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Full text of "Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin"

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J)c 


DB  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


Kl 


BULLETIN 


nE  LA  SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIOUE  &  IIISTORIOUE 

DU    LIMOUSIN 


LIMOGES 

imprimerie:    et   i^ibra.iris   limousines 

V  H.  DDCOURTIEUX 

Libnire  de  1>  Soeièlè  irchÊolai{ii)U«  et  bitcoriquc  du  Umounin 
7,    RUE    DES   ARÈNES,   7 

1803 


feULLETlN 


DK    LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  &  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


TOME    LU 


DISCOURS    D'INSTALLATION 


de  M.  René  FAGE,  Président 


Messieurs, 

En  m'appelant  à  la  présidence  de  votre  Société,  vous  m'avez  fait 
un  honneur  dont  je  sens  le  prix.  Vous  représentez,  à  Limoges,  une 
élite  intellecluelle,  le  groupe  vivant  et  actif  des  hommes  qui  s'in- 
téressent à  rhistoire  de  leur  province,  qui  aiment  à  chercher  dans 
le  passé  des  enseignements  pour  l'heure  présente,  qui  ont  le  culte 
des  souvenirs  et  qui  s'efforcent  de  perpétuer  celte  longue  tradi- 
tion chevaleresque  et  patriotique,  artistique  et  littéraire  qui  fait  la 
gloire  du  Limousin. 

Depuis  l'époque  déjà  lointaine  où  vous  m'avez  agréé  dans  vos 
rangs,  j'ai  suivi,  avec  le  vif  intérêt  qu'ils  méritent,  vos  travaux 
aussi  variés  que  savants.  Dans  vos  réunions,  dans  vos  <^ongrës, 
dans  vos  promenades  archéologiques,  j'ai  été  un  auditeur  curieux, 
un  spectateur  désireux  de  s'instruire.  J'aurais  voulu  avoir  plus  de 
loisirs  pour  devenir  un  utile  collaborateur.  L'accueil  que  vous  avez 
fait  à  quelques-unes  de  mes  études  était  on  ne  plus  sympathique 
et  encourageant. 

La  direction  donnée  à  mes  recherches  historiques  m'a  tenu  un 
peu  éloigné  de  vous,  sans  m'en  séparer  jamais.  Je  le  déclare  en 
toute  franchise,  j'ai  l'amour  de  la  terre  natale  profondément  gravé 
dans  le  cœur.  Je  suis  attaché  à  ma  ville  de  Tulle,  cette  patrie 
d'Etienne  Baluze,  notre  premier  maître,  de  François  Bonnélye,  qui 
m'a  initié  à  l'étude  des  vieux  documents,  du  regt*etté  Maximin 
Deloche,  qui  connaissait  si  bien  notre  histoire  locale  et  nos  monu- 

T.  LU  i 


^  SOGlftrfi  ARCHftotOdlQUIt  ^  HIStOElQUK  DU  LllkOUSl)^ 

ments  du  moyen  âge.  Après  eux,  sur  la  voie  qu*ils  ont  ouverte, 
je  me  suis  engagé  et  j*ai  eu  la  satisfaction  de  faire  quelques  ren- 
contres heureuses  ;  il  n*en  a  pas  fallu  davantage  pour  m'y  retenir. 
Mais  Tulle  et  le  Bas-Limousin  ne  sont  pas  en  dehors  de  votre 
domaine.  Vos  investigations  s'étendent  sur  les  trois  départements 
formés  par  Tancienne  province  du  Limousin.  En  m'occupant  de 
Tulle  je  ne  sorlais  donc  pas  de  votre  programme.  Vous  me  l'avez 
prouvé  en  1873,  lorsque  vous  avez  publié  la  première  en  date  de 
mes  notices.  Depuis,  vous  m'avez  montré  que  vous  me  considériez 
comme  un  des  plus  dévoués  à  votre  œuvre,  quand  vous  m'avez 
admis  dan^  le  Comité  de  la  Société  et  chargé  de  la  préparation  de 
vos  Bulletins.  Vous  venez  de  m'en  donner  un  nouveau  témoignage, 
le  plus  éclatant  et  le  plus  flatteur  de  tous. 

Mon  premier  devoir,  en  prenant  la  place  où  votre  bienveillante 
estime  m'a  élevé,  est  de  vous  exprimer  ma  vive  gratitude.  Vous 
m'avez  jugé  digne  de  présider  vos  réunions  et  de  diriger  les  tra- 
vaux de  votre  Société.  Je  suis  fier  d'une  si  honorable  désignation  ; 
mais  je  ne  puis  m'empôcher  de  vous  dire,  en  môme  temps,  que 
j'en  suis  bien  troublé. 

Pourquoi  faut-il  que  les  circonstances  vous  aient  déterminés  à 
porter  vos  suffrages  sur  moi?  Il  y  a  parmi  vous  des  travailleurs  de 
premier  ordre;  des  archéologues,  des  historiens,  des  bibliographes 
dont  les  travaux  font  autorité  dans  le  monde  savant;  des  confrères 
dont  la  valeur  morale  est  aussi  grande  que  le  savoir,  dont  l'esprit 
critique  et  l'impartialité  historique  sont  appréciés  des  juges  les 
plus  compétents.  Ouvrez  nos  Bulletins^  vous  trouverez  leurs  noms 
à  chaque  page.  Si  les  publications  de  notre  Société  comptent  parmi 
les  meilleures  et  les  plus  estimées,  c'est  à  ces  collaborateurs  émi- 
nents  que  nous  le  devons.  Ils  jouissent  ici  de  la  plus  grande  con- 
sidération et  réunissent  toutes  les  sympathies.  C'est  à  l'un  d'eux 
que  l'honneur  de  la  présidence  revenait  de  droit.  —  Il  n'en  a  pu 
être  ainsi. 

S'ils  se  sont  volontairement  effacés  pour  me  laisser  le  premier 
rang,  ils  resteront,  du  moins,  l'âme  de  notre  Société.  Ils  m'ont  assuré 
de  leur  plus  dévoué  concours.  C'est  à  cette  condition  que  j'ai  cru 
pouvoir  accepter  les  fonctions  dont  vous  avez  bien  voulu  m'inveslir. 

Pour  les  remplir  sans  défaillance,  je  compte  sur  vous  tous, 
Messieurs,  sur  votre  zèle,  sur  votre  attachement  à  notre  œuvre 
commune.  Aidez-moi  à  maintenir  le  bon  renom  de  notre  Société. 

Elle  compte  parmi  les  plus  anciennes  et  les  plus  fécondes  des 
sociétés  savantes  de  France.  Fondée  en  1845,  elle  n'a  interrompu 
ses  travaux  que  pendant  deux  années,  en  1848  et  1849;  et,  depuis 
cette  époque,  elle  a  toujours  marché  en  progressant.  Il  faut  par- 


blS^ORS  D^NSTALLA'hON  bfe  H.   RENÉ  FA^B  ^ 

courir  ses  Bulletins  pour  juger  du  nombre  considérable  de  mé- 
moires et  de  documents  qu'elle  a  publiés.  Les  procès-verbaux  de  nos 
réunions  suffisent  à  prouver  la  régularité  et  Futilité  de  son  travail. 

Mais  aussi  quels  présidents  exemplaires  elle  a  eus,  jusqu'à  ce 
jour,  pour  tracer  sa  voie,  diriger  ses  discussions  et  donner  à  ses 
éludes  la  plus  bienfaisante  des  impulsions  I 

A  ses  débuts,  lorsqu'elle  n'était  encore  qu'une  émanation  de 
rAdminislration  départementale,  nous  voyons  à  sa  tête  des  préfets 
qui  s'intéressent  à  Thistoire  de  la  région,  sont  soucieux  de  la  con- 
servation de  nos  monuments,  se  tiennent  au  courant  des  problèmes 
archéologiques  et  en  cherchent,  avec  curiosité,  la  solution.  Votre 
fondateur,  M.  Morizot,  et  ses  successeurs  à  la  préfecture  de  la 
Haule- Vienne,  M.  de  Mentque  et  le  baron  Petit  de  Lafosse,  prési- 
dent exactement  vos  réunions,  prennent  part  aux  travaux  delà 
Société,  font  une  heureuse  propagande.  A  leur  autorité  personnelle 
s'ajoute  l'influence  qu'ils  tirent  de  leurs  fonctions.  Dans  les  com- 
mencements toujours  difficiles  d'une  entreprise  comme  la  vôtre, 
ils  ont  rendu  de  signalés  services. 

Depuis  sa  fondation,  les  préfets  présidents  avaient  eu  pour  prin- 
cipal collaborateur  dans  la  direction  de  la  Société,  le  vice-président 
Alluaud.  Votre  compagnie  s'honora  en  l'appelant  à  la  présidence. 
Quel  homme  eût  été  mieux  qualifié  pour  conduire  votre  œuvre? 
François  Alluaud  était  un  organisateur  de  grand  mérite  et  un 
administrateur  de  génie.  Il  a  fait  delà  céramique  la  plus  importante 
et  la  plus  célèbre  des  industries  limousines.  Son  court  passage  à 
la  mairie  a  été  marqué  par  d'inoubliables  travaux  :  nous  lui  devons 
l'établissement  du  Champ-de-Juillet,  la  construction  du  Pont-Neuf, 
l'agrandissement  de  l'Hospice  et  l'ouverture  de  nos  premières 
belles  avenues.  Membre  et  président  de  la  Chambre  consultative 
des  Arts  et  Manufactures,  juge  au  Tribunal  de  commerce,  membre 
du  Conseil  général,  président  de  la  Société  d'agriculture,  il 
était  toujours  en  tête  du  mouvement  intellectuel,  scientifique  et 
commercial.  Son  impulsion  vers  le  progrès  se  faisait  partout 
sentir.  Il  a  révélé  les  richesses  géologiques  et  minéralogiques  de 
l'Auvergne  et  de  la  Haute-Vienne,  et  publié  de  savants  mémoires 
sur  la  chimie  appliquée  à  la  céramique  et  sur  l'exploitation  des 
mines  de  votre  département.  Il  connaissait  notre  pays  aussi  bien 
dans  son  passé  que  dans  son  présent  et  il  était  de  ceux  que  leur 
marche  en  avant  n'empêche  pas  de  jeter  un  regard  en  arrière 
pour  demander  aux  temps  écoulés  l'enseignement  qui  fait  la  sage 
expérience.  Il  avait  présidé,  en  1847,  le  Congrès  archéologique  de 
Limoges  et  faisait  partie  de  l'Institut  des  provinces.  Très  assidu  à 
vos  réunions,  il  écrivit  pour  vous  l'histoire  des  vases  murrhins, 


»> 


^  SOGliré  ARCliéOLOOlQUK   Rt  BlâTOHlQtlfe  bO   LlHOUSDl 

dissertation  charmante  et  pleine  d'érudition  sur  ces  coupes 
d'Orient,  si  célèbres,  au  commencement  de  notre  ère,  que  les 
empereurs  romains  les  consacraient  à  leurs  dieux.  Tel  fut  le  pre- 
mier de  vos  présidents  élus. 

Il  fut  remplacé,  en  1865,  par  M.  Bonnin,  inspecteur  d'académie, 
qui  appartenait  à  votre  Société  depuis  plus  de  dix  ans  et  qui  en 
avait  été  nommé  vice-président  en  1859.  M.  Bonnin  était  un  esprit 
orné,  un  lettré,  un  homme  de  bon  conseil.  Il  se  mêla  activement  à 
vos  discussions  et  montra  le  plus  grand  attachement  à  votre  œuvre. 
Vous  ne  le  gardâtes  pas  longtemps. 

Il  eut  pour  successeur,  en  1866,  Othon  Péconnet,  avocat,  dont  le 
souvenir  est  encore  bien  vivant  au  barreau  de  Limoges.  La  plupart 
des  qualités  maîtresses  qui  avaient  fait  d'Âlluaud  un  président 
remarquable,  se  retrouvaient  en  Péconnet.  Il  avait  Tintelligence 
lumineuse,  la  parole  qui  entraîne,  la  volonté  qui  produit,  la  bonne 
humeur  qui  gagne  les  sympathies.  A  la  Mairie  de  Limoges  et  au 
Conseil  général  de  la  Haute-Vienne,  il  sut  se  rendre  utile  et  popu- 
laire. Quelle  heureuse  influence  il  eût  exercée  sur  la  Société  archéo- 
logique I  Quelle  part  il  eût  prise  à  ses  études!  Sa  notice  sur  Fou- 
caud  est  un  morceau  achevé  où  le  fougueux  jacobin  et  Taimable 
fabuliste  sont  peints  de  main  de  maître.  Ce  fut  le  seul  mémoire 
qu'il  put  écrire  pour  votre  Bulletin,  La  politique  vous  Tenleva 
bientôt  et  la  mort  inexorable  le  prit  au  début  de  sa  carrière  parle- 
mentaire, en  pleine  maturité  de  son  talent. 

C'est  un  président  que  vous  mîtes  à  sa  place,  un  président  que 
les  plus  hautes  compagnies  judiciaires  ont  été  iîères  d'avoir  à  leur 
tête.  Ancien  avocat  général  à  Limoges,  Larombière  présidait, 
depuis  1855,  une  des  Chambres  de  notre  Cour,  lorsque  la  Société 
archéologique  lui  donna  la  direction  de  ses  travaux.  Ses  études 
favorites  et  ses  occupations  professionnelles  ne  l'empêchaient  pas 
de  s'intéresser  aux  questions  d'histoire  et  d'art  qui  s'agitent  dans 
vos  réunions.  Par  son  exactitude  à  vos  séances,  par  le  rôle  qu'il  y 
tenait,  il  montrait  que  l'homme  le  plus  distingué  et  le  plus  élevé  ne 
s'abaisse  pas  en  venant  à  vous.  La  clairvoyance,  l'esprit  critique,  la 
rectitude  du  jugement,  la  rigoureuse  logique,  dont  il  était  si  mer- 
veilleusement doué  et  qui  l'ont  mis  au  rang  de  nos  plus  éminents 
magistrats  et  de  nos  plus  autorisés  juristes,  sont  aussi  les  qualités 
qui  font  les  bons  archéologues  et  les  bons  historiens.  Il  était  nourri 
de  classiques;  ses  traductions  de  Lucrèce  et  de  Virgile  ont  fait  les 
délices  des  lettrés.  S'il  aimait  Athènes  et  Rome,  s'il  se  plaisait  à 
remonter  jusqu'aux  grands  jurisconsultes  latins  pour  y  rechercher 
les  sources  de  notre  droit,  il  aimait  aussi  passionnément  son  pays 
limousin  ;  il  en  connaissait  les  évolutions  morales,  intellectuelles  et 
économiques,  et  ne  dédaignait  pas  l'étude  de  ses  statuts  particuliers 


DISCOURS  D*1NSTALLAT10N    DB   M.    RENÉ  PAGE  9 

et  de  ses  règlements  locaux.  Son  savant  Mémoire  sur  le  Régime  dotal 
et  la  Coutume  de  la  Haute-Marche,  nous  fait  regretter  qu'il  n'ait  pas 
eu  le  temps  de  recueillir  et  commenter  les  Coutumes  du  Limousin. 
Mais  les  plus  hautes  situations  Tattendaient  à  la  Cour  d'appel  de 
Paris  et  à  la  Gourde  Cassation;  TAcadéraie  des  Sciences  morales  et 
politiques  allait  lui  ouvrir  ses  portes;  vous  le  perdîtes  en  1869. 

Le  palais  de  Limoges,  qui  vous  avait  donné  Othon  Péconnet  et 
Larombière,  devait  vous  donner  encore  leur  successeur.  M.  Dubé- 
dat,  conseiller  à  la  Cour,  a  présidé  vos  séances  pendant  cinq  ans. 
Je  ne  puis  oublier  que  c'est  lui  qui,  en  quelque  sorte,  m'a  mis  la 
plume  à  la  main  et  m'a  suggéré,  avec  sa  bienveillance  si  encoura- 
geante, d'écrire  pour  votre  Société  la  première  de  mes  notices 
acbéologiques.  C'est  depuis  cette  époque  que  je  vous  appartiens. 
—  L'influence  de  M.  Dulîédat  s'est  manifestée  dès  les  premiers  mois 
de  sa  présidence.  En  feuilletant  vos  Bulletins,  vous  verrez  combien 
d'adhésions  nouvelles  il  a  valu  à  la  Société.  Il  payait  de  sa  per- 
sonne, secouait  aimablement  les  indifférents,  communiquait  autour 
de  lui  son  zèle  et  son  entrain.  En  même  temps,  il  donnait  à  vos 
publications  une  allure  plus  moderne  et  abordait  lui-même,  dans 
ses  études,  des  sujets  contemporains.  Vos  réunions  devinrent  plus 
nombreuses.  On  écoulait,  avec  un  charme  réel,  la  lecture  de  sa 
biographie  d'AUou,  de  son  mémoire  sur  Tabaraud  et  ses  Œuvres, 
de  ses  notices  sur  les  personnages  qui  ont  illustré  votre  compagnie 
et  le  Limousin.  Un  groupe  d'excellents  travailleurs  se  formait,  qui 
allait  bientôt  apporter  à  votre  Bulletin  l'abondance  et  la  variété. 
N'est-ce  pas  alors  que  vous  avez  commencé  la  publication  de  cette 
œuvre  magistrale  qui  devait  être  suivie  de  tant  d'autres  importants 
travaux  du  même  auteur  :  La  destruction  de  l  Ordre  et  de  V Abbaye 
de  Grandmont, 

Et  puisque  je  parle  de  lui  incidemment,  permettez-moi,  mes 
chers  collègues,  de  dire  à  M.  Louis  Guibert,  avec  quelle  profonde 
satisfaction  nous  avons  appris,  il  y  a  quelques  semaines,  la  nouvelle 
de  son  élection  comme  Correspondant  national  de  l'Institut.  En  lui 
conférant  ce  titre,  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  a 
proclamé  bien  haut  les  mérites  de  notre  cher  secrétaire  général  et 
récompensé  justement  les  services  qu'il  a  rendus  et  qu'il  rend  tous 
les  jours  à  la  science.  Notre  président,  lorsqu'il  l'enrôla  dans  nos 
rangs,  lit  pour  la  Société  archéologique  la  plus  précieuse  des  recrues. 

M.  Dubédal  nous  a  quittés  en  1874  pour  aller  siéger  à  la  Cour  de 
Toulouse.  Dans  cette  grande  ville  du  Midi,  où  les  lettres,  les 
sciences  et  les  arts  ont  été  de  tout  temps  en  honneur,  il  ne  pouvait 
tardera  conquérir  une  place  d'élite.  Sa  belle  Histoire  du  Parlement 
de  Toulouse  lui  valut  les  suffrages  du  monde  savant;  et  les  lettrés 
et  les  poètes,  qui  appréciaient  la  sûreté  de  son  goût  et  l'ornement 


10  80C1&TÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

de  son  intelligence,  l'appelèrent  dans  les  conseils  de  l'illustre  Aca- 
démie de  Clémence  Isaure.  En  brisant  les  liens  de  Thonorariat,  par 
lesquels  il  nous  restait  attaché,  la  mort  vient  de  mettre  en  deuil 
notre  compagnie. 

Celui  qui  devait  le  remplacer  à  la  présidence,  nous  était  désigné 
d'avance.  Un  des  fondateurs  de  la  Société  archéologique,  M.  l'abbé 
Arbellot,  pendant  dix  ans,  de  1849  à  1859,  en  avait  été  le  secrétaire 
général;  pendant  dix  ans,  de  1865  à  1876,  il  en  avait  été  le  vice- 
président.  Ai-je  besoin  de  vous  dire,  à  vous  tous  qui  l'avez  connu 
et  aimé,  qu'il  a  été  jusqu'à  son  dernier  jour  —  et  sa  présidence  a 
duré  plus  de  vingt-cinq  ans  —  le  modèle  des  présidents  ?  Quelques 
semaines  après  sa  mort,  répondant  à  un  vœu  de  votre  bureau, 
M.  Louis  Guibert,  qui  a  été  son  plus  utile  collaborateur  et  l'un  de 
ses  plus  affectionnés  collègues,  nous  a  retracé  la  carrière  de  notre 
vénéré  et  regretté  président.  Je  ne  puis  que  m'associer  à  l'hom- 
mage, si  sincère  et  si  respectueusement  cordial,  qu'il  a  rendu  à  sa 
mémoire. 

M.  le  chanoine  Arbellot  professait  pour  la  Société  archéologique 
un  dévouement  admirable.  Il  était  pénétré  de  cette  idée  que  son 
entreprise  est,  entre  loutes,  bienfaisante  et  méritoire.  Aussi,  Mes- 
sieurs, ce  digne  prêtre  s'acquittait-il  de  la  mission,  que  vous  lui 
aviez  confiée,  avec  le  zèle  et  la  foi  d'un  apôtre.  Il  vous  consacrait, 
il  consacrait  à  ses  travaux  historiques  et  archéologiques  tous  les 
loisirs  que  lui  laissait  son  ministère  sacerdotal.  Son  œuvre  est  con- 
sidérable. Pendant  cinquante  ans,  il  s'est  appliqué  à  faire  revivre 
nos  vieux  souvenirs  et  à  célébrer  nos  gloires  nationales.  Il  avait 
dépouillé  nos  archives,  compulsé  les  collections  de  documents  des 
Archives  nationales  et  de  la  grande  bibliothèque  de  la  rue  Riche- 
lieu. Sur  toutes  les  questions  qui  intéressent  notre  contrée,  il  avait 
des  notes  et  des  dossiers.  Il  connaissait  mieux  que  personne  notre 
bibliographie  limousine.  Servi  par  une  merveilleuse  mémoire,  il 
pouvait  intervenir  dans  toutes  nos  discussions,  rectifier  nos  erreurs, 
nous  signaler  des  sources  ignorées.  Bon  et  conciliant,  il  exerçait 
sur  nous  une  autorité  vraiment  paternelle.  Nous  étions  heureux  et 
liers  de  le  voir  à  notre  tête  dans  nos  réunions,  dans  nos  fêtes,  dans 
nos  excursions.  Depuis  plus  d'un  quart  de  siècle,  il  nous  représen- 
tait aux  Congrès  des  Sociétés  savantes.  Un  peut  dire  qu'il  incarnait 
la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin. 

Voilà  l'homme  que  votre  confiance  m'appelle  à  remplacer;  voilà 
les  présidents  qui  m'ont  précédé  dans  la  haute  fonction  que  je  dois 
à  votre  estime  et  à  vos  sympathies.  Ne  soyez  donc  pas  surpris,  mes 
chers  collègues,  si  j'éprouve  les  plus  vives  appréhensions  en  prenant 
kl  place  qu'ils  ont  occupée  avec  tant  de  distinction  et  de  mérite. 


DISCOURS  d'installation  db  m.  rené  page  14 

Ma  pensée  s'est  reportée  nalurellemenl  vers  eux,  non  pas  seule- 
ment pour  leur  rendre  le  tribut  de  gratitude  que  nous  leur  devons, 
mais  aussi  pour  leur  demander  renseignement  dont  j*ai  besoin. 
Je  veux  m*inspirer  de  leurs  leçons,  adopter  leur  méthode  et  suivre 
leur  trace.  Pourrais-je  prendre  de  meilleurs  exemples? 

Ils  ont  failla  Société  archéologique  prospère.  Sous  leur  direction 
elle  n'est  jamais  sortie  de  la  bonne  voie.  Nos  Bulletins  ont  plus 
que  doublé  de  volume,  et  les  mémoires  et  les  documents  qu'ils  ont 
mis  au  jour  n'ont  diminué  ni  de  valeur  ni  d'importance. 

Tous  mes  eiîorts  tendront  à  maintenir  l'œuvre  si  bien  entreprise 
et  si  heureusement  menée  par  mes  prédécesseurs.  Mais  ma  bonne 
volonté  serait  insuffisante  si  je  n'étais  énergiquement  soutenu  et 
aidé  par  vous  tous.  Je  ne  vous  demande  pas  seulement  l'exactitude 
à  nos  réunions  qui  est  la  première  vertu  de  tout  sociétaire  dévoué , 
permettez-moi  d'être  plus  exigeant.  Je  sollicite  de  vous  une  colla- 
boration plus  effective.  Notre  Bulletin  vous  est  ouvert.  Quel  est 
celui  que  ses  lectures,  ses  études,  voire  môme  ses  occupations  pro- 
fessionnelles ne  mettent  pas,  un  jour  ou  l'autre,  en  face  d'un  pro- 
blème archéologique,  d'une  question  artistique,  d'un  point  obscur 
d'histoire  ou  de  bibliographie  ?  Le  sujet  est  trouvé.  Alors  commence 
le  travail  des  recherches,  qui  paraît  ingrat  aux  profanes,  mais  qui 
est  si  plein  d'imprévu  et  d'intérêt,  qui  procure  aux  curieux  de  si 
vives  jouissances^  Et  lorsqu'on  a  mis  la  main  sur  le  document 
précieux,  recueilli  le  renseignement  désiré,  dégagé  l'inconnu, 
quelle  intime  satisfaction  I  Croyez-le,  Messieurs,  ce  plaisir  intellec- 
tuel récompensera  amplement  votre  labeur. 

Mais  pourquoi  vous  dire  ce  que  vous  savez  déjà?  En  vous  rap- 
pelant vos  émotions  de  chercheurs  et  vos  joies  de  trouveurs 
heureux,  je  parle  surtout  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  ici  et  qui 
devraient  y  être.  Communiquons-leur  l'étincelle.  Attirons-les  à 
nous.  Les  esprits  éclairés,  les  hommes  d'étude  sont  nombreux  à 
Limoges.  Répétons-leur  que  notre  Association  est  faite  pour  eux  ; 
qu'ils  y  ont  leur  place  ;  que  le  champ  que  nous  travaillons  est  vaste, 
et  qu'ils  pourront,  avec  profit  pour  notre  cher  Limousin,  y  employer 
leur  intelligence,  leur  savoir  et  leur  bonne  volonté.  Disons-leur 
qu'à  une  époque  où  tant  de  causes  de  division  troublent  la  société} 
il  existe  à  Limoges  une  compagnie  où  se  pratique  la  plus  large 
tolérance,  où  la  courtoisie  est  de  règle  dans  les  controverses,  où  se 
nouent  entre  collègues  de  précieuses  relations  d'estime  et  d'amitié. 
Qu'ils  sachent  que  notre  programme  est  fait  pour  concilier  tous  les 
partis,  puisqu'il  s'inspire  uniquement  du  désir  de  conserver  et 
mettre  en  valeur  notre  patrimoine  artistique  et  historique  ;  et  ils 
répondront  à  notre  appel,  parcequ'ils  auront  à  cœur  de  collaborer 
à  une  œuvre  patriotique. 


12  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  KT   HISTORIQUK   DU  LIMOUSIN 

Messieurs,  dans  la  dernière  séance,  vous  avez  complété  le  Bureau 
de  la  Société  en  donnant  un  successeur  à  notre  regretté  trésorier, 
M.  Louis  Bourdery.  Je  n'ai  pas  à  retracer  la  carrière  si  laborieuse 
et  si  prématurément  finie  de  notre  très  distingué  et  affectionné 
collaboradaur;  un  de  vous,  tout  particulièrement  indiqué  par  sa 
compétence  artistique  et  par  les  liens  de  vive  amitié  qui  Tunissaient 
au  défunt,  a  bien  voulu  se  charger  de  ce  soin.  Qu'il  me  soit  permis 
seulement  de  vous  dire  quel  vide  considérable  a  fait  parmi  nous 
la  mort  de  Louis  Bourdery.  Artiste  délicat,  maniant  avec  habileté 
le  crayon,  la  plume  et  le  pinceau,  il  ornait  nos  Bulletins  de  char- 
mantes illustrations.  Les  fours  de  nos  anciens  émailleurs  venaient 
à  peine  de  se  rallumer  à  Limoges  lorsqu'il  s'appliqua  avec  succès  à 
découvrir  les  procédés  des  Pénicaud,  des  Gourteys  et  des  Limosin. 
Nul  mieux  que  lui  ne  connaissait  les  maîtres  dans  Fart  du  feu. 
Vous  avez  admiré  le  savant  ouvrage  qu'avec  la  collaboration  de 
M.  Emile  Lachenaud,  il  a  consacré  à  Léonard  Limosin.  Ce  beau 
livre  ne  devait  être  que  le  premier  volume  d'une  importante  col- 
lection; nous  espérons  que  son  collaborateur  continuera  l'œuvre 
commencée.  Cojsime  trésorier,  M.  Bourdery  a  été  un  administrateur 
d'une  exactitude  et  d'une  prudence  exemplaires.  M.  Louis  Guibert, 
qui  a  bien  voulu  le  suppléer  pendant  sa  longue  maladie  et  auquel 
j'adresse  au  nom  de  la  Société  nos  vifs  remerciements,  vous  a  dit 
l'excellent  résultat  de  sa  gestion. 

A  M.  Touyéras,  son  successeur,  je  souhaite  la  bienvenue  dans 
notre  Bureau.  Son  dérouement  à  la  Société,  ses  connaissances 
spéciales  ont  déterminé  votre  choix.  Je  puis  vous  dire  qu'avec  lui 
l'administration  de  nos  finances  est  en  de  bonnes  mains. 

J'ai  le  plaisir  de  saluer  les  nouveaux  membres  du  Comité  de 
publication,  MM.  Courtot  et  Gaston  Lavergnolle,  dont  la  colla- 
boration nous  sera  précieuse. 

Je  me  fais  l'interprète  de  vos  sentiments  en  remerciant  les  mem- 
bres du  Bureau  qui,  depuis  la  mort  de  notre  vénérable  président, 
ont  assuré  le  bon  fonctionnement  de  la  Société.  Nos  vice-présidents, 
M.  le  chanoine  Lecler  et  M.  Hervy,  notre  secrétaire  général, 
M.  Guibert,  notre  secrétaire,  M.  Jouhanneaud,  enfin  notre  archi- 
viste, M.  Leroux,  se  sont  partagé  la  besogne  et,  avec  le  zèle  le  plus 
louable,  ont  pourvu  à  tous  les  besoins.  Je  les  prie  de  rester  groupés 
autour  de  moi  et  de  me  donner  le  concours  de  leur  expérience. 

Je  dois  aussi  l'expression  de  ma  gratitude  à  tous  les  membres  de 
la  Société  archéologique  qui,  en  venant  assister  à  cette  séance  où 
je  prends  mes  fonctions,  me  donnent  une  nouvelle  preuve  de  leurs 
sympathies  et  confirment  en  quelque  sorte  le  vote  qui  m'a  élevé  à 
la  présidence. 


COUP  DCEIL  SUR  L'HISTOIRE 


DE  LA 


VILLE    DE    LIMOGES 


Conférence  faite  aux  jeunes  gens  de  la  Réunion  de  Sonis 

à  r Ecole  Saint-Martial  (i) 


Messieurs, 

Eo  parcourant  en  tous  secs,  dans  vos  promenades,  les  rues  et  les 
faubourgs  de  Limoges,  vous  ne  songez  guère,  j'imagine,  aux  géné- 
rations qui  TOUS  y  ont  précédés  et  aux  monuments  dont  vous 
foulez  la  poussière.  Cette  indifférence  est  toute  naturelle  ;  on  ne 


(I)  11  a  quelqae  vingl-cinq  ans,  Tauleur  de  cette  conférence,  alors  tré- 
sorier de  rAssociation  amicale  des  anciens  élèves  du  lycée  de  Limoges, 
s*était  demandé  sMl  ne  serait  pas  possible  de  donner  aux  élèves  de  notre 
grand  établissement  universitaire,  tout  au  moins  aux  jeunes  gens  des 
classes  supérieures,  quelques  notions  d'histoire  locale  et  provinciale 
et  de  chercher  par  là  à  éveiller  chez  eux,  avec  la  curiosité  des  choses  de 
la  petite  patrie,  le  goût  de  les  étudier.  L*idée,  bien  que  son  exécution  offrit 
quelque  difficulté^  souriait  à  Teicellent  proviseur  qui  dirigeait  alors  la 
maison,  M.  Richaud  :  un  lettré  délicat  et  un  aimable  poète.  Mais  M.  Ri- 
chaud  quitta  Limoges  et  les  circonstances  ne  permirent  pas  de  reprendre 
un  projet  qui  était  du  reste  demeuré  imprécis.  Après  un  quart  de  siècle, 
nous  avons  dû  à  la  bienveillance  de  M.  le  chanoine  Dublanchy,  supérieur 
du  collège  libre  de  Saint-Martial,  de  réaliser  un  souhait  bien  ancien  déjà, 
comme  on  la  voit  :  nous  lui  en  exprimons  notre  respectueuse  gratitude. 


H  SOGIÉTft   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

saurait  s'intéresser  à  ce  qu'on  ignore  :  ignoti  nulla  cupido.  Vous  avez 
étudié  la  grande  histoire,  l*histoire  des  peuples,  des  guerres,  des 
événements  qui  ont  modifié  les  territoires  des  nations  et  transformé 
les  nations  elles-mêmes,  des  institutions  qui  ont  régi  les  royaumes 
et  les  républiques  ;  mais  l'histoire  de  la  petite  patrie,  de  la  pro- 
vince et  de  la  cité,  celle  des  groupes  qui  constituent  les  molécules 
du  corps  social,  la  vie  de  la  commune  et  de  la  corporation,  de 
l'atelier  et  de  la  famille,  vous  n'en  savez  pas  grand'chose,  et  ne 
soupçonnant  point  l'intérêt  qui  s'y  attache,  vous  ne  pouvez  vous 
en  préoccuper.  L'heure  n'est  pas  encore  venue  où  l'importance 
et  le  charme  de  cette  étude  se  révéleront  à  votre  esprit,  et  où  vous 
songerez  à  y  rechercher  le  secret  de  bien  des  problèmes,  l'origine 
de  bien  des  questions  qui  agitent  et  passionnent  notre  époque. 

Je  voudrais  cependant  éveiller  dès  à  présent  votre  attention  sur 
ce  passé  qui  la  sollicite  à  tant  de  titres,  et  vous  inspirer  au  moins 
quelque  désir  de  le  mieux  connaître,  en  vous  entretenant  de  This- 
toire,  des  vicissitudes  et  des  monuments  de  cette  ville,  berceau  de 
beaucoup  d'entre  vous  et  à  laquelle  vous  demeurerez  tous  rattachés 
par  un  lien  bien  fort  :  le  souvenir  de  vos  excellents  maîtres  et  de 
vos  études  poursuivies  sous  le  patronage  de  Saint  Martial.  —  Des 
événements  considérables  se  sont  déroulés  dans  ce  cadre  modeste, 
sur  ce  sol  qui  vous  est  familier,  entre  ces  pittoresques  collines, 
témoins  aujourd'hui  de  vos  jeux  ;  des  édiPices  magnifiques  y  ont 
surgi  de  terre  ;  des  monastères  au  loin  renommés  y  ont  vécu  ;  des 
institutions  bienfaisantes,  inspirées  par  le  pur  esprit  de  l'Evangile, 
s'y  sont  implantées;  on  a  vu  s'y  former  des  groupements  sociaux 
d'un  type  parfois  original,  répondant  à  certaines  nécessités  de  la 
vie  on  à  des  aspirations  particulières  de  l'âme  humaine.  Les  arts  et 
les  lettres  y  ont  fleuri  ;  des  industries  prospères  y  ont  eu  leur  foyer  ; 
le  commerce  y  a  pris  un  remarquable  développement.  L'histoire 
de  Limoges,  en  un  mot,  n'est  ni  sans  intérêt  ni  sans  gloire.  Je  ne 
saurais  vous  en  donner  qu'une  bien  terne  esquisse.  Je  compte  sur 
votre  jeune  imagination  pour  compléter  le  tableau  et  y  ajouter  la 
couleur  et  le  charme  dont  cet  aperçu  trop  sommaire  sera  néces- 
sairement dépourvu. 

A  l'origine  de  toutes  choses  on  trouve  des  traditions,  plus  ou 
moins  vagues,  souvent  accommodées  et  transformées  au  cours  des 
siècles,  tantôt  par  l'imagination  populaire,  tantôt  par  la  fantaisie 
des  lettrés.  Le  souvenir  confus  des  migrations  des  peuplades 
primitives,  des  apports  successifs  fournis  à  la  population  par  de 
nouveaux  immigrants,  subsiste  partout.  Nous  le  constatons  chez  nous, 
où,  de  temps  immémorial,  on  a  attribué  à  des  héros  venus  de  l'Orient, 


COUP   D*OBIL  SUR    L*BISTOIIIE  DR    LA    VILLE   DR   LIMOGES  f5 

sinon  le  premier  peuplement  du  pays,  toul  au  moins  sa  plus 
ancienne  conquête  sur  les  aborigènes  ella  Tondation  des  principales 
villes.  L'auteur  des  Annales  mantiscrites  de  Limoges,  indigeste 
compilation  dont  la  rédaction  déflnitive  ne  remonte  pas  au-delà  du 
(lix-seplième  siècle,  raconte  que  notre  ville  a  été  fondée  par  un 
prince  Troyen,  Lemovix,  frère  de  Pictovix,  qui  bâtit  Poitiers,  et  fils 
du  vieil  Alvernus,  échappé  à  la  première  catastrophe  d'Ilion  et 
fuyant  la  colère  d'Hercule.  Limoges  n'aurait  ainsi  rien  à  envier  à 
Rome,  et  nos  poètes  sauraient  au  besoin  où  trouver  leur  Enée.  Il 
ne  faut  pas  oublier,  du  reste,  que  les  traditions  relatives  à  Tin- 
fusion  de  sang  troyen  dans  les  veines  de  certaines  peuplades  du 
centre  de  la  Gaule  remontent  à  Tanliquité.  Rappelez-vous  ce  vers 
de  la  Pharsale,  où  Lucain  s'indigne  de  trouver  chez  les  Arvernes 
des  prétentions  à  une  communauté  d'origine  avec  les  maîtres  du 
monde  : 

Arvernique  ami  Latio  se  fingere  fratres 
Sanguine  ab  Iliaco 

Un  autre  Lemovix  dispute  au  prince  Troyen  l'honneur  d'avoir 
fondé  Limoges.  Celui-là  appartenait  à  la  race  des  géants  et  vivait, 
au  calcul  d'un  savant -magistrat,  Siméon  Descoustures,  qui  évoque 
son  souvenir  dans  un  discours  de  1605  sur  l'origine  de  notre  ville, 
«  au  temps  où  Pannias  régnait  sur  l'Assyrie,  Ramsès  sur  l'Egypte, 
ot  où  Ciédéon  était  juge  d'Israël  ».  Plusieurs  écrivains  du  seizième 
siècle  en  témoignent  aussi  avec  une  remarquable  sérénité. 

L'annaliste  reproduit,  après  Descoustures,  cette  seconde  légende 
comme  il  a  énoncé  la  première,  puisée  aux  «  vieux  mémoires  du 
pays  »,  et  ne  se  reconnaissant  pas  les  lumières  nécessaires  pour  faire 
entre  elles  un  choix,  il  conclut,  en  honnête  et  prudente  personne  : 
«  J'en  laisse  le  jugement  à  Dieu,  ne  sachant  les  accorder.  » 

Nous  imiterons  sa  réserve  et,  sans  vouloir  percer  les  voiles  impé- 
nétrables d'un  trop  lointain  passé,  nous  chercherons  quelles  notions 
un  peu  précises  nous  fournissent,  sur  Limoges  et  les  habitants  de 
la  contrée,  les  écrivains  de  l'antiquité.  Ces  indications  se  résument 
à  fort  peu  de  chose.  César,  Strabon,  Pline  le  naturaliste  et  Ptolémëe 
nomment  la  peuplade  des  Lémovices  :  AcfAoucxic,  AcfAoutxoc,  Lemo- 
vices.  Les  trois  premiers  ne  parlent  pas  du  chef-lieu  de  leur  ter- 
ritoire; seul  le  dernier  en  fait  mention.  On  pense  généralement 
que  le  nom  primitif  de  cette  bourgade  était  Rith,  Ritu  ou  Rita,  qui 
signifie  «  gué  ».  M.  Desjardins,  l'éminent  géographe  de  la  Gaule, 
estime  toutefois  que  ce  mot  devait  être  précédé  d'un  autre  :  Ans 
peut-être,  et  que  notre  ville  se  serait  appelée  dès  l'origine  Ausrith 


46  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQDB  BT   HISTORIQUB  DU   UMOUSIN 

OU  AusritUj  dénomination  qu'elle  aurait  reprise  plus  tard.  A  ce  nom 
elle  accola,  comme  beaucoup  d'autres  cités  gauloises,  celui  de  l'em- 
pereur Auguste  et  devint  Augustoritum,  Ce  changement  se  produi- 
sit vers  le  commencement  de  l'ère  chrétienne,  peut-être  peu  après 
l'érection  du  fameux  autel  d'Ainay,  déJié  à  la  divinité  de  Rome  et 
de  l'Empereur  par  les  soixante  cités  de  la  Gaule  dont  les  Umite« 
avaient  été  modifiées  l'an  27  avant  Jésus-Christ.  L'Avyouaro^tTov  de 
Ptolémée,  V Augustoritum  de  l'Itinéraire  d'Antonin,  qu'on  trouve 
encore  appelée  Ausrito  à  la  Table  Ihéodosienne  ;  dans  l'ouvrage 
du  grammairien  Magnon,  Lemofex  AugustoretuiHy  et  sur  des  triens 
du  septième  siècle  :  Lemofex  Augustoredo^  avait  déjà  depuis  long- 
temps repris  le  nom  du  groupe  de  tribus  dont  elle  était  le  chef-lieu. 
A  la  Notitiaprovinciartim,  Limoges  est  dénommée  Civitas  Lemom- 
cum.  Dans  les  vieilles  chroniques,  sur  les  chartes  et  les  monnaies 
nous  lirons  plus  tard  :  Lemovicum,  Limodicum,  LimodicaSy  Lemovicœ, 
LemovicaSyLemovecaSy  Lemovigas,  Lemovegas,  LemêtgaSyLemoiges, 
Limotges,  —  Limoges. 

La  bourgade  primitive  de  Limoges  est  pour  ainsi  dire  née  des 
eaux  de  la  Vienne.  Une  nymphe  dut  être  notre  première  divinité 
topique.  La  rivière  s'élargit  sensiblement  à  250  mètres  environ  en 
aval  du  viaduc  de  la  ligne  du  chemin  de  fer  de  Toulouse  et  offre 
un  gué  qui,  de  temps  immémorial,  a  été  appelé  gué  de  la  Roche, 
Ce  passage  paraît  avoir  été  l'amorce  du  groupe  d'habitations 
auquel  il  donna  son  nom.  La  tradition  place  dans  la  région  de  la 
Croix- Verte,  de  Beauséjour,  de  La  Vigne,  des  Récollets,  des  Pa- 
lisses, du  Clos  Mascoussy,  l'emplacement  du  Limoges  primitif.  Néan- 
moins sauf  une  hache  en  silex  et  quelques  fragments  tout-à-fait 
insignifiants  et  d'époque  douteuse,  on  n'a  jamais  fait  sur  ces  terrains 
de  découvertes  dont  l'objet  se  rapportât  à  la  période  antérieure  à 
l'occupation  romaine. 

Mais  il  semble  bien  établi  que  les  abords  de  la  rivière,  la  rive 
droite  en  particulier,  ont  été  habités  dès  un  temps  reculé,  et  tous 
les  savants  sont  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'accepter  les  données  de  la 
tradition,  en  ce  qui  concerne  l'assiette  première  de  la  ville.  Celle-ci 
était  le  centre  politique  d'une  peuplade  qui,  à  la  suite  de  guerres 
sanglantes,  put  envoyer  dix  mille  guerriers  à  Alise,  alors  que  les 
Pictons,  les  Turons,  les  Parisiens  en  fournissaient  huit  mille  seule- 
ment; il  est  donc  permis  de  penser  qu'elle  eut  une  certaine  impor- 
tance, s'étendit  le  long  de  la  rivière  vers  l'Est,  dans  la  direction  du 
futur  pont  Saint-Martial.  Peut-être  ses  constructions  gravirent-elles 
le  coteau  aujourd'hui  couronné  par  les  arbres  de  la  place  d'Orsay  ; 
mais  rien  ne  donne  à  penser  qu1l  y  ait  jamais  eu  en  ce  point  un 
bourg  fortifié,  un  oppidum. 


CDU^  D^ÛEIL  SUR  l'BISTOIRK  DB  LA   VlLLB   DB  Ll)l06B8  \'t 

De  la  Rita  des  Lemovices  on  ne  peut  savoir  autre  chose,  et  ses 
monuments,  si  elle  en  posséda,  nous  sont  restés  inconnus.  Le 
comédien-antiquaire  Beaumesnil,  qui  a  la  réputation  d'un  faussaire 
ëhonté  —  et  qui  la  mérite  —  nous  a  laissé  des  dessins,  très  curieux 
du  reste  et  fort  jolis,  de  têtes  sculptées,  prétendues  gauloises,  et 
existant  à  Limoges  au  dernier  siècle.  La  plupart  de  ces  sculptures, 
visiblement  arrangées  par  la  plume  ingénieuse  de  Tartiste,  parais- 
sent appartenir  au  moyen  âge  ;  quelques-unes  à  la  période 
romaine.  Le  même  archéologue  a  exploré  un  souterrain,  qualifié 
par  lui  de  «  Temple  Sphérique  »,  situé  aux  Pénitents  Rouges,  qu'il 
juge  remonter  à  la  même  époque  et  auquel  son  crayon  a,  sans  nul 
doute,  ajouté  certains  détails.  Il  n'est  pas  impossible  que  quelques- 
unes  des  galeries  sillonnant  le  sous-sol  de  nos  vieux  quartiers 
aient  vraiment  une  haute  antiquité  ;  mais  on  ne  peut  l'affirmer,  des 
remaniements  successifs  ayant  profondément  modifié  leur  premier 
aspect. 

Laissons  passer  un  siècle,  deux  siècles.  Ce  n'est  plus  la  rustique 
Rita  que  nous  avons  devant  les  yeux  :  c'est  Augustoritum  avec  ses 
monuments,  ses  jardins,  ses  voies  pavées  se  dirigeant  vers  Lyon  et 
Bourges,  par  Prœtorium;  Saintes,  par  Chassenon  ;  Bordeaux  et  Tou- 
louse, par  Fines  et  Périgueux.  Les  solides  constructions  de  la  période 
gallo-romaine  ont  remplacé  les  maisons  de  bois  et  de  boue  de  la  po- 
pulation primitive;  elles  couvrent,  tout  le  donne  à  penser,  un  terrain 
beaucoup  plus  étendu.  Le  coteau  nord  de  la  Vienne  est  en  entier 
jalonné  de  maisons,  sillonné  d'aqueducs.  Un  pont,  dont  les  fonda- 
tions subsistent  encore  en  partie  sous  les  piles  du  vieux  pont  Saint- 
Martial  actuel,  et  qui  fut  démoli  lors  du  siège  du  Château  de  Li- 
moges par  le  roi  Henri  II  d'Angleterre,  en  H82,  franchit  la  rivière 
et  offre  aux  voyageurs  comme  aux  habitants  un  passage  plus  com- 
mode et  plus  sûr  que  l'ancien  gué  de  La  Roche.  Sur  divers  points, 
assez  distants  les  uns  des  autres,  s^élèvent  des  édifices  importants  : 
à  Beauséjour  et  à  la  Croix- Verte  d'abord,  où  la  tradition  place  le 
«  château  de  Sainie- Valérie  »  et  où  on  voit  encore  un  grand  mur 
en  bel  appareil,  au  milieu  de  jardins  dans  lesquels  on  ne  peut 
creuser  à  quelque  profondeur  sans  rencontrer  des  débris  d'édi- 
fices et  des  fragments  de  poteries;  —  au  Clos  Orphéroux,  un  peu 
au-dessus  du  vieux  pont  Saint-Martial,  les  vestiges  de  deux  édi- 
fices considérables  excitaient  encore,  au  dix-septième  siècle,  la 
curiosité  des  archéologues  et  des  érudits;  l'une  de  ces  construc- 
tions était,  à  ce  qu'on  croit,  le  «  théâtre  »  expressément  mentionné 
dans  la  Vie  de  Saint  Martial  dite  «  Vie  Aurélienne  »  ;  l'autre,  une 
grande  résidence  fortifiée  désignée  par  l'annaliste  sous  la  dénomi- 


nation  de  Palais  de  Duratius,  du  nom  d'un  chef  Picton  fidèle  aux 
romains  el  dont  on  avait  fait  un  proconsul.  Sur  la  hauteur  d'où  surgit 
aujourd'hui  la  masse  imposante  de  la  cathédrale,  s'élevait  un  temple 
dont  quelques  débris  attestent  les  grandes  proportions.  Enfin 
presque  au  point  culminant  de  cette  série  de  paliers  et  de  rampes, 
avait  été  construit  un  amphithéâtre  dont  le  grand  diamètre 
mesurait  plus  de  cent  vingt  mètres,  et  qui  servit  durant  douze 
ou  treize  siècles  aux  réunions,  prëdica lions  solennelles,  foires, 
revues,  tir  à  l'arc,  exécutions  capitales.  Le  «  creux  des  Arènes  » 
n'a  été  comblé  qu'en  1868  et  les  vestiges  de  l'édifice  n'ont  dis- 
paru qu'entre  171a  et  1715,  lors  de  la  construction  de  la  place 
d'Orsay. 

Certains  écrivains  prétendent  qu'un  temple  dédié  à  Jupiter 
s'éleva  à  Montjauvy.  On  n'en  a  retrouvé  aucun  vestige,  et  je  doute 
que  cet  édifice  ait  jamais  existé.  Je  vous  signale  aussi  pour  mé- 
moire une  galerie  souterraine  de  grandes  proportions  qui  aurait 
établi  une  communication  entre  l'amphithéâtre  et  la  Vienne  —  el 
qui  paraît  n'avoir  jamais  été  construite  que  par  l'imagination  de 
Beaumesnil. 

Des  institutions  locales  de  cette  période  dans  notre  ville,  nous 
ne  savons  pas  grand  chose.  Nous  ne  connaissons  le  nom  d'aucune 
divinité  particulière;  nous  ne  trouvons  trace  d'aucun  collège  spé- 
cial de  prêtres.  Dans  les  monuments  épigraphiques  découverts  soit 
à  Limoges,  soit  au  dehors,  aucune  mention  catégorique  ne  nous 
ouvre  le  moindre  jour  sur  l'état  social,  politique,  administratif, 
religieux  de  ce  temps-là.  Tout  ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est  que  la 
Cité  de  Limoges  jouit  d'une  organisation  municipale  analogue  à 
celle  des  autres  cités  de  la  Gaule.  Il  est  permis  de  suspecter  les 
dessins  représentant  des  médailles  ou  monnaies  dont  les  légendes 
font  mention  des  décurions  de  notre  ville  ;  mais  Grégoire  de  Tours, 
dans  son  Histoire  des  Francs,  parle,  à  propos  d'une  émeute  qui 
éclata  sous  Chilpéric  P,  d'une  assemblée  du  peuple  de  Limoges 
convoquée  aux  calendes  de  mars.  Or,  cette  date  est  celle  à  laquelle 
avait  lieu  le  renouvellement  des  magistrats  municipaux.  —  Quant  à 
la  culture  des  lettres,  des  sciences  et  des  arts  à  Limoges  durant 
cette  période,  aucun  témoignage  écrit  ne  permet  d'émettre  à  cet 
égard  une  opinion.  Des  ruines  informes,  des  maçonneries  de  fon- 
dations, quelques  fragments  de  sculpture,  des  colonnes  de  pierre, 
des  moulures  et  des  plaques  de  revêtement  en  marbre,  des  pote- 
ries qui  peuvent  avoir  été  importées,  ne  suffisent  pas  à  nous 
donner  une  idée  de  ce  que  furent  les  architectes,  les  artistes  et 
même  les  ouvriers  limousins  de  ce  temps-là.  L'inscription  du  cu- 
rieux tombeau,  conservé  à  notre  Musée,  du  Biturige  Blesianus,  qui 


COU^  ti'Ctth  SUR  L*H18tOlll  DB  lA  VltLB  DB  LlMOOtt  \^ 

professa  la  grammaire  et  la  morale,  et  «  demeura  toujours  fidèle 
au  culte  des  muses  » 

Artis  grammatices  doctor  morumque  magister 
Blœsianus  Biturix,  musarum  semper  amator.,, 

nous  autorise  seule  à  dire  que  notre  ville  ne  fut  pas  alors  dépour- 
vue d'écoles. 


Un  grand  fait  marque  cette  phase  de  Thisloire  de  notre  cité,  un 
événement  qui  va  devenir  le  point  de  départ  d'une  ère  nouvelle 
et  l'aurore  d'un  jour  dont  la  lumière  n'a  pas  cessé  de  nous  éclairer. 
Saint  Martial  arrive  à  Limoges;  il  apporte  TEvangile  au  peuple  de 
notre  région.  Du  moment  où  le  pied  de  l'apôtre  a  touché  notre 
sol,  la  transformation  commence,  et  désormais  toutes  les  grandes 
entreprises,  toutes  les  institutions,  toutes  les  œuvres  seront  impré- 
gnées d*un  esprit  nouveau.  Le  christianisme  s'établit  parmi  nous. 
L'arbre  est  planté  :  nous  le  verrons  grandir,  avivé  sans  cesse 
d'une  sève  nouvelle,  pousser  de  profondes  racines,  étendre  au  loin 
ses  branches  protectrices,  porter  des  fruits  d'une  merveilleuse 
variété.  Le  nom  et  le  souvenir  de  l'évangélisateur  de  la  contrée 
demeureront  inséparables  de  tous  les  bienfaits  que  ce  pays  devra 
à  l'esprit  chrétien.  Peu  importe  la  date  précise  à  laquelle  a  paru 
l'apôtre  et  les  éclipses  momentanées  qu'a  pu,  qu'a  dû  subir  la  doc- 
trine révélée  par  lui  à  nos  ancêtres.  Le  culte  de  saint  Martial  est, 
dans  le  cœur  des  Limousins,  le  complément  en  quelque  sorte  de 
celui  de  Jésus-Christ.  La  dévotion  au  patron  de  la  ville  a  été,  dans 
tout  le  cours  du  moyen  âge  et  reste  encore  un  trait  caractéristique 
de  la  mentalité  et  de  la  physionomie  de  la  population  de  Limoges. 
Tous  les  sept  ans,  les  Ostensions  en  fournissent  un  nouveau  et 
touchant  témoignage.  On  a  donné  ce  nom  d'Ostensions  à  l'expo- 
sition publique  et  solennelle  des  reliques  de  l'apôtre  d'Aquitaine, 
et  subsidiairement  des  restes  des  autres  saints,  des  saints  du  pays 
surtout,  à  la  vénération  des  fidèles.  Ces  solennités,  dont  l'origine 
remonte  aux  époques  troublées  du  haut  moyen  âge  ou  on  dut  ca- 
cher les  ossements  de  noire  premier  évoque,  les  transporter  par- 
fois dans  une  forteresse  du  voisinage  pour  éviter  qu*ils  fussent 
profanés  ou  détruits,  et  où  on  les  montrait  au  peuple  au  retour, 
d'où  le  nom  d'Ostensions,  eurent  lieu,  durant  longtemps,  à  des  dates 
irrégulières  et  indéterminées,  à  l'occasion  de  certains  événements  : 
épidémies  ou  autres  calamités,  menaces  de  guerre,  passage  de  prin- 
ces ou  de  hauts  dignitaires  ecclésiastiques.  On  ne  peut  constater 
la  périodicité  des  Ostensions  et  rétablissement  d'un  cérémonial 


do  SOCltrfc  ARCftiOLOGTQUK  tt  HlSTOUlQUt  DU  LlM^USm 

particulier  qu'à  partir  du  commencement  du  seizième  siècle.  Elles 
durent  cinquante  jours,  du  mardi  de  Pâques  au  mardi  de  la  Pente- 
côte, sont  ouvertes  par  la  Grande  Confrérie  de  Saint-Martial  qui  par- 
court toute  la  ville  et  qui  faisait  jadis  retentir  nos  rues  d'une  joyeuse 
fusillade  ;  une  promenade  analogue  de  la  Confrérie  de  Saint-Âurélien 
marque  la  clôture.  Pendant  cette  période,  un  étendard  blanc  por- 
tant une  croix  de  Saint-André  amarante,  qui  a  été  béni  par  révo- 
que et  ensuite  présenté  dans  tous  les  sanctuaires  de  la  ville,  flotte 
au  clocher  de  Saint-Michel-des-Lions.  C'est  dans  cette  église  que 
depuis  le  17  décembre  1790,  jour  de  la  cessation  du  culte  dans  la 
basilique  de  Saint-Martial,  on  conserve  le  chef  du  patron  de  Li- 
moges, seule  relique  aulhenlique  d'une  certaine  importance  qui 
subsiste  de  lui  depuis  le  douzième  siècle. — Le  retour  des  Ostensions 
est,  de  nos  jours  encore,  marqué  par  des  cérémonies  aussi  inté- 
ressantes que  pittoresques  ;  on  peut  y  observer  certaines  coutumes 
remontant  sans  nul  doute  à  une  époque  fort  ancienne,  par  exem- 
ple l'usage  où  sont  les  principaux  parmi  nos  bouchers,  confrères 
de  Saint-Aurélien,  de  dresser  le  dimanche  de  la  Trinité,  au  rez-de- 
chaussée  de  leur  maison,  des  tables  couvertes  de  victuailles  et  de 
pâtisseries  auxquelles  tout  passant,  pauvre  ou  riche,  est  convié  à 
s'asseoir. 

La  Gaule,  soumise  à  l'Empire  romain,  jouit  d'une  longue  période 
de  calme  et  de  prospérité,  à  peine  troublée  par  les  premières 
révoltes  des  Bagaudes;  mais  cet  âge  d'or  louche  à  sa  Hn  :  De  nou- 
velles insurrections  éclatent  et  déjà  les  barbares  menaçants  se 
pressent  aux  frontières.  Il  faut,  môme  dans  les  provinces  de  l'in- 
térieur, se  fortifier  et  se  préparer  à  la  défense.  Les  habitants  de 
Limoges  ne  peuvent  songera  entourer  de  solides  remparts  toute  leur 
ville,  qui  couvre  une  superficie  trop  étendue.  Ils  se  décident  à  aban- 
donner sans  protection  les  quartiers  du  gué  dç  La  Roche,  et  cons- 
truisent une  ceinture  de  murailles  autour  de  l'agglomération  qui 
s'est  formée  sur  le  coteau  dominant  la  Vienne  à  l'Est.  C'est  là  qu'a 
été  établi  le  siège  du  nouveau  culte  et  que  les  évoques,  succes- 
seurs de  saint  Martial,  ont  fixé  leur  résidence,  auprès  du  temple 
converti  en  église  chrétienne,  et  placé,  s'il  faut  en  croire  la  tradi- 
tion, par  l'apôtre  lui-même  sous  l'invocation  de  saint  Etienne.  Il 
est  vraisemblable  qu'à  Limoges,  comme  ailleurs,  on  utilisa  pour 
la  construction  des  remparts  les  matériaux  des  édifices  restés  en 
dehors  de  l'enceinte.  Ces  murs  furent  élevés,  à  ce  qu'on  peut 
croire,  vers  la  fin  du  quatrième  siècle  ou  au  commencement  du 
cinquième,  conformément  du  reste  aux  ordres  de  l'Empereur. 
C'est  un  problème  qu'il  semble  impossible  de  résoudre,  de  savoir 


tOUP  d'<ÉIL  sua  L^HISTOIRÈ  Dt  LA  V1LLB  DE  LIMOGES  il 

si  rancienne  ville  de  Limoges  avait  été  fortiflée.  Je  ne  le  crois  pas 
pour  ma  part;  mais  certains  archéologues  ont  signalé  sur  plu- 
sieurs points,  même  en  dehors  au  château  dit  «  Palais  de  Dura- 
tius  »,  les  vestiges  de  construclions  antiques  paraissant  avoir  élé 
des  tours  ou  des  ouvrages  de  défense  et  qui  auraient  appartenu 
peut-être  aux  fortifications  de  cette  première  période. 

Nos  Annales  mentionnent,  à  tort  sans  doute,  en  277,  Tirruption 
dans  la  contrée  d'une  horde  d'ÂIamans  qui  attaquèrent  Limoges  ; 
elles  rapportent  aussi  que  vers  410  le  pays  fut  ravagé  par  les  Van- 
dales. En  488,  notre  ville,  assiégée  par  les  Golhs  de  Théodoric, 
était  saccagée  et  incendiée,  ses  «  haultes  tours,  palais,  églises, 
maisons  et  aultres  edifflces  ruinés.  »  A  la  suite  de  cet  événement, 
notre  région  appartint  quelques  années  au  royaume  visigoth  de 
Toulouse.  Quand  Alaric  II  fut  vaincu  par  Clovis,  le  Limousin 
passa,  sans  avoir  cette  fois,  semble-t-il,  souffert  beaucoup  de  la 
guerre,  aux  mains  des  Francs  ;  leur  domination  ne  lui  assura  ni 
la  tranquillité,  ni  la  sécurité  :  en  573  sa  capitale  fut  prise  et  rui- 
née de  nouveau  par  Théodebert,  fils  de  Chilpéric  roi  de  Neustrie, 
au  cours  d'une  expédition  en  Aquitaine,  après  le  partage  des  états 
de  Charibert.  Un  personnage  dont  la  légende  a  fait  un  comte  de 
Limoges  et  que  la  reconnaissance  publique,  traduite  par  les  suffra- 
ges de  TEglise,  a  mis  au  rang  des  saints,  Dampnolenus,  essaya  de 
défendre  la  ville.  Tué  avec  la  plupart  de  ses  soldats,  dans  un 
combat  qui  eut  lieu  sur  la  rive  gauche  de  la  Vienne,  au  lieu  dit 
le  Puy  La  Nau,  il  fut  enseveli  comme  eux  dans  une  chapelle  dé- 
diée à  saint  Georges  et  placée  contre  les  remparts.  A  Tossuaire  où 
reposaient  leurs  restes,  mêlés  probablement  à  ceux  de  beaucoup 
de  chrétiens  des  siècles  postérieurs,  s'attachait  une  singulière 
tradition.  On  prétendait  que,  lorsqu'une  épidémie  menaçait  la  ville 

—  et  Dieu  sait  quelles  fréquentes  et  meurtrières  apparitions  la  peste 
et  les  autres  contagions  firent  à  Limoges  dans  les  anciens  temps 

—  ces  ossements  gonflaient  d'une  façon  sensible  et  que  leur  niveau 
se  trouvait  fort  exhaussé.  Il  y  avait  peut-être  là  un  phénomène  que 
des  causes  physiques  suffiraient  à  expliquer.  Quoi  qu'il  en  soit, 
saint  Domnolet  a  toujours  été  tenu  pour  un  des  patrons  spéciaux 
de  notre  cité,  et  quand,  à  l'occasion  de  quelque  fléau  ou  devant 
la  menace  de  quelque  grand  danger,  l'évêque,  sur  la  demande 
des  magistrats  municipaux,  ordonnait  des  prières  publiques,  le 
curé  de  la  petite  paroisse  du  bord  de  l'eau  était  invité  à  exposer  les 
reliques  du  guerrier  et  à  commencer  la  neuvaine  d'usage,  en  môme 
temps  que  l'abbé  de  Saint-Martial,  le  curé  de  Saint-Pierre  (à  cause 
de  saint  Rustique),  celui  de  Saint-Michel  (à  cause  de  saint  Loup)  et 
celui  de  Saint-Cessateur  (à  cause  de  saint  Aurélien). 

T.  LU  s 


ii  àO«litft  ÀRCHÂOLOèlÛnS  Et  BlSTORÏÛOk  DU  tlUlObSl)^ 

Dès  la  période  mérovingieune,  toutes  les  forêts  des  environs  sont 
peuplées  d'ermites  et  des  monastères  se  fondent  aux  portes  même 
de  Limoges  :  c'est  Saint-Augustin,  construit  par  Tévéque  Rorice  P' 
dans  les  premières  années  du  sixième  siècle;  Saint-Martin,  établi 
cent  ans  plus  tard  par  saint  Eloi  et  ses  parents,  à  quelques  centaines 
de  mètres  plus  haut.  Sous  Louis  le  Débonnaire,  la  communauté  de 
vierges  de  La  Règle  se  blottit  déjà  à  Tombre  de  la  cathédrale  ;  enfin, 
une  partie  des  clercs  de  Saint-Etienne,  qui  desservaient  la  chapelle 
construite  hors  des  remparts,  sur  la  sépulture  de  saint  Martial,  se 
séparent  du  clergé  épiscopal,  prennent  en  848  Thabit  religieux  et 
choisissent  pour  premier  abbé  Dodon,  appelé  du  célèbre  monastère 
de  Sainl-Savin  en  Poitou.  La  constitution  de  ce  nouveau  corps 
ecclésiastique  est  un  événement  capital  de  notre  histoire  provin- 
ciale :  Tabbaye  de  Saint-Martial  devient,  pendant  plusieurs  siècles, 
rétablissement  monastique  le  plus  considérable,  le  plus  florissant 
et  le  plus  célèbre  de  la  région,  un  centre  important  d'études  ecclé- 
siastiques ;  on  y  cultive  non  seulement  la  philosophie  et  la  théo- 
logie, mais  la  grammaire,  les  lettres,  la  musique  et  les  sciences;  la 
poésie  liturgique  y  est  en  honneur.  A  mesure  que  l'histoire  limou- 
sine se  complète  et  s'éclaire,  non  seulement  par  les  études  locales, 
mais  par  les  grands  travaux  d'histoire  générale,  nous  nous  rendons 
mieux  compte  du  rayonnement  puissant  de  ce  foyer  moral  et  intel- 
lectuel, non  seulement  dans  le  diocèse,  mais  dans  les  provinces  voi- 
sines. 

La  basilique  de  Saint-Sauveur,  qui  a  été  construite  au  milieu  du 
neuvième  siècle  sur  le  tombeau  du  premier  évêque  de  Limoges,  et 
qu'on  se  trouve  obligé  de  rebâtir  deux  cents  ans  plus  tard,  n'est 
pas  seulement  le  sanctuaire  le  plus  illustre  et  le  plus  vénéré  de  la 
contrée;  c'est  aussi  un  bel  édifice,  de  grandes  proportions,  et  qui 
demeurera,  jusqu'à  la  construction  de  la  cathédrale  gothique,  le 
principal  monument  de  notre  ville.  L'architecte  de  l'abbatiale,  qui 
comprenait  une  nef  avec  collatéraux  et  un  chœur  entouré  d'un 
déambulatoire,  avait  suivi  un  plan  peu  différent  de  ceux  de  Sainte- 
Foy  de  Conques  et  de  Saint-Sernin  de  Toulouse.  Au  surplus,  l'as- 
pect intérieur  de  Notre-Dame  du  Port,  à  Clermont-Ferrand,  rappelle 
assez  celui  de  notre  vieux  sanctuaire  limousin.  Saint-Martial  était 
précédé  d'un  vestibule  au-dessus  duquel  s'élevait  une  tour  carrée, 
démolie  il  y  a  un  siècle,  avec  le  reste  de  l'édifice,  celui-ci  conserva 
jusqu'à  la  fin,  malgré  les  réparations  et  les  remaniements  des  &ges 
postérieurs,  l'aspect  imposant  et  lourd  des  grandes  églises  de  cette 
époque. 

Lacathédoale  fut  reconstruite  au  onzième  siècle,  comme  Saint- 
Martial,  sur  l'emplacement  de  l'église  latine  qui  s'était  substituée 


tOiJP  D^CÉIL  SUR  L^HTStomS  Dt  LX  VIlU  bK  LttlOOtei  îi 

au  temple  gallo-romain.  Elle  était  aussi  de  graRdes  dimensions, 
puisqu'elle  s'étendait  de  la  base  du  clocher  actuel  à  Textréniité 
du  chœur.  Le  pape  Urbain  II,  venant  de  Clermont,  où  il  avait 
prêché  la  croisade,  s'arrêta  quelques  jours  à  Limoges  et  fit  solen- 
nellement la  dédicace  de  Téglise  de  Saint-Martial  le  31  décembre 
iU9S,  après  avoir  consacré  Saint-Etienne  le  29  du  même  mois.  C'est 
devant  la  cathédrale,  en  plein  air,  en  présence  d*une  multitude 
enthousiaste,  que  le  Souverain  Pontife  adressa  aux  chevaliers  et  au 
peuple  de  la  province  un  pressant  appel  pour  la  délivrance  des 
Lieux  Saints.  Des  contemporains  nous  ont  conservé  de  cette  scène 
quelques  pittoresques  traits,  ainsi  que  la  substance  des  exhortations 
du  pontife.  Le  Limousin,  vous  le  savez,  fournit  de  nombreux  croisés. 

D'autres  édifices  avaient  surgi  sur  le  sol  de  notre  ville  :  j'ai  déjà 
parlé  des  trois  monastères  de  Saint- Augustin,  de  Saint-Martin  et  de 
La  Règle.  Le  sixième  siècle  avait  vu  s'élever,  près  de  l'avenue 
actuelle  du  Pont-Neuf,  l'église  de  Saint-Michel-de-Pistorie  —  Ar- 
changea  ecclesia  inferior  —  fondée,  s'il  faut  en  croire  la  légende,  par 
le  père  de  Saint-Yrieix,  désignée  dans  le  testament  de  l'homme 
de  Dieu  et  dépendant  d'un  monastère  auquel  fut  à  l'origine  sou- 
mise l'abbaye  de  Terrasson  ;  —  Saint-Pierre-du-Queyroix,  dont  la 
construction  est  due  à  l'évoque  Rorice  II  (835-853);  —  la  chapelle 
de  Saint-Paul,  bâtie  à  peu  près  exactement  au  point  où  débouche 
aujourd'hui  le  tunnel  de  la  gare;  —  Saint-Julien,  à  120  mètres  à 
l'est  de  cette  chapelle;  —  et  peut-être  Saint-Michel-des-Lions,  Saint- 
André  de  la  Cité,  Sainte-Félicité  du  pont  Saint-Martial  et  Notre- 
Dame  des  Arènes,  vieille  paroisse  dont  le  territoire  sera  réuni,  au 
quatorzième  siècle,  à  la  circonscription  de  Saint-Michel-des-Lions, 
et  qu'après  cinq  cents  ans  on  verra  renaître  de  nos  jours  sous 
l'invocation  du  Sacré-Cœur. 

Toutes  ces  églises  eurent  à  souffrir,  comme  la  ville  elle-même, 
des  guerres  de  la  période  carolingienne.  La  cité  de  Limoges  fut 
prise  et  ses  remparts  abattus  par  Pépin  le  Bref  au  cours  de  son 
expédition  de  745  en  Aquitaine.  A  leur  tour,  les  Normands  dévas- 
tèrent le  pays  et  saccagèrent  la  ville  en  849  et  911  ;  celle-ci  subit  un 
nouveau  désastre  en  988.  Au  rapport  de  nos  annales,  notre  ville, 
du  commencement  de  l'ère  chrétienne  à  l'an  1370,  n'a  pas  été 
détruite  moins  de  huit  fols. 

Mais  déjà  un  second  Limoges  s'élevait  au  pied  des  remparts  de 
la  cité  épiscopale  :  une  autre  ville  plus  active,  plus  industrieuse, 
appelée  à  un  plus  large  avenir.  Elle  était,  celle-ci,  sortie  pour  ainsi 
dire  du  tombeau  de  l'apôtre  d'Aquitaine.  Autour  de  la  basilique  qui 
recoHvrait  cette  vénérable  sépulture,  devenue  le  but  d'un  pèleri- 


Î4  fiOClÈtfe  ARCBiOLOGIQOB  Et  BISTOUlODK  t)Û  LlttODSlN 

nage  au  loin  renommé,  des  hôtelleries  s'étaient  construites  ;  des 
marchands  étaient  venus  s'établir.  L'agglomération  se  forma  et 
grandit  sous  le  patronage  du  monaslèrç  qui  possédait  le  terrain  sur 
lequel  se  bâtirent  les  maisons.  L'abbé  devint  naturellement  le  sei- 
gneur du  nouveau  Limoges.  Celui-ci  fut  désigné  sous  le  nom  de 
«  Château  de  Saint-Martial  »,et  cette  appellation  de  Château  —  Ca5- 
trum  Lemovicarumy  Castrum  Lemovicense  —  lui  demeura  à  travers 
les  siècles,  le  distinguant  ainsi  de  l'autre  ville,  la  Cité,  dont  l'évéque 
resta  le  seigneur  et  conserva  la  justice  et  la  police  jusqu'à  la  Révo- 
lution, après  avoir  partagé,  de  1307  à  1597,  ses  droits  avec  le  roi  de 
France. 

À  partir  de  la  fin  du  dixième  siècle,  le  Château  a  ses  tours 
comme  la  Cité.  Son  enceinte,  formée  d'abord  d'une  palissade  et 
d'un  fossé,  et  percée  à  l'origine  de  trois  portes  au  plus  :  Fuslinie 
(du  côté  dét  Arènes),  Orgelet  (Poulaillère)  et  le  Portail  Imbert, 
se  fortifie  peu  à  peu  et  s'agrandit.  Deux  cents  ans  plus  tard,  la 
nouvelle  ville  acquiert  son  assiette  définitive,  et  son  périmètre, 
encore  dessiné  par  de  grandes  voies  établies  sur  les  anciens  fos- 
sés, embrasse  les  quartiers  compris  dans  ce  que  nons  appelons  le 
«  tour  des  boulevards  ». 

Désormais,  Limoges  se  composera  de  trois  agglomérations  dis- 
tinctes, ne  relevant  pas  du  môme  seigneur,  ayant  une  administration 
séparée,  des  coutumes  et  des  règlements  différents,  des  mesures 
inégales,  soumises  parfois  Tune  au  roi  d'Angleterre  et  l'aulre  au  roi 
de  France.  On  comprend  à  quelles  singulières  confusions  pourra 
donner  lieu  un  pareil  état  de  choses  dans  les  ouvrages  dont  les 
auteurs  ne  connaissent  pas  la  topographie  locale  ;  et  de  fait,  on 
relève  de  ce  chef  de  grosses  erreurs  dans  nombre  de  livres 
estimés. 

Jetons  un  rapide  coup  d'oeil  sur  ce  Limoges  ainsi  divisé  :  il  gardera 
jusqu'au  dix-huitième  siècle  la  physionomie  générale  qu'il  a  déjà 
cent  ans  avant  la  première  croisade.  Dès  cette  époque,  ses  construc- 
tions s'étagent  le  long  des  terrasses  successives  qui  gravissent  le 
coteau,  au  milieu  des  vignes  déjà  mentionnées  par  les  écrivains  du 
sixième  siècle.  Ces  vignes,  (Igurées  au  panorama  de  Joachim 
Duviert,  forment  encore  la  ceinture  de  noire  ville  au  dix-septième  : 
Vineœ  undique  circumjacenty  écrit  le  voyageur  Abraham  Golnitz. 
Elles  disparaîtront  presque  complètement  entre  1690  et  1710. 

Nous  trouvons  d'abord  à  l'Est  le  bourg  du  Pont  Saint-Martial  — 
Villa  pontis  Sancti  Martialis  —  qui  a  remplacé  l'agglomération  pri- 
mitive de  la  Roche  au  Gô.  Ses  maisons  sont  surtout  groupées  des 
deux  côtés  du  chemin  montant  de  la  rivière  au  Château  :  bourgade 


coup   0*Œ1L  SUR   L'niSTOlKB   DE   LA   VILLE  DE   LIMOGES  25 

ouverte  et  sans  défense,  relevant  en  partie  de  Tévêque,  en  partie 
du  vicomte  de  Limoges  et  de  divers  autres  seigneurs,  elle  n'a  qu'un 
édifice,  Téglise  de  Sainte-Félicité  :  celle-ci  paraît  avoir  aussi  porté 
les  noms  de  la  «  Trinité  »  et  de  «  Saint- Symphorien  ».  Dans  cette 
région,  le  sol  est  semé  de  ruines  de  constructions  antiques.  C'est  le 
plus  pauvre  et  le  moins  important  des  trois  noyaux  de  population. 

La  Cité  dresse  en  amont  sa  silhouette  pittoresque.  Elle  a  pour 
avenue,  du  côté  de  la  campagne,  le  pont  Saint- Etienne,  qui  parait 
remonter  au  haut  moyen  âge  et  dont  le  péage  est  disputé  à  l'évéque 
parle  comte  de  Poitiers.  A  ses  pieds  se  trouve  le  port  du  Naveix  ~ 
Navigium  —  où  s'empilent  au  douzième  siècle,  et  probablement  dès 
une  époque  antérieure,  les  bois  que  le  flottage  amène  du  haut  bas- 
sin de  la  Vienne.  La  superficie  de  ses  quartiers,  intra  murosy  n*est 
pas  considérable  :  onze  ou  douze  hectares  au  plus.  Les  boulevards 
actuels  de  la  Corderie,  de  la  Cité,  Saint-Maurice  et  des  Petifs- 
Carmes,  avec  les  terrasses  de  l'évôché  et  du  séminaire,  dessinent  à 
peu  près  son  contour.  Ses  remparts  sont  percés  de  quatre  ou  cinq 
portes  :  Traboreu,  Las  Cessas  (probablement  la  même),  Escudarie 
ou  Scutarie,  porte  Panet,  porte  du  Rouvej^s  ou  du  Chêne.  Cette 
enceinte,  jetée  à  bas  dès  le  seizième  siècle,  est  très  insuffisamment 
connue. 

Dans  cet  espace  restreint  se  pressent  déjà,  au  temps  de  Saint 
Louis,  un  assez  grand  nombre  d'édifices  :  la  Cathédrale  d'abord, 
imposant  monument,  dont  la  reconstruction  sur  un  nouveau  plan, 
dans  le  style  ogival  à  la  fois  sobre  et  élégant  de  cette  époque,  va 
être  entreprise  en  1273,  grâce  aux  libéralités  du  testament  d'un  des 
successeurs  de  saint  Martial,  Aimeric  de  La  Serre  de  Malemort. 
Auprès  de  Saint-Etienne,  le  cloître  des  chanoines,  la  résidence  de 
l'évéque,  le  monastère  de  Notre-Dame  de  La  Règle  avec  ses  dépen- 
dances; puis  plusieurs  petites  églises  :  Saint-André,  dont  la  légende 
fait  remonter  l'origine  à  saint  Martial;  Saint-Domnolet,  blotti 
contre  les  murs  de  l'abbaye  de  La  Règle,  pauvre  paroisse  des  pau- 
vres gens  de  TAbbessaille  ;  Saint-Maurice,  brûlée  en  1103  ou  1105, 
qui  étend  sa  juridiction  sur  TEntre-Deux-Villes  et  qui  deviendra 
la  chapelle  des  Carmélites  ;  Notre-Dame-du-Puy,  qui  au  dix-sep- 
tième siècle  sera  annexée  au  couvent  de  la  Providence;  Saint-Genès 
et  Sainte-Affre  qui  disparaîtront  de  bonne  heure;  Saint-Jean, 
dépendance  de  l'église  Cathédrale,  où  tous  les  enfants  nés  dans  les 
deux  villes  et  les  faubourgs,  pendant  les  octaves  de  Pâques  et  de  la 
Pentecôte,  doivent  recevoir  le  baptême. 

Les  édifices  civils  sont  moins  nombreux.  A  peine  pouvons-nous 
mentionner  la  sénéchaussée  royale,  qui,  à  partir  de  la  fin  du  qua- 
torzième siècle,  sera  transférée  dans  le  Château  ;  la  modeste  maison 


{6  SOCIÉTÉ  ABCBÉOLOGIÛCS    ET   B18T0EIQUB  DU   LINOUilN 

commune  de  la  Cité,  quelques  tours  seigneuriales  el  quelques  hôtels 
de  familles  nobles  ou  de  prélats  de  la  province. 

Le  Château  est  plus  étendu  :  trente  ou  trente-cinq  hectares.  Il  est 
entouré  de  remparts  que  jalonnent  de  nombreuses  tours  de  formes 
diverses  et  dans  lesquels,  dès  le  treizième  siècle,  ne  s'ouvrent  pas 
moins  de  neuf  portes  :  celles  de  Mirebœuf,  de  Montmailler,  des 
Arènes,  de  Lansecot,  de  Pissevache,  de  Banléger,  de  Manigne,  de 
Vieille-Monnaie  et  de  Boucherie,  correspondant  en  général  à  une  des 
voies  principales  ou  charrières  —  charrieiras  —  de  la  ville.  Nous 
possédons  des  dessins  de  cette  enceinte  dont  la  silhouette  est  vrai- 
ment mouvementée  et  pittoresque.  Entre  1612  et  1616,  le  voyageur 
Zinzerling  parle  de  ses  hautes  tours  qui  dominent  la  campagne  et 
dont  U  voyageur  aperçoit  de  loin  le  faite.  Quinze  ou  vingt  ans  plus 
tard,  Golnitz  mentionne  les  fossés  profonds  dont  nos  remparts 
étaient  entourés. 

Le  principal  édifice  du  nouveau  Limoges  est  la  basilique  du  Sau- 
veur et  de  Saint-Martial,  avec  son  annexe  Saint-Pierre-du-Sépulcre  ; 
le  baptistère  de  Saint-Jean  qui,  au  onzième  siècle,  jouit  dans  le 
Château  d'une  prérogative  analogue  à  celle  dévolue  au  baptistère  de 
la  cathédrale,  el  les  chapelles  de  Saint-Benoit  et  de  La  Courtine. 
Les  premiers  bâtiments  du  monastère  se  sont  élevés  au  sud  de 
réglise,  du  côté  de  la  rue  actuelle  de  La  Courtine.  Au  treizième 
siècle,  les  moines,  assiégés  dans  cet  espace  trop  restreint  par  la 
ville  qui  grandit  sans  cesse,  abandonnent  leur  ancien  établissement 
et  transportent  les  lieux  réguliers  de  l'autre  côté  de  l'église,  sur 
l'emplacement  des  immeubles  Astaix,  Raison-Rlgonnaud  et  de  partie 
de  la  place  de  la  République.  De  belles  constructions  s'élèvent 
autour  de  la  basilique,  et  le  cloître  édifié  par  Guillaume  Rafart  est 
orné  de  statues  que  le  dix-septième  siècle  proclame  encore  «  d'excel- 
lent ouvrage  et  des  plus  belles  de  France.  »  Le  réfectoire  passe 
pour  uoe  des  plus  hardies  constructions  du  style  ogival  et  des  plus 
élégantes  qu'ait  possédées  le  pays.  Auprès  de  Saint-Martial,  Saint- 
Pierre-du-Queyroix.  présente  déjà  des  proportions  plus  vastes  que 
les  autres  églises  paroissiales;  c'est  sous  ses  voûtes  qu'en  1182  les 
bourgeois,  sous  la  pression  du  vicomte,  prêtent  serment  de  fidélité 
au  «  roi  jeune»,  Henri,  l'aîné  des  fils  d'Aliéner;  qu'en  1303,  les 
Consuls  et  l'assemblée  de  ville,  convoqués  par  un  clerc  dePhilippe- 
le-Bel,  adhèrent  solennellement  à  l'appel  au  Concile  œcuménique 
formulé  par  le  roi  et  sa  noblesse,  et  s'associent  de  la  sorte,  avec 
maints  corps  religieux  du  reste,  à  la  grande  manifestation  organisée 
contre  le  pape  Boniface  VIIL  Plus  haut,  auprès  de  la  tour  vicomtale 
de  IfL  Motte,  démolie  de  bonne  heure,  Saint-Michel-de»-Lions  — 


COUP   D*Œ1L  SUR  L*H1ST0IRB  DB  LA   VaLE   1>B  LIMOGK  S7 

Archangeli  ecclesia  superior  —  montre  à  sa  porte  les  figures  infor- 
mes de  granit  auxquelles  elle  doit  sa  dénomination.  Le  petit  château 
du  Breuil,  qui  deviendra  THôtel  de  Flntendance  et  plus  tard  de  la 
Préfecture,  et  la  maison  des  frères  de  Peyrusse,  dont  on  fera  le 
presbytère  de  Saint-Michel,  puis  l'auditoire  royal  et  la  prison,  se 
blottissent  à  ses  pieds.  La  maison  commune  du  Consulat  et  les 
petites  halles  du  Gras  et  des  Bancs  sont,  avec  le  pilori  du  Vieux- 
Marché,  les  seules  constructions  affectées  à  des  usages  publics 
qu'on  puisse  mentionner  en  dehors  des  précédentes. 

Des  faubourgs  importants  sont  disséminés  autour  de  ces  trois 
agglomérations  principales.  C*esl  d'abord  le  groupe  de  maisons  qui 
avoisine  Saint-Michel- de-Pistorie  et  que  des  vignes  jonchées  de 
débris  antiques  séparent  de  la  ville  du  Pont-Saint-Martial;  plus 
haut,  le  faubourg  Manigne  qui  forme,  avec  le  faubourg  Boucherie, 
le  quartier  proprement  dit  de  «  TËntre-deux- Villes  ».  Au  seizième 
siècle,  le  premier  de  ces  faubourgs  aura  ses  fortifications  particu- 
lières. —  Séparé  de  ces  groupes  de  constructions  par  les  tanneries, 
le  bourg  de  Saint-Martin  ou  de  Saint-Paul  a  son  réseau  spécial  de 
voies  publiques.  C'est  là  que  la  tradition  place  le  fameux  entrepôt 
des  Vénitiens.  Malgré  toutes  les  recherches  faites  à  Venise,  tant 
dans  les  archives  du  commerce  que  dans  les  archives  politiques,  on 
n'a  pu  trouver  aucune  trace  de  cet  établissement.  Le  fait  de  l'exis- 
tence à  Limoges,  au  onzième  siècle,  d'un  entrepôt  de  denrées 
d'Orient  paraît  néanmoins  certain  ;  mais  il  est  à  croire  qa'il  fut 
créé  par  des  négociants  de  Montpellier,  où  les  Vénitiens  possédaient 
un  comptoir  important,  et  non  directement  par  des  marchands  de 
Venise.  Le  quatorzième  siècle  verra  les  Anglais  achever  la  ruine 
de  cet  intéressant  faubourg;  un  cimetière  couvrira  plus  tard  une 
partie  des  terrains  occupés  jadis  par  ses  maisons.  Au-dessous 
on  trouve  encore  les  petites  églises  de  Saint-Paul-de-la-Fontaine  — 
Sanctfis  Paulus  de  Fonte  —  et  de  Saint-Julien,  que  j  ai  déjà  men- 
tionnées; l'abbaye  de  Saint-Augustin  avec  ses  importantes  construc- 
tions, l'église  de  Saint-Christophe  dont  le  territoire  paroissial  for- 
mera quelque  temps,  sous  la  Révolution;  une  commune  particulière, 
enfin  la  léproserie  de  Saint-Jacques  ou  des  ladres  blancs,  aux  Cas- 
seaux.  — Au  nord,  de  l'autre  côté  des  bâtiments  actuels  de  la  gare,  la 
Maison-Dieu  montre  les  cabanes  dans  lesquelles  vivent  les  lépreux 
d'une  autre  catégorie,  réputés  atteints  d'un  mal  plus  redoutable,  les 
«  ladres  rouges  »,  autour  de  l'église  de  Sainte-Marie-Madeleine. 
En  remontant  vers  le  Château  on  trouve  d'abord  l'abbaye  de  Saint- 
Martin  avec  ses  belles  prairies,  sa  «  bonne  fontaine  »  renommée, 
ses  dépendances  parmi  lesquelles  on  distingue  la  chapelle  de 
Saint-Laurent,  presque  sous  les  remparts  de  la  ville.  Quelques  mai- 


28  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIODE  ET   HISTORIQUE   DO   LIMOUSIN 

sons  dispersées  dans  les  jardins  dits  de  Sainte- Valérie,  s'égrènent 
entrie  le  bourg  de  Saint-Martin  et  Moutraailler,  dont  la  voie  princi- 
pale aboutit  à  Montjauvy,  lieu  célèbre  dans  nos  fastes  d'Aquitaine 
et  qui  vit,  le  12  novembre  994,  le  fameux  miracle  des  Ardents; 
une  église  dédiée  à  Saint-Martial  s'élève  sur  la  hauteur,  à  l'endroit 
môme,  dit  la  tradition,  où  furent  déposées  les  reliques  du  premier 
évéque  de  Limoges  et  des  autres  saints  de  la  province,  à  la  grande 
procession  supplicatoire  qui  fut  faite  ce  jour-là.  Il  y  a  vingt  ans, 
une  cérémonie  chère  à  tous  les  Limousins,  la  procession  dite  des 
châsses,  établie  ou  peut-être  rétablie  au  quinzième  siècle,  conser- 
vait le  souvenir  de  cet  événement  et  en  perpétuait  pour  ainsi  dire 
la  physionomie. 

Je  vous  ai  déjà  parlé  de  Notre-Dame  des  Arènes,  construite  à  peu 
de  distance  des  ruines  de  l'amphithéâtre  gallo-romain,  et  auprès 
de  laquelle  il  existait  un  petit  hospice  de  pèlerins,  sous  le  vocable 
de  Saint-Jacques.  En  redescendant  le  coteau,  on  rencontrait  l'église 
de  Saint-Gessateur,  qui  posséda  longtemps  les  reliques  de  Saint- 
Aurélien  et  dont  le  clocher  fut,  en  <2i5,  abattu  par  une  tempête. 
Plus  bas  le  bourg  de  Saint-Gérald,  où  se  fonde  en  1158  le  principal 
établissement  de  bienfaisance  de  Limoges  et  où  nous  trouvons 
installées,  dans  la  première  moitié  du  quatorzième  siècle,  les  écoles 
de  la  ville,  entre  un  cimetière  et  un  hôpital. 

Le  douzième  siècle  et  les  premières  années  du  treizième,  bien 
que  troublés  et  calamiteux  par  instants,  nous  apparaissent,  tout  au 
moins  en  Limousin  et  en  particulier  à  Limoges,  comme  la  période 
la  plus  active  et  la  plus  féconde  du  moyen  âge. 

La  plupart  des  églises  rurales  de  la  contrée  et  plusieurs  de  nos 
plus  belles  abbatiales  et  collégiales  datent  de  cette  époque.  Les 
communes  s'organisent  sous  la  protection  des  rois  d'Angleterre,  qui 
trouvent,  dans  la  population  des  villes,  des  alliés  contre  la  féoda- 
lité, dévouée  en  général  à  la  France  ;  les  corporations  acquièrent 
leur  forme  définitive  et  fixent  leurs  coutumes  ;  les  confréries  de 
dévotion  et  de  charité  surgissent  de  toutes  parts;  les  industries 
locales  prennent  de  l'importance  ;  nos  tanneurs  vont  en  troupes  aux 
foires  de  Champagne  où  ils  possèdent  des  halles  spéciales  de  débal- 
lage; la  fabrication  de  l'orfèvrerie  émailléc  devient  le  monopole  de 
nos  ateliers  et  la  vogue  de  1'  «  œuvre  de  Limoges  »>  s'étend  à  toute 
l'Europe.  Tout  nous  invite  à  faire  ici,  en  quelque  sorte,  la  grande 
halte  de  l'étape  que  nous  parcourons  ensemble  à  travers  les  âges. 

Toute  esquisse,  pour  sommaire  qu'elle  soit,  d'une  société 
doit  offrir  quelques  traits  pouvant  donner  une  idée  de  l'état  de  la 
famille.  Les  indications  qui  nous  sont  fournies  par  les  testaments 


COUP   D  ŒIL  SUR   L  BlSTOlRK    DR   LA    VILLE   DE   LIMOGES  99 

et  les  autres  pièces  de  nos  archives  sur  le  foyer  de  Thabîtant  de 
Limoges  au  treizième  siècle,  sont  très  amplement  et  très  sûrement 
complétées  par  les  témoignages  des  deux  siècles  suivants.  La  famille 
nous  apparaît  comme  un  groupe  très  uni  et  très  discipliné,  sous 
l'autorité  presque  absolue  du  père.  La  mère  y  tient  une  place  consi- 
dérable, est  honorée  de  lous,  et,  dans  maint  testament,  le  chef  de  la 
maison  ordonne  qu'après  sa  mort  elle  reste  la  dame  et  maîtresse 
du  logis  —  domina  gubematrix.  Elle  y  exerce,  môme  pendant  la  vie 
de  son  mari,  une  influence  considérable  et  est  en  fait  étroitement 
associée  à  son  gouvernement;  mais  elle  est  soumise  à  Taulorité  du 
père  au  même  titre  que  les  enfants.  Ceux-ci  restent  dépendants, 
quels  que  soit  leur  âge  et  leur  situation,  tant  qu*ils  n'ont  pas  obtenu 
du  père  congé  de  former  un  établissement  spécial. 

Notons  cependant  un  trait  caractéristique  de  la  physionomie  de 
celte  famille  :  les  seconds  mariages  y  sont  fréquents  ;  peu  d'époux 
qui  ne  se  remarient,  s'ils  perdent  leur  conjoint  avant  d*avoir  atteint 
une  respectable  maturité.  Nous  avons  relevé,  dans  les  familles  dont 
il  nous  a  été  possible  de  suivre  l'histoire,  un  nombre  notable 
d'exemples  de  ces  unions  au  cours  d«  périodes  relativement  courtes. 
La  sévérité  des  mœurs  de  nos  aïeux  explique  cette  habitude  et  suffit 
peut-être  à  la  justifier;  néanmoins  cette  particularité  est  de  nature 
à  nous  étonner  un  peu. 

Les  enfants  sont  nombreux  à  ces  foyers,  dont  la  vie  simple  est 
réglée  avec  une  discipline  rigoureuse  et  une  scrupuleuse  économie. 
Le  père  dispose  d'eux  en  maître  et  trace  leur  avenir  suivant  ses 
appréciations  et  ses  vues.  Ce  n'est  point  l'intérêt  individuel  de  chaque 
membre  du  groupe  qu'il  consulte  :  l'intérêt  collectif  et  permanent, 
le  souci  de  l'union  étroite  de  la  famille,  de  sa  prospérité,  de  sa  durée, 
dominent  les  préoccupations  de  son  chef;  le  sentiment  du  devoir 
vis-à-vis  des  générations  à  venir  comme  vis-à-vis  des  générations 
passées,  dirige  la  conduite  du  parterfamilias  et  inspire  constam- 
ment sa  gestion. 

Le  père  de  famille  institue  un  héritier,  presque  toujours  mais 
non  nécessairement  l'aîné,  auquel,  après  le  prélèvement  de  quel- 
ques legs  pieux  et  de  la  dot  de  sa  femme,  il  laisse  la  totalité  de 
ses  biens,  à  la  charge  par  lui  d'acquitter  une  pegulhieyra,  une  dot 
à  ses  autres  enfants  et  de  continuer  de  «  tenir  le  foyer  »,  fardeau 
singulièrement  lourd,  parfois. 

Les  dots  ne  sont  d'ordinaire  payables  qu'à  la  majorité  ou  au 
mariage  des  fils  et  filles.  II  arrive  souvent  que  les  frères  ne  réclament 
pas  à  l'héritier  leur  «  frairescha  »  et  demeurent  avec  lui  dans  une 
sorte  d'indivision.  II  n'est  pas  rare  non  plus  que  le  père  crée  deux 
héritiers  au  lieu  d'un  ;  surtout  à  partir  du  quinzième  siècle,  ces  deux 


30  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   DD   LIMOCSIH 

héritiers  sont  souvent  la  mère  et  un  des  fils,  celui  que  le  testateur  juge 
le  plus  apte  à  diriger  son  commerce  et  à  gouverner  la  maison.  Au 
moyen  âge  il  semble  qu*en  général,  auprès  de  son  héritier,  le  père 
établisse  toujours  ou  presque  toujours  des  exécuteurs  testamentaires, 
ordinairement  au  nombre  de  deux,  avec  la  mission  de  veiller  à  ce 
que  ses  intentions  soient  remplies  et  le  pouvoir  de  modifier,  dans 
certains  cas,  une  ou  plusieurs  clauses  déterminées  du  testament. 
Un  document  nous  montre,  en  1270,  un  bourgeois  de  Limoges 
chargeant  ses  <c  aumôniers  »  du  contrôle  de  Tadministration  de  sa 
vevve,  et  leur  donnant  la  faculté  d'enlever  à  celle-ci  la  gestion  de 
ravoir  familial,  si  le  patrimoine  venait  à  péricliter  entre  ses  mains. 
Le  Château  de  Limoges  était,  comme  beaucoup  d'aggloméà^ations 
du  Midi  de  la  France,  ville  de  coutumes  en  pays  de  droit  écrit.  Ces 
coutumes,  qui  régissaient  Tenceinte  et  les  faubourgs,  mais  n'étaient 
point  en  vigueur  dans  la  Cité,  sont  fort  anciennes  dans  certaines  de 
leurs  dispositions.  La  première  rédaction  que  nous  en  ayons  remonte 
au  règne  de  Philippe-Auguste  et  à  Tannée  1212.  L'objet  de  la  plupart 
de  leurs  articles  est  de  régler  les  rapports  des  membres  de  la 
famille,  des  voisins  et  de  conserver  le  patrimoine,  legs  sacré  du  passé 
à  l'avenir  et  garantie  de  la  stabilité  du  foyer.  Ce  patrimoine,  le 
père  de  famille  seul  en  a  la  disposition  ;  lui  seul  gère  l'avoir  de 
tous;  les  gains  de  chacun  doivent  revenir  à  la  «  bourse  commune  », 
et  le  salaire  apporté  du  dehors  par  l'enfant  ne  lui  appartient  qu'au- 
tant que  l'administrateur  de  la  collectivité  lui  en  a  fait  don. 

L'intérieur  de  ces  maisons,  fort  modestes  d'aspect  le  plus  sou- 
vent, élevées  de  plusieurs  étages,  construites  de  bois  et  de  torchis 
à  partir  du  rez-de-chaussée,  et  se  joignant  presque  parle  haut  dans 
les  ruelles  étroites  qui  étendaient  leur  réseau  de  chaque  côté  des 
ckarrières,  —  la  Boucherie  nous  offre  encore  un  aperçu  du  Limoges 
du  moyen  âge  —  était  en  général  très  simple  et  à  peu  près  le 
même  chez  le  riche  bourgeois  que  chez  l'artisan  :  des  meubles 
massifs,  des  bahuts  et  coffrets  couverts  de  cuir;  des  lits  presque 
toujours  confortables,  avec  des  tentures  de  tapisserie  dans  les 
bonnes  maisons,  ou  même  des  surciels  de  broderie  aux  armes  de 
la  famille  (beaucoup  de  bourgeois  avaient  des  armoiries,  le  plus 
souvent  parlantes);  peu  d'objets  d'art  :  quelques  images  de  piété  et, 
aux  trois  derniers  siècles,  quelques  émaux.  Les  chambres  à  coucher 
étaient  peu  habitées;  on  se  tenait  dans  la  cuisine  sise  ordinaire- 
ment au  rez-de-chaussée,  et,  chez  les  petits  marchands,  les  artisans 
et  même  les  hommes  d'affaires,  communiquant  avec  l'ouvroir,  le 
magasin  ou  l'étude  du  chef  de  famille.  La  cuisine,  véritable  sanc- 
tuaire de  la  vie  domestique,  était  le  salon  d'autrefois,  le  lieu  de 


COUP   DŒIL  SUR   L  HISTOIRE    DB   LA   VILLB   DB  LIMOGES  31 

réuDion;  la  bourgeoise  s'y  tenait,  avec  ses  filles  et  ses  servantes,  et 
y  recevait  les  visites.  Bien  entendu,  le  fable^fi  que  j'esquisse  ici  est 
relativement  moderne;  c'est  celui  à  peu  près  que  M.  Juge  a  tracé 
dans  un  curieux  livre  publié  au  commencement  du  siècle  dernier 
sur  les  Changements  survenus  dans  les  mcsurs  des  habitants  de 
Limoges;  mais  nous  constatons,  par  les  vieux  inventaires,  par  les 
documents  de  toute  sorte,  que  cette  peinture  s'applique  aux  inté- 
rieurs d'il  y  a  trois  et  quatre  cents  ans.  M.  Juge  insiste,  dans  son 
précieux  ouvrage,  sur  la  régularité  et  la  simplicité  de  la  vie  de  nos 
pères,  sur  leur  économie.  Il  assure  qu'avant  la  Révolution,  il  n'y 
avait  pas  dans  toute  la  ville  soixante  maisons  où  on  Ht  usage  d'ar- 
genterie pour  là  table. 

Les  repas  étaient,  en  général,  simples  comme  la  vie  ;  les  mets 
peu  recherchés,  médiocrement  variés.  M.  Juge  nous  initie  aux  menus 
qui  étaient  presque  partout  adoptés  dans  les  bonnes  maisons  et 
dont  le  retour  périodique,  immuablement  fixé  pour  chaque  jour  de 
la  semaine,  réveille  nos  souvenirs  de  collège  d'il  y  a  un  demi-siècle. 
Toutefois,  dans  les  grandes  occasions,  aux  mariages  surtout,  nos 
pères  se  départaient  de  leur  habituelle  frugalité  et  les  descrip- 
tions des  fameuses  noces  de  Gamache  ne  paraissent  plus  chose 
extraordinaire  quand  on  considère  les  redoutables  amas  de  victuail- 
les autour  desquels  s'asseyait,  aux  grandes  solennités  familiales, 
la  nombreuse  assemblée  des  parents  et  des  amis.  On  trouve  dans 
maintes  liasses  de  vieux  comptes,  contemporains  d'Heori  IV  et  de 
Louis  XIV,  des  mémoires  de  restaurateurs  ou  des  projets,  des 
«  devis  »,  de  nature  à  plonger  les  érudits  dans  une  véritable  stupé- 
faction. Les  potages,  les  entrées,  les  rôts,  la  volaille,  le  poisson,  le 
gibier,  les  plats  d'entremets  et  de  dessert,  les  friandises  de  toute 
sorte  se  succédaient,  se  pressaient,  s'entassaient  devant  les  convi- 
ves. Vins  du  Bas-Limousin,  vins  du  Périgord,  vins  de  Bordeaux, 
vins  muscats  du  Midi  ou  de  l'étranger  remplaçaient  pour  un  jour  le 
produit  «  aspre  au  palais  »  de  ces  vignes  dont  le  géographe  arabe 
Edrisi  signalait  l'abondance  autour  de  Limoges.  Les  témoignages 
précis  de  la  profusion  qui  régnait  dans  les  grands  repas  d'autrefois 
sont  relativement  récents  ;  mais  les  ordonnances  sompluaires  ren- 
dues par  le  Consulat  dès  le  treizième  et  le  quatorzième  siècles,  per- 
mettent de  penser  que,  dès  cette  époque,  il  n'en  allait  pas  autre- 
ment. Quant  aux  distractions,  elles  étaient  rares  et  ^'assistance 
aux  cérémonies  religieuses  fut  toujours  la  principale.  Les  repré- 
sentations théâtrales,  fort  suivies  malgré  les  défenses  de  l'Eglise, 
ont  laissé  peu  de  traces.  Des  manuscrits  d'origine  limousine  con- 
tiennent néanmoins  des  monuments  fort  curieux  du  théâtre  primitif, 
et  nos  Chroniques  signalent  en  1296  et  1302  un  fait  d'un  intérêt 


31  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOOIQUB  ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

tout  particulier  :  la  représentation  d'un  jeu  des  miracles  de  Saint- 
Martial,  donnée  à  Limoges  par  une  compagnie  de  bourgeois  de 
Cahors.  Au  seizième  siècle  plusieurs  représentations  de  la  Passion 
et  des  Mystères  sont  mentionnées  par  les  Chroniques;  à  la  fin  du 
dix-huitième  s'organise  un  théâtre  d'amateurs. 

Le  costume  des  hommes  ne  différait  pas  de  celui  des  habitants 
des  autres  villes  de  la  région.  Celui  des  femmes,  s*il  faut  en  croire 
nos  annalistes,  aurait  été  au  moyen  âge,  tout  au  moins  au  début 
du  treizième  siècle,  assez  peu  convenable.  Les  fils  de  Saint-François, 
dès  leur  installation  à  Limoges,  firent  tous  leurs  efforts  pour  réfor- 
mer ce  fâcheux  état  de  choses.  Saint  Antoine  de  Padoue  obtint  que 
bourgeoises  et  artisanes  adoptassent  des  accoutrements  plus  en 
rapport  avec  Tesprit  du  christianisme.  Elles  dissimulèrent  dès  lors 
sous  un  chaperon  une  partie  de  leur  tête  et  de  leur  buste.  Le  galant 
Charles  VII,  encore  Dauphin,  passant  à  Limoges,  fut  frappé  de  la 
mauvaise  grâce  des  vêtements  féminins  et  supplia  les  dames  de  la 
ville  de  changer,  pour  Tamour  de  lui,  ces  modes  par  trop  sévères. 
Elles  acquiescèrent  à  son  désir,  mais  pour  un  temps  seulement,  à 
ce  qu'il  semble,  et  revinrent  aux  ajustements  recommandés  par  les 
prédicateurs.  Coulon,  dans  son  Ulysse  François,  s'exprime  en 
termes  désobligeants  sur  le  compte  de  nos  aïeules.  Le  passage  vaut 
la  peine  d'être  cité  :  «  Elles  sont,  dit-il,  fort  chastes,  mais  fort  peu 
agréables...  vestues  grotesquement,  et  la  simple  représentation  des 
vefves,  qui  portent  leurs  collets  à  rebours  des  autres,  fermés  et 
eslendus  sur  la  poitrine,  et  ouverts  sur  l'épaule,  —  des  femmes 
mariées,  des  filles,  des  dévotes,  des  grandes  et  des  petites  cham- 
brières, seroit  plus  divertissante  aux  yeux  des  estrangers  qu'une 
farce  de  comédie.  »  Zinzerling,  qui  a  publié  une  voyage  en  France 
sous  le  pseudonyme  de  Jodocus  Sincerus,  formule  des  appréciations 
plus  malgracieuses  encore  et  écrit  grossièrement  que  les  femmes 
de  Limoges  sont  laides.  Il  va  sans  dire  que  cet  avis  n'a  pas  été  par- 
tagé par  d'autres  touristes.  Je  n'insiste  pas.  Je  dois  ajouter  que  les 
bijoux  étaient  rares  dans  la  plupart  des  familles;  mais  les  riches 
bourgeoises  avaient,  dans  leurs  forciers  et  leurs  cassettes,  quantité 
d'objets  de  valeur  :  agrafes,  enseignes,  ceintures,  colliers,  chaînes, 
épingles,  bandeaux  et  autres  ornements.  Il  est  vrai  qu'elles  ne  s'en 
paraient  pas  dans  les  circonstances  ordinaires  de  la  vie  ;  ces  objets 
provenaient  le  plus  souvent  de  la  traditionnelle  «  corbeille  »  de 
mariage  oulies  cadeaux  rapportés  par  le  mari  de  ses  voyages  de 
commerce  :  ils  ne  sortaient  qu'aux  grands  jours  de  fête. 

Les  historiens  et  les  voyageurs  s'accordent  à  peindre  sous  les 
mêmes  traits  le  caractère  des  habitants  de  Limoges.  Notre  ville  est, 


tOO»  D^'CÊIL  SCR   L*aiST01llÉ   Dt  là  VlLtl  DK  LlHOGftS  &) 

dit  de  Thou,  la  cité  de  la  vieille  écoQomie  —  «  urbs  antiquœ  parci- 
moniœ  »  ;  —  c'est  un  atelier  où  on  travaille  sans  cesse,  —  «  officina 
diligentiœ  »  —  ajoute  Fauteur  de  la  notice  insérée  à  Tatlas  de  Mer- 
cator.  Goulon  a  bien  connu  nos  concitoyens;  il  les  dépeint  «  indus- 
trieux, sobres,  ménagers,  semblables  à  ces  plantes  qui  proiBlent 
partout  A.  Golnitz  confirme  ce  jugement  et  y  ajoute  un  détail  qu'il 
convient  de  ne  pas  omettre  pour  que  l'esquisse  soit  complète  :  ils 
sont,  dit-il,  «  adroits,  ingénieux,  avisés,  ne  se  hâtent  point  — 
comme  c'est  bien  cela!  — et  savent  à  merveille  pourvoir  à  leurs 
intérêts  et  à  ceux  de  leur  famille  »  :  industriosi,  ingeniosi  et  cauti^ 
nec  prœcipites,  egregie  sibi  suisque  comulentes. 

Avec  ces  aptitudes  et  ces  qualités,  la  population  de  Limoges 
devait  nécessairement  s'adonner  au  commerce  et  y  réussir.  Aussi 
loin  que  puisse  plonger  notre  regard  dans  le  passé,  nous  voyons  la 
capitale  du  Limousin  fabriquer  des  objets  assez  variés  et  envoyer 
les  produits  de  ses  ateliers  au  dehors.  Nous  ne  saurions  donner  ici 
un  aperçu,  même  fort  sommaire,  de  l'histoire  du  commerce  et  des 
industries  de  notre  ville.  Ses  multiples  fabrications  ont,  au  cours  des 
siècles,  subi  des  évolutions  considérables.  De  véritables  boulever- 
sements même  se  sont  produits  qui  ont  fait  abandonner  certaines 
voies  où  nos  pères  avaient  longtemps  marché  :  on  a  vu  des  indus- 
tries nouvelles  surgir  tout  d'un  coup  et  conquérir  en  quelques 
années  une  vogue  extraordinaire.  Les  objets  principaux  qui  sor- 
taient de  nos  ouvroirs  étaient,  outre  les  pièces  d'orfèvrerie  et 
d'émaillerie,  les  marchandises  de  sellerie,  bimbeloterie,  fonderie, 
poterie  d'étain,  chaudronnerie,  draperie  etdroguets,  broderie,  pas- 
sementerie, de  menus  ustensiles  de  corne  et  des  boulons  de  toute 
espèce,  des  épingles,  des  couteaux,  des  tapis.  La  faïencerie  pré- 
céda de  peu  la  porcelaine  :  Limoges  ne  paraît  pas  avoir  produit 
de  faïence  avant  le  dix-huitième  siècle. 

Les  relations  commerciales  de  notre  ville  sont  fort  étendues  dès 
le  moyen  âge  ;  on  les  constate  avec  des  points  éloignés  du  royaume  : 
Lyon,  Troyes,  Provins,  Rouen,  La  Rochelle,  Toulouse,  Avignon, 
Montpellier,  avec  l'Italie,  la  Suisse,  l'Espagne,  l'Angleterre  et  les 
Flandres.  Plus  tard,  certaines  de  nos  marchandises,  les  couteaux, 
par  exemple,  trouvent  un  débouché  en  Turquie.  Au  seizième  et 
dix-septième  siècles,  on  rencontre  nos  négociants  sur  les  navires 
qui  parcourent  la  Méditerranée,  et  plusieurs  sont  pris  par  les  cor- 
saires barbaresques. 

Avant  de  vous  parler  des  associations  dont  la  similitude  de  l'in- 
dustrie ou  du  commerce,  la  communauté  des  intérêts  profession- 
nels constituèrent  le  lien  principal,  il  convient  de  vous  entretenir 


^4  SDCIBtÉ  ARCHÀOLOOIQUK  Vt  IIISTO&TQOK  DU  LlUOtTSIlT 

des  groupes  à  la  formation  desquels  une  pensée  religieuse  ou  cba-- 
ritable  seule  présida  et  dont  Tinfluence  sociale  nous  apparaît 
énorme  au  cours  des  six  derniers  siècles. 

Beaucoup  de  fidèles  n'estimèrent  pas  suffisant  le  lien  de  frater- 
nité établi  par  la  même  foi  entre  tous  les  disciples  de  TEvangile  et 
voulurent,  en  dehors  du  cadre  ecclésiastique,  mais  sous  l'autorité 
des  évêques,  constituer  des  associations  particulières  pour  se  livrer 
avec  plus  de  régularité  et  de  ferveur  à  certaines  pratiques  de  dévo- 
tion ou  vaquer  avec  plus  d'efficacité  à  certaines  œuvres  de  bienfai- 
sance. Ces  groupes  furent  les  confréries.  L'antiquité  et  les  premiers 
siècles  du  christianisme  avaient  connu  des  sociétés  de  ce  genre  et 
certaines  communautés  de  fidèles,  au  temps  des  empereurs  romains, 
ne  nous  apparaissent  pas  très  différentes  de  nos  charités  du  moyen 
âge.  Ces  confréries  s'étaient  éteintes;  tout  au  moins  n'en  retrouve- 
t-on  aucune  trace  pendant  de  longues  années.  On  a  prétendu,  et  la 
dernière  de  nos  Encyclopédies,  celle  qui  porte  le  nom  de  M.  Ber- 
ihelot,  reproduit  cette  affirmation  déjà  émise  par  Mgr  Bouvier, 
qu'elles  ne  reparurent  qu'au  treizième  siècle.  Les  témoignages  de 
nos  chroniques  et  les  pièces  mêmes  de  nos  archives  nous  les  mon- 
trent existant  à  Limoges  au  siècle  précédent. 

Tout  prouve  que  ces  groupes  ont  exercé  dans  notre  ville  une  action 
considérable  au  point  de  vue  religieux  et  social.  Peut-être  même 
ont-ils,  à  certains  moments,  pris,  sans  perdre  leur  esprit  essentiel, 
un  caractère  politique  et  ont-ils  joué  un  rôle  dans  les  événements 
extérieurs.  J'ai  toujours  pensé,  pour  ma  part,  qu'une  des  confré- 
ries instituées  dans  la  basilique  de  Saint- Martial  avait  pu  contribuer 
à  l'établissement  de  la  commune  du  Château,  être,  par  exemple, 
l'embryon,  le  noyau  de  la  première  organisation  laïque  constituée 
dans  la  nouvelle  ville  ou  avoir  servi  soit  de  prétexte,  soit  de  dégui- 
sement à  cette  organisation.  Je  n'en  ai  toutefois,  je  dois  le  dire, 
trouvé  nulle  part  la  preuve. 

Ce  qui  apparaît  clairement,  c'est  la  force  du  lien  qui  unit  tous 
les  membres  de  chacune  de  ces  associations;  c'est  l'attachement 
profond,  passionné  parfois,  qu'ils  témoignent  au  groupe  et  aux 
intérêts  collectifs;  ce  sont  les  services  qu'ils  se  rendent  les  uns 
aux  autres  dans  un  esprit  de  mutuelle  charité;  c'est  la  grande 
autorité  morale  dont  jouissent  auprès  de  tous  les  associés  les  chefs 
élus  de  la  confrérie,  autorité  qui  doit  avoir  sa  répercussion  dans 
la  vie  ordinaire.  Les  plus  anciens  statuts  dont  le  texte  soit  arrivé 
jusqu'à  nous,  ceux  d'une  société  de  pure  dévotion,  la  Confrérie 
de  «  Notre-Dame  sur  l'autel  de  Saint-Sauveur  »  (1212),  nous  four- 
nissent les  traits  principaux  des  coutumes  de  ces  groupes.  Le 


tOMP  b^(ÊlL  SUR  L^HISTOlRi  Dk  LA  TILLB  bl  LIIIO6KS  3Î$ 

devoir  de  visiter  les  associés  malades,  de  leur  procurer  non  seu- 
lement les  secours  spirituels,  mais  Taide  pécuniaire  dont  ils  peu- 
vent avoir  besoin,  est  inscrit  dans  ce  premier  règlement.  Si  le 
malade  meurt,  tous  ses  confrères  veillent  son  corps,  prient  pour 
son  âme  et  interrompent  tout  travail  jusqu'à  l'inhumation,  à  la- 
quelle ils  doivent  assister.  Une  messe  est  célébrée  à  leurs  frais  le 
jour  des  obsèques,  une  autre  sept  joqrs  après.  Les  chefs  de  la 
pieuse  famille,  les  officiers,  ne  sont  pas  seulement  chargés  de  pré- 
sider aux  prières,  aux  manifestations  religieiuses,  uux  actes  divers 
de  la  vie  collective  :  une  haute  mission  sociale  leur  est  imposée  à 
regard  de  leurs  frères.  Ils  doivent  faire  régner  entre  eux  la  paix. 
Aussi  est-il  interdit  à  tout  associé  qui  a  un  différend  avec  un  autre, 
d'en  saisir  les  juges.  Il  doit  exposer  ses  griefs  aux  officiers  de  la 
compagnie.  Ceux-ci  s'informent  de  la  difficulté,  s'interposent  entre 
les  parties  et  les  accordent  ou,  pour  employer  les  termes  mémos 
du  précieux  document  que  nous  éludions,  leur  donnent  la  paix  — 
deven  lor  donarpatz.  De  là  la  dénomination  de  paguedors  (paca- 
toresj,  prise  par  les  chefs  de  la  Confrérie.  Les  parties  ainsi  accor- 
dées sont  tenues  d'obéir  à  l'arbitrage,  et  le  confrère  qui  n'observe 
pas  la  sentence  des  paguedors  doit  être  chassé  de  l'association. 

Les  mêmes  traits  essentiels  se  retrouvent  dans  les  statuts  de  la 
plupart  de  nos  confréries  limousines.  Les  dispositions  que  nous 
venons  d'emprunter  au  règlement  de  la  Confrérie  de  Notre-Dame 
de  Saint-Sauveur,  figurent  à  la  charte  constitutive  d'autres  asso- 
ciations, non  seulement  du  moyen  âge,  mais  des  xvu*  et  xviii®  siè- 
cles. Les  termes  sont  parfois  moins  impératifs,  mais  les  statuts  ne 
s'expriment  pas  d'une  façon  moins  nette  à  cet  égard  ;  écoutez  par 
exemple  à  quatre  cents  ans  d'intervalle  ceux  des  Pénitents  feuille- 
morte,  fondés  en  1619  :  «  Tous  les  associés  vivront  en  paix,  union, 
charité,  comme  de  bons  chrétiens,  se  prévenant  les  uns  les  autres 
par  toutes  sortes  de  marques  d'une  vraie  affection,  évitant  entre 
eux  tout  sujet  de  querelle  et  de  contestation.  Que  s'il  leur  sur- 
venoit  quelque  différend,  ils  tâcheront  de  se  réconcilier  au  plus 
tôt,  sans  avoir  recours  à  d'autre  voie  qu'à  celle  de  la  médiation  et 
s'en  rapportant  entièrement  à  la  décision  du  conseil  de  la  Compa- 
gnie. »  Un  autre  article  prescrit  de  visiter  les  confrères  malades 
et  ((  de  les  assister  de  toutes  sartes  de  secours  spirituels  et  tem- 
porels »  s'ils  en  ont  besoin.  Jusqu'à  la  fin,  les  associations  de  cette 
nature  resteront  fidèles  à  l'esprit  de  fraternité  et  de  paix  qui  les 
ont  animées  au  début,  et,  dans  un  mémoire  adressé  en  1781  à 
M.  Amelot,  secrétaire  d'Etat,  les  prieurs  des  Compagnies  de  Péni- 
tents de  Limoges,  répondant  aux  calomnies  dirigées  contre  l'insti- 
tution, pourront  dire  avec  une  légitime  fierté  :  «  Il  n'y  a  point  de 
pauvres  parmi  nous.  » 


^  àOCIfttA  JlftCaiOLOGTQUE  ET   BIStORtQVlfe   DU   LtttbOSlH 

Il  faut  ajouter  qu'une  partie  de  ces  sociétés,  les  Pénitents,  les 
Pèlerins  de  Saint-Jacques,  les  Pastoureaux  et  d'autres,  avaient  un 
costume  spécial,  qu'ils  portaient  dans  les  cérémonies  et  qui  don- 
nait à  nos  processions  Taspect  si  pittoresque  et  si  touchant  qu'elles 
ont  conservé  jusqu'à  notre  époque. 

Tout  cela  explique  la  vogue  extraordinaire  de  nos  confréries  et 
le  zèle  de  chaque  membre  pour  la  prospérité  et  l'honneur  de  son 
groupe.  Il  n'y  avait  pour  ainsi  dire  pas  un  chef  de  famille,  à  Li- 
moges, qui  n'appartint  à  une  de  ces  sociétés.  L'abbé  Bullat  affirme 
avoir  compte  quatre  cent  soixante  pénitents  pourpres  assistant 
avec  leur  costume  à  une  procession  peu  avant  1789;  la  Compagnie 
des  pénitents  gris  n'avait  pas  moins  de  cinq  cents  membres 
au  dix-huitième  siècle;  au  dix-septième,  la  Grande  Confrérie  de 
Saint-Martial  en  avait  possédé  six  cents,  et  celle  de  Notre-Dame  de 
Pitié,  dit-on,  quatorze  cents.  Toutefois,  le  Préfet  de  la  Haute- 
Vienne  exagérait  certainement  quand,  dans  un  rapport  adressé  en 
1809  au  ministre  de  llntérieur,  il  évaluait  l'effectif  des  associa- 
tions de  pénitents  du  département  à  près  de  6,000  hommes,  dont 
environ  4,000  pour  celles  de  Limoges,  ville  de  21  à  22,000  âmes 
au  plus  à  cette  époque.  Ce  rapport,  empreint  d'une  prudence 
excessive  et  du  plus  pur  esprit  administratif,  est  du  reste  un  docu- 
ment tout  à  fait  caractéristique  de  l'époque. 

Je  n'ai  parlé  que  des  confréries  de  piété  dont  l'objet  était  la 
sanctincation  personnelle  de  l'associé,  la  pénitence,  la  participa- 
tion aux  cérémonies  de  l'Eglise,  la  décence  ou  l'éclat  du  culte.  Les 
associations  laïques  de  charité,  que  nous  trouvons  organisées  et 
fonctionnant  avec  zèle  dès  le  temps  de  Philippe-Auguste,  n'ont  pas 
joué  à  Limoges  un  moindre  rôle.  Les  unes,  comme  celle  des 
Suaires^  se  proposaient  d'assurer  aux  plus  misérables  des  habi- 
tants de  la  ville,  un  linceul,  des  obsèques  décentes  et  des  prières 
autour  de  la  fosse  où  étaient  déposés  leurs  restes  ;  les  autres,  comme 
celle  des  Pauvres  à  vétir^  distribuaient  des  secours  en  argent  ou 
en  nature  aux  nécessiteux  ;  d'autres  encore  s'étaient  assigné  une 
tâche  plus  limitée,  par  exemple  le  soin  de  pourvoir  aux  besoins 
d'un  établissement  spécial  et  à  l'assistance  des  pauvres  atteints 
d'une  maladie  déterminée  :  telle  la  Société  du  Saint-Esprit  qui 
semble  liée  à  la  Maison-Dieu  des  Lépreux.  Presque  tous  les  grou- 
pes créés  dans  un  but  exclusif  de  dévotion  recommandaient  du 
reste  ou  même  imposaient  à  leurs  membres  l'aumône  et  certaines 
œuvres  d'assistance.  Les  bailes  de  la  Grande  Confrérie  de  Saint- 
Martial  sollicitaient,  aux  Quatre-Temps,  les  libéralités  de  tous  les 
membres  en  faveur  des  hôpitaux,  des  pauvres  honteux  et  des  indi- 


tOtP  D^'CBIL  8CR  L^BIStOI^IC  bS  LA  ViLLÈ  Dit  LikOGBâ  Vf 

gents  en  général  ;  les  Pénitents  visitaient  les  malades  et  les  pri- 
sonniers, et  la  GompagQie  des  Noirs  au  seizième  siècle,  celle  des 
Pourpres  au  dix-seplième,  accompagnaient  le  condamné  à  Técha- 
faud,  suivaient  après  Texécution  sa  dépouille  au  cimetière  et  s'age- 
nouillaient comme  une  famille  autour  de  la  croix  plantée  sur  sa 
tombe.  Par  une  sublime  inspiration  de  la  foi  et  de  la  charité,  plu- 
sieurs des  membres  de  celte  dernière  association,  des  négociants 
aisés,  de  riches  bourgeois,  des  magistrats,  d'anciens  officiers  vou- 
lurent être  enterrés  dans  le  cimetière  des  suppliciés,  auprès  des 
restes  de  ces  criminels  à  qui  leur  réconciliation  avec  Jésus-Christ, 
à  rheure  suprême,  avait  ouvert  le  chemin  du  ciel,  et  dans  lesquels 
ces  âmes,  profondément  croyantes,  voyaient  pour  leurs  propres 
fautes  des  intercesseurs  auprès  de  la  miséricorde  de  Dieu. 

Les  fondations  charitables  de  toute  sorte  sont  nombreuses  à 
Limoges  au  moyen  âge.  Un  hôpital,  pour  les  pèlerins  et  les  pauvres 
malades,  a  existé  dès  une  époque  reculée  auprès  du  tombeau  de 
Saint  Martial.  La  légende  en  fait  remonter  l'origine  aux  libéralités 
de  sainte  Valérie  et  de  son  fiancé.  Nos  archives  attestent  que,  dès 
le  dixième  siècle,  il  reçoit  des  donations  de  diverses  familles  féo- 
dales et  se  trouve  dans  les  dépendances  de  Tabbaye.  En  H58,  un 
évéque  dont  Limoges  ne  doit  pas  oublier  le  nom,  Gérald  du  Cher, 
fonde  au  faubourg  de  Saint-Gérald  un  autre  hôpital  sur  l'emplace- 
ment où  s'élèvera  au  dix-septième  siècle  notre  hôpital  général. 
La  maladrerie  de  la  Maison-Dieu  a  été,  dit-on,  construite  par  le 
même  prélat.  Elle  abrite  une  petite  communauté  de  lépreux, 
qui  élisent  ou  tout  au  moins  acceptent  librement  le  prieur  désigné 
par  l'autorité  ecclésiastique  et  administrent  directement  leurs 
biens.  Une  autre  léproserie,  celle  de  Saint-Jacques,  paraissant 
avoir  remplacé  un  hospice  de  pèlerins  et  de  voyageurs,  s'élève  à 
l'entrée  des  faubourgs  de  la  Cité,  derrière  Saint-Augustin.  Nous 
avons  vu  un  autre  hospice  de  Saint-Jacques  tout  au  haut  de  la 
ville,  auprès  de  Notre-Dame  des  Arènes.  —  Ces  établissements  ont 
été  créés  par  des  évoques,  des  corps  ecclésiastiques  ou  des  con- 
fréries; mais  d'autres  doivent  l'existence  à  la  généreuse  charité 
d'un  particulier  :  telle  Taumônerie  du  Pont-Saint-Martial  fondée 
vers  4225  par  un  bourgeois  du  Château,  Aymeric  La  Gorse,  avec 
ses  seules  ressources,  et  l'hôpital  de  Saint-Maurice,  qu'un  habitant 
de  la  Cité,  Jean  Roche,  a  installé  dans  sa  propre  maison  aux 
termes  de  son  testament  portant  la  date  de  1319. 

Notons  encore,  dans  le  Château,  une  institution  intéressante  : 
les  aumônes  municipales  de  Sainte-Croix  et  des  Pains  de  Noël. 
On  appelait  de  ce  nom  des  distributions  en  argent  et  en  nature, 

T.  LU  3 


38  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLCMÏIQOB  BT   HISTOftIQCB  DU  LtUOUSlN 

faites  chaque  année  à  certaines  épo:|ues  par  les  magistrat»  de  la 
commune,  à  Taide,  soit  d'une  levée  spéciale  de  deniers,  soit  des 
revenus  provenant  de  fonds  constitués  par  divers  legs  ou  dona- 
tions et  administrés  par  des  bailes  ou  préposés  spéciaux.  Plusieurs 
de  ces  libéralités  ont  élc  faites  expressément  en  vue  d'appeler  la 
bénédiction  de  Dieu  sur  l'élection  des  consuls.  D'après  un  passage 
fort  curieux  de  la  chronique  de  Vigeois,  ces  distributions  d'au- 
mônes dans  les  villes  remonteraient  à  une  époque  postérieure  de 
peu  à  la  première  Croisade. 

Les  corporations  de  métiers  étaient,  vers  le  milieu  du  treizième 
siècle,  au  nombre  de  trente-trois  dans  le  Château  de  Limoges. 
Peut-être  ce  nombre  était-il  symbolique  et  avait-il  été  Qxé  en  mé- 
moire des  trente-trois  ans  que  Jésus-Christ  passa  sur  la  terre. 
Quoiqu'il  en  soit,  nous  savons  peu  de  chose  de  l'organisation  du 
travail  dans  notre  ville  au  moyen  âge. 

Il  semble  bien  que  chacun  avait  le  droit  d'exercer  la  profession 
de  son  choix,  en  se  conformant  aux  coutumes,  sous  le  contrôle  des 
bailes  du  métier  et  la  police  des  magistrats  municipaux.  A  ces 
coutumes  se  substituèrent  peu  à  peu  des  statuts  rédigés,  d'après  les 
usages  en  vigueur,  par  le  corps  professionnel  lui-même,  et  approuvés 
par  l'autorité  communale  et  l'autorité  judiciaire.  La  bonne  qualité 
de  la  marchandise  parait  être  la  préoccupation  dominante  des 
auteurs  de  ces  règlements;  on  trouve,  dans  le  texte  de  ceux  qui 
nous  sont  parvenus,  peu  de  renseignements  sur  la  distinction  entre 
les  diverses  catégories  de  travailleurs,  sur  les  rapports  entre  patrons 
et  ouvriers.  Particularité  singulière,  le  mot  de  «  maître  »  n'est  pas 
prononcé  une  seule  fois  dans  les  plus  anciens.  Les  coutumes 
proclament  que  le  métier  est  «  communal  »,  c'est-à-dire  que  son 
exercice  dépend  de  la  commune  au  lieu  de  dépendre  d'un  seigneur, 
et  que  tout  bourgeois  peut  ouvrir  un  magasin  ou  atelier  en  vertu 
des  libertés  et  privilèges  de  la  ville,  en  remplissant  bien  entendu 
certaines  conditions  et  en  justifiant  d'une  certaine  capacité.  Plus  tard, 
le  gouvernement,  sous  la  pression  des  besoins  du  fisc,  substituera 
ses  exigences  tracassières  à  la  large  liberté  municipale;  le  nombre 
des  maîtres  sera  limité  et  la  maîtrise  s'achètera  à  chers  deniers. 

Nous  voilà  bien  loin  de  l'atelier  familial  soumis  à  la  discipline 
et  aux  coutumes  du  foyer.  Nous  nous  en  éloignerons  plus  encore 
au  dix-huitième  siècle,  quand  le  régime  manufacturier  fera  son 
apparition  dans  notre  pays  et  que  les  conflits  entre  les  patrons  et 
leurs  ouvriers  emprunteront  à  l'importance  de  l'atelier,  au  nombre 
des  personnes  employées,  une  gravité  qu'ils  n'avaient  pas  eue 
jusque-là. 


toM^  D'àciL  sùa  l'ristoirs  de  La  villb  db  LiMoGsà  %^ 

Dans  le  Château,  les  métiers  faisaient  tour  à  tour,  au  moyen  âge, 
le  service  du  guet;  mais  à  Tinverse  de  ce  qui  se  passait  ailleurs, 
en  Flandre  par  exemple,  ils  ne  formèrent  jamais  un  corps  politique 
et  on  ne  voit  pas  qu'à  aucune  époque  ils  aient  joué  un  rôle  dans 
les  divisions  et  les  querelles  locales.  Le  lien  principal  de  la  corpo- 
ration professionnelle,  à  cette  époque,  c'est  le  lien  religieux.  Ici 
encore  nous  retrouvons  la  confrérie  avec  les  mômes  obligations  de 
charité,  le  môme  esprit  de  fraternité,  mais  avec  une  vie  moins 
intense  et  des  manifestations  religieuses  plus  rares  que  celles  des 
groupes  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

Au  moyen  âge,  toutes  ces  petites  sociétés,  qu'anime  une  activité 
propre  et  qui  jouissent  d'une  assez  grande  indépendance,  se 
meuvent  dans  le  cercle  plus  large  de  la  commune.  La  population 
de  la  Cité,  dont  les  institutions  municipales  peuvent  seules  avoir 
puisé  leur  origine  dans  celles  de  la  période  gallo-romaine,  ne  paraît 
avoir,  à  aucune  époque  du  passé,  joui  d'une  complète  autonomie. 
L'évoque,  qui  est  le  plus  grand  seigneur  féodal  du  pays  et  tient 
tout  le  haut  cours  de  la  Vienne,  puisqu'il  possède  dans  sa  mouvance, 
outre  la  vieille  ville  de  Limoges,  Eymoutiers,  Saint-Léonard  etSainl- 
Junien,  —  ne  laisse  pas  se  développer  une  organisation  qui  annihi- 
lerait ou  restreindrait  tout  au  moins  son  autorité  dans  sa  propre 
capitale.  Les  six  consuls  de  la  Cité  semblent  n'avoir  été  jamais  de 
gros  personnages. 

Pendant  quelques  années,  entre  1213  et  1224,  sous  la  protection 
des  rois  d'Angleterre,  ducs  d'Aquitaine  :  Jean  Sans-Terre  et 
Henri  III,  et  durant  l'absence  de  l'évoque  qui,  en  butte  aux  per- 
sécutions de  ces  princes,  dut  à  certains  moments  abandonner  son 
siège,  la  commune  put  jouir  d'une  indépendance  assez  large;  mais 
elle  ne  posséda  jamais  la  puissance  ni  les  libertés  de  sa  voisine,  la 
commune  du  Château.  La  prise  de  la  Cité  par  le  prince  Noir,  en 
1370,  et  l'abandon  définitif,  à  partir  de  cette  catastrophe,  du  quar- 
tier épiscopal  par  les  autorités,  la  population  riche  et  le  commerce, 
réduisirent  les  magistrats  de  la  vieille  ville,  à  une  condition  peu 
différente  de  celle  des  syndics  des  petits  bourgs.  Néanmoins  le  con- 
sulat subsista  et  l'administration  des  deux  groupes  de  population 
était  encore  distincte  au  début  de  la  période  révolutionnaire;  à 
partir  du  11  novembre  1792  seulement,  Limoges  n'eut  plus  qu'une 
municipalité  unique. 

Tout  autres  nous  apparaissent,  dans  les  nombreux  documents  où 
se  reflète  l'histoire  de  la  ville  de  Saint-Martial,  les  consuls  du 
Château,  qui  étaient  au  nombre  de  douze,  et  dont  le  mandat  avait 


4t)  SOClÊtÉ   AReÊfe>LOOIÛUI  tX  âlStORI^tJ^  DÛ  LIKOYISIN 

une  durée  d'un  an  seulement.  Nous  les  voyons  en  lutte,  dès  l'ori- 
gine, avec  le  chef  de  la  célèbre  abbaye  et  le  vicomte  de  Limoges, 
qui,  vassal  ou  avoué  du  monastère  au  début,  a  peu  à  peu  réussi  à 
substituer  son  autorité  à  celle  du  véritable  seigneur.  Les  chefs  de 
la  bourgeoisie  industrieuse  et  riche  de  la  nouvelle  ville  ont  tiré  leur 
influence  et  reçu  leur  première  investiture  de  la  force  des  choses  : 
il  a  bien  fallu  que  leurs  seigneurs  comptent  avec  eux.  Ils  ont  réussi 
à  imposer  à  ceux-ci  le  respect  de  leurs  biens  et  de  leurs  personnes, 
tantôt  par  l'adresse,  tantôt  par  la  force,  négociant  et  finançant 
aujourd'hui,  recourant  demain  aux  armes  et  se  renfermant  derrière 
leurs  remparts  où,  pendant  une  douzaine  d'années,  entre  i26S  et 
4274,  ils  constituent  une  sorte  de  petite  république,  dont  quelques 
documents  contemporains  attestent  l'autonomie  à  peu  près  absolue 
—  puis  défendant  pied  à  pied  leurs  libertés  devant  le  Parlement  et 
le  Grand  Conseil,  s'embusquant  et  se  fortifiant  successivement 
derrière  tous  les  incidents  d'un  interminable  procès.  La  lutte 
entamée  sous  Saint-Louis,  ou  même  dès  les  premières  années  du 
treizième  siècle,  interrompue  à  plusieurs  reprises  par  les  événe- 
ments de  toute  sorte,  les  guerres,  les  calculs  de  la  politique,  les 
exigences  des  temps,  les  catastrophes  nationales,  ne  prendra  fin 
que  sous  Charles  IX,  comme  je  le  dirai  plus  loin.  Au  cours  de  ce 
long  duel,  les  magistrats  municipaux,  trahis  deux  fois  par  la 
fortune  des  armes,  ont  réussi  par  leur  énergie,  leur  persévérance, 
leur  habile  diplomatie,  non  seulement  à  retarder  la  victoire  défini- 
tive des  vicomtes,  mais  à  assurer  à  la  population  de  la  ville  de 
longues  périodes  d'indépendance  et  de  paix.  Ils  ont  obtenu  du  roi 
d'Angleterre,  une  première  fois  à  la  fin  du  douzième  siècle,  dans 
des  circonstances  que  nous  ne  cnnnaissons  pas;  une  seconde 
en  1264,  après  le  traité  de  Paris  et  de  Londres;  une  troisième 
en  1364,  après  celui  de  Brétigny,  la  confirmation  de  leurs  cou- 
tumes et  privilèges,  et  ont  été  mis  officiellement  par  le  sénéchal 
anglais,  dans  une  journée  mémorable  (8  décembre  1368),  en 
possession  de  toutes  les  prérogatives  seigneuriales,  au  mépris 
des  droits  de  l'abbé  et  des  revendications  du  vicomte.  Plus 
tard,  ils  ont  directement  traité  de  la  reddition  de  leur  ville 
avec  le  roi  de  France,  et  Charles  V,  pour  rentrer  en  possession 
d'une  place  considérée  comme  la  clé  de  toute  la  contrée,  a  solen- 
nellement réuni  Limoges  à  la  Couronne,  donné  à  perpétuité  le 
Château  à  la  commune  et  reconnu  les  magistrats  municipaux  seuls 
seigneurs  de  la  ville,  seuls  justiciers,  seuls  chefs  militaires,  seuls 
administrateurs,  sous  la  haute  et  unique  mouvance  du  souverain. 
Et  de  1371  à  1844,  durant  deux  siècles,  les  consuls,  malgré  quelques 
entreprises  de  l'autorité  royale,  réussissent  à  maintenir  cet  état  de 


COUP   o'œIL  sur  L^HlSTOiaE  DK  LA  VILLE  DB  LIHOGKS  41 

choses  et  à  faire  jouir,  sous  leur  aulorilé,  leurs  concitoyens  des 
libertés  les  plus  larges  et  les  plus  fécondes. 

Pendant  que  se  fixe  pour  des  siècles  l'organisation  de  la  société 
laïque,  une  évolution  des  plus  intéressantes  se  prépare  dans  le 
monde  religieux  :  Tordre  monastique  va  donner  une  nouvelle  et 
magnifique  floraison.  Les  abbayes  fondées  du  sixième  au  onzième 
siècles  sont  presque  toutes  devenues  de  grands  propriétaires  terri- 
toriaux et  ont  pris  place  dans  la  hiérarchie  féodale.  Leurs  rapports 
avec  le  peuple,  relativement  rares,  ont  changé  de  caractère.  Il  faut 
bien  se  souvenir,  du  reste,  que  Tobjectif  des  moines,  souvent 
disciples  d'un  ermite,  a  été  surtout  la  méditation,  la  pénitence,  la 
prière  et  l'étude,  et  non  à  proprement  parler  Tapostolat  et  Faction 
sociale.  Tout  en  continuant  à  servir  la  religion  et  Thumanité  par 
leurs  travaux,  leurs  exemples  et  leurs  bonnes  œuvres,  les  Béné- 
dictios  et  les  autres  religieux  des  instituts  analogues  n'ont  plus,  du 
reste,  le  zèle  et  Tesprit  de  sacrifice  des  premiers  temps.  L'état  de 
la  société  réclame  des  ouvriers  animés  d'un  esprit  nouveau,  moins 
absorbés  par  la  contemplation  et  la  prière,  mêlés  davantage  à  la 
vie  quotidienne  des  populations.  Quelques  grands  saints,  cœurs 
vaillants  et  hautes  intelligences,  ont  l'intuition  des  besoins  des 
générations  prochaines  et  du  genre  d'apostolat  qui  leur  conviendra  ; 
ils  fondent  les  ordres  mendiants,  dont,  en  quelques  années,  les 
maisons  vont  se  multiplier  à  Tinfini. 

La  pacifique  invasion  de  ces  nouveaux  apôtres  est  signalée  à 
Limoges  dès  1220.  Au  carême  de  cette  année  arrive  Pierre  Cellani, 
un  des  fidèles  compagnons  de  Saint-Dominique.  Il  s'installa 
d'abord  en  face  de  la  ville,  au  bord  du  chemin  qui,  du  pont  Saint- 
Martial,  monie  à  Saint-Lazare;  mais  comprenant  presque  aussitôt  la 
nécessité  de  s'établir  plus  à  portée  de  la  population  dont  ils  vien- 
nent réchauffer  la  foi,  les  Frères  prêcheurs  fondent  leur  monastère 
définitif  à  l'extrémité  du  faubourg  Manigne  :  maison  importante 
qui  comptera,  dit-on,  dans  sa  période  de  prospérité,  plus  de  cent 
religieux  et  d'où  sortiront  un  certain  nombre  d'hommes  distingués. 
Le  cloître  des  Frères  prêcheurs  abritera  des  cours  de  philosophie, 
de  théologie  et  de  sciences.  Leur  chapelle,  amputée  d'une  portion 
du  chœur,  deviendra  l'église  paroissiale  de  Saint-Thomas-d'Aquin, 
puis  de  Sainte-Marie. 

Après  les  enfants  de  Saint-Dominique,  apparaissent  les  fils  de 
Saint-François  qui,  grâce  à  leur  simplicité,  à  leur  esprit  de  pauvreté 
et  à  leur  éloquence  familière,  acquièrent  sur  le  peuple  une  influence 
sans  pareille.  A  la  suite  d'un  différend  avec  l'abbaye  de  Saint- 
Martin,  ils  abandonnent  leur  première  maison  de  la  Fontaine  des 


It  SOiMÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  RT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Menudets,  près  la  gare,  et  s'établissent  plus  haut,  au  débouché  actuel 
du  boulevard  de  Fleurus  sur  la  place  Jourdan.  Leur  premier  gar- 
dien est  le  doux  Saint-Antoine  de  Padoue  lui-même,  dont  les  pré- 
dications et  les  miracles  laisseront,  dans  la  contrée,  un  profond 
souvenir.  Aucune  famille  religieuse  n'atteindra  jamais  au  degré  de 
popularité  que  vont  acquérir  les  Franciscains  :  ils  compteront 
jusqu'à  trois  maisons  indépendantes  existant  simultauémenl  à 
Limoges  :  le  grand  couvent  des  Cordeliers,  sous  les  murailles  du 
Château; les  Récollets  de  Sainte- Valérie,  au-dessous  de  l'hôpital  de 
Saint-Gérald ,  et  les  Récollets  de  Saint-François,  à  l'intérieur  de  la 
ville  (ancienne  Comédie).  Limoges  verra  avant  la  fin  du  treizième 
siècle  s'établir  près  de  ses  murs  deux  autres  colonies  régulières  : 
les  Carmes  en  1260  et  les  Augustins  en  1390. 

Les  détails  qui  précèdent  m'ont  amené  à  empiéter  sur  une 
période  de  l'histoire  à  laquelle,  dans  notre  voyage  à  travers  les 
temps,  nous  n'étions  pas  encore  parvenus.  Mais  je  n'ai  nullement 
la  prétention  de  vous  présenter  un  simple  résumé  chronologique. 
Il  m'a  semblé  que  mon  esquisse  pourrait  vous  offrir  plus  d'intérêt 
si  j'en  complétais  au  fur  et  à  mesure  certaines  parties  par  des  traits 
empruntés  aux  âges  plus  rapprochés  de  nous.  Il  est  nécessaire, 
toutefois,  de  revenir  maintenant  à  quelques  siècles  en  arrière. 

Après  avoir  été  placé  sous  la  dépendance  des  comtes  de  Toulouse, 
Limoges  passa  sous  celle  des  comtes  de  Poitiers.  Les  premiers 
avaient  institué  nos  vicomtes,  dont  le  rôle  a  été  complexe  :  leur 
caractère  primitif  d'officiers  de  grands  fcudataires  disparut  avec  le 
temps  et  ils  demeurèrent  les  vassaux  directs  du  roi  pour  certaines 
de  leurs  possessions,  pour  d'autres  les  vassaux  de  divers  seigneurs 
de  la  province,  de  l'abbé  de  Saint-Martial  notamment,  duquel  ils 
tenaient  le  Château  de  Limoges,  Pierrebufflère  et  la  tour  de  Château- 
Chervix. 

Le  divorce  d'Aliénor  d'Aquitaine  avec  Louis  VII  et  son  mariage 
avec  Henri  Plantagenet,  duc  d'Anjou,  qui  monte  en  1154  sur  le 
trône  d'Angleterre,  inaugurent  une  phase  particulièrement  agitée  de 
l'histoire  de  notre  région.  Pendant  de  longues  années,  les  provinces 
du  Centre  et  de  l'Ouest  vont  être  troublées,  meurtries,  ravagées, 
ensanglantées  par  les  discordes  de  cette  famille  batailleuse  et  enra- 
gée des  Planlagenels.Ces  guerres  préluderont  à  la  grande  lutte  entre 
les  souverains  français  et  les  souverains  anglais,  qui  ne  prendra 
fin,  dans  notre  région,  qu'à  l'époque  des  victoires  de  Jeanne  d'Arc. 

En  855,  Charles  le  Jeune,  fils  de  Charles  le  Simple,  avait  été 
sacré  roi  d'Aquitaine  dans  la  basilique  de  Saint-Martial.  Peut-être, 
aux  deux  siècles  suivants,  certains  ducs  d'Aquitaine  étaient-ils 


COUP   D*ŒIL  SUR  l'hISTOIRB  DB  LA  VILLB   DB  LIMOGES  43 

venus  aussi  s'y  faire  couronner.  Henri  d'Anjou  voulut,  en  1152, 
suivre  cet  exemple. 

La  légende  de  saint  Martial  représente  sainte  Valérie  comme  la 
fille  et  rhéritiëre  d'un  grand  seigneur;  allant  plus  loin,  Timagina- 
tion  populaire  avait  fait  d'elle  une  duchesse  d'Aquitaine  :  ie  nou- 
veau duc  tint  à  mettre  solennellement  à  son  doigt  l'anneau  de  la 
sainte,  conservé  à  la  cathédrale  de  Limoges.  Il  espérait  donner  par 
là,  aux  yeux  du  peuple,  une  consécration  religieuse  aux  droits 
qu'il  tenait  de  son  mariage  avec  l'héritière  des  comtes  de  Poitiers. 
La  cérémonie  eut  de  fâcheuses  conséquences.  Une  émeute  éclata  ; 
Henri  la  réprima  durement  et  Qt  abattre  les  murailles  et  combler 
les  fossés  du  Château.  Quinze  ans  après,  Henri  et  Aliéner  se  dessai- 
sirent, en  faveurde  leur  second  fils  Richard,  du  duché  d'Aquitaine. 
Richard  vint  à  son  tour  se  faire  sacrer  à  Limoges.  Mais  ses  diffé- 
rends avec  ses  frères  et  la  révolte  des  fils  du  roi  d'Angleterre 
contre  leur  père  devinrent  le  signal  d'une  guerre  qui  ne  dura  pas 
moins  de  cinq  ans  et  au  cours  de  laquelle  une  partie  des  provinces 
de  l'Aquitaine  furent  ravagées  par  des  bandes  de  mercenaires  se 
livrant  à  tous  les  excès. 

Les  barons  du  pays  avaient  pris  parli,  les  uns  pour  le  roi,  les 
autres  pour  les  révoltés.  La  mort  du  fils  aîné  du  souverain,  Henri 
le  Jeune,  dont  le  célèbre  troubadour  Bertrand  de  Born  a  exailé  les 
qualités,  put  seule  amener  la  fin  de  cette  funeste  lutte.  La  prise,  par 
le  roi,  du  Château  de  Limoges,  au  mois  de  juin  1182,  mit  un  terme 
aux  hostilités.  Le  vicomte  y  avait  eu  part  :  il  se  souvint,  quand 
Richard  Cœur  de  Lion,  devenu  roi  à  son  tour,  fui  parti  pour  la 
Croisade,  de  ses  griefs  contre  le  bouillant  prince,  et,  fort  de  l'ap- 
pui de  Philippe-Auguste,  se  souleva  de  nouveau.  Ce  fut  en  répri- 
mant cette  révolte  à  son  retour  de  captivité  que  Richard  reçut  une 
blessure  mortelle  au  siège  de  Châlus. 

Les  évoques  avaient,  depuis  longtemps,  tenté  de  réfréner  les 
passions  belliqueuses  des  seigneurs  féodaux.  Le  Concile  de  Limo- 
ges, en  1031,  après  les  Conciles  de  Charroux  (vers  988)  et  de  Poi- 
tiers (1000),  avait  prononcé  les  plus  terribles  anathèmes  contre  les 
chevaliers  batailleurs,  les  oppresseurs  du  pauvre  peuple  et  les  per- 
turbateurs du  repos  public.  Quand  les  mercenaires  à  la  solde  des 
Plantagenets  ravagèrent  le  pays,  les  successeurs  de  saint  Martial 
n'hésitèrent  pas  à  prêcher  la  croisade  de  la  paix  contre  ces  brigands. 
On  vit  l'évoque  Gérald  du  Cher,  aveugle,  chevaucher  au  milieu  des 
chevaliers  et  des  milices  de  la  province  qui  allaient  tailler  en  pièces, 
à  Malemort,  une  de  leurs  principales  bandes.  Plus  tard,  Scbrand 
Chabot,  successeur  de  Gérald,  défit  et  poursuivit  jusque  dans  la 
Gombraille  une  véritable  armée  de  ces  aventuriers  connus  sous  la 


44  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

déDomination  de  Brabançons.  Enfin,  Jean  de  Yeyrac  leur  reprit  la 
ville  et  le  château  de  Noblat-Saint-Léonard.  Bernard  de  Savennes 
et  Gui  du  Cluzeau,  successeurs  de  ces  énergiques  pasteurs,  inter- 
viennent entre  les  seigneurs  du  diocèse  et  obtiennent  que  ceux-ci 
prennent  l'engagement  formel  de  ne  pas  fouler  dans  leurs  querelles 
les  habitants  des  campagnes,  de  ne  pas  brûler  les  maisons  et  de  pas 
s'emparer  des  animaux  de  labour.  Plus  tard,  en  1269,  Àymeric  de 
Serre,  outré  des  excès  commis  contre  les  bourgeois  de  Limoges  et 
les  paysans  par  les  hommes  d'armes  de  la  vicomtesse  Marguerite, 
convoquera  les  communes  et  ira,  à  leur  tête,  s'emparer  de  la  for- 
teresse de  Ghâlucet.  Au  quinzième  siècle,  Tévéque  Pierre  de  Mont- 
brun  s'interposera  entre  les  communes  et  le  lieutenant  général  du 
vicomte  pour  épargner  à  la  contrée  les  horreurs  de  la  guerre.  Vous 
voyez  qu'en  Limousin,  pas  plus  qu'ailleurs,  TEglise  n'a  jamais  failli 
à  sa  mission  et  que  l'Histoire  en  porte  un  solennel  témoignage. 

Un  parti  français  et  un  parti  anglais  se  sont  formés  ;  l'évéque  de 
Limoges  est  le  chef  avoué  du  premier,  auquel  appartient  également 
le  vicomte.  Les  communes  qu'ont  presque  constamment  protégées, 
peut-être  môme  fondées  les  trois  derniers  ducs  d'Aquitaine  de  la 
famille  des  Plantagenets  :  Richard,  Jean  sans  Terre  et  Henri  III, 
ont  embrassé  le  second.  Le  diocèse  de  Limoges,  confisqué  avec  le 
reste  des  Etats  continentaux  du  roi  d'Angleterre  en  1204,  soumis 
entièrement  à  l'autorité  française  vingt  ans  plus  tard,  à  la  suite  de 
l'expédition  de  Louis  VIII  à  La  Rochelle,  est  rendu,  en  1258,  à 
Henri  III  par  Saint  Louis  sous  certaines  réserves,  celles  notamment 
de  l'hommage  et  de  l'appel  au  souverain.  De  plus,  le  roi  de  France 
entretient,  sur  les  territoires  restitués,  un  sénéchal  dont  la  haute 
situation  et  la  grande  autorité  entravent  singulièrement  l'action  et 
diminue  l'influence  des  oRiciers  du  duc  d'Aquitaine.  Néanmoins,  la 
protection  accordée  par  celui-ci  aux  communes  semble  avoir  encou- 
ragé les  consuls  du  Château  dans  leur  révolte  contre  le  vicomte. 
Après  treize  ans  d'hostilités,  Philippe  III  enjoint  à  Edouard  I",  qui 
vient  de  succéder  à  son  père,  d'abandonner  la  cause  des  bourgeois, 
que  le  roi  d'Angleterre  a  énergiquement  soutenue.  En  vain  les 
magistrats  municipaux,  au  cours  d'une  dernière  et  dramatique 
entrevue  avec  ce  prince,  dans  le  cloître  de  Saint-Martial,  jettent  les 
clés  de  la  ville  aux  pieds  d'Edouard,  en  lui  rappelant  leur  fidélité 
à  tous  les  siens  et  !e  mettent  en  demeure  ëe  les  défendre.  Le  roi 
d'Angleterre  refuse  d'aller  plus  loin  dans  une  voie  qui  aboutirait  à 
une  guerre  avec  le  roi  de  France.  S'il  se  laisse  entraîner  à  faire 
marcher  des  troupes,  sous  le  commandement  de  son  oncle,  contre 
Aixe,  occupé  par  les  vicomtins,  ces  troupes  se  retirent  à  la  première 
sommation  d'un  héraut  de  Philippe  III.  Le  Parlement  condamne  le 
roi  d'Angleterre,  à  la  suite  de  cette  expédition,  à  une  grosse 


COUP   D*OEIL   SUB    L  OISTOIBE   DK  LA    VILLE   DB   LIMOGBS  45 

amende  et  à  des  dommages  intérêts  considérables.  Il  annuité  le 
serment  qu'Henri  III  et  Edouard  I"  se  sont  fait  prêter  par  les  bour- 
geois. Mais  déjà  ceux-ci  se  sont  résignés  à  rouvrir  leurs  portes  à  la 
veuve  du  dernier  vicomte  (il  novembre  1274)  et  à  subir  les  condi- 
tions humiliantes  d'une  sentence  arbitrale  rendue  par  les  frères 
de  Maumont,  tout  dévoués  à  l'adversaire  de  la  commune. 

La  guerre  de  Cent  Ans  éclate.  Les  deux  villes  de  Limoges  sont 
remises  à  Chandos,  lieutenant-général  du  roi  d'Angleterre,  en 
vertu  du  traité  de  Brétigny.  Mais  neuf  ans  ne  se  sont  pas  écoulés 
qu'à  la  suite  de  l'imposition  d'un  fouage  trop  lourd  sur  les  pro- 
vinces cédées  aux  Anglais,  les  populations  prolestent  et  se  soulè- 
vent contre  la  domination  d'Edouard  III.  Une  expédition  est  organi- 
sée en  secret  avec  une  extrême  diligence  ;  des  troupes,  commandées 
par  les  ducs  de  Berri,  de  Bourbon  et  le  maréchal  de  Sancerre,  et 
que  seconde  une  diversion  de  Duguesclin  du  côté  de  Saint-Yrieix, 
se  présentent  devant  la  Cité  de  Limoges.  Celle-ci,  grâce  à  la  conni- 
vence de  l'évoque  Jean  de  Cros,  ouvre  ses  portes  aux  Français  le 
24  août  1370.  Malheureusement,  les  chefs  ne  laissent  à  la  garde  de 
leur  conquête  que  des  forces  insuffisantes;  le  Prince  Noir,  qui  a 
quitté  Cognac  à  la  nouvelle  des  événements  en  jurant  de  tirer  de 
cette  trahison  une  vengeance  éclatante,  arrive  le  10  septembre,  met 
le  siège  devant  la  Cité,  y  entre  par  la  brèche  le  19  et  massacre  tout 
ce  qu'il  trouve  sur  son  passage  ;  mais  arrivés  auprès  de  la  cathé- 
drale, les  vainqueurs  sont  arrêtés  par  trois  chevaliers  français  qui 
engagent,  contre  trois  des  chefs  des  troupes  anglaises,  un  combat 
épique.  Froissart,  qui  a  raconté  cet  épisode  dans  sa  langue  pitto- 
resque et  savoureuse,  assure  que  le  Prince  Noir,  présent  à  cette 
prouesse,  fut  émerveillé  du  courage  de  ces  trois  vaillants,  que  le 
spectacle  de  leurs  exploits  «  remboucha  la  pointe  de  sa  colère  »  et 
qu'il  commença  par  eux  à  faire  grâce  à  tous  les  habitants  de  la  Cité. 
Il  y  avait  eu  certainement  un  grand  nombre  de  victimes  ;  mais  étant 
donné  le  peu  d'étendue  de  la  ville  épiscopale  et  la  densité  médiocr3 
de  sa  population,  le  chiffre  de  dix-huit  mille  morts,  indiqué  par  l'au- 
teur de  nos  Annales,  est,  on  peut  l'affirmer  sans  crainte,  ridicule- 
ment exagéré.  Il  semble  même  qu'il  y  aurait  lieu  de  rabattre  de 
celui  de  trois  mille  accusé  par  Froissart. 

La  terreur  répandue  au  loin  par  ce  châtiment  n'empêcha  pas  les 
habitants  du  Château,  jusqu'ici  Gdèles  à  la  cause  anglaise,  mais  dont 
les  intérêts  souffraient  de  l'abandon  où  Edouard  III  laissait  le  pays 
et  de  rinsécurité  générale,  de  négocier,  nous  avons  dit  plus  haut 
dans  quelles  coiditions,  de  la  reddition  de  leur  ville  avec  le  roi  de 
France.  Après  avoir  eu,  au  couvent  des  Frères  Prêcheurs,  le  14  UQ- 


46  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT   HISTORIQCE   DU  LlllUUSIlf 

vembre  1371,  plusieurs  conférences  avec  le  maréchal  de  Sanccrre, 
commandant  des  troupes  françaises  dans  la  région,  les  consuls 
ouvrirent  leurs  portes  aux  soldats  de  Charles  V. 

Celui-ci  s'était  fait  céder,  le  9  juillet  1369,  la  vicomte  de  Limoges 
par  la  vicomtesse  Françoise  de  Bretagne,  veuve  de  Charles  de  Blois, 
et  il  montra  certainement  Tacte  aux  trois  députés  envoyés  à  Paris 
par  les  consuls  du  Château  pour  traiter  des  conditions  de  leur 
retour  à  la  France  ;  mais  la  politique  a  parfois  des  pratiques  mal- 
honnêtes. Le  roi  omit  de  dire  aux  bourgeois  qu'à  la  même  date,  lui, 
Charles,  avait  souscrit  à  la  vicomtesse  une  contre-lettre  par  laquelle 
il  s'engageait  solennellement  à  la  remettre  en  possession  de  tous 
ses  ^lals,  sans  en  rien  excepter,  dès  que  lui-même  les  aurait  recon- 
quis. Ce  sera  là  tout  le  procès  dit  de  la  Vicomte  :  pendant  deux 
cents  ans,  le  Parlement  entendra  d'un  côté  les  consuls  invoquer  la 
cession  sans  réserve  de  la  vicomte  au  roi  et  les  lettres  par  les- 
quelles Charles  V  a,  en  vertu  de  cette  cession,  réuni  le  Château  à 
la  couronne  et  donné  à  perpétuité  la  seigneurie  de  la  ville  à  la  Com- 
mune, —  et  les  vicomtes,  de  l'autre,  alléguer  la  contre-lettre  et 
réclamer  l'exécution  des  promesses  formelles  du  souverain. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Anglais  ne  devaient  plus  rentrer  à  Limoges. 
Soixante  ou  soixante-dix  ans  encore,  les  routiers,  qu'ils  soudoient 
ou  qui  se  réclament  d'eux,  occupent  les  principales  forteresses  du 
pays,  courent  les  chemins  et  pillent  les  campagnes.  La  capitale  de 
la  province  réussit  à  les  tenir  à  distance.  Elle  envoie  même  contre 
les  garnisons  anglaises  les  plus  rapprochées  de  petites  expéditions, 
fournit  aux  troupes  françaises  de  l'artillerie,  des  munitions,  des 
renforts,  des  secours  de  toute  espèce.  Non  seulement  elle  a  alors  à 
se  défendre  contre  les  entreprises  des  ennemis  du  roi,  mais  à  se 
garder  de  celles  des  vicomtes  qui  revendiquent  sans  relâche  leurs 
droits  et  font  tous  leurs  efforts  pour  rentrer  en  possession  du  chef- 
lieu  de  leur  seigneurie.  La  famille  de  Bretagne,  qui  doit  à  un  mariage 
d'avoir  succédé  aux  anciens  seigneurs,  est  venue  s'établir  en 
Limousin.  Un  des  petits-fils  de  Charles  de  Blois,  Jean  de  Penthièvre, 
seigneur  de  Laigle  et  lieutenant-général  du  vicomte,  son  frère, 
est  un  brave  capitaine  au  service  de  Charles  VII;  il  équipe  à  ses 
frais  ses  vassaux  d'Excideuil  et  de  Nontron  pour  courir  sus  à  l'An- 
glais, vend  pour  entretenir  ses  hommes  les  dernières  tasses  d'argent 
qu'il  possède,  et  mérite  les  bonnes  grâces  du  roi.  Celui-ci  résiste 
néanmoins  à  toutes  les  instances  et  refuse  de  rendre  le  Château  de 
Limoges  aux  héritiers  des  vicomtes.  Jean  essaie  de  le  reprendre  par 
la  force  ou  la  ruse  et  peu  s'en  faut  qu'au  mois  d'août  1426,  le  succès 
ne  couronne  ses  efforts,  grâce  à  la  trahison  du  consul  Gautier 
Pradeau^  mais  le  complot  échoue;  Pradeau  paie  son  crime  de  sa 


COUP   d'œiL  sur   L'BTSTOIRB   DB   la   ville  de  LIHOGRS  47 

tête,  et  c'est  devant  le  Parlement  que  se  poursuit  désormais  le  dif- 
férend entre  la  commune  et  son  seigneur.  Le  procès,  plusieurs  fois 
arrêté,  plusieurs  fois  repris,  est  enfin  jugé  :  deux  arrêts,  en  date  du 
7  septembre  1538  et  du  S  septembre  1544,  proclament  le  vicomte 
seul  seigneur  et  justicier  de  la  ville.  Une  transaction  entre  Jeanne 
d'Albrel,  alors  vicomtesse,  et  les  délégués  des  consuls,  termine,  le 
30  juillet  1566,  ce  différend  trois  fois  séculaire  :  les  magistrats  de 
la  commune  ne  gardent  que  Tadministration  proprement  dite,  sous 
le  contrôle  des  officiers  de  justice  du  seigneur,  puis  du  souverain. 
Le  pouvoir  royal,  bien  servi  par  les  intendants,  va  du  reste  amoin- 
drir de  plus  en  plus  leur  autorité,  rogner  patiemment  leurs  attribu- 
tions, et  on  peut  dire  que  notre  histoire  municipale  est  close  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle. 

L'introduction  du  protestantisme  suscita  de  terribles  haines  ;  la 
Réforme  trouva  en  Limousin  des  adeptes  convaincus  et  des  martyrs  ; 
tel  un  malheureux  vicaire  de  La  Jonchère,  Guillaume  du  Dognon, 
qui  fut  brûlé  en  1555,  au  pilori  de  la  place  des  Bancs.  Des  religieux 
Augustins  du  couvent  de  Limoges  dépouillèrent  le  froc  en  plein  prê- 
che. On  put  croire  un  moment  que  la  foi  de  la  vieille  bourgeoisie  de 
notre  ville  allait  être  entamée;  elle  résista  néanmoins  aux  plus  redou- 
tables assauts,  et  l'esprit  de  prosélytisme  de  Jeanne  d'Albret,  non 
moins  que  les  violences  des  partisans  de  la  nouvelle  doctrine,  nuisit  à 
celle-ci  plus  qu'elle  ne  lui  profita.  L'échec  de  la  Réforme  fut  complet 
à  Limoges,  et  dès  le  règne  de  Louis  XIII,  elle  n'y  comptait  plus 
qu'un  petit  nombre  d'adhérents. 

Les  plus  ardents  des  catholiques  avaient  embrassé  la  cause  de 
la  Ligue.  Une  coospiration  fut  ourdie  pour  surprendre  Limoges. 
Deux  de  ses  chefs,  les  seigneurs  de  Prinçay  et  du  Bouchot,  arrêtés 
dans  l'hôtellerie  du  Lion  d'Or,  au  faubourg  Manigne,  eurent  la 
(été  tranchée  à  ce  même  pilori  du  Vieux  Marché,  le  12  octobre  1579. 
Après  l'assassinat  d'Henri  Ifl,  les  Ligueurs,  qu'indignait  la  pensée 
de  voir  monter  sur  le  trône  un  prince  huguenot,  firent  une  nouvelle 
tentative.  Cette  fois  l'évêque  Henri  de  La  Martonnic,  le  juge  royal 
Martial  de  Petiot,  fort  populaire  à  Limoges  et  qu'on  appelait  «  le 
saint  »,  l'avocat  du  roi  Aymeric  Guiberl,  le  vice-sénéchal  Pierre  de 
La  Roche,  plus  connu  sous  le  nom  de  «  capitaine  Vouzelle  »  ;  le 
greffier  Claude  Rouard  ;  Léonard  Delauze,  hôte  du  Cheval-Blanc  et 
capitaine  de  la  milice,  plusieurs  autres  personnages  influents  et 
énergiques  étaient  du  complot.  Il  échoua  cependant,  grâce  à  la  ferme 
attitude  de  l'intendant  Méry  de  Vie  et  des  magistrats  municipaux; 
Un  des  consuls,  Etienne  Pinchaud,  maître  de  la  monnaie,  fut  tué  et 
un  autre,  Durand-Brugière,  blessé  dans  une  émeute  (15  octo- 


4S  SOCIÉTB   ARCHROLOGIQUB   ET   HISTOBIQOB   DU  LIMOUSIN 

bre  1589).  Les  partisans  de  la  Sainte-Union  s'emparèrent  de  Téglise 
de  Saint-Michel,  dans  laquelle  ils  se  fortifièrent  ;  mais  leurs  adhé- 
rents n'ayant  pu  réussir  à  soulever  la  population,  les  uns  se  rendi- 
rent, les  autres  tentèrent  de  s'échapper.  Plusieurs  furent  pendus 
après  un  procès  sommaire.  Les  ardents  catholiques  les  tinrent  pour 
de  véritables  martyrs  et  leur  mémoire  fut  longtemps  en  vénération. 
A  la  suite  de  cet  événement,  on  délogea  les  Ligueurs  de  la  Cité  où 
révéque  les  avait  introduits.  Beaucoup  de  citoyens  furent  bannis. 
Le  règne  réparateur  d'Henri  IV,  qui  réunit  la  vicomte  de  Limoges 
à  la  Couronne,  rétablit  partout  le  calme,  la  sécurité  et  la  concorde. 

Limoges  tient  sa  place,  et  une  place  distinguée,  dans  le  mouve- 
ment littéraire  de  la  Renaissance,  comme  il  l'avait  eue  au  moyen  âge, 
où  ses  troubadours,  ses  hymnographes,  ses  chroniqueurs  acquirent 
une  juste  renommée.  Plusieurs  de  ses  fils  :  Jean  Dorât,  Jean  de 
Beaubreuil,  Marc-Antoine  Muret,  Joachim  Blanchon,  marchent  aux 
premiers  rangs  de  la  pléiade  des  savants,  du  chœur  des  poètes 
de  leur  siècle.  L'architecture  de  cette  époque  n'a,  par  malheur, 
laissé  l'empreinte  de  son  style  que  sur  quelques  édifices  privés,  et 
les  belles  sculptures  de  la  cathédrale  :  le  jubé,  le  mausolée  de  Jean 
de  Langeac,  les  vantaux  du  portail  Saint-Jean,  sont  le  legs  le  plus 
notable  de  la  grande  période  qui  a  fait  surgir  du  sol  de  la  France 
tant  de  magnifiques  monuments.  Mais  une  importante  et  heureuse 
évolution  de  notre  industrie  artistique  avait  précédé  ce  renouveau. 
Peu  après  le  milieu  du  quinzième  siècle,  l'art  de  la  peinture  en  émail 
né  peut-être  des  recherches  de  nos  verriers,  n'ayant  en  tous  cas 
qu'un  rapport  fort  éloigné  avec  l'ancienne  (euvre  de  Limoges,  s'im- 
plante dans  notre  ville.  On  ne  sait  rien  de  sa  genèse.  Nous  consta- 
tons son  existence  et,  avec  les  premiers  Pénicaud,  nous  le  trouvons 
déjà  en  possession  d'une  technique  sûre  et  compliquée,  sans  que 
personne  soit  parvenu  à  surprendre  la  trace,  les  tâtonnements  de 
la  période  empirique  par  laquelle  il  a  dû  passer.  En  peu  d*années 
il  conquiert  une  vogue  qui  a  abandonné  l'orfèvrerie  émaillée,  depuis 
longtemps  en  décadence.  Des  hommes  d'un  grand  talent  et  d'une 
habileté  rare  :  Léonard  Limosîn  et  Pierre  Raymond  surtout,  por- 
tent, dès  le  règne  de  Henri  II,  cet  art  délicat  à  sa  perfection.  Le 
Limosin  produit  des  chefs-d'œuvre  d'un  coloris  merveilleux  et 
d'une  incontestable  puissance.  Après  lui,  l'émaillerie  commence  à 
décliner.  Au  dix-huitième  siècle  la  sève  artistique  des  successeurs 
de  nos  maîtres  est  épuisée.  Ceux  qui  pratiquent  encore  l'œuvre  de 
*rémail  ont  perdu  le  vrai  sens  de  leur  art  et  abandonné  les  meilleurs 
procédés  de  la  technique.  Leurs  plaques  n'ont  plus  ni  dessin  ni 
çoqleur.  M^s  les  fourneaux  de  Limoges  ne  doivent  pas  s'éteindre. 


tO0>   D^QEIL  SUR  L^HISTOIRB  DÏ  LA  VILLIC  t>B  tlHOÛBS  4d 

La  dëcouYerte  en  i76S  de  gisements  considérables  de  kaolin  dans 
les  environs  de  Sainl-Yrieix,  dotera  Tinduslrieuse  cité  d'un  nouvel 
art  du  feu  non  moins  séduisant,  appelé  à  une  fortune  plus  grande 
encore  et,  espérons-le,  plus  durable  que  celle  de  Témail. 

La  vie  de  Saint  Geoffroi  du  Chalard  fait  mention  des  écoles  de 
Limoges  dans  les  dernières  années  du  onzième  siècle,  mais  ne 
fournit  aucun  renseignement  sur  elles  :  il  s*agit  évidemment 
d'écoles  placées  sous  l'autorité  ëpiscopale.  Elles  sont,  en  1308, 
hors  des  murailles  au  faubourg  Saint-Gérald;  d'un  texte  postérieur 
de  trente  ans,  il  résulte  qu'à  cette  date,  elles  se  trouvent  installées 
dans  une  maison  de  la  place  Saint-Gérald  appartenant  à  l'archi- 
diacre de  la  Marche  et  qu'on  y  enseigne  notamment  la  grammaire 
et  la  logique.  En  1489,  nous  voyons  les  magistrats  municipaux 
investir  pour  une  année  un  régent  de  la  direction  des  écoles  de  la 
ville  du  Château;  cette  investiture  se  fait  dans  les  formes  tradition- 
nelles, par  la  remise  d'un  livre  au  maître.  Mais  la  désignation  de  ce 
régent  par  les  consuls  ne  constitue  qu'une  sorte  de  présentation  : 
car  le  droit  de  conférer  les  écoles  appartient  encore  à  cette  épo- 
que au  chantre  de  la  cathédrale,  dépositaire  de  la  prérogative 
de  l'évoque.  Ce  droit  passe  bientôt,  non  sans  résistance  et  sans 
procès,  de  l'autorité  ecclésiastique  aux  magistrats  de  THôtel-de-Ville. 
En  154K,  les  grandes  écoles  se  tiennent  dans  une  maison  à  rimé- 
rieur  du  Château,  près  de  la  Croix  neuve.  Un  collège,  dont  la  créa- 
tion a  été  décidée  dès  1525,  est  organisé  vers  1550,  mais  ne  parait 
pas  avoir,  dans  ces  conditions,  fonctionné  d'une  manière  satisfai- 
sante. Changeant  souvent  de  régents,  n'offrant  à  la  jeunesse  qu'un 
curstis  incomplet  d'études,  l'établissement  ne  répondait  ni  aux 
besoins  du  temps,  ni  aux  légitimes  désirs  de  la  population.  Les 
consuls  se  décidèrent  à  le  confier,  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle,  aux  Pères  Jésuites,  qui  en  prirent  aussitôt  posses- 
sion :  ils  réparèrent  et  agrandirent  les  constructions,  y  installèrent 
un  collège  de  plein  exercice,  y  appelèrent  de  nombreux  élèves.  La 
maison,  en  1620,  en  aurait  compté  plus  de  mille,  avec  trente-deux 
professeurs,  s'il  faut  en  croire  certains  documents.  Après  l'expulsion 
des  Jésuites,  l'établissement  fut  remis,  en  1763,  à  des  prêtres  séculiers  ; 
ceux-ci  ne  purent  lui  rendre  la  prospérité  dont  il  avait  joui  sous  ses 
anciens  maîtres.  La  Révolution  survint  et  le  collège  disparut. 

De  petites  écoles  étaient  annexées  à  l'établissement;  on  comptait 
en  outre,  dans  la  ville,  un  certain  nombre  de  classes  tenues  par  des 
maîtres  d'écriture;  ily  avait  même,  au  dix-huitième  siècle,  quelques 
pensionnats  de  jeunes  gens  offrant  beaucoup  d'analogie  avec  nos 
institutions  d'aujourd'hui.  —  Limoges  n'était  pas  sans  ressources  au 


50  SOClÈtÉ  ARCttÊOlOGlOUÈ   RT  ftlSTORIQÛE    DU   LlVOUSlH 

point  de  vue  de  rinstruction  des  Glles.  Les  religieuses  de  la  Règle 
avaient,  dès  le  seizième  siècle,  un  pensionnat  où  elles  recevaient 
les  demoiselles  de  la  noblesse  et  de  la  riche  bourgeoisie.  Au  siècle 
suivant,  les  Visilandines,  les  Filles  de  Notre-Dame,  les  Filles  de  La 
Croix  en  ouvrirent  à  leur  tour  qui  répondirent  aux  besoins  d'une 
plus  modeste  clientèle.  Mais  c'est  aux  Ursulines  que  nous  devons 
les  premières  écoles  gratuites  do  filles  :  celles-ci  furent  créées  (rès 
peu  de  temps  après  la  fondation  de  la  communauté  de  Limoges,  qui 
date  de  1620. 

L'instruction  primaire  ne  se  développa  que  bien  lentement  dans 
notre  ville.  Les  registres  de  nos  paroisses  en  témoignent.  En  1675 
et  1676,  à  232  actes  de  mariage,  on  ne  relève  que  56  signatures 
d'époux  et  39  d'épouses  ;  en  1789  et  1790,  sur  360  actes,  146  et 
120  signatures.  Il  est  vrai  qu'en  1850,  les  chiffres  ne  diffèrent  pas 
très  sensiblement  de  ceux  que  fournit  la  dernière  de  ces  dates  : 
179  signatures  d'hommes  et  130  de  femmes  sur  344  mariages. 

Dans  un  livre  substantiel  autant  que  bien  écrit,  M.  Pierre  Lafo- 
rest  a  tracé,  au  cours  d'une  série  d'esquisses  très  colorées,  l'his- 
toire de  Limoges  au  dix-septième  siècle.  U  nous  fait  surtout  assister 
à  la  renaissance  morale  et  religieuse  qui  a  été  l'honneur  du  règne 
Je  Louis  XIII  et  qui  s'est  prolongée  pendant  la  première  période 
du  règne  suivant.  Notre  ville  posséda  alors  un  certain  nombre 
d'hommes  et  de  femmes  dont  la  vertu,  la  piété,  l'énergie,  le  dé- 
vouement, la  féconde  charité  firent  l'admiration  de  leurs  contem- 
porains et  exercèrent  sur  la  population  la  plus  remarquable  et  la 
plus  heureuse  influence  :  Bardon  de  Brun,  l'avocat  des  pauvres, 
le  fondateur  des  confréries  de  pénitents,  l'inspirateur  des  confé- 
rences ecclésiastiques  ;  Martial  de  Maledent,  le  grand  homme  de 
bien,  à  qui  Limoges  doit  l'Hôpital  général,  la  Mission,  le  Sémi- 
naire; Mgr  de  La  Fayette,  dont  un  épiscopat  de  quarante-huit  ans 
usa  les  forces  sans  épuiser  le  zèle;  Madame  Germain,  humble 
veuve  d'un  petit  libraire,  qui  présida  la  première  association  de 
Dames  de  charité  et  créa  l'orphelinat  de  la  Providence;  Hélène 
Mercier,  Marie  de  Petiot,  Anne  Decordes,  fondatrices  de  la  congré- 
gation de  Saint-Alexis,  spécialement  établie  pour  desservir  notre 
hôpital,  —  et  bien  d'autres  dont  je  ne  puis  rappeler  ici  ni  les 
œuvres  ni  même  les  noms. 

La  période  qui  suit  nous  montre  encore  de  beaux  exemples  de 
désintéressement  et  de  zèle  pour  l'intérêt  public.  Juge  de  Saint- 
Martin,  le  «  bon  vieillard»,  témoigne  d'un  rare  dévouement  à  tout    *     /^    f 
ce  qui  peut  contribuer  au  bien  de  ses  concitoyens.  Ardant  du  IHe^  V^  /j^^ 
avance  à  la  province  et  d  la  ville  des  sommes  considérables  pour 


OOU»  d'OÈIL  son  L^HISTOIRK  de  la  VtLtG  DK  LIHOGIS  51 

parer  à  une  disette.  Pétiniaud  de  Beaupejrat  compromet  sa  fortune 
pour  venir  en  aide  à  ses  concitoyens.  Le  malheur  des  temps,  les 
passions  révolutionnaires,  le  désarroi  des  finances  communales 
retardent  le  paiement  de  cette  créance  sacrée,  et  le  plus  riche 
négociant  de  Limoges,  victime  de  son  généreux  patriotisme,  meurt 
petit  employé  dans  une  maison  de  commerce  de  Bordeaux. 

Nous  Tavons  vu  plus  haut  :  Limoges  avait,  au  seizième  siècle, 
perdu  ses  plus  précieuses  libertés.  Le  dix-septième  acheva  l'œuvre. 
L'esprit  municipal,  si  vivant  et  si  énergique  naguère,  s'était  peu  à  peu 
éteint.  Le  vieil  hôtel  de  ville  de  la  rue  du  Consulat,  fidèle  image 
de  la  commune  elle  même,  tombait  en  ruines.  La  royauté,  dominée 
par  un  idéal  de  centralisation  à  outrance  dont  ses  intendants  furent 
les  agents  les  plus  zélés,  livrait  Tadministration  à  la  bureaucratie. 
Celle-ci  travaillait  avec  acharnement  à  détruire  tout  ce  qui  restait 
aux  provinces  et  aux  villes  de  leur  autonomie,  de  leurs  coutumes, 
de  leurs  liens  particuliers.  Ainsi  Tancien  régime,  en  restreignant 
de  tout  son  pouvoir  la  vie  provinciale,  préparait  inconsciemment 
la  destruction  de  la  province  elle-même,  élément  de  force  nationale 
et  de  résistance  pourtant,  —  et  le  découpage  tout  arbitraire  du 
territoire  en  départements  sans  liens  d'intérêt  commun,  sans 
cohésion,  sans  vie  propre,  parfois  de  droits  et  de  langues  divers. 
Ici  comme  sur  bien  d'autres  terrains,  la  Révolution  ne  fit  que  con- 
tinuer l'œuvre  de  la  monarchie  centralisatrise. 

Avec  le  dix-huitième  siècle  s'ouvre  l'ère  des  grands  travaux  et 
des  profondes  transformations.  Le  roi  nomme  à  Tlntendance  de 
Limoges  des  administrateurs  de  premier  ordre  :  d'Orsay,  deTourny, 
d'Aine,  Turgot  surtout.  Ce  dernier,  qui  attend  encore  sa  statue, 
acquiert,  par  son  zèle  sincère  pour  le  bien  public,  son  application 
persévérante  à  toutes  les  réformes  utiles,  son  dévouement  sans 
bornes  à  tous  les  intérêts  de  la  province,  des  titres  impérissables 
à  la  reconnaissance  des  Limousins.  Pourquoi  faut-il  qu'il  apporte 
à  notre  bourgeoisie  l'esprit  irréligieux  de  l'Encyclopédie  dont  il 
la  laissera  imbue  et  dont  la  diffusion  coïncida  avec  un  certain  relâ- 
chement des  mœurs  attesté  par  divers  témoignages  au  cours  de 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Mais  l'administration  du 
grand  intendant  laisse  partout  sa  féconde  et  durable  empreinte; 
longtemps  après  lui  sa  sollicitude  prolonge  ses  bienfaits  :  maints 
travaux  considérables  effectués  au  cours  du  dix-neuvième  siècle, 
n'ont  fait  que  réaliser  des  projets  conçus  et  étudiés  par  le  grand 
intendant.  Dès  avant  1789,  des  routes  magnifiques,  qui  exciteront 
l'admiration  du  voyageur  anglais  Arthur  Young,  mettent  Limoges 
en  communication  avec  les  villes  voisines  et  ouvrent  à  son  com- 


^!  SOClArè  ARCR^-OLOGIHUE  Et   ttlStORIQUB  1>0  LlHOtJSm 

merce  des  débouchés  dans  toutes  les  directions.  Des  places,  des 
promenades  publiques  ont  été  créées;  le  réseau,  insuffisant  du 
reste,  de  nos  aqueducs  et  de  nos  égouts,  a  élé  Tobjet  de  répara- 
tions; des  mesures  d*assainissement  ont  été  prises.  On  a  jeté  à 
bas  les  remparts  et  les  tours  qui  étreignaient  les  quartiers  inté- 
rieurs de  rancien  Château  dans  une  ceinture  de  granit;  et  pour  la 
première  fois  depuis  bien  des  siècles,  Tair  et  la  lumière  pénètrent 
dans  ces  rues  étroites,  entre  ces  hautes  maisons  où  nos  aïeux  vécu- 
rent, courbés  avec  résignation  sur  le  travail  de  chaque  jour,  mais 
sachant  élever  leur  âme  avec  leurs  yeux  vers  le  ciel  pour  y  cher- 
cher le  réconfort  et  Tespérance. 

Nous  voici  parvenus  au  seuil  de  Tépoque  révolutionnaire.  Le 
chemin  que  nous  avons  parcouru  ensemble  est  assez  long  et  je  n*ai 
pas  la  prétention  de  vous  conduire  plus  loin.  On  a  dit,  et  il  est  bien 
vrai,  que  les  dates  de  1789  et  de  4793  marquent  le  début  d'une 
nouvelle  période  historique  et  sont  le  point  de  départ  d'une  orien- 
tation tout  autre  des  esprits.  Néanmoins  la  métamorphose  qui 
s'opère  dans  l'âme  d'un  peuple  comme  celle  qui  se  produit  dans  le 
décor  extérieur  de  sa  vie,  ne  s'accomplit  pas  en  quelques  années. 
La  transformation  matérielle  du  vieux  Limoges  aura  exigé  des 
siècles.  Malgré  des  travaux  de  voirie  et  de  nivellement  considérables, 
malgré  la  démolition  de  deux  quartiers  tout  entiers,  malgré  les 
grands  incendies  du  6  septembre  1790  et  du  15  août  1864,  qui  ont 
chacun  consumé  plus  de  cent  maisons,  malgré  la  reconstruction  de 
beaucoup  d'habitations  particulières  et  l'édilication  de  quelques 
monuments  publics,  cette  transformation  n'est  point  entièrement 
achevée.  Les  changements  dans  les  idées,  les  mœurs  et  les  rapports 
sociaux  n'ont  pas  été  beaucoup  plus  rapides,  et  il  semble  qu'on  ne 
doive  pas  prendre  trop  à  la  lettre  certains  passages  du  livre  si 
intéressant  et  si  précieux  du  reste  de  M.  J.  Juge  dont  je  vous  ai 
déjà  entretenus.  Ce  n'est  qu'au  théâtre  et  dans  les  contes  qu'on 
assiste  à  des  métamorphoses  instantanées.  La  nature  n'a  guère  de 
ces  changements  à  vue.  Comme  les  écarts  du  pendule,  les  mouve- 
ments violents  des  révolutions  sont  toujours  suivis  d'une  réaction 
qui  détruit  au  moins  en  partie  leurs  effets.  Si  la  population  de 
Limoges  se  laissa  entraîner,  au  cours  des  terribles  convulsions  qui 
marquèrent  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  à  de  coupables  excès, 
elle  ne  se  trouva  pas  plus  transformée  le  lendemain  qu'un  homme 
après  un  excès  de  boisson  ou  une  crise  de  fureur.  Quand  les 
esprits  se  furent  calmés  et  que  l'ordre  eût  été  rétabli  sous  la 
garantie  d'un  gouvernement  conscient  de  son  rôle  et  résolu  à 
remplir  ses  devoirs,  tout  le  monde  revint,  non  sans  une  certaine 


COUP  d'cEIL  sur  L'hISTOIRB  DK  la   VILLB   de  LIMOGES  53 

satisfaction,  à  ce  qu'il  est  permis  de  croire,  à  ses  habitudes  d'autre- 
fois. La  bourgeoisie  reprit  son  existence  simple  el  laborieuse;  les 
artisans  retournèrent  à  leurs  usages  et  à  leurs  chères  confréries. 
La  Révolution  qui  croyait  avoir  noyé  dans  le  sang  et  écrasé  sous 
les  ruines  Tancienne  société  française,  n'avait,  en  somme,  porté 
qu'un  nouveau  coup  au  passé,  et  cette  plaie  était  certes  moins  cruelle 
que  la  blessure  du  Protestantisme.  Pour  que  le  changement  pro- 
fond que  nous  constatons  aujourd'hui  dans  les  relations  sociales, 
les  moeurs  et  les  idées  des  habitants  de  notre  ville,  ait  pu  s'opérer, 
il  a  fallu  un  complet  bouleversement  dans  les  conditions  du  travail, 
la  substitution  de  la  manufacture  au  petit  atelier  et  à  la  boutique, 
l'abandon  du  foyer  par  la  mère  de  famille  transformée  en  ouvrière; 
il  a  fallu  les  secousses  nouvelles  de  trois  révolutions,  la  diffusion 
de  la  presse,  les  progrès  de  l'alcoolisme,  le  débordement  du  luxe 
et  de  l'individualisme,  Tavènement  du  suffrage  universel  :  le  vieil 
édifice  s'écroule  enfin  sous  les  coups  répétés  qui  ébranlent  et 
désagrègent  ses  murailles. 

L'histoire  dont  je  viens  de  vous  tracer  le  résumé,  vous  ne  la  trouve- 
rez. Messieurs,  écrite  en  entierdansaucunlivre.Mainte  page  manque 
à  nos  annales  ;  mainte  autre  qu'on  avait  pu  croire  exacte  et  définitive, 
est  à  modifier  ou  même  à  refaire  complètement.  Le  travail  de  véri- 
Gcation  et  de  recherches  auquel  il  faut  se  livrer  pour  connaître 
avec  quelque  sûreté  le  passé  de  notre  ville  est  loin  d'être  achevé  ; 
mais  il  se  poursuit  avec  persévérance  ;  il  avance  grâce  au  zèle 
studieux  de  quelques  entants  de  notre  pays  et  à  leur  ardent  amour 
pour  le  sol  natal.  Plus  d'une  existence  s'est  déjà  usée  à  cette  œuvre 
utile  et  modeste.  Il  est  juste  de  garder  la  mémoire  de  ceux  qui  s'y 
vouèrent  et  de  l'honorer.  Aussi  quand  on  prononcera  devant  vous 
les  noms  de  Nadaud  et  de  Legros,  de  l'abbé  Texier  et  des  frères  de 
Verneilh,  du  chanoine  Arbellot  et  de  Maurice  Ardant,  d'Achille 
Leymarje  et  de  Pierre  Laforest,  d'Emile  Ruben  et  de  Louis  Bour- 
dery,  ne  haussez  pas  les  épaules  en  murmurant  dédaigneusement  : 
«  Antiquaires  I  »  Saluez  avec  sympathie,  avec  respect,  la  mémoire 
de  ces  savants  et  de  ces  patriotes  :  ils  ont  droit  à  la  pieuse  gratitude 
de  tous  leurs  concitoyens  ;  c'est  à  eux  que  nous  devons  de  mieux 
connaître  l'histoire  de  la  petite  patrie  et,  vous  le  savez,  mes  chers 
amis,  mieux  on  connaît  son  pays,  mieux  on  sent  les  liens  sacrés 
qui  nous  y  attachent  et  plus  on  Taime. 

Louis  GcilBERT. 


T.  LU 


A  PROPOS  D'CN  PAN  DE  MUR 


LE   REMPART   DU    CHATEAU 


de  Limoges 


Limites  de  Venceinle  du  Château  de  Limoges.  —  La  muraille  de  la  Tour 
Branlant  à  la  porte  Montm^iller.  —  La  portion  du  rempart  encore  debout. 
—  Par  qui  et  comment  était  défendue  la  muraille.  —  Conclusion, 

SaDs  avoir  Tintention  de  rééditer  ce  qui  a  été  dit  ailleurs  sur  les 
enceintes  de  la  Cité  et  du  Château  de  Limoges  (i),  le  dégagement 
d'une  partie  du  rempart  du  Château,  à  la  suite  de  la  démolition  du 
quartier  Viraclaud,  nous  fournit  l'occasion  de  dire  un  mot  à  ce 
sujet. 

On  sait  que  la  deuxième  enceinte  du  Château  de  Limoges  fut 
construite  au  commencement  du  xni«  siècle  et  qu'elle  suivait  à  peu 
près  le  contour  des  boulevards  actuels,  ce  que  Ton  appelle  le  «  tour 
de  ville  ». 

Le  quartier  Viraclaud,  qui  vient  de  disparaître,  était  protégé,  par 
la  portion  de  la  muraille  partant  de  la  tour  Branlant  (à  la  hauteur 
de  la  rue  du  Général-Cérez  actuelle)  jusqu*à  la  porte  Montmailler 
(au  sommet  de  la  rue  des  Combes). 

D*après  les  Annales  manuscrites  (3),  les  consuls  des  années  1416 
à  1418  firent  continuer  la  construction  de  cette  partie  de  l'enceinte. 
Cette  mention  laisse  supposer  que  la  muraille  du  xiip  siècle,  proba- 
blement construite  à  la  hâte  et  avec  de  mauvais  matériaux,  avait 
besoin  d'une  réfection  complète. 

En  1542,  on  reconstruisait  les  parements  des  fossés  dans  cette 
partie  (3). 

(1)  Paul  DucouRTiBUX,  Limoges  d'ap'^ès  aes  oncieM  plans.  (Limoges^ 
V«  Ducounieux,  1884,  in-8«). 

(2)  Annales  manuscriteê  de  Limoges,  publiées  par  E.  Ruben,  F.  Achard 
et  P.  Dacourtieux.  (Limoges,  Y"  Ducourtieux,  1873,  ia-tt»),  p.  Î91. 

(3)  Registres  consulaires  de  Limoges,  publiés  par  E.  Ruben  et  L.  Gui* 
ben.  (Limoges,  Ghapoulaud  el  Ducounieux,  «867-1898,  6  vol.  in-8»).  T.  I, 
p.  337. 


LI  BEHPÂB1  DU  CHATUU  DB  UHOGES  5S 

En  faisant  le  tour  de  celte  portion  du  rempart  et  en  partant  de  la 
tour  Branlant  on  rencontrait  d'abord,  à  l'angle  formé  aujourd'hui 
par  la  rencontre  des  boulevards  Carnet  et  Montmailler,  une  sorte  de 
redan  très  accusé,  que  nous  avions  pris  tout  d'abord  pour  une  tour. 
Surla  bulle  en  arrière 
se  trouvait  autrelois 
un  moulin  à  vent  qui 
avait  donné  son  nom 
aux  rues  adjace-nies, 
comme  l'a  établi  M. 
Louis  Guibert  dans  sa 
notice  sur  te  Quartier 
Viraclaud  (i). 

En  remonlanl  un 
peu  plus,  on  rencon- 
trait la  tour  Beaupuy 
(derrière  le  n*  H  du 
boulevard  Monlmail- 
ler),  à  laquelle  abou- 
tissait la  ruelle  de  ce 
nom,  et  sur  laquelle 
s'appuyail  la  maison 
Thouvenet,  apparte- 
nant précédemment  à 
M.  'Tixier-Lachassa- 
gne.  Les  propriétaires 

de  la  maison  avaient  transforma  en  cave  le  rez-de-cliaussée  de 
celle  lour,  qui  avait  4  mètres  de  diamètre.  Puis  la  muraille  allait 
se  souder  à  la  porte  Montmailler,  la  plus  ancienne  porte  de  la 
deuxième  enceinte,  qui  fermait  le  quartier  des  Combes,  relevant 
d'une  juridiction  particulière,  la  prévôté  des  Combes. 


D'après  ce  que  les  démolitions  permettent  de  voir,  le  mur 
d'enceinte  avait  une  hauteur  de  12  mètres  (son  faile  atleigaait  le 
troisième  étage  des  maisons).  11  avait  trois  mètres  d'épaisseur  à  la 
base  el  deux  et  demi  au-dessus  des  arches.  La  largeur  du  faite 
s'augmentait  de  l'encorbellement  des  mâchicoulis  qui  supportait  les 
créneaux,  soit  3",30. 


(I)  Louis  GuiBiBT,  Le  Quartier  Viraclaud.  (Limoges,  PerreUe,  1897, 
iti-(8.} 


56  SOCIÈtA  ARCHÉOLOOlQTJB  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Ces  mesures  concordent  avec  celles  données  au  xvii*  siècle  Tabbé 
Jean  Cluzeau  (i),  prêtre  communallste  de  Saint-Michel-des-Lions, 
ingénieur  et  architecte.  C*est  à  ce  prêtre  que  Ton  doit  le  premier 
relevé  de  l'Amphithéâtre  (1713),  le  sujet  de  piété  qui  surmontait 
la  croix  de  l'Andeix  de  Manigne  (2)  et  des  travaux  d'une  certaine 
importance.  Ses  connaissances  lui  valurent  d'être  souvent  appelé 
comme  expert  par  les  consuls.  • 

Dans  son  expertise,  à  la  suite  de  la  chute  du  rempart  de  la  ville 
entre  la  porte  Boucherie  et  la  tour  de  Vielle-Monnaie»  en  1718,  on 
lit  ce  qui  suit  :  «  ...  Le  mur  était  de  six  pieds  d'épaisseur  jusqu'au- 
dessus  des  clefs  des  arches  qui  portaient  ledit  mur;  son  épaisseur, 
du  rez-de-chaussce  de  Vescharpe  jusqu'à  la  hauteur  des  créneaux, 
était  de  cinq  pieds,  et  de  sept  pieds  à  la  tête  pour  soutenir  le  mur 
du  parapet  servant  de  défense  à  l'esplanade  dudit  mur.  Le  mur  était 
soutenu  par  des  pilastres  de  dix  pieds  de  face  sur  six  d'épaisseur 
servant  de  laz  de  décharge  aux  arches  de  trente  six  pieds  et  demye 
chacune,  dont  le  demi-diamètre  étoit  de  dix-huit  pieds  et  trois 
pouces,  surbaissés  sur  les  dix-huit  pieds  d'environ  d'un  quart  d'un 
demi-diamètre,  qui  sont  quatre  pieds  et  demi;  ce  qui  faisait  que 
lesdites  arches  n'ayant  pas  assez  de  coupe  et  n'étant  pas  soutenues 
par  un  terrain  solide  et  rocher  vif,  les  clefs  desdites  voûtes  ont 
manqué,  ce  qui  a  causé  en  partie  la  précipitation  de  cette  ruine  (3). 
Le  dit  mur  servant  de  clôture  à  la  ville  portait  dans  la  partie  inté- 
rieure un  terrain  d'une  hauteur  d'environ  seize  pieds  (4),  lequel 
terrain  de  la  largeur  de  huit  à  dix,  servait  de  communication  aux 
maisons  qui  confrontaient  audit  mur  (8),  pavé  seulement  de  la  lar- 
geur de  six  pieds  pour  servir  d'écoulement  aux  eaux  pluviales  des 
toits  de  toute  l'étendue  de  la  rue;  lesquelles  dites  eaux  ne  s'écou- 
laient pas  tellement  par  le  penchant  du  côté  de  la  tour  de  Bouche- 
rie et  du  côté  du  quartier  du  Canard,  qu'elles  ne  se  filtrassent  dans 
le  terrain  qui  était  entre  le  mur  et  le  pavé,  lequel  terrain  n'était  pas 
tuf  bâtard,  ce  qui  ne  laissait  pas  de  l'emmolir  beaucoup  et  ce  qui 
n'a  pas  peu  contribué  à  celte  chute...  »  (6). 

(4)  Sur  Tabbé  Cluzeau,  voy.  Registres  consulaires^  IV,  «33,  266,  4î8, 
4  47. 

(5)  La  reproduclion  de  la  croix  de  TAndeix  de  Manigne  se  trouve  dans 
les  Annales  manuscrites,  et  dansTripon,  Historique  monumental, 

(3)  On  peut  constater  la  disposition  de  ces  arches  sur  les  murs  des  ter* 
rasses  du  boulevard  Gambetla,  auprès  de  l'endroit  où  débouche  la  rue 
Vigne-de-Fer. 

(i)  C'est-à-dire  avait  à  supporter  un  terrain  encontre  haut  de  seize  pieds. 

(5)  Il  s*agit  de  Tancien  chemin  de  ronde. 

(6)  Registres  consulaires,  IV,  266. 


LB  BBMPAET  DU   CHATBAU  DE  LIMOGBS  57 


V 
»     * 


L'extrait  qui  précède  donne  la  raison  des  fréquentes  dégrada- 
tions du  mur  d'enceinte.  Les  Registres  consulaires  nous  font  assister 
aux  brèches  qui  se  produisaient  à  chaque  instant,  si  bien  qu'ils  ne 
se  passait  pas  une  année  où  les  consuls  n'eussent  à  faire  face  aux 
réparations  de  tel  on  tel  point  de  la  muraille,  réparations  qu'il  fal- 
lait exécuter  aussitôt  dans  la  crainte  que  la  brèche  ne  s'agrandisse. 

C'est  que,  comme  le  disait  l'abbé  Cluzeau,  le  terrain  sur  lequel 
était  construit  le  mur  n'était  pas  solide,  les  arches  avaient  (rop  de 
portée,  la  charge  des  terres  à  l'intérieur  était  trop  grande,  et  comme 
les  eaux  qui  tombaient  dans  le  chemin  de  ronde  ne  trouvaient  pas 
leur  écoulement,  il  se  produisait  des  infiltrations  qui  amenaient  peu 
à  peu  la  chute  des  murailles. 

L'impôt  du  .wMcAef(l),  établi  vers  1260  spécialement  pour  subve- 
nir aux  réparations  de  l'enceinte,  et  dont  personne  n'était  exempt, 
élait  insuffisant  pour  parer  aux  dépenses  de  ces  réparations.  Les 
consuls  endettaient  la  commune  et  souvent  payaient  de  leurs 
deniers. 

La  découverte  des  armes  à  feu  obligea  les  villes  à  changer  leur 
système  de  défense.  Les  murs,  les  tours  et  les  porles  durent  être 
disposées  pour  recevoir  l'artillerie,  les  archères  des  chemins  de 
ronde  furent  remplacées  par  des  canonnières. 

A  Limoges,  ces  transformations  eurent  lieu  assez  tard,  vers  le 
milieu  du  xvi«  siècle  (2).  Elles  se  bornèrent  au  stricte  nécessaire  en 
raison  des  faibles  ressources  dont  disposait  la  commune. 
,  On  construisit  cependant  les  forts  Saint-Martin  et  Saint-Martial 
*  pour  pouvoir  placer  sur  Ipur  terrasse,  au  niveau  du  chemin  de 
ronde,  une  dizaine  de  pièces  d'artillerie. 

Comme  l'a  très  bien  dit  VioUet  le  Duc  (3),  «  les  villes  tenaient  à 
leurs  vieux  murs  et  ne  pouvaient  s'habituer  à  les  regarder  comme 
des  obstacles  à  peu  près  nuls.  Si  la  nécessité  exigeait  qu'on  les 
modifiât,  c'était  presque  toujours  par  des  ouvrages  qui  avaient  un 
caractère  provisoire.  Telle  était  la  force  des  traditions  féodales 
qu'on  ne  pouvait  rompre  brusquement  avec  elles  et  qu'on  les 


(1)  On  retrouve  l'impôt  du  souchel  dans  les  privilèges  du  Châieau  de 
Limoges,  privilèges  accordés  par  Henri  111  d'Angleterre  et  confirmés  plus 
tard  par  Edouard  111  et  Charles  V. 

(2;  Registres  consulaires,  I,  363,  el  11,  137. 

(3)  VioLLiT-Lis-Duc,  Dict,  rais,  de  Varchitecture  française  du  xi*  au 
xyi*  siècle,  443  el  446. 


58  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

conliDuait  encore  malgré  Texpérience  des  inconvénients  attachés  à 
la  fortification  du  moyen  âge  en  face  de  Tartillerie  à  feu.  C'est  ainsi 
qu'on  voit  longtemps  encore,  et  jusque  pendant  le  xvi«  siècle,  les 
mâchicoulis  employés  concurremment  avec  les  batteries  couvertes, 
bien  que  les  mâchicoulis  ne  fussent  plus  que  d'une  défense  nulle 
devant  du  canon  ». 


L'enceinte  de  Limoges,  au  moment  où  l'intendant  de  Tourny  en 
fit  commencer  la  démolition,  présentait  un  aspect  lamentable. 

Les  portes,  les  tours  et  la  muraille  elle-même,  par  la  diversité  de 
leur  construction,  témoignaient  des  nombreux  remaniements  qu'ils 
avaient  subi.  Tout  cela  menaçait  ruine  et  n'attendait  pas  la  pioche 
des  démolisseurs  pour  s'écrouler. 

Les  propriétaires  des  maisons  sur  le  pourtour  de  l'enceinte 
s'étaient  emparé  sur  plusieurs  points  de  la  partie  du  chemin  de 
ronde  (1),  du  rempart  ou  des  fossés  qui  se  trouvait  devant  leur  mai- 
son. Il  fallut  des  ordonnances  royales  pour  mettre  fin  à  ces  empié- 
tements (2). 


* 
*   « 


La  gravure  qui  accompagne  cette  notice  représente  le  pan  de 
muraille  encore  debout  vu  du  sommet  de  la  rue  des  Combes,  ,du 
côté  intérieur  par  conséquent. 

On  remarque  tout  d'abord  les  grandes  arcades  ogivales  qui  sou- 
tenaient le  mur,  dont  le  garnissage  a  été  enlevé  par  les  derniers 
propriétaires,  et  qui  présentent  des  trous  béants.  Puis  l'appareil  de 
la  construction,  appareil  très  irrégulier  formé  de  moellons  de 
toutes  formes  et  de  toutes  grosseurs.  Le  genre  et  la  diversité  des 
matériaux  sufSsent  à  démontrer  que  les  consuls,  souvent  pris  au 
dépourvu,  ne  s'arrêtaient  pas  au  choix  de  ces  matériaux  et  visaient 
plus  à  la  solidité  du  mur  qu'à  son  aspect  monumental. 

Les  traces  des  maisons  qui  s'appuyaient  sur  la  muraille,  aussi 
bien  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  couvrent  le  mur.  Les  maisons  du 
côté  intérieur  bordaient  l'ancienne  rue  Vaulry,  celles  de  l'extérieur 
étaient  en  façade  sur  le  boulevard  Montmailler. 

Sur  la  gauche  de  la  gravure,  on  remarque  Tune  des  canonnières 


(\)  Le  chemin  de  ronde  faisait  le  tour  des  remparts  à  rîntérieur.  C'est 
daos  ce  chemin  que  l'on  plaçait  des  échelles,  de  dix  en  dix  brasses,  pour 
monter  sur  le  rempart.  (Registreê  consulaires^  U,  938). 

(9)  P.  DucouRTiBux,  Limoges  d'après  ses  anciens  plans,  p.  137  et  198. 


qui  avaieni  remplacé  les  archères  en  1577  (1).  Elle  est  en  très  bon 
clat  et  se  présenle  avec  son  banc  de  repos  et  son  embrasure.  GeiLe 
canonnière  indique  bien  le  niveau  dn  chemin  de  ronde  qui,  dans 
celle  partie  du  mur,  correspondait  à  peu  près  au  sommet  des 
grandes  arches. 

Cette  portion  du  rempart  a  fait  l'objet  de  charmantes  peintures 
ou  aquarelles,  nous  leur  avons  préféré  une  photographie  directe 
qui  a  plus  de  valeur  documentaire  (2). 

Du  cAté  extérieur,  le  sommei  du  rempart  a  conservé  quelques 
consoles  des  mâchicoulis.  L'encorbellement  de  ces  mâchicoulis  et 
les  créneaux  qui  les  surmontaient  n'existent  plus.  Nous  donnons 
ci-dessous  deux  dessins  qui  montrent  les  consoles  dans  l'état 
actuel,  et  d'antre  part  les  mâchicoulis  avec  leur  encorbellement 
et  le  créneau. 


Machicsnlii  rccoi 


Les  consoles  sont  formées  de  quatre  blocs  de  granit,  placés  en 
retrait  les  uns  au-dessous  des  autres,  les  trois  inférieurs  taillés  en 
dés,  dont  l'arrête  saillante  est  légèrement  arrondie,  le  bloc  supé- 
rieur de  forme  triangulaire  pour  recevoir  la  voûte  en  encorbelle- 
ment masquant  les  trous  par  lesquels  on  lançait  les  projectiles. 


(l)  a  Nous  avons  fait  réparer  les  muretles  gardiennes,  vulgairement  appe- 
>  lées  machicolis,  y  celles  reformant,;  taisant  faire  des  canonnières  de  dix 
»  en  dix  brasses,  avec  des  feneilrcs  a  repos  visant  dans  les  fossés.  «  (flegia- 
tret  coMulairei,  11,  137). 

(S)  La  pbotograpliie  est  de  M.  Faissal,  que  nous  remereiooâ  ici  d'avoir 
bien  voulu  nous  auioriser  à  la  reproduire. 


60  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  KT  HISTOEIQUE  DU  LIMOUSIN 


* 
«  * 


En  ce  qui  concerne  la  garde  des  murailles  nous  empruntons  à 
M.  Louis  Guibert  un  passage  de  son  mémoire  sur  les  Communes  en 
Limousin  (1). 

((  Tous  les  habitants  en  âge  de  porter  les  armes  sont  astreints 
au  guet  et  à  la  milice.  Dans  le  château  de  Limoges,  au  xni»  siècle, 
le  service  du  guet  est  fait  chaque  jour  par  plusieurs  des  trente- 
trois  corporations  de  la  ville,  suivant  un  tableau  de  roulement 
arrêté  par  le  Consulat.  Les  troupes  de  la  commune  sont  divisées 
en  compagnies  dont  les  circonscriptions  ne  coïncident  pas  au 
xvi*  siècle  avec  les  sections  politiques.  Le  capitaine  qui  commande 
en  chef  cette  milice  est  nommé  et  révoqué  au  temps  de  Saint  Louis 
par  les  magistrats  municipaux.  On  constate  plus  tard  qu'il  en  est 
de  même  des  officiers  des  compagnies  (2).  » 

Le  guet  n'était  pas  seulement  employé  à  la  garde  de  la  ville,  il 
était  chargé,  dans  certaines  occasions,  d'exercer  sa  surveillance 
contre  les  malfaiteurs  aussi  bien  de  la  ville  que  de  la  banlieue.  En 
1834,  il  fut  chargé  de  veiller  sur  les  vignes. 

Parfois  aussi,  lorsque  les  circonstances  l'exigeaient,  la  commune 
désignait,  pour  un  temps,  un  certain  nombre  de  personnes  «  sti- 
pendiées »,  qui  étaient  chargées  de  veiller  de  jour  et  de  nuit  aux 
portes  et  sur  les  remparts  (3).  C'est  ce  qui  arriva  pendant  les 
guerre  de  religion  de  1560  à  1581. 

Mais  la  milice  ne  se  prêtait  guère  à  ces  fonctions  de  police.  Dans 
les  Registres  consulaires  {Y ,  91),  M.  Guibert  dit  en  note  qu'en  1756 
la  milice  ne  se  réunissait  guère  que  pour  accompagner  les  auto- 
rités dans  les  cérémonies  publiques  et  que  c'est  avec  une  certaine 
répugnance  qu'elle  s'astreignit,  sur  Tordre  des  consuls,  à  garder 
les  prisons,  à  la  suite  du  départ  d'un  régiment  de  cavalerie. 

Enfin,  en  1775,  fut  mis  à  exécution  le  projet  élaboré  par  Turgot, 
d'établir  à  Limoges  une  compagnie  du  guet,  qui  fut  spécialement 
chargée  de  veiller  à  la  sûreté  publique. 


(1)  Louis  Guibert.  Les  communes  en  Lùnouain  du  douzième  au  quin- 
zième nècle  (Paris,  Société  d'économie  sociale,  1891,  in*8.  —  Extrait  de 
la  Réforme  sociale)^  p.  19. 

(2)  Voy.  sur  la  milice  el  sur  le  guet  :  Annales  manuscritee,  p.  295,  353; 
—  Limousin  historique,  p.  406  et  ss;  —  Registres  consulaires^  1)210,  928, 
943,  384;  —  Archioes  historiques,  Vil,  136,  993;  Vlll,  81,  383. 

(3)  Registres  consulairess  H,  903,  205,  358,  449. 
(4)i«d..'.V,91. 


Ë  i. 

il 


Ltt  IBMPAKT  DU  CHATBAU  DE  LIHOOBS  61 


« 


Pour  défendre  une  ville  dont  Tenceinte  avait  i  ,800  mètres  de 
tour  environ,  il  fallait  un  grand  nombre  de  pièces  d'artillerie.  On 
sait  que  pour  en  augmenter  le  nombre,  les  consuls  avaient  décidé 
en  1535  que  le  banquet  offert  à  leurs  collègues  par  les  nouveaux 
élus  serait  remplacé  par  le  don  à  la  ville  de  pièces  d'atillerie  (1). 
Grâce  à  cette  mesure,  Tarsenal  de  la  commune  s'augmentait  d'an- 
née en  année. 

Le  moment  où  cet  arsenal  était  le  mieux  garni  nous  parait  cor- 
respondre à  Tannée  1575  (2).  Il  y  avait  à  cette  époque  dans  les 
tours  des  quatre  portes  du  Château  85  pièces  d'artillerie,  assorties 
de  chevalets,  boulets,  et  des  barils  de  poudre  chez  plusieurs  nota- 
bles bourgeois. 

«  La  commune  prêtaient  ses  canons  au  roi  pour  réduire  les  forte- 
resses de  la  contrée  où  tenaient  encore  des  garnisons  anglaises. 
Une  de  ses  pièces,  la  célèbre  Marsale^  avait  sa  légende  et  était 
considérée  par  les  troupes  de  la  ville  comme  une  sorte  de  palla- 
dium (3).  »  Ce  fameux  canon,  plus  un  autre  aussi  gros,  furent 
prêtés  au  roi  Louis  XIII,  en  1628,  lors  du  siège  de  La  Rochelle, 
mais  ils  ne  furent  pas  rendus. 

En  1716,  les  choses  avaient  bien  changé,  la  commune  ne  possé- 
dait qu'un  seul  petit  canon  de  fonte  et  quelques  petits  fauconneaux 
crevés  et  hors  de  service  (4). 

S'il  faut  en  croire  les  Registres  consulaires,  nos  pères  goûtaient 
fort  le  bruit  de  la  canonnade  et  l'odeur  de  la  poudre.  Lorsque 
l'occasion  d'une  entrée  princière  ou  d'une  réjouissance  publique 
se  présentait,  ils  ne  manquaient  pas  de  s'étourdir  à  (|ui  mieux 
mieux  et  de  s'abreuver  de  fumée.  Les  personnages  qu'ils  croyaient 
honorer  trouvaient  parfois  ce  bruit  assourdissant  et  intempestif,  et 
les  priait  de  faire  cesser  ces  pièces  d'artillerie  «qui  sonnaient  si 
merveilleusement  et  qu'il  faisait  si  bon  oyr  (5)  ». 


(1)  Registres  consulairesj  I,  256. 

(9)  Ibid,,  il,  4i0. 

(3)  Louis  GuiBKRT.  Le»  communes  du  Limousin,  p.  33.  Registres  consu- 
laires, I,  318  ;  11,  461  à  467.  Annales  manuscrites,  310,  356,  370,  380. 

(i)  Registres  consulaires,  IV,  250.  On  fit  fondre  les  petits  fauconneaux 
pour  avoir  cinq  canons,  pesant  ensemble  huit  quintaux  sept  livres,  sur  les- 
quels furent  empreintes  les  armes  de  la  ville  et  de  M*  d'Orsay. 

(5)  Ibid.,  1, 303, 


62  SOCliTÉ  ARCBÂOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


Si  nos  ancélres  se  décidaient  avec  tant  de  peine  à  transformer 
leurs  vieilles  murailles  suivant  les  exigences  de  la  défense,  quels 
sentiments  de  tristesse  n'auraient-ils  pas  éprouvés  en  les  voyant 
démolir?  On  sait  que  la  plus  grande  punition  que  le  roi  ait  cru 
devoir  infliger  à  la  ville,  lors  des  troubles  au  sujet  de  la  gabelle, 
en  1548  (1),  fut  d*ordonner  qu'une  brèche  serait  faite  dans  ses 
murailles. 

C'est  que  ces  murs  protégeaient  leurs  foyers,  et  qu'avant  d'être 
Français,  ils  étaient  citoyens  de  Limoges  et  comme  tels  ses  dé- 
fenseurs. 

Ces  murailles  n'étaient-elles  pas  témoins  de  la  vigilance  de  ceux 
qui  en  i426  avaient  déjoué  l'entreprise  de  Jean  de  Laigle,  des 
alertes  causées  par  le  passage  de  la  bande  des  Mille  diables  en 
1523,  par  celle  des  Gascons  en  1544,  des  mesures  prises  contre 
les  réformés  de  1560  à  1580,  de  la  tentative  de  coup  de  main  de 
Princay  et  du  Bouchet,  prélude  des  combats  que  les  gens  du  roi 
eurent  à  soutenir  contre  les  Ligueurs  en  1589. 

Les  Limougeauds  du  xvu*  siècle  n'avaient  peut-être  pas  ces  faits 
historiques  présents  à  la  mémoire;  mais  ce  qu'ils  savaient  bien 
c'est  que  leurs  pères  avaient  veillé  bien  des  fois  sur  ces  rem- 
parts (2)  et  qu'ils  étaient  toujours  prêts  à  donner  leur  vie  pour 
leur  défense.  C'est  pour  cette  raison  qu'ils  tenaient  tant  à  leurs 
vieux  murs. 

A  la  suite  du  développement  du  pouvoir  central,  les  gens  du 
roi  finirent  par  accaparer  toutes  les  fonctions  administratives  exer- 
cées autrefois  par  les  bourgeois  et  marchands.  La  conséquence  fut 
l'affaiblissement  de  l'esprit  municipal,  des  traditions  de  patrio- 
tisme local  et  de  dévouement  à  la  chose  publique  parmi  la  popu- 
lation de  Limoges.  M.  Guibert  (3)  constate  qu'en  1768,  le  maire 
décida,  sans  soulever  de  protestation,  la  suppression  de  la  pro- 


(1)  Registres  consulaires^  I,  4S8. 

{f')  Registres  consulaires,  11,  449  et  ss,  478.  i  El  fust  arresté  que  lors- 
quoQ  entendroict  quelques  nouveaux  advertissemens  deux  de  aous  (consuls) 
coucheroient  sur  la  muraille  assavoyr  lung  jusques  a  minuit  et  Taullre 
depuis  la  minuit  jusques  au  jour.  »  (1580). 

»  Ce  qui  fust  faict  et  arreste  que  chacun  scavoir  un  de  nous  à  rang  cou- 
cheroil  dans  la  tour  de  l'Arreiae,  pour  d*illec  observer  les  rondes  qui  se 
faisoient...  »  (1681). 

(3)  Ibid.y  V,  dSQ. 


LE   REMPART  DU  CHATEAU   DE  LIMOGES  63 

cession  qui  se  faisait  chaque  année,  sans  interruption,  depuis  trois 
cent  quarante-un  ans,  pour  perpétuer  le  souvenir  de  la  découverte 
du  complot  du  consul  Gautier  Pradeau,  qui  voulait  livrer  la  ville 
au  vicomte  de  Limoges. 

C'est  avec  indifférence  que  la  population  de  Limoges  vit  démolir 
ses  murailles  au  xvni*  siècle. 

Au  XX'  siècle,  lorsque  par  hasard  on  découvre  un  petit  coin  de 
rancienne  ville,  le  public,  généralement  si  étranger  à  son  histoire, 
se  livre  aux  réflexions  les  plus  invraisemblables.  Quelques  per- 
sonnes, peut-être,  mais  leur  nombre  est  bien  restreint,  se  sou- 
viennent alors  qu'il  existe  une  Société  archéologique  qui  a,  dans 
de  nombreux  Bulletins,  publié  des  études  intéressantes  sur  le  vieux 
Limoges,  ses  usages,  ses  industries  d'art  et  ses  illustrations.  Nous 
souhaitons  que  le  nombre  de  ces  personnes  augmente  et  que 
par  rintérêt  qu  elles  prendront  aux  travaux  de  la  Société,  elles  les 
encouragent  et  contribuent  ainsi  à  la  gloire  de  notre  province. 

Paul  DUCOURTIEUX. 


MARQUISAT    D'AUBEPEYRE 


CHAPITRE  I" 


LES    ORIGINES 


Aubepeyre  [Alba  yetra^  1476),  hameau  de  la  commune  de  Sainl- 
Yrieix-laMontagne,  canton  de  Fellelin, arrondissement  d'Aubusson 
(Creuse),  était,  dès  le  xiv  siècle,  le  siège  d'une  seigneurie,  qualifiée 
plus  tard  comté  et  enfin  marquisat,  ayant  justice  haute,  moyenne 
et  basse,  et  mouvante,  tenue  à  foi  et  hommage  de  noble  et  puissant 
seigneur  le  baron  de  la  Borne,  qui,  lui-môme,  relevait  du  comte  de 
la  Marche. 

Ce  fief  se  trouvait  sur  les  limites  de  la  Haute-Marche  et  de  l'élec- 
tion de  Bourganeuf,  province  de  Poitou.  La  limite  entre  les  deux 
provinces  traversait  même  Tancien  chàleaii  d'Aubepeyre,  dont  la 
plus  grande  partie,  où  se  trouvait  la  cuisine,  était  en  Marche. 

Comme  la  paroisse  de  Saint- Yrieix  était  le  principal  noyau  de 
cette  seigneurie,  il  est  nécessaire  de  donner  quelques  renseigne- 
Oients  sur  cette  paroisse. 


LE  MARQUISAT  D*AUBBPBT1B  65 


CHAPITRE  II 

U  PAROISSE  D£  SAINT-YRIEIX 

§  1".  —  Le  bourQy  Véglise  et  la  cure. 

Le  bourg  de  Saiot-Yrieix,  désigné  avant  la  Révolulion  sous  le 
nom  de  Saint-Yrieix,  près  Vallière,  aujourd'hui  sous  celui  de  Saint- 
Yrieix-la-Montagne,  compte  trente-sept  maisons.  Il  est  à  seize  kilo- 
mètres de  Felletin  et  à  dix-neuf  kilomètres  d'Aubusson. 

L*église  est  sous  le  vocable  de  Saint-Yrieix. 

La  paroisse  de  Saint-Yrieix  était  dans  Tarchiprétré  d'Aubusson, 
ofBcialité  de  Ghénérailles.  En  1770,  on  lui  donnait  comme  étendue 
un  diamètre  de  trois  quarts  de  lieue;  on  y  comptait  six  cent  cin- 
quante communiants. 

La  cure  était  une  cure  séculière,  sous  le  patronage  de  Tévéque 
de  Limoges. 

En  1770,  le  curé  payait  deux  cent  quarante-six  livres  de  décimes 
sur  les  revenus  de  sa  cure;  en  était  visiteur  son  propre  curé 
Bandy  (1). 

§  2.  —  Villages^  collectes,  seigneuries ,  ressort  judiciaire, 

La  paroisse  de  Saint-Yrieix  comprenait  vingt-huit  aggloméra- 
tions, villages  ou  hameaux  :  Ars,  Aubepeyre,  Bessas,  Le  Brudieu, 
Cherfeuil,  Le  Cloap-Vallereix,  Giboalioux,  Lorthomas,  Madéry, 
Magnat,  Le  Marcelleix,  Le  Meysounioux,  Le  Mont,  Le  Montruc,  le 
moulin  des  Isles,  le  moulin  du  Roudet,  le  moulin  de  Sarepte,  Pey- 
langes,  Puy-Bessas,  La  Rocherolle,  Saint-Yrieix,  Serre,  Le  Theil- 
Bas,  Le  Theil-Haut,  Le  Treidars,  La  Valette,  Le  Verdinaud,  Vernon. 
Le  Montruc  et  Le  Treidars  ont  disparu. 

Cette  paroisse  était  partie  en  Poitou,  partie  en  Marche.  En  1788, 
elle  comptait  cent  soixante  feux,  dont  quatre-vingt-huit  en  Poitou 
et  soixante-douze  en  Marche.  Faisaient  partie  de  la  collecte  de  Saint- 
Yrieix,  élection  de  Bourganeuf,  en  Poitou,  généralité  de  Limoges  : 
Bessas  (en  partie),  Le  Brudieu,  Le  Cioup-Vallereix,  Lorthomas  (en 
partie),  Madéry,  Magnat,  Le  Montruc,  le  moulin  des  Isles,  le  moulin 

(I)  PouUlé  du  diocèse  de  Limoges ,  publié  par  l'abbé  A.  Lecler. 


66  SOGiAtA  ARCHiOLOGIQUI  BT  BI8T0R1QUB  BU  LIMOUSIN 

du  Roadet,  le  moulin  de  Sarepte,  Peylanges  (en  partie),  La  Roche- 
rolle,  le  bourg  de  Saint- Yrieix,  Le  Theil-Haut,  Le  Treidars,  La 
Valelle  (en  partie),  Le  Verdinaud,  Vernon.  Faisaient  partie  de  la 
collecte  de  Saint-Yrieix,  élection  de  Guéret,  en  Marche,  généralité 
de  Moulins  :  Ârs,  Aubepeyre,  Bessas  (en  partie),  Cherfeuil,  Gibou- 
lioux,  Lorthomas  (en  partie),  Le  Marcelleix,  Le  Meysounioux,  Le 
Mont,  Peylanges  (en  partie),  Puy-Bessas,  Serre,  Le  Theil-Bas,  La 
Valette  (en  partie).  En  17Sâ,  le  rôle  de  cette  collecte  n'indique  que 
deux  exempts  :  le  s'  curé  et  le  s'  marquis  d* Aubepeyre  (1). 

La  paroisse  fut  arpentée  en  1756  ;  la  partie  en  Poitou  contenait 
quatorze  cent  trente-neuf  articles,  la  partie  en  Marche  quatorze 
cent  cinquante-huit  articles. 

Ars  (en  partie),  Bessas  (en  partie),  Le  Brudieu,  Le  Cloup-Valle- 
reix,  Lorthomas  (en  partie),  Madéry,  Le  Montruc,  le  moulin  des 
Isles,  le  moulin  du  Roudet,  le  moulin  de  Sarepte,  Peylanges  (en 
partie),  La  Rocherolle,  le  bourg  de  Saint- Yrieix,  Le  Theil-Haut,  Le 
Treidars,  La  Valette  (en  partie),  Le  Verdinaud,  Vernon  dépendaient, 
en  1789,  de  la  juridiction  du  seigneur  de  Saint-Yrieix. 

Magnat  relevait  de  la  justice  de  la  baronnie  de  la  Villeneuve-au- 
Comte  et  Nedde. 

Aubepeyre,  Bessas  (en  partie).  Le  Meysounioux  (2),  Le  Theil-Bas 
(en  partie)  ressortissaient  à  la  justice  du  marquis  d'Âubepeyre. 

Cherfeuil,  Lorthomas  (héritage  des  Baudy),  Le  Marcelleix  (en 
partie),  Peylanges  (en  partie),  Puy-Bessas,  Serre,  La  Valette  (tène- 
ment  du  Masclau),  relevaient  de  la  justice  du  seigneur  de  la  Ville- 
neuve, près  Vallière. 

Ars  (en  partie),  Gibbulioux,  Le  Marcelleix  (deux  tënemenls),  La 
Valette  (en  partie),  avaient  pour  seigneur  haut  justicier  le  baron 
de  la  Farge. 

Enfin  Le  Mont  dépendait  de  la  châtellenie  d'Aubussoo  (3). 

§  3.  —  Curés  et  vicaires^  notaires,  etc, 

1"  Carés  et  vicaires. 


Cette  paroisse  a  eu  successivement  pour  curés 

Pierre  Benoît  (qui  résigna  en  1514)  ; 
Jean  de  Leygue  (1614-1515)  ; 


(1)  Archives  de  la  Creuse. 

(2)  Peu  de  temps  avant  1789,  ce  village  dépendait  delà  juslioe  duMonteil- 
au-Vicomte. 

(3)  Dès  i687,  Le  Mont,  qui  comptait  alors  trois  feux,  était  chAtellenie 
d'AubussoD. 


LB  MARQUISAT  D'aUBKPBTRV  67 

Vincent  Chaulcebource  (1515)  ; 

Geoffroy  d'Aubusson  (vers  1520); 

Antoine  de  Montaignac  (1531); 

Austregesille  de  La  Soubzmaigne  (1569); 

Jean  Quaybonnet  (décédé  le  3  mars  1630}  ; 

Pierre  Vacherie  (1630-1631); 

Léonard  de  Goutanegues  (1631)  ; 

Pierre  Garraud  (1642)  ; 

Antoine  Lavandier  (1653, 1654)  ; 

François  Chassât  (1670,  f  1676)  (1)  ; 

François  Matheyron  de  La  Chapelle  (1679,  1683)  ; 

Ruyneau  le  jeune  (1696, 1698)  ; 

Pierre  Ruyneau  de  Selonges,  prieur-curé  (1728, 1733)  ; 

Joseph  George,  prieur  (1737)  ; 

Julien  Chassaingt  (1738, 1757); 

René  Bandy,  curé-prieur  (1769, 1783)  ; 

Antoine  Bandy  (1787-1789). 

Les  dîmes  de  la  partie  de  la  paroisse  située  en  Marche  apparte- 
naient pour  les  trois  quarts  au  curé  de  Saint-Yrieix,  pour  l'autre 
quart  au  curé  de  Saiut-Marc-à-Loubaud  (2),  sauf  quelques  exceptions. 
Les  dîmes  de  la  partie  située  en  Poitou  appartenaientau  curé  de  Saint- 
Yrieix,  au  seigneur  de  Larfeuillère  et  au  seigneur  de  Saint-Yrieix. 

Les  fonctions  de  vicaire  furent  successivement  remplies  par  : 
Biaise  Guilhebaud  (mort  en  1633)  ; 
Léonard  Ferrand  (1633)  ; 
Antoine  de  Magniac  (1654)  ; 
Laurent  Matheyron  de  Pétillac  (1681); 
Chassalines(1731); 
Robichon(1741); 
Jean-Julien  de  Rieublanc  (1751)  ; 
Jean-Baptiste  Meillet  de  Sauriat(1756, 1759)  ; 
Jacques  Carbonneau  (1769)  ; 
Roux  (1777); 
Jacques  Carbonneau  (1782)  (3)  ; 

î''  Notaires. 

Lanac,  notaire  royal  (1575)  ; 
L.  Démichel  (1614,  1618). 

(1)  Décédé  le  34  janvier  1676,  à  Felletia,  en  la  maison  de  François  Sallan- 
droaze,el  enseveli  le  lendemain  dans  le  choeur,  en  Téglise  du  château,  a  11  éiail 
homme  savant  el  de  mérite  »,  disent  les  Registres  paroissiaux  de  Felleiin. 

(ij  Archives  de  la  Creuse  C  327,  328. 

(3)  Registres  paroissiaux  de  Saint- Vrieix. 


M  sociiri  ARCHtoLOoiQUi  bt  ■istoriqui  du  limousin 


CHAPITRE  III 


LA  JUSTICE   DU  MARQUISAT  D  AUBEPEYRE 

La  juridiclioQ  du  marquisat  d'Àubepeyre,  en  Marche,  était  une 
justice  seigneuriale  haute,  moyenne  et  basse.  Les  appels  de  cette 
juridiction  ressortissaient  devant  le  sénéchal  de  la  Borne  (1). 

Les  officiers  de  cette  justice  étaient  à  la  nomination  du  seigneur. 
On  y  comptait  un  juge  châtelain,  un  lieutenant  de  la  justice,  un 
procureur  fiscal  ou  d'office,  son  substitut,  un  greffier  et  un  ou  plu 
sieurs  sergents.  Des  procureurs  postulaient  près  cette  juridiction. 
Nous  n'avons  trouvé  aucun  nom  de  notaire  ayant  eu  sa  résidence 
dans  le  ressort. 

Toutes  ces  charges  étaient  vénales;  les  titulaires  en  étaient  pour- 
vus movennant  finances. 

Ressortissaient  à  la  justice  du  marquisat  d'Aubepeyre,  en  1789, 
les  villages  suivants  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix  :  Aubepeyre, 
Bessas  (en  partie).  Le  Meysounioux  et  Le  Theil-Bas. 

On  tenait  les  audiences  tantôt  à  Aubepeyre,  dans  une  chambre 
du  château,  tantôt  au  village  du  Meysounioux. 

En  1739,  information  fut  faite  par  le  juge  d'Aubepeyre  contre 
plusieurs  garçons  du  Meysounioux  qui  avaient  emmené  dans  la 
forêt  du  Meysounioux  les  vaches  du  village  de  Bessas  et  en  avaient 
tué  une.  Dans  Tenquéte,  les  prévenus  disaient  qu'ils  allaient  dans 
la  forêt  à  raffut  des  sangliers  (3). 

Comme  juges  châtelains  d'Aubepeyre  nous  connaissons  : 

Michel  Meaulme,  sieur  de  la  Troudière,  advocat  en  parle- 
ment (1656,  +  1680); 
Jean  Maleden  (1689, 1704). 

Comme  procureurs  fiscaux  : 

Marcheys  (1660,  1661); 

Gabriel  Darfeuilhe,  sieur  de  la  Brousse  (1711)  ; 

Etienne  Leblanc,  notaire  royal  à  Pimpérigeas  (1730)  ; 

Jean  Barben,  habitant  de  Pimpérigeas  (1739, 1743]  ; 

Léonard  Coutisson  de  Grandrieux  (1773)  ; 

Martin  Coutisson  (1774)  ; 

Comme  greffiers  : 

Léonard  Darfeulhe  (1619)  ; 
Léonard  Despagnat (1638) ; 
Gasne  (1732)  ; 
Leblanc  (1780). 

(1)  Terrier  de  15S5. 

(t)  La  loréi  du  Meysounioux  a  complèlemeat  disparu. 


IB  lAROUISAT  D'AUBBiPRrMi  ^0 


CHAPITRE  IV 


LES  SEIGNEURS  D  AUBEPEYRE 


Les  premiers  seigneurs  d'Àubepeyre,  dont  le  nom  esl  venu  jusqu'à 
nous,  étaient  de  la  maison  d*Eschizadour.  Celte  famille  est  parfois 
appelée  Eycliizadour,  Àychizadour  ou  Chizadour.  Le  lieu  d'Eschi- 
zadour,  dont  elle  tirait  son  nom,  est  situé  dans  la  commune  de 
Saint-Méard,  canton  de  Châteauneuf  (Haute- Vienne).  «  En  vue  du 
bourg  de  Saint-Méard  se  trouve  Tantique  tour  d'Eschizadour,  seul 
reste  de  l'ancien  château  qui  fut  le  berceau  de  la  famille  de  ce  nom. 
Le  style  de  cette  tour  rappelle  les  constructions  du  xi«  siècle.  Elle 
est  carrée,  à  murailles  épaisses,  soutenue  sur  chaque  face  par  deux 
contreforts  plats  »  (1).  On  voit  encore  sur  une  fenêtre  de  l'église  de 
Saint-Méard  les  armes  de  la  maison  d'Eschizadour.  Cette  famille 
lit  ses  preuves  de  noblesse  en  1598  (2). 

De  cette  maison  était  Umbert  d'Eschisador,  dont  la  femme  Brea 
se  fit  religieuse,  vers  1190,  au  monastère  d'Aureil  et  d(mna  à  ce 
monastère  deux  sous  de  rente  annuelle  payables  le  jour  de  la  nais- 
sance du  Seigneur,  qui  lui  provenaient  de  sa  dot,  à  prendre  sur 
un  cerlain  mas,  situé  dans  la  paroisse  de  Meillars,  près  d'Uzerche, 
appelé  Chap-Chastanet.  Cette  donation  fut  confirmée  plus  tard 
entre  les  mains  de  dom  Gui,  prieur  d'Aureil,  par  Umbert  d'Eschi- 
sador,  son  mari,  et  Goulfier,  son  fils;  étaient  présent  Àudier  du 
Dompgnon  et  Gaucelme  Gâcha,  chanoines.  Foulques  de  Royère  et 
Gérald  de  Royère,  chevaliers,  neveux  d'Umbert,  et  beaucoup 
d'autres.  Ils  eurent  pour  enfants  :  1<*  Marbodius  d'Eschizador  ; 
2**  Goulfier  de  Chisador  ;  3°  Alpazie  de  Chisador,  épouse  d'Amelius 
de  Grammont,  chevalier  de  Peyrat.  Cette  dernière,  en  1220  et  1236, 
fit  donation  par  devant  Pierre,  prieur  d'Aureil,  pour  le  repos  de 
son  âme,  au  monastère  d'Aureil,  où  elle  voulait  être  ensevelie, 
d'une  rente  annuelle  d'un  selier  de  seigle,  deux  setiers  d'avoine  et 
douze  deniers  à  prendre  sur  le  mas  de  Teillet,  paroisse  de  Château, 
et  aux  religieuses  de  Bost-las-Mongeas  d'une  rente  de  trois  sous 
et  deux  setiers  de  seigle,  mesure  de  Peyrat.  Amelius  de  Grammont 
fit  donation  de  son  homme  Pierre  de  Teillet.  Marbodius  et  Goullier, 
ses  frères,  se  constituèrent  cautions  pour  le  paiement  de  ces 

(I)  Abbé  Lbclbr.  Monographie  du  canton  de  Châteauneuf -Ici' Forêt,  ap. 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XXII,  247. 
{%)  Nobiliaire  du  Limousin,  II,  90,  92. 

T.  Ul  6 


fÙ  dOÙlferÉ  ARCfliiOLOGIQUX  BT  BlStOmCUS  DU  LllOtISt!! 

donations.  Etaient  présents  Guillaume  de  Goret,  prieur  de  Peyrat, 
G.  de  Chaucher,  chapelain  de  Peyrat,  Ramnulphe  Âdiroair  et 
beaucoup  d'autres  (1). 

Imbert  de  Chizadors,  chevalier,  qui  rendit  hommage  à  Tévéque 
de  Limoges  au  mois  de  juin  1290  (2).  Il  eut,  entr'autres  enfants  : 
1*»  Imbert  de  Chizadour,  chevalier  ;  ^  Golfier  de  Ghizadour,  écuyer, 
mentionné  dans  un  acte  de  1304  ;  3""  Jeanne  de  Ghizadour,  mariée 
d'abord  à  Âdémar  de  Goral  ou  Coralli,  damoiseau,  et  ensuite  à 
Aymeric  de  Coux,  damoiseau,  de  la  paroisse  d'Aixe  ;  par  son 
testament  du  vendredi  7  des  ides  d'août  1304,  signé  Garnier,  elle 
veut  être  inhumée  chez  les  Frères  prêcheurs  de  Limoges  (3). 

I.  —  Bertrand  d'Eschizadour,  seigneur  d'Aubepeyre,  vivait  en 
1349.  Il  fut  présent  le  7  juillet  dite  année,  mercredi  après  la  Saint- 
Martin,  au  contrat  de  mariage  de  Hélie  de  Noailles,  damoiseau, 
seigneur  de  Noailles,  et  de  Marguerite  de  Maulmont  (4). 

IL  — Louis  d'Eychizadour,  seigneur  d'Aubepeyre,  est  mentionné 
comme  vassal  dans  la  vente  des  terres,  villes  et  châtellenies  de 
Peyrat  et  de  Pontarion,  consentie  le  22  novembre  1364  par  Geoffroy 
et  Jean  de  Mortemart  à  noble  et  puissant  seigneur  Guy  Albert  ou 
Aubert,  seigneur  de  Boubbon,  frère  du  pape  Innocent  VI  (5). 

III.  —  Noble  homme  Antoine  d'Eschizadour  ou  de  Chizadour, 
damoiseau,  seigneur  d'Aubepeyre  f Antonio  de  Chyzadour,  domi- 
cello,  domino  de  Aubepeire,  prope  Valeriam}^  fut  témoin  le  4  juil- 
let 1458,  avec  Jean  de  Rochefort,  seigneur  de  Saint-Maixenl,  d'un 
accensemenl  fait  par  Geoffroy  de  Rochefort,  seigneur  de  Saint- 
Angol,  en  Limousin  (6). 

IV.  —  Noble  et  puissant  seigneur  messire  Troulhard  ou  Trouil- 
lard  d'Eschizadour,  d'Aychizadour,  Ychizadour  ou  Chizadour,  che- 
valier, seigneur  d'Aubepeyre,  du  Monteil,  Puyseguin,  Belleville-la- 
Forest,  figure  à  la  montre  des  nobles  de  la  Marche  faite  à  Guéret 
le  17  décembre  1470  par  Mathelin  Brachet,  seigneur  de  Montaigu, 
conseiller  et  chambellan  du  roy  ;  il  y  parut  monté  et  armé  d'harnais 


(1)G.  de  Sbnnbville.  Cartulaire  du  prieuré  d'Aureil,  ap.  Bulletin  de 
la  Société  archéologique  du  Limousin,  XLVIII,  940,  289. 
(t)  Vicomte  de  Maussabrb,  ap.  iVofriftaîre  du  Limousin,  II,  100. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin,  J,  456. 

(4)  La  Crbnayb-Dbsbois,  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  XHI,  440. 

(5)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XLV,  461 . 

(6)  P.  de  Cessac,  ap.  Nobiliaire  du  Limousin,  II.  100.  —  Gel  accense- 
menl a  élé  imprimé  à  la  suite  de  notre  Monographie  de  la  baronnie  de  la 
Farge. 


il  Marquisat  d\ubii»byb:è  ^\ 

blancs,  accompagné  de  deux  archers  en  brigandines  (1).  Il  fut 
témoin  le  8  juillet  1481  d'un  accord  fait  entre  noble  Pierre  Rochon 
de  Fournoulx,  écuyer,  seigneur  de  Fournoulx,  paroisse  de  Vidaillat, 
et  Jean  de  Montaignac,  écuyer,  seigneur  de  TArfolière,  qui  avait 
épousé  Lienne  de  Fournoulx,  nièce  dudit  Pierre  Rochon  de  Four- 
noulx. 

Troulhard  de  Ghizadour  fut  désigné  le  21  septembre  1491  par 
Guillaume  de  La  Roche  dans  son  testament  olographe  parmi  les 
exécuteurs  de  ses  dernières  volontés  ;  le  testateur  rappelle  «  son 
bon  ami  et  cousin  »  (2). 

Par  acte  du  8  janvier  1498,  fait  au  mas  ou  ténement  d'Àrpeys, 
reçu  Pierre  du  Leyris,  clerc  et  commissaire  juré,  garde  du  scel 
authentique  au  château  et  en  la  châtellenle  de  Peyrat,  prudent 
homme  Martial  Ruben,  bourgeois  de  la  ville  d'Âimouliers,  agissant 
tant  en  son  nom  que  comme  se  portant  fort  de  ses  frères,  tous  héri- 
tiers d*aulre  Martial  Ruben,  vend  à  noble  et  puissant  seigneur  messire 
Trouillard  d'Aychisadour,  chevalier,  seigneur  d'Aubepeyre,  de  la 
paroisse  de  Salnt-Yrieix,  la  fondalité  et  directe  seigneurie  d'un 
certain  lieu  ou  ténement,  appelé  d'Arpeys,  situé  dans  la  paroisse 
de  Royère  et  juridiction  de  Peyrat-le-Château,  à  raison  de  laquelle 
seigneurie  foncière  et  directe,  il  lève  et  perçoit  chaque  année  des 
tenanciers  de  cens  et  rente  onze  setiers  trois  quartes  de  seigle,  six 
seliers  et  un  esminal  d'avoine,  mesure  de  Peyrat  (3),  payables  le 
jour  de  la  fête  de  Notre-Dame  d'août,  plus  vingt-cinq  sols  tournois 
et  une  poule,  lesquels  cens  et  rente  il  vend,  avec  la  fondalité  et 
directe  seigneurie,  audit  messire  Trouillard  d'Aychisadour,  moyen- 
nant le  prix  et  somme  de  soixante- cinq  livres  tournois  ayant  cours 
présentement  dans  le  royaume.  Par  le  môme  acte  les  tenanciers 
d'Arpeix  reconnurent  messire  Trouillard  d'Aychisadour  pour  leur 
véritable  seigneur  foncier  et  direct.  Cet  acte  fut  passé  en  présence 
d'aimé  en  Dieu  messire  Pierre  de  Las  Masuras,  prêtre,  de  la 
paroisse  de  Royère,  et  de  nobles  hommes  Jean  de  Lafon,  sei- 
gneur de  Morneyx,  et  Léonard  de  Venleniac,  écuyer.  En  1599, 
la  rente  féodale  d'Arpeix  n'appartenait  plus  à  la  seigneurie 
d'Aubepeyre. 

Troulhard  de  Ghizadour  rendit  le  28  juillet  1506,  par  son  man- 
dataire Antoine  de  La  Roche-Aymon,  seigneur  de  Saint-Maixent, 

(1)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze,  XI,  S85. 

(2)  Papiers  de  l'abbé  Bouleiller. 

(3)  Le  setier  de  Peyrat  pesait  quatre-vingt  livres  et  valait  cinquante- 
cinq  litres;  la  quarte  était  le  quart  duselier;  Témine  pour  les  blés,  Téminal 
pour  Tavoine  valait  deux  quartes. 


79  sDaÉri  ARcnfioiooiQUi  Et  ristorique  du  liIousiH 

foi  et  hommage  poar  les  rentes  féodales  que  possédait  ledit 
Troulhard  à  la  Mazure  et  Pnignolas,  mouvance  de  la  châtellenie  de 
Bellegarde,  pays  de  Franc-alleu  (1). 

Trouillard  de  Chizadour  avait  épousé  Perronelle  Evrard  ou 
Hebrard  de  Montespedon  (3)  ou  MontaIpedon.il  eut  pour  successeur 
comme  seigneur  d'Aubepeyre  Louis  de  La  Soubzmaigne,  seigneur 
du  Rasteau,  son  neveu  (3). 

V.  —  Loys  ou  Louis  de  La  Soubzmaigne,  écuyer,  seigneur  du 
Rasteau,  Aubepeyre,  Belleville-la-Forest  était,  croyons-nous,  Ûls 
d'Antoine  de  La  Soubzmaigne,  sieur  du  Rasteau,  qui  comparut  le 
17  décembre  1470  à  la  montre  des  nobles  du  comté  de  la  Marche 
faite  par  Malhelin  Brachet,  chevalier,  seigneur  de  Montaigu,  con- 
seiller et  chambellan  du  roy  (4).  En  1803  (vieux  style),  il  fit  dresser 
le  terrier  de  sa  seigneurie  du  Rasteau,  où  Ton  trouvait  une  maison 
noble  forte  à  deux  étages  et  quatre  tourelles,  avec  une  autre  tour 
devant  ladite  maison  et  une  muraille  par  devant,  le  tout  environné 
de  fossés  et  un  pont  ((  à  passer  et  aller  és-dite  maison  »  (5).  Lh 
23  juin  1515,  il  rendit  aveu  de  la  seigneurie  de  Belleville-la- 
Forest  (6). 

Loys  de  La  Soubzmaigne  avait  épousé  Jehanne  de  Moussy,  nièce 
de  Perronelle  Hébrard,  femme  de  Troulhard  d'Eschizadour.  Par 
leur  contrat  de  mariage,  Perronelle  Hébrard  leur  fit  donation  de 
certains  cens  et  rentes  de  deniers,  blés  et  autres  choses  situées  en 
la  paroisse  de  Domérot,  pour  lesquels  Loys  de  La  Soubzmaigne 
rendit  hommage  le  11  octobre  1519  à  René  de  Brosse,  dit  de  Bre- 
tagne, comte  de  Penthièvre  et  de  Périgord,  vicomte  de  Limoges  et 
de  Bridiers  et  seigneur  de  Boussac,  à  cause  de  sa  seigneurie  de 
Boussac  (7). 

Il  vivait  encore  en  1521  (8). 

Le  24  octobre  1537  Louis  de  La  Soubzmaigne,  écuyer,  seigneur 
de  Fers  (?),  fut  nommé  capitaine  d*Ahun  et  de  Ghénérailies  (9). 
Est-ce  le  même  ?  Dans  tous  les  cas  il  n'était  seigneur  d'Aubepeyre 


(t)  Papieis  de  Tabbé  Bouteiller. 

{t)  Vicomte  de  Maussabrè,  ap.  Nobiliaire  du  Limouêin^  II,  100. 

(3)  Ibid.  —  Archives  de  la  Vienne,  châlcUcnie  de  Monlmorlllon. 

(4)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèïïe,  XI,  S88. 
(6)  Archives  de  la  Creuse. 

(6)  Archives  de  la  Vienne. 

(7)  Archioes  historiques  du  Limousin,  V,  319. 

(8)  Vicomte  de  MAOssABaib,  ap.  Nobiliaire  du  Limousin^  II,  100. 
(0)  Archioes  historiques  du  Limousin,  V,  31  f. 


LB  MARQUISAT   D'AUBIPBTRB  73 

depuis  loDglemps,  car  d^s  1824  Âubepeyre  et  le  Rasleau  avaienl 
UD  autre  seigneur  (1). 

