aufort, maire de la commune. M. François de Fougière, che-
» valier de S'-Louis, bienfaiteur de la paroisse. — Emile Mulel,
» à Brevanne (Haute-Marne). »
Cette cloche qui à 80 centimètres de diamètre, pèse environ
300 kilos.
AtUDE sur les cloches 00 DIOCÈSE DE LIMOGES 443
1843. — BâZELAT (Creuse). — « ® Paroisse de Bazelat et de La
» Chapelle-Baloue, son annexe. — L'an 1843 j'ai été bénite et
» nommée Louise- Marie par M. Georges-Louis-Isidore Wasmer,
» parrain, et par M"* Marie-Rose Thomas, marraine. MM. Louis-
» Désiré Courteau, curé; Georges Wasmer, maire; Antoine
» Bailly, instituteur; Etienne Lardillier, curé de Versillat. —
» Emile Mutel. »
Cette cloche a 80 centimètres de diamètre et pèse environ
300 kilos.
1848. — LA SOUTERRAINE (Creuse). — « * Prosper de Tour-
» fort episcopo. Johanne-Baptista Cazaud parocho. Silvano
» Pinaud, Victore Cazaud vicariis. Carolo-Remigio Monlaudon-
» Ducros, palrino. H^^-Stephania Montaudon-de-Montenon, ma-
» trina. Clodio Petit urbis prœtore. Franscisco Bouyer civitatis
» prœfecto. C***-Remigio-Petro Cujas. Ludovico Sallet. J»><> Th^^
» Busson. Subterranea mense julii anno 1843. Ab Emilio Mutel
» conflata. t
1844. — SAINT-BONNET-LA-RIVIÈRE (Haute-Vienne). —
« * Domini vox super omnia sonate. — Baptisée en Tan 1844, au
» chef-lieu de la commune de S*-Bonnet-!a-Rivière. Marc de La
» Lande, parrain. Marie Morterol, marraine. Phillippe-Marc-
» Antoine de Lavaud. — S*-Elienne, comte de La Lande, maire de
» la commune. François Ruchaud, desservant. — Fondue par
» Gallois à Paris, montée par Polelune de Limoges. »
1845. — LA CROISILLE (Haute- Vienne). — « * Parrain : M. Ma-
» thieu de Montréal, ancien magistrat, membre du Conseil
» général. Marraine : dame Marguerite Bonnet, épouse de M. Fran-
» çois Mosnier, notaire royal et maire de La Croisille. M. Joseph-
» RoseCalari, curé de La Croisille. M. André-Martial de Ville-
» chabroUe, vicaire de La Croisille. Martin père et fils, fondeurs,
» 1845. »
1845. — SAINTE-ANNE (Haute- Vienne). — « * Parrain : M.
» François Dumont de S*-Priest, procureur général à Limoges.
» Marraine : M™' Elisa Cramouzaud, née Limousin. M. François
» Cramouzaud, maire de Sainte-Anne. M. Antoine-Hippolyte
» Radigon, curé de Sainte-Anne, 1845. Martin père et fils,
» fondeurs. »
Cette cloche a 75 centimètres dç diamètre et pèse environ
340 kilos.
1846. — SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ (Creuse). — « * Saint-
» Germain-Beaupré Tan 1846. Nommée Julie-Constance, par
144 SOCIÂTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LlMOOSlIf
» J.-B.-J. Martin Lignac, Edmond Rapin, J.-B. Rillardon, H.-S.
» Rillardon, J.-B. Billoux, F. Paquet, A. Doucet, A. Boussar-
» don, H. Lacôte, L.-J. Péricaud, maire. Jean P. Ratier, curé de
» la paroisse. — Emile Mutel. »
1846. — SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ (Creuse). ~ « * Sainl-
» Germain-Beaupré l'an 1846. Nommée Louise-Elisa par L. Raoul
» comte de Villemotte et Louise Denaotor, comtesse de Ville-
» motte, J.-E. Dumonteil, J.-B. du Colombier, E. Baraille,
)) A. Montaudon, J. Delage, André, J. Janoty, F. Boussardon,
» J.-B. Tolnier, L.-J. Péricaud, maire, J.-Paul Ratier, curé de la
> paroisse. Emile Mutel, àBrevanne (Haute Marne). »
1846. — BRIGUEIL (Charente). — La cloche de Brigueil, paroisse
de l'ancien diocèse de Limoges, n'a pas d'inscription. La foudre
ayant incendié le clocher en 1846, les trois cloches qui y étaient
furent détruites. Un fondeur ambulant en fit une avec leurs
débris ; c'est celle qui existe aujourd'hui. Elle pèse 1.000 kilos;
elle eut pour parrain M. Des Moutiers et pour marraine M"» de
La Guéronnière.
1847. — GRAND-BOURG-DE-SALAGNAC (Creuse). — « * L'an
)> 1847 j'ai été baptisée par M. François-Léonard Grenat, curé
» de la paroisse de Notre-Dame du Grand-Bourg, et nommée
» Marie par M. Louis Barret des Cheises, parrain, et par M»»
» Marie-Athenaïs de Villemhoune, épouse de M. Charles de
» Villemhoune, marraine. Tous les habitants du Grand-Bourg
» ont contribué à la fonte de cette cloche, et principalement
» M. Grenat curé. M"' la comtesse de Brémont, M. Barret des
» Cheises, M. François Lavaud, M"« du Fraysseix sa sœur. »
1847. — SARRAN (Corrèze). — Voir la cloche de 1735. « Cassée
le 21 juin 1846, elle fut livrée à H. Paintandreau mois d'août 1847.
Elle pesait 25S livres, le «fondeur lui donna une augmentation de
170 livres. Elle fut bénie et montée au clocher le 4 août 1848.
Louis Monteil fut parrain et donna 135 francs. La marraine fut
Marguerite Géraudie, ancienne servante de M. Baluze, elle donna
150 francs. Simon Madelmont étant maire; Jean-Marie Marvy,
desservant; Léonard Mazeau, président de la fabrique; Pierre
Borie ; Pierre Val ; Antoine Peschel et Léonard Orliaguet, mem-
bres de la fabrique. Les noms de tous furent gravés sur la dite
cloche ». (S. Madelmon. — Commune de Sarran).
1848. - CHAVANAT (Creuse). — « * J'ai été fondue à Chavanat
» le 15 novembre 1848. Je pèse 900 livres. J'ai eu pour parrain
ÉTUDV SCR LB8 CLOCHES Dt) DIOCÈSE DE LlHOGES MS
» M. Louis-Etienne Jarrijon, ancien juge de paix, etpourmar-
» raine, M"« Marie-Thomase-Olive Michelel, qui m'ont nommée
» Louise-Marie-Thomase-Olive. M. Pierre Couturier, curé de la
» paroisse. Etienne Peyrot, adjoint. Aux souvenirs de Jean-
» Joseph Michelet, de dame Adèle Patois, son épouse et de dame
» Thomase-Olive Michelet, épouse Jarrijon. Emile Mutel, à Bre-
» vanne (Haute-Marne).»
1848. — SAINT-HILAIRE-LA-TREILLE (Haute-Vienne). — « *
» J'ai été baptisée en Tannée 1848 par M. Jean-Amable Celles,
» curé de la paroisse. Parrain : Jacques Nir.aud, maire de la
» commune. Marraine : Marguerite-Henriette-Elodie RouflSgnac,
» épouse Thouraud. »
Cette cloche qui a 75 centimètres de diamètre doit peser envi-
ron 240 kilos.
M. Lecler qui a été curé de Saint-Hilaire-La-Treille de 1851
à 1862, avait dans ses papiers la note suivante : « La petite
cloche a été refondue par M. Cauzard, de Limoges, à Droux, le
10 mai, et a été bénite le 16 mai 1849 par M. Tabbé Védrine,
curé d'Arnac, qui a été assisté de M. Lauby, principal du collège
de^Magnac-Laval, de M. Tabbé Roche, vicaire de Magnac et de moi
Colles Jean-Amable, curé de la présente paroisse. Ont été par-
rain M. Jacques Nicaud, maire, et Marguerite Rouffignac, épouse
Thouraud. La cloche pèse 450 livres ».
1848. — DROUX (Haute- Vienne). — « * Refondue Tan 1848, j'ai
» été bénite sous l'invocation de la Sainte- Vierge par M. Silvestre-
» Léon Duchiron, curé de la paroisse. Parrain : M. Antoine-
» Théobald Marcoul-Lagorce. Marraine : M^« Anne Rousseau,
» épouse de M. François Bagraud. M. Laurent Faure, maire de
» Droux. J.-B. Causard, fondeur. »
1849. — DROUX (Haute-Vienne). — « * Faite l'an 1849, j'ai été
» bénite par M. Silvestre-Léon Duchiron, curé. Parrain : M. Fran-
» çois Dupeux, fabricien. Marraine : M"« Jeanne Praud, épouse
» de M. François Courcelle, adjoint. M. Laurent Faure, maire
» de Droux. »
1849. — CHATEAUPONSAC (Haute- Vienne). — « * Agios
» 0 theos yschyros athanatos eleison ymas. — Sancte Thirse,
» ora pro nobis Deum, ut nos defendat a fulgure et tempestate
» etab omni malo. Amen. Telle est Tinvocalion sous laquelle je
n fus mise, lorsque sous le curé Bongrand je fus fondue par
» Pierre Lalay, et bénite en 1643 [1648] ; mes parrain et mar-
» raine étaient J. Tardy et Mathurine Sornin. Telle est Tinvoca-
H6 SOGléré AUCHéOLOGlQUR RT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» tion que je conserve aujourd'hui, septembre 1849, que sous le
» curé Gardavaud, brisée par un éclat de la foudre, je suis refon-
» due par Emile Mutel, et bénite de nouveau, ayant pour parrain
» et marraine P.-A. Junien Tardy, maire, et A.-M. Aglaé de La
» Celle, née Ventenat. Emile Mutel, à Brevanne (Haute-Marne). »
1849. — AMBAZAC (Haute- Vienne). — « * Afferte Domino glo-
» riam et honorem. afferte Domino gloriam nomini ejus, adorate
» Dominum in atrio sancto ejus. Ps. 28. J'ai été bénite par
» M. Labrune, curé d*Ambazac, et fondue par les largesses de
» M. Pierre-Paul Pouquet et de M"* Antoinette-Céline Gay, son
» épouse. Etait maire M. Dolphin Ballet ; Adjoints D. Maury et
» M'aleguise. Membres du conseil de fabrique : M" L^ Chaise-
» martin, lA Bureau trésorier, J. Queyroix, D. Lanlhony. L^ Bou-
» chaud. A été parrain M. Pierre-Paul Pouquet de Traforest,
» et marraine M"*« Wast Gay, née Leclerc, du Grand-Coudier.
» Mon nom est Elisabeth-Céline, 1849. »
1850. — PEYRAT-LE-CHATEAU (Haute- Vienne). — « * Fondue
» en 1850. Bénite par M. Laroche, curé de Peyrat. Parrain :
» M. Fantouiller L^, médecin et maire de la commune. Marraine :
« Madame H"*-Thérèse-Gabrielle-Louise Desmaisons Dupalan,
» veuve de M. le comte de Maumigny. Membres de la fabrique :
» M** Laboulinière, président; Lachaud, trésorier; Léonard
» Conille; Germain Moratille ; Léonard Jouany. Martin F'«» et F%
» fondeurs. »
Cette cloche qui a 98* centimètres de diamètre pèse environ
S25 kilos.
1850. — AZÉRABLES (Creuse). — « * J'ai été bénite Tan i8S0.
» J'ai eu pour parrain Etienne Denis, âgé de 89 ans, ancien
» curé d'Azerables, chanoine titulaire de Limoges, restaurateur
» et fondateur de Tordre du Verbe-Incarné. J'ai pour marraine
» M"' Joséphine-GabrielleGra vêlais, née au Dorat(Haute- Vienne),
» le 20 juin 1844, qui m'ont nommée Marie-Joséphine-Etienne. »
1851. — LES GRANDS-CHÉZEAUX (Haute- Vienne). — « * L'an
» 1851 j*ai été bénite, nommée Eugénie-Julie. Mon parrain a été
» M. Jules-Mathias Aufort, maire et notaire, et ma marraine
» Marie-Rose-Eugénie de Fougière, née Leroy. Dufour Antoine,
n curé. Pierre-Ambroise Aumasson, huissier. Mutel et Martin,
» fondeurs. »
Cette cloche a 90 centimètres de diamètre el pèse environ
410 kilos.
ÉTUDE SCft LSS CLOCHES DU DIOCÈSK DB UMOGKS 147
1851. — LE BUIS (Haute- Vienne). — « * Mon nom est Marie-
y> Eugénie. M. Silvain Augros, curé au Buis. M. J.-B.-Eugène
» Ruaud, parrain. M^'* Pauline Âudiguet, marraine. M. François
» Arbellot, maire, 1851 J.-6. Causard, fondeur. »
1852. — ROUSSAC (Haute-Vienne). — « * L'an 1882, j'ai été
» fondue sous l'administration de M. Jean-Louis Villelte, curé,
» et Léonard Grimody, maire de Roussac. A été parrain M. Jean-
i> Marie de Rofflgnac, et marraine dame Catherine- Félicie Lafon,
» née Lagorce. »
1852. — SAINT-PRIEST-LIGOURE (Haute-Vienne). — « * D.
i 0. M. J'ai été fondue et bénite sousTépiscopatdeMgr Bernard
» Buissas. M. Antoine Chaussade, curé de la paroisse. M. Boutot-
» Monteil, maire de Sainl-Priesl-Ligoure. — J'ai eu pour parrain
» M. Bony de La Vergue, représenté par M. Adrien Bony de La
» Vergue, et marraine M"« Boutot-Monteil, née Bonnefont, repré-
» sentée par M"« Marie-Alida B.-M., sa fille. — Membres de la
» fabrique M" Deluret, Maurize, Roux, Boutot, Lavergnas,
» Roche, Bonnafy, Montazeau, 1852. — Causard, fondeur. »
1852. — SAINT-PRIEST-LIGOURE (Haute-Vienne). — « * Nous
» sommes sœurs, nées le môme jour, soyons toujours d'accord
» pour appeler à la prière les enfants du Dieu d'Israël. —
» M. Gabriel de Luret de Feix fut mon parrain et M"« Alexan-
» drine de Bony de La Vergne, marraine. — Saint-Priest-
» Ligoure, 1852. — Causard, fondeur. »
1852. — BEYNAC (Haute-Vienne). — « * Sit vox tua vox salutis
» in Domino. — Parrain : Eugène Brisset-Desiles. Marraine :
» M"' Marie-Claire Froment. Maire deBeynac, Léopold Froment.
» Maire de Bosmie, Gérald de Faye. Jean Mérigot, curé, 1852. »
1852. — LIMOGES. Cathédrale. — « * Chanoines de la Cathé-
» drale : M" Chauvignat, archiprétre ; Denis, Chavastelon,
» Laroquc, Pératout, Brunel, Jougounoux, Mérigot. — Mem-
» bres de la fabrique non chanoines : M** Hervy, vicaire général ;
» Valleix, Audoin. Rogue de Fursac, Navierre-Laboissière, De
» Crossas, baron d'Aigueperse, 1852. — Parrain : M. Léonard-
» Gustave Dinematin de Salles, membre du Conseil municipal.
» Marraine : Dame Anloinette-Joséphine-Camille Broussaud,
» épouse de M. Victor AUuaud. — Bénite par Monseigneur Ber-
» nard Buissas, évéque de Limoges. »
1852. — VILLEFAVARD (Haute- Vienne). — « * Anno Domini
« 1852, die VI id Bernardo Buissas, sub invocatione imma-
us SDCiRté ARCBèOLOGlQOR KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» culatae Yirginis Marise et sancti Stephani protoinarlyris, me
» dedicavit D. Guillelmus-Fredericus Plainemaison parocliiae
» Villefavard reclor. Nomen mihi imposuerant D. Alberlus
» Moulinaud et D. Suzanna de GoutlepagDon. — Hodie si vocem
» ejus audierilis, noiite obdurare corda vestra. — Auguste BoUée,
» fondeur au Mans. »
1854. — SAINT-SYLVESTRE (Haute-Vienne). — « * Sous
» répiscopat de Monseigneur Bernard Buissas. Monsieur Léonard
» Larue, curé; Monsieur Léonard Barny, fils aîné, maire de
» Saint-Sylvestre; Monsieur Jacques Brandy, adjoint; j'ai été
» bénite sous Tinvocation de Sainte-Marie, par Monsieur Merle,
» curé de Laurière. A été parrain Monsieur Jean Malabard, 61s
» aine, de Grandmont, et marraine Marie Lemarchand, 1854. »
1854. — SAINT-SYLVESTRE (Haute-Vienne). — « * Sous Tépis-
» copat de Monseigneur Bernard Buissas, Monsieur Léonard
» Larue, curé, Monsieur Léonard Barny, fils aioê, maire de
» Saint-Sylvestre et Jacques Brandy, adjoint, 1854. J'ai été bénite
» sous rinvocation de Sainte-Marguerite, par Monsieur Merle,
» curé de Laurière. A été parrain Monsieur J.-B. Brandy, petit-
» fils de Monsieur Malabard de Saint-Sylvestre, et marraine D"*
» Marie-Marguerite-Angèle Gay du Coudier. — Martin frères,
» fondeurs. »
1854. — PAGEAS (Haute- Vienne). — « * L'an 1854 j'ai été
» baptisée par Monsieur Courbarien, curé de Pageas. J'ai eu
» pour parrain Jacques Audoynaud, maire de cette commune, et
» pour marraine dame Marie Nadaud-Manet, née Descubes, qui
» m'ont donné les noms de Jacques-Marie-Caroline. Peignier et
» Guyot, fondeurs à Angouléme. »
Cette cloche pèse 735 kilos.
1854. — LOUBERT (Charente). — « * En novembre de N. S.
» J. C. 1854, Pie IX, pape, Antoine-Charles Coussaud, évéque
» d'Angouléme, a été donnée à Saint-Jean de Loubert et nommée
» Catherine-Ambroisine, par Catherine-Sophie Mérigaud, veuve
» de Verdilhac, et par P.-A. Rempnoulx-Duvignaud, ingénieur
» en chef des ponts et chaussées. — Hildebrand Auguste, fon-
» deur à Paris. »
1854. — AMBRUGEAT (Corrèze). — « * Sancle Joseph, ora
» pro nobis. — Maria. — S* Salvy patrfSn de la paroisse d'Ambru-
» geat. Curé : Monsieur Léonard Taguet. Maire : Monsieur Jean
» Bessette, 1854. — Parrain : Monsieur Joseph Delmas, et mar-
» raine M^^' Jeanne Chanailler. »
frn/DB SUR LlfeS CLOClËBS DO DIOC^SB DB lIlIOéBS 14^
1855. — PLUVIERS-PIÉGUT (DordogneJ. — « * S' Etienne,
» priez pour nous. — Parrain : M. Henri-Auguste Olivier, niar-
» quis de Mallet. Marraine : M*« M^«-Th.-Philomène.-Noérai de
» Verneilh de Puyraseau, née Marbotin-Sauviac. iM. Silvain-
» Thomas Martin, maire, 1855. Martin frères, fondeurs. »
La cloche de cette paroisse de l'ancien diocèse de Limoges a
l'aile de diamètre, et doit peser environ 750 kilos. Le nom de la
marraine est accompagné d'un double écusson : l"" d'argent au
croissant de gueules, surmonté de trois palmes de sinople; au chef
de gueules, chargé de trois étoiles d'argent, qui est de Verneilh-
Puyraseau; 2® de à un lion, qui est de Marbotin-Sauviac.
1856. — BONNAC (Haute-Vienne). — « * Sancte Andraea, ora
» pro nobis. — Refondue en 1856. Parrain : M. Eugène de Mont-
» choisy. Marraine : M"« Horlense de Brie, épouse de M. de
» Feugré. »
1856.— SAINT-SÉBASTIEN (Creuse). -- « * Sancta Maria,
» Sancte Johannes-Baptista, Sancte Sebastiane, orate pro nobis.
» — J'ai été bônile l'an 1856 par M. Silvain Bouteiller, sous Tin-
» vocation de Saint-Louis et de Sainte-Eugénie. M. Pierre Martin,
» président de la fabrique et adjoint. M. Georges Pillorget,
» instituteur. L.-G. Quierey, maire. Forgeot, fondeur. 613 kilos. »
Cette cloche a l'",07 de diamètre.
1856. — CUSSAC (Haute- Vienne). — « * Thérèse a été fondue
» en 1856 par les soins de MM. Puyboyer, maire, et Berthet
» Léonard, curé. Parrain : François Puyboyer, M. P. Marraine :
» Clémentine de Tryon-Montalembert, marquise de Cromières.
» Témoins : MM. Duvoisin, adjoint, et Cohade, vicaire. — Faite
» à Saintes par Lanoaille, Dumas et Peigney. »
1857. — NOUIC (Haute- Vienne). — « Crédit des paroisses :
» AugusleHildebrand, à Paris, fondeur de Tempereur, 1857. »>
Une croix et une statue de la Sainte- Vierge décorent celle
cloche dont l'inscription indique seulement la provenance.
1858. - BILLAC (Corrèze). — En 1858 on a refondu la cloche de
Billac de 1650, et on y a reproduit l'inscription qu'elle portait, et
qu'on peut voir à la date de 1650.
1859. — LE DORAT (Haute- Vienne). Couvent des sœurs de Marie-
Joseph. — « * 1859. — Marie-Joseph. — Bénile par Mgr Des-
» pretz, prélat prolecteur de la congrégation. Le Royer, fondeur
» à Paris, 1858. »
T. LU fO
150 SOGlÉTi ARCfléOLOOIQUK Bt HISTORIQUE 1>Û UHOUSlH
1859. - JANAILHAC (Haute-Vienne). — « * Sancte Aredii, ora
» pro nobis. Sancta Maria sine labe concepta, ora pro nobis. A
» falgure et lempestale libéra nos Domine. — Fondue en 1859.
» — Parrain : A. J. X., comte de Bony de La Vergne, chevalier
» de la Légion d'honneur. Marraine : Jeanne-Sophie Arbonneau,
» née Vallières. Matthœus Gaston rector ecclesiae parochialis
» Janailhac. — Fonderie d'Orléans de BoUée aîné. »
1 859. — MAGNAG-L AVAL (Haute- Vienne).— « ^ Sancte Maximine,
» ora pro nobis. Maria sine labe concepta, intercède pro nobis.
» — J'ai été baptisée par Martial RommeforlTan 1859. Parrain :
» Joseph-Philippe Brac. Marraine : Marguerite de Montmorency-
» Laval, duchesse de Gouronnel. Maire : G. Théobald Bellot.
» Fabriciens : Athanase Bigaud-Dumonard, président, J. Mitraud,
» J. Blanchard, J.-B. Roy, J.-B. Porcet. — M. Forgeot, fondeur. »
1859. — SAINT-CHRISTOPHE (Charente). -- <c * MM. Vignaud,
» maire et Tutte, curé. Parrain : M. Félix Coffour. Marraine :
» Madame de Feydeau. — Année 1859. — Fondeur E. Martin. »
1861 . — LE DORAT (Haute-Vienne). — « * Beatae Virgini Mari»
» sine labe concept». Sancti Pétri, Israël et Theobalde orate
» pro nobis. Anno Domini, 1861. — M. Bouquet, maire du
» Dorât. M. Jean-Hyacinthe Fontréaux, curé. M. Alphonse
» Ducoux, président de la fabrique. —Barbier frères, fondeurs. »
Cette cloche a été fondue à Oradour, en môme temps que la
suivante. Elle pèse 1,122 livres. Elle a été faite avec le métal de
celle de 1837, qui était cassée.
1861. — ORADOUR- SAINT -GENEST (Haute - Vienne) . —
<c tB Domine salvum fac pastorem et gregem. 0 Marie conçue sans
» péché, priez pour nous qui avons recours à vous. — J'ai été
» bénite par M. Brun, curé de la paroisse. J'ai eu pour parrain
» M. Jean-Louis-Alfred deMascureau et pour marraine M""«Rose-
» Ferdinand-Alida Pichon-Vendeuil. M. Hippolyte Cluzeau,
» maire d'Oradour. — Barbier frères, fondeurs. »
Cette cloche, fondue à Oradour en môme temps que la précé-
dente, pèse 1,122 livres. Elle a été bénite le 4 août 1861.
1861. — LES SALLES-LA VAUGUYON (Haute-Vienne). - « *
» Parrain : N... De Lacroix, représenté par Fernand de Chassey.
» Marraine : Berthe-Marie Faure, représentée par Alix-Marie-
» Rose de Recoudert. Maire : Joseph Faure. Curé : Léonard
» Vernadau, 1861 . »
fttODK SUk LKS CLOCÉBS DU DlOCàsÈ'DB LIMOGES it\
1862. — SUSSAC (Haute-Vienne). — « * J'ai été fondue et
» bénite en 1862. Parrain : Edouard Gruveiller, docteur en mé-
» decine à Paris. Marraine : Jeanne Pathier, épouse de G. Bour-
» bon, maire de Sussac. L. Du Freisseix, curé. Jean Brouilloux,
» percepteur, Ponteix, adjoint. — Fonderie d'Orléans, Bollée
» aîné. »
1862. — SAINT-SÉBASTIEN (Creuse). - « * Sancte Johanne •
» Baptista, sancte Sebastiane, orale pro nobis. —J'ai été baptisée
» le 6 octobre 1862 par Mgr Pierre-Féiix-Fruchaud, évoque de
» Limoges. ^J'ai eu pour parrain M.Léonard F. Simon, chanoine
» honoraire de Paris, curé de Saint-Eustache ^et pour marraine
» M'"^' Hélène Lafond, de celte paroisse. M. J. P. Leclerc étant
» curé et M. Gonillon, maire de Saint-Sébastien. Adjoint M' P.
» Martin, président de la fabrique, M' G. Piliorget. — Fonderie
» de Guillaume, père et fils, à Angers. »
Cette cloche a 69 centimètres de diamètre et doit peser environ
185 kilos.
1862. — SEILHAC (Corrèze). — « * 1862. — Sainte-Marie,
» patronne de Seilhac. Monseigneur J.-B.-P. -Léonard Berteaud,
» évêque de Tulle. M' Martial de Roderel, marquis de Seilhac,
» maire. M' Adrien-Joseph Montlouis-Laval, curé. Parrain :
» Marie-Rose-Louis de Seilhac. Marraine : Marie-Antoinette-
» Lucie Pourchet. — Paintandre, fondeur à Turenne. »
Cette cloche, qui a reçu le nom de Marie-Louise, pèse 410 li-
vres. Le patron de Téglise de Seilhac est Saint-Roch, dont le
nom a été donné à la cloche de 1813. Le nom de Notre-Dame a
été donné à celle de 1760.
1862. — GRENORD, près Chabanais (Charente). — d * Gloria
» in excelsis Deo^ et in terra pax hominibus bonsB voluntatis. —
» Donnée à Tancienne paroisse de Grenord par Monsieur Sar-
» dain, François-Hippolyle Fonfais de la Soutière. Parrain :
» Louis-Antoine de la Quintinie. Marraine : Catherine-Octavie
» Rempnoulx-Masdebost. — Antoine Vautier, fondeur, à Saint-
» Emilion (Gironde), 1862. »
1868. — DUN-LE-PALLETEAU (Creuse). — « * L'an 1863 j'ai
» été bénite par G. Blanchard, curé de Dun. .Thomas Duris,
» F. César A. A., maire. Louis Glenisson le parrain et Simon
» Louise, marraine. — Fonderie d'Orléans. »
Le diamètre de cette cloche est de 62 centimètres, son poids
doit être de 140 kilog. environ.
t51 SOCIËTÂ ARGHioLOGIQDÏ Et ttlStDRl^Ut bU LlftOtTSlH
1868. — DUN-LE-PALLETEAU (Creuse). — « * L'an 1863 j ai
» été bénite par G. Blanchard, curé de Dun. Thomas Duris.
» F. César A. A., maire. Adam, adjoint, parrain. Marie-Eulalie
» Parelon deSauzet, veuve Thomas Duris, marraine. — Fonderie
» d'Orléans. »
Cette cloche, qui a 78 centimèlres de diamètre, pèse environ
280 kilos.
1864. — LIMOGES. Chapelle de l'asile de Jaugeât. — « ^ Sous
» le règne de Napoléon III, empereur des Français. Son Excel-
» lence Monsieur Boudet, étant ministre de Tintérieur, Boby de
» la Chapelle, préfet, Félix Fruchaud, évoque de Limoges,
» Léopold Fougères, directeur, Eugène Fayelte, architecte, Pical,
» Lachaise, Pontet, entrepreneurs. Cette cloche a été placée le
» 22 août 1864. — Aciérie d'Unieux. Jacob Holtzer et 0\ »
1864. — SALNT-AVIT-DE-TARDE (Creuse). — « * Sancte Avite,
» ora pro nobis. Sancta Maria, ora pro nobis. Parrain : Jules
» Bordinon. Marraine : M"* Louise Petit. Curé : M. Michel
» Richard. Maire : Jean-François-Gilbert Petit. Anno Doraini,
» 1864.»
1865. — ROYÈRE (Creuse). — « »î< Mon nom : Saint-Germain.
» Parrain : Charles-Sylvain Chauseyr de Laprade. Marraine :
» Françoise Valette. Maire : Zenon Toumieux. Curé : Lasnier-
» Malesset, 1865. »
1865. — ABJAT (Dordogne). — « * Sancte Andréa, ora pro
y> nobis. Sancta Maria, ora pro nobis. — Pie IX, pape. Nicolas-
» Joseph Dabert, évoque de Périgueux. Louis Pages, curé
»> d'Abjat. Jean-Baptisle-Némorin Duvoisin, ancien maire, par-
» rain. Jeanne-Zoé Lavergne, née Agard, marraine. Léonard
» Chaperon, président de fabrique. Pierre-Justin Giry Descombes,
» trésorier. Pierre Filhaud Lavergne, médecin, maire, 1865. —
» E. et A. Martin, fondeurs. — Pèse 2,000 livres. »
1866.- PEYRAT-LE-CHATEAU (Haute-Vienne). — « * A.M.D.G.
» IHS. MA. V. IM. DT. ET BNDCT. A C. R. ECCL. P. AC.
» S.A.R., 1866. »
Cette inscription, dont tous les mots sont abrégés, doit se lire
ainsi : « >îi Ad majorem Dei gloriam. Jésus. Maria virgo imma-
culata. Data et benedicta a Carolo Renard, ecclesi» Peracensis
ac Sancti Amandi, rectore, 1866. » Le parrain de celle cloche
fut M. Joseph-Aimé Tramonleil et la marraine M"' Virginie-
Anne-Marie, veuve Patrem, née Villevarlange.
ftTODB SDR LES CLOCHES DU DIOCÈSE DE LIMOGES 153
1866. — VERNEUIL-SUR- VIENNE (Haute- Vienne). — « * J*ai
» été nommée Hippolyte-EIéonore-Amélie. Mon parrain est
» Hippolyte Lézeau, premier président à la cour impériale de
ï) Nancy. Ma marraine, M"' Eléonore-Amélie Truol de Beaulieu,
» vicomtesse de Grave. M. Michel Thomas, curé. M. Marcellin
» Duvert, maire. M. Pierre Mourier, adjoint. Etant membres du
» Conseil municipal : MM. Coussy, Blanchet, Gandois, Blancher,
» Meynieux, Durieuii, Desvignes, Tharaud, Âuriat, Thomas,
» Pfttlier, Beaulieu, Mourier, Valade, 1866. — Dubuisson,
» Gallois, fondeurs à Paris. »
Cette cloche qui a 1"*,10 de diamètre pèse environ 760 kilos.
1866. — VERNEUIL-SUR- VIENNE (Haute-Vienne). — « * J'ai
» été nommée Marie-Léonie. Mon parrain : H. Léonard-Georges
» Duvert. Ma marraine : M"» Marie Lézeau. M. Marcellin Duvert,
» maire. M. Pierre Mourier, adjoint. M. Michel Thomas, curé. —
» Dubuisson, Gallois, fondeurs à Paris, 1866. »
Le diamètre de cette cloche est de 70 centimètres et son
poids de 190 kilos environ.
1866. — COUFFY (Corrèze). — « © Sancte Marcialis, ora pro
» nobis. Pierre Moussard, parrain. Julie Jarasse, marraine.
» Joseph Vemède, curé. Charles Caillot, maire, 1866. — Due à
» rinitiative de J. Boyer. — D. Dutol, Jérôme et C'% fondeurs. »
1867. — PEYRAT-LA-MARCHE (Haute- Vienne). -« ©S.N.D.B.
» J.M.J. MM. Barrier, J.-B., prêtre, étant curé; Pérical, Pierre,
» élant maire, j'ai reçu le nom de Marie-Anne que me donnèrent
» mes parrain et marraine : M. Paul-Joseph Le Cointre, fils
» d'Arsène Le Cointre, propriétaire à Chataigner, et d'Anne
» d'Auvillers et D"' Marie-Calherine-Joséphine Génébrias de
» Goultepagnon, fille de M. Louis-Charles Génébrias de Gouttepa-
» gnon et de dame Marie-Anne Mousnier-Buisson. J'ai été bénite
» par Mgr Pierre-Félix Fruchaud, évéque de Limoges. — Sancte
» Martine, ora pro nobis. — D. Dutot, Jérôme et C^«, fondeurs à
» Paris, 1867. »
Cette cloche pèse 683 kilos. Les quatre premières lettres de
son inscription doivent se lire : « Sit nomen Domini benedictum ;
et ensuite : Jésus, Marie, Joseph. »
1867. - PEYRAT-LA-MARCHE (Haute-Vienne). — « * S. N. D.
» B. JM J. Je fus bénite par Mgr Pierre-Félix Fruchaud, évoque
D de Limoges et j'ai reçu nom Marie-Justine-Joséphine que me
» donnèrent mes parrain et marraine : M. Marie-Joseph Dunoyer,
» notaire à Bellac, fils de François- Victor Dunoyer et de Marie-
154 SOCIÉTÉ ARCBÊ0L06IQUB KT HISTORIQUE DU LIVOUSIK
» Madeleine Mallebay et D"« Marie-Justine-Elvia de Laborderie,
» fille de François-Xavier de Laborderie et de Marie-Thérèse
» Charpentier, dame de Laborderie, demeurant à la Glayolle,
» Charente. MM. Barrier, J.-B., prêtre étant curé, et Perricat,
» Pierre, étant maire. — D. Dutot, Jérôme et C*% fondeurs à
» Paris, 1867. »
Cette cloche pèse 46S kilos.
1867. — AZERABLES (Creuse). — « * Uan 1867 j'ai été fondue
» et bénite, ma donatrice étant la famille CoUardeau de la Forest.
» Parrain : Jean-Baspliste de Gouttepagnon, maire de Bellac.
» Marraine : Madame Marie Pauget, née Guillerol. Curé : abbé
» Couraud. Maire : de Lafon. »
1868. — LIMOGES. Saint- Michel-des-Lions. — « * Maria, sine
» labe originali concepta, ora pro nobis. — Anno D. MDCCC
» LXVIU. Pie IX sumrao ponlifice; DD. Felice-Petro Fruchaud,
» Ep. Lem. ; M. J.-B.-M. Pinot, ecclesiaB sancti Micbaelis a leo-
» nibus rectore decano; me fundi curaverunt D. D. bonorum
» temporalium administri : J. Cantillon de la Couture, consilii
» prœses; A. L. B. Leoncius de Voyon de la Planche, num-
» morum custos; Ferd. Pétiniaud ; Félix Ardant du Masjambost;
» J. L. de Veyvialle; Ernestius de Salles; Marie-Abel l^emaigre,
» scriba consilii ; P. de Grave; L. Dhéralde; J.-B. Pinot, ecclesiaB
» reclor. — D. D. F. P. Fruchaud me benedixit. — Nomen vero
» imposuerunt F. C. Le Sage, prœfectus municipalis, vulgo dictus
» « maire » et Noémie-Catharina de La Bastide de Salles, a
» quibus Catharina-Carola vocor. — Cor mundum créa, Deus,
» in omnibus qui meam fidèles audierunt vocem. — A. Yauthier,
» à Saint-Emilion (Gironde). »
1868. — LIMOGES. Saint-Michel des Lions. — « * Anno D.
» MDCCC LXVin. DD. F. P. Fruchaud, ep. L.;M. J.-B.-M.
» Pinot, ecclesidB sancti Micbaelis a leonibus rectore decano ; D.
» C. Le Sage, majore Lemovicensi, me fundi curaverunt sodales
A pro animarum defunctorum requie sociati : J.-B. Flacard,
» nummorum custos; J.-A. Debord; J.-P.-B. Malinvaud; F. Ma-
» doumier ; Denis Degrosjean ; J. Labessouille ; C. Fraisse ;
» Stepb. Galatry. — Patrinum et matrinam habui D. Armandum
» Noualhier, legatum Vigennae superioris ad leges ferendas,
» vulgo dictum « député au corps législatif », et Annam-Fran-
» ciscam de Veyvialle, quorum nominibus vocor Anna-Armanda.
» — Sancle Michael, archangele, défende nos in prœlio, ut non
» pereamus in Iremendo judicio. — A. Vauthier, à Saint-Emi-
» lion (Gironde). »
ATODK sur lis cloches du diocèse de LIMOGES 455
1 868. — LIMOGES. Saint-Michel-des-Lions. — « * Anne D.
» M D C G G LXViri. D.D. F. P. Frucbaud, ep. Lem. ; M. J.-B.-M.
» Pinot, ecclesiae sancti Michaelis a leonibus rectore decano,
» nec non et MM. J.-B. Laplagne, J. Torrilhon, 1. Gremier,
» M. Gras, Â. Mathiva, ejusdem ecclesiaB vicariis, et A.-F. Rouf-
» fignac, sacrisia, me fundi curaverunt ecclesiae administri vulgo
» dicti « fabriciens ». Patrinum et matrinam habui D. Â. L. D.
I) Leoncium de Yoyon de la Planche et Annam-Paulinam Peti-
» niaud ; unde vocor Ânna-Leontina. — Martlalis, Ghristi apos-
» tolus, precibus sanctis obtineat ut cum ipso landemus Deum
» in œlernum. — A. Vauthier, à Saint-Emilion (Gironde). »
1868. — RILHAG-RANGON (Haute- Vienne). — « * Sub invoca-
» tione sancti Michaelis. — Je m'appelle Philippe-Louise. J'ai
» été baptisée le 28 juin 1868. Mgr Félix Fruchaud, évéque de
» Limoges. J*ai eu pour parrain Philippe-Léon Teisserenc de
» Bort et pour marraine Louise-Thérèse Gonnaud. — Jacob
» Holtzer et G**. »
1868. — BLANZAG (Haute- Vienne). — « * Sancta-Maria, orapro
» nobis. Sancte Martine, ora pro nobis. — Je suis de Blanzac,
» j'appartiens à tous, je m'appelle Marie-Rose. J'ai été baptisée
» Tan 1868, sur le glorieux pontificat de Pie IX. Hippolyte Delà-
)) reberette, curé, Pierre Roux, maire. Mon parrain a été Marie-
» Hubert de La Borderie, ma marraine Jeanne-Rose Vetelay. —
» D. Dutot, Jérôme et G*% fondeurs à Paris. »
Gette cloche pèse 396 kilos.
1868. — GOLONDANNES (Greuse). — « * J'ai été bénite en
» 1868, M. Alexis Desmaisons étant curé et M. Jacques Vallet,
» maire. J'ai eu pour parrain Léon Delafond et pour marraine
» Amélie Aumoine, Anne-Marie-Rose Delor, Marie Riolet, veuve
» Alexandre Vallet, Anne Ghimbande. — Reconnaissance au
» Gonseil municipal et aux bienfaiteurs. — Je publie les louanges
» de Dieu. — Bollée et ses fils, fondeurs à Orléans, 1868. »
Gette cloche a 96 centimètres de diamètre et pèse environ
500 kilos.
1869. — SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ (Greuse). - « * J'ai été
» bénite l'an 1869 et nommée Marie par P.-F. Berlhomier, maire,
» et par ma marraine Marie Dumonteil. — M. Léon Loiraud,
» G'* Montaudon, J. de Lignac, comte V. G. Honorali, G. Laval-
» iière-Maisonnenve, G. Beauvais, L. G. E. Laroche, J. Marie,
» A. Rillardon, J. Janoti, S. Doucet, J. Delage, Berger, G. A.
» Nadaud, J. Dunet, Pille, Ghaput, Georges Der, Paul Ratier,
» curé. — Bollée et ses fils^ fondeurs à Orléans 1869. »
156 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1869. — CHABANAJS, paroisse de Saint-Sébastien (Charente).
— « * J'ai nom Marie-Madeleine. J'ai été baptisée le 24 octobre
» 1869 par Monseigneur Antoine-Charles Coussaud, évoque
» d'Angouléme, pour Téglise de Saint-Sébastien de Chabanais,
» Monsieur Bayssat étant curé. Mon parrain a été Monsieur
» François Ducoudert, maire, conseiller général, et ma marraine
» Madame Marie-Madeleine-Angela Codet. — UrsulinDencausse,
» fondeur, Tarbes. Breveté S. G. D. G. »
1869. — MONTROLLET (Charente). - « * L'an 1869. Parrain :
» M. Louis Des Montiers-Mérinville. Marraine : Marie-Aimée
» Saint-Garraud, marquise de Clervaux. Maire M. le marquis de
» Clervaux. Curé Pujo. Fondeur Guillaume, Angers. — Bénite
» par Mgr Fruchaud. »
1870. — SAINT-SYMPHORIEN, chapelle de Saint-Martin (Haute-
Vienne). — « * Sancte Martine, ora pro nobis. — J'ai été bénite
» en 1870 par M. A. Lecler, curé de Saint-Symphorien. J'ai eu
» pour parrain et marraine M. le comte et M"' la comtesse Des
» Montiers de Mérinville. — D. Dutot, Jérôme et C*% fondeurs à
» Paris. »
Cette cloche, qui pèse 61 kilos, a été bénite le 1" mai 1870,
et placée dans la chapelle de Saint-Martin, reconstruite cette
année.
1870. — LA CROISILLE (Haule-Vienne). - « * Sit nomen Do-
» mini benedictum. Parrain : M. Louis-Marie Allouveau de Mon-
» iréal, maire de La Croisille. Marraine : Marie-Antoinette
» Suzanne, née Chouviat. Antoine Mallel, curé. Siraon-Fran-
» çois Allouveau de Montréal, sénateur, Suzanne Toussaint,
» Brouillon François, Prévost Léonard, Lavialle Léonard, Ma-
» gieux Léonard, fabriciens.
» Bollée et ses fils, fondeurs à Orléans, i870. »
1870. - CHAMPAGNAC (Creuse). — « »î* L'an 1870. Je me
» nomme Joseph-Anatole-Marie-Anne. J'ai pour parrain M. Jo-
» seph-Anatole Dumont et pour marraine M"* Marie-Anne Sou-
» rioux. J'ai été bénite par M. Charles Florand, doyen de Belle-
» garde, en présence de MM. Russe curé, J.-B. Bittard des Por-
» tes maire, François Dumont adjoint, et MM. Yves Cotélot, Jean
» Dubois, André Peyroux, François Raymond, Jean Bujard, mem-
» bres du conseil de fabrique. — Chambon, fondeur â Montargis,
» Loiret. — Je pèse 875 kilos. »
1872. — CROZANT (Creuse). — « * Jean-Baptiste Tréguier,
» maire, et Biaise Bourguignon, curé de Crozant. André Brigaud,
.iniDE SUR LRS CLOCHES DU DIOCÈSE DB LIIIOGRS 157
» sacristain. Parrain : Félix Bourdier. Marraine : Marie-Made-
» leine Tréguier. — Saint Etienne, patron principal de la
» paroisse. Saint Placide, patron secondaire. — Bollée, fondeur
» à Orléans i872. »
1878. — ORADOUR-SUR-VAYRES (Haute-Vienne). — « ^ Par-
» rain : M. Mathieu Fougeron-Laroche. Marraine : M"« Emma
» Laubanie. — Desjacques, chanoine honoraire, curé-doyen;
» Edouard Laubanie, docteur en médecine, maire; Forestier
)> Ghambonnaud, président de la fabrique; Auguste M arcillaud;
» Jules Fougeron-Laroche, secrétaire; Léonard Ducombeau;
» Léandre Laubanie. — D. Dutot et Jérôme, fondeurs à Paris,
fl 1873. »
Cette cloche pèse 952 kilos ; pour la fondre, ainsi que les deux
suivantes, on s'est servi du métal de celles de 1613 et de 1714.
1878. — ORADOUR-SUR-VAYRES (Haute-Vienne). — « * Par-
» rain : M. Joseph-Emile Moreau. Marraine : M"« Marie Ferrand.
» Desjacques, chanoine honoraire, curé-doyen; Edouard Lan-
» banie, docteur médecin, maire; Forestier Ghambonnaud, prë-
» sident de la fabrique; Auguste Marcillaud; Jules Fougeron-
» Laroche, secrétaire; Léonard Ducombeau; Léandre Laubanie.
» — D. Dutol et Jérôme, fondeurs à Paris, 1873. »
Cette seconde cloche pèse 655 kilos.
1878. — ORADOUR-SUR-VAYRES (Haute-Vienne). — « * Par-
» rain : M. Pierre Descubes. Marraine : M*^" Marie Besse. — Des-
» Jacques, chanoine honoraire, curé-doyen; Edouard Laubanie,
» docteur médecin, maire; Forestier Ghambonnaud, président
» de la fabrique; Auguste Marcillaud ; Jules Fougeron-Laroche,
» secrétaire; Léonard Ducombeau; Léandre Laubanie. —
» D. Dutot et Jérôme, fondeurs à Paris, 1873. »
Le poids de cette troisième cloche est de 492 kilos.
1878. - BRILLAG (Gharente). — « * M. Michel Boutinaud, curé
» d(î Brillac. M. Pierre-Paul Glavaud-Ribourgeon, maire. M.
» Guillaume-Théophile Babaud-Dulac, notaire. M"« Annelte Pey-
» raud. — Bollée et ses fils, fondeurs à Orléans, 1873. »
1878. — BRILLAC (Gharente). — ^ * M. Michel Boutinaud, curé
» de Brillac. M. Pierre-Paul Glavaud-Ribourgeon, maire. M. Léo-
» nard Bailly, propriétaire. M"" Marguerite-Irma Redon. Philo-
» mène Babaud-Duiac. Juliette Rouhet. Noémi Rouhet, quô-
» teuses, — Bollée et ses fils, fondeurs à Orléans, 1873. »
158 sogUté archéologique et bistoriqde do limousin
1874. — LASTOURS (Haute- Vienne). — « * J'ai été fondue pour
» réglise de Lastours. J*ai eu pour parrain M. Jules Delignat-
» Lavaud, avocat, maire de Limoges, chevalier de la Légion
» d'honneur, et pour marraine M"* Camille-Marie-Marguerite-
» Jeanne Giry. Jean Bragard, maire de Rilhac-Lastours. M. Deli-
» gnal-Lavaud père, président du conseil de fabrique de Las-
» tours. M. Mérigot, curé de Rilhac-Latours. — Fondue par An-
» tonin Vautier à Saint-Emilion, Gironde, Tan 1874. »
1874. - TEYJAT (Dordogne). — « * Domine exaudi vocem
» meam. — Mgr Dabert, évoque de Périgueux et de Sarlal.
» M. Palhier, curé de Teyjat. 1®' parrain, Georges du Chalelard,
» maire. 2* parrain, Mathieu Fauconnet. !'• marraine Elisabeth
» Dapien ; 2* marraine Isabelle de Beynac, née du Chatelard.
» Marie Macarie, dame excellente bienfaitrice de Téglise. —
» Fondue par Antonin Vautier, à Saint-Emilion, Gironde. »
Cette cloche, fondue vers 1874, a 1°,07 de diamètre et pèse
environ 700 kilos.
1875. — ROUSSAC (Haute- Vienne). — « * J'ai été bénite en 1875.
» M. Pierre Gâté étant maire de Roussac et M. Annet Gorse,
» curé. J'ai eu pour parrain M. Albert-Joseph Dufresne, et pour
>* marraine Marie-Thérèse-Joséphine Tournois. — Bolée, fondeur
» à Orléans. »
Pour faire cette cloche, on s'est servi d'une du xm"» siècle, qui
était hors de service depuis longtemps et qui portait pour inscrip-
tion, en lettres gothiques majuscules, ces mots : Sancte Martialis,
ora pro nobis.
1875. — FROMENTAL (Haute- Vienne). — « * J'ai été fondue
» l'an de grâce 4875. et bénite le dimanche in albis, par M. Pi-
» naud, curé de cette église. Je m'appelle Marie-Amélie. J'ai eu
» pour parrain Marie-Joseph Morel, baron de Fromental. Ma
» marraine a été Amélie-Noémi-Blanche Ducluzcau. »
1 875. — SAINT-PRIEST-LA-FEUILLE (Creuse). — « * L'an 1875,
» Pie IX étant pape, Monseigneur Duquesnay évéque de Limoges,
» M. l'abbé Cocq curé de la paroisse, j'ai élé bénite par M. l'abbé
» Leclerc, archiprôtre de la cathédrale de Limoges, et nommée
» Eugénie. Parrain : M. Auguste Clavaud du bourg de Saint-
» Priest-la-Feuille. Marraine : Eugénie Pradeau du bourg de
» Saint-Priest. — Bollée fondeur à Orléans, d
1875. — SAINT-PRIEST-LA-FEUILLE (Creuse). — « * L'an 1875,
» j'ai été bénite par M. l'abbé Cazaud, curé doyen de la Souter-
KTUDB SUR LBS CLOCHRS DU DIOGÈSB DE LIMOGES 159
» raine, et nommée Berthe. Parrain : Philippe Gaullier du village
» du Coux. Marraine : Berthe Charmes du bourg de Saint-Priest-
» la-Feuille. François Gaullier, maire de la commune. Boilée et
» ses fils fondeurs à Orléans. »
1876. — NIEUL (Haute-Vienne). — « * L'an 1876 j'ai été baptisée
» sons le nom de Marie, au chef-lieu de la paroisse de Nieul,
» sous répiscopat de Monseigneur Alfred Duquesnay. M. Marie-
» .Antoine Plainemaison, chanoine honoraire, étant curé doyen,
» M. Frédéric Brissaud, notaire, membre du conseil général,
» étant maire. J'ai eu pour parrain M. Marie-René Henry, âgé
» de cinq ans, et pour marraine Marie-Augustine Brissaud, âgée
» de deux ans. — Fondue par Antonin Vaulhier, à Saint-Emilion,
» Gironde, Tan 1876. ~ Hodie si vocem ejus audieritis, nolite
» obdurare corda vestra. »
1 876. — SAINT-JOUVENT (Haute-Vienne). — « * Placée en 1763.
» Parrain : J. F. Rogier de Janailhac. Dame Arbonnaud, veuve
» de Messire de Vaucorbeille, seigneur de Bachellerie marraine.
» J. Lajoumard, curé. »
» Refondue et augmentée en 1876, J.-E.-D. Vergnaud, né le
» 11 septembre 1873, parrain. Cécile de Francolini, née le 20 oc-
» tobre 1871, marraine. Maire, M. le comte de Francolini.
» M. Vernet curé. — Cecilia mihi nomen. 1763 * 1876. Fondue
» par Antonin Vauthier, à Saint-Emilion, Gironde. »
1 876. - MAILHAC (Haute-Vienne). — « * J'ai été bénite en sep-
p tembre 1876 par M. François Lelong, curé de Mailhac, et me
» nomme Suzanne-Marie. Parrain : M. Maurice Garnier. Mar-
» raine : M"' Suzanne Garnier; M. François-Antoine Bognaud,
» maire et trésorier. M. H. Garnier, député, C. *, président
» de la fabrique. M. Joseph Perrot, adjoint. M. Henri Durangel,
» conseiller d'Etat, insigne bienfaiteur de l'église de Mailhac. —
» BoUée fondeur au Mans. »
Cette cloche pèse 300 kilos.
1876. — MAILHAC (Haute- Vienne). — « * J'ai été bénite en sep-
» tembre 1876 par M. Bandel, chanoine honoraire, curé de Saint-
» Sulpice-les-Feuilles, dédiée à Notre-Dame-des-Miracles, et
» nommée Marguerite-Marie. Parrain : M. Ernest Guillerol.
» Marraine : M*'* Louise-Marguerite Thibaut. M. François Lelong,
» curé de Mailhac. M. François-Antoine Bognaud, maire et tré-
» sorier. M. H. Garnier, député, C. *, président de la fabrique.
» M. Joseph Perrot, adjoint. M"" Pulatier, institutrice, prési-
V60 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUR DU LIMOUSIN
» dente de la (Confrérie. M"'* Auguste Guilleret, trésorière. M"*
» Louise Thibaut, reine. M"** Bonnet aînée, secrétaire de la Con-
» frérie. — Bollée, fondeur au Mans. »
Cette cloche pèse 200 kilos.
1877. — LIMOGES. Sainte-Valérie. — « * Le 5 août 1877, j'ai
)> été bénite par Mgr Alfred Duquesnay, évoque de Limoges,
» assisté de M. Jean-Paulin Leclerc, chanoioe archiprétre de la
» cathédrale de Limoges, et de M. François Labrousse, curé de
» Sain le- Valérie et aumônier de Técole normale. J'ai été nom-
» mée Marie-Madeleine par mon parrain Marie-Maurice-Fernand
» de Lostende et ma marraine Marie-Elisabeth-Madeleine Boyer.
» — Sancte Martialis, ora pro nobis. »
1877. —LIMOGES. Sainte-Valérie. — « Le 5 août 4877, j'ai été
j) bénite par Mgr Alfred Duquesnay, évéque de Limoges, assisté
» de M. Jean-Paulin Leclerc, chanoine archiprétre de la cathé-
)> dralede Limoges, et de M. François Labrousse, curé de Sainte-
» Valérie et aumônier do l'école normale. J'ai été nommée Claire-
» Valérie par mon parrain Marie-Louis-Pierre Boyer, et ma mar-
» raine Marie-Antoinette-Claire Chapoulaud. — Ave, virgo Deo
» digna; Ave, martyr Valeria. »
1877. — RILHAC-RANCON (Haute-Vienne). — « * Saint Jean-
» Baptiste, priez pour nous. J'ai été bénite l'an 1877, Mgr Alfred
» Duquesnay étant évoque de Limoges, et M. Jules-Jean-Bapliste
» Brun, curé de Rilhac-Rançon. J'ai eu pour parrain M. Michel-
ï) Fénelon-Martial Rudeuil, et pour marraine M"' Jeanne-José-
» phine-Catherine-Elisabeth Patapy. Etant maire M. Mathieu
» Giroux et adjoint M. J.-B. Giroux. — Georges Bollée, fondeur
» à Orléans, 1877. »
1877. — MAGNAC-BOURG (Haute- Vienne). — « * L'an de Notre
» Seigneur 1877, j'ai été bénite par Mgr Alfred Duquesnay,
» évéque de Limoges. M. Félix-Pierre Dupland étant curé de
» Magnac-Bourg. J'ai été nommée Marie-Antoinelte-Charlotte
» par mon parrain M. Charles Gervais de Lafond et par ma mar-
)) raine Madame Antoinette-Marie-Fernande-Odelte Saint-Marc-
» Girardin, née Guéneau de Mussy, représentée par Mademoiselle
)> Jeanne de Neuville. M. Sarre-Filhoulaud étant maire de la
» commune. M. Elie Breuilh, Armand Breuilh, Faucher, notaire,
» Janicot, Desmaisons, étant membres du conseil de fabrique-
» Bienfaiteurs M" Gustave Bugeaud de la Piconnerie, le général
» Hippolyte [Martin] de La Bastide, Sensaud, G. Briand, E. Mé-
ÉTirotB ^tJlt LfcS GLOCEKS DU BlOGÈSfi DE LlHOGBS 16)
» nîeux, Henri Seidenbinder. — Sancte Jacobe apostole, ora
» pro Dobis. Regiaa sine labe concepta, ora pro nobis. ^ Geor-
» ges BoUée, fondeur, à Orléans. »
1877. — LA CHAPELLE-MONTBRANDEIX (Haute-Vienne). —
« * J'ai été fondue le 15 septembre 1877. Jean Béchade curé,
» M. P. Gros de Veaud maire de La Chapelle-Montbrandeix. J*ai
» été baptisée par Mgr Alfred Duquesnay le 30 septembre 1877.
» J*ai eu pour parrain M. Marie-Joseph-Gabriel-Mathieu-Michel
» Gros de Veaud, et pour marraine M"* Marie-Thérèse-Made-
» leine Chemison-Dubois. Je m'appelle Marie. — Chambon, fon-
» deur à Montargis, Loiret. Je pèse 706 kilos. »
1877. _ BOURGANEUF (Creuse). — « * J'ai été bénite par
» M. Paul-Etienne Diverneresse, curé archiprôtre de Bourganeuf.
» J'ai été nommée Jules-Madeleine par mon parrain Jules Lau-
» mond et ma m«irraine Marie Filloulaud. — Georges BoUée,
» fondeur à Orléans, 1877. »
1877. — BOURGANEUF (Creuse). — « * J'ai été bénite par
» M. Paul-Etienne Diverneresse, curé archiprôtre de Bourganeuf.
» J'ai été nommée Marie par mon parrain François-Camille
» Fouret, et ma marraine Marthe-Marie-Marguerite Durand. —
» Georges Bollée, fondeur à Orléans, 1877. »
1877. — NÉOUX (Creuse). — « * L'an 1877, j'ai été nommée
» Marie-Marguerite-Jeanne-Alfredine par M. Alfred Rousseau
n mon parrain, et Marie-Marguerile-Jeaune Dubujadoux-Couher
» ma marraine. J'ai été donnée par les familles Rousseau et
» Jeau-Baptiste Couher de la paroisse de Néoux. J. Thomas, curé
» de la paroisse. — Chambon, fondeur à Montargis, Loiret. Je
)> pèse 315 kilos. »
1877. — ABJAT ^Dordogne). — « * 1877. Pie IX pape. D'Abert,
» évoque de Périgueux. Louis Pages, curé d'Abjat, J'ai été nom-
» mée Marguerite par M. Sicaire Puiffe-Masgondeau mon parrain
» et M"* Marguerite-Honorine Duvoisin, née Garrigou, ma mar-
» raine. Némorin Duvoisin, maire. François Danède, trésorier
» de la fabrique. Berger, Garrigou, Villotte, membres de la
» fabrique d'Abjat. — Chambon et ses (ils à Montargis, fondeurs.
» Je pèse 317 kilos. »
1877. — CHABANAIS (Charente). Saint-Sébastien. — « * Ad M.
» D. G. et H. B. M. V. — J'ai été baptisée pour l'église de Saint-
» Sébastien de Chabanais le 12 août 1877, par Monseigneur
\éi SOOIÈTÂ ARCÉÉOLOGiQÙB ET ÉIStOAlOUE DÛ LllkOOStlt
» Sébaux, évéqae d*Aagoaléme, assisté de Monsieur Bayssat,
» curé doyen. Mon parrain a été Monsieur Pierre-Robert Plan-
» teau du Maroussin et ma marraine Mademoiselle Marie-Made-
» leine-Gharlotte Manès. — Georges BoUée, fondeur à Orléans,
») 1877. »
1878. —LIMOGES. Saint-Pierre-du-Queyroix. — « * L'an 1878,
» étant évoque de Limoges Mgr Duquesnay ; curé de Saint-Pierre-
» du-Queyroix M. Delor, vicaire-général ; vicaires MM. Rigaud,
» Cousseyroux, Mazabraud, BouiUaud; fabriciens MM. Bleynie
» président, Pénicaud maire, Lamy de La Chapelle secrétaire;
» Disnematin de Salles trésorier; Pouyat président du bureau;
» Jabet; Gay du Palland; Tarnaud; Ardant et Bourdeau de
» Lajudie. ^ J'ai été nommée Marie par mon parrain M. Ludovic-
» Grégoire Bourdeau de Lajudie et par ma marraine M"** Yves-
» Marie-Amélie Tarneaud. — Clamabo ad Deum allissimum
» (Ps. LVI, V. 3.) — Georges Bollée, fondeur à Orléans. 1878. »
1878. — LLMOGES. Saint-Pierre-duQueyroix. — « * L'an 1878,
» étant évéque de Limoges Mgr Duquesnay; curé doyen de
» Saint-Pierre-du-Queyroix M. Delor, vicaire général; vicaires
» MM. Rigaud, Cousseyroux, Mazabraud, Bouillaud; fabriciens
» MM. Bleynie, président; Pénicaud, naaire; Lamy de la Gha-
» pelle. secrétaire; Disnematin de Salles, trésorier; Pouyat, pré-
» sident du bureau; Jabet; Gay du Palland; Tarneau; Ardant et
» Bourdeau de Lajudie. ^ J'ai été nommée Madeleine par mon
» parrain M. Pierre-Hubert Martin, baron de la liastide, cheva-
» lier de la Légion d'honneur, et par ma marraiae M"''' Made-
» leine-Alexandrine Lamy de la Chapelle. — Gloria îa excelsis
» Deo. — Fonderie d'Orléans de Bollée Georges. »
1878. — PEYRILHAC (Haute- Vienne). — « * Baptisée à Peyri-
» Ihac en août 1878. J'ai eu pour parrain M. Joseph-Charles«
» Emile iVIartin-de-Fonjaùdran de la Mothe, conseiller à la Cour
» d'appel; et pour marraine M^^" Marie- Alexandrine- Alix de
» Bruchard de Chavaignac. M. le vicomte Marc de La Guéron-
» nière, maire, officier de la Légion d'honneur* M. Mativet
» Joseph, curé. — Poids 316 kilos. »
1878. — NAILLAT (Creuse). — <r * Parrain : René Desforges.
» Marraine : Amélie Marlière. M. Moreigne, maire. Pascaud,
» curé, 1878. — Bolée, fondeur à Orléans. Poids 790 kilos. »
1878. — NOTH (Creuse). — « * Je m'appelle Marie-Claire. J*ai
tt pour marraine Mademoiselle Marie-Glaire Lecardeur et pour
èTUDÉ SUR LRS ÊLOCABS DO DiOCèsK DE LIllOGlS lAà
» parrain M. Pierre-Adolphe Coulon. M. Pierre-Auguste Lecar-
» deur, maire de Nolh. M. Jean-Jules Périchon, curé de Nolh.
» M. Pierre Peuchaud, président du conseil de fabrique. J'ai été
» bénile par M. Jean-Jules Périchon, curé de la paroisse, Tan
» 1878. S* Pierre et S* Paul patrons de la paroisse de Noth. —
» Georges Bollée, fondeur à Orléans. »
1878. — ROUZÈUE (Charente). — « * J'ai été bénite en 1878,
» J'ai eu pour parrain Jean Arondeau-Ghabrignac, maire de Rou-
» zède, et pour marraine Jeanne-Noémi Broussard. M. Gyprien
» TressaCjCuré. — Fondue pour l'église de Rouzède par Antonin
» et Emile Vauthier, père et fils, à Saint-Emilion (Gironde), l'an
» 1878. »
1879. — SAINT-GENEST (Raute-Vienne). — « * L'an 1879 j'ai
» été fondue pour la paroisse de Saint-Genest, sous l'administra-
» tionde M. Villette, curé. MM. Glappier, maire; J. Deschamps,
» adjoint; Pinchaud; Blanc; M. Deschamps; Nabonne et Quin-
» quenet, fabriciens. Mon parrain est M. Joseph, marquis de
rt Calignon; ma marraine, M''* Jeanne Servois, — Grouzet-Hilde-
» brand, fondeur à Paris, 1879. »
1879. — SAINT-GENEST (Haute-Vienne). — « * L'an 1879 j ai
» été fondue pour la paroisse de Saint-Genest, sous l'administra-
» tion de M. Villette, curé. MM. Glappier, maire ; J. Deschamps,
» adjoint; Pinchaud; Blanc; M. Deschamps; Nabonne et Quin-
» quenet, fabriciens. Mon parrain est M. Prosper Glappier, ma
» marraine, M'^' Marie-Louise Begougne de Juniat. — Grouzet-
0 Hildebrand, fondeur à Paris, 1879. »
1879. — BRIGNAG (Gorrèze). Chapelle de Choine. — « * Sainte
» Pauline, 1879. Parrain : M.Marcel Mas. Marraine : M"« Pauline
» Dartout. o
1880. — BALLEDENT (Haute- Vienne). — « * Notre Dame de la
» Victoire de l'hérésie défendez-nous. — Triadou frères, Ville-
» franche, 1880. »
Gette cloche a 54 centimètres de diamètre et pèse environ
90 kilos.
1881. — S AINT-JUST (Haute-Vienne). — « * Sanctificetur et
» consecretur, Domine, signnm istud in nomine Patris et Filii et
» spiritus sancti. In honorem sancti Justi. Pax tibi. — Monsei-
» gneur Lamazou étant évéque de Limoges. Monsieur l'abbé
» Rokossowski, curé de la paroisse. J'ai eu pour parrain M' De-
» faye, cadet, propriétaire au Rouveix ; et pour marraine
» M"« Malevergne de Lafaye, née Berthe Desry-Dutheil. »
t
164 SOtlÉTi ARCHKOLOGTQUB Kt «ISTOUTQUÏ DtJ tllOtJStH
1881. — LA CHAPELLE-MONTBRANDEIX (Haute- Vienne). —
« * J'ai été donnée par M"« Marguerite Fleurat-Doumailhac,
» marraine. M. Elie-Joseph Marvaud, parrain. M. Ghemison-
Si Dubois. M. Gros de Veaud, maire, M. Béchade, curé. J'ai été
» baptisée le 27 mars 1881. Je m'appelle Joséphine-Marguerite.
» Ghambon, fondeur, àMonlargis. »
1881. — EGURAS (Gliarente). — « * Sit nomen Domini bene-
» dictum. — Je m'appelle Jeanne-Justine-Marie-Agnès. J'ai été
» baptisée par Mgr Sébaux, évéque d'Angoulôme, le l*"" juin 1881 .
» Mon parrain : JeanJustin-Georges Saumon d'Ecuras. Ma mar-
» raine : Marie-Agnès Ricard d'Ecuras. — Pierre Ricard, maire.
» Pierre Gallendreau, président de la fabrique. Pierre Servant,
» curé d'Ecuras. — BoUée, fondeur, Orléans. »
1882. — ISLE (Haute- Vienne). — « * J'ai été bénite par M. Léon
» Marevery, vicaire général. Parrain : M. Henri-Othon-Grégoire
» Benoit de Lostende. Marraine : M™** Marie Adam, épouse de
» M. Pierre Thomas du lieu de Thias. Curé de ia paroisse d'Isle
» M. Pierre-Elie Courtcix. Maire, M. Joseph Beaubrun, 1882. »
Suivent les noms des conseillers municipaux.
1882. — ISLE (Haute- Vienne). — « »îj Sit nomen Domini bene-
» dictum. Parrain : Henri Bonnet. Marraine : Marguerite Verger,
» 1882. »
Celte cloche pèse 43 kil. 500.
1882. —SAINT-LÉGER-LA-MONTAGNE. Notre-Dame de Sauva-
gnac (Haute-Vienne). — « * Je m'appelle Marie, bénite en
» 1882. J'ai pour parrain M. Charles-Guillaume-Frédéric de
» Léobardy, chevalier de la Légion d'honneur et maire de la
» Jonchère, et pour marraine Marie-Julie Des Marais, née de
» Seiglière. M. de Bosgenest, grand vicaire de Limoges, restau-
» rateur de Notre-Dame de Sauvagnac, et desservant mon dona-
» taire. M, Lebouchard, curé de Saint-Léger-la-Montagne. —
» Georges BoUée, fondeur à Orléans, 1882. »
Cette cloche, fondue en 1882, n'a été bénite et placée dans le
clocher de la chapelle de Notre-Dame de Sauvagnac que le
8 septembre 1889. A cette époque la marraine, dont le nom est
dans cette inscription, était morte. Elle fut remplacée par
M"" Noémie Benoit du Buis.
1882. — PENSOL (Haute- Vienne). — « * J'ai été baptisée en
» mars 1882 par M. Eugène Pinchaud, curé doyen de Saint-
» Mathieu, assisté de M. Jean-Henry-Camille-Evariste Polony,
» curé de Pensol. Le parrain a été Jean-Baptiste-Joseph-Jules
ÀtUDB sur les GLOèHBÔ ob DtOcksK DK LIsiOGBS t6Ï
» baron de VerDeilh-Puyrazeau. La marraine Jeanne-Amélie
» Àgar, née Redon, de Masbertler. Etant président de la fabrique
» M. Eugène Jobert et maire Pierre Gourinchas. Bollée, fondeur,
» à Orléans. »
1882. — ROYÈRE (Creuse). — « * Vox clamantis in deserto
» parate viam Domini, rectas facite semitas ejas. Sancte Ger-
» mane, ora pro nobis. Curé : François Touraille. Maire : Victor
n CancaLon. Parrain : François- Arislide Touraille, né en 1876,
» fils de Joseph Touraille et de Léonie Pratique. Marraine :
» Marie-Marguerite-Amarillis Durand, veuve Charrière, descen-
» dante des Dandaleii de Vaux. »
La cloche de 1682 qui s'est cassée en 1880 a servi a fondre
celle qui porte cette inscriplion.
1882. — BRIGNAC (Corrèze). — « * IHVS. Ave Maria. Christus
» vincit. Sancte Michael. Sancte Bénédicte. Sancte Blasi . M CCCC
» LXXXL
» * Maria-Noémi, 1882. Patrino : J.-B. Lableynie. Matrina :
» Maria-Noémie Ninard. Parocho : J.-B. Laborde. Majore :
» J.-B. Lableynie. Adjuncto : Joanne Faucon, 1882. — Pain-
» landre, fondeur. »
Cette cloche reproduit Tinscription de celle de 1481 , et c*est
avec le métal de cette dernière qu^elle a été fondue.
1883. — BIENAC (Haute- Vienne). — Une cloche de Bienac don-
nant la note La, en a remplacé une petite qui avait été brisée.
Elle a été bénite le 29 juillet 1883, pèse 380 kilos et coûte
1.310 francs. Le parrain a été Paul-Marie-Guy de Reilhac de
Chàteaurocher et la marraine Marie-Thérèse de Reilhac de Ghâ-
leaurocher. M. Junien étant curé. Elle s'appelle Marie.
1883. — NOUIC (Haute-Vienne). — « * Fondue à Nouic en 180S,
» au poids de 490 kilos, j'ai été refondue en 1883 au poids de
» 510 kilos, F. Guillot étant curé de Nouic ; J. Marchadier, maire ;
» Jean Des Montiers-Mérinville, président de la fabrique ;B.
» Lesterps, trésorier; et J. Mallel, secrétaire. J'ai eu pour par-
» rain Pierre Des Montiers-Mérinville et pour marraine Marie-
» Joséphine de la Briffe, marquise Des Montiers-Mérinville. —
»> Dieu soit loué. — Je me nomme Marie-Joséphine. — Georges
» Bollée, fondeur à Orléans, 1883. »
1883. — EYMOUTIERS (Haute-Vienne). — « * Mgr Blanger,
» évoque de Limoges, M. J.-P. Maury, curé doyen, chanoine
» honoraire. M. L.-P. Gorgeon, vicaire. L. Glangeaud, sacristain .
T. u\ 44
166 SOCI^é XKCÈBOlOtîlQUÈ ET HllSTORIQÛB DO ttskOUâlH
» M. François-Xavier Gramouzaud, chevalier de la Légion
» d'honneur. M. Pierre Nony, maire, conseiller général. Parrain :
» M. le vicomte Gaston-Joseph Tristan de L'Hermite. Marraine :
» Anne-Gabrielle Gramouzaud, épouse Soumy. — Poids 660 kilos.
» — Paroisse d'Eymoutiers, 1883. »
1883. — EYMOUTIERS (Haute -Vienne). — « * Mgr Blanger,
» évoque de Limoges, M. J.-P. Maury, curé doyen, chanoine
» honoraire. M. L.-P. Gorgeon, vicaire. L. GlangeauJ, sacristain.
» MM. François- Xavier Gramouzaud, chevalier de la Légion
» d*honneur, président de la fabrique ; Armand Soumy, trésorier;
» G. Tristan de THermite; V. Périer; Ernest de La Bachellerie,
» fabriciens. Parrain : M. P. Nony, maire, conseiller général, et
» marraine Françoise Gramouzaud, représentée par M"' Thérèse
» de La Bachellerie. — Je me nomme Thérèse-Pierre. — Poids
» 940 kilos. — Paroisse d'Eymoutiers, 1883. »
1883. - GRAND-BOURG-DE-SALAGNAG (Greuse). — « * Je
» suis née l'an 1883. Je dois le jour à M»« Gabrielle-Zoé-Mathilde
» Poissonnier, veuve d'Aristide Fressinaud. Mon parrain est
» M. Antoine Roy et ma marraine M"* Marie-Fernande-Andrée
» Fressinaud. — Ganlemus Domino. — Poids 595 kilos. »
1883. - SAINT-BONNET-PORT-DIEU (Gorrèze). -~ « * 1883,
» paroisse de Saint-Bonnet. Léon Ghapelobeau, curé. Maire :
» Antonin Lapause. Pierre Rebière, parrain. Victorine Vial-
» loreix, marraine. »
Gette cloche qui a été bénite par Mgr Denéchau, évêque de
Tulle, pèse environ 210 kilos et sort des ateliers de M. Lhéritier,
à Glermont.
1884. — ORADOUR-SUR-GL ANE (Haute-Vienne). — « * J'ai
» été bénite par Mgr Blanger, évéque de Limoges en Tan de
» grâce 1884. Mon parrain a été M. Henri Mosnier et ma mar-
» raine M""" Marie Barataud-Louis ; M. François Barat étant curé
» d'Oradour-sur-Glane et M. Barataud-Louis, maire. Bienfaiteurs :
» M. et M"** Mosnier, M"« Veuve Segret, M. et M"^« Lageon, M. et
» M"« Boudet, M. et M"* La Vérine et M"' Veuve Larmal. »
1884. — ORADOUR-SUR-GLANE (Haute-Vienne). — « * J'ai été
» bénite par Mgr Blanger, évéque de Limoges en Tan de grâce
» 1884. Mon parrain a été M. Charles Lageon et ma marraine
» M"« Gabrielle de La Vérine. M. François Barat étant curé
» d'Oradour-sur-Glane et M. Baralaud-Louis, maire. Bienfai-
» leurs : M. et M"« Mosnier, M*« Veuve Segret, M. et M"** Lageon,
» M. et M"» Boudet, M. et M"« La Vérine et M"* veuve Larmat. d
toûDt son LK^ CLOGÉBS Y>U blOCÈSB t£ LlÀOèlà 1^
1885. — JOURGNAC (Haute-Vienne). — « * L'anl885. Léon XIII
» étant pape, Mgr Blanger, évéque de Limoges, j'ai été bénite
» par M. Tabbé Emile Descharaps, archiprôlre de Saint-Yrieix,
» assisté de M. Audoynaud, curé de Jourgnac. J'ai eu pour par-
» rain M. Paul Marlin-du-Puylison et pour marraine M"* Mathilde
» de Bourguet. Etant maire M. Henri Martin-du-Puylison ; pré-
» sident de la fabrique, Léonard Grange ; trésorier, André Denis ;
» membres, Léonard Labesse, Digay et Champagnol. »
1885.— PAULHAG,communede Saint-Etienne de Fursac(Greuse].
— « * Deo oplimo Maxime. — Jésus. Marie. Joseph. — Je dois
» mon existence à la générosité de M. Léon Pasquet, curé de la
» paroisse. J'ai été fondue pour l'église de Paulhac, sous le pon-
» ficat de Sa Sainteté Léon XIII, pape. Parrain : Jean-Eugène
» Tissier. Marraine : Thérèse Granger. — Fondue par Emile
» Vauthier à Saint-Emilion (Gironde), l'an 1885. »
1885. — SEGONZAG (Gorrèze). — « * Laudo Deum verum,
» plebem voco.
y> Gharmeuse de nos jeunes ans,
» Lyre des morts et des vivants,
» Océan vaste d'hariflonie,
» Goncert de douce mélodie,
» Hymne de joie ou de douleur,
» En tout l'interprète du cœur. »
1886. — AIXE (Haute-Vienne). — a * J'ai été bénite le 14 sep-
» tembre 1886 par M. Bonnaud, curé doyen de Sainte-Groix. Je
» porte les noms de Marguerile-Pierre-Ambroise. J'ai eu pour
» parrain M. Pierre-Xavier David, ancien notaire et président
» du conseil de fabrique, représenté par son petil-fîls M. Pierre-
» François-Etienne David, et pour marraine M"""" Marguerite-Julie
» Gicquet de Pressac, née Limousin. — Fondue par M. G. Bollée,
» d'Orléans. Je pèse 670 kilos et je chante : 0 Grux Ave. »
Gelte cloche donne la note fa.
1886. — GHÈNÉRAILLES (Greuse). — « * Donnée par
» M*^"* Agalhe-Hippolytaine Paliron ; Léon XIII étant pape ;
» Deiort, curie-doyen : Longeviaiie, prêtre habitué ; Lemasson,
» président de la fabrique; Périchon, trésorier; Auclair, Mou-
» don. Déchamp, Lachambre, conseillers, 1886. »
1886. — SAINT-MAURIGE, près La Souterraine (Greuse). —
« * Jésus. Maria. Joseph. — L'an de Notre Seigneur, 1886.
» Léon XIII, pape. Monseigneur Blanger, évêque de Limoges,
» M. Faure, curé de la paroisse depuis 62 ans, j'ai été bénite
168 SOCifrrft ARGHiftOLOGIQIIB BT H18T0RIQUB DU LlÈOUBllir
» par M. Emmanuel Ganappe, vicaire général ; j'ai été nommée
» Marie-Pétronille-Eugénie par mon parrain M. Pierre Lebreton,
» président du conseil de fabrique, et par ma marraine M""* Marie-
» Ànthellemine Gaughy. J'ai été refondue par la générosité des
» habitants de la paroisse. M. J.-B. Secrelin, maire. MM. André
» Bournaud, Vincent Lefaure, J.-B. Gelestin-Deblois, Georges
» Gélestin-Deblois, fabriciens. — 0 Grux Ave. — Regina sine
» labe concepta, ora pro nobis. Sancte-Maurici, ora pro nobis.
» — Georges Bollée, fondeur à Orléans, 1886. »
1886. — SAINT-MAURIGE, près La Souterraine (Greuse). —
i< ^ Sancte Michael, ora pro nobis. — Messire Jacques Gompain,
» curé de la paroisse de Saint-Maurice. Parrain : Messire Mathieu
» Morel, chevalier, baron de Fromental, comte de Glavière,
» Saint-Tone. Marraine : dame Marie-Anne de Mondain de la
» Maisonrouge, épouse de Messire Day de la Maisonrouge de
)) Montôtre, seigneur du Gouret, le Monteil. Refondue aux dépens
» des habitants à la diligence de M. André Poujaud, fabricien,
» 1743.
» Refondue en 1886, j*ai été nommée Marie-Françoise par mon
» parrain Simon-Françoi^ Faure, curé de la paroisse, et par ma
» marraine Marie-Sarah Maingaud. Etant fabriciens MM. P. Le-
» breton, président, A Bournaud, trésorier, Secretin, maire,
» G. Deblois et V. Lefort. François Bertrand, curé auxiliaire de
» Saint-Maurice. — Georges Bollée, fondeur à Orléans. »
1886. — LÉSIGNAG-DURAND (Gharente). — « * Deo nostro sit
0 jucunda decoraque laudatio. — L'an de grâce 1886, j'ai été
•> bénite sous le nom de Saint-Pierre-ès-liens, Mgr Alexandre-
» Léopold Sebaud étant évéque d'Angouléme. M. Antoine Ange-
» lergues, curé deLésignac-Durand. M. Pierre Boutinaud, maire.
» M. Jean Leclerc, adjoint. J*ai eu pour parrain M. François
» Henrotte, pour marraine M"" veuve Anne-Glarisse Puibaraud-
» Villard. — Fondue par Emile Vauthier, à Saint-Emilion (Gi-
» ronde). »
1887. — BAZELAT (Greuse). — « * J'ai été bénite en 1887,
» Léon XIII pape, Mgr Blanger évéque de Limoges, M. Sabot
» curé de Bazelat, M. Gadet, Jean-Baptiste, maire, et M. Bourni-
» quet, adjoint. J'ai eu pour parrain M. Wasmer, Emile-Prosper,
» et marraine M"* Lepeitre, Marie-Ester. — Je me nomme
» Marie-Esther. — Saint-Pierre priez pour nous, Saint-Paul priez
» pour nous. — Georges Bollée, fondeur à Orléans, 1887. »
Gelte cloche qui a 70 centimètres de diamètre pèse environ
190 kilos.
\
ÉTUDB SUR LES CLOCHES DU DIOCÀSB DE LIMOGES 169
1 887.— PAULHAC, commune de SaiDt-Etienne-de-Fursac (Creuse),
ic * Saint-Jean priez pour nous. — Parrains : René Tanchon et
0 Emile Lafaye. Marraines : Palmyre Malabre, Marie Beauger,
» Marguerite Aucompte et Camille Gouguet. — M. l'abbé J.-B.
» Galaleau, chanoine. — Refondue aux frais des habitants de
» Paulhac, en 1887. — Emile Vauthier, fondeur à Saint-Emilion
» (Gironde). »
L'église de la commanderie de Paulhac possédait une cloche
de 1560; elle fut cassée en 1885 et refondue en 1887 avec l'ins-
cription ci-dessus. Elle pèse 317 kilos.
1888. - SAINT-ETIENNE-DE-FURSAC (Creuse). - « * Cette
» cloche a été fondue Tan 1888. Léon XIII pape, Tabbé J.-B.
» Feigneux curé. Le parrain a été André Béchade, la marraine
0 Jeanne Clemençaux. — Je me nomme Jeanne et je donne le
» fa. — Bollée, fondeur à Orléans. »
Cette cloche pèse 635 kilos.
1888. — SAINT-JUNIEN-LES-COMBES (Haute-Vienne). —
u >îi Anno Domini 1888, in honorem S. Juniani, et vox pastoris
» appellata. Parrain : M. René, comte des Montiers-Mérinville,
» maire. Marraine : M"" Berthille Dupuy, comtesse des Mon-
» tiers-Mérinville. Président de la fabrique : M. Fresne Genes-
» teix. Favard, curé. — Bollée, fondeur à Orléans, 1888. »
La petite cloche de Saint-Junien qui porte cette inscription
pèse 100 kilos.
1889. — AIXE (Haute-Vienne). Chapelle de N.-D. d'Arliquet. —
« ^ Bénite par Mgr Rougerie, évoque de Pamiers, le 16 juil-
» let 1889, M. Pierre Bonnaud étant curé d'Aixe et M. Désiré
'/ Prunier, son vicaire. Parrain : M. Jean-Frédéric- Charles de
» Pressac. Marraine : M"' P.-Eugène Cheyroux, née Marguerite-
» Elise Gicquet de Pressac. — Marguerite-Marie. — Je sonne le
» do et pèse 180 kilos. — G. Bollée, fondeur à Orléans, 1889. »
1889. — AIXE. Chapelle de N.-D. d'Arliquet (Haule-Vienne). —
« * Offerte par M. et M"® Gustave Desproges-Gotteron. Bénite
)> par Mgr Rougerie, évoque de Pamiers, le 16 juillet 1889. Par-
» rain : M. Marie-Joseph-Jean-Baptiste Desproges-Gotteron.
» Marraine : M"« Thérèse-Marie-Pie Rouard de Gard. Je me
» nomme Jeanne-Marie-Pie. Je sonne le ré et pèse 125 kilos. —
» G. Bollée, Orléans. »
1889. — AIXE. Chapelle de N.-D. d'Arliquet (aa\iie-\\Qmé). —
« * Offerte par M. et M"« Gustave David-Defaye et leurs enfants,
170 SOCIÉTÉ ARCBÊOLOGIQnB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» Bénite par Mgr Rougerie, évéque de Pami^s, le 16 juil-
» let 1889. ParraiD : M. Alpinien-André David. Marraine :
» M~' veuve Léopold Marsicat, née Françoise-Fanny Mourier de
» Lalande. Je me nomme Marie-Catherine. Je sonne le mi et pèse
» 88 kilos. »
1 889. — AIXE. Chapelle de N.-D. d'Arliquet (Haute-Vienne). —
« * Offerte par M"" Augusline-Marie et Elise Gicquel de Pressac.
» Bénite par Mgr Rougerie, évoque de Pamiers, le 16 juillet 1889.
» Parrain : M. Marie— Joseph-Paul-Etienne de Villelume. Mar-
» raine : M"* veuve Louis de Veyvialle, née Anne-Françoise du
» Boucheron. Je me nomme Anne-Marie. Je sonne le sol et pèse
» 65 kilos. — G. Bollée, Orléans. »
1 889. — BONNAC (Haute-Vienne). — « * J'ai été bénite Tan 1889,
» Léon XIII étant pape, Mgr Renouard, évéque de Limoges,
» M. G. Meunier, curé de Bonnac et M. J. Rousseau, maire. J*ai
» eu pour parrain M. Guillaume de Belot, et pour marraine
» M^^* Marie-Suzanne de Cous. Je me nomme Marie-Suzanne. —
» Hodie si vocem ejusaudieritis nolite obdurare corda veslra. —
» Je sonne le do et pèse 220 kilos. — Georges Bollée, fondeur de
» cloches, à Orléans. »
1889. — BESSINES (Haute- Vienne). Communauté des religieuses.
— « * Joséphine, 1889. -— Donnée par M. Tabbé Navarre. —
» Paintandre, fondeur à Turenne (Corrèze). »
1889. — PAGEAS (Haute- Vienne). — « * Je m'appelle Marie. —
» Marraine : Marie de Félix de Muy, marquise de Coustin du
» Masnadaud. Parrain : M. Léon du Mazaubrun. Maire :
» M. Edouard Raymondaud, 1889. — Donateurs : MM. Jean-
» Baptiste Courbarien, ancien curé de Pageas, et Jean-Baptiste
» Mérigaud, curé actuel. — Fonderie de cloches à Rodez (Avey-
» ron). Maison Triadou, fondée en 1610. Amans Triadou. »
1889. — CHARTREUSE-DE-GLANDIER (Corrèze). — « ^ Sancte
» Johannes Baptista, ora pro nobis, 1889. Christus vincit. Ave
» Maria. — Paintandre, fondeur à Turenne (Corrèze). »
1890. — SAINT-JUNIEN (Haute-Vienne). — « * L'an de N. S.
» 1890, année d'ostensions septennales. Léon XIII, pape glorieu-
» sèment régnant; Léon-Firmin-Joseph Renouard étant évoque
» de Limoges; Michel Bichon, chanoine honoraire, archiprétre
» de Rochechouart ; Pierre-Simon Delort, curé-doyen, chanoine
» honoraire E. Sourioux, J.-B. Chadeyron, vicaires; Théogène
» de Boisse, Junien Deserces, Vincent Deserces, E. Andérodias,
iTUDE SUR LBS CLOCHES DD DIOCÈSE DB LIMOGES M h
A Léon Godel, Amand Rigaud, François Labrunie, Emile Dordet,
» conseillers de fabrique ; moi, Marie-Blancbe-Gnstavie, donnée
» à la paroisse par la fabrique, j'ai été baptisée par M. l'abbé
» Jean-Paulin Leclerc, chanoine titulaire, curé-archiprôtre de la
» cathédrale de Limoges, en présence d'une grande partie de la
» paroisse. J'ai eu pour marraine M"« Marie-Henrietle-Blanche
» Godet, et pour parrain M. Pierre-Marie Rigaud.
» Ut voce tubarum corruerunt mûri Jéricho, sic, me sonante,
» corruit fortitudo demonum. — Je sonne le fa et je pèse
» 760 kilos. — Je me nomme Marie-Blanche-Gustavie. »
1890. - SAINT-JUNIEN (Haute-Vienne). — « * L'an de N. S.
» 1890, année d'ostensions septennales. Léon XIII, pape, glorieu-
» sèment régnant ; Léon-Firmin-Joseph Renouard étant évéque
» de Limoges; Michel Bichon, chanoine honoraire, archiprétre
» de Rochechouart ; Pierre-Simon Delort, curé-doyen, chanoine
a honoraire; E. Sourioux, J.-B. Chadeyron, vicaires; Théogène
» de Boisse, Junien Deserces, Vincent Deserces, E. Andérodias,
» Léon Godet, Amand Rigaud, François Labrunie, Emile Dordet,
» conseillers de fabrique ; moi, Marie-Joseph-Noémie-Elisabeth,
') j'ai été baptisée par M. l'abbé Jean-Paulin Leclerc, chanoine
» honoraire, curé-archiprétre de la cathédrale de Limoges, en
» présence d'une grande partie de la paroisse. J'ai eu pour mar-
» raine M"* Elisabeth Merlin-Ghabanl, et pour parrain M. Marie-
» Joseph Dordet.
» Prœcipue festis soleo laudare diebus
» Summâ Toce Deum, populosque ad sacra ciere.
» HsBC duo divinas resonantia tympana laudes
» Sancte, tibi, tua piebs, o Juniane, dicat.
» Je me nomme Marie-Joseph-Noémie-EIisabeth. Je pèse
» 480 kilos. » Voir la cloche de Saint-Léonard de 1763.
1890. - MÉASNES (Greuse). — « * L'an de grâce 1890, Léon XIII,
» étant pape, j'ai été bénite par Mgr Renouard, évoque de Limo-
» ges, assisté de M. du Breuil de Souvolle. J'ai eu pour parrain
y> Joseph Berniguet et marraine Marie Peyrou ; étant fabriciens
» Silvain Dalot, François Peyrou, Jean-Baptiste Desbordes. »
1890.— MÉASNES (Greuse). - « * L'an de grâce 1890, Léon XIII,
» étant pape, j'ai été bénite par Mgr Renouard, évéque de
» Limoges, assisté de M. du Breuil de Souvolle. J'ai eu pour
» parrain Auguste Aubrun, et pour marraine Geneviève Sou-
» brant; étant labriciens Silvain Dalot, François Peyrou, Jean-
i) Baptiste Desbordes. »
172 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1895. — BUSSIÈRE-BOFFY (Haute- Vienne). — « * Mon parrain
}) a été Pierre-Marcel-Ray mond, baron du Theil, ancien attaché
» d'ambassade, commandeur de Saint-Grégoire-le-Grand, el ma
» marraine Dame Demagnard de Claye, née Alexandrine-Marie-
» Thérèse du Theil. Docteur Dony, maire. Vincent, curé. Je me
» nomme Raymonde-Marcelle-Marie-Thérèse, 1895. »
1895. — BUSSIÈRE-BOFFY (Haute- Vienne). — « * 1606. Par-
» rain : François Dupin, écuyer, seigneur de Monts. Marraine :
» Dame Âg. Duchiron. M. Chuigle, curé. Laudo Deum, plebem
» voco, coiligo clerum, Defunctos ploro, festas decoro, pestem
» fugo, fulgura repello.
» Marie-Marguerile-Marcelle-Hélène. — Mon parrain a été
» Jacques-Marie-Joseph-Marcel, baron de Magnanville. Ma mar-
» raine Marguerile-Nelly d'Assier des Brosses, comtesse de
» Saint-Mathieu. Docteur Dony, maire. Vincent, curé, 189S. »
1896. — BERSAC (Haute-Vienne). — « * L'an de grâce 1896.
» S. S. Léon XIII étant pape. Mgr F. Renouard, évéque de Limo-
» ges, j*ai été bénite par M. E. Bertrand, vicaire général de
» Limoges, en présence de M. J.-B. Delavaud, curé de Bersac;
» Lascaux, maire; A. des Marais, président de la fàbrique;
» P. Laprade, trésorier; J. Bidoux, A. de Laborderie, L. Cham-
» bon, fabriciens. Mon parrain Henri de La Celle, vicomte de
» Châteauclos, et ma marraine M^^*" Caroline de Laborderie, m*ont
» nommée Henriette-Caroline. Née à Orléans, chez M. Bollée, je
» suis la iille de la fabrique de Bersac. Officium, gaudia et funera
» dicam. Vocabo, patrona ducet. »
Cette cloche pèse près de 600 kilos, et donne le fa dièse.
1897. — GUÉRET (Creuse). — « * A. M. D. G. — Cette cloche
» a été fondue et bénite en Thonneur de Saint-Joseph, époux de
» la B. V. M., en mémoire de M. de Cessac, bienfaiteur de l'église
» deGuéret; Léon XIII étant pape ; Mgr Renouard, évoque de
» Limoges; M. Félix Faure, président de la R. F.; M. Grégoire,
» préfet de la Creuse; M. le sénateur Villard, maire de Guéret.
» Le parrain a été M. Jean de Cessac, chevalier de Saint-Grégoire-
» le-Grand; la marraine M""' Gallerand, née Louise-Marie-Marthe
» Voilant. »
1898. — MARSAC (Creuse). — « * Je me nomme Jeanne-Jacque-
» Une. J'ai été baptisée à Marsac, le 27 novembre 1898. J'ai pour
» parrain Jacques Rendu et pour marraine Jeanne Ducoux. Mgr
» Renouard étant évéque de Limoges; curé : Simon Lévéque;
ÈTUDB SUB LIS CLOCHBS DU DlOCftSE DE LIMOGES 173
» maire : Henri Tandeau de Marsac; adjoint : François Delage;
» président de la fabrique : Pascal Baugé. J'ai été donnée à
» l'église par les habitants de la commune. Je pèse SOO kilos et
» je fais le sol. »
Cette cloche, qui vient de la fonderie Boilée, d'Orléans, pèse
exactement 510 kilos et coûte 1.490 francs.
1898. — MOUSTIER-VENTADOUR (Corrèze). — « * Vox cla-
» mantis : Resurrexi et adhuc tecum sum. Parate viam Domini.
» En l'honneur de Sainte Marie, de Saint Pierre et de Saint Paul,
» de Jeanne d'Arc. Léon XIII pape. H.-G.-Dominique Denéchau,
» évéque de Tulle. L. Léon Val, curé. B. Bordas, maire. Ballet,
» président du conseil de fabrique. Paul Lacroix de Souny, par-
» rain. Marie Gaillard de Gouadon, marraine. »
La maison Pourcel et Plainecassagne, de Villefranche (Avey-
ron), a fourni cette cloche à la paroisse de Moustier-Venladour,
en 1898.
1898. — SAINT-HILAIRE-FOISSAG (Gorrèze). — « * Sancte
» Hilari, ora pro tuâ parochiâ. Mgr Henri Gh. D. Denéchau,
• évéque de Tulle. Jean Bouniol, parrain. Marie Dumont, mar-
» raine. Etienne Boulègue, maire. A. L. Albert, curé. — Pourcel
» et Plainecassagne, fondeurs à Villefranche (Aveyron). »
1899. SAINT-JUNIEN (Haute- Vienne). — « * L'an de Notre
» Seigneur 1899, le dimanche 16 juillet. Léon XIII pape glorieu-
*) sèment régnant; Léon-Firrain-Joseph Renouard, évéque de
» Limoges; Pierre-Simon Delort, curé-doyen de Saint-Junien,
» chanoine honoraire; Jean Patier et Jean Guitard, vicaires;
» Emile Dordet, président du conseil; Junien Deserces, Vincent
A Deserces, Emile Andérodias, Léon Godet, Amand Rigaud, Vital
» Labrousse, Jean-Michel-Olivier Bonneau, conseillers de fabri-
» que: Pierre Godet, maire; Moi, Gabrielle-Antonia, j'ai été bap-
» tisée par M. l'abbé J.-P. Leclerc, doyen du chapitre de la
» cathédrale, en présence d'une grande partie de la paroisse.
» J'ai eu pour marraine M"' Gabrielle Labrousse, etpour parrain
» M. Antoine Michel. Je me nomme Gabrielle-Antonia.
» Laudo Deum verum, plebem voco, congrego clerum,
» Defunctos ploro, pestem fugo, festas decoro.
» Georges BoUée, fondeur de cloches, à Orléans, 1899. ^
*» m w
DICTIONNAIRE DES FONDEURS DE CLOCHES
QUI ONT TRAVAILLÉ DANS L'ANCIEN DIOCÈSE DE LIMOGES
ANS. Voir Hans.
AUBRY (L....) a fondu une cloche pour Oradoup-sur-Glane en
1677.
Aubr; (Nicolas) de Levecourt en Lorraine, en compagnie de
Pierre Aubry, qui est peut-être son père, fond une cloche pour
Saint-Sulpice-le-Dunois en 1671. Etant seul, il en fond une pour
Saint-Maurice-près-La Souterraine en 1684, une pour Pejrat-la-
Marche en 1691, et une pour Dompierre en 1698. Nous le voyons
aussi associé avec Jean Roche pour fondre la cloche de Tarn en
1691. Avant de travailler chez nous, il avait fondu, en 1667,1a
cloche de Saint-Hilaire-de-la-Côte, aujourd'hui département de
risëre. La marque de Nicolas Aubry est un médaillon portant au
centre une cloche accostée des lettres N. A. et en exergue
* NICOLAS AVBRY FOND, le tout dans un cercle de perles.
Aubry (Pierre), né à Levecourt (Haute-Marne), le 2 novem-
bre 1681 était le frère cadet de Nicolas Aubry qui précède. En 1714,
il fondait une cloche pour Téglise de Surin (Deux-Sèvres), et en
compagnie d'autres fondeurs, en 1728, une pour Saint- Pierre d'En-
iremont (Isère). Il est mort aux Aubiers (Deux-Sèvres), le 6 avril
1744.
Aubry (Charles) est fils de Pierre Aubry qui précède. Il naquit
aux Aubiers (Deux-Sèvres), le 6 octobre 1717, et mourut au même
lieu le 11 septembre 1788. On trouve dans le département des
Deux-Sèvres des cloches fondues par lui en 1748, 1754, 1759, 1761,
1768.
Antoine-René Peltler, beau-frère de Charles Aubry susdit, est
né aux Aubiers le 25 ou le 26 février 1747 ; il a été fusillé par les
bleus au moulin d'Argenton-Châleau (Deux-Sèvres), en 1793.
Ensemble les deux beaux-frères ont fondu des cloches en 1766, 1767,
1771, 1776,1781,1784.
BARBETTE (André) a fondu une cloche pour Saint-Bonnet-le-
Port-Diev en 1783, et une pour Davignac en 1787.
ÈTrOR SUR LES CLOCHES DU DlOCftSB DE LIMOGES 17^
BARBIER Trères, ont fondu en 1861, à Oradour-Saint-Genest, une
cloche pour l'église de celle paroisse el une pour Téglise du Dorai.
BARRAUD, qu'on Irouve aussi écril Barreaud, Bareau, Baraud,
esl le nom d'une famille de fondeurs de cloche qui ont travaillé
dans le diocèse de Limoges de 1711 à 17S6.
Marc el Antoine Barraud fondent une cloche pour Tabbaye des
Bénédictins de Limoges en 1711. La même année, on trouve la
cloche de Ghampniers signée Barraud, sans aucun prénom ; en 1721 ,
celle de Dournazac est signée Barau, et sur celle de Bussière-Badil
de 1725 on lit : Fecil Barreau.
Marc Barraud en fond une pour Saint-Nicolas-de-Gourbefy en 1718.
11 en fondit aussi une pour Téglise d'Ardilleux (Deux-Sèvres), qui
est aujourd'hui dans celle de Saint-Hilaire-de-Melle, même dépar-
lement.
Jacques Bareau fondit une cloche pour Saint-Estèphe, en 17S6.
— La cloche de Notre-Dame de Xambes (Gharenle), a élé faite
en 1731 par un Barau, qui était de Mouton.
René et Louis Bareau, frères, fondent en 1732 la cloche de
Brantôme (Dordogne). René Bareau fond seul, en 1731, celle de
Blanzay-sur-Boutonne (Gharente-Inférieure), et la même année
signe avec Pierre Bareau le timbre de Thorloge municipale de
Saint-Jean-d'Angély.
On trouve le nom de Louis Bareau en 173S, sur la cloche de
Milhac-de-Nonlron (Dordogne), et en 1744, sur celle de Souffrignac
(Charente).
Dès la fin du xvn* siècle, les Barraud habitaient la paroisse de
Saint-Giers (Gharenle). On les trouve aussi du xvu* au xix* siècle à
Saintes et à Rochefort. La plus ancienne de leurs œuvres est la
cloche fondue le 31 mai 1658 à Poursac (Gharenle) par « le nommé
Barraud, de Mouton ». On signale des cloches fondues par eux
en 1701, à Lussac (Gharente-Inférieure), et en 1761, à Vars
(Gharente).
BAUDOUIN (François) a fondu la cloche de Dessines en 1707, el
Jean-Baplisle Baudouin, en 1773, celle de Brillac, en collaboration
avec E. Guichard et Merlin. Ils sont peut-être de la même famille
que G.-F. Baudouin qui, en compagnie du chevalier Malnuil, fond
une cloche pour Sainte-Agnès, déparlement de Tlsère, en 1844, el
d'Alexandre Baudouin, tondeur à Marseille, qui en 1880 en livre
une à La Serre, même déparlement.
BELOT (Jean) a fondn la cloche de Laguenne en 1630, et Glande
Belot, celle de Saint-Léonard en 1676.
BEZOT(A ),en compagnie deTobie de La Paix, fond la cloche
de Bellac en 1637. On trouve çn 1656, Jean Bezot fondant deux
176 SOCléré ARCHéOLOOiQUB RT BISTORIQUE DU LIMOUSm
cloches pour l'église de Dissais (Vienne), el une pour le collège
des Jésuites, aujourd'hui lycée de Poitiers.
BOLLÉE. Cette famille est originaire de la frontière de Lorraine,
dans la Haute-Marne. Auguste (?) Bollée naquit à Glefmon en 1811 ;
il épousa une demoiselle Mutel, aussi d'une famille de fondeurs de
de cloches, dont on connaît les œuvres depuis trois cents ans. Il
commença à fabriquer pour son compte en 1830. Ses œuvres obtin-
rent une médaille d'argent en 1839 à l'exposition de Tours, et la
grande médaille du même métal en 1842, à l'exposition du Mans.
Plus tard, des médailles d'or et deux diplômes d'honneur. II s'établit
à Orléans en 1840, et céda sa maison à son Hls, G. Bollée, en 1876.
Le diocèse de Limoges possède un très grand nombre de cloches
sorties de cette maison. La plus ancienne est celle Villefavard,
signée : Auguste Bollée, 1852.
BONERA fond une cloche à Dun en 1743 et 1744.
BONNIN a fondu une cloche pour l'hospice de Limoges en 1824,
et une autre pour l'église de Ghampagnac (Haute-Vienne), au mois
de mai 1826, dans les ateliers de M. Parant, à la Monnaie de
Limoges.
BOULANGER (Nicolas), en compagnie de Jacques Martin, ou
Martinet, a fondu une cloche pour Châteauponsac et une pour
Sourzac en 1775. On le retrouve en compagnie de Merlin, à Vou-
zon (Charente).
BOUHIER (François), de Gussac en Limousin, fondit en 1644 une
cloche pour l'église de Notre-Dame de Xambles, diocèse d'Angou-
léme. C'est probablement le même que le suivant.
BOUYER (François), maître fondeur de cloches, épousa Marie
Lemaistre, demoiselle des Arcis, née le 22 mai 1658, fille de Pierre
Lemaistre, écuyer, sieur de La Couldre, paroisse de Gussac et de
Gabrielle de Saint-Laurent. M. R. Drouault a trouvé dans les
registres paroissiaux de Naillac, canton d'Hautefort (Dordogne), le
décès de Madeleine Bouyer, morte en 1695, à l'âge de 23 ans, Qlle
de feu Bouyer, maître fondeur de cloches et de Marie Laforge; elle
fut inhumée à Saint-Aignan d'Hautefort. Madeleine est peut-être
fille de François Bouyer, qui a pu se marier deux fois.
François Bouyer, en compagnie de Pierre Lallet, fondit une clo-
che pour l'hospice de Saint-Yrieix en 1645, et une autre pour
Thiviers en 1660, puis deux pour l'abbaye de Saint-Martial à
Limoges aussi en 1660, et une troisième en 1661. Il avait aussi
travaillé en 1651 à Neuvic, et en 1661 à Saint-Julien-Saint-Apre
(Dordogne). C'est probablement lui qui est indiqué sur la cloche de
Massignac en ces termes : « Charpentier et Bouyer m'ont faite.
ifcrUDK SCR LVS CLOCHBS DU DIOD^SR D« LIHOG^ Vif
1665 ». Voir ci-dessons Jean Charpentier, qui était du bourg de
Boubon, paroisse de Gussac.
On signale à La Rogne, département de l'Hérault, une cloche
de 1630 qui porte : « Bouier m'a faict )>.
GAUSâRD (Jean-Baptiste) est un fondeur ambulant lorrain dont
la première cloche connue est celle de Corgnac (Dordogne). On y
lit : « Auguste Martin, Charles [ou peut-être chevalier] Malnuit,
Causard que opifices. 1821 ». Il se fixa à Limoges, et je Ty ai vu
travailler jusqu'en 18S2, dans le jardin qui aujourd'hui forme l'angle
de l'avenue du Pont-Neuf et de la rue du Clos-Sainte-Marie. Il allait
fondre les cloches dans les paroisses, ou faisait le travail chez lui,
selon le désir de ses clients.
Outre la cloche de Corgnac dont il est parlé ci-dessus, on le
trouve en compagnie du chevalier Malnuit à Eygurande en 1823,
à la Croisille en 1826, et à Magnac-Laval aussi en 1826. Puis, seul,
il fond une cloche pourBersac en 1828; deux pour la cathédrale de
Limoges en 1830 et 1832; une pour Genlioux en 1831 ; trois pour
Saint-Michel-des-Lions à Limoges en 1835; une pour Rançon en
en 1836; une pour Lauriëre, pour Saint-Bonnet-la-Marche et pour
Linards en 1837 ; une pour Jalèches en 1840; une pour Saint-Priest-
sous-Âixe en 1841 ; une pour Dournazacen 1843; deux, fondues sur
place, à Saint-Pardoux-la-Rivière (Dordogne) en 1848; une pour
Droux en 1848; deux pour Le Buis en 1851 et 1852; et une pour
Sain t-Priest-Li goure en 1852.
La marque de Jean-Baptiste Causard est un médaillon portant
au centre une cloche, et en exergue le mot causard.
CELI. L'inscription d'une cloche d& 1811, qui était au collège de
Limoges, se termine par ce mot. Est-ce le nom du fondeur?
CHAMBON. La maison Chamboo a été fondée à Montargis (Loi-
ret), en 1862. Elle a fourni au diocèse de Limoges un bon nombre
de cloches. La première est celle de Champagnac (Creuse), en 1870.
En 1692, il y avait un Ghambon, maître fondeur au Puy-en-Velay,
j'ignore si c'est de la même famille.
CHARPENTIER (Pierre) a fondu une cloche pour l'église de
Champsac en 1628; pour Blond en 1636; pour Sain t-Priest- les-
Fougères en 1641; pour Saint-Marc-à-Frongier en 1646; pour
Saint-Michel-des-Lions de Limoges en 1663. En compagnie de
Pierre Lalay, il en fond une pour Sainl-Pierre-du-Queyroix en 1631 ;
pour l'église de Goulles en 1640. C'est encore lui, à moins que ce
ne soit Jean qui vient ensuite, qui fond en 1665 celle de Massignac
signée : « Charpentier et Bouyer )>. On trouve aussi le nom de
Pierre Charpentier en 1653, sur une cloche de l'église du Temple,
département des Deux-Sèvres.
Jeaa Charpentier a fonda une cloche pour Favars en 1669. tl
avait déjà travaillé en Poitou, car on lui doit la cloche de Tôglise
de Sainte-Radegoode de Poitiers de 1648, et celle de Téglise du
Temple (Deux-Sèvres), de la même année. Il avait épousé Jeanne
Parade, et était mort avant le 28 février 1699, car à cette date on
trouve Jeanne Parade, veuve de Jean Charpentier, fondeur de
cloches, demeurant au bourg de Bonbon (Haute-Vienne), qui vend
quelques parties de son héritage. Voir ci-dessus François Bouyer.
Un Charpentier travaille au Courdault, en Vendée en 1672, et à
Mouilleron, aussi en Vendée en 1676. C'est peut-être à lui que Ton
doit la cloche de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, de 1706.
CHÂ.RTON en compagnie de Dubois a fondu la cloche de Saint-
Michel-des-Lions de Limoges en 1814. Il était d'une famille de fon-
deurs, car on connaît Jean-Baptiste Charton qui fait en 1753 la
cloche de Courcelles-sur-Seine, aujourd'hui à Bonafles (Eure); ea
1774 celle de Sainte-Oportune-près-Vieux-Port, et en 1775 celle
du Marais-Vernier, aussi dans le département de l*Eure. La marque
de ce fondeur qui se volt sur la cloche de Courcelles est un méda-
illon circulaire, dans lequel, autour de la figure d'une cloche, est
le nom jean-b.-gharton.
COC.\HIS (François) a fondu, en 1784, la cloche de Séreilhac. Je
me demande si ce nom assez bizarre, n'a pas été mal imprimé, ou
mal lu. Le déplacement de la lettre H donnerait a peu près le nom
de Cochois, qui est celui d'une famille de fondeurs de cloches. On
lit sur une des cloches de Notre-Dame de Reims : « J'ai été fondue
à Châlons, avec mes trois sœurs, en 1823, par Pierre-François
Cochois, le jeune, de Champigneule, par Bourmont (Haute-Marne) ».
COMPAIN (Michel) travaillait en 1733, avec le sieur Le Brun,
pour la fonte des cloches de l'abbaye de la Règle, à Limoges. Est-
ce le môme que M. Compain, qui en fondit une à Vergt (Dordo-
gne), en 1782.
CORNEVIN. La cloche de Saint-Priest-Taurion a été fondue en
1813, par Cornevin et Mutel. C'est peut-être le fils de Jean Corne-
vin qui, en compagnie de Jacques Ducray, fondait une cloche à
Coublevie en 1740, et signait seul, en 1741, celle de Morette, deux
localités du département de l'Isère. Toutefois, c'est à la suite de sa
réclame commerciale reproduite ci-dessous, qu'il fut chargé de faire
la cloche de Sainl-Priest-Taurion. On lit dans le Journal de la Haute"
Vienne, n"" du 20 octobre 1809, page 490 : « Cloches à vendre ou à
échanger. — M. Cornevin, fondeur de cloches, demeurant à Breu-
vanes-sous-Choisseuil, département de la Haute-Marne, a déposé
chez M. Saderne, tenant Tauberge du Charriot d*or, sur les boule-
yards de la Mairie de Limoges, une cloche pesant 241 livres, neuve
el très sonore, pour échanlillon de celles dont on pourrait lui donner
commission. Il offre au public ses services pour échanger de vieil-
les cloches contre de neuves, du poids el du calibre qu'on désignera.
Il en fournira aax demandeurs, en lui écrivant à l'adresse ci-dessus.
Il en a depuis vingt-cinq livres jusqu'à mille livres de poids, et
donne toute facilité aux communes pour le payement. »
COUTAUD (P....) a fondu la cloche des Carmes déchaussés de
Limoges en 1701, et probablement aussi celle du collège des
Jésuites de la même ville, qui portait, avec la date 1700, les initia-
les C. P.
Cette famille était de Limoges, car on y trouve avant 17S5 Mar-
tial Coutaud, qui prèle serment comme maître fondeur, et Etienne
Coutaud, qui exerçait la môme profession en 17S6. C est peut-être
lui qui est l'auteur de la cloche de Châius, fondue en 1718 et
signée E. C, et de celle de Saint-Alichel-des-Lions de 1726, signée
E. C. E.
Dans Tarpenlement des Orances, qui fut fait en 1782, on voit
que les Coutaud de Limoges possédaient quelques terres en ce lieu.
Joseph Coutaud, en 1769, fondait une cloche pour l'église de
Saint-Brlce, et une pour celle de Saint-Dlzier-Bourganeuf.
J'ai donné les deux contrats qu'il fit avec ces paroisses. Dans les
conventions du premier, on remarque qu'il s'engage à fondre la
cloche soit à Saint-Brice, soit à Jjimoges, au choix des habitants,
qui devront se charger des frais de transport. En 1779, il en fit
une pour l'église de Saint-Maurice de Limoges; en 1780, une pour
Saint-Gilles; en 1782, une pour Rosier-Sain t-Georges et une pour
les Carmélites de Limoges.
Nous retrouvons le nom de ce fondeur dans une circonstance
particulière : Lorsqu'une commission dite des Réguliers, nommée
par le gouvernement, non pour réformer les ordres religieux mais
pour les détruire, eut obtenu la suppression de l'Ordre de Grand-
mont, les arts perdirent une partie des richesses, qui faisaient du
trésor de cette abbaye une collection artistique sans prix. « Pour
donner une idée de ces irréparables pertes, dit M. L. Guibert, on
rappellera que le sieur Courtaud, fondeur à Limoges, qui avait
acheté tout te vieux cuivre existant dans le monastère, recueillit et
revendit plus de quarante quintaïAX de ce métal. Or, dans ce « vieux
cuivre » se trouvait un autel, les revêtements de plusieurs tom-
beaux, une grande croix placée à l'entrée de la bibliothèque, tous
les cuivres ouvragés et émaillés qui ne servaient pas de reliquaires,
el probablement quelques uns de ceux-ci. On en avait arraché à
grands coups de marteaux les incrustations d'émail. »
CR0U2ET. Voir Hildebiand.
\M àOÊlÈri ARCoèoLOGkQUX Et ÉIStORlil^tlK DU LlttOOâtK
DECHARME, fondeur. Oq lui doit la cloche du Dorât de 1837, el
celle de Saint-Martin-Terressus de 1839. Je ne connais pas son
prénom, mais toul porte à croire qu'il est Tun des deux suivants :
François- Victor Decharme a fondu une cloche pour Le Geloux,
département des Landes, en 1817; et une autre à Carceu, même
département. Nous le voyons travailler en 1830 avec un autre fon-
deur du nom de Pierrot.
Louis Decharme a fondu, dans le département de Flsère, une
cloche pour Montferra en 1822, et une pour Estrablin en 1839,
mais cette dernière en compagnie de Brevignon.
DEUGAUSSE (Ursulin), fondeur à Tarbes, a fait en 1869 une
cloche pour Saint-Sébastien-de-Chabanais, aujourd'hui dans le
département de la Charente. Je trouve son nom sur une cloche de
1876 à Baigtz, département des Landes.
DUBOYS (Claude) a toujours travaillé en compagnie d'un autre
fondeur. C'est avec Jean Duhamel qu'il fond la cloche de Varagne,
en 1617, et avec Remy Rozier celle de Saint-Michel de Limoges,
en 1621.
Nous trouvons ensuite dans notre siècle Robert Dubois, au Puy,
qui signe en 1807 les cloches de Bourganeuf et de Nantiat, pendant
qu'à la même date on voit sur celle de Saint-Sulpice-le-Guérétois :
Dubois, neveu, au Puy. Sur la cloche de Nantiat se trouve sa mar-
que. C'est un écusson portant une cloche. Il est entouré des mots :
ROBERT DUBOIS, AU PUY. Eu 1813, la cloche de Seilhac est signée : Les
Dubois, et en 1814 celle de Saint-Michel de Limoges : Les Dubois
et Charton. Entin en 1820 celle de Dessines porte : Robert Dubois,
au Puy.
M. Lacroix, archiviste de la Drôme, a publié en 1875 une notice
de laquelle il résulte que la cloche de Jacquemart, à Romans,
aurait été fondue en 1544, par Nicolas Dubois, campanyer du lieu
de Neuchdtel en Lonaine. Serait-ce un des ancêtres de nos Dubois?
Jean-Baptiste et Claude Duboys, en com pagaie de Jean Cavillier
et de Joseph Simonot fondirent, en 1751, la grosse cloche de Sainte-
Croix de Bernay.
Antoine^ Duboys et Antoine Hauriot fondent en 1776 une cloche
pour Le Tilleul-Lambert (Eure); et avec Ignace Hauriot, en 1781,
trois cloches pour Beauvoir-en-Lyons (Seine-Inférieure).
F. Athanase Dubois fait en 1767, dans te département de l'Isère,
une cloche à Bevenais, et une à Saint- Viclor-de-Morestel.
On trouve encore le nom de Dubois, uni à celui de Dupont, sur
une cloche de 1787.
DUBUISSON et GALLOIS, fondeurs à Paris. C'est la signature que
portent deux cloches de Verneuil-sur- Vienne, qui sont de 1866.
DUHAMEL (JeaD) est associé à Claude Duboys poar foDdre la
cloche de Varagne en 1617.
DUMAS, avec Lanoaille et Peigoey, fond une cloche pour Gussac
en 1886.
DUMONT (P.). Ce nom a été lu sur la cloche de Seilhac de 1760 ;
mais il faut y voir celui de Dupont, qui suit.
DUPONT (P.). L'inscription de la cloche de Seilhac, de 1760, se
termine par ce nom de fondeur, que quelques-uns ont lu Dumont.
Jean-Baptiste Dupont fondit, en 1777, deux cloches pour Faverges,
département de llsère. Le nom de Dupont est associé à celui de
Dubois, sur une cloche de 1787.
DUTOT-JEROME et 0»% fondeurs à Paris. Cette maison a fourni
un certain nombre de cloches au diocèse de Limoges : Deux à
Peyrat-la-Harche en 1867 ; une à Blanzac en 181)8 ; une à la chapelle
de Saint-Martin, paroisse de Saint-Symphorien, en 1870; trois à
Oradour-sur-Vayres en 1873.
FILLOUX. L'inscription d'une cloche conservée au château de
Sannat, paroisse de Saint-Junien-les-Combes, se termine par ces
mots : if. Filiaux me fecit, 1652, C'est assurément le nom de
l'artiste qui Ta fondue. Mais à l'église paroissiale il y en a une de
môme date, sur laquelle on lit : Filiaux, vicaire. Est-ce le vicaire de
la paroisse qui a fondu ces deux cloches ? La chose est possible,
car il y a d'autres exemples de cloches fondues, par des hommes
qui n'en faisaient pas leur profession. Par exemple celle de Bernes,
dans le département de Seine-et-Oise, plus jeune seulement de dix
ans que celles de Saint-Junien, sur laquelle on lit : « 1642. Faitte
de la main de M'« Georges de Fresnoy s' des Vosseaux. »
FORGEOT. Le nom de ce fondeur est écrit Forgeau sur une
cloche de Darnac en 1819. On trouve Forgeot et Mutel, associés
pour fondre la cloche de Magnac-Laval en 1819, et celle de Com-
preignac en 1822. Puis Forgeot signe seul celle de Masléon en 1823,
de Saint-Sébastien en 1856 et de Magnac-Laval en 1859. Il en a
aussi fourni deux à Nontron en 1824.
FRANÇOIS (Michel) a fondu, en 1750, la cloche de Cieux, sur
laquelle on voit un écusson portant une cloche autour de laquelle
on lit en exergue michel François. La même année, en compagnie
de Nicolas Gravier,il fondaitcelle deSaint-Mathieu, etseul, en 1760,
celle de Montrol-Sénard.
FRËRY (Dominique) a fait la cloche de l'hospice de Bellac en 1659,
et en 1669 celle de l'église de Vacqueur, aussi paroisse de Bellac.
Simon Fréry fondait une cloche à Périgné (Deux-Sèvres), en 1662;
T. LU i%
\il 90tl£>rfi A'RGHfÉOLOGIQ'VS \ÈT RISTQÎftlQÙB dIi tlliotlllkll
trois timbres d'horloge an collège des Jésuites de Poitiers en 1664;
une cloche ponr l'église d'AlIonne (Vienne), en 1672; et une poar
celle d'Andillé (Vienne), en 1689.
GALLOIS a fondu une cloche pour Saint-Bonnet-la-Rivière, en
1844. Puis nous le trouvons associé à Dubusson pour les deux de
Verneuil-sur-Vienne, en 1866.
On connaît aussi un Gallois qui a signé la cloche de Notre-
Dame de Fontenay-le-Gomte (Vendée), en 1466.
GAREAU (Peyronne). Ce nom de fondeur se lit sur une petite
cloche de 1609 qui sert dans Tëglise de Pensol.
GAVIAR (Nicolas). Cenom se trouve avec celui de Michel François,
sur la cloche de Saint-Mathieu, fondue en 1750.
GAU (Antoine) a fondu une cloche pour Téglise du Gros-Chas-
tang, en 1673.
GUALBYOT (Désiré) a fait deux cloches pour Tabbaye de Saint-
Marlial à Limoges, en 1551.
GENMOT (G.). Sur la cloche de Vareilles on lit : « Fait par
Perrien et Genraot. 1595. »
GOUYOT (Victor), en compagnie d'Auguste Martin, en 1828, a
fait une cloche pour Dournazac. Seul, il en a fondu en 1829 une
petite qui est au château de Faillemendi, commune de La Ghapelle-
Monlbrandeix. Deux ans après il en fit une pour l'église de Saint-
Martin de Fressengeas (Dordogne), sur laquelle on lit : « Gouyot
Victor, de Breuvannes, 1831. »
Gouyot et Peigney, fondeurs à Angouléme, signent la cloche de
Pageas en 1854. Celle de Saint-Jean-de-Cole (Dordogne) porte ces
mots : « Fecit Peigney pour Gouyot. 1856. »
En remontant plus haut on trouve, en 1636, un fondeur lorrain,
nommé François Guyot travaillant avec Honoré Rozier et Jean
Richard, et en 1398, Etienne Guyot, de Sainte-Marie, diocèse de
Langres, qui pourraient bien être de la même famille.
GUICHARD. Le nom de ce fondeur est écrit Juichard sur une
cloche de Bord (Creuse), en 1733. Les lettres M. F. qui précèdent
ce nom peuvent se traduire par ces mots : m'a faite. Mais si on les
lisait : M. François Gnichard^ ce serait alors le même que l'auteur
d'une cloche de l'église de Sainl-Savin (Vienne), datée de 1759.
M. Nicolas Guichard, tondeur lorrain, a fait la cloche de Miallet
en 1769. On connaît aussi de lui celle de Goust (Dordogne), de 1765,
et celle de Juvardeil en Anjou, de 1764. Il était natif de Chaumont-
la-Ville.
E. Guichard et B. Salvat fondirent la cloche de Louignac en
1783 et celle du séminaire de Poitiers, qui est aujourd'hui à
Saint-Julien-rArs, datée de 1767. C'est la même signature qu'on
trouve sur une cloche de 1774, à Villefranche-du-Clain, et sur une
de 1775 à Saint-Maurice-de-Gencé, deux paroisses du département
de la Vienne. E. Guichard a aussi travaillé en collaboration avec
Jean-Baptiste Baudoin et Merlin, pour la cloche de Brillac en 1773.
La cloche de Chabanais de 1778 est fondue par un Guichard,
qui n'indique pas son prénom; il en est de même pour celte de
1772 qui est à Mensignac (Dordogne).
« Les Guichard » est la signature que porte la cloche de Gleny de
1770. La même bo trouve sur une de Craon (Vienne), de 1774.
GUILLAUME, père et fils, fondeurs à Angers, ont fourni en 1862
une cloche à l'église de Saint-Sébastien.
GUYOT, voir GOUYOT.
HâNS. Ce nom est une transformation lorraine de Jean ou Johan-
nes. C'est celui du plus ancien fondeur de cloches que j'aie trouvé
dans le diocèse de Limoges. Il signe la cloche du Lindois en 1504,
et nous le voyons ensuite travailler à Saint-Junien en 1510.
HILDEBRAND (Auguite), fondeur à Paris, a fourni une cloche à
Louberten 1854, etuneàNouic en 1857. L'église de Saint-Gehest en
possède deux qui sont signées : Crouzet-Hildebrand. Cette maison
a fourni plusieurs autres cloches au diocèse de Limoges.
HOLTZER (Jacob), fondeur de cloches d'acier, à Unieux (Loire),
a livré une cloche à TAsile d'aliénés de Naugeat en 1864, et une à
l'église de Rilhac- Rançon, en 1868.
JUICHARD, voir GUICHARD.
LALAY (Pierre). Ce nom est écrit quelquefois : Lallé et Lalet. Ce
fondeur, associé à Pierre Charpentier, a fait la cloche de Saint-
Pierre-du-Queyroix à Limoges, en 1631 ; et celle de GouUes, en
1640. Dès 1624 il signe seul une cloche de l'abbaye de Feize, qui
est aujourd'hui dans l'église du Petit-Palais (Dordogne) ; et en 1648,
celle de Chftteauponsac. Il s'associa aussi avec François Bouyer,
comme on le voit sur la cloche de l'bospice de Saint-Yrieix de 1645,
surcelle de Saint-Martial de Limoges de 1660, et sur une de Thiviers
de la même date. Sa marque, placée sur cette dernière, est un
médaillon de forme ovale, portant une cloche au centre, et en exer-
gue : LALAY PIERRE.
LAMY (F... de) a fondu, en 1676, la cloche qui est dans l'église de
Turenne. Je ne connais qu'un autre fondeur de ce nom, c'est
M« Hugues Lamy de Roanne, qui Gt en 1633 une cloche pour
l'église de Saint-Cyr-de-Favières (Loire).
LANOAILLE, en collaboration de Dumas et de Peigney, a fait
une cloche pour l'église de Cussac en 1856.
Id4 SOClèrft ARCnftOLOOlQUB Et mstOMOQV W LlftOOBlN
LA PAIX (Tobie de), en compagaie de A. Bezot, a fondu la clo-
che de Bellac de 1637.
Cette famille lorraine a fourni d'autres fondeurs nomades : Nicolas
de la Paix coule, en 166S, la cloche de Mouy ; puis, vers la fin du
siècle, celle de Saint-Samson (Oise). Etienne de La Paix travaille
en 1678 avec deux de ses compatriotes, Michel et Alexis Jolly, à
une cloche de Saint-Pierre de Genève. En 1679, Antoine et Etienne
de La Paix sont associés avec François Mutel, pour la cloche
d*AmbIainvilIe, et celle d*Héronville. A. de La Paix en fond une pour
Ghaumont près Langres en 1684. N. de La Paix, en compagnie de
Jean-Baptiste Lebrun, en 1719, en coule une pour Saint-Maixent
(Deux -Sèvres).
LE BRUN (Jean-Baptiste), de Ghaumont-de-Bassigny, signe ses
œuvres par ces mots : <c Faite par le sieur Le Brun. An 1733. »
11 a fondu, à cette date, une cloche pour l'abbaye de La Règle, à
Limoges, et, en compagnie de Michel Gompain, une pour la cathé-
drale ; une aussi pour Téglise de Maisonnais. En 1739 il en fait une
pour Saint-Léger-Magnazeix ; en 1740 une pour Oradour-Sainl-
Genest, et en 1745 deux pour Vaulry.
Antérieurement à ces dates, en compagnie de N... de La Paix, il
en avait fondu une, en 1719, pour Tabbaye de Saint-Maixent (Deux-
Sèvres). Puis il signe seul celle de Clazay en 1721, et celle de Brie
en 1722, dans le même département ; celle de Thevet en 1725 et
celle de Jardes en 1732, dans le département de la Vienne.
Dans un devis pour la refonte des trois plus petites cloches de
Saint-Ouen de Pont-Audemer, du 4 mars 1725, on lit : « Glande
Brocard et Jean-Baptiste Le Brun. Adresse à Chartres, au Grand-
Gerf, ou chez M. le curé d'Oibec. » G'était probablement le lieu où
il travaillait alors.
En 1727, Jean-Baptiste Le Brun fondit une cloche à Sainl-Jean-
de-Gole (Dordogne). Ge fut la cause d'un procès entre Phébus-
François de Bonneval, marquis de La Marthonie, se disant seigneur
du lieu, et les religieux du prieuré de Saint-Jean-de-Gole qui lui
contestaient ce titre.
On trouve ensuite des cloches signées : « J.-B. Le Brun et son
fils » à Notre-Dame de Niort et à THôtel-de-Ville de Niort en 1740,
ainsi que dans Iqs églises de Sainte-Pezenne et de Fors (Deux-
Sèvres) en 1739.
LELUT (Jean). Une cloche de Tulle, de 1632, porte le nom de ce
fondeur.
LE MAISTRE (Alexandre), qui habitait Pontoise, a fondu, en 1551 ,
la cloche de Saint-Michel-des-Lions, à Limoges. Avant de travailler
chez nous, il en avait fait quatre pour Téglise de Notre-Dame de
ÉTUDE SCR LES CLOCHES DU DIOCASK ^V LIMOGES 185
Meolan, en 1542, une pour Génicourt en 1549, et une pour Le
Bellay (Seineet-Oise) en 1880. Sa marque est une cloclie au-dessus
de laquelle on lit en lettres gothiques : albsadre le maître.
On voit dans un acte du 10 décembre 1861, qu*Alexandre Le
Maistre, fondeur de cloches à Pontoise, et Pcrette Levasseur, sa
femme, louent à François Guiffroy, aussi fondeur de cloches audit
Pontoise, une maison et des terres à Imarmont, paroisse d'Osny.
LB ROYER, fondeur à Paris, en 1889, a fourni une cloche aux
sœurs de Marie-Joseph au Dorât. Il est peut-être de la famille de
Jean Le Royer, qui en 1841 en fondait une pour Mouettes, dépar-
tement de TEure.
On trouve aussi sur des cloches du département de l'Isère la
marque de P. Royer en 1668; N. Royer en 1723; P. et A. Royer
en 1733.
LHERITIER, fondeur à Glermont, a fait, en 1823, la cloche de La
Russière-Madeleine, paroisse de La Souterraine. C^est de la même
maison que sort celle de Saint-Bonnet-Port-Dieu, en 1883.
LIÉBAUD (Bertrand), fondeur, 1728. Une cloche de Bourganeuf
est ainsi signée. C'est la seule que je connaisse de ce fondeur.
MALNUIT (Le chevalier), fondeur à Breuvannes, était un ancien
maître d'école de Romain-au-Bois (Vosges). Après avoir suivi les
guerres du premier empire, il prit sa retraite à Breuvannes (Haute-
Marne), où il établit une petite fonderie.
Son premier travail dans le diocèse de Limoges est à Pensol; il y
a fondu deux cloches en 1819. Puis, en compagnie de Causard, il
en fait une pour Eygurande en 1823; une pour Saint-Méard en
1828 ; une pour La Groisille et une pour Magnac-Bourg en 1826.
Associé ensuite avec Petitfour, ils en fondent une pour Nexon et
une pour Aixe en 1 828.
En 1821, il travaillait à Gorgnac,en compagnie d'Auguste Martin
et de Gausard et en 1844 à Sainte-Agnès (Isère) avec G.-F. Baudoin.
MARTIN. G'est le nom d'une famille de fondeurs de cloches, qui
pendant deux siècles en a fourni un grand nombre au diocèse de
Limoges.
Jean Martin a signé la cloche de Ghâtelus-le-Marcheix, en 1680.
Jean-Baptiste Martin en a fondu une pour Brivezac en 1760 ;
Les Angles, 1774; Nantiat, 1781 ; Liourdes, 1781 ; La Graulière,
1784; Bonnefond, 1788; Espagnac, 1787; Peyrat-le-Ghâteau, 1788.
Sur une des Jacobins de Limoges, de 1781, on lisait : <c N. Martin
et J.-B. Martin », ainsi que sur une d'Astaillac de la même année.
Jacques Martin, associé à J.-B. Mutel, donne deux cloches à
Saint-Aignan-de-Versillac en 1772. Avec Alexis Voilleminil en fond
18G SOCIÉTÉ ARCnéOLOGIQUE ET UISTOIIIQUK DU LIMOUSIN
une pour Sainl-Merd-les-Oussines en 1784. Après la Révolution
nous le trouvons associé à François Martin pour fondre la cloche
de Bersac en 1803; et il est seul en 1805 pour celle de Ghâleau-
ponsac. Il se trouve encore associé avec un fondeur nommé Morlet
pour la cloche de Saint-Jean-de-Colle de 1817. Voir aussi l'article
Martinet.
La Chapelle-aux-Saints possède une cloche signée : « Martin,
père et lils, 1803 ». C'est cette môme signature que Ton trouve sur
une de Sainte-Anne et une de La Groisille en 1815, tout comme
sur une de 1842 à Audon, département des Landes.
François Martin qu'on a vu ci-dessus associé à Jacques pour
fondre la cloche de Bersac en 1803, Test aussi à Bernard Martin
pour celle de Saint-Priest-Taurion en 1804. C'est encore en compa-
gnie de Baptiste Martin qu'il fait celle de Peyrat-le-Château en
1821. Mais il signe seul celle de Saint-Denis-des-Murs en 1823. Il
était de La Colombey-les-Choiseul, déparlement delà Haute-Marne.
Bernard Martin, associé à François en 1804, travaille seul pour
Dun-le-Palleteau en 1807, pour Aixe et pour Compreignac en 1813.
liavaitsigné, enl809, la clochedeSaint-Maurice-de-Gençay (Vienne).
Auguste Martin, fondeur lorrain, en compagnie du chevalier
Malnuit et de Causard, fond une cloche pour Corgnac (Dordogne),
en 182i. Associé avec Alexis Martin et un autre fondeur nommé
Réglot, il en fait deu\ à Saint-Junien en 1826. Il travailla seul
à Auginhac en 1823, à Saint-Estèphe en 1822, à Abjat et à Dour-
nazac en 1828. Il est père d'Edouard Martin avec lequel il fondit la
cloche de Saint-Symphbrien, près Niort en 1829.
« Martin et Mutel » ont fondu la cloche des Grands-Chézeaux,
en 1851.
(( Martin frères » qui ont fait la cloche de Nanteuil (Dordogue),
en 1848, en donnent une à Peyrat le-Ghâteau en 1850, deux à
Saint-Sylvestre en 1854 et une à Pluviers en 1855.
u Edouard et Adolphe Martin, de Breuvannes (Haute-Marne)
signent la cloche de Milhac-de-Nontron en 1847, celle d'Abjat en
1865 et le premier, seul, celle de Saint-Marlial-de- Valette (Dordogne)
en 1839, ainsi que celle de Saint-Ghristophe (Charente) en 1859.
MARTINET (Jacques) est associé en 1775 à Nicolas Boulanger
pour fondre une cloche à Sainte-Marie-la-Claire de Châteauneuf et
une à Sourzac. Leur signature est : « Jacques Martinet, Nicolas
Boulanger, fondeur. » Il pourrait se faire qu'il fallut lire : « Jacques
Martin et Nicolas Boulanger. »
MERLIN a fondu, en 1773, la cloche de Brillac, étant alors
associé à J.-B. Baudouin et à E. Guichard. Il signe celle d'Echour-
gnac (Dordogne) en 1781. 11 habitait Bergerac lorsqu'il eu lit
frrUDB SUR LKS CLOCHBS DU DIOCÈSE DE LIMOGES 187
une pour Saint-Paul-de-Serre en 1786. Puis on trouve son nom
en 1788 à Saint-Germain-de-Morancenne (Charente-Inférieure); en
1789 à Germinac, même département, et enQn en 1790, en compa-
gnie de Boulanger, à Vouzon (Charente).
MÉTIVIER(Ph...)a fait, en 1744, la cloche de l'église de La
Mazière-Basse.
MORIN (Joseph) habitait Limoges. On trouve aux archives de
la Haute- Vienne (C. 510) sa prestation de serment, comme maître
fondeur de la ville de Limoges. II a fait une cloche pour l'église de
Saint-Martin-Terressus en 1732; une pour Saint-Martial de Limoges
en 1733; une autre pour l'abbaye des Bénédictins de la même ville,
la même année; enfin une pour Gouzeix en 1743.
MORLET. Ce fondeur est associé avec Jacques Martin, en 1817,
pour fondre la cloche de Saint-Jean-de-Cole.
MUTEL. Celte famille de fondeurs lorrains est connue par ses
œuvres depuis plus de deux siècles. François Mutel, qui écrivait
son nom Mus tel, fondait en 1679 avec Antoine et Etienne de La
Paix, une cloche pour Amblainville (Oise) et une autre, vers la
même époque, pour Hérouville (Seine-et-Oise). Une de Téglise de
Notre-Dame-des-Victoires à Roanne, porte la signature : « F. et
Nicolas, les Mutel, 1719 » et une seconde : « L. Mutel, 1726. »
Chez nous, Jean-Baptiste Mutel, associé à Jacques Martin, fond
deux cloches pour Saint-Aignan-de-Versillat en 1772. « Mutel et
Cornevin » en font une pour Saint-Priest-Taurion en 1813; « Mutel
etForgeot » une pour Magnac-Laval en 1819 et une pour Gomprei-
gnac en 1822.
Emile Mutel a fourni une cloche à Bazelat, aux Grands-Ghëzeaux
et à La Souterraine en 1846, à Chavanat en 1848 et à Châteauponsac
en 1849.
« Mutel et Martin » en fondent une pour les Grands-Chézeaux
en 18S1.
OSMOND, fondeur du roi, à Paris, a fourni une cloche à l'église
de Fromental en 1830 et peut-être une à Balledent en 1820.
Un fondeur de ce nom existait au xiv<» siècle : c'est Jean Osmond,
de Paris, qui avec Collin Houry de Ruffec, fondait une cloche pour
rhorloge municipale de Paris en 1387.
PAINTANDRE. Les membres de cette famille qui existe à
Turenne ont exercé de père en (ils la profession de fondeur de
cloches. Parmi les nombreuses cloches qu'ils ont fournies au dio-
cèse de Limoges, celle de Turenne est signée : « Paintandre,
frères, 1834 ». Le nom de Paintandre seul se voit sur celles de
Sarran, 1847 ; Seilhac, 1862; Le Glandier, 1889.
18B 80CIKTC AnCRÊOLOGItiTJE ET niSlORIQUE DU LIMOUSIN
M. Paintandre venait de livrer un carillon de dix cloches à Vil-
lelongue-de-la-Salanque (Pyrénées-Orientales), lorsqu'il est mort
en janvier 1897. Par suite d'arrangements intervenus entre ses
tîéritiers et MM. Paintandre frères, fondeurs à Vitry-le-François,
cousins du défunt, ces derniers prennent la suite de la fonderie
jusqu'à ce que le lîls de M. Paintandre soit en âge de reprendre
l'industrie à Turenne.
PEIGNEY. Quelques membres de cette famille de fondeurs lor-
rains ont écrit leur nom : Peignier. Le musée des antiquités de
Poitiers possède la règle d'un N. Peigney, qu'on croit du xvn* siècle.
On sait que la règle d'un fondeur est une planchette de buis, sur
laquelle sont gravées les lettres, chiffres, marques et ornements
divers qui doivent figurer sur les cloches. Or, celle dont il est
question pourrait bien avoir appartenu à Nicolas Peigney qui, en
1787, fondait chez nous une cloche pour l'abbaye d'Aubepierre et
une pour l'église de Fresselines. Il semble être le père du suivant.
François-Charles Peigney, naquit en 1800, en Lorraine, à Dam-
blain (Vosges). Il était au Dorât en 1827, où je trouve sa première
cloche. Sa présence est signalée à Poitiers de 1819 à 1830. Vers
cette dernière date il s'établit à Saint-Florent, aux portes de Niort,
avec son frère qui abandonna plus tard la fonte des cloches pour
entrer dans le service de l'octroi à Niort et mourut en 1861.
Vers 1840-1843 Charles-François Peigney est fixé en Vendée, à
Morlagne, puis vers 1848 sa résidence est à Confolens (Charente).
Il y possède un atelier, ce qui ne l'empêche pas d'aller fondre dans
le Poitou, le Limousin et le Périgord. En 1854, en compagnie de
Gouyot, il signe la cloche de Pageas; et en 1856 celle de Cussac
qu'il a fondue en société avec Lanoaille et Dumas. La même année
il fond sur place celle de Saint-Jean-de-Cole (Dordogne), sur laquelle
on lit : « Fecit Peigney pour Gouyot. • Enlin on le trouve à Poitiers
en 1857 et il en partit pour aller chercher fortune en Espagne.
PERRIEN. L'inscription de la cloche de Vareille, fondue en 1595,
se termine par ces mots : « Fait par Perrien et Genmot. »
PETITFOUR (Paul) qui était de Brevanne (Haute-Marne) a signé
la cloche de Bellegarde en 1834. Précédemment, il était associé
avec le chevalier Malnuit pour fondre en 1828 celle de Nexon et
celle d'Aixe.
PINESTRAN (Jacques), maître fondeur de cloches, fit celle de
Laguenne en 1614 et pour cela fit un procès avec les habitants de
cette paroisse.
PLAINECASSAGNE. Voir Pourcel.
ÈTUDS SUR LRS CLOCBIS DU DiOCiSB DE LIMOGES 189
POINCÀRRË (Joseph), maître fondeur de cloches, hahitanl
ordinairement la ville de Neafchasteau, diocèse de Toul, fondit la
cloche da Vigen en 1768. Il mourut le 23 mai 1766. Son gendre,
nommé Mariette, et son seul héritier, comme époux de Marguerite
Poincarré, reçut le prix de son travail par Tintermédiaire de
M. Beaulieu, subdélégué de l'intendant de Limoges.
POURCEL et Plainecassagne, fondeurs à Villefranche (Aveyron)
ont fourni, en 1898, une cloche à Saint-Hilaire-Foissac et une à
Moutier-Ventadour.
RÉGLOT, en compagnie d^Auguste et d* Alexis Martin, travaille
à la fonte de deux cloches pour Saint-Junien en 1826.
RENAUDIN (N...) a fondu une cloche pour Téglise de Camps en
1741 et une pour celle de Meymac en 1747.
RICHARD (Jean-Baptiste) a fondu la cloche de Rilhac-Lastours
en 1768. Il est peut-être le même que « Richard >» qui a signé une
cloche au Touvet (Isère) en 1772.
Au siècle précédent on trouve Jean Richard, Lorrain, qui travail-
lait à la cloche de Notre-Dame-des-Ermites en 1636 et Tannée
suivante au bourdon de Tabbaye d'Einsiedeln. Claude Richard,
maître fondeur à Grenoble, fit une cloche pour Tëche et Beaulieu
en 1659, et une pour Saint-Gervais en 1660, le tout dans le dépar-
tement de risère.
ROCHE (Jean) et Nicolas Aubry fondirent en 1691 une cloche
pour Téglise de Tarn, à Aixe. C*est celle qui a été transportée à
Saint-Pierre-du-Queyrois, à Limoges, en 1809.
ROLLAND ou ROULAN (François), dit Lanseman, habitait le
faubourg de la Porte-Boucherie à Limoges. Son surnom de Lands-
mann, compatriote, pays, porte à croire quMl est venu des Flandres
ou de TAllemagne. Il figure sur la liste des maîtres fondeurs de
Limoges en 1560. Sous la ligue il fondit des canons pour le roi. Il
se trouva aussi mêlé aux troubles qui eurent lieu à Limoges en
1589. C'est à lui que Ton doit le grand candélabre de la confrérie
du Saint-Sacrement, qu'il refit en 1579. Martial de Gay, dans son
Livre de Raison, nous dit qu*il lui acheta en 1596 un candélabre
de salle et un lustre. Il a fondu en 1567 la cloche de la chapelle du
cimetière de sa paroisse, Saint-Maurice, à Limoges.
Hélie Rolland, aussi maître fondeur à Limoges, est probablement
le fils de François qui précède. Il épousa Peyronne FayoUe et en
eut un fils, nommé François, qui fut baptisé dans l'église de Saint-
Maurice le 26 juillet 1605. C'est apparemment lui qui, le 6 décem-
bre 1646, sous le nom de « Rolland dit Lansemçnt » Qst uq de$
490 SOCIÉTÉ ARCHÊOLOGIQDB KT BISTORIQUB DU LIMOUSIN
prud'hommes chargés d'élire les consuls de Limoges. Une cloche
de Sainte-Marie-la-Glaire^ à Gh&leauneuf, porte le nom d*Hélie
Rollant, 1677.
Celte famille fixée à Limoges dès le xyi** siècle, y conserva des
représentants. On y trouve, en 1621, Cécile Roland a fille de sire
Etienne Roland, marchand libraire de Limoges. » En 1704, le
14 septembre le baplôme « d'Etienne Roland, fils d'autre Etienne
Roland, libraire, et de Marguerite Noni. » Un Rolland, gendre à
Reyx, fut élu consul de Limoges pour le faubourg Boucherie, le
9 décembre 1710.
ROZIER (Remy), associé à Claude Dubois, signe en 1621 une
cloche de Saint-Michel-des-Lions, à Limoges.
Pierre Rozier, en 1626, mit sa marque sur une cloche de PuUay
(Eure). Elle est formée d'un cartouche ovale, orné de quatre
fleurs de lis disposées en croix, portant autour d'une cloche le nom :
PIERRE ROZIER.
Honoré Rozier travaillait en 1636 avec François Guyot et Jean
Richard à la cloche de Notre-Dame-des-Ermites et Tannée suivante
au bourdon de Tabbaye d'Einsiedeln, en Suisse.
De 1785 à 1864 des fondeurs du nom de Rozier ont fourni un
grand nombre de cloches aux églises du département de Tlsère.
SALVAT (B...) associé à E. Guichard a fondu la cloche de
Louignac en 1783.
SEVROT (Claude) a fait la cloche d'Eygurande en 1732. Au bas
de cette cloche est sa marque : un écusson portant une cloche
entourée de son nom : claude-sbvrot. Une cloche de Saint-Bonnet-
des-Quarts, département de la Loire, est signée : « B. Sevrot, 1650. »
Une autre à Saint-Cyr-de-Valorges, dans le même département,
porte « Jacques Sevrot, 1685. » Mais ce nom est accompagné de la
marque d'un fondeur, qui est un rectangle, inscrivant un cercle
dans lequel on Ut : buise sevrot et au milieu du cercle est une
cloche. Jacques est probablement le fils de Biaise, dont il emploie
encore le cachet.
SIMONNET (Pierre) a fondu en 1733 la cloche de Peyrissac et
en i735 celle de Sarran. Entre ces deux dates on le trouve à
Deauville (Calvados), où il signe une cloche : « Faite par maistre
Pierre Simonnet, fondeur de Brevanne, en Lorraine, 1734. » Deux
cloches d'Evreux, de 1780, portent le nom de Pierre Simonnet.
Pierre Simonet de 1733 est-il le môme que celui de 1780 ?
Nicolas Simonnet eut trois fils : l"" Joseph Simonnet, époux de
Marie-Anne Le Roy, dont naquit Joseph-Nicolas ; 2* Pierre Simon-
net qui était chez nous en 1733 et en 1735; 3** Nicolas Simonnet,
BTrDI SUR LKS CI.0C11KS DU PIOCÈSB DB LIMOGES f91
Ces trois frères Joseph, Pierre et Nicolas fondirent en 1736 la
grosse de Damville. Nicolas Simonnet en avait fait deux à Beaulieu
en 1724.
SOYER (Jean-Baptiste) a fait la cloche de Rilhac-Saintrie en
1733. On le trouve plus tard travaillant à Valbonnais (Isère) avec
Vallier, en 1757. Puis à Saint-Jean-de-Bournay, même départe-
ment, où il signe : « J. Soyer et J.-B. Picander, 1776. »
TORTOTOU (P...). Ce nom, qu'il faut peut-être lire Tortolou, se
trouve à la fin de Tinscription d'une cloche de La Souterraine de
1535. Est-ce le nom du fondeur ou celui du parrain?
TRIADOU (Amans), fondeur de cloches à Rodez (Aveyron), a
fourni une cloche à Téglise de Pageas en 1889. Cette maison
aurait été fondée en 1610.
VANDER GHAM (Pierre) a fondu à Louvain en 1548 une cloche
qui est venue à Saint-Pierre-du-Queyroix, à Limoges. En 1558 il en
faisait une autre qui est aujourd'hui à Montmédy et sur laquelle on
lit son nom « Peeter Vanden Ghein ghegoten (clochetier) ».
Jean Vanden Ghein en a fondu une en 1559, qui est à Saint-
Pierre-le-Divion, commune de Tiepval, département de la Somme.
A Chaumont (Haute-Marne) il en existe une signée « Andréas
Vanden Geyn me fudit Lovani anno 1727. » Celle que nous avons
à Saint-Léonard porte également « Andréas Vanden Chein me
fudit Lovani anno 1763. »
Les célèbres fondeurs Vanden Gheyn, de Malines, ont encore
aujourd'hui des représentants à Louvain; les Van Aerschodt-
Vanden Gheyn exercent actuellement l'industrie de leurs ancêtres.
VAUTHIER (Antoine) a fondu une cloche pour Grenor en 1862 ;
trois pour Sainl-Michel-des-Lions à Limoges en 1868, une à Las-
tours et une à Teyjat en 1874, une à Saint-Jouvent et deux à Miallet
en 1876. Celle de Rouzède, de 1878, porte « A. et E. Vaulhicr
père et fils ». Emile Vauthier en signe deux pour Paulhac en 1885
et 1887 et une pour Lésignac-Durand en 1886.
La maison Vauthier, fondée à Saint-Emilion (Gironde), en 1840,
a fourni bien d'autres cloches au diocèse de Limoges.
VOILLEMOT ou VOILLEMIN (Alexis), associé à Jacques Martin,
a fondu en 1784 la cloche de Saint-Merd-les-Oussines, transportée
à Ambrugeat. Son nom a été lu sur cette cloche Voillemin. Il
semble être parent et peut-être le fils de F. Voillemot qui, en 1742,
signait la cloche de La Gresle (Loire). Ils descendent de maître
Claude Voullemot, du bourg d'Ambélin, en Lorraine, qui fondit,
en 1686, une cloche à Vif, en Dauphiné, et en 1692 une autre à
Arbresle (Rhône).
LOCALITÉS DONT LES CLOCHES SONT CITÉES DANS GEHE ÉTUDE
ET DATES AUXQUELLES ON LES TROUVE
Abjat, 1641, 18S8, 1865, 1877.
Aignant-de-Versillac (Saint). 1490,
1772, 1772,
Aixe, 1813, 1828, 1886, 1889, 1889,
1889, 1889.
Albignac, 1604.
Albassac, 1675.
Allassac, 1582, 1644.
Allois(Les),c.deLaGeneylouse, 1519.
Altillac, XVI» siècle.
Ambazac, 4124,1779,1849.
Ambrugeat, 1784, 1854.
Angles (Les), 1774.
Anne (Sainte), 1604, 1845.
Argentat, 1525, 1538.
Artige(L'), c. de Saint-Léonard, 1489.
Arrènes, 1510.
Astaillac, 1571,1781.
Aubepierre, 1787.
Aubusson, 1520, 1748.
Auginhac, 1579, 1823.
Aurlat, 1509.
Avit-le-Pauvre (Saint), 1744.
Avit-de-TarJe (Saint), 1672, 1864.
Ayen, 1604.
Azérables, 1860, 1867.
Balledent, 1820, 1880.
Barthélémy (Saint), 1559,
Baseuge (La), 1511.
Basile (Saint), 1611.
Bassignac-ie-Bas, 1671.
Bazelat, 1843, 1887.
Beaalieu, 1507, xvi« siècle, 1712,1715,
1724.
Beaune, 1623, 1723.
Dellac, 1637, 1659, 1669, 1722, 1824,
1824,
Bellegarde, 1550, 1834.
Berneuil, 1524, 1688.
Bersac, 1803, 1828, 1896.
Bessines, 1707, 1820, 1889.
Beynac, 1630, 1638, 1756, 1802,1802,
1852.
Beyssenac, xv* siècle.
Bienac, 1664, 1883.
Billac, xv« siècle, 1650, 1858.
Blanzac, 1575, 1868.
Blessac, 1713.
Blond, 1636.
Bonnac, 1856, U89.
Bonnefont, 1785.
Bonnet-la-Marche (Saint), 1575,1837.
Bonnet-la-Rivière (Saint) (aujourd'hai
Saint-Bonnet-Briance), 1673, 1844.
Bonnet-Ie- Port-Dieu (Saint), 1783.
1883.
Bort, 1499, 1602, 1713, 1733.
Bourganeuf, 16t7, 1728, 1807, 1839,
1877.
Bregère (La), 1727, 1750.
Brice (Saint), 1769.
Brignac, 1481,1879, 1«82.
Brigueil, 1640. 1846.
Brillac. 1525, 1773, 1873, 1873.
Brive, 1499, 1546, 1581.
Brivezac, 152 i, 1760.
Bugeat, 1755.
Buis (Le), 1851,
Burgnac, 1662.
Bussière (La), 1615.
Bussière-Badil, 1725.
Bussière-Boffy, 1606, 1895, 1895.
Busflière-Madeleine (La), 1823.
Camps, 1745,
ttfShK 8im LES CtOCUBS bS DlOCàsR DS LlftOOtâ
m
Cars (Les), i7U.
Chabanais, 1778, 1836, 1863, 1869,
1877.
Chabrignac, 1506, 1659.
Chalard (Le), 1633.
Châlus, xui* siècle, 1718.
GhamboreU 1404, 1488.
Champagnac, 1748, 1836, 1870.
Ghampagnac-la-Noaille, 1600, 1631.
ChampagnaC'la-Pnine, 1565, 1582.
Ghampnélery, 1589.
Cbampniers, c. de Reilhac et Ghamp-
niers, 1711.
Ghampsac, xiv« siècle, 1698, 1751.
Chaoac, 1764.
Chapelle- au x-Brocs, 1608.
Cbapelle-aux-Saints, 1803.
Ghapelle-Baloue, 1561.
Cbapelle-Hoolbrandeix, 1724, 1829,
1877, 1881.
Ghapelle-Taillefer, 1329.
Chapelle-Spioasse, 1536.
Ghaplelat, 1596.
Charrières, c. de Saial-Maureil, 1509.
Ghartrier, 1525.
Gbàteauneuf, 1677, 1775.
Ghâleauponsac, 1648, 1805.
Châtelos, 1680.
Cbauffour, 1592.
Chavaoal, xiv« siècle, 1616« 1848.
Cbénérailles, 1633, 1886.
Ghéronnac, 1579.
Christopbe (Saint). 1581, 1730, 1859.
Cieux, 1750.
Gompreignac, 1813, 1823.
GoDcèze, 1475.
Corrèze, 1595.
Gouffy, 1772, 1866.
Golondannes, 1868.
Coarbefy, c. de Saint-Nicolas, 1616.
Coozeix, xiii* siècle, 1743.
Croisille (La), 1896, 1845, 1870.
Croix (La), 1595.
Crozant, 1873.
CuremoDte, 1543, 1788.
Cussac, 1781, 1856,
Dampniac, 1 178.
Darnac, 1596, 1819.
Davîgnac, 1787.
Denis- des-Murs (Saint), 1823.
Dinsac, xiv« siècle.
Dizier-Bourganeuf (Saint), 1535,1740,
1771.
Domplerre, 1698.
Donzenac, 1634.
Dorât (Le), 1O60, 1600, 1699, 1824,
1827, 1837,1859, 1861.
Dournazac. 1598, 1648, 1731, 1828,
1843.
Droux, 4849, 1849.
Dun, 1702, 1743, 1750, 1807, 1863,
1863.
Eloi (Saint), 1336.
Elol-de-Ségur (Saint), 1539.
Escuras, 1881.
Espagnac, 1638, 1787.
Espartignac, 1764.
Estèphe (Saint), 17j6, 1822.
Eslivaax, 1474.
Etienne-de-Fursac (Saiot),1560, 1616,
1885, 1887,1888.
Eygurande, 1739, <823,
Eymoutiers, 1552, 1625, 1629, 1883,
1883.
Eyren, 1733.
Favars, 1619, 1669, 1813.
Feyre (Sainte), 1573.
Fiel (Saint), 1735.
Folles, 1496.
Fontgaland, c. du Trucq, 1616.
Fontmerle, xvi« siècle.
Fromental, 1642, 1830, 1875.
Fursac (V. Saint-Etienne et Saint-
Pi erre- de-Fursac).
Gence (Saint), 1584.
Genest (Saint), 1879, 1879.
Geneytouse (La), 1519.
Genier-Curemonte (Saint), 1543, 1788.
Genouillic, 1575.
Gentioux, 1812, 1831.
Germain-Beaupré (Saint), 1776, 1846,
1846, 1869.
Gilles (Saint), 1601, 1780.
Gimel, 1608, 1790.
Gioux, 1620.
Glandier (Le), 1889,
rtl
soclÈTt x^cvifcoLOGiQ^ fit Bisto^iQtnc d\j iiiÉoVsl^
Gleny, 1770.
Goulles, 1640.
Graad-Bourg-de-Salagnac, 1847, 1883.
GrandsChézeaux (Les), 1843, 1854.
Grandsaigne, I7f9.
Grenor, c. de Cbabanais, 186S.
Gros-Cliastang, 1673.
Guéret, xyi» siècle, 1649, 1661, 1KI3,
1897.
Hilaire-Foissac (Saiat), 1898.
Hilaire-ia-Treille (Saiol), 1781, 1818.
Islc, 1833, 1882, 1889.
Jabreilles, 1404, 1551.
Jalesches, 1840.
Jaaailhac, 1780, 1859.
Jouillat, 1S52.
Jourgnac, 1503, 1886.
Jouvent (Saint), 1763, 1876.
Juillac, 1636.
Junien (Saint), 1264, 1350, 1405,1510,
1826, 1836, 1890. 4890, 1899.
Jonien-les-Combes (Saint), 1632, 1888.
Just (Saint), 1881.
Lagarde, 1532, 1631.
Lagleygcolle, 1774.
Lagraulière, 1782, 1784.
Lagucnne, 1586, 1614, 1630.
La Mazière-Basse, 1645, 1743.
La Mazière-Haute, 1647.
La Meyse (Voir Meyze).
Lamongerie, xv^ siècle, 1761.
Langlade, 1616.
Lanteuil, 1503.
Laplain, c. de Tersannes, xv* siècle.
Larche, 1535.
Lascoux, 1594.
Lastours, c. de Kilhac-Lastours, 1874.
Laurent-sur-Gorre (Saint), xiii« siècle.
1635.
Laurière, 1837.
Laval, 1684.
Léger-Magnazeix (Saint), xiv" siècle,
1739, 1789.
Léger-Bridereix (Saint), 1510.
Léger-la-Montagne (Saint), 161 2, 1752,
1882.
Léonard (Saint), 1466, 1467, U89,
1676, 1763, 1810.
Lésignac- Durand, 1886.
Limoges, xtv* siècle, 1548, xtii* siècle.
— Cathédrale, 1014, 1171, xiv« siècle,
XIV* siècle, xiv« siècle, 1571,
1574, 1574, 1702, 1733, 1804,
1830, 1831, 1852.
— Saioi-Pierre-du-Queyroix, 1122,
1419, 1518, 1610, 1611, 1631,
1691, 1878, 1878.
— Sainl-Michel-des-Lions, 1122,1167,
1215, 1431. xv« siècle, 1551,
xvi« siècle, 1603, 1621, 1623,
1663, 1663, 1786, 1814, 1835,
1868, 1868, 1868.
— Saint-Michel-de-Pistorie, xiv* siè-
cle, 1624.
" Saint-Maurice, 1567, 1605, 1628,
1767. 1779.
~ Saint-Domnolet, 1680, 1738.
— Sainte- Valérie, 1877, 1877.
— Sain t-CessMteur, 1214.
— SaintJulien-Sainte-Âffre,xiv*siècle,
~ Sainte-Madeleine de La Bregère,
1727, 1750.
— Saint-Martial de Montjauvy, 1783.
— Saint-Martial, 1063, Il 22, 1161,
1167, 1175. 1197, 1215, 1284,
1350, 1437, 1452, 1456, 1551,
1551, 1552, 1575, 1638, 1660,
1660, 1661, 1733, 1757.
— Bénédictins (Abbaye de Saint-Au-
gustin), 1215, 1487, 1643, 171 ! ,
1733, 1766.
— La Règle, 1255, xiv« siècle, 1511,
1733.
— Saint-Martin, 112*.
— Les Augu.stins, 1782.
— Les Jacobins (Dominicains), 1781.
— Les Carmélites, 1782.
— Les Carmes déchaussés, 1536,1701.
— Collège, 1511, 1600, 1626, 1700,
1743.
— Hospice, 1824.
— Naugeat, 1864.
— Le Consulat, 1365, xiv® siècle.
— Moulin de Brouillebas, xvii* siècle.
Linards, 1774, 1783. 178^, 1837.
Lindois (Le;, 1504.
iMtol SUk Lis CLOdilES ^U DlQfCÈdB "bB LlAoÔBS
^§^
Liourdres, 1590, 1784.
Lonzac (Le), 1558, 1635.
Loubert, 1597, 1854.
Louignac, 1783.
Lu8sac-les-Eglises, 1789.
Lussas, I7S8.
Magnao-Bourg, 1826, 1877.
Magnac- Laval, 1819, 1830, 1859.
Mailbac, 1505, 1876, 1876.
Maisonnais, 1733.
Maisoonisse, 1616.
Maosac, 154S.
Marc-à-Frongier (Saint), 1646.
Marcillac-la-Groisillc, 157S, 1749.
Marie-la-Glaire (Sainte). (V. Château-
neuf).
Marie-de-Vaux (Sainte), xv« siècle.
Marsac, 1898.
Martial-de-Valette (Saint), 1790.
Martin (Saint), 1870.
Martin-Terressus (Saint), 1732, 1837.
Marval, 1572.
Mascheix, 1616, 1620.
Masléon, 1823.
Massignac, 1665.
Mathieu (Saint), 1750.
Maureil (Saint), 1500.
Maurice (Saint), 1684,1743,1886,1886.
Maumont, c. de Rosier-d'Egletons,
XT« siècle, 1720.
Hazière (Voir La Mazière).
Méard (Saint), 1895.
Méasnes, 1787, 1890, 1800.
Mestes, 1667.
Meymae, 1701, 1745.
Meyssac, 1585.
Meyze (La), xiv» siècle.
Milhaguel, 1726.
Moissannes, 1539, 1575.
Hontbrun, c. de Dournazac, 1648.
Montrol-Senard, 1760.
MonlroUet, 1510. 1860.
Mortemart, xiii* siècle, 1712.
Morteroiles, 1708.
Moustier-Ventadour, 1898.
Moutier-Rosellle, 1685,
Naillat, 1878.
Nantlat, 1781, 1807.
Naugeat, 1864.
Nedde, 1766.
Néoux, xvi« siècle, 1877.
Nespouls, 1534, 1813.
Neuvic, 1538,1655, 1780.
Nexon, xv* siècle, 1784, 1898.
Nicolas-de-Courbefy (Saint), 1504,
1616, 1718.
Nieul, 1S76.
Noailles, 1533.
Nonards, 1693.
Noth, 1878.
Nontronneau, 1631.
Nouic, 1805, 1857, 1883.
Obazine, 1169, xiv» siècle.
Oradour-Salnt-Gcnest, 1740, 1861.
Oradour-sur-Glane, 1677, 1884, 1884.
Oradour-sur-Vayres, 1613, 1714, 1873,
1873, 1873.
Orliac-de-Bar, 1600.
Ouen (Saint), 1575, 1615.
Pageas, 1854,1889.
Palazinge, 1555, 1775.
Palisse, 1517.
Pardoux-Lavaud (Saint), 1617.
Pardoux-Rancon (Saint), 1504.
Paulhac, c. de Saint-Eiienne-de-Fur-
sac, 1560» 1616, 1885, 1887.
Penaot, 1600, 1819, 1819, 1889.
Perpezac-le-Blanc, 1550.
Perpezac-le-Noir, 1694.
Peyrabout, 1616.
Peyrat-le-Châleau, 1508, 1665, 1788,
1891, 1850, 1866.
Peyrat-la-Marche, 1691, 1867, 1867.
Peyrelevade, 15t9.
Peyrilhac, 1878.
Peyrissac, 1698, 1733.
Piégut, c. de Pluviers-Piégut, 1645.
Pierre-de-Fursac (Saint), 1786.
Piquets (Les), c. de Juillac, 1636.
Plain (La), c. de Tersannes, xv* siècle.
Plénartige, c. de Nedde, 17G6.
Pluviers-Piégut, 1855.
Port-Dieu (Le), 1596, xvi« siècle.
Priesi-la-Feuille (Saint), 1599, 1875,
1875.
Pricst-Ligoure(Saint), 1810, 1859, 1852«
)t6
âOClÎTâ ARCBÈOLO«IQUlt KV ftlStO^tQOB bU LlIkOUtlIk
Priest-sous-Aixc (Saint), 1841 .
Priest-Taiirion (Saint), 1804, 1813.
Prugoe (La), c. de La Chapelle-aux-
Brocs, 1608.
Puy-d'Arnac, 1671.
Piiy-de-Noix, e. de Beynat, 1638.
Quentin (Saint), 1601, I8l7.
Uueyssac, 1699.
Rançon, 1826, 1836.
Razès, 1582.
Reilhac, IÔ37.
Reygades, 1653.
Rilhac-Lastours, 1768,1874.
Rilbac-Rancon, 1868, 1877.
Rilhac-Saintrie, 1504, 1733.
Rilhac-Treignac, 1741.
Rochechouarl, 1511, 1615, 1811.
Roche -Palazinge (La), 1555, 1775.
Hoster-Masléon, 1782.
Rosierd'Ëgletons (Maumont), xv^' siè-
cle, 1720.
Roumazlères, 1635.
Roussac, XIII* siècle, 1859, 1875.
Roussi nés, 1830.
Rouzède, 1878.
Royère, 1682, 1704, 1737,1865, 1882.
Sadroc, 1743.
Sagnal, 1534.
Salles-Lavauguyon (Les), 18Gt.
Salon, 1783.
Sannat (ch&leau de), c. de Saint-Ju-
nien-les-Combes, 1632.
Sarran, 1408, 1493, 1735, 1847.
Sauvagnac, c. de Saint-Léger-la-Mon-
tagne, 1882.
Savignac-Ies-Nonlron, 1772.
Sébastien (Saint), 1856, 1863.
Segonzac, 1702, 1885.
Seilhac, 1760, 1813, 1862.
Séreilbac, I784, 1791, 1791.
Scrvières, xv® siècle, xvi» siècle.
Sioniac, 1689.
Solignac, 1328, 1733.
Sornin-la-Marcbe (Saint), 1495, xv«
siècle.
Soursac, 1703, 4775.
Souterraine (La), 1525, 1823, 1843.
Sulpice-le-Guérétoîs (Saint), 1612.
Sulpice-le-Dunois (Saint), 1671.
Sussac, 1761, 1862.
Sylvestre (Saint), 1854, 1854.
Sympborien (Saint), 1483, 1615, 1870.
Teyjal, 1558, 1874.
Thouron, xvi" siècle, 1602.
Tracq(Le), 1616.
Tulle, 1465, 1580, 1585, 1627, 163t,
1695, 1701, 1806.
Turenne, 1676, 1834.
Uzerche, 1062, 1096.
Vaulry, 1745, 1745.
Varagne, 1617.
Vareilles, 1595.
VcrneuiUsur-Vienne, 1866, 1866.
Verneoil-Charcnle, 1763.
Verneuil-Moutier, 1642.
Viclurnien (Saint), 1482.
Vigen (Le), 1765,
Villefavard, 1852.
Yrieix (Saint), 1571, 1624, 1645, 1656,
1712.
ERRATA
1»03
1505
1520
1781
au lieu de
— (St-Pardoux) —
LENTEUIL lisez
1505 —
LIOURDES —
LIOURDE —
LANTEUIL.
1504.
LIOURDRES.
LIOURDRES.
DÉLIBÉRATIONS
DK LA
CHAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES
DE LIMOGES
(Extraits relatifs à Vindnsirie porcelainière, de 18S0 à 1858)
La Chambre consultative des manufactures et du commerce de Limoges
(tel est son premier titre) a été insiituée en 1804. Toutefois, ses délibéra-
tions écrites ne commencent qu'en 48S2, soit que la première rédaction
des procès-verbaux concorde en effet avec la réorganisation qui eut lieu à
cette date, soit que le registre antérieur ait été perdu.
Quoiqu*il en soit, la Chambre de commerce de Limoges, qui a succédé
en 1858 à la Chambre des arts et manufactures, ne possède des procès-
verbaux de celle-ci que trois registres :
Le premier commence le 20 janvier 1822 et s'arrête au 98 octobre 1833;
— le deuxième va du 5 novembre 1833 au 17 octobre 1864; — le dernier
s*élend de décembre 1854 au 1 7 janvier 1856.
La mise au net des délibérations de 1856-1858 n'a pas eu lieu. Par
bonheur, nous en retrouvons le contenu dans Tun des deux plumitifs sub-
sistants : Tun, d'octobre 1840 à mars 1850, l'autre, de juillet 1850 à avril
1858. C'est de celui-là que nous avons tiré ce qui concerne l'industrie de la
porcelaine pendant les dernières années de l'existence de notre Chambre.
Nous ajouterons que les délibérations en question sont une source
capitale pour la connaissance du mouvement industriel et commercial à
Limoges pendant près de quarante années. 11 serait pour celte raison fort
désirable qa'elles fussent publiées intégralement.
Alfred Leroux.
T« ui 43
IftS ftOciÂti AaCaàoLOCiQOiB ftT BtstOEiQDc ou LittOOdIR
œ Séance du 25 octobre 1830
M. le Maire invile la Chambre à fixer son atlenlion sur la situation
fâcheuse où sont les nombreuses fabriques de celte ville [de Limo-
ges] et du déparlement; sur les dangers auxquels la Iranqullité du
pays pourrait être exposée si les ouvriers manquaient d'ouvrage
pendant Thiver, et sur les moyens de prévenir un état aussi alar-
mant.
Après une mûre délibération, la Chambre a arrêté renvoi à
à M. le Ministre de rintérieur de la lettre suivante :
Monsieur lb MiNiSTas,
Il est da devoir de la Chambre [des manufactures et du commerce de
Limoges] de vous rappeler [qu*uo] graud nombre de fabriques de toate
espèce existent dans le département de la Haute-Vienne. Les manufaclures
de porcelaine seules occupent h Limoges près de mille familles.
Les circonstances graves dans lesquelles le commerce se trouve engagé,
paralysent la vente des objets de luxe et notamment des produits de nos
fabriques de 'porcelaine et de papier. Toute négociation d^effets de com-
merce, même acceptés, est devenue très difficile et presque impossible aax
propriétaires de ces établissements. Leur passif se grossit journellement,
et le plus sacré de leurs engagements, le payement du salaire de leurs
ouvriers, s^arrière en proportion de la gène extrême qulls éprouvent.
Réduits à des besoins que nous ne pourrions exposer en termes assez
expressifs, ces ouvriers sont menacés de la plus afifreuse détresse.
Les expressions nous manquent aussi pour vous peindre Tanxiété de nos
concitoyens, justement alarmés par l'idée des désordres auxquels pourrait
se porter une si grande multitude d*hommes qui ne prendraient conseil
que de la nécessité où les laisserait le manque d*ouvrage pendant Thiver.
Et cependant, Monsieur le Ministre, les efforts des fabricants ne peuvent
se- prolonger. Déjà nos maisons de banque sont surchargées de porcelaines
prises en nantissement, et cet encombrement rend désormais impossible
tout crédit, même sur dépôt de marchandises. La fermeture des fabriques
serait donc inévitable et prochaine si leurs entrepreneurs n^obienaient une
part efficace dans les trente millions que la loi a mis à la disposition du
commerce et de Tindustrie.
Des instructions ministérielles vont sans doute régler remploi de ce cré-
dit, afin d'en assurer une sage distribution. La Chambre est sans avis à ce
sujet, et cependant elle a déjà reçu de nombreuses demandes.
Dans cet état de choses, elle croit utile de vous faire connaître la nature
et la quotité des secours que sollicitent les manufacturiers du pays, l^es
(1) Extraits du premier registre des délibérations de la Chambre.
tttAM^kg tb^sùLtAtivk htk AtiVs Et tkANul^ACrÙRàè \d%
nos voudraient un crédit qui assurât la négociation d^effets de commerce
que les banquiers refusent d'escompter; d'autres préféreraient des capitaux
effectifs, immédiatement applicables à Tamortissement de dettes contractées
avaot ou depuis la révolution de Juillet; le plus grand nombre se borne-
raient à recevoir des secours mensuels proportionnés à Tactivité qu'ils
conserveraient à leurs travaux.
Pour mettre à profit les moments, en attendant la réception des instruc-
tions qui lui seront adressées, la Chambre s'est proposé les questions
suivantes (4) :
Les secours qui seront accordés à MM, les fabricants deoront-ils l'être
sous la condition expresse de continuer leur fabrication pendant un
temps déterminé ?
S'il ne s*agissait que de procurer aux manufacturiers des moyens de
liquidation dans Tespoir de voir leur crédit se relever, les conditions du
prêt qui leur serait accordé ne se compliqueraient d'aucune prévision en
rapport avec la paix publique.
Mais il nous semble que la loi a eu le double but de soutenir Tinduslrie
française et d'assurer l'ordre et la paix publique en ménageant des moyens
d'existence à la classe ouvrière.
On doit donc, dans l'état actuel des choses, prendre en considération le
passé cl Tavenir; mais l'avenir surtout doit dominer la pensée du gouver-
nement. Le rétablissement de la prospérité industrielle Je maintien de l'or-
dre et de la tranquillité en dépendent.
Hors (slc)^ il pourrait arriver que les secours à peine réalisés, passant
des mains des fabricants dans celles de leurs créanciers, seraient sans
eflicacité pour arrêter la fermeture de leurs ateliers.
La Chambre, pour prévenir ce résultat, estime que, quelque intérêt
qu'on doive prendre à la situation des fabricants, il faut, en les aidant,
concilier les sentiments qu'inspirent leur position avec les autres intérêts
de la société.
Pour atteindre convenablement ce but, la Chambre a l'honneur de vous
prier, Monsieur le Ministre, de comprendre le département de la Haute-
Vienne pour quinze à dix-huit cent mille francs dans la répartition des
trente millions, et de la fixer sur l'opportunité des deux conditions suivantes
qu'elle est dans Tintention de mettre aux prêts à effectuer :
La première serait de justifier, par privilège sur toute autre dette, de
l'emploi du premier tiers du secours au payement des salaires restés dus
aux ouvriers sur leurs ouvrages d'août, septembre et octobre 1830 ;
La seconde, de ne recevoir le montant des deux autres tiers que par
sixième ou dixième, et de mois en mois, avec l'obligation pour chacun
des fabricants de justifier de la continuation de ses travaux et du paiement
intégral des prix de façon.
Appliquant ainsi le premier tiers au passé et ménageant les deux autres
tiers des versements mensuels» subordonnés à la condition d'occuper les
ouvriers, la Chambre espère qu'on se rapprochera des deux buts qu'on se
(1) Le singulier conviendrait mieux.
200 SOCtir ARCHioLOGIQDK Et ttlStOlLIQUB bU tlIlOOsm
propose d*atteindre. Toutefois la Chambre n*eaiendrail pas, par Tobligation
imposée de continaer leurs travaux, assujétir les fabricants à l'activité des
temps prospères; elle ne prétendrait exiger que le travail nécessaire pour
prévenir tout désordre.
Nous terminons, Monsieur le Ministre, par l'appel le plus pressant à la
conviction où vous êtes sans doute que les secours, pour être efficaces
et atteindre le but de la loi, doivent être appliqués le plus promptement
possible.
Nous avons Thonoeur d*être, Monsieur le Ministre, avec le plus profoad
respect, vos très humbles et dévoués serviteurs.
Fait et délibéré à Limoges, les jour, mois et an susdits.
Fr. Alluaud aîné, président. Audoin.
Séance du 2 novembre 1830
M. le Président a déposé sur le bureau plusieurs demaudes
adressées à la Chambre considérée comme Chambre de Commerce.
Vu les demandes adressées par les sieurs Meize, Monnerie fils,
Lefebvre, Barbe, Poncel et C*% Baignol, Nivet et Belut, tous fabri-
cants de porcelaine, demeurant, le premier à Solignac, les second,
troisième, quatrième et cinquième à Limoges, et le sieur Baignol
à Brigueil, département de la Haute-Vienne (i) ;
Vu la loi du 17 octobre dernier, Tordonnance du 18 et Tavis
adressé aux Chambres de commei'ce dans la partie officielle du
Moniteur du 19 du même mois;
Considérant sur la demande du sieur Meize qu'elle a pour objet :
!• d'obtenir un secours effectif de 80.000 fr. et un secours mensuel
de 8.000 fr. ; que, relativement au premier chef de demande, le
pétitionnaire reconnaît lui-même qu'il y a lieu de surseoir jusqu'à
ce que la Commission aura examiné cette demande principale ;
Considérant que, pour la Commission de commerce à même de
faire cet examen, la Chambre consultative doit lui donner des
renseignements sur les sûretés hypothécaires et des expertises sur
le mobilier industriel et sur les marchandises offertes par le sieur
Meize, qui devra lui-même faire procéder aux formalités préalables
ci-dessous indiquées; qu'on doit donc se borner, quant à présent, à
apprécier l'utilité du secours mensuel qui fait l'objet delà seconde
partie de sa demande;
(1) Brigueil est dans le département de la Charente. La fabrique que Ton
désignait ainsi tirait son nom de la forêt de Brigueil, toute voisine, mais
se trouvait en réalité dans la commune de Saint-Brice, département de la
Haute-Vienne.
CHAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES 201
Considérant à cel égard qu'il est de notoriété publique que le
sieur Heize occupe dans sa fabrique située à Soligiiac, arrondisse-
ment de Limoges, environ deux cents ouvriers ; que le repos public
est intéressé à ce que ces ouvriers ne restent pas sans travail;
Considérant qu'un secours mensuel au moyen duquel les prix
de main-d'œuvre pourront être régulièrement acquittés, permet seul
d'atteindre ce but;
Considérant aussi que les fabriques de porcelaine présentent
une branche d'industrie qu'il importe au Gouvernement de conser-
ver;
Considérant sur la demande formée par MM. Monnerie fils et
Lefebvre, tendant à obtenir un secours mensuel de 20.000 fr. pen-
dant cinq mois, sous l'offre, pour en assurer le remboursement, de
consigner des marchandises ou des valeurs acceptées par bonnes
maisons de Paris ou de Limoges; qu'il est de notoriété que les
sieurs Monnerie et Lefebvre activent deux manufactures de porce-
laine, situées l'une à Limoges et l'autre à Saint-Léonard, dans les-
quelles ils occupent trois cents ouvriers ;
Que les sûretés qu'ils proposent exigeront des expertises quant
aux marchandises et l'appréciation des signatures qui seront appo-
sées sur les effets de commerce, mais qu'il n'y a aucun inconvénient
à décider d'ores et déjà qu'il y a lieu d^allouer les secours mensuels
réclamés, sauf à apprécier les sûretés offertes au moment où ces
secours seront réalisés ; qu'au reste, l'urgence, l'intérêt du com-
commerce et la paix publique recommandent cette demande;
Considérant sur la demande des sieurs Barbe, Poncel et C**, ten-
dant à obtenir un secours mensuel de 6.000 fr. pendant six ou huit
mois, qu'il est de notoriété que les pétitionnaires occupent environ
cent ouvriers auxquels il importe d'assurer du travail ; que les
sûretés offertes par cette maison de commerce donneront lieu à des
expertises, desquelles il faudra justifier aux époques auxquelles les
secours seront réalisés et qu'il convient de reconnaître d'ores et
déjà que le secours demandé est recommandé par l'intérêt du
commerce et par àes raisons non moins puissantes d'ordre et de
repos public ;
Considérant sur la demande formée par MM. Nivet et Belut dans
leur lettre adressée à M. le Maire de Limoges sous la date du
{*' novembre courant, tendant à obtenir un nantissement d'effets de
commerce ou de marchandises un secours de 4 à 6.000 fr. par mois ;
il est de notoriété que environ quatre-vingts ouvriers sont occupés
dans cette fabrique ; qu'il importe à la prospérité industrielle et au
repos public de soutenir cet établissement; que les sûretés offertes
902 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT niSTORIQUE DU UMOUSlN
consistant en marchandises ou en effets de commerce seront ulté-
rieurement expertisées ou appréciées ; mais qu'en attendant, rien
ne s'oppose à ce que le secours réclamé soit jugé utile et nécessaire ;
Considérant sur la demande formée par M. Baignol cadet, ten-
dant à obtenir une avance effective de 150.000 fr. ; savoir SO.OOO fr.
de suite et un service mensuel de 20.000 fr. pendant cinq mois,
sous Toffre de sûretés hypothécaires sur ses immeubles de Limoges
et de Brigueil, et de consignations de marchandises; qu'il est de
notoriété que ce fabricant a formé au lieu de Brigueil, département
de la Haute-Vienne, une espèce de colonie composée d'environ trois
cents ouvriers et de leurs familles ; que cet établissement d'une
haute importance se recommande sous tous les rapports ; que néan-
moins les sûretés hypothécaires proposées ne pourront être
appréciées qu'après des formalités préalables ; qu'ainsi il doit être
sursis sur la demande tendant à obtenir au moyen de ses hypothè-
ques une avance de 50.000 fr. ; que quant au secours mensuel
de 20.000 fr. pendant cinq mois et aux sûretés offertes tout à la
fois hypothécaires et immobilières, il est urgent d'accorder le
secours à M. Baignol, sauf à constater la validité des garanties
qu'il présente pour sûreté de celte avance;
Vu aussi la demande adressée à la Commission par M. Charpen-
tier de Bellecourt, extracteur de kaolin et fabricant de matières
à porcelaine, demeurant à Limoges, tendant à obtenir un secours
mensuel de 3.000 fr. ;
Considérant que l'extraction des kaolins ne se fait point en hiver;
qu'on y emploie des manœuvres qui peuvent être occupés aux tra-
vaux de l'agriculture ; que cette extraction ne pourrait être activée
en hiver que dans le cas où les fabriques de porcelaine en auraient
un pressant besoin, circonstance qui ne se présentera point cette
année; que sous. ces rapports le repos public est sans intérêt dans
la demande formée par M. Charpentier; que néanmoins il est à la
connaissance de la Chambre que ce pétitionnaire a fait des dépen-
ses considérables et utiles aux progrès de l'industrie dans les
moulins et usines qu'il a créés pour la fabrique des matières et
pâtes à porcelaine et qu'il est juste et convenable de venir à son
secours sur nantissement de marchandises qui seront préalable-
ment expertisées;
Considérant sur toutes les pétitions précitées, que MM. les fabri-
cants varient entr'eux sur les époques auxquelles les secours men-
suels devront cesser et sur les époques où les sommes avancées à
titre de secours devront être remboursées; que la Chambre elle-
même est dans l'impossibilité de prévoir ou s'arrêtera la crise dans
laquelle le commerce est actuellement compromis; qu'ainsi la
CHàHBRB CONSULTATIVB DES ARTS KT MANUFACTUARS 903
Commission investie de tous les pouvoirs et mieux à même d'ap-
précier les circonstances et d'en prévoir le terme, devra seule se
déterminer sur ces divers points ;
Considérant toutefois que les secours accordés, quels qu'ils soient,
ne devront être délivrés qu'à la vue des titres de propriété sur
expertises des mobiliers industriels et des marchandises offertes
pour sûreté des sommes prêtées ;
Qu'ainsi la Chambre doit se hâter de se procurer des lumières
nécessaires pour répondre h tous les renseignements qui lui seront
demandés sur les gages, mobiliers et immobiliers, offerts parles
fabricants qui désirent jouir du bénéfice de la loi ;
Par tous ces motifs, la Chambre arrête ce qui suit :
Art. 1*'. — Les titres établissant la propriété des immeubles
offerts par MM. les fabricants prénommés, la nature et le montant
des inscriptions hypothécaires, légales, conventionnelles et autres
dont ces propriétés ont pu être grevées jusqu'à ce jour, seront
soumis à l'examen de MM. Tixier et Demartial, avocats, et Morélié-
ras, notaire.
Art. 2. — La valeur vénale des objets immobiliers sera constatée
par M. Nanot, propriétaire et expert, demeurant à Aixe, et par le
sieur Malinvaud, aussi propriétaire, demeurant à Limoges.
Art. 3. — Les états estimatifs du mobilier industriel des fabri-
ques et des marchandises seront dressés par MM. Blanchet et
Lagaerry, négodants en porcelaine, demeurant à Limoges.
Art. 4. — Au requis des dits fabricants, les susdits avocats,
notaire et experts, chacun en ce qui le concerne, procéderont
diligemment et sans frais, sauf leurs honoraires et frais de dépla-
cement qui seront supportés par les dits fabricants.
Art. s. — La Chambre consultative estime qu'il y a lieu de sur-
seoir sur la demande formée par M. Meize, d'un secours de 80.000 fr.
jusqu à ce qu'il aura soumis son usine aux vérifications et esti-
mations ci-dessus prescrites.
Elle estime qu'il convient d'accorder au dit Meize un secours
mensuel de 6.000 fr.
Art. 6. — Qu'il convient d'accorder aux sieurs Monnerie fils et
Lefebvre un secours mensuel de 20.000 fr.
Art. 7. — Qu'il convient d'accorder aux sieurs Barbe, Poucet
et C^* un secours mensuel de 6.000 fr.
Art. 8. — Qu'il y a lieu d'accorder un secours mensuel de
4 à 6.000 fr. aux sieurs Nivet et Belut.
30 i SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Art. 9. — Qu'il y a lieu de surseoir sur la demande de M. Bai-
gQol, tendant à obtenir une avance de 50.000 fr. jusqu à ce qu il
aura rempli les préalables (i) prescrits par les articles 1, S, 3 et 4
des présentes.
Qu*il y a lieu néanmoins d*ores et déjà de lui accorder un secours
mensuel*de 20.000 fr. par mois.
Art, 10. — La Chambre estime qu'elle n'a rien à statuer sur la
durée des dits secours mensuels et sur les époques et les termes
de leur remboursement, devant s'en remettre sur ces points à la
prudence et aux prévisions de la Commission elle même.
Art. il. — Les secours mensuels accordés, quels qu'ils soient, ne
seront délivrés aux pétitionnaires et à chacun d'eux, qu'en par
chacun d'eux rapportant les expertises et l'état estimatif prescrit
par les articles 3, 3 et 4 de la présente délibération, ou en par eux
rapportant des effets de commerce qu'ils offrent en nantissement et
sur la solidité desquels la Chambre statuera avant la délivrance
des dits secours.
Art. 12. — Les dits pétitionnaires pour recevoir les dits secours,
devront aussi s'obliger envers la Chambre à continuer leur fabrica-
tion ou au moins à lui donner assez d'activité pour prévenir tout
désordre de la part de leurs ouvriers respectifs, et en conséquence,
chacun des dits fabricants sera tenu de rapporter chaque mois
des attestations à cet égard des autorités des lieux où leurs fabri-
ques sont situées.
Art. 13. — Copie de la présente délibération sera adressée de
suite à M. le Préfet du département et à la Commission, ensemble
les pétitions qui en font l'objet ; elle sera délivrée par extraits aux
fabricants, sur leurs demandes.
Art. 14. — La Chambre estime également qu'il convient d'accor-
der à M. Charpentier de Bellecourt un secours mensuel de 1.000 fr.,
sous les conditions déjà exprimées relativement aux autres péti-
tionnaires, sauf la continuation des travaux de ses moulins.
Fait à Limoges, séance tenante, le 3 novembre 1830.
Signé : Alluaud aîné, Boudet fils aîné et J. AuDOum.
Séance du 13 novembre 1830
M. le président a déposé sur le bureau plusieurs demandes
formées par plusieurs fabricants du département, en vertu de la
loi du 17 octobre dernier.
^1) Dans le seos^de préUminairea. Cf. ci-dessous, p. S39.
CHAMBRE CONSULTATIVE DEg ARTS ET MANUFACTURES 205
La Chambre après eo avoir délibéré, vu la dite loi, Tordonnance
du 18 et ravis inséré au Moniteur du 19 du même mois ;
Vu la demande formée le 6 novembre courant par MM. Latrille
et C^% Tabricants de porcelaine, demeurants à Limoges, tendant à
obtenir un secours de cent mille francs en dix pactes égaux et de
mois en mois ;
Considérant que MM. Latrille et C^<> occupent. ordinairement plus
de cent trente ouvriers dans leur fabrique de porcelaine; qu'il
importe à cette branche d'industrie et au maintien du repos public
que leur établissement soit secouru ;
Que, s'il est vrai de dire que cette maison de commerce jouit d'un
crédit fondé sur un fond commercial considérable, il faut recon-
naître aussi dans un moment où les ventes deviennent de plus en
plus difficiles qu'elle ne peut soutenir sa fabrication qu*au moyen
d un secours extraordinaire :
La Chambre consultative estime qu'il y a lieu d'accorder à
MM. Latrille et O* un secours de 80.000 francs payable en dix
pactes et de mois en mois, sous la condition expresse qu'ils
se soumettront, avant les avances qui leur seront faites, aux exper-
tises et aux vérifications prescrites par les articles 1, 3, 3 et 4 de
la décision de la Chambre du 2 novembre courant et encore sous
l'obligation de continuer leur fabrication.
Vu la demande formée le 6 novembre courant par MM. Nénert,
liatrille et Ruaud, demeurants à Limoges, tendant à obtenir un
secours de 100.000 francs ;
Considérant que les sus-nommés ne sont point fabricants, qu'ils
font exploiter des carrières de kaolin, que cette exploitation peut
sans inconvénient être ralentie, qu'elle doit l'être en hiver, hors le
cas d'une activité extraordinaire dans les fabriques de porcelaine,
cas où ces fabriques ne sont pas actuellement; que les ouvriers
employés dans la campagne à l'extraction du kaolin peuvent sans
inconvénient pour la chose publique s'adonner aux travaux de
l'agriculture qu'une industrie plus lucrative leur avait fait. quitter ;
Considérant néanmoins que MM. Nénert, Latrille et Ruaud ont,
à leur charge, des usines considérables où ils font broyer des pâtes
propres à la fabrication de la porcelaine ; que sous ce rapport ils
doivent inspirer un grand intérêt dans la crise actuelle :
La Chambre estime qu'il convient d'accorder aux dits MM. Né-
nert, Latrille et Ruaud un secours mensuel de 2.000 francs pendant
le temps qui sera fixé par la Commission, pour être remboursé aux
époques qu'elle déterminera et sous la condition qu'ils se soumet-
tront aux expertises et vérifications préalables prescrites par l'avis;
de la Chambre consultative du 2 novembre.
20G SOCIÉTÉ ARCBfcOL03IQDB ET HISTORIQUR DU LIHOQSIN
Vu la letire adressée à la Chambre le 4 novembre courant par
laquelle M. Tabaraud, Tabricant de porcelaine, demeurant à Li-
moges, demande un secours de 8.000 francs par mois;
Considérant que M. Tabaraud occupe soixante à soixante-quinze
ouvriers dans ses ateliers ; que sa demande se recommande parles
mômes raisons d'ordre et d'intérêt public qui ont déjà motivé les
avis de la Chambre consultative sous les demandes des autres
fabricants de porcelaine :
Est d'avis qu'il y a lieu d'accorder à M. Tabaraud un secours
mensuel de 5.000 francs pendant tout le temps que la Commission
de commerce jugera nécessaire pour sortir de la crise actuelle, à
la charge par le dit Tabaraud de se soumettre à en effectuer le
remboursement aux pactes qui seront fixés par la Commission de
commerce et de se conformer aux formalités prescrites par les
articles i, 2, 3 et 4 de la décision de la Chambre consultative du
3 novembre courant, pour sûreté des garanties par lui offertes à
l'appui de sa demande.
Vu la demande formée par MM. Bardon et C^», fabricants de
porcelaine à Coussac-Bonneval (Haute- Vienne);
Considérant que plus de cent ouvriers sont occupés dans leur
établissement ; que, par les mêmes motifs qu'a exprimés la Chambre
consultative, il importe de le secourir;
Considérant que les ouvriers employés dans cette fabrique
seraient réduits à la plus affreuse misère si les travaux en étaient
arrêtés :
Est d'avis d'accorder à MM. Bardon et C**le secours de 60.000 fr.
qu'ils réclament en le divisant par huitièmes payables de mois en
mois; en ce que MM. Bardon et C*« se soumettront à rembourser
aux époques et dans les termes qui seront fixés par la Commission
de commerce et sous la condition que leur fabrication n'éprouvera
pas d'interruptions et qu'ils feront procéder aux expertises et véri-
fications préalables prescrites par les articles i, 2, 3 et 4 de la dé-
cision que la Chambre a prise le 2 novembre du courant.
Vu la demande de M. Laporte, fabricant de couvertures de laine
à Limoges;
Considérant que M. Laporte active tout à la fois sa fabrique de
couvertures, une filature de laine et un moulin à farine; qu'il
occupe de soixante à quatre-vingts ouvriers, que cet industrieux
fabricant a des droits à la protection du gouvernement sans laquelle
ses ouvriers resteraient sans emploi :
Est d'avis que les vingt-cinq mille francs qu'il demande lui soient
accordés, à la charge par lui de se soumettre aux conditions de
remboursement qui seront fixées par la Commission de commerce,
CHAMURE CONSULTATIVE DES ARTS ET HANUFACTDRES 207
de continuer ses travaux et de se justifier de ses titres de propriété,
de la valeur de ses immeubles, conformément à la décision de la
Chambre du 2 de ce mois.
Fait et délibéré à Limoges, les jour, mois et an susdits.
Signé : àlluaud aine, maire. J. Audoin. Boudet fils aine
et A. Parant.
Séance du 26 novembre 1830
M. le Président dépose sur le bureau une demande de secours
formée le 23 du courant, en vertu de la loi du 17 octobre dernier,
parle sieur Faucher au nom du sieur Gaulderée-Boilleau, fabri-
cant de porcelaine, au chef-lieu de Magnac-Bourg.
La Chambre, après en avoir délibéré, vu la loi du dit jour,
l'ordonnance du 18 et Tavis inséré au Moniteur le 19 du même
mois ;
Vu ravis de M. le maire de Magnac en date du 23 de ce mois ;
Considérant que rétablissement du sieur Boilleau occupe deux
cent cinquante ouvriers qui vivifient la commune de Magnac ;
Considérant qu'il est d'une haute importance pour la tranquilité
publique de cette commune et du département que les travaux de
cette fabrique ne soient point interrompus; que dans Tétai de
souffrance et de langueur où se trouve le commerce de la porce-
laine, il est notoire que le sieur Boilleau ne peut conserver l'activité
de son établissement, s'il ne reçoit point un secours proportionné
à ses besoins ;
Considérant néanmoins que le crédit personnel dont jouit le
sieur Boilleau peut lui procurer quelques ressources et qu'enfin
les ventes ne sont pas entièrement arrêtées :
Estime qu'il y a lieu de lui accorder un secours mensuel de
8.000 fr. pendant l'espace de six mois, à la charge par lui de
donner les garanties et sûretés qu'il a offertes en se conformant à la
décision de la Chambre consultative du 2 novembre courant et de
s'obliger à faire le remboursement de ce prêt aux époques qui
seront fixées par la Commission de commerce.
Fait et délibéré à Limoges, les jour, mois et an susdits.
Signé : àlluaud aine, Boudet fils aine, J. Audoin et Â. Parant.
208 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUS ET HISTORIQUL DU LIMOCSIM
Séance du 24 décembre 1830
M. le Président dépose sur le bureau les copies de deux lettres
de M. le Ministre des finances et un extrait de Tordonnance du
môme ministre, le tout sous la date du 20 décembre courant et
relatif à une somme de 85 500 fr. allouée à titre de prêt à divers
négociants ou fabricants du déparlement de la Haute- Vienne.
Il dépose aussi sur le bureau une lettre de la Commission de
commerce pour la répartition du crédit de 30 millions. Par une
lettre datée du 21 courant la Commission annonce rordonnance
précitée relative à la somme de 85.500 fr. et annonce que les
14.500 fr. formant le complément de Tallocation accordée au
commerce de Limoges ne seront ordonnancés qu'au nom d'un ou
plusieurs fabricants nominativement désignés par la Chambre. La
Commission exprime ses regrets de ne pouvoir faire des proposi-
tions plus étendues en faveur de la ville de Limoges. Ainsi
s'évanouit Tespérance conservée jusqu'à ce jour par la Chambre de
voir porter à 200.000 fr. les secours attribués aux fabricants du
département.
M. le Maire dépose également une nouvelle demande formée
par M. Tharaud, fabricant de porcelaine à Limoges; une autre
formée par M. Bourdier-Raby, négociant filateur, demeurant aussi
à Limoges ; une autre formée par M. Gay-Belille, fabricant de
droguets, demeurant au dit lieu; une autre enRn formée par
MM. Lagueny et Imbert-Nivet, marchands et doreurs sur porce-
laines, demeurant en la dite ville. M. le Président dépose encore
une IcUre datée du 22 du courant par laquelle M. le Préfet du dé-
partement le prévient que MM. Latrille et C'% fabricants de por-
celaine, à Limoges;, renoncent à la faveur du prêt de 6.000 fr. qui
leur avait été accordé par l'ordonnance ministérielle du 20 courant.
S'est aussi présenté M. Thabaraud, fabricant de porcelaine,
demeurant à Limoges, compris dans la répartition déjà ordonnancée
pour une somme de 4.000 fr., qui a déclaré à la Chambre renoncer
au dit emprunt purement et simplement.
Enfin M. le Président a annoncé à la Chambre que parmi les
experts qu'elle a déjà nommés, M. Corret, absent de cette ville
pour longtemps encore, et M. Nanot^ dont le domicile est éloigné,
ne peuvent remplir la mission qui leur a été confiée.
M. le Président termine par faire part à la Chambre d'une dif-
ficulté sérieuse. MM. les fabricants lui ont demandé s'ils doivent se
borner, pour assurer les sommes qui leur seront prêtées, à consigner
une valeur égale au chiffre de chaque prêt, ou bien s'ils doivent
dépasser ce chiffre ; ils demandent aussi quelle influence devront
exercer sur les experlises les tarifs de chaque fabrique de por-
celaine.
La Chambre ayant délibéré sur ces diverses communications,
demandes et observations ;
Considérant relativement aux renonciations de MM. Latrille et C**
et de M. Thabaraud, que rien ne saurait obliger ces Messieurs à
profiter d'une faveur; mais que celle qu'ils refusent ne doit pas être
perdue pour le commerce du pays et qu'il y a lieu de reporter sur
d'autres pétitionnaires les 10.000 fr. refusés par les dits Latrille et
Thabaraud; qu'en joignant cette somme à celle de 14.500 fr., tenue
en réserve, la Chambre peut disposer d'une somme de 24.S00 fr. ;
Considérant sur la demande de M. Thabaraud que sa fabrique
est une des plus importantes et des mieux dirigées de la ville et
que plus de deux cents ouvriers y sont occupés ;
Considérant sur les demandes de M. Bourdier-Raby et Belille
fils aine que ces fabricants occupent un grand nombre d'ouvriers
dans leurs ateliers respectifs ; que le tissage des flanelles et droguets
et la filature des matières qui sont employées à leur confection
méritent d'autant plus la sollicitude du Gouvernement que cette
industrie existe à Limoges de temps immémorial où elle a prospéré
jusqu'à ce jour ;
Considérant sur la demande de MM. Lagueny et Imbert-Nivet, que
ces négociants secondent par leurs efforts la vente aujourd'hui si
difficile des produits des fabriques de porcelaine et occupent aux
dorures et décors un grand nombre d'ouvriers ;
Par ces motifs la Chambre arrête le tableau de répartition dont
la teneur suit et dans lequel elle comprend MM. Tharaud, fabri-
cant de porcelaine à Limoges, pour une somme de 13.400 fr.
Lagueny et Imbert-Nivet, négociants et doreurs de-
meurant à Limoges, pour une somme de 2.500 »
Bourdier-Raby, fabricant de flanelles et droguets et
filateur. pour une somme de 3 . ICO »
Gay-Selille fils aine, fabricant de flanelles et droguets,
demeurant à Limoges, pour une somme de 3.000 »
Enfin M. Theulier-Thévenin, fabricant de flanelles,
demeurant à Limoges, dont la demande a été accueillie
dans une des précédentes séances, pour une somme de. 3.500 »
Total du montant du présent tableau de répartition. 34.500 fr.
Somme égale à celle restée à la disposition de la Chambre sur
les 100.000 fr. attribués aux commerçants du département de la
Haute- Vienne.
Les dénommés aa présent tableau de répartition devront fournir
au Gouvernement les sûretés qu'ils ont offertes et feront en con-
séquence, s'ils ne Tout déjà fait, procéder aux vérifications et
expertises prescrites par les arrêtés de la Chambre.
M. le Président reste prié de transmettre sans délai à la Commis-
sion à Paris le présent tableau de répartition montant à la somme
de 24.500 fr. et de faire remarquer par sa lettre d'envoi sa déter-
mination prise sur les 10.000 fr. refusés par MM. Latrille et C*' et
Thabaraud et le report de cette somme sur le tableau de répartition
qui vient d*élre fait.
La Chambre prenant en considération Tabsence de M. Corret et
réloignement de domicile de M. Nanot, remplace ces deux experts
le premier par M. Barbou aîné, imprimeur, demeurant à Limoges,
et le second par M. Famé» propriétaire, demeurant rue du Clocher,
sus-dite ville. La présente nomination sera notifiée sans délai aux
dits sieurs Barbou et Far ne.
Enfin la Chambre considérant, sur les doutes élevés par MM. les
fabricants, que les tarifs des diverses fabriques de porcelaines étant
du fait seul de chaque fabricant, ne peuvent servir de base, estime :
Que MM. les experts ne doivent recevoir ces tarifs qu'à titre de
renseignements et expertiser les porcelaines à leur valeur réelle
et vénale, ne prenant pour règle que leur conscience et leurs con-
naissances des cours du commerce.
Considérant sur les proportions qui doivent exister entre le
montant des emprunts et celui des consignations ou des garanties
que Tobligation des emprunteurs ne se bornera pas au rembourse-
ment du capital, puisque ce capital est productif d'intérêt et que
d'un autre côté si Ton ne veut pas exposer le Gouvernement à un
abandon pur et simple des marchandises données en nantissement,
on doit élever le chiffre de ce dernier au-dessus de celui des
sommes prêtées, en conciliant toutefois cette précaution avec les
règles de modération et de justice que peuvent invoquer les em-
prunteurs :
Par ces motifs et résolvant le doute exprimé, la Chambre arrête
que les fabricants, dans les consignations des marchandises qu'ils
auront à faire, seront tenus d'élever le montant des objets con-
signés à un quart en sus de celui des sommes prêtées, en sorte
que, pour assurer un emprunt de 12.000 fr., ils consigneront pour
18.000 fr. de marchandises.
Fait à Limoges, les jour, mois et an susdits.
Signé : Philibert Aventurier, adjoint, Boudbt fils aine,
Thévenin fils, F. Pétiniaud-Champagnag, J. àudoin,
Sénemaud fils, B. Lacroix, à. Parant et Thomas.
CiftAMiftRB CONStJLTATlVK DBS AKtà Bt ftANUtACtUllBS 21 1
Séance du 5 janvier 1831
Le Président a déposé sur le bureau :
1"* Une facture de M. Baignol cadet, soumise aux sieurs Miquel
et Roche nommés par la Chambre, s*élevant à la somme de
25.259 fr. 35 c., sur laquelle lesdils experts ont opéré un redresse-
ment de 1.848 fr. 60 c. tant sur les prix que sur les grandeurs et
dimensions des porcelaines expertisées.
Sur cette facture réduite ainsi à 23.410 fr. 75 c., les experts ont
aussi opéré une remise ou réduction de 20 p. 100, et par ce moyen
ils ont fixé la valeur des porcelaines soumises à leur vérification,
par M. Baignol cadet, à la somme de 18.728 fr. 60 c, et ont établi au
pied de la dite facture ainsi réduite leur déclaration ou procès-
verbal d'expertise sous la date du 3 du courant, qu'ils ont signé
avec le dit sieur Baignol.
2^ Un original d'un double d'écrit privé, sous la date du trois cou-
rant, enregistré à Limoges le cinq du même mois, passé entre M. le
maire, président de la Chambre, et les sus-dits experls, d'une part,
et le sieur Baignol cadet, d'autre part, portant récolement des
porcelaines mentionnées dans le procès-verbal d'expertise précité
et délivrance des dites porcelaines de la part du dit Baignol, et
remise de sa part de la clef de la chambre dans laquelle les dites
porcelaines données en nantissement sont renfermées ; enfin fer-
meture de la sus-dite chambre par le dit maire, qui a retenu de-
vers lui la dite clef et a mis son scellé sur la porte de la dite
chambre.
Vu les dites pièces, la Chambre considérant :
1"^ Que les porcelaines données en nantissement par le dit sieur
Baignol cadet, étant d'une valeur réelle de 18.728 fr. 60 c, la somme
de 14.000 fr. allouée au dit fabricant par ordonnance ministérielle
du 20 décembre dernier reposera sur un gage suffisant ;
2° Que la délivrance de ce gage a été réellement faite aux
experts et à M. le maire de Limoges, acceptant pour le trésor
public, ou quoi qull en soit pour le Gouvernement, et que la clef
du magasin, où a été enfermé le dit gage, a été remise à ce magis-
trat qui en reste détenteur et chargé de veiller à la conservation
des dites porcelaines ;
3"* Que néanmoins des doutes s'étant élevés sur la situation géo-
graphique de la fabrique de M. Baignol cadet (1), il convient de lais-
(I) Cf. ci-dessus la note de la page %Q0,
?1) SOCIÉTÉ ARCnèOLOGIQUK Et âlStORI^ÎOE ))U LltOtJ^ltt
ser aux agents du Trésor les soins d'éclaircir les doutes, qui, s'ils
étaient fondés, mettraient la demande de M. Baignol hors des inves-
tigations de la présente Chambre.
La Chambre pense que les intérêts du Gouvernement sont
assurés et que rien ne s'oppose à ce que la somme de 14.000
francs allouée au dit sieur Baignol cadet lui soit comptée. Elle le
renvoie à ces fins devant le payeur du département et a mis au pied
du procès-verbal d'expertise son approbation; bien entendu tou-
jours que M. le Maire est chargé de la conservation du gage du
Gouvernement et que M. Baignol justifiera aux agents du Trésor
public que ses usines sont réellement situées dans le département
de la Haute-Vienne.
Fait à Limoges, les jour, mois et an sus-dits.
Signé : Philibert Aventurier, adjoint; Thévenin, F. Péti-
NiAUD Champagnag, Boudet fils aîné, B^ Lacroix,
Bouillon, â. Parant, Audouin et Thomas fils.
Séance du 25 janvier 1831
M. le Président dépose encore sur le bureau :
i^'Un procès-verbal d'expertise daté du 23 courant, signé Darte
et Roche, mis au bas d'une facture signée Bardon fils aîné et G'«;
expertise de laquelle il résulte que les marchandises portées dans
la dite facture sont d'une valeur réelle de 6.615 fr. 90 c. ;
2" Un écrit sous seing privé fait à Coussac-Bonneval, le vingt-
trois du courant, qui sera enregistré et fait double entre M. l'adjoint
du maire de Coussac-Bonneval et les sieurs Darte et Roche,
experts d'une part, et les dits sieurs Bardon fils aîné et C**, fabri-
cants de porcelaine, d'autre part. Ecrit duquel il résulte que récole-
ment fait des porcelaines comprises dans la facture de M. Bardon
fils aîné et C*o, experlisées le 23 janvier courant, le dit sieur
Bardon fils aîné et C** en a fait la tradilion ou remise réelle
à titre de nantissement au dit adjoint et que celui-ci l'a accepté
au dit titre pour le Gouvernement; que remise des clefs du ma-
gasin, où ces porcelaines sont renfermées, a été faite à M. l'ad-
joint, et que ce magistrat, après s'être assuré de la clôture des
croisées et de la porte du dit magasin, a apposé sur la dite porte
son scellé portant sa signature et celle des dits experts et a retenu
devers lui les dites clefs.
Vu les pièces ci-dessus, la Chambre considérant que les porce-
laines expertisées le 23 du courant sont d'une valeur réelle de
ICBAÀBRB CONSOLtATlvk DlBS A1IT8 KT MANUÎ^ACTORKS M
6.645 fr. 90 c, valeur qui présente une garantie suffisante pour la
somme de 5.000 fr. qui lui est allouée à titre de prêt en vertu de la
loi du 17 octobre dernier, par ordonnance de M. le Ministre des
finances du âO décembre aussi dernier ;
Considérant que le dil gage a été remis au pouvoir de M. le maire
de Coussac-Bonneval, à litre de nantissement, qui Ta accepté pour le
Gouvernement; que la remise des clefs du magasin, où le dit gage
est renfermé, a été faite au dit magistrat, reslé chargé des précau-
tions nécessaires pour la conservation du dit gage; qu'ainsi les
droits du Gouvernement étant assurés, rien ne s'oppose à ce que
M. Bardon fils aîné et €*• louche la dite somme de 5.000 fr. : l'envoie
pour la recevoir vers le payeur du déparlement.
M. le Président dépose encore sur le bureau :
1* Un procès-verbal d'expertise daté du 3i décembre dernier,
signé Miquel el Fougères, mis au bas d'une facture signée P'« Tha-
raud, expertise de laquelle il résulte que les porcelaines portées
dans la dite faclure sont d'une valeur réelle de 6.564 fr, 92 c.
2" Un autre procès-verbal d'expertise daté du 13 janvier courant,
mis au bas d'une faclure signée P" Tharaud, au pied de laquelle
MM. Miquel et Fougères, experts, ont établi séparément leurs ap-
prccialions discordantes, M. Miquel, élevant la somme à7.018fr. 93c.
et M. Fougères,*réduisant la sienne à la somme de 6.580 fr. 25 c.
A la suite est écrit, sous la dale du 18 janvier courant, l'opinion de
M. Blanche aîné, neveu, nommé tiers expert, qui adopte l'apprécia-
tion faite par M. Miquel.
Ces deux factures s'élevant ensemble à la somme de 13 583 fr. 85 c.
3** Un sous-seing privé daté de ce jour, qui sera enregistré, passé
entre M. Philibert Âvanturier, adjoint du maire de Limoges, assisté
de MM. Miquel et Fougères, experts, el M. Blanche, neveu, tiers
expert, d'une part;
Et M. P'* Tharaud, fabricant de porcelaines, d'autre part. Duquel
il résulte que, récolement fait des porcelaines expertisées le 31 dé-
cembre dernier, 13 et 18 janvier courant, et leur existence ayant
été reconnue : 1"* dans une chambre n"" 1 (dépendante de la maison
domiciliaire du dit P" Tharaud, située à Limoges, place Tourny),
au 3* étage, ayant vue sur le jardin ; 2** dans une chambre n° 2, au
second élage, ayant aspect sur la place Tourny ; le dil sieur P" Tha-
raud a fait la délivrance des dites porcelaines à M. l'adjoint sus-dit,
qui les a acceptées à titre de nantissement pour les agents du
Trésor public, ou quoiqu'il en soit pour le Gouvernement.
Il résulte aussi du dit sous seing-privé que M. P'"" Tharaud a
remis les clefs des dites chambres au dil magistrat, lequel s'élant
assuré de leur exacte clôture, a même apposé sur les portes des
T. ui 14
2U SOCIÉTÉ ARtBÉOlOGIQnS ET HISTORIQUE DU LlltOUSm
diles chambres son scellé portant sa signature et celle des dits
experts et a retenu devers lui les dites clefs.
Vu les dites pièces, la Chambre considérant que les porcelaines
données en nanlissemenl par M. P*^* Tharaud étant d'une valeur de
13.583 fr.SSc. offrent un gage suffisant pour un prêt de 10.187 fr. 84c.
que ledit sieur P'« Tharaud réclame en ce moment, à valoir sur la
somme de 13.400 fr. qui lui a été allouée à titre de prêt par ordon-
nance de M. le Ministre des finances du 18 courant ;
Considérant que le sus-dit gage et les clefs des chambres, où il a
été renfermé, ont été délivrés à M. l'adjoint du maire de Limoges,
qui a accepté la dite délivrance à titre de nantissement pour le Gou-
vernement; qu'ainsi les intérêts et droits de celui-ci sont assurés,
sauf à M. le maire de Limoges, ainsi qu'il en est chargé, à prendre
les sûretés nécessaires pour la conservation du sus-dit gage :
La Chambre renvoie en conséquence le dit sieur P" Tharaud
vers le payeur du département pour toucher la dite somme de
10.187 fr. 84 c.
M. le Maire a fait observer qu'en vue du prêt dont il s'agit, il a
déjà fait à M. P** Tharaud une avance de la somme de 3.000 fr.
sur les fonds mis à sa disposition par arrêté du Conseil de la com-
mune en date du 31 juillet, de laquelle somme la dite commune doit
être remboursée sur celle de 10.187 fr. 84 c. que M. Tharaud doit
toucher.
M. Tharaud présent a déclaré se soumettre au dit rembourse-
ment et consentir à ce que la réserve en soit faite expressément
par la Chambre, dans la présente délibération; de tout quoi la
Chambre fait réserve à M. le maire.
Fait et délibéré en Chambre consultative les jour, mois et an
sus-dits.
Signés : Philibert Aventurier, adjoint; Boddet fils aine,
Ry Lacroix, F. PÉTiruAiiD-CBAMPAGNAC, J. Aodouin,
R. Laporte, a. Parant, B. Thomas fils et Bouillon.
Séance du 6 mai 1831
Monsieur Audoin a fait le rapport suivant :
Messieurs»
Avanl de répondre aux questiOQs que M. le Présidenl de la Commission
du Commerce et des Colonies nous a proposées, par sa circulaire du 19 fé-
vrier dernier, nous avons successivement réuni et consulté les nombreuses
industries et professions industrielles qui s^exercent à Limoges; elles ont
unanimement attesté que de Tétat de prospérité auquel notre commerce
s^était élevé, avant les évènemenls de juillet 1830, il est tombé dans Tinac-
livité la plus malheureuse, depuis cet événement.
Ces déclarations sont en dehors de toute opinion politique ; elles sont
faites par des partisans de notre Révolution ; elles offrent peu de détails
statistiques sur Tétat précédent et actuel de notre industrie locale, et rien
qui puisse s*appliquer plus particulièrement aune partie de la France; elles
attestent an changement qui afflige le commerce dans tout le royaume et
qui doit avoir été produit par les mêmes causes.
Ces causes peuvent s'expliquer par des faits antérieurs au mois de juil-
let 1830.
Jusqu'à cette époque, nos fabriques et nos manufactures, à la suite de
plusieurs années d'une heureuse paix, étaient montées par tous les moyens
possibles, industriels et mécaniques, à une si grande activité qu'elles sem-
blaient produire au-delk des besoins des consommateurs. Mais ces besoins
étaient excités par les infatigables effets du commerce intermédiaire et
par la baisse des prix qui mettait les produits à la portée des classes les
moins aisées. Le goût de la dépense et la facilité de le satisfaire aidaient
la consommation.
Les opérations combinées des maisons de banque, établies dans tout le
royaume, secondaient puissamment le mouvement général, soit pour rece-
voir, soit pour payer, ne laissaient inaclives aucunes valeurs métalliques,
ou représentatives; en faisant affluer ces valeurs dans leurs caisses et dans
leurs portefeuilles, elles multipliaient les moyens de circulation et de crédit,
et leurs comptoirs présentaient des ressources pour les établissements
formés, et môme pour créer chaque jour de nouvelles existences commer-
ciales.
Ces facilités offertes à l'émulation n'éiaient pas sans inconvénient. Les
établissements de commerce à peine créés se voyaient désertés par leurs
principaux employés, élevant pour leur compte de nouveaux établissements,
bientôt affligés par la même désertion. Ainsi se formaient, au lieu d'une
concurrence prudente et féconde, des déchirements de rivalités directes et
ruineuses.
Par le fait des crédits trop faciles à obtenir, les classes industrielles se
sentaient agitées par des hommes aventureux, dont la témérité, tout en
contribuant à activer le mouvement général, effrayait les commerçants bien
intentionnés et amenait par des faillites souvent frauduleuses et presque
toujours impunies, des crises locales et presque périodiques. Toutefois ces
avertissements n'étaient appréciés que par quelques hommes prudents,
dont la retraite, jointe aux chûtes que je viens de signaler, offrait des
vides qu*une masse dévorée d'ambition s'empressait de remplir.
H eut été facile de mettre un terme à ces désordres, non par des lois
contraires à la liberté que doit avoir tout citoyen de faire le commerce,
mais par des lois capables d'assurer le châtiment des hommes, qui ne se
jettent dans ses rangs que pour y chercher des dupes. Malheureusement
le Gouvernement tout en reprochant aux industriels une trop grande acti-
vité, se bornait à calculer sur l'excès même de leurs productions et de leurs
efforts, les moyens d'étendre les perceptions du Use.
t\6 SOClÀTt ARCHÈOLOGlQUlb SY B^StOBtQtJB t>C LtÉOUSlH
La prospérité du commerce ainsi foulé sous le poids de toutes les exi-
gences fiscales, forcé k des frais sans proportion avec ses béoéGces et
troublé par des éléments de ruine et de perturbation, devait finir par être
plus apparente que réelle. Sa situation se décelait, dans les dernières
années qui se sont écoulées, par un malaise précurseur d'une crise géné-
rale ; et les banquiers, ses uniques mais trop faibles étais, devaient ûéchir
e'i se briser à la première commotion politique qui vieudrait les ébranler.
L'apparition des Ordonnances de Juillet procura cet ébraolement ; et il
est vrai de dire que la révolution politique qui en a été la suite, n'a pas été
la cause de la crise commerciale, mais Faccident qui a déterminé cette
crise. Les causes qui l'ont amenée dérivent essentiellement des vices de
notre législation commerciale et de notre régime fiscal ; il est vrai aussi que
la révoliuion de Juillet a produit quelques causes, mais celles-là ne sont
qu'accidentelles ; l'histoire aura à raconter un fait sans exemple, en présen-
tant un peuple conduit par la force à la nécessité de combattre et de
vaincre, et s'empressant de déléguer son pouvoir. Ce fait cependant n'a pu
le préserver des défiances qui naissent au sein des tempêtes et qui agissent
particulièrement sur les possesseurs des fortunes mobilières.
11 s'est aussi élevé, au détriment du crédit et de la paix publique, un
contraste étonnant entre la générosité du peuple et les ambitions qui ont
surgi après la victoire, contraste dont les ennemis du nouvel ordre de
choses ont su tirer avantage pour faire redouter et môme pour provoquer
des réactions populaires.
De leur côté, on doit le dire, les nouveaux dépositaires du pouvoir, faute
de s'être lifttés d'atteindre le but de la Révolution de Juillet, par des réfor-
mes et de grandes économies, ont prolongé l'anxiété publique, et notre
jeunesse, moins faite pour gouverner que pour défendre TEtat, mais
franche dans ses discours et dans son dévouement, s'est laissée émouvoir
par les conseils de la critique et de l'opposition ; ces fâcheuses dispositions
ont produit des émeutes; et ces émeutes ont aggravé la situation du com-
merce, dont le premier besoin fut dans tous les temps et sera toujours
renfermé dans la devise : Liberté et Ordre public.
Après la grande commotion que nous avons éprouvée, dont les effets ont
détruit ou mis en péril tant d'existences commerciales, les banquiers n'ont
pas tardé à subir les conséquences de l'imprudence avec laquelle ils
avaient introduit dans le commerce des hommes faits pour y porter le
désordre.
Les maisons de banque, où affluaient et se réalisaient rapidement toutes
les valeurs commerciales, ayant suspendu leurs travaux, chaque commer-
çant s'est vu dans la nécessité d'opérer isolément ses recouvrements en
employant des moyens lents et coûteux, et même de se précautionner
d'avance pour n'être pas pris au dépouru. Les sommes que chacun tient
encaissées pendant un temps plus ou moins long avant les échéances des
payements auxquels elles sont destinées, causeutdans la circulation un défi-
cit incalculable. Le défaut de circulation aggravé par l'élat de défiance où
sont les commerçants, privés de l'intervention des banquiers pour faire ren-
trer ce qui leur est dû, les préoccupent et les dissuadent de toute spé-
culation«
CHAMBBK CONSULTATIVE DES ARTS KT MANUPACTURKS 217
D'an autre côté, i*état d'incertitude où nous sommes sur nos relations
extérieures exerce aussi une influence fâcheuse sur nos exportations.
li se fait donc peu d*achats de marchandises ; par suite les produits de
l*agricultare demeurent invendus, les propriétaires gênés restreignent leurs
dépenses, le mouvement général se ralentit en tout sens au préjudice du
commerce et du trésor public.
Cette crise, malheureusement générale et trop longue, est plus sensible
encore dans les villes manufacturières, et surtout dans les villes où il se
fabrique des objets de luxe ; aussi, les vastes fabriques de porcelaine dé
Limoges et du département de la Haute-Vienne sont-elles presque toutes
en état de chômage ; les secours qu*elles ont obtenus du Gouverneoient,
spécialement employés au payement de leurs ouvriers, sont épuisés, et
on ne peut, sans éprouver un sentiment bien pénible, contempler des
hommes qui gagnaient dans ces belles fabriques de trois k six francs par
jour, réduits à la triste ressource de nos ateliers de charité.
Pour mettre un terme à nos maux, ou du moins pour en atténuer les
causes accidentelles, il faudrait maintenir la paix extérieure et assurer
l'ordre et la paix dans l'intérieur.
Pour en détruire ou atténuer les causes, il faudrait alléger les charges
qui pèsent d*un trop grand poids sur les classes industrielles et réviser
notre législation commerciale.
La question de paix et de guerre qui s'agite dans tous les cabinets, à la
tribune, dans les s«ilons, offre partout des opinions divergentes.
On voudrait la guerre pour seconder les efforts des peuples qui sympa-
thisent avec nos principes ; on la veut parce que nous avons beaucoup de
bras inoccupés dans nos villes, parce qu'elle nous donnerait la gloire et
nous vengerait d'une double invasion subie après tant de victoires ; on la
veut enfin parce qu'on espère y trouver de nouvelles chances de prospérité
pour notre commerce; cependant le désir de conserver la paix se fait
remarquer dans les marchés, dans les comptoirs, dans les fabriques et
dans les magasins ; et la solution de cette grande question ne saurait être
douteuse, si les industriels avaient à la résoudre.
La guerre, par ses approvisionnements et par ses épouvantables destruc-
lions, offre sans doute des chances de consommation, de débit et de fortune ;
mais sont-elles comparables à celles que peut offrir la paix qui, en assu-
rant le bonheur et la sécurité des peuples, les excite à toutes les jouis-
sances que le commerce se charge de procurer.
Laissons à d'autres le soin de prouver l'utilité de la guerre ; mais nous,
commerçants, interrogés comme tels, demandons la paix.
Toutefois en ramenant l'attention des diplomates et des hommes d'état
sur les maux que se font réciproquemment toutes les nations, par l'usage
et surtout par l'abus des douanes, si elles protègent quelques intérêts,
quelques industries naissantes, elles sont plus souvent contraires à l'intérêt
universel.
Si le commerce doit désirer la paix extérieure, son existence dépend
plus essentiellement encore à la paix intérieure. La fortune du commerçant
confiée à la foi publique, ses ateliers fréquentés par un grand nombre
frouvriers, ses magasins ouverts au public, ses marchandises étalées dans
218 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUF. ET HISTORIQUE DO 1 IM0US1N
les foires, sur les marchés et circulaDt ainsi que ses commis sur toutes les
routes, ont besoin d'une protection presque infaillible, qui ne saurait se
concilier avec les violences presque inséparables des troubles et des
émeutes. Le négociant traite sur parole, et souvent avec des hommes qui
n'offrent d'autres garanties que leur travail. Que deviendrait cette garantie,
que deviendraient ces conventions basées sur la sécurité et sur la probilé
des contractants, si les lois venaient à se relâcher et si les dépositaires de
l'autorité restaient sans force?
• Il est tout aussi difficile de concevoir les moyens de soutenir le commerce
dans une nation tourmentée par des dissensions violentes, que de se figurer
l'existence d'un cercle carré.
Toutefois les moyens de nous garantir des émeutes et des agitations
populaires ne sont pas tous dans la force morale des lois; c*est surtout en
détruisant les causes ou les motifs de ces désordres qu'on parviendrait à
les prévenir.
Entre les plus irritantes de ces causes, le commerce, sur qui pèse la
charge des impôts, doit signaler les ambitions satisfaites ou pourvues d*em-
plois, et les ambitions déçues, ou sollicitantes, ou hostiles.
La lutte qui existe entre elles ne pourra s'apaiser qu'après que le
nombre des emplois et des salaires qui en dépendent auront subi les réduc-
tions que l'opinion publique sollicite depuis si longtemps.
C'est sur ce point que s'était égaré le génie de Napoléon. Il crut donner
de vastes bases à son gouvernement en multipliant les fonctionnaires et en
les intéressant à sa conservation par de riches salaires.
Il ne fit que s'aliéner Tesprit du peuple, et lorsque son trône vint à
s'écrouler, le soldat à qui il n'avait donné que du pain en échange de son
sang, lui resta dévoué, tandis que la plupart des fonctionnaires ne furent
fidèles qu'à leurs emplois et à leurs émoluments. Loin d'avoir cicatrjsé
cette plaie de l'Etat, la Restauration n'a fait que l'agrandir : ce mal devenu
insupportable n'a pas peu contribué à la Révolution de 1830.
En se décidant franchement à supprimer les emplois dont l'administration
publique peut aisément se passer, on rendrait à la France le repos que
réclame son commerce, on calmerait celle fièvre d'ambition qui agite le
corps social, on enlèverait aux agitateurs le prétexte le plus influent sur le
peuple, à l'opposition ses plus grands motifs de critique et de plainte; et
lorsqu'enfin les salaires auront été réduits en proportion des services, toutes
les incapacités qui se précipitent au devant des places, cesseront de 1rs
briguer, ne trouvant plus dans le superflu des émoluments le moyeu de se
décharger des soins administratifs sur des subalternes à gages.
Ces économies vivement désirées laisseraient le commerce libre d'une
partie des importunités fiscales ; il ne serait plus condamné à s'épuiser en
frais, et la protection qu'il obtiendrait de l'autorité publique serait dégagée
des conditions qui, jusqu'à présent, l'ont transformée en impôt accablant.
On objecte toujours que les impôts font circuler le numéraire et que
le commerce a sa base de prospérité sur la dépense des fonctionnaires
publics.
L'impôt force, en effet, les petits propriétaires à remettre en circulation
l'argent qu'à défaut d'industrie ils garderaient inactif, mais les innombra-
CHAMBRb CONSULTATIVE DBS AATS ET MANUFACTURES 919
blcs cotes des rôles suffisent pour atteindre ce but contre les contribuables
disposés à faire des épargnes ; dispositions assez rares chez les gens peu
aisés. N*est-il pas également vrai que, moins l'impôt prendrait sur la con-
sommation des masses et notamment des classes ouvrières, disposées à la
dépense, plus cette immense consommation serait profitable au commerce
chargé de fournir à tous ses besoins?
La raison prise du luxe des fonctionnaires n*est qu*une erreur propagée
par ceux là mômes qui ont intérêt à l'accréditer.
Sans doute Timpôt largement déversé sur les salariés de TEtat met
ceux-ci à même de dépenser, mais il diminue les dépenses des masses
contribuables, et cette diférence est nécessairement au préjudice de la con-
sommation générale et, par conséquent, du commerce, surtout lorsque
Timpôt se prend, non seulement sur le superflu, mais même sur le néces-
saire de ces masses.
En vain nous reporterait-on au temps de TEmpire, véritable époque de
la restauration du commerce français, car Napoléon prenait ses largesses
autant sur la victoire que sur l'impôt en distribuant à titre de récompenses
et pour une réprésentation dispendieuse et obligée, les fruits d*une guerre
longtemps heureuse. Il donna un grand élan à l*industrie nationale, mais
la Restauration, en prenant les mêmes largesses sur Timpôt, épuisait le
commerce et le conduisait à Tétatoù il est descendu.
Ia législation qui a régi le commerce en France fut longtemps
empreinte des plus fâcheux préjugés : la noblesse dérogeait en s'occupant
du négoce; sa fierté ou son indolence la rendant peu soucieuse des intérêts
du commerce, celui-ci languissait et se gouvernait plutôt par le bon esprit
et la bonne foi des classes inférieures que par des lois positives. Nos lois
commerciales, avant Tordonnance de 1666, étaient éparses dans quelques
règlements relatifs aux jurandes et aux corps de métiers, dans lesquels se
trouvait resserrée Tindusirie française; cette ordonnance et le code de
1807 sont les premiers corps de lois qui ont été donnés au commerce.
A Tépoque où Tordonnance de 4666 fut rendue, elle suffisait pour gou-
verner les commerçants réduits à un petit nombre de privilégiés formant
quelques corporations.
Les auteurs du nouveau code sentirent que Tindustrie dégagée de ses
liens, appelant le concours de toutes les capacités, avait besoin de lois
plus étendues. Et, néanmoins, ils furent loin de satisfaire à ce besoin ; ils
eurent le pressentiment des désordres qui devaient être la conséquence du
droit de faire le commerce accordé à tous les citoyens, ils ne firent pas
tout ce qu'il fallait pour mettre à Tabri de cet inconvéoient la maxime :
Laisser passer et laUaeM faire.
Les droits des créanciers, par exemple, n*ont pas été entourés d'assez
grandes sûretés; il est vrai que les moyens de contrainte, capables de les
assurer, sont difficiles àconcilier avec Tinviolabilité de la liberté individuelle.
Et comme l'a fort bien fait observer Tauteur de VEsprit des Lois, si la
liberté du débiteur est préférable à l'intérêt du créancier, cette considération
applicable aux matières civiles et ordinaires ne Test pas aux conventions et
aux engagements qui dérivent du commerce, car dans cette matière, la loi
doit faire plus de cas de l'aisance publique que de la liberté du citoyen.
îiO SOCIÉTÉ ARCOéOLOGIQCE ET HISTORIQCB DU LlXOUSIft
Le commerce aclivé par le concours de tous les moyens matériels et de
toutes les capacités, les propriétaires et les capitalistes qui prennent part
Il son mouvement, y portent des garanties matérielles et saisissables ; les
hommes qui n'ont à offrir que leur industrie obliendraienl peu de confiance
si la loi ne les mettait à môme de former des liens réels en leur permettant
d'engager leurs personnes et de compromettre leur liberté qui esi le plus
précieux des biens. C'est donc par une grande raison d'utilité publique
que le législateur s'est décidé à consacrer un pareil engagement ; et la
contrainte par corps, écrite dans nos lois commerciales, n'est que l'accepta-
tion légale de la seule garantie que l'homme laborieux, mais sans fortune,
peut offrir, garantie longtemps repoussée comme insuffisante par un régime
de privilèges, de jurandes et de maîtrises, espèce de monopole qui rete-
nait le commerce français loin du rang auquel il s'est élevé depuis que les
effets de la concurrence libre et de la plus brillante émulation se sont faits
ressentir.
Mais en donnant à tous les citoyens le droit de faire le commerce, nos
lois auraient dû s'armer d'une sévérité sunisanle pour prévenir les écarts
de la témérité, de l'inconduite, et punir la mauvaise foi; il est arrivé que
sous nos lois trop indulgentes ou trop hérissées de difficultés dans leurs
moyens d'exécution, le commerce autrefois entravé dans ses mouvements
s'est senti gêné au milieu d'hommes sans expérience et sans conduite. 11
ne s'alarme pas de la concurrence, quelque active qu'elle puisse être, des
hommes animés de bonnes intentions qui spéculent avec prévoyance et
agissent avec ordre ; il n'est parvenu à un point si élevé en Europe que
par une émulation qu'on doit bien se garder de comprimer; mais il repousse
de ses rangs des hommes qui s'y jettent en foule pour s'y livrer à un véri-
table jeu de hasard ; que ces hommes aient désormais à en redouter les
chances ; qu'ils n'aient plus tant de moyens pour les faire retomber sur
leurs créanciers, et le commerce restera composé d'éléments plus homo*
gènes et marchera dans toute sa force sans se défier de lui-même et sans
inspirer les défiances qui nuisent à son crédit.
On a reproché li nos fabriques d'être trop productives et on ne prend
aucun moyen pour soumettre nos fabricants à livrer à la consommation
des produits conformes aux étiquettes et aux dénominations qu'ils leur
donnent eux-mêmes.
On vérifie les poids et les mesures et l'on permet de livrer au public des
étoffes mélangées pour des étoffes sans mélanges, des tissus en moins de
fils que leur dénomination n'en comporte. Sans doute le fabricant doit
rester libre dans la composition et dans la confection de ses produits; mais
cette liberté ne saurait lui donner le droit de tromper en vendant une
qualité pour une autre, en livrant le faux pour le vrai; la réforme de cet
abus, sans nuire aux intérêts de ceux qui introduisent dans notre industrie
des inventions utiles, protégées par des lois spéciales, profilerait à nos
fabricants qui, par leur loyauté, obtiendraient une plus grande confiance
soit en France, soit chez les étrangers.
Cette fidélité, qu'on doit se presser d'exijfer, aurait pour conséquence
inévitable de mettre hors du commercé des choses qui n'y sont admises
que par fraude. Ces. encans où cette fraude agit au préjudice du public et
CHAMBRE CONSULTATIVE DBS ARTS ET MANUFACTURES 3lt
des commerçants consciencieux, manqueraient d'aliments et les vœux gémi»
nés du commerce contre ces marchands forains, errants, seraient exaucés
sans qu'il fut besoin de porter atteinte au principe de liberté 'et de laisser
faire.
Cette fidélité offrirait aussi l'avantage de rendre moins prompte la con-
fection des produits et, sous ce rapport encore, nos fabricants éviteraient
une partie du désavantage qu'ils rencontrent dans Texcès de leurs produc-
tions.
Si le Gouvernement prenait des mesures sur ce point; si le colportage
était soumis désormais à des règlements de police assez sages pour enlever
aux colporteurs le scandaleux avantage de pouvoir, quand ils le veulent,
échapper aux poursuites de leurs créanciers et même aux investigations de
la justice; si nos lois sur les faillites relevaient la morale publique en
offrant un châtiment inévitable à la mauvaise foi ; si le crime de banque-
route, qui blesse les plus grands intérêts de la société, était poursuivi
comme les autres crimes et délits aux frais de TEtat au lieu de l'être sur
Tactif des banqueroutes, c'est-à-dire aux dépens de ses victimes; si le cas de
récidive prévu par nos lois en toute autre matière Tétait aussi en matière
de faillite; si la contrainte par corps, la seule qu'il soit possible d'exercer
contre les débiteurs qui ne laissent rien de saisissable et contre lesquels la
procédure d'une mise en état de faillite serait impraticable; si, disons-
nous, la contrainte par corps n*était plus une véritable déception par les
difficultés dont elle est hérissée, et par des dispositions intéressées et sou-
vent inertes des officiers ministériels, auxquels son exécution est confiée ;
si cette exécution rentrait plus spécialement dans les attributions du minis-
tère public, sans cesser d'être aux frais de créanciers poursuivants; si la
cession de biens, à laquelle sont admis presque tous les débiteurs, niôme
ceux qui ne cèdent absolument rien, n'offrait plus tant d'absolutions plé-
nières et scandaleuses, tant de violations manifestes du droit de propriété;
si ce dernier refuge, offert par la loi à la probité malheureuse, n'était
ouvert qu'à des conditions capables de concilier les droits de l'humanité
avec ceux des créanciers : la morale publique se relèverait, le commerce
s'épurerait par la seule conviction où chacun devrait être de ne pouvoir
impunément transgresser ses devoirs et ses engagements, et, du sein de la
crise actuelle, il reprendrait son essor entouré d'une confiance d'autant
plus grande, qu'elle serait basée sur toutes les sûretés que les lois peuvent
et doivent donner.
Avertissons donc le Gouvernement de la nécessité où il est, pour relever
notre prospérité commerciale, de mitiger le régime fiscal qui gêne le com-
n^erce dans tous ses mouvements et le pressure dans tous ses actes, qui le
compromet à chaque pas, avec les prétentions injustes et usurpatrices des
octrois des villes, dont les règlements sont la plupart combinés et les
droits étendus de manière à frapper sur l'industrie; régime enfin qui
domine toutes les spéculations et les efforts des commerçants et s'en appro-
prie le bénéfice.
Sollicitons des économies capables de satisfaire l'opinion publique, d'ôter
tout motif à la malveillance, d'apaiser les passions et d'atténuer les char-
ges sQus le poids desquelles le commerce national est accablé; provoquons
m SOCIÉTÉ ARCBÉOI.OGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
la révision de notre législation commerciale, dont les vices et ia faiblesse
sont les causes principales de la crise déterminée par la commotion poli-
tique que la France vient d'éprouver.
Il serait à souhaiter que les réformes et les améliorations indiquées dans
ce rapport, où se trouvent reproduites vos idées et celles de tous les indus-
triels que nous avons consultés, fussent soumises avec les propositions
des autres Chambres du royaume, à une assemblée réunie en conseil
général du commerce et formé d'un certain nombre de commerçants et de
manufacturiers pris dans les principales ville de France. Les lumières qui
jailliraient d'une discussion franche et méthodique, mais susceptible de
tous les développements nécessaires, mettrait le Gouvernement à même
d'apprécier ces propositions et les objections qu'on peut y faire, et de se
fixer sur les divers articles de nos codes et de nos lois qui sont dans le
cas d'être changés, étendus ou modifiés.
Là aussi pourraient être examinés les statuts et privilèges de la Banque
de France, si souvent et peut-être injustement controversés. On se déci-
derait peut-être à créer des banques particulières qui, sur un tonds de
cautionnement que chaque localité pourrait assurer, ajouterait sur nos
places de commerce aux valeurs métalliques, des valeurs représentatives
aussi sûres et aussi accréditées que les billets de Banque de France.
Si cette émission présentait des inconvénients, ces banques pai ticulières
pourraient, au moins, établir entre elles des moyens de recouvrement et
de remises de places en places, et si elles ne procuraient pas immédiate-
ment toutes les facilités désirables et nécessaires, elles rendraient par
leurs premiers efforts d'importants services.
En tous cas, Messieurs, confions-nous dans la sagesse et la bonne volonté
du Gouvernement. Il faudrait qu'il se livrât à de bien hautes imprudences
pour laisser compromise pendant quelque temps encore la prospérité de
l'industrie française, et nous ne saurions craindre que le commerce des-
serve plus longtemps notre belle France où règne la liberté et où fleuri-
ront toujours les arts dont il est inséparable.
La Chambre, adoptant le rapport ci-dessus, arrête qu'il sera
envoyé à M. le Ministre du commerce, en réponse à la circulaire de
M. le Président de la commission du commerce et des colonies, du
19 février dernier.
Fait en Chambre consultative, les jour, mois et an sus-dits, où
étaient MM. Boudet fils aine et Bouillon.
Séance du 18 janvier 1832
Cette assemblée convoquée pour délibérer conformément à la
réunion du 15 du courant et sur les demandes détaillées dans la
lettre de M. le Préfet, en date du 9 du dit, a arrêté de lui soumettre
les observatioas suivantes,
CRAMDRB CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES 223
La fabrication de la porcelaine qui avait été réduite, il y a dix-
huit mois, au moins des deux tiers, avait repris une partie de son
activité depuis huit ou neuf mois, les demandes pour la consom-
mation intérieure, qui avait été nulle, ayant été assez considérables
à cette époque. Mais depuis les événements de Lyon, il ne se fait
que très peu d'expéditions dans cet article et, si cet état continue,
les fabricants se voient à la veille d'être forcés, encore une fois, de
se ralentir. Il est à remarquer que, cet objet étant de luxe, le
moindre événement politique porte une atteinte mortelle à sa con-
sommation, tant pour Tintérieur que poar l'exportation.
Cette industrie emploie dans le département quatorze cents
ouvriers, sans compter l'exploitation des matières premières. Le
prix des salaires a diminué de quinze pour cent depuis dix-huit
mois; et quelques fabriques payent encore les salaires en marchan-
dises.
La ville de Limoges possède pour seul avantage celui de se
trouver géographiquement le point central du Nord au Midi de la
France (de Lille à Perpignan) (1). Elle est entourée d'un sol ingrat
qui ne fournit aucun moyen d'échange pour son industrie ; sa
position appréciée par M. Turgot, qu'elle n'eut pas le bonheur de
posséder assez longtemps, vu les lumières qui le firent appeler
aux premières fonctions de l'Etat, lui valut par ce grand adminis-
trateur l'ouverture de plusieurs routes principales qui devinrent la
source d'un commerce intermédiaire, que le besoin, l'économie et
l'aptitude ont développé de manière à pouvoir l'apprécier dans les
temps prospères, jusqu'à l'époque de juillet 1830, à environ trente
millions, et qui depuis paraît avoir décru de près de moitié; ce
commerce intermédiaire git dans le transit des articles du Nord au
Midi, dans la revente, en gros et en détail, delà draperie commune
et de la draperie fine, de la mercerie, toilerie et rouennerie, dans
celle des vins et eaux-de-vie, l'épicerie, les fers et les cuirs en
poil et préparés.
En général, il n'y a que peu ou point de mouvement dans les
relations commerciales ; elles ont semblé vouloir se ranimer il y a
cinq ou six mois, mais les événements de Lyon les ont entièrement
paralysées; elles ne peuvent se rétablir qu'autant que la sécurité
renaîtra pour toutes les classes de la société.
Fait et délibéré en Chambre consultative les jour, mois et an
susdits.
Signé : Soulignac, adjoint. Bouillon jeune, Boudet fils aîné
et J. Chapouuud fils.
(1) Quelle exagération ! A vol d'oiseaa Limoges est k 9Q lieues ie Per'^
pijoan et à 138 lieues de UHe*
)â4 SOClCTi ARCHÉOLOGIQI'B ET HISTORIQUE DU LIHODSIN
Séance du 3 décembre 1832
Membres présents : MM. Boudet aîné, Audoin et Bouillon,
membres de la Chambre consallative ; et MM. Beaudet, Chapoulaud,
Leclerc, Roche et Delage, membres du conseil des prud'hommes,
aux fins de satisfaire à la demande faite par M. le Minisire du
commerce et des travaux publics, sur Tétat de l'industrie commer-
ciale et manufacturière du département de la Haute- Vienne et sur
les variations qu'elle a subies depuis le 18 janvier de la présente
année.
Ont arrêté que les résolutions suivantes lui seraient soumises :
L'extraction des matières propres à la fabrication de la porcelaine
et cette fabrication sont du plus haut intérêt pour le département.
Par l'exploitation des carrières et le broyage des matières
extraites on alimente, outre les fabriques locales, toutes celles du
royaume et plusieurs à l'extérieur; on utilise un grand nombre
d'usines, on procure du travail à beaucoup d'industries et on
fournit au roulage des poids considérables à transporter.
Par la fabrication, on ouvre à la propriété des voies pour écouler
avec avantage des bois de chauffage ; une population nombreuse y
trouve du travail et des moyens d'existence et on alimente le rou-
lage, chaque mois, de plus de 600 quintaux métriques de marchan-
dise fabriquée qui s'expédie sur tous les points de la France.
La grande quantité de matières préparées dont, avant la dernière
révolution, étaient pourvus tous les propriétaires de carrières et
que la suspension d'une grande partie de la fabrication a de plus
en plus accrue, s'est opposée à ce que l'extraction et la préparation
aient eu de l'extension pendant le cours de 1832. Cependant elles
se sont continuées, mais moins par besoin de ces substances que
pour conserver l'organisation établie dans les travaux des carrières
et des mines.
La fabrication, au contraire, qu'une stagnation alarmante avait
frappée, a repris toute son activité. Vingt-deux fours de grande
dimension et deux petits produisent mensuellement pour environ
130.000 fr. de porcelaine fabriquée, dont l'écoulement s'opère sans
la moindre difficulté.
Les ouvriers en porcelaine sont rares et recherchés.
Les prix de façon que quelques fabricant s avaient réduits, ont été
généralement relevés.
Les vingt-quatre fours qui existent dans le département occupent
de quatorze à quinzç cents ouvriers,
ÈIAtBRB (lONSDLTAtIVR DÉS ARtS Bt ÉARÙirAGTURl^ ^S&
Moitié environ de la porcelaine fabriquée dans le département
est expédiée directement à Paris; là elle reçoit la dorure ou tout
autre décor et partie est livrée à la consommation intérieure et
partie est exportée. La seconde moitié est envoyée et vendue un
peu à Texlérieur, mais en majeure partie dans les départements de
la France. Tous ces produits sont expédiés dans des caisses dont le
nombre n'est pas moindre de six cents par mois; ces caisses sont
l'objet d'un accroissement d'emploi de bois et d'occupation
d'ouvriers.
En général l'industrie manufacturière se plaint, avec raison, que
les prix des articles fabriqués restent au-dessous de la valeur
réelle de ces articles sans pouvoir se relever; qu'il y a beaucoup
de gène dans ses opérations et que cependant elle est toujours
frappée d'impôts et de charges qui l'écrasent. Le temps, l'allége-
ment des impôts et une législation appropriée à ses besoins
peuvent seuls la relever et lui faire atteindre le degré de prospérité
dont elle est susceptible.
Fait et délibéré en Chambre consultative, les jour, mois et an
susdits.
Signé : Boudet fils aîné, Ghapoulaud fils. Bouillon jeune et
Alluauo aine.
Séance du 18 février 1833
M. le Maire dépose sur le bureau une lettre de M. le Préfet du
département de la Haute- Vienne et un arrêté de ce magistrat qui
autorise la commune de Limoges à affermer à son compte le terrain
riverain de la Vienne, connu sous le nom de charnier de l'hos-
pice (1), pour l'affecter à un usage public.
Depuis longtemps on avait senti l'inconvénient de n'avoir aucun
lieu d'abordage et de dépôt près d'une rivière flottable ; l'hospice
affermant sa propriété à un particulier, le fermier en disposait à sa
volonté et dans son intérêt privé et cet état de choses apportait de
grandes entraves et des difficultés sans nombre pour ceux qui
se livrent au commerce des bois. Au moyen de l'autorisation
accordée à l'administration municipale, le terrain de l'hospice va
s'ouvrir aux flotteurs et donner toutes sortes de facilités aux mar-
chauds de bois de la ville et des environs, circonstance qui, en
augmentant la concurrence, amènera sans doute une amélioration
dans les prix.
(i) Ce chantier 68* situé au Naveix, près du ruisseau dit du BoQ-Pasteur.
ift SOCIÉTÉ ARCB^LOGIQUE Kt BiStOltIQtlB Dt] Ll^O\]SlK
Mais pour régulariser rentrée et la sortie de ces bois, I*empilage,
triage et conduite, un règlement étant indispensable, M. le Maire
a jugé convenable d'en soumettre la rédaction à la Chambre con-
sultative afin d'avoir son avis sur ses diverses dispositions. La
Chambre, après en avoir pris lecture et l'avoir médité avec attention,
a pensé qu'avant d'émettre un avis elle devait chercher à s'éclairer
auprès des personnes que leur expérience du commerce des bois
de flottage rendait propres à lui fournir d'utiles renseignements.
En conséquence, et sur la proposition de M. le Maire, elle a
décidé qu'elle procéderait elle-même à une enquête à laquelle on
appellerait des marchands de bois et des fabricants de porcelaine,
également intéressés à ce que l'établissement nouveau fut régi par
des règlements favorables à leur commerce et à leur industrie.
Sur cette invitation, M. le Maire a décidé que l'enquête aurait
lieu dans une des salles de la mairie devant MM. Boudet, Germain
et Ardant et qu'on y appellerait MM. Bureau, Peyrat, de Peyramont,
Tharaud, Latrille, Tarnaud, Redon, Durand et Belajon.
M. Boudet, vice-président, donne communication à la Chambre
d'une lettre des fabricants de porcelaine qui demandent la sup-
pression du droit d'octroi sur les bois employés à la cuisson de
cette poterie. Par cette lettre on réclame surtout l'appui de la
Chambre auprès du Conseil municipal, appelé à émettre un avis
sur cette importante question.
Ici M. le Maire cède la présidence à M. Boudet, déclarant, par
un motif de délicatesse que la Chambre appréciera, ne pouvoir
connaître d'une demande au succès de laquelle il a le plus grand
intérêt.
Après une mûre délibération, la Chambre s'empresse de recon-
naître la justice de la réclamation formée par MM. les fabricants
de porcelaine.
Elle a considéré que dans cette fabrication le bois ne peut être
taxé comme un objet de consommation pure et simple ; or on sait
que l'essence du droit d'octroi est de ne frapper que sur la con-
sommation. Ici la Chambre ne voit dans le bois employé à la cuisson
de la porcelaine qu'une matière première mise en œuvre pour
produire celte belle poterie, l'honneur de l'industrie limousine; et
ce point de vue est si juste que le bois entre environ pour un quart
dans la valeur de la porcelaine et dès lors ne saurait être considéré
comme un accessoire. La Chambre pense donc que le bois étant
une substance indispensable à cette fabrication, où elle entre pour
une partie majeure, elle doit être traitée comme toutes les matières
premières et d'après les principes de droit et de fait favorables au
progrès et au développement de l'industrie. En conséquence elle
CHAtBIlB CONSULtAtlVE t^BS ARtft ET BkANUÉACtORKS M
sollicite avec empressement rafTraDchissement du bois destiné aux
fabriques de porcelaine comme une chose tout à la fois juste et
utile.
La Chambre dit que cet affranchissement, dont elle a prouvé la
justice, sera d'une haute utilité à la cité, parce qu'elle ne doute
pas, qu'en cas de refus, les fabricants de porcelaine n'aillent cher-
cher des localités plus disposées à les favoriser et ne transportent
ailleurs leur industrie et tous les avantages qui raccompagnent.
En effet, déjà plusieurs manufacturiers séduits par la différence
du prix du combustible et des droits d'octroi, ont élevé des fabriques
à Saint-Léonard, Brigceil (1), etc., cet exemple sera suivi par d'au-
tres, si on persiste dans les rigueurs du tarif des droits d'entrée, et la
ville de Limoges perdra non seulement la valeur des perceptions
sur les bois, mais encore tout ce que la consommation des nombreux
ouvriers et de leur famille ajoutait au chiffre de ses revenus.
Ces considérations, qui sont d'un ordre fort élevé, ont frappé la
Chambre consultative qui se fait un devoir de les présenter, en
appuyant de toutes ses forces la demande de MSI. les fabricants de
porcelaine.
La séance est levée à quatre heures et demie.
Fait et arrêté en Chambre consultative des manufactures les
jour, mois et an susdits.
Signé : âlluaud aîné, ârdant, Boudet fils aine et L. Germain.
Séance du 7 juin 1833
M. le Maire entretient la Chambre des manufactures de porce-
laine, établit par aperçu le nombre des fours existant dans le
département, et promet pour la prochaine réunion un travail
complet sur cette industrie, en commençant par l'exploitation des
carrières, la trituration des terres, la fabrication de la porcelaine,
et la transformation que la dorure et la peinture lui font subir (3).
La séance est levée à quatre heures.
En foi de quoi, a été dressé le présent procès-verbal qui a été
signé par tous les memtires présents à la séance.
Signé : Ardant, Boudet fils aine, Germain et Pétiniaud (ils
atné.
(t) Corrigez SaiDl-Bricc. Voy. ci*dessus la Dde de la page 20O.
(2) Ce travail de M. François Alluaad était achevé en 1836 et a été publié
en 1837. Voy. plus loin la séance du 11 août 1837 et la note y relative.
m société AaGat0L0<}lQÙB Bt BistèaiùuB bo Uiloosilk
Séance du 28 octobre 1833
La Chambre est convoquée pour prendre connaissance d*aDe
letlre de M. le Ministre du commerce, qui annonce que, par une
ordonnance du roi du 10 octobre courant, la Chambre consullative
de Limoges est autorisée à envoyer un député au Conseil général
des manufactures, et investie du droit de l'élire, toutefois en le
choisissant parmi les manufacturiers. En conséquence, elle procède
à cette nomination au scrutin secret. Au premier tour, M. F. Âlluaud
aîné, fabricant de porcelaine, a réuni la majorité des suffrages et a
été proclamé député.
M. le vice-président fait observer qu*il est désagréable pour la
Chambre de ne pas avoir encore été mise en possession de Tappar-
tement qui lui avait été assigné par M. le Maire pour y tenir ses
séances. Ses archives consistent dans un carton, que sa mobiUté
rend peu propre à conserver des papiers importants et des docu-
ments précieux pour le commerce et l'industrie du pays. La Chambre
reconnaît les inconvénienls nombreux de Télat de choses actuel, et
arrête qu'elle priera M. le Maire de le faire cesser, en mettant à sa
disposition un local pour ses réunions et des armoires fermant à clef,
où ses archives pourront être placées, de manière à retrouver lou-
jour au même lieu les pièces nécessaires à ses délibérations.
Un membre entretient la Chambre de l'utililé d'une caisse
d'épargne et de prévoyance pour les ouvriers, et engage les mem-
bres présents à y concourir, soit par sa souscription, soit par son
influence. L'autorité municipale paraît appelée à prendre l'iniative
de cet objet important; un membre propose d'en entretenir le
Conseil de la commune, et il demeure convenu qu'à la prochaine
réunion de la Chambre, on soumettra à son examen le projet déjà
discuté par la Société d'agriculture, et qui est accompagné de plu-
sieurs documents propres à jeter beaucoup de lumière sur cet utile
projet.
Ainsi fait et délibéré en Chambre consultative des manufactures,
les jour, mois et an susdits.
Signé : Ardant, Boudet fils aine, Pétiniauu fils atné,
Germain et J. Chapoulaud fils.
U) Séance du 26 février 1834
M. fioudet [aîné] remet sur le bureau plusieurs exemplaires d*un
mémoire qui a pour titre : De la nécessité d'affranchir des taxes
(1) Extraits du deuxième registre des délibérations de la Chambre.
tRA^BRB CONSULTATIVE t^ÈS ARVs Et kAN^IPAttURES iA
de l'octroi le combustible et les autres matières premières indispensa-
bles à la fabrication de la porcelaine. A ce sujet, M. Pétiniaud sou*
met à la Chambre quelques réflexions sur Timportance de cette
question, qui touche aux plus grands intérêts de la cité. Il fait sen-
tir tout le danger que court la ville de Limoges de se voir deshériter
des immenses avantages que fixe dans son sein une industrie qui
occupe plusieurs milliers de bras et qui fait circuler tous les ans
plusieurs millions d'espèces sur notre marché. La consommation
du bois entrant pour un quart dans les éléments de fabrication de
la porcelaine, l« combustible ne doit pas être considéré dans cette
opération comme celui qu'on emploie dans les autres ateliers. Ici,
il doit être pris et traité comme matière première et dès lors
affranchi de tout droit comme substance indispensable à Tindustrie.
D'après ces considérations, la Chambre pense qu'elle doit
renouveler le vœu émis par elle et consigné dans son procès-ver-
bal du 18 février 1833; ajoutant que les renseignements qu'elle a
pris depuis cette époque et ses propres observations la maintien-
nent dans l'opinion alors manifestée sur l'indispensable nécessité
d'affranchir du droit total de l'octroi le bois destiné à chauffer les
fours à porcelaine. Elle ajoute encore que, si les embarras de la
caisse municipale ne lui permettaient pas une entière concession,
elle croit qu'il y a urgence d'apporter dans ce droit au moins une
diminution de moitié. S'il en était autrement et contre son attente,
elle craint de voir le chef-lieu privé des avantages de la seule
industrie qui soit vraiment indigène, industrie qui pourrait porter
ses ressources à d'autres villes et peut-être à des localités situées
hors du département.
Séance du 3 octobre 1834
La correspondance se compose :
8* [d'une autre lettre de M. le Ministre du commerce], du 20 sep-
tembre, qui appelle l'attention de la Chambre sur le projet de loi
de douanes, que le gouvernement se propose de présenter à la
rentrée des Chambres législatives, ou plutôt réclame ses observa-
tions pour l'aider à rédiger ce projet dans l'intérêt général de l'in-
dustrie et du commerce. La Chambre, après avoir entendu
M. Alluaud aîné sur la question de la porcelaine, résume son
opinion et charge le secrétaire de la formuler dans la réponse qu'on
doit faire à la lettre ministérielle. }(ous transcrivons ici tout au
long cette dépêche, pour conserver l'esprit et la lettre du résultat
de celte importante délibération.
T. LU 40
)30 SOClàlft ARCttiOLOOlQOB Et BlStORIQOB bU LlHOOSM
Monsieur ls Mikistrk,
Les intérêts spéciaux de la ville de Limoges fixent plus particulièrement
Tatleution de la Chambre sur ce qui concerne les poteries. Nos belles pro-
ductions en porcelaine font trop d'honneur à l'industrie nationale pour ne
pas mériter toute la sollicitude du gouvernement, et nous n'avons aucune
raison pour ne pas compter sur sa bienveillance. Le point de perfection où
sont parvenus nos ouvriers, ne nous fait rien redouter de la concurrence
étrangère, lorsque des droits suffisans serviront de contrepoids aux diver-
ses circonstances soit locales ou autres, qui peuvent établir quelque infé-
riorité nuisible à nos intérêts. C'est au gouvernement à les apprécier, et
nous nous bornons à déclarer ici que nous verrons sans peine lever la
prohibition et la remplacer par des droits suffisans sur les poteries étran-
gères, particulièrement les poteries fines, toutefois en se réservant une
réciprocité établie sur les bases d*un juste équilibre...
Nous sommes avec respect, Monsieur le Ministre...
Séanoe du 10 janvier 1835
L^objet de la réunion est de répondre à une lettre de H. le Préfet
qui demande Tavis de la Chambre sur le tarif à établir dans le cas
où un atelier de brunisseuses en porcelaine serait formé à Limo-
ges, à la Maison centrale. Avant de soumettre cette affaire à sa
discussion, la Chambre témoigne le désir de s'éclairer sur un
genre de travail dont les diverses parties lui sont peu familières. En
conséquence, elle décide que M. Roche, fabricant; MM. Lagueny
et Fougères, décorateurs ; seront priés de fournir des renseigne-
ments préalables.
La Chambre entend les deux premiers et, après une assez longue
conférence, MM. Roche et Lagueny qui se sont rendus à son appel,
sont invités à mettre par écrit leurs observations sur le tarif pro-
posé, afin que la Chambre puisse fixer son opinion avec plus de
connaissance des objets qui seront soumis à son examen.
Séance du 24 janvier 1835
L'ordre du jour appelait ensuite la continuation de la délibéra-
tion sur le tarif de brunissage proposé par MM. les entrepreneurs
de la Maison centrale.
L'assemblée compare au tarif proposé celui qu'elle a cru devoir
demander à MM. Roche et Lagueny; mais les différences qui exis-
tent entre les deux ''cotes ne lui permettent pas de prendre une
ÊttAHB^B COKÉULtAtlVÊ bBS ÀRT^ Et ttAfetU^AClbRÉS 23t
dèterminalioD positive. Elle juge plus pradent de s^entourer encore
d'aulres renseignements qui seront réclamés le plus tôt possible de
toute autre personne s'occupanl de dîrure sur porcelaine.
(Suit un long tableau, en quatre pages, du tarif de brunissage
sur porcelaine à la Maison centrale de détention).
Séance du 21 mars 1836
M. l'Adjoint [au maire empêché] remet sur le bureau une lettre
de M. Tharaud, fabricant de porcelaine, qui adresse à la Chambre
deux exemplaires d'un mémoire imprimé, ayant pour titre :
Observations des propriétaires, marchands de bois et manufacturiers
de porcelaine, sur le régime actuel du flottage du bois, du barrage,
et sur la nécessité de l'établissement d'un port public à Limoges.
La Chambre entend la lecture de la lettre de M. Tharaud, qui
demande Tattenlion et Tinlérôt de la Chambre pour les diverses
demandes contenues dans le mémoire qu'il a 1 honneur de lui
soumettre. Ces demandes sont de la plus haute importance pour la
première de nos industries, et il ne doute pas que les protecteurs
naturels de cette branche de la prospérité du pays n'appuient de
tout leur pouvoir d'aussi justes réclamations.
La Chambre, quoique bien disposée à faire tout ce qui dépendra
d'elle pour favoriser des intérêts aussi majeurs, décide qu'avant de
délibérer sur cet objet, elle doit donner uue sérieuse attention à la
lecture de ce mémoire. En conséquence, elle s'ajourne au mardi,
29 de ce mois, époque où tous ses membres auront pu méditer sur
cet objet important.
Une lettre de M. le Ministre du commerce fait connaître à la
Chambre la réclamation qui lui est adressée par les fabricants de
porcelaine de Limoges, sur le préjudice considérable qu'apportent
à l'écoulement de leurs produits les droits d'octroi dont sont frap-
pés les bois de chauffage qu'ils emploient dans leurs usines, il
ajoute qu'avant de prendre un parti définitif sur cette réclamation,
il désire avoir l'avis de la Chambre consultative, et la prie d'exa-
miner les questions suivantes.
La Chambre les a soumises à une longue discussion, et voici les
réponses qui ont été adoptées après une mûre délibération et après
avoir consulté les notes et renseignements qu'elle s'était procu-
rées depuis longtemps, cet objet ayant été traité par elle à diverses
reprises et à des époques différentes.
î^t SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGTQUtt BT ttlStOHlOUB l^Û LllIOUSM
1" Question : Quelle était la quantité de bois que lex fabricants de
Limoges employaient à la cuisson de leur porcelaine en i 832?
Comme point de départ, Tannée 1832 présenterait peu d'exacti-
tude pour l'appréciation de la consommation du combustible. À
peine remise des secousses de 1830, la fabrication était loin d'être
rentrée dans la plénitude de son activité. Pendant le cours de celte
année, les fpurs n'employèrent que de vingt-et-un à vingt- trois mille
stères de bois.
En 1833, une coalition d'ouvriers paralysa pendant plusieurs
mois les travaux de ces fabriques. Ainsi ce n'est qu'à partir de
1834 qu'on peut établir d'une manière exacte le chiffre de la consom-
mation du combustible. Il s'est élevé en 1835 à 29.700 stères.
2* Question : Dans quelle proportion le prix de ce combustible
entrait-il dans la formation du prix de revient ?
Cette appréciation est subordonnée à plusieurs circonstances,
telles que le prix du bois qui, comme toutes les marchandises,
subit des variations; la dimension des fours et la nature des objets
de fabrication. Toutefois la Chambre, après un mur examen de
cette question et après avoir comparé un grand nombre de docu-
ments qu'elle possède, a pensé qu'on pouvait évaluer à 27 p. 100 le
montant du bois employé à la fabrication de la porcelaine, c'est-à-
dire que la valeur du combustible entrait pour plus d'un quart dans
les éléments de cette môme fabrication.
3" Question : Le droit d^ octroi sur le bois de chauffage doit-il effec-
tivement mettre les fabricants de porcelaine de Limoges hors d'état
de soutenir la concurrence des autres établissements du même genre
existant ailleurs ?
La Chambre a déjà éveillé l'attention de l'autorité municipale sur
l'objet de cette question. En 18. .(^) et en 1833 elle a manifesté la
crainte de voir déchoir à Limoges une industrie dont la prospérité
a droit à toute sa sollicitude. La suppression du droit d'octroi sur
les bois employés à la fabrication de la porcelaine a été réclamée
deux fois par la Chambre, et elle ne peut que renouveler ce vœu.
Elle pense que le maintien de ce droit rend la situation des manu-
facturiers de Limoges, vis-à-vis de leurs concurrents au dehors, on
ne peut plus désavantageuse; que déjà divers inconvénients de
localité rendent la lutte inégale et que le seul moyen d'atténuer
celte inégalité serait la suppression du droit qui pèse sur un objet
(I) La date est restée en blanc : noas n'avons point réussi à la retrouver
dans les procès-verbaux manascrits.
CBAMBHB CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES 933
qui, dans l*espëce, ne peut être considéré que comme maliëre pre-
mière et comme élément d'une industrie digne de toute la protec-
tion du gouvernement.
i* Question : La réduction du droit d'octroi sur la houille peut-elle
avoir pour résultat de faire remplacer en grande partie par ce
combustible le bois précédemment employé ?
Cette rédaction ne peut avoir aucun résultat avantageux pour la
fabrication de la porcelaine parce qu*on ne peut employer la houille
à chauffer les fours. Quelques essais ont été tentés dans quelques
usines du Nord et ils ont été tout-à-fait infructueux.
Ces questions ainsi résolues serviront de base à la réponse qui
devra être adressée, sous le plus bref délai, à M. le Ministre du
commerce et des travaux publics.
On passe à la lecture de la lettre de M. Talabot, député de Limo-
ges, qui paraît désirer connaître les réponses de la Chambre aux
questions ci-dessus, afin de pouvoir appuyer auprès du Ministre la
demande des fabricants de porcelaine et se servir des motifs que la
Chambre aura développés à ce sujet.
Il demeure arrêté que copie de la lettre au Ministre du commerce
sera adressée à M. Talabot, afin qu'il y puise tous les renseignements
que ce document pourra lui fournir.
Séance du 29 mars 1836
L'ordre du jour appelle l'examen d'un mémoire remis par M. P.
Tharaud, fabricant de porcelaine, au nom de plusieurs industriels,
propriétaires de forêts, marchands de bois, etc., demandant l'avis
de la Chambre sur l'urgente nécessité de réformer les règlements
sur le flottage du bois, sur le système de barrage, et le besoin indis-
pensable d^établir un port public suffisant. La Chambre, qui s'était
ajournée pour cet important objet, avait eu le temps de méditer
sur cette triple question qui touche de tous les côtés aux plus pres-
sants intérêts de la cité et même du département. En effet, personne
ne peut contester quel notable préjudice résulte non seulement
pour l'industrie, mais même pour le simple consommateur, des
abus qu'une longue et fâcheuse tolérance a laissés peser sur une des
branches les plus importantes des besoins publics. Le désordre
dans le flottage, le monopole du ramier et 1 insuSisance du port
sont les trois points qui ont occupé la Chambre et fixé toute son
attention.
931 SOCIÉTÉ ARCHÊOLOGIQCE ET HISTORIQUC DU LIII09SIN
En reconnaissant comme avérés tous les inconvénients signalés
dans le mémoire, la Chambre y ajoute les dommages nombreux que
cet ordre de choses cause tous les ans non seulement aux écluses
et aux usines situées au-dessus du ramier, en amont, mais eocore à
celles placées en aval de la rivière de Vienne. Chaque année, quel-
que crue d'eau ou la fonte des glaces amènent des débâcles qui
entraînent avec le ramier des quantités considérables de bois, qui
sont perdues pour les marchands et qui causent de grandes dégra-
dations aux propriétaires des établissements sur lesquels ces masses
énormes sont violemment jetées par la force des eaux. Ces accidents,
dont le moindre effet est d*enfanter de nombreux litiges, entraînent
de grandes dépenses qui, en dernière analyse, retombent sur le
consommateur qui est toujours obligé de payer les frais de ces
sortes d'événements qu'un meilleur état de choses pourrait facile-
ment prévenir.
Par ces motifs, la Chambre donne son adhésion pleine et entière
aux conclusions du mémoire et se joint aux signataires de cet écrit
pour appeler toute la sollicitude de Taulorité sur une demande dont
l'urgence lui parait démontrée. Elle ne craint pas d'ajouter que tout
retard lui parait devoir compromettre la prospérité de la plus impor
tante de nos industries, que beaucoup d'efforts tendent à expulser
de nos murs pour en enrichir des localités plus favorisées sous plu-
sieurs rapports. En conséquence, elle supplie l'autorité compétente
de s'occuper, sous le plus bref délai, des réformes réclamées avec
tant de justice et de nécessité, et arrête en conséquence qu'extrait
de son procès-verbal sera adressé avec le mémoire à M. le Maire
de Limoges ainsi qu'à M. Tharaud, fabricant de porcelaine, par qui
le mémoire a été transmis à la Chambre au nom des signataires.
M. le Président est chargé de ce soin et de solliciter à cet égard la
bienveillante intervention de M. le Maire auprès du conseil de la
commune pour doter la ville d'un si utile établissement (1).
Séance du 5 décembre 1836
L'attention de la Chambre se porte ensuite sur le projet d'établis-
sement d'une gare et d'un port public. Chaque membre reconnaît
l'urgence de celte construction, sa grande utilité pour l'approvision-
nement des bois consommés par les habitants, la nécessité de pré-
server de ravages ruineux les chaussées et établissements industriels
(1) Cf. ci-dessus, p. 235, séance du 18 février 1833.
CHABIBKE CONSULTATIVE DRS ARTS ET MANUFACTURES 235
qui se trouyent en aval du ramier, lorsque ce ramier, informe et
impuissant, se trouve entraîné par les glaces, les crues d*eau et la
surcliarge du bois flottant. M. Pétiniaud informe la Chambre que
M. le Maire s*occupe activement d*uQ travail sur cette matière
importante et que ce travail satisfera la Chambre. Néanmoins la
Chambre décide qu'on écrira à Tautorité municipale une lettre pres-
sante sur ce sujet.
Séance du 11 août 1837
M. Alluaud, député do la Chambre au Conseil général du com-
merce et des manufactures, fait hommage à la Chambre de son
ouvrage intitulé : Histoire et statistique de la porcelaine en Limou-
sin (1). La Chambre reçoit cet hommage avec reconnaissance et
vote des remerciements à M. Alluaud. Elle charge son président de
les lui transmettre.
M. le Président donne lecture d'une circulaire de M. le Ministre
du commerce, qui a pour objet de demander aux Chambres de com-
merce et consultatives des renseignements positifs sur la condition
actuelle des enfants employés dans les fabriques, afin de s'éclairer
sur cette grave question qui intéresse à un aussi haut degré l'huma-
nité comme («te) l'industrie, et ensuite faire régler par la législation
la durée du travail des enfants.
La Chambre charge M. Boudet aine de recueillir des renseigne-
ments dans les fabriques de porcelaine et de tissage.
M. le Préfet, par sa lettre du 13 juillet dernier, réclame à la
Chambre le rapport que demande M. le Ministre du commerce sur
la crise commerciale et industrielle qui exerce encore sa funeste
influence sur la situation actuelle du commerce et de l'industrie.
Chacun des membres donne lecture du travail particulier auquel il
s'est livré sur cette matière. Après une mûre délibération, la Cham-
bre arrête l'avis suivant qui devra être transmis à M. le Préfet
dans le plus bref délai :
La porcelaine, article de luie autrefois d'un usage assez général, trouve
cependant un grand écoulemenl dans rexportatlon. L* Amérique du Nord
TAIlemagne sont les contrées de grande consommation de cetle riche
poterie. Elle lutte aux Etats-Unis contre les faïences anglaises, en Allema-
gne contre les fabriques de Saxe.
(I) Publié par F. Laurent dam ses NouoeUea éphémérides du resêort de
la Cour royale de Limoges pour Vannée 1837, p« i87-9H. Cf. ci-dessus,
p. ttl.
23G SOCIÉTÉ ARCBKOLOGIQUE ET UlSTORTQtE DU LIMUUSIIC
Avant 1830, Texportation pour l'Amérique était peu importante. Depuis»
elle a été si considérable qu'elle absorbait plus de la moitié de toute la
fabrication française. On doit attribuer cet immense avantage à la réduction
des prix qui permit alors à cet article de lutter avec la concurrence anglaise.
Celte réduction des prix porta sur les bois qui diminuèrent par suite des
ventes des foréls de TEtat; sur la matière première entièrement délaissée
pendant la crise de 4830, et sur le salaire des ouvriers. Cette réduction
dans les prix de ces éléments de fabrication et par suite sur ceux de la
marchandise fabriquée produisit un résultat immense; des ventes, des
commissions considérables arrivèrent. On sentit alors le besoin d*augmeo-
ter la quantité des produits fabriqués. De nouvelles fabriques s'élevèrent,
les anciennes s'agrandirent, toutes furent en action.
Mais bientôt les bois furent épuisés ; il fallut s'en procurer au loin« avec
augmentation de prix. Aveuglés par cette prospérité dont ils profitèrent les
premiers, les ouvriers formèrent une coalition (4833) et obtinrent un tarif
de main-d'œuvre plus élevé. Les matières seules restèrent dans un prix
stationnaire.
Le fabricant fut alors forcé d'établir sur sa marchandise une hausse bien
inférieure cependant ^ celle qu'il supportait; mais, toute minime qu'elle
élait, elle fut assez sensible pour rendre les transactions plus diCficiles.
Le système des douanes prussiennes (1), qui a chassé la porcelaine de
l'Allemagne et qui n'est que la conséquence de ce système prohibitif, qui
a malheureusement trop prévalu dans le monde; la perturbation financière
des Etats-Unis, qui a rendu toute transaction impossible, portèrent le mal
à son comble.
Le fabricant, dans cette position critique, ne vendant plus, achetant ses
bois à des prix beaucoup plus élevés que ses concurrents du Nivernais et
du Berry, se vil forcé de diminuer le salaire des ouvriers. Cette dimi-
nution fut accueillie du plus grand nombre des ouvriers, qui s*y soumît
d'abord sans difficulté.
Mais bientôt, cédant à de funestes suggestions ou même à des menaces,
la masse des ouvriers quitta spontanément les ateliers de la moitié des
fabriques de Limoges. Les chefs de ces établissements, qui pouvaient encore
espérer d'écouler la moitié de leur fabrication habituelle, ont été arrêtés
cnlièremenl et ont dû éprouver des perles considérables. Ce malheureux
état de choses se prolonge depuis quatre mois sans qu'aucune mesure ait
élé prise pour le faire cesser. Conséquence : la ruine de l'industrie de la
porcelaine à Limoges et la misère des ouvriers.
Dans les fabriques du Berry et du Nivernais, les prix de façon des ouvrages
sont beaucoup plus bas qu'à Limoges. La façon du cent d'assiettes était
payée ici 6 francs, tandis qu'elle n'était payée que 5 francs à Vierzon, à
Foecy, à Noirlac, etc. Par suite de l'état de crise, le prix des assiettes y a
été réduit k 4fr.S0, sans qu'il en soit résulté aucune discussion. A Limoges,
le» ouvriers ont refusé de le faire à 5 fr. et 5fr. 50.
Limoges n'est pas le seul théâtre de ces terribles perturbations. Elles ont
(i) On vise ici le ZoUverein institué de 4828 à 1834.
CDAMBRR CONSVLTATIVE DES ARTS ET MANUFACTORES 937
éclaté sur plusieurs points de la France. Pour en prévenir le retour, le
gouvernement doit s'occuper sérieusement de l'éducation ouvrière comme
de l'organisation industrielle du pays. La législation doit y pourvoir.
A ces causes qui ont exercé une influence funeste sur la porcelaine, nous
devons ajouter Tabsence d'un ramier, d'une gare et d'un port public. Tant
que le commerce des bois, déjà si chanceux et si difficile, sera encore sou-
mis au caprice d'un véritable monopole, il est impossible de voir fleurir
dans nos murs une industrie à laquelle nous devons d'autant plus d'intérêt
et de sollicitude qu'elle est appelée à suppléer à Limoges à l'absence très
prochaine et absolue de nos opérations d'entrepôt.
Et enfin nous appelons l'attention sérieuse du gouvernement sur les
droits énormes que perçoivent sur nos porcelaines TÀnglelerre et les divers
étals de l'Allemagne et de l'Italie. 11 est certain que nos fabriques trouve-
raient de grands avantages dans quelques modifications du tarif des doua-
nes, si ces modifications pouvaient se concilier avec d'autres intérêts.
Séance du 19 décembre 1837
La Chambre reprend la discussion (1) sur l'état actuel des enfants
dans les fabriques et les questions qui font Tobjel de la circulaire
de M. le Ministre des travaux publics, de l'agriculture et du com-
merce, en date du 31 juillet.
Après une mûre délibération, elle résume ainsi son avis et les
renseignements demandés sur l'état actuel des enfants dans les
fabriques.
Dans le département de la Haute-Vienne, les enfants des deux
sexes sont employés plus particulièrement dans les filatures de laine
et de coton, dans les fabriques de porcelaine et dans celles de fla-
nelles et droguets. Ces fabriques sont en majeure partie concentrées
dans les environs de Limoges. Les occupations qu'ils y trouvent
n'ont rien de pénible ni qui soit au-dessus de leurs forces.
On ne les reçoit pas ordinairement avant l'âge de dix ans. Si
quelques-uns sont admis avant cet âge, leur introduction dans la
fabrique est regardée comme une faveur accordée à leurs parents,
ouvriers de l'atelier.
La durée de leur travail est la même que celle des ouvriers
adultes, do douze heures par jour. Il est en effet nécessaire que
l'enfant donne le même temps que l'ouvrier adulte, dont il dessert
le métier, le tour, etc., ou l'ouvrier chômerait et il faudrait renoncer
à employer les enfants...
(I ) Voir en effet la séance du 9 septembre 1837, où la question est traitéQ
trèa sommairement.
238 SOCIÉTÉ ARCBÊ0L06IQUR tT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Les enfants travaillent à la tâche ; ils gagnent de 40 à SO centiaies
par jour.
L^économie est de toute la différence qui existe entre le prix de
la journée d*un enfant, évaluée 50 centimes, et celui de la journée
d'un adulte, évaluée i fr. 80.
Les enfants ne sont pas soumis à des travaux de nuit; seulement,
en hiver, ils veillent quelquefois jusqu*à huit heures.
Les ouvriers des deux sexes, enfants et adultes, sont réunis dans
les mêmes ateliers.
Les enfants suivent naturellement leurs parents dans les ateliers,
dans une proportion assez forte, mais variable et difficile à pré-
ciser.
Leur instruction est nulle ou à peu près nulle. La pauvreté des
parents est un obstacle à la fréquentation des écoles. Ils cherchent
à tirer parti, de très bonne heure, de leurs jeunes bras. Gela est
encore plus marqué à regard des enfants élevés à la campagne où
les écoles s'établissent avec la plus grande difficulté.
Leur moralité, sans être mauvaise, se ressent cependant un peu
de la fréquentation des ateliers où ils sont sujets à recevoir de
mauvais exemples de la part de leurs camarades plus avancés en
âge.
Le devoir des contremaîtres est de veiller à ce que les enfants ne
soient maltraités par personne, et Tonne reconnaît pas aux ouvriers
qui les emploient le droit de les battre. Si un enfant travaille mal
ou ne travaille pas, on le renvoie Je Tatelier et il est remplacé par
un autre. Les remplacements sont opérés tantôt parle contremaître,
tantôt par Touvrier, mais toujours du consentement de tous les
deux.
En somme, on n'a qu'à se féliciter de l'emploi des enfants dans
les fabriques; on y trouve avantage et économie ; on n'a eu encore
aucun inconvénient grave à signaler.
Peut-être cela tient-il à ce que ce département présente peu
de ces établissements où se pressent de grandes agglomérations
d'ouvriers; peut-être aussi quelques faits sont-ils restés cachés,
inaperçus. D'ailleurs l'industrie manufacturière de Limoges et du
département prenant tous les jours plus de développement, les
abus peuvent se montrer plus tard, et dans aucun cas nous ne
pouvons rester indifférents aux règlements qui pourraient survenir.
La sollicitude du gouvernement sur le danger d'imposer à l'en-
fance un travail prématuré, long et continu, qui nuirait à la santé
et au développement des forces et du corps, qui serait un obstacle
à l'instruction, et sur la fréquentation d'ateliers qui offriraient une
occasion prochaine de démoralisation, est une sollicitude juste et
louable.
CHAVnRE CONSULTATIVE DKS ARTS ET MANUFACTURES )30
Ici se présente une autre série de questions auxquelles il est du
devoir de la Chambre de répondre.
En cherchant la solution de ces questions et en examinant avec
attention toute leur portée, elle n'a pu se dissimuler qu'il y .a
quelques inconvénients à vouloir tout réglementer; qu'en matière
d'industrie surtout, en vue de prévenir quelques abus, on peut faire
beaucoup de mal, imposer des gênes et des entraves fâcheuses à
cette industrie ; que, dans la question qui nous occupe, des règle-
ments doivent tendre nécessairement à diminuer le nombre des
enfants employés dans les fabriques, le temps des travaux et con-
séquemment la masse du travail : toutes choses dommageables à
l'industrie et même à la classe qui a besoin d'obtenir de bonne
heure un produit du travail des enfants.
Le problème à résoudre est donc de concilier ces divers intérêts
entre eux et avec celui de la société, de l'humanité, qui ne permet
pas de sacrifler la santé de l'enfance ni le besoin qu'elle a d'une
bonne instruction.
Un des moyens qui se présente le premier, c'est de créer des
salles d'asile. Là, les mères de famille pauvres pourraient déposer
leurs enfants avec tranquillité et, libres du soin de leur surveillance,
vaquer à leurs travaux.
Là aussi il faudrait que les enfants, outre les soins dûs au jeune
âge, reçussent les premiers éléments de l'inslruclion jusqu'au
moment où, sortant des salles d'asile, ils pourraient se présenter
dans les écoles primaires gratuites. Ils arriveraient à l'âge prescrit
pour être admis dans les ateliers, sachant lire et écrire. Encore
faudrait-il pour compléter leur éducation que des écoles d'adultes
leur fussent ouvertes plus tard, aux heures et aux jours où ils
pourraient se trouver libres du travail.
Ces préalables (1) sont d'une indispensable nécessité. Par là on
satisferait à la fois à l'intérêt de la classe pauvre, pour qui les
enfants sont un embarras jusqu'au moment où ils sont admis dans
les ateliers ; au besoin qu'elle a de leur travail pour aider à soutenir
la famille, et à l'intérêt de la société qui réclame instruction pour
l'enfance et qu'on lui forme des citoyens intelligents, honnêtes.
Ainsi serait aussi ménagé l'intérêt de l'enfance. Les enfants
pourraient savoir lire et écrire à l'âge où les fabriques leur seraient
ouvertes, et il est bien nécessaire que l'enfant ait reçu l'instruction
élémentaire, en entrant dans l'atelier, pour qu'il puisse y consacrer
tout le temps que la faiblesse de son âge permet d'accorder.
Ceux qui n'auraient pas profité des facilités qui leur seraient
^t) Clans le sens de prélivUnaires, Cf. ci<rdçsisua, p. 304, ar^. $,
240 SOCIÉTé ARCHéOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
données, ou plutôt leurs parents n'auraient à s'en prendre qu'à
eu}L-mémes si leur admission dans les ateliers était soumise à la
condition de consacrer une partie du temps de travail à réparer le
temps perdu. Les autres, au contraire, auraient tout leur temps à
donner à Tatelier et le moyen de poursuivre leur instruction dans
les écoles d'adultes.
Mais si le devoir du gouvernement est de procurer l'instruction
aux enfants, il ne doit pas veiller avec moins de soin à la conser-
vation de la santé des enfants ouvriers et à leur développement
physique; s'assurer que le travail auquel on les applique n'est pas
au-dessus de leurs forces.
Ces principes posés et établis, la Chambre est d'avis qu'il faut
interdire à l'enfance tout travail trop pénible; qu'il serait bien de
graduer la durée et la nature du travail, selon les forces et l'âge.
Ici se présente le cas du classement des industries, dont la Chambre
ne s'est pas occupée, n'y ayant pas de nécessité pour celles du
département. Elle est d'avis que les enfants ne puissent être reçus
dans un atelier avant l'âge de neuf à dix ans et sur un certificat de
médecin, attestant leur bonne santé et qu'ils sont capables de sou-
tenir les fatigues de l'atelier où ils veulent entrer.
Il est sans doute convenable d'établir autant que possible la
séparation des sexes, tant dans les ateliers que dans les écoles;
mais il est certains cas où cela n'est pas praticable dans l'atelier et
contrarierait beaucoup la disposition économique, l'emploi même
des bras des enfants. Il ne peut y avoir d'ailleurs nul inconvénient
à ce mélange pendant les heures du travail où chacun est surveillé
et à l'ouvrage.
Elle serait d'avis que tout manufacturier ou chef d'atelier qui
recevrait un enfant ne sachant ni lire ni écrire, fut obligé de lui
laisser deux heures par jour pour suivre l'école et de retirer un
certificat du maître de l'assiduité de l'enfant aux leçons. Mais cette
mesure ne pourrait être mise partout à exécution instantanément
sans gêner beaucoup de fabriques et les priver de l'emploi des bras
des enfants. Il faudrait établir un temps moral de quatre ou cinq
ans pour donner la faculté d'organiser partout l'instruction à la
portée et à la convenance des fabriques. Il serait bien que le temps
destiné à l'école fut pris de préférence sur les heures du matin et
avant l'entrée à l'ouvrage; mais alors il faudrait aussi qu'il y eut
des écoles gratuites ouvertes à ces heures. Il est naturel que le
prix du travail de ces deux heures fut déduit sur le prix de la
journée. Ce serait un moyen d'engager les parents à envoyer leurs
enfants à l'école avant l'âge de dix ans, puisque les chefs d'atelier
seraient natureUement conduits à préférer les enfants sachant lire
CYIAIIBIIE COIfSOLtAtITB DBS ARtS BT KANUl^ACTORBS %i\
et écrire et que, d'an autre côté, le salaire des autres serait réduit
de tout le temps qu'ils donneraient à Técole.
La Chambre est d'avis que la durée du travail doit être réglée à
douze heures par jour, de dix à quinze ans, non comprises deux
heures de repas. Elle se fonde sur l'expérience faite dans les
fabriques du département où les enfants sont occupés pendant ce
laps de temps sans fatigue, et sur la nécessité que Tenfant donne le
même temps que l'ouvrier adulte, qu'il dessert, emploie à Touvrage,
ou celui-ci serait obligé de chômer. Nous le répétons : cela n'a
présenté jusqu'à ce jour aucun inconvénient dans nos fabriques où
l'ouvrage de l'enfant est un exercice sans fatigue, qui développe
bien plutôt son agilité et sa force. Il peut y en avoir ailleurs pour
d'autres industries, mais alors il faut les classer à {sic) particulier.
Différemment nos fabriques se verraient forcées de n'employer que
des adultes, au grand préjudice des enfants. Et que deviendrait
alors l'économie que procurent à l'industrie les bras de l'enfance î
La Chambre pense que les veillées doivent être interdites aux
enfants jusqu'à l'âge de quinze ans entre huit heures du soir et six
heures du matin, à l'époque (1). En posant la limite de quinze ans,
elle aurait désiré la porter au-delà ; mais par nos lois le mineur
émancipé est libre de contracter tel engagement qu'il juge conve-
nable.
Les mauvais traitements exercés contre un enfant par le chef
d'atelier ou l'ouvrier qui l'emploie, de même que les exemples
d'immoralité doivent être réprimés sévèrement.
Enfin la Chambre est d'avis que l'intervention des visites pério-
diques est nécessaire pour vérifier si les règlements prescrits sont
suivis, juger de la salubrité de l'atelier, de l'état moral et sanitaire
des enfants.
Mais à qui coniier cette surveillance qui doit être toute pater-
nelle et de bienveillance ? Ce soin paraîtrait appartenir naturelle-
ment aux Conseils de prud'hommes, déjà chargés dans certains
cas d'exercer une inspection dans les ateliers. Mais les prud'hommes
sont des fabricants, des chefs d'atelier. N'inspireraient-ils pas
quelque défiance, quelque inquiétude? Seraient-ils bien désin-
téressés? Ne pourraient-ils pas porter dans ces visites un esprit de
rivalité, de jalousie, un désir curieux de surprendre les procédés
de leurs confrères? C'est ce qu'a semblé craindre le législateur
lorsque, par le décret du 21 juin 1809, il expliquait que l'inspection
des prud'hommes dans les ateliers a pour objet unique d'obtenir
des renseignements sur le nombre des métiers et des ouvriers.
(4) 11 semble que le rédacteur ait oublié de compléter sa phrase.
)4â SOClfttfe ARCâÈOLOGIQOI Bt BISTÔRIC^lIt DÛ LlKOOâtA
Il conviendrail peut-éire mieux de confier celte surveillance à
une commission composée du maire de la commune, en personne
ou suppléé par un adjoint; d'un médecin ou ofBcier de santé et
de trois habitants notables, au choix du maire.
Cet avis sera transmis le plus promplement possible à M. le Mi-
nistre par les soins de M. le Président.
Séance du 20 mars 1839
M. le Président communique à la Chambre la lettre qui suit,
adressée par plusieurs fabricants de porcelaine [du Limousin] :
Messieurs,
Depuis la découverte des kaolins de Saint-Yrieix, les produits des car-
rières de cet arrondissement, malgré l'extension qu*a reçue la fabrication
de la porcelaine en France, ont suffi à tous les besoins de la consom-
mation ; leur qualité supérieure les a môme fait rechercher par les fabriques
de la Belgique» d*une partie de TAllemagne et de ritalie. L*exportation de
ces matières aurait été beaucoup plus considérable, si elle n*avait été
frappée du droit prohibitif de 3 fr. par 400 kilogrammes. Ce droit énorme
fut établi sur la pâte à porcelaine, alors qu'elle valait, prise à Limoges,
30 fr.les iOO kilogrammes. Aujourd'hui que le prix de cette même matière est
descendu à 40 fr. et à 12 fr. les 100 kilogrammes suivant la qualité, le
droit perçu à l'exportation n'est plus en rapport avec le prix de la matière
qui en est frappée. Ce droit fut établi dans l'origine en vue de favoriser
les manufactures de porcelaine de la France, dont les produits payaient, à
leur importation à rétrangcr, des droits fort élevés.
Tandis que Texportation de nos kaolins est entravée par nos tarifs de
douane, les kaolins de l'Angleterre sont introduits en France à des prix si
bas qu'il ne serait pas possible aux exploitants du Limousin de soutenir
cette concurrence. La différence de ces prix provient surtout de ce que les
carrières de kaolin de Cornouailles sont placées sur les bords de la mer et
que leur« produits sont expédiés par eiu aux fabriques de France, situées
sur les bassins de la Loire et de la Seine. Le prix élevé du roulage par
terre ne nous permet pas de soutenir celle concurrence.
Dans celte position qui menace la principale richesse du département de
la Haute- Vienne, l'avenir de ses nombreuses fabriques de porcelaine et
celui de nos exploitations et usines où nous en préparons les produits,
nous venons solliciter votre appui auprès du gouvernement, à l'effel
d'obtenir :
40 Qu'un droit protecteur de 3 fr. par 50 kilogrammes soit établi sur
toutes les matières ^ porcelaine importées en France;
S<^ Que les droits perçus à Texporlalion des kaolins français soient mis
en harmonie, suivant leur destination, avec les droits perçus à rétraoger
sur les porcelaines françaises;
CttAHBRB COMSOLtATIVft DRS ÀRtd ET IkANUPACtORRd ^4^
d^ Une plus stricle exécution de nos lois de douane à TimportaiioD eu
France des porcelaines tendres de l'Angleterre.
Nous sommes, Messieurs, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
Signé : Nbnbrt et Latrillr, Brissrt et Ponckt, Bkssb et Mantli ,
Mryze; p. poi^ de M. Charpentier : P. G. de Lossy, L.
PouYAT» P. TflARAUD, RocHB aloé; MiCHRL et Valin.
Cette réclamation, d'un grand intérêt pour la France et pour le
département de la Haute- Vienne en particulier, est immédiatement
prise en considération.
La Chambre consultative, convaincue de la nécessité d*y faire
droit par Tensembie de faits et de renseignements qui lui sont
fournis dans le cours de la discussion, adopte la délibération
suivante :
l"" En ce qui touche l'importation des kaolins anglais :
Considérant que ces kaolins peuvent être transportés en lest des
navires anglais dans les ports de Nantes, du Havre, de Rouen, etc.,
et être réexpédiés de ces ports par bateaux aux fabriques du Berry,
de Paris, de Creil, de Montereau, Chantilly, etc.; qu'il n'existe
d'aut/e moyen de transport pour les kaolins du Limousin que la
voie du roulage, incomparablement plus coûteuse que celle de la
navigation maritime et fluviale; que le prix des kaolins du Limousin
pris sur place étant moins élevé que le prix du transport de Limoges
à Paris, il est impossible qu'il soutienne la concurrence des kaolins
anglais qui sont transportés par eau ;
Considérant que ces kaolins n'ont été primitivement introduits
en France par les fabriques de porcelaine opaque de Creil, Monte-
reau et Bordeaux, que dans la pensée que la France ne possédait
pas d'argile qui fut propre à la fabrication de cette poterie;
Que si, dans cette persuasion et en vue de favoriser la fabrication
de la porcelaine opaque, le gouvernement a dû permettre la libre
importation des matières dont elle avait besoin, il n'y a plus les
mêmes motifs de la tolérer aujourd'hui que Texpérience a démon-
tré que les kaolins du Limousin, des Pyrénées, de l'Allier, de la
Charente, des Deux-Sèvres et autres localités {sic), y sont employés
avec le même succès que les kaolins anglais ;
Considérant que l'économie du transport a récemment fait
introduire les kaolins anglais dans la composition de la porcelaine
dure des manufactures qui se sont trouvées en position de profiter
de cette économie ;
Que cette concurrence inattendue menace d'une ruine prochaine
les exjnoitations des carrières du Limousin, les nombreux moulins
où Ton en prépare les produits, et les yingt-quatre fabriques de
porcelaine qui se sont élevées dans les départements de la Haute*
^44 sociferè xRCHifcOLOGiouB Bt aistoltioûB Dû LiAoùsm
Vienae et de la Creuse; que la chute de ces établissements cause-
rait à leurs propriétaires une perte de plusieurs millions de capi-
taux, et aux départements où ils sont situés, la perte de tous les
avantages attachés à une industrie qui y procure de remploi à
plus de six mille personnes, et assure à leur agriculture une con-
sommation de bois toujours croissante et qui s'élève annuellement
à une valeur de plus d*un demi million ;
Considérant que, lorsque la concurrence des argiles de TAngleterre
aura ruiné les exploitations des carrières et des usines de la
France, il sera facile au commerce anglais de faire payer chère-
ment le monopole de ses fournitures, et de ressaisir celui de la
fabrication de toutes les espèces de poteries dont il inonde le monde
entier ;
Considérant qu'en présence de ces périls et de ces perturbations,
il est de l'intérêt de la France de protéger ses fabriques de porce-
laine jusqu'à ce que, par l'achèvement complet du réseau de sa
navigation fluviale et artificielle, les délenteurs de ses carrières
d*argile seront mis en mesure de soutenir la concurrence des
argiles de l'Angleterre.
S"" En ce qui touche les droits de douane dont les kaolins français
sont frappés à leur exportation :
Considérant que ces droits n'ont subi aucune variation, tandis
que le prix des matières à porcelaine de toute nature a diminué de
plus de soixante pour cent dans l'espace de vingt-cinq ans ;
Que la disproportion qui existe entre le prix de ces matières et
la quotité du droit le rend entièrement prohibitif ;
Considérant que, si avant la découverte des kaolins de TAngle-
terre la France avait intérêt à favoriser ses manufactures de por-
celaine en frappant d'un droit élevé la matière première que les
fabriques étrangères ne pouvaient pas se procurer ailleurs, elle n'a
plus d'intérêt à le maintenir aujourd'hui que les manufactures de
Deutz {i)j en Prusse ; de Bruxelles et d'Andennes, en Belgique ; de
Louisbourg, en Allemagne (3) ; de Turin, en Piémont ; de Florence
et Milan, en Italie, ont la facilité de se pourvoir de kaolins anglais;
Que le maintien du droit d'exportation sur nos kaolins priverait,
sans nul avantage pour nos manufactures de porcelaine, les extrac-
teurs de nos kaolins d'un débouche important dont les extracteurs
anglais profiteraient seuls ;
Considérant que la suppression de ce droit autorisera la France
à demander aux divers Etats qui y ont intérêt, une diminution des
(1) Vis-à^vis de Cologne.
[i] Ou mieux en Wurtemberg, près Stuttgart.
ttlA^BRE CbJISOLtAtivt DfiS ARTS ET lÉANUl^ACTUilBS 1^41^
droits auxquels ils ont assujetti les porcelaines de France qui y sont
importées ;
Considérant que les poteries flnes sont fabriquées avec des argi-
les de la même nature que celles dont on fabrique la porcelaine dure ;
qu'elles ne diffèrent entre elles que par les soins qu'on donne à
leur extraction et à leur préparation; qu'il est notoirement im-
possible que les employés de la douane puissent les distinguer ;
que par conséquent le maintien des deux droits, Tun de 3 fr. sur
la pâte à porcelaine, et l'autre de 0,75 centimes sur les argiles
employées dans la fabrication des autres poteries, présente une
anomalie dérisoire ;
Considérant d'ailleurs que la France possède des carrières iné-
puisables d'argile kaolinique; que dans quelquesËtats et notamment
en Belgique où nos kaolins sont admis en franchise, les argiles
qu'on suppose devoir être employées à la fabrication des poteries
fines autres que la porcelaine dure, sont frappées de droits prohibi-
tifs ; que dès lors il n'y a pas plus de motifs de maintenir les droits
sur l'exportation des argiles communes que sur les kaolins les plus
purs.
3*" En ce qui touche l'introduction en France de la porcelaine
anglaise tendre :
Considérant que, si la porcelaine anglaise diffère de la porcelaine
de France par une pâte moins solide et un émail moins dur, le bas
prix auquel l'Angleterre la fournit au commerce, à raison de sa
légèreté et de l'économie de sa cuisson à la houille, lui fait donner
la préférence par un grand nombre de consommateurs ;
Considérant que, malgré la prohibition absolue dont notre légis-
lation a frappé toutes les poteries fines de l'Angleterre, des entre-
pôts de porcelaine anglaise ont été établis à Paris ;
Considérant que les porcelaines de France et d'Angleterre, par
leur nature, leurs usages et leurs qualités extérieures, telles que la
blancheur et la transparence, sont des produits similaires ;
Que la réciprocité des intérêts autorise la France à percevoir
sur la porcelaine anglaise un droit semblable à celui que l'Angle-
terre perçoit sur la valeur de ses porcelaines.
Par ces motifs, la Chambre consultative de Limoges est unanime-
ment d'avis :
1° Qu'un droit de 4 fr. par cent kilogrammes soit établi sur les
argiles kaoliniques de toutes provenances, qui sont importées en
France ;
9* Que les droits perçus à l'exportation des kaolins, de la pâte à
porcelaine et des argiles destinées à la fabrication de toutes les
T. LU 16
^46 SOGliTè ARCHiOLOOlOtJV Itt aiSTOMQUB DO LIIkOUSIK
espèces de poteries, soient réduits à un simple droit de balance
nécessaire à la constatation du mouvement de notre commerce avec
rétranger ;
3<* Que les porcelaines anglaises soient frappées des mêmes
droits dont l'Angleterre a frappé les porcelaines de France.
La présente délibération sera adressée par double ampliation à
M. le Ministre du commerce et des travaux publics et à M. le Préfet
de la Haute-Vienne, avec prière de la recommander à tout Vintérêt
du gouvernement.
Un membre propose de nommer dans le sein de la Chambre
consultative un comité chargé de surveiller spécialement Taffaire
des canaux réclamés par le département. Il est observé à ce siget
que le comité chargé de suivre une affaire aussi importante devrait
réunir un très grand nombre de membres, afin de donner plus
de poids à ses délibérations ; que, d'un autre côté, on ne peut
songer à créer un comité sans y appeler les personnes qui déjà ont
fait des travaux et des écrits sur cette question et, tout en approu-
vant ridée émise de la création d'un comité spécial, on croit que la
Chambre n'est pas assez nombreuse ni assez influente pour diriger
seule une affaire aussi importante, et qu'il vaut mieux créer une
association spéciale où seraient appelés un grand nombre de mem-
bres. Sur ces observations, il n'est pas donné suite à la proposition.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance a été levée à neuf
heures.
Ainsi fait et délibéré en Chambre consultative des manufactures,
les jour, mois et an susdits.
Philibert Aventurier, Armand Noualhier, Ardant,
P. Thomas, F. Alluaud aîné.
Séance du 15 mai 1839
(A Fappui d'une demande d^extension de la juridiction des prud'-
hommes^ la Chambre consultative présente un tableau des usines et
ateliers existant dans les communes qui composent les cantons de
Limoges-Nord et Limoges-SudJ.
Communeii Ouvrier*
LePauis : 3 moulins à broyer les cailloux et terre à porcelaines 40
CoNDAT : 2 moulins à broyer aussi les matières à porcelaines 40
Isle : 1 moulin — — — 20
SouGNAC : 1 moulin — — — 10
SoLiGNAc : 2 manufactures de porcelaine 150
tttAllBkB tOI«%ÛLtAtlVB bsS ARTS st MANUÉACtURRS ^4%
Limoges : 4 moulins à broyer les matières et à préparer les
pâtes propres à fabriquer la porcelaine 100
2 fabriques de poterie commune 35
10 ateliers spéciaux pour la décoration et peinture
de la porcelaine 250
fLes autres usines énumérées sont des filatures, des teintureries,
des imprimeries, des papeteries, des tuileries etcj.
Séance du 12 juiu 1841
L'ordre du jour rappelle aux travaux de la Chambre la discussion
relative au tracé de la route n"" 89 et 141, aux abords de Clermont.
M. le Président donne lecture de la lettre, de la rédiction de
laquelle il avait été chargé pour M. le Ministre des travaux publics
[sur celle importante question] :
A Monsieur le Ministre des travaux publics,
L*adoption du traité de commerce entre la France et la Hollande va
ouvrir de nouveaux débouchés aux produits de plusieurs branches d'indus-
trie du centre de la France, et notamment à ceux de ses nombreuses manu-
factures de porcelaine.
La route de l'ouest à l'est n^ 141, de Clermont à Saintes, va acquérir une
importance commerciale qui doit en faire hâler Tamélioralion, sous peine
de nous faire perdre une panie des avantages que nous avons à expédier
directement nos produits sur l'Est et vers le Rhin et Strasbourg, où les
bateaux hollandais les chargent en retour à des prix modérés.
Par suite de l'état défectueux de la roule no Ut et du haut prix de roulage
qui en résulte, le commerce de Limoges a expédié en hiver, à aussi bon
marché, par Paris, les marchandises destinées à Strasbourg et à la Suisse,
que par la route n** 144, plus directe et plus courte de près de moitié.
Il importe d'autant plus à la prospérité de notre commerce et de notre
industrie de faire cesser celte anomalie, qu'elle tend ^ contraindre l'indus-
trie de nos départements du Centre à recourir au commerce intermédiaire
de Paris pour se procurer des débouchés qui lui sont ouverts par la
route Ul, dont le roulage serait plus économique, si cette route était pra-
ticable en toute saison.
Déjà en i838 (t), le commerce de Limoges a réclamé contre cet état de
choses dans une pétition révolue de cent soixantre-quatre signatures et
adressée à M. le Directeur général des ponts et chaussées.