VI.  —  Noble  et  paissant  seigneur  Lionne!,  Léonetou  Léonard  de 
Chizadour,  Eschizadou»'  ou  Eychizadour,  écuyer,  seigneur  d'Aube- 
peyre,  Rasteau,  Puy-Seguin,  La  Forest-Belleville  et  La  Chaux,  près 
Saint-Julien,  apparaît  en  1524.  II  était  vraisemblablement  (ils  de 
Trouillard  d'Eschizadour,  mais  nous  ignorons  en  vertu  de  quel 
titre  passèrent  sur  sa  tête  les  seigneuries  qu'avait  possédées  Louis 
de  La  Soubzmaigne. 

Le  9  août  1824,  Lionnet  de  Chizadour  rendit  hommage  lige  à 
noble  et  puissant  seigneur  Hessire  Loys  d'Àubusson,  chevalier, 
seigneur  de  la  Villeneuve,  de  Tarrière-fief  de  Saint-Yrieix,  situé  en 
Marche,  composé  du  Meysounioux  et  de  Bessas,  avec  le  droit  de 
haute  justice  (2). 

En  janvier  1840  (v.  st.),  il  fit  dresser  le  terrier  de  sa  seigneurie 
du  Rasteau.  Le  6  juillet  1883,  il  comparut  à  l'assemblée  de  Tarriëre- 
ban  de  la  Marche  tenue  à  Guéret  par  Amable  de  Saint-Georges, 
chevalier,  seigneur  dudit  lieu  et  de  La  Bussiëre,  sénéchal  de  la 
Marche,  et  fut  choisi  pour  fournir  une  «  sallade  estât  de  cheval 
legier  »;  il  reçut  pour  aydes  quarante  livres  (3). 

Léonet  de  Chizadour  obtint  des  lettres  de  la  chancellerie  du  roy, 
en  date  du  8  septembre  1888,  pour  faire  dresser  le  terrier  de  la 
seigneurie  d'Aubepeyre  «  parce  que  les  livres  et  papiers  avaient  été 
perdus  durant  les  guerres,  divisions  et  mortalités  qui  ont  eu  cours  ». 
Les  notaires  commissaires  furent  Jacques  Péchant,  de  Chénérailles, 
et  Jehan  Leslys,  d'Aubusson.  Ils  procédèrent  «  à  la  faction  et  per- 
fection du  terrier  et  pancarte  et  nouvelle  recognoissance  de  la 
terre,  lieu  noble  et  seigneurie  d'Aubepeyre,  au  pays  et  comté  de  la 
Marche,  paroisse  de  Saint-Yrieix,  près  Vallières  »,  le  30  décembre 
de  la  même  année  (4).  A  cette  date,  la  seigneurie  d'Aubepeyre  pos- 


I)  De  la  famille  de  ce  seigneur  étail  Austregesille  de  La  Soubzmaigne, 
curé  de  Saint-Yrieix  :  le  91  décembre  4561  il  reçut  procuration  de  Jacques 
d*Eschizadour,  seigneur  d*Aubepeyre  et  de  La  Poresl-Belleville  (Arch.  de 
la  Vienne,  chÂlellenie  de  Monlmorillon).  Aux  termes  d'un  acte  du  19  dé- 
cembre 1569,  cet  Aaitregesille  légua  à  la  communauté  des  prêtres  de  Saint- 
Germain-de-Rojrère  la  somme  de  700  II.  à  charge  de  dire  tous  les  jours  une 
messe  haute,  à  diacre  et  sous-diacre. 

(2)  Voy.  cet  hommage  à  l'appendice. 

(3)  Mémoireê  de  la  Société  archéologique  de  la  Creuse,  II,  137,  149. 

(4)  Le  terrier  d*Aubepeyre  conservé  aux  archives  de  la  Creute,  série  E  9 
(registre)  est  incomplet,  il  comprenait  primitivement  deux  cent  dix  feuil- 
lets, il  s'arrête  au  quatre-vingt-dix-huitième. 


74  SOCIÉTÉ  AIICHÉ0L061QUC  ET  HISTORIQUB  DU  LIHOCSIM 

sédalt,  outre  le  domaine  d'Aubepeyre,  des  cens  et  renies  féodales  sur 
les  villages  du  Meysounioux,Bessas,  La  Valette,  Puy-J8essas,  Magnat, 
LeMoni,LeTheil-Haul,  LeTheil-Bas,  paroisse  de  Sainl-Yrieix;  sur  le 
village  de  Pourcheyroux,  paroisse  de  Sainl-Marc-à-Loubaud  ;  sur 
celui  de  La  Vau-du-Gîer,  paroisse  de  Vallière  ;  sur  ceux  d'Allemand, 
Las  Coux,  Les  Eycures,  paroisse  de  Banise;  sur  celui  de  la  Buxiëre, 
paroisse  Je  SaintPierre-le-Bost ;  sur  le  bourg  de  Royère  et  les 
villages  de  Rochas,  Andaleix,  La  Mazure,  Prugnolas,  Le  Mazeau, 
Arfeuille,  Le  Cloup-Taloux,  Masgrangeas,  Langladure,  Les  Bordes, 
Ouzou,  Gensenelas,  paroisse  de  Royère  ;  sur  les  villages  de  La 
Ghassaigne,  Grandrieux,  Boussac,  paroisse  deSaint-Marlin-Château. 
Les  villages  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix  étaient  en  condition 
serve;  ceux  des  paroisses  de  Vallière  et  de  Banise  en  condition 
franche. 

Léonet  de  Ghizadour  était  mort  en  1558.  Il  avait  épousé  Gilberte 
d'Aigurande,  dame  du  Ghier,  fille  de  Pierre  d^Âigurande,  seigneur 
du  Ghier,  de  Salvere  et  de  Jupille  en  partie,  qui  en  1558  élait 
veuve  et  tutrice  de  ses  enfants,  de  laquelle  il  laissa  : 

1°  Jacques  qui  suit; 

^  Jean  d'Eychizadour,  qui  était  mort  avant  1598,  laissant  un  fils 
naturel,  Martin  d'Eychisadour,  à  qui  sou  oncle  Jacques  légua  mille 
écus  par  son  testament,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin.  Ledit 
Martin  fut  trouvé  mort,  le  cou  percé  d'une  balle  de  pistolet,  non 
loin  du  château  d'Aubepeyre,  le  11  mai  1619;  son  corps  fut  trans- 
porté au  château  et  le  lendemain,  à  la  requête  de  Pierre  Dandallès, 
procureur  fiscal  de  la  baronnie  de  la  Villeneuve-au-Gomte,  procès- 
verbal  fut  dressé  par  Bertrand  Darfeulhe,  notaire,  en  présence  de 
Léonard  Darfeulhe,  greffier  de  la  seigneurie  d'Aubepeyre,  de  mesr 
sires  Jehan  du  Feix,  Gharles  du  Mont  et  Anthoyne  de  Masgniat, 
prêtres,  de  Michelle  de  Genssanas,  servante  dudit  Martin  d'Eychi- 
sadour,  et  de  plusieurs  habitants  des  villages  voisins  (1). 

3*  Jehanne  d'Eychisadour,  dite  Jehanne  d'Aubepeyre,  mariée 
1*  à  noble  Léonard  de  Faye,  écuyer,  seigneur  de  Villechenyne, 
baron  de  la  baronnie  du  Leyris,  fils  d'Anthoine  de  Faye,  écuyer, 
sieur  de  Villechenyne,  de  Fayfrey  et  d'Arlodeys,  mort  entre  1583 
et  1587  ;  2*  à  Glaude  de  Bressolles,  sieur  de  Boussay,  d'une  famille 
noble  connue  en  Bourbonnais  et  en  Berry  par  de  nombreux  actes 
de  foi-hommage  depuis  1393  (2)  ;  elle  vivait  encore  en  1598  ; 

4*  Françoise  d'Eychisadour,  dite  Françoise  d'Aubepeyre,  mariée 

(I)  Voy.  ce  procès-verbal  à  l'appendice. 

(9)  fiouiLLBT.  Nobiliaire  d'Auvergne,  I,  327. 


ut  HAROUMAT  d'aOBIPKTRB  75 

par  contrat  du  29  janvier  1873  à  noble  Foucaud  de  Saint-Âignan 
de  la  Gastine,  sieur  de  Lizières,  dit  le  capitaine  La  Gastine,  fils  de 
Gaspard  de  Saint-Âignan  de  la  Gastine  et  de  Françoise  d'Ussel, 
dont  Brantôme  parle  en  ces  termes  :  «  vaillant  limousin,  lieute- 
nant de  Léonard  d'Orléans,  duc  de  Longueville,  lui  servit  de 
second  dans  son  duel  avec  Henri  de  Montmorency,  seigneur  de 
Damville,  maréchal  de  France,  qui  avait  aussi  un  second.  Ces 
quatre  très  vaillants  et  braves  hommes  se  fussent  très  bien  battus 
sans  que  M.  Damville  se  contentât  d'honnêtes  paroles  (1).  »  La 
Gastine  testa  le  17  janvier  1588  et  était  mort  en  4598. 

5*"  Jebanne  d*Eychisadour,  dite  Jehanne  d'Aubepeyre,  mariée  à 
Annet  de  La  Porte,  escuyer,  seigneur  de  La  Porte.  Ils  n'eurent 
qu'une  fille,  Marie  de  La  Porte,  qui  épousa  François  de  Faye,  fils 
cadet  de  Léonard  de  Faye,  baron  du  Leyris,  et  de  Jehanne  d'Eychi- 
sadour  :  Annet  de  La  Porte  l'institua  son  héritier  universel,  sous 
la  condition  que  les  enfants  desdils  François  de  Faye  et  Marie  de 
La  Porte  joindraient  le  nom  de  La  Porte  à  leur  nom  patrony- 
mique. Annet  de  La  Porte  et  sa  femme  vivaient  encore  en  1600. 

e**  Léonard  d'Eychisadour,  tonsuré  en  1564,  prieur  de  Jarnages 
en  1565  ; 

7^*  Louis  d'Eychisadour,  bachelier  en  1571  (2)  ; 

8*  Peut-être  encore  Françoise  de  Chizadour,  religieuse  à  Blessac 
en  1600  et  1601. 

VIL  —  Noble  homme  Jacques  de  Chizadour  ou  d'Eychisadour, 
éeuyer,  chevalier,  seigneur  d'Aubepeyre,  La  Fouresl-Belleville,  Le 
Chier,  Râteau,  Puy-Seguin,  Saint-Yrieix  et  autres  places,  afferma 
le  30  juin  1566  devant  du  Leyris  et  de  La  Chaussade,  n'"  roy., 
la  grande  dîme  de  la  paroisse  de  Boyère,  qui  appartenait  à  la  sei- 
gneurie d'Aubepeyre,  à  Antoine  du  Leyris  le  jeune,  à  Jacques 
du  Leyris,  son  frère,  et  à  Martial  de  Chapellanie,  fils  à  feu  Ger- 
main, de  Royère.  Il  parait  que  les  fermiers  lésèrent  les  droits  de 
la  communauté  des  prêtres  de  Saint-Germain  de  Royère  et  ceux 
du  Commandeur  de  Charrières,  qui  étaient  propriétaires  des  trois 
quarts  de  ces  dîmes.  Ces  derniers  attaquèrent  la  dernière  ferme 
consentie  par  Jacques  de  Chizadour.  Il  intervint  le  18  juillet  1598, 
entre  le  seigneur  d'Aubepeyre,  Michel  de  Masgranges,  syndic  des 
prêtres,  et  le  commandeur  de  Charrières,  une  sentence  qui  consacra 
les  droits  des  parties  tels  qu'ils  se  sont  exercés  dans  la  suite  (3). 

Au  rôle  du  ban  et  arrière-ban  des  nobles  du  Haut-Limousin  con- 


(1)  Nobiliaire  du  Umouêin,  1,  204. 
(i)  Nobiliaire  du  Limousiny  II,  91. 
(3)  Archives  de  la  Crease»  E  S84. 


76  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

voqués  eo  1S68  pour  le  service  du  roi  par  Frauçois  de  Ponlbriant, 
chevalier,  seigneur  de  Montréal  el  de  Chapdeuilh,  gouverneur  et 
sénéchal  du  Limousin,  on  lit  :  «  Jacques  d'Eychisadour,  seigneur 
de  Puysegny-Salot  a  dict  qu'il  est  guydon  de  la  compagnie  de 
Mons'  d*Allègre,  par  quoy  ordonné  que  y  sera  pourvu.  —  Et  le 
27*  dudit  moys  de  février  a  esté  arreslé  que  contribuera  pour 
demy  quart  de  cheval  légier.  Le  6^  d'avril  4568,  sur  ce  que 
Gaspard  de  Montaignac,  sieur  de  Larfolière  en  la  Haute-Marche, 
homme  d'armes  de  la  compaignie  de  Mons'  le  comte  d'Escars,  a 
rapporté  et  déclaré  que  le  dict  d'Ëychisadour  est  homme  d'armes 
de  la  compaignie  de  Mons'  d'Allègre,  a  esté  déclaré  exempt  par 
Mons'  le  gouverneur  du  service  du  ban  el  arrière-ban  (1).  » 

Par  contrat  du  27  juin  1886  J.  de  la  Bourderye,  no"  roy.,  el 
A.  Chappellon,  no'«,  noble  homme  Jacques  de  Ghizadour  fil  de 
messire  Jacques  du  Leyris,  prêtre,  habitant  de  Royère,  l'acquisi- 
tion, sous  faculté  de  rachat  perpétuel,  moyennant  onze  cents  livres, 
des  lieux,  domaines  et  héritages,  qui  appartenaient  à  ce  dernier 
au  bourg  de  Royère  et  consistaient  en  une  maison  appelée  de  Ghez 
le  Greffier  ou  de  Chez  Laporte,  jardin,  pré  et  bois,  le  tout  se 
tenant  (2),  et  en  une  métairie  appelée  de  Ghez  Thomas,  alors 
exploitée  par  Jacques  Thomas,  métayer,  et  d'une  métairie  siluée 
au  village  d'Auzoux,  tènement  du  Mazot,  paroisse  de  Royère.  La 
maison,  jardin,  pré  et  bois,  appelés  de  Chez  Laporte,  furent  reven- 
dus, sous  môme  faculté  de  rachat,  par  le  seigneur  d'Aubepeyre  au 
seigneur  de  la  Villeneuve-au-Comte,  moyennant  neuf  cents  livres. 

Par  autre  acte  du  18  juin  1593,  passé  au  château  d'Aubepeyre, 
Jacques  de  Ghizadour  fît  l'acquisition  de  la  terre  et  seigneurie  de 
Sainl-Yrieix,  près  Vallière,  en  Poitou,  de  messire  Gharles  de 
Pierrebuffière,  vicomte  de  Gomborn,  baron  de  Ghâteauneuf,  Pey- 
rat,  Pontarion,  Treignac,  Ghabannes,  Beaumont,  Ghamberet,  sei- 
gneur de  Saint-Yrieix,  Soubrebost  et  La  Groizille,  agissant  tant  en 
son  nom  personnel  qu'au  nom  de  Jeanne  Chabot,  sa  mère,  et  de 
Philiberte  de  Biron,  sa  femme.  Cette  vente  fut  ratifiée  par  lesdites 
dames  au  château  de  Ghâteauneuf  le  2t  juin  suivant  (3). 

Jacques  de  Ghizadour  testa  au  château  d'Aubepeyre  le  5  octobre 
1598,  devant  Jacques  de  la  Bourderye,  no'«  roy.,  en  présence  de 
Jean  de  Garbonnières,  seigneur  de  la  Chapelle-Biron,  et  de  Guillau- 
me de  Garbonnières,  seigneur  de  Sainte-Aulaire.  Par  ce  testament, 

(1)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XLI,  549. 

(9)  Il  y  a  lieu  de  croire  que  celle  maison  étail  située  sur  remplacement 
de  celle  qui  sert  aujourd'hui  de  caserne  de  gendarmerie  el  qui  a  été  long- 
lemps  la  demeure  de  la  famille  Fnure  (i900). 

(3]  Archives  de  la  Creuse,  E,  285. 


LA  SEIGNBURIB   D*Al]BBPBTRE  77 

dont  le  texte  est  assez  curieux  (1),  il  ordonne  sa  sépulture  en 
réglise  de  Châtain,  au  tombeau  de  ses  prédécesseurs,  où  seront 
appelés  trente  à  quarante  prêtres,  qui  recevront  chacun  dix  sols, 
outre  leur  diner,  avec  distribution  d'aumônes,  ordonne  des  prières 
dans  les  églises  de  Châtain,  Royère,  Saint-Marc-à-Loubaud,  Saint- 
Yrieix,  lègue  à  ces  églises  des  ornements,  ordonne  d'autres  prières 
dans  réglise  de  Soubrebost  et  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  de 
la  Borne  (2)  ;  il  lègue  trois  mille  écus  a  Jacques  d'Eychisadour, 
son  fils  naturel,  mille  écus  à  chacune  de  ses  filles  naturelles  Gil- 
berte  et  Hélène,  mille  écus  à  Martin  d'Eychisadour,  fils  naturel  de 
feu  Jean,  son  frère  ;  ordonne  que  lesdits  Jacques,  Gilberte,  Hélène 
et  Martin  seront  nourris  et  entretenus  dans  la  maison  d'Âubepeyre, 
le  premier  toute  sa  vie,  les  autres  jusqu'à  leur  établissement  ou 
âge  de  raison;  lègue  à  Jacques  de  Champmoreau  cent  cinquante 
écus  et  une  paire  de  ses  accoustremenls,  à  M.  de  la  Chapelle,  son 
beau-frère,  son  courtaud  noir,  à  Piarrou  Brunet,  son  laquais,  cin- 
quante écus,  à  Jeanne  Brunet,  sœur  de  ce  dernier,  vingt  écus  ; 
institue  pour  son  héritier  universel  Françoise  d'Aubepeyre,  sa  fille 
légitime  ;  lègue  à  Françoise  de  Carbonnières,  sa  femme,  l'usufruit 
de  tous  ses  biens  et  trois  mille  écus  d'or  sol  ;  nomme  pour  ses 
exécuteurs  testamentaires  les  seigneurs  de  Sainte-Aulaire  et  de  La 
Porte,  ses  beaux-frères. 

Jacques  d'Eychisadour  avait  épousé  Françoise  de  Carbonnières, 
fille  de  feu  Charles  de  Carbonnières,  chevalier,  seigneur  de  la  Cha- 
pelle-Biron  (3),  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  capitaine  de  cinquante 
lances,  député  de  la  noblesse  de  Guyenne  aux  Etats  de  France,  et  de 
Françoise  du  Fraisse,  dame  du  Breuil  et  du  Pin,  et  sœur  de  Jean  de 
Carbonnières,  seigneur  de  La  Chapelle-Biron,  et  de  Guillaume  de 
Carbonnières,  seigneur  de  Sainte-Aulaire.  De  leur  mariage  naquit 
seulement  une  fille,  Françoise,  dont  l'article  suit. 

Le  testament  de  Jacques  d'Eychisadour  constate  qu'il  eut  d'Anne 
Brachet  trois  bâtards  :  un  fils,  Jacques  d'Eychisadour   (4),   et 

(1)  Yoy.  ce  testament  à  Tappendice. 

(2)  L*obituaire  du  prieuré  des  Ternes  menlionne  qu'il  y  était  dit  chaque 
semaine  une  messe  pour  le  seigneur  d'Aubepeyre  (A.  Lbroux.  Archioes 
historiques  du  Limousin,  III ^  25). 

(3)  NobiUaire  du  Limousin,  11,  91.  —  La  Chbnaye-Desbois,  Dictionnaire 
de  la  noblesse,  IV,  704  ;  IX,  538. 

(4)  Marguerite  de  Chizadour,  seconde  femme  d*Arnaud  Barjaud,  sieur 
de  Mallassaigne,  qui,  par  le  contrat  d'Antoine  Barjaud,  sieur  de  la  Grale, 
fils  d'Arnaud,  avec  Léonarde  Darfeuilhe  de  Magnai,  du  5  février  1684  de 
Truffy,  no'*  roy.,  lit  donation  de  cqille  livres  au  fulur«  était  peut-être  fille  dQ 
ce  Jacques  d'Eychisadour^ 


78  SOCIÉTÉ  AECnâOLOGIQUE  BT  BISTOEXQUB  DU  LIMOUSIN 

deux  filles,  Gilberte  et  Hélène  d'Eychisadour,  à  qui  il  fit  des  legs. 
Françoise  de  Carbonnières  se  remaria  à  haut  et  puissant  seigneur 
messire  Louys  Ricard  de  Gourdon  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac, 
baron  et  seigneur  de  Gourdon,  Vaillac,  Genouilhac,  Le  Boisset,  La 
Barière  et  autres  places,  chevalier  des  ordres  du  roi,  conseiller  du 
roi  en  ses  conseils  d*E(at  et  privé,  capitaine  de  cinquante  hommes 
d'armes  des  ordonnances,  gouverneur  de  Bordeaux  et  du  Château- 
Trompette,  maréchal  de  camp  ës-armées  du  roi,  d'une  maison  con- 
sidérable du  Quercy,  dont  le  nom  patronymique  était  Ricard,  el 
qui  tirait  son  origine  de  Pons  Ricard,  chevalier,  capitaine  de  Gour- 
don, lequel  servit  en  la  guerre  de  Languedoc,  sous  le  sire  de  Craon, 
en  1353(1).  II  était  fils  de  Jean  Ricard  de  Gourdon,  co-seigneur  de 
Gourdon,  seigneur  baron  de  Genouilhac  el  de  Vaillac,  chevalier  de 
Tordre  du  roi,  l'un  des  cent  gentilshommes  de  sa  maison,  gouver- 
neur de  la  ville  de  Bordeaux  et  du  Château-Trompette,  et  de  Jeanne 
de  Brun,  dame  de  Boisset  (2),  et  arriëre-petit-neveu  du  fameux 
Jacques-Galiot  de  Genouilhac,  seigneur  d'Acier,  sénéchal  d'Arma- 
gnac, gouverneur  du  Languedoc,  grand-écuyer  et  grand-maitre  de 
l'artillerie  de  France,  mort  en  1546  (3). 

VIII.  —  Damoiselle  Françoise  de  Chisadour  ou  Chiradour,  dame 
d'Aubepeyre,  Sainl-Yrioix,  La  Forest-Belleville,  Le  Râteau  et  autres 
places,  qui,  après  la  mort  de  Jacques  de  Chisadour,  son  père,  se 
trouvait  sous  la  tutelle  de  Françoise  de  Carbonnières,  sa  mère,  fut 
mise,  après  que  celle-ci  fut  remariée,  sous  la  tutelle  de  Louys  de 
Gourdon  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac,  second  mari  de  ladite 
Françoise  de  Carbonnières. 

Par  contrat  du  29  juin  1600  Dufau,  no'*  roy.,  le  tuteur  de  Fran- 
çoise de  Chisadour  traita  avec  dame  Jehanne  d'Aubepeyre,  épouse 
d'Annel  de  Là  Porte,  au  sujet  des  droits  que  ladite  dame  avait  dans 
la  maison  d'Aubepeyre  :  le  prix  en  fut  ViKé  à  trois  mille  trois  cent 
trente-trois  écus  un  tiers,  faisant  la  somme  de  dix  raille  livres.  Le 
19  octobre  1600,  Louys  de  Genouilhac,  voulant  libérer  sa  pupille, 
céda  et  transporta  à  la  dame  de  La  Porte  un  grand  nombre  de 
créances  dues  à  feu  Jacques  de  Chizadour  en  vertu  de  titres 
authentiques. 

Le  22  juillet  1606,  Françoise  de  Chisadour,  dame  d'Aubepeyre, 
épousa  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  baron  de  Vaillac  et  de 
Gourdon,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  fils  de  son 
tuteur  et  de  feue  Anne  de  Montberon. 

(1)  La  Cbbnatb-Dbsbois,  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  IX,  535. 

(9)  Nobiliaire  du  Limousin,  W,  290;  111,  1S3. 

(3}  La  Cbbnayb-Dbsboib,  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  IX,  536,  537. 


LA   SfclGNIDRlB  D*AUBKPBTBB  79 

En  1603, 1604, 1605,  la  seigneurie  d'Aubepeyre  avait  pour  rece- 
veur Léonard  Gbanssard,  en  1606  Le  Roy,  en  1608  Bally. 

Vers  la  fin  de  4613,  honorable  m*  Antoine  du  Leyris,  licencié 
ez-droits,  sénéchal  juge  ordinaire  de  la  baronnie  de  Peyrat  et  de  la 
comté  de  la  Feuillade,  neveu  de  l'estoc  paternel  de  feu  Jacques  du 
Leyris,  prêtre,  requit  haut  et  puissant  seigneur  messire  Louys  de 
Gourdon  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac,  baron  des  baronnies  de 
Gourdon,  La  Barrière,  Genouilhac,  Le  Boisset,  seigneur  d^Aube- 
peyre,  Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  Le  Râteau  et  autres 
places,  au  nom  et  comme  maître  des  droits  de  dame  Françoise  de 
Chisadour,  sa  «  consorte  »,  de  le  recevoir  neveu  propre  paternel  et 
lignagier  de  feu  Jacques  du  Leyris  et  de  lui  faire  vente  et  rétroces- 
sion par  droit  de  lignage  et  suivant  la  faculté  de  rachat  insérée  au 
contrat  du  37  juin  1S86  des  deux  métairies  vendues  à  Jacques  de 
Chizadour  par  Jacques  du  Leyris.  Pour  éviter  un  procès,  le  seigneur 
d*Aubepeyre,  en  qualité  d'époux  de  haute  et  puissante  dame  Fran- 
çoise d'Aubepeyre,  fille  et  héritière  universelle  de  défunt  Jacques 
de  Ghizadour,  consentit,  suivant  acte  du  i  février  1614  A.  Dau- 
dallès,  no**  roy.  héréd.,  passé  au  château  d'Aubepeyre,  en  présence 
de  m*  Jacques  Raffy,  notaire  royal  de  Vaillac,  et  de  Léonard  du 
Martin,  procureur  de  la  comté  de  Vaillac,  revente  et  rétrocession, 
moyennant  quatre  cents  livres  payées  comptant,  à  Antoine  du 
Leyris,  d'une  métairie,  dite  de  Ghez-Thomas,  sise  à  Royère,  alors 
exploitée  par  Germain  et  Pierre  Thomas,  métayers,  et  d'une  autre 
métairie,  sise  à  Auzoux,  paroisse  de  Royère,  alors  exploitée  par 
Jehan  Menet  et  François,  son  consort,  que  Jacques  de  Chizadour 
avait  acquises,  en  1S86,  de  messire  Jacques  du  Leyris,  prêtre  de 
Royère.  Gette  revente,  dans  laquelle  étaient  compris  les  bestiaux 
tant  «  bouin  que  brebialhe  »,  sous  la  seule  réserve  des  bestiaux  que 
la  métairie  d'Auzoux  tenait  en  cheptel  de  feu  Léonard  Rougier, 
sieur  du  Mas,  fut  ratifiée  au  mois  de  juin  1616  par  Françoise  de 
Ghisadour  suivant  acte  fait  au  château  de  la  Cour  de  Vaillac,  en 
Quercy. 

Entre  temps,  le  comte  de  Vaillac,  tuteur  de  Françoise  de  Chisa- 
dour, mourut  en  1615.  Homme  âpre  au  gain,  il  intrigua  beaucoup 
pour  faire  nommer  évoque  de  Tulle  son  fils  Jean.  Plus  lard,  il  vou- 
lait se  faire  payer  une  rente  viagère  de  cent  ccus  à  prendre  sur  les 
revenus  de  la  mense  épiscopale;  il  poursuivit  son  fils  en  paiement 
de  cette  rente  devant  le  parlement  de  Bordeaux,  qui  le  débouta  de 
sa  demande  (1).  Il  avait  épousé  :  1°  en  janvier  1573  Anne  de  Mont- 
beron,  fille  de  Louis  de  Montberon,  seigneur  de  Fontaine-Chalen- 

(4)  NiKL,  ap.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèxe^  Xlll,  309. 


80  SOCléré  ARCOéOLOGlUUB   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

dray,  et  de  Claude  Blesser,  morte  en  1899,  dont  il  eut  vingt-trois 
enfants  ;  2*  Françoise  de  Carbonnières,  veuve  de  Jacques  de  Cbi- 
zadour,  seigneur  d'Aubepeyre,  morte  en  1606,  dont  il  eut  cinq 
filles,  mortes  avant  leur  mère;  3°  et  le  25  août  1606,  Jeanne-Marie 
de  Foix,  fille  de  Germain-Gaston  de  Foix,  comte  de  Gurson  et  de 
Fleix,  vicomte  de  Meilles,  marquis  de  Transr,  chevalier  de  Tordre 
du  roi,  capitaine  de  cinquante  lances  de  ses  ordonnances,  et  de 
Marguerite  Bertrand,  dame  de  Mirebeau,  laquelle  Jeanne-Marie  de 
Foix  mourut  en  1617.  De  ses  trois  femmes,  il  avait  eu  trente 
enfants.  Il  survécut  du  premier  lit  : 

1*^  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  carme  déchaussé,  en  reli- 
gion frère  Bernard  de  Saint  Joseph,  provincial  de  la  province 
d'Aquitaine  en  1630; 

2*  Jean  Ricard  de  Gourdon  de  Genouilhac  de  Vaillac,  né  à  la 
Brède,  près  Bordeaax,  dans  l'intervalle  de  1576  à  1579,  abbé  de 
Rocamadour,  nommé  évéque  de  Tulle  le  9  octobre  1599,  sacré  avec 
dispense  d'âge  à  vingt-cinq  ans  le  1"  mai  1600,  prieur  de  Jarnages 
en  1600,  député  à  l'Assemblée  du  clergé  de  France  en  1603  et  à  celle 
des  Etats  du  royaume  en  1614;  il  est  dit,  en  1651,  évéque  et  vicomte 
de  Tulle,  seigneur  spirituel  et  temporel  de  Rocamadour,  Laguenne, 
Veyrat,  Meyronne,  Branceilles,  Sainle-Féréole,  baron  de  Reilhat  et 
Reilhaguet  (1),  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  publics  et  privés; 
mort  à  Meyronne,  en  Quercy,  le  13  janvier  1652,  après  avoir  rendu 
de  grands  services  à  son  diocèse  et  à  sa  ville  épiscopale; 

3°  Jean-Paul  de  Gourdon  de  Genouilhac,  abbé  de  Saint-Romain 
de  Blaye  ; 

4^  Bertrand  de  Gourdon  de  Genouilhac,  baron  de  Miremagne  ; 

5*  Louys,  époux  de  Françoise  de  Ghizadour  ; 

6°  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  seigneur  de  Saint-Clair; 

7''  Jacquelte  de  Gourdon  de  Genouilhac,  mariée  :  A,  à  Jean,  baron 
de  Lazech  ;  B,  le  23  février  1604  à  Jean  Chapt,  seigneur  puis  mar- 
quis de  Rastignac,  maréchal  de  camp,  mort  le  26  octobre  1620,  fils 
d'Adrien  Chapt,  comte  de  Rastignac,  et  de  Jeanne  de  Hautefort; 

91*  Galiotte  de  Gourdon  de  Genouilhac,  prieure  de  l'hôpital  de 
Beaulieu,  morte  en  odeur  de  sainteté  le  24  juin  1618; 
Et  du  troisième  lit  : 

9"»  Charlotte  de  Gourdon  de  Genouilhac,  prieure  d'Espagnac,  en 
Quercy  ; 

10*  Une  autre  fille  (2). 

(1)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze^  IX,  450. 
(t)  Lainâ,  Archloea  de  la  noblesse,  lome  ViU.  — >  La  Cbënayb-Dcsbois, 
dictionnaire  de  la  Noblesêe,  \X,  537,  538, 


tA  SKtONRURIK  D^AOBtPlTTftR  fil 

Par  contrat  du  30  janvier  1621,  m*  Jacques  Debrossy,  notaire 
royal,  mandataire  de  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  époux  de 
Françoise  de  Chizadour,  vendit  à  Léonard  Brousiaud  et  Léonard 
Rinquarl,  laboureurs  du  village  du  Villards,  paroisse  de  Royèrc, 
une  métairie,  siluée  audit  village  du  Viltards  et  dépendant  de  la 
seigneurie  d'Aubepeyre,  moyennant  sept  cent  trente  livres.  Le 
comte  de  Vailiac  ratifia  cette  vente  par  acte  du  9  mars  1621  ;  Fran- 
çoise de  Ghizadour  la  ratifia  également  suivant  acte  du  18  janvier 
1623,  et  par  ce  dernier  acte  les  deux  époux  cédèrent  la  plus-value 
ou  supplément  de  juste  prix,  moyennant  soixante-treize  livres,  à 
Marc  Brousiaud,  fils  de  Léonard,  et  à  Léonard  Rinquart. 

Par  contrats  des  22  août  et  3  octobre  1621  Laborne,  no'«  roy.  et 
de  Faye,  no'%  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac  et  Françoise  de 
Ghizadour,  son  épouse,  vendirent  à  Léonard  de  Faye,  écuyer,  sei- 
gneur de  la  baronnie  du  Leyris,  la  rente  féodale  de  six  setiers 
seigle,  mesure  de  Peyrat,  qu'ils  percevaient  sur  le  tènement  de 
Tras-Ouzou,  joui  par  les  habitants  de  Langladure,  paroisse  de 
Royère,  la  rente  féodale  de  treize  setiers  seigle,  mesure  de  Peyrat, 
trois  livres  en  deniers  et  quatre  gélines  et  la  dîme  inféodée  qu'ils 
percevaient  sur  le  tènement  de  Plazanet,  joui  par  les  mêmes  habi- 
tants (1). 

Françoise  de  Ghizadour,  dame  d'Aubepeyre,  mourut  peu  après 
l'acte  du  18  janvier  1623.  Elle  avait  testé  le  20  décembre  1616. 
Elle  laissait  de  son  mariage  avec  Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac  : 

1°  Louis-François,  dont  l'article  suit; 

2*  Jean-Paul,  dont  nous  nous  occuperons  à  l'article  X; 

3**  Glaude,  qui  figure  à  l'article  XI  ; 

4*  François  de  Gourdon  de  Genouilhac,  baron  de  Gourdon, 
mestre-de-camp  du  régiment  de  la  Reine; 

S""  Jean-Louis  de  Gourdon  de  Genouilhac,  capitaine  dans  le  régi- 
ment de  son  frère  ; 

6*  Galiote  de  Gourdon  de  Genouilhac,  grande  prieure  de  l'hô- 
pital de  Beaulieu,  morte  le  7  janvier  1702,  à  qualre-vingt-q^uatorze 
ans  (2). 

Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  qui,  en  1614,  était  capitaine 
de  cinquante  hommes  d'armes  des  ordonnances,  conseiller  des 
Conseils  d'Etat  et  privé,  mestre-de-camp  d'un  régiment  de  dix 
compagnies  de  gens  de  pied,  porta,  après  la  mort  de  son  père,  les 
titres  de  comte  de  Vailiac,  baron  de  Gourdon  et  de  Genouilhac  ;  en 
1617,  il  fut  député  de  la  noblesse  de  Guyenne  à  l'assemblée  tenue  à 
Rouen. 

(1)  Papiers  de  la  famille  Goutisson,  de  Royère. 

(S)  La  ChbnayR'Dbsbois,  Dictionnaire  de  la  noblesse,  IX,  538« 


^t  SOClitft  ARCrtOLOGXOm  Et  aisronTQiûi  Du  UHOtJtttr 

En  1638,  le  comte  de  Vaillac  était  maréchal  des  camps  et  armées 
du  roi.  II  fit  son  testament  en  1643  et  était  mort  en  1644. 

Il  avait  épousé  en  deuxièmes  noces  Antoinette  de  Grignols,  fiile 
de  Jean  de  Grignols,  marquis  de  Grignols,  et  d'Antoinette  d'Espar- 
bësde  Lussan,  et  en  troisièmes  Marie-Madeleine  Jaubert  de  Barraud, 
veuve  de  François  de  La  Motte,  baron  de  Castelnau,  et  fille  d'Emery 
Jaubert,  seigneur  de  Barraud,  et  de  Guyenne  de  La  Motte.  Il  ne 
laissa  pas  d*enfant  du  deuxième  lit.  Du  troisième  lit  il  eut  : 

l*"  Guyonne  de  Gourdon  de  Genouilhac,  mariée  à  Jean  du  Bou- 
zet,  comte  de  Poudenas  ; 

2°  El  Galiote  de  Gourdon  de  Genouilhac  (1). 

IX.  —  Louis-François  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier, 
marquis  de  Castelnau,  seigneur  du  Rasteau,  Aubepeyre,  Saint- 
Yrieix,  La  Forest-Belleville,  le  Chier  et  autres  places,  fut  baptisé 
le  17  septembre  1614.  Comme  donataire  testamentaire  contractuel 
de  Françoise  de  Chizadour,  sa  mère,  il  hérita  des  seigneuries 
d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  le  Râteau  et  le 
Chier. 

Par  acle  du  24  février  1638  Borel  no'®  roy.,  il  vendit,  moyen- 
nant le  prix  de  dix  mille  cinq  cents  livres,  à  noble  Etienne  Toumyol, 
sieur  du  Bouchot  et  du  Mont-Chaudurur,  conseiller  et  avocat  du 
roi  en  la  sénéchaussée  et  siège  prësidial  de  la  Marche  à  Guéret,  le 
château  et  la  terre  du  Râteau,  sise  en  la  paroisse  de  Bonnat,  métai- 
ries, bois  taillis  et  hautes  futaies,  dimes,  moulin  banal,  écluse  sur 
la  petite  Creuse,  hommes  serfs  et  autres  sujets  audit  moulin,  bois 
en  haute  futaie  et  taillis  contenant  deux  cents  stérées  (2),  hommes 
serfs  à  la  Coutume  relevant  à  foi  et  hommage  lige  de  la  baronnie 
de  Malval.  Le  24  mai  1638,  celte  vente  fut  ratifiée  par  le  comte  de 
Vaillac,  père  de  Louis-François.  Le  16  janvier  1640,  Etienne 
Tournyol  donna  assignation  à  Flotard  de  Turenne,  marquis  d'Ay- 
nac,  et  à  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac,  son  épouse,  alors 
reprcsenlanls  de  Louis-François,  vendeur,  de  la  somme  de  huit 
mille  neuf  cents  livres  lui  restant  à  payer  sur  la  vente  de  la  terre 
du  Râteau  (3). 

Au  rôle  des  nobles  défaillants  à  la  convocation  du  ban  et  arrière- 
ban  fait  le  1«'  septembre  1635  par  Louis  Reydier,  on  lit  :  «  Messire 
Jean  Gourdon  de  Genouillac,  chevalier,  seigneur  comte  de  Vaillac, 


(4)  Laiiié,  ArcMoes  de  la  noblesse^  VIll.  —  La  Chena.yb-Dbsbois,  Die* 
tionnaire  de  la  noblesse,  IX,  537,  538,  539. 

(5)  La    stéréo    de    Bonnat    contenait    4.90O    toises    carrées  et    valait 
45  ares  5849. 

(3)  Archives  de  la  Creuse,  B  33. 


à  cause  de  ses  terres  et  seigneuries  d'Àubepeyre  et  Râteaux  sis 
en  cette  province,  tenu  de  fournir  un  cheval  léger  ».  Au  rôle  de 
toute  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  la  Marche  et  ch&tellenies 
en  dépendant  convoquée  à  Guéret  par  Louis  Reydier  le  20  août  1636, 
son  article  est  ainsi  conçu  :  «  Messire  Louis  de  Gourdon,  comte  de 
Vaillac,  écuyer,  seigneur  baron  d'Aubepeyre  et  Râteaux.  —  A 
remontré  qu'il  est  au  service  du  roi,  ayant  un  régiment  entretenu 
depuis  trente  ans  en  çà,  dont  acte,  et  néanmoins  ordonnons  qu'il 
en  justifiera  et  en  fera  duement  apparoir  au  s'  de  Vallençay  dans 
huitaine;  autrement  sera  contre  lui  procédé  comme  raison (1)  ». 
Dans  (a  première  de  ces  pièces  il  est  prénommé  par  erreur  Jean  ; 
dans  les  deux  il  est  qualifié  comte  de  Vaillac,  quoique  son  père 
vécut  encore. 

En  1636, 1637  et  1638  un  Du  Leyris  était  fermier  de  la  terre  et 
seigneurie  d'Aubepeyre.  En  1639  il  fut  remplacé  par  noble  Gabriel 
Vallenetou  Vallanet,  sieur  de  Rouzelhe,  bourgeois  d'Aubusson. 

Prétendant  que  la  vente  de  la  métairie  du  Villards  était  nulle, 
parce  que  sa  mère  était  alors  mineure  et  en  puissance  de  mari,  le 
marquis  de  Castelnau  poursuivit  les  héritiers  Brouslaud  et  Ren- 
quarl  devant  la  Chambre  des  Requêtes  du  Palais  à  Paris  et  obtint 
contre  eux,  le  11  août  1639,  une  sentence  qui  condamnait  les  dits 
héritiers  à  lui  laisser  la  possession  de  ladite  métairie  et  à  lui  resti- 
tuer les  fruits  qu'ils  avaient  perçus.  Mais  les  héritiers  Brouslaud  et 
Renquart  voulant  faire  appel  de  cette  sentence  en  la  Cour  du 
parlement  et  appeler  en  «  quériment  »  le  comte  de  Vaillac,  vendeur 
et  père  de  Louis-François,  il  intervint,  le  10  septembre  1639,  devant 
G.  Moulin  et  L.  Darfeulhe,  notaires  à  Royère,  une  transaction  pré- 
parée par  M«  Raymond  de  Muret,  avocat  au  parlement  de  Toulouse, 
demeurant  en  la  ville  de  Villefranche,  pays  de  Rouergue,  diocèse 
de  Rodez,  agent  et  négociateur  des  affaires  du  marquis  de  Castel- 
nau, et  par  m*  Martial  Masfaure,  sieur  du  Monteil,  conseiller  élu 
pour  le  roi  en  l'élection  de  Bourganeuf,  conseil  des  autres  parties. 
Par  cet  acte  la  métairie  du  Villards  fut  abandonnée  aux  héritiers 
Brouslaud  et  Renquart,  qui  en  échange  cédèrent  au  marquis  la 
rente  féodale  de  sept  setiers  émine  seigle,  sept  éminaux  une  quarte 
avoine,  mesure  de  Peyrat,  vingt-six  sols  en  deniers  et  une  géline  et 
demie  due  sur  le  village  du  Villards  par  eux  acquise  de  Joseph 
Romanet,  sieur  de  Farsac,  par  contrat  du  23  mars  1630  J.  Ruben, 
no'«  roy.  Les  dits  héritiers  Brouslaud  et  Renquart  constituèrent 
en  outre  sur  ladite  métairie  au  profit  du  marquis,  seigneur  d'Aube- 
peyre, une  rente  annuelle  et  perpétuelle  de  quatre  setiers  émine 

(4)  Mémoires  de  la  Société  archéologique  delaCreuae,  11,  1 44, 148, 157, 


Si  SOClBti  IRCttiOLOGlOUl   Et  BLSTORIQUÏ  DU  LittOUSiN 

seigle,  trois  quartes  avoine,  mesure  de  Peyral,  quatre  sols  en 
deniers  et  une  demie  géline  ;  ce  qui  établit  la  rente  due  par  le 
village  du  Villards  à  la  seigneurie  d'Aubepeyre  à  douze  setiers 
seigle,  deux  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  trente  sols  en  deniers 
et  deux  gélines,  le  tout  payable  à  la  fête  de  saint  Michel. 

Le  marquis  de  Casteinau  fut  tué  en  duel  vers  1640  par  le  marquis 
deCanillac  (i).  Il  ne  laissait  pas  de  postérité  de  Guyonne  de  La 
Motte,  Gile  de  feu  François  de  La  Motte,  baron  de  Casteinau,  et 
de  Marie-Madeleine  Jaubert  de  Barraud,  qu*il  avait  épousée  le 
2  mars  1636,  ladite  Marie-Madeleine  Jaubert  de  Barraud  étant  alors 
remariée  au  comte  de  Vaillac, 

X.  —  Jean-Paul  Ricard  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier, 
comte  de  Vaillac,  baron  de  Gourdon  et  de  Genouilhac,  baron  de 
Montferrand,  premier  baron  de  Guyenne,  seigneur  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  Le  Boisse,  La  Barivière,  Estantier, 
Plassac,  Pinard,  naquit  le  12  mai  1621 .  Il  succéda  à  son  frère  Louis- 
François  dans  les  seigneuries  d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix  et  La 
Forest-Belleville. 

Gabriel  Vallenet,  sieur  de  Rouzelh,  était  toujours  fermier  général 
de  la  terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre,  lorsque,  suivant  acte  du 
29  janvier  1643  Chenaud  et  Dorlhiac,  no'",  Jean  et  Pierre  de 
Gensanas  lui  vendirent  leur  domaine  de  Gensanas,  paroisse  de 
Royëre.  Si  cette  acquisition  avait  été  faite  pour  le  compte  du  sei- 
gneur d'Aubepeyre,  ce  domaine  ne  resta  pas  longtemps  la  propriété 
de  la  seigneurie,  car  en  1646  il  ne  figure  pas  au  nombre  des  biens 
territoriaux  de  ladite  seigneurie. 

En  i643  et  1644,  le  même  Gabriel  Vallenet  donna  quittance  aux 
habitants  de  Laschaux-Gouraud  d'une  rente  féodale  annuelle  de 
seigle  vingt  setiers,  avoine  dix  setiers,  mesure  de  Peyrat,  argent 
trois  livres  dix  sols,  due  à  la  seigneurie  d'Aubepeyre. 

En  1644,  ce  Gabriel  Vallenet,  alors  demeurant  en  la  paroisse  de 
Saint-Yrieix,  pays  du  Haut-Poitou,  fut  poursuivi  par  Jacques  Tissier, 
notaire  et  marchand  de  Felletin,  dont  il  était  le  débiteur,  et  fut 
condamné  en  la  sénéchaussée  de  la  Marche.  Tissier  fit  saisir  à  son 
préjudice  les  revenus  du  membre  de  Royère  appartenant  à  la  sei- 
gneurie d'Aubepcyre. 

Par  acte  du  23  décembre  1644  Roux  et  Darfeulhe,  no~%  le  même 
Gabriel  Vallenet,  habitant  alors  la  ville  d'Aubusson,  vendit  à  noble 
Léonard  Masfaure,  sieur  de  Pont,  tout  le  poisson  qui  pouvait  être 
dans  Tétang  de  Genssanettas,  appartenant  à  la  seigneurie  d'Aube- 
peyre,  ensemble  la  pêche  en  son  entier  dudit  étang,  sous  la  seule 

(1)  La  Chenatb-Desbois,  Dictionnaire  de  la  noblesse^  IX,  538, 


LE  MARQUISAT  d'aUBEPETRB  85 

réserve  de  vingt  pièces  de  poisson  telles  qu'elles  se  trouveraient 
dans  ledit  étang.  Cette  vente  fut  consentie  moyennant  sept  vingt 
dix  livres,  et  Léonard  Masfaure  s'obligea  de  pêcher  dans  la  pre- 
mière semaine  du  carême  prochain. 

Vers  1644,  Jean-Paul  de  Gourdon  de  Genouilhac  céda  les  sei- 
gneuries d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix  et  Laforest-Belleville  à  Claude 
de  Gourdon  de  Genouilhac,  sa  sœur,  épouse  de  Flotard  deTurenne, 
marquis  d'Âynac. 

Le  comte  de  Vaillac  fut  premier  écuyer  et  capitaine  des  gardes 
françaises  de  Philippe  de  France.  Il  mourut  à  Paris  le  18  jan- 
vier 1681 ,  étant  lieutenant  général  des  armées  du  roi,  chevalier  des 
ordres  du  roi  depuis  1661  et  chevalier  d'honneur  de  Madame  la 
duchesse  d'Orléans.  Il  avait  épousé  :  1"  le  31  mars  1644,  au  château 
de  Vaillac,  en  Quercy,  Marie-Féhcie  de  Voisins,  baronne  de  Mon- 
tant, fille  de  feu  François  de  Voisins,  chevalier,  baron  de  Montant, 
premier  baron  d'Ârmagnac,  lieutenant-général  en  Languedoc,  et 
de  Jacquettc  de  Beausoubre,  alors  épouse  de  François  de  Montfer- 
rand,  chevalier,  seigneur  de  Rançon,  premier  baron  de  Guyenne, 
conseiller  du  roy  en  çon  conseil  et  maréchal  de  camp  ;  î®  en  1676, 
Marie  de  La  Vergue  de  Tressan,  fille  d'honneur  de  Madame,  fille 
de  François  de  La  Vergue,  seigneur  de  Tressan  et  de  l'Estang, 
lieutenant-colonel  du  régiment  de  Madame  Royale  de  Savoie,  et  de 
Louise  de  Monteynard  (1). 

Il  n'eut  pas  d'enfant  de  sa  seconde  femme,  qui  mourut  en  1681. 
De  la  première  naquirent  : 

1**  Jean-François  de  Gourdon  de  Genouilhac-Montferrand,  comte 
de  Vaillac,  premier  baron  de  Guyenne,  seigneur  de  Cancou,  Cas- 
seneuil  et  Moulinet,  mestre-de-camp  du  régiment  de  Vaillac  cava- 
lerie, mort  le  16  décembre  1696,à  cinquante-et-un  ans,  après  avoir 
épousé,  le  19  décembre  1683,  Anne-Marie-Louise  du  Cambout,  fille 
d'honneur  de  Mademoiselle  d'Orléans-Montpensier,  petite-fille  de 
France,  fille  de  René  du  Cambout,  marquis  du  Cambout,  comte  de 
de  Carheil,  gouverneur  de  l'Isle  de  Rhuys  et  du  Château  de  Sucinio, 
et  de  Jeanne  Raoul,  morte  en  1693  (S). 

^  Marie-Félicie  de  Gourdon  de  Genouilhac,  dame  de  Montant, 
qui  porta  la  terre  de  Montant  à  son  mari,  Gaspard  Le  Secq,  mar- 
quis de  la  Mothe-Sainte-Héraye,  comte  de  Montant  par  sa  femme, 
conseiller  au  parlement  de  Paris  ;  morte  en  1705  ; 

3'»  Alexandre  de  Gourdon  de  Genouilhac,  vicomte  de  Gourdon, 
mort  sans  alliance  ; 

(I)  La  Ghinayb  Dcsbois,  Dictionnaire  delà  noblesse^  XIX,  602, 
(«)  Ibidem,,  IV,  6M. 

T.  LU  6 


86  SOClÉTft  A11GBÊ0L06IQUI  ET  HISTORIQUB  DU  LlllOOSlN 

4*  François  de  Gourdon  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac,  sei- 
gneur de  Monlferrand,  colonel  d'un  régiment  de  cavalerie  de  son 
nom,  chevalier  de  Saint-Louis  en  1694,  lieutenant-général  des 
armées  du  roi  en  i704,  mort  sans  alliance,  le  22  juin  1707,  en  sa 
cinquante-cinquième  année  ; 

8*  Michel-Ange  de  Gourdon  de  Genouilhac,  capucin  ; 

6°  Charles-Gaston  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier  de 
Malte,  mort  en  1664; 

7*  Jean-Baptiste  de  Gourdon  de  Genouilhac,  abbé  de  Saint- 
Romain  de  Blaye  ; 

8**  Marie-Galiote  de  Gourdon  de  Genouilhac,  coadjutrice  de 
rhôpital  de  Beaulieu,  morte  le  22  octobre  1701  ; 

9*»  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac,  prieure  de  la  Mothe-Sainte- 
Héraye,  en  Poitou,  puis  grande  prieure  de  Thôpitalde  Beaulieu; 

10**  Madeleine  de  Gourdon  de  Genouilhac,  femme  de  François 
de  Lestang,  seigneur  de  Pommeiol  et  de  Belpech; 

11*  Marie-Guyonne  de  Gourdon  de  Genouilhac,  prieure  d*Espa- 
gnac,  en  Quercy,  puis,  le  16  février  1691,  prieure  des  Filles-Dieu 
de  Rouen,  morte  en  1707  ou  1708  (1). 

Jean-Paul  de  Gourdon,  ami  du  duc  de  Saint-Simon,  père  de  l'au- 
teur des  Mémoires,  laissa,  au  dire  de  ce  dernier,  «  d'une  Voisins 
une  quantité  d'enfants  tous  mal  établis  (2)  ». 

XL  —  Haute  et  puissante  dame  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac, 
dame  d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  fille  de 
Louys  de  Gourdon  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac,  et  de  Françoise 
de  Chizadour,  dame  d'Aubepeyre,  épousa,  le  15  août  1633,  Flotard 
de  Turenne,  marquis  d'Aynac{3),  baron  de  Molières,  seigneur  de 
Monthierm,  de  Lapize  et  de  Salles  en  Rouergue,  et  à  cause  d'elle 
comte  d'Aubepeyre,  seigneur  de  Saint-Yrieix  et  La  Forest-Belleville, 
fils  de  feu  François  de  Turenne,  baron  de  Molières  et  d'Aynac,  et 
d'Antoinette  de  Pontanier,  dame  de  Salles  en  Rouergue. 

La  maison  de  Turenne  d'Aynac  a  pour  souche  Hector  de  Turenne, 
seigneur  d'Aynac,  en  Quercy,  fils  naturel  de  Raymond  VHI  de 
Beaufort,  vicomte  de  Turenne,  qui,  par  son  testament  du  5  juil- 
let 1399,  donna  audit  Hector  la  terre  d'Aynac,  recommandant  à 
Eléonore  de  Beaufort,  sa  sœur,  de  le  bien  traiter  et  de  le  faire  légi- 

{{)  La  Chbnate-Desbois,  Dictionnaire  de  la  noblesse,  IX,  539. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze,  XX,  163. 

(3)  Le  fief  d'Aynac  relevait  de  la  vicomte  de  Turenne;  hommage  en  fut 
rendu  en  4350,  1463  et  1672.  Le  fief  de  Molières,  en  Quercy»  relevait  de  la 
même  vicomte,  quoique  situé  en  dehors;  hommage  en  fut  rendu  en  1350, 
1458, 1 463,  1601  et  1672  {BuU.  de  la  Soc.arch,  de  la  Corrèze,  II,  413,  423). 


LK  MARQUISAT  D*AUBKPETRB  87 

timer.  Cette  maison  s'est  illustrée  depuis  par  de  très  beaux  services 
militaires  et  par  des  alliances  avec  les  premières  maisons  du  pays  (1  ). 
Les  seigneurs  puis  marquis  d'Âynac  ont  Turenne  pour  nom  de 
famille  depuis  le  commencement  du  xv^  siècle  (3). 

Flotard  de  Turenne  fut  guidon  de  la  compagnie  des  gendarmes 
du  maréchal  de  Thémines,  son  cousin,  et  servit  sous  ce  général 
dans  rarmée  qu'il  commandait  en  Guyenne  contre  les  religion- 
naires.  Le  roi  Louis  XIII  l'envoya,  pendant  ces  mômes  troubles, 
par  une  commission  expresse  de  sa  part,  à  Gardaillac,  pour  conte- 
nir les  religion  naires  du  Haut-Quercy,  qui  tenaient  leurs  assem- 
blées dans  cette  place.  Il  était  chevalier  de  Tordre,  conseiller  du 
roi,  capitaine  de  cent  hommes  d'armes  (3). 

Le  seigneur  d'Aubepeyre  fut  compris  au  rôle  de  la  première 
convocation  et  monstre  des  nobles  de  la  sénéchaussée  de  la  Marche 
faite  à  Guéret  le  30  août  1674  par  François  Mérigot,  seigneur  de 
Sainle-Feyre,  sénéchal  delà  province  (4). 

Depuis  la  mort  de  Jacques  de  Chizadour,  aucun  des  seigneurs 
qui  précèdent  ne  parait  avoir  habité  le  ch&teau  d*Âubepeyre.  De 
i644  à  1667,  le  seigneur  eut  au  château  un  receveur,  qui  le  repré- 
sentait. Ges  receveurs  furent  :  Lagrange  (1644-1645);  Rieublanc 
(1646-1647);  Glouzaud  (1647-1663).  Du  commencement  de  1646  à  la 
iin  de  1661,  le  ch&teau  d'Âubepeyre  fut  habité  par  noble  messire 
Jacques  de  la  Faye  de  la  Porte,  chevalier,  seigneur  baron  du  Leyris, 
seigneur  de  la  Porte,  le  Breilh,  Yillechenine,  qui  administrait  la 
terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre  au  nom  du  seigneur,  son  parent 
éloigné.  En  1663,  ladite  terre  et  seigneurie  fut  affermée  à  Jehan 
Darfeulhe,  sieur  de  Roubène,  notaire  et  bourgeois  de  Royère,  et 
à  Antoine  Forest,  bourgeois  de  la  Villeneuve  au  Comte,  son  beau- 
frère.  Jehan  Darfeulhe  habita  le  ch&teau  d'Aubepeyre  jusqu'en  1670; 
cette  année-là  il  fit  réparer  la  chaussée  de  l'étang  du  Mont.  De 
1670  à  1673  De  Truffy  était  fermier  de  la  terre  et  seigneurie  d'Au- 
bepeyre. 

Flotard  de  Turenne  résidait  ordinairement,  en  1674  et  1675,  au 
ch&teau  d'Aynac,  en  Quercy,  et  venait  quelquefois  en  celui  d'Aube- 
peyre,  où  il  avait  pour  receveur  Jean  Truet.  Par  acte  du  3  juil- 
let 1674  Darfeuilhe,  no"  roy.,  il  vendit,  moyennant  deux  cent 
soixante  livres,  le  pré  et  la  terre  de  la  Roche,  près  Pimpérigeas  (6). 

(1)  BouiLLBT,  Nobiliaire  d'Auoergne^  VI,  418. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze^  II,  605. 

(3)  H ARCHB,  La  vicomte  de  Turenne ^  52. 

(4)  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  la  Creuse^  II,  175, 
(6)  Archives  de  la  Creuse,  E  284. 


88  SÔClKtÉ  ARCfiÂOLOGIOUC   Et  HlStORiaUt  1>U  LIMOUSIN 

Flolard  de  Turenne,  premier  comte  d'Aiibepeyre,  mourut  en 
1677  (1).  De  son  mariage  avec  Claude  de  Gourdon  de  Genouilbac 
naquirent  : 

l""  Louis,  qui  suit  ; 

2**  Jean-Galiol  de  Turenne,  comte  d'Aynac,  capitaine  dans  le 
régiment  du  roi,  mort  sans  enfants  de  Françoise-Antoinette  des 
Armoises,  son  épouse,  morte  en  1709,  fille  de  François  des 
Armoises,  baron  du  Saint-Empire,  comte  d'Aunoi,  et  d*Antoinette 
Le  Bouteiller  de  Senlis  ; 

3*"  Jean,  qui  vient  après  son  frère  Louis  ; 

4®  Flotard-Galiot  de  Turenne  d'Aynac,  chevalier  de  Malte,  capi- 
taine dans  le  régiment  de  Monsieur,  duc  d'Orléans,  aide-de-camp  de 
ce  prince,  tué  à  la  fleur  de  Tàge  à  la  bataille  de  Cas5el,en  1677  ; 

5*  Marie-Guyonne-Romaine  de  Turenne  d'Aynac,  mariée,  par 
contrat  du  22  janvier  1664,  à  Barthélémy  de  Gontaut  de  Saint-Geniès, 
dit  le  marquis  de  Lanzac,  seigneur  de  Lanzac,  Loupiac,  Gaulejac, 
encore  vivant  en  1702,  fils  de  Jean  Gontaut  de  Saint-Geniès,  sei- 
gneur de  Lanzac,  Gaulejac  et  Loupiac,  et  de  Françoise-Galiote  de 
Lostanges  de  Saint-Alvère  (2)  ; 

6"*  Claude  de  Turenne  d'Aynac,  religieuse  à  Thôpital  de  Beaulieu  ; 

7''  Jeanne  de  Turenne  d'Aynac,  aussi  religieuse  à  Thôpital  de 
Beaulieu  (3). 

XIL  —  Louis  de  Turenne  d'Aynac,  chevalier,  marquis  d'Aynac, 
comte  d'Aubepeyre,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville, 
et  par  sa  femme,  baron  de  Felzins  et  de  Montmurat,  premier  baron 
du  Quercy,  servit  pendant  quelques  années  en  qualité  de  capitaine 
dans  le  régiment  du  comte  de  Vaillac,  son  oncle.  Il  épousa  en  1666 
Marie-Hélène  de  Felzins,  baronne  de  Monlmurat  (4),  fille  aînée  de 
Jean  de  Felzins,  marquis  de  Montmurat,  premier  baron  du  Quercy, 
et  de  Jeanne  de  Lenthillac. 

La  même  année  1666,  il  rendit  hommage  au  roi  pour  la  baronnie 
de  Felzins  et  autres  terres  dans  la  généralité  de  Montauban  (S). 

Le  28  septembre  1681,  il  afferma  la  terre  et  seigneurie  d'Aube- 
peyre à  Gabriel  Darfeuilhe,  notaire  royal  à  Ghastaing,  moyennant 
deux  mille  sept  cents  livres  de  fermage  annuel,  payable  moitié  à  la 

(4)  Marchk,  La  oicomté  de  Turenne,  5S. 

(3}  La  Chenàtb-Dbsbois,  Dictionnaire  de  la  noblesse,  IX,  150. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin,  IV,  236. 

(i)  La  baronnie  de  Montmurat,  en  Rouergue,  relevait  de  la  vicomte  de 
Turenne,  quoique  située  en  dehors;  hommage  en  fut  rendu  en  1460,  1519, 
179S  (BulL  de  la  Soc.  arch»  de  la  Corrèse,  II,  193). 

^5)  BuUetin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèse,  II,  604. 


LR  Marquisat  d*aubeprtre  89 

Saint-Jean  et  moitié  à  la  Noël.  Dans  cette  ferme  étaient  comprises 
les  terres  et  seigneuries  de  Saint-Yrieix  et  de  La  Forest-Beileviile. 
A  partir  de  1687  inclusivement,  Léonarde  Forest,  veuve  de  Jean 
Darfeulhe,  et  Léonard  Darfeulhe,  sieur  de  Roubène,  son  fils,  bour- 
geois de  Rojère,  furent  fermiers  desdites  terres  et  seigneuries. 

Par  contrat  du  28  novembre  4688,  Louis  de  Turenne  vendit  à 
son  frère  Jean,  comte  d'Aynac,  les  terres  et  seigneuries  d*Aube- 
peyre,  Saint-Yrieix  et  La  Forest-Belleville. 

Le  marquis  d'Aynac  mourut  en  1697.  Il  signait  :  «  Ainac  ». 

De  son  mariage  avec  Marie-Hélène  de  Felzins  naquirent  : 

1"*  Jean-Paul  de  Turenne,  marquis  d'Aynac,  baron  de  Felzins  et 
de  Montmurat.  capitaine  de  chevau-lëgers,  qui  servit  depuis  la 
campagne  de  1675  jusqu'en  1696  (1),  marié,  par  contrat  du 
24  août  169S  à  Victoire  de  Durfort  de  Boissières,  baronne  de 
Gramat  (2),  fille  d'Armand  de  Durfort,  comte  de  Boissières,  vi- 
comte de  Puycalvel,  baron  de  Salviac,  Gourdon  et  Gramat,  sei- 
gneur de  Saint- Germain,  Landyon,  Puybegon,  etc.,  colonel  du 
régiment  de  Normandie-infanterie,  et  d'Anne  de  Touchebœut, 
comtesse  de  Glermont-Yerlillac  (3)  ;  duquel  Jean-Paul  sont  des- 
cendus les  marquis  d'Aynac  et  comtes  de  Turenne  (4)  ; 

2"  Amable-Charles  de  Turenne  d'Aynac,  docteur  en  Sorbonne, 
abbé  de  TIsle-Ghauvet,  qui  en  1705  fut  député  à  l'Assemblée  géné- 
rale du  clergé  de  France  ; 

3""  Galiot-Emmanuel  de  Turenne  d'Aynac,  dit  le  chevalier  d'Ay- 
nac,  capitaine  de  cavalerie,  qui  eut  une  jambe  cassée  à  la  bataille 
de  Fleurus  en  1690,  dans  la  treizième  année  de  son  âge,  et  qui, 
après  s'être  signalé  dans  plusieurs  occasions,  qui  lui  avaient  mé- 
rité une  pension  de  deux  mille  livres,  fut  tué  en  1704  en  Souabe, 
près  de  Notre-Dame-des-Sapins,  à  la  tête  d'un  détachement  qu'il 
commandait  ; 

4""  Catherine  de  Turenne  d'Aynac,  dame  de  Molières,  mariée  à 
Louis  de  La  Garde,  comte  de  Saignes,  baron  de  Parlan  et  de  Pa- 
laret  ; 

(I)  La.  Chbnatk-Desbois.  Dictionnaire  de  la  nobleese,  XIX,  959. 

(f)  La  baronnle  de  Gramat,  en  Quercy,  relevait  de  la  vicomte  de  Tu- 
renne, quoique  située  en  dehors  ;  hommage  en  fut  rendu  en  1365,  1498, 
1693  {Bull,  de  la  Soc.  arch.  de  la  Corrèze,  II,  418). 

(3)  La  Chbnayk-Dbsbois.  Dictionnaire  de  la  noblesse,  VII,  146. 

(4)  Cette  branche  aînée  est  aujourd'hui  représentée  :  U  par  le  marquis 
de  Turenne  ;  3^  le  vicomte  de  Turenne  d'Âynac,  marié  le  U  octobre  1873 
à  Françoise  de  Fltz-James;  3<>  le  comte  Guy  de  Turenne  d'Aynac,  marié 
le  95  juin  1874  à  Marie-Elisabeth-Alexandrine  Berthier  de  Wagram. 


90  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

S*  Charlotte  de  Turenne  d'Aynac,  religieuse  à  Thôpital  de  Beaa- 
lieu; 

6*»  Marie  de  Turenne  d'Aynac,  aussi  religieuse  au  môme  hôpital  ; 

7*»  Marie-Cécile  de  Turenne  d'Aynac,  religieuse  de  la  Visitation 
à  Saint-Céré  ; 

8*»  Claude  de  Turenne  d'Aynac,  aussi  religieuse  de  la  Visitation 
à  Saint-Céré  ; 

9^  Suzanne  de  Turenne  d'Aynac,  mariée  en  1704  à  Mercure  de 
Corn,  seigneur  de  Queyssac,  dans  la  vicomte  de  Turenne  (i). 

XIII.  —  Jean  de  Turenne  d*Aynac,  chevalier,  seigneur  comte 
d'Aubepeyre  et  d'Aynac,  baron  de  Salles,  seigneur  de  Belleville- 
la-Forest,  Saint-Yrieix,  le  Chier,  le  Bousquet,  naquit  à  Aynac  en 
1643  (2).  Il  suivit  dans  sa  jeunesse  Tétai  ecclésiastique  et  fut 
pourvu  du  prieuré  de  Bourqueiron  par  Jean  de  Gourdon  de  Ge- 
nouilhac,  évéque  de  Tulle,  son  grand-oncle.  Il  fut  depuis  capitaine 
dans  le  régiment  de  Yaillac  et  colonel  de  celui  des  milices  d'Ar- 
magnac (3). 

Le  nouveau  comte  d'Aubepeyre  résidait  ordinairement  en  son 
château  de  Salles,  en  Rouergue,  et  quelquefois  en  celui  d'Aube- 
peyre.  Léonarde  Forest,  veuve  de  Jean  Darfeulhe,  et  Léonard 
Darfeulhe,  sieur  de  Roubène,  son  fils,  étaient  depuis  1687  fermiers 
des  terres  et  seigneuries  d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix  et  La  Forest- 
Belleville  et  le  restèrent  jusqu'en  1692.  En  1693  et  1694,  le  comte 
d*Aubepeyre  avait  pour  agent  et  régisseur  à  Aubepeyre  Raymond 
Delbosc.  En  1699  son  receveur  était  Guillaume  Laguarrigue.  En 
1710  le  seigneur  d'Aubepeyre  fit  saisir  les  meubles  et  bestiaux  des 
héritiers  Dandaleix,  de  Royère,  et  d'Etienne  Larte,  sieur  de  Chas- 
sagnas,  bourgeois  d'Orladeix,  paroisse  de  Royère,  pour  obtenir 
paiement  des  condamnations  prononcées  contre  eux  à  raison  des 
redevances  féodales  dues  pour  leurs  domaines  des  Bordes,  même 
paroisse. 

Jean  de  Turenne,  comte  d'Aubepeyre  et  d'Aynac,  signait  :  «  Au- 
bepeyre Dainac  ».  Il  mourut  à  Châtain  le  27  juin  1711  (4).  Il  avait 
épousé  le  13  décembre  1671  Catherine  de  Felzins,  fille  cadette  de 
Jean  de  Felzins,  baron  de  Felzins,  marquis  de  Montmurat,  premier 
baron  du  Quercy,  et  de  Jeanne  de  Lenthillac,  dont  : 

1*  Jean-Galiot,  qui  suit  ; 

2*»  Barthélémy  de  Turenne,  chevalier  d'Aubepeyre,  capitaine 
d'infanterie  ; 

(1)  Nobiliaire  du  Limousin^  IV,  So6,  237. 

(2)  A.  Tardiku.  Grand  dictionnaire  de  la  Haute- Marche^  35. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin^  IV,  937. 

(4)  A.  Tardieu,  Grand  dictionnaire  de  la  Haute-Marche,  35. 


LB  MARQUISAT  D*AUBSPBTIIB  9t 

3*  François  de  Turenne,  seigneur  de  Saint- Yrieix,  tué  en  1703  ; 

4*  Jeanne-Félicie  de  Turenne,  mariée  vers  1690  à  Barthélémy 
d*Estresses,  marquis  de  Graulejac,  liéritier  du  seigneur  de  Lanzac, 
son  oncle  (1); 

5*  Tliérése  de  Turenne,  religieuse  de  l^ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  à  l'hôpital  de  Beaulieu  ; 

6*  Catherine  de  Turenne,  demoiselle  d'Aubepeyre  (2),  seigneu- 
resse  du  Bouquet,  qui,  étant  créancière  de  huit  mille  livres,  Gt 
saisir  le  8  juin  1727  tous  les  cens,  droits  et  revenus  d'Àubepeyre 
et  le  22  avril  1730  les  meubles  de  Jean-Galiot,  son  frère  (3). 

XIV.  —  Haut  et  puissant  seigneur  messire  Jean-Galiot  de  Tu- 
renne, chevalier,  seigneur  comte,  puis  marquis  d'Aubepeyre,  Salles, 
seigneur  de  Saint-Yrieix,  Laforest-Belleville,  Courbatier,  Le  Pouget 
et  autres  places,  portait  avant  la  mort  de  son  père  le  titre  de  mar- 
quis de  Salles  et  signait  alors  :  «  Sales  Turenne  ».  Il  résidait  ordi- 
nairement au  château  de  Salles  en  Rouergue.  En  1713,  on  le  qua- 
lifie marquis  d'Aubepeyre  (4). 

D'ancienneté  la  communauté  des  prêtres  de  Saint-Jean  de  Bour- 
ganeuf  possédait  une  rente  féodale  sur  Arfeuille,  Le  Villards  et  le 
bourg  de  Royère,  avec  tous  droits  de  fondalilé  et  seigneurie,  pro- 
venant de  la  dotation  d'une  fondation.  Les  tenanciers  en  avaient 
passé  différentes  reconnaissances,  lorsqu*en  1712  Jean-Galiot  de 
Turenne  fit  assigner  Léonard  Darfeulhe,  sieur  de  Roubène,  tenan- 
cier du  village  d'Arfeuille,  pour  se  voir  condamner  à  payer  ladite 
rente  féodale  à  lui  seigneur  d'Aubepeyre.  Le  tenancier  dénonça 
cette  assignation  à  la  communauté  de  Saint-Jean  ;  ce  qui  amena  un 
procès  devant  le  parlement  de  Paris.  La  communauté  n'étant 
nantie  que  de  la  moindre  partie  des  titres  (le  surplus  était  dans 
les  archives  de  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem),  Jean-Galiot 
surprit  au  Parlement  le  5  septembre  1718  un  arrêt  par  lequel  il 
fut  reçu  opposant,  et  ayant  égard  aux  lettres  de  rescision  par  lui 
prises  contre  les  reconnaissances  émanées  des  tenanciers,  il  fut 
maintenu  dans  la  propriété  et  jouissance  de  se  dire  seul  seigneur 
direct  et  foncier  du  village  et  tènement  d'Arfeuille,  il  fut  fait 
défense  au  syndic  de  la  communauté  de  prendre  ladite  qualité, 
Léonard  Darfeulhe  fut  condamné  à  lui  payer  la  rente  noble,  féo- 
dale et  foncière  et  lui  passer  reconnaissance  de  tous  les  héritages 
dudit  tènement,  le  syndic  de  la  communauté  fut  condamné  à  in- 

(t)  Nobiliaire  du  Limousin^  II,  17. 
{%)  NobUicùre  du  Limousin^  IV,  237. 

(3)  La  Ghbnatr-Dbsbois.  Dictionnaire  de  la  noblesse^  XIX,  260. 

(4)  P.  DE  Cessag,  ap.  Nobiliaire  du  Limousinj  II,  104. 


92  société  ARCHéOLOGians  et  histohiqur  du  limousin 

demniser  Darfeulhc.  Cependant  frère  Gilbert  Ragon,  commandeur 
de  Lieu-Dieu,  receveur  et  procureur  général  de  Tordre  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem  au  grand  prieuré  d'Auvergne,  présenta  requête 
au  Grand  Conseil  et  obtint  dudit  Grand  Conseil  une  ordonnance 
permettant  d'assigner  le  marquis  d'Aubepeyre  et  Léonard  Dar- 
feulhe  à  Teffet  de  voir  réformer  ledit  arrêt.  Mais  un  nouvel  arrêt 
de  1126  confirma  le  premier. 

Jean-Galiot  de  Turenne  était  d'humeur  violente  et  processive. 
Nombreux  sont  les  procès  qu'il  soutint  contre  ses  tenanciers  et 
autres.  En  1716,  continuant  les  poursuites  commencées  par  son 
père  contre  Etienne  Larte,  sieur  de  Chassagnas,  il  fit  vendre  à  la 
foire  d'Eymoutiers  les  bestiaux  saisis  sur  ledit  Etienne  Larte,  son 
débiteur. 

En  1719,  notre  marquis  se  rendit  adjudicataire,  moyennant  deux 
mille  livres,  des  justices  de  Cloquas  et  Beix,  situées  dans  l'éten- 
due de  la  terre  de  Salles  et  aliénées  du  domaine  du  roi.  Pour  payer 
la  finance  des  dites  justices,  il  emprunta  la  somme  de  deux  mille 
livres  de  Philibert  Dubret,  advocat  en  parlement,  demeurant  à 
Paris,  rue  Hautefeuille,  paroisse  Saint-Cosme,  et  souscrivit  au 
profit  de  ce  dernier  le  9  septembre  même  année  devant  Marctot 
et  Gueidon,  no""  au  Châtelet  de  Paris,  un  contrat  de  rente  de  cent 
francs,  en  capital  deux  mille  francs.  Philibert  Dubret  céda  sa 
créance  à  dame  Jeanne  Racaud,  veuve  de  Louis  Sauvage,  directeur 
des  postes  de  Blois,  mais  en  restant  garant  de  la  solvabilité  du 
débiteur.  Celui-ci  n'ayant  payé  aucun  arrérage  de  la  rente,  fut 
poursuivi  en  1724  au  Parc  civil  du  Châtelet  de  Paris  ;  le  créancier 
fit  même  saisir  les  rentes  féodales  dues  à  la  seigneurie  d'Au- 
bepeyre. 

Le  4  septembre  1721,  Jean-Galiot  fit  à  Villefranche  une  transac- 
tion avec  Catherine  de  Turenne  d'Aubepeyre,  seigneuresse  du 
Bousquet,  demeurant  au  château  du  Bousquet,  paroisse  de  Pey- 
russe,  en  Rouergue,  à  qui  il  devait  plus  de  huit  mille  livres.  Ne 
pouvant  obtenir  le  paiement  de  sa  créance,  elle  fit  le  8  juin  1727 
saisir  tous  les  cens,  droits  et  revenus  d'Aubepeyre.  Cette  saisie 
n'eut  pas  de  suite,  mais  le  22  avril  1730  le  marquis  fut  de  nouveau 
sommé  de  payer  par  huissier,  et  sur  son  refus  Catherine  de  Tu- 
renne fit  saisir  les  meubles  de  son  frère,  ses  chevaux,  le  bétail  de 
sa  métairie,  le  fourrage  et  le  blé. 

Un  procès,  dans  lequel  le  marquis  d'Aubepeyre  ne  joua  pas  le 
beau  rôle,  révélera  mieux  que  tout  son  caractère  violent  et  pas- 
sionné. 

Jean-Galiot  eut  une  rixe  avec  Léon  de  Sainl-Yrieix,  petit  noble 
ruiné  du  bourg  de  Saint- Yrieix.  L'affaire  fut  portée  devant  le  tri- 


LE  MARQUISAT  d'aUBIPBTEE  03 

bunal  des  Maréchaux  de  France.  Devant  cette  juridiction  le  mar- 
quis soutint  que  Léon  de  Saiot-Yrieix  avait  perdu  la  noblesse  parce 
qu'il  avait  travaillé  d*œuvre  manuelle  et  fait  d'autres  ouvrages 
capables  de  déroger  à  sa  prétendue  qualité  de  noble.  À  Tappui  de 
son  dire,  il  fit  appeler  en  1728  comme  témoins  pardevant  M*  La- 
chaud,  notaire  royal  de  la  ville  d'Âubusson,  plusieurs  habitants 
de  la  paroisse  de  Saint- Yrieix.  La  déclaration  qu'ils  donnèrent  à 
cette  époque  ayant  été  adirée,  ces  témoins  se  présentèrent  le 
7  février  1738  au  château  d'Aubepeyre  devant  M*  Delavergne, 
notaire  royal  héréditaire  du  Monteil,  et  certifièrent  qu'ils  avaient 
vu  Léon  de  Saint-Yrieix  semer  du  blé  et  des  raves  pour  ses  voisins 
et  faire  les  commissions  du  sieur  Ruyneau,  curé  de  Saint-Yrieix. 
L'un  d'eux,  Gabriel  Penot,  sergent  en  la  justice  de  Nedde,  habitant 
du  village  de  Madéry,  déposa  que  Léon  de  Saint-Yrieix  lui  avait 
servi  de  recors  ou  assistant  lors  d'une  saisie  par  lui  pratiquée  en 
sa  qualité  de  sergent.  Le  marquis  d'Aubepeyre  envoya  expédition 
de  celte  enquête  au  parlement  de  Paris,  chambre  de  la  Tournelle 
criminelle. 

Le  résultat  de  ce  procès  ne  fut  cependant  pas  avantageux  pour 
le  marquis.  Il  succomba  devant  la  chambre  de  la  Tournelle  crimi- 
nelle, où  Léon  de  Saint-Yrieix  obtint  contre  lui  un  exécutoire  pour 
les  dépens  auxquels  le  marquis  avait  été  condamné.  Pour  ramener 
cet  exécutoire  à  exécution,  Léon  de  Saint-Y'rieix  fil  saisir  les  biens 
des  tenanciers  du  village  de  Peylanges.  Ceux-ci,  le  26  avril  1730, 
assignèrent  en  garantie  Jean-Galiot  de  Turenne.  Un  premier  paie- 
ment de  ce  dernier  eut  lieu  aux  termes  d'un  acte  du  13  décembre 
1730  Darfeuilhe  et  Leblanc,  no'^roy.,  par  lequel  messire  François 
de  Saint-Yrieix  et  damoiselle  Sébastienne  de  Sainl-Yrieix,  épouse 
de  maître  Jean  Baudy,  marchand,  héritiers  de  défunt  messire  Léon 
de  Saint-Yrieix,  leur  père,  habitants  du  bourg  de  Saint-Yrieix, 
donnèrent  quiltance  audit  Jean-Galiot  de  Turenne,  par  les  mains 
de  maître  Jean  Carneiac,  son  receveur,  de  la  somme  de  trois  cent 
quatre-vingt-six  livres  dix-neuf  sols  six  deniers  ;  ils  lui  donnèrent 
en  môme  temps  main-levée  des  saisies-arrét  pratiquées  à  son 
préjudice.  Enfin,  par  autre  acte  du  18  mars  1741  Champeaux  et 
Coutisson,  no'«'  roy.,  passé  au  château  du  Monteil,  paroisse  de 
Saint-Martin-Château,  messire  François  de  Saint-Yrieix,  écuyer, 
et  sieur  Jean  Baudy,  bourgeois,  son  beau-frère,  confessèrent  avoir 
reçu  de  M*  Sébastien  Demahis,  procureur  en  la  Cour  du  parlement 
de  Paris,  par  les  mains  de  messire  de  Lomenie,  seigneur  de  Saint- 
Mar lin-Château,  la  somme  de  douze  cent  trente-six  livres  cinq  sols, 
restée  due  sur  l'exécutoire  de  dépens  obtenu  contre  le  seigneur 
d'Aubepeyre. 


94  SOCIRTR  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Lorsque  Léonard  Darfeuilhe,  sieur  de  Roubène,  cessa  en  1692 
d*élre  fermier  de  la  terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre,  ses  comptes 
avec  le  seigneur  ne  furent  pas,  parait-il,  complètement  réglés. 
Depuis  cette  époque,  chacune  des  parties  adressa  des  réclamations 
à  Tautre.  Après  la  mort  de  Léonard  Darfeuilhe,  sieur  de  Roubène, 
arrivée  en  1734,  son  fils  Léonard  Darfeuilhe,  sieur  de  Rochas,  aussi 
plaideur  que  le  marquis  Jean-Galiot  de  Turenne,  eut  à  soutenir  un 
procès  contre  ce  dernier,  lequel  prétendait  que  la  succession  du  dit 
sieur  de  Roubène  lui  était  redevable  de  diverses  sommes,  comme 
représentant  du  comte  d'Aubepeyre,  son  père.  A  ce  sujet  Léonard 
Darfeuilhe,  sieur  de  Rochas,  rédigea  un  mémoire  où  il  soutient  : 
1**  que  le  seigneur  d'Aubepeyre  garda  en  1692,  comme  objets 
appartenant  audit  sieur  de  Roubène,  «  deux  barriques  de  vin,  esti- 
mées cent  quarante  livres,  un  lit  garni  de  couette,  cuissin  déplume, 
deux  couvertes  catalanes,  avec  ses  ridaux  neufs  estimé  deux  cents 
livres,  douze  lincieux,  deux  douzaines  de  serviettes  fines,  une  dou- 
zaine et  demy  d'assiettes,  quatre  grands  plats,  trois  assiettes  creuses 
et  quatre  escuelles,  le  tout  d'eslain  fin  estimé  à  cent  livres,  une 
batterie  de  cuisine,  pot  de  fer,  culières,  gris,  hache,  hacheraux, 
broche,  le  tout  apprécié  à  soixante  livres  »;  2**  qu'en  Tannée  1704 
«  M.  le  chevalier  d'Aubepeyre,  frère  dud.  s'  de  Turenne,  avec  ses 
valets,  enlevèrent  dansTescurie  dud.  feu  de  Rubeyne  à  Royère  un 
très  beau  cheval  et  lemmenerent  par  force  à  Aubepeyre  »,  que 
pour  ce  vol  et  enlèvement,  pour  Tinformation  qui  fut  faite  par  le 
grand  prévôt  de  Limoges,  ou  pour  les  dommages  intérêts,  il  est  dû 
huit  cents  livres;  3**  qu'il  est  dû  six  cents  livres  audit  feu  sieur  de 
Roubène  pour  cinq  années  d'arrérages  de  la  rente  du  village  de 
Laschaux-Fauveix  lui  revenant  en  qualité  de  fermier  de  la  terre 
d' Aubepeyre,  rente  dont  il  a  été  privé  parce  que  le  sieur  Vareille 
disputa  cette  rente  au  seigneur  d 'Aubepeyre  et  que  le  procès  à  ce 
sujet  est  encore  pendant;  4°  qu'en  1709,  le  seigneur  d'Aubepeyre 
enleva  au  village  de  Prugnolas  deux  vaches  mères  et  une  velle,  pour 
quoi  le  dit  seigneur  fut  condamné  en  trois  cent  cinquante  livres 
par  sentence  du  23  mars  dite  année  du  sénéchal  de  la  Marche  à 
Guéret(l). 

Le  marquis  d'Aubepeyre  ne  vivait  pas  en  bonne  intelligence  avec 
le  curé  de  Royère,  Martin  Rallit,  homme  d'un  caractère  difficile  et 
qui  avait  souvent  maille  à  partir  avec  ses  paroissiens.  Ce  curé 
n'avait  pas  de  vicaire  et  s'absentait  fréquemment  :  aussi  le  service 
de  la  cure  çn  souffrait-il.  Le  marquis,  comme  seigneur  direct  de 
la  plus  grande  partie  de  la  paroisse  de  Royère,  fit  dresser,  le 

{{)  Papiers  de  la  famille  Darfeuille,  de  Royère. 


LE  MARQUISAT  D*AUBVPBYRB  95 

22  juin  4735,  par  Faure  et  Coulisson,  no'",  en  présence  de  Léonard 
Darfeuilhe,  sieur  de  Rochas,  un  acte  constatant  que  le  curé  était 
souvent  absent,  qu'il  n'y  avait  pas  de  vicaire  pour  le  suppléer,  et 
qu'un  enfant  présenté  à  l'église  pour  la  sépulture  ne  put  être  enterré 
de  toute  la  journée. 

Tous  ces  procès  occasionnèrent  de  grandes  dépenses.  Aussi  Jean- 
Galiot  de  Turenne  faisait-il  argent  de  tout  : 

Il  céda  et  transporta  à  Gabriel  Darfeuilhe  de  la  Brousse,  notaire 
royal  de  Châtain  :  1*»  par  acte  du  24  janvier  1722  Gasne,  no'*  roy., 
soixante-dix  livres,  fermage  du  moulin  des  Isles  dû  par  Charles 
Fiallon,  cinquante-cinq  livres  dues  par  le  même  pour  fermage  du 
domaine  du  Theil,  seize  livres  dues  par  Louis  Lagaye  du  Meysou- 
nioux,  pour  fermage  du  pré  du  Nouallet,  vingt  livres  dues  par 
Michel  Pradinaud  pour  la  ferme  du  pré  du  Nouhaud,  quarante-cinq 
livres  dues  par  Antoine  Fouilhaud,  de  Saint-Marc-à-Loubaud,  pour 
la  ferme  du  pré  du  Baliadis,  quarante-cinq  livres  dues  par  Léonard 
Lebalif,  dit  le  Bourgeois,  pour  la  ferme  du  pré  du  Seigneur,  cent 
vingt  livres  dues  par  Michel  Nardon  et  Charles  Ternas  pour  la 
ferme  de  la  métairie  du  Meysounioux,  cent  vingt  livres  dues  par 
Gabriel  Peytounaud,  pour  la  ferme  de  sa  métairie  de  Gsnsanetas, 
cent  quarante  livres  dues  par  Pierre  Lemerle,  pour  la  ferme  de  la 
métairie  de  Neygres;  2**  par  acte  du  23  avril  1728  Leblanc,  no'« 
roy.,  cent  quarante  livres  dues  par  Antoine  Gensanetas  et  consorts 
pour  la  ferme  de  leur  métairie  de  Gensanetas;  outre  des  fermages 
dépendant  des  terres  de  Saint-Yrieix  et  de  La  Forest-Belleville. 

Par  acte  du  S  juillet  1727  Rebière,  no'*  roy.  héréd.,  passé  à 
Aubusson,  le  marquis  d'Aubepeyre  céda  et  transporta  à  maître 
François  Larte,  sieur  du  Leyris,  bourgeois  d'Orladeix,  paroisse  de 
Royêre  :  1*  six  cents  livres  dues  par  les  curé,  prêtres  communalistes 
et  syndic  de  Bourganeuf,  à  raison  des  condamnations  prononcées 
contre  eux  par  les  arrêts  du  parlement  de  Paris  énoncés  plus  haut; 
2"  et  tous  les  cens,  renies,  dîmes  et  autres  droits  et  devoirs  sei- 
gneuriaux lui  appartenant  sur  le  village  de  Laschaux-Couraud, 
paroisse  de  Gentioux,  sur  ceux  du  Villards,  des  Bordes,  de.Ver- 
gnolas,  de  Rubeyne,  deLascoux,  de  Vincent  et'le  moulin  de  Rochas, 
paroisse  de  Royère,  le  tout  moyennant  le  prix  de  huit  cent  quatre- 
vingt-dix-neuf  livres  payées  comptant  (1). 

Suivant  acte  du  21  janvier  1737  Delavergne,  no'«  roy.  héréd., 
passé  «  au-devant  de  la  principale  porte  de  la  cour  du  château 
d'Aubepeyre  »,  en  présence  de  Jean  Barben,  marchand  à  Pimpé- 

(I)  Commuaicatioa  de  M.  Frédéric  Rogier,  propriétaire  au  château  de 
BoDlieu. 


06  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOCIQUK  ET  HISTOBIQUB  DU  LIMOUSIN 

rigeas,  noire  marquis  vendit  à  Philippe  Peylangeas,  de  Bessas, 
les  biens  auxquels  il  avait  succédé,  comme  seigneur  de  Bessas,  par 
le  décès  arrivé  sans  hoirs  de  Jean  Lagaye.  Dans  cet  acte  il  est  dit 
«  résidant  parfois  en  son  château  d'Aubepeyre,  mais  demeurant 
d'habitude  en  son  château  de  Salles  ». 

Par  acte  du  31  juillet  1747  Jarrigeon  et  Delavergne,  no'"  roy., 
le  marquis  vendit  à  Gabriel  Guyonie,  sieur  d*Hautefaye,  bourgeois, 
résidant  au  lieu  d'Hautefaye,  paroisse  de  Banise,  la  rente  directe 
et  solidaire,  en  franche  condition,  noble  et  foncière,  et  tous  droits 
seigneuriaux,  droits  d*investilure  généralement  quelconques  dus 
sur  les  villages  de  Lamant  et  de  Lascoux,  paroisse  de  Banise,  con- 
sistant, savoir  :  pour  Lamant,  froment  quatre  quarlons,  avoine  un 
setier,. mesure  de  La  Borne  (1),  argent  vingt-six. sols,  gélines  deux, 
arbans  deux;  et  pour  Lascoux,  seigle  douze  quarlons,  mesure  de 
La  Borne,  argent  trente-deux  sols  six  deniers,  poules  deux,  avec 
tous  droits  de  directe,  lods,  investiture,  retenue,  lesquels  étaient 
établis  par  le  terrier  dudit  seigneur  en  date  du  22  janvier  155S,  par 
un  autre  terrier  ou  reconnaissance  faite  par  les  habitants  desdits 
villages  en  faveur  dudit  seigneur  reçae  Despagnat,  no'*  roy.,  le 
6  juin  1505,  et  par  une  sentence  obtenue  par  ledit  seigneur  contre 
les  mêmes  habitants  en  la  sénéchaussée  de  la  Marche  à  Guéret  le 
17  mars  1714. 

En  1719,  Jean-Galiot  de  Turenne  avait  pour  agent  et  receveur  au 
château  d'Aubepeyre  Antoine  Puechoultre,  advocat  en  parlement. 
En  1722  et  1723,  Jean  Carneiac  était  receveur  au  château  d'Aube- 
peyre;  le  marquis  y  demeurait  alors,  et  afferma  le  moulin  des 
Isles,  situé  sur  la  rivière  da  Thaurion.  En  1728,  Jean  Roque  était 
receveur  de  la  terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre.  En  1730,  ladite 
terre  et  seignearie  était  affermée  à  Pierre  Dumond,  notaire  royal 
d'Eymoutiers,  mais  cette  ferme  ne  fut  pas  de  longue  durée,  car  en 
1733  on  voit  Antoine  Puechoultre,  agent  et  mandataire  du  marquis, 
affermer  le  moulin  des  Isles  et  la  métairie  du  Theil-Haut.  Le 
4  mai  1738,  Jean-Galiot  «  étant  de  présent  en  son  château  noble 
d'Aubepeyre  »,  afferma  pour  huit  ans,  moyennant  le  prix  et  somme 
de  trois  mille  deux  ^^ents  livres,  à  Gabriel  Guyonie,  de  Vailière, 
tous  les  fonds,  proflts  et  revenus  des  terres  et  seigneuries  d'Aube- 
peyre,  Saint-Yrieix,  Belle ville-La-Forest,  sans  autre  réserve  que  la 
chambre  et  l'antichambre  au-dessus  de  la  cuisine  du  château 
d'Aubepeyre.  Depuis  1746  jusqu^à  sa  mort,  notre  marquis  eut  pour 

(4)  Le  seller  de  la  Borne  pesait  deux  cent  cinquante- six  livres  et  valait 
un  hectolitre  quatre-vingt-quatre  litres  ;  il  contenait  seize  boisseaux  ou 
quarlons,  pesant  chacun  seize  livres  et  valant  onze  litres  49, 


LE  MÀftQUISAT   D^AUBKPlTftC  97 

agent  aa  cbàteaa  d*Âubepeyre  Jean  Monrouzié,  natif  da  Quercy. 

Jean  Galiot  de  Turenne,  marquis  d*Aubepeyre,  mourut  au  châ- 
teau d*Âubepeyre  dans  les  premiers  mois  de  l'année  17S0,  laissant 
sa  maison  appauvrie.  Quoi  qu'il  eut  consenti  de  nombreuses  alié- 
nations, sa  succession  était  grevée  de  dettes.  Il  signait  :  «  Turenne 
d'Aubepere  ». 

Il  avait  épousé,  le  1*'  septembre  1703,  Anne  de  Galezëde,  Qlle 
unique  et  héritière  de  François  de  Caiezède,  chevalier,  seigneur  de 
Marcorinian,  etc.,  et  d'Antoinette  du  Buisson-Bouteville,  dont  : 

l""  Jean-Antoine,  qui  suit; 

9!"  Barthélémy  de  Turenne  d*Aubepeyre,  qui  était  mort  en  1761  ; 

3"*  Barthélémy-Henri  de  Turenne  d*Aubepeyre  (1),  qui  était  éga- 
lement mort  en  1761  ; 

4*  Jean-Claude-Galiot  de  Turenne  d'Aubepeyre,  chevalier  de 
Salles,  lieutenant  au  régiment  de  Bourbonnais,  né  en  1724,  marié 
en  1763  à  Jeanne  de  Mealet,  dont  Jean-Baptiste- Claude-Honoré- 
Marie  de  Turenne,  marquis  de  Turenne  d'Aubepeyre,  né  en  1770, 
marié  en  1796  à  Clotilde  Bastide,  duquel  est  descendu  Jean-Fran- 
çois-Alyn  de  Turenne,  marquis  de  Turenne  d'Aubepeyre,  résidant 
à  Rodez  (2)  ; 

5*"  Marianne  de  Turenne  d*Aubepeyre,  majeure  en  1753,  qui 
vivait  encore  en  1764  ; 

6*  Anne  de  Turenne  d'Aubepeyre,  majeure  en  1783; 

7«  Françoise  de  Turenne  d'Aubepeyre,  majeure  en  1753,  qui 
vivait  encore  en  1761. 

XV.  —  Jean-Antoine  de  Turenne,  chevalier,  seigneur  marquis 
d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix,  Laforest-Belleville,  Salles-en-Rouergue, 
Charbonnière  et  autres  places  en  Gévaudan,  habita  dès  Tabord  en 
Gévaudan. 

En  1752  et  1753,  il  avait  pour  agent  au  château  d'Aubepeyre 
Claude  Barben,  marchand,  du  village  de  Pimpérigeas,  paroisse  de 
Vallière.  Durant  ces  deux  années  on  répara  le  moulin  des  Isles  et 
on  y  établit  une  «  mallarie  ou  fouUerie  à  drap  »  et  un  pressoir  à 
faire  Thuile.  En  1752,  Jean  Gigaudeau,  duMeysounioux,  construisit 
à  Aubepeyre  un  bâtiment  d'exploitation  et  y  répara  le  moulin. 

Par  acte  sous  seings  privés  du  5  juillet  1753,  Jean-Antoine  de 
Turenne  vendit  à  François  Delavergne,  notaire  royal  au  Monteil- 
au- Vicomte,  la  terre  et  seigneurie  de  Laforest-Belleville,  moyen- 
nant douze  mille  livres  de  prix  principal  et  six  cents  livres  d'épingles. 

(\)  Nobiliaire  du  Limottaîn,  IV,  237. 

(2)  A.  Tardisu,  Grand  Dictionnaire  de  la  Haute-Marche ^  35,  369, 


98  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUX  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Par  autre  contrat  du  30  mars  1754  Coutisson,  no"*,  notre  marquis 
aliéna,  moyennant  mille  vingt-quatre  livres,  à  Léonard  Lepetil, 
marchand,  du  Mo nteil-a a-Vicomte,  la  rente  féodale  due  à  la  sei- 
gneurie de  Laforest-Belleville  par  les  tenanciers  du  tènement  de 
Las  Couriéras  ou  Les  Courières,  justice  du  Monteil,  joui  par  les 
habitants  du  village  de  La  Borderie,  paroisse  et  justice  du  Compeix, 
en  Limousin,  ainsi  que  les  cens  et  renies  dues  à  la  seigneurie 
d'Aubepeyre  par  les  habitants  de  La  Bussière,  paroisse  de  Saint- 
Pierre-le-Bosl. 

En  1756  et  1757,  Jean-Antoine  habitait  le  château  d'Aubepeyre. 
Le  6  septembre  1757  devant  Barben,  no"  roy.,  il  traita,  tant  pour 
lui  que  pour  ses  frères  et  sœurs,  avec  messire  Julien  Chassaingt, 
prieur-curé  de  Saint- Yrieix,  envers  lequel  les  héritiers  de  feu  Jean- 
Galiot  de  Turenne  étaient  redevables  de  la  somme  de  huit  cents 
livres.  Celte  transaction  mit  fin  à  de  nombreux  procès  (1). 

En  1756  et  années  suivantes,  notre  marquis  plaida  devant  la 
sénéchaussée  criminelle  de  la  Marche  à  Guéret  contre  un  marchand 
forain  du  Dauphiné,  nommé  Julien  Siaud,  et  contre  Léonard  Dar- 
feuilhe,  sieur  de  La  Brousse,  au  sujet  d'une  montre  en  argent,  à 
double  boilier,  qui  avait  été  vendue,  moyennant  deux  louis  de 
vingt-quatre  livres,  par  Darfeuilhe  à  Siaud  et  qui  fut  reconnue  être 
la  propriété  du  marquis  d'Aubepeyre.  Ce  dernier  ne  vit  pas  la  fin 
de  ce  procès  qui  alla  jusqu'au  parlement  de  Paris  et  ne  se  termina 
qu'en  1777.  Léonard  Darfeuilhe  succomba,  car  il  paya  les  frais  le 
3  janvier  1778. 

Le  10  novembre  1760,  m«  Jean-Bruno  Bernard,  avocat  au  parle- 
ment de  Toulouse,  habitant  de  la  ville  de  Villefranche,  en  Rouergue, 
créancier  de  feu  Jean-Galiot  de  Turenne,  fit  saisir  réellement  au 
préjudice  de  messire  Jean-Antoine  de  Turenne,  chevalier,  seigneur 
d'Aubepeyre,  de  messire  Jean-Glaude  de  Turenne,  chevalier  de 
Salles,  et  de  demoiselles  Marianne  et  Françoise  de  Turenne,  frères 
et  sœurs,  habitants  de  Villefranche,  enfants  et  successeurs  de 
messire  Jean-Galiot  de  Turenne,  le  fief,  terre  et  seigneurie  d'Aube- 
peyre et  dépendances,  pour  être  vendu  par  décret  et  autorité  de 
justice  pardevant  le  sénéchal  de  Rouergue  ou  son  lieutenant  en  la 
sénéchaussée  de  Villefranche.  Des  procès-verbaux  de  criée  furent 
affichés  pour  la  quatrième  fois  en  janvier  1761  aux  portes  princi- 
pales des  églises  des  paroisses  de  Saint-Yrieix-la-Montagne,  Vallière, 
Châtain  et  Royère,  dans  lesquelles  étaient  situés  lesdits  fief,  terre 
et  seigneurie  et  les  biens,  domaines  et  rentes  en  dépendant.  Nous 
possédons  une  copie  du  procès-verbal  de  la  dernière  criée  faite  à 

(1)  Archives  de  la  Creuse,  E  285. 


LB  MABQUISAT  D*AUBEl>BYRK  99 

Rojère  :  elle  contienl  le  détail  des  biens  fonds  et  renies  féodales 
composant  alors  les  terres  et  seigneuries  d^Aubepeyre  et  de  Saint- 
Yrieix(l].  La  créance  due  à  Jean-Bruno  Bernard  fut  probablement 
soldée,  car  les  poursuites  ne  furent  pas  continuées.  Mais  pour 
solder  les  nombreuses  dettes  laissées  par  Jean-Galiot  il  avait  fallu 
réaliser  de  nombreuses  aliénations,  qui  diminuèrent  sensiblement 
le  patrimoine  de  la  maison  d'Aubepeyre. 

Jean-Antoine  de  Turenne,  dernier  marquis  d'Aubepeyre,  mourut 
au  château  d'Aubepeyre  le  30  septembre  1764.  Son  inventaire  fut 
dressé  le  23  novembre  suivant.  Il  signait  «  de  Turenne  ». 

Trompé  parla  tradition,  nous  avons  dans  notre  ouvrage  intitulé 
«  Royèrê  {jadis,  aujourd'hui)  »,  attribué  à  Jean-Antoine  de  Turenne, 
dernier  marquis  d'Aubepeyre,  certains  traits  de  violence  plus  ou 
moins  originaux  contre  des  tenanciers  et  des  huissiers.  Reconnais- 
sant aujourd'hui  notre  erreur,  nous  estimons  que  le  seigneur,  dont 
la  mauvaise  renommée  est  parvenue  jusqu'à  nous,  n'est  pas  Jean- 
Antoine  de  Turenne,  dernier  marquis  d'Aubepeyre,  mais  bien  Jean- 
Galiot,  son  père. 

Jean-Antoine  de  Turenne  avait  épousé  Marie-Elisabeth  de  Volon- 
zac,  comtesse  de  Yolonzac,  dame  de  Charbonnière,  Montbrun, 
Montézie  et  Varrille,  qui  vivait  encore  en  1762,  de  laquelle  il  laissa 
pour  seule  et  unique  héritière  une  fille,  Jeanne-Martiale-GaliotOf 
qui  suit. 

XVI.  — Jeanne-Martiale-Galiole  de  Turenne,  dame  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  Salles,  Courbatiers,  Le  Pouget  et  la  Tour  de  Royère, 
avait  épousé,  par  contrat  du  7  juin  1761  Barben  et  Coutisson,  no'®* 
roy,,  messire  Raymond  Garât  de  La  Villeneuve,  écuyer,  seigneur 
baron  de  La  Villeneuve-au  Comte,  Nedde,  Beauvais,  capitaine  au 
régiment  de  Cambrésis,  fils  de  Laurent-Raymond  Garât  de  Nedde, 
écuyer,  seigneur  marquis  de  Nedde,  et  de  Marie-Anne  Faulte  du 
Puidutour,  résidant  au  château  de  Neddè,  en  Poitou. 

Pendant  les  premières  années  de  leur  union,  Raymond  Garât  de 
La  Villeneuve  et  Jeanne-Marliale-Galiote  de  Turenne  habitèrent  le 
château  de  Nedde.  A  partir  de  1767,  on  les  trouve  souvent  au  châ- 
teau d'Aubepeyre. 

Le  15  avril  1765  devant  Coutisson  et  Tramonteil,  no'"  roy.,  fut 
dressée  une  attestation  ou  acte  de  notoriété  constatant  que  Jeanne- 
Martiale-Galiote  de  .Turenne,  épouse  de  Raymond  Garât  de  La 
Villeneuve,  était  sejile  et  unique  héritière  de  Jean-Antoine  de 
Turenne,  marquis  d'Aubepeyre,  son  père.  Cette  attestation  fut 


(4)  Voy.  à  rappeodice  extrait  de  ce  procès-verbal  de  criée. 


100  SOCIÉTÉ  ARGHÊOLOGIQUR   Et   HISTORIQUB  DU   LlMODSIII 

signée  par  :  1**  messire  Etienne  de  Brugière,  chevalier,  seigneur  de 
Farsac,  Serre»  demeurant  en  son  château  de  Farsac,  paroisse  de 
Bussy-Varache  ;  2**  messire  Melchior  de  La  Grange,  chevalier,  sei- 
gneur baron  de  Tarnac,  demeurant  en  son  château  de  Tarnac, 
paroisse  dudit  lieu;  3*  et  messire  François-Alexis  Garât,  chevalier, 
seigneur  de  Beaumont,  capitaine  au  régiment  de  Cambrésis,  demeu- 
rant  en  son  château  au  bourg  de  Nedde. 

Après  la  mort  de  Jean-Antoine  de  Turenne,  Raymond  Garât  de 
La  Villeneuve  est  qualifié  chevalier,  seigneur  baron  de  La  Ville- 
neuve-au-Comte,  Nedde,  Saint- Yrieix,  Aubepeyre,  le  Meysounioux, 
Pimpérigeas  et  autres  lieux,  et  encore  seigneur  haut  et  bas  justicier 
des  justices  de  Pimpérigeas,  d*Aubepeyre,  le  Meysounioux,  de 
Saint-Yrieix  et  de  la  baronnie  de  La  Villeneuve-au-Comle  et  Nedde. 
A  partir  du  31  janvier  1778,  Raymond  Garât  de  La  Villeneuve  est 
plus  souvent  qualifié  chevalier,  seigneur  marquis  de  Nedde,  baron 
de  La  Villeneuve,  seigneur  d*Aubepeyre,  Saint-Yrieix,  Pimpérigeas, 
Beauvais,  Saint-Priest  et  autres  lieux.  Il  était  connu  sous  le  nom  de 
«  Monsieur  de  La  Villeneuve  ». 

Claude  Barben,  notaire  royal,  du  village  de  Pimpérigeas,  était 
receveur  au  château  d'Aubepeyre  et  y  mourut  le  9  juin  1780. 

Suivant  acte  du  21  mars  1784  Coutisson  et  Jagot,  no'"roy.,  M.  de 
La  Villeneuve  vendit  à  Léonard  Fiallon,  entrepreneur  de  bâtiments, 
demeurant  au  Mont,  paroisse  de  Saint-Yrieix,  le  domaine  du  Theil- 
Haut,  paroisse  de  Saint-Yrieix,  en  Poitou,  moyennant  deux  mille 
sept  cents  livres.  Par  autre  acte  du  12  janvier  1787  Coutisson  et 
Tiquet,  no'~  roy.,  il  fit  de  François  Olivon,  de  La  Valette,  Tacqui- 
sition  d'un  petit  domaine  situé  à  La  Valette. 

Jeanne-Martiale-Galiote  de  Turenne,  dame  d'Aubepeyre,  Saint- 
Yrieix,  mourut  au  château  de  Nedde  le  2  mars  1787,  à  quarante- 
six  ans.  Elle  laissait  de  son  union  avec  Raymond  Garât  de  la 
Villeneuve  huit  enfants  : 

1°  Raymond-Galiot-François  Garât  delà  Villeneuve,  dit  Monsieur 
de  Saint-Yrieix,  né  le  22  mars  1764,  mort  à  Tlle  de  Grenade; 

2*»  Henri-Joseph- Raymond -Galiol  Garât  de  la  Villeneuve,  dit 
Monsieur  de  Royère,  né  le  6  mars  1769,  mort  à  Liège  ; 

3°  Raymond-François  Garât  de  la  Villeneuve,  mort  à  Francfort  ; 

4**  Raymond-Marie  Garât  de  la  Villeneuve,  dit  Tabbé  de  Négre- 
mont,  tonsuré  le  19  février  1780  ; 

5*  Raymond-Joseph-François  Garât  de  la  Villeneuve,  dit  Mon- 
sieur d'Ardenne,  mort  à  Nedde  en  1824; 

6*  Raymond-Bernardin-Gyrille  Garât  de  la  Villeneuve,  dit  Mon- 
sieur de  Beauvais,  depuis  marquis  de  Nedde,  né  en  1776,  qui 
épousa  Marie-Calherine-Sophie  du  Authier,  fille  de  Jean  du  Au- 


LE   MARQUISAT   D*AUBBPETRK  101 

ihicr,  comte  du  Aulhier,  colonel  du  régiment  de  Penthièvre-dra- 
gons,  et  de  Marie-Léonarde  de  Rieublanc  du  Bost,  dont  postérité, 
mort  le  16  juin  1848; 

7°  Marguerite-Thérèse  Garât  de  la  Villeneuve,  dite  Mademoiselle 
de  la  Villeneuve,  qui  épousa  en  1784  Pierre  Gaultier,  seigneur  de 
Villemoujanne,  le  Mazaud  et  Bethe,  président  trésorier  de  France 
au  bureau  des  finances  de  Limoges,  fils  de  feu  Psalmet  Gaultier 
du  Marache,  aussi  président  trésorier  de  France  au  même  bureau, 
et  d'Anne  Chassdigne,  demeurant  à  Saint-Gilles,  paroisse  de  Saint- 
Pierre-Château  ;  témoin  :  Alexis-Jean-François  Garât  de  Beau- 
mont,  chevalier  de  Saint-Louis,  ancien  capitaine  au  régiment  de 
Saintonge. 

Et  8''  Une  autre  fille,  religieuse  au  couvent  de  Blessac. 

Raymond-Galiot-François  Garât  de  la  Villeneuve,  dit  Monsieur 
de  Sainl-Yrieix,  fit  ses  preuves  de  noblesse  devant  Chérin  père, 
généalogiste  du  roi,  le  10  novembre  1784,  pour  être  admis  au  ser- 
vice militaire.  Pour  la  même  admission,  Henri-Joseph-Raymond- 
Galiot  Garât  de  la  Villeneuve,  dit  Monsieur  de  Royère,  fit  aussi  ses 
preuves  de  noblesse  devant  Chérin  père  le  4  février  1785. 

A  la  Révolution,  les  trois  fils  aines  émigrèrent.  Ils  moururent  à 
Télranger.  Leur  père,  qui  signait  «  Lavilleneuve»,  assista  en  1789 
à  TAssemblée  de  la  noblesse  du  Limousin.  En  1792  il  était  admi- 
nistrateur du  Directoire  du  département  de  la  Haute-Vienne. 

M.  de  la  Villeneuve  n'émigra  pas,  pas  plus  que  ses  jeunes  fils, 
mais  à  cause  de  rémigration  des  fils  aînés,  la  Nation  fit  vendre 
comme  bien  national  la  terre  d'Aubepeyre. 


CHAPITRE  V 


LE  CHATEAU  D  AUBEPEYRE 


Le  château  et  maison  noble  d'Aubepeyre,  en  la  Marche,  était  en 
1555  entouré  de  fossés  remplis  d'eau,  et  à  Torient  il  touchait  à  un 
petit  étang  qui  subsiste  encore.  Un  pont-levis  faisait  communiquer 
avec  la  basse-cour  et  les  jardins.  A  la  porte  d'entrée  s'élevaient 
deux  tours,  dont  l'une  servait  de  colombier. 

Depuis  la  mort  de  Jacques  de  Chizadour,  ce  château  ne  fut  plus 
habité  par  les  seigneurs  qui  n'y  résidèrent  que  momentanément. 
Les  fermiers  ou  régisseurs,  qui  y  faisaient  leur  résidence,  se  pré- 
occupèrent peu  de  son  entretien.  Aussi  au  commencement  du 
xvni^  siècle  se  trouvait-il  bien  délabré  et  les  réparations  étaient 
devenues  urgentes. 

T.  LU  I 


402  SOaÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  Et  HISTORIQUE  DU  LlllOUSlIf 

Les  détails  qu'on  va  lire  feront  connaître  en  quoi  consistait  ce 
château. 

En  1719,  Jean-Galiot  de  Turenne  fit  reconstruire  le  grand  pa- 
villon du  château. 

Suivant  acte  du  25  octobre  1737  Delavergne,  no"  roy.  héréd., 
le  même  Jeau-Galiot  fit  prix  avec  Jacques  Nuellas,  maître  maçon 
de  Madéry,  pour  la  réparation  du  château.  Nuellas  s'obligeait 
«  à  construire,  à  l'entrée  du  château,  un  pont  pour  rentrée  d'icelui 
de  la  première  cour  à  Vautre,  composé  de  deux  arcades  et  deux 
parapets,  de  largeur  de  douze  pieds  dans  œuvre  ;  à  faire  le  portail 
en  pierres  de  taille,  de  largeur  de  neuf  pieds  sur  dix  pieds  de 
hauteur,  avec  un  fronton  au-dessus  pour  mettre  les  armes  dud. 
seigneur,  et  à  côté  dudit  pont  ou  portail  faire  un  bâtiment  qui  con- 
tiendrait un  cabinet  voûté  à  plein-pied  Je  lad.  entrée  ou  de  quel- 
que chose  plus  bas  ;  la  porte  de  sortie  duquel  serait  située  auprès 
dud.  portail;  et  au-dessus  duquel  cabinet,  un  autre  cabinet  aussi 
voûté,  la  porte  duquel  serait  posée  à  plein  pied  de  l'antichambre 
de  la  chambre  dud.  seigneur,  avec  trois  couverts  à  mansarde,  au- 
dessus  desquels  deux  cabinets  auront  toute  Tenssavure  que  led. 
bâtiment  qui  aboutira  seulement  auprès  de  la  fenêtre  de  lad. 
chambre  ;  les  murs  duquel  bâtiment  auront  dans  les  fondements 
quatre  pieds  et  demi  d'épaisseur  et  leur  haut  d'une  largeur  suffi- 
sante à  soutenir  lesd.  deux  voûtes  ;  à  faire  dans  le  haut  cabinet 
un  chauffe  pour  la  cheminée  d'une  grandeur  honnête  et  conve- 
nable à  icelui  ;  comme  aussi  à  remettre  le  mur,  qui  est  du  côté  de 
la  prison  où  il  en  aura  besoin,  afin  de  pouvoir  soutenir  le  susd. 
portail  et  le  tout  prendre  par  les  fondements  ;  à  faire  ouvrer  les 
bois  nécessaires  aud.  ouvrage,  faire  la  charpente  desd.  cabinets 
et  le  couvert  ;  à  repasser  et  remettre  les  fraisures  dud.  château  et 
fermer  les  gouttières  qui  se  trouveraient  en  icelui  ;  à  remettre  la 
tête  de  la  cheminée  de  la  grande  tour,  à  crépir  toute<«  les  têtes  des 
autres  cheminées  dud.  château  ;  à  tirer  dans  la  carrière  les  pierres 
nécessaires,  les  tailler  comme  il  faut;  couper  les  bois  et  les  ouvrer 
là  où  le  seigneur  lui  indiquera  ;  à  faire  et  poser  une  porte  d'entrée 
dans  le  vide  ou  chambre,  qui  se  trouvera  au-dessus  desd.  cabinets  ; 
faire  une  fenêtre  dans  celui  d'en  haut,  d'une  grandeur  suffisante, 
et  dans  le  bas  une  petite  fenêtre  ;  placer  et  poser  une  fenêtre  dans 
l'antichambre  qui  donnera  entrée  au  second  cabinet  auprès  de  la 
porte  d'icelle  ;  a  mettre  le  couvert  de  |la  chapelle  du  château  en 
mansarde  et  le  couvert  de  la  galière  qui  est  au  devant  de  la  pente  ; 
pour  ces  effets,  refaire  et  remettre  la  muraille  qui  est  du  côté  du 
corps  de  logis  en  bon  état,  capable  de  soutenir  le  couvert  ;  faire  le 
plancher  de  lad.  chapelle,  le  plancher  accomodé  pour  faire  un 


LS  MàftQOlSAT  d'aUBKPKTKK  103 

petit  dôme  pour  placer  la  cloche  au-dessus  de  ladite  mansarde  ; 
faire  la  charpente  du  tout,  faire  scier  les  bois  nécessaires,  à  Tex- 
ception  des  planches  et  des  soliveaux  qui  manqueraient  au  plan- 
cher ;  à  faire  un  mur  contre  terrain  à  une  face  pour  soutenir  la 
terrasse,  que  le  seigneur  lui  donne  à  faire  du  côté  de  l'étang  et  le 
long  de  la  face  dud.  château  ;  et  de  plus,  s'il  convient  aud.  sei- 
gneur, faire  le  parapet  à  lad.  terrasse  sur  led.  mur  ;  mettre  un 
entablement  de  pierres  de  taille  en  dedans  d'icelle.  » 

Le  seigneur  devait  fournir  et  faire  conduire  tous  les  bois,  pierres 
et  autres  matériaux  nécessaires  sur  place  et  dans  la  cour  du  ch&- 
teau,  fournir  les  clous,  la  chaux  et  tout  ce  qui  pourrait  être  re- 
connu nécessaire.  Pour  le  mur  de  la  terrasse,  le  seigneur  s*obli- 
geait  à  lui  payer  deux  livres  par  toise  de  six  pieds  de  roi  (1),  en  y 
comprenant  l'entablement.  Pour  les  autres  travaux,  le  seigneur 
s'obligeait  à  lui  payer  quatre  cent  vingt  livres.  Ces  travaux  furent 
exécutés,  du  moins  en  partie,  car  on  trouve  une  quittance  en  date 
du  14  avril  1738  constatant  que  le  marquis  a  payé  un  à-compte  de 
cent  trente-deux  livres  quinze  sols. 

Suivant  autre  acte  du  8  juillet  1738  Delavergne,  no'«  roy.,  Jean 
Gigaudeau,  maître  charpentier  du  Meysounioux,  s'obligeait  envers 
Jean-Galiot  de  Turenne  à  réparer  la  toiture  du  colombier,  à  re- 
couvrir de  bout  à  autre  la  muraille  de  la  cour  du  portail  d'en  bas 
de  la  première  cour  du  château,  à  repiquer  la  couverture  de  la 
petite  tour  à  côté  du  portail  d'en  haut,  à  repasser  la  couverture  de 
l'écurie  du  château,  à  reparer  la  couverture  du  moulin  des  Isles, 
la  toiture  des  bâtiments  des  domaines  du  Theil  et  la  toiture  des 
bâtiments  d'exploitation  d'Âubepeyre.  Le  seigneur  restait  chargé 
des  fournitures  et  conduites.  Ce  prix  fait  fut  convenu  moyennant 
deux  cents  livres,  en  présence  de  Jean  Barben,  marchand  à  Pim- 
périgeas,  et  de  François  Gasne,  praticien  à  Vallière. 

Par  acte  du  28  octobre  1781  Delavergne,  no"  roy.,  Jean-Antoine 
de  Turenne,  dernier  marquis  d'Aubepeyre,  fit  marché  avec  Gabriel 
Desgabriel  et  Léonard  Valereix,  maître  maçon  et  tailleur  de  pierres 
du  Cioup-Vallereix,  pour  la  construction  d'une  maison  ayant  dans 
œuvre  soixante  pieds  de  long  sur  dix-huit  pieds  de  large  ;  ils 
durent  en  même  temps  démolir  le  degré  ou  escalier  du  château 
et  le  remplacer  par  un  autre  escalier  à  marches  de  six  pieds  de 
long,  cinq  pieds  dans  œuvre,  un  pied  de  large  et  six  pouces 
d'épaisseur  reposant  sur  six  plafonds  en  bois;  ouvrir  trois  fenêtres 
sur  cet  escalier;  raccorder  les  portes  des  chambres  et  faire  une 

(f  )  Le  pied  de  roi  qui  contenait  douze  pouces  valait  0'"3248  ;  la  toise  de 
six  pieds  valait  donc  i">9490. 


104  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

cave  voûtée  sous  Tescalier.  Pour  tous  ces  travaux  et  autres  acces- 
soires, le  seigneur  leur  donna  six  cents  livres  et  deux  setiers  de 
blé,  mesure  d'Aubusson  (1). 

Le  29  avril  1758  le  même  Jean-Antoine  fit  marché  avec  Léonard 
Cancalon,  «  pour  faire  le  degré  en  pavillon,  y  placer  deux  fenêtres 
de  cinq  pieds  de  haut  et  trois  de  large  ;  percer  une  porte  au  pre- 
mier étage  pour  entrer  dans  Tapantz;  relier  le  degré  à  la  grande 
tour  du  côté  de  Tétang  par  un  mur  de  la  hauteur  de  Tapantz,  avec 
trois  fenêtres  de  ce  côté  et  deux  sur  la  façade  de  la  salle  de  la 
même  grandeur  que  celles  qui  evislaieut  déjà.  Après  Texécution 
de  ces  travaux,  les  parties  ne  purent  s'entendre  :  de  là  procès.  Des 
experts  furent  nommés  pour  vérifier  les  travaux  exécutés;  procès- 
verbal  de  réception  du  rapport  desdits  experts  fut  dressé  en  1759 
par  Etienne-Charles  de  Nesmond,  écuyer,  seigneur  de  la  Ghassaigne, 
lieutenant-général  en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial  de  Guéret  (2). 

En  1761,  dans  la  saisie  pratiquée  au  préjudice  des  héritiers  de 
Jean-Galiot  de  Turenne,  le  château  est  ainsi  désigné  :  «  Un  château 
à  trois  étages,  couvert  à  tuiles,  renfermé  d*une  cour,  dans  laquelle 
est  une  chapelle  domestique  et  une  boulangerie,  et  d*une  avant- 
cour,  dans  laquelle  il  y  a  plusieurs  écuries  pour  les  chevaux,  des 
granges,  étables  pour  les  bestiaux,  un  colombier  attenant  au  nord 
et  une  guérite  à  côté  du  portail  de  Tavant-garde,  hors  de  laquelle 
il  y  a  six  écuries  et  étables,  deux  granges  et  un  jardin  de  quatre 
boisselées  (3),  » 

Le  19  octobre  1761,  M.  de  la  Villeneuve,  gendre  du  dernier 
marquis,  fit  marché  pour  continuer  les  réparations  du  château, 
depuis  le  jambage  gauche  de  la  porte  jusqu'à  Tencoignure  à  droite 
du  château,  y  faire  au  rez-de-chaussée,  entre  ladite  porte,  une 
porte  vitrée  et  deux  fenêtres,  au  premier  deux  fenêtres  au-dessus 
de  chaque  porte,  au  second  deux  fenêtres  au-dessus  de  celles  du 
premier. 

A  la  suite  de  toutes  ces  démolitions,  reconstructions  et  répara- 
tions il  ne  reste  plus  du  château  d'Aubepeyre  qu'un  grand  bâtiment 
carré  ;  les  deux  tours  ont  disparu. 

(1)  L'ancleo  boisseau  d'Aubusson  pesait  dix-huit  livres  et  valait  douze 
liires  924;  le  seller  comprenait  huit  boisseaux  pesani  cent  quarante- 
quatre  livres  et  valant  un  hectolitre  03.  Le  nouveau  boisseau,  pesani 
vingt-cinq  livres,  valait  dix-sept  litres  951  ;  le  setier  pesant  deux  cents 
livres  valait  un  hectolitre  33.  Nous  ignorons  à  laquelle  de  ces  deux  me- 
sures il  est  ici  fait  allusion. 

(3)  Archives  de  la  Creuse,  E  H04. 

(3)  La  boisselée  d'Aubusson,  Fclletin,  Vallière,  valait  sept  ares  soixante 
centiares.  Celle  de  la  Borne  ne  valait  que  quatre  ares  8542. 


LE  MARQUISAT   D*AUBKPCYRB  105 


CHAPITRE  VI 

DOMAINE  UtIlE,  rentes  ET  DIMES  DE  LA  SEIGNEURIE  D'AOBEPEYRE 

§1".  —  Domaine  utile 

Eq  fait  de  biens  territoriaux,  la  seigneurie  d'Âubcpeyre  possé- 
dait en  1761  : 

1*  A  Aubepeyre  :  le  château  ;  un  pré,  dit  le  Grand  Pré  de  la 
Porte,  de  contenance  à  recueillir  trente  charretées  de  foin;  un 
pré,  dit  le  Pré  du  Seigneur,  de  contenance  à  recueillir  vingt-cinq 
charretées  de  foin;  quatre  étangs,  dont  trois  étaient  alors  rompus 
et  en  pacage;  un  bois  de  haute  futaie,  appelé  la  Garenne,  de  la 
contenance  d'environ  cinquante  stérées,  mesure  d'Aubusson(l); 
trois  métairies,  au  labourage  chacune  de  quatre  bœufs  et  pouvant 
récolter  chacune  trente  charretées  de  foin.  (Il  n'y  existait  aucune 
maison  de  métayer  et  pas  d'autres  bâtiments  d'exploitation  que 
ceux  qui  étaient  attenant  au  château). 

^  Au  Meysounioux  :  un  pré,  appelé  de  la  Bailladie,  de  conte- 
nance à  récolter  vingt-cinq  charretées  de  foin  ;  et  une  métairie,  au 
labourage  de  quatre  bœufs,  où  Ton  recueillait  chaque  année  vingt- 
cinq  charretées  de  foin  (en  1646,  elle  était  affermée  vingt  setiers 
seigle,  mesure  d'Aubusson). 

S**  Au  Theil-Haut  :  une  métairie,  au  labourage  de  quatre  bœufs, 
où  Ton  recueillait  chaque  année  dix-huit  charretées  de  foin  (en 
1646,  elle  devait  être  moins  considérable,  car  elle  n'était  affermée 
que  vingt-cinq  livres  au  métayer). 

4""  A  Gensanetas,  paroisse  de  Royère  :  un  étang,  un  moulin  et 
deux  métairies  d'inégale  grandeur.  (En  1636,  la  grande  métairie 
était  exploitée  par  Jehan  Le  Rousseau,  la  petite  par  Pierre  Pey- 
tounaud.  La  petite  métairie  avait  été  donnée  à  métairie  perpé- 
tuelle à  Pierre  Peytounaud  par  Louis  de  Gourdon  de  Genouilhac, 
suivant  bail  du  8  janvier  1636  Despaignat,  no".  En  1646,  la 
grande  métairie  était  affermée  à  Le  Rousseau  et  à  Le  Rat,  son 
gendre,  moyennant  quarante  setiers  seigle,  cinq  setiers  avoine, 
mesure  de  Peyrat,  trente  livres  argent,  six  livres  de  beurre,  dix- 
huit  fromages  et  une  paire  de  bœufs  de  vinade  de  fermage  annuel  ; 

(t)  La  stérée  d'Aubusson  conienail  seize  cents  toises  carrées  et  valait 
soixaDle  ares  7798. 


106  sociAtA  archéologique  et  historique  du  limousin 

la  petite  était  affermée  à  Peytounaud,  moyennant  trente-six  setiers 
seigle,  trois  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  trente  livres  argenl, 
six  livres  de  beurre,  dix-huit  fromages  et  une  paire  de  bœufs  de 
vinade  de  fermage  annuel.  En  17S1,  la  grande  métairie  était  ex- 
ploitée par  la  famille  Durât;  la  petite  par  Louis  Peytounaud). 
Dans  le  procès-verbal  de  saisie  du  18  janvier  1761  la  petite  mé- 
tairie a  été  omise;  il  y  est  dit  que  la  métairie  de  Gensanelas  est 
au  labourage  de  quatre  bœufs  et  qu'on  y  recueille  chaque  année 
trente  charretées  de  foin.  En  1766,  le  seigneur  d'Aubepeyre  payait 
pour  ces  deux  domaines  dix-sept  livres  seize  sols  d'imposition 
principale  (1).  Â  la  Révolution,  la  grande  métairie  était  exploitée 
par  les  familles  Durât  et  Biolette,  la  petite  par  Pierre  et  Martial 
Gery  et  par  Jean  Gensanetas.  Comme  trois  des  propriétaires  de  la 
terre  d'Âubepeyre  avaient  émigré,  la  Nation  confisqua  cette  terre 
et  la  fit  vendre  aux  enchères  comme  bien  national  :  le  domaine  des 
Gery  et  Gensanetas  fut  vendu  dix  mille  quatre  cent  cinquante 
francs. 

S""  Les  moulins  banaux,  appelés  des  Isles,  paroisse  de  Saint- 
Yrieix,  en  Poitou,  situés  sur  la  rivière  du  Thaurion  et  composés 
d'un  moulin  à  blé,  d'un  à  chanvre,  d'un  à  huile  et  d'un  à  draps. 
(En  1646,  ces  moulins  étaient  affermés  six  vingt  livres  (120  livres); 
en  1761,  ils  étaient  exploités  par  Pierre  Gasne,  du  village  du  Theil- 
Haut).  Par  acte  du  30  mai  1764  Barben,  no'«  roy.,  ils  furent 
donnés  en  arrentement  perpétuel  audit  Pierre  Gasne  ;  ce  bail  fut 
renouvelé,  suivant  acte  du  21  avril  1792  Jagotet  Coutisson,  no'«% 
par  Raymond  Garât,  baron  de  la  Villeneuve,  marquis  de  Nedde(2). 

6**  Le  moulin  banal  de  Rochas,  paroisse  de  Royère,  auquel 
étaient  astreints  les  habitants  du  bourg  de  Royère.  (En  1646,  ce 
moulin  était  affermé  dix-huit  setiers  seigle,  mesure  de  Peyrat.  Les 
habitants  du  bourg  de  Royère  ayant  essayé  de  s'affranchir  de  la 
banalité  de  ce  moulin,  Jean-Galiot  de  Turennè,  marquis  d'Aube- 
peyre, les  fit  condamner  par  sentences  de  la  sénéchaussée  de 
Montmorillon  du  7  septembre  1714  et  7  août  1716  à  faire  moudre 
leurs  grains  au  moulin  de  Rochas  tant  et  si  longuement  qu'ils 
seraient  habitants  dudit  bourg  de  Royère.  En  1721  ce  moulin  était 
en  ruines).  En  1761  il  était  exploité  par  François  Chabrouty,  en 
1789  par  Pierre  Chenaud,  alors  qu'il  possédait  deux  tournants, 
l'un  à  blé,  l'autre  à  chanvre.  Il  fut  vendu  comme  bien  national  et 
adjugé  à  François  Chenaud. 

(4)  Archives  de  la  Creuse,  G  394. 
(2)  Archives  de  la  Grense,  E  284. 


LE  MARQUISAT  D^AOBEPEYRfi  |07 

§  2.  —  Rentes  féodales 

En  1646,  la  seigneurie  d'Aubepeyre  percevait  en  rentes  féodales 
annuelles  : 

1**  Sur  le  village  du  Mont,  en  Marche,  une  rente  serve  et  soli- 
daire de  trente-sept  sols  argent,  deux  setiers  seigle,  six  raz 
avoine  (1)  et  une  géline  ;  en  1761,  cette  rente  est  indiquée  comme 
consistant  en  argent  trois  livres  douze  sols,  seigle  trois  quartons, 
avoine  quatorze  quartons. 

2*»  Sur  le  village  du  Meysounioux,  aussi  en  Marche,  une  rente 
serve  et  solidaire  de  dix-sept  livres  seize  sols  huit  deniers  argent, 
quinze  setiers  seigle,  treize  seliers  avoine  (2),  neuf  gélines  et 
cinq  paires  de  bœufs  de  vinade;  en  1761,  argent  cinquante  livres, 
seigle  dix  setiers  trois  quartons,  poules  dix. 

3""  Sur  le  village  de  Bessas,  moitié  en  Marche  et  moitié  en  Poi- 
tou, une  rente  solidaire  de  douze  livres  sept  sols  quatre  deniers 
argent,  douze  setiers  seigle,  dix  setiers  avoine  (3),  quatorze  gélines 
el  six  paires  de  bœufs  de  vinade  ;  en  1761,  dix-huit  livres  dix  sols 
argent,  trois  setiers  seigle,  quarante-deux  quartons  avoine,  outre 
une  autre  rente  dont  la  consistance  ne  nous  est  pas  connue. 

4*  Sur  le  village  de  Magnat,  en  Poitou,  une  rente  de  huit  livres 
neuf  sols  argent,  sept  setiers  seigle,  trois  quartes  froment,  quatre 
setiers  avoine  (4)  et  quatre  gélines;  en  1761,  la  consistance  de  la 
rente  n'est  pas  indiquée; 

5*  Sur  le  village  de  la  Valette,  aussi  en  Poitou,  une  rente  de 
treize  livres  quinze  sols  argent,  y  compris  la  vinade,  treize  setiers 
deux  coupes  seigle,  quatre  quartons  froment,  cinq  seliers  deux 
coupes  avoine  et  quatre  gélines  ou  poules.  En  1748,  une  sentence 
de  Montmorillon  fixa  la  quotité  de  cette  rente.  En  1761,  on  men- 
tionne quatorze  livres  argent,  quinze  setiers  deux  quartons  seigle 
ou  froment,  cent  douze  quartons  combles  avoine  (5),  cinq  poules  ; 

6»  Sur  le  village  du  Cloup-Vallereix  (alors  Cloupt- Valéry),  aussi 


(1)  La  mesure  n'esl  pas  indiquée.  C'était,  croyons-nous,  à  la  mesure 
d^Aubusson,  le  Mont  dépendant  de  cette  châtellenie.  Le  boisseau,  quarton 
ou  quarte  se  nommait  rat  lorsqu'il  servait  k  mesurer  Tavoine. 

(S)  Mesure  non  indiquée  :  probablement  celle  de  la  Villeneuve,  dont  le 
setîer  pesait  cent  soixante  livres  et  valait  iii  litres  88. 

(3)  Môme  observation  que  pour  le  Meysounioux. 

(4)  Mesure  non  indiquée  :  probablement  celle  de  Peyrat. 

(5)  Môme  observation  que  pour  Magnat.  —  La  coupe  était  le  quart  de  la 
quarte  ou  quarton. 


108  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   UISTORIQCE   DU  LIMOUSIN 

en  Poitoa,  une  rente  solidaire  de  cinq  livres  onze  sols  argent,  huit 
seliers  trois  coupes  seigle,  quatre  setiers  sept  raz  avoine  (1),  neuf 
gélines  et  cinq  bœufs  et  charrettes  de  vinade  ;  en  1761 ,  vingt-deux 
livres  dix  sols  argent,  huit  setiers  demi-quarton  seigle,  cinq  setiers 
trois  quartons  avoine,  neuf  poules,  arbans  chaque  maison  un  ;    . 

7"  Sur  le  village  du  Theil-Haut,  aussi  en  Poitou,  une  rente  soli- 
daire de  vingt  livres  neufs  sols  onze  deniers  argent,  trois  seliers 
seigle,  deux  setiers  avoine  (2)  et  deux  gélines  ;  en  1761,  vingt-quatre 
livres  argent,  douze  quartons  seigle,  deux  setiers  avoine,  deux 
poules,  arbans  chaque  maison  un; 

8**  Sur  le  village  de  Pourcheyroulx,  aussi  en  Poitou,  paroisse  de 
Saint-Marc-à-Loubaud,  une  rente  de  dix  sols  quatre  deniers  argent, 
quatre  coupes  seigle  et  quatre  coupes  avoine  (3)  ;  cette  rente  fut 
aliénée  avant  1761; 

9**  Sur  le  village  de  Lavaud  du  Gier,  aussi  en  Poitou,  paroisse  de 
Vallière,  une  rente  solidaire  de  cinq  livres  deux  sols  neuf  deniers 
argent,  sept  setiers  six  quartes  deux  coupes  seigle  et  trois  setiers 
un  raz  avoine;  en  1761,  trente  sols  argent,  cinq  seliers  deux 
quartons  seigle,  trois  setiers  quatre  quartons  avoine  (4),  une  poule 
et  demie  ; 

10*"  Sur  les  villages  de  Lamant  (alors  Âlleman),  les  Escures,  la 
Ghassagne  (alors  la  Chachagnie]  et  Lascoux,  paroisse  de  Banise, 
uoe  rente  de  trois  livres  quinze  sols  argent,  trois  esmines  seigle, 
trois  quartes  froment,  mesure  de  la  Borne  (5),  deux  gélines  et  deux 
arbans;  d'après  une  reconnaissance  du  22  janvier  1885,  faite  à 
Léonet  de  Ghizadour,  cette  rente  était  de  vingt-cinq  sols  tournois, 
payables  à  Noël,  une  esmine  froment,  un  setier  avoine,  mesure  de 
la  Borne,  et  deux  arbans  au  temps  de  mestive  ;  elle  fut  aliénée 
en  1747  ; 

11*  Sur  le  village  de  la  Bussière,  en  Marche,  paroisse  de  Saint- 
Pierre-le-Bost,  une  rente  de  vingt  sols  argent;  cette  rente  fut  alié- 
née en  1754; 

12''  Sur  le  village  de  la  Hazure,  en  Franc-alleu,  paroisse  de 
Royère,  une  rente  de  quinze  sols  argent,  trois  setiers  seigle,  cinq 
raz  et  sa  part  d'un  autre  raz  d'avoioe,  mesure  de  Peyrat,  une 
géline  et  un  cinquième  de  géline  ;  reconnaissance  de  cette  renie 
avait  été  faite  à  Léonet  de  Ghizadour,  par  acte  du  22  janvier  1855 

(4)  Môme  observation  que  pour  Magnat. 

(2)  Ibid. 

(3)  Ibid. 

(4)  Ibid. 

(8j  L'émine  était  de  quatre  boisseaux,  la  quarte  de  deux  boisseaux. 


LE  MARQUISAT    d'aUBBPETRE  109 

Pei'cliaud  et  Leslys,  no'®'  (1)  ;  en  1761,  cette  rente  consistait  en 
vingt-huit  sols  argent,  huit  setiers  un  quarton  et  demi  seigle,  cinq 
setiers  avoine,  trois  poules,  mais  la  rente  due  par  le  village  de  Pru- 
gnolas  y  était  comprise  ; 

IS'*  Sur  le  village  de  Prugnolas,  aussi  en  Franc-alleu,  môme 
paroisse,  une  rente  de  vingt-quatre  sols  argent,  six  setiers  une 
quarte  seigle,  sept  raz  et  cinq  coupes  avoine,  mesure  de  Peyrat  (2), 
et  une  géline  et  demie  ;  reconnaissance  de  cette  rente  avait  été  faite 
à  Léonet  de  Chizadour,  par  autre  acte  du  22  janvier  155S  Perchaud 
et  Leslys,  no'"  (3);  en  1761,  la  rente  due  par  ce  village  était  réunie 
à  celle  due  par  le  village  de  la  Mazure  ; 

14''  Sur  le  village  d'Ândaleix,  en  Poitou,  même  paroisse,  pour  les 
tènements  de  Champeaux  et  des  Poux,  une  rente  de  quarante-cinq 
sols  argent,  neufs  setiers  seigle,  quatre  setiers  avoine,  mesure  de 
Peyrat,  et  deux  gélines;  en  1761,  quarante-cinq  sols  argent,  neuf 
setiers  seigle,  cinq  setiers  avoine  et  trois  poules  ; 

15**  Sur  le  village  de  Vergnolas,  aussi  en  Poitou,  même  paroisse, 
pour  le  tènement  du  Leyrisson,  une  rente  de  vingt  sols  en  deniers, 
trois  setiers  seigle  et  deux  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat  ;  en 
1761,  trois  setiers  seigle  ; 

IG""  Sur  le  village  de  Gensanetas,  aussi  en  Poitou,  même  paroisse, 
une  rente  de  quarante-huit  sols  argent,  vingt  setiers  seigle,  deux 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  des  arbans;  en  1761,  même 
consistance  ; 

17®  Sur  le  village  du  Villards,  aussi  en  Poitou,  môme  paroisse, 
une  rente  solidaire  de  trente  sols  argent,  douze  setiers  seigle,  deux 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  deux  gélines  ;  en  1761,  même 
consistance  ; 

IS""  Sur  le  village  de  Gensanas,  aussi  en  Poitou,  môme  paroisse, 
une  rente  de  quatre  livres  un  sol  un  denier  argent,  seize  setiers 
seigle,  six  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  une  géline;  en  1719, 
même  consistance;  en  1761,  même  consistance,  sauf  qu'il  est  dû 
trois  poules. 

19®  Sur  le  village  des  Bordes,  aussi  en  Poitou,  môme  paroisse, 
une  rente  solidaire  de  huit  livres  argent,  trente  setiers  seigle,  dix 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  quatre  gélines  ;  cette  rente 
féodale  fut  confirmée  par  arrêt  du  parlement  de  Paris  du  8  juillet 
1710  ;  même  consistance  en  1761  ; 


(i)  Voy.  cette  reconnaissance  à  rappendlce. 

(2)  La  coupe  de  Peyrat  était  le  quart  de  la  quarte. 

(3)  Archives  de  la  Creuse,  Ë  284. 


flO  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTOBIQUB  DU   LIMOUSIN 

20"*  Sur  le  village  da  Cloup-Taloux,  aussi  en  Poitou,  même 
paroisse,  une  rente  de  quinze  sols  argent;  cette  rente  fut  aliénée 
avant  1761. 

21**  Sur  le  village  d'Arfeuille,  aussi  en  Poitou,  même  paroisse, 
uue  rente  de  quinze  sois  argent,  trois  esmines  seigle  et  trois  esmi- 
naux  avoine,  mesure  de  Peyrat;  conGrmée  par  arrêts  dn  parlement 
de  Paris  de  1718  et  1726;  cette  rente  fut  aliénée  avant  1761. 

22°  Sur  la  Tour  de  Royère,  une  rente  de  douze  sols  argent  et 
deux  poules,  et  spécialement  sur  la  maison  de  Pierre  du  Leyris, 
une  rente  de  cinq  sols  et  une  géline.  Cette  maison,  située  derrière 
réglise,  était  en  ruines  en  1714.  Très  anciennement,  le  seigneur 
d'Aubepeyre  possédait  au  bourg  de  Royère  un  repaire  féodal, 
connu  sous  le  nom  de  Tour  de  Royère  ;  ce  repaire,  en  1714,  consis- 
tait uniquement  en  une  tour  en  ruines.  Par  arrêt  du  parlement  de 
Paris  du  S  septembre  1718,  le  moulin  de  Rochas  fut  reconnu  dépen- 
dre du  domaine  de  la  Tour  de  Royère.  En  1761,  cette  rente  avait 
la  même  consistance; 

23<*  Sur  le  village  de  la  Chassaigne  (alors  la  Chachanie),  en 
Poitou,  paroisse  de  Saint-Martin-Château,  une  rente  de  trente-cinq 
sols  argent,  quatre  setiers  une  quarte  seigle,  deux  setiers  avoine, 
mesure  de  Peyrat,  et  deux  gélines  ;  cette  rente  fut  aliénée  avant 
1761  ; 

24^  Sur  le  village  de  Grandrieux,  aussi  en  Poitou,  même  paroisse, 
une  rente  de  vingt  et  un  sols  argent,  trois  setiers  trois  quartes 
seigle,  deux  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  deux  gélines; 
cette  rente  fut  aliénée  avant  1761  ; 

25''  Sur  le  village  de  Boussac,  aussi  en  Poitou,  même  paroisse, 
une  rente  de  quarante-cinq  sols  argent,  onze  setiers  esmine  seigle, 
dezx  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  et  deux  gélines  ;  cette  rente 
fut  aliénée  avant  1761  ; 

26<»  Sur  le  village  de  Laschaux-Couraulx,  aussi  en  Poitou,  pa- 
roisse de  Genlioux,  une  rente  de  trois  livres  cinq  sols  argent,  vingt 
setiers  seigle,  dix  setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat;  cette  rente  fut 
aliénée  en  1727  ; 

27**  Sur  le  village  de  Laschaux-Fauvey,  aussi  en  Poitou,  même 
paroisse,  une  rente  de  douze  sols  argent,  six  setiers  seigle  et  six 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat  (1).  En  1687,  le  sieur  Vareille  dis- 
puta au  seigneur  d'Aubepeyre  la  possession  de  cette  rente,  qui  ne 
fut  plus  payée  :  de  là  procès  encore  pendant  en  1734.  Cette  rente 
n'appartenait  plus  à  la  seigneurie  en  1761. 

(1)  Papiers  de  la  famille  Darfeuille,  de  Royère. 


LB  MARQUISAT  D^AUBBPBTRE  Hl 

Eu  t718  et  1721,  la  seigneurie  d'Aobepeyre  percevait,  en  outre 
des  rentes  féodales  détaillées  plus  haut,  sar  le  village  de  Chassa- 
gnas,  en  Poitou,  paroisse  de  Royëre,  une  rente  annuelle  directe, 
féodale  et  foncière  de  huit  setiers  deux  quartes  seigle,  quatre 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  quarante  sols  argent  et  deux 
gélines  (1);  en  1761,  même  consistance. 

Dans  l'hommage  rendu  au  roi  le  17  février  1619  par  Gabriel  de 
PierrebuflBère,  marquis  de  Lostanges,  la  Villeneuve  au  Comte  et 
Nedde,  de  la  baronnie  de  la  Villeneuve  au  Comte,  il  est  dit  que  le 
seigneur  d^Aubepeyre  doit  au  baron  de  la  Villeneuve  au  Comte 
trente-cinq  livres  de  rente  sur  une  partie  du  bourg  de  Royère  et  la 
moitié  de  la  rente  sur  les  lieux  et  villages  de  Gensanetas,  le  Cloup- 
Taloux,  paroisse  de  Royère,  le  Cloup-Vallereix,  le  Theil-Haut  et 
Magnat,  paroisse  de  Sainl-Yrieix  (2). 

§  3.  —  Dimes. 

Dès  avant  1S66,  le  seigneur  d'Âubepeyre  percevait  une  partie 
des  dimes  des  villages  de  la  Mazure,  Prugnolas,  Rubeyne,  Rochas, 
Vincent,  Arpeix,  Lascoux,  Vergnolas,  Le  Feix,  Villecros,  Vaux,  Au- 
zoux,  Langladure,  Hautefaye  et  Roudaressas,  paroisse  de  Royère. 
En  1661,  le  fermier  de  ces  dîmes  était  Pierre  Darfeuilhe,  dit  Garas- 
sou.  En  1646,  ces  dîmes  étaient  affermées,  moyennant  les  quantités 
de  seigle  suivantes  :  La  Mazure,  vingt-neuf  setiers  ;  Prugnolas, 
quinze  setiers  ;  Rubeyne,  vingt-trois  setiers;  Rochas,  treize  setiers; 
Vincent,  neuf  setiers  ;  Arpeix,  douze  setiers;  Lascoux,  sept  setiers  une 
quarte;  Vergnolas,  neuf  setiers;  Le  Feix,  douze  setiers;  Villecros, 
huit  setiers;  Auzoux,  treize  setiers  esmine;  Langladure,  huit  setiers  ; 
Hautefaye,  quarante  setiers;  Roudaressas,  douze  setiers:  le  tout 
mesure  de  Peyrat.  Les  dimes  de  Royère  montaient  ordinairement  à 
neuf  vingt  setiers  seigle,  mesure  de  Peyrat,  par  chaque  année.  Dans 
la  saisie  de  1761,  il  n'est  parlé  que  de  la  moitié  de  la  dîme  de  La 
Mazure  (y  compris  Prugnolas),  et  du  quart  de  la  dîme  des  villages 
de  Rubeyne,  Rochas,  Vincent,  Arpeix,  Lascoux,  Vergnolas,  Le  Feix, 
Villecros,  Auzoux,  Langladure  et  Roudersas. 

Le  22  avril  1792,  Raymond  Garât  de  la  Villeneuve  fit  dresser  par 
le  maire  (François-Léonard  Coutisson),  et  les  officiers  municipaux 
de  la  paroisse  de  Royère  (Martin,  procureur;  Vareillaud,  Faure, 
Moreil,  Jagot,  secrétaire-greffier),  un  état  des  dîmes  de  blé  seigle, 

(I)  Papiers  de  la  famille  Faure,  de  Royère. 

(9)  BuUetin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XXXVII,  397. 


H  s  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0L0G1QUB   ET  HISTORIQUB  DU   LIMOUSIN 

avoine  et  agneaux  qu'il  percevait  dans  la  paroisse  de  Royère,  avant 
la  suppression  de  la  dime.  La  plus  grande  partie  de  ces  dîmes, 
connue  sous  le  nom  de  Grande  dime  de  Royëre,  appartenait  pour 
moitié  aux  prêtres  communalistes  de  cette  paroisse,  pour  un  quart 
au  commandeur  de  Charrières,  ordre  de  Malte,  et  pour  l'autre 
quart  à  Raymond  Garât,  comme  seigneur  d'Aubepeyre.  La  Grande 
dime  de  Royëre  était  affermée  en  ce  qui  concernait  les  grains;  le 
fermage,  pour  le  quart  de  la  seigneurie  d'Aubepeyre,  s'élevait  à 
soixante-sept  setiers  deux  quartes  seigle,  dix-sept  quartes  avoine, 
le  tout  mesure  de  Peyrat.  La  dime  des  agneaux  n'élait  pas  affermée, 
mais  levée  en  espèces,  et  pouvait  s'élever,  pour  le  même  quart,  à 
dix  à  douze  livres  argent,  année  commune. 

En  1601,  le  seigneur  d'Aubepeyre  percevait  le  quart  des  dîmes 
des  villages  du  Theil-Haut  et  du  Thell-Bas,  paroisse  de  Saint-Yrieix. 
Il  n'est  pas  question  de  ces  dîmes  dans  la  saisie  de  1761. 

(A  mivre).  Zenon  Toijmieux. 


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LA    RENAISSANCE 


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L*ÉMAILLERIE    PEINTE 


à  Limoges 


La  renaissance,  à  Limoges,  de  la  peinture  sur  émail,  durant  la  seconde 
moitié  du  xix*  siècle,  est  un  fait  trop  intéressant  pour  quMl  paraisse  superflu 
d'en  rechercher  le  point  de  départ. 

C'est  à  M.  Ernest  Ruben,  orfèvre  de  profession,  associé  à  M.  Aslaix,  phar- 
macien-chimiste de  noire  ville,  que  l'on  doit  les  premiers  essais  destinés 
à  faire  revivre  parmi  nous  un  art  oublié.  Ces  essais  datent,  nous  assure- 
t-on  ((},  de  4856  et  aboutirent  à  la  production  de  quelques  émaux  peints  et 
de  grisailles,  dont  la  famille  Ruben  a  conservé  plusieurs  spécimens.  La 
date  paraîtra  respectable  si  l'on  sait  que  «c'est  vers  1840  qu'ont  dû  être 
faits  [à  Paris]  les  premiers  émaux  qui  se  puissent  rattacher  à  la  façon 
de  Limoges  >  (9). 

En  1860,  un  sieur  Baud  voulut  donner  à  cette  reprise  tout  l'élan  dont  il 
la  croyait  susceptible  en  établissant,  à  Limoges,  une  sorte  d'école  profes- 
sionnelle dans  laquelle  les  procédés  de  Témaillerie  eussent  été  enseignés. 
M.  Baud  avait  trouvé  un  bailleur  de  fonds,  11  désirait  néanmoins  obtenir 
aussi  du  Conseil  municipal  de  Limoges  une  subvention  régulière  sous 
forme  de  bourses  à  chacun  des  apprentis  qu'il  admettrait  dans  son  atelier. 
Malgré  l'avis  favorable  que  la  Société  archéologique  du  Limousin  donna  à 
cette  demande  par  Tenlremise  de  M.  Nivet-Fontaubert,  le  Conseil  muni- 
cipal ne  crut  pas  pouvoir  prendre  l'engagement  qu'on  sollicitait.  C'est  le 
souvenir  de  cette  négociation  que  rappelle  le  document  dont  nous  repro- 
duisons plus  loin  la  teneur. 

(1)  Voy.  le  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Soc.  arch.  et  hist.  du  Limousin, 
du  26  nov.  1901  (Bulletin,  LI,  p.  423  et  424). 

(2)  Gazette  des  Beaux-Arts,  t.  72,  1893,  p.  423;  Marias  Popelin.,.y  par  L. 
Falize. 


LA   RSKaISSANCB   DE   L^tllAlLLSRIB   PCUfTE   A  LIMOGES  H5 

ODzeondouie  ans  plus  tard  (1),M.LouisDalpayrat  réussit  à  fonder  à  Ur 
moges  un  atelier  d'émaillerie  peinte.  Sur  son  œuvre,  sur  celle  de  ses  colla- 
borateurs et  de  ses  successeurs,  H.  Blancher  fournira  plus  loin  des  rensei- 
gnements précis,  auxquels  nous  renvoyons  les  lecteurs  du  Bulletin, 

Dans  la  délibération  de  1860  que  nous  avons  retrouvée,  M.  Baud  est  dit 
«  ancien  artiste  de  la  manufacture  de  Sèvres  p,  M.  Baumgart,  administra- 
teur actuel  de  cet  établissement,  à  qui  nous  avions  demandé  de  vouloir 
bien  faire  faire  quelques  recherches  sur  ce  nom,  a  eu  Textrôme  obligeance 
de  nous  répondre  la  lettre  que  voici  : 


MINISTÈRE 

DE  ^INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ET  DES  BBÂUZ-ARTS 


Jî^pu:bi,jqu^   Française 


Sèvres,  le  i6  décembre  i90i. 
Manufacture  Nationale 

de  porcelaine 

Monsieur, 

Nous  n^avons  pas  trouvé  trace  du  passage  de  M.  Marc  Baud  à  la  manufac- 
ture de  Sèvres. 

Les  archives  ont  été  compulsées  et  nous  n*avons  rien  vu  concernant  cet 
artiste,  même  dans  les  livres  décomptes,  àVépoque  que  vous  indiquez  (1860). 

D'anciens  artistes  de  la  manufacture,  aux  souvenirs  desquels  nous  avons 
fait  appel,  n*ont  pu  nous  fournir  aucun  renbeignemenl  sur  M.  Baud,  tout  en 
indiquant  comme  possible  la  commande  à  cet  artiste  de  quelques  travaux, 
sans  qu'il  eût  fait  partie  du  personnel  de  rétablissement,  ce  qui  8*est  produit 
à  diverses  époques  et  se  produit  même  encore  ai:gourd*hui. 

Regrettant  de  ne  pouvoir  vous  donner  les  renseignements  que  vous  désirez, 
je  vous  prie  d'agréer,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  la  plus  dis- 
tinguée. 

L'Administr&tear  de  la  M&nuf&ctare  NsLtionaXe  de  Sèvres, 

Signé  :  Baumoart. 

Donc,  le  souvenir  de  Baud  ne  s'est  pas  conservé  à  Sèvres.  Et  pourtant 
la  Gasette  deê  Beaux-Arta,  parlant  de  cet  artiste  en  1859  (I,  185),  dit 
expressément  qu^il  appartient  à  la  célèbre  manufacture.  Môme  elle  ajoute 
(lli,  36)  qu'un  de  ses  émaux,  copie  de  la  Vénus  de  Gleyre.  se  voit  dans  les 
rollrcllons  de  rétablissement.  —  S'y  trouve-t-il  encore?  Nous  ne  saurions 
le  dire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  apprenons  d'autre  source  que  Jean-Marc  Baud 

(1)  L'article  de  la  Gazette  des  Beaux- Arts,  cité  tout  à  l'heure,  parle  de  la 
présence  à  Limoges,  en  1871,  d'Alfred  Garnier,  le  peintre  émailleur  bien  connu 
(t.  74,  1894,  p.  141). 


116  SOCIÉTB  ARGHROLOGIQUB   ET   HISTORIQOB  DU   LIMOUSIN 

élait  originaire  de  Genève  (1),  où,  comme  l'on  sait,  la  peinture  sur  émail 
a  jeté  quelque  éclat  au  xviii*  siècle.  Ses  débuis  comme  peintre  émaillenr 
remontent  au  delà  de  1859,  puisque  en  cette  année  là,  deux  de  ses  produc- 
tions, les  Sirèneê  et  la  Caravane^  figuraient  à  la  vente  de  M.  Let...,  où  elles 
furent  payées  respectivement  600  et  570  fr.  (9).  «  Ce  sont  des  curiosités  du 
plus  grand  goût  »,  dit  un  anonyme,  qui  ajoute  même,  avec  une  pointe  de 
malice  :  «  Nous  ne  saurions  trop  appeler  Taltenlion  des  amateurs  sur  ces 
objets  d*art,  modernes  et  authentiques,  tout  aussi  rares  que  s*ils  étaient 
d*un  inconnu  et  restaurés.  > 

Un  critique,  rendant  compte  du  Salon  de  1859,  parle  aussi  des  émaux  de 
notre  artiste  :  «  M.  Baud,  de  Genève,  et  M™«  Estelle  Apoil  y  travaillent  [à  la 
renaissance  de  la  peinture  sur  émail]  avec  un  zèle  heureux.  Le  premier  a 
reproduit  sur  une  plaque  d'assez  grande  dimension  un  tableau  peu  connu 
de  Dominiquin,  et  il  Ta  entouré  d'un  beau  cadre  dans  le  goût  italico-fran- 
çais  des  émailleurs  de  Limoges,  i^e  tableau  et  le  cadre  sont  dignes  Tun  de 
Tautre.  Sans  doute  la  pratique  de  M.  Baud  est  un  peu  petite,  un  peu  gene- 
voise; mais  chez  lui  Texéculion  n'en  est  pas  moins  d'une  remarquable 
finesse  et  les  tons  ont  celte  intensité,  cette  puissance  qui  n'appartiennent 
qu'aux  couleurs  émaillées.  M.  Baud  n'a  pas  été  moins  habile  dans  la  copie 
qu'il  a  faite  de  la  Vénus  de  M.  Gleyre  ;  il  nous  semble  toutefois  que  l'action 
du  feu  a  jauni  quelque  peu  les  carnations  rosées  de  la  blonde  déesse.  Ce 
charmant  morceau  appartient  à  la  manufacture  de  Sèvres  et  nous  espérons 
qu'elle  lui  fera  une  bonne  place  dans  son  petit  musée  >  (3). 

C'est  peu  après  ce  succès  au  Salon  de  1869  que  Marc  Baud  fit  à  la  ville 
de  Limoges  l'offre  ou,  si  l'on  préfère,  la  demande  que  rappelle  le  procès- 
verbal  reproduit  ci-dessous.  Malgré  son  échec,  il  n'abandonna  sans  doute 
pas  le  projel  de  s'établir  chez  nous,  car  il  fit  un  envoi  à  l'Exposilion  de 
Périgueux  de  mai  1864  (4)  et  à  celle  de  Limoges,  qui  eut  lieu  en  même 
temps  (5).  M.  Frédéric  des  Granges  nous  apprend,  à  cette  occasion,  que 
M.  Marc  Baud  «  embrasse  l'émaillerie  tout  entière  dans  trois  genres  qui, 
jusqu'alors,  loin  de  vivre  ensemble,  sont  nés  l'un  sur  les  ruines  de  l'autre  ». 
Et  il  termine  son  compte  rendu  par  ces  paroles  d'encouragement  :  a  Souhai- 
tons au  courageux  et  savant  émaillenr  qui,  pour  ressusciter  son  art,  a  dû 
passer  comme  tant  d'autres  par  l'indifférence  publique,  une  prompte 
renommée  :  elle  sera  la  juste  récompense  de  ses  vaillants  travaux  et  de 
son  incontestable  talent  •  (6). 

(1)  Gazette  des  Be&ttx-Arts,  1859,  III,  p.  36.  Cf.  le  Catal.  de  VExposit.  de  Péri- 
gueux  en  iS64  (p.  89)  et  l'ouvrage  de  M.  Frédéric  des  Granges,  cité  plus  loin. 

(2)  Gazette  des  Beaux-Arts,  lSb9,  ï,p.  185. 

(3)  Gazette  des  Beaux-Arts,  1859,  III,  p.  36. 

(4)  Une  porte  de  tabernacle  (xii'  s.),  une  croix  (xii'  s.),  Agar  avec  encadre- 
ment en  grisailles  (xvi*  s),  coupe  en  email  sur  paillon.  Catal.  de  VExposition 
de  Périgueux  en  i864,  p.  89. 

(5)  Voy.  Frédéric  des  Grangbs,  UArt  en  province;  train  de  plaisir  à  VExpo- 
sition artistique  de  Limoges,  p.  156-158.  Baud  avait  exposé  une  porte  de  taber- 
nacle, un  ostensoir,  un  portrait,  un  groupe  de  sirènes  et  une  caravane,  c'est-à- 
dire  les  deux  pièces  que  nous  avons  rencontrées  à  la  vente  de  M.  Let... 

^6]  Félix  AciiARD,  Revue  du  Salon  des  beaux-arts  de  Limoges  en  1870,  p.  52. 


LA    liENAlSSANCE    DR    L*ÉUA1LLER1E    PEINTE   A   LiMOGES  117 

La  renommée  souhaitée  ne  vint  pas.  Pendant  six  années,  nous  perdons 
de  vue  Marc  Baud  et  ses  œuvres.  Nous  le  retrouvons  en  1870  au  Salon  des 
Beaux-Arts  de  Limoges.  M.  Félix  Achardi  chargé  de  le  présenter  au  public, 
ne  lui  consacre  qu'une  courte  notice  : 

«  Les  deux  panneaux  décoratifs  de  M.  Baud,  qui  sont  destinés  à  Torne- 
menialion  du  meuble,  sont,  nous  dit-il,  d'un  effet  qui  n'est  pas  moins 
agréable.  On  y  distingue  une  libre  allure,  une  élégance,  un  marivaudage 
galamment  troussé,  qui  rappellent  Walteau  »  (i). 

Rapprochées  du  texte  qui  suit,  ces  rares  indications,  les  seules  que  nous 
ayons  su  trouver,  laissent  deviner  que  Marc  Baud  a  sincèrement  cherché  à 
Limoges  une  seconde  patrie.  Il  doit  paraître  regrettable  que  le  Conseil 
municipal  de  1860  n'ait  point  cru  pouvoir  l'y  fixer. 

Alfred  Lbroux. 


CONSEIL  MUNICIPAL  DE  LIMOGES 

Séance  du  iô  juin  1860 

Rapport  de  la  commission  chargée  d'examiner  la 
demande  de  M.  Baud  au  sujet  de  la  création  à 
Limoges  d'une  fabrique  d'émaux  (^/^"  214  et  as.  du 
registre  coté  w°  25), 

Aujourd'hui,  15  juin  1860,  le  Conseil  municipal  de  la  ville  de 
Limoges,  légalement  convoqué  par  M.  le  maire,  en  vertu  des  divers 
arrêtés  de  M.  le  préfet  de  ce  déparlement,  s'est  réuni  en  l'Hôtel-de- 
Ville  dans  la  salle  ordinaire  de  ses  délibérations,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Louis  Ardanl,  maire. 

Sont  présents  :  MM.  Dupuylrem  (Jean),  Nogaro  (Eugène), 
Dumas  (Jean-Baplisle-Hugues),  Barbou  des  Courrières  (Henry- 
Eugène-Léonard),  Fournier  (Etienne),  Péliniaud-Champagnac(Fran- 
çois-Joseph),  Fayelle  (André),  Sirieix  (Thomas),  Nassans  (Jean- 
Joseph),  Laporte  (Jean-Antoine-Ernesl),  Delor  (Léon),  Pétiniaud- 
Dubos  (Georges-Prosper),  Ruben  (Guillaume),  de  Beaulieu  (Jean- 
Baptiste  -  Joseph) ,  Pouyat  (François  -  Bernard  -  Emile) ,  Jouhan- 
iieaud  (Pierre-Adolphe),  Vandermarcq  (Amédée-Joseph),  Des- 
champs (Pierre-Régulus). 

(1)  Dans  un  article  sur  le  Cours  municipal  de  chimie  appliquée  à  Tindus- 
Irie  (Alm&na.ch  Limousin,  1866,  partie  hist.,  p.  29),  M.  J  -B.  Astaix  déclare 
qu'en  1862  ou  1863,  il  a  visité  à  Paris  les  maisons  Barbedienne,  Baud,  etc  , 
sans  plus  s'expliquer  d'ailleurs  sur  le  caractère  de  celle-ci.  Dans  ce  même 
article,  le  regrette  professeur  consacre  deux  pages  à  rémaillerie  sur  cuivre. 

T.  LU  8 


U8  80C1ÊTB   AaCBéOLOGIQUS  KT   HISTORIQUE   OU  LIMOCSIfl 

M.  Petit,  conseiller  municipal,  remplit  les  fonctions  de  secrétaire 
en  remplacement  de  M.  Bardinet. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

L'ordre  du  jour  est  le  rapport  de  la  commission  chargée  d'exa- 
miner la  demande  de  M.  Baud  au  sujet  de  la  création  à  Limoges 
d'une  fabrique  d'émaux. 

M.  Jouhanneaud  (1),  rapporteur,  s'exprime  en  ces  termes  : 

<(  Messieurs, 

»  M.  Marc  Baud,  ancien  artiste  de  la  manufacture  de  Sèvres, 
croit  avoir  retrouvé  l'art  de  la  vieille  émaillerie. 

»  L'appliquer  aux  besoins  de  l'industrie  nouvelle  en  le  combinant 
avec  les  progrès  et  les  exigences  qu'ils  ont  créés,  lui  parait  une 
chose  possible,  dès  à  présent,  et  fertile  au  point  de  vue  artistique 
pour  l'avenir,  comme  au  point  de  vue  commercial. 

»  Voulant  créer  un  établissement  industriel  où  il  fabriquera  ses 
émaux,  où  il  créera  des  élèves  et  où  il  vulgarisera  sa  science  et  sa 
découverte,  M.  Baud  a  été  assez  naturellement  amené  à  songer  à 
la  vieille  cité  des  Noailler,  des  Limosin,  où  vécut  cette  pléiade 
d'artistes  émailleurs  qui  Tillustrèrent  par  leurs  œuvres,  estimées 
et  recherchées  par  les  archéologues  de  tous  les  pays. 

»  Si  leurs  traditions  n'ont  pas  eu  de  continuateurs,  si  leurs  pro- 
cédés oubliés  ou  restés  sans  application,  depuis  le  xva*  siècle  (3), 
passent  dans  le  public  profane  pour  être  perdus,  leurs  travaux 
restent  nombreux  et  de  plus  en  plus  appréciés  par  l'élite  des  con- 
naisseurs ;  le  goût  s'[en]  est  maintenu  à  Limoges  où  leurs  noms 
sont  toujours  vénérés.  Dans  notre  cité  transformée  fleurit,  plus 
que  dans  aucune  autre,  la  peinture  sur  porcelaine  qui  n'est  pas 
sans  analogie  et  qui  peut  fournir  au  cher  d'un  atelier  d'émaillerie 
une  pépinière  féconde  de  dessinateurs  et  de  coloristes,  où  il  trouvera 
d'excellents  et  habiles  sujets,  tous  prêts  à  s'initier  à  sa  découverte 
et  à  lui  fournir  les  moyens  de  la  faire  fructifier  par  la  plus  heureuse 
application  de  leurs  talents. 

»  M.  Baud,  patroné  par  M.  le  préfet  de  la  Haute- Vienne  (3),  pro- 
tecteur éclairé  des  beaux  arts,  s'est  présenté  à  la  Société  archéo- 
logique, à  laquelle  il  a  soumis  divers  échantillons  d'émaux  diverse- 
ment appliqués  ;  et,  sur  le  rapport  (4)  fait  par  un  de  ses  membres 

(1)  Adolphe  Jouhanneaud,  alors  avocat  près  la  Cour  impériale. 

(2)  L«i  dernier  fourneau  de  pcintre-émailleur  ne  s'est  éteint  à  Limoges 
qu'en  1804. 

(3)  Celait  alors  M.  de  Coêtlogon, 
\a)  Yoy.  ploa  loin. 


LA  RBNA1SSANCR   DE   L'tMAiLLBRiE   PBINTB   A    LIMOGES  119 

les  plus  spécialement  adonnés  à  Tétude  de  ces  matières,  elle  a, 
dans  sa  séance  du  27  avril  dernier,  accordé  aux  œuvres  de  M.  Baud 
une  approbation  qui,  suivant  le  procès- verbal,  s*est  traduite  par 
une  admiration  difficile  à  décrire  et  qui  s'est  exprimée  par  des 
exclamations  involontaires,  par  des  applaudissements  unanimes, 
à  la  suite  desquels  la  savante  assemblée  archéologique  a  proclamé 
d'une  voix  unanime  que  la  restauration  de  Témaillerie  est  une 
œuvre  possible  et  qu'elle  croyait  s'honorer  en  disant  cela  bien  haut. 

»  Puis  elle  a  décidé  qu'un  extrait  de  ce  procès-verbal  sera  adressé 
à  M.  le  maire  de  Limoges  et  que,  dans  la  lettre  d'envoi  du  dit  procès- 
verbal,  elle  demandera  au  magistrat  de  la  cité  qu'il  veuille  bien 
convoquer  d'urgence  le  Conseil  qu'il  préside,  afin  que  celui-ci 
accorde  sa  protection  morale  à  l'entreprise  de  M.  Baud  et  assure 
aussi  (1)  à  notre  pays,  par  son  haut  patronage,  la  nouvelle  source 
de  richesse  et  de  célébrité  qui  se  présente. 

»  Le  procès-verbal  est  ainsi  conçu  : (2).  Le  vœu  de  la  So- 
ciété a  été  rempli  et  M.  le  préfet  a  fait  parvenir  au  maire  de  Limo- 
ges une  copie  du  procès-verbal,  en  même  temps  que  M.  Baud 
écrivait  lui-même,  sous  la  date  du  30  avril,  la  lettre  suivante  : 

»  Cette  lettre  est  ainsi  conçue  : 

A  Monsieur  le  maire, 
A  Mesêieure  les  membres  du  Conseil  municipal 
de  la  viUe  de  Limoges, 
»  Messieurs, 

»  Vous  recevrez  de  votre  Société  d'archéologie  un  extrait  du  procès- 
«  bal  de  sa  séance  du  27  courant.  Vous  y  verrez,  Messieurs,  qu'elle 
»  m'appuie  auprès  de  votre  Conseil  pour  obtenir  qu'il  veuille  bien  accor- 
»  der  la  faveur  de  son  patronage  à  l'entreprise  que  je  me  propose  de 
»  mettre  li  exécution  dans  votre  ville. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  en  faire  moi-même  la  demande  par  ces  lignes 
>  et  dans  l'espoir  qu'il  vous  plaira  d'agréer  celte  démarche. 

»  Agréez,  etc..  > 

»  Il  ne  semblait  pas  d'abord,  Messieurs,  que  vous  eussiez  de  sitôt 
à  vous  préoccuper  en  conseil  du  projet  de  M.  Baud  et  tout  semblait 
se  passer,  quant  à  présent,  entre  lui  et  M.  le  maire,  dont  il  voulait 
non  un  engagement  mais  un  avis  sur  le  point  de  savoir  s'il  pensait 
que  la  ville  de  Limoges  aurait  intérêt  à  favoriser  son  entreprise. 

(4)  Il  faut  probablement  corriger  par  ainsi.  Ce  membre  de  phrase  se 
retrouve  d'ailleurs  plus  loin,  p.  418,  note  S. 

(2)  Voy.  au  tome  X,  p.  350  et  ss.  du  Bulletin  de  la  Société  archéologi-- 
que  du  Limousin. 


V   *   ■^ 


130  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

»  Voici  la  lettre  du  17  avril  : 

«  Monsieur  le  Maire, 

•  M.  Nivei-Foolaubert  vous  a  déjà  parlé  de  mon  projet  d'opérer  dans 
»  >olre  ville,  à  de  certaines  condilions,  la  restauration  de  l'émaillerie,  et 
»  a  dû  vous  soumettre  un  rapport  que  j*ai  rédigé  pour  demander  son 
•  appui  à  votre  Conseil  municipal;  mais  la  réponse  que  M.  Nivet  m*a  faite 
»  sous  la  date  du  10  courant  est  trop  vague  pour  avoir  une  influence  snr 
»  la  détermination  que  je  dois  prendre. 

»  Je  voudrais  savoir,  Monsieur,  si  vous  admettez  en  principe  que  la  ville 
»  de  Limoges  devra  trouver  intérêt  à  favoriser  mon  entreprise,  de  la 
»  manière  que  j'ai  exprimée  dans  ledit  rapport. 

»  Ce  n'est  point  un  engagement  que  je  vous  demande,  c'est  Tavis  du 
B  maire  qui  aura  un  grand  poids  dans  ma  propre  décision. 

»  Plus  tard,  lorsque  je  m'élablierai  d'une  façon  certaine  à  Limoges,  ma 
»  proposition  deviendra  l'objet  de  transactions  officielles  entre  votre 
>'  Conseil  et  moi  et  je  pense  qu'il  est  de  notre  intérêt  commun  de  les 
»  retarder  jusqu'à  ce  que  je  puisse  vous  offrir  les  garanties  d'un  établis- 
»  sèment  fait. 

9  Je  vous  serai  infiniment  obligé  de  vouloir  bien,  Monsieur  le  maire, 
»  me  faire  répondre  le  plus  tôt  possible  et  dans  cet  espoir,  je  vous  prie  de 
»  trouver  ici  Tassurance  de  mes  meilleurs  sentiments.  » 

»  Nous  n'avons  pas  la  réponse  de  M.  le  maire,  mais  il  nous  a  été 
facile  d'en  retrouver  le  sens.  Assurément  la  restauration  de  Témail- 
lerie,  appliquée  aux  besoins  du  luxe  moderne,  avec  tout  le  fini  de 
la  peinture  actuelle  et  ses  productions  à  bon  marché  permettant 
leur  accès  et  leur  appropriation  à  toutes  les  classes  de  la  société, 
serait  une  chose  désirable,  favorablement  accueillie  à  Limoges  et 
que  Tadministration  locale  serait  heureuse  de  patronner;  mais 
quant  à  présent  il  n'y  a  de  la  part  de  M.  Baud  qu'une  idée.  Il  faut 
le  voir  à  l'œuvre.  Que  son  établissement  soit  organisé,  qu'un  com- 
mencement de  succès  indique  ce  qui  est  possible  pour  que,  s'ap- 
puyant  sur  des  faits  matériels,  M.  le  maire  demande  au  Conseil  de 
la  ville  son  patronage. 

»  Ilfautencorequ'onsachedequelle  nature  est  ce  patronage.  Est-ce 
un  concours  moral  ou  financier?  L'avenir  déterminera  ce  qu'il  sera 
possible  de  faire;  mais  dans  un  vague  aussi  complet,  il  n'est  pos- 
sible de  prendre  aucune  espèce  d'engagement. 

»  Une  autre  lettre  du  22  avril  avait  formulé  quelque  chose  d'un 
peu  plus  précis.  Nous  la  reproduisons  pour  vous  faire  l'inventaire 
complet  de  ce  que  nous  avons  trouvé  dans  le  dossier  de  cette 
affaire,  où  nous  avons  voulu  tacher  de  tout  comprendre.  Si  nous 
n'y  sommes  pas  parvenus,  veuillez  accuser  le  défaut  de  notre  intel- 
ligence et  non  celui  de  nos  efforts. 


LA    RBNAISSANCK   DB   L^ÉUAILLKIIIE   PRINTE   A    LtUOOF.S  tSI 

»  Voici  la  lettre  du  22  avril,  qui  est  ainsi  conçue  : 

a  MONSIBOR  LB  MaIRB, 

»  Je  vous  remercie  sincèrement  de  rinlérôt  que  vous  voulez  bien  prendre 
»  à  mon  émaillerîe  et  pour  entrer  dans  vos  vues  autant  qu*il  dépend  de 
»  moi,  j'ai  Thonneur  de  vous  informer  que  je  serai  à  Limoges  jeudi  matin, 
»  "16  courant. 

»  Si,  conformément  à  votre  lettre  du  20  courant,  vous  voulez  bien  avoir 
9  la  bonté  de  convoquer,  pour  le  susdit  jour  ou  le  lendemain  vendredi, 
u  les  hommes  spéciaux  et  la  commission  municipale  que  vous  jugerez 
»  aptes  à  apprécier  la  chose  qui  nous  occupe,  je  leur  soumettrai  quelques 
»  spécimens  et  les  mêmes  qui  ont  prouvé  aux  hommes  les  plus  compd- 
»  tents  que  tous  les  genres  connus  dans  Thistoire  de  rémaillcric  sont 
»  retrouvés  et  je  ne  doute  pas  que  ces  Messieurs  seront  du  même  avis. 

»  Toutefois,  Monsieur  le  maire,  permettez-moi,  pour  avancer  le  plus 
»  possible,  de  vous  donner  un  aperçu  de  mes  prétentions. 

»  J'aurai  dans  mes  ateliers  un  nombre  déterminé  de  places  qui  seront 
»  occupées  par  des  enfants  que  la  ville  désignera  ;  mais  je  ne  les  accepterai 
V  que  sur  l'exécution,  sous  mes  yeux,  d*une  académie  d'après  la  ronde 
•  bosse,  car  je  n'entends  pas  implanter  la  décadence  dans  Tesprit  du  corps 
»  de  mon  idée  en  lui  donnant  le  jour.  La  subvention  annuelle  de  la  ville 
»  s^élévera  à  autant  de  fois  mille  francs  qu'elle  désirera  avoir  de  places 

>  réservées.  Elle  s'engagera  pour  une  durée  de  douze  années  consécutives. 
0  Elle  s'en  rapportera  entièrement  au  mode  d'enseignement  dont  je  me 

B  servirai  pour  tous  mes  employés*,  en  d'autres  termes,  si  elle  nomme  une 
o  commission,  celle-ci  n'aura  d'effet  que  vis-à-vis  [de]  ses  ressortissants; 
«)  mais  je  garderai  toute  liberté  de  mon  côté.  Du  reste  un  règlement  sera 
»  fait  d'un  commun  accord  et  les  élèves  devront  s'y  conformer. 

>  Telles  sont,  Monsieur,  les  bases  sur  lesquelles  je  crois  que  nous 
9  pouvons  nous  entendre,  parcequ'clles  établissent  une  juste  relation 
»  t'ntre  les  services  donnés  et  rendus,  tout  en  laissant  à  la  ville  la  latilu'le 
9  d'agir  selon  âcs  moyens. 

•  Si  cependant  ces  mesures  ne  vous  paraissent  pas  praticables,  soyez 
»  assez  bon,  Monsieur,  pour  m'en  informer,  et  nous  renoncerons  tout  à  fait 
»  à  Limoges. 

»  Je  dois  vous  dire  encore  que  je  ne  pourrai  rester  que  deux  jours  dans 
»  votre  ville  et  que  je  désire  rapporter  une  réponse  positive  avec  moi,  le 

>  contrat  devant  être  signé  ce  mois,  attendu  que  mon  bailleur  de  fonds 
»  pari  le  1^'  mai  pour  sa  résidence  d*été.  Cela  me  parait  très  possible.  En 
»  étudiant  la  question  financière  d'avance,  il  ne  restera  que  l'examen  de 
»  mes  produits. 

»  Je  vous  le  répèle.  Monsieur,  moi  personnellementje  désire  ardemment 
»  que  l'affaire  se  fasse  dans  votre  patrie;  j'y  trouve  mon  compte,  comme 
»  elle  y  trouvera  le  sien  encore  mieux;  mais  je  ne  liens  pas  les  cordons 
»  de  la  bourse. 

9  Agréez,  Monsieur  le  maire,  etc.  » 


43%  SOCliTÉ  ARCBéOLOGIQUB  RT   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

»  Voici,  Messieurs  les  documents  soumis  à  votre  commission 
appelée,  comme  vous  le  savez,  à  préparer  votre  vote  sur  l'oppor- 
tunité du  concours  moral  qu'on  demande  pour  l'œuvre  de  M.  Baud. 

»  Ils  se  complètent  tout  naturellement  par  le  rapport  fait  à  la 
Société  archéologique  et  qui  a  reçu  son  approt)ation. 

»  Nous  ne  vous  priverons  pas  de  cette  lecture  que  nous  avons 
réservée  jusqu'à  présent,  parcequ'elle  est  le  seul  élément  d'appré- 
ciation des  œuvres  et  de  la  pensée  de  M.  Baud. 

»  Nous  n'avons  eu  aucune  communication  directe  avec  cet  artiste, 
nous  n'avons  pas  vu  ses  échantillons  dont  la  vue  a  excité  dans  une 
autre  assemblée  un  sentiment  d'admiration  difficile  à  décrire  (et  si 
bien  décrit  pourtant),  qui  s'exprime  par  des  exclamations  invo- 
lontaires, par  des  applaudissements  unanimes,  qui  étonne  d'au- 
tant plus  qu'on  réfléchit  davantage  et  qui  promet  des  consé- 
quences de  la  plus  haute  importance  pour  Limoges. 

»  Nous  n'avons  rien  vu  de  tout  cela  et  si  nous  l'avons  regretté, 
vous  ne  le  regretterez  certainement  pas. 

»  M.  Baud  a  été  apprécié  par  des  juges  d'une  compétence  incon- 
testable, et  pour  nous,  à  qui  manque  complètement  sinon  le  sens, 
au  moins  l'instruction  et  le  feu  artistique  (je  parle  pour  le  rap- 
porteur et  non  pour  ses  collègues  qui  ne  lui  ont  pas  donné  mission 
de  faire  un  pareil  aveu),  nous  aurions  profondément  affligé  peut- 
être  un  artiste  de  talent  par  nos  réfrigérantes  observations,  après 
le  lyrisme  enthousiaste  du  rapporteur  archéologique. 

»  Mieux  vaut.  Messieurs,  faire  comme  nous  et  voir  par  ses  yeux, 
parler  avec  son  langage  et  le  croire  sur  parole. 

»  Admettons  tout  ce  que  nous  fait  espérer  le  rapport. 

»  Qu'avons-nous  à  faire.  Messieurs,  de  la  proposition  qui  nous 
est  soumise  ?  Ne  s'est-on  pas  trop  hâté  d'appeler  un  vote  du  Conseil 
municipal;  et  M.  Baud  n'avait-il  pas  mieux  apprécié  la  conduite  à 
suivre,  dans  sa  lettre  du  17  avril,  que  ne  l'ont  fait  ses  admirateurs 
de  la  société  savante  ? 

»  M.  Baud  a  fait  une  découverte  précieuse  pour  Fart  et  pour 
l'industrie.  Une  société  d'archéologues,  à  qui  il  n'est  pas  défendu 
de  s'occuper  de  l'avenir,  déclare  d'une  voix  unanime  que  la  restau- 
ration de  l'émaillerie  est  œuvre  possible. 

»  Que  cet  encouragement  donne  confiance  à  M.  Baud;  que  la  foi 
qu'il  a  su  inspirer  aux  hommes  spéciaux,  le  patronage  qu'ils  lui 
confèrent,  le  déterminent  à  poursuivre  sa  pensée,  à  la  convertir  en 
fait  matériel  et  à  créer  son  établissement  industriel  et  artistique 
dans  un  milieu  où  se  sont  conservés  le  goût  des  émaux  et  Tamour 
des  arts  qu'il  veut  restaurer  et  faire  progresser.  Il  est  sûr  d'y  être 
accueilli  avec  faveur.  Un  public  d'élite  a  déjà  battu  des  mains  à  ses 


LA   RBNAISSANCB   DS  l'ÉMAILLBRIS  PEIMTK  A  LIHOGRS  1)3 

premiers  essais  et  nous  serions,  comme  individus  et  comme  repré- 
sentants de  la  ville  de  Limoges,  les  plus  inintelligents  des  hommes 
si  tous  nos  vœux  n'appelaient  pas  Tœuvre  de  M.  Baud  et  si  nous  ne 
désirions  pas  ardemment  Touverturede  son  atelier  dans  notre  cité. 
Mais  après  ces  vœux  stériles,  je  le  reconnais,  pour  un  artiste  chez 
qui  les  ressources  Hnancières  ne  viennent  pas  toujours  faciliter  les 
productions  de  Tespril  ou  du  génie,  que  pouvons-nous  faire?  Quel 
engagement  pouvons-nous  prendre  ? 

))  M.  Baud,  appuyé,  dit-on,  par  une  haute  notabilité  financière, 
réussira.  L'amitié,  les  lumières  et  le  concours  pécuniaire  de  la 
personne  dont  le  nom  est  prononcé  au  rapport,  sont  une  garantie 
qui  protégera  puissamment  ses  efforts  et  assurera  à  sa  découverte 
tout  le  succès  qu*elle  doit  espérer.  Si  avec  un  tel  appui  il  venait  à 
périr,  il  faut  dire  que  la  Société  archéologique  aurait  été  dupe  d'une 
illusion,  comme  l'artiste  lui-même.  Nos  vœux  et  notre  patronage 
ne  conjureraient  pas  une  ruine  dont  la  cause  serait  intrinsèque  et 
viscérale  (sic). 

»  S'il  en  était  ainsi,  Messieurs,  votre  commission  a  dû  réfléchir 
aux  conséquences  du  patronage  qu'on  veut  vous  faire  accepter.  Ce 
ne  serait  pas  seulement  un  sacrifice  stérile  de  quelques  deniers  de 
la  commune  que  vous  auriez  imprudemment  consommé,  mais, 
chose  plus  grave,  sur  la  foi  d*une  possibilité,  d'une  espérance 
même,  si  vous  voulez,  des  tiers,  des  propriétaires,  des  constructeurs, 
des  ouvriers  ou  des  artistes  viendraient  vous  demander  compte  des 
avances  dans  lesquelles  ils  se  seraient  imprudemment  engagés  et 
faire  peser  sur  vous  la  responsabilité,  morale  au  moins,  d'un 
patronage  accordé  à  une  entreprise  sans  la  connaître,  sans  avoir  pu 
la  juger.  Ils  vous  diraient,  avec  quelque  raison,  que  votre  nom  a 
servi  de  réclame  et  de  garantie  et  vous  auriez  à  regretter,  vous  les 
tuteurs  nés  des  intérêts  de  là  cité,  d'avoir  motivé  leur  imprudence 
par  la  votre. 

»  Et  puis,  lancés  dans  cette  voie,  où  vous  arrêterez-vous  ?  Quelle 
est  la  pensée  qui  ne  viendra  pas  vous  demander  votre  concours 
moral,  auquel  elle  se  dira  des  droits  pour  être  secourue  et  fécondée? 

»  Avec  les  tendances  de  l'époque.  Messieurs,  cette  voie,  vous 
l'avez  déjà  conclu  avec  nous,  a  trop  d'écueils  et  de  dangers. 

'>  L'autorité  d'un  nom  illustre  ou  d'un  haut  personnage  a  sa 
séduction  plus  que  jamais,  dans  un  siècle  qui  a  cependant  la  pré- 
tention de  ne  pas  se  payer  par  des  mots;  et  vous  savez  que  plus 
d'une  œuvre  folle  ou  mauvaise  a  dû  son  succès  éphémère  et  suivi 
de  ruines  désastreuses,  à  ces  concours  apocryphes  ou  trop  légère- 
ment accordés^  Le  gouvernement  a  dû  s'en  préoccuper  et  faire 
cesser  ces  abus. 


iâ4  SOGlérÉ  ARCHÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

»  Laissez  donc  chaque  pensée  éclore  et  se  féconder  librement; 
encouragez  de  votre  bienveillance  individuelle  ces  essais  d'exécu- 
tion, et  lorsqu'elle  se  traduit  en  œuvres  utiles,  lorsque  des  résul- 
tats matériels  viennent  prouver  qu'on  n'est  plus  dans  les  chimères 
ou  dans  les  utopies,  alors  vient  Theure  de  patronner,  de  subven- 
tionner, s'il  le  faut,  l'invention,  l'établissement  utile  à  la  cité,  de 
payer  le  relief  et  les  profils  qu'elle  peut  en  retirer  par  une  con- 
venable rémunération  au  maître  qui  choisira  ses  élèves  parmi  nos 
jeunes  artistes. 

»  Votre  choix  parmi  les  plus  distingués,  pour  les  confier  à  ses 
soins,  sera  une  récompense  pour  les  efforts  des  premiers,  une 
indemnité  pour  le  maître.  La  ville,  par  ce  mode  ou  par  tout  autre, 
acquittera  sa  dette. 

»  Quant  à  présent.  Messieurs,  M.  Baud,  qui  paraît  trop  intel- 
ligent et  qui  est  trop  heureusement  recommandé  auprès  de  nous 
pour  avoir  à  s'appliquer  aucune  des  réflexions  générales  que  j'ai 
dû  vous  soumettre,  M.  Baud  comprendra  que  l'Administration  ni  le 
Conseil  ne  peuvent  prendre  envers  lui  aucun  engagement. 

»  Votre  commission  conclut  donc  à  ce  que  le  Conseil  fasse 
exprimer  à  M.  Baud  tout  son  désir  de  voir  se  fonder  à  Limoges 
l'étaWissement  d'émaillerie  qu'il  se  propose  d'ouvrir;  ses  vœux 
ardents  pour  qu'il  obtienne  le  succès  dont  l'approbation  de  la 
Société  archéologique  est  pour  lui  l'heureux  présage. 

»  Mais  jusqu'à  sa  réalisation,  il  ne  peut  donner  ou  promettre 
aucune  espèce  de  patronage  ou  de  concours.  » 

Le  Conseil  charge  M.  le  maire  d'exprimer  à  M.  Baud  tout  son 
désir  de  voir  se  fonder  à  Limoges  l'établissement  d'émaillerie  qu'il 
se  propose  d'ouvrir,  ses  vœux  ardents  pour  qu'il  obtienne  le  succès 
dont  l'approbation  delà  Société  archéologique  est  pour  lui  l'heureux 
présage;  mais,  jusqu'à  sa  réalisation,  le  Conseil  ne  peut  donner  ou 
promettre  aucune  espèce  de  patronage  ou  de  concours. 


L'ATELIER   D'ÉMAILLERIE 


de  Louis  Dalpayrat 


A  la  séance  du  27  décembre  1901,  j'ai  demandé  à  présenler 
quelques  observations  au  sujel  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
26  novembre  précédent.  Mon  intention  était  de  demander  la  recti- 
fication du  paragraphe  suivant  :  «  Vers  1878,  M.  Bourdery  trace 
»  enfin  la  véritable  voie  à  suivre  pour  l'exécution  des  émaux 
»  peints,  etc.  »,  allégation  à  mon  avis  inexacle. 

Vous  avez  bien  voulu  m 'inviter  à  présenter  à  noire  Société  une 
note  écrite;  en  vous  la  remettant,  j'accomplis  un  double  devoir  : 
membre  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  je 
rétablis  des  faits  et  des  dates  qui  seront  demain  du  domaine  de 
rhistoire;  élève  de  Louis  Dalpayrat,  je  rend^  à  la  mémoire  du 
maître  qui  m'a  mis  le  pinceau  à  la  main,  un  hommage  reconnais- 
sant. 

Louis  Dalpayrat  a  été  un  véritable  artiste.  Chercheur  infatigable, 
doué  de  remarquables  facultés  d'assimilation,  il  a  touché  à  tous  les 
genres  de  peinture.  D'une  grande  habileté  technique,  il  était 
devenu  bien  vite  un  des  premiers  peintres  sur  porcelaine  de  son 
temps.  Remarqué  comme  le  meilleur  élève  de  TEcole  de  dessin  de 
la  Société  d'agriculture,  des  sciences  et  des  arts,  il  fui  appelé  à  sup- 
pléer M.  Masjambost  alors  professeur  à  cette  école,  fort  âgé  et 
souvent  malade.  A  la  mort  de  M.  Majambost,  il  resta  seul,  à  peine 
âgé  d'une  vingtaine  d'années,  pour  professer  le  dessin  à  près  de 
cent  cinquante  élèves.  J'étais  un  de  ces  élèves. 

A  quelle  époque  songea-t-il  à  l'émaillerie  ?  11  est  dilTicile  de  le 
préciser.  Eut-il  connaissance  de  la  demande  faite  par  M.  Baud  à  la 
municipalité?  Reprit-il  l'idée  pour  son  propre  compte?  Au  cours 
des  nombreux  voyages  qu'il  fil  à  Paris  en  1869,  se  mit-il  en  rapport 


126  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOâlQUB   ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

avec  les  émailleurs  de  la  capitale  et  de  Sèvres,  et  l'idée  jaillit-elle 
de  ce  contact?  Il  est  permis  de  le  supposer,  car  à  celte  époque  bril- 
laient, à  Paris,  les  Robillard,  Meyer  et  avant  tous,  Ciaudius  Popelin, 
savant  artiste  qui  n*a  pas  été  égalé. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  1872,  Louis  Dalpayrat  fabriquait  des  émaux  ; 
c'est  dans  le  courant  de  cette  môme  année  qu'il  m'appela  à  colla- 
borer à  ses  travaux.  Son  atelier  était  situé  place  de  la  Préfecture; 
nous  y  faisions  des  peintures  à  l'huile,  pastels^  gouaches,  aqua- 
relles, miniatures  sur  ivoire,  émaux,  faïences  et  porcelaines;  dans 
rarrière-roagasin  étaient  construits  les  fours  et  les  moufles  pour  la 
cuisson  des  peintures  céramiques. 

En  1873  (le  29  juillet)  (1),  M.  Dalpayrat  présentait  à  la  Société 
archéologique  divers  émaux  de  sa  composition.  La  Société,  désirant 
encourager  cette  industrie  toute  limousine,  chargea  son  président 
d'acheter  à  M.  Dalpayrat  l'un  de  ses  émaux. 

En  1875,  Louis  Dalpayrat  s'associa  avec  M.  Ferdinand  Lot  qui 
apporta  des  capitaux  importants  qui  permirent  à  la  nouvelle  Société 
de  prendre  un  sérieux  essor  et  de  se  consacrer  exclusivement  à  la 
fabrication  des  émaux.  Le  siège  de  la  société  était  situé  rue  des 
Pénitents-Rouges,  n*  3,  au  lieu  dit  de  Sainl-Cessateur.  Elle  s'assura 
le  concours  de  peintres  distingués,  MM.  Saquel,  Moreau,  Laprairie, 
Bureau,  Boutet,  Larthe,  Willamson,  Roly  élève;  comme  batteurs 
de  métaux  :  MM.  Mousnier  et  Pradeaux. 

En  1876,  le  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Société  archéolo- 
gique du  28  mars  (2)  contient  le  passage  suivant  :  <(  M.  Dalpayrat 
présente  à  la  Société  de  magnifiques  émaux  de  sa  composition  qui 
reproduisent  à  s'y  méprendre,  tant  par  la  perfection  du  dessin  que 
par  la  richesse  du  coloris  les  œuvres  de  nos  plus  célèbres  émail- 
leurs  limousins.  A  force  de  patience  et  de  travail,  M.  Dalpayrat  a 
retrouvé  le  secret  d'un  art  qui  fut,  dans  le  passé,  une  des  gloires 
de  Limoges,  et  que  pendant  longtemps  on  avait  pu  croire  à  jamais 
perdu.  M.  le  président  félicite  M.  Dalpayrat  et  lui  exprime  la  satis- 
faction et  l'admiration  de  la  Société.  » 

De  1875  à  1878,  la  production  fut  considérable  en  pièces  d'émail- 
lerie  de  toute  forme  et  de  toute  sorte.  En  effet,  indépendamment  et 
à  côté  des  interprétations  classiques  et  traditionnelles  de  l'Ecole 
limousine,  Dalpayrat  donnait  libre  carrière  à  ses  artistes  pour  tous 
travaux  de  fantaisie  et  d'imagination.  Incalculable  est  le  nombre  de 
pièces  qui  sortirent  de  notre  atelier,  depuis  les  objets  de  toute 
petite  dimension  tels  que  des  boîtes  à  pastilles  jusqu'à  des  vases  de 
un  mètre  de  hauteur  dont  fleurs,  paysages,  fonds  jaspés  et  mor- 

(t)  BulL  de  la  Soc.  arch.  du  Limouain^  XXII,  983. 
(2)  Ibid.,  XXV,  410. 


l'ATCLIBR    D*iMAlLLBRlB   DB  LOUIS   nALPATRAT  127 

dorés  de  toutes  nuances  formaient  la  décoration  habituelle.  Ces 
pièces  étaient  acquises  par  des  riches  amateurs,  des  musées  et 
aussi  par  des  industriels.  Je  citerai  notamment  l'émail  de  très 
grande  dimension  qui  fut  commandé  pour  l'Exposition  de  1878  par 
M.  Mazaroz-Ribalier,  le  célèbre  fabricant  de  meubles  de  Paris  ;  cet 
émail  qui  était  destiné  à  la  décoration  d'une  bibliothèque  fut  payé 
6.000  fr.  II  n*est  pas  de  genres  de  peinture  en  émail  que  n'ait  pra- 
tiqués dès  cette  époque  l*atelier  Dalpayrat  et  Lot,  et  j'avoue  que 
mon  étonnement  a  été  grand  de  voir  à  TExposilion  de  1900  quali- 
fier de  nouveautés  certaines  décorations  que  nous  faisions  couram- 
ment vingt-cinq  ans  auparavant. 

Enfin,  en  1878,  à  TExposition  universelle  de  Paris,  Tobtention 
d'une  médaille  d'argent  vint  consacrer  la  réputation  de  la  maison 
Lot  et  Dalpayrat.  Je  dois  ajouter  que  ce  fut  la  plus  hante  récom- 
pense décernée  dans  la  section  des  émaux. 

En  1879,  la  société  Lot  et  Dalpayrat  fut  dissoute  d'un  commun 
accord,  et  L.  Dalpayrat,  jusqu'à  l'époque  où  il  partit  pour  l'Angle- 
terre (commencement  1880),  resta  attaché  comme  simple  ouvrier  à 
cet  atelier  qu'il  avait  fondé.  Entre  temps,  M.  Lot  resté  seul  titulaire 
de  la  maison,  m'avait  confié  les  fondions  de  chef  d'atelier,  circons- 
tance qui  fit  de  mon  ancien  maître  et  patron  mon  subordonné  pen- 
dant quelque  mois. 

A  la  fin  de  l'année  1880,  M.  Lot  abandonna  à  son  tour  la  fabrica- 
tion  des  émaux  et  me  céda  son  atelier  et  son  matériel.  Je  restai 
pendant  huit  années  encore  rue  des  Pénitents-Rouges  et,  en  1888, 
je  transportai  mon  atelier  rue  PétiniaudBeaupeyrat. 

Devant  le  succès  obtenu  par  Louis  Dalpayrat,  nombreux  furent 
les  artistes  ou  amateurs  qui  tentèrent  de  le  suivre  dans  cette  réno- 
vation artistique  :  M.  Charles,  professeur  de  dessin  au  lycée; 
MM.  Alexandre  et  Adrien  Dalpayrat  qui  cédèrent  plus  tard  leur 
matériel  à  M.  Bourdery;  M.  David,  M"'Boirleau,  aujourd'hui  en 
religion,  M.  Sazerat  eu  collaboration  avec  MM.  de  Laëre  et  Bour- 
dery, et  ensuite  un  de  nos  ouvriers  M.  Boulet.  M.  Bourdery  parvint 
seul  à  un  résultat  sérieusement  apréciable.  Nous  avons  tous  pré- 
sentes à  la  mémoire  les  œuvres  remarquables  qui  sont  sorties  de 
son  atelier  et  qui  le  classent  parmi  les  amateurs  les  plus  distingués 
dans  le  genre  très  personnel  qu'il  s'est  créé.  Plus  que  personne, 
je  rends  hommage  à  son  incontestable  talent.  Mais  en  1878,  il  pro- 
duisait ses  premières  œuvres,  alors  que  depuis  plusieurs  années 
l'atelier  de  Louis  Dalpayrat  était  en  pleine  activité  et  n'avait  plus 
besoin  de  guide  pour  lui  tracer  une  voie  déjà  largement  ouverte. 

Je  me  crois  donc  autorisé  à  dire  que  c'est  à  Louis  Dalpayrat  que 
revient  l'honneur  de  la  renaissance  de  l'émaillerie  limousine. 

E.  Blancher. 


ÉTUDE 


SUR   LES 


CLOCHES   DU  DIOCÈSE  DE   LIMOGES 


(suite) 


XIX«  siècle 


Les  inscriptions  de  cloche  du  xix*  siècle  offrent  moins  d'intérêt 
que  celles  des  siècles  précédents.  Elles  n*ont  aucun  caractère  parti- 
culier, mais  nous  permettent  de  comparer  les  variations  du  style 
campanaire  depuis  l'époque  la  plus  reculée  jusqu'à  nos  jours.  Dans 
quelques-unes  d'entre  elles,  le  saint  patron  de  la  paroisse  n'est 
même  pas  nommé;  toute  autre  invocation  y  fait  défaut,  ainsi  que 
toute  parole  de  l'Ecriture  sainte.  On  dirait  que  leurs  rédacteurs  se 
sont  proposés  pour  but  unique  de  donner  le  nom  des  parrains  et 
des  marraines  ou  de  quelques  autres  personnages  de  la  paroisse.  Il 
y  en  a  cependant  un  bon  nombre  où  la  prière  et  les  sentiments  reli- 
gieux sont  traduits  d'une  manière  heureuse.  Beaucoup  d'entre  elles 
par  les  noms  et  les  indications  qu'elles  renferment  deviendront  des 
documents  qui  ne  sont  pas  à  négliger. 

1802.  —  BEYNAT  (Corrèze).  —  «  Quelque  mauvais  citoyen  me  fil 
»  briser  l'an  4  et  j'ai  été  refondue  par  les  bons  citoyens  del'anX, 
»  sous  les  auspices  d'un  gouvernement  pour  qui  réédifier  est  plus 

»  doux  que  détruire 1802.  Chabrignac,  maire.   Ramade, 

»  adjoint.  » 

Deux  cloches  furent  fondues  à  Beynat  en  1802.  I.e  lieu  où 
elles  sont  suspendues  ne  permet  pas  de  lire  entièrement  leur 
inscription.  Sur  une  on  lit  les  lignes  ci-dessus.  (L'abbé  Poul- 
brière,  Dict.  des  paroisses). 


ÉTUDE   sua   LKS   CLOCHRS   DU    DIOCÈSE   DR   LIMOGES  139 

1802.  —  BEYNAT  (Coprèze). 

«  Beynat  comme  Lyon  longtemps  persécuté, 
»  Fut  par  son  bienfaiteur  en  Tan  dix  visité. 
»  Bonaparte  au  premier  rendit  son  opulence  ; 
»  Verneilh,  préfet,  rendit  au  second  l'espérance. 
»  Le  dix-neuf  germinal  fut  pour  nous  Theureux  jour 
»  Où  nous  pûmes  ici  lui  peindre  notre  amour. 
»  Si  d'un  marché  Beynat  obtient  la  jouissance, 
»  A  lui  nous  en  devons  toute  reconnaissance.  » 

M.  de  Verneilh,  préfet  de  la  Corrèze,  visita  Beynat  le  9  avril 
1802.  Il  avait  fait  rétablir  dans  ce  lieu  les  anciens  marchés,  le 
conseil  municipal  lui  en  témoigna  toute  sa  gratitude  en  mettant 
sur  la  cloche  qu'on  fondit  alors  Tinscription  ci-dessus. 

1803.  —  LA  CHAPELLE-AUX-SAINTS  (Corrèze).  —  Bien  que 
tous  les  saints  figurent  au  vocable  que  cette  paroisse  a  reçu, 
saint  Namphase,  solitaire  au  diocèse  de  Cahors  vers  le  ix*  siècle, 
est  le  seul  qu'on  y  honore,  sinon  comme  titulaire,  du  moins 
comme  patron.  Il  a  seul  les  honneurs  de  la  cloche,  où  son  nom 
{Sancte  Namphasi,  ora  pro  nobis}^  vient  immédiatement  après 
ceux  du  maire,  de  l'adjoint  et  des  conseillers  municipaux  ;  pas  de 
nom  de  curé.  A  cet  oubli  des  règles,  on  reconnaîtra  sans  peine 
notre  époque.  De  fait,  la  cloche  fondue  par  les  Martin,  père  et 
fils,  est  de  messidor  an  XI,  ou  juillet  1803.  (L'abbé  Poulbrière, 
Dict.  des  paroisses), 

1803.  —  BERSAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  M'«  Joseph  Tardy, 
r  desservant  la  paroisse  de  Bersac.  Nom  du  parrain  :  Léonard 
»  Champcommunal.  Nom  de  la  marraine  :  Léonarde  Boscier. 
»  M.  Louis-Charles  Mignot,  maire  de  la  commune.  1803.  Jacques 
»  Martin  et  François  Martin,  fondeurs.  » 

1804.  —  LIMOGES.  Cathédrale.  —  «  Le...  du  mois  de  thermi- 
dor dernier,  M.  l'évéque  a  baptisé  une  cloche  destinée  pour  sa 
cathédrale.  Le  parrain  fut  M.  Brigueil,  premier  adjoint  du  maire 
et  fabricien  de  Saint-Etienne  ;  l'épouse  du  préfet  était  la  marraine. 
Celte  cloche  doit  s'appeler  Richard,  nom  de  famille  de  M"'* 
Toxier-Olivier,  car  au  baptême  d'une  cloche,  on  lui  donne  un 
nom,  comme  on  donne  un  prénom  à  l'enfant  qui  reçoit  ce  pre- 
mier sacrement.  »  [Feuille  hebdomadaire  de  Limoges  —  19  fruc- 
tidor an  XII.  —6  septembre  1804). 

1804.  —  SAINT-PRIEST-TAURION  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sancle 
»  Prejecte,  ora  pro  nobis,  ut  a  fulgure  et  tempcstalc  liberct  nos 


130  SOCléré  ARCHéOLOOlQUR   RT   BISTORIQUB  DU   LIMOUSIll 

»  DeQs.  Parrain  :  SilvaiQ  Gravelat  de  Monlebeau,  de  la  Souter- 
»  raine.  Marraine  :  Marie-Angélique  de  Fromental,  de  Saint- 
»  Priest,  1804.  An  XII.  Bernard  et  François  Martin  les  fon- 
»  deurs.  » 

1 805.  —  CHATEACPONSAC  (Hante-Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénie 
)>  par  M.  Jacques  Villejoubert,  curé.  J*ai  eu  pour  parrain  M.  J.-B. 
»  Daubin,  et  pour  marraine  dame  Marie-Florence- Victoire  Du- 
»  brac.  —  M.  Jean  de  Fenieu,  avocat,  M.  André-Louis  de  Fenieu 
»  de  Vaubourdolle,  Alexis  Mathieu  Ventenat,  maire  ;  F.  Tardy 
»  et  F.  Chénieux,  marguillers.  1805.  —  Jacques  Martin,  fon- 
»  deur.  » 

1805.  —  NOUIC  (Haute- Vienne).  —  Une  cloche  du  poids  de  490 
kilos  fut  fondue  à  Nouic  en  1805.  Elle  a  été  refondue  en  1883. 
Voir  à  cette  date. 

1806.  —  TULLE.  Cathédrale.  —  Une  cloche,  appelée  Notre-Dame, 
fut  fondue  à  Tulle,  sous  M.  le  curé  Brival,  en  1806. 

1807.  —  DUN-LE-PALLETEAU  (Creuse).  —  «  *  Sit  nomen  Domini 
»  benedictum.  —  Bénite  par  M.  Joseph  Bazénérie,  curé  de  Dun. 
»  Parrain  :  M.  Charles-Thomas  Desbarreau.  Marraine  :  M"*  Mar- 
»  guerite-Cécile  Goguyer,  fille  de  M.  Gabriel-Martin  Goguyer, 
»  maire.  L'an  1807.  Fabriciens  :  W  Etienne  Goguyer,  Deschaa- 
»  mes,  Jean  Doreau  et  François  Simon.  Bernard  Martin,  fon- 
deur. » 

Cette  cloche,  ayant  0",66  de  diamètre,  doit  peser  environ 
165  kilos. 

1807.  —  BOURGANEUF  (Creuse).  —  «  *  IHS.  Sit  nomen  Domini 
0  benedictum.  1807.  —  Dubois  Robert,  au  Puy.  » 

1807.  —  NANTIAT  (Haute-Vienne).  —  «  Dubois  Robert,  au  Puy.  » 
Une  petite  cloche  de  Nantiat  porte  ce  nom  de  fondeur,  sans 
date.  Mais  elle  est  absolument  semblable  à  la  précédente  qui  est 
de  1807.  On  y  voit  aussi  la  marque  du  fondeur,  qui  est  un  écus- 
son,  sur  lequel  est  une  cloche,  entourée  des  mêmes  mots  : 
«  Dubois  Robert,  au  Puy.  » 

Une  sonnette,  au  presbytère  de  Saint-Sulpice-Guéretois,  est 
signée  «  Dubois,  neveu,  au  Puy  ». 

1810.  —  SAINT-LÉONARD  (Haute- Vienne).  —  «  *  Ad  majorera 
»  Dei  gloriam.  1810.  » 

Cette  petite  cloche  de  Saint-Léonard  servait  à  la  sonnerie  de 
l'horloge. 


ifcTODR  SDR   LES  CLOCHES   DO   DIOCÈSE  DE  LIMOGES  131 

1810.  —  SAINTPRIEST-LIGOÙRE.  FREISSINET  (Haute- Vienne). 
—  a  Le  20  octobre  1810,  il  fut  procédé  par  la  Tabrique  de  Saint- 
Priest-Ligoure,  à  la  vente  et  aux  enchères  d'une  grosse  cloche 
et  d'un  cimetière  servant  l'un  et  Tautre,  avant  la  Révolution,  à 
Tancienne  paroisse  de  Freissinet,  réunie  à  Saint-Prie^t-Ligoure.  » 
[Annales  de  la  Haute-Vienne^  2  octobre  1810.)  J'ignore  quel  a  été 
le  sort  de  cette  cloche. 

1811.  —  ROCHECHOUART  (Haute- Vienne).  —  On  possède  le 
procès-verbal  de  la  fonte  de  la  grosse  cloche  de  Rochechouart 
du  3  mai  1811.  Cette  pièce  est  surtout  intéressante  parce  que  le 
maire,  M.  Chazaud,  y  donne  la  description  complète  de  la  vieille 
cloche  descendue  du  clocher  et  destinée  à  être  refondue.  Celle-ci 
datée  de  1618. 

1812.  —  GENTIOUX  (Creuse).  —  «  *  1812.  Bénie  par  M.  Jean- 
»  Baptiste  Benassy,  curé  de  Faux.  —  Parrain  :  M.  Louis-Joseph 
»  Benassy,  notaire.  Marraine  :  D"*  Charlotte  de  la  Vareille.  Les 
»  Dubois  fondeurs.  » 

1813-  —  SAINT-PRIEST-TAURION  (Haute- Vienne).  —  «  *  Deus 
»  nobiscum.  J'ai  été  fondue  en  1813  et  bénie  par  M.  Roche,  curé 
»  de  Saint-Priest.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  de  Bord  et  pour  mar- 
»  raine  dame  Lucie  de  Duvillars  de  Salvanez.  —  Cornevin  et 
»  Mulel,  fondeurs.  » 

1813.  —  AIXE  (Haute- Vienne).  —  «  *  Ad  majorem  Dei  gloriam. 
D  J*ai  été  fondue  le  3  juillet  1813  pour  l'église  de  Sainte-Croix 
»  d'Aixe.  Ont  été  parrain  M.  Jean-Joseph-François  Bony  de  La 
»  Vergue,  maire  de  cette  ville,  et  marraine  dame  Marie-Rade- 
»  gonde  Londeyx,  épouse  de  M.  Durand  de  la  Saigne:  Sindincs- 
}>  fabriciens  MM.  Durand  de  la  Saigne,  Massaloux,  Chastenet  de 
»  La  Besse,  Rougerie,  Jayac  et  Bramaud,  curé.  —Bernard  et 
))  Alexis  Martin  les  frères,  fondeurs.  » 

Cette  cloche  qui  pèse  840  kilos  donne  la  note  mi. 

1813.  —  COMPREIGNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Jean-Baptiste 
»  Barriat,  maire,  parrain.  Elisabeth  Dupeyrat  des  Flottes,  mar- 
»  raine.  Geoffroy  des  Flottes,  adjoint.  Mathieu  Bord,  juge  de 
»  paix,  président  de  la  fabrique.  Pierre  Martin-Compreignac, 
»  curé.  L'an  1813.  Bernard  et  Alexis  Martin,  les  frères,  fon- 
»  deurs.  » 

1813.  —  GUÉRET  (Creuse).  —  «  *  Sous  Iç  ponliflcat  de  Sa  Sain- 
»  télé  le  Pape  Pie  VII  et  le  règne  glorieux  de  Napoléon-le-Grand, 
»  empereur  des  Français,  cette  cloche  a  été  bénite  par  M.  l'abbé 
»  ^arry-de-Lille,  curé  de  cette  ville  et  paroisse  de  Guëret,  et 


132  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    KT   TMSTCRIQL'E    DU    LIMOUSIN 

»  nommée  Emmanuel  par  M.  Emmanuel-François  Camus  du 
»  Marlroy,  baron  de  l'Empire,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
»  auditeur  au  Conseil  d'Etat,  préfet  du  département  de  la  Creuse, 
»  et  dame  Marie-Zéphyrine  Nompère  de  Champagny  Cadore,  son 
»  épouse.  Evêque  du  diocèse  Mgr  du  Bourg.  —  M.  de  Lille,  curé 
»  de  Guéret;  Couturier  de  Fournoue,  maire,  baron  de  l'Empire, 
»  chevalier  de  Tordre  de  la  Réunion  ;  MM.  Fayolle,  Druiilelle, 
»  Duceilloux,  Faucher,  Coudert  de  Lavillatte,  Vosuiey,  directeur 
»  des  douanes,  marguilliers  en  exercice.  An  1813.  » 

1813. —  CHAPELLE-DE-FA VAHS,  commune  de  Nespouls  (Cor- 
rèze).  —  i<  ^  J'ai  été  bénite  par  M.  Antoine  Valin,  curé  de 
»  Nespouls.  Le  parrain  a  été  Louis  Lacoste  de  Monceaux;  la 
»  marraine  demoiselle  Antoinette  Gouyon,  épouse  de  Mathieu 
»  Téorisse,  dit  Tourisson.  » 

1813.  —  SEILHAC  (Corrèze).  —  €  ^  1813.  Appartient  à  la  com- 
«  mune  de  Seilhac.  Bénite  par  Pierre  Jouannet,  curé  de  la  com- 
))  mune.  —  Les  Dubois  fondeurs.  » 

Cette  cloche,  qui  pèse  environ  150  livres,  porte  le  nom  de 
Saint-Roch,  patron  de  la  paroisse. 

1814.  —  LIMOGES.  Saint- Michel-des-Lions,  —  «  >î<  J'ai  été  fondue 
»  par  Duboys,  en  1814,  sous  le  règne  de  Louis  XVIII  le  Désiré,  et 
»  baptisée  par  Mgr  Jean-Marie-Philippe  du  Bourg,  évoque  de 
»  Limoges,  assisté  de  M.  J.-B.  Monlégul,  curé  de  la  paroisse  de 
»  Saint-Michel-des-Lions.  —  Le  parrain  a  été  M.  J.-B.-Hippolyte 
»  Etienne  Monluc,  baron  de  La  Rivière,  premier  président  de  la 
»  Cour  royale  de  Limoges,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur;  et 
»  la  marraine  dameMarie-Madeleine-Geneviève  Gaudrée-Boileau, 
»  épouse  de  M"  Charpentier  de  Belcourt,  directeur  dos  conlribu- 
»  lions  du  département  de  la  Haute-Vienne.  —  Membres  de  la 
»  fabrique  en  exercice:  MM.  Etienne  de  La  Rivière,  président; 
))  Pierre-Martin  Gravier  ;  Charles  Dccous  ;  Pierre-Eustache  Char- 

»  pentier  de  Belcourt; d'Humières,  recteur  de  l'Académie; 

»  François-Xavier  Boutault  de  Russy;  Georges  Noualhier,  négo- 

»  ciant; Vivien;  Joseph  Peyroche  du  Reynoux.  Sous  laprc- 

»  fecture  de  M.  René,  comte  de  Brosses.  —  Prêtres  attachés  à  la 
))  paroisse:  MM.  J.-B.  Montégut,  curé;  Aucamus,  vicaire;  Du- 
»  four,  vicaire;  Faugeron-Desvergnes,  vicaire;  Ganny,  vicaire; 
»  Péconnet,  vicaire;  Bardinet,  prêtre  habitué,  ancien  curé  de 
»  Janailhac.  —  Les  Dubois  père  et  fils  et  Charton,  fondeurs, 
»  Montée  par  les  Chabrol  fils  et  petit-fils,  tous  deux  entrepre- 
»  neurs.  » 

Celle  cloche  qui  existe  toujours  est  appelée  le  Bourdon. 


éTODB   soft   LKS  CLOCHES   DU   DtOGÊSB   OB  LIMOGES  133 

1817.  -  SAINT-QUENTIN  (Charente).  -  «  *  L'an  1817.  M.  Pierre- 
»  Hippolyle  Martin  de  Labaslide,  parrain.  Dame  Marie-Anne 
»  Peyroche  de  Labastide  marraine.  M.  François  Lavergne  de 
»  Saint-Quentin,  maire.  » 

1819.  —  PENSOL  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  1819.  M.  Jean- 
»  Thomas  Valentin,  curé  de  Saint-Mathieu,  m'a  bénite.  M.  Léo- 
»  nard  Millet  Delage  a  été  mon  parrain  et  M'  Catherine-Justine 
»  Fleurât  ma  marraine.  Le  chevalier  Malnuit,  fondeur.  » 

Cette  cloche  a  O'^JK  de  diamètre  et  pèse  environ  240  kilos. 

1819.  —  PENSOL  (Haute- Vienne).  —  «  *  L'an  1819.  M.  Jean- 
»  Thomas  Valentin,  curé  de  Saint-Mathieu,  m'a  bénite.  M.  Henri- 
»  Benoit  Joubert  a  été  mon  parrain  et  M"«  Petronille  Villevaleix 
»  ma  marraine.  Le  chevalier  Malnuit,  fondeur.  » 

Cette  seconde  cloche  a  O^^ySS  de  diamètre  et  pèse  environ 
95  kilos. 

1819.  —  DARNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Bénite  en  1819  par 
»  M.  F.  J.  B.  Sandemoy,  curé  de  Darnac.  Parrain  M.  Léon  Ri- 
»  chard-de-Latour.  Marraine  Mademoiselle  Honorine  de  Blanc. 
»  Maire  M.  Richard-de-Latour^  Fargeau,  fondeur.  »       ^ 

1819.  —  MAGNAC-LAVAL  (Haute-Vienne).  —  «  *En  août  1819, 
»  j'ai  été  bénite  par  M.  P.  Puifferat,  curé  de  Magnac-Laval.  Par- 
»  rain  :  Anne-Pierre-Adrien  de  Montmorency-Laval,  prince  et 
»  duc  de  Laval,  pair  de  France,  grand  d'Espagne  de  première 
»  classe.  Marraine  :  Bonne-Renée-Charlotle-Adélaïde  de  Mont- 
»  morency-Luxembourg,  duchesse  de  Laval,  son  épouse.  Maire  : 
»  M.  A.  Javerda-Fombelle.  Adjoints  :  Jh.  J.  Decressac-Villogrand 
»  et  V.  T.  Dubrac-Lachassagne.  Juge  de  paix  :  H.  Mitraud.  Mar- 
»  guilliers  :  MM.  J.  B.  Dubrac  de  Feux;  P.  T.  J.  G.  de  Veriaud; 
»  J.  Blanchard;  F.  A.  Frichon.  —  Sancle  Maximine,  ora  pro 
»  nobis.  —  MM.  Mutel  et  Forgeot,  fondeurs.  » 

1820.  —  BESSINES  (Haute-Vienne).—  «  *  Sitnomen  Domini 
»  benedictum.  —  Dubois  Robert,  au  Puy,  1820.  » 

Cette  cloche  pèse  250  kilos. 

1820.  —  BALLEDENT  (Haute-Vienne).  —  «  *  Bénite  en  août 
»  1820.  Fut  parrain Fut  marraine » 

Cette  cloche  à  53  centimètres  de  diamètre  et  pèse  85  kilos.  Le 
nom  du  parrain  et  celui  de  la  marraine  n'y  sont  pas  ;  ils  de- 
vaient y  être  gravés  au  burin  après  la  fonte  de  la  cloche.  Celle 
de  Fromental  de  1830  se  trouve  dans  le  même  cas. 

T.  LU  9 


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434  SOCIÉTÉ  ARCHéOLÛGIQUK  ET   HiSTOtllQCE  DU   LlllOUSiIf 

1821.  —  PEYR\T-LE-GHATEAU  (Haute- Vienne).  —  «  *  Cloche 
»  de  la  confrérie  des  pénitenls  bleus  de  la  ville  de  Peyrat,  faite 
»  Tan  de  grâce  1821.  Parrain  :  M.  Léonard  Tramonteil,  notaire 
»  royal  et  maire  de  Peyrat.  Marraine  :  dame  Hélène  Laborne, 
»  veuve  Tristan  de  l'Hermilte.  Prieur  des  pénitents  :  Pierre- 
»  Gabriel  Peyroux.  Sous-prieur  :  J.-B.  Darfeuille.  Trésorier  : 
»  Pierre  Lachaud.  Maître  des  cérémonies  :  Léonard-Jean  La- 
»  pouille.  —  F"  et  B'«  Martin,  fondeurs.  » 

Cette  cloche  qui  a  60  centimètres  de  diamètre,  pèse  125  kilos. 

1822.  —  COMPREIGNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Bénite  en  1822. 
»  Parrain  :  François  Léger,  curé  de  Compreignac.  Marraine  : 
»  Marie-Angèle  Constant,  née  Laforet.  M.  Jean- Baptiste  Barriat, 
»  maire.  —  MM.  Mutel  etForgeot,  fondeurs.  » 

Cette  cloche  a  été  fondue  dans  le  parc  du  château  de  Comprei- 
gnac. On  voit  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du  conseil  mu- 
nicipal du  22  août,  que  la  refonte  de  la  cloche  cassée,  Tachât 
du  mêlai  et  les  frais  pour  la  replacer,  ont  occasionné  une  dé- 
pense de  900  fr. 

1822.  —  SAINT-ESTÈPHE  (Dordogne).  —  «  *  Parrain  :  M.  Sta- 
»  nislas  de  Blocque,  baron  de  Wisme,  préfet  de  Maine-et-Loire. 
»  Marraine  :  Madame  Emilie  deLaRaraière,  baronne  de  Wisme, 
»  représentés  par  M.  Jean-Baptiste  Murtin,  propriétaire,  et  par 
»  D"'  Jeanne  Lapeyronie.  —  Pierre  Lapeyronnie,  curé  de  Saint- 
»  Estèphe.  —  Si  je  suis  cloche,  le  sieur  Jean  Parachon,  adjoint 
»  de  la  commune  en  est  Tauteur,  1822.  GHIJK.  —  Auguste  Mar- 
»  lin,  fondeur.  P[oids]  1,100.  » 

1 823.  —  SAINT-DENIS-DES-MURS  (Haute-Vienne).  -  «  *  Année 
»  du  salut,  1823.  —  Jésus,  Marie,  Joseph.  —  S*'  Dyonisi,  ora 
»  pro  nobis.  —  Parrain  :  M.  Antoine  Veyrier  du  Muraud.  Mar- 
>»  raine  :  D"«  Thérèse  Lajouraar  de  la  Boissière.  Nicolas  Veyrier, 
»  curé.  M.  Germain  de  La  Pomélie,  maire.  Joseph  Laforest, 
»  adjoint.  F.  Martin,  fondeur.  » 

L*an  1823  et  le  27  juillet,  dixième  dimanche  après  la  Pente- 
côte, je  soussigné,  Nicolas  Veyrier,  curé  de  Sainl-Denis-des- 
Murs,  âgé  de  82  ans,  ai  béni  la  cloche  dudit  Saint-Denis,  refon- 
due par  François  Martin  de  La  Colombey-de-Choiseul,  départe- 
ment de  la  Haute-Marne.  M.  Antoine  Veyrier  du  Muraud  en  a 
été  le  parrain,  et  M"'  Thérèse  Lajoumar  de  la  Boissière  en  a 
été  la  marraine,  dont  les  noms  se  lisent  en  lettres  saillantes  au- 
tour de  la  cloche  qui  porte  cette  prière  :  S*«  Dyonisiy  ora  pro 
nobis.  Elle  pèse  mille  trois  livres.  Elle  a  étô  bénite  sous  Tinvo- 


ÉTUDE  SUR   LES  CLOCEES   DU   DIOCÈSE   DE  LlltOGES  l35 

cation  de  Sainte  Thérèse,  patronne  du  Carmel,  à  la  plus  grande 
gloire  de  Dieu,  que  nous  prions  avec  la  plus  grande  ardeur  dont 
nous  sommes  capables,  de  faire  la  grâce  à  tous  ceux  qui  enten- 
dront le  son,  d'élever  leur  cœur  vers  lui,  de  le  bénir  et  de  le 
louer.  Amen,  amen,  amen.  —  Veyrier,  curé.  Veyrier  du  Mu- 
raud.  Thérèse  Lajoumar.  Catherine  Marsa.  (Registres  parois- 
siaux). 

1823.  -  MASLÉON  (Haute-Vienne).  —  «*  Bénite  en  1823.  — 
»  Fut  parrain  M.  Léonard  Leblois,  membre  du  Conseil  général 
»  du  département.  Marraine  :  dame  Marie-Anne  Fargeaud,  née 
»  Beaure.  M.  Jérôme  Fougères,  maire  et  pharmacien.  —  For- 
»  geot,  fondeur.  » 

1823.  —  LABUSSIÉRE-MADELEINE,  commune  de  La  Souter- 
raine (Creuse).  —  «  *  Sit  nomen  Domini  benediclum.  L'an  1823. 
»  —  Parrain  :  Charles  Gartemples.  Marraine  :  Marie  Gaulier. 
»  —  Lhéritier  à  Clermont.  » 

1823.  -  EYGURANDE  (Corrèze).  —  «*  L'an  1823  j'ai  été  bénite 
»  par  M.  Moussard,  vicaire  d'Eygurande  et  curé  de  Feyt.  J'ai  eu 
»  pour  parrain  M.  Claude  Paret,  curé  d'Eygurande,  et  pour 
»  marraine  dame  Joséphine  Rochefort,  épouse  de  M.  Choriol, 
»  notaire  à  Eygurande.  MM.  Philippe-Gaspard  Levadour,  maire 
»  et  Jean  Simonnet,  adjoint.  » 

On  voit  aussi  sur  cette  cloche  une  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur avec  ces  mots  :  Eques  Malnuit,  Camardque  artifices.  Puis 
un  écusson  tiercé  en  barre,  chargé  d'étoiles  avec  l'inscription  : 
Chevalier  Malnuit,  fondeur  à  Brevannes. 

1823.  —  AUGINHAC  (Dordogne).  —  «*  Parrain  :  M.  Louis 
»  Beaupoil  de  Sainte-Aulaire,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
»  Marraine  :  M°'  Marie-Marthe  de  Saleton,  épouse  Texler,  che- 
»  valier  de  Saint-Louis,  juge  de  paix  du  canton  de  Nontron. 
»  M.  Pierre  Verneuil  fils  aîné,  maire  d'Auginhac.  M.  Pierre 
»  Bonilon  fils,  adjoint.  Huguet  Dufresse,  desservant,  1823.  — 
»  Auguste  Martin,  fondeur.  » 

L'église  d'Auginhac,  de  l'ancien  diocèse  de  Limoges,  conserve 
cette  cloche  qui  est  peut-être  de  1825,  le  dernier  chiffre  de  sa 
date  étant  peu  lisible.  Elle  a  94  centimètres  de  diamètre  et 
doit  peser  environ  470  kilos. 

1824.  —  LIMOGES.  Hospice.—  «*  Au  nom  de  la  Très  Sainte 
»  Trinité.  L'an  1824  j'ai  été  fondue  dans  l'atelier  du  sieur  Bon- 
»  nin,  métallurgiste  à  Limoges.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Hippo- 


436  socièrfc  arcbêologique  bt  tusTORiQUB  du  limousin 

»  lyte,  baron  de  la  Bastide,  maire  de  Limoges,  président  de  la 
»  commission  administraliye  de  l'hospice,  chevalier  de  Tordre 
»  royal  de  la  Légion  d'honneur;  pour  marraine  dame  Félicité, 
»  baronne  de  Gaujal.  » 

1824.  —LE  DORAT.  Petit  Séminaire  (Haute- Vienne).  —  «  * 
»  Faite  par  les  soins  de  M.  Petit,  supérieur  du  Petit  Séminaire 
»  du  Dorât,  1824.  » 

1884.  —  BELLAC  (Haute-Vienne).  —  «  ^î  L'an  1824  cette  cloche 
0  a  été  bénie  sous  Tinvocation  de  Sainte  Anne,  par  M.  J.-B.  Du- 
»  theil,  curé.  Le  parrain  a  été  M.  Jean-Théobald  Nesmond,  avo- 
»  cat  et  juge  suppléant.  Marraine  M"'  Anne-Sylvie  Mallebay- 
»  Demar.  En  présence  de  MM.  J.  Barbier  de  Blamont,  maire  ; 
»  J.-B.  Leborlhe  de  Juniat  ;  J.-B.  Demar  ;  J.  Rivaud  Lechalar- 
»  derie;  F.  César;  F.  Buisson,  fabriciens.  —  Faite  par  Peigney 
»  frères.  » 

1824.  —  BELLAC  (Haute-Vienne).  —  «  ©L'an  1824.  J'ai  été 
»  bénie  sous  l'invocation  de  la  Sainte  Vierge,  par  M.  J.-B.  Du- 
»  theil,  curé  de  Bellac.  Le  parrain  a  été  M.  Michel  de  Faydean, 
»  chevalier  de  Saint-Louis  :  la  marraine  dame  Jeanne  Génébrias- 
»  Gouttepagnon.  En  présence  de  MM.  J.  Barbier  de  Blamont, 
»  maire;  J.-B.  Leborlhe  de  Juniat;  J.-B.  Demar;  J.  Rivaud- 
»  Lechalarderie;  F.  César;  F,  Buisson,  fabriciens.  —  Faite  par 
»  Peigney  frères.  » 

1825.  —  SAINT-MÉARD  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  fondue 
»  en  octobre  1825  par  les  soins  de  M.  Jean-Jacques  Joyet,  capi- 
»  taine  retraité,  maire  de  Saint-Méard,  et  Jacques  Boutaud, 
»  adjoint.  Léonard-Frédéric  Martinot,  bourgeois,  parrain.  Marie- 
»  Sophie  Hennequin,  bourgeoise,  marraine.  —  Le  chevalier 
»  Malnuit  et  Couzard,  fondeurs.  » 

1826.  —  SAINT-JUNIEN  (Haute- Vienne).  —  «  *  En  juin  1826, 
»  j'ai  été  bénie  par  M.  François-Amable  Goumot,  vicaire  général 
»  et  curé,  sous  l'invocation  de  Saint  Amand.  Fut  parrain  M.  Jo- 
»  seph  Desvergnes-Lafont,  Juge  de  paix;  marraine  dame  Marie- 
»  Hyacinthe  Chabodie-Dupérat,  épouse  de  M.  Amédé  Chabodie- 
»  Dupérat,  avocat.  —  Augustin  et  Alexis  Martin,  fondeurs,  et 
»  Réglot,  fondeur.  » 

1826.  —  SAINT-JUNIEN  (Haute- Vienne).  —  «  *  En  août  1826, 
n  j'ai  été  bénie  sous  l'invocation  de  Saint  Junienpar  M.François- 
»  Amable  Goumot,  vicaire  général  des  diocèses  de  Limoges  et 
»  d'Angoulême,  curé  de  la  ville  de  Saint-Junien,  assisté  de 


ftTUDB  SUR  LES  CLOCBES  DU    DIOCÈSE   DS  LIMOGES  137 

»  M.  Jean-Baptiste  Lamy-Boisrosier,  prêtre,  et  de  MM.  Léon 
»  Dépôret  et  Claude  RonlHgnac,  vicaires.  A  été  parrain  M.  Jean- 
»  Baptiste  Chauvignier,  !•'  adjoint  du  maire,  et  marraine 
«  M""  Rose  Pouliot,  épouse  de  M.  Junien  Londeix  de  Labrousse, 
»  chevalier  de  Saint-Louis.  M.  Jacques-Anselme  Teiliet,  2*  ad- 
»  joint,  nommé  en  remplacement  de  feu  M.  Simon,  son  père, 
»  !•'  adjoint.  » 

Au  bas  de  cette  cloche  il  y  a  d'un  côté  Timage  de  la  Sainte 
Vierge,  de  l'autre  une  croix  avec  ces  mots  :  SU  hominibus  salutis 
monitum, 

1826.  —  CHAMPAGNAC  (Haute-Vienne).  —  «*  Ego  sum  quia 
»  in  tanto  regimine  praBvalui.  Parrain  :  Jude  de  Lajudie,  maire. 
0  Marraine  :  dame  de  Jaubert.  Port  rector  ecclesiae,  mai  1826. 
»  Fondue  par  Bonnin  à  la  Monnaie  de  Limoges  dans  Tatelier  de 
»  M.  Parant,  o 

1886.  —  LA  CROISILLE  (Haute- Vienne).  —  «  *  Anne  Roux,  de 
»  Bazenge,  donatrice,  1826.  -  Parrain  :  M.  Pierre  Joyet,  maire. 
»  Marraine  :  Catherine  de  Vaucorbeil  de  Montréal.  M.  J.-B. 
»  Chadebec,  curé  de  La  Croisille.  —  Le  chevalier  Malnuit  et 
»  Gousard,  fondeurs.  » 

1826.  —  MAGNAC-BOURG  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bé- 
»  nile  par  M.  Rcymond  de  Beunos,  curé  de  Magnac.  M.  Guillau- 
»  me  Fénelon  Delignac,  notaire  et  maire,  parrain.  M"'  Antoi- 
»  nette-Rosaiie-Pauline  de  Villelurae,  veuve  de  M.  Athanase  de 
»  la  Bastide,  marraine.  —  Le  chevalier  Malnuit  et  Gousard, 
»  fondeurs,  1826.» 

1826.  —  RANÇON  (Haute- Vienne).  —  «  *  1826.  Sancta  Maria. 
»  Sancte  Pelre,  ora  pro  nobis.  —  Grati  animi  et  famere  (?) 
»  signum.  —  Parrain  :  M.  le  comle  Albéric-Joseph-Charles- 
»  Gédéon  de  RofHgnac.  Marraine  :  M"«  Gédéonie-Marie-Agnès- 
»  Sophie  de  RofBgnac,  fils  et  fille  de  M.  le  comte  Gédéon  de 
»  RoflBgnac  et  de  feue  M"'  la  comtesse  Honorine  de  Coustin  ; 
»  petit-fils  et  petite-fille  de  M.  le  marquis  de  Roffignac,  chevalier 
.>  honoraire  de  Tordre  de  Malte,  ancien  capitaine  de  cavalerie 
»  et  premier  page  de  Tarme,  et  de  M°*  la  marquise  de  Roffiguac, 
»  née  Guiot  d'Asnières,  et  de  M.  le  comte  de  Coustin,  chevalier 
»  de  Saint-Louis,  capitaine  d'infanterie  et  de  M™«  la  comtesse  de 
»  Coustin,  née  deNesmond.  —  M.  Léonard  D.D.  Desmousseaux, 
»  curé.  —  Auguste  Martin,  fondeur.  » 

1827.  —  LE  DORAT  (Haute-Vienne).  —  «  *  Ave  Maria.  Sancti 
»  Israël  et  Theobalde,  orate  pro  nobis.  —  Je  m'appelle  Marie- 


138  SOCIÉtA  ARCBiOLOGIQOE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

»  Madeleine.  J*ai  été  bénite  au  mois  d'avril  1827  par  M.  Gham- 
»  blet,  curé  du  Dorât.  Parrain  et  marraine  :  M.  Claude  Pascal 
»  de  Gobertière-Lamothe,  maire  du  Dorât  et  dame  Marie-Made- 
»  leine  de  Voyon,  née  Etourneau.  Fabriciens  :  MM.  de  Voyon, 
»  chevalier  de  Saint-Louis;  Ducoux,  notaire  ;  Vacherie,  juge  de 
»  paix  ;  Desmoulin  père;  Boucheuil  ;  D' de  La  Porte  :  de  Taillac, 
»  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  —  Peigney  frère,  fondeur, 
»  natif  d'Amblaix,  département  des  Vosges.» 

1828  —  AIXE  (Haule-yienne).  —  «  •î  L'an  1828,  j'ai  été  bénite 
»  par  M.  Roche,  curé  d'Aixe.  —  Parrain  :  Jean-Baptiste  Gicquet 
»  de  Pressac.  Marraine  :  Madame  Marie-Gharlotte-Rose  Balatier, 
»  comtesse  de  Villelume,  dame  de  Losmonerie.  —  Le  chevalier 
»  Malnuit,  Petitfour,  fondeurs.  » 
Gette  cloche  pèse  500  kilos  et  donne  la  note  sol, 

1888.  —  NEXON  (Haute-Vienne).  —  «  ^  L'an  1828,  j'ai  été  bénite 
»  par  M.  Pierre  Mazérieux,  curé  de  Nexon.  —  Parrain  :  M" 
»  Gharlesde  David,  baron  des  Etangs,  chevalier  de  l'ordre  royal 
»  et  militaire  de  Saint-Louis,  maire  de  Nexon.  Marraine  :  dame 
»  Amable-Hortense  de  Bermondet  de  Gromières,  épouse  de 
»  M'*  François-Alexis  Gay  de  Nexon,  chevîflier  de  l'ordre  royal 
»  et  militaire  de  Saint-Louis.  —  Le  chevalier  Malnuit  et  Petit- 
»  four,  fondeurs.  » 

1828.  —  DOURNAZAG  (Haute- Vienne).  —  «*  Louis-Léonard 
»  Legros,  curé  de  Dournazac.  —  Auguste  Martin,  fondeur.  — 
»  Gouyot  Victor.  » 

Gette  pelile  cloche  faite  avec  les  débris  d'une  qui  était  à 
Montbrun,  a  63  centimètres  de  diamètre  et  pèse  environ  112  kil. 

1828.  —  BERSAC  (Haute- Vienne).  —  v  *  M.  Martial  Bonnel-La- 
»  borderie,  curé  deBersac.  Parrain  :  M.  J.-B.  Théophile  Mignot. 
»  Marraine  :  M"' Louise  -  Glarisse  -  Glémence  des  Marais.  — 
D  M.  J.-B.  Mignot,  trésorier  de  la  fabrique.  M.  Jérôme-Arsène 
»  des  Marais,  maire.  J.-B.  Gausard,  1828.  » 

Gette  cloche  bénite  le  1*»' juillet  1828,  pèse  439  kilos  300  gram- 
mes. Elle  a  été  achetée  à  raison  de  4  fr.  le  kilo. 

1828.  —  ABJAT  (Dordogne).  —  «  *  Les  parrains  présentés  par 
»  M.  Duvoisin,  maire  d'Abjat,  sont  :  M.  Louis  Beaupoil  de  Saint- 
»  Aulaire,  membre  de  la  chambre  des  députés  de  France,  et 
»  dame  Egidie  de  Saint-Aulaire,  duchesse  de  Gaze.  M.  Etienne 
»  Masson,  curé  d'Abjat.  —  Auguste  Martin,  fondeur,  1828. 
»  Pèse  i  ,200  livres.  » 


ÉTUDE  SUR  LES  CLOCHES  DU   DIOCÈSR  DE  LIMOGES  439 

1829.  —  FâILLEMENDY,  commune  de  la  Chapelle-Montbrandeix 
(Haute-Vienne).  —  «  *  1829.  M.  Jouve.  Léonard  Lavé.  M.  Jac- 
»  ques  Jouve,  parrain.  Marraine  :  Marguerite  Jouve,  sa  sœur.  — 
»  Gouyot  Victor.  » 

1830.  —  LIMOGES.  Cathédrale.  —  «*  Monsieur  Jean-Aimé  Mas- 
»  singuiral,  vicaire  général,  chanoine-archiprôtre;  M.  Martin 
»  Thomas,  chanoine;  M.  Joseph  Audoin;  M.  Marie-Joseph  La- 
»  forest  ;  M.  Martial  Nicot ;  M.  Pierre-Simon  Mallevergne-Fressi- 
»  niât;  M.  Léon  P.  Elle  Judde  de  La  Judie,  fabriciens  ;  M.  A'^ 
»  Prosper  Feret,  chanoine  et  secrétaire.  —  Sous  le  règne  de 
»  Charles X,  1830.  —Marraine  :  M"' Louise-Elisabeth-Françoise 
»  Augeraud  de  la  Branche,  vicomtesse  Rafelis  de  Brèves.  Par- 
»  rain  :  M.  François-Jean-Adolphe-Prosper  Cabasse,  chevalier 
»  de  Tordre  royal  de  la  Légion  d'honneur,  procureur  général  du 
»  roi  à  Limoges.  —  Bénite  par  Monseigneur  Prosper  de  Tour- 
»  nefort,  évoque  de  Limoges.  —  J.-B.  Causard,  fondeur.  » 

1830.  -  FROMENTAL  (Haute-Vienne).  —  «*  L'an  18[30,  j'ai 
»  été  bénite  par  M.  J.-B.  Fermin  Beraud,  curé  de  ce  lieu,  et 

»  nommée  par ]  J'ai  été  faite  par  Osmond,  fondeur  du  roi, 

»  à  Paris.  » 

Ce  qui  est  entre  [  ]  dans  cette  inscription,  a  été  gravé  au 
burin.  Le  reste  est  en  relief  et  fondu  avec  la  cloche.  C'est  le  cas 
de  la  cloche  de  Balledent  de  1820. 

1830.  —  MAGNAC-LAVAL  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite 
»  le  1"  août  1830.  Parrain  :  M.  Léonard  Mitraud,  juge  de  paix. 
»  Marraine  :  M"'  Fombelle,  épouse  du  maire.  —  MM.  Audebert, 
»  curé;  Coussedière,  vicaire;  Javerdat- Fombelle,  maire;  De 
»  Cressac-Villegrand,  1®'  adjoint;  Blanchard,  2*»  adjoint;  Mi- 
»  traud,  juge  de  paix.  —  Membres  du  Conseil  de  fabrique  : 
»  Mesure,  président;  Blanchard,  secrétaire  ;  Mitraud,  trésorier; 
»  Porcher  ;  Laroque;  Dumonl.  » 

1830.  —  ROUSSINES  (Charente).  —  «  *  Année  1830.  Marc- 
»  Antoine  Dauphin  d'Escossut,  maire;  J.-H.  Duclou,  curé; 
»  A.  Lageon,  juge  de  paix,  parrain;  M"*  Pradiguet,  marraine; 
»  F.  Chapelle,  adjoint;  J.  Penoty,  sacristain  et  conseiller  muni- 
»  cipal;  et  Jean  Callendreau,  conseiller  municipal.  » 

La  paroisse  de  Roussines,  qui  était  de  l'ancien  diocèse  de 
Limoges,  possède  cette  cloche,  au  bas  de  laquelle  était  le  nom 
du  fondeur.  Un  défaut  de  fusion  de  la  fonte  en  cet  endroit  le  rend 
illisible.  On  sait  d'autre  part  que  cette  cloche  a  été  fondue  à 
Roussines  et  qu'elle  pèse  600  kilos. 


HO  sociâtA  arcbéologiqob  et  historique  du  limousin 

1831.  —  GENTIOUX  (Creuse).  —  «  *  1831.  Causard  ». 

Il  n'y  a  sur  celte  cloche  qu'une  croix,  la  date  et  la  marque  du 
fondeur,  qui  est  un  écusson  portant  une  cloche  entourée  du  nom 
CAUSARD.  On  sait  par  ailleurs,  qu'elle  Tut  bénite  en  1837,  ayant 
pour  parrain  M.  Adolphe  Dufour,  demeurant  à  La  Vareille,  et 
pour  marraine,  M"»  Stéphanie  Dupic.  M.  François  Montcalier, 
curé  de  Gentioux. 

1832.  —LIMOGES.  Cathédrale.  —  «  *  Sous  Tépiscopat  de  Mon- 
»  seigneur  Prosper  de  Tournefort,  évoque  de  Limoges,  1832.  — 
»  Parrain  :  Martial-Léonard  Peyroche  de  Pressac,  chanoine. 
M  Marraine  :  M""*  Audoin,  née  Marie-Henriette  BoutauU  de  Russy. 
»  —  J.-B.  Causard,  fondeur.  » 

1833.  —  ISLE  (Haute- Vienne),  —  «  *  J'ai  été  bénite  par  M.  Louis 
»  Blanchard,  curé  d'Isle.  Parrain  :  M.  Eléonore-Simon  Vidaud 
»  d'Envaud,  du  lieu  d'Enraud.  Marraine  :  M""  Jeanne-Suzanne - 
»  Jenny  Faure,  épouse  de  M.  Charles  Lesterps,  chef  d'escadron 
»  d'artillerie,  chevalier  de  S'-Louis  et  de  la  Légion  d'honneur. 
»  —  M.  Alpinien-Pierre  Tharaud,  maire,  1833  ». 

Cette  cloche  pèse  170  kilos. 

1834.  —  BELLEGARDE  (Creuse).  —  «^  J'ai  été  fondue  en 
»  1834.  M.  L.  Mergoux  étant  curé  de  Bellegarde,  MM.  A. -F. 
»  Laveis,  maire;  J.-F.  Lachaise,  avocat,  adjoint,  P. -F.  Boudet, 
»  trésorier;  F.  Robert;  F.-L.  Gorsse,  notaire,  J.-U.  Lavaurre, 
»  conseillers  de  fabrique.  —  M.  Jacques-Marie  Laveis,  représenté 
»  par  M.  Jacques  Boudet,  notaire,  son  grand-père.  elM"«  Made- 
»  leine-Angélique  Semraenterry,  nièce  de  M.  le  curé,  m'ont 
»  donné  les  noms  de  Marie-Angélique.  —  Paul  Petitfour,  fon- 
»  deur  à  Brevanne  (Haute-Marne).  » 

1834.  —  TURENNE  (Corrèze).  —  «  *  Sous  l'invocation  de  Saint- 
»  Pantaléon,  martyr,  patron  de  l'église  de  Turenne,  et  de  la 
»  Sainte-Vierge.  —  Parrain  :  M.  Jean-François-Marie  de  Mire- 
»  mont.  Marraine  :  dame  Madeleine  Muzac,  née  Lagorsse.  M. 
•»  Vachon,  maire,  M.  Raymond  Molinié,  curé,  1834.  Paintandre 
»  frères,  fondeur.  » 

M.  Molinié  a  béni  cette  cloche  qui  pèse  894  kilos,  le  25  mars 
1834. 

1835.  LIMOGES.  Saint-Michel-des-Lions,  —  «  J.-B.  Causard,  fon- 
deur, 1883  ». 

Trois  cloches  servant  à  la  sonnerie  de  l'horloge  portent  les 
les  mots  ci-dessus. 


irUDE  SQR  LK8  CL0CBK8   DU   DIOCftSB   DE   LIMOGES  l4l 

1836.—  RANÇON  (Haute- Vienne).  —  «  *  Bénite  par  M.  l'abbé 
»  L**  Desmousseau,  ancien  curé  de  Rançon.  M.  L<*-François  Vin- 
»  cendon,  parrain  ;  M"«  Marie-Céline,  épouse  Vincendon,  mar- 
»  raine.  M.  Hippolyte  Vacherie,  maire,  1836.  Causard,  fondeur.  » 
Au  bas  de  cette  cloche,  on  yoit  les  armes  de  révoque  de 
Limoges  qui  sont  d'azur  à  la  tour  donjonnée  et  accostée  de  deux 
lions  affrontés  le  tout  d'argent.  Elles  sont  entourées  des  mots  : 
Prosper  de  Tourneforl  Lemovicensis  episcopus. 

1836.  —  CHABANAIS  (Charente).  Eglise  de  Saint-Pierre.  — 
«  *  Bénite  par  M.  J.-B.  Prévoton,  curé.  —  Parrain  :  M.  le  Colonel 
»  Dupont,  ofiScier  de  la  Légion  d'honneur,  inspecteur  général 
»  des  haras;  marraine  :  M™' Marie-Jean oe-Grâce-Claire  Dupont. 
»  M.  Pierre-Achille  Chazeaud,  juge  de  paix.  M.  J.-B.  Longeaud, 
»  maire  de  Chabanais;  Monsieur  J.-B.  Rougier,  trésorier  de 
»  Tabrique.  » 

1837.  —  LAURIÈRE  (Haute-Vienne).  —  «  *  Bénite  sous  1  invo- 
»  cation  de  Sainte- Victoire.  —  Parrain  :  M.  Viclorin  Dutheil. 
»  Marraine  :  M^'*  Victorine  Thoumas.  M.  J.-B.  Merle,  curé  de 
»  Laurière.  M.  Martial  Fauveau,  maire.  MM.  J.-B.  Thoumas  ; 
»  J.-B.  Manceaux;  C.  deThouron;  M.  Dutheil;  A.  Boismandé, 
»  syndics-fabriciens,  1837.  Causard,  fondeur.  » 

On  y  yoit  aussi  le  sceau  des  armes  de  Tévéque,  entouré  des 
mots  :  Prosper  de  Tournefort  Lemovicensis  episcopus. 

1837.  -  SAINT-BONNET-LA-MARCHE  (Haute-Vienne).  — 
«  ^  Ad  gloriam  Dei  et  solemnitatem  catholici  cultus,  ex  chari- 
»  tate  fidelium  S^*  Bonneti  conflata  anno  1837.  —  Patrino  DD. 
»  Francisco-Henrico-Gaston  S*  Martin  de  Bagnac.  Matrina  DD. 
»  Lucia-Aloysa  de  Chauffailles,  sponsa  Augusti  de  Montbron. 
»  M.  Bernard  Vacherie,  notaire  et  maire.  M.  Mathurin  Bandel, 
»  curé.  —  J.  B.  Causard,  fondeur.  » 

Au  bas  sont  les  armes  de  Mgr  de  Tournefort,  comme  sur  la 
précédente. 

1837.  —  LE  DORAT  (Haute- Vienne).  —  «  *  Beatae  Virgini 
»  Mariae  sine  peccati  labe  conceptas.  —  Sancti  Petre,  Israël  et 
^>  Theobalde  orate  pro  nobis.  Anno  Domini  1837.  De  Charme  F.  ». 
Cette  cloche  a  été  refondue  en  1861. 

1337.  LINARDS^Haute-Vienne).  —  «  *  M.  Jean-Baptiste  Fou- 
»  gères,  curé  de  Linards.  Parrain  :  M.  Joseph  Faucher,  notaire. 
»  Marraine  :  M™'  Fougères,  née  C°«  E**  Bargez.  M.  Aimé-Guil- 
»  laume  Rougier,  maire.  Syndics-fabriciens  :  M.  Jean-Baptiste 


142  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

»  Fougères,  médecin  et  adjoint;  M.  Basiier;  Léonard-Baptisle 
»  Roux;  Jean  Duri,  1837.  —  M.  Joseph-Marie  Lavialle,  curé. 
»  J.-B.  Causard.  » 

1839.  -  SAINT-MARTIN-TERRESSUS  (Haute-Vienne).  - 
«  *  M.  L*  Ruchaud  et  M.  J.-B.  Thouvenet,  curé,  1839.  Decharme, 
)*  fondeur.  » 

1839.  -  BOURGANEUF  (Creuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  par 
»  M.  J.-B.  Goussedière,  vicaire-régent  de  Bourganeuf.  M.  Fran- 
»  çois-Emile  Fourest,  parrain  et  M"«  Anne-Mathilde  Filloux, 
»  marraine.  G"*  Dulery  aîné,  maire,  1839.  » 

J*ai  relevé  cette  inscription  en  1873  sur  une  cloche  hors  de 
service,  conservée  dans  la  sacristie  de  Téglise  de  Bourganeuf. 

1840.  —  JALESCHES  (Creuse).  -  «  *  J'ai  été  bénite  par  M.  An- 
»  toine  Nadaud,  curé  de  Ciugnat  et  de  Jalesches.  Parrain  :  M. 
»  Jean  Bourdeau,  du  bourg.  Marraine  :  Marie  Lacour,  du  village 
»  de  Marcillat,  1840.  —  Prosper  de  Tournefort  Lemovicensis 
»  episcopus.  —  Causard,  fondeur.  » 

1841.  —  SAINT-PRIEST-SOUS-AIXE  (Haute-Vienne).  —  «  *En 
»  Tan  1841,  en  l'honneur  du  grand  Saint  Priest,  j'ai  été  bénite 
»  par  Mgr  Prosper  de  Tournefort,  évéque.  M.  J.  Perenqucreur, 
»  curé.  M.  Etienne  Cramaille  de  Létat  fut  mon  parrain,  et  mar- 
»  raine.  M™'  Marie  Thoumas  de  Bosmie,  épouse  de  M.  Gérald  de 
»  Faye,  maire  de  la  commune.  J.-B.  Causard,  fondeur,  —  Pros- 
»  pér  de  Tournefort  Lemovicensis  episcopus.  » 

1843.  —  DOURNAZAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  1843.  Bénite 
»  par  Louis-Léonard  Legros,  curé  de  la  parroisse.  Mon  parrain 
»  est  M.  Léonard-Salomon  Châtenet,  maire  et  notaire  à  Dourna- 
»  zac  et  marraine  M"»  Duverneuil,  née  Lamosnerie  Marguerite. 
»  M.  Martin  Lagarde-Desborde,  adjoint.  —  J.-B.  Causard,  fon- 
»  deur.  —  Prosper  de  Tournefort  Lemovicensis  episcopus.  » 

1843.  —  LES- GRANDS -CHÉZEAUX  (Haute -Vienne).  — 
«  *  L'an  1843  j'ai  été  bénite,  nommée  Jeaqne-Julie  par  M.  Jean- 
»  Baptiste  Gravier,  parrain,  et  par  M"*  Anne-Julie  Delacou, 
»  marraine.  MM.  Dufour,  curé  des  Chézeaux  et  Jules -Mathias 
»  Aufort,  maire  de  la  commune.  M.  François  de  Fougière,  che- 
»  valier  de  S'-Louis,  bienfaiteur  de  la  paroisse.  —  Emile  Mulel, 
»  à  Brevanne  (Haute-Marne).  » 

Cette  cloche  qui  à  80  centimètres  de  diamètre,  pèse  environ 
300  kilos. 


AtUDE  sur   les   cloches   00   DIOCÈSE   DE  LIMOGES  443 

1843.  —  BâZELAT  (Creuse).  —  «  ®  Paroisse  de  Bazelat  et  de  La 
»  Chapelle-Baloue,  son  annexe.  —  L'an  1843  j'ai  été  bénite  et 
»  nommée  Louise- Marie  par  M.  Georges-Louis-Isidore  Wasmer, 
»  parrain,  et  par  M"*  Marie-Rose  Thomas,  marraine.  MM.  Louis- 
»  Désiré  Courteau,  curé;  Georges  Wasmer,  maire;  Antoine 
»  Bailly,  instituteur;  Etienne  Lardillier,  curé  de  Versillat.  — 
»  Emile  Mutel.  » 

Cette  cloche  a  80  centimètres  de  diamètre  et  pèse  environ 
300  kilos. 

1848.  —  LA  SOUTERRAINE  (Creuse).  —  «  *  Prosper  de  Tour- 
»  fort  episcopo.  Johanne-Baptista  Cazaud  parocho.  Silvano 
»  Pinaud,  Victore  Cazaud  vicariis.  Carolo-Remigio  Monlaudon- 
»  Ducros,  palrino.  H^^-Stephania  Montaudon-de-Montenon,  ma- 
»  trina.  Clodio  Petit  urbis  prœtore.  Franscisco  Bouyer  civitatis 
»  prœfecto.  C***-Remigio-Petro  Cujas.  Ludovico  Sallet.  J»><>  Th^^ 
»  Busson.  Subterranea  mense  julii  anno  1843.  Ab  Emilio  Mutel 
»  conflata.  t 

1844.  —  SAINT-BONNET-LA-RIVIÈRE  (Haute-Vienne).  — 
«  *  Domini  vox  super  omnia  sonate.  —  Baptisée  en  Tan  1844,  au 
»  chef-lieu  de  la  commune  de  S*-Bonnet-!a-Rivière.  Marc  de  La 
»  Lande,  parrain.  Marie  Morterol,  marraine.  Phillippe-Marc- 
»  Antoine  de  Lavaud.  —  S*-Elienne,  comte  de  La  Lande,  maire  de 
»  la  commune.  François  Ruchaud,  desservant.  —  Fondue  par 
»  Gallois  à  Paris,  montée  par  Polelune  de  Limoges.  » 

1845.  —  LA  CROISILLE  (Haute- Vienne).  —  «  *  Parrain  :  M.  Ma- 
»  thieu  de  Montréal,  ancien  magistrat,  membre  du  Conseil 
»  général.  Marraine  :  dame  Marguerite  Bonnet,  épouse  de  M.  Fran- 
»  çois  Mosnier,  notaire  royal  et  maire  de  La  Croisille.  M.  Joseph- 
»  RoseCalari,  curé  de  La  Croisille.  M.  André-Martial  de  Ville- 
»  chabroUe,  vicaire  de  La  Croisille.  Martin  père  et  fils,  fondeurs, 
»  1845.  » 

1845.  —  SAINTE-ANNE  (Haute- Vienne).  —  «  *  Parrain  :  M. 
»  François  Dumont  de  S*-Priest,  procureur  général  à  Limoges. 
»  Marraine  :  M™'  Elisa  Cramouzaud,  née  Limousin.  M.  François 
»  Cramouzaud,  maire  de  Sainte-Anne.  M.  Antoine-Hippolyte 
»  Radigon,  curé  de  Sainte-Anne,  1845.  Martin  père  et  fils, 
»  fondeurs.  » 

Cette  cloche  a  75  centimètres  dç  diamètre  et  pèse  environ 
340  kilos. 

1846.  —  SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ  (Creuse).  —  «  *  Saint- 
»  Germain-Beaupré  Tan  1846.  Nommée  Julie-Constance,  par 


144  SOCIÂTé  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LlMOOSlIf 

»  J.-B.-J.  Martin  Lignac,  Edmond  Rapin,  J.-B.  Rillardon,  H.-S. 
»  Rillardon,  J.-B.  Billoux,  F.  Paquet,  A.  Doucet,  A.  Boussar- 
»  don,  H.  Lacôte,  L.-J.  Péricaud,  maire.  Jean  P.  Ratier,  curé  de 
»  la  paroisse.  —  Emile  Mutel.  » 

1846.  —  SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ  (Creuse).  ~  «  *  Sainl- 
»  Germain-Beaupré  l'an  1846.  Nommée  Louise-Elisa  par  L.  Raoul 
»  comte  de  Villemotte  et  Louise  Denaotor,  comtesse  de  Ville- 
»  motte,  J.-E.  Dumonteil,  J.-B.  du  Colombier,  E.  Baraille, 
))  A.  Montaudon,  J.  Delage,  André,  J.  Janoty,  F.  Boussardon, 
»  J.-B.  Tolnier,  L.-J.  Péricaud,  maire,  J.-Paul  Ratier,  curé  de  la 
>  paroisse.  Emile  Mutel,  àBrevanne  (Haute  Marne).  » 

1846.  —  BRIGUEIL  (Charente).  —  La  cloche  de  Brigueil,  paroisse 
de  l'ancien  diocèse  de  Limoges,  n'a  pas  d'inscription.  La  foudre 
ayant  incendié  le  clocher  en  1846,  les  trois  cloches  qui  y  étaient 
furent  détruites.  Un  fondeur  ambulant  en  fit  une  avec  leurs 
débris  ;  c'est  celle  qui  existe  aujourd'hui.  Elle  pèse  1.000  kilos; 
elle  eut  pour  parrain  M.  Des  Moutiers  et  pour  marraine  M"»  de 
La  Guéronnière. 

1847.  —  GRAND-BOURG-DE-SALAGNAC  (Creuse).  —  «  *  L'an 
)>  1847  j'ai  été  baptisée  par  M.  François-Léonard  Grenat,  curé 
»  de  la  paroisse  de  Notre-Dame  du  Grand-Bourg,  et  nommée 
»  Marie  par  M.  Louis  Barret  des  Cheises,  parrain,  et  par  M»» 
»  Marie-Athenaïs  de  Villemhoune,  épouse  de  M.  Charles  de 
»  Villemhoune,  marraine.  Tous  les  habitants  du  Grand-Bourg 
»  ont  contribué  à  la  fonte  de  cette  cloche,  et  principalement 
»  M.  Grenat  curé.  M"'  la  comtesse  de  Brémont,  M.  Barret  des 
»  Cheises,  M.  François  Lavaud,  M"«  du  Fraysseix  sa  sœur.  » 

1847.  —  SARRAN  (Corrèze).  —  Voir  la  cloche  de  1735.  «  Cassée 
le  21  juin  1846,  elle  fut  livrée  à  H.  Paintandreau  mois  d'août  1847. 
Elle  pesait  25S  livres,  le  «fondeur  lui  donna  une  augmentation  de 
170  livres.  Elle  fut  bénie  et  montée  au  clocher  le  4  août  1848. 
Louis  Monteil  fut  parrain  et  donna  135  francs.  La  marraine  fut 
Marguerite  Géraudie,  ancienne  servante  de  M.  Baluze,  elle  donna 
150  francs.  Simon  Madelmont  étant  maire;  Jean-Marie  Marvy, 
desservant;  Léonard  Mazeau,  président  de  la  fabrique;  Pierre 
Borie  ;  Pierre  Val  ;  Antoine  Peschel  et  Léonard  Orliaguet,  mem- 
bres de  la  fabrique.  Les  noms  de  tous  furent  gravés  sur  la  dite 
cloche  ».  (S.  Madelmon.  —  Commune  de  Sarran). 

1848.  -  CHAVANAT  (Creuse).  —  «  *  J'ai  été  fondue  à  Chavanat 
»  le  15  novembre  1848.  Je  pèse  900  livres.  J'ai  eu  pour  parrain 


ÉTUDV  SCR   LB8  CLOCHES   Dt)   DIOCÈSE  DE  LlHOGES  MS 

»  M.  Louis-Etienne  Jarrijon,  ancien  juge  de  paix,  etpourmar- 
»  raine,  M"«  Marie-Thomase-Olive  Michelel,  qui  m'ont  nommée 
»  Louise-Marie-Thomase-Olive.  M.  Pierre  Couturier,  curé  de  la 
»  paroisse.  Etienne  Peyrot,  adjoint.  Aux  souvenirs  de  Jean- 
»  Joseph  Michelet,  de  dame  Adèle  Patois,  son  épouse  et  de  dame 
»  Thomase-Olive  Michelet,  épouse  Jarrijon.  Emile  Mutel,  à  Bre- 
»  vanne  (Haute-Marne).» 

1848.  —  SAINT-HILAIRE-LA-TREILLE  (Haute-Vienne).  —  «  * 
»  J'ai  été  baptisée  en  Tannée  1848  par  M.  Jean-Amable  Celles, 
»  curé  de  la  paroisse.  Parrain  :  Jacques  Nir.aud,  maire  de  la 
»  commune.  Marraine  :  Marguerite-Henriette-Elodie  RouflSgnac, 
»  épouse  Thouraud.  » 

Cette  cloche  qui  a  75  centimètres  de  diamètre  doit  peser  envi- 
ron 240  kilos. 

M.  Lecler  qui  a  été  curé  de  Saint-Hilaire-La-Treille  de  1851 
à  1862,  avait  dans  ses  papiers  la  note  suivante  :  «  La  petite 
cloche  a  été  refondue  par  M.  Cauzard,  de  Limoges,  à  Droux,  le 
10  mai,  et  a  été  bénite  le  16  mai  1849  par  M.  Tabbé  Védrine, 
curé  d'Arnac,  qui  a  été  assisté  de  M.  Lauby,  principal  du  collège 
de^Magnac-Laval,  de  M.  Tabbé  Roche,  vicaire  de  Magnac  et  de  moi 
Colles  Jean-Amable,  curé  de  la  présente  paroisse.  Ont  été  par- 
rain M.  Jacques  Nicaud,  maire,  et  Marguerite  Rouffignac,  épouse 
Thouraud.  La  cloche  pèse  450  livres  ». 

1848.  —  DROUX  (Haute- Vienne).  —  «  *  Refondue  Tan  1848,  j'ai 
»  été  bénite  sous  l'invocation  de  la  Sainte- Vierge  par  M.  Silvestre- 
»  Léon  Duchiron,  curé  de  la  paroisse.  Parrain  :  M.  Antoine- 
»  Théobald  Marcoul-Lagorce.  Marraine  :  M^«  Anne  Rousseau, 
»  épouse  de  M.  François  Bagraud.  M.  Laurent  Faure,  maire  de 
»  Droux.  J.-B.  Causard,  fondeur.  » 

1849.  —  DROUX  (Haute-Vienne).  —  «  *  Faite  l'an  1849,  j'ai  été 
»  bénite  par  M.  Silvestre-Léon  Duchiron,  curé.  Parrain  :  M.  Fran- 
»  çois  Dupeux,  fabricien.  Marraine  :  M"«  Jeanne  Praud,  épouse 
»  de  M.  François  Courcelle,  adjoint.  M.  Laurent  Faure,  maire 
»  de  Droux.  » 

1849.  —  CHATEAUPONSAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  Agios 
»  0  theos  yschyros  athanatos  eleison  ymas.  —  Sancte  Thirse, 
»  ora  pro  nobis  Deum,  ut  nos  defendat  a  fulgure  et  tempestate 
»  etab  omni  malo.  Amen.  Telle  est  Tinvocalion  sous  laquelle  je 
n  fus  mise,  lorsque  sous  le  curé  Bongrand  je  fus  fondue  par 
»  Pierre  Lalay,  et  bénite  en  1643  [1648]  ;  mes  parrain  et  mar- 
»  raine  étaient  J.  Tardy  et  Mathurine  Sornin.  Telle  est  Tinvoca- 


H6  SOGléré  AUCHéOLOGlQUR   RT   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

»  tion  que  je  conserve  aujourd'hui,  septembre  1849,  que  sous  le 

»  curé  Gardavaud,  brisée  par  un  éclat  de  la  foudre,  je  suis  refon- 

»  due  par  Emile  Mutel,  et  bénite  de  nouveau,  ayant  pour  parrain 

»  et  marraine  P.-A.  Junien  Tardy,  maire,  et  A.-M.  Aglaé  de  La 

»  Celle,  née  Ventenat.  Emile  Mutel,  à  Brevanne  (Haute-Marne).  » 

1849.  —  AMBAZAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  Afferte  Domino  glo- 
»  riam  et  honorem.  afferte  Domino  gloriam  nomini  ejus,  adorate 
»  Dominum  in  atrio  sancto  ejus.  Ps.  28.  J'ai  été  bénite  par 
»  M.  Labrune,  curé  d*Ambazac,  et  fondue  par  les  largesses  de 
»  M.  Pierre-Paul  Pouquet  et  de  M"*  Antoinette-Céline  Gay,  son 
»  épouse.  Etait  maire  M.  Dolphin  Ballet  ;  Adjoints  D.  Maury  et 
»  M'aleguise.  Membres  du  conseil  de  fabrique  :  M"  L^  Chaise- 
»  martin,  lA  Bureau  trésorier,  J.  Queyroix,  D.  Lanlhony.  L^  Bou- 
»  chaud.  A  été  parrain  M.  Pierre-Paul  Pouquet  de  Traforest, 
»  et  marraine  M"*«  Wast  Gay,  née  Leclerc,  du  Grand-Coudier. 
»  Mon  nom  est  Elisabeth-Céline,  1849.  » 

1850.  —  PEYRAT-LE-CHATEAU  (Haute- Vienne).  —  «  *  Fondue 
»  en  1850.  Bénite  par  M.  Laroche,  curé  de  Peyrat.  Parrain  : 
»  M.  Fantouiller  L^,  médecin  et  maire  de  la  commune.  Marraine  : 
«  Madame  H"*-Thérèse-Gabrielle-Louise  Desmaisons  Dupalan, 
»  veuve  de  M.  le  comte  de  Maumigny.  Membres  de  la  fabrique  : 
»  M**  Laboulinière,  président;  Lachaud,  trésorier;  Léonard 
»  Conille;  Germain  Moratille  ;  Léonard  Jouany.  Martin  F'«»  et  F% 
»  fondeurs.  » 

Cette  cloche  qui  a  98*  centimètres  de  diamètre  pèse  environ 
S25  kilos. 

1850.  —  AZÉRABLES  (Creuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  Tan  i8S0. 
»  J'ai  eu  pour  parrain  Etienne  Denis,  âgé  de  89  ans,  ancien 
»  curé  d'Azerables,  chanoine  titulaire  de  Limoges,  restaurateur 
»  et  fondateur  de  Tordre  du  Verbe-Incarné.  J'ai  pour  marraine 
»  M"' Joséphine-GabrielleGra vêlais,  née  au Dorat(Haute- Vienne), 
»  le  20  juin  1844,  qui  m'ont  nommée  Marie-Joséphine-Etienne.  » 

1851.  —  LES  GRANDS-CHÉZEAUX  (Haute- Vienne).  —  «  *  L'an 
»  1851  j*ai  été  bénite,  nommée  Eugénie-Julie.  Mon  parrain  a  été 
»  M.  Jules-Mathias  Aufort,  maire  et  notaire,  et  ma  marraine 
»  Marie-Rose-Eugénie  de  Fougière,  née  Leroy.  Dufour  Antoine, 
n  curé.  Pierre-Ambroise  Aumasson,  huissier.  Mutel  et  Martin, 
»  fondeurs.  » 

Cette  cloche  a  90  centimètres  de  diamètre  el  pèse  environ 
410  kilos. 


ÉTUDE  SCft  LSS   CLOCHES  DU   DIOCÈSK  DB  UMOGKS  147 

1851.  —  LE  BUIS  (Haute- Vienne).  —  «  *  Mon  nom  est  Marie- 
y>  Eugénie.  M.  Silvain  Augros,  curé  au  Buis.  M.  J.-B.-Eugène 
»  Ruaud,  parrain.  M^'*  Pauline  Âudiguet,  marraine.  M.  François 
»  Arbellot,  maire,  1851  J.-6.  Causard,  fondeur.  » 

1852. —  ROUSSAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  1882,  j'ai  été 
»  fondue  sous  l'administration  de  M.  Jean-Louis  Villelte,  curé, 
»  et  Léonard  Grimody,  maire  de  Roussac.  A  été  parrain  M.  Jean- 
i>  Marie  de  Rofflgnac,  et  marraine  dame  Catherine- Félicie  Lafon, 
»  née  Lagorce.  » 

1852.  —  SAINT-PRIEST-LIGOURE  (Haute-Vienne).  —  «  *  D. 
i  0.  M.  J'ai  été  fondue  et  bénite  sousTépiscopatdeMgr  Bernard 
»  Buissas.  M.  Antoine  Chaussade,  curé  de  la  paroisse.  M.  Boutot- 
»  Monteil,  maire  de  Sainl-Priesl-Ligoure.  —  J'ai  eu  pour  parrain 
»  M.  Bony  de  La  Vergue,  représenté  par  M.  Adrien  Bony  de  La 
»  Vergue,  et  marraine  M"«  Boutot-Monteil,  née  Bonnefont,  repré- 
»  sentée  par  M"«  Marie-Alida  B.-M.,  sa  fille.  —  Membres  de  la 
»  fabrique  M"  Deluret,  Maurize,  Roux,  Boutot,  Lavergnas, 
»  Roche,  Bonnafy,  Montazeau,  1852.  —  Causard,  fondeur.  » 

1852.  —  SAINT-PRIEST-LIGOURE  (Haute-Vienne).  —  «  *  Nous 
»  sommes  sœurs,  nées  le  môme  jour,  soyons  toujours  d'accord 
»  pour  appeler  à  la  prière  les  enfants  du  Dieu  d'Israël.  — 
»  M.  Gabriel  de  Luret  de  Feix  fut  mon  parrain  et  M"«  Alexan- 
»  drine  de  Bony  de  La  Vergne,  marraine.  —  Saint-Priest- 
»  Ligoure,  1852.  —  Causard,  fondeur.  » 

1852.  —  BEYNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sit  vox  tua  vox  salutis 
»  in  Domino.  —  Parrain  :  Eugène  Brisset-Desiles.  Marraine  : 
»  M"'  Marie-Claire  Froment.  Maire  deBeynac,  Léopold  Froment. 
»  Maire  de  Bosmie,  Gérald  de  Faye.  Jean  Mérigot,  curé,  1852.  » 

1852.  —  LIMOGES.  Cathédrale.  —  «  *  Chanoines  de  la  Cathé- 
»  drale  :  M"  Chauvignat,  archiprétre  ;  Denis,  Chavastelon, 
»  Laroquc,  Pératout,  Brunel,  Jougounoux,  Mérigot.  —  Mem- 
»  bres  de  la  fabrique  non  chanoines  :  M**  Hervy,  vicaire  général  ; 
»  Valleix,  Audoin.  Rogue  de  Fursac,  Navierre-Laboissière,  De 
»  Crossas,  baron  d'Aigueperse,  1852.  —  Parrain  :  M.  Léonard- 
»  Gustave  Dinematin  de  Salles,  membre  du  Conseil  municipal. 
»  Marraine  :  Dame  Anloinette-Joséphine-Camille  Broussaud, 
»  épouse  de  M.  Victor  AUuaud.  —  Bénite  par  Monseigneur  Ber- 
»  nard  Buissas,  évéque  de  Limoges.  » 

1852.  —  VILLEFAVARD  (Haute- Vienne).  —  «  *  Anno  Domini 
«  1852,  die  VI  id Bernardo  Buissas,  sub  invocatione  imma- 


us  SDCiRté  ARCBèOLOGlQOR  KT  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

»  culatae  Yirginis  Marise  et  sancti  Stephani  protoinarlyris,  me 
»  dedicavit  D.  Guillelmus-Fredericus  Plainemaison  parocliiae 
»  Villefavard  reclor.  Nomen  mihi  imposuerant  D.  Alberlus 
»  Moulinaud  et  D.  Suzanna  de  GoutlepagDon.  —  Hodie  si  vocem 
»  ejus  audierilis,  noiite  obdurare  corda  vestra.  —  Auguste  BoUée, 
»  fondeur  au  Mans.  » 

1854.  —  SAINT-SYLVESTRE  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sous 
»  répiscopat  de  Monseigneur  Bernard  Buissas.  Monsieur  Léonard 
»  Larue,  curé;  Monsieur  Léonard  Barny,  fils  aîné,  maire  de 
»  Saint-Sylvestre;  Monsieur  Jacques  Brandy,  adjoint;  j'ai  été 
»  bénite  sous  Tinvocation  de  Sainte-Marie,  par  Monsieur  Merle, 
»  curé  de  Laurière.  A  été  parrain  Monsieur  Jean  Malabard,  61s 
»  aine,  de  Grandmont,  et  marraine  Marie  Lemarchand,  1854.  » 

1854.  —  SAINT-SYLVESTRE  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sous  Tépis- 
»  copat  de  Monseigneur  Bernard  Buissas,  Monsieur  Léonard 
»  Larue,  curé,  Monsieur  Léonard  Barny,  fils  aioê,  maire  de 
»  Saint-Sylvestre  et  Jacques  Brandy,  adjoint,  1854.  J'ai  été  bénite 
»  sous  rinvocation  de  Sainte-Marguerite,  par  Monsieur  Merle, 
»  curé  de  Laurière.  A  été  parrain  Monsieur  J.-B.  Brandy,  petit- 
»  fils  de  Monsieur  Malabard  de  Saint-Sylvestre,  et  marraine  D"* 
»  Marie-Marguerite-Angèle  Gay  du  Coudier.  —  Martin  frères, 
»  fondeurs.  » 

1854.  —  PAGEAS  (Haute- Vienne).  —  «  *  L'an  1854  j'ai  été 
»  baptisée  par  Monsieur  Courbarien,  curé  de  Pageas.  J'ai  eu 
»  pour  parrain  Jacques  Audoynaud,  maire  de  cette  commune,  et 
»  pour  marraine  dame  Marie  Nadaud-Manet,  née  Descubes,  qui 
»  m'ont  donné  les  noms  de  Jacques-Marie-Caroline.  Peignier  et 
»  Guyot,  fondeurs  à  Angouléme.  » 
Cette  cloche  pèse  735  kilos. 

1854.  —  LOUBERT  (Charente).  —  «  *  En  novembre  de  N.  S. 
»  J.  C.  1854,  Pie  IX,  pape,  Antoine-Charles  Coussaud,  évéque 
»  d'Angouléme,  a  été  donnée  à  Saint-Jean  de  Loubert  et  nommée 
»  Catherine-Ambroisine,  par  Catherine-Sophie  Mérigaud,  veuve 
»  de  Verdilhac,  et  par  P.-A.  Rempnoulx-Duvignaud,  ingénieur 
»  en  chef  des  ponts  et  chaussées.  —  Hildebrand  Auguste,  fon- 
»  deur  à  Paris.  » 

1854.  —  AMBRUGEAT  (Corrèze).  —  «  *  Sancle  Joseph,  ora 
»  pro  nobis.  —  Maria.  —  S*  Salvy  patrfSn  de  la  paroisse  d'Ambru- 
»  geat.  Curé  :  Monsieur  Léonard  Taguet.  Maire  :  Monsieur  Jean 
»  Bessette,  1854.  —  Parrain  :  Monsieur  Joseph  Delmas,  et  mar- 
»  raine  M^^'  Jeanne  Chanailler.  » 


frn/DB  SUR  LlfeS  CLOClËBS  DO  DIOC^SB  DB  lIlIOéBS  14^ 

1855.  —  PLUVIERS-PIÉGUT  (DordogneJ.  —  «  *  S'  Etienne, 
»  priez  pour  nous.  —  Parrain  :  M.  Henri-Auguste  Olivier,  niar- 
»  quis  de  Mallet.  Marraine  :  M*«  M^«-Th.-Philomène.-Noérai  de 
»  Verneilh  de  Puyraseau,  née  Marbotin-Sauviac.  iM.  Silvain- 
»  Thomas  Martin,  maire,  1855.  Martin  frères,  fondeurs.  » 

La  cloche  de  cette  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Limoges  a 
l'aile  de  diamètre,  et  doit  peser  environ  750  kilos.  Le  nom  de  la 
marraine  est  accompagné  d'un  double  écusson  :  l""  d'argent  au 
croissant  de  gueules,  surmonté  de  trois  palmes  de  sinople;  au  chef 
de  gueules,  chargé  de  trois  étoiles  d'argent,  qui  est  de  Verneilh- 
Puyraseau;  2®  de à  un  lion,  qui  est  de  Marbotin-Sauviac. 

1856.  —  BONNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sancte  Andraea,  ora 
»  pro  nobis.  —  Refondue  en  1856.  Parrain  :  M.  Eugène  de  Mont- 
»  choisy.  Marraine  :  M"«  Horlense  de  Brie,  épouse  de  M.  de 
»  Feugré.  » 

1856.—  SAINT-SÉBASTIEN  (Creuse).  --  «  *  Sancta  Maria, 
»  Sancte  Johannes-Baptista,  Sancte  Sebastiane,  orate  pro  nobis. 
»  —  J'ai  été  bônile  l'an  1856  par  M.  Silvain  Bouteiller,  sous  Tin- 
»  vocation  de  Saint-Louis  et  de  Sainte-Eugénie.  M.  Pierre  Martin, 
»  président  de  la  fabrique  et  adjoint.  M.  Georges  Pillorget, 
»  instituteur.  L.-G.  Quierey,  maire.  Forgeot,  fondeur.  613  kilos.  » 
Cette  cloche  a  l'",07  de  diamètre. 

1856.  —  CUSSAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  Thérèse  a  été  fondue 
»  en  1856  par  les  soins  de  MM.  Puyboyer,  maire,  et  Berthet 
»  Léonard,  curé.  Parrain  :  François  Puyboyer,  M.  P.  Marraine  : 
»  Clémentine  de  Tryon-Montalembert,  marquise  de  Cromières. 
»  Témoins  :  MM.  Duvoisin,  adjoint,  et  Cohade,  vicaire.  —  Faite 
»  à  Saintes  par  Lanoaille,  Dumas  et  Peigney.  » 

1857.  —  NOUIC  (Haute- Vienne).  —  «  Crédit  des  paroisses  : 
»  AugusleHildebrand,  à  Paris,  fondeur  de  Tempereur,  1857.  »> 

Une  croix  et  une  statue  de  la  Sainte- Vierge  décorent  celle 
cloche  dont  l'inscription  indique  seulement  la  provenance. 

1858.  -  BILLAC  (Corrèze).  —  En  1858  on  a  refondu  la  cloche  de 
Billac  de  1650,  et  on  y  a  reproduit  l'inscription  qu'elle  portait,  et 
qu'on  peut  voir  à  la  date  de  1650. 

1859.  —  LE  DORAT  (Haute- Vienne).  Couvent  des  sœurs  de  Marie- 
Joseph.  —  «  *  1859.  —  Marie-Joseph.  —  Bénile  par  Mgr  Des- 
»  pretz,  prélat  prolecteur  de  la  congrégation.  Le  Royer,  fondeur 
»  à  Paris,  1858.  » 

T.   LU  fO 


150  SOGlÉTi  ARCfléOLOOIQUK  Bt  HISTORIQUE  1>Û  UHOUSlH 

1859.  -  JANAILHAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sancte  Aredii,  ora 
»  pro  nobis.  Sancta  Maria  sine  labe  concepta,  ora  pro  nobis.  A 
»  falgure  et  lempestale  libéra  nos  Domine.  —  Fondue  en  1859. 
»  —  Parrain  :  A.  J.  X.,  comte  de  Bony  de  La  Vergne,  chevalier 
»  de  la  Légion  d'honneur.  Marraine  :  Jeanne-Sophie  Arbonneau, 
»  née  Vallières.  Matthœus  Gaston  rector  ecclesiae  parochialis 
»  Janailhac.  —  Fonderie  d'Orléans  de  BoUée  aîné.  » 

1 859.  — MAGNAG-L AVAL  (Haute- Vienne).—  «  ^  Sancte  Maximine, 
»  ora  pro  nobis.  Maria  sine  labe  concepta,  intercède  pro  nobis. 
»  —  J'ai  été  baptisée  par  Martial  RommeforlTan  1859.  Parrain  : 
»  Joseph-Philippe  Brac.  Marraine  :  Marguerite  de  Montmorency- 
»  Laval,  duchesse  de  Gouronnel.  Maire  :  G.  Théobald  Bellot. 
»  Fabriciens  :  Athanase  Bigaud-Dumonard,  président,  J.  Mitraud, 
»  J.  Blanchard,  J.-B.  Roy,  J.-B.  Porcet.  —  M.  Forgeot,  fondeur.  » 

1859.  —  SAINT-CHRISTOPHE  (Charente).  --  <c  *  MM.  Vignaud, 
»  maire  et  Tutte,  curé.  Parrain  :  M.  Félix  Coffour.  Marraine  : 
»  Madame  de  Feydeau.  —  Année  1859.  —  Fondeur  E.  Martin.  » 

1861 .  —  LE  DORAT  (Haute-Vienne).  —  «  *  Beatae  Virgini  Mari» 
»  sine  labe  concept».  Sancti  Pétri,  Israël  et  Theobalde  orate 
»  pro  nobis.  Anno  Domini,  1861.  —  M.  Bouquet,  maire  du 
»  Dorât.  M.  Jean-Hyacinthe  Fontréaux,  curé.  M.  Alphonse 
»  Ducoux,  président  de  la  fabrique.  —Barbier  frères,  fondeurs.  » 

Cette  cloche  a  été  fondue  à  Oradour,  en  môme  temps  que  la 
suivante.  Elle  pèse  1,122  livres.  Elle  a  été  faite  avec  le  métal  de 
celle  de  1837,  qui  était  cassée. 

1861.  —  ORADOUR- SAINT -GENEST  (Haute  -  Vienne) .  — 
<c  tB  Domine salvum  fac  pastorem  et  gregem.  0  Marie  conçue  sans 
»  péché,  priez  pour  nous  qui  avons  recours  à  vous.  —  J'ai  été 
»  bénite  par  M.  Brun,  curé  de  la  paroisse.  J'ai  eu  pour  parrain 
»  M.  Jean-Louis-Alfred  deMascureau  et  pour  marraine  M""«Rose- 
»  Ferdinand-Alida  Pichon-Vendeuil.  M.  Hippolyte  Cluzeau, 
»  maire  d'Oradour.  —  Barbier  frères,  fondeurs.  » 

Cette  cloche,  fondue  à  Oradour  en  môme  temps  que  la  précé- 
dente, pèse  1,122  livres.  Elle  a  été  bénite  le  4  août  1861. 

1861.  —  LES  SALLES-LA VAUGUYON  (Haute-Vienne).  -  «  * 
»  Parrain  :  N...  De  Lacroix,  représenté  par  Fernand  de  Chassey. 
»  Marraine  :  Berthe-Marie  Faure,  représentée  par  Alix-Marie- 
»  Rose  de  Recoudert.  Maire  :  Joseph  Faure.  Curé  :  Léonard 
»  Vernadau,  1861 .  » 


fttODK  SUk  LKS  CLOCÉBS  DU   DlOCàsÈ'DB  LIMOGES  it\ 

1862.  —  SUSSAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai  été  fondue  et 
»  bénite  en  1862.  Parrain  :  Edouard  Gruveiller,  docteur  en  mé- 
»  decine  à  Paris.  Marraine  :  Jeanne  Pathier,  épouse  de  G.  Bour- 
»  bon,  maire  de  Sussac.  L.  Du  Freisseix,  curé.  Jean  Brouilloux, 
»  percepteur,  Ponteix,  adjoint.  —  Fonderie  d'Orléans,  Bollée 
»  aîné.  » 

1862.  —  SAINT-SÉBASTIEN  (Creuse).  -  «  *  Sancte  Johanne  • 
»  Baptista,  sancte  Sebastiane,  orale  pro  nobis.  —J'ai  été  baptisée 
»  le  6  octobre  1862  par  Mgr  Pierre-Féiix-Fruchaud,  évoque  de 
»  Limoges.  ^J'ai  eu  pour  parrain  M.Léonard  F. Simon, chanoine 
»  honoraire  de  Paris,  curé  de  Saint-Eustache  ^et  pour  marraine 
»  M'"^'  Hélène  Lafond,  de  celte  paroisse.  M.  J.  P.  Leclerc  étant 
»  curé  et  M.  Gonillon,  maire  de  Saint-Sébastien.  Adjoint  M'  P. 
»  Martin,  président  de  la  fabrique,  M'  G.  Piliorget.  —  Fonderie 
»  de  Guillaume,  père  et  fils,  à  Angers.  » 

Cette  cloche  a  69  centimètres  de  diamètre  et  doit  peser  environ 
185  kilos. 

1862.  —  SEILHAC  (Corrèze).  —  «  *  1862.  —  Sainte-Marie, 
»  patronne  de  Seilhac.  Monseigneur  J.-B.-P. -Léonard  Berteaud, 
»  évêque  de  Tulle.  M'  Martial  de  Roderel,  marquis  de  Seilhac, 
»  maire.  M'  Adrien-Joseph  Montlouis-Laval,  curé.  Parrain  : 
»  Marie-Rose-Louis  de  Seilhac.  Marraine  :  Marie-Antoinette- 
»  Lucie  Pourchet.  —  Paintandre,  fondeur  à  Turenne.  » 

Cette  cloche,  qui  a  reçu  le  nom  de  Marie-Louise,  pèse  410  li- 
vres. Le  patron  de  Téglise  de  Seilhac  est  Saint-Roch,  dont  le 
nom  a  été  donné  à  la  cloche  de  1813.  Le  nom  de  Notre-Dame  a 
été  donné  à  celle  de  1760. 

1862.  —  GRENORD,  près  Chabanais  (Charente).  —  d  *  Gloria 
»  in  excelsis  Deo^  et  in  terra  pax  hominibus  bonsB  voluntatis.  — 
»  Donnée  à  Tancienne  paroisse  de  Grenord  par  Monsieur  Sar- 
»  dain,  François-Hippolyle  Fonfais  de  la  Soutière.  Parrain  : 
»  Louis-Antoine  de  la  Quintinie.  Marraine  :  Catherine-Octavie 
»  Rempnoulx-Masdebost.  —  Antoine  Vautier,  fondeur,  à  Saint- 
»  Emilion  (Gironde),  1862.  » 

1868.  —  DUN-LE-PALLETEAU  (Creuse).  —  «  *  L'an  1863  j'ai 
»  été  bénite  par  G.  Blanchard,  curé  de  Dun.  .Thomas  Duris, 
»  F.  César  A.  A.,  maire.  Louis  Glenisson  le  parrain  et  Simon 
»  Louise,  marraine.  —  Fonderie  d'Orléans.  » 

Le  diamètre  de  cette  cloche  est  de  62  centimètres,  son  poids 
doit  être  de  140  kilog.  environ. 


t51  SOCIËTÂ  ARGHioLOGIQDÏ  Et  ttlStDRl^Ut  bU  LlftOtTSlH 

1868.  —  DUN-LE-PALLETEAU  (Creuse).  —  «  *  L'an  1863  j  ai 
»  été  bénite  par  G.  Blanchard,  curé  de  Dun.  Thomas  Duris. 
»  F.  César  A.  A.,  maire.  Adam,  adjoint,  parrain.  Marie-Eulalie 
»  Parelon  deSauzet,  veuve  Thomas  Duris,  marraine.  —  Fonderie 
»  d'Orléans.  » 

Cette  cloche,  qui  a  78  centimèlres  de  diamètre,  pèse  environ 
280  kilos. 

1864.  —  LIMOGES.  Chapelle  de  l'asile  de  Jaugeât.  —  «  ^  Sous 
»  le  règne  de  Napoléon  III,  empereur  des  Français.  Son  Excel- 
»  lence  Monsieur  Boudet,  étant  ministre  de  Tintérieur,  Boby  de 
»  la  Chapelle,  préfet,  Félix  Fruchaud,  évoque  de  Limoges, 
»  Léopold Fougères,  directeur,  Eugène  Fayelte,  architecte,  Pical, 
»  Lachaise,  Pontet,  entrepreneurs.  Cette  cloche  a  été  placée  le 
»  22  août  1864.  —  Aciérie  d'Unieux.  Jacob  Holtzer  et  0\  » 

1864.  —  SALNT-AVIT-DE-TARDE  (Creuse).  —  «  *  Sancte  Avite, 
»  ora  pro  nobis.  Sancta  Maria,  ora  pro  nobis.  Parrain  :  Jules 
»  Bordinon.  Marraine  :  M"*  Louise  Petit.  Curé  :  M.  Michel 
»  Richard.  Maire  :  Jean-François-Gilbert  Petit.  Anno  Doraini, 
»  1864.» 

1865.  —  ROYÈRE  (Creuse).  —  «  »î<  Mon  nom  :  Saint-Germain. 
»  Parrain  :  Charles-Sylvain  Chauseyr  de  Laprade.  Marraine  : 
»  Françoise  Valette.  Maire  :  Zenon  Toumieux.  Curé  :  Lasnier- 
»  Malesset,  1865.  » 

1865.  —  ABJAT  (Dordogne).  —  «  *  Sancte  Andréa,  ora  pro 
y>  nobis.  Sancta  Maria,  ora  pro  nobis.  —  Pie  IX,  pape.  Nicolas- 
»  Joseph  Dabert,  évoque  de  Périgueux.  Louis  Pages,  curé 
»>  d'Abjat.  Jean-Baptisle-Némorin  Duvoisin,  ancien  maire,  par- 
»  rain.  Jeanne-Zoé  Lavergne,  née  Agard,  marraine.  Léonard 
»  Chaperon,  président  de  fabrique.  Pierre-Justin  Giry  Descombes, 
»  trésorier.  Pierre  Filhaud  Lavergne,  médecin,  maire,  1865.  — 
»  E.  et  A.  Martin,  fondeurs.  —  Pèse  2,000  livres.  » 

1866.-  PEYRAT-LE-CHATEAU (Haute-Vienne).  — «  *  A.M.D.G. 
»  IHS.  MA.  V.  IM.  DT.  ET  BNDCT.  A  C.  R.  ECCL.  P.  AC. 
»  S.A.R.,  1866.  » 

Cette  inscription,  dont  tous  les  mots  sont  abrégés,  doit  se  lire 
ainsi  :  «  >îi  Ad  majorem  Dei  gloriam.  Jésus.  Maria  virgo  imma- 
culata.  Data  et  benedicta  a  Carolo  Renard,  ecclesi»  Peracensis 
ac  Sancti  Amandi,  rectore,  1866.  »  Le  parrain  de  celle  cloche 
fut  M.  Joseph-Aimé  Tramonleil  et  la  marraine  M"'  Virginie- 
Anne-Marie,  veuve  Patrem,  née  Villevarlange. 


ftTODB  SDR   LES   CLOCHES   DU   DIOCÈSE  DE  LIMOGES  153 

1866.  —  VERNEUIL-SUR- VIENNE  (Haute- Vienne).  —  «  *  J*ai 
»  été  nommée  Hippolyte-EIéonore-Amélie.  Mon  parrain  est 
»  Hippolyte  Lézeau,  premier  président  à  la  cour  impériale  de 
ï)  Nancy.  Ma  marraine,  M"'  Eléonore-Amélie  Truol  de  Beaulieu, 
»  vicomtesse  de  Grave.  M.  Michel  Thomas,  curé.  M.  Marcellin 
»  Duvert,  maire.  M.  Pierre  Mourier,  adjoint.  Etant  membres  du 
»  Conseil  municipal  :  MM.  Coussy,  Blanchet,  Gandois,  Blancher, 
»  Meynieux,  Durieuii,  Desvignes,  Tharaud,  Âuriat,  Thomas, 
»  Pfttlier,  Beaulieu,  Mourier,  Valade,  1866.  —  Dubuisson, 
»  Gallois,  fondeurs  à  Paris.  » 
Cette  cloche  qui  a  1"*,10  de  diamètre  pèse  environ  760  kilos. 

1866.  —  VERNEUIL-SUR- VIENNE  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai 
»  été  nommée  Marie-Léonie.  Mon  parrain  :  H.  Léonard-Georges 
»  Duvert.  Ma  marraine  :  M"»  Marie  Lézeau.  M.  Marcellin  Duvert, 
»  maire.  M.  Pierre  Mourier,  adjoint.  M.  Michel  Thomas,  curé.  — 
»  Dubuisson,  Gallois,  fondeurs  à  Paris,  1866.  » 

Le  diamètre  de  cette  cloche  est  de  70  centimètres  et  son 
poids  de  190  kilos  environ. 

1866.  —  COUFFY  (Corrèze).  —  «  ©  Sancte  Marcialis,  ora  pro 
»  nobis.  Pierre  Moussard,  parrain.  Julie  Jarasse,  marraine. 
»  Joseph  Vemède,  curé.  Charles  Caillot,  maire,  1866.  —  Due  à 
»  rinitiative  de  J.  Boyer.  —  D.  Dutol,  Jérôme  et  C'%  fondeurs.  » 

1867.  —  PEYRAT-LA-MARCHE  (Haute- Vienne).  -«  ©S.N.D.B. 
»  J.M.J.  MM.  Barrier,  J.-B.,  prêtre,  étant  curé;  Pérical,  Pierre, 
»  élant  maire,  j'ai  reçu  le  nom  de  Marie-Anne  que  me  donnèrent 
»  mes  parrain  et  marraine  :  M.  Paul-Joseph  Le  Cointre,  fils 
»  d'Arsène  Le  Cointre,  propriétaire  à  Chataigner,  et  d'Anne 
»  d'Auvillers  et  D"'  Marie-Calherine-Joséphine  Génébrias  de 
»  Goultepagnon,  fille  de  M.  Louis-Charles  Génébrias  de  Gouttepa- 
»  gnon  et  de  dame  Marie-Anne  Mousnier-Buisson.  J'ai  été  bénite 
»  par  Mgr  Pierre-Félix  Fruchaud,  évéque  de  Limoges.  —  Sancte 
»  Martine,  ora  pro  nobis.  —  D.  Dutot,  Jérôme  et  C^«,  fondeurs  à 
»  Paris,  1867.  » 

Cette  cloche  pèse  683  kilos.  Les  quatre  premières  lettres  de 
son  inscription  doivent  se  lire  :  «  Sit  nomen  Domini  benedictum  ; 
et  ensuite  :  Jésus,  Marie,  Joseph.  » 

1867.  -  PEYRAT-LA-MARCHE  (Haute-Vienne).  —  «  *  S.  N.  D. 
»  B.  JM  J.  Je  fus  bénite  par  Mgr  Pierre-Félix  Fruchaud,  évoque 
D  de  Limoges  et  j'ai  reçu  nom  Marie-Justine-Joséphine  que  me 
»  donnèrent  mes  parrain  et  marraine  :  M.  Marie-Joseph  Dunoyer, 
»  notaire  à  Bellac,  fils  de  François- Victor  Dunoyer  et  de  Marie- 


154  SOCIÉTÉ  ARCBÊ0L06IQUB  KT  HISTORIQUE  DU  LIVOUSIK 

»  Madeleine  Mallebay  et  D"«  Marie-Justine-Elvia  de  Laborderie, 
»  fille  de  François-Xavier  de  Laborderie  et  de  Marie-Thérèse 
»  Charpentier,  dame  de  Laborderie,  demeurant  à  la  Glayolle, 
»  Charente.  MM.  Barrier,  J.-B.,  prêtre  étant  curé,  et  Perricat, 
»  Pierre,  étant  maire.  —  D.  Dutot,  Jérôme  et  C*%  fondeurs  à 
»  Paris,  1867.  » 
Cette  cloche  pèse  46S  kilos. 

1867.  —  AZERABLES  (Creuse).  —  «  *  Uan  1867  j'ai  été  fondue 
»  et  bénite,  ma  donatrice  étant  la  famille  CoUardeau  de  la  Forest. 
»  Parrain  :  Jean-Baspliste  de  Gouttepagnon,  maire  de  Bellac. 
»  Marraine  :  Madame  Marie  Pauget,  née  Guillerol.  Curé  :  abbé 
»  Couraud.  Maire  :  de  Lafon.  » 

1868.  —  LIMOGES.  Saint- Michel-des-Lions.  —  «  *  Maria,  sine 
»  labe  originali  concepta,  ora  pro  nobis.  —  Anno  D.  MDCCC 
»  LXVIU.  Pie  IX  sumrao  ponlifice;  DD.  Felice-Petro  Fruchaud, 
»  Ep.  Lem.  ;  M.  J.-B.-M.  Pinot,  ecclesiaB  sancti  Micbaelis  a  leo- 
»  nibus  rectore  decano;  me  fundi  curaverunt  D.  D.  bonorum 
»  temporalium  administri  :  J.  Cantillon  de  la  Couture,  consilii 
»  prœses;  A.  L.  B.  Leoncius  de  Voyon  de  la  Planche,  num- 
»  morum  custos;  Ferd.  Pétiniaud  ;  Félix  Ardant  du  Masjambost; 
»  J.  L.  de  Veyvialle;  Ernestius  de  Salles;  Marie-Abel  l^emaigre, 
»  scriba  consilii  ;  P.  de  Grave;  L.  Dhéralde;  J.-B. Pinot, ecclesiaB 
»  reclor.  —  D.  D.  F.  P.  Fruchaud  me  benedixit.  —  Nomen  vero 
»  imposuerunt  F.  C.  Le  Sage,  prœfectus  municipalis,  vulgo  dictus 
»  «  maire  »  et  Noémie-Catharina  de  La  Bastide  de  Salles,  a 
»  quibus  Catharina-Carola  vocor.  —  Cor  mundum  créa,  Deus, 
»  in  omnibus  qui  meam  fidèles  audierunt  vocem.  —  A.  Yauthier, 
»  à  Saint-Emilion  (Gironde).  » 

1868.  —  LIMOGES.  Saint-Michel  des  Lions.  —  «  *  Anno  D. 
»  MDCCC  LXVin.  DD.  F.  P.  Fruchaud,  ep.  L.;M.  J.-B.-M. 
»  Pinot,  ecclesidB  sancti  Micbaelis  a  leonibus  rectore  decano  ;  D. 
»  C.  Le  Sage,  majore  Lemovicensi,  me  fundi  curaverunt  sodales 
A  pro  animarum  defunctorum  requie  sociati  :  J.-B.  Flacard, 
»  nummorum  custos;  J.-A.  Debord;  J.-P.-B.  Malinvaud;  F.  Ma- 
»  doumier  ;  Denis  Degrosjean  ;  J.  Labessouille  ;  C.  Fraisse  ; 
»  Stepb.  Galatry.  —  Patrinum  et  matrinam  habui  D.  Armandum 
»  Noualhier,  legatum  Vigennae  superioris  ad  leges  ferendas, 
»  vulgo  dictum  «  député  au  corps  législatif  »,  et  Annam-Fran- 
»  ciscam  de  Veyvialle,  quorum  nominibus  vocor  Anna-Armanda. 
»  —  Sancle  Michael,  archangele,  défende  nos  in  prœlio,  ut  non 
»  pereamus  in  Iremendo  judicio.  —  A.  Vauthier,  à  Saint-Emi- 
»  lion  (Gironde).  » 


ATODK  sur   lis  cloches  du   diocèse  de  LIMOGES  455 

1 868.  —  LIMOGES.  Saint-Michel-des-Lions.  —  «  *  Anne  D. 
»  M  D  C  G  G  LXViri.  D.D.  F.  P.  Frucbaud,  ep.  Lem.  ;  M.  J.-B.-M. 
»  Pinot,  ecclesiae  sancti  Michaelis  a  leonibus  rectore  decano, 
»  nec  non  et  MM.  J.-B.  Laplagne,  J.  Torrilhon,  1.  Gremier, 
»  M.  Gras,  Â.  Mathiva,  ejusdem  ecclesiaB  vicariis,  et  A.-F.  Rouf- 
»  fignac,  sacrisia,  me  fundi  curaverunt  ecclesiae  administri  vulgo 
»  dicti  «  fabriciens  ».  Patrinum  et  matrinam  habui  D.  Â.  L.  D. 
I)  Leoncium  de  Yoyon  de  la  Planche  et  Annam-Paulinam  Peti- 
»  niaud  ;  unde  vocor  Ânna-Leontina.  —  Martlalis,  Ghristi  apos- 
»  tolus,  precibus  sanctis  obtineat  ut  cum  ipso  landemus  Deum 
»  in  œlernum.  —  A.  Vauthier,  à  Saint-Emilion  (Gironde).  » 

1868.  —  RILHAG-RANGON  (Haute- Vienne).  —  «  *  Sub  invoca- 
»  tione  sancti  Michaelis.  —  Je  m'appelle  Philippe-Louise.  J'ai 
»  été  baptisée  le  28  juin  1868.  Mgr  Félix  Fruchaud,  évéque  de 
»  Limoges.  J*ai  eu  pour  parrain  Philippe-Léon  Teisserenc  de 
»  Bort  et  pour  marraine  Louise-Thérèse  Gonnaud.  —  Jacob 
»  Holtzer  et  G**.  » 

1868.  —  BLANZAG  (Haute- Vienne).  — «  *  Sancta-Maria,  orapro 
»  nobis.  Sancte  Martine,  ora  pro  nobis.  —  Je  suis  de  Blanzac, 
»  j'appartiens  à  tous,  je  m'appelle  Marie-Rose.  J'ai  été  baptisée 
»  Tan  1868,  sur  le  glorieux  pontificat  de  Pie  IX.  Hippolyte  Delà- 
))  reberette,  curé,  Pierre  Roux,  maire.  Mon  parrain  a  été  Marie- 
»  Hubert  de  La  Borderie,  ma  marraine  Jeanne-Rose  Vetelay.  — 
»  D.  Dutot,  Jérôme  et  G*%  fondeurs  à  Paris.  » 
Gette  cloche  pèse  396  kilos. 

1868.  —  GOLONDANNES  (Greuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en 
»  1868,  M.  Alexis  Desmaisons  étant  curé  et  M.  Jacques  Vallet, 
»  maire.  J'ai  eu  pour  parrain  Léon  Delafond  et  pour  marraine 
»  Amélie  Aumoine,  Anne-Marie-Rose  Delor,  Marie  Riolet,  veuve 
»  Alexandre  Vallet,  Anne  Ghimbande.  —  Reconnaissance  au 
»  Gonseil  municipal  et  aux  bienfaiteurs.  —  Je  publie  les  louanges 
»  de  Dieu.  —  Bollée  et  ses  fils,  fondeurs  à  Orléans,  1868.  » 

Gette  cloche  a  96  centimètres  de  diamètre  et  pèse  environ 
500  kilos. 

1869.  —  SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ  (Greuse).  -  «  *  J'ai  été 
»  bénite  l'an  1869  et  nommée  Marie  par  P.-F.  Berlhomier,  maire, 
»  et  par  ma  marraine  Marie  Dumonteil.  —  M.  Léon  Loiraud, 
»  G'*  Montaudon,  J.  de  Lignac,  comte  V.  G.  Honorali,  G.  Laval- 
»  iière-Maisonnenve,  G.  Beauvais,  L.  G.  E.  Laroche,  J.  Marie, 
»  A.  Rillardon,  J.  Janoti,  S.  Doucet,  J.  Delage,  Berger,  G.  A. 
»  Nadaud,  J.  Dunet,  Pille,  Ghaput,  Georges  Der,  Paul  Ratier, 
»  curé.  —  Bollée  et  ses  fils^  fondeurs  à  Orléans  1869.  » 


156  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

1869.  —  CHABANAJS,  paroisse  de  Saint-Sébastien  (Charente). 
—  «  *  J'ai  nom  Marie-Madeleine.  J'ai  été  baptisée  le  24  octobre 
»  1869  par  Monseigneur  Antoine-Charles  Coussaud,  évoque 
»  d'Angouléme,  pour  Téglise  de  Saint-Sébastien  de  Chabanais, 
»  Monsieur  Bayssat  étant  curé.  Mon  parrain  a  été  Monsieur 
»  François  Ducoudert,  maire,  conseiller  général,  et  ma  marraine 
»  Madame  Marie-Madeleine-Angela  Codet.  — UrsulinDencausse, 
»  fondeur,  Tarbes.  Breveté  S.  G.  D.  G.  » 

1869.  —  MONTROLLET  (Charente).  -  «  *  L'an  1869.  Parrain  : 
»  M.  Louis  Des  Montiers-Mérinville.  Marraine  :  Marie-Aimée 
»  Saint-Garraud,  marquise  de  Clervaux.  Maire  M.  le  marquis  de 
»  Clervaux.  Curé  Pujo.  Fondeur  Guillaume,  Angers.  —  Bénite 
»  par  Mgr  Fruchaud.  » 

1870.  —  SAINT-SYMPHORIEN,  chapelle  de  Saint-Martin  (Haute- 
Vienne).  —  «  *  Sancte  Martine,  ora  pro  nobis.  —  J'ai  été  bénite 
»  en  1870  par  M.  A.  Lecler,  curé  de  Saint-Symphorien.  J'ai  eu 
»  pour  parrain  et  marraine  M.  le  comte  et  M"'  la  comtesse  Des 
»  Montiers  de  Mérinville.  —  D.  Dutot,  Jérôme  et  C*%  fondeurs  à 
»  Paris.  » 

Cette  cloche,  qui  pèse  61  kilos,  a  été  bénite  le  1"  mai  1870, 
et  placée  dans  la  chapelle  de  Saint-Martin,  reconstruite  cette 
année. 

1870.  —  LA  CROISILLE  (Haule-Vienne).  -  «  *  Sit  nomen  Do- 
»  mini  benedictum.  Parrain  :  M.  Louis-Marie  Allouveau  de  Mon- 
»  iréal,  maire  de  La  Croisille.  Marraine  :  Marie-Antoinette 
»  Suzanne,  née  Chouviat.  Antoine  Mallel,  curé.  Siraon-Fran- 
»  çois  Allouveau  de  Montréal,  sénateur,  Suzanne  Toussaint, 
»  Brouillon  François,  Prévost  Léonard,  Lavialle  Léonard,  Ma- 
»  gieux  Léonard,  fabriciens. 
»  Bollée  et  ses  fils,  fondeurs  à  Orléans,  i870.  » 

1870.  -  CHAMPAGNAC  (Creuse).  —  «  »î*  L'an  1870.  Je  me 
»  nomme  Joseph-Anatole-Marie-Anne.  J'ai  pour  parrain  M.  Jo- 
»  seph-Anatole  Dumont  et  pour  marraine  M"*  Marie-Anne  Sou- 
»  rioux.  J'ai  été  bénite  par  M.  Charles  Florand,  doyen  de  Belle- 
»  garde,  en  présence  de  MM.  Russe  curé,  J.-B.  Bittard  des  Por- 
»  tes  maire,  François  Dumont  adjoint,  et  MM.  Yves  Cotélot,  Jean 
»  Dubois,  André Peyroux,  François  Raymond,  Jean  Bujard,  mem- 
»  bres  du  conseil  de  fabrique.  —  Chambon,  fondeur  â  Montargis, 
»  Loiret.  —  Je  pèse  875  kilos.  » 

1872.  —  CROZANT  (Creuse).  —  «  *  Jean-Baptiste  Tréguier, 
»  maire,  et  Biaise  Bourguignon,  curé  de  Crozant.  André  Brigaud, 


.iniDE  SUR  LRS   CLOCHES   DU    DIOCÈSE  DB  LIIIOGRS  157 

»  sacristain.  Parrain  :  Félix  Bourdier.  Marraine  :  Marie-Made- 
»  leine  Tréguier.  —  Saint  Etienne,  patron  principal  de  la 
»  paroisse.  Saint  Placide,  patron  secondaire.  —  Bollée,  fondeur 
»  à  Orléans  i872.  » 

1878.  —  ORADOUR-SUR-VAYRES  (Haute-Vienne).  —  «  ^  Par- 
»  rain  :  M.  Mathieu  Fougeron-Laroche.  Marraine  :  M"«  Emma 
»  Laubanie.  —  Desjacques,  chanoine  honoraire,  curé-doyen; 
»  Edouard  Laubanie,  docteur  en  médecine,  maire;  Forestier 
)>  Ghambonnaud,  président  de  la  fabrique;  Auguste  M arcillaud; 
»  Jules  Fougeron-Laroche,  secrétaire;  Léonard  Ducombeau; 
»  Léandre  Laubanie.  —  D.  Dutot  et  Jérôme,  fondeurs  à  Paris, 
fl  1873.  » 

Cette  cloche  pèse  952  kilos  ;  pour  la  fondre,  ainsi  que  les  deux 
suivantes,  on  s'est  servi  du  métal  de  celles  de  1613  et  de  1714. 

1878.  —  ORADOUR-SUR-VAYRES  (Haute-Vienne).  —  «  *  Par- 
»  rain  :  M.  Joseph-Emile  Moreau.  Marraine  :  M"«  Marie  Ferrand. 
»  Desjacques,  chanoine  honoraire,  curé-doyen;  Edouard  Lan- 
»  banie,  docteur  médecin,  maire;  Forestier  Ghambonnaud,  prë- 
»  sident  de  la  fabrique;  Auguste  Marcillaud;  Jules  Fougeron- 
»  Laroche,  secrétaire;  Léonard  Ducombeau;  Léandre  Laubanie. 
»  —  D.  Dutol  et  Jérôme,  fondeurs  à  Paris,  1873.  » 
Cette  seconde  cloche  pèse  655  kilos. 

1878.  —  ORADOUR-SUR-VAYRES  (Haute-Vienne).  —  «  *  Par- 
»  rain  :  M.  Pierre  Descubes.  Marraine  :  M*^"  Marie  Besse.  —  Des- 
»  Jacques,  chanoine  honoraire,  curé-doyen;  Edouard  Laubanie, 
»  docteur  médecin,  maire;  Forestier  Ghambonnaud,  président 
»  de  la  fabrique;  Auguste  Marcillaud  ;  Jules  Fougeron-Laroche, 
»  secrétaire;  Léonard  Ducombeau;  Léandre  Laubanie.  — 
»  D.  Dutot  et  Jérôme,  fondeurs  à  Paris,  1873.  » 
Le  poids  de  cette  troisième  cloche  est  de  492  kilos. 

1878.  -  BRILLAG  (Gharente).  —  «  *  M.  Michel  Boutinaud,  curé 
»  d(î  Brillac.  M.  Pierre-Paul  Glavaud-Ribourgeon,  maire.  M. 
»  Guillaume-Théophile  Babaud-Dulac,  notaire.  M"«  Annelte  Pey- 
»  raud.  —  Bollée  et  ses  fils,  fondeurs  à  Orléans,  1873.  » 

1878.  —  BRILLAC  (Gharente).  —  ^  *  M.  Michel  Boutinaud,  curé 
»  de  Brillac.  M.  Pierre-Paul  Glavaud-Ribourgeon,  maire.  M.  Léo- 
»  nard  Bailly,  propriétaire.  M""  Marguerite-Irma  Redon.  Philo- 
»  mène  Babaud-Duiac.  Juliette  Rouhet.  Noémi  Rouhet,  quô- 
»  teuses,  —  Bollée  et  ses  fils,  fondeurs  à  Orléans,  1873.  » 


158  sogUté  archéologique  et  bistoriqde  do  limousin 

1874.  —  LASTOURS  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  fondue  pour 

»  réglise  de  Lastours.  J*ai  eu  pour  parrain  M.  Jules  Delignat- 

»  Lavaud,  avocat,  maire  de  Limoges,  chevalier  de  la  Légion 

»  d'honneur,  et  pour  marraine  M"*  Camille-Marie-Marguerite- 

»  Jeanne  Giry.  Jean  Bragard,  maire  de  Rilhac-Lastours.  M.  Deli- 

»  gnal-Lavaud  père,  président  du  conseil  de  fabrique  de  Las- 

»  tours.  M.  Mérigot,  curé  de  Rilhac-Latours.  —  Fondue  par  An- 

»  tonin  Vautier  à  Saint-Emilion,  Gironde,  Tan  1874.  » 

1874.  -  TEYJAT  (Dordogne).  —  «  *  Domine  exaudi  vocem 
»  meam.  —  Mgr  Dabert,  évoque  de  Périgueux  et  de  Sarlal. 
»  M.  Palhier,  curé  de  Teyjat.  1®'  parrain,  Georges  du  Chalelard, 
»  maire.  2*  parrain,  Mathieu  Fauconnet.  !'•  marraine  Elisabeth 
»  Dapien  ;  2*  marraine  Isabelle  de  Beynac,  née  du  Chatelard. 
»  Marie  Macarie,  dame  excellente  bienfaitrice  de  Téglise.  — 
»  Fondue  par  Antonin  Vautier,  à  Saint-Emilion,  Gironde.  » 

Cette  cloche,  fondue  vers  1874,  a  1°,07  de  diamètre  et  pèse 
environ  700  kilos. 

1875.  —  ROUSSAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en  1875. 
»  M.  Pierre  Gâté  étant  maire  de  Roussac  et  M.  Annet  Gorse, 
»  curé.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Albert-Joseph  Dufresne,  et  pour 
>*  marraine  Marie-Thérèse-Joséphine  Tournois.  —  Bolée,  fondeur 
»  à  Orléans.  » 

Pour  faire  cette  cloche,  on  s'est  servi  d'une  du  xm"»  siècle,  qui 
était  hors  de  service  depuis  longtemps  et  qui  portait  pour  inscrip- 
tion, en  lettres  gothiques  majuscules,  ces  mots  :  Sancte  Martialis, 
ora  pro  nobis. 

1875.  —  FROMENTAL  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  fondue 
»  l'an  de  grâce  4875.  et  bénite  le  dimanche  in  albis,  par  M.  Pi- 
»  naud,  curé  de  cette  église.  Je  m'appelle  Marie-Amélie.  J'ai  eu 
»  pour  parrain  Marie-Joseph  Morel,  baron  de  Fromental.  Ma 
»  marraine  a  été  Amélie-Noémi-Blanche  Ducluzcau.  » 

1 875.  —  SAINT-PRIEST-LA-FEUILLE  (Creuse).  —  «  *  L'an  1875, 
»  Pie  IX  étant  pape,  Monseigneur  Duquesnay  évéque  de  Limoges, 
»  M.  l'abbé  Cocq  curé  de  la  paroisse,  j'ai  élé  bénite  par  M.  l'abbé 
»  Leclerc,  archiprôtre  de  la  cathédrale  de  Limoges,  et  nommée 
»  Eugénie.  Parrain  :  M.  Auguste  Clavaud  du  bourg  de  Saint- 
»  Priest-la-Feuille.  Marraine  :  Eugénie  Pradeau  du  bourg  de 
»  Saint-Priest.  —  Bollée  fondeur  à  Orléans,  d 

1875.  —  SAINT-PRIEST-LA-FEUILLE  (Creuse).  —  «  *  L'an  1875, 
»  j'ai  été  bénite  par  M.  l'abbé  Cazaud,  curé  doyen  de  la  Souter- 


KTUDB  SUR  LBS   CLOCHRS   DU   DIOGÈSB  DE  LIMOGES  159 

»  raine,  et  nommée  Berthe.  Parrain  :  Philippe  Gaullier  du  village 
»  du  Coux.  Marraine  :  Berthe  Charmes  du  bourg  de  Saint-Priest- 
»  la-Feuille.  François  Gaullier,  maire  de  la  commune.  Boilée  et 
»  ses  fils  fondeurs  à  Orléans.  » 

1876.  —  NIEUL  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  1876  j'ai  été  baptisée 
»  sons  le  nom  de  Marie,  au  chef-lieu  de  la  paroisse  de  Nieul, 
»  sous  répiscopat  de  Monseigneur  Alfred  Duquesnay.  M.  Marie- 
»  .Antoine  Plainemaison,  chanoine  honoraire,  étant  curé  doyen, 
»  M.  Frédéric  Brissaud,  notaire,  membre  du  conseil  général, 
»  étant  maire.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Marie-René  Henry,  âgé 
»  de  cinq  ans,  et  pour  marraine  Marie-Augustine  Brissaud,  âgée 
»  de  deux  ans.  —  Fondue  par  Antonin  Vaulhier,  à  Saint-Emilion, 
»  Gironde,  Tan  1876.  ~  Hodie  si  vocem  ejus  audieritis,  nolite 
»  obdurare  corda  vestra.  » 

1 876.  —  SAINT-JOUVENT (Haute-Vienne).  —  «  *  Placée  en  1763. 
»  Parrain  :  J.  F.  Rogier  de  Janailhac.  Dame  Arbonnaud,  veuve 
»  de  Messire  de  Vaucorbeille,  seigneur  de  Bachellerie  marraine. 
»  J.  Lajoumard,  curé.  » 

»  Refondue  et  augmentée  en  1876,  J.-E.-D.  Vergnaud,  né  le 
»  11  septembre  1873,  parrain.  Cécile  de  Francolini,  née  le  20  oc- 
»  tobre  1871,  marraine.  Maire,  M.  le  comte  de  Francolini. 
»  M.  Vernet  curé.  —  Cecilia  mihi  nomen.  1763  *  1876.  Fondue 
»  par  Antonin  Vauthier,  à  Saint-Emilion,  Gironde.  » 

1 876.  -  MAILHAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en  sep- 
p  tembre  1876  par  M.  François  Lelong,  curé  de  Mailhac,  et  me 
»  nomme  Suzanne-Marie.  Parrain  :  M.  Maurice  Garnier.  Mar- 
»  raine  :  M"'  Suzanne  Garnier;  M.  François-Antoine  Bognaud, 
»  maire  et  trésorier.  M.  H.  Garnier,  député,  C.  *,  président 
»  de  la  fabrique.  M.  Joseph  Perrot,  adjoint.  M.  Henri  Durangel, 
»  conseiller  d'Etat,  insigne  bienfaiteur  de  l'église  de  Mailhac.  — 
»  BoUée  fondeur  au  Mans.  » 

Cette  cloche  pèse  300  kilos. 

1876.  —  MAILHAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en  sep- 
»  tembre  1876  par  M.  Bandel,  chanoine  honoraire,  curé  de  Saint- 
»  Sulpice-les-Feuilles,  dédiée  à  Notre-Dame-des-Miracles,  et 
»  nommée  Marguerite-Marie.  Parrain  :  M.  Ernest  Guillerol. 
»  Marraine  :  M*'*  Louise-Marguerite  Thibaut.  M.  François  Lelong, 
»  curé  de  Mailhac.  M.  François-Antoine  Bognaud,  maire  et  tré- 
»  sorier.  M.  H.  Garnier,  député,  C.  *,  président  de  la  fabrique. 
»  M.  Joseph  Perrot,  adjoint.  M""  Pulatier,  institutrice,  prési- 


V60  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUR   DU   LIMOUSIN 

»  dente  de  la  (Confrérie.  M"'*  Auguste  Guilleret,  trésorière.  M"* 
»  Louise  Thibaut,  reine.  M"**  Bonnet  aînée,  secrétaire  de  la  Con- 
»  frérie.  —  Bollée,  fondeur  au  Mans.  » 

Cette  cloche  pèse  200  kilos. 

1877.  —  LIMOGES.  Sainte-Valérie.  —  «  *  Le  5  août  1877,  j'ai 
)>  été  bénite  par  Mgr  Alfred  Duquesnay,  évoque  de  Limoges, 
»  assisté  de  M.  Jean-Paulin  Leclerc,  chanoioe  archiprétre  de  la 
»  cathédrale  de  Limoges,  et  de  M.  François  Labrousse,  curé  de 
»  Sain  le- Valérie  et  aumônier  de  Técole  normale.  J'ai  été  nom- 
»  mée  Marie-Madeleine  par  mon  parrain  Marie-Maurice-Fernand 
»  de  Lostende  et  ma  marraine  Marie-Elisabeth-Madeleine  Boyer. 
»  —  Sancte  Martialis,  ora  pro  nobis.  » 

1877.  —LIMOGES.  Sainte-Valérie.  —  «  Le  5  août  4877,  j'ai  été 

j)  bénite  par  Mgr  Alfred  Duquesnay,  évéque  de  Limoges,  assisté 

»  de  M.  Jean-Paulin  Leclerc,  chanoine  archiprétre  de  la  cathé- 

)>  dralede  Limoges,  et  de  M.  François  Labrousse,  curé  de  Sainte- 

»  Valérie  et  aumônier  do  l'école  normale.  J'ai  été  nommée  Claire- 

»  Valérie  par  mon  parrain  Marie-Louis-Pierre  Boyer,  et  ma  mar- 

»  raine  Marie-Antoinette-Claire  Chapoulaud.  —  Ave,  virgo  Deo 

»  digna;  Ave,  martyr  Valeria.  » 

1877.  —  RILHAC-RANCON  (Haute-Vienne).  —  «  *  Saint  Jean- 
»  Baptiste,  priez  pour  nous.  J'ai  été  bénite  l'an  1877,  Mgr  Alfred 
»  Duquesnay  étant  évoque  de  Limoges,  et  M.  Jules-Jean-Bapliste 
»  Brun,  curé  de  Rilhac-Rançon.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Michel- 
ï)  Fénelon-Martial  Rudeuil,  et  pour  marraine  M"'  Jeanne-José- 
»  phine-Catherine-Elisabeth  Patapy.  Etant  maire  M.  Mathieu 
»  Giroux  et  adjoint  M.  J.-B.  Giroux.  —  Georges  Bollée,  fondeur 
»  à  Orléans,  1877.  » 

1877.  —  MAGNAC-BOURG  (Haute- Vienne).  —  «  *  L'an  de  Notre 
»  Seigneur  1877,  j'ai  été  bénite  par  Mgr  Alfred  Duquesnay, 
»  évéque  de  Limoges.  M.  Félix-Pierre  Dupland  étant  curé  de 
»  Magnac-Bourg.  J'ai  été  nommée  Marie-Antoinelte-Charlotte 
»  par  mon  parrain  M.  Charles  Gervais  de  Lafond  et  par  ma  mar- 
))  raine  Madame  Antoinette-Marie-Fernande-Odelte  Saint-Marc- 
»  Girardin,  née  Guéneau  de  Mussy,  représentée  par  Mademoiselle 
)>  Jeanne  de  Neuville.  M.  Sarre-Filhoulaud  étant  maire  de  la 
»  commune.  M.  Elie  Breuilh,  Armand  Breuilh,  Faucher,  notaire, 
»  Janicot,  Desmaisons,  étant  membres  du  conseil  de  fabrique- 
»  Bienfaiteurs  M"  Gustave  Bugeaud  de  la  Piconnerie,  le  général 
»  Hippolyte  [Martin]  de  La  Bastide,  Sensaud,  G.  Briand,  E.  Mé- 


ÉTirotB  ^tJlt  LfcS  GLOCEKS  DU  BlOGÈSfi  DE  LlHOGBS  16) 

»  nîeux,  Henri  Seidenbinder.  —  Sancte  Jacobe  apostole,  ora 
»  pro  Dobis.  Regiaa  sine  labe  concepta,  ora  pro  nobis.  ^  Geor- 
»  ges  BoUée,  fondeur,  à  Orléans.  » 

1877.  —  LA  CHAPELLE-MONTBRANDEIX  (Haute-Vienne).  — 
«  *  J'ai  été  fondue  le  15  septembre  1877.  Jean  Béchade  curé, 
»  M.  P.  Gros  de  Veaud  maire  de  La  Chapelle-Montbrandeix.  J*ai 
»  été  baptisée  par  Mgr  Alfred  Duquesnay  le  30  septembre  1877. 
»  J*ai  eu  pour  parrain  M.  Marie-Joseph-Gabriel-Mathieu-Michel 
»  Gros  de  Veaud,  et  pour  marraine  M"*  Marie-Thérèse-Made- 
»  leine  Chemison-Dubois.  Je  m'appelle  Marie.  —  Chambon,  fon- 
»  deur  à  Montargis,  Loiret.  Je  pèse  706  kilos.  » 

1877.  _  BOURGANEUF  (Creuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  par 
»  M.  Paul-Etienne  Diverneresse,  curé  archiprôtre  de  Bourganeuf. 
»  J'ai  été  nommée  Jules-Madeleine  par  mon  parrain  Jules  Lau- 
»  mond  et  ma  m«irraine  Marie  Filloulaud.  —  Georges  BoUée, 
»  fondeur  à  Orléans,  1877.  » 

1877.  —  BOURGANEUF  (Creuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  par 
»  M.  Paul-Etienne  Diverneresse,  curé  archiprôtre  de  Bourganeuf. 
»  J'ai  été  nommée  Marie  par  mon  parrain  François-Camille 
»  Fouret,  et  ma  marraine  Marthe-Marie-Marguerite  Durand.  — 
»  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1877.  » 

1877.  —  NÉOUX  (Creuse). —  «  *  L'an  1877,  j'ai  été  nommée 
»  Marie-Marguerite-Jeanne-Alfredine  par  M.  Alfred  Rousseau 
n  mon  parrain,  et  Marie-Marguerile-Jeaune  Dubujadoux-Couher 
»  ma  marraine.  J'ai  été  donnée  par  les  familles  Rousseau  et 
»  Jeau-Baptiste  Couher  de  la  paroisse  de  Néoux.  J.  Thomas,  curé 
»  de  la  paroisse.  —  Chambon,  fondeur  à  Montargis,  Loiret.  Je 
)>  pèse  315  kilos.  » 

1877.  —  ABJAT  ^Dordogne).  —  «  *  1877.  Pie  IX  pape.  D'Abert, 
»  évoque  de  Périgueux.  Louis  Pages,  curé  d'Abjat,  J'ai  été  nom- 
»  mée  Marguerite  par  M.  Sicaire  Puiffe-Masgondeau  mon  parrain 
»  et  M"*  Marguerite-Honorine  Duvoisin,  née  Garrigou,  ma  mar- 
»  raine.  Némorin  Duvoisin,  maire.  François  Danède,  trésorier 
»  de  la  fabrique.  Berger,  Garrigou,  Villotte,  membres  de  la 
»  fabrique  d'Abjat.  —  Chambon  et  ses  (ils  à  Montargis,  fondeurs. 
»  Je  pèse  317  kilos.  » 

1877.  —  CHABANAIS  (Charente).  Saint-Sébastien.  —  «  *  Ad  M. 
»  D.  G.  et  H.  B.  M.  V.  —  J'ai  été  baptisée  pour  l'église  de  Saint- 
»  Sébastien  de  Chabanais  le  12  août  1877,  par  Monseigneur 


\éi  SOOIÈTÂ  ARCÉÉOLOGiQÙB  ET  ÉIStOAlOUE   DÛ   LllkOOStlt 

»  Sébaux,  évéqae  d*Aagoaléme,  assisté  de  Monsieur  Bayssat, 
»  curé  doyen.  Mon  parrain  a  été  Monsieur  Pierre-Robert  Plan- 
»  teau  du  Maroussin  et  ma  marraine  Mademoiselle  Marie-Made- 
»  leine-Gharlotte  Manès.  —  Georges  BoUée,  fondeur  à  Orléans, 
»)  1877.  » 

1878.  —LIMOGES.  Saint-Pierre-du-Queyroix.  —  «  *  L'an  1878, 
»  étant  évoque  de  Limoges  Mgr  Duquesnay  ;  curé  de  Saint-Pierre- 
»  du-Queyroix  M.  Delor,  vicaire-général  ;  vicaires  MM.  Rigaud, 
»  Cousseyroux,  Mazabraud,  BouiUaud;  fabriciens  MM.  Bleynie 
»  président,  Pénicaud  maire,  Lamy  de  La  Chapelle  secrétaire; 
»  Disnematin  de  Salles  trésorier;  Pouyat  président  du  bureau; 
»  Jabet;  Gay  du  Palland;  Tarnaud;  Ardant  et  Bourdeau  de 
»  Lajudie.  ^  J'ai  été  nommée  Marie  par  mon  parrain  M.  Ludovic- 
»  Grégoire  Bourdeau  de  Lajudie  et  par  ma  marraine  M"**  Yves- 
»  Marie-Amélie  Tarneaud.  —  Clamabo  ad  Deum  allissimum 
»  (Ps.  LVI,  V.  3.)  —  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans.  1878.  » 

1878.  —  LLMOGES.  Saint-Pierre-duQueyroix.  —  «  *  L'an  1878, 
»  étant  évéque  de  Limoges  Mgr  Duquesnay;  curé  doyen  de 
»  Saint-Pierre-du-Queyroix  M.  Delor,  vicaire  général;  vicaires 
»  MM.  Rigaud,  Cousseyroux,  Mazabraud,  Bouillaud;  fabriciens 
»  MM.  Bleynie,  président;  Pénicaud,  naaire;  Lamy  de  la  Gha- 
»  pelle. secrétaire;  Disnematin  de  Salles,  trésorier;  Pouyat,  pré- 
»  sident  du  bureau;  Jabet;  Gay  du  Palland;  Tarneau;  Ardant  et 
»  Bourdeau  de  Lajudie.  ^  J'ai  été  nommée  Madeleine  par  mon 
»  parrain  M.  Pierre-Hubert  Martin,  baron  de  la  liastide,  cheva- 
»  lier  de  la  Légion  d'honneur,  et  par  ma  marraiae  M"'''  Made- 
»  leine-Alexandrine  Lamy  de  la  Chapelle.  —  Gloria  îa  excelsis 
»  Deo.  —  Fonderie  d'Orléans  de  Bollée  Georges.  » 

1878.  —  PEYRILHAC  (Haute- Vienne).  —  «  *  Baptisée  à  Peyri- 
»  Ihac  en  août  1878.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Joseph-Charles« 
»  Emile  iVIartin-de-Fonjaùdran  de  la  Mothe,  conseiller  à  la  Cour 
»  d'appel;  et  pour  marraine  M^^"  Marie- Alexandrine- Alix  de 
»  Bruchard  de  Chavaignac.  M.  le  vicomte  Marc  de  La  Guéron- 
»  nière,  maire,  officier  de  la  Légion  d'honneur*  M.  Mativet 
»  Joseph,  curé.  —  Poids  316  kilos.  » 

1878.  —  NAILLAT  (Creuse).  —  <r  *  Parrain  :  René  Desforges. 
»  Marraine  :  Amélie  Marlière.  M.  Moreigne,  maire.  Pascaud, 
»  curé,  1878.  —  Bolée,  fondeur  à  Orléans.  Poids  790  kilos.  » 

1878.  —  NOTH  (Creuse).  —  «  *  Je  m'appelle  Marie-Claire.  J*ai 
tt  pour  marraine  Mademoiselle  Marie-Glaire  Lecardeur  et  pour 


èTUDÉ  SUR   LRS   ÊLOCABS   DO   DiOCèsK   DE   LIllOGlS  lAà 

»  parrain  M.  Pierre-Adolphe  Coulon.  M.  Pierre-Auguste  Lecar- 
»  deur,  maire  de  Nolh.  M.  Jean-Jules  Périchon,  curé  de  Nolh. 
»  M.  Pierre  Peuchaud,  président  du  conseil  de  fabrique.  J'ai  été 
»  bénile  par  M.  Jean-Jules  Périchon,  curé  de  la  paroisse,  Tan 
»  1878.  S*  Pierre  et  S*  Paul  patrons  de  la  paroisse  de  Noth.  — 
»  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans.  » 

1878.  —  ROUZÈUE  (Charente).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en  1878, 
»  J'ai  eu  pour  parrain  Jean  Arondeau-Ghabrignac,  maire  de  Rou- 
»  zède,  et  pour  marraine  Jeanne-Noémi  Broussard.  M.  Gyprien 
»  TressaCjCuré.  —  Fondue  pour  l'église  de  Rouzède  par  Antonin 
»  et  Emile  Vauthier,  père  et  fils,  à  Saint-Emilion  (Gironde),  l'an 
»  1878.  » 

1879.  —  SAINT-GENEST  (Raute-Vienne).  —  «  *  L'an  1879  j'ai 
»  été  fondue  pour  la  paroisse  de  Saint-Genest,  sous  l'administra- 
»  tionde  M.  Villette,  curé.  MM.  Glappier,  maire;  J.  Deschamps, 
»  adjoint;  Pinchaud;  Blanc;  M.  Deschamps;  Nabonne  et  Quin- 
»  quenet,  fabriciens.  Mon  parrain  est  M.  Joseph,  marquis  de 
rt  Calignon;  ma  marraine,  M''*  Jeanne  Servois,  —  Grouzet-Hilde- 
»  brand,  fondeur  à  Paris,  1879.  » 

1879.  —  SAINT-GENEST  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  1879  j  ai 

»  été  fondue  pour  la  paroisse  de  Saint-Genest,  sous  l'administra- 

»  tion  de  M.  Villette,  curé.  MM.  Glappier,  maire  ;  J.  Deschamps, 

»  adjoint;  Pinchaud;  Blanc;  M.  Deschamps;  Nabonne  et  Quin- 

»  quenet,  fabriciens.  Mon  parrain  est  M.  Prosper  Glappier,  ma 

»  marraine,  M'^'  Marie-Louise  Begougne  de  Juniat.  —  Grouzet- 

0  Hildebrand,  fondeur  à  Paris,  1879.  » 

1879.  —  BRIGNAG  (Gorrèze).  Chapelle  de  Choine.  —  «  *  Sainte 
»  Pauline,  1879.  Parrain  :  M.Marcel  Mas.  Marraine  :  M"«  Pauline 
»  Dartout.  o 

1880.  —  BALLEDENT  (Haute- Vienne).  —  «  *  Notre  Dame  de  la 
»  Victoire  de  l'hérésie  défendez-nous.  —  Triadou  frères,  Ville- 
»  franche,  1880.  » 

Gette  cloche  a  54  centimètres  de  diamètre  et  pèse  environ 
90  kilos. 

1881.  —  S AINT-JUST  (Haute-Vienne).  —  «  *  Sanctificetur  et 
»  consecretur,  Domine,  signnm  istud  in  nomine  Patris  et  Filii  et 
»  spiritus  sancti.  In  honorem  sancti  Justi.  Pax  tibi.  —  Monsei- 
»  gneur  Lamazou  étant  évéque  de  Limoges.  Monsieur  l'abbé 
»  Rokossowski,  curé  de  la  paroisse.  J'ai  eu  pour  parrain  M'  De- 
»  faye,  cadet,  propriétaire  au  Rouveix  ;  et  pour  marraine 
»  M"«  Malevergne  de  Lafaye,  née  Berthe  Desry-Dutheil.  » 


t 


164  SOtlÉTi  ARCHKOLOGTQUB  Kt  «ISTOUTQUÏ   DtJ  tllOtJStH 

1881.  — LA  CHAPELLE-MONTBRANDEIX  (Haute- Vienne).  — 
«  *  J'ai  été  donnée  par  M"«  Marguerite  Fleurat-Doumailhac, 
»  marraine.  M.  Elie-Joseph  Marvaud,  parrain.  M.  Ghemison- 
Si  Dubois.  M.  Gros  de  Veaud,  maire,  M.  Béchade,  curé.  J'ai  été 
»  baptisée  le  27  mars  1881.  Je  m'appelle  Joséphine-Marguerite. 
»  Ghambon,  fondeur,  àMonlargis.  » 

1881.  —  EGURAS  (Gliarente).  —  «  *  Sit  nomen  Domini  bene- 
»  dictum.  —  Je  m'appelle  Jeanne-Justine-Marie-Agnès.  J'ai  été 
»  baptisée  par  Mgr  Sébaux,  évéque  d'Angoulôme,  le  l*""  juin  1881 . 
»  Mon  parrain  :  JeanJustin-Georges  Saumon  d'Ecuras.  Ma  mar- 
»  raine  :  Marie-Agnès  Ricard  d'Ecuras.  —  Pierre  Ricard,  maire. 
»  Pierre  Gallendreau,  président  de  la  fabrique.  Pierre  Servant, 
»  curé  d'Ecuras.  —  BoUée,  fondeur,  Orléans.  » 

1882.  —  ISLE  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite  par  M.  Léon 
»  Marevery,  vicaire  général.  Parrain  :  M.  Henri-Othon-Grégoire 
»  Benoit  de  Lostende.  Marraine  :  M™**  Marie  Adam,  épouse  de 
»  M.  Pierre  Thomas  du  lieu  de  Thias.  Curé  de  ia  paroisse  d'Isle 
»  M.  Pierre-Elie  Courtcix.  Maire,  M.  Joseph  Beaubrun,  1882.  » 

Suivent  les  noms  des  conseillers  municipaux. 

1882.  —  ISLE  (Haute- Vienne).  —  «  »îj  Sit  nomen  Domini  bene- 
»  dictum.  Parrain  :  Henri  Bonnet.  Marraine  :  Marguerite  Verger, 
»  1882. » 
Celte  cloche  pèse  43  kil.  500. 

1882.  —SAINT-LÉGER-LA-MONTAGNE.  Notre-Dame  de  Sauva- 
gnac  (Haute-Vienne).  —  «  *  Je  m'appelle  Marie,  bénite  en 
»  1882.  J'ai  pour  parrain  M.  Charles-Guillaume-Frédéric  de 
»  Léobardy,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  maire  de  la 
»  Jonchère,  et  pour  marraine  Marie-Julie  Des  Marais,  née  de 
»  Seiglière.  M.  de  Bosgenest,  grand  vicaire  de  Limoges,  restau- 
»  rateur  de  Notre-Dame  de  Sauvagnac,  et  desservant  mon  dona- 
»  taire.  M,  Lebouchard,  curé  de  Saint-Léger-la-Montagne.  — 
»  Georges  BoUée,  fondeur  à  Orléans,  1882.  » 

Cette  cloche,  fondue  en  1882,  n'a  été  bénite  et  placée  dans  le 
clocher  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Sauvagnac  que  le 
8  septembre  1889.  A  cette  époque  la  marraine,  dont  le  nom  est 
dans  cette  inscription,  était  morte.  Elle  fut  remplacée  par 
M""  Noémie  Benoit  du  Buis. 

1882.  —  PENSOL  (Haute- Vienne).  —  «  *  J'ai  été  baptisée  en 
»  mars  1882  par  M.  Eugène  Pinchaud,  curé  doyen  de  Saint- 
»  Mathieu,  assisté  de  M.  Jean-Henry-Camille-Evariste  Polony, 
»  curé  de  Pensol.  Le  parrain  a  été  Jean-Baptiste-Joseph-Jules 


ÀtUDB  sur  les  GLOèHBÔ  ob  DtOcksK  DK  LIsiOGBS  t6Ï 

»  baron  de  VerDeilh-Puyrazeau.  La  marraine  Jeanne-Amélie 
»  Àgar,  née  Redon,  de  Masbertler.  Etant  président  de  la  fabrique 
»  M.  Eugène  Jobert  et  maire  Pierre  Gourinchas.  Bollée,  fondeur, 
»  à  Orléans.  » 

1882.  —  ROYÈRE  (Creuse).  —  «  *  Vox  clamantis  in  deserto 
»  parate  viam  Domini,  rectas  facite  semitas  ejas.  Sancte  Ger- 
»  mane,  ora  pro  nobis.  Curé  :  François  Touraille.  Maire  :  Victor 
n  CancaLon.  Parrain  :  François- Arislide  Touraille,  né  en  1876, 
»  fils  de  Joseph  Touraille  et  de  Léonie  Pratique.  Marraine  : 
»  Marie-Marguerite-Amarillis  Durand,  veuve  Charrière,  descen- 
»  dante  des  Dandaleii  de  Vaux.  » 

La  cloche  de  1682  qui  s'est  cassée  en  1880  a  servi  a  fondre 
celle  qui  porte  cette  inscriplion. 

1882.  —  BRIGNAC  (Corrèze).  —  «  *  IHVS.  Ave  Maria.  Christus 
»  vincit.  Sancte  Michael.  Sancte  Bénédicte.  Sancte  Blasi .  M  CCCC 
»  LXXXL 

»  *  Maria-Noémi,  1882.  Patrino  :  J.-B.  Lableynie.  Matrina  : 
»  Maria-Noémie  Ninard.  Parocho  :  J.-B.  Laborde.  Majore  : 
»  J.-B.  Lableynie.  Adjuncto  :  Joanne  Faucon,  1882.  —  Pain- 
»  landre,  fondeur.  » 

Cette  cloche  reproduit  Tinscription  de  celle  de  1481 ,  et  c*est 
avec  le  métal  de  cette  dernière  qu^elle  a  été  fondue. 

1883.  —  BIENAC  (Haute- Vienne).  —  Une  cloche  de  Bienac  don- 
nant la  note  La,  en  a  remplacé  une  petite  qui  avait  été  brisée. 
Elle  a  été  bénite  le  29  juillet  1883,  pèse  380  kilos  et  coûte 
1.310  francs.  Le  parrain  a  été  Paul-Marie-Guy  de  Reilhac  de 
Chàteaurocher  et  la  marraine  Marie-Thérèse  de  Reilhac  de  Ghâ- 
leaurocher.  M.  Junien  étant  curé.  Elle  s'appelle  Marie. 

1883.  —  NOUIC  (Haute-Vienne).  —  «  *  Fondue  à  Nouic  en  180S, 
»  au  poids  de  490  kilos,  j'ai  été  refondue  en  1883  au  poids  de 
»  510  kilos,  F.  Guillot  étant  curé  de  Nouic  ;  J.  Marchadier,  maire  ; 
»  Jean  Des  Montiers-Mérinville,  président  de  la  fabrique  ;B. 
»  Lesterps,  trésorier;  et  J.  Mallel,  secrétaire.  J'ai  eu  pour  par- 
»  rain  Pierre  Des  Montiers-Mérinville  et  pour  marraine  Marie- 
»  Joséphine  de  la  Briffe,  marquise  Des  Montiers-Mérinville.  — 
»>  Dieu  soit  loué.  —  Je  me  nomme  Marie-Joséphine.  —  Georges 
»  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1883.  » 

1883.  —  EYMOUTIERS  (Haute-Vienne).  —  «  *  Mgr  Blanger, 
»  évoque  de  Limoges,  M.  J.-P.  Maury,  curé  doyen,  chanoine 
»  honoraire.  M.  L.-P.  Gorgeon,  vicaire.  L.  Glangeaud,  sacristain . 
T.  u\  44 


166  SOCI^é  XKCÈBOlOtîlQUÈ   ET  HllSTORIQÛB  DO  ttskOUâlH 

»  M.  François-Xavier  Gramouzaud,  chevalier  de  la  Légion 
»  d'honneur.  M.  Pierre  Nony,  maire,  conseiller  général.  Parrain  : 
»  M.  le  vicomte  Gaston-Joseph  Tristan  de  L'Hermite.  Marraine  : 
»  Anne-Gabrielle  Gramouzaud,  épouse  Soumy.  —  Poids  660  kilos. 
»  —  Paroisse  d'Eymoutiers,  1883.  » 

1883.  —  EYMOUTIERS  (Haute -Vienne).  —  «  *  Mgr  Blanger, 

»  évoque  de  Limoges,  M.  J.-P.  Maury,  curé  doyen,  chanoine 

»  honoraire.  M.  L.-P.  Gorgeon,  vicaire.  L.  GlangeauJ,  sacristain. 

»  MM.  François- Xavier  Gramouzaud,  chevalier  de  la  Légion 

»  d*honneur,  président  de  la  fabrique  ;  Armand  Soumy,  trésorier; 

»  G.  Tristan  de  THermite;  V.  Périer;  Ernest  de  La  Bachellerie, 

»  fabriciens.  Parrain  :  M.  P.  Nony,  maire,  conseiller  général,  et 

»  marraine  Françoise  Gramouzaud,  représentée  par  M"'  Thérèse 

»  de  La  Bachellerie.  —  Je  me  nomme  Thérèse-Pierre.  —  Poids 

»  940  kilos.  —  Paroisse  d'Eymoutiers,  1883.  » 

1883.  -  GRAND-BOURG-DE-SALAGNAG  (Greuse).  —  «  *  Je 
»  suis  née  l'an  1883.  Je  dois  le  jour  à  M»«  Gabrielle-Zoé-Mathilde 
»  Poissonnier,  veuve  d'Aristide  Fressinaud.  Mon  parrain  est 
»  M.  Antoine  Roy  et  ma  marraine  M"*  Marie-Fernande-Andrée 
»  Fressinaud.  —  Ganlemus  Domino.  —  Poids  595  kilos.  » 

1883.  -  SAINT-BONNET-PORT-DIEU  (Gorrèze).  -~  «  *  1883, 
»  paroisse  de  Saint-Bonnet.  Léon  Ghapelobeau,  curé.  Maire  : 
»  Antonin  Lapause.  Pierre  Rebière,  parrain.  Victorine  Vial- 
»  loreix,  marraine.  » 

Gette  cloche  qui  a  été  bénite  par  Mgr  Denéchau,  évêque  de 
Tulle,  pèse  environ  210  kilos  et  sort  des  ateliers  de  M.  Lhéritier, 
à  Glermont. 

1884. —  ORADOUR-SUR-GL ANE  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai 
»  été  bénite  par  Mgr  Blanger,  évéque  de  Limoges  en  Tan  de 
»  grâce  1884.  Mon  parrain  a  été  M.  Henri  Mosnier  et  ma  mar- 
»  raine  M"""  Marie  Barataud-Louis  ;  M.  François  Barat  étant  curé 
»  d'Oradour-sur-Glane  et  M.  Barataud-Louis,  maire.  Bienfaiteurs  : 
»  M.  et  M"**  Mosnier,  M"«  Veuve  Segret,  M.  et  M"^«  Lageon,  M.  et 
»  M"«  Boudet,  M.  et  M"*  La  Vérine  et  M"'  Veuve  Larmal.  » 

1884.  —  ORADOUR-SUR-GLANE  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai  été 
»  bénite  par  Mgr  Blanger,  évéque  de  Limoges  en  Tan  de  grâce 
»  1884.  Mon  parrain  a  été  M.  Charles  Lageon  et  ma  marraine 
»  M"«  Gabrielle  de  La  Vérine.  M.  François  Barat  étant  curé 
»  d'Oradour-sur-Glane  et  M.  Baralaud-Louis,  maire.  Bienfai- 
»  leurs  :  M.  et  M"«  Mosnier,  M*«  Veuve  Segret,  M.  et  M"**  Lageon, 
»  M.  et  M"»  Boudet,  M.  et  M"«  La  Vérine  et  M"*  veuve  Larmat.  d 


toûDt  son  LK^  CLOGÉBS  Y>U  blOCÈSB  t£  LlÀOèlà  1^ 

1885.  —  JOURGNAC (Haute-Vienne).  —  «  *  L'anl885.  Léon  XIII 
»  étant  pape,  Mgr  Blanger,  évéque  de  Limoges,  j'ai  été  bénite 
»  par  M.  Tabbé  Emile  Descharaps,  archiprôlre  de  Saint-Yrieix, 
»  assisté  de  M.  Audoynaud,  curé  de  Jourgnac.  J'ai  eu  pour  par- 
»  rain  M.  Paul  Marlin-du-Puylison  et  pour  marraine  M"*  Mathilde 
»  de  Bourguet.  Etant  maire  M.  Henri  Martin-du-Puylison  ;  pré- 
»  sident  de  la  fabrique,  Léonard  Grange  ;  trésorier,  André  Denis  ; 
»  membres,  Léonard  Labesse,  Digay  et  Champagnol.  » 

1885.— PAULHAG,communede Saint-Etienne  de Fursac(Greuse]. 
—  «  *  Deo  oplimo  Maxime.  —  Jésus.  Marie.  Joseph.  —  Je  dois 
»  mon  existence  à  la  générosité  de  M.  Léon  Pasquet,  curé  de  la 
»  paroisse.  J'ai  été  fondue  pour  l'église  de  Paulhac,  sous  le  pon- 
»  ficat  de  Sa  Sainteté  Léon  XIII,  pape.  Parrain  :  Jean-Eugène 
»  Tissier.  Marraine  :  Thérèse  Granger.  —  Fondue  par  Emile 
»  Vauthier  à  Saint-Emilion  (Gironde),  l'an  1885.  » 

1885.  —  SEGONZAG  (Gorrèze).  —  «  *  Laudo  Deum  verum, 
»  plebem  voco. 

y>  Gharmeuse  de  nos  jeunes  ans, 
»  Lyre  des  morts  et  des  vivants, 
»  Océan  vaste  d'hariflonie, 
»  Goncert  de  douce  mélodie, 
»  Hymne  de  joie  ou  de  douleur, 
»  En  tout  l'interprète  du  cœur.  » 

1886.  —  AIXE  (Haute-Vienne).  —  a  *  J'ai  été  bénite  le  14  sep- 
»  tembre  1886  par  M.  Bonnaud,  curé  doyen  de  Sainte-Groix.  Je 
»  porte  les  noms  de  Marguerile-Pierre-Ambroise.  J'ai  eu  pour 
»  parrain  M.  Pierre-Xavier  David,  ancien  notaire  et  président 
»  du  conseil  de  fabrique,  représenté  par  son  petil-fîls  M.  Pierre- 
»  François-Etienne  David,  et  pour  marraine  M""""  Marguerite-Julie 
»  Gicquet  de  Pressac,  née  Limousin.  —  Fondue  par  M.  G.  Bollée, 
»  d'Orléans.  Je  pèse  670  kilos  et  je  chante  :  0  Grux  Ave.  » 

Gelte  cloche  donne  la  note  fa. 

1886.  —  GHÈNÉRAILLES  (Greuse).  —  «  *  Donnée  par 
»  M*^"*  Agalhe-Hippolytaine  Paliron  ;  Léon  XIII  étant  pape  ; 
»  Deiort,  curie-doyen  :  Longeviaiie,  prêtre  habitué  ;  Lemasson, 
»  président  de  la  fabrique;  Périchon,  trésorier;  Auclair,  Mou- 
»  don.  Déchamp,  Lachambre,  conseillers,  1886.  » 

1886.  —  SAINT-MAURIGE,  près  La  Souterraine  (Greuse).  — 
«  *  Jésus.  Maria.  Joseph.  —  L'an  de  Notre  Seigneur,  1886. 
»  Léon  XIII,  pape.  Monseigneur  Blanger,  évêque  de  Limoges, 
»  M.  Faure,  curé  de  la  paroisse  depuis  62  ans,  j'ai  été  bénite 


168  SOCifrrft  ARGHiftOLOGIQIIB  BT  H18T0RIQUB  DU  LlÈOUBllir 

»  par  M.  Emmanuel  Ganappe,  vicaire  général  ;  j'ai  été  nommée 
»  Marie-Pétronille-Eugénie  par  mon  parrain  M.  Pierre  Lebreton, 
»  président  du  conseil  de  fabrique,  et  par  ma  marraine  M""*  Marie- 
»  Ànthellemine  Gaughy.  J'ai  été  refondue  par  la  générosité  des 
»  habitants  de  la  paroisse.  M.  J.-B.  Secrelin,  maire.  MM.  André 
»  Bournaud,  Vincent  Lefaure,  J.-B.  Gelestin-Deblois,  Georges 
»  Gélestin-Deblois,  fabriciens.  —  0  Grux  Ave.  —  Regina  sine 
»  labe  concepta,  ora  pro  nobis.  Sancte-Maurici,  ora  pro  nobis. 
»  —  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1886.  » 

1886.  —  SAINT-MAURIGE,  près  La  Souterraine  (Greuse).  — 
i<  ^  Sancte  Michael,  ora  pro  nobis.  —  Messire  Jacques  Gompain, 
»  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Maurice.  Parrain  :  Messire  Mathieu 
»  Morel,  chevalier,  baron  de  Fromental,  comte  de  Glavière, 
»  Saint-Tone.  Marraine  :  dame  Marie-Anne  de  Mondain  de  la 
»  Maisonrouge,  épouse  de  Messire  Day  de  la  Maisonrouge  de 
))  Montôtre,  seigneur  du  Gouret,  le  Monteil.  Refondue  aux  dépens 
»  des  habitants  à  la  diligence  de  M.  André  Poujaud,  fabricien, 
»  1743. 

»  Refondue  en  1886,  j*ai  été  nommée  Marie-Françoise  par  mon 
»  parrain  Simon-Françoi^  Faure,  curé  de  la  paroisse,  et  par  ma 
»  marraine  Marie-Sarah  Maingaud.  Etant  fabriciens  MM.  P.  Le- 
»  breton,  président,  A  Bournaud,  trésorier,  Secretin,  maire, 
»  G.  Deblois  et  V.  Lefort.  François  Bertrand,  curé  auxiliaire  de 
»  Saint-Maurice.  —  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans.  » 

1886.  —  LÉSIGNAG-DURAND  (Gharente).  —  «  *  Deo  nostro  sit 
0  jucunda  decoraque  laudatio.  —  L'an  de  grâce  1886,  j'ai  été 
•>  bénite  sous  le  nom  de  Saint-Pierre-ès-liens,  Mgr  Alexandre- 
»  Léopold  Sebaud  étant  évéque  d'Angouléme.  M.  Antoine  Ange- 
»  lergues,  curé  deLésignac-Durand.  M.  Pierre  Boutinaud,  maire. 
»  M.  Jean  Leclerc,  adjoint.  J*ai  eu  pour  parrain  M.  François 
»  Henrotte,  pour  marraine  M""  veuve  Anne-Glarisse  Puibaraud- 
»  Villard.  —  Fondue  par  Emile  Vauthier,  à  Saint-Emilion  (Gi- 
»  ronde).  » 

1887.  —  BAZELAT  (Greuse).  —  «  *  J'ai  été  bénite  en  1887, 
»  Léon  XIII  pape,  Mgr  Blanger  évéque  de  Limoges,  M.  Sabot 
»  curé  de  Bazelat,  M.  Gadet,  Jean-Baptiste,  maire,  et  M.  Bourni- 
»  quet,  adjoint.  J'ai  eu  pour  parrain  M.  Wasmer,  Emile-Prosper, 
»  et  marraine  M"*  Lepeitre,  Marie-Ester.  —  Je  me  nomme 
»  Marie-Esther.  —  Saint-Pierre  priez  pour  nous,  Saint-Paul  priez 
»  pour  nous.  —  Georges  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1887.  » 

Gelte  cloche  qui  a  70  centimètres  de  diamètre  pèse  environ 
190  kilos. 


\ 


ÉTUDB  SUR  LES   CLOCHES   DU   DIOCÀSB   DE  LIMOGES  169 

1 887.—  PAULHAC,  commune  de  SaiDt-Etienne-de-Fursac (Creuse), 
ic  *  Saint-Jean  priez  pour  nous.  —  Parrains  :  René  Tanchon  et 
0  Emile  Lafaye.  Marraines  :  Palmyre  Malabre,  Marie  Beauger, 
»  Marguerite  Aucompte  et  Camille  Gouguet.  —  M.  l'abbé  J.-B. 
»  Galaleau,  chanoine.  —  Refondue  aux  frais  des  habitants  de 
»  Paulhac,  en  1887.  —  Emile  Vauthier,  fondeur  à  Saint-Emilion 
»  (Gironde).  » 

L'église  de  la  commanderie  de  Paulhac  possédait  une  cloche 
de  1560;  elle  fut  cassée  en  1885  et  refondue  en  1887  avec  l'ins- 
cription ci-dessus.  Elle  pèse  317  kilos. 

1888.  -  SAINT-ETIENNE-DE-FURSAC  (Creuse).  -  «  *  Cette 
»  cloche  a  été  fondue  Tan  1888.  Léon  XIII  pape,  Tabbé  J.-B. 
»  Feigneux  curé.  Le  parrain  a  été  André  Béchade,  la  marraine 
0  Jeanne  Clemençaux.  —  Je  me  nomme  Jeanne  et  je  donne  le 
»  fa.  —  Bollée,  fondeur  à  Orléans.  » 

Cette  cloche  pèse  635  kilos. 

1888.  —  SAINT-JUNIEN-LES-COMBES  (Haute-Vienne).  — 
u  >îi  Anno  Domini  1888,  in  honorem  S.  Juniani,  et  vox  pastoris 
»  appellata.  Parrain  :  M.  René,  comte  des  Montiers-Mérinville, 
»  maire.  Marraine  :  M""  Berthille  Dupuy,  comtesse  des  Mon- 
»  tiers-Mérinville.  Président  de  la  fabrique  :  M.  Fresne  Genes- 
»  teix.  Favard,  curé.  —  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1888.  » 

La  petite  cloche  de  Saint-Junien  qui  porte  cette  inscription 
pèse  100  kilos. 

1889.  —  AIXE  (Haute-Vienne).  Chapelle  de  N.-D.  d'Arliquet.  — 
«  ^  Bénite  par  Mgr  Rougerie,  évoque  de  Pamiers,  le  16  juil- 
»  let  1889,  M.  Pierre  Bonnaud  étant  curé  d'Aixe  et  M.  Désiré 
'/  Prunier,  son  vicaire.  Parrain  :  M.  Jean-Frédéric- Charles  de 
»  Pressac.  Marraine  :  M"'  P.-Eugène  Cheyroux,  née  Marguerite- 
»  Elise  Gicquet  de  Pressac.  —  Marguerite-Marie.  —  Je  sonne  le 
»  do  et  pèse  180  kilos.  —  G.  Bollée,  fondeur  à  Orléans,  1889.  » 

1889.  —  AIXE.  Chapelle  de  N.-D.  d'Arliquet  (Haule-Vienne).  — 

«  *  Offerte  par  M.  et  M"®  Gustave  Desproges-Gotteron.  Bénite 

)>  par  Mgr  Rougerie,  évoque  de  Pamiers,  le  16  juillet  1889.  Par- 

»  rain  :    M.  Marie-Joseph-Jean-Baptiste  Desproges-Gotteron. 

»  Marraine  :  M"«  Thérèse-Marie-Pie  Rouard  de  Gard.  Je  me 

»  nomme  Jeanne-Marie-Pie.  Je  sonne  le  ré  et  pèse  125  kilos.  — 

»  G.  Bollée,  Orléans.  » 

1889.  —  AIXE.  Chapelle  de  N.-D.  d'Arliquet  (aa\iie-\\Qmé).  — 
«  *  Offerte  par  M.  et  M"«  Gustave  David-Defaye  et  leurs  enfants, 


170  SOCIÉTÉ  ARCBÊOLOGIQnB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

»  Bénite  par  Mgr  Rougerie,  évéque  de  Pami^s,  le  16  juil- 
»  let  1889.  ParraiD  :  M.  Alpinien-André  David.  Marraine  : 
»  M~'  veuve  Léopold  Marsicat,  née  Françoise-Fanny  Mourier  de 
»  Lalande.  Je  me  nomme  Marie-Catherine.  Je  sonne  le  mi  et  pèse 
»  88  kilos.  » 

1 889.  —  AIXE.  Chapelle  de  N.-D.  d'Arliquet  (Haute-Vienne).  — 
«  *  Offerte  par  M""  Augusline-Marie  et  Elise  Gicquel  de  Pressac. 
»  Bénite  par  Mgr  Rougerie,  évoque  de  Pamiers,  le  16  juillet  1889. 
»  Parrain  :  M.  Marie— Joseph-Paul-Etienne  de  Villelume.  Mar- 
»  raine  :  M"*  veuve  Louis  de  Veyvialle,  née  Anne-Françoise  du 
»  Boucheron.  Je  me  nomme  Anne-Marie.  Je  sonne  le  sol  et  pèse 
»  65  kilos.  —  G.  Bollée,  Orléans.  » 

1 889.  —  BONNAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  J'ai  été  bénite  Tan  1889, 
»  Léon  XIII  étant  pape,  Mgr  Renouard,  évéque  de  Limoges, 
»  M.  G.  Meunier,  curé  de  Bonnac  et  M.  J.  Rousseau,  maire.  J*ai 
»  eu  pour  parrain  M.  Guillaume  de  Belot,  et  pour  marraine 
»  M^^*  Marie-Suzanne  de  Cous.  Je  me  nomme  Marie-Suzanne.  — 
»  Hodie  si  vocem  ejusaudieritis  nolite  obdurare  corda  veslra.  — 
»  Je  sonne  le  do  et  pèse  220  kilos.  —  Georges  Bollée,  fondeur  de 
»  cloches,  à  Orléans.  » 

1889.  —  BESSINES  (Haute- Vienne).  Communauté  des  religieuses. 
—  «  *  Joséphine,  1889.  -—  Donnée  par  M.  Tabbé  Navarre.  — 
»  Paintandre,  fondeur  à  Turenne  (Corrèze).  » 

1889.  —  PAGEAS  (Haute- Vienne).  —  «  *  Je  m'appelle  Marie.  — 
»  Marraine  :  Marie  de  Félix  de  Muy,  marquise  de  Coustin  du 
»  Masnadaud.  Parrain  :  M.  Léon  du  Mazaubrun.  Maire  : 
»  M.  Edouard  Raymondaud,  1889.  —  Donateurs  :  MM.  Jean- 
»  Baptiste  Courbarien,  ancien  curé  de  Pageas,  et  Jean-Baptiste 
»  Mérigaud,  curé  actuel.  —  Fonderie  de  cloches  à  Rodez  (Avey- 
»  ron).  Maison  Triadou,  fondée  en  1610.  Amans  Triadou.  » 

1889.  —  CHARTREUSE-DE-GLANDIER  (Corrèze).  —  «  ^  Sancte 
»  Johannes  Baptista,  ora  pro  nobis,  1889.  Christus  vincit.  Ave 
»  Maria.  —  Paintandre,  fondeur  à  Turenne  (Corrèze).  » 

1890.  —  SAINT-JUNIEN  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  de  N.  S. 
»  1890,  année  d'ostensions  septennales.  Léon  XIII,  pape  glorieu- 
»  sèment  régnant;  Léon-Firmin-Joseph  Renouard  étant  évoque 
»  de  Limoges;  Michel  Bichon,  chanoine  honoraire,  archiprétre 
»  de  Rochechouart  ;  Pierre-Simon  Delort,  curé-doyen,  chanoine 
»  honoraire  E.  Sourioux,  J.-B.  Chadeyron,  vicaires;  Théogène 
»  de  Boisse,  Junien  Deserces,  Vincent  Deserces,  E.  Andérodias, 


iTUDE  SUR  LBS  CLOCHES  DD  DIOCÈSE  DB  LIMOGES  M  h 

A  Léon  Godel,  Amand  Rigaud,  François Labrunie,  Emile  Dordet, 
»  conseillers  de  fabrique  ;  moi,  Marie-Blancbe-Gnstavie,  donnée 
»  à  la  paroisse  par  la  fabrique,  j'ai  été  baptisée  par  M.  l'abbé 
»  Jean-Paulin  Leclerc,  chanoine  titulaire,  curé-archiprôtre  de  la 
»  cathédrale  de  Limoges,  en  présence  d'une  grande  partie  de  la 
»  paroisse.  J'ai  eu  pour  marraine  M"«  Marie-Henrietle-Blanche 
»  Godet,  et  pour  parrain  M.  Pierre-Marie  Rigaud. 

»  Ut  voce  tubarum  corruerunt  mûri  Jéricho,  sic,  me  sonante, 
»  corruit  fortitudo  demonum.  —  Je  sonne  le  fa  et  je  pèse 
»  760  kilos.  —  Je  me  nomme  Marie-Blanche-Gustavie.  » 

1890.  -  SAINT-JUNIEN  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  de  N.  S. 
»  1890,  année  d'ostensions  septennales.  Léon  XIII,  pape,  glorieu- 
»  sèment  régnant  ;  Léon-Firmin-Joseph  Renouard  étant  évéque 
»  de  Limoges;  Michel  Bichon,  chanoine  honoraire,  archiprétre 
»  de  Rochechouart  ;  Pierre-Simon  Delort,  curé-doyen,  chanoine 
a  honoraire;  E.  Sourioux,  J.-B.  Chadeyron,  vicaires;  Théogène 
»  de  Boisse,  Junien  Deserces,  Vincent  Deserces,  E.  Andérodias, 
»  Léon  Godet,  Amand  Rigaud,  François  Labrunie,  Emile  Dordet, 
»  conseillers  de  fabrique  ;  moi,  Marie-Joseph-Noémie-Elisabeth, 
')  j'ai  été  baptisée  par  M.  l'abbé  Jean-Paulin  Leclerc,  chanoine 
»  honoraire,  curé-archiprétre  de  la  cathédrale  de  Limoges,  en 
»  présence  d'une  grande  partie  de  la  paroisse.  J'ai  eu  pour  mar- 
»  raine  M"*  Elisabeth  Merlin-Ghabanl,  et  pour  parrain  M.  Marie- 
»  Joseph  Dordet. 

»  Prœcipue  festis  soleo  laudare  diebus 

»  Summâ  Toce  Deum,  populosque  ad  sacra  ciere. 

»  HsBC  duo  divinas  resonantia  tympana  laudes 

»  Sancte,  tibi,  tua  piebs,  o  Juniane,  dicat. 

»  Je  me  nomme  Marie-Joseph-Noémie-EIisabeth.  Je  pèse 
»  480  kilos.  »  Voir  la  cloche  de  Saint-Léonard  de  1763. 

1890.  -  MÉASNES  (Greuse).  —  «  *  L'an  de  grâce  1890,  Léon  XIII, 
»  étant  pape,  j'ai  été  bénite  par  Mgr  Renouard,  évoque  de  Limo- 
»  ges,  assisté  de  M.  du  Breuil  de  Souvolle.  J'ai  eu  pour  parrain 
y>  Joseph  Berniguet  et  marraine  Marie  Peyrou  ;  étant  fabriciens 
»  Silvain  Dalot,  François  Peyrou,  Jean-Baptiste  Desbordes.  » 

1890.— MÉASNES  (Greuse).  -  «  *  L'an  de  grâce  1890,  Léon  XIII, 
»  étant  pape,  j'ai  été  bénite  par  Mgr  Renouard,  évéque  de 
»  Limoges,  assisté  de  M.  du  Breuil  de  Souvolle.  J'ai  eu  pour 
»  parrain  Auguste  Aubrun,  et  pour  marraine  Geneviève  Sou- 
»  brant;  étant  labriciens  Silvain  Dalot,  François  Peyrou,  Jean- 
i)  Baptiste  Desbordes.  » 


172  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

1895.  —  BUSSIÈRE-BOFFY  (Haute- Vienne).  —  «  *  Mon  parrain 
})  a  été  Pierre-Marcel-Ray mond,  baron  du  Theil,  ancien  attaché 
»  d'ambassade,  commandeur  de  Saint-Grégoire-le-Grand,  el  ma 
»  marraine  Dame  Demagnard  de  Claye,  née  Alexandrine-Marie- 
»  Thérèse  du  Theil.  Docteur  Dony,  maire.  Vincent,  curé.  Je  me 
»  nomme  Raymonde-Marcelle-Marie-Thérèse,  1895.  » 

1895.  — BUSSIÈRE-BOFFY  (Haute- Vienne).  —  «  *  1606.  Par- 
»  rain  :  François  Dupin,  écuyer,  seigneur  de  Monts.  Marraine  : 
»  Dame  Âg.  Duchiron.  M.  Chuigle,  curé.  Laudo  Deum,  plebem 
»  voco,  coiligo  clerum,  Defunctos  ploro,  festas  decoro,  pestem 
»  fugo,  fulgura  repello. 

»  Marie-Marguerile-Marcelle-Hélène.  —  Mon  parrain  a  été 
»  Jacques-Marie-Joseph-Marcel,  baron  de  Magnanville.  Ma  mar- 
»  raine  Marguerile-Nelly  d'Assier  des  Brosses,  comtesse  de 
»  Saint-Mathieu.  Docteur  Dony,  maire.  Vincent,  curé,  189S.  » 

1896.  —  BERSAC  (Haute-Vienne).  —  «  *  L'an  de  grâce  1896. 
»  S.  S.  Léon  XIII  étant  pape.  Mgr  F.  Renouard,  évéque  de  Limo- 
»  ges,  j*ai  été  bénite  par  M.  E.  Bertrand,  vicaire  général  de 
»  Limoges,  en  présence  de  M.  J.-B.  Delavaud,  curé  de  Bersac; 
»  Lascaux,  maire;  A.  des  Marais,  président  de  la  fàbrique; 
»  P.  Laprade,  trésorier;  J.  Bidoux,  A.  de  Laborderie,  L.  Cham- 
»  bon,  fabriciens.  Mon  parrain  Henri  de  La  Celle,  vicomte  de 
»  Châteauclos,  et  ma  marraine  M^^*"  Caroline  de  Laborderie,  m*ont 
»  nommée  Henriette-Caroline.  Née  à  Orléans,  chez  M.  Bollée,  je 
»  suis  la  iille  de  la  fabrique  de  Bersac.  Officium,  gaudia  et  funera 
»  dicam.  Vocabo,  patrona  ducet.  » 

Cette  cloche  pèse  près  de  600  kilos,  et  donne  le  fa  dièse. 

1897.  —  GUÉRET  (Creuse).  —  «  *  A.  M.  D.  G.  —  Cette  cloche 
»  a  été  fondue  et  bénite  en  Thonneur  de  Saint-Joseph,  époux  de 
»  la  B.  V.  M.,  en  mémoire  de  M.  de  Cessac,  bienfaiteur  de  l'église 
»  deGuéret;  Léon  XIII  étant  pape  ;  Mgr  Renouard,  évoque  de 
»  Limoges;  M.  Félix Faure,  président  de  la  R.  F.;  M.  Grégoire, 
»  préfet  de  la  Creuse;  M.  le  sénateur  Villard,  maire  de  Guéret. 
»  Le  parrain  a  été  M.  Jean  de  Cessac,  chevalier  de  Saint-Grégoire- 
»  le-Grand;  la  marraine  M""'  Gallerand,  née  Louise-Marie-Marthe 
»  Voilant.  » 

1898.  —  MARSAC  (Creuse).  —  «  *  Je  me  nomme  Jeanne-Jacque- 
»  Une.  J'ai  été  baptisée  à  Marsac,  le  27  novembre  1898.  J'ai  pour 
»  parrain  Jacques  Rendu  et  pour  marraine  Jeanne  Ducoux.  Mgr 
»  Renouard  étant  évéque  de  Limoges;  curé  :  Simon  Lévéque; 


ÈTUDB  SUB  LIS  CLOCHBS   DU   DlOCftSE  DE  LIMOGES  173 

»  maire  :  Henri  Tandeau  de  Marsac;  adjoint  :  François  Delage; 
»  président  de  la  fabrique  :  Pascal  Baugé.  J'ai  été  donnée  à 
»  l'église  par  les  habitants  de  la  commune.  Je  pèse  SOO  kilos  et 
»  je  fais  le  sol.  » 

Cette  cloche,  qui  vient  de  la  fonderie  Boilée,  d'Orléans,  pèse 
exactement  510  kilos  et  coûte  1.490  francs. 

1898.  —  MOUSTIER-VENTADOUR  (Corrèze).  —  «  *  Vox  cla- 
»  mantis  :  Resurrexi  et  adhuc  tecum  sum.  Parate  viam  Domini. 
»  En  l'honneur  de  Sainte  Marie,  de  Saint  Pierre  et  de  Saint  Paul, 
»  de  Jeanne  d'Arc.  Léon  XIII  pape.  H.-G.-Dominique  Denéchau, 
»  évéque  de  Tulle.  L.  Léon  Val,  curé.  B.  Bordas,  maire.  Ballet, 
»  président  du  conseil  de  fabrique.  Paul  Lacroix  de  Souny,  par- 
»  rain.  Marie  Gaillard  de  Gouadon,  marraine.  » 

La  maison  Pourcel  et  Plainecassagne,  de  Villefranche  (Avey- 
ron),  a  fourni  cette  cloche  à  la  paroisse  de  Moustier-Venladour, 
en  1898. 

1898.  —  SAINT-HILAIRE-FOISSAG  (Gorrèze).  —  «  *  Sancte 
»  Hilari,  ora  pro  tuâ  parochiâ.  Mgr  Henri  Gh.  D.  Denéchau, 
•  évéque  de  Tulle.  Jean  Bouniol,  parrain.  Marie  Dumont,  mar- 
»  raine.  Etienne  Boulègue,  maire.  A.  L.  Albert,  curé.  —  Pourcel 
»  et  Plainecassagne,  fondeurs  à  Villefranche  (Aveyron).  » 

1899. SAINT-JUNIEN  (Haute- Vienne).  —  «  *  L'an  de  Notre 

»  Seigneur  1899,  le  dimanche  16  juillet.  Léon  XIII  pape  glorieu- 
*)  sèment  régnant;  Léon-Firrain-Joseph  Renouard,  évéque  de 
»  Limoges;  Pierre-Simon  Delort,  curé-doyen  de  Saint-Junien, 
»  chanoine  honoraire;  Jean  Patier  et  Jean  Guitard,  vicaires; 
»  Emile  Dordet,  président  du  conseil;  Junien  Deserces,  Vincent 
A  Deserces,  Emile  Andérodias,  Léon  Godet,  Amand  Rigaud,  Vital 
»  Labrousse,  Jean-Michel-Olivier  Bonneau,  conseillers  de  fabri- 
»  que:  Pierre  Godet,  maire;  Moi,  Gabrielle-Antonia,  j'ai  été  bap- 
»  tisée  par  M.  l'abbé  J.-P.  Leclerc,  doyen  du  chapitre  de  la 
»  cathédrale,  en  présence  d'une  grande  partie  de  la  paroisse. 
»  J'ai  eu  pour  marraine  M"'  Gabrielle  Labrousse,  etpour  parrain 
»  M.  Antoine  Michel.  Je  me  nomme  Gabrielle-Antonia. 

»  Laudo  Deum  verum,  plebem  voco,  congrego  clerum, 
»  Defunctos  ploro,  pestem  fugo,  festas  decoro. 

»  Georges  BoUée,  fondeur  de  cloches,  à  Orléans,  1899.  ^ 


*»  m  w 


DICTIONNAIRE  DES  FONDEURS  DE  CLOCHES 


QUI  ONT  TRAVAILLÉ  DANS  L'ANCIEN  DIOCÈSE  DE  LIMOGES 


ANS.  Voir  Hans. 

AUBRY  (L....)  a  fondu  une  cloche  pour  Oradoup-sur-Glane  en 
1677. 

Aubr;  (Nicolas)  de  Levecourt  en  Lorraine,  en  compagnie  de 
Pierre  Aubry,  qui  est  peut-être  son  père,  fond  une  cloche  pour 
Saint-Sulpice-le-Dunois  en  1671.  Etant  seul,  il  en  fond  une  pour 
Saint-Maurice-près-La  Souterraine  en  1684,  une  pour  Pejrat-la- 
Marche  en  1691,  et  une  pour  Dompierre  en  1698.  Nous  le  voyons 
aussi  associé  avec  Jean  Roche  pour  fondre  la  cloche  de  Tarn  en 
1691.  Avant  de  travailler  chez  nous,  il  avait  fondu,  en  1667,1a 
cloche  de  Saint-Hilaire-de-la-Côte,  aujourd'hui  département  de 
risëre.  La  marque  de  Nicolas  Aubry  est  un  médaillon  portant  au 
centre  une  cloche  accostée  des  lettres  N.  A.  et  en  exergue 
*  NICOLAS  AVBRY  FOND,  le  tout  dans  un  cercle  de  perles. 

Aubry  (Pierre),  né  à  Levecourt  (Haute-Marne),  le  2  novem- 
bre 1681  était  le  frère  cadet  de  Nicolas  Aubry  qui  précède.  En  1714, 
il  fondait  une  cloche  pour  Téglise  de  Surin  (Deux-Sèvres),  et  en 
compagnie  d'autres  fondeurs,  en  1728,  une  pour  Saint- Pierre  d'En- 
iremont  (Isère).  Il  est  mort  aux  Aubiers  (Deux-Sèvres),  le  6  avril 
1744. 

Aubry  (Charles)  est  fils  de  Pierre  Aubry  qui  précède.  Il  naquit 
aux  Aubiers  (Deux-Sèvres),  le  6  octobre  1717,  et  mourut  au  même 
lieu  le  11  septembre  1788.  On  trouve  dans  le  département  des 
Deux-Sèvres  des  cloches  fondues  par  lui  en  1748, 1754,  1759, 1761, 
1768. 

Antoine-René  Peltler,  beau-frère  de  Charles  Aubry  susdit,  est 
né  aux  Aubiers  le  25  ou  le  26  février  1747  ;  il  a  été  fusillé  par  les 
bleus  au  moulin  d'Argenton-Châleau  (Deux-Sèvres),  en  1793. 
Ensemble  les  deux  beaux-frères  ont  fondu  des  cloches  en  1766,  1767, 
1771,  1776,1781,1784. 

BARBETTE  (André)  a  fondu  une  cloche  pour  Saint-Bonnet-le- 
Port-Diev  en  1783,  et  une  pour  Davignac  en  1787. 


ÈTrOR  SUR   LES   CLOCHES   DU   DlOCftSB  DE  LIMOGES  17^ 

BARBIER  Trères,  ont  fondu  en  1861,  à  Oradour-Saint-Genest,  une 
cloche  pour  l'église  de  celle  paroisse  el  une  pour  Téglise  du  Dorai. 

BARRAUD,  qu'on  Irouve  aussi  écril  Barreaud,  Bareau,  Baraud, 
esl  le  nom  d'une  famille  de  fondeurs  de  cloche  qui  ont  travaillé 
dans  le  diocèse  de  Limoges  de  1711  à  17S6. 

Marc  el  Antoine  Barraud  fondent  une  cloche  pour  Tabbaye  des 
Bénédictins  de  Limoges  en  1711.  La  même  année,  on  trouve  la 
cloche  de  Ghampniers  signée  Barraud,  sans  aucun  prénom  ;  en  1721 , 
celle  de  Dournazac  est  signée  Barau,  et  sur  celle  de  Bussière-Badil 
de  1725  on  lit  :  Fecil  Barreau. 

Marc  Barraud  en  fond  une  pour  Saint-Nicolas-de-Gourbefy  en  1718. 

11  en  fondit  aussi  une  pour  Téglise  d'Ardilleux  (Deux-Sèvres),  qui 

est  aujourd'hui  dans  celle  de  Saint-Hilaire-de-Melle,  même  dépar- 
lement. 

Jacques  Bareau  fondit  une  cloche  pour  Saint-Estèphe,  en  17S6. 
—  La  cloche  de  Notre-Dame  de  Xambes  (Gharenle),  a  élé  faite 
en  1731  par  un  Barau,  qui  était  de  Mouton. 

René  et  Louis  Bareau,  frères,  fondent  en  1732  la  cloche  de 
Brantôme  (Dordogne).  René  Bareau  fond  seul,  en  1731,  celle  de 
Blanzay-sur-Boutonne  (Gharente-Inférieure),  et  la  même  année 
signe  avec  Pierre  Bareau  le  timbre  de  Thorloge  municipale  de 
Saint-Jean-d'Angély. 

On  trouve  le  nom  de  Louis  Bareau  en  173S,  sur  la  cloche  de 
Milhac-de-Nonlron  (Dordogne),  et  en  1744,  sur  celle  de  Souffrignac 
(Charente). 

Dès  la  fin  du  xvn*  siècle,  les  Barraud  habitaient  la  paroisse  de 
Saint-Giers  (Gharenle).  On  les  trouve  aussi  du  xvu*  au  xix*  siècle  à 
Saintes  et  à  Rochefort.  La  plus  ancienne  de  leurs  œuvres  est  la 
cloche  fondue  le  31  mai  1658  à  Poursac  (Gharenle)  par  «  le  nommé 
Barraud,  de  Mouton  ».  On  signale  des  cloches  fondues  par  eux 
en  1701,  à  Lussac  (Gharente-Inférieure),  et  en  1761,  à  Vars 
(Gharente). 

BAUDOUIN  (François)  a  fondu  la  cloche  de  Dessines  en  1707,  el 
Jean-Baplisle  Baudouin,  en  1773,  celle  de  Brillac,  en  collaboration 
avec  E.  Guichard  et  Merlin.  Ils  sont  peut-être  de  la  même  famille 
que  G.-F.  Baudouin  qui,  en  compagnie  du  chevalier  Malnuil,  fond 
une  cloche  pour  Sainte-Agnès,  déparlement  de  Tlsère,  en  1844,  el 
d'Alexandre  Baudouin,  tondeur  à  Marseille,  qui  en  1880  en  livre 
une  à  La  Serre,  même  déparlement. 

BELOT  (Jean)  a  fondn  la  cloche  de  Laguenne  en  1630,  et  Glande 
Belot,  celle  de  Saint-Léonard  en  1676. 

BEZOT(A ),en  compagnie  deTobie  de  La  Paix,  fond  la  cloche 

de  Bellac  en  1637.  On  trouve  çn  1656,  Jean  Bezot  fondant  deux 


176  SOCléré  ARCHéOLOOiQUB  RT   BISTORIQUE  DU  LIMOUSm 

cloches  pour  l'église  de  Dissais  (Vienne),  el  une  pour  le  collège 
des  Jésuites,  aujourd'hui  lycée  de  Poitiers. 

BOLLÉE.  Cette  famille  est  originaire  de  la  frontière  de  Lorraine, 
dans  la  Haute-Marne.  Auguste  (?)  Bollée  naquit  à  Glefmon  en  1811  ; 
il  épousa  une  demoiselle  Mutel,  aussi  d'une  famille  de  fondeurs  de 
de  cloches,  dont  on  connaît  les  œuvres  depuis  trois  cents  ans.  Il 
commença  à  fabriquer  pour  son  compte  en  1830.  Ses  œuvres  obtin- 
rent une  médaille  d'argent  en  1839  à  l'exposition  de  Tours,  et  la 
grande  médaille  du  même  métal  en  1842,  à  l'exposition  du  Mans. 
Plus  tard,  des  médailles  d'or  et  deux  diplômes  d'honneur.  II  s'établit 
à  Orléans  en  1840,  et  céda  sa  maison  à  son  Hls,  G.  Bollée,  en  1876. 
Le  diocèse  de  Limoges  possède  un  très  grand  nombre  de  cloches 
sorties  de  cette  maison.  La  plus  ancienne  est  celle  Villefavard, 
signée  :  Auguste  Bollée,  1852. 

BONERA  fond  une  cloche  à  Dun  en  1743  et  1744. 

BONNIN  a  fondu  une  cloche  pour  l'hospice  de  Limoges  en  1824, 
et  une  autre  pour  l'église  de  Ghampagnac  (Haute-Vienne),  au  mois 
de  mai  1826,  dans  les  ateliers  de  M.  Parant,  à  la  Monnaie  de 
Limoges. 

BOULANGER  (Nicolas),  en  compagnie  de  Jacques  Martin,  ou 
Martinet,  a  fondu  une  cloche  pour  Châteauponsac  et  une  pour 
Sourzac  en  1775.  On  le  retrouve  en  compagnie  de  Merlin,  à  Vou- 
zon  (Charente). 

BOUHIER  (François),  de  Gussac  en  Limousin,  fondit  en  1644  une 
cloche  pour  l'église  de  Notre-Dame  de  Xambles,  diocèse  d'Angou- 
léme.  C'est  probablement  le  même  que  le  suivant. 

BOUYER  (François),  maître  fondeur  de  cloches,  épousa  Marie 
Lemaistre,  demoiselle  des  Arcis,  née  le  22  mai  1658,  fille  de  Pierre 
Lemaistre,  écuyer,  sieur  de  La  Couldre,  paroisse  de  Gussac  et  de 
Gabrielle  de  Saint-Laurent.  M.  R.  Drouault  a  trouvé  dans  les 
registres  paroissiaux  de  Naillac,  canton  d'Hautefort  (Dordogne),  le 
décès  de  Madeleine  Bouyer,  morte  en  1695,  à  l'âge  de  23  ans,  Qlle 
de  feu  Bouyer,  maître  fondeur  de  cloches  et  de  Marie  Laforge;  elle 
fut  inhumée  à  Saint-Aignan  d'Hautefort.  Madeleine  est  peut-être 
fille  de  François  Bouyer,  qui  a  pu  se  marier  deux  fois. 

François  Bouyer,  en  compagnie  de  Pierre  Lallet,  fondit  une  clo- 
che pour  l'hospice  de  Saint-Yrieix  en  1645,  et  une  autre  pour 
Thiviers  en  1660,  puis  deux  pour  l'abbaye  de  Saint-Martial  à 
Limoges  aussi  en  1660,  et  une  troisième  en  1661.  Il  avait  aussi 
travaillé  en  1651  à  Neuvic,  et  en  1661  à  Saint-Julien-Saint-Apre 
(Dordogne).  C'est  probablement  lui  qui  est  indiqué  sur  la  cloche  de 
Massignac  en  ces  termes  :  «  Charpentier  et  Bouyer  m'ont  faite. 


ifcrUDK  SCR  LVS  CLOCHBS  DU  DIOD^SR  D«  LIHOG^  Vif 

1665  ».  Voir  ci-dessons  Jean  Charpentier,  qui  était  du  bourg  de 
Boubon,  paroisse  de  Gussac. 

On  signale  à  La  Rogne,  département  de  l'Hérault,  une  cloche 
de  1630  qui  porte  :  «  Bouier  m'a  faict  )>. 

GAUSâRD  (Jean-Baptiste)  est  un  fondeur  ambulant  lorrain  dont 
la  première  cloche  connue  est  celle  de  Corgnac  (Dordogne).  On  y 
lit  :  «  Auguste  Martin,  Charles  [ou  peut-être  chevalier]  Malnuit, 
Causard  que  opifices.  1821  ».  Il  se  fixa  à  Limoges,  et  je  Ty  ai  vu 
travailler  jusqu'en  18S2,  dans  le  jardin  qui  aujourd'hui  forme  l'angle 
de  l'avenue  du  Pont-Neuf  et  de  la  rue  du  Clos-Sainte-Marie.  Il  allait 
fondre  les  cloches  dans  les  paroisses,  ou  faisait  le  travail  chez  lui, 
selon  le  désir  de  ses  clients. 

Outre  la  cloche  de  Corgnac  dont  il  est  parlé  ci-dessus,  on  le 
trouve  en  compagnie  du  chevalier  Malnuit  à  Eygurande  en  1823, 
à  la  Croisille  en  1826,  et  à  Magnac-Laval  aussi  en  1826.  Puis,  seul, 
il  fond  une  cloche  pourBersac  en  1828;  deux  pour  la  cathédrale  de 
Limoges  en  1830  et  1832;  une  pour  Genlioux  en  1831  ;  trois  pour 
Saint-Michel-des-Lions  à  Limoges  en  1835;  une  pour  Rançon  en 
en  1836;  une  pour  Lauriëre,  pour  Saint-Bonnet-la-Marche  et  pour 
Linards  en  1837  ;  une  pour  Jalèches  en  1840;  une  pour  Saint-Priest- 
sous-Âixe  en  1841  ;  une  pour  Dournazacen  1843;  deux,  fondues  sur 
place,  à  Saint-Pardoux-la-Rivière  (Dordogne)  en  1848;  une  pour 
Droux  en  1848;  deux  pour  Le  Buis  en  1851  et  1852;  et  une  pour 
Sain t-Priest-Li goure  en  1852. 

La  marque  de  Jean-Baptiste  Causard  est  un  médaillon  portant 
au  centre  une  cloche,  et  en  exergue  le  mot  causard. 

CELI.  L'inscription  d'une  cloche  d&  1811,  qui  était  au  collège  de 
Limoges,  se  termine  par  ce  mot.  Est-ce  le  nom  du  fondeur? 

CHAMBON.  La  maison  Chamboo  a  été  fondée  à  Montargis  (Loi- 
ret), en  1862.  Elle  a  fourni  au  diocèse  de  Limoges  un  bon  nombre 
de  cloches.  La  première  est  celle  de  Champagnac  (Creuse),  en  1870. 

En  1692,  il  y  avait  un  Ghambon,  maître  fondeur  au  Puy-en-Velay, 
j'ignore  si  c'est  de  la  même  famille. 

CHARPENTIER  (Pierre)  a  fondu  une  cloche  pour  l'église  de 
Champsac  en  1628;  pour  Blond  en  1636;  pour  Sain t-Priest- les- 
Fougères  en  1641;  pour  Saint-Marc-à-Frongier  en  1646;  pour 
Saint-Michel-des-Lions  de  Limoges  en  1663.  En  compagnie  de 
Pierre  Lalay,  il  en  fond  une  pour  Sainl-Pierre-du-Queyroix  en  1631  ; 
pour  l'église  de  Goulles  en  1640.  C'est  encore  lui,  à  moins  que  ce 
ne  soit  Jean  qui  vient  ensuite,  qui  fond  en  1665  celle  de  Massignac 
signée  :  «  Charpentier  et  Bouyer  )>.  On  trouve  aussi  le  nom  de 
Pierre  Charpentier  en  1653,  sur  une  cloche  de  l'église  du  Temple, 
département  des  Deux-Sèvres. 


Jeaa  Charpentier  a  fonda  une  cloche  pour  Favars  en  1669.  tl 
avait  déjà  travaillé  en  Poitou,  car  on  lui  doit  la  cloche  de  Tôglise 
de  Sainte-Radegoode  de  Poitiers  de  1648,  et  celle  de  Téglise  du 
Temple  (Deux-Sèvres),  de  la  même  année.  Il  avait  épousé  Jeanne 
Parade,  et  était  mort  avant  le  28  février  1699,  car  à  cette  date  on 
trouve  Jeanne  Parade,  veuve  de  Jean  Charpentier,  fondeur  de 
cloches,  demeurant  au  bourg  de  Bonbon  (Haute-Vienne),  qui  vend 
quelques  parties  de  son  héritage.  Voir  ci-dessus  François  Bouyer. 

Un  Charpentier  travaille  au  Courdault,  en  Vendée  en  1672,  et  à 
Mouilleron,  aussi  en  Vendée  en  1676.  C'est  peut-être  à  lui  que  Ton 
doit  la  cloche  de  Notre-Dame-la-Grande  à  Poitiers,  de  1706. 

CHÂ.RTON  en  compagnie  de  Dubois  a  fondu  la  cloche  de  Saint- 
Michel-des-Lions  de  Limoges  en  1814.  Il  était  d'une  famille  de  fon- 
deurs, car  on  connaît  Jean-Baptiste  Charton  qui  fait  en  1753  la 
cloche  de  Courcelles-sur-Seine,  aujourd'hui  à  Bonafles  (Eure);  ea 
1774  celle  de  Sainte-Oportune-près-Vieux-Port,  et  en  1775  celle 
du  Marais-Vernier,  aussi  dans  le  département  de  l*Eure.  La  marque 
de  ce  fondeur  qui  se  volt  sur  la  cloche  de  Courcelles  est  un  méda- 
illon circulaire,  dans  lequel,  autour  de  la  figure  d'une  cloche,  est 
le  nom  jean-b.-gharton. 

COC.\HIS  (François)  a  fondu,  en  1784,  la  cloche  de  Séreilhac.  Je 
me  demande  si  ce  nom  assez  bizarre,  n'a  pas  été  mal  imprimé,  ou 
mal  lu.  Le  déplacement  de  la  lettre  H  donnerait  a  peu  près  le  nom 
de  Cochois,  qui  est  celui  d'une  famille  de  fondeurs  de  cloches.  On 
lit  sur  une  des  cloches  de  Notre-Dame  de  Reims  :  «  J'ai  été  fondue 
à  Châlons,  avec  mes  trois  sœurs,  en  1823,  par  Pierre-François 
Cochois,  le  jeune,  de  Champigneule,  par  Bourmont  (Haute-Marne)  ». 

COMPAIN  (Michel)  travaillait  en  1733,  avec  le  sieur  Le  Brun, 
pour  la  fonte  des  cloches  de  l'abbaye  de  la  Règle,  à  Limoges.  Est- 
ce  le  môme  que  M.  Compain,  qui  en  fondit  une  à  Vergt  (Dordo- 
gne),  en  1782. 

CORNEVIN.  La  cloche  de  Saint-Priest-Taurion  a  été  fondue  en 
1813,  par  Cornevin  et  Mutel.  C'est  peut-être  le  fils  de  Jean  Corne- 
vin  qui,  en  compagnie  de  Jacques  Ducray,  fondait  une  cloche  à 
Coublevie  en  1740,  et  signait  seul,  en  1741,  celle  de  Morette,  deux 
localités  du  département  de  l'Isère.  Toutefois,  c'est  à  la  suite  de  sa 
réclame  commerciale  reproduite  ci-dessous,  qu'il  fut  chargé  de  faire 
la  cloche  de  Sainl-Priest-Taurion.  On  lit  dans  le  Journal  de  la  Haute" 
Vienne,  n""  du  20  octobre  1809,  page  490  :  «  Cloches  à  vendre  ou  à 
échanger.  —  M.  Cornevin,  fondeur  de  cloches,  demeurant  à  Breu- 
vanes-sous-Choisseuil,  département  de  la  Haute-Marne,  a  déposé 
chez  M.  Saderne,  tenant  Tauberge  du  Charriot  d*or,  sur  les  boule- 
yards  de  la  Mairie  de  Limoges,  une  cloche  pesant  241  livres,  neuve 


el  très  sonore,  pour  échanlillon  de  celles  dont  on  pourrait  lui  donner 
commission.  Il  offre  au  public  ses  services  pour  échanger  de  vieil- 
les cloches  contre  de  neuves,  du  poids  el  du  calibre  qu'on  désignera. 
Il  en  fournira  aax  demandeurs,  en  lui  écrivant  à  l'adresse  ci-dessus. 
Il  en  a  depuis  vingt-cinq  livres  jusqu'à  mille  livres  de  poids,  et 
donne  toute  facilité  aux  communes  pour  le  payement.  » 

COUTAUD  (P....)  a  fondu  la  cloche  des  Carmes  déchaussés  de 
Limoges  en  1701,  et  probablement  aussi  celle  du  collège  des 
Jésuites  de  la  même  ville,  qui  portait,  avec  la  date  1700,  les  initia- 
les C.  P. 

Cette  famille  était  de  Limoges,  car  on  y  trouve  avant  17S5  Mar- 
tial Coutaud,  qui  prèle  serment  comme  maître  fondeur,  et  Etienne 
Coutaud,  qui  exerçait  la  môme  profession  en  17S6.  C  est  peut-être 
lui  qui  est  l'auteur  de  la  cloche  de  Châius,  fondue  en  1718  et 
signée  E.  C,  et  de  celle  de  Saint-Alichel-des-Lions  de  1726,  signée 
E.  C.  E. 

Dans  Tarpenlement  des  Orances,  qui  fut  fait  en  1782,  on  voit 
que  les  Coutaud  de  Limoges  possédaient  quelques  terres  en  ce  lieu. 

Joseph  Coutaud,  en  1769,  fondait  une  cloche  pour  l'église  de 
Saint-Brlce,  et  une  pour  celle  de  Saint-Dlzier-Bourganeuf. 

J'ai  donné  les  deux  contrats  qu'il  fit  avec  ces  paroisses.  Dans  les 
conventions  du  premier,  on  remarque  qu'il  s'engage  à  fondre  la 
cloche  soit  à  Saint-Brice,  soit  à  Jjimoges,  au  choix  des  habitants, 
qui  devront  se  charger  des  frais  de  transport.  En  1779,  il  en  fit 
une  pour  l'église  de  Saint-Maurice  de  Limoges;  en  1780,  une  pour 
Saint-Gilles;  en  1782,  une  pour  Rosier-Sain t-Georges  et  une  pour 
les  Carmélites  de  Limoges. 

Nous  retrouvons  le  nom  de  ce  fondeur  dans  une  circonstance 
particulière  :  Lorsqu'une  commission  dite  des  Réguliers,  nommée 
par  le  gouvernement,  non  pour  réformer  les  ordres  religieux  mais 
pour  les  détruire,  eut  obtenu  la  suppression  de  l'Ordre  de  Grand- 
mont,  les  arts  perdirent  une  partie  des  richesses,  qui  faisaient  du 
trésor  de  cette  abbaye  une  collection  artistique  sans  prix.  «  Pour 
donner  une  idée  de  ces  irréparables  pertes,  dit  M.  L.  Guibert,  on 
rappellera  que  le  sieur  Courtaud,  fondeur  à  Limoges,  qui  avait 
acheté  tout  te  vieux  cuivre  existant  dans  le  monastère,  recueillit  et 
revendit  plus  de  quarante  quintaïAX  de  ce  métal.  Or,  dans  ce  «  vieux 
cuivre  »  se  trouvait  un  autel,  les  revêtements  de  plusieurs  tom- 
beaux, une  grande  croix  placée  à  l'entrée  de  la  bibliothèque,  tous 
les  cuivres  ouvragés  et  émaillés  qui  ne  servaient  pas  de  reliquaires, 
el  probablement  quelques  uns  de  ceux-ci.  On  en  avait  arraché  à 
grands  coups  de  marteaux  les  incrustations  d'émail.  » 

CR0U2ET.  Voir  Hildebiand. 


\M  àOÊlÈri  ARCoèoLOGkQUX  Et  ÉIStORlil^tlK  DU  LlttOOâtK 

DECHARME,  fondeur.  Oq  lui  doit  la  cloche  du  Dorât  de  1837,  el 
celle  de  Saint-Martin-Terressus  de  1839.  Je  ne  connais  pas  son 
prénom,  mais  toul  porte  à  croire  qu'il  est  Tun  des  deux  suivants  : 

François- Victor  Decharme  a  fondu  une  cloche  pour  Le  Geloux, 
département  des  Landes,  en  1817;  et  une  autre  à  Carceu,  même 
département.  Nous  le  voyons  travailler  en  1830  avec  un  autre  fon- 
deur du  nom  de  Pierrot. 

Louis  Decharme  a  fondu,  dans  le  département  de  Flsère,  une 
cloche  pour  Montferra  en  1822,  et  une  pour  Estrablin  en  1839, 
mais  cette  dernière  en  compagnie  de  Brevignon. 

DEUGAUSSE  (Ursulin),  fondeur  à  Tarbes,  a  fait  en  1869  une 
cloche  pour  Saint-Sébastien-de-Chabanais,  aujourd'hui  dans  le 
département  de  la  Charente.  Je  trouve  son  nom  sur  une  cloche  de 
1876  à  Baigtz,  département  des  Landes. 

DUBOYS  (Claude)  a  toujours  travaillé  en  compagnie  d'un  autre 
fondeur.  C'est  avec  Jean  Duhamel  qu'il  fond  la  cloche  de  Varagne, 
en  1617,  et  avec  Remy  Rozier  celle  de  Saint-Michel  de  Limoges, 
en  1621. 

Nous  trouvons  ensuite  dans  notre  siècle  Robert  Dubois,  au  Puy, 
qui  signe  en  1807  les  cloches  de  Bourganeuf  et  de  Nantiat,  pendant 
qu'à  la  même  date  on  voit  sur  celle  de  Saint-Sulpice-le-Guérétois  : 
Dubois,  neveu,  au  Puy.  Sur  la  cloche  de  Nantiat  se  trouve  sa  mar- 
que. C'est  un  écusson  portant  une  cloche.  Il  est  entouré  des  mots  : 
ROBERT  DUBOIS,  AU  PUY.  Eu  1813,  la  cloche  de  Seilhac  est  signée  :  Les 
Dubois,  et  en  1814  celle  de  Saint-Michel  de  Limoges  :  Les  Dubois 
et  Charton.  Entin  en  1820  celle  de  Dessines  porte  :  Robert  Dubois, 
au  Puy. 

M.  Lacroix,  archiviste  de  la  Drôme,  a  publié  en  1875  une  notice 
de  laquelle  il  résulte  que  la  cloche  de  Jacquemart,  à  Romans, 
aurait  été  fondue  en  1544,  par  Nicolas  Dubois,  campanyer  du  lieu 
de  Neuchdtel  en  Lonaine.  Serait-ce  un  des  ancêtres  de  nos  Dubois? 

Jean-Baptiste  et  Claude  Duboys,  en  com pagaie  de  Jean  Cavillier 
et  de  Joseph  Simonot  fondirent,  en  1751,  la  grosse  cloche  de  Sainte- 
Croix  de  Bernay. 

Antoine^  Duboys  et  Antoine  Hauriot  fondent  en  1776  une  cloche 
pour  Le  Tilleul-Lambert  (Eure);  et  avec  Ignace  Hauriot,  en  1781, 
trois  cloches  pour  Beauvoir-en-Lyons  (Seine-Inférieure). 

F.  Athanase  Dubois  fait  en  1767,  dans  te  département  de  l'Isère, 
une  cloche  à  Bevenais,  et  une  à  Saint- Viclor-de-Morestel. 

On  trouve  encore  le  nom  de  Dubois,  uni  à  celui  de  Dupont,  sur 
une  cloche  de  1787. 

DUBUISSON  et  GALLOIS,  fondeurs  à  Paris.  C'est  la  signature  que 
portent  deux  cloches  de  Verneuil-sur- Vienne,  qui  sont  de  1866. 


DUHAMEL  (JeaD)  est  associé  à  Claude  Duboys  poar  foDdre  la 
cloche  de  Varagne  en  1617. 

DUMAS,  avec  Lanoaille  et  Peigoey,  fond  une  cloche  pour  Gussac 
en  1886. 

DUMONT  (P.).  Ce  nom  a  été  lu  sur  la  cloche  de  Seilhac  de  1760  ; 
mais  il  faut  y  voir  celui  de  Dupont,  qui  suit. 

DUPONT  (P.).  L'inscription  de  la  cloche  de  Seilhac,  de  1760,  se 
termine  par  ce  nom  de  fondeur,  que  quelques-uns  ont  lu  Dumont. 
Jean-Baptiste  Dupont  fondit,  en  1777,  deux  cloches  pour  Faverges, 
département  de  llsère.  Le  nom  de  Dupont  est  associé  à  celui  de 
Dubois,  sur  une  cloche  de  1787. 

DUTOT-JEROME  et  0»%  fondeurs  à  Paris.  Cette  maison  a  fourni 
un  certain  nombre  de  cloches  au  diocèse  de  Limoges  :  Deux  à 
Peyrat-la-Harche  en  1867  ;  une  à  Blanzac  en  181)8  ;  une  à  la  chapelle 
de  Saint-Martin,  paroisse  de  Saint-Symphorien,  en  1870;  trois  à 
Oradour-sur-Vayres  en  1873. 

FILLOUX.  L'inscription  d'une  cloche  conservée  au  château  de 
Sannat,  paroisse  de  Saint-Junien-les-Combes,  se  termine  par  ces 
mots  :  if.  Filiaux  me  fecit,  1652,  C'est  assurément  le  nom  de 
l'artiste  qui  Ta  fondue.  Mais  à  l'église  paroissiale  il  y  en  a  une  de 
môme  date,  sur  laquelle  on  lit  :  Filiaux,  vicaire.  Est-ce  le  vicaire  de 
la  paroisse  qui  a  fondu  ces  deux  cloches  ?  La  chose  est  possible, 
car  il  y  a  d'autres  exemples  de  cloches  fondues,  par  des  hommes 
qui  n'en  faisaient  pas  leur  profession.  Par  exemple  celle  de  Bernes, 
dans  le  département  de  Seine-et-Oise,  plus  jeune  seulement  de  dix 
ans  que  celles  de  Saint-Junien,  sur  laquelle  on  lit  :  «  1642.  Faitte 
de  la  main  de  M'«  Georges  de  Fresnoy  s'  des  Vosseaux.  » 

FORGEOT.  Le  nom  de  ce  fondeur  est  écrit  Forgeau  sur  une 
cloche  de  Darnac  en  1819.  On  trouve  Forgeot  et  Mutel,  associés 
pour  fondre  la  cloche  de  Magnac-Laval  en  1819,  et  celle  de  Com- 
preignac  en  1822.  Puis  Forgeot  signe  seul  celle  de  Masléon  en  1823, 
de  Saint-Sébastien  en  1856  et  de  Magnac-Laval  en  1859.  Il  en  a 
aussi  fourni  deux  à  Nontron  en  1824. 

FRANÇOIS  (Michel)  a  fondu,  en  1750,  la  cloche  de  Cieux,  sur 
laquelle  on  voit  un  écusson  portant  une  cloche  autour  de  laquelle 
on  lit  en  exergue  michel  François.  La  même  année,  en  compagnie 
de  Nicolas  Gravier,il fondaitcelle deSaint-Mathieu, etseul, en  1760, 
celle  de  Montrol-Sénard. 

FRËRY  (Dominique)  a  fait  la  cloche  de  l'hospice  de  Bellac  en  1659, 
et  en  1669  celle  de  l'église  de  Vacqueur,  aussi  paroisse  de  Bellac. 
Simon  Fréry  fondait  une  cloche  à  Périgné  (Deux-Sèvres),  en  1662; 

T.  LU  i% 


\il  90tl£>rfi  A'RGHfÉOLOGIQ'VS  \ÈT  RISTQÎftlQÙB  dIi  tlliotlllkll 

trois  timbres  d'horloge  an  collège  des  Jésuites  de  Poitiers  en  1664; 
une  cloche  ponr  l'église  d'AlIonne  (Vienne),  en  1672;  et  une  poar 
celle  d'Andillé  (Vienne),  en  1689. 

GALLOIS  a  fondu  une  cloche  pour  Saint-Bonnet-la-Rivière,  en 
1844.  Puis  nous  le  trouvons  associé  à  Dubusson  pour  les  deux  de 
Verneuil-sur-Vienne,  en  1866. 

On  connaît  aussi  un  Gallois  qui  a  signé  la  cloche  de  Notre- 
Dame  de  Fontenay-le-Gomte  (Vendée),  en  1466. 

GAREAU  (Peyronne).  Ce  nom  de  fondeur  se  lit  sur  une  petite 
cloche  de  1609  qui  sert  dans  Tëglise  de  Pensol. 

GAVIAR (Nicolas).  Cenom  se  trouve  avec  celui  de  Michel  François, 
sur  la  cloche  de  Saint-Mathieu,  fondue  en  1750. 

GAU  (Antoine)  a  fondu  une  cloche  pour  Téglise  du  Gros-Chas- 
tang,  en  1673. 

GUALBYOT  (Désiré)  a  fait  deux  cloches  pour  Tabbaye  de  Saint- 
Marlial  à  Limoges,  en  1551. 

GENMOT  (G.).  Sur  la  cloche  de  Vareilles  on  lit  :  «  Fait  par 
Perrien  et  Genraot.  1595.  » 

GOUYOT  (Victor),  en  compagnie  d'Auguste  Martin,  en  1828,  a 
fait  une  cloche  pour  Dournazac.  Seul,  il  en  a  fondu  en  1829  une 
petite  qui  est  au  château  de  Faillemendi,  commune  de  La  Ghapelle- 
Monlbrandeix.  Deux  ans  après  il  en  fit  une  pour  l'église  de  Saint- 
Martin  de  Fressengeas  (Dordogne),  sur  laquelle  on  lit  :  «  Gouyot 
Victor,  de  Breuvannes,  1831.  » 

Gouyot  et  Peigney,  fondeurs  à  Angouléme,  signent  la  cloche  de 
Pageas  en  1854.  Celle  de  Saint-Jean-de-Cole  (Dordogne)  porte  ces 
mots  :  «  Fecit  Peigney  pour  Gouyot.  1856.  » 

En  remontant  plus  haut  on  trouve,  en  1636,  un  fondeur  lorrain, 
nommé  François  Guyot  travaillant  avec  Honoré  Rozier  et  Jean 
Richard,  et  en  1398,  Etienne  Guyot,  de  Sainte-Marie,  diocèse  de 
Langres,  qui  pourraient  bien  être  de  la  même  famille. 

GUICHARD.  Le  nom  de  ce  fondeur  est  écrit  Juichard  sur  une 
cloche  de  Bord  (Creuse),  en  1733.  Les  lettres  M.  F.  qui  précèdent 
ce  nom  peuvent  se  traduire  par  ces  mots  :  m'a  faite.  Mais  si  on  les 
lisait  :  M.  François  Gnichard^  ce  serait  alors  le  même  que  l'auteur 
d'une  cloche  de  l'église  de  Sainl-Savin  (Vienne),  datée  de  1759. 

M.  Nicolas  Guichard,  tondeur  lorrain,  a  fait  la  cloche  de  Miallet 
en  1769.  On  connaît  aussi  de  lui  celle  de  Goust  (Dordogne),  de  1765, 
et  celle  de  Juvardeil  en  Anjou,  de  1764.  Il  était  natif  de  Chaumont- 
la-Ville. 

E.  Guichard  et  B.  Salvat  fondirent  la  cloche  de  Louignac  en 
1783  et  celle  du  séminaire  de  Poitiers,  qui  est  aujourd'hui   à 


Saint-Julien-rArs,  datée  de  1767.  C'est  la  même  signature  qu'on 
trouve  sur  une  cloche  de  1774,  à  Villefranche-du-Clain,  et  sur  une 
de  1775  à  Saint-Maurice-de-Gencé,  deux  paroisses  du  département 
de  la  Vienne.  E.  Guichard  a  aussi  travaillé  en  collaboration  avec 
Jean-Baptiste  Baudoin  et  Merlin,  pour  la  cloche  de  Brillac  en  1773. 

La  cloche  de  Chabanais  de  1778  est  fondue  par  un  Guichard, 
qui  n'indique  pas  son  prénom;  il  en  est  de  même  pour  celte  de 
1772  qui  est  à  Mensignac  (Dordogne). 

«  Les  Guichard  »  est  la  signature  que  porte  la  cloche  de  Gleny  de 
1770.  La  même  bo  trouve  sur  une  de  Craon  (Vienne),  de  1774. 

GUILLAUME,  père  et  fils,  fondeurs  à  Angers,  ont  fourni  en  1862 
une  cloche  à  l'église  de  Saint-Sébastien. 

GUYOT,  voir  GOUYOT. 

HâNS.  Ce  nom  est  une  transformation  lorraine  de  Jean  ou  Johan- 
nes.  C'est  celui  du  plus  ancien  fondeur  de  cloches  que  j'aie  trouvé 
dans  le  diocèse  de  Limoges.  Il  signe  la  cloche  du  Lindois  en  1504, 
et  nous  le  voyons  ensuite  travailler  à  Saint-Junien  en  1510. 

HILDEBRAND  (Auguite),  fondeur  à  Paris,  a  fourni  une  cloche  à 
Louberten  1854,  etuneàNouic  en  1857.  L'église  de  Saint-Gehest  en 
possède  deux  qui  sont  signées  :  Crouzet-Hildebrand.  Cette  maison 
a  fourni  plusieurs  autres  cloches  au  diocèse  de  Limoges. 

HOLTZER  (Jacob),  fondeur  de  cloches  d'acier,  à  Unieux  (Loire), 
a  livré  une  cloche  à  TAsile  d'aliénés  de  Naugeat  en  1864,  et  une  à 
l'église  de  Rilhac- Rançon,  en  1868. 

JUICHARD,  voir  GUICHARD. 

LALAY  (Pierre).  Ce  nom  est  écrit  quelquefois  :  Lallé  et  Lalet.  Ce 

fondeur,  associé  à  Pierre  Charpentier,  a  fait  la  cloche  de  Saint- 

Pierre-du-Queyroix  à  Limoges,  en  1631  ;  et  celle  de  GouUes,  en 

1640.  Dès  1624  il  signe  seul  une  cloche  de  l'abbaye  de  Feize,  qui 

est  aujourd'hui  dans  l'église  du  Petit-Palais  (Dordogne)  ;  et  en  1648, 

celle  de  Chftteauponsac.  Il  s'associa  aussi  avec  François  Bouyer, 

comme  on  le  voit  sur  la  cloche  de  l'bospice  de  Saint-Yrieix  de  1645, 

surcelle  de  Saint-Martial  de  Limoges  de  1660,  et  sur  une  de  Thiviers 

de  la  même  date.  Sa  marque,  placée  sur  cette  dernière,  est  un 

médaillon  de  forme  ovale,  portant  une  cloche  au  centre,  et  en  exer- 
gue :  LALAY  PIERRE. 

LAMY  (F... de)  a  fondu,  en  1676,  la  cloche  qui  est  dans  l'église  de 
Turenne.  Je  ne  connais  qu'un  autre  fondeur  de  ce  nom,  c'est 
M«  Hugues  Lamy  de  Roanne,  qui  Gt  en  1633  une  cloche  pour 
l'église  de  Saint-Cyr-de-Favières  (Loire). 

LANOAILLE,  en  collaboration  de  Dumas  et  de  Peigney,  a  fait 
une  cloche  pour  l'église  de  Cussac  en  1856. 


Id4  SOClèrft  ARCnftOLOOlQUB  Et  mstOMOQV  W  LlftOOBlN 

LA  PAIX  (Tobie  de),  en  compagaie  de  A.  Bezot,  a  fondu  la  clo- 
che de  Bellac  de  1637. 

Cette  famille  lorraine  a  fourni  d'autres  fondeurs  nomades  :  Nicolas 
de  la  Paix  coule,  en  166S,  la  cloche  de  Mouy  ;  puis,  vers  la  fin  du 
siècle,  celle  de  Saint-Samson  (Oise).  Etienne  de  La  Paix  travaille 
en  1678  avec  deux  de  ses  compatriotes,  Michel  et  Alexis  Jolly,  à 
une  cloche  de  Saint-Pierre  de  Genève.  En  1679,  Antoine  et  Etienne 
de  La  Paix  sont  associés  avec  François  Mutel,  pour  la  cloche 
d*AmbIainvilIe,  et  celle  d*Héronville.  A.  de  La  Paix  en  fond  une  pour 
Ghaumont  près  Langres  en  1684.  N.  de  La  Paix,  en  compagnie  de 
Jean-Baptiste  Lebrun,  en  1719,  en  coule  une  pour  Saint-Maixent 
(Deux -Sèvres). 

LE  BRUN  (Jean-Baptiste),  de  Ghaumont-de-Bassigny,  signe  ses 
œuvres  par  ces  mots  :  <c  Faite  par  le  sieur  Le  Brun.  An  1733.  » 
11  a  fondu,  à  cette  date,  une  cloche  pour  l'abbaye  de  La  Règle,  à 
Limoges,  et,  en  compagnie  de  Michel  Gompain,  une  pour  la  cathé- 
drale ;  une  aussi  pour  Téglise  de  Maisonnais.  En  1739  il  en  fait  une 
pour  Saint-Léger-Magnazeix  ;  en  1740  une  pour  Oradour-Sainl- 
Genest,  et  en  1745  deux  pour  Vaulry. 

Antérieurement  à  ces  dates,  en  compagnie  de  N...  de  La  Paix,  il 
en  avait  fondu  une,  en  1719,  pour  Tabbaye  de  Saint-Maixent  (Deux- 
Sèvres).  Puis  il  signe  seul  celle  de  Clazay  en  1721,  et  celle  de  Brie 
en  1722,  dans  le  même  département  ;  celle  de  Thevet  en  1725  et 
celle  de  Jardes  en  1732,  dans  le  département  de  la  Vienne. 

Dans  un  devis  pour  la  refonte  des  trois  plus  petites  cloches  de 
Saint-Ouen  de  Pont-Audemer,  du  4  mars  1725,  on  lit  :  «  Glande 
Brocard  et  Jean-Baptiste  Le  Brun.  Adresse  à  Chartres,  au  Grand- 
Gerf,  ou  chez  M.  le  curé  d'Oibec.  »  G'était  probablement  le  lieu  où 
il  travaillait  alors. 

En  1727,  Jean-Baptiste  Le  Brun  fondit  une  cloche  à  Sainl-Jean- 
de-Gole  (Dordogne).  Ge  fut  la  cause  d'un  procès  entre  Phébus- 
François  de  Bonneval,  marquis  de  La  Marthonie,  se  disant  seigneur 
du  lieu,  et  les  religieux  du  prieuré  de  Saint-Jean-de-Gole  qui  lui 
contestaient  ce  titre. 

On  trouve  ensuite  des  cloches  signées  :  «  J.-B.  Le  Brun  et  son 
fils  »  à  Notre-Dame  de  Niort  et  à  THôtel-de-Ville  de  Niort  en  1740, 
ainsi  que  dans  Iqs  églises  de  Sainte-Pezenne  et  de  Fors  (Deux- 
Sèvres)  en  1739. 

LELUT  (Jean).  Une  cloche  de  Tulle,  de  1632,  porte  le  nom  de  ce 
fondeur. 

LE  MAISTRE  (Alexandre),  qui  habitait  Pontoise,  a  fondu,  en  1551 , 
la  cloche  de  Saint-Michel-des-Lions,  à  Limoges.  Avant  de  travailler 
chez  nous,  il  en  avait  fait  quatre  pour  Téglise  de  Notre-Dame  de 


ÉTUDE  SCR   LES  CLOCHES   DU   DIOCASK  ^V  LIMOGES  185 

Meolan,  en  1542,  une  pour  Génicourt  en  1549,  et  une  pour  Le 
Bellay  (Seineet-Oise)  en  1880.  Sa  marque  est  une  cloclie  au-dessus 
de  laquelle  on  lit  en  lettres  gothiques  :  albsadre  le  maître. 

On  voit  dans  un  acte  du  10  décembre  1861,  qu*Alexandre  Le 
Maistre,  fondeur  de  cloches  à  Pontoise,  et  Pcrette  Levasseur,  sa 
femme,  louent  à  François  Guiffroy,  aussi  fondeur  de  cloches  audit 
Pontoise,  une  maison  et  des  terres  à  Imarmont,  paroisse  d'Osny. 

LB  ROYER,  fondeur  à  Paris,  en  1889,  a  fourni  une  cloche  aux 
sœurs  de  Marie-Joseph  au  Dorât.  Il  est  peut-être  de  la  famille  de 
Jean  Le  Royer,  qui  en  1841  en  fondait  une  pour  Mouettes,  dépar- 
tement de  TEure. 

On  trouve  aussi  sur  des  cloches  du  département  de  l'Isère  la 
marque  de  P.  Royer  en  1668;  N.  Royer  en  1723;  P.  et  A.  Royer 
en  1733. 

LHERITIER,  fondeur  à  Glermont,  a  fait,  en  1823,  la  cloche  de  La 
Russière-Madeleine,  paroisse  de  La  Souterraine.  C^est  de  la  même 
maison  que  sort  celle  de  Saint-Bonnet-Port-Dieu,  en  1883. 

LIÉBAUD  (Bertrand),  fondeur,  1728.  Une  cloche  de  Bourganeuf 
est  ainsi  signée.  C'est  la  seule  que  je  connaisse  de  ce  fondeur. 

MALNUIT  (Le  chevalier),  fondeur  à  Breuvannes,  était  un  ancien 
maître  d'école  de  Romain-au-Bois  (Vosges).  Après  avoir  suivi  les 
guerres  du  premier  empire,  il  prit  sa  retraite  à  Breuvannes  (Haute- 
Marne),  où  il  établit  une  petite  fonderie. 

Son  premier  travail  dans  le  diocèse  de  Limoges  est  à  Pensol;  il  y 
a  fondu  deux  cloches  en  1819.  Puis,  en  compagnie  de  Causard,  il 
en  fait  une  pour  Eygurande  en  1823;  une  pour  Saint-Méard  en 
1828  ;  une  pour  La  Groisille  et  une  pour  Magnac-Bourg  en  1826. 
Associé  ensuite  avec  Petitfour,  ils  en  fondent  une  pour  Nexon  et 
une  pour  Aixe  en  1 828. 

En  1821,  il  travaillait  à  Gorgnac,en  compagnie  d'Auguste  Martin 
et  de  Gausard  et  en  1844  à  Sainte-Agnès  (Isère)  avec  G.-F.  Baudoin. 

MARTIN.  G'est  le  nom  d'une  famille  de  fondeurs  de  cloches,  qui 
pendant  deux  siècles  en  a  fourni  un  grand  nombre  au  diocèse  de 
Limoges. 

Jean  Martin  a  signé  la  cloche  de  Ghâtelus-le-Marcheix,  en  1680. 

Jean-Baptiste  Martin  en  a  fondu  une  pour  Brivezac  en  1760  ; 
Les  Angles,  1774;  Nantiat,  1781  ;  Liourdes,  1781  ;  La  Graulière, 
1784;  Bonnefond,  1788;  Espagnac,  1787;  Peyrat-le-Ghâteau,  1788. 
Sur  une  des  Jacobins  de  Limoges,  de  1781,  on  lisait  :  <c  N.  Martin 
et  J.-B.  Martin  »,  ainsi  que  sur  une  d'Astaillac  de  la  même  année. 

Jacques  Martin,  associé  à  J.-B.  Mutel,  donne  deux  cloches  à 
Saint-Aignan-de-Versillac  en  1772.  Avec  Alexis  Voilleminil  en  fond 


18G  SOCIÉTÉ   ARCnéOLOGIQUE   ET   UISTOIIIQUK   DU   LIMOUSIN 

une  pour  Sainl-Merd-les-Oussines  en  1784.  Après  la  Révolution 
nous  le  trouvons  associé  à  François  Martin  pour  fondre  la  cloche 
de  Bersac  en  1803;  et  il  est  seul  en  1805  pour  celle  de  Ghâleau- 
ponsac.  Il  se  trouve  encore  associé  avec  un  fondeur  nommé  Morlet 
pour  la  cloche  de  Saint-Jean-de-Colle  de  1817.  Voir  aussi  l'article 
Martinet. 

La  Chapelle-aux-Saints  possède  une  cloche  signée  :  «  Martin, 
père  et  lils,  1803  ».  C'est  cette  môme  signature  que  Ton  trouve  sur 
une  de  Sainte-Anne  et  une  de  La  Groisille  en  1815,  tout  comme 
sur  une  de  1842  à  Audon,  département  des  Landes. 

François  Martin  qu'on  a  vu  ci-dessus  associé  à  Jacques  pour 
fondre  la  cloche  de  Bersac  en  1803,  Test  aussi  à  Bernard  Martin 
pour  celle  de  Saint-Priest-Taurion  en  1804.  C'est  encore  en  compa- 
gnie de  Baptiste  Martin  qu'il  fait  celle  de  Peyrat-le-Château  en 
1821.  Mais  il  signe  seul  celle  de  Saint-Denis-des-Murs  en  1823.  Il 
était  de  La  Colombey-les-Choiseul,  déparlement  delà  Haute-Marne. 

Bernard  Martin,  associé  à  François  en  1804,  travaille  seul  pour 
Dun-le-Palleteau  en  1807,  pour  Aixe  et  pour  Compreignac  en  1813. 
liavaitsigné,  enl809,  la  clochedeSaint-Maurice-de-Gençay  (Vienne). 

Auguste  Martin,  fondeur  lorrain,  en  compagnie  du  chevalier 
Malnuit  et  de  Causard,  fond  une  cloche  pour  Corgnac  (Dordogne), 
en  182i.  Associé  avec  Alexis  Martin  et  un  autre  fondeur  nommé 
Réglot,  il  en  fait  deu\  à  Saint-Junien  en  1826.  Il  travailla  seul 
à  Auginhac  en  1823,  à  Saint-Estèphe  en  1822,  à  Abjat  et  à  Dour- 
nazac  en  1828.  Il  est  père  d'Edouard  Martin  avec  lequel  il  fondit  la 
cloche  de  Saint-Symphbrien,  près  Niort  en  1829. 

«  Martin  et  Mutel  »  ont  fondu  la  cloche  des  Grands-Chézeaux, 
en  1851. 

((  Martin  frères  »  qui  ont  fait  la  cloche  de  Nanteuil  (Dordogue), 
en  1848,  en  donnent  une  à  Peyrat  le-Ghâteau  en  1850,  deux  à 
Saint-Sylvestre  en  1854  et  une  à  Pluviers  en  1855. 

u  Edouard  et  Adolphe  Martin,  de  Breuvannes  (Haute-Marne) 
signent  la  cloche  de  Milhac-de-Nontron  en  1847,  celle  d'Abjat  en 
1865  et  le  premier,  seul,  celle  de  Saint-Marlial-de- Valette  (Dordogne) 
en  1839,  ainsi  que  celle  de  Saint-Ghristophe  (Charente)  en  1859. 

MARTINET  (Jacques)  est  associé  en  1775  à  Nicolas  Boulanger 
pour  fondre  une  cloche  à  Sainte-Marie-la-Claire  de  Châteauneuf  et 
une  à  Sourzac.  Leur  signature  est  :  «  Jacques  Martinet,  Nicolas 
Boulanger,  fondeur.  »  Il  pourrait  se  faire  qu'il  fallut  lire  :  «  Jacques 
Martin  et  Nicolas  Boulanger.  » 

MERLIN  a  fondu,  en  1773,  la  cloche  de  Brillac,  étant  alors 
associé  à  J.-B.  Baudouin  et  à  E.  Guichard.  Il  signe  celle  d'Echour- 
gnac  (Dordogne)  en  1781.  11  habitait  Bergerac  lorsqu'il  eu  lit 


frrUDB  SUR   LKS  CLOCHBS  DU  DIOCÈSE  DE  LIMOGES  187 

une  pour  Saint-Paul-de-Serre  en  1786.  Puis  on  trouve  son  nom 
en  1788  à  Saint-Germain-de-Morancenne  (Charente-Inférieure);  en 
1789  à  Germinac,  même  département,  et  enQn  en  1790,  en  compa- 
gnie de  Boulanger,  à  Vouzon  (Charente). 

MÉTIVIER(Ph...)a  fait,  en  1744,  la  cloche  de  l'église  de  La 
Mazière-Basse. 

MORIN  (Joseph)  habitait  Limoges.  On  trouve  aux  archives  de 
la  Haute- Vienne  (C.  510)  sa  prestation  de  serment,  comme  maître 
fondeur  de  la  ville  de  Limoges.  II  a  fait  une  cloche  pour  l'église  de 
Saint-Martin-Terressus  en  1732;  une  pour  Saint-Martial  de  Limoges 
en  1733;  une  autre  pour  l'abbaye  des  Bénédictins  de  la  même  ville, 
la  même  année;  enfin  une  pour  Gouzeix  en  1743. 

MORLET.  Ce  fondeur  est  associé  avec  Jacques  Martin,  en  1817, 
pour  fondre  la  cloche  de  Saint-Jean-de-Cole. 

MUTEL.  Celte  famille  de  fondeurs  lorrains  est  connue  par  ses 
œuvres  depuis  plus  de  deux  siècles.  François  Mutel,  qui  écrivait 
son  nom  Mus  tel,  fondait  en  1679  avec  Antoine  et  Etienne  de  La 
Paix,  une  cloche  pour  Amblainville  (Oise)  et  une  autre,  vers  la 
même  époque,  pour  Hérouville  (Seine-et-Oise).  Une  de  Téglise  de 
Notre-Dame-des-Victoires  à  Roanne,  porte  la  signature  :  «  F.  et 
Nicolas,  les  Mutel,  1719  »  et  une  seconde  :  «  L.  Mutel,  1726.  » 

Chez  nous,  Jean-Baptiste  Mutel,  associé  à  Jacques  Martin,  fond 
deux  cloches  pour  Saint-Aignan-de-Versillat  en  1772.  «  Mutel  et 
Cornevin  »  en  font  une  pour  Saint-Priest-Taurion  en  1813;  «  Mutel 
etForgeot  »  une  pour  Magnac-Laval  en  1819  et  une  pour  Gomprei- 
gnac  en  1822. 

Emile  Mutel  a  fourni  une  cloche  à  Bazelat,  aux  Grands-Ghëzeaux 
et  à  La  Souterraine  en  1846,  à  Chavanat  en  1848  et  à  Châteauponsac 
en  1849. 

«  Mutel  et  Martin  »  en  fondent  une  pour  les  Grands-Chézeaux 
en  18S1. 

OSMOND,  fondeur  du  roi,  à  Paris,  a  fourni  une  cloche  à  l'église 
de  Fromental  en  1830  et  peut-être  une  à  Balledent  en  1820. 

Un  fondeur  de  ce  nom  existait  au  xiv<»  siècle  :  c'est  Jean  Osmond, 
de  Paris,  qui  avec  Collin  Houry  de  Ruffec,  fondait  une  cloche  pour 
rhorloge  municipale  de  Paris  en  1387. 

PAINTANDRE.  Les  membres  de  cette  famille  qui  existe  à 
Turenne  ont  exercé  de  père  en  (ils  la  profession  de  fondeur  de 
cloches.  Parmi  les  nombreuses  cloches  qu'ils  ont  fournies  au  dio- 
cèse de  Limoges,  celle  de  Turenne  est  signée  :  «  Paintandre, 
frères,  1834  ».  Le  nom  de  Paintandre  seul  se  voit  sur  celles  de 
Sarran,  1847  ;  Seilhac,  1862;  Le  Glandier,  1889. 


18B  80CIKTC   AnCRÊOLOGItiTJE    ET   niSlORIQUE   DU   LIMOUSIN 

M.  Paintandre  venait  de  livrer  un  carillon  de  dix  cloches  à  Vil- 
lelongue-de-la-Salanque  (Pyrénées-Orientales),  lorsqu'il  est  mort 
en  janvier  1897.  Par  suite  d'arrangements  intervenus  entre  ses 
tîéritiers  et  MM.  Paintandre  frères,  fondeurs  à  Vitry-le-François, 
cousins  du  défunt,  ces  derniers  prennent  la  suite  de  la  fonderie 
jusqu'à  ce  que  le  lîls  de  M.  Paintandre  soit  en  âge  de  reprendre 
l'industrie  à  Turenne. 

PEIGNEY.  Quelques  membres  de  cette  famille  de  fondeurs  lor- 
rains ont  écrit  leur  nom  :  Peignier.  Le  musée  des  antiquités  de 
Poitiers  possède  la  règle  d'un  N.  Peigney,  qu'on  croit  du  xvn*  siècle. 
On  sait  que  la  règle  d'un  fondeur  est  une  planchette  de  buis,  sur 
laquelle  sont  gravées  les  lettres,  chiffres,  marques  et  ornements 
divers  qui  doivent  figurer  sur  les  cloches.  Or,  celle  dont  il  est 
question  pourrait  bien  avoir  appartenu  à  Nicolas  Peigney  qui,  en 
1787,  fondait  chez  nous  une  cloche  pour  l'abbaye  d'Aubepierre  et 
une  pour  l'église  de  Fresselines.  Il  semble  être  le  père  du  suivant. 

François-Charles  Peigney,  naquit  en  1800,  en  Lorraine,  à  Dam- 
blain  (Vosges).  Il  était  au  Dorât  en  1827,  où  je  trouve  sa  première 
cloche.  Sa  présence  est  signalée  à  Poitiers  de  1819  à  1830.  Vers 
cette  dernière  date  il  s'établit  à  Saint-Florent,  aux  portes  de  Niort, 
avec  son  frère  qui  abandonna  plus  tard  la  fonte  des  cloches  pour 
entrer  dans  le  service  de  l'octroi  à  Niort  et  mourut  en  1861. 

Vers  1840-1843  Charles-François  Peigney  est  fixé  en  Vendée,  à 
Morlagne,  puis  vers  1848  sa  résidence  est  à  Confolens  (Charente). 
Il  y  possède  un  atelier,  ce  qui  ne  l'empêche  pas  d'aller  fondre  dans 
le  Poitou,  le  Limousin  et  le  Périgord.  En  1854,  en  compagnie  de 
Gouyot,  il  signe  la  cloche  de  Pageas;  et  en  1856  celle  de  Cussac 
qu'il  a  fondue  en  société  avec  Lanoaille  et  Dumas.  La  même  année 
il  fond  sur  place  celle  de  Saint-Jean-de-Cole  (Dordogne),  sur  laquelle 
on  lit  :  «  Fecit  Peigney  pour  Gouyot.  •  Enlin  on  le  trouve  à  Poitiers 
en  1857  et  il  en  partit  pour  aller  chercher  fortune  en  Espagne. 

PERRIEN.  L'inscription  de  la  cloche  de  Vareille,  fondue  en  1595, 
se  termine  par  ces  mots  :  «  Fait  par  Perrien  et  Genmot.  » 

PETITFOUR  (Paul)  qui  était  de  Brevanne  (Haute-Marne)  a  signé 
la  cloche  de  Bellegarde  en  1834.  Précédemment,  il  était  associé 
avec  le  chevalier  Malnuit  pour  fondre  en  1828  celle  de  Nexon  et 
celle  d'Aixe. 

PINESTRAN  (Jacques),  maître  fondeur  de  cloches,  fit  celle  de 
Laguenne  en  1614  et  pour  cela  fit  un  procès  avec  les  habitants  de 
cette  paroisse. 

PLAINECASSAGNE.  Voir  Pourcel. 


ÈTUDS  SUR   LRS   CLOCBIS   DU  DiOCiSB   DE  LIMOGES  189 

POINCÀRRË  (Joseph),  maître  fondeur  de  cloches,  hahitanl 
ordinairement  la  ville  de  Neafchasteau,  diocèse  de  Toul,  fondit  la 
cloche  da  Vigen  en  1768.  Il  mourut  le  23  mai  1766.  Son  gendre, 
nommé  Mariette,  et  son  seul  héritier,  comme  époux  de  Marguerite 
Poincarré,  reçut  le  prix  de  son  travail  par  Tintermédiaire  de 
M.  Beaulieu,  subdélégué  de  l'intendant  de  Limoges. 

POURCEL  et  Plainecassagne,  fondeurs  à  Villefranche  (Aveyron) 
ont  fourni,  en  1898,  une  cloche  à  Saint-Hilaire-Foissac  et  une  à 
Moutier-Ventadour. 

RÉGLOT,  en  compagnie  d^Auguste  et  d* Alexis  Martin,  travaille 
à  la  fonte  de  deux  cloches  pour  Saint-Junien  en  1826. 

RENAUDIN  (N...)  a  fondu  une  cloche  pour  Téglise  de  Camps  en 
1741  et  une  pour  celle  de  Meymac  en  1747. 

RICHARD  (Jean-Baptiste)  a  fondu  la  cloche  de  Rilhac-Lastours 
en  1768.  Il  est  peut-être  le  même  que  «  Richard  >»  qui  a  signé  une 
cloche  au  Touvet  (Isère)  en  1772. 

Au  siècle  précédent  on  trouve  Jean  Richard,  Lorrain,  qui  travail- 
lait à  la  cloche  de  Notre-Dame-des-Ermites  en  1636  et  Tannée 
suivante  au  bourdon  de  Tabbaye  d'Einsiedeln.  Claude  Richard, 
maître  fondeur  à  Grenoble,  fit  une  cloche  pour  Tëche  et  Beaulieu 
en  1659,  et  une  pour  Saint-Gervais  en  1660,  le  tout  dans  le  dépar- 
tement de  risère. 

ROCHE  (Jean)  et  Nicolas  Aubry  fondirent  en  1691  une  cloche 
pour  Téglise  de  Tarn,  à  Aixe.  C*est  celle  qui  a  été  transportée  à 
Saint-Pierre-du-Queyrois,  à  Limoges,  en  1809. 

ROLLAND  ou  ROULAN  (François),  dit  Lanseman,  habitait  le 
faubourg  de  la  Porte-Boucherie  à  Limoges.  Son  surnom  de  Lands- 
mann,  compatriote,  pays,  porte  à  croire  quMl  est  venu  des  Flandres 
ou  de  TAllemagne.  Il  figure  sur  la  liste  des  maîtres  fondeurs  de 
Limoges  en  1560.  Sous  la  ligue  il  fondit  des  canons  pour  le  roi.  Il 
se  trouva  aussi  mêlé  aux  troubles  qui  eurent  lieu  à  Limoges  en 
1589.  C'est  à  lui  que  Ton  doit  le  grand  candélabre  de  la  confrérie 
du  Saint-Sacrement,  qu'il  refit  en  1579.  Martial  de  Gay,  dans  son 
Livre  de  Raison,  nous  dit  qu*il  lui  acheta  en  1596  un  candélabre 
de  salle  et  un  lustre.  Il  a  fondu  en  1567  la  cloche  de  la  chapelle  du 
cimetière  de  sa  paroisse,  Saint-Maurice,  à  Limoges. 

Hélie  Rolland,  aussi  maître  fondeur  à  Limoges,  est  probablement 
le  fils  de  François  qui  précède.  Il  épousa  Peyronne  FayoUe  et  en 
eut  un  fils,  nommé  François,  qui  fut  baptisé  dans  l'église  de  Saint- 
Maurice  le  26  juillet  1605.  C'est  apparemment  lui  qui,  le  6  décem- 
bre 1646,  sous  le  nom  de  «  Rolland  dit  Lansemçnt  »  Qst  uq  de$ 


490  SOCIÉTÉ  ARCHÊOLOGIQDB  KT   BISTORIQUB   DU   LIMOUSIN 

prud'hommes  chargés  d'élire  les  consuls  de  Limoges.  Une  cloche 
de  Sainte-Marie-la-Glaire^  à  Gh&leauneuf,  porte  le  nom  d*Hélie 
Rollant,  1677. 

Celte  famille  fixée  à  Limoges  dès  le  xyi**  siècle,  y  conserva  des 
représentants.  On  y  trouve,  en  1621,  Cécile  Roland  a  fille  de  sire 
Etienne  Roland,  marchand  libraire  de  Limoges.  »  En  1704,  le 
14  septembre  le  baplôme  «  d'Etienne  Roland,  fils  d'autre  Etienne 
Roland,  libraire,  et  de  Marguerite  Noni.  »  Un  Rolland,  gendre  à 
Reyx,  fut  élu  consul  de  Limoges  pour  le  faubourg  Boucherie,  le 
9  décembre  1710. 

ROZIER  (Remy),  associé  à  Claude  Dubois,  signe  en  1621  une 
cloche  de  Saint-Michel-des-Lions,  à  Limoges. 

Pierre  Rozier,  en  1626,  mit  sa  marque  sur  une  cloche  de  PuUay 
(Eure).  Elle  est  formée  d'un  cartouche  ovale,  orné  de  quatre 
fleurs  de  lis  disposées  en  croix,  portant  autour  d'une  cloche  le  nom  : 

PIERRE  ROZIER. 

Honoré  Rozier  travaillait  en  1636  avec  François  Guyot  et  Jean 
Richard  à  la  cloche  de  Notre-Dame-des-Ermites  et  Tannée  suivante 
au  bourdon  de  Tabbaye  d'Einsiedeln,  en  Suisse. 

De  1785  à  1864  des  fondeurs  du  nom  de  Rozier  ont  fourni  un 
grand  nombre  de  cloches  aux  églises  du  département  de  Tlsère. 

SALVAT  (B...)  associé  à  E.  Guichard  a  fondu  la  cloche  de 
Louignac  en  1783. 

SEVROT  (Claude)  a  fait  la  cloche  d'Eygurande  en  1732.  Au  bas 
de  cette  cloche  est  sa  marque  :  un  écusson  portant  une  cloche 
entourée  de  son  nom  :  claude-sbvrot.  Une  cloche  de  Saint-Bonnet- 
des-Quarts,  département  de  la  Loire,  est  signée  :  «  B.  Sevrot,  1650.  » 
Une  autre  à  Saint-Cyr-de-Valorges,  dans  le  même  département, 
porte  «  Jacques  Sevrot,  1685.  »  Mais  ce  nom  est  accompagné  de  la 
marque  d'un  fondeur,  qui  est  un  rectangle,  inscrivant  un  cercle 
dans  lequel  on  Ut  :  buise  sevrot  et  au  milieu  du  cercle  est  une 
cloche.  Jacques  est  probablement  le  fils  de  Biaise,  dont  il  emploie 
encore  le  cachet. 

SIMONNET  (Pierre)  a  fondu  en  1733  la  cloche  de  Peyrissac  et 
en  i735  celle  de  Sarran.  Entre  ces  deux  dates  on  le  trouve  à 
Deauville  (Calvados),  où  il  signe  une  cloche  :  «  Faite  par  maistre 
Pierre  Simonnet,  fondeur  de  Brevanne,  en  Lorraine,  1734.  »  Deux 
cloches  d'Evreux,  de  1780,  portent  le  nom  de  Pierre  Simonnet. 
Pierre  Simonet  de  1733  est-il  le  môme  que  celui  de  1780  ? 

Nicolas  Simonnet  eut  trois  fils  :  l""  Joseph  Simonnet,  époux  de 
Marie-Anne  Le  Roy,  dont  naquit  Joseph-Nicolas  ;  2*  Pierre  Simon- 
net  qui  était  chez  nous  en  1733  et  en  1735;  3**  Nicolas  Simonnet, 


BTrDI  SUR   LKS  CI.0C11KS   DU   PIOCÈSB   DB  LIMOGES  f91 

Ces  trois  frères  Joseph,  Pierre  et  Nicolas  fondirent  en  1736  la 
grosse  de  Damville.  Nicolas  Simonnet  en  avait  fait  deux  à  Beaulieu 
en  1724. 

SOYER  (Jean-Baptiste)  a  fait  la  cloche  de  Rilhac-Saintrie  en 
1733.  On  le  trouve  plus  tard  travaillant  à  Valbonnais  (Isère)  avec 
Vallier,  en  1757.  Puis  à  Saint-Jean-de-Bournay,  même  départe- 
ment, où  il  signe  :  «  J.  Soyer  et  J.-B.  Picander,  1776.  » 

TORTOTOU  (P...).  Ce  nom,  qu'il  faut  peut-être  lire  Tortolou,  se 
trouve  à  la  fin  de  Tinscription  d'une  cloche  de  La  Souterraine  de 
1535.  Est-ce  le  nom  du  fondeur  ou  celui  du  parrain? 

TRIADOU  (Amans),  fondeur  de  cloches  à  Rodez  (Aveyron),  a 
fourni  une  cloche  à  Téglise  de  Pageas  en  1889.  Cette  maison 
aurait  été  fondée  en  1610. 

VANDER  GHAM  (Pierre)  a  fondu  à  Louvain  en  1548  une  cloche 
qui  est  venue  à  Saint-Pierre-du-Queyroix,  à  Limoges.  En  1558  il  en 
faisait  une  autre  qui  est  aujourd'hui  à  Montmédy  et  sur  laquelle  on 
lit  son  nom  «  Peeter  Vanden  Ghein  ghegoten  (clochetier)  ». 

Jean  Vanden  Ghein  en  a  fondu  une  en  1559,  qui  est  à  Saint- 
Pierre-le-Divion,  commune  de  Tiepval,  département  de  la  Somme. 

A  Chaumont  (Haute-Marne)  il  en  existe  une  signée  «  Andréas 
Vanden  Geyn  me  fudit  Lovani  anno  1727.  »  Celle  que  nous  avons 
à  Saint-Léonard  porte  également  «  Andréas  Vanden  Chein  me 
fudit  Lovani  anno  1763.  » 

Les  célèbres  fondeurs  Vanden  Gheyn,  de  Malines,  ont  encore 
aujourd'hui  des  représentants  à  Louvain;  les  Van  Aerschodt- 
Vanden  Gheyn  exercent  actuellement  l'industrie  de  leurs  ancêtres. 

VAUTHIER  (Antoine)  a  fondu  une  cloche  pour  Grenor  en  1862  ; 
trois  pour  Sainl-Michel-des-Lions  à  Limoges  en  1868,  une  à  Las- 
tours  et  une  à  Teyjat  en  1874,  une  à  Saint-Jouvent  et  deux  à  Miallet 
en  1876.  Celle  de  Rouzède,  de  1878,  porte  «  A.  et  E.  Vaulhicr 
père  et  fils  ».  Emile  Vauthier  en  signe  deux  pour  Paulhac  en  1885 
et  1887  et  une  pour  Lésignac-Durand  en  1886. 

La  maison  Vauthier,  fondée  à  Saint-Emilion  (Gironde),  en  1840, 
a  fourni  bien  d'autres  cloches  au  diocèse  de  Limoges. 

VOILLEMOT  ou  VOILLEMIN  (Alexis),  associé  à  Jacques  Martin, 
a  fondu  en  1784  la  cloche  de  Saint-Merd-les-Oussines,  transportée 
à  Ambrugeat.  Son  nom  a  été  lu  sur  cette  cloche  Voillemin.  Il 
semble  être  parent  et  peut-être  le  fils  de  F.  Voillemot  qui,  en  1742, 
signait  la  cloche  de  La  Gresle  (Loire).  Ils  descendent  de  maître 
Claude  Voullemot,  du  bourg  d'Ambélin,  en  Lorraine,  qui  fondit, 
en  1686,  une  cloche  à  Vif,  en  Dauphiné,  et  en  1692  une  autre  à 
Arbresle  (Rhône). 


LOCALITÉS  DONT  LES  CLOCHES  SONT  CITÉES  DANS  GEHE  ÉTUDE 


ET  DATES  AUXQUELLES  ON  LES  TROUVE 


Abjat,  1641, 18S8,  1865,  1877. 
Aignant-de-Versillac   (Saint).   1490, 

1772,  1772, 
Aixe,  1813,  1828,   1886,  1889,   1889, 

1889,  1889. 
Albignac,  1604. 
Albassac,  1675. 
Allassac,  1582, 1644. 
Allois(Les),c.deLaGeneylouse,  1519. 
Altillac,  XVI»  siècle. 
Ambazac,  4124,1779,1849. 
Ambrugeat,  1784,  1854. 
Angles  (Les),  1774. 
Anne  (Sainte),  1604,  1845. 
Argentat,  1525,  1538. 
Artige(L'),  c.  de  Saint-Léonard,  1489. 
Arrènes,  1510. 
Astaillac,  1571,1781. 
Aubepierre,  1787. 
Aubusson,  1520,  1748. 
Auginhac,  1579,  1823. 
Aurlat,  1509. 

Avit-le-Pauvre  (Saint),  1744. 
Avit-de-TarJe  (Saint),  1672,  1864. 
Ayen,  1604. 
Azérables,  1860,  1867. 
Balledent,  1820,  1880. 
Barthélémy  (Saint),  1559, 
Baseuge  (La),  1511. 
Basile  (Saint),  1611. 
Bassignac-ie-Bas,  1671. 
Bazelat,  1843,  1887. 
Beaalieu,  1507,  xvi«  siècle,  1712,1715, 

1724. 
Beaune,  1623,  1723. 
Dellac,  1637,  1659,  1669,  1722,  1824, 
1824, 


Bellegarde,  1550,  1834. 
Berneuil,  1524,  1688. 
Bersac,  1803,  1828,  1896. 
Bessines,  1707,  1820,  1889. 
Beynac,  1630, 1638, 1756,  1802,1802, 

1852. 
Beyssenac,  xv*  siècle. 
Bienac,  1664,  1883. 
Billac,  xv«  siècle,  1650,  1858. 
Blanzac,  1575,  1868. 
Blessac,  1713. 
Blond,  1636. 
Bonnac,  1856,  U89. 
Bonnefont,  1785. 

Bonnet-la-Marche  (Saint),  1575,1837. 
Bonnet-la-Rivière  (Saint)  (aujourd'hai 

Saint-Bonnet-Briance),  1673,  1844. 
Bonnet-Ie- Port-Dieu    (Saint),     1783. 

1883. 
Bort,  1499,  1602,  1713,  1733. 
Bourganeuf,  16t7,  1728,  1807,  1839, 

1877. 
Bregère  (La),  1727, 1750. 
Brice  (Saint),  1769. 
Brignac,  1481,1879,  1«82. 
Brigueil,  1640.  1846. 
Brillac.  1525,  1773,  1873,  1873. 
Brive,  1499,  1546,  1581. 
Brivezac,  152  i,  1760. 
Bugeat,  1755. 
Buis  (Le),  1851, 
Burgnac,  1662. 
Bussière  (La),  1615. 
Bussière-Badil,  1725. 
Bussière-Boffy,  1606,  1895,  1895. 
Busflière-Madeleine  (La),  1823. 
Camps,  1745, 


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Cars  (Les),  i7U. 

Chabanais,  1778,   1836,   1863,  1869, 

1877. 
Chabrignac,  1506, 1659. 
Chalard  (Le),  1633. 
Châlus,  xui*  siècle,  1718. 
GhamboreU  1404,  1488. 
Champagnac,  1748,  1836,  1870. 
Ghampagnac-la-Noaille,  1600, 1631. 
ChampagnaC'la-Pnine,  1565, 1582. 
Ghampnélery,  1589. 
Cbampniers,  c.  de  Reilhac  et  Ghamp- 

niers,  1711. 
Ghampsac,  xiv«  siècle,  1698,  1751. 
Chaoac,  1764. 
Chapelle- au  x-Brocs,  1608. 
Cbapelle-aux-Saints,  1803. 
Ghapelle-Baloue,  1561. 
Cbapelle-Hoolbrandeix,  1724,    1829, 

1877,  1881. 

Ghapelle-Taillefer,  1329. 

Chapelle-Spioasse,  1536. 

Ghaplelat,  1596. 

Charrières,  c.  de  Saial-Maureil,  1509. 

Ghartrier,  1525. 

Gbàteauneuf,  1677,  1775. 

Ghâleauponsac,  1648,  1805. 

Châtelos,  1680. 

Cbauffour,  1592. 

Chavaoal,  xiv«  siècle,  1616«  1848. 

Cbénérailles,  1633,  1886. 

Ghéronnac,  1579. 

Christopbe  (Saint).  1581,  1730,  1859. 

Cieux,  1750. 

Gompreignac,  1813,  1823. 

GoDcèze,  1475. 

Corrèze,  1595. 

Gouffy,  1772,  1866. 

Golondannes,  1868. 

Coarbefy,  c.  de  Saint-Nicolas,  1616. 

Coozeix,  xiii*  siècle,  1743. 

Croisille  (La),  1896,  1845,  1870. 

Croix  (La),  1595. 

Crozant,  1873. 

CuremoDte,  1543,  1788. 

Cussac,  1781,  1856, 

Dampniac,  1 178. 

Darnac,  1596,  1819. 


Davîgnac,  1787. 

Denis- des-Murs  (Saint),  1823. 

Dinsac,  xiv«  siècle. 

Dizier-Bourganeuf  (Saint),  1535,1740, 
1771. 

Domplerre,  1698. 

Donzenac,  1634. 

Dorât  (Le),  1O60,  1600,  1699,  1824, 
1827,  1837,1859,  1861. 

Dournazac.  1598,  1648,  1731,  1828, 
1843. 

Droux,  4849,  1849. 

Dun,  1702,   1743,   1750,  1807,  1863, 
1863. 

Eloi  (Saint),  1336. 

Elol-de-Ségur  (Saint),  1539. 

Escuras,  1881. 

Espagnac,  1638,  1787. 

Espartignac,  1764. 

Estèphe  (Saint),  17j6,  1822. 

Eslivaax,  1474. 

Etienne-de-Fursac  (Saiot),1560,  1616, 
1885,  1887,1888. 

Eygurande,  1739,  <823, 
Eymoutiers,  1552,  1625,  1629,  1883, 

1883. 
Eyren,  1733. 

Favars,  1619,  1669,  1813. 
Feyre  (Sainte),  1573. 
Fiel  (Saint),  1735. 
Folles,  1496. 

Fontgaland,  c.  du  Trucq,  1616. 
Fontmerle,  xvi«  siècle. 
Fromental,  1642,  1830,  1875. 
Fursac  (V.   Saint-Etienne   et   Saint- 
Pi  erre- de-Fursac). 
Gence  (Saint),  1584. 
Genest  (Saint),  1879, 1879. 
Geneytouse  (La),  1519. 
Genier-Curemonte  (Saint),  1543,  1788. 
Genouillic,  1575. 
Gentioux,  1812,  1831. 
Germain-Beaupré  (Saint),  1776, 1846, 

1846,  1869. 
Gilles  (Saint),  1601,  1780. 
Gimel,  1608,  1790. 
Gioux,  1620. 
Glandier  (Le),  1889, 


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Gleny,  1770. 

Goulles,  1640. 

Graad-Bourg-de-Salagnac,  1847, 1883. 

GrandsChézeaux  (Les),  1843, 1854. 

Grandsaigne,  I7f9. 

Grenor,  c.  de  Cbabanais,  186S. 

Gros-Cliastang,  1673. 

Guéret,  xyi»  siècle,  1649,  1661,  1KI3, 

1897. 
Hilaire-Foissac  (Saiat),  1898. 
Hilaire-ia-Treille  (Saiol),  1781,  1818. 
Islc,  1833,  1882,  1889. 
Jabreilles,  1404,  1551. 
Jalesches,  1840. 
Jaaailhac,  1780,  1859. 
Jouillat,  1S52. 
Jourgnac,  1503,  1886. 
Jouvent  (Saint),  1763,  1876. 
Juillac,  1636. 
Junien  (Saint),  1264, 1350,  1405,1510, 

1826,  1836,  1890.  4890,  1899. 

Jonien-les-Combes  (Saint),  1632, 1888. 

Just  (Saint),  1881. 

Lagarde,  1532,  1631. 

Lagleygcolle,  1774. 

Lagraulière,  1782,  1784. 

Lagucnne,  1586,  1614,  1630. 

La  Mazière-Basse,  1645,  1743. 

La  Mazière-Haute,  1647. 

La  Meyse  (Voir  Meyze). 

Lamongerie,  xv^  siècle,  1761. 

Langlade,  1616. 

Lanteuil,  1503. 

Laplain,  c.  de  Tersannes,  xv*  siècle. 

Larche,  1535. 

Lascoux,  1594. 

Lastours,  c.  de  Kilhac-Lastours,  1874. 

Laurent-sur-Gorre  (Saint),  xiii«  siècle. 

1635. 
Laurière,  1837. 
Laval,  1684. 
Léger-Magnazeix  (Saint),  xiv"  siècle, 

1739,  1789. 
Léger-Bridereix  (Saint),  1510. 
Léger-la-Montagne  (Saint),  161 2, 1752, 

1882. 
Léonard  (Saint),    1466,    1467,    U89, 

1676,  1763,  1810. 


Lésignac- Durand,  1886. 

Limoges,  xtv*  siècle,  1548,  xtii*  siècle. 

—  Cathédrale,  1014, 1171,  xiv«  siècle, 

XIV*  siècle,  xiv«  siècle,  1571, 
1574,  1574,  1702,  1733,  1804, 
1830,  1831,  1852. 

—  Saioi-Pierre-du-Queyroix,    1122, 

1419,  1518,  1610,  1611,  1631, 
1691,  1878,  1878. 

—  Sainl-Michel-des-Lions,  1122,1167, 

1215,  1431.  xv«  siècle,  1551, 
xvi«  siècle,  1603,  1621,  1623, 
1663,  1663,  1786,  1814,  1835, 
1868,  1868,  1868. 

—  Saint-Michel-de-Pistorie,  xiv*  siè- 

cle, 1624. 
"  Saint-Maurice,  1567,  1605,  1628, 

1767. 1779. 
~  Saint-Domnolet,  1680,  1738. 

—  Sainte- Valérie,  1877,  1877. 

—  Sain  t-CessMteur,  1214. 

—  SaintJulien-Sainte-Âffre,xiv*siècle, 
~  Sainte-Madeleine  de  La  Bregère, 

1727,  1750. 

—  Saint-Martial  de  Montjauvy,  1783. 

—  Saint-Martial,   1063,    Il 22,    1161, 

1167,  1175.  1197,  1215,  1284, 
1350,  1437,  1452,  1456,  1551, 
1551,  1552,  1575,  1638,  1660, 
1660,  1661,  1733,  1757. 

—  Bénédictins  (Abbaye  de  Saint-Au- 

gustin), 1215,  1487,  1643, 171  ! , 
1733,  1766. 

—  La  Règle,  1255,  xiv«  siècle,  1511, 

1733. 

—  Saint-Martin,  112*. 

—  Les  Augu.stins,  1782. 

—  Les  Jacobins  (Dominicains),  1781. 

—  Les  Carmélites,  1782. 

—  Les  Carmes  déchaussés,  1536,1701. 

—  Collège,   1511,   1600,   1626,  1700, 

1743. 

—  Hospice,  1824. 

—  Naugeat,  1864. 

—  Le  Consulat,  1365,  xiv®  siècle. 

—  Moulin  de  Brouillebas,  xvii*  siècle. 
Linards,  1774,  1783.  178^,  1837. 
Lindois  (Le;,  1504. 


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^§^ 


Liourdres,  1590,  1784. 
Lonzac  (Le),  1558,  1635. 
Loubert,  1597,  1854. 
Louignac,  1783. 
Lu8sac-les-Eglises,  1789. 
Lussas,  I7S8. 

Magnao-Bourg,  1826,  1877. 
Magnac- Laval,  1819,  1830,  1859. 
Mailbac,  1505,  1876,  1876. 
Maisonnais,  1733. 
Maisoonisse,  1616. 
Maosac,  154S. 

Marc-à-Frongier  (Saint),  1646. 
Marcillac-la-Groisillc,  157S,  1749. 
Marie-la-Glaire  (Sainte).  (V.  Château- 

neuf). 
Marie-de-Vaux  (Sainte),  xv«  siècle. 
Marsac,  1898. 

Martial-de-Valette  (Saint),  1790. 
Martin  (Saint),  1870. 
Martin-Terressus  (Saint),  1732,  1837. 
Marval,  1572. 
Mascheix,  1616, 1620. 
Masléon,  1823. 
Massignac,  1665. 
Mathieu  (Saint),  1750. 
Maureil  (Saint),  1500. 
Maurice  (Saint),  1684,1743,1886,1886. 
Maumont,  c.  de    Rosier-d'Egletons, 

XT«  siècle,  1720. 
Hazière  (Voir  La  Mazière). 
Méard  (Saint),  1895. 
Méasnes,  1787,  1890,  1800. 
Mestes,  1667. 
Meymae,  1701,  1745. 
Meyssac,  1585. 
Meyze  (La),  xiv»  siècle. 
Milhaguel,  1726. 
Moissannes,  1539,  1575. 
Hontbrun,  c.  de  Dournazac,  1648. 
Montrol-Senard,  1760. 
MonlroUet,  1510.  1860. 
Mortemart,  xiii*  siècle,  1712. 
Morteroiles,  1708. 
Moustier-Ventadour,  1898. 
Moutier-Rosellle,  1685, 
Naillat,  1878. 
Nantlat,  1781,  1807. 


Naugeat,  1864. 

Nedde,  1766. 

Néoux,  xvi«  siècle,  1877. 

Nespouls,  1534,  1813. 

Neuvic,  1538,1655,  1780. 

Nexon,  xv*  siècle,  1784,  1898. 

Nicolas-de-Courbefy    (Saint),    1504, 

1616,  1718. 
Nieul,  1S76. 
Noailles,  1533. 
Nonards,  1693. 
Noth,  1878. 
Nontronneau,  1631. 
Nouic,  1805,  1857,  1883. 
Obazine,  1169,  xiv»  siècle. 
Oradour-Salnt-Gcnest,  1740,  1861. 
Oradour-sur-Glane,  1677, 1884,  1884. 
Oradour-sur-Vayres,  1613,  1714,  1873, 

1873,  1873. 
Orliac-de-Bar,  1600. 
Ouen  (Saint),  1575,  1615. 
Pageas,  1854,1889. 
Palazinge,  1555,  1775. 
Palisse,  1517. 

Pardoux-Lavaud  (Saint),  1617. 
Pardoux-Rancon  (Saint),  1504. 
Paulhac,  c.  de  Saint-Eiienne-de-Fur- 

sac,  1560»  1616,  1885,  1887. 
Penaot,  1600,  1819,  1819,  1889. 

Perpezac-le-Blanc,  1550. 

Perpezac-le-Noir,  1694. 

Peyrabout,  1616. 

Peyrat-le-Châleau,  1508,  1665,  1788, 

1891,  1850,  1866. 
Peyrat-la-Marche,  1691,  1867,   1867. 
Peyrelevade,  15t9. 
Peyrilhac,  1878. 
Peyrissac,  1698, 1733. 
Piégut,  c.  de  Pluviers-Piégut,  1645. 
Pierre-de-Fursac  (Saint),  1786. 
Piquets  (Les),  c.  de  Juillac,  1636. 
Plain  (La),  c.  de  Tersannes,  xv*  siècle. 
Plénartige,  c.  de  Nedde,  17G6. 
Pluviers-Piégut,  1855. 
Port-Dieu  (Le),  1596,  xvi«  siècle. 
Priesi-la-Feuille  (Saint),  1599,  1875, 

1875. 
Pricst-Ligoure(Saint),  1810, 1859, 1852« 


)t6 


âOClÎTâ  ARCBÈOLO«IQUlt   KV  ftlStO^tQOB  bU  LlIkOUtlIk 


Priest-sous-Aixc  (Saint),  1841 . 

Priest-Taiirion  (Saint),  1804,  1813. 

Prugoe  (La),  c.  de  La  Chapelle-aux- 
Brocs,  1608. 

Puy-d'Arnac,  1671. 

Piiy-de-Noix,  e.  de  Beynat,  1638. 

Quentin  (Saint),  1601,  I8l7. 

Uueyssac,  1699. 

Rançon,  1826,  1836. 

Razès,  1582. 

Reilhac,  IÔ37. 

Reygades,  1653. 

Rilhac-Lastours,  1768,1874. 

Rilbac-Rancon,  1868,  1877. 

Rilhac-Saintrie,  1504,  1733. 

Rilhac-Treignac,  1741. 

Rochechouarl,  1511,  1615,  1811. 

Roche -Palazinge  (La),  1555,  1775. 

Hoster-Masléon,  1782. 

Rosierd'Ëgletons  (Maumont),  xv^'  siè- 
cle, 1720. 

Roumazlères,  1635. 

Roussac,  XIII*  siècle,  1859,  1875. 

Roussi  nés,  1830. 

Rouzède,  1878. 

Royère,  1682,  1704, 1737,1865,  1882. 

Sadroc,  1743. 

Sagnal,  1534. 

Salles-Lavauguyon  (Les),  18Gt. 

Salon,  1783. 

Sannat  (ch&leau  de),  c.  de  Saint-Ju- 

nien-les-Combes,  1632. 
Sarran,  1408,  1493,  1735,  1847. 

Sauvagnac,  c.  de  Saint-Léger-la-Mon- 

tagne,  1882. 


Savignac-Ies-Nonlron,  1772. 
Sébastien  (Saint),  1856,  1863. 
Segonzac,  1702,  1885. 

Seilhac,  1760,  1813,  1862. 
Séreilbac,  I784,  1791,  1791. 
Scrvières,  xv®  siècle,  xvi»  siècle. 
Sioniac,  1689. 
Solignac,  1328,  1733. 
Sornin-la-Marcbe  (Saint),    1495,  xv« 

siècle. 
Soursac,  1703,  4775. 
Souterraine  (La),  1525,  1823, 1843. 
Sulpice-le-Guérétoîs  (Saint),  1612. 
Sulpice-le-Dunois  (Saint),  1671. 
Sussac,  1761,  1862. 
Sylvestre  (Saint),  1854,  1854. 
Sympborien  (Saint),  1483,  1615,  1870. 
Teyjal,  1558,  1874. 
Thouron,  xvi"  siècle,  1602. 
Tracq(Le),  1616. 
Tulle,  1465,  1580,  1585,  1627,    163t, 

1695,  1701,  1806. 
Turenne,  1676,  1834. 
Uzerche,  1062,  1096. 
Vaulry,  1745,  1745. 
Varagne,  1617. 
Vareilles,  1595. 

VcrneuiUsur-Vienne,  1866,  1866. 
Verneoil-Charcnle,  1763. 
Verneuil-Moutier,  1642. 
Viclurnien  (Saint),  1482. 
Vigen  (Le),  1765, 
Villefavard,  1852. 

Yrieix  (Saint),  1571, 1624, 1645,  1656, 
1712. 


ERRATA 


1»03 
1505 
1520 
1781 


au  lieu  de 
—  (St-Pardoux)        — 


LENTEUIL  lisez 

1505  — 

LIOURDES  — 

LIOURDE  — 


LANTEUIL. 
1504. 
LIOURDRES. 
LIOURDRES. 


DÉLIBÉRATIONS 


DK   LA 


CHAMBRE  CONSULTATIVE  DES  ARTS  ET  MANUFACTURES 


DE    LIMOGES 


(Extraits  relatifs  à  Vindnsirie  porcelainière,  de  18S0  à  1858) 


La  Chambre  consultative  des  manufactures  et  du  commerce  de  Limoges 
(tel  est  son  premier  titre)  a  été  insiituée  en  1804.  Toutefois,  ses  délibéra- 
tions écrites  ne  commencent  qu'en  48S2,  soit  que  la  première  rédaction 
des  procès-verbaux  concorde  en  effet  avec  la  réorganisation  qui  eut  lieu  à 
cette  date,  soit  que  le  registre  antérieur  ait  été  perdu. 

Quoiqu*il  en  soit,  la  Chambre  de  commerce  de  Limoges,  qui  a  succédé 
en  1858  à  la  Chambre  des  arts  et  manufactures,  ne  possède  des  procès- 
verbaux  de  celle-ci  que  trois  registres  : 

Le  premier  commence  le  20  janvier  1822  et  s'arrête  au  98  octobre  1833; 
—  le  deuxième  va  du  5  novembre  1833  au  17  octobre  1864;  —  le  dernier 
s*élend  de  décembre  1854  au  1 7  janvier  1856. 

La  mise  au  net  des  délibérations  de  1856-1858  n'a  pas  eu  lieu.  Par 
bonheur,  nous  en  retrouvons  le  contenu  dans  Tun  des  deux  plumitifs  sub- 
sistants :  Tun,  d'octobre  1840  à  mars  1850,  l'autre,  de  juillet  1850  à  avril 
1858.  C'est  de  celui-là  que  nous  avons  tiré  ce  qui  concerne  l'industrie  de  la 
porcelaine  pendant  les  dernières  années  de  l'existence  de  notre  Chambre. 

Nous  ajouterons  que  les  délibérations  en  question  sont  une  source 
capitale  pour  la  connaissance  du  mouvement  industriel  et  commercial  à 
Limoges  pendant  près  de  quarante  années.  11  serait  pour  celte  raison  fort 
désirable  qa'elles  fussent  publiées  intégralement. 

Alfred  Leroux. 
T«  ui  43 


IftS  ftOciÂti  AaCaàoLOCiQOiB  ftT  BtstOEiQDc  ou  LittOOdIR 


œ  Séance  du  25  octobre  1830 

M.  le  Maire  invile  la  Chambre  à  fixer  son  atlenlion  sur  la  situation 
fâcheuse  où  sont  les  nombreuses  fabriques  de  celte  ville  [de  Limo- 
ges] et  du  déparlement;  sur  les  dangers  auxquels  la  Iranqullité  du 
pays  pourrait  être  exposée  si  les  ouvriers  manquaient  d'ouvrage 
pendant  Thiver,  et  sur  les  moyens  de  prévenir  un  état  aussi  alar- 
mant. 

Après  une  mûre  délibération,  la  Chambre  a  arrêté  renvoi  à 
à  M.  le  Ministre  de  rintérieur  de  la  lettre  suivante  : 

Monsieur  lb  MiNiSTas, 

Il  est  da  devoir  de  la  Chambre  [des  manufactures  et  du  commerce  de 
Limoges]  de  vous  rappeler  [qu*uo]  graud  nombre  de  fabriques  de  toate 
espèce  existent  dans  le  département  de  la  Haute-Vienne.  Les  manufaclures 
de  porcelaine  seules  occupent  h  Limoges  près  de  mille  familles. 

Les  circonstances  graves  dans  lesquelles  le  commerce  se  trouve  engagé, 
paralysent  la  vente  des  objets  de  luxe  et  notamment  des  produits  de  nos 
fabriques  de  'porcelaine  et  de  papier.  Toute  négociation  d^effets  de  com- 
merce, même  acceptés,  est  devenue  très  difficile  et  presque  impossible  aax 
propriétaires  de  ces  établissements.  Leur  passif  se  grossit  journellement, 
et  le  plus  sacré  de  leurs  engagements,  le  payement  du  salaire  de  leurs 
ouvriers,  s^arrière  en  proportion  de  la  gène  extrême  qulls  éprouvent. 
Réduits  à  des  besoins  que  nous  ne  pourrions  exposer  en  termes  assez 
expressifs,  ces  ouvriers  sont  menacés  de  la  plus  afifreuse  détresse. 

Les  expressions  nous  manquent  aussi  pour  vous  peindre  Tanxiété  de  nos 
concitoyens,  justement  alarmés  par  l'idée  des  désordres  auxquels  pourrait 
se  porter  une  si  grande  multitude  d*hommes  qui  ne  prendraient  conseil 
que  de  la  nécessité  où  les  laisserait  le  manque  d*ouvrage  pendant  Thiver. 

Et  cependant,  Monsieur  le  Ministre,  les  efforts  des  fabricants  ne  peuvent 
se- prolonger.  Déjà  nos  maisons  de  banque  sont  surchargées  de  porcelaines 
prises  en  nantissement,  et  cet  encombrement  rend  désormais  impossible 
tout  crédit,  même  sur  dépôt  de  marchandises.  La  fermeture  des  fabriques 
serait  donc  inévitable  et  prochaine  si  leurs  entrepreneurs  n^obienaient  une 
part  efficace  dans  les  trente  millions  que  la  loi  a  mis  à  la  disposition  du 
commerce  et  de  Tindustrie. 

Des  instructions  ministérielles  vont  sans  doute  régler  remploi  de  ce  cré- 
dit, afin  d'en  assurer  une  sage  distribution.  La  Chambre  est  sans  avis  à  ce 
sujet,  et  cependant  elle  a  déjà  reçu  de  nombreuses  demandes. 

Dans  cet  état  de  choses,  elle  croit  utile  de  vous  faire  connaître  la  nature 
et  la  quotité  des  secours  que  sollicitent  les  manufacturiers  du  pays,  l^es 

(1)  Extraits  du  premier  registre  des  délibérations  de  la  Chambre. 


tttAM^kg  tb^sùLtAtivk  htk  AtiVs  Et  tkANul^ACrÙRàè  \d% 

nos  voudraient  un  crédit  qui  assurât  la  négociation  d^effets  de  commerce 
que  les  banquiers  refusent  d'escompter;  d'autres  préféreraient  des  capitaux 
effectifs,  immédiatement  applicables  à  Tamortissement  de  dettes  contractées 
avaot  ou  depuis  la  révolution  de  Juillet;  le  plus  grand  nombre  se  borne- 
raient à  recevoir  des  secours  mensuels  proportionnés  à  Tactivité  qu'ils 
conserveraient  à  leurs  travaux. 

Pour  mettre  à  profit  les  moments,  en  attendant  la  réception  des  instruc- 
tions qui  lui  seront  adressées,  la  Chambre  s'est  proposé  les  questions 
suivantes  (4)  : 

Les  secours  qui  seront  accordés  à  MM,  les  fabricants  deoront-ils  l'être 
sous  la  condition  expresse  de  continuer  leur  fabrication  pendant  un 
temps  déterminé  ? 

S'il  ne  s*agissait  que  de  procurer  aux  manufacturiers  des  moyens  de 
liquidation  dans  Tespoir  de  voir  leur  crédit  se  relever,  les  conditions  du 
prêt  qui  leur  serait  accordé  ne  se  compliqueraient  d'aucune  prévision  en 
rapport  avec  la  paix  publique. 

Mais  il  nous  semble  que  la  loi  a  eu  le  double  but  de  soutenir  Tinduslrie 
française  et  d'assurer  l'ordre  et  la  paix  publique  en  ménageant  des  moyens 
d'existence  à  la  classe  ouvrière. 

On  doit  donc,  dans  l'état  actuel  des  choses,  prendre  en  considération  le 
passé  cl  Tavenir;  mais  l'avenir  surtout  doit  dominer  la  pensée  du  gouver- 
nement. Le  rétablissement  de  la  prospérité  industrielle  Je  maintien  de  l'or- 
dre et  de  la  tranquillité  en  dépendent. 

Hors  (slc)^  il  pourrait  arriver  que  les  secours  à  peine  réalisés,  passant 
des  mains  des  fabricants  dans  celles  de  leurs  créanciers,  seraient  sans 
eflicacité  pour  arrêter  la  fermeture  de  leurs  ateliers. 

La  Chambre,  pour  prévenir  ce  résultat,  estime  que,  quelque  intérêt 
qu'on  doive  prendre  à  la  situation  des  fabricants,  il  faut,  en  les  aidant, 
concilier  les  sentiments  qu'inspirent  leur  position  avec  les  autres  intérêts 
de  la  société. 

Pour  atteindre  convenablement  ce  but,  la  Chambre  a  l'honneur  de  vous 
prier,  Monsieur  le  Ministre,  de  comprendre  le  département  de  la  Haute- 
Vienne  pour  quinze  à  dix-huit  cent  mille  francs  dans  la  répartition  des 
trente  millions,  et  de  la  fixer  sur  l'opportunité  des  deux  conditions  suivantes 
qu'elle  est  dans  Tintention  de  mettre  aux  prêts  à  effectuer  : 

La  première  serait  de  justifier,  par  privilège  sur  toute  autre  dette,  de 
l'emploi  du  premier  tiers  du  secours  au  payement  des  salaires  restés  dus 
aux  ouvriers  sur  leurs  ouvrages  d'août,  septembre  et  octobre  1830  ; 

La  seconde,  de  ne  recevoir  le  montant  des  deux  autres  tiers  que  par 
sixième  ou  dixième,  et  de  mois  en  mois,  avec  l'obligation  pour  chacun 
des  fabricants  de  justifier  de  la  continuation  de  ses  travaux  et  du  paiement 
intégral  des  prix  de  façon. 

Appliquant  ainsi  le  premier  tiers  au  passé  et  ménageant  les  deux  autres 
tiers  des  versements  mensuels»  subordonnés  à  la  condition  d'occuper  les 
ouvriers,  la  Chambre  espère  qu'on  se  rapprochera  des  deux  buts  qu'on  se 

(1)  Le  singulier  conviendrait  mieux. 


200  SOCtir  ARCHioLOGIQDK  Et  ttlStOlLIQUB  bU  tlIlOOsm 

propose  d*atteindre.  Toutefois  la  Chambre  n*eaiendrail  pas,  par  Tobligation 
imposée  de  continaer  leurs  travaux,  assujétir  les  fabricants  à  l'activité  des 
temps  prospères;  elle  ne  prétendrait  exiger  que  le  travail  nécessaire  pour 
prévenir  tout  désordre. 

Nous  terminons,  Monsieur  le  Ministre,  par  l'appel  le  plus  pressant  à  la 
conviction  où  vous  êtes  sans  doute  que  les  secours,  pour  être  efficaces 
et  atteindre  le  but  de  la  loi,  doivent  être  appliqués  le  plus  promptement 
possible. 

Nous  avons  Thonoeur  d*être,  Monsieur  le  Ministre,  avec  le  plus  profoad 
respect,  vos  très  humbles  et  dévoués  serviteurs. 

Fait  et  délibéré  à  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Fr.  Alluaud  aîné,  président.  Audoin. 


Séance  du  2  novembre  1830 

M.  le  Président  a  déposé  sur  le  bureau  plusieurs  demaudes 
adressées  à  la  Chambre  considérée  comme  Chambre  de  Commerce. 

Vu  les  demandes  adressées  par  les  sieurs  Meize,  Monnerie  fils, 
Lefebvre,  Barbe,  Poncel  et  C*%  Baignol,  Nivet  et  Belut,  tous  fabri- 
cants de  porcelaine,  demeurant,  le  premier  à  Solignac,  les  second, 
troisième,  quatrième  et  cinquième  à  Limoges,  et  le  sieur  Baignol 
à  Brigueil,  département  de  la  Haute-Vienne  (i)  ; 

Vu  la  loi  du  17  octobre  dernier,  Tordonnance  du  18  et  Tavis 
adressé  aux  Chambres  de  commei'ce  dans  la  partie  officielle  du 
Moniteur  du  19  du  même  mois; 

Considérant  sur  la  demande  du  sieur  Meize  qu'elle  a  pour  objet  : 
!•  d'obtenir  un  secours  effectif  de  80.000  fr.  et  un  secours  mensuel 
de  8.000  fr.  ;  que,  relativement  au  premier  chef  de  demande,  le 
pétitionnaire  reconnaît  lui-même  qu'il  y  a  lieu  de  surseoir  jusqu'à 
ce  que  la  Commission  aura  examiné  cette  demande  principale  ; 

Considérant  que,  pour  la  Commission  de  commerce  à  même  de 
faire  cet  examen,  la  Chambre  consultative  doit  lui  donner  des 
renseignements  sur  les  sûretés  hypothécaires  et  des  expertises  sur 
le  mobilier  industriel  et  sur  les  marchandises  offertes  par  le  sieur 
Meize,  qui  devra  lui-même  faire  procéder  aux  formalités  préalables 
ci-dessous  indiquées;  qu'on  doit  donc  se  borner,  quant  à  présent,  à 
apprécier  l'utilité  du  secours  mensuel  qui  fait  l'objet  delà  seconde 
partie  de  sa  demande; 

(1)  Brigueil  est  dans  le  département  de  la  Charente.  La  fabrique  que  Ton 
désignait  ainsi  tirait  son  nom  de  la  forêt  de  Brigueil,  toute  voisine,  mais 
se  trouvait  en  réalité  dans  la  commune  de  Saint-Brice,  département  de  la 
Haute-Vienne. 


CHAMBRE   CONSULTATIVE     DES   ARTS   ET  MANUFACTURES  201 

Considérant  à  cel  égard  qu'il  est  de  notoriété  publique  que  le 
sieur  Heize  occupe  dans  sa  fabrique  située  à  Soligiiac,  arrondisse- 
ment de  Limoges,  environ  deux  cents  ouvriers  ;  que  le  repos  public 
est  intéressé  à  ce  que  ces  ouvriers  ne  restent  pas  sans  travail; 

Considérant  qu'un  secours  mensuel  au  moyen  duquel  les  prix 
de  main-d'œuvre  pourront  être  régulièrement  acquittés,  permet  seul 
d'atteindre  ce  but; 

Considérant  aussi  que  les  fabriques  de  porcelaine  présentent 
une  branche  d'industrie  qu'il  importe  au  Gouvernement  de  conser- 
ver; 

Considérant  sur  la  demande  formée  par  MM.  Monnerie  fils  et 
Lefebvre,  tendant  à  obtenir  un  secours  mensuel  de  20.000  fr.  pen- 
dant cinq  mois,  sous  l'offre,  pour  en  assurer  le  remboursement,  de 
consigner  des  marchandises  ou  des  valeurs  acceptées  par  bonnes 
maisons  de  Paris  ou  de  Limoges;  qu'il  est  de  notoriété  que  les 
sieurs  Monnerie  et  Lefebvre  activent  deux  manufactures  de  porce- 
laine, situées  l'une  à  Limoges  et  l'autre  à  Saint-Léonard,  dans  les- 
quelles ils  occupent  trois  cents  ouvriers  ; 

Que  les  sûretés  qu'ils  proposent  exigeront  des  expertises  quant 
aux  marchandises  et  l'appréciation  des  signatures  qui  seront  appo- 
sées sur  les  effets  de  commerce,  mais  qu'il  n'y  a  aucun  inconvénient 
à  décider  d'ores  et  déjà  qu'il  y  a  lieu  d^allouer  les  secours  mensuels 
réclamés,  sauf  à  apprécier  les  sûretés  offertes  au  moment  où  ces 
secours  seront  réalisés  ;  qu'au  reste,  l'urgence,  l'intérêt  du  com- 
commerce  et  la  paix  publique  recommandent  cette  demande; 

Considérant  sur  la  demande  des  sieurs  Barbe,  Poncel  et  C**,  ten- 
dant à  obtenir  un  secours  mensuel  de  6.000  fr.  pendant  six  ou  huit 
mois,  qu'il  est  de  notoriété  que  les  pétitionnaires  occupent  environ 
cent  ouvriers  auxquels  il  importe  d'assurer  du  travail  ;  que  les 
sûretés  offertes  par  cette  maison  de  commerce  donneront  lieu  à  des 
expertises,  desquelles  il  faudra  justifier  aux  époques  auxquelles  les 
secours  seront  réalisés  et  qu'il  convient  de  reconnaître  d'ores  et 
déjà  que  le  secours  demandé  est  recommandé  par  l'intérêt  du 
commerce  et  par  àes  raisons  non  moins  puissantes  d'ordre  et  de 
repos  public  ; 

Considérant  sur  la  demande  formée  par  MM.  Nivet  et  Belut  dans 
leur  lettre  adressée  à  M.  le  Maire  de  Limoges  sous  la  date  du 
{*'  novembre  courant,  tendant  à  obtenir  un  nantissement  d'effets  de 
commerce  ou  de  marchandises  un  secours  de  4  à  6.000  fr.  par  mois  ; 
il  est  de  notoriété  que  environ  quatre-vingts  ouvriers  sont  occupés 
dans  cette  fabrique  ;  qu'il  importe  à  la  prospérité  industrielle  et  au 
repos  public  de  soutenir  cet  établissement;  que  les  sûretés  offertes 


902  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   RT   niSTORIQUE   DU   UMOUSlN 

consistant  en  marchandises  ou  en  effets  de  commerce  seront  ulté- 
rieurement expertisées  ou  appréciées  ;  mais  qu'en  attendant,  rien 
ne  s'oppose  à  ce  que  le  secours  réclamé  soit  jugé  utile  et  nécessaire  ; 

Considérant  sur  la  demande  formée  par  M.  Baignol  cadet,  ten- 
dant à  obtenir  une  avance  effective  de  150.000  fr.  ;  savoir  SO.OOO  fr. 
de  suite  et  un  service  mensuel  de  20.000  fr.  pendant  cinq  mois, 
sous  Toffre  de  sûretés  hypothécaires  sur  ses  immeubles  de  Limoges 
et  de  Brigueil,  et  de  consignations  de  marchandises;  qu'il  est  de 
notoriété  que  ce  fabricant  a  formé  au  lieu  de  Brigueil,  département 
de  la  Haute-Vienne,  une  espèce  de  colonie  composée  d'environ  trois 
cents  ouvriers  et  de  leurs  familles  ;  que  cet  établissement  d'une 
haute  importance  se  recommande  sous  tous  les  rapports  ;  que  néan- 
moins les  sûretés  hypothécaires  proposées  ne  pourront  être 
appréciées  qu'après  des  formalités  préalables  ;  qu'ainsi  il  doit  être 
sursis  sur  la  demande  tendant  à  obtenir  au  moyen  de  ses  hypothè- 
ques une  avance  de  50.000  fr.  ;  que  quant  au  secours  mensuel 
de  20.000  fr.  pendant  cinq  mois  et  aux  sûretés  offertes  tout  à  la 
fois  hypothécaires  et  immobilières,  il  est  urgent  d'accorder  le 
secours  à  M.  Baignol,  sauf  à  constater  la  validité  des  garanties 
qu'il  présente  pour  sûreté  de  celte  avance; 

Vu  aussi  la  demande  adressée  à  la  Commission  par  M.  Charpen- 
tier de  Bellecourt,  extracteur  de  kaolin  et  fabricant  de  matières 
à  porcelaine,  demeurant  à  Limoges,  tendant  à  obtenir  un  secours 
mensuel  de  3.000  fr.  ; 

Considérant  que  l'extraction  des  kaolins  ne  se  fait  point  en  hiver; 
qu'on  y  emploie  des  manœuvres  qui  peuvent  être  occupés  aux  tra- 
vaux de  l'agriculture  ;  que  cette  extraction  ne  pourrait  être  activée 
en  hiver  que  dans  le  cas  où  les  fabriques  de  porcelaine  en  auraient 
un  pressant  besoin,  circonstance  qui  ne  se  présentera  point  cette 
année;  que  sous. ces  rapports  le  repos  public  est  sans  intérêt  dans 
la  demande  formée  par  M.  Charpentier;  que  néanmoins  il  est  à  la 
connaissance  de  la  Chambre  que  ce  pétitionnaire  a  fait  des  dépen- 
ses considérables  et  utiles  aux  progrès  de  l'industrie  dans  les 
moulins  et  usines  qu'il  a  créés  pour  la  fabrique  des  matières  et 
pâtes  à  porcelaine  et  qu'il  est  juste  et  convenable  de  venir  à  son 
secours  sur  nantissement  de  marchandises  qui  seront  préalable- 
ment expertisées; 

Considérant  sur  toutes  les  pétitions  précitées,  que  MM.  les  fabri- 
cants varient  entr'eux  sur  les  époques  auxquelles  les  secours  men- 
suels devront  cesser  et  sur  les  époques  où  les  sommes  avancées  à 
titre  de  secours  devront  être  remboursées;  que  la  Chambre  elle- 
même  est  dans  l'impossibilité  de  prévoir  ou  s'arrêtera  la  crise  dans 
laquelle  le  commerce  est  actuellement  compromis;  qu'ainsi  la 


CHàHBRB  CONSULTATIVB    DES   ARTS    KT   MANUFACTUARS  903 

Commission  investie  de  tous  les  pouvoirs  et  mieux  à  même  d'ap- 
précier les  circonstances  et  d'en  prévoir  le  terme,  devra  seule  se 
déterminer  sur  ces  divers  points  ; 

Considérant  toutefois  que  les  secours  accordés,  quels  qu'ils  soient, 
ne  devront  être  délivrés  qu'à  la  vue  des  titres  de  propriété  sur 
expertises  des  mobiliers  industriels  et  des  marchandises  offertes 
pour  sûreté  des  sommes  prêtées  ; 

Qu'ainsi  la  Chambre  doit  se  hâter  de  se  procurer  des  lumières 
nécessaires  pour  répondre  h  tous  les  renseignements  qui  lui  seront 
demandés  sur  les  gages,  mobiliers  et  immobiliers,  offerts  parles 
fabricants  qui  désirent  jouir  du  bénéfice  de  la  loi  ; 

Par  tous  ces  motifs,  la  Chambre  arrête  ce  qui  suit  : 

Art.  1*'.  —  Les  titres  établissant  la  propriété  des  immeubles 
offerts  par  MM.  les  fabricants  prénommés,  la  nature  et  le  montant 
des  inscriptions  hypothécaires,  légales,  conventionnelles  et  autres 
dont  ces  propriétés  ont  pu  être  grevées  jusqu'à  ce  jour,  seront 
soumis  à  l'examen  de  MM.  Tixier  et  Demartial,  avocats,  et  Morélié- 
ras,  notaire. 

Art.  2.  —  La  valeur  vénale  des  objets  immobiliers  sera  constatée 
par  M.  Nanot,  propriétaire  et  expert,  demeurant  à  Aixe,  et  par  le 
sieur  Malinvaud,  aussi  propriétaire,  demeurant  à  Limoges. 

Art.  3.  —  Les  états  estimatifs  du  mobilier  industriel  des  fabri- 
ques et  des  marchandises  seront  dressés  par  MM.  Blanchet  et 
Lagaerry,  négodants  en  porcelaine,  demeurant  à  Limoges. 

Art.  4.  —  Au  requis  des  dits  fabricants,  les  susdits  avocats, 
notaire  et  experts,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  procéderont 
diligemment  et  sans  frais,  sauf  leurs  honoraires  et  frais  de  dépla- 
cement qui  seront  supportés  par  les  dits  fabricants. 

Art.  s.  —  La  Chambre  consultative  estime  qu'il  y  a  lieu  de  sur- 
seoir sur  la  demande  formée  par  M.  Meize,  d'un  secours  de  80.000  fr. 
jusqu  à  ce  qu'il  aura  soumis  son  usine  aux  vérifications  et  esti- 
mations ci-dessus  prescrites. 

Elle  estime  qu'il  convient  d'accorder  au  dit  Meize  un  secours 
mensuel  de  6.000  fr. 

Art.  6.  —  Qu'il  convient  d'accorder  aux  sieurs  Monnerie  fils  et 
Lefebvre  un  secours  mensuel  de  20.000  fr. 

Art.  7.  —  Qu'il  convient  d'accorder  aux  sieurs  Barbe,  Poucet 
et  C^*  un  secours  mensuel  de  6.000  fr. 

Art.  8.  —  Qu'il  y  a  lieu  d'accorder  un  secours  mensuel  de 
4  à  6.000  fr.  aux  sieurs  Nivet  et  Belut. 


30  i  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Art.  9.  —  Qu'il  y  a  lieu  de  surseoir  sur  la  demande  de  M.  Bai- 
gQol,  tendant  à  obtenir  une  avance  de  50.000  fr.  jusqu  à  ce  qu  il 
aura  rempli  les  préalables  (i)  prescrits  par  les  articles  1,  S,  3  et  4 
des  présentes. 

Qu*il  y  a  lieu  néanmoins  d*ores  et  déjà  de  lui  accorder  un  secours 
mensuel*de  20.000  fr.  par  mois. 

Art,  10.  —  La  Chambre  estime  qu'elle  n'a  rien  à  statuer  sur  la 
durée  des  dits  secours  mensuels  et  sur  les  époques  et  les  termes 
de  leur  remboursement,  devant  s'en  remettre  sur  ces  points  à  la 
prudence  et  aux  prévisions  de  la  Commission  elle  même. 

Art.  il.  —  Les  secours  mensuels  accordés,  quels  qu'ils  soient,  ne 
seront  délivrés  aux  pétitionnaires  et  à  chacun  d'eux,  qu'en  par 
chacun  d'eux  rapportant  les  expertises  et  l'état  estimatif  prescrit 
par  les  articles  3,  3  et  4  de  la  présente  délibération,  ou  en  par  eux 
rapportant  des  effets  de  commerce  qu'ils  offrent  en  nantissement  et 
sur  la  solidité  desquels  la  Chambre  statuera  avant  la  délivrance 
des  dits  secours. 

Art.  12.  —  Les  dits  pétitionnaires  pour  recevoir  les  dits  secours, 
devront  aussi  s'obliger  envers  la  Chambre  à  continuer  leur  fabrica- 
tion ou  au  moins  à  lui  donner  assez  d'activité  pour  prévenir  tout 
désordre  de  la  part  de  leurs  ouvriers  respectifs,  et  en  conséquence, 
chacun  des  dits  fabricants  sera  tenu  de  rapporter  chaque  mois 
des  attestations  à  cet  égard  des  autorités  des  lieux  où  leurs  fabri- 
ques sont  situées. 

Art.  13.  —  Copie  de  la  présente  délibération  sera  adressée  de 
suite  à  M.  le  Préfet  du  département  et  à  la  Commission,  ensemble 
les  pétitions  qui  en  font  l'objet  ;  elle  sera  délivrée  par  extraits  aux 
fabricants,  sur  leurs  demandes. 

Art.  14.  —  La  Chambre  estime  également  qu'il  convient  d'accor- 
der à  M.  Charpentier  de  Bellecourt  un  secours  mensuel  de  1.000  fr., 
sous  les  conditions  déjà  exprimées  relativement  aux  autres  péti- 
tionnaires, sauf  la  continuation  des  travaux  de  ses  moulins. 

Fait  à  Limoges,  séance  tenante,  le  3  novembre  1830. 

Signé  :  Alluaud  aîné,  Boudet  fils  aîné  et  J.  AuDOum. 

Séance  du  13  novembre  1830 

M.  le  président  a  déposé  sur  le  bureau  plusieurs  demandes 
formées  par  plusieurs  fabricants  du  département,  en  vertu  de  la 
loi  du  17  octobre  dernier. 

^1)  Dans  le  seos^de  préUminairea.  Cf.  ci-dessous,  p.  S39. 


CHAMBRE   CONSULTATIVE    DEg   ARTS   ET  MANUFACTURES  205 

La  Chambre  après  eo  avoir  délibéré,  vu  la  dite  loi,  Tordonnance 
du  18  et  ravis  inséré  au  Moniteur  du  19  du  même  mois  ; 

Vu  la  demande  formée  le  6  novembre  courant  par  MM.  Latrille 
et  C^%  Tabricants  de  porcelaine,  demeurants  à  Limoges,  tendant  à 
obtenir  un  secours  de  cent  mille  francs  en  dix  pactes  égaux  et  de 
mois  en  mois  ; 

Considérant  que  MM.  Latrille  et  C^<>  occupent. ordinairement  plus 
de  cent  trente  ouvriers  dans  leur  fabrique  de  porcelaine;  qu'il 
importe  à  cette  branche  d'industrie  et  au  maintien  du  repos  public 
que  leur  établissement  soit  secouru  ; 

Que,  s'il  est  vrai  de  dire  que  cette  maison  de  commerce  jouit  d'un 
crédit  fondé  sur  un  fond  commercial  considérable,  il  faut  recon- 
naître aussi  dans  un  moment  où  les  ventes  deviennent  de  plus  en 
plus  difficiles  qu'elle  ne  peut  soutenir  sa  fabrication  qu*au  moyen 
d  un  secours  extraordinaire  : 

La  Chambre  consultative  estime  qu'il  y  a  lieu  d'accorder  à 
MM.  Latrille  et  O*  un  secours  de  80.000  francs  payable  en  dix 
pactes  et  de  mois  en  mois,  sous  la  condition  expresse  qu'ils 
se  soumettront,  avant  les  avances  qui  leur  seront  faites,  aux  exper- 
tises et  aux  vérifications  prescrites  par  les  articles  1,  3,  3  et  4  de 
la  décision  de  la  Chambre  du  2  novembre  courant  et  encore  sous 
l'obligation  de  continuer  leur  fabrication. 