(1) Dans la séance du 9 novembre 1838, la Chambre s'occupa en effet
d'un projet de rectification de la route de Lyon, sur l'initiative d*ua
M. Roulhac, mais sans y insister.
tl8 dûct^B ARGËROLÔ61QOK ftt ttisToaiûUB do liAousiM
séance du 19 novembre 1841
La Chambre, assistée de MM. les prud^hommes et après avoir
recueilli leur avis, dresse le lableaa du classement de lïQduslrie
départementale, suivant la prescription de la circulaire miDistérielle
(lu 14 août dernier, ainsi qu'il suit :
/'• catégorie. Fabriques à moteur mécanique : filatures en
laines et en cotons ; moulins à triturer on broyer les matières à
porcelaine
jS* catégorie. Usines et ateliers à feu continu : les forges, les
laminoirs, les manufactures de porcelaine
4^ catégorie, — Ateliers de peinture, dorure et brunissage sur
porcelaine.
8^ catégorie, — Moulins des matières à porcelaine.
Séance du 26 septembre 1842
M. le Président annonce qu'il a rempli la mission dont il avait
été chargé en remettant à M. le Préfet, avant la session des Conseils
généraux, les renseignements qui avaient été demandés sur la
situation du commerce et de Tindustrie dans notre département.
M. le Président donne lecture de ce rapport :
L'industrie des porcelaines qui, dès Tannée dernière, redoublait
d'efforis pour réparer les pertes qu'elle avait éprouvées depuis 1840, a fait
encore de nouveaux progrès.
Pendant les sept prerûiers mois de 1841, Tadministration municipale de
Limoges n'avait enregistré que trois cent trente-sept déclarations de mises
à feu aux fours des fabriques de cette ville. Pendant les sept premiers mois
de 1841, ces déclarations s'élèvent à quatre cent trois, ce qui, pour ce pre-
mier semestre, fait une augmentation de soixante -six fournées.
Ce mouvement ascendant ne se fait pas exclasivement remarquer parmi
les fabriques du chef-lieu ; il est commun à toutes les fabriques du dépar-
tement comme à celles de la faïence : aussi a-l-ii fait donner une vive
impulsion à Texploitation des carrières de kaolin et de feids-spath des
arrondissements de Saint-Yrieix, de Bellac et de Limoges. Si aucune car-
rière de quelque importance n'a encore été ouverte dans l'arrondissement
de Rochechouart, la prodigieuse quantité d*argile réfractaire qu'on y
exploite sur le plateau de la Malaise (1) et la consommation croissante du
(1) Hameau de la commune de Saint-Brice, près Saint-Junlen.
CHAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES 219
quartz de Saint-Quentin (1) employé à la fabrication des meules, ne lui
laissent rien à envier aux autres arrondissements.
Il y a peu d'années encore que les préparateurs de pâte et d'émail de
porcelaine n'employaient dans leurs moulins que des meules de silex
qu'ils tiraient des départements de la Vienne et de Tlndre. L'industrie de la
Haute-Vienne s'est affranchie de ce tribut et les meules de Saint-Quentin,
qui occupent plusieurs ateliers, sont maintenant reclierchées par plusieurs
fabricants du Cher et de TAllier.
Les développements de Tindustrie de la porcelaine ne se bornent pas à
la fabrication du blanc. Depuis un an, plusieurs ateliers de peinture et de
décor se sont établis à Limoges (9), en même temps que de nouvelles maisons
de vente et de commission ouvraient de nouveaux débouchés aux produits
de cette industrie et augmentaient la masse des capitaux qu'elle emploie.
Quand on considère l'heureuse influence que l'industrie minérale et la
fabrication de la porcelaine exercent sur la prospérité de ce département ;
quand on considère le grand nombre de familles que ces industries occu-
pent, les avantages que la culture des bois en retire, ce n'est pas sans un vif
sentiment de crainte pour l'avenir qu'on porte ses pensées sur l'énorme
quantité de bois qu'elles consomment chaque année et sur le haut prix
auquel il s'est déjà élevé.
La seule industrie minérale du pays, sans y comprendre les besoins des
autres industries, consomme une quantité de bois qu'on ne peut élever à
moins de S40.000 stères. En admettant que le rendement d'une coupe de
taillis de S5 ares soit 200 mètres par hectare, une coupe annuelle de
940.000 stères absorberait le produit de t. 200 hectares et suppose la cul-
ture de 30.000 hectares.
Les ressources de la Haute-Vienne, absorbées en grande partie par les
besoins généraux d'une population de près de 300.000 habitants, sont bien
loin de suffire à la consommation de son industrie minérale. Les forges
tirent une partie de leur charbon de la Corrèze et de la Dordogne; la porce-
laine tire la plus grande partie de ces approvisionnements (3) du départe-
ment de la Creuse; et, si l'on en juge paries coupes anticipées auxquelles
on a recours aujourd'hui pour satisfaire les besoins les plus pressants, ce
complément de ressources serait bien près de manquer à notre industrie.
Cette position périlleuse sera pour le Conseil général un nouveau motif
de presser, de hâter de tout son pouvoir, la canalisation projetée de nos
rivières
(t) Hameau de la commune de Vcyrac, canton de Nieul.
(i) Le procès- verbal de la séance du 15 mai 1839 accuse l'existence de
10 ateliers de décor. Cf. la séance du 3 décembre 4832 (p» 2i5).
(3) Il semble que l'on vise ici à la fois le bois et la houille. Cependant,
dans la séance du M août 1847, M. François AUnaud affirme que la houille
de Commenlry (Allier) est la senle qu'on ait employée à la cuisson de la
porcelaine.
3o0 SOCI^' ARCBÊOLOGIQUR ET HISTORIQi'K DU LIMOUSIN
Séance du 24 avril 1845
M. Ardant formule une proposition relative au flottage sur la
Vienne et aux améliorations nécessaires pour la sécurité du com-
merce du bois ; il conclut à la nomination d'une commission pour
faire des études approfondies sur la matière.
{Suit la teneur^ en deux pages, de la proposition annoncée,)
Séance du 12 décembre 1845
La suite de Tordre du jour appelle MM. les membres chargés, à la
dernière séance, de répondre aux diverses questions posées paria
circulaire de M. le Ministre de Tagriculture et du commerce, du
12 novembre 1845.
M. Ardant, répondant à la première, posée ainsi :
La situation des ouvriers hors d'état de travailler est sontent
malheureuse; elle est toujours précaire. L'opinion publique s^en «(
préoccupée à juste titre et le Gouvernement a cherché dans les plans
proposés les moyens d^y porter remède. Malheureusement rien jus-
que ce jour n'a paru pouvoir suppléer la prévoyance privée. Aucune
question n'est plus digne de la sollicitude des Conseils. Ils recherche-
ront quelles caisses de secours ou de retraite, ou quelles institutions
peuvent être fondées pour le soulagement des travailleurs invalides^
s'exprime ainsi :
« La Chambre consultative des manufactures voit avec le plus vif
intérêt que M. le Ministre du commerce s'occupe sérieusement du sort
des classes ouvrières et recherche les movens de leur venir en aide.
» Elle s'associe à son intelligente sollicitude et fait des vœux
sincères pour qu'il soit possible aux trois Conseils, qui vont se
réunir, de doter la France d'une institution durable qui oblige les
classes ouvrières à la prévoyance, à l'économie, en leur assurant
un abri contre les maladies, les accidents et la vieillesse.
» La Chambre consultative pense que, de tous les moyens pro-
posés, de toutes les expériences faites, les sociétés de secours
mutuels, parmi chaque catégorie d'ouvriers, avec leur administra-
tion et leur surveillance particulières, sont jusqu'à ce jour les ins-
titutions qui peuvent présenter, en les réglementant, le plus de
garanties et offrir les meilleurs résultats.
» Convaincue de cette opinion, elle a voulu réunir tous les corps
d'état qui comptent dans leur sein des sociétés de secours mutuels,
afin d'étudier si, depuis leur origine, elles avaient (idèlement rempli
leur but et si elles étaient en voie de progrès.
CBAMBaB CONSULTATIVE DBS ARTS BT MANUFACTURES
951
Voici le résultat de ses investigations :
ssse^sie
•
=^
•
^=
=5=
•
•
•
In
1
1'
1
1
§1
1
m
1
l< <
1
•^lO
^^o
•"-•lO
•^o
b> Cl
t,»<»
»
htf^
u r«
b tO
tO
«"S "S
.2 a a
ce
•
1
.S
9
1
1
éK • ■
« O O
.2 s s
tA
o
o
s
*M 00
«O
.S a
M
O
s
o
a
o
«s
.s s
O
S
O
OD
a
s.
§
• •
«s (B «0
.2 S a
o
-s
fi
o
r»
••
O
fi
•
CQ CO tO
«0 (0 :3
o
(0
a
a
C
■ •
o OB V
sis
•
co co <o
n « 3
(0
G
«>
a
«>
s
• •
m ^»
& 9
^ es
« eo
OD «a
eo w <o
J§«-§
«
fi
S.
«>
fi
9
^ cd ••
eo «0 ^
O
fi
s.
S
9
a
w
S
OD
-
en
^*îo^
«
«
s
%^
«>
1
>
4>
"O
«
"O
«
Tl
«>
■o
-3
;3
t
1
"3
;3
MB
"0
1
6
a
a
fi
a
a
a
fi
a
fi
H
H
H
H
H
K
H
H
H
0
?
9
9
9
9
9
9
<
^
<
^
<
^
^
^
^
»
V
V
4)
«
4>
1
o
•8
■8
•8
'«
a
C
S «
fi
a
^^
C0
c«
fi «
fi es
a
a
C
o fi
O fi
o s
o
c
o
S
O
a=§
^%
z§
-s
•2
•g
1
■E
m4
o
o
O
O
O
•
«4
1
S «
•
«
<&
•
d *
o
I2
o
S
S
O
<b4
o
O
%
fH
O
•■
•♦
#•
M
^
^
<o
rajqoiaai tap |
00
•*
lA
co
o
(O
o
v4
eo
•*
wqraOM 1
^N
^
^
d
«
m
S
«a
2L
.2
1>
S
1
o
1
t
:2 s
O 5
1
B
•1
2
i
2 1
,2 s
2
CD o
«
• V
C/5 o
•
■
eu
»j
^^
1
S
a
S
s
i
a
6.1 si
OB
fil
^
•v4
•v4
• 'S'^pS
isi3
•
r
o
o
o
eu
O
a.
v-4
o
CL*
S a|g
.S g
&4 o*
s
^fk
11
Ok
eo
•*
•«i
m
s ^
C4
•*
-*
««
•*
5'
00
*1
oo
QO
00
00
ass
ss
(Suivent les réponses de la Chambre à la i' question : sur le travail des
enfants dans les manufactures ; à la 3* question : sur la législation des
contrats d'apprentissage ; à la 4* question : sur la juridiction des prud'-
hommes, etc.).
3S2 SOCIRTR ARCnéOLOGIQUE KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Séance du 26 août 1846
M. Louis Ârdant est appelé à donner lecture da rapport dont il a
été chargé par la Chambre, dans une de ses précédentes délibéra-
tions, sur la question de Tamélioralion du régime des flottages de
bois par la Vienne et ses affluents.
{Suit le rapport annoncé, p. 254 à 289).
Séance du 13 novembre 1846
M. le vice-président donne communication d'une lettre de H. le
Ministre du commerce, du 26 septembre, qui annonce renvoi par
roulage d^une boîte d*échanlillons de diverses matières intéressant
les arts céramiques.
Ces échantillons, provenant de Texposition des produits de Tio-
dustrie de Berlin, ont été fournis au département du commerce par
M. Gautier de Clanbry, professeur de chimie à l'Ecole polytechni-
que, qui avait été chargé d'examiner les produits de cette nature.
La Chambre décide que cet envoi sera conservé avec soin dans
la chambre de ses archives et que, pour remplir les bienveillantes
intentions de M. le Ministre du commerce, les fabricants de porce-
laine de la ville de Limoges et du département de la Haute-Vienne
seront invités, par la voie de la presse, à venir en prendre connais-
sance à rhôtel de ville, à un jour qui sera ultérieurement fixé par
M. le Maire.
Séance du 5 avril 1847
« Voici, Monsieur le Préfet, le nombre et le siège des établisse-
ments, le nombre d'ouvriers et la somme d'affaires de chacune des
catégories industrielles qu'elle [la Chambre consultative] désire
voir représenter dans la nouvelle composition du Conseil des
prud'hommes :
/ T • ( ^3 fabriques. . . . l «« \
Limoges ..{453^^1 ^e décor } ^^
Fabricants de porce- l Solignac . . 1 fabrique .... 1 j *^ établissements ,
laine et de pâtes à \ i^j^ ^^^^ ^ t, [ occupant 3.000 ou-
porcelaine, et dé- ] , nâtes 3 \ "^'"i®'^ environ, fai-
corateurs [des deux \ p^^t ^^ * [ sant un chiffre d'af-
cantons de Limo- j ^^ Palais 3 I ^^^^^ ^® 4.000.0QO
»e«l- [Solignac/. - 1] de francs (1).
\ Limoges . . — 6 /
(I) Dans uDe lettre au Ministre du commerce, reproduite dans le procès-
verbal de la séance du Î6 août 1846, la Chambre consultative avait fîié à
5.000.000 de francs le chiffre d'affaires des fabricants de porcelaine et de
leurs auxiliaires pour la totalité d^ département.
CHAMBnR CONSULTATIVE DKS ARTS ET MANUFACTURES 253
M. Ardant donne lecture à la Chambre du projet de demande
qu^elle Tavait chargé d'adresser à M. le Ministre des travaux
publics, d'une somme 3.000 fr. applicable à Tëlude des moyens à
employer pour Tamélioration de nos flottages de bois à brûler.
[Suit la dite lettre, p. 278-281).
Séance du 14 août 1847
M. Alluaud donne les renseignements qui suivent :
Le prix de la pâte et de Témail a diminué avec l'importance des
ventes hors du département. Les magasins de ces matières premières
se sont encombrés; les travaux des carrières se sont sensiblement
ralentis et quelques usines à kaolin ont des meules en chômage.
La fabrication de la porcelaine, dans notre déparlement, a sou-
tenu toutefois, à peu d'exceptions près, son activité accoutumée.
Pour la conserver, les prix de fabrique ont été diminués. Deux fabri-
ques, par suite de leur discrédit, que la crise générale ne leur per-
mettait pas de dissimuler plus longtemps, ont suspendu leurs
paiements, et congédié une partie de leurs ouvriers.
Une année prospère suffirait sans doute pour réparer ces pertes
si le maintien de la fabrication de la porcelaine en Limousin n'était
compromis par la substitution de la houille au bois dans la cuisson
de cette belle poterie. Cette révolution est considérée généralement
comme un progrès, et cependant la France regrettera peut-être un
jour de Tavoir provoquée. Ses porcelaines n'avaient à redouter
aucune concurrence étrangère ; l'industrie céramique de l'Angle-
terre, plus avancée que la nôtre sous beaucoup de rapports, avait
essayé vainement de cuire la porcelaine dure avec la houille, elle y
avait renoncé; et voilà que nous lui apprenons tout-à-coup que la
cuisson de la porcelaine peut se faire avec des houilles inférieures
aux siennes, sans songer à la concurrence qui peut s'élever dans le
Stafford'shire et nous forcer à réduire notre fabrication aux besoins
de la consommation nationale. C'est que le StafTord'shire réunit en
effet tous les moyens de succès; outre ses fabriques immenses, ses
argiles réfractaires, ses houilles à longue flamme, il est en posses-
sion de chemins de fer et de canaux dont le réseau dessert littéra-
lement chaque établissement, tandis que le Limousin n'a point de
houille et attendra longtemps encore les chemins de fer et les
canaux nécessaires à l'approvisionnement de ses fabriques et &
l'exportation de leurs produits. Dans des positions si différenteç
la lutte serait impossible.
S54 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BlSTOniQOE DU LIMOUSIN
Quoi qu'il arrive, la cuisson de la porcelaine à la bouille se pro-
page de proche en proche. M. Vital-Roux Ta d'abord introduite dans
la fabrique de Noirlac, près Saint-Amand (Cher). Les propriétaires
des fabriques de Châteauroux (Allier) et de Fours (Nièvre) adoptent
ce procédé de cuisson. La manufacture royale de Sèvres fait appro-
prier un de ses foursà la houille, et M. Ruaud, fabricant à Limoges,
a déjà cuit sept fournées au moyen de ce combustible, avec un succès
satisfaisant. Ce procédé de cuisson parait donc un fait accompli.
Les craintes qu'il inspire aux fabricants du Limousin méritent
une sérieuse attention. Il s'agit de savoir :
1"* Si la cuisson au bois soutiendra la concurrence de la cuisson
à la houille pendant la transformation du premier procédé de cuis-
son au nouveau, et à quelle condition ;
S*" Si, lorsque la cuisson à la houille sera universellement adoptée
par les fabriques situées dans le voisinage des houillères, les fabri-
ques pourront en soutenir la concurrence, et par quels moyens.
Les considérations qui suivent répondront à la première question.
La houille de Gommentry est la seule qu'on ait employée à la
cuisson de la porcelaine. Bien que le prix de cette houille soit qua-
druplé par les frais de transport par le roulage jusqu'à Limoges, la
cuisson de la porcelaine avec ce combustible présente encore une
grande économie sur les frais de cuisson au bois.
Dans son four de 81 mètres 50 centimètres cubes, M. Ruaud
consommait 100 stères de bois. En l'estimant à 11 fr. rendu, cassé
et séché en fabrique, le bois consommé dans une fournée revenait
à 1.100 fr.
M. Ruaud remplace ces 100 stères de bois par 190 hectolitres de
houille du poids de 70 kilogr. L'hectolitre revient, à Limoges, à
3 fr. 78 et les 190 hectolitres à 718 fr. 20.
La fournée au bois revenant à 1 .lOOfr. »
Celle à la houille revient à 718fr. 20
La cuisson à la houille présente une économie de. . 381 fr. 80
Le nouveau procédé n'étant pas dans le domaine public ne peut
être appliqué qu'au moyen d'une concession dont le prix, joint à
d'autres dépenses accessoires et à la difficulté [de Ise procurer par
le roulage toute la houille que consommeraient les fabriques du
Limousin, réduit l'économie réelle à 300 fr.
Or, comme la consommation de bois sur laquelle porte cette
économie est de 100 stères, il faut, pour que la cuisson au bois,
dans l'état actuel des choses, puisse soutenir la concurrence à la
houille, que le prix du bois subisse une diminution de 3 fr. par
stère, ou qu'il ne revienne qu'à 8 fr. livré et cassé en fabrique.
Cette diminution, que la force des choses va rendre nécessaire,
CHAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES S5d
causerait une perte considérable aux propriétaires de forêts qui
alimentent nos fabriques, s'il n'y avait aucun moyen d'en diminuer
rimporlance.
L'élévation du prix du bois vient en partie du mauvais régime de
nos flottages; la Chambre a sollicité déjà près du Conseil général et
du Conseil municipal les moyens d'y mettre un terme. Il faut espé-
rer que, cette année, le Conseil général et le Conseil municipal de
la ville de Limoges prendront nos justes plaintes en considération
et voudront y mellre un terme, dans l'intérêt de l'industrie de la
porcelaine, comme pour les besoins sans cesse renaissants de notre
population ouvrière ; dans l'intérêt surtout de la propriété fores-
tière qui pourrait tout-à-coup être privée de son principal débouché.
Car il ne faut pas perdre de vue que l'économie de la cuisson à
la houille va susciter une vive concurrence entre les deux modes
de cuisson, non seulement dans la Haute-Vienne, mais surtout
entre les fabriques de ce département et les autres fabriques de la
France.
Nous venons de voir à quelles conditions la lutte était possible,
au prix de revient actuel de la houille; mais lorsque ce combus-
tible arrivera à Limoges par des voies plus économiques que par le
roulage ; lorsque le chemin de fer en construction entre Vierzon et
Limoges sera achevé, le prix de la houille descendant alors à 2 fr. 50
l'hectolitre, ne permettra l'emploi du bois qu'autant qu'il diminuera
de moitié.
Une diminution aussi considérable est à peu près impossible et,
si elle ne se fait pas, la consommation des fabriques de porcelaine
se réduira forcément à la cuisson de porcelaine de luxe, pour
laquelle il est probable que le bois continuera d'obtenir la préfé-
rence.
Nous reviendrons sur les intérêts et sur l'avenir vraisemblable
de la propriété forestière en Limousin; mais afin de ne pas inter-
rompre l'ordre de nos idées sur la fabrication de la porcelaine,
nous allons examiner la seconde question que nous avons posée et
indiquer par quels moyens les fabriques du Limousin soutiendront
la concurrence des fabriques établies dans le voisinage des houil-
lères.
Ces fabriques, suivant leur position, se procureront la houille au
prix de 1 fr. à 1 fr. 50 l'hectolitre, c'est-à-dire à moitié prix de ce
que coûtera la houille que le chemin de fer de Vierzon versera à
Limoges. Cette différence leur assurant environ une économie de
300 francs dans le prix de revient de chaque fournée, causerait
immanquablement la ruine de nos fabriques si elles n'avaient pas
le moyen de se procurer la houille par une voie plus courte et plus
356 SOCIÉTÉ ARCHèOLOClQUE ET HISTOBIQUE DU LIMOUSIK
économique que celle de Vierzon. Or ce moyen existe : il consisle
dans rexécution du chemin de fer projeté entre Angouléme et Mont-
luçon par Limoges et La Souterraine, ou dans Texécution de la
canalisation de la Vienne et du Taurion, en suivant la même direc-
tion. Avec une de ces nouvelles voies, la houille parviendra à
Limoges à moins de 2 francs l'hectolitre, et, grâce aux avantages
particuUers dont ses fabriques sont en possession et qu'elles trou-
vent dans Tancienneté de leurs relations, dans leur nombreuse
clientèle, dans l'importance des capitaux qu'elles ont engagés dans
leur industrie, et dans Texpérience acquise par les populations
qu'elles emploient, nos fabriques seront en position de soutenir la
concurrence de celles qui sont établies ou qui s'établiront dans le
voisinage de houillères.
Les périls dont la principale industrie de la Haute-Vienne est
menacée sont grands et, nous devons l'espérer, le Conseil général
emploiera tout ce qu'il a de force et de crédit pour les conjurer. Il
a déjà émis plusieurs fois des vœux favorables à la canalisation de
nos rivières et à l'exécution d'un chemin de fer d'Angouléme à
Montluçon. En présence des craintes qui troublent la sécurité de nos
fabriques, il s'empressera de renouveler l'expression des mêmes
vœux avec toute l'énergie que son patriotisme lui inspirera.
Séance du 10 juin 1848
M. Louis Ardant, chargé par la Chambre consultative de répon-
dre à la circulaire n"" 13 du Ministre du commerce, a présenté le
projet suivant :
CiTOYBif Ministre,
La Chambre consultative des raanufaclnres de la ville de Limoges s'asso-
cie à la généreuse sollicitude qui a dicté votre circulaire du 3 juin et vient
vous faire connaître la triste situation des principales industries du dépar-
tement de la Haute-Vienne et vous signaler les moyens qu'elle croit utiles,
opportuns, pour mettre un terme au désarroi de nos manufactures et au
découragement qui, chaque jour, frappe de plus en plus nos travailleurs...
Aussi nous empressons-nous de répondre aux diverses questions que
vous nous avez posées.
PasMiÈRB QUESTION. QuelUs sont dans votre circonscription les indus'
tries qui emploient le plus grand nombre d^ouoriers et donnent lieu aux
transactions les plus importantes ?
Ce sont :
4o La fabrication des porcelaines, on y comprenant Texlraction et la pré-
paration des matières premières, Texploitalion, le transport et le flottage
des bois, les dorures et les décors.
CHaADRB CO^^SULTATIVg IbBd ARtS Et llA^O^ACTOREâ i$^
Elle occupait avant la RévolutioD du 95 février plus de 5.000 ouvriers,
parmi lesquels au moins 1.000 artistes. 24 manufactures alimentaient
37 fours, 13 usines hydrauliques, 300 meules. Elle consommait 65.000 stères
de bois qui procuraient à l'agriculture un produit annuel de 600.000 fr.
Le chiffre de sa fabrication générale atteignait 5.000.000 [de francs] et le
poids qu'elle livrait aux transports du roulage s^élevait à 90.000 quintaux
métriques.
90 La fabrication des flanelles et droguets
Dbuxièmr question. Quelles 9ont les industries sur lesquelles a le plus
pesé la crise inéoittxble que nous aoons traoersée et comment se sont tra-
duits les effets de cette crise ?
Toutes nos industries ont souftert, à divers degrés, les effets de la crise
industrielle qui a pesé et qui, nous Tavouons à regret, pènc malheureuse-
ment encore sur notre population. Mais elle s'est plus particulièrement
appesantie :
i^ Sur la fabrication des porcelaines qui, malgré son bas prix, est encore
pour le plus grand nombre une consommation de luxe. En présence de ses
fabriques déjà encombrées et menacées de ruine, la ville de Limoges s'em-
pressa, dès les premiers jours de la révolution, de tenter de les soutenir
et, dans cette espérance, elle mit à la disposition des fabricants, pour qu'ils
pussent payer la main-d'œu/re aux ouvriers, une somme de 30.000 fr. Les
circonstances étaient et devinrent trop graves. Ce secours trop faible ne
produisit qu'un effet passager. Dès les premiers jours de mai, les travaux
ne pouvant plus être alimentés par l'écoulement des produits, il fallut for-
cément les suspendre.
A cette époque, les nombreux ouvriers de cette industrie durent deman-
der aux chantiers déjà trop étroits de la commune leurs moyens d*exisience ;
et, en même temps, le commerce des bois, l'extraction et le transport des
matières premières se trouvant eux aussi paralysés par la suspension pres-
que générale de la fabricatiou des porcelaines, les travailleurs qui, dans
notre département, sont habitués à vivre du produit de ces auxiliaires de
uos manufactures, vinrent demander à la ville de Limoges une hospitalité
qui, quoique coûteuse, leur fut accordée.
Four rétablir l'important travail arrêté dans cette fabrication ei pour
conjurer les déplorables conséquences d'une crise qui menaçait et atteignait
partout nos classes ouvrières, la ville de Limoges proposa un emprunt de
700.000 fr. Cet emprunt était nécessaire, indispensable. C'était une nouvelle
tentative pour reprendre, encourager hardiment les travaux industriels et
laisser au gouvernement le temps et le soin de rétablir le crédit avec la
contiance. Le Conseil municipal s'empressa de le voter.
S'il eut été approuvé par l'Etat, souscrit et réalisé par tous les habitants,
comme les circonstances en faisaient une loi, nous aurions pu voir s'amoin-
drir la population des ateliers communaux et se rouvrir non seulement nos
fabriques de porcelaine, mais encore celles sur lesquelles nous appellerons
bientôt votre attention et qui souffraient aussi. Mais cet emprunt, par suite
de la gène qui s'est appesantie si exceptionnellement sur noire pays manu-
facturier et qui n'a épargné que quelques hommes étrangers aux affaires,
n'a pu être et n'est pas encore réalisé.
I^!>À âôciits ARÈàÉOLôGlQul: st àtstORtQ^B bu LtftOOSlH
Sans le concours ilu gouvernement qui a autorisé la Caisse des dépôts ei
consignations à prêtera la ville de Limoges une somme de 300.000 fr.^sans
Tappui généreux de ceux de nos concitoyens qui, sans attendre que les
formalités légales fussent remplies, n'ont pas hésité à faire un premier et
indispensable versement, nous ne saurions dire sur quels tonds et comment
notre cité aurait pu faire face aux dépenses obligées qu*elle a dû s'imposer
et qui pèsent encore malheureusement sur la caisse municipale.
C'est que, citoyen Ministre, outre que l'emprunt ne s'est pas réalisé, le
crédit et la consommation, au lieu de se rétablir, sont restés de plus en plus
paralysés. C'est que, malgré le désir de tous, fabricants et ouvriers, de
voir se rouvrir les fabriques et d'abandonner un travail et des dépenses qui
ailleurs pèsent à tous, il a été matériellement impossible de vider les
magasins encombrés et de tenter le moindre effort vers la reprise des tra-
vaux habituels.
C'est à peine si, à cette heure, sur vingt-quatre manufactures, cinq entre-
tiennent encore une certaine fabrication. Et si ces quelques établissements
fonctionnent un peu, il faut bien le dire, nous ne le devons qu'aux senti-
ments patriotiques de leurs chefs qui se sont imposé le sacrifice et le devoir
de faire servir, dans ces jours difliciles, au profit de quelques ouvriers, les
avantages de leur fortune; — qui, privés de demandes, quoique encom-
brés, n'ont pas craint d'entasser produits sur produits; car la consommation
des porcelaines, pour eux comme pour leurs collègues moins favorisés» a
été et est encore complètement nulle.
30 Les flanelles et droguets
TuoisiÈMB QUESTION. Quelles sont les industries qui vous paraissent
mériter de préférence les encouragements du gouoernement dans V intérêt
du travail national ?
\'^ La fabrication des porcelaines; S*' la fabrication des flanelles et dro-
guets, etc.
QuATRiÈMB QUESTION. Quôl Serait le meilleur mode à adopter pour leur
prêter assistance, les soutenir dans leurs épreuoes et leur ouorir de nou-
oelles ooies de déoeloppement ?
1® Pour la fabrication des porcelaines, on ne saurait prévoir quand
elle pourra reprendre ses travaux. Consommation de luxe, elle est, plus
que toutes les autres industries, soumise aux embarras qui pèsent sur la
France. Jusqu'à ce que l'aisance ait ramené la vente de ses produits,
entassés depuis longtemps et qui représentent dans les fabriques une valeur
d'environ deux millions, jusqu'à ce moment elle restera forcément dans
1 état d'annihilation qui ruine, chaque jour, de plus en plus notre dépar-
tement.
Le seul moyen de la relever et en la relevant de porter la vie, le calme
à six mille ouvriers, à leurs familles, ce serait de lui venir hardiment, excep-
tionnellement en aide, de réaliser par le concours du gouvernement ce que
la commune a tenté et n'ose plus espérer ; ce serait, pour lui laisser le
temps de faire disparaître l'encombrement de ses produits, de lui assurer
immédiatement l'écoulement d'une fabrication nouvelle de un million en
porcelaine blanche, cinq cent mille francs en porcelaine décorée.
tttAHIftaB CONSUtTATtVE DEà ARtS Et llANUi^AÛTÛRBê ^5$
Ces quinze cent mille francs, noas le disons avec confiance, seraient de
i*argent bien employé. Nos ouvriers, rentrant dans leurs ateliers, entrever-
raient immédiatement un terme aux privations qu'ils endurent et nos fabri-
cants enfin pourraient envisager Tavenir avec moins d'inquiétude.
Un tel sacrifice, nous le reconnaissons, n'a été que très rarement invoqué
et obtenu de TËtat, et nous n'oserions, citoyen ministre, le solliciter, si
nous n'étions vis-à-vis de l'industrie des porcelaines dans une situation
exceptionnelle, dans une impasse sans aucune issue prochaine ; si nous
n'avions mesuré, approfondi les maux qui nous menacent, les plaies vives
qu'il est appelé à cicatriser.
(La BuUe de la lettre apporte quelques argumenta à V appui de cette
demande,)
Séance du 9 décembre 1849
(La Chambre s'occupe de nouveau de la question du flottage sur
tes rivières. J
Séance du 7 février 1850
M. le Secrétaire lit ensuite la lettre qui a été écrite à M. le Minis-
tre du commerce pour lui demander des porcelaines de Sèvres :
Monsieur le Ministre,
La Chambre consultative des arts et manufactures de Limoges a été
informée par l'un de ses membres que vous aviez l'intention d'envoyer dans
les départements un certain nombre de tableaux, tapis, porcelaines et objets
d'an qui se trouvent en quantité dans les magasins de TËlai. Faire naître
ou ranimer par ces envois dans les diverses parties de la France le goût
des arts, de ceux surtout qui se rattachent plus ou moins à l'industrie, telle
a été ridée pleine d'équité et de convenance qui vous a guidé. Aussi la
Chambre consultative, approuvant de toutes ses forces vos projets à cet
égard, ne peut-elle que vous engager à entrer résolument dans une telle
voie. Confiante du reste dans votre justice si éclairée, la Chambre consul-
tative ne craint point que vous oubliiez la ville de Limoges; mais elle croit
devoir vous rappeler que là se trouve entre autres une industrie impor-
tante, celle des porcelaines, qui ne pourrait que gagner beaucoup si elle
était continuellement excitée par la présence de modèles sérieux et de
produits supérieurs aux siens. K ce point de vue, la Chambre consultative
a l'honneur de vous demander avec instance des porcelaines de Sèvres.
Ces objets, placés au Musée de Limoges, seraient bien propres, Monsieur le
Ministre, à remplir vos intentions généreuses, et notre pays serait recon-
naissant de cet envoi.
Veuillez agréer
MiO SbClifcTik ARCttkOLbG^QUI Et tllSTORr<|CK D\J LlÈOÙSIÏI
Séance du 21 mars 1850
M. Alluaud lit le rapport, connu déjà par la voie des journaai (i),
que M. Ebelmen, directeur de la manufacture nationale de Sèvres,
a fait à M. le Ministre sur les expériences de cuisson de la porce-
laine au moyen de la houille. Tout en craignant que la réussite de
ces expériences ne soit fatale aux intérêts non-seulement de la
Haute- Vienne mais encore de la France entière, M. Alluaud vou-
drait que le Gouvernement permit au moins à notre pays de lutter
cçntre la concurrence des fabriques qui se trouvent au milieu de la
houille. Et cette lutte ne pourra être sérieuse de noire part que si
nous avons promptement à notre disposition le chemin de fer qui
nous apporterait plus économiquement le combustible minéral.
En conséquence, M. Alluaud demande que la Chambre consulta-
tive insiste fortement auprès du Gouvernement pour obtenir une
allocation plus considérable en faveur de notre chemin de fer
Séance da 19 octobre 1850
M. le Préfet fixe Tattention de la Chambre consultative sur TEx-
position universelle qui doit avoir lieu prochainement à Londres.
11 rappelle que le but de cette grande solennité est de réunir des
produits industriels, commerciaux, et non pas purement artistiques.
Passant à la part que noire département pourrait y prendre pour
quelques-uns de ses produits, il termine en déclarant qu'au point
de vue de Thonneur et de Tintérét de la Haute- Vienne, de Limoges
et des fabricants et décorateurs eux-mêmes, il faut absolument que
notre porcelaine y soit convenablement représentée.
La Chambre consultative tout entière adopte cette pensée. Parmi
les industries de notre déparlement qui pourraient figurer avanta-
geusement à Texposition de Londres, on signale la ganterie de Saint-
Junien. La discussion s*engage ensuite sur les voies et moyens en
ce qui concerne la porcelaine. Divers membres regardent comme
préférable un envoi collectif qu'on intitulerait Porcelaine de Limo-
ges ; d'autres donnent la préférence aux expositions individuelles,
et la Chambre consultative qui, du reste, ne pourrait donner qu'un
simple conseil, juge qu'il serait convenable de provoquer une
(1) Cf. le Bull, de la Soc, pour V encouragement dt*. V industrie nationale ^
46* année.
tÉAUeaB ÈONSOLtAtiVB DKS XaTS VT ÉANU1^A<!lTURBè ^â)
réunion de MM. les fabricants et décorateurs, pour que ces Mes-
sieurs pussent s'entendre entre eux et avec la Chambre sur les déci-
sions à prendre en cette circonstance. Cette réunion est fixée à
mardi 23 [corr. 22] du courant.
Séance du 22 octobre 1850
MM. Yalin, Colany et Ricroch sont les seuls fabricants de porce-
laine qui aient répondu à l'appel qui leur a été fait, au nom de la
Chambre consultative, dans la lettre qui leur a été adressée le
20 octobre.
M. le Préfet prend la parole. Il expose les motifs de la réunion.
Deux projets sont en présence. Les fabricants exposeront-ils indi-
viduellement ou enverront-ils, chacun, des produits qu'ils tâche-
ront deyarier le plus possible, afin que toutes les sortes qui sont
fabriquées dans le pays soient représentées?
Les industriels présents étant trop peu nombreux pour que la
question soit décidée dans cette séance, une liste est immédiate-
ment ouverte sur laquelle s'inscrivent MM. Ruaud, Pouyat, Valin,
Colany et Ricroch, chacun pour une spécialité. M. Ruaud est chargé
de communiquer cette liste à tous ses confrères.
Séance du 28 juin 1851
Relativement à la porcelaine qui est la plus importante [des
industries de Limoges], on décide qu'on enverra deux ou trois
modeleurs et un décorateur [à Texposition de Londres].
On passe alors au choix des contre-maitres et ouvriers qui
devront être envoyés à Londres et on discute préalablement les
titres de chacun. M. Tritschler, mécanicien, est choisi le premier.
Il pourra, pour la porcelaine, étudier les moyens de broyage des
matières dures M. Cadiot, modeleur, est ensuite élu. Les voix
paraissant partagées entre MM. Sertout et Robin, tous deux mode-
leurs et tous deux [anciens élèves] des écoles de la Société d'agri-
culture de Limoges, les deux commissions, municipale et de la
Chambre consultative, sont consultées et M. Sertout obtient la
majorité des voix. Il est, en conséquence, désigné ; mais le candi-
dat habitant à Paris dans ce moment, il est entendu que son choix
n'aura de valeur et d'effet qu'autant que M. Sertout s'engagera à
revenir à Limoges lorsque le voyage à Londres aura été effectué.
T. LU n
^62 société ARGIliOÏJOOIQim Bt HlSTOftlQOB DU UtOUSlH
Il s'agirait, après ces trois nominations, de désigner le décora-
teur. Âncane demande n'ayant encore été faite, MM. AUaaud et
Ruaud sont priés de chercher des candidats et de les signaler à la
commission mixte qui statuerait; mais il est entendu qu'on dc
pourra envoyer ni un décorateur-entrepreneur, ni telle autre per-
sonne qui pourrait être fort utile, mais ne rentrerait pas dans la
catégorie des contre-maîtres et ouvriers.
On va procéder à la désignation de l'ouvrier ébéniste. Un mem-
bre, parlant du peu d'importance relative qu'a l'ëbénisterie dans
notre département, propose de déléguer un modeleur de plus pour
la porcelaine et d'omettre l'ébéniste ou du moins de ne porter ce
dernier qu'après le modeleur. Les deux commissions, adoptant celte
proposition, désignent M. Robin pour la porcelaine et M. Bernard
pour rébénisterie(l).
Séance du 14 décembre 1852
Dans la deuxième lettre, M. le Préfet demande à la Chambre
consultative son avis sur la création à Limoges d'un musée céra-
mique. La Chambre consultative, s'appuyant sur les considérations
développées dans cette lettre (qui avait été publiée dans Le Vingt
Décembre), donne une approbation unanime au projet que poursuit
avant tant de zèle M. le Préfet, et elle regrette seulement de n'avoir
pu devenir encore une Chambre de commerce et de n'avoir point
par conséquent un budget qui aurait pu lui permettre de s'associer
à une œuvre aussi éminemment utile, autrement que par les vœux.
Séance du 4 avril 1853
M. Chapoulaud lit le rapport suivant :
Messieurs, dans votre séance d'installation du 5 février, voos avez nommé
une commission chargée de vous rendre compte des brevets expirés dont
Texploitation pourrait offrir quelque avantage à notre pays
Des quatre grandes industries qui fleurissent dans notre ville : la porce-
laine, les flanelles, la cordonnerie, imprimerie, cette dernière est la seule
qui emploie des machines. Les moulins à pAte, les minoteries, les filatures,
une papeterie mécanique et une trèfilerie des plus importantes, tels sont
les autres établissements industriels de ce département qui renferment des
machines plus ou moins puissantes, et ce ne sont pas ceux qui donnent
les résultats les plus satisfaisants.....
(4) Aux quatre noms cités, il faut ajouter celui du sieur Payes» décora*
(eur en porcelainei diaprés le procès-verbal du 3 juillet.
tBAMllRB tONStLtATlVS bKS X9,XS Kt ÀANUlPACtU^Bà 16%
Quoi qu*il en soit, nous avons diH chercher dans les brevets expirés ceux
qui étaient immédiatement applicables aux industries actuelles. lis font
l'objet de la note suivante : Tome 73 (1), n® 40S54, transport de dessins
sur porcelaine , p. 474. (Les autres breoeùa ne concernent pas la por-
celaine).
Séance du 3 juin 1853
M. Chapoulaud propose la création d'une école de dessin et plus
tard de peinture pour les jeunes filles, cette création lui paraissant
devoir être, dans un temps rapproché, de la plus grande importance
pour notre industrie porcelainière. Il lit Texposé suivant à l'appui
de sa proposition :
Messieurs, parmi les grandes écoles fondées ou subventionnées par la
commune, il en est une qui était réclamée depuis bien longtemps et dont
le succès a dépassé toutes nos espérances. Nous avons nommé TEcole de
modelage, établissement si utile à toutes les industries qui donnent la
forme à la matière, indispensable à la fabrication de la porcelaine. Main-
tenant nous sommes assez riches pour fournir à d*autres provinces les
artistes habiles que naguères nous étions forcés de leurs emprunter à
grands frais.
L*Ecole gratuite de dessin, créée depuis bientôt un demi-siècle par la
Société d'agriculture, a formé de bons élèves. Nous lui devons les hommes
qui honorent notre pays ; mais, malheureusement, peu d'entre eux se sont
livrés à la branche du dessin la plus importante pour nous, Tapplication à
la porcelaine. La spéculation s'est emparée de ce genre de peinture ; une
foule de chefs d'ateliers se sont établis ; la concurrence s*est agitée et on a
fait de la peinture au rabais. Aujourd'hui, on admet indifféremment des
enfants qui ont quelques principes de dessin, et d'autres en beaucoup plus
grand nombre qui savent à peine écrire ; on en tire du travail en quantité
sinon en qualité, et le but est atteint. Du reste, quelle qu'en soit la cause,
notre infériorité relative est patente, et il est bien permis de l'attribuer à
des hommes qui, chargés de former des artistes, se vantent de n'avoir
jamais appris le dessin.
Un tel état de choses, s'il se prolongeait, pourrait avoir des conséquences
fftcheuses. Nous voudrions essayer d'y porter remède ; nous le voudrions
d'autant plus ardemment que l'art, au temps oil nous vivons, ne trouvant
plus sa place dans une société que la division des fortunes rend de jour en
jour moins opulente, pénètre partout dans l'industrie et lui fait faire de
rapides progrès.
Jusqu'à présent, Messieurs, à Limoges encore plus qu'ailleurs, on s'est
beaucoup occupé de l'éducation des jeunes garçons, mais on a fait bien peu
pour la jeune fille. Et cependant la femme n'appartient-elle pas à la grande
(1) De la Description des breoets d'inoentionn
264 SOGléré ARCHéOLOGIQOB Rt niStOftlQUK bU LlIlODStl^
famille chrétienne? Si les mœurs sont trop relâchées dans la classe
ouvrière, ne faut-il pas l'attribuer à Tignorance de la mère de famille? Si
la jeane fille se laisse facilement aller à la séduction, certes, Tabsence de
tous principes religieux et moraux y entre pour une grande part; mais
croyez-vous que Tinsuftisance du salaire n*y soit pour rien?
Nous regarderons, nous, comme bon et utile tout ce qui tendra à relever
la femme à ses propres yeux et à la rapprocher de l'homme sur tous les
points où ses facultés lui permettent de rivaliser avec lui.
Au nombre des moyens que nous croyons devoir produire ce résultat,
nous plaçons la peinture sur porcelaine. A Paris, cet art est exercé avec
une grande supériorité par les femmes. Sans parler ici de M'^^ Jacolot, de
Mirbel, du Gluzeau et des élèves qu'elles ont formées, dont on a pu appré-
cier le mérite à toutes les expositions, nous pourrions, si nous ne crai-
gnions de blesser leur modestie, citer à Limoges des dames qui se sont
livrées avec le plus grand succès k ce genre de peinture. 11 semble que,
par les qualités inhérentes à sa nature : le sentiment, la grâce, la délica-
tesse, la femme excelle dans Texécution de ces dessins fins et harmonieux,
qui sont plul6t du domaine du goût que de Tinvention : les petits tableaux
de genre, le paysage, la fleur, Tornement.
Combien de parents qui ont eu des jours meilleurs et dont les filles sont
obligées, pour soutenir une misérable existence, de se livrer à des travaux
ingrats, seraient heureux de les voir trouver auprès d*enx, dans l'exercice
de cet art agréable et fructueux, des ressources précieuses.
Loin de nous la pensée de vouloir porter atteinte aux droits acquis et
surtout de chercher, par l'emploi de la femme, à faire baisser le salaire de
l'homme. Notre but est tout autre : c'est, sans diminuer les avantages de
celui-ci, d'élever la position de celle-là. D'ailleurs, la porcelaine prend en
ce moment, dans notre département, un développement immense; chaque
jour voit se construire de nouvelles fabriques, chaque jour surgir de nou-
velles demandes d'autorisation. Nous voudrions, pour tous les arts qui s'y
rattachent, affranchir notre province du tribut qu'elle paie à d'antres. Et
ne sait-on pas qu'il se fait encore à Paris de nombreux décors pour
Limoges ?
Messieurs, si les motifs que nous avons exposés vous paraissent dignes
d'approbation, nons venons vous proposer de demander au Conseil muni-
cipal d'établir une école gratuite de dessin, spécialement destinée aux
jeunes filles qui, par leur bonne conduite et leur intelligence, mériteraient
cette faveur. Plus tard et à peu de frais on pourrait y rattacher une école
de peinture.
Nous avons lieu d'espérer que, appuyée par vous, cette demande serait
favorablement accueillie.
\ la suite de cette lecture, M. le Président, touché de rinfluence
qu'un travail honorable et lucratif peut exercer sur la moralité de
la femme, applaudit à la proposition de M. Chapoulaud. Il rappelle,
au point de vue industriel, Topinion d'hommes compétents et il
désire qu'une commission soit chargée de rechercher les moyens
CBAHBBE CONSULTATIVE DBS ARTS KT MANUFACTURES 265
pratiques pour arriver à la réalisation du projet, afin que, à la pro-
chaine réunion du Conseil municipal, la proposition soit présentée,
débarrassée autant que possible des difficultés qui pourraient surgir.
En conséquence, une commission, composée de MM. Alluaud,
Ghapoulaud, Bouillon et Barbou des Courières, est nommée. Elle
voudra bien faire son rapport le plus tôt possible.
Séanoe du 9 juin 1863
Au nom de la Commission qui, dans la dernière séance, avait été
désignée pour rechercher les moyens pratiques d'arriver à la créa-
tion d'une école de dessin destinée aux jeunes filles, M. Chapoulaud
lit le rapport suivant :
fllBSSIBURS.
La Chambre consultative, dans sa séance du 3 courant, a donné son
approbation k un projet présenté par l'un de ses membres pour rétablisse-
ment d*une école de dessin en faveur des jeunes filles. Elle a confié à une
commission prise dans son sein le soin de compléter cette œuvre en
rédigeant une note sur les voies et moyens pour arriver à sa réalisation.
Votre Commission, composée de MM. Allaaud aîné, Henri Barbou, Jules
Bouillon et Roméo Chapoulaud, s'est réunie le 4 et elle vient de s'acquitter
de sa mission.
La commune sera priée de fournir un local dans la maison Besse qu'elle
a acquise et, s*il est possible, la salle anciennement occupée par la Société
d'agriculture ; cette salle pourrait être appropriée à peu de frais.
Un professeur, qui devra réunir les qualités nécessaires pour l'enseigne-
ment du dessin et, lorsqu'il en sera temps, de la peinture sur porcelaine,
consacrera, pendant l'année classique des écoles communales, une heure
et demie par jour à cette école.
Pour donner toutes garanties aux familles, une dame de mœurs irrépro-
chables et d'un ftge mûr sera adjointe au professeur. Elle sera chargée
spécialement de la discipline, de la rédaction des notes et des états de
présence, de la distribution des modèles et du soin du matériel.
Un concierge ouvrira et fermera la classe, veillera à la propreté de la
classe, pourvoira au chauffage et fera les courses nécessaires.
La Société d'agriculture, qui a déjà sous son patronage Irois écoles
subventionnées par la commune, sera priée de vouloir bien patronner encore
celle-ci et de charger de l'administration son commissaire spécial.
Elle aura dans ses attributions la nomination du professeur, de la dame
surveillante et du concierge.
Les jeunes filles qui solliciteront leur admission devront être Agées de
treize ans au moins et de seize ans au plus. Elles prendront, en entrant,
rengagement de ne pas se livrer à la peinture avant d'avoir passé deux
ans au moins à l'école. Si elles enfreignaient cette obligation, elles devraient
cesser de fréquenter le cours.
966 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HlSTOaiQDE DU LIMOUSIN
La durée du cours sera de trois ans. Le délai pourra être prorogé d'un
an pour les élèves qui, par leur bonne conduite et leur aptitude, méri-
teraient cette faveur exceptionnelle.
Le dessin seul sera enseigné les deux premières années. Le cours de
peinture commencera la troisième année.
Les élèves qui, après six mois, n'auraient pas fait preuve de capacité
devront se retirer.
Telles sont, Messieurs, les bases du règlement que vous propose votre
Commission et auquel la Société d'agriculture sera chargée de donner les
développements convenables.
ÉVALUATION DES DÉPENSES
i'* année 40 chevalets avec leurs bancs .... 160 • \
Achat de modèles 200 » r
Appareil de chauffage et frais im- i *
prévus..... 130 • )
Traitement du professeur 1 .000 » )
— de la dame surveillante 300 » | 1.400
— du concierge 100 « \
Chauffage 50 » )
2.000
1.600 B
Menus frais 60 » ; * "
i* année. Traitement du professeur 1 .000 » ]
— de la dame surveillante 300 o (1.400
— du concierge 100 a
Entretien des modèles 50 »
Chauffage 50 » { 200
Menus frais 100 »
S* année Mêmes détails que ci-dessus (2* année) 1 .600 » \
et Application à la peinture, tant pour la loca- f j ^.q ^
suivantes, tion de modèles que pour frais et accès- l
soires annuels 140 » I
Après cette lecture, dont les dispositions ont été arrêtées par la
Commission, M. Chapoulaud lit en son nom privé ce qui suit :
Messieurs,
Le rapport que vous venez d'entendre est Tœuvre de notre Commission.
Depuis sa réunion, notre plan a été soumis au chef d*une des plus impor*
tantes maisons de porcelaine de Limoges ; et ce plan il Ta complètement
approuvé. De plus, nous nous sommes mis d'accord avec lui sur les points
suivants :
Dans un atelier séparé des autres bâtiments et n'ayant aucune commu-
nication avec eux, serait placé un atelier de peinture spécialement réservé
aux personnes du sexe sous la surveillance d'une dame et où seraient
admises toutes celles de nos élèves qui désireraient se livrer à Tétude de
la peinture sur porcelaine. Dirigées par un professeur habile et connaissant
le dessin, elles arriveraient facilement à bien faire et elles trouveraient
dans cette maison l'assurance d'un travail certain et fructueux.
CHAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES t67
Du reste, elles seraient libres de choisir une autre maison qui leur
offrirait des avantages plus considérables.
Vous apprécierez, Messieurs, comme moi, toute l'importance de cette
transaction qui, simplifiant singulièrement notre tâche, nous laisse une plus
grande latitude dans le choix du professeur et diminue considérablement
nos dépenses. Elle réalise immédiatement ce que nous osions à peine
espérer.
Ainsi se trouverait complétée notre œuvre, dont la classe ouvrière,
Tindustrie et le pays tout entier sauraient en tenir compte.
Ua membre, tout en approuvant le rapport dans son ensemble,
fait quelques critiques de détail; il voudrait que la nomination du
professeur et de la dame surveillante, au lieu d'être dans les attri-
butions de la Société d'agriculture, fut plus municipale; il entre
aussi dans quelques considérations sur la gratuité de cet enseigne-
ment, gratuité qu'il n'approuve pas d'une manière absolue.
M. le rapporteur fait observer que ce que la Commission propose
n'est autre chose que ce qui existe déjà pour les écoles de la Société
d'agriculture. Ces écoles sont aussi à peu près complètement payées
par la commune, et néanmoins la Commission de surveillance de
ces écoles est prise dans le sein de la Société d'agriculture, qui
nomme les professeurs. On comprend que, si le Conseil municipal
prenait parmi ses membres un comité de surveillance, il serait
raisonnable aussi que le même Conseil nommât les professeurs
de l'école projetée. Mais n'y aurait-il pas de graves difficultés à une
semblable détermination? Et ne parait-il pas plus convenable que
le Conseil municipal délègue en cette circonstance ses pouvoirs à
une société qui, comme notre Société d'agriculture, a déjà sous
son patronage trois écoles subventionnées par la commune et qui
est habituée par cela même à toutes les exigences d'une direction
de cette nature ?
La Chambre consultative est d'avis que les questions de détail
qui viennent d'élre soulevées ne doivent pas l'arrêter davantage ;
elles pourront être débattues au Conseil municipal ; mais la Cham-
bre approuve purement et simplement le rapport de sa Commis-
sion et elle décide que la dernière pièce, lue par M. Chapoulaud,
sera annexée au rapport à titre de renseignement.
La séance est levée.
Ainsi fait et délibéré en Chambre consultative des arts et manu-
factures de la Haute-Vienne, les jour, mois et an susdits.
26S SOCIÉTÉ ARCBÉOLOâlV^UE ET HISTOIIIQUB DU LIMOUSIN
Séance du 6 juillet 1853
MM. Victor Alluaud, Chabrol, Laroudie et Deschamps fils aîné,
délégués par la Société du flottage de la Vienne et de ses affluents,
ont déposé entre les mains de M. le secrétaire de la Chambre con-
sultative les statuts de la société projetée, ainsi qu*un mémoire en
sens contraire adressé à M. le préfet de la Haute- Vienne par le
propriétaire actuel du ramier.
La Société projetée prie la Chambre consultative de lui donner
le concours de ses lumières et de lui accorder, si elle le trouve
juste, son approbation.
Lecture est faite des deux pièces ci-dessus.
La Chambre consultative, après une discussion à laquelle pren-
nent part plusieurs de ses membres, reconnaît comme certain que
les moyens actuels de flottage sont devenus insuffisants. Laissant
de côté la question de personne, elle déclare applaudir à toute
amélioration tendant à diminuer les dépenses des flottages et à
augmenter la célérité et la sécurité de ces derniers. La construc-
tion de nouveaux chevalets, plus solides et mieux appropriés aux
besoins du commerce; rétablissement d'autres chevalets dans les
lieux où ils seraient jugés utiles; la création d'un matériel d'agrès,
bateaux, brouettes, à la disposition de chaque flotteur : tout cela
lui paraît indispensable. La réunion entre les mêmes mains des
barrages des différents affluents de la Vienne, avec l'approbation
préfectorale pour les tarifs, lui semble fort à désirer. Enfin la
Chambre consultative est portée à penser qu'une Société dans
laquelle ne seraient admises que les personnes faisant flotter
annuellement pour leur compte une certaine quantité de bois et
où chacun par conséquent serait intéressé directement à un bon
flottage, offrirait plus de garantie à l'intérêt général qu'une Société
très restreinte et qui, à un moment donné, pourrait n'être com-
posée que de membres étrangers personnellement au flottage.
Les premiers devraient, en effet, chercher leurs bénéfices dans la
célérité, la sécurité, le bon marché de l'opération; les autres
pourraient chercher le leur dans la diminution des dépenses à
faire pour arriver à cette célérité, sécurité, etc.
Séance du 14 février 1854
M. le Ministre du commerce écrit à la Chambre consultative que
les faïences anglaises ont, à raison de leur bon marché, obtenu
jusqu'à présent à Naples la préférence sur les porcelaines françaises.
CIIAMRRB CONSULTATIVE DBS AQTS ET MANUFACTURES 209
Il fait remarquer que les porcelaines blanches de Limoges ne
seraient soumises, comme les faïences anglaises, qu'à un droit de
26 fr. par 100 kilogrammes au lieu de 65 fr. qui pèsent sur la
moindre dorure ou peinture. [1 demande si, par l'envoi de porce-
laines blanches, Limoges ne pourrait pas faire concurrence aux
produits anglais et si la Chambre consultative ne croirait pas con-
venable de porter les faits ci-dessus à la connaissance des fabricants
et exportateurs.
La Chambre consultative décide qu'une circulaire sera adressée
à ce sujet aux fabricants et exportateurs de notre pays.
Séance du 24 mars 1854
Pour faciliter Toganisation du comité de Limoges [chargé des
opérations préliminaires à l'Exposition universelle de i8S5], la
Chambre consultative de Limoges croit devoir offrir à M. le Préfet
le tableau suivant des industries qui sont représentées dans son
sein :
Porcelaines, fabrication et pâtes : MM. Alluaud et Pouyat.
Produits chimiques, arts divers : M. Astaix.
Quelques-unes des industries ci-dessus : porcelaines, flanelles,
droguets et cordonnerie, demandant peut-être plus de représen-
tants que n'en renferme le tableau qui précède, [et] quelques autres
industries, d'une certaine importance, ne se trouvant pas dans le
tableau, la Chambre consultative propose, en dehors d'elle-même, à
M. le Préfet les noms qui suivent :
MM. Haviland, Jouhanneaud, Dubois, Lesme fils aine, comme
représentant la fabrication et surtout le décor de la porcelaine.
M. le Président croit devoir ensuite lixer l'altention de la Chambre
consultative sur une crise bien fâcheuse dont est menacée en ce
moment à Limoges l'industrie porcelainière. C'est du mois de
février, dit-il, à la fin d'avril que se renouvellent les provisions de
bois nécessaires à la cuisson de la porcelaine pour la moitié de
l'année. Or, nous sommes presque fin mars, mais les flottages
n'ont pu se faire encore à cause des basses eaux, et si le mois d'avril
était [aussi défavorable], les fabricants qui auront épuisé leur
bois de l'année dernière, se verraient obligés de fermer leurs
ateliers. Un membre confirme cette situation et ajoute que, abstrac-
tion faite de la sécheresse actuelle, les bois ont beaucoup augmenté
de prix; que ççtte hausse est la conséquence des fours nombreu:^
270 SOCIÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
qui ont été établis ou qui se montent encore. Il pense que, par
suite de Taccroissement extraordinaire des fabriques, le bois
manquera peut-être dans notre pays à la fabrication.
La Chambre consultative croit que Texécution des améliorations
signalées Tan dernier par la Société projetée des flottages de la
Vienne et du Taurion, aurait atténué jusqu'à un certain point le
malheur qu'on redoute.
La Chambre consultative reconnaît de plus qu'il serait urgent
de savoir, d'une part, quel est (1) le bois nécessaire annuellement
à la cuisson de notre porcelaine et d'être fixé, d'autre part, sur la
quantité de ce combustible qu'au moyen d'aménagements conve-
nables pourraient fournir annuellement aussi les départements de
la Haute- Vienne, de la Creuse et de la.Corrèze. La première partie
de la question serait facile à résoudre en consultant le registre de
l'octroi et de la mairie. Quant à la seconde, elle pourrait être
étudiée par l'administration forestière. La Chambre consultative
émet le vœu que cette administration veuille bien faire dresser cet
inventaire, ce qui rendrait un service signalé à notre pays (2).
La Chambre consultative décide enQn qu'en présence de la
possibilité, qui malheureusement existe, de voir prochainement
des milliers d'ouvriers sans travail, elle se rendra chez M. le Préfet
pour lui faire part de la situation, pour l'entretenir des moyens
propres à prévenir autant que possible le retour de telles craintes
et enfin pour le prier de faire mettre à l'étude la question fores-
tière ci-dessus, afin que l'on sache à quoi s'en tenir sur cette
pénurie de bois qui, d'après les hommes compétents, serait à
redouter par suite des fabriques nombreuses qui s'élèvent de
toutes parts dans notre département, et afin que l'on puisse aviser
ensuite.
Séance du 28 avril 1854
M. le Ministre du commerce a envoyé le projet d'un nouveau
tarif des Etats-Unis. Il provoque à ce sujet les réflexions de la
Chambre consultative. D'après la lecture de ce tarif et en le com-
parant au tarif précédent, la porcelaine qui, comme la poterie
anglaise, payait 20 p. 0/0, paie encore 25 p. 0/0, tandis que les
poteries anglaises seraient exonérées de tout droit. Plusieurs
(i) Corrigez : Quelle est la quanlité de bois
(2) Ce vœu a*areçu satisfaction qu*eu 1878, par la publication de V Atlas
forestier de la France, dû au Ministère de ragriculture.
Chambre consultative des arts et manufactures TI\
membres prouvent par les chiffres combien serait calamileux pour
la Haute-Vienne un tel étal de choses, sile tarif était mis en vigueur.
M. Pouyat est prié d'adresser au ministre une note dans laquelle il
exposera la situation qui serait faite à notre industrie.
(Suit copie de cette note sous forme de lettre collective, dans les
termes que voici :)
La Chambre conaultatioe de Limoges à M, le Minière de Vagriculture,
du commerce et des traoauco publice.
M. le Minisire, le tarif des douanes présenté par le Cabinet Washington
an Congrès américain, que vous nous avez adressé par votre lettre du
13 avril courant, établit entre les articles de faïence et de poterie et ceux
de porcelaine, traités jusque là sur le môme pied, une distinction qui, si
elle était maintenue, porterait une atteinte des plus graves à Timporla-
tion de ces derniers produits. Le déparlement de la Haute-Vienne est le
centre le plus considérable de la fabrication de la porcelaine en France. Ses
débouchés aux Etats-Unis ont pris, depuis plusieurs années, une véritable
importance.
G*est donc avec confiance, M. le Ministre, que nous venons vous soumet-
tre la vive inquiétude qu'à fait naître en nous l'acte sur lequel vous avez
pris soin d'appeler vous-même notre attention.
Le projet divise les articles d'importation en trois classes : ceux sujets
à un droit de 100 fr. ^/o; ceux en franchise; enBn ceux devant payer 25 o/o
de leur valeur. Cette dernière se compose de tous les articles non énumé-
rés dans les deux premières. — La faïence et la poterie sont rangées, par
le projet, dans la deuxième de ces catégories et, par conséquent, admises
en franchise.
La porcelaine n'étant pas comprise dans les articles détaillés aux deux
premières catégories, fait partie de la troisième, et par suite se trouve
frappée d*un droit d'importation de 20 »/o.
En se reportant, au contraire, au tarif actuel, celui du 30 juillet 1846, la
porcelaine China^ la faïence et la poterie (Grockery), y sont également
taxées à 30 °lo de leur valeur. Sans doute le nouveau tarif présente en
faveur de la porcelaine une exonération de 5 ^fo ; mais de quel secours ce
dégrèvement peut-il lui être devant l'affranchissement complet accordé à
la faïence et à la porcelaine?
En présence de cette distinction entre des produits de même nature et
jusqu'ici frappés des mômes droits, nous nous sommes demandés si le
projet, sous cette expiession générique faïence et poterie, n'avait pas
compris touê les produite céramiques et par conséquent la porcelaine;
mais nous n'avons pu nous arrêter à celte interprétation évidemment
contredite par les termes des deux tarifs. Par conséquent, le projet, en l'ap-
pliquant à deux importations d'égale valeur, par exemple du chiffre de
4.000.000 de fr. chacune, l'une en faïence, l'autre en porcelaine, admettra
la première en franchise, tandis que la seconde sera grevée d'une charge
de 4.000.000 de fr. N'eçt-ce pas là une indirecte e( véritable prohibition?
27S
SOCIÉTÉ ABCBÉOLOGIQDE ET HISTORIQUE DU LiHOUSlN
La Chambre consultative de Limoges, devaot cette désastreuse iaôgaliié,
a dû se demander à Tavantage de qui elle tournerait.
Sera-ce à celui de nos fabriques de faïence française? Non, sans doute,
puisque leurs importations en Amérique sont presque nulles. Elle profilera
toute entière à la production anglaise, il vous suffira, M. le Ministre . pour
vous éclairer sur ce résultat, de vous faire représenter les chiffres des
importations des deux pays. Permettez-nous à nous-mêmes de vous citer
celle du seul port de New-York, pendant les douze dernières années, que
nous ne puisons pas dans un document officiel, mais dont Texactitude n'est
pas moins certaine.
Nombre de colis de porcelaines et faïences reçtÂS
dans le port de New-York de i 843 ai 853
ANNÉES
Porcelaines
Porcelaines
Faïences
françaises
anglaises
anglaises
1842
753
621
20.453
1
1843
909
312
13.183
1844 •
1847
740
31.081
1845
1630
642
29.178
1846
2087
528
30.554
1847
2650
333
27.762
1848
3274
493
non connu
1849
3527
227
33.837
1850
5038
439
34.579
1851
non connu
non connu
non connu
1852
— —
— —
— —
1853
8594
372
39.784
Sans doute, ce document constate que nos porcelaines sont plus recher-
chées aux Ëtats-Unis que les porcelaine de nos voisins; il constate même
dans nos importations un progrès relativement plus considérable que dans
celle de leurs faïences ; mais n'alteste-i-il pas aussi que la fabricatioa
anglaise est complètement maltresse du marché américain pour la faïence,
comme nous le sommes pour les porcelaines, quoique sur une échelle
moins considérable, et que c'est elle qui est destinée à nous y remplacer, le
jour où elle sera protégée contre nos produits par un droit de 25 7oT i-e
doute n'est plus possible.
La Chambre consultative s*est encore demandée quelles sont les raisons
qui ont pu porter le gouvernement américain à établir cette distinction
entre les produits de même nature et jusque là traités avec la même
égalité. Aurait-il regardé la faïence comme un objet de nécessité, et la
porcelaine, au contraire, comme un objet de luxe? Il y aurait là une
double erreur. En effet, si la porcelaine, dans Toriginc, a pu être considé-
rée comme telle, depuis elle a di^ se transformer pour arriver au progrès
tRAttBRV CONSULTATIVK DBS AKTS tT MANUVACTURES î^^
qu'elle a réalisé. Sans renoncer entièrement aux articles riches, elle y a
joint les articles les plus usuels, qui forment aujourd'hui les neuf dixièmes
de sa fabrication. Elle a abaissé les prix souvent au niveau et parfois
au-dessous de ceux de la faïence. Aussi aujourd'hui est-elle à la portée de
tout le monde, répandue partout; et c'est ainsi qu'elle est arrivée à dispu-
ter le marché américain k la faïence anglaise, ce qu'elle fera bien plus
avantageusement encore lorsqu'elle aura résolu complètement le problème
industriel qu'elle poursuit de la cuisson de ses produits à la houille. D'un
autre côté, s'il est vrai qu'une partie assez importante des faïences
anglaises consiste en articles à bon marché, et plus accessibles peut-être
à toutes les classes des consommateurs, elle a aussi ses formes, ses impres-
sions d*un prix élevé, et cette partie notable de ses importations rentre
sinon davantage, au moins autant que la porcelaine, dans la catégorie
des articles fabriqués auxquels le projet de tarif a refusé l'immunité de la
franchise. La distinction qui aurait été faite entre la porcelaine et les
faïences ei poteries, au point de vue de la consommation, n'existe donc
pas réellement ; elle est moins fondée que jamais, en présence de l'abais-
sement qu'ont subi les prix de la première qui, depuis dix ans, ont diminué
de 95 et même quelques-uns de 50 <»/o, et lorsqu'au contraire il s'est
ouvert une concurrence incontestable entre les deux fabrications, concur-
rence profitable à l'acheteur. Nous n'hésitons donc pas à penser, M. le
Ministre, que vos observations n'éclairent le gouvernement américain et
ne lui fassent reconnaître qu'admettre les faïences et poteries en franchise,
en frappani les porcelaines d'un droit de 25 ^/o de leur valeur, serait
exclure ces dernières et, par suite, détruire avec la concurrence établie
entre elles, l'avantage qui s'y rattache pour le consommateur.
En terminant, H. le Ministre, permettez-nous de vous répéter qu'il s'agit
des intérêts les plus chers du département de la Hauie-Vienne* L'industrie
de la porcelaine est inhérente à son sol, auquel elle emprunte tous ses
éléments ; elle est en contact avec toutes les classes de la population ; sa
production a triplé, depuis quelques années; elle a pris une part très
active dans l'extension de nos rapports aux Etats-Unis et y a engagé des
intérêts d'une très grande importance; en un mot, la suppression ou même
la diminution de ses débouchés avec l'Amérique serait, pour ce départe-
ment, une cause de perturbation et de ruine.
La Chambre consultative se repose donc entièrement, M. le Ministre, sur
votre sollicitude à protéger dans cette circonstance l'industrie nationale,
en obtenant que les deux produits soient également admis en franchise et,
dans tons les cas, frappés d'un droit égal, ainsi que cela a lieu actuelle-
ment.
Elle vous serait encore reconnaissante (la question sur laquelle elle
vient d'appeler votre attention causant ici la plus grande anxiété), de lui
faire connaître ce qu'elle a lieu d'espérer de votre intervention près du
gouvernement américain.
Nous avons l'honneur d'être, etc., etc..
Ainsi fait et délibéré en Chambre consultative des arts et manufactures
de la Haute- Vienne» les jour, mois et an que dessus.
^74 SOCIÉTÉ AlRc^ftotOGitfUR it âisinoRVouB bn LHÉotrsm
Séance du 17 juin 1854
M. le Président annonce que, depuis l'envoi de cette lettre [du
38 avril précédent], M. le Ministre du commerce lui a écrit que,
convaincu de la gravité de la position, il avait communiqué immé-
diatement les observations de la Chambre consultative à son
collègue des Affaires étrangères, qui s'occupera activement des
demandes à faire auprès du gouvernement central des Etats-Unis.
M. le Secrétaire dit qu'il a reçu lui-même deux lettres de M. Tixier,
[député de la Haute- Vienne], qui rend compte de la visite qu'il a
faite à ce sujet à iM. le Ministre, conjointement avec M. Nouailher.
M. Pouyat donne avis à la Chambre consultative qu'il a remis
une copie de son travail à M. Haviland et que ce négociant, qui
est intéressé personnellement, au plus haut degré, à ce que le
nouveau projet ne soit pas mis à exécution, fera tous ses efforts
aux Etats-Unis pour obtenir que nos porcelaines ne soient pas plus
mal traitées que les poteries anglaises.
Un membre fixe l'attention sur ce fait que M. l'ingénieur
Sagebien qui, en ce moment, se trouve à Limoges, propose, moyen-
nant une légère modification aux fours actuels de nos fabriques
de porcelaine, de diminuer d'un tiers la quantité de combustible
propre à produire un effet donné.
Le même membre ajoute que M. Sagebien a inventé un système
au moyen duquel on augmenterait beaucoup l'effet utile obtenu
généralement dans nos usines par les moteurs hydrauliques.
0) Séanoe du .... décembre 1854
M. Pétiniaud-Dubos, nommé rapporteur de la Commission du
projet du chemin de fer de Nantes à Limoges, lit le rapport suivant :
Messieurs, la Commission que vous avez nommée, dans noire dernière
séance, pour donner son avis sur le projet d'un chemin de fer de Nantes à
Limoges, m*a chargé de vous soumettre le résultat de son travail.
(Suioent quatre pages, d'où noua extrayons le passage suioant) :
La concession récente du chemin de fer de Moulins à Montluçon est le
commencement d*exécutioD d'une des extrémités de cette ligne si néces-
saire à notre cité et qui doit mettre en commuuicalion le riche bassin
houiller de Gommeutry avec Limoges : Limoges qui ne peut conserver le
premier marché de TEurope pour Tart céramique qu'à la condition de
remplacer, par le charbon à bon marché, le bois dont la production n'est
plus en harmonie avec les besoins de nos manufactures.
^1] Extrait du troisième registre des délibéralions de la Chambre,
CHAÉBBK ÈOMStTLtAtlVR bCft ARtS eY HANUl^ACTOalftS 3*7%
U)Séano6 du 22 décembre 1856
La réunion a pour objet d'appuyer une pétition faite à H. le
Préfet de police de Paris par la plupart de nos fabricants de porce-
laine.
M. le Préfet de police a décidé qu'il ne tolérerait plus, à Tépoque
du premier de Tan et aux jours de fêtes, les jeux de hasard qui
s'installent sur les boulevards, sur les places, et où, au milieu
de beaucoup d'autres objets, figurent des porcelaines à gagner.
D'un autre côté, les signataires de la pétition signalent l'impor-
tance du chiffre des affaires qui arrivent à la fabrication par suite
des usages établis jusqu'à ce jour. Ils font observer que, vu la
cherté des subsistances, les ouvriers porcelainiers ont besoin plus
que jamais de travail ; que cependant, par la suppression annoncée,
le travail éprouverait une réduction considérable et que la décision
de M. le Préfet de police serait au moins inopportune pour cette
année. Ils en demandent, en conséquence, le retrait.
M. le Président annonce que, dans le moment où il a reçu la péti-
tion de MH. les fabricants, la délibération régulière de la Chambre
consultative à ce sujet ne pouvait plus arriver à l'autorité compé-
tente que tardivement, et qu'il a cru dès lors devoir immédiatement
tenter le seul moyen qui permit encore quelque espoir de réussite.
Il est allé trouver, au nom de la Chambre consultative, notre nou-
veau préfet, M. le comte de Coëllogon, et lui a exposé la situation.
M. le Préfet a de suite fait partir une dépêche télégraphique dans
laquelle était recommandée d'une manière toute spéciale la cause
de notre industrie porcelainière. M. le Président ajoute que M. le
Préfet de police a répondu par la même voie, le jour même, ne pou-
voir accéder aux désirs qui lui étaient manifestés, et que, le lende-
main, il a envoyé une lettre détaillée pour expliquer les motifs de
son refus. Ces diverses pièces sont lues par M. le Président.
La Chambre consultative reconnaît ce qu'ont de force les raisons
données par M. le Préfet de police, et qui sont tirées de la loi et de
la morale. Elle comprend qu'il n'y a pas lieu de revenir aujourd'hui
sur ce qui est maintenant le fait accompli. Mais elle aime â croire
qu'au lieu de supprimer déGnitivement ces jeux, il serait possible
de les réglementer, de manière à en empêcher les abus réels et à
sauvegarder ainsi tout à la fois les intérêts de la morale et ceux de
l'industrie.
(1) Les extraits suivants sont empraolés au second plumitit des délibéra*
Uons de la Chambre, la mise au net n*ayaQt pas eu lieu.
Vi6 SOCIÉTÉ ARCttéOtOÔTQOB Et ËISTÔRtQtE Dt UIIOtJSlH
D'après un passage de la lettre lue à la Chambre consoitalive,
M. le Préfet de police aurait Tintention de supprimer, en outre,
prochainement les étalages nombreux qu'on autorise encore au
premier de Tan et les jours de fêtes.
La Chambre consultative s'émeut delà gravité que pourrait avoir
pour plusieurs de nos produits la mise à exécution d'une telle idée.
Elle charge MM. Pouyat, Barbou des Courières et Pétiniaud-Dubos
d'en étudier les conséquences et de lui faire un rapport.
Dans la séance du 31 juillet (1), la Chambre consultative avait
approuvé une lettre écrite à la Compagnie du chemin de fer d'Or-
léans, lettre dans laquelle M. Pouvat, au nom de la Chambre consul-
tative, demandait que la porcelaine devint marchandise de troisième
classe, comme le kaolin, etc., au lieu de rester dans la seconde.
M. Pouyat donne lecture de la réponse qui a été faite par M. Sola-
croup, chef d'exploitation. La Compagnie reconnaît qu'à la prospé-
rité industrielle et commerciale de la Haute<Vienne est aussi
attachée sa propre prospérité; mais en somme la réponse est pure-
ment négative.
A l'occasion de cette lettre, un membre fait observer qu'il existe
des tarifs réduits, communs à la Compagnie d'Orléans et à d'autres
Compagnies de chemins de fer, mais que ces tarifs communs ayant
été établis lorsque notre ligne s'arrêtait encore à Châteauroux ou
à Argenton, la Compagnie d'Orléans ne consent à ces tarifs que
jusqu'aux localités ci-dessus, le reste du transport jusqu'à Limoges
étant soumis au tarif ordinaire. Cet état de choses est fort nuisible
à nos intérêts.
La Chambre consultative charge M. Pouyat de rédiger une seconde
lettre qui sera adressée à la Compagnie d'Orléans, après avoir été
signée des membres de la Chambre, et dans laquelle, en annonçant
que l'on reviendra sur la question de déclassement Je la porce-
laine, on devra demander le prolongement des tarifs combinés
jusqu'à Limoges.
Séance du 13 janvier 1857
Un de MM. les vice-présidents annonce que la Compagnie d'Or-
léans a répondu négativement à la demande qui avait été faite par
la Chambre relativement à la prolongation (sic) jusqu'à Limoges
(1) El est en effet question, à cette date, d'une lettre de M. Poayat à la
Compagnie du chemin de fer d'Orléans *, mais Tobjct n'en est pas spécifié.
t^èàHBaB CONâULtÀTIVB DBS ARTS BT ÉANU^aCTURK^ illl
des tarifs combinés et réduits dont il était question au procès-verbal
[précédent].
M. le Préfet prie M. le Secrétaire de lui donner une note à ce
sujet» afln qu'il puisse écrire de son cdté.
Séance du 31 mars 1857
M. Jules Bouillon lit le rapport suivant (1) sur Tapplication à
notre localité des tarifs du chemin de fer d'Orléans.
La Chambre consultative décide que ce rapport sera remis à M. le
Préfet comme renseignement.
A la suite du rapport précédent, M. Jules Bouillon demande
qu'une collection complète des tarifs généraux et spéciaux de la
Compagnie d'Orléans, qui ne sont pas suffisamment connus dans
notre contrée, soit déposée aux archives de la Chambre consul-
tative. M. le Préfet se charge de faire les demandes nécessaires pour
obtenir les documents ci-dessus (2) .
Séance du 20 avril 1857
M. Jules Bouillon donne lecture d'une lettre à adresser à S. £. le
Ministre du commerce, relativement aux tarifs du chemin de fer
et suivant les principes posés dans la séance du 31 mars. Après de
légères modifications de forme, le projet est adopté et il est décidé
q]ie la lettre sera signée par les membres de la Chambre.
Séance du 27 octobre 1857
M. Pouyat lit une lettre de M. le Ministre en réponse aux obser^
vations présentées par la Chambre consultative sur les divers tarifs
des chemins de fer. Il en résulte que M. le Ministre doit provoquer
l'extension sur Limoges du tarif commun des Compagnies d'Orléans
et de TËst pour le transport des fers et des fontes,'' et une réduction
de prix pour le transport des houilles. Quant au surplus des
demandes, il estime que la Chambre ne peut être fondée à insister.
La Chambre charge M. Bouillon de présenter un travail pour de
(1) Non reproduit dans le registre malgré la meation marginale : c ins-
crire ce rapport. »
(2) H résulte d^an passage du procès-verbal du SO avril 1857, qu'à cette
date le préfet n'avail pas encore reçu réponse à sa demande.
T. LU *8
278 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIVOUSIN
nouvelles et respectueuses observations sur l'élal de la queslion.
Elle prie également M. Bouillon d^ajouter à son travail le tarif des
bois à brûler, qui présente un taux plus élevé que celui de la
houille.
Un travail avait été demandé par M. le Ministre sur Tapplication
de la loi concernant le<( marques de fabrique et leur mode de dépôt.
M. Redon lit à ce sujet le rapport suivant (1).
La discussion ouverte sur ce sujet porte principalement sur la
manière (2) d'établir les' marques sur les produits. La Chambre
adopte les conclusions du rapport, qui tend à donner, soit par la
photographie, soit par tout autre moyen, les formes les moios
encombrantes, de manière à en rendre les dépôts plus faciles.
M. Ardant fait un rapport sur un mode de cuisson à la houille
adapté aux fabriques de porcelaine, inventé par H. Moreau, et dont
les expériences, couronnées d'un succès marqué, ont été faites dans
les petits fours de M. Marquet. Il constate qu'il y a lieu à une dimi-
nution considérable de frais de cuisson et demande qu'une commis-
sion soit chargée de faire un rapport sur les avantages que notre
industrie céramique serait appelée à recueillir de l'application de
ce procédé.
M. le Président [Alluaud], qui a assisté aux expériences, nous
fait part des impressions qu'il a éprouvées. Il pense que Finlérét
du pays qu'il administre est de vulgariser le plus possible ce pro-
cédé qui, selon lui, appelle la porcelaine à uoe nouvelle ère
de prospérité (3). Il appuie en conséquence la proposition de
M. Ardant.
M. Pouyat fait l'historique de la question. Il dit qu'un fonds
commun avait été fait par un grand nombre de fabricants; que sar
ce fonds des expériences avaient eu lieu qui avaient peu abouti;
que, bien que M. Marquet eut fait faire ces expériences en dehors
de ce fonds commun, il pensait personnellement que les fabricants
devaient concourir aux frais généraux des expériences faites et
à faire, mais qu'il fallait surtout expérimenter sur des fours d'une
plus grande dimension.
La Chambre, s'associant aux vœux exprimés, nomme une commis-
sion composée de MM. Âlluaud, Pouyat, Bouillon, Sohet-Thibaut,
Pétiniaud-Dubos, Redon, et la charge de faire un rapport sur les
expériences qu'elle aura constatées.
(1) N*est pas reproduit dans le registre.
(2} Le manuscrit porte matière^ ce qui est évidemment un lapsus eaZam».
(3) Cf. ci-dessus, p. t53, une assertion toute contraire, en 1847.
CDAMBRE CONSULTATIVE DES ARTS ET MANUFACTURES 979
Séance du 11 décembre 1857
(1)
M. le Président annonce ensuite qu'il a vu récemment M. Bordone,
qui s'occupe aussi de la cuisson de la porcelaine à la houille, et que
M. Bordone lui a manifesté le désir qu'il avait de voir ses procédés
soumis à Tapprécialion d'une commission prise dans le sein de la
Chambre consultative. En conséquence, M. le Président demande
qu'une commission soit nommée pour examiner les dits procédés et
leurs résultats.
La Chambre décide que, si les expériences ont lieu avant l'instal-
lation des membres nouvellement élus, la commission sera la même
que celle qui a fait un rapport sur les procédés de M. Moreau, et
que, dans le cas contraire, MM. Eugène Pouyat et Nénert, nouveaux
membres, remplaceront MM. Emile Pouyat et Pétiniaud-Dubos,
membres sortants.
Séance du 28 janvier 1858
MM. les membres de la Commission nommée à la séance du
11 décembre, pour suivre les essais de cuisson à la houille de la
porcelaine, n'ont reçu encore aucune communication de l'inventeur,
M. Bordone. Il reste convenu que MM. Eugène Pouyat et Nénert
s'adjoindront à ceux des membres de celte Commission qui font
encore partie de la Chambre.
Séance du 22 mars 1858
M. Alluaud donne lecture d'une lettre de M. Sazerat, fabricant
de porcelaines, qui demande que M. Salvétat, chimiste à Sèvres,
fasse partie de ce jury [pour l'Exposition du Centre à Limoges]. Il
est décidé qu'il n'y a pas lieu de s'occuper de cette question et que
M. le Préfet, en temps utile, formera lui-même le jury d'examen des
produits par un arrêté spécial.
(I) Le procès- verbal de cette séaQce commence par rappeler la délibé-
ration précédente, relative à la caisson par la hoaille, et mentionne la
lecture du rapport, non reproduit, de H. Redon.
UNE INSTITUTION DU PREMIER EMPIRE
LIMOGES
ET LES
BONNES VILLES
De rédifice social prodigieux, gigantesque, démesurément gran-
diose, construit par Napoléon !•', sur un soi défoncé par les orages
de la Révolution, certaines parties sont encore debout. Tout ce qui
touchait à l'organisation administrative, judiciaire, militaire^ finan-
cière, ecclésiastique, s'est conservé avec quelques retouclies. Ce
sont les portions solides et que le temps semble même avoir affer-
mies. D'autres, au contraire, ont atteint rapidement le terme de
leur développement historique, qui lut la dissolution. Les institu-
tions destinées à présider aux rapports des classes sociales entre
elles constituent la partie éphémère du grand œuvre. C'est ainsi
que ce qui avait trait notamment à la création d'une classe privi-
légiée, d'une nouvelle noblesse, a depuis longtemps disparu.
Logiquement, toute institution dérivant des moeurs d'une époque
doit se modifier ou même cesser d'être quand elle n'est plus en
concordance avec les idées régnantes.
Âulendemainde la Révolution, lescadres de la vieille société sub-
sistaient encore. C'étaient des ruines dont on n'avait pas eu le loisir
de se défaire. Pourtant, cela était moins mort qu'on aurait cru : ces
épaves d'un ordre de choses aboli étaient susceptibles de transfor-
mation. Déchue de ses prérogatives et de son inflaence, rancienne
T. LU 19
»'
i%i SOClilÉ ARGHiOLÔGlQUI Et ttlSTORiftUB Dto UllOOuH
arislocratie relevait la léte. Le meilleur moyen de ranéanlir parot
être d'en créer une nouvelle s'appuyant sur le seul mérite person-
nel. C'est pourquoi le Premier Consul institue la Légion d'honneur.
Quand il aura pris possession de l'Empire, il ressuscitera les titres
nobiliaires, il rétablira les charges de cour et ramènera Tétiquetle
et les formules monarchiques, c'est-à-dire tout ce que la Révolution
avait pensé effacer pour toujours. A la vérité, les privilèges repa-
raîtront sous un aspect nouveau mais qui n'en heurtera pas moins
les sentiments intimes de la nation. A chaque grande dignité de
l'Etat, à toute Tonction importante sera attaché un titre de prince,
duc, comte ou baron. De grands fiefs pourvus d'opulentes dotations
seront constitués au profit d'éminents personnages civils et mili-
taires. Les domaines nobles et héréditaires seront rétablis sons le
nom de majorais Car l'empereur ne conçoit pas le privilège des
distinctions personnelles sans le privilège des biens : créer des
nobles sans les doter est, à ses yeux, une antinomie. Enfin, il éten-
dra le système aux collectivités; les villes elles-mêmes recevront de
véritables lettres de noblesse comportant des prérogatives, sinon
des immunités.
Cette déviation funeste, dissolvante, qui compromettait tout le
mouvement égalitaire accompli jusqu'alors, cette rétrogradation
outrée vers un passé abattu et déblayé au prix de tant d'efforts,
ne sera possible qu'à la condition d'avoir la nation elle-même pour
auxiliaire ou pour complice. Or, il apparaît avec évidence que
cette transformation ou plutôt cette déformation s'appuya sur Tin-
fluence des idées sociales dont la direction était alors défaillante.
Aux revendications révolutionnaires s'ajoutait, en effet, un appoint
d'aspirations vers l'ordre et la stabilité. Et c'est pourquoi l'opinion
publique ne se montra point blessée de cette exhumation de moeurs
de l'ancien régime détournées de leurs sens. La conception du
souverain apparut non comme un anachronisme, mais plutôt con-
gruente aux possibilités de l'heure présente. Non pas que Napoléon
fut sur ce point en conformité d'opinion avec le pays tout entier.
Certes, il ne manqua pas d'esprits clairvoyants qui ne cessèrent de
bl&mer la création d'une nouvelle classe privilégiée, négation des
principes d'égalité qui avaient été l'idéal de la grande réforme.
Hais dix années de révolution n'avaient pu détruire la puissance
des mots et les masses étaient derechef asservies aux rites et aux
conventions. Les titres exerçaient sur elles une attraction irrésis-
tible et l'on peut dire que le terrain était déjà préparé quand se
produisit l'audacieuse tentative de Napoléon !•'.
C'est donc bien dans l'état de fatigue et de décadence auquel
Fespritpublic était descendu qu'il faut chercher l'explication de la
imoGKâ tt Lis boi«N<6 villes I21B3
condescendance des contemporains et du succès d'une restauration
qui faisait obstacle au progrès égalilaire. Mais, comment les senti-
ments et les tendances du pays avaient-ils pu être intervertis et si
vile modifiés?
Deux courants opposés avaient traversé la Révolution : Tun ten-
dait vers une république riche, brillante, parée des splendeurs
et des jouissances des civilisations avancées ; l'autre, caractérisé
par le nivellement de toutes les conditions, proscrivait le luxe et
l'opulence. Conséquente en cela avec son esprit imitateur de Tanti-
quité, la Révolution avait constamment étalé dans ses temples et
sur ses places publiques un luxe plein de magnificence. Elle avait
eu des spectacles grandioses, machinés comme des scènes d'opéra,
avec défilés et figurations somptueuses, auxquels l'art avait fait
cortège : telles les fédérations, les fêtes de TEire suprême et les
pompes funèbres de ses héros. Elle avait doté des écoles destinées
à l'enseignement des arts, c'est-à-dire à initier les masses à des
jouissances raffinées. Elle avait ouvert des théâtres, favorisé ainsi
le faste mondain et aidé à la diffusion de tout ce qui pouvait ajouter
aux élégances de la vie. De sorte que, lout en condamnant en
théorie la richesse et en prêchant la simplicité, l'ère républicaine
avait développé chez les citoyens le goût du luxe public, de l'apparat,
du bruit, de l'éclat extérieur.
D'autre part, l'ébranlement nerveux provoqué par les événe-
ments tragiques, par les scènes d'épouvante et de violence qui
s'étaient trop longtemps répétées, les sensations ressenties aux
heures sombres où la nation sembla près de se dissoudre, avaient
exalté les imaginations et monté les esprits au ton de l'emphase. Si
bien que la simplicité apparaissait comme devant inévitablement
conduire à la platitude. De là un penchant irrésistible à outrer le
geste, à forcer l'expression; de là aussi une tendance à se laisser
subjuguer par les sens. C'est un fait indéniable que les goûts d'os-
tentation étaient entrés profondément dans les mœurs bien avant
la décomposition morale résultant des prodigalités sensuelles du
Directoire.
Une autre singularité de cette époque si féconde en contradic-
tions, c'est que loin d'étouffer la supériorité individuelle, la Révo-
lution l'exalta à peu près constamment. Le mérite personnel, elle
ne cessa de le proclamer et aussi d'encourager l'émulation. Chaque
citoyen fut alors jaloux de paraître, d'être distingué. Dans une
monarchie, il faut des récompenses pour les services, les talents, la
bravoure. Dans une république, où tout doit remonter à l'Etat
comme à sa source, un tel aiguillon n'eût pas dû être nécessaire.
Aussi, pour atténuer le démenti donné aux principes, les récomr
9Bl SOCIÉTi AUGHtoLOdlQUS iT ftlSTOniQOB DU LlAOUSIt^
penses seront calculées de manière à ne pas blesser rinslinctégali-
taire. « Vous récompenserez plulûl les actions que ceux qui les ont
faites, — écrit Vaublanc dans un rapport à la Convention sur les
récompenses militaires. Quelles seront ces récompenses? Des
fôl^s où Ton verra aux premières places le savant couronné de
lauriers. Pour les actions les plus vertueuses, des insignes sans
valeur, branches de chêne ou de laurier; pour les autres, des
médailles, des anneaux, des couronnes. » Et quand, dans la
cérémonie publique de la remise du traité de paix de Gampo-For-
mio, à rheure où perce déjà l'ascendant impérieux de Bonaparte,
le ministre des affaires étrangères, en présence du Directoire, des
deux conseils et ducorpsdiplomalique, esquissera un éloge du géné-
ral en chef de l'armée dllaile, de quelles précautions oraloiresil en-
tourera son discours. « ...J'ai craint un instant pour lui, dira-l-il,
cette ombrageuse inquiétude qui, dans une république naissante,
s'alarme de tout ce qui peut porter une atteinte quelconque à
Tégalité; mais je m'abusais, la grandeur personnelle, loin de
blesser l'égalité, en est le plus beau triomphe (1). »
Dès le début du Directoire, il est question d'instituer des récom-
penses honorifiques. Bonaparte, général en chef, décerne en Italie
soixante-quinze sabres d honneur pour actions d'éclat. Durant
Texpédilion d'Egypte, il distribue des grenades en or, des baguet-
tes, des trompettes et des fusils garnis d'argent. Un arrêté des
consuls du S nivôse an VIII (26 décembre 1799) déclare que des
récompenses nationales, fusils, mousquetons, carabines et autres
armes d'honneur seront données aux guerriers qui se seront dis-
tingués en combattant pour la République. La même promesse est
inscrite dans rarllcleST de la Constitution. Un autre arrêté consu-
laire veut que les noms des soldats qui se distingueront par des
mérites exceptionnels soient inscrits sur une table de marbre dans
le temple de Mars, avec désignation du département et de la com-
mune où ils sont nés. Par là, la collectivité est associée au mérite
individuel et faite participante de ses triomphes.
Les actions civiques sont également mises en relief. Le 17 ven-
tôse an VIH, Bonaparte déclare, dans une proclamation à l'armée,
que le gouvernement fera publier dans toute la république et jusque
dans les camps les noms des six départements qui auront fourni le
plus de conscrits. En même temps, une décision des consuls dispose
que le département qui, le premier, aura payé toutes ses contri-
butions, donnera son nom à une des principales places de Paris.
(t) Voy. la relalioQ de cotte cérémonie dans le Bulletin des lois, an VI,
n« 165.
LIMOGES ET LB8 BONNES VILLES S85
Cesl le dcparlemeni des Vosges qui arrive en lôle : au 20 germinal
an VIII (10 avril 1800) il ne doit rien sur Tarriéré et, en six mois,
il a payé les 13/20 de ses impositions de Tannée courante. Les
imaginations sont ainsi fascinées, en même temps qu'est exalté
Tattrait instinctif de Ttiumanilé pour la gloire.
De ces leçons et de ces exemples donnés par la Révolution, l'em-
pereur, héritier de ses traditions, se souviendra. L'institution des
armes d'honneur et des couronnes civiques aura été l'ébauche de la
Légion d'honneur, comme celle-ci sera le prélude du rétablissement
de la noblesse.
Il est aisé maintenant de se replacer dans l'état psychologique
où durent se trouver, par rapport aux distinctions honoriBques, les
Français de 1802. Le désir de donner de soi même une opinion
avantageuse, de paraître meilleurs, plus éclairés, plus braves que
les autres, l'amour-propre en un mot ou celte forme particulière de
l'amour-propre qui s'appelle la vanité, les porta à rechercher les
faveurs et les honneurs. Le malheur est que cette soif de distinc-
tions implique un esprit d'intrigue et de servilité.
Après avoir touché au fond de l'abîme, la France a vu renaître
l'harmonie sociale. Mais durant la crise, la démocratie souveraine
s'est attribuée le pouvoir suprême. S'appropriant les théories gou-
vernementales de la monarchie, elle les a transportées à la répu-
blique. L'exagération des droits de l'Etat a abouti à un despotisme
centralisateur. Bientôt l'autorité concentrée se dépose aux mains
d'un seul homme. L'édifice républicain s'écroule alors pierre à.
pierre, du moins dans ses œuvres extérieures, et le pouvoir central
est converti en pouvoir absolu.
A l'aube du siècle, enveloppé dans le prestige de la gloire, le
Premier Consul reconstruit l'édifice social. Mais « il bâtit pour
se loger, il adapte à son service, il approprie soigneusement la
maison à son genre de vie, à ses besoins... (1). » Il y a dans son
système une notion fondamentale et qui régit tout son plan d'orga-
nisation : a II conçoit l'association humaine non pas à la façon mo-
derne, germanique et chrétienne, comme un concert d'initiatives
émanées d'en bas, mais à la façon antique, païenne et romaine,
comme une hiérarchie d'autorités imposées d'en haut (2). » Tel
est Tesprit de l'institution ; voici maintenant pour la forme : une
armée qui absorbe toute la vitalité du pays; l'Eglise serve de l'Etat;
une administration composée d'escouades de fonctionnaires super-
posés; la hiérarchie remplaçant partout l'anarchie; le corps social
tout entier passif et plié à l'étroite discipline des camps.
(1, 2>TÀhNE, Les origines de la France contemporaine. Le régme
fnoderne.
286 SOCliTÉ ARCHftOLOGlQUB ET HISTORIQCK DU LIMOnsiR
Pour cetle œuvre. Napoléon a confisqué tous les droits des indi-
yidus et des sociétés locales, comprimé toutes les énergies, acca-
paré toutes les intelligences, suballernisé tous les talents. De son
propre gré, il s'est érigé en arbitre suprême, en maître absolu de
qui tout émane et à qui tout revient. Avec ce pouvoir exorbitant et
sans contre-poids, il est la source de tous les droits et le dispensa-
teur de toutes les grâces. Et, sous son impulsion, la machine auto-
ritaire, portée à une incomparable puissance, broie, en fonction-
nant, toutes les indépendances.
Rêve fabuleux, monstrueux, d'une humanité tendue en un gigan-
tesque effort, répopée impériale se déroule au milieu du fracas
des armes et dans la fumée de la poudre. L'Europe retentit des
rauques clameurs des massacres et des claironnantes fanfares des
triomphes. Dans Tassourdissement de ce vacarme, dans Téblouis-
sement de ces éclairs. César, debout sur son char doré, s*élève vers
les nues entouré de pompes et d'hommages.
À cette époque, il semble que tout doit refléter l'image du sou-
verain, du demi-dieu, et porter un cachet de grandeur. Car, direc-
tement ou par contre-coup, il a mis partout son esprit. La pensée
d'un peuple entier en procède. Aussi bien toutes les manifestations
de la vie publique prennent-elles une importance exagérée. Agen-
cées avec un art incomparable de mise en scène, elle tendent toutes
à remettre constamment sous les yeux de la nation le spectacle de
la puissance du maître. Des exemples empruntés à la vie locale
rendront cette démonstration saisissable.
Le dimanche 34 prairial an X (13 juin 1802), la loi du 18 germi-
nal précédent sur l'organisation des cultes et la proclamation des
consuls sur le même objet sont promulguées dans toutes les com-
munes avec la pompe que permet chaque localité. A Limoges,
cette publication solennelle, préalablement annoncée par des affi-
ches, est faite par le préfet Texier-Olivier en personne. A dix
heures du matin, le secrétaire général et les conseillers de préfec-
ture, les membres du conseil général et du conseil d'arrondissement
résidant au chef-lieu, les maire, adjoints et commissaires de police,
le général commandant la subdivision militaire, son état-major
et les officiers de gendarmerie vont prendre à son hôtel le repré-
sentant du gouvernement qu'ils accompagneront dans sa tournée.
De même que le préfet, tous sont à cheval et en uniforme.
Précédée de gendarmes et de tambours, la singulière cavalcade
parcourt ainsi la ville, s'arrêtant aux carrefours, où lecture est
donnée aux habitants accourus des documents relatifs à la restau-
ration du culte catholique.
Ne vit-on pas, quelques jours plus tard, le même haut person-
UM06E8 KT LES BONNES VILLES S87
nage se rendre auprès du nouvel ëvéque de Limoges et lui remettre
un anneau d*or, riche présent qu'accompagnait une lettre du Pre-
mier Consul : « Monsieur TEvéque de Limoges, je vous envoie
Tanneau épiscopal que je désire que vous portiez. Voyez dans la
présente un témoignage de ma satisfaction pour la paix et l'union
rétablies dans votre diocèse. Le Premier Consul, signé : Bona-
parte (1). » Et ce dut être un spectacle point banal et d'une douce
philosophie que celui de cet avocat tourangeau devenu préfet mais
resté voltairien, tantôt proclamant à grand renfort de parade le
retour de la France révolutionnaire, régicide et impie, à des idées
religieuses que Ton croyait disparues à tout jamais avec l'ancien
régime, tantôt coopérant à la consommation du mariage mystique
de l'Eglise et de la Révolution (2).
Autre exemple — je pourrais multiplier les citations — de la
recherche de l'effet et de l'impression à produire sur les imagi*
nations :
Le citoyen Pierre Petit, maire de Limoges, en exercice depuis
deux ans, meurt le 27 prairial an XI (16 juin 1803). Pour payer aux
mftnes de ce magistrat municipal le tribut d'hommages dû à ses
services, des funérailles solennelles lui sont faites, qui ont tout
l'éclat d'une apothéose et la grandeur simple d'un deuil public. La
cérémonie funèbre, présidée par l'évéque, a lieu le soir, aux flam-
beaux. La soirée est déjà fort avancée quand le cortège des fonc-
tionnaires et des autorités de tout ordre et de tout rang qu'enca-
drent des détachements de la garde locale, de la gendarmerie et
des vétérans nationaux, quitte l'église de Saint-Pierre-du-Queyroix
pour 80 rendre au lieu de l'inhumation. Le canon tonne, les tam-
bours exécutent de sourds roulements, la musique fait entendre
des airs plaintifs puis, tout se tait. Et c'est au milieu du silence de
la nuit, au bord d'une tombe qu'à la lueur incertaine des torches on
(1) Journal du département de la Haute- Vienne, 18U9, p. 7.
(2) L« moi de la situalion fat d'ailleurs trouvé par un de nos compa-
triotes. Un Te Deum avait été chanté» en grande pompe, à Notre-Dame, à
Toccasion du rétablissement du culte catholique. Le soir, à une réception
donnée au palais du gouveruement, le Premier Consul s'adressant au
général Delmas : « Hé bien, général, comment avez-vous trouvé la céré-
monie? » ^ « Ce fut, répondit Delmas, une belle capucinade. Nous chan-
geons nos dragonnes en chapelets. Il manquait à votre fête ces milliers
d'hommes qui sont tombés pour abolir les pasquinades et détruire la
Buperstition. »
La grande majorité des fonctionnaires, il n'en faut pas douter, pensait
comme Delmas et appréciait comme lui Tacte solennel qui venait de
s'accomplir.
288 SOCIÉTÉ ARCD^OLOGIQUE ET HISTOBIQUE DO LIMOUSIN
devine béante et profonde, que le préfet prononce l'éloge funèbre
du défunt (1). Il n'est pas douteux que celte cérémonie empruntée
l'heure de sa célébration quelque chose de grandiose et d'impres^
sionnant (2).
A vivre dans cette atmosphère, les hommes de ce temps ont
senti leurs prétentions s'éveiller. Quelque artificielles que soient
les séductions de la vanité, grades et brevets, titres et décoralions
auront sur eux une prise facile. Il faut reconnaître que les satis-
factions qui leur sont offertes sont d'une rare magniMcence. De ces
honneurs et de ces dignités les collectivités comme les individus
auront leur part. Le tentateur enchaînera les villes par des égards
et des faveurs. La primauté qui les raîtachera de plus près à lui
entraînera l'idée d'une supériorité, d'une prééminence sociale. Ce
sera pour elles un prestige, une gloire, une force. Aussi bien,4près
avoir ressuscité les titres nobiliaires, les ordres de chevalerie et les
appellations honorifiques, il ressuscitera les armoiries, celles des
villes comme celles des particuliers (3).
(I) Archives municipales de Limoges, 1) (s. n) et Journal du départe-
ment de la Haute-Vienne^ 93 juin 1803.
(%) La littérature devait nalurelicmcnt se ressentir de cet état d*esprit.
C'est ainsi que nous faillîmes avoir un poème héroïque relatant la belle
équipée de la légion de la liautc-Viennc a fougueusement improvisée en
Tan 11 et véhémentement dirigée vers la Vendée. » On sait que ce corps
dut ses hauts faits à cette circonstance que ses hommes montaient tous
des chevaux du pays, c*csl-fi-dirc de race limousine.
Il se trouva donc « un poète de noire contrée connu par la piquante
facilité de sa verve » qui entreprit une HlUoire de la Légion de la Haute-
Vienne, Cet ouvrage devait offrir « la comparaison de la marche cl des
exploits de la Légion avec la marche et les exploits des légions anciennes
et notamment de celle surnommée Fu^minalrto;. Le volume aurait été orné
des portraits de Tauteur et des chefs de la Légion, de plans de batailles,
etc. Il ne manqua que les deux cents souscriptions k 13 francs demandées
pour la mise au jour de Touvrnge. (V. Tannonce publiée dans \eJourncd du
département de la Haute- Vienne du '29 mai 1806.
(3) Un décret daié du camp de Schoenbrunn le 17 mai 1809 dispose en
son article \^' que :
« Aucune ville, commune, corporation ou association civile, ecclésias-
tique ou liUéraire, ne jouira du droit d*armoiries qu'après en avoir recula
concession expresse par lettres patentes délivrées à cet effet. En consé-
quence, les sceaux des villes, communes ou corporations qui n'auront pas
obtenu de concessions pareilles ne porteront, pour toute empreinte, que
le nom qu la désignation littérale des dites villes, communes ou corpo-
rations. ».
A la suite de ce décret, plusieurs villes ayant démandé si elles poib
LIMOGIS IT LRS BONNSS VILLES 289
Arraché par la révolte aax seigDcnrs féodaux ou prix de la sou-
mission au suzerain légitime, le blason de la cité est rincarnalion,
la personnification. de la communauté toute entière. C'est le témoin
permanent, le symbole visible et tangible de sa grandeur passée,
de sa force présente. L'empereur prendra Ticone municipal, il Tau-
réolera d'un nimbe d'or, il Tenveloppera de clartés d'apothéose et,
se détachant en haut relief dans un radieux étincellement, cette
abstraction apparaîtra comme une réalité, comme une chose
vivante, j'oserai dire comme une fraction d'humanité.
La couronne murale, que les Grecs et les Romains décernaient
comme récompense au guerrier entré le premier par une brèche
dans la ville assiégée (1) et que, plus lard, Tart plaça au front de
Cybèle et sur la tête des divinités personnifiant des villes fortes,
tel «sera Tembléme distinctif attribué pour cimier de leurs armes
aux cités que l'empereur nonimera ses « Bonnes Villes ».
Mais comme toute l'organisation nouvelle comporte une hiérar-
chie rigoureuse, géométrique, comme tout y est classé, étiqueté et
gradué, les bénéficiaires de cette distinction sont elles-mêmes répar-
ties en trois catégories. Aux Bonnes Villes du premier ordre est
valent reprendre leurs anciennes armoiries, le conseil du sceau des titres,
consulté, délibéra :
a 1° Les conseils municipaux peuvent présenter des projets d'armoiries
et y reproduire une portion de ran':icn blason des villes;
« 3<> Les pièces d'armoiries qui, comme l'aigle et les abeilles, appartien-
nent aux armes et aux enseignes de TEmpire et ne peuvent être concédées
que du propre mouvement de l'empereur, ne doivent pas entrer dans la
composition des projets d'armoiries présentés par les villes;
» 3® Les couronnes qui, de leur nature, sont incommunicables, comme
la souveraineté dont elles sont Tembléme, doivent également être exclues,
ainsi que les pièces qui entraient autrefois dans les armoiries de l'ancienne
dynastie française. »
(Circulaire du ministre de l'intérieur aux préfets, 18 octobre 1809).
(t) « La couronne murale, qui estoit d'or, estoit accordée à celuy qui
cstoit monté le premier sur la lîrèche de la ville attaquée et estoil sauté
dedans en combattant : elle estoil faite en forme de créneaux de muraille,
comme celle que les peintres et les poètes peignent ou représentent sur la
léte de Gybelle, la grand'mère des Dieux qui représente la terre. Suétone
tesmoigne que le simple soldat, aussi bien que le plus huppé de Tarmée,
en pouvoit estre honoré pourveû quMl prou vast par le tesmoignage de ses
compagnons qu*il esloit sauté le premier dans la ville ennemie. Sur le
cercle de cette couronne il y avoit des lyons gravez pource qu'ils sont le
symbole de courage, de généro.<«ité et de yaletir. » (Wlso.i de la Golos|-
^if^RB, Le orai/ théâtre t^honneur'^.
290 SOGIlÎTi ARGHÂOLOOIQUB BT HlSTORIQim DU LIMOUSIN
concédée une couronne murale à sept créneaux d'or sommée d'une
aigle naissante pour cimier, traversée d'un caducée auquel sont
suspendues deux guirlandes, Tune à dexlre de chêne, Tautre à
senestre d'olivier, le tout d'or, nouées et attachées par des bande-
lettes de gueules. L'écusson portera un chef de gueules à (rois
abeilles d'or posées en fasce.
Aux Bonnes Villes de seconde classe est adjugée une couronne
murale à cinq créneaux d'argent, traversée d'un caducée contourné
du même, auquel sont suspendues deux guirlandes, Tune à dexlre
d'olivier, l'autre à senestre de chêne, aussi d'argent, nouées et atta-
chées par des bandelettes d'azur. Franc quartier à dextre d'azur à
une N d'or surmontée d'une étoile rayonnante du même.
Enfin les villes de troisième ordre auront pour cimier une cor-
beille remplie de gerbes d'or à laquelle seront suspendues deux
guirlandes, l'une d'olivier à dextre, l'autre de chêne à senestre, de
sinople, nouées et attachées par des bandelettes de gueules. Franc
quartier à senestre de gueules à une N d'argent surmontée d'une
étoile rayonnante du même (1).
Gomme avantages positifs et personnels, les maires des Bonnes
Villes se verront, après dix ans d'exercice, octroyer le titre de
baron, titre qu'ils auront le droit de transmettre à leur descendance
à la condition de constituer un majorât. Enfin, dans l'ordre des
préséances, ils prendront rang après les sénateurs et marcheront
de pair avec les barons.
L'institution des Bonnes Villes appartient en propre à Napo-
léon 1". Il n'y a aucune similitude entre ce titre honorifique et
l'appellation affectueuse que les rois de France appliquaient indiffé-
remment à toutes les localités de leur royaume. Une analogie de
situation avait seule donné naissance à une expression identique.
Cette création se trouve à l'état embryonnaire dans l'article ni du
sënatus-consulte organique du 18 mai 1804 (28 Qoréal an XII) ainsi
conçu : « Dans les deux ans qui suivent son avènement ou sa majo-
rité, l'empereur, accompagné des titulaires des grandes dignités de
l'empire, des ministres, des grands officiers, prête serment au
peuple en présence de et des maires des trente-six principales
villes de Tempire. » Un décret du 22 juin suivant désigne ces villes.
On remarquera qu'il n'est ici question que de l'assistance à la for-
malité du serment de l'empereur d'un certain nombre de maires
pris comme fonctionnaires impériaux. Le 2 décembre de la même
année Napoléon se fait sacrer à Paris par le pape Pie VII, et les
(I) HiSNiiY Simon, Armoriai de Vempire françoUê. Paris I8IS, d«ax
volumes in-f^.
LlHOGBB IT LES BONNES VILLES 991
lettres closes expédiées aux chefs de municipalités, les convoquant
à la fois pour la prestation du serment et la cérémonie du couron-
nement, portent pour adresse : « Au maire de notre bonne ville
de... (1) » Ce ne sera toutefois qu'avec le décret du 17 mai 1809
sur la noblesse que l'organisation des Bonnes Villes deviendra défi-
nitive et complète. Ajoutons que la Restauration s'emparera de ce
titre et le concédera, dans un but exclusivement politique, à un
certain nombre de localités.
C'est ainsi que, pour arriver aux cœurs, Napoléon frappe Tima-
ginalion et les yeux. Par ces privilèges, simples valeurs d'opinion
puisqu'ils ne confèrent aucune immunité et seulement des préro-
gatives éventuelles, il se ménagera l'amitié des bourgeois auxquels
il aura confisqué leur indépendance municipale.
Certes, les municipalités du xvui* siècle ne ressemblaient guère
aux libres communes du xu*. A peine dégagée des étreintes de la
féodalité, la royauté avait porté à leur autonomie des coups mortels.
Les franchises locales avaient disparu et les antiques privi-
lèges n'étaient plus que de vaines formules. Les magistrats muni-
cipaux avaient vu leurs pouvoirs singulièrement restreints; devenus
officiers royaux, ils ne formaient plus qu'un corps passif et sans
initiative. L'édit de juillet 1787, qui organisa les assemblées com-
munales dans tout le royaume, leur donna des attributions relative-
ment étendues et leur restitua l'existence politique. L'Assemblée
constituante respecta les communautés existantes et c'est dans leur
cadre qu'elle établit la nouvelle organisation unifiée et égalisée.
La Constitution de l'an III brisa de nouveau la personnalité poli-
tique des municipalités ; les villes au-dessus de cinq mille habitants
(1) Je D*ai pas à rappeler ici les splendeurs du couronnemeDt, le faste
étalé dans les fêtes données à cette occasion. Indépendamment des hauts
fonctionnaires, de^ présidents des collèges électoraux de chaque canton et
de quelques notables convoqués par lettres closes, les gardes nationales
des divers départements envoyèrent chacune un détachement de seize
hommes. Conduite par le colonel Lelong, ancien commandant du 56* de
ligne, la délégation de la Haute-Vienne séjourna un mois entier dans la
capitale. Les hommes reçurent, outre le logement et la nourriture, une
indemnité de cinq francs par jour; une médaille commémorative en or fut,
de plus, attribuée à chacun d*eux. Le gouvernement remboursa auasi les
frais d^acquisilion d'un drapeau garni de franges d'or avec cravate et aigle
doré, lesquels s'élevèrent à 44i fr. 50. La maison de Lyon chargée de la
confection des drapeaux des gardes nationales n'ayant pu les fournir à
temps pour la cérémonie, les régiments de ligne prêtèrent les leurs, et les
gardes reçurent plut tard par l'intermédiaire des préfets ceux qui leur
étaient destinés.
29t SOClàTi ARCB6OI.OGIQUB ET HISTORIQUE DU LlMODSlM
conservaient seules leur unilé ; groupées dans le canton, les autres
voyaient disparaître totalement la vie locale. Ramenée en l'an VIII
à son cadre primitif, la commune voit, sous le Consulat, consommer
son asservissement complet. Comme le département et l'arrondis-
sèment, elle n'est plus désormais qu'une circonscription territoriale
et un rouage de la grande machine administrative. Comme eux,
si elle est animée de la vie de tout l'organisme, elle la subit au lieu
d'y contribuer par sa vie propre. Alors que tous les services publics
sont étroitement subordonnés à son action, on conçoit que l'indé-
pendance municipale, faite d'initiative et de liberté, ne pouvait
être du goût de l'empereur. Il se regarde donc comme le maître
absolu des municipalités ; il dispose d'elles à son gré : les commu*
nés n'auront d'autres maires et d'autres conseillers que ceux qu'il
lui plaira de leur imposer. Ceux-ci seront ses représentants, les
agents de son autorité et de sa politique bien plus que les gérants
des intérêts communaux. Ils devront obéir passivement et n'exer-
ceront qu'un droit illusoire. Quant au simple particulier, il ne
participera ni directement ni indirectement n la gestion des affaires.
Avec le titre de sujet, on ne lui a laissé que la condition de contri-
buable et d'administré. Tel est dans ce pays, pétri de centralisation,
le nouveau régime fait aux municipalités.
Le chef de l'Etat leur offre en dignités la monnaie du pouvoir
qu'elles n'exercent plus. Certes, pour superbe qu'elle soit, cette
prime ne saurait compenser pour une ville la perte de ses tradi-
tions, de ses droits, de sa vie propre. Et cependant, tant est puis-
sant le préjugé qui incline les hommes vers la considération, elle
provoquera de troublantes rivalités.
Mais, du moins, les cités dont le souverain va ainsi, dans quel-
que mesure, amplifier les destins auront exercé dans une province,
dans une région, par une antique illustration, par une prépondé-
rance due à des siècles d'efforts et de labeurs, un rayonnement et
une influence tels qu'il soit équilable de les en glorifier par un
nouveau lustre? Peut-être virent-elles, aux heures sombres de
l'invasion, concentrer sur leur territoire l'effort des grands combats
qui décidèrent du sort du pays? Ou encore, de leur sein auront
jailli le mouvement, le travail, les produits, la richesse ? La dis-
tinction éminente que tous ambitionnent, le maîlre la réservera
à quelques-uns, à reux-là seulement envers lesquels l'intérêt de sa
politique personnelle lui commandera d'user de ménagements ou
de stimulant. Aux anciens chef-lieux d'un certain nombre de pro-
vinces françaises viendront s'ajouter les capitales des pays devenus
par la conquête et le recul des frontières portions intégrantes de
l'empire et aussi des territoires sur lesquels s'exerce s^ domination,
tmOOKt tt LRS ^ONNltS V1LLB8 9&3
OU seuletneat des satellites gravitanl dans son orbite. Le décret du
3nies8idor anXII (22juin 1804) désigne trente-six villes dont les
maires assisteront au serment de Tempereur : Paris, Marseille,
Bordeaux, Lyon, Rouen, Turin, Nantes, Bruxelles, Angers, Gand,
Lille, Toulouse, Liège, Strasbourg, Aix-la-Chapelle, Orléans,
Amiens, Gènes, Montpellier, Metz, Caen, Alexandrie, Glermonl,
Besançon, Nancy, Versailles, Rennes, Genève, Mayence, Tours,
Bourges, Grenoble, La Rochelle, Dijon, Reims et Nice (1). Au
1"" mars 1808, les Bonnes Villes sont au nombre de trente-sept par
suite de Tadjonclion d'Anvers. Successivement viendront prendre
rang : Amsterdam et Rotterdam (18 août 1810). L'almanach impérial
de 181:2 en mentionne cinquante et une parmi lesquelles dix nou-
vellement promues : Anvers, Brome, Cologne, Florence, Hambourg,
La Haye, Livourne, Lubeck, Parme, Plaisance. Deux villes fran-
çaises, Montauban et Troyes, ont obtenu, en 1811, le titre si envié.
Ntmes le reçoit à son tour le 34 mars 1812 (2). Vienne la dislocation
(i) Parmi les anciens chefs-lieux de généralités, c'csl-à-dire parmi les
villes qui furent, avant la Révolution, le siège d'une intendance, douze
étaient évincées : Moulins, Riom, Poitiers, Limoges, Aueh, Montauban,
Châlons, Alençon, Aix, Perpignan, Valcncicnnes et Soissons. Une seule
de ces villes, Montauban, obtiendra de TEmpire le titre en question.
Par contre, Marseille, Reims, Ang^ers, Toulouse, Glermont et Nice, qui
ne furent pas chefs-lieux adriiinislratifs sous Tancien régime, se trouvaient
parmi les élus.
(2) Les listes données par Henry Simon dans les deux volumes de son
Armoriai de VEmp're français dififcreni sensiblement de celles que Ton
trouve dans VAlmanacJi impérial^ publication officielle. Voici ces listes :
Bonnes villes de pixeuibr ordre : Amsterdam, Anvers, Bordeaux, Bru-
xelles, Gand, Gôneâ, H.tmbourg, Lyon, Lille, Liège, Moniauban, Paris, An-
gers, Aix-la-Chapelle, Bourges, Brome. Cologne, Dijon, Florence, Grenoble,
La Rochelle, Marseille, Nancy, Parme.
Bonnes villes de deuxième ordre : Aix, Asti, Bayonne, Caslclsarrazin,
Chiavari, Chartres, Grasse, Hyères, Toulon, Avranches, Cherbourg, Gran-
viile. Lierre, Loudun, Malines, Moissac, Savone, Saint-L6, Troyes, Ver-
ceil, Valogoes.
Bonnes villes de troisèue ordre : Mirecoiirl, Neufchftleau, Paimbœuf.
Comment concilier les indications de V Armoriai r\cc celles de ['Aima*
nach? Comment admettre, par exemple, qu'Alx et Toulon aient été, dès
1812, en possession du litre de bonne ville, alors que ce litre leur a été
octroyé par des ordonnances royales insérées au Bulletin des Lois de
Tannée 1816? El il ne s\igit pas, à cette dernière date, d*une confirmation
de privilège, mais d^une concession première, motivée et fort précise. On
se demande donc s'il n'y a pas eu de la part de Tauteur de TArmorta^ con-
fusion entre les bonses villes et celles qui avaient fait vérifier et enregis-
trer leurs armoiries, .
11^4 SOClÉti ARCÉftOLOaiQÙB Bt ËISTÔRtOÙB DU LllIOtlSld
de TEmpire, la Restauration s^croparera du tilre et le maintiendra
aux vingt-neuf villes de France qui en seront déjà pourvues.
Les peuples ont les mômes faiblesses que les individus. La
manie des grandeurs que Tempereur avait déchaioée sévit un peu
partout. Limoges ne sut pas échapper à ce travers. Etre TexceplioD,
c'est être rélile, pensa sa municipalité qui, au mois de juin 1810,
résolut de se mettre sur les rangs. Dans ce but, elle rédige la
supplique qu'on va lire, nomme une députation et sollicite une
audience de l'empereur.
« La députation du conseil général de la commune de Limoges,
»> A Sa Majesté impériale et royale,
» Sire,
» La ville de Limoges, doal l'illuslration et l'antiquité se perdent
dans la nuit des temps, cheMieu avant la Révolution d'une géné-
ralité et d'un diocèse très étendus, possédant dès lors un hôtel de
monnaye très actif et très estimé, moins populeuse, il est vrai,
aujourd'hui qu'elle ne l'a été à certaines époques, mais offrant
encore un population de 21 à 22,000 âmes, devenue successivement
chef-lieu d'une préfecture importante, d'une cour d'appel, d'un
diocèse étendu, d'une sénatorerie, d'une académie impériale, et
réunissant tous les établissements qui se rattachent aux premiers,
située au centre de plusieurs grandes roules, vivifiée par l'intelli-
gence el l'activité de ses habitants et présentant sous tous les rap-
ports le caractère d'une des meilleures villes de l'Empire, a cepen-
dant été oubliée dans la classilication des Bonnes Villes.
» Votre Majesté, dont le cœur magnanime ne respire que bien-
faisance, s'est déjà rendue au vœu de quelques villes importantes,
qui avaient été également oubliées.
» La dépulalion du conseil municipal de Limoges ose rappeler à
Votre Majesté la supplique adressée à cet effet par le conseil
général delà Haute- Vienne dans la séance du 12 juillet 1810(1).
» Daignez, Sire, distinguer notre cité en la nommant parmi vos
Bonnes Villes ; aucune ne mérite mieux ce titre par le respectueux
dévouement de ses habitants pour la personne sacrée de Votre
Majesté impériale et royale.
» La députation du conseil municipal de la ville de Limoges a
Thonneur d'être avec la plus haute vénération et le plus profond
respect,
» De Voire Majesté impériale et royale,
» Les très fidèles, très dévoués et très soumis sujets. »
(<) Phrase ajoutée après la délibéralioa du conseil j^énéral.
LllIOGfeS Et LBà BÔHNKS VlLLEÀ SM
Soil que sa demande d*audience n^ait pas été accueillie, soit
qa*on lui ait rappelé à temps que sa requête devait suivre la voie
hiérarchique, la muaicipalité se tourna vers le conseil général
du département, dont la session était proche, et l'invita à joindre
ses instances aux siennes. Voici la lettre qui fut adressée au prési-
dent de cette assemblée :
« Limoges, le 9 juillet 1810.
» A Messieurs les Membres du Conseil général de la Haute-Vienne ^
» Messieurs,
» La ville de Limoges, dont Tillustration et l'antiquité se perdent
dans la nuit des tems, cheMieu avant la Révolution d'une géné-
ralité et d'un diocèse très étendus et possédant dès lors un hôtel
des monnaies très actif et très estimé ; moins populeuse, il est vrai,
aujourd'hui qu'elle l'a été à certaines époques, mais offrant encore
de SI à 22,000 âmes de population; devenue successivement chef-
lieu d'une préfecture importante, d une cour d'appel, d'une séna-
torerie, d'une académie impériale et réunissant tous les établis-
semens qui se rattachent aux premiers; vivifiée par l'intelligence
et l'activité de ses habitans dans plusieurs genres de commerce et
par ses belles manufactures de porcelaine ; située au centre de
plusieurs grandes routes telles que celles de Paris à Bordeaux, à
Toulouse, de Brest à Lyon, etc.; animée par une affluence conti-
nuelle de voyageurs; distinguée par plusieurs grands hommes qui
ont pris naissance soit dans son sein, soit aux environs, et présen-
tant par là tous les caractères d'une des plus illustres et des meil-
leures villes de l'empire, a cependant été oubliée dans la classifi*
cation des Bonnes Villes.
» Cet oubli, Messieurs, nous a souvent affligés parce que l'illus-
tration de la ville cheMieu rejaillit nécessairement sur les autres
parties du même département.
» Sa Majesté l'empereur et roi, dont le cœur magnanime ne
respire que bienfaisance, s'est déjà rendu aux vœux de quelques
villes importantes qui avaient été également oubliées. Il est donc
possible d'obtenir de sa bonté et de sa justice que la ville de
Limoges soit placée dans le rang précieux et distingué qu'elle mé-
rite à tant d'égards.
» Mais, Messieurs, je conçois que ma réclamation a besoin d'être
présentée sous vos auspices et fortifiée des moyens élo(|uens dont
vous saurez l'appuyer pour obtenir un succès éclatant. J'ose donc
vous prier de la faire valoir auprès de Son Excellence le Ministre
de l'Intérieur et même, par une adresse particulière, auprès de
toè SOCIÉTÉ ÀRCÉÀoLodiQbk fit âistoEkQOk bu Liiàènsik
Sa Majesté Tempereur et roi. Le succès vous offre une récompense
bien flatleuse ; la tentative seule vous donnera des droits éternels
à notre reconnaissance.
» J*ai rhonneur d'être, avec les sentimens de la plus respec-
teuse considération,
» Votre très humble et obéissant serviteur.
» Le maire de Limoges^
Signé : « Noualhier aîné >» (1).
Le 12 juillet, le conseil général prend la délibération suivante :
« M. le iMaire de la ville de Limoges adresse au Conseil général
une lettre sous la date du 9 du courant dont l'objet est d'être
seconde dans la réclamation qu'il a faite à Sa Majesté de placer la
ville de Limoges au rang des Bonnes Villes.
» Le Conseil, considérant que la bienfaisance de S. M. l'empe-
reur et roi a déjà signalé la ville de Limoges par les nombreux
établissements qu'elle y a fixés, que le titre de Bonne Ville serait
pour elle le titre le plus glorieux de la bienveillance du souverain;
» Arrête à l'unanimité qu'il adhère à la proposition qui lui est
faite par M. le Maire de la ville de Limoges; qu'à cet effet, une
adresse au nom du Conseil sera présentée à Sa Majesté impériale
et royale par l'intermédiaire de S. E. le Ministre de l'Intérieur. Le
projet suivant a été présenté et adopté :
» Sire,
» Vos fidèles sujets les membres composant le Conseil général
du département de la Haute-Vienne, actuellement réunis, osent
prendre la liberté de déposer aux pieds du trône la demande que
fait le maire de la ville de Limoges à Votre Majesté impériale et
royale d'être comprise au nombre des communes que vous avez
daigné qualifier du titre précieux de Bonnes Villes.
» La position ^centrale de Limoges,sa population, son commerce,
ses manufactures, les grands établissements que vous avez bien
voulu lui accorder et spécialement le respectueux dévouement de
ses habitans pour la personne sacrée de Votre Majesté impériale
et royale sont des titres que le Conseil général se permet de pré-
senter pour obtenir cette faveur signalée dont tout le département
partagera la gloire et la respectueuse reconnaissance. »
La délibération et l'adresse sont aussitôt transmises au ministre
de l'Intérieur. De son côté le maire de Limoges lui fait parvenir la
(1) Archives municipales de Limoges, D (s. n.).
LiMb^s ET Les bônneô villes 29^
reqaéte de la ville par rintermédiaire de son oncle M. Noualhier,
négociant à Paris, qui est chargé de remettre Ini-méme ces docu-
ments au destinataire. Voici la lettre envoyée au ministre :
« Limoges, le 16 juillet 18t0.
» Le maire de la ville de Limoges,
» A Son Excellence le Ministre de llntérieur, comte de l'Empire,
f> Monseigneur,
» La ville de Limoges gémit depuis longtemps de n^étre point
comprise dans la classification des Bonnes Villes de TËmpire.
» Pour me rendre au vœu de ses industrieux habitans, j'ai prié
le Conseil général de la Haute-Vience de réclamer pour elle celte
honorable distinction. Je ne répéterai point ici tout ce que j'ai
exposé dans ma lettre pour faire ressortir ses droits; j'ajouterai
seulement que, lors de la convocation des notables en 1787, la
ville de Limoges fut placée dans le rang qu'elle sollicite aujour-
d'hui. Sa privation de ce rang précieux ne peut donc être consi-
dérée que comme un oubli.
» J'ose, en conséquence, vous prier, Monseigneur, de vouloir
bien appuyer auprès de Sa Majesté l'empereur et roi et ma demande
et l'adresse votée par le Conseil général dans sa séance du 12.
L'une et l'autre, que vous avez maintenant sous les yeux, renferme
des faits authentiques et qui sont en partie consignés dans la
statistique de ce déparlement.
» Votre bienveillance. Monseigneur, s'étend à toutes les villes de
l'empire. Celle de Limoges en réclame aujourd'hui l'heureuse
influence pour un bienfait qui intéresse et sa gloire et sa prospé-
rité, et qui éternisera sa reconnaissance. Elle l'a déjà mérité, ce
bienfait; elle le méritera de plus en plus par une soumission entière,
un attachement inviolable et un dévouement absolu à la personne
auguste du grand Napoléon.
» J'ai l'honneur d'être, de Votre Excellence, Monseigneur,
)} Le très humble et très obéissant serviteur.
Signé : « Nooalhier aîné » (1).
Mais il était de toute évidence qu'une telle requête ne pouvait
avoir chance d'aboutir qu'avec l'appui d'une notabilité jouissant
d'un certain crédit auprès du souverain. On dut très certainement
songer en premier lieu à l'un de nos concitoyens, individualité
(1) Archives municipales de Limoges^ D (s. n»).
T. ui 30
ibS SOCIÉTÉ ÂRCâÉOlLOGIQÙÉ ET ftlSTORIQÙB DO LlSàOUSltV
d'élite, à laquelle ses exploits guerriers comme aussi uo râle poli-
tique actif avaient donné un relief tout particulier. Mais le maréchal
Jourdan n'était en ce moment en possession d'aucune iafluence.
Exempt de servilité envers les gouvernants, le ton absolu et décisif
dont il usait envers tous Tavait fait tenir, sous le Directoire, pour
Tun des chefs du parti anarchiste, c'est-à-dire du parti de Toppo-
silion républicaine. Après avoir repousàé les ouvertures de Bona-
parte à son retour d'Egypte, il avait encore tenté de contrecarrer
ses plans au 18 brumaire. On l'avait vu, quand les grenadiers for-
mant la garde du conseil des Cinq- Cents, conduits par le général
I^clerc, envahirent la salle des séances, refuser de quitter son siège
et se joindre aux autres députés qui haranguèrent les soldats. « Qui
étes-vous, militaires? Vous êtes les grenadiers delà représentation
nationale et vous osez attenter à sa sûreté! Vous ternissez les lau-
riers que vous aviez cueillis. » Aussi Jourdan fut-il compris parmi
les trente-sept « individus » que le décret du 28 brumaire frappait
de la déportation. Mais cette iniquité souleva une telle réprobation
que la mesure fut rapportée dès le lendemain et que le Premier
Consul lui écrivit « pourle prier de ne pas douter de son amitié et
lui exprimer le désir de voir constamment le vainqueur de Fleurus
sur le chemin qui conduit à l'organisation, à la vraie liberté et au
bonheur (1). » Devant l'affaiblissement des énergies et la diminution
des caractères, Jourdan se drapa dans sa fiëre et immuable attitude
de républicain convaincu.
Tel était cependant Texceptionnel éclat de ses services militaires
et aussi l'ascendant d*une popularité de bon aloi due à ses vertus
civiques qu'en 1804 il fut, dès la première promotion, créé maré-
chal d'Empire et grand officier de la Légion d'honneur. A son
retour du Piémont, où il avait été envoyé comme ambassadeur, il
tombe en disgrâce. En 1808, il suit le roi Joseph en Espagne en
qualité de chef d'état-major. Mais l'opinion de défiance et de
malveillance qui s'était attachée à lui l'oblige à rentrer en France.
Désormais, il* est mis complètement à l'écart. Lui, épris de mouve-
ment et d'action, se voit refuser tout commandement actif. Ouvrez
VAlmanach impérial de 1810 ou celui de 1811, vainement vous
chercheriez parmi les maréchaux le nom de Jourdan. Parcourez
la liste des hauts dignitaires de la Légion d'honneur : par un reste
de pudeur, on n'a pas osé biffer complètement l'ancien commandant
en chef des armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse; et dans
la promotion du 25 prairial an XII, entre M. le comte d'Hédouville,
sénateur, et S. E. Mgr le duc d'Istrie, vous verrez figurer « Monsieur
(I) Lanfrby, Histoire de Napoléon /<>% II, 13.
tlll6GKS Bt tÛ bOffH ftS viUks 296
f
Jourdan a. Qai donc, sous cette étiquette bourgeoise et dédaigneuse,
reconnaîtrait le vainqueur de Fleurns ? N*allez pas croire à un oubli
d^abord, à une erreur ensuite de i*éditeur de VAlmanach impérial :
l'approbation du ministre de la police générale, qui a dans ses
altributions le service de l'imprimerie, exclut toute hypothèse de
ce genre. Il resterait d'ailleurs à expliquer pourquoi les mêmes
restrictions se répètent dans V Annuaire de la Haute-Vienne, c'est-
à-dire dans le pays d'origine du maréchal. Ainsi Ta voulu le
maître ; ainsi en ose-t-il envers ceux qu'il a résolu d'annihiler.
Vienne le moment où la fortune trahira ses drapeaux et on le
verra confiera son ancien compagnon d'armes le gouvernement de
Madrid, sauf à le rendre responsable d'une désastreuse campagne,
à l'exiler dans sa terre du Coudray, en Seine-et-Marne, et à réduire
son traitement de 60.000 à 30.000 francs. Ainsi sera sacrifié le
soldat qui avait porté si haut la renommée de nos armes; ainsi
sera rejeté dans l'obscurité de la vie civile celui dont le courage et
la fidélité aux sentiments républicains n'avaient pas fléchi (1).
Pour ces motifs, la municipalité de Limoges devait renoncer à
s'adresser au maréchal Jourdan. Elle crut devoir solliciter le pa-
tronage d'un haut dignitaire, étranger, il est vrai, au déparlement,
mais pourvu d'un bénéfice local qui semblait le désigner tout spé-
cialement pour le rôle d'intermédiaire auprès de l'empereur. Il
s'agissait du comte Garnier, président du Sénat et titulaire de la
sénatorerie de Limoges (2). Ancien procureurau Châtelet, secrétaire
du cabinet de M™' Adélaïde, suppléant du Tiers de la ville de
(I) Je ne veux point paraître ignorer que, dans une lettre adressée,
quelques mois après le dix-huit brumaire, à un ancien compagnon d'armes
alors éloigné de France, Jourdan jugeait les événements accomplis comme
s*il eut été éclairé par d'heureux résultats. Cette lettre, qui lui a été opposée
comme un reniement de ses opinions passées, contraste violemment avec
Tattitudê qu*il avait prise lors du coup d'Eiat. Au cas où cette lettre, soi-
disant confidentielle, serait authentique, il conviendrait de rechercher
dans quel but elle fut écrite.
(V. la lettre citée dans la Reoue de France du 98 février 1874).
(t) L'organisation des sénatoreries résultait du décret du 14 messidor
an XI (3 juillet 1803), dont voici les principales dispositions :
il y aura une sénatorerie par arrondissement de cour d'appel.
Chaque sénatorerie sera dotée d'une maison et d'un revenu annuel, en
domaines nationaux, de 90 ft 25 000 francs.
Les sénatoreries seront possédées à vie.
Les sénateurs qui en seront pourvus seront tenus d'y résider au moins
trois mois chaque année.
Us rempliront les missions extraordinaires que le Premier Consul jugera
SbO sociiri argr^ôlooiqui rt ÉistoAiQufc bu liiIoustIi
Paris aux Etats-Généraux, Germaio Garnier avait passé quelques
années en émigration et était rentré en France après le 9 thermi-
dor. Nommé préfet de Seine-et-Oise en 1802, il échangea ce poste
pour un siège au Sénat. Gréé comte de TEmpire en 1808, il suc-
céda, le 9 décembre 4809, au vice-amiral Morard de Galles, premier
titulaire de la sénatorerie de Limoges, qui venait de mourir. Si
j'ajoute que, plus tard, ses sentiments à regard de Temperenr se
refroidirent au point quMl vota la déchéance et qu'il accepta de la
Restauration les titres de pair et de ministre d'Etat, j'aurai esquissé
dans ses grandes lignes la silhouette morale de ce personnage.
Tel fut l'homme sous les auspices duquel l'administration muni-
cipale de Limoges plaça le succès de sa requête. Le 16 juillet 1810,
elle lui adressa la lettre suivante :
« A M. Garnier^ comte de rEmpire, président annuel du Sénat
conservateur, titulaire de la Sénatorerie de Limoges.
» Monsieur le Gorote,
» La ville de Limoges, chef-lieu de votre Sénatorerie et distinguée
par sa population, son commerce et les grands établissements
qu'elle possède, n'a point été classée parmi les bonnes villes de
l'Empire. Le Conseil général du département de la Haute-Vienne
vient, sur ma demande, de voter une adresse à Sa Majesté l'em-
pereur et roi pour obtenir que cet oubli soit réparé. J'écris par le
courrier de ce jour à S. E. le ministre de l'intérieur pour l'inviter
à appuyer et ma demande et l'adresse du Conseil. Je joins ici copie
de cette lettre.
») J'ose vous prier, Monsieur le comte, de vouloir bien vous
intéresser en faveur de la ville chef-lieu de votre Sénatorerie. Vous
en êtes devenu le protecteur et l'appui. Déjà vos qualités estimables
vous y ont précédé; mais avec quel enthousiasme, quelle recon-
à propos de leur donner dans leur arrondissement et lai en rendront
compte dlreciemenl.
Les sénatoreries seront conférées par le Premier Consul sur la présen-
tation du Sénat qui, pour chacune, désignera trois sénateurs.
Pour des raisons qui m'échappent, Guérel avait été choisi comme ré-
sidence du titulaire de la sénatorerie de Limoges. Un arrêté consulaire du
6 brumaire an XII lui avait assigné comme habitation le local de Tancienne
école secondaire.
La dotation fournie par le département de la Haute-Vienne s'élevait à
13.852 francs. Elle était formée des revenus de plusieurs immeubles
nationaux, dont trois situés à Limoges.
LIMOOBS ET LB8 BONNES YILLRâ SOI
Daissance, quelle affection vous y serez accueilli si vous daignez
seulement tenter de lui obtenir la faveur insigne qu^elle sollicite.
Elle y a des droits assures, Toubli seul a pu la priver du rang
distingué qu'elle réclame. Quelle jouissance pour votre cœur
bienfaisant si vous pouvez réussir.
» Agréez, je vous prie, l'assurance de ma respectueuse consi-
dération.
» [^ maire de Limoges j
Signé: « Noualhier aîné » (1).
<c Monsieur le comte Garnier, rue de Larochefoucaud, n"" 6, à
Paris. »
Après une attente de quarante jours, la municipalité reçut du
comte Garnier la réponse ci-après, froide, polie, administrative
pour tout dire :
« Paris, 25 aoust 1810.
» Je viens de recevoir, Monsieur le Maire, la lettre que vous
m'avez fait Thonneur de m'écrire le 16 juillet dernier, à laquelle
était jointe la copie d'une lettre adressée par vous au ministre de
rintérieur, dont Tobjet est d'obtenir de Sa Majesté que la ville de
Limoges soit portée au rang des bonnes villes de TEmpire.
» Je fais des vœux bien sincères pour que la ville à la tête de
laquelle vous êtes placé obtienne une distinction que sa population
et son importance semblent lui mériter ; mais c'est à peu près tout
ce qu'il m'est permis de faire. L'honneur que j'ai d'être titulaire de
la Sénatorerie de Limoges ne me donne aucun caractère public qui
puisse m'autoriser ù parler au nom de votre ville ni à solliciter
directement la faveur à laquelle vous prétendez. Cette affaire est
dans les attributions du ministre de l'Intérieur et c'est par le canal
de ce ministre seulement que cette grâce doit vous parvenir, si
l'Empereur juge à propos de l'accorder. Tout ce qui m'est permis
dans cette circonstance, c'est d'engager le ministre à faire un
rapport dans son plus prochain travail avec Sa Majesté et de le
faire dans le sens le plus favorable.
» II me reste toujours à me féliciter d'une occasion qui me
procure l'honneur de vous assurer de ma parfaite considération et
de tous les sentiments distingués dont je vous prie, Monsieur le
Maire, d'agréer la sincère expression.
» Le président du Sétiat,
Signé : « G. Garnier » (2).
(1) Archives municipales de Limoges, D (s. n.).
(2) Archives muoîcipaleji de Limoges, D (s. n.).
d
302 SOGléTB ARCBÉ0L06IQUK fcT B18T0RIQUB DU LIMODSIN
De son côté, le ministre de Tlntérieur accusa réception de la
requête de la ville dans les termes suivants :
« A MM. les membres du Conseil général de la ville de Limoges.
» Messieurs, Sa Majesté a reçu le mémoire que vous lui avez
adressé pour obtenir que la ville de Limoges soit admise au nombre
des Bonnes villes de TEmpire.
») Sa Majesté vient d'ordonner le renvoi de celle demande à M. le
ministre de Tlntérieur.
» Agréez, Messieurs, les assurances de ma haute considération.
(Signature illisible J (1).
» Gompiëgne, le 18 septembre 1811. »
Puisque l'accès aux digûités, aux honneurs et aux grâces n'est
ouvert qu'à ceux qui savent se rendre agréables au souverain par
une attitude constamment conforme à ses vues, il convient de
rechercher les titres particuliers que la Haute-Vienne pouvait
faire valoir sous ce rapport. Il nous faudrait pour cela suivre la
marche de Topinion publique dans ce département, savoir ce que
les contemporains ont pensé des régimes successifs et si divers
sous lesquels ils ont vécu, comment ils se sont comportés en
présence des événements. En un mot, avant d'argumenter, il nous
faudrait faire des analyses et tirer des moyennes, dégager les
facteurs permanents et temporaires qui, s'unissant, commandèrent
les faits déterminants de la vie sociale, tant l'examen d'une institu-
tion est intimement lié à la connaissance de l'état social. C'est cette
enquête que j'ai tenté de faire en la restreignant aux traits essen-
tiels. Je ne me suis pas interdit toutefois les développements et les
réflexions tirés de faits incidents non plus que le recours à l'appoint
d'accessoires extra-historiques. Bien que mon enquête se soit
étendue à tout le département, elle s'applique plus spécialement
à la ville de Limoges. Car celle-ci est la tête et le cœur, les autres
portions de Tassocialion départementale ne sont que ses prolonge-
ments. Aussi bien, tel chef-lieu tel département.
Dans la reconstitution concrète du milieu social qui servira de
cadre à la présente étude, nous aurons occasion de voir à l'œuvre
des individualités de haut vol : soldats, magistrats, fonctionnaires,
c'est-à-dire des fractions de ce personnel qui, par sa permanence
même, forme comme l'ossature du régime impérial. Nous pénétre-
rons aiqsi intimement la physionomie morale de ces personnages
qui, plus tard, donnèrent le spectacle de tant de palinodies.
(1) Archives municipales de Limoges» D (s n«). .
LIMOOBS BT LBS BONNES VILLES 303
Le déparletneDl de la Haute-Vienne s'était montré constamment
fidèle à la Révolution. S'il avait donné des gages de son amour de
la liberté, il avait entendu ne la point séparer de la cause de l'ordre.
Le parti jacobin élait resté sans racine dans la masse de la
population. Non pas que les passions aient été là moins vives
qu'ailleurs ou exemples de violences; mais les excès commis
furent, le plus souvent, le fait de quelques individus pour la plupart
étrangers au pays et ils s'étaient pour ainsi dire fondus dans la
tonalité générale d'une majorité franchement modérée (1). Les
convictions des citoyens n'avaient rien d'hésitant ou de timoré :
elles étaient le fruit d'une volonté mûrement réfléchie. Pourtant,
après le dix-huit thermidor, ce département se vit dénoncer,
publiquement et de haut, comme un foyer d'anarchie. Malgré les
elTorts du général Jourdan, qui faisait alors partie du conseil des
Cinq-Cents, sa députaiion fut décimée et deux de ses membres
frappés d'ostracisme (2). On fit même aux électeurs limousins
l'injure imméritée d'user de procédés spéciaux pour capier leurs
votes : le chiffre des sommes mises à la disposition du commis-
saire du pouvoir exécutif pour cette besogne de corruption est
connu (3).
Limoges et le déparlement accueillirent avec un calme absolu la
nouvelle du coup d'Etat de brumaire. Pas un instant, semble-t-il,
ils ne s'émurent de ce qui se passait à Saint-Cloud. L'administration
exécuta consciencieusement les ordres venus de Paris et publia
sans difficulté les documents qui lui furent transmis (4). Parmi
(l)Dè9 soQ premier rapport au ministre de rintérieur (1802) le préfet
de la Haute-Vienne consiatc que ce département « est un de ceux de
la République où les excès et les déchiremeuls occasionnés par la
Révolution ont été le moins sensibles ; aussi sa tranquillité n*a-t-elle
presque jamais été troublée d'une manière alarmante. » (Archives dépar-
tementales de la Haute-Vienne, H 1702).
(2) L'élection des citoyens Dumas et Gay-Vernon fut annulée.
{3j « Le Directoire, tout en rougissant, croit devoir arrêter une distri-
bution d'argent qui sera faite, dans le mode suivant, aux préparateurs et
machinateurs des élections ». (Suit un état nominatif des fonctionnaires ou
agents particuliers auxqueU il a été remis des fonds sur ceux des dépenses
secrètes pour manœuvrer les élections de Tau VI}. Périgord, commissaire
central du pouvoir exécutif dans la Haute-Vienne reçoit 2.000 francs. Les
sommes remises varient entre mille et trois miUe francs. (Mémoire$ de
Barras, 111, 497).
(4) Le représentant du peuple Ch.-Anl. Chasset, délégué des consuls
dans la Si* division militaire, se borna à suspendre de ses fonctions Tun
des administrateurs du département, à réintégrer douze commissaires
304 SOCIBTB ARCHÉOLOGIQUE KT BISTOBIQOB 00 LIMOQSlK
ceux-ci se trouvait la loi du 19 brumaire proclamant entre autres
mesures la déchéance de leur mandat « pour les excès et les
attentats auxquels ils s'étaient constamment portés » de soixante-
un membres jde la représentation nationale, au nombre desquels
deux députés de la Haute-Vienne, Jourdan et Bordas.
Le 27 ventôse an VIII (i8 mars 1800;, le citoyen Pougeard-
Dulimbert, premier préfet de la Haute- Vienne, est installé dans ses
fonctions. Une délégation de Tadministration centrale va, précédée
d'un détachement de la garde nationale, chercher le préfet pour le
conduire dans la grande salle des délibérations où il trouve réunies
toutes les autorités venues pour le saluer. Il est harangue par le
commissaire du gouvernement qui, avant de résigner ses fonctions,
prononce un discours dont voici Texorde : « Nous avons traversé
onze années de révolution et cette carrière a été parsemée de
ruines. Depuis onze ans nous parcourons le cercle des théories
du bonheur social et depuis onze ans nous n'avons éprouvé que
privations et misère. Depuis onze ans nous courons après la liberté
et nous avons été alternativement les jouets et les victimes des
factions qui se sont succédé avec tant de rapidité. Depuis onze ans
le langage de la fraternité est dans toutes les bouches et les pas-
sions en effervescence ont enfanté les divisions et les haines.
Enlin depuis onze ans les nombreux sacrifices des Français devaient
leur assurer un édifice politique stable et nous touchions au moment
de la dissolution sociale. Enfin, un jour heureux est venu luire sur
la France. Ce jour a comblé l'abîme. Sur les débris des factions s'est
élevé un gouvernement fort, majestueux et solide » (Ij.
Avec un remarquable esprit d'à-propos, M. Pougeard-Dulimberl
répond en évoquant, à son etitrée en charge, le souvenir de
Turgot : « Puisse, dit-il, le génie de ce grand homme, qui fut
républicain à la cour des rois, inspirer toutes mes pensées, diriger
tous mes travaux. » Par dessus la période révolutionnaire, période
transitoire, achevée et close, il relie ainsi le présent au passé.
Des congratulations réciproques échangées à celte occasion, ce
qu'il faut retenir c'est la joie franche et sincère avec laquelle tous
accueillent la On de la révolution. On peut enfin compter sur un
lendemain. A la fièvre des passions va succéder une activité réglée
et féconde. « La révolution est finie », a dit le Premier Consul, et
chacun de répéter ces mots qui signifient : retour de Tordre et de
cantonaux révoqués après le 30 prairial an VU (18 juin 1799) et à dissoudre
une association politique siégeant à Limoges et qui se réunissait dans la
salle des exercices de l'Ecole centrale.
(I) Archives départementales de. la Haute- Vienne, L 86.
LlIfOOES BT LK8 BOHNBS VILLES 30S
]a stabilité, rétablissement de la paix extérieure, restauration du
crédit et reprise des affaires.
Le citoyen que nous venons d'entendre évoquer la mémoire du
plus illustre des intendants du Limousin n'était pas un inconnu
pour tous ceux qui Técoutaient. Dans son auditoire, il put remarquer
entre autres Tex-procureur syndic du déparlement, Pierre Dumas,
avec qui il s*était plus d'une fois trouvé en correspondance. Dépulé
de la sénéchaussée d'Angouléme aux Etats-Généraux, Pougeard-
Dulimbert devint membre du comité ecclésiastique de l'Assemblée
constituante. Le 20 février 1791, il traite avec Dumas une question
relative au culte. Sa lettre achevée, il ajoute en post-scriptum :
« J'ai appris avec plaisir la proclamation de votre nouvel évéque.
Il parait qu'il a fallu trois tours de scrutin et que le Saint-Esprit a
été bien lent à descendre sur les électeurs » (1).
L'installation du conseil général suivit de près celle du préfet :
elle eut lieu le 1«' thermidor an VIII (20 juillet 1800). Le procès-
verbal de la première réunion ne garde trace d'aucune adresse au
gouvernement ; mais, dès la session suivante, cette assemblée ne
perdra aucune occasion de manifester sa conliance et son admira-
tion pour Bonaparte, Fréquents et chaleureux seront les panégy-
riques. Assurément, on peut tenir pour affaire de convention ces
adresses au pouvoir établi. Elles n'attestent pas moins une unani-
mité absolue dans le concert d'allégresse et de louanges.
Le 9 février précédent, le Premier Consul avait pris possession
du palais des Tuileries, fait infiniment significatif, premier pas
vers le trône. Quatre ans plus lard, en effet, l'aigle impériale se
substituait partout aux faisceaux consulaires.
Au mois de brumaire an XIII (novembre 1804) la nation fran-
çaise était appelée à se prononcer sur la proposition suivante :
(c Le peuple veut l'hérédité de la dignité impériale dans la descen-
dance directe, naturelle, légitime ei adoptive de Napoléon Bona-
parte ». Les résultats de ce plébiscite témoignent des progrès
extraordinaires accomplis dans les couches sociales par l'idée
napoléonienne. Dans douze départements, sur les cent neuf, la
proposition rallie l'unanimité des voix ; dans les autres, les votes
négatifs varient de 1 à 204. La Haute-Vienne est parmi les pre-
miers : 19,822 citoyens ont répondu affirmativement. Il est vrai
que le vote a eu lieu publiquement, par une déclaration inscrite
sur des registres ouverts au secrétariat des différentes administra-
tions et des municipalités, aux greffes des tribunaux et des justices
• (l)Jkrcliivesdéparlemeniale8de la Uaute-Yienne^ L 36S.