Vu  la  demande  formée  le  6  novembre  courant  par  MM.  Nénert, 
liatrille  et  Ruaud,  demeurants  à  Limoges,  tendant  à  obtenir  un 
secours  de  100.000  francs  ; 

Considérant  que  les  sus-nommés  ne  sont  point  fabricants,  qu'ils 
font  exploiter  des  carrières  de  kaolin,  que  cette  exploitation  peut 
sans  inconvénient  être  ralentie,  qu'elle  doit  l'être  en  hiver,  hors  le 
cas  d'une  activité  extraordinaire  dans  les  fabriques  de  porcelaine, 
cas  où  ces  fabriques  ne  sont  pas  actuellement;  que  les  ouvriers 
employés  dans  la  campagne  à  l'extraction  du  kaolin  peuvent  sans 
inconvénient  pour  la  chose  publique  s'adonner  aux  travaux  de 
l'agriculture  qu'une  industrie  plus  lucrative  leur  avait  fait. quitter  ; 

Considérant  néanmoins  que  MM.  Nénert,  Latrille  et  Ruaud  ont, 
à  leur  charge,  des  usines  considérables  où  ils  font  broyer  des  pâtes 
propres  à  la  fabrication  de  la  porcelaine  ;  que  sous  ce  rapport  ils 
doivent  inspirer  un  grand  intérêt  dans  la  crise  actuelle  : 

La  Chambre  estime  qu'il  convient  d'accorder  aux  dits  MM.  Né- 
nert, Latrille  et  Ruaud  un  secours  mensuel  de  2.000  francs  pendant 
le  temps  qui  sera  fixé  par  la  Commission,  pour  être  remboursé  aux 
époques  qu'elle  déterminera  et  sous  la  condition  qu'ils  se  soumet- 
tront aux  expertises  et  vérifications  préalables  prescrites  par  l'avis; 
de  la  Chambre  consultative  du  2  novembre. 


20G  SOCIÉTÉ  ARCBfcOL03IQDB   ET   HISTORIQUR   DU   LIHOQSIN 

Vu  la  letire  adressée  à  la  Chambre  le  4  novembre  courant  par 
laquelle  M.  Tabaraud,  Tabricant  de  porcelaine,  demeurant  à  Li- 
moges, demande  un  secours  de  8.000  francs  par  mois; 

Considérant  que  M.  Tabaraud  occupe  soixante  à  soixante-quinze 
ouvriers  dans  ses  ateliers  ;  que  sa  demande  se  recommande  parles 
mômes  raisons  d'ordre  et  d'intérêt  public  qui  ont  déjà  motivé  les 
avis  de  la  Chambre  consultative  sous  les  demandes  des  autres 
fabricants  de  porcelaine  : 

Est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'accorder  à  M.  Tabaraud  un  secours 
mensuel  de  5.000  francs  pendant  tout  le  temps  que  la  Commission 
de  commerce  jugera  nécessaire  pour  sortir  de  la  crise  actuelle,  à 
la  charge  par  le  dit  Tabaraud  de  se  soumettre  à  en  effectuer  le 
remboursement  aux  pactes  qui  seront  fixés  par  la  Commission  de 
commerce  et  de  se  conformer  aux  formalités  prescrites  par  les 
articles  i,  2,  3  et  4  de  la  décision  de  la  Chambre  consultative  du 
3  novembre  courant,  pour  sûreté  des  garanties  par  lui  offertes  à 
l'appui  de  sa  demande. 

Vu  la  demande  formée  par  MM.  Bardon  et  C^»,  fabricants  de 
porcelaine  à  Coussac-Bonneval  (Haute- Vienne); 

Considérant  que  plus  de  cent  ouvriers  sont  occupés  dans  leur 
établissement  ;  que,  par  les  mêmes  motifs  qu'a  exprimés  la  Chambre 
consultative,  il  importe  de  le  secourir; 

Considérant  que  les  ouvriers  employés  dans  cette  fabrique 
seraient  réduits  à  la  plus  affreuse  misère  si  les  travaux  en  étaient 
arrêtés  : 

Est  d'avis  d'accorder  à  MM.  Bardon  et  C**le  secours  de  60.000  fr. 
qu'ils  réclament  en  le  divisant  par  huitièmes  payables  de  mois  en 
mois;  en  ce  que  MM.  Bardon  et  C*«  se  soumettront  à  rembourser 
aux  époques  et  dans  les  termes  qui  seront  fixés  par  la  Commission 
de  commerce  et  sous  la  condition  que  leur  fabrication  n'éprouvera 
pas  d'interruptions  et  qu'ils  feront  procéder  aux  expertises  et  véri- 
fications préalables  prescrites  par  les  articles  i,  2,  3  et  4  de  la  dé- 
cision que  la  Chambre  a  prise  le  2  novembre  du  courant. 

Vu  la  demande  de  M.  Laporte,  fabricant  de  couvertures  de  laine 
à  Limoges; 

Considérant  que  M.  Laporte  active  tout  à  la  fois  sa  fabrique  de 
couvertures,  une  filature  de  laine  et  un  moulin  à  farine;  qu'il 
occupe  de  soixante  à  quatre-vingts  ouvriers,  que  cet  industrieux 
fabricant  a  des  droits  à  la  protection  du  gouvernement  sans  laquelle 
ses  ouvriers  resteraient  sans  emploi  : 

Est  d'avis  que  les  vingt-cinq  mille  francs  qu'il  demande  lui  soient 
accordés,  à  la  charge  par  lui  de  se  soumettre  aux  conditions  de 
remboursement  qui  seront  fixées  par  la  Commission  de  commerce, 


CHAMURE  CONSULTATIVE     DES   ARTS   ET   HANUFACTDRES  207 

de  continuer  ses  travaux  et  de  se  justifier  de  ses  titres  de  propriété, 
de  la  valeur  de  ses  immeubles,  conformément  à  la  décision  de  la 
Chambre  du  2  de  ce  mois. 

Fait  et  délibéré  à  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  àlluaud  aine,  maire.  J.  Audoin.  Boudet  fils  aine 
et  A.  Parant. 


Séance  du  26  novembre  1830 

M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  une  demande  de  secours 
formée  le  23  du  courant,  en  vertu  de  la  loi  du  17  octobre  dernier, 
parle  sieur  Faucher  au  nom  du  sieur  Gaulderée-Boilleau,  fabri- 
cant de  porcelaine,  au  chef-lieu  de  Magnac-Bourg. 

La  Chambre,  après  en  avoir  délibéré,  vu  la  loi  du  dit  jour, 
l'ordonnance  du  18  et  Tavis  inséré  au  Moniteur  le  19  du  même 
mois  ; 

Vu  ravis  de  M.  le  maire  de  Magnac  en  date  du  23  de  ce  mois  ; 

Considérant  que  rétablissement  du  sieur  Boilleau  occupe  deux 
cent  cinquante  ouvriers  qui  vivifient  la  commune  de  Magnac  ; 

Considérant  qu'il  est  d'une  haute  importance  pour  la  tranquilité 
publique  de  cette  commune  et  du  département  que  les  travaux  de 
cette  fabrique  ne  soient  point  interrompus;  que  dans  Tétai  de 
souffrance  et  de  langueur  où  se  trouve  le  commerce  de  la  porce- 
laine, il  est  notoire  que  le  sieur  Boilleau  ne  peut  conserver  l'activité 
de  son  établissement,  s'il  ne  reçoit  point  un  secours  proportionné 
à  ses  besoins  ; 

Considérant  néanmoins  que  le  crédit  personnel  dont  jouit  le 
sieur  Boilleau  peut  lui  procurer  quelques  ressources  et  qu'enfin 
les  ventes  ne  sont  pas  entièrement  arrêtées  : 

Estime  qu'il  y  a  lieu  de  lui  accorder  un  secours  mensuel  de 
8.000  fr.  pendant  l'espace  de  six  mois,  à  la  charge  par  lui  de 
donner  les  garanties  et  sûretés  qu'il  a  offertes  en  se  conformant  à  la 
décision  de  la  Chambre  consultative  du  2  novembre  courant  et  de 
s'obliger  à  faire  le  remboursement  de  ce  prêt  aux  époques  qui 
seront  fixées  par  la  Commission  de  commerce. 

Fait  et  délibéré  à  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  àlluaud  aine,  Boudet  fils  aine,  J.  Audoin  et  Â.  Parant. 


208  SOCIÉTÉ   ARCnÉOLOGIQUS  ET   HISTORIQUL   DU  LIMOCSIM 


Séance  du  24  décembre  1830 

M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  les  copies  de  deux  lettres 
de  M.  le  Ministre  des  finances  et  un  extrait  de  Tordonnance  du 
môme  ministre,  le  tout  sous  la  date  du  20  décembre  courant  et 
relatif  à  une  somme  de  85  500  fr.  allouée  à  titre  de  prêt  à  divers 
négociants  ou  fabricants  du  déparlement  de  la  Haute- Vienne. 

Il  dépose  aussi  sur  le  bureau  une  lettre  de  la  Commission  de 
commerce  pour  la  répartition  du  crédit  de  30  millions.  Par  une 
lettre  datée  du  21  courant  la  Commission  annonce  rordonnance 
précitée  relative  à  la  somme  de  85.500  fr.  et  annonce  que  les 
14.500  fr.  formant  le  complément  de  Tallocation  accordée  au 
commerce  de  Limoges  ne  seront  ordonnancés  qu'au  nom  d'un  ou 
plusieurs  fabricants  nominativement  désignés  par  la  Chambre.  La 
Commission  exprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir  faire  des  proposi- 
tions plus  étendues  en  faveur  de  la  ville  de  Limoges.  Ainsi 
s'évanouit  Tespérance  conservée  jusqu'à  ce  jour  par  la  Chambre  de 
voir  porter  à  200.000  fr.  les  secours  attribués  aux  fabricants  du 
département. 

M.  le  Maire  dépose  également  une  nouvelle  demande  formée 
par  M.  Tharaud,  fabricant  de  porcelaine  à  Limoges;  une  autre 
formée  par  M.  Bourdier-Raby,  négociant  filateur,  demeurant  aussi 
à  Limoges  ;  une  autre  formée  par  M.  Gay-Belille,  fabricant  de 
droguets,  demeurant  au  dit  lieu;  une  autre  enRn  formée  par 
MM.  Lagueny  et  Imbert-Nivet,  marchands  et  doreurs  sur  porce- 
laines, demeurant  en  la  dite  ville.  M.  le  Président  dépose  encore 
une  IcUre  datée  du  22  du  courant  par  laquelle  M.  le  Préfet  du  dé- 
partement le  prévient  que  MM.  Latrille  et  C'%  fabricants  de  por- 
celaine, à  Limoges;,  renoncent  à  la  faveur  du  prêt  de  6.000  fr.  qui 
leur  avait  été  accordé  par  l'ordonnance  ministérielle  du  20  courant. 

S'est  aussi  présenté  M.  Thabaraud,  fabricant  de  porcelaine, 
demeurant  à  Limoges,  compris  dans  la  répartition  déjà  ordonnancée 
pour  une  somme  de  4.000  fr.,  qui  a  déclaré  à  la  Chambre  renoncer 
au  dit  emprunt  purement  et  simplement. 

Enfin  M.  le  Président  a  annoncé  à  la  Chambre  que  parmi  les 
experts  qu'elle  a  déjà  nommés,  M.  Corret,  absent  de  cette  ville 
pour  longtemps  encore,  et  M.  Nanot^  dont  le  domicile  est  éloigné, 
ne  peuvent  remplir  la  mission  qui  leur  a  été  confiée. 

M.  le  Président  termine  par  faire  part  à  la  Chambre  d'une  dif- 
ficulté sérieuse.  MM.  les  fabricants  lui  ont  demandé  s'ils  doivent  se 
borner,  pour  assurer  les  sommes  qui  leur  seront  prêtées,  à  consigner 


une  valeur  égale  au  chiffre  de  chaque  prêt,  ou  bien  s'ils  doivent 
dépasser  ce  chiffre  ;  ils  demandent  aussi  quelle  influence  devront 
exercer  sur  les  experlises  les  tarifs  de  chaque  fabrique  de  por- 
celaine. 

La  Chambre  ayant  délibéré  sur  ces  diverses  communications, 
demandes  et  observations  ; 

Considérant  relativement  aux  renonciations  de  MM.  Latrille  et  C** 
et  de  M.  Thabaraud,  que  rien  ne  saurait  obliger  ces  Messieurs  à 
profiter  d'une  faveur;  mais  que  celle  qu'ils  refusent  ne  doit  pas  être 
perdue  pour  le  commerce  du  pays  et  qu'il  y  a  lieu  de  reporter  sur 
d'autres  pétitionnaires  les  10.000  fr.  refusés  par  les  dits  Latrille  et 
Thabaraud;  qu'en  joignant  cette  somme  à  celle  de  14.500  fr.,  tenue 
en  réserve,  la  Chambre  peut  disposer  d'une  somme  de  24.S00  fr.  ; 

Considérant  sur  la  demande  de  M.  Thabaraud  que  sa  fabrique 
est  une  des  plus  importantes  et  des  mieux  dirigées  de  la  ville  et 
que  plus  de  deux  cents  ouvriers  y  sont  occupés  ; 

Considérant  sur  les  demandes  de  M.  Bourdier-Raby  et  Belille 
fils  aine  que  ces  fabricants  occupent  un  grand  nombre  d'ouvriers 
dans  leurs  ateliers  respectifs  ;  que  le  tissage  des  flanelles  et  droguets 
et  la  filature  des  matières  qui  sont  employées  à  leur  confection 
méritent  d'autant  plus  la  sollicitude  du  Gouvernement  que  cette 
industrie  existe  à  Limoges  de  temps  immémorial  où  elle  a  prospéré 
jusqu'à  ce  jour  ; 

Considérant  sur  la  demande  de  MM.  Lagueny  et  Imbert-Nivet,  que 
ces  négociants  secondent  par  leurs  efforts  la  vente  aujourd'hui  si 
difficile  des  produits  des  fabriques  de  porcelaine  et  occupent  aux 
dorures  et  décors  un  grand  nombre  d'ouvriers  ; 

Par  ces  motifs  la  Chambre  arrête  le  tableau  de  répartition  dont 
la  teneur  suit  et  dans  lequel  elle  comprend  MM.  Tharaud,  fabri- 
cant de  porcelaine  à  Limoges,  pour  une  somme  de 13.400  fr. 

Lagueny  et  Imbert-Nivet,  négociants  et  doreurs  de- 
meurant à  Limoges,  pour  une  somme  de 2.500    » 

Bourdier-Raby,  fabricant  de  flanelles  et  droguets  et 
filateur.  pour  une  somme  de 3 .  ICO    » 

Gay-Selille fils  aine,  fabricant  de  flanelles  et  droguets, 
demeurant  à  Limoges,  pour  une  somme  de 3.000    » 

Enfin  M.  Theulier-Thévenin,  fabricant  de  flanelles, 
demeurant  à  Limoges,  dont  la  demande  a  été  accueillie 
dans  une  des  précédentes  séances,  pour  une  somme  de.      3.500    » 

Total  du  montant  du  présent  tableau  de  répartition.    34.500  fr. 

Somme  égale  à  celle  restée  à  la  disposition  de  la  Chambre  sur 
les  100.000  fr.  attribués  aux  commerçants  du  département  de  la 
Haute- Vienne. 


Les  dénommés  aa  présent  tableau  de  répartition  devront  fournir 
au  Gouvernement  les  sûretés  qu'ils  ont  offertes  et  feront  en  con- 
séquence, s'ils  ne  Tout  déjà  fait,  procéder  aux  vérifications  et 
expertises  prescrites  par  les  arrêtés  de  la  Chambre. 

M.  le  Président  reste  prié  de  transmettre  sans  délai  à  la  Commis- 
sion à  Paris  le  présent  tableau  de  répartition  montant  à  la  somme 
de  24.500  fr.  et  de  faire  remarquer  par  sa  lettre  d'envoi  sa  déter- 
mination prise  sur  les  10.000  fr.  refusés  par  MM.  Latrille  et  C*'  et 
Thabaraud  et  le  report  de  cette  somme  sur  le  tableau  de  répartition 
qui  vient  d*élre  fait. 

La  Chambre  prenant  en  considération  Tabsence  de  M.  Corret  et 
réloignement  de  domicile  de  M.  Nanot,  remplace  ces  deux  experts 
le  premier  par  M.  Barbou  aîné,  imprimeur,  demeurant  à  Limoges, 
et  le  second  par  M.  Famé»  propriétaire,  demeurant  rue  du  Clocher, 
sus-dite  ville.  La  présente  nomination  sera  notifiée  sans  délai  aux 
dits  sieurs  Barbou  et  Far  ne. 

Enfin  la  Chambre  considérant,  sur  les  doutes  élevés  par  MM.  les 
fabricants,  que  les  tarifs  des  diverses  fabriques  de  porcelaines  étant 
du  fait  seul  de  chaque  fabricant,  ne  peuvent  servir  de  base,  estime  : 

Que  MM.  les  experts  ne  doivent  recevoir  ces  tarifs  qu'à  titre  de 
renseignements  et  expertiser  les  porcelaines  à  leur  valeur  réelle 
et  vénale,  ne  prenant  pour  règle  que  leur  conscience  et  leurs  con- 
naissances des  cours  du  commerce. 

Considérant  sur  les  proportions  qui  doivent  exister  entre  le 
montant  des  emprunts  et  celui  des  consignations  ou  des  garanties 
que  Tobligation  des  emprunteurs  ne  se  bornera  pas  au  rembourse- 
ment du  capital,  puisque  ce  capital  est  productif  d'intérêt  et  que 
d'un  autre  côté  si  Ton  ne  veut  pas  exposer  le  Gouvernement  à  un 
abandon  pur  et  simple  des  marchandises  données  en  nantissement, 
on  doit  élever  le  chiffre  de  ce  dernier  au-dessus  de  celui  des 
sommes  prêtées,  en  conciliant  toutefois  cette  précaution  avec  les 
règles  de  modération  et  de  justice  que  peuvent  invoquer  les  em- 
prunteurs : 

Par  ces  motifs  et  résolvant  le  doute  exprimé,  la  Chambre  arrête 
que  les  fabricants,  dans  les  consignations  des  marchandises  qu'ils 
auront  à  faire,  seront  tenus  d'élever  le  montant  des  objets  con- 
signés à  un  quart  en  sus  de  celui  des  sommes  prêtées,  en  sorte 
que,  pour  assurer  un  emprunt  de  12.000  fr.,  ils  consigneront  pour 
18.000  fr.  de  marchandises. 

Fait  à  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  Philibert  Aventurier,  adjoint,  Boudbt  fils  aine, 
Thévenin  fils,  F.  Pétiniaud-Champagnag,  J.  àudoin, 
Sénemaud  fils,  B.  Lacroix,  à.  Parant  et  Thomas. 


CiftAMiftRB  CONStJLTATlVK    DBS  AKtà  Bt  ftANUtACtUllBS  21 1 


Séance  du  5  janvier  1831 

Le  Président  a  déposé  sur  le  bureau  : 

1"*  Une  facture  de  M.  Baignol  cadet,  soumise  aux  sieurs  Miquel 
et  Roche  nommés  par  la  Chambre,  s*élevant  à  la  somme  de 
25.259  fr.  35  c.,  sur  laquelle  lesdils  experts  ont  opéré  un  redresse- 
ment de  1.848  fr.  60  c.  tant  sur  les  prix  que  sur  les  grandeurs  et 
dimensions  des  porcelaines  expertisées. 

Sur  cette  facture  réduite  ainsi  à  23.410  fr.  75  c.,  les  experts  ont 
aussi  opéré  une  remise  ou  réduction  de  20  p.  100,  et  par  ce  moyen 
ils  ont  fixé  la  valeur  des  porcelaines  soumises  à  leur  vérification, 
par  M.  Baignol  cadet,  à  la  somme  de  18.728  fr.  60  c,  et  ont  établi  au 
pied  de  la  dite  facture  ainsi  réduite  leur  déclaration  ou  procès- 
verbal  d'expertise  sous  la  date  du  3  du  courant,  qu'ils  ont  signé 
avec  le  dit  sieur  Baignol. 

2^  Un  original  d'un  double  d'écrit  privé,  sous  la  date  du  trois  cou- 
rant, enregistré  à  Limoges  le  cinq  du  même  mois,  passé  entre  M.  le 
maire,  président  de  la  Chambre,  et  les  sus-dits  experls,  d'une  part, 
et  le  sieur  Baignol  cadet,  d'autre  part,  portant  récolement  des 
porcelaines  mentionnées  dans  le  procès-verbal  d'expertise  précité 
et  délivrance  des  dites  porcelaines  de  la  part  du  dit  Baignol,  et 
remise  de  sa  part  de  la  clef  de  la  chambre  dans  laquelle  les  dites 
porcelaines  données  en  nantissement  sont  renfermées  ;  enfin  fer- 
meture de  la  sus-dite  chambre  par  le  dit  maire,  qui  a  retenu  de- 
vers lui  la  dite  clef  et  a  mis  son  scellé  sur  la  porte  de  la  dite 
chambre. 

Vu  les  dites  pièces,  la  Chambre  considérant  : 

1"^  Que  les  porcelaines  données  en  nantissement  par  le  dit  sieur 
Baignol  cadet,  étant  d'une  valeur  réelle  de  18.728  fr.  60  c,  la  somme 
de  14.000  fr.  allouée  au  dit  fabricant  par  ordonnance  ministérielle 
du  20  décembre  dernier  reposera  sur  un  gage  suffisant  ; 

2°  Que  la  délivrance  de  ce  gage  a  été  réellement  faite  aux 
experts  et  à  M.  le  maire  de  Limoges,  acceptant  pour  le  trésor 
public,  ou  quoi  qull  en  soit  pour  le  Gouvernement,  et  que  la  clef 
du  magasin,  où  a  été  enfermé  le  dit  gage,  a  été  remise  à  ce  magis- 
trat qui  en  reste  détenteur  et  chargé  de  veiller  à  la  conservation 
des  dites  porcelaines  ; 

3"*  Que  néanmoins  des  doutes  s'étant  élevés  sur  la  situation  géo- 
graphique de  la  fabrique  de  M.  Baignol  cadet  (1),  il  convient  de  lais- 

(I)  Cf.  ci-dessus  la  note  de  la  page  %Q0, 


?1)  SOCIÉTÉ   ARCnèOLOGIQUK   Et  âlStORI^ÎOE  ))U   LltOtJ^ltt 

ser  aux  agents  du  Trésor  les  soins  d'éclaircir  les  doutes,  qui,  s'ils 
étaient  fondés,  mettraient  la  demande  de  M.  Baignol  hors  des  inves- 
tigations de  la  présente  Chambre. 

La  Chambre  pense  que  les  intérêts  du  Gouvernement  sont 
assurés  et  que  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  la  somme  de  14.000 
francs  allouée  au  dit  sieur  Baignol  cadet  lui  soit  comptée.  Elle  le 
renvoie  à  ces  fins  devant  le  payeur  du  département  et  a  mis  au  pied 
du  procès-verbal  d'expertise  son  approbation;  bien  entendu  tou- 
jours que  M.  le  Maire  est  chargé  de  la  conservation  du  gage  du 
Gouvernement  et  que  M.  Baignol  justifiera  aux  agents  du  Trésor 
public  que  ses  usines  sont  réellement  situées  dans  le  département 
de  la  Haute-Vienne. 

Fait  à  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  sus-dits. 

Signé  :  Philibert  Aventurier,  adjoint;  Thévenin,  F.  Péti- 
NiAUD  Champagnag,  Boudet  fils  aîné,  B^  Lacroix, 
Bouillon,  â.  Parant,  Audouin  et  Thomas  fils. 


Séance  du  25  janvier  1831 

M.  le  Président  dépose  encore  sur  le  bureau  : 

i^'Un  procès-verbal  d'expertise  daté  du  23  courant,  signé  Darte 
et  Roche,  mis  au  bas  d'une  facture  signée  Bardon  fils  aîné  et  G'«; 
expertise  de  laquelle  il  résulte  que  les  marchandises  portées  dans 
la  dite  facture  sont  d'une  valeur  réelle  de  6.615  fr.  90  c.  ; 

2"  Un  écrit  sous  seing  privé  fait  à  Coussac-Bonneval,  le  vingt- 
trois  du  courant,  qui  sera  enregistré  et  fait  double  entre  M.  l'adjoint 
du  maire  de  Coussac-Bonneval  et  les  sieurs  Darte  et  Roche, 
experts  d'une  part,  et  les  dits  sieurs  Bardon  fils  aîné  et  C**,  fabri- 
cants de  porcelaine,  d'autre  part.  Ecrit  duquel  il  résulte  que  récole- 
ment  fait  des  porcelaines  comprises  dans  la  facture  de  M.  Bardon 
fils  aîné  et  C*o,  experlisées  le  23  janvier  courant,  le  dit  sieur 
Bardon  fils  aîné  et  C**  en  a  fait  la  tradilion  ou  remise  réelle 
à  titre  de  nantissement  au  dit  adjoint  et  que  celui-ci  l'a  accepté 
au  dit  titre  pour  le  Gouvernement;  que  remise  des  clefs  du  ma- 
gasin, où  ces  porcelaines  sont  renfermées,  a  été  faite  à  M.  l'ad- 
joint, et  que  ce  magistrat,  après  s'être  assuré  de  la  clôture  des 
croisées  et  de  la  porte  du  dit  magasin,  a  apposé  sur  la  dite  porte 
son  scellé  portant  sa  signature  et  celle  des  dits  experts  et  a  retenu 
devers  lui  les  dites  clefs. 

Vu  les  pièces  ci-dessus,  la  Chambre  considérant  que  les  porce- 
laines expertisées  le  23  du  courant  sont  d'une  valeur  réelle  de 


ICBAÀBRB  CONSOLtATlvk    DlBS  A1IT8  KT  MANUÎ^ACTORKS  M 

6.645  fr.  90  c,  valeur  qui  présente  une  garantie  suffisante  pour  la 
somme  de  5.000  fr.  qui  lui  est  allouée  à  titre  de  prêt  en  vertu  de  la 
loi  du  17  octobre  dernier,  par  ordonnance  de  M.  le  Ministre  des 
finances  du  âO  décembre  aussi  dernier  ; 

Considérant  que  le  dil  gage  a  été  remis  au  pouvoir  de  M.  le  maire 
de  Coussac-Bonneval,  à  litre  de  nantissement,  qui  Ta  accepté  pour  le 
Gouvernement;  que  la  remise  des  clefs  du  magasin,  où  le  dit  gage 
est  renfermé,  a  été  faite  au  dit  magistrat,  reslé  chargé  des  précau- 
tions nécessaires  pour  la  conservation  du  dit  gage;  qu'ainsi  les 
droits  du  Gouvernement  étant  assurés,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que 
M.  Bardon  fils  aîné  et  €*•  louche  la  dite  somme  de  5.000  fr.  :  l'envoie 
pour  la  recevoir  vers  le  payeur  du  déparlement. 

M.  le  Président  dépose  encore  sur  le  bureau  : 

1*  Un  procès-verbal  d'expertise  daté  du  3i  décembre  dernier, 
signé  Miquel  el  Fougères,  mis  au  bas  d'une  facture  signée  P'«  Tha- 
raud,  expertise  de  laquelle  il  résulte  que  les  porcelaines  portées 
dans  la  dite  faclure  sont  d'une  valeur  réelle  de  6.564  fr,  92  c. 

2"  Un  autre  procès-verbal  d'expertise  daté  du  13  janvier  courant, 
mis  au  bas  d'une  faclure  signée  P"  Tharaud,  au  pied  de  laquelle 
MM.  Miquel  et  Fougères,  experts,  ont  établi  séparément  leurs  ap- 
prccialions  discordantes,  M. Miquel,  élevant  la  somme  à7.018fr.  93c. 
et  M.  Fougères,*réduisant  la  sienne  à  la  somme  de  6.580  fr.  25  c. 
A  la  suite  est  écrit,  sous  la  dale  du  18  janvier  courant,  l'opinion  de 
M.  Blanche  aîné,  neveu,  nommé  tiers  expert,  qui  adopte  l'apprécia- 
tion faite  par  M.  Miquel. 

Ces  deux  factures  s'élevant  ensemble  à  la  somme  de  13  583  fr.  85  c. 

3**  Un  sous-seing  privé  daté  de  ce  jour,  qui  sera  enregistré,  passé 
entre  M.  Philibert  Âvanturier,  adjoint  du  maire  de  Limoges,  assisté 
de  MM.  Miquel  et  Fougères,  experts,  el  M.  Blanche,  neveu,  tiers 
expert,  d'une  part; 

Et  M.  P'*  Tharaud,  fabricant  de  porcelaines,  d'autre  part.  Duquel 
il  résulte  que,  récolement  fait  des  porcelaines  expertisées  le  31  dé- 
cembre dernier,  13  et  18  janvier  courant,  et  leur  existence  ayant 
été  reconnue  :  1"*  dans  une  chambre  n""  1  (dépendante  de  la  maison 
domiciliaire  du  dit  P"  Tharaud,  située  à  Limoges,  place  Tourny), 
au  3*  étage,  ayant  vue  sur  le  jardin  ;  2**  dans  une  chambre  n°  2,  au 
second  élage,  ayant  aspect  sur  la  place  Tourny  ;  le  dil  sieur  P"  Tha- 
raud a  fait  la  délivrance  des  dites  porcelaines  à  M.  l'adjoint  sus-dit, 
qui  les  a  acceptées  à  titre  de  nantissement  pour  les  agents  du 
Trésor  public,  ou  quoiqu'il  en  soit  pour  le  Gouvernement. 

Il  résulte  aussi  du  dit  sous  seing-privé  que  M.  P'""  Tharaud  a 
remis  les  clefs  des  dites  chambres  au  dil  magistrat,  lequel  s'élant 
assuré  de  leur  exacte  clôture,  a  même  apposé  sur  les  portes  des 

T.  ui  14 


2U  SOCIÉTÉ  ARtBÉOlOGIQnS   ET  HISTORIQUE  DU   LlltOUSm 

diles  chambres  son  scellé  portant  sa  signature  et  celle  des  dits 
experts  et  a  retenu  devers  lui  les  dites  clefs. 

Vu  les  dites  pièces,  la  Chambre  considérant  que  les  porcelaines 
données  en  nanlissemenl  par  M.  P*^*  Tharaud  étant  d'une  valeur  de 
13.583 fr.SSc.  offrent  un  gage  suffisant  pour  un  prêt  de  10.187  fr.  84c. 
que  ledit  sieur  P'«  Tharaud  réclame  en  ce  moment,  à  valoir  sur  la 
somme  de  13.400  fr.  qui  lui  a  été  allouée  à  titre  de  prêt  par  ordon- 
nance de  M.  le  Ministre  des  finances  du  18  courant  ; 

Considérant  que  le  sus-dit  gage  et  les  clefs  des  chambres,  où  il  a 
été  renfermé,  ont  été  délivrés  à  M.  l'adjoint  du  maire  de  Limoges, 
qui  a  accepté  la  dite  délivrance  à  titre  de  nantissement  pour  le  Gou- 
vernement; qu'ainsi  les  intérêts  et  droits  de  celui-ci  sont  assurés, 
sauf  à  M.  le  maire  de  Limoges,  ainsi  qu'il  en  est  chargé,  à  prendre 
les  sûretés  nécessaires  pour  la  conservation  du  sus-dit  gage  : 

La  Chambre  renvoie  en  conséquence  le  dit  sieur  P"  Tharaud 
vers  le  payeur  du  département  pour  toucher  la  dite  somme  de 
10.187  fr.  84  c. 

M.  le  Maire  a  fait  observer  qu'en  vue  du  prêt  dont  il  s'agit,  il  a 
déjà  fait  à  M.  P**  Tharaud  une  avance  de  la  somme  de  3.000  fr. 
sur  les  fonds  mis  à  sa  disposition  par  arrêté  du  Conseil  de  la  com- 
mune en  date  du  31  juillet,  de  laquelle  somme  la  dite  commune  doit 
être  remboursée  sur  celle  de  10.187  fr.  84  c.  que  M.  Tharaud  doit 
toucher. 

M.  Tharaud  présent  a  déclaré  se  soumettre  au  dit  rembourse- 
ment et  consentir  à  ce  que  la  réserve  en  soit  faite  expressément 
par  la  Chambre,  dans  la  présente  délibération;  de  tout  quoi  la 
Chambre  fait  réserve  à  M.  le  maire. 

Fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  les  jour,  mois  et  an 
sus-dits. 

Signés  :  Philibert  Aventurier,  adjoint;  Boddet  fils  aine, 
Ry  Lacroix,  F.  PÉTiruAiiD-CBAMPAGNAC,  J.  Aodouin, 
R.  Laporte,  a.  Parant,  B.  Thomas  fils  et  Bouillon. 


Séance  du  6  mai  1831 

Monsieur  Audoin  a  fait  le  rapport  suivant  : 

Messieurs» 

Avanl  de  répondre  aux  questiOQs  que  M.  le  Présidenl  de  la  Commission 
du  Commerce  et  des  Colonies  nous  a  proposées,  par  sa  circulaire  du  19  fé- 
vrier dernier,  nous  avons  successivement  réuni  et  consulté  les  nombreuses 
industries  et  professions  industrielles  qui  s^exercent  à  Limoges;  elles  ont 
unanimement  attesté  que  de  Tétat  de  prospérité  auquel  notre  commerce 


s^était  élevé,  avant  les  évènemenls  de  juillet  1830,  il  est  tombé  dans  Tinac- 
livité  la  plus  malheureuse,  depuis  cet  événement. 

Ces  déclarations  sont  en  dehors  de  toute  opinion  politique  ;  elles  sont 
faites  par  des  partisans  de  notre  Révolution  ;  elles  offrent  peu  de  détails 
statistiques  sur  Tétat  précédent  et  actuel  de  notre  industrie  locale,  et  rien 
qui  puisse  s*appliquer  plus  particulièrement  aune  partie  de  la  France;  elles 
attestent  an  changement  qui  afflige  le  commerce  dans  tout  le  royaume  et 
qui  doit  avoir  été  produit  par  les  mêmes  causes. 

Ces  causes  peuvent  s'expliquer  par  des  faits  antérieurs  au  mois  de  juil- 
let 1830. 

Jusqu'à  cette  époque,  nos  fabriques  et  nos  manufactures,  à  la  suite  de 
plusieurs  années  d'une  heureuse  paix,  étaient  montées  par  tous  les  moyens 
possibles,  industriels  et  mécaniques,  à  une  si  grande  activité  qu'elles  sem- 
blaient produire  au-delk  des  besoins  des  consommateurs.  Mais  ces  besoins 
étaient  excités  par  les  infatigables  effets  du  commerce  intermédiaire  et 
par  la  baisse  des  prix  qui  mettait  les  produits  à  la  portée  des  classes  les 
moins  aisées.  Le  goût  de  la  dépense  et  la  facilité  de  le  satisfaire  aidaient 
la  consommation. 

Les  opérations  combinées  des  maisons  de  banque,  établies  dans  tout  le 
royaume,  secondaient  puissamment  le  mouvement  général,  soit  pour  rece- 
voir, soit  pour  payer,  ne  laissaient  inaclives  aucunes  valeurs  métalliques, 
ou  représentatives;  en  faisant  affluer  ces  valeurs  dans  leurs  caisses  et  dans 
leurs  portefeuilles,  elles  multipliaient  les  moyens  de  circulation  et  de  crédit, 
et  leurs  comptoirs  présentaient  des  ressources  pour  les  établissements 
formés,  et  môme  pour  créer  chaque  jour  de  nouvelles  existences  commer- 
ciales. 

Ces  facilités  offertes  à  l'émulation  n'éiaient  pas  sans  inconvénient.  Les 
établissements  de  commerce  à  peine  créés  se  voyaient  désertés  par  leurs 
principaux  employés,  élevant  pour  leur  compte  de  nouveaux  établissements, 
bientôt  affligés  par  la  même  désertion.  Ainsi  se  formaient,  au  lieu  d'une 
concurrence  prudente  et  féconde,  des  déchirements  de  rivalités  directes  et 
ruineuses. 

Par  le  fait  des  crédits  trop  faciles  à  obtenir,  les  classes  industrielles  se 
sentaient  agitées  par  des  hommes  aventureux,  dont  la  témérité,  tout  en 
contribuant  à  activer  le  mouvement  général,  effrayait  les  commerçants  bien 
intentionnés  et  amenait  par  des  faillites  souvent  frauduleuses  et  presque 
toujours  impunies,  des  crises  locales  et  presque  périodiques.  Toutefois  ces 
avertissements  n'étaient  appréciés  que  par  quelques  hommes  prudents, 
dont  la  retraite,  jointe  aux  chûtes  que  je  viens  de  signaler,  offrait  des 
vides  qu*une  masse  dévorée  d'ambition  s'empressait  de  remplir. 

H  eut  été  facile  de  mettre  un  terme  à  ces  désordres,  non  par  des  lois 
contraires  à  la  liberté  que  doit  avoir  tout  citoyen  de  faire  le  commerce, 
mais  par  des  lois  capables  d'assurer  le  châtiment  des  hommes,  qui  ne  se 
jettent  dans  ses  rangs  que  pour  y  chercher  des  dupes.  Malheureusement 
le  Gouvernement  tout  en  reprochant  aux  industriels  une  trop  grande  acti- 
vité, se  bornait  à  calculer  sur  l'excès  même  de  leurs  productions  et  de  leurs 
efforts,  les  moyens  d'étendre  les  perceptions  du  Use. 


t\6  SOClÀTt  ARCHÈOLOGlQUlb  SY  B^StOBtQtJB  t>C   LtÉOUSlH 

La  prospérité  du  commerce  ainsi  foulé  sous  le  poids  de  toutes  les  exi- 
gences fiscales,  forcé  k  des  frais  sans  proportion  avec  ses  béoéGces  et 
troublé  par  des  éléments  de  ruine  et  de  perturbation,  devait  finir  par  être 
plus  apparente  que  réelle.  Sa  situation  se  décelait,  dans  les  dernières 
années  qui  se  sont  écoulées,  par  un  malaise  précurseur  d'une  crise  géné- 
rale ;  et  les  banquiers,  ses  uniques  mais  trop  faibles  étais,  devaient  ûéchir 
e'i  se  briser  à  la  première  commotion  politique  qui  vieudrait  les  ébranler. 

L'apparition  des  Ordonnances  de  Juillet  procura  cet  ébraolement  ;  et  il 
est  vrai  de  dire  que  la  révolution  politique  qui  en  a  été  la  suite,  n'a  pas  été 
la  cause  de  la  crise  commerciale,  mais  Faccident  qui  a  déterminé  cette 
crise.  Les  causes  qui  l'ont  amenée  dérivent  essentiellement  des  vices  de 
notre  législation  commerciale  et  de  notre  régime  fiscal  ;  il  est  vrai  aussi  que 
la  révoliuion  de  Juillet  a  produit  quelques  causes,  mais  celles-là  ne  sont 
qu'accidentelles  ;  l'histoire  aura  à  raconter  un  fait  sans  exemple,  en  présen- 
tant un  peuple  conduit  par  la  force  à  la  nécessité  de  combattre  et  de 
vaincre,  et  s'empressant  de  déléguer  son  pouvoir.  Ce  fait  cependant  n'a  pu 
le  préserver  des  défiances  qui  naissent  au  sein  des  tempêtes  et  qui  agissent 
particulièrement  sur  les  possesseurs  des  fortunes  mobilières. 

11  s'est  aussi  élevé,  au  détriment  du  crédit  et  de  la  paix  publique,  un 
contraste  étonnant  entre  la  générosité  du  peuple  et  les  ambitions  qui  ont 
surgi  après  la  victoire,  contraste  dont  les  ennemis  du  nouvel  ordre  de 
choses  ont  su  tirer  avantage  pour  faire  redouter  et  môme  pour  provoquer 
des  réactions  populaires. 

De  leur  côté,  on  doit  le  dire,  les  nouveaux  dépositaires  du  pouvoir,  faute 
de  s'être  lifttés  d'atteindre  le  but  de  la  Révolution  de  Juillet,  par  des  réfor- 
mes et  de  grandes  économies,  ont  prolongé  l'anxiété  publique,  et  notre 
jeunesse,  moins  faite  pour  gouverner  que  pour  défendre  TEtat,  mais 
franche  dans  ses  discours  et  dans  son  dévouement,  s'est  laissée  émouvoir 
par  les  conseils  de  la  critique  et  de  l'opposition  ;  ces  fâcheuses  dispositions 
ont  produit  des  émeutes;  et  ces  émeutes  ont  aggravé  la  situation  du  com- 
merce, dont  le  premier  besoin  fut  dans  tous  les  temps  et  sera  toujours 
renfermé  dans  la  devise  :  Liberté  et  Ordre  public. 

Après  la  grande  commotion  que  nous  avons  éprouvée,  dont  les  effets  ont 
détruit  ou  mis  en  péril  tant  d'existences  commerciales,  les  banquiers  n'ont 
pas  tardé  à  subir  les  conséquences  de  l'imprudence  avec  laquelle  ils 
avaient  introduit  dans  le  commerce  des  hommes  faits  pour  y  porter  le 
désordre. 

Les  maisons  de  banque,  où  affluaient  et  se  réalisaient  rapidement  toutes 
les  valeurs  commerciales,  ayant  suspendu  leurs  travaux,  chaque  commer- 
çant s'est  vu  dans  la  nécessité  d'opérer  isolément  ses  recouvrements  en 
employant  des  moyens  lents  et  coûteux,  et  même  de  se  précautionner 
d'avance  pour  n'être  pas  pris  au  dépouru.  Les  sommes  que  chacun  tient 
encaissées  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  avant  les  échéances  des 
payements  auxquels  elles  sont  destinées,  causeutdans  la  circulation  un  défi- 
cit incalculable.  Le  défaut  de  circulation  aggravé  par  l'élat  de  défiance  où 
sont  les  commerçants,  privés  de  l'intervention  des  banquiers  pour  faire  ren- 
trer ce  qui  leur  est  dû,  les  préoccupent  et  les  dissuadent  de  toute  spé- 
culation« 


CHAMBBK  CONSULTATIVE  DES  ARTS  KT  MANUPACTURKS         217 

D'an  autre  côté,  i*état  d'incertitude  où  nous  sommes  sur  nos  relations 
extérieures  exerce  aussi  une  influence  fâcheuse  sur  nos  exportations. 

li  se  fait  donc  peu  d*achats  de  marchandises  ;  par  suite  les  produits  de 
l*agricultare  demeurent  invendus,  les  propriétaires  gênés  restreignent  leurs 
dépenses,  le  mouvement  général  se  ralentit  en  tout  sens  au  préjudice  du 
commerce  et  du  trésor  public. 

Cette  crise,  malheureusement  générale  et  trop  longue,  est  plus  sensible 
encore  dans  les  villes  manufacturières,  et  surtout  dans  les  villes  où  il  se 
fabrique  des  objets  de  luxe  ;  aussi,  les  vastes  fabriques  de  porcelaine  dé 
Limoges  et  du  département  de  la  Haute-Vienne  sont-elles  presque  toutes 
en  état  de  chômage  ;  les  secours  qu*elles  ont  obtenus  du  Gouverneoient, 
spécialement  employés  au  payement  de  leurs  ouvriers,  sont  épuisés,  et 
on  ne  peut,  sans  éprouver  un  sentiment  bien  pénible,  contempler  des 
hommes  qui  gagnaient  dans  ces  belles  fabriques  de  trois  k  six  francs  par 
jour,  réduits  à  la  triste  ressource  de  nos  ateliers  de  charité. 

Pour  mettre  un  terme  à  nos  maux,  ou  du  moins  pour  en  atténuer  les 
causes  accidentelles,  il  faudrait  maintenir  la  paix  extérieure  et  assurer 
l'ordre  et  la  paix  dans  l'intérieur. 

Pour  en  détruire  ou  atténuer  les  causes,  il  faudrait  alléger  les  charges 
qui  pèsent  d*un  trop  grand  poids  sur  les  classes  industrielles  et  réviser 
notre  législation  commerciale. 

La  question  de  paix  et  de  guerre  qui  s'agite  dans  tous  les  cabinets,  à  la 
tribune,  dans  les  s«ilons,  offre  partout  des  opinions  divergentes. 

On  voudrait  la  guerre  pour  seconder  les  efforts  des  peuples  qui  sympa- 
thisent avec  nos  principes  ;  on  la  veut  parce  que  nous  avons  beaucoup  de 
bras  inoccupés  dans  nos  villes,  parce  qu'elle  nous  donnerait  la  gloire  et 
nous  vengerait  d'une  double  invasion  subie  après  tant  de  victoires  ;  on  la 
veut  enfin  parce  qu'on  espère  y  trouver  de  nouvelles  chances  de  prospérité 
pour  notre  commerce;  cependant  le  désir  de  conserver  la  paix  se  fait 
remarquer  dans  les  marchés,  dans  les  comptoirs,  dans  les  fabriques  et 
dans  les  magasins  ;  et  la  solution  de  cette  grande  question  ne  saurait  être 
douteuse,  si  les  industriels  avaient  à  la  résoudre. 

La  guerre,  par  ses  approvisionnements  et  par  ses  épouvantables  destruc- 
lions,  offre  sans  doute  des  chances  de  consommation,  de  débit  et  de  fortune  ; 
mais  sont-elles  comparables  à  celles  que  peut  offrir  la  paix  qui,  en  assu- 
rant le  bonheur  et  la  sécurité  des  peuples,  les  excite  à  toutes  les  jouis- 
sances que  le  commerce  se  charge  de  procurer. 

Laissons  à  d'autres  le  soin  de  prouver  l'utilité  de  la  guerre  ;  mais  nous, 
commerçants,  interrogés  comme  tels,  demandons  la  paix. 

Toutefois  en  ramenant  l'attention  des  diplomates  et  des  hommes  d'état 
sur  les  maux  que  se  font  réciproquemment  toutes  les  nations,  par  l'usage 
et  surtout  par  l'abus  des  douanes,  si  elles  protègent  quelques  intérêts, 
quelques  industries  naissantes,  elles  sont  plus  souvent  contraires  à  l'intérêt 
universel. 

Si  le  commerce  doit  désirer  la  paix  extérieure,  son  existence  dépend 
plus  essentiellement  encore  à  la  paix  intérieure.  La  fortune  du  commerçant 
confiée  à  la  foi  publique,  ses  ateliers  fréquentés  par  un  grand  nombre 
frouvriers,  ses  magasins  ouverts  au  public,  ses  marchandises  étalées  dans 


218  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUF.   ET  HISTORIQUE   DO   1  IM0US1N 

les  foires,  sur  les  marchés  et  circulaDt  ainsi  que  ses  commis  sur  toutes  les 
routes,  ont  besoin  d'une  protection  presque  infaillible,  qui  ne  saurait  se 
concilier  avec  les  violences  presque  inséparables  des  troubles  et  des 
émeutes.  Le  négociant  traite  sur  parole,  et  souvent  avec  des  hommes  qui 
n'offrent  d'autres  garanties  que  leur  travail.  Que  deviendrait  cette  garantie, 
que  deviendraient  ces  conventions  basées  sur  la  sécurité  et  sur  la  probilé 
des  contractants,  si  les  lois  venaient  à  se  relâcher  et  si  les  dépositaires  de 
l'autorité  restaient  sans  force? 

•  Il  est  tout  aussi  difficile  de  concevoir  les  moyens  de  soutenir  le  commerce 
dans  une  nation  tourmentée  par  des  dissensions  violentes,  que  de  se  figurer 
l'existence  d'un  cercle  carré. 

Toutefois  les  moyens  de  nous  garantir  des  émeutes  et  des  agitations 
populaires  ne  sont  pas  tous  dans  la  force  morale  des  lois;  c*est  surtout  en 
détruisant  les  causes  ou  les  motifs  de  ces  désordres  qu'on  parviendrait  à 
les  prévenir. 

Entre  les  plus  irritantes  de  ces  causes,  le  commerce,  sur  qui  pèse  la 
charge  des  impôts,  doit  signaler  les  ambitions  satisfaites  ou  pourvues  d*em- 
plois,  et  les  ambitions  déçues,  ou  sollicitantes,  ou  hostiles. 

La  lutte  qui  existe  entre  elles  ne  pourra  s'apaiser  qu'après  que  le 
nombre  des  emplois  et  des  salaires  qui  en  dépendent  auront  subi  les  réduc- 
tions que  l'opinion  publique  sollicite  depuis  si  longtemps. 

C'est  sur  ce  point  que  s'était  égaré  le  génie  de  Napoléon.  Il  crut  donner 
de  vastes  bases  à  son  gouvernement  en  multipliant  les  fonctionnaires  et  en 
les  intéressant  à  sa  conservation  par  de  riches  salaires. 

Il  ne  fit  que  s'aliéner  Tesprit  du  peuple,  et  lorsque  son  trône  vint  à 
s'écrouler,  le  soldat  à  qui  il  n'avait  donné  que  du  pain  en  échange  de  son 
sang,  lui  resta  dévoué,  tandis  que  la  plupart  des  fonctionnaires  ne  furent 
fidèles  qu'à  leurs  emplois  et  à  leurs  émoluments.  Loin  d'avoir  cicatrjsé 
cette  plaie  de  l'Etat,  la  Restauration  n'a  fait  que  l'agrandir  :  ce  mal  devenu 
insupportable  n'a  pas  peu  contribué  à  la  Révolution  de  1830. 

En  se  décidant  franchement  à  supprimer  les  emplois  dont  l'administration 
publique  peut  aisément  se  passer,  on  rendrait  à  la  France  le  repos  que 
réclame  son  commerce,  on  calmerait  celle  fièvre  d'ambition  qui  agite  le 
corps  social,  on  enlèverait  aux  agitateurs  le  prétexte  le  plus  influent  sur  le 
peuple,  à  l'opposition  ses  plus  grands  motifs  de  critique  et  de  plainte;  et 
lorsqu'enfin  les  salaires  auront  été  réduits  en  proportion  des  services,  toutes 
les  incapacités  qui  se  précipitent  au  devant  des  places,  cesseront  de  1rs 
briguer,  ne  trouvant  plus  dans  le  superflu  des  émoluments  le  moyeu  de  se 
décharger  des  soins  administratifs  sur  des  subalternes  à  gages. 

Ces  économies  vivement  désirées  laisseraient  le  commerce  libre  d'une 
partie  des  importunités  fiscales  ;  il  ne  serait  plus  condamné  à  s'épuiser  en 
frais,  et  la  protection  qu'il  obtiendrait  de  l'autorité  publique  serait  dégagée 
des  conditions  qui,  jusqu'à  présent,  l'ont  transformée  en  impôt  accablant. 

On  objecte  toujours  que  les  impôts  font  circuler  le  numéraire  et  que 
le  commerce  a  sa  base  de  prospérité  sur  la  dépense  des  fonctionnaires 
publics. 

L'impôt  force,  en  effet,  les  petits  propriétaires  à  remettre  en  circulation 
l'argent  qu'à  défaut  d'industrie  ils  garderaient  inactif,  mais  les  innombra- 


CHAMBRb   CONSULTATIVE    DBS   AATS   ET  MANUFACTURES  919 

blcs  cotes  des  rôles  suffisent  pour  atteindre  ce  but  contre  les  contribuables 
disposés  à  faire  des  épargnes  ;  dispositions  assez  rares  chez  les  gens  peu 
aisés.  N*est-il  pas  également  vrai  que,  moins  l'impôt  prendrait  sur  la  con- 
sommation des  masses  et  notamment  des  classes  ouvrières,  disposées  à  la 
dépense,  plus  cette  immense  consommation  serait  profitable  au  commerce 
chargé  de  fournir  à  tous  ses  besoins? 

La  raison  prise  du  luxe  des  fonctionnaires  n*est  qu*une  erreur  propagée 
par  ceux  là  mômes  qui  ont  intérêt  à  l'accréditer. 

Sans  doute  Timpôt  largement  déversé  sur  les  salariés  de  TEtat  met 
ceux-ci  à  même  de  dépenser,  mais  il  diminue  les  dépenses  des  masses 
contribuables,  et  cette  diférence  est  nécessairement  au  préjudice  de  la  con- 
sommation générale  et,  par  conséquent,  du  commerce,  surtout  lorsque 
Timpôt  se  prend,  non  seulement  sur  le  superflu,  mais  même  sur  le  néces- 
saire de  ces  masses. 

En  vain  nous  reporterait-on  au  temps  de  TEmpire,  véritable  époque  de 
la  restauration  du  commerce  français,  car  Napoléon  prenait  ses  largesses 
autant  sur  la  victoire  que  sur  l'impôt  en  distribuant  à  titre  de  récompenses 
et  pour  une  réprésentation  dispendieuse  et  obligée,  les  fruits  d*une  guerre 
longtemps  heureuse.  Il  donna  un  grand  élan  à  l*industrie  nationale,  mais 
la  Restauration,  en  prenant  les  mêmes  largesses  sur  Timpôt,  épuisait  le 
commerce  et  le  conduisait  à  Tétatoù  il  est  descendu. 

Ia  législation  qui  a  régi  le  commerce  en  France  fut  longtemps 
empreinte  des  plus  fâcheux  préjugés  :  la  noblesse  dérogeait  en  s'occupant 
du  négoce;  sa  fierté  ou  son  indolence  la  rendant  peu  soucieuse  des  intérêts 
du  commerce,  celui-ci  languissait  et  se  gouvernait  plutôt  par  le  bon  esprit 
et  la  bonne  foi  des  classes  inférieures  que  par  des  lois  positives.  Nos  lois 
commerciales,  avant  Tordonnance  de  1666,  étaient  éparses  dans  quelques 
règlements  relatifs  aux  jurandes  et  aux  corps  de  métiers,  dans  lesquels  se 
trouvait  resserrée  Tindusirie  française;  cette  ordonnance  et  le  code  de 
1807  sont  les  premiers  corps  de  lois  qui  ont  été  donnés  au  commerce. 

A  Tépoque  où  Tordonnance  de  4666  fut  rendue,  elle  suffisait  pour  gou- 
verner les  commerçants  réduits  à  un  petit  nombre  de  privilégiés  formant 
quelques  corporations. 

Les  auteurs  du  nouveau  code  sentirent  que  Tindustrie  dégagée  de  ses 
liens,  appelant  le  concours  de  toutes  les  capacités,  avait  besoin  de  lois 
plus  étendues.  Et,  néanmoins,  ils  furent  loin  de  satisfaire  à  ce  besoin  ;  ils 
eurent  le  pressentiment  des  désordres  qui  devaient  être  la  conséquence  du 
droit  de  faire  le  commerce  accordé  à  tous  les  citoyens,  ils  ne  firent  pas 
tout  ce  qu'il  fallait  pour  mettre  à  Tabri  de  cet  inconvéoient  la  maxime  : 
Laisser  passer  et  laUaeM  faire. 

Les  droits  des  créanciers,  par  exemple,  n*ont  pas  été  entourés  d'assez 
grandes  sûretés;  il  est  vrai  que  les  moyens  de  contrainte,  capables  de  les 
assurer,  sont  difficiles  àconcilier  avec  Tinviolabilité  de  la  liberté  individuelle. 
Et  comme  l'a  fort  bien  fait  observer  Tauteur  de  VEsprit  des  Lois,  si  la 
liberté  du  débiteur  est  préférable  à  l'intérêt  du  créancier,  cette  considération 
applicable  aux  matières  civiles  et  ordinaires  ne  Test  pas  aux  conventions  et 
aux  engagements  qui  dérivent  du  commerce,  car  dans  cette  matière,  la  loi 
doit  faire  plus  de  cas  de  l'aisance  publique  que  de  la  liberté  du  citoyen. 


îiO  SOCIÉTÉ  ARCOéOLOGIQCE  ET  HISTORIQCB   DU  LlXOUSIft 

Le  commerce  aclivé  par  le  concours  de  tous  les  moyens  matériels  et  de 
toutes  les  capacités,  les  propriétaires  et  les  capitalistes  qui  prennent  part 
Il  son  mouvement,  y  portent  des  garanties  matérielles  et  saisissables ;  les 
hommes  qui  n'ont  à  offrir  que  leur  industrie  obliendraienl  peu  de  confiance 
si  la  loi  ne  les  mettait  à  môme  de  former  des  liens  réels  en  leur  permettant 
d'engager  leurs  personnes  et  de  compromettre  leur  liberté  qui  esi  le  plus 
précieux  des  biens.  C'est  donc  par  une  grande  raison  d'utilité  publique 
que  le  législateur  s'est  décidé  à  consacrer  un  pareil  engagement  ;  et  la 
contrainte  par  corps,  écrite  dans  nos  lois  commerciales,  n'est  que  l'accepta- 
tion légale  de  la  seule  garantie  que  l'homme  laborieux,  mais  sans  fortune, 
peut  offrir,  garantie  longtemps  repoussée  comme  insuffisante  par  un  régime 
de  privilèges,  de  jurandes  et  de  maîtrises,  espèce  de  monopole  qui  rete- 
nait le  commerce  français  loin  du  rang  auquel  il  s'est  élevé  depuis  que  les 
effets  de  la  concurrence  libre  et  de  la  plus  brillante  émulation  se  sont  faits 
ressentir. 

Mais  en  donnant  à  tous  les  citoyens  le  droit  de  faire  le  commerce,  nos 
lois  auraient  dû  s'armer  d'une  sévérité  sunisanle  pour  prévenir  les  écarts 
de  la  témérité,  de  l'inconduite,  et  punir  la  mauvaise  foi;  il  est  arrivé  que 
sous  nos  lois  trop  indulgentes  ou  trop  hérissées  de  difficultés  dans  leurs 
moyens  d'exécution,  le  commerce  autrefois  entravé  dans  ses  mouvements 
s'est  senti  gêné  au  milieu  d'hommes  sans  expérience  et  sans  conduite.  11 
ne  s'alarme  pas  de  la  concurrence,  quelque  active  qu'elle  puisse  être,  des 
hommes  animés  de  bonnes  intentions  qui  spéculent  avec  prévoyance  et 
agissent  avec  ordre  ;  il  n'est  parvenu  à  un  point  si  élevé  en  Europe  que 
par  une  émulation  qu'on  doit  bien  se  garder  de  comprimer;  mais  il  repousse 
de  ses  rangs  des  hommes  qui  s'y  jettent  en  foule  pour  s'y  livrer  à  un  véri- 
table jeu  de  hasard  ;  que  ces  hommes  aient  désormais  à  en  redouter  les 
chances  ;  qu'ils  n'aient  plus  tant  de  moyens  pour  les  faire  retomber  sur 
leurs  créanciers,  et  le  commerce  restera  composé  d'éléments  plus  homo* 
gènes  et  marchera  dans  toute  sa  force  sans  se  défier  de  lui-même  et  sans 
inspirer  les  défiances  qui  nuisent  à  son  crédit. 

On  a  reproché  li  nos  fabriques  d'être  trop  productives  et  on  ne  prend 
aucun  moyen  pour  soumettre  nos  fabricants  à  livrer  à  la  consommation 
des  produits  conformes  aux  étiquettes  et  aux  dénominations  qu'ils  leur 
donnent  eux-mêmes. 

On  vérifie  les  poids  et  les  mesures  et  l'on  permet  de  livrer  au  public  des 
étoffes  mélangées  pour  des  étoffes  sans  mélanges,  des  tissus  en  moins  de 
fils  que  leur  dénomination  n'en  comporte.  Sans  doute  le  fabricant  doit 
rester  libre  dans  la  composition  et  dans  la  confection  de  ses  produits;  mais 
cette  liberté  ne  saurait  lui  donner  le  droit  de  tromper  en  vendant  une 
qualité  pour  une  autre,  en  livrant  le  faux  pour  le  vrai;  la  réforme  de  cet 
abus,  sans  nuire  aux  intérêts  de  ceux  qui  introduisent  dans  notre  industrie 
des  inventions  utiles,  protégées  par  des  lois  spéciales,  profilerait  à  nos 
fabricants  qui,  par  leur  loyauté,  obtiendraient  une  plus  grande  confiance 
soit  en  France,  soit  chez  les  étrangers. 

Cette  fidélité,  qu'on  doit  se  presser  d'exijfer,  aurait  pour  conséquence 
inévitable  de  mettre  hors  du  commercé  des  choses  qui  n'y  sont  admises 
que  par  fraude.  Ces. encans  où  cette  fraude  agit  au  préjudice  du  public  et 


CHAMBRE  CONSULTATIVE  DBS  ARTS  ET  MANUFACTURES         3lt 

des  commerçants  consciencieux,  manqueraient  d'aliments  et  les  vœux  gémi» 
nés  du  commerce  contre  ces  marchands  forains,  errants,  seraient  exaucés 
sans  qu'il  fut  besoin  de  porter  atteinte  au  principe  de  liberté  'et  de  laisser 
faire. 

Cette  fidélité  offrirait  aussi  l'avantage  de  rendre  moins  prompte  la  con- 
fection des  produits  et,  sous  ce  rapport  encore,  nos  fabricants  éviteraient 
une  partie  du  désavantage  qu'ils  rencontrent  dans  Texcès  de  leurs  produc- 
tions. 

Si  le  Gouvernement  prenait  des  mesures  sur  ce  point;  si  le  colportage 
était  soumis  désormais  à  des  règlements  de  police  assez  sages  pour  enlever 
aux  colporteurs  le  scandaleux  avantage  de  pouvoir,  quand  ils  le  veulent, 
échapper  aux  poursuites  de  leurs  créanciers  et  même  aux  investigations  de 
la  justice;  si  nos  lois  sur  les  faillites  relevaient  la  morale  publique  en 
offrant  un  châtiment  inévitable  à  la  mauvaise  foi  ;  si  le  crime  de  banque- 
route, qui  blesse  les  plus  grands  intérêts  de  la  société,  était  poursuivi 
comme  les  autres  crimes  et  délits  aux  frais  de  TEtat  au  lieu  de  l'être  sur 
Tactif  des  banqueroutes,  c'est-à-dire  aux  dépens  de  ses  victimes;  si  le  cas  de 
récidive  prévu  par  nos  lois  en  toute  autre  matière  Tétait  aussi  en  matière 
de  faillite;  si  la  contrainte  par  corps,  la  seule  qu'il  soit  possible  d'exercer 
contre  les  débiteurs  qui  ne  laissent  rien  de  saisissable  et  contre  lesquels  la 
procédure  d'une  mise  en  état  de  faillite  serait  impraticable;  si,  disons- 
nous,  la  contrainte  par  corps  n*était  plus  une  véritable  déception  par  les 
difficultés  dont  elle  est  hérissée,  et  par  des  dispositions  intéressées  et  sou- 
vent inertes  des  officiers  ministériels,  auxquels  son  exécution  est  confiée  ; 
si  cette  exécution  rentrait  plus  spécialement  dans  les  attributions  du  minis- 
tère public,  sans  cesser  d'être  aux  frais  de  créanciers  poursuivants;  si  la 
cession  de  biens,  à  laquelle  sont  admis  presque  tous  les  débiteurs,  niôme 
ceux  qui  ne  cèdent  absolument  rien,  n'offrait  plus  tant  d'absolutions  plé- 
nières  et  scandaleuses,  tant  de  violations  manifestes  du  droit  de  propriété; 
si  ce  dernier  refuge,  offert  par  la  loi  à  la  probité  malheureuse,  n'était 
ouvert  qu'à  des  conditions  capables  de  concilier  les  droits  de  l'humanité 
avec  ceux  des  créanciers  :  la  morale  publique  se  relèverait,  le  commerce 
s'épurerait  par  la  seule  conviction  où  chacun  devrait  être  de  ne  pouvoir 
impunément  transgresser  ses  devoirs  et  ses  engagements,  et,  du  sein  de  la 
crise  actuelle,  il  reprendrait  son  essor  entouré  d'une  confiance  d'autant 
plus  grande,  qu'elle  serait  basée  sur  toutes  les  sûretés  que  les  lois  peuvent 
et  doivent  donner. 

Avertissons  donc  le  Gouvernement  de  la  nécessité  où  il  est,  pour  relever 
notre  prospérité  commerciale,  de  mitiger  le  régime  fiscal  qui  gêne  le  com- 
n^erce  dans  tous  ses  mouvements  et  le  pressure  dans  tous  ses  actes,  qui  le 
compromet  à  chaque  pas,  avec  les  prétentions  injustes  et  usurpatrices  des 
octrois  des  villes,  dont  les  règlements  sont  la  plupart  combinés  et  les 
droits  étendus  de  manière  à  frapper  sur  l'industrie;  régime  enfin  qui 
domine  toutes  les  spéculations  et  les  efforts  des  commerçants  et  s'en  appro- 
prie le  bénéfice. 

Sollicitons  des  économies  capables  de  satisfaire  l'opinion  publique,  d'ôter 
tout  motif  à  la  malveillance,  d'apaiser  les  passions  et  d'atténuer  les  char- 
ges sQus  le  poids  desquelles  le  commerce  national  est  accablé;  provoquons 


m  SOCIÉTÉ  ARCBÉOI.OGIQUB    ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

la  révision  de  notre  législation  commerciale,  dont  les  vices  et  ia  faiblesse 
sont  les  causes  principales  de  la  crise  déterminée  par  la  commotion  poli- 
tique que  la  France  vient  d'éprouver. 

Il  serait  à  souhaiter  que  les  réformes  et  les  améliorations  indiquées  dans 
ce  rapport,  où  se  trouvent  reproduites  vos  idées  et  celles  de  tous  les  indus- 
triels que  nous  avons  consultés,  fussent  soumises  avec  les  propositions 
des  autres  Chambres  du  royaume,  à  une  assemblée  réunie  en  conseil 
général  du  commerce  et  formé  d'un  certain  nombre  de  commerçants  et  de 
manufacturiers  pris  dans  les  principales  ville  de  France.  Les  lumières  qui 
jailliraient  d'une  discussion  franche  et  méthodique,  mais  susceptible  de 
tous  les  développements  nécessaires,  mettrait  le  Gouvernement  à  même 
d'apprécier  ces  propositions  et  les  objections  qu'on  peut  y  faire,  et  de  se 
fixer  sur  les  divers  articles  de  nos  codes  et  de  nos  lois  qui  sont  dans  le 
cas  d'être  changés,  étendus  ou  modifiés. 

Là  aussi  pourraient  être  examinés  les  statuts  et  privilèges  de  la  Banque 
de  France,  si  souvent  et  peut-être  injustement  controversés.  On  se  déci- 
derait peut-être  à  créer  des  banques  particulières  qui,  sur  un  tonds  de 
cautionnement  que  chaque  localité  pourrait  assurer,  ajouterait  sur  nos 
places  de  commerce  aux  valeurs  métalliques,  des  valeurs  représentatives 
aussi  sûres  et  aussi  accréditées  que  les  billets  de  Banque  de  France. 

Si  cette  émission  présentait  des  inconvénients,  ces  banques  pai  ticulières 
pourraient,  au  moins,  établir  entre  elles  des  moyens  de  recouvrement  et 
de  remises  de  places  en  places,  et  si  elles  ne  procuraient  pas  immédiate- 
ment toutes  les  facilités  désirables  et  nécessaires,  elles  rendraient  par 
leurs  premiers  efforts  d'importants  services. 

En  tous  cas,  Messieurs,  confions-nous  dans  la  sagesse  et  la  bonne  volonté 
du  Gouvernement.  Il  faudrait  qu'il  se  livrât  à  de  bien  hautes  imprudences 
pour  laisser  compromise  pendant  quelque  temps  encore  la  prospérité  de 
l'industrie  française,  et  nous  ne  saurions  craindre  que  le  commerce  des- 
serve plus  longtemps  notre  belle  France  où  règne  la  liberté  et  où  fleuri- 
ront toujours  les  arts  dont  il  est  inséparable. 

La  Chambre,  adoptant  le  rapport  ci-dessus,  arrête  qu'il  sera 
envoyé  à  M.  le  Ministre  du  commerce,  en  réponse  à  la  circulaire  de 
M.  le  Président  de  la  commission  du  commerce  et  des  colonies,  du 
19  février  dernier. 

Fait  en  Chambre  consultative,  les  jour,  mois  et  an  sus-dits,  où 
étaient  MM.  Boudet  fils  aine  et  Bouillon. 


Séance  du  18  janvier  1832 

Cette  assemblée  convoquée  pour  délibérer  conformément  à  la 
réunion  du  15  du  courant  et  sur  les  demandes  détaillées  dans  la 
lettre  de  M.  le  Préfet,  en  date  du  9  du  dit,  a  arrêté  de  lui  soumettre 
les  observatioas  suivantes, 


CRAMDRB  CONSULTATIVE    DES   ARTS   ET   MANUFACTURES  223 

La  fabrication  de  la  porcelaine  qui  avait  été  réduite,  il  y  a  dix- 
huit  mois,  au  moins  des  deux  tiers,  avait  repris  une  partie  de  son 
activité  depuis  huit  ou  neuf  mois,  les  demandes  pour  la  consom- 
mation intérieure,  qui  avait  été  nulle,  ayant  été  assez  considérables 
à  cette  époque.  Mais  depuis  les  événements  de  Lyon,  il  ne  se  fait 
que  très  peu  d'expéditions  dans  cet  article  et,  si  cet  état  continue, 
les  fabricants  se  voient  à  la  veille  d'être  forcés,  encore  une  fois,  de 
se  ralentir.  Il  est  à  remarquer  que,  cet  objet  étant  de  luxe,  le 
moindre  événement  politique  porte  une  atteinte  mortelle  à  sa  con- 
sommation, tant  pour  Tintérieur  que  poar  l'exportation. 

Cette  industrie  emploie  dans  le  département  quatorze  cents 
ouvriers,  sans  compter  l'exploitation  des  matières  premières.  Le 
prix  des  salaires  a  diminué  de  quinze  pour  cent  depuis  dix-huit 
mois;  et  quelques  fabriques  payent  encore  les  salaires  en  marchan- 
dises. 

La  ville  de  Limoges  possède  pour  seul  avantage  celui  de  se 
trouver  géographiquement  le  point  central  du  Nord  au  Midi  de  la 
France  (de  Lille  à  Perpignan)  (1).  Elle  est  entourée  d'un  sol  ingrat 
qui  ne  fournit  aucun  moyen  d'échange  pour  son  industrie  ;  sa 
position  appréciée  par  M.  Turgot,  qu'elle  n'eut  pas  le  bonheur  de 
posséder  assez  longtemps,  vu  les  lumières  qui  le  firent  appeler 
aux  premières  fonctions  de  l'Etat,  lui  valut  par  ce  grand  adminis- 
trateur l'ouverture  de  plusieurs  routes  principales  qui  devinrent  la 
source  d'un  commerce  intermédiaire,  que  le  besoin,  l'économie  et 
l'aptitude  ont  développé  de  manière  à  pouvoir  l'apprécier  dans  les 
temps  prospères,  jusqu'à  l'époque  de  juillet  1830,  à  environ  trente 
millions,  et  qui  depuis  paraît  avoir  décru  de  près  de  moitié;  ce 
commerce  intermédiaire  git  dans  le  transit  des  articles  du  Nord  au 
Midi,  dans  la  revente,  en  gros  et  en  détail,  delà  draperie  commune 
et  de  la  draperie  fine,  de  la  mercerie,  toilerie  et  rouennerie,  dans 
celle  des  vins  et  eaux-de-vie,  l'épicerie,  les  fers  et  les  cuirs  en 
poil  et  préparés. 

En  général,  il  n'y  a  que  peu  ou  point  de  mouvement  dans  les 
relations  commerciales  ;  elles  ont  semblé  vouloir  se  ranimer  il  y  a 
cinq  ou  six  mois,  mais  les  événements  de  Lyon  les  ont  entièrement 
paralysées;  elles  ne  peuvent  se  rétablir  qu'autant  que  la  sécurité 
renaîtra  pour  toutes  les  classes  de  la  société. 

Fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  les  jour,  mois  et  an 
susdits. 

Signé  :  Soulignac,  adjoint.  Bouillon  jeune,  Boudet  fils  aîné 

et  J.  Chapouuud  fils. 

(1)  Quelle  exagération  !  A  vol  d'oiseaa  Limoges  est  k  9Q  lieues  ie  Per'^ 
pijoan  et  à  138  lieues  de  UHe* 


)â4  SOClCTi  ARCHÉOLOGIQI'B   ET   HISTORIQUE   DU   LIHODSIN 


Séance  du  3  décembre  1832 

Membres  présents  :  MM.  Boudet  aîné,  Audoin  et  Bouillon, 
membres  de  la  Chambre  consallative  ;  et  MM.  Beaudet,  Chapoulaud, 
Leclerc,  Roche  et  Delage,  membres  du  conseil  des  prud'hommes, 
aux  fins  de  satisfaire  à  la  demande  faite  par  M.  le  Minisire  du 
commerce  et  des  travaux  publics,  sur  Tétat  de  l'industrie  commer- 
ciale et  manufacturière  du  département  de  la  Haute- Vienne  et  sur 
les  variations  qu'elle  a  subies  depuis  le  18  janvier  de  la  présente 
année. 

Ont  arrêté  que  les  résolutions  suivantes  lui  seraient  soumises  : 

L'extraction  des  matières  propres  à  la  fabrication  de  la  porcelaine 
et  cette  fabrication  sont  du  plus  haut  intérêt  pour  le  département. 

Par  l'exploitation  des  carrières  et  le  broyage  des  matières 
extraites  on  alimente,  outre  les  fabriques  locales,  toutes  celles  du 
royaume  et  plusieurs  à  l'extérieur;  on  utilise  un  grand  nombre 
d'usines,  on  procure  du  travail  à  beaucoup  d'industries  et  on 
fournit  au  roulage  des  poids  considérables  à  transporter. 

Par  la  fabrication,  on  ouvre  à  la  propriété  des  voies  pour  écouler 
avec  avantage  des  bois  de  chauffage  ;  une  population  nombreuse  y 
trouve  du  travail  et  des  moyens  d'existence  et  on  alimente  le  rou- 
lage, chaque  mois,  de  plus  de  600  quintaux  métriques  de  marchan- 
dise fabriquée  qui  s'expédie  sur  tous  les  points  de  la  France. 

La  grande  quantité  de  matières  préparées  dont,  avant  la  dernière 
révolution,  étaient  pourvus  tous  les  propriétaires  de  carrières  et 
que  la  suspension  d'une  grande  partie  de  la  fabrication  a  de  plus 
en  plus  accrue,  s'est  opposée  à  ce  que  l'extraction  et  la  préparation 
aient  eu  de  l'extension  pendant  le  cours  de  1832.  Cependant  elles 
se  sont  continuées,  mais  moins  par  besoin  de  ces  substances  que 
pour  conserver  l'organisation  établie  dans  les  travaux  des  carrières 
et  des  mines. 

La  fabrication,  au  contraire,  qu'une  stagnation  alarmante  avait 
frappée,  a  repris  toute  son  activité.  Vingt-deux  fours  de  grande 
dimension  et  deux  petits  produisent  mensuellement  pour  environ 
130.000  fr.  de  porcelaine  fabriquée,  dont  l'écoulement  s'opère  sans 
la  moindre  difficulté. 

Les  ouvriers  en  porcelaine  sont  rares  et  recherchés. 

Les  prix  de  façon  que  quelques  fabricant  s  avaient  réduits,  ont  été 
généralement  relevés. 

Les  vingt-quatre  fours  qui  existent  dans  le  département  occupent 
de  quatorze  à  quinzç  cents  ouvriers, 


ÈIAtBRB  (lONSDLTAtIVR    DÉS  ARtS  Bt  ÉARÙirAGTURl^  ^S& 

Moitié  environ  de  la  porcelaine  fabriquée  dans  le  département 
est  expédiée  directement  à  Paris;  là  elle  reçoit  la  dorure  ou  tout 
autre  décor  et  partie  est  livrée  à  la  consommation  intérieure  et 
partie  est  exportée.  La  seconde  moitié  est  envoyée  et  vendue  un 
peu  à  Texlérieur,  mais  en  majeure  partie  dans  les  départements  de 
la  France.  Tous  ces  produits  sont  expédiés  dans  des  caisses  dont  le 
nombre  n'est  pas  moindre  de  six  cents  par  mois;  ces  caisses  sont 
l'objet  d'un  accroissement  d'emploi  de  bois  et  d'occupation 
d'ouvriers. 

En  général  l'industrie  manufacturière  se  plaint,  avec  raison,  que 
les  prix  des  articles  fabriqués  restent  au-dessous  de  la  valeur 
réelle  de  ces  articles  sans  pouvoir  se  relever;  qu'il  y  a  beaucoup 
de  gène  dans  ses  opérations  et  que  cependant  elle  est  toujours 
frappée  d'impôts  et  de  charges  qui  l'écrasent.  Le  temps,  l'allége- 
ment des  impôts  et  une  législation  appropriée  à  ses  besoins 
peuvent  seuls  la  relever  et  lui  faire  atteindre  le  degré  de  prospérité 
dont  elle  est  susceptible. 

Fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative,  les  jour,  mois  et  an 
susdits. 

Signé  :  Boudet  fils  aîné,  Ghapoulaud  fils.  Bouillon  jeune  et 
Alluauo  aine. 


Séance  du  18  février  1833 

M.  le  Maire  dépose  sur  le  bureau  une  lettre  de  M.  le  Préfet  du 
département  de  la  Haute- Vienne  et  un  arrêté  de  ce  magistrat  qui 
autorise  la  commune  de  Limoges  à  affermer  à  son  compte  le  terrain 
riverain  de  la  Vienne,  connu  sous  le  nom  de  charnier  de  l'hos- 
pice (1),  pour  l'affecter  à  un  usage  public. 

Depuis  longtemps  on  avait  senti  l'inconvénient  de  n'avoir  aucun 
lieu  d'abordage  et  de  dépôt  près  d'une  rivière  flottable  ;  l'hospice 
affermant  sa  propriété  à  un  particulier,  le  fermier  en  disposait  à  sa 
volonté  et  dans  son  intérêt  privé  et  cet  état  de  choses  apportait  de 
grandes  entraves  et  des  difficultés  sans  nombre  pour  ceux  qui 
se  livrent  au  commerce  des  bois.  Au  moyen  de  l'autorisation 
accordée  à  l'administration  municipale,  le  terrain  de  l'hospice  va 
s'ouvrir  aux  flotteurs  et  donner  toutes  sortes  de  facilités  aux  mar- 
chauds  de  bois  de  la  ville  et  des  environs,  circonstance  qui,  en 
augmentant  la  concurrence,  amènera  sans  doute  une  amélioration 
dans  les  prix. 

(i)  Ce  chantier  68*  situé  au  Naveix,  près  du  ruisseau  dit  du  BoQ-Pasteur. 


ift  SOCIÉTÉ  ARCB^LOGIQUE  Kt  BiStOltIQtlB  Dt]  Ll^O\]SlK 

Mais  pour  régulariser  rentrée  et  la  sortie  de  ces  bois,  I*empilage, 
triage  et  conduite,  un  règlement  étant  indispensable,  M.  le  Maire 
a  jugé  convenable  d'en  soumettre  la  rédaction  à  la  Chambre  con- 
sultative afin  d'avoir  son  avis  sur  ses  diverses  dispositions.  La 
Chambre,  après  en  avoir  pris  lecture  et  l'avoir  médité  avec  attention, 
a  pensé  qu'avant  d'émettre  un  avis  elle  devait  chercher  à  s'éclairer 
auprès  des  personnes  que  leur  expérience  du  commerce  des  bois 
de  flottage  rendait  propres  à  lui  fournir  d'utiles  renseignements. 

En  conséquence,  et  sur  la  proposition  de  M.  le  Maire,  elle  a 
décidé  qu'elle  procéderait  elle-même  à  une  enquête  à  laquelle  on 
appellerait  des  marchands  de  bois  et  des  fabricants  de  porcelaine, 
également  intéressés  à  ce  que  l'établissement  nouveau  fut  régi  par 
des  règlements  favorables  à  leur  commerce  et  à  leur  industrie. 

Sur  cette  invitation,  M.  le  Maire  a  décidé  que  l'enquête  aurait 
lieu  dans  une  des  salles  de  la  mairie  devant  MM.  Boudet,  Germain 
et  Ardant  et  qu'on  y  appellerait  MM.  Bureau,  Peyrat,  de  Peyramont, 
Tharaud,  Latrille,  Tarnaud,  Redon,  Durand  et  Belajon. 

M.  Boudet,  vice-président,  donne  communication  à  la  Chambre 
d'une  lettre  des  fabricants  de  porcelaine  qui  demandent  la  sup- 
pression du  droit  d'octroi  sur  les  bois  employés  à  la  cuisson  de 
cette  poterie.  Par  cette  lettre  on  réclame  surtout  l'appui  de  la 
Chambre  auprès  du  Conseil  municipal,  appelé  à  émettre  un  avis 
sur  cette  importante  question. 

Ici  M.  le  Maire  cède  la  présidence  à  M.  Boudet,  déclarant,  par 
un  motif  de  délicatesse  que  la  Chambre  appréciera,  ne  pouvoir 
connaître  d'une  demande  au  succès  de  laquelle  il  a  le  plus  grand 
intérêt. 

Après  une  mûre  délibération,  la  Chambre  s'empresse  de  recon- 
naître la  justice  de  la  réclamation  formée  par  MM.  les  fabricants 
de  porcelaine. 

Elle  a  considéré  que  dans  cette  fabrication  le  bois  ne  peut  être 
taxé  comme  un  objet  de  consommation  pure  et  simple  ;  or  on  sait 
que  l'essence  du  droit  d'octroi  est  de  ne  frapper  que  sur  la  con- 
sommation. Ici  la  Chambre  ne  voit  dans  le  bois  employé  à  la  cuisson 
de  la  porcelaine  qu'une  matière  première  mise  en  œuvre  pour 
produire  celte  belle  poterie,  l'honneur  de  l'industrie  limousine;  et 
ce  point  de  vue  est  si  juste  que  le  bois  entre  environ  pour  un  quart 
dans  la  valeur  de  la  porcelaine  et  dès  lors  ne  saurait  être  considéré 
comme  un  accessoire.  La  Chambre  pense  donc  que  le  bois  étant 
une  substance  indispensable  à  cette  fabrication,  où  elle  entre  pour 
une  partie  majeure,  elle  doit  être  traitée  comme  toutes  les  matières 
premières  et  d'après  les  principes  de  droit  et  de  fait  favorables  au 
progrès  et  au  développement  de  l'industrie.  En  conséquence  elle 


CHAtBIlB  CONSULtAtlVE  t^BS  ARtft  ET   BkANUÉACtORKS  M 

sollicite  avec  empressement  rafTraDchissement  du  bois  destiné  aux 
fabriques  de  porcelaine  comme  une  chose  tout  à  la  fois  juste  et 
utile. 

La  Chambre  dit  que  cet  affranchissement,  dont  elle  a  prouvé  la 
justice,  sera  d'une  haute  utilité  à  la  cité,  parce  qu'elle  ne  doute 
pas,  qu'en  cas  de  refus,  les  fabricants  de  porcelaine  n'aillent  cher- 
cher des  localités  plus  disposées  à  les  favoriser  et  ne  transportent 
ailleurs  leur  industrie  et  tous  les  avantages  qui  raccompagnent. 

En  effet,  déjà  plusieurs  manufacturiers  séduits  par  la  différence 
du  prix  du  combustible  et  des  droits  d'octroi,  ont  élevé  des  fabriques 
à  Saint-Léonard,  Brigceil  (1),  etc.,  cet  exemple  sera  suivi  par  d'au- 
tres, si  on  persiste  dans  les  rigueurs  du  tarif  des  droits  d'entrée,  et  la 
ville  de  Limoges  perdra  non  seulement  la  valeur  des  perceptions 
sur  les  bois,  mais  encore  tout  ce  que  la  consommation  des  nombreux 
ouvriers  et  de  leur  famille  ajoutait  au  chiffre  de  ses  revenus. 

Ces  considérations,  qui  sont  d'un  ordre  fort  élevé,  ont  frappé  la 
Chambre  consultative  qui  se  fait  un  devoir  de  les  présenter,  en 
appuyant  de  toutes  ses  forces  la  demande  de  MSI.  les  fabricants  de 
porcelaine. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Fait  et  arrêté  en  Chambre  consultative  des  manufactures  les 
jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  âlluaud  aîné,  ârdant,  Boudet  fils  aine  et  L.  Germain. 


Séance  du  7  juin  1833 

M.  le  Maire  entretient  la  Chambre  des  manufactures  de  porce- 
laine, établit  par  aperçu  le  nombre  des  fours  existant  dans  le 
département,  et  promet  pour  la  prochaine  réunion  un  travail 
complet  sur  cette  industrie,  en  commençant  par  l'exploitation  des 
carrières,  la  trituration  des  terres,  la  fabrication  de  la  porcelaine, 
et  la  transformation  que  la  dorure  et  la  peinture  lui  font  subir  (3). 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures. 

En  foi  de  quoi,  a  été  dressé  le  présent  procès-verbal  qui  a  été 
signé  par  tous  les  memtires  présents  à  la  séance. 

Signé  :  Ardant,  Boudet  fils  aine,  Germain  et  Pétiniaud  (ils 
atné. 

(t)  Corrigez  SaiDl-Bricc.  Voy.  ci*dessus  la  Dde  de  la  page  20O. 
(2)  Ce  travail  de  M.  François  Alluaad  était  achevé  en  1836  et  a  été  publié 
en  1837.  Voy.  plus  loin  la  séance  du  11  août  1837  et  la  note  y  relative. 


m  société  AaGat0L0<}lQÙB  Bt  BistèaiùuB  bo  Uiloosilk 


Séance  du  28  octobre  1833 

La  Chambre  est  convoquée  pour  prendre  connaissance  d*aDe 
letlre  de  M.  le  Ministre  du  commerce,  qui  annonce  que,  par  une 
ordonnance  du  roi  du  10  octobre  courant,  la  Chambre  consullative 
de  Limoges  est  autorisée  à  envoyer  un  député  au  Conseil  général 
des  manufactures,  et  investie  du  droit  de  l'élire,  toutefois  en  le 
choisissant  parmi  les  manufacturiers.  En  conséquence,  elle  procède 
à  cette  nomination  au  scrutin  secret.  Au  premier  tour,  M.  F.  Âlluaud 
aîné,  fabricant  de  porcelaine,  a  réuni  la  majorité  des  suffrages  et  a 
été  proclamé  député. 

M.  le  vice-président  fait  observer  qu*il  est  désagréable  pour  la 
Chambre  de  ne  pas  avoir  encore  été  mise  en  possession  de  Tappar- 
tement  qui  lui  avait  été  assigné  par  M.  le  Maire  pour  y  tenir  ses 
séances.  Ses  archives  consistent  dans  un  carton,  que  sa  mobiUté 
rend  peu  propre  à  conserver  des  papiers  importants  et  des  docu- 
ments précieux  pour  le  commerce  et  l'industrie  du  pays.  La  Chambre 
reconnaît  les  inconvénienls  nombreux  de  Télat  de  choses  actuel,  et 
arrête  qu'elle  priera  M.  le  Maire  de  le  faire  cesser,  en  mettant  à  sa 
disposition  un  local  pour  ses  réunions  et  des  armoires  fermant  à  clef, 
où  ses  archives  pourront  être  placées,  de  manière  à  retrouver  lou- 
jour  au  même  lieu  les  pièces  nécessaires  à  ses  délibérations. 

Un  membre  entretient  la  Chambre  de  l'utililé  d'une  caisse 
d'épargne  et  de  prévoyance  pour  les  ouvriers,  et  engage  les  mem- 
bres présents  à  y  concourir,  soit  par  sa  souscription,  soit  par  son 
influence.  L'autorité  municipale  paraît  appelée  à  prendre  l'iniative 
de  cet  objet  important;  un  membre  propose  d'en  entretenir  le 
Conseil  de  la  commune,  et  il  demeure  convenu  qu'à  la  prochaine 
réunion  de  la  Chambre,  on  soumettra  à  son  examen  le  projet  déjà 
discuté  par  la  Société  d'agriculture,  et  qui  est  accompagné  de  plu- 
sieurs documents  propres  à  jeter  beaucoup  de  lumière  sur  cet  utile 
projet. 

Ainsi  fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  des  manufactures, 
les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  Ardant,  Boudet  fils  aine,  Pétiniauu   fils   atné, 
Germain  et  J.  Chapoulaud  fils. 

U)  Séance  du  26  février  1834 

M.  fioudet  [aîné]  remet  sur  le  bureau  plusieurs  exemplaires  d*un 
mémoire  qui  a  pour  titre  :  De  la  nécessité  d'affranchir  des  taxes 

(1)  Extraits  du  deuxième  registre  des  délibérations  de  la  Chambre. 


tRA^BRB  CONSULTATIVE  t^ÈS  ARVs   Et   kAN^IPAttURES  iA 

de  l'octroi  le  combustible  et  les  autres  matières  premières  indispensa- 
bles à  la  fabrication  de  la  porcelaine.  A  ce  sujet,  M.  Pétiniaud  sou* 
met  à  la  Chambre  quelques  réflexions  sur  Timportance  de  cette 
question,  qui  touche  aux  plus  grands  intérêts  de  la  cité.  Il  fait  sen- 
tir tout  le  danger  que  court  la  ville  de  Limoges  de  se  voir  deshériter 
des  immenses  avantages  que  fixe  dans  son  sein  une  industrie  qui 
occupe  plusieurs  milliers  de  bras  et  qui  fait  circuler  tous  les  ans 
plusieurs  millions  d'espèces  sur  notre  marché.  La  consommation 
du  bois  entrant  pour  un  quart  dans  les  éléments  de  fabrication  de 
la  porcelaine,  l«  combustible  ne  doit  pas  être  considéré  dans  cette 
opération  comme  celui  qu'on  emploie  dans  les  autres  ateliers.  Ici, 
il  doit  être  pris  et  traité  comme  matière  première  et  dès  lors 
affranchi  de  tout  droit  comme  substance  indispensable  à  Tindustrie. 
D'après  ces  considérations,  la  Chambre  pense  qu'elle  doit 
renouveler  le  vœu  émis  par  elle  et  consigné  dans  son  procès-ver- 
bal du  18  février  1833;  ajoutant  que  les  renseignements  qu'elle  a 
pris  depuis  cette  époque  et  ses  propres  observations  la  maintien- 
nent dans  l'opinion  alors  manifestée  sur  l'indispensable  nécessité 
d'affranchir  du  droit  total  de  l'octroi  le  bois  destiné  à  chauffer  les 
fours  à  porcelaine.  Elle  ajoute  encore  que,  si  les  embarras  de  la 
caisse  municipale  ne  lui  permettaient  pas  une  entière  concession, 
elle  croit  qu'il  y  a  urgence  d'apporter  dans  ce  droit  au  moins  une 
diminution  de  moitié.  S'il  en  était  autrement  et  contre  son  attente, 
elle  craint  de  voir  le  chef-lieu  privé  des  avantages  de  la  seule 
industrie  qui  soit  vraiment  indigène,  industrie  qui  pourrait  porter 
ses  ressources  à  d'autres  villes  et  peut-être  à  des  localités  situées 
hors  du  département. 

Séance  du  3  octobre  1834 

La  correspondance  se  compose  : 

8*  [d'une  autre  lettre  de  M.  le  Ministre  du  commerce],  du  20  sep- 
tembre, qui  appelle  l'attention  de  la  Chambre  sur  le  projet  de  loi 
de  douanes,  que  le  gouvernement  se  propose  de  présenter  à  la 
rentrée  des  Chambres  législatives,  ou  plutôt  réclame  ses  observa- 
tions pour  l'aider  à  rédiger  ce  projet  dans  l'intérêt  général  de  l'in- 
dustrie et  du  commerce.  La  Chambre,  après  avoir  entendu 
M.  Alluaud  aîné  sur  la  question  de  la  porcelaine,  résume  son 
opinion  et  charge  le  secrétaire  de  la  formuler  dans  la  réponse  qu'on 
doit  faire  à  la  lettre  ministérielle.  }(ous  transcrivons  ici  tout  au 
long  cette  dépêche,  pour  conserver  l'esprit  et  la  lettre  du  résultat 
de  celte  importante  délibération. 

T.  LU  40 


)30  SOClàlft  ARCttiOLOOlQOB  Et  BlStORIQOB  bU  LlHOOSM 

Monsieur  ls  Mikistrk, 

Les  intérêts  spéciaux  de  la  ville  de  Limoges  fixent  plus  particulièrement 
Tatleution  de  la  Chambre  sur  ce  qui  concerne  les  poteries.  Nos  belles  pro- 
ductions en  porcelaine  font  trop  d'honneur  à  l'industrie  nationale  pour  ne 
pas  mériter  toute  la  sollicitude  du  gouvernement,  et  nous  n'avons  aucune 
raison  pour  ne  pas  compter  sur  sa  bienveillance.  Le  point  de  perfection  où 
sont  parvenus  nos  ouvriers,  ne  nous  fait  rien  redouter  de  la  concurrence 
étrangère,  lorsque  des  droits  suffisans  serviront  de  contrepoids  aux  diver- 
ses circonstances  soit  locales  ou  autres,  qui  peuvent  établir  quelque  infé- 
riorité nuisible  à  nos  intérêts.  C'est  au  gouvernement  à  les  apprécier,  et 
nous  nous  bornons  à  déclarer  ici  que  nous  verrons  sans  peine  lever  la 
prohibition  et  la  remplacer  par  des  droits  suffisans  sur  les  poteries  étran- 
gères, particulièrement  les  poteries  fines,  toutefois  en  se  réservant  une 
réciprocité  établie  sur  les  bases  d*un  juste  équilibre... 

Nous  sommes  avec  respect,  Monsieur  le  Ministre... 


Séanoe  du  10  janvier  1835 

L^objet  de  la  réunion  est  de  répondre  à  une  lettre  de  H.  le  Préfet 
qui  demande  Tavis  de  la  Chambre  sur  le  tarif  à  établir  dans  le  cas 
où  un  atelier  de  brunisseuses  en  porcelaine  serait  formé  à  Limo- 
ges, à  la  Maison  centrale.  Avant  de  soumettre  cette  affaire  à  sa 
discussion,  la  Chambre  témoigne  le  désir  de  s'éclairer  sur  un 
genre  de  travail  dont  les  diverses  parties  lui  sont  peu  familières.  En 
conséquence,  elle  décide  que  M.  Roche,  fabricant;  MM.  Lagueny 
et  Fougères,  décorateurs  ;  seront  priés  de  fournir  des  renseigne- 
ments préalables. 

La  Chambre  entend  les  deux  premiers  et,  après  une  assez  longue 
conférence,  MM.  Roche  et  Lagueny  qui  se  sont  rendus  à  son  appel, 
sont  invités  à  mettre  par  écrit  leurs  observations  sur  le  tarif  pro- 
posé, afin  que  la  Chambre  puisse  fixer  son  opinion  avec  plus  de 
connaissance  des  objets  qui  seront  soumis  à  son  examen. 


Séance  du  24  janvier  1835 

L'ordre  du  jour  appelait  ensuite  la  continuation  de  la  délibéra- 
tion sur  le  tarif  de  brunissage  proposé  par  MM.  les  entrepreneurs 
de  la  Maison  centrale. 

L'assemblée  compare  au  tarif  proposé  celui  qu'elle  a  cru  devoir 
demander  à  MM.  Roche  et  Lagueny;  mais  les  différences  qui  exis- 
tent entre  les  deux ''cotes  ne  lui  permettent  pas  de  prendre  une 


ÊttAHB^B  COKÉULtAtlVÊ  bBS  ÀRT^  Et  ttAfetU^AClbRÉS  23t 

dèterminalioD  positive.  Elle  juge  plus  pradent  de  s^entourer  encore 
d'aulres  renseignements  qui  seront  réclamés  le  plus  tôt  possible  de 
toute  autre  personne  s'occupanl  de  dîrure  sur  porcelaine. 

(Suit  un  long  tableau,  en  quatre  pages,  du  tarif  de  brunissage 
sur  porcelaine  à  la  Maison  centrale  de  détention). 


Séance  du  21  mars  1836 

M.  l'Adjoint  [au  maire  empêché]  remet  sur  le  bureau  une  lettre 
de  M.  Tharaud,  fabricant  de  porcelaine,  qui  adresse  à  la  Chambre 
deux  exemplaires  d'un  mémoire  imprimé,  ayant  pour  titre  : 
Observations  des  propriétaires,  marchands  de  bois  et  manufacturiers 
de  porcelaine,  sur  le  régime  actuel  du  flottage  du  bois,  du  barrage, 
et  sur  la  nécessité  de  l'établissement  d'un  port  public  à  Limoges. 

La  Chambre  entend  la  lecture  de  la  lettre  de  M.  Tharaud,  qui 
demande  Tattenlion  et  Tinlérôt  de  la  Chambre  pour  les  diverses 
demandes  contenues  dans  le  mémoire  qu'il  a  1  honneur  de  lui 
soumettre.  Ces  demandes  sont  de  la  plus  haute  importance  pour  la 
première  de  nos  industries,  et  il  ne  doute  pas  que  les  protecteurs 
naturels  de  cette  branche  de  la  prospérité  du  pays  n'appuient  de 
tout  leur  pouvoir  d'aussi  justes  réclamations. 

La  Chambre,  quoique  bien  disposée  à  faire  tout  ce  qui  dépendra 
d'elle  pour  favoriser  des  intérêts  aussi  majeurs,  décide  qu'avant  de 
délibérer  sur  cet  objet,  elle  doit  donner  uue  sérieuse  attention  à  la 
lecture  de  ce  mémoire.  En  conséquence,  elle  s'ajourne  au  mardi, 
29  de  ce  mois,  époque  où  tous  ses  membres  auront  pu  méditer  sur 
cet  objet  important. 

Une  lettre  de  M.  le  Ministre  du  commerce  fait  connaître  à  la 
Chambre  la  réclamation  qui  lui  est  adressée  par  les  fabricants  de 
porcelaine  de  Limoges,  sur  le  préjudice  considérable  qu'apportent 
à  l'écoulement  de  leurs  produits  les  droits  d'octroi  dont  sont  frap- 
pés les  bois  de  chauffage  qu'ils  emploient  dans  leurs  usines,  il 
ajoute  qu'avant  de  prendre  un  parti  définitif  sur  cette  réclamation, 
il  désire  avoir  l'avis  de  la  Chambre  consultative,  et  la  prie  d'exa- 
miner les  questions  suivantes. 

La  Chambre  les  a  soumises  à  une  longue  discussion,  et  voici  les 
réponses  qui  ont  été  adoptées  après  une  mûre  délibération  et  après 
avoir  consulté  les  notes  et  renseignements  qu'elle  s'était  procu- 
rées depuis  longtemps,  cet  objet  ayant  été  traité  par  elle  à  diverses 
reprises  et  à  des  époques  différentes. 


î^t  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGTQUtt  BT  ttlStOHlOUB  l^Û  LllIOUSM 

1"  Question  :  Quelle  était  la  quantité  de  bois  que  lex  fabricants  de 
Limoges  employaient  à  la  cuisson  de  leur  porcelaine  en  i  832? 

Comme  point  de  départ,  Tannée  1832  présenterait  peu  d'exacti- 
tude pour  l'appréciation  de  la  consommation  du  combustible.  À 
peine  remise  des  secousses  de  1830,  la  fabrication  était  loin  d'être 
rentrée  dans  la  plénitude  de  son  activité.  Pendant  le  cours  de  celte 
année,  les  fpurs  n'employèrent  que  de  vingt-et-un  à  vingt- trois  mille 
stères  de  bois. 

En  1833,  une  coalition  d'ouvriers  paralysa  pendant  plusieurs 
mois  les  travaux  de  ces  fabriques.  Ainsi  ce  n'est  qu'à  partir  de 
1834  qu'on  peut  établir  d'une  manière  exacte  le  chiffre  de  la  consom- 
mation du  combustible.  Il  s'est  élevé  en  1835  à  29.700  stères. 

2*  Question  :  Dans  quelle  proportion  le  prix  de  ce  combustible 
entrait-il  dans  la  formation  du  prix  de  revient  ? 

Cette  appréciation  est  subordonnée  à  plusieurs  circonstances, 
telles  que  le  prix  du  bois  qui,  comme  toutes  les  marchandises, 
subit  des  variations;  la  dimension  des  fours  et  la  nature  des  objets 
de  fabrication.  Toutefois  la  Chambre,  après  un  mur  examen  de 
cette  question  et  après  avoir  comparé  un  grand  nombre  de  docu- 
ments qu'elle  possède,  a  pensé  qu'on  pouvait  évaluer  à  27  p.  100  le 
montant  du  bois  employé  à  la  fabrication  de  la  porcelaine,  c'est-à- 
dire  que  la  valeur  du  combustible  entrait  pour  plus  d'un  quart  dans 
les  éléments  de  cette  môme  fabrication. 

3"  Question  :  Le  droit  d^ octroi  sur  le  bois  de  chauffage  doit-il  effec- 
tivement mettre  les  fabricants  de  porcelaine  de  Limoges  hors  d'état 
de  soutenir  la  concurrence  des  autres  établissements  du  même  genre 
existant  ailleurs  ? 

La  Chambre  a  déjà  éveillé  l'attention  de  l'autorité  municipale  sur 
l'objet  de  cette  question.  En  18.  .(^)  et  en  1833  elle  a  manifesté  la 
crainte  de  voir  déchoir  à  Limoges  une  industrie  dont  la  prospérité 
a  droit  à  toute  sa  sollicitude.  La  suppression  du  droit  d'octroi  sur 
les  bois  employés  à  la  fabrication  de  la  porcelaine  a  été  réclamée 
deux  fois  par  la  Chambre,  et  elle  ne  peut  que  renouveler  ce  vœu. 
Elle  pense  que  le  maintien  de  ce  droit  rend  la  situation  des  manu- 
facturiers de  Limoges,  vis-à-vis  de  leurs  concurrents  au  dehors,  on 
ne  peut  plus  désavantageuse;  que  déjà  divers  inconvénients  de 
localité  rendent  la  lutte  inégale  et  que  le  seul  moyen  d'atténuer 
celte  inégalité  serait  la  suppression  du  droit  qui  pèse  sur  un  objet 

(I)  La  date  est  restée  en  blanc  :  noas  n'avons  point  réussi  à  la  retrouver 
dans  les  procès-verbaux  manascrits. 


CBAMBHB   CONSULTATIVE   DES    ARTS   ET   MANUFACTURES  933 

qui,  dans  l*espëce,  ne  peut  être  considéré  que  comme  maliëre  pre- 
mière et  comme  élément  d'une  industrie  digne  de  toute  la  protec- 
tion du  gouvernement. 

i*  Question  :  La  réduction  du  droit  d'octroi  sur  la  houille  peut-elle 
avoir  pour  résultat  de  faire  remplacer  en  grande  partie  par  ce 
combustible  le  bois  précédemment  employé  ? 

Cette  rédaction  ne  peut  avoir  aucun  résultat  avantageux  pour  la 
fabrication  de  la  porcelaine  parce  qu*on  ne  peut  employer  la  houille 
à  chauffer  les  fours.  Quelques  essais  ont  été  tentés  dans  quelques 
usines  du  Nord  et  ils  ont  été  tout-à-fait  infructueux. 

Ces  questions  ainsi  résolues  serviront  de  base  à  la  réponse  qui 
devra  être  adressée,  sous  le  plus  bref  délai,  à  M.  le  Ministre  du 
commerce  et  des  travaux  publics. 

On  passe  à  la  lecture  de  la  lettre  de  M.  Talabot,  député  de  Limo- 
ges, qui  paraît  désirer  connaître  les  réponses  de  la  Chambre  aux 
questions  ci-dessus,  afin  de  pouvoir  appuyer  auprès  du  Ministre  la 
demande  des  fabricants  de  porcelaine  et  se  servir  des  motifs  que  la 
Chambre  aura  développés  à  ce  sujet. 

Il  demeure  arrêté  que  copie  de  la  lettre  au  Ministre  du  commerce 
sera  adressée  à  M.  Talabot,  afin  qu'il  y  puise  tous  les  renseignements 
que  ce  document  pourra  lui  fournir. 


Séance  du  29  mars  1836 

L'ordre  du  jour  appelle  l'examen  d'un  mémoire  remis  par  M.  P. 
Tharaud,  fabricant  de  porcelaine,  au  nom  de  plusieurs  industriels, 
propriétaires  de  forêts,  marchands  de  bois,  etc.,  demandant  l'avis 
de  la  Chambre  sur  l'urgente  nécessité  de  réformer  les  règlements 
sur  le  flottage  du  bois,  sur  le  système  de  barrage,  et  le  besoin  indis- 
pensable d^établir  un  port  public  suffisant.  La  Chambre,  qui  s'était 
ajournée  pour  cet  important  objet,  avait  eu  le  temps  de  méditer 
sur  cette  triple  question  qui  touche  de  tous  les  côtés  aux  plus  pres- 
sants intérêts  de  la  cité  et  même  du  département.  En  effet,  personne 
ne  peut  contester  quel  notable  préjudice  résulte  non  seulement 
pour  l'industrie,  mais  même  pour  le  simple  consommateur,  des 
abus  qu'une  longue  et  fâcheuse  tolérance  a  laissés  peser  sur  une  des 
branches  les  plus  importantes  des  besoins  publics.  Le  désordre 
dans  le  flottage,  le  monopole  du  ramier  et  1  insuSisance  du  port 
sont  les  trois  points  qui  ont  occupé  la  Chambre  et  fixé  toute  son 
attention. 


931  SOCIÉTÉ  ARCHÊOLOGIQCE   ET   HISTORIQUC   DU   LIII09SIN 

En  reconnaissant  comme  avérés  tous  les  inconvénients  signalés 
dans  le  mémoire,  la  Chambre  y  ajoute  les  dommages  nombreux  que 
cet  ordre  de  choses  cause  tous  les  ans  non  seulement  aux  écluses 
et  aux  usines  situées  au-dessus  du  ramier,  en  amont,  mais  eocore  à 
celles  placées  en  aval  de  la  rivière  de  Vienne.  Chaque  année,  quel- 
que crue  d'eau  ou  la  fonte  des  glaces  amènent  des  débâcles  qui 
entraînent  avec  le  ramier  des  quantités  considérables  de  bois,  qui 
sont  perdues  pour  les  marchands  et  qui  causent  de  grandes  dégra- 
dations aux  propriétaires  des  établissements  sur  lesquels  ces  masses 
énormes  sont  violemment  jetées  par  la  force  des  eaux.  Ces  accidents, 
dont  le  moindre  effet  est  d*enfanter  de  nombreux  litiges,  entraînent 
de  grandes  dépenses  qui,  en  dernière  analyse,  retombent  sur  le 
consommateur  qui  est  toujours  obligé  de  payer  les  frais  de  ces 
sortes  d'événements  qu'un  meilleur  état  de  choses  pourrait  facile- 
ment prévenir. 

Par  ces  motifs,  la  Chambre  donne  son  adhésion  pleine  et  entière 
aux  conclusions  du  mémoire  et  se  joint  aux  signataires  de  cet  écrit 
pour  appeler  toute  la  sollicitude  de  Taulorité  sur  une  demande  dont 
l'urgence  lui  parait  démontrée.  Elle  ne  craint  pas  d'ajouter  que  tout 
retard  lui  parait  devoir  compromettre  la  prospérité  de  la  plus  impor 
tante  de  nos  industries,  que  beaucoup  d'efforts  tendent  à  expulser 
de  nos  murs  pour  en  enrichir  des  localités  plus  favorisées  sous  plu- 
sieurs rapports.  En  conséquence,  elle  supplie  l'autorité  compétente 
de  s'occuper,  sous  le  plus  bref  délai,  des  réformes  réclamées  avec 
tant  de  justice  et  de  nécessité,  et  arrête  en  conséquence  qu'extrait 
de  son  procès-verbal  sera  adressé  avec  le  mémoire  à  M.  le  Maire 
de  Limoges  ainsi  qu'à  M.  Tharaud,  fabricant  de  porcelaine,  par  qui 
le  mémoire  a  été  transmis  à  la  Chambre  au  nom  des  signataires. 
M.  le  Président  est  chargé  de  ce  soin  et  de  solliciter  à  cet  égard  la 
bienveillante  intervention  de  M.  le  Maire  auprès  du  conseil  de  la 
commune  pour  doter  la  ville  d'un  si  utile  établissement  (1). 


Séance  du  5  décembre  1836 

L'attention  de  la  Chambre  se  porte  ensuite  sur  le  projet  d'établis- 
sement d'une  gare  et  d'un  port  public.  Chaque  membre  reconnaît 
l'urgence  de  celte  construction,  sa  grande  utilité  pour  l'approvision- 
nement des  bois  consommés  par  les  habitants,  la  nécessité  de  pré- 
server de  ravages  ruineux  les  chaussées  et  établissements  industriels 

(1)  Cf.  ci-dessus,  p.  235,  séance  du  18  février  1833. 


CHABIBKE   CONSULTATIVE    DRS  ARTS   ET  MANUFACTURES  235 

qui  se  trouyent  en  aval  du  ramier,  lorsque  ce  ramier,  informe  et 
impuissant,  se  trouve  entraîné  par  les  glaces,  les  crues  d*eau  et  la 
surcliarge  du  bois  flottant.  M.  Pétiniaud  informe  la  Chambre  que 
M.  le  Maire  s*occupe  activement  d*uQ  travail  sur  cette  matière 
importante  et  que  ce  travail  satisfera  la  Chambre.  Néanmoins  la 
Chambre  décide  qu'on  écrira  à  Tautorité  municipale  une  lettre  pres- 
sante sur  ce  sujet. 

Séance  du  11  août  1837 

M.  Alluaud,  député  do  la  Chambre  au  Conseil  général  du  com- 
merce et  des  manufactures,  fait  hommage  à  la  Chambre  de  son 
ouvrage  intitulé  :  Histoire  et  statistique  de  la  porcelaine  en  Limou- 
sin (1).  La  Chambre  reçoit  cet  hommage  avec  reconnaissance  et 
vote  des  remerciements  à  M.  Alluaud.  Elle  charge  son  président  de 
les  lui  transmettre. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  circulaire  de  M.  le  Ministre 
du  commerce,  qui  a  pour  objet  de  demander  aux  Chambres  de  com- 
merce et  consultatives  des  renseignements  positifs  sur  la  condition 
actuelle  des  enfants  employés  dans  les  fabriques,  afin  de  s'éclairer 
sur  cette  grave  question  qui  intéresse  à  un  aussi  haut  degré  l'huma- 
nité comme  («te)  l'industrie,  et  ensuite  faire  régler  par  la  législation 
la  durée  du  travail  des  enfants. 

La  Chambre  charge  M.  Boudet  aine  de  recueillir  des  renseigne- 
ments dans  les  fabriques  de  porcelaine  et  de  tissage. 

M.  le  Préfet,  par  sa  lettre  du  13  juillet  dernier,  réclame  à  la 
Chambre  le  rapport  que  demande  M.  le  Ministre  du  commerce  sur 
la  crise  commerciale  et  industrielle  qui  exerce  encore  sa  funeste 
influence  sur  la  situation  actuelle  du  commerce  et  de  l'industrie. 
Chacun  des  membres  donne  lecture  du  travail  particulier  auquel  il 
s'est  livré  sur  cette  matière.  Après  une  mûre  délibération,  la  Cham- 
bre arrête  l'avis  suivant  qui  devra  être  transmis  à  M.  le  Préfet 
dans  le  plus  bref  délai  : 

La  porcelaine,  article  de  luie  autrefois  d'un  usage  assez  général,  trouve 
cependant  un  grand  écoulemenl  dans  rexportatlon.  L* Amérique  du  Nord 
TAIlemagne  sont  les  contrées  de  grande  consommation  de  cetle  riche 
poterie.  Elle  lutte  aux  Etats-Unis  contre  les  faïences  anglaises,  en  Allema- 
gne contre  les  fabriques  de  Saxe. 


(I)  Publié  par  F.  Laurent  dam  ses  NouoeUea  éphémérides  du  resêort  de 
la  Cour  royale  de  Limoges  pour  Vannée  1837,  p«  i87-9H.  Cf.  ci-dessus, 
p.  ttl. 


23G  SOCIÉTÉ   ARCBKOLOGIQUE  ET   UlSTORTQtE   DU  LIMUUSIIC 

Avant  1830,  Texportation  pour  l'Amérique  était  peu  importante.  Depuis» 
elle  a  été  si  considérable  qu'elle  absorbait  plus  de  la  moitié  de  toute  la 
fabrication  française.  On  doit  attribuer  cet  immense  avantage  à  la  réduction 
des  prix  qui  permit  alors  à  cet  article  de  lutter  avec  la  concurrence  anglaise. 
Celte  réduction  des  prix  porta  sur  les  bois  qui  diminuèrent  par  suite  des 
ventes  des  foréls  de  TEtat;  sur  la  matière  première  entièrement  délaissée 
pendant  la  crise  de  4830,  et  sur  le  salaire  des  ouvriers.  Cette  réduction 
dans  les  prix  de  ces  éléments  de  fabrication  et  par  suite  sur  ceux  de  la 
marchandise  fabriquée  produisit  un  résultat  immense;  des  ventes,  des 
commissions  considérables  arrivèrent.  On  sentit  alors  le  besoin  d*augmeo- 
ter  la  quantité  des  produits  fabriqués.  De  nouvelles  fabriques  s'élevèrent, 
les  anciennes  s'agrandirent,  toutes  furent  en  action. 

Mais  bientôt  les  bois  furent  épuisés  ;  il  fallut  s'en  procurer  au  loin«  avec 
augmentation  de  prix.  Aveuglés  par  cette  prospérité  dont  ils  profitèrent  les 
premiers,  les  ouvriers  formèrent  une  coalition  (4833)  et  obtinrent  un  tarif 
de  main-d'œuvre  plus  élevé.  Les  matières  seules  restèrent  dans  un  prix 
stationnaire. 

Le  fabricant  fut  alors  forcé  d'établir  sur  sa  marchandise  une  hausse  bien 
inférieure  cependant  ^  celle  qu'il  supportait;  mais,  toute  minime  qu'elle 
élait,  elle  fut  assez  sensible  pour  rendre  les  transactions  plus  diCficiles. 

Le  système  des  douanes  prussiennes  (1),  qui  a  chassé  la  porcelaine  de 
l'Allemagne  et  qui  n'est  que  la  conséquence  de  ce  système  prohibitif,  qui 
a  malheureusement  trop  prévalu  dans  le  monde;  la  perturbation  financière 
des  Etats-Unis,  qui  a  rendu  toute  transaction  impossible,  portèrent  le  mal 
à  son  comble. 

Le  fabricant,  dans  cette  position  critique,  ne  vendant  plus,  achetant  ses 
bois  à  des  prix  beaucoup  plus  élevés  que  ses  concurrents  du  Nivernais  et 
du  Berry,  se  vil  forcé  de  diminuer  le  salaire  des  ouvriers.  Cette  dimi- 
nution fut  accueillie  du  plus  grand  nombre  des  ouvriers,  qui  s*y  soumît 
d'abord  sans  difficulté. 

Mais  bientôt,  cédant  à  de  funestes  suggestions  ou  même  à  des  menaces, 
la  masse  des  ouvriers  quitta  spontanément  les  ateliers  de  la  moitié  des 
fabriques  de  Limoges.  Les  chefs  de  ces  établissements,  qui  pouvaient  encore 
espérer  d'écouler  la  moitié  de  leur  fabrication  habituelle,  ont  été  arrêtés 
cnlièremenl  et  ont  dû  éprouver  des  perles  considérables.  Ce  malheureux 
état  de  choses  se  prolonge  depuis  quatre  mois  sans  qu'aucune  mesure  ait 
élé  prise  pour  le  faire  cesser.  Conséquence  :  la  ruine  de  l'industrie  de  la 
porcelaine  à  Limoges  et  la  misère  des  ouvriers. 

Dans  les  fabriques  du  Berry  et  du  Nivernais,  les  prix  de  façon  des  ouvrages 
sont  beaucoup  plus  bas  qu'à  Limoges.  La  façon  du  cent  d'assiettes  était 
payée  ici  6  francs,  tandis  qu'elle  n'était  payée  que  5  francs  à  Vierzon,  à 
Foecy,  à  Noirlac,  etc.  Par  suite  de  l'état  de  crise,  le  prix  des  assiettes  y  a 
été  réduit  k  4fr.S0,  sans  qu'il  en  soit  résulté  aucune  discussion.  A  Limoges, 
le»  ouvriers  ont  refusé  de  le  faire  à  5  fr.  et  5fr.  50. 

Limoges  n'est  pas  le  seul  théâtre  de  ces  terribles  perturbations.  Elles  ont 

(i)  On  vise  ici  le  ZoUverein  institué  de  4828  à  1834. 


CDAMBRR   CONSVLTATIVE   DES   ARTS   ET   MANUFACTORES  937 

éclaté  sur  plusieurs  points  de  la  France.  Pour  en  prévenir  le  retour,  le 
gouvernement  doit  s'occuper  sérieusement  de  l'éducation  ouvrière  comme 
de  l'organisation  industrielle  du  pays.  La  législation  doit  y  pourvoir. 

A  ces  causes  qui  ont  exercé  une  influence  funeste  sur  la  porcelaine,  nous 
devons  ajouter  Tabsence  d'un  ramier,  d'une  gare  et  d'un  port  public.  Tant 
que  le  commerce  des  bois,  déjà  si  chanceux  et  si  difficile,  sera  encore  sou- 
mis au  caprice  d'un  véritable  monopole,  il  est  impossible  de  voir  fleurir 
dans  nos  murs  une  industrie  à  laquelle  nous  devons  d'autant  plus  d'intérêt 
et  de  sollicitude  qu'elle  est  appelée  à  suppléer  à  Limoges  à  l'absence  très 
prochaine  et  absolue  de  nos  opérations  d'entrepôt. 

Et  enfin  nous  appelons  l'attention  sérieuse  du  gouvernement  sur  les 
droits  énormes  que  perçoivent  sur  nos  porcelaines  TÀnglelerre  et  les  divers 
étals  de  l'Allemagne  et  de  l'Italie.  11  est  certain  que  nos  fabriques  trouve- 
raient de  grands  avantages  dans  quelques  modifications  du  tarif  des  doua- 
nes, si  ces  modifications  pouvaient  se  concilier  avec  d'autres  intérêts. 


Séance  du  19  décembre  1837 

La  Chambre  reprend  la  discussion  (1)  sur  l'état  actuel  des  enfants 
dans  les  fabriques  et  les  questions  qui  font  Tobjel  de  la  circulaire 
de  M.  le  Ministre  des  travaux  publics,  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce, en  date  du  31  juillet. 

Après  une  mûre  délibération,  elle  résume  ainsi  son  avis  et  les 
renseignements  demandés  sur  l'état  actuel  des  enfants  dans  les 
fabriques. 

Dans  le  département  de  la  Haute-Vienne,  les  enfants  des  deux 
sexes  sont  employés  plus  particulièrement  dans  les  filatures  de  laine 
et  de  coton,  dans  les  fabriques  de  porcelaine  et  dans  celles  de  fla- 
nelles et  droguets.  Ces  fabriques  sont  en  majeure  partie  concentrées 
dans  les  environs  de  Limoges.  Les  occupations  qu'ils  y  trouvent 
n'ont  rien  de  pénible  ni  qui  soit  au-dessus  de  leurs  forces. 

On  ne  les  reçoit  pas  ordinairement  avant  l'âge  de  dix  ans.  Si 
quelques-uns  sont  admis  avant  cet  âge,  leur  introduction  dans  la 
fabrique  est  regardée  comme  une  faveur  accordée  à  leurs  parents, 
ouvriers  de  l'atelier. 

La  durée  de  leur  travail  est  la  même  que  celle  des  ouvriers 
adultes,  do  douze  heures  par  jour.  Il  est  en  effet  nécessaire  que 
l'enfant  donne  le  même  temps  que  l'ouvrier  adulte,  dont  il  dessert 
le  métier,  le  tour,  etc.,  ou  l'ouvrier  chômerait  et  il  faudrait  renoncer 
à  employer  les  enfants... 

(I  )  Voir  en  effet  la  séance  du  9  septembre  1837,  où  la  question  est  traitéQ 
trèa  sommairement. 


238  SOCIÉTÉ  ARCBÊ0L06IQUR   tT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Les  enfants  travaillent  à  la  tâche  ;  ils  gagnent  de  40  à  SO  centiaies 
par  jour. 

L^économie  est  de  toute  la  différence  qui  existe  entre  le  prix  de 
la  journée  d*un  enfant,  évaluée  50  centimes,  et  celui  de  la  journée 
d'un  adulte,  évaluée  i  fr.  80. 

Les  enfants  ne  sont  pas  soumis  à  des  travaux  de  nuit;  seulement, 
en  hiver,  ils  veillent  quelquefois  jusqu*à  huit  heures. 

Les  ouvriers  des  deux  sexes,  enfants  et  adultes,  sont  réunis  dans 
les  mêmes  ateliers. 

Les  enfants  suivent  naturellement  leurs  parents  dans  les  ateliers, 
dans  une  proportion  assez  forte,  mais  variable  et  difficile  à  pré- 
ciser. 

Leur  instruction  est  nulle  ou  à  peu  près  nulle.  La  pauvreté  des 
parents  est  un  obstacle  à  la  fréquentation  des  écoles.  Ils  cherchent 
à  tirer  parti,  de  très  bonne  heure,  de  leurs  jeunes  bras.  Gela  est 
encore  plus  marqué  à  regard  des  enfants  élevés  à  la  campagne  où 
les  écoles  s'établissent  avec  la  plus  grande  difficulté. 

Leur  moralité,  sans  être  mauvaise,  se  ressent  cependant  un  peu 
de  la  fréquentation  des  ateliers  où  ils  sont  sujets  à  recevoir  de 
mauvais  exemples  de  la  part  de  leurs  camarades  plus  avancés  en 

âge. 

Le  devoir  des  contremaîtres  est  de  veiller  à  ce  que  les  enfants  ne 
soient  maltraités  par  personne,  et  Tonne  reconnaît  pas  aux  ouvriers 
qui  les  emploient  le  droit  de  les  battre.  Si  un  enfant  travaille  mal 
ou  ne  travaille  pas,  on  le  renvoie  Je  Tatelier  et  il  est  remplacé  par 
un  autre.  Les  remplacements  sont  opérés  tantôt  parle  contremaître, 
tantôt  par  Touvrier,  mais  toujours  du  consentement  de  tous  les 
deux. 

En  somme,  on  n'a  qu'à  se  féliciter  de  l'emploi  des  enfants  dans 
les  fabriques;  on  y  trouve  avantage  et  économie  ;  on  n'a  eu  encore 
aucun  inconvénient  grave  à  signaler. 

Peut-être  cela  tient-il  à  ce  que  ce  département  présente  peu 
de  ces  établissements  où  se  pressent  de  grandes  agglomérations 
d'ouvriers;  peut-être  aussi  quelques  faits  sont-ils  restés  cachés, 
inaperçus.  D'ailleurs  l'industrie  manufacturière  de  Limoges  et  du 
département  prenant  tous  les  jours  plus  de  développement,  les 
abus  peuvent  se  montrer  plus  tard,  et  dans  aucun  cas  nous  ne 
pouvons  rester  indifférents  aux  règlements  qui  pourraient  survenir. 

La  sollicitude  du  gouvernement  sur  le  danger  d'imposer  à  l'en- 
fance un  travail  prématuré,  long  et  continu,  qui  nuirait  à  la  santé 
et  au  développement  des  forces  et  du  corps,  qui  serait  un  obstacle 
à  l'instruction,  et  sur  la  fréquentation  d'ateliers  qui  offriraient  une 
occasion  prochaine  de  démoralisation,  est  une  sollicitude  juste  et 
louable. 


CHAVnRE  CONSULTATIVE  DKS  ARTS  ET  MANUFACTURES  )30 

Ici  se  présente  une  autre  série  de  questions  auxquelles  il  est  du 
devoir  de  la  Chambre  de  répondre. 

En  cherchant  la  solution  de  ces  questions  et  en  examinant  avec 
attention  toute  leur  portée,  elle  n'a  pu  se  dissimuler  qu'il  y  .a 
quelques  inconvénients  à  vouloir  tout  réglementer;  qu'en  matière 
d'industrie  surtout,  en  vue  de  prévenir  quelques  abus,  on  peut  faire 
beaucoup  de  mal,  imposer  des  gênes  et  des  entraves  fâcheuses  à 
cette  industrie  ;  que,  dans  la  question  qui  nous  occupe,  des  règle- 
ments doivent  tendre  nécessairement  à  diminuer  le  nombre  des 
enfants  employés  dans  les  fabriques,  le  temps  des  travaux  et  con- 
séquemment  la  masse  du  travail  :  toutes  choses  dommageables  à 
l'industrie  et  même  à  la  classe  qui  a  besoin  d'obtenir  de  bonne 
heure  un  produit  du  travail  des  enfants. 

Le  problème  à  résoudre  est  donc  de  concilier  ces  divers  intérêts 
entre  eux  et  avec  celui  de  la  société,  de  l'humanité,  qui  ne  permet 
pas  de  sacrifler  la  santé  de  l'enfance  ni  le  besoin  qu'elle  a  d'une 
bonne  instruction. 

Un  des  moyens  qui  se  présente  le  premier,  c'est  de  créer  des 
salles  d'asile.  Là,  les  mères  de  famille  pauvres  pourraient  déposer 
leurs  enfants  avec  tranquillité  et,  libres  du  soin  de  leur  surveillance, 
vaquer  à  leurs  travaux. 

Là  aussi  il  faudrait  que  les  enfants,  outre  les  soins  dûs  au  jeune 
âge,  reçussent  les  premiers  éléments  de  l'inslruclion  jusqu'au 
moment  où,  sortant  des  salles  d'asile,  ils  pourraient  se  présenter 
dans  les  écoles  primaires  gratuites.  Ils  arriveraient  à  l'âge  prescrit 
pour  être  admis  dans  les  ateliers,  sachant  lire  et  écrire.  Encore 
faudrait-il  pour  compléter  leur  éducation  que  des  écoles  d'adultes 
leur  fussent  ouvertes  plus  tard,  aux  heures  et  aux  jours  où  ils 
pourraient  se  trouver  libres  du  travail. 

Ces  préalables  (1)  sont  d'une  indispensable  nécessité.  Par  là  on 
satisferait  à  la  fois  à  l'intérêt  de  la  classe  pauvre,  pour  qui  les 
enfants  sont  un  embarras  jusqu'au  moment  où  ils  sont  admis  dans 
les  ateliers  ;  au  besoin  qu'elle  a  de  leur  travail  pour  aider  à  soutenir 
la  famille,  et  à  l'intérêt  de  la  société  qui  réclame  instruction  pour 
l'enfance  et  qu'on  lui  forme  des  citoyens  intelligents,  honnêtes. 
Ainsi  serait  aussi  ménagé  l'intérêt  de  l'enfance.  Les  enfants 
pourraient  savoir  lire  et  écrire  à  l'âge  où  les  fabriques  leur  seraient 
ouvertes,  et  il  est  bien  nécessaire  que  l'enfant  ait  reçu  l'instruction 
élémentaire,  en  entrant  dans  l'atelier,  pour  qu'il  puisse  y  consacrer 
tout  le  temps  que  la  faiblesse  de  son  âge  permet  d'accorder. 

Ceux  qui  n'auraient  pas  profité  des  facilités  qui  leur  seraient 

^t)  Clans  le  sens  de  prélivUnaires,  Cf.  ci<rdçsisua,  p.  304,  ar^.  $, 


240  SOCIÉTé  ARCHéOLOGIQUB   ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

données,  ou  plutôt  leurs  parents  n'auraient  à  s'en  prendre  qu'à 
eu}L-mémes  si  leur  admission  dans  les  ateliers  était  soumise  à  la 
condition  de  consacrer  une  partie  du  temps  de  travail  à  réparer  le 
temps  perdu.  Les  autres,  au  contraire,  auraient  tout  leur  temps  à 
donner  à  Tatelier  et  le  moyen  de  poursuivre  leur  instruction  dans 
les  écoles  d'adultes. 

Mais  si  le  devoir  du  gouvernement  est  de  procurer  l'instruction 
aux  enfants,  il  ne  doit  pas  veiller  avec  moins  de  soin  à  la  conser- 
vation de  la  santé  des  enfants  ouvriers  et  à  leur  développement 
physique;  s'assurer  que  le  travail  auquel  on  les  applique  n'est  pas 
au-dessus  de  leurs  forces. 

Ces  principes  posés  et  établis,  la  Chambre  est  d'avis  qu'il  faut 
interdire  à  l'enfance  tout  travail  trop  pénible;  qu'il  serait  bien  de 
graduer  la  durée  et  la  nature  du  travail,  selon  les  forces  et  l'âge. 
Ici  se  présente  le  cas  du  classement  des  industries,  dont  la  Chambre 
ne  s'est  pas  occupée,  n'y  ayant  pas  de  nécessité  pour  celles  du 
département.  Elle  est  d'avis  que  les  enfants  ne  puissent  être  reçus 
dans  un  atelier  avant  l'âge  de  neuf  à  dix  ans  et  sur  un  certificat  de 
médecin,  attestant  leur  bonne  santé  et  qu'ils  sont  capables  de  sou- 
tenir les  fatigues  de  l'atelier  où  ils  veulent  entrer. 

Il  est  sans  doute  convenable  d'établir  autant  que  possible  la 
séparation  des  sexes,  tant  dans  les  ateliers  que  dans  les  écoles; 
mais  il  est  certains  cas  où  cela  n'est  pas  praticable  dans  l'atelier  et 
contrarierait  beaucoup  la  disposition  économique,  l'emploi  même 
des  bras  des  enfants.  Il  ne  peut  y  avoir  d'ailleurs  nul  inconvénient 
à  ce  mélange  pendant  les  heures  du  travail  où  chacun  est  surveillé 
et  à  l'ouvrage. 

Elle  serait  d'avis  que  tout  manufacturier  ou  chef  d'atelier  qui 
recevrait  un  enfant  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire,  fut  obligé  de  lui 
laisser  deux  heures  par  jour  pour  suivre  l'école  et  de  retirer  un 
certificat  du  maître  de  l'assiduité  de  l'enfant  aux  leçons.  Mais  cette 
mesure  ne  pourrait  être  mise  partout  à  exécution  instantanément 
sans  gêner  beaucoup  de  fabriques  et  les  priver  de  l'emploi  des  bras 
des  enfants.  Il  faudrait  établir  un  temps  moral  de  quatre  ou  cinq 
ans  pour  donner  la  faculté  d'organiser  partout  l'instruction  à  la 
portée  et  à  la  convenance  des  fabriques.  Il  serait  bien  que  le  temps 
destiné  à  l'école  fut  pris  de  préférence  sur  les  heures  du  matin  et 
avant  l'entrée  à  l'ouvrage;  mais  alors  il  faudrait  aussi  qu'il  y  eut 
des  écoles  gratuites  ouvertes  à  ces  heures.  Il  est  naturel  que  le 
prix  du  travail  de  ces  deux  heures  fut  déduit  sur  le  prix  de  la 
journée.  Ce  serait  un  moyen  d'engager  les  parents  à  envoyer  leurs 
enfants  à  l'école  avant  l'âge  de  dix  ans,  puisque  les  chefs  d'atelier 
seraient  natureUement  conduits  à  préférer  les  enfants  sachant  lire 


CYIAIIBIIE  COIfSOLtAtITB  DBS  ARtS  BT  KANUl^ACTORBS  %i\ 

et  écrire  et  que,  d'an  autre  côté,  le  salaire  des  autres  serait  réduit 
de  tout  le  temps  qu'ils  donneraient  à  Técole. 

La  Chambre  est  d'avis  que  la  durée  du  travail  doit  être  réglée  à 
douze  heures  par  jour,  de  dix  à  quinze  ans,  non  comprises  deux 
heures  de  repas.  Elle  se  fonde  sur  l'expérience  faite  dans  les 
fabriques  du  département  où  les  enfants  sont  occupés  pendant  ce 
laps  de  temps  sans  fatigue,  et  sur  la  nécessité  que  Tenfant  donne  le 
même  temps  que  l'ouvrier  adulte,  qu'il  dessert,  emploie  à  Touvrage, 
ou  celui-ci  serait  obligé  de  chômer.  Nous  le  répétons  :  cela  n'a 
présenté  jusqu'à  ce  jour  aucun  inconvénient  dans  nos  fabriques  où 
l'ouvrage  de  l'enfant  est  un  exercice  sans  fatigue,  qui  développe 
bien  plutôt  son  agilité  et  sa  force.  Il  peut  y  en  avoir  ailleurs  pour 
d'autres  industries,  mais  alors  il  faut  les  classer  à  {sic)  particulier. 
Différemment  nos  fabriques  se  verraient  forcées  de  n'employer  que 
des  adultes,  au  grand  préjudice  des  enfants.  Et  que  deviendrait 
alors  l'économie  que  procurent  à  l'industrie  les  bras  de  l'enfance  î 

La  Chambre  pense  que  les  veillées  doivent  être  interdites  aux 
enfants  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans  entre  huit  heures  du  soir  et  six 
heures  du  matin,  à  l'époque  (1).  En  posant  la  limite  de  quinze  ans, 
elle  aurait  désiré  la  porter  au-delà  ;  mais  par  nos  lois  le  mineur 
émancipé  est  libre  de  contracter  tel  engagement  qu'il  juge  conve- 
nable. 

Les  mauvais  traitements  exercés  contre  un  enfant  par  le  chef 
d'atelier  ou  l'ouvrier  qui  l'emploie,  de  même  que  les  exemples 
d'immoralité  doivent  être  réprimés  sévèrement. 

Enfin  la  Chambre  est  d'avis  que  l'intervention  des  visites  pério- 
diques est  nécessaire  pour  vérifier  si  les  règlements  prescrits  sont 
suivis,  juger  de  la  salubrité  de  l'atelier,  de  l'état  moral  et  sanitaire 
des  enfants. 

Mais  à  qui  coniier  cette  surveillance  qui  doit  être  toute  pater- 
nelle et  de  bienveillance  ?  Ce  soin  paraîtrait  appartenir  naturelle- 
ment aux  Conseils  de  prud'hommes,  déjà  chargés  dans  certains 
cas  d'exercer  une  inspection  dans  les  ateliers.  Mais  les  prud'hommes 
sont  des  fabricants,  des  chefs  d'atelier.  N'inspireraient-ils  pas 
quelque  défiance,  quelque  inquiétude?  Seraient-ils  bien  désin- 
téressés? Ne  pourraient-ils  pas  porter  dans  ces  visites  un  esprit  de 
rivalité,  de  jalousie,  un  désir  curieux  de  surprendre  les  procédés 
de  leurs  confrères?  C'est  ce  qu'a  semblé  craindre  le  législateur 
lorsque,  par  le  décret  du  21  juin  1809,  il  expliquait  que  l'inspection 
des  prud'hommes  dans  les  ateliers  a  pour  objet  unique  d'obtenir 
des  renseignements  sur  le  nombre  des  métiers  et  des  ouvriers. 

(4)  11  semble  que  le  rédacteur  ait  oublié  de  compléter  sa  phrase. 


)4â  SOClfttfe  ARCâÈOLOGIQOI  Bt  BISTÔRIC^lIt  DÛ  LlKOOâtA 

Il  conviendrail  peut-éire  mieux  de  confier  celte  surveillance  à 
une  commission  composée  du  maire  de  la  commune,  en  personne 
ou  suppléé  par  un  adjoint;  d'un  médecin  ou  ofBcier  de  santé  et 
de  trois  habitants  notables,  au  choix  du  maire. 

Cet  avis  sera  transmis  le  plus  promplement  possible  à  M.  le  Mi- 
nistre par  les  soins  de  M.  le  Président. 


Séance  du  20  mars  1839 

M.  le  Président  communique  à  la  Chambre  la  lettre  qui  suit, 
adressée  par  plusieurs  fabricants  de  porcelaine  [du  Limousin]  : 

Messieurs, 

Depuis  la  découverte  des  kaolins  de  Saint-Yrieix,  les  produits  des  car- 
rières de  cet  arrondissement,  malgré  l'extension  qu*a  reçue  la  fabrication 
de  la  porcelaine  en  France,  ont  suffi  à  tous  les  besoins  de  la  consom- 
mation ;  leur  qualité  supérieure  les  a  môme  fait  rechercher  par  les  fabriques 
de  la  Belgique»  d*une  partie  de  TAllemagne  et  de  ritalie.  L*exportation  de 
ces  matières  aurait  été  beaucoup  plus  considérable,  si  elle  n*avait  été 
frappée  du  droit  prohibitif  de  3  fr.  par  400  kilogrammes.  Ce  droit  énorme 
fut  établi  sur  la  pâte  à  porcelaine,  alors  qu'elle  valait,  prise  à  Limoges, 
30  fr.les  iOO  kilogrammes.  Aujourd'hui  que  le  prix  de  cette  même  matière  est 
descendu  à  40  fr.  et  à  12  fr.  les  100  kilogrammes  suivant  la  qualité,  le 
droit  perçu  à  l'exportation  n'est  plus  en  rapport  avec  le  prix  de  la  matière 
qui  en  est  frappée.  Ce  droit  fut  établi  dans  l'origine  en  vue  de  favoriser 
les  manufactures  de  porcelaine  de  la  France,  dont  les  produits  payaient,  à 
leur  importation  à  rétrangcr,  des  droits  fort  élevés. 

Tandis  que  Texportation  de  nos  kaolins  est  entravée  par  nos  tarifs  de 
douane,  les  kaolins  de  l'Angleterre  sont  introduits  en  France  à  des  prix  si 
bas  qu'il  ne  serait  pas  possible  aux  exploitants  du  Limousin  de  soutenir 
cette  concurrence.  La  différence  de  ces  prix  provient  surtout  de  ce  que  les 
carrières  de  kaolin  de  Cornouailles  sont  placées  sur  les  bords  de  la  mer  et 
que  leur«  produits  sont  expédiés  par  eiu  aux  fabriques  de  France,  situées 
sur  les  bassins  de  la  Loire  et  de  la  Seine.  Le  prix  élevé  du  roulage  par 
terre  ne  nous  permet  pas  de  soutenir  celle  concurrence. 

Dans  celte  position  qui  menace  la  principale  richesse  du  département  de 
la  Haute- Vienne,  l'avenir  de  ses  nombreuses  fabriques  de  porcelaine  et 
celui  de  nos  exploitations  et  usines  où  nous  en  préparons  les  produits, 
nous  venons  solliciter  votre  appui  auprès  du  gouvernement,  à  l'effel 
d'obtenir  : 

40  Qu'un  droit  protecteur  de  3  fr.  par  50  kilogrammes  soit  établi  sur 
toutes  les  matières  ^  porcelaine  importées  en  France; 

S<^  Que  les  droits  perçus  à  Texporlalion  des  kaolins  français  soient  mis 
en  harmonie,  suivant  leur  destination,  avec  les  droits  perçus  à  rétraoger 
sur  les  porcelaines  françaises; 


CttAHBRB  COMSOLtATIVft  DRS  ÀRtd  ET  IkANUPACtORRd  ^4^ 

d^  Une  plus  stricle  exécution  de  nos  lois  de  douane  à  TimportaiioD  eu 
France  des  porcelaines  tendres  de  l'Angleterre. 
Nous  sommes,  Messieurs,  vos  très  humbles  et  très  obéissants  serviteurs. 

Signé  :  Nbnbrt  et  Latrillr,  Brissrt  et  Ponckt,  Bkssb  et  Mantli  , 
Mryze;  p.  poi^  de  M.  Charpentier  :  P.  G.  de  Lossy,  L. 
PouYAT»  P.  TflARAUD,  RocHB  aloé;  MiCHRL  et  Valin. 

Cette  réclamation,  d'un  grand  intérêt  pour  la  France  et  pour  le 
département  de  la  Haute- Vienne  en  particulier,  est  immédiatement 
prise  en  considération. 

La  Chambre  consultative,  convaincue  de  la  nécessité  d*y  faire 
droit  par  Tensembie  de  faits  et  de  renseignements  qui  lui  sont 
fournis  dans  le  cours  de  la  discussion,  adopte  la  délibération 
suivante  : 

l""  En  ce  qui  touche  l'importation  des  kaolins  anglais  : 

Considérant  que  ces  kaolins  peuvent  être  transportés  en  lest  des 
navires  anglais  dans  les  ports  de  Nantes,  du  Havre,  de  Rouen,  etc., 
et  être  réexpédiés  de  ces  ports  par  bateaux  aux  fabriques  du  Berry, 
de  Paris,  de  Creil,  de  Montereau,  Chantilly,  etc.;  qu'il  n'existe 
d'aut/e  moyen  de  transport  pour  les  kaolins  du  Limousin  que  la 
voie  du  roulage,  incomparablement  plus  coûteuse  que  celle  de  la 
navigation  maritime  et  fluviale;  que  le  prix  des  kaolins  du  Limousin 
pris  sur  place  étant  moins  élevé  que  le  prix  du  transport  de  Limoges 
à  Paris,  il  est  impossible  qu'il  soutienne  la  concurrence  des  kaolins 
anglais  qui  sont  transportés  par  eau  ; 

Considérant  que  ces  kaolins  n'ont  été  primitivement  introduits 
en  France  par  les  fabriques  de  porcelaine  opaque  de  Creil,  Monte- 
reau et  Bordeaux,  que  dans  la  pensée  que  la  France  ne  possédait 
pas  d'argile  qui  fut  propre  à  la  fabrication  de  cette  poterie; 

Que  si,  dans  cette  persuasion  et  en  vue  de  favoriser  la  fabrication 
de  la  porcelaine  opaque,  le  gouvernement  a  dû  permettre  la  libre 
importation  des  matières  dont  elle  avait  besoin,  il  n'y  a  plus  les 
mêmes  motifs  de  la  tolérer  aujourd'hui  que  Texpérience  a  démon- 
tré que  les  kaolins  du  Limousin,  des  Pyrénées,  de  l'Allier,  de  la 
Charente,  des  Deux-Sèvres  et  autres  localités  {sic),  y  sont  employés 
avec  le  même  succès  que  les  kaolins  anglais  ; 

Considérant  que  l'économie  du  transport  a  récemment  fait 
introduire  les  kaolins  anglais  dans  la  composition  de  la  porcelaine 
dure  des  manufactures  qui  se  sont  trouvées  en  position  de  profiter 
de  cette  économie  ; 

Que  cette  concurrence  inattendue  menace  d'une  ruine  prochaine 
les  exjnoitations  des  carrières  du  Limousin,  les  nombreux  moulins 
où  Ton  en  prépare  les  produits,  et  les  yingt-quatre  fabriques  de 
porcelaine  qui  se  sont  élevées  dans  les  départements  de  la  Haute* 


^44  sociferè  xRCHifcOLOGiouB  Bt  aistoltioûB  Dû  LiAoùsm 

Vienae  et  de  la  Creuse;  que  la  chute  de  ces  établissements  cause- 
rait à  leurs  propriétaires  une  perte  de  plusieurs  millions  de  capi- 
taux, et  aux  départements  où  ils  sont  situés,  la  perte  de  tous  les 
avantages  attachés  à  une  industrie  qui  y  procure  de  remploi  à 
plus  de  six  mille  personnes,  et  assure  à  leur  agriculture  une  con- 
sommation de  bois  toujours  croissante  et  qui  s'élève  annuellement 
à  une  valeur  de  plus  d*un  demi  million  ; 

Considérant  que,  lorsque  la  concurrence  des  argiles  de  TAngleterre 
aura  ruiné  les  exploitations  des  carrières  et  des  usines  de  la 
France,  il  sera  facile  au  commerce  anglais  de  faire  payer  chère- 
ment le  monopole  de  ses  fournitures,  et  de  ressaisir  celui  de  la 
fabrication  de  toutes  les  espèces  de  poteries  dont  il  inonde  le  monde 
entier  ; 

Considérant  qu'en  présence  de  ces  périls  et  de  ces  perturbations, 
il  est  de  l'intérêt  de  la  France  de  protéger  ses  fabriques  de  porce- 
laine jusqu'à  ce  que,  par  l'achèvement  complet  du  réseau  de  sa 
navigation  fluviale  et  artificielle,  les  délenteurs  de  ses  carrières 
d*argile  seront  mis  en  mesure  de  soutenir  la  concurrence  des 
argiles  de  l'Angleterre. 

S""  En  ce  qui  touche  les  droits  de  douane  dont  les  kaolins  français 
sont  frappés  à  leur  exportation  : 

Considérant  que  ces  droits  n'ont  subi  aucune  variation,  tandis 
que  le  prix  des  matières  à  porcelaine  de  toute  nature  a  diminué  de 
plus  de  soixante  pour  cent  dans  l'espace  de  vingt-cinq  ans  ; 

Que  la  disproportion  qui  existe  entre  le  prix  de  ces  matières  et 
la  quotité  du  droit  le  rend  entièrement  prohibitif  ; 

Considérant  que,  si  avant  la  découverte  des  kaolins  de  TAngle- 
terre  la  France  avait  intérêt  à  favoriser  ses  manufactures  de  por- 
celaine en  frappant  d'un  droit  élevé  la  matière  première  que  les 
fabriques  étrangères  ne  pouvaient  pas  se  procurer  ailleurs,  elle  n'a 
plus  d'intérêt  à  le  maintenir  aujourd'hui  que  les  manufactures  de 
Deutz  {i)j  en  Prusse  ;  de  Bruxelles  et  d'Andennes,  en  Belgique  ;  de 
Louisbourg,  en  Allemagne  (3)  ;  de  Turin,  en  Piémont  ;  de  Florence 
et  Milan,  en  Italie,  ont  la  facilité  de  se  pourvoir  de  kaolins  anglais; 

Que  le  maintien  du  droit  d'exportation  sur  nos  kaolins  priverait, 
sans  nul  avantage  pour  nos  manufactures  de  porcelaine,  les  extrac- 
teurs de  nos  kaolins  d'un  débouche  important  dont  les  extracteurs 
anglais  profiteraient  seuls  ; 

Considérant  que  la  suppression  de  ce  droit  autorisera  la  France 
à  demander  aux  divers  Etats  qui  y  ont  intérêt,  une  diminution  des 

(1)  Vis-à^vis  de  Cologne. 

[i]  Ou  mieux  en  Wurtemberg,  près  Stuttgart. 


ttlA^BRE  CbJISOLtAtivt  DfiS  ARTS  ET  lÉANUl^ACTUilBS  1^41^ 

droits  auxquels  ils  ont  assujetti  les  porcelaines  de  France  qui  y  sont 
importées  ; 

Considérant  que  les  poteries  flnes  sont  fabriquées  avec  des  argi- 
les de  la  même  nature  que  celles  dont  on  fabrique  la  porcelaine  dure  ; 
qu'elles  ne  diffèrent  entre  elles  que  par  les  soins  qu'on  donne  à 
leur  extraction  et  à  leur  préparation;  qu'il  est  notoirement  im- 
possible que  les  employés  de  la  douane  puissent  les  distinguer  ; 
que  par  conséquent  le  maintien  des  deux  droits,  Tun  de  3  fr.  sur 
la  pâte  à  porcelaine,  et  l'autre  de  0,75  centimes  sur  les  argiles 
employées  dans  la  fabrication  des  autres  poteries,  présente  une 
anomalie  dérisoire  ; 

Considérant  d'ailleurs  que  la  France  possède  des  carrières  iné- 
puisables d'argile kaolinique;  que  dans  quelquesËtats  et  notamment 
en  Belgique  où  nos  kaolins  sont  admis  en  franchise,  les  argiles 
qu'on  suppose  devoir  être  employées  à  la  fabrication  des  poteries 
fines  autres  que  la  porcelaine  dure,  sont  frappées  de  droits  prohibi- 
tifs ;  que  dès  lors  il  n'y  a  pas  plus  de  motifs  de  maintenir  les  droits 
sur  l'exportation  des  argiles  communes  que  sur  les  kaolins  les  plus 
purs. 

3*"  En  ce  qui  touche  l'introduction  en  France  de  la  porcelaine 
anglaise  tendre  : 

Considérant  que,  si  la  porcelaine  anglaise  diffère  de  la  porcelaine 
de  France  par  une  pâte  moins  solide  et  un  émail  moins  dur,  le  bas 
prix  auquel  l'Angleterre  la  fournit  au  commerce,  à  raison  de  sa 
légèreté  et  de  l'économie  de  sa  cuisson  à  la  houille,  lui  fait  donner 
la  préférence  par  un  grand  nombre  de  consommateurs  ; 

Considérant  que,  malgré  la  prohibition  absolue  dont  notre  légis- 
lation a  frappé  toutes  les  poteries  fines  de  l'Angleterre,  des  entre- 
pôts de  porcelaine  anglaise  ont  été  établis  à  Paris  ; 

Considérant  que  les  porcelaines  de  France  et  d'Angleterre,  par 
leur  nature,  leurs  usages  et  leurs  qualités  extérieures,  telles  que  la 
blancheur  et  la  transparence,  sont  des  produits  similaires  ; 

Que  la  réciprocité  des  intérêts  autorise  la  France  à  percevoir 
sur  la  porcelaine  anglaise  un  droit  semblable  à  celui  que  l'Angle- 
terre perçoit  sur  la  valeur  de  ses  porcelaines. 

Par  ces  motifs,  la  Chambre  consultative  de  Limoges  est  unanime- 
ment d'avis  : 

1°  Qu'un  droit  de  4  fr.  par  cent  kilogrammes  soit  établi  sur  les 
argiles  kaoliniques  de  toutes  provenances,  qui  sont  importées  en 
France  ; 

9*  Que  les  droits  perçus  à  l'exportation  des  kaolins,  de  la  pâte  à 
porcelaine  et  des  argiles  destinées  à  la  fabrication  de  toutes  les 

T.  LU  16 


^46  SOGliTè  ARCHiOLOOlOtJV  Itt  aiSTOMQUB  DO   LIIkOUSIK 

espèces  de  poteries,  soient  réduits  à  un  simple  droit  de  balance 
nécessaire  à  la  constatation  du  mouvement  de  notre  commerce  avec 
rétranger  ; 

3<*  Que  les  porcelaines  anglaises  soient  frappées  des  mêmes 
droits  dont  l'Angleterre  a  frappé  les  porcelaines  de  France. 

La  présente  délibération  sera  adressée  par  double  ampliation  à 
M.  le  Ministre  du  commerce  et  des  travaux  publics  et  à  M.  le  Préfet 
de  la  Haute-Vienne,  avec  prière  de  la  recommander  à  tout  Vintérêt 
du  gouvernement. 

Un  membre  propose  de  nommer  dans  le  sein  de  la  Chambre 
consultative  un  comité  chargé  de  surveiller  spécialement  Taffaire 
des  canaux  réclamés  par  le  département.  Il  est  observé  à  ce  siget 
que  le  comité  chargé  de  suivre  une  affaire  aussi  importante  devrait 
réunir  un  très  grand  nombre  de  membres,  afin  de  donner  plus 
de  poids  à  ses  délibérations  ;  que,  d'un  autre  côté,  on  ne  peut 
songer  à  créer  un  comité  sans  y  appeler  les  personnes  qui  déjà  ont 
fait  des  travaux  et  des  écrits  sur  cette  question  et,  tout  en  approu- 
vant ridée  émise  de  la  création  d'un  comité  spécial,  on  croit  que  la 
Chambre  n'est  pas  assez  nombreuse  ni  assez  influente  pour  diriger 
seule  une  affaire  aussi  importante,  et  qu'il  vaut  mieux  créer  une 
association  spéciale  où  seraient  appelés  un  grand  nombre  de  mem- 
bres. Sur  ces  observations,  il  n'est  pas  donné  suite  à  la  proposition. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  a  été  levée  à  neuf 
heures. 

Ainsi  fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  des  manufactures, 
les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Philibert  Aventurier,  Armand  Noualhier,  Ardant, 
P.  Thomas,  F.  Alluaud  aîné. 


Séance  du  15  mai  1839 

(A  Fappui  d'une  demande  d^extension  de  la  juridiction  des  prud'- 
hommes^ la  Chambre  consultative  présente  un  tableau  des  usines  et 
ateliers  existant  dans  les  communes  qui  composent  les  cantons  de 
Limoges-Nord  et  Limoges-SudJ. 

Communeii  Ouvrier* 

LePauis  :  3  moulins  à  broyer  les  cailloux  et  terre  à  porcelaines  40 

CoNDAT  :     2  moulins  à  broyer  aussi  les  matières  à  porcelaines  40 

Isle  :         1  moulin        —                       —               —  20 

SouGNAC  :  1  moulin        —                       —              —  10 

SoLiGNAc  :  2  manufactures  de  porcelaine  150 


tttAllBkB  tOI«%ÛLtAtlVB    bsS  ARTS   st  MANUÉACtURRS  ^4% 

Limoges  :  4  moulins  à  broyer  les  matières  et  à  préparer  les 

pâtes  propres  à  fabriquer  la  porcelaine  100 

2  fabriques  de  poterie  commune  35 

10  ateliers  spéciaux  pour  la  décoration  et  peinture 
de  la  porcelaine  250 

fLes  autres  usines  énumérées  sont  des  filatures,  des  teintureries, 
des  imprimeries,  des  papeteries,  des  tuileries  etcj. 

Séance  du  12  juiu  1841 

L'ordre  du  jour  rappelle  aux  travaux  de  la  Chambre  la  discussion 
relative  au  tracé  de  la  route  n""  89  et  141,  aux  abords  de  Clermont. 
M.  le  Président  donne  lecture  de  la  lettre,  de  la  rédiction  de 
laquelle  il  avait  été  chargé  pour  M.  le  Ministre  des  travaux  publics 
[sur  celle  importante  question]  : 

A  Monsieur  le  Ministre  des  travaux  publics, 

L*adoption  du  traité  de  commerce  entre  la  France  et  la  Hollande  va 
ouvrir  de  nouveaux  débouchés  aux  produits  de  plusieurs  branches  d'indus- 
trie du  centre  de  la  France,  et  notamment  à  ceux  de  ses  nombreuses  manu- 
factures de  porcelaine. 

La  route  de  l'ouest  à  l'est  n^  141,  de  Clermont  à  Saintes,  va  acquérir  une 
importance  commerciale  qui  doit  en  faire  hâler  Tamélioralion,  sous  peine 
de  nous  faire  perdre  une  panie  des  avantages  que  nous  avons  à  expédier 
directement  nos  produits  sur  l'Est  et  vers  le  Rhin  et  Strasbourg,  où  les 
bateaux  hollandais  les  chargent  en  retour  à  des  prix  modérés. 

Par  suite  de  l'état  défectueux  de  la  roule  no  Ut  et  du  haut  prix  de  roulage 
qui  en  résulte,  le  commerce  de  Limoges  a  expédié  en  hiver,  à  aussi  bon 
marché,  par  Paris,  les  marchandises  destinées  à  Strasbourg  et  à  la  Suisse, 
que  par  la  route  n**  144,  plus  directe  et  plus  courte  de  près  de  moitié. 

Il  importe  d'autant  plus  à  la  prospérité  de  notre  commerce  et  de  notre 
industrie  de  faire  cesser  celte  anomalie,  qu'elle  tend  ^  contraindre  l'indus- 
trie de  nos  départements  du  Centre  à  recourir  au  commerce  intermédiaire 
de  Paris  pour  se  procurer  des  débouchés  qui  lui  sont  ouverts  par  la 
route  Ul,  dont  le  roulage  serait  plus  économique,  si  cette  route  était  pra- 
ticable en  toute  saison. 

Déjà  en  i838  (t),  le  commerce  de  Limoges  a  réclamé  contre  cet  état  de 
choses  dans  une  pétition  révolue  de  cent  soixantre-quatre  signatures  et 
adressée  à  M.  le  Directeur  général  des  ponts  et  chaussées. 


(1)  Dans  la  séance  du  9  novembre  1838,  la  Chambre  s'occupa  en  effet 
d'un  projet  de  rectification  de  la  route  de  Lyon,  sur  l'initiative  d*ua 
M.  Roulhac,  mais  sans  y  insister. 


tl8  dûct^B  ARGËROLÔ61QOK  ftt  ttisToaiûUB  do  liAousiM 

séance  du  19  novembre  1841 

La  Chambre,  assistée  de  MM.  les  prud^hommes  et  après  avoir 
recueilli  leur  avis,  dresse  le  lableaa  du  classement  de  lïQduslrie 
départementale,  suivant  la  prescription  de  la  circulaire  miDistérielle 
(lu  14  août  dernier,  ainsi  qu'il  suit  : 

/'•  catégorie.  Fabriques  à  moteur  mécanique  :  filatures  en 
laines  et  en  cotons  ;  moulins  à  triturer  on  broyer  les  matières  à 
porcelaine 

jS*  catégorie.  Usines  et  ateliers  à  feu  continu  :  les  forges,  les 
laminoirs,  les  manufactures  de  porcelaine 

4^  catégorie,  —  Ateliers  de  peinture,  dorure  et  brunissage  sur 
porcelaine. 

8^  catégorie,  —  Moulins  des  matières  à  porcelaine. 

Séance  du  26  septembre  1842 

M.  le  Président  annonce  qu'il  a  rempli  la  mission  dont  il  avait 
été  chargé  en  remettant  à  M.  le  Préfet,  avant  la  session  des  Conseils 
généraux,  les  renseignements  qui  avaient  été  demandés  sur  la 
situation  du  commerce  et  de  Tindustrie  dans  notre  département. 

M.  le  Président  donne  lecture  de  ce  rapport  : 

L'industrie  des  porcelaines  qui,  dès  Tannée  dernière,  redoublait 

d'efforis  pour  réparer  les  pertes  qu'elle  avait  éprouvées  depuis  1840,  a  fait 
encore  de  nouveaux  progrès. 

Pendant  les  sept  prerûiers  mois  de  1841,  Tadministration  municipale  de 
Limoges  n'avait  enregistré  que  trois  cent  trente-sept  déclarations  de  mises 
à  feu  aux  fours  des  fabriques  de  cette  ville.  Pendant  les  sept  premiers  mois 
de  1841,  ces  déclarations  s'élèvent  à  quatre  cent  trois,  ce  qui,  pour  ce  pre- 
mier semestre,  fait  une  augmentation  de  soixante -six  fournées. 

Ce  mouvement  ascendant  ne  se  fait  pas  exclasivement  remarquer  parmi 
les  fabriques  du  chef-lieu  ;  il  est  commun  à  toutes  les  fabriques  du  dépar- 
tement comme  à  celles  de  la  faïence  :  aussi  a-l-ii  fait  donner  une  vive 
impulsion  à  Texploitation  des  carrières  de  kaolin  et  de  feids-spath  des 
arrondissements  de  Saint-Yrieix,  de  Bellac  et  de  Limoges.  Si  aucune  car- 
rière de  quelque  importance  n'a  encore  été  ouverte  dans  l'arrondissement 
de  Rochechouart,  la  prodigieuse  quantité  d*argile  réfractaire  qu'on  y 
exploite  sur  le  plateau  de  la  Malaise  (1)  et  la  consommation  croissante  du 

(1)  Hameau  de  la  commune  de  Saint-Brice,  près  Saint-Junlen. 


CHAMBRE   CONSULTATIVE   DES   ARTS   ET  MANUFACTURES  219 

quartz  de  Saint-Quentin  (1)  employé  à  la  fabrication  des  meules,  ne  lui 
laissent  rien  à  envier  aux  autres  arrondissements. 

Il  y  a  peu  d'années  encore  que  les  préparateurs  de  pâte  et  d'émail  de 
porcelaine  n'employaient  dans  leurs  moulins  que  des  meules  de  silex 
qu'ils  tiraient  des  départements  de  la  Vienne  et  de  Tlndre.  L'industrie  de  la 
Haute-Vienne  s'est  affranchie  de  ce  tribut  et  les  meules  de  Saint-Quentin, 
qui  occupent  plusieurs  ateliers,  sont  maintenant  reclierchées  par  plusieurs 
fabricants  du  Cher  et  de  TAllier. 

Les  développements  de  Tindustrie  de  la  porcelaine  ne  se  bornent  pas  à 
la  fabrication  du  blanc.  Depuis  un  an,  plusieurs  ateliers  de  peinture  et  de 
décor  se  sont  établis  à  Limoges  (9),  en  même  temps  que  de  nouvelles  maisons 
de  vente  et  de  commission  ouvraient  de  nouveaux  débouchés  aux  produits 
de  cette  industrie  et  augmentaient  la  masse  des  capitaux  qu'elle  emploie. 

Quand  on  considère  l'heureuse  influence  que  l'industrie  minérale  et  la 
fabrication  de  la  porcelaine  exercent  sur  la  prospérité  de  ce  département  ; 
quand  on  considère  le  grand  nombre  de  familles  que  ces  industries  occu- 
pent, les  avantages  que  la  culture  des  bois  en  retire,  ce  n'est  pas  sans  un  vif 
sentiment  de  crainte  pour  l'avenir  qu'on  porte  ses  pensées  sur  l'énorme 
quantité  de  bois  qu'elles  consomment  chaque  année  et  sur  le  haut  prix 
auquel  il  s'est  déjà  élevé. 

La  seule  industrie  minérale  du  pays,  sans  y  comprendre  les  besoins  des 
autres  industries,  consomme  une  quantité  de  bois  qu'on  ne  peut  élever  à 
moins  de  S40.000  stères.  En  admettant  que  le  rendement  d'une  coupe  de 
taillis  de  S5  ares  soit  200  mètres  par  hectare,  une  coupe  annuelle  de 
940.000  stères  absorberait  le  produit  de  t. 200  hectares  et  suppose  la  cul- 
ture de  30.000  hectares. 

Les  ressources  de  la  Haute-Vienne,  absorbées  en  grande  partie  par  les 
besoins  généraux  d'une  population  de  près  de  300.000  habitants,  sont  bien 
loin  de  suffire  à  la  consommation  de  son  industrie  minérale.  Les  forges 
tirent  une  partie  de  leur  charbon  de  la  Corrèze  et  de  la  Dordogne;  la  porce- 
laine tire  la  plus  grande  partie  de  ces  approvisionnements  (3)  du  départe- 
ment de  la  Creuse;  et,  si  l'on  en  juge  paries  coupes  anticipées  auxquelles 
on  a  recours  aujourd'hui  pour  satisfaire  les  besoins  les  plus  pressants,  ce 
complément  de  ressources  serait  bien  près  de  manquer  à  notre  industrie. 

Cette  position  périlleuse  sera  pour  le  Conseil  général  un  nouveau  motif 
de  presser,  de  hâter  de  tout  son  pouvoir,  la  canalisation  projetée  de  nos 
rivières 


(t)  Hameau  de  la  commune  de  Vcyrac,  canton  de  Nieul. 

(i)  Le  procès- verbal  de  la  séance  du  15  mai  1839  accuse  l'existence  de 
10  ateliers  de  décor.  Cf.  la  séance  du  3  décembre  4832  (p»  2i5). 

(3)  Il  semble  que  l'on  vise  ici  à  la  fois  le  bois  et  la  houille.  Cependant, 
dans  la  séance  du  M  août  1847,  M.  François  AUnaud  affirme  que  la  houille 
de  Commenlry  (Allier)  est  la  senle  qu'on  ait  employée  à  la  cuisson  de  la 
porcelaine. 


3o0  SOCI^'    ARCBÊOLOGIQUR   ET   HISTORIQi'K   DU  LIMOUSIN 

Séance  du  24  avril  1845 

M.  Ardant  formule  une  proposition  relative  au  flottage  sur  la 
Vienne  et  aux  améliorations  nécessaires  pour  la  sécurité  du  com- 
merce du  bois  ;  il  conclut  à  la  nomination  d'une  commission  pour 
faire  des  études  approfondies  sur  la  matière. 

{Suit  la  teneur^  en  deux  pages,  de  la  proposition  annoncée,) 

Séance  du  12  décembre  1845 

La  suite  de  Tordre  du  jour  appelle  MM.  les  membres  chargés,  à  la 
dernière  séance,  de  répondre  aux  diverses  questions  posées  paria 
circulaire  de  M.  le  Ministre  de  Tagriculture  et  du  commerce,  du 
12  novembre  1845. 

M.  Ardant,  répondant  à  la  première,  posée  ainsi  : 

La  situation  des  ouvriers  hors  d'état  de  travailler  est  sontent 
malheureuse;  elle  est  toujours  précaire.  L'opinion  publique  s^en  «( 
préoccupée  à  juste  titre  et  le  Gouvernement  a  cherché  dans  les  plans 
proposés  les  moyens  d^y  porter  remède.  Malheureusement  rien  jus- 
que ce  jour  n'a  paru  pouvoir  suppléer  la  prévoyance  privée.  Aucune 
question  n'est  plus  digne  de  la  sollicitude  des  Conseils.  Ils  recherche- 
ront quelles  caisses  de  secours  ou  de  retraite,  ou  quelles  institutions 
peuvent  être  fondées  pour  le  soulagement  des  travailleurs  invalides^ 
s'exprime  ainsi  : 

«  La  Chambre  consultative  des  manufactures  voit  avec  le  plus  vif 
intérêt  que  M.  le  Ministre  du  commerce  s'occupe  sérieusement  du  sort 
des  classes  ouvrières  et  recherche  les  movens  de  leur  venir  en  aide. 

»  Elle  s'associe  à  son  intelligente  sollicitude  et  fait  des  vœux 
sincères  pour  qu'il  soit  possible  aux  trois  Conseils,  qui  vont  se 
réunir,  de  doter  la  France  d'une  institution  durable  qui  oblige  les 
classes  ouvrières  à  la  prévoyance,  à  l'économie,  en  leur  assurant 
un  abri  contre  les  maladies,  les  accidents  et  la  vieillesse. 

»  La  Chambre  consultative  pense  que,  de  tous  les  moyens  pro- 
posés, de  toutes  les  expériences  faites,  les  sociétés  de  secours 
mutuels,  parmi  chaque  catégorie  d'ouvriers,  avec  leur  administra- 
tion et  leur  surveillance  particulières,  sont  jusqu'à  ce  jour  les  ins- 
titutions qui  peuvent  présenter,  en  les  réglementant,  le  plus  de 
garanties  et  offrir  les  meilleurs  résultats. 

»  Convaincue  de  cette  opinion,  elle  a  voulu  réunir  tous  les  corps 
d'état  qui  comptent  dans  leur  sein  des  sociétés  de  secours  mutuels, 
afin  d'étudier  si,  depuis  leur  origine,  elles  avaient  (idèlement  rempli 
leur  but  et  si  elles  étaient  en  voie  de  progrès. 


CBAMBaB   CONSULTATIVE    DBS   ARTS   BT  MANUFACTURES 


951 


Voici  le  résultat  de  ses  investigations  : 


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(Suivent  les  réponses  de  la  Chambre  à  la  i'  question  :  sur  le  travail  des 
enfants  dans  les  manufactures  ;  à  la  3*  question  :  sur  la  législation  des 
contrats  d'apprentissage  ;  à  la  4*  question  :  sur  la  juridiction  des  prud'- 
hommes, etc.). 


3S2  SOCIRTR   ARCnéOLOGIQUE   KT   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

Séance  du  26  août  1846 

M.  Louis  Ârdant  est  appelé  à  donner  lecture  da  rapport  dont  il  a 
été  chargé  par  la  Chambre,  dans  une  de  ses  précédentes  délibéra- 
tions, sur  la  question  de  Tamélioralion  du  régime  des  flottages  de 
bois  par  la  Vienne  et  ses  affluents. 

{Suit  le  rapport  annoncé,  p.  254  à  289). 

Séance  du  13  novembre  1846 

M.  le  vice-président  donne  communication  d'une  lettre  de  H.  le 
Ministre  du  commerce,  du  26  septembre,  qui  annonce  renvoi  par 
roulage  d^une  boîte  d*échanlillons  de  diverses  matières  intéressant 
les  arts  céramiques. 

Ces  échantillons,  provenant  de  Texposition  des  produits  de  Tio- 
dustrie  de  Berlin,  ont  été  fournis  au  département  du  commerce  par 
M.  Gautier  de  Clanbry,  professeur  de  chimie  à  l'Ecole  polytechni- 
que, qui  avait  été  chargé  d'examiner  les  produits  de  cette  nature. 

La  Chambre  décide  que  cet  envoi  sera  conservé  avec  soin  dans 
la  chambre  de  ses  archives  et  que,  pour  remplir  les  bienveillantes 
intentions  de  M.  le  Ministre  du  commerce,  les  fabricants  de  porce- 
laine de  la  ville  de  Limoges  et  du  département  de  la  Haute-Vienne 
seront  invités,  par  la  voie  de  la  presse,  à  venir  en  prendre  connais- 
sance à  rhôtel  de  ville,  à  un  jour  qui  sera  ultérieurement  fixé  par 
M.  le  Maire. 

Séance  du  5  avril  1847 

«  Voici,  Monsieur  le  Préfet,  le  nombre  et  le  siège  des  établisse- 
ments, le  nombre  d'ouvriers  et  la  somme  d'affaires  de  chacune  des 
catégories  industrielles  qu'elle  [la  Chambre  consultative]  désire 
voir  représenter  dans  la  nouvelle  composition  du  Conseil  des 
prud'hommes  : 

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Limoges  ..{453^^1  ^e  décor }  ^^ 

Fabricants  de  porce-  l  Solignac . .      1  fabrique ....      1  j  *^     établissements , 

laine  et  de  pâtes  à  \  i^j^ ^^^^    ^  t,                  [  occupant  3.000  ou- 

porcelaine,  et  dé-  ]                           ,      nâtes              3  \  "^'"i®'^  environ,  fai- 

corateurs  [des  deux  \  p^^t                       ^^  *  [  sant  un  chiffre  d'af- 

cantons  de  Limo-  j  ^^  Palais                  3  I  ^^^^^  ^®  4.000.0QO 

»e«l-                           [Solignac/.                 -                 1]  de  francs  (1). 

\  Limoges  . .  —  6  / 

(I)  Dans  uDe  lettre  au  Ministre  du  commerce,  reproduite  dans  le  procès- 
verbal  de  la  séance  du  Î6  août  1846,  la  Chambre  consultative  avait  fîié  à 
5.000.000  de  francs  le  chiffre  d'affaires  des  fabricants  de  porcelaine  et  de 
leurs  auxiliaires  pour  la  totalité  d^  département. 


CHAMBnR  CONSULTATIVE  DKS  ARTS  ET  MANUFACTURES         253 

M.  Ardant  donne  lecture  à  la  Chambre  du  projet  de  demande 
qu^elle  Tavait  chargé  d'adresser  à  M.  le  Ministre  des  travaux 
publics,  d'une  somme  3.000  fr.  applicable  à  Tëlude  des  moyens  à 
employer  pour  Tamélioration  de  nos  flottages  de  bois  à  brûler. 

[Suit  la  dite  lettre,  p.  278-281). 

Séance  du  14  août  1847 


M.  Alluaud  donne  les  renseignements  qui  suivent  : 

Le  prix  de  la  pâte  et  de  Témail  a  diminué  avec  l'importance  des 
ventes  hors  du  département.  Les  magasins  de  ces  matières  premières 
se  sont  encombrés;  les  travaux  des  carrières  se  sont  sensiblement 
ralentis  et  quelques  usines  à  kaolin  ont  des  meules  en  chômage. 

La  fabrication  de  la  porcelaine,  dans  notre  déparlement,  a  sou- 
tenu toutefois,  à  peu  d'exceptions  près,  son  activité  accoutumée. 
Pour  la  conserver,  les  prix  de  fabrique  ont  été  diminués.  Deux  fabri- 
ques, par  suite  de  leur  discrédit,  que  la  crise  générale  ne  leur  per- 
mettait pas  de  dissimuler  plus  longtemps,  ont  suspendu  leurs 
paiements,  et  congédié  une  partie  de  leurs  ouvriers. 

Une  année  prospère  suffirait  sans  doute  pour  réparer  ces  pertes 
si  le  maintien  de  la  fabrication  de  la  porcelaine  en  Limousin  n'était 
compromis  par  la  substitution  de  la  houille  au  bois  dans  la  cuisson 
de  cette  belle  poterie.  Cette  révolution  est  considérée  généralement 
comme  un  progrès,  et  cependant  la  France  regrettera  peut-être  un 
jour  de  Tavoir  provoquée.  Ses  porcelaines  n'avaient  à  redouter 
aucune  concurrence  étrangère  ;  l'industrie  céramique  de  l'Angle- 
terre, plus  avancée  que  la  nôtre  sous  beaucoup  de  rapports,  avait 
essayé  vainement  de  cuire  la  porcelaine  dure  avec  la  houille,  elle  y 
avait  renoncé;  et  voilà  que  nous  lui  apprenons  tout-à-coup  que  la 
cuisson  de  la  porcelaine  peut  se  faire  avec  des  houilles  inférieures 
aux  siennes,  sans  songer  à  la  concurrence  qui  peut  s'élever  dans  le 
Stafford'shire  et  nous  forcer  à  réduire  notre  fabrication  aux  besoins 
de  la  consommation  nationale.  C'est  que  le  StafTord'shire  réunit  en 
effet  tous  les  moyens  de  succès;  outre  ses  fabriques  immenses,  ses 
argiles  réfractaires,  ses  houilles  à  longue  flamme,  il  est  en  posses- 
sion de  chemins  de  fer  et  de  canaux  dont  le  réseau  dessert  littéra- 
lement chaque  établissement,  tandis  que  le  Limousin  n'a  point  de 
houille  et  attendra  longtemps  encore  les  chemins  de  fer  et  les 
canaux  nécessaires  à  l'approvisionnement  de  ses  fabriques  et  & 
l'exportation  de  leurs  produits.  Dans  des  positions  si  différenteç 
la  lutte  serait  impossible. 


S54  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  BlSTOniQOE  DU   LIMOUSIN 

Quoi  qu'il  arrive,  la  cuisson  de  la  porcelaine  à  la  bouille  se  pro- 
page de  proche  en  proche.  M.  Vital-Roux  Ta  d'abord  introduite  dans 
la  fabrique  de  Noirlac,  près  Saint-Amand  (Cher).  Les  propriétaires 
des  fabriques  de  Châteauroux  (Allier)  et  de  Fours  (Nièvre)  adoptent 
ce  procédé  de  cuisson.  La  manufacture  royale  de  Sèvres  fait  appro- 
prier un  de  ses  foursà  la  houille,  et  M.  Ruaud,  fabricant  à  Limoges, 
a  déjà  cuit  sept  fournées  au  moyen  de  ce  combustible,  avec  un  succès 
satisfaisant.  Ce  procédé  de  cuisson  parait  donc  un  fait  accompli. 

Les  craintes  qu'il  inspire  aux  fabricants  du  Limousin  méritent 
une  sérieuse  attention.  Il  s'agit  de  savoir  : 

1"*  Si  la  cuisson  au  bois  soutiendra  la  concurrence  de  la  cuisson 
à  la  houille  pendant  la  transformation  du  premier  procédé  de  cuis- 
son au  nouveau,  et  à  quelle  condition  ; 

S*"  Si,  lorsque  la  cuisson  à  la  houille  sera  universellement  adoptée 
par  les  fabriques  situées  dans  le  voisinage  des  houillères,  les  fabri- 
ques pourront  en  soutenir  la  concurrence,  et  par  quels  moyens. 

Les  considérations  qui  suivent  répondront  à  la  première  question. 

La  houille  de  Gommentry  est  la  seule  qu'on  ait  employée  à  la 
cuisson  de  la  porcelaine.  Bien  que  le  prix  de  cette  houille  soit  qua- 
druplé par  les  frais  de  transport  par  le  roulage  jusqu'à  Limoges,  la 
cuisson  de  la  porcelaine  avec  ce  combustible  présente  encore  une 
grande  économie  sur  les  frais  de  cuisson  au  bois. 

Dans  son  four  de  81  mètres  50  centimètres  cubes,  M.  Ruaud 
consommait  100  stères  de  bois.  En  l'estimant  à  11  fr.  rendu,  cassé 
et  séché  en  fabrique,  le  bois  consommé  dans  une  fournée  revenait 
à  1.100  fr. 

M.  Ruaud  remplace  ces  100  stères  de  bois  par  190  hectolitres  de 
houille  du  poids  de  70  kilogr.  L'hectolitre  revient,  à  Limoges,  à 
3  fr.  78  et  les  190  hectolitres  à  718  fr.  20. 

La  fournée  au  bois  revenant  à 1  .lOOfr.   » 

Celle  à  la  houille  revient  à 718fr. 20 

La  cuisson  à  la  houille  présente  une  économie  de. .        381  fr.  80 

Le  nouveau  procédé  n'étant  pas  dans  le  domaine  public  ne  peut 
être  appliqué  qu'au  moyen  d'une  concession  dont  le  prix,  joint  à 
d'autres  dépenses  accessoires  et  à  la  difficulté  [de  Ise  procurer  par 
le  roulage  toute  la  houille  que  consommeraient  les  fabriques  du 
Limousin,  réduit  l'économie  réelle  à  300  fr. 

Or,  comme  la  consommation  de  bois  sur  laquelle  porte  cette 
économie  est  de  100  stères,  il  faut,  pour  que  la  cuisson  au  bois, 
dans  l'état  actuel  des  choses,  puisse  soutenir  la  concurrence  à  la 
houille,  que  le  prix  du  bois  subisse  une  diminution  de  3  fr.  par 
stère,  ou  qu'il  ne  revienne  qu'à  8  fr.  livré  et  cassé  en  fabrique. 

Cette  diminution,  que  la  force  des  choses  va  rendre  nécessaire, 


CHAMBRE   CONSULTATIVE    DES   ARTS   ET    MANUFACTURES  S5d 

causerait  une  perte  considérable  aux  propriétaires  de  forêts  qui 
alimentent  nos  fabriques,  s'il  n'y  avait  aucun  moyen  d'en  diminuer 
rimporlance. 

L'élévation  du  prix  du  bois  vient  en  partie  du  mauvais  régime  de 
nos  flottages;  la  Chambre  a  sollicité  déjà  près  du  Conseil  général  et 
du  Conseil  municipal  les  moyens  d'y  mettre  un  terme.  Il  faut  espé- 
rer que,  cette  année,  le  Conseil  général  et  le  Conseil  municipal  de 
la  ville  de  Limoges  prendront  nos  justes  plaintes  en  considération 
et  voudront  y  mellre  un  terme,  dans  l'intérêt  de  l'industrie  de  la 
porcelaine,  comme  pour  les  besoins  sans  cesse  renaissants  de  notre 
population  ouvrière  ;  dans  l'intérêt  surtout  de  la  propriété  fores- 
tière qui  pourrait  tout-à-coup  être  privée  de  son  principal  débouché. 

Car  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  l'économie  de  la  cuisson  à 
la  houille  va  susciter  une  vive  concurrence  entre  les  deux  modes 
de  cuisson,  non  seulement  dans  la  Haute-Vienne,  mais  surtout 
entre  les  fabriques  de  ce  département  et  les  autres  fabriques  de  la 
France. 

Nous  venons  de  voir  à  quelles  conditions  la  lutte  était  possible, 
au  prix  de  revient  actuel  de  la  houille;  mais  lorsque  ce  combus- 
tible arrivera  à  Limoges  par  des  voies  plus  économiques  que  par  le 
roulage  ;  lorsque  le  chemin  de  fer  en  construction  entre  Vierzon  et 
Limoges  sera  achevé,  le  prix  de  la  houille  descendant  alors  à  2  fr.  50 
l'hectolitre,  ne  permettra  l'emploi  du  bois  qu'autant  qu'il  diminuera 
de  moitié. 

Une  diminution  aussi  considérable  est  à  peu  près  impossible  et, 
si  elle  ne  se  fait  pas,  la  consommation  des  fabriques  de  porcelaine 
se  réduira  forcément  à  la  cuisson  de  porcelaine  de  luxe,  pour 
laquelle  il  est  probable  que  le  bois  continuera  d'obtenir  la  préfé- 
rence. 

Nous  reviendrons  sur  les  intérêts  et  sur  l'avenir  vraisemblable 
de  la  propriété  forestière  en  Limousin;  mais  afin  de  ne  pas  inter- 
rompre l'ordre  de  nos  idées  sur  la  fabrication  de  la  porcelaine, 
nous  allons  examiner  la  seconde  question  que  nous  avons  posée  et 
indiquer  par  quels  moyens  les  fabriques  du  Limousin  soutiendront 
la  concurrence  des  fabriques  établies  dans  le  voisinage  des  houil- 
lères. 

Ces  fabriques,  suivant  leur  position,  se  procureront  la  houille  au 
prix  de  1  fr.  à  1  fr.  50  l'hectolitre,  c'est-à-dire  à  moitié  prix  de  ce 
que  coûtera  la  houille  que  le  chemin  de  fer  de  Vierzon  versera  à 
Limoges.  Cette  différence  leur  assurant  environ  une  économie  de 
300  francs  dans  le  prix  de  revient  de  chaque  fournée,  causerait 
immanquablement  la  ruine  de  nos  fabriques  si  elles  n'avaient  pas 
le  moyen  de  se  procurer  la  houille  par  une  voie  plus  courte  et  plus 


356  SOCIÉTÉ  ARCHèOLOClQUE   ET   HISTOBIQUE   DU  LIMOUSIK 

économique  que  celle  de  Vierzon.  Or  ce  moyen  existe  :  il  consisle 
dans  rexécution  du  chemin  de  fer  projeté  entre  Angouléme  et  Mont- 
luçon  par  Limoges  et  La  Souterraine,  ou  dans  Texécution  de  la 
canalisation  de  la  Vienne  et  du  Taurion,  en  suivant  la  même  direc- 
tion. Avec  une  de  ces  nouvelles  voies,  la  houille  parviendra  à 
Limoges  à  moins  de  2  francs  l'hectolitre,  et,  grâce  aux  avantages 
particuUers  dont  ses  fabriques  sont  en  possession  et  qu'elles  trou- 
vent dans  Tancienneté  de  leurs  relations,  dans  leur  nombreuse 
clientèle,  dans  l'importance  des  capitaux  qu'elles  ont  engagés  dans 
leur  industrie,  et  dans  Texpérience  acquise  par  les  populations 
qu'elles  emploient,  nos  fabriques  seront  en  position  de  soutenir  la 
concurrence  de  celles  qui  sont  établies  ou  qui  s'établiront  dans  le 
voisinage  de  houillères. 

Les  périls  dont  la  principale  industrie  de  la  Haute-Vienne  est 
menacée  sont  grands  et,  nous  devons  l'espérer,  le  Conseil  général 
emploiera  tout  ce  qu'il  a  de  force  et  de  crédit  pour  les  conjurer.  Il 
a  déjà  émis  plusieurs  fois  des  vœux  favorables  à  la  canalisation  de 
nos  rivières  et  à  l'exécution  d'un  chemin  de  fer  d'Angouléme  à 
Montluçon.  En  présence  des  craintes  qui  troublent  la  sécurité  de  nos 
fabriques,  il  s'empressera  de  renouveler  l'expression  des  mêmes 
vœux  avec  toute  l'énergie  que  son  patriotisme  lui  inspirera. 


Séance  du  10  juin  1848 

M.  Louis  Ardant,  chargé  par  la  Chambre  consultative  de  répon- 
dre à  la  circulaire  n""  13  du  Ministre  du  commerce,  a  présenté  le 
projet  suivant  : 

CiTOYBif  Ministre, 

La  Chambre  consultative  des  raanufaclnres  de  la  ville  de  Limoges  s'asso- 
cie à  la  généreuse  sollicitude  qui  a  dicté  votre  circulaire  du  3  juin  et  vient 
vous  faire  connaître  la  triste  situation  des  principales  industries  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Vienne  et  vous  signaler  les  moyens  qu'elle  croit  utiles, 
opportuns,  pour  mettre  un  terme  au  désarroi  de  nos  manufactures  et  au 
découragement  qui,  chaque  jour,  frappe  de  plus  en  plus  nos  travailleurs... 

Aussi  nous  empressons-nous  de  répondre  aux  diverses  questions  que 
vous  nous  avez  posées. 

PasMiÈRB  QUESTION.  QuelUs  sont  dans  votre  circonscription  les  indus' 
tries  qui  emploient  le  plus  grand  nombre  d^ouoriers  et  donnent  lieu  aux 
transactions  les  plus  importantes  ? 

Ce  sont  : 

4o  La  fabrication  des  porcelaines,  on  y  comprenant  Texlraction  et  la  pré- 
paration des  matières  premières,  Texploitalion,  le  transport  et  le  flottage 
des  bois,  les  dorures  et  les  décors. 


CHaADRB  CO^^SULTATIVg    IbBd   ARtS  Et   llA^O^ACTOREâ  i$^ 

Elle  occupait  avant  la  RévolutioD  du  95  février  plus  de  5.000  ouvriers, 
parmi  lesquels  au  moins  1.000  artistes.  24  manufactures  alimentaient 
37  fours,  13  usines  hydrauliques,  300  meules.  Elle  consommait  65.000  stères 
de  bois  qui  procuraient  à  l'agriculture  un  produit  annuel  de  600.000  fr. 
Le  chiffre  de  sa  fabrication  générale  atteignait  5.000.000  [de  francs]  et  le 
poids  qu'elle  livrait  aux  transports  du  roulage  s^élevait  à  90.000  quintaux 
métriques. 

90  La  fabrication  des  flanelles  et  droguets 

Dbuxièmr  question.  Quelles  9ont  les  industries  sur  lesquelles  a  le  plus 
pesé  la  crise  inéoittxble  que  nous  aoons  traoersée  et  comment  se  sont  tra- 
duits les  effets  de  cette  crise  ? 

Toutes  nos  industries  ont  souftert,  à  divers  degrés,  les  effets  de  la  crise 
industrielle  qui  a  pesé  et  qui,  nous  Tavouons  à  regret,  pènc  malheureuse- 
ment encore  sur  notre  population.  Mais  elle  s'est  plus  particulièrement 
appesantie  : 

i^  Sur  la  fabrication  des  porcelaines  qui,  malgré  son  bas  prix,  est  encore 
pour  le  plus  grand  nombre  une  consommation  de  luxe.  En  présence  de  ses 
fabriques  déjà  encombrées  et  menacées  de  ruine,  la  ville  de  Limoges  s'em- 
pressa, dès  les  premiers  jours  de  la  révolution,  de  tenter  de  les  soutenir 
et,  dans  cette  espérance,  elle  mit  à  la  disposition  des  fabricants,  pour  qu'ils 
pussent  payer  la  main-d'œu/re  aux  ouvriers,  une  somme  de  30.000  fr.  Les 
circonstances  étaient  et  devinrent  trop  graves.  Ce  secours  trop  faible  ne 
produisit  qu'un  effet  passager.  Dès  les  premiers  jours  de  mai,  les  travaux 
ne  pouvant  plus  être  alimentés  par  l'écoulement  des  produits,  il  fallut  for- 
cément les  suspendre. 

A  cette  époque,  les  nombreux  ouvriers  de  cette  industrie  durent  deman- 
der aux  chantiers  déjà  trop  étroits  de  la  commune  leurs  moyens  d*exisience  ; 
et,  en  même  temps,  le  commerce  des  bois,  l'extraction  et  le  transport  des 
matières  premières  se  trouvant  eux  aussi  paralysés  par  la  suspension  pres- 
que générale  de  la  fabricatiou  des  porcelaines,  les  travailleurs  qui,  dans 
notre  département,  sont  habitués  à  vivre  du  produit  de  ces  auxiliaires  de 
uos  manufactures,  vinrent  demander  à  la  ville  de  Limoges  une  hospitalité 
qui,  quoique  coûteuse,  leur  fut  accordée. 

Four  rétablir  l'important  travail  arrêté  dans  cette  fabrication  ei  pour 
conjurer  les  déplorables  conséquences  d'une  crise  qui  menaçait  et  atteignait 
partout  nos  classes  ouvrières,  la  ville  de  Limoges  proposa  un  emprunt  de 
700.000  fr.  Cet  emprunt  était  nécessaire,  indispensable.  C'était  une  nouvelle 
tentative  pour  reprendre,  encourager  hardiment  les  travaux  industriels  et 
laisser  au  gouvernement  le  temps  et  le  soin  de  rétablir  le  crédit  avec  la 
contiance.  Le  Conseil  municipal  s'empressa  de  le  voter. 

S'il  eut  été  approuvé  par  l'Etat,  souscrit  et  réalisé  par  tous  les  habitants, 
comme  les  circonstances  en  faisaient  une  loi,  nous  aurions  pu  voir  s'amoin- 
drir la  population  des  ateliers  communaux  et  se  rouvrir  non  seulement  nos 
fabriques  de  porcelaine,  mais  encore  celles  sur  lesquelles  nous  appellerons 
bientôt  votre  attention  et  qui  souffraient  aussi.  Mais  cet  emprunt,  par  suite 
de  la  gène  qui  s'est  appesantie  si  exceptionnellement  sur  noire  pays  manu- 
facturier et  qui  n'a  épargné  que  quelques  hommes  étrangers  aux  affaires, 
n'a  pu  être  et  n'est  pas  encore  réalisé. 


I^!>À  âôciits  ARÈàÉOLôGlQul:  st  àtstORtQ^B  bu  LtftOOSlH 

Sans  le  concours  ilu  gouvernement  qui  a  autorisé  la  Caisse  des  dépôts  ei 
consignations  à  prêtera  la  ville  de  Limoges  une  somme  de  300.000  fr.^sans 
Tappui  généreux  de  ceux  de  nos  concitoyens  qui,  sans  attendre  que  les 
formalités  légales  fussent  remplies,  n'ont  pas  hésité  à  faire  un  premier  et 
indispensable  versement,  nous  ne  saurions  dire  sur  quels  tonds  et  comment 
notre  cité  aurait  pu  faire  face  aux  dépenses  obligées  qu*elle  a  dû  s'imposer 
et  qui  pèsent  encore  malheureusement  sur  la  caisse  municipale. 

C'est  que,  citoyen  Ministre,  outre  que  l'emprunt  ne  s'est  pas  réalisé,  le 
crédit  et  la  consommation, au  lieu  de  se  rétablir,  sont  restés  de  plus  en  plus 
paralysés.  C'est  que,  malgré  le  désir  de  tous,  fabricants  et  ouvriers,  de 
voir  se  rouvrir  les  fabriques  et  d'abandonner  un  travail  et  des  dépenses  qui 
ailleurs  pèsent  à  tous,  il  a  été  matériellement  impossible  de  vider  les 
magasins  encombrés  et  de  tenter  le  moindre  effort  vers  la  reprise  des  tra- 
vaux habituels. 

C'est  à  peine  si,  à  cette  heure,  sur  vingt-quatre  manufactures,  cinq  entre- 
tiennent encore  une  certaine  fabrication.  Et  si  ces  quelques  établissements 
fonctionnent  un  peu,  il  faut  bien  le  dire,  nous  ne  le  devons  qu'aux  senti- 
ments patriotiques  de  leurs  chefs  qui  se  sont  imposé  le  sacrifice  et  le  devoir 
de  faire  servir,  dans  ces  jours  difliciles,  au  profit  de  quelques  ouvriers,  les 
avantages  de  leur  fortune;  —  qui,  privés  de  demandes,  quoique  encom- 
brés, n'ont  pas  craint  d'entasser  produits  sur  produits;  car  la  consommation 
des  porcelaines,  pour  eux  comme  pour  leurs  collègues  moins  favorisés»  a 
été  et  est  encore  complètement  nulle. 

30  Les  flanelles  et  droguets 

TuoisiÈMB  QUESTION.  Quelles  sont  les  industries  qui  vous  paraissent 
mériter  de  préférence  les  encouragements  du  gouoernement  dans  V intérêt 
du  travail  national  ? 

\'^  La  fabrication  des  porcelaines;  S*' la  fabrication  des  flanelles  et  dro- 
guets, etc. 

QuATRiÈMB  QUESTION.  Quôl  Serait  le  meilleur  mode  à  adopter  pour  leur 
prêter  assistance,  les  soutenir  dans  leurs  épreuoes  et  leur  ouorir  de  nou- 
oelles  ooies  de  déoeloppement  ? 

1®  Pour  la  fabrication  des  porcelaines,  on  ne  saurait  prévoir  quand 

elle  pourra  reprendre  ses  travaux.  Consommation  de  luxe,  elle  est,  plus 
que  toutes  les  autres  industries,  soumise  aux  embarras  qui  pèsent  sur  la 
France.  Jusqu'à  ce  que  l'aisance  ait  ramené  la  vente  de  ses  produits, 
entassés  depuis  longtemps  et  qui  représentent  dans  les  fabriques  une  valeur 
d'environ  deux  millions,  jusqu'à  ce  moment  elle  restera  forcément  dans 
1  état  d'annihilation  qui  ruine,  chaque  jour,  de  plus  en  plus  notre  dépar- 
tement. 

Le  seul  moyen  de  la  relever  et  en  la  relevant  de  porter  la  vie,  le  calme 
à  six  mille  ouvriers,  à  leurs  familles,  ce  serait  de  lui  venir  hardiment,  excep- 
tionnellement en  aide,  de  réaliser  par  le  concours  du  gouvernement  ce  que 
la  commune  a  tenté  et  n'ose  plus  espérer  ;  ce  serait,  pour  lui  laisser  le 
temps  de  faire  disparaître  l'encombrement  de  ses  produits,  de  lui  assurer 
immédiatement  l'écoulement  d'une  fabrication  nouvelle  de  un  million  en 
porcelaine  blanche,  cinq  cent  mille  francs  en  porcelaine  décorée. 


tttAHIftaB  CONSUtTATtVE  DEà  ARtS  Et  llANUi^AÛTÛRBê  ^5$ 

Ces  quinze  cent  mille  francs,  noas  le  disons  avec  confiance,  seraient  de 
i*argent  bien  employé.  Nos  ouvriers,  rentrant  dans  leurs  ateliers,  entrever- 
raient immédiatement  un  terme  aux  privations  qu'ils  endurent  et  nos  fabri- 
cants enfin  pourraient  envisager  Tavenir  avec  moins  d'inquiétude. 

Un  tel  sacrifice,  nous  le  reconnaissons,  n'a  été  que  très  rarement  invoqué 
et  obtenu  de  TËtat,  et  nous  n'oserions,  citoyen  ministre,  le  solliciter,  si 
nous  n'étions  vis-à-vis  de  l'industrie  des  porcelaines  dans  une  situation 
exceptionnelle,  dans  une  impasse  sans  aucune  issue  prochaine  ;  si  nous 
n'avions  mesuré,  approfondi  les  maux  qui  nous  menacent,  les  plaies  vives 
qu'il  est  appelé  à  cicatriser. 

(La  BuUe  de  la  lettre  apporte  quelques  argumenta  à  V appui  de  cette 
demande,) 


Séance  du  9  décembre  1849 

(La  Chambre  s'occupe  de  nouveau  de  la  question  du  flottage  sur 
tes  rivières. J 

Séance  du  7  février  1850 

M.  le  Secrétaire  lit  ensuite  la  lettre  qui  a  été  écrite  à  M.  le  Minis- 
tre du  commerce  pour  lui  demander  des  porcelaines  de  Sèvres  : 

Monsieur  le  Ministre, 

La  Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  de  Limoges  a  été 
informée  par  l'un  de  ses  membres  que  vous  aviez  l'intention  d'envoyer  dans 
les  départements  un  certain  nombre  de  tableaux,  tapis,  porcelaines  et  objets 
d'an  qui  se  trouvent  en  quantité  dans  les  magasins  de  TËlai.  Faire  naître 
ou  ranimer  par  ces  envois  dans  les  diverses  parties  de  la  France  le  goût 
des  arts,  de  ceux  surtout  qui  se  rattachent  plus  ou  moins  à  l'industrie,  telle 
a  été  ridée  pleine  d'équité  et  de  convenance  qui  vous  a  guidé.  Aussi  la 
Chambre  consultative,  approuvant  de  toutes  ses  forces  vos  projets  à  cet 
égard,  ne  peut-elle  que  vous  engager  à  entrer  résolument  dans  une  telle 
voie.  Confiante  du  reste  dans  votre  justice  si  éclairée,  la  Chambre  consul- 
tative ne  craint  point  que  vous  oubliiez  la  ville  de  Limoges;  mais  elle  croit 
devoir  vous  rappeler  que  là  se  trouve  entre  autres  une  industrie  impor- 
tante, celle  des  porcelaines,  qui  ne  pourrait  que  gagner  beaucoup  si  elle 
était  continuellement  excitée  par  la  présence  de  modèles  sérieux  et  de 
produits  supérieurs  aux  siens.  K  ce  point  de  vue,  la  Chambre  consultative 
a  l'honneur  de  vous  demander  avec  instance  des  porcelaines  de  Sèvres. 
Ces  objets,  placés  au  Musée  de  Limoges,  seraient  bien  propres,  Monsieur  le 
Ministre,  à  remplir  vos  intentions  généreuses,  et  notre  pays  serait  recon- 
naissant de  cet  envoi. 

Veuillez  agréer 


MiO  SbClifcTik  ARCttkOLbG^QUI  Et  tllSTORr<|CK  D\J  LlÈOÙSIÏI 

Séance  du  21  mars  1850 

M.  Alluaud  lit  le  rapport,  connu  déjà  par  la  voie  des  journaai  (i), 
que  M.  Ebelmen,  directeur  de  la  manufacture  nationale  de  Sèvres, 
a  fait  à  M.  le  Ministre  sur  les  expériences  de  cuisson  de  la  porce- 
laine au  moyen  de  la  houille.  Tout  en  craignant  que  la  réussite  de 
ces  expériences  ne  soit  fatale  aux  intérêts  non-seulement  de  la 
Haute- Vienne  mais  encore  de  la  France  entière,  M.  Alluaud  vou- 
drait que  le  Gouvernement  permit  au  moins  à  notre  pays  de  lutter 
cçntre  la  concurrence  des  fabriques  qui  se  trouvent  au  milieu  de  la 
houille.  Et  cette  lutte  ne  pourra  être  sérieuse  de  noire  part  que  si 
nous  avons  promptement  à  notre  disposition  le  chemin  de  fer  qui 
nous  apporterait  plus  économiquement  le  combustible  minéral. 
En  conséquence,  M.  Alluaud  demande  que  la  Chambre  consulta- 
tive insiste  fortement  auprès  du  Gouvernement  pour  obtenir  une 
allocation  plus  considérable  en  faveur  de  notre  chemin  de  fer 


Séance  da  19  octobre  1850 

M.  le  Préfet  fixe  Tattention  de  la  Chambre  consultative  sur  TEx- 
position  universelle  qui  doit  avoir  lieu  prochainement  à  Londres. 
11  rappelle  que  le  but  de  cette  grande  solennité  est  de  réunir  des 
produits  industriels,  commerciaux,  et  non  pas  purement  artistiques. 
Passant  à  la  part  que  noire  département  pourrait  y  prendre  pour 
quelques-uns  de  ses  produits,  il  termine  en  déclarant  qu'au  point 
de  vue  de  Thonneur  et  de  Tintérét  de  la  Haute- Vienne,  de  Limoges 
et  des  fabricants  et  décorateurs  eux-mêmes,  il  faut  absolument  que 
notre  porcelaine  y  soit  convenablement  représentée. 

La  Chambre  consultative  tout  entière  adopte  cette  pensée.  Parmi 
les  industries  de  notre  déparlement  qui  pourraient  figurer  avanta- 
geusement à  Texposition  de  Londres,  on  signale  la  ganterie  de  Saint- 
Junien.  La  discussion  s*engage  ensuite  sur  les  voies  et  moyens  en 
ce  qui  concerne  la  porcelaine.  Divers  membres  regardent  comme 
préférable  un  envoi  collectif  qu'on  intitulerait  Porcelaine  de  Limo- 
ges ;  d'autres  donnent  la  préférence  aux  expositions  individuelles, 
et  la  Chambre  consultative  qui,  du  reste,  ne  pourrait  donner  qu'un 
simple  conseil,  juge  qu'il  serait  convenable  de  provoquer   une 


(1)  Cf.  le  Bull,  de  la  Soc,  pour  V encouragement  dt*.  V industrie  nationale ^ 
46*  année. 


tÉAUeaB  ÈONSOLtAtiVB    DKS   XaTS  VT  ÉANU1^A<!lTURBè  ^â) 

réunion  de  MM.  les  fabricants  et  décorateurs,  pour  que  ces  Mes- 
sieurs pussent  s'entendre  entre  eux  et  avec  la  Chambre  sur  les  déci- 
sions à  prendre  en  cette  circonstance.  Cette  réunion  est  fixée  à 
mardi  23  [corr.  22]  du  courant. 


Séance  du  22  octobre  1850 

MM.  Yalin,  Colany  et  Ricroch  sont  les  seuls  fabricants  de  porce- 
laine qui  aient  répondu  à  l'appel  qui  leur  a  été  fait,  au  nom  de  la 
Chambre  consultative,  dans  la  lettre  qui  leur  a  été  adressée  le 
20  octobre. 

M.  le  Préfet  prend  la  parole.  Il  expose  les  motifs  de  la  réunion. 
Deux  projets  sont  en  présence.  Les  fabricants  exposeront-ils  indi- 
viduellement ou  enverront-ils,  chacun,  des  produits  qu'ils  tâche- 
ront deyarier  le  plus  possible,  afin  que  toutes  les  sortes  qui  sont 
fabriquées  dans  le  pays  soient  représentées? 

Les  industriels  présents  étant  trop  peu  nombreux  pour  que  la 
question  soit  décidée  dans  cette  séance,  une  liste  est  immédiate- 
ment ouverte  sur  laquelle  s'inscrivent  MM.  Ruaud,  Pouyat,  Valin, 
Colany  et  Ricroch,  chacun  pour  une  spécialité.  M.  Ruaud  est  chargé 
de  communiquer  cette  liste  à  tous  ses  confrères. 


Séance  du  28  juin  1851 

Relativement  à  la  porcelaine  qui  est  la  plus  importante  [des 
industries  de  Limoges],  on  décide  qu'on  enverra  deux  ou  trois 
modeleurs  et  un  décorateur  [à  Texposition  de  Londres]. 

On  passe  alors  au  choix  des  contre-maitres  et  ouvriers  qui 
devront  être  envoyés  à  Londres  et  on  discute  préalablement  les 
titres  de  chacun.  M.  Tritschler,  mécanicien,  est  choisi  le  premier. 
Il  pourra,  pour  la  porcelaine,  étudier  les  moyens  de  broyage  des 

matières  dures M.  Cadiot,  modeleur,  est  ensuite  élu.  Les  voix 

paraissant  partagées  entre  MM.  Sertout  et  Robin,  tous  deux  mode- 
leurs et  tous  deux  [anciens  élèves]  des  écoles  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Limoges,  les  deux  commissions,  municipale  et  de  la 
Chambre  consultative,  sont  consultées  et  M.  Sertout  obtient  la 
majorité  des  voix.  Il  est,  en  conséquence,  désigné  ;  mais  le  candi- 
dat habitant  à  Paris  dans  ce  moment,  il  est  entendu  que  son  choix 
n'aura  de  valeur  et  d'effet  qu'autant  que  M.  Sertout  s'engagera  à 
revenir  à  Limoges  lorsque  le  voyage  à  Londres  aura  été  effectué. 
T.  LU  n 


^62  société  ARGIliOÏJOOIQim  Bt  HlSTOftlQOB  DU   UtOUSlH 

Il  s'agirait,  après  ces  trois  nominations,  de  désigner  le  décora- 
teur. Âncane  demande  n'ayant  encore  été  faite,  MM.  AUaaud  et 
Ruaud  sont  priés  de  chercher  des  candidats  et  de  les  signaler  à  la 
commission  mixte  qui  statuerait;  mais  il  est  entendu  qu'on  dc 
pourra  envoyer  ni  un  décorateur-entrepreneur,  ni  telle  autre  per- 
sonne qui  pourrait  être  fort  utile,  mais  ne  rentrerait  pas  dans  la 
catégorie  des  contre-maîtres  et  ouvriers. 

On  va  procéder  à  la  désignation  de  l'ouvrier  ébéniste.  Un  mem- 
bre, parlant  du  peu  d'importance  relative  qu'a  l'ëbénisterie  dans 
notre  département,  propose  de  déléguer  un  modeleur  de  plus  pour 
la  porcelaine  et  d'omettre  l'ébéniste  ou  du  moins  de  ne  porter  ce 
dernier  qu'après  le  modeleur.  Les  deux  commissions,  adoptant  celte 
proposition,  désignent  M.  Robin  pour  la  porcelaine  et  M.  Bernard 
pour  rébénisterie(l). 

Séance  du  14  décembre  1852 

Dans  la  deuxième  lettre,  M.  le  Préfet  demande  à  la  Chambre 
consultative  son  avis  sur  la  création  à  Limoges  d'un  musée  céra- 
mique. La  Chambre  consultative,  s'appuyant  sur  les  considérations 
développées  dans  cette  lettre  (qui  avait  été  publiée  dans  Le  Vingt 
Décembre),  donne  une  approbation  unanime  au  projet  que  poursuit 
avant  tant  de  zèle  M.  le  Préfet,  et  elle  regrette  seulement  de  n'avoir 
pu  devenir  encore  une  Chambre  de  commerce  et  de  n'avoir  point 
par  conséquent  un  budget  qui  aurait  pu  lui  permettre  de  s'associer 
à  une  œuvre  aussi  éminemment  utile,  autrement  que  par  les  vœux. 

Séance  du  4  avril  1853 

M.  Chapoulaud lit  le  rapport  suivant  : 

Messieurs,  dans  votre  séance  d'installation  du  5  février,  voos  avez  nommé 
une  commission  chargée  de  vous  rendre  compte  des  brevets  expirés  dont 
Texploitation  pourrait  offrir  quelque  avantage  à  notre  pays 

Des  quatre  grandes  industries  qui  fleurissent  dans  notre  ville  :  la  porce- 
laine, les  flanelles,  la  cordonnerie,  imprimerie,  cette  dernière  est  la  seule 
qui  emploie  des  machines.  Les  moulins  à  pAte,  les  minoteries,  les  filatures, 
une  papeterie  mécanique  et  une  trèfilerie  des  plus  importantes,  tels  sont 
les  autres  établissements  industriels  de  ce  département  qui  renferment  des 
machines  plus  ou  moins  puissantes,  et  ce  ne  sont  pas  ceux  qui  donnent 
les  résultats  les  plus  satisfaisants..... 

(4)  Aux  quatre  noms  cités,  il  faut  ajouter  celui  du  sieur  Payes»  décora* 
(eur  en  porcelainei  diaprés  le  procès-verbal  du  3  juillet. 


tBAMllRB  tONStLtATlVS   bKS   X9,XS  Kt  ÀANUlPACtU^Bà  16% 

Quoi  qu*il  en  soit,  nous  avons  diH  chercher  dans  les  brevets  expirés  ceux 
qui  étaient  immédiatement  applicables  aux  industries  actuelles.  lis  font 
l'objet  de  la  note  suivante  :  Tome  73  (1),  n®  40S54,  transport  de  dessins 
sur  porcelaine ,  p.  474.  (Les  autres  breoeùa  ne  concernent  pas  la  por- 
celaine). 

Séance  du  3  juin  1853 

M.  Chapoulaud  propose  la  création  d'une  école  de  dessin  et  plus 
tard  de  peinture  pour  les  jeunes  filles,  cette  création  lui  paraissant 
devoir  être,  dans  un  temps  rapproché,  de  la  plus  grande  importance 
pour  notre  industrie  porcelainière.  Il  lit  Texposé  suivant  à  l'appui 
de  sa  proposition  : 

Messieurs,  parmi  les  grandes  écoles  fondées  ou  subventionnées  par  la 
commune,  il  en  est  une  qui  était  réclamée  depuis  bien  longtemps  et  dont 
le  succès  a  dépassé  toutes  nos  espérances.  Nous  avons  nommé  TEcole  de 
modelage,  établissement  si  utile  à  toutes  les  industries  qui  donnent  la 
forme  à  la  matière,  indispensable  à  la  fabrication  de  la  porcelaine.  Main- 
tenant nous  sommes  assez  riches  pour  fournir  à  d*autres  provinces  les 
artistes  habiles  que  naguères  nous  étions  forcés  de  leurs  emprunter  à 
grands  frais. 

L*Ecole  gratuite  de  dessin,  créée  depuis  bientôt  un  demi-siècle  par  la 
Société  d'agriculture,  a  formé  de  bons  élèves.  Nous  lui  devons  les  hommes 
qui  honorent  notre  pays  ;  mais,  malheureusement,  peu  d'entre  eux  se  sont 
livrés  à  la  branche  du  dessin  la  plus  importante  pour  nous,  Tapplication  à 
la  porcelaine.  La  spéculation  s'est  emparée  de  ce  genre  de  peinture  ;  une 
foule  de  chefs  d'ateliers  se  sont  établis  ;  la  concurrence  s*est  agitée  et  on  a 
fait  de  la  peinture  au  rabais.  Aujourd'hui,  on  admet  indifféremment  des 
enfants  qui  ont  quelques  principes  de  dessin,  et  d'autres  en  beaucoup  plus 
grand  nombre  qui  savent  à  peine  écrire  ;  on  en  tire  du  travail  en  quantité 
sinon  en  qualité,  et  le  but  est  atteint.  Du  reste,  quelle  qu'en  soit  la  cause, 
notre  infériorité  relative  est  patente,  et  il  est  bien  permis  de  l'attribuer  à 
des  hommes  qui,  chargés  de  former  des  artistes,  se  vantent  de  n'avoir 
jamais  appris  le  dessin. 

Un  tel  état  de  choses,  s'il  se  prolongeait,  pourrait  avoir  des  conséquences 
fftcheuses.  Nous  voudrions  essayer  d'y  porter  remède  ;  nous  le  voudrions 
d'autant  plus  ardemment  que  l'art,  au  temps  oil  nous  vivons,  ne  trouvant 
plus  sa  place  dans  une  société  que  la  division  des  fortunes  rend  de  jour  en 
jour  moins  opulente,  pénètre  partout  dans  l'industrie  et  lui  fait  faire  de 
rapides  progrès. 

Jusqu'à  présent,  Messieurs,  à  Limoges  encore  plus  qu'ailleurs,  on  s'est 
beaucoup  occupé  de  l'éducation  des  jeunes  garçons,  mais  on  a  fait  bien  peu 
pour  la  jeune  fille.  Et  cependant  la  femme  n'appartient-elle  pas  à  la  grande 

(1)  De  la  Description  des  breoets  d'inoentionn 


264  SOGléré  ARCHéOLOGIQOB   Rt  niStOftlQUK  bU   LlIlODStl^ 

famille  chrétienne?  Si  les  mœurs  sont  trop  relâchées  dans  la  classe 
ouvrière,  ne  faut-il  pas  l'attribuer  à  Tignorance  de  la  mère  de  famille?  Si 
la  jeane  fille  se  laisse  facilement  aller  à  la  séduction,  certes,  Tabsence  de 
tous  principes  religieux  et  moraux  y  entre  pour  une  grande  part;  mais 
croyez-vous  que  Tinsuftisance  du  salaire  n*y  soit  pour  rien? 

Nous  regarderons,  nous,  comme  bon  et  utile  tout  ce  qui  tendra  à  relever 
la  femme  à  ses  propres  yeux  et  à  la  rapprocher  de  l'homme  sur  tous  les 
points  où  ses  facultés  lui  permettent  de  rivaliser  avec  lui. 

Au  nombre  des  moyens  que  nous  croyons  devoir  produire  ce  résultat, 
nous  plaçons  la  peinture  sur  porcelaine.  A  Paris,  cet  art  est  exercé  avec 
une  grande  supériorité  par  les  femmes.  Sans  parler  ici  de  M'^^  Jacolot,  de 
Mirbel,  du  Gluzeau  et  des  élèves  qu'elles  ont  formées,  dont  on  a  pu  appré- 
cier le  mérite  à  toutes  les  expositions,  nous  pourrions,  si  nous  ne  crai- 
gnions de  blesser  leur  modestie,  citer  à  Limoges  des  dames  qui  se  sont 
livrées  avec  le  plus  grand  succès  k  ce  genre  de  peinture.  11  semble  que, 
par  les  qualités  inhérentes  à  sa  nature  :  le  sentiment,  la  grâce,  la  délica- 
tesse, la  femme  excelle  dans  Texécution  de  ces  dessins  fins  et  harmonieux, 
qui  sont  plul6t  du  domaine  du  goût  que  de  Tinvention  :  les  petits  tableaux 
de  genre,  le  paysage,  la  fleur,  Tornement. 

Combien  de  parents  qui  ont  eu  des  jours  meilleurs  et  dont  les  filles  sont 
obligées,  pour  soutenir  une  misérable  existence,  de  se  livrer  à  des  travaux 
ingrats,  seraient  heureux  de  les  voir  trouver  auprès  d*enx,  dans  l'exercice 
de  cet  art  agréable  et  fructueux,  des  ressources  précieuses. 

Loin  de  nous  la  pensée  de  vouloir  porter  atteinte  aux  droits  acquis  et 
surtout  de  chercher,  par  l'emploi  de  la  femme,  à  faire  baisser  le  salaire  de 
l'homme.  Notre  but  est  tout  autre  :  c'est,  sans  diminuer  les  avantages  de 
celui-ci,  d'élever  la  position  de  celle-là.  D'ailleurs,  la  porcelaine  prend  en 
ce  moment,  dans  notre  département,  un  développement  immense;  chaque 
jour  voit  se  construire  de  nouvelles  fabriques,  chaque  jour  surgir  de  nou- 
velles demandes  d'autorisation.  Nous  voudrions,  pour  tous  les  arts  qui  s'y 
rattachent,  affranchir  notre  province  du  tribut  qu'elle  paie  à  d'antres.  Et 
ne  sait-on  pas  qu'il  se  fait  encore  à  Paris  de  nombreux  décors  pour 
Limoges  ? 

Messieurs,  si  les  motifs  que  nous  avons  exposés  vous  paraissent  dignes 
d'approbation,  nons  venons  vous  proposer  de  demander  au  Conseil  muni- 
cipal d'établir  une  école  gratuite  de  dessin,  spécialement  destinée  aux 
jeunes  filles  qui,  par  leur  bonne  conduite  et  leur  intelligence,  mériteraient 
cette  faveur.  Plus  tard  et  à  peu  de  frais  on  pourrait  y  rattacher  une  école 
de  peinture. 

Nous  avons  lieu  d'espérer  que,  appuyée  par  vous,  cette  demande  serait 
favorablement  accueillie. 

\  la  suite  de  cette  lecture,  M.  le  Président,  touché  de  rinfluence 
qu'un  travail  honorable  et  lucratif  peut  exercer  sur  la  moralité  de 
la  femme,  applaudit  à  la  proposition  de  M.  Chapoulaud.  Il  rappelle, 
au  point  de  vue  industriel,  Topinion  d'hommes  compétents  et  il 
désire  qu'une  commission  soit  chargée  de  rechercher  les  moyens 


CBAHBBE  CONSULTATIVE    DBS   ARTS   KT   MANUFACTURES  265 

pratiques  pour  arriver  à  la  réalisation  du  projet,  afin  que,  à  la  pro- 
chaine réunion  du  Conseil  municipal,  la  proposition  soit  présentée, 
débarrassée  autant  que  possible  des  difficultés  qui  pourraient  surgir. 
En  conséquence,  une  commission,  composée  de  MM.  Alluaud, 
Ghapoulaud,  Bouillon  et  Barbou  des  Courières,  est  nommée.  Elle 
voudra  bien  faire  son  rapport  le  plus  tôt  possible. 

Séanoe  du  9  juin  1863 

Au  nom  de  la  Commission  qui,  dans  la  dernière  séance,  avait  été 
désignée  pour  rechercher  les  moyens  pratiques  d'arriver  à  la  créa- 
tion d'une  école  de  dessin  destinée  aux  jeunes  filles,  M.  Chapoulaud 
lit  le  rapport  suivant  : 

fllBSSIBURS. 

La  Chambre  consultative,  dans  sa  séance  du  3  courant,  a  donné  son 
approbation  k  un  projet  présenté  par  l'un  de  ses  membres  pour  rétablisse- 
ment d*une  école  de  dessin  en  faveur  des  jeunes  filles.  Elle  a  confié  à  une 
commission  prise  dans  son  sein  le  soin  de  compléter  cette  œuvre  en 
rédigeant  une  note  sur  les  voies  et  moyens  pour  arriver  à  sa  réalisation. 

Votre  Commission,  composée  de  MM.  Allaaud  aîné,  Henri  Barbou,  Jules 

Bouillon  et  Roméo  Chapoulaud,  s'est  réunie  le  4  et  elle  vient  de  s'acquitter 

de  sa  mission. 
La  commune  sera  priée  de  fournir  un  local  dans  la  maison  Besse  qu'elle 

a  acquise  et,  s*il  est  possible,  la  salle  anciennement  occupée  par  la  Société 

d'agriculture  ;  cette  salle  pourrait  être  appropriée  à  peu  de  frais. 

Un  professeur,  qui  devra  réunir  les  qualités  nécessaires  pour  l'enseigne- 
ment du  dessin  et,  lorsqu'il  en  sera  temps,  de  la  peinture  sur  porcelaine, 
consacrera,  pendant  l'année  classique  des  écoles  communales,  une  heure 
et  demie  par  jour  à  cette  école. 

Pour  donner  toutes  garanties  aux  familles,  une  dame  de  mœurs  irrépro- 
chables et  d'un  ftge  mûr  sera  adjointe  au  professeur.  Elle  sera  chargée 
spécialement  de  la  discipline,  de  la  rédaction  des  notes  et  des  états  de 
présence,  de  la  distribution  des  modèles  et  du  soin  du  matériel. 

Un  concierge  ouvrira  et  fermera  la  classe,  veillera  à  la  propreté  de  la 
classe,  pourvoira  au  chauffage  et  fera  les  courses  nécessaires. 

La  Société  d'agriculture,  qui  a  déjà  sous  son  patronage  Irois  écoles 
subventionnées  par  la  commune,  sera  priée  de  vouloir  bien  patronner  encore 
celle-ci  et  de  charger  de  l'administration  son  commissaire  spécial. 

Elle  aura  dans  ses  attributions  la  nomination  du  professeur,  de  la  dame 
surveillante  et  du  concierge. 

Les  jeunes  filles  qui  solliciteront  leur  admission  devront  être  Agées  de 
treize  ans  au  moins  et  de  seize  ans  au  plus.  Elles  prendront,  en  entrant, 
rengagement  de  ne  pas  se  livrer  à  la  peinture  avant  d'avoir  passé  deux 
ans  au  moins  à  l'école.  Si  elles  enfreignaient  cette  obligation,  elles  devraient 
cesser  de  fréquenter  le  cours. 


966  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HlSTOaiQDE  DU   LIMOUSIN 

La  durée  du  cours  sera  de  trois  ans.  Le  délai  pourra  être  prorogé  d'un 
an  pour  les  élèves  qui,  par  leur  bonne  conduite  et  leur  aptitude,  méri- 
teraient cette  faveur  exceptionnelle. 

Le  dessin  seul  sera  enseigné  les  deux  premières  années.  Le  cours  de 
peinture  commencera  la  troisième  année. 

Les  élèves  qui,  après  six  mois,  n'auraient  pas  fait  preuve  de  capacité 
devront  se  retirer. 

Telles  sont,  Messieurs,  les  bases  du  règlement  que  vous  propose  votre 
Commission  et  auquel  la  Société  d'agriculture  sera  chargée  de  donner  les 
développements  convenables. 

ÉVALUATION   DES  DÉPENSES 

i'*  année    40  chevalets  avec  leurs  bancs  ....  160  •  \ 

Achat  de  modèles 200  »  r 

Appareil  de  chauffage  et  frais  im-  i  * 

prévus..... 130  •   ) 


Traitement  du  professeur 1 .000  »  ) 

—  de  la  dame  surveillante  300  »  |  1.400 

—  du  concierge 100  «  \ 

Chauffage 50  »  ) 


2.000 


1.600    B 


Menus  frais 60    »  ;      *  " 

i*  année.  Traitement  du  professeur 1 .000    »  ] 

—  de  la  dame  surveillante        300    o  (1.400 

—  du  concierge 100    a 

Entretien  des  modèles 50    » 

Chauffage 50     »  {      200 

Menus  frais 100    » 

S*  année    Mêmes  détails  que  ci-dessus  (2*  année) 1 .600    »  \ 

et         Application  à  la  peinture,  tant  pour  la  loca-  f  j  ^.q    ^ 

suivantes,     tion  de  modèles  que  pour  frais  et  accès-  l 

soires  annuels 140    »  I 

Après  cette  lecture,  dont  les  dispositions  ont  été  arrêtées  par  la 
Commission,  M.  Chapoulaud  lit  en  son  nom  privé  ce  qui  suit  : 

Messieurs, 

Le  rapport  que  vous  venez  d'entendre  est  Tœuvre  de  notre  Commission. 
Depuis  sa  réunion,  notre  plan  a  été  soumis  au  chef  d*une  des  plus  impor* 
tantes  maisons  de  porcelaine  de  Limoges  ;  et  ce  plan  il  Ta  complètement 
approuvé.  De  plus,  nous  nous  sommes  mis  d'accord  avec  lui  sur  les  points 
suivants  : 

Dans  un  atelier  séparé  des  autres  bâtiments  et  n'ayant  aucune  commu- 
nication avec  eux,  serait  placé  un  atelier  de  peinture  spécialement  réservé 
aux  personnes  du  sexe  sous  la  surveillance  d'une  dame  et  où  seraient 
admises  toutes  celles  de  nos  élèves  qui  désireraient  se  livrer  à  Tétude  de 
la  peinture  sur  porcelaine.  Dirigées  par  un  professeur  habile  et  connaissant 
le  dessin,  elles  arriveraient  facilement  à  bien  faire  et  elles  trouveraient 
dans  cette  maison  l'assurance  d'un  travail  certain  et  fructueux. 


CHAMBRE  CONSULTATIVE  DES  ARTS  ET  MANUFACTURES         t67 

Du  reste,  elles  seraient  libres  de  choisir  une  autre  maison  qui  leur 
offrirait  des  avantages  plus  considérables. 

Vous  apprécierez,  Messieurs,  comme  moi,  toute  l'importance  de  cette 
transaction  qui,  simplifiant  singulièrement  notre  tâche,  nous  laisse  une  plus 
grande  latitude  dans  le  choix  du  professeur  et  diminue  considérablement 
nos  dépenses.  Elle  réalise  immédiatement  ce  que  nous  osions  à  peine 
espérer. 

Ainsi  se  trouverait  complétée  notre  œuvre,  dont  la  classe  ouvrière, 
Tindustrie  et  le  pays  tout  entier  sauraient  en  tenir  compte. 

Ua  membre,  tout  en  approuvant  le  rapport  dans  son  ensemble, 
fait  quelques  critiques  de  détail;  il  voudrait  que  la  nomination  du 
professeur  et  de  la  dame  surveillante,  au  lieu  d'être  dans  les  attri- 
butions de  la  Société  d'agriculture,  fut  plus  municipale;  il  entre 
aussi  dans  quelques  considérations  sur  la  gratuité  de  cet  enseigne- 
ment, gratuité  qu'il  n'approuve  pas  d'une  manière  absolue. 

M.  le  rapporteur  fait  observer  que  ce  que  la  Commission  propose 
n'est  autre  chose  que  ce  qui  existe  déjà  pour  les  écoles  de  la  Société 
d'agriculture.  Ces  écoles  sont  aussi  à  peu  près  complètement  payées 
par  la  commune,  et  néanmoins  la  Commission  de  surveillance  de 
ces  écoles  est  prise  dans  le  sein  de  la  Société  d'agriculture,  qui 
nomme  les  professeurs.  On  comprend  que,  si  le  Conseil  municipal 
prenait  parmi  ses  membres  un  comité  de  surveillance,  il  serait 
raisonnable  aussi  que  le  même  Conseil  nommât  les  professeurs 
de  l'école  projetée.  Mais  n'y  aurait-il  pas  de  graves  difficultés  à  une 
semblable  détermination?  Et  ne  parait-il  pas  plus  convenable  que 
le  Conseil  municipal  délègue  en  cette  circonstance  ses  pouvoirs  à 
une  société  qui,  comme  notre  Société  d'agriculture,  a  déjà  sous 
son  patronage  trois  écoles  subventionnées  par  la  commune  et  qui 
est  habituée  par  cela  même  à  toutes  les  exigences  d'une  direction 
de  cette  nature  ? 

La  Chambre  consultative  est  d'avis  que  les  questions  de  détail 
qui  viennent  d'élre  soulevées  ne  doivent  pas  l'arrêter  davantage  ; 
elles  pourront  être  débattues  au  Conseil  municipal  ;  mais  la  Cham- 
bre approuve  purement  et  simplement  le  rapport  de  sa  Commis- 
sion et  elle  décide  que  la  dernière  pièce,  lue  par  M.  Chapoulaud, 
sera  annexée  au  rapport  à  titre  de  renseignement. 

La  séance  est  levée. 

Ainsi  fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  des  arts  et  manu- 
factures de  la  Haute-Vienne,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 


26S  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOâlV^UE  ET   HISTOIIIQUB   DU   LIMOUSIN 

Séance  du  6  juillet  1853 

MM.  Victor  Alluaud,  Chabrol,  Laroudie  et  Deschamps  fils  aîné, 
délégués  par  la  Société  du  flottage  de  la  Vienne  et  de  ses  affluents, 
ont  déposé  entre  les  mains  de  M.  le  secrétaire  de  la  Chambre  con- 
sultative les  statuts  de  la  société  projetée,  ainsi  qu*un  mémoire  en 
sens  contraire  adressé  à  M.  le  préfet  de  la  Haute- Vienne  par  le 
propriétaire  actuel  du  ramier. 

La  Société  projetée  prie  la  Chambre  consultative  de  lui  donner 
le  concours  de  ses  lumières  et  de  lui  accorder,  si  elle  le  trouve 
juste,  son  approbation. 

Lecture  est  faite  des  deux  pièces  ci-dessus. 

La  Chambre  consultative,  après  une  discussion  à  laquelle  pren- 
nent part  plusieurs  de  ses  membres,  reconnaît  comme  certain  que 
les  moyens  actuels  de  flottage  sont  devenus  insuffisants.  Laissant 
de  côté  la  question  de  personne,  elle  déclare  applaudir  à  toute 
amélioration  tendant  à  diminuer  les  dépenses  des  flottages  et  à 
augmenter  la  célérité  et  la  sécurité  de  ces  derniers.  La  construc- 
tion de  nouveaux  chevalets,  plus  solides  et  mieux  appropriés  aux 
besoins  du  commerce;  rétablissement  d'autres  chevalets  dans  les 
lieux  où  ils  seraient  jugés  utiles;  la  création  d'un  matériel  d'agrès, 
bateaux,  brouettes,  à  la  disposition  de  chaque  flotteur  :  tout  cela 
lui  paraît  indispensable.  La  réunion  entre  les  mêmes  mains  des 
barrages  des  différents  affluents  de  la  Vienne,  avec  l'approbation 
préfectorale  pour  les  tarifs,  lui  semble  fort  à  désirer.  Enfin  la 
Chambre  consultative  est  portée  à  penser  qu'une  Société  dans 
laquelle  ne  seraient  admises  que  les  personnes  faisant  flotter 
annuellement  pour  leur  compte  une  certaine  quantité  de  bois  et 
où  chacun  par  conséquent  serait  intéressé  directement  à  un  bon 
flottage,  offrirait  plus  de  garantie  à  l'intérêt  général  qu'une  Société 
très  restreinte  et  qui,  à  un  moment  donné,  pourrait  n'être  com- 
posée que  de  membres  étrangers  personnellement  au  flottage. 
Les  premiers  devraient,  en  effet,  chercher  leurs  bénéfices  dans  la 
célérité,  la  sécurité,  le  bon  marché  de  l'opération;  les  autres 
pourraient  chercher  le  leur  dans  la  diminution  des  dépenses  à 
faire  pour  arriver  à  cette  célérité,  sécurité,  etc. 

Séance  du  14  février  1854 

M.  le  Ministre  du  commerce  écrit  à  la  Chambre  consultative  que 
les  faïences  anglaises  ont,  à  raison  de  leur  bon  marché,  obtenu 
jusqu'à  présent  à  Naples  la  préférence  sur  les  porcelaines  françaises. 


CIIAMRRB   CONSULTATIVE   DBS  AQTS   ET  MANUFACTURES  209 

Il  fait  remarquer  que  les  porcelaines  blanches  de  Limoges  ne 
seraient  soumises,  comme  les  faïences  anglaises,  qu'à  un  droit  de 
26  fr.  par  100  kilogrammes  au  lieu  de  65  fr.  qui  pèsent  sur  la 
moindre  dorure  ou  peinture.  [1  demande  si,  par  l'envoi  de  porce- 
laines blanches,  Limoges  ne  pourrait  pas  faire  concurrence  aux 
produits  anglais  et  si  la  Chambre  consultative  ne  croirait  pas  con- 
venable de  porter  les  faits  ci-dessus  à  la  connaissance  des  fabricants 
et  exportateurs. 

La  Chambre  consultative  décide  qu'une  circulaire  sera  adressée 
à  ce  sujet  aux  fabricants  et  exportateurs  de  notre  pays. 

Séance  du  24  mars  1854 

Pour  faciliter  Toganisation  du  comité  de  Limoges  [chargé  des 
opérations  préliminaires  à  l'Exposition  universelle  de  i8S5],  la 
Chambre  consultative  de  Limoges  croit  devoir  offrir  à  M.  le  Préfet 
le  tableau  suivant  des  industries  qui  sont  représentées  dans  son 
sein  : 

Porcelaines,  fabrication  et  pâtes  :  MM.  Alluaud  et  Pouyat. 

Produits  chimiques,  arts  divers  :  M.  Astaix. 

Quelques-unes  des  industries  ci-dessus  :  porcelaines,  flanelles, 
droguets  et  cordonnerie,  demandant  peut-être  plus  de  représen- 
tants que  n'en  renferme  le  tableau  qui  précède,  [et]  quelques  autres 
industries,  d'une  certaine  importance,  ne  se  trouvant  pas  dans  le 
tableau,  la  Chambre  consultative  propose,  en  dehors  d'elle-même,  à 
M.  le  Préfet  les  noms  qui  suivent  : 

MM.  Haviland,  Jouhanneaud,  Dubois,  Lesme  fils  aine,  comme 
représentant  la  fabrication  et  surtout  le  décor  de  la  porcelaine. 

M.  le  Président  croit  devoir  ensuite  lixer  l'altention  de  la  Chambre 
consultative  sur  une  crise  bien  fâcheuse  dont  est  menacée  en  ce 
moment  à  Limoges  l'industrie  porcelainière.  C'est  du  mois  de 
février,  dit-il,  à  la  fin  d'avril  que  se  renouvellent  les  provisions  de 
bois  nécessaires  à  la  cuisson  de  la  porcelaine  pour  la  moitié  de 
l'année.  Or,  nous  sommes  presque  fin  mars,  mais  les  flottages 
n'ont  pu  se  faire  encore  à  cause  des  basses  eaux,  et  si  le  mois  d'avril 
était  [aussi  défavorable],  les  fabricants  qui  auront  épuisé  leur 
bois  de  l'année  dernière,  se  verraient  obligés  de  fermer  leurs 
ateliers.  Un  membre  confirme  cette  situation  et  ajoute  que,  abstrac- 
tion faite  de  la  sécheresse  actuelle,  les  bois  ont  beaucoup  augmenté 
de  prix;  que  ççtte  hausse  est  la  conséquence  des  fours  nombreu:^ 


270  SOCIÉTé  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

qui  ont  été  établis  ou  qui  se  montent  encore.  Il  pense  que,  par 
suite  de  Taccroissement  extraordinaire  des  fabriques,  le  bois 
manquera  peut-être  dans  notre  pays  à  la  fabrication. 

La  Chambre  consultative  croit  que  Texécution  des  améliorations 
signalées  Tan  dernier  par  la  Société  projetée  des  flottages  de  la 
Vienne  et  du  Taurion,  aurait  atténué  jusqu'à  un  certain  point  le 
malheur  qu'on  redoute. 

La  Chambre  consultative  reconnaît  de  plus  qu'il  serait  urgent 
de  savoir,  d'une  part,  quel  est  (1)  le  bois  nécessaire  annuellement 
à  la  cuisson  de  notre  porcelaine  et  d'être  fixé,  d'autre  part,  sur  la 
quantité  de  ce  combustible  qu'au  moyen  d'aménagements  conve- 
nables pourraient  fournir  annuellement  aussi  les  départements  de 
la  Haute- Vienne,  de  la  Creuse  et  de  la.Corrèze.  La  première  partie 
de  la  question  serait  facile  à  résoudre  en  consultant  le  registre  de 
l'octroi  et  de  la  mairie.  Quant  à  la  seconde,  elle  pourrait  être 
étudiée  par  l'administration  forestière.  La  Chambre  consultative 
émet  le  vœu  que  cette  administration  veuille  bien  faire  dresser  cet 
inventaire,  ce  qui  rendrait  un  service  signalé  à  notre  pays  (2). 

La  Chambre  consultative  décide  enQn  qu'en  présence  de  la 
possibilité,  qui  malheureusement  existe,  de  voir  prochainement 
des  milliers  d'ouvriers  sans  travail,  elle  se  rendra  chez  M.  le  Préfet 
pour  lui  faire  part  de  la  situation,  pour  l'entretenir  des  moyens 
propres  à  prévenir  autant  que  possible  le  retour  de  telles  craintes 
et  enfin  pour  le  prier  de  faire  mettre  à  l'étude  la  question  fores- 
tière ci-dessus,  afin  que  l'on  sache  à  quoi  s'en  tenir  sur  cette 
pénurie  de  bois  qui,  d'après  les  hommes  compétents,  serait  à 
redouter  par  suite  des  fabriques  nombreuses  qui  s'élèvent  de 
toutes  parts  dans  notre  département,  et  afin  que  l'on  puisse  aviser 
ensuite. 

Séance  du  28  avril  1854 

M.  le  Ministre  du  commerce  a  envoyé  le  projet  d'un  nouveau 
tarif  des  Etats-Unis.  Il  provoque  à  ce  sujet  les  réflexions  de  la 
Chambre  consultative.  D'après  la  lecture  de  ce  tarif  et  en  le  com- 
parant au  tarif  précédent,  la  porcelaine  qui,  comme  la  poterie 
anglaise,  payait  20  p.  0/0,  paie  encore  25  p.  0/0,  tandis  que  les 
poteries  anglaises  seraient  exonérées  de  tout   droit.  Plusieurs 


(i)  Corrigez  :  Quelle  est  la  quanlité  de  bois 

(2)  Ce  vœu  a*areçu  satisfaction  qu*eu  1878,  par  la  publication  de  V Atlas 
forestier  de  la  France,  dû  au  Ministère  de  ragriculture. 


Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  TI\ 

membres  prouvent  par  les  chiffres  combien  serait  calamileux  pour 
la  Haute-Vienne  un  tel  étal  de  choses,  sile  tarif  était  mis  en  vigueur. 
M.  Pouyat  est  prié  d'adresser  au  ministre  une  note  dans  laquelle  il 
exposera  la  situation  qui  serait  faite  à  notre  industrie. 

(Suit  copie  de  cette  note  sous  forme  de  lettre  collective,  dans  les 
termes  que  voici  :) 

La  Chambre  conaultatioe  de  Limoges  à  M,  le  Minière  de  Vagriculture, 

du  commerce  et  des  traoauco  publice. 

M.  le  Minisire,  le  tarif  des  douanes  présenté  par  le  Cabinet  Washington 
an  Congrès  américain,  que  vous  nous  avez  adressé  par  votre  lettre  du 
13  avril  courant,  établit  entre  les  articles  de  faïence  et  de  poterie  et  ceux 
de  porcelaine,  traités  jusque  là  sur  le  môme  pied,  une  distinction  qui,  si 
elle  était  maintenue,  porterait  une  atteinte  des  plus  graves  à  Timporla- 
tion  de  ces  derniers  produits.  Le  déparlement  de  la  Haute-Vienne  est  le 
centre  le  plus  considérable  de  la  fabrication  de  la  porcelaine  en  France.  Ses 
débouchés  aux  Etats-Unis  ont  pris,  depuis  plusieurs  années,  une  véritable 
importance. 

G*est  donc  avec  confiance,  M.  le  Ministre,  que  nous  venons  vous  soumet- 
tre la  vive  inquiétude  qu'à  fait  naître  en  nous  l'acte  sur  lequel  vous  avez 
pris  soin  d'appeler  vous-même  notre  attention. 

Le  projet  divise  les  articles  d'importation  en  trois  classes  :  ceux  sujets 
à  un  droit  de  100  fr.  ^/o;  ceux  en  franchise;  enBn  ceux  devant  payer  25  o/o 
de  leur  valeur.  Cette  dernière  se  compose  de  tous  les  articles  non  énumé- 
rés  dans  les  deux  premières.  —  La  faïence  et  la  poterie  sont  rangées,  par 
le  projet,  dans  la  deuxième  de  ces  catégories  et,  par  conséquent,  admises 
en  franchise. 

La  porcelaine  n'étant  pas  comprise  dans  les  articles  détaillés  aux  deux 
premières  catégories,  fait  partie  de  la  troisième,  et  par  suite  se  trouve 
frappée  d*un  droit  d'importation  de  20  »/o. 

En  se  reportant,  au  contraire,  au  tarif  actuel,  celui  du  30  juillet  1846,  la 
porcelaine  China^  la  faïence  et  la  poterie  (Grockery),  y  sont  également 
taxées  à  30  °lo  de  leur  valeur.  Sans  doute  le  nouveau  tarif  présente  en 
faveur  de  la  porcelaine  une  exonération  de  5  ^fo  ;  mais  de  quel  secours  ce 
dégrèvement  peut-il  lui  être  devant  l'affranchissement  complet  accordé  à 
la  faïence  et  à  la  porcelaine? 

En  présence  de  cette  distinction  entre  des  produits  de  même  nature  et 
jusqu'ici  frappés  des  mômes  droits,  nous  nous  sommes  demandés  si  le 
projet,  sous  cette  expiession  générique  faïence  et  poterie,  n'avait  pas 
compris  touê  les  produite  céramiques  et  par  conséquent  la  porcelaine; 
mais  nous  n'avons  pu  nous  arrêter  à  celte  interprétation  évidemment 
contredite  par  les  termes  des  deux  tarifs.  Par  conséquent,  le  projet,  en  l'ap- 
pliquant à  deux  importations  d'égale  valeur,  par  exemple  du  chiffre  de 
4.000.000  de  fr.  chacune,  l'une  en  faïence,  l'autre  en  porcelaine,  admettra 
la  première  en  franchise,  tandis  que  la  seconde  sera  grevée  d'une  charge 
de  4.000.000  de  fr.  N'eçt-ce  pas  là  une  indirecte  e(  véritable  prohibition? 


27S 


SOCIÉTÉ   ABCBÉOLOGIQDE    ET   HISTORIQUE  DU   LiHOUSlN 


La  Chambre  consultative  de  Limoges,  devaot  cette  désastreuse  iaôgaliié, 
a  dû  se  demander  à  Tavantage  de  qui  elle  tournerait. 

Sera-ce  à  celui  de  nos  fabriques  de  faïence  française?  Non,  sans  doute, 
puisque  leurs  importations  en  Amérique  sont  presque  nulles.  Elle  profilera 
toute  entière  à  la  production  anglaise,  il  vous  suffira,  M.  le  Ministre .  pour 
vous  éclairer  sur  ce  résultat,  de  vous  faire  représenter  les  chiffres  des 
importations  des  deux  pays.  Permettez-nous  à  nous-mêmes  de  vous  citer 
celle  du  seul  port  de  New-York,  pendant  les  douze  dernières  années,  que 
nous  ne  puisons  pas  dans  un  document  officiel,  mais  dont  Texactitude  n'est 
pas  moins  certaine. 

Nombre  de  colis  de  porcelaines  et  faïences  reçtÂS 
dans  le  port  de  New-York  de  i  843  ai  853 


ANNÉES 

Porcelaines 

Porcelaines 

Faïences 

françaises 

anglaises 

anglaises 

1842 

753 

621 

20.453 

1 

1843 

909 

312 

13.183 

1844  • 

1847 

740 

31.081 

1845 

1630 

642 

29.178 

1846 

2087 

528 

30.554 

1847 

2650 

333 

27.762 

1848 

3274 

493 

non  connu 

1849 

3527 

227 

33.837 

1850 

5038 

439 

34.579 

1851 

non  connu 

non  connu 

non  connu 

1852 

—       — 

—       — 

—        — 

1853 

8594 

372 

39.784 

Sans  doute,  ce  document  constate  que  nos  porcelaines  sont  plus  recher- 
chées aux  Ëtats-Unis  que  les  porcelaine  de  nos  voisins;  il  constate  même 
dans  nos  importations  un  progrès  relativement  plus  considérable  que  dans 
celle  de  leurs  faïences  ;  mais  n'alteste-i-il  pas  aussi  que  la  fabricatioa 
anglaise  est  complètement  maltresse  du  marché  américain  pour  la  faïence, 
comme  nous  le  sommes  pour  les  porcelaines,  quoique  sur  une  échelle 
moins  considérable,  et  que  c'est  elle  qui  est  destinée  à  nous  y  remplacer,  le 
jour  où  elle  sera  protégée  contre  nos  produits  par  un  droit  de  25  7oT  i-e 
doute  n'est  plus  possible. 

La  Chambre  consultative  s*est  encore  demandée  quelles  sont  les  raisons 
qui  ont  pu  porter  le  gouvernement  américain  à  établir  cette  distinction 
entre  les  produits  de  même  nature  et  jusque  là  traités  avec  la  même 
égalité.  Aurait-il  regardé  la  faïence  comme  un  objet  de  nécessité,  et  la 
porcelaine,  au  contraire,  comme  un  objet  de  luxe?  Il  y  aurait  là  une 
double  erreur.  En  effet,  si  la  porcelaine,  dans  Toriginc,  a  pu  être  considé- 
rée comme  telle,  depuis  elle  a  di^  se  transformer  pour  arriver  au  progrès 


tRAttBRV  CONSULTATIVK  DBS  AKTS  tT  MANUVACTURES  î^^ 

qu'elle  a  réalisé.  Sans  renoncer  entièrement  aux  articles  riches,  elle  y  a 
joint  les  articles  les  plus  usuels,  qui  forment  aujourd'hui  les  neuf  dixièmes 
de  sa  fabrication.  Elle  a  abaissé  les  prix  souvent  au  niveau  et  parfois 
au-dessous  de  ceux  de  la  faïence.  Aussi  aujourd'hui  est-elle  à  la  portée  de 
tout  le  monde,  répandue  partout;  et  c'est  ainsi  qu'elle  est  arrivée  à  dispu- 
ter le  marché  américain  k  la  faïence  anglaise,  ce  qu'elle  fera  bien  plus 
avantageusement  encore  lorsqu'elle  aura  résolu  complètement  le  problème 
industriel  qu'elle  poursuit  de  la  cuisson  de  ses  produits  à  la  houille.  D'un 
autre  côté,  s'il  est  vrai  qu'une  partie  assez  importante  des  faïences 
anglaises  consiste  en  articles  à  bon  marché,  et  plus  accessibles  peut-être 
à  toutes  les  classes  des  consommateurs,  elle  a  aussi  ses  formes,  ses  impres- 
sions d*un  prix  élevé,  et  cette  partie  notable  de  ses  importations  rentre 
sinon  davantage,  au  moins  autant  que  la  porcelaine,  dans  la  catégorie 
des  articles  fabriqués  auxquels  le  projet  de  tarif  a  refusé  l'immunité  de  la 
franchise.  La  distinction  qui  aurait  été  faite  entre  la  porcelaine  et  les 
faïences  ei  poteries,  au  point  de  vue  de  la  consommation,  n'existe  donc 
pas  réellement  ;  elle  est  moins  fondée  que  jamais,  en  présence  de  l'abais- 
sement qu'ont  subi  les  prix  de  la  première  qui,  depuis  dix  ans,  ont  diminué 
de  95  et  même  quelques-uns  de  50  <»/o,  et  lorsqu'au  contraire  il  s'est 
ouvert  une  concurrence  incontestable  entre  les  deux  fabrications,  concur- 
rence profitable  à  l'acheteur.  Nous  n'hésitons  donc  pas  à  penser,  M.  le 
Ministre,  que  vos  observations  n'éclairent  le  gouvernement  américain  et 
ne  lui  fassent  reconnaître  qu'admettre  les  faïences  et  poteries  en  franchise, 
en  frappani  les  porcelaines  d'un  droit  de  25  ^/o  de  leur  valeur,  serait 
exclure  ces  dernières  et,  par  suite,  détruire  avec  la  concurrence  établie 
entre  elles,  l'avantage  qui  s'y  rattache  pour  le  consommateur. 

En  terminant,  H.  le  Ministre,  permettez-nous  de  vous  répéter  qu'il  s'agit 
des  intérêts  les  plus  chers  du  département  de  la  Hauie-Vienne*  L'industrie 
de  la  porcelaine  est  inhérente  à  son  sol,  auquel  elle  emprunte  tous  ses 
éléments  ;  elle  est  en  contact  avec  toutes  les  classes  de  la  population  ;  sa 
production  a  triplé,  depuis  quelques  années;  elle  a  pris  une  part  très 
active  dans  l'extension  de  nos  rapports  aux  Etats-Unis  et  y  a  engagé  des 
intérêts  d'une  très  grande  importance;  en  un  mot,  la  suppression  ou  même 
la  diminution  de  ses  débouchés  avec  l'Amérique  serait,  pour  ce  départe- 
ment, une  cause  de  perturbation  et  de  ruine. 

La  Chambre  consultative  se  repose  donc  entièrement,  M.  le  Ministre,  sur 
votre  sollicitude  à  protéger  dans  cette  circonstance  l'industrie  nationale, 
en  obtenant  que  les  deux  produits  soient  également  admis  en  franchise  et, 
dans  tons  les  cas,  frappés  d'un  droit  égal,  ainsi  que  cela  a  lieu  actuelle- 
ment. 

Elle  vous  serait  encore  reconnaissante  (la  question  sur  laquelle  elle 
vient  d'appeler  votre  attention  causant  ici  la  plus  grande  anxiété),  de  lui 
faire  connaître  ce  qu'elle  a  lieu  d'espérer  de  votre  intervention  près  du 
gouvernement  américain. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc.,  etc.. 

Ainsi  fait  et  délibéré  en  Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures 
de  la  Haute- Vienne»  les  jour,  mois  et  an  que  dessus. 


^74  SOCIÉTÉ  AlRc^ftotOGitfUR  it  âisinoRVouB  bn  LHÉotrsm 

Séance  du  17  juin  1854 

M.  le  Président  annonce  que,  depuis  l'envoi  de  cette  lettre  [du 
38  avril  précédent],  M.  le  Ministre  du  commerce  lui  a  écrit  que, 
convaincu  de  la  gravité  de  la  position,  il  avait  communiqué  immé- 
diatement les  observations  de  la  Chambre  consultative  à  son 
collègue  des  Affaires  étrangères,  qui  s'occupera  activement  des 
demandes  à  faire  auprès  du  gouvernement  central  des  Etats-Unis. 

M.  le  Secrétaire  dit  qu'il  a  reçu  lui-même  deux  lettres  de  M.  Tixier, 
[député  de  la  Haute- Vienne],  qui  rend  compte  de  la  visite  qu'il  a 
faite  à  ce  sujet  à  iM.  le  Ministre,  conjointement  avec  M.  Nouailher. 

M.  Pouyat  donne  avis  à  la  Chambre  consultative  qu'il  a  remis 
une  copie  de  son  travail  à  M.  Haviland  et  que  ce  négociant,  qui 
est  intéressé  personnellement,  au  plus  haut  degré,  à  ce  que  le 
nouveau  projet  ne  soit  pas  mis  à  exécution,  fera  tous  ses  efforts 
aux  Etats-Unis  pour  obtenir  que  nos  porcelaines  ne  soient  pas  plus 
mal  traitées  que  les  poteries  anglaises. 

Un  membre  fixe  l'attention  sur  ce  fait  que  M.  l'ingénieur 
Sagebien  qui,  en  ce  moment,  se  trouve  à  Limoges,  propose,  moyen- 
nant une  légère  modification  aux  fours  actuels  de  nos  fabriques 
de  porcelaine,  de  diminuer  d'un  tiers  la  quantité  de  combustible 
propre  à  produire  un  effet  donné. 

Le  même  membre  ajoute  que  M.  Sagebien  a  inventé  un  système 
au  moyen  duquel  on  augmenterait  beaucoup  l'effet  utile  obtenu 
généralement  dans  nos  usines  par  les  moteurs  hydrauliques. 

0)  Séanoe  du  ....  décembre  1854 

M.  Pétiniaud-Dubos,  nommé  rapporteur  de  la  Commission  du 
projet  du  chemin  de  fer  de  Nantes  à  Limoges,  lit  le  rapport  suivant  : 

Messieurs,  la  Commission  que  vous  avez  nommée,  dans  noire  dernière 
séance,  pour  donner  son  avis  sur  le  projet  d'un  chemin  de  fer  de  Nantes  à 
Limoges,  m*a  chargé  de  vous  soumettre  le  résultat  de  son  travail. 

(Suioent  quatre  pages,  d'où  noua  extrayons  le  passage  suioant)  : 

La  concession  récente  du  chemin  de  fer  de  Moulins  à  Montluçon  est  le 
commencement  d*exécutioD  d'une  des  extrémités  de  cette  ligne  si  néces- 
saire à  notre  cité  et  qui  doit  mettre  en  commuuicalion  le  riche  bassin 
houiller  de  Gommeutry  avec  Limoges  :  Limoges  qui  ne  peut  conserver  le 
premier  marché  de  TEurope  pour  Tart  céramique  qu'à  la  condition  de 
remplacer,  par  le  charbon  à  bon  marché,  le  bois  dont  la  production  n'est 
plus  en  harmonie  avec  les  besoins  de  nos  manufactures. 

^1]  Extrait  du  troisième  registre  des  délibéralions  de  la  Chambre, 


CHAÉBBK  ÈOMStTLtAtlVR   bCft  ARtS   eY  HANUl^ACTOalftS  3*7% 

U)Séano6  du  22  décembre  1856 

La  réunion  a  pour  objet  d'appuyer  une  pétition  faite  à  H.  le 
Préfet  de  police  de  Paris  par  la  plupart  de  nos  fabricants  de  porce- 
laine. 

M.  le  Préfet  de  police  a  décidé  qu'il  ne  tolérerait  plus,  à  Tépoque 
du  premier  de  Tan  et  aux  jours  de  fêtes,  les  jeux  de  hasard  qui 
s'installent  sur  les  boulevards,  sur  les  places,  et  où,  au  milieu 
de  beaucoup  d'autres  objets,  figurent  des  porcelaines  à  gagner. 

D'un  autre  côté,  les  signataires  de  la  pétition  signalent  l'impor- 
tance du  chiffre  des  affaires  qui  arrivent  à  la  fabrication  par  suite 
des  usages  établis  jusqu'à  ce  jour.  Ils  font  observer  que,  vu  la 
cherté  des  subsistances,  les  ouvriers  porcelainiers  ont  besoin  plus 
que  jamais  de  travail  ;  que  cependant,  par  la  suppression  annoncée, 
le  travail  éprouverait  une  réduction  considérable  et  que  la  décision 
de  M.  le  Préfet  de  police  serait  au  moins  inopportune  pour  cette 
année.  Ils  en  demandent,  en  conséquence,  le  retrait. 

M.  le  Président  annonce  que,  dans  le  moment  où  il  a  reçu  la  péti- 
tion de  MH.  les  fabricants,  la  délibération  régulière  de  la  Chambre 
consultative  à  ce  sujet  ne  pouvait  plus  arriver  à  l'autorité  compé- 
tente que  tardivement,  et  qu'il  a  cru  dès  lors  devoir  immédiatement 
tenter  le  seul  moyen  qui  permit  encore  quelque  espoir  de  réussite. 
Il  est  allé  trouver,  au  nom  de  la  Chambre  consultative,  notre  nou- 
veau préfet,  M.  le  comte  de  Coëllogon,  et  lui  a  exposé  la  situation. 
M.  le  Préfet  a  de  suite  fait  partir  une  dépêche  télégraphique  dans 
laquelle  était  recommandée  d'une  manière  toute  spéciale  la  cause 
de  notre  industrie  porcelainière.  M.  le  Président  ajoute  que  M.  le 
Préfet  de  police  a  répondu  par  la  même  voie,  le  jour  même,  ne  pou- 
voir accéder  aux  désirs  qui  lui  étaient  manifestés,  et  que,  le  lende- 
main, il  a  envoyé  une  lettre  détaillée  pour  expliquer  les  motifs  de 
son  refus.  Ces  diverses  pièces  sont  lues  par  M.  le  Président. 

La  Chambre  consultative  reconnaît  ce  qu'ont  de  force  les  raisons 
données  par  M.  le  Préfet  de  police,  et  qui  sont  tirées  de  la  loi  et  de 
la  morale.  Elle  comprend  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  revenir  aujourd'hui 
sur  ce  qui  est  maintenant  le  fait  accompli.  Mais  elle  aime  â  croire 
qu'au  lieu  de  supprimer  déGnitivement  ces  jeux,  il  serait  possible 
de  les  réglementer,  de  manière  à  en  empêcher  les  abus  réels  et  à 
sauvegarder  ainsi  tout  à  la  fois  les  intérêts  de  la  morale  et  ceux  de 
l'industrie. 

(1)  Les  extraits  suivants  sont  empraolés  au  second  plumitit  des  délibéra* 
Uons  de  la  Chambre,  la  mise  au  net  n*ayaQt  pas  eu  lieu. 


Vi6  SOCIÉTÉ  ARCttéOtOÔTQOB  Et  ËISTÔRtQtE   Dt  UIIOtJSlH 

D'après  un  passage  de  la  lettre  lue  à  la  Chambre  consoitalive, 
M.  le  Préfet  de  police  aurait  Tintention  de  supprimer,  en  outre, 
prochainement  les  étalages  nombreux  qu'on  autorise  encore  au 
premier  de  Tan  et  les  jours  de  fêtes. 

La  Chambre  consultative  s'émeut  delà  gravité  que  pourrait  avoir 
pour  plusieurs  de  nos  produits  la  mise  à  exécution  d'une  telle  idée. 
Elle  charge  MM.  Pouyat,  Barbou  des  Courières  et  Pétiniaud-Dubos 
d'en  étudier  les  conséquences  et  de  lui  faire  un  rapport. 

Dans  la  séance  du  31  juillet  (1),  la  Chambre  consultative  avait 
approuvé  une  lettre  écrite  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  d'Or- 
léans, lettre  dans  laquelle  M.  Pouvat,  au  nom  de  la  Chambre  consul- 
tative, demandait  que  la  porcelaine  devint  marchandise  de  troisième 
classe,  comme  le  kaolin,  etc.,  au  lieu  de  rester  dans  la  seconde. 
M.  Pouyat  donne  lecture  de  la  réponse  qui  a  été  faite  par  M.  Sola- 
croup,  chef  d'exploitation.  La  Compagnie  reconnaît  qu'à  la  prospé- 
rité industrielle  et  commerciale  de  la  Haute<Vienne  est  aussi 
attachée  sa  propre  prospérité;  mais  en  somme  la  réponse  est  pure- 
ment négative. 

A  l'occasion  de  cette  lettre,  un  membre  fait  observer  qu'il  existe 
des  tarifs  réduits,  communs  à  la  Compagnie  d'Orléans  et  à  d'autres 
Compagnies  de  chemins  de  fer,  mais  que  ces  tarifs  communs  ayant 
été  établis  lorsque  notre  ligne  s'arrêtait  encore  à  Châteauroux  ou 
à  Argenton,  la  Compagnie  d'Orléans  ne  consent  à  ces  tarifs  que 
jusqu'aux  localités  ci-dessus,  le  reste  du  transport  jusqu'à  Limoges 
étant  soumis  au  tarif  ordinaire.  Cet  état  de  choses  est  fort  nuisible 
à  nos  intérêts. 

La  Chambre  consultative  charge  M.  Pouyat  de  rédiger  une  seconde 
lettre  qui  sera  adressée  à  la  Compagnie  d'Orléans,  après  avoir  été 
signée  des  membres  de  la  Chambre,  et  dans  laquelle,  en  annonçant 
que  l'on  reviendra  sur  la  question  de  déclassement  Je  la  porce- 
laine, on  devra  demander  le  prolongement  des  tarifs  combinés 
jusqu'à  Limoges. 

Séance  du  13  janvier  1857 

Un  de  MM.  les  vice-présidents  annonce  que  la  Compagnie  d'Or- 
léans a  répondu  négativement  à  la  demande  qui  avait  été  faite  par 
la  Chambre  relativement  à  la  prolongation  (sic)  jusqu'à  Limoges 

(1)  El  est  en  effet  question,  à  cette  date,  d'une  lettre  de  M.  Poayat  à  la 
Compagnie  du  chemin  de  fer  d'Orléans  *,  mais  Tobjct  n'en  est  pas  spécifié. 


t^èàHBaB  CONâULtÀTIVB    DBS   ARTS  BT  ÉANU^aCTURK^  illl 

des  tarifs  combinés  et  réduits  dont  il  était  question  au  procès-verbal 
[précédent]. 

M.  le  Préfet  prie  M.  le  Secrétaire  de  lui  donner  une  note  à  ce 
sujet»  afln  qu'il  puisse  écrire  de  son  cdté. 

Séance  du  31  mars  1857 

M.  Jules  Bouillon  lit  le  rapport  suivant  (1)  sur  Tapplication  à 
notre  localité  des  tarifs  du  chemin  de  fer  d'Orléans. 

La  Chambre  consultative  décide  que  ce  rapport  sera  remis  à  M.  le 
Préfet  comme  renseignement. 

A  la  suite  du  rapport  précédent,  M.  Jules  Bouillon  demande 
qu'une  collection  complète  des  tarifs  généraux  et  spéciaux  de  la 
Compagnie  d'Orléans,  qui  ne  sont  pas  suffisamment  connus  dans 
notre  contrée,  soit  déposée  aux  archives  de  la  Chambre  consul- 
tative. M.  le  Préfet  se  charge  de  faire  les  demandes  nécessaires  pour 
obtenir  les  documents  ci-dessus  (2) . 

Séance  du  20  avril  1857 

M.  Jules  Bouillon  donne  lecture  d'une  lettre  à  adresser  à  S.  £.  le 
Ministre  du  commerce,  relativement  aux  tarifs  du  chemin  de  fer 
et  suivant  les  principes  posés  dans  la  séance  du  31  mars.  Après  de 
légères  modifications  de  forme,  le  projet  est  adopté  et  il  est  décidé 
q]ie  la  lettre  sera  signée  par  les  membres  de  la  Chambre. 

Séance  du  27  octobre  1857 

M.  Pouyat  lit  une  lettre  de  M.  le  Ministre  en  réponse  aux  obser^ 
vations  présentées  par  la  Chambre  consultative  sur  les  divers  tarifs 
des  chemins  de  fer.  Il  en  résulte  que  M.  le  Ministre  doit  provoquer 
l'extension  sur  Limoges  du  tarif  commun  des  Compagnies  d'Orléans 
et  de  TËst  pour  le  transport  des  fers  et  des  fontes,'' et  une  réduction 
de  prix  pour  le  transport  des  houilles.  Quant  au  surplus  des 
demandes,  il  estime  que  la  Chambre  ne  peut  être  fondée  à  insister. 

La  Chambre  charge  M.  Bouillon  de  présenter  un  travail  pour  de 

(1)  Non  reproduit  dans  le  registre  malgré  la  meation  marginale  :  c  ins- 
crire ce  rapport.  » 

(2)  H  résulte  d^an  passage  du  procès-verbal  du  SO  avril  1857,  qu'à  cette 
date  le  préfet  n'avail  pas  encore  reçu  réponse  à  sa  demande. 

T.  LU  *8 


278  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU  LIVOUSIN 

nouvelles  et  respectueuses  observations  sur  l'élal  de  la  queslion. 
Elle  prie  également  M.  Bouillon  d^ajouter  à  son  travail  le  tarif  des 
bois  à  brûler,  qui  présente  un  taux  plus  élevé  que  celui  de  la 
houille. 

Un  travail  avait  été  demandé  par  M.  le  Ministre  sur  Tapplication 
de  la  loi  concernant  le<(  marques  de  fabrique  et  leur  mode  de  dépôt. 
M.  Redon  lit  à  ce  sujet  le  rapport  suivant  (1). 

La  discussion  ouverte  sur  ce  sujet  porte  principalement  sur  la 
manière (2)  d'établir  les' marques  sur  les  produits.  La  Chambre 
adopte  les  conclusions  du  rapport,  qui  tend  à  donner,  soit  par  la 
photographie,  soit  par  tout  autre  moyen,  les  formes  les  moios 
encombrantes,  de  manière  à  en  rendre  les  dépôts  plus  faciles. 

M.  Ardant  fait  un  rapport  sur  un  mode  de  cuisson  à  la  houille 
adapté  aux  fabriques  de  porcelaine,  inventé  par  H.  Moreau,  et  dont 
les  expériences,  couronnées  d'un  succès  marqué,  ont  été  faites  dans 
les  petits  fours  de  M.  Marquet.  Il  constate  qu'il  y  a  lieu  à  une  dimi- 
nution considérable  de  frais  de  cuisson  et  demande  qu'une  commis- 
sion soit  chargée  de  faire  un  rapport  sur  les  avantages  que  notre 
industrie  céramique  serait  appelée  à  recueillir  de  l'application  de 
ce  procédé. 

M.  le  Président  [Alluaud],  qui  a  assisté  aux  expériences,  nous 
fait  part  des  impressions  qu'il  a  éprouvées.  Il  pense  que  Finlérét 
du  pays  qu'il  administre  est  de  vulgariser  le  plus  possible  ce  pro- 
cédé qui,  selon  lui,  appelle  la  porcelaine  à  uoe  nouvelle  ère 
de  prospérité  (3).  Il  appuie  en  conséquence  la  proposition  de 
M.  Ardant. 

M.  Pouyat  fait  l'historique  de  la  question.  Il  dit  qu'un  fonds 
commun  avait  été  fait  par  un  grand  nombre  de  fabricants;  que  sar 
ce  fonds  des  expériences  avaient  eu  lieu  qui  avaient  peu  abouti; 
que,  bien  que  M.  Marquet  eut  fait  faire  ces  expériences  en  dehors 
de  ce  fonds  commun,  il  pensait  personnellement  que  les  fabricants 
devaient  concourir  aux  frais  généraux  des  expériences  faites  et 
à  faire,  mais  qu'il  fallait  surtout  expérimenter  sur  des  fours  d'une 
plus  grande  dimension. 

La  Chambre,  s'associant  aux  vœux  exprimés,  nomme  une  commis- 
sion composée  de  MM.  Âlluaud,  Pouyat,  Bouillon,  Sohet-Thibaut, 
Pétiniaud-Dubos,  Redon,  et  la  charge  de  faire  un  rapport  sur  les 
expériences  qu'elle  aura  constatées. 

(1)  N*est  pas  reproduit  dans  le  registre. 

(2}  Le  manuscrit  porte  matière^  ce  qui  est  évidemment  un  lapsus  eaZam». 

(3)  Cf.  ci-dessus,  p.  t53,  une  assertion  toute  contraire,  en  1847. 


CDAMBRE   CONSULTATIVE   DES  ARTS  ET  MANUFACTURES  979 

Séance  du  11  décembre  1857 

(1) 

M.  le  Président  annonce  ensuite  qu'il  a  vu  récemment  M.  Bordone, 
qui  s'occupe  aussi  de  la  cuisson  de  la  porcelaine  à  la  houille,  et  que 
M.  Bordone  lui  a  manifesté  le  désir  qu'il  avait  de  voir  ses  procédés 
soumis  à  Tapprécialion  d'une  commission  prise  dans  le  sein  de  la 
Chambre  consultative.  En  conséquence,  M.  le  Président  demande 
qu'une  commission  soit  nommée  pour  examiner  les  dits  procédés  et 
leurs  résultats. 

La  Chambre  décide  que,  si  les  expériences  ont  lieu  avant  l'instal- 
lation des  membres  nouvellement  élus,  la  commission  sera  la  même 
que  celle  qui  a  fait  un  rapport  sur  les  procédés  de  M.  Moreau,  et 
que,  dans  le  cas  contraire,  MM.  Eugène  Pouyat  et  Nénert,  nouveaux 
membres,  remplaceront  MM.  Emile  Pouyat  et  Pétiniaud-Dubos, 
membres  sortants. 

Séance  du  28  janvier  1858 

MM.  les  membres  de  la  Commission  nommée  à  la  séance  du 
11  décembre,  pour  suivre  les  essais  de  cuisson  à  la  houille  de  la 
porcelaine,  n'ont  reçu  encore  aucune  communication  de  l'inventeur, 
M.  Bordone.  Il  reste  convenu  que  MM.  Eugène  Pouyat  et  Nénert 
s'adjoindront  à  ceux  des  membres  de  celte  Commission  qui  font 
encore  partie  de  la  Chambre. 

Séance  du  22  mars  1858 

M.  Alluaud  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Sazerat,  fabricant 
de  porcelaines,  qui  demande  que  M.  Salvétat,  chimiste  à  Sèvres, 
fasse  partie  de  ce  jury  [pour  l'Exposition  du  Centre  à  Limoges].  Il 
est  décidé  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'occuper  de  cette  question  et  que 
M.  le  Préfet,  en  temps  utile,  formera  lui-même  le  jury  d'examen  des 
produits  par  un  arrêté  spécial. 

(I)  Le  procès- verbal  de  cette  séaQce  commence  par  rappeler  la  délibé- 
ration précédente,  relative  à  la  caisson  par  la  hoaille,  et  mentionne  la 
lecture  du  rapport,  non  reproduit,  de  H.  Redon. 


UNE  INSTITUTION  DU  PREMIER  EMPIRE 


LIMOGES 


ET    LES 


BONNES      VILLES 


De  rédifice  social  prodigieux,  gigantesque,  démesurément  gran- 
diose, construit  par  Napoléon  !•',  sur  un  soi  défoncé  par  les  orages 
de  la  Révolution,  certaines  parties  sont  encore  debout.  Tout  ce  qui 
touchait  à  l'organisation  administrative,  judiciaire,  militaire^  finan- 
cière, ecclésiastique,  s'est  conservé  avec  quelques  retouclies.  Ce 
sont  les  portions  solides  et  que  le  temps  semble  même  avoir  affer- 
mies. D'autres,  au  contraire,  ont  atteint  rapidement  le  terme  de 
leur  développement  historique,  qui  lut  la  dissolution.  Les  institu- 
tions destinées  à  présider  aux  rapports  des  classes  sociales  entre 
elles  constituent  la  partie  éphémère  du  grand  œuvre.  C'est  ainsi 
que  ce  qui  avait  trait  notamment  à  la  création  d'une  classe  privi- 
légiée, d'une  nouvelle  noblesse,  a  depuis  longtemps  disparu. 
Logiquement,  toute  institution  dérivant  des  moeurs  d'une  époque 
doit  se  modifier  ou  même  cesser  d'être  quand  elle  n'est  plus  en 
concordance  avec  les  idées  régnantes. 

Âulendemainde  la  Révolution,  lescadres  de  la  vieille  société  sub- 
sistaient encore.  C'étaient  des  ruines  dont  on  n'avait  pas  eu  le  loisir 
de  se  défaire.  Pourtant,  cela  était  moins  mort  qu'on  aurait  cru  :  ces 
épaves  d'un  ordre  de  choses  aboli  étaient  susceptibles  de  transfor- 
mation. Déchue  de  ses  prérogatives  et  de  son  inflaence,  rancienne 

T.  LU  19 


»' 


i%i  SOClilÉ  ARGHiOLÔGlQUI  Et  ttlSTORiftUB  Dto  UllOOuH 

arislocratie  relevait  la  léte.  Le  meilleur  moyen  de  ranéanlir  parot 
être  d'en  créer  une  nouvelle  s'appuyant  sur  le  seul  mérite  person- 
nel. C'est  pourquoi  le  Premier  Consul  institue  la  Légion  d'honneur. 
Quand  il  aura  pris  possession  de  l'Empire,  il  ressuscitera  les  titres 
nobiliaires,  il  rétablira  les  charges  de  cour  et  ramènera  Tétiquetle 
et  les  formules  monarchiques,  c'est-à-dire  tout  ce  que  la  Révolution 
avait  pensé  effacer  pour  toujours.  A  la  vérité,  les  privilèges  repa- 
raîtront sous  un  aspect  nouveau  mais  qui  n'en  heurtera  pas  moins 
les  sentiments  intimes  de  la  nation.  A  chaque  grande  dignité  de 
l'Etat,  à  toute  Tonction  importante  sera  attaché  un  titre  de  prince, 
duc,  comte  ou  baron.  De  grands  fiefs  pourvus  d'opulentes  dotations 
seront  constitués  au  profit  d'éminents  personnages  civils  et  mili- 
taires. Les  domaines  nobles  et  héréditaires  seront  rétablis  sons  le 
nom  de  majorais  Car  l'empereur  ne  conçoit  pas  le  privilège  des 
distinctions  personnelles  sans  le  privilège  des  biens  :  créer  des 
nobles  sans  les  doter  est,  à  ses  yeux,  une  antinomie.  Enfin,  il  éten- 
dra le  système  aux  collectivités;  les  villes  elles-mêmes  recevront  de 
véritables  lettres  de  noblesse  comportant  des  prérogatives,  sinon 
des  immunités. 

Cette  déviation  funeste,  dissolvante,  qui  compromettait  tout  le 
mouvement  égalitaire  accompli  jusqu'alors,  cette  rétrogradation 
outrée  vers  un  passé  abattu  et  déblayé  au  prix  de  tant  d'efforts, 
ne  sera  possible  qu'à  la  condition  d'avoir  la  nation  elle-même  pour 
auxiliaire  ou  pour  complice.  Or,  il  apparaît  avec  évidence  que 
cette  transformation  ou  plutôt  cette  déformation  s'appuya  sur  Tin- 
fluence  des  idées  sociales  dont  la  direction  était  alors  défaillante. 
Aux  revendications  révolutionnaires  s'ajoutait,  en  effet,  un  appoint 
d'aspirations  vers  l'ordre  et  la  stabilité.  Et  c'est  pourquoi  l'opinion 
publique  ne  se  montra  point  blessée  de  cette  exhumation  de  moeurs 
de  l'ancien  régime  détournées  de  leurs  sens.  La  conception  du 
souverain  apparut  non  comme  un  anachronisme,  mais  plutôt  con- 
gruente  aux  possibilités  de  l'heure  présente.  Non  pas  que  Napoléon 
fut  sur  ce  point  en  conformité  d'opinion  avec  le  pays  tout  entier. 
Certes,  il  ne  manqua  pas  d'esprits  clairvoyants  qui  ne  cessèrent  de 
bl&mer  la  création  d'une  nouvelle  classe  privilégiée,  négation  des 
principes  d'égalité  qui  avaient  été  l'idéal  de  la  grande  réforme. 
Hais  dix  années  de  révolution  n'avaient  pu  détruire  la  puissance 
des  mots  et  les  masses  étaient  derechef  asservies  aux  rites  et  aux 
conventions.  Les  titres  exerçaient  sur  elles  une  attraction  irrésis- 
tible et  l'on  peut  dire  que  le  terrain  était  déjà  préparé  quand  se 
produisit  l'audacieuse  tentative  de  Napoléon  !•'. 

C'est  donc  bien  dans  l'état  de  fatigue  et  de  décadence  auquel 
Fespritpublic  était  descendu  qu'il  faut  chercher  l'explication  de  la 


imoGKâ  tt  Lis  boi«N<6  villes  I21B3 

condescendance  des  contemporains  et  du  succès  d'une  restauration 
qui  faisait  obstacle  au  progrès  égalilaire.  Mais,  comment  les  senti- 
ments et  les  tendances  du  pays  avaient-ils  pu  être  intervertis  et  si 
vile  modifiés? 

Deux  courants  opposés  avaient  traversé  la  Révolution  :  Tun  ten- 
dait vers  une  république  riche,  brillante,  parée  des  splendeurs 
et  des  jouissances  des  civilisations  avancées  ;  l'autre,  caractérisé 
par  le  nivellement  de  toutes  les  conditions,  proscrivait  le  luxe  et 
l'opulence.  Conséquente  en  cela  avec  son  esprit  imitateur  de  Tanti- 
quité,  la  Révolution  avait  constamment  étalé  dans  ses  temples  et 
sur  ses  places  publiques  un  luxe  plein  de  magnificence.  Elle  avait 
eu  des  spectacles  grandioses,  machinés  comme  des  scènes  d'opéra, 
avec  défilés  et  figurations  somptueuses,  auxquels  l'art  avait  fait 
cortège  :  telles  les  fédérations,  les  fêtes  de  TEire  suprême  et  les 
pompes  funèbres  de  ses  héros.  Elle  avait  doté  des  écoles  destinées 
à  l'enseignement  des  arts,  c'est-à-dire  à  initier  les  masses  à  des 
jouissances  raffinées.  Elle  avait  ouvert  des  théâtres,  favorisé  ainsi 
le  faste  mondain  et  aidé  à  la  diffusion  de  tout  ce  qui  pouvait  ajouter 
aux  élégances  de  la  vie.  De  sorte  que,  lout  en  condamnant  en 
théorie  la  richesse  et  en  prêchant  la  simplicité,  l'ère  républicaine 
avait  développé  chez  les  citoyens  le  goût  du  luxe  public,  de  l'apparat, 
du  bruit,  de  l'éclat  extérieur. 

D'autre  part,  l'ébranlement  nerveux  provoqué  par  les  événe- 
ments tragiques,  par  les  scènes  d'épouvante  et  de  violence  qui 
s'étaient  trop  longtemps  répétées,  les  sensations  ressenties  aux 
heures  sombres  où  la  nation  sembla  près  de  se  dissoudre,  avaient 
exalté  les  imaginations  et  monté  les  esprits  au  ton  de  l'emphase.  Si 
bien  que  la  simplicité  apparaissait  comme  devant  inévitablement 
conduire  à  la  platitude.  De  là  un  penchant  irrésistible  à  outrer  le 
geste,  à  forcer  l'expression;  de  là  aussi  une  tendance  à  se  laisser 
subjuguer  par  les  sens.  C'est  un  fait  indéniable  que  les  goûts  d'os- 
tentation étaient  entrés  profondément  dans  les  mœurs  bien  avant 
la  décomposition  morale  résultant  des  prodigalités  sensuelles  du 
Directoire. 

Une  autre  singularité  de  cette  époque  si  féconde  en  contradic- 
tions, c'est  que  loin  d'étouffer  la  supériorité  individuelle,  la  Révo- 
lution l'exalta  à  peu  près  constamment.  Le  mérite  personnel,  elle 
ne  cessa  de  le  proclamer  et  aussi  d'encourager  l'émulation. Chaque 
citoyen  fut  alors  jaloux  de  paraître,  d'être  distingué.  Dans  une 
monarchie,  il  faut  des  récompenses  pour  les  services,  les  talents,  la 
bravoure.  Dans  une  république,  où  tout  doit  remonter  à  l'Etat 
comme  à  sa  source,  un  tel  aiguillon  n'eût  pas  dû  être  nécessaire. 
Aussi,  pour  atténuer  le  démenti  donné  aux  principes,  les  récomr 


9Bl  SOCIÉTi  AUGHtoLOdlQUS  iT   ftlSTOniQOB  DU  LlAOUSIt^ 

penses  seront  calculées  de  manière  à  ne  pas  blesser  rinslinctégali- 
taire.  «  Vous  récompenserez  plulûl  les  actions  que  ceux  qui  les  ont 
faites,  —  écrit  Vaublanc  dans  un  rapport  à  la  Convention  sur  les 
récompenses  militaires.  Quelles  seront  ces  récompenses?  Des 
fôl^s  où  Ton  verra  aux  premières  places  le  savant  couronné  de 
lauriers.  Pour  les  actions  les  plus  vertueuses,  des  insignes  sans 
valeur,  branches  de  chêne  ou  de  laurier;  pour  les  autres,  des 
médailles,  des  anneaux,  des  couronnes.  »  Et  quand,  dans  la 
cérémonie  publique  de  la  remise  du  traité  de  paix  de  Gampo-For- 
mio,  à  rheure  où  perce  déjà  l'ascendant  impérieux  de  Bonaparte, 
le  ministre  des  affaires  étrangères,  en  présence  du  Directoire,  des 
deux  conseils  et  ducorpsdiplomalique,  esquissera  un  éloge  du  géné- 
ral en  chef  de  l'armée  dllaile,  de  quelles  précautions  oraloiresil  en- 
tourera son  discours.  «  ...J'ai  craint  un  instant  pour  lui,  dira-l-il, 
cette  ombrageuse  inquiétude  qui,  dans  une  république  naissante, 
s'alarme  de  tout  ce  qui  peut  porter  une  atteinte  quelconque  à 
Tégalité;  mais  je  m'abusais,  la  grandeur  personnelle,  loin  de 
blesser  l'égalité,  en  est  le  plus  beau  triomphe  (1).  » 

Dès  le  début  du  Directoire,  il  est  question  d'instituer  des  récom- 
penses honorifiques.  Bonaparte,  général  en  chef,  décerne  en  Italie 
soixante-quinze  sabres  d  honneur  pour  actions  d'éclat.  Durant 
Texpédilion  d'Egypte,  il  distribue  des  grenades  en  or,  des  baguet- 
tes, des  trompettes  et  des  fusils  garnis  d'argent.  Un  arrêté  des 
consuls  du  S  nivôse  an  VIII  (26  décembre  1799)  déclare  que  des 
récompenses  nationales,  fusils,  mousquetons,  carabines  et  autres 
armes  d'honneur  seront  données  aux  guerriers  qui  se  seront  dis- 
tingués en  combattant  pour  la  République.  La  même  promesse  est 
inscrite  dans  rarllcleST  de  la  Constitution.  Un  autre  arrêté  consu- 
laire veut  que  les  noms  des  soldats  qui  se  distingueront  par  des 
mérites  exceptionnels  soient  inscrits  sur  une  table  de  marbre  dans 
le  temple  de  Mars,  avec  désignation  du  département  et  de  la  com- 
mune où  ils  sont  nés.  Par  là,  la  collectivité  est  associée  au  mérite 
individuel  et  faite  participante  de  ses  triomphes. 

Les  actions  civiques  sont  également  mises  en  relief.  Le  17  ven- 
tôse an  VIH,  Bonaparte  déclare,  dans  une  proclamation  à  l'armée, 
que  le  gouvernement  fera  publier  dans  toute  la  république  et  jusque 
dans  les  camps  les  noms  des  six  départements  qui  auront  fourni  le 
plus  de  conscrits.  En  même  temps,  une  décision  des  consuls  dispose 
que  le  département  qui,  le  premier,  aura  payé  toutes  ses  contri- 
butions, donnera  son  nom  à  une  des  principales  places  de  Paris. 


(t)  Voy.  la  relalioQ  de  cotte  cérémonie  dans  le  Bulletin  des  lois,  an  VI, 
n«  165. 


LIMOGES   ET  LB8   BONNES  VILLES  S85 

Cesl  le  dcparlemeni  des  Vosges  qui  arrive  en  lôle  :  au  20  germinal 
an  VIII  (10  avril  1800)  il  ne  doit  rien  sur  Tarriéré  et,  en  six  mois, 
il  a  payé  les  13/20  de  ses  impositions  de  Tannée  courante.  Les 
imaginations  sont  ainsi  fascinées,  en  même  temps  qu'est  exalté 
Tattrait  instinctif  de  Ttiumanilé  pour  la  gloire. 

De  ces  leçons  et  de  ces  exemples  donnés  par  la  Révolution,  l'em- 
pereur, héritier  de  ses  traditions,  se  souviendra.  L'institution  des 
armes  d'honneur  et  des  couronnes  civiques  aura  été  l'ébauche  de  la 
Légion  d'honneur,  comme  celle-ci  sera  le  prélude  du  rétablissement 
de  la  noblesse. 

Il  est  aisé  maintenant  de  se  replacer  dans  l'état  psychologique 
où  durent  se  trouver,  par  rapport  aux  distinctions  honoriBques,  les 
Français  de  1802.  Le  désir  de  donner  de  soi  même  une  opinion 
avantageuse,  de  paraître  meilleurs,  plus  éclairés,  plus  braves  que 
les  autres,  l'amour-propre  en  un  mot  ou  celte  forme  particulière  de 
l'amour-propre  qui  s'appelle  la  vanité,  les  porta  à  rechercher  les 
faveurs  et  les  honneurs.  Le  malheur  est  que  cette  soif  de  distinc- 
tions implique  un  esprit  d'intrigue  et  de  servilité. 

Après  avoir  touché  au  fond  de  l'abîme,  la  France  a  vu  renaître 
l'harmonie  sociale.  Mais  durant  la  crise,  la  démocratie  souveraine 
s'est  attribuée  le  pouvoir  suprême.  S'appropriant  les  théories  gou- 
vernementales de  la  monarchie,  elle  les  a  transportées  à  la  répu- 
blique. L'exagération  des  droits  de  l'Etat  a  abouti  à  un  despotisme 
centralisateur.  Bientôt  l'autorité  concentrée  se  dépose  aux  mains 
d'un  seul  homme.  L'édifice  républicain  s'écroule  alors  pierre  à. 
pierre,  du  moins  dans  ses  œuvres  extérieures,  et  le  pouvoir  central 
est  converti  en  pouvoir  absolu. 

A  l'aube  du  siècle,  enveloppé  dans  le  prestige  de  la  gloire,  le 
Premier  Consul  reconstruit  l'édifice  social.  Mais  «  il  bâtit  pour 
se  loger,  il  adapte  à  son  service,  il  approprie  soigneusement  la 
maison  à  son  genre  de  vie,  à  ses  besoins...  (1).  »  Il  y  a  dans  son 
système  une  notion  fondamentale  et  qui  régit  tout  son  plan  d'orga- 
nisation :  a  II  conçoit  l'association  humaine  non  pas  à  la  façon  mo- 
derne, germanique  et  chrétienne,  comme  un  concert  d'initiatives 
émanées  d'en  bas,  mais  à  la  façon  antique,  païenne  et  romaine, 
comme  une  hiérarchie  d'autorités  imposées  d'en  haut  (2).  »  Tel 
est  Tesprit  de  l'institution  ;  voici  maintenant  pour  la  forme  :  une 
armée  qui  absorbe  toute  la  vitalité  du  pays;  l'Eglise  serve  de  l'Etat; 
une  administration  composée  d'escouades  de  fonctionnaires  super- 
posés; la  hiérarchie  remplaçant  partout  l'anarchie;  le  corps  social 
tout  entier  passif  et  plié  à  l'étroite  discipline  des  camps. 

(1,  2>TÀhNE,  Les  origines  de  la  France  contemporaine.  Le  régme 
fnoderne. 


286  SOCliTÉ  ARCHftOLOGlQUB  ET  HISTORIQCK  DU  LIMOnsiR 

Pour  cetle  œuvre.  Napoléon  a  confisqué  tous  les  droits  des  indi- 
yidus  et  des  sociétés  locales,  comprimé  toutes  les  énergies,  acca- 
paré toutes  les  intelligences,  suballernisé  tous  les  talents.  De  son 
propre  gré,  il  s'est  érigé  en  arbitre  suprême,  en  maître  absolu  de 
qui  tout  émane  et  à  qui  tout  revient.  Avec  ce  pouvoir  exorbitant  et 
sans  contre-poids,  il  est  la  source  de  tous  les  droits  et  le  dispensa- 
teur de  toutes  les  grâces.  Et,  sous  son  impulsion,  la  machine  auto- 
ritaire, portée  à  une  incomparable  puissance,  broie,  en  fonction- 
nant, toutes  les  indépendances. 

Rêve  fabuleux,  monstrueux,  d'une  humanité  tendue  en  un  gigan- 
tesque effort,  répopée  impériale  se  déroule  au  milieu  du  fracas 
des  armes  et  dans  la  fumée  de  la  poudre.  L'Europe  retentit  des 
rauques  clameurs  des  massacres  et  des  claironnantes  fanfares  des 
triomphes.  Dans  Tassourdissement  de  ce  vacarme,  dans  Téblouis- 
sement  de  ces  éclairs.  César,  debout  sur  son  char  doré,  s*élève  vers 
les  nues  entouré  de  pompes  et  d'hommages. 

À  cette  époque,  il  semble  que  tout  doit  refléter  l'image  du  sou- 
verain, du  demi-dieu,  et  porter  un  cachet  de  grandeur.  Car,  direc- 
tement ou  par  contre-coup,  il  a  mis  partout  son  esprit.  La  pensée 
d'un  peuple  entier  en  procède.  Aussi  bien  toutes  les  manifestations 
de  la  vie  publique  prennent-elles  une  importance  exagérée.  Agen- 
cées avec  un  art  incomparable  de  mise  en  scène,  elle  tendent  toutes 
à  remettre  constamment  sous  les  yeux  de  la  nation  le  spectacle  de 
la  puissance  du  maître.  Des  exemples  empruntés  à  la  vie  locale 
rendront  cette  démonstration  saisissable. 

Le  dimanche  34  prairial  an  X  (13  juin  1802),  la  loi  du  18  germi- 
nal précédent  sur  l'organisation  des  cultes  et  la  proclamation  des 
consuls  sur  le  même  objet  sont  promulguées  dans  toutes  les  com- 
munes avec  la  pompe  que  permet  chaque  localité.  A  Limoges, 
cette  publication  solennelle,  préalablement  annoncée  par  des  affi- 
ches, est  faite  par  le  préfet  Texier-Olivier  en  personne.  A  dix 
heures  du  matin,  le  secrétaire  général  et  les  conseillers  de  préfec- 
ture, les  membres  du  conseil  général  et  du  conseil  d'arrondissement 
résidant  au  chef-lieu,  les  maire, adjoints  et  commissaires  de  police, 
le  général  commandant  la  subdivision  militaire,  son  état-major 
et  les  officiers  de  gendarmerie  vont  prendre  à  son  hôtel  le  repré- 
sentant du  gouvernement  qu'ils  accompagneront  dans  sa  tournée. 
De  même  que  le  préfet,  tous  sont  à  cheval  et  en  uniforme. 
Précédée  de  gendarmes  et  de  tambours,  la  singulière  cavalcade 
parcourt  ainsi  la  ville,  s'arrêtant  aux  carrefours,  où  lecture  est 
donnée  aux  habitants  accourus  des  documents  relatifs  à  la  restau- 
ration du  culte  catholique. 

Ne  vit-on  pas,  quelques  jours  plus  tard,  le  même  haut  person- 


UM06E8  KT  LES  BONNES  VILLES  S87 

nage  se  rendre  auprès  du  nouvel  ëvéque  de  Limoges  et  lui  remettre 
un  anneau  d*or,  riche  présent  qu'accompagnait  une  lettre  du  Pre- 
mier Consul  :  «  Monsieur  TEvéque  de  Limoges,  je  vous  envoie 
Tanneau  épiscopal  que  je  désire  que  vous  portiez.  Voyez  dans  la 
présente  un  témoignage  de  ma  satisfaction  pour  la  paix  et  l'union 
rétablies  dans  votre  diocèse.  Le  Premier  Consul,  signé  :  Bona- 
parte (1).  »  Et  ce  dut  être  un  spectacle  point  banal  et  d'une  douce 
philosophie  que  celui  de  cet  avocat  tourangeau  devenu  préfet  mais 
resté  voltairien,  tantôt  proclamant  à  grand  renfort  de  parade  le 
retour  de  la  France  révolutionnaire,  régicide  et  impie,  à  des  idées 
religieuses  que  Ton  croyait  disparues  à  tout  jamais  avec  l'ancien 
régime,  tantôt  coopérant  à  la  consommation  du  mariage  mystique 
de  l'Eglise  et  de  la  Révolution  (2). 

Autre  exemple  —  je  pourrais  multiplier  les  citations  —  de  la 
recherche  de  l'effet  et  de  l'impression  à  produire  sur  les  imagi* 
nations  : 

Le  citoyen  Pierre  Petit,  maire  de  Limoges,  en  exercice  depuis 
deux  ans,  meurt  le  27  prairial  an  XI  (16  juin  1803).  Pour  payer  aux 
mftnes  de  ce  magistrat  municipal  le  tribut  d'hommages  dû  à  ses 
services,  des  funérailles  solennelles  lui  sont  faites,  qui  ont  tout 
l'éclat  d'une  apothéose  et  la  grandeur  simple  d'un  deuil  public.  La 
cérémonie  funèbre,  présidée  par  l'évéque,  a  lieu  le  soir,  aux  flam- 
beaux. La  soirée  est  déjà  fort  avancée  quand  le  cortège  des  fonc- 
tionnaires et  des  autorités  de  tout  ordre  et  de  tout  rang  qu'enca- 
drent des  détachements  de  la  garde  locale,  de  la  gendarmerie  et 
des  vétérans  nationaux,  quitte  l'église  de  Saint-Pierre-du-Queyroix 
pour  80  rendre  au  lieu  de  l'inhumation.  Le  canon  tonne,  les  tam- 
bours exécutent  de  sourds  roulements,  la  musique  fait  entendre 
des  airs  plaintifs  puis,  tout  se  tait.  Et  c'est  au  milieu  du  silence  de 
la  nuit,  au  bord  d'une  tombe  qu'à  la  lueur  incertaine  des  torches  on 

(1)  Journal  du  département  de  la  Haute- Vienne,  18U9,  p.  7. 

(2)  L«  moi  de  la  situalion  fat  d'ailleurs  trouvé  par  un  de  nos  compa- 
triotes. Un  Te  Deum  avait  été  chanté»  en  grande  pompe,  à  Notre-Dame,  à 
Toccasion  du  rétablissement  du  culte  catholique.  Le  soir,  à  une  réception 
donnée  au  palais  du  gouveruement,  le  Premier  Consul  s'adressant  au 
général  Delmas  :  «  Hé  bien,  général,  comment  avez-vous  trouvé  la  céré- 
monie? »  ^  «  Ce  fut,  répondit  Delmas,  une  belle  capucinade.  Nous  chan- 
geons nos  dragonnes  en  chapelets.  Il  manquait  à  votre  fête  ces  milliers 
d'hommes  qui  sont  tombés  pour  abolir  les  pasquinades  et  détruire  la 
Buperstition.  » 

La  grande  majorité  des  fonctionnaires,  il  n'en  faut  pas  douter,  pensait 
comme  Delmas  et  appréciait  comme  lui  Tacte  solennel  qui  venait  de 
s'accomplir. 


288  SOCIÉTÉ  ARCD^OLOGIQUE   ET   HISTOBIQUE  DO   LIMOUSIN 

devine  béante  et  profonde,  que  le  préfet  prononce  l'éloge  funèbre 
du  défunt  (1).  Il  n'est  pas  douteux  que  celte  cérémonie  empruntée 
l'heure  de  sa  célébration  quelque  chose  de  grandiose  et  d'impres^ 
sionnant  (2). 

A  vivre  dans  cette  atmosphère,  les  hommes  de  ce  temps  ont 
senti  leurs  prétentions  s'éveiller.  Quelque  artificielles  que  soient 
les  séductions  de  la  vanité,  grades  et  brevets,  titres  et  décoralions 
auront  sur  eux  une  prise  facile.  Il  faut  reconnaître  que  les  satis- 
factions qui  leur  sont  offertes  sont  d'une  rare  magniMcence.  De  ces 
honneurs  et  de  ces  dignités  les  collectivités  comme  les  individus 
auront  leur  part.  Le  tentateur  enchaînera  les  villes  par  des  égards 
et  des  faveurs.  La  primauté  qui  les  raîtachera  de  plus  près  à  lui 
entraînera  l'idée  d'une  supériorité,  d'une  prééminence  sociale.  Ce 
sera  pour  elles  un  prestige,  une  gloire,  une  force.  Aussi  bien,4près 
avoir  ressuscité  les  titres  nobiliaires,  les  ordres  de  chevalerie  et  les 
appellations  honorifiques,  il  ressuscitera  les  armoiries,  celles  des 
villes  comme  celles  des  particuliers  (3). 


(I)  Archives  municipales  de  Limoges,  1)  (s.  n)  et  Journal  du  départe- 
ment de  la  Haute-Vienne^  93  juin  1803. 

(%)  La  littérature  devait  nalurelicmcnt  se  ressentir  de  cet  état  d*esprit. 
C'est  ainsi  que  nous  faillîmes  avoir  un  poème  héroïque  relatant  la  belle 
équipée  de  la  légion  de  la  liautc-Viennc  a  fougueusement  improvisée  en 
Tan  11  et  véhémentement  dirigée  vers  la  Vendée.  »  On  sait  que  ce  corps 
dut  ses  hauts  faits  à  cette  circonstance  que  ses  hommes  montaient  tous 
des  chevaux  du  pays,  c*csl-fi-dirc  de  race  limousine. 

Il  se  trouva  donc  «  un  poète  de  noire  contrée  connu  par  la  piquante 
facilité  de  sa  verve  »  qui  entreprit  une  HlUoire  de  la  Légion  de  la  Haute- 
Vienne,  Cet  ouvrage  devait  offrir  «  la  comparaison  de  la  marche  cl  des 
exploits  de  la  Légion  avec  la  marche  et  les  exploits  des  légions  anciennes 
et  notamment  de  celle  surnommée  Fu^minalrto;. Le  volume  aurait  été  orné 
des  portraits  de  Tauteur  et  des  chefs  de  la  Légion,  de  plans  de  batailles, 
etc.  Il  ne  manqua  que  les  deux  cents  souscriptions  k  13  francs  demandées 
pour  la  mise  au  jour  de  Touvrnge.  (V.  Tannonce  publiée  dans  \eJourncd  du 
département  de  la  Haute- Vienne  du  '29  mai  1806. 

(3)  Un  décret  daié  du  camp  de  Schoenbrunn  le  17  mai  1809  dispose  en 
son  article  \^'  que  : 

«  Aucune  ville,  commune,  corporation  ou  association  civile,  ecclésias- 
tique ou  liUéraire,  ne  jouira  du  droit  d*armoiries  qu'après  en  avoir  recula 
concession  expresse  par  lettres  patentes  délivrées  à  cet  effet.  En  consé- 
quence, les  sceaux  des  villes,  communes  ou  corporations  qui  n'auront  pas 
obtenu  de  concessions  pareilles  ne  porteront,  pour  toute  empreinte,  que 
le  nom  qu  la  désignation  littérale  des  dites  villes,  communes  ou  corpo- 
rations. ». 

A  la  suite  de  ce  décret,  plusieurs  villes   ayant  démandé  si  elles  poib 


LIMOGIS  IT  LRS  BONNSS  VILLES  289 

Arraché  par  la  révolte  aax  seigDcnrs  féodaux  ou  prix  de  la  sou- 
mission au  suzerain  légitime,  le  blason  de  la  cité  est  rincarnalion, 
la  personnification. de  la  communauté  toute  entière.  C'est  le  témoin 
permanent,  le  symbole  visible  et  tangible  de  sa  grandeur  passée, 
de  sa  force  présente.  L'empereur  prendra  Ticone  municipal,  il  Tau- 
réolera  d'un  nimbe  d'or,  il  Tenveloppera  de  clartés  d'apothéose  et, 
se  détachant  en  haut  relief  dans  un  radieux  étincellement,  cette 
abstraction  apparaîtra  comme  une  réalité,  comme  une  chose 
vivante,  j'oserai  dire  comme  une  fraction  d'humanité. 

La  couronne  murale,  que  les  Grecs  et  les  Romains  décernaient 
comme  récompense  au  guerrier  entré  le  premier  par  une  brèche 
dans  la  ville  assiégée  (1)  et  que,  plus  lard,  Tart  plaça  au  front  de 
Cybèle  et  sur  la  tête  des  divinités  personnifiant  des  villes  fortes, 
tel  «sera  Tembléme  distinctif  attribué  pour  cimier  de  leurs  armes 
aux  cités  que  l'empereur  nonimera  ses  «  Bonnes  Villes  ». 

Mais  comme  toute  l'organisation  nouvelle  comporte  une  hiérar- 
chie rigoureuse,  géométrique,  comme  tout  y  est  classé,  étiqueté  et 
gradué,  les  bénéficiaires  de  cette  distinction  sont  elles-mêmes  répar- 
ties en  trois  catégories.  Aux  Bonnes  Villes  du  premier  ordre  est 


valent  reprendre  leurs  anciennes  armoiries,  le  conseil  du  sceau  des  titres, 
consulté,  délibéra  : 

a  1°  Les  conseils  municipaux  peuvent  présenter  des  projets  d'armoiries 
et  y  reproduire  une  portion  de  ran':icn  blason  des  villes; 

«  3<>  Les  pièces  d'armoiries  qui,  comme  l'aigle  et  les  abeilles,  appartien- 
nent aux  armes  et  aux  enseignes  de  TEmpire  et  ne  peuvent  être  concédées 
que  du  propre  mouvement  de  l'empereur,  ne  doivent  pas  entrer  dans  la 
composition  des  projets  d'armoiries  présentés  par  les  villes; 

»  3®  Les  couronnes  qui,  de  leur  nature,  sont  incommunicables,  comme 
la  souveraineté  dont  elles  sont  Tembléme,  doivent  également  être  exclues, 
ainsi  que  les  pièces  qui  entraient  autrefois  dans  les  armoiries  de  l'ancienne 
dynastie  française.  » 

(Circulaire  du  ministre  de  l'intérieur  aux  préfets,  18  octobre  1809). 

(t)  «  La  couronne  murale,  qui  estoit  d'or,  estoit  accordée  à  celuy  qui 
cstoit  monté  le  premier  sur  la  lîrèche  de  la  ville  attaquée  et  estoil  sauté 
dedans  en  combattant  :  elle  estoil  faite  en  forme  de  créneaux  de  muraille, 
comme  celle  que  les  peintres  et  les  poètes  peignent  ou  représentent  sur  la 
léte  de  Gybelle,  la  grand'mère  des  Dieux  qui  représente  la  terre.  Suétone 
tesmoigne  que  le  simple  soldat,  aussi  bien  que  le  plus  huppé  de  Tarmée, 
en  pouvoit  estre  honoré  pourveû  quMl  prou vast  par  le  tesmoignage  de  ses 
compagnons  qu*il  esloit  sauté  le  premier  dans  la  ville  ennemie.  Sur  le 
cercle  de  cette  couronne  il  y  avoit  des  lyons  gravez  pource  qu'ils  sont  le 
symbole  de  courage,  de  généro.<«ité  et  de  yaletir.  »  (Wlso.i  de  la  Golos|- 
^if^RB,  Le  orai/  théâtre  t^honneur'^. 


290  SOGIlÎTi  ARGHÂOLOOIQUB  BT  HlSTORIQim  DU  LIMOUSIN 

concédée  une  couronne  murale  à  sept  créneaux  d'or  sommée  d'une 
aigle  naissante  pour  cimier,  traversée  d'un  caducée  auquel  sont 
suspendues  deux  guirlandes,  Tune  à  dexlre  de  chêne,  Tautre  à 
senestre  d'olivier,  le  tout  d'or,  nouées  et  attachées  par  des  bande- 
lettes de  gueules.  L'écusson  portera  un  chef  de  gueules  à  (rois 
abeilles  d'or  posées  en  fasce. 

Aux  Bonnes  Villes  de  seconde  classe  est  adjugée  une  couronne 
murale  à  cinq  créneaux  d'argent,  traversée  d'un  caducée  contourné 
du  même,  auquel  sont  suspendues  deux  guirlandes,  Tune  à  dexlre 
d'olivier,  l'autre  à  senestre  de  chêne,  aussi  d'argent,  nouées  et  atta- 
chées par  des  bandelettes  d'azur.  Franc  quartier  à  dextre  d'azur  à 
une  N  d'or  surmontée  d'une  étoile  rayonnante  du  même. 

Enfin  les  villes  de  troisième  ordre  auront  pour  cimier  une  cor- 
beille remplie  de  gerbes  d'or  à  laquelle  seront  suspendues  deux 
guirlandes,  l'une  d'olivier  à  dextre,  l'autre  de  chêne  à  senestre,  de 
sinople,  nouées  et  attachées  par  des  bandelettes  de  gueules.  Franc 
quartier  à  senestre  de  gueules  à  une  N  d'argent  surmontée  d'une 
étoile  rayonnante  du  même  (1). 

Gomme  avantages  positifs  et  personnels,  les  maires  des  Bonnes 
Villes  se  verront,  après  dix  ans  d'exercice,  octroyer  le  titre  de 
baron,  titre  qu'ils  auront  le  droit  de  transmettre  à  leur  descendance 
à  la  condition  de  constituer  un  majorât.  Enfin,  dans  l'ordre  des 
préséances,  ils  prendront  rang  après  les  sénateurs  et  marcheront 
de  pair  avec  les  barons. 

L'institution  des  Bonnes  Villes  appartient  en  propre  à  Napo- 
léon 1".  Il  n'y  a  aucune  similitude  entre  ce  titre  honorifique  et 
l'appellation  affectueuse  que  les  rois  de  France  appliquaient  indiffé- 
remment à  toutes  les  localités  de  leur  royaume.  Une  analogie  de 
situation  avait  seule  donné  naissance  à  une  expression  identique. 
Cette  création  se  trouve  à  l'état  embryonnaire  dans  l'article  ni  du 
sënatus-consulte  organique  du  18  mai  1804  (28  Qoréal  an  XII)  ainsi 
conçu  :  «  Dans  les  deux  ans  qui  suivent  son  avènement  ou  sa  majo- 
rité, l'empereur,  accompagné  des  titulaires  des  grandes  dignités  de 
l'empire,  des  ministres,  des  grands  officiers,  prête  serment  au 

peuple  en  présence  de et  des  maires  des  trente-six  principales 

villes  de  Tempire.  »  Un  décret  du  22  juin  suivant  désigne  ces  villes. 
On  remarquera  qu'il  n'est  ici  question  que  de  l'assistance  à  la  for- 
malité du  serment  de  l'empereur  d'un  certain  nombre  de  maires 
pris  comme  fonctionnaires  impériaux.  Le  2  décembre  de  la  même 
année  Napoléon  se  fait  sacrer  à  Paris  par  le  pape  Pie  VII,  et  les 


(I)  HiSNiiY  Simon,   Armoriai  de  Vempire  françoUê.   Paris    I8IS,   d«ax 
volumes  in-f^. 


LlHOGBB  IT  LES  BONNES  VILLES  991 

lettres  closes  expédiées  aux  chefs  de  municipalités,  les  convoquant 
à  la  fois  pour  la  prestation  du  serment  et  la  cérémonie  du  couron- 
nement, portent  pour  adresse  :  «  Au  maire  de  notre  bonne  ville 
de...  (1)  »  Ce  ne  sera  toutefois  qu'avec  le  décret  du  17  mai  1809 
sur  la  noblesse  que  l'organisation  des  Bonnes  Villes  deviendra  défi- 
nitive et  complète.  Ajoutons  que  la  Restauration  s'emparera  de  ce 
titre  et  le  concédera,  dans  un  but  exclusivement  politique,  à  un 
certain  nombre  de  localités. 

C'est  ainsi  que,  pour  arriver  aux  cœurs,  Napoléon  frappe  Tima- 
ginalion  et  les  yeux.  Par  ces  privilèges,  simples  valeurs  d'opinion 
puisqu'ils  ne  confèrent  aucune  immunité  et  seulement  des  préro- 
gatives éventuelles,  il  se  ménagera  l'amitié  des  bourgeois  auxquels 
il  aura  confisqué  leur  indépendance  municipale. 

Certes,  les  municipalités  du  xvui*  siècle  ne  ressemblaient  guère 
aux  libres  communes  du  xu*.  A  peine  dégagée  des  étreintes  de  la 
féodalité,  la  royauté  avait  porté  à  leur  autonomie  des  coups  mortels. 
Les  franchises  locales  avaient  disparu  et  les  antiques  privi- 
lèges n'étaient  plus  que  de  vaines  formules.  Les  magistrats  muni- 
cipaux avaient  vu  leurs  pouvoirs  singulièrement  restreints;  devenus 
officiers  royaux,  ils  ne  formaient  plus  qu'un  corps  passif  et  sans 
initiative.  L'édit  de  juillet  1787,  qui  organisa  les  assemblées  com- 
munales dans  tout  le  royaume,  leur  donna  des  attributions  relative- 
ment étendues  et  leur  restitua  l'existence  politique.  L'Assemblée 
constituante  respecta  les  communautés  existantes  et  c'est  dans  leur 
cadre  qu'elle  établit  la  nouvelle  organisation  unifiée  et  égalisée. 
La  Constitution  de  l'an  III  brisa  de  nouveau  la  personnalité  poli- 
tique des  municipalités  ;  les  villes  au-dessus  de  cinq  mille  habitants 

(1)  Je  D*ai  pas  à  rappeler  ici  les  splendeurs  du  couronnemeDt,  le  faste 
étalé  dans  les  fêtes  données  à  cette  occasion.  Indépendamment  des  hauts 
fonctionnaires,  de^  présidents  des  collèges  électoraux  de  chaque  canton  et 
de  quelques  notables  convoqués  par  lettres  closes,  les  gardes  nationales 
des  divers  départements  envoyèrent  chacune  un  détachement  de  seize 
hommes.  Conduite  par  le  colonel  Lelong,  ancien  commandant  du  56*  de 
ligne,  la  délégation  de  la  Haute-Vienne  séjourna  un  mois  entier  dans  la 
capitale.  Les  hommes  reçurent,  outre  le  logement  et  la  nourriture,  une 
indemnité  de  cinq  francs  par  jour;  une  médaille  commémorative  en  or  fut, 
de  plus,  attribuée  à  chacun  d*eux.  Le  gouvernement  remboursa  auasi  les 
frais  d^acquisilion  d'un  drapeau  garni  de  franges  d'or  avec  cravate  et  aigle 
doré,  lesquels  s'élevèrent  à  44i  fr.  50.  La  maison  de  Lyon  chargée  de  la 
confection  des  drapeaux  des  gardes  nationales  n'ayant  pu  les  fournir  à 
temps  pour  la  cérémonie,  les  régiments  de  ligne  prêtèrent  les  leurs,  et  les 
gardes  reçurent  plut  tard  par  l'intermédiaire  des  préfets  ceux  qui  leur 
étaient  destinés. 


29t  SOClàTi  ARCB6OI.OGIQUB    ET  HISTORIQUE  DU  LlMODSlM 

conservaient  seules  leur  unilé  ;  groupées  dans  le  canton,  les  autres 
voyaient  disparaître  totalement  la  vie  locale.  Ramenée  en  l'an  VIII 
à  son  cadre  primitif,  la  commune  voit,  sous  le  Consulat,  consommer 
son  asservissement  complet.  Comme  le  département  et  l'arrondis- 
sèment,  elle  n'est  plus  désormais  qu'une  circonscription  territoriale 
et  un  rouage  de  la  grande  machine  administrative.  Comme  eux, 
si  elle  est  animée  de  la  vie  de  tout  l'organisme,  elle  la  subit  au  lieu 
d'y  contribuer  par  sa  vie  propre.  Alors  que  tous  les  services  publics 
sont  étroitement  subordonnés  à  son  action,  on  conçoit  que  l'indé- 
pendance municipale,  faite  d'initiative  et  de  liberté,  ne  pouvait 
être  du  goût  de  l'empereur.  Il  se  regarde  donc  comme  le  maître 
absolu  des  municipalités  ;  il  dispose  d'elles  à  son  gré  :  les  commu* 
nés  n'auront  d'autres  maires  et  d'autres  conseillers  que  ceux  qu'il 
lui  plaira  de  leur  imposer.  Ceux-ci  seront  ses  représentants,  les 
agents  de  son  autorité  et  de  sa  politique  bien  plus  que  les  gérants 
des  intérêts  communaux.  Ils  devront  obéir  passivement  et  n'exer- 
ceront qu'un  droit  illusoire.  Quant  au  simple  particulier,  il  ne 
participera  ni  directement  ni  indirectement  n  la  gestion  des  affaires. 
Avec  le  titre  de  sujet,  on  ne  lui  a  laissé  que  la  condition  de  contri- 
buable et  d'administré.  Tel  est  dans  ce  pays,  pétri  de  centralisation, 
le  nouveau  régime  fait  aux  municipalités. 

Le  chef  de  l'Etat  leur  offre  en  dignités  la  monnaie  du  pouvoir 
qu'elles  n'exercent  plus.  Certes,  pour  superbe  qu'elle  soit,  cette 
prime  ne  saurait  compenser  pour  une  ville  la  perte  de  ses  tradi- 
tions, de  ses  droits,  de  sa  vie  propre.  Et  cependant,  tant  est  puis- 
sant le  préjugé  qui  incline  les  hommes  vers  la  considération,  elle 
provoquera  de  troublantes  rivalités. 

Mais,  du  moins,  les  cités  dont  le  souverain  va  ainsi,  dans  quel- 
que mesure,  amplifier  les  destins  auront  exercé  dans  une  province, 
dans  une  région,  par  une  antique  illustration,  par  une  prépondé- 
rance due  à  des  siècles  d'efforts  et  de  labeurs,  un  rayonnement  et 
une  influence  tels  qu'il  soit  équilable  de  les  en  glorifier  par  un 
nouveau  lustre?  Peut-être  virent-elles,  aux  heures  sombres  de 
l'invasion,  concentrer  sur  leur  territoire  l'effort  des  grands  combats 
qui  décidèrent  du  sort  du  pays?  Ou  encore,  de  leur  sein  auront 
jailli  le  mouvement,  le  travail,  les  produits,  la  richesse  ?  La  dis- 
tinction éminente  que  tous  ambitionnent,  le  maîlre  la  réservera 
à  quelques-uns,  à  reux-là  seulement  envers  lesquels  l'intérêt  de  sa 
politique  personnelle  lui  commandera  d'user  de  ménagements  ou 
de  stimulant.  Aux  anciens  chef-lieux  d'un  certain  nombre  de  pro- 
vinces françaises  viendront  s'ajouter  les  capitales  des  pays  devenus 
par  la  conquête  et  le  recul  des  frontières  portions  intégrantes  de 
l'empire  et  aussi  des  territoires  sur  lesquels  s'exerce  s^  domination, 


tmOOKt  tt  LRS  ^ONNltS  V1LLB8  9&3 

OU  seuletneat  des  satellites  gravitanl  dans  son  orbite.  Le  décret  du 
3nies8idor  anXII  (22juin  1804)  désigne  trente-six  villes  dont  les 
maires  assisteront  au  serment  de  Tempereur  :  Paris,  Marseille, 
Bordeaux,  Lyon,  Rouen,  Turin,  Nantes,  Bruxelles,  Angers,  Gand, 
Lille,  Toulouse,  Liège,  Strasbourg,  Aix-la-Chapelle,  Orléans, 
Amiens,  Gènes,  Montpellier,  Metz,  Caen,  Alexandrie,  Glermonl, 
Besançon,  Nancy,  Versailles,  Rennes,  Genève,  Mayence,  Tours, 
Bourges,  Grenoble,  La  Rochelle,  Dijon,  Reims  et  Nice  (1).  Au 
1""  mars  1808,  les  Bonnes  Villes  sont  au  nombre  de  trente-sept  par 
suite  de  Tadjonclion  d'Anvers.  Successivement  viendront  prendre 
rang  :  Amsterdam  et  Rotterdam  (18  août  1810).  L'almanach  impérial 
de  181:2  en  mentionne  cinquante  et  une  parmi  lesquelles  dix  nou- 
vellement promues  :  Anvers,  Brome,  Cologne,  Florence,  Hambourg, 
La  Haye,  Livourne,  Lubeck,  Parme,  Plaisance.  Deux  villes  fran- 
çaises, Montauban  et  Troyes,  ont  obtenu,  en  1811,  le  titre  si  envié. 
Ntmes  le  reçoit  à  son  tour  le  34  mars  1812  (2).  Vienne  la  dislocation 


(i)  Parmi  les  anciens  chefs-lieux  de  généralités,  c'csl-à-dire  parmi  les 
villes  qui  furent,  avant  la  Révolution,  le  siège  d'une  intendance,  douze 
étaient  évincées  :  Moulins,  Riom,  Poitiers,  Limoges,  Aueh,  Montauban, 
Châlons,  Alençon,  Aix,  Perpignan,  Valcncicnnes  et  Soissons.  Une  seule 
de  ces  villes,  Montauban,  obtiendra  de  TEmpire  le  titre  en  question. 

Par  contre,  Marseille,  Reims,  Ang^ers,  Toulouse,  Glermont  et  Nice,  qui 
ne  furent  pas  chefs-lieux  adriiinislratifs  sous  Tancien  régime,  se  trouvaient 
parmi  les  élus. 

(2)  Les  listes  données  par  Henry  Simon  dans  les  deux  volumes  de  son 
Armoriai  de  VEmp're  français  dififcreni  sensiblement  de  celles  que  Ton 
trouve  dans  VAlmanacJi  impérial^  publication  officielle.  Voici  ces  listes  : 

Bonnes  villes  de  pixeuibr  ordre  :  Amsterdam,  Anvers,  Bordeaux,  Bru- 
xelles, Gand,  Gôneâ,  H.tmbourg,  Lyon,  Lille,  Liège,  Moniauban,  Paris,  An- 
gers, Aix-la-Chapelle,  Bourges, Brome.  Cologne,  Dijon,  Florence,  Grenoble, 
La  Rochelle,  Marseille,  Nancy,  Parme. 

Bonnes  villes  de  deuxième  ordre  :  Aix,  Asti,  Bayonne,  Caslclsarrazin, 
Chiavari,  Chartres,  Grasse,  Hyères,  Toulon,  Avranches,  Cherbourg,  Gran- 
viile.  Lierre,  Loudun,  Malines,  Moissac,  Savone,  Saint-L6,  Troyes,  Ver- 
ceil,  Valogoes. 

Bonnes  villes  de  troisèue  ordre  :  Mirecoiirl,  Neufchftleau,  Paimbœuf. 

Comment  concilier  les  indications  de  V Armoriai  r\cc  celles  de  ['Aima* 
nach?  Comment  admettre,  par  exemple,  qu'Alx  et  Toulon  aient  été,  dès 
1812,  en  possession  du  litre  de  bonne  ville,  alors  que  ce  litre  leur  a  été 
octroyé  par  des  ordonnances  royales  insérées  au  Bulletin  des  Lois  de 
Tannée  1816?  El  il  ne  s\igit  pas,  à  cette  dernière  date,  d*une  confirmation 
de  privilège,  mais  d^une  concession  première,  motivée  et  fort  précise.  On 
se  demande  donc  s'il  n'y  a  pas  eu  de  la  part  de  Tauteur  de  TArmorta^  con- 
fusion entre  les  bonses  villes  et  celles  qui  avaient  fait  vérifier  et  enregis- 
trer leurs  armoiries,  . 


11^4  SOClÉti  ARCÉftOLOaiQÙB   Bt  ËISTÔRtOÙB  DU  LllIOtlSld 

de  TEmpire,  la  Restauration  s^croparera  du  tilre  et  le  maintiendra 
aux  vingt-neuf  villes  de  France  qui  en  seront  déjà  pourvues. 

Les  peuples  ont  les  mômes  faiblesses  que  les  individus.  La 
manie  des  grandeurs  que  Tempereur  avait  déchaioée  sévit  un  peu 
partout.  Limoges  ne  sut  pas  échapper  à  ce  travers.  Etre  TexceplioD, 
c'est  être  rélile,  pensa  sa  municipalité  qui,  au  mois  de  juin  1810, 
résolut  de  se  mettre  sur  les  rangs.  Dans  ce  but,  elle  rédige  la 
supplique  qu'on  va  lire,  nomme  une  députation  et  sollicite  une 
audience  de  l'empereur. 

«  La  députation  du  conseil  général  de  la  commune  de  Limoges, 
»>  A  Sa  Majesté  impériale  et  royale, 

»  Sire, 

»  La  ville  de  Limoges,  doal  l'illuslration  et  l'antiquité  se  perdent 
dans  la  nuit  des  temps,  cheMieu  avant  la  Révolution  d'une  géné- 
ralité et  d'un  diocèse  très  étendus,  possédant  dès  lors  un  hôtel  de 
monnaye  très  actif  et  très  estimé,  moins  populeuse,  il  est  vrai, 
aujourd'hui  qu'elle  ne  l'a  été  à  certaines  époques,  mais  offrant 
encore  un  population  de  21  à  22,000  âmes,  devenue  successivement 
chef-lieu  d'une  préfecture  importante,  d'une  cour  d'appel,  d'un 
diocèse  étendu,  d'une  sénatorerie,  d'une  académie  impériale,  et 
réunissant  tous  les  établissements  qui  se  rattachent  aux  premiers, 
située  au  centre  de  plusieurs  grandes  roules,  vivifiée  par  l'intelli- 
gence el  l'activité  de  ses  habitants  et  présentant  sous  tous  les  rap- 
ports le  caractère  d'une  des  meilleures  villes  de  l'Empire,  a  cepen- 
dant été  oubliée  dans  la  classilication  des  Bonnes  Villes. 

»  Votre  Majesté,  dont  le  cœur  magnanime  ne  respire  que  bien- 
faisance, s'est  déjà  rendue  au  vœu  de  quelques  villes  importantes, 
qui  avaient  été  également  oubliées. 

»  La  dépulalion  du  conseil  municipal  de  Limoges  ose  rappeler  à 
Votre  Majesté  la  supplique  adressée  à  cet  effet  par  le  conseil 
général  delà  Haute- Vienne  dans  la  séance  du  12  juillet  1810(1). 

»  Daignez,  Sire,  distinguer  notre  cité  en  la  nommant  parmi  vos 
Bonnes  Villes  ;  aucune  ne  mérite  mieux  ce  titre  par  le  respectueux 
dévouement  de  ses  habitants  pour  la  personne  sacrée  de  Votre 
Majesté  impériale  et  royale. 

»  La  députation  du  conseil  municipal  de  la  ville  de  Limoges  a 
Thonneur  d'être  avec  la  plus  haute  vénération  et  le  plus  profond 
respect, 

»  De  Voire  Majesté  impériale  et  royale, 

»  Les  très  fidèles,  très  dévoués  et  très  soumis  sujets.  » 

(<)  Phrase  ajoutée  après  la  délibéralioa  du  conseil  j^énéral. 


LllIOGfeS   Et  LBà  BÔHNKS  VlLLEÀ  SM 

Soil  que  sa  demande  d*audience  n^ait  pas  été  accueillie,  soit 
qa*on  lui  ait  rappelé  à  temps  que  sa  requête  devait  suivre  la  voie 
hiérarchique,  la  muaicipalité  se  tourna  vers  le  conseil  général 
du  département,  dont  la  session  était  proche,  et  l'invita  à  joindre 
ses  instances  aux  siennes.  Voici  la  lettre  qui  fut  adressée  au  prési- 
dent de  cette  assemblée  : 

«  Limoges,  le  9  juillet  1810. 

»  A  Messieurs  les  Membres  du  Conseil  général  de  la  Haute-Vienne ^ 

»  Messieurs, 

»  La  ville  de  Limoges,  dont  Tillustration  et  l'antiquité  se  perdent 
dans  la  nuit  des  tems,  cheMieu  avant  la  Révolution  d'une  géné- 
ralité et  d'un  diocèse  très  étendus  et  possédant  dès  lors  un  hôtel 
des  monnaies  très  actif  et  très  estimé  ;  moins  populeuse,  il  est  vrai, 
aujourd'hui  qu'elle  l'a  été  à  certaines  époques,  mais  offrant  encore 
de  SI  à  22,000  âmes  de  population;  devenue  successivement  chef- 
lieu  d'une  préfecture  importante,  d  une  cour  d'appel,  d'une  séna- 
torerie,  d'une  académie  impériale  et  réunissant  tous  les  établis- 
semens  qui  se  rattachent  aux  premiers;  vivifiée  par  l'intelligence 
et  l'activité  de  ses  habitans  dans  plusieurs  genres  de  commerce  et 
par  ses  belles  manufactures  de  porcelaine  ;  située  au  centre  de 
plusieurs  grandes  routes  telles  que  celles  de  Paris  à  Bordeaux,  à 
Toulouse,  de  Brest  à  Lyon,  etc.;  animée  par  une  affluence  conti- 
nuelle de  voyageurs;  distinguée  par  plusieurs  grands  hommes  qui 
ont  pris  naissance  soit  dans  son  sein,  soit  aux  environs,  et  présen- 
tant par  là  tous  les  caractères  d'une  des  plus  illustres  et  des  meil- 
leures villes  de  l'empire,  a  cependant  été  oubliée  dans  la  classifi* 
cation  des  Bonnes  Villes. 

»  Cet  oubli,  Messieurs,  nous  a  souvent  affligés  parce  que  l'illus- 
tration de  la  ville  cheMieu  rejaillit  nécessairement  sur  les  autres 
parties  du  même  département. 

»  Sa  Majesté  l'empereur  et  roi,  dont  le  cœur  magnanime  ne 
respire  que  bienfaisance,  s'est  déjà  rendu  aux  vœux  de  quelques 
villes  importantes  qui  avaient  été  également  oubliées.  Il  est  donc 
possible  d'obtenir  de  sa  bonté  et  de  sa  justice  que  la  ville  de 
Limoges  soit  placée  dans  le  rang  précieux  et  distingué  qu'elle  mé- 
rite à  tant  d'égards. 

»  Mais,  Messieurs,  je  conçois  que  ma  réclamation  a  besoin  d'être 
présentée  sous  vos  auspices  et  fortifiée  des  moyens  élo(|uens  dont 
vous  saurez  l'appuyer  pour  obtenir  un  succès  éclatant.  J'ose  donc 
vous  prier  de  la  faire  valoir  auprès  de  Son  Excellence  le  Ministre 
de  l'Intérieur  et  même,  par  une  adresse  particulière,  auprès  de 


toè  SOCIÉTÉ  ÀRCÉÀoLodiQbk  fit  âistoEkQOk  bu  Liiàènsik 

Sa  Majesté  Tempereur  et  roi.  Le  succès  vous  offre  une  récompense 
bien  flatleuse  ;  la  tentative  seule  vous  donnera  des  droits  éternels 
à  notre  reconnaissance. 

»  J*ai  rhonneur  d'être,  avec  les  sentimens  de  la  plus  respec- 
teuse  considération, 

»  Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

»  Le  maire  de  Limoges^ 
Signé  :  «  Noualhier  aîné  >»  (1). 

Le  12  juillet,  le  conseil  général  prend  la  délibération  suivante  : 

«  M.  le  iMaire  de  la  ville  de  Limoges  adresse  au  Conseil  général 
une  lettre  sous  la  date  du  9  du  courant  dont  l'objet  est  d'être 
seconde  dans  la  réclamation  qu'il  a  faite  à  Sa  Majesté  de  placer  la 
ville  de  Limoges  au  rang  des  Bonnes  Villes. 

»  Le  Conseil,  considérant  que  la  bienfaisance  de  S.  M.  l'empe- 
reur et  roi  a  déjà  signalé  la  ville  de  Limoges  par  les  nombreux 
établissements  qu'elle  y  a  fixés,  que  le  titre  de  Bonne  Ville  serait 
pour  elle  le  titre  le  plus  glorieux  de  la  bienveillance  du  souverain; 

»  Arrête  à  l'unanimité  qu'il  adhère  à  la  proposition  qui  lui  est 
faite  par  M.  le  Maire  de  la  ville  de  Limoges;  qu'à  cet  effet,  une 
adresse  au  nom  du  Conseil  sera  présentée  à  Sa  Majesté  impériale 
et  royale  par  l'intermédiaire  de  S.  E.  le  Ministre  de  l'Intérieur.  Le 
projet  suivant  a  été  présenté  et  adopté  : 

»  Sire, 

»  Vos  fidèles  sujets  les  membres  composant  le  Conseil  général 
du  département  de  la  Haute-Vienne,  actuellement  réunis,  osent 
prendre  la  liberté  de  déposer  aux  pieds  du  trône  la  demande  que 
fait  le  maire  de  la  ville  de  Limoges  à  Votre  Majesté  impériale  et 
royale  d'être  comprise  au  nombre  des  communes  que  vous  avez 
daigné  qualifier  du  titre  précieux  de  Bonnes  Villes. 

»  La  position  ^centrale  de  Limoges,sa  population,  son  commerce, 
ses  manufactures,  les  grands  établissements  que  vous  avez  bien 
voulu  lui  accorder  et  spécialement  le  respectueux  dévouement  de 
ses  habitans  pour  la  personne  sacrée  de  Votre  Majesté  impériale 
et  royale  sont  des  titres  que  le  Conseil  général  se  permet  de  pré- 
senter pour  obtenir  cette  faveur  signalée  dont  tout  le  département 
partagera  la  gloire  et  la  respectueuse  reconnaissance.  » 

La  délibération  et  l'adresse  sont  aussitôt  transmises  au  ministre 
de  l'Intérieur.  De  son  côté  le  maire  de  Limoges  lui  fait  parvenir  la 

(1)  Archives  municipales  de  Limoges,  D  (s.  n.). 


LiMb^s  ET  Les  bônneô  villes  29^ 

reqaéte  de  la  ville  par  rintermédiaire  de  son  oncle  M.  Noualhier, 
négociant  à  Paris,  qui  est  chargé  de  remettre  Ini-méme  ces  docu- 
ments au  destinataire.  Voici  la  lettre  envoyée  au  ministre  : 

«  Limoges,  le  16  juillet  18t0. 

»  Le  maire  de  la  ville  de  Limoges, 
»  A  Son  Excellence  le  Ministre  de  llntérieur,  comte  de  l'Empire, 

f>  Monseigneur, 

»  La  ville  de  Limoges  gémit  depuis  longtemps  de  n^étre  point 
comprise  dans  la  classification  des  Bonnes  Villes  de  TËmpire. 

»  Pour  me  rendre  au  vœu  de  ses  industrieux  habitans,  j'ai  prié 
le  Conseil  général  de  la  Haute-Vience  de  réclamer  pour  elle  celte 
honorable  distinction.  Je  ne  répéterai  point  ici  tout  ce  que  j'ai 
exposé  dans  ma  lettre  pour  faire  ressortir  ses  droits;  j'ajouterai 
seulement  que,  lors  de  la  convocation  des  notables  en  1787,  la 
ville  de  Limoges  fut  placée  dans  le  rang  qu'elle  sollicite  aujour- 
d'hui. Sa  privation  de  ce  rang  précieux  ne  peut  donc  être  consi- 
dérée que  comme  un  oubli. 

»  J'ose,  en  conséquence,  vous  prier,  Monseigneur,  de  vouloir 
bien  appuyer  auprès  de  Sa  Majesté  l'empereur  et  roi  et  ma  demande 
et  l'adresse  votée  par  le  Conseil  général  dans  sa  séance  du  12. 
L'une  et  l'autre,  que  vous  avez  maintenant  sous  les  yeux,  renferme 
des  faits  authentiques  et  qui  sont  en  partie  consignés  dans  la 
statistique  de  ce  déparlement. 

»  Votre  bienveillance.  Monseigneur,  s'étend  à  toutes  les  villes  de 
l'empire.  Celle  de  Limoges  en  réclame  aujourd'hui  l'heureuse 
influence  pour  un  bienfait  qui  intéresse  et  sa  gloire  et  sa  prospé- 
rité, et  qui  éternisera  sa  reconnaissance.  Elle  l'a  déjà  mérité,  ce 
bienfait;  elle  le  méritera  de  plus  en  plus  par  une  soumission  entière, 
un  attachement  inviolable  et  un  dévouement  absolu  à  la  personne 
auguste  du  grand  Napoléon. 

»  J'ai  l'honneur  d'être,  de  Votre  Excellence,  Monseigneur, 

)}  Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Signé  :  «  Nooalhier  aîné  »  (1). 

Mais  il  était  de  toute  évidence  qu'une  telle  requête  ne  pouvait 
avoir  chance  d'aboutir  qu'avec  l'appui  d'une  notabilité  jouissant 
d'un  certain  crédit  auprès  du  souverain.  On  dut  très  certainement 
songer  en  premier  lieu  à  l'un  de  nos  concitoyens,   individualité 


(1)  Archives  municipales  de  Limoges^  D  (s.  n»). 

T.  ui  30 


ibS  SOCIÉTÉ  ÂRCâÉOlLOGIQÙÉ  ET  ftlSTORIQÙB  DO   LlSàOUSltV 

d'élite,  à  laquelle  ses  exploits  guerriers  comme  aussi  uo  râle  poli- 
tique actif  avaient  donné  un  relief  tout  particulier.  Mais  le  maréchal 
Jourdan  n'était  en  ce  moment  en  possession  d'aucune  iafluence. 
Exempt  de  servilité  envers  les  gouvernants,  le  ton  absolu  et  décisif 
dont  il  usait  envers  tous  Tavait  fait  tenir,  sous  le  Directoire,  pour 
Tun  des  chefs  du  parti  anarchiste,  c'est-à-dire  du  parti  de  Toppo- 
silion  républicaine.  Après  avoir  repousàé  les  ouvertures  de  Bona- 
parte à  son  retour  d'Egypte,  il  avait  encore  tenté  de  contrecarrer 
ses  plans  au  18  brumaire.  On  l'avait  vu,  quand  les  grenadiers  for- 
mant la  garde  du  conseil  des  Cinq- Cents,  conduits  par  le  général 
I^clerc,  envahirent  la  salle  des  séances,  refuser  de  quitter  son  siège 
et  se  joindre  aux  autres  députés  qui  haranguèrent  les  soldats.  «  Qui 
étes-vous,  militaires?  Vous  êtes  les  grenadiers  delà  représentation 
nationale  et  vous  osez  attenter  à  sa  sûreté!  Vous  ternissez  les  lau- 
riers que  vous  aviez  cueillis.  »  Aussi  Jourdan  fut-il  compris  parmi 
les  trente-sept  «  individus  »  que  le  décret  du  28  brumaire  frappait 
de  la  déportation.  Mais  cette  iniquité  souleva  une  telle  réprobation 
que  la  mesure  fut  rapportée  dès  le  lendemain  et  que  le  Premier 
Consul  lui  écrivit  «  pourle  prier  de  ne  pas  douter  de  son  amitié  et 
lui  exprimer  le  désir  de  voir  constamment  le  vainqueur  de  Fleurus 
sur  le  chemin  qui  conduit  à  l'organisation,  à  la  vraie  liberté  et  au 
bonheur  (1).  »  Devant  l'affaiblissement  des  énergies  et  la  diminution 
des  caractères,  Jourdan  se  drapa  dans  sa  fiëre  et  immuable  attitude 
de  républicain  convaincu. 

Tel  était  cependant  Texceptionnel  éclat  de  ses  services  militaires 
et  aussi  l'ascendant  d*une  popularité  de  bon  aloi  due  à  ses  vertus 
civiques  qu'en  1804  il  fut,  dès  la  première  promotion,  créé  maré- 
chal d'Empire  et  grand  officier  de  la  Légion  d'honneur.  A  son 
retour  du  Piémont,  où  il  avait  été  envoyé  comme  ambassadeur,  il 
tombe  en  disgrâce.  En  1808,  il  suit  le  roi  Joseph  en  Espagne  en 
qualité  de  chef  d'état-major.  Mais  l'opinion  de  défiance  et  de 
malveillance  qui  s'était  attachée  à  lui  l'oblige  à  rentrer  en  France. 
Désormais,  il* est  mis  complètement  à  l'écart.  Lui,  épris  de  mouve- 
ment et  d'action,  se  voit  refuser  tout  commandement  actif.  Ouvrez 
VAlmanach  impérial  de  1810  ou  celui  de  1811,  vainement  vous 
chercheriez  parmi  les  maréchaux  le  nom  de  Jourdan.  Parcourez 
la  liste  des  hauts  dignitaires  de  la  Légion  d'honneur  :  par  un  reste 
de  pudeur,  on  n'a  pas  osé  biffer  complètement  l'ancien  commandant 
en  chef  des  armées  de  la  Moselle  et  de  Sambre-et-Meuse;  et  dans 
la  promotion  du  25  prairial  an  XII,  entre  M.  le  comte  d'Hédouville, 
sénateur,  et  S.  E.  Mgr  le  duc  d'Istrie,  vous  verrez  figurer  «  Monsieur 

(I)  Lanfrby,  Histoire  de  Napoléon  /<>%  II,  13. 


tlll6GKS  Bt  tÛ  bOffH ftS  viUks  296 

f 

Jourdan  a.  Qai  donc,  sous  cette  étiquette  bourgeoise  et  dédaigneuse, 
reconnaîtrait  le  vainqueur  de  Fleurns  ?  N*allez  pas  croire  à  un  oubli 
d^abord,  à  une  erreur  ensuite  de  i*éditeur  de  VAlmanach  impérial  : 
l'approbation  du  ministre  de  la  police  générale,  qui  a  dans  ses 
altributions  le  service  de  l'imprimerie,  exclut  toute  hypothèse  de 
ce  genre.  Il  resterait  d'ailleurs  à  expliquer  pourquoi  les  mêmes 
restrictions  se  répètent  dans  V Annuaire  de  la  Haute-Vienne,  c'est- 
à-dire  dans  le  pays  d'origine  du  maréchal.  Ainsi  Ta  voulu  le 
maître  ;  ainsi  en  ose-t-il  envers  ceux  qu'il  a  résolu  d'annihiler. 
Vienne  le  moment  où  la  fortune  trahira  ses  drapeaux  et  on  le 
verra  confiera  son  ancien  compagnon  d'armes  le  gouvernement  de 
Madrid,  sauf  à  le  rendre  responsable  d'une  désastreuse  campagne, 
à  l'exiler  dans  sa  terre  du  Coudray,  en  Seine-et-Marne,  et  à  réduire 
son  traitement  de  60.000  à  30.000  francs.  Ainsi  sera  sacrifié  le 
soldat  qui  avait  porté  si  haut  la  renommée  de  nos  armes;  ainsi 
sera  rejeté  dans  l'obscurité  de  la  vie  civile  celui  dont  le  courage  et 
la  fidélité  aux  sentiments  républicains  n'avaient  pas  fléchi  (1). 

Pour  ces  motifs,  la  municipalité  de  Limoges  devait  renoncer  à 
s'adresser  au  maréchal  Jourdan.  Elle  crut  devoir  solliciter  le  pa- 
tronage d'un  haut  dignitaire,  étranger,  il  est  vrai,  au  déparlement, 
mais  pourvu  d'un  bénéfice  local  qui  semblait  le  désigner  tout  spé- 
cialement pour  le  rôle  d'intermédiaire  auprès  de  l'empereur.  Il 
s'agissait  du  comte  Garnier,  président  du  Sénat  et  titulaire  de  la 
sénatorerie  de  Limoges  (2).  Ancien  procureurau  Châtelet,  secrétaire 
du  cabinet  de  M™'  Adélaïde,  suppléant  du  Tiers  de  la  ville  de 

(I)  Je  ne  veux  point  paraître  ignorer  que,  dans  une  lettre  adressée, 
quelques  mois  après  le  dix-huit  brumaire,  à  un  ancien  compagnon  d'armes 
alors  éloigné  de  France,  Jourdan  jugeait  les  événements  accomplis  comme 
s*il  eut  été  éclairé  par  d'heureux  résultats.  Cette  lettre,  qui  lui  a  été  opposée 
comme  un  reniement  de  ses  opinions  passées,  contraste  violemment  avec 
Tattitudê  qu*il  avait  prise  lors  du  coup  d'Eiat.  Au  cas  où  cette  lettre,  soi- 
disant  confidentielle,  serait  authentique,  il  conviendrait  de  rechercher 
dans  quel  but  elle  fut  écrite. 

(V.  la  lettre  citée  dans  la  Reoue  de  France  du  98  février  1874). 

(t)  L'organisation  des  sénatoreries  résultait  du  décret  du  14  messidor 
an  XI  (3  juillet  1803),  dont  voici  les  principales  dispositions  : 

il  y  aura  une  sénatorerie  par  arrondissement  de  cour  d'appel. 

Chaque  sénatorerie  sera  dotée  d'une  maison  et  d'un  revenu  annuel,  en 
domaines  nationaux,  de  90  ft  25  000  francs. 

Les  sénatoreries  seront  possédées  à  vie. 

Les  sénateurs  qui  en  seront  pourvus  seront  tenus  d'y  résider  au  moins 
trois  mois  chaque  année. 

Us  rempliront  les  missions  extraordinaires  que  le  Premier  Consul  jugera 


SbO  sociiri  argr^ôlooiqui  rt  ÉistoAiQufc  bu  liiIoustIi 

Paris  aux  Etats-Généraux,  Germaio  Garnier  avait  passé  quelques 
années  en  émigration  et  était  rentré  en  France  après  le  9  thermi- 
dor. Nommé  préfet  de  Seine-et-Oise  en  1802,  il  échangea  ce  poste 
pour  un  siège  au  Sénat.  Gréé  comte  de  TEmpire  en  1808,  il  suc- 
céda, le  9  décembre  4809,  au  vice-amiral  Morard  de  Galles,  premier 
titulaire  de  la  sénatorerie  de  Limoges,  qui  venait  de  mourir.  Si 
j'ajoute  que,  plus  tard,  ses  sentiments  à  regard  de  Temperenr  se 
refroidirent  au  point  quMl  vota  la  déchéance  et  qu'il  accepta  de  la 
Restauration  les  titres  de  pair  et  de  ministre  d'Etat,  j'aurai  esquissé 
dans  ses  grandes  lignes  la  silhouette  morale  de  ce  personnage. 

Tel  fut  l'homme  sous  les  auspices  duquel  l'administration  muni- 
cipale de  Limoges  plaça  le  succès  de  sa  requête.  Le  16  juillet  1810, 
elle  lui  adressa  la  lettre  suivante  : 

«  A  M.  Garnier^  comte  de  rEmpire,  président  annuel  du  Sénat 
conservateur,  titulaire  de  la  Sénatorerie  de  Limoges. 

»  Monsieur  le  Gorote, 

»  La  ville  de  Limoges,  chef-lieu  de  votre  Sénatorerie  et  distinguée 
par  sa  population,  son  commerce  et  les  grands  établissements 
qu'elle  possède,  n'a  point  été  classée  parmi  les  bonnes  villes  de 
l'Empire.  Le  Conseil  général  du  département  de  la  Haute-Vienne 
vient,  sur  ma  demande,  de  voter  une  adresse  à  Sa  Majesté  l'em- 
pereur et  roi  pour  obtenir  que  cet  oubli  soit  réparé.  J'écris  par  le 
courrier  de  ce  jour  à  S.  E.  le  ministre  de  l'intérieur  pour  l'inviter 
à  appuyer  et  ma  demande  et  l'adresse  du  Conseil.  Je  joins  ici  copie 
de  cette  lettre. 

»)  J'ose  vous  prier,  Monsieur  le  comte,  de  vouloir  bien  vous 
intéresser  en  faveur  de  la  ville  chef-lieu  de  votre  Sénatorerie.  Vous 
en  êtes  devenu  le  protecteur  et  l'appui.  Déjà  vos  qualités  estimables 
vous  y  ont  précédé;  mais  avec  quel  enthousiasme,  quelle  recon- 


à  propos  de  leur  donner  dans  leur  arrondissement  et  lai  en  rendront 
compte  dlreciemenl. 

Les  sénatoreries  seront  conférées  par  le  Premier  Consul  sur  la  présen- 
tation du  Sénat  qui,  pour  chacune,  désignera  trois  sénateurs. 

Pour  des  raisons  qui  m'échappent,  Guérel  avait  été  choisi  comme  ré- 
sidence du  titulaire  de  la  sénatorerie  de  Limoges.  Un  arrêté  consulaire  du 
6  brumaire  an  XII  lui  avait  assigné  comme  habitation  le  local  de  Tancienne 
école  secondaire. 

La  dotation  fournie  par  le  département  de  la  Haute-Vienne  s'élevait  à 
13.852  francs.  Elle  était  formée  des  revenus  de  plusieurs  immeubles 
nationaux,  dont  trois  situés  à  Limoges. 


LIMOOBS  ET  LB8  BONNES  YILLRâ  SOI 

Daissance,  quelle  affection  vous  y  serez  accueilli  si  vous  daignez 
seulement  tenter  de  lui  obtenir  la  faveur  insigne  qu^elle  sollicite. 
Elle  y  a  des  droits  assures,  Toubli  seul  a  pu  la  priver  du  rang 
distingué  qu'elle  réclame.  Quelle  jouissance  pour  votre  cœur 
bienfaisant  si  vous  pouvez  réussir. 

»  Agréez,  je  vous  prie,  l'assurance  de  ma  respectueuse  consi- 
dération. 

»  [^  maire  de  Limoges j 

Signé:  «  Noualhier  aîné  »  (1). 

<c  Monsieur  le  comte  Garnier,  rue  de  Larochefoucaud,  n""  6,  à 
Paris.  » 

Après  une  attente  de  quarante  jours,  la  municipalité  reçut  du 

comte  Garnier  la  réponse  ci-après,  froide,  polie,  administrative 

pour  tout  dire  : 

«  Paris,  25  aoust  1810. 

»  Je  viens  de  recevoir,  Monsieur  le  Maire,  la  lettre  que  vous 
m'avez  fait  Thonneur  de  m'écrire  le  16  juillet  dernier,  à  laquelle 
était  jointe  la  copie  d'une  lettre  adressée  par  vous  au  ministre  de 
rintérieur,  dont  Tobjet  est  d'obtenir  de  Sa  Majesté  que  la  ville  de 
Limoges  soit  portée  au  rang  des  bonnes  villes  de  TEmpire. 

»  Je  fais  des  vœux  bien  sincères  pour  que  la  ville  à  la  tête  de 
laquelle  vous  êtes  placé  obtienne  une  distinction  que  sa  population 
et  son  importance  semblent  lui  mériter  ;  mais  c'est  à  peu  près  tout 
ce  qu'il  m'est  permis  de  faire.  L'honneur  que  j'ai  d'être  titulaire  de 
la  Sénatorerie  de  Limoges  ne  me  donne  aucun  caractère  public  qui 
puisse  m'autoriser  ù  parler  au  nom  de  votre  ville  ni  à  solliciter 
directement  la  faveur  à  laquelle  vous  prétendez.  Cette  affaire  est 
dans  les  attributions  du  ministre  de  l'Intérieur  et  c'est  par  le  canal 
de  ce  ministre  seulement  que  cette  grâce  doit  vous  parvenir,  si 
l'Empereur  juge  à  propos  de  l'accorder.  Tout  ce  qui  m'est  permis 
dans  cette  circonstance,  c'est  d'engager  le  ministre  à  faire  un 
rapport  dans  son  plus  prochain  travail  avec  Sa  Majesté  et  de  le 
faire  dans  le  sens  le  plus  favorable. 

»  II  me  reste  toujours  à  me  féliciter  d'une  occasion  qui  me 
procure  l'honneur  de  vous  assurer  de  ma  parfaite  considération  et 
de  tous  les  sentiments  distingués  dont  je  vous  prie,  Monsieur  le 
Maire,  d'agréer  la  sincère  expression. 

»  Le  président  du  Sétiat, 
Signé  :  «  G.  Garnier  »  (2). 

(1)  Archives  municipales  de  Limoges,  D  (s.  n.). 

(2)  Archives  muoîcipaleji  de  Limoges,  D  (s.  n.). 


d 


302  SOGléTB  ARCBÉ0L06IQUK  fcT  B18T0RIQUB  DU  LIMODSIN 

De  son  côté,  le  ministre  de  Tlntérieur  accusa  réception  de  la 
requête  de  la  ville  dans  les  termes  suivants  : 

«  A  MM.  les  membres  du  Conseil  général  de  la  ville  de  Limoges. 

»  Messieurs,  Sa  Majesté  a  reçu  le  mémoire  que  vous  lui  avez 
adressé  pour  obtenir  que  la  ville  de  Limoges  soit  admise  au  nombre 
des  Bonnes  villes  de  TEmpire. 

»)  Sa  Majesté  vient  d'ordonner  le  renvoi  de  celle  demande  à  M.  le 
ministre  de  Tlntérieur. 

»  Agréez,  Messieurs,  les  assurances  de  ma  haute  considération. 

(Signature  illisible J  (1). 
»  Gompiëgne,  le  18  septembre  1811.  » 

Puisque  l'accès  aux  digûités,  aux  honneurs  et  aux  grâces  n'est 
ouvert  qu'à  ceux  qui  savent  se  rendre  agréables  au  souverain  par 
une  attitude  constamment  conforme  à  ses  vues,  il  convient  de 
rechercher  les  titres  particuliers  que  la  Haute-Vienne  pouvait 
faire  valoir  sous  ce  rapport.  Il  nous  faudrait  pour  cela  suivre  la 
marche  de  Topinion  publique  dans  ce  département,  savoir  ce  que 
les  contemporains  ont  pensé  des  régimes  successifs  et  si  divers 
sous  lesquels  ils  ont  vécu,  comment  ils  se  sont  comportés  en 
présence  des  événements.  En  un  mot,  avant  d'argumenter,  il  nous 
faudrait  faire  des  analyses  et  tirer  des  moyennes,  dégager  les 
facteurs  permanents  et  temporaires  qui,  s'unissant,  commandèrent 
les  faits  déterminants  de  la  vie  sociale,  tant  l'examen  d'une  institu- 
tion est  intimement  lié  à  la  connaissance  de  l'état  social.  C'est  cette 
enquête  que  j'ai  tenté  de  faire  en  la  restreignant  aux  traits  essen- 
tiels. Je  ne  me  suis  pas  interdit  toutefois  les  développements  et  les 
réflexions  tirés  de  faits  incidents  non  plus  que  le  recours  à  l'appoint 
d'accessoires  extra-historiques.  Bien  que  mon  enquête  se  soit 
étendue  à  tout  le  département,  elle  s'applique  plus  spécialement 
à  la  ville  de  Limoges.  Car  celle-ci  est  la  tête  et  le  cœur,  les  autres 
portions  de  Tassocialion  départementale  ne  sont  que  ses  prolonge- 
ments. Aussi  bien,  tel  chef-lieu  tel  département. 

Dans  la  reconstitution  concrète  du  milieu  social  qui  servira  de 
cadre  à  la  présente  étude,  nous  aurons  occasion  de  voir  à  l'œuvre 
des  individualités  de  haut  vol  :  soldats,  magistrats,  fonctionnaires, 
c'est-à-dire  des  fractions  de  ce  personnel  qui,  par  sa  permanence 
même,  forme  comme  l'ossature  du  régime  impérial.  Nous  pénétre- 
rons aiqsi  intimement  la  physionomie  morale  de  ces  personnages 
qui,  plus  tard,  donnèrent  le  spectacle  de  tant  de  palinodies. 

(1)  Archives  municipales  de  Limoges»  D  (s  n«).   . 


LIMOOBS   BT  LBS   BONNES   VILLES  303 

Le  déparletneDl  de  la  Haute-Vienne  s'était  montré  constamment 
fidèle  à  la  Révolution.  S'il  avait  donné  des  gages  de  son  amour  de 
la  liberté,  il  avait  entendu  ne  la  point  séparer  de  la  cause  de  l'ordre. 
Le  parti  jacobin  élait  resté  sans  racine  dans  la  masse  de  la 
population.  Non  pas  que  les  passions  aient  été  là  moins  vives 
qu'ailleurs  ou  exemples  de  violences;  mais  les  excès  commis 
furent,  le  plus  souvent,  le  fait  de  quelques  individus  pour  la  plupart 
étrangers  au  pays  et  ils  s'étaient  pour  ainsi  dire  fondus  dans  la 
tonalité  générale  d'une  majorité  franchement  modérée  (1).  Les 
convictions  des  citoyens  n'avaient  rien  d'hésitant  ou  de  timoré  : 
elles  étaient  le  fruit  d'une  volonté  mûrement  réfléchie.  Pourtant, 
après  le  dix-huit  thermidor,  ce  département  se  vit  dénoncer, 
publiquement  et  de  haut,  comme  un  foyer  d'anarchie.  Malgré  les 
elTorts  du  général  Jourdan,  qui  faisait  alors  partie  du  conseil  des 
Cinq-Cents,  sa  députaiion  fut  décimée  et  deux  de  ses  membres 
frappés  d'ostracisme  (2).  On  fit  même  aux  électeurs  limousins 
l'injure  imméritée  d'user  de  procédés  spéciaux  pour  capier  leurs 
votes  :  le  chiffre  des  sommes  mises  à  la  disposition  du  commis- 
saire du  pouvoir  exécutif  pour  cette  besogne  de  corruption  est 
connu  (3). 

Limoges  et  le  déparlement  accueillirent  avec  un  calme  absolu  la 
nouvelle  du  coup  d'Etat  de  brumaire.  Pas  un  instant,  semble-t-il, 
ils  ne  s'émurent  de  ce  qui  se  passait  à  Saint-Cloud.  L'administration 
exécuta  consciencieusement  les  ordres  venus  de  Paris  et  publia 
sans  difficulté  les  documents  qui  lui  furent  transmis  (4).  Parmi 


(l)Dè9  soQ  premier  rapport  au  ministre  de  rintérieur  (1802)  le  préfet 
de  la  Haute-Vienne  consiatc  que  ce  département  «  est  un  de  ceux  de 
la  République  où  les  excès  et  les  déchiremeuls  occasionnés  par  la 
Révolution  ont  été  le  moins  sensibles  ;  aussi  sa  tranquillité  n*a-t-elle 
presque  jamais  été  troublée  d'une  manière  alarmante.  »  (Archives  dépar- 
tementales de  la  Haute-Vienne,  H  1702). 

(2)  L'élection  des  citoyens  Dumas  et  Gay-Vernon  fut  annulée. 

{3j  «  Le  Directoire,  tout  en  rougissant,  croit  devoir  arrêter  une  distri- 
bution d'argent  qui  sera  faite,  dans  le  mode  suivant,  aux  préparateurs  et 
machinateurs  des  élections  ».  (Suit  un  état  nominatif  des  fonctionnaires  ou 
agents  particuliers  auxqueU  il  a  été  remis  des  fonds  sur  ceux  des  dépenses 
secrètes  pour  manœuvrer  les  élections  de  Tau  VI}.  Périgord,  commissaire 
central  du  pouvoir  exécutif  dans  la  Haute-Vienne  reçoit  2.000  francs.  Les 
sommes  remises  varient  entre  mille  et  trois  miUe  francs.  (Mémoire$  de 
Barras,  111,  497). 

(4)  Le  représentant  du  peuple  Ch.-Anl.  Chasset,  délégué  des  consuls 
dans  la  Si*  division  militaire,  se  borna  à  suspendre  de  ses  fonctions  Tun 
des   administrateurs  du  département,  à  réintégrer  douze  commissaires 


304  SOCIBTB  ARCHÉOLOGIQUE   KT  BISTOBIQOB   00  LIMOQSlK 

ceux-ci  se  trouvait  la  loi  du  19  brumaire  proclamant  entre  autres 
mesures  la  déchéance  de  leur  mandat  «  pour  les  excès  et  les 
attentats  auxquels  ils  s'étaient  constamment  portés  »  de  soixante- 
un  membres  jde  la  représentation  nationale,  au  nombre  desquels 
deux  députés  de  la  Haute-Vienne,  Jourdan  et  Bordas. 

Le  27  ventôse  an  VIII  (i8  mars  1800;,  le  citoyen  Pougeard- 
Dulimbert,  premier  préfet  de  la  Haute- Vienne,  est  installé  dans  ses 
fonctions.  Une  délégation  de  Tadministration  centrale  va,  précédée 
d'un  détachement  de  la  garde  nationale,  chercher  le  préfet  pour  le 
conduire  dans  la  grande  salle  des  délibérations  où  il  trouve  réunies 
toutes  les  autorités  venues  pour  le  saluer.  Il  est  harangue  par  le 
commissaire  du  gouvernement  qui,  avant  de  résigner  ses  fonctions, 
prononce  un  discours  dont  voici  Texorde  :  «  Nous  avons  traversé 
onze  années  de  révolution  et  cette  carrière  a  été  parsemée  de 
ruines.  Depuis  onze  ans  nous  parcourons  le  cercle  des  théories 
du  bonheur  social  et  depuis  onze  ans  nous  n'avons  éprouvé  que 
privations  et  misère.  Depuis  onze  ans  nous  courons  après  la  liberté 
et  nous  avons  été  alternativement  les  jouets  et  les  victimes  des 
factions  qui  se  sont  succédé  avec  tant  de  rapidité.  Depuis  onze  ans 
le  langage  de  la  fraternité  est  dans  toutes  les  bouches  et  les  pas- 
sions en  effervescence  ont  enfanté  les  divisions  et  les  haines. 
Enlin  depuis  onze  ans  les  nombreux  sacrifices  des  Français  devaient 
leur  assurer  un  édifice  politique  stable  et  nous  touchions  au  moment 
de  la  dissolution  sociale.  Enfin,  un  jour  heureux  est  venu  luire  sur 
la  France.  Ce  jour  a  comblé  l'abîme.  Sur  les  débris  des  factions  s'est 
élevé  un  gouvernement  fort,  majestueux  et  solide  »  (Ij. 

Avec  un  remarquable  esprit  d'à-propos,  M.  Pougeard-Dulimberl 
répond  en  évoquant,  à  son  etitrée  en  charge,  le  souvenir  de 
Turgot  :  «  Puisse,  dit-il,  le  génie  de  ce  grand  homme,  qui  fut 
républicain  à  la  cour  des  rois,  inspirer  toutes  mes  pensées,  diriger 
tous  mes  travaux.  »  Par  dessus  la  période  révolutionnaire,  période 
transitoire,  achevée  et  close,  il  relie  ainsi  le  présent  au  passé. 

Des  congratulations  réciproques  échangées  à  celte  occasion,  ce 
qu'il  faut  retenir  c'est  la  joie  franche  et  sincère  avec  laquelle  tous 
accueillent  la  On  de  la  révolution.  On  peut  enfin  compter  sur  un 
lendemain.  A  la  fièvre  des  passions  va  succéder  une  activité  réglée 
et  féconde.  «  La  révolution  est  finie  »,  a  dit  le  Premier  Consul,  et 
chacun  de  répéter  ces  mots  qui  signifient  :  retour  de  Tordre  et  de 

cantonaux  révoqués  après  le  30  prairial  an  VU  (18  juin  1799)  et  à  dissoudre 
une  association  politique  siégeant  à  Limoges  et  qui  se  réunissait  dans  la 
salle  des  exercices  de  l'Ecole  centrale. 
(I)  Archives  départementales  de. la  Haute- Vienne,  L  86. 


LlIfOOES  BT  LK8  BOHNBS  VILLES  30S 

]a  stabilité,  rétablissement  de  la  paix  extérieure,  restauration  du 
crédit  et  reprise  des  affaires. 

Le  citoyen  que  nous  venons  d'entendre  évoquer  la  mémoire  du 
plus  illustre  des  intendants  du  Limousin  n'était  pas  un  inconnu 
pour  tous  ceux  qui  Técoutaient.  Dans  son  auditoire,  il  put  remarquer 
entre  autres  Tex-procureur  syndic  du  déparlement,  Pierre  Dumas, 
avec  qui  il  s*était  plus  d'une  fois  trouvé  en  correspondance.  Dépulé 
de  la  sénéchaussée  d'Angouléme  aux  Etats-Généraux,  Pougeard- 
Dulimbert  devint  membre  du  comité  ecclésiastique  de  l'Assemblée 
constituante.  Le  20  février  1791,  il  traite  avec  Dumas  une  question 
relative  au  culte.  Sa  lettre  achevée,  il  ajoute  en  post-scriptum  : 
«  J'ai  appris  avec  plaisir  la  proclamation  de  votre  nouvel  évéque. 
Il  parait  qu'il  a  fallu  trois  tours  de  scrutin  et  que  le  Saint-Esprit  a 
été  bien  lent  à  descendre  sur  les  électeurs  »  (1). 

L'installation  du  conseil  général  suivit  de  près  celle  du  préfet  : 
elle  eut  lieu  le  1«'  thermidor  an  VIII  (20  juillet  1800).  Le  procès- 
verbal  de  la  première  réunion  ne  garde  trace  d'aucune  adresse  au 
gouvernement  ;  mais,  dès  la  session  suivante,  cette  assemblée  ne 
perdra  aucune  occasion  de  manifester  sa  conliance  et  son  admira- 
tion pour  Bonaparte,  Fréquents  et  chaleureux  seront  les  panégy- 
riques. Assurément,  on  peut  tenir  pour  affaire  de  convention  ces 
adresses  au  pouvoir  établi.  Elles  n'attestent  pas  moins  une  unani- 
mité absolue  dans  le  concert  d'allégresse  et  de  louanges. 

Le  9  février  précédent,  le  Premier  Consul  avait  pris  possession 
du  palais  des  Tuileries,  fait  infiniment  significatif,  premier  pas 
vers  le  trône.  Quatre  ans  plus  lard,  en  effet,  l'aigle  impériale  se 
substituait  partout  aux  faisceaux  consulaires. 

Au  mois  de  brumaire  an  XIII  (novembre  1804)  la  nation  fran- 
çaise était  appelée  à  se  prononcer  sur  la  proposition  suivante  : 
(c  Le  peuple  veut  l'hérédité  de  la  dignité  impériale  dans  la  descen- 
dance directe,  naturelle,  légitime  ei  adoptive  de  Napoléon  Bona- 
parte ».  Les  résultats  de  ce  plébiscite  témoignent  des  progrès 
extraordinaires  accomplis  dans  les  couches  sociales  par  l'idée 
napoléonienne.  Dans  douze  départements,  sur  les  cent  neuf,  la 
proposition  rallie  l'unanimité  des  voix  ;  dans  les  autres,  les  votes 
négatifs  varient  de  1  à  204.  La  Haute-Vienne  est  parmi  les  pre- 
miers :  19,822  citoyens  ont  répondu  affirmativement.  Il  est  vrai 
que  le  vote  a  eu  lieu  publiquement,  par  une  déclaration  inscrite 
sur  des  registres  ouverts  au  secrétariat  des  différentes  administra- 
tions et  des  municipalités,  aux  greffes  des  tribunaux  et  des  justices 

•   (l)Jkrcliivesdéparlemeniale8de  la  Uaute-Yienne^  L  36S. 


306  SOCléTÉ  ARCBÉOLOOIQUB  KT  BISTORIOVS  DU  UMODSIN 

de  paix  et  chez  les  notaires.  De  plus,  od  a  omis  de  mentionner, 
détail  important,  le  nombre  des  abstentions  (i). 

Y  ayait-ii  donc  eu  renversement  soudain  des  convictions  et 
abandon  des  principes  républicains?  Les  masses  s'étaient- elles 
subitement  désaffectionnées  de  toute  indépendance  ?  Non,  nos 
concitoyens  n'étaient  pas  hommes  à  crier  suivant  les  lemps  «  Vive 
la  nation  !  »  ou  «  Vive  Bonaparte  !  »  Mais  au  régime  de  violence  et 
d'oppression,  le  faisceau  des  convictions  et  des  aspirations  s'était 
rompu.  Les  esprits,  qu'agitait  une  sorte  d'inquiétude,  restaient 
vacillants.  Or,  le  coup  d'Etat  de  brumaire  avait  été  présenté  aux 
populations  désabusées  de  leur  rêve  de  liberté  comme  un  grand 
acte  de  salut  public,  précurseur  de  la  tranquillité  intérieure  et  de 
la  paix  extérieure,  susceptible  d'assurer  la  stabilité  des  institutions 
républicaines.  La  constitution  de  l'an  VIII,  œuvre  de  fatale  réaction 
politique,  n'en  consacrait  pas  moins  la  plupart  des  conquêtes 
sociales  de  la  Révolution.  De  plus,  jamais  la  France  ne  fut  aussi 
heureuse  que  durant  les  cinquante-quatre  mois  du  Consulat.  A  cette 
période  se  rattachent  le  code  civil  et  le  concordat,  l'affermissement 
de  nos  frontières  du  Rhin  et  des  Alpes,  l'organisation  adminis- 
trative, judiciaire,  financière,  coloniale,  ecclésiastique,  l'amnistie 
générale.  Bref,  le  pays  avait  eu  tout  au  moins  l'illusion  de  la  vraie 
force  et  de  la  vraie  grandeur.  Faut-il  s'étonner  que  les  esprits 
aient  subi  rallractlon  du  génie  qui  se  manifestait  avec  une  si 
admirable  puissance  ?  Le  rêve  fut,  d'ailleurs,  de  courte  durée. 

Quelques  années  à  peine  se  sont  écoulées  et  déjà  l'intellectualité 
des  Limousins,  absorbée  par  le  souci  journalier  des  affaires  qui 
avaient  reçu  un  nouvel  essor,  semble  n'accorder  nul  loisir  à  la 
politique.  La  soumission  des  citoyens  aux  lois  et  leur  déférence 
envers  les  représentants  du  pouvoir  n'impliquent  chez  euxTabdi- 
cation  ni  de  la  raison  ni  de  l'indépendance.  La  même  oligarchie  de 
familles  bourgeoises  qui,  au  xvui*  siècle,  détenaient  l'autorité 
municipale  et  les  offices  de  magistrature  et  de  finance  forme 
maintenantles  nouveaux  cadres  administratifs. La  haute  bourgeoisie 
est  donc  toute  acquise  au  gouvernement  impérial.  L'intérêt  per- 
sonnel comme  la  consigne  stricte  de  tout  fonctionnaire  le  porte  à 
un  dévouement  absolu.  Mais  la  grande  majorité  de  la  population, 
le  petit  peuple  attaché  au  négoce  ou  à  l'industrie  se  refuse  à  entrer 
<c  dans  le  système  ».  C'est  que  son  libéralisme  inquiet  ne  voit  pas 
sans  regret  l'œuvre  de  la  Révolution  détruite  pièce  à  pièce  par 
ceux  qui  en  eurent  la  garde.  Aussi  se  montre-l-il  singulièrement 

(1)  V.  le  recensement  des  votes  dans  le  BuZiefîii  des  Iqîb^  an  ](iil^  l.  ](XVU. 


LIMOGES  ET  LES  BONNES  VILLES  307 

enclin  à  ne  considérer  dans  le  souverain  que  le  despole.  C*est 
pourquoi  dans  les  villes  comme  dans  les  campagnes  (1),  à  demi 
dépeuplées  par  la  conscription  et  les  levées  extraordinaires,  on 
commémore  mollement  les  anniversaires  ;  les  fêtes  officielles  sont 
célébrées  avec  un  concours  médiocre  de  notabilités  locales.  Il  n*y 
a  pas  foule,  loin  de  là,  aux  Te  Deum  chantés  dans  Téglise  cathé- 
drale en  actions  de  grâces  des  victoires  remportées  par»  Sa  Majesté  » 
sur  «  les  troupes  »  des  autres  souverains.  Et  devant  ce  vide  du 
temple,  le  préfet  multiplie  pour  le  populaire  les  occasions  de  mani- 
fester sa  joie.  Il  prend  soin  de  faire  observer  que  «  ces  victoires  et 
la  reconnaissance  due  au  chef  auguste  de  la  nation  ne  doivent  pas 
seulement  être  célébrées  dans  les  églises,  mais  encore  par  tous 
les  citoyens  ».  Pour  entrer  dans  ces  vues,  un  feu  de  joie  sera 


(«)  Le  1^"  messidor  an  X  (20  juin  1801)  le  maire  de  Couzeix,  petite 
commune  des  environs  de  Limoges,  écrit  au  préfet  :  a  L'esprit  public, 
diaprés  sa  manifestation  aux  époques  marquantes  et  Topinion  sur  le  régime 
actuel,  est  entremêlé  d*atlaciiement  ci  d*indifféreace.  LMndifférence  est 
produite  par  le  défaut  d'instruction,  la  graude  multiplicité  des  occupations 
rurales,  l'habitude  de  la  jouissance  des  bienfaits  de  la  Révolution  et  par 
cette  propension  constante  de  Thomme  à  se  plaindre  plus  du  mal  qu'à  se 
louer  du  bien.  L'attachement  provient  du  souvenir  des  grandes  choses 
opérées  magiquement  sous  le  régime  actuel,  de  sa  comparaison  avec  les 
régimes  précédents  capable  d'inspirer  de  la  reconnaissance  aux  cœurs  les 
plus  froids.  » 

De  son  côté,  le  maire  de  Condal,  autre  commune  voisine  de  LimogeSj 
écrit  le  7  du  môme  mois  :  a  Gomme  notre  commune  n'est  composée  que 
de  cultivateurs  tout  occupés  des  travaux  ruraux,  ses  habitants  sont  assez 
indifférents  à  la  forme  du  gouvernement.  Leur  unique  ambition  est  d'être 
paisibles  et  de  pouvoir  jouir  en  repos  du  produit  do  leurs  travaux  ;  c'est  dans 
ce  principe  qu'ils  ont  tous  accueilli  avec  enthousiasme  la  proposition  taitepar 
le  gouvernement  de  coniinuer  le  consulat  de  Bonaparte  sa  vie  durant. 
Dans  le  même  principe,  ils  désireraient  dans  le  gouvernement  une  plus 
grande  stabilité  encore,  celle  que  lui  donnerait  la  successibilité.  Ils 
voudraient  encore  une  grande  élagalion  dans  le  nombre  des  fonctionnaires 
publics  bien  plus  nombreux  qu'autrefois  et  qui,  par  ce  qu*ils  coûtent  & 
l'Etat,  absorbent  la  majeure  partie  des  fonds  de  l'Etat  et  nécessitent  la 
continuation  des  impôts  qu'ils  trouvent  exorbitants.  Le  gouvernement  actuel 
doit  être  convaincu  de  cette  vérité,  c'est  qu'il  sera  jugé  par  la  classe  la 
plus  nombreuse  et  la  plus  essentielle  de  l'Etat  comparativement  à  celui 
plus  ancien,  dont  il  lui  retrace  la  mémoire  et  que  tout  abus  deviendrait 
Tobjet  de  sa  critique  et  de  son  mécontentement.  Car  le  paysan  est  plus 
clairvoyant  qu'on  ne  pourrait  le  croire  et  raisonne  plus  juste  que  se$ 
lumières  paraissent  le  supposer.  » 

Archives  départementales  de  la  Haute-Yîeqne,  M  1703. 


308  sociéré  aiigb£oi.ogique  et  historique  do  limousir 

allumé,  à  sept  heures  du  soir,  sur  la  place  de  la  mairie  et  il  y  aura 
bal  champêtre  (1). 

L'opposition  des  habitants  de  Limoges  se  manifeste  d'abord  sous 
la  forme  d'un  refus  des  présents  que  leur  offre  le  gouvernement. 
Elle  s'afQrme  notamment  à  Toccasion  de  Tinslilution  de  deux  grandes 
foires,  dites  <c  foires  impériales  »  qu'un  décret  du  14  octobre  4805 
fixait  aux  1^'  avril  et  22  septembre  de  chaque  année  en  assignant  à 
chacune  une  durée  de  onze  jours.  Déjà  les  marchands  et  les 
boutiquiers  s'étaient  prononcés,  à  la  presque  unanimité,  contre  la 
création  dans  cette  ville  d'une  bourse  de  commerce  qu'ils  jugeaient 
d'une  complète  inutilité  (2).  Il  n'avait  fallu  rien  moins  que  la 
promesse  formelle  de  l'ouverture  d'un  lycée,  instamment  sollicitée, 
pour  les  faire  revenir  sur  une  appréciation  mûrement  délibérée. 
Très  vile,  il  fui  démontré  que  la  bourse  n'avait  pas  sa  raison  d'être 
et  le  décret  consulaire  du  18  mars  1802  demeura  sans  autre  sanc- 
tion que  la  nomination  d'un  courtier  qui,  d'ailleurs,  n'exerça  pas. 
Or,  celle  fois,  les  pouvoirs  publics  s'étaient  abstenus  de  consulter 
non  seulement  les  intéressés,  mais  encore  leurs  représentants 
naturels,  les  officiers  municipaux  et  le  tribunal  de  commerce.  De 
là  de  vives  controverses  au  travers  desquelles  perce  l'esprit  d'op- 
position au  régime.  C'est  ainsi  que  l'auteur  des  Observations  sur 
une  lettre  anonyme  relative  aux  nouvelles  foires  de  Limoges  (3) 


(f)  Lettre  du  préfei  au  maire  de  Limoges,  14  novembre  1806  (Archives 
de  la  Haute-Vienne,  H  1091). 

(2)  Aux  lermes  de  Farrôlé  consulaire  du  27  veniôse  an  X  (18  mars  1802), 
Téglise  du  collège  était  affectée  à  la  tenue  de  la  bourse.  Le  nombre  des 
courtiers  de  commerce  pour  les  marchandises  et  le  roulage  ne  devait  pas 
excéder  six.  Les  droits  de  commission  et  de  courtage  devaient  être  perçus 
d*après  un  tarif,  conforme  à  Tusage  local,  arrêté  par  le  tribunal  de  com- 
merce. 

Limoges  possédait  aussi  : 

Un  Conseil  du  commerce  institué  au  mois  de  fructidor  an  IX  et  composé 
de  dix  commerçants  ou  fabricants; 

Une  Chambre  consultative  des  manufactures,  fabriques  et  arts  et  métiers, 
créée  par  décret  du  I2  germinal  an  XII  (2  avril  1804)  et  composée  de  six 
in(jlustriels. 

(3)  Brochure  in-t6  de  dix-huit  pages  (a,  L  n,  d,).  Cet  écrit,  qualifié  de 
libelle t  fut  saisi  le  M  mars  1805,  sur  Tordre  du  préfeti  à  raison  de  la 
phrase  suivante  que  ce  fonctionnaire  jugea  diffamatoire  :  «  Méfiez-vous  de 
ces  hommes  li  imagination  ardente,  à  volontés  impérieuses,  qui  poursuivent 
tète  baissée  les  chimères  de  leur  esprit  ».  M.  Pétiniaud-Champagnac, 
négociant  à  Limoges,  se  reconnut  Tauteur  de  cette  brochure  et  Timpri- 
meur  Chapoulaud  déclara  l'avoir  tirée  à  300  exemplaires.  —  Archives  muni- 
cipales dOgLimoges,  D  (s.  n.). 


UlkOélS   BT  LES  BOlfNBS  VILLES  iXA 

reproche  au  promoteur  de  cette  création,  c'est-à-dire  au  préfet, 
d'avoir  agi  par  surprise,  à  rencontre  des  véritables  intérêts  du 
département  et  aussi  contre  les  intentions  bienfaisantes  de  l'em- 
pereur. Les  détaillants,  qui  redoutaient  la  concurrence  des  étala- 
gistes forains,  se  coalisèrent  étroitement  sans  parvenir  cependant 
à  un  autre  résultat  immédiat  que  celui  d'amoindrir  sensiblement 
l'importance  des  deux  foires  (1). 

Aussi  bien,  dans  les  comptes  rendus  que,  dès  1802,  le  préfet 
Texier-Olivier  (2)  adresse,  mensuellement  d'abord  puis  trimestrielle- 
ment, au  ministre  de  l'Intérieur  sur  la  situation  du  département, 
sous  la  rubrique  «  esprit  public  »,  revient  sans  cesse  la  navrante 
constatation  du  même  état  flagrant  et  indissimulable  de  l'opinion  : 


(1)  «  Aux  deux  foires  impériales  qui,  d'année  en  année,  aUirent  un  plus 
grand  concours  d'acheteurs  et  commencent  à  rivaliser  avec  celles  de  Tulle 
et  de  Bordeaux,  on  trouve  dans  les  magasins  réunis  sur  la  place  de  Saint- 
Harlial  destinée  à  ces  foires,  toutes  sortes  de  marchandises  de  mode  et  de 
goût  en  bijoux,  argenterie,  écaille,  ivoire,  etc.,  de  jolie  porcelaine,  de  la 
quincaillerie,  de  la  draperie  et  un  assortiment  de  petits  meubles  et  joujoux, 
etc.,  etc.  »  {Calendrier...  delà  Sénatorerle  de  Limoges,  1810). 

V  Ces  foires  prendront,  en  dépit  du  commerce  de  celle  ville  qui  cherche 
à  les  faire  tomber  ou  à  en  obtenir  la  suppression...  Je  n'ignore  pas  que  ces 
foires  doivent  nuire  aux  intérêts  de  quelques  marchands  détaillants,  mais 
je  sais  qu'en  établissant  une  concurrence  utile,  elles  font  baisser  les  mar- 
chandises et  disparaître  ces  prix  arbitraires  et  excessifs  dont  on  se  plaignait 
généralement  et  favorisent  par  là  la  messe  de  mes  administrés  »  (Rapport 
du  préfet  au  ministre  de  Tlntérieur,  S  mai  1808]. 

Les  commerçants  faisaient  observer  que  leur  industrie  «  consistait 
principalement  dans  les  voyages  fréquents  que  les  marchands  de  Limoges, 
en  gros  et  en  détail,  font  à  différentes  époques  de  l'année  pour  aller 
acheter  dans  les  fabriques  ou  ports  de  mer  qui  présentent  le  plus 
d'avantages  à  l'acheteur  les  marchandises  ou  denrées  de  toute  espèce 
nécessaires  pour  fournir  aux  besoins  du  département  et  de  ceux  qui 
l'avoisinent,  soit  pour  alimenter  jusqu'aux  extrémités  de  la  France  les 
départements  les  plus  éloignés  qu'ils  savent  en  être  dépourvus.  Par  ce 
moyen,  Limoges  sert  en  quelque  façon  d'entrepôt  entre  le  Nord  et  le  Midi 
de  l'empire.  Ses  marchands  ne  cessent  de  transporter  du  Midi  au  Nord  et 
du  Nord  au  Midi  les  produits  ou  denrées  de  chaque  climat  en  fournissant 
toujours  autant  qu'ils  peuvent  les  contrées  intermédiaires,  notamment 
celles  dont  ils  sont  le  plus  rapprochés...  »  {Obseroatione...,  p.  8  et  9). 

La  première  conséquence  de  la  création  des  nouvelles  foires  fut  d'af- 
faiblir rimportance  de  celle  dite  de  Saint-Loup.  Si  bien  que,  dès  1808,  le 
préfet  était  d'avis  de  fusionner  les  foires  du  i^'  avril  et  du  %%  mai, 
beaucoup  trop  rapprochées.  En  1811,  il  constate  que  les  foires  impériales 
sont  toujours  en  décroissance. 

(i)  Avait  succédé  à  M.  Pougeard-Dulimbert,  le  9  mars  1802, 


310  i^OClirt  ARGH^LOGIQUK   «t  ttlStORlQUI  bU 

soumission  résignée  aux  lois,  absence  complète  d'enthousîasmet 
inertie  passive  de  tous  ceux  que  n'aiguillonne  pas  le  besoin  de 
parvenir  aux  honneurs. 

«  L'esprit  public  du  département  que  j'administre  —  écrit  le 
préfet  le  23  avril  1807  —  est  toujours  le  même  ;  on  n'y  rencontre 
ni  enthousiasme  ni  énergie,  mais  soumission  aux  lois,  résistance 
aux  suggestions  perfides  et  dévouement  absolu  à  l'empereur  (j'en 
excepte  les  lois  sur  la  conscription).  »  (1). 

Et  une  autre  fois  :  «  J'ai  déjà  observé  que,  quoique  les  disposi- 
lions  des  habitants  de  la  Haute-Vienne  fussent  en  faveur  du 
gouvernement,  on  n'y  rencontrait  cependant  point  d'esprit  public 
et  que  l'insouciance,  l'apathie  et  les  préjugés  du  plus  grand  nombre 
y  présentaient  des  obstacles  presque  invincibles.  J'ai  fait  jusqu'ici 
mille  efforts,  j'ai  employé  tous  les  moyens  que  m'offrait  l'autorité 
dont  je  suis  honoré  pour  retremper  leurs  âmes  sans  pouvoir  y 
réussir  (2).  Ils  exécutent  les  lois  sans  résistance  (celles  sur  la 
conscription  exceptées),  payent  sans  murmurer  leurs  contributions 
et  ne  sortent  de  leur  insensibilité  que  lorsque  leurs  cœurs  sont 
ébranlés  par  quelque  événement  frappant  »  (3). 

Et  encore  :  «  On  ne  peut  attendre  ni  énergie  ni  dévouement  de 
la  plupart  des  habitants  :  lents  et  apathiques  par  caractère,  ils  se 
passionnent  difficilement,  mais  ils  observent  les  lois,  ils  chérissent 
et  respectent  le  gouvernement  et  sont  incapables  de  former  ou 


(4)  Archives  déparieroenlales  de  la  Haule-Vienne,  M  1908. 

(2)  Le  préfei  Tcxier-Olivier  étail  cependant  un  homme  d'une  rare  énergie 
à  en  juger  par  certains  faits  relatés  dans  une  notice  que  lui  cousacra  le 
Dictionnaire  des  Jacobine  oioans  (Hambourg,  1790). 

Cétail,  de  plus,  un  administrateur  d'un  grand  mérite.  La  sagesse  de  ses 
vues  et  son  active  vigilance  étaient  fort  appréciées  en  haut  lieu.  A  maintes 
reprises,  il  reçoit  de  son  chef  hiérarchique  les  marques  de  satisfaction  les 
plus  flatteuses.  Le  3  mars  1807,  le  ministre  de  l'Intérieur  lui  écrit  :  «  Vous 
avez  satisfait  au-delà  même  de  ce  que  je  pouvais  espérer  aux  renseigne- 
ments que  vous  m'aviez  inspiré,  par  votre  compte  rendu  précédent,  le 
désir  d'avoir  sur  les  prisonniers  russes.  Vous  me  donnez  sur  le  produit 
moyen  des  châtaigniers  les  détails  que  je  vous  avais  demandés;  enHn 
vous  m*envoyez  la  traduction  en  limousin  que  j*avais  désirée.  Et  tout  cela 
vous  l'avez  tait  malgré  les  embarras  résultant  d*une  seconde  levée  de 
conscrits  dans  un  pays  où  la  première  était  orageuse.  Croyez.  Monsieur, 
que  je  sais  apprécier  le  mérite  de  celte  exactitude  qui  fait  que,  sans  rien 
ôtcr  aux  soins  admiuislratifs  d'une  importance  première  et  urgente,  on 
accorde  encore  aux  objets  secondaires  mais  utiles  le  degré  d*attention 
qu'ils  méritent  »  (Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  1908). 

(3)  Rapport  du  27  juillet  i  807  (Archives  départementales  de  la  liante- 
Vienne,  M  1908). 


LlllOGBS  BT  LES  bONNBS  VlLLfeS  i\  t 

même  d'entrer  dans  aucun  complot  inquiétant  pour  l'Etat  »  (1). 

Le  9  mai  1811,  le  préfet  écrit  encore  :  «  Des  qualités  aussi 
précieuses  sont  affaiblies  par  leur  résistance  aux  lois  sur  la  cons- 
cription :  ils  pnt  une  répugnance  presque  invincible  pour  le  métier 
des  armes  et  finissent  cependant  par  devenir  d'excellents  soldats. 
Instructions,  proclamations,  mesures  de  rigueur,  j'ai  tout  employé 
pour  vaincre  cette  répugnance  sans  pouvoir  y  réussir.  J'ai  la  preuve 
qu'on  ne  peut  rien  obtenir  ici  que  par  la  terreur.  Les  désertions 
sont  moins  nombreuses  que  les  années  précédentes,  mais  l'esprit 
d'opposition  a  conservé  toute  son  intensité.  Il  faut  s'armer  de  toute 
la  sévérité  de  la  loi  pour  les  détacher  du  sol  ingrat  qui  les  a  vu 
naître  et  qui  ne  leur  offre  qu'une  nourriture  grossière  et  l'existence 
la  plus  pénible.  » 

0  Ils  finissent  par  devenir  d'excellents  soldats  !  »  Hé  sans  doute  ! 
et  voici  pourquoi,  trois  ans  plus  tard,  quand,  devant  l'invasion,  le 
gouvernement,  au  nom  de  la  patrie  en  péril,  adressera  une  suprême 
invitation  à  tous  les  militaires  retraités  de  la  garde  impériale  en 
état  de  reprendre  momentanément  les  armes,  le  préfet  de  la  Haute- 
Vienne  pourra  écrire  :  v  Si  nul  n'a  répondu  à  mon  appel,  c'est  que 
les  soldats  de  celte  catégorie  ayant  quitté  l'armée  sont  ici  eu  très 
petit  nombre  et  tous  grièvement  blessés  »  (2). 

Enfin,  dernière  citation  extraite  d'un  rapport  du  6  mai  1813  : 
«  Il  est  peu  de  départements  où  l'esprit  public  ait  moins  d'énergie  ; 
mais  il  n'en  est  peut-être  point  où  il  soit  plus  stable....  L'exaltation 
de  l'imagination  brûlante  du  peuple  du  Midi  semble  s'être  arrêtée 
sur  les  confins  du  département  ;  mais  aussi  les  écarts  de  cette 
imagination  y  sont  inconnus  et  si  le  peuple  y  est  moins  enthousiaste, 
il  y  est  aussi  plus  difficile  à  séduire  :  s'il  y  est  moins  démonstratif,  il 
y  est  plus  vrai.  Le  cœur  et  la  raison  sont  ses  seuls  guides  o  (3). 

La  vérité  est  que  la  fréquence  des  mouvements  et  l'intensité  des 
secousses  imprimées  par  la  Révolution  avaient  jeté  le  peuple  dans 
un  état  d'insensibilité  qui  se  prolongea  longtemps  après  la  crise  et 
duquel  il  n'était  réveillé  que  par  des  objets  le  touchant  de  très  près, 
tels  que  les  impôts  et  la  conscription. 

Or,  à  quoi  eut  servi  que  le  nom  du  souverain  fût  prononcé  avec 
respect,  que  le  peuple,  dissimulant  son  aversion  ou  son  indiffé- 
rence, demeurât  prosterné  dans  Tobéissance,  s'il  restait  absent  de 
cœur,  inassimilable  et  dans  l'attitude  passivement  gênée  d'un  étran- 

(I)  Rapport  du  2  mai  4808  (Archives  départemeniales   de    la   Haute' 
Vienne,  M  1908). 
(9)  Archives  départemeniales  de  la  Haute- Vienne,  M  4796. 
(3]  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M.  1908. 


k\i  SOGIÉTft  ARCkiolOGlQÙR  It  lilSTÔRl^bl  bU  LlHOÛStM 

ger  simplement  domicilié  ?  Non,  il  fallait  qu'il  prit  réellement  con- 
fiance dans  le  régime  et  que  cette  confiance  se  traduisit  par  des 
actes  matériels,  perceptibles  et  immédiats. 

Selon  l'expression  de  M.  Taine,  le  préfet  est  à  la  fois  un  décor 
et  un  outil.  Comme  décor,  il  doit  avoir  le  goût  de  la  forme,  excel- 
ler dans  l'art  de  la  représentation.  C'est  sa  fonction  et  son  devoir 
d'embellir  de  sa  présence  non  seulement  les  grandes  cérémonies 
publiques,  mais  encore  toute  assemblée  de  citoyens.  Ce  sont  là  les 
intermèdes  sérieux,  le  souci  constant  de  sa  vie  administrative. 
Comme  rouage,  le  préfet  est  l'un  des  organes  d'impulsion  du  sou- 
verain. Sous  peine  de  laisser  soupçonner  une  imperfection  dans  le 
moteur  principal,  duquel  il  reçoit  la  pression  quotidienne,  il  doit 
remplir  son  office,  non  seulement  avec  zèle,  mais  avec  succès.  Son 
rôle  ne  consiste  pas  uniquement  à  lever  des  impôts  el  à  faire  mar- 
cher des  réfractaires.  Il  a  une  mission  de  propagande  et  d'assimi- 
lation. Rien  ne  doit  échapper  à  sa  connaissance  ou  se  dérober  à  sa 
direction.  Il  est  comptable  des  opinions  des  ses  administrés  comme 
de  leurs  actes,  de  leur  tiédeur  ou  de  leur  froideur.  Â  lui  de 
réchauffer  leur  zèle  politique  par  l'exemple  de  son  ardeur,  d'exal- 
ter leur  fidélité  par  d'entraînantes  allocutions.  Instrument  de  règne, 
il  lui  faut  produire  des  résultats  positifs.  Il  faut  que  ses  efforts  el 
sa  réussite  soient  visibles.  Or,  il  n'y  a  pas  à  dire,  en  Haute- Vienne, 
le  cerveau  populaire  demeure  obstinément  réfraclaire  au  redresse- 
ment qu'on  veut  lui  imposer. 

Cet  insuccès  persistant  est  susceptible  de  jeter  la  défaveur  sur  le 
thuriféraire  le  plus  expansif.  Le  préfet  Ta  bien  compris  et  c'est 
pourquoi  il  s'applique  à  fixer  les  influences  indéterminées  qui  agis- 
sent sur  les  populations  de  son  déparlemeol.  Cette  explicalion,  il 
la  doit  et  il  la  donne  ;  car  il  croit  l'avoir  trouvée  dans  la  triple 
cause  que  voici,  qu'il  énonce  avec  une  remarquable  assurance 
sinon  avec  une  pleine  conviction  :  ignorance  des  habitants,  gros- 
sièreté de  la  nourriture  servant  à  leur  consommation,  absence  de 
boissons  fermentées  dans  l'alimentation  publique  (1). . 

Au  point  où  en  sont  venues  les  choses,  c'est  à  peine  si  la  curiosité 
du  populaire  est  mise  en  éveil  par  le  passage  des  hôtes  de  marque, 
brillants  reflets  de  sa  gloire,  que  projette  un  peu  partout  l'astre 
impérial.  Un  fils  du  général  Souham  naît  à  Saint-Germain-les- 
Belles,  où  la  famille  possède  des  propriétés.  L'empereur  ayant 
accordé  au  père  la  faveur  insigne  de  faire  tenir  en  son  nom  Tenfant 
sur  les  fonts  du  baptême  parle  préfet  Texier-Olivier,  l'église  cathé- 

(f)  Rapport  du  97  juillet  1807.  (Archives  départementales  de  la  Haule- 
Vienue,  M  1908.) 


tiMÔOBI  tt  LKS  BONKES  VILLES  3l3 

drale  de  Limoges  est  choisie  pour  la  cérémonie.  Celle-ci,  présidée 
parFévêque,  a  lieu  le  10  février  1808,  en  grand  apparat.  Tout  ce 
que  la  ville  compte  de  fonctionnaires  et  d'autorités,  la  garde  natio- 
nale, des  détachements  des  différents  corps  militaires,  les  élèves  du 
lycée  font  escorte  à  M"'  Souham  et  à  son  enfant  à  travers  les  rues. 
Le  soir,  un  diner  de  quarante  couverts  et  un  bal  à  la  préfecture  ter- 
minent cette  fête  quasi  officielle.  Au  milieu  des  acclamations,  des 
toasts  et  des  discours,  il  n'est  pas  difficile  de  découvrir  l'invariable 
calcul  d'un  pouvoir  qui  rapportait  tout  à  lui-même  (1). 

La  naissance  du  roi  de  Rome  allait  porter  au  comble  l'enthou- 
siasme du  monde  officiel.  Fixé  d'abord  au  2  juin  1811,  le  baptême 
de  l'Aiglon  fut  remis  au  9  du  môme  mois.  Une  lettre  circulaire  du 
ministre  de  l'Intérieur  du  17  avril  annonçait  qu'à  celte  occasion  Sa 
Majesté  recevrait  avec  bonté  les  maires  des  Bonnes  Villes  qui  se 
rendraient  à  Paris  accompagnés  de  délégués  des  conseils  munici- 
paux. Il  leur  serait  alloué,  sur  les  fonds  de  l'Etat,  ua  crédit  suffi- 
sant pour  subvenir  aux  frais  de  leur  voyage,  pour  les  mettre  à 
même  de  paraître  d'une  manière  convenable  à  la  cérémonie  et  pour 
donner  à  leurs  gens  une  livrée  aux  armeç  de  la  ville.  Au  cas  où  ces 
armes  n'auraient  pas  encore  été  réglées,  il  était  expliqué  que  la 
livrée  serait  analogue  à  celle  que  la  ville  avait  autrefois. 

Ce.  fut  un  coup  affreux  pour  la  sensibilité  des  officiers  munici- 
paux de  Limoges.  Ils  se  remémorèrent  l'insuccès  de  leurs  démar- 
ches et  comprirent  qu'il  ne  servirait  à  rien  d'agiter  à  nouveau  dans 
le  vide  le  stérile  souvenir  d'un  passé  qui  ne  fut  pas  sans  grandeur. 
Aussi,  «  informés  que  beaucoup  de  communes,  à  l'iostar  des 
bonnes  villes,  ont  voté  des  députations  pour  assister  à  ces  céré- 
monies augustes  »,  ils  volent,  à  leur  tour,  dans  la  séance  du  lo  mai, 
une  adresse  à  l'empereur  et  désignent  quatre  des  leurs  pour  porter 
aux  pieds  du  trône  les  hommages  de  la  commune.  Leurs  délégués 
sont  :  MM.  Joseph-François  Noualhier,  maire  ;  Guillaume  Uuérin- 
Lésé,  avocat,  notaire  et  adjoint;  Jean-Baptiste-Paul  Bourdeau- 
Lajudie  et  François  Pouyat,  négociaots  et  membres  du  conseil 
municipal.  De  plus,  ils  chargent  leurs  dt^putés  de  taire  l'acquisition 
d'un  buste  de  Napoléon  pour  le  placer  dans  la  salle  des  séances  de 
la  municipalité. 

(1)  Supplément  au  Journal  de  la  Haute-Vienne  du  U  février  1808. 
C'est  une  circonslance  analogue  qui,  deux  ans  plus  tard,  conduisait  à 
Limoges  le  maréchal  Augereau  et  la  duchesse  de  Casliglione.  Nous  les 
voyons,  le  16  juillet  1810,  tenir  sur  les  fonts  baptismaux,  dans  Téglise 
cathédrale,  un  tils  de  M.  Michelon  du  Masbareau,  inspecteur  des  droits 
réunis* 


Si4  SOGléri  ARÔH^OLÔGIQUI  ET  ÉtSTOkfQnk  DiJ  tlttOUSUf 

L^administralion  trouva  bon  de  faire  coïncider  l'érection  de  ce 
buste  avec  le  baptême  du  prince  impérial.  La  journée  du  6  juin  fut 
donc  une  journée  d'allégresse.  «  Dès  le  malin  —  dit  le  compte 
rendu  officiel  —  les  places  publiques  devinrent  le  thé&tre  de  la  joie 
commune;  des  orchestres  invitaient  à  la  danse;  des  fontaines  de 
vin  coulaient;  le  plaisir  réunissait  tous  les  états,  rapprochait  tous 
les  rangs  ».  Cinq  jeunes  filles  furent  mariées  avec  d'anciens  mili- 
taires et  reçurent  chacune  600  francs  de  dot.  A  midi,  Te  Deum  à  la 
cathédrale  ;  après  quoi,  inauguration  à  la  mairie  du  buste  de  Tem- 
pereur.  Le  préfet  et  le  commandant  de  la  garde  nationale  déposèrent 
Tun  une  couronne  de  chêne,  l'autre  une  couronne  de  laurier.  Le 
soir,  dans  la  ville  brillamment  illuminée,  on  remarquait  des  trans- 
parents figurant  des  sujets  allégoriques  fort  ingénieux  tels  que 
l'union  du  Tibre  et  de  la  Seine,  etc.  Devant  ces  exhibitions  et  ces 
parades,  les  gens  bien  pensants  applaudissent  et  exultent;  les 
esprits  pointilleux,  les  simples  contribuables,  ont  le  mauvais  goût 
de  regretter  l'argent  parti  en  fumée. 

Deux  ans  se  sont  écoulés  depuis  lors.  L'astre  impérial,  qui  a  vu 
son  apogée  après  Friedland,  est  maintenant  à  son  déclin.  De  la 
vertigineuse  élévation,  des  gigantesques  entreprises  de  celui  qui, 
un  instant,  fut  le  maître  du  monde,  que  restera-t-il  bientôt?  Un 
ample  sujet  de  rédexions  sur  rinslabililé  du  pouvoir  qui  n'a  d'autre 
base  que  le  prestige  de  la  gloire  et  que  la  force  pour  appui,  de 
salutaires  enseignements  sur  les  limites  imposées  à  la  toute  puis- 
sance par  la  nature  môme  des  choses.  Après  les  gloires  du  triom- 
phe, les  humiliations  de  la  défaite.  L'empereur  connaît  déjà  les 
soudains  retours  de  la  fortune  lassée.  Dès  le  mois  de  septembre 
4813,  des  nouvelles  inquiétantes  parviennent  de  l'armée  d'Espagne; 
les  mouvements  rétrogrades  de  plusieurs  corps  de  l'armée  du  Nord 
ajoutent  à  l'anxiété  générale,  puis  les  revers  et  les  désastrent  se 
succèdent  avec  rapidité. 

Les  populations  eurent  cruellement  à  souffrir  de  cet  état  de 
choses  :  levées  extraordinaires  de  troupes,  formations  de  cohortes 
destinées  à  remplacer  ou  à  seconder  les  garnisons  de  l'intérieur, 
réquisitions  de  chevaux,  de  bœufs,  de  mulets,  exigeant  de  fortes 
avances,  augmentation  des  inppôts  dans  la  proportion  d'un  tiers  : 
tels  furent  les  sacrifices  réclamés  pour  l'effort  suprême. 

Dans  la  Haute- Vienne,  les  levées  s'opérèrent  sans  résistance  ni 
murmures;  les  avances  furent  faites  avec  autant  de  confiance  que 
de  célérité  et  la  prestation  en  argent  versée  avec  le  plus  louable 
empressement.  D'après  un  relevé  officiel  dressé  au  mois  d'avril 
iSHy  les  réquisitions  de  toute  nature  en  subsistances,  fournitures 
d'équipement  et  les  contingents  en  deniers  fournis  par  ce  départe- 


tittOGKS  tt  tIS  BONNES  VlLLtft  àl$ 

ment  pendant  six  mois  s'élevèrent  à  670,154  fr.  44  c.  (1).  Durant  ce 
temps,  Tordre  et  la  sécurité  publique  ne  furent  pas  un  seul  instant 
troublés.  Point  de  fermentation  dans  les  esprits,  mais  une  concep- 
tion très  nelte  de  la  tAche  héroïque  à  accomplir.  Les  citoyens  res- 
tèrent ce  qu'ils  s'étaient  toujours  montrés,  pleins  de  fermeté  et  de 
soumission. 

Cependant,  à  partir  du  28  janvier  1814,  les  progrès  menaçants 
des  alliés  s'accentuent  au  point  que  la  situation  apparaît  déses- 
pérée. L'indomptable  énergie  de  l'empereur  rappelle  la  fortune 
infidèle,  une  série  de  victoires  ranime  Tespérance,  puis,  de  nou- 
veau, le  sort  des  armes  se  tourne  conlre  lui;  les  événements  le 
trahissent,  le  hasard  se  fait  le  complice  de  ses  adversaires.  Et 
maintenant,  c'est  l'invasion  1  De  tous  côtés,  les  conquérants  du 
monde  se  replient  devant  les  troupes  de  la  coalition.  Gomme  les 
soldats  de  l'an  III,  ils  vont  pieds  nus,  en  plein  hiver.  Leurs  chaus- 
sures sont  usées.  Si  longue  fut  la  route  !  Les  3  et  5  février,  les 
hommes  de  la  9*  division  d'infanterie  de  l'armée  d'Espagne  sont 
de  passage  à  Limoges.  Un  accueil  chaleureux  leur  est  fait.  On 
s'aperçoit  qu'ils  manquent  de  souliers.  Que  faire?  La  ville  a  livré 
aux  réquisitions  toutes  ses  réserves.  La  municipalité  envoie  alors 
dans  les  campagnes  voisines  où  l'on  parvient  à  réunir  six  cents 
paires  qui  sont  offertes  à  la  colonne.  Bien  inutilement,  on  le  voit, 
le  ministre  de  l'Intérieur  avait,  le  26  janvier,  indiqué  les  formes  de 
la  réception  dans  les  villes  des  troupes  allant  combattre  l'ennemi. 
«  A  la  différence  de  beaucoup  d'autres  —  lui  fut-il  répondu  —  les 
départements  de  la  21'  division  militaire  sont  héréditairement 
étrangers  à  tout  enthousiasme  ;  ils  sentent  profondément  les  mal- 
heurs des  circonstances  et  les  devoirs  qu'elles  leur  imposent.  Jus- 
qu'à présent,  ils  y  ont  satisfait  avec  résignation  et  une  religieuse 
fidélité  »  (2).  . 

Pendant  que  les  événements  se  précipitent,  les  mécontents  et  les 
royalistes  répandent  des  nouvelles  alarmantes  et  des  écrits  perfides. 
Des  fonctionnaires  se  font  leurs  complices  en  ne  dissimulant  plus 
leur  découragement  et  en  affichant  leur  inertie.  D'autres,  qui  sen- 
tent le  sol  trembler  et  pensent  au  lendemain,  éludent  les  ordres 
reçus  par  désir  de  ne  pas  se  compromettre.  Il  en  est  qui  ne  se  font 
pas  scrupule  d'assister  à  des  conciliabules.  Ceux-ci  sont  fréquents 
et  parfois  inopinés. 

Le  9  février,  M.  de  Roulhac,  procureur  général  près  la  cour 
impériale  de  Limoges,  est  à  dîner,  en  compagnie  du  cardinal 

(1)  Archives  départementales  de  la  Haate-Vienne,  M  1908. 

(2)  Lettre  du  comte  de  Semonvilie  du  <•••  fiivrier  <814.  (Archives  dépar- 
tcmentaUs  de  la  Haaie- Vienne,  M  1796.) 


316  SOClÉTi  ARGtiéOLOGlQUB  Et  UrstORlOVB  DU  LlltOUSm 

Gabrieli  et  de  quelques  personnes  de  la  ville,  chez  son  ancien 
collègue  aux  Etats-Généraux,  Tabbé  Guingand  de  Saint-Mathieu, 
curé  de  Saint-Pierre-du-Queyroix.  Pendant  le  repas,  on  annonce 
un  prince  de  Rohan.  Un  étranger,  jeune  encore,  est  introduit;  il 
va  droit  au  cardinal  et  Tembrasse,  puis  au  curé  qu'il  embrasse 
aussi.  On  Tinvite  à  s'asseoir.  Il  raconte  qu'il  est  émigré,  officier  au 
service  du  roi  de  Prusse  et  qu'il  appartient  à  un  corps  de  troupe 
opérant  dans  le  Midi.  Puis  la  conversation  s'engage  sur  un  sujet 
que  Ton  devine.  Le  lendemain,  le  procureur  général  raconte  à 
l'oreille  du  préfet  l'aventure  de  la  veille.  Le  préfet,  qui  manque 
peut-être  de  clairvoyance,  contraint  M.  de  Roulhac  à  lui  répéter 
par  écrit  sa  confidence,  après  quoi  il  fait  arrêter  l'étranger.  Celui-ci 
déclare  être  gentilhomme  breton,  se  nommer  dlmbert  et  être  appa- 
renté aux  Rohan.  Il  rétracte  ou  nie  même  quelques-uns  de  ses  propos 
de  la  veille  et,  comme  il  a  emprunté  quelque  argent,  on  convient 
que  Ton  a  eu  affaire  à  un  escroc.  L'individu  est  retenu  en  prison, 
mais,  un  mois  plus  lard,  l'un  des  premiers  soins  du  gouvernement 
royal  est  d'ordonner  sa  mise  en  liberté  immédiate.  Beaucoup  mieux 
averti  qu'il  n'avait  voulu  le  paraître,  le  préfet  n'a  pas  attendu  cet 
ordre  et  il  reste  bien  établi  que  le  prétendu  d'Imbert  était  un  émis- 
saire du  parti  royaliste  (i). 

(1)  Archives  déparlementales  delà  Haute-Vienne,  M  4880. 

Je  ne  saurais  passer  sous  silence  «  un  complot  aussi  vaste  dans  ses  com- 
binaisons que  falal  dans  ses  conséquences  »  —  au  dire  du  préfet  de  la 
Haule-Vienne  —  qui  menaça  ce  départemeul.  Ce  projet  consistait  à  faire 
arriver  à  Limoges,  à  une  heure  après  minuit,  le  90  mars,  les  divers  déta- 
chements de  prisonniers  de  guerre  stationnés  dans  le  département  et  à  les 
réunir  à  ceux  qui  se  trouvaient  au  chef-lieu.  Les  conjurés  devaient  alors 
s'emparer  des  autorités  et  des  caisses  publiques,  désarmer  la  cohorte 
urbaine,  la  compagnie  de  réserve  et  la  gendarmerie,  organiser  six  batail 
Ions  d'infanterie  et  cinq  cents  hommes  de  cavalerie  en  s'emparant  des 
armes,  des  effets  d'habillement  et  des  munitions  et,  avec  cette  force, 
occuper  militairement  tout  le  département  de  la  Haute-Vienne,  le  piller 
et  le  livrer  ensuite  aux  Anglais.  «  Heureusement,  conclut  le  préfet  dans 
une  proclamation  à  ses  administrés,  le  complot  a  été  découvert  dans  la 
soirée  du  17  ». 

Tous  les  conjurés  étaient  des  officiers  appartenant  au  corps  espagnol 
désarmé  à  Bayonne  et  interné  dans  le  Centre.  Six  d*entre  eux  furent  tra- 
duits, par  ordre  du  commissaire  extraordinaire,  devant  une  commission 
militaire  siégeant  à  Bourges.  Quant  aux  ofGciers  appartenant  à  d'antres 
nationalités,  on  comptait  les  entraîner  au  moment  de  Texécution. 

C'est  rimpossibilité  où  Ton  se  trouvait  de  payer  la  solde  des  troupes 
autrefois  attachées  au  roi  Joseph  et  qui  séjournèrent  longtemps  dans  la 
Haute-Vienne,  qui  avait  provoqué  cette  menace  d'insurrection.  En  mai 
suivant,  il  leur  était  dû  de  1X0  à  140.000  francs.  (Archives  départementales 
de  la  Haute-Vienne,  M  1796). 


LIMOGES  ET  LES  BONNES  VILLES  317 

Avec  sa  profonde  connaissance  du  cœur  humain,  Tempereur  ne 
se  faisait  pas  illusion  sur  le  parli  qu'adopleraienl  la  plupart  de  ses 
fonctionnaires  dès  qu'il  serait  tombé.  L'attitude  prise,  au  mois  de 
décembre  1813,  par  le  Corps  législatif,  eut  suffi,  d'ailleurs,  pour 
rédifier  à  cet  égard.  Il  jugea  que  la  plupart  de  ces  hommes  qu'il 
avait  comblés  de  ses  faveurs  et  de  ses  bienfaits  lui  resteraient 
fidèles  jusqu'à  sa  chute  inclusivement  et  que  beaucoup  n'atten- 
draient même  pas  celte  échéance.  Reprenant  alors  une  tradition  du 
Consulat,  qui  lui-même  s'était  inspiré  de  la  Convention,  il  institua, 
par  décret  du  28  décembre,  des  commissaires  extraordinaires  qu'il 
dépêcha  dans  les  départements.  Leur  mission  de  surveillance  était 
dissimulée  sous  cette  formule  :  «  Ils  seront  chargés  non  des  détails 
de  l'administration,  mais  de  s'assurer  que  les  résultats  s'obtien- 
nent »  (4). 

Le  2  avril,  le  préfet  de  la  Haute-Vienne  constate  que,  malgré  les 
nouvelles  alarmantes,  le  dévouement  de  ses  administrés  ne  s'est 
pas  ralenti;  toutes  les  réquisitions  sont  remplies  avec  une  entière 
résignation.  Pourtant,  il  croit  s'apercevoir  que  le  courage  des 
citoyens  se  lasse  ;  les  impôts  directs  se  paient  avec  plus  de  lenteur  ; 
quelques  propos  commencent  à  circuler  contre  les  taxes  indirectes, 
quelques  tentalives  de  résistance  ont  même  déjà  eu  lieu  (2). 

Ce  fut  par  son  collègue  Pougeard-Dulimbert,  devenu  préfet  de 
l'Allier,  que  M.  Texier-Olivier  reçut,  le  4  avril,  le  bulletin  des 
armées  qui  n'avait  pu  paraître  au  Moniteur  et  qui  annonçait  l'occu- 
pation de  la  capitale  par  les  troupes  alliées.  <(  Je  remplis  près  de 
vous,  mon  cher  collègue,  une  bien  douloureuse  mission.  L'empe- 
reur et  l'honneur  nous  restent,  rien  n'est  désespéré  »,  —  écrit 
M.  Pougeard-Dulimbert  qui  a  la  foi  robuste  (3). 


(1)  Circulaire  du  ministre  de  Tlntérieur  aux  préfets,  S9  décembre  1813. 

Un  commissaire  impérial  extraordinaire  était  attribué  à  chaque  division 
militaire. 

La  S1«  division^  dont  le  chef-lieu  était  à  Bourges,  comprenait  les  dépar- 
tements du  Cher,  de  l'Indre,  de  l'Allier,  de  la  Creuse,  de  la  Nièvre  et  de 
la  Haute-Vienne. 

Le  comte  de  Semonville,  conseiller  d'Etat,  nommé  le  S8  décembre  4813, 
fut  le  premier  commisssiire  extraordinaire  pour  la  21*  division.  La  Restau- 
ration s'empara  de  cette  création  comme  de  bien  d'autres  et  envoya,  le 
3  mai  4814,  le  comte  Otto  de  Mosloy,  conseiller  d'Etat,  comme  commis- 
saire royal.  Il  fut  remplacé,  durant  les  Cent-Jours,  par  le  baron  Marchand, 
également  conseiller  d*Etat. 

(i)  Rapport  au  ministre  de  l'Intérieur.  (Archives  départementales  de  la 
Haute-Vienne,  M  1796.) 

(3)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  1796. 


318  SOClÉTi  ARCHiOLOGlQUB  IT   fllSTORlQUR  DU   LIMOUSIN 

Le  11,  à  dix  heures  du  soir,  le  Bulletin  des  lois,  renfermant  ]es 
actes  du  Sénat  relatifs  à  la  déchéance  de  Napoléon  et  à  réiévation 
au  trône  de  France  du  comte  de  Provence,  parvint  à  Limoges.  Ces 
actes  furent  portés  en  pleine  nuit  à  la  connaissance  de  la  popula- 
tion et  publiés  ensuite,  le  lendemain,  au  bruit  des  cloches  et  du 
canon.  Quelques  cris  de  «  Vive  le  roi  I  Vive  Louis  XVIII  !  »  se  firent 
entendre.  Dans  la  nuit  du  13  et  la  journée  du  14,  le  peuple,  prenant 
prétexte  de  cette  phrase  que  le  comte  d*Artois  jetait  aux  popula- 
tions accourues  pour  saluer  son  passage  :  ce  Vous  n'aurez  plus  à 
craindre  la  guerre,  la  conscription,  Todieux  impôt  des  droits 
réunis  »,  renversa  les  enseignes  de  plusieurs  bureaux  de  cette 
perception  et  se  porta  à  des  voies  de  fait  sur  les  préposés.  Les 
mêmes  scëne&avaient  eu  lieu,  quelques  jours  auparavant,  à  Saint- 
Yrieix  et  à  Saint-Junien  (1). 

Dans  la  journée  du  14,  après  la  publication  solennelle  des  actes 
du  gouvernement  provisoire,  on  put  voir  flotter  le  drapeau  blanc 
sur  la  préfecture.  Le  18,  en  exécution  d'ordres  supérieurs,  le  préfet 
prenait  un  arrêté  pour  ordonner  la  destruction  immédiate  de  tous 
chiffres,  emblèmes  et  armoiries  caractérisant  le  gouvernement  de 
Bonaparte. 

(1)  Le  44  avril  au  matin,  quelques  marchands  de  vin  entrent  à  Limoges 
sans  faire  de  déclaration  ei  sans  payer  les  droits.  Ou  les  fait  rechercher  : 
ils  allèguent  qu*on  n*a  rien  exigé  d'eux  sur  toute  leur  route,  qu'ils  étaient 
dans  la  persuasion  qu'il  en  serait  de  môme  à  Limoges  et  quMs  eut 
vendu  leur  vin  eo  conséquence.  D'autres  marchands  arrivent;  on  veut 
exiger  d'eux  les  droits  habituels  ;  instruits  de  ce  qui  s'était  passé,  ils  refu- 
sent. Le  peuple  s'en  mêle,  on  crie  haro  sur  les  préposés;  la  foule  grossit, 
se  porte  chez  le  directeur  et  chez  le  receveur  principal,  brise  les  glaces,  les 
meubles,  enlève  les  registres  et  les  brûle.  Quand  la  cohorte  urbaine  arrive, 
il  ne  lui  reste  plus  qu'à  dissiper  la  foule. 

Le  lendemain  45,  on  peut  craindre  à  tout  instant  une  nouvelle  insurrec- 
tion. Les  bouchers  refusent  formellement  d'acquitter  toute  espèce  de 
droits,  soit  d'octroi,  soit  de  régie.  Une  proclamation  que  le  préfet  fait  affi- 
cher est  de  suite  lacérée.  Le  maire  mande  quatre  notables  de  la  corpora- 
tion :  aucun  ne  se  présente.  Une  plainte  est  alors  adressée  au  procureur 
général  et  rcffcrvescence  parait  se  calmer.  Le  30  avril,  le  préfet  constate 
qu  à  la  suite  des  violences  exercées  sur  eux,  les  employés  supérieurs  des 
droits  réunis,  craignant  pour  leur  vie  et  celle  de  leurs  employés,  ont  sus- 
pendu toute  perception.  Le  2  mai,  les  bouchers  tentent  de  forcer  les 
portes  de  la  prison  pour  en  arracher  deux  des  leurs  arrêtés  pour  rébellion 
à  l'autorité. 

L'exemple  de  Bordeaux,  Périgueux,  Cahors  et  autres  villes  du  Midi,  avec 
lesquelles  ils  étaient  en  relations  journalières  de  commerce,  et  où  les 
impôts  indirects  étaient  suspendus,  avait  provoqué  la  résistance  des  habi- 
tants de  Limoges.  (Archives  départementales  de  la  flaute-Yienne«  M  4880}, 


LIHOSRS  ET  LIS  BONNES  VILLES  319 

Au  lieu  de  suivre  la  mauvaise  fortune  de  l'empereur,  aussitôt 
celui-ci  déchu,  M.  Texier-Olivier  s'efforça  de  dégager  sa  cause  de 
celle  de  sou  ancien  souverain  et...  d'un  pied  agile,  il  pirouetta  les- 
tement. Dès  le  H  avril,  il  avait  envoyé  son  adhésion  écrite  aux 
actes  du  nouveau  gouvernement;  le  S  mai,  il  signera  une  adresse 
au  roi  et,  deux  jours  après,  quand  sa  coopération  sera  sollicitée 
par  le  commissaire  royal  comte  Otto  de  Mosloy,  il  n'hésitera  pas 
à  lui  répondre  :  «  Je  vous  prie  de  croire  que  vous  trouverez  en  moi 
zèle  et  activité  pour  toutes  les  mesures  qu'il  vous  plaira  d'ordonner 
et  dévouement  entier  au  service  de  Sa  Majesté  Louis  XVIll  »  (4). 
Et  il  termine  en  lui  offrant  un  logement  à  la  préfecture.  Âh  I  croyez 
qu'il  lui  en  coûta  et  que  seul  l'intérêt  supérieur  du  maintien  de 
l'ordre  public  inspira  sa  détermination. 

Cet  empressement  à  se  rattacher  à  un  gouvernement  élevé  sur 
les  ruines  de  celui  qu'il  avait  si  longtemps  servi  fut  tenu  pour  ver- 
satilité et  valut  à  M.  Texier-Olivier  plus  d'une  avanie.  Des  malveil- 
lants entreprirent  de  le  déconsidérer  :  propos  injurieux,  pamphlets, 
chansons,  tout  fut  mis  en  œuvre  dans  ce  but.  Des  scènes  scanda- 
leuses se  produisirent  :  il  fut  bafoué  en  plein  théâtre  et  l'injure  fut 
telle  qu'il  se  vil  contraint  de  se  retirer  sous  les  sarcasmes  de  toute 
la  salle.  Ils  ont  crié  :  «  Â  bas  les  tyrans  des  provinces!  A  bas  la 
queue  du  Corse  1  »  déclara-t  il  au  ministre  dans  un  rapport  lar- 
moyant. Après  quoi,  homme  d'esprit,  il  prit  le  seul  parti  qui  conve- 
nait à  sa  position  :  il  se  tut  et  s'abstint  de  sévir  (2). 

Dans  sa  séance  du  4  mai,  le  conseil  municipal  de  Limoges,  resté 
en  fonctions,  comme  d'ailleurs  tous  les  corps  administratifs  et 
autres,  vote  une  adresse  au  roi  et  nomme  une  députation  chargée 
de  la  présenter  au  nom  de  la  ville.  Conduite  par  le  maire,  M.  Noual- 
hier,  chevalier  de  l'Empire,  cette  députation,  qui  partit  le  7,  était 
composée  de  MM.  Talandier,  avocat  général  et  conseiller  municipal; 
Guérin,  aîné,  conseiller  de  préfecture,  et  Mousnier-Buisson,  bâton- 
nier de  l'ordre  des  avocats,  ces  derniers  anciens  membres  du 
même  conseil. 

A  raison  des  incidents  tumultueux  relatés  ci-dessus  et  dans  les- 
quels le  préfet  était  directement  visé,  le  commissaire  extraordi- 


(1)  Archives  déparlementales  de  la  Haute-Vienne,  M  4796. 

(2)  Le  18  mai,  S.  A.  S.  M"^^  la  duchesse  de  Bourbon  arrive  incognito  à 
Limoges;  informé  de  son  passage,  le  préfet  se  rend  aussitôt  à  l*hôtcl  Péri- 
gord  pour  lui  rendre  ses  hommages.  Au  moment  où  il  traverse  la  foule 
groupée  devant  Thôtel,  il  est  encore  accueilli  par  des  cris  et  d'.s  lazzis, 
d'où  ane  dispute  entre  les  manifestants  et  les  partisans  du  préfet.  Celui-ci 
en  est  réduit  à  se  plaindre  au  commissaire  royal  ej^traord inaire.  (Archives 
de  la  Haute-Vieune,  M  1796}. 


3S0  BOaili  ARCflÉOLOGIQUE  ET  BISTORIQOI  DU  LIMODSIIf 

naire  du  roi,  à  son  arrivée  à  Limoges  le  2  juin,  descendil  à  Tévéché 
et  non  à  la  préfecture.  Le  6,  le  comte  Otto  lança  une  proclamation 
«  aux  Français  de  la  21*  division  militaire  »i  pour  leur  annoncer  la 
conclusion  de  la  paix(l).  Ce  fut  encore  le  préfet  qui,  accompagné 
du  maréchal  de  camp  Chauvel,  commandant  le  département,  et  des 
autorités  civiles  et  militaires  à  cheval,  publia  cette  proclamation 
aux  carrefours  de  la  ville.  Tant  de  loyalisme  de  sa  part  ne  fut  pas 
apprécié  en  haut  lieu  :  le  iO  juin,  M.  Texier-Olivier  était  remplacé 
par  le  comte  de  Brosses,  qui  fut  installé  le  3  juillet. 

G*est  ce  dernier  qui,  le  3  août  au  soir,  reçut  le  duc  d'Angouléme 
venant  de  Bordeaux  et  se  dirigeant  sur  Paris.  Le  prince  fut  accueilli 
fort  courtoisement  et  avec  tous  les  honneurs  dus  à  son  rang.  Cepen- 
dant, son  passage  avait  été  annoncé  pour  le  28  juillet;  les  prépa- 
ratifs furent  renouvelés,  mais  ce  retard  de  quelques  jours  avait 
suffi  pour  «  éteindre  dans  les  âmes  tiëdes  l'enthousiasme  dont 
S.  A.  R.  eut  été  frappée  à  son  arrivée  »  (â).  Serait  il  donc  vrai  que 
Tenlhousiasme  est  un  plat  qui  doit  être  servi  chaud  et  qui  ne  vaut 
plus  rien  dès  qu'on  le  laisse  refroidir  ? 

Pourtant  le  prince  avait  fait  une  ample  distribution  de  la  déco- 
ration du  Lis  créée  par  le  comte  d'Artois.  Sa  générosité  s'était 
étendue  à  tous  les  fonctionnaires  môme  d'un  ordre  inférieur,  aux 
officiers  de  la  garde  nationale,  aux  juges  de  paix,  etc.  El  Ton  avait 
vu  chacun  accepter  ou  môme  solliciter  cette  distinction  comme  une 
sauvegarde  pour  sa  position  (3). 

La  réception  du  duc  d'Angoulôme  donna  lieu  à  des  incidents 
qu'il  convient  de  rappeler,  parce  qu'ils  purent  aliéner,  dans  une 
certaine  mesure,  les  sympathies  du  prince  (4)  et,  par  suite,  inQuer 
fâcheusement  sur  le  résultat  des  démarches  que  la  ville  eoflreprit 
pour  obtenir  des  Bourbons  des  lettres  d'anoblissement. 

A  peine  le  duc  était  il  arrivé  à  l'entrée  de  la  ville  et  au  moment 
où  il  était  harangué  par  le  maire,  des  cris  répétés  de  :  A  bas  lou 

(1)  Le  placard  de  cette  proclamation  porte  une  en-tête  aux  armes  royales 
et  fut  imprimé  par  L.  Barboo,  qui  prit  à  cette  occasioa  le  litre  de  v  ancien 
imprimeur  du  roi  ». 

(S)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  30. 

(3)  Une  longue  liste  de  fonctionnaires  fat  dressée  et  approuvée  par  le 
comte  de  Damas,  secrétaire  des  commandements  du  prince.  Le  préfet  fut 
chargé,  parla  suite,  de  délivrer  tes  autorisations.  Elles  étaient  établies  sur 
papier  avec  en-iéte  aux  armes  royales  et  libellées  comme  suit  :  Son  AUetse 
royale  Monseigneur  le  duc  d'Angouléme  autorise  M à  porter  la  déco- 
ration du  Lie,  —  Limogée,  le 18 Î4. —  Le  préfet  de  la  Haute-Vienne, 

(4)  On  a  la  note  de  ce  que  coûtèrent  les  repas  qui  lui  furent  servis  à  la 
préfecture  et  la  liste  des  vins  qui  figurèrent  sur  sa  table. 


LIMOGES  ET   LES   BONNBS  VILLBS  32) 

rats  !  retentirent  à  ses  oreilles.  Dans  la  crainte  quMls  fussent  inter- 
prétés comme  séditieux  et  peut-être  traduits  par  :  A  bas  le  voit  le 
maire  se  hâta  d'expliquer  qu'il  s'agissait  d'une  manifestation  de 
quelques  membres  de  la  corporation  des  bouchers  contre  la  per- 
ception des  impôts  indirects.  Le  prince,  rassuré,  daigna  sourire. 
«  Cette  étincelle  de  sédition  —  est-il  dit  dans  un  rapport  —  a  été 
facilement  étouffée  par  le  bon  esprit  du  reste  des  habitants  et  n'a 
produit  d'autre  effet  que  de  provoquer  la  surveillance  de  l'autorité 
publique  sur  quelques  factieux  obscurs  qui  se  sont  signalés  eux- 
mêmes  »  (1). 

Il  me  reste  à  enregistrer  un  fait  de  plus  haute  gravité.  Dès  que 
le  passage  du  duc  d'AngouIéme  eut  été  anmmcé,  les  magistrats  de 
la  cour  d'appel  de  Limoges  décidèrent  d'aller  en  corps  lui  présen- 
ter leurs  hommages.  Or,  parmi  les  conseillers  se  trouvait  M.  Brival, 
ancien  député  de  la  Gorrèze  à  la  Convention,  qui,  dans  le  procès 
de  Louis  XVI,  avait  opiné  pour  la  peine  de  mort.  S'aulorisant  de  ce 
que  la  nouvelle  charte  constitutionnelle,  qui  avait  traduit  en  style 
légal  les  promesses  réitérées  du  frère  du  dernier  roi,  interdisait  la 
recherche  des  opinions  et  des  votes  émis  jusqu'à  la  Restauration,  il 
déclara  vouloir  se  joindre  à  ses  collègues.  Ceux-ci  s'émurent  de  son 
projet  et  le  Premier  Président,  qui  avait  naguère  tenté  de  l'amener 
à  se  démettre  de  sa  charge,  chercha  à  le  dissuader  tout  au  moins  de 
paraître  devant  le  prince.  Ce  fut  en  vain.  On  vit  alors  la  cour, 
toutes  chambres  assemblées,  faire  comparaître  M.  Brival  devant 
elle,  lui  représenter  que  l'oubli  du  passé  ne  pouvait  autoriser  un 
manquement  aux  convenances  et  finalement,  après  avoir  entendu 
ses  explications,  lui  intimer  formellement  Tordre  de  s'abstenir. 

L'ex-conventionnel  se  conforma-t-il  à  cette  injonction,  comme 
il  semblait  s'y  être  engagé  devant  l'avis  unanime  de  ses  collègues? 
D'aucuns  affirment  qu'il  passa  outre  et  qu'il  parut  devant  le  duc 
d'Angouléme.  Cette  détermination  aurait,  dit-on,  provoqué  une 
scène  d'une  violence  extrême.  La  voix  du  sang  —  ou  peut-être  seu- 
lement la  raison  d'Etat  —  aurait  porté  le  prince  à  faire  chasser  le 
régicide  de  sa  présence  par  des  laquais.  De  cette  scène,  il  n'est 
resté  aucune  trace  dans  la  correspondance  officielle  relative  à  la 
visite  du  duc  d'Angouléme,  ce  qui,  à  vrai  dire,  n'est  pas  un  motif 
suffisant  de  la  tenir  pour  invraisemblable.  Car,  alors,  il  resterait  à 
rechercher  pourquoi,  treize  jours  plus  tard  (16  août),  Brival  était 
dépossédé  de  son  siège. 

Le  6  octobre,  a  lieu  l'installation  de  la  nouvelle  municipalité  de 
Limoges,  nommée  par  le  roi  et  à  la  tête  de  laquelle  est  placé  le 

(1)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  iZ%, 


dâ2  SOCIÉTÉ  ARGBÉOLOOIQVX  ET  IISTORIQUI  BU  LlMOVSIIf 

comte  de  Villelume,  ainsi  que  la  prestation  de  serment  de  plusieurs 
fonctionnaires  de  la  préfecture.  Cette  double  cérémonie,  présidée 
par  le  préfet,  a  lieu  dans  la  grande  salle  de  Thôtel  de  ville.  Des 
discours  sont  prononcés  et  un  orchestre  d*amateurs  fait  entendre 
des  airs  de  circonstance. 

Le  même  conseil  général  qui,  depuis  si  longtemps,  ouvrait  ses 
sessions  par  une  prestation  de  serment  à  l'empereur,  tient  séance 
du  20  au  25  octobre.  Dès  le  premier  jour,  il  vote  une  adres.se  au 
roi  :  (c  Sire,  le  conseil  général  du  département  de  la  Haute- Vienne 
se  félicite  d'ouvrir  sa  session  sous  les  heureux  auspices  d'un  gou- 
vernement paternel.  La  vie  et  les  biens  des  Français  ne  seront 
plus  le  jouet  d*un  conquérant  ambitieux...  Le  dernier  terme  a  été 
posé  et  Tarbitraire  a  disparu.  Sire,  vous  avez  sauvé  la  France  sur 
le  penchant  de  sa  ruine.  Votre  haute  sagesse  lui  rendra  son  anti- 
que splendeur  et  toute  sa  prospérité...  »  Remplacez  «  gouverne- 
ment paternel  »  par  «  règne  glorieux  »  et  «  antique  splendeur  » 
par  «  puissante  protection  de  Taigle  »,  vous  aurez  le  texte  de  Tune 
de  ces  adresses  de  félicitations,  de  correcte  banalité,  qui  avaient 
exprimé  périodiquement  les  sentiments  d*une  invariable  fidélité  à 
l'empereur.  C'est  toujours  même  esprit  et  même  style. 

Avait-il  été  question,  au  cours  de  la  visite  du  duc  d'Àngouléme 
ou  encore  dans  l'audience  accordée  par  le  roi  à  la  délégation  limou- 
sine, de  l'espoir  que  nourrissait  la  municipalité  d'obtenir  du  nou- 
veau gouvernement  le  litre  que  la  ville  avait  vainement  sollicité  de 
l'Empire?  Bien  que  cela  soit  vraisemblable,  je  ne  saurais  en  fournir 
la  preuve  et  les  causes  qui  provoquèrent  la  lettre  qu'on  va  lire  me 
sont  restées  inconnues. 

u  Limoges,  le  22  novembre  1814. 

»  Le  SouS'Préfet  de  VarroMissement  communal  de  Limoges, 
»  A  Monsieur  le  Maire  de  Limoges. 

»  Monsieur, 

»  Un  décret  du  3  messidor  an  12  a  désigné  les  villes  dont  les 
maires  doivent,  aux  termes  de  l'article  57  du  sénatus-consulte  du 
28  floréal  précédent,  assister  au  couronnement  du  souverain.  Ces 
villes  ont  été,  par  ces  mesures,  classées  an  nombre  des  bonnes 
villes  du  royaume.  Depuis,  quelques  autres  ont  obtenu  la  même 
faveur. 

»  S.  E.  le  Ministre  de  l'Inlérieur  désire  savoir  si  la  ville  de 
Limoges,  qui  n'a  point  été  comprise  au  nombre  des  bonnes  villes 
par  le  décret  du  3  messidor  an  12,  l'aurait  été  par  quelque  décret 
postérieur  ou  si,  à  une  époque  antérieure  à  1789,  elle  aurait  joui 
des  prérogatives  attachées  à  cette  qualité.  Dans  ce  cas,  veuillez,  je 


LIMOGES  BT  LU  BONNES  YILLB8  3âd 

VOUS  prie,  joindre  à  voire  réponse  une  copie  des  actes  ou  titres  qui 
auraient  accordé  cette  faveur  à  la  ville  de  Limoges. 

»  S.  £.  le  Ministre  de  rinlérieur  désire  être  promptemept  fixé  à 
cet  égard. 

»  Agréez,  Monsieur  le  Maire,  l'assurance  des  sentiments  d'atta- 
chement et  de  considération  avec  lesquels  j'ai  l'honneur  d'être 

»  Votre  très  humble  serviteur. 

)>  Signé  :  GuÉmn  aine  »(i). 

La  réponse  de  la  municipalité  ne  se  fit  pas  attendre.  Elle  consista 
dans  la  remise  du  mémoire  suivant  : 

Réclamation  de  la  ville  de  Limoges  pour  être  comprise  au  nombre 

des  Bonnes  Villes  du  royaume, 

»  Avant  1790,  la  ville  de  Limoges  ne  jouissait  point  du  titre  et 
des  privilèges  des  bonnes  villes  du  royaume  quoique,  sous  plusieurs 
rapports,  cette  faveur  eût  dû  lui  être  accordée. 

»  Après  les  séuatus-consulle  du  28  floréal  et  décret  du  3  messidor 
an  12,  elle  forma  une  demande  tendante  à  obtenir  ce  privilège, 
auquel  elle  ajoutera  maintenant  beaucoup  plus  de  prix  si  elle  le 
reçoit  de  la  bienveillance  et  de  la  bouté  du  souverain  légitime  qui 
esl  aussi  heureusement  venu  réparer  les  maux  de  la  France  et 
rétablir  sa  véritable  gloire. 

»  Le  12  juillet  1810,  le  conseil  général  de  la  commune  prit  une 
délibération  pour  solliciter  le  titre  précieux  de  bonne  ville.  Ce  vœu 
fut  porté  au  gouvernement  d'alors  qui  parut  disposé  à  l'accueillir 
suivant  l'avis  que  donna  au  maire  le  ministre  secrétaire  d'Etat  par 
sa  lettre  du  18  septembre  1811.  La  demande  et  les  pièces  à  Tappuy 
doivent  se  trouver  au  ministère  de  l'Intérieur,  où  elles  avaient  été 
envoyées  et  déposées. 

fc  Aujourd'huy,  les  droits  et  les  titres  delà  ville  sont  les  mêmes  ; 
elle  ne  peut  qu'y  ajouter  son  amour,  son  dévouement  à  l'auguste 
famille  des  Bourbons  et  le  bonheur  inappréciable  de  tenir  d'un 
monarque  vénéré  et  adoré  le  titre  glorieux  qu'elle  sollicite  aujour- 
d'huy avec  bien  plus  d'empressemenL 

»  Le  Limousin  ayant  pour  capitale  Limoges,  qui  l'est  aujourd'huy 
du  département  de  la  Haute-Vienne,  était  anciennement  très  consi- 
dérable par  sa  population.  Il  fournit  dix  mille  combattans  contre 
César.  Devenu  province  romaine,  Limoges  sa  capitale  fut  embelli 
et  agrandi  par  des  édifices  majestueux  :  temples,  capitoles,  palais, 

(1}  Archives  munioip^les  4e  Limogea,  0  (&,  d.), 


dS4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUB  ET  HI8T0R100B  ÛD  LIMOUSIN 

amphilhéâlre,  prétoire,  grandes  roules,  aqueducs,  tout  fut  employé 
pour  annoncer  la  magnanimité  de  ses  gouvernans  et  Tindustrieuse 
activité  de  ses  habitans. 

»  Les  proconsuls  romains  y  fixèrent  leur  séjour  pendant  120  ans. 
A  celle  époque,  saint  Martial,  apôtre  d'Aquitaine,  y  apporta  la  foi 
chrétienne  dont  la  pureté  a  été  maintenue  et  constamment  pro- 
pagée. 

»  Limoges  fut  le  centre  de  la  correspondance  et  de  la  recette 
générale  des  Gaules.  Cinq  siècles  de  prospérité  et  de  gloire  ne  la 
sauvèrent  pas  de  Tirruption  et  de  la  fureur  dévastatrice  des  Goths. 
Clovis  le  Grand  la  délivra  de  ce  fléau. 

»  Quelques-uns  des  rois  de  la  première  race  y  firent  un  séjour 
momentané.  Plusieurs  de  la  seconde  dynastie  y  habitèrent.  Le  fils 
de  Charles-le  Chauve  fut  couronné  à  Limogies  roi  d'Aquitaine. 
Parmi  les  rois  de  la  troisième  race,  il  y  en  eut  qui  Thonorèrent  de 
leur  présence. 

»  Le  Limousin  et  Limoges  érigés  en  vicomte  tombèrent  dans  la 
maison  de  Blois  jusqu'en  1600,  qu'ils  passèrent  dans  la  maison 
d'Albret,  ensuite  sous  la  domination  des  Bourbons  qui  les  réuni- 
rent à  la  Couronne. 

»  La  population  de  Limoges  était  encore  bien  nombreuse  sous  le 
grand  et  l'immortel  Henri,  puisque  à  son  entrée,  la  bourgeoisie 
mit  sous  les  armes  cinq  mille  hommes. 

»  Limoges  fut  toujours  fidèle  à  ses  rois  ;  il  a  soutenu  divers  sièges 
pour  eux  et  pour  leur  cause. 

»  Sa  population  était,  en  1789,  de  vingt  mille  âmes  au  moins.  Il 
était  le  centre  d'une  grande  et  vaste  généralité  dont  on  forma  plu- 
sieurs départemens  tels  que  la  Creuse,  la  Corrèze,  la  Charente  ;  il 
y  avait  un  diocèse  très  étendu,  un  présidial,  bureau  des  finances, 
hôtel  des  monnaies. 

»  Placé  au  centre  de  la  France,  Limoges  a  toujours  été  l'entrepôt 
d'un  grand  commerce  bonifié  par  l'industrie  et  le  zèle  de  ses  habi- 
tans. La  probité,  la  solidité  du  commerce  étaient  si  répandus  et  si 
connus  qu'on  la  surnommait  la  ville  vierge.  On  ne  savait  pas,  à 
Limoges,  ce  que  c'était  qu'une  banqueroute.  11  y  en  a  eu  fort  peu 
même  dans  les  temps  orageux  de  la  révolution  et  du  despotisme, 
encore  ont-elles  eu  presque  pour  unique  cause  les  malheurs  insé- 
parables des  grands  événements  politiques. 

»  Population  :  environ  vingt-deux  mille  âmes. 

»  Centre  et  entrepôt  de  presque  tout  le  commerce  territorial  et 
manufacturier  de  la  France,  portant  du  Nord  au  Midi  et  du  Nord  au 
Midi  le  produit  de  l'industrie  française  par  six  grandes  routes, 
dont  trois  de  première  classç  et  trois  de  deuxième. 


tlltCXÎBS  Et  Us  âOHlKS  TtLLtS  Sl$ 

»  Son  commerce  est  respecté  et  considéré;  il  est  généralement 
riche  el  aisé;  il  fournit  et  alimente  plus  de  trente  départemente- 
mens  qui  viennent  y  a  boutir  pour  leurs  besoins  et  consommations. 

»  Limoges,  ctieMieu  du  département  de  la  Haute-Vienne,  la 
seule  ville  importante  et  populeuse  entre  Paris  et  Toulouse;  chef- 
lieu  d'une  ci-devant  sénatorerie;  un  évéché,  une  cour  royale  ayant 
dans  son  ressort  les  trois  départemens  de  la  Uaule-Vienne,  Creuse 
etCorrèze;  un  tribunal  de  première  instance,  de  commerce,  une 
bourse,  une  académie,  un  lycée,  un  hôtel  des  monnaies,  en  un 
root  Limoges  réunit  tous  les  étabHssemens  dont  jouissent  les  plus 
grandes  villes. 

»  Longtemps  comprimée  par  quelques  agens  de  la  Terreur  et 
ensuite  par  ceux  de  ia  tyrannie,  la  ville  de  Limoges  semblait  prendre 
peu  de  part  aux  agitations  politiques.  11  y  eut  bien,  peut-être,  quel- 
ques exagérations  dans  les  opinions  privées  et  individuelles;  mais, 
du  moins,  elle  peut  sMionorer  de  n'avoir  pas  vu  couler  dans  ses  murs 
le  sang  :  point  d'échafauds,  point  de  tribunaux  révolutionnaires. 

»  A  la  première  nouvelle  des  événemens  du  31  mars,  ia  cocarde 
blanche  fut  arborée  avec  élan  et  enthousiasme;  l'expression  du 
sentiment  public  pour  Tauguste  famille  des  Bourbons  ne  fut  point 
équivoque  :  Son  Altesse  royale  Mgr  le  duc  d'Angoulôme  en  a  reçu, 
quelques  mois  après,  des  témoignages  universels  auxquels  il  parut 
sensible. 

»  Par  sa  population,  son  site  et  son  état  actuels,  la  ville  de 
Limoges  croit  avoir  autant  d'espoir  au  titre  de  bonne  ville  que  plu- 
sieurs autres  cités  du  royaume  qui  jouissent  de  cette  faveur  par 
des  droits  bien  moins  certains  et  notamment  une  moindre  popula- 
tion. De  ce  nombre  sont  et  par  comparaison  : 

Bourges 16.000  habitans 

Dijon 18.000      — 

La  Rochelle 17.000      —     ' 

Nice dS.OOO      — 

Tours 20.000      — 

populations  inférieures  à  celle  de  Limoges. 

Montauban 2i  .000  habitans 

Grenoble 22.000      — 

populations  égales  à  celle  de  Limoges. 

»  La  ville  de  Limoges  ose  donc  se  flatter  que,  dans  la  distribution 
de  ses  grâces,  Sa  Majesté  daignera  lui  accorder  le  titre  de  bonne 
ville  et  ia  fera  jouir  des  droits  et  privilèges  qui  y  sont  attachés. 

»  Le  Maire  de  la  ville  de  Limoges  »  (i). 
(I)  Archives  municipales  de  Limoges,  D  (s.  n.}. 


L'aflàire  en  resta  là;  mais,  i  partir  de  ce  momeiil^  le  conseil 

municipal  semble  avoir  voulu  multiplier  les  témoignages  de  son 
attachement  aux  Bourbons.  Le  13  janvier  1815,  il  rédige  une 
adresse  de  dévouement  au  roi.  Le  18,  il  vote  une  subvention  de 
300  fr.  pour  concourir  à  Térection  de  la  statue  de  Henri  IV.  Une 
autre  occasion  allait  s'offrir,  qui  lui  permettrait  de  manifester  hau- 
tement ses  sentiments  pour  la  famille  royale. 

Le  2  mars,  le  duc  et  la  duchesse  d'Angouléme,  qui  avaient  quitté 
Paris  le  27  février,  se  dirigeant  sur  Bordeaux  avec  Tintenlion  de 
se  rendre  ensuite  en  Bourgogne,  passèrent  à  I^imoges.  Ils  y  avaient 
été  précédés  par  le  maréchal  Mac-Donald,  gouverneur  de  la  21  •  divi- 
sion militaire,  qui  les  reçut  à  leur  arrivée.  Salves  d'artillerie,  son- 
nerie des  cloches,  arcs  de  verdure,  harangues  et  ovations,  groupes 
de  jeunes  filles  offrant  des  fleurs,  réception  des  autorités,  illumina- 
tions, dîner  à  la  préfecture,  tout  Tordinaire  attirail  des  pompes 
officielles  fut  déployé  en  cette  circonstance  (i).  Le  lendemain,  à 
sept  heures  et  demie,  le  prince,  accompagné  du  duc  de  Tarente, 
passe,  sur  la  place  d'Orsay,  une  revue  de  la  garde  nationale  et 
distribue  des  décorations.  Après  quoi  il  se  rend,  en  compagnie  de 
la  duchesse  d'Angouléme,  à  la  cathédrale,  où  ils  entendent  la 
messe.  Aussitôt  après,  ils  reprennent  le  cours  de  leur  voyage.  De 
celte  réception,  il  nous  est  resté  une  relation  très  détaillée  qui  se 
termine  par  ces  mots  :  «  Le  bon  ordre  a  constamment  régné.  La 
réunion  des  citoyens  de  toutes  les  classes  ne  présentait  qu'une 
grande  famille  animée  du  même  sentiment  :  amour  et  fidélité  invio- 
lable aux  Bourbons.  LL.  AA.  RR.  ont  paru  très  satisfaites  de  ces 
témoignages  d'attachement  »  (2).  Eh  bien,  j'ai  des  raisons  de  croire, 
malgré  celte  affirmation,  que  les  habitants  de  Limoges  demeurè- 
rent très  modérés  dans  leur  enthousiasme  et  que  le  feu  d'artifice 
populaire  ne  partit  pas  sans  quelques  ratés. 


,(!}  Les  bouchers  furent  cruellemenl  punis  de  leur  manifestation  da 
3  août  précédent.  A  la  lettre  de  leur  syndic  réclamant  une  place  aux  côtés 
du  prince  dans  le  cortège,  le  maire  de  Limoges  répondit,  le  \^  mars  : 

c(  La  réclamation  que  vous  avez  faite  pour  assister  à  la  réception  et  à 
l'entrée  de  LL.  Aâ.  RR.  Madame  et  Mgr  le  duc  d'Angouléme  n'a  point  été 
accueillie. 

»  Depuis  la  suppression  des  corporations,  les  bouchers  ne  peuvent  pré- 
tendre ni  exercer  aucun  privilège  et  ils  ne  peuvent  être  légalement  recon- 
nus  ni  comme  corporation  civile,  ni  comme  corporation  militaire  ;  consé- 
quemmenl,  ils  ne  doivent  tenir  aucun  rang  ni  aucune  place  dans  le  cor* 
tdge.  »  (Archives  municipales,  («orrespondance  du  maire  de  Limoges.) 

(S)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  30. 


tilkooes  KT  Lia  BONNES  Villes  iif 

Pendant  ce  temps,  l'empereur  débarquait  au  golfe  Juan.  Le  10, 
il  est  à  Lyon  et  le  20  à  Paris.  De  nouveau  c'est  alors  sur  toutes  les 
routes  et  dans  toutes  les  antichambres  le  plus  plaisant  chassé- 
croisé  de  gros  personnages,  de  grands  dignitaires  et  de  hauts  fonc- 
tionnaires, les  uns  quittant  leurs  charges,  les  autres  rejoignant 
leurs  postes,  spectacle  plein  de  contrastes  prêtant  à  matière  philoso- 
phique. Longtemps  le  commissaire  royal  comte  de  Mosloy  employa 
pour  sa  correspondance  ofQcielle  un  superbe  papier  dont  le  fili- 
grane, très  apparent,  présentait  deux  médaillons,  l'un  renfer- 
mant reflBgie  laurée  de  Tempereur,  saillante  de  son  cadre,  avec, 
en  exergue,  les  mots  :  Napoléon  le  Grand,  empereur  et  roi;  l'autre, 
l'aigle  impériale  avec  la  devise  :  Dieu  protège  la  France.  Et  main- 
tenant, par  un  juste  retour  des  choses  d'ici  bas,  voici  que  les  équi- 
pages de  la  duchesse  d'Angoulôme,  arrêtés  sur  la  route  de  Bor- 
deaux, sont  conduits  à  Limoges.  Douze  chevaux  de  selle  et  deux 
de  fourgon  sont,  par  ordre  du  grand  écuyer,  dirigés  sur  Paris  pour 
de  là  entrer  aux  écuries  impériales. 

Après  avoir  examiné  l'aiguille  de  la  boussole  oscillant  entre 
Louis  XVIIl  et  Napoléon  et  prévoyant  que  bientôt  elle  se  fixerait 
définitivement  vers  le  premier,  le  conseil  général  de  la  Haute-Vienne 
lui  vota,  le  13  mars,  une  adresse  qui  débutait  ainsi  :  «  L'usurpa- 
teur précaire  du  trône  qui  vous  appartenait  et  que  vous  occupiez  si 
dignement  a  pu,  dans  sa  folle  extravagance,  tenter  d'ébranler 
Tautorité  dont  vous  êtes  enfin  ressaisi  ;  mais  il  n'a  pas  dû  se  flatter 
d'altérer  noire  amour  et  notre  fidélité.  »  En  même  temps,  le  conseil 
se  constitue  en  permanence  et  publie  une  proclamation  aux  habi- 
tants du  déparlement,  dans  laquelle  on  lit  :  «  Des  mesures  promp- 
tes peuvent  devenir  nécessaires.  Nous  aurons  le  courage  de  les 
adopter  et  vous  vous  empresserez  avec  nous  d«  les  exécuter.  Son- 
gez que  lorsque  le  roi  et  la  patrie  réclament,  la  tiédeur  serait  un 
crime.  » 

Moins  perspicace  ou  plus  en  accord  avec  la  majorité  de  la  popu- 
lation, le  conseil  municipal  de  Limoges  vote,  le  30  mars,  une 
adresse  à  l'empereur  sur  son  «  heureux  retour  ».  Voici  le  texte  de 
ce  document  : 

«  Sire, 

»  Les  habitants  de  Limoges  ont  vu  de  leurs  montagnes  le  vol 
hardi,  tranquille  et  majestueux  de  votre  aigle.  Leurs  yeux  suivaient 
sa  direction  et  leurs  cœurs  éprouvaient,  à  chaque  moment,  les 
vives  émotions  de  l'espérance  pour  la  liberté  et  la  crainte  pour 
votre  personne  auguste  et  sacrée. 

»  Aujourd'hui  que  cet  aigle  plane  sur  la  capitale  de  votre  empire 


d9d  SOGltrâ  ARCHÂOLOGTQUB  Et  BISTORTOUBDÛ  LlHOO&lH 

et  couvre  de  ses  ailes  toutes  les  contrées  de  la  patrie,  rien  n'égale 
leur  joie  et  leur  allégresse. 

}i  L'avenir  ne  les  effraye  plus.  Ils  sont  sûrs  de  ne  point  voir 
renaître  ces  privilèges  et  ces  distinctions  dont  la  suppression  fut 
une  des  plus  belles  conquêtes  de  la  nuit  célèbre  du  4  août  1789  et 
tous  leurs  sentiments  s&  confondent  dans  le  respect  et  l'amoar 
qu'ils  portent  à  Votre  Majesté  et  à  sa  dynastie  »  (i). 

(Suivent  dix-sept  signatures.) 

Le  baron  de  Vanssay,  appelé  le  22  mars  à  la  préfecture  de  la 
Haute- Vienne,  ne  fut  pas  installé  (2).  Nous  avons  vu  avec  quelle 
extrême  facilité,  avec  quelle  prodigieuse  aisance  M.  Texier-Oliyier, 
baron  de  TEmpire,  avait  su,  grâce  à  sa  flexibilité  de  caractère, 
passer  d'un  régime  à  l'autre,  quelque  différents  qu'en  fussent  les 
principes  et  les  formes.  On  ne  sera  donc  pas  surpris  de  le  voir,  une 
fois  de  plus,  changer  de  bannière.  Car  ce  fut  lui  qui,  de  nouveau; 
vint  occuper  la  préfecture  de  Limoges.  Nommé  le  18  avril,  il  prit 
possession  de  ses  fonctions  le  28  et  adressa  à  ses  administrés  une 
proclamation  qui  dénote  une  remarquable  sérénité  d'âme.  «  C'est 
que,  voyez-vous,  disait-il,  il  est  des  événements  que  nul  ne  peut 
prévoir  et  prédire.  »  J'extrais  de  sa  proclamation,  qui  fut  placardée 
dans  tout  le  département,  le  passage  suivant  : 

«  L'administrateur  qui,  pendant  douze  ans,  s'efforça  de  mériter 
votre  confiance,  qui  partagea  vos  sollicitudes  aux  jours  malheureux 
de  l'invasion  de  noire  belle  patrie,  qui  pressentit  avec  vous  les 
funestes  résultats  du  retour  d'une  famille  inconnue  à  la  génération, 
vient  à  la  voix  de  l'empereur  prendre  en  mains  une  seconde  fois 
les  rênes  de  l'administration  de  votre  intéressante  et  peu  fertile 
contrée.  Il  vient  se  livrer  à  la  continuation  de  fonctions  qu'il  ose 
croire  n'avoir  pas  été  sans  utilité  même  pour  ceux  qui  peuvent  avoir 
désiré  son  éloignement  avec  le  plus  d'ardeur...  »  (3). 

Les  populations  de  la  Haute- Vienne,  subitement  ressaisies  comme 
par  un  charme,  avaient  accueilli,  sinon  avec  transport,  du  moins 
avec  une  sympathique  admiration,  le  retour  de  l'empereur.  Le 
15  avril,  le  sous-préfet  de  Bellac  constate  que  «  le  drapeau  trico- 
lore flotte  sur  tous  les  clochers;  les  proclamations  et  les  décrets  de 
S.  M.  l'empereur  ont  été  reçus  partout  avec  le  même  enthousiasme. 

(1)  Archives  départementales  de  la  Haule-Vienoe,  M  21. 
(2J  Le  comle  de  Brosses,  qui  venait  de  quitter  la  préfecture  de  la  Haute- 
Vienne,  fut  appelé,  le  12  juillet  1815,  à  celle  de  la  Loire-lnférieuro. 
^3^  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  %i. 


LiftOûkS  KT  IbS  feOV^IlKS  Vl)LLBd  àid 

Partout  le  peuple  a  célébré  le  retour  inespéré  du  père  de  la  patrie 
par  des  fêtes  spontanées  où  l'expansion  d'une  joie  franche  et  pure 
etraccord  des  sef^timents  ont  rappelé  les  beaux  jours  de  1789  »  (1). 
Le  mois  de  mai  vil  éclore  un  projet  de  fédéralion  limousine 
auquel  les  événements  n'accordèrent  qu'un  commencement  d'exé- 
cution. L'adresse  par  laquelle  s'ouvre  le  prospectus  de  celte  associa- 
tion en  fait  connaître  l'objet  et  l'article  i""'  des  statuts  en  précise  le 
but  :  «  Les  citoyens  du  département  de  la  Haute- Vienne  sont  appe- 
lés à  s'unir  pour  assurer  la  tranquillité  publique,  le  respect  dû  aux 
personnes  et  aux  propriétés,  l'exécution  des  lois  et  le  maintien  des 
constitutions  de  l'empire  »  (2).  Ce  projet  reçut  l'approbation  offi- 
cielle du  préfet  Texier-Olivier  et  du  maréchal  de  camp  Chauvel, 
commandant  le  département;  il  rallia  de  nombreuses  adhésions. 

Cependant,  l'empereur  avait  définitivement  perdu  la  partie  que 
son  orgueil  démesuré  avait  engagée  contre  la  destinée.  La  nouvelle 
du  rétablissement  de  Louis  XVIII  sur  le  trône  arriva  à  Limoges  le 
11  juillet  seulement  (3).  Une  adresse  au  roi  au  nom  des  habitants 
fut  aussitôt  colportée  par  les  partisans  de  la  monarchie. 

Le  S  août,  le  duc  d'Angoulôme,  en  route  pour  Paris,  traverse 
Limoges,  où  il  ne  s'arrête  que  le  temps  de  prendre  un  repas.  Dans 
la  soirée,  il  atteint  le  relai  de  poste  de  Morterolles,  à  dix  lieues  de 
Limoges.  Au  moment  où  il  arrive  avec  sa  suite  à  l'entrée  du  bourg, 

(1)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  99. 

(2)  Confédération  limousine.  Adrssse  à  tous  les  français  et  particulier 
rement  aux  habitans  de  la  province  du  Limousin,  Brochure  in-8  de  quatre 
pages.  A  Umoges^  chez  J.-B,  et  H.  Daleeme, 

(3)  Une  ordonnance  royale  du  7  jaillet  prescrivait  aux  fonctionnaires  en 
charge  tous  la  première  Kestauration  de  rejoindre  leur  poste  sans  attendre 
d'aulres  ordres. 

M.  Texier-Olivier,  tenant  pour  officielle  la  publication  de  celte  ordon- 
nance au  Moniteur,  quitta  Limoges  le  19,  déléguant  un  conseiller  de  pré- 
fecture pour  assurer  le  service.  Il  fat  remplacé  deux  jours  après  par  le 
baron  de  Flavlgny,  préfet  de  la  Haute-Saône,  qui  fut  installé  le  94. 

Le  nouveau  préfet,  homme  accomodant,  était  de  ceux  qui  se  distinguè- 
rent par  la  variété  de  leurs  opinions.  Il  mérita  de  figurer  dans  le  Diction- 
naire  des  girouettes^  qui  lui  consacra  la  notice  suivante  : 

«  Ftavigny  (Alexandre  de),  officier  d'artillerie  sous  Louis  XVI  et  Louis  XVI II 
(en  émigration);  maire  de  la  ville  de  Laon,  1806;  sous-préfet  de  la  ville 
de  Soissons,  avril  180S  ;  chevalier  de  la  Réunion  ;  baron  d'Empire  ;  préfet 
de  la  Haute-Saône,  1 1  janvier  I8l4;  ayant  prêté  serment  entre  les  mains 
de  S.  M.  Tempcreur;  continué  dans  la  même  place  en  avril  I8U,  ayant 
prêté  serment  entre  les  mains  de  S.  Bf.  Louis  XVUl;  chevalier  de  Saint- 
Louis;  nommé  préfet  du  département  de  la  Meuse  {Moniteur^  avril  1815)  ; 
ayant  re prêté  serment  à  S.  M.  l'empereur.  > 

T.  LU  t\ 


d3Ô  àociité  ARGHioLOOiOuk  KT  klifltoRkODK  bu  LllÉOt)àlh 

telle  une  fusée  oubliée  d*UD  vieux  feu  d'artifice,  éclate,  strident,  le 
cri  de  :  «  Vive  Tempereup  I  »  que  l'écho,  dit-on,  répéta  jusqu'à  Irois 
fois.  Tout  surpris  d'entendre  un  cri  qui  sentait  ta  poudre  et  qui, 
sans  doute,  leur  fut  autrefois  familier,  les  chevaux  s'arrêtent  net, 
l'oreille  tendue;  le  prince  met  la  tête  à  la  portière  de  sa  berline  et 
constate  qu'au  clocher  de  l'église  flotte  une  loque  qui  jadis  dut  être 
un  drapeau  tricolore.  Le  maire  aussitôt  mandé  reçoit  une  sévère 
admonestation  et  sa  femme  s'empresse  d'offrir  un  mouchoir  blanc 
qui  est  arboré  au  clocher  (1).  Il  serait  difficile  de  dépeindre  l'émoi, 
la  perturbation  môme  que  cet  incident  d'assez  mince  importance 
jeta  dans  le  personnel  gouvernemental.  Depuis  le  préfet  baron  de 
Flavigny,  le  maréchal  de  camp  marquis  de  la  Rozière,  commandant 
le  département,  jusqu'au  sous-préfet,  au  capitaine  et  au  comman- 
dant de  gendarmerie,  tous  n'ont  qu'une  unique  préoccupation  :  se 
persuader  à  eux-môcnes  que  le  département  n'a  pas  été  «  déshonoré 
aux  yeux  du  prince  »  par  ce  cri  séditieux  et  que  ce  «  germe  de 
rébellion  »  a  bien  été  étouffé  sinon  «  par  l'enthousiasme  général  de 
tous  les  citoyens  »,  du  moins  «  par  le  bruit  des  voitures  ».  Un 
jeune  homme  de  dix-huit  ans,  convaincu  d'ôtre  l'un  des  auteurs  de 
cet  «  acte  criminel  »,  fut  arrêté  et  poursuivi.  Quant  au  maire,  qui 
était  en  môme  temps  maître  de  poste,  il  fut  immédiatement  révo- 
qué. Lui  et  ses  deux  fils,  signalés  comme  des  «  ennemis  dangereux 
du  gouvernement  »,  furent  placés  sous  une  étroite  surveillance  (2). 
La  duchesse  d'Angoulôme  suivait  son  mari  à  deux  journées  d'in- 
tervalle. Quoiqu'elle  eut  recommandé  de  ne  faire  aucun  prépa- 
ratif,  le  préfet  se  rendit  à  cheval  au  devant  d'elle  et  le  corps  muni- 
cipal la  reçut  à  l'entrée  de  la  ville.  Après  un  dîner  à  la  préfecture, 
un  groupe  nombreux  déjeunes  filles  fut  admis  à  lui  offrir  des  com- 
pliments et  des  fleurs.  Pour  prévenir,  à  son  passage  à  Morterolles, 
le  désagrément  survenu  à  son  époux,  vingt-cinq  gardes  nationaux 
à  cheval  triés  dans  les  compagnies  de  Limoges  furent  envoyés  à 
son  avance  dans  cette  localité.  Leur  zèle  intempestif  faillit  encore 
gâter  les  choses  et  occasionner  des  rixes. 

La  conservation  des  bustes  et  des  portraits  de  Bonaparte,  môme 
dérobés  aux  regards  et  relégués  dans  des  magasins  était,  aux  yeux 
du  nouveau  gouvernement,  un  scandale  intolérable  et  qu'il  fallait 
faire  cesser  à  tout  prix.  «  Ces  tristes  monumens  de  l'adulation  — 
écrit  M.  Decazes,  ministre  de  la  police  —  doivent  disparaître  com- 
plètement »  (3).  Et  cette  destruction  s'étendra  à  tous  les  signes 
prohibés  tels  que  drapeaux,  cocardes,  aigles,  etc. 

(I)  Archives  départeoientales  de  la  Haute-Vienne,  M  418. 
(3)  Arehîves  départementales  de  la  Haute -Vienne,  M  418. 
(3)  Circulaire  du  %4  novembre  1816. 


iittoèKS  kT  tK8  kONteSS  ViLlBS  tôt 

En  exécQtioa  de  ces  ordres,  le  S3  décembre  1818,  MM.  Marel  de 
Bort  et  Georges  Pouyat>  adjoints  au  maire  de  Limoges,  font  porter 
dans  une  salle  de  Tbôtel  de  ville  :  un  drapeau  tricolore  surmonté 
d'un  aigle,  un  buste  en  marbre  blanc,  un  aigle  en  bois  doré  for- 
mant le  socle  dudit  buste,  un  tableau  représentant  la  sacre  de 
Bonaparte,  les  écharpes  municipales  garnies  de  franges  tricolores, 
un  sceau  aux  armes  impériales.  Ces  objets  sont  brisés,  déchirés  ou 
dénaturés  en  présence  des  deux  officiers  municipaux  par  un  ouvrier 
appelé  à  cet  effet,  puis  leurs  débris  enfermés  dans  un  sac  sont 
envoyés  au  préfet.  Quant  au  bloc  de  marbre  qui  fut  le  buste  de 
Bonaparte,  il  reste  déposé  à  la  mairie  à  la  disposition  du  chef  de 
Tadministration  (1).  La  municipalité  de  Saint-Yrieix  livre  égale- 
ment un  buste  en  marbre  blanc  de  Tex-souverain  et  toutes  les 
aatres  communes  envoient  leurs  sceaux. 

Le  drapeau  tricolore,  qui  avait  si  soudainement  reparu  lors  du 
retour  de  l'empereur,  fut  tout  spécialement  proscrit  et  pour- 
chassé (2).  «  On  trouve  encore  dans  quelques  mairies  —écrit  le 
ministre  de  Tlntérieur  le  12  février  1816  —  des  drapeaux  retirés 
des  édifices  publics.  L'existence  de  ces  signes  proscrits  peut  laisser 
de  Tespoir  à  la  malveillance  et  lui  offrir,  dans  leur  conservation 

(4)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  416. 

(9)  Est-il  besoin  de  rappeler  que  la  sabstilution  du  drapeau  royal  au 
drapeau  national  fut  une  faute  énorme  et  qui  devait  exercer  sur  les  desti- 
nées  de  la  Restauration  une  influence  funeste  ?  Innombrables  furent  les 
incidents  auxquels  elle  donna  naissance.  Tantôt  c'est  un  outrage  que  subit 
nuitamment  le  drapeau  blanc;  tantôt  c'est  une  large  cocarde  tricolore  que 
Ton  aperçoit  fixée  au  sommet. inaccessible  d'un  arbre  du  bois  de  la  Bastide. 
Une  autre  fois,  c'est  un  distillateur  de  Limoges  qui  met  en  vente  une 
crème  de  oiolelte,  ce  qui  est  certes  licilc  ;  mais  celte  liqueur  surfine  est 
eufermée  dans  un  flacon  dont  l'étiquette  présente  un  simple  bouquet  de 
violettes  lié  d'un  ruban  rouge  et  se  détachant  sur  le  fond  blanc  d'un  écus- 
son  en  forme  de  bouclier.  On  a  ainsi  un  ensemble  aux  trois  couleurs, 
c'est-à-dire  séditieux  au  premier  chef. 

La  police  opôre-t-elle  une  perquisition  dans  les  distilleries?  On  lui 
montre  une  série  d'étiquettes  imprimées  en  noir  et  ornées  de  sujets  ano- 
dins; mais  on  lui  dissimule  avec  soin  un  autre  jeu  de  ces  étiquettes  où  les 
mêmes  sujets  sont  animés  par  une  coloration  tricolore  qui  fait  ressortir 
des  allusions  politiques.  Jetez  une  gamme  tricolore  sur  l'étiquette  de  la 
Liqueur  des  braves  préparée  par  Thévenin  jeune;  sur  celle  de  la  Liqueur 
de  Waterloo  ou  celle  du  Champ  d'asile^  de  Célérier;  sur  celles  de  La 
Valeureuse,  Le  Nectar  des  guerriers  ou  VElixir  des  braoes,  de  Judet 
aîné;  sur  celle  du  Mot  d'ordre,  de  Peyrusson  Bis;  ou  encore  sur  celle  de 
la  Liqueur  de  Vange  gardien,  préparée  par  Voisin  et  Ghadeuil,  et  vous 
obtiendrez  tout  de  suite  l'effet  voulu. 


3Sk  sociiti  AfiéviiotoéiônB'Bt'ÀTistoiiTQbB  tv  UttOOilN 

même,  un  moyen  de  corrompre  Tesprit  public.  »  C'est  poarqnoi  le 
dimanche  5  mai,  à  l'issue  d'un  Te  Deum  chanté  dans  Téglise  cathé- 
drale de  Limoges  en  actions  de  grâces  du  retour  du  roi,  Tassistance 
se  rend  sur  la  place  Tourny,  où  sont  brisés  ou  brûlés  publiquement 
nombre  d'objets  rappelant  le  règne  de  «  l'usurpateur  »  :  «  Un  dra- 
peau tricolore  jadis  placé  sur  le  portail  de  la  préfecture,  un  dra- 
peau tricolore  et  quatre  plumets  provenant  de  la  commune  de 
Magnac-Bourg  ;  des  drapeaux  tricolores  provenant  de  la  commune 
de  Châlus,  de  la  garde  nationale  de  Saint-Yrieix  et  de  celle  de 
Limoges;  une  estampe  représentant  le  couronnement  de  l'empe- 
reur, remise  par  la  mairie  de  Limoges;  plusieurs  cocardes  trico- 
lores; des  aigles  brisés  provenant  des  gardes  nationales;  plusieurs 
plaques  de  ceinturons  et  coiffures  avec  aigle;  le  buste  en  plâtre  de 
Bonaparte  provenant  de  la  préfecture;  deux  bustes  en  marbre  dn 
même,  mutilés,  provenant  des  mairies  de  Limoges  et  de  Saint- 
Yrieix  »  (4). 

Vif  émoi  dans  la  matinée  du  3  février  1816,  à  la  nouvelle  que  le 
drapeau  blanc,  qui  décorait  Tenlrée  du  domicile  de  M.  Athanase  de 
la  Bastide,  commandant  de  la  garde  nationale  de  Limoges,  avait 
été,  pendant  la  nuit,  leint  en  roiige.  Les  officiers  du  corps  virent 
dans  cet  acte  le  fait,  très  injurieux  en  lui-même,  d'avoir  souillé 
rétendard  royal  d'une  couleur  «  qui  fut  trop  longtemps  remblôme 
des  factieux  »,  mais  encore  Tinlenlion  de  «  suggérer  que  la  garde 
nationale  avait  des  vues  sanguinaires  ».  Aussi  promirent-ils  une 
somme  de  mille  francs  à  celui  qui  ferait  découvrir  le  coupable. 
Cette  offre  fut  portée  à  la  connaissance  du  public  par  une  procla- 
mation indignée  que  le  maire  adressa  à  ses  administrés  et  qui  fut 
placardée  dans  la  ville  (2). 

Lasse  de  la  guerre,  aspirant  à  la  cessation  de  la  longue  tuerie, 
mais  non  au  renversement  du  régime,  la  population  limousine  se 
montrait  peu  enthousiaste  de  la  Restauration.  Les  commerçants 
eux-mêmes,  qui  avaient  boudé  l'Empire  non  en  haine  du  système 
politique  mais  par  esprit  d'opposition,  prétextant  que  la  stagnation 
des  affaires  causait  leur  ruine,  restaient  fort  hésitants.  La  vérité  est 
que  la  très  grande  majorité  se  prononçait  non  pour  l'Empire,  mais 
contre  la  Royauté.  Les  démonstrations  royalistes  étaient  presque 
exclusivement  l'œuvre  des  fonctionnaires  et  des  gens  titrés.  C'est 
un  fait  incontesté  que  la  vieille  monarchie  était  loin  de  devenir 
populaire.  Ses  Qdèles  de  la  veille  avaient  repris,  avec  leurs  titres 
nobiliaires,  l'esprit  et  le  caractère  des  plus  gothiques  institutions. 

(!)  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  M  i3t. 
[%)  Archives  municipales  de  Limoges,  D  (s.  n.)* 


LmOQKS  ST  LBS  BONNES  TILLBS  333 

Ils  ne  cachaient  pas  leur  intention  de  reconstituer  l'ancien. état  de 
cl)oses  même  dans  ses  détails  les  plus  surannés  et,  selon  une 
parole  autorisée  «  de  renouer  la  chaîne  des  temps  que  de  funestes 
écarts  avaient  rompue  (i).  »  Leur  manque  démesure  blessa  profon- 
dément les  opinions  libérales  du  plus  grand  nombre.  Aussi  l'anta- 
gonisme étail-il  partout  entre  la  génération  nouvelle  et  les  apôtres 
de  réaction  et  d'intolérance  qui  ranimaient  les  anciennes  passions. 
Les  campagnes  étaient  parcourues  par  des  émissaires  qui,  sous 
l'étiquette  patentée  de  colporteurs,  répandaient  des  pamphlets 
contre  la  royauté.  Ces  moyens  d'attaque  empruntaient  parfois  les 
formes  les  plus  inattendues.  C'est  ainsi  qu'au  mois  de  décembre 
iSlS  on  signalait  l'émission  et  la  distribution  en  Haute-Vienne  de 
catéchismes,  abécédaires  et  livres  de  piété  desquels  avait  bien  été 
supprimée  la  célèbre  formule  :  «  Les  chrétiens  doivent  aux  princes 
qui  les  gouvernent  et  nous  devons  en  particulier  à  Napoléon  I*% 
notre  empereur,  l'amour,  le  respect,  l'obéissance,  la  fidélité,  le 
service  militaire,  les  tributs  ordonnés  pour  la  conservation  et  la 
défense  de  Tempire  et  de  son  trône  »  ;  mais,  par  contre,  ces  livres 
contenaient  un  septième  commandement  de  l'Eglise  ainsi  conçu  : 

Hors  le  temps  noces  ne  feras. 
Et  paye  la  dime  justement. 

On  conçoit  aisément  quel  fâcheux  effet  devait  produire  sur 
l'esprit  public  ce  rappel  à  uue  obligation  qui  ramenait  d'un  quart 
de  siècle  en  arrière.  Aussi  une  chasse  fut-elle  immédiatement  orga- 
nisée en  vue  de  la  saisie  des  livres  dénoncés.  Elle  aboutit  à  ladécou- 


(1)  Ici  c*esl  un  ancien  c  imprimeur  du  roi  »  qui  poursuit  cl  obtient,  au 
délriment  d*Qn  confrère,  ce  qu*il  appelle  ses  «  droits  et  privilèges  ». 

Ailleurs,  c'est  le  seigneur  d*une  paroisse  qui  prétend  à  des  honneurs 
féodaux.  Le  !«'  novembre  1814,  jour  de  Toussaint,  le  maire  de  Darnac 
(Haute-Vienne)  assiste  à  la  messe  dans  Péglise  paroissiale;  il  est  au  banc 
de  la  municipalité.  En  face  de  lui,  M.  de  Blond  est  venu  occuper  la  place 
jadis  réservée  à  sa  famille.  Le  bedeau  s'approche  pour  offrir,  selon  l'usage, 
du  pain  bénit  au  maire,  quand  M.  de  Blond  se  lève  et  crie  à  haute  voix  : 
«  sacristain,  apporte!  »  Le  maire  proteste  et  le  bedeau  interloqué  s*arrête. 
Sur  quoi  Bf.  de  Blond  quitte  sa  place  et,  saisissant  les  bâtons  de  deux 
villageois,  frappe  son  banc  à  coups  redoublés  en  appelant  le  sacristain 
qui  épouvanté,  s'avance  avec  sa  corbeille. 

On  sait  que  ce  scandale  fut  dénoncée  la  Chambre  des  députés,  qui  n'osa 
voter  autre  chose  que  l'envoi  au  ministre  de  l'Intérieur  du  rapport  du 
général  Augier.  La  caricature  et  les  journaux  satiriques  s'emparèrent  du 
fait.  Le  public  voulut  bien  ne  pas  voir  en  M.  de  Blond  un  neveu  de  Pour- 
ceaugnac,  mais  il  fit  à  M.  de  la  Jobardière  un  réel  succès  et  son  exclama- 
tion «  sacristain,  apporte  !  »  devint  rapidement  populaire. 


3dl  SOClftrt  ABCBiËOLOGiQUB   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

verte,  dans  une  imprimerie  de  Limoges,  d'un  livret  de  72  pages 
intitulé  :  Méthode  ingénieuse  ou  alphabet  pour  apprendre  à  lire  en 
peu  de  temps.  L'éditeur  tenta  de  faire  écarter  toute  idée  de  mal- 
veillance en  prétextant  que  l'article  incriminé  était  tiré  d'un  ancien 
catéchisme  de  Montpellier  qui  avait  servi  de  type  pour  la  réimpres- 
sion de  plusieurs  ouvrages  similaires.  Un  arrêté  préfectoral  da 
22  janvier  1816  prescrivit  de  faire  biffer  ou  cartonner,  en  présence 
de  commissaires,  le  malencontreux  commandement  et,  par  la  même 
occasion,  de  s'assurer  de  la  suppression,  dans  tous  les  livres  reli- 
gieux ou  d'instruction,  de  toute  prière  ou  tout  devoir  imposé  pour 
Napolécn  Bonaparte  (1). 

De  nouveau,  le  9  janvier,  le  duc  d'Angouléme,  revenant  de  Bor- 
deaux, était  passé  à  Limoges.  Par  ordre  supérieur  et  pour  raison 
d'économie,  les  salves,  arcs  de  triomphe  et  feux  d'artifice  avaient 
été  supprimés.  Le  prince  fut  donc  simplement  reçu  par  le  préfet  et 
les  autorités  admises  individuellement  à  présenter  leurs  hom- 
mages. 

Une  ordonnance  royale  du  26  septembre  1814  avait  autorisé  les 
villes  et  communes  françaises  à  reprendre  les  armoiries  qui  leur 
avaient  été  concédées  par  les  rois  de  France,  après  toutefois  les 
avoir  fait  vérifier  par  la  commission  du  sceau.  Des  circulaires  du 
ministre  de  l'Intérieur  des  10  janvier  1815  et  1"  avril  1816  déter- 
minèrent la  marche  à  suivre  et  les  justifications  à  fournir.  Dès  le 
15  février  1815,  la  municipalité  de  Limoges  était  invitée  à  faire 
connaître  ses  intentions  à  cet  égard.  Il  ne  faut  certainement  attri- 
buer qu'aux  graves  événements  qui  survinrent  le  silence  de 
l'administration  communale.  A  une  nouvelle  lettre  ministérielle 
du  13  avril  1816,  le  conseil  municipal  répondit  par  la  délibération 
suivante  en  date  du  14  mai  : 

«  M.  le  Maire  s'exprime  en  ces  termes  : 

»  Le  Roi  a,  par  son  ordonnance  du  26  septembre  1814,  décidé 
que  les  villes  du  royaume  reprendraient  les  anciennes  armoiries 
qui  leur  ont  été  attribuées  par  les  rois  de  France.  Sa  Majesté  se 
plait  à  rappeler  les  anciens  souvenirs  parce  qu'ils  retracent  les 
bienfaits  des  rois  dont  elle  descend. 

»  Notre  antique  cité,  je  n'en  doute  pas,  saisira  avec  empresse- 
ment l'occasion  qui  lui  est  offerte  de  reprendre  des  armes  qu'elle 
montrera  avec  orgueil  aux  autres  villes  comme  la  triple  preuve  de 
son  ancienneté  et  de  son  attachement  à  son  souverain  et  à  la  reli- 

(4}  Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  H  I7ts. 


LIMOGES  BT  LES  BONNES  VILLES  335 

gion.  Elle  y  verra  les  fleurs  de  lys  avec  TefiAgie  d'un  saint  qu'elle 
vénère  plus  particulièrement  et  sous  le  patronage  duquel  elle  s'est 
placée.  Saint-Martial  et  le  roi  furent  toujours  aimés  par  nos  bons 
limousins. 

»  Pour  délivrer  l'autorisation  de  reprendre  nos  anciennes 
armes,  le  ministre  exige,  outre  le  procès-verbal  de  votre  délibéra- 
tion à  ce  sujet,  la  copie  certifiée  de  la  charte  de  concession  primi- 
tive. Nous  ne  pouvons  nous  flatter  de  pouvoir  retrouver  ce  litre. 
La  rouille  du  tems  ou  les  bûchers  de  la  Révolution  l'auront  sans 
doute  anéanti.  Mais  nous  pensons  que  l'empreinte  de  ces  armes 
existant  sur  les  monumens  les  plus  anciens  justifiera  suffisamment 
aux  yeux  de  S.  £.  notre  possession  et  notre  droit. 

»  Le  Conseil  arrête  ce  qui  suit  : 

»  Article  1".  —  M.  le  Maire  de  la  commune  est  autorisé  et  môme 
invité  à  faire  auprès  du  gouvernement  toutes  les  demandes  et 
démarches  nécessaires  pour  obtenir  en  faveur  de  la  ville  de  Limo- 
ges les  anciennes  armoiries  de  cette  ville. 

»  Art.  2.  —  Les  dépenses  et  avances  qui  seront  nécessaires  pour 
cet  objet  seront  proposées  pour  le  budget  de  1817.  » 

A  ce  noble  emblème  que  la  plupart  des  vilUes  vont  relever,  il 
faut  une  couronne  héraldique.  Or,  selon  le  conseil  de  Fouché,  les 
Bourbons  se  sont  couchés  dans  le  lit  de  Bonaparte.  Ils  s'empareut 
de  sa  création  et,  à  partir  du  mois  d'avril  1816,  ils  confèrent  à  cer- 
taines localités  le  titre  de  «  Bonne  ville  ».  Verra-l-on  cette  fois  cet 
éclat  extérieur  attribué  au  prestige  héroïque?  Quelles  préoccupa- 
tions guideront  maintenant  le  gouvernement  dans  ses  choix?  Que 
les  cités  bourguignonnes  qui,  en  1814,  avaient  résisté  à  l'envahis- 
seur, arrêté  sa  marche  et  par  là  retardé  l'agonie  de  la  patrie  expi- 
rante, en  fussent  récompensées,  rien  de  plus  équitable.  Mais  que 
Toulon  qui,  en  1793,  s'était  livré  aux  Anglais  voie  exalter  sa  trahi- 
son, il  y  avait  là  de  quoi  blesser  profondément  le  sentiment  natio- 
nal. On  sent  de  suite  que  le  gouvernement  royal  obéit  avant  tout 
à  l'intérêt  dynastique.  Eu  sorte  que  l'arbitraire  est  plus  flagrant 
que  jamais  et  aussi  plus  insupportable. 

Au  commencement  de  1816,  les  villes  françaises  .en  possession 
du  titre  envié  sont  au  nombre  de  vingt-neuf.  Il  y  en  aura  quarante 
en  1821.  Une  ordonnance  royale  du  8  avril  1816  ajoute,  en  pre- 
mier lieu,  la  ville  de  Cette  :  «  Voulant  récompenser  la  ville  et  port 
de  Cette,  département  de  l'Hérault...  de  la  fidélité  et  du  dévoue- 
ment qu'ils  ont  montrés  à  l'époque  de  l'usurpation  et  dans  les 
temps  postérieurs  en  servant  de  points  d'appui  à  l'armée  royale  du 
Midi,  en  sauvant  des  valeurs  considérables  en  effets  d'artillerie  et 
autres  et  surtout  en  contribuant  aussi,  par  le  prompt  embarque- 


336  SOCltrft  AECHiOLOSIQUB  ET   HISTOaiQUB   DO  LIHOCSIH 

ment  de  notre  cher  neveu,  le  duc  d'Angouléme,  à  le  soustraire  aux 
coups  deTusupateur... 
»  Nous  avons  ordonné  et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

»  Article  !•'.  — La  ville  de  Celte  est  mise  au  rang  de  nos  bonnes 
villes  du  royaume. 

»  Art.  2.  —  Nous  avons  accordé  et  accordons  à  la  dite  ville  des 
armoiries  portant  d*azur  semé  de  fleurs  de  lys  d'or,  à  la  baleine  de 
sable  lançant  un  jet  d'obus  et  de  grenades  flambantes,  surmontées 
d'une  couronne  murale  (1}  avec  deux  ancres  en  sautoir  pour  sup- 
ports... » 

Le  16  octobre  suivant,  c'était  le  tour  d'Aix  :  «  Voulant  donner 
aux  habitants  de  la  ville  d'Aix  un  témoignagne  de  la  satisfaction 

(I)  Le  cataclère  héraldique  de  la  couronne  murale  a  élé  plus  d*uoe  fois 
contesté.  Dans  la  Reoue  de  Saintonge  et  d'Aunis  (1897,  p.  176  ci  361-62) 
MM.  Louis  Audiat  et  Marcel  Pellisson  blâment  remploi  fait  de  nos  jooi^ 
et  qu'ils  qualifient  de  contre-sens,  de  la  couronne  murale  pour  timbrer  les 
armoiries  des  villes,  a  Combien  de  fois,  dit  M.  Audiat,  faudra-t-il  répéter 
que  jamais  on  n*a  timbré  les  armes  d'une  ville  d'une  couronne  murale  ou 
vallaire?  La  couronne  murale  est  une  invention  de  TEmpire  et  Napoléon  l*' 
Tavait  imaginée  pour  remplacer  le  chef  de  France  des  bonnes  villes.  > 
Déjà,  dans  une  élude  sur  La  couronne  murale  dans  le  blason  publiée 
dans  V Annuaire  du  conseil  héraldique  de  France  de  1896^  M.  Audiat 
avait  exprimé  Tavis  qu*ellç  devait  élre  proscrite. 

Qu'elle  n'ait  point  été,  sous  Tancien  régime,  un  accessoire  du  blason, 
nul  ne  le  conteste  puisqu'il  s'agit  d'une  création  de  Napoléon  I*'.  Que  cette 
invention  moderne  accolée  à  d*anliques  écus  constitue  un  anachronisme, 
cola  est  de  toute  évidence  ;  mais  le  contre-sens  cesse  si  cette  môme  cou- 
ronne accompagne  des  armoiries  octroyées  par  l'empereur,  à  moins  que 
Ton  ne  conteste  à  ce  souverain  le  droit  de  concéder  des  titres  et  des  bla- 
sons. Au  surplus,  s'il  y  a  contre-sens,  on  voit  par  l'exemple  de  Celte, 
rappelé  ci-dessus,  que  le  gouvernement  de  la  Restauration  ne  s*cii  préoc- 
cupa guère.  Il  est  vrai  qu'il  s'appropria  plus  d'une  formule,  à  commencer 
par  celle  qui  termine  les  actes  royaux  :  Car  tel  est  notre  bon  plaisir. 

Appliquée,  aux  xvii*  et  xviii*  siècles  surtout,  à  la  personnitication  des 
villes,  la  couronne  murale  placée  au-dessus  d*un  écusson  signifie  aujour- 
d'hui que  cet  écusson  est  celui  d'une  commune,  tl  n'est  si  petite  localité, 
en  possession  d'armoiries  authentiques  ou  fantaisistes,  qui  ne  se  la  soit 
appropriée.  La  vérité  est  qu'un  nouvel  usage  s'est  établi  :  la  couronne  mu- 
rale, vulgarisée,  est,  pour  le  blason,  un  motif  ornemental  en  harmonie 
avec  le  caractère  de  celui-ci,  rien  de  plus. 

II  n'en  est  pas  moins  curieux  de  voir,  de  nos  jours,  le  gouvernement  de 
la  République  ressusciter  cet  emblème  :  le  décret  réglementant  les  armoi- 
ries de  la  ville  de  Dijon,  à  laquelle  l'étoile  de  la  Légion  d'honneur  a  élé 
attribuée  par  autre  décret  du  i8mai  1899,  porte  en  son  article  premier  que 
l'éçu  sera  suriponté  d'une  couronne  murale  d'or  à  sept  créneaux. 


lIMOGKâ   BT  LB8  BONNES  VILLES  33lf 

qu'ils  nous  ont  fait  éprouver  par  leur  zèle  et  par  les  sentimenls 
dont  ils  sont  animés  pour  noire  personne...  avons  ordonné...  La 
ville  d'Alx  est  élevée  au  rang  des  bonnes  villes  de  notre  royaume,  o 

Le  18  décembre,  môme  faveur  concédée  à  Pau  :  «  Voulant  que 
cette  ville,  autrefois  la  capitale  du  royaume  de  Navarre  et  qui  fut 
le  berceau  d'un  de  nos  illustres  aïeux,  reçoive  un  dédommage- 
ment des  avantages  qu'elle  a  possédés  si  longtemps...  La  ville  de 
Pau  est  élevée  au  rang  des  bonnes  villes  de  notre  royaume.  » 

Le  8  octobre  1817  et  pour  les  mêmes  considérations  qui  avaient 
valu  à  Aix  le  titre  de  Bonne  Ville,  Toulon  le  reçoit  à  son  tour. 

Le  29  juin  1819,  la  ville  de  Colmar  est  élevée  à  ce  rang  «  en 
récompense  des  charges  qu*el1e  a  supportées  avec  autant  de  zèle 
que  de  résignation  pendant  l'occupation  militaire  ». 

Enfin  le  21  mars  1821,  Âbbeville  est  promu  «  pour  reconnaître 
les  marques  d'attachement  et  de  tidélilé  de  ses  habitants  à  l'époque 
où  Louis  XVIII  a  séjourné  dans  ses  murs  (1)  ». 

Gomme  s'il  ne  suffisait  pas  de  distinguer,  d'élever  certaines  villes 
au-dessus  des  autres,  voici  qu'une  hiérarchie  de  ces  mêmes  villes 
fut  jugée  nécessaire.  Une  ordonnance  du  23  avril  1821  détermina 
l'ordre  suivant  lequel  les  Bonnes  Villes  du  royaume  prendraient 
rang,  c'est-à-dire  attribua  à  chacune  d'elles  un  rang  particulier. 

« 

Quels  motifs  avaient  porté,  le  6  décembre  1816,  le  préfet  Barrin 
à  écrire  au  maire  de  Limoges  la  lettre  suivante,  qui  ne  pouvait  que 
ranimer  une  ancienne  mais  toujours  vive  ambition  ? 

«  Monsieur  le  Maire, 

»  Je  suis  informé  que  la  municipalité  de  Limoges  a  fait  à  diffé- 
rentes époques  des  démarches  pour  obtenir,  en  laveur  de  cette 
commune,  le  titre  de  bonne  ville;  il  me  parait  intéressant  d'insister 
sur  cet  objet.  Je  vous  invite  donc  à  vous  faire  représenter  les  mé- 
moires qui  ont  été  rédigés  par  vos  prédécesseurs,  surtout  depuis 
la  Restauration,  afln  d'obtenir  le  titre  de  bonne  ville.  Les  minutes 
de  ces  mémoires  et  la  correspondance  y  relative  doivent,  d'après 
ce  qui  m'a  été  dit,  exister  dans  les  bureaux  de  la  mairie.  Je  suis 
très  disposé.  Monsieur,  à  appuyer  fortement  auprès  du  gouverne- 
ment les  nouvelles  démarches  que  vous  ferés  à  cet  égard  et  que 
réclame  le  vœu  manifesté  par  les  principaux  habitans. 

»  Recevez,  Monsieur  le  Maire,  l'assurance  de  ma  considération 
distinguée. 

»  Le  préfet  de  la  Haute-Vienne^  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Signé  :  «  Barrin  »  (2). 

(1)  Ces  diverses  ordonnances  sont  insérées  au  Bulletin  des  lo'u^, 
(3)  Archives  départementales  de  la  Haute- Vienne,  Z  1738, 


338  SOCliTÂ  ARCBiOLOOIQUI  KT  BlSTORlQUB  DU  UVOUSIN 

Les  circonstances  délerminantes  de  celte  démarche  ne  me  sont 
pas  connues,  non  plus  que  le  texte  de  la  supplique  qu'elle  provoqua. 
On  verra  par  la  lettre  ci-après  que  ce  fut  M.  Alpinien  Bourdeau, 
ancien  maire  de  Limoges,  procureur  général  à  Rennes  et  député 
de  la  Haute-Viennne,  qui  fut  chargé  de  présenter  la  nouvelle 
requête. 

Limoges,  le  4"  février  4847. 
«  Monsieur, 

»  La  ville  de  Limoges  renouvelle  aujourd'hui  des  démarches 
qu'elle  a  faites  déjà  plusieurs  fois  et  notamment  sous  votre  admi- 
nistration pour  obtenir  du  roi  le  titre  de  Bonne  Ville.  J'ai  l'honneur 
de  vous  envoyer  la  pétition  qu'elle  présente  à  Sa  Majesté  pour  cet 
objet.  Elle  ne  désespère  pas  de  réussir  si  vous  voulez  bien  vous 
donner  la  peine  de  présenter  vous  même  cette  pétition  et  delà  recom- 
mander à  la  bienveillance  du  Roi.  Elle  attend  ce  service  éminent 
du  zèle  que  vous  avez  toujours  montré  pour  tout  ce  qui  l'intéresse  : 
je  vous  en  prie  en  son  nom. 

»  Veuillez  agréer  l'hommage  de  mon  respectueux  dévouement. 

»  Le  maire  de  Limoges, 
»  Signé  :  Ath.  oe  la  BAsrmE  »  (i). 

Quelle  que  fut  déjà  la  notoriété  du  futur  ministre  de  la  justice 
de  Charles  X,  l'influence  dont  il  disposait  alors  ne  pouvait  être 
mise  en  parallèle  avec  celle  dont  jouissait  un  genlilhonne  limousin 
rentré  de  l'émigration  avec  les  princes  et  admis  dans  l'intimité  du 
roi.  Je  veux  parler  du  comte  Jean-François  d'Escars,  lieutenant 
général  des  armées,  qui  venait  de  repreûdre  sa  charge  de  premier 
maître  d'hôtel  de  S.  M.  Désigné  pour  présider  le  collège  électoral 
du  département  de  la  Haute-Vienne,  il  apprit,  le  jour  même  où 
s'ouvraient  les  opérations  pour  la  nomination  des  députés  (S3  juin 
i8i5)  que  le  roi  venait  de  lui  conférer  le  titre  de  duc.  Les  brefs 
discours  qu'il  prononça  à  l'ouverture  et  à  la  clôture  de  l'assemblée 
sont  des  plus  élogieux  pour  ses  concitoyens  et  il  est  bien  permis 
de  croire  que  l'on  n'eut  pas  en  vain  fait  appel  à  son  concours  pour 
la  réussite  d'une  mission  qui  exigeait  plutôt  l'influence  d'un  favori 
que  Vhabilelé  d'un  homme  politique.  On  s'explique  donc  difficile- 
ment que  la  municipalité  de  Limoges,  quand  elle  se  décida,  sur  le 
conseil  du  préfet,  à  réitérer  ses  demandes,  ait  négligé  l'appui  de  ce 
personnage  si  qualifié  pour  un  tel  rôle  ou  lui  ait  préféré  M.  Boiir- 
deau. 

Maire  de  Limoges  après  la  période  des  Cent  Jours,  M.  Bourdeau 
avait  été  appelé  à  fournir  un  rapport  sur  la  situation  politique  de 

(i)  Archives  inunicipaUs  de  Limo|;es,  D  (s.  n.), 


\ 


LIMOGES  ET   LIS  BOlfTfBS  YILLKS  339 

cette  ville.  Veut-on  savoir  quelle  conception  il  se  faisait  des  idées 
de  répoque  et  quelles  incroyables  illusions  il  nourrissait  et  entre- 
tenait dans  Fesprit  du  gouvernement?  Voici  ce  qu'il  écrivait  le 
!•' août  1815: 

«  L*esprit  public  à  Limoges  est  généralement  bon  ;  il  s^est  trop 
hautement  prononcé  depuis  la  Restauration  pour  qu'il  soit  possible 
de  le  calomnier.  Quelques  efforts  qu'on  ait  faits  pendant  trois  mois 
pour  le  dénaturer,  on  n'est  parvenu  qu'à  abuser  et  égarer  la  der- 
nière classe  du  peuple,  toujours  avide  de  nouveautés,  par  l'espoir 
du  remuement  des  fortunes  et  du  pillage 

»  La  ville  de  Limoges,  par  sa  position  centrale,  ses  routes,  ses 
débouchés,  est  naturellement  commerçante  et  industrieuse.  La 
haute  classe  du  commerce  est  considérée  par  sa  fortune  et  sa  pro- 
bité. Ses  relations  sont  honorables  et  sûres;  elle  tient  pour  ainsi 
dire  le  premier  rang.  Dans  les  classes  secondaires,  il  y  a  générale- 
ment aussi  probité,  honnêteté  et  activité  laborieuse. 

»  La  magistrature  et  le  barreau  surtout  ont  particulièrement 
contribué  à  la  bonification  de  l'esprit  public  ;  il  ne  m  appartient  pas 
de  louer  les  avocats  que  l'on  désignait,  dans  les  derniers  temps,  à 
la  haine  populaire  sous  les  noms  de  chouans  et  de  vendéens. 

»  Le  peuple  est  actif,  laborieux,  industrieux  et  assez  générale- 
ment aisé  :  celui-là  pense  bien. 

»  La  noblesse,  par  ses  sentiments,  rivalise  avec  toutes  les  classes 
supérieures,  mais  elle  est  peu  nombreuse  :  à  peine  compte-t-on 
sept  à  huit  familles  anciennes,  toutes  les  autres  sont  anoblies  par 
les  charges  et  sorties  de  la  magistrature,  du  commerce  ou  de  la 
bourgeoisie.  La  noblesse  a  eu  presque  toujours  le  bon  esprit  de  se 
confondre  dans  les  rangs  plébéiens.  Les  sociétés,  les  réunions,  les 
plaisirs,  les  fêtes,  ne  laissent  apercevoir  aucune  distinction. 

»  En  rapprochant  ces  aperçus  généraux,  vous  sentirez.  Monsieur 
le  Préfet,  combien  cette  harmonie  locale  des  classes  diverses  a  dû 
influer  sur  la  direction  de  l'esprit  public,  surtout  si  vous  remarquez 
que,  d  une  classe  à  Tautre,  il  existe  ces  liaisons  de  parenté,  de 
commerce  ou  d'adaires  qui  les  rapprochent  assez  pour  qu'elles  se 
communiquent  leurs  pensées  et  leurs  affections. 

»  Ce  serait  cependant  une  erreur  de  croire  qu'il  y  ait  unanimité 
d'opinions  politiques  :  le  tableau  serait  trop  flatté  et  trop  flatteur 
si  je  vous  le  présentais  sous  ce  point  de  vue. 

»  Dans  toutes  les  classes  de  la  société,  il  y  a  eu  et  il  existe 
encore  des  opinions  diverses  ;  mais  celle  qui  domine  indubitable- 
ment, et  je  peux  l'assurer,  à  une  forte  majorité,  est  déclarée  pour 
la  royauté,  pour  le  Roi  et  les  BourboAs,  moins  par  esprit  de  parti 
que  par  un  ca^lcul  bieiji  raisonné  reposant  sur  le  principe  de  la  légi- 


d40  SOClÉli  ARCBÂOLOGIQUC  BT  HISTORIQUK  DU  LIMODSIN 

timlté  qui  peut  seul  ramener  la  paix,  relever  le  crédit,  la  confiance 
et  le  commerce,  assurer  la  vraie  et  sage  liberté  et  conserver  Findé- 
pendance  nationale.  Ceux  que  j*appellerai  bonapartistes  sincères  et 
de  bonne  foi  sont  en  bien  petit  nombre.  Abusés  par  un  prestige  de 
gloire  nationale,  ils  ont  pu,  et  je  crois  qu*ils  ont  erré  moins  par 
une  inclination  que  par  un  système  irréfléchi  de  domination  et  de 
prépondérance  attachée  à  la  grande  réputation  militaire  de  leur 
chef.  Les  événements  ont  dissipé  leurs  chimères;  il  ne  sera  pas 
difficile  de  les  rallier  au  gouvernement  royal.  Parmi  eux  on  doit 
compter  plusieurs  anciens  militaires. 

»  Dans  les  fonctions  publiques,  quelques-uns  ont  cru  devoir 
rester  attachés  à  la  cause  de  Tusurpateur,  parce  que,  sous  un  gou- 
vernement sage  et  légitime,  ils  auraient  difficilement  été  employés. 
Ceux  là  se  rattacheraient  encore  facilement  s'ils  étaient  maintenus 
dans  leurs  places. 

»  Sous  la  même  bannière  ont  marché  beaucoup  d'anciens  révo- 
lutionnaires, jacobins,  républicains,  caressant  toujours  avec  com- 
plaisance leur  vieille  chimère;  incorrigés  et  incorrigibles  par  carac- 
tère, remuans  par  inquiétude,  agitateurs  par  habitude,  turbulens 
par  goût  et  par  espoir  d'honneur  et  de  fortune. 

»  Ils  ne  voulaient  pas  plus  Bonaparte  que  Louis  XVIIL  C'est  par 
eux  que  la  populace  a  été  ameutée,  excitée  et  entraînée  dans  un 
débordement  qui  eût  submergé  la  patrie,  si  les  bons  citoyens  de 
toutes  opinions  n'eussent  fait  tête  à  l'orage. 

»  Les  premiers  fédérés  sont  sortis  de  leurs  rangs,  bientôt  grossis 
par  répouvante,  la  terreur,  la  menace  et  la  séduction.  Ils  recrutè- 
rent dans  tous  les  partis  et,  par  nue  tactique  monstrueuse,  asso- 
cièrent des  royalistes,  des  bonapartistes  honnêtes  avec  des  hommes 
de  la  plus  vile  classe,  diffamés  dans  l'opinion  et  quelques-uns  par 
des  condamnations  judiciaires. 

»  Quelque  nombreuses  qu'aient  pu  être  ces  listes  fédératives,  en 
y  joignant  même  les  déserteurs  honnêtes  de  tous  les  partis,  on  ne 
parviendrait  pas  à  balancer  l'opinion  générale  et  dominante  à 
Limoges,  qui  s'est  constamment  maintenue  dans  une  attitude  assez 
respectable  pour  en  imposer  aux  factions  et  rétablir  sous  la  domi- 
nation royale  une  ville  heureusement  échappée  aux  troubles  civils, 
sauvée  même  d'excès  et  de  désordres  réels »  (1) 

Comme  on  le  voit,  M.  Bourdeau  —  un  libéral  cependant  —  avait 
dans  l'avenir  de  la  légitimité  une  confiance  très  grande.  Parce  que 

(1)  Archives  départenieptalçs  cle  la  Hautç-VieoQe,  M  4877, 


Vordre  matériel  n'était  pas  sérieusement  troublé,  le  trône  lui 
paraissait  pour  longtemps  consolidé.  Etait-il  donc  dupe  de  ce  calme 
menteur  et  sa  créance  en  cette  tranquillité  relative,  qu'il  cherchait 
à  faire  partager,  doit-elle  être  attribuée  à  une  ignorance  profonde 
de  Télat  de  l'opinion  ?  Ne  faut-il  pas  plutôt  y  voir  l'attitude  calculée 
d'un  courtisan  du  pouvoir? 