306 SOCléTÉ ARCBÉOLOOIQUB KT BISTORIOVS DU UMODSIN
de paix et chez les notaires. De plus, od a omis de mentionner,
détail important, le nombre des abstentions (i).
Y ayait-ii donc eu renversement soudain des convictions et
abandon des principes républicains? Les masses s'étaient- elles
subitement désaffectionnées de toute indépendance ? Non, nos
concitoyens n'étaient pas hommes à crier suivant les lemps « Vive
la nation ! » ou « Vive Bonaparte ! » Mais au régime de violence et
d'oppression, le faisceau des convictions et des aspirations s'était
rompu. Les esprits, qu'agitait une sorte d'inquiétude, restaient
vacillants. Or, le coup d'Etat de brumaire avait été présenté aux
populations désabusées de leur rêve de liberté comme un grand
acte de salut public, précurseur de la tranquillité intérieure et de
la paix extérieure, susceptible d'assurer la stabilité des institutions
républicaines. La constitution de l'an VIII, œuvre de fatale réaction
politique, n'en consacrait pas moins la plupart des conquêtes
sociales de la Révolution. De plus, jamais la France ne fut aussi
heureuse que durant les cinquante-quatre mois du Consulat. A cette
période se rattachent le code civil et le concordat, l'affermissement
de nos frontières du Rhin et des Alpes, l'organisation adminis-
trative, judiciaire, financière, coloniale, ecclésiastique, l'amnistie
générale. Bref, le pays avait eu tout au moins l'illusion de la vraie
force et de la vraie grandeur. Faut-il s'étonner que les esprits
aient subi rallractlon du génie qui se manifestait avec une si
admirable puissance ? Le rêve fut, d'ailleurs, de courte durée.
Quelques années à peine se sont écoulées et déjà l'intellectualité
des Limousins, absorbée par le souci journalier des affaires qui
avaient reçu un nouvel essor, semble n'accorder nul loisir à la
politique. La soumission des citoyens aux lois et leur déférence
envers les représentants du pouvoir n'impliquent chez euxTabdi-
cation ni de la raison ni de l'indépendance. La même oligarchie de
familles bourgeoises qui, au xvui* siècle, détenaient l'autorité
municipale et les offices de magistrature et de finance forme
maintenantles nouveaux cadres administratifs. La haute bourgeoisie
est donc toute acquise au gouvernement impérial. L'intérêt per-
sonnel comme la consigne stricte de tout fonctionnaire le porte à
un dévouement absolu. Mais la grande majorité de la population,
le petit peuple attaché au négoce ou à l'industrie se refuse à entrer
<c dans le système ». C'est que son libéralisme inquiet ne voit pas
sans regret l'œuvre de la Révolution détruite pièce à pièce par
ceux qui en eurent la garde. Aussi se montre-l-il singulièrement
(1) V. le recensement des votes dans le BuZiefîii des Iqîb^ an ](iil^ l. ](XVU.
LIMOGES ET LES BONNES VILLES 307
enclin à ne considérer dans le souverain que le despole. C*est
pourquoi dans les villes comme dans les campagnes (1), à demi
dépeuplées par la conscription et les levées extraordinaires, on
commémore mollement les anniversaires ; les fêtes officielles sont
célébrées avec un concours médiocre de notabilités locales. Il n*y
a pas foule, loin de là, aux Te Deum chantés dans Téglise cathé-
drale en actions de grâces des victoires remportées par» Sa Majesté »
sur « les troupes » des autres souverains. Et devant ce vide du
temple, le préfet multiplie pour le populaire les occasions de mani-
fester sa joie. Il prend soin de faire observer que « ces victoires et
la reconnaissance due au chef auguste de la nation ne doivent pas
seulement être célébrées dans les églises, mais encore par tous
les citoyens ». Pour entrer dans ces vues, un feu de joie sera
(«) Le 1^" messidor an X (20 juin 1801) le maire de Couzeix, petite
commune des environs de Limoges, écrit au préfet : a L'esprit public,
diaprés sa manifestation aux époques marquantes et Topinion sur le régime
actuel, est entremêlé d*atlaciiement ci d*indifféreace. LMndifférence est
produite par le défaut d'instruction, la graude multiplicité des occupations
rurales, l'habitude de la jouissance des bienfaits de la Révolution et par
cette propension constante de Thomme à se plaindre plus du mal qu'à se
louer du bien. L'attachement provient du souvenir des grandes choses
opérées magiquement sous le régime actuel, de sa comparaison avec les
régimes précédents capable d'inspirer de la reconnaissance aux cœurs les
plus froids. »
De son côté, le maire de Condal, autre commune voisine de LimogeSj
écrit le 7 du môme mois : a Gomme notre commune n'est composée que
de cultivateurs tout occupés des travaux ruraux, ses habitants sont assez
indifférents à la forme du gouvernement. Leur unique ambition est d'être
paisibles et de pouvoir jouir en repos du produit do leurs travaux ; c'est dans
ce principe qu'ils ont tous accueilli avec enthousiasme la proposition taitepar
le gouvernement de coniinuer le consulat de Bonaparte sa vie durant.
Dans le même principe, ils désireraient dans le gouvernement une plus
grande stabilité encore, celle que lui donnerait la successibilité. Ils
voudraient encore une grande élagalion dans le nombre des fonctionnaires
publics bien plus nombreux qu'autrefois et qui, par ce qu*ils coûtent &
l'Etat, absorbent la majeure partie des fonds de l'Etat et nécessitent la
continuation des impôts qu'ils trouvent exorbitants. Le gouvernement actuel
doit être convaincu de cette vérité, c'est qu'il sera jugé par la classe la
plus nombreuse et la plus essentielle de l'Etat comparativement à celui
plus ancien, dont il lui retrace la mémoire et que tout abus deviendrait
Tobjet de sa critique et de son mécontentement. Car le paysan est plus
clairvoyant qu'on ne pourrait le croire et raisonne plus juste que se$
lumières paraissent le supposer. »
Archives départementales de la Haute-Yîeqne, M 1703.
308 sociéré aiigb£oi.ogique et historique do limousir
allumé, à sept heures du soir, sur la place de la mairie et il y aura
bal champêtre (1).
L'opposition des habitants de Limoges se manifeste d'abord sous
la forme d'un refus des présents que leur offre le gouvernement.
Elle s'afQrme notamment à Toccasion de Tinslilution de deux grandes
foires, dites <c foires impériales » qu'un décret du 14 octobre 4805
fixait aux 1^' avril et 22 septembre de chaque année en assignant à
chacune une durée de onze jours. Déjà les marchands et les
boutiquiers s'étaient prononcés, à la presque unanimité, contre la
création dans cette ville d'une bourse de commerce qu'ils jugeaient
d'une complète inutilité (2). Il n'avait fallu rien moins que la
promesse formelle de l'ouverture d'un lycée, instamment sollicitée,
pour les faire revenir sur une appréciation mûrement délibérée.
Très vile, il fui démontré que la bourse n'avait pas sa raison d'être
et le décret consulaire du 18 mars 1802 demeura sans autre sanc-
tion que la nomination d'un courtier qui, d'ailleurs, n'exerça pas.
Or, celle fois, les pouvoirs publics s'étaient abstenus de consulter
non seulement les intéressés, mais encore leurs représentants
naturels, les officiers municipaux et le tribunal de commerce. De
là de vives controverses au travers desquelles perce l'esprit d'op-
position au régime. C'est ainsi que l'auteur des Observations sur
une lettre anonyme relative aux nouvelles foires de Limoges (3)
(f) Lettre du préfei au maire de Limoges, 14 novembre 1806 (Archives
de la Haute-Vienne, H 1091).
(2) Aux lermes de Farrôlé consulaire du 27 veniôse an X (18 mars 1802),
Téglise du collège était affectée à la tenue de la bourse. Le nombre des
courtiers de commerce pour les marchandises et le roulage ne devait pas
excéder six. Les droits de commission et de courtage devaient être perçus
d*après un tarif, conforme à Tusage local, arrêté par le tribunal de com-
merce.
Limoges possédait aussi :
Un Conseil du commerce institué au mois de fructidor an IX et composé
de dix commerçants ou fabricants;
Une Chambre consultative des manufactures, fabriques et arts et métiers,
créée par décret du I2 germinal an XII (2 avril 1804) et composée de six
in(jlustriels.
(3) Brochure in-t6 de dix-huit pages (a, L n, d,). Cet écrit, qualifié de
libelle t fut saisi le M mars 1805, sur Tordre du préfeti à raison de la
phrase suivante que ce fonctionnaire jugea diffamatoire : « Méfiez-vous de
ces hommes li imagination ardente, à volontés impérieuses, qui poursuivent
tète baissée les chimères de leur esprit ». M. Pétiniaud-Champagnac,
négociant à Limoges, se reconnut Tauteur de cette brochure et Timpri-
meur Chapoulaud déclara l'avoir tirée à 300 exemplaires. — Archives muni-
cipales dOgLimoges, D (s. n.).
UlkOélS BT LES BOlfNBS VILLES iXA
reproche au promoteur de cette création, c'est-à-dire au préfet,
d'avoir agi par surprise, à rencontre des véritables intérêts du
département et aussi contre les intentions bienfaisantes de l'em-
pereur. Les détaillants, qui redoutaient la concurrence des étala-
gistes forains, se coalisèrent étroitement sans parvenir cependant
à un autre résultat immédiat que celui d'amoindrir sensiblement
l'importance des deux foires (1).
Aussi bien, dans les comptes rendus que, dès 1802, le préfet
Texier-Olivier (2) adresse, mensuellement d'abord puis trimestrielle-
ment, au ministre de l'Intérieur sur la situation du département,
sous la rubrique « esprit public », revient sans cesse la navrante
constatation du même état flagrant et indissimulable de l'opinion :
(1) « Aux deux foires impériales qui, d'année en année, aUirent un plus
grand concours d'acheteurs et commencent à rivaliser avec celles de Tulle
et de Bordeaux, on trouve dans les magasins réunis sur la place de Saint-
Harlial destinée à ces foires, toutes sortes de marchandises de mode et de
goût en bijoux, argenterie, écaille, ivoire, etc., de jolie porcelaine, de la
quincaillerie, de la draperie et un assortiment de petits meubles et joujoux,
etc., etc. » {Calendrier... delà Sénatorerle de Limoges, 1810).
V Ces foires prendront, en dépit du commerce de celle ville qui cherche
à les faire tomber ou à en obtenir la suppression... Je n'ignore pas que ces
foires doivent nuire aux intérêts de quelques marchands détaillants, mais
je sais qu'en établissant une concurrence utile, elles font baisser les mar-
chandises et disparaître ces prix arbitraires et excessifs dont on se plaignait
généralement et favorisent par là la messe de mes administrés » (Rapport
du préfet au ministre de Tlntérieur, S mai 1808].
Les commerçants faisaient observer que leur industrie « consistait
principalement dans les voyages fréquents que les marchands de Limoges,
en gros et en détail, font à différentes époques de l'année pour aller
acheter dans les fabriques ou ports de mer qui présentent le plus
d'avantages à l'acheteur les marchandises ou denrées de toute espèce
nécessaires pour fournir aux besoins du département et de ceux qui
l'avoisinent, soit pour alimenter jusqu'aux extrémités de la France les
départements les plus éloignés qu'ils savent en être dépourvus. Par ce
moyen, Limoges sert en quelque façon d'entrepôt entre le Nord et le Midi
de l'empire. Ses marchands ne cessent de transporter du Midi au Nord et
du Nord au Midi les produits ou denrées de chaque climat en fournissant
toujours autant qu'ils peuvent les contrées intermédiaires, notamment
celles dont ils sont le plus rapprochés... » {Obseroatione..., p. 8 et 9).
La première conséquence de la création des nouvelles foires fut d'af-
faiblir rimportance de celle dite de Saint-Loup. Si bien que, dès 1808, le
préfet était d'avis de fusionner les foires du i^' avril et du %% mai,
beaucoup trop rapprochées. En 1811, il constate que les foires impériales
sont toujours en décroissance.
(i) Avait succédé à M. Pougeard-Dulimbert, le 9 mars 1802,
310 i^OClirt ARGH^LOGIQUK «t ttlStORlQUI bU
soumission résignée aux lois, absence complète d'enthousîasmet
inertie passive de tous ceux que n'aiguillonne pas le besoin de
parvenir aux honneurs.
« L'esprit public du département que j'administre — écrit le
préfet le 23 avril 1807 — est toujours le même ; on n'y rencontre
ni enthousiasme ni énergie, mais soumission aux lois, résistance
aux suggestions perfides et dévouement absolu à l'empereur (j'en
excepte les lois sur la conscription). » (1).
Et une autre fois : « J'ai déjà observé que, quoique les disposi-
lions des habitants de la Haute-Vienne fussent en faveur du
gouvernement, on n'y rencontrait cependant point d'esprit public
et que l'insouciance, l'apathie et les préjugés du plus grand nombre
y présentaient des obstacles presque invincibles. J'ai fait jusqu'ici
mille efforts, j'ai employé tous les moyens que m'offrait l'autorité
dont je suis honoré pour retremper leurs âmes sans pouvoir y
réussir (2). Ils exécutent les lois sans résistance (celles sur la
conscription exceptées), payent sans murmurer leurs contributions
et ne sortent de leur insensibilité que lorsque leurs cœurs sont
ébranlés par quelque événement frappant » (3).
Et encore : « On ne peut attendre ni énergie ni dévouement de
la plupart des habitants : lents et apathiques par caractère, ils se
passionnent difficilement, mais ils observent les lois, ils chérissent
et respectent le gouvernement et sont incapables de former ou
(4) Archives déparieroenlales de la Haule-Vienne, M 1908.
(2) Le préfei Tcxier-Olivier étail cependant un homme d'une rare énergie
à en juger par certains faits relatés dans une notice que lui cousacra le
Dictionnaire des Jacobine oioans (Hambourg, 1790).
Cétail, de plus, un administrateur d'un grand mérite. La sagesse de ses
vues et son active vigilance étaient fort appréciées en haut lieu. A maintes
reprises, il reçoit de son chef hiérarchique les marques de satisfaction les
plus flatteuses. Le 3 mars 1807, le ministre de l'Intérieur lui écrit : « Vous
avez satisfait au-delà même de ce que je pouvais espérer aux renseigne-
ments que vous m'aviez inspiré, par votre compte rendu précédent, le
désir d'avoir sur les prisonniers russes. Vous me donnez sur le produit
moyen des châtaigniers les détails que je vous avais demandés; enHn
vous m*envoyez la traduction en limousin que j*avais désirée. Et tout cela
vous l'avez tait malgré les embarras résultant d*une seconde levée de
conscrits dans un pays où la première était orageuse. Croyez. Monsieur,
que je sais apprécier le mérite de celte exactitude qui fait que, sans rien
ôtcr aux soins admiuislratifs d'une importance première et urgente, on
accorde encore aux objets secondaires mais utiles le degré d*attention
qu'ils méritent » (Archives départementales de la Haute-Vienne, M 1908).
(3) Rapport du 27 juillet i 807 (Archives départementales de la liante-
Vienne, M 1908).
LlllOGBS BT LES bONNBS VlLLfeS i\ t
même d'entrer dans aucun complot inquiétant pour l'Etat » (1).
Le 9 mai 1811, le préfet écrit encore : « Des qualités aussi
précieuses sont affaiblies par leur résistance aux lois sur la cons-
cription : ils pnt une répugnance presque invincible pour le métier
des armes et finissent cependant par devenir d'excellents soldats.
Instructions, proclamations, mesures de rigueur, j'ai tout employé
pour vaincre cette répugnance sans pouvoir y réussir. J'ai la preuve
qu'on ne peut rien obtenir ici que par la terreur. Les désertions
sont moins nombreuses que les années précédentes, mais l'esprit
d'opposition a conservé toute son intensité. Il faut s'armer de toute
la sévérité de la loi pour les détacher du sol ingrat qui les a vu
naître et qui ne leur offre qu'une nourriture grossière et l'existence
la plus pénible. »
0 Ils finissent par devenir d'excellents soldats ! » Hé sans doute !
et voici pourquoi, trois ans plus tard, quand, devant l'invasion, le
gouvernement, au nom de la patrie en péril, adressera une suprême
invitation à tous les militaires retraités de la garde impériale en
état de reprendre momentanément les armes, le préfet de la Haute-
Vienne pourra écrire : v Si nul n'a répondu à mon appel, c'est que
les soldats de celte catégorie ayant quitté l'armée sont ici eu très
petit nombre et tous grièvement blessés » (2).
Enfin, dernière citation extraite d'un rapport du 6 mai 1813 :
« Il est peu de départements où l'esprit public ait moins d'énergie ;
mais il n'en est peut-être point où il soit plus stable.... L'exaltation
de l'imagination brûlante du peuple du Midi semble s'être arrêtée
sur les confins du département ; mais aussi les écarts de cette
imagination y sont inconnus et si le peuple y est moins enthousiaste,
il y est aussi plus difficile à séduire : s'il y est moins démonstratif, il
y est plus vrai. Le cœur et la raison sont ses seuls guides o (3).
La vérité est que la fréquence des mouvements et l'intensité des
secousses imprimées par la Révolution avaient jeté le peuple dans
un état d'insensibilité qui se prolongea longtemps après la crise et
duquel il n'était réveillé que par des objets le touchant de très près,
tels que les impôts et la conscription.
Or, à quoi eut servi que le nom du souverain fût prononcé avec
respect, que le peuple, dissimulant son aversion ou son indiffé-
rence, demeurât prosterné dans Tobéissance, s'il restait absent de
cœur, inassimilable et dans l'attitude passivement gênée d'un étran-
(I) Rapport du 2 mai 4808 (Archives départemeniales de la Haute'
Vienne, M 1908).
(9) Archives départemeniales de la Haute- Vienne, M 4796.
(3] Archives départementales de la Haute-Vienne, M. 1908.
k\i SOGIÉTft ARCkiolOGlQÙR It lilSTÔRl^bl bU LlHOÛStM
ger simplement domicilié ? Non, il fallait qu'il prit réellement con-
fiance dans le régime et que cette confiance se traduisit par des
actes matériels, perceptibles et immédiats.
Selon l'expression de M. Taine, le préfet est à la fois un décor
et un outil. Comme décor, il doit avoir le goût de la forme, excel-
ler dans l'art de la représentation. C'est sa fonction et son devoir
d'embellir de sa présence non seulement les grandes cérémonies
publiques, mais encore toute assemblée de citoyens. Ce sont là les
intermèdes sérieux, le souci constant de sa vie administrative.
Comme rouage, le préfet est l'un des organes d'impulsion du sou-
verain. Sous peine de laisser soupçonner une imperfection dans le
moteur principal, duquel il reçoit la pression quotidienne, il doit
remplir son office, non seulement avec zèle, mais avec succès. Son
rôle ne consiste pas uniquement à lever des impôts el à faire mar-
cher des réfractaires. Il a une mission de propagande et d'assimi-
lation. Rien ne doit échapper à sa connaissance ou se dérober à sa
direction. Il est comptable des opinions des ses administrés comme
de leurs actes, de leur tiédeur ou de leur froideur. Â lui de
réchauffer leur zèle politique par l'exemple de son ardeur, d'exal-
ter leur fidélité par d'entraînantes allocutions. Instrument de règne,
il lui faut produire des résultats positifs. Il faut que ses efforts el
sa réussite soient visibles. Or, il n'y a pas à dire, en Haute- Vienne,
le cerveau populaire demeure obstinément réfraclaire au redresse-
ment qu'on veut lui imposer.
Cet insuccès persistant est susceptible de jeter la défaveur sur le
thuriféraire le plus expansif. Le préfet Ta bien compris et c'est
pourquoi il s'applique à fixer les influences indéterminées qui agis-
sent sur les populations de son déparlemeol. Cette explicalion, il
la doit et il la donne ; car il croit l'avoir trouvée dans la triple
cause que voici, qu'il énonce avec une remarquable assurance
sinon avec une pleine conviction : ignorance des habitants, gros-
sièreté de la nourriture servant à leur consommation, absence de
boissons fermentées dans l'alimentation publique (1). .
Au point où en sont venues les choses, c'est à peine si la curiosité
du populaire est mise en éveil par le passage des hôtes de marque,
brillants reflets de sa gloire, que projette un peu partout l'astre
impérial. Un fils du général Souham naît à Saint-Germain-les-
Belles, où la famille possède des propriétés. L'empereur ayant
accordé au père la faveur insigne de faire tenir en son nom Tenfant
sur les fonts du baptême parle préfet Texier-Olivier, l'église cathé-
(f) Rapport du 97 juillet 1807. (Archives départementales de la Haule-
Vienue, M 1908.)
tiMÔOBI tt LKS BONKES VILLES 3l3
drale de Limoges est choisie pour la cérémonie. Celle-ci, présidée
parFévêque, a lieu le 10 février 1808, en grand apparat. Tout ce
que la ville compte de fonctionnaires et d'autorités, la garde natio-
nale, des détachements des différents corps militaires, les élèves du
lycée font escorte à M"' Souham et à son enfant à travers les rues.
Le soir, un diner de quarante couverts et un bal à la préfecture ter-
minent cette fête quasi officielle. Au milieu des acclamations, des
toasts et des discours, il n'est pas difficile de découvrir l'invariable
calcul d'un pouvoir qui rapportait tout à lui-même (1).
La naissance du roi de Rome allait porter au comble l'enthou-
siasme du monde officiel. Fixé d'abord au 2 juin 1811, le baptême
de l'Aiglon fut remis au 9 du môme mois. Une lettre circulaire du
ministre de l'Intérieur du 17 avril annonçait qu'à celte occasion Sa
Majesté recevrait avec bonté les maires des Bonnes Villes qui se
rendraient à Paris accompagnés de délégués des conseils munici-
paux. Il leur serait alloué, sur les fonds de l'Etat, ua crédit suffi-
sant pour subvenir aux frais de leur voyage, pour les mettre à
même de paraître d'une manière convenable à la cérémonie et pour
donner à leurs gens une livrée aux armeç de la ville. Au cas où ces
armes n'auraient pas encore été réglées, il était expliqué que la
livrée serait analogue à celle que la ville avait autrefois.
Ce. fut un coup affreux pour la sensibilité des officiers munici-
paux de Limoges. Ils se remémorèrent l'insuccès de leurs démar-
ches et comprirent qu'il ne servirait à rien d'agiter à nouveau dans
le vide le stérile souvenir d'un passé qui ne fut pas sans grandeur.
Aussi, « informés que beaucoup de communes, à l'iostar des
bonnes villes, ont voté des députations pour assister à ces céré-
monies augustes », ils volent, à leur tour, dans la séance du lo mai,
une adresse à l'empereur et désignent quatre des leurs pour porter
aux pieds du trône les hommages de la commune. Leurs délégués
sont : MM. Joseph-François Noualhier, maire ; Guillaume Uuérin-
Lésé, avocat, notaire et adjoint; Jean-Baptiste-Paul Bourdeau-
Lajudie et François Pouyat, négociaots et membres du conseil
municipal. De plus, ils chargent leurs dt^putés de taire l'acquisition
d'un buste de Napoléon pour le placer dans la salle des séances de
la municipalité.
(1) Supplément au Journal de la Haute-Vienne du U février 1808.
C'est une circonslance analogue qui, deux ans plus tard, conduisait à
Limoges le maréchal Augereau et la duchesse de Casliglione. Nous les
voyons, le 16 juillet 1810, tenir sur les fonts baptismaux, dans Téglise
cathédrale, un tils de M. Michelon du Masbareau, inspecteur des droits
réunis*
Si4 SOGléri ARÔH^OLÔGIQUI ET ÉtSTOkfQnk DiJ tlttOUSUf
L^administralion trouva bon de faire coïncider l'érection de ce
buste avec le baptême du prince impérial. La journée du 6 juin fut
donc une journée d'allégresse. « Dès le malin — dit le compte
rendu officiel — les places publiques devinrent le thé&tre de la joie
commune; des orchestres invitaient à la danse; des fontaines de
vin coulaient; le plaisir réunissait tous les états, rapprochait tous
les rangs ». Cinq jeunes filles furent mariées avec d'anciens mili-
taires et reçurent chacune 600 francs de dot. A midi, Te Deum à la
cathédrale ; après quoi, inauguration à la mairie du buste de Tem-
pereur. Le préfet et le commandant de la garde nationale déposèrent
Tun une couronne de chêne, l'autre une couronne de laurier. Le
soir, dans la ville brillamment illuminée, on remarquait des trans-
parents figurant des sujets allégoriques fort ingénieux tels que
l'union du Tibre et de la Seine, etc. Devant ces exhibitions et ces
parades, les gens bien pensants applaudissent et exultent; les
esprits pointilleux, les simples contribuables, ont le mauvais goût
de regretter l'argent parti en fumée.
Deux ans se sont écoulés depuis lors. L'astre impérial, qui a vu
son apogée après Friedland, est maintenant à son déclin. De la
vertigineuse élévation, des gigantesques entreprises de celui qui,
un instant, fut le maître du monde, que restera-t-il bientôt? Un
ample sujet de rédexions sur rinslabililé du pouvoir qui n'a d'autre
base que le prestige de la gloire et que la force pour appui, de
salutaires enseignements sur les limites imposées à la toute puis-
sance par la nature môme des choses. Après les gloires du triom-
phe, les humiliations de la défaite. L'empereur connaît déjà les
soudains retours de la fortune lassée. Dès le mois de septembre
4813, des nouvelles inquiétantes parviennent de l'armée d'Espagne;
les mouvements rétrogrades de plusieurs corps de l'armée du Nord
ajoutent à l'anxiété générale, puis les revers et les désastrent se
succèdent avec rapidité.
Les populations eurent cruellement à souffrir de cet état de
choses : levées extraordinaires de troupes, formations de cohortes
destinées à remplacer ou à seconder les garnisons de l'intérieur,
réquisitions de chevaux, de bœufs, de mulets, exigeant de fortes
avances, augmentation des inppôts dans la proportion d'un tiers :
tels furent les sacrifices réclamés pour l'effort suprême.
Dans la Haute- Vienne, les levées s'opérèrent sans résistance ni
murmures; les avances furent faites avec autant de confiance que
de célérité et la prestation en argent versée avec le plus louable
empressement. D'après un relevé officiel dressé au mois d'avril
iSHy les réquisitions de toute nature en subsistances, fournitures
d'équipement et les contingents en deniers fournis par ce départe-
tittOGKS tt tIS BONNES VlLLtft àl$
ment pendant six mois s'élevèrent à 670,154 fr. 44 c. (1). Durant ce
temps, Tordre et la sécurité publique ne furent pas un seul instant
troublés. Point de fermentation dans les esprits, mais une concep-
tion très nelte de la tAche héroïque à accomplir. Les citoyens res-
tèrent ce qu'ils s'étaient toujours montrés, pleins de fermeté et de
soumission.
Cependant, à partir du 28 janvier 1814, les progrès menaçants
des alliés s'accentuent au point que la situation apparaît déses-
pérée. L'indomptable énergie de l'empereur rappelle la fortune
infidèle, une série de victoires ranime Tespérance, puis, de nou-
veau, le sort des armes se tourne conlre lui; les événements le
trahissent, le hasard se fait le complice de ses adversaires. Et
maintenant, c'est l'invasion 1 De tous côtés, les conquérants du
monde se replient devant les troupes de la coalition. Gomme les
soldats de l'an III, ils vont pieds nus, en plein hiver. Leurs chaus-
sures sont usées. Si longue fut la route ! Les 3 et 5 février, les
hommes de la 9* division d'infanterie de l'armée d'Espagne sont
de passage à Limoges. Un accueil chaleureux leur est fait. On
s'aperçoit qu'ils manquent de souliers. Que faire? La ville a livré
aux réquisitions toutes ses réserves. La municipalité envoie alors
dans les campagnes voisines où l'on parvient à réunir six cents
paires qui sont offertes à la colonne. Bien inutilement, on le voit,
le ministre de l'Intérieur avait, le 26 janvier, indiqué les formes de
la réception dans les villes des troupes allant combattre l'ennemi.
« A la différence de beaucoup d'autres — lui fut-il répondu — les
départements de la 21' division militaire sont héréditairement
étrangers à tout enthousiasme ; ils sentent profondément les mal-
heurs des circonstances et les devoirs qu'elles leur imposent. Jus-
qu'à présent, ils y ont satisfait avec résignation et une religieuse
fidélité » (2). .
Pendant que les événements se précipitent, les mécontents et les
royalistes répandent des nouvelles alarmantes et des écrits perfides.
Des fonctionnaires se font leurs complices en ne dissimulant plus
leur découragement et en affichant leur inertie. D'autres, qui sen-
tent le sol trembler et pensent au lendemain, éludent les ordres
reçus par désir de ne pas se compromettre. Il en est qui ne se font
pas scrupule d'assister à des conciliabules. Ceux-ci sont fréquents
et parfois inopinés.
Le 9 février, M. de Roulhac, procureur général près la cour
impériale de Limoges, est à dîner, en compagnie du cardinal
(1) Archives départementales de la Haate-Vienne, M 1908.
(2) Lettre du comte de Semonvilie du <••• fiivrier <814. (Archives dépar-
tcmentaUs de la Haaie- Vienne, M 1796.)
316 SOClÉTi ARGtiéOLOGlQUB Et UrstORlOVB DU LlltOUSm
Gabrieli et de quelques personnes de la ville, chez son ancien
collègue aux Etats-Généraux, Tabbé Guingand de Saint-Mathieu,
curé de Saint-Pierre-du-Queyroix. Pendant le repas, on annonce
un prince de Rohan. Un étranger, jeune encore, est introduit; il
va droit au cardinal et Tembrasse, puis au curé qu'il embrasse
aussi. On Tinvite à s'asseoir. Il raconte qu'il est émigré, officier au
service du roi de Prusse et qu'il appartient à un corps de troupe
opérant dans le Midi. Puis la conversation s'engage sur un sujet
que Ton devine. Le lendemain, le procureur général raconte à
l'oreille du préfet l'aventure de la veille. Le préfet, qui manque
peut-être de clairvoyance, contraint M. de Roulhac à lui répéter
par écrit sa confidence, après quoi il fait arrêter l'étranger. Celui-ci
déclare être gentilhomme breton, se nommer dlmbert et être appa-
renté aux Rohan. Il rétracte ou nie même quelques-uns de ses propos
de la veille et, comme il a emprunté quelque argent, on convient
que Ton a eu affaire à un escroc. L'individu est retenu en prison,
mais, un mois plus lard, l'un des premiers soins du gouvernement
royal est d'ordonner sa mise en liberté immédiate. Beaucoup mieux
averti qu'il n'avait voulu le paraître, le préfet n'a pas attendu cet
ordre et il reste bien établi que le prétendu d'Imbert était un émis-
saire du parti royaliste (i).
(1) Archives déparlementales delà Haute-Vienne, M 4880.
Je ne saurais passer sous silence « un complot aussi vaste dans ses com-
binaisons que falal dans ses conséquences » — au dire du préfet de la
Haule-Vienne — qui menaça ce départemeul. Ce projet consistait à faire
arriver à Limoges, à une heure après minuit, le 90 mars, les divers déta-
chements de prisonniers de guerre stationnés dans le département et à les
réunir à ceux qui se trouvaient au chef-lieu. Les conjurés devaient alors
s'emparer des autorités et des caisses publiques, désarmer la cohorte
urbaine, la compagnie de réserve et la gendarmerie, organiser six batail
Ions d'infanterie et cinq cents hommes de cavalerie en s'emparant des
armes, des effets d'habillement et des munitions et, avec cette force,
occuper militairement tout le département de la Haute-Vienne, le piller
et le livrer ensuite aux Anglais. « Heureusement, conclut le préfet dans
une proclamation à ses administrés, le complot a été découvert dans la
soirée du 17 ».
Tous les conjurés étaient des officiers appartenant au corps espagnol
désarmé à Bayonne et interné dans le Centre. Six d*entre eux furent tra-
duits, par ordre du commissaire extraordinaire, devant une commission
militaire siégeant à Bourges. Quant aux ofGciers appartenant à d'antres
nationalités, on comptait les entraîner au moment de Texécution.
C'est rimpossibilité où Ton se trouvait de payer la solde des troupes
autrefois attachées au roi Joseph et qui séjournèrent longtemps dans la
Haute-Vienne, qui avait provoqué cette menace d'insurrection. En mai
suivant, il leur était dû de 1X0 à 140.000 francs. (Archives départementales
de la Haute-Vienne, M 1796).
LIMOGES ET LES BONNES VILLES 317
Avec sa profonde connaissance du cœur humain, Tempereur ne
se faisait pas illusion sur le parli qu'adopleraienl la plupart de ses
fonctionnaires dès qu'il serait tombé. L'attitude prise, au mois de
décembre 1813, par le Corps législatif, eut suffi, d'ailleurs, pour
rédifier à cet égard. Il jugea que la plupart de ces hommes qu'il
avait comblés de ses faveurs et de ses bienfaits lui resteraient
fidèles jusqu'à sa chute inclusivement et que beaucoup n'atten-
draient même pas celte échéance. Reprenant alors une tradition du
Consulat, qui lui-même s'était inspiré de la Convention, il institua,
par décret du 28 décembre, des commissaires extraordinaires qu'il
dépêcha dans les départements. Leur mission de surveillance était
dissimulée sous cette formule : « Ils seront chargés non des détails
de l'administration, mais de s'assurer que les résultats s'obtien-
nent » (4).
Le 2 avril, le préfet de la Haute-Vienne constate que, malgré les
nouvelles alarmantes, le dévouement de ses administrés ne s'est
pas ralenti; toutes les réquisitions sont remplies avec une entière
résignation. Pourtant, il croit s'apercevoir que le courage des
citoyens se lasse ; les impôts directs se paient avec plus de lenteur ;
quelques propos commencent à circuler contre les taxes indirectes,
quelques tentalives de résistance ont même déjà eu lieu (2).
Ce fut par son collègue Pougeard-Dulimbert, devenu préfet de
l'Allier, que M. Texier-Olivier reçut, le 4 avril, le bulletin des
armées qui n'avait pu paraître au Moniteur et qui annonçait l'occu-
pation de la capitale par les troupes alliées. <( Je remplis près de
vous, mon cher collègue, une bien douloureuse mission. L'empe-
reur et l'honneur nous restent, rien n'est désespéré », — écrit
M. Pougeard-Dulimbert qui a la foi robuste (3).
(1) Circulaire du ministre de Tlntérieur aux préfets, S9 décembre 1813.
Un commissaire impérial extraordinaire était attribué à chaque division
militaire.
La S1« division^ dont le chef-lieu était à Bourges, comprenait les dépar-
tements du Cher, de l'Indre, de l'Allier, de la Creuse, de la Nièvre et de
la Haute-Vienne.
Le comte de Semonville, conseiller d'Etat, nommé le S8 décembre 4813,
fut le premier commisssiire extraordinaire pour la 21* division. La Restau-
ration s'empara de cette création comme de bien d'autres et envoya, le
3 mai 4814, le comte Otto de Mosloy, conseiller d'Etat, comme commis-
saire royal. Il fut remplacé, durant les Cent-Jours, par le baron Marchand,
également conseiller d*Etat.
(i) Rapport au ministre de l'Intérieur. (Archives départementales de la
Haute-Vienne, M 1796.)
(3) Archives départementales de la Haute-Vienne, M 1796.
318 SOClÉTi ARCHiOLOGlQUB IT fllSTORlQUR DU LIMOUSIN
Le 11, à dix heures du soir, le Bulletin des lois, renfermant ]es
actes du Sénat relatifs à la déchéance de Napoléon et à réiévation
au trône de France du comte de Provence, parvint à Limoges. Ces
actes furent portés en pleine nuit à la connaissance de la popula-
tion et publiés ensuite, le lendemain, au bruit des cloches et du
canon. Quelques cris de « Vive le roi I Vive Louis XVIII ! » se firent
entendre. Dans la nuit du 13 et la journée du 14, le peuple, prenant
prétexte de cette phrase que le comte d*Artois jetait aux popula-
tions accourues pour saluer son passage : ce Vous n'aurez plus à
craindre la guerre, la conscription, Todieux impôt des droits
réunis », renversa les enseignes de plusieurs bureaux de cette
perception et se porta à des voies de fait sur les préposés. Les
mêmes scëne&avaient eu lieu, quelques jours auparavant, à Saint-
Yrieix et à Saint-Junien (1).
Dans la journée du 14, après la publication solennelle des actes
du gouvernement provisoire, on put voir flotter le drapeau blanc
sur la préfecture. Le 18, en exécution d'ordres supérieurs, le préfet
prenait un arrêté pour ordonner la destruction immédiate de tous
chiffres, emblèmes et armoiries caractérisant le gouvernement de
Bonaparte.
(1) Le 44 avril au matin, quelques marchands de vin entrent à Limoges
sans faire de déclaration ei sans payer les droits. Ou les fait rechercher :
ils allèguent qu*on n*a rien exigé d'eux sur toute leur route, qu'ils étaient
dans la persuasion qu'il en serait de môme à Limoges et quMs eut
vendu leur vin eo conséquence. D'autres marchands arrivent; on veut
exiger d'eux les droits habituels ; instruits de ce qui s'était passé, ils refu-
sent. Le peuple s'en mêle, on crie haro sur les préposés; la foule grossit,
se porte chez le directeur et chez le receveur principal, brise les glaces, les
meubles, enlève les registres et les brûle. Quand la cohorte urbaine arrive,
il ne lui reste plus qu'à dissiper la foule.
Le lendemain 45, on peut craindre à tout instant une nouvelle insurrec-
tion. Les bouchers refusent formellement d'acquitter toute espèce de
droits, soit d'octroi, soit de régie. Une proclamation que le préfet fait affi-
cher est de suite lacérée. Le maire mande quatre notables de la corpora-
tion : aucun ne se présente. Une plainte est alors adressée au procureur
général et rcffcrvescence parait se calmer. Le 30 avril, le préfet constate
qu à la suite des violences exercées sur eux, les employés supérieurs des
droits réunis, craignant pour leur vie et celle de leurs employés, ont sus-
pendu toute perception. Le 2 mai, les bouchers tentent de forcer les
portes de la prison pour en arracher deux des leurs arrêtés pour rébellion
à l'autorité.
L'exemple de Bordeaux, Périgueux, Cahors et autres villes du Midi, avec
lesquelles ils étaient en relations journalières de commerce, et où les
impôts indirects étaient suspendus, avait provoqué la résistance des habi-
tants de Limoges. (Archives départementales de la flaute-Yienne« M 4880},
LIHOSRS ET LIS BONNES VILLES 319
Au lieu de suivre la mauvaise fortune de l'empereur, aussitôt
celui-ci déchu, M. Texier-Olivier s'efforça de dégager sa cause de
celle de sou ancien souverain et... d'un pied agile, il pirouetta les-
tement. Dès le H avril, il avait envoyé son adhésion écrite aux
actes du nouveau gouvernement; le S mai, il signera une adresse
au roi et, deux jours après, quand sa coopération sera sollicitée
par le commissaire royal comte Otto de Mosloy, il n'hésitera pas
à lui répondre : « Je vous prie de croire que vous trouverez en moi
zèle et activité pour toutes les mesures qu'il vous plaira d'ordonner
et dévouement entier au service de Sa Majesté Louis XVIll » (4).
Et il termine en lui offrant un logement à la préfecture. Âh I croyez
qu'il lui en coûta et que seul l'intérêt supérieur du maintien de
l'ordre public inspira sa détermination.
Cet empressement à se rattacher à un gouvernement élevé sur
les ruines de celui qu'il avait si longtemps servi fut tenu pour ver-
satilité et valut à M. Texier-Olivier plus d'une avanie. Des malveil-
lants entreprirent de le déconsidérer : propos injurieux, pamphlets,
chansons, tout fut mis en œuvre dans ce but. Des scènes scanda-
leuses se produisirent : il fut bafoué en plein théâtre et l'injure fut
telle qu'il se vil contraint de se retirer sous les sarcasmes de toute
la salle. Ils ont crié : « Â bas les tyrans des provinces! A bas la
queue du Corse 1 » déclara-t il au ministre dans un rapport lar-
moyant. Après quoi, homme d'esprit, il prit le seul parti qui conve-
nait à sa position : il se tut et s'abstint de sévir (2).
Dans sa séance du 4 mai, le conseil municipal de Limoges, resté
en fonctions, comme d'ailleurs tous les corps administratifs et
autres, vote une adresse au roi et nomme une députation chargée
de la présenter au nom de la ville. Conduite par le maire, M. Noual-
hier, chevalier de l'Empire, cette députation, qui partit le 7, était
composée de MM. Talandier, avocat général et conseiller municipal;
Guérin, aîné, conseiller de préfecture, et Mousnier-Buisson, bâton-
nier de l'ordre des avocats, ces derniers anciens membres du
même conseil.
A raison des incidents tumultueux relatés ci-dessus et dans les-
quels le préfet était directement visé, le commissaire extraordi-
(1) Archives déparlementales de la Haute-Vienne, M 4796.
(2) Le 18 mai, S. A. S. M"^^ la duchesse de Bourbon arrive incognito à
Limoges; informé de son passage, le préfet se rend aussitôt à l*hôtcl Péri-
gord pour lui rendre ses hommages. Au moment où il traverse la foule
groupée devant Thôtel, il est encore accueilli par des cris et d'.s lazzis,
d'où ane dispute entre les manifestants et les partisans du préfet. Celui-ci
en est réduit à se plaindre au commissaire royal ej^traord inaire. (Archives
de la Haute-Vieune, M 1796}.
3S0 BOaili ARCflÉOLOGIQUE ET BISTORIQOI DU LIMODSIIf
naire du roi, à son arrivée à Limoges le 2 juin, descendil à Tévéché
et non à la préfecture. Le 6, le comte Otto lança une proclamation
« aux Français de la 21* division militaire »i pour leur annoncer la
conclusion de la paix(l). Ce fut encore le préfet qui, accompagné
du maréchal de camp Chauvel, commandant le département, et des
autorités civiles et militaires à cheval, publia cette proclamation
aux carrefours de la ville. Tant de loyalisme de sa part ne fut pas
apprécié en haut lieu : le iO juin, M. Texier-Olivier était remplacé
par le comte de Brosses, qui fut installé le 3 juillet.
G*est ce dernier qui, le 3 août au soir, reçut le duc d'Angouléme
venant de Bordeaux et se dirigeant sur Paris. Le prince fut accueilli
fort courtoisement et avec tous les honneurs dus à son rang. Cepen-
dant, son passage avait été annoncé pour le 28 juillet; les prépa-
ratifs furent renouvelés, mais ce retard de quelques jours avait
suffi pour « éteindre dans les âmes tiëdes l'enthousiasme dont
S. A. R. eut été frappée à son arrivée » (â). Serait il donc vrai que
Tenlhousiasme est un plat qui doit être servi chaud et qui ne vaut
plus rien dès qu'on le laisse refroidir ?
Pourtant le prince avait fait une ample distribution de la déco-
ration du Lis créée par le comte d'Artois. Sa générosité s'était
étendue à tous les fonctionnaires môme d'un ordre inférieur, aux
officiers de la garde nationale, aux juges de paix, etc. El Ton avait
vu chacun accepter ou môme solliciter cette distinction comme une
sauvegarde pour sa position (3).
La réception du duc d'Angoulôme donna lieu à des incidents
qu'il convient de rappeler, parce qu'ils purent aliéner, dans une
certaine mesure, les sympathies du prince (4) et, par suite, inQuer
fâcheusement sur le résultat des démarches que la ville eoflreprit
pour obtenir des Bourbons des lettres d'anoblissement.
A peine le duc était il arrivé à l'entrée de la ville et au moment
où il était harangué par le maire, des cris répétés de : A bas lou
(1) Le placard de cette proclamation porte une en-tête aux armes royales
et fut imprimé par L. Barboo, qui prit à cette occasioa le litre de v ancien
imprimeur du roi ».
(S) Archives départementales de la Haute-Vienne, M 30.
(3) Une longue liste de fonctionnaires fat dressée et approuvée par le
comte de Damas, secrétaire des commandements du prince. Le préfet fut
chargé, parla suite, de délivrer tes autorisations. Elles étaient établies sur
papier avec en-iéte aux armes royales et libellées comme suit : Son AUetse
royale Monseigneur le duc d'Angouléme autorise M à porter la déco-
ration du Lie, — Limogée, le 18 Î4. — Le préfet de la Haute-Vienne,
(4) On a la note de ce que coûtèrent les repas qui lui furent servis à la
préfecture et la liste des vins qui figurèrent sur sa table.
LIMOGES ET LES BONNBS VILLBS 32)
rats ! retentirent à ses oreilles. Dans la crainte quMls fussent inter-
prétés comme séditieux et peut-être traduits par : A bas le voit le
maire se hâta d'expliquer qu'il s'agissait d'une manifestation de
quelques membres de la corporation des bouchers contre la per-
ception des impôts indirects. Le prince, rassuré, daigna sourire.
« Cette étincelle de sédition — est-il dit dans un rapport — a été
facilement étouffée par le bon esprit du reste des habitants et n'a
produit d'autre effet que de provoquer la surveillance de l'autorité
publique sur quelques factieux obscurs qui se sont signalés eux-
mêmes » (1).
Il me reste à enregistrer un fait de plus haute gravité. Dès que
le passage du duc d'AngouIéme eut été anmmcé, les magistrats de
la cour d'appel de Limoges décidèrent d'aller en corps lui présen-
ter leurs hommages. Or, parmi les conseillers se trouvait M. Brival,
ancien député de la Gorrèze à la Convention, qui, dans le procès
de Louis XVI, avait opiné pour la peine de mort. S'aulorisant de ce
que la nouvelle charte constitutionnelle, qui avait traduit en style
légal les promesses réitérées du frère du dernier roi, interdisait la
recherche des opinions et des votes émis jusqu'à la Restauration, il
déclara vouloir se joindre à ses collègues. Ceux-ci s'émurent de son
projet et le Premier Président, qui avait naguère tenté de l'amener
à se démettre de sa charge, chercha à le dissuader tout au moins de
paraître devant le prince. Ce fut en vain. On vit alors la cour,
toutes chambres assemblées, faire comparaître M. Brival devant
elle, lui représenter que l'oubli du passé ne pouvait autoriser un
manquement aux convenances et finalement, après avoir entendu
ses explications, lui intimer formellement Tordre de s'abstenir.
L'ex-conventionnel se conforma-t-il à cette injonction, comme
il semblait s'y être engagé devant l'avis unanime de ses collègues?
D'aucuns affirment qu'il passa outre et qu'il parut devant le duc
d'Angouléme. Cette détermination aurait, dit-on, provoqué une
scène d'une violence extrême. La voix du sang — ou peut-être seu-
lement la raison d'Etat — aurait porté le prince à faire chasser le
régicide de sa présence par des laquais. De cette scène, il n'est
resté aucune trace dans la correspondance officielle relative à la
visite du duc d'Angouléme, ce qui, à vrai dire, n'est pas un motif
suffisant de la tenir pour invraisemblable. Car, alors, il resterait à
rechercher pourquoi, treize jours plus tard (16 août), Brival était
dépossédé de son siège.
Le 6 octobre, a lieu l'installation de la nouvelle municipalité de
Limoges, nommée par le roi et à la tête de laquelle est placé le
(1) Archives départementales de la Haute-Vienne, M iZ%,
dâ2 SOCIÉTÉ ARGBÉOLOOIQVX ET IISTORIQUI BU LlMOVSIIf
comte de Villelume, ainsi que la prestation de serment de plusieurs
fonctionnaires de la préfecture. Cette double cérémonie, présidée
par le préfet, a lieu dans la grande salle de Thôtel de ville. Des
discours sont prononcés et un orchestre d*amateurs fait entendre
des airs de circonstance.
Le même conseil général qui, depuis si longtemps, ouvrait ses
sessions par une prestation de serment à l'empereur, tient séance
du 20 au 25 octobre. Dès le premier jour, il vote une adres.se au
roi : (c Sire, le conseil général du département de la Haute- Vienne
se félicite d'ouvrir sa session sous les heureux auspices d'un gou-
vernement paternel. La vie et les biens des Français ne seront
plus le jouet d*un conquérant ambitieux... Le dernier terme a été
posé et Tarbitraire a disparu. Sire, vous avez sauvé la France sur
le penchant de sa ruine. Votre haute sagesse lui rendra son anti-
que splendeur et toute sa prospérité... » Remplacez « gouverne-
ment paternel » par « règne glorieux » et « antique splendeur »
par « puissante protection de Taigle », vous aurez le texte de Tune
de ces adresses de félicitations, de correcte banalité, qui avaient
exprimé périodiquement les sentiments d*une invariable fidélité à
l'empereur. C'est toujours même esprit et même style.
Avait-il été question, au cours de la visite du duc d'Àngouléme
ou encore dans l'audience accordée par le roi à la délégation limou-
sine, de l'espoir que nourrissait la municipalité d'obtenir du nou-
veau gouvernement le litre que la ville avait vainement sollicité de
l'Empire? Bien que cela soit vraisemblable, je ne saurais en fournir
la preuve et les causes qui provoquèrent la lettre qu'on va lire me
sont restées inconnues.
u Limoges, le 22 novembre 1814.
» Le SouS'Préfet de VarroMissement communal de Limoges,
» A Monsieur le Maire de Limoges.
» Monsieur,
» Un décret du 3 messidor an 12 a désigné les villes dont les
maires doivent, aux termes de l'article 57 du sénatus-consulte du
28 floréal précédent, assister au couronnement du souverain. Ces
villes ont été, par ces mesures, classées an nombre des bonnes
villes du royaume. Depuis, quelques autres ont obtenu la même
faveur.
» S. E. le Ministre de l'Inlérieur désire savoir si la ville de
Limoges, qui n'a point été comprise au nombre des bonnes villes
par le décret du 3 messidor an 12, l'aurait été par quelque décret
postérieur ou si, à une époque antérieure à 1789, elle aurait joui
des prérogatives attachées à cette qualité. Dans ce cas, veuillez, je
LIMOGES BT LU BONNES YILLB8 3âd
VOUS prie, joindre à voire réponse une copie des actes ou titres qui
auraient accordé cette faveur à la ville de Limoges.
» S. £. le Ministre de rinlérieur désire être promptemept fixé à
cet égard.
» Agréez, Monsieur le Maire, l'assurance des sentiments d'atta-
chement et de considération avec lesquels j'ai l'honneur d'être
» Votre très humble serviteur.
)> Signé : GuÉmn aine »(i).
La réponse de la municipalité ne se fit pas attendre. Elle consista
dans la remise du mémoire suivant :
Réclamation de la ville de Limoges pour être comprise au nombre
des Bonnes Villes du royaume,
» Avant 1790, la ville de Limoges ne jouissait point du titre et
des privilèges des bonnes villes du royaume quoique, sous plusieurs
rapports, cette faveur eût dû lui être accordée.
» Après les séuatus-consulle du 28 floréal et décret du 3 messidor
an 12, elle forma une demande tendante à obtenir ce privilège,
auquel elle ajoutera maintenant beaucoup plus de prix si elle le
reçoit de la bienveillance et de la bouté du souverain légitime qui
esl aussi heureusement venu réparer les maux de la France et
rétablir sa véritable gloire.
» Le 12 juillet 1810, le conseil général de la commune prit une
délibération pour solliciter le titre précieux de bonne ville. Ce vœu
fut porté au gouvernement d'alors qui parut disposé à l'accueillir
suivant l'avis que donna au maire le ministre secrétaire d'Etat par
sa lettre du 18 septembre 1811. La demande et les pièces à Tappuy
doivent se trouver au ministère de l'Intérieur, où elles avaient été
envoyées et déposées.
fc Aujourd'huy, les droits et les titres delà ville sont les mêmes ;
elle ne peut qu'y ajouter son amour, son dévouement à l'auguste
famille des Bourbons et le bonheur inappréciable de tenir d'un
monarque vénéré et adoré le titre glorieux qu'elle sollicite aujour-
d'huy avec bien plus d'empressemenL
» Le Limousin ayant pour capitale Limoges, qui l'est aujourd'huy
du département de la Haute-Vienne, était anciennement très consi-
dérable par sa population. Il fournit dix mille combattans contre
César. Devenu province romaine, Limoges sa capitale fut embelli
et agrandi par des édifices majestueux : temples, capitoles, palais,
(1} Archives munioip^les 4e Limogea, 0 (&, d.),
dS4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB ET HI8T0R100B ÛD LIMOUSIN
amphilhéâlre, prétoire, grandes roules, aqueducs, tout fut employé
pour annoncer la magnanimité de ses gouvernans et Tindustrieuse
activité de ses habitans.
» Les proconsuls romains y fixèrent leur séjour pendant 120 ans.
A celle époque, saint Martial, apôtre d'Aquitaine, y apporta la foi
chrétienne dont la pureté a été maintenue et constamment pro-
pagée.
» Limoges fut le centre de la correspondance et de la recette
générale des Gaules. Cinq siècles de prospérité et de gloire ne la
sauvèrent pas de Tirruption et de la fureur dévastatrice des Goths.
Clovis le Grand la délivra de ce fléau.
» Quelques-uns des rois de la première race y firent un séjour
momentané. Plusieurs de la seconde dynastie y habitèrent. Le fils
de Charles-le Chauve fut couronné à Limogies roi d'Aquitaine.
Parmi les rois de la troisième race, il y en eut qui Thonorèrent de
leur présence.
» Le Limousin et Limoges érigés en vicomte tombèrent dans la
maison de Blois jusqu'en 1600, qu'ils passèrent dans la maison
d'Albret, ensuite sous la domination des Bourbons qui les réuni-
rent à la Couronne.
» La population de Limoges était encore bien nombreuse sous le
grand et l'immortel Henri, puisque à son entrée, la bourgeoisie
mit sous les armes cinq mille hommes.
» Limoges fut toujours fidèle à ses rois ; il a soutenu divers sièges
pour eux et pour leur cause.
» Sa population était, en 1789, de vingt mille âmes au moins. Il
était le centre d'une grande et vaste généralité dont on forma plu-
sieurs départemens tels que la Creuse, la Corrèze, la Charente ; il
y avait un diocèse très étendu, un présidial, bureau des finances,
hôtel des monnaies.
» Placé au centre de la France, Limoges a toujours été l'entrepôt
d'un grand commerce bonifié par l'industrie et le zèle de ses habi-
tans. La probité, la solidité du commerce étaient si répandus et si
connus qu'on la surnommait la ville vierge. On ne savait pas, à
Limoges, ce que c'était qu'une banqueroute. 11 y en a eu fort peu
même dans les temps orageux de la révolution et du despotisme,
encore ont-elles eu presque pour unique cause les malheurs insé-
parables des grands événements politiques.
» Population : environ vingt-deux mille âmes.
» Centre et entrepôt de presque tout le commerce territorial et
manufacturier de la France, portant du Nord au Midi et du Nord au
Midi le produit de l'industrie française par six grandes routes,
dont trois de première classç et trois de deuxième.
tlltCXÎBS Et Us âOHlKS TtLLtS Sl$
» Son commerce est respecté et considéré; il est généralement
riche el aisé; il fournit et alimente plus de trente départemente-
mens qui viennent y a boutir pour leurs besoins et consommations.
» Limoges, ctieMieu du département de la Haute-Vienne, la
seule ville importante et populeuse entre Paris et Toulouse; chef-
lieu d'une ci-devant sénatorerie; un évéché, une cour royale ayant
dans son ressort les trois départemens de la Uaule-Vienne, Creuse
etCorrèze; un tribunal de première instance, de commerce, une
bourse, une académie, un lycée, un hôtel des monnaies, en un
root Limoges réunit tous les étabHssemens dont jouissent les plus
grandes villes.
» Longtemps comprimée par quelques agens de la Terreur et
ensuite par ceux de ia tyrannie, la ville de Limoges semblait prendre
peu de part aux agitations politiques. 11 y eut bien, peut-être, quel-
ques exagérations dans les opinions privées et individuelles; mais,
du moins, elle peut sMionorer de n'avoir pas vu couler dans ses murs
le sang : point d'échafauds, point de tribunaux révolutionnaires.
» A la première nouvelle des événemens du 31 mars, ia cocarde
blanche fut arborée avec élan et enthousiasme; l'expression du
sentiment public pour Tauguste famille des Bourbons ne fut point
équivoque : Son Altesse royale Mgr le duc d'Angoulôme en a reçu,
quelques mois après, des témoignages universels auxquels il parut
sensible.
» Par sa population, son site et son état actuels, la ville de
Limoges croit avoir autant d'espoir au titre de bonne ville que plu-
sieurs autres cités du royaume qui jouissent de cette faveur par
des droits bien moins certains et notamment une moindre popula-
tion. De ce nombre sont et par comparaison :
Bourges 16.000 habitans
Dijon 18.000 —
La Rochelle 17.000 — '
Nice dS.OOO —
Tours 20.000 —
populations inférieures à celle de Limoges.
Montauban 2i .000 habitans
Grenoble 22.000 —
populations égales à celle de Limoges.
» La ville de Limoges ose donc se flatter que, dans la distribution
de ses grâces, Sa Majesté daignera lui accorder le titre de bonne
ville et ia fera jouir des droits et privilèges qui y sont attachés.
» Le Maire de la ville de Limoges » (i).
(I) Archives municipales de Limoges, D (s. n.}.
L'aflàire en resta là; mais, i partir de ce momeiil^ le conseil
municipal semble avoir voulu multiplier les témoignages de son
attachement aux Bourbons. Le 13 janvier 1815, il rédige une
adresse de dévouement au roi. Le 18, il vote une subvention de
300 fr. pour concourir à Térection de la statue de Henri IV. Une
autre occasion allait s'offrir, qui lui permettrait de manifester hau-
tement ses sentiments pour la famille royale.
Le 2 mars, le duc et la duchesse d'Angouléme, qui avaient quitté
Paris le 27 février, se dirigeant sur Bordeaux avec Tintenlion de
se rendre ensuite en Bourgogne, passèrent à I^imoges. Ils y avaient
été précédés par le maréchal Mac-Donald, gouverneur de la 21 • divi-
sion militaire, qui les reçut à leur arrivée. Salves d'artillerie, son-
nerie des cloches, arcs de verdure, harangues et ovations, groupes
de jeunes filles offrant des fleurs, réception des autorités, illumina-
tions, dîner à la préfecture, tout Tordinaire attirail des pompes
officielles fut déployé en cette circonstance (i). Le lendemain, à
sept heures et demie, le prince, accompagné du duc de Tarente,
passe, sur la place d'Orsay, une revue de la garde nationale et
distribue des décorations. Après quoi il se rend, en compagnie de
la duchesse d'Angouléme, à la cathédrale, où ils entendent la
messe. Aussitôt après, ils reprennent le cours de leur voyage. De
celte réception, il nous est resté une relation très détaillée qui se
termine par ces mots : « Le bon ordre a constamment régné. La
réunion des citoyens de toutes les classes ne présentait qu'une
grande famille animée du même sentiment : amour et fidélité invio-
lable aux Bourbons. LL. AA. RR. ont paru très satisfaites de ces
témoignages d'attachement » (2). Eh bien, j'ai des raisons de croire,
malgré celte affirmation, que les habitants de Limoges demeurè-
rent très modérés dans leur enthousiasme et que le feu d'artifice
populaire ne partit pas sans quelques ratés.
,(!} Les bouchers furent cruellemenl punis de leur manifestation da
3 août précédent. A la lettre de leur syndic réclamant une place aux côtés
du prince dans le cortège, le maire de Limoges répondit, le \^ mars :
c( La réclamation que vous avez faite pour assister à la réception et à
l'entrée de LL. Aâ. RR. Madame et Mgr le duc d'Angouléme n'a point été
accueillie.
» Depuis la suppression des corporations, les bouchers ne peuvent pré-
tendre ni exercer aucun privilège et ils ne peuvent être légalement recon-
nus ni comme corporation civile, ni comme corporation militaire ; consé-
quemmenl, ils ne doivent tenir aucun rang ni aucune place dans le cor*
tdge. » (Archives municipales, («orrespondance du maire de Limoges.)
(S) Archives départementales de la Haute-Vienne, M 30.
tilkooes KT Lia BONNES Villes iif
Pendant ce temps, l'empereur débarquait au golfe Juan. Le 10,
il est à Lyon et le 20 à Paris. De nouveau c'est alors sur toutes les
routes et dans toutes les antichambres le plus plaisant chassé-
croisé de gros personnages, de grands dignitaires et de hauts fonc-
tionnaires, les uns quittant leurs charges, les autres rejoignant
leurs postes, spectacle plein de contrastes prêtant à matière philoso-
phique. Longtemps le commissaire royal comte de Mosloy employa
pour sa correspondance ofQcielle un superbe papier dont le fili-
grane, très apparent, présentait deux médaillons, l'un renfer-
mant reflBgie laurée de Tempereur, saillante de son cadre, avec,
en exergue, les mots : Napoléon le Grand, empereur et roi; l'autre,
l'aigle impériale avec la devise : Dieu protège la France. Et main-
tenant, par un juste retour des choses d'ici bas, voici que les équi-
pages de la duchesse d'Angoulôme, arrêtés sur la route de Bor-
deaux, sont conduits à Limoges. Douze chevaux de selle et deux
de fourgon sont, par ordre du grand écuyer, dirigés sur Paris pour
de là entrer aux écuries impériales.
Après avoir examiné l'aiguille de la boussole oscillant entre
Louis XVIIl et Napoléon et prévoyant que bientôt elle se fixerait
définitivement vers le premier, le conseil général de la Haute-Vienne
lui vota, le 13 mars, une adresse qui débutait ainsi : « L'usurpa-
teur précaire du trône qui vous appartenait et que vous occupiez si
dignement a pu, dans sa folle extravagance, tenter d'ébranler
Tautorité dont vous êtes enfin ressaisi ; mais il n'a pas dû se flatter
d'altérer noire amour et notre fidélité. » En même temps, le conseil
se constitue en permanence et publie une proclamation aux habi-
tants du déparlement, dans laquelle on lit : « Des mesures promp-
tes peuvent devenir nécessaires. Nous aurons le courage de les
adopter et vous vous empresserez avec nous d« les exécuter. Son-
gez que lorsque le roi et la patrie réclament, la tiédeur serait un
crime. »
Moins perspicace ou plus en accord avec la majorité de la popu-
lation, le conseil municipal de Limoges vote, le 30 mars, une
adresse à l'empereur sur son « heureux retour ». Voici le texte de
ce document :
« Sire,
» Les habitants de Limoges ont vu de leurs montagnes le vol
hardi, tranquille et majestueux de votre aigle. Leurs yeux suivaient
sa direction et leurs cœurs éprouvaient, à chaque moment, les
vives émotions de l'espérance pour la liberté et la crainte pour
votre personne auguste et sacrée.
» Aujourd'hui que cet aigle plane sur la capitale de votre empire
d9d SOGltrâ ARCHÂOLOGTQUB Et BISTORTOUBDÛ LlHOO&lH
et couvre de ses ailes toutes les contrées de la patrie, rien n'égale
leur joie et leur allégresse.
}i L'avenir ne les effraye plus. Ils sont sûrs de ne point voir
renaître ces privilèges et ces distinctions dont la suppression fut
une des plus belles conquêtes de la nuit célèbre du 4 août 1789 et
tous leurs sentiments s& confondent dans le respect et l'amoar
qu'ils portent à Votre Majesté et à sa dynastie » (i).
(Suivent dix-sept signatures.)
Le baron de Vanssay, appelé le 22 mars à la préfecture de la
Haute- Vienne, ne fut pas installé (2). Nous avons vu avec quelle
extrême facilité, avec quelle prodigieuse aisance M. Texier-Oliyier,
baron de TEmpire, avait su, grâce à sa flexibilité de caractère,
passer d'un régime à l'autre, quelque différents qu'en fussent les
principes et les formes. On ne sera donc pas surpris de le voir, une
fois de plus, changer de bannière. Car ce fut lui qui, de nouveau;
vint occuper la préfecture de Limoges. Nommé le 18 avril, il prit
possession de ses fonctions le 28 et adressa à ses administrés une
proclamation qui dénote une remarquable sérénité d'âme. « C'est
que, voyez-vous, disait-il, il est des événements que nul ne peut
prévoir et prédire. » J'extrais de sa proclamation, qui fut placardée
dans tout le département, le passage suivant :
« L'administrateur qui, pendant douze ans, s'efforça de mériter
votre confiance, qui partagea vos sollicitudes aux jours malheureux
de l'invasion de noire belle patrie, qui pressentit avec vous les
funestes résultats du retour d'une famille inconnue à la génération,
vient à la voix de l'empereur prendre en mains une seconde fois
les rênes de l'administration de votre intéressante et peu fertile
contrée. Il vient se livrer à la continuation de fonctions qu'il ose
croire n'avoir pas été sans utilité même pour ceux qui peuvent avoir
désiré son éloignement avec le plus d'ardeur... » (3).
Les populations de la Haute- Vienne, subitement ressaisies comme
par un charme, avaient accueilli, sinon avec transport, du moins
avec une sympathique admiration, le retour de l'empereur. Le
15 avril, le sous-préfet de Bellac constate que « le drapeau trico-
lore flotte sur tous les clochers; les proclamations et les décrets de
S. M. l'empereur ont été reçus partout avec le même enthousiasme.
(1) Archives départementales de la Haule-Vienoe, M 21.
(2J Le comle de Brosses, qui venait de quitter la préfecture de la Haute-
Vienne, fut appelé, le 12 juillet 1815, à celle de la Loire-lnférieuro.
^3^ Archives départementales de la Haute-Vienne, M %i.
LiftOûkS KT IbS feOV^IlKS Vl)LLBd àid
Partout le peuple a célébré le retour inespéré du père de la patrie
par des fêtes spontanées où l'expansion d'une joie franche et pure
etraccord des sef^timents ont rappelé les beaux jours de 1789 » (1).
Le mois de mai vil éclore un projet de fédéralion limousine
auquel les événements n'accordèrent qu'un commencement d'exé-
cution. L'adresse par laquelle s'ouvre le prospectus de celte associa-
tion en fait connaître l'objet et l'article i""' des statuts en précise le
but : « Les citoyens du département de la Haute- Vienne sont appe-
lés à s'unir pour assurer la tranquillité publique, le respect dû aux
personnes et aux propriétés, l'exécution des lois et le maintien des
constitutions de l'empire » (2). Ce projet reçut l'approbation offi-
cielle du préfet Texier-Olivier et du maréchal de camp Chauvel,
commandant le département; il rallia de nombreuses adhésions.
Cependant, l'empereur avait définitivement perdu la partie que
son orgueil démesuré avait engagée contre la destinée. La nouvelle
du rétablissement de Louis XVIII sur le trône arriva à Limoges le
11 juillet seulement (3). Une adresse au roi au nom des habitants
fut aussitôt colportée par les partisans de la monarchie.
Le S août, le duc d'Angoulôme, en route pour Paris, traverse
Limoges, où il ne s'arrête que le temps de prendre un repas. Dans
la soirée, il atteint le relai de poste de Morterolles, à dix lieues de
Limoges. Au moment où il arrive avec sa suite à l'entrée du bourg,
(1) Archives départementales de la Haute-Vienne, M 99.
(2) Confédération limousine. Adrssse à tous les français et particulier
rement aux habitans de la province du Limousin, Brochure in-8 de quatre
pages. A Umoges^ chez J.-B, et H. Daleeme,
(3) Une ordonnance royale du 7 jaillet prescrivait aux fonctionnaires en
charge tous la première Kestauration de rejoindre leur poste sans attendre
d'aulres ordres.
M. Texier-Olivier, tenant pour officielle la publication de celte ordon-
nance au Moniteur, quitta Limoges le 19, déléguant un conseiller de pré-
fecture pour assurer le service. Il fat remplacé deux jours après par le
baron de Flavlgny, préfet de la Haute-Saône, qui fut installé le 94.
Le nouveau préfet, homme accomodant, était de ceux qui se distinguè-
rent par la variété de leurs opinions. Il mérita de figurer dans le Diction-
naire des girouettes^ qui lui consacra la notice suivante :
« Ftavigny (Alexandre de), officier d'artillerie sous Louis XVI et Louis XVI II
(en émigration); maire de la ville de Laon, 1806; sous-préfet de la ville
de Soissons, avril 180S ; chevalier de la Réunion ; baron d'Empire ; préfet
de la Haute-Saône, 1 1 janvier I8l4; ayant prêté serment entre les mains
de S. M. Tempcreur; continué dans la même place en avril I8U, ayant
prêté serment entre les mains de S. Bf. Louis XVUl; chevalier de Saint-
Louis; nommé préfet du département de la Meuse {Moniteur^ avril 1815) ;
ayant re prêté serment à S. M. l'empereur. >
T. LU t\
d3Ô àociité ARGHioLOOiOuk KT klifltoRkODK bu LllÉOt)àlh
telle une fusée oubliée d*UD vieux feu d'artifice, éclate, strident, le
cri de : « Vive Tempereup I » que l'écho, dit-on, répéta jusqu'à Irois
fois. Tout surpris d'entendre un cri qui sentait ta poudre et qui,
sans doute, leur fut autrefois familier, les chevaux s'arrêtent net,
l'oreille tendue; le prince met la tête à la portière de sa berline et
constate qu'au clocher de l'église flotte une loque qui jadis dut être
un drapeau tricolore. Le maire aussitôt mandé reçoit une sévère
admonestation et sa femme s'empresse d'offrir un mouchoir blanc
qui est arboré au clocher (1). Il serait difficile de dépeindre l'émoi,
la perturbation môme que cet incident d'assez mince importance
jeta dans le personnel gouvernemental. Depuis le préfet baron de
Flavigny, le maréchal de camp marquis de la Rozière, commandant
le département, jusqu'au sous-préfet, au capitaine et au comman-
dant de gendarmerie, tous n'ont qu'une unique préoccupation : se
persuader à eux-môcnes que le département n'a pas été « déshonoré
aux yeux du prince » par ce cri séditieux et que ce « germe de
rébellion » a bien été étouffé sinon « par l'enthousiasme général de
tous les citoyens », du moins « par le bruit des voitures ». Un
jeune homme de dix-huit ans, convaincu d'ôtre l'un des auteurs de
cet « acte criminel », fut arrêté et poursuivi. Quant au maire, qui
était en môme temps maître de poste, il fut immédiatement révo-
qué. Lui et ses deux fils, signalés comme des « ennemis dangereux
du gouvernement », furent placés sous une étroite surveillance (2).
La duchesse d'Angoulôme suivait son mari à deux journées d'in-
tervalle. Quoiqu'elle eut recommandé de ne faire aucun prépa-
ratif, le préfet se rendit à cheval au devant d'elle et le corps muni-
cipal la reçut à l'entrée de la ville. Après un dîner à la préfecture,
un groupe nombreux déjeunes filles fut admis à lui offrir des com-
pliments et des fleurs. Pour prévenir, à son passage à Morterolles,
le désagrément survenu à son époux, vingt-cinq gardes nationaux
à cheval triés dans les compagnies de Limoges furent envoyés à
son avance dans cette localité. Leur zèle intempestif faillit encore
gâter les choses et occasionner des rixes.
La conservation des bustes et des portraits de Bonaparte, môme
dérobés aux regards et relégués dans des magasins était, aux yeux
du nouveau gouvernement, un scandale intolérable et qu'il fallait
faire cesser à tout prix. « Ces tristes monumens de l'adulation —
écrit M. Decazes, ministre de la police — doivent disparaître com-
plètement » (3). Et cette destruction s'étendra à tous les signes
prohibés tels que drapeaux, cocardes, aigles, etc.
(I) Archives départeoientales de la Haute-Vienne, M 418.
(3) Arehîves départementales de la Haute -Vienne, M 418.
(3) Circulaire du %4 novembre 1816.
iittoèKS kT tK8 kONteSS ViLlBS tôt
En exécQtioa de ces ordres, le S3 décembre 1818, MM. Marel de
Bort et Georges Pouyat> adjoints au maire de Limoges, font porter
dans une salle de Tbôtel de ville : un drapeau tricolore surmonté
d'un aigle, un buste en marbre blanc, un aigle en bois doré for-
mant le socle dudit buste, un tableau représentant la sacre de
Bonaparte, les écharpes municipales garnies de franges tricolores,
un sceau aux armes impériales. Ces objets sont brisés, déchirés ou
dénaturés en présence des deux officiers municipaux par un ouvrier
appelé à cet effet, puis leurs débris enfermés dans un sac sont
envoyés au préfet. Quant au bloc de marbre qui fut le buste de
Bonaparte, il reste déposé à la mairie à la disposition du chef de
Tadministration (1). La municipalité de Saint-Yrieix livre égale-
ment un buste en marbre blanc de Tex-souverain et toutes les
aatres communes envoient leurs sceaux.
Le drapeau tricolore, qui avait si soudainement reparu lors du
retour de l'empereur, fut tout spécialement proscrit et pour-
chassé (2). « On trouve encore dans quelques mairies —écrit le
ministre de Tlntérieur le 12 février 1816 — des drapeaux retirés
des édifices publics. L'existence de ces signes proscrits peut laisser
de Tespoir à la malveillance et lui offrir, dans leur conservation
(4) Archives départementales de la Haute-Vienne, M 416.
(9) Est-il besoin de rappeler que la sabstilution du drapeau royal au
drapeau national fut une faute énorme et qui devait exercer sur les desti-
nées de la Restauration une influence funeste ? Innombrables furent les
incidents auxquels elle donna naissance. Tantôt c'est un outrage que subit
nuitamment le drapeau blanc; tantôt c'est une large cocarde tricolore que
Ton aperçoit fixée au sommet. inaccessible d'un arbre du bois de la Bastide.
Une autre fois, c'est un distillateur de Limoges qui met en vente une
crème de oiolelte, ce qui est certes licilc ; mais celte liqueur surfine est
eufermée dans un flacon dont l'étiquette présente un simple bouquet de
violettes lié d'un ruban rouge et se détachant sur le fond blanc d'un écus-
son en forme de bouclier. On a ainsi un ensemble aux trois couleurs,
c'est-à-dire séditieux au premier chef.
La police opôre-t-elle une perquisition dans les distilleries? On lui
montre une série d'étiquettes imprimées en noir et ornées de sujets ano-
dins; mais on lui dissimule avec soin un autre jeu de ces étiquettes où les
mêmes sujets sont animés par une coloration tricolore qui fait ressortir
des allusions politiques. Jetez une gamme tricolore sur l'étiquette de la
Liqueur des braves préparée par Thévenin jeune; sur celle de la Liqueur
de Waterloo ou celle du Champ d'asile^ de Célérier; sur celles de La
Valeureuse, Le Nectar des guerriers ou VElixir des braoes, de Judet
aîné; sur celle du Mot d'ordre, de Peyrusson Bis; ou encore sur celle de
la Liqueur de Vange gardien, préparée par Voisin et Ghadeuil, et vous
obtiendrez tout de suite l'effet voulu.
3Sk sociiti AfiéviiotoéiônB'Bt'ÀTistoiiTQbB tv UttOOilN
même, un moyen de corrompre Tesprit public. » C'est poarqnoi le
dimanche 5 mai, à l'issue d'un Te Deum chanté dans Téglise cathé-
drale de Limoges en actions de grâces du retour du roi, Tassistance
se rend sur la place Tourny, où sont brisés ou brûlés publiquement
nombre d'objets rappelant le règne de « l'usurpateur » : « Un dra-
peau tricolore jadis placé sur le portail de la préfecture, un dra-
peau tricolore et quatre plumets provenant de la commune de
Magnac-Bourg ; des drapeaux tricolores provenant de la commune
de Châlus, de la garde nationale de Saint-Yrieix et de celle de
Limoges; une estampe représentant le couronnement de l'empe-
reur, remise par la mairie de Limoges; plusieurs cocardes trico-
lores; des aigles brisés provenant des gardes nationales; plusieurs
plaques de ceinturons et coiffures avec aigle; le buste en plâtre de
Bonaparte provenant de la préfecture; deux bustes en marbre dn
même, mutilés, provenant des mairies de Limoges et de Saint-
Yrieix » (4).
Vif émoi dans la matinée du 3 février 1816, à la nouvelle que le
drapeau blanc, qui décorait Tenlrée du domicile de M. Athanase de
la Bastide, commandant de la garde nationale de Limoges, avait
été, pendant la nuit, leint en roiige. Les officiers du corps virent
dans cet acte le fait, très injurieux en lui-même, d'avoir souillé
rétendard royal d'une couleur « qui fut trop longtemps remblôme
des factieux », mais encore Tinlenlion de « suggérer que la garde
nationale avait des vues sanguinaires ». Aussi promirent-ils une
somme de mille francs à celui qui ferait découvrir le coupable.
Cette offre fut portée à la connaissance du public par une procla-
mation indignée que le maire adressa à ses administrés et qui fut
placardée dans la ville (2).
Lasse de la guerre, aspirant à la cessation de la longue tuerie,
mais non au renversement du régime, la population limousine se
montrait peu enthousiaste de la Restauration. Les commerçants
eux-mêmes, qui avaient boudé l'Empire non en haine du système
politique mais par esprit d'opposition, prétextant que la stagnation
des affaires causait leur ruine, restaient fort hésitants. La vérité est
que la très grande majorité se prononçait non pour l'Empire, mais
contre la Royauté. Les démonstrations royalistes étaient presque
exclusivement l'œuvre des fonctionnaires et des gens titrés. C'est
un fait incontesté que la vieille monarchie était loin de devenir
populaire. Ses Qdèles de la veille avaient repris, avec leurs titres
nobiliaires, l'esprit et le caractère des plus gothiques institutions.
(!) Archives départementales de la Haute-Vienne, M i3t.
[%) Archives municipales de Limoges, D (s. n.)*
LmOQKS ST LBS BONNES TILLBS 333
Ils ne cachaient pas leur intention de reconstituer l'ancien. état de
cl)oses même dans ses détails les plus surannés et, selon une
parole autorisée « de renouer la chaîne des temps que de funestes
écarts avaient rompue (i). » Leur manque démesure blessa profon-
dément les opinions libérales du plus grand nombre. Aussi l'anta-
gonisme étail-il partout entre la génération nouvelle et les apôtres
de réaction et d'intolérance qui ranimaient les anciennes passions.
Les campagnes étaient parcourues par des émissaires qui, sous
l'étiquette patentée de colporteurs, répandaient des pamphlets
contre la royauté. Ces moyens d'attaque empruntaient parfois les
formes les plus inattendues. C'est ainsi qu'au mois de décembre
iSlS on signalait l'émission et la distribution en Haute-Vienne de
catéchismes, abécédaires et livres de piété desquels avait bien été
supprimée la célèbre formule : « Les chrétiens doivent aux princes
qui les gouvernent et nous devons en particulier à Napoléon I*%
notre empereur, l'amour, le respect, l'obéissance, la fidélité, le
service militaire, les tributs ordonnés pour la conservation et la
défense de Tempire et de son trône » ; mais, par contre, ces livres
contenaient un septième commandement de l'Eglise ainsi conçu :
Hors le temps noces ne feras.
Et paye la dime justement.
On conçoit aisément quel fâcheux effet devait produire sur
l'esprit public ce rappel à uue obligation qui ramenait d'un quart
de siècle en arrière. Aussi une chasse fut-elle immédiatement orga-
nisée en vue de la saisie des livres dénoncés. Elle aboutit à ladécou-
(1) Ici c*esl un ancien c imprimeur du roi » qui poursuit cl obtient, au
délriment d*Qn confrère, ce qu*il appelle ses « droits et privilèges ».
Ailleurs, c'est le seigneur d*une paroisse qui prétend à des honneurs
féodaux. Le !«' novembre 1814, jour de Toussaint, le maire de Darnac
(Haute-Vienne) assiste à la messe dans Péglise paroissiale; il est au banc
de la municipalité. En face de lui, M. de Blond est venu occuper la place
jadis réservée à sa famille. Le bedeau s'approche pour offrir, selon l'usage,
du pain bénit au maire, quand M. de Blond se lève et crie à haute voix :
« sacristain, apporte! » Le maire proteste et le bedeau interloqué s*arrête.
Sur quoi Bf. de Blond quitte sa place et, saisissant les bâtons de deux
villageois, frappe son banc à coups redoublés en appelant le sacristain
qui épouvanté, s'avance avec sa corbeille.
On sait que ce scandale fut dénoncée la Chambre des députés, qui n'osa
voter autre chose que l'envoi au ministre de l'Intérieur du rapport du
général Augier. La caricature et les journaux satiriques s'emparèrent du
fait. Le public voulut bien ne pas voir en M. de Blond un neveu de Pour-
ceaugnac, mais il fit à M. de la Jobardière un réel succès et son exclama-
tion « sacristain, apporte ! » devint rapidement populaire.
3dl SOClftrt ABCBiËOLOGiQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
verte, dans une imprimerie de Limoges, d'un livret de 72 pages
intitulé : Méthode ingénieuse ou alphabet pour apprendre à lire en
peu de temps. L'éditeur tenta de faire écarter toute idée de mal-
veillance en prétextant que l'article incriminé était tiré d'un ancien
catéchisme de Montpellier qui avait servi de type pour la réimpres-
sion de plusieurs ouvrages similaires. Un arrêté préfectoral da
22 janvier 1816 prescrivit de faire biffer ou cartonner, en présence
de commissaires, le malencontreux commandement et, par la même
occasion, de s'assurer de la suppression, dans tous les livres reli-
gieux ou d'instruction, de toute prière ou tout devoir imposé pour
Napolécn Bonaparte (1).
De nouveau, le 9 janvier, le duc d'Angouléme, revenant de Bor-
deaux, était passé à Limoges. Par ordre supérieur et pour raison
d'économie, les salves, arcs de triomphe et feux d'artifice avaient
été supprimés. Le prince fut donc simplement reçu par le préfet et
les autorités admises individuellement à présenter leurs hom-
mages.
Une ordonnance royale du 26 septembre 1814 avait autorisé les
villes et communes françaises à reprendre les armoiries qui leur
avaient été concédées par les rois de France, après toutefois les
avoir fait vérifier par la commission du sceau. Des circulaires du
ministre de l'Intérieur des 10 janvier 1815 et 1" avril 1816 déter-
minèrent la marche à suivre et les justifications à fournir. Dès le
15 février 1815, la municipalité de Limoges était invitée à faire
connaître ses intentions à cet égard. Il ne faut certainement attri-
buer qu'aux graves événements qui survinrent le silence de
l'administration communale. A une nouvelle lettre ministérielle
du 13 avril 1816, le conseil municipal répondit par la délibération
suivante en date du 14 mai :
« M. le Maire s'exprime en ces termes :
» Le Roi a, par son ordonnance du 26 septembre 1814, décidé
que les villes du royaume reprendraient les anciennes armoiries
qui leur ont été attribuées par les rois de France. Sa Majesté se
plait à rappeler les anciens souvenirs parce qu'ils retracent les
bienfaits des rois dont elle descend.
» Notre antique cité, je n'en doute pas, saisira avec empresse-
ment l'occasion qui lui est offerte de reprendre des armes qu'elle
montrera avec orgueil aux autres villes comme la triple preuve de
son ancienneté et de son attachement à son souverain et à la reli-
(4} Archives départementales de la Haute-Vienne, H I7ts.
LIMOGES BT LES BONNES VILLES 335
gion. Elle y verra les fleurs de lys avec TefiAgie d'un saint qu'elle
vénère plus particulièrement et sous le patronage duquel elle s'est
placée. Saint-Martial et le roi furent toujours aimés par nos bons
limousins.
» Pour délivrer l'autorisation de reprendre nos anciennes
armes, le ministre exige, outre le procès-verbal de votre délibéra-
tion à ce sujet, la copie certifiée de la charte de concession primi-
tive. Nous ne pouvons nous flatter de pouvoir retrouver ce litre.
La rouille du tems ou les bûchers de la Révolution l'auront sans
doute anéanti. Mais nous pensons que l'empreinte de ces armes
existant sur les monumens les plus anciens justifiera suffisamment
aux yeux de S. £. notre possession et notre droit.
» Le Conseil arrête ce qui suit :
» Article 1". — M. le Maire de la commune est autorisé et môme
invité à faire auprès du gouvernement toutes les demandes et
démarches nécessaires pour obtenir en faveur de la ville de Limo-
ges les anciennes armoiries de cette ville.
» Art. 2. — Les dépenses et avances qui seront nécessaires pour
cet objet seront proposées pour le budget de 1817. »
A ce noble emblème que la plupart des vilUes vont relever, il
faut une couronne héraldique. Or, selon le conseil de Fouché, les
Bourbons se sont couchés dans le lit de Bonaparte. Ils s'empareut
de sa création et, à partir du mois d'avril 1816, ils confèrent à cer-
taines localités le titre de « Bonne ville ». Verra-l-on cette fois cet
éclat extérieur attribué au prestige héroïque? Quelles préoccupa-
tions guideront maintenant le gouvernement dans ses choix? Que
les cités bourguignonnes qui, en 1814, avaient résisté à l'envahis-
seur, arrêté sa marche et par là retardé l'agonie de la patrie expi-
rante, en fussent récompensées, rien de plus équitable. Mais que
Toulon qui, en 1793, s'était livré aux Anglais voie exalter sa trahi-
son, il y avait là de quoi blesser profondément le sentiment natio-
nal. On sent de suite que le gouvernement royal obéit avant tout
à l'intérêt dynastique. Eu sorte que l'arbitraire est plus flagrant
que jamais et aussi plus insupportable.
Au commencement de 1816, les villes françaises .en possession
du titre envié sont au nombre de vingt-neuf. Il y en aura quarante
en 1821. Une ordonnance royale du 8 avril 1816 ajoute, en pre-
mier lieu, la ville de Cette : « Voulant récompenser la ville et port
de Cette, département de l'Hérault... de la fidélité et du dévoue-
ment qu'ils ont montrés à l'époque de l'usurpation et dans les
temps postérieurs en servant de points d'appui à l'armée royale du
Midi, en sauvant des valeurs considérables en effets d'artillerie et
autres et surtout en contribuant aussi, par le prompt embarque-
336 SOCltrft AECHiOLOSIQUB ET HISTOaiQUB DO LIHOCSIH
ment de notre cher neveu, le duc d'Angouléme, à le soustraire aux
coups deTusupateur...
» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
» Article !•'. — La ville de Celte est mise au rang de nos bonnes
villes du royaume.
» Art. 2. — Nous avons accordé et accordons à la dite ville des
armoiries portant d*azur semé de fleurs de lys d'or, à la baleine de
sable lançant un jet d'obus et de grenades flambantes, surmontées
d'une couronne murale (1} avec deux ancres en sautoir pour sup-
ports... »
Le 16 octobre suivant, c'était le tour d'Aix : « Voulant donner
aux habitants de la ville d'Aix un témoignagne de la satisfaction
(I) Le cataclère héraldique de la couronne murale a élé plus d*uoe fois
contesté. Dans la Reoue de Saintonge et d'Aunis (1897, p. 176 ci 361-62)
MM. Louis Audiat et Marcel Pellisson blâment remploi fait de nos jooi^
et qu'ils qualifient de contre-sens, de la couronne murale pour timbrer les
armoiries des villes, a Combien de fois, dit M. Audiat, faudra-t-il répéter
que jamais on n*a timbré les armes d'une ville d'une couronne murale ou
vallaire? La couronne murale est une invention de TEmpire et Napoléon l*'
Tavait imaginée pour remplacer le chef de France des bonnes villes. >
Déjà, dans une élude sur La couronne murale dans le blason publiée
dans V Annuaire du conseil héraldique de France de 1896^ M. Audiat
avait exprimé Tavis qu*ellç devait élre proscrite.
Qu'elle n'ait point été, sous Tancien régime, un accessoire du blason,
nul ne le conteste puisqu'il s'agit d'une création de Napoléon I*'. Que cette
invention moderne accolée à d*anliques écus constitue un anachronisme,
cola est de toute évidence ; mais le contre-sens cesse si cette môme cou-
ronne accompagne des armoiries octroyées par l'empereur, à moins que
Ton ne conteste à ce souverain le droit de concéder des titres et des bla-
sons. Au surplus, s'il y a contre-sens, on voit par l'exemple de Celte,
rappelé ci-dessus, que le gouvernement de la Restauration ne s*cii préoc-
cupa guère. Il est vrai qu'il s'appropria plus d'une formule, à commencer
par celle qui termine les actes royaux : Car tel est notre bon plaisir.
Appliquée, aux xvii* et xviii* siècles surtout, à la personnitication des
villes, la couronne murale placée au-dessus d*un écusson signifie aujour-
d'hui que cet écusson est celui d'une commune, tl n'est si petite localité,
en possession d'armoiries authentiques ou fantaisistes, qui ne se la soit
appropriée. La vérité est qu'un nouvel usage s'est établi : la couronne mu-
rale, vulgarisée, est, pour le blason, un motif ornemental en harmonie
avec le caractère de celui-ci, rien de plus.
II n'en est pas moins curieux de voir, de nos jours, le gouvernement de
la République ressusciter cet emblème : le décret réglementant les armoi-
ries de la ville de Dijon, à laquelle l'étoile de la Légion d'honneur a élé
attribuée par autre décret du i8mai 1899, porte en son article premier que
l'éçu sera suriponté d'une couronne murale d'or à sept créneaux.
lIMOGKâ BT LB8 BONNES VILLES 33lf
qu'ils nous ont fait éprouver par leur zèle et par les sentimenls
dont ils sont animés pour noire personne... avons ordonné... La
ville d'Alx est élevée au rang des bonnes villes de notre royaume, o
Le 18 décembre, môme faveur concédée à Pau : « Voulant que
cette ville, autrefois la capitale du royaume de Navarre et qui fut
le berceau d'un de nos illustres aïeux, reçoive un dédommage-
ment des avantages qu'elle a possédés si longtemps... La ville de
Pau est élevée au rang des bonnes villes de notre royaume. »
Le 8 octobre 1817 et pour les mêmes considérations qui avaient
valu à Aix le titre de Bonne Ville, Toulon le reçoit à son tour.
Le 29 juin 1819, la ville de Colmar est élevée à ce rang « en
récompense des charges qu*el1e a supportées avec autant de zèle
que de résignation pendant l'occupation militaire ».
Enfin le 21 mars 1821, Âbbeville est promu « pour reconnaître
les marques d'attachement et de tidélilé de ses habitants à l'époque
où Louis XVIII a séjourné dans ses murs (1) ».
Gomme s'il ne suffisait pas de distinguer, d'élever certaines villes
au-dessus des autres, voici qu'une hiérarchie de ces mêmes villes
fut jugée nécessaire. Une ordonnance du 23 avril 1821 détermina
l'ordre suivant lequel les Bonnes Villes du royaume prendraient
rang, c'est-à-dire attribua à chacune d'elles un rang particulier.
«
Quels motifs avaient porté, le 6 décembre 1816, le préfet Barrin
à écrire au maire de Limoges la lettre suivante, qui ne pouvait que
ranimer une ancienne mais toujours vive ambition ?
« Monsieur le Maire,
» Je suis informé que la municipalité de Limoges a fait à diffé-
rentes époques des démarches pour obtenir, en laveur de cette
commune, le titre de bonne ville; il me parait intéressant d'insister
sur cet objet. Je vous invite donc à vous faire représenter les mé-
moires qui ont été rédigés par vos prédécesseurs, surtout depuis
la Restauration, afln d'obtenir le titre de bonne ville. Les minutes
de ces mémoires et la correspondance y relative doivent, d'après
ce qui m'a été dit, exister dans les bureaux de la mairie. Je suis
très disposé. Monsieur, à appuyer fortement auprès du gouverne-
ment les nouvelles démarches que vous ferés à cet égard et que
réclame le vœu manifesté par les principaux habitans.
» Recevez, Monsieur le Maire, l'assurance de ma considération
distinguée.
» Le préfet de la Haute-Vienne^ officier de la Légion d'honneur.
Signé : « Barrin » (2).
(1) Ces diverses ordonnances sont insérées au Bulletin des lo'u^,
(3) Archives départementales de la Haute- Vienne, Z 1738,
338 SOCliTÂ ARCBiOLOOIQUI KT BlSTORlQUB DU UVOUSIN
Les circonstances délerminantes de celte démarche ne me sont
pas connues, non plus que le texte de la supplique qu'elle provoqua.
On verra par la lettre ci-après que ce fut M. Alpinien Bourdeau,
ancien maire de Limoges, procureur général à Rennes et député
de la Haute-Viennne, qui fut chargé de présenter la nouvelle
requête.
Limoges, le 4" février 4847.
« Monsieur,
» La ville de Limoges renouvelle aujourd'hui des démarches
qu'elle a faites déjà plusieurs fois et notamment sous votre admi-
nistration pour obtenir du roi le titre de Bonne Ville. J'ai l'honneur
de vous envoyer la pétition qu'elle présente à Sa Majesté pour cet
objet. Elle ne désespère pas de réussir si vous voulez bien vous
donner la peine de présenter vous même cette pétition et delà recom-
mander à la bienveillance du Roi. Elle attend ce service éminent
du zèle que vous avez toujours montré pour tout ce qui l'intéresse :
je vous en prie en son nom.
» Veuillez agréer l'hommage de mon respectueux dévouement.
» Le maire de Limoges,
» Signé : Ath. oe la BAsrmE » (i).
Quelle que fut déjà la notoriété du futur ministre de la justice
de Charles X, l'influence dont il disposait alors ne pouvait être
mise en parallèle avec celle dont jouissait un genlilhonne limousin
rentré de l'émigration avec les princes et admis dans l'intimité du
roi. Je veux parler du comte Jean-François d'Escars, lieutenant
général des armées, qui venait de repreûdre sa charge de premier
maître d'hôtel de S. M. Désigné pour présider le collège électoral
du département de la Haute-Vienne, il apprit, le jour même où
s'ouvraient les opérations pour la nomination des députés (S3 juin
i8i5) que le roi venait de lui conférer le titre de duc. Les brefs
discours qu'il prononça à l'ouverture et à la clôture de l'assemblée
sont des plus élogieux pour ses concitoyens et il est bien permis
de croire que l'on n'eut pas en vain fait appel à son concours pour
la réussite d'une mission qui exigeait plutôt l'influence d'un favori
que Vhabilelé d'un homme politique. On s'explique donc difficile-
ment que la municipalité de Limoges, quand elle se décida, sur le
conseil du préfet, à réitérer ses demandes, ait négligé l'appui de ce
personnage si qualifié pour un tel rôle ou lui ait préféré M. Boiir-
deau.
Maire de Limoges après la période des Cent Jours, M. Bourdeau
avait été appelé à fournir un rapport sur la situation politique de
(i) Archives inunicipaUs de Limo|;es, D (s. n.),
\
LIMOGES ET LIS BOlfTfBS YILLKS 339
cette ville. Veut-on savoir quelle conception il se faisait des idées
de répoque et quelles incroyables illusions il nourrissait et entre-
tenait dans Fesprit du gouvernement? Voici ce qu'il écrivait le
!•' août 1815:
« L*esprit public à Limoges est généralement bon ; il s^est trop
hautement prononcé depuis la Restauration pour qu'il soit possible
de le calomnier. Quelques efforts qu'on ait faits pendant trois mois
pour le dénaturer, on n'est parvenu qu'à abuser et égarer la der-
nière classe du peuple, toujours avide de nouveautés, par l'espoir
du remuement des fortunes et du pillage
» La ville de Limoges, par sa position centrale, ses routes, ses
débouchés, est naturellement commerçante et industrieuse. La
haute classe du commerce est considérée par sa fortune et sa pro-
bité. Ses relations sont honorables et sûres; elle tient pour ainsi
dire le premier rang. Dans les classes secondaires, il y a générale-
ment aussi probité, honnêteté et activité laborieuse.
» La magistrature et le barreau surtout ont particulièrement
contribué à la bonification de l'esprit public ; il ne m appartient pas
de louer les avocats que l'on désignait, dans les derniers temps, à
la haine populaire sous les noms de chouans et de vendéens.
» Le peuple est actif, laborieux, industrieux et assez générale-
ment aisé : celui-là pense bien.
» La noblesse, par ses sentiments, rivalise avec toutes les classes
supérieures, mais elle est peu nombreuse : à peine compte-t-on
sept à huit familles anciennes, toutes les autres sont anoblies par
les charges et sorties de la magistrature, du commerce ou de la
bourgeoisie. La noblesse a eu presque toujours le bon esprit de se
confondre dans les rangs plébéiens. Les sociétés, les réunions, les
plaisirs, les fêtes, ne laissent apercevoir aucune distinction.
» En rapprochant ces aperçus généraux, vous sentirez. Monsieur
le Préfet, combien cette harmonie locale des classes diverses a dû
influer sur la direction de l'esprit public, surtout si vous remarquez
que, d une classe à Tautre, il existe ces liaisons de parenté, de
commerce ou d'adaires qui les rapprochent assez pour qu'elles se
communiquent leurs pensées et leurs affections.
» Ce serait cependant une erreur de croire qu'il y ait unanimité
d'opinions politiques : le tableau serait trop flatté et trop flatteur
si je vous le présentais sous ce point de vue.
» Dans toutes les classes de la société, il y a eu et il existe
encore des opinions diverses ; mais celle qui domine indubitable-
ment, et je peux l'assurer, à une forte majorité, est déclarée pour
la royauté, pour le Roi et les BourboAs, moins par esprit de parti
que par un ca^lcul bieiji raisonné reposant sur le principe de la légi-
d40 SOClÉli ARCBÂOLOGIQUC BT HISTORIQUK DU LIMODSIN
timlté qui peut seul ramener la paix, relever le crédit, la confiance
et le commerce, assurer la vraie et sage liberté et conserver Findé-
pendance nationale. Ceux que j*appellerai bonapartistes sincères et
de bonne foi sont en bien petit nombre. Abusés par un prestige de
gloire nationale, ils ont pu, et je crois qu*ils ont erré moins par
une inclination que par un système irréfléchi de domination et de
prépondérance attachée à la grande réputation militaire de leur
chef. Les événements ont dissipé leurs chimères; il ne sera pas
difficile de les rallier au gouvernement royal. Parmi eux on doit
compter plusieurs anciens militaires.
» Dans les fonctions publiques, quelques-uns ont cru devoir
rester attachés à la cause de Tusurpateur, parce que, sous un gou-
vernement sage et légitime, ils auraient difficilement été employés.
Ceux là se rattacheraient encore facilement s'ils étaient maintenus
dans leurs places.
» Sous la même bannière ont marché beaucoup d'anciens révo-
lutionnaires, jacobins, républicains, caressant toujours avec com-
plaisance leur vieille chimère; incorrigés et incorrigibles par carac-
tère, remuans par inquiétude, agitateurs par habitude, turbulens
par goût et par espoir d'honneur et de fortune.
» Ils ne voulaient pas plus Bonaparte que Louis XVIIL C'est par
eux que la populace a été ameutée, excitée et entraînée dans un
débordement qui eût submergé la patrie, si les bons citoyens de
toutes opinions n'eussent fait tête à l'orage.
» Les premiers fédérés sont sortis de leurs rangs, bientôt grossis
par répouvante, la terreur, la menace et la séduction. Ils recrutè-
rent dans tous les partis et, par nue tactique monstrueuse, asso-
cièrent des royalistes, des bonapartistes honnêtes avec des hommes
de la plus vile classe, diffamés dans l'opinion et quelques-uns par
des condamnations judiciaires.
» Quelque nombreuses qu'aient pu être ces listes fédératives, en
y joignant même les déserteurs honnêtes de tous les partis, on ne
parviendrait pas à balancer l'opinion générale et dominante à
Limoges, qui s'est constamment maintenue dans une attitude assez
respectable pour en imposer aux factions et rétablir sous la domi-
nation royale une ville heureusement échappée aux troubles civils,
sauvée même d'excès et de désordres réels » (1)
Comme on le voit, M. Bourdeau — un libéral cependant — avait
dans l'avenir de la légitimité une confiance très grande. Parce que
(1) Archives départenieptalçs cle la Hautç-VieoQe, M 4877,
Vordre matériel n'était pas sérieusement troublé, le trône lui
paraissait pour longtemps consolidé. Etait-il donc dupe de ce calme
menteur et sa créance en cette tranquillité relative, qu'il cherchait
à faire partager, doit-elle être attribuée à une ignorance profonde
de Télat de l'opinion ? Ne faut-il pas plutôt y voir l'attitude calculée
d'un courtisan du pouvoir?
Ecoutons maintenant un autre son. C'est M. Athanase de la Bas-
tide, maire de Limoges, qui écrit, le 18 février 1817 :
« La masse des habitants devient de plus en plus indifférente
sur les affaires du Gouvernement.
» L'exaltation des partis s'éteint d'une manière sensible. Il est
cependant une classe de personnes qui paraît plus obstinée dans
son esprit d'opposition : ce sont les soldais et officiers retraités.
Presque toui les anciens soldats portent le chapeau à la française
et aucun d'eux n'a la cocarde blanche. Ceux qui sont légionnaires
évitent de mettre un ruban rouge et blanc et je sais que plusieurs
de ces derniers, invités à adresser à la chancellerie toutes les
pièces pour obtenir de nouveaux brevets, ont gardé ceux qu'ils
tenaient de l'usurpateur, soit par esprit d'attachement à la faveur
qu'ils ont reçue, soit dans l'espérance de voir reveoir son gouver-
nement. »
Une dernière citation, car il n'est pas sans intérêt de connaître
les exagérations d'un zèle qui ne savait faire la part ni des circons-
tances ni des nécessités et entendait ne tenir aucun compte des
faits accomplis depuis trente ans. Dans un rapport du 1*' avril 1819,
M. de la Bastide s'exprime comme suit :
« Toute la partie pensante et morale de la population de cette
ville s'est montrée royaliste pendant les Cent Jours. J'en atteste la
consternation générale qui régnait pendant qu'on proclamait le
retour de l'usurpateur ou ses triomphes éphémères, les loges du
spectacle désertes pendant qu'un parterre insensé chantait les
refrains de la liberté en invoquant le nom du despote, enfin
l'allégresse qui éclata aussitôt qu'on revit le drapeau sans tâche.
» Depuis, le Gouvernement a fait beaucoup d'efforts pour attiédir
un enthousiasme dont les excès n'étaient pas dangereux à Limoges ;
chacun des actes qui a eu un but semblable a augmenté l'audace
des ennemis de la légitimité et refroidi le zèle de ses partisans.
» Aujourd'hui, les uns et les autres paraissent aimer également
le roi. Mais il y a entre eux cette différence que ceux-ci le défen-
draient encore si le danger existait et que les premiers n'applau-
dissent qu'aux actes qui peuvent précipiter sa chute. Les craintes
les plus chimériques leur servent de prétexte pour critiquer amè-
rement toutes les mesures qui tendent à consolider les institutions
monarchiques.
» Bonapartistes et républicains, réunis sous le nom moins odieux
de libéraux, sont ce qu'ils ont été en 93 et dans l'interrègne : les
ennemis d'une dynastie protectrice de la morale et de la religion.
La bienfaisance du roi n'en a pas ramené un seul. Les faveurs
qu'il accorde à ceux qui se prétendent les victimes de ce qu'ils
appellent la réaction de 1815 sont considérées comme les effets de
la faiblesse et de la peur.
» Le mauvais esprit d'une partie des habitans se manifeste par
les propos qui se tienaent dans les lieux publics et par les allusions
que saisit le parterre » (t).
Il nous faut maintenant arriver à l'année i820 pour voir, sous
l'administration du baron Àth. de la Bastide, la municipalité de
Limoges reprendre ses démarches et développer de la façon la plus
heureuse^ dans la requête qu'on va lire, les titres de l'ancienne
capitale du Limousin :
« Au Roi.
» Sire,
» La ville de Limoges vient aux pieds de Votre Majesté solliciter
l'honneur d'être élevée au rang des bonnes villes du royaume.
Permettez, Sire, à ses magistrats municipaux de vous exposer ici
les titres qu'elle peut avoir à cette précieuse faveur, dont la priva-
tion lui devient plus sensible à l'approche du baptême de notre
Dieodonné.
» Sire, la cité qui fut Tapanage de Jeanne d'Àlbret éprouve et
doit éprouver, plus que toute autre, le besoin d'être représentée
auprès du berceau d'Henry V.
» Limoges était une des villes les plus considérables de l'ancienne
Gaule: elle fournit dix mille combattants pour s'opposer à l'inva-
sion des Romains. Soumise ensuite par les armes de Gésar et deve-
nue la conquête des maîtres du monde, elle fut, pendant plus d'un
siècle, le séjour de leurs proconsuls. Les établissements qu'ils y
formèrent, les monuments où ils posèrent l'empreinte de leur
grandeur et de leur magnificence li firent surnommer la seconde
Rome.
» Assujettie depuis et pendant huit siècles à toutes les vicissi-
tudes de la fortune, elle fut tour à tour saccagée par les hordes
barbares que le nord de l'Europe vomissait sur nos contrées,
(1) Archives déparlementales Je la Haute-Vienne, M i877.
reconquise el sauvée par les rois de France. L'industrieuse activité
de ses habitants et l'avantage de sa position géographique avaient
bientôt réparé les maux de la guerre; elle fut toujours vaste, riche
el populeuse.
» Plusieurs monarques de la première, de la seconde et de la
troisième race Thonorèrent de leur présence. Quelques-uns même
ne dédaignèrent pas d'y faire un séjour assez prolongé. Elle soutint
plusieurs sièges pour leur cause.
» Elle eut aussi son douze mars et, la première dans toute TAqui-
taine, elle secoua le joug des Anglais pour se ranger sous le scep-
tre légitime de Charles V.
n Ce noble effort, en faveur de la légitimité, fut récompensé par
des privilèges et des distinctions honorables confirmés dans les
règnes suivants. Trois fleurs de lys décorèrent son écussbn qui,
déjà, portait Teffigie du premier apôtre d'Aquitaine. Ainsi, ses
armes présentaient en même temps les emblèmes des deux objets
les plus dignes de la vénération des hommes : la Religion et la
Royauté.
» Transmise parla Maison de Blois à celle d'Albret et par cette
dernière à la Maison de Bourbon, elle fut réunie à la Couronne au
commencement du 17"* siècle. Elle eut le bonheur de recevoir deux
fois dans ses murs le bon, le grand, Timmortel Henry IV. Nos
archives conservent précieusement le souvenir des cérémonies qui
furent observées pour sa réception. On y voit que la bourgeoisie
fournit une garde d'honneur de cinq mille hommes armés et équi-
pés à leurs frais, ce qui supposait dès lors une population et une
richesse que peu de villes pourraient offrir dans ce moment.
» Dans les années qui ont précédé la Révolution, Limoges ren-
fermait tous les établissements que le Gouvernement réunissait
dans les villes les plus importantes. Son évôché comptait plus de
900 paroisses. Son intendance comprenait le haut et le bas Limou-
sin, FAngoumois et une partie de la Marche. Bureau des finances,
sénéchaussée, présidiaU élection, hôtel et juridiction des monnaies,
collège royal, etc., tout concourait à entretenir et à augmenter
l'éclat et la prospérité d'une ville qui servait d'entrepôt général à
tout le commerce de l'intérieur. Le Gouvernement regardait alors
Limoges comme une des vingt-cinq principales villes de France et
ce fut à ce titre que son premier magistrat eut l'honneur de siéger
dans les deux assemblées de notables qui furent convoquées avant
les Etats-Généraux.
» Presque toutes les villes qui reçurent alors cette distinction ont
iié décorées depuis du titre de bonne ville. La ville de Limogea
serait-elle seule l'objet d'une exception humiliante?
344 SOCIÉTÉ AtiCHBOLOcrQU» Kt ÏISÏORlQl)^ DU LlHotSllf
» Sire, nous soUiciloosaujoard'hay pour celle ville le tilre hono-
rable que plusieurs autres, beaucoup moins importantes, ont déjà
obtenu de voire muniQcence royale. Nous le sollicitons auprès de
notre souverain légitime duquel il nous sera plus glorieux de l'ob-
tenir; nous le sollicilons pour jouir de la plus belle des préroga-
tives qui y soient atlachées, pour qu'un dépulé pris parmi nous
soit admis à Faugusle cérémonie qui se prépare, et porte Texpres-
sion de noire amour au royal enfant dont la naissance nous a fait
répandre de douces larmes.
» Nous invoquons pour obtenir cette faveur Tavantage d'une
population toujours croissante et déjà bien supérieure à celle de
Dijon, Colmar, Tours, La Rochelle et Bourges; un commerce actif
et favorisé par toutes les roules dont notre ville est le point de
réunion ; une industrie dont les produits de différents genres ont
été avantageusemenl jugés à la dernière exposition nationale; enfin
des établissements qui supposent ou qui donnent une grande
importance aux cités qui les possèdent, tels qu'une cour royale,
une préfecture, une académie, un collège royal, un hôtel des mon-
naies, une maison centrale de détention, de superbes casernes de
cavalerie, un chantier de construction pour Tarlillerie.
n Sire, au-dessus de tous ces titres, il en est un dont hous nous
prévalons avec un plus juste orgueil : c'est notre amour inaltérable
pour Votre personne sacrée et pour votre auguste famille, senti-
ment noble et pur dont LL. AA. RR. Monseigneur le duc d'Angou-
lôme et Madame ont plus d'une fois recueilli le témoignage et qui
respire toujours dans le choix des hommes que notre déparlement
envoie à la chambre des députés.
» Daignez, Sire, recevoir avec avec bonté notre humble suppli-
que, avec rhommage de notre amour et de notre vénération.
» Nous sommes, avec le plus profond respect. Sire, de Votre
Majesté, les très humbles, très obéissants et très fidèles sujets.
» Les maire, adjoints et membres du conseil municipal
de la ville de Limoges. » (i)
En même temps que cette supplique était remise au roi, la notice
suivante était adressée au ministre de Flntérieur :
») Notice succinte sur le rang qu*occupait avant la Révolution et
qu'occupe encore actuellement la ville de Limoges parmi les
villes de France.
» L'ancienneté delà ville de Limoges, dont plusieurs monumenfi
historiques attestent l'existence avant que les Romains pénétras-
^1} Archives municipales de Limoges, D (s. n.).
LkHOÔRS Et LIS BOltMBS VILLBS àiii
sent dans les Gaules (1), sa position géographique qui en fait le
point central des provinces circonroisines, sa population qui a
toujours été reconnue excéder vingt mille âmes, les établissemens
principaux dont elle a été constamment le siège, la nature de son
commerce qui s'étend du nord au midi et de Torient à Toccident
de la France, en avaient, depuis lo'ngtems, fait une des villes les
plus importantes du royaume.
» Capitale de la province du haut et bas Limousin qui formait
un grand gouvernement dont était revêtu M. le duc de FitzJames,
auteur du duc pair de France actuel du même nom, elle possédait,
en outre, un évéché dont le diocèse comptait plus de neuf cents
paroisses, ujEie intendance qui comprenait non-seulement le haut
et le bas Limousin mais encore une partie de la Marche et tout
TAngoumois, un bureau des finances des Trésoriers de France
dont le ressort renfermait la même circonscription, une séné-
chaussée et un siège présidial considérables, un tribunal d'élection,
un hôtel et juridiction des monnaies et un collège royal de plein
exercice. Il ne lui manquait enfin qu'une cour souveraine pour
devoir être placée sur la même ligne que les villes de France les
plus riches en grands établissemens.
» Si Limoges en a perdu quelques-uns qui sont devenus incom-
patibles avec le nouvel état de choses, tels que son intendance et
son bureau des finances, ces pertes se trouvent aujourd'hui avan-
tageusement compensées par les nouveaux dont elle a été dotée,
par sa préfecture, par sa cour royale, son académie, sa maison
centrale de détention dans laquelle six ou sept déparlemens ver-
sent leurs condamnés, par sa maison de force — également cen-
trale — pour les aliénés, par ses belles casernes de cavalerie en
pleine construction et son fulur dépôt d'artillerie dont remplace
ment est déjà acquis pour cette destination et les fondemens sont
sur le point d'être jetés; grands établissemens militaires qui, une
fois achevés, lui donneront le jusle espoir d'obtenir également de
devenir le siège de la division militaire à laquelle elle appartient
et qu'appellent naturellement dans son sein les nombreuses com-
munications que lui donnent, avec les départemens dont se com-
pose cette division, les roules qui y aboutissent dans toutes les
directions, préférablement à la ville de Bourges, cheMieu actuel,
où l'état-major de cette même division se trouve confiné, en quel-
que sorte, à l'extrémité de son territoire.
(4) ft Voy. la Statistique générale de la France, département de la Haute-
Vienne, p. 130 ».
T. LU 93
di6 SOCliTÂ ARCHÉOLOGIQUE BT HlSTOaiQUB DU LIMOUSIH
» Déjà avant la Révolution et dans une circonstance bien solen-
nelle, la convocation des deux assemblées de notables qui a pré-
cédé celle des derniers états généraux, Timportance de la ville de
Limoges et sa prééminence sur une infinité de villes de France ont
été reconnues par le Gouvernement. A ces assemblées furent appe-
lés les maires des vtngt-cinq principales villes du royaume et
Limoges fut de ce nombre. Ces maires étaient ceux de Paris, Lyou,
Marseille, Bordeaux, Rouen, Toulouse, Strasbourg, Lille, Nantes,
Metz, Nancy, Montpellier, Valenciennes, Rheims, Amiens, Troyes,
Limoges, Montauban, Glermont-Ferrand, Rayonne et Cbàlons en
Champagne (1).
» Par là, la ville de Limoges s'est trouvée déjà classée parmi les
plus notables du royaume. Toutes ou presque toutes les autres,
dont ce tableau présente la nomenclature, ont depuis reçu le titre
de Bonne Ville que leur conférait implicitement la distinction hono-
rable par elles obtenue en 1787 et 1788. Si Limoges n'a pas été
décorée de la même qualification, ce n^est sans doute que parce
qu'on aura néglig*^ de faire valoir ses droits à solliciter cette faveur.
Mais il est un titre au(]uel il sera plus précieux encore pour elle de
le devoir qu'à celui de son importance : c'est le bon esprit qui a
constamment animé la grande majorité de ses habitans, leur atta-
chement au Trône, leur fidélité inébranlable et leur dévouement
sans bornes à la personne sacrée de Sa Majesté et à celles de son
auguste famille. »
Gomme on Ta vu, après avoir insisté sur le rang qu'occupait
Limoges avant la révolution et qu'elle tenait encore parmi les villes
de France, la municipalité faisait ressortir ce fait qui lui paraissait
concluant : à savoir que lors des assemblées de notables, en 1787
et 1788, l'importance de la capitale du Limousin et sa prééminence
sur nombre d'autres localités avait été reconnue et proclamée,
puisque son chef municipal avait été du nombre des vingt-cinq
appelés à ces assemblées. Elle en inférait que Limoges ^*était par
\i\ trouvé classé parmi les principales villes. Et sa prétention au
titre de Bonne Ville se fortifiait encore de cette constatation que.
(4) Voy. les procès-verbaux des deux assemblées de notables de 1787 et
178J3, imprimés à Paris dans les mêmes années à Fimprimerie royale,
pages 27 du premier et 33 du second. L'article du maire de Limoges, au
chapitre des chefs municipaux 46s villes, y est ainsi conçu : « Monsieur
Guillaume-Grégoire de Roulbac. écuyer, conseiller du roi, lieutenant
général en la sénéchaussée et siège présidial de Limoges, maire de la
môme ville. »
LiÉoois ET Les bonnes villes H1
depuis lors, toutes ou presque toutes les autres localités repré-
sentées avaient reçu le titre honorable que semblait leur conférer
implicitement la désignation faite en 1787-88.
Pourquoi un tel argument, qui semblait irréfutable et décisif,
fut-il impuissant à déterminer une solution favorable?
Rappelons tout d'abord que Limoges n'était pas du nombre des
villes qui avaient obtenu de la royauté la noblesse municipale,
c'est-à-dire de celtes dont les offices municipaux conféraient à leurs
titulaires la noblesse personnelle (1).
Si nous examinons maintenant les termes de l'édit de convoca-
tion de la première assemblée des notables, nous y voyons que
« S. M. a déclaré que son intention était de convoquer une assemblée
composée de personnes de diverses conditions et des plus qualifiées
de son Etat pour leur communiquer les vues qu'elle se propose
pour le soulagement de son peuple et la réforme de plusieurs
abus ». Et dans la longue liste des personnages appelés à prendre
part aux délibérations nous trouvons nommément désignés les
chefs municipaux de vingt-quatre villes du royaume, celui de Limo-
ges entre autres (2). Mais celte désignation ne paraît impliquer
aucune attribution de rang,, aucune classification par ordre
d'importance. Il y eut, en effet, parmi les magistrats municipaux
appelés, un choix basé sur des considérations de personnes autant
que de localités. La preuve en est que le maire de Châlons ayant
demandé à être dispensé de siéger à raison de son âge, ce ne fut
pas, comme à Nantes, où le maire décéda après la convocation,
son adjoint qui fut choisi pour le remplacer, mais bien le maire
d'une autre ville, celle de Rayonne (3; .
(1) Ces villes élaient :
La Rochelle (8 janvier r^72), Poitiers (8 janvier 137»), Angoulôme («373),
Saint-Jean-d'Angély (?), Saini-Maixent (avril 14U), Tours (février MOI),
Niort (novembre U6i), Angers (2 février 1474), Péronne (t53ô), Nantes
(1539), Cognac (confirmé en 1667), AbbevlUe (confirmé en 1667)
(2) Le maire de Limoges étail, à ce momenl, M. Grégoire de Roulbac
(Pour plus de détails sur ce personnage, v. nos Notices sur les députés de
la Haute-Vienne aux assemblées législatioes de la Révolution).
(3) Le a banc des chefs municipaux des villes » aux assemblées des
notables comprenait : le prévôt des marchands de Pai-is, le maire de
Marseille, le lieutenant de maire de Bordeaui, le maire de Rouen, le
premier capiloul de Toulouse, le préteur royal de Strasbourg, le mayeur
de Lille, le procureur du roi, syndic de la ville de Nantes, le maître
échevin de Metz, le maire royal de Nancy, le viguier de Montpellier, le
prévôt de Valenciennes, les maires de Reims, d'Amiens, de Troyes, de.
Caen, d'Orléans, de Bourges, de Tours, de Limoges, de Montauban, de
Clermont et de Rayonne, le premier échevin et avocat du roi au grenier &
sel de Lyon.
I
I
348 SOCIÉTÉ ARGltOLÔOIOUB It HISTORIQUB DU LIlkOUSlK
Si la situation honorifique dans laquelle le fait considéré plaçait
la ville de Limoges ne lui créait pas un droit pour l'avenir, il n^en
faut pas moins retenir que des vingt-quatre cités dont il est ici
question, trois seulement : Bayonne, Limoges et Yalenciennes
étaient tenues à l'écart.
L'argument tiré de l'importance de notre ville au point de vae
administratif, industriel et commercial, a une plus sérieuse valeur,
plusieurs autres localités qui jouissaient du titre sollicité se trouvant,
à ce point de vue, dans un étal d'infériorité marquée. On va roir
quelles considérations furent opposées à la supplique des reprë-
sentants de Limoges :
« Direction générale de V administration départementale
et de la police.
«Paris, le 28 février 1824.
» Monsieur le Préfet,
» M. le Ministre de l'Intérieur a mis sous les yeux du roi le
mémoire du corps municipal de Limoges, que vous lui avez adressé,
et il a fait valoir les titres que présente cette ville pour obtenir la
faveur d'être classée au rang de bonne ville du royaume.
» Je regrette d'avoir à vous annoncer que, tout en appréciant les
sentiments d'attachement à sa personne et de fidélité des habitants
de Limoges et en reconnaissant l'importance de celte ancienne cité
sous le rapport de la population et des divers établissements
qu'elle renferme, le roi n'a pas témoigné l'intention de lui accorder
cette faveur. S. M. pense que les considérations sur lesquelles elle
appuie sa demande lui sont communes avec d'autres villes et elle
croit convenable de n'accorder désormais une pareille récompense
qu'en raison de motifs particuliers.
» J'ai l'honneur d'être, Monsieur le préfet, avec une considéra-
tion distinguée, votre très humble et très obéissant serviteur.
» Le Directeur général.
Signé : « Mounier » (1).
« A M. le préfet de la Haute- Vienne ».
Pourtant la municipalité limousine ne s^était pas montrée avare
de témoignages de loyalisme; elle n'avait laissé échapper aucune
occasion de manifester en l'honneur du roi et de la famille royale.
Le 27 juin 1816, le conseil votait une adresse à l'occasion de
l'alliance du duc de Berri avec la princesse Caroline de Naples.
(I) Archives départemeatales de la Haute-Vienne, Z 1738.
LIMOGES BT LB« BONHBS VILLES 349
Le même jour, il inaugurait à rhôtel-de-ville le buste du roi et
donnait à cette occasion une fête publique. Le 20 février 1820,
Tassassinat du duc de Berry était le prétexte d'une adresse pleine
d'une sincère émotion. Le 10 octobre suivant, autre adresse à
l'occasion de la naissance du duc de Bordeaux. Le 25 novembre,
vote d'une souscription pour contribuer à l'acquisition du château
de Chambord. Le 21 février 1821, grande fête pour célébrer le
baptême du duc de Bordeaux. Le 13 septembre de la même année
le nom du jeune prince est donné à une rue à ouvrir au centre de
la ville (1).
De son côté, le conseil général du département fait preuve, à
chacune de ses sessions, d'un ardent royalisme. Le 16 août 1820,
il vote une souscription de 600 fr. pour le monument à élever à la
mémoire du duc de Berri. Le 18 août 1821, il vote « à l'unanimité
et en première ligne » une subvention de 1.000 fr. pour l'acquisi-
tion du domaine.de Chambord ; mêmes allocations votées en 1822
et 1823, ce qui porte à 3.000 fr. la souscription du département.
Le 9 septembre 1822, celte assemblée vote 1.200 fr. pour achat
d'un portrait en pied du roi et, le 15 juin 1823, 1.200 pour achat
du portrait de S. A. R. M"* la duchesse d'Angoulême, vote émis
« par acclamation comme l'expression du voeu de son cœur. »
 ces multiples démonstrations, le roi répond par l'envoi d'un
buste en marbre de Turgot, dû au sculpteur Guichard et qui restera
l'unique témoignage de sa munificence. Avec une constance
inlassable, le conseil municipal n'en persiste pas moins dans son
désir, guettant pour l'exprimer une occasion favorable. Dans le
courant de 1825, aux approches du sacre de Charles X, il rédige
une nouvelle supplique qu'il fera présenter cette fois par le maré-
chal Jourdan. Voici le texte de ce document et de la réponse qui y
fut faite :
« Les mairey adjoints et membres du Conseil municipal
de la ville de Limoges,
» Au Roi
>i Sire,
» Vos fidèles sujets, les habitants de la ville de Limoges, après
avoir satisfait au premier besoin de leur cœur par l'hommage
respectueux de leur amour, de leur dévouement et de leurs vœux
pour le bonheur de Votre Majesté, la supplient humblement
d'élever au rang des J^onne» villes de son royaume la cité qui fut
adis l'apanage de Jeanne d'Albret.
(i) La rue Adrien Oabouché actuelle.
350 sociéré arghéologiqur et historique du limoobin
» Si pour obtenir cette faveur de la munificence royale il fallait
invoquer les souvenirs historiques, ils rappelleraient quelle fut
Tantique splendeur de cette ville, les sièges glorieux qu'elle
soutint pour la cause de ses rois légitimes, les privilèges et les
distinctions honorables que lui mérita, sous le règne de Charles V,
l'honneur d'avoir, la première de TAquilaine, secoué le joug des
Anglais, privilèges qui équivalaient alors au rang qu'elle sollicite
aujourd'hui et qui furent successivement confirmés sous les règnes
de Charles VI, de Charles VII, de Louis XI, de Louis XII, de
Henri II et de l'immortel ayeul de Votre Majesté, le grand, le bon
Henri, qu'elle eut deux fois l'honneur de recevoir.
jo L'état prospère de sa population et de ses revenus accrus de
plus d'un cinquième depuis dix ans; l'industrie florissante qui la
vivifie et dont les progrès miraculeux ne sont pas moins dus au
règne paternel de l'auguste frère de Votre Majesté qu'à la confiance
avec laquelle le génie du Limousin sut profiter des premiers
bienfaits de la Restauration pour créer une foule de manufactures
dont les produits sont devenus l'objet d'un commerce important
avec l'étranger ; les grands établissements publics et royaux qu*elle
possède et dont la conservation lui est non moins assurée par
leur ulilifé, leurs services, que par la puissante protection
de Votre Majesté; la constante fidélité, lamour inaltérable de ses
habitants pour leurs princes légitimes et dont LL. AA. RR. Mon-
seigneur le Dauphin et Madame la Dauphine ont daigné recueillir
plusieurs fois les témoignages unanimes : tels sont les titres que la
ville de Limoges est heureuse de présenter à Votre Majesté et les
moyens par lesquels elle peut soutenir avec distinction le rang de
bonne ville qu'elle attend, Sire, de votre bienveillance auguste.
» Nous sommes avec un profond respect. Sire, de votre Majesté,
les très humbles et très fidèles sujets » (1).
« MINISTÈRE DE l'iNTÉRIEUR
« Direction de l'adminiMration générale et départementale
/•' bureau
» Paris. le4juilleH825.
» Monsieur le préfet,
» M. le maréchal c** Jourdan m'a transmis le 9 du mois dernier
un placet par lequel la ville de Limoges supplie Sa Majesté de
l'élever au rang de bonne ville.
(\) Archives muDicipales de Limoges, D (s. n.)*
LIH0018 ET LBS BONNES TILLIS 351
x> Veuillez faire connailre à M. le maire de Limoges que, malgré
les titres honorables qae cette cité fait valoir, la faveur qu'elle
sollicite ne peut lui être accordée; l'intention de Sa Majesté est de
ne pas augmenter, quant à présent, le nombre des bonnes villes
de son royaume.
» Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma considération
distinguée,
» Pour le ministre :
» Le Conseiller d'Etat directeur,
(Signature illisiblej (1)
« A M. le préfet de la Haute-Vienne ».
On le voit, la municipalité de Limoges ne fut pas, celte fois, plus
heureuse que précédemment. Ce devait être sa dernière tentative.
Désormais ce sont des griefs que formuleront les corps élus. Et par
exemple, le 27 juillet 1826, au cours de la séance du conseil général
du déparlement, un membre constate que la Haute- Vienne << est en
arrière de la civilisation et que le mouvement rapide qui Ta avancée
dans d*aulres contrées s'y fait à peine sentir hors de Tenceinte des
villes » (2). Et on laisse entendre que la faute en est au gouverne-
ment dans les conseils duquel ce département est constamment
sacriûé.
Sous la main maladroite des nouveaux maîtres le peuple s'était
cabré. Peu à peu s'amassait la tempête qui devait obliger les
Bourbons à se réfugier de nouveau à Tétranger. Les destinées de
la nation allaient échapper aux éphémères détenteurs du pouvoir.
1830 vit la fin d'un état de choses dont le vice capital était d'être
constitué par des organes morts depuis longtemps. A un gouver-
nement immobilisé dans le passé succéda l'autorité d'un prince
libéral et populaire. En même temps que l'orientation de la politique
changeait, les mœurs publiques se modifiaient sensiblement. Les
distinctions sociales s'effaçaient pour faire place, sinon à une
égalité absolue entre les citoyens, du moins à une conception
moderne dégagée de tout souvenir, libérée de -toute formule
antérieure. Un soufQe pacifiant de liberté animait les actes du
nouveau gouvernement, déterminant le progrès dans les conditions
sociales et économiques du pays.
(1) rchives départementales de la Haute-Vienne, Z 1738.
(2) Analyse des délibé rations tnanusoritês de 1800 à, 1839, par M. A|f.
I^eroux. — Limoges, 1899.
352 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET H18T0II1QUB DU LIMOUSIN
Au surplus, une génération était suryenue, désenchantée, scep-
tique, aussi méprisante des valeurs d'imagination qu'attachée aux
avantages positifs. Or, en matière sociale, les doctrines et les
formules ne valent que par leur adaptation à la mentalité populaire
qui les vivifie et qui les soutient. Comme une conséquence suit son
principe, l'institution aristocratique des Bonnes Villes devait ne pas
échapper à l'évolution qui s'accomplissait. Le titre ne fut point
retiré aux localités qui l'avaient obtenu, mais il cessa d'être décerné
et fut tenu pour virtuellement aboli. Il n'est plus aujourd'hui qu'un
souvenir.
A. Fray-Fournier.
LA
SEIGNEURIE DE SAINT-YRIEIX
CHAPITRE I"
LA JUSTICE DE LA SEIGNEURIE DE SAINT-TRIEIX
La seigneurie de Saint-Yrieix, en Poitou, avait droit de justice
baute, moyenne et basse. Les appels de cette juridiction ressorlis-
saient au sénéchal de MontmoriUon.
Son ressort comprenait :
!• Dans la paroisse de Saiût-Yrieix : le bourg de Saint-Yrieix,
Ars (en partie), Bessas (en parlie),Le Brudicu, Le Cloup-Vallereix,
Lorthomas (en partie), Madéry, le Malard (tènement, en partie), le
Montruc, le moulin des Isles, le moulin du Roudet, le moulin de
Sarepte, Peylanges (en partie), La RocheroUe, Le Theil-Haut, Le
Treidars, La Valette (en partie). Le Verdinaud et Vernon ;
9? Dans la paroisse de Saint-Marc-à-Loubaud : Pourcheyroux
(en partie).
On tenait les audiences de cette justice au bourg de Saint-Yrieix.
Nous connaissons comme officiers de cette juridiction i
Juges sénéchaux :
Antoine du Leyris, licencié-èz-droits, sénéchal juge ordi-
naire (1615);
Michel Meaulme, sieur de La Troudière, advocat en parle-
ment, juge de Saint-Yrieix (1686, 1 1680) ;
Procureurs d'office ou fiscaux :
Antoine Ghappellon Talné (1593) ;
Gabriel Darfeuilhe, sieur de la Brousse (1711) ;
Jean Barben (1739-1743).
Greffiers :
Du Leyris (1593) ;
Michel Despaignat (16...);
Léonard Jagot (1668, 1670) ;
Gasne (1732);
Leblaûc(1760);
Coulisson (1774).
354 SOCliTÂ ARCBÉOLOGIQUB KT HISTORIQDB DU LIMODSIN
CHAPITRE II
LES SEIGNEURS
ï. — François de PierrebufBère, chevalier, seigneur baron de
PierrebufBère, premier baron du Limousin, seigneur de Saint-Paul,
Aigueperse, Pontarion, Le Monteil-au-Vicomte, Saint- Yrieix en
iSii, donna, le 24 octobre 1537, le dénombrement delà seigneurie
de Saint- Yrieix (1). Il mourut vers 1850, laissant de Marguerite de
Maulmont, dame de Sussac, fille de Louis de Maulmont, seigneur
de Saint-Vit, Beauvais, La Groisille, Le Pommeau, et de Françoise
de Noailles, qu'il avait épousée en avril 1321, entre autres enfants,
Jean-Geoffroi, qui suit.
IL — Jean-Geoffroi de PierrebufBère, chevalier, baron de Pierre-
bufflère, premier baron du Limousin, seigneur d* Aigueperse, Sus-
sac, Saint-Paal, Pontarion, Le Pont-de-Noblac, Le Monteil-aa-
Vicorate, Beauvais, Saint- Yrieix en 1550, époux de Marguerite de
Bourbon-Busset, fille de Philippe de Bourbon, chevalier, baron de
Busset et de Puisagul, et de Louise Borgia, duchesse de Valenti-
nois, aliéna vers 1557 la seigneurie de Saint- Yrieix à François de
PierrebufBère, vicomte de Comborn et baron de Châteauneuf, qui
suit.
III. — François de PierrebufBère et de Comborn, chevalier,
vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf, de Treignac et de
Peyrat, seigneur de Saint-Yrieix, Soubrebost, La Croizille en 1557,
fit comparoir le 16 octobre 1559 à la réformation de la Coutume du
Poitou à cause de sa baronnie de Peyrat et des seigneuries de
Saint-Yrieix et de Soubrebost. Il testa en 1562 et était mort en
1568. Il avait épousé : 1° en 1549, Catherine de Ségur; 2* le
16 mars 1551, Catherine-Jeanne Chabot de Jarnac, fille de Charles
Chabot, baron de Jarnac, et de Madeleine de Puiguyon. Du second
mariage naquit Charles, qui suit.
IV. — Charles de PierrebufBère et de Comborn, chevalier,
vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf, Peyrat, Treignac,
Chabannes, Beaumont, Chamberet, seigneur de Ghasteau, Saint-
Yrieix, Soubrebost; La Croizille, lieutenant pour le roi en Limou-
sin en 1579, épousa, le 2 mai 1575, Philiberte de Gontaut-Biron,
fille d'Armand de Gontaut, baron de Biron, et de Jeanne d'Or-
nesan.
(1) Archives de la Crenge, E iSS,
LA 8IIGNCURIB DE SAINT-TRIRIX 355
En i585, il avait pour fermier de la seigneurie de Saint-Yrieix
Jehan Doumy, sieur de Mansat.
Parade du 18 juin 1S93 du Leyris et Laurent, no'" roy., passé
au château d'Aubepeyre, en la Marche, en présence de noble Fran-
çois de Faye, écuyer, seigneur dudil lieu, et de noble Gabriel de
Châteauneuf, écuyer, seigneur du Chalard, habitant de Château-
neuf, le vicomte de Comborn, agissant tant en son nom personnel
qu'au nom de Jeanne Chabot, dame de Châteauneuf, sa mère, et
de Philiberte de Biron, sa femme, vendit, moyennant trois mille
deux cent trois écus un tiers, à noble Jacques de Chizadour, écuyer,
seigneur d'Aubepeyre, La Foresl, Le Râteaux, La Chaud et Puy-
Seguin, la terre et seigneurie de Saint-Yrieix, près Vallière,
tenue et mouvant du roi, à cause de son comté de Poitou, à foi et
hommage lige d*icelui, avec tous les droits de fief et la justice haute,
moyenne et basse. Le 31 juin 1S93, au château de Châteauneuf,
devant du Leyris et de Mofanlons, no'*' roy., haute et puissante
dame Jeanne de Chabot, dame de Châteauneuf, veuve de feu et de
bonne mémoire raessire François de Pierrebuffière, baron de Châ-
leauneuf, et dame Philiberte de Biron, vicomtesse de Comborn,
femme dudit Charles de Pierrebuffière, ratifièrent cette vente (1).
A partir de ce contrat, la seigneurie de Saint-Yrieix, en Poitou,
suivit le sort de celle d'Aubepeyre, en Marche. Elle eut donc suc-
cessivement pour seigneurs :
V. — Noble homme Jacques de Chizadour, écuyer, seigneur
d'Aubepeyre, La Fourest-Belleville, Le Chier, Râteaux, Puy-Seguin,
Saint-Yrieix et autres places, réunit, ainsi que nous venons de le
dire, la terre et seigneurie de Saint-Yrieix à la terre et seigneurie
d'Aubepeyre. Il mourut vers 1598.
VL — Françoise de Chisadour, dame d'Aubepeyre, Saint-Yrieix,
]jSi Forest-Belleville, Le Râteau et autres places, et Louys de Gour-
don de Genouilhac, comte de Vaillac, son mari, eurent comme
receveurs au château d'Aubepeyre, pour administrer la terre et
seigneurie de Saint-Yrieix, en 1603, 1604, 1603, Léonard Chans-
sard; en 1606, Le Roy; en 1608, Bally. En 1615, cette terre et sei-
gneurie était affermé à Léonard Huguet, sieur du Mas.
VIL — Louis-François de Gourdon de Genouilhac, chevalier,
marquis de Castelnau, seigneur du Rasteau, Aubepeyre, Saint-
Yrieix, La Forest-Belleville, Le Chier et autres places, avait en
1636, 1637 et 1638 pour fermier de ladite terre et seigneurie le
sieur du Leyris. En 1639, il fut remplacé par Gabriel Yallenet,
sieur de Rouzilie.
(0 Voy. h Tappendicç lesdites vente et ratifici^tion,
356 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UMOUSIN
VIII. — Jean-Paul Ricard de Gourdon de Genouilhac, chevalier,
comte de Vaillac, baron de Gourdon et de Genouilhac, baron de
Montferrand, premier baron de Guyenne, seigneur d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, Le Boisse, La Barivière, Estau-
tier, Plassac, Pinard, eut à partir de 1639, comme fermier de la
terre et seigneurie de Saint-Yrieix, Gabriel Vallenet, sieur de Rou-
zille. Ce dernier était encore fermier en 1644 au moment de la
vente de ladite terre.
IX. — Claude de Gourdon de Genouilhac, dame d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, La Forest-Belleville, et Flotard de Turenne, marquis
d'Aynac, baron de Molières, seigneur de Salles, etc., son mari,
eurent aussi comme fermier le même Gabriel Vallenet jusqu'au
commencement de 1646. Les receveurs, qui représentaient le sei-
gneur, habitaient le château dAubepeyre. Du commencement de
1646 à la fin de 1661, Jacques de La Paye de La Porte, baron du
Leyris, administra la terre de Saint-Yrieix en môme temps que
celle d'Aubepeyre. La terre de Saint-Yrieix eut d'ailleurs les mêmes
fermiers que celle d'Aubepeyre, savoir : Jean Darfeuilhe, sieur de
Roubène, et Antoine Forest de 1663 à 1670, de Truffy de 1670
à 1673.
X. — Louis de Turenne d'Aynac, chevalier, marquis d'Aynac,
comte d'Aubepeyre, seigneur de Saint-Yrieix, La Forest-Belleville,
baron de Felzins et de Montmural, premier baron du Quercy, afferma
le 25 septembre 1681 la terre et seigneurie de Saint-Yrieix à
Gabriel Darfeuilhe, notaire royal à Chaslaing, en même temps que
celles d'Aubepeyre et de La Forest-Belleville. A partir de 1687
inclusivement, Léonarde Forest, veuve de Jehan Darfeuilhe, et
Léonard Darfeuilhe, sieur de Roubène, son fils, furent fermiers
desdites terres et seigneuries.
XL — Jean de Turenne d*Aynac, chevalier, seigneur comte
d'Aubepeyre et d*Aynac, baron de Salles, seigneur de Belleville-
la-Forest, Saint-Yrieix, Le Chier, Le Bousquet, garda Léonarde
Forest et Léonard Darfeuilhe comme fermiers jusqu'en 1692. Après
leur sortie, Jean de Turenne intenta une action à Gabriel Dar-
feuilhe, ancien fermier de la seigneurie de Saint-Yrieix, pour le
faire condamner, en sa qualité de fermier des dîmes de la paroisse
de Saint-Yrieix, à lui payer quatre-vingt-seize setiers seigle, mesure
de la Borne, dus à raison de seize setiers par an, pour les années
1687 à 1692, à la seigneurie de Saint-Yrieix sur les dîmes inféo-
dées de la paroisse de Saint-Yrieix. Gabriel Darfeuilhe appela en
cause pour le garantir Léonarde Forest, veuve de Jean Darfeuilhe,
et Léonard Darfeuilhe, sieur de Roubène, son fils. Par sentence de
la sénéchaussée de Guéretjdu 6 juin 1693, Jean de Turenne fut
LA SI1GNBURIB DK SAlKT-tRlBIX 3S7
débouté de sa demande et condamné aux dépens, mais sur appel
de ce dernier intervint, le !•' juillet 1704, un arrêt du parlement
de Paris, qui condamna Gabriel Darfeullhe à payer les quatre-
vingt-seize setiers seigle et en tous les frais.
Les revenus de ladite terre et seigneurie étaient touchés en 1693
et 1694 par Raymond Delbosc, agent et régisseur à Âubepeyre, en
1699 par Guillaume Laguarrigue, receveur.
XII. — Jean-Galiot de Turenne, chevalier, seigneur comte, puis
marquis d'Aubepeyre, Salles, seigneur de Saint-Yrieix, Laforest-
Belleville, Gourbatier, Le Pouget et autres places, eut pour rece-
veurs, en 1719, Antoine Puechoultre, advocat en parlement, en
1722 et 1723 Jean Carneiac. En 1723, Jean-Galiot afferma les prés,
pacages et glandaies du bois appelé de Vernon.
Suivant le sort de la terre et seigneurie d'Aubepeyre, celle de
Saint- Yrieix fut affermée en 1730 à Pierre Dumond, notaire royal
d'Eymoutiers, en 1738 à Gabriel Guyonie, de Vallière. Antoine
Puechoultre était agent et mandataire du seigneur en 1733, Jean
Honrouzié à partir de 1746.
XIII. — Jean-Antoine de Turenne, chevalier, seigneur marquis
d'Aubepeyre, Saiut-Yrieix, Laforest-Belleville, Salles en Rouergue,
Charbonnière et autres places en Gévaudan, avait en 1752 et 1753
pour agent Claude Barben, marchand, du village de Pimpérigeas.
Le 10 novembre i760, la terre et seigneurie de Saint-Yrieix fut
saisie réellemenl en môme temps que celle d'Aubepeyre, ainsi que
nous Tavons raconté dans la notice qui précède, mais ces pour-
suites n'allèrent pas jusqu'à la vente.
XIV. — Jeanne-Martiale-Galiotede Turenne, dame d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, et Raymond Garât de La Villeneuve, écuyer, marquis
de Nedde, seigneur baron de La Villeneuve-au-Comte, son mari,
furent les derniers seigneurs de Saint-Yrieix. Raymond-Galiot-
François Garât de La Villeneuve, leur fils aîné, était connu sous le
nom de Monsieur de Saint-Yrieix avant de partir pour l'émigration,
dont il ne revint pas.
I
358 SOCIÉTÉ ARGIIÈOLOOIOUB ET B18T0RIQ0B bU LlttOUSlH
CHAPITRE III
DOMAINE UTILE, RENTES ET DÎMES DE LA SEIGKEURIR DB SARrr-TRlBrX
I f^. — Domaine utile
Ea fait de biens territoriaux, la seigneurie de Saint-Yrieix pos-
sédait seulement en 1646 :
i"" Le moulin banal, appelé Le Roudet, paroisse et justice de
Saint-Yrieix, « situé sur le ruisseau qui descend de Serre dans
la rivière de Sourliavoux » (la Banise). En 1722 il était affermé,
moyennant cinquante-six livres, à Gabriel Despaignat, de La
Rebeyrolle. En 1744, Jean-Galiot de Turenne fit réparer par Léo-
nard Gigaudeau, du Meysounioux, la chaussée de Tétang de ce
moulin. Par acte du 4 mars 1766 Goumy et Barben, no"' roy.,
M. de La Villeneuve donna ce moulin à titre de cens et rente per-
pétuelle noD rachelable, avec réserve pour le seigneur de tous
droits de lods et ventes et directe, à Léonard, Jacques et Jean Guil-
lebaud, père et fils, du Verdioaud, moyennant quarante-et-une
livres argent et quatre chapons de fermage annuel et une rente
féodale de vingt sols argent (1).
. 2* Le pré, dit des Prades, située à Madéry. En 1722 il était affer-
mé, en môme temps que le moulin du Roudet, à Jean Verniaud,
moyennant pour lé tout an fermage annuel de quatre-vingts livres.
Il fut aliéné avant 1761.
3** Et au tènement des Bourderies, possédé par les habitants de
La RocheroUe et du Verdioaud, un petit quart de domaine, qui fut
aussi aliéné avant 1761.
En 1688, la terre de Saint-Yrieix possédait le bois et garenne
de Vernon ; à cette date le juge sénéchal, maître des eaux et forêts
de ladite seigneurie, dressa procès-verbal contre Léonard Dar-
feulhe, sieur de Roubène, fermier de ladite terre et seigneurie,
pour avoir abattu et emmené sans aucun droit les arbres dudit
bois. Le seigneur possédait encore en 1728 ce bois, qui lors était
affermé soixante-dix livres. Il n'en est pas question dans la saisie
de 1761.
(I) Archives de la Creuse, E i85.
Là SKlGNBOalB DR âATMt-YRlElX 350
§ 2. — Rentes féodales
En renies féodales annuelles, la seigneurie de Saint-Yrieix per-
cevait en 1646 :
!• Sur le lieu de LaFéraude, au bourg de Saint-Yrieix, argent
vingt-deux sols six deniers ;
9^ Sur le lieu de Longmanias, mêmes dépendances, argent six
sols, gélines deux;
3"" Sur le tënement des Gourganioulx, mêmes dépendances,
trente-huit sols neuf deniers argent, trois setiers seigle, un setier
froment, une géline, une paire de bœufs de vinade et le droit
d arban ;
4'' Sur le tënement des Foucaud, mêmes dépendances, quarante
sols argent, neuf setiers seigle, trois quartes froment, quatre setiers
avoine, quatre gélines et une paire de bœnfs de vinade, avec droit
d'arbans ;
5*» Sur les tènemenls deLauvergoiatei Saxon, mêmes dépendan-
ces, vingt-sept sols six deniers argent et deux gélines;
6" Sur la métairie du seigneur de Larfeuillère, sise au bourg
de Saint-Yrieix, six livres argent el six setiers seigle ;
En 1761, la rente solidaire sur le bourg de Saint-Yrieix, outre
un canton affermé au curé, était de dix-sept setiers vingt-six quar-
tons seigle, soixante-six quartons avoine, dix-sept livres seize sols
argent et deux arbans ;
7*» Sur le village et tènement de Peylangeas, trois livres cinq
sols argent, neuf setiers seigle, trois setiers avoine, mesure de La
Borne, deux gélines, le droit d'arbans et deux paires de bœufs de
vinade; en 1761, dix-huit livres argent, neuf setiers seigle, quatre
setiers avoine, deux poules, arbans chaque maison un;
S"" Sur le tënement des Bourderies, possédé par les habitants de
La Rocherolle et du Yerdinaud, trente sols argent, huit setiers
seigle, un setier avoine et deux gélines ;
9* Sur le village de La Rocherolle, argent sept sols six deniers,
seigle deux setiers, avoine deux raz ;
10** Sur le village du Verdinaud, argent deux livres trois sols
neuf deniers, seigle trente boisseaux, avoine sept boisseaux, me-
sure de La Borne, gélines trois quarts d*une ;
En 1761, la rente solidaire sur les villages du Verdinaud et de
La Rocherolle consistait en huit setiers seigle, deux setiers avoine,
six livres argent, deux poules et un arban par chaque maison ;
11* Sur le lieu et village de Madéry, sept livres dix sols argent,
360 SOClfttÈ ABGHÈOLO6IQUB ET talSTORIQUB bl) tlMOUSlM
une quarte froment, vingt-trois setiers esmine seigle, neuf setiers
avoine, mesure de La Borne, six gélines, trois paires de bœufs et
un (iers d'une autre paire de bœufs de vinade et le droit d^arban ;
en 1761, vingt-quatre setiers seigle, neuf setiers avoine, cinq pou-
les, argent et vinade vingt-six livres;
12" Sur le village du Trei«lars, argent dix-huit sols neuf deniers,
seigle cinq setiers, avoine deux setiers trois raz, mesure de La
Borne, gélines cinq ;
13^ Droit de guet à raison de trois sols par feu vif sur le bourg
de Saint-Yrieix, Madéry, Peylangeas, La Rocherolle, Le Verdinaud,
Ârs, Le Treidars, Lorthomas, Le Montruc, Le Brudieu et Sarepte.
§ 3. — Dîmes
Les seigneurs de Larfeuillère, de la maison de Montaignac, ainsi
qu'il résulte des dénombrements et aveux de 1433 et 1670, et de
la saisie des terres du Honteil et de Larfeuillère de 1730, possé-
daient quelques renies sur le lieu du Theil et partageaient avec le
curé les dîmes de la paroisse de Saint-Yrieix. Lesdils seigneurs de
Larfeuillère levaient originairement la dîme dans la paroisse de
Saint-Yrieix sur les villages suivants : le bourg de Saint-Yrieix,
Sarepte, Peylangeas, Giboulioux, Ars, Le Marcelleix, Le Verdinaud,
La Rocherolle, La Valette, Puy-Bessas, Bessas, Magnai, Le Mey-
sounioux. Le Cloup, Le Theil-Haul, Le Theil-Bas, Madéry, Aube-
peyre, Lorthomas, Le Montruc, Serre. Ces dîmes étaient inféodées
à la seigneurie de Sainl-Yrieix.
Le 7 mai 1639, Gaspard II de Montaignac avait aliéné toule:^ les
dîmes inféodées de la paroisse de Saint-Yrieix, mais il faut croire
que celte vente ne fût pas définitive, ou du moins qu'il n'y eut
d'aliéné qu'une partie de ces dîmes car, au moment de la vente de
la seigneurie de Larfeuillère à Denis de Gédoyn, vicomte du Mon-
teil, qui eut lieu le 6 juillet 1674, Gaspard III de Montaignac pos-
sédait encore : 1° la dîme du Preslre Jean, qui était la dîme des
trois villages de Giboulioux, Ars et Le Marcelleix; la dime du Grand
Quartier, consistant dans la dîme des villages de Magnat, Le Cloup,
Le Mont, Le Theil-Haut et le Theil-Bas ; les dîmes des villages de
Serre et de Madéry.
A cause de ces dîmes, le seigneur de Larfeuillère était tenu de
contribuer pour un tiers aux réparations de Téglise de Saint-
Yrieix. Le 13 février 1653, François de Montaignac, seigneur de
Larfeuillère, fit avec Antoine Lavandrier, curé de Saint-YrieiXt
une convention par laquelle le curé s'engagea à faire à Téglise les
réparations à la charge du seigneur de Larfeuillère, qui devait lai
Là SfelGICKURtE OB SàlNT-VRltelX ^61
payer pour cet objet la somme de « sept vingts livres ». Le curé
n'exécutant pas ce traité, honorable maitre Jehan du Mazel, fermier
de la seigneurie de Larfeoiilère, fit signiiier des offres réelles au
curé par Delavergne, no" roy. héréd., le 28 juin 1624, en présence
de noble René de Saint- Yrieix, écuyer, sieur de Saint-Yrieix, et de
M' Jehan Dufau, procureur.
Au sujet du partage des dîmes et novales, un procès s'engagea
entre Gaspard III de Montaignac et François Matheyron, curé de
Saint- Yrieix. Louis de Turenne, marquis d'Aynac et comte d'Au-
bepeyre, intervint dans cette instance, en qualité de seigneur de
Saint- Yrieix, prétendant avoir droit à une partie de ces dîmes. Une
sentence du sénéchal de la Marche du 11 août 1679 et un arrêt du
Parlement de Paris du 2 août 1684 réglèrent les droits des deux
possesseurs de la dîme de Sain t- Yrieix ; il fut reconnu que le
seigneur de Saint- Yrieix avait droit, sur les revenus de la cure, à
une pension de seize seliers seigle, mesure de La Borne, valant
vingt setiers, mesure de Pontarion ; les deux possesseurs de la
dlme furent condamnés à en rendre déclaration au seigneur de Saint-
Yrieix (1).
Sur la portion de ces dîmes revenant au seigneur de Larfeuillère,
une pension de quinze setiers seigle, mesure de La Borne, était
due à la seigneurie de La Villeneuve. En 1691, Gaspard III de
Montaignac ayant affermé les dîmes de Saint-Yrieix à Gabriel
Darfeuilhe, notaire royal, François du Pouget, abbé du Palais, fil
sommer par huissier le fermier de payer les quinze seliers de sei-
gle, mesure de La Borne, dus à la seigneurie de La Villeneuve :
Gabriel Darfeuilhe fut condamné à effectuer ce paiement par sen-
tence de la justice de Saint-Yrieix.
Malgré Tarrôt de 1684, le paiement de la portion de dîmes due
à la seigneurie de Saint-Yrieix ne s'effectua pas régulièrement.
Jean-Galiot de Turenne, marquis d'Aubepeyre et seigneur de
Saint-Yrieix, intenta à ce sujet une action à Jean-Jacques de Mon-
taignac, baron d'Aubières, seigneur de Lignières et en partie de
Larfeuillère, demeurant en son chftteau de Lignières, paroisse de
Gharensac, et à Julien Ghassaingt, curé de Saint-Yrieix, qui, par
arrêt du Parlement du 30 juillet 1738, furent condamnés à rendre
déclaration au seigneur de Saint-Yrieix des dîmes qu'ils possé-
daient dans la paroisse et à lui payer la pension de seize setiers
seigle due à la seigneurie de Saint-ifrieix.
En 1646, la seigneurie de Saint-Yrieix possédait : l*sur le village
de Peylangeas, la dîme des blés, laines, agneaux et veaux, qu'elle
(1) Archives de la Creuse, E 985.
T. ui ^
d6) SOCliri archéologique KT tlSTORUQUE t>0 LllOtSlM
partageait avec le seigneur de La Villeneuve; sa part était affer-
mée dix setiers seigle, mesure de La Borne ;
S^ Et une petite dime sur le tènement des Bourderies, possédé
par les habitants de La RocheroUe et du Verdinaud.
Dans la saisie de 1761 , il n'est parlé que de la dime de Pey langes.
Par acte du 29 mars 1772 Barben, no"^' roy., Raymond Garât de
La Villeneuve afferma aux tenanciers du Gloup la dime de ce
village, dont la jouissance lui avait été cédée par feu messire Bandy,
curé de Saint-Yrieix, en échange de la jouissance de la dîme de
Peylanges et de la partie qu'il avait sur celle de Sainl-Yrieix (1).
CHAPITRE IV
ARRlÉRE-FlEFS DE LA SEIGNEURIE DE SAINT-YRIEIX
8 V. — Saint'Yrieix
L'arrière-fief de Saint-Yrieix reposait sur un tènement et
domaine, appelé des Baylies de Saint-Yrieix, situé dans les dépen-
dances dudit bourg. La rente féodale consistait en cinq boisseaux
seigle et huit boisseaux avoine, mesure de La Borne. Le seignear
de ce fief y possédait en outre tous les droits de directe franche,
d'investiture et retenue. Il appartenait à une famille du nom de
Saint-Yrieix, dont nous connaissons quelques membres.
Noble homme Raynaud de Saint-Yrieix, damoiseau, seigneur de
Saint-Yrieix en 1427, donna en accensement perpétuel à Pierre de
Vaux, de Vallière, et à ses sœurs, le tènement du Ludour, paroisse
de Saint-Séverin (2]. Il fut vraisemblablement le père de : 1* Ray-
naud, 2* Guillaume, 3^ Marie, qui suivent.
Noble homme Raynaud de Saint-Yrieix^ damoiseau, seigneur de
Saint-Yrieix, au diocèse de Limoges, et noble homme Guillaume
de Saint-Yrieix, damoiseau, seigneur de Saint-Yrieix, son frère,
constituèrent en dot la somme de quatre cents écus à Marie de Saint-
Yrieix, leur sœur, lorsqu'elle épousa, le 17 janvier 14S6, Furien de
Boisse, damoiseau, sieur de La Farge, fils de Raymond dit Noulin
(1) Le prieuré du Port-Dieu, près Bon, en Bas-Limousip, percevait
certaines dîmes et rentes dans la paroisse de Saint-Yrieix, ainsi que dans
celles de Ch9itain, Saint-Marc-à-Loubaud et Saiut-Pierre-le-Bost (Cbampe-
val de Vyers, Le Bob- Limousin seigneurial et religieux).
(2) Archives de la Creuse, B 948. — Voy. La Seigneurie de LaVUle-
neuoe.
de Boisse, damoiseau, el de Marguerite de La Porte, de Treignac.
Furien de Boisse testa le 17 septembre 1483; Marie de Saint-Yrieix
étant veuve, fit son testataraent le 20 février 1491 (1). Ledit Ray-
naud de Saint- Yrieix, escuyer, seigneur dudit lieu, fut présent le
20 décembre 1462 à un acte fait au château de La Borne (2).
Guillaume de Saint-Yrieix, seigneur des Bordes, et Jehan de
Saint-Yrieix, seigneur de Ghampaignat, comparurent, parmi les
nobles armés de brigandines, à la monstre tenue à Guéret par
Mathurin Brachet, chevalier, seigneur de Montaigu, le 17 décem-
bre 1470 (3).
Nobles Anthoni et Hugues de Saint-Yrieix, escuyers, seigneurs
du Fau, paroisse de Saint-Amand, plaidaient contre divers parti-
culiers devant le sénéchal de la Marche en 1462 (4).
Louis de Saint-Yrieix était à la revue faite à Saint-Aubin-du-
Cormier le 22 mars 1488, en qualité d'homme d*armes (5).
Jean de Saint-Yrieix épousa Galherine de Lhermile, fille de
Geoffroy de Lhermite, chevalier, seigneur du Souliers et du Bois
de Lhermite, et de Philippe de VignoUes; elle était veuve en
i49i (6).
Jacques de Saint-Yrieix, écuycr, sieur Je Lons, Vaux de Vieux,
comparut le 27 avril 1521, à Guéret, à la réformation de la Coutume
de la Marche. Il épousa Jeanne de Lcstrange, dont il eut : l"" Bar-
thélémy, dont nous parlons plus loin ; 2*" Jean de Saint-Yrieix,
écuyer, seigneur du Mas et de I a Prugne. Ce dernier acheta, en
1674, de Fiacre de Gratin, écuyer, d'Antonie de Fricon, sa femme,
et de Gabriel et Claude de Gratin, ses frères, les villages de Fraix,
des Genêts et de Tenèse, paroisse de Villard (7). Il épousa, par
contrat du 7 juillet 1575, Isabeau de Biencourt, tille de Gilbert de
Biencourt, écuyer, seigneur de TEsclause, et de Gabrielle Pot,
dame de Bosgenet et du Nojer. De ce mariage naquirent Gilbert et
François de Saint-Yrieix, mineurs sous la tutelle de leur père en
1601 (8).
Noble Jérôme de Saint-Yrieix, sieur du Fau vers 1540, avait
{\) NobUiaire du Limousin, I, 197 ; IV, 988.
(t) Carrés d'HoziBR, Aubuçon^ f. 174.
(3) Bulletin de la Société archéologique de laCorrètey Xi, i88, 289.
(4) A. Thomas, Plumillf d*audiencc de la sénéchaussée de la Marché, ap.
Atémoiree de la Société archéologique de la Creuse, 11, 927, 931.
(5) Nobiliaire du Limouein, IV, 288.
(6) Nobiliaire du Limousin, il, 591 .
(7) Nobiliaire du Limousin^ 11, 373.
(8) Saint-Allais, Nobiliaire unioersel de Fnxnce^ XIV, 41.
à6Î SOClM ÂRCHftOLOOlOOB Bt HISTOklOUC DU LIÉOUSm
époasé Marguerite Coustin, fille d*Agnez Goustin, écuyer, sieur du
Ghassaing et de Toysou, et de Marguerite du Moustier (i).
Gabriel de Saiul-Yrieix, sieur de Lavaud, épo isa Jeanne de
Jarric, dont Gilberte de Saint-Yrieix, mariée le 6 mars 1583 avec
Gilbert de Maussabré, écuyer, sieur de La Sabardiëre, fils de
Claude de Maussabré, écuyer, et de Marguerite de Barbançois.
Barthélémy de Saint-Yrieix, seigneur dudit lieu, acheta le 9 sep-
tembre 1538 de Pierre d'Aubusson, écuyer, seigneur de La Ville-
neuTe, près Vallière, quinze setiers seigle, mesure de La Borne,
sur le grand dixme de la paroisse de Saint-Yrieix. Il en fit la revente
le 5 juin 1557 (3). Il rendit au roi un dénombrement le 19 mars
1530. Il transigea le 6 décembre 1540 avec Jacques Durand au
sujet d'une rente vendue par Jacques de Saint-Yrieix, père dudit
Barthélémy. Il épousa Marguerite de La Roche, dont : 1* Pierre,
qui suit; ^ Gabrielle de Saint-Yrieix, qui transigea le 12 mai 1596
avec Madeleine de Ruges, sa belle-sœur, seconde femme de son
frère Pierre, dont elle était veuve et tutrice de ses enfants.
Pierre de Saint-Yrieix épousa : 1° le 23 juin 1564 Jeanne de
HouUet ou Moullette ; 2^ par contrat sans filiation du 20 octobre 1573,
Magdeleine de Ruges, qu'il laissa veuve et tutrice de ses enfants,
parmi lesquels Antoine, qui suit.
Antoine de Saint-Yrieix, écuyer, seigneur dudit lieu en 1610,
épousa, le 13 janvier 1619, Marguerite de Saint-Yrieix. Il eut poar
fils René, dont nous parlerons plus loin.
Noble Jacques de Saint-Yrieix, seigneur de Redon, reçut procu-
ration de François, marquis d'Hautefort, seigneur baron de Tenois,
La Motte, etc., chevalier de Tordre du roi, capitaine de cinquante
hommes d'armes, demeurant au château de Ghomard, paroisse
d'Abzac, en Périgord, pour assister au contrat de mariage de son
fils Gharles d'Hautefort, sieur de Ghassaingt, avec Jeanne de Fro-
ment, dame du Saillant, qui eut lieu le 10 janvier 1617 au château
du Saillant (3).
Gaspard de Saint-Yrieix, écuyer, à qui François II du Pouget,
seigneur de La Villeneuve, fit, en 1629, un legs de soixante livres,
eut pour fils Louis de Saint-Yrieix, tonsuré en 1621, prieur-curé de
Ghambon-Sainte-Groix en 1623 (4).
Annet de Saint-Yrieix, écuyer, demeurait à Saint-Yrieix en
1667.
(1) Nobiliaire du Limousin^ W, 454.
(3) Archives de la Creuse, fonds de la paroisse de Saint-Yrieix.
(3) Gyprien PArathon, La baronnie de la Borne,
(i) NobiUaire du Limousin, IV, 288.
LA SBIGHBURIB DB SAINT-TBIBIX 36S
Noble René de Saint-Yrieix, écuyer, sieur de Saint-Yrieix, se fit
délivrer par le curé de Saint-Yrieix la pièce suivante : « Cejourdhui
29 du mois de mai 1651 ayant publié une lettre monitoire à la
requête de noble sieur de Sl-Yrieix, s'est présenté noble Jehan
Bandon, s' de La Seauve, qui a dit qu'il y a d'entour deux ou
trois ans que Jehan Balié, du lieu de S*-Yrieix, lui dit qu'il avait
plusieurs contrats concernant les rentes que ledit sieur de S'-Yrieix
ou ses auteurs avaient accoutumer de lever S*-Yrié et quil en
perdait à faute des contrats et que si le sieur lai voulait donner
un bon présent quil les lui délivrerait et a dict ne savoir autre
chose que ce que dessus. En foi de quoi s'est soubssigné ».
René de Saint-Yrieix était présent le 23 juin 1654 à des offres
réelles faites par le seigneur de Larfeuillère au curé de Saint-Yrieix;
il assista la même année au mariage de noble François Bandon,
écuyer, sieur de Sourliavoux, avec Antoinette Dupys ou Depys, et
le 7 février 1662 au contrat de mariage de Gabriel Dandallès, sieur
de La Mazure, avec Catherine Dupys, lesdites Dupys, nièces de
Catherine de Champesme, femme dudit René.
En 1668 il donna en métairie transitoire le domaine qu ii pos-
sédait, à la suite de ses auteurs, dans le bourg de Saint-Yrieix,
lequel domaine ensemençait dix-huit setiers seigle.
Il mourut en 1685 ou 1686. Il avait épousé, le 15 avril 1646,
Catherine de Champesme, qui mourut avant 1681 et de laquelle il
eut :
!• François, qui suit ;
2® Léon ou Léonet, dont nous parlerons ensuite ;
3* Marie de Saint-Yrieix, mariée, par contrat du 27 janvier 1678
(deux mille livres en apanage, vingt livres pour l'habit nuptial) à
messire Guillaume Legriel, escuyer, seigneur de La Denesche, y
résidant, paroisse de Châtelet-Landry, pays de Gombraille, fils de
feu messire Louis Legriel, escuyer, seigneur de La Bourdaigne, et
de d^'* Anne Legros : elle plaida avec François du Pouget au sujet
de la propriété de la terre du Champ-de-Vallière, que ledit du
Pouget avait échangée (1) ; morte en 1681, à Evaux ;
4* François de Saint-Yrieix, écuyer, sieur de Fonllieux, demeu-
rant en 1687 au village du Mazet, paroisse de Lespinasse, en
Auvergne ;
S* Françoise de Saint-Yrieix, qui fit, le 25 novembre 1692, un
testament par lequel elle fonde à perpétuité dans Téglise de Saint.
Yrieix un service de trois messes à haute voix, savoir : une de
Notre-Dame, l'autre du Saint-Esprit et l'autre du Requiem, a tel
(1) Archives de la Creuse, E 348.
300 SOaÉTÉ AaCHÉOLOGlQUB ET HISTORIQUE DU UMOUSIII
jour que son corps sera enseveli dans Téglise, aux tombeaux de
ses prédécesseurs, pour raison de quoi elle lègue au curé de Saint-
Yrieix un selier seigle, mesure d*Aubusson, de rente à elle due sur
le village de Madéry ;
6* Sébaslienne de Saint- Yrieix, qui était, avec sa sœur Françoise,
propriétaire par indivis de la rente de Madéry sus-indiquée.
François de Sainl-Yrieix, écuyer, sieur de Saint-Yrieix, épousa
Louise de Chaud, fille de Claude de Chaud, escuyer, sieur de Fon-
taubert, et de Gilberte de La Rochebie, laquelle en 1671 était
créancière d'une somme de trois cents livres, à elle due par la
famille de La Roche-Aymon de La Farge. En 1681, il était gentil-
homme de messire Antoine de La Roche-Aymon, baron de La
Farge, et demeurait avec lui à Evaux. Il rendit hommage des dîmes
de Fontaubert, paroisse de Sannat, au duc d'Orléans, comme baron
de Chambon (i).
Léon ou Lëonet de Sainl-Yrieix, écuyer, sieur de Madéry, puis
de Sainl-Yrieix, plaida longtemps avec Jean-Galiot de Tureiine,
marquis d'Aubepeyre, à la suite d'une rixe qui avait eu lieu entre
eux. Le marquis voulut faire déclarer Léon de Saint-Yrieix déchu
de la noblesse pour y avoir dérogé, mais il finit par succomber dans
ses prétentions devant la Chambre de la Tournelle criminelle et
fut condamné aux dépens.
Léon de Saint-Yrieix mourut le 21 août 1730. Il avait épousé, à
rage de vingt-trois ans, le 8 février 1671, Léonarde Jagot, âgée de
trente ans, fille de M* Léonard Jagot, procureur fiscal de La Nouaille,
demeurant fermier au Brudieu, et de Marie Forest, en présence de
noble François du Peyroux, oncle paternel de Tépoux. Léonarde
Jagot était morte en 1714. De ce mariage :
1** François, qui suit ;
2* Jean de Saint-Yrieix, écuyer, qui vivait en 1708, mais était
mort eu 1730 ;
3° Sébaslienne de Saint-Yrieix, née le 3 juin 1693, mariée avant
1722 à Jean Baudy, bourgeois ; elle vivait encore en décembre 1730,
Jean Baudy en 1741.
François de Saint-Yrieix, écuyer, sieur de Saint-Yrieix, puis
sieur de La Roche, épousa, par contrai du 5 juillet 1716, Françoise
Josselin, veuve en premières noces de Sébastien de Luchat, écuyer,
sieur de Luchat, et en deuxièmes noces de Pierre Bouilhot^ bour-
geois, résidant au lieu noble de Chassaingrore, paroisse d'Ars (2).
(1) Archives de la Creuse, E 53.
(i) Archives de la Creuse, B 52«
LA SlIGNRrRIB DR SAINT-TBIIIX 307
En 1723, il résidait à Evaux, où il était exempt de la taille (1). Il
résidait à Chassaingrore lorsqu'il vendit en 1728 les terres du
Treix, paroisse d'Ars. Il demeurait au bourg de La Chapelle-Saint-
Marlial lorsque, suivant acte du 2 décembre 1733 Gasne, no** roy.,
il vendit, moyennant quatre- nngl-dix livres, à Pierre Guyonie,
marchand à Vallière, les cens et rentes, droits de directe franche,
d'investiture et retenue composant le fief des Baylies de Saint-
Yrieix, en Poitou (2). Jean-Galiol de Turenne, marquis d'Aubc-
peyre et seigneur de Saint-Yrieix, voulant et entendant retirer les
dites rentes et droits féodaux par puissance de fief, suivant la Cou-
tume de la province du Poitou, où les héritages sujets auxdites
rentes étaient situés, comme étant mouvant de son fief, seigneurie
et justice de Saint-Yrieix, fil assigner en retrait féodal devant la
sénéchaussée de Montmorillon Léonard e( Gabriel Guyonie, fils de
feu Pierre. Ces derniers lui firent remise desdits cens et rentes
suivant acte du 31 juillet 1738 Delavergne, no'^ roy. héréd., passé
en présence de M* François Lefaure, notaire royal à Vallière.
Nous retrouvons encore François de Saint-Yrieix en 1741, lorsque,
le 18 mars de ladite année, conjointement avec Jean fiaudy, son
beau-frère, il donna quittance finale des dépens auxquels avait été
condamné le marquis d'Aubepeyre.
La famille de Saint-Yrieix finit en quenouille au xvm* siècle.
Cette famille avait fait ses preuves de noblesse en 1598, mais les
commissaires du gouvernement ne les trouvèrent pas suffisantes, el
elle fut obligée de payer l'impôt jusqu'à ce qu'elle en eut fourdi
d'autres (3).
g 2. — L« Brudieu
L'arrière-lief de Brudieu, Bruidia en 1193 (4), appartenait origi-
nairement à une famille de ce nom. La maison de Bruidieu, Brul-
diu ou Bridieu était florissante auxu"* siècle. Decette maison étaient
les personnages suivants :
Renaud de Bridieu, chevalier, est qualifié Monseignor dans des
lettres de plaintes de la comtesse de la Marche, adressées àThibaud
de Neu^^y, sénéchal du Poitou, Tan 126..., où Ton voit que cette
dame lui ordonne la confiscation de la terre de Renaud de Bridieu,
ainsi que de celles de plusieurs autres seigneurs (5).
(1) Archives de !a Creuse, C S66.
(3) Archives de la Creuse, £ 248.
(3) Nobiliaire du Limousin^ IV, Î87.
(4) A. TAabiEB, Grtmd dictionnaire de la Haute- Marche, 63.
(5) Saimt-âllais, Nobiliaire unioereei de France, XII. t36.
368 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE RT HISTORIQUE DD LIMOUSIN
R. de Bruideu, prévôt de Pontarion, le dimanche avant la fête
du bienheureux Jean, c'est-à-dire le 26 août, de l'an du Seigneur
1229, vendit à Tabbaye du Moutier-d'Ahun tout ce qu'il possédait
dans le mas de Gonfolent, paroisse de Banise, moyennant quarante
sols marchois, qui lui furent payés par le prieur de Baubiat. L'acte
fut fait à Saint-Hilaire, en présence du chapelain d'Ahun, de P.
Fabre de Charaberéau, d'Hugues Vauria, clercs, de Ribaud de
Fournoux, d'Amelius de Larfouillère, de Rainaud Balb, d'Audeberl
de Vilar, chevaliers (1).
Renaud de Brudieu, Gui de Brudieu, Jordain de Brudieu étaient
morts le 22 novembre 1364, laissant des héritiers; Regnaud de
Brudieu et ses frères, fils de Jordain, étaient vivants ledit jour et
devaient, ainsi que les héritiers de Renaud et de Gui, hommage à
la châtellenie de Pontarion (2).
I. — Catherine de Bridieu, dame de Bridieu, paroisse de Saint-
Hyriers, au diocèse de Limoges, était la dernière de son nom. Elle
épousa noble homme Jehan de Pratmy, escuyer. Etant devenue
veuve, elle paya le 9 septembre 141S le rachat de sa seigneurie à
Jean l" d'Aubusson, seigneur de La Borne, du Monteil, de La
Feuillade, de Pellelanges et de La Villeneuve. D'elle et de Jehan
de Pratmy sortirent : 1» Hélène, qui suit; 2* Jehanne, dont nous
nous occuperons plus loin.
IL — Hélène de Pratmy, dame de Bridieu, épousa, selon un
titre du 26 juillet 1446, Pierre Jacmelon, escuyer, seigneur delà
Moutarde, au diocèse de Limoges, d'une maison noble du pays de
la Marche. Ils eurent pour fils Jean, qui suit.
III. — Jean Jacmelon de Bridieu, escuyer, seigneur de Bridien
en 1452, épousa Antoinette de Marcy, fille de noble homme Benoît
de Marcy, écuyer, seigneur de Beslemitte, et de Simonne de Beste-
mitte. Il en eut : 1*» Lyonnet, qui suit; 2« Gabriel de Bridieu;
3* Jacques de Bridieu, ecclésiastique ; 4** Antoine de Bridieu, che-
valier de saint Jean de Jérusalem, commandeur de Féniers, en la
Marche.
IV. — Lyonnet I de Bridieu, écuyer, seigneur de Bridieu, laissa
deux fils; 1® Guichard, qui suit; 2'' Jean de Bridieu.
V. — Guichard de Bridieu, écuyer, seigneur de Bridieu, vivait
en 1510. Il eut pour fils Jacques, qui suit.
VI. — Jacques de Bridieu, écuyer, seigneur de Bridieu, et par
sa femme de La Géole, fut maître-d'hôtel de François de Bourbon,
(t) Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XXX, 286.
(9] Bulletin de la Société archéologique du, Limousin^ XLV, 463.
LA aiIGMIVmi 1>B SAIRT*TRinx 3410
dauphin d'Auvergne, duc de Montpensier, et homme d'armes de sa
compagnie. Il épousa 1*" le 21 janvier 1831 (v. st.) Catherine de
Moqtferrand, dame de La Géole, paroisse deLesterpt, au diocèse de
Limoges, veuve de Gautier de Beraud et fille de François de Mont-
ferrand, écuyer seigneur de La Salle, et d'Anne de La Porte, dont
il n*eut point d'enfant; ^ le 14 juin 1551 Gabrielle de Rigal de La
Vaissière, fille de noble homme François de Rigal, écuyer, sei-
gneur de la Vaissière, au diocèse de Saint-Flour. De ce dernier
mariage naquirent :
1*" Jean de Bridieu, seigneur de la Géole, écuyer du duc deMont-
pensier; à la bataille d'Ivry, il releva ce prince qui avait eu son
cheval tué sous lui. Il mourut sans postérité le 27 juin 1619 et fut
enterré à La Géole.
2^ Dieudonné de Bridieu, écuyer, seigneur du Claveau et de La
Géole, gentilhomme servant de François de Bourbon, duc de Mont-
pensier, et gouverneur de Mézières. Il épousa le 29 aoAt ou
7 septembre 1584, à Paris, Françoise de La Roue, fille de René de
La Roue, écuyer, seigneur de Linières, et d'Anne Brachet. De lui
descend la branche des seigneurs du Claveau, encore existante en
1729.
3"" François de Bridieu, appelé H. deSaint-Séran, qui fut pourvu
du prieuré de Saine-Léonard de Noblac, en Limousin, le 16 juillet
1592 et mourut à La Géole le 10 mars 1614.
4*^ Pierre de Bridieu, écuyer, seigneur de La Baron, Là Saulaie
et du Breuil, l'un des cent gentilshommes de la maison du roi,
commandant pour S. M. au chAteau de Villebois, en Angoamois.
Il épousa le 13 février 1593 Gabrielle de Montfort, dame du Breuil,
en Normandie, et de La Baron, en Mirbalais, fille de Guillaume de
Montfort, écuyer, seigneur des mêmes lieux, et de Marie Laine. De
lui descend la branche des seigneurs de La Baron et marquis de
Bridieu, probablement encore existante.
5** Françoise de Bridieu, mariée à Joseph Gonlhier, écuyer, sei-
gneur de La Boche, en Poitou. Elle mourut à La Géole le 27 janvier
1608.
6" Jeanne de Bridieu, morte, sans alliance, à La Géole le 5 juin
1613, à l'âge de cinquante-trois ans.
Jeanne de Pratmy, seconde fille de Jehan de Pratmy et de Cathe-
rine de Bridieu, épousa, vers l'an 1446, Perrichon Jacmeton, frère
de Pierre Jacmeton, son beau-frère. Perrichon Jacmeton vivait
encore en 1460. Ils eurent pour fils Pierre, qui suit.
Pierre Jacmeton de Bridieu, écuyer, fut père de Jean, qui suit.
Jean de Bridieu fut tué à l'assaut de Rome par le connétable de
Bourbon le 6 mai 1527. Il avait épousé Gi^therine de Bernard, mie
370 SOCIÉTÉ ARCHR0L06IQDB ET HISTORIQUE DD LIMUOSIH
de N... de Bernard, seigneur de Vieilleville, près Eymoutiers, de
laquelle il eut, entre autres enfants rl^'N... de Bridieu, tué à
l'assaut de Rome avec son père; 2** Gabriel, qui suit; 3* N... de
Bridiea, prieur de Dissay, près de Poitiers ; 4*" Jacques de firidieii,
chanoine de Moutier-Rozeille, près Felletio.
VII. — Gabriel de Bridieu ou du Brudieu, seigneur du Brudieo
et deSegondat, devint possesseur, nous ne savons en vertu de quel
litre, du fief du Brudieu, qui jusqu'alors avait appartenu à la bran-
che ainée de sa famille. Il fut en 1558 témoin aux convenances du
mariage de Loys de Malleret et d'Anne de Saint-Julien. Il iît recon-
naissance au couvent de Blessac pour des rentes sur le lieu de
Segondat, en sa seigneurie du môme nom, paroisse de Sardent(i).
Il épousa Magdeleine de Laage, fille de Louis de Laage et de Fran-
çoise de Montaignac. Elle n'avait qu'un frère, Emon ou Aymon de
Laage, conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé, abbé de
Miseray en Tourraine, de Saint-Mange-lès-Châlons et de Fontenoy.
De ce mariage naquit: 1<* Léonet on Lyonnet, qui suit; 2^ noble
Pierre du Brudieu, qui épousa Magdeleine de Riégor, et qui était
mort en 1601, laissant des enfants mineurs sous la tutelle de leur
mère.
VIII. — Léonet ou Lyonnet du Brudieu ou de Bridieu, écuyer,
seigneur du Brudieu, de Feydet, de Foulages, de Segondat et de
Saint-Avit, baron de Giat en partie, demeurant audit lieu et maison
noble de Segondat, paroisse de Sardent, châtellenie de Drouilles,
épousa le 19 novembre 1572 Magdeleine Esmoin, fille de feu Jehan
Esmoin, escuyer, sieur de La Vault-Blanche, paroisse de Sainl-
Eloy, châtellenie de Drouilles, et de Françoise de Cézar. II donna
quittance de sa dot les 7 et 8 janvier 1573 (2).
Le 15 février 1592 Léonet de Brudieu épousa en secondes noces
Louise de La Mothe, dame du Maslaurent, veuve de Jean Brachet,
chevalier, seigneur et baron de Pérusse, fille de François de La
Mothe, chevalier, seigneur du Maslaurent, et de Françoise de
Lestrange (3).
Le 9 février 1597, à Guéret, Léonet de Brudieu, demeurant au
lieu et chastel de Brudieu, paroisse de Saint-Hiriers, près Vallière,
vendit, moyennant mille écus, à honorable homme M* Gilbert de
PerpiroUe, sieur de Seytiergues, élu en la Marche, demeurant à
Chénérailles, la seigneurie de Segondat, paroisse de Sardent. Cette
(1) Papiers de Tabbé Bouieilier.
(2) Communication de M. Antoine Thomas.
(3) NobiUcUre du Limousin, IV, 485,
LA SKlGNBtlRIB DB 8AINT-TRIEIX 37 f
vente eut lieu sous faculté de rachat, et le rachat fut effectué avant
1604, puisque à celte date Leone! de Brudieu était en possession de
cette seigneurie.
Le 7 mars 1597, par acte passé à Bourganeuf, Léonet et sa
seconde femme achetèrent la terre et seigneurie de Saint-Avit de
Gilbert d'Âubière, baron dudit lieu, chevalier de saint Jean de
Jérusalem.
Le 4 juillet 1897, à Aubusson, Lyonnet de Brudieu, demeurant
alors à Saint-Avit, en son nom et au nom de Louise de La Mothe,
sa femme, vendit à Simone Trompoudon, veuve dhonorable
Léonard Carlaud, élu pour le roy en la Marche, comme tutrice de
Marie Carlaud, sa fille, ainsi qu'à Marguerite Carlaud, femme de
Gilbert Ghanssard, élu en la Marche, à Françoise Carlaud, femme
irAntoine Garreau, marchand, et à Jeanne Carlaud, femme de
Gabriel Garreau, aussi marchand, toutes demeurant à Aubusson et
fille de feu Léonard Carlaud, le lieu et seigneurie du Brudieu,
parlie en Poitou, ch&tellenie de Bourganeuf, partie en Marche,
châtellenie d*Ahun, el aussi les rentes que les précédents seigneurs
de Saint-Avit avaient coutume de prendre sur la reine douairière
à cause de la seigneurie du Masvoudier dépendant de la châtellenie
d'Aubusson.
Celle dernière vente avait sans doute été consentie sous faculté
de rachat, et ce rachat ne tarda pas à être ciTeclué, car Léonel du
Brudieu resta en possession de la seigneurie du Brudieu. En effet
le "iS octobre 1S97 il fut consenti à son profil des reconnaissances
de rentes par les tenanciers de Peylangeas, en Poitou, ceux de
Lorlhomas, en Poitou, ceux de Gibouleoux, en Marche, et ceux du
Montruc, en Poitou. Il résulte de Tune de ces reconnaissances que
Léonet du Brudieu possédait une métairie à Gibouleoux (1).
Léonet du Brudieu comparut au terrier de Blessac pour des
rentes dues à ce monastère sur le lieu de Segondat; la déclaration
fut faite le 29 octobre 1604 au château de Saint-Avit, où il demeu-
rait alors (2).
Peu après, el la même année 1604, Léonet du Brudieu et Louise
de La Mothe, vendirent, sous faculté de rachat, à Gilbert Ghans-
sard, élu, le lieu et seigneurie de Segondat. Gilbert Ghanssard leur
revendit celte terre et seigneurie en 1608.
Du mariage de Léonel de Brudieu et Magdeleine Esmoin naquit
Jeanne de Brudieu, mariée, par contrat passé au château de Saint-
Avit-le-Pauvre, le 20 décembre 1604, à Léon Brachet, seigneur
(I) Communication de M. Antoiiie Thomas,
(S) Papiers de Tabbé Bouteiller^
d72 SOCIÉTÉ ARCflÉOLOGIQUV BT BISTOIIIQUB DU LIMOUSIN
baron de Pérusse, fils de fea Jehan Brachet, chevalier, seigneur
baron de Përusse, et de Louise de La Mothe, dame du Maslaurent,
alors femme de Léonet'de Brudieu. On loi constitua une dot de
quinze mille livres ; neuf mille livres furent assignées sur la sei-
gneurie de Brudieu et ses appartenances, et devaient élre payées
dix ans après le mariage. À Texpiration de ces dix années, si les
neuf mille livres n'avaient pas été payées, les mariés Léon Bracbet
et Jeanne de Brudieu pouvaient entrer en possession de ladite
seigneurie (1).
De son mariage avec Louise de La Mothe du Maslaurenl Léonet
de Brudieu laissa Gaspard, qui suit.
IX. — Gaspard de Laage du Brudieu, écuyer, seigneur de l'Age,
paroisse de Faux, en la Marche, seigneur du Brudieu et de Feydet,
baron de Giat en partie, fut, par testament du 15 octobre 1587,
institué héritier universel d'Emon de Laage, son grand-oncle mater-
ternel, à charge de porter le nom et les armes du testateur. Par
acte du 19 décembre 1897, Gaspard et Lyonnet, son père, vendi-
rent une maison provenant de cet héritage (2).
Gaspard de Laage du Brudieu épousa le 15 février 1608 Char-
lotte de la Paye, veuve en premières noces de Pierre de Monceaux,
écuyer, seigneur de Vernines, Brousse, Hauleroche, dont elle avait
reçu une donation de cinq cents écus d*or, et en deuxièmes ooces
de Joseph de La Roche, écuyer, seigneur de Feydet, co-seigneur
de Giat (3) et fille de Gabriel de Paye, écuyer, sieur de La Paye, de
La Cour, de la Grillière, d'Arlodeys, du Bosbey, du Massoubrol,
de Sain t-Junien-le-Château, etc. et de Marguerite de LaVoye;le
14 janvier 4610, comme tuteurs d« François, Eymond, Jacqueline et
Jeanne de La Roche, enfants mineurs issus du mariage de Josepli
de La Roche et de Charlotte de La Paye, ils donnèrent nommée et
dénombrement du château, terre et seigneurie du Ronzet au Roi,
à cause de son duché d'Auvergne; en i614, ils étaient toujours
tuteurs desdits enfants de La Roche du Ronzet. Gaspard de Laage
était mort en 1626, sa femme Charlotte de La Paye étant alors
remariée pour la quatrième fois à Gilbert de Chashis, baron de
Cordés etd'Orcival, seigneur de Mauriat. Par acte du 29 mars 1629
Lesclause, notaire à Giat, Charlotte de La Paye contribua à réta-
blissement du Rosaire en l'église de Giat par une rente de dix-huit
(1) CommuDication de M. Antoine Thomas.
(3) Idem.
(3) A. Taroibu, Histoire çjénécUogiqtie de la ma^on dfi La Roeke
Honget, 57<
tA 8IIO!l1lORII bl SAIHT-YHlKlt 3^3
sons. Par acte da 8 janvier 1631, elle traita, moyennant cinq mille
livres, pour le reliquat de sa dot et ses droits successifs, avec Fran-
çois de Paye ou de La Paye, écuyer, seigneur de La Paye et de
La Villatte, son frère aîné. Charlotte de La Paye testa le 24 mai
1638, fondant une rente de douze livres seize sols dans Téglise de
Giat pour des messes, et une autre rente de vingt sols à Tégiise
d'Orcival pour une messe haute à perpétuité. Elle dut mourir vers
la fin de 1639, car il fut fait inventaire de ses biens cette année (1);
le partage de sa succession eut lieu le 12 janvier 1640. À la suite
de ce partage ses enfants et petits enfants eurent entre eux de longs
procès, qui se terminèrent par une transaction du 20 octobre
1674 (2).
Du mariage de Gaspard de Laage du Brudieu et Charlotte de La
Paye naquirent quatre filles: 1*" Catherine, 2<' Jeanne, qui suivent;
S"" Hélène de Bridieu, mariée avec le seigneur de La Chassaigne de
Beauregard, en Poitou, morte sans enfants ; 4'' Jeanne de Bridieu,
mariée, avant 1630, à Guillaume d'Àubusson chevalier, seigneur de
Soliers et de Chassingrimont, veuf de Louise de La Trémoille,
deuxième fils de Prançois d'Aubusson, chevalier, seigneur de La
Feuillade, chevalier de Tordre du roi, et de Louise Pot de Rho-
des (3).
Catherine de Laage du Brudieu, dame en partie de Giat, de
Fesdel, de Paullage, Saint-Avid, demeurant au château de Saint-
Avid, épousa V Gilbert de Thianges, écuyer, seigneur de Beau-
mont et de Moussac, en Bourbonnais, capitaine-lieutenant d'une
compagnie de gendarmes; 2'' Marc d'Autier de Villemontée,
écuyer, seigneur de Malsaigne, capitaine de cavalerie dans le
régiment du Grand-Maître ; 3"" par contrat du 13 juillet 1682
Tersel et Delestang, no'«' roy., au château de Saint- Avid, en la
Marche, Raymond du Saillant, vicomte de Comborn, baron du
Saillant, la Vergue et co-seigneur de la ville et pàriage d'AUassac,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, demeurant au château
de Comborn, en Bas-Limousin (4). Par contrat du 12 janvier 1640,
(1) A. Tardibo, Histoire gé/iédlogique de la maison de La Roche du
Ronset^ 57, 58.
(9) Archives du château de Villcmoaleix, commune de Châtelus-le-
Marchetx.
(3) Saiht-Allais, Nobiliaire unioereel de France, XII, 236; XVII, 200.
— Mémoiree de Michel de Marolles, Paris, Somaville, 1656, in-4^, pages
397-409 (communiqué par M. Antoine Thomas).
(4) A. Tardibu, Histoire généalogique de la maison de La Roche du
Ronsei^ 57, 58. ^ Archives de la Creuse, B 42.
374 SOCitTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIlOUSllV
Catherine de Laage, agissant tant pour elle que pour Jeanne, sa
sœur, partagea la succession de Charlotte de La Paye, sa mère, avec
Guillaume d'Âussandon, écuyer, sieurde LaForest, tuteurdes enfants
mineurs de feu François de La Roche, se disant aux droits de Jacque-
line de La Roche, épouse de Jean de La Chassignole, seigneur du
Tirondet, leur tante. Ce partage eut lieu en deux portions égales,
les deux autres enfants de Joseph de La Roche n*ayant pas survécu.
Les descendants de Jacqueline de La Roche, n'ayant pas retiré la
part qui leur revenait dans la succession de Charlotte de La Paye,
poursuivirent Catherine de Laage devant la sénéchaussée du Bour-
bonnais et obtinrent sentence contre elle. Mais, avant la Qn de ce
procès, Catherine de Laage vint à décéder, laissant pour héritière
Jeanne, sa sœur (1).
X. — Haute et puissante dame Jeanne de Laage du Brudieu,
dame du Brudieu, de Feydet et de Segondat, épousa <"* par conirat
passé en la ville d'Huriel le 25 août 1626 Gaspard de Courlilhe,
écuyer, sieur dudit lieu et de Tronziers ou Tronget, fils d'Antoine
de Courtilhe, écuyer, seigneur dudlt lieu, et de Marguerite de
Lamaille; 2» par contrat du 25 juillet 1654 Gilbert du Cloupt
de Soumaignat, fils d'Annet du Cloupt de Soumaignat et de
Claude du Fayet (2). Vers l'époque de son second mariage,
Jeanne de Laage, demeurant alors au château du Brudieu, afferma
à Léonard Manot, de Giboulioux, une métairie située dans
le mas et tènement de Giboulioux, en la directe franche condition
des dames de- Blessac et du seigneur du Brudieu, moyennant pour
elle onze quartohs blé seigle, mesure d'Aubusson, pour les Dames
de Blessac une quarte blé seigle, mesure de La Borne, et un tiers
d'arban revenant à la baronnie de la Farge.
Après la mort de Catherine, sa sœur, dont elle fut l'héritière,
Jeanne de Laage fut poursuivie devant la sénéchaussée de la Mar-
che par les représentants de Jacqueline de La Roche, continuant
le procès commencé contre Catherine de Laage. Par sentence de
ladite sénéchaussée du 3 décembre 1668, elle fut condamnée à leur
faire délivrance de deux quarts des effets de la succession de Char-
lotte de La Faye, suivant l'inventaire qui en avait été fait, mais les
représentants de François de La Roche furent condamnés à garan-
tir Jeanne de Laage du montant de toutes les condamnations pro-
noncées contre elle. Pour en terminer, les représentants de Jacque-
line de La Roche et ceux de François de La Roche transigèrent
par acte du 20 octobre 1674(3).
(3) Archives du château de Viilemoateix.
(4) Nobiliaire du Limouêin, 1, 39S.
(K) Archives du château de VillemoDteix.
tX SBIGNBORIB DB SAINT- YRIBIX 375
Jeanne de Laage du Bradieu fut la dernière de sa branche (i).
De son mariage avec Gaspard de Gourlillie naquirent les enfants
survivants qui suivent, et qui partagèrent les successions de leurs
auteurs suivant acte du 31 août 1673 Diverneresse, no" roy. à
Felletin :
1* Marien de Courlilhe, écuyer, seigneur de Saint-Avit, deTron-
get ou Trouzier, de Giat, etc., qui épousa le 11 juillet 1672 Anne
Musnier ou Meusnier, veuve de noble Nicolas Tixier et fille de
noble Jean Meusnier de Fressanges, lieutenant civil et criminel de
la châtellenie de Felletin, et de Louise Chanssard, et qui était
mort en i 697;
S"" Jean de Gourtilhe, seigneur de Feydet, de Segondat et de
Fressineau, auquel son frère Marien céda, le 26 janvier 1678, tous
ses droits à diverses successions ;
3*" Jacques de Gourtilhe, écuyer, sieur de Tronget, habitant la
maison noble de Feydet, paroisse de Giat, qui se trouvait au ban
d'Auvergne en 1674 ;
XL — 4° Gaspard de Gourtilhe, écuyer, sieur de Gourtilhe, du
Brudieu et de Feydet, qui servait au ban d'Auvergne de 1674 pour
deux de ses frères et ses deux sœurs, d'après un certificat de
Glaude d'Alègre, grand sénéchal d'Auvergne; il fut également
convoqué au ban de 1693, mais il fut remplacé par Gabriel de
Chaussecourte, sieur de Chardon ^2).
En 1671, Marien de Gourtilhe et ses frères vendirent le fief du
Brudieu à noble Yves Musnier, seigneur de Fressanges, La Ghas-
saigne, Laubard et Lavaud, alors lieutenant particulier en «la
châlellenie de Felletin (3), fils d'Etienne Musnier, sieur de La
Ghassaigne en 1667, et petit-fils de Jacques Musnier, licencié ès-lois,
lieutenant particulier à Felletin en 1606.
XIL — En 1676 et 1677, Yves Musnier était seigneur direct et
foncier de Lorthomas et de son tènement, à cause de son fief du
Brudieu.
En 1684, Yves Musnier, alors lieutenant civil et criminel en la
châtellenie de Felletin, rendit aveu du fief du Brudieu, paroisse de
Saint-Yrieix.
XIIL — Sylvain Musnier, fils d'Yves, fut sieur de Laubard et du
Brudieu. En 1686, il renouvela l'aveu du fief du Brudieu.
(1) A. Takoiru, Grand dictionnaire de la Haute-Marcfie, 301.
(9) Nobiliaire du Limousin, I, 73t, 733.
(3) A. Taroibu, Grand dictionnaire de la Haute-Marche , 6.\»
376 ^GlfrrÊ ARCBibLÔOlQUI ttT BlStORlQUB bU LlMOUSlH
XIV. — Noble Etienne MasDier, sieur du Bradien, légua en 1693,
par testament, à la confrérie de Sainte-Croix de Felletin six cents
livres, payables en une rente annuelle de trente livres (1).
XV. — Silvain Musnier, sieur de Laubard et du Brudieu en 1763,
était châtelain de Felletin. Il avait épousé Antoinette Barjon, de
laquelle il eul Jacques Musnier, sieur de Laubard, Fressanges,
Le Babouteix, conseiller au présidial de Guéret, marié en 1784 à
Silvie Tournyol de Cherdemont (2).
§ 3. — Pey langeas
Le Hef de Peylangeas, en Poitou, appartenait en 1715 à la
famille Musnier et à la famille de La Pivardière.
§. 4. — Le Malard
Une partie du tënement du Malard était dans la paroisse de
Saint-Yrieix et soumis à la justice de Saint- Yrieix. Les habitants
de Madéry possédaient ce tènement en toute directe et condition
franche des prêtres communalisles de Beaumont de Felletin, à qui
les droits seigneuriaux avaient été vendus par un seigneur de Saint-
Yrieix, de la maison de Pierrebuffière.
(1) Abbé Pataux, Felletin, 184.
(î) A.. Tardibu, Grand dictionniLrâ de la Haute -M arche, 310
'
■ .r .
K
■i
a
.à
T. LU
25
LA SEIGNEURIE
DE
LAFOREST-BELLE VILLE
CHAPITRE I"
LA J08TIGB DE LA SEIGNEURIE DE LAFOREST-BELLEYILLE
La seigneurie de Laforesl-Belleville, origiDairement Belleville-
la-Forest, en Poitou, avait droit de justice haute, moyeune et
basse et droit d'en créer les ofQciers. Les appels de cette juridiction
ressorlissaient au sénéchal de Montmorilion.
Son ressort comprenait les villages de Laforest-Belleville, Lanjo-
vie, Le Chier, Le Moulin de Lanjovie, Murât (en partie), les tène-
menls appelés SurLaCeuille et Pruscherien, jouis par les habitants
du village de Cosnac, le tout paroisse de Yidaillat, le tënement de
Pouverieras, joui par les habitants du village de Perselx, paroisse
de Soubrebost, le tènement du Faulong, paroisse de Saint-Gilles.
Les villages de Laforest-Belleville, Lanjovie et Le Chier, principal
noyau de cette justice seigneuriale, faisaient partie de la collecte
de Fournoux, élection de Bourganeuf, généralité de Limoges (1).
Nous connaissons comme officiers de cette juridiction :
Juges sénéchaux :
Michel de Ghadoullenas, licencié ès-droits (1670);
Toussaint Champeaux, sieur de RocheyroUes, advocat en la
Cour (1679, 1694).
Procureurs fiscaux :
Etienne de Ghadoullenas (1633) ;
Michel Marcheys, connu sous le nom de Michel Marcheys
rainé (1684);
Gabriel Darfeuilhe (1670), sieur de Magnat, notaire royal.
Greffiers :
Michel Marcheys, connu sous le nom de Michel Marcheys le
jeune (1629, 1633);
Michel Marcheys (1647, 1654) ;
Michel Marcheys (1660, 1670).
(1) Voy. à Tappeadice une délibération de cette coUecte,
380 SOaÉTÂ ARCBÉOLOQIQUB Kt HISTORIQUE DU LlMOUSlII
CHAPITRE II
LES SEIGNEURS
I. — Troalhard oa Trouillarâ d'Eschizadour, Aychisadoar,
Ychisadour ou Ghisadoar, écuyer chevalier, seigneur d'Àabepeyre,
du Monleil, Puyseguiu, Belleville-la-Forest en 1481, rendit aveu aa
roi le 12 août 1494 pour la terre deBellevilIe-la-Forest, mouyant de
la ch&tellenie royale de Honimorillon. Le 8 décembre 1499, il donna
procuration pour rendre l'hommage de ladite terre (1). Il vivait
encore en 1S06. Il eut pour successsenr comme seigneur dé Belle-
yiille-la-Forest Louis de La Soubzmaigne, son neveu.
IL — Loys ou Louis de La Soubzmaigne, écuyer, seigneur dn
Rasteau, Âubepeyre, Bellevilie-I'a-Forest, rendit aveu au roi le
23 juin 1515 pour la seigneurie de Belleville-la-Forest. Il vivait
encore en 1521.
III. — Léonnet ou Léonet de Chisadour, Eschizadoulx ou Eychi-
sadour, écuyer, seigneur d'Âubepeyre, Rasteau, Pay-Seguin, La
Forest-Belleville et La Chaux, apparaît en 1524. Le 18 juin 1538,
il rendit aveu au roi pour la seigneurie de Belleville-la-Fores(. Aa
mois de décembre 1555, il fit dresser par Peschant et Leslys, no*^
roy., le terrier de La Foresl-Belleville ; les tenanciers consentirent
reconnaissance de leurs devoirs devant les mêmes notaires. A
cette époque, la seigneurie de La Forest-Belleville possédait des
renies féodales : 1^ dans la paroisse de Vidaillat, sur Belleville-la-
Forest, Langouvys, Le Chier, le bourg de Vidailhac, Le Puys de
Vidailhac, Fournoulx, Gonnat, Murât ; 2^ dans la paroisse de Sou-
brebost, sur Perseys, Lasdaspeyras, Masmoutard, La Villettelle ;
S"" dans la paroisse de Saint-Gilles, sur le Masderrier, Rieublanc;
4<» dans la paroisse du Gompeix, sur le ténement de Las Gouriéras,
joui par les habitants du village de La Bourderye.
Au terme d'un acte reçu par les mêmes notaires Peschant et
Leslys le 26 avril 1556, les habitants de La Bourderye, paroisse
du Gompeyx, en Limousin, consenlirent reconnaissance portant
qu'ils tenaient en franche condition et directe seigneurie du sei-
gneur de La Fourest-Believille le domaine et héritage, appelé de
Las Gouriéras et des Bouillers, Justice du Monteil-au- Vicomte.
Léonet de Ghisadour était mort en 1558.
(1) Archives de la Vienne, luvenlaire des hommages cl aveux des fiefs
ipouvanls du roi en Poitou, chûlellenie de MonlmorilloD.
Lk SKIGNBDRIE DF. LAPORBST-BBLI EVILLI 3BI
IV. — Jâcqaes de Chizadoar ou d Eychizadoar, écuyer chevalier,
seigneur d'Aubepeyre, La Fourest-Belleville, Le Ghier, Râteau,
Puy-Seguin, Saint-Yrieix et autres places, rendit aveu cl dénom-
brement au roi le 19 janvier 1861 pour la seigneurie de La Forest-
Belleville, et ce à cause de la ch&tellenie et baronnie de Montmo-
rillon. Le 32 décembre même année, il donna procuration pour
rendre hommage à Austregesille de La Soubzmaîgne (1). En 1566,
les tenanciers de ladite seigneurie lui consentirent reconnaissance
des devoirs féodaux dont ils étaient tenus. Le 4 octobre 1576, il
rendit un nouvel aveu de cette seigneurie (2).
Jacques de Chizadour mourut vers la fin de 1598.
V. — Françoise de Chisadour, dame d'Aubepeyre, Saint-Yrieix,
La Forest-Belleville, Le Râteau et autres places, rendit, par
Françoise de Garbonnières, sa mère et tutrice, en 1599, aveu et
dénombrement au roi pour la seigneurie de La Forest-Belleville, à
cause de la chfttellenie et baronnie de Montmorillon.
Françoise de Chisadour, qui avait épousé Louis de Gourdon de
Genouilhac, baron de Gourdon et de Vaillac, plus tard comte de
Yaillac, mourut vers 1624.
VL — Louis-François de Gourdon de Genouilhac, chevalier,
marquis de Gaslelnau, seigneur d*Âubepeyre, Saint-Yrieix, Râteau,
Le Chier, La Forest-Belleville, qui, après la mort de sa mère, avait
eu en partage ses seigneuries, mourut vers 1640.
VU. — JeaU'Paul Ricard de Gourdon de Genouilhac, chevalier
comte de Vaillac, baron de Gourdon et de Genouilhac, baron de
Monlferrand, premier baron de Guyenne, seigneur d'Aubepeyrc,
Saint Yrieix, Laforest-Belleville, le Boisse, etc., céda vers 1644 les
terres et seigneuries d'Aubepeyre, Saint- Yrieix et Laforest-Belle-
ville, à Claude de Gourdon de Genouilhac, sa sœur, épouse de
Flotard de Turenne, marquis d'Aynac, depuis comte d*Aubepeyre.
Les revenus de la terre et seigneurie de Laforest-Belleville étaient,
depuis la monde Jacques de Chizadour, encaissés par un receveur,
qui résidait au château d*Aubepeyre. On connaît comme receveurs :
Lagrange (1644-1645); Rieublanc (1646-1647); Clouzaud (1647-
1663).
Vin. — Claude de Gourdon de Genouilhac, dame d'Aubepeyre,
Saint-Yrieix, Laforest-Belleville, et son mari Flotard de Turenne,
marquis d'Aynac, baron de Moliëres, seigneur de Salles, et à cause
d'elle comte d'Aubepeyre, seigneur de Saint-Yrieix, Laforest-Belle-
(1) Archives de la Vienne,
(S) Jdem,
38i SOCIÉTÉ ARCHiOLOGIQUB ET HISTORIQUK DU LIMOUSIN
ville, ne nous offrent rien de particulier à la seigneurie qui nous
occupe. Les receveurs mentionnés ci-dessus étaient leurs repré-
sentants. Flotard de Turenne mourut en 1677.
IX. — Louis de Turenne d'Âynac, chevalier, marquis d*Âynac et
de Montmurat, comte d'Âubepeyre, seigneur de Sainl-Yrieix, La-
forest-BelIe ville, afferma, le 25 septembre 1681, les terres et sei-
gneurs d'Aubepeyre, Saint-Yrieix et Laforest-Believille à Gabriel
Darfeuilbe, notaire royal à Châtain.
Par contrat du 28 novembre 1688, le marquis d*Aynac vendit à
son frère Jean, comte d*Âynac, les terres et seigneuries d*Aube-
peyre, Saint-Yrieix et Laforest-Belleville.
X. — Jean de Turenne d'Aynac, chevalier, seigneur comte d'Au-
bepeyre et d'Aynac, baron de Salles, seigneur de Belleville-la-
Forest, Saint-Yrieix, Le Chier, Le Bousquet, eut, jusqu'en 1692,
pour fermiers de ses terres et seigneuries, à la suite de Gabriel
Darfeuilbe, Léonarde Forest, veuve de Jean Darfeuilbe, et Léonard
Darfeuilbe, sieur de Roubëne, son Gis, bourgeois de Royëre, dont
la ferme avait commencé en 1687. En 1693 et 1694, il avait pour
receveur ou agent Raymond Delbosc.
Jean de Turenne rendit, le 24 juillet 1693, hommage au roi du
fief de Belleville-la-Forest, mouvant de Montmorillon (1). Il mourut
le 27 juin 1711.
XI. •— Jean-Galiot de Turenne, chevalier, seigneur comte, puis
marquis d'Aubepeyre, Salles, seigneur de Saint-Yrieix, Laforest-
Belleville, Courbatier, Le Pouget et autres places, eut un procès
considérable avec les tenanciers de la seigneurie de Laforest-
Belleville. Ce procès avait commencé du vivant de Jean de Turenne,
son père. Par sentence rendue par le sénéchal de Montmorillon le
30 janvier 1713, entre Léonard et Symphorien Branche, Léonarde
Jallot, veuve de Philippe Martin, Léonard Taury, Pierre-Léonard
Duchiez, Forien Mincourand, Jeanne Quanau, veuve de Martin
Lemasson, d'une part, et messire Jean-Galiot de Turenne, cheva-
lier, seigneur marquis d'Aubepeyre, Salles, et seigneur de Laforest-
Belleville, d'autre part, et entre ledit sieur de Turenne, demandeur
suivant exploit du 27 janvier 1711, d'une part, et Jacques Rochon,
sieur de Fournoux, et Michel Guyot, Biaise Lombard et François
de Ghastenet, écuyer, sieur de Soubrebost, d'autre part, et entre
ledit sieur de Turenne, demandeur suivant exploit du 10 janvier
1711, d'une part, et Pierre-Jean Barrot, Jean Ghanssard, tant pour
lui que pour les tenanciers du village du Puy, Toussaint Rochon,
(1) Archives de la Vienne.
U SI1GNIUR» DB LAF0RB8T-BSLLKVILLI 383
marchand à Fournoux, tant pour lui que pour les autres tenanciers
du village de Perselx, Pierre Nicou et Pierre Giraudon, tant pour
eux que pour les autres habitants du village du Masderrier, Léonard
Fonteille, dit Rieublanc, tant pour lui que pour les autres tenan-
ciers du village de Rieublanc, François Aymiel, tant pour lui que
pour les autres tenanciers du village de Mural, d*autre part, et
entre ledit sieur de Turenne, demandeur suivant exploit du !•' oc-
tobre 1712, d'une part, et Jean Thaury, fils et héritier de Mathieu
Thaury, et Etienne Thaury et consorts, d'autre part, et enlre ledit
sieur de Turenne, demandeur suivant exploit du 2^ janvier 1711,
d'une part, et Jean Ghanssard, appelé en qualité de tenancier du
bourg de Vidaillat, messire Annet de La Pivardière, écuyer, sei-
gneur de <juymond, et Léonard Verrier, appelé en qualité de
tenancier du village de Perseix, M* François Ghampeaulx, notaire
royal, appelé en qualité de tenancier des villages de Lasdapeyras.et
Villetelle, d'autre part, et entre ledit sieur de Turenne, demandeur
suivant exploit du 11 janvier 1711, d'une part, et ledit M* François
Ghampeaulx, lesdits Ghanssard, La Pivardière, Verrier, d'autre
part; par laquelle sentence du 30 janvier 1713 Branche, Thaury,
Rochon, Guyot et autres défendeurs appelés en qualité de tenan-
ciers des villages de Laforest-Belleville, Lanjovie, Le Ghier et
autres héritages dépendant du fief, terre et seigneurie de Laforest-
Bellevillei étant dans les confins et voisinage des villages de Vidail-
lat, du Puy, de Fournoux, de Perseix, de Lasdapeyras et Villetelle,
du Masderrier, de Rieublanc, de Goury, de Murât et du Masmou-
tard, furent condamnés à passer titre nouvel, déclaration et recon-
naissance des héritages par eux possédés dans lesdits villages et
tènements dépendant du fief et seigneurie de Laforest-Belleville,
par mouvants, tenants et aboutissants ; tous les assignés furent
condamnés à reconnaître au profit du marquis d'Aubepeyre, sei-
gneur de Laforest-Belleville, les devoirs seigneuriaux et féodaux,
cens et rentes et autres droits et devoirs de terrage, conformément
aux reC/Onnaissances insérées dans le papier terrier de l'année 1855
et autres reconnaissances postérieures, et à fournir audit seigneur
de Laforest-Bellevilte des copies lisibles et correctes des reconnais-
sances et déclarations signées de Joseph de Bellac, notaire royal de
la sénéchaussée de Montmorillon commis à cet effet, trois mois
après sommation à eux faite, et cependant lesdits tenanciers furent
condamnés à payer audit seigneur, solidairement village par village,
tenancier par tenancier, les cens et rentes dont, pour éviter des
répétitions, nous ne donnerons le détail qu'au chapitre des revenus
de la seigneurie qui nous occupe, tous les grains mesure de la
Borne, les arrérages de rente et abonnement du droit de terrage
étant fixés par la Goutume du Poitou.
384 SOCIÊTé ARCBÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
A la suite de cette sentence, le marquis d'Aubepeyre transigea,
suivant acte du 30 mars 1713 du Taury et de Champagne, no*^ de
la ville du Dorât, avec les habitants des villages de Laforest-Belle-
ville, Lanjovie et le Chier. Par cet acle, les parties chargèrent raes-
sire Jean de La Motte, prêtre, docteur en théologie, prieur-caré de
Saint-Pardoux-Lavaud, et Jacques Rochon, sieur de Fournoux,
bourgeois, demeurant au lieu de Fournoux, paroisse de Vidaillal,
de régler les comptes des arrérages dus par lesdits (enanciers au
marquis, tant des renies nobles, féodales et Toncières en grains,
argent et gélines, que de Tabonnement du droit de terrage. Ces
arbitres remplirent leur mission, ainsi qu*il appert d*un acte du
22 août 1716 Darfeuilhe, no" roy., dressé en présence de M* Fran-
çois Aupierre, notaire royal, demeurant au lieu de Vaux, paroisse
de Saint-Séverin (1).
Celte transaction ne termina pas le procès, car appel de la sen-
tence du 30 janvier 1713 fut relevé par certains des tenanciers, et
d'autres instances intervinrent encore entre le seigneur de Laforesl-
Belleville et divers autres tenanciers, notamment Jean d*0rseailb,
sieur de la Villette, damoiseau, Jeanne Bandon, son épouse,
W Jean Chanssard, bourgeois, du bourg de Vidaillat, ladite Bandon
et ledit Chanssard, héritiers de feu messire Léonard Rochon, prê-
tre, curé de Vidaillat, M* François Champeaux, notaire au bourg
de Pontarion, et François de Lëtang, marchand à Soubrebost, et
Françoise Duchier, sa femme, comme possesseurs et tenanciers
dans ladite seigneurie de Laforest-Belleville. M. de Turenne con-
clut à ce que dans les écritures signiflëes à la requête des tenan-
ciers « les termes injurieux de vexation, de tyrannie, de droits
insolites proféra? contre Thonneur et réputation dud. de Turenne,
qui était leur seigneur » fussent « rayés et biffés » ; qu'ils fussent
tenus de le reconnaître pour homme de bien, de probité et « non
entaché desdites injures », et, pour les avoir dites et proférées,
s'entendre lesdits tenanciers, aussi bien que leur conseil» condam-
ner solidairement à telle amende qu'il plaira à la cour arbitrer et
« à proportion de la hardiesse de ces mutinés paysans, qui au lieu
de reconnaître le bienfait que M. de Turenne avait bien voulu leur
faire en consentant à la passation de la transaction du 30 mars 1713
(alors en question), étaient assez insolents que d'outrager leur sei-
gneur par des injures atroces », mais qu'il espérait que la Cour
réprimerait cette audace et condamnerait « ces osés paysans » en
dommages et intérêts pour lesquels il se restreignait à une somme
de dix mille livres. Il était modeste, le marquis 1 Par arrêt du par-
lement de Paris du 13 juillet 1719, la sentence de Montmorillon fui
(I) lllnutes des nplaires de Châtain,
LA SKI6NEURIE DE LAFÛRRST-BELLRVILLIS 3S6
mainleûue el Tarrél fat déclaré commun à toutes les parties qui
avaient flguré dans cette sentence. II fut ordonné en outre que, par
experts arpenteurs dont les parties conviendraient par devant le
juge châtelain d'Aubusson, il serait procédé aux frais des habitants
des trois villages de Laforest-Belleville, Lanjovieet le Chier à l'ar-
pentage d'iceux, et en outre lesdils habitants furent condamnés à
passer au profit du seigneur nouvelle reconnaissance des susdits
devoirs et à lui fournir déclaration des héritages par eux possédés.
En exécution de cet arrêt. M. de Turenne Ht assigner lesdits
habitants pardevant le juge châtelain d'Aubusson pour convenir
d'un expert arpenteur. Devant le commissaire, il fut convenu, sui-
vant procès-verbal du 30 octobre 1721, de la personne de M* Michel
David, notaire royal el arpenteur juré, de la ville du Dorât. I/ar-
penteur procéda, suivant procès-verbaux des 21 novembre 1721 et
S mars 1722 : il affirma son arpentement et également pardevant
le châtelain d'Aubusson le 22 avril 1722. Mais dans cet arpente-
ment et également furent comprises par erreur la rente directe due
audit seigneur par le village de Murât et celle due au même par le
tènement de Tras le Breuii; cela donna lieu à plusieurs contesta-
tions devant le juge d'Aubusson, d'autant plus que les habitants
des trois villages prétendaient que ceux de Perseix, Masmoutard,
Lasdapeyras,La Villelelle, Masderrier, Cosnao et Fournoux devaient
être compris dans le susdit arpentement. Pour en terminer, le
2 septembre 1723, dans une chambre du château d'Aubepeyre,
pardevant Delachaud, no" roy. heréd., et en présence de sieur
Toussaint Ronchon, bourgeois, demeurant au village de Fournoux,
el de sieur Léonard-Pierre Champeaux, bourgeois, habitant du
bourg de Soubrebost, Jean-Galiotdc Turenne, « demeurant en son
château et bourg de Salles en Rouergue, étant de présent audit
château d'Aubepeyre », et les tenanciers desdits villages de Lafo-
rest, Lanjovie et le Chier transigèrent. Ces derniers reconnurent
que le village de Murât et le tènement de Tras-le-Breuil avaient
été mal à propos compris dans ledit arpentement, et qu'on ne
devait pas non plus y comprendre les villages de Perseix, Masmou-
tard, etc.; ils promirent de payer la rente due par le village de
Murât, et de son côté M. de Turenne s'engagea à ne plus réclamer
cette rente aux habitants de Murât, se réservant sur ce village la
directe^ autres droits seigneuriaux et la justice. Les tenanciers
firent reconnaissance nouvelle à M. de Turenne de tous leurs
devoirs seigneuriaux établis par l'arrêt du parlement, de la dime
des grains et des laines et se reconnurent « menants à son moulin
de Langeovie ». Les habitants de Lanjovie reconnurent être en
possession des tènenients composant le village du Chier. Cette
386 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUB ET BISTOBIQDE DU LIMOUSIN
transacUon Tut ratiâée au village de Murât par certains tenanciers
absents lors du premier acte, suivant acte du 6 septembre 17^,
passé devant le même notaire, en présence de messire Gilbert La-
coux, prêtre, curé du bourg de Soubrebost (1).
Léger Vacher, marchand de la Vergue, paroisse du Monteil, était
depuis plusieurs années fermier de la terre et seigneurie de Lafo-
rest-Belleville, lorsqu'il afferma, en 1714, le bois et tènementdu
FauloDg, appartenant à ladite seigneurie, consistant en puy, prés,
pacages, bois et terres et situé paroisse de Saint-Gilles. Le 4 mai
1738, le marquis afferma, pour huit ans, à Gabriel Guyonie, de
Vallière, tous les fonds, profits et revenus de la terre et seigneurie
deBelleville-la-Forest. Cette ferme générale comportait cependant
quelques exceptions, car, suivant acte du 2 mai 1741 Delavergne,
no'* roy. héréd., le marquis afferma, pour neuf années, le (ène-
ment du Faulong à Léonard Giraudon, du Masderrier, et, en 1744,
il affermâtes tënements de Chasteau et Fontanelle, situés auprès du
village de Nadaspeyras, dont il était propriétaire et seigneur. Enfin,
le IS mai 1744, il afferma la terre et seigneurie de Laforest-BeJle-
ville à M* François Delavergne de Galembert, du bourg du Monteil,
et certifia la liève des revenus de cette terre et seigneurie qu'il lui
donnait à toucher et percevoir (3).
Le 12 janvier 1743, Jean Galiot de Turenne rendit hommage an
roi de la seigneurie de Laforest-Belleville (3).
Ce seigneur mourut dans les premiers mois de Tannée 1780.
XIL — - Jean-Antoine de Turenne, chevalier, seigneur marquis
d'Aubepeyre, Sainl-Yrieix, Laforest-Belleville, Salles en Rouergue,
Charbonnière et autres places en Gévaudan, venditle 5juilleH753,
par acte sous seings privés écrit sur papier libre, à François Dela-
vergne, notaire royal au Monteil-au- Vicomte, la terre et seigneurie
de Laforest-Belleville, avec tous ses revenus, tant en grains de
rente, taille, moulin, poules, aussi bien que le tënement du Fan-
long, moyennant douze mille livres de prix principal et six cents
livres d'épingles pour demoiselle Jeanne-Martiale de Turenne, sa
fille. Dans cette vente ne fut pas comprise la rente féodale sur le
tènement de Las Couriéras, quoiqu'elle dépendit de cette seigneu-
rie, Le 9 juillet suivant, le marquis consentit la môme vente, au
môme prix, par acte sous seings privés écrit sur papier marqné, à
Léonard Tixier de Chaussadas. Mais, le 30 août suivant, il y eut
(1) Papiers de la famille Lepetit-Laforest, commnniqués par 11. Etienne
de Nalèchtf.
(3) Voy. celle liève à l'appendice.
(3) Archives de lu Vienne,
_^
LA SBIGHKURIB DB LAF0RB8T-BBLLKVILLB 387
transaction devant Goumy, no'* à Vallière, entre les deux acqué-
reurs, et la vente consentie à Léonard Tixier fut annulée moyen-
nant seize mille livres de dédommagement. Il fallait que le marquis
fut bien gêné pour aliéner cette seigneurie à un prix si vil que le
premier acquéreur put donner au second un pareil dédommagement.
il ne toucha d*ailleurs que les six cents livres d*épingles, car la
somme de douze mille livres fut employée à payer pareille somme
due par feu Jean Galiot de Turenne.
Par contrat du 30 mars 1754 Coutisson, no'*, Jean-Antoine de
Turenne vendit à Léonard Lepetit, marchand, du Monteil au
Vicomte, la rente féodale due, en vertu de litre du 21 janvier 1688,
à la seigneurie de Laforest-Belleville par les tenanciers du tëne-
ment de Las Gouriéras, joui par les habitants du village de La Bor-
derie, paroisse du Compeix.
XIII. — - François Delavergne, sieur de Galembert, seigneur de
Laforest-Belleville, était fils de Jean Delavergne, sieur de Galem-
bert, notaire royal, lieutenant de la justice du Monteil, et de Louise
Darfeuilhe de Magnat. Il naquit le 37 mars 1687 (parrain M* Fran-
çois Champeaux, du bourg de Soubrebost ; marrainç Léonarde
Ronchon). On le trouve praticien en 1711 ; en 1714, il succéda
comme notaire royal à Jean Delavergne, son père ; en 1720, il était
en même temps juge châtelain du Monteil, charge qu'il remplissait
encore au commencement de 1738.
Le 18 mai 1744 il afferma la terre et seigneurie de Laforest-
Belleville, dont il fit Tacquisition en 1783 dans les conditions que
nous avons mentionnées à l'art, précédent.
Le nouveau seigneur était mort en 1788. Il avait épousé, par
contrat du 13 mai 1732, Jeanne Ghampeaux, de laquelle il eut :
1* Berthe Delavergne de Galembert, née le 26 septembre 1733
(parrain : Jacques Darfeuilhe ; marraine : Berthe Bouchon), morte
le 20 décembre 1736,' et inhumée dans la chapelle de Saint-Jean de
rëglise du Monteil, en présence de Léonard-Pierre Ghampeaux et
de Pierre Delavergne, bourgeois, ses oncles ;
2" Pierre-François-Xavier Delavergne de Galembert, né le
13 avril 1738 (parrain Léonard-Pierre Ghampeaux, seigneur de
Mortegoutte, juge de Soubrebost, du Monteil et de La Pouge ; mar-
raine demoiselle Madeleine Darfeuilhe de Ghâtain); mort jeune.
3* Pierre Delavergne de Galembert, né le 22 février 1737 (mar-
raine demoiselle Marie Rochon, du village de Fournoux, paroisse
de Vidaillat), mort le 3 juin 1740 ;
4* Marie-Elisabeth, qui suit ;
8* Marie-Silvaine Delavergne de Galembert, née le 27 mai 1741
(marraine Jtt^rie Lejeune, épousç de Léonard Darfeuilhe, cqu-
d88 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOCIQUE ET HISTORIQUB DU LIMOUSIN
seiller du roi el son receveur en la maîtrise des Eaux et Foréls de
la Marche) ;
6' Jeanne Delavergne de Galembert, née le 1*' janvier 1744
(parrain Gabriel Darfeuilhe, sieur de Parsat; marraine Jeanne
Rouchon).
L'une de ces deux dernières, Marie-Silvaine ou Jeanne, épousa
un de Miomandre de Banizelte et fut mère de nobles demoiselles
Jeanne et Dauphine de Miomandre de Banizelte, sœurs germaines,
habitant le Monteil en 1767 et propriétaires par indivis aiec
Anloine-Isaac Rochon de Valette, d*une métairie à Chaleix, paroisse
de Vidaillat, et d'une réserve au Monteil.
XIV. — Marie-Elisabeth Delavergne de Galembert et de Belle-
ville, dame de Galembert, dame de la seigneurie de Laforest-
Beileville, naquit au Monteil le 17 février 1739 (parrain messire
François Ghampeaux, prêtre, vicaire de Soubrebosl; marraine
demoiselle Elisabeth Larthe du Lejris, épouse de Léonard-Pierre-
Xavier Ghampeaux, sieur de Mortegoutle, notaire royal, juge séoé-
chai de Soubrebost,la Pouge et châtelain de la vicomte du Monteil).
Elle fut fiancée au Monteil le 12 mai 1785 avec Ântoine-Isaac
Rochon de Valette, avocat en parlement, fils de noble François
Rochon de Valette, conseiller du roy et son procureur en rélection
de Guérel et aux sièges des dépôts de Guéret et Jarnages, el de
Suzanne Bellat. demeurant à Guéret, paroisse de Saint-Pierre el
Saint-Paul, en présence de Pierre Delavergne et d'Âmable Michel-
let. Leur contrat de mariage fut passé au Monteil le même jour,
13 mai 1755 devant Gbanssard, no'* roy., la future procédant sous
Tautorité de messire François Ghampeaux, prêtre, curé du bourg
et paroisse de Thauron et de Pontarion, son annexe, demeurant
au bourg de Pontarion, son curateur. Les père et mère du futur
époux Tinstituèrent pour leur héritier universel, à charge de pajer
les apanages qui seraient faits aux autres enfants, si mieux n'aimait
ledit Rochon fils s*en tenir aux domaines, préclêtures et autres
droits situés au village de Valette, paroisse de Saint -Fiel, et aux
offices de conseiller, de procureur du roy en rélection de la Marche
el aux sièges des dépôts de Guéret et Jarnages. La future épouse
se constitua tous les biens par elle recueillis dans la succession de
son père. Jeanne Ghampeaux, mère de la future, et M* Pierre
Delavergne, bourgeois, firent donation entre vifs à ladite future
épouse de tous leurs biens, consistant pour Jeanne Ghampeaux en
sa dot de deux milles livres constituée par son contrat de mariage^
et pour Pierre Delavergne en la moitié des biens indivis entre lui
el la future épouse, héritière de son père, situés au bourg du
Mpnteil, en la moitié du petit donqaine situé ^u villaçe de GiouXt
Là SIClGNBUaiK DB LAFORBST-BBLLSVILLE 389
paroisse de Saint-Pierre-Ie-Bost» et en la moitié des rentes indivises
avec ledit feu François Delavergne, dont certaines provenaient de
rhëritage fait par François et Pierre Delavergne dans la succession
de Léonard Darfeuilhe» prieur de Saint-Junien. Cette donation fut
consentie à la charge : 1* de payer à Jeanne Ghampeaux une pen-
sion viagère de quatre cents livres et de lui laisser Tusufruit de la
maison meublée qu'elle habitait et où était décédé François Dela-
vergne ; 2* de payer à Pierre Delavergne une pension viagère de
cinq cents livres et de lui laisser Tusufruit de Tappartement qu*il
occupait au Monteil. Signèrent au contrat : Mathurin Labourgt,
prêtre, curé de Yidaillat ; Jacques Larte de La Ghassaigne, prêtre,
curé de Faux, près Bourganeuf ; Boutaud, curé de Ghastaingt;
Lepetit, curé du Monteil ; De Gain de Montaignac-Gimel ; De Gain
deMontaignac-Saint-Hexant; Tournyol ; Gharlier-Voysin ; T. Du-
rateau ; Moulinier ; De Nesmond ; Cartaudde Yilate ; Voysin ; GhazaI
de La Villetelle, Rochon, Bouchon, De Puichoumeix ; Furgaud ;
Darfeuilhe ; Roy de PierreRtte, Rochon, ancien lieutenant en Télec-
lion de la Marche, Michellet. Le maViage fut célébré au Monteil le
23 mai suivant par messire François Ghampeaux, curé de Thauron
et Ponlarion, curateur et oncle de la demoiselle, en présence de
noble François Rochon, père du marié, de messire Jacques Larte
de La Ghassaigne, curé de Faux, de M* Pierre Delavergne, bour-
geois et oncle, de MM. Furgaud de La Vergue et Roy de Pierrefilte
et de messire Jacques-Christophe Lepetit, curé du Monteil et prieur
de Chirat.
Par acte du 20 avril 1786 Ghanssard, no'* roy., Antoine Isaac
Rochon de Valette, qui avait pris le titre de seigneur de Laforest-
Belleville, afferma le domaine provenant à sa femme de François
Delavergne, son père, et de Pierre Delavergne, son oncle, situé
tant à Gioux qu'au tènement de Galembert.
Eu 1788, par saite du décès de son père, Antoine-Isaac Rochon
de Valette était en possession des ofQces que ledit père avait
occupés. En 1760, il était conseiller du roy, assesseur civil et lieu-
tenant particulier criminel en la sénéchaussée et siège présidial
de la Marche.
Suivant acte du 2 mars dite année 1760 Michellet et Legros, no'*'
roy., les époux Rochon de Valette vendirent à Léonard Lepetit,
sieur des Gourières, notaire royal au Monteil, divers biens dépen-
dant de la succession de François Delavergne. Par contre-lettre
sous seing privé du même jour, Antoine-Isaac Rochon de Valette
reconnut que dans ladite vente était comprise la rente et directe de
Galombert, qui lui appartenait à cause de sa femme.
Suivant autre acte passé le 6 février 1767 devant Dissandes et son
390 S0G1ÉT6 ARCHftOLOGJQUX KT BISTOlklCIII DU LIMOUSIH
confrère, do*«" roy. à Gaëret, Antoine-Isaac Rochon de Valette,
tant en son nom propre que comme maître des biens dotaux de Harie-
Elisabelh Delavergoe, son épouse, vendit à Léonard et Jacques-
Christophe Lepetit, père et fils, le premier notaire royal et le
second étudiant en philosophie, demeurant ensemble au bourg du
Monteil au Vicomte, la terre et seigneurie de Laforest-Belleville,
située paroisse de Vidaillat, en Poitou, avec toutes ses apparte-
nances, circonstances et dépendances, coasi&lanl entre autres
choses en grains de terrage et de rente* dixmes, faille solidaire de
six livres quinze sols sur les tenanciers de ladite terre, moulin
emphitéosé et tènement, appelé du Faux-Long, tels que la dame
Marie-Elisabeth I>elayergne et ses prédécesseurs en ont joui en
vertu de la vente de ladite terre consentie par le sieur de Turenne
au profit de feu M** François Delavergne, beau-père du vendeur, par
acte sous seings privés du 6 juillet 1783, renouvelé par devant
notaire le 30 août suivant, et en conséquence du bail emphitéotique
dudit moulin consenti par le vendeur devant Lepetit, no"* roy. Cette
vente fut faite moyennant la somme de douze mille livres de prix
principal et mille livres d^épingles ou pot de vin ; le tout fut payé
comptant. Il fut payé au roi, pour les droits de lods et ventes, au
sixième, à cause de sa vicomte de Limoges, la somme de quinze
cents livres.
XV. — Jacques-Christophe Lepetit, sieur des Courières et de
Galembert, seigneur de Laforest-Belleville, était fils de Léonard
Lepetit, sieur des Courières, de Lardilier et de Galembert, notaire
royal au Monteil au Vicomte, et de Luce Coutisson. Il naquit au
Monteil le 19 mars 1748 (marraine Madeleine Darfeuilhe, femme
de Léonard Tixier, sieur de Chaussadas). Quoique Tacquisition de
la terre et seigneurie de Laforest-Belleville eut été faite en commun
avec son père, lui seul en porta le titre jusqu'à la Révolution.
Ainsi que nous Tavons mentionné à Tart. de Jean-Antoine de
Turenne, marquis d'Aubepeyre, Léonard Lepetit avait acquis de ce
dernier, par contrat du 30 mars 1754 Coutisson, no'*, le fief de
Las Couriéras ou des Courières, justice du Monteil au Vicomte,
dont le tënement était joui par les habitants du village de La Bor-
derie, paroisse du Compeix, en Limousin, ainsi que les cens et
rentes dues à la seigneurie d'Aubepeyre par les habitants de La
Bussière, paroisse de Saint-Pierre-le-Bost. Il prit possession du
tout par acte du 8 mai 1754 Chanssard, no'^' roy. Les habitants de
La Borderie ayant contesté en 1760 le taux de la rente féodale due
par le tènement des Courières, un procès s*éleva entre eux et
Léonard Lepetit, qui appela en cause le marquis d'Aubepeyre et le
fit condamner le 38 juillet 1763, par sentence du juge du Compeix,
ix fournir le titre ancien de cette rente.
LA SIIONIURII DE LAFORBST-BILLIVILLB 391
Par acte sous seing privé du 4" juin 1787, Jacques Aubasson de
Beaune, bourgeois, demeurant à La Chaume^ près et paroisse de
Bourganeuf, se désista, en faveur de Léonard Lepetit, de tout droit
de dlme sur le tènement de Pouverieras, dépendant de la seigneurie
de Laforest et tenu par les habitants de Perseix. Les Bénédictins
de Limoges prétendaient être co-décimateurs de ce tènement.
Jacques-Christophe Lepetit, seigneur de Laforest, était étudiant
en philosophie en 4767, bachelier en droit en 4770, avocat en
parlement en 1773. En 1787 il succéda comme notaire royal à
Léonard Lepetit, son père. En Tan X, il devint juge de paix du
canton de Royère, mais démissionna en l'an XI. A partir de cette
époque, il acquit une grande réputation comme jurisconsulte : de
dix lieues à la ronde on venait consulter « le Grand avocat du
Grand-Monteil. » Il était connu sous le nom de M. Laforest.
Par acte du cinquième jour sans culotide Berger, no'* public à
Bourganeuf, Jacques-Christophe Lepetit-Laforest traita au sujet
des successions de ses père et mère avec ses sœurs : Anne, épouse
de Pierre Daniau, Catherine, depuis religieuse, Anne-Antoinette,
depuis épouse d'Etienne Durand, Jeanne-Marie, épouse d'Yves
Ducher, Jeanne-Catherine, depuis religieuse, et Marie- Anne, depuis
religieuse. Tous les immeubles sis au Monteil, à Lardilier, à Gioux,
à Planchât, à Laforest, à Lanjovie, le Faux-Long et les Gourières
furent attribués à Jacques-Christophe.
Par acte du 30 septembre 1773 Tiquet et Coutisson, no'" roy.,
Jacques-Christophe Lepetit acheta un pré, sis à Parsac, des époux
Antoine-Isaac Rochon de Valette et Marie-Elisabeth Delavergne.
Par autre acte du 10 messidor an lY Queyrat et Biaise Delasei-
glière, no'*' publics, il acheta, moyennant 34.678 francs, le domaine
des Fargea, provenant de la vicomte du Monteil, de Marie-Anne
Corneille, veuve d'Etienne Lafaye, négociant à Aubusson, et ce fut
lui qui paya au receveur des domaines nationaux à Aubusson les
neuf dixièmes du prix restés dus.
Suivant acte du 8 septembre 1819 Meyrignat et Coutisson, no'*',
M. Laforest fit donation portant partage de ses biens à ses enfants.
Il mourut au Monteil le 10 septembre 1832.
Il avait épousé en février 1774, à La Chapelle Saint-Martial,
Jeanne-Marie Tixier, fille de feu Léonard Tixier de Chaussadas et
de Madeleine Darfeuilhe, demeurant au bourg de La Chapelle
Saint-MarUal. Elle mourut au Monteil le 1*' juillet 1783, à l'âge
d'environ trente ans, et fut inhumée en présence de Joseph Chau-
viat de Lachaud, fermier de la terre du Monteil. De ce mariage
naquirent :
1° Anne-Marie Lepetit de Laforest, née le 14 janvier 1777
39) SOCIÉTÉ ÂftCHÉOLOfclQUE Et HISTORIQUE DU UM0U8IN
(parrain Martin Goutisson, notaire royal à Royère, son oncle,
marraine Anne Tixier, épouse de M. Michellet de Villemonteil, bour-
geois, notaire royal à Ghavanat, sa lanle), mariée le 27 germinal
an VI è Pierre Ghaisemarlin, (ils de Jean-Baptiste Gbaisemartin et
de Marie Fournier, demeurant à Saint-Priest-Thaurion; lors du
partage, elle eut dans son lot le domaine da Masderrier et le bois
du Faux-Long ;
^ Jeanne Lepetit de Laforest, née le 6 janvier i77S (parrain
Léonard-André Tixier de La Ghapelle, son cousin germain), morte
le 11 août suivant ;
' 9" Jeanne-Magdeleine Lepetit de Laforest, née le 30 novem-
bre 1778 (marraine Jeanne Tixier de La Gbapelle, sa tante), morte
à Grandjanon, paroisse de Saint-Pierre-le-Bost, le 8 février 1776;
4'' Louis Lepetit de Laforest, né en 1776, mort en vendémiaire
an V;
^S" Léonard-Louis, qui suit;
6* Marie-Anne Lepetit de Laforest, née le 27 septembre 1779,
mariée (contrat du 23 ventôse an XI Goutaud et Goutisson, no***
publics) à Laurent-Alexandre Gioux du Hazaud, âgé de trente-deux
ans, fils de Denis Gioux du Hazaud et de Françoise Treich des
Farges, demeurant tous auMazaud, commune de Rempnat; le ma-
riage fut célébré le 24, en présence de Léonard Gioux, demeurant à
Gioux, commune de Bugeat, cousin deTépoux, et de Jean-Baptiste
Goutisson, notaire public à Royëre, cousin de réponse ; dans le
partage des biens de son père, il lui fut attribué le domaine des
Farges et le moulin de Lanjovie; ils moururent tous deux au
Mazaud, sans laisser de postérité, la femme le 28 janvier 1837, le
mari le 28 février 1837 ;
7^" François Lepetit de Laforest, né le 10 août 1780, mort le
lendemain;
8"" Léonard, dit Léonard-Prosper Lepetit de Laforest, né le
27 septembre 1781 (parcain Léonard (ihassoux, son oncle, bour-
geois de Bourganeuf), mort célibataire, âgé de vingt et quelques
années.
Léonard-Louis Lepetit de Laforest ou Lepetil-Laforest naquit le
18 avril 1778 (parrain Louis-Léonard Tixier de La Ghapelle, conseil-
ler du roi, président en Télection de la Marche, demeurant à
Guérel, son oncle). En 1806, il succéda à son père comme notaire
au Monteil-au- Vicomte. Par décret de Tempereur du 15 mai 1806,
il fut nommé membre du Gonscil d^arrondissement de Bourganeuf,
en remplacement de M. Tabanon, qui avait changé de domicile.
Par ordonnance royale du 13 mai 1818, il fut nommé juge sup-
pléant près le tribunal civil de Bourganeuf, mais, alléguant ses
LA MlGIiBVRIK HK LAFOKlSt-BCLLKVlLLK 393
iiombreases oecapaltons, H refusa eelte fonction. Qoand il monrat,
il était depuis longlemps maire de la commune du Monleil-au-
Vicomle.
Dans le partage des biens de son père, il fut attribué à Léonard-
Louis Lepelit-Laforest : 1* la réserve ou préclôture du Monteil ;
2* le domaine de La Porte, sis au Monteil; 3<> le domaine du
Mazand; 4» le domaine de Gioux; 5* et le domaine de Lardilier.
Par actes des 17 avril 1817 Goumy, no", 8 juin 1824 Coutisson,
no'% et 2 décembre 1843 Toumieux, no'*, il devint propriétaire
du domaine du Noger, commune de Vidaillat. Le 1*' octobre 1818,
il devint adjudicataire à la barre du tribunal de Bourganeuf du
domaine de Grandjanon, commune de Saint-Pierre-le-Bost, et du
domaine de Saindrand, commune de Soubrebost. Par acte du
12 octobre 1819 Coutisson et Meyrignat, no'", il acquit des époux
Laurent Gioux. et Marie-Anne Lepelit-Laforest le domaine des
Farges et le moulin de Lanjovie. Suivant autre acte reçu parles
mômes notaires le 3 novembre 1819, il acquit des époux Pierre
Chaisemartin et Anne Lepetil-Laforest le domaine du Masderrier
et le bois du Faux-Long. Le 31 décembre 1822, il fut déclaré
adjudicataire à la barre du tribunal de Bourganeuf des deux
domaines de Mortegoutte, provenant de Louis Tixier-Boisgency.
Par acte du 31 mars 1826 Colin, no'* à Saint-Georges, il devint
acquéreur du petit domaine de Champéme, par acte du 9 mars 1830
Tixier-Dubreil, no", et 19 février 1839 Toumieux, no'*, du domaine
de La Bussière. Enfin, le 25 mars 1841, il devint adjudicataire à la
barre du tribunal de Bourganeuf du corps de bien sis au Monteil,
appartenant à Christophe Leblanc.
Léonard-Louis Lepetit-Laforest mourut au Monteil le 19 fé-
vrier 1852. Il dépendait de sa succession : 1° une réserve au Mon-
teil, y compris deux maisons de maître, etc; 2* cinq autres maisons
au Monteil; 3^ le domaine de La Porte; 4* le domaine de Chez-
Leblanc ; ces deux domaines sis au Monteil ; 5* le domaine de La
Bussière; 6" celui de Lardilier; 7« celui de Gioux; 8« celui de Grand-
janon; le tout commune de Saint-Pierre-Ie-Bost ; 9'' le domaine
du Noger; 10* celui du Mazaud ; 11* le moulin de Lanjovie; 12* le
bois du Faux-Long; le lout commune de Vidaillat; 13* les deux
domaines de Mortegoutte; 14* le domaine de Saindrand; 15* celui du
Masderrier; le tout commune de Soubrebost; 16* et le domaine des
Farges, commune de Vallière.
Léonard-Louis Lepetit-Laforest avait épousé Marie-Anne-Pier-
rette Furgaud du Fol, fille de Gilbert-Guillaume Furgaud du Fot
et de Françoise Grellet, demeurant alors au Chez, commune
d*Ars. Leur contrat de mariage en date du 24 août 1807 de La
T. LU 26
I
;
394 SOCliTi ARCHiOLOGlODS Kf B18T0RIQUE DU LlMOUStH
Seiglière et Qaeyrat, no'" à Aabusson, fut passé à Aubasson, daos
la maison de Gilbert-Guillaume Furgaud duFot, en présence de
Yves Ducher, oncle, Laurent Gioux du Mazaud et Pierre Chaise-
martin, beaux-frères, Anne et Marie-Anne Lepetil, sœars du
futur, M. et M*"* Tixier du Breuil, cousin et cousine da fatar;
Marie-Catherine Rebière, veuve de Jean-Etienne Furgaud de
La Vergne, aïeule, Antoine-François Tibord du Ghalard, procureur
impérial à Aubusson, Jean-Pierre Picon, beau-frère de la future,
Baptiste Duchier, avocat, François-Auguste Bandy de Nalèche,
Jean-Bapliste-Henri Sapin, François Sapin, son frère, Pierre
Picon de Laubart, Gilbert-Marien Dechierfranc, curé d' Aubusson,
de Roussine, Furgaud-Lombard, Furgaud-Grosleron, Caroline du
Ghalard, Tixier née du Boucheron, Vergne fils, Queyrat l'ainé,
Assollant, Fialon femme Assollant.
W^^ Laforest mourut au Monteil le 29 novembre 1878.
De leur union naquirent :
1^ Françoise- Arsène Lepetit-Laforest, mariée à François-Au-
guste Bandy de Nalèche, avocat, puis sous-préfet d'Aubusson, enfin
inspecteur général des établissements de bienfaisance (!}, fils du
général de Nalèche; morte à Nalèche le 9 février (894, dans sa
qualre-vingt-sixième année;
â'* Anne-Thérèse Lepetit-Laforest, mariée : 1® à Jacques Cbrislo-
phe Chaisemartin, son cousin germain; 2^ à Louis-Thomas-Jérôme
Auzoux, docteur en médecine, ofBcier de la Légion d*bonoeur,
inventeur de Tanatomie clastique, mort à Paris le 6 août 1900, dans
sa quatre-vingt-neuvième année;
3** Thérèse-Denise-Stéphanie, dite Rosine Lepetit-Laforest,
mariée à Joseph-Hector Pages, avocat, puis receveur particulier
des finances à La Palisse (3).
(I) De ce mariage sont issus M. Louis de Nalèche, mort conseiller général
et député de la Creuse, el M°>« Charles Géry.
(3) De ce mariage sont nés, entr'autres enfants, M™* Henri de llarsacel
M. Emile Pages.
LA SBlONEUaiK DB LAF0RB8T-BBLUCV1LLB 305
CHAPITRE m
DOMAINE UTILE, RENTES ET DÎMES DE LA SEIGNEURIE DE
LAFOREST-BELLEYILLE
§!•'.— Domaine utile
D'uQ carnet de notes de l'un des recevears, il résulte qu'en 1646,
la seigneurie dé Laforest-Belleville était propriétaire : l"" d'un
moulin à Laforest, affermé trente-quatre livres dix sols ; S"" d'une
métairie dite Daubaixex (?), affermée au métayer moyennant par
an seigle trente*six setiers, avoine six setiers, mesure de La Borne,
argent trente livres, une charrette garnie de bœufs et trois dou-
zaines de fromages.
Aux termes de l'arpentement de i722, la seigneurie était pro-
priétaire : l"" d'un bois, appelé le Faux-Long, avec prés, pâturaux
et terres y joignant « ledit bois situé au-dessus du village de
de Langeovie, donnant sur le grand chemin qui vat de la ville de
Bourganeuf au bourg du Monteil-le- Vicomte » ; en 1646, ce tëne-
ment était affermé trente livres par an ; en 1722, il était affermé
cinquante-trois livres par an à Pierre Giraudon; en 1744, il était
affermé à Léonard Giraudon et Denis Peyremaure, du Masderrier,
moyennant un fermage annuel de soixante-cinq livres et un pain
de sucre de deux livres ;
2^ D'un moulin, situé au village de Lanjovie, avec une écluse
au-dessus, dont les tenanciers de la seigneurie étaient menants ;
c'est probablement le môme que celui désigné en 1646 sous le
nom de moulin de Laforest; en 1772, il était affermé à Jean Touny,
moyennant trente-six livres par an ; en 1744, à Symphorien Taury,
moyennant semblable somme.
En 1744, le seigneur était encore propriétaire des tènements de
Ghasteau et Fontanelle, situés près du village de Nadaspeyras,
dont nous ne trouvons plus trace postérieurement, pas plus que
de la métairie mentionnée en 1646.
§ 2. — Cens et rentes
D'après le carnet sus-mentionné, le seigneur percevait en 1646
en rentes féodales et pour droit de terrage :
l"" Sur le village de Laforest-Belleville et ses tènements, paroisse
de Vidaillat, vingt-trois setiers seigle, treize setiers avoine, douze
306 SOGlftrft ARCliOLOOtQOt R HI8T0II1QUB 3V LIMOOStM
gélines; d'après Varrêt de 1719, rarpentemenl de 1742 etlalière
de 1744, treize seliers cinq qaartoas avoine, le setier composé de
seize boisseaux, et treize gélines de rente noble, féodale et fon-
cière, et vingt-trois setiers deux quartons, même mesure, de b)ê
seigle pour le droit de terrage ;
Sur le village de Lanjovie et ses tënements, même paroisse, sii
setiers deux quartes seigle, deux setiers trois raz avoine, deux
gélines; d'après Tarrét, Tarpentement et laliève, deux setiers sept
quartons avoine, le setier composé également de seize boisseaux,
et deux gélines de rente noble, et six setiers six quartons, méoie
mesure, de blé seigle pour le droit de terrage;
3* Sur le village ou tènemenl du Chier, même paroisse, sept
seliers trois quartes seigle, trois setiers trois raz avoine, trois
gélines ; d'après l'arrêt, Tarpentement et la liève, trois setiers deux
quartons avoine, le setier composé également de seize boisseaoi,
et trois gélines de rente noble, et sept setiers six quartons de blé
seigle pour le droit de terrage, le tout payé par les babitaots de
Lanjovie, propriétaires du tënementdu village du Chier, ce dernier
n'ayant plus de maisons;
4<> Sur le village de Nadaspeyras, paroisse de Soubrebost, pour
le tènement de Puyrelonge, trois setiers trois quartes seigle, trois
raz avoine, une gélîne; d'après l'arrêt et la liève, dix-neuf quartons
avoine, une géline de rente et trois setiers six quartons seigle pour
le droit de terrage;
S"" Sur le village du Masderrier, paroisse de Saint-Gilles, pour les
tènements de Château; du Puysnaud et des Qualre-Ghemins, trois
setiers émine seigle, neuf raz avoine, une géline ; d'après l'arrêt,
trois setiers trois boisseaux avoine et trois gélines de rente et deux
setiers seigle pour le droit de terrage ; d'après la liève, trois setiers
avoine, deux setiers seigle et trois poules de rente;
6^ Sur le village de Murât, paroisse de Vidaillat, pour un tène-
ment joui par les habitants de Laforest, une quarte seigle; d'après
l'arrêt et la liève, deux quartons seigle pour le droit de terrage;
7° Sur le village du Masmoutard, paroisse de Soubrebost, pour
les tènements de la Yilletelle et du Puy de Saint-Hilaire, sept
quartes seigle; d'après l'arrêt, même redevance pour droit de
terrage ; d'après la Uève, même redevance comme rente, et en
outre portion de taille;
8** Sur le village de Cosnat, paroisse de Vidaillat, pour les tène-
ments dits sur la Ceuille et Pruscherien, quatre setiers unequarle
seigle, deux seliers sept raz avoine; d'après l'arrêt, onze quartons
et demi avoine de rente et quatre setiers seigle, trente-six bois-
seaux et demi avoine pour le droit de terrage ; en 1744, ces rede-
LA SRICNKORIS DE LAPORIST-BULLEVILLB 307
vaaces avaient élé vendues piar M. de Turenne à M. Rochon de
Fournoux ;
O"" Sur le village de la Villetelle, paroisse de Soubrebost, pour le
tënement de Château, un raz avoine ; diaprés Tarrét et la liève, deux
quartons avoine de rente ;
dO** Sur le village de Perseix, paroisse de Soubrebost, pour le
tënement de Pouveriëras, un setier avoine, une géline ; d'après
l'arrêt, un setier raz avoine, une géline de rente et un setier seigle
pour le droit de terrage; d'après Tarpentement, un setier d'avoine
de seize boisseaux, un setier de seigle et une géline ; d'après la
liève, huit boisseaux seigle, seize boisseaux avoine, un sol six
deniers argent et une poule de rente;
11<* Sur le tënement de Las Gourieras, justice du Monteil-au-
Vicomte, joui par les habitants du village de la Borderie, paroisse
du Gompeix, en Limousin, une rente de trente sols argent, trois
setiers seigle, deux setiers avoine (1), trois gélines et deux arbans;
cette rente Tut aliénée en 1784.
Aux termes de Tarrôt de 1719, le seigneur de Laforest-Belleville
avait droit de percevoir, outre ce qui vient d'être indiqué, l"" sur
le bourg de Vidaillat, pour le tënement de Tras le Breuil, près
ledit bourg, trois quartons une coupe et demie avoine, une géline
de rente et un quarton deux coupes seigle pour le droit de terrage ;
d'après Tarpentement, un quarton deux coupes seigle, trois quar-
tons un quart de coupe avoine, mesure de la Borne, argent vingt
deniers et un quart de géline de rente; d'après la liève, même
consistance que celle énoncée dans l'arrêt, la quotité de Targent
dû n'est pas indiquée ;
2^ Sur le village de Rieublanc, paroisse de Saint-Gilles, huit
quartons avoine, une demip géline de rente et un quarton de seigle
pour le droit de terrage; la liève donne les mêmes quantités
comme dues pour rente et indique qu'il est dû de l'argent, sans en
fixer la quotité.
Toutes les quantités de grains énoncées ci-dessus étaient comptées
à la mesure de la Borne.
Aux termes de l'arrêt et de l'arpentement, les tenanciers des
villages de Laforest, Lanjovie et le Ghier devaient une somme de
six livres quinze sols de taille solidaire, qui devait être levée par
un des habitants du village de Laforest, et qui était payable, ainsi
que les redevances énoncées plus haut, à Notre-Dame d'août de
chaque année ; la liève mentionne cette taille.
(1) Mesure non indiquée. Probablemeot celle du MoDteil-au-Vicomle.
39B SOCIAt ARCBAolOOIQUE et historique du LlMOUSlIf
Les arrêt et arpentera en t parlent aussi d'une laille solidaire due
parles habitants du village du Puy de Fournoux, sans indiquer la
quotité de cette taille ; la lièvé dit seulement que le village du Pay
de Fournoux doit sa part de la taille; elle en dit autant du village
du Masmoulard.
Le seigneur percevait le droit de lods et ventes et de prélalion
sur tous les héritages que Ton vendait dans sa seigneurie, lesdiis
lods à raison de dix sols par chaque écu du prix des contrats, cod-
formément à la Coutume du Poitou, par laquelle la seigneurie étail
régie.
§ 3. — Dimes
Le seigneur percevait la dîme de tous grains décimables, seigle,
avoine et blé noir, même de la laine des brebis et moulons, daDs
toule rélendue de la seigneurie, par moitié avec les religieux du
Moutier d'Ahun.
La dîme de la laine ou chirvolage était levée à raison de onze
toisons une.
Outre la dîme des territoires des villages de Laforesl-Bellerille,
Lanjovie et le Chier, qui était affermée en 164rt moyennant soixanle-
neuf livres par an et en 1744 moyennant un fermage annuel de
seize setiers seigle, mesure de la Borne, le seigneur percevait la
dîme de tous les grains naissants et croissants dans le lèneraenldu
Faux-Long, dans le tènement de Pouveriéras, joui par les habitants
de Perseix, la moitié de la dîme de tous grains dans le tènement de
Peyrolonge, joui par les habitants de Nadaspeyras, la dînne des
tènements de la Villetelle et du Puy de Saint-Hilaire, jouis par les
habitants du Masmoulard.
LA SBIGNIURIB DB LAFOREST-BELLEVILLB 399
ARMORIAL
D'Aigurande, originaire du Berry, porte : d'or, au lion grimpant
de sable, lampassé, armé de gueules.
Des Armoises, originaire de Lorraine : gironné de douze pièces
d'or et d'azur,
D'Aabusson, Haute-Marche : d'or, à la croix ancrée de gueules.
Du Authier, Limousin : de gueules, à la bande d'argent, accom-
pagnée en chef d'un lion d'or, et en pointe de trois vanels de même.
D'Autîer de Villemontée, Basse-Auvergne : d'azur, au chefdenché
d'or chargé d'un lion léopardé de sable, lampassé, armé de gueules.
Bandy de Nalèche, Felletin (Haute-Marche) : d'azur, au chevron
d'argent, accompagné de trois molettes d'éperon d'or.
DeBiencourt, Picardie : de sable, au lion d'argent, couronné,
armé et lampassé d'or.
De Boisse, Limousin : de gueules, à trois fasces d'argent, chargées
chacune de trois hermines de sable.
De Bourbon-Busset, Bourbonnais et Auvergne : d'azur, semé de
fleurs de lis d'or, à la bande de gueules brochant, et au chef d'argent
chargé d'une croix potencée d'or, accompagnée de quatre croisettes
de même.
Brachet ou de Brachet, Haute-Marche : d'azur, à deux chiens
braques d'argent, posés l'un sur Vautre et passant.
DeBridieu ou Brudieu, Haute-Marche : d'azur, à la macle d'or,
cramponnée double en la partie supérieure; accompagnée de trois
étoiles du même.
DuGambout, Bretagne : de gueules, à trois fasces échiquetées
d'azur et d'argent de deux traits chacune.
De Carbonniëres, Limousin : bandé d'argent et d'azur de huit
pièces, à huit charbons de sable, allumés de gueules, posés 1 , S, S
et / sur les bandes d'argent.
Chabot ou de Chabot, Poitou : d'or, à trois chabots en pal de
gueules, 2 et i .
Du Clou de Soumaignac, Peyrat-le-Château (élection de Bourga-
neuf) : de gueules, au lion rampant d'or, couronné de même; trois
étoiles aussi ^'or en chef.
De Coral, Limousin : d'argent, à la croix pattée de gueules, sous
laquelle passe une bande périe d'azur.
De Corn, Ba^-Limousin : d'azur, à deux cors d'argent enguichés
de gueules, l'un sur l'autre.
De Courtille, Combraille : d'argent, au chevron de gueules, accom-
pagné de neuf merlettes de sable, posées 4, Z, / et 2.
400 SOCl^i ABCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UMOUSIN
Goustin ou de Goustin, Limousin : d'argent, au lion rampant ie
sable armé, couronné et lampassé de gueules.
De Goux, Limousin : d'argent, à trois fasces de sinople, à une
bande de gueules brochant sur le tout.
De Durfort de Boissières, Quercy : d'azur, à la bande d^or,
D'Eschizadour, Limousin : écartelé d'argent et de gueules,
Esmoingl, Haute-Marche : d'argent, à trois chevrons de gueules,
alias d'azur.
D'EsIresses, Haule-Auvergne : d'azur, au chevron d'argent,
accompagné de trois fers de lance de même, posés 2 en chef et 1 en
pointe.
Evrard de Monlespedon, Auvergne : d'argent, à deux lions de
sable, l'un sur Vautre,
De Faye ou de la Faye, Peyrat-le-Ghâteau : d'argent, au quinte-
feuille de gueules.
De Feizins, Auvergne : parti, au ^""d'argent, à trois jumelUê de
gueules en bande ; au 2^ coupé, au / d'azur^ au lion léopardé i ar-
gent, au 2 d'azur, à la vache de gueules,
Furgaud de la Vergne, Aubusson : d'azur, à une fasce haussée
d'or, chargée d'un croissant de gueules; accompagnée en chef de deux
étoiles d'or, en pointe d'un chevron de même.
Garât de Nedde, Limousin : d'azur, aux lacs d'amour d'or, accom-
pagnés de trois étoiles du même; au chef d^ or, chargé d'un croissant
d'azur.
De Gonlaut-Biron, Guyenne : écartelé d'or et de gueules.
De Gontaul-Sainl-Geniez, Guyenne : écartelé d'or et de gueules,
à la bordure chargée de six tours d'or, posées S, 2 et 1 .
De Jarrie, Bourbonnais : d'or, à la fasce de sable.
De Laage du Brudieu, Bourbonnais : d'argent, au chevron de
gueules, à la bordure de sable.
De La Ghassaigne de Beauregard, Basse-Marche : d'azur, à deux
fasces d'or et six étoiles de même, trois en chef, trois en pointe.
De La Garde de Saignes, Quercy : d*azur, à Vépée d'argent mise
en bande.
De La Mothe-Maslanrent, Limousin : de sable, au lion d'argent
grimpant, lampassé, armé et couronné d'or.
De La Pivardière, Berry : d'argent, à trois merlettes de sabk,
posées 2 et i .
De La Porte, Bas-Limousin : de gueules, à la croix d'or.
De La Roue, Auvergne : fascé d'or et d'azur de six pièces.
De La Vergne de Tressan, Languedoc : d'argent au chef de
gueules, chargé de trois coquilles d'argent.
De Lestrange, Limousin : de gueules, au léopard d'argent etdeu
lions adossés d'or^ mal ordonnés.
LA SBIGNBUPIE DB LAFORBST-BELLBVILLB iOI
De Lhermile, Marche : au i^' de sinople, au patenôtre d'or^ enfilé
et houpé du mémey mis en chevron, accompagné de trois guintefeuilles
d'argent, deux en chef et un en pointe; au 2^ d^ argent, à trois che-
vrons de gueules; au chef de Jérusalem brochant sur le tout, gui est
d^argent pâtée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même.
De Maulmont, Limousin : d'azur, au sautoir d'or en ondes, can-
tonné de quatre tours d'argent, maçonnées de sable.
De Maussabré, Blaisois ou Touraine : d'azur, an lambel d'or à
trois pendants, posé en chef.
De Méalel, Carladez : d'azur, à trois étoiles d'argent; au chef d'or.
De Miomandre, Fellelin : écartelé, aux i et 4 d'azur, au lion
grimpant d'or, lampassé et armé de gueules ; aux -2 et 3 d'argent, à
l'aigle de sable, au vol abaissé.
De MoDtferrand, Enlre-deux-Mcrs : écartelé d'or et de gueules.
De Monlforl, Normandie : écartelé, aux i et 4 d'argent, à trois
trèfles de gueules; aux 2 et S de gueules, à la croix d'hermine grin-
golée d'or.
De Pierrebufflère, Limousin : de sable, au lion d'or, armé et lam-
passé de gueules.
Ricard de Gourdon de Genouillac, Quercy : écartelé, aux i et 4
d'azur ou d'argent, à trois étoiles ou molettes d'or posées en pal; aux
2 et 3 d'or, à trois bandes ou barres de gueules.
De Rigal, Haute- Auvergne : d'azur, à la fasce d'or, chargée d'une
canette fou merlettej de sable, becquée et membrée de gueules.
De Saillans, Auvergne : d'argent, au croissant tourné de gueules,
accompagné de trois étoiles de même.
De Sainl-Aignandela Gastine, Limousin : parti, au I d'azur, au
lion rampant d'or, lampassé de gueules, Chargé d'une fasce de même;
au 2 coupé, le /•' d'azur, à la tête de cerf, armée de cors sans nom-
bre de même, au ^"« d'argent, à la fleur de lis de gueules.
De Saint-Yrieix, Saint-Yrieix-la-Montagne (élection de Bourga-
neufj : d'azur, à trois fioles d'argent fou trois hirondelles) en fasce,
soutenues par trois étoiles d'or en pointe, 2 et 1 ,
De Ségur, Limousin : écartelé, a^ix 1 et 4 de gueules, au lion
d'or; aux 2 et 3 d'argent plein.
De Thianges, Auvergne : d'or, à trois tierce feuilles de gueules,
Tournyol, Haute-Marche : d'azur, à la tour d'argent maçonnée de
sable; au chef de gueules, chargé d'un croissant d'argent, accom-
pagné de deux étoiles de même.
De Turenne d*Aynac, Quercy : coticéd'or et de gueules de douze
pièces.
De Voisins de Montant, Languedoc : d'argent, à trois losanges de
gueules.
De Volonzac, Rouergue : d'argent, à trois tours de sable crénelées
d'azur-
402 sociéré archéologique bt bistobiqur du limousin
APPENDICE
I. — 9 août 1824. — Hommage lige rendu par Léonnetde Chiza-
dour, écuyer, seigneur d'Aubepeyre etduRasteau^à Loysd'Aubm-
son, chevalieTy seigneur de La Villeneuve.
A tous ceux qui ces présenles nous garde du scel établi
aux contrats en labaronnie de La Borne, salut Savoir faisons que
personoellement eslabiy noble homme Léonnet de Chizadour,
escuyer seig' d'Aubepeyre et du Rasteau, lequel de son bon gré et
volonté pour lui et ses successeurs, reccognoit tenir et vouloir
tenir, et ses prédécesseurs avoir tenu en fief et hommage lige de
main et de bouche, avec le serment de féaultë de noble et puis-
sant seig' Messire Loys d'Aubusson, ch" seig' de La Villeneuve
présent et acceptant le lieu et village de Meysonnioux paroisse de
S*-Yrieix le Déjalat fsicj en toute directe fon" fundalité, justice,
droit de guet ; plus doit chacun an etc.. et tous droits de servi-
tude. Item le lieu et village de Besses (Bessas) assis en ladite
paroisse, justice haulte moyenne et basse directe fundalité droit
de servitude et guet et doit chacun an etc.. Et a promis ledit
escuyer s'il tenoit aucune aultres choses dud. seig» chevalier, qui
ne soient aiirmées en la p^' recognoissance les lui baillera et en
fera le fief et homaige lige et a promis ledit escuyer défaire adveu
à d'autres des choses dessus [ ] sinon du consentement dudit
ch' et de faire aud. ch' tous services et honneurs que qualité de
fief requiert [selon] les chapitres de fidélité, et a promis ledit
escuyer tenir obéissance aud. chevalier par sa foy et honneur et
sous Tobligation et hypothèque de tous ses biens et dud. fief etc..
etc.. Presens a ce et oyans Maistre Jehan Cusinet et Messire
Legier de Vialle p^'« témoins a ce appelés le neuf** jour d'aoust
l'an mil cinq cens vingt et quatre. Silvain n" juré.
(Archives de la Creuse, E 248. — Sur copie faite aux Archives
de la Haute- Vienne).
IL — 12 mai 1619. — Procès-verbal relatif à la mort de
Martin d'Eychisadour
Ce douziesme may mil six cents dix-neuf requérant M* Pierre
Dandallès au nom et qualité et comme procureur fiscal de la
baronnye de La Villeneufve au Compte Je notaire soubzsigné me
LA 8BIQNRURIE DE LAFOREST-BBLLBYILLB 403
sais transporté avec led. Dandallës au lieu de Masgniat au devant
la mîsoa ou. demearoii feu Martin de Chisadour irooré la porte
fermée en présence de Jehan Bessaadon, Laurens de Peyiangas,
Jehan Sainrat et Anthoyne Sanayre de Masgnat disant led. Dan-
dallës se vouloir enquérir comme led. deffun estoit decedé et
trouvé le cheval dud. feu emfargé derrier les bastimanlz dud.
Masgniat lequel led. procureur a faict saisir et prandre par Jehan
Semau (?) sergent et laissé en garde a Estienne Sanayre de Mas-
gniat.
Dillec nous sommes transportés et conduis parMichelle de Gens-
sanas servante dud. deffunt au lieu ou le corptz dud. deffunt a esté
trouvé qui est quarante pas par desa la Croix de La Pessade dans
le chemp et aparlenanse de la mesteyrie d'Aubepeyre et trouvé
dans le chemin Disant le tout en presenlce de messire Jehan du
Feix dud. Anthoyne Sanayre Estienne le Soldat de Masgniat et
Laurens de Peylanges.
Lequel du Feix a dict vouyant que la justice ne venoit pas enlever
le corps estant sur le tard une heure de sollel et cregniant que les
bestes sauvages pourroient manger le corps lavoit fait porter dans
le chasteau d'Aubepeyre au plus proche ou led. corps a esté
trouvé le tout en presentce de M« Léonard Darfeulhe, procureur
et greffier de la seigneurie d'Aubepeyre et plusieurs autres
personnes.
Et sans entrer dans la basse court dud. chasteau pour vixiter
led. corps que led. du Feix a dict estre sur la table de la cuisine
dud. chasteau. Lequel corps led. du Feix a dict avoir fait vixiter
par lad. Michelle de Genssanas sa servante et Jean de Masgniat en
presentce de Messires Charles du Mont et Anthoyne de Masgniat,
prostrés Petit Jehan du Cloupt, Léonard Pimperigas de Pourche-
roux, Léonard Fromenty du Mont, Laurans de Peyiangas, Anthoyne
Sanayre, dict le Masson, Estienne Sanayre, dict le Soldat, Pierre
Lamontre du Meysouniaux et plusieurs autres illec présents.
De lesquelz tous proubablement le plus jeune deux aagé de trente
ans on dict moyenant sermant bien reconnoystre led. corps et que
cest le corps dud. sieur Martin de Chizadour, dict Byiion, pour
lavoir veu souvantes fois et que led. corps cest trouvé sanglen au
visage, le col enflé et blessé de blessure saîgneleuse au pistollet
traverset led. col dun grand coupt qui auroit fait quatre trous. Et
ce disant estre véritable et navoir trouvé sur led. corps autres coups
ny blessures. Dont de ce a esté octroyé acte aud. Dandallës en
presentce des dessusd. lesquelz attestant ont déclaré ne savoir
signer saufs desd. prebtres.
Signé: Dufeix, Demasçniat, Dumont,
404 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UISTORIQDE OU UHOOSIN
Dillec nous sommes transportés en la chambre ou led. feu demeu-
roit dans laquelle cest trouvé un grand coffre que led. du Feïn a
dict estre du seigneur d'Âubepeyre dans lequel ne cest trouvé que
du pain. Lequel du Feix a dict que cestoit trouvé dans lad. chambre
ung lict guarni de couette, cuissin, couverte et linsieux lequel du
Feix a dict en avoir fait porter comme le luy ayant ci-devant preste
par le commandement du seigneur d'Âubepeyre et dans laquelle
chambre ne cest trouvé autre chose si nest deulx robbes et autre
menu linge que lad. Michelle a dict luy apartenir et a afirmé par
serman quelle na aulcune autre chose appartenant aud. deffunt.
Dont du tout a esté octroyé acte aud. Dandallës. Le tout en pré-
sentée de Ânthoyne Sanayre, de Laurent Bessaudon de Peyianges
qui ont déclaré ne savoir signer.
Signé : P. Damdallés, B. Darfeulhe, noiere.
(Minutes des notaires de Royère).
in. — 5 octobre 1598. — Testament de Jacques de Ckizadour,
seigneur d'Aubepeyre
Sachent tous que pardevant Jacques de La Bourderye, notaire
étably pour le Roy, notre Sire, au bourg du Compeys, ez sene-
chaussées de Limosin, la Marche et Poitou, et en la présence des
témoins sous-nommés, a esté présent et personnellement estably
noble homme Jacques de Cbisadour, escuyer, seigneur d'Aube-
peyre, Rasteaux, La Fourest, Saint Yrieix et autres places, lequel
de son bon gré et volonté, sans suggestion, persuasion, induction
daucune personne, ains de son plein gré et volonté, a faict, dicté,
nommé et ordonné son testament et disposition de dernière volonté,
en la forme et manière qui sen suit : Premièrement, a fait sur luy
le signe de la croix en disant Au nom du père et du (ils et du saint
esprit, amen; a recommandé son âme et son corps à Dieu le Créa-
teur et au rédempteur, à la vierge Marie, monsieur S' Michel lange
et a toute la cour celesluelle du paradis. Item a déclaré que après
que son âme sera séparée de son corps, que son corps soit porté,
enseveli en leglise de Ghastaing ez tombeaux de ses prédécesseurs,
parens, amis trépassés, et qua son enterrement soient appelés le
nombre de trente à quarante prêtres des paroisses circumvoisines,
pour dire et célébrer messes, prières, oraisons pour le salut de
son âme, parens, amis et trépassés, et à chacun desd. prêtres être
baillié dix sols, outre leur diner, et aud. jour de sa sépulture être
fait une aumône générale à tous ceux qui voudront prendre du
pain aud. lieu dAubepeire, et aud. jour etro ouvré de la cire en
LA SRIGNBUIIIB DB LAFORBST-BBLLBYILLB 405
torches, chandelles, luminaires à la discrétion de ses parens et
amis. Item a voulu led. testateur être fait mêmes et semblables
services, aumônes, prières, oraisons et bienfaits à la septaine,
quarantaine et bout de lan après en suivant le jour de sad. sépul-
ture. Item a voulu, ordonné être faitquatre annuel savoir à chaque
jour une messe à diacre et sous-diacre durant Tanné de son deces
en leglise dud. Ghastaing, Royere, Saint-Marc-à-Loubaud et Saint-
Yrieix et être baille de ses biens aux prêtres desd. paroisses et a
chacune d^elles pour cet effet la somme de cent livres tournois une
fois payée et être employé de la cire sufflsament pour cet effet, et
a chacune desd. églises a été baillé en outre une chappe chassuble
de soie où seront les armoiries de lad. maison dud. Àubepeire
pour lesd. chasubles ou chappes être employés au service divin
desd. églises. Item a voulu et veut led. testateur quil soit dit et
célébré en Teglise de la chapelle Notre-Dame de La Borne et de
Sonbrebot à chaque semaine une messe de mortuis durant lannée
de son deces et être baillé aux prêtres qui diront les messes de
chacune desd. églises la somme de quatre ecus et demi une fois
payé le tout par ses héritiers cy-apres nommé et au surplus des
autres œuvres pies sen est tenu à la discrétion de ses parens et
amis. Item a donné légué, donne et lègue par ces présentes à Jac-
ques Deychisadour, son fils naturel et de demoiselle Anne Brachet
la somme de trois mille écus pour s'en alimenter, nourrir, entre-
tenir selon son état et faculté ; et outre ce veut et entend led. testa-
teur quil sera nourri, entretenu toute sa vie en la maison dud.
testateur et aux dépens de lad. maison sans quil emploit rien de
sien. Item a aussi donné légué donne et lègue par son dit présent
testament à Gilberte et Hélène, ses filles naturelles et de lad. Bra-
chet et a chacune délies la somme de mil ecus et a voulu et vent
led. testateur que lesd. filles soient nourris et entretenus en sa
maison jusquà ce quelles soient en âge d*etre mariées ou de pou-
voir avoir ladministration et gouvernement desd. sommes et aud.
âge parfait tant dud. Jacques que desd. Gilberte et Hélène leur
sera délivré par ses héritiers lad. somme. Item à led. testateur
donné légué par ces présentes à Martin dEychisadour, fils naturel
de défunt noble Jean dEychisadour en son vivant frère dud. testa-
teur la somme de mille ecus pour luy étant en âge den pouvoir
avoir Tadministration et gouvernement et veut jusquà ce quil soit
nourri et entretenu en la maison dud. testateur selon sa faculté.
Item a donné, légué, donne et lègue, par ces présentes, à noble
Jacques de Ghampmoreau, la somme de cent cinquante écus sur et
en outre une paire de ses accoustremens. Item a bailllé et légué à
H' de La Chapelle, son beau-frere son courtaud noir. Item a donné,
406 SOCIÉTÉ AaCBÉOLOGlQUB KT BISTORIQUS OU LIMOUSIN
légué, par ces présentes^ a Piarrou Branet, son laquais, la somme
de cinquante ecus et à Jeanne Brunet, sœur de Pierre, la somme de
vingt ecus, lors quelle se voudra marier, en outre que led. Pierre
Brunet sera remis en la métairie dud. lieu d'Aubepeire sil y veut
travailler sans payer aucunes dettes pour raison de lad. métairie
dues aud. testateur. Item a voulu, ordonne, veut et ordonne ied.
testateur que deux vicairies qui sont fondées par ses prédécesseurs
lune en leglise de Ghataing et lautre en la chapelle dud. Aubepeire
seront entretenues, le revenu dicelle être payé aux vicaires chacun
an sans préjudice toutefois du droit de patronage qui en est du et
appartient à lad. maison dAubepeyre. Item a nommé pour son
héritier universel en tous et chacun ses biens, demoiselle Fran-
çoise dAubepeire, sa tille naturelle et légitime et de dame Fran-
çoise de Garbonnieres, sa femme et épouse laquelle il veut et
entend lui succéder en tous et chacun ses biens, à la charge de
accomplir la volonté dud. testateur par sond. présent testament et
de payer toutes ses dettes ensembles celles qui sont contenus par
le testament de défunte demoiselle Gilberie Daigurande sa mère.
Et tout événement que lad. dame Françoise de Garbonieres selrou-
veroit enceinte d'un fils mâle en ce cas led. testateur le nomme et
institue par ces présentes son héritier en tous et chacun ses biens
à la charge de marier lad. demoiselle Françoise dAubepeire sad.
fille et la doter de la somme de vingt mille francs, de Ihabiller
selon la faculté de lad. maison dAubepeire. Item a voulu et veut
led. testateur que Fad. dame Françoise de Garbonieres, son épouse
ait ladministration et gouvernement de lad. demoiselle Françoise
dAubepeire leur fille ensemble de lusufruit de tous et chacun ses
biens sans quelle soit tenue en rendre aucun compte aux héritiers
dud. testateur jusquà ce qu'ils, soient parvenus en âge de pouvoir
avoir ladministration et gouvernement de leurs biens ou que lad.
dame Françoise voulut se remarier et convoler en secondes noces,
aud. cas, led. testateur veut et entend quelle ait a rendre compte^
des lors quelle aura convollé aud. second mariage et non aupara-
vant, car aud. cas led. testateur veut et entend quil soit fait exa-
men des meubles demeurés propres a lad. Françoise son épouse,
toutefois, veut et entend led. testateur quelle mette tous sesd. meu-
bles par inventaire a faire quil na scu de présent. Outre et par
dessus a donné, légué, donne et lègue par ces présentes, led. tes-
tateur à lad. dame Françoise de Garbonnieres son épouse, par ces
présentes, la somme de trois mille ecus dor sol outre et par dessus
les dons, par led. testateur, à lad. dame faits par le contrat de leur
mariage et sans y déroger aucunement, à la charge que lad. dame
Françoise sera tenue durant sa vie, outre le gouvernement quelle
LA SSIONIURIE DE LAFOKKST-BSLLKVILLI 407
aura de lad. maison, de la bien entretenir, régir et gouverner
selon letatet faculté de lad. maison dAubepeire. Item et en événe-
ment que lad. demoiselle Françoise dAubepeire viendroit à décé-
der sans hoirs légitimes et descendants délie en loyal mariage ou
que lad. dame Françoise de Garbonnieres ne se trouva enceinte de
fils ou fille, en ce cas, led. testateur a substitué et nommé son
héritier noble Léonard de Faye, ecuyer, seigneur de Villechenyne
et du Leyris son neveu, à la charge son fils aîné portera nom et
armoiries de lad. maison dAubepeyre. Et aud. cas sera tenu de
payer à noble François de Faye et à demoiselle Françoise de Faye
ses frère et sœur, et à chacun deux, la somme de cinq cens ecus
une fois payé. Outre a légué led. testateur à lad. demoiselle de
Faye sa nièce, la somme de cent cinquante ecus restant de deux
cents ecus que feu noble Claude de Bressolles son beau père devoit
aud. testateur à cause de vendition des restes dun cheval. Ensem-
ble sera tenu led. de Faye, le cas avenant, de payer à noble Gas-
pard Mathurin de La Gastine, s' de Lizieres, Léonard et François
ses frères, neveux dud. testateur, enfans de feu noble Gaspard de
La Gastine vivant, s' de Lizieres et de demoiselle Françoise dAube-
peyre et a chacun deux la somme de cinq cens ecus une fois payés
outre et par dessus ce que led. feu Gaspard de La Gastyne et
demoiselle Françoise dAubepeyre pourroient devoir être tenus et
redevables aud. testateur pour quelque cause forme et manière
que ce soit. Et ce pour tous droits que lesd. François et Françoise
de Faye et de Lizieres peuvent avoir et prétendre sur les biens
dud. testateur. Item a fait et nommé led. testateur exécuteur de
son présent testament les seigneurs de Saint-Aulere et de La Porte,
ses beaux frères lesquels il a chargé de tous et chacuns ses biens
jusquà lentier accomplissement de son présent testament, lequel
il veut et entend être exécuté de point en point, sortir son plein et
entier effet et être son dernier testament et disposition de dernière
volonté et a révoqué, cassé, annullé tous autres testamens codi-
cilles quil pourroit avoir fait ci-devant, veut et entend quil naient
deffet et valeur au préjudice des présentes. Car ainsi la voulu
promis, juré tenir led. testateur par les foi serment de son corps
obligation de tous ses biens presens et futurs quelconques renon-
çant à toutes choses à ces présentes contraires et préjudiciables.
A quoi faire et tenir a été jugé condamné de son consentement et
volonté par le notaire royal soussigné soumis concédé lettres el le
scel royal à ces présentes a été mis apposé. Fait et passé au lieu
et château noble dAubepeire en la Marche après midi, le cinquième
jour doctobre lan mil cinq cent quatre-vingt-dix-huit en présence
de noble Jean de Garbonnieres, seigneur de la Chapelle et de
408 SOGIKTÂ ARGHÊOLOOIQUB BT HMTORIQUB DU LtHOUSlII
Gnilhaume de Garbonnieres, seigneur de Saint-Âulere. Signé à la
minute : De Carbonieres, De Garbonieres, S*-Aulere, La Ghapelle
Biron et J. de La Bourderye, no" royal.
(Papiers de la famille Goutisson. Sur copie du xvni« siècle).
IV. — 1761. -— Extrait du procès-verbal de criée de la terre et
seigneurie d'Aubepeyre et de Saint-Yrieix
1® Un château à trois étages, couvert à tuiles, renfermé d'une
cour dans laquelle est une chapelle domestique et une boulangerie
et d'une avant-cour, dans laquelle il y a plusieurs écuries pour les
chevaux, des granges, étables pour les bestiaux, un colombier
attenant au nord et une guérite à côté du portail de Ta vaut garde,
hors de laquelle il y a six écuries et étables, deux granges et un
jardin de quatre boisselées ;
2* Un pré, appelé le Grand Pré de la Porte, attenant au château,
de la contenance à cueillir trente charretées de foin, dont le sei-
gneur d'Aubepeyre jouit à sa main ;
3** Autre pré, appelé le Pré du Seigneur, de contenance à cueil-
lir environ dix charretées de foin, aussi joui par ledit seigneur;
4** Autre pré, appelé de La BaiHadie, de la contenance de vingt-
cinq charretées de foin, situé au village du Meysonnioux, aussi
joui par ledit seigneur;
S" Trois étangs rompus, actuellement en pacage, situés à Aube-
peyre ;
6' Un étang empoissonné et en bon état ;
7*^ Un bois de haute futaie, appelé La Garenne, de la contenance
d'environ cinquante stérées de terre, mesure d'Aubusson ;
Le tout composant les préclôlures du château.
8« La justice haute, moyenne et basse d'Aubepeyre, dont les
assises se tiennent au village du Maisonnioux, en Marche, paroisse
de Saint-Yrieix-la-Montagne ;
9* Trois métairies, appelées les Métairies d'Aubepeyre, au
labourage chacune de quatre bœufs et dans chacune desquelles on
recueille environ trente charretées de foin et on ensemence dix à
douze stérées de terre, mesure d'Aubusson, et dans lesquelles il
y a dix stérées de pâluraux chacune, lesdiles métairies actuelle-
ment joules par ledit seigneur ou par lui affermées à différents
particuliers, attendu qu'il n'y a aucune maison de mélayerni autre
bâtiment pour l'exploitation d'icelles que ceux qui sont près de
Tavant-cour du château, la majeure partie des fonds qui composent
lesdits domaines étant situés dans la collecte de Saint-Yrieix-la-
Monlagne, en Marche, et le surplus au village de Magnai, paroisse
et collecte de Saint-Yrieix, en Poitou ;
U âBlONBURIB CK LAPORBST-BELLBVILLC 400
10* Une métairie, appelée du Meysounioux, au labourage de
quatre bœufs, située audit village du Meysounioux, dans laquelle
CD recueille chaque année vingl-cinq charrelées de foin et on
ensemence huit à neuf stéréos de terre et où il y a six stéréos de
pâturaux, le tout mesure d'Aubusson, acluellement sans colon et
jouie par ledil seigneur ,
11'' La rente serve et solidaire, due sur le village du Mont, en
Marche, paroisse de Saint-Yrieix-la-Montagne, dépendant de la
ch&lellenie d*Aubusson, consistant en seigle trois quarlons, avoine
quatorze quartons, argent trois livres douze sols ,
12* La rente serve et solidaire, due sur le village du Meysounioux,
en Marche, consistant en dix setiers trois quartons seigle, argent
cinquante livres, poules dix ;
13* La rente solidaire due sur le village de Bessas, moitié en
Marche et moitié en Poitou, paroisse de Sainl-Yrieix, consistant en
seigle (rois setiers, avoine quarante-deux quartons, argent dix-huit
livres dix sols;
14* Autre rente solidaire due sur ledit village de Bessas par
François Lagrange.
Tout ce que dessus est situé en Marche, excepté les fonds situés
au village de Magnat, qui font partie des trois domaines d'Aube-
peyre, et partie dudit village de Bessas.
Et ce qui est situé en Poitou consiste en :
1* La justice haute, moyenne et basse de Saint-Yrieix-la-Mon-
tagne, dont les assises se tiennent au bourg de Saint-Yrieix ;
2* La rente due sur un canton de Saint-Yrieix, dont le curé dudit
lieu jouit ordinairement à titre de ferme ;
3* La métairie, appelée du Theil-Haut, au labourage de quatre
bœufs, exploitée par Léonard Lelaquais, située audit village du
Theil-Haut, paroisse de Saint*Yrieix-la-Montagne, où l'on recueille
chaque année dix-huit charretées de foin, où Ton ensemence dix
stéréos de terre et où il y a six stéréos de p&turaux, le tout mesure
d'Aubusson ;
4* Autre métairie, appelée de Gensanetas, au labourage de
quatre bœufs, située au village de même nom, paroisse de Royère,
où Ton recueille chaque année trente charretées de foin, on ense-
mence vingt-cinq stéréos de terre et où il y a douze stéréos de
pâturaux ;
B* Un moulin banal, appelé des Isles, exploité par Pierre Gasne,
meunier, situé en Poitou, dans la paroisse de Châtain (1);
(1) Le moulin des Isles, d'après ce procès-verbal, était à cette époque
paroisse do Ghataio ; malgré celle indication nous en doutons.
T. ui VI
4t0 SOCIATÂ ARCBAoLOGIQUI Rt HISTOEIQUB DU UMOOSIN
&" Aulre moulin banal, appelé Le Roudet, situé paroisse de
Sainl-Yrieix ;
T"" Aulre moulin, appelé de Rochas, exploité par François Cba-
brouty, meunier, situé dans la paroisse de Royère ;
9" La rente due sur le village de Magnat, paroisse de Saint-Yrieii^
justice de Nedde ;
9^ La rente due sur le village de Madéry, paroisse de Saint-Yrieix,
consistant en seigle vingt-quatre setiers, avoine neuf seliers, le
tout mesure de La Borne, poules cinq, argent et vinade vingt-sii
livres quinze sols ;
10'' La rente solidaire sur le bourg de Saint-Yrieix, qaî a été
retirée du sieur Faure, de Vallière, consistant en dix-sept seliers
vingt-six quartons seigle, avoine soixante-six quartons, argent dix-
sept livres seize sols et deux arbans ;
11<* La rente solidaire due sur les villages du Verdinaud et de
La Rocherolle, situés paroisse de Saint-Yrieix, consistant en huit
setiers seigle, deux seliers avoine, argent six livres, poules deux,
arbans chaque maison un ;
12^ La rente due sur le village de La Valette, paroisse de Saint-
Yrieix, consistant en seigle ou froment quinze setiers deux quar-
tons, avoine cent douze quartons combles, argent quatorze livres,
poules cinq ;
13*" La rente solidaire due sur le village de Peylangeas, paroisse
de Sainl-Yrieix, consistant en neuf setiers seigle, avoine quatre
seliers, dix-huit livres argent, poules deux, arbans chaque maison
un;
14"* Parlie de la dîme due sur ledit village de Peylangeas, laquelle
se partage avec le seigneur de Nadaillac ;
le"" La rente solidaire due sur le village du Glonp-Vallerel,
consistant en huit seliers demi quartons seigle, cinq setiers trois
quartons avoine, vingt-deux livres dix sols argent, poules neuf,
arbans chaque maison un ;
IG"* La renie solidaire due sur le village duTheil-Haut, consislaot
en douze quartons seigle, avoine deux setiers, vingt-quatre livres
argent, poules deux, arbans chaque maison un ;
17° La rente solidaire due sur le village de Lavaud du Gier, en
Poitou, paroisse de Vallière, juslice de Nedde, consistant en cinq
seliers deux quarlons seigle, trois seliers quatre quartons avoine,
trente sols argent, poules une et demie ;
18° La rente solidaire due sur le village de Ghassagnas, paroisse
de Royère, justice de Nedde, consistant en huit setiers deux quartes
seigle, avoine quatre seliers, le tout mesure de Peyrat, argent
quarante sols, poules chaque maison une ;
LA SBlONBUme DE LAFORCSt-BBLLBVILLB lfl
19* La rente due sur le village de la Mazure, paroisse de Royëre,
dépendaut de la châlellenie de Bellegarde, cousistant en bail
seliersun quarton et demi seigle, cinq setiers avoine, poules trois,
argent vingt-huit sols ;
ID* La moitié de la dîme dudit village de la Mazure ;
21* La rente due sur le village d'Àndaleix, paroisse de Royëre,
justice de Nedde, consistant en neuf setiers seigle, cinq setiers
avoine, poules trois, argent quarante-cinq sols ;
22** La rente due sur le village de Vergnolas, consistant en trois
setiers seigle ;
23"" Le quart de la dime due sur ledit village de Vergnolas et sur
ceux de Lascoux et Vincent ;
24'' La rente due sur le village de Gensanetas, paroisse de
Royëre, justice de Nedde, consistant en vingt setiers seigle, deux
setiers avoine, argent quarante-huit sols ;
25* La rente solidaire due sur le village du Villard, paroisse de
Royëre, justice de Nedde, consistant en douze setiers seigle, deux
setiers avoine, trente sols argent, poules deux ;
, 26* La rente due sur le village de Gensanas, paroisse de Royëre,
justice de Nedde, consistant en seigle seize setiers, six setiers
avoine, argent «|iiatre livres, poules trois ;
27* La rente solidaire due sur le village des Bordes, paroisse de
Royëre, justice de Nedde, consistant en trente setiers seigle, dix
setiers avoine, le tout mesure de Peyrat, huit livres argent, poules
quatre ;
28* La rente due sur la Tour de Royëre» consistant argent douze
sols, poules deux ;
29* Le quart de la dime due sur les villages de Villecros,
Auzoux, Langladure, Roudersas, Arpeix, Roubeysne, Rochas et
Le Feix.
(Papiers de la famille Faure, de Royëre).
V. — 22 janvier 1855. — Reconnaissance par les tenanciers
de la Mazure
Âi^Ûourdhuy vingt deuxième jour du mois de janvier l'an mil cinq
cent cinquante cinq S*est comparu par devant nous notaires et com-
missaires susdits Martial delà Mazure, âgé d'environ quarante ans,
lequel pour luy et ses consorts pour lesquels il a pris en main
auxquels a promis faire avoir agréable de son bon gré et volonté a
connu et confessé tenir et porter du dit noble Leonet de Chizardour,
écuyer, seigneur d'Aubepeire présent et ce franchement en toute
411 SOCIÉTft ARQBÉOLOQIQUK KT BlSTOftlQUI DU UMOCSIlf
directe seignearie fondalité tout le lieu mas et village de la Mazure
ainsi qu*il se comporte consistant en maisoneges, granges, étables,
moulins fariniers et a chanvre, etc. Sans rien tenir d'aucoo autre
seigneur que dudit écuyer et est situé et se confronte entre les
héritages des villages d'Andaleix, duMazeau, de Beauvais, de Kon-
Caressas et de Pruniolas en la paroisse de Royeres en la justice de
Bellegarde en Franc alleu, pour raison des quels héritages el l^
nement du lieu et village de la Mazure ledit Martial a confessé être
homme franc du dit ecuyer et pour iceluy héritage, mas et domaine
luy devoir chacun an a chacune feste de Noël argent en deniers la
somme dix sous tournois, seigle a la mesure de Peiral neuf quar-
tons, vallant deux setiers un quarton a la ditte mesure, a chacuoe
fesle St-Michel, avoine quatre ras ou six eminaux a la ditte mesure
vallant un setier, une geline a Noël, et la moitié du dixme de tous
les grains quil recueillit sur ledit lieu, mas et domaine de la Mazaie
et le dixme entier de leurs agneaux et de la laine qui est de dii
agneaux un, tous lesquels droits et devoirs ledit Martial preoaDt
en main comme dessus a promis bien et loyalement payer audit
ecuyer chacun an dans les termes susdits, promis et juré, etc.,
obligé, etc., renoncé, etc. Fait les jour et an susdits. Signé àlex-
pédition originalle Peschaud, notaire royal, Leslis, notaire royal.
(Archives delà Creuse, E 284. — Copie faite en 1798).
VI. — 18 juin 1593. — Vente de la seigneurie de SaifU-Trieix
(sur copie écrite en 1782)
Sachent tous que pardevant les notaires soussignés établis pour
le Roy notre Sire au païs et comté du Poitou et la Marche, respec-
tivement commissaires jurés, personellement établis haut et puis-
sant seigneur M'* Charles de PierrebuflSère de Comborn, chevalier
seigneur vicomte dud. Comborn, seigneur baron des baronies de
Chateauneuf, Peirat, Soubrebost et La Crousille, demeurant audit
Chateauneuf, Lequel tant en son nom propre privé que pour et aux
noms de haute et puissante dame Jeanne Chabot dame de Chateau-
neuf sa mère, et Philiberle de Biron vicomtesse de Comborn ?a
femme, absentes, auxquelles le dit sgr vicomte a promis faire rati-
fier et avoir agréable le contenu des présentes à perpétuel, sous
Tobligation de tous etchacuns ses biens, Lequel sgr vicomte de son
gré et volonté pour luy et les siens a vendu, ceddé, quitté, délaissé,
et à perpétuel transporté et par ces présentes vend, cedde, quitte,
délaisse et à perpétuel transporte à noble Jacques de Chizadour,
LA SeiGKEUIIIB DE LAFOREST-BELLEVÎLLB 4.13
écuyer seigneur d*Aubepeire, La Forest, Le Râteaux, La Chaud et
Puiseguin, présent pour luy et les siens stipulant et acceptant,
Sçavoir est La terre et seigneurie de S* Irieix, renies, revenus,
émolumens dMcelle, au dit seig' vicomte appartenant et tous autres
droits de fief, ensemble toute justice et jurisdiclion haute, moyenne,
basse, dépendances dlcelle ; Lesdits cens et renies, droits et devoirs
consistans chacuns entr'autres, sçavoir, dans le bourg de S' Irieix
tenanciers d'iceluy, sur les Foucauds dudit lieu argent quarante
sous tournois, seigle neuf setiers, avoine quatre setiers, froment
trois quartes, gélines quatre, vinade une paire de bœuf, avec droit
d'arbans, le lieu de la Feraude du dit SHrieix, argent vingt deux
sous six deniers, le lieu de Longmanias argent six sous, gélines
deux, le lieu de Gouganioux argent trente huit sous neuf deniers,
seigle trois setiers, froment un setier, géline une, vinade une paire
de bœuf, les droits d'arban, les métayers du s' de L*Arfouillère
qu'il a au dit S' Irieix chacun an argent deux écus, seigle six setiers,
et sur les revenus de la cure de S* Irieix chacun an la quantité de
seize setiers seigle de pension; sur le lieu et village de Maderix et
tènement d'iceluy paroisse dudit S^ Irieix chacun an de rente argent
trois écus, seigle vingt cinq setiers, froment une émine, avoine
sept setiers émine, gélines six, vinade trois paires de bœuf, et le
tiers d'une autre paire avec le droit d'arbans ; sur le village de
Pelangeas et tènement d'iceluy argent un écu, sols vingt sols,
seigle neuf setiers, avoine trois setiers, vinade deux paires de bœuf,
gélines deux, le droit d'arbans, avec le dixme de tous les bleds,
laine, agneaux et veaux; sur le village de La Rocherolles et tène-
ment d'iceluy argent sept sous six deniers, seigle deux setiers,
avoine deux ras; sur le village du Verdinaud et tènement d'iceluy
argent trois sous neuf deniers, seigle un setier, avoine un ras,
gélines trois; sur le village du Treidars argent dix huit sens neuf
deniers, seigle cinq setiers, avoine deux setiers trois ras, gélines
cinq, le tout situé en la paroisse de S^ Irieix près Yalières au dit
pais et comté de Poitou, lesdits grains à la mesure de la Borne et
droit de guet à trois sous pour chacun feu vif tant sur le dit lieu de
S' Irieix, Maderis, Pelangeas, La Rocherolles, Le Verdinaud, Le
Treidars, Lortomas, Le Montruc, Brudieu et le lieu de Sarette,
ensemble tous autres faisant le feu vif de la dite terre et seigneurie
de S* Irieix et de tous autres droits et devoirs, homages et droits de
fiefs qui en dépendent, sont deus, et y appartiennent sans aucune
chose réserver ny retenir. Ledit fief tenu et mouvant du Roy notre
Sire a cause de son comté du Poitou a foy et homage lige d'iceluy.
La ditte vente faite par le dit sgr vicomte audit seigneur d'Aube-
peire présent et acceptant moyenant le prix et somme de trois mille
414 soGiÉri ARCH60LOGIQUB n historiqi}i do umocsik
deux cent trente trois écus un tiers, Laquelle somme le dit acheteur
a soldé et payé au dit vendeur réellement et de fait tant en écus,
sols écus, pislolles, et quarts d*écus, francs d'argent et roonoye tous
d'or, d'argent de poids, et prix suivant l'ordonnance; LediUgr
vicomte vendeur a pris reçu et s'en est contenté, quitté ledit ache-
teur et les siens, en pacte de jamais iuy en demander aucune chose
renonçant à l'exception de pecune cognée, nombrée, ne reçue à
leur poids, d'icelle avoir et recevoir; et par ainsi de ladilte sei-
gneurie de S* Irieix, fief, justice, renies et revenus, d'icelle sans
aucune réserve ny retenue ors ny pour l'advenir, iceluy vendeur
s'est démis, dessaisis, investit le dit acquéreur et mis en possession
et saisine le dit acheteur par le bail des présentes, voulant et con-
sentant qu'il en jouisse comme de sa propre chose, prometlanl
tenir précairement ladilte terre et seigneurie de S' Irieix présente-
ment vendue au nom du dit acquéreur et en vuîder ses mains
toutes fois et quantes, promettant iceluy vendeur garenlir et def-
fendre au dit acheteur la ditte terre et seigneurie de S^ Irieix pré-
sentement vendue envers et contre tous franche quitte de toute
éviction générale et particulière, troubles, empechemens quel-
conques et à faire et tenir ce que dit est, amander, payer tous
dépens, domages et intérêts que Tune des parties feroit et supor-
teroit pour le dol et culte de l'autre d'icelle partie est respecti-
vement obligé Tune d'une part à l'autre tous et chacuns leurs biens
meubles et immeubles presens et futurs. Lesquels de ce faire ils
ont affecté, obligé ethipolequé renonçant sur ce à toutes excep-
tions défeclueuses à ces présentes contraire et en outre par le dit
seig' vicomte vendeur donne mandement aux tenanciers de laditle
seigneurie en redevance des dits devoirs, iceux reconnoitre au dit
acheteur et ce faisant qu'il les en quitte, les dits tenanciers absens
mais les notaires soussignés pour eux presens et acceptans, pro-
mettant de jamais leur en demander aucune chose, a quo; faire,
tenir de cette partie ont été jugés et condamnés de leur consen-
tement par les notaires soussignés à la jurisdiction et compulsion,
et contraintes des cours royales et sénéchaussées de Montmorillon
la Marche et toute autre, l'une ne cessant pour l'autre, icelles
parties se sont soumises et leurs biens quant a ce, de plus grandes
sûretés des choses susdittes le scel royal à ces présentes a été mis
et aposé. Fait et passé au lieu et château d'Aubepeire en la Marche
avant midi le dix huitième jour de juin l'an mil cinq cent qaalre
vingt treize en présence de noble François de Faye escuyer sei-
gneur dudit lieu, et noble Gabriel de Chateauneuf, escuyer, seigneur
du Chalard habitant audit Chateauneuf témoins connus et lors
appelles. Ainsi signé en une expédition en parchemin Du Leris
notaire royal et Laurans aussi notaire royal.
LA SRIGNEURIE DE LAFOREST-BELLRVILLB 41 S
Ratification
Aujourdhuy vingt unième jour de juin mil cinq cent quatre
vingt treize environ midy au château de Chateauneuf pardevant
les notaires soussignés personellement (établis haule ei puissante
dame Jeanne de Chabot dame de Chateauneuf veuve de feu et de
bonne mémoire Messire François de Pierrebufflère seigneur dudit
Chateauneuf et dame Philiberte de Biron vicomtesse dudit Comborn
femme de haut et puissant seigneur messire Charles de Pierre-
bufBère chevalier vicomte dudit Comborn Les quelles dames de
leur gré et volonté, laditte dame Philiberte autorisée par le dit sgr
vicomte son dit mari quant au contenu des présentes, après avoir
entendu la lecture du contrat de vente faite par le dit sgr vicomte
de la terre et seigneurie de S' Irieix près Valières à noble Jacques
d'Aubepeire escuyer et seigneur dudit lieu cy dessus écrit, à elles
lu et donné à entendre de mot en mot en langage vulgaire que ont
eu pour agréable la ditle vendition voulu, consenti, veulent, con-
sentent qu'elle vaille tienne à perpétuel, promettant par la foy et
serment de leurs corps, obligation de tous leurs biens, ne venir
jamais au contraire, à quoy faire et tenir ont été jugés et condam-
nés de leur consentement et volonté par les notaires soussignés
stipulant et acceptant pour et au nom dudit sgr d*Aubepeire absent,
se soumettant aux cours et jurisdictions des sénéchaussées de Limo-
sin et Poitou et de toutes autres, Tune ne cessant pour Tautre. Fait
le dit jour et an susdit. Ainsi signé à l'original des présentes Jeanne
Chabot, Philiberte de Biron, Du Leyris, notaire royal, et de Mofan-
tous, aussi notaire royal.
(Archives de la Creuse, E 28S).
VII. -* 26 octobre 1766. — Délibération de la collecte de Foumoux.
L'an mil sept cent soixante-six, le vingt six du moy doctobre
avant midy, au bourgt de Yidalliac qui fait par*** province de la
Marche pardevant le notaire royal soussigné p°^ les témoins bas
nommés sonts comparus Jaque dudit lieu, Anthoine Jauellon, Jean
Thaury et Anthoine Conchonet, laboureurs demeurant au village
de Lenjouie, Léonard Martin, Mathieu Thaury laine, Léonard Bus-
siere, François Branche, Pierre Bourdaud et Anthoine Bussiere
aussy tous laboureurs demeurants au village de La Forest Belle -
ville, Léonard Champeaux aussy lab' demeurant au village du Mas
de Choulet, maitre Mathieu Augustain Bouchon marchand, et Jean
Vergniaux aussy marchand demeurant au village de Fournoulx,
416 SOCIÉTÉ ARCbAOLOGIQUE et BISTOIIQUE DD IJH0U8III
le lout en cette par*'* dudit Yidalliac generallité de Limoges ele-
cion de Bourganeuf faisant la plus grande et majeure partie des
habitans de leur collette, Lesquels nous onts dit et unanimement de
leur gre et volloote et déclaré que le nomme Jean Paupy dit Pauly
laboureur dudit village de Leujouie préposé à levée des vingtième
de ladite collette de Yidalliac de Tannée mil sept cent soixante cinq
et Mathieu Thaury le jeune laboureur demeurant au village de
Laforest susd. par*** ont été arrêtes et traduit es prisons de la ville
de Bourganeuf par les ordres du sieur Navieras procureur du roy
de laditte élection de Bourganeuf les quatres et cinquième juin
dernier, savoir ledit Jean Paupy le quatre environ les neuf heure
du matin en presance de toutes les personnes étant au marché de
Bourganeuf qui ce jetloints en foulle pour voir par quel motif on
arrectoit cette perssonoe. Et ledit Thaury le cinquième étant en
laditte ville pour ses affaires particuliieres : sur la denontion fau-
tive et verballe du sieur Faure de Gonac lun des habitans de laditte
collette, de la manière la plus informe qui ait pu paroitre en vonl-
lant les acuser de faussaire et concussionaire et quiceux Thaury et
Paupy ne sonts sortis de laditte prisons quaprais qu'ils ont eat
randu un état dont il va être parlé et payé la somme de vingt huit
livres audit sieur Navieras procureur du roy de la ditte élection qui
les aqusoit davoir fait un faux roolle et vouUet suivant ses dyres
les faires pendre ou les envoyer au galerre. Lesdits habitans ysy
presansnous ont déclaré que (ous ses faits ne pouronls jamais se
soutenir qu'ils sonts très faux et malixieusement supposés qu'il est
vray que lesdits Thaury et Paupy, a compagnes d'un nombre dau*
très habitans de cette même collette ons fait un état montant a
vingt huit livres dix sols sur une demy feuille de pappier commun
sans signature de perssonne. Lequel avoit été formé pour subvenir
aux depances qu'ils onts étés obligés de faire tm diferantes fois soit
pour les frais de voyage qu'ils onts faits à Bourganeuf en conce-
qnance de lassignation faitte a la requetle dudit sieur de Gonac,
auxdils habitans et soit pour les frais de requette qu'ils ons étés
dans le cas de presanter a monseigneur Turgot intendant en la
generallité de Limoges contre les pretenlions ii^juste dudit sieur
Faure de Gonac, lequel entendoit ce faire des roUer de sa taxe et
facultés perssonnelles pour laquelle il est imposé en leur roolle en
simullant son délogement quil voulloit soit disant transférer au
lieu de Gonac susditte par*** en Marche à demy car de lieue dnd.
village de Fournoulx ou il a toujour fait et fait encorre sa demeure
avec toute sa famille. En conséquence des avances de lad. somme
de vingt-huit livres dix sols faitte par led. Paupy il fut chargé de
cet état pour se faire payer des particuUiers qui y etoient compris
LA SBIGNBUniB DB LAF0RRSTBBLLBVILL8 4l7
montant pour chaqun a seze sols neuf deniers dont il y a cinq a six
particulliers qui ons payé cette somme, mais que ses particulliers
ny aucunes personnes na etée forcés a faire ce payement parce
qn*ils étoient tous convenus de la chaiisc pour empêcher les mau-
vaises entreprise du sieur Faure de Gonac et que pour plus grande
preuve de tous les faits sy desus énoncés et pour juslifGer la sins-
seritté et probitté desdits Paupy et Thaury lesdits habitans ysy
presant slipullant se soumettent sobligent de payer chaqun leur
portion de ce qu'il en a coutté et de ce qu'il pouroit en coulter a
lavenir pour ce fait approuvant et abcouant tout ce que lesdits
Paupy et Thaury ons pu faire dans cette sirconstance comme netant
uniquement que pour conserver et soutenir les droits de toute la
ditte communaulté qui auroit etée inpunement vexée sils ne lavoient
empesché par les soints qu'ils ons bien vouUut se donner la paine
de prendre, mais lorsque ledit sieur Faure de Gonac cest trouvé
convaincu nayant point assez de chredit par luy même pour sen
venger II cest servy de celuy dud. sieur Navieras qui luy a precté
la main en opprimant lesdits Pauly et Thaury de la façon la plus
cryante, en faisant encorre payer a ses deux particulliers une autre
somme de vingt huit livres pour faire employer a des réparation ou
pour lâchât dune baniere, tout comme sy ses deux particulliers
avoit malverssé ou fait tor a quelqun mais la conoissance parfaitle
que lesdits habitans ons de la justesse et probitté desdits Paupy et
Thaury les engage a leur randre une justice autantique cest pour-
quoy lesd. habitans nous ons requy de voulloir leur donner acte de
la presante déclaration que nous leurs avons octroyé lesd. jour
moy et an que desus» En presance de Anthoine Mournaud laboureur
demeurant au villages des Bordes susd. par*** de Yidalliac tesmoin
soussigné avec lesdits Martin, Mathieu Thaury, Branche et Bou-
chon, et de Léonard Maucourand aussy lab' demeurant au village
de Murât susd. par"' autre tesmoin qui a déclaré avec les autres
susnommés ne savoir signer de ce interpellés.