Ecoutons  maintenant  un  autre  son.  C'est  M.  Athanase  de  la  Bas- 
tide, maire  de  Limoges,  qui  écrit,  le  18  février  1817  : 

«  La  masse  des  habitants  devient  de  plus  en  plus  indifférente 
sur  les  affaires  du  Gouvernement. 

»  L'exaltation  des  partis  s'éteint  d'une  manière  sensible.  Il  est 
cependant  une  classe  de  personnes  qui  paraît  plus  obstinée  dans 
son  esprit  d'opposition  :  ce  sont  les  soldais  et  officiers  retraités. 
Presque  toui  les  anciens  soldats  portent  le  chapeau  à  la  française 
et  aucun  d'eux  n'a  la  cocarde  blanche.  Ceux  qui  sont  légionnaires 
évitent  de  mettre  un  ruban  rouge  et  blanc  et  je  sais  que  plusieurs 
de  ces  derniers,  invités  à  adresser  à  la  chancellerie  toutes  les 
pièces  pour  obtenir  de  nouveaux  brevets,  ont  gardé  ceux  qu'ils 
tenaient  de  l'usurpateur,  soit  par  esprit  d'attachement  à  la  faveur 
qu'ils  ont  reçue,  soit  dans  l'espérance  de  voir  reveoir  son  gouver- 
nement. » 

Une  dernière  citation,  car  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  connaître 
les  exagérations  d'un  zèle  qui  ne  savait  faire  la  part  ni  des  circons- 
tances ni  des  nécessités  et  entendait  ne  tenir  aucun  compte  des 
faits  accomplis  depuis  trente  ans.  Dans  un  rapport  du  1*'  avril  1819, 
M.  de  la  Bastide  s'exprime  comme  suit  : 

«  Toute  la  partie  pensante  et  morale  de  la  population  de  cette 
ville  s'est  montrée  royaliste  pendant  les  Cent  Jours.  J'en  atteste  la 
consternation  générale  qui  régnait  pendant  qu'on  proclamait  le 
retour  de  l'usurpateur  ou  ses  triomphes  éphémères,  les  loges  du 
spectacle  désertes  pendant  qu'un  parterre  insensé  chantait  les 
refrains  de  la  liberté  en  invoquant  le  nom  du  despote,  enfin 
l'allégresse  qui  éclata  aussitôt  qu'on  revit  le  drapeau  sans  tâche. 

»  Depuis,  le  Gouvernement  a  fait  beaucoup  d'efforts  pour  attiédir 
un  enthousiasme  dont  les  excès  n'étaient  pas  dangereux  à  Limoges  ; 
chacun  des  actes  qui  a  eu  un  but  semblable  a  augmenté  l'audace 
des  ennemis  de  la  légitimité  et  refroidi  le  zèle  de  ses  partisans. 

»  Aujourd'hui,  les  uns  et  les  autres  paraissent  aimer  également 
le  roi.  Mais  il  y  a  entre  eux  cette  différence  que  ceux-ci  le  défen- 
draient encore  si  le  danger  existait  et  que  les  premiers  n'applau- 
dissent qu'aux  actes  qui  peuvent  précipiter  sa  chute.  Les  craintes 
les  plus  chimériques  leur  servent  de  prétexte  pour  critiquer  amè- 


rement  toutes  les  mesures  qui  tendent  à  consolider  les  institutions 
monarchiques. 

»  Bonapartistes  et  républicains,  réunis  sous  le  nom  moins  odieux 
de  libéraux,  sont  ce  qu'ils  ont  été  en  93  et  dans  l'interrègne  :  les 
ennemis  d'une  dynastie  protectrice  de  la  morale  et  de  la  religion. 
La  bienfaisance  du  roi  n'en  a  pas  ramené  un  seul.  Les  faveurs 
qu'il  accorde  à  ceux  qui  se  prétendent  les  victimes  de  ce  qu'ils 
appellent  la  réaction  de  1815  sont  considérées  comme  les  effets  de 
la  faiblesse  et  de  la  peur. 

»  Le  mauvais  esprit  d'une  partie  des  habitans  se  manifeste  par 
les  propos  qui  se  tienaent  dans  les  lieux  publics  et  par  les  allusions 
que  saisit  le  parterre  »  (t). 


Il  nous  faut  maintenant  arriver  à  l'année  i820  pour  voir,  sous 
l'administration  du  baron  Àth.  de  la  Bastide,  la  municipalité  de 
Limoges  reprendre  ses  démarches  et  développer  de  la  façon  la  plus 
heureuse^  dans  la  requête  qu'on  va  lire,  les  titres  de  l'ancienne 
capitale  du  Limousin  : 

«  Au  Roi. 
»  Sire, 

»  La  ville  de  Limoges  vient  aux  pieds  de  Votre  Majesté  solliciter 
l'honneur  d'être  élevée  au  rang  des  bonnes  villes  du  royaume. 
Permettez,  Sire,  à  ses  magistrats  municipaux  de  vous  exposer  ici 
les  titres  qu'elle  peut  avoir  à  cette  précieuse  faveur,  dont  la  priva- 
tion lui  devient  plus  sensible  à  l'approche  du  baptême  de  notre 
Dieodonné. 

»  Sire,  la  cité  qui  fut  Tapanage  de  Jeanne  d'Àlbret  éprouve  et 
doit  éprouver,  plus  que  toute  autre,  le  besoin  d'être  représentée 
auprès  du  berceau  d'Henry  V. 

»  Limoges  était  une  des  villes  les  plus  considérables  de  l'ancienne 
Gaule:  elle  fournit  dix  mille  combattants  pour  s'opposer  à  l'inva- 
sion des  Romains.  Soumise  ensuite  par  les  armes  de  Gésar  et  deve- 
nue la  conquête  des  maîtres  du  monde,  elle  fut,  pendant  plus  d'un 
siècle,  le  séjour  de  leurs  proconsuls.  Les  établissements  qu'ils  y 
formèrent,  les  monuments  où  ils  posèrent  l'empreinte  de  leur 
grandeur  et  de  leur  magnificence  li  firent  surnommer  la  seconde 
Rome. 

»  Assujettie  depuis  et  pendant  huit  siècles  à  toutes  les  vicissi- 
tudes de  la  fortune,  elle  fut  tour  à  tour  saccagée  par  les  hordes 
barbares  que  le  nord  de  l'Europe  vomissait  sur  nos  contrées, 

(1)  Archives  déparlementales  Je  la  Haute-Vienne,  M  i877. 


reconquise  el  sauvée  par  les  rois  de  France.  L'industrieuse  activité 
de  ses  habitants  et  l'avantage  de  sa  position  géographique  avaient 
bientôt  réparé  les  maux  de  la  guerre;  elle  fut  toujours  vaste,  riche 
el  populeuse. 

»  Plusieurs  monarques  de  la  première,  de  la  seconde  et  de  la 
troisième  race  Thonorèrent  de  leur  présence.  Quelques-uns  même 
ne  dédaignèrent  pas  d'y  faire  un  séjour  assez  prolongé.  Elle  soutint 
plusieurs  sièges  pour  leur  cause. 

»  Elle  eut  aussi  son  douze  mars  et,  la  première  dans  toute  TAqui- 
taine,  elle  secoua  le  joug  des  Anglais  pour  se  ranger  sous  le  scep- 
tre légitime  de  Charles  V. 

n  Ce  noble  effort,  en  faveur  de  la  légitimité,  fut  récompensé  par 
des  privilèges  et  des  distinctions  honorables  confirmés  dans  les 
règnes  suivants.  Trois  fleurs  de  lys  décorèrent  son  écussbn  qui, 
déjà,  portait  Teffigie  du  premier  apôtre  d'Aquitaine.  Ainsi,  ses 
armes  présentaient  en  même  temps  les  emblèmes  des  deux  objets 
les  plus  dignes  de  la  vénération  des  hommes  :  la  Religion  et  la 
Royauté. 

»  Transmise  parla  Maison  de  Blois  à  celle  d'Albret  et  par  cette 
dernière  à  la  Maison  de  Bourbon,  elle  fut  réunie  à  la  Couronne  au 
commencement  du  17"*  siècle.  Elle  eut  le  bonheur  de  recevoir  deux 
fois  dans  ses  murs  le  bon,  le  grand,  Timmortel  Henry  IV.  Nos 
archives  conservent  précieusement  le  souvenir  des  cérémonies  qui 
furent  observées  pour  sa  réception.  On  y  voit  que  la  bourgeoisie 
fournit  une  garde  d'honneur  de  cinq  mille  hommes  armés  et  équi- 
pés à  leurs  frais,  ce  qui  supposait  dès  lors  une  population  et  une 
richesse  que  peu  de  villes  pourraient  offrir  dans  ce  moment. 

»  Dans  les  années  qui  ont  précédé  la  Révolution,  Limoges  ren- 
fermait tous  les  établissements  que  le  Gouvernement  réunissait 
dans  les  villes  les  plus  importantes.  Son  évôché  comptait  plus  de 
900  paroisses.  Son  intendance  comprenait  le  haut  et  le  bas  Limou- 
sin, FAngoumois  et  une  partie  de  la  Marche.  Bureau  des  finances, 
sénéchaussée,  présidiaU  élection,  hôtel  et  juridiction  des  monnaies, 
collège  royal,  etc.,  tout  concourait  à  entretenir  et  à  augmenter 
l'éclat  et  la  prospérité  d'une  ville  qui  servait  d'entrepôt  général  à 
tout  le  commerce  de  l'intérieur.  Le  Gouvernement  regardait  alors 
Limoges  comme  une  des  vingt-cinq  principales  villes  de  France  et 
ce  fut  à  ce  titre  que  son  premier  magistrat  eut  l'honneur  de  siéger 
dans  les  deux  assemblées  de  notables  qui  furent  convoquées  avant 
les  Etats-Généraux. 

»  Presque  toutes  les  villes  qui  reçurent  alors  cette  distinction  ont 
iié  décorées  depuis  du  titre  de  bonne  ville.  La  ville  de  Limogea 
serait-elle  seule  l'objet  d'une  exception  humiliante? 


344  SOCIÉTÉ  AtiCHBOLOcrQU»  Kt  ÏISÏORlQl)^  DU  LlHotSllf 

»  Sire,  nous  soUiciloosaujoard'hay  pour  celle  ville  le  tilre  hono- 
rable que  plusieurs  autres,  beaucoup  moins  importantes,  ont  déjà 
obtenu  de  voire  muniQcence  royale.  Nous  le  sollicitons  auprès  de 
notre  souverain  légitime  duquel  il  nous  sera  plus  glorieux  de  l'ob- 
tenir; nous  le  sollicilons  pour  jouir  de  la  plus  belle  des  préroga- 
tives qui  y  soient  atlachées,  pour  qu'un  dépulé  pris  parmi  nous 
soit  admis  à  Faugusle  cérémonie  qui  se  prépare,  et  porte  Texpres- 
sion  de  noire  amour  au  royal  enfant  dont  la  naissance  nous  a  fait 
répandre  de  douces  larmes. 

»  Nous  invoquons  pour  obtenir  cette  faveur  Tavantage  d'une 
population  toujours  croissante  et  déjà  bien  supérieure  à  celle  de 
Dijon,  Colmar,  Tours,  La  Rochelle  et  Bourges;  un  commerce  actif 
et  favorisé  par  toutes  les  roules  dont  notre  ville  est  le  point  de 
réunion  ;  une  industrie  dont  les  produits  de  différents  genres  ont 
été  avantageusemenl  jugés  à  la  dernière  exposition  nationale;  enfin 
des  établissements  qui  supposent  ou  qui  donnent  une  grande 
importance  aux  cités  qui  les  possèdent,  tels  qu'une  cour  royale, 
une  préfecture,  une  académie,  un  collège  royal,  un  hôtel  des  mon- 
naies, une  maison  centrale  de  détention,  de  superbes  casernes  de 
cavalerie,  un  chantier  de  construction  pour  Tarlillerie. 

n  Sire,  au-dessus  de  tous  ces  titres,  il  en  est  un  dont  hous  nous 
prévalons  avec  un  plus  juste  orgueil  :  c'est  notre  amour  inaltérable 
pour  Votre  personne  sacrée  et  pour  votre  auguste  famille,  senti- 
ment noble  et  pur  dont  LL.  AA.  RR.  Monseigneur  le  duc  d'Angou- 
lôme  et  Madame  ont  plus  d'une  fois  recueilli  le  témoignage  et  qui 
respire  toujours  dans  le  choix  des  hommes  que  notre  déparlement 
envoie  à  la  chambre  des  députés. 

»  Daignez,  Sire,  recevoir  avec  avec  bonté  notre  humble  suppli- 
que, avec  rhommage  de  notre  amour  et  de  notre  vénération. 

»  Nous  sommes,  avec  le  plus  profond  respect.  Sire,  de  Votre 
Majesté,  les  très  humbles,  très  obéissants  et  très  fidèles  sujets. 

»  Les  maire,  adjoints  et  membres  du  conseil  municipal 

de  la  ville  de  Limoges.  »  (i) 

En  même  temps  que  cette  supplique  était  remise  au  roi,  la  notice 
suivante  était  adressée  au  ministre  de  Flntérieur  : 

»)  Notice  succinte  sur  le  rang  qu*occupait  avant  la  Révolution  et 
qu'occupe  encore  actuellement  la  ville  de  Limoges  parmi  les 
villes  de  France. 

»  L'ancienneté  delà  ville  de  Limoges,  dont  plusieurs  monumenfi 
historiques  attestent  l'existence  avant  que  les  Romains  pénétras- 

^1}  Archives  municipales  de  Limoges,  D  (s.  n.). 


LkHOÔRS   Et   LIS   BOltMBS   VILLBS  àiii 

sent  dans  les  Gaules  (1),  sa  position  géographique  qui  en  fait  le 
point  central  des  provinces  circonroisines,  sa  population  qui  a 
toujours  été  reconnue  excéder  vingt  mille  âmes,  les  établissemens 
principaux  dont  elle  a  été  constamment  le  siège,  la  nature  de  son 
commerce  qui  s'étend  du  nord  au  midi  et  de  Torient  à  Toccident 
de  la  France,  en  avaient,  depuis  lo'ngtems,  fait  une  des  villes  les 
plus  importantes  du  royaume. 

»  Capitale  de  la  province  du  haut  et  bas  Limousin  qui  formait 
un  grand  gouvernement  dont  était  revêtu  M.  le  duc  de  FitzJames, 
auteur  du  duc  pair  de  France  actuel  du  même  nom,  elle  possédait, 
en  outre,  un  évéché  dont  le  diocèse  comptait  plus  de  neuf  cents 
paroisses,  ujEie  intendance  qui  comprenait  non-seulement  le  haut 
et  le  bas  Limousin  mais  encore  une  partie  de  la  Marche  et  tout 
TAngoumois,  un  bureau  des  finances  des  Trésoriers  de  France 
dont  le  ressort  renfermait  la  même  circonscription,  une  séné- 
chaussée et  un  siège  présidial  considérables,  un  tribunal  d'élection, 
un  hôtel  et  juridiction  des  monnaies  et  un  collège  royal  de  plein 
exercice.  Il  ne  lui  manquait  enfin  qu'une  cour  souveraine  pour 
devoir  être  placée  sur  la  même  ligne  que  les  villes  de  France  les 
plus  riches  en  grands  établissemens. 

»  Si  Limoges  en  a  perdu  quelques-uns  qui  sont  devenus  incom- 
patibles avec  le  nouvel  état  de  choses,  tels  que  son  intendance  et 
son  bureau  des  finances,  ces  pertes  se  trouvent  aujourd'hui  avan- 
tageusement compensées  par  les  nouveaux  dont  elle  a  été  dotée, 
par  sa  préfecture,  par  sa  cour  royale,  son  académie,  sa  maison 
centrale  de  détention  dans  laquelle  six  ou  sept  déparlemens  ver- 
sent leurs  condamnés,  par  sa  maison  de  force  —  également  cen- 
trale —  pour  les  aliénés,  par  ses  belles  casernes  de  cavalerie  en 
pleine  construction  et  son  fulur  dépôt  d'artillerie  dont  remplace 
ment  est  déjà  acquis  pour  cette  destination  et  les  fondemens  sont 
sur  le  point  d'être  jetés;  grands  établissemens  militaires  qui,  une 
fois  achevés,  lui  donneront  le  jusle  espoir  d'obtenir  également  de 
devenir  le  siège  de  la  division  militaire  à  laquelle  elle  appartient 
et  qu'appellent  naturellement  dans  son  sein  les  nombreuses  com- 
munications que  lui  donnent,  avec  les  départemens  dont  se  com- 
pose cette  division,  les  roules  qui  y  aboutissent  dans  toutes  les 
directions,  préférablement  à  la  ville  de  Bourges,  cheMieu  actuel, 
où  l'état-major  de  cette  même  division  se  trouve  confiné,  en  quel- 
que sorte,  à  l'extrémité  de  son  territoire. 


(4)  ft  Voy.  la  Statistique  générale  de  la  France,  département  de  la  Haute- 
Vienne,  p.  130  ». 

T.  LU  93 


di6  SOCliTÂ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HlSTOaiQUB  DU  LIMOUSIH 

»  Déjà  avant  la  Révolution  et  dans  une  circonstance  bien  solen- 
nelle, la  convocation  des  deux  assemblées  de  notables  qui  a  pré- 
cédé celle  des  derniers  états  généraux,  Timportance  de  la  ville  de 
Limoges  et  sa  prééminence  sur  une  infinité  de  villes  de  France  ont 
été  reconnues  par  le  Gouvernement.  A  ces  assemblées  furent  appe- 
lés les  maires  des  vtngt-cinq  principales  villes  du  royaume  et 
Limoges  fut  de  ce  nombre.  Ces  maires  étaient  ceux  de  Paris,  Lyou, 
Marseille,  Bordeaux,  Rouen,  Toulouse,  Strasbourg,  Lille,  Nantes, 
Metz,  Nancy,  Montpellier,  Valenciennes,  Rheims,  Amiens,  Troyes, 
Limoges,  Montauban,  Glermont-Ferrand,  Rayonne  et  Cbàlons  en 
Champagne  (1). 

»  Par  là,  la  ville  de  Limoges  s'est  trouvée  déjà  classée  parmi  les 
plus  notables  du  royaume.  Toutes  ou  presque  toutes  les  autres, 
dont  ce  tableau  présente  la  nomenclature,  ont  depuis  reçu  le  titre 
de  Bonne  Ville  que  leur  conférait  implicitement  la  distinction  hono- 
rable par  elles  obtenue  en  1787  et  1788.  Si  Limoges  n'a  pas  été 
décorée  de  la  même  qualification,  ce  n^est  sans  doute  que  parce 
qu'on  aura  néglig*^  de  faire  valoir  ses  droits  à  solliciter  cette  faveur. 
Mais  il  est  un  titre  au(]uel  il  sera  plus  précieux  encore  pour  elle  de 
le  devoir  qu'à  celui  de  son  importance  :  c'est  le  bon  esprit  qui  a 
constamment  animé  la  grande  majorité  de  ses  habitans,  leur  atta- 
chement au  Trône,  leur  fidélité  inébranlable  et  leur  dévouement 
sans  bornes  à  la  personne  sacrée  de  Sa  Majesté  et  à  celles  de  son 
auguste  famille.  » 

Gomme  on  Ta  vu,  après  avoir  insisté  sur  le  rang  qu'occupait 
Limoges  avant  la  révolution  et  qu'elle  tenait  encore  parmi  les  villes 
de  France,  la  municipalité  faisait  ressortir  ce  fait  qui  lui  paraissait 
concluant  :  à  savoir  que  lors  des  assemblées  de  notables,  en  1787 
et  1788,  l'importance  de  la  capitale  du  Limousin  et  sa  prééminence 
sur  nombre  d'autres  localités  avait  été  reconnue  et  proclamée, 
puisque  son  chef  municipal  avait  été  du  nombre  des  vingt-cinq 
appelés  à  ces  assemblées.  Elle  en  inférait  que  Limoges  ^*était  par 
\i\  trouvé  classé  parmi  les  principales  villes.  Et  sa  prétention  au 
titre  de  Bonne  Ville  se  fortifiait  encore  de  cette  constatation  que. 


(4)  Voy.  les  procès-verbaux  des  deux  assemblées  de  notables  de  1787  et 
178J3,  imprimés  à  Paris  dans  les  mêmes  années  à  Fimprimerie  royale, 
pages  27  du  premier  et  33  du  second.  L'article  du  maire  de  Limoges,  au 
chapitre  des  chefs  municipaux  46s  villes,  y  est  ainsi  conçu  :  «  Monsieur 
Guillaume-Grégoire  de  Roulbac.  écuyer,  conseiller  du  roi,  lieutenant 
général  en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial  de  Limoges,  maire  de  la 
môme  ville.  » 


LiÉoois  ET  Les  bonnes  villes  H1 

depuis  lors,  toutes  ou  presque  toutes  les  autres  localités  repré- 
sentées avaient  reçu  le  titre  honorable  que  semblait  leur  conférer 
implicitement  la  désignation  faite  en  1787-88. 

Pourquoi  un  tel  argument,  qui  semblait  irréfutable  et  décisif, 
fut-il  impuissant  à  déterminer  une  solution  favorable? 

Rappelons  tout  d'abord  que  Limoges  n'était  pas  du  nombre  des 
villes  qui  avaient  obtenu  de  la  royauté  la  noblesse  municipale, 
c'est-à-dire  de  celtes  dont  les  offices  municipaux  conféraient  à  leurs 
titulaires  la  noblesse  personnelle  (1). 

Si  nous  examinons  maintenant  les  termes  de  l'édit  de  convoca- 
tion de  la  première  assemblée  des  notables,  nous  y  voyons  que 
«  S.  M.  a  déclaré  que  son  intention  était  de  convoquer  une  assemblée 
composée  de  personnes  de  diverses  conditions  et  des  plus  qualifiées 
de  son  Etat  pour  leur  communiquer  les  vues  qu'elle  se  propose 
pour  le  soulagement  de  son  peuple  et  la  réforme  de  plusieurs 
abus  ».  Et  dans  la  longue  liste  des  personnages  appelés  à  prendre 
part  aux  délibérations  nous  trouvons  nommément  désignés  les 
chefs  municipaux  de  vingt-quatre  villes  du  royaume,  celui  de  Limo- 
ges entre  autres  (2).  Mais  celte  désignation  ne  paraît  impliquer 
aucune  attribution  de  rang,,  aucune  classification  par  ordre 
d'importance.  Il  y  eut,  en  effet,  parmi  les  magistrats  municipaux 
appelés,  un  choix  basé  sur  des  considérations  de  personnes  autant 
que  de  localités.  La  preuve  en  est  que  le  maire  de  Châlons  ayant 
demandé  à  être  dispensé  de  siéger  à  raison  de  son  âge,  ce  ne  fut 
pas,  comme  à  Nantes,  où  le  maire  décéda  après  la  convocation, 
son  adjoint  qui  fut  choisi  pour  le  remplacer,  mais  bien  le  maire 
d'une  autre  ville,  celle  de  Rayonne  (3; . 

(1)  Ces  villes  élaient  : 

La  Rochelle  (8  janvier  r^72),  Poitiers  (8  janvier  137»),  Angoulôme  («373), 
Saint-Jean-d'Angély  (?),  Saini-Maixent  (avril  14U),  Tours  (février  MOI), 
Niort  (novembre  U6i),  Angers  (2  février  1474),  Péronne  (t53ô),  Nantes 
(1539),  Cognac  (confirmé  en  1667),  AbbevlUe  (confirmé  en  1667) 

(2)  Le  maire  de  Limoges  étail,  à  ce  momenl,  M.  Grégoire  de  Roulbac 
(Pour  plus  de  détails  sur  ce  personnage,  v.  nos  Notices  sur  les  députés  de 
la  Haute-Vienne  aux  assemblées  législatioes  de  la  Révolution). 

(3)  Le  a  banc  des  chefs  municipaux  des  villes  »  aux  assemblées  des 
notables  comprenait  :  le  prévôt  des  marchands  de  Pai-is,  le  maire  de 
Marseille,  le  lieutenant  de  maire  de  Bordeaui,  le  maire  de  Rouen,  le 
premier  capiloul  de  Toulouse,  le  préteur  royal  de  Strasbourg,  le  mayeur 
de  Lille,  le  procureur  du  roi,  syndic  de  la  ville  de  Nantes,  le  maître 
échevin  de  Metz,  le  maire  royal  de  Nancy,  le  viguier  de  Montpellier,  le 
prévôt  de  Valenciennes,  les  maires  de  Reims,  d'Amiens,  de  Troyes,  de. 
Caen,  d'Orléans,  de  Bourges,  de  Tours,  de  Limoges,  de  Montauban,  de 
Clermont  et  de  Rayonne,  le  premier  échevin  et  avocat  du  roi  au  grenier  & 
sel  de  Lyon. 


I 

I 


348  SOCIÉTÉ  ARGltOLÔOIOUB   It  HISTORIQUB  DU  LIlkOUSlK 

Si  la  situation  honorifique  dans  laquelle  le  fait  considéré  plaçait 
la  ville  de  Limoges  ne  lui  créait  pas  un  droit  pour  l'avenir,  il  n^en 
faut  pas  moins  retenir  que  des  vingt-quatre  cités  dont  il  est  ici 
question,  trois  seulement  :  Bayonne,  Limoges  et  Yalenciennes 
étaient  tenues  à  l'écart. 

L'argument  tiré  de  l'importance  de  notre  ville  au  point  de  vae 
administratif,  industriel  et  commercial,  a  une  plus  sérieuse  valeur, 
plusieurs  autres  localités  qui  jouissaient  du  titre  sollicité  se  trouvant, 
à  ce  point  de  vue,  dans  un  étal  d'infériorité  marquée.  On  va  roir 
quelles  considérations  furent  opposées  à  la  supplique  des  reprë- 
sentants  de  Limoges  : 

«  Direction  générale  de  V administration  départementale 

et  de  la  police. 

«Paris,  le  28  février  1824. 
»  Monsieur  le  Préfet, 

»  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  a  mis  sous  les  yeux  du  roi  le 
mémoire  du  corps  municipal  de  Limoges,  que  vous  lui  avez  adressé, 
et  il  a  fait  valoir  les  titres  que  présente  cette  ville  pour  obtenir  la 
faveur  d'être  classée  au  rang  de  bonne  ville  du  royaume. 

»  Je  regrette  d'avoir  à  vous  annoncer  que,  tout  en  appréciant  les 
sentiments  d'attachement  à  sa  personne  et  de  fidélité  des  habitants 
de  Limoges  et  en  reconnaissant  l'importance  de  celte  ancienne  cité 
sous  le  rapport  de  la  population  et  des  divers  établissements 
qu'elle  renferme,  le  roi  n'a  pas  témoigné  l'intention  de  lui  accorder 
cette  faveur.  S.  M.  pense  que  les  considérations  sur  lesquelles  elle 
appuie  sa  demande  lui  sont  communes  avec  d'autres  villes  et  elle 
croit  convenable  de  n'accorder  désormais  une  pareille  récompense 
qu'en  raison  de  motifs  particuliers. 

»  J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur  le  préfet,  avec  une  considéra- 
tion distinguée,  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

»  Le  Directeur  général. 

Signé  :  «  Mounier  »  (1). 
«  A  M.  le  préfet  de  la  Haute- Vienne  ». 

Pourtant  la  municipalité  limousine  ne  s^était  pas  montrée  avare 
de  témoignages  de  loyalisme;  elle  n'avait  laissé  échapper  aucune 
occasion  de  manifester  en  l'honneur  du  roi  et  de  la  famille  royale. 
Le  27  juin  1816,  le  conseil  votait  une  adresse  à  l'occasion  de 
l'alliance  du  duc  de  Berri  avec  la  princesse  Caroline  de  Naples. 

(I)  Archives  départemeatales  de  la  Haute-Vienne,  Z  1738. 


LIMOGES  BT  LB«  BONHBS  VILLES  349 

Le  même  jour,  il  inaugurait  à  rhôtel-de-ville  le  buste  du  roi  et 
donnait  à  cette  occasion  une  fête  publique.  Le  20  février  1820, 
Tassassinat  du  duc  de  Berry  était  le  prétexte  d'une  adresse  pleine 
d'une  sincère  émotion.  Le  10  octobre  suivant,  autre  adresse  à 
l'occasion  de  la  naissance  du  duc  de  Bordeaux.  Le  25  novembre, 
vote  d'une  souscription  pour  contribuer  à  l'acquisition  du  château 
de  Chambord.  Le  21  février  1821,  grande  fête  pour  célébrer  le 
baptême  du  duc  de  Bordeaux.  Le  13  septembre  de  la  même  année 
le  nom  du  jeune  prince  est  donné  à  une  rue  à  ouvrir  au  centre  de 
la  ville  (1). 

De  son  côté,  le  conseil  général  du  département  fait  preuve,  à 
chacune  de  ses  sessions,  d'un  ardent  royalisme.  Le  16  août  1820, 
il  vote  une  souscription  de  600  fr.  pour  le  monument  à  élever  à  la 
mémoire  du  duc  de  Berri.  Le  18  août  1821,  il  vote  «  à  l'unanimité 
et  en  première  ligne  »  une  subvention  de  1.000  fr.  pour  l'acquisi- 
tion du  domaine.de  Chambord  ;  mêmes  allocations  votées  en  1822 
et  1823,  ce  qui  porte  à  3.000  fr.  la  souscription  du  département. 
Le  9  septembre  1822,  celte  assemblée  vote  1.200  fr.  pour  achat 
d'un  portrait  en  pied  du  roi  et,  le  15  juin  1823, 1.200  pour  achat 
du  portrait  de  S.  A.  R.  M"*  la  duchesse  d'Angoulême,  vote  émis 
«  par  acclamation  comme  l'expression  du  voeu  de  son  cœur.  » 

  ces  multiples  démonstrations,  le  roi  répond  par  l'envoi  d'un 
buste  en  marbre  de  Turgot,  dû  au  sculpteur  Guichard  et  qui  restera 
l'unique  témoignage  de  sa  munificence.  Avec  une  constance 
inlassable,  le  conseil  municipal  n'en  persiste  pas  moins  dans  son 
désir,  guettant  pour  l'exprimer  une  occasion  favorable.  Dans  le 
courant  de  1825,  aux  approches  du  sacre  de  Charles  X,  il  rédige 
une  nouvelle  supplique  qu'il  fera  présenter  cette  fois  par  le  maré- 
chal Jourdan.  Voici  le  texte  de  ce  document  et  de  la  réponse  qui  y 
fut  faite  : 

«  Les  mairey  adjoints  et  membres  du  Conseil  municipal 

de  la  ville  de  Limoges, 

»  Au  Roi 
>i  Sire, 

»  Vos  fidèles  sujets,  les  habitants  de  la  ville  de  Limoges,  après 
avoir  satisfait  au  premier  besoin  de  leur  cœur  par  l'hommage 
respectueux  de  leur  amour,  de  leur  dévouement  et  de  leurs  vœux 
pour  le  bonheur  de  Votre  Majesté,  la  supplient  humblement 
d'élever  au  rang  des  J^onne»  villes  de  son  royaume  la  cité  qui  fut 
adis  l'apanage  de  Jeanne  d'Albret. 

(i)  La  rue  Adrien  Oabouché  actuelle. 


350  sociéré  arghéologiqur  et  historique  du  limoobin 

»  Si  pour  obtenir  cette  faveur  de  la  munificence  royale  il  fallait 
invoquer  les  souvenirs  historiques,  ils  rappelleraient  quelle  fut 
Tantique  splendeur  de  cette  ville,  les  sièges  glorieux  qu'elle 
soutint  pour  la  cause  de  ses  rois  légitimes,  les  privilèges  et  les 
distinctions  honorables  que  lui  mérita,  sous  le  règne  de  Charles  V, 
l'honneur  d'avoir,  la  première  de  TAquilaine,  secoué  le  joug  des 
Anglais,  privilèges  qui  équivalaient  alors  au  rang  qu'elle  sollicite 
aujourd'hui  et  qui  furent  successivement  confirmés  sous  les  règnes 
de  Charles  VI,  de  Charles  VII,  de  Louis  XI,  de  Louis  XII,  de 
Henri  II  et  de  l'immortel  ayeul  de  Votre  Majesté,  le  grand,  le  bon 
Henri,  qu'elle  eut  deux  fois  l'honneur  de  recevoir. 

jo  L'état  prospère  de  sa  population  et  de  ses  revenus  accrus  de 
plus  d'un  cinquième  depuis  dix  ans;  l'industrie  florissante  qui  la 
vivifie  et  dont  les  progrès  miraculeux  ne  sont  pas  moins  dus  au 
règne  paternel  de  l'auguste  frère  de  Votre  Majesté  qu'à  la  confiance 
avec  laquelle  le  génie  du  Limousin  sut  profiter  des  premiers 
bienfaits  de  la  Restauration  pour  créer  une  foule  de  manufactures 
dont  les  produits  sont  devenus  l'objet  d'un  commerce  important 
avec  l'étranger  ;  les  grands  établissements  publics  et  royaux  qu*elle 
possède  et  dont  la  conservation  lui  est  non  moins  assurée  par 
leur  ulilifé,  leurs  services,  que  par  la  puissante  protection 
de  Votre  Majesté;  la  constante  fidélité,  lamour  inaltérable  de  ses 
habitants  pour  leurs  princes  légitimes  et  dont  LL.  AA.  RR.  Mon- 
seigneur le  Dauphin  et  Madame  la  Dauphine  ont  daigné  recueillir 
plusieurs  fois  les  témoignages  unanimes  :  tels  sont  les  titres  que  la 
ville  de  Limoges  est  heureuse  de  présenter  à  Votre  Majesté  et  les 
moyens  par  lesquels  elle  peut  soutenir  avec  distinction  le  rang  de 
bonne  ville  qu'elle  attend,  Sire,  de  votre  bienveillance  auguste. 

»  Nous  sommes  avec  un  profond  respect.  Sire,  de  votre  Majesté, 
les  très  humbles  et  très  fidèles  sujets  »  (1). 

«    MINISTÈRE   DE   l'iNTÉRIEUR 

«  Direction  de  l'adminiMration  générale  et  départementale 

/•'  bureau 

»  Paris.  le4juilleH825. 
»  Monsieur  le  préfet, 

»  M.  le  maréchal  c**  Jourdan  m'a  transmis  le  9  du  mois  dernier 
un  placet  par  lequel  la  ville  de  Limoges  supplie  Sa  Majesté  de 
l'élever  au  rang  de  bonne  ville. 

(\)  Archives  muDicipales  de  Limoges,  D  (s.  n.)* 


LIH0018  ET  LBS  BONNES  TILLIS  351 

x>  Veuillez  faire  connailre  à  M.  le  maire  de  Limoges  que,  malgré 
les  titres  honorables  qae  cette  cité  fait  valoir,  la  faveur  qu'elle 
sollicite  ne  peut  lui  être  accordée;  l'intention  de  Sa  Majesté  est  de 
ne  pas  augmenter,  quant  à  présent,  le  nombre  des  bonnes  villes 
de  son  royaume. 

»  Recevez,  Monsieur  le  préfet,  l'assurance  de  ma  considération 

distinguée, 

»  Pour  le  ministre  : 

»  Le  Conseiller  d'Etat  directeur, 

(Signature  illisiblej  (1) 

«  A  M.  le  préfet  de  la  Haute-Vienne  ». 

On  le  voit,  la  municipalité  de  Limoges  ne  fut  pas,  celte  fois,  plus 
heureuse  que  précédemment.  Ce  devait  être  sa  dernière  tentative. 
Désormais  ce  sont  des  griefs  que  formuleront  les  corps  élus.  Et  par 
exemple,  le  27  juillet  1826,  au  cours  de  la  séance  du  conseil  général 
du  déparlement,  un  membre  constate  que  la  Haute- Vienne  <<  est  en 
arrière  de  la  civilisation  et  que  le  mouvement  rapide  qui  Ta  avancée 
dans  d*aulres  contrées  s'y  fait  à  peine  sentir  hors  de  Tenceinte  des 
villes  »  (2).  Et  on  laisse  entendre  que  la  faute  en  est  au  gouverne- 
ment dans  les  conseils  duquel  ce  département  est  constamment 
sacriûé. 

Sous  la  main  maladroite  des  nouveaux  maîtres  le  peuple  s'était 
cabré.  Peu  à  peu  s'amassait  la  tempête  qui  devait  obliger  les 
Bourbons  à  se  réfugier  de  nouveau  à  Tétranger.  Les  destinées  de 
la  nation  allaient  échapper  aux  éphémères  détenteurs  du  pouvoir. 
1830  vit  la  fin  d'un  état  de  choses  dont  le  vice  capital  était  d'être 
constitué  par  des  organes  morts  depuis  longtemps.  A  un  gouver- 
nement immobilisé  dans  le  passé  succéda  l'autorité  d'un  prince 
libéral  et  populaire.  En  même  temps  que  l'orientation  de  la  politique 
changeait,  les  mœurs  publiques  se  modifiaient  sensiblement.  Les 
distinctions  sociales  s'effaçaient  pour  faire  place,  sinon  à  une 
égalité  absolue  entre  les  citoyens,  du  moins  à  une  conception 
moderne  dégagée  de  tout  souvenir,  libérée  de  -toute  formule 
antérieure.  Un  soufQe  pacifiant  de  liberté  animait  les  actes  du 
nouveau  gouvernement,  déterminant  le  progrès  dans  les  conditions 
sociales  et  économiques  du  pays. 


(1)  rchives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  Z  1738. 

(2)  Analyse  des  délibé rations  tnanusoritês  de  1800  à,  1839,  par  M.  A|f. 
I^eroux.  —  Limoges,  1899. 


352  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  H18T0II1QUB  DU  LIMOUSIN 

Au  surplus,  une  génération  était  suryenue,  désenchantée,  scep- 
tique, aussi  méprisante  des  valeurs  d'imagination  qu'attachée  aux 
avantages  positifs.  Or,  en  matière  sociale,  les  doctrines  et  les 
formules  ne  valent  que  par  leur  adaptation  à  la  mentalité  populaire 
qui  les  vivifie  et  qui  les  soutient.  Comme  une  conséquence  suit  son 
principe,  l'institution  aristocratique  des  Bonnes  Villes  devait  ne  pas 
échapper  à  l'évolution  qui  s'accomplissait.  Le  titre  ne  fut  point 
retiré  aux  localités  qui  l'avaient  obtenu,  mais  il  cessa  d'être  décerné 
et  fut  tenu  pour  virtuellement  aboli.  Il  n'est  plus  aujourd'hui  qu'un 
souvenir. 

A.  Fray-Fournier. 


LA 


SEIGNEURIE   DE  SAINT-YRIEIX 


CHAPITRE  I" 

LA  JUSTICE  DE   LA   SEIGNEURIE  DE  SAINT-TRIEIX 

La  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  en  Poitou,  avait  droit  de  justice 
baute,  moyenne  et  basse.  Les  appels  de  cette  juridiction  ressorlis- 
saient  au  sénéchal  de  MontmoriUon. 

Son  ressort  comprenait  : 

!•  Dans  la  paroisse  de  Saiût-Yrieix  :  le  bourg  de  Saint-Yrieix, 
Ars  (en  partie),  Bessas  (en  parlie),Le  Brudicu,  Le  Cloup-Vallereix, 
Lorthomas  (en  partie),  Madéry,  le  Malard  (tènement,  en  partie),  le 
Montruc,  le  moulin  des  Isles,  le  moulin  du  Roudet,  le  moulin  de 
Sarepte,  Peylanges  (en  partie),  La  RocheroUe,  Le  Theil-Haut,  Le 
Treidars,  La  Valette  (en  partie).  Le  Verdinaud  et  Vernon  ; 

9?  Dans  la  paroisse  de  Saint-Marc-à-Loubaud  :  Pourcheyroux 
(en  partie). 
On  tenait  les  audiences  de  cette  justice  au  bourg  de  Saint-Yrieix. 

Nous  connaissons  comme  officiers  de  cette  juridiction  i 

Juges  sénéchaux  : 

Antoine  du  Leyris,  licencié-èz-droits,  sénéchal  juge  ordi- 
naire (1615); 

Michel  Meaulme,  sieur  de  La  Troudière,  advocat  en  parle- 
ment, juge  de  Saint-Yrieix  (1686, 1 1680)  ; 

Procureurs  d'office  ou  fiscaux  : 

Antoine  Ghappellon  Talné  (1593)  ; 

Gabriel  Darfeuilhe,  sieur  de  la  Brousse  (1711)  ; 

Jean  Barben  (1739-1743). 

Greffiers  : 

Du  Leyris  (1593)  ; 
Michel  Despaignat  (16...); 
Léonard  Jagot  (1668, 1670)  ; 
Gasne  (1732); 
Leblaûc(1760); 
Coulisson  (1774). 


354  SOCliTÂ  ARCBÉOLOGIQUB  KT   HISTORIQDB  DU  LIMODSIN 


CHAPITRE  II 


LES   SEIGNEURS 


ï.  —  François  de  PierrebufBère,  chevalier,  seigneur  baron  de 
PierrebufBère,  premier  baron  du  Limousin,  seigneur  de  Saint-Paul, 
Aigueperse,  Pontarion,  Le  Monteil-au-Vicomte,  Saint- Yrieix  en 
iSii,  donna,  le  24  octobre  1537,  le  dénombrement  delà  seigneurie 
de  Saint- Yrieix  (1).  Il  mourut  vers  1850,  laissant  de  Marguerite  de 
Maulmont,  dame  de  Sussac,  fille  de  Louis  de  Maulmont,  seigneur 
de  Saint-Vit,  Beauvais,  La  Groisille,  Le  Pommeau,  et  de  Françoise 
de  Noailles,  qu'il  avait  épousée  en  avril  1321,  entre  autres  enfants, 
Jean-Geoffroi,  qui  suit. 

IL  — Jean-Geoffroi  de  PierrebufBère,  chevalier,  baron  de  Pierre- 
bufflère,  premier  baron  du  Limousin,  seigneur  d* Aigueperse,  Sus- 
sac,  Saint-Paal,  Pontarion,  Le  Pont-de-Noblac,  Le  Monteil-aa- 
Vicorate,  Beauvais,  Saint- Yrieix  en  1550,  époux  de  Marguerite  de 
Bourbon-Busset,  fille  de  Philippe  de  Bourbon,  chevalier,  baron  de 
Busset  et  de  Puisagul,  et  de  Louise  Borgia,  duchesse  de  Valenti- 
nois,  aliéna  vers  1557  la  seigneurie  de  Saint- Yrieix  à  François  de 
PierrebufBère,  vicomte  de  Comborn  et  baron  de  Châteauneuf,  qui 
suit. 

III.  —  François  de  PierrebufBère  et  de  Comborn,  chevalier, 
vicomte  de  Comborn,  baron  de  Châteauneuf,  de  Treignac  et  de 
Peyrat,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  Soubrebost,  La  Croizille  en  1557, 
fit  comparoir  le  16  octobre  1559  à  la  réformation  de  la  Coutume  du 
Poitou  à  cause  de  sa  baronnie  de  Peyrat  et  des  seigneuries  de 
Saint-Yrieix  et  de  Soubrebost.  Il  testa  en  1562  et  était  mort  en 
1568.  Il  avait  épousé  :  1°  en  1549,  Catherine  de  Ségur;  2*  le 
16  mars  1551,  Catherine-Jeanne  Chabot  de  Jarnac,  fille  de  Charles 
Chabot,  baron  de  Jarnac,  et  de  Madeleine  de  Puiguyon.  Du  second 
mariage  naquit  Charles,  qui  suit. 

IV.  —  Charles  de  PierrebufBère  et  de  Comborn,  chevalier, 
vicomte  de  Comborn,  baron  de  Châteauneuf,  Peyrat,  Treignac, 
Chabannes,  Beaumont,  Chamberet,  seigneur  de  Ghasteau,  Saint- 
Yrieix,  Soubrebost;  La  Croizille,  lieutenant  pour  le  roi  en  Limou- 
sin en  1579,  épousa,  le  2  mai  1575,  Philiberte  de  Gontaut-Biron, 
fille  d'Armand  de  Gontaut,  baron  de  Biron,  et  de  Jeanne  d'Or- 
nesan. 

(1)  Archives  de  la  Crenge,  E  iSS, 


LA   8IIGNCURIB  DE  SAINT-TRIRIX  355 

En  i585,  il  avait  pour  fermier  de  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix 
Jehan  Doumy,  sieur  de  Mansat. 

Parade  du  18  juin  1S93  du  Leyris  et  Laurent,  no'"  roy.,  passé 
au  château  d'Aubepeyre,  en  la  Marche,  en  présence  de  noble  Fran- 
çois de  Faye,  écuyer,  seigneur  dudil  lieu,  et  de  noble  Gabriel  de 
Châteauneuf,  écuyer,  seigneur  du  Chalard,  habitant  de  Château- 
neuf,  le  vicomte  de  Comborn,  agissant  tant  en  son  nom  personnel 
qu'au  nom  de  Jeanne  Chabot,  dame  de  Châteauneuf,  sa  mère,  et 
de  Philiberte  de  Biron,  sa  femme,  vendit,  moyennant  trois  mille 
deux  cent  trois  écus  un  tiers,  à  noble  Jacques  de  Chizadour,  écuyer, 
seigneur  d'Aubepeyre,  La  Foresl,  Le  Râteaux,  La  Chaud  et  Puy- 
Seguin,  la  terre  et  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  près  Vallière, 
tenue  et  mouvant  du  roi,  à  cause  de  son  comté  de  Poitou,  à  foi  et 
hommage  lige  d*icelui,  avec  tous  les  droits  de  fief  et  la  justice  haute, 
moyenne  et  basse.  Le  31  juin  1S93,  au  château  de  Châteauneuf, 
devant  du  Leyris  et  de  Mofanlons,  no'*'  roy.,  haute  et  puissante 
dame  Jeanne  de  Chabot,  dame  de  Châteauneuf,  veuve  de  feu  et  de 
bonne  mémoire  raessire  François  de  Pierrebuffière,  baron  de  Châ- 
leauneuf,  et  dame  Philiberte  de  Biron,  vicomtesse  de  Comborn, 
femme  dudit  Charles  de  Pierrebuffière,  ratifièrent  cette  vente  (1). 

A  partir  de  ce  contrat,  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  en  Poitou, 
suivit  le  sort  de  celle  d'Aubepeyre,  en  Marche.  Elle  eut  donc  suc- 
cessivement pour  seigneurs  : 

V.  —  Noble  homme  Jacques  de  Chizadour,  écuyer,  seigneur 
d'Aubepeyre,  La  Fourest-Belleville,  Le  Chier,  Râteaux,  Puy-Seguin, 
Saint-Yrieix  et  autres  places,  réunit,  ainsi  que  nous  venons  de  le 
dire,  la  terre  et  seigneurie  de  Saint-Yrieix  à  la  terre  et  seigneurie 
d'Aubepeyre.  Il  mourut  vers  1598. 

VL  —  Françoise  de  Chisadour,  dame  d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix, 
]jSi  Forest-Belleville,  Le  Râteau  et  autres  places,  et  Louys  de  Gour- 
don  de  Genouilhac,  comte  de  Vaillac,  son  mari,  eurent  comme 
receveurs  au  château  d'Aubepeyre,  pour  administrer  la  terre  et 
seigneurie  de  Saint-Yrieix,  en  1603,  1604,  1603,  Léonard  Chans- 
sard;  en  1606,  Le  Roy;  en  1608,  Bally.  En  1615,  cette  terre  et  sei- 
gneurie était  affermé  à  Léonard  Huguet,  sieur  du  Mas. 

VIL  —  Louis-François  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier, 
marquis  de  Castelnau,  seigneur  du  Rasteau,  Aubepeyre,  Saint- 
Yrieix,  La  Forest-Belleville,  Le  Chier  et  autres  places,  avait  en 
1636,  1637  et  1638  pour  fermier  de  ladite  terre  et  seigneurie  le 
sieur  du  Leyris.  En  1639,  il  fut  remplacé  par  Gabriel  Yallenet, 
sieur  de  Rouzilie. 

(0  Voy.  h  Tappendicç  lesdites  vente  et  ratifici^tion, 


356  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UMOUSIN 

VIII.  —  Jean-Paul  Ricard  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier, 
comte  de  Vaillac,  baron  de  Gourdon  et  de  Genouilhac,  baron  de 
Montferrand,  premier  baron  de  Guyenne,  seigneur  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  Le  Boisse,  La  Barivière,  Estau- 
tier,  Plassac,  Pinard,  eut  à  partir  de  1639,  comme  fermier  de  la 
terre  et  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  Gabriel  Vallenet,  sieur  de  Rou- 
zille.  Ce  dernier  était  encore  fermier  en  1644  au  moment  de  la 
vente  de  ladite  terre. 

IX.  —  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac,  dame  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville,  et  Flotard  de  Turenne,  marquis 
d'Aynac,  baron  de  Molières,  seigneur  de  Salles,  etc.,  son  mari, 
eurent  aussi  comme  fermier  le  même  Gabriel  Vallenet  jusqu'au 
commencement  de  1646.  Les  receveurs,  qui  représentaient  le  sei- 
gneur, habitaient  le  château  dAubepeyre.  Du  commencement  de 
1646  à  la  fin  de  1661,  Jacques  de  La  Paye  de  La  Porte,  baron  du 
Leyris,  administra  la  terre  de  Saint-Yrieix  en  môme  temps  que 
celle  d'Aubepeyre.  La  terre  de  Saint-Yrieix  eut  d'ailleurs  les  mêmes 
fermiers  que  celle  d'Aubepeyre,  savoir  :  Jean  Darfeuilhe,  sieur  de 
Roubène,  et  Antoine  Forest  de  1663  à  1670,  de  Truffy  de  1670 
à  1673. 

X.  —  Louis  de  Turenne  d'Aynac,  chevalier,  marquis  d'Aynac, 
comte  d'Aubepeyre,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  La  Forest-Belleville, 
baron  de  Felzins  et  de  Montmural,  premier  baron  du  Quercy,  afferma 
le  25  septembre  1681  la  terre  et  seigneurie  de  Saint-Yrieix  à 
Gabriel  Darfeuilhe,  notaire  royal  à  Chaslaing,  en  même  temps  que 
celles  d'Aubepeyre  et  de  La  Forest-Belleville.  A  partir  de  1687 
inclusivement,  Léonarde  Forest,  veuve  de  Jehan  Darfeuilhe,  et 
Léonard  Darfeuilhe,  sieur  de  Roubène,  son  fils,  furent  fermiers 
desdites  terres  et  seigneuries. 

XL  —  Jean  de  Turenne  d*Aynac,  chevalier,  seigneur  comte 
d'Aubepeyre  et  d*Aynac,  baron  de  Salles,  seigneur  de  Belleville- 
la-Forest,  Saint-Yrieix,  Le  Chier,  Le  Bousquet,  garda  Léonarde 
Forest  et  Léonard  Darfeuilhe  comme  fermiers  jusqu'en  1692.  Après 
leur  sortie,  Jean  de  Turenne  intenta  une  action  à  Gabriel  Dar- 
feuilhe, ancien  fermier  de  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  pour  le 
faire  condamner,  en  sa  qualité  de  fermier  des  dîmes  de  la  paroisse 
de  Saint-Yrieix,  à  lui  payer  quatre-vingt-seize  setiers  seigle,  mesure 
de  la  Borne,  dus  à  raison  de  seize  setiers  par  an,  pour  les  années 
1687  à  1692,  à  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix  sur  les  dîmes  inféo- 
dées de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix.  Gabriel  Darfeuilhe  appela  en 
cause  pour  le  garantir  Léonarde  Forest,  veuve  de  Jean  Darfeuilhe, 
et  Léonard  Darfeuilhe,  sieur  de  Roubène,  son  fils.  Par  sentence  de 
la  sénéchaussée  de  Guéretjdu  6  juin  1693,  Jean  de  Turenne  fut 


LA  SI1GNBURIB  DK  SAlKT-tRlBIX  3S7 

débouté  de  sa  demande  et  condamné  aux  dépens,  mais  sur  appel 
de  ce  dernier  intervint,  le  !•'  juillet  1704,  un  arrêt  du  parlement 
de  Paris,  qui  condamna  Gabriel  Darfeullhe  à  payer  les  quatre- 
vingt-seize  setiers  seigle  et  en  tous  les  frais. 

Les  revenus  de  ladite  terre  et  seigneurie  étaient  touchés  en  1693 
et  1694  par  Raymond  Delbosc,  agent  et  régisseur  à  Âubepeyre,  en 
1699  par  Guillaume  Laguarrigue,  receveur. 

XII.  — Jean-Galiot  de  Turenne,  chevalier,  seigneur  comte,  puis 
marquis  d'Aubepeyre,  Salles,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  Laforest- 
Belleville,  Gourbatier,  Le  Pouget  et  autres  places,  eut  pour  rece- 
veurs, en  1719,  Antoine  Puechoultre,  advocat  en  parlement,  en 
1722  et  1723  Jean  Carneiac.  En  1723,  Jean-Galiot  afferma  les  prés, 
pacages  et  glandaies  du  bois  appelé  de  Vernon. 

Suivant  le  sort  de  la  terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre,  celle  de 
Saint- Yrieix  fut  affermée  en  1730  à  Pierre  Dumond,  notaire  royal 
d'Eymoutiers,  en  1738  à  Gabriel  Guyonie,  de  Vallière.  Antoine 
Puechoultre  était  agent  et  mandataire  du  seigneur  en  1733,  Jean 
Honrouzié  à  partir  de  1746. 

XIII.  —  Jean-Antoine  de  Turenne,  chevalier,  seigneur  marquis 
d'Aubepeyre,  Saiut-Yrieix,  Laforest-Belleville,  Salles  en  Rouergue, 
Charbonnière  et  autres  places  en  Gévaudan,  avait  en  1752  et  1753 
pour  agent  Claude  Barben,  marchand,  du  village  de  Pimpérigeas. 

Le  10  novembre  i760,  la  terre  et  seigneurie  de  Saint-Yrieix  fut 
saisie  réellemenl  en  môme  temps  que  celle  d'Aubepeyre,  ainsi  que 
nous  Tavons  raconté  dans  la  notice  qui  précède,  mais  ces  pour- 
suites n'allèrent  pas  jusqu'à  la  vente. 

XIV.  —  Jeanne-Martiale-Galiotede  Turenne,  dame  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  et  Raymond  Garât  de  La  Villeneuve,  écuyer,  marquis 
de  Nedde,  seigneur  baron  de  La  Villeneuve-au-Comte,  son  mari, 
furent  les  derniers  seigneurs  de  Saint-Yrieix.  Raymond-Galiot- 
François  Garât  de  La  Villeneuve,  leur  fils  aîné,  était  connu  sous  le 
nom  de  Monsieur  de  Saint-Yrieix  avant  de  partir  pour  l'émigration, 
dont  il  ne  revint  pas. 


I 

358  SOCIÉTÉ  ARGIIÈOLOOIOUB  ET  B18T0RIQ0B  bU  LlttOUSlH 


CHAPITRE  III 

DOMAINE  UTILE,  RENTES  ET  DÎMES  DE  LA  SEIGKEURIR  DB  SARrr-TRlBrX 

I  f^.  —  Domaine  utile 

Ea  fait  de  biens  territoriaux,  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix  pos- 
sédait seulement  en  1646  : 

i""  Le  moulin  banal,  appelé  Le  Roudet,  paroisse  et  justice  de 
Saint-Yrieix,  «  situé  sur  le  ruisseau  qui  descend  de  Serre  dans 
la  rivière  de  Sourliavoux  »  (la  Banise).  En  1722  il  était  affermé, 
moyennant  cinquante-six  livres,  à  Gabriel  Despaignat,  de  La 
Rebeyrolle.  En  1744,  Jean-Galiot  de  Turenne  fit  réparer  par  Léo- 
nard Gigaudeau,  du  Meysounioux,  la  chaussée  de  Tétang  de  ce 
moulin.  Par  acte  du  4  mars  1766  Goumy  et  Barben,  no"'  roy., 
M.  de  La  Villeneuve  donna  ce  moulin  à  titre  de  cens  et  rente  per- 
pétuelle noD  rachelable,  avec  réserve  pour  le  seigneur  de  tous 
droits  de  lods  et  ventes  et  directe,  à  Léonard,  Jacques  et  Jean  Guil- 
lebaud,  père  et  fils,  du  Verdioaud,  moyennant  quarante-et-une 
livres  argent  et  quatre  chapons  de  fermage  annuel  et  une  rente 
féodale  de  vingt  sols  argent  (1). 

.  2*  Le  pré,  dit  des  Prades,  située  à  Madéry.  En  1722  il  était  affer- 
mé, en  môme  temps  que  le  moulin  du  Roudet,  à  Jean  Verniaud, 
moyennant  pour  lé  tout  an  fermage  annuel  de  quatre-vingts  livres. 
Il  fut  aliéné  avant  1761. 

3**  Et  au  tènement  des  Bourderies,  possédé  par  les  habitants  de 
La  RocheroUe  et  du  Verdioaud,  un  petit  quart  de  domaine,  qui  fut 
aussi  aliéné  avant  1761. 

En  1688,  la  terre  de  Saint-Yrieix  possédait  le  bois  et  garenne 
de  Vernon  ;  à  cette  date  le  juge  sénéchal,  maître  des  eaux  et  forêts 
de  ladite  seigneurie,  dressa  procès-verbal  contre  Léonard  Dar- 
feulhe,  sieur  de  Roubène,  fermier  de  ladite  terre  et  seigneurie, 
pour  avoir  abattu  et  emmené  sans  aucun  droit  les  arbres  dudit 
bois.  Le  seigneur  possédait  encore  en  1728  ce  bois,  qui  lors  était 
affermé  soixante-dix  livres.  Il  n'en  est  pas  question  dans  la  saisie 
de  1761. 

(I)  Archives  de  la  Creuse,  E  i85. 


Là  SKlGNBOalB   DR  âATMt-YRlElX  350 

§  2.  —  Rentes  féodales 

En  renies  féodales  annuelles,  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix  per- 
cevait en  1646  : 

!•  Sur  le  lieu  de  LaFéraude,  au  bourg  de  Saint-Yrieix,  argent 
vingt-deux  sols  six  deniers  ; 

9^  Sur  le  lieu  de  Longmanias,  mêmes  dépendances,  argent  six 
sols,  gélines  deux; 

3""  Sur  le  tënement  des  Gourganioulx,  mêmes  dépendances, 
trente-huit  sols  neuf  deniers  argent,  trois  setiers  seigle,  un  setier 
froment,  une  géline,  une  paire  de  bœufs  de  vinade  et  le  droit 
d  arban  ; 

4''  Sur  le  tënement  des  Foucaud,  mêmes  dépendances,  quarante 
sols  argent,  neuf  setiers  seigle,  trois  quartes  froment,  quatre  setiers 
avoine,  quatre  gélines  et  une  paire  de  bœnfs  de  vinade,  avec  droit 
d'arbans  ; 

5*»  Sur  les  tènemenls  deLauvergoiatei  Saxon,  mêmes  dépendan- 
ces, vingt-sept  sols  six  deniers  argent  et  deux  gélines; 

6"  Sur  la  métairie  du  seigneur  de  Larfeuillère,  sise  au  bourg 
de  Saint-Yrieix,  six  livres  argent  el  six  setiers  seigle  ; 

En  1761,  la  rente  solidaire  sur  le  bourg  de  Saint-Yrieix,  outre 
un  canton  affermé  au  curé,  était  de  dix-sept  setiers  vingt-six  quar- 
tons  seigle,  soixante-six  quartons  avoine,  dix-sept  livres  seize  sols 
argent  et  deux  arbans  ; 

7*»  Sur  le  village  et  tènement  de  Peylangeas,  trois  livres  cinq 
sols  argent,  neuf  setiers  seigle,  trois  setiers  avoine,  mesure  de  La 
Borne,  deux  gélines,  le  droit  d'arbans  et  deux  paires  de  bœufs  de 
vinade;  en  1761,  dix-huit  livres  argent,  neuf  setiers  seigle,  quatre 
setiers  avoine,  deux  poules,  arbans  chaque  maison  un; 

S""  Sur  le  tënement  des  Bourderies,  possédé  par  les  habitants  de 
La  Rocherolle  et  du  Yerdinaud,  trente  sols  argent,  huit  setiers 
seigle,  un  setier  avoine  et  deux  gélines  ; 

9*  Sur  le  village  de  La  Rocherolle,  argent  sept  sols  six  deniers, 
seigle  deux  setiers,  avoine  deux  raz  ; 

10**  Sur  le  village  du  Verdinaud,  argent  deux  livres  trois  sols 
neuf  deniers,  seigle  trente  boisseaux,  avoine  sept  boisseaux,  me- 
sure de  La  Borne,  gélines  trois  quarts  d*une  ; 

En  1761,  la  rente  solidaire  sur  les  villages  du  Verdinaud  et  de 
La  Rocherolle  consistait  en  huit  setiers  seigle,  deux  setiers  avoine, 
six  livres  argent,  deux  poules  et  un  arban  par  chaque  maison  ; 

11*  Sur  le  lieu  et  village  de  Madéry,  sept  livres  dix  sols  argent, 


360  SOClfttÈ  ABGHÈOLO6IQUB   ET  talSTORIQUB  bl)   tlMOUSlM 

une  quarte  froment,  vingt-trois  setiers  esmine  seigle,  neuf  setiers 
avoine,  mesure  de  La  Borne,  six  gélines,  trois  paires  de  bœufs  et 
un  (iers  d'une  autre  paire  de  bœufs  de  vinade  et  le  droit  d^arban  ; 
en  1761,  vingt-quatre  setiers  seigle,  neuf  setiers  avoine,  cinq  pou- 
les, argent  et  vinade  vingt-six  livres; 

12"  Sur  le  village  du  Trei«lars,  argent  dix-huit  sols  neuf  deniers, 
seigle  cinq  setiers,  avoine  deux  setiers  trois  raz,  mesure  de  La 
Borne,  gélines  cinq  ; 

13^  Droit  de  guet  à  raison  de  trois  sols  par  feu  vif  sur  le  bourg 
de  Saint-Yrieix,  Madéry,  Peylangeas,  La  Rocherolle,  Le  Verdinaud, 
Ârs,  Le  Treidars,  Lorthomas,  Le  Montruc,  Le  Brudieu  et  Sarepte. 

§  3.  —  Dîmes 

Les  seigneurs  de  Larfeuillère,  de  la  maison  de  Montaignac,  ainsi 
qu'il  résulte  des  dénombrements  et  aveux  de  1433  et  1670,  et  de 
la  saisie  des  terres  du  Honteil  et  de  Larfeuillère  de  1730,  possé- 
daient quelques  renies  sur  le  lieu  du  Theil  et  partageaient  avec  le 
curé  les  dîmes  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix.  Lesdils  seigneurs  de 
Larfeuillère  levaient  originairement  la  dîme  dans  la  paroisse  de 
Saint-Yrieix  sur  les  villages  suivants  :  le  bourg  de  Saint-Yrieix, 
Sarepte,  Peylangeas,  Giboulioux,  Ars,  Le  Marcelleix,  Le  Verdinaud, 
La  Rocherolle,  La  Valette,  Puy-Bessas,  Bessas,  Magnai,  Le  Mey- 
sounioux.  Le  Cloup,  Le  Theil-Haul,  Le  Theil-Bas,  Madéry,  Aube- 
peyre,  Lorthomas,  Le  Montruc,  Serre.  Ces  dîmes  étaient  inféodées 
à  la  seigneurie  de  Sainl-Yrieix. 

Le  7  mai  1639,  Gaspard  II  de  Montaignac  avait  aliéné  toule:^  les 
dîmes  inféodées  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix,  mais  il  faut  croire 
que  celte  vente  ne  fût  pas  définitive,  ou  du  moins  qu'il  n'y  eut 
d'aliéné  qu'une  partie  de  ces  dîmes  car,  au  moment  de  la  vente  de 
la  seigneurie  de  Larfeuillère  à  Denis  de  Gédoyn,  vicomte  du  Mon- 
teil,  qui  eut  lieu  le  6  juillet  1674,  Gaspard  III  de  Montaignac  pos- 
sédait encore  :  1°  la  dîme  du  Preslre  Jean,  qui  était  la  dîme  des 
trois  villages  de  Giboulioux,  Ars  et  Le  Marcelleix;  la  dime  du  Grand 
Quartier,  consistant  dans  la  dîme  des  villages  de  Magnat,  Le  Cloup, 
Le  Mont,  Le  Theil-Haut  et  le  Theil-Bas  ;  les  dîmes  des  villages  de 
Serre  et  de  Madéry. 

A  cause  de  ces  dîmes,  le  seigneur  de  Larfeuillère  était  tenu  de 
contribuer  pour  un  tiers  aux  réparations  de  Téglise  de  Saint- 
Yrieix.  Le  13  février  1653,  François  de  Montaignac,  seigneur  de 
Larfeuillère,  fit  avec  Antoine  Lavandrier,  curé  de  Saint-YrieiXt 
une  convention  par  laquelle  le  curé  s'engagea  à  faire  à  Téglise  les 
réparations  à  la  charge  du  seigneur  de  Larfeuillère,  qui  devait  lai 


Là   SfelGICKURtE   OB  SàlNT-VRltelX  ^61 

payer  pour  cet  objet  la  somme  de  «  sept  vingts  livres  ».  Le  curé 
n'exécutant  pas  ce  traité,  honorable  maitre  Jehan  du  Mazel,  fermier 
de  la  seigneurie  de  Larfeoiilère,  fit  signiiier  des  offres  réelles  au 
curé  par  Delavergne,  no"  roy.  héréd.,  le  28  juin  1624,  en  présence 
de  noble  René  de  Saint- Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Saint-Yrieix,  et  de 
M' Jehan  Dufau,  procureur. 

Au  sujet  du  partage  des  dîmes  et  novales,  un  procès  s'engagea 
entre  Gaspard  III  de  Montaignac  et  François  Matheyron,  curé  de 
Saint- Yrieix.  Louis  de  Turenne,  marquis  d'Aynac  et  comte  d'Au- 
bepeyre,  intervint  dans  cette  instance,  en  qualité  de  seigneur  de 
Saint- Yrieix,  prétendant  avoir  droit  à  une  partie  de  ces  dîmes.  Une 
sentence  du  sénéchal  de  la  Marche  du  11  août  1679  et  un  arrêt  du 
Parlement  de  Paris  du  2  août  1684  réglèrent  les  droits  des  deux 
possesseurs  de  la  dîme  de  Sain t- Yrieix  ;  il  fut  reconnu  que  le 
seigneur  de  Saint- Yrieix  avait  droit,  sur  les  revenus  de  la  cure,  à 
une  pension  de  seize  seliers  seigle,  mesure  de  La  Borne,  valant 
vingt  setiers,  mesure  de  Pontarion  ;  les  deux  possesseurs  de  la 
dlme  furent  condamnés  à  en  rendre  déclaration  au  seigneur  de  Saint- 
Yrieix  (1). 

Sur  la  portion  de  ces  dîmes  revenant  au  seigneur  de  Larfeuillère, 
une  pension  de  quinze  setiers  seigle,  mesure  de  La  Borne,  était 
due  à  la  seigneurie  de  La  Villeneuve.  En  1691,  Gaspard  III  de 
Montaignac  ayant  affermé  les  dîmes  de  Saint-Yrieix  à  Gabriel 
Darfeuilhe,  notaire  royal,  François  du  Pouget,  abbé  du  Palais,  fil 
sommer  par  huissier  le  fermier  de  payer  les  quinze  seliers  de  sei- 
gle, mesure  de  La  Borne,  dus  à  la  seigneurie  de  La  Villeneuve  : 
Gabriel  Darfeuilhe  fut  condamné  à  effectuer  ce  paiement  par  sen- 
tence de  la  justice  de  Saint-Yrieix. 

Malgré  Tarrôt  de  1684,  le  paiement  de  la  portion  de  dîmes  due 
à  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix  ne  s'effectua  pas  régulièrement. 
Jean-Galiot  de  Turenne,  marquis  d'Aubepeyre  et  seigneur  de 
Saint-Yrieix,  intenta  à  ce  sujet  une  action  à  Jean-Jacques  de  Mon- 
taignac, baron  d'Aubières,  seigneur  de  Lignières  et  en  partie  de 
Larfeuillère,  demeurant  en  son  chftteau  de  Lignières,  paroisse  de 
Gharensac,  et  à  Julien  Ghassaingt,  curé  de  Saint-Yrieix,  qui,  par 
arrêt  du  Parlement  du  30  juillet  1738,  furent  condamnés  à  rendre 
déclaration  au  seigneur  de  Saint-Yrieix  des  dîmes  qu'ils  possé- 
daient dans  la  paroisse  et  à  lui  payer  la  pension  de  seize  setiers 
seigle  due  à  la  seigneurie  de  Saint-ifrieix. 

En  1646,  la  seigneurie  de  Saint-Yrieix  possédait  :  l*sur  le  village 
de  Peylangeas,  la  dîme  des  blés,  laines,  agneaux  et  veaux,  qu'elle 

(1)  Archives  de  la  Creuse,  E  985. 

T.  ui  ^ 


d6)  SOCliri  archéologique  KT  tlSTORUQUE  t>0  LllOtSlM 

partageait  avec  le  seigneur  de  La  Villeneuve;  sa  part  était  affer- 
mée dix  setiers  seigle,  mesure  de  La  Borne  ; 

S^  Et  une  petite  dime  sur  le  tènement  des  Bourderies,  possédé 
par  les  habitants  de  La  RocheroUe  et  du  Verdinaud. 

Dans  la  saisie  de  1761 ,  il  n'est  parlé  que  de  la  dime  de  Pey langes. 
Par  acte  du  29  mars  1772  Barben,  no"^'  roy.,  Raymond  Garât  de 
La  Villeneuve  afferma  aux  tenanciers  du  Gloup  la  dime  de  ce 
village,  dont  la  jouissance  lui  avait  été  cédée  par  feu  messire  Bandy, 
curé  de  Saint-Yrieix,  en  échange  de  la  jouissance  de  la  dîme  de 
Peylanges  et  de  la  partie  qu'il  avait  sur  celle  de  Sainl-Yrieix  (1). 


CHAPITRE  IV 

ARRlÉRE-FlEFS   DE   LA   SEIGNEURIE   DE   SAINT-YRIEIX 

8  V.  —  Saint'Yrieix 

L'arrière-fief  de  Saint-Yrieix  reposait  sur  un  tènement  et 
domaine,  appelé  des  Baylies  de  Saint-Yrieix,  situé  dans  les  dépen- 
dances dudit  bourg.  La  rente  féodale  consistait  en  cinq  boisseaux 
seigle  et  huit  boisseaux  avoine,  mesure  de  La  Borne.  Le  seignear 
de  ce  fief  y  possédait  en  outre  tous  les  droits  de  directe  franche, 
d'investiture  et  retenue.  Il  appartenait  à  une  famille  du  nom  de 
Saint-Yrieix,  dont  nous  connaissons  quelques  membres. 

Noble  homme  Raynaud  de  Saint-Yrieix,  damoiseau,  seigneur  de 
Saint-Yrieix  en  1427,  donna  en  accensement  perpétuel  à  Pierre  de 
Vaux,  de  Vallière,  et  à  ses  sœurs,  le  tènement  du  Ludour,  paroisse 
de  Saint-Séverin  (2].  Il  fut  vraisemblablement  le  père  de  :  1*  Ray- 
naud, 2*  Guillaume,  3^  Marie,  qui  suivent. 

Noble  homme  Raynaud  de  Saint-Yrieix^  damoiseau,  seigneur  de 
Saint-Yrieix,  au  diocèse  de  Limoges,  et  noble  homme  Guillaume 
de  Saint-Yrieix,  damoiseau,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  son  frère, 
constituèrent  en  dot  la  somme  de  quatre  cents  écus  à  Marie  de  Saint- 
Yrieix,  leur  sœur,  lorsqu'elle  épousa,  le  17  janvier  14S6,  Furien  de 
Boisse,  damoiseau,  sieur  de  La  Farge,  fils  de  Raymond  dit  Noulin 


(1)  Le  prieuré  du  Port-Dieu,  près  Bon,  en  Bas-Limousip,  percevait 
certaines  dîmes  et  rentes  dans  la  paroisse  de  Saint-Yrieix,  ainsi  que  dans 
celles  de  Ch9itain,  Saint-Marc-à-Loubaud  et  Saiut-Pierre-le-Bost  (Cbampe- 
val  de  Vyers,  Le  Bob- Limousin  seigneurial  et  religieux). 

(2)  Archives  de  la  Creuse,  B  948.  —  Voy.  La  Seigneurie  de  LaVUle- 
neuoe. 


de  Boisse,  damoiseau,  el  de  Marguerite  de  La  Porte,  de  Treignac. 
Furien  de  Boisse  testa  le  17  septembre  1483;  Marie  de  Saint-Yrieix 
étant  veuve,  fit  son  testataraent  le  20  février  1491  (1).  Ledit  Ray- 
naud  de  Saint- Yrieix,  escuyer,  seigneur  dudit  lieu,  fut  présent  le 
20  décembre  1462  à  un  acte  fait  au  château  de  La  Borne  (2). 

Guillaume  de  Saint-Yrieix,  seigneur  des  Bordes,  et  Jehan  de 
Saint-Yrieix,  seigneur  de  Ghampaignat,  comparurent,  parmi  les 
nobles  armés  de  brigandines,  à  la  monstre  tenue  à  Guéret  par 
Mathurin  Brachet,  chevalier,  seigneur  de  Montaigu,  le  17  décem- 
bre 1470  (3). 

Nobles  Anthoni  et  Hugues  de  Saint-Yrieix,  escuyers,  seigneurs 
du  Fau,  paroisse  de  Saint-Amand,  plaidaient  contre  divers  parti- 
culiers devant  le  sénéchal  de  la  Marche  en  1462  (4). 

Louis  de  Saint-Yrieix  était  à  la  revue  faite  à  Saint-Aubin-du- 
Cormier  le  22  mars  1488,  en  qualité  d'homme  d*armes  (5). 

Jean  de  Saint-Yrieix  épousa  Galherine  de  Lhermile,  fille  de 
Geoffroy  de  Lhermite,  chevalier,  seigneur  du  Souliers  et  du  Bois 
de  Lhermite,  et  de  Philippe  de  VignoUes;  elle  était  veuve  en 
i49i  (6). 

Jacques  de  Saint-Yrieix,  écuycr,  sieur  Je  Lons,  Vaux  de  Vieux, 
comparut  le  27  avril  1521,  à  Guéret,  à  la  réformation  de  la  Coutume 
de  la  Marche.  Il  épousa  Jeanne  de  Lcstrange,  dont  il  eut  :  l""  Bar- 
thélémy, dont  nous  parlons  plus  loin  ;  2*"  Jean  de  Saint-Yrieix, 
écuyer,  seigneur  du  Mas  et  de  I  a  Prugne.  Ce  dernier  acheta,  en 
1674,  de  Fiacre  de  Gratin,  écuyer,  d'Antonie  de  Fricon,  sa  femme, 
et  de  Gabriel  et  Claude  de  Gratin,  ses  frères,  les  villages  de  Fraix, 
des  Genêts  et  de  Tenèse,  paroisse  de  Villard  (7).  Il  épousa,  par 
contrat  du  7  juillet  1575,  Isabeau  de  Biencourt,  tille  de  Gilbert  de 
Biencourt,  écuyer,  seigneur  de  TEsclause,  et  de  Gabrielle  Pot, 
dame  de  Bosgenet  et  du  Nojer.  De  ce  mariage  naquirent  Gilbert  et 
François  de  Saint-Yrieix,  mineurs  sous  la  tutelle  de  leur  père  en 
1601  (8). 

Noble  Jérôme  de  Saint-Yrieix,  sieur  du  Fau  vers  1540,  avait 


{\)  NobUiaire  du  Limousin,  I,  197  ;  IV,  988. 
(t)  Carrés  d'HoziBR,  Aubuçon^  f.  174. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  laCorrètey  Xi,  i88,  289. 

(4)  A.  Thomas,  Plumillf  d*audiencc  de  la  sénéchaussée  de  la  Marché,  ap. 
Atémoiree  de  la  Société  archéologique  de  la  Creuse,  11,  927,  931. 

(5)  Nobiliaire  du  Limouein,  IV,  288. 

(6)  Nobiliaire  du  Limousin,  il,  591 . 

(7)  Nobiliaire  du  Limousin^  11,  373. 

(8)  Saint-Allais,  Nobiliaire  unioersel  de  Fnxnce^  XIV,  41. 


à6Î  SOClM  ÂRCHftOLOOlOOB  Bt  HISTOklOUC  DU   LIÉOUSm 

époasé  Marguerite  Coustin,  fille  d*Agnez  Goustin,  écuyer,  sieur  du 
Ghassaing  et  de  Toysou,  et  de  Marguerite  du  Moustier  (i). 

Gabriel  de  Saiul-Yrieix,  sieur  de  Lavaud,  épo  isa  Jeanne  de 
Jarric,  dont  Gilberte  de  Saint-Yrieix,  mariée  le  6  mars  1583  avec 
Gilbert  de  Maussabré,  écuyer,  sieur  de  La  Sabardiëre,  fils  de 
Claude  de  Maussabré,  écuyer,  et  de  Marguerite  de  Barbançois. 

Barthélémy  de  Saint-Yrieix,  seigneur  dudit  lieu,  acheta  le  9  sep- 
tembre 1538  de  Pierre  d'Aubusson,  écuyer,  seigneur  de  La  Ville- 
neuTe,  près  Vallière,  quinze  setiers  seigle,  mesure  de  La  Borne, 
sur  le  grand  dixme  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix.  Il  en  fit  la  revente 
le  5  juin  1557  (3).  Il  rendit  au  roi  un  dénombrement  le  19  mars 
1530.  Il  transigea  le  6  décembre  1540  avec  Jacques  Durand  au 
sujet  d'une  rente  vendue  par  Jacques  de  Saint-Yrieix,  père  dudit 
Barthélémy.  Il  épousa  Marguerite  de  La  Roche,  dont  :  1*  Pierre, 
qui  suit;  ^  Gabrielle  de  Saint-Yrieix,  qui  transigea  le  12  mai  1596 
avec  Madeleine  de  Ruges,  sa  belle-sœur,  seconde  femme  de  son 
frère  Pierre,  dont  elle  était  veuve  et  tutrice  de  ses  enfants. 

Pierre  de  Saint-Yrieix  épousa  :  1°  le  23  juin  1564  Jeanne  de 
HouUet  ou  Moullette  ;  2^  par  contrat  sans  filiation  du  20  octobre  1573, 
Magdeleine  de  Ruges,  qu'il  laissa  veuve  et  tutrice  de  ses  enfants, 
parmi  lesquels  Antoine,  qui  suit. 

Antoine  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  seigneur  dudit  lieu  en  1610, 
épousa,  le  13  janvier  1619,  Marguerite  de  Saint-Yrieix.  Il  eut  poar 
fils  René,  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Noble  Jacques  de  Saint-Yrieix,  seigneur  de  Redon,  reçut  procu- 
ration de  François,  marquis  d'Hautefort,  seigneur  baron  de  Tenois, 
La  Motte,  etc.,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes,  demeurant  au  château  de  Ghomard,  paroisse 
d'Abzac,  en  Périgord,  pour  assister  au  contrat  de  mariage  de  son 
fils  Gharles  d'Hautefort,  sieur  de  Ghassaingt,  avec  Jeanne  de  Fro- 
ment, dame  du  Saillant,  qui  eut  lieu  le  10  janvier  1617  au  château 
du  Saillant  (3). 

Gaspard  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  à  qui  François  II  du  Pouget, 
seigneur  de  La  Villeneuve,  fit,  en  1629,  un  legs  de  soixante  livres, 
eut  pour  fils  Louis  de  Saint-Yrieix,  tonsuré  en  1621,  prieur-curé  de 
Ghambon-Sainte-Groix  en  1623  (4). 

Annet  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  demeurait  à  Saint-Yrieix  en 
1667. 

(1)  Nobiliaire  du  Limousin^  W,  454. 

(3)  Archives  de  la  Creuse,  fonds  de  la  paroisse  de  Saint-Yrieix. 

(3)  Gyprien  PArathon,  La  baronnie  de  la  Borne, 

(i)  NobiUaire  du  Limousin,  IV,  288. 


LA  SBIGHBURIB   DB  SAINT-TBIBIX  36S 

Noble  René  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Saint-Yrieix,  se  fit 
délivrer  par  le  curé  de  Saint-Yrieix  la  pièce  suivante  :  «  Cejourdhui 
29  du  mois  de  mai  1651  ayant  publié  une  lettre  monitoire  à  la 
requête  de  noble  sieur  de  Sl-Yrieix,  s'est  présenté  noble  Jehan 
Bandon,  s'  de  La  Seauve,  qui  a  dit  qu'il  y  a  d'entour  deux  ou 
trois  ans  que  Jehan  Balié,  du  lieu  de  S*-Yrieix,  lui  dit  qu'il  avait 
plusieurs  contrats  concernant  les  rentes  que  ledit  sieur  de  S'-Yrieix 
ou  ses  auteurs  avaient  accoutumer  de  lever  S*-Yrié  et  quil  en 
perdait  à  faute  des  contrats  et  que  si  le  sieur  lai  voulait  donner 
un  bon  présent  quil  les  lui  délivrerait  et  a  dict  ne  savoir  autre 
chose  que  ce  que  dessus.  En  foi  de  quoi  s'est  soubssigné  ». 

René  de  Saint-Yrieix  était  présent  le  23  juin  1654  à  des  offres 
réelles  faites  par  le  seigneur  de  Larfeuillère  au  curé  de  Saint-Yrieix; 
il  assista  la  même  année  au  mariage  de  noble  François  Bandon, 
écuyer,  sieur  de  Sourliavoux,  avec  Antoinette  Dupys  ou  Depys,  et 
le  7  février  1662  au  contrat  de  mariage  de  Gabriel  Dandallès,  sieur 
de  La  Mazure,  avec  Catherine  Dupys,  lesdites  Dupys,  nièces  de 
Catherine  de  Champesme,  femme  dudit  René. 

En  1668  il  donna  en  métairie  transitoire  le  domaine  qu  ii  pos- 
sédait, à  la  suite  de  ses  auteurs,  dans  le  bourg  de  Saint-Yrieix, 
lequel  domaine  ensemençait  dix-huit  setiers  seigle. 

Il  mourut  en  1685  ou  1686.  Il  avait  épousé,  le  15  avril  1646, 
Catherine  de  Champesme,  qui  mourut  avant  1681  et  de  laquelle  il 
eut  : 

!•  François,  qui  suit  ; 

2®  Léon  ou  Léonet,  dont  nous  parlerons  ensuite  ; 

3*  Marie  de  Saint-Yrieix,  mariée,  par  contrat  du  27  janvier  1678 
(deux  mille  livres  en  apanage,  vingt  livres  pour  l'habit  nuptial)  à 
messire  Guillaume  Legriel,  escuyer,  seigneur  de  La  Denesche,  y 
résidant,  paroisse  de  Châtelet-Landry,  pays  de  Gombraille,  fils  de 
feu  messire  Louis  Legriel,  escuyer,  seigneur  de  La  Bourdaigne,  et 
de  d^'*  Anne  Legros  :  elle  plaida  avec  François  du  Pouget  au  sujet 
de  la  propriété  de  la  terre  du  Champ-de-Vallière,  que  ledit  du 
Pouget  avait  échangée  (1)  ;  morte  en  1681,  à  Evaux  ; 

4*  François  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Fonllieux,  demeu- 
rant en  1687  au  village  du  Mazet,  paroisse  de  Lespinasse,  en 
Auvergne  ; 

S*  Françoise  de  Saint-Yrieix,  qui  fit,  le  25  novembre  1692,  un 
testament  par  lequel  elle  fonde  à  perpétuité  dans  Téglise  de  Saint. 
Yrieix  un  service  de  trois  messes  à  haute  voix,  savoir  :  une  de 
Notre-Dame,  l'autre  du  Saint-Esprit  et  l'autre  du  Requiem,  a  tel 

(1)  Archives  de  la  Creuse,  E  348. 


300  SOaÉTÉ  AaCHÉOLOGlQUB   ET   HISTORIQUE   DU   UMOUSIII 

jour  que  son  corps  sera  enseveli  dans  Téglise,  aux  tombeaux  de 
ses  prédécesseurs,  pour  raison  de  quoi  elle  lègue  au  curé  de  Saint- 
Yrieix  un  selier  seigle,  mesure  d*Aubusson,  de  rente  à  elle  due  sur 
le  village  de  Madéry  ; 

6*  Sébaslienne  de  Saint- Yrieix,  qui  était,  avec  sa  sœur  Françoise, 
propriétaire  par  indivis  de  la  rente  de  Madéry  sus-indiquée. 

François  de  Sainl-Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Saint-Yrieix,  épousa 
Louise  de  Chaud,  fille  de  Claude  de  Chaud,  escuyer,  sieur  de  Fon- 
taubert,  et  de  Gilberte  de  La  Rochebie,  laquelle  en  1671  était 
créancière  d'une  somme  de  trois  cents  livres,  à  elle  due  par  la 
famille  de  La  Roche-Aymon  de  La  Farge.  En  1681,  il  était  gentil- 
homme de  messire  Antoine  de  La  Roche-Aymon,  baron  de  La 
Farge,  et  demeurait  avec  lui  à  Evaux.  Il  rendit  hommage  des  dîmes 
de  Fontaubert,  paroisse  de  Sannat,  au  duc  d'Orléans,  comme  baron 
de  Chambon  (i). 

Léon  ou  Lëonet  de  Sainl-Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Madéry,  puis 
de  Sainl-Yrieix,  plaida  longtemps  avec  Jean-Galiot  de  Tureiine, 
marquis  d'Aubepeyre,  à  la  suite  d'une  rixe  qui  avait  eu  lieu  entre 
eux.  Le  marquis  voulut  faire  déclarer  Léon  de  Saint-Yrieix  déchu 
de  la  noblesse  pour  y  avoir  dérogé,  mais  il  finit  par  succomber  dans 
ses  prétentions  devant  la  Chambre  de  la  Tournelle  criminelle  et 
fut  condamné  aux  dépens. 

Léon  de  Saint-Yrieix  mourut  le  21  août  1730.  Il  avait  épousé,  à 
rage  de  vingt-trois  ans,  le  8  février  1671,  Léonarde  Jagot,  âgée  de 
trente  ans,  fille  de  M*  Léonard  Jagot,  procureur  fiscal  de  La  Nouaille, 
demeurant  fermier  au  Brudieu,  et  de  Marie  Forest,  en  présence  de 
noble  François  du  Peyroux,  oncle  paternel  de  Tépoux.  Léonarde 
Jagot  était  morte  en  1714.  De  ce  mariage  : 

1**  François,  qui  suit  ; 

2*  Jean  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  qui  vivait  en  1708,  mais  était 
mort  eu  1730  ; 

3°  Sébaslienne  de  Saint-Yrieix,  née  le  3  juin  1693,  mariée  avant 
1722  à  Jean  Baudy,  bourgeois  ;  elle  vivait  encore  en  décembre  1730, 
Jean  Baudy  en  1741. 

François  de  Saint-Yrieix,  écuyer,  sieur  de  Saint-Yrieix,  puis 
sieur  de  La  Roche,  épousa,  par  contrai  du  5  juillet  1716, Françoise 
Josselin,  veuve  en  premières  noces  de  Sébastien  de  Luchat,  écuyer, 
sieur  de  Luchat,  et  en  deuxièmes  noces  de  Pierre  Bouilhot^  bour- 
geois, résidant  au  lieu  noble  de  Chassaingrore,  paroisse  d'Ars  (2). 

(1)  Archives  de  la  Creuse,  E  53. 
(i)  Archives  de  la  Creuse,  B  52« 


LA  SlIGNRrRIB    DR  SAINT-TBIIIX  307 

En  1723,  il  résidait  à  Evaux,  où  il  était  exempt  de  la  taille  (1).  Il 
résidait  à  Chassaingrore  lorsqu'il  vendit  en  1728  les  terres  du 
Treix,  paroisse  d'Ars.  Il  demeurait  au  bourg  de  La  Chapelle-Saint- 
Marlial  lorsque,  suivant  acte  du  2  décembre  1733  Gasne,  no**  roy., 
il  vendit,  moyennant  quatre- nngl-dix  livres,  à  Pierre  Guyonie, 
marchand  à  Vallière,  les  cens  et  rentes,  droits  de  directe  franche, 
d'investiture  et  retenue  composant  le  fief  des  Baylies  de  Saint- 
Yrieix,  en  Poitou  (2).  Jean-Galiol  de  Turenne,  marquis  d'Aubc- 
peyre  et  seigneur  de  Saint-Yrieix,  voulant  et  entendant  retirer  les 
dites  rentes  et  droits  féodaux  par  puissance  de  fief,  suivant  la  Cou- 
tume de  la  province  du  Poitou,  où  les  héritages  sujets  auxdites 
rentes  étaient  situés,  comme  étant  mouvant  de  son  fief,  seigneurie 
et  justice  de  Saint-Yrieix,  fil  assigner  en  retrait  féodal  devant  la 
sénéchaussée  de  Montmorillon  Léonard  e(  Gabriel  Guyonie,  fils  de 
feu  Pierre.  Ces  derniers  lui  firent  remise  desdits  cens  et  rentes 
suivant  acte  du  31  juillet  1738  Delavergne,  no'^  roy.  héréd.,  passé 
en  présence  de  M*  François  Lefaure,  notaire  royal  à  Vallière. 

Nous  retrouvons  encore  François  de  Saint-Yrieix  en  1741,  lorsque, 
le  18  mars  de  ladite  année,  conjointement  avec  Jean  fiaudy,  son 
beau-frère,  il  donna  quittance  finale  des  dépens  auxquels  avait  été 
condamné  le  marquis  d'Aubepeyre. 

La  famille  de  Saint-Yrieix  finit  en  quenouille  au  xvm*  siècle. 
Cette  famille  avait  fait  ses  preuves  de  noblesse  en  1598,  mais  les 
commissaires  du  gouvernement  ne  les  trouvèrent  pas  suffisantes,  el 
elle  fut  obligée  de  payer  l'impôt  jusqu'à  ce  qu'elle  en  eut  fourdi 
d'autres  (3). 

g  2.  —  L«  Brudieu 

L'arrière-lief  de  Brudieu,  Bruidia  en  1193  (4),  appartenait  origi- 
nairement à  une  famille  de  ce  nom.  La  maison  de  Bruidieu,  Brul- 
diu  ou  Bridieu  était  florissante  auxu"*  siècle.  Decette  maison  étaient 
les  personnages  suivants  : 

Renaud  de  Bridieu,  chevalier,  est  qualifié  Monseignor  dans  des 
lettres  de  plaintes  de  la  comtesse  de  la  Marche,  adressées  àThibaud 
de  Neu^^y,  sénéchal  du  Poitou,  Tan  126...,  où  Ton  voit  que  cette 
dame  lui  ordonne  la  confiscation  de  la  terre  de  Renaud  de  Bridieu, 
ainsi  que  de  celles  de  plusieurs  autres  seigneurs  (5). 

(1)  Archives  de  !a  Creuse,  C  S66. 
(3)  Archives  de  la  Creuse,  £  248. 

(3)  Nobiliaire  du  Limousin^  IV,  Î87. 

(4)  A.  TAabiEB,  Grtmd  dictionnaire  de  la  Haute- Marche,  63. 

(5)  Saimt-âllais,  Nobiliaire  unioereei  de  France,  XII.  t36. 


368  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  RT  HISTORIQUE   DD  LIMOUSIN 

R.  de  Bruideu,  prévôt  de  Pontarion,  le  dimanche  avant  la  fête 
du  bienheureux  Jean,  c'est-à-dire  le  26  août,  de  l'an  du  Seigneur 
1229,  vendit  à  Tabbaye  du  Moutier-d'Ahun  tout  ce  qu'il  possédait 
dans  le  mas  de  Gonfolent,  paroisse  de  Banise,  moyennant  quarante 
sols  marchois,  qui  lui  furent  payés  par  le  prieur  de  Baubiat.  L'acte 
fut  fait  à  Saint-Hilaire,  en  présence  du  chapelain  d'Ahun,  de  P. 
Fabre  de  Charaberéau,  d'Hugues  Vauria,  clercs,  de  Ribaud  de 
Fournoux,  d'Amelius  de  Larfouillère,  de  Rainaud  Balb,  d'Audeberl 
de  Vilar,  chevaliers  (1). 

Renaud  de  Brudieu,  Gui  de  Brudieu,  Jordain  de  Brudieu  étaient 
morts  le  22  novembre  1364,  laissant  des  héritiers;  Regnaud  de 
Brudieu  et  ses  frères,  fils  de  Jordain,  étaient  vivants  ledit  jour  et 
devaient,  ainsi  que  les  héritiers  de  Renaud  et  de  Gui,  hommage  à 
la  châtellenie  de  Pontarion  (2). 

I.  —  Catherine  de  Bridieu,  dame  de  Bridieu,  paroisse  de  Saint- 
Hyriers,  au  diocèse  de  Limoges,  était  la  dernière  de  son  nom.  Elle 
épousa  noble  homme  Jehan  de  Pratmy,  escuyer.  Etant  devenue 
veuve,  elle  paya  le  9  septembre  141S  le  rachat  de  sa  seigneurie  à 
Jean  l"  d'Aubusson,  seigneur  de  La  Borne,  du  Monteil,  de  La 
Feuillade,  de  Pellelanges  et  de  La  Villeneuve.  D'elle  et  de  Jehan 
de  Pratmy  sortirent  :  1»  Hélène,  qui  suit;  2*  Jehanne,  dont  nous 
nous  occuperons  plus  loin. 

IL  —  Hélène  de  Pratmy,  dame  de  Bridieu,  épousa,  selon  un 
titre  du  26  juillet  1446,  Pierre  Jacmelon,  escuyer,  seigneur  delà 
Moutarde,  au  diocèse  de  Limoges,  d'une  maison  noble  du  pays  de 
la  Marche.  Ils  eurent  pour  fils  Jean,  qui  suit. 

III.  — Jean  Jacmelon  de  Bridieu,  escuyer,  seigneur  de  Bridien 
en  1452,  épousa  Antoinette  de  Marcy,  fille  de  noble  homme  Benoît 
de  Marcy,  écuyer,  seigneur  de  Beslemitte,  et  de  Simonne  de  Beste- 
mitte.  Il  en  eut  :  1*»  Lyonnet,  qui  suit;  2«  Gabriel  de  Bridieu; 
3*  Jacques  de  Bridieu,  ecclésiastique  ;  4**  Antoine  de  Bridieu,  che- 
valier de  saint  Jean  de  Jérusalem,  commandeur  de  Féniers,  en  la 
Marche. 

IV.  —  Lyonnet  I  de  Bridieu,  écuyer,  seigneur  de  Bridieu,  laissa 
deux  fils;  1®  Guichard,  qui  suit;  2''  Jean  de  Bridieu. 

V.  —  Guichard  de  Bridieu,  écuyer,  seigneur  de  Bridieu,  vivait 
en  1510.  Il  eut  pour  fils  Jacques,  qui  suit. 

VI.  —  Jacques  de  Bridieu,  écuyer,  seigneur  de  Bridieu,  et  par 
sa  femme  de  La  Géole,  fut  maître-d'hôtel  de  François  de  Bourbon, 

(t)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XXX,  286. 
(9]  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du,  Limousin^  XLV,  463. 


LA  aiIGMIVmi  1>B  SAIRT*TRinx  3410 

dauphin  d'Auvergne,  duc  de  Montpensier,  et  homme  d'armes  de  sa 
compagnie.  Il  épousa  1*"  le  21  janvier  1831  (v.  st.)  Catherine  de 
Moqtferrand,  dame  de  La  Géole,  paroisse  deLesterpt,  au  diocèse  de 
Limoges,  veuve  de  Gautier  de  Beraud  et  fille  de  François  de  Mont- 
ferrand,  écuyer  seigneur  de  La  Salle,  et  d'Anne  de  La  Porte,  dont 
il  n*eut  point  d'enfant;  ^  le  14  juin  1551  Gabrielle  de  Rigal  de  La 
Vaissière,  fille  de  noble  homme  François  de  Rigal,  écuyer,  sei- 
gneur de  la  Vaissière,  au  diocèse  de  Saint-Flour.  De  ce  dernier 
mariage  naquirent  : 

1*"  Jean  de  Bridieu,  seigneur  de  la  Géole,  écuyer  du  duc  deMont- 
pensier;  à  la  bataille  d'Ivry,  il  releva  ce  prince  qui  avait  eu  son 
cheval  tué  sous  lui.  Il  mourut  sans  postérité  le  27  juin  1619  et  fut 
enterré  à  La  Géole. 

2^  Dieudonné  de  Bridieu,  écuyer,  seigneur  du  Claveau  et  de  La 
Géole,  gentilhomme  servant  de  François  de  Bourbon,  duc  de  Mont- 
pensier,  et  gouverneur  de  Mézières.  Il  épousa  le  29  aoAt  ou 
7  septembre  1584,  à  Paris,  Françoise  de  La  Roue,  fille  de  René  de 
La  Roue,  écuyer,  seigneur  de  Linières,  et  d'Anne  Brachet.  De  lui 
descend  la  branche  des  seigneurs  du  Claveau,  encore  existante  en 
1729. 

3""  François  de  Bridieu,  appelé  H.  deSaint-Séran,  qui  fut  pourvu 
du  prieuré  de  Saine-Léonard  de  Noblac,  en  Limousin,  le  16  juillet 
1592  et  mourut  à  La  Géole  le  10  mars  1614. 

4*^  Pierre  de  Bridieu,  écuyer,  seigneur  de  La  Baron,  Là  Saulaie 
et  du  Breuil,  l'un  des  cent  gentilshommes  de  la  maison  du  roi, 
commandant  pour  S.  M.  au  chAteau  de  Villebois,  en  Angoamois. 
Il  épousa  le  13  février  1593  Gabrielle  de  Montfort,  dame  du  Breuil, 
en  Normandie,  et  de  La  Baron,  en  Mirbalais,  fille  de  Guillaume  de 
Montfort,  écuyer,  seigneur  des  mêmes  lieux,  et  de  Marie  Laine.  De 
lui  descend  la  branche  des  seigneurs  de  La  Baron  et  marquis  de 
Bridieu,  probablement  encore  existante. 

5**  Françoise  de  Bridieu,  mariée  à  Joseph  Gonlhier,  écuyer,  sei- 
gneur de  La  Boche,  en  Poitou.  Elle  mourut  à  La  Géole  le  27  janvier 
1608. 

6"  Jeanne  de  Bridieu,  morte,  sans  alliance,  à  La  Géole  le  5  juin 
1613,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans. 

Jeanne  de  Pratmy,  seconde  fille  de  Jehan  de  Pratmy  et  de  Cathe- 
rine de  Bridieu,  épousa,  vers  l'an  1446,  Perrichon  Jacmeton,  frère 
de  Pierre  Jacmeton,  son  beau-frère.  Perrichon  Jacmeton  vivait 
encore  en  1460.  Ils  eurent  pour  fils  Pierre,  qui  suit. 

Pierre  Jacmeton  de  Bridieu,  écuyer,  fut  père  de  Jean,  qui  suit. 

Jean  de  Bridieu  fut  tué  à  l'assaut  de  Rome  par  le  connétable  de 
Bourbon  le  6  mai  1527.  Il  avait  épousé  Gi^therine  de  Bernard,  mie 


370  SOCIÉTÉ  ARCHR0L06IQDB  ET  HISTORIQUE   DD  LIMUOSIH 

de  N...  de  Bernard,  seigneur  de  Vieilleville,  près  Eymoutiers,  de 
laquelle  il  eut,  entre  autres  enfants  rl^'N...  de  Bridieu,  tué  à 
l'assaut  de  Rome  avec  son  père;  2**  Gabriel,  qui  suit;  3*  N...  de 
Bridiea,  prieur  de  Dissay,  près  de  Poitiers  ;  4*"  Jacques  de  firidieii, 
chanoine  de  Moutier-Rozeille,  près  Felletio. 

VII.  —  Gabriel  de  Bridieu  ou  du  Brudieu,  seigneur  du  Brudieo 
et  deSegondat,  devint  possesseur,  nous  ne  savons  en  vertu  de  quel 
litre,  du  fief  du  Brudieu,  qui  jusqu'alors  avait  appartenu  à  la  bran- 
che ainée  de  sa  famille.  Il  fut  en  1558  témoin  aux  convenances  du 
mariage  de  Loys  de  Malleret  et  d'Anne  de  Saint-Julien.  Il  iît  recon- 
naissance au  couvent  de  Blessac  pour  des  rentes  sur  le  lieu  de 
Segondat,  en  sa  seigneurie  du  môme  nom,  paroisse  de  Sardent(i). 
Il  épousa  Magdeleine  de  Laage,  fille  de  Louis  de  Laage  et  de  Fran- 
çoise de  Montaignac.  Elle  n'avait  qu'un  frère,  Emon  ou  Aymon  de 
Laage,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  d'Etat  et  privé,  abbé  de 
Miseray  en  Tourraine,  de  Saint-Mange-lès-Châlons  et  de  Fontenoy. 
De  ce  mariage  naquit:  1<*  Léonet  on  Lyonnet,  qui  suit;  2^  noble 
Pierre  du  Brudieu,  qui  épousa  Magdeleine  de  Riégor,  et  qui  était 
mort  en  1601,  laissant  des  enfants  mineurs  sous  la  tutelle  de  leur 
mère. 

VIII.  —  Léonet  ou  Lyonnet  du  Brudieu  ou  de  Bridieu,  écuyer, 
seigneur  du  Brudieu,  de  Feydet,  de  Foulages,  de  Segondat  et  de 
Saint-Avit,  baron  de  Giat  en  partie,  demeurant  audit  lieu  et  maison 
noble  de  Segondat,  paroisse  de  Sardent,  châtellenie  de  Drouilles, 
épousa  le  19  novembre  1572  Magdeleine  Esmoin,  fille  de  feu  Jehan 
Esmoin,  escuyer,  sieur  de  La  Vault-Blanche,  paroisse  de  Sainl- 
Eloy,  châtellenie  de  Drouilles,  et  de  Françoise  de  Cézar.  II  donna 
quittance  de  sa  dot  les  7  et  8  janvier  1573  (2). 

Le  15  février  1592  Léonet  de  Brudieu  épousa  en  secondes  noces 
Louise  de  La  Mothe,  dame  du  Maslaurent,  veuve  de  Jean  Brachet, 
chevalier,  seigneur  et  baron  de  Pérusse,  fille  de  François  de  La 
Mothe,  chevalier,  seigneur  du  Maslaurent,  et  de  Françoise  de 
Lestrange  (3). 

Le  9  février  1597,  à  Guéret,  Léonet  de  Brudieu,  demeurant  au 
lieu  et  chastel  de  Brudieu,  paroisse  de  Saint-Hiriers,  près  Vallière, 
vendit,  moyennant  mille  écus,  à  honorable  homme  M*  Gilbert  de 
PerpiroUe,  sieur  de  Seytiergues,  élu  en  la  Marche,  demeurant  à 
Chénérailles,  la  seigneurie  de  Segondat,  paroisse  de  Sardent.  Cette 


(1)  Papiers  de  Tabbé  Bouieilier. 

(2)  Communication  de  M.  Antoine  Thomas. 

(3)  NobiUcUre  du  Limousin,  IV,  485, 


LA   SKlGNBtlRIB  DB  8AINT-TRIEIX  37 f 

vente  eut  lieu  sous  faculté  de  rachat,  et  le  rachat  fut  effectué  avant 
1604,  puisque  à  celte  date  Leone!  de  Brudieu  était  en  possession  de 
cette  seigneurie. 

Le  7  mars  1597,  par  acte  passé  à  Bourganeuf,  Léonet  et  sa 
seconde  femme  achetèrent  la  terre  et  seigneurie  de  Saint-Avit  de 
Gilbert  d'Âubière,  baron  dudit  lieu,  chevalier  de  saint  Jean  de 
Jérusalem. 

Le  4  juillet  1897,  à  Aubusson,  Lyonnet  de  Brudieu,  demeurant 
alors  à  Saint-Avit,  en  son  nom  et  au  nom  de  Louise  de  La  Mothe, 
sa  femme,  vendit  à  Simone  Trompoudon,  veuve  dhonorable 
Léonard  Carlaud,  élu  pour  le  roy  en  la  Marche,  comme  tutrice  de 
Marie  Carlaud,  sa  fille,  ainsi  qu'à  Marguerite  Carlaud,  femme  de 
Gilbert  Ghanssard,  élu  en  la  Marche,  à  Françoise  Carlaud,  femme 
irAntoine  Garreau,  marchand,  et  à  Jeanne  Carlaud,  femme  de 
Gabriel  Garreau,  aussi  marchand,  toutes  demeurant  à  Aubusson  et 
fille  de  feu  Léonard  Carlaud,  le  lieu  et  seigneurie  du  Brudieu, 
parlie  en  Poitou,  ch&tellenie  de  Bourganeuf,  partie  en  Marche, 
châtellenie  d*Ahun,  el  aussi  les  rentes  que  les  précédents  seigneurs 
de  Saint-Avit  avaient  coutume  de  prendre  sur  la  reine  douairière 
à  cause  de  la  seigneurie  du  Masvoudier  dépendant  de  la  châtellenie 
d'Aubusson. 

Celle  dernière  vente  avait  sans  doute  été  consentie  sous  faculté 
de  rachat,  et  ce  rachat  ne  tarda  pas  à  être  ciTeclué,  car  Léonel  du 
Brudieu  resta  en  possession  de  la  seigneurie  du  Brudieu.  En  effet 
le  "iS  octobre  1S97  il  fut  consenti  à  son  profil  des  reconnaissances 
de  rentes  par  les  tenanciers  de  Peylangeas,  en  Poitou,  ceux  de 
Lorlhomas,  en  Poitou,  ceux  de  Gibouleoux,  en  Marche,  et  ceux  du 
Montruc,  en  Poitou.  Il  résulte  de  Tune  de  ces  reconnaissances  que 
Léonet  du  Brudieu  possédait  une  métairie  à  Gibouleoux  (1). 

Léonet  du  Brudieu  comparut  au  terrier  de  Blessac  pour  des 
rentes  dues  à  ce  monastère  sur  le  lieu  de  Segondat;  la  déclaration 
fut  faite  le  29  octobre  1604  au  château  de  Saint-Avit,  où  il  demeu- 
rait alors  (2). 

Peu  après,  el  la  même  année  1604,  Léonet  du  Brudieu  et  Louise 
de  La  Mothe,  vendirent,  sous  faculté  de  rachat,  à  Gilbert  Ghans- 
sard, élu,  le  lieu  et  seigneurie  de  Segondat.  Gilbert  Ghanssard  leur 
revendit  celte  terre  et  seigneurie  en  1608. 

Du  mariage  de  Léonel  de  Brudieu  et  Magdeleine  Esmoin  naquit 
Jeanne  de  Brudieu,  mariée,  par  contrat  passé  au  château  de  Saint- 
Avit-le-Pauvre,  le  20  décembre  1604,  à  Léon  Brachet,  seigneur 

(I)  Communication  de  M.  Antoiiie  Thomas, 
(S)  Papiers  de  Tabbé  Bouteiller^ 


d72  SOCIÉTÉ  ARCflÉOLOGIQUV  BT  BISTOIIIQUB  DU  LIMOUSIN 

baron  de  Pérusse,  fils  de  fea  Jehan  Brachet,  chevalier,  seigneur 
baron  de  Përusse,  et  de  Louise  de  La  Mothe,  dame  du  Maslaurent, 
alors  femme  de  Léonet'de  Brudieu.  On  loi  constitua  une  dot  de 
quinze  mille  livres  ;  neuf  mille  livres  furent  assignées  sur  la  sei- 
gneurie de  Brudieu  et  ses  appartenances,  et  devaient  élre  payées 
dix  ans  après  le  mariage.  À  Texpiration  de  ces  dix  années,  si  les 
neuf  mille  livres  n'avaient  pas  été  payées,  les  mariés  Léon  Bracbet 
et  Jeanne  de  Brudieu  pouvaient  entrer  en  possession  de  ladite 
seigneurie  (1). 

De  son  mariage  avec  Louise  de  La  Mothe  du  Maslaurenl  Léonet 
de  Brudieu  laissa  Gaspard,  qui  suit. 

IX.  —  Gaspard  de  Laage  du  Brudieu,  écuyer,  seigneur  de  l'Age, 
paroisse  de  Faux,  en  la  Marche,  seigneur  du  Brudieu  et  de  Feydet, 
baron  de  Giat  en  partie,  fut,  par  testament  du  15  octobre  1587, 
institué  héritier  universel  d'Emon  de  Laage,  son  grand-oncle  mater- 
ternel,  à  charge  de  porter  le  nom  et  les  armes  du  testateur.  Par 
acte  du  19  décembre  1897,  Gaspard  et  Lyonnet,  son  père,  vendi- 
rent une  maison  provenant  de  cet  héritage  (2). 

Gaspard  de  Laage  du  Brudieu  épousa  le  15  février  1608  Char- 
lotte de  la  Paye,  veuve  en  premières  noces  de  Pierre  de  Monceaux, 
écuyer,  seigneur  de  Vernines,  Brousse,  Hauleroche,  dont  elle  avait 
reçu  une  donation  de  cinq  cents  écus  d*or,  et  en  deuxièmes  ooces 
de  Joseph  de  La  Roche,  écuyer,  seigneur  de  Feydet,  co-seigneur 
de  Giat  (3)  et  fille  de  Gabriel  de  Paye,  écuyer,  sieur  de  La  Paye,  de 
La  Cour,  de  la  Grillière,  d'Arlodeys,  du  Bosbey,  du  Massoubrol, 
de  Sain  t-Junien-le-Château,  etc.  et  de  Marguerite  de  LaVoye;le 
14  janvier  4610,  comme  tuteurs  d«  François,  Eymond,  Jacqueline  et 
Jeanne  de  La  Roche,  enfants  mineurs  issus  du  mariage  de  Josepli 
de  La  Roche  et  de  Charlotte  de  La  Paye,  ils  donnèrent  nommée  et 
dénombrement  du  château,  terre  et  seigneurie  du  Ronzet  au  Roi, 
à  cause  de  son  duché  d'Auvergne;  en  i614,  ils  étaient  toujours 
tuteurs  desdits  enfants  de  La  Roche  du  Ronzet.  Gaspard  de  Laage 
était  mort  en  1626,  sa  femme  Charlotte  de  La  Paye  étant  alors 
remariée  pour  la  quatrième  fois  à  Gilbert  de  Chashis,  baron  de 
Cordés  etd'Orcival,  seigneur  de  Mauriat.  Par  acte  du  29  mars  1629 
Lesclause,  notaire  à  Giat,  Charlotte  de  La  Paye  contribua  à  réta- 
blissement du  Rosaire  en  l'église  de  Giat  par  une  rente  de  dix-huit 


(1)  CommuDication  de  M.  Antoine  Thomas. 

(3)  Idem. 

(3)  A.  Taroibu,  Histoire  çjénécUogiqtie  de  la  ma^on  dfi  La  Roeke 

Honget,  57< 


tA   8IIO!l1lORII  bl  SAIHT-YHlKlt  3^3 

sons.  Par  acte  da  8  janvier  1631,  elle  traita,  moyennant  cinq  mille 
livres,  pour  le  reliquat  de  sa  dot  et  ses  droits  successifs,  avec  Fran- 
çois de  Paye  ou  de  La  Paye,  écuyer,  seigneur  de  La  Paye  et  de 
La  Villatte,  son  frère  aîné.  Charlotte  de  La  Paye  testa  le  24  mai 
1638,  fondant  une  rente  de  douze  livres  seize  sols  dans  Téglise  de 
Giat  pour  des  messes,  et  une  autre  rente  de  vingt  sols  à  Tégiise 
d'Orcival  pour  une  messe  haute  à  perpétuité.  Elle  dut  mourir  vers 
la  fin  de  1639,  car  il  fut  fait  inventaire  de  ses  biens  cette  année  (1); 
le  partage  de  sa  succession  eut  lieu  le  12  janvier  1640.  À  la  suite 
de  ce  partage  ses  enfants  et  petits  enfants  eurent  entre  eux  de  longs 
procès,  qui  se  terminèrent  par  une  transaction  du  20  octobre 
1674  (2). 

Du  mariage  de  Gaspard  de  Laage  du  Brudieu  et  Charlotte  de  La 
Paye  naquirent  quatre  filles:  1*"  Catherine,  2<'  Jeanne,  qui  suivent; 
S""  Hélène  de  Bridieu,  mariée  avec  le  seigneur  de  La  Chassaigne  de 
Beauregard,  en  Poitou,  morte  sans  enfants  ;  4'' Jeanne  de  Bridieu, 
mariée,  avant  1630,  à  Guillaume  d'Àubusson  chevalier,  seigneur  de 
Soliers  et  de  Chassingrimont,  veuf  de  Louise  de  La  Trémoille, 
deuxième  fils  de  Prançois  d'Aubusson,  chevalier,  seigneur  de  La 
Feuillade,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  et  de  Louise  Pot  de  Rho- 
des (3). 

Catherine  de  Laage  du  Brudieu,  dame  en  partie  de  Giat,  de 
Fesdel,  de  Paullage,  Saint-Avid,  demeurant  au  château  de  Saint- 
Avid,  épousa  V  Gilbert  de  Thianges,  écuyer,  seigneur  de  Beau- 
mont  et  de  Moussac,  en  Bourbonnais,  capitaine-lieutenant  d'une 
compagnie  de  gendarmes;  2''  Marc  d'Autier  de  Villemontée, 
écuyer,  seigneur  de  Malsaigne,  capitaine  de  cavalerie  dans  le 
régiment  du  Grand-Maître  ;  3""  par  contrat  du  13  juillet  1682 
Tersel  et  Delestang,  no'«'  roy.,  au  château  de  Saint- Avid,  en  la 
Marche,  Raymond  du  Saillant,  vicomte  de  Comborn,  baron  du 
Saillant,  la  Vergue  et  co-seigneur  de  la  ville  et  pàriage  d'AUassac, 
gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  demeurant  au  château 
de  Comborn,  en  Bas-Limousin  (4).  Par  contrat  du  12  janvier  1640, 


(1)  A.  Tardibo,  Histoire  gé/iédlogique  de  la  maison  de  La  Roche  du 
Ronset^  57,  58. 

(9)  Archives  du  château  de  Villcmoaleix,  commune  de  Châtelus-le- 
Marchetx. 

(3)  Saiht-Allais,  Nobiliaire  unioereel  de  France,  XII,  236;  XVII,  200. 
—  Mémoiree  de  Michel  de  Marolles,  Paris,  Somaville,  1656,  in-4^,  pages 
397-409  (communiqué  par  M.  Antoine  Thomas). 

(4)  A.  Tardibu,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  La  Roche  du 
Ronsei^  57, 58.  ^  Archives  de  la  Creuse,  B  42. 


374  SOCitTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT  HISTORIQUE  DU  LIlOUSllV 

Catherine  de  Laage,  agissant  tant  pour  elle  que  pour  Jeanne,  sa 
sœur,  partagea  la  succession  de  Charlotte  de  La  Paye,  sa  mère,  avec 
Guillaume  d'Âussandon,  écuyer,  sieurde  LaForest,  tuteurdes  enfants 
mineurs  de  feu  François  de  La  Roche,  se  disant  aux  droits  de  Jacque- 
line de  La  Roche,  épouse  de  Jean  de  La  Chassignole,  seigneur  du 
Tirondet,  leur  tante.  Ce  partage  eut  lieu  en  deux  portions  égales, 
les  deux  autres  enfants  de  Joseph  de  La  Roche  n*ayant  pas  survécu. 
Les  descendants  de  Jacqueline  de  La  Roche,  n'ayant  pas  retiré  la 
part  qui  leur  revenait  dans  la  succession  de  Charlotte  de  La  Paye, 
poursuivirent  Catherine  de  Laage  devant  la  sénéchaussée  du  Bour- 
bonnais et  obtinrent  sentence  contre  elle.  Mais,  avant  la  Qn  de  ce 
procès,  Catherine  de  Laage  vint  à  décéder,  laissant  pour  héritière 
Jeanne,  sa  sœur  (1). 

X.  —  Haute  et  puissante  dame  Jeanne  de  Laage  du  Brudieu, 
dame  du  Brudieu,  de  Feydet  et  de  Segondat,  épousa  <"*  par  conirat 
passé  en  la  ville  d'Huriel  le  25  août  1626  Gaspard  de  Courlilhe, 
écuyer,  sieur  dudit  lieu  et  de  Tronziers  ou  Tronget,  fils  d'Antoine 
de  Courtilhe,  écuyer,  seigneur  dudlt  lieu,  et  de  Marguerite  de 
Lamaille;  2»  par  contrat  du  25  juillet  1654  Gilbert  du  Cloupt 
de  Soumaignat,  fils  d'Annet  du  Cloupt  de  Soumaignat  et  de 
Claude  du  Fayet  (2).  Vers  l'époque  de  son  second  mariage, 
Jeanne  de  Laage,  demeurant  alors  au  château  du  Brudieu,  afferma 
à  Léonard  Manot,  de  Giboulioux,  une  métairie  située  dans 
le  mas  et  tènement  de  Giboulioux,  en  la  directe  franche  condition 
des  dames  de-  Blessac  et  du  seigneur  du  Brudieu,  moyennant  pour 
elle  onze  quartohs  blé  seigle,  mesure  d'Aubusson,  pour  les  Dames 
de  Blessac  une  quarte  blé  seigle,  mesure  de  La  Borne,  et  un  tiers 
d'arban  revenant  à  la  baronnie  de  la  Farge. 

Après  la  mort  de  Catherine,  sa  sœur,  dont  elle  fut  l'héritière, 
Jeanne  de  Laage  fut  poursuivie  devant  la  sénéchaussée  de  la  Mar- 
che par  les  représentants  de  Jacqueline  de  La  Roche,  continuant 
le  procès  commencé  contre  Catherine  de  Laage.  Par  sentence  de 
ladite  sénéchaussée  du  3  décembre  1668,  elle  fut  condamnée  à  leur 
faire  délivrance  de  deux  quarts  des  effets  de  la  succession  de  Char- 
lotte de  La  Faye,  suivant  l'inventaire  qui  en  avait  été  fait,  mais  les 
représentants  de  François  de  La  Roche  furent  condamnés  à  garan- 
tir Jeanne  de  Laage  du  montant  de  toutes  les  condamnations  pro- 
noncées contre  elle.  Pour  en  terminer,  les  représentants  de  Jacque- 
line de  La  Roche  et  ceux  de  François  de  La  Roche  transigèrent 
par  acte  du  20  octobre  1674(3). 

(3)  Archives  du  château  de  Viilemoateix. 

(4)  Nobiliaire  du  Limouêin,  1,  39S. 

(K)  Archives  du  château  de  VillemoDteix. 


tX  SBIGNBORIB    DB  SAINT- YRIBIX  375 

Jeanne  de  Laage  du  Bradieu  fut  la  dernière  de  sa  branche  (i). 
De  son  mariage  avec  Gaspard  de  Gourlillie  naquirent  les  enfants 
survivants  qui  suivent,  et  qui  partagèrent  les  successions  de  leurs 
auteurs  suivant  acte  du  31  août  1673  Diverneresse,  no"  roy.  à 
Felletin  : 

1*  Marien  de  Courlilhe,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Avit,  deTron- 
get  ou  Trouzier,  de  Giat,  etc.,  qui  épousa  le  11  juillet  1672  Anne 
Musnier  ou  Meusnier,  veuve  de  noble  Nicolas  Tixier  et  fille  de 
noble  Jean  Meusnier  de  Fressanges,  lieutenant  civil  et  criminel  de 
la  châtellenie  de  Felletin,  et  de  Louise  Chanssard,  et  qui  était 
mort  en  i  697; 

S""  Jean  de  Gourtilhe,  seigneur  de  Feydet,  de  Segondat  et  de 
Fressineau,  auquel  son  frère  Marien  céda,  le  26  janvier  1678,  tous 
ses  droits  à  diverses  successions  ; 

3*"  Jacques  de  Gourtilhe,  écuyer,  sieur  de  Tronget,  habitant  la 
maison  noble  de  Feydet,  paroisse  de  Giat,  qui  se  trouvait  au  ban 
d'Auvergne  en  1674  ; 

XL  —  4°  Gaspard  de  Gourtilhe,  écuyer,  sieur  de  Gourtilhe,  du 
Brudieu  et  de  Feydet,  qui  servait  au  ban  d'Auvergne  de  1674  pour 
deux  de  ses  frères  et  ses  deux  sœurs,  d'après  un  certificat  de 
Glaude  d'Alègre,  grand  sénéchal  d'Auvergne;  il  fut  également 
convoqué  au  ban  de  1693,  mais  il  fut  remplacé  par  Gabriel  de 
Chaussecourte,  sieur  de  Chardon  ^2). 

En  1671,  Marien  de  Gourtilhe  et  ses  frères  vendirent  le  fief  du 
Brudieu  à  noble  Yves  Musnier,  seigneur  de  Fressanges,  La  Ghas- 
saigne,  Laubard  et  Lavaud,  alors  lieutenant  particulier  en  «la 
châlellenie  de  Felletin  (3),  fils  d'Etienne  Musnier,  sieur  de  La 
Ghassaigne  en  1667,  et  petit-fils  de  Jacques  Musnier,  licencié  ès-lois, 
lieutenant  particulier  à  Felletin  en  1606. 

XIL  —  En  1676  et  1677,  Yves  Musnier  était  seigneur  direct  et 
foncier  de  Lorthomas  et  de  son  tènement,  à  cause  de  son  fief  du 
Brudieu. 

En  1684,  Yves  Musnier,  alors  lieutenant  civil  et  criminel  en  la 
châtellenie  de  Felletin,  rendit  aveu  du  fief  du  Brudieu,  paroisse  de 
Saint-Yrieix. 

XIIL  —  Sylvain  Musnier,  fils  d'Yves,  fut  sieur  de  Laubard  et  du 
Brudieu.  En  1686,  il  renouvela  l'aveu  du  fief  du  Brudieu. 


(1)  A.  Takoiru,  Grand  dictionnaire  de  la  Haute-Marcfie,  301. 

(9)  Nobiliaire  du  Limousin,  I,  73t,  733. 

(3)  A.  Taroibu,  Grand  dictionnaire  de  la  Haute-Marche ,  6.\» 


376  ^GlfrrÊ  ARCBibLÔOlQUI  ttT  BlStORlQUB  bU   LlMOUSlH 

XIV.  —  Noble  Etienne  MasDier,  sieur  du  Bradien,  légua  en  1693, 
par  testament,  à  la  confrérie  de  Sainte-Croix  de  Felletin  six  cents 
livres,  payables  en  une  rente  annuelle  de  trente  livres  (1). 

XV.  —  Silvain  Musnier,  sieur  de  Laubard  et  du  Brudieu  en  1763, 
était  châtelain  de  Felletin.  Il  avait  épousé  Antoinette  Barjon,  de 
laquelle  il  eul  Jacques  Musnier,  sieur  de  Laubard,  Fressanges, 
Le  Babouteix,  conseiller  au  présidial  de  Guéret,  marié  en  1784  à 
Silvie  Tournyol  de  Cherdemont  (2). 

§  3.  —  Pey  langeas 

Le  Hef  de  Peylangeas,  en  Poitou,  appartenait  en  1715  à  la 
famille  Musnier  et  à  la  famille  de  La  Pivardière. 

§.  4.  —  Le  Malard 

Une  partie  du  tënement  du  Malard  était  dans  la  paroisse  de 
Saint-Yrieix  et  soumis  à  la  justice  de  Saint- Yrieix.  Les  habitants 
de  Madéry  possédaient  ce  tènement  en  toute  directe  et  condition 
franche  des  prêtres  communalisles  de  Beaumont  de  Felletin,  à  qui 
les  droits  seigneuriaux  avaient  été  vendus  par  un  seigneur  de  Saint- 
Yrieix,  de  la  maison  de  Pierrebuffière. 


(1)  Abbé  Pataux,  Felletin,  184. 

(î)  A..  Tardibu,  Grand  dictionniLrâ  de  la  Haute -M  arche,  310 


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25 


LA  SEIGNEURIE 


DE 


LAFOREST-BELLE  VILLE 


CHAPITRE  I" 

LA  J08TIGB  DE  LA  SEIGNEURIE  DE  LAFOREST-BELLEYILLE 

La  seigneurie  de  Laforesl-Belleville,  origiDairement  Belleville- 
la-Forest,  en  Poitou,  avait  droit  de  justice  haute,  moyeune  et 
basse  et  droit  d'en  créer  les  ofQciers.  Les  appels  de  cette  juridiction 
ressorlissaient  au  sénéchal  de  Montmorilion. 

Son  ressort  comprenait  les  villages  de  Laforest-Belleville,  Lanjo- 
vie,  Le  Chier,  Le  Moulin  de  Lanjovie,  Murât  (en  partie),  les  tène- 
menls  appelés  SurLaCeuille  et  Pruscherien,  jouis  par  les  habitants 
du  village  de  Cosnac,  le  tout  paroisse  de  Yidaillat,  le  tënement  de 
Pouverieras,  joui  par  les  habitants  du  village  de  Perselx,  paroisse 
de  Soubrebost,  le  tènement  du  Faulong,  paroisse  de  Saint-Gilles. 

Les  villages  de  Laforest-Belleville,  Lanjovie  et  Le  Chier,  principal 
noyau  de  cette  justice  seigneuriale,  faisaient  partie  de  la  collecte 
de  Fournoux,  élection  de  Bourganeuf,  généralité  de  Limoges  (1). 

Nous  connaissons  comme  officiers  de  cette  juridiction  : 

Juges  sénéchaux  : 

Michel  de  Ghadoullenas,  licencié  ès-droits  (1670); 
Toussaint  Champeaux,  sieur  de  RocheyroUes,  advocat  en  la 
Cour  (1679, 1694). 

Procureurs  fiscaux  : 

Etienne  de  Ghadoullenas  (1633)  ; 

Michel  Marcheys,  connu  sous  le  nom  de  Michel  Marcheys 
rainé  (1684); 

Gabriel  Darfeuilhe  (1670),  sieur  de  Magnat,  notaire  royal. 
Greffiers  : 

Michel  Marcheys,  connu  sous  le  nom  de  Michel  Marcheys  le 
jeune  (1629, 1633); 

Michel  Marcheys  (1647, 1654)  ; 

Michel  Marcheys  (1660, 1670). 

(1)  Voy.  à  Tappeadice  une  délibération  de  cette  coUecte, 


380  SOaÉTÂ  ARCBÉOLOQIQUB  Kt  HISTORIQUE  DU   LlMOUSlII 


CHAPITRE    II 

LES   SEIGNEURS 

I.  —  Troalhard  oa  Trouillarâ  d'Eschizadour,  Aychisadoar, 
Ychisadour  ou  Ghisadoar,  écuyer  chevalier,  seigneur  d'Àabepeyre, 
du  Monleil,  Puyseguiu,  Belleville-la-Forest  en  1481,  rendit  aveu  aa 
roi  le  12  août  1494  pour  la  terre  deBellevilIe-la-Forest,  mouyant  de 
la  ch&tellenie  royale  de  Honimorillon.  Le  8  décembre  1499,  il  donna 
procuration  pour  rendre  l'hommage  de  ladite  terre  (1).  Il  vivait 
encore  en  1S06.  Il  eut  pour  successsenr  comme  seigneur  dé  Belle- 
yiille-la-Forest  Louis  de  La  Soubzmaigne,  son  neveu. 

IL  —  Loys  ou  Louis  de  La  Soubzmaigne,  écuyer,  seigneur  dn 
Rasteau,  Âubepeyre,  Bellevilie-I'a-Forest,  rendit  aveu  au  roi  le 
23  juin  1515  pour  la  seigneurie  de  Belleville-la-Forest.  Il  vivait 
encore  en  1521. 

III.  —  Léonnet  ou  Léonet  de  Chisadour,  Eschizadoulx  ou  Eychi- 
sadour,  écuyer,  seigneur  d'Âubepeyre,  Rasteau,  Pay-Seguin,  La 
Forest-Belleville  et  La  Chaux,  apparaît  en  1524.  Le  18  juin  1538, 
il  rendit  aveu  au  roi  pour  la  seigneurie  de  Belleville-la-Fores(.  Aa 
mois  de  décembre  1555,  il  fit  dresser  par  Peschant  et  Leslys,  no*^ 
roy.,  le  terrier  de  La  Foresl-Belleville  ;  les  tenanciers  consentirent 
reconnaissance  de  leurs  devoirs  devant  les  mêmes  notaires.  A 
cette  époque,  la  seigneurie  de  La  Forest-Belleville  possédait  des 
renies  féodales  :  1^  dans  la  paroisse  de  Vidaillat,  sur  Belleville-la- 
Forest,  Langouvys,  Le  Chier,  le  bourg  de  Vidailhac,  Le  Puys  de 
Vidailhac,  Fournoulx,  Gonnat,  Murât  ;  2^  dans  la  paroisse  de  Sou- 
brebost,  sur  Perseys,  Lasdaspeyras,  Masmoutard,  La  Villettelle  ; 
S""  dans  la  paroisse  de  Saint-Gilles,  sur  le  Masderrier,  Rieublanc; 
4<»  dans  la  paroisse  du  Gompeix,  sur  le  ténement  de  Las  Gouriéras, 
joui  par  les  habitants  du  village  de  La  Bourderye. 

Au  terme  d'un  acte  reçu  par  les  mêmes  notaires  Peschant  et 
Leslys  le  26  avril  1556,  les  habitants  de  La  Bourderye,  paroisse 
du  Gompeyx,  en  Limousin,  consenlirent  reconnaissance  portant 
qu'ils  tenaient  en  franche  condition  et  directe  seigneurie  du  sei- 
gneur de  La  Fourest-Believille  le  domaine  et  héritage,  appelé  de 
Las  Gouriéras  et  des  Bouillers,  Justice  du  Monteil-au- Vicomte. 

Léonet  de  Ghisadour  était  mort  en  1558. 

(1)  Archives  de  la  Vienne,  luvenlaire  des  hommages  cl  aveux  des  fiefs 
ipouvanls  du  roi  en  Poitou,  chûlellenie  de  MonlmorilloD. 


Lk  SKIGNBDRIE   DF.  LAPORBST-BBLI EVILLI  3BI 

IV.  —  Jâcqaes  de  Chizadoar  ou  d  Eychizadoar,  écuyer  chevalier, 
seigneur  d'Aubepeyre,  La  Fourest-Belleville,  Le  Ghier,  Râteau, 
Puy-Seguin,  Saint-Yrieix  et  autres  places,  rendit  aveu  cl  dénom- 
brement au  roi  le  19  janvier  1861  pour  la  seigneurie  de  La  Forest- 
Belleville,  et  ce  à  cause  de  la  ch&tellenie  et  baronnie  de  Montmo- 
rillon.  Le  32  décembre  même  année,  il  donna  procuration  pour 
rendre  hommage  à  Austregesille  de  La  Soubzmaîgne  (1).  En  1566, 
les  tenanciers  de  ladite  seigneurie  lui  consentirent  reconnaissance 
des  devoirs  féodaux  dont  ils  étaient  tenus.  Le  4  octobre  1576,  il 
rendit  un  nouvel  aveu  de  cette  seigneurie  (2). 

Jacques  de  Chizadour  mourut  vers  la  fin  de  1598. 

V.  —  Françoise  de  Chisadour,  dame  d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix, 
La  Forest-Belleville,  Le  Râteau  et  autres  places,  rendit,  par 
Françoise  de  Garbonnières,  sa  mère  et  tutrice,  en  1599,  aveu  et 
dénombrement  au  roi  pour  la  seigneurie  de  La  Forest-Belleville,  à 
cause  de  la  chfttellenie  et  baronnie  de  Montmorillon. 

Françoise  de  Chisadour,  qui  avait  épousé  Louis  de  Gourdon  de 
Genouilhac,  baron  de  Gourdon  et  de  Vaillac,  plus  tard  comte  de 
Yaillac,  mourut  vers  1624. 

VL  —  Louis-François  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier, 
marquis  de  Gaslelnau,  seigneur  d*Âubepeyre,  Saint-Yrieix,  Râteau, 
Le  Chier,  La  Forest-Belleville,  qui,  après  la  mort  de  sa  mère,  avait 
eu  en  partage  ses  seigneuries,  mourut  vers  1640. 

VU.  —  JeaU'Paul  Ricard  de  Gourdon  de  Genouilhac,  chevalier 
comte  de  Vaillac,  baron  de  Gourdon  et  de  Genouilhac,  baron  de 
Monlferrand,  premier  baron  de  Guyenne,  seigneur  d'Aubepeyrc, 
Saint  Yrieix,  Laforest-Belleville,  le  Boisse,  etc.,  céda  vers  1644  les 
terres  et  seigneuries  d'Aubepeyre,  Saint- Yrieix  et  Laforest-Belle- 
ville, à  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac,  sa  sœur,  épouse  de 
Flotard  de  Turenne,  marquis  d'Aynac,  depuis  comte  d*Aubepeyre. 

Les  revenus  de  la  terre  et  seigneurie  de  Laforest-Belleville  étaient, 
depuis  la  monde  Jacques  de  Chizadour,  encaissés  par  un  receveur, 
qui  résidait  au  château  d*Aubepeyre.  On  connaît  comme  receveurs  : 
Lagrange  (1644-1645);  Rieublanc  (1646-1647);  Clouzaud  (1647- 
1663). 

Vin.  —  Claude  de  Gourdon  de  Genouilhac,  dame  d'Aubepeyre, 
Saint-Yrieix,  Laforest-Belleville,  et  son  mari  Flotard  de  Turenne, 
marquis  d'Aynac,  baron  de  Moliëres,  seigneur  de  Salles,  et  à  cause 
d'elle  comte  d'Aubepeyre,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  Laforest-Belle- 

(1)  Archives  de  la  Vienne, 
(S)  Jdem, 


38i  SOCIÉTÉ  ARCHiOLOGIQUB  ET  HISTORIQUK  DU  LIMOUSIN 

ville,  ne  nous  offrent  rien  de  particulier  à  la  seigneurie  qui  nous 
occupe.  Les  receveurs  mentionnés  ci-dessus  étaient  leurs  repré- 
sentants.  Flotard  de  Turenne  mourut  en  1677. 

IX.  —  Louis  de  Turenne  d'Âynac,  chevalier,  marquis  d*Âynac  et 
de  Montmurat,  comte  d'Âubepeyre,  seigneur  de  Sainl-Yrieix,  La- 
forest-BelIe ville,  afferma,  le  25  septembre  1681,  les  terres  et  sei- 
gneurs d'Aubepeyre,  Saint-Yrieix  et  Laforest-Believille  à  Gabriel 
Darfeuilbe,  notaire  royal  à  Châtain. 

Par  contrat  du  28  novembre  1688,  le  marquis  d*Aynac  vendit  à 
son  frère  Jean,  comte  d*Âynac,  les  terres  et  seigneuries  d*Aube- 
peyre,  Saint-Yrieix  et  Laforest-Belleville. 

X.  —  Jean  de  Turenne  d'Aynac,  chevalier,  seigneur  comte  d'Au- 
bepeyre  et  d'Aynac,  baron  de  Salles,  seigneur  de  Belleville-la- 
Forest,  Saint-Yrieix,  Le  Chier,  Le  Bousquet,  eut,  jusqu'en  1692, 
pour  fermiers  de  ses  terres  et  seigneuries,  à  la  suite  de  Gabriel 
Darfeuilbe,  Léonarde  Forest,  veuve  de  Jean  Darfeuilbe,  et  Léonard 
Darfeuilbe,  sieur  de  Roubëne,  son  Gis,  bourgeois  de  Royëre,  dont 
la  ferme  avait  commencé  en  1687.  En  1693  et  1694,  il  avait  pour 
receveur  ou  agent  Raymond  Delbosc. 

Jean  de  Turenne  rendit,  le  24  juillet  1693,  hommage  au  roi  du 
fief  de  Belleville-la-Forest,  mouvant  de  Montmorillon  (1).  Il  mourut 
le  27  juin  1711. 

XI.  •—  Jean-Galiot  de  Turenne,  chevalier,  seigneur  comte,  puis 
marquis  d'Aubepeyre,  Salles,  seigneur  de  Saint-Yrieix,  Laforest- 
Belleville,  Courbatier,  Le  Pouget  et  autres  places,  eut  un  procès 
considérable  avec  les  tenanciers  de  la  seigneurie  de  Laforest- 
Belleville.  Ce  procès  avait  commencé  du  vivant  de  Jean  de  Turenne, 
son  père.  Par  sentence  rendue  par  le  sénéchal  de  Montmorillon  le 
30  janvier  1713,  entre  Léonard  et  Symphorien  Branche,  Léonarde 
Jallot,  veuve  de  Philippe  Martin,  Léonard  Taury,  Pierre-Léonard 
Duchiez,  Forien  Mincourand,  Jeanne  Quanau,  veuve  de  Martin 
Lemasson,  d'une  part,  et  messire  Jean-Galiot  de  Turenne,  cheva- 
lier, seigneur  marquis  d'Aubepeyre,  Salles,  et  seigneur  de  Laforest- 
Belleville,  d'autre  part,  et  entre  ledit  sieur  de  Turenne,  demandeur 
suivant  exploit  du  27  janvier  1711,  d'une  part,  et  Jacques  Rochon, 
sieur  de  Fournoux,  et  Michel  Guyot,  Biaise  Lombard  et  François 
de  Ghastenet,  écuyer,  sieur  de  Soubrebost,  d'autre  part,  et  entre 
ledit  sieur  de  Turenne,  demandeur  suivant  exploit  du  10  janvier 
1711,  d'une  part,  et  Pierre-Jean  Barrot,  Jean  Ghanssard,  tant  pour 
lui  que  pour  les  tenanciers  du  village  du  Puy,  Toussaint  Rochon, 

(1)  Archives  de  la  Vienne. 


U  SI1GNIUR»    DB  LAF0RB8T-BSLLKVILLI  383 

marchand  à  Fournoux,  tant  pour  lui  que  pour  les  autres  tenanciers 
du  village  de  Perselx,  Pierre  Nicou  et  Pierre  Giraudon,  tant  pour 
eux  que  pour  les  autres  habitants  du  village  du  Masderrier,  Léonard 
Fonteille,  dit  Rieublanc,  tant  pour  lui  que  pour  les  autres  tenan- 
ciers du  village  de  Rieublanc,  François  Aymiel,  tant  pour  lui  que 
pour  les  autres  tenanciers  du  village  de  Mural,  d*autre  part,  et 
entre  ledit  sieur  de  Turenne,  demandeur  suivant  exploit  du  !•'  oc- 
tobre 1712,  d'une  part,  et  Jean  Thaury,  fils  et  héritier  de  Mathieu 
Thaury,  et  Etienne  Thaury  et  consorts,  d'autre  part,  et  enlre  ledit 
sieur  de  Turenne,  demandeur  suivant  exploit  du  2^  janvier  1711, 
d'une  part,  et  Jean  Ghanssard,  appelé  en  qualité  de  tenancier  du 
bourg  de  Vidaillat,  messire  Annet  de  La  Pivardière,  écuyer,  sei- 
gneur de  <juymond,  et  Léonard  Verrier,  appelé  en  qualité  de 
tenancier  du  village  de  Perseix,  M*  François  Ghampeaulx,  notaire 
royal,  appelé  en  qualité  de  tenancier  des  villages  de  Lasdapeyras.et 
Villetelle,  d'autre  part,  et  entre  ledit  sieur  de  Turenne,  demandeur 
suivant  exploit  du  11  janvier  1711,  d'une  part,  et  ledit  M*  François 
Ghampeaulx,  lesdits  Ghanssard,  La  Pivardière,  Verrier,  d'autre 
part;  par  laquelle  sentence  du  30  janvier  1713  Branche,  Thaury, 
Rochon,  Guyot  et  autres  défendeurs  appelés  en  qualité  de  tenan- 
ciers des  villages  de  Laforest-Belleville,  Lanjovie,  Le  Ghier  et 
autres  héritages  dépendant  du  fief,  terre  et  seigneurie  de  Laforest- 
Bellevillei  étant  dans  les  confins  et  voisinage  des  villages  de  Vidail- 
lat,  du  Puy,  de  Fournoux,  de  Perseix,  de  Lasdapeyras  et  Villetelle, 
du  Masderrier,  de  Rieublanc,  de  Goury,  de  Murât  et  du  Masmou- 
tard,  furent  condamnés  à  passer  titre  nouvel,  déclaration  et  recon- 
naissance des  héritages  par  eux  possédés  dans  lesdits  villages  et 
tènements  dépendant  du  fief  et  seigneurie  de  Laforest-Belleville, 
par  mouvants,  tenants  et  aboutissants  ;  tous  les  assignés  furent 
condamnés  à  reconnaître  au  profit  du  marquis  d'Aubepeyre,  sei- 
gneur de  Laforest-Belleville,  les  devoirs  seigneuriaux  et  féodaux, 
cens  et  rentes  et  autres  droits  et  devoirs  de  terrage,  conformément 
aux  reC/Onnaissances  insérées  dans  le  papier  terrier  de  l'année  1855 
et  autres  reconnaissances  postérieures,  et  à  fournir  audit  seigneur 
de  Laforest-Bellevilte  des  copies  lisibles  et  correctes  des  reconnais- 
sances et  déclarations  signées  de  Joseph  de  Bellac,  notaire  royal  de 
la  sénéchaussée  de  Montmorillon  commis  à  cet  effet,  trois  mois 
après  sommation  à  eux  faite,  et  cependant  lesdits  tenanciers  furent 
condamnés  à  payer  audit  seigneur,  solidairement  village  par  village, 
tenancier  par  tenancier,  les  cens  et  rentes  dont,  pour  éviter  des 
répétitions,  nous  ne  donnerons  le  détail  qu'au  chapitre  des  revenus 
de  la  seigneurie  qui  nous  occupe,  tous  les  grains  mesure  de  la 
Borne,  les  arrérages  de  rente  et  abonnement  du  droit  de  terrage 
étant  fixés  par  la  Goutume  du  Poitou. 


384  SOCIÊTé  ARCBÉOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

A  la  suite  de  cette  sentence,  le  marquis  d'Aubepeyre  transigea, 
suivant  acte  du  30  mars  1713  du  Taury  et  de  Champagne,  no*^  de 
la  ville  du  Dorât,  avec  les  habitants  des  villages  de  Laforest-Belle- 
ville,  Lanjovie  et  le  Chier.  Par  cet  acle,  les  parties  chargèrent  raes- 
sire  Jean  de  La  Motte,  prêtre,  docteur  en  théologie,  prieur-caré  de 
Saint-Pardoux-Lavaud,  et  Jacques  Rochon,  sieur  de  Fournoux, 
bourgeois,  demeurant  au  lieu  de  Fournoux,  paroisse  de  Vidaillal, 
de  régler  les  comptes  des  arrérages  dus  par  lesdits  (enanciers  au 
marquis,  tant  des  renies  nobles,  féodales  et  Toncières  en  grains, 
argent  et  gélines,  que  de  Tabonnement  du  droit  de  terrage.  Ces 
arbitres  remplirent  leur  mission,  ainsi  qu*il  appert  d*un  acte  du 
22  août  1716  Darfeuilhe,  no"  roy.,  dressé  en  présence  de  M*  Fran- 
çois Aupierre,  notaire  royal,  demeurant  au  lieu  de  Vaux,  paroisse 
de  Saint-Séverin  (1). 

Celte  transaction  ne  termina  pas  le  procès,  car  appel  de  la  sen- 
tence du  30  janvier  1713  fut  relevé  par  certains  des  tenanciers,  et 
d'autres  instances  intervinrent  encore  entre  le  seigneur  de  Laforesl- 
Belleville  et  divers  autres  tenanciers,  notamment  Jean  d*0rseailb, 
sieur  de  la  Villette,  damoiseau,  Jeanne   Bandon,  son    épouse, 
W  Jean  Chanssard,  bourgeois,  du  bourg  de  Vidaillat,  ladite  Bandon 
et  ledit  Chanssard,  héritiers  de  feu  messire  Léonard  Rochon,  prê- 
tre, curé  de  Vidaillat,  M*  François  Champeaux,  notaire  au  bourg 
de  Pontarion,  et  François  de  Lëtang,  marchand  à  Soubrebost,  et 
Françoise  Duchier,  sa  femme,  comme  possesseurs  et  tenanciers 
dans  ladite  seigneurie  de  Laforest-Belleville.  M.  de  Turenne  con- 
clut à  ce  que  dans  les  écritures  signiflëes  à  la  requête  des  tenan- 
ciers «  les  termes  injurieux  de  vexation,  de  tyrannie,  de  droits 
insolites  proféra?  contre  Thonneur  et  réputation  dud.  de  Turenne, 
qui  était  leur  seigneur  »  fussent  «  rayés  et  biffés  »  ;  qu'ils  fussent 
tenus  de  le  reconnaître  pour  homme  de  bien,  de  probité  et  «  non 
entaché  desdites  injures  »,  et,  pour  les  avoir  dites  et  proférées, 
s'entendre  lesdits  tenanciers,  aussi  bien  que  leur  conseil»  condam- 
ner solidairement  à  telle  amende  qu'il  plaira  à  la  cour  arbitrer  et 
«  à  proportion  de  la  hardiesse  de  ces  mutinés  paysans,  qui  au  lieu 
de  reconnaître  le  bienfait  que  M.  de  Turenne  avait  bien  voulu  leur 
faire  en  consentant  à  la  passation  de  la  transaction  du  30  mars  1713 
(alors  en  question),  étaient  assez  insolents  que  d'outrager  leur  sei- 
gneur par  des  injures  atroces  »,  mais  qu'il  espérait  que  la  Cour 
réprimerait  cette  audace  et  condamnerait  «  ces  osés  paysans  »  en 
dommages  et  intérêts  pour  lesquels  il  se  restreignait  à  une  somme 
de  dix  mille  livres.  Il  était  modeste,  le  marquis  1  Par  arrêt  du  par- 
lement de  Paris  du  13  juillet  1719,  la  sentence  de  Montmorillon  fui 

(I)  lllnutes  des  nplaires  de  Châtain, 


LA   SKI6NEURIE    DE    LAFÛRRST-BELLRVILLIS  3S6 

mainleûue  el  Tarrél  fat  déclaré  commun  à  toutes  les  parties  qui 
avaient  flguré  dans  cette  sentence.  II  fut  ordonné  en  outre  que,  par 
experts  arpenteurs  dont  les  parties  conviendraient  par  devant  le 
juge  châtelain  d'Aubusson,  il  serait  procédé  aux  frais  des  habitants 
des  trois  villages  de  Laforest-Belleville,  Lanjovieet  le  Chier  à  l'ar- 
pentage d'iceux,  et  en  outre  lesdils  habitants  furent  condamnés  à 
passer  au  profit  du  seigneur  nouvelle  reconnaissance  des  susdits 
devoirs  et  à  lui  fournir  déclaration  des  héritages  par  eux  possédés. 
En  exécution  de  cet  arrêt.  M.  de  Turenne  Ht  assigner  lesdits 
habitants  pardevant  le  juge  châtelain  d'Aubusson  pour  convenir 
d'un  expert  arpenteur.  Devant  le  commissaire,  il  fut  convenu,  sui- 
vant procès-verbal  du  30  octobre  1721,  de  la  personne  de  M*  Michel 
David,  notaire  royal  el  arpenteur  juré,  de  la  ville  du  Dorât.  I/ar- 
penteur  procéda,  suivant  procès-verbaux  des  21  novembre  1721  et 
S  mars  1722  :  il  affirma  son  arpentement  et  également  pardevant 
le  châtelain  d'Aubusson  le  22  avril  1722.  Mais  dans  cet  arpente- 
ment et  également  furent  comprises  par  erreur  la  rente  directe  due 
audit  seigneur  par  le  village  de  Murât  et  celle  due  au  même  par  le 
tènement  de  Tras  le  Breuii;  cela  donna  lieu  à  plusieurs  contesta- 
tions devant  le  juge  d'Aubusson,  d'autant  plus  que  les  habitants 
des  trois  villages  prétendaient  que  ceux  de  Perseix,  Masmoutard, 
Lasdapeyras,La  Villelelle,  Masderrier,  Cosnao  et  Fournoux  devaient 
être  compris  dans  le  susdit  arpentement.  Pour  en  terminer,  le 
2  septembre  1723,  dans  une  chambre  du  château  d'Aubepeyre, 
pardevant  Delachaud,  no"  roy.  heréd.,  et  en  présence  de  sieur 
Toussaint  Ronchon,  bourgeois,  demeurant  au  village  de  Fournoux, 
el  de  sieur  Léonard-Pierre  Champeaux,  bourgeois,  habitant  du 
bourg  de  Soubrebost,  Jean-Galiotdc  Turenne,  «  demeurant  en  son 
château  et  bourg  de  Salles  en  Rouergue,  étant  de  présent  audit 
château  d'Aubepeyre  »,  et  les  tenanciers  desdits  villages  de  Lafo- 
rest,  Lanjovie  et  le  Chier  transigèrent.  Ces  derniers  reconnurent 
que  le  village  de  Murât  et  le  tènement  de  Tras-le-Breuil  avaient 
été  mal  à  propos  compris  dans  ledit  arpentement,  et  qu'on  ne 
devait  pas  non  plus  y  comprendre  les  villages  de  Perseix,  Masmou- 
tard, etc.;  ils  promirent  de  payer  la  rente  due  par  le  village  de 
Murât,  et  de  son  côté  M.  de  Turenne  s'engagea  à  ne  plus  réclamer 
cette  rente  aux  habitants  de  Murât,  se  réservant  sur  ce  village  la 
directe^  autres  droits  seigneuriaux  et  la  justice.  Les  tenanciers 
firent  reconnaissance  nouvelle  à  M.  de  Turenne  de  tous  leurs 
devoirs  seigneuriaux  établis  par  l'arrêt  du  parlement,  de  la  dime 
des  grains  et  des  laines  et  se  reconnurent  «  menants  à  son  moulin 
de  Langeovie  ».  Les  habitants  de  Lanjovie  reconnurent  être  en 
possession  des  tènenients  composant  le  village  du  Chier.  Cette 


386  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUB  ET  BISTOBIQDE  DU  LIMOUSIN 

transacUon  Tut  ratiâée  au  village  de  Murât  par  certains  tenanciers 
absents  lors  du  premier  acte,  suivant  acte  du  6  septembre  17^, 
passé  devant  le  même  notaire,  en  présence  de  messire  Gilbert  La- 
coux,  prêtre,  curé  du  bourg  de  Soubrebost  (1). 

Léger  Vacher,  marchand  de  la  Vergue,  paroisse  du  Monteil,  était 
depuis  plusieurs  années  fermier  de  la  terre  et  seigneurie  de  Lafo- 
rest-Belleville,  lorsqu'il  afferma,  en  1714,  le  bois  et  tènementdu 
FauloDg,  appartenant  à  ladite  seigneurie,  consistant  en  puy,  prés, 
pacages,  bois  et  terres  et  situé  paroisse  de  Saint-Gilles.  Le  4  mai 
1738,  le  marquis  afferma,  pour  huit  ans,  à  Gabriel  Guyonie,  de 
Vallière,  tous  les  fonds,  profits  et  revenus  de  la  terre  et  seigneurie 
deBelleville-la-Forest.  Cette  ferme  générale  comportait  cependant 
quelques  exceptions,  car,  suivant  acte  du  2  mai  1741  Delavergne, 
no'*  roy.  héréd.,  le  marquis  afferma,  pour  neuf  années,  le  (ène- 
ment  du  Faulong  à  Léonard  Giraudon,  du  Masderrier,  et,  en  1744, 
il  affermâtes  tënements  de  Chasteau  et  Fontanelle,  situés  auprès  du 
village  de  Nadaspeyras,  dont  il  était  propriétaire  et  seigneur.  Enfin, 
le  IS  mai  1744,  il  afferma  la  terre  et  seigneurie  de  Laforest-BeJle- 
ville  à  M*  François  Delavergne  de  Galembert,  du  bourg  du  Monteil, 
et  certifia  la  liève  des  revenus  de  cette  terre  et  seigneurie  qu'il  lui 
donnait  à  toucher  et  percevoir  (3). 

Le  12  janvier  1743,  Jean  Galiot  de  Turenne  rendit  hommage  an 
roi  de  la  seigneurie  de  Laforest-Belleville  (3). 

Ce  seigneur  mourut  dans  les  premiers  mois  de  Tannée  1780. 

XIL  — -  Jean-Antoine  de  Turenne,  chevalier,  seigneur  marquis 
d'Aubepeyre,  Sainl-Yrieix,  Laforest-Belleville,  Salles  en  Rouergue, 
Charbonnière  et  autres  places  en  Gévaudan,  venditle  5juilleH753, 
par  acte  sous  seings  privés  écrit  sur  papier  libre,  à  François  Dela- 
vergne, notaire  royal  au  Monteil-au- Vicomte,  la  terre  et  seigneurie 
de  Laforest-Belleville,  avec  tous  ses  revenus,  tant  en  grains  de 
rente,  taille,  moulin,  poules,  aussi  bien  que  le  tënement  du  Fan- 
long,  moyennant  douze  mille  livres  de  prix  principal  et  six  cents 
livres  d'épingles  pour  demoiselle  Jeanne-Martiale  de  Turenne,  sa 
fille.  Dans  cette  vente  ne  fut  pas  comprise  la  rente  féodale  sur  le 
tènement  de  Las  Couriéras,  quoiqu'elle  dépendit  de  cette  seigneu- 
rie, Le  9  juillet  suivant,  le  marquis  consentit  la  môme  vente,  au 
môme  prix,  par  acte  sous  seings  privés  écrit  sur  papier  marqné,  à 
Léonard  Tixier  de  Chaussadas.  Mais,  le  30  août  suivant,  il  y  eut 

(1)  Papiers  de  la  famille  Lepetit-Laforest,  commnniqués  par  11.  Etienne 
de  Nalèchtf. 
(3)  Voy.  celle  liève  à  l'appendice. 
(3)  Archives  de  lu  Vienne, 


_^ 


LA   SBIGHKURIB    DB   LAF0RB8T-BBLLKVILLB  387 

transaction  devant  Goumy,  no'*  à  Vallière,  entre  les  deux  acqué- 
reurs, et  la  vente  consentie  à  Léonard  Tixier  fut  annulée  moyen- 
nant seize  mille  livres  de  dédommagement.  Il  fallait  que  le  marquis 
fut  bien  gêné  pour  aliéner  cette  seigneurie  à  un  prix  si  vil  que  le 
premier  acquéreur  put  donner  au  second  un  pareil  dédommagement. 
il  ne  toucha  d*ailleurs  que  les  six  cents  livres  d*épingles,  car  la 
somme  de  douze  mille  livres  fut  employée  à  payer  pareille  somme 
due  par  feu  Jean  Galiot  de  Turenne. 

Par  contrat  du  30  mars  1754  Coutisson,  no'*,  Jean-Antoine  de 
Turenne  vendit  à  Léonard  Lepetit,  marchand,  du  Monteil  au 
Vicomte,  la  rente  féodale  due,  en  vertu  de  litre  du  21  janvier  1688, 
à  la  seigneurie  de  Laforest-Belleville  par  les  tenanciers  du  tëne- 
ment  de  Las  Gouriéras,  joui  par  les  habitants  du  village  de  La  Bor- 
derie,  paroisse  du  Compeix. 

XIII.  — -  François  Delavergne,  sieur  de  Galembert,  seigneur  de 
Laforest-Belleville,  était  fils  de  Jean  Delavergne,  sieur  de  Galem- 
bert, notaire  royal,  lieutenant  de  la  justice  du  Monteil,  et  de  Louise 
Darfeuilhe  de  Magnat.  Il  naquit  le  37  mars  1687  (parrain  M*  Fran- 
çois Champeaux,  du  bourg  de  Soubrebost  ;  marrainç  Léonarde 
Ronchon).  On  le  trouve  praticien  en  1711  ;  en  1714,  il  succéda 
comme  notaire  royal  à  Jean  Delavergne,  son  père  ;  en  1720,  il  était 
en  même  temps  juge  châtelain  du  Monteil,  charge  qu'il  remplissait 
encore  au  commencement  de  1738. 

Le  18  mai  1744  il  afferma  la  terre  et  seigneurie  de  Laforest- 
Belleville,  dont  il  fit  Tacquisition  en  1783  dans  les  conditions  que 
nous  avons  mentionnées  à  l'art,  précédent. 

Le  nouveau  seigneur  était  mort  en  1788.  Il  avait  épousé,  par 
contrat  du  13  mai  1732,  Jeanne  Ghampeaux,  de  laquelle  il  eut  : 

1*  Berthe  Delavergne  de  Galembert,  née  le  26  septembre  1733 
(parrain  :  Jacques  Darfeuilhe  ;  marraine  :  Berthe  Bouchon),  morte 
le  20  décembre  1736,'  et  inhumée  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean  de 
rëglise  du  Monteil,  en  présence  de  Léonard-Pierre  Ghampeaux  et 
de  Pierre  Delavergne,  bourgeois,  ses  oncles  ; 

2"  Pierre-François-Xavier  Delavergne  de  Galembert,  né  le 
13  avril  1738  (parrain  Léonard-Pierre  Ghampeaux,  seigneur  de 
Mortegoutte,  juge  de  Soubrebost,  du  Monteil  et  de  La  Pouge  ;  mar- 
raine demoiselle  Madeleine  Darfeuilhe  de  Ghâtain);  mort  jeune. 

3*  Pierre  Delavergne  de  Galembert,  né  le  22  février  1737  (mar- 
raine demoiselle  Marie  Rochon,  du  village  de  Fournoux,  paroisse 
de  Vidaillat),  mort  le  3  juin  1740  ; 

4*  Marie-Elisabeth,  qui  suit  ; 

8*  Marie-Silvaine  Delavergne  de  Galembert,  née  le  27  mai  1741 
(marraine   Jtt^rie  Lejeune,  épousç  de  Léonard  Darfeuilhe,  cqu- 


d88  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOCIQUE   ET   HISTORIQUB   DU   LIMOUSIN 

seiller  du  roi  el  son  receveur  en  la  maîtrise  des  Eaux  et  Foréls  de 
la  Marche)  ; 

6'  Jeanne  Delavergne  de  Galembert,  née  le  1*'  janvier  1744 
(parrain  Gabriel  Darfeuilhe,  sieur  de  Parsat;  marraine  Jeanne 
Rouchon). 

L'une  de  ces  deux  dernières,  Marie-Silvaine  ou  Jeanne,  épousa 
un  de  Miomandre  de  Banizelte  et  fut  mère  de  nobles  demoiselles 
Jeanne  et  Dauphine  de  Miomandre  de  Banizelte,  sœurs  germaines, 
habitant  le  Monteil  en  1767  et  propriétaires  par  indivis  aiec 
Anloine-Isaac  Rochon  de  Valette,  d*une  métairie  à  Chaleix,  paroisse 
de  Vidaillat,  et  d'une  réserve  au  Monteil. 

XIV.  —  Marie-Elisabeth  Delavergne  de  Galembert  et  de  Belle- 
ville,  dame  de  Galembert,  dame  de  la  seigneurie  de  Laforest- 
Beileville,  naquit  au  Monteil  le  17  février  1739  (parrain  messire 
François  Ghampeaux,  prêtre,  vicaire  de  Soubrebosl;  marraine 
demoiselle  Elisabeth  Larthe  du  Lejris,  épouse  de  Léonard-Pierre- 
Xavier  Ghampeaux,  sieur  de  Mortegoutle,  notaire  royal,  juge  séoé- 
chai  de  Soubrebost,la  Pouge  et  châtelain  de  la  vicomte  du  Monteil). 
Elle  fut  fiancée  au  Monteil  le  12  mai  1785  avec  Ântoine-Isaac 
Rochon  de  Valette,  avocat  en  parlement,  fils  de  noble  François 
Rochon  de  Valette,  conseiller  du  roy  et  son  procureur  en  rélection 
de  Guérel  et  aux  sièges  des  dépôts  de  Guéret  et  Jarnages,  el  de 
Suzanne  Bellat.  demeurant  à  Guéret,  paroisse  de  Saint-Pierre  el 
Saint-Paul,  en  présence  de  Pierre  Delavergne  et  d'Âmable  Michel- 
let.  Leur  contrat  de  mariage  fut  passé  au  Monteil  le  même  jour, 
13  mai  1755  devant  Gbanssard,  no'*  roy.,  la  future  procédant  sous 
Tautorité  de  messire  François  Ghampeaux,  prêtre,  curé  du  bourg 
et  paroisse  de  Thauron  et  de  Pontarion,  son  annexe,  demeurant 
au  bourg  de  Pontarion,  son  curateur.  Les  père  et  mère  du  futur 
époux  Tinstituèrent  pour  leur  héritier  universel,  à  charge  de  pajer 
les  apanages  qui  seraient  faits  aux  autres  enfants,  si  mieux  n'aimait 
ledit  Rochon  fils  s*en  tenir  aux  domaines,  préclêtures  et  autres 
droits  situés  au  village  de  Valette,  paroisse  de  Saint -Fiel,  et  aux 
offices  de  conseiller,  de  procureur  du  roy  en  rélection  de  la  Marche 
el  aux  sièges  des  dépôts  de  Guéret  et  Jarnages.  La  future  épouse 
se  constitua  tous  les  biens  par  elle  recueillis  dans  la  succession  de 
son  père.  Jeanne  Ghampeaux,  mère  de  la  future,  et  M*  Pierre 
Delavergne,  bourgeois,  firent  donation  entre  vifs  à  ladite  future 
épouse  de  tous  leurs  biens,  consistant  pour  Jeanne  Ghampeaux  en 
sa  dot  de  deux  milles  livres  constituée  par  son  contrat  de  mariage^ 
et  pour  Pierre  Delavergne  en  la  moitié  des  biens  indivis  entre  lui 
el  la  future  épouse,  héritière  de  son  père,  situés  au  bourg  du 
Mpnteil,  en  la  moitié  du  petit  donqaine  situé  ^u  villaçe  de  GiouXt 


Là  SIClGNBUaiK   DB  LAFORBST-BBLLSVILLE  389 

paroisse  de  Saint-Pierre-Ie-Bost»  et  en  la  moitié  des  rentes  indivises 
avec  ledit  feu  François  Delavergne,  dont  certaines  provenaient  de 
rhëritage  fait  par  François  et  Pierre  Delavergne  dans  la  succession 
de  Léonard  Darfeuilhe»  prieur  de  Saint-Junien.  Cette  donation  fut 
consentie  à  la  charge  :  1*  de  payer  à  Jeanne  Ghampeaux  une  pen- 
sion viagère  de  quatre  cents  livres  et  de  lui  laisser  Tusufruit  de  la 
maison  meublée  qu'elle  habitait  et  où  était  décédé  François  Dela- 
vergne ;  2*  de  payer  à  Pierre  Delavergne  une  pension  viagère  de 
cinq  cents  livres  et  de  lui  laisser  Tusufruit  de  Tappartement  qu*il 
occupait  au  Monteil.  Signèrent  au  contrat  :  Mathurin  Labourgt, 
prêtre,  curé  de  Yidaillat  ;  Jacques  Larte  de  La  Ghassaigne,  prêtre, 
curé  de  Faux,  près  Bourganeuf  ;  Boutaud,  curé  de  Ghastaingt; 
Lepetit,  curé  du  Monteil  ;  De  Gain  de  Montaignac-Gimel  ;  De  Gain 
deMontaignac-Saint-Hexant;  Tournyol  ;  Gharlier-Voysin  ;  T.  Du- 
rateau  ;  Moulinier  ;  De  Nesmond  ;  Cartaudde  Yilate  ;  Voysin  ;  GhazaI 
de  La  Villetelle,  Rochon,  Bouchon,  De  Puichoumeix  ;  Furgaud  ; 
Darfeuilhe  ;  Roy  de  PierreRtte,  Rochon,  ancien  lieutenant  en  Télec- 
lion  de  la  Marche,  Michellet.  Le  maViage  fut  célébré  au  Monteil  le 
23  mai  suivant  par  messire  François  Ghampeaux,  curé  de  Thauron 
et  Ponlarion,  curateur  et  oncle  de  la  demoiselle,  en  présence  de 
noble  François  Rochon,  père  du  marié,  de  messire  Jacques  Larte 
de  La  Ghassaigne,  curé  de  Faux,  de  M*  Pierre  Delavergne,  bour- 
geois et  oncle,  de  MM.  Furgaud  de  La  Vergue  et  Roy  de  Pierrefilte 
et  de  messire  Jacques-Christophe  Lepetit,  curé  du  Monteil  et  prieur 
de  Chirat. 

Par  acte  du  20  avril  1786  Ghanssard,  no'*  roy.,  Antoine  Isaac 
Rochon  de  Valette,  qui  avait  pris  le  titre  de  seigneur  de  Laforest- 
Belleville,  afferma  le  domaine  provenant  à  sa  femme  de  François 
Delavergne,  son  père,  et  de  Pierre  Delavergne,  son  oncle,  situé 
tant  à  Gioux  qu'au  tènement  de  Galembert. 

Eu  1788,  par  saite  du  décès  de  son  père,  Antoine-Isaac  Rochon 
de  Valette  était  en  possession  des  ofQces  que  ledit  père  avait 
occupés.  En  1760,  il  était  conseiller  du  roy,  assesseur  civil  et  lieu- 
tenant particulier  criminel  en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial 
de  la  Marche. 

Suivant  acte  du  2  mars  dite  année  1760  Michellet  et  Legros,  no'*' 
roy.,  les  époux  Rochon  de  Valette  vendirent  à  Léonard  Lepetit, 
sieur  des  Gourières,  notaire  royal  au  Monteil,  divers  biens  dépen- 
dant de  la  succession  de  François  Delavergne.  Par  contre-lettre 
sous  seing  privé  du  même  jour,  Antoine-Isaac  Rochon  de  Valette 
reconnut  que  dans  ladite  vente  était  comprise  la  rente  et  directe  de 
Galombert,  qui  lui  appartenait  à  cause  de  sa  femme. 

Suivant  autre  acte  passé  le  6  février  1767  devant  Dissandes  et  son 


390  S0G1ÉT6  ARCHftOLOGJQUX  KT  BISTOlklCIII  DU  LIMOUSIH 

confrère,  do*«"  roy.  à  Gaëret,  Antoine-Isaac  Rochon  de  Valette, 
tant  en  son  nom  propre  que  comme  maître  des  biens  dotaux  de  Harie- 
Elisabelh  Delavergoe,  son  épouse,  vendit  à  Léonard  et  Jacques- 
Christophe  Lepetit,  père  et  fils,  le  premier  notaire  royal  et  le 
second  étudiant  en  philosophie,  demeurant  ensemble  au  bourg  du 
Monteil  au  Vicomte,  la  terre  et  seigneurie  de  Laforest-Belleville, 
située  paroisse  de  Vidaillat,  en  Poitou,  avec  toutes  ses  apparte- 
nances, circonstances  et  dépendances,  coasi&lanl  entre  autres 
choses  en  grains  de  terrage  et  de  rente*  dixmes,  faille  solidaire  de 
six  livres  quinze  sols  sur  les  tenanciers  de  ladite  terre,  moulin 
emphitéosé  et  tènement,  appelé  du  Faux-Long,  tels  que  la  dame 
Marie-Elisabeth  I>elayergne  et  ses  prédécesseurs  en  ont  joui  en 
vertu  de  la  vente  de  ladite  terre  consentie  par  le  sieur  de  Turenne 
au  profit  de  feu  M**  François  Delavergne,  beau-père  du  vendeur,  par 
acte  sous  seings  privés  du  6  juillet  1783,  renouvelé  par  devant 
notaire  le  30  août  suivant,  et  en  conséquence  du  bail  emphitéotique 
dudit  moulin  consenti  par  le  vendeur  devant  Lepetit,  no"*  roy.  Cette 
vente  fut  faite  moyennant  la  somme  de  douze  mille  livres  de  prix 
principal  et  mille  livres  d^épingles  ou  pot  de  vin  ;  le  tout  fut  payé 
comptant.  Il  fut  payé  au  roi,  pour  les  droits  de  lods  et  ventes,  au 
sixième,  à  cause  de  sa  vicomte  de  Limoges,  la  somme  de  quinze 
cents  livres. 

XV.  —  Jacques-Christophe  Lepetit,  sieur  des  Courières  et  de 
Galembert,  seigneur  de  Laforest-Belleville,  était  fils  de  Léonard 
Lepetit,  sieur  des  Courières,  de  Lardilier  et  de  Galembert,  notaire 
royal  au  Monteil  au  Vicomte,  et  de  Luce  Coutisson.  Il  naquit  au 
Monteil  le  19  mars  1748  (marraine  Madeleine  Darfeuilhe,  femme 
de  Léonard  Tixier,  sieur  de  Chaussadas).  Quoique  Tacquisition  de 
la  terre  et  seigneurie  de  Laforest-Belleville  eut  été  faite  en  commun 
avec  son  père,  lui  seul  en  porta  le  titre  jusqu'à  la  Révolution. 

Ainsi  que  nous  Tavons  mentionné  à  Tart.  de  Jean-Antoine  de 
Turenne,  marquis  d'Aubepeyre,  Léonard  Lepetit  avait  acquis  de  ce 
dernier,  par  contrat  du  30  mars  1754  Coutisson,  no'*,  le  fief  de 
Las  Couriéras  ou  des  Courières,  justice  du  Monteil  au  Vicomte, 
dont  le  tënement  était  joui  par  les  habitants  du  village  de  La  Bor- 
derie,  paroisse  du  Compeix,  en  Limousin,  ainsi  que  les  cens  et 
rentes  dues  à  la  seigneurie  d'Aubepeyre  par  les  habitants  de  La 
Bussière,  paroisse  de  Saint-Pierre-le-Bost.  Il  prit  possession  du 
tout  par  acte  du  8  mai  1754  Chanssard,  no'^'  roy.  Les  habitants  de 
La  Borderie  ayant  contesté  en  1760  le  taux  de  la  rente  féodale  due 
par  le  tènement  des  Courières,  un  procès  s*éleva  entre  eux  et 
Léonard  Lepetit,  qui  appela  en  cause  le  marquis  d'Aubepeyre  et  le 
fit  condamner  le  38  juillet  1763,  par  sentence  du  juge  du  Compeix, 
ix  fournir  le  titre  ancien  de  cette  rente. 


LA  SIIONIURII   DE  LAFORBST-BILLIVILLB  391 

Par  acte  sous  seing  privé  du  4"  juin  1787,  Jacques  Aubasson  de 
Beaune,  bourgeois,  demeurant  à  La  Chaume^  près  et  paroisse  de 
Bourganeuf,  se  désista,  en  faveur  de  Léonard  Lepetit,  de  tout  droit 
de  dlme  sur  le  tènement  de  Pouverieras,  dépendant  de  la  seigneurie 
de  Laforest  et  tenu  par  les  habitants  de  Perseix.  Les  Bénédictins 
de  Limoges  prétendaient  être  co-décimateurs  de  ce  tènement. 

Jacques-Christophe  Lepetit,  seigneur  de  Laforest,  était  étudiant 
en  philosophie  en  4767,  bachelier  en  droit  en  4770,  avocat  en 
parlement  en  1773.  En  1787  il  succéda  comme  notaire  royal  à 
Léonard  Lepetit,  son  père.  En  Tan  X,  il  devint  juge  de  paix  du 
canton  de  Royère,  mais  démissionna  en  l'an  XI.  A  partir  de  cette 
époque,  il  acquit  une  grande  réputation  comme  jurisconsulte  :  de 
dix  lieues  à  la  ronde  on  venait  consulter  «  le  Grand  avocat  du 
Grand-Monteil.  »  Il  était  connu  sous  le  nom  de  M.  Laforest. 

Par  acte  du  cinquième  jour  sans  culotide  Berger,  no'*  public  à 
Bourganeuf,  Jacques-Christophe  Lepetit-Laforest  traita  au  sujet 
des  successions  de  ses  père  et  mère  avec  ses  sœurs  :  Anne,  épouse 
de  Pierre  Daniau,  Catherine,  depuis  religieuse,  Anne-Antoinette, 
depuis  épouse  d'Etienne  Durand,  Jeanne-Marie,  épouse  d'Yves 
Ducher,  Jeanne-Catherine,  depuis  religieuse,  et  Marie- Anne,  depuis 
religieuse.  Tous  les  immeubles  sis  au  Monteil,  à  Lardilier,  à  Gioux, 
à  Planchât,  à  Laforest,  à  Lanjovie,  le  Faux-Long  et  les  Gourières 
furent  attribués  à  Jacques-Christophe. 

Par  acte  du  30  septembre  1773  Tiquet  et  Coutisson,  no'"  roy., 
Jacques-Christophe  Lepetit  acheta  un  pré,  sis  à  Parsac,  des  époux 
Antoine-Isaac  Rochon  de  Valette  et  Marie-Elisabeth  Delavergne. 
Par  autre  acte  du  10  messidor  an  lY  Queyrat  et  Biaise  Delasei- 
glière,  no'*'  publics,  il  acheta,  moyennant  34.678  francs,  le  domaine 
des  Fargea,  provenant  de  la  vicomte  du  Monteil,  de  Marie-Anne 
Corneille,  veuve  d'Etienne  Lafaye,  négociant  à  Aubusson,  et  ce  fut 
lui  qui  paya  au  receveur  des  domaines  nationaux  à  Aubusson  les 
neuf  dixièmes  du  prix  restés  dus. 

Suivant  acte  du  8  septembre  1819  Meyrignat  et  Coutisson,  no'*', 
M.  Laforest  fit  donation  portant  partage  de  ses  biens  à  ses  enfants. 
Il  mourut  au  Monteil  le  10  septembre  1832. 

Il  avait  épousé  en  février  1774,  à  La  Chapelle  Saint-Martial, 
Jeanne-Marie  Tixier,  fille  de  feu  Léonard  Tixier  de  Chaussadas  et 
de  Madeleine  Darfeuilhe,  demeurant  au  bourg  de  La  Chapelle 
Saint-MarUal.  Elle  mourut  au  Monteil  le  1*'  juillet  1783,  à  l'âge 
d'environ  trente  ans,  et  fut  inhumée  en  présence  de  Joseph  Chau- 
viat  de  Lachaud,  fermier  de  la  terre  du  Monteil.  De  ce  mariage 
naquirent  : 

1°  Anne-Marie  Lepetit  de  Laforest,  née  le  14  janvier  1777 


39)  SOCIÉTÉ  ÂftCHÉOLOfclQUE  Et  HISTORIQUE  DU  UM0U8IN 

(parrain  Martin  Goutisson,  notaire  royal  à  Royère,  son  oncle, 
marraine  Anne  Tixier,  épouse  de  M.  Michellet  de  Villemonteil,  bour- 
geois, notaire  royal  à  Ghavanat,  sa  lanle),  mariée  le  27  germinal 
an  VI  è  Pierre  Ghaisemarlin,  (ils  de  Jean-Baptiste  Gbaisemartin  et 
de  Marie  Fournier,  demeurant  à  Saint-Priest-Thaurion;  lors  du 
partage,  elle  eut  dans  son  lot  le  domaine  da  Masderrier  et  le  bois 
du  Faux-Long  ; 

^  Jeanne  Lepetit  de  Laforest,  née  le  6  janvier  i77S  (parrain 
Léonard-André  Tixier  de  La  Ghapelle,  son  cousin  germain),  morte 
le  11  août  suivant  ; 

'  9"  Jeanne-Magdeleine  Lepetit  de  Laforest,  née  le  30  novem- 
bre 1778  (marraine  Jeanne  Tixier  de  La  Gbapelle,  sa  tante),  morte 
à  Grandjanon,  paroisse  de  Saint-Pierre-le-Bost,  le  8  février  1776; 
4''  Louis  Lepetit  de  Laforest,  né  en  1776,  mort  en  vendémiaire 
an  V; 
^S"  Léonard-Louis,  qui  suit; 

6*  Marie-Anne  Lepetit  de  Laforest,  née  le  27  septembre  1779, 
mariée  (contrat  du  23  ventôse  an  XI  Goutaud  et  Goutisson,  no*** 
publics)  à  Laurent-Alexandre  Gioux  du  Hazaud,  âgé  de  trente-deux 
ans,  fils  de  Denis  Gioux  du  Hazaud  et  de  Françoise  Treich  des 
Farges,  demeurant  tous  auMazaud,  commune  de  Rempnat;  le  ma- 
riage fut  célébré  le  24,  en  présence  de  Léonard  Gioux,  demeurant  à 
Gioux,  commune  de  Bugeat,  cousin  deTépoux,  et  de  Jean-Baptiste 
Goutisson,  notaire  public  à  Royëre,  cousin  de  réponse  ;  dans  le 
partage  des  biens  de  son  père,  il  lui  fut  attribué  le  domaine  des 
Farges  et  le  moulin  de  Lanjovie;  ils  moururent  tous  deux  au 
Mazaud,  sans  laisser  de  postérité,  la  femme  le  28  janvier  1837,  le 
mari  le  28  février  1837  ; 

7^"  François  Lepetit  de  Laforest,  né  le  10  août  1780,  mort  le 
lendemain; 

8""  Léonard,  dit  Léonard-Prosper  Lepetit  de  Laforest,  né  le 
27  septembre  1781  (parcain  Léonard  (ihassoux,  son  oncle,  bour- 
geois de  Bourganeuf),  mort  célibataire,  âgé  de  vingt  et  quelques 
années. 

Léonard-Louis  Lepetit  de  Laforest  ou  Lepetil-Laforest  naquit  le 
18  avril  1778  (parrain  Louis-Léonard  Tixier  de  La  Ghapelle,  conseil- 
ler du  roi,  président  en  Télection  de  la  Marche,  demeurant  à 
Guérel,  son  oncle).  En  1806,  il  succéda  à  son  père  comme  notaire 
au  Monteil-au- Vicomte.  Par  décret  de  Tempereur  du  15  mai  1806, 
il  fut  nommé  membre  du  Gonscil  d^arrondissement  de  Bourganeuf, 
en  remplacement  de  M.  Tabanon,  qui  avait  changé  de  domicile. 
Par  ordonnance  royale  du  13  mai  1818,  il  fut  nommé  juge  sup- 
pléant près  le  tribunal  civil  de  Bourganeuf,  mais,  alléguant  ses 


LA  MlGIiBVRIK  HK  LAFOKlSt-BCLLKVlLLK  393 

iiombreases  oecapaltons,  H  refusa  eelte  fonction.  Qoand  il  monrat, 
il  était  depuis  longlemps  maire  de  la  commune  du  Monleil-au- 
Vicomle. 

Dans  le  partage  des  biens  de  son  père,  il  fut  attribué  à  Léonard- 
Louis  Lepelit-Laforest  :  1*  la  réserve  ou  préclôture  du  Monteil  ; 
2*  le  domaine  de  La  Porte,  sis  au  Monteil;  3<>  le  domaine  du 
Mazand;  4»  le  domaine  de  Gioux;  5*  et  le  domaine  de  Lardilier. 

Par  actes  des  17  avril  1817  Goumy,  no",  8  juin  1824  Coutisson, 
no'%  et  2  décembre  1843  Toumieux,  no'*,  il  devint  propriétaire 
du  domaine  du  Noger,  commune  de  Vidaillat.  Le  1*'  octobre  1818, 
il  devint  adjudicataire  à  la  barre  du  tribunal  de  Bourganeuf  du 
domaine  de  Grandjanon,  commune  de  Saint-Pierre-le-Bost,  et  du 
domaine  de  Saindrand,  commune  de  Soubrebost.  Par  acte  du 
12  octobre  1819  Coutisson  et  Meyrignat,  no'",  il  acquit  des  époux 
Laurent  Gioux.  et  Marie-Anne  Lepelit-Laforest  le  domaine  des 
Farges  et  le  moulin  de  Lanjovie.  Suivant  autre  acte  reçu  parles 
mômes  notaires  le  3  novembre  1819,  il  acquit  des  époux  Pierre 
Chaisemartin  et  Anne  Lepetil-Laforest  le  domaine  du  Masderrier 
et  le  bois  du  Faux-Long.  Le  31  décembre  1822,  il  fut  déclaré 
adjudicataire  à  la  barre  du  tribunal  de  Bourganeuf  des  deux 
domaines  de  Mortegoutte,  provenant  de  Louis  Tixier-Boisgency. 
Par  acte  du  31  mars  1826  Colin,  no'*  à  Saint-Georges,  il  devint 
acquéreur  du  petit  domaine  de  Champéme,  par  acte  du  9  mars  1830 
Tixier-Dubreil,  no",  et  19  février  1839  Toumieux,  no'*,  du  domaine 
de  La  Bussière.  Enfin,  le  25  mars  1841,  il  devint  adjudicataire  à  la 
barre  du  tribunal  de  Bourganeuf  du  corps  de  bien  sis  au  Monteil, 
appartenant  à  Christophe  Leblanc. 

Léonard-Louis  Lepetit-Laforest  mourut  au  Monteil  le  19  fé- 
vrier 1852.  Il  dépendait  de  sa  succession  :  1°  une  réserve  au  Mon- 
teil, y  compris  deux  maisons  de  maître,  etc;  2*  cinq  autres  maisons 
au  Monteil;  3^  le  domaine  de  La  Porte;  4*  le  domaine  de  Chez- 
Leblanc  ;  ces  deux  domaines  sis  au  Monteil  ;  5*  le  domaine  de  La 
Bussière;  6"  celui  de  Lardilier;  7«  celui  de  Gioux;  8«  celui  de  Grand- 
janon; le  tout  commune  de  Saint-Pierre-Ie-Bost  ;  9''  le  domaine 
du  Noger;  10*  celui  du  Mazaud ;  11*  le  moulin  de  Lanjovie;  12*  le 
bois  du  Faux-Long;  le  lout  commune  de  Vidaillat;  13*  les  deux 
domaines  de  Mortegoutte;  14*  le  domaine  de  Saindrand;  15*  celui  du 
Masderrier;  le  tout  commune  de  Soubrebost;  16*  et  le  domaine  des 
Farges,  commune  de  Vallière. 

Léonard-Louis  Lepetit-Laforest  avait  épousé  Marie-Anne-Pier- 
rette Furgaud  du  Fol,  fille  de  Gilbert-Guillaume  Furgaud  du  Fot 
et  de  Françoise  Grellet,  demeurant  alors  au  Chez,  commune 
d*Ars.  Leur  contrat  de  mariage  en  date  du  24  août  1807  de  La 

T.  LU  26 


I 
; 


394  SOCliTi  ARCHiOLOGlODS    Kf  B18T0RIQUE  DU  LlMOUStH 

Seiglière  et  Qaeyrat,  no'"  à  Aabusson,  fut  passé  à  Aubasson,  daos 
la  maison  de  Gilbert-Guillaume  Furgaud  duFot,  en  présence  de 
Yves  Ducher,  oncle,  Laurent  Gioux  du  Mazaud  et  Pierre  Chaise- 
martin,  beaux-frères,  Anne  et  Marie-Anne  Lepetil,  sœars  du 
futur,  M.  et  M*"*  Tixier  du  Breuil,  cousin  et  cousine  da  fatar; 
Marie-Catherine  Rebière,  veuve  de  Jean-Etienne  Furgaud  de 
La  Vergne,  aïeule,  Antoine-François  Tibord  du  Ghalard,  procureur 
impérial  à  Aubusson,  Jean-Pierre  Picon,  beau-frère  de  la  future, 
Baptiste  Duchier,  avocat,  François-Auguste  Bandy  de  Nalèche, 
Jean-Bapliste-Henri  Sapin,  François  Sapin,  son  frère,  Pierre 
Picon  de  Laubart,  Gilbert-Marien  Dechierfranc,  curé  d' Aubusson, 
de  Roussine,  Furgaud-Lombard,  Furgaud-Grosleron,  Caroline  du 
Ghalard,  Tixier  née  du  Boucheron,  Vergne  fils,  Queyrat  l'ainé, 
Assollant,  Fialon  femme  Assollant. 

W^^  Laforest  mourut  au  Monteil  le  29  novembre  1878. 

De  leur  union  naquirent  : 

1^  Françoise- Arsène  Lepetit-Laforest,  mariée  à  François-Au- 
guste Bandy  de  Nalèche,  avocat,  puis  sous-préfet  d'Aubusson,  enfin 
inspecteur  général  des  établissements  de  bienfaisance  (!},  fils  du 
général  de  Nalèche;  morte  à  Nalèche  le  9  février  (894,  dans  sa 
qualre-vingt-sixième  année; 

â'*  Anne-Thérèse  Lepetit-Laforest,  mariée  :  1®  à  Jacques  Cbrislo- 
phe  Chaisemartin,  son  cousin  germain;  2^  à  Louis-Thomas-Jérôme 
Auzoux,  docteur  en  médecine,  ofBcier  de  la  Légion  d*bonoeur, 
inventeur  de  Tanatomie  clastique,  mort  à  Paris  le  6  août  1900,  dans 
sa  quatre-vingt-neuvième  année; 

3**  Thérèse-Denise-Stéphanie,  dite  Rosine  Lepetit-Laforest, 
mariée  à  Joseph-Hector  Pages,  avocat,  puis  receveur  particulier 
des  finances  à  La  Palisse  (3). 

(I)  De  ce  mariage  sont  issus  M.  Louis  de  Nalèche,  mort  conseiller  général 
et  député  de  la  Creuse,  el  M°>«  Charles  Géry. 

(3)  De  ce  mariage  sont  nés,  entr'autres  enfants,  M™*  Henri  de  llarsacel 
M.  Emile  Pages. 


LA  SBlONEUaiK    DB    LAF0RB8T-BBLUCV1LLB  305 


CHAPITRE  m 

DOMAINE   UTILE,   RENTES  ET  DÎMES  DE  LA  SEIGNEURIE  DE 

LAFOREST-BELLEYILLE 

§!•'.—  Domaine  utile 

D'uQ  carnet  de  notes  de  l'un  des  recevears,  il  résulte  qu'en  1646, 
la  seigneurie  dé  Laforest-Belleville  était  propriétaire  :  l""  d'un 
moulin  à  Laforest,  affermé  trente-quatre  livres  dix  sols  ;  S""  d'une 
métairie  dite  Daubaixex  (?),  affermée  au  métayer  moyennant  par 
an  seigle  trente*six  setiers,  avoine  six  setiers,  mesure  de  La  Borne, 
argent  trente  livres,  une  charrette  garnie  de  bœufs  et  trois  dou- 
zaines de  fromages. 

Aux  termes  de  l'arpentement  de  i722,  la  seigneurie  était  pro- 
priétaire :  l""  d'un  bois,  appelé  le  Faux-Long,  avec  prés,  pâturaux 
et  terres  y  joignant  «  ledit  bois  situé  au-dessus  du  village  de 
de  Langeovie,  donnant  sur  le  grand  chemin  qui  vat  de  la  ville  de 
Bourganeuf  au  bourg  du  Monteil-le- Vicomte  »  ;  en  1646,  ce  tëne- 
ment  était  affermé  trente  livres  par  an  ;  en  1722,  il  était  affermé 
cinquante-trois  livres  par  an  à  Pierre  Giraudon;  en  1744,  il  était 
affermé  à  Léonard  Giraudon  et  Denis  Peyremaure,  du  Masderrier, 
moyennant  un  fermage  annuel  de  soixante-cinq  livres  et  un  pain 
de  sucre  de  deux  livres  ; 

2^  D'un  moulin,  situé  au  village  de  Lanjovie,  avec  une  écluse 
au-dessus,  dont  les  tenanciers  de  la  seigneurie  étaient  menants  ; 
c'est  probablement  le  môme  que  celui  désigné  en  1646  sous  le 
nom  de  moulin  de  Laforest;  en  1772,  il  était  affermé  à  Jean  Touny, 
moyennant  trente-six  livres  par  an  ;  en  1744,  à  Symphorien  Taury, 
moyennant  semblable  somme. 

En  1744,  le  seigneur  était  encore  propriétaire  des  tènements  de 
Ghasteau  et  Fontanelle,  situés  près  du  village  de  Nadaspeyras, 
dont  nous  ne  trouvons  plus  trace  postérieurement,  pas  plus  que 
de  la  métairie  mentionnée  en  1646. 

§  2.  —  Cens  et  rentes 

D'après  le  carnet  sus-mentionné,  le  seigneur  percevait  en  1646 
en  rentes  féodales  et  pour  droit  de  terrage  : 

l""  Sur  le  village  de  Laforest-Belleville  et  ses  tènements,  paroisse 
de  Vidaillat,  vingt-trois  setiers  seigle,  treize  setiers  avoine,  douze 


306  SOGlftrft  ARCliOLOOtQOt  R  HI8T0II1QUB  3V  LIMOOStM 

gélines;  d'après  Varrêt  de  1719,  rarpentemenl  de  1742  etlalière 
de  1744,  treize  seliers  cinq  qaartoas  avoine,  le  setier  composé  de 
seize  boisseaux,  et  treize  gélines  de  rente  noble,  féodale  et  fon- 
cière, et  vingt-trois  setiers  deux  quartons,  même  mesure,  de  b)ê 
seigle  pour  le  droit  de  terrage  ; 

Sur  le  village  de  Lanjovie  et  ses  tënements,  même  paroisse,  sii 
setiers  deux  quartes  seigle,  deux  setiers  trois  raz  avoine,  deux 
gélines;  d'après  Tarrét,  Tarpentement  et  laliève,  deux  setiers  sept 
quartons  avoine,  le  setier  composé  également  de  seize  boisseaux, 
et  deux  gélines  de  rente  noble,  et  six  setiers  six  quartons,  méoie 
mesure,  de  blé  seigle  pour  le  droit  de  terrage; 

3*  Sur  le  village  ou  tènemenl  du  Chier,  même  paroisse,  sept 
seliers  trois  quartes  seigle,  trois  setiers  trois  raz  avoine,  trois 
gélines  ;  d'après  l'arrêt,  Tarpentement  et  la  liève,  trois  setiers  deux 
quartons  avoine,  le  setier  composé  également  de  seize  boisseaoi, 
et  trois  gélines  de  rente  noble,  et  sept  setiers  six  quartons  de  blé 
seigle  pour  le  droit  de  terrage,  le  tout  payé  par  les  babitaots  de 
Lanjovie,  propriétaires  du  tënementdu  village  du  Chier,  ce  dernier 
n'ayant  plus  de  maisons; 

4<>  Sur  le  village  de  Nadaspeyras,  paroisse  de  Soubrebost,  pour 
le  tènement  de  Puyrelonge,  trois  setiers  trois  quartes  seigle,  trois 
raz  avoine,  une  gélîne;  d'après  l'arrêt  et  la  liève,  dix-neuf  quartons 
avoine,  une  géline  de  rente  et  trois  setiers  six  quartons  seigle  pour 
le  droit  de  terrage; 

S""  Sur  le  village  du  Masderrier,  paroisse  de  Saint-Gilles,  pour  les 
tènements  de  Château;  du  Puysnaud  et  des  Qualre-Ghemins,  trois 
setiers  émine  seigle,  neuf  raz  avoine,  une  géline  ;  d'après  l'arrêt, 
trois  setiers  trois  boisseaux  avoine  et  trois  gélines  de  rente  et  deux 
setiers  seigle  pour  le  droit  de  terrage  ;  d'après  la  liève,  trois  setiers 
avoine,  deux  setiers  seigle  et  trois  poules  de  rente; 

6^  Sur  le  village  de  Murât,  paroisse  de  Vidaillat,  pour  un  tène- 
ment joui  par  les  habitants  de  Laforest,  une  quarte  seigle;  d'après 
l'arrêt  et  la  liève,  deux  quartons  seigle  pour  le  droit  de  terrage; 

7°  Sur  le  village  du  Masmoutard,  paroisse  de  Soubrebost,  pour 
les  tènements  de  la  Yilletelle  et  du  Puy  de  Saint-Hilaire,  sept 
quartes  seigle;  d'après  l'arrêt,  même  redevance  pour  droit  de 
terrage  ;  d'après  la  Uève,  même  redevance  comme  rente,  et  en 
outre  portion  de  taille; 

8**  Sur  le  village  de  Cosnat,  paroisse  de  Vidaillat,  pour  les  tène- 
ments dits  sur  la  Ceuille  et  Pruscherien,  quatre  setiers  unequarle 
seigle,  deux  seliers  sept  raz  avoine;  d'après  l'arrêt,  onze  quartons 
et  demi  avoine  de  rente  et  quatre  setiers  seigle,  trente-six  bois- 
seaux et  demi  avoine  pour  le  droit  de  terrage  ;  en  1744,  ces  rede- 


LA  SRICNKORIS    DE   LAPORIST-BULLEVILLB  307 

vaaces  avaient  élé  vendues  piar  M.  de  Turenne  à  M.  Rochon  de 
Fournoux ; 

O""  Sur  le  village  de  la  Villetelle,  paroisse  de  Soubrebost,  pour  le 
tënement  de  Château,  un  raz  avoine  ;  diaprés  Tarrét  et  la  liève,  deux 
quartons  avoine  de  rente  ; 

dO**  Sur  le  village  de  Perseix,  paroisse  de  Soubrebost,  pour  le 
tënement  de  Pouveriëras,  un  setier  avoine,  une  géline  ;  d'après 
l'arrêt,  un  setier  raz  avoine,  une  géline  de  rente  et  un  setier  seigle 
pour  le  droit  de  terrage;  d'après  Tarpentement,  un  setier  d'avoine 
de  seize  boisseaux,  un  setier  de  seigle  et  une  géline  ;  d'après  la 
liève,  huit  boisseaux  seigle,  seize  boisseaux  avoine,  un  sol  six 
deniers  argent  et  une  poule  de  rente; 

11<*  Sur  le  tënement  de  Las  Gourieras,  justice  du  Monteil-au- 
Vicomte,  joui  par  les  habitants  du  village  de  la  Borderie,  paroisse 
du  Gompeix,  en  Limousin,  une  rente  de  trente  sols  argent,  trois 
setiers  seigle,  deux  setiers  avoine  (1),  trois  gélines  et  deux  arbans; 
cette  rente  Tut  aliénée  en  1784. 

Aux  termes  de  Tarrôt  de  1719,  le  seigneur  de  Laforest-Belleville 
avait  droit  de  percevoir,  outre  ce  qui  vient  d'être  indiqué,  l""  sur 
le  bourg  de  Vidaillat,  pour  le  tënement  de  Tras  le  Breuil,  près 
ledit  bourg,  trois  quartons  une  coupe  et  demie  avoine,  une  géline 
de  rente  et  un  quarton  deux  coupes  seigle  pour  le  droit  de  terrage  ; 
d'après  Tarpentement,  un  quarton  deux  coupes  seigle,  trois  quar- 
tons un  quart  de  coupe  avoine,  mesure  de  la  Borne,  argent  vingt 
deniers  et  un  quart  de  géline  de  rente;  d'après  la  liève,  même 
consistance  que  celle  énoncée  dans  l'arrêt,  la  quotité  de  Targent 
dû  n'est  pas  indiquée  ; 

2^  Sur  le  village  de  Rieublanc,  paroisse  de  Saint-Gilles,  huit 
quartons  avoine,  une  demip  géline  de  rente  et  un  quarton  de  seigle 
pour  le  droit  de  terrage;  la  liève  donne  les  mêmes  quantités 
comme  dues  pour  rente  et  indique  qu'il  est  dû  de  l'argent,  sans  en 
fixer  la  quotité. 

Toutes  les  quantités  de  grains  énoncées  ci-dessus  étaient  comptées 
à  la  mesure  de  la  Borne. 

Aux  termes  de  l'arrêt  et  de  l'arpentement,  les  tenanciers  des 
villages  de  Laforest,  Lanjovie  et  le  Ghier  devaient  une  somme  de 
six  livres  quinze  sols  de  taille  solidaire,  qui  devait  être  levée  par 
un  des  habitants  du  village  de  Laforest,  et  qui  était  payable,  ainsi 
que  les  redevances  énoncées  plus  haut,  à  Notre-Dame  d'août  de 
chaque  année  ;  la  liève  mentionne  cette  taille. 

(1)  Mesure  non  indiquée.  Probablemeot  celle  du  MoDteil-au-Vicomle. 


39B  SOCIAt  ARCBAolOOIQUE  et  historique  du  LlMOUSlIf 

Les  arrêt  et  arpentera  en  t  parlent  aussi  d'une  laille  solidaire  due 
parles  habitants  du  village  du  Puy  de  Fournoux,  sans  indiquer  la 
quotité  de  cette  taille  ;  la  lièvé  dit  seulement  que  le  village  du  Pay 
de  Fournoux  doit  sa  part  de  la  taille;  elle  en  dit  autant  du  village 
du  Masmoulard. 

Le  seigneur  percevait  le  droit  de  lods  et  ventes  et  de  prélalion 
sur  tous  les  héritages  que  Ton  vendait  dans  sa  seigneurie,  lesdiis 
lods  à  raison  de  dix  sols  par  chaque  écu  du  prix  des  contrats,  cod- 
formément  à  la  Coutume  du  Poitou,  par  laquelle  la  seigneurie  étail 
régie. 

§  3.  —  Dimes 

Le  seigneur  percevait  la  dîme  de  tous  grains  décimables,  seigle, 
avoine  et  blé  noir,  même  de  la  laine  des  brebis  et  moulons,  daDs 
toule  rélendue  de  la  seigneurie,  par  moitié  avec  les  religieux  du 
Moutier  d'Ahun. 

La  dîme  de  la  laine  ou  chirvolage  était  levée  à  raison  de  onze 
toisons  une. 

Outre  la  dîme  des  territoires  des  villages  de  Laforesl-Bellerille, 
Lanjovie  et  le  Chier,  qui  était  affermée  en  164rt  moyennant  soixanle- 
neuf  livres  par  an  et  en  1744  moyennant  un  fermage  annuel  de 
seize  setiers  seigle,  mesure  de  la  Borne,  le  seigneur  percevait  la 
dîme  de  tous  les  grains  naissants  et  croissants  dans  le  lèneraenldu 
Faux-Long,  dans  le  tènement  de  Pouveriéras,  joui  par  les  habitants 
de  Perseix,  la  moitié  de  la  dîme  de  tous  grains  dans  le  tènement  de 
Peyrolonge,  joui  par  les  habitants  de  Nadaspeyras,  la  dînne  des 
tènements  de  la  Villetelle  et  du  Puy  de  Saint-Hilaire,  jouis  par  les 
habitants  du  Masmoulard. 


LA  SBIGNIURIB  DB  LAFOREST-BELLEVILLB  399 


ARMORIAL 


D'Aigurande,  originaire  du  Berry,  porte  :  d'or,  au  lion  grimpant 
de  sable,  lampassé,  armé  de  gueules. 

Des  Armoises,  originaire  de  Lorraine  :  gironné  de  douze  pièces 
d'or  et  d'azur, 

D'Aabusson,  Haute-Marche  :  d'or,  à  la  croix  ancrée  de  gueules. 

Du  Authier,  Limousin  :  de  gueules,  à  la  bande  d'argent,  accom- 
pagnée en  chef  d'un  lion  d'or,  et  en  pointe  de  trois  vanels  de  même. 

D'Autîer  de  Villemontée,  Basse-Auvergne  :  d'azur,  au  chefdenché 
d'or  chargé  d'un  lion  léopardé  de  sable,  lampassé,  armé  de  gueules. 

Bandy  de  Nalèche,  Felletin  (Haute-Marche)  :  d'azur,  au  chevron 
d'argent,  accompagné  de  trois  molettes  d'éperon  d'or. 

DeBiencourt,  Picardie  :  de  sable,  au  lion  d'argent,  couronné, 
armé  et  lampassé  d'or. 

De  Boisse,  Limousin  :  de  gueules,  à  trois  fasces  d'argent,  chargées 
chacune  de  trois  hermines  de  sable. 

De  Bourbon-Busset,  Bourbonnais  et  Auvergne  :  d'azur,  semé  de 
fleurs  de  lis  d'or,  à  la  bande  de  gueules  brochant,  et  au  chef  d'argent 
chargé  d'une  croix  potencée  d'or,  accompagnée  de  quatre  croisettes 
de  même. 

Brachet  ou  de  Brachet,  Haute-Marche  :  d'azur,  à  deux  chiens 
braques  d'argent,  posés  l'un  sur  Vautre  et  passant. 

DeBridieu  ou  Brudieu,  Haute-Marche  :  d'azur,  à  la  macle  d'or, 
cramponnée  double  en  la  partie  supérieure;  accompagnée  de  trois 
étoiles  du  même. 

DuGambout,  Bretagne  :  de  gueules,  à  trois  fasces  échiquetées 
d'azur  et  d'argent  de  deux  traits  chacune. 

De  Carbonniëres,  Limousin  :  bandé  d'argent  et  d'azur  de  huit 
pièces,  à  huit  charbons  de  sable,  allumés  de  gueules,  posés  1 ,  S,  S 
et  /  sur  les  bandes  d'argent. 

Chabot  ou  de  Chabot,  Poitou  :  d'or,  à  trois  chabots  en  pal  de 
gueules,  2  et  i . 

Du  Clou  de  Soumaignac,  Peyrat-le-Château  (élection  de  Bourga- 
neuf)  :  de  gueules,  au  lion  rampant  d'or,  couronné  de  même;  trois 
étoiles  aussi  ^'or  en  chef. 

De  Coral,  Limousin  :  d'argent,  à  la  croix  pattée  de  gueules,  sous 
laquelle  passe  une  bande  périe  d'azur. 

De  Corn,  Ba^-Limousin  :  d'azur,  à  deux  cors  d'argent  enguichés 
de  gueules,  l'un  sur  l'autre. 

De  Courtille,  Combraille  :  d'argent,  au  chevron  de  gueules,  accom- 
pagné de  neuf  merlettes  de  sable,  posées  4,  Z,  /  et  2. 


400  SOCl^i  ABCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UMOUSIN 

Goustin  ou  de  Goustin,  Limousin  :  d'argent,  au  lion  rampant  ie 
sable  armé,  couronné  et  lampassé  de  gueules. 

De  Goux,  Limousin  :  d'argent,  à  trois  fasces  de  sinople,  à  une 
bande  de  gueules  brochant  sur  le  tout. 

De  Durfort  de  Boissières,  Quercy  :  d'azur,  à  la  bande  d^or, 

D'Eschizadour,  Limousin  :  écartelé  d'argent  et  de  gueules, 

Esmoingl,  Haute-Marche  :  d'argent,  à  trois  chevrons  de  gueules, 
alias  d'azur. 

D'EsIresses,  Haule-Auvergne  :  d'azur,  au  chevron  d'argent, 
accompagné  de  trois  fers  de  lance  de  même,  posés  2  en  chef  et  1  en 
pointe. 

Evrard  de  Monlespedon,  Auvergne  :  d'argent,  à  deux  lions  de 
sable,  l'un  sur  Vautre, 

De  Faye  ou  de  la  Faye,  Peyrat-le-Ghâteau  :  d'argent,  au  quinte- 
feuille  de  gueules. 

De  Feizins,  Auvergne  :  parti,  au  ^""d'argent,  à  trois  jumelUê de 
gueules  en  bande  ;  au  2^  coupé,  au  /  d'azur^  au  lion  léopardé  i ar- 
gent, au  2  d'azur,  à  la  vache  de  gueules, 

Furgaud  de  la  Vergne,  Aubusson  :  d'azur,  à  une  fasce  haussée 
d'or,  chargée  d'un  croissant  de  gueules;  accompagnée  en  chef  de  deux 
étoiles  d'or,  en  pointe  d'un  chevron  de  même. 

Garât  de  Nedde,  Limousin  :  d'azur,  aux  lacs  d'amour  d'or,  accom- 
pagnés de  trois  étoiles  du  même;  au  chef  d^ or,  chargé  d'un  croissant 
d'azur. 

De  Gonlaut-Biron,  Guyenne  :  écartelé  d'or  et  de  gueules. 

De  Gontaul-Sainl-Geniez,  Guyenne  :  écartelé  d'or  et  de  gueules, 
à  la  bordure  chargée  de  six  tours  d'or,  posées  S,  2  et  1 . 

De  Jarrie,  Bourbonnais  :  d'or,  à  la  fasce  de  sable. 

De  Laage  du  Brudieu,  Bourbonnais  :  d'argent,  au  chevron  de 
gueules,  à  la  bordure  de  sable. 

De  La  Ghassaigne  de  Beauregard,  Basse-Marche  :  d'azur,  à  deux 
fasces  d'or  et  six  étoiles  de  même,  trois  en  chef,  trois  en  pointe. 

De  La  Garde  de  Saignes,  Quercy  :  d*azur,  à  Vépée  d'argent  mise 
en  bande. 

De  La  Mothe-Maslanrent,  Limousin  :  de  sable,  au  lion  d'argent 
grimpant,  lampassé,  armé  et  couronné  d'or. 

De  La  Pivardière,  Berry  :  d'argent,  à  trois  merlettes  de  sabk, 
posées  2  et  i . 

De  La  Porte,  Bas-Limousin  :  de  gueules,  à  la  croix  d'or. 

De  La  Roue,  Auvergne  :  fascé  d'or  et  d'azur  de  six  pièces. 

De  La  Vergne  de  Tressan,  Languedoc  :  d'argent  au  chef  de 
gueules,  chargé  de  trois  coquilles  d'argent. 

De  Lestrange,  Limousin  :  de  gueules,  au  léopard  d'argent  etdeu 
lions  adossés  d'or^  mal  ordonnés. 


LA   SBIGNBUPIE   DB    LAFORBST-BELLBVILLB  iOI 

De  Lhermile,  Marche  :  au  i^'  de  sinople,  au  patenôtre  d'or^  enfilé 
et  houpé  du  mémey  mis  en  chevron,  accompagné  de  trois  guintefeuilles 
d'argent,  deux  en  chef  et  un  en  pointe;  au  2^  d^ argent,  à  trois  che- 
vrons de  gueules;  au  chef  de  Jérusalem  brochant  sur  le  tout,  gui  est 
d^argent  pâtée  d'or,  cantonnée  de  quatre  croisettes  du  même. 

De  Maulmont,  Limousin  :  d'azur,  au  sautoir  d'or  en  ondes,  can- 
tonné de  quatre  tours  d'argent,  maçonnées  de  sable. 

De  Maussabré,  Blaisois  ou  Touraine  :  d'azur,  an  lambel  d'or  à 
trois  pendants,  posé  en  chef. 

De  Méalel,  Carladez  :  d'azur,  à  trois  étoiles  d'argent;  au  chef  d'or. 

De  Miomandre,  Fellelin  :  écartelé,  aux  i  et  4  d'azur,  au  lion 
grimpant  d'or,  lampassé  et  armé  de  gueules  ;  aux  -2  et  3  d'argent,  à 
l'aigle  de  sable,  au  vol  abaissé. 

De  MoDtferrand,  Enlre-deux-Mcrs  :  écartelé  d'or  et  de  gueules. 

De  Monlforl,  Normandie  :  écartelé,  aux  i  et  4  d'argent,  à  trois 
trèfles  de  gueules;  aux  2  et  S  de  gueules,  à  la  croix  d'hermine  grin- 
golée  d'or. 

De  Pierrebufflère,  Limousin  :  de  sable,  au  lion  d'or,  armé  et  lam- 
passé de  gueules. 

Ricard  de  Gourdon  de  Genouillac,  Quercy  :  écartelé,  aux  i  et  4 
d'azur  ou  d'argent,  à  trois  étoiles  ou  molettes  d'or  posées  en  pal;  aux 
2  et  3  d'or,  à  trois  bandes  ou  barres  de  gueules. 

De  Rigal,  Haute- Auvergne  :  d'azur,  à  la  fasce  d'or,  chargée  d'une 
canette  fou  merlettej  de  sable,  becquée  et  membrée  de  gueules. 

De  Saillans,  Auvergne  :  d'argent,  au  croissant  tourné  de  gueules, 
accompagné  de  trois  étoiles  de  même. 

De  Sainl-Aignandela  Gastine,  Limousin  :  parti,  au  I  d'azur,  au 
lion  rampant  d'or,  lampassé  de  gueules, Chargé  d'une  fasce  de  même; 
au  2  coupé,  le  /•'  d'azur,  à  la  tête  de  cerf,  armée  de  cors  sans  nom- 
bre de  même,  au  ^"«  d'argent,  à  la  fleur  de  lis  de  gueules. 

De  Saint-Yrieix,  Saint-Yrieix-la-Montagne  (élection  de  Bourga- 
neufj  :  d'azur,  à  trois  fioles  d'argent  fou  trois  hirondelles)  en  fasce, 
soutenues  par  trois  étoiles  d'or  en  pointe,  2  et  1 , 

De  Ségur,  Limousin  :  écartelé,  a^ix  1  et  4  de  gueules,  au  lion 
d'or;  aux  2  et  3  d'argent  plein. 

De  Thianges,  Auvergne  :  d'or,  à  trois  tierce  feuilles  de  gueules, 

Tournyol,  Haute-Marche  :  d'azur,  à  la  tour  d'argent  maçonnée  de 
sable;  au  chef  de  gueules,  chargé  d'un  croissant  d'argent,  accom- 
pagné de  deux  étoiles  de  même. 

De  Turenne  d*Aynac,  Quercy  :  coticéd'or  et  de  gueules  de  douze 
pièces. 

De  Voisins  de  Montant,  Languedoc  :  d'argent,  à  trois  losanges  de 
gueules. 

De  Volonzac,  Rouergue  :  d'argent,  à  trois  tours  de  sable  crénelées 
d'azur- 


402  sociéré  archéologique  bt  bistobiqur  du  limousin 


APPENDICE 


I.  —  9  août  1824.  —  Hommage  lige  rendu  par  Léonnetde  Chiza- 
dour,  écuyer,  seigneur  d'Aubepeyre  etduRasteau^à  Loysd'Aubm- 
son,  chevalieTy  seigneur  de  La  Villeneuve. 

A  tous  ceux  qui  ces  présenles nous  garde  du  scel établi 

aux  contrats  en  labaronnie  de  La  Borne,  salut  Savoir  faisons  que 

personoellement  eslabiy  noble  homme  Léonnet  de  Chizadour, 
escuyer  seig'  d'Aubepeyre  et  du  Rasteau,  lequel  de  son  bon  gré  et 
volonté  pour  lui  et  ses  successeurs,  reccognoit  tenir  et  vouloir 
tenir,  et  ses  prédécesseurs  avoir  tenu  en  fief  et  hommage  lige  de 
main  et  de  bouche,  avec  le  serment  de  féaultë de  noble  et  puis- 
sant seig'  Messire  Loys  d'Aubusson,  ch"  seig'  de  La  Villeneuve 
présent  et  acceptant  le  lieu  et  village  de  Meysonnioux  paroisse  de 
S*-Yrieix  le  Déjalat  fsicj  en  toute  directe  fon"  fundalité,  justice, 
droit  de  guet  ;  plus  doit  chacun  an  etc..  et  tous  droits  de  servi- 
tude. Item  le  lieu  et  village  de  Besses  (Bessas)  assis  en  ladite 
paroisse,  justice  haulte  moyenne  et  basse  directe  fundalité  droit 
de  servitude  et  guet  et  doit  chacun  an  etc..  Et  a  promis  ledit 
escuyer  s'il  tenoit  aucune  aultres  choses  dud.  seig»  chevalier,  qui 
ne  soient  aiirmées  en  la  p^'  recognoissance  les  lui  baillera  et  en 
fera  le  fief  et  homaige  lige  et  a  promis  ledit  escuyer  défaire  adveu 

à  d'autres  des  choses  dessus  [ ]  sinon  du  consentement  dudit 

ch'  et  de  faire  aud.  ch'  tous  services  et  honneurs  que  qualité  de 
fief  requiert  [selon]  les  chapitres  de  fidélité,  et  a  promis  ledit 
escuyer  tenir  obéissance  aud.  chevalier  par  sa  foy  et  honneur  et 
sous  Tobligation  et  hypothèque  de  tous  ses  biens  et  dud.  fief  etc.. 
etc..  Presens  a  ce  et  oyans  Maistre  Jehan  Cusinet  et  Messire 
Legier  de  Vialle  p^'«  témoins  a  ce  appelés  le  neuf**  jour  d'aoust 
l'an  mil  cinq  cens  vingt  et  quatre.  Silvain  n"  juré. 

(Archives  de  la  Creuse,  E  248.  —  Sur  copie  faite  aux  Archives 
de  la  Haute- Vienne). 

IL  — 12  mai  1619.  —  Procès-verbal  relatif  à  la  mort  de 

Martin  d'Eychisadour 

Ce  douziesme  may  mil  six  cents  dix-neuf  requérant  M*  Pierre 
Dandallès  au  nom  et  qualité  et  comme  procureur  fiscal  de  la 
baronnye  de  La  Villeneufve  au  Compte  Je  notaire  soubzsigné  me 


LA  8BIQNRURIE   DE   LAFOREST-BBLLBYILLB  403 

sais  transporté  avec  led.  Dandallës  au  lieu  de  Masgniat  au  devant 
la  mîsoa  ou.  demearoii  feu  Martin  de  Chisadour  irooré  la  porte 
fermée  en  présence  de  Jehan  Bessaadon,  Laurens  de  Peyiangas, 
Jehan  Sainrat  et  Anthoyne  Sanayre  de  Masgnat  disant  led.  Dan- 
dallës se  vouloir  enquérir  comme  led.  deffun  estoit  decedé  et 
trouvé  le  cheval  dud.  feu  emfargé  derrier  les  bastimanlz  dud. 
Masgniat  lequel  led.  procureur  a  faict  saisir  et  prandre  par  Jehan 
Semau  (?)  sergent  et  laissé  en  garde  a  Estienne  Sanayre  de  Mas- 
gniat. 

Dillec  nous  sommes  transportés  et  conduis  parMichelle  de  Gens- 
sanas  servante  dud.  deffunt  au  lieu  ou  le  corptz  dud.  deffunt  a  esté 
trouvé  qui  est  quarante  pas  par  desa  la  Croix  de  La  Pessade  dans 
le  chemp  et  aparlenanse  de  la  mesteyrie  d'Aubepeyre  et  trouvé 
dans  le  chemin  Disant  le  tout  en  presenlce  de  messire  Jehan  du 
Feix  dud.  Anthoyne  Sanayre  Estienne  le  Soldat  de  Masgniat  et 
Laurens  de  Peylanges. 

Lequel  du  Feix  a  dict  vouyant  que  la  justice  ne  venoit  pas  enlever 
le  corps  estant  sur  le  tard  une  heure  de  sollel  et  cregniant  que  les 
bestes  sauvages  pourroient  manger  le  corps  lavoit  fait  porter  dans 
le  chasteau  d'Aubepeyre  au  plus  proche  ou  led.  corps  a  esté 
trouvé  le  tout  en  presentce  de  M«  Léonard  Darfeulhe,  procureur 
et  greffier  de  la  seigneurie  d'Aubepeyre  et  plusieurs  autres 
personnes. 

Et  sans  entrer  dans  la  basse  court  dud.  chasteau  pour  vixiter 
led.  corps  que  led.  du  Feix  a  dict  estre  sur  la  table  de  la  cuisine 
dud.  chasteau.  Lequel  corps  led.  du  Feix  a  dict  avoir  fait  vixiter 
par  lad.  Michelle  de  Genssanas  sa  servante  et  Jean  de  Masgniat  en 
presentce  de  Messires  Charles  du  Mont  et  Anthoyne  de  Masgniat, 
prostrés  Petit  Jehan  du  Cloupt,  Léonard  Pimperigas  de  Pourche- 
roux,  Léonard  Fromenty  du  Mont,  Laurans  de  Peyiangas,  Anthoyne 
Sanayre,  dict  le  Masson,  Estienne  Sanayre,  dict  le  Soldat,  Pierre 
Lamontre  du  Meysouniaux  et  plusieurs  autres  illec  présents. 
De  lesquelz  tous  proubablement  le  plus  jeune  deux  aagé  de  trente 
ans  on  dict  moyenant  sermant  bien  reconnoystre  led.  corps  et  que 
cest  le  corps  dud.  sieur  Martin  de  Chizadour,  dict  Byiion,  pour 
lavoir  veu  souvantes  fois  et  que  led.  corps  cest  trouvé  sanglen  au 
visage,  le  col  enflé  et  blessé  de  blessure  saîgneleuse  au  pistollet 
traverset  led.  col  dun  grand  coupt  qui  auroit  fait  quatre  trous.  Et 
ce  disant  estre  véritable  et  navoir  trouvé  sur  led.  corps  autres  coups 
ny  blessures.  Dont  de  ce  a  esté  octroyé  acte  aud.  Dandallës  en 
presentce  des  dessusd.  lesquelz  attestant  ont  déclaré  ne  savoir 
signer  saufs  desd.  prebtres. 

Signé:  Dufeix,  Demasçniat,  Dumont, 


404  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   UISTORIQDE   OU  UHOOSIN 

Dillec  nous  sommes  transportés  en  la  chambre  ou  led.  feu  demeu- 
roit  dans  laquelle  cest  trouvé  un  grand  coffre  que  led.  du  Feïn  a 
dict  estre  du  seigneur  d'Âubepeyre  dans  lequel  ne  cest  trouvé  que 
du  pain.  Lequel  du  Feix  a  dict  que  cestoit  trouvé  dans  lad.  chambre 
ung  lict  guarni  de  couette,  cuissin,  couverte  et  linsieux  lequel  du 
Feix  a  dict  en  avoir  fait  porter  comme  le  luy  ayant  ci-devant  preste 
par  le  commandement  du  seigneur  d'Âubepeyre  et  dans  laquelle 
chambre  ne  cest  trouvé  autre  chose  si  nest  deulx  robbes  et  autre 
menu  linge  que  lad.  Michelle  a  dict  luy  apartenir  et  a  afirmé  par 
serman  quelle  na  aulcune  autre  chose  appartenant  aud.  deffunt. 
Dont  du  tout  a  esté  octroyé  acte  aud.  Dandallës.  Le  tout  en  pré- 
sentée de  Ânthoyne  Sanayre,  de  Laurent  Bessaudon  de  Peyianges 
qui  ont  déclaré  ne  savoir  signer. 

Signé  :  P.  Damdallés,  B.  Darfeulhe,  noiere. 

(Minutes  des  notaires  de  Royère). 


in.  —  5  octobre  1598.  —  Testament  de  Jacques  de  Ckizadour, 

seigneur  d'Aubepeyre 

Sachent  tous  que  pardevant  Jacques  de  La  Bourderye,  notaire 
étably  pour  le  Roy,  notre  Sire,  au  bourg  du  Compeys,  ez  sene- 
chaussées  de  Limosin,  la  Marche  et  Poitou,  et  en  la  présence  des 
témoins  sous-nommés,  a  esté  présent  et  personnellement  estably 
noble  homme  Jacques  de  Cbisadour,  escuyer,  seigneur  d'Aube- 
peyre, Rasteaux,  La  Fourest,  Saint  Yrieix  et  autres  places,  lequel 
de  son  bon  gré  et  volonté,  sans  suggestion,  persuasion,  induction 
daucune  personne,  ains  de  son  plein  gré  et  volonté,  a  faict,  dicté, 
nommé  et  ordonné  son  testament  et  disposition  de  dernière  volonté, 
en  la  forme  et  manière  qui  sen  suit  :  Premièrement,  a  fait  sur  luy 
le  signe  de  la  croix  en  disant  Au  nom  du  père  et  du  (ils  et  du  saint 
esprit,  amen;  a  recommandé  son  âme  et  son  corps  à  Dieu  le  Créa- 
teur et  au  rédempteur,  à  la  vierge  Marie,  monsieur  S' Michel  lange 
et  a  toute  la  cour  celesluelle  du  paradis.  Item  a  déclaré  que  après 
que  son  âme  sera  séparée  de  son  corps,  que  son  corps  soit  porté, 
enseveli  en  leglise  de  Ghastaing  ez  tombeaux  de  ses  prédécesseurs, 
parens,  amis  trépassés,  et  qua  son  enterrement  soient  appelés  le 
nombre  de  trente  à  quarante  prêtres  des  paroisses  circumvoisines, 
pour  dire  et  célébrer  messes,  prières,  oraisons  pour  le  salut  de 
son  âme,  parens,  amis  et  trépassés,  et  à  chacun  desd.  prêtres  être 
baillié  dix  sols,  outre  leur  diner,  et  aud.  jour  de  sa  sépulture  être 
fait  une  aumône  générale  à  tous  ceux  qui  voudront  prendre  du 
pain  aud.  lieu  dAubepeire,  et  aud.  jour  etro  ouvré  de  la  cire  en 


LA  SRIGNBUIIIB  DB   LAFORBST-BBLLBYILLB  405 

torches,  chandelles,  luminaires  à  la  discrétion  de  ses  parens  et 
amis.  Item  a  voulu  led.  testateur  être  fait  mêmes  et  semblables 
services,  aumônes,  prières,  oraisons  et  bienfaits  à  la  septaine, 
quarantaine  et  bout  de  lan  après  en  suivant  le  jour  de  sad.  sépul- 
ture. Item  a  voulu,  ordonné  être  faitquatre  annuel  savoir  à  chaque 
jour  une  messe  à  diacre  et  sous-diacre  durant  Tanné  de  son  deces 
en  leglise  dud.  Ghastaing,  Royere,  Saint-Marc-à-Loubaud  et  Saint- 
Yrieix  et  être  baille  de  ses  biens  aux  prêtres  desd.  paroisses  et  a 
chacune  d^elles  pour  cet  effet  la  somme  de  cent  livres  tournois  une 
fois  payée  et  être  employé  de  la  cire  sufflsament  pour  cet  effet,  et 
a  chacune  desd.  églises  a  été  baillé  en  outre  une  chappe  chassuble 
de  soie  où  seront  les  armoiries  de  lad.  maison  dud.  Àubepeire 
pour  lesd.  chasubles  ou  chappes  être  employés  au  service  divin 
desd.  églises.  Item  a  voulu  et  veut  led.  testateur  quil  soit  dit  et 
célébré  en  Teglise  de  la  chapelle  Notre-Dame  de  La  Borne  et  de 
Sonbrebot  à  chaque  semaine  une  messe  de  mortuis  durant  lannée 
de  son  deces  et  être  baillé  aux  prêtres  qui  diront  les  messes  de 
chacune  desd.  églises  la  somme  de  quatre  ecus  et  demi  une  fois 
payé  le  tout  par  ses  héritiers  cy-apres  nommé  et  au  surplus  des 
autres  œuvres  pies  sen  est  tenu  à  la  discrétion  de  ses  parens  et 
amis.  Item  a  donné  légué,  donne  et  lègue  par  ces  présentes  à  Jac- 
ques Deychisadour,  son  fils  naturel  et  de  demoiselle  Anne  Brachet 
la  somme  de  trois  mille  écus  pour  s'en  alimenter,  nourrir,  entre- 
tenir selon  son  état  et  faculté  ;  et  outre  ce  veut  et  entend  led.  testa- 
teur quil  sera  nourri,  entretenu  toute  sa  vie  en  la  maison  dud. 
testateur  et  aux  dépens  de  lad.  maison  sans  quil  emploit  rien  de 
sien.  Item  a  aussi  donné  légué  donne  et  lègue  par  son  dit  présent 
testament  à  Gilberte  et  Hélène,  ses  filles  naturelles  et  de  lad.  Bra- 
chet et  a  chacune  délies  la  somme  de  mil  ecus  et  a  voulu  et  vent 
led.  testateur  que  lesd.  filles  soient  nourris  et  entretenus  en  sa 
maison  jusquà  ce  quelles  soient  en  âge  d*etre  mariées  ou  de  pou- 
voir avoir  ladministration  et  gouvernement  desd.  sommes  et  aud. 
âge  parfait  tant  dud.  Jacques  que  desd.  Gilberte  et  Hélène  leur 
sera  délivré  par  ses  héritiers  lad.  somme.  Item  à  led.  testateur 
donné  légué  par  ces  présentes  à  Martin  dEychisadour,  fils  naturel 
de  défunt  noble  Jean  dEychisadour  en  son  vivant  frère  dud.  testa- 
teur la  somme  de  mille  ecus  pour  luy  étant  en  âge  den  pouvoir 
avoir  Tadministration  et  gouvernement  et  veut  jusquà  ce  quil  soit 
nourri  et  entretenu  en  la  maison  dud.  testateur  selon  sa  faculté. 
Item  a  donné,  légué,  donne  et  lègue,  par  ces  présentes,  à  noble 
Jacques  de  Ghampmoreau,  la  somme  de  cent  cinquante  écus  sur  et 
en  outre  une  paire  de  ses  accoustremens.  Item  a  bailllé  et  légué  à 
H'  de  La  Chapelle,  son  beau-frere  son  courtaud  noir.  Item  a  donné, 


406  SOCIÉTÉ  AaCBÉOLOGlQUB    KT  BISTORIQUS  OU  LIMOUSIN 

légué,  par  ces  présentes^  a  Piarrou  Branet,  son  laquais,  la  somme 
de  cinquante  ecus  et  à  Jeanne  Brunet,  sœur  de  Pierre,  la  somme  de 
vingt  ecus,  lors  quelle  se  voudra  marier,  en  outre  que  led.  Pierre 
Brunet  sera  remis  en  la  métairie  dud.  lieu  d'Aubepeire  sil  y  veut 
travailler  sans  payer  aucunes  dettes  pour  raison  de  lad.  métairie 
dues  aud.  testateur.  Item  a  voulu,  ordonne,  veut  et  ordonne  ied. 
testateur  que  deux  vicairies  qui  sont  fondées  par  ses  prédécesseurs 
lune  en  leglise  de  Ghataing  et  lautre  en  la  chapelle  dud.  Aubepeire 
seront  entretenues,  le  revenu  dicelle  être  payé  aux  vicaires  chacun 
an  sans  préjudice  toutefois  du  droit  de  patronage  qui  en  est  du  et 
appartient  à  lad.  maison  dAubepeyre.  Item  a  nommé  pour  son 
héritier  universel  en  tous  et  chacun  ses  biens,  demoiselle  Fran- 
çoise dAubepeire,  sa  tille  naturelle  et  légitime  et  de  dame  Fran- 
çoise de  Garbonnieres,  sa  femme  et  épouse  laquelle  il  veut  et 
entend  lui  succéder  en  tous  et  chacun  ses  biens,  à  la  charge  de 
accomplir  la  volonté  dud.  testateur  par  sond.  présent  testament  et 
de  payer  toutes  ses  dettes  ensembles  celles  qui  sont  contenus  par 
le  testament  de  défunte  demoiselle  Gilberie  Daigurande  sa  mère. 
Et  tout  événement  que  lad.  dame  Françoise  de  Garbonieres  selrou- 
veroit  enceinte  d'un  fils  mâle  en  ce  cas  led.  testateur  le  nomme  et 
institue  par  ces  présentes  son  héritier  en  tous  et  chacun  ses  biens 
à  la  charge  de  marier  lad.  demoiselle  Françoise  dAubepeire  sad. 
fille  et  la  doter  de  la  somme  de  vingt  mille  francs,  de  Ihabiller 
selon  la  faculté  de  lad.  maison  dAubepeire.  Item  a  voulu  et  veut 
led.  testateur  que  Fad.  dame  Françoise  de  Garbonieres,  son  épouse 
ait  ladministration  et  gouvernement  de  lad.  demoiselle  Françoise 
dAubepeire  leur  fille  ensemble  de  lusufruit  de  tous  et  chacun  ses 
biens  sans  quelle  soit  tenue  en  rendre  aucun  compte  aux  héritiers 
dud.  testateur  jusquà  ce  qu'ils,  soient  parvenus  en  âge  de  pouvoir 
avoir  ladministration  et  gouvernement  de  leurs  biens  ou  que  lad. 
dame  Françoise  voulut  se  remarier  et  convoler  en  secondes  noces, 
aud.  cas,  led.  testateur  veut  et  entend  quelle  ait  a  rendre  compte^ 
des  lors  quelle  aura  convollé  aud.  second  mariage  et  non  aupara- 
vant, car  aud.  cas  led.  testateur  veut  et  entend  quil  soit  fait  exa- 
men des  meubles  demeurés  propres  a  lad.  Françoise  son  épouse, 
toutefois,  veut  et  entend  led.  testateur  quelle  mette  tous  sesd.  meu- 
bles par  inventaire  a  faire  quil  na  scu  de  présent.  Outre  et  par 
dessus  a  donné,  légué,  donne  et  lègue  par  ces  présentes,  led.  tes- 
tateur à  lad.  dame  Françoise  de  Garbonnieres  son  épouse,  par  ces 
présentes,  la  somme  de  trois  mille  ecus  dor  sol  outre  et  par  dessus 
les  dons,  par  led.  testateur,  à  lad.  dame  faits  par  le  contrat  de  leur 
mariage  et  sans  y  déroger  aucunement,  à  la  charge  que  lad.  dame 
Françoise  sera  tenue  durant  sa  vie,  outre  le  gouvernement  quelle 


LA  SSIONIURIE  DE  LAFOKKST-BSLLKVILLI  407 

aura  de  lad.  maison,  de  la  bien  entretenir,  régir  et  gouverner 
selon  letatet  faculté  de  lad.  maison  dAubepeire.  Item  et  en  événe- 
ment que  lad.  demoiselle  Françoise  dAubepeire  viendroit  à  décé- 
der sans  hoirs  légitimes  et  descendants  délie  en  loyal  mariage  ou 
que  lad.  dame  Françoise  de  Garbonnieres  ne  se  trouva  enceinte  de 
fils  ou  fille,  en  ce  cas,  led.  testateur  a  substitué  et  nommé  son 
héritier  noble  Léonard  de  Faye,  ecuyer,  seigneur  de  Villechenyne 
et  du  Leyris  son  neveu,  à  la  charge  son  fils  aîné  portera  nom  et 
armoiries  de  lad.  maison  dAubepeyre.  Et  aud.  cas  sera  tenu  de 
payer  à  noble  François  de  Faye  et  à  demoiselle  Françoise  de  Faye 
ses  frère  et  sœur,  et  à  chacun  deux,  la  somme  de  cinq  cens  ecus 
une  fois  payé.  Outre  a  légué  led.  testateur  à  lad.  demoiselle  de 
Faye  sa  nièce,  la  somme  de  cent  cinquante  ecus  restant  de  deux 
cents  ecus  que  feu  noble  Claude  de  Bressolles  son  beau  père  devoit 
aud.  testateur  à  cause  de  vendition  des  restes  dun  cheval.  Ensem- 
ble sera  tenu  led.  de  Faye,  le  cas  avenant,  de  payer  à  noble  Gas- 
pard Mathurin  de  La  Gastine,  s' de  Lizieres,  Léonard  et  François 
ses  frères,  neveux  dud.  testateur,  enfans  de  feu  noble  Gaspard  de 
La  Gastine  vivant,  s'  de  Lizieres  et  de  demoiselle  Françoise  dAube- 
peyre et  a  chacun  deux  la  somme  de  cinq  cens  ecus  une  fois  payés 
outre  et  par  dessus  ce  que  led.  feu  Gaspard  de  La  Gastyne  et 
demoiselle  Françoise  dAubepeyre  pourroient  devoir  être  tenus  et 
redevables  aud.  testateur  pour  quelque  cause  forme  et  manière 
que  ce  soit.  Et  ce  pour  tous  droits  que  lesd.  François  et  Françoise 
de  Faye  et  de  Lizieres  peuvent  avoir  et  prétendre  sur  les  biens 
dud.  testateur.  Item  a  fait  et  nommé  led.  testateur  exécuteur  de 
son  présent  testament  les  seigneurs  de  Saint-Aulere  et  de  La  Porte, 
ses  beaux  frères  lesquels  il  a  chargé  de  tous  et  chacuns  ses  biens 
jusquà  lentier  accomplissement  de  son  présent  testament,  lequel 
il  veut  et  entend  être  exécuté  de  point  en  point,  sortir  son  plein  et 
entier  effet  et  être  son  dernier  testament  et  disposition  de  dernière 
volonté  et  a  révoqué,  cassé,  annullé  tous  autres  testamens  codi- 
cilles quil  pourroit  avoir  fait  ci-devant,  veut  et  entend  quil  naient 
deffet  et  valeur  au  préjudice  des  présentes.  Car  ainsi  la  voulu 
promis,  juré  tenir  led.  testateur  par  les  foi  serment  de  son  corps 
obligation  de  tous  ses  biens  presens  et  futurs  quelconques  renon- 
çant à  toutes  choses  à  ces  présentes  contraires  et  préjudiciables. 
A  quoi  faire  et  tenir  a  été  jugé  condamné  de  son  consentement  et 
volonté  par  le  notaire  royal  soussigné  soumis  concédé  lettres  el  le 
scel  royal  à  ces  présentes  a  été  mis  apposé.  Fait  et  passé  au  lieu 
et  château  noble  dAubepeire  en  la  Marche  après  midi,  le  cinquième 
jour  doctobre  lan  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix-huit  en  présence 
de  noble  Jean  de  Garbonnieres,  seigneur  de  la  Chapelle  et  de 


408  SOGIKTÂ  ARGHÊOLOOIQUB  BT   HMTORIQUB  DU   LtHOUSlII 

Gnilhaume  de  Garbonnieres,  seigneur  de  Saint-Âulere.  Signé  à  la 
minute  :  De  Carbonieres,  De  Garbonieres,  S*-Aulere,  La  Ghapelle 
Biron  et  J.  de  La  Bourderye,  no"  royal. 
(Papiers  de  la  famille  Goutisson.  Sur  copie  du  xvni«  siècle). 

IV.  —  1761.  -—  Extrait  du  procès-verbal  de  criée  de  la  terre  et 
seigneurie  d'Aubepeyre  et  de  Saint-Yrieix 

1®  Un  château  à  trois  étages,  couvert  à  tuiles,  renfermé  d'une 
cour  dans  laquelle  est  une  chapelle  domestique  et  une  boulangerie 
et  d'une  avant-cour,  dans  laquelle  il  y  a  plusieurs  écuries  pour  les 
chevaux,  des  granges,  étables  pour  les  bestiaux,  un  colombier 
attenant  au  nord  et  une  guérite  à  côté  du  portail  de  Ta  vaut  garde, 
hors  de  laquelle  il  y  a  six  écuries  et  étables,  deux  granges  et  un 
jardin  de  quatre  boisselées  ; 

2*  Un  pré,  appelé  le  Grand  Pré  de  la  Porte,  attenant  au  château, 
de  la  contenance  à  cueillir  trente  charretées  de  foin,  dont  le  sei- 
gneur d'Aubepeyre  jouit  à  sa  main  ; 

3**  Autre  pré,  appelé  le  Pré  du  Seigneur,  de  contenance  à  cueil- 
lir environ  dix  charretées  de  foin,  aussi  joui  par  ledit  seigneur; 

4**  Autre  pré,  appelé  de  La  BaiHadie,  de  la  contenance  de  vingt- 
cinq  charretées  de  foin,  situé  au  village  du  Meysonnioux,  aussi 
joui  par  ledit  seigneur; 

S"  Trois  étangs  rompus,  actuellement  en  pacage,  situés  à  Aube- 
peyre ; 

6'  Un  étang  empoissonné  et  en  bon  état  ; 

7*^  Un  bois  de  haute  futaie,  appelé  La  Garenne,  de  la  contenance 
d'environ  cinquante  stérées  de  terre,  mesure  d'Aubusson  ; 

Le  tout  composant  les  préclôlures  du  château. 

8«  La  justice  haute,  moyenne  et  basse  d'Aubepeyre,  dont  les 
assises  se  tiennent  au  village  du  Maisonnioux,  en  Marche,  paroisse 
de  Saint-Yrieix-la-Montagne  ; 

9*  Trois  métairies,  appelées  les  Métairies  d'Aubepeyre,  au 
labourage  chacune  de  quatre  bœufs  et  dans  chacune  desquelles  on 
recueille  environ  trente  charretées  de  foin  et  on  ensemence  dix  à 
douze  stérées  de  terre,  mesure  d'Aubusson,  et  dans  lesquelles  il 
y  a  dix  stérées  de  pâluraux  chacune,  lesdiles  métairies  actuelle- 
ment joules  par  ledit  seigneur  ou  par  lui  affermées  à  différents 
particuliers,  attendu  qu'il  n'y  a  aucune  maison  de  mélayerni  autre 
bâtiment  pour  l'exploitation  d'icelles  que  ceux  qui  sont  près  de 
Tavant-cour  du  château,  la  majeure  partie  des  fonds  qui  composent 
lesdits  domaines  étant  situés  dans  la  collecte  de  Saint-Yrieix-la- 
Monlagne,  en  Marche,  et  le  surplus  au  village  de  Magnai,  paroisse 
et  collecte  de  Saint-Yrieix,  en  Poitou  ; 


U  âBlONBURIB   CK   LAPORBST-BELLBVILLC  400 

10*  Une  métairie,  appelée  du  Meysounioux,  au  labourage  de 
quatre  bœufs,  située  audit  village  du  Meysounioux,  dans  laquelle 
CD  recueille  chaque  année  vingl-cinq  charrelées  de  foin  et  on 
ensemence  huit  à  neuf  stéréos  de  terre  et  où  il  y  a  six  stéréos  de 
pâturaux,  le  tout  mesure  d'Aubusson,  acluellement  sans  colon  et 
jouie  par  ledil  seigneur , 

11''  La  rente  serve  et  solidaire,  due  sur  le  village  du  Mont,  en 
Marche,  paroisse  de  Saint-Yrieix-la-Montagne,  dépendant  de  la 
ch&lellenie  d*Aubusson,  consistant  en  seigle  trois  quarlons,  avoine 
quatorze  quartons,  argent  trois  livres  douze  sols , 

12*  La  rente  serve  et  solidaire,  due  sur  le  village  du  Meysounioux, 
en  Marche,  consistant  en  dix  setiers  trois  quartons  seigle,  argent 
cinquante  livres,  poules  dix  ; 

13*  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  de  Bessas,  moitié  en 
Marche  et  moitié  en  Poitou,  paroisse  de  Sainl-Yrieix,  consistant  en 
seigle  (rois  setiers,  avoine  quarante-deux  quartons,  argent  dix-huit 
livres  dix  sols; 

14*  Autre  rente  solidaire  due  sur  ledit  village  de  Bessas  par 
François  Lagrange. 

Tout  ce  que  dessus  est  situé  en  Marche,  excepté  les  fonds  situés 
au  village  de  Magnat,  qui  font  partie  des  trois  domaines  d'Aube- 
peyre,  et  partie  dudit  village  de  Bessas. 

Et  ce  qui  est  situé  en  Poitou  consiste  en  : 

1*  La  justice  haute,  moyenne  et  basse  de  Saint-Yrieix-la-Mon- 
tagne,  dont  les  assises  se  tiennent  au  bourg  de  Saint-Yrieix  ; 

2*  La  rente  due  sur  un  canton  de  Saint-Yrieix,  dont  le  curé  dudit 
lieu  jouit  ordinairement  à  titre  de  ferme  ; 

3*  La  métairie,  appelée  du  Theil-Haut,  au  labourage  de  quatre 
bœufs,  exploitée  par  Léonard  Lelaquais,  située  audit  village  du 
Theil-Haut,  paroisse  de  Saint*Yrieix-la-Montagne,  où  l'on  recueille 
chaque  année  dix-huit  charretées  de  foin,  où  Ton  ensemence  dix 
stéréos  de  terre  et  où  il  y  a  six  stéréos  de  p&turaux,  le  tout  mesure 
d'Aubusson  ; 

4*  Autre  métairie,  appelée  de  Gensanetas,  au  labourage  de 
quatre  bœufs,  située  au  village  de  même  nom,  paroisse  de  Royère, 
où  Ton  recueille  chaque  année  trente  charretées  de  foin,  on  ense- 
mence vingt-cinq  stéréos  de  terre  et  où  il  y  a  douze  stéréos  de 
pâturaux  ; 

B*  Un  moulin  banal,  appelé  des  Isles,  exploité  par  Pierre  Gasne, 
meunier,  situé  en  Poitou,  dans  la  paroisse  de  Châtain  (1); 

(1)  Le  moulin  des  Isles,  d'après  ce  procès-verbal,  était  à  cette  époque 
paroisse  do  Ghataio  ;  malgré  celle  indication  nous  en  doutons. 

T.  ui  VI 


4t0  SOCIATÂ  ARCBAoLOGIQUI  Rt  HISTOEIQUB  DU  UMOOSIN 

&"  Aulre  moulin  banal,  appelé  Le  Roudet,  situé  paroisse  de 
Sainl-Yrieix  ; 

T""  Aulre  moulin,  appelé  de  Rochas,  exploité  par  François  Cba- 
brouty,  meunier,  situé  dans  la  paroisse  de  Royère  ; 

9"  La  rente  due  sur  le  village  de  Magnat,  paroisse  de  Saint-Yrieii^ 
justice  de  Nedde  ; 

9^  La  rente  due  sur  le  village  de  Madéry,  paroisse  de  Saint-Yrieix, 
consistant  en  seigle  vingt-quatre  setiers,  avoine  neuf  seliers,  le 
tout  mesure  de  La  Borne,  poules  cinq,  argent  et  vinade  vingt-sii 
livres  quinze  sols  ; 

10''  La  rente  solidaire  sur  le  bourg  de  Saint-Yrieix,  qaî  a  été 
retirée  du  sieur  Faure,  de  Vallière,  consistant  en  dix-sept  seliers 
vingt-six  quartons  seigle,  avoine  soixante-six  quartons,  argent  dix- 
sept  livres  seize  sols  et  deux  arbans  ; 

11<*  La  rente  solidaire  due  sur  les  villages  du  Verdinaud  et  de 
La  Rocherolle,  situés  paroisse  de  Saint-Yrieix,  consistant  en  huit 
setiers  seigle,  deux  seliers  avoine,  argent  six  livres,  poules  deux, 
arbans  chaque  maison  un  ; 

12^  La  rente  due  sur  le  village  de  La  Valette,  paroisse  de  Saint- 
Yrieix,  consistant  en  seigle  ou  froment  quinze  setiers  deux  quar- 
tons, avoine  cent  douze  quartons  combles,  argent  quatorze  livres, 
poules  cinq  ; 

13*"  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  de  Peylangeas,  paroisse 
de  Sainl-Yrieix,  consistant  en  neuf  setiers  seigle,  avoine  quatre 
seliers,  dix-huit  livres  argent,  poules  deux,  arbans  chaque  maison 
un; 

14"*  Parlie  de  la  dîme  due  sur  ledit  village  de  Peylangeas,  laquelle 
se  partage  avec  le  seigneur  de  Nadaillac  ; 

le""  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  du  Glonp-Vallerel, 
consistant  en  huit  seliers  demi  quartons  seigle,  cinq  setiers  trois 
quartons  avoine,  vingt-deux  livres  dix  sols  argent,  poules  neuf, 
arbans  chaque  maison  un  ; 

IG"*  La  renie  solidaire  due  sur  le  village  duTheil-Haut,  consislaot 
en  douze  quartons  seigle,  avoine  deux  setiers,  vingt-quatre  livres 
argent,  poules  deux,  arbans  chaque  maison  un  ; 

17°  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  de  Lavaud  du  Gier,  en 
Poitou,  paroisse  de  Vallière,  juslice  de  Nedde,  consistant  en  cinq 
seliers  deux  quarlons  seigle,  trois  seliers  quatre  quartons  avoine, 
trente  sols  argent,  poules  une  et  demie  ; 

18°  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  de  Ghassagnas,  paroisse 
de  Royère,  justice  de  Nedde,  consistant  en  huit  setiers  deux  quartes 
seigle,  avoine  quatre  seliers,  le  tout  mesure  de  Peyrat,  argent 
quarante  sols,  poules  chaque  maison  une  ; 


LA  SBlONBUme   DE   LAFORCSt-BBLLBVILLB  lfl 

19*  La  rente  due  sur  le  village  de  la  Mazure,  paroisse  de  Royëre, 
dépendaut  de  la  châlellenie  de  Bellegarde,  cousistant  en  bail 
seliersun  quarton  et  demi  seigle,  cinq  setiers  avoine,  poules  trois, 
argent  vingt-huit  sols  ; 

ID*  La  moitié  de  la  dîme  dudit  village  de  la  Mazure  ; 

21*  La  rente  due  sur  le  village  d'Àndaleix,  paroisse  de  Royëre, 
justice  de  Nedde,  consistant  en  neuf  setiers  seigle,  cinq  setiers 
avoine,  poules  trois,  argent  quarante-cinq  sols  ; 

22**  La  rente  due  sur  le  village  de  Vergnolas,  consistant  en  trois 
setiers  seigle  ; 

23""  Le  quart  de  la  dime  due  sur  ledit  village  de  Vergnolas  et  sur 
ceux  de  Lascoux  et  Vincent  ; 

24''  La  rente  due  sur  le  village  de  Gensanetas,  paroisse  de 
Royëre,  justice  de  Nedde,  consistant  en  vingt  setiers  seigle,  deux 
setiers  avoine,  argent  quarante-huit  sols  ; 

25*  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  du  Villard,  paroisse  de 
Royëre,  justice  de  Nedde,  consistant  en  douze  setiers  seigle,  deux 
setiers  avoine,  trente  sols  argent,  poules  deux  ; 
,  26*  La  rente  due  sur  le  village  de  Gensanas,  paroisse  de  Royëre, 
justice  de  Nedde,  consistant  en  seigle  seize  setiers,  six  setiers 
avoine,  argent  «|iiatre  livres,  poules  trois  ; 

27*  La  rente  solidaire  due  sur  le  village  des  Bordes,  paroisse  de 
Royëre,  justice  de  Nedde,  consistant  en  trente  setiers  seigle,  dix 
setiers  avoine,  le  tout  mesure  de  Peyrat,  huit  livres  argent,  poules 
quatre  ; 

28*  La  rente  due  sur  la  Tour  de  Royëre»  consistant  argent  douze 
sols,  poules  deux  ; 

29*  Le  quart  de  la  dime  due  sur  les  villages  de  Villecros, 
Auzoux,  Langladure,  Roudersas,  Arpeix,  Roubeysne,  Rochas  et 
Le  Feix. 

(Papiers  de  la  famille  Faure,  de  Royëre). 