Signé à la minute : L. Martint, Matieu Taury, François Branche,
M. À. Ronchon, Antoine Mournaud et Ghanssard, notaire royal
hered".
En marge est écrite la mention suivante : Gon"^ a Valliere le
27 octobre 1766. Reçu vingt sols neuf d*. Signé : Goumy.
(Papiers de la famille Lepetit-Laforest, communiqués par M.
Etienne de Naléche).
418 SOCIÉTÉ ARGBÉOLOOIQUB ET HISTORIQUE DU LTKOCSIH
VIIL — 4 mai 1744. — Liève des revenus de la terre et seigneurie
de Laforest'Belleville
Lieve des Revenus de la lerre et seigneurie de La Foret Belle
Ville appartenant à Monsieur le marquis Daubepere et queled.
seigneur a donne a toucher et percevoir a M* François Delavergne
de Galemberl du bourg du Monleil a commancer lanne présente
mil sept cent quarente quatre suivant la certifïication faite par led.
seig' au bas conformemant au bail entre eux fait les grains mesure
de la Borne le septier de la Borne compose de seize boisseaux.
La Foret
Les tenaiiciers du village de La Foret doivent aud. seigneur de
rante noble foncière directe et en toutte justice avec les teoe-
menls des depandances dicelluy :
Avoine treze septiers cinq quartons composé de seze quartons le
septier, cy 13 septiers 5 quartons.
Gelines ou poules treze, cy 13 poules.
Segle pour le droit de terage vingt trois septiers deux quartons,
cy 23 septiers â quartons.
Argent de taille solidaire entre les villages dépendant de lad.
seigneurie six livres quinze sols.
Avec la moityë des dixmes de tous grains dans toutte lelandoe
de la ditte seigneurie de La Foret Belle Ville.
Et qui sont payez primo savoir :
Par les héritiers DAnthoine et Pierre Bnssiere suivant larpenle-
mant et egalemant fait entre tous les tenanciers pour le fait de
touttes dépendances :
Scavoir avoine treze quartes ou vingt six quartons mesure de la
Borne, cy 27 quartons; — Geline une; — Segle six quartes ou
douze quartons, cy 1 septier 4 quartons.
Gilles Bussiere comme acquéreur des biens de Léonard Monrnaud
ou Léonard Branche : avoine dix sept quartons, cy 17; — Geline
une; — Segle deux quartes ou quatre quartons, cy 4 quartons.
Mario Mounicou pour Silvain Jalot a presant Antoine Bord son
gendre : avoine trois quartons, cy 3 quartods ; — Segle une quarte
ou deux quartons, cy 2.
Marie Gonchonneau : avoine trois quartes un quarton, cy 7 quar-
tons; — Segle deux quartes ou quatre quartons.
Cest Mathieu Taury quy doit payer comme fermier.
Léonard Prade de Martel, segle un quarton, cy 1 quarton.
LA SBIGNBUaiB DB LAFOREST-BRLLBVILLB 419
Jean Gousturier de Marlet ou ses héritiers, segle un quarton,
cy 1 quarton.
Jean Ghanssard de Marlet, avoine deux quartons, cy 2 quartons ;
— segle six quartons, cy 6 quartons.
Jean Aymiel de Murât, segle deux quartons ; — Avoine un quar-
ton.
Léonard Aymiel de Murât, segle quatre boisseaux ; — Avoine
quatre quartons.
Anthoine Bourdaux de Marlet et pour lacquisition de Faurien et
Léonard Maucourant, avoine deux quartons, cy 2; — Segle un
quarton, cy 1 quarton.
Mathieu Taury et les enfans de Jean Taury tant pour eux que
pour lacquisition de Ghanssard et Jeane Bandon pour le pastural
Simounet et pour le pastural de la Ghateniere, avoine trente-neuf
quartons, cy 39 quartons; — Segle cinq septiers six boisseaux,
cy 5 septiers 6 quartons ; Poules trois.
Léonard Branche suivant larpantemant et egalemant, avoine
treze quartes ou vingt-six boisseaux, cy 26 quartons; — Poules
deux; — Segle pour le lerage quatre septiers, cy 4 septiers.
Léonard Martin, avoine treze quartes ou vingt-six quartons, cy
26 quartons ; — Segle trois septiers, cy 3 septiers ; — Poules
deux.
Léonard et Pierre Tixier, avoine quatorze quartes ou vingt-huit
boisseaux, cy 28 boisseaux; — Segle deux sepUers deux quartes
ou vingt quartons, cy 2 septiers 4 quartons ; — Gelines deux.
Léonard et Gilles Jauellon tant pour leur article que pour Fran-
çois Vergne, avoine douze quartes ou vingl-quatre quartons, cy 24;
— Segle deux septiers deux quartes ou vingt quartons, cy 2 sep-
tiers 4 quartons; — Poules deux.
Perette et Gatherine Maçon, segle trois quartons, cy 3 quartons.
Léonard Maucouran doit payer cet article.
Marguerite Prade femme de Léonard Leyiys et mère de Jean
Ducher, avoine deux quartes ou quatre quartons, cy 4 quartons ; —
Segle une quarte ou deux quartons.
Les héritiers de Mathieu Lemaçon du village de ^Lenjouvie,
avoine trois quartons, cy 3 quartons ; — Segle deux quartons, cy
2 quartops.
Tous les cotenanciers doivent payer deux quartons de segle quy
sont dus pour Murât qui sont compris mal apropos dans larpente-
ment et egalemant suivant les titres et larret de 1719, segle deux
quartons.
490 SOCIÉTÉ AAfîBéOLOGIQUE KT DISTORIQUK DU I IMOUSIN
Lanjouvie
Les tenenciers de Lenjouvie doivent de ranle directe, avoine
deux septiers sept boisseaux, le septier compose de seze boisseaux;
— Geline deux ; — Segle pour le terage six sepliers six quarlons.
Le Chier
Les tenanciers du Chier doivent, avoine trois septiers deai
quartons, aussy compose aussy de seze boisseaux le septier; —
Segle pour le terage sept setiers six quartons; — Poules trois.
Les dicts deux villages ont esté confondus dans larpantemant quy
fut fait en conséquence de larret de 4719 quoy quau terme dod.
arrêt ils doivent estre distraits et séparez. Les (enemants furent
arpantez a la descharge du seig' et tenemant de Tras le Breail
pour raison du quel il y avoit une santance contre Jean Ghanssard
de Vidaillac. Il y a transaclion pasee devant Lachaud no" Daubos-
son pour raison dud. tenemant les partyes ayant promis de le
distraire et de payer pour ycelui : avoine trois quartons une coupe
et demy; — Segle un quarlon deux coupes; — Geline une; —
Argent.
Jean et autre Jean Taury lant pour le Ghier que Lenjouvie doi-
vent, avoine treze quartons deux coupes, cy 13 quartons 2 coupes;
segle pour le terage deux septiers deux quartons et demy, cy
2 septiers 2 b. 1 coupe 1 i/2; — Geline une.
Léonard et Simphorien Maucouranl et pour Léonard Haucouraot
doivent : avoine neuf quartons une coupe, cy 9 quartons 1 coupes;
— Segle pour le terage dix quartons deux coupes, cy 1 septier
2 quartons 2 coupes ; — Geline une.
François Letant Jean Taury doit comme acquéreur : avoine un
quarton une coupe, cy 1 quarton i coupe ; — Seigle un quarton
une coupe.
Léonard Ducher : avoine treze quartons, cy 13 quartons; ■-
Segle deux septiers deux quartons demy coupe; — Poule une.
Léonard Janelon a la place de Léonard Taury : avoine dix quar-
tons deux coupes ; — Segle deux septiers une coupe ; — Poule une.
Jean Duchier, fil a Pierre Duchier le jeune : avoine sept quar-
tons, cy 7 quartons; — Segle un septier quatre quartons uqe coupe,
cy 1 septier 4 quartons 1 coupe ; — Poule une.
Jacque Dud. Lieu : avoine cinq quartons deux coupes, cy 5 quar-
tons, 2 coupes ; — Segle cinq quartons deux coupes, cy 5 quartons
2 cQupes.
LA SBIGNEURIE DE LAFORBST-BRLLBVILLB 491
Les héritiers de Martial Le Maçon : avoine deux quartons deux
coupes, cy 2 quartons 2 coupes ; — Seigle quartre quartons deux
coupes, cy 4 1/2.
Les héritiers de Malhieu Le Maçon : avoine deux quartons,
cy 2 quartons; — Segle deux quartons, cy 2 quartons.
ÂJithoine Bourdaux de Marlet, tant pour luy que pour Leonarde
Prade de Harlet que pour Anlhoine Duchier et Léonard Ronchon
du Massetropt comme acquéreur de ses bien : avoine quatre quar-
tons une coupe ; — Segle trois quartons deux coupes et demy,
cy 2 quartons 2 coupes i /2.
Jean Baret et ses héritiers : avoine deux coupes, cy 2 coupes ;
— Segle deux coupes et demy, cy 2 coupes 1/2.
Pierre Baret ou ses héritiers doit : avoine un quarton ; — Segle
deux coupes^ cy 2 coupes.
Le sieur Ghanssard de Yidaillac doit : avoine un quarton, cy 1 ;
— Segle un quarton une coupe et demy, cy 1 quarton 1 coupe 1/2.
François Teste de Marlel doit : avoine un quarton deux coupes ;
^ Segle un quarton deux coupes et demy, cy 1 quarton 2 coupes 1/2.
Jean Gousturier de Marlet doit : avoine deux quartons une coupe,
■cy 2 quartons 1 coupe; — Segle deux quartons deux coupes,
cy 2 quartons 2 coupes.
Anthoine Duchier le jeune doit : avoine une coupe, cy 1 coupe;
— Segle une coupe et demy, cy 1 coupe 1/2.
Bourdaux de Marlet doit payer.
Anthoine Duchier doit : avoine un quarton, cy t quarton ; —
Segle un quarton, cy 1 quarton.
Jean taury le jeune doit payer.
Marguerite Prade, femme de Léonard Leslys de Gourson doit :
avoine deux quartons une coupe, cy 2 quartons 1 coupe ; — Segle
deux quartons, cy 2 quartons.
Jean Prade de Marlet doit : avoine un quarton une coupe, cy
1 quarton 1 coupe ; Segle deux quartons une coupe, cy 2 quartons
1 coupe.
Léonard Martin de La Foret doit outre son article dans la Foret,
avoine un quarton, cy 1 quarton; — Segle deux quartons, cy
2 quartons.
Léonard Prade de Marlet doit, avoine deux coupes, cy 2 coupes ;
— segle deux coupes et demy, cy 2 coupes 1/2.
Jean Ghanssard de Marlet doit, avoine six quartons, cy 6 quar-
tons ; — Segle six quartons une coupe et demy, cy 6 quartons
1 coupe 1/2.
Anlhoine Bourdaux de Marlet doit, avoine trois quartons une
coupe, cy 3 quartons 1 coupe; — Segle deux quartons deux cou-
pes, cy 2 quartons 2 coupes.
4H SOGlÂtk ARGB&OLO<>IQUR ET HlSTOBIQUt DU LlMeUSIH
Anthoine du Ghier et Léonard Rouchon da Massetropl doivent,
segle une coupe, cy 1 coupe ; — Avoine une coupe, cy 1 coupe.
Bourdeau de Marlet doit payer :
Le sieur Ghanssard de Vidaillac pour le tenemant de Traz le
Breuil prez le bourg de Vidaillac doit, avoine trois quartons une
coupe et demy de ranle, cy 3 quartons i coupe 1/2; — Poule; —
Segle pour le terage un quarton deux coupes, cy 1 quartOD 2 coq-
pes.
La moitye a moy appartenant du bled avoine et blenoir de diime
de toute letandue de lad. terre de Laforet Belle Ville que je donne
en bail pour seze septiers de bled segle mesure de la Borne annuel-
lemant.
Le dixme de la lene ou chirvolage a raison de onze toizon nne de
tous les habitants de la ditte terre.
Le tenemant du Faux Long compoze de bois pascage prez pas-
turaux terres morlures dune grande estandiie affianne a LBeàard
Giroudon et Denys Peyremaure du village du Masdarier a la
somme de soixante cinq livres avec un pain de sucre de deux
livres suivant le bail afferme passe sous sel royal le deuxiesme
may mil sept cent quarente quatre pour années avec
le chofage de la maison du susd. fermier de bois mort mor bois
et branchage que moy seigneur de La Foret luy permet dans toutte
letandue desd. bois et foret du Faux Long et tenemant diceluy
pandant tout son bail avec tous droits d'amande lots et vente droit
de prelation et retenue dans toutte letandue de la ditte terre en
cas de mutation et autres droits et revenus cy aucuns sont obmis
et quy sont cy après explicquez generallemant et sans aucune
reserve cy ce nest de la moitye des droits de lots.
Sensuit la lieve et elat de la majeure partye des forains quy doi-
vent des rantes et autres droits a la ditte seigneurie de La Foret
Belle Ville :
Perseix
Le village de Perseyx, paroisse de Soubrebost doivent les habi-
tants dicelluy de rante annuelle pour le tenemant de Bouueyralas
avec tout droit de justice féodalité droit de dixme et tcrrage.
La quantité de huit boisseaux segle; avoine seze boisseaux;
argent un sol six deniers; poule une.
[Nota. — Le ténement pour lequel les habitants de Perseix doi-
vent rente s'appelle Pouverieras au lieu de Bouueyralas (1)]. -
(1) Note écrilc de la main du marquis d*Aubopeyre.
LA SBiGKEUaiE DB LAPORKaT-BBLLRVlLLB 443
Le village de Rioublanc paroisse de Saint-Gilles, tous les tenan-
ciers dicelluy doivent annuellement a la seigneurie de La Foret :
avoine huit quarlons; — Segle un quarton; — Gelinedemy; —
Argent.
Cest pour les tenemants appelles :
Le village de Gosnac de la parroisse de Yidaillac devoit peur
les tenemens appelés sur la Gueillé et Prusclierien.
Cette rente a este vandue par Mons' de Turenne daubepere à
Monsieur Rouchon de Fournoux, la justice et la dixme des grains
quyls recullieront dans lesd. tenemans ont este reservez par ladille
vante.
Le village de Nadapeyras. — Les habitants de ce village doivent
annuellement aud. seigneur: avoine dix neuf quartons ; — segle
trois septiers six quartons ; avec la moitye de la dixme de tous
grains.
Il y a des sentences randues à Montmorillon contre les habitants
et le sieur Champeaux.
[Cette rente est due pour le tenement de Pey relonge (i)].
Le village du Puy de Fournoux doit sa part de la taille.
Le village du Masdarier parroisse de Saint-Gilles doivent annuel-
lemant : avoine trois septiers ; — segle deux septiers : — poules
trois.
[Cette rente est due pour le tenement de Château et celuy du
Puysnaud et des 4 Chemins (1 )] .
Le village de Maumoutard parroisse de Soubrebosl doit : segle
sept quartons ; — le dixme et portion de taille.
[Cette rente est due pour le tenement de la Yilletelle et le Puis de
St'Hilaire {{)].
La Villetelle et Ghasteau doivent : avoine deux quarjons.
Michel Adam pour le droit et permission par luy seul de pasca-
ger et défricher dans lesd. tenemants afferme à la somme de huit
livres suivant le bail afferme du 7 janvier 1744.
Le moulin de Lenjouuie afferme à Simphorien Taury à la somme
de trente six livres suivant le bail fait tant pardevant no^ que sous
signature privée dud. Taury.
Turenne DAubepere qui sertifie que la presante lieve qui contient
vérité quil faut se conformer au gros de la rante de chaque village
délivre le quattrieme may mille cept cent quarante quattre (2).
(Signé) Turenne DAcbepere.
(Papiers de la famille Lepetit-Laforest, communiqués
par M. Etienne de Nalèche).
(I) Note écrite delà main du marquis d'Aubepeyre.
(S) Les quatre dernières ligues sont de la main du marquis d*Aubepeyre,
424 SOCliri ARCHiOLOGIQUB BT HI8T0K1QUB DO LlMOUSIlt
SOURCES NON DÉJÀ INDIQUÉES
Registres des baptêmes, mariages et sépultures de Saint-Yrieii-
la-Montagne, Valliëre, Salul-Séverin, Royère, le Honteil-au-Vi-
comte.
Minutes des notaires de Yallière, Royère, le Gompeix, le Monteîl-
au- Vicomte, Châtain, Aubussou.
Papiers des familles Dandaleix, Darfeuille, Gootisson, Faute,
Jabouille, Darfeuille de la Brousse, Lepetit de Laforest.
Zenon Toumibux
U Becu«U d'umoiiioi llmoiuiiui da P1iUj|)Im PooecL
NDE. — 1. Audier(n-li). — !. Miuple (n- 510). — 8.B.
5. Boiurd (p- 9a9, 840). — 6. Doj-Dey« (n- ÎM). - T. Pe
9. Chaitaignit (d- 14E, 14S, 147).
RECUEIL
D'ARMOIRIES LIMOUSINES
DE Philippe Poncet
Peintre et Émailleur
Les ouvrages concernant le blason n'étaient pas rares dans les
maisons de nos pères. De très modestes bibliothèques en possé-
daient, et on trouvait des recueils manuscrits d'armoiries — d'ar-
moiries des familles de la province surtout — chez nombre de
particuliers. Ce n'était pas toujours pour la satisfaction d'une
simple curiosité, plus répandue néanmoins alors qu'aujourd'hui,
ni d'une vanité bien innocente en somme, que les auteurs de ces
cahiers avaient pris la peine de former leur petite collection. Beau-
coup d'artistes, beaucoup d'artisans étaient obligés de recourir
aux indications de répertoires de ce genre, qu'ils consultaient pour
ainsi dire chaque jour et qui offraient une utilité professionnelle
dont il est aisé de se rendre compte. Toute famille quelque peu
notable portait autrefois des armoiries. Orfèvres, sculpteurs, fon-
deurs, peintres, tapissiers, brodeurs, verriers devaient iigurer a^ec
exactitude l'écusson de leurs clients sur les objets que ceux-ci leur
commandaient, soit pour décorer leurs habitations ou simplement
meubler leur intérieur, soit pour orner les églises favorisées de
leurs libéralités. Les argentiers gravaient ou ciselaient, sur les calices
ou les joyaux des prélats, voire des simples prêtres, le blason de
leur famille : c'était la marque du propriétaire. Les émailleurs
donnaient plus de prix à leurs petits tableaux en peignant les
armes du destinataire au-dessous de l'image de son patron, offerte
par un parent ou un ami à l'occasion d'un mariage, d'un baptême,
T. LU 28
4)6 sociirà AacttioLooiQOi st HisTO&iQtii du lihocsir
d*uD anniversaire. Les potiers d*étain avaient besoin de connaître
les emblèmes propres à chaque famille pour en marquer celte vais-
selle fine qui garnissait les dressoirs de toutes nos vieilles maisons
et dont il est si souvent parlé à nos registres domestiques et à nos
inventaires (1). Pour beaucoup de cérémonies enfin on comman-
dait au peintre des écussons et des panonceaux armoriés.
L'usage de ces panonceaux était jadis fort répandu. On les prodi-
guait dans toutes les grandes occasions. kn\ obsèques, les familles
bourgeoises tenaient, non moins que les familles nobles, à ce que
le blason du défunt, accompagné souvent de celui de son conjoint,
fût reproduit partout : aux piliers de l'église, aux cierges de Tautel,
à ceux qui brûlaient autour du cercueil (2), à ceux que portaient
derrière le corps les parents, les prêtres, les membres de la même
confrérie, étaient adaptées des toiles tendues sur de légers châssis,
des feuilles, carrées ou ovales, de carton ou de fort papier, parfois
fixées sur des planchettes, et représentant les armoiries du mort ou
des siens. Aux fêtes des confréries et des corporations, les digni-
taires en fonctions, les nouveaux élus, bailes ou syndics, qui
avaient à supporter des dépenses parfois assez lourdes, et jouis-
saient en retour de certaines prérogatives, de certains honneurs,
ne manquaient pas d*exhiber leurs écussons, sur lesquels le peuple
pouvait admirer des armoiries souvent fabriquées pour la cérémo-
nie. On faisait peindre un grand nombre de ces panonceaux, dont
il est souvent parlé dans nos vieux papiers domestiques et dont on
gardait avec soin les moins détériorés en souvenir d'une charge
honorable ou de quelque flatteuse élection — et aussi avec la pensée
qu'ils pourraient servir en cas de besoin et économiser de nouvelles
commandes.
On comprend dès lors comment les recueils du genre de ceux
que nous signalions plus haut n'étaient pas rares. Nous en connais-
sons plusieurs appartenant aux dix-septième et dix-huitième siècles,
et quatre au moins nous ont passé sous les yeux ces dernières
(f) Nous renvoyons à divers passages de notre recueil de Liores de
raison^ regUtrts de famille et journaux indioiduela. Paris, Alph. Picard,
et Limoges, V* Ducourlieux, 1888. Voir en parliculier un paragraphe se réfé-
rant à Tachât de vaisselle gravée aux initiales et aux armes de Jean Pécon«
net (p. 310); voir aussi p. 417.
(i) c J*aclieté quatorze chandelles de cire.... J'en fis mettre six au grand
autel avec mes armes anciennes sur du papier, et six autour du pauvre
enfant... » (Manuscrit de Bertrand de Labranie op. Registres domestiq^tes
limousins st marchoU, Paris, A. Picard, et Limoges, V« Ducourlieux, IS9S
et 1903^ tome II, page 187.
RBCQBIL D^ARHOIBIES UHOUSlNBâ 497
années, au cours de nos recherches. De tous le mieux dessiné et le
plus (înement enluminé est un petit registre presque carré, œuvre
d*nn apothicaire du nom de Lamy. Il porte la date de 168S. Ce joli
manuscrit, qui a figuré à l'Exposition rétrospective installée eo 1886
dans les belles salles de THôlel de ville de Limoges, appartient à
présent à Madame veuve Eugène Ardant. Bien qu^il ne soit pas
l'objet principal de notre travail, nous consacrons plus loin une
notice spéciale à ce volume; nous l'avons dépouillé pour compléter
les indications de celui dont nous publions aujourd'hui le contenu.
I
Nous devons à M. Léopold Mourel, instituteur à À ixe-sur- Vienne
et membre zélé de la Société archéologique et historique du Limou-
sin, la communication d'un manuscrit moins soigné sans doute
que celui de Lamy, mais intiniment plus intéressant et qui nous
parait mériter une étude particulière. Il provient de la riche biblio-
thèque du grand-père de M. Mouret : M. Navières de Laboissière,
qui fut inspecteur d'académie à Limoges et vice-président de notre
Société archéologique. Ce volume n'a encore été signalé par
personne.
C'est un cahier comptant actuellement 114 feuillets de papier (y
compris les feuillets de garde) de 229 millimètres de haut sur 166
de largeur, protégés par une couverture en carton sur laquelle a
été collé un parchemin. Le registre, de plusieurs mains comme on
le verra plus loin, a été commencé par les deux bouts, suivant un
usage cher à l'économie de nos pères. Il offre malheureusement
quelques lacunes : le feuillet 9 (foliotage ancien) de la série princi-
pale a été arraché, et le feuillet 10 se trouve en partie lacéré. — Il
n'y a pas de feuillet 62 au numérotage primitif; mais il ne manque
rien à cet endroit : le verso de 61 porte des dessins et a été coté 62.
— De plus les dix premiers feuillets de la seconde série (manuscrit
pris à rebours) manquent, et celle-ci n'a conservé que les folios
cotés autrefois 11 à 21 : la pagination avait été marquée dans les
deux sens aux feuillets utilisés par le peintre.
Au recto du premier folio du registre dans son état actuel, sur
l'ancienne feuille de garde, on lit la note suivante :
« Ce présent papier de diverses armes est a moy, Philippes
Poucet, peintre de Lymoges, pour l'avoir faict de ma main. »
Le personnage qui a écrit ces lignes n'est pas pour nous un
inconnu. M. Maurice Ardant lui consacre une page spéciale dans
AiS SOClBt^ ARCBÉOLOGiQnB IT BlSTORIOim DU LlItOOBlH
sa Notice sur les Poucet, émailleurs (1). M. Augaste Du fiojs a
relevé, dans dos Registres paroissiaux, plusieurs actes et meBtions
se rapportant à lui et à sa famille (2). A son toar, M. Antoine
Thomas, dans son Inventaire des archives communales de lAmoges,
signale un document ajoutant à ce qu'on savait déjà de cet arliste^S).
Enfin diverses pièces de nos archives font mention de lui et des
siens.
Fils d'Elie (ou Hélie pour employer Torthographe adoptée parla
famille), émailteur de second ordre, dont nous possédons plusieurs
œuvres non absolument dépourvues de mérite, Philippe naquit,
selon toute probabihté, dans les premières années du dix-septième
siècle. Il est nommé au rôle de la taille de 1635, où il ligure pour
une somme de quatre livres (4). Simon Poucet, dont le nom sait
celui de Philippe, est taxé à trente sous seulement. Un registre de
l'Hôpital, précieux & bien des titres, le terrier coté D4, nous apprend
que Philippe et Simon sont frères et que leurs immeubles sont coq-
tigus (5). Tous deux appartiennent au canton du Clocher. Noas
savons déjà par M. Ardant que Philippe paie une rente aux Jésoites
pour « sa maison de la rue du Clocher » ; il leur en doit une antre
pour sa vigne du Clos d'Aureil, près les Carmes. On relève menlioo
de ces redevances à une liève de 1638.
Les deux maisons des Ponce t se trouvaient dans la partie supé-
rieure de la rue du Clocher, au-dessus des vieux bâtiments qui
avaient longtemps servi d'ateliers pour la fabrication de la monuaie
royale et qui longeaient la ruelle Barny. L'immeuble de Philippe
est dit situé « au haut de la rue du Clocher, devant le petit cime-
tière de Saint-Michel, sur la droite, en allant de Ferrerle à la place
Saint-Michel », c'est-à-dire au coin à peu près de là place actuelle.
On voit ailleurs qu'il « joint le lion de pierre » (6). On sait qu'autre-
fois les deux monstres de granit étaient au-devant de la mureile
qui fermait l'ancien cimetière.
Un Léonard Poucet, armurier, avait possédé un immeuble dans
cette ile : peut-être la maison qui appartient dès 1630 à Simon. Uo
(I) Bulletin de la Société archéologique et historique du Limomfh
UXlll, p. 161.
(i) Ibùd,, t. V, p. 123 {Documenta inédita eur les émailleura et orfèora
de Limogea),
(3) Inoentaire sommaire dea Archioea communcUes de Limogea, anté-
rieurea à 17:^0, Limoges, Ghalras ei G'«» 188i, p. ë, aU.
(4) Arcliives de Id uauie-Vieauc, série G, basse U<».
tô) ArcHîves de l'Hôpuai, reg. 0 4, p. i76, S77, il6.
(6) Ibid.
ABGUIIL D*ARM01R»S UMOOSllIBS iS9
Pierre PoDcet est également nommé comme ayant des intérêts de
ce côté.
Faute Peyrat, qae Philippe épousa — nous ignorons à quelle
date, — lui donna plusieurs enfants : Tun d'eux, Léonard, est
mentionné au registre que nous étudions. On lit en efTet, sur une
des feuilles de garde de notre manuscrit (fol. il3 du foliotage actuel
et 1 de la pagination à rebours) : <c Le 38' (ou 18*} j' d^avrii 1656,
j*ay baillé a mon filz, Léonard Poucet, huict solz p' Targent du
mois a M" Le Moyne, p^'^ de Sainct Michel ». S'agit-il d'honoraires
dus à un ecclésiastique tenant une petite école? C'est fort vraisem-
blable. Dans ce cas, Léonard n'aurait pas eu plus de dix à douze ans
à cette date, et serait né par conséquent vers 1644 ou 1646. Un autre
des enfants de Philippe, Elie, fut enterré à Saint-Michel-des-Lions,
le 19novembre 1668(1); un troisième, aussi du nom d'Elie, mourut
l'année suivante, et H. Du Boys a relevé une mention du 9 août
relative à son inhumation. Le père et la mère vivaient, à ce qu'il
semble, à cette date. Paule Peyrat fut inhumée le 38 septembre
1679; elle est dite au registre des sépultures de Saint-Michel :
« veuve de Philippe Poucet (2) ». Le terrier de l'Hôpital établit
qu'elle était veuve dès le 7 septembre 1670(3). C'est donc entre le
9 août 1669 et le 7 septembre 1670 qu'il faut placer la mort de
Philippe : on n'en connaît pas la date exacte.
L'artiste se donne seulement le titre de « peintre » à son manus-
crit et au plan dont nous parlerons plus bas; il est ailleurs qualifié
d'émailleur, notamment à l'acte d'inhumation de son fils, en 1668 (4).
On n'a jamais cité aucun émail qui puisse avec certitude lui être
attribué. Le fait semble de nature à donner un prix tout spécial à
notre recueil puisque celui-ci est, avec le plan déjà mentionné, le
seul spécimen, connu de nous, de son talent de dessinateur. Ajou-
tons que Philippe porte, au registre de l'Hôpital que nous avons
déjà plusieurs fois cité (5), uneauire qualification, celle de « ciergier».
On trouvera tout naturel, quand on aura lu les pages suivantes,
qu'il vendit les cierges qu'il décorait.
Nous espérions rencontrer, sur les feuillets du registre, quelques
notes domestiques, quelques renseignements, soit sur l'artiste lui-
même, soit sur sa famille. Nos ancêtres mettaient volontiers un peu
partout de ces mémentos qui ont parfois tant de saveur et qu'on
(1) Arch. communales de Limoges, G6 Hl.
(9) GG1I3.
(a) D4,p. 978.
(4) c Philippe Ponsset, esmalbeur»,
(5) D4, p. «77, «7a,
430 SOClftTé ARCBÉ0L061QUB BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
recueille aujourd'hui avec un soin si curieux... Notre attente a été
déçue. La seule mention de ce genre que nous ayons relevée est
celle concernant Léonard Poncet, reproduite plus haut. On ne ren-
contre d'autre part, dans les notes qui se réfèrent aux tra?aiii
exécutés par Philippe, et dont nous allons maintenant parler,
aucun passag(^ si vague soit-il, de nature à fournir de^ rensei-
gnements complémentaires pour la biographie de notre artiste.
Nous avons signalé plus haut l'existence d'un plan, œuvre de
Poncet. Le document n'a qu'un médiocre intérêt en lui-même :
c'est une feuille de parchemin irrégulière, en fort mauvais étal
aujourd'hui, mesurant 87 centimëtrob sur 78, et où sont grossière-
ment figurés le bourg de Pourrioux (aujourd'hui commune de
Saint-Pierre-Chérignat, département de la Creuse) et ses alentours.
Il a été dressé à l'occasion de différends relatifs aux communaux
de la paroisse. Le dessin est sommaire; l'enluminure barbare.
Une mention datée du 12 mars 16S5, constatant la vérification,
par des commissaires, d'un procès-verbal d'état des lieux, porte la
signature de ces commissaires et celle de l'auteur du plan : Po5-
CET, peintre. C'est le seul détail digne d'attention qu'on puisse
y relever. Nous donnons ci-dessous le fac simile de cette signa-
ture.
Pour épuiser nos notes sur notre artiste et ses proches, disons
que la maison ayant appartenu à Philippe est devenue, en 1693, la
propriété du s' Poncet, clerc tonsuré, et qu'à cette même date, une
maison voisine est acquise par Maurice Poncet, ciergier comme
Philippe, mais non peintre comme lui, semble-t-il. Dès 1670,1a
maison où a habité Simon Poncet, a pour propriétaire François
Poncet, ciergier lui aussi (i). Enfin un de nos livres de raison
les plus intéressants, celui de Joseph Péconnet, mentionne on
achat de torches pour des obsèques fait chez « damoiselle Cathe-
rine Deschamps, veufve a feu s' Poncet, ciergier », en septembre
1685 (2).
(1) Archives de THôpital, D^ p. 276, 977, i78.
(2) Uoreê de raison limousins et marchois, p. 4St.
RECUIIL D*ARHOIRIBS IIHOUSIIIBS 431
n
Les premiers feuillets du roannscrit ne portent pas de date. Au
recto du fol. 11 actuel, seulement, la date de 1627 est inscrite en
télé d*une série d*écussons, et à partir de cette page, on peut fixer,
sinon toujours d'une façon précise, du moins approximativement,
répoque de l'exécution de chaque arrooirie, l'artiste ayant eu soin
d'indiquer sur beaucoup de ses dessins Tannée de la commande ou
plutôt celle dans laquelle ont eu lieu l'élection, la fête ou la céré-
monie funèbre qui a nécessité la confection de panonceaux armo-
riés. Car le recueil de Poncet n'est après tout que le relevé des
croquis de ses travaux, exécutés au fur et à mesure des com-
mandes.
Après la date de 1627 au fol. 11, on trouve celle de 1628 au
f. 13; celle de 1630 au f. 15; 1640 au f. 18 ; 1642 an f. 24 ; 1644 au
f. 32; 1645 au f. 33; 1646 au f. 37 ; 1648 au f. 38 ; 1650 au f. 42 ;
1653 au f. 47; 1656 et 1657 aux f. 55 et 56; 1668 au f. 58(1) ; 1667
au f. Qi ; 1678 et 79 au f. 66. La plus ancienne date dont il soit
fait mention aux notes est 1626 (2). Le manuscrit parait avoir été
commencé entre 1620 et 1625, plus probablement vers cette der-
nière date.
Jusqu'au folio 60, le manuscrit est à peu près en entier de la
main de Philippe Poncet. C'est à peine si deux ou trois noms accu-
sent une autre écriture, plus courante, mais moins correcte, et ils
paraissent avoir été ajoutés à une date postérieure, en vue de com-
pléter les notes du manuscrit. Les feuillets précédents offrent des
écussons datés de 1658. Les sept premiers dessins exécutés par
le continuateur du recueil ne portent pas de date. Le huitième
seulement, en tête du fol. 61 r*, est précédé de ces mots :
« Bellemie, du Montan de Magnine« 1667 ». On trouve au fol. 66
deux dates : 17 octobre 1678 et 11 janvier 1679. — Le pinceau et la
plume sont tombés des mains de Philippe longtemps peut-être
avant sa mort, puisqu'il vit encore, nous l'avons vu plus haut, à la
date du 9 août 1669, et qu'il a, avant 1667, peut-être dès 1659 ou 60,
laissé à un autre le soin de continuer son cahier de croquis.
Les dessins du second auteur de ce recueil — un fils de Philippe
ou sa veuve, on verra plus bas la raison de celte dernière hypo-
(I) Le feuillet 58 V porte cet en-tête de la main de notre émaillear :
fl armes de MM. les CodsuIz de Limoges Tan 1658 ».
(i) « Tay faîcl les armes de M. Joufrenet, curé de Neilhac, lorsqu'il fut
bayle de la Sainte Croix, 4696... » (f. 34 v^").
43S SOCIÉTB ARCBÉOLOOIQUB BT H18T0BIQ0B OU LIH008III
thèse — soDl très inférieurs aux croquis du premier. Moins cor-
rects, ils accusent une main moins ferme et moins exercée. Toutefois
les trois écussons de la première rangée et les deux premiers de la
seconde du fol. 61 sont d'une exécution nette et soignée qui jure
avec celle des blasons qui les entourent. On ne peut guère douter
quMls ne soient d*une autre main. Trois personnes auraient donc
travaillé aux dessins de notre recueil.
Ajoutons que le continuateur de Philippe fait accompagner ses
croquis de peu de notes : les feuillets qui lui appartiennent offrent
donc moins d'intérêt que ceux dessinés et annotés par l'émailleur,
On distingue, dans ces dernières pages, deux écritures différentes
bien caractérisées.
Le volume ne contient aucune date postérieure à celle du li jan-
vier 1679. Cette même année, au mois de septembre, meurt la
veuve de Philippe, Paule Peyrat. Est-ce à elle qu'on doit attribuer
la continuation du recueil commencé par son mari ? La coïncidence
bien remarquable que nous relevons ici serait de nature à justifier
cette supposition.
Le manuscrit que nous tenons de M. Mouret ne constituait
qu'une portion des notes du peintre : celui-ci possédait au moins
deux recueils de blasons, et il renvoie souvent, dans les annota-
tions curieuses qui accompagnent ses dessins, à « l'autre livre »,
8 <c l'autre papier d'armoiries. » Ce registre était aussi considérable
que celui que nous avons entre les mains; Philippe en effet en
mentionne les feuillets 77 et 81 (f. 26 V),80 (f. 25 v^), 85 (f. 49 v*),
86 (f. 32 v^"), 5, 32 et 87 (f. 29 v*) ; il désigne quelquefois le registre
en question par ces mots : a Tancien livre »,le <c papier ancien » (1).
Ce manuscrit était donc antérieur au nôtre; peut-être n'avait-il pas
été en entier dessiné par Philippe, et le père de notre artiste, Elie,
avait-il laissé à son fils ce recueil avec le matériel de son petit
atelier.
Les croquis de Poucet sont assez nets et témoignent non seule-
ment d'une main exercée, bien qu'un peu lourde, mais d'une cer-
taine aptitude pour le décor et d'une façon pittoresque d'envisager
et de rendre les objets. Philippe esquisse d'abord ses blasons à la
sanguine, puis les trace définitivement à l'encre. Quelques uns de
ses écussons sont coloriés; nous avons déjà dit que, comme finesse*
on ne peut que les trouver très inférieurs aux figures du registre
Lamy. Ce dernier est un enlumineur délicat ; Poncet peint assez
(4) « Voyes au fealbet 85 de Paatre papier ancien • (fol. 49 v*). —
« Ces armes sont au second fealhet des armes de l'aqtre livre ancien •
(f. 8 R ¥•), etc.
RKCUBIL d'armoiries LIMOUSINKS 433
grossièremeat ses blasons; mais trois ou quatre sont exécutés
avec correction et avec rondeur.
Dans un petit nombre de ses figures, seulement, le peintre a eu
recours aux traits et aux points à l'aide desquels les héraldisles»
expriment les métaux et couleurs du champ de Técusson et des
pièces dont celui-ci est chargé ; toutefois il ne fait pas usage volon-
tiers de ces signes conventionnels. Le plus souvent il note en toutes
lettres, sur Técu ou à côté, l'émail de chaque objet, rattachant
d'ordinaire par un trait l'objet à l'indication qui s'y rapporte. Pou-
cet semble, à vrai dire, peu expert dans la noble science du blason,
et son érudition, en cette matière, parait se borner à quelques
principes élémentaires comme celui-ci, qu'on trouve sous plusieurs
formes dans son cahier : « Ne faut point fere couleur sur couleur,
ny métal sur métal ; autrement le blason est faulx. » C'est aller
trop loin : il est simplement « à enquérir», pouremployer l'expres-
sion consacrée.
Notre recueil au surplus, renferme quelques notes se rapportant
aux éléments de la science héraldique. On y trouve par exemple
(f. 14 R V" et 15 R V) les indications conventionnelles « pour con-
noislre en taille douice le blason des couleurs», et des exemples
des partitions, quartiers, etc., avec l'explication de quelques pièces.
A un des feuillets qui précèdent (f. 12 R) ont été dessinés les orne-
ments extérieurs qui doivent accompagner les armoiries des divers
dignitaires ecclésiastiques, avec cette note : « Les cardinaux, arche-
vesques, evesques, protonotaires, abbés, prieurs, religieux et les
chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ont aussi divers ornements
au-dessus et a l'entour de l'escu de leurs armes. Je les ay faictes
graver afin que chacun en puisse sçavoir les diferantes {rie). »
Nous ne connaissons aucun exemplaire de la planche ou des
planches auxquelles Poucet fait ici allusion; mais les très rares
gravures que nous possédons de ses contemporains Limousins,
celles signées : F. Ârdant et F. Ponroi, notamment, ne nous
permettent pas de considérer la perte de l'œuvre de notre peintre
émailleur comme très regrettable. Le fait signalé par Poucet a
pourtant son intérêt, et nous avons cru devoir le noter.
Notre registre fournit quelques noms d'artistes de'*,Limoges,
connus par ailleurs pour la plupart. Nous croyons cependant devoir
donner le relevé des mentions de ce genre que nous avons pu noter
au cours de notre dépouillement :
— « Jean Limousin, marchand, fils de feu s' Jean Limousin,
m** esmailleur », avant 16i7 (f. 7 V"). La mention « fils de feu^ etç, »
pourrait n'être .que de 1680,
434 SOCIÉTÉ ARGBéOLOGIQUE BT BISTORIQUB DU LlVODSIIf
— « Jean Ardant, Talsné, m'* orfeuvre », avant 1627 (f. 9 r«). Il
est dit ailleurs que ce Jean Ardant Tatnë a gravé les armes de
M. de Sauvebeuf sur un plat d'argent (f. 2 R v*).
— « Ardant le jeune, m'» orpheuvre », avant 1627 (f. 8 v*).
— « Jean Didier, m'« brodeur. » Poncel dessine son blason en
1627 (f. 11 r«).
— « Jean de Montagut, m'« orlogeur », 1642, 1643 ^f, 26 r*).
— « Pierre Benoisl, brodeur », vers 1645 (f. 3S r«).
— « Dominique Mouret, m'* orpheuvre », 1652-S3 (f. 45 r*).
— « Barthélémy Guiberl, orpheuvre ». Sa veuve, née Martin,
est enterrée en 1652 ou 53 (f. 45 v»).
— « Jean Ardant, le jeune, m'« orpheuvre », 1653-54 (f. 49 r*).
— « Feu Marcial Ardant, père, m'« orpheuvre », mentionné en
1653 ou 54 (f. 48 V).
III
Le manuscrit de Poucet suffirait à établir, s'il en était besoin, qa*au
milieu du dix-septième siècle, presque toutes les familles bourgeoises
de Limoges, non seulement les vieilles maisons ayant depuis qua*
tre siècles fourni des magistrats à Thôtel de ville, mais beaucoup
d'autres, de fortune récente et de condition modeste, avaient adopté
des armoiries qu'elles faisaient volontiers graver ou peindre sur
maints objets à leur usage. Il en était ainsi depuis longtemps. Ces
bourgeois n'empiétaient pas, à proprement parler, en s'adjugeant
un blason, sur les prérogatives des gentilshommes. La possession
d'armoiries propres à riudividu ou à la famille avait été sans doute
à l'origine considérée comme une sorte d'accessoire de noblesse (1),
car les hommes de guerre seuls avaient d'abord fait usage de ces
emblèmes, empruntés souvent au métier des armes; ils les avaient
fait peindre sur leur targe et broder sur leur bannière, a6n d'être
aisément reconnus. Ces images devenaient un signe de ralliement
(1) « Depuis longtemps, écrivait Thibanll Gadot, dans son Bloêon de
France, ce n'est plus le Roi qui donne on autorise les armoiries : nn
chacun en prend selon son caprice ». — N'en avait-il pas toujours été de
la sorte, et Tautorité royale était-elle intervenue aux onzième et douzième
siècles pour aatortser les barons et les chevaliers à porter tels ou tels
blasons? Les octrois d'armoiries aux particuliers sont rares avant le sei*
zième siècle. ▲ peine peut-on citer quelques exemples d*octroî de pièces
honorables.
RECUEIL D*ABN0tRIE8 LIMOUSINES 436
pour leurs gens. Ils les fireol aussi graver sur leur sceau. Mais tout
le inonde pouvait avoir un cachet, avec des symboles ou des figures
de son choix. On voit souvent, au moyen ftge, des seigneurs
déniant aux villes et à leurs magistrats le droit d^avoir un sceau
municipal, qui atteste ce que nous appellerions aujourd'hui la per-
sonnalité civile de la communauté des habitants et permet d'au-
thentiquer les déclaratioDs des contrats des membres de-cette
communauté ; mais nous ne connaissons pas d'exemple de difil-
cultés et de procès pour la possession d'un sceau personnel. Et du
cachet à Técusson, la distance est bien courte. Ce ne sont pas seu-
lement les seigneurs féodaux, les dignitaires ecclésiastiques, les
officiers des sièges de justice, qui apposent leur marque particu-
lière aux contrats. Des bourgeois, et même des bourgeoises font
usage d*un cachet, et on en relève mention aux actes où ils inter-
viennent soit à titre de parties, soient à titre de témoins. En 1287,
Valérie Manhana, bourgeoise du Ghftteau de Limoges, après avoir
dicté son testament, le scelle de son propre cachet (1).
Il a été loisible de tout temps à un particulier de faire choix
d*un emblème spécial, d'en orner ses vêtements, ses meubles,
ses tentures, les panneaux de ses appartements, le linteau de ses
fenêtres, le tympan de son portail, le chambranle de sa cheminée,
de préférer telle ou telle couleur ou deux couleurs, ou trois; de
les faire siennes en quelque sorte en les adoptant, en les recher-
chant partout, en les reproduisant sans cesse, à l'exclusion de
toutes autres; de porter et de faire porter à sa famille, à ses
domestiques, des habits où dominent constamment ces nuances,
d'avoir au sens propre une livrée, qui jadis fut en quelque sorte
le complément de Técusson. On ne voit pas que jamais un roturier
ait été empêché de garnir et de décorer selon son caprice le champ
de, son cachet, à moinn que ce particulier usurpât les armoiries de
la maison de France, Técusson de la Couronne, réservé au prince
et à sa famille, et dont l'insertion ou Taddition à un blason était
considérée, dès le moyen ftge, comme un signe honorable et une
récompense accordée par le roi lui-même à de notables services.
L'histoire de la ville de Limoges nous fournit, d'un octroi de ce
genre, un remarquable exemple. Charles, dauphin et régent de
France, passant à Limoges au mois de janvier 1422, permet à nos
fl) VcUêria Monhana, burgenmê Castri LemooicensU^ reUcia HeUe
Mcuihani,,, Noê oero, officiaUê sigUlum Lêrnooicensiê eurie duximus
apponendum, una cum sigUlo ipaiuê testatrlcU (Archives de la Haute-
Vienne, Jacobins, liasse 8.395 ftia). if aiiAafia est évidemmenl une forniQ
féminisée, et le nom de la testatrice devait être Magne ou Nayne.
436 soairé aiigbéolo6iqdi bt bistoricdb ou limousin
coDsuls, pour prix du concours dévoué qu'ils doDoeul à ses capi-
taines contre les garnisons anglaises de la région, d 'ajouter « teste
de bleu, avec trois fleurs de lys d'or (1) » au vieil écu de la commune
représentant le buste de saint Martial.
Il est évident aussi que les armes portées depuis longtemps par
une glorieuse lignée et devenues pour ainsi dire la marque et l'en-
seigne spéciale de celle-ci, se trouvaient représenter une sorte de
propriété de cette maison et ne pouvaient, pas plus que son 0001,
être usurpées par le premier venu.
Mais en dehors de ces cas tout spéciaux, il était en somme per-
mis à qui voulait de porter des armoiries.
Toutefois, un insigne important distinguait les armoiries d'un
noble de celles d'un non noble : c'était le « timbre », le casque
qui surmontait l'écu du simple gentilhomme ; la couronne qui rem-
plaçait le casque au-dessus du blason des personnes titrées. Cet
ornement, les roturiers n'avaient pas le droit de le prendre, et ils
avaient beau décorer leur écusson de guirlandes et de lambrequins
merveilleusement enroulés, de plumes disposées avec art, le placer
dans d'élégants et gracieux cartouches, on reconnaissait du pre-
mier coup d'œil qu'ils n'appartenaient pas à la classe privilégiée.
Aussi, les anoblis s'empressaient-ils de poser sur leurs armes le
casque de profil, à demi ouvert, dont ils avaient le droit de les
sommer. L'aspect du heaume dénonçait, aux regards des experts,
la nouveauté de leur gentilhommerie ; mais ils portaient un casque :
cela suffisait à les classer en quelque sorte ; nul ne pouvait révo-
quer en doute l'authenticité de leur noblesse. Noblesse de robe ou
noblesse de cloches, comme on disait : il importait peu. On était
noble, voilà l'essentiel.
L'usurpation des marques de noblesse était réprimée. Cette
répression avait néanmoins ses faiblesses, ses complaisances, et ne
s'exerçait que d'une façon intermittente. Si les roturiers pous-
saient parfois l'audace jusqu'à planter un heaume sur leur écu,
les nouveaux anoblis ne se gênaient pas pour poser le casque de
front au lieu de le placer en côté. L'auteur du manuscrit de
H""' Ardant s'en indigne, et nous reproduisons plus loin la tirade
véhémente que lui inspirent ces usurpations. Mais enfin, on savait
(1) Archives de l'Hôtel de ville, GGtOS, n«39. Nous sommes, après avoir
vaiDement recherché pendant trente ans le texte des lettres royales de
UtS, parvenas à les retrouver Tannée dernière dans an manuscrit de la
Bibliothèque nationale, sur les bienveillautes indications de M. Antoine
Thomas, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Paris.
AICOBIL D^ARMOIRIRS LIMOIMmiS i3?
aatrefois qu'il n'était pas permis de se parer, sans y avoir droit, de
ces honorables insignes et de les placer à son gré sur un écu. Aujour-
d'hai, on se décore de litres avec une sans pareille facilité. Les
uns les font venir de Rome ; d^aulres d Aatrictie ou d'ailleurs.
Nombre de gens, plus avisés et plus ménagers de leur argent, se
les octroient eux-mêmes sans avoir recours à aucune cbancelierie
et sans acquitter aucun droit. Il faudrait être d'un caractère bien
intraitable pour leur tenir rigueur de cette, petite économie. La
particule qui est censée marquer la noblesse et qu'on s'accorde
si volontiers avec ou sans raison, ne suffit plus à contenter la
vanité : tout JLe monde veut avoir des titres. Les familles nobles ont
les premières donné Texempie de ce fàcUeui entraînement : du
moment quUl existe un litre dans une maison, ou qu'un événe-
ment quelconque y en introduit un, il s*y multiplie. Une lignée
plus ou moins historique possëde-l-eiie un comte? on est sûr d'en
voir apparaiire deux, trois, quatre, au bout de quelques années ;
ce sont d^abord les frères, puis tous les liis, puis les cousins,
puis les représentants des autres branches, qui ne peuvent se
résoudre à rester en arrière et se passer de couronne ou à se
contenter d'une couronne plus modeste. Certaines lettres de faire
part sont à cet égard aussi caraclérisiiques qu*amusantes. Nous
connaissons des érudils et des philosophes qui forment des collée-
lions de ces lettres, et il est certain que ces recueils constituent
de rares monuments de la vanité huiudine. On y voit ceci par
exemple : tel brave homme, il y a quarante-cinq ou cmquante ans,
sous le second Empire, annonçait son mariage en ajoutant très
modestement le nom d'une propriété à son nom patronymique.
Vingt ans s'écoulent : ce dernier nom, que ses ancêtres por-
tèrent avec honneur durant des siècles, a disparu de la lettre
de faire part du mariage de sa première lille. Quelques années
plus tard, notre homme est devenu vicomte. Il meurt. A son avis
mortuaire, trois de ses lils se décorent déjà de ce tiire. Où daignera
s'arrêter cette ambitieuse maison?
La société, le « inonde », accepte tout, en souriant au début;
mais les années passent, le sourire s'efface et le titre reste. Quant
à l'état civil, on s'arrange avec lui comme on peut : Use montre
parfois cruel; mais à la longue, en ne se rebutant pas et en sachant
voyager à propos, on vient à bout de bien des difficultés qu'on
aurait jugées au début insurmontables.
£n somme, le rësuUat de celle folle course aux titres a été de
faire perdre, aux yeux des gens sérieux, toute valeur à des quali-
ticalions beaucoup moins communes sous l'ancien régime qu'au-
jourd'hui... jttais revenoûs a nos blasons bourgeois, dont nous^ a un
peu éloigné cette digression.
438 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGKHJB ET BI8T<5rIQUB DU LIMOaSlK
IV
Ayant toute liberté de prendre des armoiries et d*en disposer les
divisions et les pièces suivant leur caprice, nos pères pouvaient i
leur gré modifier celles que leur famille s'étaient données, celles
qu'ils avaient composées eux-mêmes. Poncet enregistre avec soin
tous les changements qui lui sont indiqués. Il se plie nécessaire-
ment aux fantaisies de ses clients ; mais il note souvent en qaoi
ceuK-ci dérogent au blason adopté par eux-mômes, par leur père
ou leurs aïeux. Il proteste même, de loin en loin, à sa façon.
Les changements sont parfois peu importants. Ils consistent en
une simple addition qui donne à Técusson un aspect plus satisfai-
sant, garnit mieux le champ ; dans un changement d'émaux qui fait
disparaître quelque grossière faute de blason, ou dans la substita-
tion d'une pièce à une autre. Ainsi Clément fils, consul en 1644,
prescrit au peintre « d'augmenter de deux estoyles d'or en ses
armes, plus qu'il n'y avoit en celles de feu son père (1) ». Sur un
panonceau de la « Grand Saint-Martial », Jean David, jugeant sans
doute que les dés qui ornent son écusson éveilleront des pensées
peu en harmonie avec celles qui doivent occuper l'esprit des fidèles
dans une cérémonie religieuse, y fait substituer des roses. — Guillau-
me Vigenaud qui, au feuillet 8, a dans ses armes un croissant en chef
et un lion sans couronne, les fait dessiner quelques années après
(fol. 38) avec le lion couronné et le croissant en pointe. — Dubous-
cheys, qui a deui chiens sur son écu, en fait mettre trois. — En 1650,
Jean Limosin, bayle de Sainte-Croix, fait, sans doute en soave-
nir de son illustre ancêtre le grand émailleur, valet de chambre
du Roi, ajouter une fleur de lis aux fleurs issant du vase qui cons-
titue une des pièces caractéristiques des armoiries de sa maison (3).
— Maledent de La Borie, trésorier général, porte trois lions d'or
sur champ d'a:^ur ; son frère le marchand encadre ces animaux xlans
une bordure de gueules (3). .. Mais voici des changements plus graves,
et dont quelques-uns peuvent être considérés comme une véritable
transformation : M. de Chastenet, lieutenant général, porte « d'argent
à l'arbre châtaignier de sinople, surmonté d'un soleil de gueules » ;
son fils, sénéchal de Montmorillon, change l'argent du champ en
hermines, et place le soleil sur un chef cousu d'azur (4) qu'il ajoute
(I) Fol.M V».
(8) Fol. 8 v«.
(3) Fol. 41 v% 4i r«, 44 v*, 45 r«.
(4) Fol. 3v*, 4r, 30 r«.
RBCDIIL D^RIIOIRIKS LIMOUSINES 439
sans façon au blason paternel. — L'écu de Barry père esl chargé de
lacs d'amour surmontés d*une étoile et accostés de deux lettres, ses
initiales; Barry (ils, moins sentimental et plus ingénieux, se fait
dessiner des armes parlantes : trois barrils, et pour relever ces
emblèmes vulgaires, il partit son écu et charge la seconde division
de trois lions (1). Ces lions lui sont peut-être fournis par une alliance.
— Brisset père porte c< d'azur à la branche de lys de sinople, aux
fleurs d'or » ; estimant sans doute que ce modeste rameau n'est
pas un emblème suffisant de l'importance de sa maison et qu'en
vérité le blason est trop simple, Nicolas, son fils, lui substitue
celui-ci : « d'or à l'arbre de sinople, au chef de gueules à trois
étoiles d'or (3) ». Voilà qui est d'un autre effet.
On peut constater au surplus qu'il n'y a pas beaucoup plus de
fixité dans les armoiries de nos gentilshommes que dans celles de
nos bourgeois. Le sieur de BofTran, près Châlus, a fait faire les
siennes blasonnées « d'or à trois lions couronnés de gueules » ; il
les commande plus tard : « d'azur à trois lions couronnés d'or (3) ».
~- Les Salagnac, seigneurs de Rochefort, placent leurs bandes
tantôt en champ d'azur, tantôt en champ de sinople (4), etc.
Nos blasons bourgeois constituent, pour la plupart, des armoi-
ries parlantes, ou rappellent, par les pièces qui les garnissent, la
profession de la famille ou de l'individu auxquels ils se rappor-
tent. Les Barry portent sur leur écu des barrils; les Bellemye, un
buste de femme — belle mie — ; les Boisse, un buisson ; les Cha-
pellas, une chapelle ; les de Chastenet, uo châtaignier ; les Go-
gniasse, un coignassier; les Debouscheys, des chiens-— de bous
cheys en patois; — les Du Boys, un arbre; les Dufour, un four;
les Dupont, un pont; les Faure, une enclume; les Fougeras, des
brins de fougères; les Froment, des épis; les La Font, une fon-
taine; les La Roche dit Vouzelle, un rocher et un « vol » — une
paire d'ailes — ; les La Voulte, une voûte maçonnée; les Londeys,
une main au doigt allongé ; les Maillard et les Mailhot, des mail-
lets; les Maledent, des dents ou des lions; les Merlin, des merles;
les Moulinard, un moulin entouré de flammes — moulin qui ard : —
les Nadaud, la scène de la Nativité; — les Nicolas, un nid, un coq
et un lac d'amour; les Palais, un beau chftteau; les Perière, un
rocher; les Pinot, des pommes de pin; les Poucet, un petit pont;
(1) Fol. 38.
(S) Fol. 40 v«.
(3) Fol. SR.
(4) Fol. 3 R V*».
iiO SOCIAt* AROBAoLOGIQOB BT BlSTOBlQUB DU LIMOUSIN
les Poyle?ë, trois télés hérissées — poils levés — ; les Reculés, des
écrevisses; les Romanel, trois branches de romarin; les Rouard
Rocarius {Roca afdens), un roc entouré de flammes ; les Roudaud,
une roue; les Rouvery, un chêne (rouveyr, rouveix, de robur); les
Saleys, un saule — «a/w? — ; les Trotier ou Troutier, un cheval
au trot; les Vaubrune, un veau ou un bœuf d'or; les Vitrât, des
vitraux, etc., etc. Nous en passons et beaucoup.
Le fisc, sous Tancien régime, n*était ni moins avisé ni moins
fécond en ressources que de nos jours ; il était tout aussi beso-
gneux. A l'affût de tout prétexte de taxe, toujours en quête de
matière imposable, il imagina, vers la iin du dix-septième siècle,
qu'il pourrait trouver quelque argent en levant un impôt sur les
vanités modestes (il avait déjà tiré pas mal de profit des pré-
tentions d*un plus haut vol} : il prescrivit donc Tenregistrement
des armoiries portées par les villes, les corps et les particuliers.
Le montant de la taxe ne semblait pas trop lourd; les catégories
de personnes pouvant obtenir l'enregistrement dun blason quel-
conque étaient assez nombreuses et assez largement tracées pour
que tout citoyen, désireux de se donner cette petite satisfaction,
pût s'y irouver compris. L'enregistrement ne créait aucun litre ;
mais le vulgaire voyait une sorte de reconnaissance, d'investiture
oflicielie dans ce qui n'était qu'une pure formalité fiscale et un pré-
texte à perception. C'était assez pour que beaucoup de personnes,
de celles surtout dont le blason manquait de la consécration du
temps, courussent au bureau du préposé. Du mois de novembre
1696, date de i'édit,-& 1709 ou 1710, on consigna, sur le registre de
la généralité, l'énoncé d'un assez grand nombre d'armoiries qui ne
signifient pas grand chose et dont beaucoup se rapportent à des fa-
milles n'ayant joué qu'un rôle bien modeste dans notre histoire.
Quand les villes el communautés manquaient d'empressement pour
se soumettre à cette formalité, on la remplissait d'oQlce, sauf à récla-
mer ensuite la taxe à ta caisse municipale; à ces corps et aux par-
ticuliers qui avaient omis de fournir leur blason, on en attribuait
un de fantaisie, n'ayant aucun rapport avec le véritable. Aux gens
qui n'avaient pas fait leur choix parmi les figures et les couleurs
du répertoire héraldique, et à ceux qui manquaient d'imagination,
le bureau fournissait des armoiries; mais quelles armoiries I...
Pauvres, monotones, banales, fabriquées pour ainsi dire par un pro-
cédé mécanique, reproduisant à l'infini les mômes dispositions et
ksCUBIL D*ARH0IBIBS LIMOUSINES 44 i
les mêmes pièces, avec la seule différence des émaux que Ton com-
binait de toutes les manières. Cette peu intéressante industrie
fonctionnait sous la haute direction de Charles d'Hozier, le d*Hozier
alors en charge, un des (ils du célèbre Pierre, mort en 1660.
Beaucoup de familles nobles s'abstinrent de faire enregistrer
leurs armes, et il faut bien reconnaître que, sur les 1.648 blasons
figurant au recueil de la généralité de Limoges, la plupart appar-
tiennent à des bourgeois. Ce recueil a été imprimé il y a quelques
années (1). L'auteur de la notice accompagnant cette publication,
M. David de Saint-Georges, semble dire que Tadoplion de Tusage
des armoiries par un grand nombre de roturiers fut un résultat
imprévu de Tédit : nous croyons, au contraire, que le fisc s'était
parfaitement rendu compte de Télat d'esprit du public et qu*il avait
spéculé, pour remplir ses caisses, sur la vanité de la petite bour-
geoisie. Le produit de l'opération fut au surplus assez modeste : il
fallait autre chose pour rétablir les finances du Grand Roi.
Le recueil original des enregistrements concernant la généralité
de Limoges et celui des dessins des armoiries enregistrées sont
conservés à la section des manuscrits de la Bibliothèque natio-
nale, et figurent, avec tout le reste de la volumineuse collection de
l'Armoriai de 1696, parmi les ouvrages tenus à la disposition du
public, dans cette belle salle de travail que décorent des boiseries
si élégantes et si délicates.
On peut constater, en parcourant ces deux registres, que beau-
coup des blasons qui y figurent, diffèrent des armoiries adoptées
par nos principales familles bourgeoises et notamment de celles
dessinées par Poncet. Il est visible, du reste, comme nous le disions
plus haut, que le Bureau, attachant seulement de l'importance à la
perception du droit fiscal, s*esl peu soucié de l'intérêt héraldique
de l'opération, et qu'une partie des armoiries, composées d'après
les procédés signalés plus haut, ont été destinées à suppléer à des
lacunes dues soit à la négligence des intéressés, soit à celle des
préposés eux-mêmes.
VI
Nous avons dit que, dans certaines cérémonies, on faisait figurer
un grand nombre de panonceaux armoriés. Plusieurs passages du
(1) Armoriai général dreêaé en vertu de Védit de 1696 par Charles
d'Ho9ier, juge d'armes de France et généalogiste de la maison du Roy,
publié par J. Moreau de Pravieux, directear des Archioes de la Noblesse :
Généralité de Limoges. Dijon, Darantière, 1894.
T. LU 29
iii SOCIÉTÉ AaCBéOLOÔIQUI KT AlSTÔRlOUB DU LlMOOSlM
manuscril confirment ce que nous avons appris à cet égard par
ailleurs. Ainsi, on commande au peintre, en 16S0 ou SI, vingt-six
panonceaux aux armes du médecin Dumonteil et de sa femme
(foi. 42 r^) ; il en exécute quarante pour les obsèques de M. de
Lusson; soixante pour celles de M. de Boffran. Â l'enterrement
d'Etienne Yvernaud, vicaire de Saint-Martial, on « fait servir » des
ëcussons aux armes d'un oncle du défunt, « feu Léonard Decbaud,
notaire ». Ces panonceaux ont sans doute été peints pour la céré-
monie funèbre célébrée à la mort de ce dernier : on les a conser-
vés; mais il ne s'en trouve pas en nombre suffisant, et Poncet
est chargé d'en fournir treize semblables.
On a vu qu'outre les obsèques, les fêtes des confréries fournis-
saient aux bourgeois comme aux nobles de fréquentes occasions
d'exhiber leurs armoiries. Les (c officiers » des corporations et des
associations religieuses devaient faire, à certains jours, le jour de
la fête du patron notamment, les frais de la cérémonie, ceux du
luminaire en particulier. Des panonceaux armoriés, fixés aux chan-
deliers, en témoignaient. De plus, chaque confrère, à la procession
bu à l'offrande, tenait un cierge que décorait l'inévitable panon-
ceau. Le soir, un banquet réunissait les membres de la collectivité;
la dépense incombait soit aux dignitaires nouvellement élus, soit
au chef de l'association, à celui qui « tenait la fête », et à qui par-
fois les confrères devaient payer une légère cotisation. Là encore,
on retrouvait les cartels aux armes de l'amphitryon ou des amphi-
tryons. Les banquets des fréries furent souvent interdits par l'auto-
rité ecclésiastique. Dans ce cas, le syndic ou le bayle qui devait
faire les frais du repas, offrait, en échange, quelque ornement à
l'église ou à la chapelle où le corps tenait ses réunions ; mais il
avait bien soin que son blason figurât sur cet ornement et con-
servât le souvenir du donateur. L'auteur d'un des livres domes-
tiques dont nous avons, avec le concours de M. Alfred Leroux et
de quelques autres collaborateurs, publié des fragments, Jean
Texendier, rappelle qu'il fut, le 22 mai 16S5, appelé à tenir « la
frerie de Monsieur Saint Loup » et qu'il devait, ce jour là, donner,
suivant l'usage, à diner à tous les confrères, mais que l'évéque
ayant renouvelé les défenses portées par ses prédécesseurs contre
les banquets, sous peine d'excommunication, il dut employer l'ar-
gent du festin aux frais d'un cadeau à l'église de Saint-Michel : il
fit donc présent à la sacristie de cette église d'un « manteau pluvial
de damas blanc », garni d'une grande dentelle d'or, et où se
voyaient ses armes (1).
(f ) Livres de raison^ etc., p. 294.
HfcCUIlL D^AHMOIRIIS UHOOSlNkS 443
Les notes du manuscrit de Poncet attestent qu'il travaille sou-
vent pour les syndics et les bailes des confréries ou des corps de
métiers. En 1644 et à plusieurs dates postérieures, il peint les
écussons des bailes des marchands (f. 32 r® et suiv.) ; en 1642,
ce\x\ du receveur Giiastaignac (fol. 24 V") et en 16S5, ceux de Ghas-
taignac, grand prévôt (fol. 80 V) ; en 1652, ceux du président Pe-
rière ;en 1654, ceux du lieutenant particulier Romanet (fol. 4 V'et
48 V"), qui tous tiennent la feste Dieu » à Saint-Michel ; à plusieurs
reprises ceux des confrères qui président à la « grande Saint-Mar-
tial » ; en 1648, il travaille pour un modeste dignitaire des « pas-
tres » de Saint Pierre (f. 37 V).
Il est souvent employé pour les panonceaux du « premier frère »
Ottbaslede la confrérie de Sainte-Croix (1). Cette dernière asso-
ciation, très populaire et, autant qu'on puisse en juger, très in-
fluente aux seizième et dîxHseptième siècles, avait été fondée en
1567 pour tf contre carrer les Hngae&ots ». C'était un groupe d'ac-
tion, de combat. Tous les confrères portaient au chapeau une petite
croix qui avait été d'étain à l'origine, mais qui, aa dix-septième
siècle, était d'argent. Cet insigne leur était remis par le « pre-
mier frère ». Celui-ci, élu le 25 mars, présidait à la fête, qui avait
lieu le 3 mai. Deux jours avant, les bailes de la confrérie faisaient
planter un mai devant la maison de ce personnage qui fut le plus
souvent un des citoyens notables de la ville (2).
Les magistrats municipaux ornaient aussi, dans certaines occa-
sions, d'écussons à leurs armes, soit les murs de l'hôtel de ville,
des salles de banquet, des églises dans lesquelles ils faisaient célé-
brer quelque cérémonie, soit les cierges qu'ils portaient à la main
aux processions ou dans d'autres solennités. On doit certainement
les compter parmi les meilleurs clients de Poncet et des autres
peintres ses confrères.
Nulle part il n'est fait mention, au manuscrit de Poncet, du prix
de ces écussons. Nous savons, par d'anciens comptes, que ce prix
était fort modique. Un des livres de raison de la famille Péconnet,
celui de Joseph, fournit, sous la date de 1685, la note suivante dans un
relevé de dépenses relatif aux frais des obsèques d'Antoine Péconnet :
« Payé au S' Beaulaigue, peintre, pour trois douzaines de panon-
ceaux à nos armes, à mettre aux torches, 4 1. 10 s. » (3).
(I) 16S6 (f. 34 v«), 1633 (f. 29 v<»), 464i (f. 94 r«), 1646 (f. 35), 1661)
(f. 7 ¥• et 41 v«).
(9) Annales mcuiuscrites de Limoges, p. 350.
(3) Liores de raison^ registres de fanUUe et journaux Uidiolduels
limousins, p. 49 f.
444 SOCIÉTÉ ARCHÉ0LO6IQDE Bt BISTOHIQUE DU LIllOUSIll
Nos arlistes n'avaient pas à peindre les armoiries des familles
notables que sur des panonceaux : à certaines époques, les blasons
des officiers municipaux en fondions et ceux des anciens magistrats
décorèrent les murs mêmes de la salle derHôlel-de-Ville.Nos regis-
tres consulaires gardent la trace de ces usages et quelques vestiges
d'armoiries peintes apparaissaient encore il y a sept ou huit ans
sur un mur de l'ancienne maison commune, dans la cour de l'im-
meuble Disnematin de Salles, n"* 15 de la rue du Consulat. Le devis
des réparations à effectuer au vieil hôtel qui, de laflndu quinzième
à la fin du dix-huitième siècle, abrita l'administration de notre
.ville, devis dressé à la date du 9 mai 1710 par Pierre Rousset, dit
Julie, maître charpentier, et Jean Beyrand, maître maçon, renferme
le passage suivant :
« Faire peindre à fresque, entre les deux croisées du bout de
ladite salle (la grande salle), et de la main d'un bon peintre, un
ange de grandeur naturelle qui suporteroit les armes de la ville,
et dans le retour de la cartouche, devant les portes et suspendues
par deux anneaux, les écussons et armories de M' le maire (1) à la
droite et celles de M. le lieutenant de maire à la gauche et ensuite
celles du procureur du roy ; et ensuilte faire autour de ladite salle
une bande d'azur de la hauteur de deux pieds, dans le milieu de
laquelle on fera peindre à fresque et de la main d'un bon peintre,
les écussons et armories de Messieurs les six consuls en charge, et
annuellement celles des trois consuls nommés, suivant le rend de
leur nomination, — et ainsy successivement a l'avenir, sans laisser
aucun vuide ny faire d'autres ornements que les premiers, sous
quelque prétexte que ce soit. Et sera fait, au milieu des trois écus-
sons, par le bas, un demy rouleau qui porterat l'année de la nomi-
nation... (2) ».
Il est très vraisemblable que les auteurs de ce devis s'inspiraient
d'une décoration existante ou qui avait existé autrefois. Et nous
ne serions pas surpris que quelques-uns des croquis de Philippe
Poucet eussent été faits en vue de cette décoration, dont notre artiste
se serait trouvé en certaines années chargé par le Consulat.
(4) Le fisc avait créé en 169^ un office de maire de Limoges qui, après
être resté huit ans sans titulaire, fat acquis par M.deVilloatreys.Get office
fut supprimé par Tédit de juin 1717.
(5) Registres consulcUres de la aille de Limoges^ t. IV, p. SOI. Plusieurs
documents du xviii* siècle font mention du peintre de l'flôtel-de-Ville et
prouvent que Tusage dont il est question plus haut était toujours suivi.
A Tétat des charges ordinaires de la ville, on voit figurer, en n63>i764,
« il 1. au peintre de Thotel de ville pour les armoiries et panonceaux de
Messieurs les consuls. >
BICUIIL D*ARIIOI&»S LIMOUSINES 445
On lit, en effet, ces mots en tête du feuillet 58 actuel du manuscrit :
« Armes de H" les consulz de Limoges, Tan 1688 ». Suivent les
écussons des six magistrats nommés le 7 décembre 16S7 et dont
l'élection donna lieu à un procès retentissant et à des scènes de
violence dont la curieuse chronique de Pierre Mesnagier nous a
conservé quelques détails (1). Toutefois nous n'avons trouvé, pas
plus aux archives communales qu'au recueil de Poucet, de traces
positives d'aucune commande de l'Hôtel-de-Ville faite à notre artiste.
VII
Il n'est guère permis de douter que plus d'une fois Poncet a
fabriqué de toutes pièces les armoiries qu'il a peintes; souvent il
s'est borné à les « diviser » comme il dit, c'est-à-dire à distribuer
à sa fantaisie les couleurs, n'ayant à sa disposition qu'un simple
dessin ou l'énoncé des pièces qui chargeaient le champ. En général
néanmoins il a travaillé sur un modèle. Son croquis reproduit
exactement ce qui lui a été commandé. Notre artiste est fort soi-
gneux. Pouvant, d'un jour à l'autre, se trouver en présence d'une
nouvelle commande de la part Je la même famille, il note toutes
les indications qu'il parvient à recueillir touchant les armoiries
non seulement de chaque maison, mais de chaque individu. Il
recherche; il regarde; il interroge; il compare. Son cahier men-
tionne les variantes qu'il sait adoptées par les diverses branches
de la même souche. Il indique sur l'ordre de quelle personne et à
quelle occasion il a peint telles ou telles armoiries, sur quel témoi-
gnage ou d'après quel document il a exécuté son croquis. Le plus
souvent le peintre a trouvé des modèles sur de la vaisselle d'étain
ou d'argent, ou sur la matrice, soigneusement conservée par le
chef de famille et servant à reproduire ses armes sur ses plats, ses
assiettes et ses écuelles. à chaque nouvelle refonte. Ainsi Mathieu
Trenchant, de Solignac, a montré à Poncet « un cachet d'acier a
marquer vexelle ». D'autre fois, on a donné à l'artiste un sceau
armorié, une bague, une enluminure sur parchemin, un ancien
panonceau du (^onsulai ou d'une frérie. L'écusson est ailleurs
emprunté à un des vitraux de la maison (2), comme chez Jean
(I) RegUtrea conêulcUres de la oiUe de Limoges, t. llf, p. 377 et suiv.
(3) Beaucoup d'habitations particulières avaient autrefois des vitraux
peints. Nous nous rappelons en avoir vu, il y a un demi-siècle« dans
plusieurs maisons. Un grand immeuble du haut de la rue du Temple (côté
de la rue du Clocher) en conservait encore il y a peu d^années. Lhôtel de
Voyon (place de U Motte, au débouché de la rue des Fossés), brûlé dans
l'incendie du f 6 août i864, avait de fort jolies verrières.
446 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Coulomb (1) et chez Manent (2), ou à des ouvrages de tapisserie ou
de broderie faisant partie de rameublement, comme chez la veuve
de Pierre du Verger, où Témailleur copie son blason sur Técusson
qui orne un surciel de lit. Les édifices publics, les églises surtout,
lui apporteront aussi leur contingent de témoignages. C'est d'après
les peintures ou les sculptures de Tautel de saint Christophe, à
Saint-Pierre, qu'il reproduira, en 1649 ou 1650, les armoiries des
Disnematin (3).
Notre manuscrit comprend, comme on l'a vu, deux parties dis-
tinctes :
La première et la principale se compose d'une série d'environ
six cents écussons représentant les armes de presque toutes les
familles bourgeoises de Limoges et des environs, Aixe et Solignac
notamment. Les branches principales de beaucoup de ces maisons
occupaient depuis longtemps des charges de judicature ou de
finance qui les avaient fait entrer dans la noblesse ; mais même les
plus puissantes et les plus riches de ces familles comptaient des
membres dans les situations les plus humbles. Dans cette série, qui
comprend les feuillets â à 68 de la pagination actuelle (nous avons
dit que le feuillet coté 10 par l'artiste était en lacune et que le 11
avait été en partie lacéré), auprès d'armoiries se rapportant à des
personnes haut placées : lieutenants-généraux, trésoriers, conseil-
lers, etc., on trouve les blasons de gens de métiers et de situation
fort modestes : pintiers, charpentiers, boulangers, cordonniers,
huissiers, sergents, archers. — En général, le manuscrit n'offre de
dessins que sur le recto du feuillet, où les armoiries sont disposées
sur trois rangs, de trois écussons chacun. Le verso ne présente
guère que des notes ; on y trouve cependant quelques croquis,
notamment aux fol. 7, 13, 24, 33, 49, SI, 61, 63. Exceptionnelle-
ment les folios 54, SS et 56 ont quatre rangs d'écussons et comptent
douze dessins au lieu de neuf.
La seconde série est la moins importante, c'est aussi celle qui
offre le moins d'intérêt pour nous. Elle commence au second
feuillet du registre pris à rebours (112 du foliotage général) et
s'arrête au 15 (98 du fol. général). Nous avons dit que dix feuillets
de cette série, les premiers après la feuille de garde, manquent
actuellement. Cette partie du recueil de Poucet ne comprend guère
plus d'une cinquantaine de blasons (4), se rapportant presque tous
(I) Fol. îï v».
(î) Fol. 26 r*.
(3) Fol. 4« vo.
(4) Exactement cluquante-cinq, sans compter les figures des éléments
héraldiques des fol. 49 R r*, 14 R r« et v® et 15 R r^.
RRCUEIL D*ARII01RIE8 LIMOUSINES 447
à des familles de la noblesse. On y voit Ggurer, auprès des armes
de deux de nos évéques, de deux abbés de Saint-Martial, d*une
abbesse des Âllois et de plusieurs des grandes maisons de la pro-
vince : les Lastours, les Gars, les Ventadour, quelques écussons de
gentilshommes n'appartenant pas au pays, mais que des circons-
tances fortuites y avaient amenés ou qui y étaient momentanément
rattachés par leurs fonctions, le maréchal de Villeroy par exemple.
C'est dans cette série que nous rencontrons les blasons les plus
soignés, et parmi eux plusieurs d'assez grandes dimensions. Un
certain nombre sont coloriés, comme nous l'avons déjà noté. Ils
sont placés sans ordre, et cette partie du manuscrit a un aspect très
différent de celui des feuillets de l'extrémité opposée, qui constituent
le véritable recueil.
Nous n'avons pas cru qu'il y eût lieu de séparer ces deux séries
dans le relevé général que nous donnons des armoiries comprises
au recueil de Poncet. Ce relevé est présenté dans l'ordre alphabé-
tique des noms de famille ; il énonce le blason d'après les indica-
tions de notre manuscrit, reproduit les notes qui l'accompagnent et
renvoie aux feuillets où se trouvent dessin et observations.
Les indications que nous avons tirées de notre manuscrit con-
cernant les armoiries portées par chaque famille ou chaque branche
d'une famille, ont été complétées à l'aide de renseignements fournis
par diverses autres sources. C'est principalement au joli recueil de
blasons de l'apothicaire Lamy (voir la notice consacrée à ce petit
registre aux pages suivantes) que nous avons fait ces emprunts.
Nous avons eu recours également à V Armoriai général^ que nous
avons trouvé, comme c'est l'ordinaire, souvent en défaut. Nous
nous sommes aidés enfin d'autres documents, en général d'origine
limousine, et parmi lesquels nous citerons le beau frontispice du
registre de la confrérie du Saint-Sacrement de l'église de Saint-
Michel-des-Lions, frontispice exécuté en 1586, — et la gravure, moins
artistique encore qu'assez nette, qui orne le plan de Limoges,
exécuté vers 168U, dû à Jouvin de Rocbefort, et connu sous le nom
de « Plan des trésoriers généraux '>. Nous avons eu soin de faire
connaître à chaque article la provenance de ces additions.
. Peu de familles notables de Limoges se trouvent omises au
recueil de Philippe Poncet. Néanmoins quelques noms connus
y manquent. Les documents dont nous venons de parler nous
ont permis, non seulement de signaler des variantes aux blasons
donnés par le peintre émailleur, mais de combler les lacunes que
présente son manuscrit. On reconnaîtra aisément les articles
ajoutés à ceux de Touvrage qui fait l'objet spécial de cette étude :
ils sont tous précédés d'une astérisque et le texte de Poncet seul
est placé entre guillemets.
448 SOt:iÉTÉ ARCBÉOLÔGIQUE KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Le Manuscrit de Lamy
Nos lecteurs nous sauront peut-être gré de placer ici une brève
notice sur un ouvrage souvent mentionné au cours de notre travail :
le recueil manuscrit d'armoiries de Tapotbicaire Lamy.
C'est un volume petit in^*" carré, mesurant 191 millimètres sur
146, et composé, dans son état actuel, de 117 feuillets de papier,
dont le premier, formant feuillet de garde, et les trois derniers ne
sont pas cotés. Le manuscrit est fort bien conservé et parait com-
plet; une reliure en basane du temps Fa préservé des accidents qui
menacent les registres défendus par une couverture trop légère.
Nous devons à Teitréme obligeance de Madame veuve Eugène
Ardant, propriétaire de ce précieux volume, d*avoir eu toute facilité
pour réludler.
Le manuscrit de Lamy offre un incontestable intérêt, mais très
inférieur à celui que présente le registre de Poucet. Ce n*est pas,
au surplus, un simple recueil d'armoiries, dessinées au fur et à
mesure des occasions qui se présentaient à Tartiste. C'est un traité
assez complet de blason, avec des tigures, des exemples coloriés.
Ces spécimens méritent à plusieurs litres Tattenlion. Le dessin des
écussons est plus net, plus fîn, plus minutieux, plus souple que
celui des armes esquissées au petit volume de Témailleur ; les cou-
leurs plus délicatement posées. Le travail en un mot a été fait avec
plus de soin, de précision et de régularité.
Sur le premier feuillet coté {le feuillet de garde ne porte aucun
chiffre), on lit ce préambule, point mal tourné, qui nous fournil le
nom de l'auteur du manuscrit, fait connaître sa profession et indique
la date à laquelle l'ouvrage a été achevé :
« Au curieux lecteur et spectateur,
» Si ma curiosité pouvoit satisfaire la votre, j'aurois une partie
du succez que j'attend de mon travail. Je dis une partie, puisque
j'ay plus songé a me contenter moy mesme qu'a plaire aux autres
dans cette occupation, sans me distraire de celle de ma profession.
J'ay mis au naturel le blazon de plusieurs armoiries que les
autheurs ne donnoient qu'en idée. J'yay suivi l'ordre que M. Se-
going a estably dans son Mercure armorialy et emprunté de plu-
sieurs autheurs la diversité des figures que vous trouverez dans ce
petit ouvrage, duquel je ne souhaiterois autre satisfaction ny autre
reproche si ce n'est qu'on peu (ne) dire véritablement estre 1res
mal faict pour un peintre et asses bien pour un apothicaire.
» Lamy, phar«"
» a Lymoges, le premier juillet 1655. »
^N
RBCUBIL D*ARII01RIR8 L1II6US1NB8 449
L*éca royal occupe le recto du feuillet suivant. Au-dessus se trou-
vent ces deux lignes : « L*armoirie est la figure entière qui se pre-
santé à nos yeux, et le blazon est l*expression de cequ^elle contient.
Par exemple, les armes de France... »
Au feuillet 3 commence le traité proprement dit. En voici le
début, par lequel on pourra juger du ton de Touvrage et du style de
l'auteur :
« ARMOIRIES.
» CE QUE C*EST QUE BLASON, ET LEURS DIFFÉRENCES
» Pour parvenir à la connoissance des armoiries et du blason
d'icelles, il faut sçavoir qu'il y a deux principes ou fondement de
ceste science :
» Le premier est (sic) les métaux, couleurs et fourures qui entrent
ou peuvent entrer aux armoiries.
» Le second est de sçavoir les partitions ou divisions de Tescu,
qui est le lieu où Ton pose les armoiries.
« Toutes armoiries sont diversifiées par deux métaux, cinq cou-
leurs et deux fourures, qui est le font ordinaire des armoiries.
» Signification particulière des métaux ou blason d'iceux en
particulier :
» L'or signifie foy, force, richesse et confiance.
» L'argent, espérance, pureté, innocence et humilité, etc., etc. »
Au sixième feuillet, consacré à expliquer l'origine et le sens des
partitions de l'écu, l'auteur du manuscrit a dessiné huit petites
figures d'une extrême finesse avec des rehauts d'encre de Chine.
L'attitude et la mimique de ces escrimeurs sont destinées à faire
bien comprendre à quelle idée correspondent ces partitions; celles-
ci rappellent, on le sait, la direction des différents coups portés par
l'adversaire sur l'écu et sont comme les traces, les marques de ces
coups. Cette page est certainement une des plus intéressantes et des
plus jolies du volume.
Il serait tout à fait fastidieux de suivre notre béraldiste dans ses
définitions et ses explications. Les unes et les autres sont loin de
valoir ses figures, et si la formule des armoiries qu'il blasonne est
toujours claire et catégorique, il n'en est pas de même de certains
paragraphes du texte proprement dit de son traité. Au surplus, les
exemples qu'il donne de chaque pièce, de chaque disposition parti-
culière, de chaque combinaison d'éléments héraldiques passées
successivement en revue, sont empruntés pour la plupart aux
armoiries des familles nobles du royaume; toutefois on trouve,
450 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
parmi ces spécimens, quelques écussoDs de villes et de familles
roturières; on relève aussi un certain nombre de blasons fournis
par les pays étrangers, les armes notamment des divers cantons de
la Suisse.
Les dessins d'armes de maisons limousines ou de seigneurs exer-
çant une fonction dans notre province, sont assez nombreux. La
plupart de ces blasons figurent déjà, quelques-uns avec des varian-
tes, au manuscrit de Poucet. On les trouvera au relevé alpha-
bétique qui suit, sous le nom des familles ou des personnages
auxquels elles se rapportent. Un petit nombre manquent au recueil
de rémailleur. Nous les avons compris dans la liste de nos blasons
limousins, avec Tindication qu'elles sont empruntées à Touvragede
notre apothicaire héraldiste.
Voici la table des armoiries pouvant intéresser notre province et
dont on trouve le dessin au manuscrit Lamy :
Âubusson de La Feuillade (d'), feuillet 25.
Audier, de Lymoges, 39.
Avril (d'), médecin, 88.
Barton, evesque de Lymoges, 41.
Bastide, de Lymoges, 42, 43.
Beaubreuil, de Lymoges, 63.
Benoist, seigneur de Compreignac, etc., de Lymoges, 69.
Bouyol, de Lymoges, 40.
Cars (des), 15.
Champaignac, de Lymoges, 65.
Ghastaignac, de Lymoges, 37.
Chauveron, de Jurniat, 87.
Clément, de Lymoges, 65.
David (médecin), 88.
Decordes, de Lymoges, 38.
Decubes de Ferrant (médecin), 88.
Douhet (de), seigneur du Puymoulinier, 69.
Duboys, 87.
Dupré, seigneur d'Eygueperce, de Lymoges, 61.
Fenix, Lymosin, 52.
Guilhot (médecin), 88.
Jovion, de Lymoges, 52.
Julien (de), de Lymoges, 36.
Labiche, seigneur de Regnefort, 87.
Lacroix (médecin), 88.
La Fayette (Monseigneur de), evesque de Lymoges, 81 .
La MartoQie, esveque de Lymoges, 36, 81 .
HKCUIIL D'ARMOtRim LINOUSIHSS 451
Lamy, de Lyrooges, KO.
Langea [c] (de), evesque de Lymoges, 81 .
La Tour de Turenne, gouverneur pour le Roy en Limosin, 71.
Laubespine, evesque de Lymoges, 60.
La Vauguyon, IS.
Lomenie (de), 88, 66.
Londeys, seigneur de Veyrat, 69.
Lusignan, 27.
Lymoges (le vicomte de), 40.
— (la ville de), 69.
— (la communauté de Messieurs les pharmaciens de), 89.
■— (Messieurs les médecins docteurs aggregez de), 88. —
Voir d'Avril, David, Descubes de Ferrant, Guilhot, Lacroix,
Meynard de Favelon.
Mailhot, 87.
Martin, 87.
Masnadaud, noble, en Lymosin, 37.
Meynard de Favelon (médecin), 88.
Mortemart, 21 .
Neufville, 23.
Nicolas, lyeutenant gênerai, seigneur de Traslage, 87.
Petiot, seigneur de La Mole, 65.
Peyral (du), seigneur de Touronl, 73.
Pierrebufflere, première baronnie du Lymosin, 36.
Pompadour (de), lieutenant pour le Roy en Lymosin, 71.
Pot de Rhodes, 15.
Rochechouart, 21 .
Rosier, Clément VI, pape Lymosin, qu'on dit estre de la maison de
Rosier, 60.
Rouard, de Lymoges, 67.
Ruaud, de Lymoges, seigneur de Chaseau, 50.
Ruaud de La Fayolle, de Lymoges, 60.
Schomberg, 38.
Trenchelyon, nobles en Lymosin, 36.
Turenne {voir La Tour).
Venladour, 28.
Verthamond, de Lymoges. seigneur de Lavaud, 36.
Vie de Maurand, en Orléannais, 70.
Vidaud, de Lymoges, seigneur de Vaud,36.
VîUiers (de), evesque de Lymoges, 69.
La plus délicate et la plus soignée des peintures que contienne
le petit registre de Madame Ardant est, avec les planches destinées
45â SOCIÉTÉ ARCBÉ0L06IQUB BT HlSTORIQDB DO LIMOUSIN
à donner l'explication des partitions de Téca et dont nous avons
parlé plus haut, le blason de la communauté des pharmaciens de
Limoges, au feuillet 89. Les deux personnages qui servent de
support à récusson, Esculape et la Santé, sont des miniatures fort
bien dessinées et dont le modelé est accusé par Tartisle avec beau-
coup de (inesse. Nous en donnons une reproduction en tête de
cette notice.
Lamy est plus versé que Poucet dans la science héraldique; il
blasonne avec netteté les armoiries les plus bizarres et les plus
chargées. Néanmoins son ouvrage n'est qu'une compilation, et, en
dehors du préambule reproduit plus haut, nous y avons cherché
en vain la note personnelle qui eût surtout excité notre intérêt et
satisfait notre curiosité. Il semble bien toutefois que ce soit sa
propre indignation que manifeste en ces termes notre héraldiste
aux feuillets 102 et 103 de son manuscrit, à propos de l'usurpation
des marques les plus précises de la noblesse :
« On estoit anciennement fort religieux et exact au comporte-
ment de ces tymbres, et chacun les portoit selon sa qualité : ce qui
s'observe encore en Allemagne et ailleurs. En France, la liberté
fait qu'on en use avec moins de circonspection, jusque a voir des
coquins, sortis de la lie du peuple, qui mettent effrontément les
tymbres de front sur leurs armes inventées du soir au lendemain,
sans se connoistre, avec une impudence insuportable... »
Peut-être y a-t-il là une allusion au sans-gêne de certains des
clients de Poucet et des héraldistes de l'espèce de ce dernier.
Nous ne savons rien de particulier sur l'auteur de l'ouvrage qui
fait l'objet de celte courte notice. Les Registres consulaires le nom-
ment en 1646 et 1647. Il figure, à ces deux dates, au nombre des
cent 'prud'hommes commis pour élire les nouveaux Consuls en
remplacement des magistrats dont le mandat prend (in le 7 décem-
bre de chacune de ces années. Encore aucune de ces deux listes ne
nous fait elle connaître son prénom et sa demeure. Nous ne le trou-
vons mentionné ni dans les autres relevés du même genre, ni dans
les comptes et les actes de nomination des commissaires chargés
de recueillir, auprès des citoyens des divers quartiers, les taxes
levées par le Consulat soit pour faire face aux dépenses des prison-
niers Espagnols, soit pour solder les compagnies de gens d'armes
ou distribuer des secours extraordinaires aux pauvres. Notre artiste
ne parait avoir joué aucun rôle extérieur. Ses goûts modestes le
détournèrent sans doute de la poursuite des honneurs. Son manus-
crit seul témoigne qu'il ne fut point le plus insignifiant des apothi-
caires et le premier venu des contemporains de Philippe Poucet.
RECUEIL D^ARMOIRIES LIMOUSINES
de Philippe Poncet
1. « M' Léonard ALBIAC, advocat » (entre 1638 el 1640), feuillet
18 ; rang 1 ; n* 2. — D'azur au lion contourné d'or^ surmonté d'une
étoile de même.
« Pour les armes de M' Albiac, advocat, elles sont diferenles de
celles de feu M' François Albiac, procureur (?), son oncle, lesquelles
sont au feulhet 27 de l'autre (?) papier. Je feitz Theaulme el tymbre
d'or pour ledit s' advocat, comme me fust commandé » (f. 17 v°).
D*Albiac de Mardalou porte : de gueules à la bande d^argent,
accompagnée de deux lions d'or,
2. « Dame Barbe ALBIN, vefve de feu Pierre du VERGIER »
(entre 1640 et 1642), f . 20 ; r. 1 ; n» 3. — D'azur à une sphère
montée sur un pied d'or^ accompagnée de deux cygnes d'argent
affrontés.
3. « M' ALESME, receveur du tailhon » (1642), f. 25; r. 3 ; nM.
— D'azur au chevron d'or, accompagné de deux étoiles de même en
chef et d'un croissant d'argent en pointe.
« Y a d'autres Alesmes qui ont diferentes armes. Voyes le 66
feulhet de l'autre papier. >>
Jean d'Alesme, chanoine de l'église cathédrale de Limoges, fit
enregistrer ses armes en 1696 : d'azur au chevron d'or, accompagné
en pointe d'un Croissant de même, et un chef cousu de gueules chargé
de trois étoiles d'or.
4. D'ALESME DE RIGOULENE (1) (1688), f. 58 (2); r. 1 ; n* 1.
— D'azur au chevron d'or y accompagné en chef de deux étoiles de
même et en pointe d'un croissant d'argent.
(4) Cet écusson ne porte aucun nom; maïs la note écrite par notre
émailleur au verso du feuillet précédent, ne laisse pas de doute sur la
personne quMl concerne.
(3) En haut du feuillet on lit ces mots : « Armes de M'* les consulz de
Limoges, Tan f668. *
454 SOaftrà AECHiotOOlQ!)! St BIStORlQUI bv UHOOSllC
« Les armes de M' Dalesme, sieur de Rigoalene^ soDt fondz
d*azur, deux estoyles et un chevron rompu d*or; un croissant
d*argenl; le heaulme est en fasse, autrement de fron » (f. 87 v^).
G. Dalesme, trésorier de France à Limoges vers 1680, portait
les armes ci-dessus avec le chevron mi-parti or et gueules. (Voyez
planches).
5. (ALLOIS). « L'Abesse des ALOYS », f. 3 à Rebours; r. I ;
n** 3. - De.,, à r aigle détournée au %ol abaissé de...
6. « M' ARBONNEAU, d' médecin », f. »; r. 1 ; n^ 2. — D'azur
à V aigle d'or, accompagnée en chef d'un arc-en-eM de mâme et en
pointe d'une rivière sur laquelle nage un cygne d'argent. (Vby. pfan-
che4j.
ARCHE (d), V. Darche.
7. « Jean ARDANT Taisné, m" orfeuvre », f. 9; r. 3; n*» 2. —
D'azur au chevron d'argent, accompagné en pointe d'un soleil d'or,
au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or (1).
« Il y a d'autres Ardanl qui sont orpheuvres, qui ont leurs armes
diferentes. Voyes le feulhet 37 de Tautre livre. »
« Voyes le feulhet 49 de ce livre : les armes dudit Ardanl le
jeune (?), m'* orpheuvre » (f. 9 v®).
N... Ardant, chanoine de Saint-Etienne en 1696, fit enregistrer
ses armes telles qu^elles sont ci-dessus.
8. « Jean ARDANT le jeune, m" orpheuvre » (1653-54), f. 49;
r. 2; n* 3. — D'azur au soleil d^or, accompagné en chef de trois
étoiles de même posées i et 2.
« D'autres Ardantz ont leurs armes diferentes, au 8"* feulhet de ce
livre. C'estoit (?) les armes de feu Martial Ardant, m"' orpheuvre,
père » (f. 48 v*).
Georges Ardant Tainé, marchand et capitaine de bourgeoisie à
Ijimoges, (it enregistrer ses armes en 1696 : de gueules à un chevron
d'or, accompagné en chef des lettres G et A de même et en pointe
dvn soleil d'argent^ au chef cousu d'azur chargé de trois étoiles
dor.
9. « ARDELIER » (1679 ou postérieur), f. 67 ; r. 1 ; n« 2. —
D'azur au chevron d'or^ accompagné en chef de deux ardillons de
même et en pointe d'un rocher ardent de gueules.
(t) Ces indicatioDs d*émaux, portées à notre manuscrit, paraissent très
postérieures au dessin.
AfeCUBlL D^ ARMOIRIES LlHOUSlIIBS 456
40. « ARDIT » (1630) (1), f. 15; r. 1; n* 2. — D'azur à l'aigle
au vol abaissé d'argent.
« Il y a des Hardis qui ont Taigle qui tourne la teste du costé
gauche, comme je feitz pour Tenterrement de^feu s' Marcial Ardit,
bourgeois et marchant, que je prins sur un cachet de vesselle »
(f. 14v*).
i\. ARPEUILLE (d). « M' DARFEULHE, procureur, consul»
(1644), f, ^9; r. 2; n* 3^ — D*azur au cœur dor, surmonté d'un
chérubin de même, et accompagné de trois quatrefeuilles aussi d'or
posés deux aux côtés du cœur et un en pointe,
(( M' Darfenlhe, procureur, consul 1644, me fit fere ses armes sur
un cachet qu'il m*a monstre, pareilles a celles qui sont les 6 de la
page suivante. Ta; divisé le blason : champ d*azur; tout le reste
d*Qr. Je les luy ay cy devant faictes lorsqu'il fut premier frère de la
Sainte-Croix, 1633, qui sont diferentes, qui sont au 79 feulhet de
l'autre papier d'armories » (f. 28 r*»).
12. D'ARSONVAL. « M' d'ORSONVAL, procureur du roy en la
maison de ville », 4 (2), (1679 ou postérieur), f. 67; r. 1 ; n* 3. — -
Uazur au couteau (peut-être un dard) d'argent à manche dor posé
en pal à dextre, une cloche d'or à senestre et un anneau (?) de... en
pointe.
13. 'Elisabeth d'AUBUSSON DE LA FEUILLADE, abesse de la
Règle à Limoges, fit enregistrer ses armes en 1696 : dor à la croix
ancrée de gueules.
14. « AUBUSSOiN, vefve du s- GADAUD », f. 46; r. 3; n* 2. —
D'azur au chevron dor, surmonté d'un croissant d argent entre deux
étoiles d'or^ et accompagné en pointe dune étoile de même.
Voir Gadaud.
Jean Aubusson, conseiller et procureur du roi en Télection de
Bourgancuf; Louis Aubusson du Piat, conseiller du roi, élu en
rélection de Bourganeuf; Guillaume Aubusson, conseiller du roi,
élu en Téleclion de Bourganeuf; Jean Aubusson, conseiller du. roi,
receveur des tailles en l'élection de Bourganeuf; Jean Aubusson,
bourgeois de la ville de Bourganeuf, qui sont de la même famille
que la veuve du sieur Gadaud, firent enregistrer leurs armes en
1696; elles sont d'azur à trois étoiles d argent, deux en chef et une
en pointe.
(I) Ud des quatre bailes da Cierge des Marchands à ceUe date.
(i) Ce chiffre indique peut-ôire le nombre de panonceaux commandés.
4M SOCIÏt^ AECBéOLOOIQUB ET HISTOÉIQOK DU LHtOÛStit
A la même époque, Charles Aubasson, bourgeois deBourganeuf,
et Gabriel Aubusson, conseiller du roi, président en l'élection de
Bourganeuf, firent enregistrer les leurs : de gueules à unefasce for,
accompagnée en pointe (Tun croissant de même.
Guillaume Aubusson, marchand de Limoges et membre de la
confrérie du Saint-Sacrement en 1556, portait d'azur à trois étoiles
d'or,
M. Aubusson, trésorier de France à Limoges vers 4680, portait
coupé : au /•' fascé d'or et de gueules de six pièces; au S* d'or au
soleil d'argent. (Voy. planches 3 et S).
15. « AUDIER », f. 2; r. 1 ; n® 1. — /)e simple à trois léopards,
passants d'or Vun sur l'autre.
Quelques auteurs disent : trois lions léopar dés ^ ce qui nous semble
moins exact. Une branche de cette illustre famille de Limoges,
venue d'Angleterre, a porté le champ d'azur. (Yoy. planche 1).
16. <r AURIGET » (1) (entre 1640 et 1642), f. 21 ; r. 2; n* 1. —
D'azur au chevron d'or, accompagné de trois branches d'oranger de
sinople, ayant chacune un fruit d'or,
« J*ay faict les armes dudil Aurigel sur d'autres qu'on m'a mons-
tre, ayant servy a d'autres honneurs funèbres. Les branches des
oranges vertes rehaussées d'orpin » (f. 20 v*").
17. « AURIGET » (166557), f. 52 ; r. 3 ; n* 3. — D'azur au chev-
ron d'or, accompagné de trois branches d'oranger de sinople, ayant
chacune un fruit d'or
« Prinses sur d'autres, qui ont servy a des honneurs funèbres. »
18. « Joseph AVRIL, greffier (2) de la sale episcopale » (1648 et
suiv), f. 40; r. 2; n" 3. — D'azur au chevron, accompagné en chef
de trois étoiles i et 2, et en pointe d'un lion, le tout d'or.
<( 11 y a d'autres Avrilz qui ont les armes diferentes. Voyes en
l'autre papier et en cestuy cy, feulhet45 » (f. 39 v"").
19. « AVRIL, de la Cité n (3) (1650-«2), f. 45; r. 1 ; n* 2. — D'or
au lion de sable, au chef de gueules chargé d'un soleil d'or.
« M' Avril, greffier, a ses armes diferentes, au 40* feulhet de ce
livre » (f. 44 v»).
(1) Ce nom est souvent écrit : Origet.
(tj Les mots : AorU et greffier sont d'une autre écriture que celle de
Poncet.
(3) D*une autre main que celle de Poncet*
RBGUBIL D*ARIIOiaiBS LIMOUSINES 457
François Avril, écuyer, seigneur de Roclier, 6t enregislrer ses
armes en 1696 : d'argent à un arbre de simple, terrassé de même,
au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or.
20. « M' AVRIL, médecin de Limoges » (1667-1678), f. 62; r. 3;
n* 1. — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef d'un soleil de
tnéme, et en pointe d'un lion d'or,
« Gomme on me l*a commandé, soleil d'or. »
L*armorial Lamy donne les armes de M. d'Avril, médecin à Limo-
ges : d'or au lion de simple portant avec sa patte dextre une croix
de gueules,
21. « Eslienne BACHELIER » (entre 1640 el 1642), f. 22; r. 1 ;
n* 1. — D'azur à trois branches de laurier de simple fruitées de
gueules,
<c J*ay faict les armes de Bachelier champ d'azur ; les troys bran-
ches de lauriers vertes; les pommes rouges tirées de noyr, rehaus-
sées de jaulne. Pour celles de sa femme, elles sont en ce papier,
feulhet 18 (1) : réservé que j'ay faict les chiens courans au lieu
qu'ils sont rampans » ( f. 21 v^).
22. (BAIGNOL). « M' Joseph BAGNOL, consul (1657), f. 85; r. 4;
n° 1 . — D'azur au pigeon d'argent sur une montagne de même.
« Il y a d'autres Baignolz, qui ont leurs armes diferentes »
(f.84v«). (Voy. planche 3).
23. « M' BAIGNOL, (2) en Teslection de Limoges», f. 30;
r. 3; n" 2. — D'azur au pigeon d'argent, les pattes de gueules, te-
nant en son bec un rameau de simple, et posé sur un globe d'or.
(Voy. planche 3).
« Il y a d'autres M" Baignolz qui ont leurs armes diferentes,
pour avoyr un terlre d'argent au lieu de la boule d'or; d'autres qui
ont seulement le coulomb d'argent avec la branche de laurier
verte. Voy. les 5, 32 et 87 feulhetz de l'autre livre d'armories »
(f. 29 V).
Joseph Baignol, procureur au présidial de Limoges, et membre
de la Confrérie du Saint-Sacrement en 1556, perlait d'azur, au
pigeon d'argent.
(1) À Tancien feuillet 18, il n'y a qu'un seul blason où on trouve des
chiens, celui des Oescbamps. La femme de Bachelier appartenait donc à
celle famille.
(9) Un mot laissé en blanc.
T. LU 30
4to SOCIKTÊ AaCÉÊOLOOlOOK KT BlSTORIQUB DU LltlOUSltl
24. « M' BAILLOT », f. 7; r. 3; n* 2. — D'azur à la fasce en
divise d'argent, accompagnée en chef de trois étoiles d'or^ et en
pointe de trois bâtons écotés de méme^ posés en pal 2 et i ,
Ge sonl ces armes que 6t enregistrer en 1696 Jean Baillot, con-
seiller du roi auprésidial de Limoges.
25. « BAJU » (1682-53), f. 45; r. 2; n» 2. — D'azur au chevron
d'or, surmonté d'un croissant d'argent, accompagné en chef de deux
étoiles d'or et en pointe de trois arbres de sinople posés un et deux,
celui du milieu soutenu d'une étoile d'or,
26. « BALAIRÉ (?), gendre ches le Maury » (1645 et suiv.), f .35 ;
r. 2; n** 3. — D'azur à deux étoiles d'or, un soleil de même en chef,
et une eau d'argent en pointe.
27. c Jean BALAN, d*Aixe » (1645 et suiv.), f. 36; r. 1 ; nM. —
D'azur à la balance d'argent avec les plateaux d'or, accompagnée de
deux étoiles en chef et d'un cœur en pointe de même.
28. « M' BALAND » (entre 1667 et 1678), f. 64; r. 2; n* 2 (i).
— D'azur^ deux étoiles d'or en chef, et un croissant de même en
pointe,
« Croissant or, comme on me Ta commandé ».
29. « Vénérable M' Léonard BANDEL, chanoine de Sainct
Eslienne » (1627), f. 13 ; r. 4 ;n®2. — D'azur au chevron d'or sur-
monté d'un croissant d'argent, accompagné de trois losanges de
même, 2 en chef et i en pointe.
30. « BARBOU », f. 9; r. 3 ; nM. — D'azur à une main dextre
de carnation parée d'argent, mouvante d'une nuée de même du flanc
senestre et tenant une palme et un épi de blé d'or passés en sautoir,
et un croissant d'argent en chef,
L*armorial de 1696, où ces armes sont enregistrées sous le nom
de Jean Barbou, marchand à Limoges, donne le croissant d'or.
Il en donne aussi d'absolument semblables, mais sans croissant,
sous ce même nom de Jean Barbou, marchand à Limoges.
31. « ... BARDET, M" sellier » (1641), f. 24; r. 1 ; n*» 3. —
D'azur à l'arbre de sinople sur une Champagne de même, accosté de
deux étoiles d'or.
(I) Le Q* 3 de ce rang a été bi£fé. Le n* 4 le reproduit plus complet.
RIGUBIL dVrMOIRIBS LIMOOSINBS 4b^
32. «Estienne BÂRDINET » (i658 ou peu après), f. 59; r. 1;
Qo 3, ^ ffazur au cœur d'or, chargé des lettres È et B entrelacées.
33. « Dudit Estienne BARDINET » (1658 ou peu après), f. 59;
r. 2 ; n* 1 . — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef iun
croissQ^it d'argent entre deux étoiles d'or^ et en pointe d'un cœur de
même, chargé des lettres EetBde gueules.
34. « Pierre BARDINET » (1655-57), f. 52; r. 1 ; n*» 2. — D'or
à l'arbre de sinople terrassé de même, au chef d'azur chargé de trois
é9miu d'or.
a II y 8 d*aulres Bardinetz qui onl leurs armes diferentes : voyes
les en Tautre liTre, en divçrs endroictz » (f. 51 v*).
35. « M' BARDON, conseiller, gendre de M' de Traslage, aussi
conseiller » (1645 et suiv.), f. 34; r. 2 ; n" i.— D'azur, à l'aigle au
vol abaissé d'or empiétant un poisson d'argent.
a Jay faict les armes de M' Bardon, conseiller, filz d'autre s'
Bardon, aussi conseiller, comme elles sont, les 5 de la page sui-
vante, me les ayant ainsi commandées, diferentes dudit s' son ûlz,
les armes duquel sont au feulhel 15 les 6 (?), d'iceluy présent
papier » (f. 33 v»j.
Voir D"* Nycolas épouse du sieur Bardon.
36. « M' BARDON, conseiller » (entre 1630 et 1640), f. 15; r. 2 ;
n"" 3. — D'azur à trois bourdons d'or posés en pal et en sautoir,
accompagnés en flanc de deux étoiles de même et en pointe d'un crois-
sant d'argent.
37. a Dudit s' BARDON et de sa femme, tout (?) ensemble »
(entre 1630 et 1640), f. 45; r. 3; n» 1. — Parti, au /•' d'azur à
trois bourdons d'or posés en pal et en sautoir ^ accompagnés en flanc
de deux étoiles de même et en pointe d'un croissant d'argent; au 2^
d'azur au cerf d'or franchissant une rivière d'argent,
« Dud. s' Bardon et de sa femme, dame Catherine de Savignac,
tout ensemble. Ledict s' Bardon m'a dict du despuis qu'il faloit que
le cerf iraversapl une rivière. »
38. « Hugues BARDONNAUD » (1644), f. 32: r. 3; n» 3. —
D'azur au dextrochère d'argent, vêtu d'or, mouvant d'un nuage
d'argent au flanc senestre, et tenant deux bourdons d'or en sautoir;
trois étoiles d'or en chef.
39. « M' BARDOULAT d (1653-54), f. 49; r. 1 ; n*2. — D'azur
460 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT ËIStOKlQUE. DU LlMOUSlK
à une branche de sinople fleurie d'une rose d'or, soutenue d'un crois-
sant d'argent, accompagnée en chef de trois étoiles d'or, i et 2.
« J'ay faict les armes de M' Bardoulat, lieutenant (?) dEsmous-
tiers, scavoir : le champ d*azur; les 3 estoyies et rose du milieu
d*or; la branche de ladite rose de verd; le croissant d'argent; le
laurier hors l'escusson de verd » (f. 48 v«). •
Pierre Bardoulat, sieur du Plazanet, bourgeois de la ville d'Ey-
moutiers, qui en 1652 acheta la charge de François-Martial de
Yerthamon, a ses armes sur le plan de la ville de Limoges, dit des
Trésoriers : d'argent à une rose d'or tigée et feuillée de sinople, issant
d'un croissant de gueules, accompagnée de trois étoiles rangées en
chef d'or (Voy. planche 5).
47. « François BAR JOT », f.H ; r. 4 ; n° 2. — D'azur aux ciseaux
posés en pal et ouverts d'argent, accompagnés en chef d'une étoile
de et en pointe d'un croissant d'argent.
44. « M' BARNY n (entre 1667 et 1678), f. 61 v*» ; r. 3; n« 2. —
De gueules au chevron d'or, accompagné en chef de deux roses de
même et en pointe d'un lion aussi d'or.
i< Le champ de M. Rarny devoit estre d'azur au lieu de gueules,
et le chevron rompu d's^rgent ; mais je les ay fait comme il est mar-
qué dans ces armes. »
Jean Barny, avocat à Limoges, fit enregistrer ses armes en 1696 :
d'azur à un chevron d'argent, accompagné en chef de deux roses
d'or et en pointe d'un lion de même.
42. (c BARRY, capitaine de la maison de ville de Limoges (1),
1648 »), f. 38 ; r. 1 ; n« 3. — Parti, au /«' d'azur à trois barils d'ar-
gent l'un sur Vautre; au 2^ d'azur à trois lions passants l'un sur
l'autre d'or.
« J'ay faict les armes de (2) Barry, capitaine de la maison de
ville de Limoges, comme on peut voir les trois de la page suivante,
ainsin qu'il me les a commandées, en un panonceau des Pastres (3)
de St- Pierre. Celles de Jean Barry, son père, sont un lacs d'amour,
une estoyle pardessus, et lettres pareilles a celles de feu Pierre
Barry, son frère, qui sont au 5 feulhet de ce livre » (f. 37 v*).
(f) FoDClioDS qui lenaienl de Tappariteur et du concierge.
(9) Prénom en blanc.
(3) Confrérie bien connue qu'on désignait d'habitude sous le nom de
tt Pastoureaux ».
RBCUBIL d'aRMOIRIRS UMOUSINRS 461
43. « Pierre BARRY, dicl GOUVERNAT », f. 6; r. 3; n« S. —
D'azur au lacs ou cordelière d'argent entrelacée en forme de croix^
accompagnée en chef d'une étoile d'argent, aux (lacs des lettres P et
B, et en pointe de la lettre A.
44. 'Jean BARTON, évéque de Limoges (1458-1484 ou i484-lS10).
— Uazur au cerf à la reposée d'or, au chef échiqueté d'or et de
gueules de trois traits (Armoriai Lamy).
Un émail, appartenant au Cercle de TUnion (ancienne collection
Taillefer), porte ces armes.
45. « S' Jean BASSET, de Saint Mer (i)» (1642), f. 28; r.2;.nM.
— D'or au cœur enflammé de gueules y accosté des lettres I et B,
accompagné en chef et en pointe de deux branches de laurier de sino-
pie se croisant en sautoir.
46. « BASTIDE », f. 7; r. 2; n*» 2. — D'azur à la tête de vache
de gueules, chargée d'un chevron d'or.
47. (BEAUBIAT, BALBIAC). « BAUBIAC » (entre 1667 et 1678),
f. 62; r. 3; n* 3. — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef de
deux étoiles d'argent, et en pointe d'un croissant de même.
48. « BAUBIAD (;J) n (1640 etsuiv.)» f- *0; r.3; n» 2. —D'azur
à l'aigle au vol abaissé d'or.
49. 'Jean BAUD de Lesserie, conseiller du roi, receveur et
payeur ancien des officiers du bureau des finances de la généralité
de Limoges, fit enregistrer ses armes en 1696 : d'azur à l'aigle au
vol abaissé d'or, surmontée de trois étoiles d'argent rangées en chef,
et soutenue d'un croissant de même.
80. « S' BAYLE, Tun des bayles des Marchans » (1643), fol. 27 ;
r. 3 ; n* 1. — D'azur à la croix haute à deux traverses, Fextrémité
du bras supérieur dextre réunie au sommet, et le pied fiché dans un
cœur chargé des lettres P et B, le tout d'or.
(( J'ay faict les armes dudit S' Bayle en son panonceau des mar-
chans, que j'ai prinses sur un cachet, ou je feilz le champ d*azur,
et tout le reste d*orpin (3), représentant or ».
(\) Saint-Héard, probablement.
{t) D*une aulre écrilare que celle de Poncet.
(3) OrpiipeDt» couleur jaune (sulfure d*arseDie).
462 SOCIÉTÉ ARCBÉOLOOIQUR RT B1ST0HIQUR DU LIMOUSIIf
M. c< De BEAUBRUEIL, juge, prevost de Limoges», (1648 el
suiv.), f. 39; r. 1 ; n* 1. — De gueules au chevron (Tor, accompa-
gné en chef de deux yeux d'argent, et en pointe d'un pigeon de
même; au chef cousu d'azur au soleil d'or.
« Pour renterement du filz de Monsieur de Beaubrueii, juge pre-
vost de Limoges, j'ay faict ses armes comme sont les premiers de
la page suyvante, prinses sur un escusson qui a servy cy devant
pour des honneurs funèbres, qui avoienl le chef d*azur, le soleil
d'or et le bas de gueules, les deux yeux d'argent, le chevron d'or
elle pigeon d'argent » (f. 38 v«). (Voy. planches 3 et 5).
52. « M. de BEAUB[REUIL] », f. 10 ; r. 1 ; n» 2. — De gueules
au chevron d'or, accompagné en chef de deux yeux d'argent, et en
pointe d'un pigeon de même; au chef cousu d'azur au soleil d'or.
Jean de Beaubreuil, avocat en Parlement, membre de la Confré-
rie du Saint-Sacrement à Saint-Hichel-des-Lions en 1S36, a ses
armes dans le registre de cette Confrérie : elles sont de gueules au
chevron d'or, accompagné en chef de deux yeux d'argent, et en pointe
d'un pigeon de même.
i. Beaubreuil, trésorier de France à Limoges vers 1680, portait
de gueules au chevron^ accompagné en chef de deux yeux, et en
pointe d'un pigeon, le tout d'argent; au chefd'azjtir au soleil d'or.
(Voy. planches 3 et 5).
53. « Anthoine de BEAUBRUEIL, m* charpantier » (1644), f. 31;
r. 1 ; n° 3. — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef d'une
étoile de même entre deux yeux d'argent; et en pointe d'un soleil
d'or. (Voy. planches 3 et 6).
54. « Jean de BEAUNOM », f. 8; r. 1; n* 3. — De à un
chevron de accompagné de trois étoiles de
55. « BECHAMEIL » (entre 1667 et 1678), f. 63 ; r.'3; n* 2. —
D'azur à trois épis de millet d'or, deux et un.
56. « BECHAMEYS » (1657-1658), f. 56; r. 3; nM. - De
au chevron de accompagné de trois épis de millet de deux
en chef et un en pointe.
« Il y a d'autres Bechameys qui ont leurs armes diferentes, en
l'autre papier, pour avoir les 3 milletz non semblables et sans che-
vron rompu : au 52 feulhet de l'autre papier » (f. 55 v*).
57. * La ville de BELLAG a fait enregistrer ses armes à TAr-
morial de 1696 : d'argent, au chdteau de sable couvert d'un toit en
RECUEIL d'armoiries L1H008IIIR8 163
dos d'âne flanqué de deux tours et donjonné d'une autre tour y pavil-
lonnées et girouettées de méme^ le tout sur une rivière d'azur; au
chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or mal ordonnées,
58. « BELLEMIE, duMonlan de Magnine » (1667), f. 61 ; r. 1; nM
(1667). — D'azur au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent
et accompagné de trois œillets d'or, 2 et i .
a Voyes au ^ feuliet du présent livre : il y a les armes de Bel-
lemie qui sont différâmes » (f. 60 v®).
89. «A... BELLEMYE» (1641), f. 22; r. 3; n« 3. - D'azur à
une tête de femme d'argent, accompagnée de trois œillets d'or, i et 2,
<c Tay faict les armes de A. Bellemye en son panonceau, comme
bayle du Cierge des Marchans, 1641, sur un cachet qu'on m'a
monstre : le champ d'azur, la teste au dedans Tescusson blanche,
représentant argent, et les 3 hieruflees (giroflées?) de jaulne,
représentant or, avec les lettres A B qui estoient dans ledit qscus-
son que je n'ay pas voulu mettre. Les armes de feu son père,
Pierre Bellemye, n'ont point la teste du milieu : seulement les
3*fleurs dans Tescusson, scavoyr 2 de hault, et l'autre au bas »
(f. 21 v*)-
N Bellemye, greffier de la justice ordinaire de Bourganeuf,
fit enregistrer ses armes en 1696, mais n'en donna pas le dessin.
60. « *Jean DU BELLAY, évoque de Limoges » (1841-1S46). -
D'argent à la bande fuselée de gueules, accompagnée de six fleurs de
lis mises enorle, trots en chef et trois en pointe (Armoriai Lamy).
61. « Jean BELON » (1648 et suiv.), f. 36; r. 3; nM. — D'or au
chevron de gueules, accompagné de trois oubelons (1) de sinople.
62. « BELUT » (1682-83), f. 45; r. 3; nM. — D'azur au triangle
d'or, vidé d'azur et portant au centre un besant d'or, accompagné en
chef d'une rose de même, aux flancs de deux besants aussi d'or, et en
pointe d'un croissant d'argent.
63. « M' BENOIST », f. 2; r. 1 ; n» 3. — D'azur au chevron d'or,
accompagné de trois mains dextres bénissantes ^argent.
Hélie Benoit, marchand de Limoges et membre de la confrérie
(i) Plante des étangs nommée « Màssette », en botanique Typha, plus
connue sous le nom de Canne de jonc, ou de Quenouille. On la trouve
aussi dans des armes que s*altribuait un membre de la famille Blondeau
(Selon d*eau).
46 i SOCIÊTé ARCHftOLOOiQUK KT HISTORIQUK DU LIMOUSIN
du Saint-SacremeDl à Saint-Michel-des-Lions, en 1586, faisait pein-
dre ses armes dans le registre de cette confrérie : d^or à deux bran-
ches [de buis] de sinople^ accostées des lettres H. B. de sable, le tout
lié d'un ruban de gueules. (Voy. planches 1 et 3).
64. a Pierre BENOIST, brodeur » (1648 et suiv.), f. 38; r. 3; n2.
— D*azur au chevron d'or accompagné de deux mains bétiissantes
d'argent en chef et d'un arbre de sinople en pointe; au chef d'azur
soutenu d'or, chargé d'un croissant d'argent entre deux étoiles d'or.
68. « M' BERTRAND, chanoine de Sain t-Estienne « (1643-44),
f. 28; r. 1 ; n* 3. — D'azur à deux cygnes affrontés d^ argent, mem-
bres d'or, buvant dans un vase de même,
(( J'ay faict les armes de feu M' Bertrand, chanoyne de St Estienne,
sur d'autres que j'ay veu, qui aToient le champ d*azur, le corps et
col des cignes d'argent, les aisles, les deux jambes et couppe d'or,
comme aussi Taneau d'or qui est entre les deux colz des cignes »
(f. 27 v°).
66. <c François BESSE, marchau chapelier » (1) (1648 et suiv^),
f. 41 ; r. 3 ; n*» 3. — D'or à V arbre de sinople, au léopard de gueules
brochant sur le tronc de l'arbre.
67. <( M' BESSE, preblre de S' Pierre » (entre 1640 et 1642),
f. 22; r. 3 ; n** 1. *— D'or à l'arbre de sinople, au léopard de gueules
brochant sur le tronc de l'arbre.
68. « Pierre BESSINES, archer », f. 11 ; r. 1 ; n« 3. — D'azur au
cygne d'argent sur une rivière de même, accompagné des lettres
P. etB. et en chef une étoile de
« Le cigne et la rivière sont blancz au lieu d'argent, un peu
d'herbe de chasquc costé. »
69. « La Lieutenente de BEYNACT («te) » (entre 1667 et 1678),
f. 64; r. 1 ; n* 3. — D'azur à l'arbre de sinople, une rivière d'argent
en pointe,
70. « M» BEYSSAT » (1628), f. 14; r. 3; nM. — D'azur au che-
vron dor, surmonté dune étoile de,,,,, et accompagné de trois trèfles
d'or.
71. « M' BlAYS », f. 3; r. 3; n« 3. — D'azur au chevron d'or,
accompagné de trois bâtons noueux d'argent.
(\) D*une autre main que celle de Poncet.
RKCUIIL d'aRNOIRIBS LIMOUSINES 465
Ce sont les armes que portail Jeaa Biays, élu pour le Roi en
Haut-Limousin, et membre de la confrérie du Saint-Sacrement à
Sainl-Michel-des-Lions, en 1856. (Voy. planche 3).
72. « Guilhaume BLANCHARD, cy devant gager de la maison de
ville » (1640), f. 18; r. 3; n* 1. — D'azur à la croir haute d'or^ et
un cygne d'argent brochant sur sa tige qu'il entoure avec son cou.
73. « Joseph BLANCHARD », f. 8; r. 1; nM. — D'or à dix
flammes de gueules posées 3, 2^ 3 et 2,
« Les armes des Blanchardz doivent avoyr le champ d'or, les
flammes de gueules; ou les dites flammes d*or, champ d'azur. »
74. « BLANCHARDON » (1653), f. 47; r. 3; n'i. --D'azur au
sautoir d'or, accompagné en chef d'une étoile de même et en pointe
d^un soleil aussi d'or.
« Il y a d'autres Blanchardons qui ont leurs armes diferentes.
Voyez le 21' feulhet de ce livre .»
78. « BLANCHARDON, marchant des faux bourgs de iMagnigne »
(entre 1640 et 1642j, f. 21; r. 3; n» 3. — D'azur au dextrochère
d'argent, vêtu d'or, issant d^un nuage d'argent, et tenant trois épis
de blé d'or.
m
76. « BLONDEAU, de Solompnîac » (1630) (1), f. J8; r. 1 ; nM.
— D'azur à la tige de sinople, fleurie au sommet d'une rose d'or^
soutenue en pointe d'un croissant d'argent, et accostée de deux
étoiles d'or.
77. « M' BLONDEAU, trezorier, consul » (1637). — Coupé : au /«'
d'argent au lion issant de gueules ; au 2^ d'azur à l'arbre d'or,
accosté de deux étoiles de même; à la bordure d^or chargée de six
lions léopardés de gueules.
« Les armes de M' Blondeau, trésorier, premier consul de Limo-
ges, 1687, sont les premières de la page suivante, ayant Theaume
de fron, la moictié du hault de Fescusson d'argent, dans lequel y a
la moictié d*un lion rampant, de gueules, qui est rouge; l'autre
moictié de l'escusson au bas est le fondz d'azur; l'arbre, son terroir
et les deux estoiles d'or; le bord dudit escusson est d'or, dans
lequel sont 6 lions ou leopardz rouge brun, sans apparence de
queues ».
(I) En tête de ce rang d'écusscos, celte mention : « Quatre balles d\]|
Cierge des Marchans, f630. »
466 SOCIÉTÉ ABCHÉ0L06IQUR BT HISTORIQUB DU LIMOUSIN
« Si on en veut faire d'autres, faudra scayoir comme on les vou-
dra. » (f. 55 V*).
Le plan de Limoges, par Â. Jouvin de Rochefort, dressé vers
1680, donne pour armes au trésorier Jean Blondeau : d'azur au
lion d*or. (Voy. planche 5),
Gabriel Blondeau de Venteau, écuyer, président trésorier de
France au bureau des finances de la généralité de Limoges, ût
enregistrer ses armes en 1696 : d'azur au lion dor, les pattes de
devant passées en sautoir, et la queue passée entre les jambes et
remontant sur le dos.
78. « M' BOISSE » (1679 ou postérieur), f. 67; r. 2; n« 2. —
D'azur à l'arbre de sinople terrassé de même, au chef cousu de
gueules chargé d'une rose d'argent entre deux étoiles d'or,
Jacques de Boisse, seigneur de La Farge, paroisse d'Eyjeaux, fit
enregistrer ses armes en 1696 : fascé d'argent et de gueules de six
pièces, les fasces d* argent chargées chacune de trois mouchetures
d'hermine de sable.
Voir aussi Boysse.
79. « De monseigneur DE BONNËVAL et de madame sa femme »,
f. 8 R V* (1). — Parti : au /«' d'azur au lion d'or; au 2^ écartelé aux
/' et 4^ d*or à trois poissons de gueules^posés en pal 2 et 1 ; au 3*
d'or au lion de gueules; au 4^ de gueules à la comète d'argent.
Ecusson peint.
80. « Le comte de BONNEVAUD », f. 12 R v» (2). — D'azur au
lion dor, qui est de Bonneval comme le précédent.
Ecusson peint.
81. « M' BONNEYSSET, juge de Solompnhac » (1642-43), f. 26;
r. 1 ; n° 1. — D'azur à l'arbre de sinople, le tronc chargé d'un cœur
d*or, surmonte de rayons de même issant du chef, et accosté de deux
étoiles et des lettres P et B, le tout d'or.
« Il y a d*autres Bonneyssetz, de Solompnhac, qui ont leurs
armes diferentes. Voyes Tautre papier, feulhet 80 » (f. 25 v*).
N... Bonneysset, juge de Solignac, et N... Bonneysset du Maraud,
(1) Seal ecusson de la page. Un autre a été esquissé à la sanguine au
dessous; mais il est peu distinct. Nous rappelons que les numéros dn
foliotage suivis d'un R renvoient aux feuillels du livre pris k rebours.
(2) Seul ecusson de la page comme au f. 8R v*.
RBCOBIL D*AltllOlltlB8 LIMODSINBS 467
de la ville de Solignac, firent earegistrer leurs armes en 1696, mais
n'en donnèrent pas le dessin.
82. « M'BONNIN », f. 3; r. 2; n* 3. — D'azur an pélican d'or.
« Le pélican, les 3 oyseaux et teroir (?) sont tous d'or, tires
de noyr{l). »
83. « M' BONYN, bourgeois et marchand (consul 1688} », f. 58;
r. 2; n» 3. — D'azur au pélican sur son aire se becquetant restomac,
le tout d'or, et deux étoiles de même en chef.
« M' Bonnin, bourgeois et marchand : champ d'azur dans lequel
y a un pélican et ses petitz d'or, qui sont dans un grand tertre
ou nid, tous d'or » (f. 87 v°).
84. BONY (de). « M' de La Vergue et de sa femme » (1628), f. 14;
r. 2; n'^^ et 2.
De Bony, seigneur de La Vergue : parti: au /•' de gueules à trois
besants d'argent (qui est de Bony) ; au 2^ bandé d'or et de sinople de
six pièces (qui est de Sala^nac-Rochefort).
Ce sont les armes de Jean de Bony de La Vergue et de sa seconde
femme (1608), Anne de Salagnac, fille de Fiacre de Salagnac, sei-
gneur de Rochefort.
Jean Bony de La Vergue, écuynr, seigneur de La Vergue, fit
enregistrer ses armes en 1696 : de gueules à trois besants d'argent,
deux en chef et un en pointe,
88. « Armes de M' BONYdeLa Vergneetde dame (2) sa femme
toutes entières, que j ay prinses sur une assiette d^argent faicle a
Paris. Je ne sçay point le blason ». —Parti : au 1 ^^ de gueules à trois
besants d'argent, deux et un (qui est de Bony); au 2* de... à la fasce
de... accompagnée en chef de trois étoiles et en pointe d'un lion de...
BOSFREN on BOFFREN. Voir de Brie, seigneur du Bosfren.
86. « BOUDET, gendre ches Ardant » (1644), f. 31; r. 1 ; n*» 2.
— D'azur au chevron d'or, accompagné en pointe d'une étoile à six
rais de même.
« Voyes le 19 feulhet de ce livre. »
c II y a d'autres Boudetz qui ont leurs armes difercntes, comme
au feulhet 19 de ce papier » (f. 30 v*).
87. « EstienneBOUDET, maitre chirurgien » (entre 1640 et 1642),
(4) G'esl-à-dire avec Hes traits noirs pour accentuer les détails.
(5) Ce rang comprend uo seul écusson.
i68 SOCIRTË AftOBÈOLOGlQUR KT HIStORIQUR DU LlMOnSIN
f. 19; r. 2; n^ 1. — D'azur au chevron d'or, accompagné de deux
étoiles de même, l'une en chef, l'autre, en pointe.
« Voyez le 31" feulhet de ce livre. »
88. (BOUILLON), « M^ BOULHON » (1628), f. 13; r. 2; n« 3. —
Parti : au /®' d'azurà l'aigle au vol abaissé d'argent; au 2* de sino-
pie à trois pommes de pin d'or, posées eii fasco, 1 , 1 et 1 ,
« J ay faict les armes de M. Boulhon, greffier en la ceneschanlcee
de Limoges, pareilles aux 6 de la page suyvanle : pour le blason, il
est diferend en ce que Taigle est d'or, champ dudit azur; les oval-
les en grisie sont d'argent, champ de gueules »
« J*ay fait (Fan 1648, en un petit escusson de S*« Croix), les
armes dudit s" Boulhon, commis au greffe de la'prevosté geoeralle,
diferentes de blason de celles qui sont les 6 de la page suyvanle, en
ce que Taigle est d*or, le champ d'azur ; pour les 3 ovales de rauUi e
costé, sont d'argent; le champ de rouge. S'il en faut fere d'autres,
faudra scavoyr comme on les veult fere. »
En 1567, Marguerite Boulhon, veuve de Pierre Mauplo, bour-
geois et marchand de Limoges, faisait une fondation à Saint-Pierre-
du-Queyroix de Limoges; ses armes, telles qu'elles sont ci-dessus,
y furent gravées avec une inscription mentionnant cette fondation.
Mais ce que le peintre Poucet appelle ici « des ovalles en grisie >*,
a toujours été pris pour des pommes de pin,
89. * BOURBON La Marche. — D'azui à trois fleurs de lis d'or
(qui est de France), à la bande de gueules chargée de trois lionceaux
d'argent. (Armoriai Lamy). — Ce sont les armes que portait aussi
la ville du château du Dorât, capitale de la Basse-Marche (Armo-
riai général Traversier), pendant que la basse ville, dont le chapi-
tre était seigneur, poriàïl de gueules à deux clefs d'argent en sautoir,
accompagnées de quatre fleurs de lis d'or, 1 , 2 et i (sur la cloche
de 1600).
90 « Jean BOURBOULOU » (1634-56), f. 50; r. 2; n» 3. —
D'azur au cœur surmonté d'un soleil et de deux étoiles, accompagné
en pointe dun vol, soutenu de deux branches liées ensemble par la
base, le tout d'or.
91. « M' Jean BOURBOULOU, sergent royal » (1650 à 52), f.43;
r. i ; n* 1. - D'azur à deux étoiles, l'une au-dessus de l'autre, à
dextre, et une palme fichée dans un cœur à senestre, le tout d'or.
90. « Jean BOURDEAU, d'Aixe » (1655-57), f. 55; r. 3; n« 2. -
Pe au chevron de , accompagné en chef des lettres I et B^
RRC0B1L d\rM0IB1BS LIMOUSl!fRS 409
Bapliste Bourdeau, marchand de Limoges, li( enregistrer ses
armes en 4696 : d'azur au château d'argent flanqué de quatre tour»
rondes pavillonnées et girouettées de même, bâti sur une eau ou
rivière aussi d'argent ondée de sable, le château sommé d'une espèce
de clocher garni d'une cloche d'argent et surmonté d'un lion léopardé
d'or. Ce sont les armes de la ville de Bordeaux.
93. i< Dudit BOURDEAU el de sa femme, Marie Montalier »
(16SS-57), f.65; r.3 ; n»3. — Parti :au /" de au chevron de ,
accompagné en chef des lettres I et B; au 2« de au chevron
de , accompagné en chef des lettres M et M, et en pointe d'un
croissant de
94. * Pierre BOURDIER-RABI, marchand à Limoges, fit enre-
gistrer ses armes en 1696 : d'argent au lion de gueules passant sur
une terrasse de simple, accosté d'un P et d'un B de sable; la terrasse
chargée d'un B d'or, et le chef d'azur à trois étoiles d'argent.
95. (DUBOUCHÉ) « de Jean de BOUSCHEYS, m'' serrurier [el]
de Narde Eycheveau (?), sa femme » (1644), f. 31; r. 3; n" 3. —
Parti : au /«' d'azur à deux lévriers passants d'argent l'un sur
l'autre; au 2^ d'azur au soleil d'or, au chef de même.
DU BOUSCHET. Voir Lamberlie, seigneur du Bouchel.
96. (c Léonard BOUTAUDON » (1682-K3), f. 47; r. 1 ; n» 2. —
D'azur à Varbre de simple, terrassé de même, un soleil de gueules
mouvant de l'angle dextre de Vécu.
<c J'ay fait les armes dudit Boulaudon sur un cachet d'assietle
qu'on m'a monslré,ausquelles j*ay mis Theaulme et tymbres, comme
son iilz aisné m*a commandé »> (f. 45 v**).
97. « M' Jean BOUTINEAU, chanoine de St-Eslienne, prises sur
son cachet d'argent » (1687-58), f. 57 ; r. 1 ; n*3. — D'azur à deux
mains d'argent mouvant d'un nuage de même à dextre et à senestre,
et tenant un cercle dHor.
<( J'ay faict les armes de feu maistre Jean Boutineau, chanoine de
StEstienne, prises sur son cachet d'argent. Le fondz est d'azur;
Taneau qui est au milieu, d'or; les mains, commencemens de bras
et nuées tout d'argent » (f. 56 v*).
Antoine Boutinaud, chanoine de Saint-Etienne, fit enregistrer ses
armes en 1696 : d'azur, à deux mains de carnation, parées d'argent,
tenant une bague d'or, avec son chaton garni de rubis, posée en
coeur, accompagnée de trois étoiles d'argent rangées en fasce.
470 SOCIÉTÉ ARCHIiOLOGlQUS BT HI9T0KIQUB DU LIMUUSIH
98. a Thomas BOUTINEAU », f. 6 ; r. S8 ; nM . — D'azur, à deux
mains d* argent issantes d'un nuage de même au flanc dextre ettênet-
ire y et tenant un cercle d'or.
99. ^François BOUVERYE, marchand, fit enregistrer ses armes
en 1696 : d'or à un arbre de simple sur une terrasse de sable, et au
Hrpent de gueules tortillé autour, accosté de deux lettres F et B de
sabh.
100. (BOILEAU) « de ^^ ) BOYLAUD » (1 644), f. 29 ; r. 3 ; n* 2. —
D'azur à l'arbre de sinople surmonté d'un croissant d'argetit entre
deux étoiles d'or.
101. « Dudit BOYLAUD [et de] Magdelaine (?) GROS, sa femme »
(1644), f. 29; r. 3; n« 3. — Parti : au /«' d'azur à l'arbre de sinople
surmonté d'un croissant d'argent entre deux étoiles d'or; au 2^
d'azur au globe surmonté d'une croix d'or, accompagné en chef de
deux étoiles de même.
102. <( M'BOYOL », f. 2; r. 3; n» 2. — D'azur, à la fasce en
divise de gueules accompagnée d'un lion léopardé d'or en chef, et de
six besants de même en pointe, Sy 2 et 1 . (Voy. planche 1).
BOYS (du). Voir DUBOIS, DU BOYS.
103. « BOYSSE, de la Cité » (1650-52), f. 44 ; r. 3; n« 2. — De...
...au chevron de surmontédun croissant entre deux étoiles de...
...accompagné en pointe d'un buisson de sinople.
« C'est un buysson tout yerd, rehaussé de jaulne ».
104. « BOYSSE » (1644), f. 33 ; r. 2; n» 2. — D^ à un buisson
de sinople sur une terrasse d'argent, accompagné en chef de trois
étoiles de et en pointe d'un croissant d'argent.
Voir aussi BOISSE.
105. « S' (2) BOYSSE, espicier, gendre de ches Texandier »
(1642-43), f. 26; r. 2; nM. -- D'or au bois ou buisson de sinople,
surmonté d'un croissant de gueules.
« J'ay faict ledit blason ».
106. « Gerald BRAMAUD, d'Aixe » (1655^7), f. 51 v; r.l ; nM.
(I) Prénom en blanc.
{%) Prénom en blanc.
mCORlL d'aRMOIRIBS LlItOUSINBâ 49 1
— ffazur au poisson d'argent posé en face, accompagné en chef
d'une étoile d'or et des lettres G et B de même et en pointe d'une
rivière d'argent.
107. « M' Hugues DE BREAU, preblre de S* Michel » (1628),
f. 13; r. 2 ; D"" 2 — D'or à la croix haute de gueules fichée dans un
coeur de mémcy deux rameaux de sinople sortant du bas de la croix,
et deux autres en sautoir soutenant le cosur,
108. « Jean BREGEFER dict le Manoy » (1627), f. 13 ; r. 1 ; n» 3.
— D'azur à l'autruche d'argent portant dans son bec un anneau de
même, senestrée d'une rose d'or.
« L'austruche et Taneau sont d*argeQt ; les pâtes de noyr rehaus-
sées de blanc ».
109. (DUBREUIL, DUBREUIL) « de BREIL (1) « (1648 et 49),
f. 42 ; p. 1 ; n'* 2. — D^ au cœur d'or portant une croix haussée
de même,
110. « Simon BRIANGE » (1655-87), f. 51 ; r. 2 ; n«2. — D'azur
au chevron d'or, accompagné en chef d'un croissant d'argent entre
deux étoiles d'or, et en pointe d'un autre croissant d'argent.
111. « Dudit BRIANGE et Marie REYNIER, sa femme» (1655^7),
f. 61 ; r. 2; n'3. — Parti: au /" d'azur au chevron d'or, accompagné
en chef d'un croissant d'argent entre deux étoiles d'or et en pointe
(f'tin autre croissant d'argent; au 2* d'azur à l'aigle au vol abaissé
d'or, accompagnée de trois cœurs d'or, 2 en chef et 1 en pointe.
112. (DE BRIE, seigneur de Boffran ou Bosfranc) « Noble DU
BOSFREN », f. 11 R; r. 1 ; nM. — D'azur à trois lions d'or, lam-
passés de gueules couronnés d'or, deux et un.
« L'heaulme de fron. »
Voir le fuelhet 11 de ce livre.
113. Id. « Noble(2) DE BOSFREN », f. 2R ; r. 2; n» 1. - D'or
à trois lions de gueules, couronnés de même, posés deux et un.
Ecusson peint.
tf Pour Fenterement de feu noble (3) s' de Boffren, je feitz
(1) D'uae autre main que celle de Poncei.
(i) PréDom resté en blanc. ,
(8) Un blanc,
47i SOCIÊTR AKCHÉOLOQIQUB KT HISTORIQUE DO LIMOUSIN
60escussoQs, savoir 20 eo lier de ses armes, qui sont troys lions
rainpans de gueules, ayaol chacun une couronne de gueules, champ
d'or, et rheaulme d'or a Tordinaire; anlres vingt escussons aussi
tous entiers (?) des armes de dame(l) sa vefve, qui sont cinq fleurs
de lys d'argent, champ de gueules; le cordon blanc, tout entiers,
— et autres 20 escarlelcs, moiclié desdilz sieur et dame tout ensem-
ble, ayant Theaulme au coslé droict et ledit cordon au coslé
gauche, comme on peut voir cy dessus (2).
» Depuis, j'ay faict lesdites armes pour feu (3) : j'ay fait le champ
d*azur, les 3 lions couronnés d'or ».
H 3. Id. [DE BOFFREN] « de dame (4) sa vefve », f. âR; r. 2;
n« 2. -- De gueules à cinq fleurs de lis d'argent posées deux, une et
deux.
Ecusson peint.
114. Id. [DE BOFFREN] « desdits s' et dame tout ensemble,
escartelées », f. 2R; r. 2 ; n"* S.— Ecartelé : aux i*et4* d'or à trois
lions de gueules couronné^ de même, posés deux et un; aux 2^ et 3^
de gueules à cinq fleurs de lis d* argent, posées deux, une et deux,
Ecusson peint.
H5 « Marcial BRIGUOT » (1650 à 52), f. 42; r. 3; n« 2. —
D'azur à l aigle au vol abaissé d'or, un croissant d'argent en
pointe.
116. « M"^ BRISSAUD, advocat » (1652 ou 54), f. 47; r. 3; n» 3.
— Parti : au 1*^ d'azur soustenu d'or à trois étoiles rangées en fasce
de même, surmontées d'un soleil aussi d'or; au 2« de gueules à deux
mains d'argent tenant un cœur d'or.
117. « Nicolas BRISSET, filz de feu M' Jean Brisset, sergent
royal » (1648 et suiv.), f. 41 ; r. 1 ; n? i. — D'or à l'arbre de sinople,
au chef de gueules à trois étoiles d'or.
« Les armes dudit Nicolas Brisset sont diferentcs de celles de feu
son père, qui sont au 16 feulhet de ce livre » (f. 40 v*»).
118. « M' Jean BRISSET, sergent, et Marsalle Roudaud, sa
femme » (entre 1630 et 1640), f. 16; r. 2; nM. — Parti : au /•'
d'azur à la plante de trois tiges de sinople, fleuries à leur sommet
(«) Un blanc.
(2; Ce sont les deux blasons qui suivent, n* H i.
(3) Un blanc.
(4) Un blanc.
KkctUL D^RMOlRlfiS LllIOOSlNKà 4^3
(tune rose d'or; au 2^ d'azur au chevron d'or, surmonté iun soleil
de même et en pointe une roue aussi d'or.
a Les armes de Nicolas Brisset, filz dudit M' Jean Brisset, sont au
41 feulhel de ce livre » (f. 15 v«»),
119. (DEBROA) « DEBROUA » (1646), f. 37; r. 2; n* 3. —
D'azur à la cordelière entrelacée en forme de croix d'argent, accom-
pagnée en chef de deux roses d'or.
120. « Claude BROULHAUD » (1644), f. 31; r. 2; n» 3. —
D'azur à l'aigle essorant d'un nuage d'argent, en pointe une rivière
de même.
121. «DE LA BROUSSE, s' de Teyssonnieres » (1640), f. 18;
r. 2; n* 1. — D'or à l'arbre de sinople, au lion de gueules passant
derrière le tronc de l'arbre.
m Pour les armes de feu Ptiilippe de La Brousse, s^ de Teyssoa-
niëres, les ay faicles sur un cachet de vesselle qu*on m'a monstre,
qui avoit le lion dernier Tarbre, comme on peult voyr aux 4 de la
page suyvanle. J'ay faict le blason, scavoir le fondz d'or, le lion de
gueules et Tarbre vert, le timbre d'or. »
122. (DE BREIL) « Jean DU BRUEIL, m'* mareschal des faux-
bourgs de Monlmalier » (1657-58), f. 57 ; r. 3 ; nM. — D'azur à la
croix haussée fichée dans un cœur de chargé des lettres L D. B.
123. * François BRUNET, trésorier de France à Limoges, a ses
armes sur le plan de cette ville dressé par A. Jouvin de Rochefort,
vers 1680, elles sont d'azur au léopard d'or accompagné en chef
d'une étoile de même entre deux croissants d'argent. (Yoy. planche 5j.
124. « BRUNIER (?), m'- ceinturier, autreman BELAT (1) »
(1648 et suiv.), f. 39; r. 3 ; n" 3. — D'azur à f arbre de sinople ter-
rassé de même, accompagné de cinq étoiles d'or, 1 , 2 et 2.
125. « GAGNAT » (1660-52), f. 44 ; r. 3; n« 3. — D'azur au coq
d'argent, et trois étoiles de en chef.
126. (GAILLAUD) « Françoise GAILHAUD » femme de Pierre
MElNSAT (1643-44), f. 28; r. 1 ; n« 2. — Dazur à la montagne de
cinq coupeaux d'argent.
(I) Ces deux derniers mois d'une écrilure postérieure.
T. LU 31
474 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et ÉIStORl^UB bU LllIOnSI^
127. • François CARBONEL DE CANISY, évéque de Limoges
(1695-1706) fit enregistrer ses armes en 1696 : coupé de gueules et
d'azur à trois tourteaux d' hermines ^ 2 et i .
128. *DE CARBONNIÈRE. — D'argent semé de charbons ardents,
à trois bandes d'azur. (Armoriai Lamy).
Melchior deCarbonnière, gentilhomme et seigneur de Sainl-Brice,
fit enregistrer ses armes en 1696 : d'argent semé de charbons de sable
allumés de gueules, a trois bandes d'azur brochant sur le tout. La
maintenue de 1666 les donne d'une manière plus exacte : d'azur à
trois bandes d'argent chargées de dix flammes de gueules, quatre,
trois, deux et une.
129. « CARRIER » (1642), f.25; r. 2; n»2. —D'azur au chevron
d'or accompagné de trois losanges d'argent où sont trois étoiles d'or.
« J'ay prins les armes de Carrier sur d'autres qui ont cy-ilevant
servy pour des honneurs funèbres » (f. 24 v*).
130. i< W Pierre CARRIERE » (1655-1657), f. 52; r. 2; n« 2. —
D'azur, au lion d'or contourné, affronté avec un chien passant
d'argent,
« J*ay fait les armes dudit s' Carrière aux 5 de Taulre page,
prinsessur un cachet d'argent qu'on m'a monstre, pour Tenlere-
ment de sa femme, qui esloit des Poylevés ; après j'en faictz (sic)
d'autres pour Tenterement dudit s' Pierre Carrière, comme elles
sont les 8 dQ la page suivante, prinses sur un panonceau de con-
sul » (f. 51 v»).
131. « Les autres armes dudit s' Pierre CARRIERE sont par
dessus » (1655-57), f. 52; r. 3; n*» 2. — D'azur au lion d'or, sur-
monté d'une étoile de même.
132. *DES CARS-LAVAUGUYON. — De gueules au pal de valr.
(Armoriai Lamy).
François des fiars, seigneur des Gars, fit enregistrer ses armes
en 1696, telles qu'elles sont ci-dessus.
133. « Pierre CELIERE l'aisné » (entre 1640 et 1642), f. 22; r. 3;
n" 2. — D'azur à trois épis de seigle d'or, posés 2 eti , accompagnés
en chef d'un soleil de même.
lidL famille de Seiglière porte d'azur à trois épis de seigle d'or,
posés 2 et y. Le nom de Geliere semble être une transformation de
celui de Seiglière.
HEtUEIL D*ARM01R1ES LlMOUSINltS 4^5
134. « M' Léonard CERTE, advocat » (1684-55), f. 50; r. 2; n« 2.
— D^azur à deux maitis mouvantes dun nuage d'argent aux deux
flints de reçu et tenant une couronne de laurier d'or et un chevron
abaissé de même y accompagné en pointe d'un cœur aussi d'or; au
chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or.
« Il y a d'autres armes de Certe, diferentes. Voyez le 28® de
Tau Ire livre » (f. 49 v").
135. « CEYNAT », f. 4; r.2; n*» 3. — D'azur à la fasce en di-
vise d^argent, accompagnée en chef d'un croissant d'argent et en
pointe d'un seau d'or accosté de deux étoiles de même. .
« J'ay fait les armes de chez Ceynat sur d'autres qu'on m'a
monstre ayant servy (?) a des honneurs funèbres. Le ceau est d'or
et la berle (1) estoit (î) seulement de noyr, tirée au rehault d'un
peu de blanc » (fol. 4 v»).
136. « Léonard CHABROL dict LAMY » (1648 et suiv.), f. 40;
r. 2 ; n** 2. — D'azur à la muraille d'argent maçonnée de sable, en
chef une étoile d'or.
« J'ay prins les armes 5 de la page suyvante sur un cachet d'as-
siette » (L 39 V).
137. u Joussem CDAMBINAUD, marchand » (1667 ou peu après),
f. 61 ; r. 1 ; n* 2. — D'azur à la cordelière d'argent entrelacée en
forme de croix^ portant sur les deux bras deux coqs, affrontés d'or,
couronnés de gueules, accompagnée en chef d^un chérubin d'or et en
pointe d'un cœur de même transpercé par deux flèches aussi d'or
empennées d'argent.
« Il y a des Chambinaud qui ont leurs armes différantes, qui
n'ont point d'ange, comme pouvez voir dans ledit (?) livre » (f. 60 v").
138. « CHAMBINAUD, près S» Marcial » (1648 et suiv.), f. 41 ;
r. 1 ; n"* 2. — D'azur au lion d'or.
139. « CHAMPAGlNAT, femme du S' Meynard » (1627), f. 12;
r. 1 ; n« 2. — D'azur au chevron d'or y accompagné en pointe d'un
grelot de même, au chef cousu d'azur à trois étoiles d'or.
a Pour celles (les armes) de Ches Ghampagnat, on me les a ainsi
commandées. S'il en fault fere (?) davantage, faudra scavoyr comme
on les voudra. »
(I) Berlo, anse.
4^6 SOCIÉTÉ ARCBfcoLOblQUB Et BlStOKlOUB bll LlttOUSlH
140. ''Melchior CHAMPALIMAUD, assesseur de la maison de
ville de Limoges, fit enregistrer ses armes en i696 : d'argent à trois
fleurs de gueules en bouquet, au chef d'azur chargé d'un soleil d'or.
Baptiste Gtiampalimaud, marchand de la ville de Limoges, fit
aassi enregistrer les siennes, mais négligea d'en donner le dessin.
141. <c CHANTOIS, sieur » (1645 et suiv.), f. 34; r. 3; n«»2. —
D'azur au chevron d'or, accompagné de trois besants d'or et un
lambel de trois pendants d'argent en chef.
N... Chantois de TAumonerie fit enregistrer ses armes en 1696 :
^argent au chevron de gueules, accompagné de trois tourteaux de
même, deux en chef et un en pointe.
Les armes de cette famille, qui sont à une clef de voûte de Téglise
d'Aixe, ont le lambel.
142. « CHAPELLAS » (entre 1667 et 1678), f. 61 ; r. 3; n» 3. —
D'azur à une chapelle d'argent, accompagnée de trois poires dor»
deux en chef et une en pointe.
143. « Eslienne GHAPTAL » (1680-82),f. 43; r. 2; nM. — Z)^
à une hache de entre les lettres E. C.
144. « Léonard CHARLES, praclicieu » (1645 et suiv.), f. 33;
r. 1; n*» 2. — D'azur au croissant d'argent et une eau de même en
pointe.
145. « M^ CHASTAGNAG, recepveur (?) » (1642), f. 25; r. i ;
n° 1. — D'argent au châtaignier de simple sur une Champagne de
même, fruité d'or, accosté de deux lions adossés de gueules.
« Les premières armes de la page suyvante sont de M** Ghaslai-
gnac, receveur (?), qu'il me fit fere pareilles, 1642, qu'il tint la feste
Dieu de S^ Michel ; et sont ses armes et celles de Madame sa femme,
qui est des Decorde (?) tout ensemble : le champ d'argent; le chas-
tain et leroir vertz; les chaslagnes de jaulne, et les lions de gueu-
les, qui est rouge » (f. 24 v**). ( Voy. planche 1).
146. « De M' GHASTAGNAT, grand prevost » (1685;, f. 81 ; r. 1 ;
n^" 1 et 2 (1). — Ecartelé: aux /«' et 4* d'argent au châtaignier de
sinople; aux 2* et 3^ d'or à deux lions adossés de gueules.
(c Monsieur Ghastagnat, grand prevost en la généralité de Limo-
ges, tint la Fesle Dieu de S' Michel 1655; mefitfere ses troys grandes
(1) L'écusson lient la place ordlnaireoienl occupée par deux blasons.
RBCDBIL D*AliM0IR1ES LIMOUSINBS 477
armoiries comme elles sont premières de la page suivante, qui sont
escartelées : les siennes sont un arbre chastanier, champ d'argent,
et celles de feue dame Decordes, sa femme, qui sont les 2 lions de
gueules, champ d*or, — prinses sur un cachet qu'il me fit voir. Si
on en veut fere d'autres, faudra scavoir s*ilz les veulent pareilles
ou non.
» Il y a d'autres armes de M" les Chastagnalz diferentes. Voyes
les aux 4 et 47* feulhetz de l'autre livre, et premier feulhet du pré-
sent livre » (f. 50 v'*).
147. (i M' CHASTAIGNAT », f. 2; r. 3; n° 3. - D'argent au
châtaignier de sinopte, fruité d'or, accosté de deux lions adossés de
gueules.
« M. Chastagnat {i) avoit, en champ d'argent, en ses armes
anciennes : un arbre chastaing seulement; ausquelles il a aug-
manlé de deux lions rampans, de gueules, au corps dud. arbre, qui
sont ses armes et de madame sa femme tout ensemble, laquelle est
de M«'*" les Descordes, qui ont pour leurs armes deux lions de
gueules, champ d'or » (fol. 2 v").
Pierre Chastagnac, trésorier de France à Limoges, a ses armes
sur le plan de cette ville dressé vers 1680 par A. Jouvin de Roche-
fort; elles sont d'or au châtaignier de sinople sur une terrasse de
même, accosté de deux lions adossés de gueules. (Voy. planche 5).
De CHASTELART. Voir Maignac, sieur de Chastelarl.
148. « De M' de CHASTENET », f. 4R V; r. 2; nM. (2) —
D'argent au châtaignier de sinople, accosté de quatre hermines, deux
et deux, au chef d'azur soutenu de gueules^ chargé d'un soleil d'or.
Ecusson peint.
« Armes de M' de Chaslenet, senechal de Montmorilhon, que
j'ay prinses sur d'autres, en broderie. — Celles de feu M' son père.
Lieutenant gênerai, sont diferentes. Elles sont au S" feulhet de ce
livre ».
« Voyes le feulhet 10 de ce livre et un autre feulhet joignant
aussi merqué 10, qui sont tous deux merqués 10 « (f. 3 v"").
Jean de Chastenet, seigneur de Meyrignac près Bourganeuf,
secrétaire du roi, président et sénéchal à Montmorillon, est mort
en avril 1658.
(1) Ud mol douteux On pourrait lire à la rigueur ■ receveur >; mais
celte lecture semble peu probable.
(S) Un s^ul écussoD dans celle rangée.
47S SOCIÉTÉ ABCHÉ0L0G1QUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
149. « Sont les armes de fea dame (1), femme dudils'de CHAS-
TENET », qaej'ay aussi prinses entières, ayant toat le cordon entier
d'argent tra..... qui est de blanc et d'argent. » f. 4 R v*»; r. 3 (2). —
D'azur à la fasce en divise (Tor, le chef endenté d'azur, et qtêatre
fusées d'argent accolées et rangées en fasce.
Ecusson peint.
150. « De CHASTENET, gendre ches Uchenaud » (1644), f. 30;
r. 3 ; n"" 3. — D'or au châtaignier de sinople et un soleil de gueules
en chef,
151 . « M' DEGHASTENET, lieutenant gênerai à Limoges », f. 6 ;
r. 1 ; n* 1. — D argent au châtaignier de sinople fruité d'or, et un
soleil de gueules en chef,
François du Chaslenet, écuyer, (it enregistrer ses armes en 1696 :
d'argent au châtaignier de sinople, accompagné de quatre mouche-
tures d'hermines de sable, deux en chef et deux en pointe, et un chef
d'azur chargé d'un soleil rayonnant d'or.
De CHASTREY. Voir Perière de Chastrey.
152. « M' Pierre CHAUD, juge de Chasteaupontsac » (1627) (3),
f. H ; r. 3; n* 1. — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef de
deux étoiles de même et en pointe d'un trèfle aussi d'or soutenu par
un croissant d'argent posé sur des flammes de gueules.
<i Le feu au naturel, n
En 1696, Jean Chaud, écuyer, seigneur de La Chassaigneet du
Dognon, et Jacques Chaud, seigneur de La Meneireix, conseiller,
avocat et procureur du roi en la sénéchaussée et siège royal de la
Basse-Marche au Dorât, faisaient enregistrer leurs armés, qui sont
celles ci-dessus.
153. « Joseph CHAUMEIX, bourgeois de la ville d'Aisse, autre-
ment MARRAND » (entre 1667 et 1678),voir ci-après.— F. 61; r.2;
n" 1. — D'azur à V arbre de sinople terrassé de même, accosté des
lettres I et C d'or, et trois étoiles de même en chef.
« Voyes cy devant folio 59. Il y a les armes de Joseph Choumeix,
différantes; car on me les a commandées comme voyés, ascavoir :
champ d'azur, 3 estoilles d'or, et l'arbre de sinople (f. 60 v*).
(4) Le nom est resté en blanc.
(t) Un seul blason sur ce rang.
(3) Ce blason est le premier de ceux qui figurent sous la date de 4627
RECUEIL D^ARMOIRIES LIMODSINES 479
184. « Joseph CHOUMEYS » (1658 ou peu après), f. S9 ; r. 3 ; n« 3.
— D'or à V arbre de simple terrassé de même, accompagné en chef
de deux étoiles de gueules.
188. *CHAUVERON DE JOURGNIA.C, d'après r Armoriai Lamy;
avait pour armes : d'azur à trois barres d'or. C'est aussi ce que dit
Poucet à l'article de Jurniac.
Cependant la famille Chauveron de Jourgniac portait d'argent au
pal de sable chargé de trois bandes d'or, ainsi qu'on le voit- dans la
maintenue de noblesse de 1666; Ce sont aussi ces dernières armes
que fit enregistrer, en 1696, Jean Chauveron, écuyer, seigneur de
Jourgniac, ainsi décrites : d'argent au pal bandé d'or et de sable de
six pièces.
186. « CHAVAGNAC >> (enire 1667 et 1678), f. 62; r. 1 ; n' 2. —
D'azur à l'arbre de sinople, un cheval d*or brochant sur le tronc de
Varbre.
187. « S' CHAVAIGNAC, gendre de M' Pinot, présidant )).(1688-
87), f. 84; r. 2; n° 3. — D'or à l'arbre de sinople, sur une Champa-
gne de même et un cheval passant de gueules brochant sur le tronc
de l'arbre.
Léonard Chavaniat, chanoine de la cathédrale de Limoges, fit
enregistrer ses armes en 1696 : d'azur à tarbre de sinople.
188. * Etienne de CHAVAILLE, doyen de l'église cathédrale de
Limoges, fit enregistrer ses armes en 1696 : d'azur à une étoile
d'argent y accompagnée de ttois cœurs d'or ; écartelé de gueules à un
lion d'argent, couronné d'or, accompagné de 1 5 besants posés en
bordure aussi d'argent.
189. « Guillaume CHAVEPEYRE » (1683-84), f. 48; r. 3; n» 2.
— - De à l'aigle au vol abaissé, accompagnée en chef de deux
étoiles de...,.
160. « Autre CHAVEPEYRE, gendre ches Goudin » (1683-84),
f. 48; r. 3; n" 3. — D'azur à un rocher d'argent^ issant d'une rivière
de même.
« Pour ce blason, voudrois champ d'azur; la roche et rivière
d'argent. »
« Noter que je veis les armes de Chavepeyre, gendre ches Goudin,
sur une assiette d'estain qu'on m'a monstre. Je ne feis point ses
armes; mais je feis les autres prochaines de Guillaume Chavepeyre,
pour Tenterement de sa femme vefve, Catherine Meyze, comme il
me fut commandé » (f. 47 v"").
480 SOCIÉTÉ ARCBéOLOGIQUB KT HISTORIQUE DU LIMOUSIlf
165. « Uhople de Gris, CHENAUD » {16K3), f. 47; r. î; n* 2. —
D'azur à Varbre de sinople terrassé de même.
162. « CHEVIALE, aiilmosnier de M' TEvesque de Limoges »
(1657-88), f. 57; r. 2; n' 2. — D'azur à deux chiens rampants
affrontés d'argent et trois tours de mémo rangées en chef.
463. « M' Jean CHEYROU, notaire d*Aixe » (1650-52), f. 43; r.
2 ; n<» 3. — D'azur à deux chiens d'or passants l'un sur l'autre ,
renfermés dans un cercle aussi d'or.
164. « CHIQUET ». Voir Giquet.
166. « CIBOT, s^ du Rieu » (1679 ou postérieur), f. 66 ; r. 3 ; nM .
— D'azur au chevron d'or, surmonté de trois étoiles rangées en fasce
de soutenant un soleil d'or y accompagné en pointe d'une coupe
de calice ou ciboire de
166. « Jacques CIBOT » (1646 et suiv.). f. 38; r. 1; n« 2. —
D'azur au chevron d'or y accompagné de trois coupes de calice ou ci-
boire de même, au chef de gueules à un croissant d'argent entre deux
étoiles d'or.
« Il y a d'autres Gibotz qui ont leurs armes diferentes. Voyes le
feulhet 20 de ce livre » (f. 37 v»).
167. « Jean CIBOT, gendre ches Trollier » (1646 et suiv.), f. 38;
r. 1 ; n"* 1 . — D'azur au chevron d'or accompagné de trois coupes de
calice ou de ciboire de même, deux en chef, une en pointe, au chef
cousu de gueules à l'étoile d'or entre deux croissants d'argent.
Jean Cibot, marchand de Limoges, fit enregistrer ses armes en
1696 : d'azur à deux coupes de calice ou de ciboire d'or, posées en
chef, et une de même en pointe, accostée des lettres H et C d'argent.
Claude Cibol, aussi marchand de Limoges, en fit enregistrer de
semblables ayant la coupe de la pointe accostée de deux C.
Voir aussi Cybot.
168 (CLARY, DE CLARY) « M' DECLARY, trésorier gênerai «
(1648 et suiv.), f. 39; r. 2; n° 3. —D'azur à deux clefs d'argent
posées l'une au dessus de l'autre en pal à dextre; et un croissant
d'argent soutenu d'un demi-soleil avec figure de profil d'or àsenestre,
if Pour Tenlerement de feu demoiselle (1) Maleden, femme de
M' Declary, trésorier gênerai, je feis les armes dudit s' Declary
(1) Prénom en blanc.
RBCUBIL D^ABMOIRIES LIMOUSIHKS 481
comme elles sonl les 6 de la page suyvante : le champ est rouge;
les clefs et le croissant émargent; le soleil de porGl d'or. Pour les
armes de ladite fea Maleden, il y a seulement les 3 lyons d'or,
champ d*azur, sans autre chose » (f. 38 v"").
Charles de Glary, baron de Saini-Angel, conseiller, trésorier
général des finances à Limoges, qui mourut à Tàge de soixante-dix
ans, le IS décembre 1679, a ses armes sur le plan de la ville de
Limoges, par A. Jouvin de Rochefort : d'azur au chevron d'argent
sommé d'un croissant d'or, accompagné en chef de deua clefs d'argent
posées en pal, et en pointe d'un soleil d'or. (Voy. planche 8).
169. « M' CLEMENT, procureur, mourut le 11™* janvier 1679 »,
f. 68; r. 2; n** 1. — D'azur au lion passant de accompagné en
chef de nuages soutenant six étoiles dor, trois et trois, et en pointe
d'une ancre d argent plongeant dans une mer de même,
170. « Pierre CLEMENT, premier frère de La Saincte Croix,
1683 », f. 47 ; r. 2; n* 1. — D'azur au chevron dor, accompagné
en chef de trois étoiles de même, et en pointe d'une main d argent.
LWrmorial Lamy donne les armes des Clément de Limoges :
dazur au chevron dor, accompagné en chef de trois étoiles d'argent,
et en pointe d'une main de même.
171. « M"" Joseph CLEMENT, greffier, consul, 1644), f. 29 ; r. 3;
n** 1. ^D'azur à l'ancre d'or posée sur une montagne d argent et
accostée de deux étoiles d'or.
(• M' Clément, greffier, consul, 1644, me fit augmenter de deux
estoyles d'or en ses armes plus qu*ii n'y avoit en celles de feu son
père, qui sont une ancre d'or sur un rocher d'argent, deux estoyles
d'or. Champ d'azur » (1. 28 v^).
172. « Pierre CI.EMENT » (1643-44), f. 28; r. 2; n^ 1. — D'azur
à la fasce en divise dor, accompagnée en chef de trois étoiles de
même, et en pointe d'une main d argent.
a Aucunes foys ches Clément dict Picheguay, font mettre en
leurs armes un chevron rompu au lieu de la barre qui est aux
armes de la page suivante » (f, 27 v").
173. « T. CLEMENT, sergent (?) royal » (entre 1640 et 1642), f. 2i ;
r. 2 ; n** 2. — D'azur à f ancre d'argent accostée des lettres T et C
d'or.
174. ^CLEMENT VI, pape limousin, de la maison de Rosier(1342-
1382). — D'argent à la bande de pourpre, accompagnée de six roses
de gueules rangées en orle, au chef de gueules chargé de deux clefs,
d'argent posées en sautoir. (Armoriai Lamy).
48Î SOCIÉTÉ AKCRéOLOGIQIiK BT HISTORIQUE DU LIMOUSIK
176. (COGNIASSE) « COGNACE » (1648 et suiv.), f. 38; r. 3;
n** 2. — D^azur à V arbre de simple terrassé de même.
« On a fait les armes de ches Pierre Cognace sur d'autres qui
avoient le champ d*azur, au lieu qu*il doit estre de métal d'or ou
d'argent » (f. 37 r).
« COGNIAGE (1) » (1648 et sniv.), f. 38; r. 3; n'» 3. — D'azur au
cognassier chargé de coings de sinople.
•
176. «•GOLIN, marchaud (entre 1638 et 1640), f. 18; r. 1 ; n« 1.
— D'azur au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent et ac-
compagné en chef de deux étoiles d'or et en pointe d'un arbre de si-
nople.
177. « Jean GOLIN dict l'ANGELAUD » (ou Laugelaud), f. 6;
r 3; n<^ 3. — D'azur à fange vêtu d'argent, la tète et les mains de
carnation^ les ailes d'or, posé sur un globe de gueules,
178. t« M' Mathieu GONSTANT, notaire royal de Ghasteau
Ghervis » (1643), f. 27; r. 2; nM. — D'or à Carbre de simple sur-
monté d'une étoile de gueules.
« J'ay faict les armes dudit Gonstant sur un cachet qu'on m'a
monstre : champ d'or; l'esloyle de gueules; l'arbre pinier vert
rehaussé de jauine. M" les Gonstantz, advocatz de cette ville, les
ont diferenles. Voyez les derniers de' la page IS de ce livre » (f. 26 v«)
(Voy. planche 4).'
179. « M' GONSTANT, nolere », f. 8; r. 2; nM. — D'azur au
croissant d'argent soutenant une palme de sinople.
« M' Gonstant, ad[voc]at, a ses armes diferentes. Voyez le 10«
feulhet de ce livre. Despuis, pour Tenterement (?) dud. Gonstant,
notere, j'ai faict des armes diferentes, ou il y a un arbre dans un
champ d'or, comme il me fut commandé » (f. 5 V*).
180. « M' GONSTANT, advocat » (entre 1630 et 1640), f. 15;
r. 3; n* 3. — D'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux
étoiles de même, et en pointe d'un croissant d'argent soutenant une
palme de sinople.
u Voyes les armes de Gonstant, notaire royal, que sont les 4 du
feulhet 27 de ce livre, et enl'aultre livre elles n'y sont point (f.l4v«).
Guilhiume Gonstant, conseiller du roi au présidial de Limoges, et
Léonard Gonstant, aussi conseiller du roi au dit présidial, firent
enregistrer leurs armes en 1696; elles sont comme ci-dessus, mais
le croissant est d'or.
(i) Un mot que nous ne pouvons lire : pones^ nones, tanes,
«BCUEIL D*ARII01RIBS LIMOUSIHKS 483
. 181 . « M' CONSTANT, advocat » (1643 et suiv.), f. 36; r. 2 ; nM .
— D'azur au chevron d*or accompagné en chef de deux étoiles et en
pointe d'une palme posée en pal et soutenue d'un croissant amsi d'or.
182. (COLOMB) « Jean COULOMB, s' de Courbiac » (1641), f.23;
r. 1 ; D*^ 3. — De gueules à la colombe d'argent portant dans son bec un
rameau de sinople; à la bordure d'azur chargée de huit besantsd'or,
« J'ay faict les armes de Jean Coulomb, s' de Courbiac, prinses
aux vistres de sa maison, scavoir la coulomb dVgent; la branche
de laurier verte; champ de gueules (qui est rouge); les 8 besans
d'autour d*or ; le champ de la bande desdits tesans est d'azur »
(f. 22 v«).
183. (COLOMB) « COULOMB, m^ horlogeur » (1654-88), f. 80;
r. 3; n** 1. — D^ à la colombe d'argent portant dans son bec un
rameau de
184. « M. (l)de COUBRAS » (1648), f. 33; r. 3; n» 3. - De
au dextroch^e mouvant d'un nuage au bas du flanc senestre tenant
une épée en pal de accostée de deux étoiles de
188. « COURTEYS » (1648 et suiv.), f. 38, r. 3; nM. — D'azur
au chevron d'or, accompagné de trois têtes de porc d'or.
« J'ay faict les armes desdils Courteys, 7 de l'autre page, en un
petit panonceau de S'"* Croix, prinses sur un grand panonceau de
ladite frerie, qui avoit les 3 testes de pourceaux et chevron rompu
d'or, champ d'azur » (f. 38; r. 3; n* 1).
186. « M' COUSSY, huissier audiencier » (entre 1630 et 1640),
f. 17; r. 1 ; n** 3. — D'or à deux arbres de sinople sur une terrasse
de même,
187. *N COUSTIN DU MASNADAU, marquis dudit lieu du
Masnadau et Jean Coustin, écuyer, sieur de Puismarlin, en 1696,
firent enregistrer leurs armes : d'argent au lion de sable, couronné,
lampassé et armé de gueules,
L'Armoriai Lamy les donne d'argent au lion de sable couronné et
lampassé d'or.
188. *Jean de CREIL, trésorier de France à Limoges, a ses
armes sur le plan de cette ville, dressé vers 1680 par A. Jouvin
de Rocherort : elles sont d'azur au chevron d'or accompagné de trois
doux de la Passion de même ( Voy. planche 8).
Ces aràies sont les mêmes que celles des Duclou.
(I) PréDom en bUnc,
484 SOCliT^. ARCRéOLOGIQUK ET HISTORIQOR DU UMOUSII*
189. •CREVANT, marquis d'Humières, vicomle de Brigueil, gou-
verneur de Compiègne. — Ecartelé d'argent et d'azur (Armoriai
Lamy).
190. « François CROCHE » (1641), f. 23; r. 1 ; n«» 2. — D'argent
au corbeau de sable perché sur un bâton de sinople.
191. « CROCHE » (entre 1667 et 1678), f. 64; r. 1 ; n« i. —
D'argent au corbeau de sable perché sur une branche feuillée de
sinople, senestréen chef d'une étoile de gueules.
« J'ay fait lesdites armes comme elles sont, sans scavoir le blason
de chez Croche. »
192. « M' CROIZIER », f. 8; r. 2; n^ 3. — D'azur au chevron
d'or, accompagné de trois croisettes d'argent. (Voy. planche 4).
193. a M' CROIZIER, preblre » (1653-54), f. 49; r. 3; n* 2. —
D'azur au chevron d'or, accompagné de trois croisettes de même, et en
chef d'un croissant d'argent.
194. « CROUCHAUD » (1665-57), f. 53; r. 2; n« 3. — D'azur au
chevron d'or, accompagné en chef de deux croisettes d'argent, et en
pointe d'un soleil d'or.
195. « M' CROUCHAUD, procureur » ^1679 ou postérieur), f.67;
r. 1 ; n* 1 . — D'azur au chevron d'argent, accompagné en chef de
deux croisettes d'or, et en pointe d'un soleil de même.
196. *CR01IZEIL, bourgeois de Limoges. N... Saute(?), veuve de
N...Crouzeil, bourgeois de Limoges, fit enregistrer en 1696 les armes
suivantes; mais on ne dit pas si ce sont les siennes ou celles de son
défunt mari : D'azur à trois têtes de chien coupées d'argent, accolées
et bouclées de même, deux et une, surmontées d'un cor de chasse d'or.
197. *DESCUBES DE FERRANT. — D'azur à trois cubes d'or
posés deux et un. (Armoriai Lamy).
198. (CIBOT) « Ysaac CYBOT; Marselle Voureys, sa femme »
(entre 1640 et 1642), f. 20; r. 3; n« 3. — Parti : au /•' dazur au
chevron d'or, accompagné de trois coupes de calice ou ciboire de
même, deux en chef et une en pointe; au 2^ d'azur au chevron dor,
accompagné en chef des lettres M et V et en pointe R de même.
199. « Jacques CYBOT, bayle des marchans » (1642), f. 25;
r. 1 ; n* 3. — D'azur au chevron dor, accompagné de trois coupes de
calice ou ciboire de même, deux en chef, une en pointe; au chef
cousu de gueules à un croissant d'argent entre deux étoiles dor.
Voir aussi Cibot.
(4 suivre J \. Lkgler et L. Guibbrt.
L'ENSEIGNEMENT
INDUSTRIEL ET COMMERCIAL
à Limoflres» au XIX'' siècle
ESQUISSE HISTORIQUE
I
U enseignement industriel ou technique
Présenlement, ceux de dos iodustriels limousios qui ne sortent
ni des écoles spéciales de Paris ni des diverses écoles d*arts et
métiers de province, ont puisé la première instruction technique
dont ils ont besoin dans les cours scientifiques de TEnscignement
secondaire (officiel ou libre), — dans les leçons de TEcole nationale
d'art décoratif (1881), — dans la section industrielle de TEcolede
commerce et d'industrie (1894), — ou encore dans les cours profes-
sionnels de la Bourse du travail ouverts en 1898.
Quelques autres sources d'enseignement public, aujourd'hui dis-
parues, avaient été ouvertes aux générations antérieures.
L'Ecole centrale de la Haute- Vienne, dont la courte existence
prît fin en 180i(i), accordait à l'étude des sciences positives plus
de place qu'à l'étude des lettres. L'enseignement des mathématiques,
de la physique, de la chimie et de l'histoire naturelle y était large-
ment représenté; celui de la législation usuelle et du dessin égale-
ment. C'est à cette école que se formèrent quelques-uns des in-
dustriels de ce temps.
(I) Voir la notice de M. L. Tlffonnet, VSeole oentrale de la Haui^*
Vienne, 1797-1804. Limoges, Y« Ducourtieux, 1893, in-S"*.
466 SOCIÉTÉ ARCttEOLOOkQtJB ET talStOUlQkJB DU LlUOUSil)
Dans le Lycée impérial qui succéda à l*EcoIe centrale, les lettres
prirent au contraire le premier rang dans les préoccupations des
maîtres comme des élèves ; les sciences ne furent longtemps connues
que par les mathématiques el la géographie physique. Mais en 1896
on y introduisit la physique et vers 184o la chimie. Cette nouvelle
tendance eut cause gagnée quand, après i 882, la bifurcation admise
permit à un certain nombre d'élèves de se consacrer plus spécia-
lement à rétude des sciences.
Pour donner plus particulièrement satisfaction à ceux qui se des-
tinaient aux professions industrielles et commerciales, on avait
organisé au Collège royal, dès 1828, des « Cours spéciaux », dont
le. programme parait fort mince quand on sait qu'il ne comprenait,
pour la partie industrielle, que les mathématiques. On lit mieux
en 1860. Une « Ecole spéciale de commerce et d'industrie », qui
prit place dans les cadres du Lycée, enseigna la physique, la chimie,
les mathématiques et Thistoire naturelle (1). La durée des études
n'était que de trois années. On la porta à cinq années dans Td Ensei-
gnement spécial» introduit en 1865, et on ajouta aux matières pré-
cédentes, la mécanique, l'histoire des inventions et récoBoaùe
indostrielle.
Malgré tout, l'enseignement scientifique du Lycée ne pouvait ré-
pondre suffisamment aux besoins si variés d'une ville manufacturière
comme Limoges. L'héritage de l'Ecole centrale avait été recueilli
par la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Vienne.
Dès 1804 elle institua pour les jeunes gens des cours gratuits de
dessin d'imitation. Réorganisés en 1809 et soumis à une rétribution
de quinze francs par an, ces cours redevinrent gratuits en 1825 et
comptaient, quelques années plus tard, une cinquantaine d'élèves.
Des leçons de modelage et de dessin linéaire y furent adjointes en
1846-47. On ût plus encore en ouvrant pour les jeunes filles une
section de dessin d'imitation en 1853-54 et une section de peinture
sur porcelaine en 1860-61 . Quanta la section de stéréotomie (coupe
du bois et de la pierre), instituée en 1842, elle disparut en 1848.
En 1825 le Conseil municipal ayant jugé opportun d'organiser
une « Ecole gratuite de géométrie el de mécanique appliquées » (2),
il la plaça aussitôt sous la surveillance de la Société d'agriculture
(1) Voy. le journal Le Vingt-décembre, courrier de Limogea , n<* du
iG septembre 1860.
(1) Voy. VAnalyêe des délibérations du Conseil municipal de Limogée,
|:ar G. Benoist, décembre 1835, et le Bull, de la Soc. d^agrlcuU,^ eciences
et arts de Limoges^ t. V (18i6j, p. 96 et 55, t. VI, p. 90, t. IX, p. 154 el
t63, t. XIII, p. 76.
lV.SSKIGKEIIBNT industriel Et COllltERâlAL A LilàOGES 487
qui devint ainsi pour quelque temps le centre de tout l*enseignemen t
technique à Limoges.
Mais le dessin, le modelage, la peinture, la géométrie ne sont
pas toute la céramique. Cette industrie savante autant qu'artistique
s*appuie aussi sur la chimie. En 1827 un pharmacien de Limoges,
M. Aug. Duboys, inaugura sous les auspices de la municipalité un
cours public de chimie industrielle qui dura quelques années
seulement. Réclamé de nouveau en 1835 par M. B. Abria, profes-
seur au Collège royal de la ville (1), il fut professé à partir de 1838
fiuccessivement par HM. Bigourdan et Nicollet au laboratoire du
Collège, plus tard par M. Astaix qui, dès 1841, avait été chargé de
professer au laboratoire de FEcole de médecine un cours public et
gratuit de chimie élémentaire appliquée (3). Le jeune professeur se
préoccupa naturellemenl avant tout des besoins du public spécial
rassemblé devant lui. C'est seulement en 1863 qu'il put, sous les
auspices et dans un local de la ville, ouvrir un « Cours de chimie
professionnelle » qui a duré jusqu'en 1870 et rendu à l'industrie
céramique les plus grands services (3).
Sous le second Empire le Conseil général de la Haute- Vienne
crut bon, lui aussi, de faire quelque chose. Il organisa en 1861 un
laboratoire de chimie minérale (supprimé en 1883), et projeta d'y
annexer une « Ecole professionnelle de chimie », au proÂt de la
population industrielle. Non réalisé, ce projet Ql place à un <c Cours
public de géométrie pratique », qui fonctionna régulièrement de
1863 à 1870.
Enlin on ne peut omettre qu'en vertu d'une circulaire ministé-
rielle du 5 août 1879, des cours spéciaux (théoriques et pratiques),
fonctionnèrent à Limoges pendant cinq années (1880-84), pour
« enseigner aux agents secondaires des ponts et chaussées et
(I) Voy. V Analyse des délibérationê du Conseil municipal, mai 4835.
Cf. les Coneidérations sur Vélabliss, dans la oUle de Limoges d^un cours
publie de chimie appliquée aux arls^ [par B. Abria, professeur de physique
au collège royal de Limoges, aucieo élève de l'Ecole normale, agrégé.] — >
Limoges, de Timprimerie de Bargeas, rue da Temple, n^ 20 (1835, gr. io-8
de 8 pp.)
(S) Voy. dans Le Vinglniécembre^ n' du IS octobre 1855, le programme
de ce Cours de chimie élémentaire appliquée, il n*y est pas question de
chimie industrielle. Cf. ibid.^ 9 novembre 1858.
(3) Voy. J.-B. Astaix, Du cours municipal de chimie appliquée à Vindus*
trie^ dans VAlmanach limousin, 1866, part, hisl., p. 28-40. ^ Cf. Le
Courrier du Centre^ 15 fév., 15 mars et li avril 1863; S4déc. 186 i
2 avril 1867 et ss. ; l8 fév. 1870.
i8d SOCIÂtA ARCfléOLOOIQUB Bt HlSTOfelQDB DO LMOUSIN
même aux jeunes gens étrangers au service des Iravaux publics,
les connaissances exigées des aspirants aux fonctions de conduc-
teurs. »
En 1868, malgré le développement pris par les cours de la So-
ciélé d'agriculture, la municipalité de Limoges résolut, avec l'aide
d*un groupe de manufacturiers, de promouvoir encore l'enseigne-
ment technique. Elle créa V « Ecole municipale des Beaux-Ârls » (1).
Sous ce nom c'était, avant tout, le décor de la porcelaine que Ton
avait en vue. La nouvelle école se fondit en 188i dans TEcole
nationale d'art décoratif (3), dont la création amena, du même
coup, la disparition des cours de la Société d^agricuUure (3).
L'organisation de l'Ecole nationale d'art décoratif fut la réponse
du gouvernement aux vœux émis par le Conseil général en 1860,
1861, 1863, pour l'établissement à Limoges d'une Ecole profession-
nelle céramique, et en 1873 pour l'établissement d'une Ecole de
dessin destinée à former des décorateurs sur porcelaine. Un autre
vœu, qui devait donner satisfaction à d'autres industries, avait
réclamé la création d'une Ecole d'arts et métiers. Emis en 1871,
renouvelé en 1872, 1879, 1880 el 1881, appuyé en 1879 par une
subvention de 300.000 fr. consentie par le Conseil municipal (4), il
ne fut jamais pris en sérieuse considération par le pouvoir central.
Limoges obtint seulement, en 1889, par transformation de son
Ecole primaire supérieure, une Ecole professionnelle qui est
devenue, en 1894, l'Ecole de commerce et d'industrie.
(1) Pour plus de détails voyez Henri Ardant, Rapport de la commission
[du Conseil municipal de Limoges]chargée d'examiner le projet de création
d'une nouoelle Ecole de dessin et de modelage, 1867, 19 pp. — Distribu--
lion des prix à V Ecole gratuite des Beaux- Arts appliqués à l'industrie,
Limoges, 1868, SI pp. — Adrien Duboucbé, Notice $ur les écoles gratuites
des beaux arts [de Limoges] appliqués à Vindustrie. Paris, 1860, 15 pp.
— Pbilippc Burly, Les Ecoles gratuites... de Limoges^ dans la Gasette
des beaux arts, 1870, t. ill, p. 66-78, reprod. dans V Almanach limousin^
1870, part, hisl., p. 86-95.
(2) Les notices sur l'Ecole nationale d'art décoratif seul déjà nombreuses.
Nous n'avons pas à les énumérer ici puisqu'elles s'appliquent à un établis-
sement encore vivant.
(.3) Pour plus de détails voyez une Notice sur Vécole gratuite de dessin
de la Soc. roy. d'agriculture, sciencen et arts de Limoges^ dans le Bulletin
de la dite Société, III (18i4), p. 83-S8, — et A. Bourdeau, Notice sur les
écoles artistiques de la Soc. d'agriculture, sciences et arts de la Haute^
Vienne, dans VAlmanach limousin, 1870, part, hist., p. 95-96.
(4) Mairie de Limoges. Création d'une Ecole d'arts et métiers. Rapport
présenté à M. le Préfet de la Haute-Vienne par M. Périchon, adfoint
(Limoges, Châtras^ 1879, in-8 de 11 pages).
L^'KKSElGNKIIfeNt iNObâtRIBL ET COMlliERClÀL A LIMOGES i^d
II
U enseignement commercial
À la fin du XIX* siècle les connaissances nécessaires à la pratique
(lu commerce se distribuaient à Limoges dans quatre établisse-
ments distincts :
Au Lycée Gay-Lussac, section de renseignement moderne ;
Au Pensionnat Saint-Joseph, qui nesoccupe que d'enseignement
moderne (1889);
Aux cours publics du Cercle d*études commerciales (1883);
 TEcolede commerce et d'industrie, section commerciale (1894).
Les générations précédentes ont été moins favorisées.
En 1828, le Collège royal de Limoges, a-t-on déjà dit, organisa
des c< Cours spéciaux pour les élèves qui se destinaient au com-
merce et aux différentes professions industrielles. » Ces cours
comprenaient, pour la partie commerciale : l'anglais, la géographie
et l'histoire économique. Celait un faible commencement, qui semble
même n'avoir pas eu de lendemain. Il ne fut repris qu'en 1860
lorsqu'on introduisit dans les cadres du Lycée impérial celte
« Ecole spéciale de commerce et d'industrie » dont on a déjà parlé.
L'enseignement, réparti sur trois années, comprenait entre autres
matières : la comptabilité, la géographie économique, les langues
vivantes (anglais et allemand) et le droit commercial.
Puis vint r « Enseignement spécial » qui prit droit de cité en
1868. Aux matières admises en 1860 on adjoignit la législation
usuelle, commerciale, industrielle et l'économie iinancière. Le cycle
des études tut de cinq années.
Ce qui vient d'être constaté représente la part de l'Etat. Mais
l'Etat avait été précédé sur ce domaine par l'initiative privée. Dès
1818, M. Drapeyron avait ouvert à Limoges une « Ecole de com-
merce » qui, après la mort du fondateur en 1833, fut continuée par
deux de ses collaborateurs, MM. Theil etPeyrusson,sous le nom de
« Cours d'instruction commerciale a. La tenue des livres, le change
et autres opérations de banque, la correspondance d'affaires, la
statistique, la géographie et la législation commerciale en furent,
presque dès le début, les parties spécifiques, outre les matières
ordinaires de ce qu'on appellerait aujourd'hui renseignement pri-
maire supérieur.
En concurrence avec les cours Theil et Peyrusson fut fondée
(fin 1823) r « Institution commerciale » de Mr. Albert. Son pro-
T. L1I 33
i%Ù SOCliTB ARCHÉOLOGIQUE BT ttisTORÏQOK DU LtllOllSlil
gramme, fort modeste, comprenait, outre la tenae des livres, la
géographie économique et le droit commercial.
Puis viarent les deux « Institutions commerciales » de MM. Hagy
(1828) et Moulin-Gollin (1830), — plus lard Y « Ecole commerciale,
professionnelle et industrielle » de M. Féval (18i0). L'établissement
Peyrusson disparut en 1830, celui d'Albert en 1836, celui de Moulin-
Goliin en 1837, celui de Magy en 1843, celui de Féval en 1848. A
la fin de la monarchie de juillet, Limoges ne possédait plus une
seule institution commerciale en titre. Même le « Cours de droit
commercial » qui fut ouvert en 1831, « sous la direction de
M. Mongin, juriconsulte », ne parait pas avoir dépassé Tannée
1836.
L'enseignement commercial s'était réfugié, sans s'avouer publi-
quement, dans les pensionnats primaires, notamment dans ceux de
MM. Féval (Mandon, successeur), Picat, Orliaguet. Devenus secon-
daires depuis la loi de 1880, ils ont fusionné les uns dans les
autres et n'ont présentement d'autre postérité que l'Ecole Tur-
got (1). L'enseignement commercial de ces divers pensionnats ne
fut pendant longtemps représenté que par la comptabilité et la
géographie. C'est seulement en 1878 que des cours de langues
vivantes et de droit commercial prirent place dans l'institution de
M. Lacombe, successeur de M. Orliaguet.
La Chambre de commerce de Limoges, instituée en 1888, ne
s'est jamais beaucoup préoccupée de l'insuffisance dé l'enseigne-
ment commercial. Tous les vœux exprimés par elle ont eu pour
objet le développement de l'enseignement industriel et technique,
en vue de la fabrication porcelainière, jusqu'au jour, assez rap-
proché de nous, où elle a pris sous son patronage et soutenu de
ses subsides (1886) le Cercle d'études commerciales fondé quel-
ques années auparavant (3).
Alfred Leroux.
(f ) Voy. ua relevé de ces nombreux peasioaaats daas le discours pro-
noncé p«r M. Daris, en 1898, à la distnbation des prix de rinstltulion
Turgot.
(i) L'ouvrage publié par le Ministère du commerce à Toccasion de TEx-
position universelle de 1900, sous ce titre : L enseignement technique en
Franne (5 vol. in-S"), ne fourntt aucun détail important en dehors de ceux
que nous avons recueillis d'autre source.
REGISTRES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICOLTORE. SCIENCES ET ARTS
de Limoges
(Extr&iU relatifs à Vindustrie porcelainière, de 1B0Î h 18fi)
Foodôeen 1759 par Pajot de Marcbeval, intendant de la Généralité, la
Société d*agriculture du Limousin s*élait dispersée pendant la Révolution.
Elle se reforma d'elle-même en décembre 4800 ou janvier 1801, sous le
nom de Société d'agriculture et des arts de la Hauie-Vienne, et reprit le
cours de ses séances.
Ses délibérations écrites commencent au i5 nivôse an IX (= 15 janvier
1801) et se poursuivent assez régulièrement jusqu'au 1®^ août 1810, rem-
plissant S5S pages dans le registre in-folio qui avait servi aux devanciers
jusqu'à la veille de la Révolution. Elles n'ont pas encore été publiées
Un second registre commence au 3 septembre 1810 et s'arrête au i8 mai
1887. Les procès-verbaux en sont restés manuscrits jusqu'à la fin de 1891
(08 pages), sauf ceux des séances publiques annuelles, qu'on commença
d^mprimer à partir de 1807. liais les exemplaires de ces imprimés sont
devenus fort rares, et nous ne savons si aucune bibliothèque, publique ou
privée, en possède la collection complète.
De ces deux registres, d'un contenu si riche, si varié, si instructif pour
les vingt premières années du xix* siècle, le premier est le seul qui nous
ait donné quelques mentions utiles pour l'histoire de la porcelaine limou-
sine. Le second ne s'occupe, antérieurement à 1822, que de Técole de
dessin, des expositions publiques et du musée départemental, qui n'inté-
ressent qu'indirectement l'industrie en question. Des notices, imprimées
depuis longtemps» ont d'ailleurs fait entrer dans le courant de nos con-
naissances les faits essentiels relatifs à ces institutions.
Il y a lieu d'être surpris de la pénurie de renseignements que four-
nissent les délibérations de notre Société sur l'industrie porcelainière
4Ô2 SOClÉTfc ARCbÉOLOGIQbR K^ hlSTORIQUE DU LIÉODStK
quand on sait qu'elle comptait parmi ses membres les plus actifs François
Alluaud, le principal manufacturier de ce temps à Limoges. AUuaud^
qui était un minéralogiste et un chimiste fort instruit, a réservé pour les
recueils de Paris, en particulier pour le Journal de physique et les Anna-
leê des sciences naturelles, les savants mémoires qu'il a rédigés sur divers
points de science. Et quant k l'histoire des orignes et des débuts de la
céramique limousine, c'est plus tard seulement, après f8d5, qa*ii songea à
en rassembler les éléments.
Aussi bien, sous le premier Empire et la Restauration, Tindusirie porce-
lainière n'avait encore pris à Limoges ni Timporiance économique ni le
caractère expérimental qu'elle a eus à partir de 1840 environ. A preuve,
les délibérations de la Chambre des arts et manufactures de Limoges
(dont nous avons publié récemment de larges extraits) (f ). qui sont abso-
lument muettes à cet égard. C'est à d'autres sources qu'il faudra puiser les
renseignements essentiels dont nous aurons besoin pour retracer l'his-
toire de notre grande industrie locale pendant cette période.
Alfred Leroux.
Séance du 29 messidor an X {= 18 juillet 1802)
P. 230, — Le citoyen Baigaol, fabricant de porcelaine, offre à
la Société un buste du Premier Consul Bonaparte et un très beau
bloc de kaolin provenant des carrières qu'il fait exploiter à Saint-
Yriei\. L'assemblée vole des remercimens au citoyen Baignol et
charge son secrétaire de les lui transmettre par écrit.
Séance du 17 prairial an X (=r 6 juin 1802)
P. 233). — Rapport présenté par la commission centrale sur
l'exposition publique des produits de f industrie [à Paris] :
Les fabriques de porcelaine étant une des principales richesses
du département de la Haute-Vienne, à raison de ses carrières de
kaolin et de pétunzé, votre commission a pensé que quelques pièces
de porcelaine devaient être envoyées à l'Exposition; mais, attendu
que nos artistes ne peuvent soutenir, quant à la peinture, la con-
currence avec ceux de Paris, elle propose de n'admettre que quel-
ques pièces de beau blanc doré, les deux vases à guirlandes de
roses et, dans le biscuit, le buste du Premier Consul Bonaparte.
« La poterie la plus grossière, dit le Ministre de Tlntérieur, si
elle est bonne et à bas prix, a le même mérite aux yeux du gouver-
(I) Dans le présent Bulletin^ t. LU, p. 197-979..
REGISTRES DE LA SOCIETE D^AGRIGULTURR 49 1
nemeDl que TélégaDle porcelaine. »La poterie du citoyen Clément
paraissant remplir ce but, votre commission vous propose d'admet-
tre à Teiposilion du Louvre les pièces détaillées dans le tableau
annexé à ce rapport
1. Désignation des objets : Un cabaret en porcelaine blanc et or,
composé de 12 tasses et soucoupes ; un pot au lait, une cafetière,
une théyôre et un sucrier.
2. Matières premières qui entrent dans leur fabrication : kaolin et
pétunsé de Saint-Yrieix, département de la Haute- Vienne.
3. Noms et demeure des fobricans : Baignot, fabricant à Limoges.
4. Prix des objets : 60 francs.
5. Observations: Fabrique ci-devant nationale, établie en 1768 par
les frères Grellet.
1. Un pot à eau, forme d*urne, avec sa jatte blanc et or. •— 2 M.
- 3. id, - 4. 25 fr.
1 . Deux vases dorés à guirlandes de roses. — 2. id. — 3. id, —
4. 180 fr.
1. Le buste du Premier Consul avec son pied d'eslal décoré. —
2. id. — 3. id. — 4... — 5. Le buste du Premier Consul appartient
à la Société d'agriculture et des arts, qui prie le ministre de Tagréer.
Ci-joint la description du pied d'eslal (1).
(t) Description du buste de Bonaparte, Premier Consul de la Républi-
que française. Au milieu du pied d'estal et sur le devant est un médailion
doré, au centre duquel on voit un chiffre en blanc composé des trois lettres
B. P. G. (Bonaparte Premier Consul). De la droite de ce chiffre sort une
main présentant une branche d^oliviers, sîmbole de la clémence; de la
gauche, une autre main tenant des balances, emblème de la justice. — Au-
dessous du médaillon est un soleil, principe de la lumière, entouré d'une
çoaronne civique et reposant sur le manteau consulaire. Deux guirlandes
de fleurs sortant du soleil semblent annoncer le retour du printemps.
Enfin le médaillon est soutenu par une branche de laurier et une palme»
simboles de la Victoire et de la Paix. — Le pied d'estal, en marbre verd
dllalie, rappelle les victoires du Premier Consul, et le socle en por
phiTfsie) est Temblème de la st»blilîtéd'un bon gouvernement. — Au som-
met du pied d*estal et sous le buste est un autel souienu par la Prudence,
duquel s'élance une flamme pure, simboledu génie vertueux. A droite et
à gauche de cet autel on voit une chouette, emblème de la Sagesse; une
cigogne, image de la Piéié filiale; la lance des jeux de la Paix, et différents
attributs des Sciences, des Arts, du Commerce et de TAbondancç. ^ Mar*
T):«} Secrétaire,
494 SOCIÉTÉ ARCBBOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
i . Un cabaret en porcelaine blanc et or, composé de 6 tasses cl
soucoupes, une caffetière, un pot au lait, une théyèreel un sucrier.
— 2. id. — 3. Monerie, fabricant à Limoges. — 4. 60 fr. — 5. Le
citoyen Monerie a créé cette fabrique en Tan IV.
1. Une caffetière 25 fr. Un petit plat 18 »
Un marabou 2S >; Une petite écuelle. ... 18 »
Un petit pot couvert. . . 25 » Une pile de six creusets 1 50
Un petit saladier 25 » Trois bols en bis- ) ^5^î^:°
Une écuelle et son cou- cuits et un mor- | re conaaitre
vercle 30 » ceau de terre crue. ) iîteSÏ.
2. Terre de la Malaise sur la route Limoges à Sainl-Junien, dépar-
tement de la Haute- Vienne.
3. Clément, fabricant à Limoges.
Séance publique du 6 therkidor an XI (~ 25 juillet 1803)
DANS L*ÉGLISE DE L' ANCIEN COLLÈGE DE LIMOGES
P. 256. — Le citoyen Grellet-Masbilier possédoit des connais-
sances peu ordinaires en agriculture et métallurgie. Directeur de
la manufacture de porcelaine de Limoges pendant qu'elle fut régie
pour le compte de l'ancien gouvernement, cette précieuse fabrica-
tion lui dut en grande partie les succès qu'elle obtint à cette époque.
Zélé, actif, laborieux, non moins hardi dans ses conceptions qu'in-
fatigable dans ses recherches et ses expériences, la Société en le
perdant a eu à regretter un de ses membres les plus distingués sous
plusieurs rapports.
Raport
P. 261. — La porcelaine, en général, était plus belle et plus
richement décorée [à TExposition de Tan XII] queFannée dernière.
Parmi celle sortant de la fabrique du citoyen Baignol, on a parti-
culièrement distingué trois vases (dont un grand, forme Médicis),
peints en sujets de la Fable, par Viénot-Lafayette ; quatre vases
blanc et or décorés par Glosterman ; un pot à eau et sa jatte peints
et décorés par Faure, ftgé de 17 ans, élève de l'Ecole centrale ; une
corbeille en blanc, un porte-pendule en biscuit et trois christs mo-
delés par Bonnevie.
Attendu la grande activité qui règne dans cette fabrique, les
progrès sensibles que Tart y a faits depuis Tannée dernière, le jury
déclare que le citoyen Baignol mérite une médaille d'or*
REGISTRES DE LA SOCIÉTÉ D^AG&ICULTURB 'i9S
La fabrique du citoyen Âlluaud aine a offert de beau blanc sans
aucune décoration, et parmi les peintures en petit nombre on a
remarqué un pot à eau [àj sujet pastoral, peint par Viénot-Lafayette
avec autant de grâce que de vérité. Les talents et les connaissances
du citoyen ÂUuaud, Factivité qui règne déjà dans sa fabrique, quoi-
que naissante, sont un sûr garant qu'il écartera tout ce qui tient à
la routine et que sous sa direction Tart fera des progrès rapides.
Comme membre de la Société, le jury n'a pu lui décerner un prix,
mais il lui vote des remercimens au nom de ses concitoyens.
Le citoyen Monnerie, Créateur de sa fabrique dans des temps
difficiles, n'a offert qu'un vase de pharmacie sans peinture ni
dorure, et un plateau de déjeuner peint et doré. Le vase, d'ailleurs
remarquable par sa grandeur» a paru fumé et les mascarons ser-
vant d*anses ne sont pas de bon goût. Le plateau peint par son Gis,
élève de TEcole centrale [de la Haute- Vienne], présente dans la
femme sortant du bain, qui en fait le sujet, d^s formes gracieuses,
un iini moelleux qui, en annonçant de grandes dispositions, font
oublier les incorrections de ce joly tableau. Mais au moment où le
public applaudissait à ses succès, cet infortuné jeune homme, non
moins intéressant par ses vertues privées que par ses talens» épuisé
par l'excès du travail, luttait contre une mort prématurée qui, peu
de jours après, l'a enlevé à sa famille et à ses nombreux amis.
Gomme fondateur d'un établissement qui tend à augmenter la
fortune publique, le jury décerne au citoyen Monnerie une médaille
d'argent.
Procès-verbal du jury nommé par la Société d'agriculture et des arts
pour examiner les produits de l'industrie mis à rexposition de
Fan Xn.
P. 281. — Aujourd'hui 17 pairaial an XII (= 6 juin 1804).
PoRCELAmES. — A. Fabrique de ilf . Alluaud. — Cette fabrique a
fait, depuis l'année dernière, des progrès étonnans. Elégance et
variété dans les formes, richesse et grâces dans les orncmens, un
blanc pur et bien glacé : tel est le résultat des observations du jury
quant à cette fabrique en général. Mais attendu que, pour l'an XII,
les prix sont réservés aux peintres et aux modeleurs, le jury doit
entrer dans quelques détails sur les ouvrages de chacun d'erux,
en les divisant en deux classes : celle des artistes et celle des
élèves.
0. Classe des artistes. — On doit les plus grands éloges à H. Du-
chateau pour les soins çt l'c^ctivitë qu'il a mis h faire jouir les
1
496 SOCIÉTÉ ABGHÉOLOGIQUB ET BlSTOIIIQUB DU LlMOaSISI
babitans de Limoges du busle de M. Turgot. Cette pièce est d*au-
tant plus précieuse qu'elle a été moulée sur un premier buste en
terre, exécuté à Limoges d*après nature. En rendant justice aux
talens de M. Ducbaleau et en lui décernant une médaille d'argent,
le jury vote des remerciemens à M. Dumaneuf, propriétaire du
buste original, pour l'empressement qu'il a mis à seconder les
vœux de la Société.
Un grand vase, forme Médicis, tourné par M. Montagne, et plu-
sieurs pièces richement décorées ont paru sous le nom de H. Clos*
lerman. Intelligence dans la composition, élégance et variété dans
les ornemens, exécution facile et pure : tels sont les caractères qui
distinguent les ouvrages de cet artiste et déterminent le jury à luy
décerner une médaille d'argent.
M. Garçon a peint une Erigonne, en coloris, sur un pot à l'eau ;
un Amour jouant de la flûte et un paysage en grisaille sur deux
tasses à lait. Cet artiste copie avec autant de soin que d'exactitude.
Son Erigonne est d'un bon ton de couleur et pleine d'expression ;
on lit dans ses yeu\ que son amant est caché sous la grappe qu'elle
tient dans sa main. Le petit Amour réunit aux grâces de l'enfance
l'air piquant et malin du dieu qu1l représente. Enfin son paysage,
du genre pastoral, est peint avec intelligence; les effets de lumière
sont bien ménagés, les maisons et les arbres bien soignés. D'après
ces détails, le jury estime que M. Garçon mérite une médaille
d'argent.
C. Classe des élèves, — En divisant les peintres en deux classes,
le jury n'a point eu pour but d*alTaiblir le mérite des élèves ; il a
voulu seulement distinguer l'artiste consommé par une longue habi-
tude dans la connaissance et l'emploi des couleurs, de celui qui,
avec d'heureuses dispositions et des talens réels, ne marche encore
qu*à pas lents et, pour ainsi dire, à tâtons, incertain de l'effet que
produira son travail après avoir passé au feu. Cette explication
était nécessaire pour les personnes qui ignorent que le feu change
le ton de plusieurs des couleurs employées en porcelaine.
Sous le nom de M. Cousin, ont été offerts à l'Exposition : i* le
portrait de Turgot, peint en noir sur plaque, d'après la gravure ;
2* Jupiter etio, peints aussi sur plaque, mais en coloris; 3"* une
Diane et une Flore au bistre sur deux brocs. Correction dans le
dessin, vérité dans le coloris, finesse dans la touche : tel est le
résultat de l'examen du jury. Ces premiers essais prouvent que
M. Cousin peut, avec de l'étude et les leçons d'un bon mattre, faire
de grands progrès dans ce genre de peinture. Le jury Ta jugé digne
d'obtenir une médaille d'argent.
M. Faure, attaché comme peintre à Tatelier de M. Joubert, indé-
RBGISTBKS DK LA SOCIAtÈ d'AORICULTURE 497
pendant des fabriques, a présenté : i* un pot à eau sortant de la
fabrique de M. Baignol, sur lequel ii a peint en coloris une Vénus
jouant avec l'Amour; 9* un Déjeuner de la fabrique de H. Alluaud,
dans le plateau duquel il a exécuté au bistre un joli tableau repré-
sentant Jupiter et Léda. Travaillant dans un atelier isolé, et sans
maître, Faure doit à lui seul et ses connaissances et ses premiers
succès. Ce jeune peintre est correct dans son dessin ; sa touche est
légère et moelleuse ; ses figures sont pleines de grâces et de senti-
ment. Le jury, convaincu qu^avec du travail et de bons exemples,
M. Faure peut devenir un peintre très gracieux, lui décerne une
médaille d*argent.
Le jury fait mention de M. Tharaud, élève dans la fabrique de
H. Alluaud, et de M. Baret, artiste, travaillant dans celle de
M. Monerie.
Poterie. — M. Clément a exposé une fontaine en forme de vase,
d'une très grande dimension, et deux colonnes de poêles surmon-
tées de corbeilles de fleurs. Le peu de ductilité, de ténacité de Tar-
gile qu'il est forcé d'employer, est une preuve du talent de Tartiste.
On peut dire qu'il a Vaincu toutes les difBcultés qui résultent de la
nature des matières premières. Au surplus, M. Clément est le créa-
teur à Limoges de ce genre d'industrie et, à ce seul litre, il mérite-
rait la médaille d'argent que le jury lui décerne.
Séance publique du 2 avril 4807
P. 298. — M. Alluaud aine, minéralogiste savant, membre de la
Société, a lu une notice historique sur les kaolins et les pélunzés,
ces précieux minéraux qui nous fournissent une poterie solide,
belle et propre. Il recherche quels sont les premiers auteurs de la
dt'couverte de ces utiles felds-paths; quelle est leur nature primi-
tive; comment ils ont subi leurs différents degrés de décomposi-
tion; quels sont leurs genres, leurs espèces, leurs variétés;
comment on reconnaît leur plus ou moins grande aptitude à la
fabrication; de quelle manière s'exploite la mine dont on les
extrait ; quelles manipulations ils doivent subir pour être propres à
la porcelaine ; quelles sont les proportions de leurs mélanges; de
quelle substance est composée ce que Ton nomme la couverte, et
sa préparation ^ quelles quantités de kaolins et de pétunzés ont été
à divers {sic) époques exportées à l'étranger; quelle a été, à diffé-
rens(«tc) périodes, la consommation intérieure de ces minéraux. Il
évalue par approximation les frais et les bénéflces actuels de fabri-
que en ce genre pour le département de la Haute-Vienne.
Tel est l'aperçu rapide d'un ouvrage qui n'est que le prélude de
498 SOCIRTR ARCnéOLOGIQUE ET BISTOBIQDB DO LIMOUSIN
ce que la Société doit attendre de la plume d'un auteur maître de
son sujet. Nous espérons qu*il ne laissera rien à désirer sur la
minéralogie d'un pays que la nature doit sans doute avoir dédom-
magé de la stérilité de sa surface parla richesse de son sein.
Rapport du secrétaire (i) de la classe de littérature et beaux-arts.
P. 307. — La Société, qui méditait depuis longtemps d'encoura-
ger les arts libéraux, avait commencé par celui de tous dont la
connaissance est [le] plus nécessaire dans Texercice des professions
mécaniques. Elle a fondé, il y a quelques années, une école publi-
que de dessin dont elle a conÂé la direction à M. Delille, professeur
aussi distingué par ses talents que par le zèle qu'il apporte aux
fonctions honorables dont il est chargé.
L'étude du dessin est d'autant plus utile dans ce département que
les manufactures de porcelaine forment un poids considérable dans
la balance de ses produits industriels, et que cette branche si inté-
ressante de commerce pourrait s'accroître encore par le goul et la
variété des dessins. C'est ici que la p&te de porcelaine reçoit son
plu3 bel éclat. Pourquoi les ornemens qui la décorent n'attire-
raient-ils pas aussi l'attention des nationaux et des étrangers? On
a dû concevoir à ce sujet de flatteuses espérances à la dernière
exposition des produits de l'industrie : des dessins faits par de
jeunes élèves, des vases de belle forme, des bustes d'hommes chers
à la France ont frappé les yeux des connaisseurs, et c'est grâces à
ces rapides progrès que la Société peut offrir, dans le lieu de ses
séances, à la vénération de ses concitoyens le buste de M. Turgot,
dont le génie a posé les bases de l'industrie et du commerce dans la
Généralité de Limoges.
Pères et mères dont les facultés sont bornées, c'est en votre
faveur que la Société a formé cette institution. Envoyez-y vos
enfants. On y cultivera leurs dispositions naturelles. Songez qu'en
contribuant à perfectionner les objets d'industrie et de commerce,
vous vous préparez plus d'aisance; que plus les manufactures sont
florissantes, plus les ressources de l'artisan sont multipliées; que la
fortune de vos enfans lient à leur éducation et que leur bonheur
sera votre consolation dans un âge plus avancé.
Qui sait d'ailleurs si ce n'est pas pour quelques-uns le chemin de
la célébrité ? Qui sait si l'un d*eux {sic) de ces enfans qui trace
encore d'une main timide les premiers linéamens du dessin, ne
maniera pas un jour le pinceau de David ?
(i) M* Bpnnct-l^eauva),
REGISTRES DE LA 80GIÉT6 d' AGRICULTURE 499
Quel vaste champ esl ouvert à rimagination du dessinateur!
Tout dans la nature, au physique et au moral, esl de son ressort et
s'offre à ses crayons. Si le dessin peut frayer un sentier vers la
fortune ou les honneurs au simple artisan, quelles ressources
n*ofTre-t-il pas à Thomme que la richesse met au-dessus du besoin.
Il se plait, dans le silence du cabinet, à retracer les objets qui ont
le plus occupé son esprit ou intéressé son cœur; il crayonne les
traits d'un père tendre, d'une mère chérie, des rochers sourcilleux,
un site varié, un paysage animé, une action héroïque, une scène
morale, un acte de bienfaisance, d'amour maternel ou de piété
filiale. Tout anime son pinceau, et les douces émotions de son &me
se peignent dans Texpression des figures ou dans les détails du
tableau.
Jeunes élèves I On voit à vos essais que vous avez été guidés par
une noble émulation. Continuez d'être assidus aux leçons et dociles
à la voix de votre instituteur. L'élude des principes dans tous les
arts est toujours longue et pénible. Empressez-vousde lever ce
voile, afin de donner bientôt l'essor aux heureuses dispositions que
vous tenez de la nature. La plus douce récompense de la Société
est dans vos progrès. Songez que désormais vos concitoyens auront
les yeux sur vous et que c'est à vous à justifier leurs espérances.
[Suivent les noms des élèves couronnés, avec rindication des sujets
qu'ils ont traités et des récompenses qu'ils ont reçtMs,]
Séance du 14 août 1808
P. 3^. — L'école publique de dessin étant rétablissement le
plus utile que la Société ait formé et son vœu étant qu'elle atteigne
aux succès les plus étendus qu'elle puisse en attendre pour la ville
de Limoges, informée que le nombre des élèves est beaucoup
diminué, voulant lui redonner le degré d'intérêt, d'activité qu'elle
présenta, la première année de sa fondation, arrête qu'il sera
nommé, séance tenante, une commission de cinq membres qui sera
chargée de faire à la Société un rapport sur l'état actuel de l'Ecole
de dessin, sur les causes de son dépérissement et sur les moyens
de la rétablir. Les membres de cette commission sont : MM. Ballet,
Dumas, Bonnet-Beauval, Charpentier et Chevalier.
Séance du 7 septembre 1808
P. 325. ~ La commission chargée de faire un rapport sur l'école
publique de dessin présente à la Société le travail qu'elle a fait à
ce sujet.
Le rapporteur offre l'historique de la foudatiou de l'école. Ce
500 SOCIÉTK ARCHROLOOIUDK ST H18T0R1QUR DO LIMOUSIN
fut en l'an XIII, lors de la suppression des écoles centrales et de
rétablissement d'un lycée à Limoges, que, pour donner un témoi-
gnage authentique de reconnaissance à M. Roulier-Delille, professeur
de dessin et créateur pour ainsi dire de ce talent dans notre pays,
la Société le retint au milieu de nous en le mettant à la tête d'une
école publique en même temps que M. Gaston, proviseur du lycée,
juste appréciateur de son mérite, lui conféra le même titre dans
riniérieur de cet établissement.
L'école publique, après des succès brillants, est devenue languis-
sante et presque nulle. Les causes de sa décadence sont Taugmen-
lation successive du prix d'admission des élèves, les absences
forcées du professeur, l'imprévoyance de la Société qui n'avait
point assujetti l'école à un règlement (ixe.
Pour remédier à la première cause, il est proposé de réduire le
prix annuel d'admission à l'école à la somme fixe de IS fr., rétri-
bution telle qu'on la payait à l'Ecole centrale.
La seconde cause ne peut être imputée au professeur, qui est
reconnu ne s'être absenté de la classe que forcé par des maladies
graves et, dans ces temps même, il se faisait remplacer par ses
élèves les plus distingués, ou il donnait ses leçons chez lui lorsque
la convalescence le lui permettait.
La commission rend hommage aux talens et aux succès de
M. Delille ; elle fait sentir que, dans un art libéral dont nous voyons
peu de professeurs, il est difficile de juger la méthode de celui qui
enseigne autrement que par ses résultats et que, sous ce point de
vue, le seul qui aille vraiment au but, M. Delille est digne de nos
éloges et de notre intérêt.
Toutes les dépenses d'établissement et d'objets nécessaires à
l'école sont faites ; nous possédons en abondance les moyens de
prospérité; l'école est utile, le professeur est bon. Il faut donc
maintenir notre ouvrage. II s'agit, pour obviera la troisième cause
de décadence, de poser des bases d'ordre propres à assurer les
succès.
La commission propose à la Société le projet d'arrêté suivant,
qui, après débats et amendements, est adopté ainsi qu'il suit :
P. 326. — Arrêté de la Société (T agriculture, de^ sciences et arts,
du département de la Haute-Vienne, pris en séance générale
Article i®'. — L'école publique de dessin du département de la
Haute-Vienne, fondée à Limoges par la Société d'agriculture, des
sciences et arts, est maintenue. M. Routier-Delille continue d'en
être professeur.
ilEGlSTRES DB LA SOGlèrft d'aGRICOLTURR 501
Art. 2. — A compter du !•' janvier i809, le professeur de celte
école recevra annuellement de la Société des honoraires fixés à la
somme de 600 fr. Il n*est rien changé à son traitement précédent
jusqu'à la dite époque.
Art. 3. — Chaque élève admis à Técole payera annuellement et
en trois payements égaux une rétribution de la somme de 15 fr.
Cette rétribution sera perçue par le professeur qui la retiendra
en entier pour servir de supplément à ses honoraires.
Art. 4. — Le professeur donnera deux heures de leçon par jour,
si cela se peut, et il jouira des congés et vacances accordés par les
lois et règlements.
Art. 5. — Trois commissaires seront chargés spécialement de
surveiller Técole, de pourvoir aux dépenses nécessaires et de faire
à la Société un rapport de situation tous les quatre mois. Ces com-
missaires seront renouvelés chaque année.
Art. 6. ^ MM. les commissaires vérifieront le mobilier de l'école
et le confieront au professeur sur son récépissé.
Art. 7. -^ Aucun élève ne sera admis à Técole s'il n*est muni
d'une carte d'admission, signée d'un des commissaires.
Art. 8. * Les frais d'entretien, de renouvellement, d'améliora-
tion de l'école et toutes autres dépenses la concernant sont à la
charge de la Société.
Art. 9. — La Société fera connaître par un avis imprimé et
affiché l'existence de l'école et le prix d'admission des élèves. Cette
affiche sera renouvelée, chaque année, et fera connaître au public
les avantages que l'étude du dessin peut procurer non seulement
aux professions méchaniques, mais encore à tous autres états et en
particulier aux jeunes citoyens qui sont destinés à suivre la carrière
des armes.
La Société nomme MM. Durand de Richement, Charpentier et
Alexandre Chevallier, commissaires inspecteurs de l'école de des-
sin.
Séance du 5 avril 1809
P. 337. — M. Charpentier, l'un des commissaires chargés de
surveiller l'école de dessin, fait un rapport sur le placement de la
dite école. II en résulte que la maison du sieur Deschamps, située
dans la rue Consulat, est la seule qui, dans ce moment, puisse
convenir à cet établissement, tant par sa position centrale que par
l'état du local dans lequel la Société n'a aucune dépense à faire.
En conséquence, l'assemblée, en approuvant tout ce que MM. les
commissaires ont fait à cet égard, les autorise à passer un bail
pour trois ans, aux conditions qui leur paraîtront les plus avan-
tageuses.
502 SOCIÉTÉ ARdBÊOLOGiaOB Kt BL8T0aiQUB DU LllhOUSlk
P. 341. — Séance publique du 24 mai 4809
[Ce procès-verbal a été imprimé,]
Séance du 16 mai 1840
P. 348. — M. Beauval fait successivement trois autres rapports...
le troisième enfin sur Télat actuel de l*école publique de dessin
fondée par la Société. 11 résulte de ce rapport que les plus forts
élèves étant sortis de l'école dans le cours de Tannée pour entrer
dans divers ateliers, il ne reste que des commerçants dont les
ouvrages ne sont point encore dignes de paraître en public. En
conséquence, le rapporteur propose au nom de la classe [de litté-
rature et beaux-arts] et l'assemblée arrête de renvoyer à 1811
l'exposition publique et la distribution des prix consacrés à cette
école.
Séance du l*' août 1810
P. 352. — Les sieurs Albert et Grossas écrivent à la Société pour
solliciter la faveur d'avoir une double clef de l'école de dessin, afin
d'y travailler hors les heures fixées pour les élèves. L'assemblée
renvoyé cette demaade aux commissaires attachés à l'école.
Séance du 2 décembre 1812
[Sur l'exposition des travaux de l'école de dessin.]
Séance ou 6 novembre 1816
[Sur le professeur de l'école de dessin.]
Séance du 13 novembre 1816
[Vœu pour un règlement de l'école de dessin.]
Séance du 4 décembre 1816
[Remplacement du professeur de l'école de dessin.)
Séance ou 12 janvier 1817
[Concours pour la nomination d'un professeur à l'école de dessin.]
Séance du 5 février 1817
[Ratification de la précédente nomination et nomination de deux
surveillants.]
Séance du 5 mars 1817
[Commission du règlement pour l'école de dessin.]
Séance du 2 avril 1817
[Sur le règlement rédigé pour l'école de dessin.]
ktolSTRBS DE LA 8<yàtÉTÊ D AGRICCLTCRk iS03
Séance du 9 avril 1817
[Sur le susdit règlement.]
Séance du 7 mai 1817
[Sur le susdit règlement et sur le local de l'école de dessin.]
Séance du 2 juillet 1817
[Du local deTècole de dessin.]
Séance du 9 juillet 1817
[Sur un nouveau local pour Técole de dessin et sur Tobservalion
du règlement.]
Séances des 6 août, 8 nov. et 3 déc. 1817 et 4 fév. 1818
[Du local de l'école de dessin. J
Séance du 4 mars 1818
[Court rapport sur Técole de dessin.]
Séances des 18 août, 9 sept, et 18 nov. 1818 et 13 janv. 1819
[Projet d*exposition publique des produits de l'industrie.]
Séance du .. janvier 1819
[Sur le nouveau professeur de Técole de dessin.]
Séance du 3 février 1819
[Sur les vices d'administration de l'école de dessin].
L'assemblée arrête que M. Roulhac, vice-président de la Société,
écrira à M. Albert, [professeur], une lettre dans laquelle il lui expo-
sera les justes motifs de plainte qu'il a fait naitre, et lui fera pres-
sentir que la Société se verra forcée d'eu venir à fermer son école
s'il persiste dans sa méthode d'enseignement qui parait peu favorable
aux progrès des élèves, et dans sa conduite peu docile aux avis des
membres de la commission.
Séance du 3 mars 1819
...La correspondance se compose encore d'une lettre de
M. Allou, ingénieur des mines, en mission dans le département de
la Haute- Vienne, qui accompagne deux notices : Tune sur la mine
de terre alumineusede Provenchëreprès Argenton, que H. Rostain,
propriétaire de la carrière, avait cru longtemps être de môme nature
que la terre à porcelaine connue sous le nom de kaolin. M. Allou ,
après avoir soumis cette terre à des expériences rigoureuses,
démontre qu'elle n'a aucun rapport avec celle des carrières de
I
«^04 SOCI^Té ARCH^OLOOIQUK Rt HISTOklQUR DU LIllOlISlM
Saint-Yrieix, et qu'elle De peut être employée à la fabrication de
la porcelaine.
[M. Foulques aanonce à la Société le bon effet de la lettre adres-
sée à M. Albert].
Séance du 5 août 1819
[Sur TexpositioD publique des dessins des élèves.]
Séances des 20 août et 2 décembre 1819
[Rapport sur Técole de dessin.]
Séances des 19 et 27 juillet 1820
[Exposition des dessins de Técole ]
Séance du 29 octobre 1820
[Rapport sur Técole de dessin et procès-verbal de la commission
de la dite école.]
Séance du 30 novembre 1820
Projet présenté par M. Allou, ingénieur, d*un Musée départe-
mental, dans lequel âgureraint « les objets de Tindustrie locale
tels que les porcelaines, les cuivres, les fers, les produits de nos
papeteries, etc. »
Séance du 16 décembre 1820
[Sur le projet de fermer l'école de dessin.]
Séance du 21 décembre 1820
[Suspension du professeur de Técole de dessin.)
Séance du 23 décembre 1820
[Remplacement provisoire du professeur.]
Séance du 16 février 1821
[L'école de dessin est confiée à M. Lassimonne.]
Séance du 15 mars 1821
[Réforme de l'école de dessin. — Projet d'un Musée départe-
mental.]
Séances des 18 mai, 8, 20 et 29 juin et 25 juillet 1821
[Sur l'école de de.ssin].
Séance du 31 octobre 1821
[MM. Allou et Alluaud sont nommés conservateurs du Musée
départemental établi dans le local de la Société.)
DR LA
MUNICIPALITÉ DE LIMOGES
(Extraits relatifs à l'industrie porcelainiêre, de 1794 h 1817 (-1)
Les documents relatifs à Tioduslne porcelainiêre sont extrêment rares
dans les Archives de THAtel de Ville de Limoges. Ceux qui suivent n*of-
frent môme pas un très grand intérêt. Noas les publions néanmoins pour
ne rien omettre de ce qui peut servir à l'histoire de cette industrie.
Seule» la question de remboursement des droits d'octroi établis sur le
bois qui servait à la cuisson de la porcelaine, a donné lieu à des délibéra-
tions et à des arrêtés fréquents. Nous nous bornerons k indiquer les dates
sous lesquelles on les rencontre, savoir : 19 janvier (Si 6, 31 novem-
bre 1817, 21 février ISîi, 4, il et 18 mai 4830, 39 mars 1833,
22 avril 1834, 30 avril et 30 mai 1836. 91 février et 11 novembre 1842,
40 et 24 février 1844, 24 janvier ettj décembre 1845, 22 novembre 1817.
Le projet du budget supplémentaire de la ville pour 4848, présenté
par le maire au Conseil municipal sous la date du 44 décembre 1848, fait
mention d'un « prêt fait aux fabricants de porcelaine ». C'est tout ce que
nous en savons.
A. L.
(1) Transcrits par M. Georges Rac, employé auxiliaire aux Archives
départementales de la Haute-Vienne; collationnés par le soussigné A. L.
T. LH 33
50(^ SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et HlStORIQUB DU LlItOdSlN
Séance publique do 23 messidor, 2* année républicaine
(= H juillel 1794)
Il a été fait lecture d'une lettre des administrateurs du district,
portant copie de celle de la Commission d'agriculture et des arts
du 14 de ce mois, demandant les genres de fabrique et de manufac-
tures qui existent dans notre arrondissement et les branches qui
y sont cultivées.
fia réponse ne se trouve nulle part).
Séance publique du 19 nivôse, 3"" année de là république
(= 8 janvier 1795)
Les citoyens Léonard Monnerie et Jean Joubert demandent l'agré-
ment de la municipalité de Limoges pour rétablissement d'une
manufacture de porcelaine dans la maison et dépendances du dit
Monnerie, située faubourg de Paris, section de la Liberté.
Le Conseil général voulant seconder les intentions de la Conven-
tion nationale, qui sont de donner au commerce tout Tencourage-
ment nécessaire pour le faire Heurir, a donné son agrément à
rétablissement proposé, ne pouvant en résulter aucun inconvénient
fâcheux, étant situé hors Tenceinte de la ville.
Adresse du maire de limoges a ses concitoyens, reutivement a
l'exposition annuelle des produits de l'industrie (ou 8 floréal
AN XII DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE -= 28 aVfil 1804).
Les maire et adjoints de la commune de Limoges aux fabricants
et aux artistes,
Citoyens,
La Société d'agriculture et des arts a fondé dans cette commune
une exposition annuelle des produits de l'industrie, des prix d'en-
couragement destinés aux artistes et fabricants. La mairie,
convaincue que ses concitoyens ont su apprécier l'importance d'un
établissement qui tend à la perfection des arts dans une commune
dont la fortune et le crédit reposent sur les habitants, croit devoir
rappeller aux fabricants et aux artistes en tout genre, que Fexpo-
sition aura lieu, cette année, dans Tancienne église de la Visitation,
et qu'elle sera ouverte au public le quinze du courant; elle les
invile, en conséquence, à déposer les produits de leur industrie le
quatorze au plus tard. Qu'ils se persuadent, surtout, que le salon
des arts est ouvert à la poterie la plus grossière comme à Télégan te
RBâlStRBS DE LA IIUiNlClt>ALITÉ DE LlllOÛES 507
porcelaine, et qa'une pièce de droguet bien fabriquée est aussi
précieuse aux yeux du gouvernement que le plua beau drap de
Louviers, que les plus belles dentelles de la Belgique. — Signé :
NouALLiBR, maire; Brigueil et Michel, adjoints; Lingaud, secrétaire
en chef.
 Limoges, les jour, mois et an susdits. Signé : Nouaillier.
ARRÊTÉ CONCERNANT LES MANUFACTURIERS ET FABRICANTS DE LA VILLE
DE LIMOGES (du 4 décembre 1812)
Le chevalier de TËmpire, maire de la ville de Limoges et mem-
bre de la Légion d*honoeur.
Vu la lettre de Monsieur lauditeur au Conseil d'Etat, sous-pré-
fet de cet arroodissement, en dale du ¥1 novembre, par laquelle il
le charge de rappeler aux manufacturiers et fabricants de cette
ville les dispositions de la loi du 22 germinal an X[, et principale-
ment celles des articles 16 et 17 du titre 4 :
Arrête que les dits articles seront imprimes, publiés et affichés
à la suite du présent, avec injonction à tous les manufacturiers et
fabricants d'avoir à s'y conformer sous les peines prévues par les
susdits articles.
Les commissaires de police devront être chargés de Texécution
du présent.
« Art. 16. — La contrefaçon des marques particulières que tout
» manufacturier ou artisan a le droit d'appliquer sur les objets de
» sa fabrication donnera lieu : 1"* à des dommages-intérêts envers
» celui dont la marque aura été contrefaite ; ^ à Tapplication des
» peines prononcées contre le faux en écritures privées. >>
« Art 17. — La marque sera considérée comme contrefaite quand
» on y aura inséré ces mots : façon de ..., et à la suite le nom
» d*un autre fabricant ou d'une autre ville. »
A Limoges, les jour, mois et an susdits. Signé : Nouallier,
maire. .
Avis A MM. LES Entrepreneurs et Directeurs des établissements
INDUSTRIELS DE LA VILLE DE LiMOGES (du 11 uovembre 1814)
Le Maire de la ville de Limoges,
Vu la lettre de Monsieur le Directeur général de l'agriculture et
du commerce, sous la date du 25 octobre dernier, à lui transmise
par Monsieur le Sous-préfet de cet arrondissement, le 9 du courant,
dontrexlrait suit: « Désirant que le Conservatoire des arts et métiers
tt08 SOCIÉTÉ ARGHKOL06IQIJE Bt HISTOIIIQOB DU LIMOUSIM
» de Paris rende auK manufaclares du Royaume lous les services
» qu'elles peuvent recevoir de son établissement, et que le moyen
» le plus convenable d*y parvenir est d'y réunir les échantillons
» des produits de Tinduslrie française qui, concentrés sur un seul
» point et sans cesse offerts aux regards du public, présenteront
» un tableau vivant de la situation et de Taclivilé de Tinduslrie,
» et deviendront en même lemps pour les amateurs et artistes des
» exemples et leçons qui, en honorant les propriétaires, entrepre-
» neurs et directeurs des établihsoments industriels, les feront
i> connaître d'une manière avantageuse et leur procureront des
» commandes qui les indemniseront des efforts qu'ils font pour
» perfectionner leurs fabricaiions. »
Persuadé que tous les fabricants et manufacturiers de cette ville
s'empresseront de concourir au succès des vues de Monsieur le
Directeur général, il les invite à vouloir bien déposer, au secrétariat
de la Mairie, des échantillons de leurs produits, lesquels devront
être accompagnés de notes explicatives et indiqueront les noms et
prénoms des fabricants.
A Limoges, les jour, mois et an susdits.
Signé : Bourdeau, adjoint.
ARRÊTÉ QU( FIXE LE MODE D'AFFRANCHISSEMENT DES DROITS D'OGTROI
SUR LE BOIS COMBUSTIBLE EMPLOYÉ POUR LA CUISSON DE U PORCE-
LAINE (du 15 mars 1817).
Nous Maire de la ville de Limoges, chevalier de l'ordre royal
militaire de Saint-Louis.
Vu la pétition à nous adressée, le 25 février dernier, par
MM. Aliuaud frères, fabricants de porcelaine, pétition par laquelle
ils demandent que nous Gxions le mode d'affranchissement du droit
d'octroi, qui leur est accordé par la délibération prise par le Conseil
municipal le 13 février 1816, confirmée par une décision ministé-
rielle, pour tout le bois que leur four à porcelaine, nouvellement
construit, peut consumer pendant un an.
Vu notre « soit communiqué à Monsieur le Contrôleur en chef
de Toctroi» et l'avis écrit de ce dernier, qui estime, d'après les ren-
seignements qu'il a pris, la consommation du dit four à cent abaux
de bois par an.
Considérant que l'abonnement avec M" Aliuaud, constaté par
nous d'après cette estimation, nous parait le moyen le moins dis-
pendieux et le plus propre à prévenir les fraudes.
Avons arrêté ce qui suit :
J
REGISTRES DE LA MDIIICIPALITÉ DE LIVOGES S09
Art. !•'. — M"» Allaaud frères feront au bareaii de Toclroi la
déclaration de tout le bois à brûler qu'ils ont déjà reçu et empilé,
et de celui qu'ils recevront par la suite; ils ne paieront aucun droit
pour les cent premiers abaux, et seront assujettis aux droits d'octroi
pour le bois qu'ils recevront en sus de cette quantité.
Art. 2. — Monsieur le Contrôleur en chef demeure chargé de
surveiller et faire surveiller l'exécution du présent arrêté, dont il
lui sera donné copie et dont il donnera connaissance à MM. Alluaud
frères.
A Limoges, les jour, mois et an susdits.
Signé : G. Poutat, adjoint.
LA BIBLIOTHÈQUE
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
Dès sa naisssance, en 1845, notre Société a songé à reciH.'illir
les ouvrages imprimés et manuscrits qui peuvent servir à Tétude
du passé provincial de la France.
Un premier noyau fut constitué par les dons de quelques socié-
taires et par les envois du Ministère de Tlnslruction publique.
Aujourd'hui encore les envois continuent, mais les dons particu-
liers sont depuis longtemps devenus rares. Quant aux achats ils
se bornent présentement à Tabonnement de la Société à la Revue
de l'art chrétien, au Bulletin monumental et à la Homania.
Par contre, l'échange de notre Bulletin avec les publications
similaires de nombreuses associations françaises et étrangères a
fait entrer sur les rayons de notre bibliothèque un conlinjjent
important d'ouvrages qui ne se retrouvent ni à la bibliothèque
du Département, ni à celle de la Ville.
Tout compte fait, la Société archéologique du Limousin possède
aujourd'hui environ 4,000 volumes ou brochures, défalcation
faite des nombreux exemplaires de ses publications tenus en
réserve.
Jusqu'en i8S% cette collection a été logée dans une des salles
de la Bibliothèque communale. A la date précitée, elle fut relé-
guée dans une petite salle des Archives départementales, obtenue
par concession gracieuse de M. Presne, alors préfet de la Haute-
Vienne.
LA BlBLIOTBiQlTK DB LA SOCIÉtA ABCHBOLOOIQUB DU LIMOUSIN 51 1
Lorsque, à la fin de l'année 1899, la Société transféra son siège
social au Musée céramique, une partie de sa bibliothèque (ouvra-
ges sur la Marche et le Limousin, publications étrangères, pièces
archéologiques) y fut également transportée et classée dans les
élégantes vitrines que Ton connaît.
Le surplus, demeuré aux Archives départementales, a suivi
celles-ci lors de leur récent transfert. Depuis janvier i903, ce
surplus (qui est, à vrai dire, la portion la plus considérable de
la bibliothèque) se trouve logé au second étage du nouveau bâti-
ment de la rue des Combes, dans deux salles conliguës.
Voici donc comment se répartissent désormais les diverses sec-
tions de notre Bibliothèque :
Ouvrages sur la Marche et le Li-
mousin.
Cartes, gravures et photographies
sur la Marche et le Limousin.
Pièces et débris archéologiques
recueillis dans la région.
Périodiques de l'étranger.
Documents historiques manus-
crits, classés par carions.
Ouvrages anciens, rares ou pré-
cieux, de tout genre et de toute
provenance.
Publications de la Société (ré-
serve des).
Cartons des pièces de compta-
bilité et de correspondance.
Ouvrages divers d'histoire, de
gé(»graphie et de philologie,
générale et locale.
Périodiques d'histoire et de phi-
lologie, générale et locale (1).
Au Musée céramique, dans
quatre vitrines à clef.
Aux Archives départementales,
dans une armoire à clef.
Aux Archives départementales,
dans une armoire grillagée,
fermant à clef.
Aux Archives départementales,
dans une seconde armoire
grillagée, fermant à clef.
Aux Archives départementales,
sur des rayons ouverts, au
côté gauche de la salle.
(1) Bulletin du Comité de la langue et des arts de la France. Mémoires
lus h la Sorbonne. Revue des Sociétés savantes. Notices et extraits des ma-
nuscrits de la Bibliothèque nationale. Mémoires présentés par divers savants
à V Académie des inscriptions. Mémoires de VAcadémie des inscriptions.
Comptes rendus de VAcadémie des inscriptions. Bulletin historique et phi-
lologique du Ministère Bulletin des sciences économiques et sociales
publié par le Ministère. Annuaire-Bulletin de l'Histoire de France. Revue
des langues romanes. Romania. Refme bénédictine. Journal des savants.
513
SOCIÉTÉ ARCSéOLOSIQUE ET HI8TOBIQI3S DU LIMOUSIN
Ouvrages divers d'archéologie,
d'hagiographie et de biblio-
graphie, générale et locale.
Périodiques cl*archéologie et de
bibliographie, générale et lo-
cale (i).
Bulletins et Mémoires périodi-
ques d'une centaine de Sociétés
historiques, rangés suivant l'or-
dre alphabétique des départe-
ments.
Fiches analytiques des précédents
buUetiiDs, rédigées jadis par
M. Thézard.
Fiches de la table générale du
Bulletin, rédigée par M. Ducour-
tieux.
Aux Archives départetnentales,
sur des rayons ouverts, au
côté droit de la salle.
Aux Archives départementales,
sur des rayons ouverts, dans
la salle d'entrée.
Aux Archives départementales,
dans une petite armoire à
clef.
Aux Archives départementales,
dans une armoire à clef.
Les ressources qu'offre notre bibliothèque à tous ceux qu'inté-
resse Tancienne France, ont été signalées déjà, il y a une douzaine
d'années, dans un court article sur les Bibliothèques de Limoges
[Almanach limousin, 1890, part, hist., p. 144). Le relevé sommaire
de ses manuscrits, de ses gravures et de ses ouvrages rares a
aussi été publié dans notre Bulletin dès 1888 (XXXVI, p. 218 el
335). 1^ jour viendra bientôt où, pour utiliser complètement ces
richesses, il conviendra d'en dresser sur fiches et d'en tenir à
jour le catalogue descriptif.
A.L.
(Ij Annuaire de la Société française de numismatique. Annales archéolo-
giques. Revue de l'art chrétien. Congrès archéologiques de France. Bulleiin
monumental. Bulletin et Mémoires de la Société des antiquaires de France.
Revue épigraphique. Bulletin archéologique du Ministère. Répertoire des
travaux historiques. Bibliographie des travaux historiques et archéologi-
ques. Analeeta bollandiana.
PROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 30 JANVIER i902
Rrésldence de M* Ren6 Pa^e* président
Présents : MM. Maurice Ardant, Blancher, Bonnaiid, Brisset-
Desisles, Gharreyrbo, Goarlot, Ghassoux, Dubois, Ducourlieux,
Dapuy, R. Page, Faissal, docteur Fournie, Fray-Fournier, P. Gar-
rigou-Lagrange, L. Guibert, Hersant, Hervy, Caro. Jouhanneaud,
Charles Jouhanneaud, Juge, E. Lachenaud, A. Leroux, Malevergne
de la Faye, de Maleplane, du Mazaubrun, G. Marbouty, Hariaux,
Marie, Moufle, L. Mouret, Tabbë Pénicaud, Ruchaud, docteur
Raymondaud père, Savodin, Touyéras.
M. Tabbé Joyeux se fait excuser de ne pouvoir assister à la
réunion.
M. le secrétaire donne lecture du procès- verbal de la précédente
séance, qui est adopté.
M. Emile Hervy, vice-président, invile ensuite M. René Fage,
élu président de la Société, en remplacement de M. Tabbé Arbel-
lot, à prendre possession de ses fonctions.
M. Fage prononce un discours dans lequel il remercie d'abord
ses collègues de Thonneur qu'ils lui ont fait en rappelant à celte
présidence et à la direction de leurs travaux ; sans oublier les liens
si étroits et si chers qui l'attachent à la Gorrèze et à Tulle, sa ville
^natale, auxquelles il a consacré josqu'à ce jour ses principaux tra-
vaux, il emploiera tous ses efforts à remplir la nouvelle mission
qui lui est confiée et il fait appel au dévouement et à Taclivité dç
tous pour le seconder dans sa t&chç.
514 SOfllÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTORIQUfi DU LIMOUSIN
li rappelle, en excellents termes, ce qu'a été la société depuis
son origine, en 4845, et ce qu'elle a fait dans sa carrière déjà lon-
gue et non interrompue; il évoque les souvenirs de ses anciens
présidents, François Alluaud, Bonnin, Othon Péconuet, Larom-
bière, Dubcdat, Tabbé Arbellot, tous hommes distingués, érudits,
lettrés ou savants, dévoués aux intérêts de la Société, non moins
qu'à ceux de leur pays, et dont l'exemple a tracé le devoir à leurs
successeurs et doit leur être un précieux encouragement.
Après avoir souhaité la bienvenue aux membres nouveaux et
remercié les anciens de leur concours, M. Page exprime l'espoir
légitime que la prospérité de la Société ne fera que grandir et son
activité se développer, grâce aux bonnes volontés déjà acquises et
à celles qu'il sollicite et qui ne peuvent refuser leur coopération.
« ... Tous mes efforts, dit-il en terminant, tendront à maintenir
l'œuvre si bien entreprise et si heureusement conduite par mes
prédécesseurs. Mais ma bonne volonté serait insuflBsanle si je
n'étais énergiquemenl soutenu et aidé par vous tous. Je ne vous
demande pas seulement l'exactitude à nos réunions, qui est la pre-
mière vertu de tout sociétaire dévoué; permettez-moi d'être plus
exigeant : je sollicite de vous une collaboration plus effective.
Noire Bulletin vous est ouvert : quel est celui que ses lectures, ses
études, voire môme ses occupations professionnelles ne mettent pas,
un jour ou l'autre, en face d'un problème archéologique, d'une ques-
tion historique, d'un point obscur d'histoire ou de bibliographie?
Le sujet est irouvé, alors commence le travail des recherches, qui
paraît ingrat aux profanes, mais qui est si plein d'imprévu et d'in-
Jérêt, ijui procure aux curinux de si vives jouissances. El lorsqu'on
a mis la main sur le document précieux, recueilli le renseignement
désiré, dégagé l'inconnu, quelle intime satisfaction 1 Croyez-le,
Messieurs, ce plaisir intellectuel récompensera amplement votre
labeur.
') Mais pourquoi vous dire ce que vous savez déjà ? En vous rap-
pelant vos émotions de ch«»rcheurs et vos joies de trouveurs heu-
reux, je parie surtout pour ceux qui ne sont pas ici el qui devraient
y êlre. Communiquons-leur l'étincelle; attirons-les à nous. Les
esprits éclairés, les hommes d'étude sont nombreux à Limoges.
Répéions-leur que notre association est faite pour eux; qu'ils y ont
leur place; que le champ que nous travaillons est vaste et qu'ils
pourront avec profit pour notre cher Limousin y employer leur
intelligence, leur savoir et leur bonne volonté. Disons-leur qu'à
une épo(|uc où tant de causes def division troublent la société, il
existe à Limoges une compagnie où se pratique la plus large tolé-
rance, où la courtoisie est de règle dans les controverses, où se
FB0CB8-VBRBAUX DBS SÉANCES 5f5
nouent entre collègues de précieuses relations destime et d'anoitié.
Qu'ils sachent que notre programme est fait pour concilier tous les
partis, puisqu'il s'inspire uniquement du désir de conserver et
mettre en valeur notre patrimoine artistique et historique; et ils
répondront à notre appel, parce qu'ils auront à cœur de collaborer
à une œuvre patriotique. »
Ces paroles de M. Page sont chaleureusement applaudies.
ADMISSIONS ET PRÉSENTATIONS. — MM. Collet, dirocteur du Crédit
lyonnais à Limoges, et Jouhaud du Verdier, architecte, demeurant
aussi en celte ville, sont admis comme membres titulaires, au scru-
tin secret.
M. René Laguérenne, avocat à Limoges, est présenté en la même
qualité par MM. René Page et Camille Jouhanneaud. Il sera voté
sur son admission à la prochaine séance.
Nécrologie. — M. le président fait part du récent décès de M. C.
Nivet-Pontaubert, qui était membre de la Société depuis sa fonda-
tion et n'avait jamais cessé de lui marquer son zèle et son attache-
ment; par ses connaissances multiples et les riches archives qu'il
avait en sa possession, le défunt avait rendu beaucoup de services
à ses collègues et aux érudits de la province.
M. Nivet-Pontaubert a légué à nos archives une collection des
dessins de Beaumesnil dont il a été souvent parlé.
La Société exprime ses regrets avec ses remerciements et adresse
à la famille ses sincères condoléances.
Compte rendu financier de l'année 4901. — M. Louis Guibert
donne connaissance de l'état Qnancier et des recettes et dépenses
en 1901 :
Recettes,
Excédent de recettes au 1" janvier 4901 3.295 99
Timbres-poste en caisse ; . . , 6 90
427 cotisations de membres titulaires à 45 francs
(dont 126 de 4904 et 1 de 1900) 4 .905 »
63 cotisations de membres correspondants de 4901
àlOfr ,.... 630 »
3 droits d'entrée 30 »
Allocation du conseil général 500 »
Produit de la vente de Bulletins 41 »
Boni sur cotisation encaissées par la poste 4 1 52
Total 6.420 44
546 SOCIÉTÉ ARCHéOLOOIQDI BT B18T0R1QUK DU UMOUSIN
Dépenses,
Impressioo et envoi de la S^IivraisoD du lome 49 du
BM//ea*w (facture V* H. Ducourtieux) 1M66 »
Acompte sur Fimpression du tome 80 1 .200 »
Abonnements 87 •
Reliures 28 80
Dépenses communes de l'excursion à TArlige 39 »
Employé -. 430 »
Garçon de salle, indemnité, élrennes. . . 20 »
Affranchissements, paquets, encaissements à Texte-
rieur 6i 75
Note Pineau (photographie) M >
Cadre du portrait de H. Arbellot 6 »
Versé au compte de la Société au Crédit lyonnais. . . . 3.800 »
Total 6.220 25
Reste en caisse 200 i6
Une cotisation de 10 fr. reste arriérée.
Bibliographie. — M. Alfred Leroux indique les ouvrages et publi-
cations périodiques reçus depuis un mois; il mentionne en parti-
culier :
h'Almanach Limousin pour la Corrèze (1902), édité parM. P. Du-
courtieux; à noter une notice de M. A. Petit, sur Charles de la
Fagerdie et les jeux de TEglantine à Tulle; des articles de biblio-
graphie et de nécrologie.
Limoges illustré (4* année, n* 4). Article de M. Fray-Fouruier sur
les anciennes fortilicalions de Limoges.
L'administration de cette revue a bien voulu envoyer à la Société
toute la collection des numéros parus jusqu'à ce jour. Remercie-
ments.
La Revue des langues romanes [iome XLV, janvier 4902). Asid^Qa-
1er dans ce fascicule un commentaire critique par M. C. Chabaneau,
de la nouvelle édition du roman de Flamenca, publiée par M. Paul
Meyer (tome !•').
On sait que ce roman, qui occupe une place des plus importantes
dans la littérature médiévale, a été attribué par des érudits à un
auteur d'origine marchoise.
La Revue de l'art chrétien (4902, 1'* livraison), dans un article
concernant la peinture sur verre au moyen &ge et la nomenclature
des verrières des églises de France, cite seulement pour Limoges
des vitraux du xiv* siècle ; cette citation est insuffisante tant pour
J^imoges que pour la province.
PROCftS-VERHAUX DRS SÉANCES 517
M. Leroux dépose un exmplaire de son rapport comme archi-
viste sur le service des archives déparlemeatales pendant le der-
nier exercice. On peut y recueillir d'utiles indications et observa-
tions.
M. Page signale deux importants ouvrages parus récemment :
Tun est le Cartulaire de F Abbaye d'Uzerche, publié par M. Cham-
peval (chartes du x* au xiv* siècles; 544 pages); l'autre une étude
sur le cardinal Dubois, par le Père Bliard (librairie Lethielleux et
C^%2 volumes).
M. Léopold Mouret fait don à la Société d'un volume imprimé à
Bàleen 1551, par Henri Pierre, contenant la traduction en latin
des œuvres de Claude Ptolémée, notamment de l'Âlmageste, avec
préface d'Erasme. Ce volume provient de la bibliothèque de
H. Navières de la Boissière.
Communications. — M. le président annonce que le congrès annuel
des Sociétés savantes se tiendra à Paris, à la Sorbonne, du 1**^ au
6 avril prochain; sont délégués pour y assister : MM. Â. Leroux,
L. Guibert, R. Page, Courtot, Laclienaud et Pénicaud.
Une exposition du Limousin pittoresque et monumental aura
lieu à Limoges pendant les mois de juin et juillet 1903, sous les
auspices de la Société Gay-Lussac; un comité a déjà été constitué
et le programme arrêté dans ses grandes lignes; cette exposition,
limitée à la photographie et à la carte postale illustrée» avec une
section réservée aux daguerréotypes et photographies anciennes,
comprendra les œuvres relatives aux trois départements de la
Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse et à leurs annexes
limitrophes. Cette entreprise de bonne décentralisation limousine
mérite le concours de tous et un plein succès.
M. Camille Marbouty présente une sorte de botte en cuivre du
XV* siècle, à usage de custode ou destinée aux Saintes-Huiles, où
on lit les mots : Jesu.,. dei.., et qui a de l'analogie avec la grande
custode exposée à Limoges en 1886 par M. Brisset.
Lectures. — M. Louis Guibebt analyse et commente le bel ouvrage
de M. Charles de Lasteyrie sur V Abbaye de Saint Martial de Limo-
ges; avant lui, nous avions beaucoup de publications, de textes, de
documents concernant la célèbre abbaye, mais point d'histoire
d'ensemble; on doit une sincère reconnaissance à l'auteur d'avoir
comblé celte importante lacune.
L'ouvrage contient un certain nombre de parties et de chapitres
ayant trait aux origines, à l'historique des faits et des événements,
aux institutions et aux hommes, à l'état matériel, moral et écono-
mique de l'abbaye à travers le cours des siècles. M. de Lasteyrie
818 SOClÉtÉ ARCHÂÔLOGIQllE BT HlStORIQUK OU UHOUSlK
nous en fait connaître les débiils, laprospërilé, les vicissitudes, puis
la décadence ; la partie économique, traitée avec une grande compé-
tence, présente un intérêt tout spécial; il en ressort en effet avec net-
teté cette certitude, applicable à la plupart des institutions du même
genre, que dès la fin du xiv« siècle la diminution des revenus des
religieux était déjà sensible et s'accrut par la suite dans une (elle
mesure qu elle devait produire infailliblement la décadence maté-
rielle. La dernière partie du livre est relative à la description
monumentale, notamment à celle de l'église, qui a bit Daîire quel-
ques observations.
M. Guibert signale aussi quelques lacunes assez explicables dans
une œuvre de cette étendue et qui ne sauraient, du reste, en dimi-
nuer la valeur. L'auteur n'a rien dit des anciens monuments artis-
tiques de Tabbaye, par exemple du vieux baptistère, indiqué dans
la relation du concile de 1031, ni des statues qui ornaient le cloître
au xni« siècle. Mais il eût pu, surtout, nous intéresser en parlant
des écoles de Tabbaye, dont Texistence a été démontrée, ainsi que
de son rôle et de son influence au point de vue intellectuel et
littéraire pendant le moyen âge, faits qui paraissent aujourd'hui
bien établis, notamment par la grande production d'hymnes dont
Tabbaye a été la source.
M. Ernest Bl\ncher donne lecture d'une note concernant une
question agitée dans une précédente séance, celle de la renais-
sance de Tart des émaux peints à Limoges dans la dernière partie
du siècle qui vient de finir. Selon lui, Tinitiative et le mérite de
celte rénovation reviennent entièrement à M. Louis Dalpayrat,
véritable artiste et chercheur infatigable qui, dès 1872, a fabriqué
des émaux. De son atelier devenu bientôt très important, et con-
tinué par son association avec M. Lot, sont sorties des pièces en
nombre considérable, de toutes dimensions et de tous genres, dont
certaines atteignirent des prix fort élevés, telles par exemple
qu'un grand émail commandé par HM. Masaroz et Ribalier, grands
fabricants de meubles à Paris, pour la décoration d'une biblio-
thèque, et qui fut payé 6.000 francs.
Ces produits valurent au surplus à leurauteur une médaille d'ar-
gent à TËxposiiion universelle de 4878; c'était alors la plus haute
récompense décernée dans la section des émaux ; la Société archéo-
logique ne fut pas du reste la dernière à lui accorder ses éloges,
ainsi qu'en témoignent deux rapports des séances en 4873 et 4875.
Dalpayrat, dont la carrière artistique dans notre ville s'est arrêtée
vers 4879-1880, eut cet autre mérite d'avoir attiré autour de lui des
collaborateurs, d'avoir formé des élèves parmi lesquels M. Blancher
s'honore d'avoir compté dès la première heure. Son exemple eut
t>ROCÈS-VfftBAUX DES S8ANCBS Si 9
aussi pour effet de tenter un assez grand nombre d'amateurs, plus
ou moins heureux. M. Louis Bourdery, dont il a été parlé, mais qui
commença seulement en 4878 à produire ses premières œuvres,
doit élre classé parmi les amateurs les plus distingués dans le
genre très personnel qu'il s'était créé; mais la voie avait été tracée
avant lui et bien tracée par Louis Dalpayral, auquel revient réelle-
ment l'honneur de la renaissance de rémaillerie limousine.
M. Léopold MouRET fait part de quelques observations recueillies
par lui au sujet des origines des dénominations des rues de la ville
de Limoges; ces origines peuvent se répartir en divers groupes se
rattachant à la topographie, aux institutions et aux événements,
aux hommes et aux choses; on trouve encore à Limoges, malgré
les changements contemporains, beaucoup de voies rappelant d'an-
ciens lieux, quartiers ou fortilîcalions de la ville, des églises et des
couvents, des édilices, des foniaines; beaucoup aussi portent des
vocables de saints ; d'aulres évoquent le souvenir de corporations,
d'anciens corps de métiers. C'est de notre temps que les dénomi-
nations empruntées à des personnalités plus ou moins célèbres ont
pris le plus d'extension.
Le mémoire de M. Mouret se rattache au surplus à l'élude sur
les noms de la ville publiée par le Guide de l'étranger à Limoges,
en 4856 et 1865, et par VAlmanach limousin de 1880.
Le Secrétaire,
Camille Jouhantieaud.
SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1902
Présidence de M* René Kag^e» préaident
Présents : MM.Blancher, Aubert-Berger, Brunot, Collet, R. Fage,
Fougères, docteur Fournie, L. Guibert, Hersant, Hervy, Camille
Jouhanneaud, Jouhaud de Verdier, A.Leroux, Malevergne de la
Faye, L. Mouret, l'abbé Pénicaud, Ruchaud, Touyéras, de Vandiè-
res de Vitrac.
M. Bonnaud se fait excuser de ne pouvoir assister à la séance.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu par le secrétaire
et adopté.
M. René Laguérenne, avocat, demeurant à Limoges, est ensuite
élu comme membre titulaire au scrutin secret.
590 SOCIÉTÉ ARCBÉ0L06IQUK ET HISTORIQUE DU LIMOUSIII
Bibliographie. — M. Alfred Leroux indique les principales publi-
cations reçues depuis un mois; il mentionne en particulier :
Limoges illustré (n"* 6 et 7, 4* année). — Notre collègue M. Fray-
Fournier y continue son intéressante étude sur les fêtes nationales
et civiques dans la Haute-Vienne pendant la Révolution.
La Revue scientifique du Limousin {u? 110). — Article de M. Ch.
Le Gendre, sur les mines d'étain de Vaulry.
Le Bulletin de la Société des Amis des sciences et arts de Roche-
chouart (t. XI, n** 4).
Le Bulletin de ta Société archéologique de la Corrèze (Brive, octo-
bre-décembre 1901). — A noter un article de dom Besse concer-
nant les Bénédictins de Saint-Augustin de Limoges, et une notice de
M. E. Rupin sur un tombeau limousin,' en cuivre doré et émaillé,
qui se trouvait au prieuré de Belthomer, dans le diocèse de Chartres.
L'envoi de ce fascicule est accompagné de celui d'une table géné-
rale analytique et raisonnée des matières, publiée par la société
de Brive dans ses vingt premiers volumes (1878 à 1899), et dressée
par M. Gh. Godard.
Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre (Bourges, 1900).
On y trouve une description de Thôtel de Jacques Cœur, à Bourges,
en 1679, par M. F. Deshoulières ; cet hôtel avait une annexe appelée
hôtel de Limoges; —un travail de M. le comte Toulgouet Treanna,
relatif aux recherches de noblesse du Berry, où Ton relève plu-
sieurs noms limousins :
Une thèse de doctorat de M. Charles Godard, professeur au
lycée de Tulle, qui a pour litre : de Stephano Baluzio Tutelensi,
libertatum ecclesiœ gallicanœ propugnatore, présentée à TOniver-
silé de Paris.
Sont offerts à titre de don à la Société :
Par M. Alfred Leroux : une élude de bibliographie critique,
extraite des publications de la Société des études historiques, qui
a pour titre : Les Conflits entre la France et l'Empire pendant le
moyen âge. Noire savant collègue avait déjà fait paraître plusieurs
mémoires touchant au même sujet.
Par M. Henri de Montégut : Inventaires du château de Montréal.
en Périgord (1569-1792), avec notice.
Par M. Emile Hervy ; un gros volume qui paraît provenir du
bénédictin dom (iOl et contient un recueil de nombreuses pièces,
pour la plupart manuscrites, qui intéressent des familles seigneu-
ries de TAuvergne, notamment celle de Langeac; le supplément
du dictionnaire de Moreri (5 volumes).
Des remerciements sont adressés aux donateurs.
^ROCES-VkRBAUX OKS UAKCSà li^i
La Société bistoriqae et archéologique de B&le demande rechange
de ses bulletins avec ceux de la Société : la proposition est acceptée.
Communications. — M. Hersant fait part du décès à Orléans de
Mgr Desnoyers, fondateur et président de la Société archéologique
de rOrléanais, mort à un âge très avancé et dont le nom demeure
inséparable du mouvement archéologique et d'érudition contem-
poraine dans cette province.
H. DE Vandiéres de Vitrac donne connaissance de quelques
pièces recueillies par lui dans le chartrier du ch&teau de Leychoi-
sier, paroisse de Bonnac, canton d'Ambazac, qui est du reste
fort riche en chartes et documents, d'après Texamen auquel il s*est
livré. Les pièces dont il s'agit, qui sont des originaux sur parche-
min, consistent en une donation de 4250, une autre de 1275, un
acte d'échange de 4279, un testament de 4298 et une vente du
2 janvier 4299 (nouveau style 4300) et intéressant surtout la famille
Boschaud ou Bouschaud de Brie; ces donations, échange et vente
concernent des rentes ou des biens sis dans les paroisses de
Ghampagnac, Dournazac, La Ghapelle-Monlbrandeix, Gussac.
M. Gamille Jouhanneaud signale une chronique du Journal des
Débats (n"" du 4*^' février 4902) où il est question du général de
Nalèche, issu d'une noble famille marchoise qui existe encore et a
toujours joui dans le département de la Greuse d'une grande noto-
riété. Le chroniqueur, M. Gharles Malo, en rendant compte d'un
livre récent de M. le lieutenant Lotlin qui a pour titre : Un chef
d'état-major sous la Rér^olution ; le général de Billy, esquisse la
biographie de deux généraux de ce temps qui, sans avoir occupé
le premier rang, n'en méritent pas moins une mention. De Nalèche
aussi bien que de Billy, en effet, se révélèrent comme les meilleurs et
les plus intrépides lieutenants de Marceau; ce fut à la vigueur et à
l'énergie du premier, dit l'auteur, non moins qu'à l'esprit d'orga-
nisation du second, que le Jeune héros dut le rétablissement de
l'ordre et de la discipline fort compromis dans son armée par les
circonstances du moment, et qu'il put ainsi accomplir ses glorieux
faits d'armes; de Billy, dont le nom a été donné à un des quais de
la Seine à Paris, eut le mérite de créer dans l'armée de Sambre-
et-Meuse un service d'étal-major, à une époque où ce corps n'exis-
tait pas encore ; le concours de son camarade, à d'autres égards, ne
fut pas moins efficace.
Le général de Nalèche demeura Gdèle à ses convictions républi-
caines; il avait voté négativement, lors du vote émis pour conférer
à Bonaparte le consulat à vie et il fut tenu à l'écart sous l'Empire,
si ce n'est à la (in du régime où il fut appelé à un poste, du reste
secondaire. La Restauration lui garda également rigueur.
T. LU 34
82i SOCI^T^ AaCBÂOLOCIQUB Bt HiSTOIIIQtlB t»U LIMOUSIN
Le nom du général de Nalèche paratt donc devoir figurer dans
la galerie des hommes de guerre de la Révolution originaires de
notre région limousine. Nous ne connaissons pas, dans nos recueils,
de notices le concernant ; mais Touvrage qui vient d'être cité peut
fournir des détails biographiques utiles à consulter.
Lectures. — M. Louis Guibbrt donne lecture d'un mémoire de
M. Hubert Texier où celui-ci commente une lettre de M. l'abbé
Texier qui signalait la découverte, dans les terrains dépendant de
la fabrique de porcelaine, installée après la Révolution sur rempla-
cement du c( uvent des \ugustins de Limoges, d'une curieuse
médaille d*or représentant une statue vêtue d'un costume de moine,
avec la légende : Sebastianus primus Portugaliœ rex. Cette médaille
fut fondue presque aussitôt et il ne fut même pas possible au savant
ecclésiastique d'en prendre un dessin.
M. Hubert Texier, rappelant cette trouvaille, se demande si elle
ne donnerait pas à supposer que l'infortuné prince aurait fini au
couvent des religieux augustins de Limop:es sa carrière tourmentée.
On sait que Sébastien P', vaincu en 1578 par les Maures, dans une
grande bataille, passa pour avoir été tué après le combat par des
Arabes qui Tavaient fait prisonnier. Toutefois sa mort ne fut pas
parfaitement établie, et trois personnes se donnèrent successi-
vement, dans les années qui suivirent ces événements, comme
étant le malheureux prince, qui serait resté quelque temps prison-
nier et oublié, puis aurait réussi à s'échapper de captivité. Les
deux premiers prétendants furent reconnus des imposteurs et punis
comme tels. Le troisième, qui parut à Venise vingt ans après la
défaite des Portugais, répondit à tous les interrogatoires avec une
précision admirable et il fut constaté de plus que son corps pré-
sentait les marques et les cicatrices que portait le roi.
Le Sénat de Venise, fort perplexe, décida que ce personnage,
sur l'identité duquel on n'osa pas porter de jugement, serait con-
duit hors du territoire de la République: il avait manifesté l'inten-
tion de se rendre en France; mais à son passage par la Toscane,
le grand-duc le livra aux Espagnols; depuis lors on n'entendit plus
parler de lui. Aurait-il recouvré sa liberté et serait-il venu finir ses
jours à Limoges ? M. Texier assure que, d'après une tradition cons-
tante, existant dans notre ville, un roi du nom de Sébastien aurait
été enterré dans la chapelle des Augustins.
M. Guibert dit n'avoir jamais trouvé trace de cette tradition.
Plusieurs documents signalent les tombeaux qui se trouvaient dans
la chapelle des Augustins ; aucun n'était attribué à un grand per-
sonnage. Alors qu'à Grandmont, on savait qu'un évêque de Cahors
et un comte de la Marche avaient été inhumés dans l'abbaye ; qu'à
bROC^-VfikBAUX DkS iÉANCkS iiti
Saint-Marlial on montrait les anciennes sépultures des vicomtes de
Limoges; que les dominicains gardaient précieusement les épita-
plies d'Isabelle de Ventadour et de Pierre dé Saint-Astier, il serait
singulier que le souvenir de la mort et de la sépulture du roi
Sébastien, ou si Ton veut, du prétendu Sébastien, n*eût pas été
mieux conservé.
La médaille mentionnée par Tabbé Texier et représentant une sta-
tue, paraît du reste assez étrange. Il n'est pas probable qu'elle ait
été frappée à Limoges et on doit s'étonner qu'il n'en ait pas été si-
gnalé d'autres exemplaires.
M. Camille Jouhanneaud fait l'historique du prieuré de l'Artige,
en résumant les travaux des devanciers qui doivent être complétés
et parfois rectitiés à l'aide de nombreux documents publiés depuis,
notamment du carlulaire édité par M. de Senneville et des pièces
en dépôt aux Archives de la Haute- Vienne dans le fonds du collège
de Limoges (Série D, avec notes publiées par M. Alfred Leroux).
Fondé au début du xu<» siècle, au lieu dit TArtige- Vieille, à trois
kilomètres à l'Est de Saint-Léonard, par de pieux Vénitiens, Marc
et Sébastien son neveu, il fut transporté vers 1174 à l'Artige
actuelle, sous le priorat de Héiias del Uorto; le monastère avait
déjà une certaine importance, car il comptait au moins onze
prieurés en dépendant ; cette importance s'accrut encore au cours
du siècle suivant ; le xhi« siècle fut même une époque de grande
prospérité pour l'Artige, qui compta environ trente-sept prieurés
dont trente-deux sont aujourd'hui bien connus.
Sans avoir eu le titre et l'importance d'une véritable abbaye,
l'institution, qui était soumise à la règle des chanoines de Saint-
Augustin, avait un caractère propre, ne relevait pas de l'ordinaire,
mais directement du pape, ainsi que l'établissent plusieurs bulles.
Elle était déjà en décadence au milieu du xvi* siècle, lorsque le
régime funeste de la commende lui fut appliqué, comme à la plu-
part des autres institutions religieuses ; de plus, malgré son iso-
lement et les difficultés de ses approches, le prieuré avait dû subir
et eut à subir encore les violences extérieures, avec le pillage ou la
ruine qui en étaient la suite, pendant les longues luttes avec les
Anglais et les guerres civiles et religieuses qui désolèrent notre
pays auxvi* siècle.
Cet état de choses facilita l'union du prieuré avec le collège des
Jésuites de Limoges, en 1682, à la mort de Cosme Naudé, dernier
prieur commendataire; cette union comportait en même temps
celle de vingt-quatre des prieurés qui en dépendaient; depuis, la
décadence alla toujours en s'accroissant ; auxviu* siècle, le nombre
des chanoines prébendes était réduit presque au minimum et le
service divin ne se faisait même plus à l'Artige avec régularité.
i%k SOClÎTi AaClèlOLOQIQtK It ttlSTOiUQUI Dto LliOtlStlf
Aussi Tanion déRnitiye avec le collège fut-elle prononcée en 1741,
et peu après celle de neuf autres prieurés qui avaient consenré
leur autonomie.
Après Texpulsion des Jésuites, les revenus de TArtige, d'abord
administrés par un séquestre, demeurèrent affectés à Tenlretien du
collège confié à des prêtres. Lorsque survint la Révolution, les
rentes du prieuré furent attribuées à Thôpital de Limoges et les
biens eux-mêmes furent vendus comme biens nationaux à la requête
du district de Saint-Léonard ; depuis, ces biens et les b&timents de
TArtige ont appartenu à divers propriétaires.
M. G. Jouhanneaud a fait suivre cette notice d'une description
archéologique de TArtige, de Féglise, du cloître, des autres bâti-
ments ou du moins de ce qu'il en reste; il a relevé aussi toutes leB
inscriptions qui ont pu être recueillies à l'ancien prieuré, au nom-
bre de dix-neuf; et il a enfin accompagné son travail qui doit paraî-
tre dans le tome L du Bulletin, de diverses annexes donnant la
liste des prieurs, celle des prieurés dépendant de TArtige, les textes
des inscriptions et des indications bibliographiques.
M. René Page rappelle la longue et célèbre controverse agitée au
sujet de remplacement d'Uxellodunum qui fut le dernier rempart
des Gaulois lors de la conquête de Gésar. On sait que diverses
localités du Genlre, notamment Ussel, Uzerche, Gapdenac, avaient
été successivement proposées comme étant TancienneUxellodunum;
mais les présomptions les plus favorables s'étaient arrêtées en
faveur du Puy d'Issolud, situé près de Vayrac, dans le département
(lu Lot, près des confins de la Gorrèze.Gependant un conseiller à la
cour de Toulouse, M. Latreille, a cherché à faire renaître la discus-
sion, enadressant à TAcadémie des inscriptions un mémoire oà il fait
part de la découverte, au lieu deLauzcrte près Moissac, d'une ins-
cription concernant un certain Lucterius, prêtre, qui, d'après lui,
pourrait bien être le même que Lucterius, l'un des deux chefs
gaulois qui défendirent Uxellodunum, lequel fut fait prisonnier et
sans doute mis à mort par les vainqueurs. Le correspondant conclut
à ce que de nouvelles investigations soient laites et la question
remise à l'étude.
Ges conclusions paraissent un peu forcées au rapporteur, M. de
la Noë, qui estime qu'une simple synonymie de noms, en dehors de
toutes autres circonstances un peu probantes, ne saurait suflSre à
mettre en échec les conjectures actuellement admises (V. Bulletin
géographique et historique du comité des travaux historiques, année
1301, n"" 3). Getle opinion, ajoute M. Page, sera certainement celle
de la grande majorité des éradits qui se sont occupés de la question.
Le Secrétaire,
Camille Jouhanneaud.
ff'ROCJklft-VIRBAUX BIS sftAMCBS Mtt
SÉANCE DU 28 MARS 19(tt
Présidence de !■• B. Her^y» vle« -président
Présents :MM.Blai)cher, Bonnaud, Collet, Courtot, Ducourlieux,
docteur Fournie, L. Guibert, Hersant, Joly de Sailly, C. Jouhan-
neaud, Jouhaud de Verdier, R. Laguérenne, A. Leroux, C. Mar-
bouty, Ruchaud.
Bibliographie. — Après la lecture du procès-verbal de la dernière
séance, qui est adopté, M. Alfred Leroux rend compte des publica-
tions diverses reçues depuis un mois et mentionne plus spéciale-
ment :
Le Bibliophile limousin (17*. année, n"" 1), où il y a lieu de noter
un article de M. Paul Dueourtieux sur la collection de M. Tabbé
Pau, curé de Bort (Corrèze), qui était assez riche en objets d*art,
émaux, pièces d'orfèvrerie, tableaux, monnaies et médailles, ma-
nuscrits et livres, et dont la vente après décès, faite récemment à
Paris, parait avoir eu lieu à Tinsu des collectionneurs limousins et
dans des conditions assez défectueuses.
Limoges-illustré (4« année, n*» 8 et 9). M. Fray-Fournier y pour-
suit son étude sur les fêtes nationales et civiques dans la Haute-
Vienne pendant la Révolution ; l'étendue de cette étude témoi-
gne de l'abondance des documents que Tauleur a su recueillir et
utiliser avec sa compétence bien connue.
Procès-verbaux des séances du Conseil municipal de la commune
de Limoges (année 1901). — Un volume de 967 pages.
Lemouzi (n"" 77). Article de M. Jean Dutrech sous le titre : Victor
Hugo et le Limousin.
Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze,
qui publie plusieurs mémoires et documents intéressants, au nombre
desquels se trouve l'article de notre collègue, M. Dueourtieux,
relatif au trésor découvert à Saint-Hilaire-Luc.
Bulletin de la Société du Périgord (tome XXXIX, 1'* livraison).
Revue de V Auvergne (18* année, n" 5-6). On y lit une biographie
de Victor Lenoir, né à Jarnages (Creuse) en 1837, par M. Emmanuel
des Essarts.
La Revue de l'art chrétien (série 5', tome XIII) cite avec éloge le
Guide de M. E. Rupin à Brive, Roc-Amadour et Padirac.
Bulletin de l'Académie des inscriptions et belles lettres (1901,
novembre et décembre). Notice de M. Hartwig-Dereiit>ourg, mem-
bre de TAcadémie, sur la vie et les œuvres de M. Maiimin Deloctaei
526 SOCléré ARCHéOLOGIQOK ET HISTORIQDB DU LIMODSIN
à qui le monde érudit et le Limousin en particulier doivent une
collaboration fréquente et de grande valeur.
M. Dujarric-Descombes a envoyé deux plaquettes, Tune qui a
pour titre : L'annonce du meurtre d'Henri IV à Périgueux; Tautre :
La Terreur blanche à Périgueux,
M. Louis Guibert offre sa notice. : Limoges à la fin de la guerre
de Cent ans;
M. Camille Jouhanneaud, celle qu'il a publiée sous le titre : La
tradition de Pourceaugnac.
M. Leroux présente ensuite le premier exemplaire des Tables
générales des Bulletins de la Société (iStë-idOO, du 1. 1«' au t. 49),
formant un volume de 360 pages, préparées et dressées par M. Paul
Ducourtieux. La publication de ces tables, souhaitée depuis si
longtemps et attendue de tous avec une légitime impatience, fait le
plus grand honneur à notre laborieux et zélé collègue, qui a droit
à d'unanimes remerciements. Celui-ci a fait précéder son travail
d'une introduction, ainsi que d'observations préliminaires où il
indique la méthode qu'il a suivie et les divisions de ce travail, di-
visions qui sont de nature à satisfaire tous les chercheurs, à guider
leurs recherches et à faciliter les études à venir.
La Société adresse ses félicitations les plus sincères avec ses
remerciements à M. Paul Ducourtieux.
Communications. — M. le président signale les distinctions hono-
rifiques décernées ces jours derniers à trois collègues :
M. Fray-Fournier a été promu officier de Tinslruction publique.
MM. Blancher et Bonnaud ont été nommés officiers d'académie.
Ces distinctions sont de celles qui méritent tous les suffrages.
M. le docteur Fouhnié présente une collection remarquable des
médailles fondues ou frappées en l'honneur de Victor Hugo, qui
fait partie de ses riches collections.
Elle comprend : les deux médaillons de David d'Angers de 100
et 200 millimètres, en bronze, qui se rattachent aux débuts du
grand homme et avaient surtout pour but la glorification du poète;
la médaille politique uniface de Maurice-Valentin Bonel, frappée
en 1850; la médaille d'Alfred Bonel, de 1884, qui manque de res-
semblance; le médaillon de Ringel d'IUzach, qui est de la même
année; la médaille fondue de Roty, pour l'édition nationale des
œuvres, de 188o; le médaillon de Rozet ; la médaille du centenaire
de Chaplain, réduction du grand médaillon du même auteur et
dont le type et l'exécution sont dignes d'admiration; les plaquettes
de Rozet, éditées par Christophe, très artistiques; une autre pla*
quelle, d'après le buste de Rodin ; les médailles de Razumony, et
plusieurs médailles populaires, savoir celles frappées en 1870 et le
PROCte-VBRBAUX DES sftARCKS St7
27 février 1881, celle dite des funérailles, et quelques estampages
sans date.
H. Fournie rappelle en outre quelques autres monuments métal-
liques, tels que la plaquette de Vernier (1876). Il accompagne
rénumération de ces médailles d*explicalions historiques et techni-
ques, dont la précision témoigne d'une parfaite connaissance du
sujet et d'une compétence toute spéciale en la matière.
A la suite de celle communication, M. le docteur Fournie invite
ses collègues à lui signaler les médailles qui exrsleraient dans la
région où pourraient y être découvertes, et se référanl notamment
aux calamités populaires, médailles de pèlerinages, de dévotion,
etc. En Allemagne, un travail considérable a été fait à celle occasion
el a révélé Texistence de 1.500 médailles de celte sorte environ ;
elles paraissent être plus rares en France, mais tout fait supposer
qu'il doit en exister dans la province.
M. Paul DucouRTiEux rend compte d'une découverte de monnaies
en or faite récemment à La Chapelle-Blanche, commune de Saint-
Viclurnien, dans la propriété de M. Jules Delage. La Chapelle-
Blanche qui doil son nom à Texislence d'une ancienne chapelle
remplacée par une chapelle moderne, a appartenu aux Roche-
chouarl-Morlemart^ puis aux familles de Voyon, de La Couture,
Desmier; on y a signalé, en 1878, un tronçon de voie romaine qui
se trouverait entre celle localité et la roule nationale de Limoges à
Anftouléme.
Les monnaies dont il s'agit, trouvées dans un pot, au cours de
travaux de réparations, élaienl au nombre de treize el toutes pliées
en deux ; elles consistent en cinq pièces de Charles V, dont un franc
à cheval el quatre francsà pied, six de Charles VI, écus de même type,
el enfin deux pièces de Richard II, roi d'Angleterre et duc d'Aqui-
taine, 1377-1399). Ces dernières pièces sont beaucoup plus rares
que les monnaies françaises et présentent plus d'intérêt, en voici
la description :
* RICARDUS : D : GRA : AGLIE : FRACIE : DX. D. AQIT. Le
roi à mi-corps tenant Tépée de la droite et levant la gauche comme
pour bénir. Bordure lobée el fleurdelisée.
BJ * AVXILIVM : MEVM : A : DOMINO.
Croix fleurdelisée, cantonnée de fleurs de lis ei de léopards.
Toutes ces monnaies sont du module de 25 millimètres et ne
pèsent pas plus de onze francs d'or au taux actuel.
M. Ducourlieux fait connaître également la trouvaille faite à
Limoges, faubourg Boucherie, d'un agnel de Charles VI, parfaite-
ment conservé, du même module el du même poids que les mon-
naies dont il vient d'être parlé.
Cette pièce appartient à M. Paradis.
5SS SOCIÉTÉ ARCBR0L06IQUB ET IISTORTOUR DU LIMOUSIN
M. Louis GuiBBRi communiqae une noie de M. Antoine Thomas
qui, dans une pièce relative à une levée d*impôts faite à Limoges,
en 1S68-i569, a relevé le nom de Léonard Limosin, imposé pour
dix écus.
Lectures. — M. Louis Guibert, dont l'érudition ne recule pas
devant les nécessités de la vulgarisation, s*est chargé récemment
de faire des conférences sur l'histoire de la ville de Limoges ; il en
reproduit ici les grandes lignes et quelques aperçus marqués au
coin de l'intérêt qu'il sait mettre dans tous ses travaux.
En quelques vues rapides, il esquisse les origines de la ville,
assez fabuleuses, car certains de nos anciens auteurs n'ont pas
hésité à en attribuer la fondation à un print^e troyen; cette fonda-
tion reste environnée de l'obscurité des temps. On ne saurait
douter de l'existence d'une ville gauloise qui, d'après de sérieuses
présomptions, et malgré l'absence de découvertes très probantes,
devait se trouver en aval sur la Vienne, au lieu dit de la Roche-
au-Gô. Mais les écrivains de l'antiquité, qui y font allusion, Slra-
bon et Plolémée, en disent peu de choses; ce dernier seul désigne
la cité des Lemovices, sous le nom de Augustoritum. La peuplade
qui envoya dix mille des siens au siège d'Àlésia, sous la conduite
de leur chef Sedulix, devait avoir une certaine importance. On
pense que le nom primitif de la ville avait été Rita ou Ritu. C'est
au début de la période gallo-romaine, qu'il devint Augustoritum.
La ville s'agrandit et s'embellit, couvrant la rive droite de la
Vienne de ses constructions, de ses édifices privés et publics ; elle
avait ses arènes situées sur un des faites de la colline, ses monu-
ments, ses théâtres, ses palais dont on a retrouvé les vestiges et
dont quelques ruines même ont subsisté assez longtemps; mais
ruines trop informes, d'après les dessins qui nous en ont été con-
servés, pour qu'on puisse en faire une restitution exacte. Quelle
était l'importance de la ville pendant cette période? Il est difficile
de rien affirmer, de même que pour les époques postérieures. On
peut supposer toutefois qu'il y avait une certaine activité des
organes de la vie sociale, par exemple des écoles.
L'arrivée de saint Martial dut sans aucun doute amener des
transformations. La ville, désignée sous le nom de Lemovices,
Lemovicum, se développe en amont et devient la cité, où résidait
révéque, et qui ne fut pas apparemment tout d'abord fortifiée.
Mais sous les Mérovingiens et même sous la dynastie qui leur suc-
céda, elle subit de nombreuses et terribles épreuves; après avoir
été successivement prise et saccagée par les Vandales, par les
Goths et par les Francs, elle fut conquise en 673 par le roi Thëo-
debert, et ce siège ne fut pas le dernier jusqu'aux invasions des
PBOCte-VKRBAUX DBS StANCBS 5S9
Sarrasins et des Normands. G*est à ces désastres répétés qu'il faut
certainement attribuer la rareté des vestiges de l*antiquilé dans la
ville de Limoges.
Puis H. Guibert nous fait assister à l'efiQorescence des fonda-
tions religieuses, églises, abbayes et prieurés et surtout de labbaye
de Saint-Martial, qui s'éleva auprès du tombeau de Tapôtre de
TÂquitaiDe et devint le noyau du château, c'est-à-dire de la nou-
velle ville de Limoges.
M. Camille Harbouty a bien voulu puiser dans les souvenirs par
lui recueillis au cours d'un voyage en Egypte quelques indications,
des impressions plutôt, qu'il sait traduire sons la forme imagée et
saisissante qui lui est habituelle» Ce qui frappe le plus dans la
merveilleuse contrée dont il entretient ses auditeurs, c'est d'une
part la nature si prodigue envers elle de ses dons et d'autre part
les vestiges d'un passé tels qu'aucun autre pays ne peut en offrir de
comparables. Aussi les considérations qu'elle fait naître, géolo-
giques ou pittoresques, géographiques, historiques ou archéolo-
giques, excitent-elles également l'intérêt. Le Nil qui a fait de
l'Egypte ce qu'elle est, est à lui seul un sujet profond, continuel et
varié d'étonnement; l'auteur qui Ta bien vu, étudié, admiré sous
tous ses aspects, dans ses phénomènes comme dans ses grandeurs
et dans toutes ses beautés, en trace une description dont la couleur
n'enlève rien à Texactitude.
Non moins attrayante, quoique rapide, est la vue des ruines
accumulées sur ce sol antique dans la poussière des siècles, de ces
tombeaux sans nombre, dont les plus remarquables paraissent être
ceux laissés parla 18* et la 9» dynastie, dans un laps de quatre cent
trente ans : 17 tombeaux ont été découverts, fouillés, et sont
maintenant bien connus ; et parmi eux le plus célèbre de tous,
celui de Seti I"; d'autres sont encore à connaître. Plus loin, à
travers les âges, remontent dans leurs origines certains monuments,
le sphinx, par exemple, antérieur à notre ère de cinq mille ans au
moins.
C'est avec la même humour que M. Marbouty, arrêtant ses
regards sur les destinées actuelles du pays, parie de sa capitale, de
cette ville du Caire, qui est peut être la plus belle des cités orien-
tales, plus fortunée, plus heureuse que ses rivales, que Bagdad,
Damas et Constantinople même, et dont le sort serait tout à fait
digne d'envie, si elle n'était tombée de nos jours sous le joug de la
race la plus âpre, la plus insidieuse et la plus insatiable de toutes
les nations européennes.
Le Secrétaire,
Camille Jouhanneaup,
530 SOCiAtB ARGIliOLOGIQIIB ET HISTORIQUE DU LIMObsiN
SÉANCE DU 29 AVRIL 1902
Présidence de M* René Fa^e» président
Présents : JMH. Auberl Berger, Gourlot, Dubois, Ducoarlieni,
Page, Fougères, D' Fournie, Fray-Fournîer, Garrigou -Lagrange,
Guiberl, Hervy, G. Jouhanneaud, Jouhaud de Verdier, abbé Lecler,
A. Leroux, A. du Mazaubrun, abbé Pénicaut, Ruchaud, de Van-
dières de Vitrac.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu par le secrétaire
et adopté après quelques observations.
Bibliographie. — M. Alfred Leroux présente le Bulletin LI de la
Société qui va parailre et être distribué aux membres en même
(emps que la table générale des Bulletins publiés de 1845 à 4900.
Ce nouveau volume de 460 pages contient divers articles et
mémoires, et un assez grand nombre de documents.
Il annonce en oulre la préparation d*une Histoire de la porcelaine
de Limoges et de la région au XIX^ siècle, par les soins de MM. Alfred
Leroux et Charles Jouhanneaud, avec la collaboration de plusieurs
de nos concitoyens, parmi lesquels nous pouvons déjà nommer
MM. Camille Leymarie, Savodin, Georges Pouyat, Tardif-Bardioet.
Cette importante publication, appelée à combler une lacune des
plus sensibles, aura pour inlroduclion, en quelque sorte, un
ouvrage que va publier M. Fray-Fournier sous le litre : Les origi-
nes et les débuts de la céramique limousine (1735-1796).
Cet ouvrage qui formera un volume de 300 pages et compren-
dra trois parties : 1* la faïencerie Massié à Limoges, 1735-1773;
2^ la découverte du kaolin en Limousin, 1768; 3'' les premières
manufactures de porcelaine en Limousin, 1771-1796 — paraîtra,
si possible, dans le courant de la présente année.
Nul mieux que M. Fray-Fournier, qui a déjà abordé dans le
tome XL du Bulletin de la Société la difficile question des origines
de la porcelaine, à l'aide de documents inédits existant à la Biblio-
thèque Nationale, ne paraissait indiqué pour conduire à bonne On
celle première partie de la lâche.
Son érudition et son zèle, non moins que ceux de nos autres
collègues qui n'ont pas recalé devant une entreprise aussi vaste
que délicate, sont pour nous de sûrs garants de succès,
PROCftS-VBRBAUX DIS S^ANCBS 531
M. Alfred Leroux indique ensuite les publications reçues depuis
un mois, en mentionnant d'une manière plus spéciale :
Limoges illustré (4* année, n""* 10 et li). On y lit la première par-
tie d'un article de M. Camille Leymarie, très documenté, sur les
Limousins de Paris.
Bulletin de la Société des amis des sciences et arts de Roche-
chouart (t. XI, n* 8). — Suites de diverses études déjà signalées.
Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente
(année 1901). — A noter dans ce bulletin un mémoire du regretté
Mgr Barbier de Montault, concernant les crosses limousines de
Tévôché d'Angoulôme, accompagné de plusieurs photogravures et
dessins; — des documents inédits, extraits des Archives commu-
nales d'Angouiéme, pour servir à Thistoire municipale de celte
ville, publiés par M. Emile Biais.
Bulletin de la Société archéologique de Tam-et-Garonne (t. XXIX,
année 1901, 3* trimestre). —M. Tabbé Galabert a signalé, dans
une séance de cette Société, Texistence à Hontauban d'une confré-
rie dite de Saint-Martial, qui parait avoir occupé dans cette ville
au moyen âge une place notable ; mais il ne fournit aucune indica-
tion qui puisse permettre de constater un lien entre cette confrérie
et les institutions établies à Limoges sous le même nom.
Annales du Midi (avril 1902). — Très savante élude de M. G.
Pariset, relative à l'établissement de la primatie épiscopale à
Bourges (premier article). Notre confrère, M. A. Leroux, s'était
déjà antérieurement occupé de la question.
Il convient aussi de signaler les ouvrages suivants qui se ratta-
chent à divers titres à nos travaux ou à notre région :
Histoire des arts appliqués à l'industrie, par M. Emile Molinier.
— Le tome IV a trait à l'orfèvrerie mérovingienne et à saint Elol
(chapitre !•'), ainsi qu'à l'art de Limoges aux xu« et xin* siècles
(chapitre 8).
Exposition rétrospective de l'art français, des origines à 1800 y
par MM. Emile Molinier et F. Marcou.
La première livraison parue s'occupe de l'émail de Geoffroy
Plantagenet, au Mans; du triptyque de Nardon Pénicaud (collection
Grandjean); des apôtres de Léonard Limosin à Chartres, etc..
Monuments et Mémoires de MM. S. Perrot et R. de Lasteyrie,
t. IV. M. J. Marque! de Vasselot y publie quelques pièces d'orfè-
vrerie limousine.
Dictionnaire historique et monumental de la France, par
MM. Charles Brossard. — Les livraisons 134 à 137 sont
consacrées à la Haute- Vienne et à la Gorrèze. Le texte est souvent
erroné au point de vue historique ; par contre, la reproduction de
53) SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQfll BT BlSTORieUB DU LIMOUSIH
monuments par des procédés nouveaux est en général 1res réussie;
on peut regretter toutefois de n'y trouver, pour la Haute- Vienne,
aucun motif monumental ou décoratif tiré de Saint<Léonard et de
Sainl-Junien.
Mémoires du lieutenant-colonel Aubin Dutheillet de La Mothe
(octobre 1791-juin 18S6). — M. P. Ducourtieux, qui a été chargé
par M. Louis Dutheillet de La Mothe, petit-neveu de Tauleur de
ces mémoires, né à Saint-Yrieix (Haute- Vienne), d'en offrir un
exemplaire à la Société, en donne une analyse très complète et qui
permet d'apprécier dans tous ses reliefs cette originale personna-
lité militaire d'une grande époque. L'ouvrage emprunte un réel
intérêt, non seulement à la carrière mouvementée et fort ingrate
à la fin d'un brave soldat, à ses états de service, à ses faits d'ar-
mes, mais encore à diverses circonstances de ses récits et aux
nombreux noms de personnages limousins qu'il rappelle ou qu'il
fait connaître.
Communications. — M. le président annonce que la Société fera
une excursion archéologique à Uzerche le 8 juin prochain. Les
membres des Sociétés savantes de Limoges et de la région sont
invités à y prendre part.
M. René Face rend ensuite compte des travaux du dernier
Congrès des Sociétés savantes, qui a eu lieu récemment à la Sor-
bonne, sous la présidence de M. Bouquet de La Grye, membre de
rinstitut, et auquel ont coopéré par leur présence ou leurs envois
plusieurs membres de la Société ou compatriotes de la province.
Parmi les travaux de nature à le plus nous intéresser, il indique,
dans la section d'histoire, une communication de M. Grand, archi-
viste du Cantal, relative à une charte de franchises de Gonroz,
petite localité de l'Auvergne, datée de 1317; une étude de
M. Brière, membre du Comité archéologique de Noyon, sur les
authentiques des reliques de saint Eloi, conservées dans la cathé-
drale de Noyon ; un mémoire de M. Roger Drouault, de la Société
des Archives du Poitou, concernant les lépreux dans la région du
Centre.
Dans la section d'archéologie, le mémoire de M. Alfred Leroui,
qui a trait au vitrail dit de Jeanne d'Albret, bien connu à Limoges et
dont il a été si souvent parlé; on sait que l'auteur a démontré
d'une façon très convaincante que l'origine de ce vitrail était
antérieure à la célèbre reine de Navarre, et ne pouvait par con-
séquent y faire allusion. Il a supposé de plus que la signitica-
tion de la scène représentée dans le vitrail pouvait être celle
d*uD événement historique, peut-être d'un épisode des temps
Pk(OCèS-TKRBAUX DIS SÉA(V€IK8 K33
d'anarchie ecclésiaslique que traversa la ville à la fin du xv* siè-
cle. — MM. À. de Barthélémy et Prou, président et secrétaire de
la section, estiment que l'on doit voir plus probablement et plus
simplement dans cette scène la figuration de quelque dicton popu-
laire, ou rillustration d'un fabliau. Cet avis avait déjà été émis par
H. Guibert.
M. René Page signale aussi dans les sections de physique et de
botani]ne d'intéressantes communications scientifiques, faites par
MM. Paul Garrigou-Lagrange, Malinvaud, Le Gendre, Marque et
Mosnier, ces deux derniers professeurs au lycée de Tulle.
D'autre part, à la réunion des délégués des Sociétés des beaux-
arts des départements, le rapporteur général, M. Henri Jouin, après
avoir rappelé la mémoire et les mérites de M. Louis Bourdery, a
commenté dans les meilleures termes l'étude de M. Camille Leyma-
rie, qui a pour litre : La Renaissance de la faïence architecturale
en France au XIX' siècle,
M. Louis Guibert qui, dans une des précédentes séances, avait
esquissé une biographie du colonel Begoiigne de Juniac, fait
connaître un beau portrait de ce personnage qui se trouve dans
V Historique du 1^' régiment de hussards, publié de nos jours par
M. le commandant Ogier d'Ivry. Cet ouvrage donne aussi quelques
renseignements inédits sur le brillant militaire qui avait appartenu
à ce régiment.
H. l'abbé Lecler décrit un bref de Clément IX, offert par M. le
docteur Fournie, accordant des indulgences aux fidèles qui visite-
raient réglise de Saint-Martin (de Châteauponsac), au diocèse de
Limoges, 1667. Il fait observer que le nom de la localité a été
gratté et remplacé par celui de Châteaupoosac.
M. Lecler lit aussi une notice sur Jean-François Mourellon, né à
Lupersat, curé de Néoux et archiprétre d'Aubusson, qui fut élu
évéque de la Creuse le 30 novembre 1790 et n'accepta pas cette
nomination. Tous ses biographes ont ajouté qu'il mourut peu
après, en 1791. Mais c'est là une erreur : Mourellon survécut
longtemps ; il figura sur les listes de proscription des prêtres non
assermentés ; il fut même emprisonné, et il n'est mort que le
3 novembre 1817, à l'hospice d'Aubusson.
M. DE Labonne communique un curieux ouvrage de Frédéric
de Vincedo, Vénitien, contenant des dessins pour toutes sortes
d'ouvrages de lingerie (1389).
M.Joseph Dubois présente un bronze fondu du xvm'' siècle, repré-
sentant la Nativité, et qui est une pièce d'un certain mérite.
&34 SOCIKTÉ AACaÉOLOGlQUB Bt BlSTORiQbS DU LllIOUSlN
M. DE Vandiêrbs dk ViTRAC appople un registre de famille de
Reaé (deuxième du nom) de Meyvières, écuyer, seigneur de Por-
thoreau (en Bretagne), d^Artois..., du Repaire (en Gorrèze), conte-
nant de précieux renseignements sur sa venue en Limousin, son
mariage, la naissance de ses enfants, leurs alliances et une note
très intéressante sur la maison noble du Repaire, paroisse de
Vigeois (Gorrèze). Ce registre va du 10 mai 1626 au 4 aoûl 1672.
M. de Vandiëres accompagne son rapport d*unc généalogie de la
famille de Meyviëres, dont descend du côté maternel celle des
Vandières de Vitrac, à laquelle il appartient.
M. Camille Joohanneaud analyse divers documents communiqués
par M. Pierre Cousseyroux : tout d'abord une nomination d'écuyer
faite par le Dauphin, tils de Charles VII, le futur roi Louis XI, au
profit de Jehan de La Porte ; cette pièce est datée du 22 septem-
bre 1445 et se présente sous la forme d*une charte dont H. A.
Leroux a bien voulu faire la lecture.
La pièce, dit H. Cousseyroux, a été trouvée dans les papiers de
la famille Jaubert de Noblac, du Mas-Faure, en même temps qu'une
médaille ou monnaie d'or, qu'il communique également et qui
parait provenir du même temps. La monnaie n'est pas très facile à
déchiffrer; on distingue cependant au droit les armes de France et
celles du Dauphinë, et sur l'autre face un semis, qui peut être un
semis de fleurs de lis. Ce doit être une monnaie seigneuriale.
Jean de La Paye de La Porte, beau-frère de Léonard du Mas-
Faure, était, ajoute M. Cousseyroux, prieur de Saint-Denis-de-
Peyrat; il appartenait à la famille des Bernard Gombert, Audebert
de La Porte, dont les noms flgurent au procès des Templiers,
en 1309.
Les autres documents produits consistent en des rêles de la taxe
pour la milice, établie par paire de bœufs, en 1743, dans les
paroisses de Saint-Martin-Chàteau et Beaulieu, et divers mémoires
s'y rattachant.
Dans un de ces mémoires, le syndic Léonard Thibaut de Féosi-
nas fournil aussi le relevé de la taxe par tête d'habitant, due pour
la milice à Saint-Martin -Château, en cette même année 1743; le
total de la taxe par tête pour cette paroisse s'élevait à 299 livres
9 sols.
Un autre et curieux mémoire de ce syndic donne le décompte
des dépenses de voyage, de route et autres, qu'il dut faire à l'occa-
sion de l'engagement d'un milicien à Eymoutiers, de son entretien,
de sa réception et de son envoi de Bourganeuf à Limoges, dé-
penses assez élevées, car elles montaient à 270 livres 11 sols.
^ROGÀS-VltRBAtnt DES SÉANCES 63&
Ud aulre mémoire de Vigaad, syndic de Pey rat-le-Château et en-
clave, portant la date du 17 mars 1743, fait connaiire que, suivant
les ordres du subdélégué de la ville d*Eymoutlers, il commanda à
deux habitants de la paroisse de Beaulieu deux paires de bœufs et
une charrette pour conduire les équipages de la milice de Bor-
deaux, d*Eymoutiers à Bourganeuf, ce dont ils furent tenus quittes
pour la dite corvée, sans préjudice à l'avenir.
Lectures. — M. Alfred Leroux s'est donné la tftche de retrouver
les origines de la' légende qui veut que l'aqueduc des eaux d'Ài-
goulène à Limoges ait élé construit au ix* siècle par un roi Sarra-
sin, du nom d'Âigoulant. Il montre que celte légende provient
d'un rapprochement arbitraire entre le nom de notre ruisseau et
le nom du roi que mentionnent la chronique du pseudo Turpin et
les chansons de geste du xn' siècle. Ce rapprochement fut fait pour
la première fois, à la Gn du xiv<> siècle, par un moine de Saint-
Martial, repris et développé au xvii« par le chanoine Jean Bandel.
M. Leroux s'est efforcé de déterminer les divers apports histori-
ques ou fabuleux qui constituent cette légende et prouve que son
véritable point de départ est la construction, vers le iv* siècle, de
l'aqueduc en question, aux frais d'un riche personnage venu proba-
blement de l'Afrique romaine. Cette construction existe encore,
et son moindre mérite n'est pas d'avoir détourné sur le versant de
la Vienne un ruisseau que sa pente naturelle conduisait au ruisseau
de l'Àurance.
Le Secrétaire,
Camille Jouhanneaud.
SÉANCE DU 27 MAI 1902
Présidence de Si. René Vwtge^ président
Présents : MM. A. Berger, Blancher, Courtot, Ducourtieux,
R. Fage, Fray-Fournier, Hervy, Camille Jouhanneaud, Charles
Jouhanneaud, l'abbé Lecler, Lachenaud, A. Leroux, Mallevergne
de la Faye, Mariaux, L. Houret.
MM. Louis Guibert, Paul Bonnaud et Tabbé Pénicaut se font
excuser de ne pouvoir assister à la séance.
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la précédente
séance, qui est adopté.
S36 SOClÉTé ARCIléOLOeiQUlt st ttistoàiouB hv LlllOOStH
Bibliographie.— M. Alfred Leroux fait connatlre les publications
périodiques et autres ouvrages reçus depuis un mois et mentioane
en particulier :
Documents relatifs à thistoire municipale de la pille de Limoges,
publiés par H. Louis Guibert, t. IL — - (Le château de Limoges, de
1373au 30 juillet 1566).
Ce volume forme le tome VIII de la l'* série de la Société des
archives historiques de la Haute- Vienne. Il apporte une nouvelle
et très importante contribution de textes à Tétude de l'histoire de
notre ville.
Le Bibliophile limousin (17* année, n** i). — À noter dans ce fas-
cicule la reproduction d'un chapitre de 1 ouvrage de M. Page, La
vie à Tulle aux xvu* et xvi[i« siècles, qui concerne les papetiers et
imprimeurs de cette ville; — Curiosités de la bibliographie limou-
sine {suite); l'auteur, si richement documenté, y révèle encore deux
noms d'écrivains limousins : celui d'un poète, Pierre de Marin, et
celui d'un polygraphe, Jean de Maumont.
Limoges-Illustré (n" 12 et 13, 4« année).
temoîiz* (n** 78 et 79 j. — Article de M. Jean Dutrech sur les
métiers limousins : imagiers et fustiers.
Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze
(Tulle 1902, l'« livraison). — On y lit notamment un article de
M. Emile Page sur Victor Hugo, dont un oncle, Louis Hugo, s'était
marié à Tulle et y avait laissé une (ille religieuse et les meilleurs
souvenirs ; — la suite de l'étude de H. Bombai, relative à la Haute-
Dordogne et ses gabariers; cette étude mériterait de trouver des
imitateurs en Haut-Limousin. MM. Leroux et Pray-Ponrnier obser-
vent à ce sujet qu'il existe, en ce qui coucerne la question du flot-
tage sur la Vienne et ses affluents aux xvnt* et xix* siècles, de très
nombreux documents à utiliser ; un certain nombre de ces docu-
ments ont même déjà été publiés par M. Leroux.