V.  —  22  janvier  1855.  —  Reconnaissance  par  les  tenanciers 

de  la  Mazure 

Âi^Ûourdhuy  vingt  deuxième  jour  du  mois  de  janvier  l'an  mil  cinq 
cent  cinquante  cinq  S*est  comparu  par  devant  nous  notaires  et  com- 
missaires susdits  Martial  delà  Mazure,  âgé  d'environ  quarante  ans, 
lequel  pour  luy  et  ses  consorts  pour  lesquels  il  a  pris  en  main 
auxquels  a  promis  faire  avoir  agréable  de  son  bon  gré  et  volonté  a 
connu  et  confessé  tenir  et  porter  du  dit  noble  Leonet  de  Chizardour, 
écuyer,  seigneur  d'Aubepeire  présent  et  ce  franchement  en  toute 


411  SOCIÉTft  ARQBÉOLOQIQUK  KT  BlSTOftlQUI   DU  UMOCSIlf 

directe  seignearie  fondalité  tout  le  lieu  mas  et  village  de  la  Mazure 
ainsi  qu*il  se  comporte  consistant  en  maisoneges,  granges,  étables, 
moulins  fariniers  et  a  chanvre,  etc.  Sans  rien  tenir  d'aucoo  autre 
seigneur  que  dudit  écuyer  et  est  situé  et  se  confronte  entre  les 
héritages  des  villages  d'Andaleix,  duMazeau,  de  Beauvais,  de  Kon- 
Caressas  et  de  Pruniolas  en  la  paroisse  de  Royeres  en  la  justice  de 
Bellegarde  en  Franc  alleu,  pour  raison  des  quels  héritages  el  l^ 
nement  du  lieu  et  village  de  la  Mazure  ledit  Martial  a  confessé  être 
homme  franc  du  dit  ecuyer  et  pour  iceluy  héritage,  mas  et  domaine 
luy  devoir  chacun  an  a  chacune  feste  de  Noël  argent  en  deniers  la 
somme  dix  sous  tournois,  seigle  a  la  mesure  de  Peiral  neuf  quar- 
tons,  vallant  deux  setiers  un  quarton  a  la  ditte  mesure,  a  chacuoe 
fesle  St-Michel,  avoine  quatre  ras  ou  six  eminaux  a  la  ditte  mesure 
vallant  un  setier,  une  geline  a  Noël,  et  la  moitié  du  dixme  de  tous 
les  grains  quil  recueillit  sur  ledit  lieu,  mas  et  domaine  de  la  Mazaie 
et  le  dixme  entier  de  leurs  agneaux  et  de  la  laine  qui  est  de  dii 
agneaux  un,  tous  lesquels  droits  et  devoirs  ledit  Martial  preoaDt 
en  main  comme  dessus  a  promis  bien  et  loyalement  payer  audit 
ecuyer  chacun  an  dans  les  termes  susdits,  promis  et  juré,  etc., 
obligé,  etc.,  renoncé,  etc.  Fait  les  jour  et  an  susdits.  Signé  àlex- 
pédition  originalle  Peschaud,  notaire  royal,  Leslis,  notaire  royal. 

(Archives  delà  Creuse,  E  284.  —  Copie  faite  en  1798). 


VI.  —  18  juin  1593.  —  Vente  de  la  seigneurie  de  SaifU-Trieix 

(sur  copie  écrite  en  1782) 

Sachent  tous  que  pardevant  les  notaires  soussignés  établis  pour 
le  Roy  notre  Sire  au  païs  et  comté  du  Poitou  et  la  Marche,  respec- 
tivement commissaires  jurés,  personellement  établis  haut  et  puis- 
sant seigneur  M'*  Charles  de  PierrebuflSère  de  Comborn,  chevalier 
seigneur  vicomte  dud.  Comborn,  seigneur  baron  des  baronies  de 
Chateauneuf,  Peirat,  Soubrebost  et  La  Crousille,  demeurant  audit 
Chateauneuf,  Lequel  tant  en  son  nom  propre  privé  que  pour  et  aux 
noms  de  haute  et  puissante  dame  Jeanne  Chabot  dame  de  Chateau- 
neuf sa  mère,  et  Philiberle  de  Biron  vicomtesse  de  Comborn  ?a 
femme,  absentes,  auxquelles  le  dit  sgr  vicomte  a  promis  faire  rati- 
fier et  avoir  agréable  le  contenu  des  présentes  à  perpétuel,  sous 
Tobligation  de  tous  etchacuns  ses  biens,  Lequel  sgr  vicomte  de  son 
gré  et  volonté  pour  luy  et  les  siens  a  vendu,  ceddé,  quitté,  délaissé, 
et  à  perpétuel  transporté  et  par  ces  présentes  vend,  cedde,  quitte, 
délaisse  et  à  perpétuel  transporte  à  noble  Jacques  de  Chizadour, 


LA   SeiGKEUIIIB  DE   LAFOREST-BELLEVÎLLB  4.13 

écuyer  seigneur  d*Aubepeire,  La  Forest,  Le  Râteaux,  La  Chaud  et 
Puiseguin,  présent  pour  luy  et  les  siens  stipulant  et  acceptant, 
Sçavoir  est  La  terre  et  seigneurie  de  S*  Irieix,  renies,  revenus, 
émolumens  dMcelle,  au  dit  seig'  vicomte  appartenant  et  tous  autres 
droits  de  fief,  ensemble  toute  justice  et  jurisdiclion  haute,  moyenne, 
basse,  dépendances  dlcelle  ;  Lesdits  cens  et  renies,  droits  et  devoirs 
consistans  chacuns  entr'autres,  sçavoir,  dans  le  bourg  de  S' Irieix 
tenanciers  d'iceluy,  sur  les  Foucauds  dudit  lieu  argent  quarante 
sous  tournois,  seigle  neuf  setiers,  avoine  quatre  setiers,  froment 
trois  quartes,  gélines  quatre,  vinade  une  paire  de  bœuf,  avec  droit 
d'arbans,  le  lieu  de  la  Feraude  du  dit  SHrieix,  argent  vingt  deux 
sous  six  deniers,  le  lieu  de  Longmanias  argent  six  sous,  gélines 
deux,  le  lieu  de  Gouganioux  argent  trente  huit  sous  neuf  deniers, 
seigle  trois  setiers,  froment  un  setier,  géline  une,  vinade  une  paire 
de  bœuf,  les  droits  d'arban,  les  métayers  du  s'  de  L*Arfouillère 
qu'il  a  au  dit  S' Irieix  chacun  an  argent  deux  écus,  seigle  six  setiers, 
et  sur  les  revenus  de  la  cure  de  S*  Irieix  chacun  an  la  quantité  de 
seize  setiers  seigle  de  pension;  sur  le  lieu  et  village  de  Maderix  et 
tènement  d'iceluy  paroisse  dudit  S^  Irieix  chacun  an  de  rente  argent 
trois  écus,  seigle  vingt  cinq  setiers,  froment  une  émine,  avoine 
sept  setiers  émine,  gélines  six,  vinade  trois  paires  de  bœuf,  et  le 
tiers  d'une  autre  paire  avec  le  droit  d'arbans  ;  sur  le  village  de 
Pelangeas  et  tènement  d'iceluy  argent  un  écu,  sols  vingt  sols, 
seigle  neuf  setiers,  avoine  trois  setiers,  vinade  deux  paires  de  bœuf, 
gélines  deux,  le  droit  d'arbans,  avec  le  dixme  de  tous  les  bleds, 
laine,  agneaux  et  veaux;  sur  le  village  de  La  Rocherolles  et  tène- 
ment d'iceluy  argent  sept  sous  six  deniers,  seigle  deux  setiers, 
avoine  deux  ras;  sur  le  village  du  Verdinaud  et  tènement  d'iceluy 
argent  trois  sous  neuf  deniers,  seigle  un  setier,  avoine  un  ras, 
gélines  trois;  sur  le  village  du  Treidars  argent  dix  huit  sens  neuf 
deniers,  seigle  cinq  setiers,  avoine  deux  setiers  trois  ras,  gélines 
cinq,  le  tout  situé  en  la  paroisse  de  S^  Irieix  près  Yalières  au  dit 
pais  et  comté  de  Poitou,  lesdits  grains  à  la  mesure  de  la  Borne  et 
droit  de  guet  à  trois  sous  pour  chacun  feu  vif  tant  sur  le  dit  lieu  de 
S' Irieix,  Maderis,  Pelangeas,  La  Rocherolles,  Le  Verdinaud,  Le 
Treidars,  Lortomas,  Le  Montruc,  Brudieu  et  le  lieu  de  Sarette, 
ensemble  tous  autres  faisant  le  feu  vif  de  la  dite  terre  et  seigneurie 
de  S*  Irieix  et  de  tous  autres  droits  et  devoirs,  homages  et  droits  de 
fiefs  qui  en  dépendent,  sont  deus,  et  y  appartiennent  sans  aucune 
chose  réserver  ny  retenir.  Ledit  fief  tenu  et  mouvant  du  Roy  notre 
Sire  a  cause  de  son  comté  du  Poitou  a  foy  et  homage  lige  d'iceluy. 
La  ditte  vente  faite  par  le  dit  sgr  vicomte  audit  seigneur  d'Aube- 
peire  présent  et  acceptant  moyenant  le  prix  et  somme  de  trois  mille 


414  soGiÉri  ARCH60LOGIQUB  n  historiqi}i  do  umocsik 

deux  cent  trente  trois  écus  un  tiers,  Laquelle  somme  le  dit  acheteur 
a  soldé  et  payé  au  dit  vendeur  réellement  et  de  fait  tant  en  écus, 
sols  écus,  pislolles,  et  quarts  d*écus,  francs  d'argent  et  roonoye  tous 
d'or,  d'argent  de  poids,  et  prix  suivant  l'ordonnance;  LediUgr 
vicomte  vendeur  a  pris  reçu  et  s'en  est  contenté,  quitté  ledit  ache- 
teur et  les  siens,  en  pacte  de  jamais  iuy  en  demander  aucune  chose 
renonçant  à  l'exception  de  pecune  cognée,  nombrée,  ne  reçue  à 
leur  poids,  d'icelle  avoir  et  recevoir;  et  par  ainsi  de  ladilte sei- 
gneurie de  S*  Irieix,  fief,  justice,  renies  et  revenus,  d'icelle  sans 
aucune  réserve  ny  retenue  ors  ny  pour  l'advenir,  iceluy  vendeur 
s'est  démis,  dessaisis,  investit  le  dit  acquéreur  et  mis  en  possession 
et  saisine  le  dit  acheteur  par  le  bail  des  présentes,  voulant  et  con- 
sentant qu'il  en  jouisse  comme  de  sa  propre  chose,  prometlanl 
tenir  précairement  ladilte  terre  et  seigneurie  de  S' Irieix  présente- 
ment vendue  au  nom  du  dit  acquéreur  et  en  vuîder  ses  mains 
toutes  fois  et  quantes,  promettant  iceluy  vendeur  garenlir  et  def- 
fendre  au  dit  acheteur  la  ditte  terre  et  seigneurie  de  S^  Irieix  pré- 
sentement vendue  envers  et  contre  tous  franche  quitte  de  toute 
éviction  générale  et  particulière,  troubles,  empechemens  quel- 
conques et  à  faire  et  tenir  ce  que  dit  est,  amander,  payer  tous 
dépens,  domages  et  intérêts  que  Tune  des  parties  feroit  et  supor- 
teroit  pour  le  dol  et  culte  de  l'autre  d'icelle  partie  est  respecti- 
vement obligé  Tune  d'une  part  à  l'autre  tous  et  chacuns  leurs  biens 
meubles  et  immeubles  presens  et  futurs.  Lesquels  de  ce  faire  ils 
ont  affecté,  obligé  ethipolequé  renonçant  sur  ce  à  toutes  excep- 
tions défeclueuses  à  ces  présentes  contraire  et  en  outre  par  le  dit 
seig'  vicomte  vendeur  donne  mandement  aux  tenanciers  de  laditle 
seigneurie  en  redevance  des  dits  devoirs,  iceux  reconnoitre  au  dit 
acheteur  et  ce  faisant  qu'il  les  en  quitte,  les  dits  tenanciers  absens 
mais  les  notaires  soussignés  pour  eux  presens  et  acceptans,  pro- 
mettant de  jamais  leur  en  demander  aucune  chose,  a  quo;  faire, 
tenir  de  cette  partie  ont  été  jugés  et  condamnés  de  leur  consen- 
tement par  les  notaires  soussignés  à  la  jurisdiction  et  compulsion, 
et  contraintes  des  cours  royales  et  sénéchaussées  de  Montmorillon 
la  Marche  et  toute  autre,  l'une  ne  cessant  pour  l'autre,  icelles 
parties  se  sont  soumises  et  leurs  biens  quant  a  ce,  de  plus  grandes 
sûretés  des  choses  susdittes  le  scel  royal  à  ces  présentes  a  été  mis 
et  aposé.  Fait  et  passé  au  lieu  et  château  d'Aubepeire  en  la  Marche 
avant  midi  le  dix  huitième  jour  de  juin  l'an  mil  cinq  cent  qaalre 
vingt  treize  en  présence  de  noble  François  de  Faye  escuyer  sei- 
gneur dudit  lieu,  et  noble  Gabriel  de  Chateauneuf,  escuyer,  seigneur 
du  Chalard  habitant  audit  Chateauneuf  témoins  connus  et  lors 
appelles.  Ainsi  signé  en  une  expédition  en  parchemin  Du  Leris 
notaire  royal  et  Laurans  aussi  notaire  royal. 


LA  SRIGNEURIE  DE  LAFOREST-BELLRVILLB  41 S 

Ratification 

Aujourdhuy  vingt  unième  jour  de  juin  mil  cinq  cent  quatre 
vingt  treize  environ  midy  au  château  de  Chateauneuf  pardevant 
les  notaires  soussignés  personellement  (établis  haule  ei  puissante 
dame  Jeanne  de  Chabot  dame  de  Chateauneuf  veuve  de  feu  et  de 
bonne  mémoire  Messire  François  de  Pierrebufflère  seigneur  dudit 
Chateauneuf  et  dame  Philiberte  de  Biron  vicomtesse  dudit  Comborn 
femme  de  haut  et  puissant  seigneur  messire  Charles  de  Pierre- 
bufBère  chevalier  vicomte  dudit  Comborn  Les  quelles  dames  de 
leur  gré  et  volonté,  laditte  dame  Philiberte  autorisée  par  le  dit  sgr 
vicomte  son  dit  mari  quant  au  contenu  des  présentes,  après  avoir 
entendu  la  lecture  du  contrat  de  vente  faite  par  le  dit  sgr  vicomte 
de  la  terre  et  seigneurie  de  S' Irieix  près  Valières  à  noble  Jacques 
d'Aubepeire  escuyer  et  seigneur  dudit  lieu  cy  dessus  écrit,  à  elles 
lu  et  donné  à  entendre  de  mot  en  mot  en  langage  vulgaire  que  ont 
eu  pour  agréable  la  ditle  vendition  voulu,  consenti,  veulent,  con- 
sentent qu'elle  vaille  tienne  à  perpétuel,  promettant  par  la  foy  et 
serment  de  leurs  corps,  obligation  de  tous  leurs  biens,  ne  venir 
jamais  au  contraire,  à  quoy  faire  et  tenir  ont  été  jugés  et  condam- 
nés de  leur  consentement  et  volonté  par  les  notaires  soussignés 
stipulant  et  acceptant  pour  et  au  nom  dudit  sgr  d*Aubepeire  absent, 
se  soumettant  aux  cours  et  jurisdictions  des  sénéchaussées  de  Limo- 
sin  et  Poitou  et  de  toutes  autres,  Tune  ne  cessant  pour  Tautre.  Fait 
le  dit  jour  et  an  susdit.  Ainsi  signé  à  l'original  des  présentes  Jeanne 
Chabot,  Philiberte  de  Biron,  Du  Leyris,  notaire  royal,  et  de  Mofan- 
tous,  aussi  notaire  royal. 

(Archives  de  la  Creuse,  E  28S). 

VII.  -*  26  octobre  1766.  —  Délibération  de  la  collecte  de  Foumoux. 

L'an  mil  sept  cent  soixante-six,  le  vingt  six  du  moy  doctobre 
avant  midy,  au  bourgt  de  Yidalliac  qui  fait  par***  province  de  la 
Marche  pardevant  le  notaire  royal  soussigné  p°^  les  témoins  bas 
nommés  sonts  comparus  Jaque  dudit  lieu,  Anthoine  Jauellon,  Jean 
Thaury  et  Anthoine  Conchonet,  laboureurs  demeurant  au  village 
de  Lenjouie,  Léonard  Martin,  Mathieu  Thaury  laine,  Léonard  Bus- 
siere,  François  Branche,  Pierre  Bourdaud  et  Anthoine  Bussiere 
aussy  tous  laboureurs  demeurants  au  village  de  La  Forest  Belle - 
ville,  Léonard  Champeaux  aussy  lab'  demeurant  au  village  du  Mas 
de  Choulet,  maitre  Mathieu  Augustain  Bouchon  marchand,  et  Jean 
Vergniaux  aussy  marchand  demeurant  au  village  de  Fournoulx, 


416  SOCIÉTÉ  ARCbAOLOGIQUE  et  BISTOIIQUE  DD  IJH0U8III 

le  lout  en  cette  par*'*  dudit  Yidalliac  generallité  de  Limoges  ele- 
cion  de  Bourganeuf  faisant  la  plus  grande  et  majeure  partie  des 
habitans  de  leur  collette,  Lesquels  nous  onts  dit  et  unanimement  de 
leur  gre  et  volloote  et  déclaré  que  le  nomme  Jean  Paupy  dit  Pauly 
laboureur  dudit  village  de  Leujouie  préposé  à  levée  des  vingtième 
de  ladite  collette  de  Yidalliac  de  Tannée  mil  sept  cent  soixante  cinq 
et  Mathieu  Thaury  le  jeune  laboureur  demeurant  au  village  de 
Laforest  susd.  par***  ont  été  arrêtes  et  traduit  es  prisons  de  la  ville 
de  Bourganeuf  par  les  ordres  du  sieur  Navieras  procureur  du  roy 
de  laditte  élection  de  Bourganeuf  les  quatres  et  cinquième  juin 
dernier,  savoir  ledit  Jean  Paupy  le  quatre  environ  les  neuf  heure 
du  matin  en  presance  de  toutes  les  personnes  étant  au  marché  de 
Bourganeuf  qui  ce  jetloints  en  foulle  pour  voir  par  quel  motif  on 
arrectoit  cette  perssonoe.  Et  ledit  Thaury  le  cinquième  étant  en 
laditte  ville  pour  ses  affaires  particuliieres  :  sur  la  denontion  fau- 
tive et  verballe  du  sieur  Faure  de  Gonac  lun  des  habitans  de  laditte 
collette,  de  la  manière  la  plus  informe  qui  ait  pu  paroitre  en  vonl- 
lant  les  acuser  de  faussaire  et  concussionaire  et  quiceux  Thaury  et 
Paupy  ne  sonts  sortis  de  laditte  prisons  quaprais  qu'ils  ont  eat 
randu  un  état  dont  il  va  être  parlé  et  payé  la  somme  de  vingt  huit 
livres  audit  sieur  Navieras  procureur  du  roy  de  la  ditte  élection  qui 
les  aqusoit  davoir  fait  un  faux  roolle  et  vouUet  suivant  ses  dyres 
les  faires  pendre  ou  les  envoyer  au  galerre.  Lesdits  habitans  ysy 
presansnous  ont  déclaré  que  (ous  ses  faits  ne  pouronls  jamais  se 
soutenir  qu'ils  sonts  très  faux  et  malixieusement  supposés  qu'il  est 
vray  que  lesdits  Thaury  et  Paupy,  a  compagnes  d'un  nombre  dau* 
très  habitans  de  cette  même  collette  ons  fait  un  état  montant  a 
vingt  huit  livres  dix  sols  sur  une  demy  feuille  de  pappier  commun 
sans  signature  de  perssonne.  Lequel  avoit  été  formé  pour  subvenir 
aux  depances  qu'ils  onts  étés  obligés  de  faire  tm  diferantes  fois  soit 
pour  les  frais  de  voyage  qu'ils  onts  faits  à  Bourganeuf  en  conce- 
qnance  de  lassignation  faitte  a  la  requetle  dudit  sieur  de  Gonac, 
auxdils  habitans  et  soit  pour  les  frais  de  requette  qu'ils  ons  étés 
dans  le  cas  de  presanter  a  monseigneur  Turgot  intendant  en  la 
generallité  de  Limoges  contre  les  pretenlions  ii^juste  dudit  sieur 
Faure  de  Gonac,  lequel  entendoit  ce  faire  des  roUer  de  sa  taxe  et 
facultés  perssonnelles  pour  laquelle  il  est  imposé  en  leur  roolle  en 
simullant  son  délogement  quil  voulloit  soit  disant  transférer  au 
lieu  de  Gonac  susditte  par***  en  Marche  à  demy  car  de  lieue  dnd. 
village  de  Fournoulx  ou  il  a  toujour  fait  et  fait  encorre  sa  demeure 
avec  toute  sa  famille.  En  conséquence  des  avances  de  lad.  somme 
de  vingt-huit  livres  dix  sols  faitte  par  led.  Paupy  il  fut  chargé  de 
cet  état  pour  se  faire  payer  des  particuUiers  qui  y  etoient  compris 


LA  SBIGNBUniB  DB  LAF0RRSTBBLLBVILL8  4l7 

montant  pour  chaqun  a  seze  sols  neuf  deniers  dont  il  y  a  cinq  a  six 
particulliers  qui  ons  payé  cette  somme,  mais  que  ses  particulliers 
ny  aucunes  personnes  na  etée  forcés  a  faire  ce  payement  parce 
qn*ils  étoient  tous  convenus  de  la  chaiisc  pour  empêcher  les  mau- 
vaises entreprise  du  sieur  Faure  de  Gonac  et  que  pour  plus  grande 
preuve  de  tous  les  faits  sy  desus  énoncés  et  pour  juslifGer  la  sins- 
seritté  et  probitté  desdits  Paupy  et  Thaury  lesdits  habitans  ysy 
presant  slipullant  se  soumettent  sobligent  de  payer  chaqun  leur 
portion  de  ce  qu'il  en  a  coutté  et  de  ce  qu'il  pouroit  en  coulter  a 
lavenir  pour  ce  fait  approuvant  et  abcouant  tout  ce  que  lesdits 
Paupy  et  Thaury  ons  pu  faire  dans  cette  sirconstance  comme  netant 
uniquement  que  pour  conserver  et  soutenir  les  droits  de  toute  la 
ditte  communaulté  qui  auroit  etée  inpunement  vexée  sils  ne  lavoient 
empesché  par  les  soints  qu'ils  ons  bien  vouUut  se  donner  la  paine 
de  prendre,  mais  lorsque  ledit  sieur  Faure  de  Gonac  cest  trouvé 
convaincu  nayant  point  assez  de  chredit  par  luy  même  pour  sen 
venger  II  cest  servy  de  celuy  dud.  sieur  Navieras  qui  luy  a  precté 
la  main  en  opprimant  lesdits  Pauly  et  Thaury  de  la  façon  la  plus 
cryante,  en  faisant  encorre  payer  a  ses  deux  particulliers  une  autre 
somme  de  vingt  huit  livres  pour  faire  employer  a  des  réparation  ou 
pour  lâchât  dune  baniere,  tout  comme  sy  ses  deux  particulliers 
avoit  malverssé  ou  fait  tor  a  quelqun  mais  la  conoissance  parfaitle 
que  lesdits  habitans  ons  de  la  justesse  et  probitté  desdits  Paupy  et 
Thaury  les  engage  a  leur  randre  une  justice  autantique  cest  pour- 
quoy  lesd.  habitans  nous  ons  requy  de  voulloir  leur  donner  acte  de 
la  presante  déclaration  que  nous  leurs  avons  octroyé  lesd.  jour 
moy  et  an  que  desus» En  presance  de  Anthoine  Mournaud  laboureur 
demeurant  au  villages  des  Bordes  susd.  par***  de  Yidalliac  tesmoin 
soussigné  avec  lesdits  Martin,  Mathieu  Thaury,  Branche  et  Bou- 
chon, et  de  Léonard  Maucourand  aussy  lab'  demeurant  au  village 
de  Murât  susd.  par"'  autre  tesmoin  qui  a  déclaré  avec  les  autres 
susnommés  ne  savoir  signer  de  ce  interpellés. 

Signé  à  la  minute  :  L.  Martint,  Matieu  Taury,  François  Branche, 
M.  À.  Ronchon,  Antoine  Mournaud  et  Ghanssard,  notaire  royal 
hered". 

En  marge  est  écrite  la  mention  suivante  :  Gon"^  a  Valliere  le 
27  octobre  1766.  Reçu  vingt  sols  neuf  d*.  Signé  :  Goumy. 

(Papiers  de  la  famille  Lepetit-Laforest,  communiqués  par  M. 
Etienne  de  Naléche). 


418  SOCIÉTÉ  ARGBÉOLOOIQUB  ET   HISTORIQUE  DU   LTKOCSIH 

VIIL  —  4  mai  1744.  —  Liève  des  revenus  de  la  terre  et  seigneurie 

de  Laforest'Belleville 

Lieve  des  Revenus  de  la  lerre  et  seigneurie  de  La  Foret  Belle 
Ville  appartenant  à  Monsieur  le  marquis  Daubepere  et  queled. 
seigneur  a  donne  a  toucher  et  percevoir  a  M*  François  Delavergne 
de  Galemberl  du  bourg  du  Monleil  a  commancer  lanne  présente 
mil  sept  cent  quarente  quatre  suivant  la certifïication  faite  par  led. 
seig'  au  bas  conformemant  au  bail  entre  eux  fait  les  grains  mesure 
de  la  Borne  le  septier  de  la  Borne  compose  de  seize  boisseaux. 

La  Foret 

Les  tenaiiciers  du  village  de  La  Foret  doivent  aud.  seigneur  de 
rante  noble  foncière  directe  et  en  toutte  justice  avec  les  teoe- 
menls  des  depandances  dicelluy  : 

Avoine  treze  septiers  cinq  quartons  composé  de  seze  quartons  le 
septier,  cy  13  septiers  5  quartons. 

Gelines  ou  poules  treze,  cy  13  poules. 

Segle  pour  le  droit  de  terage  vingt  trois  septiers  deux  quartons, 
cy  23  septiers  â  quartons. 

Argent  de  taille  solidaire  entre  les  villages  dépendant  de  lad. 
seigneurie  six  livres  quinze  sols. 

Avec  la  moityë  des  dixmes  de  tous  grains  dans  toutte  lelandoe 
de  la  ditte  seigneurie  de  La  Foret  Belle  Ville. 

Et  qui  sont  payez  primo  savoir  : 

Par  les  héritiers  DAnthoine  et  Pierre  Bnssiere  suivant  larpenle- 
mant  et  egalemant  fait  entre  tous  les  tenanciers  pour  le  fait  de 
touttes  dépendances  : 

Scavoir  avoine  treze  quartes  ou  vingt  six  quartons  mesure  de  la 
Borne,  cy  27  quartons;  —  Geline  une;  —  Segle  six  quartes  ou 
douze  quartons,  cy  1  septier  4  quartons. 

Gilles  Bussiere  comme  acquéreur  des  biens  de  Léonard  Monrnaud 
ou  Léonard  Branche  :  avoine  dix  sept  quartons,  cy  17;  —  Geline 
une;  —  Segle  deux  quartes  ou  quatre  quartons,  cy  4  quartons. 

Mario  Mounicou  pour  Silvain  Jalot  a  presant  Antoine  Bord  son 
gendre  :  avoine  trois  quartons,  cy  3  quartods  ;  —  Segle  une  quarte 
ou  deux  quartons,  cy  2. 

Marie  Gonchonneau  :  avoine  trois  quartes  un  quarton,  cy  7  quar- 
tons; —  Segle  deux  quartes  ou  quatre  quartons. 

Cest  Mathieu  Taury  quy  doit  payer  comme  fermier. 

Léonard  Prade  de  Martel,  segle  un  quarton,  cy  1  quarton. 


LA   SBIGNBUaiB   DB  LAFOREST-BRLLBVILLB  419 

Jean  Gousturier  de  Marlet  ou  ses  héritiers,  segle  un  quarton, 
cy  1  quarton. 
Jean  Ghanssard  de  Marlet,  avoine  deux  quartons,  cy  2  quartons  ; 

—  segle  six  quartons,  cy  6  quartons. 

Jean  Aymiel  de  Murât,  segle  deux  quartons  ;  —  Avoine  un  quar- 
ton. 

Léonard  Aymiel  de  Murât,  segle  quatre  boisseaux  ;  —  Avoine 
quatre  quartons. 

Anthoine  Bourdaux  de  Marlet  et  pour  lacquisition  de  Faurien  et 
Léonard  Maucourant,  avoine  deux  quartons,  cy  2;  —  Segle  un 
quarton,  cy  1  quarton. 

Mathieu  Taury  et  les  enfans  de  Jean  Taury  tant  pour  eux  que 
pour  lacquisition  de  Ghanssard  et  Jeane  Bandon  pour  le  pastural 
Simounet  et  pour  le  pastural  de  la  Ghateniere,  avoine  trente-neuf 
quartons,  cy  39  quartons;  —  Segle  cinq  septiers  six  boisseaux, 
cy  5  septiers  6  quartons  ;  Poules  trois. 

Léonard  Branche  suivant  larpantemant  et  egalemant,  avoine 
treze  quartes  ou  vingt-six  boisseaux,  cy  26  quartons;  —  Poules 
deux;  —  Segle  pour  le  lerage  quatre  septiers,  cy  4  septiers. 

Léonard  Martin,  avoine  treze  quartes  ou  vingt-six  quartons,  cy 
26  quartons  ;  —  Segle  trois  septiers,  cy  3  septiers  ;  —  Poules 
deux. 

Léonard  et  Pierre  Tixier,  avoine  quatorze  quartes  ou  vingt-huit 
boisseaux,  cy  28  boisseaux;  —  Segle  deux  sepUers  deux  quartes 
ou  vingt  quartons,  cy  2  septiers  4  quartons  ;  —  Gelines  deux. 

Léonard  et  Gilles  Jauellon  tant  pour  leur  article  que  pour  Fran- 
çois Vergne,  avoine  douze  quartes  ou  vingl-quatre  quartons,  cy  24; 

—  Segle  deux  septiers  deux  quartes  ou  vingt  quartons,  cy  2  sep- 
tiers 4  quartons;  —  Poules  deux. 

Perette  et  Gatherine  Maçon,  segle  trois  quartons,  cy  3  quartons. 

Léonard  Maucouran  doit  payer  cet  article. 

Marguerite  Prade  femme  de  Léonard  Leyiys  et  mère  de  Jean 
Ducher,  avoine  deux  quartes  ou  quatre  quartons,  cy  4  quartons  ;  — 
Segle  une  quarte  ou  deux  quartons. 

Les  héritiers  de  Mathieu  Lemaçon  du  village  de  ^Lenjouvie, 
avoine  trois  quartons,  cy  3  quartons  ;  —  Segle  deux  quartons,  cy 
2  quartops. 

Tous  les  cotenanciers  doivent  payer  deux  quartons  de  segle  quy 
sont  dus  pour  Murât  qui  sont  compris  mal  apropos  dans  larpente- 
ment  et  egalemant  suivant  les  titres  et  larret  de  1719,  segle  deux 
quartons. 


490  SOCIÉTÉ  AAfîBéOLOGIQUE  KT  DISTORIQUK  DU   I IMOUSIN 

Lanjouvie 

Les  tenenciers  de  Lenjouvie  doivent  de  ranle  directe,  avoine 
deux  septiers  sept  boisseaux,  le  septier  compose  de  seze  boisseaux; 

—  Geline  deux  ;  —  Segle  pour  le  terage  six  sepliers  six  quarlons. 

Le  Chier 

Les  tenanciers  du  Chier  doivent,  avoine  trois  septiers  deai 
quartons,  aussy  compose  aussy  de  seze  boisseaux  le  septier;  — 
Segle  pour  le  terage  sept  setiers  six  quartons;  —  Poules  trois. 

Les  dicts  deux  villages  ont  esté  confondus  dans  larpantemant  quy 
fut  fait  en  conséquence  de  larret  de  4719  quoy  quau  terme  dod. 
arrêt  ils  doivent  estre  distraits  et  séparez.  Les  (enemants  furent 
arpantez  a  la  descharge  du  seig'  et  tenemant  de  Tras  le  Breail 
pour  raison  du  quel  il  y  avoit  une  santance  contre  Jean  Ghanssard 
de  Vidaillac.  Il  y  a  transaclion  pasee  devant  Lachaud  no"  Daubos- 
son  pour  raison  dud.  tenemant  les  partyes  ayant  promis  de  le 
distraire  et  de  payer  pour  ycelui  :  avoine  trois  quartons  une  coupe 
et  demy;  —  Segle  un  quarlon  deux  coupes;  —  Geline  une;  — 
Argent. 

Jean  et  autre  Jean  Taury  lant  pour  le  Ghier  que  Lenjouvie  doi- 
vent, avoine  treze  quartons  deux  coupes,  cy  13  quartons 2  coupes; 
segle  pour  le  terage  deux  septiers  deux  quartons  et  demy,  cy 
2  septiers  2  b.  1  coupe  1  i/2;  —  Geline  une. 

Léonard  et  Simphorien  Maucouranl  et  pour  Léonard  Haucouraot 
doivent  :  avoine  neuf  quartons  une  coupe,  cy  9  quartons  1  coupes; 

—  Segle  pour  le  terage  dix  quartons  deux  coupes,  cy  1  septier 
2  quartons  2  coupes  ;  —  Geline  une. 

François  Letant  Jean  Taury  doit  comme  acquéreur  :  avoine  un 
quarton  une  coupe,  cy  1  quarton  i  coupe  ;  —  Seigle  un  quarton 
une  coupe. 

Léonard  Ducher  :  avoine  treze  quartons,  cy  13  quartons;  ■- 
Segle  deux  septiers  deux  quartons  demy  coupe;  —  Poule  une. 

Léonard  Janelon  a  la  place  de  Léonard  Taury  :  avoine  dix  quar- 
tons deux  coupes  ;  —  Segle  deux  septiers  une  coupe  ;  —  Poule  une. 

Jean  Duchier,  fil  a  Pierre  Duchier  le  jeune  :  avoine  sept  quar- 
tons, cy  7  quartons;  —  Segle  un  septier  quatre  quartons  uqe  coupe, 
cy  1  septier  4  quartons  1  coupe  ;  —  Poule  une. 

Jacque  Dud.  Lieu  :  avoine  cinq  quartons  deux  coupes,  cy  5  quar- 
tons, 2  coupes  ;  —  Segle  cinq  quartons  deux  coupes,  cy  5  quartons 
2  cQupes. 


LA  SBIGNEURIE  DE  LAFORBST-BRLLBVILLB  491 

Les  héritiers  de  Martial  Le  Maçon  :  avoine  deux  quartons  deux 
coupes,  cy  2  quartons  2  coupes  ;  —  Seigle  quartre  quartons  deux 
coupes,  cy  4  1/2. 

Les  héritiers  de  Malhieu  Le  Maçon  :  avoine  deux  quartons, 
cy  2  quartons;  —  Segle  deux  quartons,  cy  2  quartons. 

ÂJithoine  Bourdaux  de  Marlet,  tant  pour  luy  que  pour  Leonarde 
Prade  de  Harlet  que  pour  Anlhoine  Duchier  et  Léonard  Ronchon 
du  Massetropt  comme  acquéreur  de  ses  bien  :  avoine  quatre  quar- 
tons une  coupe  ;  —  Segle  trois  quartons  deux  coupes  et  demy, 
cy  2  quartons  2  coupes  i  /2. 

Jean  Baret  et  ses  héritiers  :  avoine  deux  coupes,  cy  2  coupes  ; 

—  Segle  deux  coupes  et  demy,  cy  2  coupes  1/2. 

Pierre  Baret  ou  ses  héritiers  doit  :  avoine  un  quarton  ;  —  Segle 
deux  coupes^  cy  2  coupes. 
Le  sieur  Ghanssard  de  Yidaillac  doit  :  avoine  un  quarton,  cy  1  ; 

—  Segle  un  quarton  une  coupe  et  demy,  cy  1  quarton  1  coupe  1/2. 
François  Teste  de  Marlel  doit  :  avoine  un  quarton  deux  coupes  ; 

^  Segle  un  quarton  deux  coupes  et  demy,  cy  1  quarton  2  coupes  1/2. 

Jean  Gousturier  de  Marlet  doit  :  avoine  deux  quartons  une  coupe, 
■cy  2  quartons  1  coupe;  —  Segle  deux  quartons  deux  coupes, 
cy  2  quartons  2  coupes. 

Anthoine  Duchier  le  jeune  doit  :  avoine  une  coupe,  cy  1  coupe; 

—  Segle  une  coupe  et  demy,  cy  1  coupe  1/2. 
Bourdaux  de  Marlet  doit  payer. 

Anthoine  Duchier  doit  :  avoine  un  quarton,  cy  t  quarton  ;  — 
Segle  un  quarton,  cy  1  quarton. 

Jean  taury  le  jeune  doit  payer. 

Marguerite  Prade,  femme  de  Léonard  Leslys  de  Gourson  doit  : 
avoine  deux  quartons  une  coupe,  cy  2  quartons  1  coupe  ;  —  Segle 
deux  quartons,  cy  2  quartons. 

Jean  Prade  de  Marlet  doit  :  avoine  un  quarton  une  coupe,  cy 
1  quarton  1  coupe  ;  Segle  deux  quartons  une  coupe,  cy  2  quartons 

1  coupe. 

Léonard  Martin  de  La  Foret  doit  outre  son  article  dans  la  Foret, 
avoine  un  quarton,  cy  1  quarton;  —  Segle  deux  quartons,  cy 

2  quartons. 

Léonard  Prade  de  Marlet  doit,  avoine  deux  coupes,  cy  2  coupes  ; 

—  segle  deux  coupes  et  demy,  cy  2  coupes  1/2. 

Jean  Ghanssard  de  Marlet  doit,  avoine  six  quartons,  cy  6  quar- 
tons ;  —  Segle  six  quartons  une  coupe  et  demy,  cy  6  quartons 
1  coupe  1/2. 

Anlhoine  Bourdaux  de  Marlet  doit,  avoine  trois  quartons  une 
coupe,  cy  3  quartons  1  coupe;  —  Segle  deux  quartons  deux  cou- 
pes, cy  2  quartons  2  coupes. 


4H  SOGlÂtk  ARGB&OLO<>IQUR  ET  HlSTOBIQUt  DU  LlMeUSIH 

Anthoine  du  Ghier  et  Léonard  Rouchon  da  Massetropl  doivent, 
segle  une  coupe,  cy  1  coupe  ;  —  Avoine  une  coupe,  cy  1  coupe. 

Bourdeau  de  Marlet  doit  payer  : 

Le  sieur  Ghanssard  de  Vidaillac  pour  le  tenemant  de  Traz  le 
Breuil  prez  le  bourg  de  Vidaillac  doit,  avoine  trois  quartons  une 
coupe  et  demy  de  ranle,  cy  3  quartons  i  coupe  1/2;  —  Poule;  — 
Segle  pour  le  terage  un  quarton  deux  coupes,  cy  1  quartOD  2  coq- 
pes. 

La  moitye  a  moy  appartenant  du  bled  avoine  et  blenoir  de  diime 
de  toute  letandue  de  lad.  terre  de  Laforet  Belle  Ville  que  je  donne 
en  bail  pour  seze  septiers  de  bled  segle  mesure  de  la  Borne  annuel- 
lemant. 

Le  dixme  de  la  lene  ou  chirvolage  a  raison  de  onze  toizon  nne  de 
tous  les  habitants  de  la  ditte  terre. 

Le  tenemant  du  Faux  Long  compoze  de  bois  pascage  prez  pas- 
turaux  terres  morlures  dune  grande  estandiie  affianne  a  LBeàard 
Giroudon  et  Denys  Peyremaure  du  village  du  Masdarier  a  la 
somme  de  soixante  cinq  livres  avec  un  pain  de  sucre  de  deux 
livres  suivant  le  bail  afferme  passe  sous  sel  royal  le  deuxiesme 
may  mil  sept  cent  quarente  quatre  pour  années  avec 

le  chofage  de  la  maison  du  susd.  fermier  de  bois  mort  mor  bois 
et  branchage  que  moy  seigneur  de  La  Foret  luy  permet  dans  toutte 
letandue  desd.  bois  et  foret  du  Faux  Long  et  tenemant  diceluy 
pandant  tout  son  bail  avec  tous  droits  d'amande  lots  et  vente  droit 
de  prelation  et  retenue  dans  toutte  letandue  de  la  ditte  terre  en 
cas  de  mutation  et  autres  droits  et  revenus  cy  aucuns  sont  obmis 
et  quy  sont  cy  après  explicquez  generallemant  et  sans  aucune 
reserve  cy  ce  nest  de  la  moitye  des  droits  de  lots. 

Sensuit  la  lieve  et  elat  de  la  majeure  partye  des  forains  quy  doi- 
vent des  rantes  et  autres  droits  a  la  ditte  seigneurie  de  La  Foret 
Belle  Ville  : 

Perseix 

Le  village  de  Perseyx,  paroisse  de  Soubrebost  doivent  les  habi- 
tants dicelluy  de  rante  annuelle  pour  le  tenemant  de  Bouueyralas 
avec  tout  droit  de  justice  féodalité  droit  de  dixme  et  tcrrage. 

La  quantité  de  huit  boisseaux  segle;  avoine  seze  boisseaux; 
argent  un  sol  six  deniers;  poule  une. 

[Nota.  —  Le  ténement  pour  lequel  les  habitants  de  Perseix  doi- 
vent rente  s'appelle  Pouverieras  au  lieu  de  Bouueyralas  (1)].  - 

(1)  Note  écrilc  de  la  main  du  marquis  d*Aubopeyre. 


LA  SBiGKEUaiE    DB   LAPORKaT-BBLLRVlLLB  443 

Le  village  de  Rioublanc  paroisse  de  Saint-Gilles,  tous  les  tenan- 
ciers dicelluy  doivent  annuellement  a  la  seigneurie  de  La  Foret  : 
avoine  huit  quarlons;  —  Segle  un  quarton;  —  Gelinedemy;  — 
Argent. 

Cest  pour  les  tenemants  appelles  : 

Le  village  de  Gosnac  de  la  parroisse  de  Yidaillac  devoit  peur 
les  tenemens  appelés  sur  la  Gueillé  et  Prusclierien. 

Cette  rente  a  este  vandue  par  Mons'  de  Turenne  daubepere  à 
Monsieur  Rouchon  de  Fournoux,  la  justice  et  la  dixme  des  grains 
quyls  recullieront  dans  lesd.  tenemans  ont  este  reservez  par  ladille 
vante. 

Le  village  de  Nadapeyras.  —  Les  habitants  de  ce  village  doivent 
annuellement  aud.  seigneur:  avoine  dix  neuf  quartons ;  — segle 
trois  septiers  six  quartons  ;  avec  la  moitye  de  la  dixme  de  tous 
grains. 

Il  y  a  des  sentences  randues  à  Montmorillon  contre  les  habitants 
et  le  sieur  Champeaux. 

[Cette  rente  est  due  pour  le  tenement  de  Pey relonge  (i)]. 

Le  village  du  Puy  de  Fournoux  doit  sa  part  de  la  taille. 

Le  village  du  Masdarier  parroisse  de  Saint-Gilles  doivent  annuel- 
lemant  :  avoine  trois  septiers  ;  —  segle  deux  septiers  :  —  poules 
trois. 

[Cette  rente  est  due  pour  le  tenement  de  Château  et  celuy  du 
Puysnaud  et  des  4  Chemins  (1  )] . 

Le  village  de  Maumoutard  parroisse  de  Soubrebosl  doit  :  segle 
sept  quartons  ;  —  le  dixme  et  portion  de  taille. 

[Cette  rente  est  due  pour  le  tenement  de  la  Yilletelle  et  le  Puis  de 
St'Hilaire  {{)]. 

La  Villetelle  et  Ghasteau  doivent  :  avoine  deux  quarjons. 

Michel  Adam  pour  le  droit  et  permission  par  luy  seul  de  pasca- 
ger  et  défricher  dans  lesd.  tenemants  afferme  à  la  somme  de  huit 
livres  suivant  le  bail  afferme  du  7  janvier  1744. 

Le  moulin  de  Lenjouuie  afferme  à  Simphorien  Taury  à  la  somme 
de  trente  six  livres  suivant  le  bail  fait  tant  pardevant  no^  que  sous 
signature  privée  dud.  Taury. 

Turenne  DAubepere  qui  sertifie  que  la  presante  lieve  qui  contient 
vérité  quil  faut  se  conformer  au  gros  de  la  rante  de  chaque  village 
délivre  le  quattrieme  may  mille  cept  cent  quarante  quattre  (2). 

(Signé)  Turenne  DAcbepere. 

(Papiers  de  la  famille  Lepetit-Laforest,  communiqués 
par  M.  Etienne  de  Nalèche). 

(I)  Note  écrite  delà  main  du  marquis  d'Aubepeyre. 

(S)  Les  quatre  dernières  ligues  sont  de  la  main  du  marquis  d*Aubepeyre, 


424  SOCliri  ARCHiOLOGIQUB  BT  HI8T0K1QUB  DO  LlMOUSIlt 


SOURCES  NON   DÉJÀ  INDIQUÉES 

Registres  des  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  Saint-Yrieii- 
la-Montagne,  Valliëre,  Salul-Séverin,  Royère,  le  Honteil-au-Vi- 
comte. 

Minutes  des  notaires  de  Yallière,  Royère,  le  Gompeix,  le  Monteîl- 
au- Vicomte,  Châtain,  Aubussou. 

Papiers  des  familles  Dandaleix,  Darfeuille,  Gootisson,  Faute, 
Jabouille,  Darfeuille  de  la  Brousse,  Lepetit  de  Laforest. 


Zenon  Toumibux 


U  Becu«U  d'umoiiioi  llmoiuiiui  da  P1iUj|)Im  PooecL 


NDE.  —  1.  Audier(n-li).  —  !.  Miuple  (n- 510).  —  8.B. 
5.  Boiurd  (p-  9a9,  840).  —  6.  Doj-Dey«  (n-  ÎM).  -  T.  Pe 
9.  Chaitaignit  (d-  14E,  14S,  147). 


RECUEIL 

D'ARMOIRIES     LIMOUSINES 

DE   Philippe    Poncet 

Peintre  et  Émailleur 


Les  ouvrages  concernant  le  blason  n'étaient  pas  rares  dans  les 
maisons  de  nos  pères.  De  très  modestes  bibliothèques  en  possé- 
daient, et  on  trouvait  des  recueils  manuscrits  d'armoiries  —  d'ar- 
moiries des  familles  de  la  province  surtout  —  chez  nombre  de 
particuliers.  Ce  n'était  pas  toujours  pour  la  satisfaction  d'une 
simple  curiosité,  plus  répandue  néanmoins  alors  qu'aujourd'hui, 
ni  d'une  vanité  bien  innocente  en  somme,  que  les  auteurs  de  ces 
cahiers  avaient  pris  la  peine  de  former  leur  petite  collection.  Beau- 
coup d'artistes,  beaucoup  d'artisans  étaient  obligés  de  recourir 
aux  indications  de  répertoires  de  ce  genre,  qu'ils  consultaient  pour 
ainsi  dire  chaque  jour  et  qui  offraient  une  utilité  professionnelle 
dont  il  est  aisé  de  se  rendre  compte.  Toute  famille  quelque  peu 
notable  portait  autrefois  des  armoiries.  Orfèvres,  sculpteurs,  fon- 
deurs, peintres,  tapissiers,  brodeurs,  verriers  devaient  iigurer  a^ec 
exactitude  l'écusson  de  leurs  clients  sur  les  objets  que  ceux-ci  leur 
commandaient,  soit  pour  décorer  leurs  habitations  ou  simplement 
meubler  leur  intérieur,  soit  pour  orner  les  églises  favorisées  de 
leurs  libéralités.  Les  argentiers  gravaient  ou  ciselaient,  sur  les  calices 
ou  les  joyaux  des  prélats,  voire  des  simples  prêtres,  le  blason  de 
leur  famille  :  c'était  la  marque  du  propriétaire.  Les  émailleurs 
donnaient  plus  de  prix  à  leurs  petits  tableaux  en  peignant  les 
armes  du  destinataire  au-dessous  de  l'image  de  son  patron,  offerte 
par  un  parent  ou  un  ami  à  l'occasion  d'un  mariage,  d'un  baptême, 

T.  LU  28 


4)6  sociirà  AacttioLooiQOi  st  HisTO&iQtii  du  lihocsir 

d*uD  anniversaire.  Les  potiers  d*étain  avaient  besoin  de  connaître 
les  emblèmes  propres  à  chaque  famille  pour  en  marquer  celte  vais- 
selle fine  qui  garnissait  les  dressoirs  de  toutes  nos  vieilles  maisons 
et  dont  il  est  si  souvent  parlé  à  nos  registres  domestiques  et  à  nos 
inventaires  (1).  Pour  beaucoup  de  cérémonies  enfin  on  comman- 
dait au  peintre  des  écussons  et  des  panonceaux  armoriés. 

L'usage  de  ces  panonceaux  était  jadis  fort  répandu.  On  les  prodi- 
guait dans  toutes  les  grandes  occasions.  kn\  obsèques,  les  familles 
bourgeoises  tenaient,  non  moins  que  les  familles  nobles,  à  ce  que 
le  blason  du  défunt,  accompagné  souvent  de  celui  de  son  conjoint, 
fût  reproduit  partout  :  aux  piliers  de  l'église,  aux  cierges  de  Tautel, 
à  ceux  qui  brûlaient  autour  du  cercueil  (2),  à  ceux  que  portaient 
derrière  le  corps  les  parents,  les  prêtres,  les  membres  de  la  même 
confrérie,  étaient  adaptées  des  toiles  tendues  sur  de  légers  châssis, 
des  feuilles,  carrées  ou  ovales,  de  carton  ou  de  fort  papier,  parfois 
fixées  sur  des  planchettes,  et  représentant  les  armoiries  du  mort  ou 
des  siens.  Aux  fêtes  des  confréries  et  des  corporations,  les  digni- 
taires en  fonctions,  les  nouveaux  élus,  bailes  ou  syndics,  qui 
avaient  à  supporter  des  dépenses  parfois  assez  lourdes,  et  jouis- 
saient en  retour  de  certaines  prérogatives,  de  certains  honneurs, 
ne  manquaient  pas  d*exhiber  leurs  écussons,  sur  lesquels  le  peuple 
pouvait  admirer  des  armoiries  souvent  fabriquées  pour  la  cérémo- 
nie. On  faisait  peindre  un  grand  nombre  de  ces  panonceaux,  dont 
il  est  souvent  parlé  dans  nos  vieux  papiers  domestiques  et  dont  on 
gardait  avec  soin  les  moins  détériorés  en  souvenir  d'une  charge 
honorable  ou  de  quelque  flatteuse  élection  —  et  aussi  avec  la  pensée 
qu'ils  pourraient  servir  en  cas  de  besoin  et  économiser  de  nouvelles 
commandes. 

On  comprend  dès  lors  comment  les  recueils  du  genre  de  ceux 
que  nous  signalions  plus  haut  n'étaient  pas  rares.  Nous  en  connais- 
sons plusieurs  appartenant  aux  dix-septième  et  dix-huitième  siècles, 
et  quatre  au  moins  nous  ont  passé  sous  les  yeux  ces  dernières 


(f)  Nous  renvoyons  à  divers  passages  de  notre  recueil  de  Liores  de 
raison^  regUtrts  de  famille  et  journaux  indioiduela.  Paris,  Alph.  Picard, 
et  Limoges,  V*  Ducourlieux,  1888.  Voir  en  parliculier  un  paragraphe  se  réfé- 
rant à  Tachât  de  vaisselle  gravée  aux  initiales  et  aux  armes  de  Jean  Pécon« 
net  (p.  310);  voir  aussi  p.  417. 

(i)  c  J*aclieté  quatorze  chandelles  de  cire....  J'en  fis  mettre  six  au  grand 
autel  avec  mes  armes  anciennes  sur  du  papier,  et  six  autour  du  pauvre 
enfant...  »  (Manuscrit  de  Bertrand  de  Labranie  op.  Registres  domestiq^tes 
limousins  st  marchoU,  Paris,  A.  Picard,  et  Limoges,  V«  Ducourlieux,  IS9S 
et  1903^  tome  II,  page  187. 


RBCQBIL  D^ARHOIBIES  UHOUSlNBâ  497 

années,  au  cours  de  nos  recherches.  De  tous  le  mieux  dessiné  et  le 
plus  (înement  enluminé  est  un  petit  registre  presque  carré,  œuvre 
d*nn  apothicaire  du  nom  de  Lamy.  Il  porte  la  date  de  168S.  Ce  joli 
manuscrit,  qui  a  figuré  à  l'Exposition  rétrospective  installée  eo  1886 
dans  les  belles  salles  de  THôlel  de  ville  de  Limoges,  appartient  à 
présent  à  Madame  veuve  Eugène  Ardant.  Bien  qu^il  ne  soit  pas 
l'objet  principal  de  notre  travail,  nous  consacrons  plus  loin  une 
notice  spéciale  à  ce  volume;  nous  l'avons  dépouillé  pour  compléter 
les  indications  de  celui  dont  nous  publions  aujourd'hui  le  contenu. 

I 

Nous  devons  à  M.  Léopold  Mourel,  instituteur  à  À ixe-sur- Vienne 
et  membre  zélé  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limou- 
sin, la  communication  d'un  manuscrit  moins  soigné  sans  doute 
que  celui  de  Lamy,  mais  intiniment  plus  intéressant  et  qui  nous 
parait  mériter  une  étude  particulière.  Il  provient  de  la  riche  biblio- 
thèque du  grand-père  de  M.  Mouret  :  M.  Navières  de  Laboissière, 
qui  fut  inspecteur  d'académie  à  Limoges  et  vice-président  de  notre 
Société  archéologique.  Ce  volume  n'a  encore  été  signalé  par 
personne. 

C'est  un  cahier  comptant  actuellement  114  feuillets  de  papier  (y 
compris  les  feuillets  de  garde)  de  229  millimètres  de  haut  sur  166 
de  largeur,  protégés  par  une  couverture  en  carton  sur  laquelle  a 
été  collé  un  parchemin.  Le  registre,  de  plusieurs  mains  comme  on 
le  verra  plus  loin,  a  été  commencé  par  les  deux  bouts,  suivant  un 
usage  cher  à  l'économie  de  nos  pères.  Il  offre  malheureusement 
quelques  lacunes  :  le  feuillet  9  (foliotage  ancien)  de  la  série  princi- 
pale a  été  arraché,  et  le  feuillet  10  se  trouve  en  partie  lacéré.  —  Il 
n'y  a  pas  de  feuillet  62  au  numérotage  primitif;  mais  il  ne  manque 
rien  à  cet  endroit  :  le  verso  de  61  porte  des  dessins  et  a  été  coté  62. 
—  De  plus  les  dix  premiers  feuillets  de  la  seconde  série  (manuscrit 
pris  à  rebours)  manquent,  et  celle-ci  n'a  conservé  que  les  folios 
cotés  autrefois  11  à  21  :  la  pagination  avait  été  marquée  dans  les 
deux  sens  aux  feuillets  utilisés  par  le  peintre. 

Au  recto  du  premier  folio  du  registre  dans  son  état  actuel,  sur 
l'ancienne  feuille  de  garde,  on  lit  la  note  suivante  : 

«  Ce  présent  papier  de  diverses  armes  est  a  moy,  Philippes 
Poucet,  peintre  de  Lymoges,  pour  l'avoir  faict  de  ma  main.  » 

Le  personnage  qui  a  écrit  ces  lignes  n'est  pas  pour  nous  un 
inconnu.  M.  Maurice  Ardant  lui  consacre  une  page  spéciale  dans 


AiS  SOClBt^  ARCBÉOLOGiQnB  IT  BlSTORIOim  DU  LlItOOBlH 

sa  Notice  sur  les  Poucet,  émailleurs  (1).  M.  Augaste  Du  fiojs  a 
relevé,  dans  dos  Registres  paroissiaux,  plusieurs  actes  et  meBtions 
se  rapportant  à  lui  et  à  sa  famille  (2).  A  son  toar,  M.  Antoine 
Thomas,  dans  son  Inventaire  des  archives  communales  de  lAmoges, 
signale  un  document  ajoutant  à  ce  qu'on  savait  déjà  de  cet  arliste^S). 
Enfin  diverses  pièces  de  nos  archives  font  mention  de  lui  et  des 
siens. 

Fils  d'Elie  (ou  Hélie  pour  employer  Torthographe  adoptée  parla 
famille),  émailteur  de  second  ordre,  dont  nous  possédons  plusieurs 
œuvres  non  absolument  dépourvues  de  mérite,  Philippe  naquit, 
selon  toute  probabihté,  dans  les  premières  années  du  dix-septième 
siècle.  Il  est  nommé  au  rôle  de  la  taille  de  1635,  où  il  ligure  pour 
une  somme  de  quatre  livres  (4).  Simon  Poucet,  dont  le  nom  sait 
celui  de  Philippe,  est  taxé  à  trente  sous  seulement.  Un  registre  de 
l'Hôpital,  précieux  &  bien  des  titres,  le  terrier  coté  D4,  nous  apprend 
que  Philippe  et  Simon  sont  frères  et  que  leurs  immeubles  sont  coq- 
tigus  (5).  Tous  deux  appartiennent  au  canton  du  Clocher.  Noas 
savons  déjà  par  M.  Ardant  que  Philippe  paie  une  rente  aux  Jésoites 
pour  «  sa  maison  de  la  rue  du  Clocher  »  ;  il  leur  en  doit  une  antre 
pour  sa  vigne  du  Clos  d'Aureil,  près  les  Carmes.  On  relève  menlioo 
de  ces  redevances  à  une  liève  de  1638. 

Les  deux  maisons  des  Ponce  t  se  trouvaient  dans  la  partie  supé- 
rieure de  la  rue  du  Clocher,  au-dessus  des  vieux  bâtiments  qui 
avaient  longtemps  servi  d'ateliers  pour  la  fabrication  de  la  monuaie 
royale  et  qui  longeaient  la  ruelle  Barny.  L'immeuble  de  Philippe 
est  dit  situé  «  au  haut  de  la  rue  du  Clocher,  devant  le  petit  cime- 
tière de  Saint-Michel,  sur  la  droite,  en  allant  de  Ferrerle  à  la  place 
Saint-Michel  »,  c'est-à-dire  au  coin  à  peu  près  de  là  place  actuelle. 
On  voit  ailleurs  qu'il  «  joint  le  lion  de  pierre  »  (6).  On  sait  qu'autre- 
fois les  deux  monstres  de  granit  étaient  au-devant  de  la  mureile 
qui  fermait  l'ancien  cimetière. 

Un  Léonard  Poucet,  armurier,  avait  possédé  un  immeuble  dans 
cette  ile  :  peut-être  la  maison  qui  appartient  dès  1630  à  Simon.  Uo 

(I)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limomfh 
UXlll,  p.  161. 

(i)  Ibùd,,  t.  V,  p.  123  {Documenta  inédita  eur  les  émailleura  et  orfèora 
de  Limogea), 

(3)  Inoentaire  sommaire  dea  Archioea  communcUes  de  Limogea,  anté- 
rieurea  à  17:^0,  Limoges,  Ghalras  ei  G'«»  188i,  p.  ë,  aU. 

(4)  Arcliives  de  Id  uauie-Vieauc,  série  G,  basse  U<». 
tô)  ArcHîves  de  l'Hôpuai,  reg.  0  4,  p.  i76,  S77,  il6. 
(6)  Ibid. 


ABGUIIL  D*ARM01R»S  UMOOSllIBS  iS9 

Pierre  PoDcet  est  également  nommé  comme  ayant  des  intérêts  de 
ce  côté. 

Faute  Peyrat,  qae  Philippe  épousa  —  nous  ignorons  à  quelle 
date,  —  lui  donna  plusieurs  enfants  :  Tun  d'eux,  Léonard,  est 
mentionné  au  registre  que  nous  étudions.  On  lit  en  efTet,  sur  une 
des  feuilles  de  garde  de  notre  manuscrit  (fol.  il3  du  foliotage  actuel 
et  1  de  la  pagination  à  rebours)  :  <c  Le  38'  (ou  18*}  j'  d^avrii  1656, 
j*ay  baillé  a  mon  filz,  Léonard  Poucet,  huict  solz  p'  Targent  du 
mois  a  M"  Le  Moyne,  p^'^  de  Sainct  Michel  ».  S'agit-il  d'honoraires 
dus  à  un  ecclésiastique  tenant  une  petite  école?  C'est  fort  vraisem- 
blable. Dans  ce  cas,  Léonard  n'aurait  pas  eu  plus  de  dix  à  douze  ans 
à  cette  date,  et  serait  né  par  conséquent  vers  1644  ou  1646.  Un  autre 
des  enfants  de  Philippe,  Elie,  fut  enterré  à  Saint-Michel-des-Lions, 
le  19novembre  1668(1);  un  troisième, aussi  du  nom  d'Elie,  mourut 
l'année  suivante,  et  H.  Du  Boys  a  relevé  une  mention  du  9  août 
relative  à  son  inhumation.  Le  père  et  la  mère  vivaient,  à  ce  qu'il 
semble,  à  cette  date.  Paule  Peyrat  fut  inhumée  le  38  septembre 
1679;  elle  est  dite  au  registre  des  sépultures  de  Saint-Michel  : 
«  veuve  de  Philippe  Poucet  (2)  ».  Le  terrier  de  l'Hôpital  établit 
qu'elle  était  veuve  dès  le  7  septembre  1670(3).  C'est  donc  entre  le 
9  août  1669  et  le  7  septembre  1670  qu'il  faut  placer  la  mort  de 
Philippe  :  on  n'en  connaît  pas  la  date  exacte. 

L'artiste  se  donne  seulement  le  titre  de  «  peintre  »  à  son  manus- 
crit et  au  plan  dont  nous  parlerons  plus  bas;  il  est  ailleurs  qualifié 
d'émailleur,  notamment  à  l'acte  d'inhumation  de  son  fils,  en  1668  (4). 
On  n'a  jamais  cité  aucun  émail  qui  puisse  avec  certitude  lui  être 
attribué.  Le  fait  semble  de  nature  à  donner  un  prix  tout  spécial  à 
notre  recueil  puisque  celui-ci  est,  avec  le  plan  déjà  mentionné,  le 
seul  spécimen,  connu  de  nous,  de  son  talent  de  dessinateur.  Ajou- 
tons que  Philippe  porte,  au  registre  de  l'Hôpital  que  nous  avons 
déjà  plusieurs  fois  cité  (5),  uneauire  qualification,  celle  de  «  ciergier». 
On  trouvera  tout  naturel,  quand  on  aura  lu  les  pages  suivantes, 
qu'il  vendit  les  cierges  qu'il  décorait. 

Nous  espérions  rencontrer,  sur  les  feuillets  du  registre,  quelques 
notes  domestiques,  quelques  renseignements,  soit  sur  l'artiste  lui- 
même,  soit  sur  sa  famille.  Nos  ancêtres  mettaient  volontiers  un  peu 
partout  de  ces  mémentos  qui  ont  parfois  tant  de  saveur  et  qu'on 

(1)  Arch.  communales  de  Limoges,  G6  Hl. 
(9)  GG1I3. 
(a)  D4,p.  978. 

(4)  c  Philippe  Ponsset,  esmalbeur», 

(5)  D4,  p.  «77,  «7a, 


430  SOClftTé  ARCBÉ0L061QUB  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

recueille  aujourd'hui  avec  un  soin  si  curieux...  Notre  attente  a  été 
déçue.  La  seule  mention  de  ce  genre  que  nous  ayons  relevée  est 
celle  concernant  Léonard  Poncet,  reproduite  plus  haut.  On  ne  ren- 
contre d'autre  part,  dans  les  notes  qui  se  réfèrent  aux  tra?aiii 
exécutés  par  Philippe,  et  dont  nous  allons  maintenant  parler, 
aucun  passag(^  si  vague  soit-il,  de  nature  à  fournir  de^  rensei- 
gnements complémentaires  pour  la  biographie  de  notre  artiste. 

Nous  avons  signalé  plus  haut  l'existence  d'un  plan,  œuvre  de 
Poncet.  Le  document  n'a  qu'un  médiocre  intérêt  en  lui-même  : 
c'est  une  feuille  de  parchemin  irrégulière,  en  fort  mauvais  étal 
aujourd'hui,  mesurant  87  centimëtrob  sur  78,  et  où  sont  grossière- 
ment figurés  le  bourg  de  Pourrioux  (aujourd'hui  commune  de 
Saint-Pierre-Chérignat,  département  de  la  Creuse)  et  ses  alentours. 
Il  a  été  dressé  à  l'occasion  de  différends  relatifs  aux  communaux 
de  la  paroisse.  Le  dessin  est  sommaire;  l'enluminure  barbare. 
Une  mention  datée  du  12  mars  16S5,  constatant  la  vérification, 
par  des  commissaires,  d'un  procès-verbal  d'état  des  lieux,  porte  la 
signature  de  ces  commissaires  et  celle  de  l'auteur  du  plan  :  Po5- 
CET,  peintre.  C'est  le  seul  détail  digne  d'attention  qu'on  puisse 
y  relever.  Nous  donnons  ci-dessous  le  fac  simile  de  cette  signa- 
ture. 


Pour  épuiser  nos  notes  sur  notre  artiste  et  ses  proches,  disons 
que  la  maison  ayant  appartenu  à  Philippe  est  devenue,  en  1693,  la 
propriété  du  s'  Poncet,  clerc  tonsuré,  et  qu'à  cette  même  date,  une 
maison  voisine  est  acquise  par  Maurice  Poncet,  ciergier  comme 
Philippe,  mais  non  peintre  comme  lui,  semble-t-il.  Dès  1670,1a 
maison  où  a  habité  Simon  Poncet,  a  pour  propriétaire  François 
Poncet,  ciergier  lui  aussi  (i).  Enfin  un  de  nos  livres  de  raison 
les  plus  intéressants,  celui  de  Joseph  Péconnet,  mentionne  on 
achat  de  torches  pour  des  obsèques  fait  chez  «  damoiselle  Cathe- 
rine Deschamps,  veufve  a  feu  s'  Poncet,  ciergier  »,  en  septembre 
1685  (2). 

(1)  Archives  de  THôpital,  D^  p.  276,  977,  i78. 

(2)  Uoreê  de  raison  limousins  et  marchois,  p.  4St. 


RECUIIL  D*ARHOIRIBS  IIHOUSIIIBS  431 


n 


Les  premiers  feuillets  du  roannscrit  ne  portent  pas  de  date.  Au 
recto  du  fol.  11  actuel,  seulement,  la  date  de  1627  est  inscrite  en 
télé  d*une  série  d*écussons,  et  à  partir  de  cette  page,  on  peut  fixer, 
sinon  toujours  d'une  façon  précise,  du  moins  approximativement, 
répoque  de  l'exécution  de  chaque  arrooirie,  l'artiste  ayant  eu  soin 
d'indiquer  sur  beaucoup  de  ses  dessins  Tannée  de  la  commande  ou 
plutôt  celle  dans  laquelle  ont  eu  lieu  l'élection,  la  fête  ou  la  céré- 
monie funèbre  qui  a  nécessité  la  confection  de  panonceaux  armo- 
riés. Car  le  recueil  de  Poncet  n'est  après  tout  que  le  relevé  des 
croquis  de  ses  travaux,  exécutés  au  fur  et  à  mesure  des  com- 
mandes. 

Après  la  date  de  1627  au  fol.  11,  on  trouve  celle  de  1628  au 
f.  13;  celle  de  1630  au  f.  15;  1640 au  f.  18 ;  1642  an  f.  24 ;  1644  au 
f.  32;  1645  au  f.  33;  1646 au  f.  37 ;  1648  au  f.  38 ;  1650  au  f.  42 ; 
1653  au  f.  47;  1656  et  1657  aux  f.  55  et  56;  1668  au  f.  58(1)  ;  1667 
au  f.  Qi  ;  1678  et  79  au  f.  66.  La  plus  ancienne  date  dont  il  soit 
fait  mention  aux  notes  est  1626  (2).  Le  manuscrit  parait  avoir  été 
commencé  entre  1620  et  1625,  plus  probablement  vers  cette  der- 
nière date. 

Jusqu'au  folio  60,  le  manuscrit  est  à  peu  près  en  entier  de  la 
main  de  Philippe  Poncet.  C'est  à  peine  si  deux  ou  trois  noms  accu- 
sent une  autre  écriture,  plus  courante,  mais  moins  correcte,  et  ils 
paraissent  avoir  été  ajoutés  à  une  date  postérieure,  en  vue  de  com- 
pléter les  notes  du  manuscrit.  Les  feuillets  précédents  offrent  des 
écussons  datés  de  1658.  Les  sept  premiers  dessins  exécutés  par 
le  continuateur  du  recueil  ne  portent  pas  de  date.  Le  huitième 
seulement,  en  tête  du  fol.  61  r*,  est  précédé  de  ces  mots  : 
«  Bellemie,  du  Montan  de  Magnine«  1667  ».  On  trouve  au  fol.  66 
deux  dates  :  17  octobre  1678  et  11  janvier  1679.  —  Le  pinceau  et  la 
plume  sont  tombés  des  mains  de  Philippe  longtemps  peut-être 
avant  sa  mort,  puisqu'il  vit  encore,  nous  l'avons  vu  plus  haut,  à  la 
date  du  9  août  1669,  et  qu'il  a,  avant  1667,  peut-être  dès  1659  ou  60, 
laissé  à  un  autre  le  soin  de  continuer  son  cahier  de  croquis. 

Les  dessins  du  second  auteur  de  ce  recueil  —  un  fils  de  Philippe 
ou  sa  veuve,  on  verra  plus  bas  la  raison  de  celte  dernière  hypo- 

(I)  Le  feuillet  58  V  porte  cet  en-tête  de  la  main  de  notre  émaillear  : 
fl  armes  de  MM.  les  CodsuIz  de  Limoges  Tan  1658  ». 

(i)  «  Tay  faîcl  les  armes  de  M.  Joufrenet,  curé  de  Neilhac,  lorsqu'il  fut 
bayle  de  la  Sainte  Croix,  4696...  »  (f.  34  v^"). 


43S  SOCIÉTB  ARCBÉOLOOIQUB  BT  H18T0BIQ0B  OU  LIH008III 

thèse  —  soDl  très  inférieurs  aux  croquis  du  premier.  Moins  cor- 
rects, ils  accusent  une  main  moins  ferme  et  moins  exercée.  Toutefois 
les  trois  écussons  de  la  première  rangée  et  les  deux  premiers  de  la 
seconde  du  fol.  61  sont  d'une  exécution  nette  et  soignée  qui  jure 
avec  celle  des  blasons  qui  les  entourent.  On  ne  peut  guère  douter 
quMls  ne  soient  d*une  autre  main.  Trois  personnes  auraient  donc 
travaillé  aux  dessins  de  notre  recueil. 

Ajoutons  que  le  continuateur  de  Philippe  fait  accompagner  ses 
croquis  de  peu  de  notes  :  les  feuillets  qui  lui  appartiennent  offrent 
donc  moins  d'intérêt  que  ceux  dessinés  et  annotés  par  l'émailleur, 
On  distingue,  dans  ces  dernières  pages,  deux  écritures  différentes 
bien  caractérisées. 

Le  volume  ne  contient  aucune  date  postérieure  à  celle  du  li  jan- 
vier 1679.  Cette  même  année,  au  mois  de  septembre,  meurt  la 
veuve  de  Philippe,  Paule  Peyrat.  Est-ce  à  elle  qu'on  doit  attribuer 
la  continuation  du  recueil  commencé  par  son  mari  ?  La  coïncidence 
bien  remarquable  que  nous  relevons  ici  serait  de  nature  à  justifier 
cette  supposition. 

Le  manuscrit  que  nous  tenons  de  M.  Mouret  ne  constituait 
qu'une  portion  des  notes  du  peintre  :  celui-ci  possédait  au  moins 
deux  recueils  de  blasons,  et  il  renvoie  souvent,  dans  les  annota- 
tions curieuses  qui  accompagnent  ses  dessins,  à  «  l'autre  livre  », 
8  <c  l'autre  papier  d'armoiries.  »  Ce  registre  était  aussi  considérable 
que  celui  que  nous  avons  entre  les  mains;  Philippe  en  effet  en 
mentionne  les  feuillets  77  et  81  (f.  26  V),80  (f.  25  v^),  85  (f.  49  v*), 
86  (f.  32  v^"),  5,  32  et  87  (f.  29  v*)  ;  il  désigne  quelquefois  le  registre 
en  question  par  ces  mots  :  a  Tancien  livre  »,le  <c  papier  ancien  »  (1). 
Ce  manuscrit  était  donc  antérieur  au  nôtre;  peut-être  n'avait-il  pas 
été  en  entier  dessiné  par  Philippe,  et  le  père  de  notre  artiste,  Elie, 
avait-il  laissé  à  son  fils  ce  recueil  avec  le  matériel  de  son  petit 
atelier. 

Les  croquis  de  Poucet  sont  assez  nets  et  témoignent  non  seule- 
ment d'une  main  exercée,  bien  qu'un  peu  lourde,  mais  d'une  cer- 
taine aptitude  pour  le  décor  et  d'une  façon  pittoresque  d'envisager 
et  de  rendre  les  objets.  Philippe  esquisse  d'abord  ses  blasons  à  la 
sanguine,  puis  les  trace  définitivement  à  l'encre.  Quelques  uns  de 
ses  écussons  sont  coloriés;  nous  avons  déjà  dit  que,  comme  finesse* 
on  ne  peut  que  les  trouver  très  inférieurs  aux  figures  du  registre 
Lamy.  Ce  dernier  est  un  enlumineur  délicat  ;  Poncet  peint  assez 

(4)  «  Voyes  au  fealbet  85  de  Paatre  papier  ancien  •  (fol.  49  v*).  — 
«  Ces  armes  sont  au  second  fealhet  des  armes  de  l'aqtre  livre  ancien  • 
(f.  8  R  ¥•),  etc. 


RKCUBIL  d'armoiries  LIMOUSINKS  433 

grossièremeat  ses  blasons;  mais  trois  ou  quatre  sont  exécutés 
avec  correction  et  avec  rondeur. 

Dans  un  petit  nombre  de  ses  figures,  seulement,  le  peintre  a  eu 
recours  aux  traits  et  aux  points  à  l'aide  desquels  les  héraldisles» 
expriment  les  métaux  et  couleurs  du  champ  de  Técusson  et  des 
pièces  dont  celui-ci  est  chargé  ;  toutefois  il  ne  fait  pas  usage  volon- 
tiers de  ces  signes  conventionnels.  Le  plus  souvent  il  note  en  toutes 
lettres,  sur  Técu  ou  à  côté,  l'émail  de  chaque  objet,  rattachant 
d'ordinaire  par  un  trait  l'objet  à  l'indication  qui  s'y  rapporte.  Pou- 
cet semble,  à  vrai  dire,  peu  expert  dans  la  noble  science  du  blason, 
et  son  érudition,  en  cette  matière,  parait  se  borner  à  quelques 
principes  élémentaires  comme  celui-ci,  qu'on  trouve  sous  plusieurs 
formes  dans  son  cahier  :  «  Ne  faut  point  fere  couleur  sur  couleur, 
ny  métal  sur  métal  ;  autrement  le  blason  est  faulx.  »  C'est  aller 
trop  loin  :  il  est  simplement  «  à  enquérir»,  pouremployer  l'expres- 
sion consacrée. 

Notre  recueil  au  surplus,  renferme  quelques  notes  se  rapportant 
aux  éléments  de  la  science  héraldique.  On  y  trouve  par  exemple 
(f.  14  R  V"  et  15  R  V)  les  indications  conventionnelles  «  pour  con- 
noislre  en  taille  douice  le  blason  des  couleurs»,  et  des  exemples 
des  partitions,  quartiers,  etc.,  avec  l'explication  de  quelques  pièces. 
A  un  des  feuillets  qui  précèdent  (f.  12  R)  ont  été  dessinés  les  orne- 
ments extérieurs  qui  doivent  accompagner  les  armoiries  des  divers 
dignitaires  ecclésiastiques,  avec  cette  note  :  «  Les  cardinaux,  arche- 
vesques,  evesques,  protonotaires,  abbés,  prieurs,  religieux  et  les 
chevaliers  de  Saint-Jean-de-Jérusalem  ont  aussi  divers  ornements 
au-dessus  et  a  l'entour  de  l'escu  de  leurs  armes.  Je  les  ay  faictes 
graver  afin  que  chacun  en  puisse  sçavoir  les  diferantes  {rie).  » 

Nous  ne  connaissons  aucun  exemplaire  de  la  planche  ou  des 
planches  auxquelles  Poucet  fait  ici  allusion;  mais  les  très  rares 
gravures  que  nous  possédons  de  ses  contemporains  Limousins, 
celles  signées  :  F.  Ârdant  et  F.  Ponroi,  notamment,  ne  nous 
permettent  pas  de  considérer  la  perte  de  l'œuvre  de  notre  peintre 
émailleur  comme  très  regrettable.  Le  fait  signalé  par  Poucet  a 
pourtant  son  intérêt,  et  nous  avons  cru  devoir  le  noter. 

Notre  registre  fournit  quelques  noms  d'artistes  de'*,Limoges, 
connus  par  ailleurs  pour  la  plupart.  Nous  croyons  cependant  devoir 
donner  le  relevé  des  mentions  de  ce  genre  que  nous  avons  pu  noter 
au  cours  de  notre  dépouillement  : 

—  «  Jean  Limousin,  marchand,  fils  de  feu  s' Jean  Limousin, 
m**  esmailleur  »,  avant  16i7  (f.  7  V").  La  mention  «  fils  de  feu^  etç,  » 
pourrait  n'être  .que  de  1680, 


434  SOCIÉTÉ  ARGBéOLOGIQUE  BT  BISTORIQUB  DU  LlVODSIIf 

—  «  Jean  Ardant,  Talsné,  m'*  orfeuvre  »,  avant  1627  (f.  9  r«).  Il 
est  dit  ailleurs  que  ce  Jean  Ardant  Tatnë  a  gravé  les  armes  de 
M.  de  Sauvebeuf  sur  un  plat  d'argent  (f.  2  R  v*). 

—  «  Ardant  le  jeune,  m'»  orpheuvre  »,  avant  1627  (f.  8  v*). 

—  «  Jean  Didier,  m'«  brodeur.  »  Poncel  dessine  son  blason  en 
1627  (f.  11  r«). 

—  «  Jean  de  Montagut,  m'«  orlogeur  »,  1642, 1643  ^f,  26  r*). 

—  «  Pierre  Benoisl,  brodeur  »,  vers  1645  (f.  3S  r«). 

—  «  Dominique  Mouret,  m'*  orpheuvre  »,  1652-S3  (f.  45  r*). 

—  «  Barthélémy  Guiberl,  orpheuvre  ».  Sa  veuve,  née  Martin, 
est  enterrée  en  1652  ou  53  (f.  45  v»). 

—  «  Jean  Ardant,  le  jeune,  m'«  orpheuvre  »,  1653-54  (f.  49  r*). 

—  «  Feu  Marcial  Ardant,  père,  m'«  orpheuvre  »,  mentionné  en 
1653  ou  54  (f.  48  V). 


III 


Le  manuscrit  de  Poucet  suffirait  à  établir,  s'il  en  était  besoin,  qa*au 
milieu  du  dix-septième  siècle,  presque  toutes  les  familles  bourgeoises 
de  Limoges,  non  seulement  les  vieilles  maisons  ayant  depuis  qua* 
tre  siècles  fourni  des  magistrats  à  Thôtel  de  ville,  mais  beaucoup 
d'autres,  de  fortune  récente  et  de  condition  modeste,  avaient  adopté 
des  armoiries  qu'elles  faisaient  volontiers  graver  ou  peindre  sur 
maints  objets  à  leur  usage.  Il  en  était  ainsi  depuis  longtemps.  Ces 
bourgeois  n'empiétaient  pas,  à  proprement  parler,  en  s'adjugeant 
un  blason,  sur  les  prérogatives  des  gentilshommes.  La  possession 
d'armoiries  propres  à  riudividu  ou  à  la  famille  avait  été  sans  doute 
à  l'origine  considérée  comme  une  sorte  d'accessoire  de  noblesse  (1), 
car  les  hommes  de  guerre  seuls  avaient  d'abord  fait  usage  de  ces 
emblèmes,  empruntés  souvent  au  métier  des  armes;  ils  les  avaient 
fait  peindre  sur  leur  targe  et  broder  sur  leur  bannière,  a6n  d'être 
aisément  reconnus.  Ces  images  devenaient  un  signe  de  ralliement 


(1)  «  Depuis  longtemps,  écrivait  Thibanll  Gadot,  dans  son  Bloêon  de 
France,  ce  n'est  plus  le  Roi  qui  donne  on  autorise  les  armoiries  :  nn 
chacun  en  prend  selon  son  caprice  ».  —  N'en  avait-il  pas  toujours  été  de 
la  sorte,  et  Tautorité  royale  était-elle  intervenue  aux  onzième  et  douzième 
siècles  pour  aatortser  les  barons  et  les  chevaliers  à  porter  tels  ou  tels 
blasons?  Les  octrois  d'armoiries  aux  particuliers  sont  rares  avant  le  sei* 
zième  siècle.  ▲  peine  peut-on  citer  quelques  exemples  d*octroî  de  pièces 
honorables. 


RECUEIL  D*ABN0tRIE8  LIMOUSINES  436 

pour  leurs  gens.  Ils  les  fireol  aussi  graver  sur  leur  sceau.  Mais  tout 
le  inonde  pouvait  avoir  un  cachet,  avec  des  symboles  ou  des  figures 
de  son  choix.  On  voit  souvent,  au  moyen  ftge,  des  seigneurs 
déniant  aux  villes  et  à  leurs  magistrats  le  droit  d^avoir  un  sceau 
municipal,  qui  atteste  ce  que  nous  appellerions  aujourd'hui  la  per- 
sonnalité civile  de  la  communauté  des  habitants  et  permet  d'au- 
thentiquer les  déclaratioDs  des  contrats  des  membres  de-cette 
communauté  ;  mais  nous  ne  connaissons  pas  d'exemple  de  difil- 
cultés  et  de  procès  pour  la  possession  d'un  sceau  personnel.  Et  du 
cachet  à  Técusson,  la  distance  est  bien  courte.  Ce  ne  sont  pas  seu- 
lement les  seigneurs  féodaux,  les  dignitaires  ecclésiastiques,  les 
officiers  des  sièges  de  justice,  qui  apposent  leur  marque  particu- 
lière aux  contrats.  Des  bourgeois,  et  même  des  bourgeoises  font 
usage  d*un  cachet,  et  on  en  relève  mention  aux  actes  où  ils  inter- 
viennent soit  à  titre  de  parties,  soient  à  titre  de  témoins.  En  1287, 
Valérie  Manhana,  bourgeoise  du  Ghftteau  de  Limoges,  après  avoir 
dicté  son  testament,  le  scelle  de  son  propre  cachet  (1). 

Il  a  été  loisible  de  tout  temps  à  un  particulier  de  faire  choix 
d*un  emblème  spécial,  d'en  orner  ses  vêtements,  ses  meubles, 
ses  tentures,  les  panneaux  de  ses  appartements,  le  linteau  de  ses 
fenêtres,  le  tympan  de  son  portail,  le  chambranle  de  sa  cheminée, 
de  préférer  telle  ou  telle  couleur  ou  deux  couleurs,  ou  trois;  de 
les  faire  siennes  en  quelque  sorte  en  les  adoptant,  en  les  recher- 
chant partout,  en  les  reproduisant  sans  cesse,  à  l'exclusion  de 
toutes  autres;  de  porter  et  de  faire  porter  à  sa  famille,  à  ses 
domestiques,  des  habits  où  dominent  constamment  ces  nuances, 
d'avoir  au  sens  propre  une  livrée,  qui  jadis  fut  en  quelque  sorte 
le  complément  de  Técusson.  On  ne  voit  pas  que  jamais  un  roturier 
ait  été  empêché  de  garnir  et  de  décorer  selon  son  caprice  le  champ 
de, son  cachet,  à  moinn  que  ce  particulier  usurpât  les  armoiries  de 
la  maison  de  France,  Técusson  de  la  Couronne,  réservé  au  prince 
et  à  sa  famille,  et  dont  l'insertion  ou  Taddition  à  un  blason  était 
considérée,  dès  le  moyen  ftge,  comme  un  signe  honorable  et  une 
récompense  accordée  par  le  roi  lui-même  à  de  notables  services. 
L'histoire  de  la  ville  de  Limoges  nous  fournit,  d'un  octroi  de  ce 
genre,  un  remarquable  exemple.  Charles,  dauphin  et  régent  de 
France,  passant  à  Limoges  au  mois  de  janvier  1422,  permet  à  nos 

fl)  VcUêria  Monhana,  burgenmê  Castri  LemooicensU^  reUcia  HeUe 
Mcuihani,,,  Noê  oero,  officiaUê  sigUlum  Lêrnooicensiê  eurie  duximus 
apponendum,  una  cum  sigUlo  ipaiuê  testatrlcU  (Archives  de  la  Haute- 
Vienne,  Jacobins,  liasse  8.395  ftia).  if aiiAafia  est  évidemmenl  une  forniQ 
féminisée,  et  le  nom  de  la  testatrice  devait  être  Magne  ou  Nayne. 


436  soairé  aiigbéolo6iqdi  bt  bistoricdb  ou  limousin 

coDsuls,  pour  prix  du  concours  dévoué  qu'ils  doDoeul  à  ses  capi- 
taines contre  les  garnisons  anglaises  de  la  région,  d 'ajouter  «  teste 
de  bleu,  avec  trois  fleurs  de  lys  d'or  (1)  »  au  vieil  écu  de  la  commune 
représentant  le  buste  de  saint  Martial. 

Il  est  évident  aussi  que  les  armes  portées  depuis  longtemps  par 
une  glorieuse  lignée  et  devenues  pour  ainsi  dire  la  marque  et  l'en- 
seigne spéciale  de  celle-ci,  se  trouvaient  représenter  une  sorte  de 
propriété  de  cette  maison  et  ne  pouvaient,  pas  plus  que  son  0001, 
être  usurpées  par  le  premier  venu. 

Mais  en  dehors  de  ces  cas  tout  spéciaux,  il  était  en  somme  per- 
mis à  qui  voulait  de  porter  des  armoiries. 

Toutefois,  un  insigne  important  distinguait  les  armoiries  d'un 
noble  de  celles  d'un  non  noble  :  c'était  le  «  timbre  »,  le  casque 
qui  surmontait  l'écu  du  simple  gentilhomme  ;  la  couronne  qui  rem- 
plaçait le  casque  au-dessus  du  blason  des  personnes  titrées.  Cet 
ornement,  les  roturiers  n'avaient  pas  le  droit  de  le  prendre,  et  ils 
avaient  beau  décorer  leur  écusson  de  guirlandes  et  de  lambrequins 
merveilleusement  enroulés,  de  plumes  disposées  avec  art,  le  placer 
dans  d'élégants  et  gracieux  cartouches,  on  reconnaissait  du  pre- 
mier coup  d'œil  qu'ils  n'appartenaient  pas  à  la  classe  privilégiée. 
Aussi,  les  anoblis  s'empressaient-ils  de  poser  sur  leurs  armes  le 
casque  de  profil,  à  demi  ouvert,  dont  ils  avaient  le  droit  de  les 
sommer.  L'aspect  du  heaume  dénonçait,  aux  regards  des  experts, 
la  nouveauté  de  leur  gentilhommerie  ;  mais  ils  portaient  un  casque  : 
cela  suffisait  à  les  classer  en  quelque  sorte  ;  nul  ne  pouvait  révo- 
quer en  doute  l'authenticité  de  leur  noblesse.  Noblesse  de  robe  ou 
noblesse  de  cloches,  comme  on  disait  :  il  importait  peu.  On  était 
noble,  voilà  l'essentiel. 

L'usurpation  des  marques  de  noblesse  était  réprimée.  Cette 
répression  avait  néanmoins  ses  faiblesses,  ses  complaisances,  et  ne 
s'exerçait  que  d'une  façon  intermittente.  Si  les  roturiers  pous- 
saient parfois  l'audace  jusqu'à  planter  un  heaume  sur  leur  écu, 
les  nouveaux  anoblis  ne  se  gênaient  pas  pour  poser  le  casque  de 
front  au  lieu  de  le  placer  en  côté.  L'auteur  du  manuscrit  de 
H""'  Ardant  s'en  indigne,  et  nous  reproduisons  plus  loin  la  tirade 
véhémente  que  lui  inspirent  ces  usurpations.  Mais  enfin,  on  savait 

(1)  Archives  de  l'Hôtel  de  ville,  GGtOS,  n«39.  Nous  sommes,  après  avoir 
vaiDement  recherché  pendant  trente  ans  le  texte  des  lettres  royales  de 
UtS,  parvenas  à  les  retrouver  Tannée  dernière  dans  an  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale,  sur  les  bienveillautes  indications  de  M.  Antoine 
Thomas,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris. 


AICOBIL  D^ARMOIRIRS  LIMOIMmiS  i3? 

aatrefois  qu'il  n'était  pas  permis  de  se  parer,  sans  y  avoir  droit,  de 
ces  honorables  insignes  et  de  les  placer  à  son  gré  sur  un  écu.  Aujour- 
d'hai,  on  se  décore  de  litres  avec  une  sans  pareille  facilité.  Les 
uns  les  font  venir  de  Rome  ;  d^aulres  d  Aatrictie   ou  d'ailleurs. 
Nombre  de  gens,  plus  avisés  et  plus  ménagers  de  leur  argent,  se 
les  octroient  eux-mêmes  sans  avoir  recours  à  aucune  cbancelierie 
et  sans  acquitter  aucun  droit.  Il  faudrait  être  d'un  caractère  bien 
intraitable  pour  leur  tenir  rigueur  de  cette,  petite  économie.  La 
particule  qui  est  censée  marquer  la  noblesse  et  qu'on  s'accorde 
si  volontiers  avec  ou  sans  raison,  ne  suffit  plus  à  contenter  la 
vanité  :  tout  JLe  monde  veut  avoir  des  titres.  Les  familles  nobles  ont 
les  premières  donné  Texempie  de  ce  fàcUeui  entraînement  :  du 
moment  quUl  existe  un  litre  dans  une  maison,  ou  qu'un  événe- 
ment quelconque  y  en  introduit  un,  il  s*y  multiplie.  Une  lignée 
plus  ou  moins  historique  possëde-l-eiie  un  comte?  on  est  sûr  d'en 
voir  apparaiire  deux,  trois,  quatre,  au  bout  de  quelques  années  ; 
ce  sont  d^abord  les  frères,  puis  tous  les  liis,  puis  les  cousins, 
puis  les  représentants  des  autres  branches,  qui  ne  peuvent  se 
résoudre  à  rester  en  arrière  et  se  passer  de  couronne  ou  à  se 
contenter  d'une  couronne  plus  modeste.  Certaines  lettres  de  faire 
part  sont  à  cet  égard  aussi  caraclérisiiques  qu*amusantes.  Nous 
connaissons  des  érudils  et  des  philosophes  qui  forment  des  collée- 
lions  de  ces  lettres,  et  il  est  certain  que  ces  recueils  constituent 
de  rares  monuments  de  la  vanité  huiudine.  On  y  voit  ceci  par 
exemple  :  tel  brave  homme,  il  y  a  quarante-cinq  ou  cmquante  ans, 
sous  le  second  Empire,  annonçait  son  mariage  en  ajoutant  très 
modestement  le  nom  d'une  propriété  à  son  nom  patronymique. 
Vingt  ans  s'écoulent  :  ce  dernier  nom,   que  ses  ancêtres  por- 
tèrent avec  honneur  durant  des  siècles,  a  disparu  de  la  lettre 
de  faire  part  du  mariage  de  sa  première  lille.  Quelques  années 
plus  tard,  notre  homme  est  devenu  vicomte.  Il  meurt.  A  son  avis 
mortuaire,  trois  de  ses  lils  se  décorent  déjà  de  ce  tiire.  Où  daignera 
s'arrêter  cette  ambitieuse  maison? 

La  société,  le  «  inonde  »,  accepte  tout,  en  souriant  au  début; 
mais  les  années  passent,  le  sourire  s'efface  et  le  titre  reste.  Quant 
à  l'état  civil,  on  s'arrange  avec  lui  comme  on  peut  :  Use  montre 
parfois  cruel;  mais  à  la  longue,  en  ne  se  rebutant  pas  et  en  sachant 
voyager  à  propos,  on  vient  à  bout  de  bien  des  difficultés  qu'on 
aurait  jugées  au  début  insurmontables. 

£n  somme,  le  rësuUat  de  celle  folle  course  aux  titres  a  été  de 
faire  perdre,  aux  yeux  des  gens  sérieux,  toute  valeur  à  des  quali- 
ticalions  beaucoup  moins  communes  sous  l'ancien  régime  qu'au- 
jourd'hui... jttais  revenoûs  a  nos  blasons  bourgeois,  dont  nous^  a  un 
peu  éloigné  cette  digression. 


438  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGKHJB  ET  BI8T<5rIQUB  DU  LIMOaSlK 

IV 

Ayant  toute  liberté  de  prendre  des  armoiries  et  d*en  disposer  les 
divisions  et  les  pièces  suivant  leur  caprice,  nos  pères  pouvaient  i 
leur  gré  modifier  celles  que  leur  famille  s'étaient  données,  celles 
qu'ils  avaient  composées  eux-mêmes.  Poncet  enregistre  avec  soin 
tous  les  changements  qui  lui  sont  indiqués.  Il  se  plie  nécessaire- 
ment aux  fantaisies  de  ses  clients  ;  mais  il  note  souvent  en  qaoi 
ceuK-ci  dérogent  au  blason  adopté  par  eux-mômes,  par  leur  père 
ou  leurs  aïeux.  Il  proteste  même,  de  loin  en  loin,  à  sa  façon. 

Les  changements  sont  parfois  peu  importants.  Ils  consistent  en 
une  simple  addition  qui  donne  à  Técusson  un  aspect  plus  satisfai- 
sant, garnit  mieux  le  champ  ;  dans  un  changement  d'émaux  qui  fait 
disparaître  quelque  grossière  faute  de  blason,  ou  dans  la  substita- 
tion  d'une  pièce  à  une  autre.  Ainsi  Clément  fils,  consul  en  1644, 
prescrit  au  peintre  «  d'augmenter  de  deux  estoyles  d'or  en  ses 
armes,  plus  qu'il  n'y  avoit  en  celles  de  feu  son  père  (1)  ».  Sur  un 
panonceau  de  la  «  Grand  Saint-Martial  »,  Jean  David,  jugeant  sans 
doute  que  les  dés  qui  ornent  son  écusson  éveilleront  des  pensées 
peu  en  harmonie  avec  celles  qui  doivent  occuper  l'esprit  des  fidèles 
dans  une  cérémonie  religieuse,  y  fait  substituer  des  roses.  —  Guillau- 
me Vigenaud  qui,  au  feuillet  8,  a  dans  ses  armes  un  croissant  en  chef 
et  un  lion  sans  couronne,  les  fait  dessiner  quelques  années  après 
(fol.  38)  avec  le  lion  couronné  et  le  croissant  en  pointe.  —  Dubous- 
cheys,  qui  a  deui  chiens  sur  son  écu,  en  fait  mettre  trois. — En  1650, 
Jean  Limosin,  bayle  de  Sainte-Croix,  fait,  sans  doute  en  soave- 
nir  de  son  illustre  ancêtre  le  grand  émailleur,  valet  de  chambre 
du  Roi,  ajouter  une  fleur  de  lis  aux  fleurs  issant  du  vase  qui  cons- 
titue une  des  pièces  caractéristiques  des  armoiries  de  sa  maison  (3). 
—  Maledent  de  La  Borie,  trésorier  général,  porte  trois  lions  d'or 
sur  champ  d'a:^ur  ;  son  frère  le  marchand  encadre  ces  animaux  xlans 
une  bordure  de  gueules  (3). ..  Mais  voici  des  changements  plus  graves, 
et  dont  quelques-uns  peuvent  être  considérés  comme  une  véritable 
transformation  :  M.  de  Chastenet,  lieutenant  général,  porte  «  d'argent 
à  l'arbre  châtaignier  de  sinople,  surmonté  d'un  soleil  de  gueules  »  ; 
son  fils,  sénéchal  de  Montmorillon,  change  l'argent  du  champ  en 
hermines,  et  place  le  soleil  sur  un  chef  cousu  d'azur  (4)  qu'il  ajoute 

(I)  Fol.M  V». 
(8)  Fol.  8  v«. 

(3)  Fol.  41  v%  4i  r«,  44  v*,  45  r«. 

(4)  Fol.  3v*,  4r,  30  r«. 


RBCDIIL  D^RIIOIRIKS  LIMOUSINES  439 

sans  façon  au  blason  paternel. — L'écu  de  Barry  père  esl  chargé  de 
lacs  d'amour  surmontés  d*une  étoile  et  accostés  de  deux  lettres,  ses 
initiales;  Barry  (ils,  moins  sentimental  et  plus  ingénieux,  se  fait 
dessiner  des  armes  parlantes  :  trois  barrils,  et  pour  relever  ces 
emblèmes  vulgaires,  il  partit  son  écu  et  charge  la  seconde  division 
de  trois  lions  (1).  Ces  lions  lui  sont  peut-être  fournis  par  une  alliance. 
—  Brisset  père  porte  c<  d'azur  à  la  branche  de  lys  de  sinople,  aux 
fleurs  d'or  »  ;  estimant  sans  doute  que  ce  modeste  rameau  n'est 
pas  un  emblème  suffisant  de  l'importance  de  sa  maison  et  qu'en 
vérité  le  blason  est  trop  simple,  Nicolas,  son  fils,  lui  substitue 
celui-ci  :  «  d'or  à  l'arbre  de  sinople,  au  chef  de  gueules  à  trois 
étoiles  d'or  (3)  ».  Voilà  qui  est  d'un  autre  effet. 

On  peut  constater  au  surplus  qu'il  n'y  a  pas  beaucoup  plus  de 
fixité  dans  les  armoiries  de  nos  gentilshommes  que  dans  celles  de 
nos  bourgeois.  Le  sieur  de  BofTran,  près  Châlus,  a  fait  faire  les 
siennes  blasonnées  «  d'or  à  trois  lions  couronnés  de  gueules  »  ;  il 
les  commande  plus  tard  :  «  d'azur  à  trois  lions  couronnés  d'or  (3)  ». 
~-  Les  Salagnac,  seigneurs  de  Rochefort,  placent  leurs  bandes 
tantôt  en  champ  d'azur,  tantôt  en  champ  de  sinople  (4),  etc. 

Nos  blasons  bourgeois  constituent,  pour  la  plupart,  des  armoi- 
ries parlantes,  ou  rappellent,  par  les  pièces  qui  les  garnissent,  la 
profession  de  la  famille  ou  de  l'individu  auxquels  ils  se  rappor- 
tent. Les  Barry  portent  sur  leur  écu  des  barrils;  les  Bellemye,  un 
buste  de  femme  —  belle  mie  —  ;  les  Boisse,  un  buisson  ;  les  Cha- 
pellas,  une  chapelle  ;  les  de  Chastenet,  uo  châtaignier  ;  les  Go- 
gniasse,  un  coignassier;  les  Debouscheys,  des  chiens-— de  bous 
cheys  en  patois;  —  les  Du  Boys,  un  arbre;  les  Dufour,  un  four; 
les  Dupont,  un  pont;  les  Faure,  une  enclume;  les  Fougeras,  des 
brins  de  fougères;  les  Froment,  des  épis;  les  La  Font,  une  fon- 
taine; les  La  Roche  dit  Vouzelle,  un  rocher  et  un  «  vol  »  —  une 
paire  d'ailes  — ;  les  La  Voulte,  une  voûte  maçonnée;  les  Londeys, 
une  main  au  doigt  allongé  ;  les  Maillard  et  les  Mailhot,  des  mail- 
lets; les  Maledent,  des  dents  ou  des  lions;  les  Merlin,  des  merles; 
les  Moulinard,  un  moulin  entouré  de  flammes  —  moulin  qui  ard  :  — 
les  Nadaud,  la  scène  de  la  Nativité;  —  les  Nicolas,  un  nid,  un  coq 
et  un  lac  d'amour;  les  Palais,  un  beau  chftteau;  les  Perière,  un 
rocher;  les  Pinot,  des  pommes  de  pin;  les  Poucet,  un  petit  pont; 

(1)  Fol.  38. 
(S)  Fol.  40  v«. 

(3)  Fol.  SR. 

(4)  Fol.  3  R  V*». 


iiO  SOCIAt*  AROBAoLOGIQOB  BT  BlSTOBlQUB  DU  LIMOUSIN 

les  Poyle?ë,  trois  télés  hérissées  —  poils  levés  — ;  les  Reculés,  des 
écrevisses;  les  Romanel,  trois  branches  de  romarin;  les  Rouard 
Rocarius  {Roca  afdens),  un  roc  entouré  de  flammes  ;  les  Roudaud, 
une  roue;  les  Rouvery,  un  chêne  (rouveyr,  rouveix,  de  robur);  les 
Saleys,  un  saule  —  «a/w?  —  ;  les  Trotier  ou  Troutier,  un  cheval 
au  trot;  les  Vaubrune,  un  veau  ou  un  bœuf  d'or;  les  Vitrât,  des 
vitraux,  etc.,  etc.  Nous  en  passons  et  beaucoup. 


Le  fisc,  sous  Tancien  régime,  n*était  ni  moins  avisé  ni  moins 
fécond  en  ressources  que  de  nos  jours  ;  il  était  tout  aussi  beso- 
gneux. A  l'affût  de  tout  prétexte  de  taxe,  toujours  en  quête  de 
matière  imposable,  il  imagina,  vers  la  iin  du  dix-septième  siècle, 
qu'il  pourrait  trouver  quelque  argent  en  levant  un  impôt  sur  les 
vanités  modestes  (il  avait  déjà  tiré  pas  mal  de  profit  des  pré- 
tentions d*un  plus  haut  vol}  :  il  prescrivit  donc  Tenregistrement 
des  armoiries  portées  par  les  villes,  les  corps  et  les  particuliers. 
Le  montant  de  la  taxe  ne  semblait  pas  trop  lourd;  les  catégories 
de  personnes  pouvant  obtenir  l'enregistrement  dun  blason  quel- 
conque étaient  assez  nombreuses  et  assez  largement  tracées  pour 
que  tout  citoyen,  désireux  de  se  donner  cette  petite  satisfaction, 
pût  s'y  irouver  compris.  L'enregistrement  ne  créait  aucun  litre  ; 
mais  le  vulgaire  voyait  une  sorte  de  reconnaissance,  d'investiture 
oflicielie  dans  ce  qui  n'était  qu'une  pure  formalité  fiscale  et  un  pré- 
texte à  perception.  C'était  assez  pour  que  beaucoup  de  personnes, 
de  celles  surtout  dont  le  blason  manquait  de  la  consécration  du 
temps,  courussent  au  bureau  du  préposé.  Du  mois  de  novembre 
1696,  date  de  i'édit,-&  1709  ou  1710,  on  consigna,  sur  le  registre  de 
la  généralité,  l'énoncé  d'un  assez  grand  nombre  d'armoiries  qui  ne 
signifient  pas  grand  chose  et  dont  beaucoup  se  rapportent  à  des  fa- 
milles n'ayant  joué  qu'un  rôle  bien  modeste  dans  notre  histoire. 
Quand  les  villes  el  communautés  manquaient  d'empressement  pour 
se  soumettre  à  cette  formalité,  on  la  remplissait  d'oQlce,  sauf  à  récla- 
mer ensuite  la  taxe  à  ta  caisse  municipale;  à  ces  corps  et  aux  par- 
ticuliers qui  avaient  omis  de  fournir  leur  blason,  on  en  attribuait 
un  de  fantaisie,  n'ayant  aucun  rapport  avec  le  véritable.  Aux  gens 
qui  n'avaient  pas  fait  leur  choix  parmi  les  figures  et  les  couleurs 
du  répertoire  héraldique,  et  à  ceux  qui  manquaient  d'imagination, 
le  bureau  fournissait  des  armoiries;  mais  quelles  armoiries  I... 
Pauvres,  monotones,  banales,  fabriquées  pour  ainsi  dire  par  un  pro- 
cédé mécanique,  reproduisant  à  l'infini  les  mômes  dispositions  et 


ksCUBIL   D*ARH0IBIBS  LIMOUSINES  44  i 

les  mêmes  pièces,  avec  la  seule  différence  des  émaux  que  Ton  com- 
binait de  toutes  les  manières.  Cette  peu  intéressante  industrie 
fonctionnait  sous  la  haute  direction  de  Charles  d'Hozier,  le  d*Hozier 
alors  en  charge,  un  des  (ils  du  célèbre  Pierre,  mort  en  1660. 

Beaucoup  de  familles  nobles  s'abstinrent  de  faire  enregistrer 
leurs  armes,  et  il  faut  bien  reconnaître  que,  sur  les  1.648  blasons 
figurant  au  recueil  de  la  généralité  de  Limoges,  la  plupart  appar- 
tiennent à  des  bourgeois.  Ce  recueil  a  été  imprimé  il  y  a  quelques 
années  (1).  L'auteur  de  la  notice  accompagnant  cette  publication, 
M.  David  de  Saint-Georges,  semble  dire  que  Tadoplion  de  Tusage 
des  armoiries  par  un  grand  nombre  de  roturiers  fut  un  résultat 
imprévu  de  Tédit  :  nous  croyons,  au  contraire,  que  le  fisc  s'était 
parfaitement  rendu  compte  de  Télat  d'esprit  du  public  et  qu*il  avait 
spéculé,  pour  remplir  ses  caisses,  sur  la  vanité  de  la  petite  bour- 
geoisie. Le  produit  de  l'opération  fut  au  surplus  assez  modeste  :  il 
fallait  autre  chose  pour  rétablir  les  finances  du  Grand  Roi. 

Le  recueil  original  des  enregistrements  concernant  la  généralité 
de  Limoges  et  celui  des  dessins  des  armoiries  enregistrées  sont 
conservés  à  la  section  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, et  figurent,  avec  tout  le  reste  de  la  volumineuse  collection  de 
l'Armoriai  de  1696,  parmi  les  ouvrages  tenus  à  la  disposition  du 
public,  dans  cette  belle  salle  de  travail  que  décorent  des  boiseries 
si  élégantes  et  si  délicates. 

On  peut  constater,  en  parcourant  ces  deux  registres,  que  beau- 
coup des  blasons  qui  y  figurent,  diffèrent  des  armoiries  adoptées 
par  nos  principales  familles  bourgeoises  et  notamment  de  celles 
dessinées  par  Poncet.  Il  est  visible,  du  reste,  comme  nous  le  disions 
plus  haut,  que  le  Bureau,  attachant  seulement  de  l'importance  à  la 
perception  du  droit  fiscal,  s*esl  peu  soucié  de  l'intérêt  héraldique 
de  l'opération,  et  qu'une  partie  des  armoiries,  composées  d'après 
les  procédés  signalés  plus  haut,  ont  été  destinées  à  suppléer  à  des 
lacunes  dues  soit  à  la  négligence  des  intéressés,  soit  à  celle  des 
préposés  eux-mêmes. 

VI 

Nous  avons  dit  que,  dans  certaines  cérémonies,  on  faisait  figurer 
un  grand  nombre  de  panonceaux  armoriés.  Plusieurs  passages  du 

(1)  Armoriai  général  dreêaé  en  vertu  de  Védit  de  1696  par  Charles 
d'Ho9ier,  juge  d'armes  de  France  et  généalogiste  de  la  maison  du  Roy, 
publié  par  J.  Moreau  de  Pravieux,  directear  des  Archioes  de  la  Noblesse  : 
Généralité  de  Limoges.  Dijon,  Darantière,  1894. 

T.  LU  29 


iii  SOCIÉTÉ  AaCBéOLOÔIQUI  KT  AlSTÔRlOUB  DU   LlMOOSlM 

manuscril  confirment  ce  que  nous  avons  appris  à  cet  égard  par 
ailleurs.  Ainsi,  on  commande  au  peintre,  en  16S0  ou  SI,  vingt-six 
panonceaux  aux  armes  du  médecin  Dumonteil  et  de  sa  femme 
(foi.  42  r^)  ;  il  en  exécute  quarante  pour  les  obsèques  de  M.  de 
Lusson;  soixante  pour  celles  de  M.  de  Boffran.  Â  l'enterrement 
d'Etienne  Yvernaud,  vicaire  de  Saint-Martial,  on  «  fait  servir  »  des 
ëcussons  aux  armes  d'un  oncle  du  défunt,  «  feu  Léonard  Decbaud, 
notaire  ».  Ces  panonceaux  ont  sans  doute  été  peints  pour  la  céré- 
monie funèbre  célébrée  à  la  mort  de  ce  dernier  :  on  les  a  conser- 
vés; mais  il  ne  s'en  trouve  pas  en  nombre  suffisant,  et  Poncet 
est  chargé  d'en  fournir  treize  semblables. 

On  a  vu  qu'outre  les  obsèques,  les  fêtes  des  confréries  fournis- 
saient aux  bourgeois  comme  aux  nobles  de  fréquentes  occasions 
d'exhiber  leurs  armoiries.  Les  (c  officiers  »  des  corporations  et  des 
associations  religieuses  devaient  faire,  à  certains  jours,  le  jour  de 
la  fête  du  patron  notamment,  les  frais  de  la  cérémonie,  ceux  du 
luminaire  en  particulier.  Des  panonceaux  armoriés,  fixés  aux  chan- 
deliers, en  témoignaient.  De  plus,  chaque  confrère,  à  la  procession 
bu  à  l'offrande,  tenait  un  cierge  que  décorait  l'inévitable  panon- 
ceau. Le  soir,  un  banquet  réunissait  les  membres  de  la  collectivité; 
la  dépense  incombait  soit  aux  dignitaires  nouvellement  élus,  soit 
au  chef  de  l'association,  à  celui  qui  «  tenait  la  fête  »,  et  à  qui  par- 
fois les  confrères  devaient  payer  une  légère  cotisation.  Là  encore, 
on  retrouvait  les  cartels  aux  armes  de  l'amphitryon  ou  des  amphi- 
tryons. Les  banquets  des  fréries  furent  souvent  interdits  par  l'auto- 
rité ecclésiastique.  Dans  ce  cas,  le  syndic  ou  le  bayle  qui  devait 
faire  les  frais  du  repas,  offrait,  en  échange,  quelque  ornement  à 
l'église  ou  à  la  chapelle  où  le  corps  tenait  ses  réunions  ;  mais  il 
avait  bien  soin  que  son  blason  figurât  sur  cet  ornement  et  con- 
servât le  souvenir  du  donateur.  L'auteur  d'un  des  livres  domes- 
tiques dont  nous  avons,  avec  le  concours  de  M.  Alfred  Leroux  et 
de  quelques   autres  collaborateurs,  publié  des  fragments,  Jean 
Texendier,  rappelle  qu'il  fut,  le  22  mai  16S5,  appelé  à  tenir  «  la 
frerie  de  Monsieur  Saint  Loup  »  et  qu'il  devait,  ce  jour  là,  donner, 
suivant  l'usage,  à  diner  à  tous  les  confrères,  mais  que  l'évéque 
ayant  renouvelé  les  défenses  portées  par  ses  prédécesseurs  contre 
les  banquets,  sous  peine  d'excommunication,  il  dut  employer  l'ar- 
gent du  festin  aux  frais  d'un  cadeau  à  l'église  de  Saint-Michel  :  il 
fit  donc  présent  à  la  sacristie  de  cette  église  d'un  «  manteau  pluvial 
de  damas  blanc  »,  garni  d'une  grande  dentelle  d'or,  et  où  se 
voyaient  ses  armes  (1). 

(f  )  Livres  de  raison^  etc.,  p.  294. 


HfcCUIlL  D^AHMOIRIIS  UHOOSlNkS  443 

Les  notes  du  manuscrit  de  Poncet  attestent  qu'il  travaille  sou- 
vent pour  les  syndics  et  les  bailes  des  confréries  ou  des  corps  de 
métiers.  En  1644  et  à  plusieurs  dates  postérieures,  il  peint  les 
écussons  des  bailes  des  marchands  (f.  32  r®  et  suiv.)  ;  en  1642, 
ce\x\  du  receveur  Giiastaignac  (fol.  24  V")  et  en  16S5,  ceux  de  Ghas- 
taignac,  grand  prévôt  (fol.  80  V)  ;  en  1652,  ceux  du  président  Pe- 
rière  ;en  1654,  ceux  du  lieutenant  particulier  Romanet  (fol.  4  V'et 
48  V"),  qui  tous  tiennent  la  feste  Dieu  »  à  Saint-Michel  ;  à  plusieurs 
reprises  ceux  des  confrères  qui  président  à  la  «  grande  Saint-Mar- 
tial »  ;  en  1648,  il  travaille  pour  un  modeste  dignitaire  des  «  pas- 
tres  »  de  Saint  Pierre  (f.  37  V). 

Il  est  souvent  employé  pour  les  panonceaux  du  «  premier  frère  » 
Ottbaslede  la  confrérie  de  Sainte-Croix  (1).  Cette  dernière  asso- 
ciation, très  populaire  et,  autant  qu'on  puisse  en  juger,  très  in- 
fluente aux  seizième  et  dîxHseptième  siècles,  avait  été  fondée  en 
1567  pour  tf  contre  carrer  les  Hngae&ots  ».  C'était  un  groupe  d'ac- 
tion, de  combat.  Tous  les  confrères  portaient  au  chapeau  une  petite 
croix  qui  avait  été  d'étain  à  l'origine,  mais  qui,  aa  dix-septième 
siècle,  était  d'argent.  Cet  insigne  leur  était  remis  par  le  «  pre- 
mier frère  ».  Celui-ci,  élu  le  25  mars,  présidait  à  la  fête,  qui  avait 
lieu  le  3  mai.  Deux  jours  avant,  les  bailes  de  la  confrérie  faisaient 
planter  un  mai  devant  la  maison  de  ce  personnage  qui  fut  le  plus 
souvent  un  des  citoyens  notables  de  la  ville  (2). 

Les  magistrats  municipaux  ornaient  aussi,  dans  certaines  occa- 
sions, d'écussons  à  leurs  armes,  soit  les  murs  de  l'hôtel  de  ville, 
des  salles  de  banquet,  des  églises  dans  lesquelles  ils  faisaient  célé- 
brer quelque  cérémonie,  soit  les  cierges  qu'ils  portaient  à  la  main 
aux  processions  ou  dans  d'autres  solennités.  On  doit  certainement 
les  compter  parmi  les  meilleurs  clients  de  Poncet  et  des  autres 
peintres  ses  confrères. 

Nulle  part  il  n'est  fait  mention,  au  manuscrit  de  Poncet,  du  prix 
de  ces  écussons.  Nous  savons,  par  d'anciens  comptes,  que  ce  prix 
était  fort  modique.  Un  des  livres  de  raison  de  la  famille  Péconnet, 
celui  de  Joseph,  fournit,  sous  la  date  de  1685,  la  note  suivante  dans  un 
relevé  de  dépenses  relatif  aux  frais  des  obsèques  d'Antoine  Péconnet  : 

«  Payé  au  S' Beaulaigue,  peintre,  pour  trois  douzaines  de  panon- 
ceaux à  nos  armes,  à  mettre  aux  torches,  4  1. 10  s.  »  (3). 

(I)  16S6  (f.  34  v«),  1633  (f.  29  v<»),  464i  (f.  94  r«),  1646  (f.  35),  1661) 
(f.  7  ¥•  et  41  v«). 

(9)  Annales  mcuiuscrites  de  Limoges,  p.  350. 

(3)  Liores  de  raison^  registres  de  fanUUe  et  journaux  Uidiolduels 
limousins,  p.  49 f. 


444  SOCIÉTÉ  ARCHÉ0LO6IQDE  Bt  BISTOHIQUE  DU   LIllOUSIll 

Nos  arlistes  n'avaient  pas  à  peindre  les  armoiries  des  familles 
notables  que  sur  des  panonceaux  :  à  certaines  époques,  les  blasons 
des  officiers  municipaux  en  fondions  et  ceux  des  anciens  magistrats 
décorèrent  les  murs  mêmes  de  la  salle  derHôlel-de-Ville.Nos  regis- 
tres consulaires  gardent  la  trace  de  ces  usages  et  quelques  vestiges 
d'armoiries  peintes  apparaissaient  encore  il  y  a  sept  ou  huit  ans 
sur  un  mur  de  l'ancienne  maison  commune,  dans  la  cour  de  l'im- 
meuble Disnematin  de  Salles,  n"*  15  de  la  rue  du  Consulat.  Le  devis 
des  réparations  à  effectuer  au  vieil  hôtel  qui,  de  laflndu  quinzième 
à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  abrita  l'administration  de  notre 
.ville,  devis  dressé  à  la  date  du  9  mai  1710  par  Pierre  Rousset,  dit 
Julie,  maître  charpentier,  et  Jean  Beyrand,  maître  maçon,  renferme 
le  passage  suivant  : 

«  Faire  peindre  à  fresque,  entre  les  deux  croisées  du  bout  de 
ladite  salle  (la  grande  salle),  et  de  la  main  d'un  bon  peintre,  un 
ange  de  grandeur  naturelle  qui  suporteroit  les  armes  de  la  ville, 
et  dans  le  retour  de  la  cartouche,  devant  les  portes  et  suspendues 
par  deux  anneaux,  les  écussons  et  armories  de  M' le  maire  (1)  à  la 
droite  et  celles  de  M.  le  lieutenant  de  maire  à  la  gauche  et  ensuite 
celles  du  procureur  du  roy  ;  et  ensuilte  faire  autour  de  ladite  salle 
une  bande  d'azur  de  la  hauteur  de  deux  pieds,  dans  le  milieu  de 
laquelle  on  fera  peindre  à  fresque  et  de  la  main  d'un  bon  peintre, 
les  écussons  et  armories  de  Messieurs  les  six  consuls  en  charge,  et 
annuellement  celles  des  trois  consuls  nommés,  suivant  le  rend  de 
leur  nomination,  —  et  ainsy  successivement  a  l'avenir,  sans  laisser 
aucun  vuide  ny  faire  d'autres  ornements  que  les  premiers,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit.  Et  sera  fait,  au  milieu  des  trois  écus- 
sons, par  le  bas,  un  demy  rouleau  qui  porterat  l'année  de  la  nomi- 
nation... (2)  ». 

Il  est  très  vraisemblable  que  les  auteurs  de  ce  devis  s'inspiraient 
d'une  décoration  existante  ou  qui  avait  existé  autrefois.  Et  nous 
ne  serions  pas  surpris  que  quelques-uns  des  croquis  de  Philippe 
Poucet  eussent  été  faits  en  vue  de  cette  décoration,  dont  notre  artiste 
se  serait  trouvé  en  certaines  années  chargé  par  le  Consulat. 

(4)  Le  fisc  avait  créé  en  169^  un  office  de  maire  de  Limoges  qui,  après 
être  resté  huit  ans  sans  titulaire,  fat  acquis  par  M.deVilloatreys.Get  office 
fut  supprimé  par  Tédit  de  juin  1717. 

(5)  Registres  consulcUres  de  la  aille  de  Limoges^  t.  IV,  p.  SOI.  Plusieurs 
documents  du  xviii*  siècle  font  mention  du  peintre  de  l'flôtel-de-Ville  et 
prouvent  que  Tusage  dont  il  est  question  plus  haut  était  toujours  suivi. 
A  Tétat  des  charges  ordinaires  de  la  ville,  on  voit  figurer,  en  n63>i764, 
«  il  1.  au  peintre  de  Thotel  de  ville  pour  les  armoiries  et  panonceaux  de 
Messieurs  les  consuls.  > 


BICUIIL  D*ARIIOI&»S  LIMOUSINES  445 

On  lit,  en  effet,  ces  mots  en  tête  du  feuillet  58  actuel  du  manuscrit  : 
«  Armes  de  H"  les  consulz  de  Limoges,  Tan  1688  ».  Suivent  les 
écussons  des  six  magistrats  nommés  le  7  décembre  16S7  et  dont 
l'élection  donna  lieu  à  un  procès  retentissant  et  à  des  scènes  de 
violence  dont  la  curieuse  chronique  de  Pierre  Mesnagier  nous  a 
conservé  quelques  détails  (1).  Toutefois  nous  n'avons  trouvé,  pas 
plus  aux  archives  communales  qu'au  recueil  de  Poucet,  de  traces 
positives  d'aucune  commande  de  l'Hôtel-de-Ville  faite  à  notre  artiste. 

VII 

Il  n'est  guère  permis  de  douter  que  plus  d'une  fois  Poncet  a 
fabriqué  de  toutes  pièces  les  armoiries  qu'il  a  peintes;  souvent  il 
s'est  borné  à  les  «  diviser  »  comme  il  dit,  c'est-à-dire  à  distribuer 
à  sa  fantaisie  les  couleurs,  n'ayant  à  sa  disposition  qu'un  simple 
dessin  ou  l'énoncé  des  pièces  qui  chargeaient  le  champ.  En  général 
néanmoins  il  a  travaillé  sur  un  modèle.  Son  croquis  reproduit 
exactement  ce  qui  lui  a  été  commandé.  Notre  artiste  est  fort  soi- 
gneux. Pouvant,  d'un  jour  à  l'autre,  se  trouver  en  présence  d'une 
nouvelle  commande  de  la  part  Je  la  même  famille,  il  note  toutes 
les  indications  qu'il  parvient  à  recueillir  touchant  les  armoiries 
non  seulement  de  chaque  maison,  mais  de  chaque  individu.  Il 
recherche;  il  regarde;  il  interroge;  il  compare.  Son  cahier  men- 
tionne les  variantes  qu'il  sait  adoptées  par  les  diverses  branches 
de  la  même  souche.  Il  indique  sur  l'ordre  de  quelle  personne  et  à 
quelle  occasion  il  a  peint  telles  ou  telles  armoiries,  sur  quel  témoi- 
gnage ou  d'après  quel  document  il  a  exécuté  son  croquis.  Le  plus 
souvent  le  peintre  a  trouvé  des  modèles  sur  de  la  vaisselle  d'étain 
ou  d'argent,  ou  sur  la  matrice,  soigneusement  conservée  par  le 
chef  de  famille  et  servant  à  reproduire  ses  armes  sur  ses  plats,  ses 
assiettes  et  ses  écuelles.  à  chaque  nouvelle  refonte.  Ainsi  Mathieu 
Trenchant,  de  Solignac,  a  montré  à  Poncet  «  un  cachet  d'acier  a 
marquer  vexelle  ».  D'autre  fois,  on  a  donné  à  l'artiste  un  sceau 
armorié,  une  bague,  une  enluminure  sur  parchemin,  un  ancien 
panonceau  du  (^onsulai  ou  d'une  frérie.  L'écusson  est  ailleurs 
emprunté  à  un  des  vitraux  de  la  maison  (2),  comme  chez  Jean 

(I)  RegUtrea  conêulcUres  de  la  oiUe  de  Limoges,  t.  llf,  p.  377  et  suiv. 

(3)  Beaucoup  d'habitations  particulières  avaient  autrefois  des  vitraux 
peints.  Nous  nous  rappelons  en  avoir  vu,  il  y  a  un  demi-siècle«  dans 
plusieurs  maisons.  Un  grand  immeuble  du  haut  de  la  rue  du  Temple  (côté 
de  la  rue  du  Clocher)  en  conservait  encore  il  y  a  peu  d^années.  Lhôtel  de 
Voyon  (place  de  U  Motte,  au  débouché  de  la  rue  des  Fossés),  brûlé  dans 
l'incendie  du  f  6  août  i864,  avait  de  fort  jolies  verrières. 


446  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

Coulomb  (1)  et  chez  Manent  (2),  ou  à  des  ouvrages  de  tapisserie  ou 
de  broderie  faisant  partie  de  rameublement,  comme  chez  la  veuve 
de  Pierre  du  Verger,  où  Témailleur  copie  son  blason  sur  Técusson 
qui  orne  un  surciel  de  lit.  Les  édifices  publics,  les  églises  surtout, 
lui  apporteront  aussi  leur  contingent  de  témoignages.  C'est  d'après 
les  peintures  ou  les  sculptures  de  Tautel  de  saint  Christophe,  à 
Saint-Pierre,  qu'il  reproduira,  en  1649  ou  1650,  les  armoiries  des 
Disnematin  (3). 

Notre  manuscrit  comprend,  comme  on  l'a  vu,  deux  parties  dis- 
tinctes : 

La  première  et  la  principale  se  compose  d'une  série  d'environ 
six  cents  écussons  représentant  les  armes  de  presque  toutes  les 
familles  bourgeoises  de  Limoges  et  des  environs,  Aixe  et  Solignac 
notamment.  Les  branches  principales  de  beaucoup  de  ces  maisons 
occupaient  depuis  longtemps  des  charges  de  judicature  ou  de 
finance  qui  les  avaient  fait  entrer  dans  la  noblesse  ;  mais  même  les 
plus  puissantes  et  les  plus  riches  de  ces  familles  comptaient  des 
membres  dans  les  situations  les  plus  humbles.  Dans  cette  série,  qui 
comprend  les  feuillets  â  à  68  de  la  pagination  actuelle  (nous  avons 
dit  que  le  feuillet  coté  10  par  l'artiste  était  en  lacune  et  que  le  11 
avait  été  en  partie  lacéré),  auprès  d'armoiries  se  rapportant  à  des 
personnes  haut  placées  :  lieutenants-généraux,  trésoriers,  conseil- 
lers, etc.,  on  trouve  les  blasons  de  gens  de  métiers  et  de  situation 
fort  modestes  :  pintiers,  charpentiers,  boulangers,  cordonniers, 
huissiers,  sergents,  archers.  —  En  général,  le  manuscrit  n'offre  de 
dessins  que  sur  le  recto  du  feuillet,  où  les  armoiries  sont  disposées 
sur  trois  rangs,  de  trois  écussons  chacun.  Le  verso  ne  présente 
guère  que  des  notes  ;  on  y  trouve  cependant  quelques  croquis, 
notamment  aux  fol.  7,  13,  24,  33,  49,  SI,  61,  63.  Exceptionnelle- 
ment les  folios  54,  SS  et  56  ont  quatre  rangs  d'écussons  et  comptent 
douze  dessins  au  lieu  de  neuf. 

La  seconde  série  est  la  moins  importante,  c'est  aussi  celle  qui 
offre  le  moins  d'intérêt  pour  nous.  Elle  commence  au  second 
feuillet  du  registre  pris  à  rebours  (112  du  foliotage  général)  et 
s'arrête  au  15  (98  du  fol.  général).  Nous  avons  dit  que  dix  feuillets 
de  cette  série,  les  premiers  après  la  feuille  de  garde,  manquent 
actuellement.  Cette  partie  du  recueil  de  Poucet  ne  comprend  guère 
plus  d'une  cinquantaine  de  blasons  (4),  se  rapportant  presque  tous 

(I)  Fol.  îï  v». 
(î)  Fol.  26  r*. 

(3)  Fol.  4«  vo. 

(4)  Exactement  cluquante-cinq,  sans  compter  les  figures  des  éléments 
héraldiques  des  fol.  49  R  r*,  14  R  r«  et  v®  et  15  R  r^. 


RRCUEIL   D*ARII01RIE8   LIMOUSINES  447 

à  des  familles  de  la  noblesse.  On  y  voit  Ggurer,  auprès  des  armes 
de  deux  de  nos  évéques,  de  deux  abbés  de  Saint-Martial,  d*une 
abbesse  des  Âllois  et  de  plusieurs  des  grandes  maisons  de  la  pro- 
vince :  les  Lastours,  les  Gars,  les  Ventadour,  quelques  écussons  de 
gentilshommes  n'appartenant  pas  au  pays,  mais  que  des  circons- 
tances fortuites  y  avaient  amenés  ou  qui  y  étaient  momentanément 
rattachés  par  leurs  fonctions,  le  maréchal  de  Villeroy  par  exemple. 
C'est  dans  cette  série  que  nous  rencontrons  les  blasons  les  plus 
soignés,  et  parmi  eux  plusieurs  d'assez  grandes  dimensions.  Un 
certain  nombre  sont  coloriés,  comme  nous  l'avons  déjà  noté.  Ils 
sont  placés  sans  ordre,  et  cette  partie  du  manuscrit  a  un  aspect  très 
différent  de  celui  des  feuillets  de  l'extrémité  opposée,  qui  constituent 
le  véritable  recueil. 

Nous  n'avons  pas  cru  qu'il  y  eût  lieu  de  séparer  ces  deux  séries 
dans  le  relevé  général  que  nous  donnons  des  armoiries  comprises 
au  recueil  de  Poncet.  Ce  relevé  est  présenté  dans  l'ordre  alphabé- 
tique des  noms  de  famille  ;  il  énonce  le  blason  d'après  les  indica- 
tions de  notre  manuscrit,  reproduit  les  notes  qui  l'accompagnent  et 
renvoie  aux  feuillets  où  se  trouvent  dessin  et  observations. 

Les  indications  que  nous  avons  tirées  de  notre  manuscrit  con- 
cernant les  armoiries  portées  par  chaque  famille  ou  chaque  branche 
d'une  famille,  ont  été  complétées  à  l'aide  de  renseignements  fournis 
par  diverses  autres  sources.  C'est  principalement  au  joli  recueil  de 
blasons  de  l'apothicaire  Lamy  (voir  la  notice  consacrée  à  ce  petit 
registre  aux  pages  suivantes)  que  nous  avons  fait  ces  emprunts. 
Nous  avons  eu  recours  également  à  V Armoriai  général^  que  nous 
avons  trouvé,  comme  c'est  l'ordinaire,  souvent  en  défaut.  Nous 
nous  sommes  aidés  enfin  d'autres  documents,  en  général  d'origine 
limousine,  et  parmi  lesquels  nous  citerons  le  beau  frontispice  du 
registre  de  la  confrérie  du  Saint-Sacrement  de  l'église  de  Saint- 
Michel-des-Lions,  frontispice  exécuté  en  1586, — et  la  gravure,  moins 
artistique  encore  qu'assez  nette,  qui  orne  le  plan  de  Limoges, 
exécuté  vers  168U,  dû  à  Jouvin  de  Rocbefort,  et  connu  sous  le  nom 
de  «  Plan  des  trésoriers  généraux  '>.  Nous  avons  eu  soin  de  faire 
connaître  à  chaque  article  la  provenance  de  ces  additions. 
.  Peu  de  familles  notables  de  Limoges  se  trouvent  omises  au 
recueil  de  Philippe  Poncet.  Néanmoins  quelques  noms  connus 
y  manquent.  Les  documents  dont  nous  venons  de  parler  nous 
ont  permis,  non  seulement  de  signaler  des  variantes  aux  blasons 
donnés  par  le  peintre  émailleur,  mais  de  combler  les  lacunes  que 
présente  son  manuscrit.  On  reconnaîtra  aisément  les  articles 
ajoutés  à  ceux  de  Touvrage  qui  fait  l'objet  spécial  de  cette  étude  : 
ils  sont  tous  précédés  d'une  astérisque  et  le  texte  de  Poncet  seul 
est  placé  entre  guillemets. 


448  SOt:iÉTÉ  ARCBÉOLÔGIQUE   KT  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 


Le  Manuscrit  de  Lamy 

Nos  lecteurs  nous  sauront  peut-être  gré  de  placer  ici  une  brève 
notice  sur  un  ouvrage  souvent  mentionné  au  cours  de  notre  travail  : 
le  recueil  manuscrit  d'armoiries  de  Tapotbicaire  Lamy. 

C'est  un  volume  petit  in^*"  carré,  mesurant  191  millimètres  sur 
146,  et  composé,  dans  son  état  actuel,  de  117  feuillets  de  papier, 
dont  le  premier,  formant  feuillet  de  garde,  et  les  trois  derniers  ne 
sont  pas  cotés.  Le  manuscrit  est  fort  bien  conservé  et  parait  com- 
plet; une  reliure  en  basane  du  temps  Fa  préservé  des  accidents  qui 
menacent  les  registres  défendus  par  une  couverture  trop  légère. 
Nous  devons  à  Teitréme  obligeance  de  Madame  veuve  Eugène 
Ardant,  propriétaire  de  ce  précieux  volume,  d*avoir  eu  toute  facilité 
pour  réludler. 

Le  manuscrit  de  Lamy  offre  un  incontestable  intérêt,  mais  très 
inférieur  à  celui  que  présente  le  registre  de  Poucet.  Ce  n*est  pas, 
au  surplus,  un  simple  recueil  d'armoiries,  dessinées  au  fur  et  à 
mesure  des  occasions  qui  se  présentaient  à  Tartiste.  C'est  un  traité 
assez  complet  de  blason,  avec  des  tigures,  des  exemples  coloriés. 
Ces  spécimens  méritent  à  plusieurs  litres  Tattenlion.  Le  dessin  des 
écussons  est  plus  net,  plus  fîn,  plus  minutieux,  plus  souple  que 
celui  des  armes  esquissées  au  petit  volume  de  Témailleur  ;  les  cou- 
leurs plus  délicatement  posées.  Le  travail  en  un  mot  a  été  fait  avec 
plus  de  soin,  de  précision  et  de  régularité. 

Sur  le  premier  feuillet  coté  {le  feuillet  de  garde  ne  porte  aucun 
chiffre),  on  lit  ce  préambule,  point  mal  tourné,  qui  nous  fournil  le 
nom  de  l'auteur  du  manuscrit,  fait  connaître  sa  profession  et  indique 
la  date  à  laquelle  l'ouvrage  a  été  achevé  : 

«  Au  curieux  lecteur  et  spectateur, 

»  Si  ma  curiosité  pouvoit  satisfaire  la  votre,  j'aurois  une  partie 
du  succez  que  j'attend  de  mon  travail.  Je  dis  une  partie,  puisque 
j'ay  plus  songé  a  me  contenter  moy  mesme  qu'a  plaire  aux  autres 
dans  cette  occupation,  sans  me  distraire  de  celle  de  ma  profession. 
J'ay  mis  au  naturel  le  blazon  de  plusieurs  armoiries  que  les 
autheurs  ne  donnoient  qu'en  idée.  J'yay  suivi  l'ordre  que  M.  Se- 
going  a  estably  dans  son  Mercure  armorialy  et  emprunté  de  plu- 
sieurs autheurs  la  diversité  des  figures  que  vous  trouverez  dans  ce 
petit  ouvrage,  duquel  je  ne  souhaiterois  autre  satisfaction  ny  autre 
reproche  si  ce  n'est  qu'on  peu  (ne)  dire  véritablement  estre  1res 
mal  faict  pour  un  peintre  et  asses  bien  pour  un  apothicaire. 

»  Lamy,  phar«" 
»  a  Lymoges,  le  premier  juillet  1655.  » 


^N 


RBCUBIL  D*ARII01RIR8  L1II6US1NB8  449 

L*éca  royal  occupe  le  recto  du  feuillet  suivant.  Au-dessus  se  trou- 
vent ces  deux  lignes  :  «  L*armoirie  est  la  figure  entière  qui  se  pre- 
santé  à  nos  yeux,  et  le  blazon  est  l*expression  de  cequ^elle  contient. 
Par  exemple,  les  armes  de  France...  » 

Au  feuillet  3  commence  le  traité  proprement  dit.  En  voici  le 
début,  par  lequel  on  pourra  juger  du  ton  de  Touvrage  et  du  style  de 
l'auteur  : 

«  ARMOIRIES. 

»   CE  QUE  C*EST  QUE  BLASON,   ET  LEURS  DIFFÉRENCES 

»  Pour  parvenir  à  la  connoissance  des  armoiries  et  du  blason 
d'icelles,  il  faut  sçavoir  qu'il  y  a  deux  principes  ou  fondement  de 
ceste  science  : 

»  Le  premier  est  (sic)  les  métaux,  couleurs  et  fourures  qui  entrent 
ou  peuvent  entrer  aux  armoiries. 

»  Le  second  est  de  sçavoir  les  partitions  ou  divisions  de  Tescu, 
qui  est  le  lieu  où  Ton  pose  les  armoiries. 

«  Toutes  armoiries  sont  diversifiées  par  deux  métaux,  cinq  cou- 
leurs et  deux  fourures,  qui  est  le  font  ordinaire  des  armoiries. 

»  Signification  particulière  des  métaux  ou  blason  d'iceux  en 
particulier  : 

»  L'or  signifie  foy,  force,  richesse  et  confiance. 

»  L'argent,  espérance,  pureté,  innocence  et  humilité,  etc.,  etc.  » 

Au  sixième  feuillet,  consacré  à  expliquer  l'origine  et  le  sens  des 
partitions  de  l'écu,  l'auteur  du  manuscrit  a  dessiné  huit  petites 
figures  d'une  extrême  finesse  avec  des  rehauts  d'encre  de  Chine. 
L'attitude  et  la  mimique  de  ces  escrimeurs  sont  destinées  à  faire 
bien  comprendre  à  quelle  idée  correspondent  ces  partitions;  celles- 
ci  rappellent,  on  le  sait,  la  direction  des  différents  coups  portés  par 
l'adversaire  sur  l'écu  et  sont  comme  les  traces,  les  marques  de  ces 
coups.  Cette  page  est  certainement  une  des  plus  intéressantes  et  des 
plus  jolies  du  volume. 

Il  serait  tout  à  fait  fastidieux  de  suivre  notre  béraldiste  dans  ses 
définitions  et  ses  explications.  Les  unes  et  les  autres  sont  loin  de 
valoir  ses  figures,  et  si  la  formule  des  armoiries  qu'il  blasonne  est 
toujours  claire  et  catégorique,  il  n'en  est  pas  de  même  de  certains 
paragraphes  du  texte  proprement  dit  de  son  traité.  Au  surplus,  les 
exemples  qu'il  donne  de  chaque  pièce,  de  chaque  disposition  parti- 
culière, de  chaque  combinaison  d'éléments  héraldiques  passées 
successivement  en  revue,  sont  empruntés  pour  la  plupart  aux 
armoiries  des  familles  nobles  du  royaume;  toutefois  on  trouve, 


450  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

parmi  ces  spécimens,  quelques  écussoDs  de  villes  et  de  familles 
roturières;  on  relève  aussi  un  certain  nombre  de  blasons  fournis 
par  les  pays  étrangers,  les  armes  notamment  des  divers  cantons  de 
la  Suisse. 

Les  dessins  d'armes  de  maisons  limousines  ou  de  seigneurs  exer- 
çant une  fonction  dans  notre  province,  sont  assez  nombreux.  La 
plupart  de  ces  blasons  figurent  déjà,  quelques-uns  avec  des  varian- 
tes, au  manuscrit  de  Poucet.  On  les  trouvera  au  relevé  alpha- 
bétique qui  suit,  sous  le  nom  des  familles  ou  des  personnages 
auxquels  elles  se  rapportent.  Un  petit  nombre  manquent  au  recueil 
de  rémailleur.  Nous  les  avons  compris  dans  la  liste  de  nos  blasons 
limousins,  avec  Tindication  qu'elles  sont  empruntées  à  Touvragede 
notre  apothicaire  héraldiste. 

Voici  la  table  des  armoiries  pouvant  intéresser  notre  province  et 
dont  on  trouve  le  dessin  au  manuscrit  Lamy  : 

Âubusson  de  La  Feuillade  (d'),  feuillet  25. 

Audier,  de  Lymoges,  39. 

Avril  (d'),  médecin,  88. 

Barton,  evesque  de  Lymoges,  41. 

Bastide,  de  Lymoges,  42,  43. 

Beaubreuil,  de  Lymoges,  63. 

Benoist,  seigneur  de  Compreignac,  etc.,  de  Lymoges,  69. 

Bouyol,  de  Lymoges,  40. 

Cars  (des),  15. 

Champaignac,  de  Lymoges,  65. 

Ghastaignac,  de  Lymoges,  37. 

Chauveron,  de  Jurniat,  87. 

Clément,  de  Lymoges,  65. 

David  (médecin),  88. 

Decordes,  de  Lymoges,  38. 

Decubes  de  Ferrant  (médecin),  88. 

Douhet  (de),  seigneur  du  Puymoulinier,  69. 

Duboys,  87. 

Dupré,  seigneur  d'Eygueperce,  de  Lymoges,  61. 

Fenix,  Lymosin,  52. 

Guilhot  (médecin),  88. 

Jovion,  de  Lymoges,  52. 

Julien  (de),  de  Lymoges,  36. 

Labiche,  seigneur  de  Regnefort,  87. 

Lacroix  (médecin),  88. 

La  Fayette  (Monseigneur  de),  evesque  de  Lymoges,  81 . 

La  MartoQie,  esveque  de  Lymoges,  36, 81 . 


HKCUIIL  D'ARMOtRim  LINOUSIHSS  451 

Lamy,  de  Lyrooges,  KO. 

Langea  [c]  (de),  evesque  de  Lymoges,  81 . 

La  Tour  de  Turenne,  gouverneur  pour  le  Roy  en  Limosin,  71. 

Laubespine,  evesque  de  Lymoges,  60. 

La  Vauguyon,  IS. 

Lomenie  (de),  88,  66. 

Londeys,  seigneur  de  Veyrat,  69. 

Lusignan,  27. 

Lymoges  (le  vicomte  de),  40. 

—  (la  ville  de),  69. 

—  (la  communauté  de  Messieurs  les  pharmaciens  de),  89. 

■—  (Messieurs  les  médecins  docteurs  aggregez  de),  88.  — 
Voir  d'Avril,  David,  Descubes  de  Ferrant,  Guilhot,  Lacroix, 
Meynard  de  Favelon. 

Mailhot,  87. 

Martin,  87. 

Masnadaud,  noble,  en  Lymosin,  37. 

Meynard  de  Favelon  (médecin),  88. 

Mortemart,  21 . 

Neufville,  23. 

Nicolas,  lyeutenant  gênerai,  seigneur  de  Traslage,  87. 

Petiot,  seigneur  de  La  Mole,  65. 

Peyral  (du),  seigneur  de  Touronl,  73. 

Pierrebufflere,  première  baronnie  du  Lymosin,  36. 

Pompadour  (de),  lieutenant  pour  le  Roy  en  Lymosin,  71. 

Pot  de  Rhodes,  15. 

Rochechouart,  21 . 

Rosier,  Clément  VI,  pape  Lymosin,  qu'on  dit  estre  de  la  maison  de 

Rosier,  60. 
Rouard,  de  Lymoges,  67. 
Ruaud,  de  Lymoges,  seigneur  de  Chaseau,  50. 
Ruaud  de  La  Fayolle,  de  Lymoges,  60. 
Schomberg,  38. 

Trenchelyon,  nobles  en  Lymosin,  36. 
Turenne  {voir  La  Tour). 
Venladour,  28. 

Verthamond,  de  Lymoges.  seigneur  de  Lavaud,  36. 
Vie  de  Maurand,  en  Orléannais,  70. 
Vidaud,  de  Lymoges,  seigneur  de  Vaud,36. 
VîUiers  (de),  evesque  de  Lymoges,  69. 

La  plus  délicate  et  la  plus  soignée  des  peintures  que  contienne 
le  petit  registre  de  Madame  Ardant  est,  avec  les  planches  destinées 


45â  SOCIÉTÉ   ARCBÉ0L06IQUB  BT  HlSTORIQDB  DO   LIMOUSIN 

à  donner  l'explication  des  partitions  de  Téca  et  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  le  blason  de  la  communauté  des  pharmaciens  de 
Limoges,  au  feuillet  89.  Les  deux  personnages  qui  servent  de 
support  à  récusson,  Esculape  et  la  Santé,  sont  des  miniatures  fort 
bien  dessinées  et  dont  le  modelé  est  accusé  par  Tartisle  avec  beau- 
coup de  (inesse.  Nous  en  donnons  une  reproduction  en  tête  de 
cette  notice. 

Lamy  est  plus  versé  que  Poucet  dans  la  science  héraldique;  il 
blasonne  avec  netteté  les  armoiries  les  plus  bizarres  et  les  plus 
chargées.  Néanmoins  son  ouvrage  n'est  qu'une  compilation,  et,  en 
dehors  du  préambule  reproduit  plus  haut,  nous  y  avons  cherché 
en  vain  la  note  personnelle  qui  eût  surtout  excité  notre  intérêt  et 
satisfait  notre  curiosité.  Il  semble  bien  toutefois  que  ce  soit  sa 
propre  indignation  que  manifeste  en  ces  termes  notre  héraldiste 
aux  feuillets  102  et  103  de  son  manuscrit,  à  propos  de  l'usurpation 
des  marques  les  plus  précises  de  la  noblesse  : 

«  On  estoit  anciennement  fort  religieux  et  exact  au  comporte- 
ment de  ces  tymbres,  et  chacun  les  portoit  selon  sa  qualité  :  ce  qui 
s'observe  encore  en  Allemagne  et  ailleurs.  En  France,  la  liberté 
fait  qu'on  en  use  avec  moins  de  circonspection,  jusque  a  voir  des 
coquins,  sortis  de  la  lie  du  peuple,  qui  mettent  effrontément  les 
tymbres  de  front  sur  leurs  armes  inventées  du  soir  au  lendemain, 
sans  se  connoistre,  avec  une  impudence  insuportable...  » 

Peut-être  y  a-t-il  là  une  allusion  au  sans-gêne  de  certains  des 
clients  de  Poucet  et  des  héraldistes  de  l'espèce  de  ce  dernier. 

Nous  ne  savons  rien  de  particulier  sur  l'auteur  de  l'ouvrage  qui 
fait  l'objet  de  celte  courte  notice.  Les  Registres  consulaires  le  nom- 
ment en  1646  et  1647.  Il  figure,  à  ces  deux  dates,  au  nombre  des 
cent 'prud'hommes  commis  pour  élire  les  nouveaux  Consuls  en 
remplacement  des  magistrats  dont  le  mandat  prend  (in  le  7  décem- 
bre de  chacune  de  ces  années.  Encore  aucune  de  ces  deux  listes  ne 
nous  fait  elle  connaître  son  prénom  et  sa  demeure.  Nous  ne  le  trou- 
vons mentionné  ni  dans  les  autres  relevés  du  même  genre,  ni  dans 
les  comptes  et  les  actes  de  nomination  des  commissaires  chargés 
de  recueillir,  auprès  des  citoyens  des  divers  quartiers,  les  taxes 
levées  par  le  Consulat  soit  pour  faire  face  aux  dépenses  des  prison- 
niers Espagnols,  soit  pour  solder  les  compagnies  de  gens  d'armes 
ou  distribuer  des  secours  extraordinaires  aux  pauvres.  Notre  artiste 
ne  parait  avoir  joué  aucun  rôle  extérieur.  Ses  goûts  modestes  le 
détournèrent  sans  doute  de  la  poursuite  des  honneurs.  Son  manus- 
crit seul  témoigne  qu'il  ne  fut  point  le  plus  insignifiant  des  apothi- 
caires et  le  premier  venu  des  contemporains  de  Philippe  Poucet. 


RECUEIL  D^ARMOIRIES  LIMOUSINES 


de  Philippe  Poncet 


1.  «  M'  Léonard  ALBIAC,  advocat  »  (entre  1638  el  1640),  feuillet 
18  ;  rang  1  ;  n*  2.  —  D'azur  au  lion  contourné  d'or^  surmonté  d'une 
étoile  de  même. 

«  Pour  les  armes  de  M'  Albiac,  advocat,  elles  sont  diferenles  de 
celles  de  feu  M' François  Albiac,  procureur  (?),  son  oncle,  lesquelles 
sont  au  feulhet  27  de  l'autre  (?)  papier.  Je  feitz  Theaulme  el  tymbre 
d'or  pour  ledit  s' advocat,  comme  me  fust  commandé  »  (f.  17  v°). 

D*Albiac  de  Mardalou  porte  :  de  gueules  à  la  bande  d^argent, 
accompagnée  de  deux  lions  d'or, 

2.  «  Dame  Barbe  ALBIN,  vefve  de  feu  Pierre  du  VERGIER  » 
(entre  1640  et  1642),  f .  20  ;  r.  1  ;  n»  3.  —  D'azur  à  une  sphère 
montée  sur  un  pied  d'or^  accompagnée  de  deux  cygnes  d'argent 
affrontés. 

3.  «  M'  ALESME,  receveur  du  tailhon  »  (1642),  f.  25;  r.  3  ;  nM. 

—  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  deux  étoiles  de  même  en 
chef  et  d'un  croissant  d'argent  en  pointe. 

«  Y  a  d'autres  Alesmes  qui  ont  diferentes  armes.  Voyes  le  66 
feulhet  de  l'autre  papier.  >> 

Jean  d'Alesme,  chanoine  de  l'église  cathédrale  de  Limoges,  fit 
enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné 
en  pointe  d'un  Croissant  de  même,  et  un  chef  cousu  de  gueules  chargé 
de  trois  étoiles  d'or. 

4.  D'ALESME  DE  RIGOULENE  (1)  (1688),  f.  58  (2);  r.  1  ;  n*  1. 

—  D'azur  au  chevron  d'or  y  accompagné  en  chef  de  deux  étoiles  de 
même  et  en  pointe  d'un  croissant  d'argent. 

(4)  Cet  écusson  ne  porte  aucun  nom;  maïs  la  note  écrite  par  notre 
émailleur  au  verso  du  feuillet  précédent,  ne  laisse  pas  de  doute  sur  la 
personne  quMl  concerne. 

(3)  En  haut  du  feuillet  on  lit  ces  mots  :  «  Armes  de  M'*  les  consulz  de 
Limoges,  Tan  f668.  * 


454  SOaftrà  AECHiotOOlQ!)!  St  BIStORlQUI  bv  UHOOSllC 

«  Les  armes  de  M'  Dalesme,  sieur  de  Rigoalene^  soDt  fondz 
d*azur,  deux  estoyles  et  un  chevron  rompu  d*or;  un  croissant 
d*argenl;  le  heaulme  est  en  fasse,  autrement  de  fron  »  (f.  87  v^). 

G.  Dalesme,  trésorier  de  France  à  Limoges  vers  1680,  portait 
les  armes  ci-dessus  avec  le  chevron  mi-parti  or  et  gueules.  (Voyez 
planches). 

5.  (ALLOIS).  «  L'Abesse  des  ALOYS  »,  f.  3  à  Rebours;  r.  I  ; 
n**  3.  -  De.,,  à  r  aigle  détournée  au  %ol  abaissé  de... 

6.  «  M'  ARBONNEAU,  d'  médecin  »,  f.  »;  r.  1  ;  n^  2.  —  D'azur 
à  V aigle  d'or,  accompagnée  en  chef  d'un  arc-en-eM  de  mâme  et  en 
pointe  d'une  rivière  sur  laquelle  nage  un  cygne  d'argent.  (Vby.  pfan- 
che4j. 

ARCHE  (d),  V.  Darche. 

7.  «  Jean  ARDANT  Taisné,  m"  orfeuvre  »,  f.  9;  r.  3;  n*»  2.  — 
D'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  en  pointe  d'un  soleil  d'or, 
au  chef  cousu  de  gueules  chargé  de  trois  étoiles  d'or  (1). 

«  Il  y  a  d'autres  Ardanl  qui  sont  orpheuvres,  qui  ont  leurs  armes 
diferentes.  Voyes  le  feulhet  37  de  Tautre  livre.  » 

«  Voyes  le  feulhet  49  de  ce  livre  :  les  armes  dudit  Ardanl  le 
jeune  (?),  m'*  orpheuvre  »  (f.  9  v®). 

N...  Ardant,  chanoine  de  Saint-Etienne  en  1696,  fit  enregistrer 
ses  armes  telles  qu^elles  sont  ci-dessus. 

8.  «  Jean  ARDANT  le  jeune,  m"  orpheuvre  »  (1653-54),  f.  49; 
r.  2;  n*  3.  —  D'azur  au  soleil  d^or,  accompagné  en  chef  de  trois 
étoiles  de  même  posées  i  et  2. 

«  D'autres  Ardantz  ont  leurs  armes  diferentes,  au  8"*  feulhet  de  ce 
livre.  C'estoit  (?)  les  armes  de  feu  Martial  Ardant,  m"'  orpheuvre, 
père  »  (f.  48  v*). 

Georges  Ardant  Tainé,  marchand  et  capitaine  de  bourgeoisie  à 
Ijimoges,  (it  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  de  gueules  à  un  chevron 
d'or,  accompagné  en  chef  des  lettres  G  et  A  de  même  et  en  pointe 
dvn  soleil  d'argent^  au  chef  cousu  d'azur  chargé  de  trois  étoiles 
dor. 

9.  «  ARDELIER  »  (1679  ou  postérieur),  f.  67  ;  r.  1  ;  n«  2.  — 
D'azur  au  chevron  d'or^  accompagné  en  chef  de  deux  ardillons  de 
même  et  en  pointe  d'un  rocher  ardent  de  gueules. 

(t)  Ces  indicatioDs  d*émaux,  portées  à  notre  manuscrit,  paraissent  très 
postérieures  au  dessin. 


AfeCUBlL  D^ ARMOIRIES  LlHOUSlIIBS  456 

40.  «  ARDIT  »  (1630)  (1),  f.  15;  r.  1;  n*  2.  —  D'azur  à  l'aigle 
au  vol  abaissé  d'argent. 

«  Il  y  a  des  Hardis  qui  ont  Taigle  qui  tourne  la  teste  du  costé 
gauche,  comme  je  feitz  pour  Tenterrement  de^feu  s' Marcial  Ardit, 
bourgeois  et  marchant,  que  je  prins  sur  un  cachet  de  vesselle  » 
(f.  14v*). 

i\.  ARPEUILLE  (d).  «  M'  DARFEULHE,  procureur,  consul» 
(1644),  f,  ^9;  r.  2;  n*  3^  —  D*azur  au  cœur  dor,  surmonté  d'un 
chérubin  de  même,  et  accompagné  de  trois  quatrefeuilles  aussi  d'or 
posés  deux  aux  côtés  du  cœur  et  un  en  pointe, 

((  M' Darfenlhe,  procureur,  consul  1644,  me  fit  fere  ses  armes  sur 
un  cachet  qu'il  m*a  monstre,  pareilles  a  celles  qui  sont  les  6  de  la 
page  suivante.  Ta;  divisé  le  blason  :  champ  d*azur;  tout  le  reste 
d*Qr.  Je  les  luy  ay  cy  devant  faictes  lorsqu'il  fut  premier  frère  de  la 
Sainte-Croix,  1633,  qui  sont  diferentes,  qui  sont  au  79  feulhet  de 
l'autre  papier  d'armories  »  (f.  28  r*»). 

12.  D'ARSONVAL.  «  M'  d'ORSONVAL,  procureur  du  roy  en  la 
maison  de  ville  »,  4  (2),  (1679  ou  postérieur),  f.  67;  r.  1  ;  n*  3.  — - 
Uazur  au  couteau  (peut-être  un  dard)  d'argent  à  manche  dor  posé 
en  pal  à  dextre,  une  cloche  d'or  à  senestre  et  un  anneau  (?)  de...  en 
pointe. 

13.  'Elisabeth  d'AUBUSSON  DE  LA  FEUILLADE,  abesse  de  la 
Règle  à  Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  dor  à  la  croix 
ancrée  de  gueules. 

14.  «  AUBUSSOiN,  vefve  du  s-  GADAUD  »,  f.  46;  r.  3;  n*  2.  — 
D'azur  au  chevron  dor,  surmonté  d'un  croissant  d argent  entre  deux 
étoiles  d'or^  et  accompagné  en  pointe  dune  étoile  de  même. 

Voir  Gadaud. 

Jean  Aubusson,  conseiller  et  procureur  du  roi  en  Télection  de 
Bourgancuf;  Louis  Aubusson  du  Piat,  conseiller  du  roi,  élu  en 
rélection  de  Bourganeuf;  Guillaume  Aubusson,  conseiller  du  roi, 
élu  en  Téleclion  de  Bourganeuf;  Jean  Aubusson,  conseiller  du.  roi, 
receveur  des  tailles  en  l'élection  de  Bourganeuf;  Jean  Aubusson, 
bourgeois  de  la  ville  de  Bourganeuf,  qui  sont  de  la  même  famille 
que  la  veuve  du  sieur  Gadaud,  firent  enregistrer  leurs  armes  en 
1696;  elles  sont  d'azur  à  trois  étoiles  d  argent,  deux  en  chef  et  une 
en  pointe. 

(I)  Ud  des  quatre  bailes  da  Cierge  des  Marchands  à  ceUe  date. 

(i)  Ce  chiffre  indique  peut-ôire  le  nombre  de  panonceaux  commandés. 


4M  SOCIÏt^  AECBéOLOOIQUB  ET  HISTOÉIQOK  DU  LHtOÛStit 

A  la  même  époque,  Charles  Aubasson,  bourgeois  deBourganeuf, 
et  Gabriel  Aubusson,  conseiller  du  roi,  président  en  l'élection  de 
Bourganeuf,  firent  enregistrer  les  leurs  :  de  gueules  à  unefasce  for, 
accompagnée  en  pointe  (Tun  croissant  de  même. 

Guillaume  Aubusson,  marchand  de  Limoges  et  membre  de  la 
confrérie  du  Saint-Sacrement  en  1556,  portait  d'azur  à  trois  étoiles 
d'or, 

M.  Aubusson,  trésorier  de  France  à  Limoges  vers  4680,  portait 
coupé  :  au  /•'  fascé  d'or  et  de  gueules  de  six  pièces;  au  S*  d'or  au 
soleil  d'argent.  (Voy.  planches  3  et  S). 

15.  «  AUDIER  »,  f.  2;  r.  1  ;  n®  1.  —  /)e  simple  à  trois  léopards, 
passants  d'or  Vun  sur  l'autre. 

Quelques  auteurs  disent  :  trois  lions  léopar dés ^  ce  qui  nous  semble 
moins  exact.  Une  branche  de  cette  illustre  famille  de  Limoges, 
venue  d'Angleterre,  a  porté  le  champ  d'azur.  (Yoy.  planche  1). 

16.  <r  AURIGET  »  (1)  (entre  1640  et  1642),  f.  21  ;  r.  2;  n*  1.  — 
D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  branches  d'oranger  de 
sinople,  ayant  chacune  un  fruit  d'or, 

«  J*ay  faict  les  armes  dudil  Aurigel  sur  d'autres  qu'on  m'a  mons- 
tre, ayant  servy  a  d'autres  honneurs  funèbres.  Les  branches  des 
oranges  vertes  rehaussées  d'orpin  »  (f.  20  v*"). 

17.  «  AURIGET  »  (166557),  f.  52  ;  r.  3  ;  n*  3.  —  D'azur  au  chev- 
ron d'or,  accompagné  de  trois  branches  d'oranger  de  sinople,  ayant 
chacune  un  fruit  d'or 

«  Prinses  sur  d'autres,  qui  ont  servy  a  des  honneurs  funèbres.  » 

18.  «  Joseph  AVRIL,  greffier  (2)  de  la  sale  episcopale  »  (1648  et 
suiv),  f.  40;  r.  2;  n"  3.  —  D'azur  au  chevron,  accompagné  en  chef 
de  trois  étoiles  i  et  2,  et  en  pointe  d'un  lion,  le  tout  d'or. 

<(  11  y  a  d'autres  Avrilz  qui  ont  les  armes  diferentes.  Voyes  en 
l'autre  papier  et  en  cestuy  cy,  feulhet45  »  (f.  39  v""). 

19.  «  AVRIL,  de  la  Cité  n  (3)  (1650-«2),  f.  45;  r.  1  ;  n*  2.  —  D'or 
au  lion  de  sable,  au  chef  de  gueules  chargé  d'un  soleil  d'or. 

«  M' Avril,  greffier,  a  ses  armes  diferentes,  au  40*  feulhet  de  ce 
livre  »  (f.  44  v»). 

(1)  Ce  nom  est  souvent  écrit  :  Origet. 

(tj  Les  mots  :  AorU  et  greffier  sont  d'une  autre  écriture  que  celle  de 
Poncet. 
(3)  D*une  autre  main  que  celle  de  Poncet* 


RBGUBIL  D*ARIIOiaiBS  LIMOUSINES  457 

François  Avril,  écuyer,  seigneur  de  Roclier,  6t  enregislrer  ses 
armes  en  1696  :  d'argent  à  un  arbre  de  simple,  terrassé  de  même, 
au  chef  d'azur  chargé  de  trois  étoiles  d'or. 

20.  «  M'  AVRIL,  médecin  de  Limoges  »  (1667-1678),  f.  62;  r.  3; 
n*  1.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  d'un  soleil  de 
tnéme,  et  en  pointe  d'un  lion  d'or, 

«  Gomme  on  me  l*a  commandé,  soleil  d'or.  » 

L*armorial  Lamy  donne  les  armes  de  M.  d'Avril,  médecin  à  Limo- 
ges :  d'or  au  lion  de  simple  portant  avec  sa  patte  dextre  une  croix 
de  gueules, 

21.  «  Eslienne  BACHELIER  »  (entre  1640  el  1642),  f.  22;  r.  1  ; 
n*  1.  —  D'azur  à  trois  branches  de  laurier  de  simple  fruitées  de 
gueules, 

<c  J*ay  faict  les  armes  de  Bachelier  champ  d'azur  ;  les  troys  bran- 
ches de  lauriers  vertes;  les  pommes  rouges  tirées  de  noyr,  rehaus- 
sées de  jaulne.  Pour  celles  de  sa  femme,  elles  sont  en  ce  papier, 
feulhet  18  (1)  :  réservé  que  j'ay  faict  les  chiens  courans  au  lieu 
qu'ils  sont  rampans  »  (  f.  21  v^). 

22.  (BAIGNOL).  «  M' Joseph  BAGNOL,  consul  (1657),  f.  85;  r.  4; 
n°  1 .  —  D'azur  au  pigeon  d'argent  sur  une  montagne  de  même. 

«  Il  y  a  d'autres  Baignolz,  qui  ont  leurs  armes  diferentes  » 
(f.84v«).  (Voy.  planche  3). 

23.  «  M'  BAIGNOL,  (2)  en  Teslection  de  Limoges»,  f.  30; 
r.  3;  n"  2.  —  D'azur  au  pigeon  d'argent,  les  pattes  de  gueules,  te- 
nant en  son  bec  un  rameau  de  simple,  et  posé  sur  un  globe  d'or. 
(Voy.  planche  3). 

«  Il  y  a  d'autres  M"  Baignolz  qui  ont  leurs  armes  diferentes, 
pour  avoyr  un  terlre  d'argent  au  lieu  de  la  boule  d'or;  d'autres  qui 
ont  seulement  le  coulomb  d'argent  avec  la  branche  de  laurier 
verte.  Voy.  les  5,  32  et  87  feulhetz  de  l'autre  livre  d'armories  » 
(f.  29  V). 

Joseph  Baignol,  procureur  au  présidial  de  Limoges,  et  membre 
de  la  Confrérie  du  Saint-Sacrement  en  1556,  perlait  d'azur,  au 
pigeon  d'argent. 

(1)  À  Tancien  feuillet  18,  il  n'y  a  qu'un  seul  blason  où  on  trouve  des 
chiens,  celui  des  Oescbamps.  La  femme  de  Bachelier  appartenait  donc  à 
celle  famille. 

(9)  Un  mot  laissé  en  blanc. 

T.  LU  30 


4to  SOCIKTÊ  AaCÉÊOLOOlOOK    KT   BlSTORIQUB  DU  LltlOUSltl 

24.  «  M'  BAILLOT  »,  f.  7;  r.  3;  n*  2.  —  D'azur  à  la  fasce  en 
divise  d'argent,  accompagnée  en  chef  de  trois  étoiles  d'or^  et  en 
pointe  de  trois  bâtons  écotés  de  méme^  posés  en  pal  2  et  i , 

Ge  sonl  ces  armes  que  6t  enregistrer  en  1696  Jean  Baillot,  con- 
seiller du  roi  auprésidial  de  Limoges. 

25.  «  BAJU  »  (1682-53),  f.  45;  r.  2;  n»  2.  —  D'azur  au  chevron 
d'or,  surmonté  d'un  croissant  d'argent,  accompagné  en  chef  de  deux 
étoiles  d'or  et  en  pointe  de  trois  arbres  de  sinople  posés  un  et  deux, 
celui  du  milieu  soutenu  d'une  étoile  d'or, 

26.  «  BALAIRÉ  (?),  gendre  ches  le  Maury  »  (1645  et  suiv.),  f  .35  ; 
r.  2;  n**  3.  —  D'azur  à  deux  étoiles  d'or,  un  soleil  de  même  en  chef, 
et  une  eau  d'argent  en  pointe. 

27.  c  Jean  BALAN,  d*Aixe  »  (1645  et  suiv.),  f.  36;  r.  1  ;  nM.  — 
D'azur  à  la  balance  d'argent  avec  les  plateaux  d'or,  accompagnée  de 
deux  étoiles  en  chef  et  d'un  cœur  en  pointe  de  même. 

28.  «  M'  BALAND  »  (entre  1667  et  1678),  f.  64;  r.  2;  n*  2  (i). 
—  D'azur^  deux  étoiles  d'or  en  chef,  et  un  croissant  de  même  en 
pointe, 

«  Croissant  or,  comme  on  me  Ta  commandé  ». 

29.  «  Vénérable  M'  Léonard  BANDEL,  chanoine  de  Sainct 
Eslienne  »  (1627),  f.  13  ;  r.  4  ;n®2.  —  D'azur  au  chevron  d'or  sur- 
monté d'un  croissant  d'argent,  accompagné  de  trois  losanges  de 
même,  2  en  chef  et  i  en  pointe. 

30.  «  BARBOU  »,  f.  9;  r.  3  ;  nM.  —  D'azur  à  une  main  dextre 
de  carnation  parée  d'argent,  mouvante  d'une  nuée  de  même  du  flanc 
senestre  et  tenant  une  palme  et  un  épi  de  blé  d'or  passés  en  sautoir, 
et  un  croissant  d'argent  en  chef, 

L*armorial  de  1696,  où  ces  armes  sont  enregistrées  sous  le  nom 
de  Jean  Barbou,  marchand  à  Limoges,  donne  le  croissant  d'or. 

Il  en  donne  aussi  d'absolument  semblables,  mais  sans  croissant, 
sous  ce  même  nom  de  Jean  Barbou,  marchand  à  Limoges. 

31.  «  ...  BARDET,  M"  sellier  »  (1641),  f.  24;  r.  1  ;  n*»  3.  — 
D'azur  à  l'arbre  de  sinople  sur  une  Champagne  de  même,  accosté  de 
deux  étoiles  d'or. 

(I)  Le  Q*  3  de  ce  rang  a  été  bi£fé.  Le  n*  4  le  reproduit  plus  complet. 


RIGUBIL  dVrMOIRIBS  LIMOOSINBS  4b^ 

32.  «Estienne  BÂRDINET  »  (i658  ou  peu  après),  f.  59;  r.  1; 
Qo  3,  ^  ffazur  au  cœur  d'or,  chargé  des  lettres  È  et  B  entrelacées. 

33.  «  Dudit  Estienne  BARDINET  »  (1658  ou  peu  après),  f.  59; 
r.  2  ;  n*  1 .  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  iun 
croissQ^it  d'argent  entre  deux  étoiles  d'or^  et  en  pointe  d'un  cœur  de 
même,  chargé  des  lettres  EetBde  gueules. 

34.  «  Pierre  BARDINET  »  (1655-57),  f.  52;  r.  1  ;  n*»  2.  —  D'or 
à  l'arbre  de  sinople  terrassé  de  même,  au  chef  d'azur  chargé  de  trois 
é9miu  d'or. 

a  II  y  8  d*aulres  Bardinetz  qui  onl  leurs  armes  diferentes  :  voyes 
les  en  Tautre  liTre,  en  divçrs  endroictz  »  (f.  51  v*). 

35.  «  M' BARDON,  conseiller,  gendre  de  M' de  Traslage,  aussi 
conseiller  »  (1645  et  suiv.),  f.  34;  r.  2  ;  n"  i.— D'azur,  à  l'aigle  au 
vol  abaissé  d'or  empiétant  un  poisson  d'argent. 

a  Jay  faict  les  armes  de  M'  Bardon,  conseiller,  filz  d'autre  s' 
Bardon,  aussi  conseiller,  comme  elles  sont,  les  5  de  la  page  sui- 
vante, me  les  ayant  ainsi  commandées,  diferentes  dudit  s'  son  ûlz, 
les  armes  duquel  sont  au  feulhel  15  les  6  (?),  d'iceluy  présent 
papier  »  (f.  33  v»j. 

Voir  D"*  Nycolas  épouse  du  sieur  Bardon. 

36.  «  M' BARDON,  conseiller  »  (entre  1630  et  1640),  f.  15;  r.  2  ; 
n""  3.  —  D'azur  à  trois  bourdons  d'or  posés  en  pal  et  en  sautoir, 
accompagnés  en  flanc  de  deux  étoiles  de  même  et  en  pointe  d'un  crois- 
sant  d'argent. 

37.  a  Dudit  s'  BARDON  et  de  sa  femme,  tout  (?)  ensemble  » 
(entre  1630  et  1640),  f.  45;  r.  3;  n»  1.  —  Parti,  au  /•'  d'azur  à 
trois  bourdons  d'or  posés  en  pal  et  en  sautoir ^  accompagnés  en  flanc 
de  deux  étoiles  de  même  et  en  pointe  d'un  croissant  d'argent;  au  2^ 
d'azur  au  cerf  d'or  franchissant  une  rivière  d'argent, 

«  Dud.  s' Bardon  et  de  sa  femme,  dame  Catherine  de  Savignac, 
tout  ensemble.  Ledict  s' Bardon  m'a  dict  du  despuis  qu'il  faloit  que 
le  cerf  iraversapl  une  rivière.  » 

38.  «  Hugues  BARDONNAUD  »  (1644),  f.  32:  r.  3;  n»  3.  — 
D'azur  au  dextrochère  d'argent,  vêtu  d'or,  mouvant  d'un  nuage 
d'argent  au  flanc  senestre,  et  tenant  deux  bourdons  d'or  en  sautoir; 
trois  étoiles  d'or  en  chef. 

39.  «  M' BARDOULAT  d  (1653-54),  f.  49;  r.  1  ;  n*2.  —  D'azur 


460  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   KT   ËIStOKlQUE.  DU   LlMOUSlK 

à  une  branche  de  sinople  fleurie  d'une  rose  d'or,  soutenue  d'un  crois- 
sant d'argent,  accompagnée  en  chef  de  trois  étoiles  d'or,  i  et  2. 

«  J'ay  faict  les  armes  de  M'  Bardoulat,  lieutenant  (?)  dEsmous- 
tiers,  scavoir  :  le  champ  d*azur;  les  3  estoyies  et  rose  du  milieu 
d*or;  la  branche  de  ladite  rose  de  verd;  le  croissant  d'argent;  le 
laurier  hors  l'escusson  de  verd  »  (f.  48  v«).  • 

Pierre  Bardoulat,  sieur  du  Plazanet,  bourgeois  de  la  ville  d'Ey- 
moutiers,  qui  en  1652  acheta  la  charge  de  François-Martial  de 
Yerthamon,  a  ses  armes  sur  le  plan  de  la  ville  de  Limoges,  dit  des 
Trésoriers  :  d'argent  à  une  rose  d'or  tigée  et  feuillée  de  sinople,  issant 
d'un  croissant  de  gueules,  accompagnée  de  trois  étoiles  rangées  en 
chef  d'or  (Voy.  planche  5). 

47.  «  François  BAR JOT  »,  f.H  ;  r.  4  ;  n°  2.  —  D'azur  aux  ciseaux 
posés  en  pal  et  ouverts  d'argent,  accompagnés  en  chef  d'une  étoile 
de et  en  pointe  d'un  croissant  d'argent. 

44.  «  M'  BARNY  n  (entre  1667  et  1678),  f.  61  v*»  ;  r.  3;  n«  2.  — 
De  gueules  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  roses  de 
même  et  en  pointe  d'un  lion  aussi  d'or. 

i<  Le  champ  de  M.  Rarny  devoit  estre  d'azur  au  lieu  de  gueules, 
et  le  chevron  rompu  d's^rgent  ;  mais  je  les  ay  fait  comme  il  est  mar- 
qué dans  ces  armes.  » 

Jean  Barny,  avocat  à  Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  : 
d'azur  à  un  chevron  d'argent,  accompagné  en  chef  de  deux  roses 
d'or  et  en  pointe  d'un  lion  de  même. 

42.  (c  BARRY,  capitaine  de  la  maison  de  ville  de  Limoges  (1), 
1648  »),  f.  38  ;  r.  1  ;  n«  3.  —  Parti,  au  /«'  d'azur  à  trois  barils  d'ar- 
gent l'un  sur  Vautre;  au  2^  d'azur  à  trois  lions  passants  l'un  sur 
l'autre  d'or. 

«  J'ay  faict  les  armes  de  (2)  Barry,  capitaine  de  la  maison  de 
ville  de  Limoges,  comme  on  peut  voir  les  trois  de  la  page  suivante, 
ainsin  qu'il  me  les  a  commandées,  en  un  panonceau  des  Pastres  (3) 
de  St-  Pierre.  Celles  de  Jean  Barry,  son  père,  sont  un  lacs  d'amour, 
une  estoyle  pardessus,  et  lettres  pareilles  a  celles  de  feu  Pierre 
Barry,  son  frère,  qui  sont  au  5  feulhet  de  ce  livre  »  (f.  37  v*). 


(f)  FoDClioDS  qui  lenaienl  de  Tappariteur  et  du  concierge. 
(9)  Prénom  en  blanc. 

(3)  Confrérie  bien  connue  qu'on  désignait  d'habitude  sous  le  nom  de 
tt  Pastoureaux  ». 


RBCUBIL   d'aRMOIRIRS   UMOUSINRS  461 

43.  «  Pierre  BARRY,  dicl  GOUVERNAT  »,  f.  6;  r.  3;  n«  S.  — 
D'azur  au  lacs  ou  cordelière  d'argent  entrelacée  en  forme  de  croix^ 
accompagnée  en  chef  d'une  étoile  d'argent,  aux  (lacs  des  lettres  P  et 
B,  et  en  pointe  de  la  lettre  A. 

44.  'Jean  BARTON,  évéque  de  Limoges  (1458-1484  ou  i484-lS10). 

—  Uazur  au  cerf  à  la  reposée  d'or,  au  chef  échiqueté  d'or  et  de 
gueules  de  trois  traits  (Armoriai  Lamy). 

Un  émail,  appartenant  au  Cercle  de  TUnion  (ancienne  collection 
Taillefer),  porte  ces  armes. 

45.  «  S' Jean  BASSET,  de  Saint  Mer  (i)»  (1642),  f.  28;  r.2;.nM. 

—  D'or  au  cœur  enflammé  de  gueules  y  accosté  des  lettres  I  et  B, 
accompagné  en  chef  et  en  pointe  de  deux  branches  de  laurier  de  sino- 
pie  se  croisant  en  sautoir. 

46.  «  BASTIDE  »,  f.  7;  r.  2;  n*»  2.  —  D'azur  à  la  tête  de  vache 
de  gueules,  chargée  d'un  chevron  d'or. 

47.  (BEAUBIAT,  BALBIAC).  «  BAUBIAC  »  (entre  1667  et  1678), 
f.  62;  r.  3;  n*  3.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de 
deux  étoiles  d'argent,  et  en  pointe  d'un  croissant  de  même. 

48.  «  BAUBIAD  (;J)  n  (1640  etsuiv.)»  f-  *0;  r.3;  n»  2.  —D'azur 
à  l'aigle  au  vol  abaissé  d'or. 

49.  'Jean  BAUD  de  Lesserie,  conseiller  du  roi,  receveur  et 
payeur  ancien  des  officiers  du  bureau  des  finances  de  la  généralité 
de  Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'azur  à  l'aigle  au 
vol  abaissé  d'or,  surmontée  de  trois  étoiles  d'argent  rangées  en  chef, 
et  soutenue  d'un  croissant  de  même. 

80.  «  S'  BAYLE,  Tun  des  bayles  des  Marchans  »  (1643),  fol.  27  ; 
r.  3  ;  n*  1.  —  D'azur  à  la  croix  haute  à  deux  traverses,  Fextrémité 
du  bras  supérieur  dextre  réunie  au  sommet,  et  le  pied  fiché  dans  un 
cœur  chargé  des  lettres  P  et  B,  le  tout  d'or. 

((  J'ay  faict  les  armes  dudit  S'  Bayle  en  son  panonceau  des  mar- 
chans, que  j'ai  prinses  sur  un  cachet,  ou  je  feilz  le  champ  d*azur, 
et  tout  le  reste  d*orpin  (3),  représentant  or  ». 

(\)  Saint-Héard,  probablement. 

{t)  D*une  aulre  écrilare  que  celle  de  Poncet. 

(3)  OrpiipeDt»  couleur  jaune  (sulfure  d*arseDie). 


462  SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOOIQUR    RT  B1ST0HIQUR  DU  LIMOUSIIf 

M.  c<  De  BEAUBRUEIL,  juge,  prevost  de  Limoges»,  (1648  el 
suiv.),  f.  39;  r.  1  ;  n*  1.  —  De  gueules  au  chevron  (Tor,  accompa- 
gné en  chef  de  deux  yeux  d'argent,  et  en  pointe  d'un  pigeon  de 
même;  au  chef  cousu  d'azur  au  soleil  d'or. 

«  Pour  renterement  du  filz  de  Monsieur  de  Beaubrueii,  juge  pre- 
vost de  Limoges,  j'ay  faict  ses  armes  comme  sont  les  premiers  de 
la  page  suyvante,  prinses  sur  un  escusson  qui  a  servy  cy  devant 
pour  des  honneurs  funèbres,  qui  avoienl  le  chef  d*azur,  le  soleil 
d'or  et  le  bas  de  gueules,  les  deux  yeux  d'argent,  le  chevron  d'or 
elle  pigeon  d'argent  »  (f.  38 v«).  (Voy.  planches  3  et  5). 

52.  «  M.  de  BEAUB[REUIL]  »,  f.  10  ;  r.  1  ;  n»  2.  —  De  gueules 
au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  yeux  d'argent,  et  en 
pointe  d'un  pigeon  de  même;  au  chef  cousu  d'azur  au  soleil  d'or. 

Jean  de  Beaubreuil,  avocat  en  Parlement,  membre  de  la  Confré- 
rie du  Saint-Sacrement  à  Saint-Hichel-des-Lions  en  1S36,  a  ses 
armes  dans  le  registre  de  cette  Confrérie  :  elles  sont  de  gueules  au 
chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  yeux  d'argent,  et  en  pointe 
d'un  pigeon  de  même. 

i.  Beaubreuil,  trésorier  de  France  à  Limoges  vers  1680,  portait 
de  gueules  au  chevron^  accompagné  en  chef  de  deux  yeux,  et  en 
pointe  d'un  pigeon,  le  tout  d'argent;  au  chefd'azjtir  au  soleil  d'or. 
(Voy.  planches  3  et  5). 

53.  «  Anthoine  de  BEAUBRUEIL,  m*  charpantier  »  (1644),  f.  31; 
r.  1  ;  n°  3.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  d'une 
étoile  de  même  entre  deux  yeux  d'argent;  et  en  pointe  d'un  soleil 
d'or.  (Voy.  planches  3  et  6). 

54.  «  Jean  de  BEAUNOM  »,  f.  8;  r.  1;   n*  3.  —  De à  un 

chevron  de accompagné  de  trois  étoiles  de 

55.  «  BECHAMEIL  »  (entre  1667  et  1678),  f.  63  ;  r.'3;  n*  2.  — 
D'azur  à  trois  épis  de  millet  d'or,  deux  et  un. 

56.  «  BECHAMEYS  »  (1657-1658),  f.  56;  r.  3;  nM.  -  De 

au  chevron  de accompagné  de  trois  épis  de  millet  de deux 

en  chef  et  un  en  pointe. 

«  Il  y  a  d'autres  Bechameys  qui  ont  leurs  armes  diferentes,  en 
l'autre  papier,  pour  avoir  les  3  milletz  non  semblables  et  sans  che- 
vron rompu  :  au  52  feulhet  de  l'autre  papier  »  (f.  55  v*). 

57.  *  La  ville  de  BELLAG  a  fait  enregistrer  ses  armes  à  TAr- 
morial  de  1696  :  d'argent,  au  chdteau  de  sable  couvert  d'un  toit  en 


RECUEIL  d'armoiries  L1H008IIIR8  163 

dos  d'âne  flanqué  de  deux  tours  et  donjonné  d'une  autre  tour  y  pavil- 
lonnées  et  girouettées  de  méme^  le  tout  sur  une  rivière  d'azur;  au 
chef  d'azur  chargé  de  trois  fleurs  de  lis  d'or  mal  ordonnées, 

58.  «  BELLEMIE,  duMonlan  de  Magnine  »  (1667),  f.  61  ;  r.  1;  nM 
(1667).  —  D'azur  au  chevron  d'or,  surmonté  d'un  croissant  d'argent 
et  accompagné  de  trois  œillets  d'or,  2  et  i . 

a  Voyes  au  ^  feuliet  du  présent  livre  :  il  y  a  les  armes  de  Bel- 
lemie  qui  sont  différâmes  »  (f.  60  v®). 

89.  «A...  BELLEMYE»  (1641),  f.  22;  r.  3;  n«  3.  -  D'azur  à 
une  tête  de  femme  d'argent,  accompagnée  de  trois  œillets  d'or,  i  et  2, 

<c  Tay  faict  les  armes  de  A.  Bellemye  en  son  panonceau,  comme 
bayle  du  Cierge  des  Marchans,  1641,  sur  un  cachet  qu'on  m'a 
monstre  :  le  champ  d'azur,  la  teste  au  dedans  Tescusson  blanche, 
représentant  argent,  et  les  3  hieruflees  (giroflées?)  de  jaulne, 
représentant  or,  avec  les  lettres  A  B  qui  estoient  dans  ledit  qscus- 
son  que  je  n'ay  pas  voulu  mettre.  Les  armes  de  feu  son  père, 
Pierre  Bellemye,  n'ont  point  la  teste  du  milieu  :  seulement  les 
3*fleurs  dans  Tescusson,  scavoyr  2  de  hault,  et  l'autre  au  bas  » 
(f.  21  v*)- 

N Bellemye,  greffier  de  la  justice  ordinaire  de  Bourganeuf, 

fit  enregistrer  ses  armes  en  1696,  mais  n'en  donna  pas  le  dessin. 

60.  «  *Jean  DU  BELLAY,  évoque  de  Limoges  »  (1841-1S46).  - 
D'argent  à  la  bande  fuselée  de  gueules,  accompagnée  de  six  fleurs  de 
lis  mises  enorle,  trots  en  chef  et  trois  en  pointe  (Armoriai  Lamy). 

61.  «  Jean  BELON  »  (1648  et  suiv.),  f.  36;  r.  3;  nM.  —  D'or  au 
chevron  de  gueules,  accompagné  de  trois  oubelons  (1)  de  sinople. 

62.  «  BELUT  »  (1682-83),  f.  45;  r.  3;  nM.  —  D'azur  au  triangle 
d'or,  vidé  d'azur  et  portant  au  centre  un  besant  d'or,  accompagné  en 
chef  d'une  rose  de  même,  aux  flancs  de  deux  besants  aussi  d'or,  et  en 
pointe  d'un  croissant  d'argent. 

63.  «  M' BENOIST  »,  f.  2;  r.  1  ;  n»  3.  —  D'azur  au  chevron  d'or, 
accompagné  de  trois  mains  dextres  bénissantes  ^argent. 

Hélie  Benoit,  marchand  de  Limoges  et  membre  de  la  confrérie 


(i)  Plante  des  étangs  nommée  «  Màssette  »,  en  botanique  Typha,  plus 
connue  sous  le  nom  de  Canne  de  jonc,  ou  de  Quenouille.  On  la  trouve 
aussi  dans  des  armes  que  s*altribuait  un  membre  de  la  famille  Blondeau 
(Selon  d*eau). 


46 i  SOCIÊTé  ARCHftOLOOiQUK  KT  HISTORIQUK  DU  LIMOUSIN 

du  Saint-SacremeDl  à  Saint-Michel-des-Lions,  en  1586,  faisait  pein- 
dre ses  armes  dans  le  registre  de  cette  confrérie  :  d^or  à  deux  bran- 
ches [de  buis]  de  sinople^  accostées  des  lettres  H.  B.  de  sable,  le  tout 
lié  d'un  ruban  de  gueules.  (Voy.  planches  1  et  3). 

64.  a  Pierre  BENOIST,  brodeur  »  (1648  et  suiv.),  f.  38;  r.  3;  n2. 
—  D*azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  deux  mains  bétiissantes 
d'argent  en  chef  et  d'un  arbre  de  sinople  en  pointe;  au  chef  d'azur 
soutenu  d'or,  chargé  d'un  croissant  d'argent  entre  deux  étoiles  d'or. 

68.  «  M'  BERTRAND,  chanoine  de  Sain t-Estienne  «  (1643-44), 
f.  28;  r.  1  ;  n*  3.  —  D'azur  à  deux  cygnes  affrontés  d^ argent,  mem- 
bres d'or,  buvant  dans  un  vase  de  même, 

((  J'ay  faict  les  armes  de  feu  M' Bertrand,  chanoyne  de  St  Estienne, 
sur  d'autres  que  j'ay  veu,  qui  aToient  le  champ  d*azur,  le  corps  et 
col  des  cignes  d'argent,  les  aisles,  les  deux  jambes  et  couppe  d'or, 
comme  aussi  Taneau  d'or  qui  est  entre  les  deux  colz  des  cignes  » 
(f.  27  v°). 

66.  <c  François  BESSE,  marchau  chapelier  »  (1)  (1648  et  suiv^), 
f.  41  ;  r.  3  ;  n*»  3.  —  D'or  à  V arbre  de  sinople,  au  léopard  de  gueules 
brochant  sur  le  tronc  de  l'arbre. 

67.  <(  M'  BESSE,  preblre  de  S'  Pierre  »  (entre  1640  et  1642), 
f.  22;  r.  3  ;  n**  1.  *—  D'or  à  l'arbre  de  sinople,  au  léopard  de  gueules 
brochant  sur  le  tronc  de  l'arbre. 

68.  «  Pierre  BESSINES,  archer  »,  f.  11  ;  r.  1  ;  n«  3.  —  D'azur  au 
cygne  d'argent  sur  une  rivière  de  même,  accompagné  des  lettres 
P.  etB.  et  en  chef  une  étoile  de 

«  Le  cigne  et  la  rivière  sont  blancz  au  lieu  d'argent,  un  peu 
d'herbe  de  chasquc  costé.  » 

69.  «  La  Lieutenente  de  BEYNACT  («te)  »  (entre  1667  et  1678), 
f.  64;  r.  1  ;  n*  3.  —  D'azur  à  l'arbre  de  sinople,  une  rivière  d'argent 
en  pointe, 

70.  «  M»  BEYSSAT  »  (1628),  f.  14;  r.  3;  nM.  —  D'azur  au  che- 
vron dor,  surmonté  dune  étoile  de,,,,,  et  accompagné  de  trois  trèfles 
d'or. 

71.  «  M'  BlAYS  »,  f.  3;  r.  3;  n«  3.  —  D'azur  au  chevron  d'or, 
accompagné  de  trois  bâtons  noueux  d'argent. 

(\)  D*une  autre  main  que  celle  de  Poncet. 


RKCUIIL  d'aRNOIRIBS   LIMOUSINES  465 

Ce  sont  les  armes  que  portail  Jeaa  Biays,  élu  pour  le  Roi  en 
Haut-Limousin,  et  membre  de  la  confrérie  du  Saint-Sacrement  à 
Sainl-Michel-des-Lions,  en  1856.  (Voy.  planche  3). 

72.  «  Guilhaume  BLANCHARD,  cy  devant  gager  de  la  maison  de 
ville  »  (1640),  f.  18;  r.  3;  n*  1.  —  D'azur  à  la  croir  haute  d'or^  et 
un  cygne  d'argent  brochant  sur  sa  tige  qu'il  entoure  avec  son  cou. 

73.  «  Joseph  BLANCHARD  »,  f.  8;  r.  1;  nM.  —  D'or  à  dix 
flammes  de  gueules  posées  3,  2^  3  et  2, 

«  Les  armes  des  Blanchardz  doivent  avoyr  le  champ  d'or,  les 
flammes  de  gueules;  ou  les  dites  flammes  d*or,  champ  d'azur.  » 

74.  «  BLANCHARDON  »  (1653),  f.  47;  r.  3;  n'i. --D'azur  au 
sautoir  d'or,  accompagné  en  chef  d'une  étoile  de  même  et  en  pointe 
d^un  soleil  aussi  d'or. 

«  Il  y  a  d'autres  Blanchardons  qui  ont  leurs  armes  diferentes. 
Voyez  le  21'  feulhet  de  ce  livre  .» 

78.  «  BLANCHARDON,  marchant  des  faux  bourgs  de  iMagnigne  » 
(entre  1640  et  1642j,  f.  21;  r.  3;  n»  3.  —  D'azur  au  dextrochère 
d'argent,  vêtu  d'or,  issant  d^un  nuage  d'argent,  et  tenant  trois  épis 
de  blé  d'or. 

m 

76.  «  BLONDEAU,  de  Solompnîac  »  (1630)  (1),  f.  J8;  r.  1  ;  nM. 
—  D'azur  à  la  tige  de  sinople,  fleurie  au  sommet  d'une  rose  d'or^ 
soutenue  en  pointe  d'un  croissant  d'argent,  et  accostée  de  deux 
étoiles  d'or. 

77.  «  M' BLONDEAU,  trezorier,  consul  »  (1637).  —  Coupé  :  au  /«' 
d'argent  au  lion  issant  de  gueules  ;  au  2^  d'azur  à  l'arbre  d'or, 
accosté  de  deux  étoiles  de  même;  à  la  bordure  d^or  chargée  de  six 
lions  léopardés  de  gueules. 

«  Les  armes  de  M' Blondeau,  trésorier,  premier  consul  de  Limo- 
ges, 1687,  sont  les  premières  de  la  page  suivante,  ayant  Theaume 
de  fron,  la  moictié  du  hault  de  Fescusson  d'argent,  dans  lequel  y  a 
la  moictié  d*un  lion  rampant,  de  gueules,  qui  est  rouge;  l'autre 
moictié  de  l'escusson  au  bas  est  le  fondz  d'azur;  l'arbre,  son  terroir 
et  les  deux  estoiles  d'or;  le  bord  dudit  escusson  est  d'or,  dans 
lequel  sont  6  lions  ou  leopardz  rouge  brun,  sans  apparence  de 
queues  ». 

(I)  En  tête  de  ce  rang  d'écusscos,  celte  mention  :  «  Quatre  balles  d\]| 
Cierge  des  Marchans,  f630.  » 


466  SOCIÉTÉ  ABCHÉ0L06IQUR  BT  HISTORIQUB  DU   LIMOUSIN 

«  Si  on  en  veut  faire  d'autres,  faudra  scayoir  comme  on  les  vou- 
dra. »  (f.  55  V*). 

Le  plan  de  Limoges,  par  Â.  Jouvin  de  Rochefort,  dressé  vers 
1680,  donne  pour  armes  au  trésorier  Jean  Blondeau  :  d'azur  au 
lion  d*or.  (Voy.  planche  5), 

Gabriel  Blondeau  de  Venteau,  écuyer,  président  trésorier  de 
France  au  bureau  des  finances  de  la  généralité  de  Limoges,  ût 
enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'azur  au  lion  dor,  les  pattes  de 
devant  passées  en  sautoir,  et  la  queue  passée  entre  les  jambes  et 
remontant  sur  le  dos. 

78.  «  M'  BOISSE  »  (1679  ou  postérieur),  f.  67;  r.  2;  n«  2.  — 
D'azur  à  l'arbre  de  sinople  terrassé  de  même,  au  chef  cousu  de 
gueules  chargé  d'une  rose  d'argent  entre  deux  étoiles  d'or, 

Jacques  de  Boisse,  seigneur  de  La  Farge,  paroisse  d'Eyjeaux,  fit 
enregistrer  ses  armes  en  1696  :  fascé  d'argent  et  de  gueules  de  six 
pièces,  les  fasces  d* argent  chargées  chacune  de  trois  mouchetures 
d'hermine  de  sable. 

Voir  aussi  Boysse. 

79.  «  De  monseigneur  DE  BONNËVAL  et  de  madame  sa  femme  », 
f.  8  R  V*  (1).  —  Parti  :  au  /«'  d'azur  au  lion  d'or;  au  2^  écartelé  aux 
/'  et  4^  d*or  à  trois  poissons  de  gueules^posés  en  pal  2  et  1  ;  au  3* 
d'or  au  lion  de  gueules;  au  4^  de  gueules  à  la  comète  d'argent. 

Ecusson  peint. 

80.  «  Le  comte  de  BONNEVAUD  »,  f.  12  R  v»  (2).  —  D'azur  au 
lion  dor,  qui  est  de  Bonneval  comme  le  précédent. 

Ecusson  peint. 

81.  «  M'  BONNEYSSET,  juge  de  Solompnhac  »  (1642-43),  f.  26; 
r.  1  ;  n°  1.  —  D'azur  à  l'arbre  de  sinople,  le  tronc  chargé  d'un  cœur 
d*or,  surmonte  de  rayons  de  même  issant  du  chef,  et  accosté  de  deux 
étoiles  et  des  lettres  P  et  B,  le  tout  d'or. 

«  Il  y  a  d*autres  Bonneyssetz,  de  Solompnhac,  qui  ont  leurs 
armes  diferentes.  Voyes  Tautre  papier,  feulhet  80  »  (f.  25  v*). 

N...  Bonneysset,  juge  de  Solignac,  et  N...  Bonneysset  du  Maraud, 


(1)  Seal  ecusson  de  la  page.  Un  autre  a  été  esquissé  à  la  sanguine  au 
dessous;  mais  il  est  peu  distinct.  Nous  rappelons  que  les  numéros  dn 
foliotage  suivis  d'un  R  renvoient  aux  feuillels  du  livre  pris  k  rebours. 

(2)  Seul  ecusson  de  la  page  comme  au  f.  8R  v*. 


RBCOBIL  D*AltllOlltlB8  LIMODSINBS  467 

de  la  ville  de  Solignac,  firent  earegistrer  leurs  armes  en  1696,  mais 
n'en  donnèrent  pas  le  dessin. 

82.  «  M'BONNIN  »,  f.  3;  r.  2;  n*  3.  —  D'azur  an  pélican  d'or. 
«  Le  pélican,  les  3  oyseaux  et  teroir  (?)  sont  tous  d'or,  tires 

de  noyr{l).  » 

83.  «  M' BONYN,  bourgeois  et  marchand  (consul  1688}  »,  f.  58; 
r.  2;  n»  3.  —  D'azur  au  pélican  sur  son  aire  se  becquetant  restomac, 
le  tout  d'or,  et  deux  étoiles  de  même  en  chef. 

«  M' Bonnin,  bourgeois  et  marchand  :  champ  d'azur  dans  lequel 
y  a  un  pélican  et  ses  petitz  d'or,  qui  sont  dans  un  grand  tertre 
ou  nid,  tous  d'or  »  (f.  87  v°). 

84.  BONY  (de).  «  M' de  La  Vergue  et  de  sa  femme  »  (1628),  f.  14; 
r.  2;  n'^^  et  2. 

De  Bony,  seigneur  de  La  Vergue  :  parti:  au  /•'  de  gueules  à  trois 
besants  d'argent  (qui  est  de  Bony)  ;  au  2^  bandé  d'or  et  de  sinople  de 
six  pièces  (qui  est  de  Sala^nac-Rochefort). 

Ce  sont  les  armes  de  Jean  de  Bony  de  La  Vergue  et  de  sa  seconde 
femme  (1608),  Anne  de  Salagnac,  fille  de  Fiacre  de  Salagnac,  sei- 
gneur de  Rochefort. 

Jean  Bony  de  La  Vergue,  écuynr,  seigneur  de  La  Vergue,  fit 
enregistrer  ses  armes  en  1696  :  de  gueules  à  trois  besants  d'argent, 
deux  en  chef  et  un  en  pointe, 

88.  «  Armes  de  M' BONYdeLa  Vergneetde  dame  (2)  sa  femme 
toutes  entières,  que  j  ay  prinses  sur  une  assiette  d^argent  faicle  a 
Paris.  Je  ne  sçay  point  le  blason  ».  —Parti  :  au  1  ^^  de  gueules  à  trois 
besants  d'argent,  deux  et  un  (qui  est  de  Bony);  au  2*  de...  à  la  fasce 
de...  accompagnée  en  chef  de  trois  étoiles  et  en  pointe  d'un  lion  de... 

BOSFREN  on  BOFFREN.  Voir  de  Brie,  seigneur  du  Bosfren. 

86.  «  BOUDET,  gendre  ches  Ardant  »  (1644),  f.  31;  r.  1  ;  n*»  2. 
—  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  pointe  d'une  étoile  à  six 
rais  de  même. 

«  Voyes  le  19  feulhet  de  ce  livre.  » 

c  II  y  a  d'autres  Boudetz  qui  ont  leurs  armes  difercntes,  comme 
au  feulhet  19  de  ce  papier  »  (f.  30  v*). 

87.  «  EstienneBOUDET,  maitre  chirurgien  »  (entre  1640  et  1642), 

(4)  G'esl-à-dire  avec  Hes  traits  noirs  pour  accentuer  les  détails. 

(5)  Ce  rang  comprend  uo  seul  écusson. 


i68  SOCIRTË  AftOBÈOLOGlQUR   KT   HIStORIQUR   DU   LlMOnSIN 

f.  19;  r.  2;  n^  1.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  deux 
étoiles  de  même,  l'une  en  chef,  l'autre,  en  pointe. 
«  Voyez  le  31"  feulhet  de  ce  livre.  » 

88.  (BOUILLON),  «  M^  BOULHON  »  (1628),  f.  13;  r.  2;  n«  3.  — 
Parti  :  au  /®'  d'azurà  l'aigle  au  vol  abaissé  d'argent;  au  2*  de  sino- 
pie  à  trois  pommes  de  pin  d'or,  posées  eii  fasco,  1 ,  1  et  1 , 

«  J  ay  faict  les  armes  de  M.  Boulhon,  greffier  en  la  ceneschanlcee 
de  Limoges,  pareilles  aux  6  de  la  page  suyvanle  :  pour  le  blason,  il 
est  diferend  en  ce  que  Taigle  est  d'or,  champ  dudit  azur;  les  oval- 
les  en  grisie  sont  d'argent,  champ  de  gueules  » 

«  J*ay  fait  (Fan  1648,  en  un  petit  escusson  de  S*«  Croix),  les 
armes  dudit  s"  Boulhon,  commis  au  greffe  de  la'prevosté  geoeralle, 
diferentes  de  blason  de  celles  qui  sont  les  6  de  la  page  suyvanle,  en 
ce  que  Taigle  est  d*or,  le  champ  d'azur  ;  pour  les  3  ovales  de  rauUi  e 
costé,  sont  d'argent;  le  champ  de  rouge.  S'il  en  faut  fere  d'autres, 
faudra  scavoyr  comme  on  les  veult  fere.  » 

En  1567,  Marguerite  Boulhon,  veuve  de  Pierre  Mauplo,  bour- 
geois et  marchand  de  Limoges,  faisait  une  fondation  à  Saint-Pierre- 
du-Queyroix  de  Limoges;  ses  armes,  telles  qu'elles  sont  ci-dessus, 
y  furent  gravées  avec  une  inscription  mentionnant  cette  fondation. 
Mais  ce  que  le  peintre  Poucet  appelle  ici  «  des  ovalles  en  grisie  >*, 
a  toujours  été  pris  pour  des  pommes  de  pin, 

89.  *  BOURBON  La  Marche.  —  D'azui  à  trois  fleurs  de  lis  d'or 
(qui  est  de  France),  à  la  bande  de  gueules  chargée  de  trois  lionceaux 
d'argent.  (Armoriai  Lamy).  —  Ce  sont  les  armes  que  portait  aussi 
la  ville  du  château  du  Dorât,  capitale  de  la  Basse-Marche  (Armo- 
riai général  Traversier),  pendant  que  la  basse  ville,  dont  le  chapi- 
tre était  seigneur,  poriàïl  de  gueules  à  deux  clefs  d'argent  en  sautoir, 
accompagnées  de  quatre  fleurs  de  lis  d'or,  1 ,  2  et  i  (sur  la  cloche 
de  1600). 

90  «  Jean  BOURBOULOU  »  (1634-56),  f.  50;  r.  2;  n»  3.  — 
D'azur  au  cœur  surmonté  d'un  soleil  et  de  deux  étoiles,  accompagné 
en  pointe  dun  vol,  soutenu  de  deux  branches  liées  ensemble  par  la 
base,  le  tout  d'or. 

91.  «  M' Jean  BOURBOULOU,  sergent  royal  »  (1650  à  52),  f.43; 
r.  i  ;  n*  1.  -  D'azur  à  deux  étoiles,  l'une  au-dessus  de  l'autre,  à 
dextre,  et  une  palme  fichée  dans  un  cœur  à  senestre,  le  tout  d'or. 

90.  «  Jean  BOURDEAU,  d'Aixe  »  (1655-57),  f.  55;  r.  3;  n«  2.  - 
Pe au  chevron  de ,  accompagné  en  chef  des  lettres  I  et  B^ 


RRC0B1L   d\rM0IB1BS   LIMOUSl!fRS  409 

Bapliste  Bourdeau,  marchand  de  Limoges,  li(  enregistrer  ses 
armes  en  4696  :  d'azur  au  château  d'argent  flanqué  de  quatre  tour» 
rondes  pavillonnées  et  girouettées  de  même,  bâti  sur  une  eau  ou 
rivière  aussi  d'argent  ondée  de  sable,  le  château  sommé  d'une  espèce 
de  clocher  garni  d'une  cloche  d'argent  et  surmonté  d'un  lion  léopardé 
d'or.  Ce  sont  les  armes  de  la  ville  de  Bordeaux. 

93.  i<  Dudit  BOURDEAU  el  de  sa  femme,  Marie  Montalier  » 

(16SS-57),  f.65;  r.3  ;  n»3.  —  Parti  :au  /"  de au  chevron  de , 

accompagné  en  chef  des  lettres  I  et  B;  au  2«  de au  chevron 

de ,  accompagné  en  chef  des  lettres  M  et  M,  et  en  pointe  d'un 

croissant  de 

94.  *  Pierre  BOURDIER-RABI,  marchand  à  Limoges,  fit  enre- 
gistrer ses  armes  en  1696  :  d'argent  au  lion  de  gueules  passant  sur 
une  terrasse  de  simple,  accosté  d'un  P  et  d'un  B  de  sable;  la  terrasse 
chargée  d'un  B  d'or,  et  le  chef  d'azur  à  trois  étoiles  d'argent. 

95.  (DUBOUCHÉ)  «  de  Jean  de  BOUSCHEYS,  m''  serrurier  [el] 
de  Narde  Eycheveau  (?),  sa  femme  »  (1644),  f.  31;  r.  3;  n"  3.  — 
Parti  :  au  /«'  d'azur  à  deux  lévriers  passants  d'argent  l'un  sur 
l'autre;  au  2^  d'azur  au  soleil  d'or,  au  chef  de  même. 

DU  BOUSCHET.  Voir  Lamberlie,  seigneur  du  Bouchel. 

96.  (c  Léonard  BOUTAUDON  »  (1682-K3),  f.  47;  r.  1  ;  n»  2.  — 
D'azur  à  Varbre  de  simple,  terrassé  de  même,  un  soleil  de  gueules 
mouvant  de  l'angle  dextre  de  Vécu. 

<c  J'ay  fait  les  armes  dudit  Boulaudon  sur  un  cachet  d'assietle 
qu'on  m'a  monslré,ausquelles  j*ay  mis  Theaulme  et  tymbres,  comme 
son  iilz  aisné  m*a  commandé  »>  (f.  45  v**). 

97.  «  M' Jean  BOUTINEAU,  chanoine  de  St-Eslienne,  prises  sur 
son  cachet  d'argent  »  (1687-58),  f.  57  ;  r.  1  ;  n*3.  —  D'azur  à  deux 
mains  d'argent  mouvant  d'un  nuage  de  même  à  dextre  et  à  senestre, 
et  tenant  un  cercle  dHor. 

<(  J'ay  faict  les  armes  de  feu  maistre  Jean  Boutineau,  chanoine  de 
StEstienne,  prises  sur  son  cachet  d'argent.  Le  fondz  est  d'azur; 
Taneau  qui  est  au  milieu,  d'or;  les  mains,  commencemens  de  bras 
et  nuées  tout  d'argent  »  (f.  56  v*). 

Antoine  Boutinaud,  chanoine  de  Saint-Etienne,  fit  enregistrer  ses 
armes  en  1696  :  d'azur,  à  deux  mains  de  carnation,  parées  d'argent, 
tenant  une  bague  d'or,  avec  son  chaton  garni  de  rubis,  posée  en 
coeur,  accompagnée  de  trois  étoiles  d'argent  rangées  en  fasce. 


470  SOCIÉTÉ  ARCHIiOLOGlQUS  BT  HI9T0KIQUB  DU  LIMUUSIH 

98.  a  Thomas  BOUTINEAU  »,  f.  6  ;  r.  S8  ;  nM .  —  D'azur,  à  deux 
mains  d* argent  issantes  d'un  nuage  de  même  au  flanc  dextre  ettênet- 
ire  y  et  tenant  un  cercle  d'or. 

99.  ^François  BOUVERYE,  marchand,  fit  enregistrer  ses  armes 
en  1696  :  d'or  à  un  arbre  de  simple  sur  une  terrasse  de  sable,  et  au 
Hrpent  de  gueules  tortillé  autour,  accosté  de  deux  lettres  F  et  B  de 
sabh. 

100.  (BOILEAU)  «  de  ^^  )  BOYLAUD  »  (1 644),  f.  29  ;  r.  3  ;  n*  2.  — 
D'azur  à  l'arbre  de  sinople  surmonté  d'un  croissant  d'argetit  entre 
deux  étoiles  d'or. 

101.  «  Dudit  BOYLAUD  [et  de]  Magdelaine  (?)  GROS,  sa  femme  » 
(1644),  f.  29;  r.  3;  n«  3.  —  Parti  :  au  /«'  d'azur  à  l'arbre  de  sinople 
surmonté  d'un  croissant  d'argent  entre  deux  étoiles  d'or;  au  2^ 
d'azur  au  globe  surmonté  d'une  croix  d'or,  accompagné  en  chef  de 
deux  étoiles  de  même. 

102.  <(  M'BOYOL  »,  f.  2;  r.  3;  n»  2.  —  D'azur,  à  la  fasce  en 
divise  de  gueules  accompagnée  d'un  lion  léopardé  d'or  en  chef,  et  de 
six  besants  de  même  en  pointe,  Sy  2  et  1 .  (Voy.  planche  1). 

BOYS  (du).  Voir  DUBOIS,  DU  BOYS. 

103.  «  BOYSSE,  de  la  Cité  »  (1650-52),  f.  44  ;  r.  3;  n«  2.  —  De... 

...au  chevron  de surmontédun  croissant  entre  deux  étoiles  de... 

...accompagné  en  pointe  d'un  buisson  de  sinople. 

«  C'est  un  buysson  tout  yerd,  rehaussé  de  jaulne  ». 

104.  «  BOYSSE  »  (1644),  f.  33  ;  r.  2;  n»  2.  —  D^ à  un  buisson 

de  sinople  sur  une  terrasse  d'argent,  accompagné  en  chef  de  trois 
étoiles  de et  en  pointe  d'un  croissant  d'argent. 

Voir  aussi  BOISSE. 

105.  «  S'  (2)  BOYSSE,  espicier,  gendre  de  ches  Texandier  » 
(1642-43),  f.  26;  r.  2;  nM.  --  D'or  au  bois  ou  buisson  de  sinople, 
surmonté  d'un  croissant  de  gueules. 

«  J'ay  faict  ledit  blason  ». 

106.  «  Gerald  BRAMAUD,  d'Aixe  »  (1655^7),  f.  51  v;  r.l  ;  nM. 

(I)  Prénom  en  blanc. 
{%)  Prénom  en  blanc. 


mCORlL   d'aRMOIRIBS   LlItOUSINBâ  49 1 

—  ffazur  au  poisson  d'argent  posé  en  face,  accompagné  en  chef 
d'une  étoile  d'or  et  des  lettres  G  et  B  de  même  et  en  pointe  d'une 
rivière  d'argent. 

107.  «  M'  Hugues  DE  BREAU,  preblre  de  S*  Michel  »  (1628), 
f.  13;  r.  2  ;  D""  2  —  D'or  à  la  croix  haute  de  gueules  fichée  dans  un 
coeur  de  mémcy  deux  rameaux  de  sinople  sortant  du  bas  de  la  croix, 
et  deux  autres  en  sautoir  soutenant  le  cosur, 

108.  «  Jean  BREGEFER  dict  le  Manoy  »  (1627),  f.  13  ;  r.  1  ;  n»  3. 

—  D'azur  à  l'autruche  d'argent  portant  dans  son  bec  un  anneau  de 
même,  senestrée  d'une  rose  d'or. 

«  L'austruche  et  Taneau  sont  d*argeQt  ;  les  pâtes  de  noyr  rehaus- 
sées de  blanc  ». 

109.  (DUBREUIL,  DUBREUIL)  «  de  BREIL  (1)  «  (1648  et  49), 

f.  42  ;  p.  1  ;  n'*  2.  —  D^ au  cœur  d'or  portant  une  croix  haussée 

de  même, 

110.  «  Simon  BRIANGE  »  (1655-87),  f.  51  ;  r.  2  ;  n«2.  —  D'azur 
au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  d'un  croissant  d'argent  entre 
deux  étoiles  d'or,  et  en  pointe  d'un  autre  croissant  d'argent. 

111.  «  Dudit  BRIANGE  et  Marie  REYNIER,  sa  femme»  (1655^7), 
f.  61  ;  r.  2;  n'3.  —  Parti:  au  /"  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné 
en  chef  d'un  croissant  d'argent  entre  deux  étoiles  d'or  et  en  pointe 
(f'tin  autre  croissant  d'argent;  au  2*  d'azur  à  l'aigle  au  vol  abaissé 
d'or,  accompagnée  de  trois  cœurs  d'or,  2  en  chef  et  1  en  pointe. 

112.  (DE  BRIE,  seigneur  de  Boffran  ou  Bosfranc)  «  Noble  DU 
BOSFREN  »,  f.  11  R;  r.  1  ;  nM.  —  D'azur  à  trois  lions  d'or,  lam- 
passés  de  gueules  couronnés  d'or,  deux  et  un. 

«  L'heaulme  de  fron.  » 
Voir  le  fuelhet  11  de  ce  livre. 

113.  Id.  «  Noble(2)  DE  BOSFREN  »,  f.  2R  ;  r.  2;  n»  1.  -  D'or 
à  trois  lions  de  gueules,  couronnés  de  même,  posés  deux  et  un. 

Ecusson  peint. 

tf  Pour  Fenterement  de  feu  noble  (3)  s'  de  Boffren,  je  feitz 

(1)  D'uae  autre  main  que  celle  de  Poncei. 
(i)  PréDom  resté  en  blanc.   , 
(8)  Un  blanc, 


47i  SOCIÊTR  AKCHÉOLOQIQUB   KT  HISTORIQUE  DO   LIMOUSIN 

60escussoQs,  savoir  20  eo lier  de  ses  armes,  qui  sont  troys  lions 
rainpans  de  gueules,  ayaol  chacun  une  couronne  de  gueules,  champ 
d'or,  et  rheaulme  d'or  a  Tordinaire;  anlres  vingt  escussons  aussi 
tous  entiers  (?)  des  armes  de  dame(l)  sa  vefve,  qui  sont  cinq  fleurs 
de  lys  d'argent,  champ  de  gueules;  le  cordon  blanc,  tout  entiers, 
—  et  autres  20  escarlelcs,  moiclié  desdilz  sieur  et  dame  tout  ensem- 
ble, ayant  Theaulme  au  coslé  droict  et  ledit  cordon  au  coslé 
gauche,  comme  on  peut  voir  cy  dessus  (2). 

»  Depuis,  j'ay  faict  lesdites  armes  pour  feu  (3)  :  j'ay  fait  le  champ 
d*azur,  les  3  lions  couronnés  d'or  ». 

H 3.  Id.  [DE  BOFFREN]  «  de  dame  (4)  sa  vefve  »,  f.  âR;  r.  2; 
n«  2.  --  De  gueules  à  cinq  fleurs  de  lis  d'argent  posées  deux,  une  et 
deux. 

Ecusson  peint. 

114.  Id.  [DE  BOFFREN]  «  desdits  s'  et  dame  tout  ensemble, 
escartelées  »,  f.  2R;  r.  2  ;  n"*  S.—  Ecartelé  :  aux  i*et4*  d'or  à  trois 
lions  de  gueules  couronné^  de  même,  posés  deux  et  un;  aux  2^  et  3^ 
de  gueules  à  cinq  fleurs  de  lis  d* argent,  posées  deux,  une  et  deux, 

Ecusson  peint. 

H5  «  Marcial  BRIGUOT  »  (1650  à  52),  f.  42;  r.  3;  n«  2.  — 
D'azur  à  l  aigle  au  vol  abaissé  d'or,  un  croissant  d'argent  en 
pointe. 

116.  «  M"^  BRISSAUD,  advocat  »  (1652  ou  54),  f.  47;  r.  3;  n»  3. 
—  Parti  :  au  1*^  d'azur  soustenu  d'or  à  trois  étoiles  rangées  en  fasce 
de  même,  surmontées  d'un  soleil  aussi  d'or;  au  2«  de  gueules  à  deux 
mains  d'argent  tenant  un  cœur  d'or. 

117.  «  Nicolas  BRISSET,  filz  de  feu  M'  Jean  Brisset,  sergent 
royal  »  (1648  et  suiv.),  f.  41  ;  r.  1  ;  n?  i.  —  D'or  à  l'arbre  de  sinople, 
au  chef  de  gueules  à  trois  étoiles  d'or. 

«  Les  armes  dudit  Nicolas  Brisset  sont  diferentcs  de  celles  de  feu 
son  père,  qui  sont  au  16  feulhet  de  ce  livre  »  (f.  40  v*»). 

118.  «  M'  Jean  BRISSET,  sergent,  et  Marsalle  Roudaud,  sa 
femme  »  (entre  1630  et  1640),  f.  16;  r.  2;  nM.  —  Parti  :  au  /•' 
d'azur  à  la  plante  de  trois  tiges  de  sinople,  fleuries  à  leur  sommet 

(«)  Un  blanc. 

(2;  Ce  sont  les  deux  blasons  qui  suivent,  n*  H  i. 

(3)  Un  blanc. 

(4)  Un  blanc. 


KkctUL   D^RMOlRlfiS  LllIOOSlNKà  4^3 

(tune  rose  d'or;  au  2^  d'azur  au  chevron  d'or,  surmonté  iun  soleil 
de  même  et  en  pointe  une  roue  aussi  d'or. 

a  Les  armes  de  Nicolas  Brisset,  filz  dudit  M' Jean  Brisset,  sont  au 
41  feulhel  de  ce  livre  »  (f.  15  v«»), 

119.  (DEBROA)  «  DEBROUA  »  (1646),  f.  37;  r.  2;  n*  3.  — 
D'azur  à  la  cordelière  entrelacée  en  forme  de  croix  d'argent,  accom- 
pagnée en  chef  de  deux  roses  d'or. 

120.  «  Claude  BROULHAUD  »  (1644),  f.  31;  r.  2;  n»  3.  — 
D'azur  à  l'aigle  essorant  d'un  nuage  d'argent,  en  pointe  une  rivière 
de  même. 

121.  «DE  LA  BROUSSE,  s' de  Teyssonnieres  »  (1640),  f.  18; 
r.  2;  n*  1.  —  D'or  à  l'arbre  de  sinople,  au  lion  de  gueules  passant 
derrière  le  tronc  de  l'arbre. 

m  Pour  les  armes  de  feu  Ptiilippe  de  La  Brousse,  s^  de  Teyssoa- 
niëres,  les  ay  faicles  sur  un  cachet  de  vesselle  qu*on  m'a  monstre, 
qui  avoit  le  lion  dernier  Tarbre,  comme  on  peult  voyr  aux  4  de  la 
page  suyvanle.  J'ay  faict  le  blason,  scavoir  le  fondz  d'or,  le  lion  de 
gueules  et  Tarbre  vert,  le  timbre  d'or.  » 

122.  (DE  BREIL)  «  Jean  DU  BRUEIL,  m'*  mareschal  des  faux- 
bourgs  de  Monlmalier  »  (1657-58),  f.  57  ;  r.  3  ;  nM.  —  D'azur  à  la 
croix  haussée  fichée  dans  un  cœur  de chargé  des  lettres  L  D.  B. 

123.  *  François  BRUNET,  trésorier  de  France  à  Limoges,  a  ses 
armes  sur  le  plan  de  cette  ville  dressé  par  A.  Jouvin  de  Rochefort, 
vers  1680,  elles  sont  d'azur  au  léopard  d'or  accompagné  en  chef 
d'une  étoile  de  même  entre  deux  croissants  d'argent.  (Yoy.  planche  5j. 

124.  «  BRUNIER  (?),  m'-  ceinturier,  autreman  BELAT  (1)  » 
(1648  et  suiv.),  f.  39;  r.  3  ;  n"  3.  —  D'azur  à  f  arbre  de  sinople  ter- 
rassé de  même,  accompagné  de  cinq  étoiles  d'or,  1 ,  2  et  2. 

125.  «  GAGNAT  »  (1660-52),  f.  44  ;  r.  3;  n«  3.  —  D'azur  au  coq 
d'argent,  et  trois  étoiles  de en  chef. 

126.  (GAILLAUD)  «  Françoise  GAILHAUD  »  femme  de  Pierre 
MElNSAT  (1643-44),  f.  28;  r.  1  ;  n«  2.  —  Dazur  à  la  montagne  de 
cinq  coupeaux  d'argent. 

(I)  Ces  deux  derniers  mois  d'une  écrilure  postérieure. 

T.  LU  31 


474  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   Et   ÉIStORl^UB  bU   LllIOnSI^ 

127.  •  François  CARBONEL  DE  CANISY,  évéque  de  Limoges 
(1695-1706)  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  coupé  de  gueules  et 
d'azur  à  trois  tourteaux  d' hermines  ^  2  et  i . 

128.  *DE  CARBONNIÈRE.  —  D'argent  semé  de  charbons  ardents, 
à  trois  bandes  d'azur.  (Armoriai  Lamy). 

Melchior  deCarbonnière,  gentilhomme  et  seigneur  de  Sainl-Brice, 
fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'argent  semé  de  charbons  de  sable 
allumés  de  gueules,  a  trois  bandes  d'azur  brochant  sur  le  tout.  La 
maintenue  de  1666  les  donne  d'une  manière  plus  exacte  :  d'azur  à 
trois  bandes  d'argent  chargées  de  dix  flammes  de  gueules,  quatre, 
trois,  deux  et  une. 

129.  «  CARRIER  »  (1642),  f.25;  r.  2;  n»2.  —D'azur  au  chevron 
d'or  accompagné  de  trois  losanges  d'argent  où  sont  trois  étoiles  d'or. 

«  J'ay  prins  les  armes  de  Carrier  sur  d'autres  qui  ont  cy-ilevant 
servy  pour  des  honneurs  funèbres  »  (f.  24  v*). 

130.  i<  W  Pierre  CARRIERE  »  (1655-1657),  f.  52;  r.  2;  n«  2.  — 
D'azur,  au  lion  d'or  contourné,  affronté  avec  un  chien  passant 
d'argent, 

«  J*ay  fait  les  armes  dudit  s'  Carrière  aux  5  de  Taulre  page, 
prinsessur  un  cachet  d'argent  qu'on  m'a  monstre,  pour  Tenlere- 
ment  de  sa  femme,  qui  esloit  des  Poylevés  ;  après  j'en  faictz  (sic) 
d'autres  pour  Tenterement  dudit  s'  Pierre  Carrière,  comme  elles 
sont  les  8  dQ  la  page  suivante,  prinses  sur  un  panonceau  de  con- 
sul »  (f.  51  v»). 

131.  «  Les  autres  armes  dudit  s'  Pierre  CARRIERE  sont  par 
dessus  »  (1655-57),  f.  52;  r.  3;  n*»  2.  —  D'azur  au  lion  d'or,  sur- 
monté  d'une  étoile  de  même. 

132.  *DES  CARS-LAVAUGUYON.  —  De  gueules  au  pal  de  valr. 
(Armoriai  Lamy). 

François  des  fiars,  seigneur  des  Gars,  fit  enregistrer  ses  armes 
en  1696,  telles  qu'elles  sont  ci-dessus. 

133.  «  Pierre  CELIERE  l'aisné  »  (entre  1640  et  1642),  f.  22;  r.  3; 
n"  2.  —  D'azur  à  trois  épis  de  seigle  d'or,  posés  2  eti ,  accompagnés 
en  chef  d'un  soleil  de  même. 

lidL  famille  de  Seiglière  porte  d'azur  à  trois  épis  de  seigle  d'or, 
posés  2  et  y.  Le  nom  de  Geliere  semble  être  une  transformation  de 
celui  de  Seiglière. 


HEtUEIL   D*ARM01R1ES   LlMOUSINltS  4^5 

134.  «  M'  Léonard  CERTE,  advocat  »  (1684-55),  f.  50;  r.  2;  n«  2. 
—  D^azur  à  deux  maitis  mouvantes  dun  nuage  d'argent  aux  deux 
flints  de  reçu  et  tenant  une  couronne  de  laurier  d'or  et  un  chevron 
abaissé  de  même  y  accompagné  en  pointe  d'un  cœur  aussi  d'or;  au 
chef  cousu  de  gueules  chargé  de  trois  étoiles  d'or. 

«  Il  y  a  d'autres  armes  de  Certe,  diferentes.  Voyez  le  28®  de 
Tau  Ire  livre  »  (f.  49  v"). 

135.  «  CEYNAT  »,  f.  4;  r.2;  n*»  3.  —  D'azur  à  la  fasce  en  di- 
vise d^argent,  accompagnée  en  chef  d'un  croissant  d'argent  et  en 
pointe  d'un  seau  d'or  accosté  de  deux  étoiles  de  même.  . 

«  J'ay  fait  les  armes  de  chez  Ceynat  sur  d'autres  qu'on  m'a 
monstre  ayant  servy  (?)  a  des  honneurs  funèbres.  Le  ceau  est  d'or 
et  la  berle  (1)  estoit  (î)  seulement  de  noyr,  tirée  au  rehault  d'un 
peu  de  blanc  »  (fol.  4  v»). 

136.  «  Léonard  CHABROL  dict  LAMY  »  (1648  et  suiv.),  f.  40; 
r.  2  ;  n**  2.  —  D'azur  à  la  muraille  d'argent  maçonnée  de  sable,  en 
chef  une  étoile  d'or. 

«  J'ay  prins  les  armes  5  de  la  page  suyvante  sur  un  cachet  d'as- 
siette »  (L  39  V). 

137.  u  Joussem  CDAMBINAUD,  marchand  »  (1667  ou  peu  après), 
f.  61  ;  r.  1  ;  n*  2.  —  D'azur  à  la  cordelière  d'argent  entrelacée  en 
forme  de  croix^  portant  sur  les  deux  bras  deux  coqs,  affrontés  d'or, 
couronnés  de  gueules,  accompagnée  en  chef  d^un  chérubin  d'or  et  en 
pointe  d'un  cœur  de  même  transpercé  par  deux  flèches  aussi  d'or 
empennées  d'argent. 

«  Il  y  a  des  Chambinaud  qui  ont  leurs  armes  différantes,  qui 
n'ont  point  d'ange,  comme  pouvez  voir  dans  ledit  (?)  livre  »  (f.  60  v"). 

138.  «  CHAMBINAUD,  près  S»  Marcial  »  (1648  et  suiv.),  f.  41  ; 
r.  1  ;  n"*  2.  —  D'azur  au  lion  d'or. 

139.  «  CHAMPAGlNAT,  femme  du  S' Meynard  »  (1627),  f.  12; 
r.  1  ;  n«  2.  —  D'azur  au  chevron  d'or  y  accompagné  en  pointe  d'un 
grelot  de  même,  au  chef  cousu  d'azur  à  trois  étoiles  d'or. 

a  Pour  celles  (les  armes)  de  Ches  Ghampagnat,  on  me  les  a  ainsi 
commandées.  S'il  en  fault  fere  (?)  davantage,  faudra  scavoyr  comme 
on  les  voudra.  » 

(I)  Berlo,  anse. 


4^6  SOCIÉTÉ  ARCBfcoLOblQUB  Et  BlStOKlOUB  bll  LlttOUSlH 

140.  ''Melchior  CHAMPALIMAUD,  assesseur  de  la  maison  de 
ville  de  Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en  i696  :  d'argent  à  trois 
fleurs  de  gueules  en  bouquet,  au  chef  d'azur  chargé  d'un  soleil  d'or. 

Baptiste  Gtiampalimaud,  marchand  de  la  ville  de  Limoges,  fit 
aassi  enregistrer  les  siennes,  mais  négligea  d'en  donner  le  dessin. 

141.  <c  CHANTOIS,  sieur  »  (1645  et  suiv.),  f.  34;  r.  3;  n«»2.  — 
D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  besants  d'or  et  un 
lambel  de  trois  pendants  d'argent  en  chef. 

N...  Chantois  de  TAumonerie  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  : 
^argent  au  chevron  de  gueules,  accompagné  de  trois  tourteaux  de 
même,  deux  en  chef  et  un  en  pointe. 

Les  armes  de  cette  famille,  qui  sont  à  une  clef  de  voûte  de  Téglise 
d'Aixe,  ont  le  lambel. 

142.  «  CHAPELLAS  »  (entre  1667  et  1678),  f.  61  ;  r.  3;  n»  3.  — 
D'azur  à  une  chapelle  d'argent,  accompagnée  de  trois  poires  dor» 
deux  en  chef  et  une  en  pointe. 

143.  «  Eslienne  GHAPTAL  »  (1680-82),f.  43;  r.  2;  nM.  —  Z)^ 

à  une  hache  de entre  les  lettres  E.  C. 

144.  «  Léonard  CHARLES,  praclicieu  »  (1645  et  suiv.),  f.  33; 
r.  1;  n*»  2.  —  D'azur  au  croissant  d'argent  et  une  eau  de  même  en 
pointe. 

145.  «  M^  CHASTAGNAG,  recepveur  (?)  »  (1642),  f.  25;  r.  i  ; 
n°  1.  —  D'argent  au  châtaignier  de  simple  sur  une  Champagne  de 
même,  fruité  d'or,  accosté  de  deux  lions  adossés  de  gueules. 

«  Les  premières  armes  de  la  page  suyvante  sont  de  M**  Ghaslai- 
gnac,  receveur  (?),  qu'il  me  fit  fere  pareilles,  1642,  qu'il  tint  la  feste 
Dieu  de  S^  Michel  ;  et  sont  ses  armes  et  celles  de  Madame  sa  femme, 
qui  est  des  Decorde  (?)  tout  ensemble  :  le  champ  d'argent;  le  chas- 
tain  et  leroir  vertz;  les  chaslagnes  de  jaulne,  et  les  lions  de  gueu- 
les, qui  est  rouge  »  (f.  24  v**).  ( Voy.  planche  1). 

146.  «  De  M'  GHASTAGNAT,  grand  prevost  »  (1685;,  f.  81  ;  r.  1  ; 
n^"  1  et  2  (1).  —  Ecartelé:  aux  /«'  et  4*  d'argent  au  châtaignier  de 
sinople;  aux  2*  et  3^  d'or  à  deux  lions  adossés  de  gueules. 

(c  Monsieur  Ghastagnat,  grand  prevost  en  la  généralité  de  Limo- 
ges, tint  la  Fesle  Dieu  de  S' Michel  1655;  mefitfere  ses  troys  grandes 

(1)  L'écusson  lient  la  place  ordlnaireoienl  occupée  par  deux  blasons. 


RBCDBIL  D*AliM0IR1ES  LIMOUSINBS  477 

armoiries  comme  elles  sont  premières  de  la  page  suivante,  qui  sont 
escartelées  :  les  siennes  sont  un  arbre  chastanier,  champ  d'argent, 
et  celles  de  feue  dame  Decordes,  sa  femme,  qui  sont  les  2  lions  de 
gueules,  champ  d*or,  —  prinses  sur  un  cachet  qu'il  me  fit  voir.  Si 
on  en  veut  fere  d'autres,  faudra  scavoir  s*ilz  les  veulent  pareilles 
ou  non. 

»  Il  y  a  d'autres  armes  de  M"  les  Chastagnalz  diferentes.  Voyes 
les  aux  4  et  47*  feulhetz  de  l'autre  livre,  et  premier  feulhet  du  pré- 
sent livre  »  (f.  50  v'*). 

147.  (i  M'  CHASTAIGNAT  »,  f.  2;  r.  3;  n°  3.  -  D'argent  au 
châtaignier  de  sinopte,  fruité  d'or,  accosté  de  deux  lions  adossés  de 
gueules. 

«  M.  Chastagnat  {i)  avoit,  en  champ  d'argent,  en  ses  armes 
anciennes  :  un  arbre  chastaing  seulement;  ausquelles  il  a  aug- 
manlé  de  deux  lions  rampans,  de  gueules,  au  corps  dud.  arbre,  qui 
sont  ses  armes  et  de  madame  sa  femme  tout  ensemble,  laquelle  est 
de  M«'*"  les  Descordes,  qui  ont  pour  leurs  armes  deux  lions  de 
gueules,  champ  d'or  »  (fol.  2  v"). 

Pierre  Chastagnac,  trésorier  de  France  à  Limoges,  a  ses  armes 
sur  le  plan  de  cette  ville  dressé  vers  1680  par  A.  Jouvin  de  Roche- 
fort;  elles  sont  d'or  au  châtaignier  de  sinople  sur  une  terrasse  de 
même,  accosté  de  deux  lions  adossés  de  gueules.  (Voy.  planche  5). 

De  CHASTELART.  Voir  Maignac,  sieur  de  Chastelarl. 

148.  «  De  M'  de  CHASTENET  »,  f.  4R  V;  r.  2;  nM.  (2) — 
D'argent  au  châtaignier  de  sinople,  accosté  de  quatre  hermines,  deux 
et  deux,  au  chef  d'azur  soutenu  de  gueules^  chargé  d'un  soleil  d'or. 

Ecusson  peint. 

«  Armes  de  M'  de  Chaslenet,  senechal  de  Montmorilhon,  que 
j'ay  prinses  sur  d'autres,  en  broderie.  —  Celles  de  feu  M' son  père. 
Lieutenant  gênerai,  sont  diferentes.  Elles  sont  au  S"  feulhet  de  ce 
livre  ». 

«  Voyes  le  feulhet  10  de  ce  livre  et  un  autre  feulhet  joignant 
aussi  merqué  10,  qui  sont  tous  deux  merqués  10  «  (f.  3  v""). 

Jean  de  Chastenet,  seigneur  de  Meyrignac  près  Bourganeuf, 
secrétaire  du  roi,  président  et  sénéchal  à  Montmorillon,  est  mort 
en  avril  1658. 


(1)  Ud  mol  douteux    On  pourrait  lire  à  la  rigueur  ■  receveur  >;  mais 
celte  lecture  semble  peu  probable. 
(S)  Un  s^ul  écussoD  dans  celle  rangée. 


47S  SOCIÉTÉ  ABCHÉ0L0G1QUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

149.  «  Sont  les  armes  de  fea  dame  (1),  femme  dudils'de  CHAS- 
TENET  »,  qaej'ay  aussi  prinses  entières,  ayant  toat  le  cordon  entier 
d'argent  tra.....  qui  est  de  blanc  et  d'argent.  »  f.  4  R  v*»;  r.  3  (2).  — 
D'azur  à  la  fasce  en  divise  (Tor,  le  chef  endenté  d'azur,  et  qtêatre 
fusées  d'argent  accolées  et  rangées  en  fasce. 

Ecusson  peint. 

150.  «  De  CHASTENET,  gendre  ches  Uchenaud  »  (1644),  f.  30; 
r.  3  ;  n""  3.  —  D'or  au  châtaignier  de  sinople  et  un  soleil  de  gueules 
en  chef, 

151 .  «  M' DEGHASTENET,  lieutenant  gênerai  à  Limoges  »,  f.  6  ; 
r.  1  ;  n*  1.  —  D  argent  au  châtaignier  de  sinople  fruité  d'or,  et  un 
soleil  de  gueules  en  chef, 

François  du  Chaslenet,  écuyer,  (it  enregistrer  ses  armes  en  1696  : 
d'argent  au  châtaignier  de  sinople,  accompagné  de  quatre  mouche- 
tures d'hermines  de  sable,  deux  en  chef  et  deux  en  pointe,  et  un  chef 
d'azur  chargé  d'un  soleil  rayonnant  d'or. 

De  CHASTREY.  Voir  Perière  de  Chastrey. 

152.  «  M' Pierre  CHAUD,  juge  de  Chasteaupontsac  »  (1627)  (3), 
f.  H  ;  r.  3;  n*  1.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de 
deux  étoiles  de  même  et  en  pointe  d'un  trèfle  aussi  d'or  soutenu  par 
un  croissant  d'argent  posé  sur  des  flammes  de  gueules. 

<i  Le  feu  au  naturel,  n 

En  1696,  Jean  Chaud,  écuyer,  seigneur  de  La  Chassaigneet  du 
Dognon,  et  Jacques  Chaud,  seigneur  de  La  Meneireix,  conseiller, 
avocat  et  procureur  du  roi  en  la  sénéchaussée  et  siège  royal  de  la 
Basse-Marche  au  Dorât,  faisaient  enregistrer  leurs  armés,  qui  sont 
celles  ci-dessus. 

153.  «  Joseph  CHAUMEIX,  bourgeois  de  la  ville  d'Aisse,  autre- 
ment MARRAND  »  (entre  1667  et  1678),voir  ci-après.— F.  61;  r.2; 
n"  1.  —  D'azur  à  V arbre  de  sinople  terrassé  de  même,  accosté  des 
lettres  I  et  C  d'or,  et  trois  étoiles  de  même  en  chef. 

«  Voyes  cy  devant  folio  59.  Il  y  a  les  armes  de  Joseph  Choumeix, 
différantes;  car  on  me  les  a  commandées  comme  voyés,  ascavoir  : 
champ  d'azur,  3  estoilles  d'or,  et  l'arbre  de  sinople  (f.  60  v*). 


(4)  Le  nom  est  resté  en  blanc. 

(t)  Un  seul  blason  sur  ce  rang. 

(3)  Ce  blason  est  le  premier  de  ceux  qui  figurent  sous  la  date  de  4627 


RECUEIL  D^ARMOIRIES  LIMODSINES  479 

184.  «  Joseph  CHOUMEYS  »  (1658  ou  peu  après),  f.  S9  ;  r.  3  ;  n«  3. 
—  D'or  à  V arbre  de  simple  terrassé  de  même,  accompagné  en  chef 
de  deux  étoiles  de  gueules. 

188.  *CHAUVERON  DE  JOURGNIA.C,  d'après  r  Armoriai  Lamy; 
avait  pour  armes  :  d'azur  à  trois  barres  d'or.  C'est  aussi  ce  que  dit 
Poucet  à  l'article  de  Jurniac. 

Cependant  la  famille  Chauveron  de  Jourgniac  portait  d'argent  au 
pal  de  sable  chargé  de  trois  bandes  d'or,  ainsi  qu'on  le  voit-  dans  la 
maintenue  de  noblesse  de  1666;  Ce  sont  aussi  ces  dernières  armes 
que  fit  enregistrer,  en  1696,  Jean  Chauveron,  écuyer,  seigneur  de 
Jourgniac,  ainsi  décrites  :  d'argent  au  pal  bandé  d'or  et  de  sable  de 
six  pièces. 

186.  «  CHAVAGNAC  >>  (enire  1667  et  1678),  f.  62;  r.  1  ;  n'  2.  — 
D'azur  à  l'arbre  de  sinople,  un  cheval  d*or  brochant  sur  le  tronc  de 
Varbre. 

187.  «  S' CHAVAIGNAC,  gendre  de  M'  Pinot,  présidant  )).(1688- 
87),  f.  84;  r.  2;  n°  3.  —  D'or  à  l'arbre  de  sinople,  sur  une  Champa- 
gne de  même  et  un  cheval  passant  de  gueules  brochant  sur  le  tronc 
de  l'arbre. 

Léonard  Chavaniat,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Limoges,  fit 
enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'azur  à  tarbre  de  sinople. 

188.  *  Etienne  de  CHAVAILLE,  doyen  de  l'église  cathédrale  de 
Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en  1696  :  d'azur  à  une  étoile 
d'argent  y  accompagnée  de  ttois  cœurs  d'or  ;  écartelé  de  gueules  à  un 
lion  d'argent,  couronné  d'or,  accompagné  de  1 5  besants  posés  en 
bordure  aussi  d'argent. 

189.  «  Guillaume  CHAVEPEYRE  »  (1683-84),  f.  48;  r.  3;  n»  2. 

— -  De à  l'aigle  au  vol  abaissé,  accompagnée  en  chef  de  deux 

étoiles  de...,. 

160.  «  Autre  CHAVEPEYRE,  gendre  ches  Goudin  »  (1683-84), 
f.  48;  r.  3;  n"  3.  —  D'azur  à  un  rocher  d'argent^  issant  d'une  rivière 
de  même. 

«  Pour  ce  blason,  voudrois  champ  d'azur;  la  roche  et  rivière 
d'argent.  » 

«  Noter  que  je  veis  les  armes  de  Chavepeyre,  gendre  ches  Goudin, 
sur  une  assiette  d'estain  qu'on  m'a  monstre.  Je  ne  feis  point  ses 
armes;  mais  je  feis  les  autres  prochaines  de  Guillaume  Chavepeyre, 
pour  Tenterement  de  sa  femme  vefve,  Catherine  Meyze,  comme  il 
me  fut  commandé  »  (f.  47  v""). 


480  SOCIÉTÉ  ARCBéOLOGIQUB  KT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIlf 

165.  «  Uhople  de  Gris,  CHENAUD  »  {16K3),  f.  47;  r.  î;  n*  2.  — 
D'azur  à  Varbre  de  sinople  terrassé  de  même. 

162.  «  CHEVIALE,  aiilmosnier  de  M'  TEvesque  de  Limoges  » 
(1657-88),  f.  57;  r.  2;  n'  2.  —  D'azur  à  deux  chiens  rampants 
affrontés  d'argent  et  trois  tours  de  mémo  rangées  en  chef. 

463.  «  M' Jean  CHEYROU,  notaire  d*Aixe  »  (1650-52),  f.  43;  r. 
2  ;  n<»  3.  —  D'azur  à  deux  chiens  d'or  passants  l'un  sur  l'autre , 
renfermés  dans  un  cercle  aussi  d'or. 

164.  «  CHIQUET  ».  Voir  Giquet. 

166.  «  CIBOT,  s^  du  Rieu  »  (1679  ou  postérieur),  f.  66  ;  r.  3  ;  nM . 
—  D'azur  au  chevron  d'or,  surmonté  de  trois  étoiles  rangées  en  fasce 

de soutenant  un  soleil  d'or  y  accompagné  en  pointe  d'une  coupe 

de  calice  ou  ciboire  de 

166.  «  Jacques  CIBOT  »  (1646  et  suiv.).  f.  38;  r.  1;  n«  2.  — 
D'azur  au  chevron  d'or  y  accompagné  de  trois  coupes  de  calice  ou  ci- 
boire de  même,  au  chef  de  gueules  à  un  croissant  d'argent  entre  deux 
étoiles  d'or. 

«  Il  y  a  d'autres  Gibotz  qui  ont  leurs  armes  diferentes.  Voyes  le 
feulhet  20  de  ce  livre  »  (f.  37  v»). 

167.  «  Jean  CIBOT,  gendre  ches  Trollier  »  (1646  et  suiv.),  f.  38; 
r.  1  ;  n"*  1 .  —  D'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  coupes  de 
calice  ou  de  ciboire  de  même,  deux  en  chef,  une  en  pointe,  au  chef 
cousu  de  gueules  à  l'étoile  d'or  entre  deux  croissants  d'argent. 

Jean  Cibot,  marchand  de  Limoges,  fit  enregistrer  ses  armes  en 
1696  :  d'azur  à  deux  coupes  de  calice  ou  de  ciboire  d'or,  posées  en 
chef,  et  une  de  même  en  pointe,  accostée  des  lettres  H  et  C  d'argent. 

Claude  Cibol,  aussi  marchand  de  Limoges,  en  fit  enregistrer  de 
semblables  ayant  la  coupe  de  la  pointe  accostée  de  deux  C. 

Voir  aussi  Cybot. 

168  (CLARY,  DE  CLARY)  «  M'  DECLARY,  trésorier  gênerai  « 
(1648  et  suiv.),  f.  39;  r.  2;  n°  3.  —D'azur  à  deux  clefs  d'argent 
posées  l'une  au  dessus  de  l'autre  en  pal  à  dextre;  et  un  croissant 
d'argent  soutenu  d'un  demi-soleil  avec  figure  de  profil  d'or  àsenestre, 

if  Pour  Tenlerement  de  feu  demoiselle  (1)  Maleden,  femme  de 
M'  Declary,  trésorier  gênerai,  je  feis  les  armes  dudit  s'  Declary 

(1)  Prénom  en  blanc. 


RBCUBIL  D^ABMOIRIES   LIMOUSIHKS  481 

comme  elles  sonl  les  6  de  la  page  suyvante  :  le  champ  est  rouge; 
les  clefs  et  le  croissant  émargent;  le  soleil  de  porGl  d'or.  Pour  les 
armes  de  ladite  fea  Maleden,  il  y  a  seulement  les  3  lyons  d'or, 
champ  d*azur,  sans  autre  chose  »  (f.  38  v""). 

Charles  de  Glary,  baron  de  Saini-Angel,  conseiller,  trésorier 
général  des  finances  à  Limoges,  qui  mourut  à  Tàge  de  soixante-dix 
ans,  le  IS  décembre  1679,  a  ses  armes  sur  le  plan  de  la  ville  de 
Limoges,  par  A.  Jouvin  de  Rochefort  :  d'azur  au  chevron  d'argent 
sommé  d'un  croissant  d'or,  accompagné  en  chef  de  deua  clefs  d'argent 
posées  en  pal,  et  en  pointe  d'un  soleil  d'or.  (Voy.  planche  8). 

169.  «  M'  CLEMENT,  procureur,  mourut  le  11™*  janvier  1679  », 

f.  68;  r.  2;  n**  1.  —  D'azur  au  lion  passant  de accompagné  en 

chef  de  nuages  soutenant  six  étoiles  dor,  trois  et  trois,  et  en  pointe 
d'une  ancre  d argent  plongeant  dans  une  mer  de  même, 

170.  «  Pierre  CLEMENT,  premier  frère  de  La  Saincte  Croix, 
1683  »,  f.  47  ;  r.  2;  n*  1.  —  D'azur  au  chevron  dor,  accompagné 
en  chef  de  trois  étoiles  de  même,  et  en  pointe  d'une  main  d  argent. 

LWrmorial  Lamy  donne  les  armes  des  Clément  de  Limoges  : 
dazur  au  chevron  dor,  accompagné  en  chef  de  trois  étoiles  d'argent, 
et  en  pointe  d'une  main  de  même. 

171.  «  M""  Joseph  CLEMENT,  greffier,  consul,  1644),  f.  29  ;  r.  3; 
n**  1.  ^D'azur  à  l'ancre  d'or  posée  sur  une  montagne  d  argent  et 
accostée  de  deux  étoiles  d'or. 

(•  M'  Clément,  greffier,  consul,  1644,  me  fit  augmenter  de  deux 
estoyles  d'or  en  ses  armes  plus  qu*ii  n'y  avoit  en  celles  de  feu  son 
père,  qui  sont  une  ancre  d'or  sur  un  rocher  d'argent,  deux  estoyles 
d'or.  Champ  d'azur  »  (1.  28  v^). 

172.  «  Pierre  CI.EMENT  »  (1643-44),  f.  28;  r.  2;  n^  1.  —  D'azur 
à  la  fasce  en  divise  dor,  accompagnée  en  chef  de  trois  étoiles  de 
même,  et  en  pointe  d'une  main  d  argent. 

a  Aucunes  foys  ches  Clément  dict  Picheguay,  font  mettre  en 
leurs  armes  un  chevron  rompu  au  lieu  de  la  barre  qui  est  aux 
armes  de  la  page  suivante  »  (f,  27  v"). 

173.  «  T.  CLEMENT,  sergent  (?)  royal  »  (entre  1640  et  1642),  f.  2i  ; 
r.  2  ;  n**  2.  —  D'azur  à  f  ancre  d'argent  accostée  des  lettres  T  et  C 
d'or. 

174.  ^CLEMENT  VI,  pape  limousin,  de  la  maison  de  Rosier(1342- 
1382).  —  D'argent  à  la  bande  de  pourpre,  accompagnée  de  six  roses 
de  gueules  rangées  en  orle,  au  chef  de  gueules  chargé  de  deux  clefs, 
d'argent  posées  en  sautoir.  (Armoriai  Lamy). 


48Î  SOCIÉTÉ  AKCRéOLOGIQIiK  BT   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIK 

176.  (COGNIASSE)  «  COGNACE  »  (1648  et  suiv.),  f.  38;  r.  3; 
n**  2.  —  D^azur  à  V arbre  de  simple  terrassé  de  même. 

«  On  a  fait  les  armes  de  ches  Pierre  Cognace  sur  d'autres  qui 
avoient  le  champ  d*azur,  au  lieu  qu*il  doit  estre  de  métal  d'or  ou 
d'argent  »  (f.  37  r). 

«  COGNIAGE  (1)  »  (1648  et  sniv.),  f.  38;  r.  3;  n'»  3.  —  D'azur  au 
cognassier  chargé  de  coings  de  sinople. 

• 

176.  «•GOLIN,  marchaud  (entre  1638  et  1640),  f.  18;  r.  1  ;  n«  1. 
—  D'azur  au  chevron  d'or,  surmonté  d'un  croissant  d'argent  et  ac- 
compagné en  chef  de  deux  étoiles  d'or  et  en  pointe  d'un  arbre  de  si- 
nople. 

177.  «  Jean  GOLIN  dict  l'ANGELAUD  »  (ou  Laugelaud),  f.  6; 
r  3;  n<^  3.  —  D'azur  à  fange  vêtu  d'argent,  la  tète  et  les  mains  de 
carnation^  les  ailes  d'or,  posé  sur  un  globe  de  gueules, 

178.  t«  M'  Mathieu  GONSTANT,  notaire  royal  de  Ghasteau 
Ghervis  »  (1643),  f.  27;  r.  2;  nM.  —  D'or  à  Carbre  de  simple  sur- 
monté d'une  étoile  de  gueules. 