Société d'émulation et des beaux-arts du Bourbonnais (1901). —
Celte revue publie un article de M. l'abbé Clément sur un cruciGx
en émail champlevé duxin*siècle, trouvé dans les fouilles du presby-
tère du Montet-aux -Moines; bien que le revers de ce crucifix rappelle
le dessin de la croix du trésor de Cherves, près Coguac, l'auteur
ne pense pas que cette œuvre, d'un mérite d'ailleurs secondaire,
soit sortie d'un atelier limousin.
M. Louis Guibert oflre, à titre d'hommage, sa notice qui a pour
titre : Un livre sur l'abbaye de Saint-Uartial'de-Limoges.
M. Camille Jouhanneaud offre sa brochure sur Saint- fJonard et
l'Artige.
M. Léopold Mouret présente un ouvrage édité à Paris en 1730,
^BOcks-VERfeàUX bRS S^ANCBà 537
traitant des explications de plusieurs textes difTiciies de l'écriture
par le R. Père dom... bénédictin de la congrégation de Saint-iMaur;
ce volume parait provenir de l'ancienne bibliothèque des Frères
prêcheurs de Limoges.
Présentation. ^ H. Valadeau, inslituteur-acUoint à Saint-Priest-
la-Feuille, est présenté par MM. Bellet et Guibert comme membre
correspondant ; le vote sur 1 admission aura lieu à la prochaine
séance.
Communications. — M. le président rappelle que Texcursion de la
société à Uzerche aura lieu le dimanche 8 juin. Après avoir indique
le programme détaillé, il lit quelques extraits du Bulletin monu-
mental où se trouve le compte-rendu de la très intéressante visite
faite à Uzerche en 1890 par la Société française, et il fait passer
sous les yeux de ses collègues toute une série de gravures et de
dessins représentant les curiosités diverses et multiples de cette
ville; ces dessins, qui font partie de la collection de M. Fage, non
moins que les extraits du compte rendu, permettent d'apprécier à
Tavance le réel intérêt que présente Texcursioii.
L*exposition du Limousin pittoresque ouvrira le 15 juin prochain
dans les salles d'exposition de l'Ecole des arts décoratifs, où a lieu
son installation.
La veille, 14 juin, notre compatriote, M. d'Arsonvai, fera une
conférence sur la liquéfaction des gaz et particulièrement sur l'air
liquide.
Nous souhaitons aux organisateurs de l'œuvre tout le succès que
méritent leur initiative et leurs efforts.
M. le président mentionne l'admission au Salon de cette année,
à Paris, d'un tableau de notre collègue, M. Courlot, qui représente :
La boulangerie du couvent des Filles-Notre-Dame à Limoges.
M. Hervy présente un portrait, sorte de gouache du xvi' siècle
apparemment, et qui peut être celui d'un des rois de la famille des
Valois; on y remarque des motifs très bizarres d'ornementation.
M. l'abbé Lecler présente un bronze romain trouvé près de
Naugeat, banlieue de Limoges, dont la légende est ainsi conçue :
Ti fberius] Clavdivs Caesar Avg [ustus] im [mortalis] tri [bunus]
iMP [eralor]. Au revers s. c, un soldat armé de Tépée et du bou-
clier.
M. Lecler a reçu de M. Dalesme, directeur du Crédit foncier, à
Poitiers, une généalogie manuscrite relative à deux branches de
cette famille, les Dalesme du Boucheron et les Dalesme de la Plan-
che. Cette famille, originaire du lieu d'Alesme, commune d'Auriat,
a formé un très grand nombre de branches, telles que celles du
T. LU 35
53d sociérft ARctiftoLôôiQUi bt rtisToaiOtnc du limousin
Planladis, du Pic, de RigouIèQe,deSaIvaQet, etc. On désire trou ver
des doeuments pour établir le point de jonction de ces différentes
tranches et Ton serait reconnaissant à ceux qui voudraient bien les
communiquer.
Le Nobiliaire du Limotisin donne la branche qui a fourni des
imprimeurs à Limoges au xvup siècle et deux généraux à la Gn de
ce même siècle et au xtx<».
M. Camille JouHANNBAUD, au nom de M. Louis Guibert, donne con-
naissance de liasses danciens papiers remis à celui-ci pour les
communiquer à la société. M. Gulbert tes a examinés et y a surtout
trouvé des actes de notaires et des procédures, au nombre desquels
se trouvent quelques pièces intéressantes, concernant surtout
Saint-Junien, Sainl-Brice et Javerdal (souvent dénommé de Javer-
zaco), la Breta0:ne et les environs.
Il convient de signaler dans le nombre un contrat du 30 juin 1406,
fournissant les noms des membres du chapitre de Saint-Junien à
cette date; un autre, du 15 Juin 1396, est signé d'une de nos vieilles
connaissances, Pierre Esperon, juge épiscopal, dont M. Guibert a
publié le registre domestique. Dans plusieurs de ces actes des der-
nières années du x[v« siècle et des premières années du xv* figure
comme témoin un habitant de Saint-Junien, qui porte un nom
aujourd'hui conservé par une voie publique, Pierre Salavert. On y
trouve aussi le nom de Jean Sarrazin (Sarraceni), damoiseau de
Saint-Junien, et de sa femme, Sibille Bodoyer (1396).
Un grand nombre de pièces des xvn* et xvni* siôcles sont rela-
tives à la juridiction de Sainl-Brice et à celle de Saint-Junien.
Quelques papiers concernent la taille, notamment une réclamation
contre les collecteurs de Saint-Brice.
Ailleurs, dans un document incomplet de 1691, on trouve men-
tion de messire François d'Aubusson et de Charles d'Aubusson, son
fils, condamnés à mort par contumace.
Enfin, un fragment curieux d*un procès-verbal d'assemblée
paroissiale montre les habitants de Saint-Brice aux prises avec leur
curé en 1783, au sujet de la mise en adyudication de l'office de son-
neur, appelé ici le Caustre,
Un certain nombre de pièces imprimées, édits, ordonnances, se
rencontrent parmi ces papiers. Il en est une assez curieuse à noter,
c'est le placard reproduisant le jugement du tribunal révolution-
naire qui envoya la trop célèbre du Barry à l'échafaud ; on remar-
quera parmi les chefs d^accusation relevés contre elle, celui d'avoir
formé une collection rare d'écrits et de gravures contre-révolu-
tionnaires.
M. Paul DucouRTiEUx présente trois titres ou documents intéres-
sant la famille de Tisseuil.
L'un formé de trois morceaux de parchemin et qui mesure un
mètre vingt centimètres de longueur sur cinquante-deux centimè-
tres de large, porte la date du 15 mai 1466; c'est une transaction
concernant la chapelle de Notre-Dame de Recouvrance et de Cha-
rité, sise en la seigneurie de la Monède, appartenant aux Tisseuil,
en la juridiction de Ghabanais, et l'ordonnance et le tndimus de
rofflcialité de Limoges pour en délivrer l'expédition.
Cette chapelle, située àChabanais, sur la rive droite de la Vienne,
à l'entrée du pont qui conduit au village deTisseuil, à une lieue de
là, avait été fondée par Simon de Tisseuil, frère d'Aimery, homme
d'armes et lieutenant général de Guyenne, mort à Bordeaux, où il
était commandant (testament du 4 février 1454). Tous les champs
voisins portent encore le nom de champ de la. Ifonède, et dans les
anciens titres de Gef de la Monëde.
M. Ducourtieux rapproche cette fondation d'un autre fait assez
intéressant et qui doit remonter à la même époque. Dans la pa-
roisse de Lésignat-sur-Gouert, qui fait partie de nos jours de la
commune de Saint-Maurice-les-Lions, près Confolens, le clocher
était, avant 1789, surmonté du coq et de la girouette, ce qui indi-
quait que le curé était seigneur de la paroisse; or, cette paroisse
était la seule à posséder ce privilège en Limousin. 11 est à supposer
que les descendants d'Aimery de Tisseuil, seigneur de Rus et de
Lésignat en 1450, firent don de ces deux tiefs à la cure et au curé
de Lésignat, pour assurer des prières au repos de leurs &mes, s'ils
ne revenaient pas de la guerre où ils se rendaient à l'appel du roi
Charles VU.
Une autre pièce consiste dans les lettres de nomination comme
chevalier de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-
Lazare de Jérusalem, à la date du 8 décembre 1685, de Barthélémy
de Tisseuil, lieutenant au régiment d'Angoumois.
La troisième est une Généalogie de la maison des Tisseuil^ sei-
gneurs de la Monède, Grusord, de Rus, Anvaux, les Courades,
Mouette et barons du Sirier en Angoumois, par un parent et ami
(baron de Chamborant). Imprimé à Paris MOCCLXKXIII, in-fol.
Lectures. — M. Hubert Texier à adressé un mémoire où il étudie
la question de l'origine des Limousins et de la fondation de Limo-
ges. Il rappelle les récits fabuleux recueillis par l'annaliste du
XVII* siècle : la légende du roi celte Lemovix de la race des géants,
dont l'invention ne parait pas ancienne, et celle de la colonie tro-
yenne qui certainement remonte à une époque plus éloignée ; il
cherche à dégager quelques indications historiques de nature à
&40 SOGIÉrà ARCfiioLOGIQtR Bt lllStORIQflK k>U LlHOUStN
éclaircir le problème, invoque certains usages, certaines parlica-
larités signalées en Limousin et se rapportant an culte antique des
forces génératrices. Il se demande si le nom de notre cité, antérieur
à celui i^Augustoritum^ ne serait pas Ratiastum, et paraît se ranger
à Topinion contraire, qui est du reste celle de TAcadêmie des ins-
criptions; mais il admet tout ce que raconte Tannaliste de Tiropor-
tance de la ville gallo-romaine, récits qui paraissent entachés d'une
singulière exagération. En somme, on sait peu de choses sur les
commencements de Limoges, et ce peu aurait besoin d*étre étudié
de très près, et avec une critique fort indépendante.
M. Paul DucouRTiEUx continue ses recherches et ses études sur
les voies romaines aux environs de Limoges; ses dernières inves-
tigations ont porté sur le tronçon situé entre Limoges et le Pont-
Rompu, sur la Briance, à quelque distance de Solignac,de la grande
voie qui se dirigeait sur Périgueux et Bordeaux; il est parvenu à
retrouver, à déterminer l'itinéraire à peu près exact de ce tronçon
qui s*écarte sur divers points du chemin actuel; il en indique cer-
taines traces et les particularités.
H. Ducourtieux dans une recherche et un mémoire précédent,
avait déjà, d*une manière qui parait certaine, fait connaître le
tracé de la voie à partir du Pont-Rompu jusqu^au village de la Tri-
querie, sur la roule de Limoges à Saint-Yrieix.
M. Camille Jouhanneaud fait une lecture sur les origines de la
famille des THermiie et plus spécialement de la branche des THer-
miledu SoUer, d'après Touvrage publié il y a quelques années par
M. Bernardin, docteur ès-lettres et professeur au lycée Gharlema-
gne, lequel a tracé une biographie très complète du poète Tristan
rUermile et donué une analyse de tous ses ouvrages. Tristan avait
un frère cadet, Jean-Baptiste, moins célèbre que lui, mais qui lit
cependant parier de lui comme écrivain et surtout comme historio-
graphe et généalogiste ; marié à une actrice, Marie Gourtin de la
Dehors, cousine-germaine de Madeleine Béjard, il ht un peu tous
les métiers et eut une carrière aussi agitée et aussi accidentée que
celle de son irère aine; M. Jouhanneaud retrace les péripéties de
cette carrière jusqu'au voyage de Jean-Baptiste on Espagne.
Tristan et Jean-Baptiste étaient tous deux iils de Pierre THermite,
qui avait été condamné à mort avec son oncle Louis, pour un meur-
tre dont ils étaient accusés sur la personne du vice-sénéchai de
Guéret, et avait été gracié par le roi Renri IV, — et d'Elisabeth
Miron, appartenant à la famille bien connue de ce nom.
M. René Fagb a relevé dans un registre des délibération de la
confrérie des pénitents gris de Tulle, le prix fait intervenu en 1695
PROGÈS-VKRBAUX DBS SAaNCBS 541
entre cette confrérie et Antoine Picaud, marchand-tapissier de la
ville d'Aubusson, au sujet de la confeclion de onze panneaux de
tapisseries de haute lisse, destinées à la décoration de la chapelle
du Puy-Saint-Glair, banlieue de Tulle, et représentant les princi-
paux traits de la vie de saint Jérôme, patron de la compagnie.
Ce prix fait, très détaillé, contient toutes les conditions de la
fourniture, les dimensions des pannneaux, les proportions de
laine et de soie, les qualités des matières premières, le prix con-
venu, le délai pour la livraison. Il donne, en outre, une description
minutieuse des sujets à représenter, et, en cela, il est particulière-
ment intéressant, car ces tapisseries ont disparu sans qu il ait été
possible d'en retrouver la trace.
Voici rindicalion très sommaire des onze sujets : l"" la mort de
saint Jérôme ; 9* la translation de son corps à Rome ; S"" saint Jé-
rôme, docteur, écrivant; i^le saint dans le désert pendant une
tempête ; S"" le saint sur le Calvaire, au pied de la croix; G"" son
entrée à Jérusalem; T"" le Saint-Esprit planant sur saint Jérôme,
saint Grégoire, saint Augustin et saint Ambroise; 8*" saint Jérôme
expliquant la bible à sainte Paule; d^ le saint dans le désert de
Syrie, avec trois compagnons ; lO"" le baptême du saint; 11® le saint
sortant de Rome avec un compagnon.
Il résulte d'un inventaire du 2 novembre 1700 qu'à celte date
huit panneaux seulement avaient été livrés. On peut supposer qu'à
défaut de ressources, les trois derniers n'ont pas été exécutés.
M. Page accompagne cette notice de renseignements sur la con-
frérie des pénitents gris, qui fondée vraisemblablement vers 1601,
quelques années après celle des pénitents blancs de la même ville,
avait une organisation, des coutumes et des statuts intéressants.
Le Secrétaire,
Camille Jouranneaud.
SÉANCE DU 24 JUIN 1902
Présidence de M. Emile Bervy» vice-président
*
Présents : MM. Aubert Rerger, Collet, P. Ducourtieux, Fou-^
gères, Fray Fournier, L. Guiberl, Hervy, Camille Jouhanneaud,
Charles Jouhanneaud, Tabbé Lecler, A. Leroux, Lachenaud,
C. Marboulf, Mariaux, l'abbé Pénicaut, Touyéras, commandant
i^ibeliii.
54â SOCiftTé ARCBÉOLOOIQDE KT BISTORIQUB DU LIMOUSIN
M. Antoine Gorceix assiste à la séance, sur rinyilatîon qui loi
en a été faite.
MM. René Page, président, et Paul Bonnaud s'excusent de ne
pouvoir être présents.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par le secrélaire
et adopté.
M. Valadeau, instituteur à Saint-Priest-la-Feuille (Creuse), est
élu membre correspondant, au scrutin secret.
M. Pierre Hervy, docteur en médecine à Limoges, est présenté
comme membre titulaire par MM. Loais Guibert et AKred Leroux.
Il sera statué sur l'admission de ce candidat à la prochaine séance.
Bibliographie. — M. A. Leroux indique les publications pério-
diques et ouvragps divers reçus depuis un mois et mentionne spé-
cialement :
Limoges-Illustré (4* année, n* 14).
Bulletin de la Société des amis des sciences et arts de Roche-
chouart (tome XI, n* 6).
Lemouzi (n* 80). A noter une poésie de M. Edouard Michaud,
sous le titre : L' Abbessaille ; — les métiers limousins, par Jean
Dutrech (suite) : Les troulhers (fabricants d'huile de noix, en Bas-
Limousin).
Bulletin de la Société scientifiquey historique et archéologique de
la Corrèze (Brive, janvier-mars 190â). Ce bulletin publie notam-
ment, avec les suites de l'étude de M. de Boysson sur Bertrand de
Born, sa vie et son siècle; de celle de dom J.-M. Bessesurles
Bénédictins de Saint-Augustin de Limoges, et du carlulaire de
l'abbaye de Saint-Martin de Tulle par M. Ghampeval ; une note
relative au siège d'Ussel en 1371, communiquée par M. Ambroise
Tardieu.
Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques. Ce
volume, consacré en majeure partie à la relation des découvertes
archéologiques faites en Algérie, mentionne, en ce qui concerne
le Limousin, une note de M. Roger Drouaull relative aux fouilles
de Saint-Martln-Ie-Mault (Haute-Vienne), et le compte rendu fait
par M. R. de Lasteyrie d'une communication de notre collègue
M. Leroux, concernant les stalles élevées en 1513 dans le choeur
de Saint-Pierre-du-Queyroix, où elles se voient encore, à la suite
d'un accord entre le curé et les fabriciens. On y trouve le nom du
menuisier chargé du travail, Jacques de Saint-Fermy, qui était
fixé à Limoges, mais n'était pas apparemment originaire du pays.
La Société a reçu aussi l'envoi d'un important volume qui a
pour titre : Les établissements gallo-romains de la plaine de
PROCiS-VKRBAUX DKS SÉaNCBS 543
MartreS'Tolosanes {Haute-Garonne), par M. Léon Joulin. Cet ou-
vrage, publié sous les auspices de l'Académie des Inscriptiuns et
belles-leltres, est un travail de coordination et d*analyse, avec
commentaire, de tous les mémoires publiés par les savants sur un
des gisements les plus riches du continent en restes de l'époque
gallo-romaine, substructions, motifs décoratifs, sculptures et objets
d'art.
M"* Bourdery a adressé à titre d'hommage le tirage à part
du dernier ouvrage de notre regretté collègue, M. Louis Bourdery :
Inventaire et vente à la criée des biens de feu Martial Gallichier,
bourgeois et marchand de Limoges (11 juillet 1581).
Communications. — H. le Président rappelle que l'Exposition du
Limousin pittoresque et monumental, due à l'initiative de la So-
ciété Gay-Lussac, s'est ouverte à Limoges le 15 du mois de juin,
à la suite de la belle conférence de M. d'Arsonvai sur la liqué-
faction des gaz et sur l'air liquide; il constate le succès de cette
Exposition, composée en majeure partie de reproductions photo-
graphiques et ayant surtout un intérêt documentaire, et il rend
hommage aux efforts aussi zélés que désintéressés de ses orga-
nisateurs.
M. Alfred Lerocx communique une note de H. Roger Drouault,
relative à une médaille trouvée à Saint-Sulpice-les-Feuilles. Celui-
ci la décrit ainsi :
A) Le soleil sortant des nuages et éclairant la mer sur laquelle
voguent deux vaisseaux : au premier plan, les murailles d'une
ville.
Légende : Povet et discutit.
A la suite, trois roses.
R) L'écu de France entouré du collier de l'ordro et dominé de la
couronne royale.
Légende : EKD : A LNR : AS : S : CL ENF.
Le D du premier mot est à l'envers.
M. Leroux présente aussi une pliotographie du dolmen de la
commune de Cognac, qui lui a été adressée pour être remise à la
Société.
M. Louis GuiBERT, de la part de M. Bellet, instituteur à Saint-
Maurice, fait l'analyse d'une pièce de laquelle il résulte qu'en
1728, un huissier près la juridiction consulaire de Limoges ayant
une sommation à faire à M. Pierre Ranjou, prêtre à La Souter-
raine, à l'effet d*un paiement, s'adressa en vain au juge de cette
ville, à un substitut et à tous les officiers de la juridiction, sans
pouvoir obtenir l'autorisation de « bris et rupture de porte » qu'il
544 SOGIRTR ARCnéOLOGIQUB KT BlSTOEIQOB DO LIMOUSIN
sollicitait, toutes les personnes auxquelles il eut recours, ayant
successivement refusé, par le motif qu'elles étaient de près ou de
loin parentes ou alliées de ce prêtre; de guerre lasse, Thuissier
fut obligé de revenir à Limoges.
M. Guibert signale aussi la publication récente par le Père
Blume, collaborateur du P. Dreves, d'un nouveau fascicule de
Séquences, où celles d'origine limousine tiennent une assez large
place.
Ces dernières ont été empruntées non seulement à nos manus-
crits et notamment au beau graduel donné à l'église de Saînt-
Junien par un abbé de' La Couture du Blans et qui a fait Tobjet
d'une notice de M. Guibert, mais aussi aux premiers livres impri-
més pour le diocèse de Limoges.
Le P. Blume, qui est venu à Limoges, parle également d*un
manuscrit d'Aureil qu'il a compulsé avec intérêt et profit aux
Archives de la Haute- Vienne.
M. Camille Marbouty annonce qu'une personne de la ville tient
à la disposition des collectionneurs une collection de la PeuUle
hebdomadaire de Limoges pour les années 1777 et 1778.
Lectures. — M. Alfred Leroux prend la parole pour exposer
l'état actuel de VHistoire de la porcelaine limousine qu'il a entre-
prise avec M. Ch. Jouhanneaud et quelques autres collaborateurs;
il s'exprime en ces termes : « C'est à la fin du mois de janvier der-
nier qu'il a été question pour la première fois entre M. Jouhan-
neaud et moi de publier celte histoire; mais c'est seulement à la
date du 28 février que le projet est devenu un dessein ferme ; dans
le cours du mois de mars, fut rédigé le programme auquel le Bul-
letin de la Société archéologique a donné l'hospitalité. Notre rôle
essentiel à nous deux, promoteurs de l'œuvre, est tout d'abord
de stimuler tous les concours et les bonnes volontés ; toutefois à
M. Charles Jouhanneaud incombe une autre tâche non moins
lourde : celle de rédiger les chapitres relatifs aux argiles, à la
cuisson, aux procédés chimiques de la décoration; sa compétence
en ces matières est certaine. II exposera prochainement devant
la Société Gay-Lussac les premiers fruits de son travail et pré-
sentera quelques-unes des cartes qu'il a déjà dressées. En ce qui
me concerne, ajoute M. Leroux, je n'ai accepté d'autre coopéra-
tion que celle qui consistera à mettre sur pied la partie : Bibliogra-
phie, géographie, histoire et statistique de l'ouvrage, revendi-
quant en outre le droit de réviser les manuscrits d*auteurs et de
corriger les épreuves.
» Voici quels sont, à cette heure, les premiers résultats des
recherches poursuivies depuis la secoade semaine d'avril ;
PROCÈS-VBtBAUX DIS StANCES 546
» La bibliographie du sujet, c'est-à-dire lUndication des sources
et des travaux, soit manuscrits, soit imprimés, est sur le point
d'être achevée. Elle compte provisoirement 297 numéros provenant
de Texamen de 600 volumes ou brochures environ. La chronologie
des principaux faits concernant Thistoire de la céramique limou-
sine est également terminée, ou peu s'en faut; elle comptera envi-
ron 500 articles. Le dépouillement des registres d'arrêtés des
maires de Limoges pendant les premières années du xix* siècle,
et des préfets de la Haute- Vienne jusqu'à 1870 a pris fin. Il a
donné une moisson de 120 actes, dont les plus importants (au
nombre de 30) ont été transcrits intégralement; ce sont en général
des autorisations qui donnent des dates certaines en ce qui regarde
l'ouverture des carrières, l'établissement des moulins, des usines,
l'introduction des machines et la construction des fours. Commencé
aussi, mais non terminé, est le dépouillement des principaux jour-
naux locaux et des délibérations de Tancienoe Chambre des s^rts
et manufactures de Limoges. Bien que cette Chambre ait été insti-
tuée dès 1804, ses délibérations ne commencent malheureusement
qu'en 1822 et ne s'occupent de la porcelaine qu'à partir de 1830.
C'est une source de premier ordre pour toute Thistoire économique
de la Haute-Vienne jusqu'en 1858. Les tableaux mis à ma disposi*
tion par le service hydraulique de la Haute-Vienne et le service
des mines ont été utilisés, en ce sens que j'en ai tiré tous les ren-
seignements qu'ils contiennent sur notre sujet. Des questionnaires
ont été adressés aux maires des onze localités qui possèdent ou
ont possédé des manufactures de porcelaine. Personnellement, j'ai
visité celles de Coussac-Bonneval, Magnac-Bourg et Pierrebufflère
et recueilli sur place de précieuses indications.
» J'ajouterai pour terminer que le chapitre sur la région limou-
sine, qui ouvre l'ouvrage en préparation, est d'ores et déjà ter-
miné. Plusieurs de nos collaborateurs spéciaux se sont déjà mis
à la tâche, entre autres MM. Pouyal, Leymarie, Gorceix, Bardinet,
Savodin. Il ne nous appartient pas de parler de ce qu ils ont pu
faire; leurs monographies ne pourront être d'ailleurs définitives
que lorsque seront publiés les nombreux documents que nous
avons recueillis. »
A la suite de cet exposé, M. Leroux donne lecture du chapitre
premier qui traite de la région limousine, chapitre d'un intérêt
général, mis à la portée de tous et notamment des étrangers au
Limousin, et où Tauleur s'est attaché à éviter tous détails techniques
et à ne pas empiéter sur le domaine des autres collaborateurs.
M. l'abbé Leclbr trace l'historique du monastère de Bouboi)
depuis sa fondation jusqu'à ses derniers jours.
S46 SOClËTi ARGBÉOLOGIQUI KT B18T0RIQUK DU LIMOUSlIf
Le bienheureux Robert d*Arbrisset, fondateur de l'Ordre de
FoDtevrault, prêchant en Limousin en 1106, établit un couvent de
religieuses de cet ordre dans la forêt de Boubon que lui donnèrent
Pierre de Monlrebœuf, Itler de Bernard et Aymeric Brun; ce cou-
vent, où un grand nombre de filles de familles nobles du pays
vinrent embrasser la vie religieuse, fut détruit pendant les guerres
de la fin du xv* siècle.
Reconstruit par les seigneurs de Pompadour et de Lastours,
dont on voyait les armes sur la façade de Téglise, il reçut de nou-
veau sept religieuses envoyées par Renée de Bourbon, abbesse
générale de FontevrauU, qui en prirent possession le 18 septembre
1528. Elles y tinrent un pensionnat déjeunes filles qui a eu une
grande réputation. En 1673, les religieuses firent ériger à Boubon
une paroisse pour Tusage des habitants qui étaient trop éloignés
de Gussac; elles conservaient dans leur monastère des archives
considérées comme très précieuses par ceux qui les visitèrent,
mais ces archives ont été brûlées h Saint-Mathieu le 13 décembre
1793 « pour célébrer l'auguste fête de Harat ».
On trouve au nombre des religieuses de Boubon des membres
de toutes les familles nobles du pays : de Lambertie« de La Hou-
mazière, des Gars, de Puisgaty, de La Roussie, de Lageyrat, de
Mas Nadaud, du Breuil, de Ghassaigne, de Villoutreix, de Croisant,
de La Grople, de Ribeyreix, de Maumont, de Seychères, du Perry,
d'Asnières, de la Brouille, de Saulnier, de Rocard, de la Domaize,
de Fleurât, de la Borie, de Sainton, etc.
Ghassées de leur monastère par la Révolution, le l'' octobre
1792, elles se retirèrent dans leurs familles; et quelques années
après nous voyons la dernière prieure de Boubon, aidée de quel-
ques-unes de ses anciennes religieuses, ouvrir un nouveau pen-
sionnat dans une petite ville de la Haute-Vienne.
M. Lecler ajoute quelques détails sur la localité de Boubon, qui
devint pendant la Révolution un chef-lieu de commune en vertu
de la loi du 11 novembre 1789. Les administrateurs, peu portés
aux excès révolutionnaires, furent constamment soumis aux exci-
tations de ceux du chef-lieu du canton; ils firent tous leurs efforts
pour conserver un prêtre dans la paroisse, pour empêcher la vente
de l'église, que la loi leur permettait de garder, et pour rester chef-
lieu de commune ; mais ce fut en vain : ils perdirent tout, couvent,
paroisse et commune, et Boubon devint ce qu'il est de nos jours,
un simple village de la commune de Gussac.
M. Paul DucouRTiEUX rend compte d'une très intéressante excur-
sion faite par lui il y a quelques jours,, avec MM. Louis Guiberi et
Huchaud, à Saint-GQi]|ssaud et au Puy-de:Joaer, où le curé de la
PROCÈS-VERBAUX DIS SiANCIS 547
paroisse, M. Tabbé Dercier, a repris les fouilles enireprises en
1864 par M. Buisson de Masvergnier sous les auspices et avec les
subsides de la Sociélé. On sait que le Puy-de-Jouer est regardé
généralement aujourd'hui comme l'emplacement de la station
romaine de Prœtoriutn.
Après avoir décrit d'abord les particularités du voyage à partir
des Billanges, M. Ducourtieux indique les objets nombreux décou-
verts par M. Tabbé Dercier dans ses investigations récentes, et
consistant en poteries variées mais malheureusement brisées, en
verreries, fers, monnaies et objets divers. Les monnaies appar-
tiennent toutes au haut Empire, c'est-à-dire aux premiers siècles
de notre ère, et parmi elles on remarque surtout deux quinaires en
argent portant d'un côté la tête d'Auguste; le revers de l'une
représente Enée portant son père sur ses épaules, celui de l'autre
un taureau dans i'attilude du coifnbat.
L'objet le plus précieux est une fibule en bronze émaillé dont
l'envoi a été promis par H.' Dercier et qui fera l'objet d'une des-
cription spéciale par M. Guibert.
M. Ducourtienx fournit ensuite des indications sur le point de
jonction des voies romaines, qui se trouvait à l'ouest du bourg et
à 200 mètres de celui-ci (voie de Limoges à Bourges sur laquelle
s'embranchait la voie stratégique se dirigeant par Ahun sur Cler-
mont, et voie secondaire allant vers Poitiers) ; puis sur les travaux
opérés par M. Dercier et les substructions qu'il a mises à jour et
qui viennent de nouveau confirmer les données fournies par l'iti-
néraire d'Antonin et la carie Je Peutinger.
Il ajoute enfin quelques observations relatives au tracé que
devait suivre la voie venant vers Limoges.
A la suite de cette lecture, et sur la proposition de M. Louis
Guibert, la Société vote une allocation de cinquante francs pour
témoigner à M. le curé de Saint-Goussaud de l'intérêt qu'elle
prend à son entreprise.
Le Secrétaire,
Camille Jouhanneaud.
548 SOCIÉTi ARCH&OLOOIQUI ET BISTOBIQUB DU LIMOUSIN
SÉANCE DU 29 JUILLET i902
Présidence de M* Emile Hervy, vloe«pr6sldenC
Présents : MM. Aubert Berger, Gourtot, P. Ducourtieux, Fray-
Fournier, L. Guibert, Hervy, Camille Jouhanneaud, Charles Jouhan-
neaud, Joly de Sailly, Tabbé Lecler, A. Leroux, commaDdant
Zibelin.
MM. René Fage, président, et Léopold Mouret se font excuser de
ne pouvoir assister à la séance.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu par le secré-
taire et adopté après quelques observations.
Bibliographie. — M. Alfred Leroux rend compte des publications
reçues depuis un mois et signale en particulier :
Limoges Illustré (4» année, n" 17).
Lemouzi (n'' 81). A noter dans ce fascicule un article de M. de
Nussac sous le titre : « Une famille tulliste : les Fage ».
Bulletin de la Société des lettres^ sciences et arts de la Corrèze
(1902, 2* livraison], où nous lisons, entre autres mémoires, une
étude historique de M. Maximin Deioche, sur les voies d'accès
de Tulle, avec une préface de M. Emile Fage, qui est en même
temps une notice biographique du regretté défunt; une biographie
de Tabbé Xavier Montbrial, par M. l'abbé Lecler ; et diverses suites
d'articles intéressants.
Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord
(tome XXIX, S* livraison). Ce bulletin donne la publication faite
par M. Paul Huet d'un acte d'information ordonnée en 1310 par le
roi d'Angleterre au sujet des surprises faites à son préjudice par le
roi de France en Périgord, Limousin et Quercy ; — une notice de
M. Dujarric-Descombes concernant le premier livre imprimé à
Périgueux fl495).
Us Annales du Midi (juillet 1903). M. Pariset y termine sa remar-
quable élude relative à l'établissement de la primalie de Bourges.
Analecta Bollandtana (tome XXI, fascicule II). Cette revue rend
compte de deux ouvrages de M. l'abbé Nimal qui ont trait à l'an-
cienne légende de saint Léonard et à la vie de ce saint, patron des
mineurs du bassin houiller de Liège.
M. Fray-Fournier fait hommage à la Société de son ouvrage sur
les Fêtes nationales et les cérémonies civiqms dans la Haute-Vienne
pendant la Révolution.
iPROCàs-VBRB.lUX DBS SÉ1NCB8 549
M. Dijùamc-Descombes, membre de la Sociélé du Périgord, offre
une notice sur un ex-libris de la maison d'Abzac.
Des remerciements sont adressés aux donateurs.
A noter enfin une série d*articles de notre collègue, M. L. iMouret,
publiés dans le journal VEcho de Saint-Trieix, sur d*anciens quar-
tiers de Limoges, notamment sur celui des Arènes et de la place
d'Orsay.
Admission de sociétaire. — M. Pierre Hervy, docteur en médecine
à Limoges, est admis comme membre titulaire, au scrutin secret.
Nécrologie. — M. le président annonce la mort de M. Fernand
Ghassoux, membre de la Société, et rend horatnage aux mérites du
défunt; après une longue et honorable carrière administrative et
après avoir rempli en dernier lieu les fonctions de préfet de la
Gorrèze, M. Ghassoux était revenu à Limoges et y avait très vile
conquis de nombreuses et précieuses sympathies; sans avoir pris
une part des plus actives à nos travaux, il s'y intéressait et suivait
nos séances avec assiduité. La Société adresse à la famille de
H. Ghassoux ses témoignages de vifs et sincères regrets.
GoMMUNiCATioNS. — M. Alfred Leroux fait connaître que les ancien-
nes archives hospitalières de Limoges, comprenant 158 articles,
viennent d'être versées aux Archives du département de la Haute-
Vienne, où l'on pourra désormais les consulter.
M. L. GiiiBERT présente une pièce d'or trouvée il y a une quin-
zaine d'années au lieu des Gasseaux, à Limoges, dont une des faces
représente l'écu d'Espagne, et qui pourrait être attribuée au règne
de Ferdinand et d'Isabelle; cependant, M. Guibert inclinerait à
penser, d'après quelques particularités de cette pièce, qu'elle doit
être d'une époque postérieure.
M. GouRTOT présente le tableau par lui exposé cette année au
Salon des artistes français, à Paris, et représentant l'intérieur de
la boulangerie du monastère des Fille&Nolre-Dame, à Limoges ;
cette peinture, d'un excellent caractère, est une nouvelle contri-
bution à la galerie des monuments et quartiers de la ville entre-
prise avec un zèle des plus louables par notre habile collègue.
M. l'abbé Lecler communique, de la part de M. de Roffignac, du
château du Mazérat, près Le Dorât, un parchemin consistant en un
acte daté du 18 juin avant les calendes de mai liSS, par lequel
Guillaume Savelli, chevalier, du lieu des Barbarides, paroisse de
Ghâteauponsac, vendait à Guy de Rançon, chevalier, six livres de
rente au prix de 4i livres 10 sols tournois, et assignait cette rente
sur les menses de Venlenat et de las Boudenchas, dans la même
paroisse de Ghâteauponsac.
550 SOGiftTÉ AHCaÈOLOÔIQDB ET ttlStORIQUK DU LIMOUSIN
M. JoLY DE Sa[lly fail la description, assortie d*un dessin, d'une
curieuse pierre sculptée trouvée par lui au village de Monthieux,
près la forêt de Guéret. Cette pierre, d'un aspect très fruste, sculp-
tée de deux c6lés, paraît représenter sur une des faces Timage du
Christ en croix et sur Tautre une mise au tombeau; mais il est assez
dîRicile, dans Tétat où il se présente, de pouvoir déterminer avec
précision le caractère et la destination de ce monument.
M. Louis GuiBERT annonce qu'après de longues recherches qui
étaient demeurées infructueuses, il a pu retrouver enfin Toriginal
des lettres de Charles VII, encore dauphin, modifiant les armoiries
de la villes de Limoges.
Le même sociétaire fait part de la visite récente faite par le P. de
la Croix aux fouilles entreprises par lA. Tabbé Dercier, au Puy-de-
Jouer; le savant religieux a pu reconnaître et déclarer que Ton se
trouvait en présence d'une station gallo-romaine d*une réelle im-
portance ; cette déclaration confirme les opinions déjà formulées
par les archéologues qui se sont occupés de cette station.
M. Alfred Leroux, au nom de M. René Page, informe ses collè-
gues que M. Léon Surin, attaché à la direction du Crédit Lyonnais
à Ângoulême, va faire don à la Société d'un lot de papiers et de
parchemins, d'une sérieuse valeur et constituant un véritable fonds
d'archives, par lui recueillis dans la succession de U. Jules Godet
de Boisse, ancien magistrat, et qui avaient été sommairement clas-
sés par le père de ce dernier, M. Godet de Boisse, avocat à Rocbe-
chouart. Ces documents ont rapport à différentes localités du Limou-
sin, mais surtout à la ville de Saint-Junien et aux chàtelienies des
environs; ce sont des délibérations de communes, des décisions
judiciaires, des actes de notaires, des terriers, etc.; quelques-uns
sont accompagnés de notes étendues rédigées par le collection-
neur.
La Société accepte avec reconnaissance le don qui lui est fait et
décide que les papiers de la collection de M. Godet de Boisse seront
déposés dans ses archives et inventoriés, et que des remerciements
seront adressés au donateur.
Lectures. — M. Louis Guibert continue son aperçu sommaire et
d'ensemble sur l'histoire de la ville de Limoges. Cette histoire, dont
l'élude approfondie demanderait sans aucun doute plusieurs volu-
mes, même en l'état actuel et encore très imparfait de nos connais-
sances, notre érudit collègue la présente et la résume en quelques
traits rapides mais frappants, où l'exactitude ne le cède en rien à
l'intérêt. Après avoir dans ses précédentes lectures indiqué les
origines anciennes et les vicissitudes de la ville depuis l'époque
PROCÈS-TKRBAUX DKS SÉANCES 651
gauloise jusqu'au moyen Âge, il montre la prospérité matérielle et
morale qui fat la sienne pendant une longue période de cet Age ; il
en note les principaux caractères ou les éléments, il décru les
mœurs, les institutions, signale l'esprit de prévoyance et les apti-
tudes au travail de nos ancêtres, parle de cette forte organisation
de la famille qui a duré si longtemps parmi nous et dont témoi-
gnent tous les documents; il insiste d'une manière particulière sur
les associations de tontes sortes : corporations, confréries qui for-
maient autant de groupes sociaux pleins de vitalité et d'initiative,
où les habitants trouvaient aide et protection dans la défense des
intérêts communs.
Sous le régime suivant, par l'effet de causes diverses, le Limou-
sin perd en partie son essor et son influence; mais son histoire est
encore de nature à nous intéresser par le maintien des vieilles tra-
ditions, par son industrie artistique et son commerce et les person-
nages de distinction auxquels il a donné le jour ; bientôt à côté des
institutions anciennes, de nouvelles se développent et au sortir des
troubles et des épreuves du xv[« siècle, le siècle suivant nous fait
assister à une véritable eSlorescence d'œuvres charitables et reli-
gieuses : dans ce mouvement général de rénovation, la ville de
Limoges ne le céda en rien aux autres villes de France.
M. Guibert conduit ainsi ses auditeurs, à travers les grands évé-
nements politiques ou locaux, jusqu'à la remarquable administra-
tion de Turgot si bienfaisante pour la province, et qui précéda de si
peu d'années la Révolution. Dans cette vue si rapide, rien d'impor-
tant n'est omis; les hommes et les choses, les faits et les causes,
les caractères et les mœurs sont notés en traits simples et concis,
sous un aspect toujours consciencieux et raisonné. Ce n'est pas une
œuvre d'érudition qu'a voulu faire ici M. Guibert, mais sa notice
substantielle dans sa brièveté permet à tous d'entrevoir ce qu'a
été notre ville et quelles furent ses destinées pendant de longs
siècles.
M. Camille Jouhannbaud, après avoir appelé de nouveau l'atten-
tion sur l'Exposition du Limousin pittoresque et monumental qui
vient d*étre close à Limoges dans les locaux de TEcole d'art déco-
ratif, signale le succès de cette entreprise et rend hommage à l'es-
prit d'initiative et au zèle de ses organisateurs, parmi lesquels
M. Paul Garrigou-Lagrange, qui en avait le premier conçu la pensée,
et M. Louvrier de Lajolais, dont le concours éclairé a été si utile au
point de vue de l'installation, méritent des mentions spéciales.
Cette exposition était surtout photographique et ce n'est qu'au
dernier moment qu*on jugea devoir y faire Kgurer quelques pein-
tures ou dessins représentant des monuments ou des sites de la
58) SOCt&TÉ ARCHÉOLOGIQOft BT lllStORIQUB DU LIllOOSlN
région. Les salles, très spacieuses, qui lui étaient destinées,
n'avaient pu contenir tous les sujets envoyés, et cependant, après
les avoir parcourues, on s'apercevait facilement des lacunes consi-
dérables et parfois regrettables que présentaient les envois.
Ces lacunes môme ont eu pour résultat de faire constater Fim-
porlance et l'extension qu'aurait atteinte une exhibition de ce
genre, si elle avait pu réunir tout ce que l'ancienne province con-
tient de curieux, de notable ou d'intéressant.
Parmi les photographies exposées, un certain nombre étaient
d'anciennes photographies représentant pour la plupart des quar-
tiers ou des édifices de Limoges à présent disparus ou sensiblement
transformés ; la série, pour n'être pas tout à fait complète, n'en
présentait pas moins de l'intérêt à un double point de vue, celui de
la technique de l'art ou des procédés photographiques, et aussi
au point de vue documentaire, pour ne pas dire tout à fait archéo-
logique.
On y remarquait notamment plusieurs vues de la cathédrale
avant les grands travaux accomplis sous Tépiscopat de Mgr fiuissas
et après ces travaux, de la place Jourdan lors de sa création, du
Ghamp-de-Foire au moment de son agrandissement, des quartiers
du Pont-Saint-Etienne et du Pont-Saint-Marlial, de la Boucherie, de
l'ancienne place Royale, de l'ancien quartier des Arènes et du
Palais-de-Juslice, du quartier Viraclaud, etc.
Un certain nombre de ces vues, plusieurs antérieures à 1860 ou
postérieures de quelques années, rappelaient les noms de nos pri-
mitifs en Limousin, notamment de M. Lassimonne, qui fut profes-
seur à l'ancienne Ecole des beaux-arts, de la Société française de
photographie, et plus récemment de MM. Dalpayrat, Martin, Audi-
guet, Bustier, etc. Beaucoup d'entre elles font partie de collections
de professionnels ou d'amateurs qui permettent d'en espérer la
conservation.
Pour la topographie et Thistoire locales, on y trouvera sans doute
des indications précises et vraiment utiles. C'est à ce titre surtout
qu'il a paru opportun ici de faire mention de cette partie rétrospec-
tive de l'exposition.
M. Charles Jouhanneadd ajoute quelques renseignements statis-
tiques sur l'Exposition du Limousin pittoresque et monumental à
laquelle il a prêté une coopération tout à fait active. Ce premier
essai, dit-il, en dépit des lacunes, ne laisse pas d'être encourageant ;
il a réuni environ 2.300 épreuves, envoyées par 120 exposants,
dont un certain nombre étaient des œuvres de valeur. Les salles
ont été visitées par 13.000 personnes au moins, ce qui est une
marque de succès auprès du public limousin. La plupart de nos
^ROCBS-VKRttAUX DltS SÈâNCttS 0&3
villes, les localités ou les régioQs les plus ialéressanles étaient
largement et en général fort bien représentées. Il est permis de
regretter toutefois que, dans un grand nombre d*autres,on n*aitpas
répondu à Tappel ; en résumé, les cinq sixièmes des communes de
l'ancienne province ou diocèse de Limoges n'avaient pas fait d'en-
voi. C'est une constatation dont il sera bon de tenir compte à
l'avenir.
M. Alfred Lbroux donne lecture d'une notice sur l'ancienne fabri-
que de porcelaine de Magnac-Bourg, notice dont les éléments ont
été recueillis et mis en œuvre par M. Dezeiraud, secrétaire de la
mairie. L'auteur a relevé les noms des propriétaires et exploitants
successifs de cette manufacture qui, fondée vers 1819, a malheu-
reusement disparu aux environs de 1800. Le travail de M. Dezei-
raud prendra place dans Thistoire générale de la porcelaine limou-
sine au XIX* siècle, que préparent MM. Alfred Leroux et Charles
Jouhanneaud avec le concours de plusieurs spécialistes.
Le Secrétaire,
Camille Jouhan!<ieai3d.
SÉANCE DU 28* OCTOBRE 1902
Rrésldenoe de M* René Pa^^e* président
Sont présents : MM. Aubert Berger, Blancher, Courtot, abbé
Dercier, Ducourtieux, R. Page, A. Fray-Fournier, L. Guibert,
Hersant, E. Hervy, Camille Jouhanneaud, Charles Jouhanneaud,
Jonhaud du Verdier, Laguérenne, abbé Lecler, A. Leroux, Maie-
vergue de Lafaye, MouQe, abbé Pénicaud, Touyéras.
Le procès-verbal de la séance de juillet est lu et adopté.
M. Ducourtieux fait remarquer que la salle des séances de
la Société vient d'être décorée par les soins de M. de Lajolais, d'un
grand nombre de photographies et de moulages d'œuvres limousines
anciennes», en parliculicrde« miséricordes » provenant de l'abbaye
d'Aubazine. Des remerciements sont adressés à M. de Lajolais.
M. Leroux fait connaître que M. E. Hervy a donné à la bibliothè-
que de la Société divers ouvrages limousins devenus fort rares,
entre autres les recueils d* Arrêts de la cour d'appel de Limoges
(6 vol. in-8*). La Société exprime ses remerciements à M. Hervy.
T. LU 86
651 SÔGIÉtè ARCaiOLOGlQOB if itlSTORÏQtJB Dt) LlltOUSttl
A Toccasion de l'inauguration de l'hôpital de Brive par M. le
minisire de llnstruclion publique, M. le D' Fournie, médecin prin-
cipal du XII« corps d'armée, membre de la Société, à laquelle il a
fait récemment une intéressante communication archéologique, a
été nommé officier de Tinstruclion publique. M. le président pro-
pose d'adresser à M. le D' Fournie les félicitations de la Société.
Adopté.
Sont présentés comme sociétaires : MM. Paul Déquet, au châ-
teau du Mas, prés Saint-Yrieix, par MM. Billard et Ducourtieux ;
0. d'Abzac, percepteur à Limoges, par MM. Hervy et Ducourtieux ;
leD' Massoulard, de l'Ecole de santé de Lyon, par MM. Guibert
et Touyéras.
Communications. — Pour faire attendre le mémoire détaillé qu*il
prépare, M. Dergier, curé de Saint-Goussaud, expose sommaire-
ment le résultat des fouilles qu*il a entreprises au Mont-Jouer
(Creuse). Il a reconnu en cet endroit l'existence de 18 construc-
tions différentes, d'une muraille de 450 mètres de longueur, de
quatre murs d'enceinte, de trois puits et d'une chaussée romaine.
Il a recueilli, en outre, des médailles, des monnaies, des fibules,
des chapiteaux, des fragments de pierres sculptées, des poteries,
etc., le tout antérieur au'ui* siècle de notre ère. Quelques-uns de
ces objets, accompagnés de plans et de photographies, circulent
sous les yeux de la Société. Le P. de la Croix, dont la compétence
en ces matières n'est pas discutée, tombe d*accord avec M. Dercier
pour voir dans les ruines du Mont-Jouer les restes d'une mansio
, romaine, qui pourrait bien être le Prœtorium Inscrit sur la carte
de Peulinger. Quoi qu'il en soit, la Société archéologique de
Limoges s'applaudit d'avoir, à l'exemple de celle de Guéret, en-
couragé par une subvention pécuniaire l'examen de celle question,
que M. Buisson de Masvergnier avait déjà abordée, il y a juste-
ment quarante ans {Bulletin, XIII, 98 et ss., 219 et ss.).
M. CouRTOT signale la mort récente de M. Ernest Hupé, de la
manufacture des Gobelins, auteur du panneau ÏHyménée qui
décore la salle des mariages de notre hôtel de ville. M. Courtot,
qui a connu personnellement le défunt, retrace en quelques niots
son existence toute consacrée au travail et à l'art.
M. l'abbé Legler présente des débris de poteries romaines, avec
décoration en relief, trouvées au Monteil (commune de Roussac,
arrondissement deBellac], et un poids de tisserand exhumé à l'Ar-
timache (commune de La Chapelle-Montbrandeix, arrondissement
de Rochechouart).
M. L. Guibert communique, de la part de M. Bellet (de La Souter*
t>ROCfts-VftRkAUk bBS SÉANCES j(5a
raine), un acte de foi el hommage rendu en 1780 à M°>« de Mira-
beau par M. Grégoire de Roulhac, procureur du roi à Limoges,
pour des terres et rentes qu'il possédait aux environs de Saint-
Hiiaire-Bonneval; -— de la part de M. Langlade (de Boulogne-sur-
Seine), des extraits de la vie de saint Léonard, publiée par le P.
Bernardin, en 1673; — de la pari de M. P. Cousseyroux, des des-
sins de vases du xvui'' siècle trouvés à Peyrat-le-Gh&teau.
M. GouRTOT demande la permission de placer sous les yeux de ses
confrères son dernier tableau : Le quartier du Rajat et de VAbbes-
saille en 1901 , avant les démolitions qui viennent d'avoir lieu. Ge
tableau, d'un dessin très ferme, rend fort bien un coin disparu de
notre cité. Il augmente la riche collection des vues du « Vieux
Limoges » que M. Gourtot a le grand mérite d'avoir entreprise et
de poursuivre sans rel&che.
Comptes rendus. — La parole est donnée à M. Alfred Leroux,
pour rendre compte de quelques-uns des ouvrages parus depuis la
précédente séance.
En premier lieu, une brochure de M. René Page sur Octai)e
Lacroix (d'Ëgletons). L'auleur a consacré les loisirs de ses vacances
à suivre, dans les environs de Saint- Jean -de-Luz et de Biarritz, les
traces du poète qui a si souvent charmé ses contemporains. En
racontant cette vie simple et pourtant troublée, M. Page a su faire
œuvre de styliste délicat. ^
Une étude mr les cloches de Vancien diocèse de Limoges, par
M. Tabbé Lecler. G'estun recueil très fourni d'inscriptions campa-
naires en même temps qu'un utile relevé de noms de fondeurs.
L'histoire de l'industrie et des usages locaux trouvera beaucoup à
glaner dans ce volume, qui embrasse une période de dix siècles.
Le tome LU (!'' livr.) du Bulletin de la Société archéologiqne et
historique du Limousin, contenant, outre le discours d'installation
de M. René Fage comme président, bon nombre de mémoires
spéciaux : Coup d'œil sur l'histoire de la vilk de Limoges, par M. L.
Guibert; Le rempart du château de Limoges, par M. Ducourtieux ;
Le marquisat d*Aubepeyre, par M. Toumieux; La renaissance de
rémaillerie peinte à Limoges, par M. A. Leroux ; L'atelier d'émail-
lerie de Louis Dalpayrat, par M. Blancher; L étude sur les cloches
du diocèse de Limoges (lin), par M. l'abbé Lecler ; Délibérations de la
Chambre consultative des arts et manufactures de Limoges ; extraits
relatifs à l'industrie porcelainière de 1850 à 1858, par M. A.
Leroux.
Le Bulletin de la Société archéologique et historique de Brive
(2* liv. de 1902) renfermant la suite des études de M. de Boysson
5&6 SOGlfr^ ARCH^OLOOIQUI ET ÉlStORlOUI ftU LIÉOtJSlll
sur Bertrand de Born, un article de Tabbé Bourneii sur les
Bénédictines de l'abbaye de Bonnesaigne; un article de M. Scurre-
Bousquet sur VInstruction primaire à Egletons depuis 1650; les
notes de M. Champeval sur le Cartulaire de Saint-Martin de Tulle.
Le Bulletin de la Société des amis des sciences et arts de Rocheckouart
(livr. 1 et 2), dans lequel M. le docteur Marquet conlioue ses re-
cherches sur la Vie communale à Rocheckouart avant la Révolution^
— et MM. d'Abzac et Gaumy traitent de quelques points particuliers
de rhistoire de cette ville.
Le Lemouzi qui consacre son numéro de septembre-octobre au
compte-rendu de la IX" fête de l'Eglantine, que la félibrée de
Turenne a célébrée avec tant d*éclat et de succès, le 31 août
dernier.
Limoges-illustré dont les numéros d'août à octobre apportent la
suite des souvenirs de M. Leymarie sur les Limousins de Paris.
Le Bibliophile limousin (juillet 1902) où se trouvent quelques
articles instructifs : de M. R. Page sur les Premiers calendriers de
la Corrèze; d'un Bibliophile corrézien sur les Curiosités de la biblio-
graphie limotMine; de H. A. Leroux sur. les Journaux locaux que
possède la bibliothèque départementale de la Haute-Vienne; de M.
Ducourtieux sur Quelques livres et brochures récemment parus en
Limousin; d'un anonyme, annonçant au public que M. 0. Leymarie
prépare une Histoire de la porcelaine limousine. Si nos renseigne-
ments sont exacts, cette histoire sera bornée à la période du
xviu« siècle.
Le Bulletin archéologique et historique du Tam-et-Garonne
(t. XXXIX, p. 286) signalant quelques feuillets d'un livre d'heures
limousin, de la un du xiv* siècle, où sont consignées une prose et
une oraison inédiles.
La Revue des bibliothèques (1900, art. XXII), dans laquelle M. E.
Picot s'occupant des Français qui ont écrit en italien au XVP siècle,
s'arrête à Antoine Vaslet, médecin, originaire de Saint-Junien.
La Revue d'histoire moderne et contemporaine (Ji. II, 1900-01) qui
publie un curieux document sur la Grande peur à Uzerche en 17 89.
Le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques
(1902, p. 26), où l'on trouve mentionnée une communication de
M. Masfrand (de Rochechouart) sur les fouilles qu'il a exécutées
dans la motte de Merlis, commune de Vayres.
Les Annales du Midi, de l'Université de Toulouse (octobre 1902),
où l'on peut relever (p. 841) : l'étude faite par M. Gouderc, attaché
a la Bibliothèque nationale, d'un missel à l'usage de l'église de la
Daurade, qui provient de la bibliothèque de feu l'abbé Pau« curé de
Borl; — (p. 611), un compte rendu sommaire par M. A. Leroux
PROCtS-VERBAUX PIS stâNCBS 657
de rédition du carlulaire dTzerche qne Ton doit à M. Champeval ;
— (p. 613), le résumé d'une étude de H. C. de Lollis dans les
Scritti vari di filologia (Rome, 1901, p. 333) sur la queslion de
saToir quel est le troubadour limousin que Dante a voulu désigner
par ces mots : quel di Limosi. D*accord avec Diez et les romanistes
contemporains, M. de Lollis admet qu'il s'agit de Guiraud de Bor-
neil, que Danle plaçait immédiatement après Arnaud Daniel.
Lectures. — L'ordre du jour appelle la lecture d'une étude de
M. Fray-Fournier sur les Bonnes villes de France au commence-
ment du xw siècle.
Quoiqu'il présente un intérêt incontestable pour l'histoire des
idées et moyens de gouvernement, le sujet n'a jusqu'ici tenté la
curiosité de personne. M. Fray montre que l'institution n'a pas
d'équivalent sous l'ancien régime, le terme de « bonnes villes »,
dont la royauté se servait fréquemment, s'appliquant à toutes les
villes indistinctement. Napoléon I*' entendit le réserver à quel-
ques-unes seulement, pour lesquelles il devint un véritable titre
nobiliaire.
C'était comme une extension de cette noblesse moderne que
l'Empire prétendait instaurer pour l'opposer à l'autre. Seulement,
tandis que les personnages anoblis recevaient de grosses dotations,
les bonnes villes n'eurent en perspective que des prérogatives
éventuelles. Cette institution était dans les tendances du temps et
comme un legs de l'esprit particulier que la Révolution avait si
fort développé dans ses fêtes publiques. H. Fray rappelle avec
quel apparat, sur l'ordre du premier consul, la restauration du
culte catholique fut annoncée aux populations de chaque départe-
ment, et à quellA cérémonie théâtrale donna lieu, un peu plus tard,
l'inhumation d'un maire de Limoges, H. Petit.
Un sénatus-consulte, rendu le 18 mai 1804, énumère les 36
« principales villes de l'Empire » qui devaient assister par repré-
sentants à la prestation de serment de l'empereur. L'invitation au
sacre qui leur fut adressée peu après porte : Au maire de notre
bonne ville de.,. C'est la première apparition du titre en question.
Mais l'organisation des bonnes villes ne fut détinitivement réglée
que par le décret du 17 mai 1809.
Il va sans dire que l'intérêt politique du moment décida toujours
des choix du gouvernement. Limoges se mit sur les rangs pour
obtenir un titre qui flattait la vanité des citoyens ; une première
fois, en 1810, par l'intermédiaire de Germain Garnier, président
du Sénat conservateur ; de nouveau à la tin de 1814; une troisième
fois en 1816, par le canal de M. Bourdeau, député du département;
ppe quatrième fois en 1830; une dernière fpis en 1825, avec l'appui
55S sociiré archàologiqub rt histoeiqub du limousin
de Jourdan. Ce fut toujours sans succès, quoique Tabsolue fldélilé
de la bourgeoisie de Limoges au gouverueinenl établi ne pût
jamais faire doute. L'institution des bonnes villes, dont le nombre
était monté peu à peu jusqu'à 51, disparut d'elle-même après la
Révolution de 1830.
Le mémoire de M. Fray, d'un style orné, témoigne de recher-
ches étendues et sera lu avec intérêt dans le prochain Bulletin de
la Société où il doit prendre place.
M. Alfred Leroux est invité à fournir quelques détails sur un
projet depuis longtemps oublié, d'établir à Limoges une Ecole pra-
tique des mines. Ce projet, qui porte la date du 21 février 1815, se
trouve aux Archives départementales (série S) et sera publié dans
VAlmanach limousin de 1903. 11 émane d'AIlou qui, depuis deux ans
environ, résidait dans notre ville avec le titre d'ingénieur des
mines, chargé plus spécialement de la mine d'étain que l'on venait
de découvrir à Vaulry. AUou, qui était un esprit très curieux, avait
étendu ses investigations de plusieurs côtés à la fois et s'était rendu
compte de la richesse de noire département au point de vue miné*
ralogique. Un rapport manuscrit, qui date du même temps, en
témoigne clairement. Néanmoins son projet ne fut pas agréé. Le
gouvernement préféra Saint-Etienne à Limoges. M. Leroux rappelle
qu'eu 1782 déjà il avait été question de fonder en Bas-Limousin
une école des mines comme annexe de celle de Paris. Il ne fut
point non plus donné suite à cette idée.
Pour le Secrétaire général, par délégatioUy
Alfred Leroux.
SËANCë du 25 NOVEMBRE 1902.
Présidence de li* Itené Fa^e» président
Présents : MM. Aubert Berger, Blancher, Courtot, Ducourtieux,
R. Fage, docteur Fournie, Fray-Fournier, L. Guibert, E. Hervy,
docteur Hervy, C. Jouhanneaud, Ch. Jouhannneaud, Jouhaud du
Verdier, Tabbé Lecler, A. Leroux, l'abbé Pénicaut, docteur Ray-
mondaud père, Touyéras, Rnchaud.
liO procès-verbal de la précédente séance est lu par le secrétaire
et adopté.
PBOCàS-VBRBAUX DES SÂAlfCBS 859
Nominations et présentations de sociétaires. —MM. Paul Déquet,
demeurant au château du Mas, près Sainl-Yrieix, et 0. d'Abzac,
présentés à la dernière séance, sont élus membres titulaires, au
scrutin secret.
M. le docteur Massoulard, de TEcole de santé de Lyon, est admis
comme membre correspondant.
M. Roger Drouault, receveur <les domaines à Saint-Sulpice-les-
Feuilles, correspondant du ministère, est présenté par MM. Page
et Leroux.
Nécrologie. — M. le président fait part à la réunion de la perte
que la science historique et en particulier l'histoire de Tart vien-
nent de faire en la personne de M. Eugène Muntz, vice-président
de l'Académie des inscriptions et belle-lettres, décédé à Paris le
30 octobre dernier.
Dans la Revue des quiestions historiques (1899), M. Muntz avait
publié une étude très documentée sur le luxe à la cour pontificale
d'Avignon, où nous trouvons des renseignements aussi précis que
curieux sur nos trois papes limousins.
Il a donné, en 1888, à la Société des lettres, sciences et arts de la
Corrèze, un remarquable mémoire sur Clément VI et les fresques
de la chapelle Saint-Martin, au palais d'Avignon.
La réunion s'associe à l'hommage et aux regrets exprimés par
son président.
HoMiiAGE A M. Léopold Dbusle. — Le 5 novembre courant, ajoute
M. le président, le monde savant a fêté le jubilé de M. Léopold
Delisle, membre de l'Institut, administrateur général de la Biblio-
thèque nationale, membre honoraire de la Société archéologique
et historique du Limousin.
Le 2 novembre 18SS, M. Delisle entrait au déparlement des ma-
nuscrits de la Bibliothèque nationale; il est depuis de nombreuses
années le premier fonctionnaire de ce grand établissement. Que
d*améliorations, d'agrandissements et d'acquisitions précieuses
faites sous sa direction I Sest.^avauj scientifiques font l'admiration
des érudits. Son obligeance est connue des plus humbles travail-
leurs. Il est une des illustrations de la France. Aussi la Société
archéologique est-elle fière de le compter au nombre de ses mem-
bres honoraires et de ses collaborateurs. Notre province lui doit
la première publication du testament d'Etienne Baluze (1872j; une
notice sur les manuscrits de Bernard Gui (1879); enlin, il a bien
voulu nous donner, pour notre Bulletin, le catalogue des manus-
crits de Saint-Martial de Limoges (1895) et une notice sur les ma-
puscrits d'Âdémar de Chabannes,
660 SOGlitÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
M. le prësidenl annonce qu'il s'est fait Tinterprèle de la Société
en envoyant à réminent académicien, à Toccasion de son cinquan-
tenaire, l'expression de ses sentiments de respectueuse eslime et
d'admiration.
La Société est unanime à remercier son président de la partqull
a prise en son nom à la manifestation du 5 novembre.
Bibliographie. — M. Alfred Lroux fait la revue des ouvrages et
des publications périodiques reçus depuis un mois. La moisson est
moins riche que celle de la précédente séance; mais il y a lien
cependant de signaler :
VAnnuaire-Almanach de la Creuse pour 1903, édité par M. Paul
Ducourtieux et dont la partie littéraire et historique contient un
article de H. Cyprien Péralhon sur des tapisseries d'Âubusson à
Saint-Antoine (Isère) ; un autre sur les tapissiers de la Marche,
par M. Paul Ducourtieux ; un travail de ce dernier sur le recense-
ment de 1901, utile à consulter au point de vue de l'histoire du
mouvement de la population dans la région; une note de M. d'Abzac
sur une ligne stratégique d'Eymoutiers à Ëygurande.
Le Bibliophile limousin (17* année, n"" 4), aussi édité par M. Du-
courtieux, où celui-ci rend compte de quelques brochures limou-
sines publiées dans ces derniers temps.
Le même fascicule continue la série des curiosités de la biblio-
graphie limousine, par un Bibliophile corrézien.
Deux brochures de M. P. Ducourtieux, ayant pour titre : Le rem-
part du château de Limoges et Fabricants de papiers^ imprimeurs et
libraires du département de la Creuse,
Une brochure de M. le docteur David, de Limoges, sur la Bacté-
riologie des eaux potables de Limoges.
La Société remercie les donateurs.
Lemouzi (n<» 84), où nous avons le plaisir de noter une biogra-
phie de M. René Page, par M. de Nussac; une excursion à l'abbaye
de Grandmont, par M. Maitre.
Le Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze
(Tulle, 1902, 3» livraison).
M. Clément Simon y continue ses intéressantes recherches sur
l'histoire civile el municipale de Tulle avant l'érection du Consulat,
avec des documents inédits. — A signaler en outre divers articles
de MM. Bombai, Bourneix,Plantadis, Sengensse, — et une commu-
nication de M. A. Leroux sur des chartes du Limousin antérieures
au xnr* siècle.
Le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique
de la Corrèze (Brive. t. 24, 3" livraison), contenant plusieurs études
PROCÈS VKRBAUX DBS SiAHCVS 561
OU suites d'études importantes déjà signalées. A noter aussi dans
ce bulletin la suite du nouveau recueil de registres domestiques
limousins et marchois : « Mémoire des services de Martin de
Pénis », par M. Léonard Moufle, — les Bénédictines de Bonne-
saigne, par M. l'abbé Bourneix.
La revue Romania (octobre 1902), qui donne un savant article de
M. Antoine Thomas sur les substantifs abstraits en — ter et le
suffixe — anus, rend compte d'un commentaire de M. de Lollis
sur un passage du Dante relatif aux deux poètes limousins Arnaud
Daniel et Guiraud de Borneil. (Cf. ci-dessus la séance du 28 octobre).
Dans le rapport que H. Paul Viollet fait à l'Académie des ins-
criptions et belles lettres, au nom de la commission des antiquités
de la France, sur les ouvrages envoyés au concours en 1902, se
trouve mentionné avec éloge Touvrage sur l'abbaye de Saint-Martial
de Limoges, de M. Charles de Lasteyrie, qui a valu à celui-ci une
quatrième médaille.
Communications. — M. Louis Guibert communique, de la part de
M. le docteur Thouvenel père, des photographies d'un ensemble
de constructions fort intéressantes qui se trouvent au lieu des Monts,
commune de Nieul (Haute- Vienne). Elles Qgurent un bâtiment cen-
tral important et d'une architecture tout à fait particulière, entouré
d'annexés, de fortifications et de tours, celles-ci en état de conser-
vation plus ou moins complet. Cet édifice devait être un grenier de
dîmes appartenant à l'évéque de Limoges qui était seigneur de
Nieul.
M. l'abbé Pënicaud fait part que dans la propriété de sa famille,
commune de Heilhac, prèsNexon, un colon, en travaillant, a décou-
vert l'oritice d'une cavité qui conduit à un souterrain-refuge, situé
à quatre mètres soixante-dix centimètres du niveau du sol; mais
ce souterrain, d'un accès très difficile, dont l'abord est rempli de
terre glaise et où on a trouvé des débris de poteries, n'a pu encore
être exploré.
A cdté, dans un châtaignier, on a recueilli une pièce d'argent du
règne de Louis XV et tout auprès une monnaie d'Henri V de
Navarre.
Lectures. — M. Tabbé Legler relate, d'après le Journal de la
Haute-Vienne et d'autres documents, les péripéties et les résultats
funestes d'une grave épidémie qui fut apportée en 1809 à Limoges
par des prisonniers espagnols et qui Ht un grand nombre de victi-
mes non seulement parmi ceux-ci, mais encore dans la population
de la ville. Le nombre des prisonniers était considérable; le pre-
mier convoi en comprenait 1,480, et 2S4 périrent dans le premier
mois de leur séjour. Arrivés dans le pays pendant la saison froidQ
561 SOCIÉTÉ ARCHiOLOaiQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
el humide, après avoir subi les intempéries et les privatious, assez
mal nourris et privés de soins sans doute, rassemblés en des lieux
trop étroits et parfois malsains, ils avaient contracté le mal, un
méphitisme, dit le Journal de la Haute-Vienne, qui devint une
contagion rapide et bientôt redoutable.
L'alarme fui vive à ce point que les communications avec Texté-
rieur furent en parties interrompues; mais il faut le dire à l'hon-
neur des habitants de Limoges, leur compassion et leur charité
furent à la hauteur du danger. Les secours et les soins furent pro-
digués aux malheureux prisonniers avec un véritable dévouement,
une émulation courageuse, mais souvent imprudente; beaucoup
d'habitants contractèrent la maladie et succombèrent, qui apparte-
naient à toutes les situations sociales, notamment un grand nombre
de prêtres, de religieux et de religieuses, des bourgeois et des
dames de la ville.
M. Lecler cite des noms de victimes, dont plusieurs rappellent
ceux de familles limousines bien connues.
L'évéque de Limoges, Mgr du Bourg, dans une lettre adressée à
M. Montaigut, curé de Saint-Michel-des-Lions, rend hommage à la
conduite de ses administrés, à leur générosité et à leur /sèle, mais
en exprimant le désir de voir apporter plus d'ordre et de prévoyance
dans l'administration des secours. Le prélat fut d'ailleurs un des
premiers à donner l'exemple, visitant tous les asiles où on avait
hospitalisé les Espagnols, se montrant sans cesse à leur chevet,
les confessant et les assistant ; il demeura même quatre jours de
suite à l'hôpital.
L'épidémie qui s*était manifestée dans d'autres localités de la
région, notamment à Brive et à Àubusson, fut appelée l'Espagno-
lette ; on trouve dans une lettre du préfet de la Haute-VienDe,
M. Texier-Olivier, et dans divers articles du Journal du départe-
ment^ des détails intéressants en ce qui la concerne. Les médecins
du temps la décrivent comme une fièvre catarrhale avec certains
caractères spéciaux, d'autres l'appellent fièvre des prisons.
MM. les docteurs Raymondaud et Fournie, présents à la séance,
font observer que l'épidémie de Limoges ne fut pas un cas parti-
culier; elle éclata presque partout en France et en Europe, là où il
y eut, pendant les longues guerres du premier Empire, de grands
rassemblements de troupes ou de prisonniers dans de mauvaises
conditions hygiéniques. La maladie n'était autre évidemment que
le typhus des prisons.
M. Alfred Leroux rappelle qu'une ancienne chronique de l'ab-
baye d'Uzerche, s'étendant de 760 à 1149, a été publiée dès le
xvir siècle par Baluze, et qu'une $econ(]e chronique de même
PROCÈS-VKRBAOX DIS SÉANCBS S63
provenance, allant de 1276 à 1320, a paru, il y a une cinquantaine
d'années, par les soins de rAcadémie des inscriptions, dans le
tome XXI du Recueil des historiens de France.
On ignorait jusqu'ici que les moines d'Uzerche avaient poursuivi
celle seconde chronique jusqu'à Tannée 1373.
C'est à un ancien élève de l'Ecole des chartes, M. de Manteyer,
que revient le mérite d'avoir reconnu celte continuation dans un
manuscrit de la reine Christine, conservé à la bibliothèque du
Vatican.
Non content d'avoir signalé et décrit ce manuscrit, M. de Man-
teyer a pris la peine de reproduire en entier la chronique d'Uzerche
dans un volume de Mélanges et d'études d'histoire du moyen âge,
consacré à la mémoire de Paul Fabre (Paris, 1902, în-8«). On y
trouve la mention de quelques faits ignorés; ainsi, en l'année 1320,
quarante-cinq lépreux furent brûlés à Uzerche, sous prévention
d'avoir empoisonné les fontaines publiques. En la même année et
de nouveau en 1334 et 1338, de grands incendies ravagèrent plu-
sieurs localités du Bas-Limousin.
En 1338, 1348 et 1373, des tremblements de terre furent res-
sentis dans toute notre contrée et probablement ailleurs ; en 1342,
un certain Jean de Pessat fut pendu à Uzerche en punition de ses
crimes : son exécution donna lieu à un conflit de juridiction assez
curieux. En 1384, la ville d'Uzerche fut prise d'assaut par un parti
de soi-disant Anglais qui n'étaient peut-être, au jugement du chro-
niqueur,* que des brigands de grands chemins. Notons enfin que
notre chronique apporte un nouveau témoignage de la ruine pro-
fonde qui suivit le sac de Limoges par le Prince Noir en 1370 :
dicta civitas fuit combusta, penitus destructa, spoliata et penitus
desolata^ etc.
M. Louis GuiBERT continue la série de ses intéressantes monogra-
phies sur les anciens quartiers et monuments de Limoges, dont la
disparition est un fait accompli ou le sera demain ; il parle aujour-
d'hui de l'ancien Palais de Justice, qui servait encore dans ces der-
niers temps de local au musée et à la bibliothèque de la ville et aux
arèhîves de la Haute- Vienne, et où sont encore lo.^és divers servi-
ces du département; il en fait la description et en retrace les ori-
gines et les souvenirs. ^
L'édifice qui présente, sur la place de la Préfecture, une façade
d'apparence quelque peu monumentale, fut commencé en l'année
1777 et terminé en 1781 pour l'installation du présidial, auquel
succédèrent, quelques années après, les tribunaux de l'époque
révolutionnaire et plus tard, la cour royale de Limoges, qui y
siégea jusqu'en 1846. Il remplaçait du reste l'ancien local du pré-
564 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UMOUSIR
sidial qui était moins étendu et avançait moins sur la place, car
en 1777 on dut enlever un certain nombre de constructions parti-
culières pour construire le monument actuel.
M. Louis Guibert ne se borne pas à donner des indications
techniques et matérielles : il évoque les figures distinguées de ma-
gistrats, les voix éloquentes qui, tant sous Tancien régime que
dans la première moitié du dernier siècle, ont illustré notre monde
judiciaire local. Il dit quelques mots, en passant, du barreau, même
de Tancien barreau qui ne parait pas avoir laissé de souvenirs de
grande éloquence, d'après los témoignages qui nous en restent;
ses successeurs, il est vrai, on pris une revanche qui est très
notoire. Au sujet de l'ancienne basoche, il cite quelques traits, des
anecdotes qui ne manquent pas d'intérêt.
On sait aussi que dans l'édifice se trouvaient les prisons, dont on
constate déjà l'existence en ce lieu sous le règne d^Henri III ; elles
ont été abandonnées en 18S6 pour le service civil, lors de la cons-
truction de la maison d'arrêt de la place du Cbamp-de-Foire, mais
ont continué à être utilisées pour les détenus militaires jusqu'en
1870. Les locaux affectés aux prisons étaient des réduits sombres
et contraires à toutes les règles de la salubrité et de l'hygiène.
A ce sujet, H. Guibert rappelle l'ancienne confrérie des pénitents
rouges de Limoges qui s'était réservé le privilège de secourir les
prisonniers et d'assister les condamnés à mort à leurs derniers
moments. Cette confrérie a été une des plus importantes et des
plus influentes de la ville ; elle comptait encore au xvui' siècle
près de cinq cents membres appartenant à toutes les catégories
sociales. Elle eut quelquefois des démêlés avec l'autorité, par
exemple lorsdeTexécution d'un certain Michel Pascaud, condamné
à être pendu et qui s'évada grâce à la connivence des confrères.
Un arrêt du parlement de Bordeaux leur interdit d'assister aux
exécutions, mais cette interdiction ne parait pas avoir eu de suites.
Pour la dernière fois, en 1854, on a vu les pénitents rouges remplir
leur pénible mission au pied de i'échafaud du parricide Gaslel-
Dugenest.
L'ancien Palais du présidial ne manquait pas de souvenirs ; il
avait été le témoin de bien des luttes judiciaires ou même touchant
de près à la politique ; au temps de la Ligue, notamment, il avait
ressenti le contre-coup des commotions de nos guerres civiles; il
avait été troublé par les démêlés des frères Martin avec Martial de
Gay, dont les péripéties nous sont révélées par les documents
relatifs à l'époque de la Ligue,
Le Secrétaire,
Çarnille Jouhamn^aiid,
t»ROCis-VEIIBÀUX bis SÉANlîl^ft S^S
SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 1902
Présidence «le M. Etené Faipe» préaident
Présents : MM. Aubert Berger, Courlol, Ducourlieux, Fage,
docteur Fournie, Fray-Fournier, Guibert, Emile Hervy, docteur
Hérvy, Camille Jouliaoneaud, Tabbé Lecler, A Leroux, Touyéras.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
Le scrutin est ouvert pour la nomination d'un membre du comité
de publication en remplacement de M. F. Chassoux, décédé ; M. Ma-
riaux est élu.
M. Paul Garrigou-Lagrange est ensuite nommé membre du con-
seil d'administration, aux lieu et place de M. Mariaux.
M. Roger Drouault, receveur des domaines à Saint-Sulpice-les-
Feuilles, présenté à la dernière séance, est élu comme membre
titulaire de la Société.
M. André Fage, architecte à Paris, est présenté par MM. René
Fage et E. Lachenaud. Il sera statué sur Fadmission de ce candidat
à la prochaine réunion.
Bibliographie. — M. Alfred Lkroux, rend compte dos ouvrages
et publications périodiques reçus depuis un mois.
Il signale notamment : VAlmanach- Annuaire limousin, édité par
M. Paul Ducourtieux, qui vient de paraître pour 1903; la partie
historique de cet annuaire contient divers articles de nos collègues,
MM. Louis Guibert, Ducourtieux, 0. d'Abzac, Camille Leymarie,
Jules Tixier, Paul Garrigou-Lagrange ; M. Tabbë Lecler y continue son
Dictionnaire historique et géographique de la W'-Vienne, commencé
Tan dernier (communes d'Ambazac, d'Arnac-la-Poste, d'Augne).
La brochure de M. Fray-Fournier, qui a pour titre : Limoges et
les bonnes villes. DeLûs cette étude originale, fauteur, en nous révé-
lant les tentatives aussi multiples qu'infructueuses de la munici-
palité de Limoges, sous le premier Empire et sous la Restauration,
pour obtenir de prendre rang parmi les « bonnes villes de France»,
fournit des renseignements pleins d'intérêt sur les hommmes et les
choses de cette période dans notre province.
Bulletin des amis des sciences et arts de Rochechouart ^tome XII,
n*" ni). — A noter dans ce fascicule uu article de M. A. Pouyaud,
concernant un syndicat de meuniers dans l'ancienne vicomte de
Rochechouart et leur procès avec les habitants.
Lemouzi (10« année, n** 8a) où nous lisons un nouvel article de
M. Jean Dutrech, sur les métiers limousins : Les bimbelotiers. —
Celui-ci rappelle, d'après Touvrage de M. Pierre Durel, qu*an
xiv* siècle le bibelot limousin était en grande faveur et que tous
S6ft SOCIÉTB ARCfiÊOLOGIQUE ET BlSTORrOÙK DO LlHOUSlN
les objets laillés dans Tivoire provenaient en grande partie de
Limoges; le fait avait été déjà à diverses reprises signalé aux
séances de la Société.
M. Dujarric-Descombes, un de nos plus fidèles correspondants
de Périgueux, a adressé une notice sur Auguste Ghastanet, félibre
majorai, président de l'école félibréenne du Périgord, récemment
décédé, ainsi qu*un article publié dans le Journal de la Dordogne
(n"* du 27 novembre dernier; sous le titre : La langue des aieux,
ou Tauteur se déclare absolument contraire à toutes les mesures
administratives qui ont pour but de faire disparaître dans les
diverses provinces de France l'usage des anciens idiomes.
M. Dujarric-Descombes a publié également, dans le journal la
Nouvelle République de Bordeaux (n"" des 18 et 20 novembre 1902}«
une chronique blbliographiqae sur deux livres introuvables, savoir :
le livre sur le iMédoc d*Elienne La Boëtie et l'ouvrage d'Àrnault la
Borie, chanoine de Périgueux el archidiacre de Saint-André de
Bordeaux, sur les antiquités duPérigord.
11 y a lieu de mentionner encore une publication 1res remarqua-
ble d*un de nos compatriotes de la Gorrèze, M. René Lafarge, avo-
cat el docteur en droit, relative à V Agriculture en Limousin au
xviii" siècle et l'intendance de Turgot.
La Société remercie les donateurs ou les correspondants qui ont
bien voulu nous faire part de ces publications.
M. Alfred Leroux offre un exemplaire d'une reproduction photo-
graphique, très habilement faite par iM. Faissat, de l'original d'une
des cliarles caroliagieanes conservées aux Archives de la Haute-
Vienne (privilèges concéJ.és à l'abbaye de Solignac en l'année
839), pour l'Académie des Inscriptions.
Communications. — M. le président rappelle que la prochaine
réunion du congrès des sociétés savantes aura lieu à Bordeaux en
1903; le programme, déjà publié, contient pour les diverses sec-
tions, mais surtout pour celles d'archéologie et d'histoire, des ques-
tions intéressantes pour notre région.
Il annonce ensuite que le bureau de la société et son conseil
d'administration ont décidé d'organiser deux séances générales
ouvertes, Tune qui aura lieu vers la lin du mois de janvier el la
seconde à la tin de février ou au commencement de mars. Dans la
première, notre collègue, M. Camille Marbouty, se propose de donner
la narration d'un voyage récent en Palesiine, à Gonstantinople et
à Athènes, avec le concours de M. Faissat, qui fera des projections
lumineuses, d'après les nombreux clichés rapportés de ce voyage
par M. Marbouty. Pour l'autre séance, la société doit s'assurer la
collaboration d'un conférencier parisien qui trai'cra d'un sujet
intéressant le Limousin, en môme temps qu'uii de nos collègues
fera une lecture sur une biographie locale.
^ROCftS-VBRBÀOX DBâ SBAttCB» Ml
M. GouRTOT présente trois tableaux exécutés par lui et réauls
sous forme de triptyque, qui représentent la geôle, un couloir et
une pièce, probablement la cuisine, des anciennes prisons de Limo-
ges rue Adrien Dubouché, et dont a parlé M. Louis Guibert
à la précédente séance. On y relève quelques détails curieux. C'est
une nouvelle contribution à la description du vieux Limoges, entre-
prise avec un zèle des plus persévérants par Tauteur et qui mérite
nos sincères remerciements.
La galerie de H. Gourtot comprend à cette heure une centaine de
lableaux, pris à Limoges ou en Limousin. Nous devons souhaiter
que cette intéressante collection soit, d'une façon ou d'une autre,
conservée dans notre ville.
Lectures. — M. Alfred Leroux, au cours de son inventaire des
archives départementales de la Haute- Vienne, a étudié les plus
anciens titres du chapitre cathédral de Limoges, qui vont de
Tannée 833 à Tannée 1123; il en a dégagé quelques renseigne-
ments nouveaux qui seront publiés dans le Bulletin, Nous n'en
retiendrons actuellement qu'un seul : c'est que la mense capitulaire
de Limoges, au début du xu« siècle, se composait d'une cinquan-
taine de domaines distincts, disséminés pour la plupart autour de
Limoges et dans un rayon assez limité. Leur périmètre était cer-
tainement moins étendu que celui du diocèse lui-même.
M. Louis GuiBBRT, après avoir dans la dernière séance tracé
l'historique en même temps que la description de l'ancien Palais de
Justice de Limoges, recherche Tinstitution de la justice royale dans
cette ville et en étudie les manifeslations diverses; origines déjà
lointaines mais assez obscures, manifestations dont il est souvent
difficile de déterminer le caractère et l'importance. La première
trace que Ton ait d'un siège royal à Limoges ne remonte guère
qu'au début du xm* siècle, vers 1204; auparavant, on ne connaît
que les justices seigneuriales ; la cour des vicomtes est signalée
par les documents dès Tannée 1066.
Le roi Louis Vlil fait reconnaître sa juslice comme suzerain, et
lorsque saint Louis rétrocède au roi d'Angleterre les provinces
d'Aquitaine, il stipule formellement que son sénéchal coniinueraà
y rendre la Justice comme représentant de sa suzeraineté et que
tous ses privilèges seront mainlenus.
A cette époque, le sénéchal ne résidait probablement pas à Limo-
ges, mais il y tenait ses assises plus ou moins périodiques, et le
siège de ces assises était alors dans la cité.
En 1269, on voit l'établissement d'un bailli du roi dans la vicomte
de Limoges; il est insliiué en vertu de conventions entre saint
Louis et la vicomtesse au sujet du projet de mariage de Théritière
de Limoges avec un des (lU du souverain. Ge projet ne se réalisa
pas. On trouve plus tard un bailli d*un caractère moins spécial,
568 SOClfrr ARGBBOtOOIQUit RT ttlStORIÛDlt 00 LlltOOStft
et qui semble élre une sorte de délégué ou de subordonné, de
lieutenant du sénéchal, dont le siège principal reste pendant
longtemps à Poitiers.
Il convient de se rappeler que les sénécha'ui étaient de grands
personnages, à la fois chefs militaires, administratifs et judiciaires,
qui rendaient la justice le plus souvent avec le concours ou par
l'entremise de leurs officiers, lesquels devinrent magistrats dits de
robe longue et Rnirent par siéger seuls. Les Archives de la Haute-
Vienne conservent Tacte de nomination d'un de ces magistrats.
Quoi qu'il en soit, le sénéchal et le bailli étaient les représen-
tants directs du pouvoir rojal.
Autour d'eux, mais au-dessous d'eux, se groupaient les autres
juridictions; à Limoges, les sénéchaux anglais pendant l'occupa-
tion du pays par les rois d'Angleterre, les vigiers du vicomte, le
tribunal du Consulat, la juridiction de l'abbé de Saint-Martial dont
dépendaient celle connue sous le nom de l'Echauserie et le juge
des Combes, — celui-ci survécut même jusqu'à la Révolution. —
Dans la Cité, l'évéque était seul juge; mais, à partir de 4307, il
partagea la justice avec le roi; c'est ce qu'on appela le pariajjre.
Cet état de choses cessa en 1597, l'évéque ayant racheté au roi sa
part des droits de justice.
A partir du xv* siècle, le bailliage disparaît à Limoges pour rede-
venir sénéchaussée, appellation qui subsiste jusqu'à la grande
réforme du il septembre 1583; à cette date, fut établie dans la
ville linstitution d'un tribunal régulier, qui prit le nom de cour pré-
sidiale et sénéchale, à la fois tribunal de première instance et juri-
diction d'appel, composée de juges de profession, et dont M. Gui-
bert indique la composition et l'organisation intérieure.
Un tribunal de même nature fut établi à Brivc et plus tard un
troisième à Tulle.
Tout ce qui concerne l'administration de la justice dans ces
siècles reculés est nécessairement vague et même souvent incertain,
en rétat de nos connaissances que rend difficiles et imparfaites la
pénurie des documents, particulièrement dans notre province.
iM. Guibert, qui a essayé de débrouiller ce chaos avec sa perspi-
cacité et sa compétence accoutumées, trouve bien des indications
précieuses à nous donner, en même temps que des renseignements
topographiques sur les divers lieux où fut installé le siège de la
justice royale dans notre ville, jusqu'à la création du présidial.
On sait déjà, par sa précédente lecture, que celui-ci fut logé dans
rédilice conligu à l'église Saint-Michel-des-Lions, édifice reconstruit
et considérablement agrandi en 1777, et qui a servi de local à la
Cour d*appel de Limoges jusqu'en 1846.
Le Secrétaire^
Camille Jouhanneaud.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU MOMENT DE LA PUBLICATION DU BULLETIN
BUREAU
Présideni-né. — M. le Préfvt de la Haule-Vienae (1).
Président. — M. Page (René), I. P. ^.
Vioe-Présidents, MM. Hbrvt (Emile) et Tabbé A. Lbclir.
Secrétaire général. — M. Guibert (Louis), A. ^.
Secrétaire, — M. Jouhaknbaud (Camille).
Trésorier. — M. Toutéras (Gabriel).
Bibliothécaire-archioiste. ^ M. Leroux (Alfred), I. P. ^.
Adjoints. — MM. Fray-Fournibr (Alfred), I. P. ^ ; Mouflb (Léonard) el
Dubois (Joseph).
CONSEIL D* ADMINISTRATION
MM. LES Mbmbrbs du Bureau.
M. TixiBR (Jules), ^.
M. Garrigou-Laoranob (Paul), A Q.
M. Lachenauo (Emile).
COMITÉ DE PUBLICATION
MM. LES Membres ou Bureau.
M. DuGOURTiEUX (Paul), I. P. ^.
M. Fray-Fournibr (Alfred), I. P. M*
M. Mariaux (Paul).
M. JuDicis (Antoine).
M. Lavbrgnollb (Gaston).
M. Courtot, A. ^.
M. Marboutt (Camille).
{V, La Société a été fundée le 26 décembre 1815: elle s*eU constituée à la suite delà nomi*
natioQ d'une commisfiion pour la recherche, l'étude et la conservation des monument» historiques,
désignée, le 3 du même mois, par M. Morisot, préfet de la Haute-Vienne.
T. LU 37
SKO SOCtilé AaCliOLOOIQUK BT flllSTORtOUE t>1) LIMOUSIN
MEMBRES HONORAIRES (l)
1850-1876
MM.
RouoBRiB (Mgr), évêque de Pamiere.
1874-1888
Clarbtib (Jules), 0 #, de l'Académie française, admioîslratear de la
Comédie Française, 155, boulevard Haussmann, à Paris.
1875-1888
Lastbtrib (comte Robert de), #, membre de TAcadémie des Inscriptions,
professeur d'archéologie à TEcole des Chartes, 10 bia, rue duPré-aux-
Glercs, Paris.
1879
Delisle (Léopold), G 0 ^, de T Académie des Inscriptions, administrateur
général de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, Paris.
1899
LouvuiER DE Lajolais, #, directeur des Ecoles nationales d'arts décoratifs
de Paris, Limoges et Aubusson, 19, quai Bourbon, Paris.
1879-1901
Thomas (Antoine-André), professeur à l'Université de Paris, 10, rue
Léopold-Robert.
1881-1901
MoLiNiBE (Emile), 0 ^, conservateur honoraire des Musées Nationaux da
Louvre, 58, quai Bourbon, à Paris.
MEMBRES TITULAIRES
1845
Madame veuve Astaix, rue Pont-Hérisson, 10.
1851
MM.
Grave (le marquis de), propriétaire, à Verneuil-sur-Vienne.
1858
RoouES DE PuRSAG (Victor), notaire, k Aixe-sur-Vlenne.
1859
Lbclbr (l'abbé A.), chanoine honoraire, aumônier de TAsile de Naugeal.
1862
Hbrvt (Emile), notaire honoraire, 33, boulevard Gambctta*
(1) Qa&nd il y a deax dates, c^ost la deroière qui Indique l'année de la promotion au titra
de membre honoraire.
LiStE bES JlIMBRftS 671
MM. 1863
Levas (Elle), #, I. P. 0> inspecteur d'académie en retraite, rue de Chft-
teauroux.
1865
LbSagb (Charles), 4!^, A. ^, ingénieur civil, ancien maire de Limoges,
18, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.
1860
Maorat-Ballangb, ^y ancien conseillera la Cour d'appel, 5, faubourg des
Arènes.
1870
DucouRTiBUX (Paul), i. p. ^$, imprimeur-libraire, membre correspondant du
Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 7, rue des Arènes.
1872
Ardant (Georges), imprimeur, 14, rue Pont-Hérisson.
GuiBERT (Louis), Â. O, directeur d'assurances, Correspondant de Tlnsiitut,
rue de TObservatoire, 5.
JouBANNBAUD (Camille), avoué près le tribunal civil, SI8, boul. Victor Hugo.
BoMANBT DU Caillaud (Frédéric), «îi, au château du Caillaud, près Isle.
1873
** Crbssac-Baghkllerib (db), ancien percepteur, au Dorât.
Page (René), L P. ^, avocat, 25, boulevard Gambetta.
Vandkrmarcq (Eugène), #, propriétaire, 7, rue du Général Cérez.
1874
BouDBT (Gabriel), L P. ^, docteur en médecine, 1, rue du Général Cérez.
* Madame veuve Louis Bourdbry, à Limoges, rue Pétiniaud-Beaupeyrat, et
au ohâteau d'Oche (Oordogne), par La Coquille.
Raymonoadd (B.), iit, 1. P. %t, directeur honoraire de TEcole de médecine,
S8, faubourg Hanigne.
1875
GoNSTAiiTiif (Jérémie), avocat, 43, avenue de Juillet.
Léobon-Létang, notaire, à Ahun (Creuse).
1876
Guérin-Lâzè (Guillaume dit William), ^, fabricant de porcelaine. H, rue
du Petit-Tour.
** MoNSTiBRs-MÊRiNviLLB (le marquis Jean des), au château du Fraisse, par
Hézières (Haute-Vienne).
YioiBR (Fabbé), curé-archiprétre de Bellac.
1877
* Cercle de l'Union, à Limoges.
Dblor (Adrien), propriétaire, au chAteau du Puy Halhieu, près Le Vigen,
et à Limoges, boulevard Louis Blanc, SI.
De Lurbt de Fbix, propriétaire au Pleinard, par Pierrebuffîère.
Laportb (Pabbé), curé-doyen à Ëvaux (Creuse).
PoMÊLiE (le baron Melchior de la), ^, propriétaire, au château du Mont-
joffrc, par SaiiU-Denis-des-Murs.
I
672 SOCIÉTÉ ÀBCHÉOLOGIQUI BT HISTOftlQ0B HO LI1IO08IK
1878
MH.
Bkrgbr (Elle), I. P. ^, professeur an Lycée, 48, avenae Saint-Eloi. ^
* DocHASTBAu (Georges), notaire à Bessines (Haute-Vienne). 1
** Lbboox (Alfred), I. P. ^, archiviste de la Haute-Vienae, correspondant '
du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques, J'
48, rue de Paris. J
Maleplane (Paul Veyrier db), receveur des Gnances en retraite, à Saint- ^
Léonard).
1870
Bbllab&b (Jules de), propriétaire, au château de Puyjoubert, commune de
La Geneytouse, par Saint- Léonard.
Lachbnaud (Emile), entrepreneur, 7, avenue du Midi.
Lbpihat (Gaston db)^ maire de Lissac, au ch&teau de Moriolles, par Larche
(Gorrèze).
Malbvbrgnb db la Fayb, ancien magistrat, 33, boulevard Victor Hugo.
1880
BouLLAVD (Henri), A. ^, docteur en médecine, 36, boulevard Victor Hugo.
Marboutt (Camille), négociant, 48, cours Gay«Lussac.
1881
GiLBBBT (Monseigneur), ancien Evéque du Mans, Evéque d^Arsinoé,
97, avenue Baudin.
Mariaox (Paul), avocat, 18, boulevard Victor Hugo.
Mkrlin-Lbhab (Abel), avoué près la Cour d*appel, 99, boulevard Gambetta.
188e
Brissbt-Desislbs, ancien magistrat, directeur particulier de la compagnie
d'Assurances générales sur la Vie, 11, avenue de Juillet.
BouBDBAU DK La Judib (Audré), 9, rue Cruchedor, et au château de La Judie,
par Aixe.
Cathbu (Théodore db), ^, propriétaire, au château de Juillac, près Limoges.
Nrhbrt. (André), A, avenue Garibaldi.
Savodin (Jules), 60, avenue de Juillet.
TixiEB (Jules) ^, architecte des monuments historiques, 38, rue Péiiniaud-
Beaupeyrat.
1883
Dborond, #, ancien préfet, 9, place Denis Dussoubs.
Fon6BBAS-L.AVBRGNOLLB (Gastou), Bvocat, 2S, boulevard Garnot.
LouvKT (André), avoué près la Cour, 8, cours Bugeaud.
Moufle (Léonard), directeur d*assurances, 16, rue d'Aguesseau.
WoTTLiNO,A.^, architecte diocésain, ancien directeur des travaux de la ville,
8, cours Gav-Lussac.
LISTE DBS HBMBftBS 673
1884
Bodrbrau-d'Aiitoiit, docteur en médecine, 36, avenue Garibaldi.
M"* BaiouBiL, 18, avenue du Midi.
CooRomiBL (comte db), ^, membre du Conseil général, à Magnac-Laval.
Gaumy (Fabbé), curé de Magnae-Laval (Haute- Vienne).
Gébàbdiii (Albert), avocat. 6, rue Ventenat.
* Lagostb (André), négociant, à Châteauponsac (Haute-Vienne).
Maurat-Ballanqb (Albert)» avocat, 16, place du Champ-de-Foire .
Mabaubbon (Antoine du), ancien avoué près le Tribunal civil, 5, rue Adrien
Dubouché.
HoTiiAT (Fabbé), curé de Saint-Pierre-da-Queyroii, 1K3, boulevard du
Collège.
Sazbbat (René), %, rue Dalesme.
1885
Gabbioou-Lagbaiiob (Paul), A. ^, secrétaire général de la Société Gay-
Lussac, à l'Observatoire météorologique, 23, avenue Foucand.
Paradis, entrepreneur de serrurerie, 6, rue des Gharseix.
1886
Frat-Fodbhibr (Alfred), I. P. ^, chef de bureau ^ la Préfecture de la
Haute-Vienne, chemin des Basses-Palisses, 17.
Lbyharib (r«amille), I. P. ^, conservateur de la Bibliothèque communale,
correspondant honoraire du ministère de l'instruction publique pour les
travaux historiques, membre non résidant du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts des départements, 70, avenue Baadin.
1887
Dbmartial (André), directeur d*aisurances, boulevard Louis-Blanc, SI.
Dubois (Joseph), avoué, 7, rue Arbonneau.
Hbrsant (Edouard), directeur particulier de la compagnie d'assurances la
Providence^ 17, place Manigne.
JuDiGis (Antoine), architecte, 34, rue Elie-Berthet.
1888
Desbordbs (Charles), propriétaire, à Salesse, par Ambazac (Haute-Vienne).
** Ecole nationale d'Arts décorai ifs de Limoges.
Gant, percepteur à NantiaL
* Lacbbnaud (Henri), archiviste-paléographe, 7, avenu» du Midi, et à Paris.
Tbxibr (Hubert), avocat, à Paris, rue Clapeyron, 16, et au Queyraud^ par
Saint-Paal d'Evjeaux.
1880
Cbabbbyron (Pierre), avocat, docteur en droit, 4, rue des Feuillants.
TouTBBAS (Gabriel), ancien percepteur, rue d'Aguesseau, 16.
574 SOCliTÂ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU UMOUSIM
MM. 1890
Griffin (Walter), consul des Etats-Unis de rAmérique du Nord, rue d*Isly, 5,
k Limoges.
1891
GuiMBAUD (rabbé), vitraire k Saint-Joseph, rue de Paris, 24.
Laumond (Jules), avocat, à Beauvais, commune de Saîni-Amand'Jartoadeix,
près Bourganeuf (Creuse).
Tenant de Latoor (Albert), k l*Abbaye du Chalard, par Ladîgnac.
1892
Ardant (l'abbé Georges), vicaire à Saint-Nîchel, 3, place de la Comédie.
Cbaptes (Henry de Fayolles de Corus de), #, chef d'escadrons de cavalerie
territoriale, au chAteau du Couret, commune de Saint-Laurent-les-
Eglises, près la Joncbère (Haute-Vienne).
Laportb (Maurice), ^, négociant, ancien sénateur, maire de Jarnac.
Marqubt, #, 1. P. ^i, docteur en médecine, membre du Conseil général,
maire de Rochechouart.
1893
Faissat (J.)t constructeur d'appareils photographiques, rue du Clocher, 19.
Gentil de Rosier (Alexandre de), propriétaire, au château de Rosier, par
le Châtenet-en-Dognon (Haute-Vienne).
Mouniee (l'abbé), chanoine, rue Neuve-Saint -Etienne, 4.
1895
«
Billard (Georges), notaire, 7, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.
Brousse (Gilbert), propriétaire, 3S, chemin des Basses-Palisses.
Codet (Pierre), manufacturier, membre du Conseil géuéral de la Haute-
Vienne, maire de Sainl-Junien.
Desbordes (Eugène), notaire, à Rochechouart.
Frédy (de), propriétaire, membre du Conseil général de la Hante-Vienne,
au château de Saint-Auvent, par Saiot-Auvent (Haute-Vienne).
Gabiât (Camille), docteur eu droit, ancien député, maire et membre du
Conseil général, à Saiut-Sulpice-les-Feuilles, et à Paris, t79, rue de
Grenelle.
Lacaux (Charles), ^, négociant, vice-consul d'Espagne, 32, cours Gay-Lussac.
Malinvaud-Berger, négociant, 49, rue Lansecot.
Marie (Eugène), propriétaire, 9, rue de l'Observatoire.
Martin de la Bastide, lieutenant au 13* régiment de cuirassiers, 8, place
Saint-Jean, Chartres (Eure-et-Loir).
MoREL (Etienne), directeur d'assurances, 16, boulevard Carnot.
VANDitRES DE ViTRAc (Autoine-Marc de), ^, ancien capitaine de cavalerie,
27, boulevard de la Corderie.
1896
PéNiCAUD (Gustave), vicaire à Sainte-Marie, 9, rue de la Caserne.
Roche (Edouard), négociant, square des Emaiileurs, et à Champagnal,
près Nexon.
RuGBAUD (Lucien), négociant, 17, rue Manigne.
LISTE DIS MEMBRES 575
MM. 1897
GouBTOTy A. ^, professeur de dessin au Lycée Gay-Lossac, 14, avenue
de Toulouse.
LIHBaMiTB (YÎcomte db)« capitaine au 11* régiment de chasseurs à cheval,
place Boucherie, 3.
BiouHBT (Léopold), instituteur^ Ecole du faubourg du Pont-Neuf.
1898
Bebgbr (Aubert), entrepreneur, 48, rue des Charseiz.
JoGE (Alex.), négociant, 18, rue du Clocher.
Mabardat (l'abbé J.), curé doyen de Gompreignac.
Maumt (François), avocat, 40, rue Mirabeau.
Saillt, notaire, l , rue Léonard-Li mosin.
Tbézboubt (Albert), négociant, 45, rue des Taules,
Vbtrbton (Fabbé), curé de Peyrat-la-Nonière (Creuse).
ZiBBLiN, 0 ^f ancien officier supérieur, 9, place Haute-Cité.
1899
JoLT DB Saillt, inspecteur des Eaux et Forêts, 4, rue de TObservatoire.
JouHANNBAUB (Charles), chimiste, licencié és-sciences, 14, avenue St-Surin.
Tbabaud (Armand), fabricant de pfttes, à Aixe-sur-Vienne.
1900
Arbbllot (Emile), négociant, 4, cours Jourdan.
Abbellot (Prosper), négociant,4, cours Jourdan.
Ardant (Maurice), propriétaire, rue du Collège, 3.
Bkaurr d*AuGÈRES (Louis), 15, rue Gondinet.
Bronot (Joseph), pharmacien, 23, place des Bancs.
DupUT (Firmin), avocat-agréé, 8, rue Pont- Hérisson.
Fougères (Eugène), directeur d*assurances, 2 bUj avenue Garibaldi.
1901
Blancher (Ernest), A. ^, peintre-émaiileur, rue Péliniaud-Beaupeyrat, 53.
BoNNAUD (Paul), A. ^, peinire-émailleur, rue Arbonneau, 7.
FouRNiA, médecin-principal de l'armée, 0 ^, l P ^, avenue de Juillet, 9.
1902
Abzac (0. D*), percepteur des contributions directes, rue Pétiniaud-Beau-
peyrat, 40.
GoLLET (Paul), directeur de l'agence du Crédit Lyonnais^ boul. du Collège.
Dequet (Paul), au chliteau du Mas, par Saint- Yrieix, et 34, rue de Ghaillot,
à Paris.
Dbouault (Roger), receveur de Tenregistrement,' à Saint-Sulpice-les-
Feuilles.
Hbbvy (Pierre), docteur en médecine, 33, boulevard Gambetta.
JouBAUD dbVbrdier (Ëtlennc), arcbiiecte, 7, avenue Garibaldi.
Labonne (Alfred de), auch&leau de Moiitbrun, par Dournazac (H^Vienne).
Laguérenne (René), avocat, avenue Foucaud, 19.
576 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM. 1857
Clément-Simon, ^, ancien procureur général» chftteau de Bach, parNaves,
(Corrèze).
1865
CousTiN DU Masnadaud (la marquise de), au chftleau de Sazeyrat, par
Marsac (Creuse).
Debort (Gabriel), propriétaire, au château de Montaiguet (Allier j.
1871-1875
AuBÉPiN, ancien archiviste du département du Cantal, adjoint au maire, an
Dorât.
1872
Decoux-Lagouttb, A ^, ancien magistrat, rue deBourdeilles, < i , à Pérïgueux.
** PouLBRiÉRK (fabbé). Supérieur du Petit-Séminaire deServières (Corrèze).
1874-1885
Demartial (Henri), if, conseiller à la Cour de Cassation, 28, rue d'Assas,
à Paris.
1875
Masbaret du Bastt (Edouard), conservateur des hypothèques, à Saintes
(Charente-Inférieure).
1875-1884
Bonhomme de Montégut (Henri)^ ancien magistrat, aux Ombrais, près La
Rochefoucauld (Charente).
BosviEUx (Paul), conservateur des hypothèques, cité Yaudoit, 26, à Qer-
mont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
1877
AuBUSSON DK Soubrebost (Edousrd), 98, rue de Varennes, Paris.
MoNTCHEUiL (Paul de), châlcau de Monlcheuil, près Nontron (Dordogne).
MoNTVAiLLER (PauI oe), avocBt, U, rue de Clichy, Paris.
Petit-Sbminaire d*Ajain (Creuse).
1878
David (Gaston), avocat, aux Biards, par Saint-Yrieix.
DojARRic-DEscoMBfcs, I. P. ^, licencié en droit, ancien notaire, vice-prési-
dent de la Société historique du Périgord, 9, rue de Paris, à Périgueux.
1879
CiALis (rabbé), curé de La Souterraine (Creuse).
Rakcogne (de), chez M. Yerdeau, rue des Bezines, à Angoulôme (Charente).
1882
Bbrthomier (Georges), avocat, au château de Sl-Germain-Beaupré (Creuse),
et à Neuilly-sur-Seine, 38, avenue du Roule.
Sennevillk (de), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, 30, rue de
Lille, à Paris.
LlStB DBS MBlIBliBS 577
MM. 1888
Bbucbard (Jean db), avocat, villa Saint-Germain, par Brive (Gorrèze).
1884
RuBEN (Emile), imprimeur-libraire, Charleville (Ardennes).
1885
Hkgqoaiit (Arthur), 3$, rue Barbet de Jouy, Paris.
TouMiEuz (ZénOD), ancien notaire, à Masgrangeas, par Royère (Creuse).
1885-1894
GuiOMNBT (Paul-André), Aixe-snr-Vienne.
1886
** CflAMPBVAL DE VvBRS (Jean-Baptisto), avocat, à Bourganeuf (Creuse).
1888
Bellet, instituteur, à La Souterraine (Creuse).
**Fagb (Emile),vice-pré8ident honoraire du Conseil de préfeciure de laCorrèze,
président de la Sociéié des Lettres, Sciences et Ans de Tulle, à Tulle.
Mazbt (Albert), architecte, boulevard des Baiignolles, 90, à Paris.
^* RopiN (Ernest) ^, l. P. ^, président de la Société scientifique, historique
et archéologique de la Corrèze, à Brive.
Termes (Emile dbs), inspecteur général de la Compagnie d'Assurances
générales, à Bordeaux.
Thomas-Duris (D' René), à Bugeat (Corrèze).
1889
BosRBDON (Philippe de), 0. ^, ancien conseiller d*Etat, 8, rue Verie, à
Saint-Cloud (Seine-et-Oise).
GoNDiNBT (Michel) «S^, avocat, docteur en droit, 12, rue Matignon, Paris.
DuLAU et 0«, libraires, 37, Soho-Square, à Londres (t).
1890
•* Alexeïëfp (Son Excellence le comte Georges d'), G. C. ^, maître de la
Cour de S. H. TEmpereur de Russie, tuteur honoraire, rue Sergulevskaya,
40-<î, Saint-Pétersbourg.
Cars (le. duc des), 80, rue de Lille, Paris.
MoNTAUDON (Ernest), notaire, ancien membre du Conseil général, à La
Souterraine (Creuse).
** Pérathon (Gyprien), membre correspondant du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts des départements, à Aubusson.
RiGAUDiB (le R. P.), des missionnaires de N.-D. de Lourdes, à Chinon
(Indre-et-Loire).
1891
Bbaughesne (marquis de), vice-président de la Société historique et archéo-
logique du Maine, maire de Souvigné, au château de la Roche-Talbot,
par Sablé (Sarthe), et 8, avenue Marceau, Paris.
Brouard (Arsène), frère des Ecoles chrétiennes, pensionnat Saint-Eugène^
à Auriliac.
Solanet (Paul), propriétaire, à Saint-Geniez-d*01t (Aveyron).
S78 SOGléri ARCBtoLOGIQUB R HISTORIQUE DU LIMOUSIN
MM. 1892
Cbastioikt db Gbbt (Paul), receveur de renregistremeot et des doDiaines»
à Bressuire (Deux-St^vres).
1893
AsHBB et C**, libraires, 13, Doter den Linden, Berlin.
Bathbbossb (Eugène), avenue de Paris, 107, Villejuif (Seine).
LsNORHAND (Louîs), architccte, S, impasse de Conti» Paris.
1896
Albert (D<^ Prosper), médecin principal de l*armée en retraite, 37, chemin
du Vivier, à Chublac, par Amplepuis, près Lyon.
Lbspinas (Edmond), avocat, ancien magistrat, 43, rue de Bourdeiiles, à
Pérlgueuz.
1897
Vallenti (D^ José 1gnatio)> à Palma de Mallorca (Iles-Baléares).
1898
Arbellot (Albert), receveur des Finances, à Saint-Nazaire.
Arbellot du Rbpairb (Emile), receveur des Finances, à Sancerre (Cher).
FoucAUo (François), comte DU Dauonon, château d'Offanengo (Lombardiej.
1899
Stbcbbrt, libraire, 76, rue de Rennes, à Paris.
1900
LoPBz Pblaez (D. Antolin), doctoral de L'église cathédrale et vicaire général
de Son £m. l>rchevéque, à Burgos (Espagne).
Mallbbay (Kené), représentant de commerce, au Blanc (Indre).
1901
Langlaob (A.), rue de la Mairie, 29, Boulogne-sur-Seine.
Mrynibux (P.), licencié ès-lettres, Palais de Justice, à Saint-Etienne.
RocHOUx (Jules), ancien officier de marine, à Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre).
1902
D' Massoulard (Emile), médecin-major attaché à TEcole du service de
santé militaire, à Lyon.
Valadbau (P.), instituteur, à Saint-Priest-la-Feuille (Creuse).
1903
Fagb (André), architecte, avenue Kléber, 71, Paris.
Etabliêsements auxquels la Société envoie 8es puhUcaXlotis :
Ministère de Tlnstruction publique, à Paris.
Bibliothèque de TEcole des Chartes, à Paris.
Bibliothèque communale de Limoges.
Archives départementales de la Haute-Vienne.
Grand- Séminaire de Limoges.
Ecole normale d*institut6urs« à Belle vue, près Limoges.
LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Aine :
Société Historique et Archéologique de Château-Thierry.
Société Archéologique, Historique et Scientifique de Soiftsons.
Algérie :
Société Historique algérienne, à Alger.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Académie d'Hippone, à Bône.
Amer :
Société d'Emulation de TAllier, à Moulins.
Aube :
Société Académique de TAube, â Troyes.
ATejrroii :
Société des Lettres, Sciences et Arts de TAveyron, à Rodez.
BoaobM-da-Bliôiio :
Académie des Sciences de Marseille.
Société de Statistique de Marseille.
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d*Aix.
ÇalradoB :
Société française d*Archéologie pour la conservation et la description des
monuments, (siège à Caen).
Charente :
Société Archéologique et Historique de la Charente, à Angoulème.
GHarente-Inférienre :
Société des Archives historiques de la Saintonge et de FAunis, à Saintes.
Cher:
Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.
Goirèie :
Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, à Tulle.
Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, à Brive.
Gôte-d'Or :
Académie des Sciences, Arts et BeHes-Lettres, à Dijon.
Crème :
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, k Guérei.
Dordogne :
Société Historique et Archéologique du Périgord, à Périgueux,
580 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIHOQBIN
Donbl :
Société d'Emulation da Doabs, à Besançon.
Bnn-oi-Lolr :
Société Dunoise, à Chftteaudon.
FliilBtAre:
Société Académique de Brest.
Gard:
Académie du Gard, à Ntmes.
Sflrooiiê (Hanta-) :
Académie des Jeux Floraux, k Toulouse.
Société Archéologique du Midi de la France) à Toulouse.
Gironde :
Société Archéologique de Bordeaux.
Hteanlt
Académie des Sciences et Lettres, à Montpellier.
Revue des LAngues Romanes de Montpellier.
Société archéologique de Montpellier.
nia-et-TUain« :
Société Archéologique, à Rennes.
Indre :
Rédaction de la Reoue du Centre, à GhAteauroux.
Société Académique du Centre, à GhAteauroux.
Indra-et-Lolre :
Société Archéologique de Touraine, à Tours.
Isira :
Académie Delphinale, à Grenoble.
Landea :
Société de Borda, à Dax.
Loir-et-Cher :
Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, à Vendôme.
Loire :
Société d*AgricuUure, Industrie, Sciences, Arts, Belles-Lettres, & St-Etienne.
Loire (Hante-).
Société Agricole et Scienti6que de la Haute-Loire, au Puy
Loire-Inférienre :
Société Archéologique, à Nantes.
Loiret:
Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans.
Lot:
Société des Etudes Littéraires, Scientifiques, Artistiques du Lot, à Cahora.
Lot-et-Oaionne :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Agen.
SOClétiS CORRBS^OHOANtRS. Ml
llaJiM-et-Loin :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Maine-et-Loire, à Angers.
Marne :
Société Archéologique, à GhMons-sur-Marne.
Académie des Lettres, Sciences et Arts, à Reims.
Xêorthe-êt-lloielle :
Académie de Stanislas, à Nancy.
Xorbflum :
Société Polymathique du Morbihan, à Vannes.
Nord :
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, à Lille.
Qbo:
Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts, à Beau vais.
Comité Archéologique, à Senlis.
Orne :
Société archéologique et historique, à Alençon.
Pae-de-CalalB :
Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras.
Société Académique, à Boulogne-su r-Mer.
Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer.
Pay'de-Dôme :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Ans, à Clermonl-Perrand.
Société des Amis de l'Université d'Auvergne, à Clermont-Ferrand.
Pyrénées (Basées-) :
Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.
Bbône :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Lyon.
Bulletin historique du diocèse de Lyon.
Saône-et-Loire :
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, à MAcon.
Société Eduenne, à xVutun.
Serthe:
Société Historique et Archéologique du Maine, au Mans.
SftToie :
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, à Chambéry.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, à Chambéry.
SftTOle (Hante-)
Société Florimontane, à Annecy.
Seine :
Société des Antiquaires de France, à Paris.
Société Française de Numismatique et d'Archéologie, à Paris.
Société Indo-Chinoise, à Paris.
Lemoujj,revuefranco-limousine,organe des associations limousines de Paris.
Selne-et-Mame :
Société Historique et Archéologique du Gâlinais» à Fontainebleau.
Seine-et-Olse :
Société Archéologique de RambouilleL
582 SOCIÉTÉ ARGHftoLOGIQUI KT BISTORIQQB DÛ LIHOOSIN.
S«ln0-Iiif èiieiira :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Rouen.
Sèm» (Deux-) :
Société de Statistique, Sciences et Arts des Deux-Sôvres, à Niort.
Revue épigraphique (direction à Saint-Haixent).
Somme :
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts, Agriculture, à Amiens.
Société d'Emulation d'Abbeville.
Tam-et-teronne :
Société Archéologique de Tarn-et-Garonn e, à Montauban.
Var :
Société d'Etudes Scientifiques et Archéologiques, à Draguignan.
Académie des Arts du département du Var, à Toulon.
Tienne :
Société des Antiquaires de TOuest, à Poitiers.
Tienne (Hante-) :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Limoges.
Société Gay-Lussac, à Limoges.
Société botanique el Revue scientifique, à Limoges.
Société des Amis des Sciences et des Arts, à Rochechouart.
Tonne :
Société des Sciences Historiques et Naturelles de TYonne, à Auxerre.
Société Archéologique, à Sens.
Allemagne :
Société historique d'Aix-la-Gbapelie (AonA/ier GeachichiBoerèin),
Société des Annales de l'université d*Heidelberg (Bibliothèque de l'Uni-
versité).
Belgique :
Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
à Bruxelles.
Académie royale d'Archéologie d'Anvers.
Société des BoUandistes, 4, rue des Ursulines, Bruxelles.
Les RR. PP. Bénédictins, à Haredsous.
Cercle Archéologique de Mons.
Roasle :
Commission impériale d'Archéologie de Saint-Pétersbourg.
Académie Impériale de Saint-Pétersbourg.
Snède :
Académie royale des Belles-Lettres, d*Histoire et des Antiquités, et Musée
National {Kongl. VUerhet8^ Historié och Antiquitets Akademien) de
Stockholm.
Sqisae :
Société neurchftteloise de géographie, à Neufchàtel.
Société historique et archéologique de Bàle (Hisioriache uad cuitiqua--
rische Gesellschaft.
£tatB-Unl8 de TAméiique dn Nord :
Société Smithsonienne, à Washington.
TABLE MÉTHODIQUE
Société archéologique et historique
du Limouftin
Bibliothèque (La) de la Société, par
M. A. Leroux, SIO.
Compte rendu financier de 1901, par
M. L. Guibert, p.-v. 515.
Congrès des sociétés savantes à la
Sorbonne, nomination de délégués,
p.-v. 517; — compte-rendu par
M. René Page, p.-v. 532.
Discours de M. René Page, élu pré-
sident, 5.
Documents sur Saint-Junien et les
environs,ayantappartenuàM.Jules
Godet de Boisse, offerts à la Société
par M. Léon Surin, p.-v. 550.
Excursion de la Société à Uzerche,
p.-v. 532, 537.
Pélicitations à M. Pray-Pournier,
nommé officier d'Instruction publi-
que, à MM. Blancber et Bonnaud,
nommés officiers d'Académie, p.-v.
526.
Pélicitations à M. le D' Pournié,
nommé officier d'Instruction pu-
blique, p.-v. 554.
Hommage à M. Léopold Delisle, par
M. René Page, p.-v. 559.
Installation de M. René Page, comme
président de la Société, p.-v. 513.
Moulages et photographies de monu-
ments décorant la salle des séan-
ces, remerciements à M. Louvrier
dei Lajolais, p. -y. 553.
Ouvrages limousins offerts à la So-
ciété par M. Emile Hervy, p.-v.
553.
Photographie d'une charte carolin-
gienne (privilèges concédés à l'ab-
baye de Solignac, 849), offerte à
la Société par M. A. Leroux, p.-v.
566.
Procès-verbaux des séances de la
Société, par M. G. Jouhannaud,
513.
Séances générales ouvertes orga-
nisées par le bureau de la Société
p.-v. 566.
Sciences auxiliaires de l'histoiie
Archives hospitalières de Limoges
versées aux archives départemen-
tales, par M. A. Leroux, p.-v.
549.
Ghartrier du château de Lejchoisier,
par M. de Vandières de Vitrac,
p.-v. 521.
Manuscrit de Lamy sur le blason (Voy.
Recueil d'armoiries limousines,
448).
Bibliographie : VAbbaye de Saint-
Martial, par M. Charles de Las-
teyrie, par M. Louis Guibert, p.-v.
517.
Bibliographie : Mémoire ia lieute-
nant-colonel Aubin Dutheillet de
Lamothe^ par M. P. Ducourtieux,
p.-v. 532.
584
SOClétB ÀRCBÉOL(N^lQtJB BT HlSTOEIQUE DU LIMOUSIH
Exposition du Limousia pittoresque
et monumental par MM. Camille
et Charles Jouhanneaud, p.-v.
617.537,543, 551.
Cloches du diocèse de Limoges (suite
et Gn), par M. Tabbé A. Lecler,
128.
Monnaie en bronze de Claude trou-
vée près de Naugeat, par M. Tabbé
A. Lecler, p.-v. 537.
Monnaies en or du xiv« siècle trou-
vées à La Chapelle-Blanche, com-
mune de Saint-Victurnien, par
M. P. Ducourlieux, p.-v. 527.
Monnaie d'or de Ferdinand et d'Isa-
belle d'Espagne, trouvée aux Cas-
seaux à Limoges, par M. L. Gui-
berl, P.-V.549.
Médaille trouvée à Saint-Sulpice-les-
Feuilles, par M. Roger Drouault,
p -V. 543.
Médailles en l'honneur de Victor
Hugo, par M. le D» Fournie, p.-v.
526.
Armoiries limousines (Recueil d'} de
Philippe Poncet,peintre-émailleur,
par MM. A. Lecler et L. Guibert,
425; — manuscrit de Lamy sur le
blason, 448.
Armoriai (Voy. la seigneurie de La-
forest-Belleville, 399).
Histoire proprement dite
Voyage en Egypte, par M. Camille
Marbouty, p.-v. 429.
Limousins (Origine des) et fondation
de Limoges, par M. Hubert-Texier,
p.-v. 539.
Voies romaines en Limousin (Les),
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 540.
Voie romaine de Limoges à Bourges
(La) et la station de Praetorium,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 546.
Localités dont les cloches sont citées
(Voy. Etude sur les cloches du
diocèse de Limoges, 192).
Limoges (Coup-d'œil sur l'Histoire
de la ville de), par M. L. Guibert,
13; p.-v. 528,550.
Limoges. Lettres de Charles VII,
modifiant les armes de la ville,
par M. L. Guibert, p.-v. 650.
Limoges et les bonnes villes, par
M. A. Fray-Fournier, 281; p.-v.
557.
Limoges, Le rempart du Château,
par M. P. Ducourtieux, 54.
Limoges. (Dénomination des rues
de), par M. L. Mouret, p.-v. 519.
Limoges, La légende de l'aqueduc
d'Aigoulène, par M. A. Leroux,
p.-v. 535.
Peyrat-le-Château, documents com-
muniqués au nom de M. Goussey-
roux, parM. C. Jouhanneaud, p.*v.
534.
Saint-Junien, Saint-Brice et Javer-
dat, documents communiqués par
M. L. Guibert, p.-v. 538.
Uxellodunum (L'emplacement d'},
par M. René Fage, p.-v. 524.
Uzerche (Chronique de l'abbaye),
publiée par M. Manteyer dans les
Mélanges et études d'histoire du
moyen âge, par M. A. Leroux, p.-v.
562.
Aubepeyre (Le marquisat d'), par
M. Zenon Toumieux, 64; — les
seigneurs, 69; — le château, 40! ;
— domaine utile, rentes et dimes,
105; — procès-verbal de criée de
la terre et seigneurie d'Aubepeyre
et de Saint-Yrieix, 1761, doc. 408.
Fournoux (Délibération delà collecte
de), 1766, doc. 415.
Laforest-Belleville (La seigneurie de),
par M. Zénon-Toumieux, 379, do-
maine utile, rentes et dîmes, 395 ;
— liève des revenus de la terre et
seigneurie, 1744, doc. 418.
La Mazure (Reconnaissance par les
tenanciers de)« 1555^ doc. 411.
I
tkBtW lîàTBODl(tuk
IS8&
t>uy-de jouer (PraBtorium), visite du
P. de La Croix, par M. L. Guibert,
p.-v. 550.
SaiQt-Yrieix (La seigneurie de), par
M.ZéDonToumieux,353;— arrière-
fiefs de la seigneurie, 302 ; — do-
maine utile, rente et dîmes, 358 ;
— paroisse de Saint-Yrieix, 65;
— les seigneurs, 354; — vente de
laseigneuriedeSaint-Yrieix, 1593,
doc. 412.
Histoire religieuse
Chapitre cathédral de Limoges (an-
ciens titres du), 833-1123, par
M. A. Leroux, p.-v. 567.
Arlige (Prieuré de T), par M. Camille
Jouhanneaud, p.-v. 523.
Bonbon (Monastère de), par M. l'abbé
A. Lecler, p.-v. 545.
Pénitents gris de Tulle (Marché entre
la confrérie des) et Antoine Picaud,
marchand-tapissier d'Aubusson,
par M. René Fage, p.-v. 540.
Saint Léonard (Extraits de la vie de),
publiée par le P. Bernardin en
1673, communiqués par M. Lan-
glade, p.-v. 555.
Bref de Clément IX accordant des
indulgences à ceux qui visiteraient
régUse de Saint-Martin de Châ-
teauponsac, par M. l'abbé Lecler,
p.-v. 533.
Histoire de la noblesse
Acte de foi et hommage rendu à
M"« de Mirabeau par M. Grégoire
de Roulhac, 1780. Doc. corn, par
M. Bellet, p.-v. 555.
Hommage lige rendu par Léonet de
Chizadour, 1524. Doc. 402.
Justice, instruotion publique
Justice royale de Limoges (La), par
M. L. Guibert, p.-v. 563, 567. .
T. Ul
Justice du marquisat d'Aubepeyre
(La) (Voy. Le marquisat d'Aube-
peyre, 68).
Justice de la seigneurie de Laforest-
Belleville (La) (Voy. La seigneurie
de Laforest-Belleville, 379).
Justice de la seigneurie de Saint-
Yrieix (La) (Voy. La seigneurie de
Saint-Yrieix, 353).
Sommation d'un huissier de la juri-
diction consulaire de Limoges à
Pierre Ranjou, prêtre à La Souter-
raine, 1728. Doc. com. par M.
Bellet, p.-v. 543.
Enseignement industriel et commer-
cial à Limoges au xix« siècle, par
M. A. Leroux, 485.
Sciences physiques et naturelles
Médecine, hygiène
Ecole pratique des mines à Limoges
(Projet d'une), par Allou,1815. Doc.
com. par M. A. Leroux, p,-v. 558.
Epidémie des prisonniers espagnols
à Limoges en 1809, par M. l'abbé
A. Lecler, p.-v. 561.
Agriculture, industrie, commerce
Porcelaine limousine (tiisloire delà),
par MM. A. Leroux et Ch. Jouhan-
neaud, p.-v. 544.
Chambre consultative des arts et
manufactures de Limoges (Délibé-
rations de la), extraits relatifs à la
porcelaine, par M. A. Leroux, 497.
Municipalité de Limoges (Registres
de la), extraits relatifs à la porce-
laine, par M. A. Leroux, 505.
Société d'agriculture, sciences et arts
de Limoges (Registres de la)^
extraits relatifs à la porcelaine,
par M. A. Leroux, 491.
Porcelaine de Magnac-Bourg (La
fabrique de), par M. A. Leroux,
p.-v. 553.
38
586
SOCIÉTÉ ARGHBOLOQIQDB BT HISTORIQUE DU LIHOUSIM
Vente entre Guillaume Sayelli et Guy
de Rançon, 1285. Doc. corn, par
M. l'abbé A. Lecler, p.-v. 549.
Mœurtj usages» langage
Registre de famille de René II de
Meyvières, par M. de Vandières de
Vitrac, p.-v. 634.
Testament de Jacques de Chizadour,
1598. Doc. 404.
Séquences^ nouveau fascicule publié
par le P. Blume, par M. L. Guibert,
p.-Y. 544.
Archéologie et Beaux-Arts
Souterrain-refuge à La Cbautardie,
comm. de Meilhac, par M. Tabbé
Pénicaud, p.-v. 561.
Poteries romaines trouvées au Mon-
leil, comm. de Roussac, et poids
de tisserand, trouvé à TArtimache,
comm. de La Chapelle-Montbran-
deix, par H. Tabbé A. Lecler,
p.-v. 554.
Puy-de-Jouer (Praetoriùm), résultat
des fouilles, par M. Tabbé Dercier,
p.-v. 554.
Grenier de dîmes, aux Monts, comm.
de Nieul, par M. L. Guibert, p.-v.
561.
Limoges. Anciennes prisons, tripty-
que, peinture de M. Courtot, p.-v.
567.
— La boulangerie du monastère des
Filles-de-Notre-Darae, peinture de
M. Courtot, p.-v. 549.
— Le quartier du Rajatet del'Abbes-
sailie en 1901 , peinture de M. Cour-
tot, p.-v. 555.
Pierre représentant le Christ en
croix au village de Monlhieux, près
la forêt de Guéret, par M. Joly de
Sailly, p.-v. 650.
Boite en cuivre du xv« siècle, par
M, Camille Marbouty, p.-v. 517.
Cloches du diocèse de Limoges, par
M.rabbéA.Lecler, 128.
Dictionnaire des fondeurs de cloches
(Yoy. Etude sur les cloches do
diocèse, 174).
Emaillerie peinte (La renaissance de
r), par M. A. Leroux, 114.
Emaillerie (L'atelier d') de Louis Dal-
peyrat, par M. E. Blancher, 125,
p.-v. 518.
Biographie
Famille Dalesme, par M. Tabbé
A. Lecler, p.-v. 537.
Famille de Tisseuil et la généalogie
de la Maison de Tisseuil, imprimée
en 1783, par M. P. Ducourtieux,
p.-v. 639.
Bégoûgne de Juniac (Le colonel),
par M. L. Guibert, p.-v. 533.
Chassoux (Feroand), nécrologie, par
M. E. Hervy, p.-v. 549.
Desnoyers (Mgr), nécrologie, par
M. Hersant, p.-v. 521.
Eychisadour( Procès-verbal relatif à la
mort de Martin d'), 1619. Doc. 402.
Hupé (Ernest), auteur du panneau
VHyménée, à l'Hôtel-de-Ville de
Limoges, nécrologie, par M. Cour-
lot, p.-v. 554.
L'Hermite du Solier (Tristan et Jean-
Baptiste), poètes, par M. Camille
Jouhaoneaud, p.-v. 540.
Limosin (Léonard), émailleur, imposé
pour dix écus en 1568, par M. An-
toine Thomas, p.-v. 528.
Munlz (Eugène), vice-président de
TAcadémie des inscriptions et
belles lettres, nécrologie par
M. René Fage, p.-v. 559.
Nalèches (Le général de), par
M. Camille Jouhanneaud, p.-v. 521.
Nivet-Fontaubert (Ch.), nécrologie,
par M. René Fage, p.-v. 515.
Sébastien I«', roi de Portugal, serait-
il mort à Limoges, par M. Hubert
Texier, p.-v. 522,
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES
Acte de foi et hommage rendu à
M"**" de Mirabeau par M. Grégoire
de Roulhac, 1780. Doc. com. par
M. Bellet, p.-v. S55.
Archives de Limoges versées aux
aux archives départementales, par
M. Leroux, p.-v. 549.
Armoiries limousines (Recueil d')
de Philippe Poncet, peintre-émail-
leur, par MM. Tabbé A. Lecler et
Louis Guibert, 425.
Armoriai (Voy. la seigneurie de
Laforest-Belleville, 399).
Arlige (Le prieuré de T), par M.
Camille Jouhanneaud, p.-v. 523.
Aubepeyre (Le marquisat d'), par
M. Zenon Toumieux, 64. — Les
seigneurs d'Aubepeyre (Voy. le
Marquisat d*Aubepeyre, 69). —
Le Château d'Aubepeyre (Voy. le
Marquisat d* Aubepeyre, 101). —
Domaine utile, rentes et dîmes de
la seigneurie d'Aubepeyre (Voy.
le Marquisat d'Aubepeyre, 106. —
Procès-verbal de criée de la terre
et seigneurie d* Aubepeyre et de
Saint-Yrieix, 1761, doc. 408.
Begougne de Juniac (Le colonel),
par M. L. Guibert, p.-y. 533.
Bibliographie : L'Abbaye de Saint-
Martialy par M. Ch. de Lasteyrie,
par M. Louis Guibert, p.-v. 517.
— Mémoires du IwAtenant-colonel
Aubin Dutheillet de Lamothe, par
M. P. Ducourtieux, p.-v. 532.
Boîte en cuivre du xv* siècle, par
M. Ë. Marbouty, p.-v. 517.
Bonbon (Le monastère de), par
M. Tabbé A. Lecler, p.-v. 545.
Bref de Clément IX accordant des
indulgences à ceux qui visite-
raient réglise de Saint-Martin de
Châteauponsac, par M. Tabbé
A. Lecler, p.-v. 533.
Chambre consultalive des arts et
manufactures de Limoges (Délibé-
rations de la) (Extraits relatifs à
la porcelaine), par M. Alfred
Leroux, 497.
Chapitre cathédral de Limoges (An-
ciens titres du (833-1123), par M.
Leroux, p.-v. 567.
Ghartrier du château de Leychoisier
(Le), par M. de Vandières de Vilrac,
p.-v. 521.
Chassoux (Fernand), nécrologie, par
M. E. Hervy, p.-v. 549.
Cloches du diocèse de Limoges
(Etude sur les) fsuite et fin), par
M. l'abbé A. Lecler, 128.
Dalesme (La famille), par M. Tabbé
A. Lecler, p.-v. 537.
Desnoyers (Mgr), nécrologie, par M.
Hersant, p.-v. 521.
Ecole pratique des mines à Limoges
(Projet d'une), par Allou, 1816.
Doc. comm. par M. A Leroux,
p.-v. 558.
MB
aOClftTÉ ARCfliÔLOGlOUB ttT ÉISTOllIQDI DIJ LlHOUSlK
Emaillerie (L'atelier d*) de Louis
Dalpeyrat, par M. Ernest Blan-
cher, 125, p.-v. 818.
Ecnaillerie peinte (La renaissance de
r) à Limoges, par M. Alfred
Leroux, H4.
Enseignement industriel et commer-
cial à Limoges au xix' siècle;
esquisse historique, par M. Alfred
Leroux, 485.
Epidémie des prisonniers Espagnols
à Limoges en 1809, par M. l'abbé
A. Lecler, p.-v. 561.
Exposition du Limousin pittoresque
et monumental, par MM. Camille
et Charles Jouhanneaud, p.-v. 517,
537,543,551.
Eychisadour (Procès-verbal relatif à
la mort de Martin d'), 1619. Doc,
402.
Fondeurs de cloches (Dictionnaire
des) (Voy. Etude sur les cloches
du diocèse de Limoges, 174).
Fournoux (Délibération delà collecte
de), 1766. Doc, 415.
Grenior de dîmes aux Monts, com-
mune de Nieul, par M. L. Guibert,
p.-v. 561.
Hommage-lige rendu par Lëonet de
Chizadour. Doc, 402.
Hupé (Ernest), auteur du panneau
ïHyménée, à THôtel de Ville de
Limoges, nécrologie, par M. Cour-
tot, p.-v. 554.
Justice (La) du Marquisat d'Aube-
peyre (Voy. le Marquisat d'Aube-
peyre, 68).
Justice (La) de la seigneurie de
Laforest-Belleville (Voy. la Sei-
gneurie de Laforest-Belleville,
379).
Justice (La) de la seigneurie de Saint-
Yrieix (Voy. la Seigneurie de Saint-
Yrieix, 353).
Justice royale (La) de Limoges, par
M. L. Guibert, p.-v. 563, 567.
Laforest-Belleville (La seigneurie
de), par M. Zenon Toumieux,
379. — Domaine utile, rentes et
dîmes de la seigneurie de Laforest-
Belleville (Voy. la Seigneurie de
Laforest-Belleville, 395). — Liève
des revenus de la terre et seigneu-
rie de Laforest-Belleville, 1744.
Doc, 418.
La Mazure (Reconnaissance par les
tenanciers de), 1555. Doc, 411.
L'Herraite du Solier (Tristan et Jean-
Baptiste], poètes, par M. Camille
Jouhanneaud, p.-v. 540.
Limoges (Coup d'œil sur l'histoire de
la ville de), par M. Louis Guibert,
13; p.-v. 528, 550.
— Dénomination des rues de Limo-
ges, par M. L. Mouret, p.-v. 519.
Limoges et les bonnes villes, par
M. Alfred Fray-Fournier, 281 ;
p.-v. 557.
— La légende de l'aqueduc d'Aî-
goulène, par M. Alfred Leroux,
p.-v. 535.
— Lettres de Charles VII modiQaiit
les armes de la ville, par H. L.
Guibert, p.-v. 550.
— Rempart du château de limoges
(A propos d'un pan de mur), par
M. Paul Ducourtieux, 54.
— Anciennes prisons, triptyque,
peinture deM.Gourtot, p.-v. 867.
— ]jSl boulangerie du monastère des
Filles-Notre-Dame, peinture de
M. Courtol, p.-v. 549.
— Le quartier du Rajat et de l'Abbes-
saille en 1901, peintyre de
M. Courtol, p.-v. 655.
Limosin (Léonard), émailleur, imposé
pour dix écus en 1568, par
M. Antoine Thomas, p.-v. 528.
Limousins (Origine des) et fondation
de Limoges, par M. Hubert Texier,
p.-v. 539.
TABLK PAR ORDRR ALPHABAtIQUE DE MATIÈRES
589
Localités dont les cloches sont citées
(Voy. Etude sur les cloches du
diocèse de Limoges, 192).
Manuscrit de Lamy (Le) sur le blason
(Voy. Recueil d'armoiries limou-
sines, 448).
Médaille trouvée à Sainl-Sulpice-les-
Feuilles, par M. Roger Drouault,
p.-v. 543.
Médailles en l'honneur de Victor
Hugo, par M. le docteur Fournie,
p.-v. 526.
Monnaie en bronze de Claude, trou-
vée près de Naugeat, par M. l'abbé
A. Lecler, p.-v. 537.
Monnaies en or du xiv« siècle, trou-
vées à La Chapelle-Blanche, com-
mune de Sainl-Victurnien, par
M. P. Ducourtieux, p.-v. 527.
Monnaie d'or deFerdinand et Isabelle
d'Espagne, trouvée aux Casseaux,
à Limoges, par M. Guibert, p.-v.
549.
Municipalité de Limoges (Registres
de la) (Extraits relatifs à la porce-
laine), par M. A.Leroux, 505.
Munlz (Eugène), vice-président de
l'Aca'lémie des Inscriptions et
belles-lettres, nécrologie, par
M. R. Fage, p.-v. 559.
Nalèches (Le général de), par M.
Camille Jouhanneaud, p.-v. 521.
Nivet-Fontauberl (Ch.), nécrologie,
par M, R. Fage, p.-v. 515.
Pénitents gris de Tulle (Marché entre
la confrérie des) et Antoine Picaud,
marchand tapissier d'Aubusson,
par M. René Fage, p.-v. 540.
Peyral-le^hâteau (Documents sur),
communiqués au nom de M. Cous-
seyroux, par M. Camille Jouhan-
neaud, p.-v. 534.
Pierre représentant le Christ en croix
au village de Mpnthieux près la
forôl de Guérel, par M. Joly de
Sailly, p.-v. 550.
Porcelaine (La fabrique de) de Ma-
gnac-Bourg, par M. A. Leroux,
p.-v. 553.
Porcelaine limousine (Histoire de la),
par MM. A. Leroux et Ch. Jouhan-
neaud, p.-v. 544 (Voy. Chambre
consultative, Municipalité de Li-
moges et Société d'agriculture,
pour les extraits de leurs regis-
tres relatifs à la porcelaine).
Poteries romaines trouvées au Mon-
teil, commune deRoussac, et poids
de tisserand, trouvé à l'Ariimache,
commune de La Chapelle-Mont-
brandeix, offerts par M. l'abbé
Lecler, p.-v. 564.
Puy-de-Jouer (Prœtorium) (Visite du
P. de la Croix au), par M. L. Gui-
bert, p.-v. 550.
Puy-de-Jouer {Prœtorium). Résultats
des fouilles, par M. l'abbé Dercier,
p.-v. 554.
Registre de famille de René II de
Meyvières, par M. de Vandières
de Vilrac, p.-v. 534.
Saint-Junien, Saint-Brice et Javerdat
(Documents concernant), commu-
niqués par M. Guibert, p.-v. 538.
Saint Léonard (Extraits de la vie de),
publiée par leP. Bernardin en 1673,
communiqués par M. Langlade,
p.-v. 555.
Saint-Yrieix (La seigneurie de), par
M. Zenon Toumieux,353.— Arrière-
fiefs de la seigneurie de Saint-
Yrieix (Voy. La seigneurie de
Saint-Yrieix, 302). — Domaine
utile, rentes et dîmes de la sei-
gneurie de Saint-Yrieix (Voy. La
Seigneurie de Saint-Yrieix, 358).
— Paroisse de Saint Yrieix-laMon-
lagne (Voy. Le marquisat d'Aube-
peyre,65). — Les seigneursde Saint-
Yrieix (Voy. La seigneuriedeSaint-
Yrieix, 354).— Vente de la seigneu-
rie de Saint-Yrieix, 1593, doc, 412.
590
SOCttré ABCBfOLOGIQOB ET HISTORIQUB DU LIMOUSIN
Sébastien !•% roi de Portugal, serail-il
mort à Limoges, par M. Hubert
Texier, p.-v. 822.
SéquenceSy nouveau fascicule publié
par le P. Blume, par M. L. Guiberl,
p.-v. 844.
Société d'agriculture, sciences et arts
de Limoges (Registres de la)
(Extraits relatifs à la porcelaine),
par M. Alfred Leroux, 491.
Sommation d'un huissier de la juri-
diction consulaire de Limoges à
Pierre Ranjou, prêtre à La Souter-
raine (1728). Doc. communiqué par
M. Bellel, p.-v. 543.
Souterrain-refuge à La Chautardie,
commune de Meilhac, parM. Tabbé
Pénicaud, p.-v. 561.
Testament de Jacques de Chizadour,
(1898). Doc, 404.
Tisseuil (La famille de) et la Généa-
logie de la maison de Tiêseuil, im-
primée en 1783, par M. P. Ducour-
tieux, p.-v. 839.
Uxellodunum (L'emplacementd'), par
M. René Fage, p.v. 524.
Uzerche (La chronique de l'abbaye
d'\ publiée par M Manteyer dans
les Mélanges et études d'histoire du
moyen âge, par M. Leroux, p.-v.
562.
Vente entre Guillaume Savelli et
Guy de Rançon (Acte de), 1285.
Doc. com. par M. l'abbé Lecler,
p.-v. 849.
Victor Hugo (Voy. Médailles en
l'honneur de Victor Hugo).
Voies romaines en Limousin (Les),
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 540.
Voie romaine de Limoges à Bourges
(La) et la station de Praeiorium,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 546.
Voyage en Egypte, par M. Camille
Marbouty, p.-v. 529.
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS
Bellet.
Acle de foi et hommage à M"* de
Mirabeau par M. Grégoire de Roii-
Ihac, 1780, p.-v. SUS.
Sommation d'un huissier de la juri-
diction consulaire de Limoges, à
Pierre Ranjou, prêtre à La Souter-
raine, 1728, p.-v. 843.
Blaucber (Ernest).
L'atelier d*émaillerie de Louis Dal-
peyrat, 125; p.-v. 818.
Gourtot*
Hupé (Ernest), auteur du panneau
VByménée, à l'Hôtel de Ville de
Limoges, nécrologie, p.-v. 884.
Limoges, anciennes prisons, tripty-
que, peinture, p.-v. 867 ; — la bou-
langerie du monastère des Filles
Notre-Dame, peinture, p.-v. 849;
— Le quartier du Rajat et de l'Ab-
bessaille en 1901, peinture, p.-v.
888.
Oeroler (L'abbé).
Puy-de-Jouer (Prœtorium)^ résultats
des fouilles, p.-v. 884.
DrouaulC (Roger).
Médaille trouvé à Saint-Sulpice-les-
Feuilles, p.-v. 843.
Ducourtleux (Paul).
Bibliographie : Mémoires du lieute-
nant-colonel Aubin Dutheillet de
Lamothe, p.-v. 832.
Famille de Tisseuil (La) et la Généalo-
gie de la maison de Tisseuil, impri-
mée en 1783, p.-v. 839.
Limoges, le rempart du chftteau, 84.
Monnaies en or du xiv* siècle trou-
vées à La Chapelle-Blanche, com-
mune de Saint-Victurnien, p.-v.
827.
Voie romaine de Limoges à Bourges
et la station de Prœtorium, p.-v.
846.
Voies romaines en Limousin (Les),
p.-v. 840.
Page (René).
Discours d'installation comme prési-
dent de la Société, 8.
Hommage à M. Léopold Delisle, p.-v.
889.
Muntz (Eugène), vice-président de
TAcadémie des Inscriptions et
Belles-Lettres, nécrologie, p.-v.
889.
Nivet-Fontaubert (Ch.), nécrologie,
p.-v. 818.
Pénitents gris de Tulle (Marché entre
les) et Antoine Picaud, marchand
tapissier d*Aubusson, p.-v. 840.
Uxellodunum (Emplacement d'), p.-v.
824.
Fournie (D').
Médailles en Thonneur de Victor
Hugo, p.-v. 826.
Fray-Pournler (A.).
Limoges et les bonnes villes, 281,
p.-v. 887.
59t JiOCliTÉ ARCH^OLOOIQUI RT
Gulbert (Lonis).
BegougDe de Juniac (Le colonel],
p.-v. 833.
Bibliographie : L'abbaye de Saint-
Martial, parGh. de Lasteyrie, p.-v.
817.
Grenier de dîmes aux Monts, com-
mune de Nieul, p.-v. 861 .
Justice rojale de Limoges (La), p.-v.
863,867.
Lettres de Gharles VII modifiant les
armes de la ville de Limoges, p.-v.
880.
Limoges (Goup d'oeil sur Thistoire de
la ville de), 13, p.-v. 828, 880.
Monnaie d'or de Ferdinand et d'Isa-
belle d'Espagne trouvée aux Gas-
seaux, à Limoges, p.-v. 849.
Puy-de-Jouer {Prœtorium)^ visite du
P. de la Groix, p.-v. 880.
Saint-Junien, Saint-Brice et Javerdal
(Documents sur), p.-v. 838.
Séquences (Nouveau fascicule de),
publié par le P. Blume, [p.-v. 844.
liera Ali t.
Desnoyers (Mgr), nécrologie, p.-v.
821.
Hervy (Emile).
Ghassoux(Fernand), nécrologie, p.-v.
849.
•loly «le Aailly*
Pierre représentant le Ghristen croix
au village de Monthieux, près la
forêt de Guéret, p.-v. 880.
•louhanneaud' (Camille).
Artige (Prieuré de 1'), p.-v. 823.
Exposition du Limousin pi;toresque
et monumental, p.-v. 817, 837, 843,
881.
L'Hermite du Solier (Tristan et Jean-
Baptiste), poètes, p.-v. 840.
Nalèches (Le général de), p.-v. 821.
Peyrat-le-Château. Doc. com. par
M. Gousseyroux, p.-v. 834.
HISTORIQCl DU LIMOUSm
•louhanneaud (Charles).
Exposition du Limousin pittoresque
et monumental, p.-v. 582.
Lianslede*
Saint-Léonard (Extraits de la vie de),
publiée par le P. Bernardin, en
1673, p.-v. 888.
Isoler (L*abbé A.) et Gulbert
(Louis).
Armoiries limousines (Recueil d') de
Philippe Poncet, peintre émailleur,
428.
L.ecler (L*abbé A.).
Bonbon (Le Monastère de), p.-v. 843.
Bref de Glément IX accordant des
indulgences à ceux qui visiteraient
l'église de Saint-Martin de Ghà-
teauponsac, p.-v. 833.
Gloches (Elude sur les) du diocèse de
Limoges, 128.
Epidémie des prisonniers espagnols
à Limoges en 1809, p.-v. 861.
Famille Dalesme (La), p.-v. 837.
Monnaie en bronze de Glande trouvée
près de Naugeat à Limoges, p.-v.
837.
Poteries romaines trouvées au Mon-
teil, commune de Roussac, et poids
de tisserand, à TArtimache, com-
mune de La Ghapelle-Montbran-
deix, p.-v. 884.
Vente entre Guillaume Savelli et Guy
de Rançon (Acte de), 1288, doc,
p.-v. 849.
LieroujL (Alfred).
Aqueduc d'Aigoulènc (La légende de
l'), p.-v. 838.
Archives hospitalières de Limoges
versées aux archives départemen-
tales, p.-v. 849.
Bibliothèque de la Société archéolo-
gique et historique du Limousin,
810.
Chambre consultative de arts et
manufactures de T^imoges (Délibé-
ration de la), extraits relatifs à la
porcelaine, 497.
Chapitre cathédral de Limoges (An-
ciens titres du), p.-v. 867.
Chronique de Tabbaye d'Uzerche,
publiée par M. Manteyer dans les
Mélanges et études d'histoire du
moyen âge, p.-v. 562.
Ecole pratique des mines à Limoges
(Projet d'une), par AUou, 1815,
p.-v. 858.
Emaillerie peinte (Renaissance de V)
à Limoges, 114.
Enseignement industriel et commer-
cial à Limoges au xix« siècle, 485.
Municipalité de Limoges (Registres
de la), extraits relatifs à la porce-
laine, 505.
Porcelaine limousine (Histoire delà),
en collaboration avec M. Charles
Jouhanneaud, p.-v. 544.
Porcelaine (Fabrique de) à Magnac-
Bourg, p.-v. 553.
Société d'agriculture, sciences et arts
de Limoges (Registres de la),
extraits relatifs à la porcelaine,
491 .
Bfarbouty (Camille).
Boîte en cuivre du x v« siècle, p .-v. 51 7 .
Voyage en Egypte, p.-v. 529. * |
tABLB Pkti ORDKB ALl»&AbBTIQUk D^AUTBUKS 593
Bf oureC (Léopold).
Limoges (Dénomination des rues de),
p.-v. 519.
Pénicaud (L'abbé).
Souterrain-refuge à La Chautardie,
commune de Meilhac, p.-v. 561.
(Hubert).
Limousins (Origine des) et fonda-
lion de Limoges, p.-v. 539.
Sébastien I", roi de Portugal, serait-
il mort à Limoges, p.-v. 522.
Thomas (Aotoine).
Léonard Limosin, émailleur, imposé
pour pour dix écus en 1568, p.-v.
528.
Toumleux (Zenon).
Aubepeyre (Le marquisat d*), 64.
Laforest-Belleville (La seigneurie de),
ôiu.
Saint-Yrieix (La seigneurie de), 353.
Vandl^rea de Vltrao (De).
Chartrier du Château de Leychoisier,
p.-v. 821.
Registre de famille 'de René II de
Meyvières, p.-v. 534.
TABLE DES MATIÈRES
TEXTE
Discours d'installation de M. René Page, président 5
Coup d'œil sur l'histoire de la ville de Limoges, par M. Louis Guibert. 13
Le rempart du Château de Limoges, par M. Paul Ducourtieux. 54
Le marquisat d'Aubepeyre, par M. Zenon Toumieux 64
La renaissance de rémaillerie peinte à Limoges, par M. Alfred Leroux. 114
L'atelier d'émaillerie de Louis Dalpayrat, par M.-E. Blancher 125
Etude sur les cloches du diocèse de Limoges (suite et fin), par M. Tabbé
A Lecler 128
Délibérations de la Chambre consultative des arts et manufactures de
Limoges (extraits relatifs à l'industrie porcelainière de 1830 à 1858),
par M. Alfred Leroux 197
Une institution du premier Empire. Limoges et les bonnes villes, par
M. A. Fray-Fournier 281
La seigneurie de Saint-Yrieix, par M. Zenon Toumieux 353
La seigneurie de Laforest-Belleville, par M. Zenon Toumieux 379
Recueil d'armoiries limousines de Philippe Poncet, peintre et émailleur,
par MM. Tabbé A. Lecler et L. Guibert 425
L'enseignement industriel et commercial à Limoges au xix* siècle,
esquisse historique, par M. Alfred Leroux 485
Registres de la Société d'agriculture, sciences et arts de Limoges
(extraits relatifs à l'industrie porcelainière, de 1802 à 1821), par
M. Alfred Leroux 491
Registres de la municipalité de Limoges (extraits relatifs à l'industrie
porcelainière, de 1794 à 1817), par M Alfred Leroux 505
La bibliothèque de la Société archéologique et historique du Limousin,
par M. Alfred Leroux - 510