«  J'ay  faict  les  armes  dudit  Gonstant  sur  un  cachet  qu'on  m'a 
monstre  :  champ  d'or;  l'esloyle  de  gueules;  l'arbre  pinier  vert 
rehaussé  de  jauine.  M"  les  Gonstantz,  advocatz  de  cette  ville,  les 
ont  diferenles.  Voyez  les  derniers  de'  la  page  IS  de  ce  livre  »  (f.  26  v«) 
(Voy.  planche  4).' 

179.  «  M'  GONSTANT,  nolere  »,  f.  8;  r.  2;  nM.  —  D'azur  au 
croissant  d'argent  soutenant  une  palme  de  sinople. 

«  M'  Gonstant,  ad[voc]at,  a  ses  armes  diferentes.  Voyez  le  10« 
feulhet  de  ce  livre.  Despuis,  pour  Tenterement  (?)  dud.  Gonstant, 
notere,  j'ai  faict  des  armes  diferentes,  ou  il  y  a  un  arbre  dans  un 
champ  d'or,  comme  il  me  fut  commandé  »  (f.  5  V*). 

180.  «  M'  GONSTANT,  advocat  »  (entre  1630  et  1640),  f.  15; 
r.  3;  n*  3.  —  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux 
étoiles  de  même,  et  en  pointe  d'un  croissant  d'argent  soutenant  une 
palme  de  sinople. 

u  Voyes  les  armes  de  Gonstant,  notaire  royal,  que  sont  les  4  du 
feulhet  27  de  ce  livre,  et  enl'aultre  livre  elles  n'y  sont  point  (f.l4v«). 

Guilhiume  Gonstant,  conseiller  du  roi  au  présidial  de  Limoges,  et 
Léonard  Gonstant,  aussi  conseiller  du  roi  au  dit  présidial,  firent 
enregistrer  leurs  armes  en  1696;  elles  sont  comme  ci-dessus,  mais 
le  croissant  est  d'or. 

(i)  Un  mot  que  nous  ne  pouvons  lire  :  pones^  nones,  tanes, 


«BCUEIL  D*ARII01RIBS  LIMOUSIHKS  483 

.  181 .  «  M' CONSTANT,  advocat  »  (1643  et  suiv.),  f.  36;  r.  2  ;  nM . 
—  D'azur  au  chevron  d*or  accompagné  en  chef  de  deux  étoiles  et  en 
pointe  d'une  palme  posée  en  pal  et  soutenue  d'un  croissant  amsi  d'or. 

182.  (COLOMB)  «  Jean  COULOMB,  s'  de  Courbiac  »  (1641),  f.23; 
r.  1  ;  D*^  3.  —  De  gueules  à  la  colombe  d'argent  portant  dans  son  bec  un 
rameau  de  sinople;  à  la  bordure  d'azur  chargée  de  huit  besantsd'or, 

«  J'ay  faict  les  armes  de  Jean  Coulomb,  s'  de  Courbiac,  prinses 
aux  vistres  de  sa  maison,  scavoir  la  coulomb  dVgent;  la  branche 
de  laurier  verte;  champ  de  gueules  (qui  est  rouge);  les  8  besans 
d'autour  d*or  ;  le  champ  de  la  bande  desdits  tesans  est  d'azur  » 
(f.  22  v«). 

183.  (COLOMB)  «  COULOMB,  m^  horlogeur  »  (1654-88),  f.  80; 

r.  3;  n**  1.  —  D^ à  la  colombe  d'argent  portant  dans  son  bec  un 

rameau  de 

184.  «  M.  (l)de  COUBRAS  »  (1648),  f.  33;  r.  3;  n»  3.  -  De 

au  dextroch^e  mouvant  d'un  nuage  au  bas  du  flanc  senestre  tenant 
une  épée  en  pal  de accostée  de  deux  étoiles  de 

188.  «  COURTEYS  »  (1648  et  suiv.),  f.  38,  r.  3;  nM.  —  D'azur 
au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  têtes  de  porc  d'or. 

«  J'ay  faict  les  armes  desdils  Courteys,  7  de  l'autre  page,  en  un 
petit  panonceau  de  S'"*  Croix,  prinses  sur  un  grand  panonceau  de 
ladite  frerie,  qui  avoit  les  3  testes  de  pourceaux  et  chevron  rompu 
d'or,  champ  d'azur  »  (f.  38;  r.  3;  n*  1). 

186.  «  M' COUSSY,  huissier  audiencier  »  (entre  1630  et  1640), 
f.  17;  r.  1  ;  n**  3.  —  D'or  à  deux  arbres  de  sinople  sur  une  terrasse 
de  même, 

187.  *N COUSTIN  DU  MASNADAU,  marquis  dudit  lieu  du 

Masnadau  et  Jean  Coustin,  écuyer,  sieur  de  Puismarlin,  en  1696, 
firent  enregistrer  leurs  armes  :  d'argent  au  lion  de  sable,  couronné, 
lampassé  et  armé  de  gueules, 

L'Armoriai  Lamy  les  donne  d'argent  au  lion  de  sable  couronné  et 
lampassé  d'or. 

188.  *Jean  de  CREIL,  trésorier  de  France  à  Limoges,  a  ses 
armes  sur  le  plan  de  cette  ville,  dressé  vers  1680  par  A.  Jouvin 
de  Rocherort  :  elles  sont  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois 
doux  de  la  Passion  de  même  (  Voy.  planche  8). 

Ces  aràies  sont  les  mêmes  que  celles  des  Duclou. 

(I)  PréDom  en  bUnc, 


484  SOCliT^.  ARCRéOLOGIQUK  ET   HISTORIQOR  DU  UMOUSII* 

189.  •CREVANT,  marquis  d'Humières,  vicomle  de  Brigueil,  gou- 
verneur de  Compiègne.  —  Ecartelé  d'argent  et  d'azur  (Armoriai 
Lamy). 

190.  «  François  CROCHE  »  (1641),  f.  23;  r.  1  ;  n«»  2.  —  D'argent 
au  corbeau  de  sable  perché  sur  un  bâton  de  sinople. 

191.  «  CROCHE  »  (entre  1667  et  1678),  f.  64;  r.  1  ;  n«  i.  — 
D'argent  au  corbeau  de  sable  perché  sur  une  branche  feuillée  de 
sinople,  senestréen  chef  d'une  étoile  de  gueules. 

«  J'ay  fait  lesdites  armes  comme  elles  sont,  sans  scavoir  le  blason 
de  chez  Croche.  » 

192.  «  M'  CROIZIER  »,  f.  8;  r.  2;  n^  3.  —  D'azur  au  chevron 
d'or,  accompagné  de  trois  croisettes  d'argent.  (Voy.  planche  4). 

193.  a  M'  CROIZIER,  preblre  »  (1653-54),  f.  49;  r.  3;  n*  2.  — 

D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  croisettes  de  même,  et  en 
chef  d'un  croissant  d'argent. 

194.  «  CROUCHAUD  »  (1665-57),  f.  53;  r.  2;  n«  3.  —  D'azur  au 
chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  croisettes  d'argent,  et  en 
pointe  d'un  soleil  d'or. 

195.  «  M'  CROUCHAUD,  procureur  »  ^1679  ou  postérieur),  f.67; 
r.  1  ;  n*  1 .  —  D'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  en  chef  de 
deux  croisettes  d'or,  et  en  pointe  d'un  soleil  de  même. 

196.  *CR01IZEIL,  bourgeois  de  Limoges.  N...  Saute(?),  veuve  de 
N...Crouzeil,  bourgeois  de  Limoges,  fit  enregistrer  en  1696  les  armes 
suivantes;  mais  on  ne  dit  pas  si  ce  sont  les  siennes  ou  celles  de  son 
défunt  mari  :  D'azur  à  trois  têtes  de  chien  coupées  d'argent,  accolées 
et  bouclées  de  même,  deux  et  une,  surmontées  d'un  cor  de  chasse  d'or. 

197.  *DESCUBES  DE  FERRANT.  —  D'azur  à  trois  cubes  d'or 
posés  deux  et  un.  (Armoriai  Lamy). 

198.  (CIBOT)  «  Ysaac  CYBOT;  Marselle  Voureys,  sa  femme  » 
(entre  1640  et  1642),  f.  20;  r.  3;  n«  3.  —  Parti  :  au  /•'  dazur  au 
chevron  d'or,  accompagné  de  trois  coupes  de  calice  ou  ciboire  de 
même,  deux  en  chef  et  une  en  pointe;  au  2^  d'azur  au  chevron  dor, 
accompagné  en  chef  des  lettres  M  et  V  et  en  pointe  R  de  même. 

199.  «  Jacques  CYBOT,  bayle  des  marchans  »  (1642),  f.  25; 
r.  1  ;  n*  3.  —  D'azur  au  chevron  dor,  accompagné  de  trois  coupes  de 
calice  ou  ciboire  de  même,  deux  en  chef,  une  en  pointe;  au  chef 
cousu  de  gueules  à  un  croissant  d'argent  entre  deux  étoiles  dor. 

Voir  aussi  Cibot. 

(4  suivre J  \.  Lkgler  et  L.  Guibbrt. 


L'ENSEIGNEMENT 


INDUSTRIEL    ET    COMMERCIAL 


à  Limoflres»  au  XIX''  siècle 


ESQUISSE  HISTORIQUE 


I 

U enseignement  industriel  ou  technique 

Présenlement,  ceux  de  dos  iodustriels  limousios  qui  ne  sortent 
ni  des  écoles  spéciales  de  Paris  ni  des  diverses  écoles  d*arts  et 
métiers  de  province,  ont  puisé  la  première  instruction  technique 
dont  ils  ont  besoin  dans  les  cours  scientifiques  de  TEnscignement 
secondaire  (officiel  ou  libre),  —  dans  les  leçons  de  TEcole  nationale 
d'art  décoratif  (1881),  —  dans  la  section  industrielle  de  TEcolede 
commerce  et  d'industrie  (1894),  —  ou  encore  dans  les  cours  profes- 
sionnels de  la  Bourse  du  travail  ouverts  en  1898. 

Quelques  autres  sources  d'enseignement  public,  aujourd'hui  dis- 
parues, avaient  été  ouvertes  aux  générations  antérieures. 

L'Ecole  centrale  de  la  Haute- Vienne,  dont  la  courte  existence 
prît  fin  en  180i(i),  accordait  à  l'étude  des  sciences  positives  plus 
de  place  qu'à  l'étude  des  lettres.  L'enseignement  des  mathématiques, 
de  la  physique,  de  la  chimie  et  de  l'histoire  naturelle  y  était  large- 
ment représenté;  celui  de  la  législation  usuelle  et  du  dessin  égale- 
ment. C'est  à  cette  école  que  se  formèrent  quelques-uns  des  in- 
dustriels de  ce  temps. 

(I)  Voir  la  notice  de  M.  L.  Tlffonnet,  VSeole  oentrale  de  la  Haui^* 
Vienne,  1797-1804.  Limoges,  Y«  Ducourtieux,  1893,  in-S"*. 


466  SOCIÉTÉ  ARCttEOLOOkQtJB  ET   talStOUlQkJB  DU   LlUOUSil) 

Dans  le  Lycée  impérial  qui  succéda  à  l*EcoIe  centrale,  les  lettres 
prirent  au  contraire  le  premier  rang  dans  les  préoccupations  des 
maîtres  comme  des  élèves  ;  les  sciences  ne  furent  longtemps  connues 
que  par  les  mathématiques  el  la  géographie  physique.  Mais  en  1896 
on  y  introduisit  la  physique  et  vers  184o  la  chimie.  Cette  nouvelle 
tendance  eut  cause  gagnée  quand,  après  i 882,  la  bifurcation  admise 
permit  à  un  certain  nombre  d'élèves  de  se  consacrer  plus  spécia- 
lement à  rétude  des  sciences. 

Pour  donner  plus  particulièrement  satisfaction  à  ceux  qui  se  des- 
tinaient aux  professions  industrielles  et  commerciales,  on  avait 
organisé  au  Collège  royal,  dès  1828,  des  «  Cours  spéciaux  »,  dont 
le. programme  parait  fort  mince  quand  on  sait  qu'il  ne  comprenait, 
pour  la  partie  industrielle,  que  les  mathématiques.  On  lit  mieux 
en  1860.  Une  «  Ecole  spéciale  de  commerce  et  d'industrie  »,  qui 
prit  place  dans  les  cadres  du  Lycée,  enseigna  la  physique,  la  chimie, 
les  mathématiques  et  Thistoire  naturelle  (1).  La  durée  des  études 
n'était  que  de  trois  années.  On  la  porta  à  cinq  années  dans  Td  Ensei- 
gnement spécial»  introduit  en  1865,  et  on  ajouta  aux  matières  pré- 
cédentes, la  mécanique,  l'histoire  des  inventions  et  récoBoaùe 
indostrielle. 

Malgré  tout,  l'enseignement  scientifique  du  Lycée  ne  pouvait  ré- 
pondre suffisamment  aux  besoins  si  variés  d'une  ville  manufacturière 
comme  Limoges.  L'héritage  de  l'Ecole  centrale  avait  été  recueilli 
par  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Haute- Vienne. 
Dès  1804  elle  institua  pour  les  jeunes  gens  des  cours  gratuits  de 
dessin  d'imitation.  Réorganisés  en  1809  et  soumis  à  une  rétribution 
de  quinze  francs  par  an,  ces  cours  redevinrent  gratuits  en  1825  et 
comptaient,  quelques  années  plus  tard,  une  cinquantaine  d'élèves. 
Des  leçons  de  modelage  et  de  dessin  linéaire  y  furent  adjointes  en 
1846-47.  On  ût  plus  encore  en  ouvrant  pour  les  jeunes  filles  une 
section  de  dessin  d'imitation  en  1853-54  et  une  section  de  peinture 
sur  porcelaine  en  1860-61 .  Quanta  la  section  de  stéréotomie  (coupe 
du  bois  et  de  la  pierre),  instituée  en  1842,  elle  disparut  en  1848. 

En  1825  le  Conseil  municipal  ayant  jugé  opportun  d'organiser 
une  «  Ecole  gratuite  de  géométrie  el  de  mécanique  appliquées  »  (2), 
il  la  plaça  aussitôt  sous  la  surveillance  de  la  Société  d'agriculture 

(1)  Voy.  le  journal  Le  Vingt-décembre,  courrier  de  Limogea ,  n<*  du 
iG  septembre  1860. 

(1)  Voy.  VAnalyêe  des  délibérations  du  Conseil  municipal  de  Limogée, 
|:ar  G.  Benoist,  décembre  1835,  et  le  Bull,  de  la  Soc.  d^agrlcuU,^  eciences 
et  arts  de  Limoges^  t.  V  (18i6j,  p.  96  et  55,  t.  VI,  p.  90,  t.  IX,  p.  154  el 
t63,  t.  XIII,  p.  76. 


lV.SSKIGKEIIBNT  industriel  Et  COllltERâlAL  A   LilàOGES  487 

qui  devint  ainsi  pour  quelque  temps  le  centre  de  tout  l*enseignemen  t 
technique  à  Limoges. 

Mais  le  dessin,  le  modelage,  la  peinture,  la  géométrie  ne  sont 
pas  toute  la  céramique.  Cette  industrie  savante  autant  qu'artistique 
s*appuie  aussi  sur  la  chimie.  En  1827  un  pharmacien  de  Limoges, 
M.  Aug.  Duboys,  inaugura  sous  les  auspices  de  la  municipalité  un 
cours  public  de  chimie  industrielle  qui  dura  quelques  années 
seulement.  Réclamé  de  nouveau  en  1835  par  M.  B.  Abria,  profes- 
seur au  Collège  royal  de  la  ville  (1),  il  fut  professé  à  partir  de  1838 
fiuccessivement  par  HM.  Bigourdan  et  Nicollet  au  laboratoire  du 
Collège,  plus  tard  par  M.  Astaix  qui,  dès  1841,  avait  été  chargé  de 
professer  au  laboratoire  de  FEcole  de  médecine  un  cours  public  et 
gratuit  de  chimie  élémentaire  appliquée (3).  Le  jeune  professeur  se 
préoccupa  naturellemenl  avant  tout  des  besoins  du  public  spécial 
rassemblé  devant  lui.  C'est  seulement  en  1863  qu'il  put,  sous  les 
auspices  et  dans  un  local  de  la  ville,  ouvrir  un  «  Cours  de  chimie 
professionnelle  »  qui  a  duré  jusqu'en  1870  et  rendu  à  l'industrie 
céramique  les  plus  grands  services  (3). 

Sous  le  second  Empire  le  Conseil  général  de  la  Haute- Vienne 
crut  bon,  lui  aussi,  de  faire  quelque  chose.  Il  organisa  en  1861  un 
laboratoire  de  chimie  minérale  (supprimé  en  1883),  et  projeta  d'y 
annexer  une  «  Ecole  professionnelle  de  chimie  »,  au  proÂt  de  la 
population  industrielle.  Non  réalisé,  ce  projet  Ql  place  à  un  <c  Cours 
public  de  géométrie  pratique  »,  qui  fonctionna  régulièrement  de 
1863  à  1870. 

Enlin  on  ne  peut  omettre  qu'en  vertu  d'une  circulaire  ministé- 
rielle du  5  août  1879,  des  cours  spéciaux  (théoriques  et  pratiques), 
fonctionnèrent  à  Limoges  pendant  cinq  années  (1880-84),  pour 
«  enseigner  aux  agents  secondaires  des  ponts  et  chaussées  et 


(I)  Voy.  V Analyse  des  délibérationê  du  Conseil  municipal,  mai  4835. 
Cf.  les  Coneidérations  sur  Vélabliss,  dans  la  oUle  de  Limoges  d^un  cours 
publie  de  chimie  appliquée  aux  arls^  [par  B.  Abria,  professeur  de  physique 
au  collège  royal  de  Limoges,  aucieo  élève  de  l'Ecole  normale,  agrégé.]  — > 
Limoges,  de  Timprimerie  de  Bargeas,  rue  da  Temple,  n^  20  (1835,  gr.  io-8 
de  8  pp.) 

(S)  Voy.  dans  Le  Vinglniécembre^  n'  du  IS  octobre  1855,  le  programme 
de  ce  Cours  de  chimie  élémentaire  appliquée,  il  n*y  est  pas  question  de 
chimie  industrielle.  Cf.  ibid.^  9  novembre  1858. 

(3)  Voy.  J.-B.  Astaix,  Du  cours  municipal  de  chimie  appliquée  à  Vindus* 
trie^  dans  VAlmanach  limousin,  1866,  part,  hisl.,  p.  28-40.  ^  Cf.   Le 
Courrier  du  Centre^  15  fév.,   15  mars  et  li  avril  1863;  S4déc.  186  i 
2  avril  1867  et  ss.  ;  l8  fév.  1870. 


i8d  SOCIÂtA  ARCfléOLOOIQUB  Bt  HlSTOfelQDB  DO  LMOUSIN 

même  aux  jeunes  gens  étrangers  au  service  des  Iravaux  publics, 
les  connaissances  exigées  des  aspirants  aux  fonctions  de  conduc- 
teurs. » 

En  1868,  malgré  le  développement  pris  par  les  cours  de  la  So- 
ciélé  d'agriculture,  la  municipalité  de  Limoges  résolut,  avec  l'aide 
d*un  groupe  de  manufacturiers,  de  promouvoir  encore  l'enseigne- 
ment technique.  Elle  créa  V  «  Ecole  municipale  des  Beaux-Ârls  »  (1). 
Sous  ce  nom  c'était,  avant  tout,  le  décor  de  la  porcelaine  que  Ton 
avait  en  vue.  La  nouvelle  école  se  fondit  en  188i  dans  TEcole 
nationale  d'art  décoratif  (3),  dont  la  création  amena,  du  même 
coup,  la  disparition  des  cours  de  la  Société  d^agricuUure  (3). 

L'organisation  de  l'Ecole  nationale  d'art  décoratif  fut  la  réponse 
du  gouvernement  aux  vœux  émis  par  le  Conseil  général  en  1860, 
1861, 1863,  pour  l'établissement  à  Limoges  d'une  Ecole  profession- 
nelle céramique,  et  en  1873  pour  l'établissement  d'une  Ecole  de 
dessin  destinée  à  former  des  décorateurs  sur  porcelaine.  Un  autre 
vœu,  qui  devait  donner  satisfaction  à  d'autres  industries,  avait 
réclamé  la  création  d'une  Ecole  d'arts  et  métiers.  Emis  en  1871, 
renouvelé  en  1872, 1879, 1880  el  1881,  appuyé  en  1879  par  une 
subvention  de  300.000  fr.  consentie  par  le  Conseil  municipal  (4),  il 
ne  fut  jamais  pris  en  sérieuse  considération  par  le  pouvoir  central. 
Limoges  obtint  seulement,  en  1889,  par  transformation  de  son 
Ecole  primaire  supérieure,  une  Ecole  professionnelle  qui  est 
devenue,  en  1894,  l'Ecole  de  commerce  et  d'industrie. 

(1)  Pour  plus  de  détails  voyez  Henri  Ardant,  Rapport  de  la  commission 
[du  Conseil  municipal  de  Limoges]chargée  d'examiner  le  projet  de  création 
d'une  nouoelle  Ecole  de  dessin  et  de  modelage,  1867, 19  pp.  —  Distribu-- 
lion  des  prix  à  V Ecole  gratuite  des  Beaux- Arts  appliqués  à  l'industrie, 
Limoges,  1868,  SI  pp.  —  Adrien  Duboucbé,  Notice  $ur  les  écoles  gratuites 
des  beaux  arts  [de  Limoges]  appliqués  à  Vindustrie.  Paris,  1860,  15  pp. 
—  Pbilippc  Burly,  Les  Ecoles  gratuites...  de  Limoges^  dans  la  Gasette 
des  beaux  arts,  1870,  t.  ill,  p.  66-78,  reprod.  dans  V Almanach  limousin^ 
1870,  part,  hisl.,  p.  86-95. 

(2)  Les  notices  sur  l'Ecole  nationale  d'art  décoratif  seul  déjà  nombreuses. 
Nous  n'avons  pas  à  les  énumérer  ici  puisqu'elles  s'appliquent  à  un  établis- 
sement encore  vivant. 

(.3)  Pour  plus  de  détails  voyez  une  Notice  sur  Vécole  gratuite  de  dessin 
de  la  Soc.  roy.  d'agriculture,  sciencen  et  arts  de  Limoges^  dans  le  Bulletin 
de  la  dite  Société,  III  (18i4),  p.  83-S8,  —  et  A.  Bourdeau,  Notice  sur  les 
écoles  artistiques  de  la  Soc.  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Haute^ 
Vienne,  dans  VAlmanach  limousin,  1870,  part,  hist.,  p.  95-96. 

(4)  Mairie  de  Limoges.  Création  d'une  Ecole  d'arts  et  métiers.  Rapport 
présenté  à  M.  le  Préfet  de  la  Haute-Vienne  par  M.  Périchon,  adfoint 
(Limoges,  Châtras^  1879,  in-8  de  11  pages). 


L^'KKSElGNKIIfeNt   iNObâtRIBL   ET   COMlliERClÀL   A  LIMOGES  i^d 

II 

U enseignement  commercial 

À  la  fin  du  XIX*  siècle  les  connaissances  nécessaires  à  la  pratique 
(lu  commerce  se  distribuaient  à  Limoges  dans  quatre  établisse- 
ments distincts  : 

Au  Lycée  Gay-Lussac,  section  de  renseignement  moderne  ; 
Au  Pensionnat  Saint-Joseph,  qui  nesoccupe  que  d'enseignement 
moderne  (1889); 
Aux  cours  publics  du  Cercle  d*études  commerciales  (1883); 
  TEcolede  commerce  et  d'industrie,  section  commerciale  (1894). 

Les  générations  précédentes  ont  été  moins  favorisées. 

En  1828,  le  Collège  royal  de  Limoges,  a-t-on  déjà  dit,  organisa 
des  c<  Cours  spéciaux  pour  les  élèves  qui  se  destinaient  au  com- 
merce et  aux  différentes  professions  industrielles.  »  Ces  cours 
comprenaient,  pour  la  partie  commerciale  :  l'anglais,  la  géographie 
et  l'histoire  économique.  Celait  un  faible  commencement,  qui  semble 
même  n'avoir  pas  eu  de  lendemain.  Il  ne  fut  repris  qu'en  1860 
lorsqu'on  introduisit  dans  les  cadres  du  Lycée  impérial  celte 
«  Ecole  spéciale  de  commerce  et  d'industrie  »  dont  on  a  déjà  parlé. 
L'enseignement,  réparti  sur  trois  années,  comprenait  entre  autres 
matières  :  la  comptabilité,  la  géographie  économique,  les  langues 
vivantes  (anglais  et  allemand)  et  le  droit  commercial. 

Puis  vint  r  «  Enseignement  spécial  »  qui  prit  droit  de  cité  en 
1868.  Aux  matières  admises  en  1860  on  adjoignit  la  législation 
usuelle,  commerciale,  industrielle  et  l'économie  iinancière.  Le  cycle 
des  études  tut  de  cinq  années. 

Ce  qui  vient  d'être  constaté  représente  la  part  de  l'Etat.  Mais 
l'Etat  avait  été  précédé  sur  ce  domaine  par  l'initiative  privée.  Dès 
1818,  M.  Drapeyron  avait  ouvert  à  Limoges  une  «  Ecole  de  com- 
merce »  qui,  après  la  mort  du  fondateur  en  1833,  fut  continuée  par 
deux  de  ses  collaborateurs,  MM.  Theil  etPeyrusson,sous  le  nom  de 
«  Cours  d'instruction  commerciale  a.  La  tenue  des  livres,  le  change 
et  autres  opérations  de  banque,  la  correspondance  d'affaires,  la 
statistique,  la  géographie  et  la  législation  commerciale  en  furent, 
presque  dès  le  début,  les  parties  spécifiques,  outre  les  matières 
ordinaires  de  ce  qu'on  appellerait  aujourd'hui  renseignement  pri- 
maire supérieur. 

En  concurrence  avec  les  cours  Theil  et  Peyrusson  fut  fondée 
(fin  1823)  r  «  Institution  commerciale  »  de  Mr.  Albert.  Son  pro- 

T.  L1I  33 


i%Ù  SOCliTB  ARCHÉOLOGIQUE   BT  ttisTORÏQOK   DU  LtllOllSlil 

gramme,  fort  modeste,  comprenait,  outre  la  tenae  des  livres,  la 
géographie  économique  et  le  droit  commercial. 

Puis  viarent  les  deux  «  Institutions  commerciales  »  de  MM.  Hagy 
(1828)  et  Moulin-Gollin  (1830),  — plus  lard  Y  «  Ecole  commerciale, 
professionnelle  et  industrielle  »  de  M.  Féval  (18i0).  L'établissement 
Peyrusson  disparut  en  1830,  celui  d'Albert  en  1836,  celui  de  Moulin- 
Goliin  en  1837,  celui  de  Magy  en  1843,  celui  de  Féval  en  1848.  A 
la  fin  de  la  monarchie  de  juillet,  Limoges  ne  possédait  plus  une 
seule  institution  commerciale  en  titre.  Même  le  «  Cours  de  droit 
commercial  »  qui  fut  ouvert  en  1831,  «  sous  la  direction  de 
M.  Mongin,  juriconsulte  »,  ne  parait  pas  avoir  dépassé  Tannée 
1836. 

L'enseignement  commercial  s'était  réfugié,  sans  s'avouer  publi- 
quement, dans  les  pensionnats  primaires,  notamment  dans  ceux  de 
MM.  Féval  (Mandon,  successeur),  Picat,  Orliaguet.  Devenus  secon- 
daires depuis  la  loi  de  1880,  ils  ont  fusionné  les  uns  dans  les 
autres  et  n'ont  présentement  d'autre  postérité  que  l'Ecole  Tur- 
got  (1).  L'enseignement  commercial  de  ces  divers  pensionnats  ne 
fut  pendant  longtemps  représenté  que  par  la  comptabilité  et  la 
géographie.  C'est  seulement  en  1878  que  des  cours  de  langues 
vivantes  et  de  droit  commercial  prirent  place  dans  l'institution  de 
M.  Lacombe,  successeur  de  M.  Orliaguet. 

La  Chambre  de  commerce  de  Limoges,  instituée  en  1888,  ne 
s'est  jamais  beaucoup  préoccupée  de  l'insuffisance  dé  l'enseigne- 
ment commercial.  Tous  les  vœux  exprimés  par  elle  ont  eu  pour 
objet  le  développement  de  l'enseignement  industriel  et  technique, 
en  vue  de  la  fabrication  porcelainière,  jusqu'au  jour,  assez  rap- 
proché de  nous,  où  elle  a  pris  sous  son  patronage  et  soutenu  de 
ses  subsides  (1886)  le  Cercle  d'études  commerciales  fondé  quel- 
ques années  auparavant  (3). 

Alfred  Leroux. 

(f  )  Voy.  ua  relevé  de  ces  nombreux  peasioaaats  daas  le  discours  pro- 
noncé p«r  M.  Daris,  en  1898,  à  la  distnbation  des  prix  de  rinstltulion 
Turgot. 

(i)  L'ouvrage  publié  par  le  Ministère  du  commerce  à  Toccasion  de  TEx- 
position  universelle  de  1900,  sous  ce  titre  :  L enseignement  technique  en 
Franne  (5  vol.  in-S"),  ne  fourntt  aucun  détail  important  en  dehors  de  ceux 
que  nous  avons  recueillis  d'autre  source. 


REGISTRES 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  D'AGRICOLTORE.  SCIENCES  ET  ARTS 

de  Limoges 


(Extr&iU  relatifs  à  Vindustrie  porcelainière,  de  1B0Î  h  18fi) 


Foodôeen  1759  par  Pajot  de  Marcbeval,  intendant  de  la  Généralité,  la 
Société  d*agriculture  du  Limousin  s*élait  dispersée  pendant  la  Révolution. 
Elle  se  reforma  d'elle-même  en  décembre  4800  ou  janvier  1801,  sous  le 
nom  de  Société  d'agriculture  et  des  arts  de  la  Hauie-Vienne,  et  reprit  le 
cours  de  ses  séances. 

Ses  délibérations  écrites  commencent  au  i5  nivôse  an  IX  (=  15  janvier 
1801)  et  se  poursuivent  assez  régulièrement  jusqu'au  1®^  août  1810,  rem- 
plissant S5S  pages  dans  le  registre  in-folio  qui  avait  servi  aux  devanciers 
jusqu'à  la  veille  de  la  Révolution.  Elles  n'ont  pas  encore  été  publiées 

Un  second  registre  commence  au  3  septembre  1810  et  s'arrête  au  i8  mai 
1887.  Les  procès-verbaux  en  sont  restés  manuscrits  jusqu'à  la  fin  de  1891 
(08  pages),  sauf  ceux  des  séances  publiques  annuelles,  qu'on  commença 
d^mprimer  à  partir  de  1807.  liais  les  exemplaires  de  ces  imprimés  sont 
devenus  fort  rares,  et  nous  ne  savons  si  aucune  bibliothèque,  publique  ou 
privée,  en  possède  la  collection  complète. 

De  ces  deux  registres,  d'un  contenu  si  riche,  si  varié,  si  instructif  pour 
les  vingt  premières  années  du  xix*  siècle,  le  premier  est  le  seul  qui  nous 
ait  donné  quelques  mentions  utiles  pour  l'histoire  de  la  porcelaine  limou- 
sine. Le  second  ne  s'occupe,  antérieurement  à  1822,  que  de  Técole  de 
dessin,  des  expositions  publiques  et  du  musée  départemental,  qui  n'inté- 
ressent qu'indirectement  l'industrie  en  question.  Des  notices,  imprimées 
depuis  longtemps»  ont  d'ailleurs  fait  entrer  dans  le  courant  de  nos  con- 
naissances les  faits  essentiels  relatifs  à  ces  institutions. 

Il  y  a  lieu  d'être  surpris  de  la  pénurie  de  renseignements  que  four- 
nissent les  délibérations  de  notre  Société    sur  l'industrie  porcelainière 


4Ô2  SOClÉTfc  ARCbÉOLOGIQbR   K^  hlSTORIQUE   DU   LIÉODStK 

quand  on  sait  qu'elle  comptait  parmi  ses  membres  les  plus  actifs  François 
Alluaud,  le  principal  manufacturier  de  ce  temps  à  Limoges.  AUuaud^ 
qui  était  un  minéralogiste  et  un  chimiste  fort  instruit,  a  réservé  pour  les 
recueils  de  Paris,  en  particulier  pour  le  Journal  de  physique  et  les  Anna- 
leê  des  sciences  naturelles,  les  savants  mémoires  qu'il  a  rédigés  sur  divers 
points  de  science.  Et  quant  k  l'histoire  des  orignes  et  des  débuts  de  la 
céramique  limousine,  c'est  plus  tard  seulement,  après  f8d5,  qa*ii  songea  à 
en  rassembler  les  éléments. 

Aussi  bien,  sous  le  premier  Empire  et  la  Restauration,  Tindusirie  porce- 
lainière  n'avait  encore  pris  à  Limoges  ni  Timporiance  économique  ni  le 
caractère  expérimental  qu'elle  a  eus  à  partir  de  1840  environ.  A  preuve, 
les  délibérations  de  la  Chambre  des  arts  et  manufactures  de  Limoges 
(dont  nous  avons  publié  récemment  de  larges  extraits)  (f  ).  qui  sont  abso- 
lument muettes  à  cet  égard.  C'est  à  d'autres  sources  qu'il  faudra  puiser  les 
renseignements  essentiels  dont  nous  aurons  besoin  pour  retracer  l'his- 
toire de  notre  grande  industrie  locale  pendant  cette  période. 

Alfred  Leroux. 


Séance  du  29  messidor  an  X  {=  18  juillet  1802) 

P.  230,  —  Le  citoyen  Baigaol,  fabricant  de  porcelaine,  offre  à 
la  Société  un  buste  du  Premier  Consul  Bonaparte  et  un  très  beau 
bloc  de  kaolin  provenant  des  carrières  qu'il  fait  exploiter  à  Saint- 
Yriei\.  L'assemblée  vole  des  remercimens  au  citoyen  Baignol  et 
charge  son  secrétaire  de  les  lui  transmettre  par  écrit. 

Séance  du  17  prairial  an  X  (=r  6  juin  1802) 

P.  233).  —  Rapport  présenté  par  la  commission  centrale  sur 
l'exposition  publique  des  produits  de  f  industrie  [à  Paris]  : 

Les  fabriques  de  porcelaine  étant  une  des  principales  richesses 
du  département  de  la  Haute-Vienne,  à  raison  de  ses  carrières  de 
kaolin  et  de  pétunzé,  votre  commission  a  pensé  que  quelques  pièces 
de  porcelaine  devaient  être  envoyées  à  l'Exposition;  mais,  attendu 
que  nos  artistes  ne  peuvent  soutenir,  quant  à  la  peinture,  la  con- 
currence avec  ceux  de  Paris,  elle  propose  de  n'admettre  que  quel- 
ques pièces  de  beau  blanc  doré,  les  deux  vases  à  guirlandes  de 
roses  et,  dans  le  biscuit,  le  buste  du  Premier  Consul  Bonaparte. 

«  La  poterie  la  plus  grossière,  dit  le  Ministre  de  Tlntérieur,  si 
elle  est  bonne  et  à  bas  prix,  a  le  même  mérite  aux  yeux  du  gouver- 

(I)  Dans  le  présent  Bulletin^  t.  LU,  p.  197-979.. 


REGISTRES   DE   LA   SOCIETE  D^AGRIGULTURR  49 1 

nemeDl  que  TélégaDle  porcelaine.  »La  poterie  du  citoyen  Clément 
paraissant  remplir  ce  but,  votre  commission  vous  propose  d'admet- 
tre à  Teiposilion  du  Louvre  les  pièces  détaillées  dans  le  tableau 
annexé  à  ce  rapport 


1.  Désignation  des  objets  :  Un  cabaret  en  porcelaine  blanc  et  or, 
composé  de  12  tasses  et  soucoupes  ;  un  pot  au  lait,  une  cafetière, 
une  théyôre  et  un  sucrier. 

2.  Matières  premières  qui  entrent  dans  leur  fabrication  :  kaolin  et 
pétunsé  de  Saint-Yrieix,  département  de  la  Haute- Vienne. 

3.  Noms  et  demeure  des  fobricans  :  Baignot,  fabricant  à  Limoges. 

4.  Prix  des  objets  :  60  francs. 

5.  Observations:  Fabrique  ci-devant  nationale,  établie  en  1768  par 
les  frères  Grellet. 

1.  Un  pot  à  eau,  forme  d*urne,  avec  sa  jatte  blanc  et  or.  •—  2  M. 
-  3.  id,  -  4.  25  fr. 

1 .  Deux  vases  dorés  à  guirlandes  de  roses.  —  2.  id.  —  3.  id,  — 
4.  180  fr. 

1.  Le  buste  du  Premier  Consul  avec  son  pied  d'eslal  décoré.  — 
2.  id.  —  3.  id.  —  4...  —  5.  Le  buste  du  Premier  Consul  appartient 
à  la  Société  d'agriculture  et  des  arts,  qui  prie  le  ministre  de Tagréer. 
Ci-joint  la  description  du  pied  d'eslal  (1). 


(t)  Description  du  buste  de  Bonaparte,  Premier  Consul  de  la  Républi- 
que française.  Au  milieu  du  pied  d'estal  et  sur  le  devant  est  un  médailion 
doré,  au  centre  duquel  on  voit  un  chiffre  en  blanc  composé  des  trois  lettres 
B.  P.  G.  (Bonaparte  Premier  Consul).  De  la  droite  de  ce  chiffre  sort  une 
main  présentant  une  branche  d^oliviers,  sîmbole  de  la  clémence;  de  la 
gauche,  une  autre  main  tenant  des  balances,  emblème  de  la  justice.  —  Au- 
dessous  du  médaillon  est  un  soleil,  principe  de  la  lumière,  entouré  d'une 
çoaronne  civique  et  reposant  sur  le  manteau  consulaire.  Deux  guirlandes 
de  fleurs  sortant  du  soleil  semblent  annoncer  le  retour  du  printemps. 
Enfin  le  médaillon  est  soutenu  par  une  branche  de  laurier  et  une  palme» 
simboles  de  la  Victoire  et  de  la  Paix.  —  Le  pied  d'estal,  en  marbre  verd 
dllalie,  rappelle  les  victoires  du  Premier  Consul,  et  le  socle  en  por 
phiTfsie)  est  Temblème  de  la  st»blilîtéd'un  bon  gouvernement.  —  Au  som- 
met du  pied  d*estal  et  sous  le  buste  est  un  autel  souienu  par  la  Prudence, 
duquel  s'élance  une  flamme  pure,  simboledu  génie  vertueux.  A  droite  et 
à  gauche  de  cet  autel  on  voit  une  chouette,  emblème  de  la  Sagesse;  une 
cigogne,  image  de  la  Piéié  filiale;  la  lance  des  jeux  de  la  Paix,  et  différents 
attributs  des  Sciences,  des  Arts,  du  Commerce  et  de  TAbondancç.  ^  Mar* 
T):«}  Secrétaire, 


494  SOCIÉTÉ  ARCBBOLOGIQUB   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

i .  Un  cabaret  en  porcelaine  blanc  et  or,  composé  de  6  tasses  cl 
soucoupes,  une  caffetière,  un  pot  au  lait,  une  théyèreel  un  sucrier. 
—  2.  id.  —  3.  Monerie,  fabricant  à  Limoges.  —  4. 60  fr.  —  5.  Le 
citoyen  Monerie  a  créé  cette  fabrique  en  Tan  IV. 

1.  Une  caffetière 25  fr.    Un  petit  plat 18    » 

Un  marabou 2S    >;  Une  petite  écuelle. ...     18    » 

Un  petit  pot  couvert. . .  25    »  Une  pile  de  six  creusets      1  50 

Un  petit  saladier 25    »  Trois  bols  en  bis-  )  ^5^î^:° 

Une  écuelle  et  son  cou-  cuits  et  un  mor-  |  re  conaaitre 

vercle 30    »      ceau  de  terre  crue.  )  iîteSÏ. 

2.  Terre  de  la  Malaise  sur  la  route  Limoges  à  Sainl-Junien,  dépar- 

tement de  la  Haute- Vienne. 

3.  Clément,  fabricant  à  Limoges. 

Séance  publique  du  6  therkidor  an  XI  (~  25  juillet  1803) 

DANS  L*ÉGLISE  DE   L' ANCIEN  COLLÈGE   DE  LIMOGES 


P.  256.  —  Le  citoyen  Grellet-Masbilier  possédoit  des  connais- 
sances peu  ordinaires  en  agriculture  et  métallurgie.  Directeur  de 
la  manufacture  de  porcelaine  de  Limoges  pendant  qu'elle  fut  régie 
pour  le  compte  de  l'ancien  gouvernement,  cette  précieuse  fabrica- 
tion lui  dut  en  grande  partie  les  succès  qu'elle  obtint  à  cette  époque. 
Zélé,  actif,  laborieux,  non  moins  hardi  dans  ses  conceptions  qu'in- 
fatigable dans  ses  recherches  et  ses  expériences,  la  Société  en  le 
perdant  a  eu  à  regretter  un  de  ses  membres  les  plus  distingués  sous 
plusieurs  rapports. 

Raport 


P.  261.  —  La  porcelaine,  en  général,  était  plus  belle  et  plus 
richement  décorée  [à  TExposition  de  Tan  XII]  queFannée  dernière. 
Parmi  celle  sortant  de  la  fabrique  du  citoyen  Baignol,  on  a  parti- 
culièrement distingué  trois  vases  (dont  un  grand,  forme  Médicis), 
peints  en  sujets  de  la  Fable,  par  Viénot-Lafayette  ;  quatre  vases 
blanc  et  or  décorés  par  Glosterman  ;  un  pot  à  eau  et  sa  jatte  peints 
et  décorés  par  Faure,  ftgé  de  17  ans,  élève  de  l'Ecole  centrale  ;  une 
corbeille  en  blanc,  un  porte-pendule  en  biscuit  et  trois  christs  mo- 
delés par  Bonnevie. 

Attendu  la  grande  activité  qui  règne  dans  cette  fabrique,  les 
progrès  sensibles  que  Tart  y  a  faits  depuis  Tannée  dernière,  le  jury 
déclare  que  le  citoyen  Baignol  mérite  une  médaille  d'or* 


REGISTRES   DE   LA   SOCIÉTÉ  D^AG&ICULTURB  'i9S 

La  fabrique  du  citoyen  Âlluaud  aine  a  offert  de  beau  blanc  sans 
aucune  décoration,  et  parmi  les  peintures  en  petit  nombre  on  a 
remarqué  un  pot  à  eau  [àj  sujet  pastoral,  peint  par  Viénot-Lafayette 
avec  autant  de  grâce  que  de  vérité.  Les  talents  et  les  connaissances 
du  citoyen  ÂUuaud,  Factivité  qui  règne  déjà  dans  sa  fabrique,  quoi- 
que naissante,  sont  un  sûr  garant  qu'il  écartera  tout  ce  qui  tient  à 
la  routine  et  que  sous  sa  direction  Tart  fera  des  progrès  rapides. 
Comme  membre  de  la  Société,  le  jury  n'a  pu  lui  décerner  un  prix, 
mais  il  lui  vote  des  remercimens  au  nom  de  ses  concitoyens. 

Le  citoyen  Monnerie,  Créateur  de  sa  fabrique  dans  des  temps 
difficiles,  n'a  offert  qu'un  vase  de  pharmacie  sans  peinture  ni 
dorure,  et  un  plateau  de  déjeuner  peint  et  doré.  Le  vase,  d'ailleurs 
remarquable  par  sa  grandeur»  a  paru  fumé  et  les  mascarons  ser- 
vant d*anses  ne  sont  pas  de  bon  goût.  Le  plateau  peint  par  son  Gis, 
élève  de  TEcole  centrale  [de  la  Haute- Vienne],  présente  dans  la 
femme  sortant  du  bain,  qui  en  fait  le  sujet,  d^s  formes  gracieuses, 
un  iini  moelleux  qui,  en  annonçant  de  grandes  dispositions,  font 
oublier  les  incorrections  de  ce  joly  tableau.  Mais  au  moment  où  le 
public  applaudissait  à  ses  succès,  cet  infortuné  jeune  homme,  non 
moins  intéressant  par  ses  vertues  privées  que  par  ses  talens»  épuisé 
par  l'excès  du  travail,  luttait  contre  une  mort  prématurée  qui,  peu 
de  jours  après,  l'a  enlevé  à  sa  famille  et  à  ses  nombreux  amis. 

Gomme  fondateur  d'un  établissement  qui  tend  à  augmenter  la 
fortune  publique,  le  jury  décerne  au  citoyen  Monnerie  une  médaille 
d'argent. 

Procès-verbal  du  jury  nommé  par  la  Société  d'agriculture  et  des  arts 
pour  examiner  les  produits  de  l'industrie  mis  à  rexposition  de 
Fan  Xn. 


P.  281.  —  Aujourd'hui  17  pairaial  an  XII  (=  6  juin  1804). 


PoRCELAmES.  —  A.  Fabrique  de  ilf .  Alluaud.  —  Cette  fabrique  a 
fait,  depuis  l'année  dernière,  des  progrès  étonnans.  Elégance  et 
variété  dans  les  formes,  richesse  et  grâces  dans  les  orncmens,  un 
blanc  pur  et  bien  glacé  :  tel  est  le  résultat  des  observations  du  jury 
quant  à  cette  fabrique  en  général.  Mais  attendu  que,  pour  l'an  XII, 
les  prix  sont  réservés  aux  peintres  et  aux  modeleurs,  le  jury  doit 
entrer  dans  quelques  détails  sur  les  ouvrages  de  chacun  d'erux, 
en  les  divisant  en  deux  classes  :  celle  des  artistes  et  celle  des 
élèves. 

0.  Classe  des  artistes.  —  On  doit  les  plus  grands  éloges  à  H.  Du- 
chateau  pour  les  soins  çt  l'c^ctivitë  qu'il  a  mis  h  faire  jouir  les 


1 


496  SOCIÉTÉ  ABGHÉOLOGIQUB  ET   BlSTOIIIQUB  DU   LlMOaSISI 

babitans  de  Limoges  du  busle  de  M.  Turgot.  Cette  pièce  est  d*au- 
tant  plus  précieuse  qu'elle  a  été  moulée  sur  un  premier  buste  en 
terre,  exécuté  à  Limoges  d*après  nature.  En  rendant  justice  aux 
talens  de  M.  Ducbaleau  et  en  lui  décernant  une  médaille  d'argent, 
le  jury  vote  des  remerciemens  à  M.  Dumaneuf,  propriétaire  du 
buste  original,  pour  l'empressement  qu'il  a  mis  à  seconder  les 
vœux  de  la  Société. 

Un  grand  vase,  forme  Médicis,  tourné  par  M.  Montagne,  et  plu- 
sieurs pièces  richement  décorées  ont  paru  sous  le  nom  de  H.  Clos* 
lerman.  Intelligence  dans  la  composition,  élégance  et  variété  dans 
les  ornemens,  exécution  facile  et  pure  :  tels  sont  les  caractères  qui 
distinguent  les  ouvrages  de  cet  artiste  et  déterminent  le  jury  à  luy 
décerner  une  médaille  d'argent. 

M.  Garçon  a  peint  une  Erigonne,  en  coloris,  sur  un  pot  à  l'eau  ; 
un  Amour  jouant  de  la  flûte  et  un  paysage  en  grisaille  sur  deux 
tasses  à  lait.  Cet  artiste  copie  avec  autant  de  soin  que  d'exactitude. 
Son  Erigonne  est  d'un  bon  ton  de  couleur  et  pleine  d'expression  ; 
on  lit  dans  ses  yeu\  que  son  amant  est  caché  sous  la  grappe  qu'elle 
tient  dans  sa  main.  Le  petit  Amour  réunit  aux  grâces  de  l'enfance 
l'air  piquant  et  malin  du  dieu  qu1l  représente.  Enfin  son  paysage, 
du  genre  pastoral,  est  peint  avec  intelligence;  les  effets  de  lumière 
sont  bien  ménagés,  les  maisons  et  les  arbres  bien  soignés.  D'après 
ces  détails,  le  jury  estime  que  M.  Garçon  mérite  une  médaille 
d'argent. 

C.  Classe  des  élèves,  —  En  divisant  les  peintres  en  deux  classes, 
le  jury  n'a  point  eu  pour  but  d*alTaiblir  le  mérite  des  élèves  ;  il  a 
voulu  seulement  distinguer  l'artiste  consommé  par  une  longue  habi- 
tude dans  la  connaissance  et  l'emploi  des  couleurs,  de  celui  qui, 
avec  d'heureuses  dispositions  et  des  talens  réels,  ne  marche  encore 
qu*à  pas  lents  et,  pour  ainsi  dire,  à  tâtons,  incertain  de  l'effet  que 
produira  son  travail  après  avoir  passé  au  feu.  Cette  explication 
était  nécessaire  pour  les  personnes  qui  ignorent  que  le  feu  change 
le  ton  de  plusieurs  des  couleurs  employées  en  porcelaine. 

Sous  le  nom  de  M.  Cousin,  ont  été  offerts  à  l'Exposition  :  i*  le 
portrait  de  Turgot,  peint  en  noir  sur  plaque,  d'après  la  gravure  ; 
2*  Jupiter  etio,  peints  aussi  sur  plaque,  mais  en  coloris;  3"*  une 
Diane  et  une  Flore  au  bistre  sur  deux  brocs.  Correction  dans  le 
dessin,  vérité  dans  le  coloris,  finesse  dans  la  touche  :  tel  est  le 
résultat  de  l'examen  du  jury.  Ces  premiers  essais  prouvent  que 
M.  Cousin  peut,  avec  de  l'étude  et  les  leçons  d'un  bon  mattre,  faire 
de  grands  progrès  dans  ce  genre  de  peinture.  Le  jury  Ta  jugé  digne 
d'obtenir  une  médaille  d'argent. 

M.  Faure,  attaché  comme  peintre  à  Tatelier  de  M.  Joubert,  indé- 


RBGISTBKS   DK  LA   SOCIAtÈ   d'AORICULTURE  497 

pendant  des  fabriques,  a  présenté  :  i*  un  pot  à  eau  sortant  de  la 
fabrique  de  M.  Baignol,  sur  lequel  ii  a  peint  en  coloris  une  Vénus 
jouant  avec  l'Amour;  9*  un  Déjeuner  de  la  fabrique  de  H.  Alluaud, 
dans  le  plateau  duquel  il  a  exécuté  au  bistre  un  joli  tableau  repré- 
sentant  Jupiter  et  Léda.  Travaillant  dans  un  atelier  isolé,  et  sans 
maître,  Faure  doit  à  lui  seul  et  ses  connaissances  et  ses  premiers 
succès.  Ce  jeune  peintre  est  correct  dans  son  dessin  ;  sa  touche  est 
légère  et  moelleuse  ;  ses  figures  sont  pleines  de  grâces  et  de  senti- 
ment. Le  jury,  convaincu  qu^avec  du  travail  et  de  bons  exemples, 
M.  Faure  peut  devenir  un  peintre  très  gracieux,  lui  décerne  une 
médaille  d*argent. 

Le  jury  fait  mention  de  M.  Tharaud,  élève  dans  la  fabrique  de 
H.  Alluaud,  et  de  M.  Baret,  artiste,  travaillant  dans  celle  de 
M.  Monerie. 

Poterie.  —  M.  Clément  a  exposé  une  fontaine  en  forme  de  vase, 
d'une  très  grande  dimension,  et  deux  colonnes  de  poêles  surmon- 
tées de  corbeilles  de  fleurs.  Le  peu  de  ductilité,  de  ténacité  de  Tar- 
gile  qu'il  est  forcé  d'employer,  est  une  preuve  du  talent  de  Tartiste. 
On  peut  dire  qu'il  a  Vaincu  toutes  les  difBcultés  qui  résultent  de  la 
nature  des  matières  premières.  Au  surplus,  M.  Clément  est  le  créa- 
teur à  Limoges  de  ce  genre  d'industrie  et,  à  ce  seul  litre,  il  mérite- 
rait la  médaille  d'argent  que  le  jury  lui  décerne. 

Séance  publique  du  2  avril  4807 

P.  298.  —  M.  Alluaud  aine,  minéralogiste  savant,  membre  de  la 
Société,  a  lu  une  notice  historique  sur  les  kaolins  et  les  pélunzés, 
ces  précieux  minéraux  qui  nous  fournissent  une  poterie  solide, 
belle  et  propre.  Il  recherche  quels  sont  les  premiers  auteurs  de  la 
dt'couverte  de  ces  utiles  felds-paths;  quelle  est  leur  nature  primi- 
tive; comment  ils  ont  subi  leurs  différents  degrés  de  décomposi- 
tion; quels  sont  leurs  genres,  leurs  espèces,  leurs  variétés; 
comment  on  reconnaît  leur  plus  ou  moins  grande  aptitude  à  la 
fabrication;  de  quelle  manière  s'exploite  la  mine  dont  on  les 
extrait  ;  quelles  manipulations  ils  doivent  subir  pour  être  propres  à 
la  porcelaine  ;  quelles  sont  les  proportions  de  leurs  mélanges;  de 
quelle  substance  est  composée  ce  que  Ton  nomme  la  couverte,  et 
sa  préparation  ^  quelles  quantités  de  kaolins  et  de  pétunzés  ont  été 
à  divers  {sic)  époques  exportées  à  l'étranger;  quelle  a  été,  à  diffé- 
rens(«tc)  périodes,  la  consommation  intérieure  de  ces  minéraux.  Il 
évalue  par  approximation  les  frais  et  les  bénéflces  actuels  de  fabri- 
que en  ce  genre  pour  le  département  de  la  Haute-Vienne. 

Tel  est  l'aperçu  rapide  d'un  ouvrage  qui  n'est  que  le  prélude  de 


498  SOCIRTR  ARCnéOLOGIQUE  ET  BISTOBIQDB   DO  LIMOUSIN 

ce  que  la  Société  doit  attendre  de  la  plume  d'un  auteur  maître  de 
son  sujet.  Nous  espérons  qu*il  ne  laissera  rien  à  désirer  sur  la 
minéralogie  d'un  pays  que  la  nature  doit  sans  doute  avoir  dédom- 
magé de  la  stérilité  de  sa  surface  parla  richesse  de  son  sein. 

Rapport  du  secrétaire  (i)  de  la  classe  de  littérature  et  beaux-arts. 

P.  307.  —  La  Société,  qui  méditait  depuis  longtemps  d'encoura- 
ger les  arts  libéraux,  avait  commencé  par  celui  de  tous  dont  la 
connaissance  est  [le]  plus  nécessaire  dans  Texercice  des  professions 
mécaniques.  Elle  a  fondé,  il  y  a  quelques  années,  une  école  publi- 
que de  dessin  dont  elle  a  conÂé  la  direction  à  M.  Delille,  professeur 
aussi  distingué  par  ses  talents  que  par  le  zèle  qu'il  apporte  aux 
fonctions  honorables  dont  il  est  chargé. 

L'étude  du  dessin  est  d'autant  plus  utile  dans  ce  département  que 
les  manufactures  de  porcelaine  forment  un  poids  considérable  dans 
la  balance  de  ses  produits  industriels,  et  que  cette  branche  si  inté- 
ressante de  commerce  pourrait  s'accroître  encore  par  le  goul  et  la 
variété  des  dessins.  C'est  ici  que  la  p&te  de  porcelaine  reçoit  son 
plu3  bel  éclat.  Pourquoi  les  ornemens  qui  la  décorent  n'attire- 
raient-ils pas  aussi  l'attention  des  nationaux  et  des  étrangers?  On 
a  dû  concevoir  à  ce  sujet  de  flatteuses  espérances  à  la  dernière 
exposition  des  produits  de  l'industrie  :  des  dessins  faits  par  de 
jeunes  élèves,  des  vases  de  belle  forme,  des  bustes  d'hommes  chers 
à  la  France  ont  frappé  les  yeux  des  connaisseurs,  et  c'est  grâces  à 
ces  rapides  progrès  que  la  Société  peut  offrir,  dans  le  lieu  de  ses 
séances,  à  la  vénération  de  ses  concitoyens  le  buste  de  M.  Turgot, 
dont  le  génie  a  posé  les  bases  de  l'industrie  et  du  commerce  dans  la 
Généralité  de  Limoges. 

Pères  et  mères  dont  les  facultés  sont  bornées,  c'est  en  votre 
faveur  que  la  Société  a  formé  cette  institution.  Envoyez-y  vos 
enfants.  On  y  cultivera  leurs  dispositions  naturelles.  Songez  qu'en 
contribuant  à  perfectionner  les  objets  d'industrie  et  de  commerce, 
vous  vous  préparez  plus  d'aisance;  que  plus  les  manufactures  sont 
florissantes,  plus  les  ressources  de  l'artisan  sont  multipliées;  que  la 
fortune  de  vos  enfans  lient  à  leur  éducation  et  que  leur  bonheur 
sera  votre  consolation  dans  un  âge  plus  avancé. 

Qui  sait  d'ailleurs  si  ce  n'est  pas  pour  quelques-uns  le  chemin  de 
la  célébrité  ?  Qui  sait  si  l'un  d*eux  {sic)  de  ces  enfans  qui  trace 
encore  d'une  main  timide  les  premiers  linéamens  du  dessin,  ne 
maniera  pas  un  jour  le  pinceau  de  David  ? 

(i)  M*  Bpnnct-l^eauva), 


REGISTRES   DE  LA   80GIÉT6  d' AGRICULTURE  499 

Quel  vaste  champ  esl  ouvert  à  rimagination  du  dessinateur! 
Tout  dans  la  nature,  au  physique  et  au  moral,  esl  de  son  ressort  et 
s'offre  à  ses  crayons.  Si  le  dessin  peut  frayer  un  sentier  vers  la 
fortune  ou  les  honneurs  au  simple  artisan,  quelles  ressources 
n*ofTre-t-il  pas  à  Thomme  que  la  richesse  met  au-dessus  du  besoin. 
Il  se  plait,  dans  le  silence  du  cabinet,  à  retracer  les  objets  qui  ont 
le  plus  occupé  son  esprit  ou  intéressé  son  cœur;  il  crayonne  les 
traits  d'un  père  tendre,  d'une  mère  chérie,  des  rochers  sourcilleux, 
un  site  varié,  un  paysage  animé,  une  action  héroïque,  une  scène 
morale,  un  acte  de  bienfaisance,  d'amour  maternel  ou  de  piété 
filiale.  Tout  anime  son  pinceau,  et  les  douces  émotions  de  son  &me 
se  peignent  dans  Texpression  des  figures  ou  dans  les  détails  du 
tableau. 

Jeunes  élèves  I  On  voit  à  vos  essais  que  vous  avez  été  guidés  par 
une  noble  émulation.  Continuez  d'être  assidus  aux  leçons  et  dociles 
à  la  voix  de  votre  instituteur.  L'élude  des  principes  dans  tous  les 
arts  est  toujours  longue  et  pénible.  Empressez-vousde  lever  ce 
voile,  afin  de  donner  bientôt  l'essor  aux  heureuses  dispositions  que 
vous  tenez  de  la  nature.  La  plus  douce  récompense  de  la  Société 
est  dans  vos  progrès.  Songez  que  désormais  vos  concitoyens  auront 
les  yeux  sur  vous  et  que  c'est  à  vous  à  justifier  leurs  espérances. 

[Suivent  les  noms  des  élèves  couronnés,  avec  rindication  des  sujets 
qu'ils  ont  traités  et  des  récompenses  qu'ils  ont  reçtMs,] 

Séance  du  14  août  1808 

P.  3^.  —  L'école  publique  de  dessin  étant  rétablissement  le 
plus  utile  que  la  Société  ait  formé  et  son  vœu  étant  qu'elle  atteigne 
aux  succès  les  plus  étendus  qu'elle  puisse  en  attendre  pour  la  ville 
de  Limoges,  informée  que  le  nombre  des  élèves  est  beaucoup 
diminué,  voulant  lui  redonner  le  degré  d'intérêt,  d'activité  qu'elle 
présenta,  la  première  année  de  sa  fondation,  arrête  qu'il  sera 
nommé,  séance  tenante,  une  commission  de  cinq  membres  qui  sera 
chargée  de  faire  à  la  Société  un  rapport  sur  l'état  actuel  de  l'Ecole 
de  dessin,  sur  les  causes  de  son  dépérissement  et  sur  les  moyens 
de  la  rétablir.  Les  membres  de  cette  commission  sont  :  MM.  Ballet, 
Dumas,  Bonnet-Beauval,  Charpentier  et  Chevalier. 

Séance  du  7  septembre  1808 

P.  325.  ~  La  commission  chargée  de  faire  un  rapport  sur  l'école 
publique  de  dessin  présente  à  la  Société  le  travail  qu'elle  a  fait  à 
ce  sujet. 

Le  rapporteur  offre  l'historique  de  la  foudatiou  de  l'école.  Ce 


500  SOCIÉTK  ARCHROLOOIUDK   ST   H18T0R1QUR   DO   LIMOUSIN 

fut  en  l'an  XIII,  lors  de  la  suppression  des  écoles  centrales  et  de 
rétablissement  d'un  lycée  à  Limoges,  que,  pour  donner  un  témoi- 
gnage authentique  de  reconnaissance  à  M. Roulier-Delille,  professeur 
de  dessin  et  créateur  pour  ainsi  dire  de  ce  talent  dans  notre  pays, 
la  Société  le  retint  au  milieu  de  nous  en  le  mettant  à  la  tête  d'une 
école  publique  en  même  temps  que  M.  Gaston,  proviseur  du  lycée, 
juste  appréciateur  de  son  mérite,  lui  conféra  le  même  titre  dans 
riniérieur  de  cet  établissement. 

L'école  publique,  après  des  succès  brillants,  est  devenue  languis- 
sante et  presque  nulle.  Les  causes  de  sa  décadence  sont  Taugmen- 
lation  successive  du  prix  d'admission  des  élèves,  les  absences 
forcées  du  professeur,  l'imprévoyance  de  la  Société  qui  n'avait 
point  assujetti  l'école  à  un  règlement  (ixe. 

Pour  remédier  à  la  première  cause,  il  est  proposé  de  réduire  le 
prix  annuel  d'admission  à  l'école  à  la  somme  fixe  de  IS  fr.,  rétri- 
bution telle  qu'on  la  payait  à  l'Ecole  centrale. 

La  seconde  cause  ne  peut  être  imputée  au  professeur,  qui  est 
reconnu  ne  s'être  absenté  de  la  classe  que  forcé  par  des  maladies 
graves  et,  dans  ces  temps  même,  il  se  faisait  remplacer  par  ses 
élèves  les  plus  distingués,  ou  il  donnait  ses  leçons  chez  lui  lorsque 
la  convalescence  le  lui  permettait. 

La  commission  rend  hommage  aux  talens  et  aux  succès  de 
M.  Delille  ;  elle  fait  sentir  que,  dans  un  art  libéral  dont  nous  voyons 
peu  de  professeurs,  il  est  difficile  de  juger  la  méthode  de  celui  qui 
enseigne  autrement  que  par  ses  résultats  et  que,  sous  ce  point  de 
vue,  le  seul  qui  aille  vraiment  au  but,  M.  Delille  est  digne  de  nos 
éloges  et  de  notre  intérêt. 

Toutes  les  dépenses  d'établissement  et  d'objets  nécessaires  à 
l'école  sont  faites  ;  nous  possédons  en  abondance  les  moyens  de 
prospérité;  l'école  est  utile,  le  professeur  est  bon.  Il  faut  donc 
maintenir  notre  ouvrage.  II  s'agit,  pour  obviera  la  troisième  cause 
de  décadence,  de  poser  des  bases  d'ordre  propres  à  assurer  les 
succès. 

La  commission  propose  à  la  Société  le  projet  d'arrêté  suivant, 
qui,  après  débats  et  amendements,  est  adopté  ainsi  qu'il  suit  : 

P.  326.  —  Arrêté  de  la  Société  (T agriculture,  de^  sciences  et  arts, 
du  département  de  la  Haute-Vienne,  pris  en  séance  générale 

Article  i®'.  —  L'école  publique  de  dessin  du  département  de  la 
Haute-Vienne,  fondée  à  Limoges  par  la  Société  d'agriculture,  des 
sciences  et  arts,  est  maintenue.  M.  Routier-Delille  continue  d'en 
être  professeur. 


ilEGlSTRES  DB   LA   SOGlèrft   d'aGRICOLTURR  501 

Art.  2.  —  A  compter  du  !•'  janvier  i809,  le  professeur  de  celte 
école  recevra  annuellement  de  la  Société  des  honoraires  fixés  à  la 
somme  de  600  fr.  Il  n*est  rien  changé  à  son  traitement  précédent 
jusqu'à  la  dite  époque. 

Art.  3.  —  Chaque  élève  admis  à  Técole  payera  annuellement  et 
en  trois  payements  égaux  une  rétribution  de  la  somme  de  15  fr. 
Cette  rétribution  sera  perçue  par  le  professeur  qui  la  retiendra 
en  entier  pour  servir  de  supplément  à  ses  honoraires. 

Art.  4.  —  Le  professeur  donnera  deux  heures  de  leçon  par  jour, 
si  cela  se  peut,  et  il  jouira  des  congés  et  vacances  accordés  par  les 
lois  et  règlements. 

Art.  5.  —  Trois  commissaires  seront  chargés  spécialement  de 
surveiller  Técole,  de  pourvoir  aux  dépenses  nécessaires  et  de  faire 
à  la  Société  un  rapport  de  situation  tous  les  quatre  mois.  Ces  com- 
missaires seront  renouvelés  chaque  année. 

Art.  6.  ^  MM.  les  commissaires  vérifieront  le  mobilier  de  l'école 
et  le  confieront  au  professeur  sur  son  récépissé. 

Art.  7.  -^  Aucun  élève  ne  sera  admis  à  Técole  s'il  n*est  muni 
d'une  carte  d'admission,  signée  d'un  des  commissaires. 

Art.  8.  *  Les  frais  d'entretien,  de  renouvellement,  d'améliora- 
tion de  l'école  et  toutes  autres  dépenses  la  concernant  sont  à  la 
charge  de  la  Société. 

Art.  9.  —  La  Société  fera  connaître  par  un  avis  imprimé  et 
affiché  l'existence  de  l'école  et  le  prix  d'admission  des  élèves.  Cette 
affiche  sera  renouvelée,  chaque  année,  et  fera  connaître  au  public 
les  avantages  que  l'étude  du  dessin  peut  procurer  non  seulement 
aux  professions  méchaniques,  mais  encore  à  tous  autres  états  et  en 
particulier  aux  jeunes  citoyens  qui  sont  destinés  à  suivre  la  carrière 
des  armes. 

La  Société  nomme  MM.  Durand  de  Richement,  Charpentier  et 
Alexandre  Chevallier,  commissaires  inspecteurs  de  l'école  de  des- 
sin. 

Séance  du  5  avril  1809 

P.  337.  —  M.  Charpentier,  l'un  des  commissaires  chargés  de 
surveiller  l'école  de  dessin,  fait  un  rapport  sur  le  placement  de  la 
dite  école.  II  en  résulte  que  la  maison  du  sieur  Deschamps,  située 
dans  la  rue  Consulat,  est  la  seule  qui,  dans  ce  moment,  puisse 
convenir  à  cet  établissement,  tant  par  sa  position  centrale  que  par 
l'état  du  local  dans  lequel  la  Société  n'a  aucune  dépense  à  faire. 

En  conséquence,  l'assemblée,  en  approuvant  tout  ce  que  MM.  les 
commissaires  ont  fait  à  cet  égard,  les  autorise  à  passer  un  bail 
pour  trois  ans,  aux  conditions  qui  leur  paraîtront  les  plus  avan- 
tageuses. 


502  SOCIÉTÉ  ARdBÊOLOGiaOB   Kt  BL8T0aiQUB  DU  LllhOUSlk 

P.  341.  —  Séance  publique  du  24  mai  4809 
[Ce  procès-verbal  a  été  imprimé,] 

Séance  du  16  mai  1840 

P.  348.  —  M.  Beauval  fait  successivement  trois  autres  rapports... 
le  troisième  enfin  sur  Télat  actuel  de  l*école  publique  de  dessin 
fondée  par  la  Société.  11  résulte  de  ce  rapport  que  les  plus  forts 
élèves  étant  sortis  de  l'école  dans  le  cours  de  Tannée  pour  entrer 
dans  divers  ateliers,  il  ne  reste  que  des  commerçants  dont  les 
ouvrages  ne  sont  point  encore  dignes  de  paraître  en  public.  En 
conséquence,  le  rapporteur  propose  au  nom  de  la  classe  [de  litté- 
rature et  beaux-arts]  et  l'assemblée  arrête  de  renvoyer  à  1811 
l'exposition  publique  et  la  distribution  des  prix  consacrés  à  cette 
école. 

Séance  du  l*'  août  1810 

P.  352.  —  Les  sieurs  Albert  et  Grossas  écrivent  à  la  Société  pour 
solliciter  la  faveur  d'avoir  une  double  clef  de  l'école  de  dessin,  afin 
d'y  travailler  hors  les  heures  fixées  pour  les  élèves.  L'assemblée 
renvoyé  cette  demaade  aux  commissaires  attachés  à  l'école. 

Séance  du  2  décembre  1812 
[Sur  l'exposition  des  travaux  de  l'école  de  dessin.] 

Séance  ou  6  novembre  1816 
[Sur  le  professeur  de  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  13  novembre  1816 
[Vœu  pour  un  règlement  de  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  4  décembre  1816 
[Remplacement  du  professeur  de  l'école  de  dessin.) 

Séance  ou  12  janvier  1817 
[Concours  pour  la  nomination  d'un  professeur  à  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  5  février  1817 

[Ratification  de  la  précédente  nomination  et  nomination  de  deux 
surveillants.] 

Séance  du  5  mars  1817 

[Commission  du  règlement  pour  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  2  avril  1817 
[Sur  le  règlement  rédigé  pour  l'école  de  dessin.] 


ktolSTRBS  DE   LA   8<yàtÉTÊ   D  AGRICCLTCRk  iS03 

Séance  du  9  avril  1817 
[Sur  le  susdit  règlement.] 

Séance  du  7  mai  1817 
[Sur  le  susdit  règlement  et  sur  le  local  de  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  2  juillet  1817 
[Du  local  deTècole  de  dessin.] 

Séance  du  9  juillet  1817 

[Sur  un  nouveau  local  pour  Técole  de  dessin  et  sur  Tobservalion 
du  règlement.] 

Séances  des  6  août,  8  nov.  et  3  déc.  1817  et  4  fév.  1818 
[Du  local  de  l'école  de  dessin. J 

Séance  du  4  mars  1818 
[Court  rapport  sur  Técole  de  dessin.] 

Séances  des  18  août,  9  sept,  et  18  nov.  1818  et  13  janv.  1819 
[Projet  d*exposition  publique  des  produits  de  l'industrie.] 

Séance  du  ..  janvier  1819 
[Sur  le  nouveau  professeur  de  Técole  de  dessin.] 

Séance  du  3  février  1819 

[Sur  les  vices  d'administration  de  l'école  de  dessin]. 

L'assemblée  arrête  que  M.  Roulhac,  vice-président  de  la  Société, 
écrira  à  M.  Albert,  [professeur],  une  lettre  dans  laquelle  il  lui  expo- 
sera les  justes  motifs  de  plainte  qu'il  a  fait  naitre,  et  lui  fera  pres- 
sentir que  la  Société  se  verra  forcée  d'eu  venir  à  fermer  son  école 
s'il  persiste  dans  sa  méthode  d'enseignement  qui  parait  peu  favorable 
aux  progrès  des  élèves,  et  dans  sa  conduite  peu  docile  aux  avis  des 
membres  de  la  commission. 

Séance  du  3  mars  1819 

...La  correspondance  se  compose  encore  d'une  lettre  de 
M.  Allou,  ingénieur  des  mines,  en  mission  dans  le  département  de 
la  Haute- Vienne,  qui  accompagne  deux  notices  :  Tune  sur  la  mine 
de  terre  alumineusede  Provenchëreprès  Argenton,  que  H.  Rostain, 
propriétaire  de  la  carrière,  avait  cru  longtemps  être  de  môme  nature 
que  la  terre  à  porcelaine  connue  sous  le  nom  de  kaolin.  M.  Allou , 
après  avoir  soumis  cette  terre  à  des  expériences  rigoureuses, 
démontre  qu'elle  n'a  aucun  rapport  avec  celle  des  carrières  de 


I 


«^04  SOCI^Té  ARCH^OLOOIQUK    Rt  HISTOklQUR  DU  LIllOlISlM 

Saint-Yrieix,  et  qu'elle  De  peut  être  employée  à  la  fabrication  de 
la  porcelaine. 

[M.  Foulques  aanonce  à  la  Société  le  bon  effet  de  la  lettre  adres- 
sée à  M.  Albert]. 

Séance  du  5  août  1819 
[Sur  TexpositioD  publique  des  dessins  des  élèves.] 

Séances  des  20  août  et  2  décembre  1819 
[Rapport  sur  Técole  de  dessin.] 

Séances  des  19  et  27  juillet  1820 
[Exposition  des  dessins  de  Técole  ] 

Séance  du  29  octobre  1820 

[Rapport  sur  Técole  de  dessin  et  procès-verbal  de  la  commission 
de  la  dite  école.] 

Séance  du  30  novembre  1820 

Projet  présenté  par  M.  Allou,  ingénieur,  d*un  Musée  départe- 
mental, dans  lequel  âgureraint  «  les  objets  de  Tindustrie  locale 
tels  que  les  porcelaines,  les  cuivres,  les  fers,  les  produits  de  nos 
papeteries,  etc.  » 

Séance  du  16  décembre  1820 

[Sur  le  projet  de  fermer  l'école  de  dessin.] 

Séance  du  21  décembre  1820 
[Suspension  du  professeur  de  Técole  de  dessin.) 

Séance  du  23  décembre  1820 
[Remplacement  provisoire  du  professeur.] 

Séance  du  16  février  1821 
[L'école  de  dessin  est  confiée  à  M.  Lassimonne.] 

Séance  du  15  mars  1821 

[Réforme  de  l'école  de  dessin.  —  Projet  d'un  Musée  départe- 
mental.] 

Séances  des  18  mai,  8,  20  et  29  juin  et  25  juillet  1821 
[Sur  l'école  de  de.ssin]. 

Séance  du  31  octobre  1821 

[MM.  Allou  et  Alluaud  sont  nommés  conservateurs  du  Musée 
départemental  établi  dans  le  local  de  la  Société.) 


DR   LA 


MUNICIPALITÉ    DE    LIMOGES 


(Extraits  relatifs  à  l'industrie  porcelainiêre,  de  1794  h  1817  (-1) 


Les  documents  relatifs  à  Tioduslne  porcelainiêre  sont  extrêment  rares 
dans  les  Archives  de  THAtel  de  Ville  de  Limoges.  Ceux  qui  suivent  n*of- 
frent  môme  pas  un  très  grand  intérêt.  Noas  les  publions  néanmoins  pour 
ne  rien  omettre  de  ce  qui  peut  servir  à  l'histoire  de  cette  industrie. 

Seule»  la  question  de  remboursement  des  droits  d'octroi  établis  sur  le 
bois  qui  servait  à  la  cuisson  de  la  porcelaine,  a  donné  lieu  à  des  délibéra- 
tions et  à  des  arrêtés  fréquents.  Nous  nous  bornerons  k  indiquer  les  dates 
sous  lesquelles  on  les  rencontre,  savoir  :  19  janvier  (Si 6,  31  novem- 
bre 1817,  21  février  ISîi,  4,  il  et  18  mai  4830,  39  mars  1833, 
22  avril  1834,  30  avril  et  30  mai  1836.  91  février  et  11  novembre  1842, 
40  et  24  février  1844,  24  janvier  ettj  décembre  1845,  22  novembre  1817. 

Le  projet  du  budget  supplémentaire  de  la  ville   pour  4848,  présenté 

par  le  maire  au  Conseil  municipal  sous  la  date  du  44  décembre  1848,  fait 

mention  d'un  «  prêt  fait  aux  fabricants  de  porcelaine  ».  C'est  tout  ce  que 

nous  en  savons. 

A.  L. 

(1)  Transcrits  par  M.  Georges  Rac,  employé  auxiliaire  aux  Archives 
départementales  de  la  Haute-Vienne;  collationnés  par  le  soussigné  A.  L. 

T.  LH  33 


50(^  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    Et  HlStORIQUB   DU   LlItOdSlN 

Séance  publique  do  23  messidor,  2*  année  républicaine 

(=  H  juillel  1794) 

Il  a  été  fait  lecture  d'une  lettre  des  administrateurs  du  district, 
portant  copie  de  celle  de  la  Commission  d'agriculture  et  des  arts 
du  14  de  ce  mois,  demandant  les  genres  de  fabrique  et  de  manufac- 
tures qui  existent  dans  notre  arrondissement  et  les  branches  qui 
y  sont  cultivées. 

fia  réponse  ne  se  trouve  nulle  part). 

Séance  publique  du  19  nivôse,  3""  année  de  là  république 

(=  8  janvier  1795) 

Les  citoyens  Léonard  Monnerie  et  Jean  Joubert  demandent  l'agré- 
ment de  la  municipalité  de  Limoges  pour  rétablissement  d'une 
manufacture  de  porcelaine  dans  la  maison  et  dépendances  du  dit 
Monnerie,  située  faubourg  de  Paris,  section  de  la  Liberté. 

Le  Conseil  général  voulant  seconder  les  intentions  de  la  Conven- 
tion nationale,  qui  sont  de  donner  au  commerce  tout  Tencourage- 
ment  nécessaire  pour  le  faire  Heurir,  a  donné  son  agrément  à 
rétablissement  proposé,  ne  pouvant  en  résulter  aucun  inconvénient 
fâcheux,  étant  situé  hors  Tenceinte  de  la  ville. 

Adresse  du  maire  de  limoges  a  ses  concitoyens,  reutivement  a 
l'exposition  annuelle  des  produits  de  l'industrie  (ou  8  floréal 

AN  XII  DE  LA  RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE  -=  28  aVfil  1804). 

Les  maire  et  adjoints  de  la  commune  de  Limoges  aux  fabricants 
et  aux  artistes, 

Citoyens, 

La  Société  d'agriculture  et  des  arts  a  fondé  dans  cette  commune 
une  exposition  annuelle  des  produits  de  l'industrie,  des  prix  d'en- 
couragement destinés  aux  artistes  et  fabricants.  La  mairie, 
convaincue  que  ses  concitoyens  ont  su  apprécier  l'importance  d'un 
établissement  qui  tend  à  la  perfection  des  arts  dans  une  commune 
dont  la  fortune  et  le  crédit  reposent  sur  les  habitants,  croit  devoir 
rappeller  aux  fabricants  et  aux  artistes  en  tout  genre,  que  Fexpo- 
sition  aura  lieu,  cette  année,  dans  Tancienne  église  de  la  Visitation, 
et  qu'elle  sera  ouverte  au  public  le  quinze  du  courant;  elle  les 
invile,  en  conséquence,  à  déposer  les  produits  de  leur  industrie  le 
quatorze  au  plus  tard.  Qu'ils  se  persuadent,  surtout,  que  le  salon 
des  arts  est  ouvert  à  la  poterie  la  plus  grossière  comme  à  Télégan te 


RBâlStRBS   DE  LA   IIUiNlClt>ALITÉ   DE  LlllOÛES  507 

porcelaine,  et  qa'une  pièce  de  droguet  bien  fabriquée  est  aussi 
précieuse  aux  yeux  du  gouvernement  que  le  plua  beau  drap  de 
Louviers,  que  les  plus  belles  dentelles  de  la  Belgique.  —  Signé  : 
NouALLiBR,  maire;  Brigueil  et  Michel,  adjoints;  Lingaud,  secrétaire 
en  chef. 
  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits.  Signé  :  Nouaillier. 

ARRÊTÉ    CONCERNANT    LES    MANUFACTURIERS    ET  FABRICANTS  DE   LA   VILLE 

DE  LIMOGES  (du  4  décembre  1812) 

Le  chevalier  de  TËmpire,  maire  de  la  ville  de  Limoges  et  mem- 
bre de  la  Légion  d*honoeur. 

Vu  la  lettre  de  Monsieur  lauditeur  au  Conseil  d'Etat,  sous-pré- 
fet de  cet  arroodissement,  en  dale  du  ¥1  novembre,  par  laquelle  il 
le  charge  de  rappeler  aux  manufacturiers  et  fabricants  de  cette 
ville  les  dispositions  de  la  loi  du  22  germinal  an  X[,  et  principale- 
ment celles  des  articles  16  et  17  du  titre  4  : 

Arrête  que  les  dits  articles  seront  imprimes,  publiés  et  affichés 
à  la  suite  du  présent,  avec  injonction  à  tous  les  manufacturiers  et 
fabricants  d'avoir  à  s'y  conformer  sous  les  peines  prévues  par  les 
susdits  articles. 

Les  commissaires  de  police  devront  être  chargés  de  Texécution 
du  présent. 

«  Art.  16.  —  La  contrefaçon  des  marques  particulières  que  tout 
»  manufacturier  ou  artisan  a  le  droit  d'appliquer  sur  les  objets  de 
»  sa  fabrication  donnera  lieu  :  1"*  à  des  dommages-intérêts  envers 
»  celui  dont  la  marque  aura  été  contrefaite  ;  ^  à  Tapplication  des 
»  peines  prononcées  contre  le  faux  en  écritures  privées.  >> 

«  Art  17.  —  La  marque  sera  considérée  comme  contrefaite  quand 
»  on  y  aura  inséré  ces  mots  :  façon  de  ...,  et  à  la  suite  le  nom 
»  d*un  autre  fabricant  ou  d'une  autre  ville.  » 

A  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits.  Signé  :  Nouallier, 
maire. . 

Avis  A  MM.  LES  Entrepreneurs  et  Directeurs  des  établissements 
INDUSTRIELS  DE  LA  VILLE  DE  LiMOGES  (du  11  uovembre  1814) 

Le  Maire  de  la  ville  de  Limoges, 

Vu  la  lettre  de  Monsieur  le  Directeur  général  de  l'agriculture  et 
du  commerce,  sous  la  date  du  25  octobre  dernier,  à  lui  transmise 
par  Monsieur  le  Sous-préfet  de  cet  arrondissement,  le  9  du  courant, 
dontrexlrait  suit:  «  Désirant  que  le  Conservatoire  des  arts  et  métiers 


tt08  SOCIÉTÉ  ARGHKOL06IQIJE  Bt   HISTOIIIQOB  DU  LIMOUSIM 

»  de  Paris  rende  auK  manufaclares  du  Royaume  lous  les  services 
»  qu'elles  peuvent  recevoir  de  son  établissement,  et  que  le  moyen 
»  le  plus  convenable  d*y  parvenir  est  d'y  réunir  les  échantillons 
»  des  produits  de  Tinduslrie  française  qui,  concentrés  sur  un  seul 
»  point  et  sans  cesse  offerts  aux  regards  du  public,  présenteront 
»  un  tableau  vivant  de  la  situation  et  de  Taclivilé  de  Tinduslrie, 
»  et  deviendront  en  même  lemps  pour  les  amateurs  et  artistes  des 
»  exemples  et  leçons  qui,  en  honorant  les  propriétaires,  entrepre- 
»  neurs  et  directeurs  des  établihsoments  industriels,  les  feront 
i>  connaître  d'une  manière  avantageuse  et  leur  procureront  des 
»  commandes  qui  les  indemniseront  des  efforts  qu'ils  font  pour 
»  perfectionner  leurs  fabricaiions.  » 

Persuadé  que  tous  les  fabricants  et  manufacturiers  de  cette  ville 
s'empresseront  de  concourir  au  succès  des  vues  de  Monsieur  le 
Directeur  général,  il  les  invite  à  vouloir  bien  déposer,  au  secrétariat 
de  la  Mairie,  des  échantillons  de  leurs  produits,  lesquels  devront 
être  accompagnés  de  notes  explicatives  et  indiqueront  les  noms  et 
prénoms  des  fabricants. 

A  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 

Signé  :  Bourdeau,  adjoint. 

ARRÊTÉ  QU(  FIXE  LE  MODE  D'AFFRANCHISSEMENT  DES  DROITS  D'OGTROI 
SUR  LE  BOIS  COMBUSTIBLE  EMPLOYÉ  POUR  LA  CUISSON  DE  U  PORCE- 
LAINE (du  15  mars  1817). 

Nous  Maire  de  la  ville  de  Limoges,  chevalier  de  l'ordre  royal 
militaire  de  Saint-Louis. 

Vu  la  pétition  à  nous  adressée,  le  25  février  dernier,  par 
MM.  Aliuaud  frères,  fabricants  de  porcelaine,  pétition  par  laquelle 
ils  demandent  que  nous  Gxions  le  mode  d'affranchissement  du  droit 
d'octroi,  qui  leur  est  accordé  par  la  délibération  prise  par  le  Conseil 
municipal  le  13  février  1816,  confirmée  par  une  décision  ministé- 
rielle, pour  tout  le  bois  que  leur  four  à  porcelaine,  nouvellement 
construit,  peut  consumer  pendant  un  an. 

Vu  notre  «  soit  communiqué  à  Monsieur  le  Contrôleur  en  chef 
de  Toctroi»  et  l'avis  écrit  de  ce  dernier,  qui  estime,  d'après  les  ren- 
seignements qu'il  a  pris,  la  consommation  du  dit  four  à  cent  abaux 
de  bois  par  an. 

Considérant  que  l'abonnement  avec  M"  Aliuaud,  constaté  par 
nous  d'après  cette  estimation,  nous  parait  le  moyen  le  moins  dis- 
pendieux et  le  plus  propre  à  prévenir  les  fraudes. 

Avons  arrêté  ce  qui  suit  : 


J 


REGISTRES   DE  LA   MDIIICIPALITÉ  DE   LIVOGES  S09 

Art.  !•'.  —  M"»  Allaaud  frères  feront  au  bareaii  de  Toclroi  la 
déclaration  de  tout  le  bois  à  brûler  qu'ils  ont  déjà  reçu  et  empilé, 
et  de  celui  qu'ils  recevront  par  la  suite;  ils  ne  paieront  aucun  droit 
pour  les  cent  premiers  abaux,  et  seront  assujettis  aux  droits  d'octroi 
pour  le  bois  qu'ils  recevront  en  sus  de  cette  quantité. 

Art.  2.  —  Monsieur  le  Contrôleur  en  chef  demeure  chargé  de 
surveiller  et  faire  surveiller  l'exécution  du  présent  arrêté,  dont  il 
lui  sera  donné  copie  et  dont  il  donnera  connaissance  à  MM.  Alluaud 
frères. 

A  Limoges,  les  jour,  mois  et  an  susdits. 
Signé  :  G.  Poutat,  adjoint. 


LA    BIBLIOTHÈQUE 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU  LIMOUSIN 


Dès  sa  naisssance,  en  1845,  notre  Société  a  songé  à  reciH.'illir 
les  ouvrages  imprimés  et  manuscrits  qui  peuvent  servir  à  Tétude 
du  passé  provincial  de  la  France. 

Un  premier  noyau  fut  constitué  par  les  dons  de  quelques  socié- 
taires et  par  les  envois  du  Ministère  de  Tlnslruction  publique. 
Aujourd'hui  encore  les  envois  continuent,  mais  les  dons  particu- 
liers sont  depuis  longtemps  devenus  rares.  Quant  aux  achats  ils 
se  bornent  présentement  à  Tabonnement  de  la  Société  à  la  Revue 
de  l'art  chrétien,  au  Bulletin  monumental  et  à  la  Homania. 

Par  contre,  l'échange  de  notre  Bulletin  avec  les  publications 
similaires  de  nombreuses  associations  françaises  et  étrangères  a 
fait  entrer  sur  les  rayons  de  notre  bibliothèque  un  conlinjjent 
important  d'ouvrages  qui  ne  se  retrouvent  ni  à  la  bibliothèque 
du  Département,  ni  à  celle  de  la  Ville. 

Tout  compte  fait,  la  Société  archéologique  du  Limousin  possède 
aujourd'hui  environ  4,000  volumes  ou  brochures,  défalcation 
faite  des  nombreux  exemplaires  de  ses  publications  tenus  en 
réserve. 

Jusqu'en  i8S%  cette  collection  a  été  logée  dans  une  des  salles 
de  la  Bibliothèque  communale.  A  la  date  précitée,  elle  fut  relé- 
guée dans  une  petite  salle  des  Archives  départementales,  obtenue 
par  concession  gracieuse  de  M.  Presne,  alors  préfet  de  la  Haute- 
Vienne. 


LA  BlBLIOTBiQlTK   DB  LA  SOCIÉtA   ABCHBOLOOIQUB  DU   LIMOUSIN  51 1 

Lorsque,  à  la  fin  de  l'année  1899,  la  Société  transféra  son  siège 
social  au  Musée  céramique,  une  partie  de  sa  bibliothèque  (ouvra- 
ges sur  la  Marche  et  le  Limousin,  publications  étrangères,  pièces 
archéologiques)  y  fut  également  transportée  et  classée  dans  les 
élégantes  vitrines  que  Ton  connaît. 

Le  surplus,  demeuré  aux  Archives  départementales,  a  suivi 
celles-ci  lors  de  leur  récent  transfert.  Depuis  janvier  i903,  ce 
surplus  (qui  est,  à  vrai  dire,  la  portion  la  plus  considérable  de 
la  bibliothèque)  se  trouve  logé  au  second  étage  du  nouveau  bâti- 
ment de  la  rue  des  Combes,  dans  deux  salles  conliguës. 

Voici  donc  comment  se  répartissent  désormais  les  diverses  sec- 
tions de  notre  Bibliothèque  : 


Ouvrages  sur  la  Marche  et  le  Li- 
mousin. 

Cartes,  gravures  et  photographies 
sur  la  Marche  et  le  Limousin. 

Pièces  et  débris  archéologiques 
recueillis  dans  la  région. 

Périodiques  de  l'étranger. 

Documents  historiques  manus- 
crits, classés  par  carions. 

Ouvrages  anciens,  rares  ou  pré- 
cieux, de  tout  genre  et  de  toute 
provenance. 

Publications  de  la  Société  (ré- 
serve des). 

Cartons  des  pièces  de  compta- 
bilité et  de  correspondance. 

Ouvrages  divers  d'histoire,  de 
gé(»graphie  et  de  philologie, 
générale  et  locale. 

Périodiques  d'histoire  et  de  phi- 
lologie, générale  et  locale  (1). 


Au    Musée   céramique,    dans 
quatre  vitrines  à  clef. 


Aux  Archives  départementales, 
dans  une  armoire  à  clef. 

Aux  Archives  départementales, 
dans  une  armoire  grillagée, 
fermant  à  clef. 

Aux  Archives  départementales, 
dans  une  seconde  armoire 
grillagée,  fermant  à  clef. 

Aux  Archives  départementales, 
sur  des  rayons  ouverts,  au 
côté  gauche  de  la  salle. 


(1)  Bulletin  du  Comité  de  la  langue  et  des  arts  de  la  France.  Mémoires 
lus  h  la  Sorbonne.  Revue  des  Sociétés  savantes.  Notices  et  extraits  des  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  nationale.  Mémoires  présentés  par  divers  savants 
à  V Académie  des  inscriptions.  Mémoires  de  VAcadémie  des  inscriptions. 
Comptes  rendus  de  VAcadémie  des  inscriptions.  Bulletin  historique  et  phi- 
lologique du  Ministère  Bulletin  des  sciences  économiques  et  sociales 
publié  par  le  Ministère.  Annuaire-Bulletin  de  l'Histoire  de  France.  Revue 
des  langues  romanes.  Romania.  Refme  bénédictine.  Journal  des  savants. 


513 


SOCIÉTÉ   ARCSéOLOSIQUE  ET   HI8TOBIQI3S  DU   LIMOUSIN 


Ouvrages  divers  d'archéologie, 
d'hagiographie  et  de  biblio- 
graphie, générale  et  locale. 

Périodiques  cl*archéologie  et  de 
bibliographie,  générale  et  lo- 
cale (i). 

Bulletins  et  Mémoires  périodi- 
ques d'une  centaine  de  Sociétés 
historiques,  rangés  suivant  l'or- 
dre alphabétique  des  départe- 
ments. 

Fiches  analytiques  des  précédents 
buUetiiDs,  rédigées  jadis  par 
M.  Thézard. 

Fiches  de  la  table  générale  du 
Bulletin,  rédigée  par  M.  Ducour- 
tieux. 


Aux  Archives  départetnentales, 
sur  des  rayons  ouverts,  au 
côté  droit  de  la  salle. 


Aux  Archives  départementales, 
sur  des  rayons  ouverts,  dans 
la  salle  d'entrée. 

Aux  Archives  départementales, 
dans  une  petite  armoire  à 
clef. 

Aux  Archives  départementales, 
dans  une  armoire  à  clef. 


Les  ressources  qu'offre  notre  bibliothèque  à  tous  ceux  qu'inté- 
resse Tancienne  France,  ont  été  signalées  déjà,  il  y  a  une  douzaine 
d'années,  dans  un  court  article  sur  les  Bibliothèques  de  Limoges 
[Almanach  limousin,  1890,  part,  hist.,  p.  144).  Le  relevé  sommaire 
de  ses  manuscrits,  de  ses  gravures  et  de  ses  ouvrages  rares  a 
aussi  été  publié  dans  notre  Bulletin  dès  1888  (XXXVI,  p.  218  el 
335).  1^  jour  viendra  bientôt  où,  pour  utiliser  complètement  ces 
richesses,  il  conviendra  d'en  dresser  sur  fiches  et  d'en  tenir  à 
jour  le  catalogue  descriptif. 

A.L. 


(Ij  Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique.  Annales  archéolo- 
giques. Revue  de  l'art  chrétien.  Congrès  archéologiques  de  France.  Bulleiin 
monumental.  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  France. 
Revue  épigraphique.  Bulletin  archéologique  du  Ministère.  Répertoire  des 
travaux  historiques.  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéologi- 
ques. Analeeta  bollandiana. 


PROCÊS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SÉANCE  DU  30  JANVIER  i902 


Rrésldence  de  M*  Ren6  Pa^e*  président 

Présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Blancher,  Bonnaiid,  Brisset- 
Desisles,  Gharreyrbo,  Goarlot,  Ghassoux,  Dubois,  Ducourlieux, 
Dapuy,  R.  Page,  Faissal,  docteur  Fournie,  Fray-Fournier,  P.  Gar- 
rigou-Lagrange,  L.  Guibert,  Hersant,  Hervy,  Caro.  Jouhanneaud, 
Charles  Jouhanneaud,  Juge,  E.  Lachenaud,  A.  Leroux,  Malevergne 
de  la  Faye,  de  Maleplane,  du  Mazaubrun,  G.  Marbouty,  Hariaux, 
Marie,  Moufle,  L.  Mouret,  Tabbë  Pénicaud,  Ruchaud,  docteur 
Raymondaud  père,  Savodin,  Touyéras. 

M.  Tabbé  Joyeux  se  fait  excuser  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
réunion. 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la  précédente 
séance,  qui  est  adopté. 

M.  Emile  Hervy,  vice-président,  invile  ensuite  M.  René  Fage, 
élu  président  de  la  Société,  en  remplacement  de  M.  Tabbé  Arbel- 
lot,  à  prendre  possession  de  ses  fonctions. 

M.  Fage  prononce  un  discours  dans  lequel  il  remercie  d'abord 
ses  collègues  de  Thonneur  qu'ils  lui  ont  fait  en  rappelant  à  celte 
présidence  et  à  la  direction  de  leurs  travaux  ;  sans  oublier  les  liens 
si  étroits  et  si  chers  qui  l'attachent  à  la  Gorrèze  et  à  Tulle,  sa  ville 
^natale,  auxquelles  il  a  consacré  josqu'à  ce  jour  ses  principaux  tra- 
vaux, il  emploiera  tous  ses  efforts  à  remplir  la  nouvelle  mission 
qui  lui  est  confiée  et  il  fait  appel  au  dévouement  et  à  Taclivité  dç 
tous  pour  le  seconder  dans  sa  t&chç. 


514  SOfllÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BISTORIQUfi   DU   LIMOUSIN 

li  rappelle,  en  excellents  termes,  ce  qu'a  été  la  société  depuis 
son  origine,  en  4845,  et  ce  qu'elle  a  fait  dans  sa  carrière  déjà  lon- 
gue et  non  interrompue;  il  évoque  les  souvenirs  de  ses  anciens 
présidents,  François  Alluaud,  Bonnin,  Othon  Péconuet,  Larom- 
bière,  Dubcdat,  Tabbé  Arbellot,  tous  hommes  distingués,  érudits, 
lettrés  ou  savants,  dévoués  aux  intérêts  de  la  Société,  non  moins 
qu'à  ceux  de  leur  pays,  et  dont  l'exemple  a  tracé  le  devoir  à  leurs 
successeurs  et  doit  leur  être  un  précieux  encouragement. 

Après  avoir  souhaité  la  bienvenue  aux  membres  nouveaux  et 
remercié  les  anciens  de  leur  concours,  M.  Page  exprime  l'espoir 
légitime  que  la  prospérité  de  la  Société  ne  fera  que  grandir  et  son 
activité  se  développer,  grâce  aux  bonnes  volontés  déjà  acquises  et 
à  celles  qu'il  sollicite  et  qui  ne  peuvent  refuser  leur  coopération. 

«  ...  Tous  mes  efforts,  dit-il  en  terminant,  tendront  à  maintenir 
l'œuvre  si  bien  entreprise  et  si  heureusement  conduite  par  mes 
prédécesseurs.  Mais  ma  bonne  volonté  serait  insuflBsanle  si  je 
n'étais  énergiquemenl  soutenu  et  aidé  par  vous  tous.  Je  ne  vous 
demande  pas  seulement  l'exactitude  à  nos  réunions,  qui  est  la  pre- 
mière vertu  de  tout  sociétaire  dévoué;  permettez-moi  d'être  plus 
exigeant  :  je  sollicite  de  vous  une  collaboration  plus  effective. 
Noire  Bulletin  vous  est  ouvert  :  quel  est  celui  que  ses  lectures,  ses 
études,  voire  môme  ses  occupations  professionnelles  ne  mettent  pas, 
un  jour  ou  l'autre,  en  face  d'un  problème  archéologique,  d'une  ques- 
tion historique,  d'un  point  obscur  d'histoire  ou  de  bibliographie? 
Le  sujet  est  irouvé,  alors  commence  le  travail  des  recherches,  qui 
paraît  ingrat  aux  profanes,  mais  qui  est  si  plein  d'imprévu  et  d'in- 
Jérêt,  ijui  procure  aux  curinux  de  si  vives  jouissances.  El  lorsqu'on 
a  mis  la  main  sur  le  document  précieux,  recueilli  le  renseignement 
désiré,  dégagé  l'inconnu,  quelle  intime  satisfaction  1  Croyez-le, 
Messieurs,  ce  plaisir  intellectuel  récompensera  amplement  votre 
labeur. 

')  Mais  pourquoi  vous  dire  ce  que  vous  savez  déjà  ?  En  vous  rap- 
pelant vos  émotions  de  ch«»rcheurs  et  vos  joies  de  trouveurs  heu- 
reux, je  parie  surtout  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  ici  el  qui  devraient 
y  êlre.  Communiquons-leur  l'étincelle;  attirons-les  à  nous.  Les 
esprits  éclairés,  les  hommes  d'étude  sont  nombreux  à  Limoges. 
Répéions-leur  que  notre  association  est  faite  pour  eux;  qu'ils  y  ont 
leur  place;  que  le  champ  que  nous  travaillons  est  vaste  et  qu'ils 
pourront  avec  profit  pour  notre  cher  Limousin  y  employer  leur 
intelligence,  leur  savoir  et  leur  bonne  volonté.  Disons-leur  qu'à 
une  épo(|uc  où  tant  de  causes  def  division  troublent  la  société,  il 
existe  à  Limoges  une  compagnie  où  se  pratique  la  plus  large  tolé- 
rance, où  la  courtoisie  est  de  règle  dans  les  controverses,  où  se 


FB0CB8-VBRBAUX   DBS  SÉANCES  5f5 

nouent  entre  collègues  de  précieuses  relations  destime  et  d'anoitié. 
Qu'ils  sachent  que  notre  programme  est  fait  pour  concilier  tous  les 
partis,  puisqu'il  s'inspire  uniquement  du  désir  de  conserver  et 
mettre  en  valeur  notre  patrimoine  artistique  et  historique;  et  ils 
répondront  à  notre  appel,  parce  qu'ils  auront  à  cœur  de  collaborer 
à  une  œuvre  patriotique.  » 

Ces  paroles  de  M.  Page  sont  chaleureusement  applaudies. 

ADMISSIONS  ET  PRÉSENTATIONS.  —  MM.  Collet,  dirocteur  du  Crédit 
lyonnais  à  Limoges,  et  Jouhaud  du  Verdier,  architecte,  demeurant 
aussi  en  celte  ville,  sont  admis  comme  membres  titulaires,  au  scru- 
tin secret. 

M.  René  Laguérenne,  avocat  à  Limoges,  est  présenté  en  la  même 
qualité  par  MM.  René  Page  et  Camille  Jouhanneaud.  Il  sera  voté 
sur  son  admission  à  la  prochaine  séance. 

Nécrologie.  —  M.  le  président  fait  part  du  récent  décès  de  M.  C. 
Nivet-Pontaubert,  qui  était  membre  de  la  Société  depuis  sa  fonda- 
tion et  n'avait  jamais  cessé  de  lui  marquer  son  zèle  et  son  attache- 
ment; par  ses  connaissances  multiples  et  les  riches  archives  qu'il 
avait  en  sa  possession,  le  défunt  avait  rendu  beaucoup  de  services 
à  ses  collègues  et  aux  érudits  de  la  province. 

M.  Nivet-Pontaubert  a  légué  à  nos  archives  une  collection  des 
dessins  de  Beaumesnil  dont  il  a  été  souvent  parlé. 

La  Société  exprime  ses  regrets  avec  ses  remerciements  et  adresse 
à  la  famille  ses  sincères  condoléances. 

Compte  rendu  financier  de  l'année  4901.  — M.  Louis  Guibert 
donne  connaissance  de  l'état  Qnancier  et  des  recettes  et  dépenses 
en  1901  : 

Recettes, 

Excédent  de  recettes  au  1"  janvier  4901 3.295  99 

Timbres-poste  en  caisse ; . . ,  6  90 

427  cotisations  de  membres  titulaires  à  45  francs 

(dont  126  de  4904  et  1  de  1900) 4 .905    » 

63  cotisations  de  membres  correspondants  de  4901 

àlOfr ,....  630    » 

3  droits  d'entrée 30    » 

Allocation  du  conseil  général 500    » 

Produit  de  la  vente  de  Bulletins 41     » 

Boni  sur  cotisation  encaissées  par  la  poste 4 1  52 

Total 6.420  44 


546  SOCIÉTÉ  ARCHéOLOOIQDI  BT  B18T0R1QUK  DU   UMOUSIN 

Dépenses, 

Impressioo  et  envoi  de  la  S^IivraisoD  du  lome  49  du 

BM//ea*w  (facture  V*  H.  Ducourtieux) 1M66  » 

Acompte  sur  Fimpression  du  tome  80 1 .200  » 

Abonnements 87  • 

Reliures 28  80 

Dépenses  communes  de  l'excursion  à  TArlige 39  » 

Employé -. 430  » 

Garçon  de  salle,  indemnité,  élrennes. . .   20  » 

Affranchissements,  paquets,  encaissements  à  Texte- 
rieur 6i  75 

Note  Pineau  (photographie) M  > 

Cadre  du  portrait  de  H.  Arbellot 6  » 

Versé  au  compte  de  la  Société  au  Crédit  lyonnais. . . .  3.800  » 

Total 6.220  25 

Reste  en  caisse 200  i6 

Une  cotisation  de  10  fr.  reste  arriérée. 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Leroux  indique  les  ouvrages  et  publi- 
cations périodiques  reçus  depuis  un  mois;  il  mentionne  en  parti- 
culier : 

h'Almanach  Limousin  pour  la  Corrèze  (1902),  édité  parM.  P.  Du- 
courtieux;  à  noter  une  notice  de  M.  A.  Petit,  sur  Charles  de  la 
Fagerdie  et  les  jeux  de  TEglantine  à  Tulle;  des  articles  de  biblio- 
graphie et  de  nécrologie. 

Limoges  illustré  (4*  année,  n*  4).  Article  de  M.  Fray-Fouruier  sur 
les  anciennes  fortilicalions  de  Limoges. 

L'administration  de  cette  revue  a  bien  voulu  envoyer  à  la  Société 
toute  la  collection  des  numéros  parus  jusqu'à  ce  jour.  Remercie- 
ments. 

La  Revue  des  langues  romanes  [iome  XLV,  janvier  4902).  Asid^Qa- 
1er  dans  ce  fascicule  un  commentaire  critique  par  M.  C.  Chabaneau, 
de  la  nouvelle  édition  du  roman  de  Flamenca,  publiée  par  M.  Paul 
Meyer  (tome  !•'). 

On  sait  que  ce  roman,  qui  occupe  une  place  des  plus  importantes 
dans  la  littérature  médiévale,  a  été  attribué  par  des  érudits  à  un 
auteur  d'origine  marchoise. 

La  Revue  de  l'art  chrétien  (4902, 1'*  livraison),  dans  un  article 
concernant  la  peinture  sur  verre  au  moyen  &ge  et  la  nomenclature 
des  verrières  des  églises  de  France,  cite  seulement  pour  Limoges 
des  vitraux  du  xiv*  siècle  ;  cette  citation  est  insuffisante  tant  pour 
J^imoges  que  pour  la  province. 


PROCftS-VERHAUX   DRS  SÉANCES  517 

M.  Leroux  dépose  un  exmplaire  de  son  rapport  comme  archi- 
viste sur  le  service  des  archives  déparlemeatales  pendant  le  der- 
nier exercice.  On  peut  y  recueillir  d'utiles  indications  et  observa- 
tions. 

M.  Page  signale  deux  importants  ouvrages  parus  récemment  : 
Tun  est  le  Cartulaire  de  F  Abbaye  d'Uzerche,  publié  par  M.  Cham- 
peval  (chartes  du  x*  au  xiv*  siècles;  544  pages);  l'autre  une  étude 
sur  le  cardinal  Dubois,  par  le  Père  Bliard  (librairie  Lethielleux  et 
C^%2  volumes). 

M.  Léopold  Mouret  fait  don  à  la  Société  d'un  volume  imprimé  à 
Bàleen  1551,  par  Henri  Pierre,  contenant  la  traduction  en  latin 
des  œuvres  de  Claude  Ptolémée,  notamment  de  l'Âlmageste,  avec 
préface  d'Erasme.  Ce  volume  provient  de  la  bibliothèque  de 
H.  Navières  de  la  Boissière. 

Communications.  —  M.  le  président  annonce  que  le  congrès  annuel 
des  Sociétés  savantes  se  tiendra  à  Paris,  à  la  Sorbonne,  du  1**^  au 
6  avril  prochain;  sont  délégués  pour  y  assister  :  MM.  Â.  Leroux, 
L.  Guibert,  R.  Page,  Courtot,  Laclienaud  et  Pénicaud. 

Une  exposition  du  Limousin  pittoresque  et  monumental  aura 
lieu  à  Limoges  pendant  les  mois  de  juin  et  juillet  1903,  sous  les 
auspices  de  la  Société  Gay-Lussac;  un  comité  a  déjà  été  constitué 
et  le  programme  arrêté  dans  ses  grandes  lignes;  cette  exposition, 
limitée  à  la  photographie  et  à  la  carte  postale  illustrée»  avec  une 
section  réservée  aux  daguerréotypes  et  photographies  anciennes, 
comprendra  les  œuvres  relatives  aux  trois  départements  de  la 
Haute-Vienne,  de  la  Corrèze  et  de  la  Creuse  et  à  leurs  annexes 
limitrophes.  Cette  entreprise  de  bonne  décentralisation  limousine 
mérite  le  concours  de  tous  et  un  plein  succès. 

M.  Camille  Marbouty  présente  une  sorte  de  botte  en  cuivre  du 
XV*  siècle,  à  usage  de  custode  ou  destinée  aux  Saintes-Huiles,  où 
on  lit  les  mots  :  Jesu.,.  dei..,  et  qui  a  de  l'analogie  avec  la  grande 
custode  exposée  à  Limoges  en  1886  par  M.  Brisset. 

Lectures.  —  M.  Louis  Guibebt  analyse  et  commente  le  bel  ouvrage 
de  M.  Charles  de  Lasteyrie  sur  V Abbaye  de  Saint  Martial  de  Limo- 
ges; avant  lui,  nous  avions  beaucoup  de  publications,  de  textes,  de 
documents  concernant  la  célèbre  abbaye,  mais  point  d'histoire 
d'ensemble;  on  doit  une  sincère  reconnaissance  à  l'auteur  d'avoir 
comblé  celte  importante  lacune. 

L'ouvrage  contient  un  certain  nombre  de  parties  et  de  chapitres 
ayant  trait  aux  origines,  à  l'historique  des  faits  et  des  événements, 
aux  institutions  et  aux  hommes,  à  l'état  matériel,  moral  et  écono- 
mique de  l'abbaye  à  travers  le  cours  des  siècles.  M.  de  Lasteyrie 


818  SOClÉtÉ  ARCHÂÔLOGIQllE  BT   HlStORIQUK  OU   UHOUSlK 

nous  en  fait  connaître  les  débiils,  laprospërilé,  les  vicissitudes,  puis 
la  décadence  ;  la  partie  économique,  traitée  avec  une  grande  compé- 
tence, présente  un  intérêt  tout  spécial;  il  en  ressort  en  effet  avec  net- 
teté cette  certitude,  applicable  à  la  plupart  des  institutions  du  même 
genre,  que  dès  la  fin  du  xiv«  siècle  la  diminution  des  revenus  des 
religieux  était  déjà  sensible  et  s'accrut  par  la  suite  dans  une  (elle 
mesure  qu  elle  devait  produire  infailliblement  la  décadence  maté- 
rielle. La  dernière  partie  du  livre  est  relative  à  la  description 
monumentale,  notamment  à  celle  de  l'église,  qui  a  bit  Daîire  quel- 
ques observations. 

M.  Guibert  signale  aussi  quelques  lacunes  assez  explicables  dans 
une  œuvre  de  cette  étendue  et  qui  ne  sauraient,  du  reste,  en  dimi- 
nuer la  valeur.  L'auteur  n'a  rien  dit  des  anciens  monuments  artis- 
tiques de  Tabbaye,  par  exemple  du  vieux  baptistère,  indiqué  dans 
la  relation  du  concile  de  1031,  ni  des  statues  qui  ornaient  le  cloître 
au  xni«  siècle.  Mais  il  eût  pu,  surtout,  nous  intéresser  en  parlant 
des  écoles  de  Tabbaye,  dont  Texistence  a  été  démontrée,  ainsi  que 
de  son  rôle  et  de  son  influence  au  point  de  vue  intellectuel  et 
littéraire  pendant  le  moyen  âge,  faits  qui  paraissent  aujourd'hui 
bien  établis,  notamment  par  la  grande  production  d'hymnes  dont 
Tabbaye  a  été  la  source. 

M.  Ernest  Bl\ncher  donne  lecture  d'une  note  concernant  une 
question  agitée  dans  une  précédente  séance,  celle  de  la  renais- 
sance de  Tart  des  émaux  peints  à  Limoges  dans  la  dernière  partie 
du  siècle  qui  vient  de  finir.  Selon  lui,  Tinitiative  et  le  mérite  de 
celte  rénovation  reviennent  entièrement  à  M.  Louis  Dalpayrat, 
véritable  artiste  et  chercheur  infatigable  qui,  dès  1872,  a  fabriqué 
des  émaux.  De  son  atelier  devenu  bientôt  très  important,  et  con- 
tinué par  son  association  avec  M.  Lot,  sont  sorties  des  pièces  en 
nombre  considérable,  de  toutes  dimensions  et  de  tous  genres,  dont 
certaines  atteignirent  des  prix  fort  élevés,  telles  par  exemple 
qu'un  grand  émail  commandé  par  HM.  Masaroz  et  Ribalier,  grands 
fabricants  de  meubles  à  Paris,  pour  la  décoration  d'une  biblio- 
thèque, et  qui  fut  payé  6.000  francs. 

Ces  produits  valurent  au  surplus  à  leurauteur  une  médaille  d'ar- 
gent à  TËxposiiion  universelle  de  4878;  c'était  alors  la  plus  haute 
récompense  décernée  dans  la  section  des  émaux  ;  la  Société  archéo- 
logique ne  fut  pas  du  reste  la  dernière  à  lui  accorder  ses  éloges, 
ainsi  qu'en  témoignent  deux  rapports  des  séances  en  4873  et  4875. 
Dalpayrat,  dont  la  carrière  artistique  dans  notre  ville  s'est  arrêtée 
vers  4879-1880,  eut  cet  autre  mérite  d'avoir  attiré  autour  de  lui  des 
collaborateurs,  d'avoir  formé  des  élèves  parmi  lesquels  M.  Blancher 
s'honore  d'avoir  compté  dès  la  première  heure.  Son  exemple  eut 


t>ROCÈS-VfftBAUX   DES  S8ANCBS  Si  9 

aussi  pour  effet  de  tenter  un  assez  grand  nombre  d'amateurs,  plus 
ou  moins  heureux.  M.  Louis  Bourdery,  dont  il  a  été  parlé,  mais  qui 
commença  seulement  en  4878  à  produire  ses  premières  œuvres, 
doit  élre  classé  parmi  les  amateurs  les  plus  distingués  dans  le 
genre  très  personnel  qu'il  s'était  créé;  mais  la  voie  avait  été  tracée 
avant  lui  et  bien  tracée  par  Louis  Dalpayral,  auquel  revient  réelle- 
ment l'honneur  de  la  renaissance  de  rémaillerie  limousine. 

M.  Léopold  MouRET  fait  part  de  quelques  observations  recueillies 
par  lui  au  sujet  des  origines  des  dénominations  des  rues  de  la  ville 
de  Limoges;  ces  origines  peuvent  se  répartir  en  divers  groupes  se 
rattachant  à  la  topographie,  aux  institutions  et  aux  événements, 
aux  hommes  et  aux  choses;  on  trouve  encore  à  Limoges,  malgré 
les  changements  contemporains,  beaucoup  de  voies  rappelant  d'an- 
ciens lieux,  quartiers  ou  fortilîcalions  de  la  ville,  des  églises  et  des 
couvents,  des  édilices,  des  foniaines;  beaucoup  aussi  portent  des 
vocables  de  saints  ;  d'aulres  évoquent  le  souvenir  de  corporations, 
d'anciens  corps  de  métiers.  C'est  de  notre  temps  que  les  dénomi- 
nations empruntées  à  des  personnalités  plus  ou  moins  célèbres  ont 
pris  le  plus  d'extension. 

Le  mémoire  de  M.  Mouret  se  rattache  au  surplus  à  l'élude  sur 
les  noms  de  la  ville  publiée  par  le  Guide  de  l'étranger  à  Limoges, 
en  4856  et  1865,  et  par  VAlmanach  limousin  de  1880. 

Le  Secrétaire, 
Camille  Jouhantieaud. 


SÉANCE  DU  25  FÉVRIER  1902 


Présidence  de  M*  René  Kag^e»  préaident 

Présents  :  MM.Blancher,  Aubert-Berger,  Brunot,  Collet,  R.  Fage, 
Fougères,  docteur  Fournie,  L.  Guibert,  Hersant,  Hervy,  Camille 
Jouhanneaud, Jouhaud  de  Verdier,  A.Leroux,  Malevergne  de  la 
Faye,  L.  Mouret,  l'abbé  Pénicaud,  Ruchaud,  Touyéras,  de  Vandiè- 
res  de  Vitrac. 

M.  Bonnaud  se  fait  excuser  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  réunion  est  lu  par  le  secrétaire 
et  adopté. 

M.  René  Laguérenne,  avocat,  demeurant  à  Limoges,  est  ensuite 
élu  comme  membre  titulaire  au  scrutin  secret. 


590  SOCIÉTÉ  ARCBÉ0L06IQUK  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIII 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Leroux  indique  les  principales  publi- 
cations reçues  depuis  un  mois;  il  mentionne  en  particulier  : 

Limoges  illustré  (n"*  6  et  7,  4*  année).  —  Notre  collègue  M.  Fray- 
Fournier  y  continue  son  intéressante  étude  sur  les  fêtes  nationales 
et  civiques  dans  la  Haute-Vienne  pendant  la  Révolution. 

La  Revue  scientifique  du  Limousin  {u?  110).  —  Article  de  M.  Ch. 
Le  Gendre,  sur  les  mines  d'étain  de  Vaulry. 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  sciences  et  arts  de  Roche- 
chouart  (t.  XI,  n**  4). 

Le  Bulletin  de  ta  Société  archéologique  de  la  Corrèze  (Brive,  octo- 
bre-décembre 1901).  —  A  noter  un  article  de  dom  Besse  concer- 
nant les  Bénédictins  de  Saint-Augustin  de  Limoges,  et  une  notice  de 
M.  E.  Rupin  sur  un  tombeau  limousin,'  en  cuivre  doré  et  émaillé, 
qui  se  trouvait  au  prieuré  de  Belthomer,  dans  le  diocèse  de  Chartres. 

L'envoi  de  ce  fascicule  est  accompagné  de  celui  d'une  table  géné- 
rale analytique  et  raisonnée  des  matières,  publiée  par  la  société 
de  Brive  dans  ses  vingt  premiers  volumes  (1878  à  1899),  et  dressée 
par  M.  Gh.  Godard. 

Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre  (Bourges,  1900). 
On  y  trouve  une  description  de  Thôtel  de  Jacques  Cœur,  à  Bourges, 
en  1679,  par  M.  F.  Deshoulières  ;  cet  hôtel  avait  une  annexe  appelée 
hôtel  de  Limoges;  —un  travail  de  M.  le  comte  Toulgouet  Treanna, 
relatif  aux  recherches  de  noblesse  du  Berry,  où  Ton  relève  plu- 
sieurs noms  limousins  : 

Une  thèse  de  doctorat  de  M.  Charles  Godard,  professeur  au 
lycée  de  Tulle,  qui  a  pour  litre  :  de  Stephano  Baluzio  Tutelensi, 
libertatum  ecclesiœ  gallicanœ  propugnatore,  présentée  à  TOniver- 
silé  de  Paris. 

Sont  offerts  à  titre  de  don  à  la  Société  : 

Par  M.  Alfred  Leroux  :  une  élude  de  bibliographie  critique, 
extraite  des  publications  de  la  Société  des  études  historiques,  qui 
a  pour  titre  :  Les  Conflits  entre  la  France  et  l'Empire  pendant  le 
moyen  âge.  Noire  savant  collègue  avait  déjà  fait  paraître  plusieurs 
mémoires  touchant  au  même  sujet. 

Par  M.  Henri  de  Montégut  :  Inventaires  du  château  de  Montréal. 
en  Périgord  (1569-1792),  avec  notice. 

Par  M.  Emile  Hervy  ;  un  gros  volume  qui  paraît  provenir  du 
bénédictin  dom  (iOl  et  contient  un  recueil  de  nombreuses  pièces, 
pour  la  plupart  manuscrites,  qui  intéressent  des  familles  seigneu- 
ries de  TAuvergne,  notamment  celle  de  Langeac;  le  supplément 
du  dictionnaire  de  Moreri  (5  volumes). 

Des  remerciements  sont  adressés  aux  donateurs. 


^ROCES-VkRBAUX   OKS  UAKCSà  li^i 

La  Société  bistoriqae  et  archéologique  de  B&le  demande  rechange 
de  ses  bulletins  avec  ceux  de  la  Société  :  la  proposition  est  acceptée. 

Communications.  —  M.  Hersant  fait  part  du  décès  à  Orléans  de 
Mgr  Desnoyers,  fondateur  et  président  de  la  Société  archéologique 
de  rOrléanais,  mort  à  un  âge  très  avancé  et  dont  le  nom  demeure 
inséparable  du  mouvement  archéologique  et  d'érudition  contem- 
poraine dans  cette  province. 

H.  DE  Vandiéres  de  Vitrac  donne  connaissance  de  quelques 
pièces  recueillies  par  lui  dans  le  chartrier  du  ch&teau  de  Leychoi- 
sier,  paroisse  de  Bonnac,  canton  d'Ambazac,  qui  est  du  reste 
fort  riche  en  chartes  et  documents,  d'après  Texamen  auquel  il  s*est 
livré.  Les  pièces  dont  il  s'agit,  qui  sont  des  originaux  sur  parche- 
min, consistent  en  une  donation  de  4250,  une  autre  de  1275,  un 
acte  d'échange  de  4279,  un  testament  de  4298  et  une  vente  du 
2  janvier  4299  (nouveau  style  4300)  et  intéressant  surtout  la  famille 
Boschaud  ou  Bouschaud  de  Brie;  ces  donations,  échange  et  vente 
concernent  des  rentes  ou  des  biens  sis  dans  les  paroisses  de 
Ghampagnac,  Dournazac,  La  Ghapelle-Monlbrandeix,  Gussac. 

M.  Gamille  Jouhanneaud  signale  une  chronique  du  Journal  des 
Débats  (n""  du  4*^'  février  4902)  où  il  est  question  du  général  de 
Nalèche,  issu  d'une  noble  famille  marchoise  qui  existe  encore  et  a 
toujours  joui  dans  le  département  de  la  Greuse  d'une  grande  noto- 
riété. Le  chroniqueur,  M.  Gharles  Malo,  en  rendant  compte  d'un 
livre  récent  de  M.  le  lieutenant  Lotlin  qui  a  pour  titre  :  Un  chef 
d'état-major  sous  la  Rér^olution ;  le  général  de  Billy,  esquisse  la 
biographie  de  deux  généraux  de  ce  temps  qui,  sans  avoir  occupé 
le  premier  rang,  n'en  méritent  pas  moins  une  mention.  De  Nalèche 
aussi  bien  que  de  Billy,  en  effet,  se  révélèrent  comme  les  meilleurs  et 
les  plus  intrépides  lieutenants  de  Marceau;  ce  fut  à  la  vigueur  et  à 
l'énergie  du  premier,  dit  l'auteur,  non  moins  qu'à  l'esprit  d'orga- 
nisation du  second,  que  le  Jeune  héros  dut  le  rétablissement  de 
l'ordre  et  de  la  discipline  fort  compromis  dans  son  armée  par  les 
circonstances  du  moment,  et  qu'il  put  ainsi  accomplir  ses  glorieux 
faits  d'armes;  de  Billy,  dont  le  nom  a  été  donné  à  un  des  quais  de 
la  Seine  à  Paris,  eut  le  mérite  de  créer  dans  l'armée  de  Sambre- 
et-Meuse  un  service  d'étal-major,  à  une  époque  où  ce  corps  n'exis- 
tait pas  encore  ;  le  concours  de  son  camarade,  à  d'autres  égards,  ne 
fut  pas  moins  efficace. 

Le  général  de  Nalèche  demeura  Gdèle  à  ses  convictions  républi- 
caines; il  avait  voté  négativement,  lors  du  vote  émis  pour  conférer 
à  Bonaparte  le  consulat  à  vie  et  il  fut  tenu  à  l'écart  sous  l'Empire, 
si  ce  n'est  à  la  (in  du  régime  où  il  fut  appelé  à  un  poste,  du  reste 
secondaire.  La  Restauration  lui  garda  également  rigueur. 

T.  LU  34 


82i  SOCI^T^  AaCBÂOLOCIQUB  Bt  HiSTOIIIQtlB  t»U  LIMOUSIN 

Le  nom  du  général  de  Nalèche  paratt  donc  devoir  figurer  dans 
la  galerie  des  hommes  de  guerre  de  la  Révolution  originaires  de 
notre  région  limousine.  Nous  ne  connaissons  pas,  dans  nos  recueils, 
de  notices  le  concernant  ;  mais  Touvrage  qui  vient  d'être  cité  peut 
fournir  des  détails  biographiques  utiles  à  consulter. 

Lectures.  —  M.  Louis  Guibbrt  donne  lecture  d'un  mémoire  de 
M.  Hubert  Texier  où  celui-ci  commente  une  lettre  de  M.  l'abbé 
Texier  qui  signalait  la  découverte,  dans  les  terrains  dépendant  de 
la  fabrique  de  porcelaine,  installée  après  la  Révolution  sur  rempla- 
cement du  c(  uvent  des  \ugustins  de  Limoges,  d'une  curieuse 
médaille  d*or  représentant  une  statue  vêtue  d'un  costume  de  moine, 
avec  la  légende  :  Sebastianus  primus  Portugaliœ  rex.  Cette  médaille 
fut  fondue  presque  aussitôt  et  il  ne  fut  même  pas  possible  au  savant 
ecclésiastique  d'en  prendre  un  dessin. 

M.  Hubert  Texier,  rappelant  cette  trouvaille,  se  demande  si  elle 
ne  donnerait  pas  à  supposer  que  l'infortuné  prince  aurait  fini  au 
couvent  des  religieux  augustins  de  Limop:es  sa  carrière  tourmentée. 
On  sait  que  Sébastien  P',  vaincu  en  1578  par  les  Maures,  dans  une 
grande  bataille,  passa  pour  avoir  été  tué  après  le  combat  par  des 
Arabes  qui  Tavaient  fait  prisonnier.  Toutefois  sa  mort  ne  fut  pas 
parfaitement  établie,  et  trois  personnes  se  donnèrent  successi- 
vement, dans  les  années  qui  suivirent  ces  événements,  comme 
étant  le  malheureux  prince,  qui  serait  resté  quelque  temps  prison- 
nier  et  oublié,  puis  aurait  réussi  à  s'échapper  de  captivité.  Les 
deux  premiers  prétendants  furent  reconnus  des  imposteurs  et  punis 
comme  tels.  Le  troisième,  qui  parut  à  Venise  vingt  ans  après  la 
défaite  des  Portugais,  répondit  à  tous  les  interrogatoires  avec  une 
précision  admirable  et  il  fut  constaté  de  plus  que  son  corps  pré- 
sentait les  marques  et  les  cicatrices  que  portait  le  roi. 

Le  Sénat  de  Venise,  fort  perplexe,  décida  que  ce  personnage, 
sur  l'identité  duquel  on  n'osa  pas  porter  de  jugement,  serait  con- 
duit hors  du  territoire  de  la  République:  il  avait  manifesté  l'inten- 
tion de  se  rendre  en  France;  mais  à  son  passage  par  la  Toscane, 
le  grand-duc  le  livra  aux  Espagnols;  depuis  lors  on  n'entendit  plus 
parler  de  lui.  Aurait-il  recouvré  sa  liberté  et  serait-il  venu  finir  ses 
jours  à  Limoges  ?  M.  Texier  assure  que,  d'après  une  tradition  cons- 
tante, existant  dans  notre  ville,  un  roi  du  nom  de  Sébastien  aurait 
été  enterré  dans  la  chapelle  des  Augustins. 

M.  Guibert  dit  n'avoir  jamais  trouvé  trace  de  cette  tradition. 
Plusieurs  documents  signalent  les  tombeaux  qui  se  trouvaient  dans 
la  chapelle  des  Augustins  ;  aucun  n'était  attribué  à  un  grand  per- 
sonnage. Alors  qu'à  Grandmont,  on  savait  qu'un  évêque  de  Cahors 
et  un  comte  de  la  Marche  avaient  été  inhumés  dans  l'abbaye  ;  qu'à 


bROC^-VfikBAUX   DkS  iÉANCkS  iiti 

Saint-Marlial  on  montrait  les  anciennes  sépultures  des  vicomtes  de 
Limoges;  que  les  dominicains  gardaient  précieusement  les  épita- 
plies  d'Isabelle  de  Ventadour  et  de  Pierre  dé  Saint-Astier,  il  serait 
singulier  que  le  souvenir  de  la  mort  et  de  la  sépulture  du  roi 
Sébastien,  ou  si  Ton  veut,  du  prétendu  Sébastien,  n*eût  pas  été 
mieux  conservé. 

La  médaille  mentionnée  par  Tabbé  Texier  et  représentant  une  sta- 
tue, paraît  du  reste  assez  étrange.  Il  n'est  pas  probable  qu'elle  ait 
été  frappée  à  Limoges  et  on  doit  s'étonner  qu'il  n'en  ait  pas  été  si- 
gnalé d'autres  exemplaires. 

M.  Camille  Jouhanneaud  fait  l'historique  du  prieuré  de  l'Artige, 
en  résumant  les  travaux  des  devanciers  qui  doivent  être  complétés 
et  parfois  rectitiés  à  l'aide  de  nombreux  documents  publiés  depuis, 
notamment  du  carlulaire  édité  par  M.  de  Senneville  et  des  pièces 
en  dépôt  aux  Archives  de  la  Haute- Vienne  dans  le  fonds  du  collège 
de  Limoges  (Série  D,  avec  notes  publiées  par  M.  Alfred  Leroux). 

Fondé  au  début  du  xu<»  siècle,  au  lieu  dit  TArtige- Vieille,  à  trois 
kilomètres  à  l'Est  de  Saint-Léonard,  par  de  pieux  Vénitiens,  Marc 
et  Sébastien  son  neveu,  il  fut  transporté  vers  1174  à  l'Artige 
actuelle,  sous  le  priorat  de  Héiias  del  Uorto;  le  monastère  avait 
déjà  une  certaine  importance,  car  il  comptait  au  moins  onze 
prieurés  en  dépendant  ;  cette  importance  s'accrut  encore  au  cours 
du  siècle  suivant  ;  le  xhi«  siècle  fut  même  une  époque  de  grande 
prospérité  pour  l'Artige,  qui  compta  environ  trente-sept  prieurés 
dont  trente-deux  sont  aujourd'hui  bien  connus. 

Sans  avoir  eu  le  titre  et  l'importance  d'une  véritable  abbaye, 
l'institution,  qui  était  soumise  à  la  règle  des  chanoines  de  Saint- 
Augustin,  avait  un  caractère  propre,  ne  relevait  pas  de  l'ordinaire, 
mais  directement  du  pape,  ainsi  que  l'établissent  plusieurs  bulles. 

Elle  était  déjà  en  décadence  au  milieu  du  xvi*  siècle,  lorsque  le 
régime  funeste  de  la  commende  lui  fut  appliqué,  comme  à  la  plu- 
part des  autres  institutions  religieuses  ;  de  plus,  malgré  son  iso- 
lement et  les  difficultés  de  ses  approches,  le  prieuré  avait  dû  subir 
et  eut  à  subir  encore  les  violences  extérieures,  avec  le  pillage  ou  la 
ruine  qui  en  étaient  la  suite,  pendant  les  longues  luttes  avec  les 
Anglais  et  les  guerres  civiles  et  religieuses  qui  désolèrent  notre 
pays  auxvi*  siècle. 

Cet  état  de  choses  facilita  l'union  du  prieuré  avec  le  collège  des 
Jésuites  de  Limoges,  en  1682,  à  la  mort  de  Cosme  Naudé,  dernier 
prieur  commendataire;  cette  union  comportait  en  même  temps 
celle  de  vingt-quatre  des  prieurés  qui  en  dépendaient;  depuis,  la 
décadence  alla  toujours  en  s'accroissant  ;  auxviu*  siècle,  le  nombre 
des  chanoines  prébendes  était  réduit  presque  au  minimum  et  le 
service  divin  ne  se  faisait  même  plus  à  l'Artige  avec  régularité. 


i%k  SOClÎTi   AaClèlOLOQIQtK  It  ttlSTOiUQUI  Dto   LliOtlStlf 

Aussi  Tanion  déRnitiye  avec  le  collège  fut-elle  prononcée  en  1741, 
et  peu  après  celle  de  neuf  autres  prieurés  qui  avaient  consenré 
leur  autonomie. 

Après  Texpulsion  des  Jésuites,  les  revenus  de  TArtige,  d'abord 
administrés  par  un  séquestre,  demeurèrent  affectés  à  Tenlretien  du 
collège  confié  à  des  prêtres.  Lorsque  survint  la  Révolution,  les 
rentes  du  prieuré  furent  attribuées  à  Thôpital  de  Limoges  et  les 
biens  eux-mêmes  furent  vendus  comme  biens  nationaux  à  la  requête 
du  district  de  Saint-Léonard  ;  depuis,  ces  biens  et  les  b&timents  de 
TArtige  ont  appartenu  à  divers  propriétaires. 

M.  G.  Jouhanneaud  a  fait  suivre  cette  notice  d'une  description 
archéologique  de  TArtige,  de  Féglise,  du  cloître,  des  autres  bâti- 
ments ou  du  moins  de  ce  qu'il  en  reste;  il  a  relevé  aussi  toutes  leB 
inscriptions  qui  ont  pu  être  recueillies  à  l'ancien  prieuré,  au  nom- 
bre de  dix-neuf;  et  il  a  enfin  accompagné  son  travail  qui  doit  paraî- 
tre dans  le  tome  L  du  Bulletin,  de  diverses  annexes  donnant  la 
liste  des  prieurs,  celle  des  prieurés  dépendant  de  TArtige,  les  textes 
des  inscriptions  et  des  indications  bibliographiques. 

M.  René  Page  rappelle  la  longue  et  célèbre  controverse  agitée  au 
sujet  de  remplacement  d'Uxellodunum  qui  fut  le  dernier  rempart 
des  Gaulois  lors  de  la  conquête  de  Gésar.  On  sait  que  diverses 
localités  du  Genlre,  notamment  Ussel,  Uzerche,  Gapdenac,  avaient 
été  successivement  proposées  comme  étant  TancienneUxellodunum; 
mais  les  présomptions  les  plus  favorables  s'étaient  arrêtées  en 
faveur  du  Puy  d'Issolud,  situé  près  de  Vayrac,  dans  le  département 
(lu  Lot,  près  des  confins  de  la  Gorrèze.Gependant  un  conseiller  à  la 
cour  de  Toulouse,  M.  Latreille,  a  cherché  à  faire  renaître  la  discus- 
sion, enadressant  à  TAcadémie  des  inscriptions  un  mémoire  oà  il  fait 
part  de  la  découverte,  au  lieu  deLauzcrte  près  Moissac,  d'une  ins- 
cription  concernant  un  certain  Lucterius,  prêtre,  qui,  d'après  lui, 
pourrait  bien  être  le  même  que  Lucterius,  l'un  des  deux  chefs 
gaulois  qui  défendirent  Uxellodunum,  lequel  fut  fait  prisonnier  et 
sans  doute  mis  à  mort  par  les  vainqueurs.  Le  correspondant  conclut 
à  ce  que  de  nouvelles  investigations  soient  laites  et  la  question 
remise  à  l'étude. 

Ges  conclusions  paraissent  un  peu  forcées  au  rapporteur,  M.  de 
la  Noë,  qui  estime  qu'une  simple  synonymie  de  noms,  en  dehors  de 
toutes  autres  circonstances  un  peu  probantes,  ne  saurait  suflSre  à 
mettre  en  échec  les  conjectures  actuellement  admises  (V.  Bulletin 
géographique  et  historique  du  comité  des  travaux  historiques,  année 
1301,  n""  3).  Getle  opinion,  ajoute  M.  Page,  sera  certainement  celle 
de  la  grande  majorité  des  éradits  qui  se  sont  occupés  de  la  question. 

Le  Secrétaire, 
Camille  Jouhanneaud. 


ff'ROCJklft-VIRBAUX   BIS  sftAMCBS  Mtt 


SÉANCE  DU  28  MARS  19(tt 


Présidence  de  !■•  B.  Her^y»  vle« -président 

Présents  :MM.Blai)cher,  Bonnaud,  Collet,  Courtot,  Ducourlieux, 
docteur  Fournie,  L.  Guibert,  Hersant,  Joly  de  Sailly,  C.  Jouhan- 
neaud,  Jouhaud  de  Verdier,  R.  Laguérenne,  A.  Leroux,  C.  Mar- 
bouty,  Ruchaud. 

Bibliographie.  —  Après  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  qui  est  adopté,  M.  Alfred  Leroux  rend  compte  des  publica- 
tions diverses  reçues  depuis  un  mois  et  mentionne  plus  spéciale- 
ment : 

Le  Bibliophile  limousin  (17*.  année,  n""  1),  où  il  y  a  lieu  de  noter 
un  article  de  M.  Paul  Dueourtieux  sur  la  collection  de  M.  Tabbé 
Pau,  curé  de  Bort  (Corrèze),  qui  était  assez  riche  en  objets  d*art, 
émaux,  pièces  d'orfèvrerie,  tableaux,  monnaies  et  médailles,  ma- 
nuscrits et  livres,  et  dont  la  vente  après  décès,  faite  récemment  à 
Paris,  parait  avoir  eu  lieu  à  Tinsu  des  collectionneurs  limousins  et 
dans  des  conditions  assez  défectueuses. 

Limoges-illustré  (4«  année,  n*»  8  et  9).  M.  Fray-Fournier  y  pour- 
suit son  étude  sur  les  fêtes  nationales  et  civiques  dans  la  Haute- 
Vienne  pendant  la  Révolution  ;  l'étendue  de  cette  étude  témoi- 
gne de  l'abondance  des  documents  que  Tauleur  a  su  recueillir  et 
utiliser  avec  sa  compétence  bien  connue. 

Procès-verbaux  des  séances  du  Conseil  municipal  de  la  commune 
de  Limoges  (année  1901).  —  Un  volume  de  967  pages. 

Lemouzi  (n""  77).  Article  de  M.  Jean  Dutrech  sous  le  titre  :  Victor 
Hugo  et  le  Limousin. 

Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze, 
qui  publie  plusieurs  mémoires  et  documents  intéressants,  au  nombre 
desquels  se  trouve  l'article  de  notre  collègue,  M.  Dueourtieux, 
relatif  au  trésor  découvert  à  Saint-Hilaire-Luc. 

Bulletin  de  la  Société  du  Périgord  (tome  XXXIX,  1'*  livraison). 

Revue  de  V Auvergne  (18*  année,  n"  5-6).  On  y  lit  une  biographie 
de  Victor  Lenoir,  né  à  Jarnages  (Creuse)  en  1837,  par  M.  Emmanuel 
des  Essarts. 

La  Revue  de  l'art  chrétien  (série  5',  tome  XIII)  cite  avec  éloge  le 
Guide  de  M.  E.  Rupin  à  Brive,  Roc-Amadour  et  Padirac. 

Bulletin  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles  lettres  (1901, 
novembre  et  décembre).  Notice  de  M.  Hartwig-Dereiit>ourg,  mem- 
bre de  TAcadémie,  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  M.  Maiimin  Deloctaei 


526  SOCléré  ARCHéOLOGIQOK   ET  HISTORIQDB  DU  LIMODSIN 

à  qui  le  monde  érudit  et  le  Limousin  en  particulier  doivent  une 
collaboration  fréquente  et  de  grande  valeur. 

M.  Dujarric-Descombes  a  envoyé  deux  plaquettes,  Tune  qui  a 
pour  titre  :  L'annonce  du  meurtre  d'Henri  IV  à  Périgueux;  Tautre  : 
La  Terreur  blanche  à  Périgueux, 

M.  Louis  Guibert  offre  sa  notice.  :  Limoges  à  la  fin  de  la  guerre 
de  Cent  ans; 

M.  Camille  Jouhanneaud,  celle  qu'il  a  publiée  sous  le  titre  :  La 
tradition  de  Pourceaugnac. 

M.  Leroux  présente  ensuite  le  premier  exemplaire  des  Tables 
générales  des  Bulletins  de  la  Société  (iStë-idOO,  du  1. 1«'  au  t.  49), 
formant  un  volume  de  360  pages,  préparées  et  dressées  par  M.  Paul 
Ducourtieux.  La  publication  de  ces  tables,  souhaitée  depuis  si 
longtemps  et  attendue  de  tous  avec  une  légitime  impatience,  fait  le 
plus  grand  honneur  à  notre  laborieux  et  zélé  collègue,  qui  a  droit 
à  d'unanimes  remerciements.  Celui-ci  a  fait  précéder  son  travail 
d'une  introduction,  ainsi  que  d'observations  préliminaires  où  il 
indique  la  méthode  qu'il  a  suivie  et  les  divisions  de  ce  travail,  di- 
visions qui  sont  de  nature  à  satisfaire  tous  les  chercheurs,  à  guider 
leurs  recherches  et  à  faciliter  les  études  à  venir. 

La  Société  adresse  ses  félicitations  les  plus  sincères  avec  ses 
remerciements  à  M.  Paul  Ducourtieux. 

Communications.  —  M.  le  président  signale  les  distinctions  hono- 
rifiques décernées  ces  jours  derniers  à  trois  collègues  : 

M.  Fray-Fournier  a  été  promu  officier  de  Tinslruction  publique. 
MM.  Blancher  et  Bonnaud  ont  été  nommés  officiers  d'académie. 
Ces  distinctions  sont  de  celles  qui  méritent  tous  les  suffrages. 

M.  le  docteur  Fouhnié  présente  une  collection  remarquable  des 
médailles  fondues  ou  frappées  en  l'honneur  de  Victor  Hugo,  qui 
fait  partie  de  ses  riches  collections. 

Elle  comprend  :  les  deux  médaillons  de  David  d'Angers  de  100 
et  200  millimètres,  en  bronze,  qui  se  rattachent  aux  débuts  du 
grand  homme  et  avaient  surtout  pour  but  la  glorification  du  poète; 
la  médaille  politique  uniface  de  Maurice-Valentin  Bonel,  frappée 
en  1850;  la  médaille  d'Alfred  Bonel,  de  1884,  qui  manque  de  res- 
semblance; le  médaillon  de  Ringel  d'IUzach,  qui  est  de  la  même 
année;  la  médaille  fondue  de  Roty,  pour  l'édition  nationale  des 
œuvres,  de  188o;  le  médaillon  de  Rozet  ;  la  médaille  du  centenaire 
de  Chaplain,  réduction  du  grand  médaillon  du  même  auteur  et 
dont  le  type  et  l'exécution  sont  dignes  d'admiration;  les  plaquettes 
de  Rozet,  éditées  par  Christophe,  très  artistiques;  une  autre  pla* 
quelle,  d'après  le  buste  de  Rodin  ;  les  médailles  de  Razumony,  et 
plusieurs  médailles  populaires,  savoir  celles  frappées  en  1870  et  le 


PROCte-VBRBAUX   DES  sftARCKS  St7 

27  février  1881,  celle  dite  des  funérailles,  et  quelques  estampages 
sans  date. 

H.  Fournie  rappelle  en  outre  quelques  autres  monuments  métal- 
liques, tels  que  la  plaquette  de  Vernier  (1876).  Il  accompagne 
rénumération  de  ces  médailles  d*explicalions  historiques  et  techni- 
ques, dont  la  précision  témoigne  d'une  parfaite  connaissance  du 
sujet  et  d'une  compétence  toute  spéciale  en  la  matière. 

A  la  suite  de  celle  communication,  M.  le  docteur  Fournie  invite 
ses  collègues  à  lui  signaler  les  médailles  qui  exrsleraient  dans  la 
région  où  pourraient  y  être  découvertes,  et  se  référanl  notamment 
aux  calamités  populaires,  médailles  de  pèlerinages,  de  dévotion, 
etc.  En  Allemagne,  un  travail  considérable  a  été  fait  à  celle  occasion 
el  a  révélé  Texistence  de  1.500  médailles  de  celte  sorte  environ  ; 
elles  paraissent  être  plus  rares  en  France,  mais  tout  fait  supposer 
qu'il  doit  en  exister  dans  la  province. 

M.  Paul  DucouRTiEux  rend  compte  d'une  découverte  de  monnaies 
en  or  faite  récemment  à  La  Chapelle-Blanche,  commune  de  Saint- 
Viclurnien,  dans  la  propriété  de  M.  Jules  Delage.  La  Chapelle- 
Blanche  qui  doil  son  nom  à  Texislence  d'une  ancienne  chapelle 
remplacée  par  une  chapelle  moderne,  a  appartenu  aux  Roche- 
chouarl-Morlemart^  puis  aux  familles  de  Voyon,  de  La  Couture, 
Desmier;  on  y  a  signalé,  en  1878,  un  tronçon  de  voie  romaine  qui 
se  trouverait  entre  celle  localité  et  la  roule  nationale  de  Limoges  à 
Anftouléme. 

Les  monnaies  dont  il  s'agit,  trouvées  dans  un  pot,  au  cours  de 
travaux  de  réparations,  élaienl  au  nombre  de  treize  el  toutes  pliées 
en  deux  ;  elles  consistent  en  cinq  pièces  de  Charles  V,  dont  un  franc 
à  cheval  el  quatre  francsà  pied,  six  de  Charles  VI,  écus  de  même  type, 
el  enfin  deux  pièces  de  Richard  II,  roi  d'Angleterre  et  duc  d'Aqui- 
taine, 1377-1399).  Ces  dernières  pièces  sont  beaucoup  plus  rares 
que  les  monnaies  françaises  et  présentent  plus  d'intérêt,  en  voici 
la  description  : 

*  RICARDUS  :  D  :  GRA  :  AGLIE  :  FRACIE  :  DX.  D.  AQIT.  Le 
roi  à  mi-corps  tenant  Tépée  de  la  droite  et  levant  la  gauche  comme 
pour  bénir.  Bordure  lobée  el  fleurdelisée. 

BJ  *  AVXILIVM  :  MEVM  :  A  :  DOMINO. 

Croix  fleurdelisée,  cantonnée  de  fleurs  de  lis  ei  de  léopards. 

Toutes  ces  monnaies  sont  du  module  de  25  millimètres  et  ne 
pèsent  pas  plus  de  onze  francs  d'or  au  taux  actuel. 

M.  Ducourlieux  fait  connaître  également  la  trouvaille  faite  à 
Limoges,  faubourg  Boucherie,  d'un  agnel  de  Charles  VI,  parfaite- 
ment conservé,  du  même  module  el  du  même  poids  que  les  mon- 
naies dont  il  vient  d'être  parlé. 

Cette  pièce  appartient  à  M.  Paradis. 


5SS  SOCIÉTÉ   ARCBR0L06IQUB  ET  IISTORTOUR   DU   LIMOUSIN 

M.  Louis  GuiBBRi  communiqae  une  noie  de  M.  Antoine  Thomas 
qui,  dans  une  pièce  relative  à  une  levée  d*impôts  faite  à  Limoges, 
en  1S68-i569,  a  relevé  le  nom  de  Léonard  Limosin,  imposé  pour 
dix  écus. 

Lectures.  —  M.  Louis  Guibert,  dont  l'érudition  ne  recule  pas 
devant  les  nécessités  de  la  vulgarisation,  s*est  chargé  récemment 
de  faire  des  conférences  sur  l'histoire  de  la  ville  de  Limoges  ;  il  en 
reproduit  ici  les  grandes  lignes  et  quelques  aperçus  marqués  au 
coin  de  l'intérêt  qu'il  sait  mettre  dans  tous  ses  travaux. 

En  quelques  vues  rapides,  il  esquisse  les  origines  de  la  ville, 
assez  fabuleuses,  car  certains  de  nos  anciens  auteurs  n'ont  pas 
hésité  à  en  attribuer  la  fondation  à  un  print^e  troyen;  cette  fonda- 
tion reste  environnée  de  l'obscurité  des  temps.  On  ne  saurait 
douter  de  l'existence  d'une  ville  gauloise  qui,  d'après  de  sérieuses 
présomptions,  et  malgré  l'absence  de  découvertes  très  probantes, 
devait  se  trouver  en  aval  sur  la  Vienne,  au  lieu  dit  de  la  Roche- 
au-Gô.  Mais  les  écrivains  de  l'antiquité,  qui  y  font  allusion,  Slra- 
bon  et  Plolémée,  en  disent  peu  de  choses;  ce  dernier  seul  désigne 
la  cité  des  Lemovices,  sous  le  nom  de  Augustoritum.  La  peuplade 
qui  envoya  dix  mille  des  siens  au  siège  d'Àlésia,  sous  la  conduite 
de  leur  chef  Sedulix,  devait  avoir  une  certaine  importance.  On 
pense  que  le  nom  primitif  de  la  ville  avait  été  Rita  ou  Ritu.  C'est 
au  début  de  la  période  gallo-romaine,  qu'il  devint  Augustoritum. 
La  ville  s'agrandit  et  s'embellit,  couvrant  la  rive  droite  de  la 
Vienne  de  ses  constructions,  de  ses  édifices  privés  et  publics  ;  elle 
avait  ses  arènes  situées  sur  un  des  faites  de  la  colline,  ses  monu- 
ments, ses  théâtres,  ses  palais  dont  on  a  retrouvé  les  vestiges  et 
dont  quelques  ruines  même  ont  subsisté  assez  longtemps;  mais 
ruines  trop  informes,  d'après  les  dessins  qui  nous  en  ont  été  con- 
servés, pour  qu'on  puisse  en  faire  une  restitution  exacte.  Quelle 
était  l'importance  de  la  ville  pendant  cette  période?  Il  est  difficile 
de  rien  affirmer,  de  même  que  pour  les  époques  postérieures.  On 
peut  supposer  toutefois  qu'il  y  avait  une  certaine  activité  des 
organes  de  la  vie  sociale,  par  exemple  des  écoles. 

L'arrivée  de  saint  Martial  dut  sans  aucun  doute  amener  des 
transformations.  La  ville,  désignée  sous  le  nom  de  Lemovices, 
Lemovicum,  se  développe  en  amont  et  devient  la  cité,  où  résidait 
révéque,  et  qui  ne  fut  pas  apparemment  tout  d'abord  fortifiée. 
Mais  sous  les  Mérovingiens  et  même  sous  la  dynastie  qui  leur  suc- 
céda, elle  subit  de  nombreuses  et  terribles  épreuves;  après  avoir 
été  successivement  prise  et  saccagée  par  les  Vandales,  par  les 
Goths  et  par  les  Francs,  elle  fut  conquise  en  673  par  le  roi  Thëo- 
debert,  et  ce  siège  ne  fut  pas  le  dernier  jusqu'aux  invasions  des 


PBOCte-VKRBAUX    DBS  StANCBS  5S9 

Sarrasins  et  des  Normands.  G*est  à  ces  désastres  répétés  qu'il  faut 
certainement  attribuer  la  rareté  des  vestiges  de  l*antiquilé  dans  la 
ville  de  Limoges. 

Puis  H.  Guibert  nous  fait  assister  à  l'efiQorescence  des  fonda- 
tions religieuses,  églises,  abbayes  et  prieurés  et  surtout  de  labbaye 
de  Saint-Martial,  qui  s'éleva  auprès  du  tombeau  de  Tapôtre  de 
TÂquitaiDe  et  devint  le  noyau  du  château,  c'est-à-dire  de  la  nou- 
velle ville  de  Limoges. 

M.  Camille  Harbouty  a  bien  voulu  puiser  dans  les  souvenirs  par 
lui  recueillis  au  cours  d'un  voyage  en  Egypte  quelques  indications, 
des  impressions  plutôt,  qu'il  sait  traduire  sons  la  forme  imagée  et 
saisissante  qui  lui  est  habituelle»  Ce  qui  frappe  le  plus  dans  la 
merveilleuse  contrée  dont  il  entretient  ses  auditeurs,  c'est  d'une 
part  la  nature  si  prodigue  envers  elle  de  ses  dons  et  d'autre  part 
les  vestiges  d'un  passé  tels  qu'aucun  autre  pays  ne  peut  en  offrir  de 
comparables.  Aussi  les  considérations  qu'elle  fait  naître,  géolo- 
giques ou  pittoresques,  géographiques,  historiques  ou  archéolo- 
giques, excitent-elles  également  l'intérêt.  Le  Nil  qui  a  fait  de 
l'Egypte  ce  qu'elle  est,  est  à  lui  seul  un  sujet  profond,  continuel  et 
varié  d'étonnement;  l'auteur  qui  Ta  bien  vu,  étudié,  admiré  sous 
tous  ses  aspects,  dans  ses  phénomènes  comme  dans  ses  grandeurs 
et  dans  toutes  ses  beautés,  en  trace  une  description  dont  la  couleur 
n'enlève  rien  à  Texactitude. 

Non  moins  attrayante,  quoique  rapide,  est  la  vue  des  ruines 
accumulées  sur  ce  sol  antique  dans  la  poussière  des  siècles,  de  ces 
tombeaux  sans  nombre,  dont  les  plus  remarquables  paraissent  être 
ceux  laissés  parla  18*  et  la  9»  dynastie,  dans  un  laps  de  quatre  cent 
trente  ans  :  17  tombeaux  ont  été  découverts,  fouillés,  et  sont 
maintenant  bien  connus  ;  et  parmi  eux  le  plus  célèbre  de  tous, 
celui  de  Seti  I";  d'autres  sont  encore  à  connaître.  Plus  loin,  à 
travers  les  âges,  remontent  dans  leurs  origines  certains  monuments, 
le  sphinx,  par  exemple,  antérieur  à  notre  ère  de  cinq  mille  ans  au 
moins. 

C'est  avec  la  même  humour  que  M.  Marbouty,  arrêtant  ses 
regards  sur  les  destinées  actuelles  du  pays,  parie  de  sa  capitale,  de 
cette  ville  du  Caire,  qui  est  peut  être  la  plus  belle  des  cités  orien- 
tales, plus  fortunée,  plus  heureuse  que  ses  rivales,  que  Bagdad, 
Damas  et  Constantinople  même,  et  dont  le  sort  serait  tout  à  fait 
digne  d'envie,  si  elle  n'était  tombée  de  nos  jours  sous  le  joug  de  la 
race  la  plus  âpre,  la  plus  insidieuse  et  la  plus  insatiable  de  toutes 

les  nations  européennes. 

Le  Secrétaire, 

Camille  Jouhanneaup, 


530  SOCiAtB  ARGIliOLOGIQIIB  ET   HISTORIQUE  DU  LIMObsiN 


SÉANCE  DU  29  AVRIL  1902 


Présidence  de  M*  René  Fa^e»  président 

Présents  :  JMH.  Auberl  Berger,  Gourlot,  Dubois,  Ducoarlieni, 
Page,  Fougères,  D'  Fournie,  Fray-Fournîer,  Garrigou -Lagrange, 
Guiberl,  Hervy,  G.  Jouhanneaud,  Jouhaud  de  Verdier,  abbé  Lecler, 
A.  Leroux,  A.  du  Mazaubrun,  abbé  Pénicaut,  Ruchaud,  de  Van- 
dières  de  Vitrac. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  par  le  secrétaire 
et  adopté  après  quelques  observations. 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Leroux  présente  le  Bulletin  LI  de  la 
Société  qui  va  parailre  et  être  distribué  aux  membres  en  même 
(emps  que  la  table  générale  des  Bulletins  publiés  de  1845  à  4900. 
Ce  nouveau  volume  de  460  pages  contient  divers  articles  et 
mémoires,  et  un  assez  grand  nombre  de  documents. 

Il  annonce  en  oulre  la  préparation  d*une  Histoire  de  la  porcelaine 
de  Limoges  et  de  la  région  au  XIX^  siècle,  par  les  soins  de  MM.  Alfred 
Leroux  et  Charles  Jouhanneaud,  avec  la  collaboration  de  plusieurs 
de  nos  concitoyens,  parmi  lesquels  nous  pouvons  déjà  nommer 
MM.  Camille  Leymarie,  Savodin,  Georges  Pouyat,  Tardif-Bardioet. 

Cette  importante  publication,  appelée  à  combler  une  lacune  des 
plus  sensibles,  aura  pour  inlroduclion,  en  quelque  sorte,  un 
ouvrage  que  va  publier  M.  Fray-Fournier  sous  le  litre  :  Les  origi- 
nes et  les  débuts  de  la  céramique  limousine  (1735-1796). 

Cet  ouvrage  qui  formera  un  volume  de  300  pages  et  compren- 
dra trois  parties  :  1*  la  faïencerie  Massié  à  Limoges,  1735-1773; 
2^  la  découverte  du  kaolin  en  Limousin,  1768;  3''  les  premières 
manufactures  de  porcelaine  en  Limousin,  1771-1796  —  paraîtra, 
si  possible,  dans  le  courant  de  la  présente  année. 

Nul  mieux  que  M.  Fray-Fournier,  qui  a  déjà  abordé  dans  le 
tome  XL  du  Bulletin  de  la  Société  la  difficile  question  des  origines 
de  la  porcelaine,  à  l'aide  de  documents  inédits  existant  à  la  Biblio- 
thèque Nationale,  ne  paraissait  indiqué  pour  conduire  à  bonne  On 
celle  première  partie  de  la  lâche. 

Son  érudition  et  son  zèle,  non  moins  que  ceux  de  nos  autres 
collègues  qui  n'ont  pas  recalé  devant  une  entreprise  aussi  vaste 
que  délicate,  sont  pour  nous  de  sûrs  garants  de  succès, 


PROCftS-VBRBAUX   DIS  S^ANCBS  531 

M.  Alfred  Leroux  indique  ensuite  les  publications  reçues  depuis 
un  mois,  en  mentionnant  d'une  manière  plus  spéciale  : 

Limoges  illustré  (4*  année,  n""*  10  et  li).  On  y  lit  la  première  par- 
tie d'un  article  de  M.  Camille  Leymarie,  très  documenté,  sur  les 
Limousins  de  Paris. 

Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Roche- 
chouart  (t.  XI,  n*  8).  —  Suites  de  diverses  études  déjà  signalées. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente 
(année  1901).  —  A  noter  dans  ce  bulletin  un  mémoire  du  regretté 
Mgr  Barbier  de  Montault,  concernant  les  crosses  limousines  de 
Tévôché  d'Angoulôme,  accompagné  de  plusieurs  photogravures  et 
dessins;  —  des  documents  inédits,  extraits  des  Archives  commu- 
nales d'Angouiéme,  pour  servir  à  Thistoire  municipale  de  celte 
ville,  publiés  par  M.  Emile  Biais. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tam-et-Garonne  (t.  XXIX, 
année  1901,  3*  trimestre).  —M.  Tabbé  Galabert  a  signalé,  dans 
une  séance  de  cette  Société,  Texistence  à  Hontauban  d'une  confré- 
rie dite  de  Saint-Martial,  qui  parait  avoir  occupé  dans  cette  ville 
au  moyen  âge  une  place  notable  ;  mais  il  ne  fournit  aucune  indica- 
tion qui  puisse  permettre  de  constater  un  lien  entre  cette  confrérie 
et  les  institutions  établies  à  Limoges  sous  le  même  nom. 

Annales  du  Midi  (avril  1902).  —  Très  savante  élude  de  M.  G. 
Pariset,  relative  à  l'établissement  de  la  primatie  épiscopale  à 
Bourges  (premier  article).  Notre  confrère,  M.  A.  Leroux,  s'était 
déjà  antérieurement  occupé  de  la  question. 

Il  convient  aussi  de  signaler  les  ouvrages  suivants  qui  se  ratta- 
chent à  divers  titres  à  nos  travaux  ou  à  notre  région  : 

Histoire  des  arts  appliqués  à  l'industrie,  par  M.  Emile  Molinier. 
—  Le  tome  IV  a  trait  à  l'orfèvrerie  mérovingienne  et  à  saint  Elol 
(chapitre  !•'),  ainsi  qu'à  l'art  de  Limoges  aux  xu«  et  xin*  siècles 
(chapitre  8). 

Exposition  rétrospective  de  l'art  français,  des  origines  à  1800 y 
par  MM.  Emile  Molinier  et  F.  Marcou. 

La  première  livraison  parue  s'occupe  de  l'émail  de  Geoffroy 
Plantagenet,  au  Mans;  du  triptyque  de  Nardon  Pénicaud  (collection 
Grandjean);  des  apôtres  de  Léonard  Limosin  à  Chartres,  etc.. 

Monuments  et  Mémoires  de  MM.  S.  Perrot  et  R.  de  Lasteyrie, 
t.  IV.  M.  J.  Marque!  de  Vasselot  y  publie  quelques  pièces  d'orfè- 
vrerie limousine. 

Dictionnaire  historique  et  monumental  de  la  France,  par 
MM.  Charles  Brossard.  —  Les  livraisons  134  à  137  sont 
consacrées  à  la  Haute- Vienne  et  à  la  Gorrèze.  Le  texte  est  souvent 
erroné  au  point  de  vue  historique  ;  par  contre,  la  reproduction  de 


53)  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOOIQfll  BT  BlSTORieUB  DU   LIMOUSIH 

monuments  par  des  procédés  nouveaux  est  en  général  1res  réussie; 
on  peut  regretter  toutefois  de  n'y  trouver,  pour  la  Haute- Vienne, 
aucun  motif  monumental  ou  décoratif  tiré  de  Saint<Léonard  et  de 
Sainl-Junien. 

Mémoires  du  lieutenant-colonel  Aubin  Dutheillet  de  La  Mothe 
(octobre  1791-juin  18S6).  —  M.  P.  Ducourtieux,  qui  a  été  chargé 
par  M.  Louis  Dutheillet  de  La  Mothe,  petit-neveu  de  Tauleur  de 
ces  mémoires,  né  à  Saint-Yrieix  (Haute- Vienne),  d'en  offrir  un 
exemplaire  à  la  Société,  en  donne  une  analyse  très  complète  et  qui 
permet  d'apprécier  dans  tous  ses  reliefs  cette  originale  personna- 
lité militaire  d'une  grande  époque.  L'ouvrage  emprunte  un  réel 
intérêt,  non  seulement  à  la  carrière  mouvementée  et  fort  ingrate 
à  la  fin  d'un  brave  soldat,  à  ses  états  de  service,  à  ses  faits  d'ar- 
mes, mais  encore  à  diverses  circonstances  de  ses  récits  et  aux 
nombreux  noms  de  personnages  limousins  qu'il  rappelle  ou  qu'il 
fait  connaître. 

Communications.  —  M.  le  président  annonce  que  la  Société  fera 
une  excursion  archéologique  à  Uzerche  le  8  juin  prochain.  Les 
membres  des  Sociétés  savantes  de  Limoges  et  de  la  région  sont 
invités  à  y  prendre  part. 

M.  René  Face  rend  ensuite  compte  des  travaux  du  dernier 
Congrès  des  Sociétés  savantes,  qui  a  eu  lieu  récemment  à  la  Sor- 
bonne,  sous  la  présidence  de  M.  Bouquet  de  La  Grye,  membre  de 
rinstitut,  et  auquel  ont  coopéré  par  leur  présence  ou  leurs  envois 
plusieurs  membres  de  la  Société  ou  compatriotes  de  la  province. 

Parmi  les  travaux  de  nature  à  le  plus  nous  intéresser,  il  indique, 
dans  la  section  d'histoire,  une  communication  de  M.  Grand,  archi- 
viste du  Cantal,  relative  à  une  charte  de  franchises  de  Gonroz, 
petite  localité  de  l'Auvergne,  datée  de  1317;  une  étude  de 
M.  Brière,  membre  du  Comité  archéologique  de  Noyon,  sur  les 
authentiques  des  reliques  de  saint  Eloi,  conservées  dans  la  cathé- 
drale de  Noyon  ;  un  mémoire  de  M.  Roger  Drouault,  de  la  Société 
des  Archives  du  Poitou,  concernant  les  lépreux  dans  la  région  du 
Centre. 

Dans  la  section  d'archéologie,  le  mémoire  de  M.  Alfred  Leroui, 
qui  a  trait  au  vitrail  dit  de  Jeanne  d'Albret,  bien  connu  à  Limoges  et 
dont  il  a  été  si  souvent  parlé;  on  sait  que  l'auteur  a  démontré 
d'une  façon  très  convaincante  que  l'origine  de  ce  vitrail  était 
antérieure  à  la  célèbre  reine  de  Navarre,  et  ne  pouvait  par  con- 
séquent y  faire  allusion.  Il  a  supposé  de  plus  que  la  signitica- 
tion  de  la  scène  représentée  dans  le  vitrail  pouvait  être  celle 
d*uD  événement  historique,  peut-être  d'un  épisode   des  temps 


Pk(OCèS-TKRBAUX   DIS  SÉA(V€IK8  K33 

d'anarchie  ecclésiaslique  que  traversa  la  ville  à  la  fin  du  xv*  siè- 
cle. —  MM.  À.  de  Barthélémy  et  Prou,  président  et  secrétaire  de 
la  section,  estiment  que  l'on  doit  voir  plus  probablement  et  plus 
simplement  dans  cette  scène  la  figuration  de  quelque  dicton  popu- 
laire, ou  rillustration  d'un  fabliau.  Cet  avis  avait  déjà  été  émis  par 
H.  Guibert. 

M.  René  Page  signale  aussi  dans  les  sections  de  physique  et  de 
botani]ne  d'intéressantes  communications  scientifiques,  faites  par 
MM.  Paul  Garrigou-Lagrange,  Malinvaud,  Le  Gendre,  Marque  et 
Mosnier,  ces  deux  derniers  professeurs  au  lycée  de  Tulle. 

D'autre  part,  à  la  réunion  des  délégués  des  Sociétés  des  beaux- 
arts  des  départements,  le  rapporteur  général,  M.  Henri  Jouin,  après 
avoir  rappelé  la  mémoire  et  les  mérites  de  M.  Louis  Bourdery,  a 
commenté  dans  les  meilleures  termes  l'étude  de  M.  Camille  Leyma- 
rie,  qui  a  pour  litre  :  La  Renaissance  de  la  faïence  architecturale 
en  France  au  XIX'  siècle, 

M.  Louis  Guibert  qui,  dans  une  des  précédentes  séances,  avait 
esquissé  une  biographie  du  colonel  Begoiigne  de  Juniac,  fait 
connaître  un  beau  portrait  de  ce  personnage  qui  se  trouve  dans 
V Historique  du  1^'  régiment  de  hussards,  publié  de  nos  jours  par 
M.  le  commandant  Ogier  d'Ivry.  Cet  ouvrage  donne  aussi  quelques 
renseignements  inédits  sur  le  brillant  militaire  qui  avait  appartenu 
à  ce  régiment. 

H.  l'abbé  Lecler  décrit  un  bref  de  Clément  IX,  offert  par  M.  le 
docteur  Fournie,  accordant  des  indulgences  aux  fidèles  qui  visite- 
raient réglise  de  Saint-Martin  (de  Châteauponsac),  au  diocèse  de 
Limoges,  1667.  Il  fait  observer  que  le  nom  de  la  localité  a  été 
gratté  et  remplacé  par  celui  de  Châteaupoosac. 

M.  Lecler  lit  aussi  une  notice  sur  Jean-François  Mourellon,  né  à 
Lupersat,  curé  de  Néoux  et  archiprétre  d'Aubusson,  qui  fut  élu 
évéque  de  la  Creuse  le  30  novembre  1790  et  n'accepta  pas  cette 
nomination.  Tous  ses  biographes  ont  ajouté  qu'il  mourut  peu 
après,  en  1791.  Mais  c'est  là  une  erreur  :  Mourellon  survécut 
longtemps  ;  il  figura  sur  les  listes  de  proscription  des  prêtres  non 
assermentés  ;  il  fut  même  emprisonné,  et  il  n'est  mort  que  le 
3 novembre  1817,  à  l'hospice  d'Aubusson. 

M.  DE  Labonne  communique  un  curieux  ouvrage  de  Frédéric 
de  Vincedo,  Vénitien,  contenant  des  dessins  pour  toutes  sortes 
d'ouvrages  de  lingerie  (1389). 

M.Joseph  Dubois  présente  un  bronze  fondu  du  xvm''  siècle,  repré- 
sentant la  Nativité,  et  qui  est  une  pièce  d'un  certain  mérite. 


&34  SOCIKTÉ  AACaÉOLOGlQUB  Bt  BlSTORiQbS  DU  LllIOUSlN 

M.  DE  Vandiêrbs  dk  ViTRAC  appople  un  registre  de  famille  de 
Reaé  (deuxième  du  nom)  de  Meyvières,  écuyer,  seigneur  de  Por- 
thoreau  (en  Bretagne),  d^Artois...,  du  Repaire  (en  Gorrèze),  conte- 
nant de  précieux  renseignements  sur  sa  venue  en  Limousin,  son 
mariage,  la  naissance  de  ses  enfants,  leurs  alliances  et  une  note 
très  intéressante  sur  la  maison  noble  du  Repaire,  paroisse  de 
Vigeois  (Gorrèze).  Ce  registre  va  du  10  mai  1626  au  4  aoûl  1672. 
M.  de  Vandiëres  accompagne  son  rapport  d*unc  généalogie  de  la 
famille  de  Meyviëres,  dont  descend  du  côté  maternel  celle  des 
Vandières  de  Vitrac,  à  laquelle  il  appartient. 

M.  Camille  Joohanneaud  analyse  divers  documents  communiqués 
par  M.  Pierre  Cousseyroux  :  tout  d'abord  une  nomination  d'écuyer 
faite  par  le  Dauphin,  tils  de  Charles  VII,  le  futur  roi  Louis  XI,  au 
profit  de  Jehan  de  La  Porte  ;  cette  pièce  est  datée  du  22  septem- 
bre 1445  et  se  présente  sous  la  forme  d*une  charte  dont  H.  A. 
Leroux  a  bien  voulu  faire  la  lecture. 

La  pièce,  dit  H.  Cousseyroux,  a  été  trouvée  dans  les  papiers  de 
la  famille  Jaubert  de  Noblac,  du  Mas-Faure,  en  même  temps  qu'une 
médaille  ou  monnaie  d'or,  qu'il  communique  également  et  qui 
parait  provenir  du  même  temps.  La  monnaie  n'est  pas  très  facile  à 
déchiffrer;  on  distingue  cependant  au  droit  les  armes  de  France  et 
celles  du  Dauphinë,  et  sur  l'autre  face  un  semis,  qui  peut  être  un 
semis  de  fleurs  de  lis.  Ce  doit  être  une  monnaie  seigneuriale. 

Jean  de  La  Paye  de  La  Porte,  beau-frère  de  Léonard  du  Mas- 
Faure,  était,  ajoute  M.  Cousseyroux,  prieur  de  Saint-Denis-de- 
Peyrat;  il  appartenait  à  la  famille  des  Bernard  Gombert,  Audebert 
de  La  Porte,  dont  les  noms  flgurent  au  procès  des  Templiers, 
en  1309. 

Les  autres  documents  produits  consistent  en  des  rêles  de  la  taxe 
pour  la  milice,  établie  par  paire  de  bœufs,  en  1743,  dans  les 
paroisses  de  Saint-Martin-Chàteau  et  Beaulieu,  et  divers  mémoires 
s'y  rattachant. 

Dans  un  de  ces  mémoires,  le  syndic  Léonard  Thibaut  de  Féosi- 
nas  fournil  aussi  le  relevé  de  la  taxe  par  tête  d'habitant,  due  pour 
la  milice  à  Saint-Martin -Château,  en  cette  même  année  1743;  le 
total  de  la  taxe  par  tête  pour  cette  paroisse  s'élevait  à  299  livres 
9  sols. 

Un  autre  et  curieux  mémoire  de  ce  syndic  donne  le  décompte 
des  dépenses  de  voyage,  de  route  et  autres,  qu'il  dut  faire  à  l'occa- 
sion de  l'engagement  d'un  milicien  à  Eymoutiers,  de  son  entretien, 
de  sa  réception  et  de  son  envoi  de  Bourganeuf  à  Limoges,  dé- 
penses assez  élevées,  car  elles  montaient  à  270  livres  11  sols. 


^ROGÀS-VltRBAtnt   DES  SÉANCES  63& 

Ud  aulre  mémoire  de  Vigaad,  syndic  de  Pey rat-le-Château  et  en- 
clave, portant  la  date  du  17  mars  1743,  fait  connaiire  que,  suivant 
les  ordres  du  subdélégué  de  la  ville  d*Eymoutlers,  il  commanda  à 
deux  habitants  de  la  paroisse  de  Beaulieu  deux  paires  de  bœufs  et 
une  charrette  pour  conduire  les  équipages  de  la  milice  de  Bor- 
deaux, d*Eymoutiers  à  Bourganeuf,  ce  dont  ils  furent  tenus  quittes 
pour  la  dite  corvée,  sans  préjudice  à  l'avenir. 

Lectures.  —  M.  Alfred  Leroux  s'est  donné  la  tftche  de  retrouver 
les  origines  de  la'  légende  qui  veut  que  l'aqueduc  des  eaux  d'Ài- 
goulène  à  Limoges  ait  élé  construit  au  ix*  siècle  par  un  roi  Sarra- 
sin, du  nom  d'Âigoulant.  Il  montre  que  celte  légende  provient 
d'un  rapprochement  arbitraire  entre  le  nom  de  notre  ruisseau  et 
le  nom  du  roi  que  mentionnent  la  chronique  du  pseudo  Turpin  et 
les  chansons  de  geste  du  xn'  siècle.  Ce  rapprochement  fut  fait  pour 
la  première  fois,  à  la  Gn  du  xiv<>  siècle,  par  un  moine  de  Saint- 
Martial,  repris  et  développé  au  xvii«  par  le  chanoine  Jean  Bandel. 

M.  Leroux  s'est  efforcé  de  déterminer  les  divers  apports  histori- 
ques ou  fabuleux  qui  constituent  cette  légende  et  prouve  que  son 
véritable  point  de  départ  est  la  construction,  vers  le  iv*  siècle,  de 
l'aqueduc  en  question,  aux  frais  d'un  riche  personnage  venu  proba- 
blement de  l'Afrique  romaine.  Cette  construction  existe  encore, 
et  son  moindre  mérite  n'est  pas  d'avoir  détourné  sur  le  versant  de 
la  Vienne  un  ruisseau  que  sa  pente  naturelle  conduisait  au  ruisseau 
de  l'Àurance. 

Le  Secrétaire, 

Camille  Jouhanneaud. 


SÉANCE  DU  27  MAI  1902 


Présidence  de  Si.  René  Vwtge^  président 

Présents  :  MM.  A.  Berger,  Blancher,  Courtot,  Ducourtieux, 
R.  Fage,  Fray-Fournier,  Hervy,  Camille  Jouhanneaud,  Charles 
Jouhanneaud,  l'abbé  Lecler,  Lachenaud,  A.  Leroux,  Mallevergne 
de  la  Faye,  Mariaux,  L.  Houret. 

MM.  Louis  Guibert,  Paul  Bonnaud  et  Tabbé  Pénicaut  se  font 
excuser  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  précédente 
séance,  qui  est  adopté. 


S36  SOClÉTé  ARCIléOLOeiQUlt   st  ttistoàiouB  hv  LlllOOStH 

Bibliographie.—  M.  Alfred  Leroux  fait  connatlre  les  publications 
périodiques  et  autres  ouvrages  reçus  depuis  un  mois  et  mentioane 
en  particulier  : 

Documents  relatifs  à  thistoire  municipale  de  la  pille  de  Limoges, 
publiés  par  H.  Louis  Guibert,  t.  IL  — -  (Le  château  de  Limoges,  de 
1373au  30  juillet  1566). 

Ce  volume  forme  le  tome  VIII  de  la  l'*  série  de  la  Société  des 
archives  historiques  de  la  Haute- Vienne.  Il  apporte  une  nouvelle 
et  très  importante  contribution  de  textes  à  Tétude  de  l'histoire  de 
notre  ville. 

Le  Bibliophile  limousin  (17*  année,  n**  i).  —  À  noter  dans  ce  fas- 
cicule la  reproduction  d'un  chapitre  de  1  ouvrage  de  M.  Page,  La 
vie  à  Tulle  aux  xvu*  et  xvi[i«  siècles,  qui  concerne  les  papetiers  et 
imprimeurs  de  cette  ville;  —  Curiosités  de  la  bibliographie  limou- 
sine {suite);  l'auteur,  si  richement  documenté,  y  révèle  encore  deux 
noms  d'écrivains  limousins  :  celui  d'un  poète,  Pierre  de  Marin,  et 
celui  d'un  polygraphe,  Jean  de  Maumont. 

Limoges-Illustré  (n"  12  et  13,  4«  année). 

temoîiz*  (n**  78  et  79 j.  —  Article  de  M.  Jean  Dutrech  sur  les 
métiers  limousins  :  imagiers  et  fustiers. 

Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze 
(Tulle  1902,  l'«  livraison).  —  On  y  lit  notamment  un  article  de 
M.  Emile  Page  sur  Victor  Hugo,  dont  un  oncle,  Louis  Hugo,  s'était 
marié  à  Tulle  et  y  avait  laissé  une  (ille  religieuse  et  les  meilleurs 
souvenirs  ;  —  la  suite  de  l'étude  de  H.  Bombai,  relative  à  la  Haute- 
Dordogne  et  ses  gabariers;  cette  étude  mériterait  de  trouver  des 
imitateurs  en  Haut-Limousin.  MM.  Leroux  et  Pray-Ponrnier  obser- 
vent à  ce  sujet  qu'il  existe,  en  ce  qui  coucerne  la  question  du  flot- 
tage sur  la  Vienne  et  ses  affluents  aux  xvnt*  et  xix*  siècles,  de  très 
nombreux  documents  à  utiliser  ;  un  certain  nombre  de  ces  docu- 
ments ont  même  déjà  été  publiés  par  M.  Leroux. 

Société  d'émulation  et  des  beaux-arts  du  Bourbonnais  (1901).  — 
Celte  revue  publie  un  article  de  M.  l'abbé  Clément  sur  un  cruciGx 
en  émail champlevé  duxin*siècle,  trouvé  dans  les  fouilles  du  presby- 
tère du  Montet-aux -Moines;  bien  que  le  revers  de  ce  crucifix  rappelle 
le  dessin  de  la  croix  du  trésor  de  Cherves,  près  Coguac,  l'auteur 
ne  pense  pas  que  cette  œuvre,  d'un  mérite  d'ailleurs  secondaire, 
soit  sortie  d'un  atelier  limousin. 

M.  Louis  Guibert  oflre,  à  titre  d'hommage,  sa  notice  qui  a  pour 
titre  :  Un  livre  sur  l'abbaye  de  Saint-Uartial'de-Limoges. 

M.  Camille  Jouhanneaud  offre  sa  brochure  sur  Saint- fJonard  et 
l'Artige. 

M.  Léopold  Mouret  présente  un  ouvrage  édité  à  Paris  en  1730, 


^BOcks-VERfeàUX  bRS  S^ANCBà  537 

traitant  des  explications  de  plusieurs  textes  difTiciies  de  l'écriture 
par  le  R.  Père  dom...  bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint-iMaur; 
ce  volume  parait  provenir  de  l'ancienne  bibliothèque  des  Frères 
prêcheurs  de  Limoges. 

Présentation.  ^  H.  Valadeau,  inslituteur-acUoint  à  Saint-Priest- 
la-Feuille,  est  présenté  par  MM.  Bellet  et  Guibert  comme  membre 
correspondant  ;  le  vote  sur  1  admission  aura  lieu  à  la  prochaine 
séance. 

Communications.  —  M.  le  président  rappelle  que  Texcursion  de  la 
société  à  Uzerche  aura  lieu  le  dimanche  8  juin.  Après  avoir  indique 
le  programme  détaillé,  il  lit  quelques  extraits  du  Bulletin  monu- 
mental où  se  trouve  le  compte-rendu  de  la  très  intéressante  visite 
faite  à  Uzerche  en  1890  par  la  Société  française,  et  il  fait  passer 
sous  les  yeux  de  ses  collègues  toute  une  série  de  gravures  et  de 
dessins  représentant  les  curiosités  diverses  et  multiples  de  cette 
ville;  ces  dessins,  qui  font  partie  de  la  collection  de  M.  Fage,  non 
moins  que  les  extraits  du  compte  rendu,  permettent  d'apprécier  à 
Tavance  le  réel  intérêt  que  présente  Texcursioii. 

L*exposition  du  Limousin  pittoresque  ouvrira  le  15  juin  prochain 
dans  les  salles  d'exposition  de  l'Ecole  des  arts  décoratifs,  où  a  lieu 
son  installation. 

La  veille,  14  juin,  notre  compatriote,  M.  d'Arsonvai,  fera  une 
conférence  sur  la  liquéfaction  des  gaz  et  particulièrement  sur  l'air 
liquide. 

Nous  souhaitons  aux  organisateurs  de  l'œuvre  tout  le  succès  que 
méritent  leur  initiative  et  leurs  efforts. 

M.  le  président  mentionne  l'admission  au  Salon  de  cette  année, 
à  Paris,  d'un  tableau  de  notre  collègue,  M.  Courlot,  qui  représente  : 
La  boulangerie  du  couvent  des  Filles-Notre-Dame  à  Limoges. 

M.  Hervy  présente  un  portrait,  sorte  de  gouache  du  xvi'  siècle 
apparemment,  et  qui  peut  être  celui  d'un  des  rois  de  la  famille  des 
Valois;  on  y  remarque  des  motifs  très  bizarres  d'ornementation. 

M.  l'abbé  Lecler  présente  un  bronze  romain  trouvé  près  de 
Naugeat,  banlieue  de  Limoges,  dont  la  légende  est  ainsi  conçue  : 
Ti  fberius]  Clavdivs  Caesar  Avg  [ustus]  im  [mortalis]  tri  [bunus] 
iMP  [eralor].  Au  revers  s.  c,  un  soldat  armé  de  Tépée  et  du  bou- 
clier. 

M.  Lecler  a  reçu  de  M.  Dalesme,  directeur  du  Crédit  foncier,  à 
Poitiers,  une  généalogie  manuscrite  relative  à  deux  branches  de 
cette  famille,  les  Dalesme  du  Boucheron  et  les  Dalesme  de  la  Plan- 
che. Cette  famille,  originaire  du  lieu  d'Alesme,  commune  d'Auriat, 
a  formé  un  très  grand  nombre  de  branches,  telles  que  celles  du 

T.  LU  35 


53d  sociérft  ARctiftoLôôiQUi  bt  rtisToaiOtnc  du  limousin 

Planladis,  du  Pic,  de  RigouIèQe,deSaIvaQet,  etc.  On  désire  trou  ver 
des  doeuments  pour  établir  le  point  de  jonction  de  ces  différentes 
tranches  et  Ton  serait  reconnaissant  à  ceux  qui  voudraient  bien  les 
communiquer. 

Le  Nobiliaire  du  Limotisin  donne  la  branche  qui  a  fourni  des 
imprimeurs  à  Limoges  au  xvup  siècle  et  deux  généraux  à  la  Gn  de 
ce  même  siècle  et  au  xtx<». 

M.  Camille  JouHANNBAUD,  au  nom  de  M.  Louis  Guibert,  donne  con- 
naissance de  liasses  danciens  papiers  remis  à  celui-ci  pour  les 
communiquer  à  la  société.  M.  Gulbert  tes  a  examinés  et  y  a  surtout 
trouvé  des  actes  de  notaires  et  des  procédures,  au  nombre  desquels 
se  trouvent  quelques  pièces  intéressantes,  concernant  surtout 
Saint-Junien,  Sainl-Brice  et  Javerdal  (souvent  dénommé  de  Javer- 
zaco),  la  Breta0:ne  et  les  environs. 

Il  convient  de  signaler  dans  le  nombre  un  contrat  du  30  juin  1406, 
fournissant  les  noms  des  membres  du  chapitre  de  Saint-Junien  à 
cette  date;  un  autre,  du  15  Juin  1396,  est  signé  d'une  de  nos  vieilles 
connaissances,  Pierre  Esperon,  juge  épiscopal,  dont  M.  Guibert  a 
publié  le  registre  domestique.  Dans  plusieurs  de  ces  actes  des  der- 
nières années  du  x[v«  siècle  et  des  premières  années  du  xv*  figure 
comme  témoin  un  habitant  de  Saint-Junien,  qui  porte  un  nom 
aujourd'hui  conservé  par  une  voie  publique,  Pierre  Salavert.  On  y 
trouve  aussi  le  nom  de  Jean  Sarrazin  (Sarraceni),  damoiseau  de 
Saint-Junien,  et  de  sa  femme,  Sibille  Bodoyer  (1396). 

Un  grand  nombre  de  pièces  des  xvn*  et  xvni*  siôcles  sont  rela- 
tives à  la  juridiction  de  Sainl-Brice  et  à  celle  de  Saint-Junien. 
Quelques  papiers  concernent  la  taille,  notamment  une  réclamation 
contre  les  collecteurs  de  Saint-Brice. 

Ailleurs,  dans  un  document  incomplet  de  1691,  on  trouve  men- 
tion de  messire  François  d'Aubusson  et  de  Charles  d'Aubusson,  son 
fils,  condamnés  à  mort  par  contumace. 

Enfin,  un  fragment  curieux  d*un  procès-verbal  d'assemblée 
paroissiale  montre  les  habitants  de  Saint-Brice  aux  prises  avec  leur 
curé  en  1783,  au  sujet  de  la  mise  en  adyudication  de  l'office  de  son- 
neur, appelé  ici  le  Caustre, 

Un  certain  nombre  de  pièces  imprimées,  édits,  ordonnances,  se 
rencontrent  parmi  ces  papiers.  Il  en  est  une  assez  curieuse  à  noter, 
c'est  le  placard  reproduisant  le  jugement  du  tribunal  révolution- 
naire qui  envoya  la  trop  célèbre  du  Barry  à  l'échafaud  ;  on  remar- 
quera parmi  les  chefs  d^accusation  relevés  contre  elle,  celui  d'avoir 
formé  une  collection  rare  d'écrits  et  de  gravures  contre-révolu- 
tionnaires. 


M.  Paul  DucouRTiEUx  présente  trois  titres  ou  documents  intéres- 
sant la  famille  de  Tisseuil. 

L'un  formé  de  trois  morceaux  de  parchemin  et  qui  mesure  un 
mètre  vingt  centimètres  de  longueur  sur  cinquante-deux  centimè- 
tres de  large,  porte  la  date  du  15  mai  1466;  c'est  une  transaction 
concernant  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Recouvrance  et  de  Cha- 
rité, sise  en  la  seigneurie  de  la  Monède,  appartenant  aux  Tisseuil, 
en  la  juridiction  de  Ghabanais,  et  l'ordonnance  et  le  tndimus  de 
rofflcialité  de  Limoges  pour  en  délivrer  l'expédition. 

Cette  chapelle,  située  àChabanais,  sur  la  rive  droite  de  la  Vienne, 
à  l'entrée  du  pont  qui  conduit  au  village  deTisseuil,  à  une  lieue  de 
là,  avait  été  fondée  par  Simon  de  Tisseuil,  frère  d'Aimery,  homme 
d'armes  et  lieutenant  général  de  Guyenne,  mort  à  Bordeaux,  où  il 
était  commandant  (testament  du  4  février  1454).  Tous  les  champs 
voisins  portent  encore  le  nom  de  champ  de  la.  Ifonède,  et  dans  les 
anciens  titres  de  Gef  de  la  Monëde. 

M.  Ducourtieux  rapproche  cette  fondation  d'un  autre  fait  assez 
intéressant  et  qui  doit  remonter  à  la  même  époque.  Dans  la  pa- 
roisse de  Lésignat-sur-Gouert,  qui  fait  partie  de  nos  jours  de  la 
commune  de  Saint-Maurice-les-Lions,  près  Confolens,  le  clocher 
était,  avant  1789,  surmonté  du  coq  et  de  la  girouette,  ce  qui  indi- 
quait que  le  curé  était  seigneur  de  la  paroisse;  or,  cette  paroisse 
était  la  seule  à  posséder  ce  privilège  en  Limousin.  11  est  à  supposer 
que  les  descendants  d'Aimery  de  Tisseuil,  seigneur  de  Rus  et  de 
Lésignat  en  1450,  firent  don  de  ces  deux  tiefs  à  la  cure  et  au  curé 
de  Lésignat,  pour  assurer  des  prières  au  repos  de  leurs  &mes,  s'ils 
ne  revenaient  pas  de  la  guerre  où  ils  se  rendaient  à  l'appel  du  roi 
Charles  VU. 

Une  autre  pièce  consiste  dans  les  lettres  de  nomination  comme 
chevalier  de  l'ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  et  de  Saint- 
Lazare  de  Jérusalem,  à  la  date  du  8  décembre  1685,  de  Barthélémy 
de  Tisseuil,  lieutenant  au  régiment  d'Angoumois. 

La  troisième  est  une  Généalogie  de  la  maison  des  Tisseuil^  sei- 
gneurs de  la  Monède,  Grusord,  de  Rus,  Anvaux,  les  Courades, 
Mouette  et  barons  du  Sirier  en  Angoumois,  par  un  parent  et  ami 
(baron  de  Chamborant).  Imprimé  à  Paris  MOCCLXKXIII,  in-fol. 

Lectures.  —  M.  Hubert  Texier  à  adressé  un  mémoire  où  il  étudie 
la  question  de  l'origine  des  Limousins  et  de  la  fondation  de  Limo- 
ges. Il  rappelle  les  récits  fabuleux  recueillis  par  l'annaliste  du 
XVII*  siècle  :  la  légende  du  roi  celte  Lemovix  de  la  race  des  géants, 
dont  l'invention  ne  parait  pas  ancienne,  et  celle  de  la  colonie  tro- 
yenne  qui  certainement  remonte  à  une  époque  plus  éloignée  ;  il 
cherche  à  dégager  quelques  indications  historiques  de  nature  à 


&40  SOGIÉrà  ARCfiioLOGIQtR  Bt  lllStORIQflK  k>U  LlHOUStN 

éclaircir  le  problème,  invoque  certains  usages,  certaines  parlica- 
larités  signalées  en  Limousin  et  se  rapportant  an  culte  antique  des 
forces  génératrices.  Il  se  demande  si  le  nom  de  notre  cité,  antérieur 
à  celui  i^Augustoritum^  ne  serait  pas  Ratiastum,  et  paraît  se  ranger 
à  Topinion  contraire,  qui  est  du  reste  celle  de  TAcadêmie  des  ins- 
criptions; mais  il  admet  tout  ce  que  raconte  Tannaliste  de  Tiropor- 
tance  de  la  ville  gallo-romaine,  récits  qui  paraissent  entachés  d'une 
singulière  exagération.  En  somme,  on  sait  peu  de  choses  sur  les 
commencements  de  Limoges,  et  ce  peu  aurait  besoin  d*étre  étudié 
de  très  près,  et  avec  une  critique  fort  indépendante. 

M.  Paul  DucouRTiEUx  continue  ses  recherches  et  ses  études  sur 
les  voies  romaines  aux  environs  de  Limoges;  ses  dernières  inves- 
tigations ont  porté  sur  le  tronçon  situé  entre  Limoges  et  le  Pont- 
Rompu,  sur  la  Briance,  à  quelque  distance  de  Solignac,de  la  grande 
voie  qui  se  dirigeait  sur  Périgueux  et  Bordeaux;  il  est  parvenu  à 
retrouver,  à  déterminer  l'itinéraire  à  peu  près  exact  de  ce  tronçon 
qui  s*écarte  sur  divers  points  du  chemin  actuel;  il  en  indique  cer- 
taines traces  et  les  particularités. 

H.  Ducourtieux  dans  une  recherche  et  un  mémoire  précédent, 
avait  déjà,  d*une  manière  qui  parait  certaine,  fait  connaître  le 
tracé  de  la  voie  à  partir  du  Pont-Rompu  jusqu^au  village  de  la  Tri- 
querie,  sur  la  roule  de  Limoges  à  Saint-Yrieix. 

M.  Camille  Jouhanneaud  fait  une  lecture  sur  les  origines  de  la 
famille  des  THermiie  et  plus  spécialement  de  la  branche  des  THer- 
miledu  SoUer,  d'après  Touvrage  publié  il  y  a  quelques  années  par 
M.  Bernardin,  docteur  ès-lettres  et  professeur  au  lycée  Gharlema- 
gne,  lequel  a  tracé  une  biographie  très  complète  du  poète  Tristan 
rUermile  et  donué  une  analyse  de  tous  ses  ouvrages.  Tristan  avait 
un  frère  cadet,  Jean-Baptiste,  moins  célèbre  que  lui,  mais  qui  lit 
cependant  parier  de  lui  comme  écrivain  et  surtout  comme  historio- 
graphe et  généalogiste  ;  marié  à  une  actrice,  Marie  Gourtin  de  la 
Dehors,  cousine-germaine  de  Madeleine  Béjard,  il  ht  un  peu  tous 
les  métiers  et  eut  une  carrière  aussi  agitée  et  aussi  accidentée  que 
celle  de  son  irère  aine;  M.  Jouhanneaud  retrace  les  péripéties  de 
cette  carrière  jusqu'au  voyage  de  Jean-Baptiste  on  Espagne. 

Tristan  et  Jean-Baptiste  étaient  tous  deux  iils  de  Pierre  THermite, 
qui  avait  été  condamné  à  mort  avec  son  oncle  Louis,  pour  un  meur- 
tre dont  ils  étaient  accusés  sur  la  personne  du  vice-sénéchai  de 
Guéret,  et  avait  été  gracié  par  le  roi  Renri  IV,  —  et  d'Elisabeth 
Miron,  appartenant  à  la  famille  bien  connue  de  ce  nom. 

M.  René  Fagb  a  relevé  dans  un  registre  des  délibération  de  la 
confrérie  des  pénitents  gris  de  Tulle,  le  prix  fait  intervenu  en  1695 


PROGÈS-VKRBAUX   DBS  SAaNCBS  541 

entre  cette  confrérie  et  Antoine  Picaud,  marchand-tapissier  de  la 
ville  d'Aubusson,  au  sujet  de  la  confeclion  de  onze  panneaux  de 
tapisseries  de  haute  lisse,  destinées  à  la  décoration  de  la  chapelle 
du  Puy-Saint-Glair,  banlieue  de  Tulle,  et  représentant  les  princi- 
paux traits  de  la  vie  de  saint  Jérôme,  patron  de  la  compagnie. 

Ce  prix  fait,  très  détaillé,  contient  toutes  les  conditions  de  la 
fourniture,  les  dimensions  des  pannneaux,  les  proportions  de 
laine  et  de  soie,  les  qualités  des  matières  premières,  le  prix  con- 
venu, le  délai  pour  la  livraison.  Il  donne,  en  outre,  une  description 
minutieuse  des  sujets  à  représenter,  et,  en  cela,  il  est  particulière- 
ment intéressant,  car  ces  tapisseries  ont  disparu  sans  qu  il  ait  été 
possible  d'en  retrouver  la  trace. 

Voici  rindicalion  très  sommaire  des  onze  sujets  :  l""  la  mort  de 
saint  Jérôme  ;  9*  la  translation  de  son  corps  à  Rome  ;  S""  saint  Jé- 
rôme, docteur,  écrivant;  i^le  saint  dans  le  désert  pendant  une 
tempête  ;  S""  le  saint  sur  le  Calvaire,  au  pied  de  la  croix;  G""  son 
entrée  à  Jérusalem;  T""  le  Saint-Esprit  planant  sur  saint  Jérôme, 
saint  Grégoire,  saint  Augustin  et  saint  Ambroise;  8*"  saint  Jérôme 
expliquant  la  bible  à  sainte  Paule;  d^  le  saint  dans  le  désert  de 
Syrie,  avec  trois  compagnons  ;  lO""  le  baptême  du  saint;  11® le  saint 
sortant  de  Rome  avec  un  compagnon. 

Il  résulte  d'un  inventaire  du  2  novembre  1700  qu'à  celte  date 
huit  panneaux  seulement  avaient  été  livrés.  On  peut  supposer  qu'à 
défaut  de  ressources,  les  trois  derniers  n'ont  pas  été  exécutés. 

M.  Page  accompagne  cette  notice  de  renseignements  sur  la  con- 
frérie des  pénitents  gris,  qui  fondée  vraisemblablement  vers  1601, 
quelques  années  après  celle  des  pénitents  blancs  de  la  même  ville, 
avait  une  organisation,  des  coutumes  et  des  statuts  intéressants. 

Le  Secrétaire, 
Camille  Jouranneaud. 


SÉANCE  DU  24  JUIN  1902 


Présidence  de  M.  Emile  Bervy»  vice-président 

* 

Présents  :  MM.  Aubert  Rerger,  Collet,  P.  Ducourtieux,  Fou-^ 
gères,  Fray  Fournier,  L.  Guiberl,  Hervy,  Camille  Jouhanneaud, 
Charles  Jouhanneaud,  Tabbé  Lecler,  A.  Leroux,  Lachenaud, 
C.  Marboulf,  Mariaux,  l'abbé  Pénicaut,  Touyéras,  commandant 
i^ibeliii. 


54â  SOCiftTé  ARCBÉOLOOIQDE   KT  BISTORIQUB   DU   LIMOUSIN 

M.  Antoine  Gorceix  assiste  à  la  séance,  sur  rinyilatîon  qui  loi 
en  a  été  faite. 

MM.  René  Page,  président,  et  Paul  Bonnaud  s'excusent  de  ne 
pouvoir  être  présents. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  par  le  secrélaire 
et  adopté. 

M.  Valadeau,  instituteur  à  Saint-Priest-la-Feuille  (Creuse),  est 
élu  membre  correspondant,  au  scrutin  secret. 

M.  Pierre  Hervy,  docteur  en  médecine  à  Limoges,  est  présenté 
comme  membre  titulaire  par  MM.  Loais  Guibert  et  AKred  Leroux. 
Il  sera  statué  sur  l'admission  de  ce  candidat  à  la  prochaine  séance. 

Bibliographie.  —  M.  A.  Leroux  indique  les  publications  pério- 
diques et  ouvragps  divers  reçus  depuis  un  mois  et  mentionne  spé- 
cialement : 

Limoges-Illustré  (4*  année,  n*  14). 

Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Roche- 
chouart  (tome  XI,  n*  6). 

Lemouzi  (n*  80).  A  noter  une  poésie  de  M.  Edouard  Michaud, 
sous  le  titre  :  L' Abbessaille  ;  —  les  métiers  limousins,  par  Jean 
Dutrech  (suite)  :  Les  troulhers  (fabricants  d'huile  de  noix,  en  Bas- 
Limousin). 

Bulletin  de  la  Société  scientifiquey  historique  et  archéologique  de 
la  Corrèze  (Brive,  janvier-mars  190â).  Ce  bulletin  publie  notam- 
ment, avec  les  suites  de  l'étude  de  M.  de  Boysson  sur  Bertrand  de 
Born,  sa  vie  et  son  siècle;  de  celle  de  dom  J.-M.  Bessesurles 
Bénédictins  de  Saint-Augustin  de  Limoges,  et  du  carlulaire  de 
l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Tulle  par  M.  Ghampeval  ;  une  note 
relative  au  siège  d'Ussel  en  1371,  communiquée  par  M.  Ambroise 
Tardieu. 

Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques.  Ce 
volume,  consacré  en  majeure  partie  à  la  relation  des  découvertes 
archéologiques  faites  en  Algérie,  mentionne,  en  ce  qui  concerne 
le  Limousin,  une  note  de  M.  Roger  Drouaull  relative  aux  fouilles 
de  Saint-Martln-Ie-Mault  (Haute-Vienne),  et  le  compte  rendu  fait 
par  M.  R.  de  Lasteyrie  d'une  communication  de  notre  collègue 
M.  Leroux,  concernant  les  stalles  élevées  en  1513  dans  le  choeur 
de  Saint-Pierre-du-Queyroix,  où  elles  se  voient  encore,  à  la  suite 
d'un  accord  entre  le  curé  et  les  fabriciens.  On  y  trouve  le  nom  du 
menuisier  chargé  du  travail,  Jacques  de  Saint-Fermy,  qui  était 
fixé  à  Limoges,  mais  n'était  pas  apparemment  originaire  du  pays. 

La  Société  a  reçu  aussi  l'envoi  d'un  important  volume  qui  a 
pour  titre  :  Les  établissements  gallo-romains  de  la  plaine  de 


PROCiS-VKRBAUX   DKS   SÉaNCBS  543 

MartreS'Tolosanes  {Haute-Garonne),  par  M.  Léon  Joulin.  Cet  ou- 
vrage, publié  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Inscriptiuns  et 
belles-leltres,  est  un  travail  de  coordination  et  d*analyse,  avec 
commentaire,  de  tous  les  mémoires  publiés  par  les  savants  sur  un 
des  gisements  les  plus  riches  du  continent  en  restes  de  l'époque 
gallo-romaine,  substructions,  motifs  décoratifs,  sculptures  et  objets 
d'art. 

M"*  Bourdery  a  adressé  à  titre  d'hommage  le  tirage  à  part 
du  dernier  ouvrage  de  notre  regretté  collègue,  M.  Louis  Bourdery  : 
Inventaire  et  vente  à  la  criée  des  biens  de  feu  Martial  Gallichier, 
bourgeois  et  marchand  de  Limoges  (11  juillet  1581). 

Communications.  —  H.  le  Président  rappelle  que  l'Exposition  du 
Limousin  pittoresque  et  monumental,  due  à  l'initiative  de  la  So- 
ciété Gay-Lussac,  s'est  ouverte  à  Limoges  le  15  du  mois  de  juin, 
à  la  suite  de  la  belle  conférence  de  M.  d'Arsonvai  sur  la  liqué- 
faction des  gaz  et  sur  l'air  liquide;  il  constate  le  succès  de  cette 
Exposition,  composée  en  majeure  partie  de  reproductions  photo- 
graphiques et  ayant  surtout  un  intérêt  documentaire,  et  il  rend 
hommage  aux  efforts  aussi  zélés  que  désintéressés  de  ses  orga- 
nisateurs. 

M.  Alfred  Lerocx  communique  une  note  de  H.  Roger  Drouault, 
relative  à  une  médaille  trouvée  à  Saint-Sulpice-les-Feuilles.  Celui- 
ci  la  décrit  ainsi  : 

A)  Le  soleil  sortant  des  nuages  et  éclairant  la  mer  sur  laquelle 
voguent  deux  vaisseaux  :  au  premier  plan,  les  murailles  d'une 
ville. 

Légende  :  Povet  et  discutit. 

A  la  suite,  trois  roses. 

R)  L'écu  de  France  entouré  du  collier  de  l'ordro  et  dominé  de  la 
couronne  royale. 

Légende  :  EKD  :  A  LNR  :  AS  :  S  :  CL  ENF. 

Le  D  du  premier  mot  est  à  l'envers. 

M.  Leroux  présente  aussi  une  pliotographie  du  dolmen  de  la 
commune  de  Cognac,  qui  lui  a  été  adressée  pour  être  remise  à  la 
Société. 

M.  Louis  GuiBERT,  de  la  part  de  M.  Bellet,  instituteur  à  Saint- 
Maurice,  fait  l'analyse  d'une  pièce  de  laquelle  il  résulte  qu'en 
1728,  un  huissier  près  la  juridiction  consulaire  de  Limoges  ayant 
une  sommation  à  faire  à  M.  Pierre  Ranjou,  prêtre  à  La  Souter- 
raine, à  l'effet  d*un  paiement,  s'adressa  en  vain  au  juge  de  cette 
ville,  à  un  substitut  et  à  tous  les  officiers  de  la  juridiction,  sans 
pouvoir  obtenir  l'autorisation  de  «  bris  et  rupture  de  porte  »  qu'il 


544  SOGIRTR  ARCnéOLOGIQUB   KT   BlSTOEIQOB  DO   LIMOUSIN 

sollicitait,  toutes  les  personnes  auxquelles  il  eut  recours,  ayant 
successivement  refusé,  par  le  motif  qu'elles  étaient  de  près  ou  de 
loin  parentes  ou  alliées  de  ce  prêtre;  de  guerre  lasse,  Thuissier 
fut  obligé  de  revenir  à  Limoges. 

M.  Guibert  signale  aussi  la  publication  récente  par  le  Père 
Blume,  collaborateur  du  P.  Dreves,  d'un  nouveau  fascicule  de 
Séquences,  où  celles  d'origine  limousine  tiennent  une  assez  large 
place. 

Ces  dernières  ont  été  empruntées  non  seulement  à  nos  manus- 
crits et  notamment  au  beau  graduel  donné  à  l'église  de  Saînt- 
Junien  par  un  abbé  de' La  Couture  du  Blans  et  qui  a  fait  Tobjet 
d'une  notice  de  M.  Guibert,  mais  aussi  aux  premiers  livres  impri- 
més pour  le  diocèse  de  Limoges. 

Le  P.  Blume,  qui  est  venu  à  Limoges,  parle  également  d*un 
manuscrit  d'Aureil  qu'il  a  compulsé  avec  intérêt  et  profit  aux 
Archives  de  la  Haute- Vienne. 

M.  Camille  Marbouty  annonce  qu'une  personne  de  la  ville  tient 
à  la  disposition  des  collectionneurs  une  collection  de  la  PeuUle 
hebdomadaire  de  Limoges  pour  les  années  1777  et  1778. 

Lectures.  —  M.  Alfred  Leroux  prend  la  parole  pour  exposer 
l'état  actuel  de  VHistoire  de  la  porcelaine  limousine  qu'il  a  entre- 
prise avec  M.  Ch.  Jouhanneaud  et  quelques  autres  collaborateurs; 
il  s'exprime  en  ces  termes  :  «  C'est  à  la  fin  du  mois  de  janvier  der- 
nier qu'il  a  été  question  pour  la  première  fois  entre  M.  Jouhan- 
neaud et  moi  de  publier  celte  histoire;  mais  c'est  seulement  à  la 
date  du  28  février  que  le  projet  est  devenu  un  dessein  ferme  ;  dans 
le  cours  du  mois  de  mars,  fut  rédigé  le  programme  auquel  le  Bul- 
letin de  la  Société  archéologique  a  donné  l'hospitalité.  Notre  rôle 
essentiel  à  nous  deux,  promoteurs  de  l'œuvre,  est  tout  d'abord 
de  stimuler  tous  les  concours  et  les  bonnes  volontés  ;  toutefois  à 
M.  Charles  Jouhanneaud  incombe  une  autre  tâche  non  moins 
lourde  :  celle  de  rédiger  les  chapitres  relatifs  aux  argiles,  à  la 
cuisson,  aux  procédés  chimiques  de  la  décoration;  sa  compétence 
en  ces  matières  est  certaine.  II  exposera  prochainement  devant 
la  Société  Gay-Lussac  les  premiers  fruits  de  son  travail  et  pré- 
sentera quelques-unes  des  cartes  qu'il  a  déjà  dressées.  En  ce  qui 
me  concerne,  ajoute  M.  Leroux,  je  n'ai  accepté  d'autre  coopéra- 
tion que  celle  qui  consistera  à  mettre  sur  pied  la  partie  :  Bibliogra- 
phie, géographie,  histoire  et  statistique  de  l'ouvrage,  revendi- 
quant en  outre  le  droit  de  réviser  les  manuscrits  d*auteurs  et  de 
corriger  les  épreuves. 

»  Voici  quels  sont,  à  cette  heure,  les  premiers  résultats  des 
recherches  poursuivies  depuis  la  secoade  semaine  d'avril  ; 


PROCÈS-VBtBAUX  DIS  StANCES  546 

»  La  bibliographie  du  sujet,  c'est-à-dire  lUndication  des  sources 
et  des  travaux,  soit  manuscrits,  soit  imprimés,  est  sur  le  point 
d'être  achevée.  Elle  compte  provisoirement  297  numéros  provenant 
de  Texamen  de  600  volumes  ou  brochures  environ.  La  chronologie 
des  principaux  faits  concernant  Thistoire  de  la  céramique  limou- 
sine est  également  terminée,  ou  peu  s'en  faut;  elle  comptera  envi- 
ron 500  articles.  Le  dépouillement  des  registres  d'arrêtés  des 
maires  de  Limoges  pendant  les  premières  années  du  xix*  siècle, 
et  des  préfets  de  la  Haute- Vienne  jusqu'à  1870  a  pris  fin.  Il  a 
donné  une  moisson  de  120  actes,  dont  les  plus  importants  (au 
nombre  de  30)  ont  été  transcrits  intégralement;  ce  sont  en  général 
des  autorisations  qui  donnent  des  dates  certaines  en  ce  qui  regarde 
l'ouverture  des  carrières,  l'établissement  des  moulins,  des  usines, 
l'introduction  des  machines  et  la  construction  des  fours.  Commencé 
aussi,  mais  non  terminé,  est  le  dépouillement  des  principaux  jour- 
naux locaux  et  des  délibérations  de  Tancienoe  Chambre  des  s^rts 
et  manufactures  de  Limoges.  Bien  que  cette  Chambre  ait  été  insti- 
tuée dès  1804,  ses  délibérations  ne  commencent  malheureusement 
qu'en  1822  et  ne  s'occupent  de  la  porcelaine  qu'à  partir  de  1830. 
C'est  une  source  de  premier  ordre  pour  toute  Thistoire  économique 
de  la  Haute-Vienne  jusqu'en  1858.  Les  tableaux  mis  à  ma  disposi* 
tion  par  le  service  hydraulique  de  la  Haute-Vienne  et  le  service 
des  mines  ont  été  utilisés,  en  ce  sens  que  j'en  ai  tiré  tous  les  ren- 
seignements qu'ils  contiennent  sur  notre  sujet.  Des  questionnaires 
ont  été  adressés  aux  maires  des  onze  localités  qui  possèdent  ou 
ont  possédé  des  manufactures  de  porcelaine.  Personnellement,  j'ai 
visité  celles  de  Coussac-Bonneval,  Magnac-Bourg  et  Pierrebufflère 
et  recueilli  sur  place  de  précieuses  indications. 

»  J'ajouterai  pour  terminer  que  le  chapitre  sur  la  région  limou- 
sine, qui  ouvre  l'ouvrage  en  préparation,  est  d'ores  et  déjà  ter- 
miné. Plusieurs  de  nos  collaborateurs  spéciaux  se  sont  déjà  mis 
à  la  tâche,  entre  autres  MM.  Pouyal,  Leymarie,  Gorceix,  Bardinet, 
Savodin.  Il  ne  nous  appartient  pas  de  parler  de  ce  qu  ils  ont  pu 
faire;  leurs  monographies  ne  pourront  être  d'ailleurs  définitives 
que  lorsque  seront  publiés  les  nombreux  documents  que  nous 
avons  recueillis.  » 

A  la  suite  de  cet  exposé,  M.  Leroux  donne  lecture  du  chapitre 
premier  qui  traite  de  la  région  limousine,  chapitre  d'un  intérêt 
général,  mis  à  la  portée  de  tous  et  notamment  des  étrangers  au 
Limousin,  et  où  Tauleur  s'est  attaché  à  éviter  tous  détails  techniques 
et  à  ne  pas  empiéter  sur  le  domaine  des  autres  collaborateurs. 

M.  l'abbé  Leclbr  trace  l'historique  du  monastère  de  Bouboi) 
depuis  sa  fondation  jusqu'à  ses  derniers  jours. 


S46  SOClËTi  ARGBÉOLOGIQUI   KT  B18T0RIQUK  DU  LIMOUSlIf 

Le  bienheureux  Robert  d*Arbrisset,  fondateur  de  l'Ordre  de 
FoDtevrault,  prêchant  en  Limousin  en  1106,  établit  un  couvent  de 
religieuses  de  cet  ordre  dans  la  forêt  de  Boubon  que  lui  donnèrent 
Pierre  de  Monlrebœuf,  Itler  de  Bernard  et  Aymeric  Brun;  ce  cou- 
vent, où  un  grand  nombre  de  filles  de  familles  nobles  du  pays 
vinrent  embrasser  la  vie  religieuse,  fut  détruit  pendant  les  guerres 
de  la  fin  du  xv*  siècle. 

Reconstruit  par  les  seigneurs  de  Pompadour  et  de  Lastours, 
dont  on  voyait  les  armes  sur  la  façade  de  Téglise,  il  reçut  de  nou- 
veau sept  religieuses  envoyées  par  Renée  de  Bourbon,  abbesse 
générale  de  FontevrauU,  qui  en  prirent  possession  le  18  septembre 
1528.  Elles  y  tinrent  un  pensionnat  déjeunes  filles  qui  a  eu  une 
grande  réputation.  En  1673,  les  religieuses  firent  ériger  à  Boubon 
une  paroisse  pour  Tusage  des  habitants  qui  étaient  trop  éloignés 
de  Gussac;  elles  conservaient  dans  leur  monastère  des  archives 
considérées  comme  très  précieuses  par  ceux  qui  les  visitèrent, 
mais  ces  archives  ont  été  brûlées  h  Saint-Mathieu  le  13  décembre 
1793  «  pour  célébrer  l'auguste  fête  de  Harat  ». 

On  trouve  au  nombre  des  religieuses  de  Boubon  des  membres 
de  toutes  les  familles  nobles  du  pays  :  de  Lambertie«  de  La  Hou- 
mazière,  des  Gars,  de  Puisgaty,  de  La  Roussie,  de  Lageyrat,  de 
Mas  Nadaud,  du  Breuil,  de  Ghassaigne,  de  Villoutreix,  de  Croisant, 
de  La  Grople,  de  Ribeyreix,  de  Maumont,  de  Seychères,  du  Perry, 
d'Asnières,  de  la  Brouille,  de  Saulnier,  de  Rocard,  de  la  Domaize, 
de  Fleurât,  de  la  Borie,  de  Sainton,  etc. 

Ghassées  de  leur  monastère  par  la  Révolution,  le  l''  octobre 
1792,  elles  se  retirèrent  dans  leurs  familles;  et  quelques  années 
après  nous  voyons  la  dernière  prieure  de  Boubon,  aidée  de  quel- 
ques-unes de  ses  anciennes  religieuses,  ouvrir  un  nouveau  pen- 
sionnat dans  une  petite  ville  de  la  Haute-Vienne. 

M.  Lecler  ajoute  quelques  détails  sur  la  localité  de  Boubon,  qui 
devint  pendant  la  Révolution  un  chef-lieu  de  commune  en  vertu 
de  la  loi  du  11  novembre  1789.  Les  administrateurs,  peu  portés 
aux  excès  révolutionnaires,  furent  constamment  soumis  aux  exci- 
tations de  ceux  du  chef-lieu  du  canton;  ils  firent  tous  leurs  efforts 
pour  conserver  un  prêtre  dans  la  paroisse,  pour  empêcher  la  vente 
de  l'église,  que  la  loi  leur  permettait  de  garder,  et  pour  rester  chef- 
lieu  de  commune  ;  mais  ce  fut  en  vain  :  ils  perdirent  tout,  couvent, 
paroisse  et  commune,  et  Boubon  devint  ce  qu'il  est  de  nos  jours, 
un  simple  village  de  la  commune  de  Gussac. 

M.  Paul  DucouRTiEUX  rend  compte  d'une  très  intéressante  excur- 
sion faite  par  lui  il  y  a  quelques  jours,,  avec  MM.  Louis  Guiberi  et 
Huchaud,  à  Saint-GQi]|ssaud  et  au  Puy-de:Joaer,  où  le  curé  de  la 


PROCÈS-VERBAUX  DIS  SiANCIS  547 

paroisse,  M.  Tabbé  Dercier,  a  repris  les  fouilles  enireprises  en 
1864  par  M.  Buisson  de  Masvergnier  sous  les  auspices  et  avec  les 
subsides  de  la  Sociélé.  On  sait  que  le  Puy-de-Jouer  est  regardé 
généralement  aujourd'hui  comme  l'emplacement  de  la  station 
romaine  de  Prœtoriutn. 

Après  avoir  décrit  d'abord  les  particularités  du  voyage  à  partir 
des  Billanges,  M.  Ducourtieux  indique  les  objets  nombreux  décou- 
verts par  M.  Tabbé  Dercier  dans  ses  investigations  récentes,  et 
consistant  en  poteries  variées  mais  malheureusement  brisées,  en 
verreries,  fers,  monnaies  et  objets  divers.  Les  monnaies  appar- 
tiennent toutes  au  haut  Empire,  c'est-à-dire  aux  premiers  siècles 
de  notre  ère,  et  parmi  elles  on  remarque  surtout  deux  quinaires  en 
argent  portant  d'un  côté  la  tête  d'Auguste;  le  revers  de  l'une 
représente  Enée  portant  son  père  sur  ses  épaules,  celui  de  l'autre 
un  taureau  dans  i'attilude  du  coifnbat. 

L'objet  le  plus  précieux  est  une  fibule  en  bronze  émaillé  dont 
l'envoi  a  été  promis  par  H.'  Dercier  et  qui  fera  l'objet  d'une  des- 
cription spéciale  par  M.  Guibert. 

M.  Ducourtienx  fournit  ensuite  des  indications  sur  le  point  de 
jonction  des  voies  romaines,  qui  se  trouvait  à  l'ouest  du  bourg  et 
à  200  mètres  de  celui-ci  (voie  de  Limoges  à  Bourges  sur  laquelle 
s'embranchait  la  voie  stratégique  se  dirigeant  par  Ahun  sur  Cler- 
mont,  et  voie  secondaire  allant  vers  Poitiers)  ;  puis  sur  les  travaux 
opérés  par  M.  Dercier  et  les  substructions  qu'il  a  mises  à  jour  et 
qui  viennent  de  nouveau  confirmer  les  données  fournies  par  l'iti- 
néraire d'Antonin  et  la  carie  Je  Peutinger. 

Il  ajoute  enfin  quelques  observations  relatives  au  tracé  que 
devait  suivre  la  voie  venant  vers  Limoges. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  et  sur  la  proposition  de  M.  Louis 
Guibert,  la  Société  vote  une  allocation  de  cinquante  francs  pour 
témoigner  à  M.  le  curé  de  Saint-Goussaud  de  l'intérêt  qu'elle 
prend  à  son  entreprise. 

Le  Secrétaire, 
Camille  Jouhanneaud. 


548  SOCIÉTi  ARCH&OLOOIQUI  ET  BISTOBIQUB  DU  LIMOUSIN 


SÉANCE  DU  29  JUILLET  i902 


Présidence  de  M*  Emile  Hervy,  vloe«pr6sldenC 

Présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Gourtot,  P.  Ducourtieux,  Fray- 
Fournier,  L.  Guibert,  Hervy,  Camille  Jouhanneaud,  Charles  Jouhan- 
neaud,  Joly  de  Sailly,  Tabbé  Lecler,  A.  Leroux,  commaDdant 
Zibelin. 

MM.  René  Fage,  président,  et  Léopold  Mouret  se  font  excuser  de 
ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  réunion  est  lu  par  le  secré- 
taire et  adopté  après  quelques  observations. 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Leroux  rend  compte  des  publications 
reçues  depuis  un  mois  et  signale  en  particulier  : 

Limoges  Illustré  (4»  année,  n"  17). 

Lemouzi  (n''  81).  A  noter  dans  ce  fascicule  un  article  de  M.  de 
Nussac  sous  le  titre  :  «  Une  famille  tulliste  :  les  Fage  ». 

Bulletin  de  la  Société  des  lettres^  sciences  et  arts  de  la  Corrèze 
(1902,  2*  livraison],  où  nous  lisons,  entre  autres  mémoires,  une 
étude  historique  de  M.  Maximin  Deioche,  sur  les  voies  d'accès 
de  Tulle,  avec  une  préface  de  M.  Emile  Fage,  qui  est  en  même 
temps  une  notice  biographique  du  regretté  défunt;  une  biographie 
de  Tabbé  Xavier  Montbrial,  par  M.  l'abbé  Lecler  ;  et  diverses  suites 
d'articles  intéressants. 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord 
(tome  XXIX,  S*  livraison).  Ce  bulletin  donne  la  publication  faite 
par  M.  Paul  Huet  d'un  acte  d'information  ordonnée  en  1310  par  le 
roi  d'Angleterre  au  sujet  des  surprises  faites  à  son  préjudice  par  le 
roi  de  France  en  Périgord,  Limousin  et  Quercy  ;  —  une  notice  de 
M.  Dujarric-Descombes  concernant  le  premier  livre  imprimé  à 
Périgueux  fl495). 

Us  Annales  du  Midi  (juillet  1903).  M.  Pariset  y  termine  sa  remar- 
quable élude  relative  à  l'établissement  de  la  primalie  de  Bourges. 

Analecta  Bollandtana  (tome  XXI,  fascicule  II).  Cette  revue  rend 
compte  de  deux  ouvrages  de  M.  l'abbé  Nimal  qui  ont  trait  à  l'an- 
cienne légende  de  saint  Léonard  et  à  la  vie  de  ce  saint,  patron  des 
mineurs  du  bassin  houiller  de  Liège. 

M.  Fray-Fournier  fait  hommage  à  la  Société  de  son  ouvrage  sur 
les  Fêtes  nationales  et  les  cérémonies  civiqms  dans  la  Haute-Vienne 
pendant  la  Révolution. 


iPROCàs-VBRB.lUX   DBS  SÉ1NCB8  549 

M.  Dijùamc-Descombes,  membre  de  la  Sociélé  du  Périgord,  offre 
une  notice  sur  un  ex-libris  de  la  maison  d'Abzac. 

Des  remerciements  sont  adressés  aux  donateurs. 

A  noter  enfin  une  série  d*articles  de  notre  collègue,  M.  L.  iMouret, 
publiés  dans  le  journal  VEcho  de  Saint-Trieix,  sur  d*anciens  quar- 
tiers de  Limoges,  notamment  sur  celui  des  Arènes  et  de  la  place 
d'Orsay. 

Admission  de  sociétaire.  — M.  Pierre  Hervy,  docteur  en  médecine 
à  Limoges,  est  admis  comme  membre  titulaire,  au  scrutin  secret. 

Nécrologie.  —  M.  le  président  annonce  la  mort  de  M.  Fernand 
Ghassoux,  membre  de  la  Société,  et  rend  horatnage  aux  mérites  du 
défunt;  après  une  longue  et  honorable  carrière  administrative  et 
après  avoir  rempli  en  dernier  lieu  les  fonctions  de  préfet  de  la 
Gorrèze,  M.  Ghassoux  était  revenu  à  Limoges  et  y  avait  très  vile 
conquis  de  nombreuses  et  précieuses  sympathies;  sans  avoir  pris 
une  part  des  plus  actives  à  nos  travaux,  il  s'y  intéressait  et  suivait 
nos  séances  avec  assiduité.  La  Société  adresse  à  la  famille  de 
H.  Ghassoux  ses  témoignages  de  vifs  et  sincères  regrets. 

GoMMUNiCATioNS.  —  M.  Alfred  Leroux  fait  connaître  que  les  ancien- 
nes archives  hospitalières  de  Limoges,  comprenant  158  articles, 
viennent  d'être  versées  aux  Archives  du  département  de  la  Haute- 
Vienne,  où  l'on  pourra  désormais  les  consulter. 

M.  L.  GiiiBERT  présente  une  pièce  d'or  trouvée  il  y  a  une  quin- 
zaine d'années  au  lieu  des  Gasseaux,  à  Limoges,  dont  une  des  faces 
représente  l'écu  d'Espagne,  et  qui  pourrait  être  attribuée  au  règne 
de  Ferdinand  et  d'Isabelle;  cependant,  M.  Guibert  inclinerait  à 
penser,  d'après  quelques  particularités  de  cette  pièce,  qu'elle  doit 
être  d'une  époque  postérieure. 

M.  GouRTOT  présente  le  tableau  par  lui  exposé  cette  année  au 
Salon  des  artistes  français,  à  Paris,  et  représentant  l'intérieur  de 
la  boulangerie  du  monastère  des  Fille&Nolre-Dame,  à  Limoges  ; 
cette  peinture,  d'un  excellent  caractère,  est  une  nouvelle  contri- 
bution à  la  galerie  des  monuments  et  quartiers  de  la  ville  entre- 
prise avec  un  zèle  des  plus  louables  par  notre  habile  collègue. 

M.  l'abbé  Lecler  communique,  de  la  part  de  M.  de  Roffignac,  du 
château  du  Mazérat,  près  Le  Dorât,  un  parchemin  consistant  en  un 
acte  daté  du  18  juin  avant  les  calendes  de  mai  liSS,  par  lequel 
Guillaume  Savelli,  chevalier,  du  lieu  des  Barbarides,  paroisse  de 
Ghâteauponsac,  vendait  à  Guy  de  Rançon,  chevalier,  six  livres  de 
rente  au  prix  de  4i  livres  10  sols  tournois,  et  assignait  cette  rente 
sur  les  menses  de  Venlenat  et  de  las  Boudenchas,  dans  la  même 
paroisse  de  Ghâteauponsac. 


550  SOGiftTÉ  AHCaÈOLOÔIQDB  ET  ttlStORIQUK  DU  LIMOUSIN 

M.  JoLY  DE  Sa[lly  fail  la  description,  assortie  d*un  dessin,  d'une 
curieuse  pierre  sculptée  trouvée  par  lui  au  village  de  Monthieux, 
près  la  forêt  de  Guéret.  Cette  pierre,  d'un  aspect  très  fruste,  sculp- 
tée de  deux  c6lés,  paraît  représenter  sur  une  des  faces  Timage  du 
Christ  en  croix  et  sur  Tautre  une  mise  au  tombeau;  mais  il  est  assez 
dîRicile,  dans  Tétat  où  il  se  présente,  de  pouvoir  déterminer  avec 
précision  le  caractère  et  la  destination  de  ce  monument. 

M.  Louis  GuiBERT  annonce  qu'après  de  longues  recherches  qui 
étaient  demeurées  infructueuses,  il  a  pu  retrouver  enfin  Toriginal 
des  lettres  de  Charles  VII,  encore  dauphin,  modifiant  les  armoiries 
de  la  villes  de  Limoges. 

Le  même  sociétaire  fait  part  de  la  visite  récente  faite  par  le  P.  de 
la  Croix  aux  fouilles  entreprises  par  lA.  Tabbé  Dercier,  au  Puy-de- 
Jouer;  le  savant  religieux  a  pu  reconnaître  et  déclarer  que  Ton  se 
trouvait  en  présence  d'une  station  gallo-romaine  d*une  réelle  im- 
portance ;  cette  déclaration  confirme  les  opinions  déjà  formulées 
par  les  archéologues  qui  se  sont  occupés  de  cette  station. 

M.  Alfred  Leroux,  au  nom  de  M.  René  Page,  informe  ses  collè- 
gues que  M.  Léon  Surin,  attaché  à  la  direction  du  Crédit  Lyonnais 
à  Ângoulême,  va  faire  don  à  la  Société  d'un  lot  de  papiers  et  de 
parchemins,  d'une  sérieuse  valeur  et  constituant  un  véritable  fonds 
d'archives,  par  lui  recueillis  dans  la  succession  de  U.  Jules  Godet 
de  Boisse,  ancien  magistrat,  et  qui  avaient  été  sommairement  clas- 
sés par  le  père  de  ce  dernier,  M.  Godet  de  Boisse,  avocat  à  Rocbe- 
chouart.  Ces  documents  ont  rapport  à  différentes  localités  du  Limou- 
sin, mais  surtout  à  la  ville  de  Saint-Junien  et  aux  chàtelienies  des 
environs;  ce  sont  des  délibérations  de  communes,  des  décisions 
judiciaires,  des  actes  de  notaires,  des  terriers,  etc.;  quelques-uns 
sont  accompagnés  de  notes  étendues  rédigées  par  le  collection- 
neur. 

La  Société  accepte  avec  reconnaissance  le  don  qui  lui  est  fait  et 
décide  que  les  papiers  de  la  collection  de  M.  Godet  de  Boisse  seront 
déposés  dans  ses  archives  et  inventoriés,  et  que  des  remerciements 
seront  adressés  au  donateur. 

Lectures.  —  M.  Louis  Guibert  continue  son  aperçu  sommaire  et 
d'ensemble  sur  l'histoire  de  la  ville  de  Limoges.  Cette  histoire,  dont 
l'élude  approfondie  demanderait  sans  aucun  doute  plusieurs  volu- 
mes, même  en  l'état  actuel  et  encore  très  imparfait  de  nos  connais- 
sances, notre  érudit  collègue  la  présente  et  la  résume  en  quelques 
traits  rapides  mais  frappants,  où  l'exactitude  ne  le  cède  en  rien  à 
l'intérêt.  Après  avoir  dans  ses  précédentes  lectures  indiqué  les 
origines  anciennes  et  les  vicissitudes  de  la  ville  depuis  l'époque 


PROCÈS-TKRBAUX   DKS   SÉANCES  651 

gauloise  jusqu'au  moyen  Âge,  il  montre  la  prospérité  matérielle  et 
morale  qui  fat  la  sienne  pendant  une  longue  période  de  cet  Age  ;  il 
en  note  les  principaux  caractères  ou  les  éléments,  il  décru  les 
mœurs,  les  institutions,  signale  l'esprit  de  prévoyance  et  les  apti- 
tudes au  travail  de  nos  ancêtres,  parle  de  cette  forte  organisation 
de  la  famille  qui  a  duré  si  longtemps  parmi  nous  et  dont  témoi- 
gnent tous  les  documents;  il  insiste  d'une  manière  particulière  sur 
les  associations  de  tontes  sortes  :  corporations,  confréries  qui  for- 
maient autant  de  groupes  sociaux  pleins  de  vitalité  et  d'initiative, 
où  les  habitants  trouvaient  aide  et  protection  dans  la  défense  des 
intérêts  communs. 

Sous  le  régime  suivant,  par  l'effet  de  causes  diverses,  le  Limou- 
sin perd  en  partie  son  essor  et  son  influence;  mais  son  histoire  est 
encore  de  nature  à  nous  intéresser  par  le  maintien  des  vieilles  tra- 
ditions, par  son  industrie  artistique  et  son  commerce  et  les  person- 
nages de  distinction  auxquels  il  a  donné  le  jour  ;  bientôt  à  côté  des 
institutions  anciennes,  de  nouvelles  se  développent  et  au  sortir  des 
troubles  et  des  épreuves  du  xv[«  siècle,  le  siècle  suivant  nous  fait 
assister  à  une  véritable  eSlorescence  d'œuvres  charitables  et  reli- 
gieuses  :  dans  ce  mouvement  général  de  rénovation,  la  ville  de 
Limoges  ne  le  céda  en  rien  aux  autres  villes  de  France. 

M.  Guibert  conduit  ainsi  ses  auditeurs,  à  travers  les  grands  évé- 
nements politiques  ou  locaux,  jusqu'à  la  remarquable  administra- 
tion de  Turgot  si  bienfaisante  pour  la  province,  et  qui  précéda  de  si 
peu  d'années  la  Révolution.  Dans  cette  vue  si  rapide,  rien  d'impor- 
tant n'est  omis;  les  hommes  et  les  choses,  les  faits  et  les  causes, 
les  caractères  et  les  mœurs  sont  notés  en  traits  simples  et  concis, 
sous  un  aspect  toujours  consciencieux  et  raisonné.  Ce  n'est  pas  une 
œuvre  d'érudition  qu'a  voulu  faire  ici  M.  Guibert,  mais  sa  notice 
substantielle  dans  sa  brièveté  permet  à  tous  d'entrevoir  ce  qu'a 
été  notre  ville  et  quelles  furent  ses  destinées  pendant  de  longs 
siècles. 

M.  Camille  Jouhannbaud,  après  avoir  appelé  de  nouveau  l'atten- 
tion sur  l'Exposition  du  Limousin  pittoresque  et  monumental  qui 
vient  d*étre  close  à  Limoges  dans  les  locaux  de  TEcole  d'art  déco- 
ratif, signale  le  succès  de  cette  entreprise  et  rend  hommage  à  l'es- 
prit d'initiative  et  au  zèle  de  ses  organisateurs,  parmi  lesquels 
M.  Paul  Garrigou-Lagrange,  qui  en  avait  le  premier  conçu  la  pensée, 
et  M.  Louvrier  de  Lajolais,  dont  le  concours  éclairé  a  été  si  utile  au 
point  de  vue  de  l'installation,  méritent  des  mentions  spéciales. 
Cette  exposition  était  surtout  photographique  et  ce  n'est  qu'au 
dernier  moment  qu*on  jugea  devoir  y  faire  Kgurer  quelques  pein- 
tures ou  dessins  représentant  des  monuments  ou  des  sites  de  la 


58)  SOCt&TÉ  ARCHÉOLOGIQOft   BT  lllStORIQUB  DU  LIllOOSlN 

région.  Les  salles,  très  spacieuses,  qui  lui  étaient  destinées, 
n'avaient  pu  contenir  tous  les  sujets  envoyés,  et  cependant,  après 
les  avoir  parcourues,  on  s'apercevait  facilement  des  lacunes  consi- 
dérables et  parfois  regrettables  que  présentaient  les  envois. 

Ces  lacunes  môme  ont  eu  pour  résultat  de  faire  constater  Fim- 
porlance  et  l'extension  qu'aurait  atteinte  une  exhibition  de  ce 
genre,  si  elle  avait  pu  réunir  tout  ce  que  l'ancienne  province  con- 
tient de  curieux,  de  notable  ou  d'intéressant. 

Parmi  les  photographies  exposées,  un  certain  nombre  étaient 
d'anciennes  photographies  représentant  pour  la  plupart  des  quar- 
tiers ou  des  édifices  de  Limoges  à  présent  disparus  ou  sensiblement 
transformés  ;  la  série,  pour  n'être  pas  tout  à  fait  complète,  n'en 
présentait  pas  moins  de  l'intérêt  à  un  double  point  de  vue,  celui  de 
la  technique  de  l'art  ou  des  procédés  photographiques,  et  aussi 
au  point  de  vue  documentaire,  pour  ne  pas  dire  tout  à  fait  archéo- 
logique. 

On  y  remarquait  notamment  plusieurs  vues  de  la  cathédrale 
avant  les  grands  travaux  accomplis  sous  Tépiscopat  de  Mgr  fiuissas 
et  après  ces  travaux,  de  la  place  Jourdan  lors  de  sa  création,  du 
Ghamp-de-Foire  au  moment  de  son  agrandissement,  des  quartiers 
du  Pont-Saint-Etienne  et  du  Pont-Saint-Marlial,  de  la  Boucherie,  de 
l'ancienne  place  Royale,  de  l'ancien  quartier  des  Arènes  et  du 
Palais-de-Juslice,  du  quartier  Viraclaud,  etc. 

Un  certain  nombre  de  ces  vues,  plusieurs  antérieures  à  1860  ou 
postérieures  de  quelques  années,  rappelaient  les  noms  de  nos  pri- 
mitifs en  Limousin,  notamment  de  M.  Lassimonne,  qui  fut  profes- 
seur à  l'ancienne  Ecole  des  beaux-arts,  de  la  Société  française  de 
photographie,  et  plus  récemment  de  MM.  Dalpayrat,  Martin,  Audi- 
guet,  Bustier,  etc.  Beaucoup  d'entre  elles  font  partie  de  collections 
de  professionnels  ou  d'amateurs  qui  permettent  d'en  espérer  la 
conservation. 

Pour  la  topographie  et  Thistoire  locales,  on  y  trouvera  sans  doute 
des  indications  précises  et  vraiment  utiles.  C'est  à  ce  titre  surtout 
qu'il  a  paru  opportun  ici  de  faire  mention  de  cette  partie  rétrospec- 
tive de  l'exposition. 

M.  Charles  Jouhanneadd  ajoute  quelques  renseignements  statis- 
tiques sur  l'Exposition  du  Limousin  pittoresque  et  monumental  à 
laquelle  il  a  prêté  une  coopération  tout  à  fait  active.  Ce  premier 
essai,  dit-il,  en  dépit  des  lacunes,  ne  laisse  pas  d'être  encourageant  ; 
il  a  réuni  environ  2.300  épreuves,  envoyées  par  120  exposants, 
dont  un  certain  nombre  étaient  des  œuvres  de  valeur.  Les  salles 
ont  été  visitées  par  13.000  personnes  au  moins,  ce  qui  est  une 
marque  de  succès  auprès  du  public  limousin.  La  plupart  de  nos 


^ROCBS-VKRttAUX   DltS   SÈâNCttS  0&3 

villes,  les  localités  ou  les  régioQs  les  plus  ialéressanles  étaient 
largement  et  en  général  fort  bien  représentées.  Il  est  permis  de 
regretter  toutefois  que,  dans  un  grand  nombre  d*autres,on  n*aitpas 
répondu  à  Tappel  ;  en  résumé,  les  cinq  sixièmes  des  communes  de 
l'ancienne  province  ou  diocèse  de  Limoges  n'avaient  pas  fait  d'en- 
voi. C'est  une  constatation  dont  il  sera  bon  de  tenir  compte  à 
l'avenir. 

M.  Alfred  Lbroux  donne  lecture  d'une  notice  sur  l'ancienne  fabri- 
que de  porcelaine  de  Magnac-Bourg,  notice  dont  les  éléments  ont 
été  recueillis  et  mis  en  œuvre  par  M.  Dezeiraud,  secrétaire  de  la 
mairie.  L'auteur  a  relevé  les  noms  des  propriétaires  et  exploitants 
successifs  de  cette  manufacture  qui,  fondée  vers  1819,  a  malheu- 
reusement disparu  aux  environs  de  1800.  Le  travail  de  M.  Dezei- 
raud  prendra  place  dans  Thistoire  générale  de  la  porcelaine  limou- 
sine au  XIX*  siècle,  que  préparent  MM.  Alfred  Leroux  et  Charles 
Jouhanneaud  avec  le  concours  de  plusieurs  spécialistes. 

Le  Secrétaire, 
Camille  Jouhan!<ieai3d. 


SÉANCE  DU  28*  OCTOBRE  1902 


Rrésldenoe  de  M*  René  Pa^^e*  président 

Sont  présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Blancher,  Courtot,  abbé 
Dercier,  Ducourtieux,  R.  Page,  A.  Fray-Fournier,  L.  Guibert, 
Hersant,  E.  Hervy,  Camille  Jouhanneaud,  Charles  Jouhanneaud, 
Jonhaud  du  Verdier,  Laguérenne,  abbé  Lecler,  A.  Leroux,  Maie- 
vergue  de  Lafaye,  MouQe,  abbé  Pénicaud,  Touyéras. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  de  juillet  est  lu  et  adopté. 

M.  Ducourtieux  fait  remarquer  que  la  salle  des  séances  de 
la  Société  vient  d'être  décorée  par  les  soins  de  M.  de  Lajolais,  d'un 
grand  nombre  de  photographies  et  de  moulages  d'œuvres  limousines 
anciennes»,  en  parliculicrde«  miséricordes  »  provenant  de  l'abbaye 
d'Aubazine.  Des  remerciements  sont  adressés  à  M.  de  Lajolais. 

M.  Leroux  fait  connaître  que  M.  E.  Hervy  a  donné  à  la  bibliothè- 
que de  la  Société  divers  ouvrages  limousins  devenus  fort  rares, 
entre  autres  les  recueils  d* Arrêts  de  la  cour  d'appel  de  Limoges 
(6  vol.  in-8*).  La  Société  exprime  ses  remerciements  à  M.  Hervy. 

T.  LU  86 


651  SÔGIÉtè  ARCaiOLOGlQOB  if  itlSTORÏQtJB  Dt)  LlltOUSttl 

A  Toccasion  de  l'inauguration  de  l'hôpital  de  Brive  par  M.  le 
minisire  de  llnstruclion  publique,  M.  le  D' Fournie,  médecin  prin- 
cipal du  XII«  corps  d'armée,  membre  de  la  Société,  à  laquelle  il  a 
fait  récemment  une  intéressante  communication  archéologique,  a 
été  nommé  officier  de  Tinstruclion  publique.  M.  le  président  pro- 
pose d'adresser  à  M.  le  D'  Fournie  les  félicitations  de  la  Société. 

Adopté. 

Sont  présentés  comme  sociétaires  :  MM.  Paul  Déquet,  au  châ- 
teau du  Mas,  prés  Saint-Yrieix,  par  MM.  Billard  et  Ducourtieux  ; 
0.  d'Abzac,  percepteur  à  Limoges,  par  MM.  Hervy  et  Ducourtieux  ; 
leD'  Massoulard,  de  l'Ecole  de  santé  de  Lyon,  par  MM.  Guibert 
et  Touyéras. 

Communications.  —  Pour  faire  attendre  le  mémoire  détaillé  qu*il 
prépare,  M.  Dergier,  curé  de  Saint-Goussaud,  expose  sommaire- 
ment le  résultat  des  fouilles  qu*il  a  entreprises  au  Mont-Jouer 
(Creuse).  Il  a  reconnu  en  cet  endroit  l'existence  de  18  construc- 
tions différentes,  d'une  muraille  de  450  mètres  de  longueur,  de 
quatre  murs  d'enceinte,  de  trois  puits  et  d'une  chaussée  romaine. 
Il  a  recueilli,  en  outre,  des  médailles,  des  monnaies,  des  fibules, 
des  chapiteaux,  des  fragments  de  pierres  sculptées,  des  poteries, 
etc.,  le  tout  antérieur  au'ui*  siècle  de  notre  ère.  Quelques-uns  de 
ces  objets,  accompagnés  de  plans  et  de  photographies,  circulent 
sous  les  yeux  de  la  Société.  Le  P.  de  la  Croix,  dont  la  compétence 
en  ces  matières  n'est  pas  discutée,  tombe  d*accord  avec  M.  Dercier 
pour  voir  dans  les  ruines  du  Mont-Jouer  les  restes  d'une  mansio 
,  romaine,  qui  pourrait  bien  être  le  Prœtorium  Inscrit  sur  la  carte 
de  Peulinger.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  Société  archéologique  de 
Limoges  s'applaudit  d'avoir,  à  l'exemple  de  celle  de  Guéret,  en- 
couragé par  une  subvention  pécuniaire  l'examen  de  celle  question, 
que  M.  Buisson  de  Masvergnier  avait  déjà  abordée,  il  y  a  juste- 
ment quarante  ans  {Bulletin,  XIII,  98  et  ss.,  219  et  ss.). 

M.  CouRTOT  signale  la  mort  récente  de  M.  Ernest  Hupé,  de  la 
manufacture  des  Gobelins,  auteur  du  panneau  ÏHyménée  qui 
décore  la  salle  des  mariages  de  notre  hôtel  de  ville.  M.  Courtot, 
qui  a  connu  personnellement  le  défunt,  retrace  en  quelques  niots 
son  existence  toute  consacrée  au  travail  et  à  l'art. 

M.  l'abbé  Legler  présente  des  débris  de  poteries  romaines,  avec 
décoration  en  relief,  trouvées  au  Monteil  (commune  de  Roussac, 
arrondissement  deBellac],  et  un  poids  de  tisserand  exhumé  à  l'Ar- 
timache  (commune  de  La  Chapelle-Montbrandeix,  arrondissement 
de  Rochechouart). 

M.  L.  Guibert  communique,  de  la  part  de  M.  Bellet  (de  La  Souter* 


t>ROCfts-VftRkAUk   bBS  SÉANCES  j(5a 

raine),  un  acte  de  foi  el  hommage  rendu  en  1780  à  M°>«  de  Mira- 
beau par  M.  Grégoire  de  Roulhac,  procureur  du  roi  à  Limoges, 
pour  des  terres  et  rentes  qu'il  possédait  aux  environs  de  Saint- 
Hiiaire-Bonneval; -— de  la  part  de  M.  Langlade  (de  Boulogne-sur- 
Seine),  des  extraits  de  la  vie  de  saint  Léonard,  publiée  par  le  P. 
Bernardin,  en  1673;  —  de  la  pari  de  M.  P.  Cousseyroux,  des  des- 
sins de  vases  du  xvui''  siècle  trouvés  à  Peyrat-le-Gh&teau. 

M.  GouRTOT  demande  la  permission  de  placer  sous  les  yeux  de  ses 
confrères  son  dernier  tableau  :  Le  quartier  du  Rajat  et  de  VAbbes- 
saille  en  1901 ,  avant  les  démolitions  qui  viennent  d'avoir  lieu.  Ge 
tableau,  d'un  dessin  très  ferme,  rend  fort  bien  un  coin  disparu  de 
notre  cité.  Il  augmente  la  riche  collection  des  vues  du  «  Vieux 
Limoges  »  que  M.  Gourtot  a  le  grand  mérite  d'avoir  entreprise  et 
de  poursuivre  sans  rel&che. 

Comptes  rendus.  —  La  parole  est  donnée  à  M.  Alfred  Leroux, 
pour  rendre  compte  de  quelques-uns  des  ouvrages  parus  depuis  la 
précédente  séance. 

En  premier  lieu,  une  brochure  de  M.  René  Page  sur  Octai)e 
Lacroix  (d'Ëgletons).  L'auleur  a  consacré  les  loisirs  de  ses  vacances 
à  suivre,  dans  les  environs  de  Saint- Jean -de-Luz  et  de  Biarritz,  les 
traces  du  poète  qui  a  si  souvent  charmé  ses  contemporains.  En 
racontant  cette  vie  simple  et  pourtant  troublée,  M.  Page  a  su  faire 
œuvre  de  styliste  délicat.     ^ 

Une  étude  mr  les  cloches  de  Vancien  diocèse  de  Limoges,  par 
M.  Tabbé  Lecler.  G'estun  recueil  très  fourni  d'inscriptions  campa- 
naires  en  même  temps  qu'un  utile  relevé  de  noms  de  fondeurs. 
L'histoire  de  l'industrie  et  des  usages  locaux  trouvera  beaucoup  à 
glaner  dans  ce  volume,  qui  embrasse  une  période  de  dix  siècles. 

Le  tome  LU  (!''  livr.)  du  Bulletin  de  la  Société  archéologiqne  et 
historique  du  Limousin,  contenant,  outre  le  discours  d'installation 
de  M.  René  Fage  comme  président,  bon  nombre  de  mémoires 
spéciaux  :  Coup  d'œil  sur  l'histoire  de  la  vilk  de  Limoges,  par  M.  L. 
Guibert;  Le  rempart  du  château  de  Limoges,  par  M.  Ducourtieux  ; 
Le  marquisat  d*Aubepeyre,  par  M.  Toumieux;  La  renaissance  de 
rémaillerie  peinte  à  Limoges,  par  M.  A.  Leroux  ;  L'atelier  d'émail- 
lerie  de  Louis  Dalpayrat,  par  M.  Blancher;  L  étude  sur  les  cloches 
du  diocèse  de  Limoges  (lin),  par  M.  l'abbé  Lecler  ;  Délibérations  de  la 
Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  de  Limoges  ;  extraits 
relatifs  à  l'industrie  porcelainière  de  1850  à  1858,  par  M.  A. 
Leroux. 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  Brive 
(2*  liv.  de  1902)  renfermant  la  suite  des  études  de  M.  de  Boysson 


5&6  SOGlfr^   ARCH^OLOOIQUI   ET  ÉlStORlOUI   ftU    LIÉOtJSlll 

sur  Bertrand  de  Born,  un  article  de  Tabbé  Bourneii  sur  les 
Bénédictines  de  l'abbaye  de  Bonnesaigne;  un  article  de  M.  Scurre- 
Bousquet  sur  VInstruction  primaire  à  Egletons  depuis  1650;  les 
notes  de  M.  Champeval  sur  le  Cartulaire  de  Saint-Martin  de  Tulle. 
Le  Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Rocheckouart 
(livr.  1  et  2),  dans  lequel  M.  le  docteur  Marquet  conlioue  ses  re- 
cherches sur  la  Vie  communale  à  Rocheckouart  avant  la  Révolution^ 
—  et  MM.  d'Abzac  et  Gaumy  traitent  de  quelques  points  particuliers 
de  rhistoire  de  cette  ville. 

Le  Lemouzi  qui  consacre  son  numéro  de  septembre-octobre  au 
compte-rendu  de  la  IX"  fête  de  l'Eglantine,  que  la  félibrée  de 
Turenne  a  célébrée  avec  tant  d*éclat  et  de  succès,  le  31  août 
dernier. 

Limoges-illustré  dont  les  numéros  d'août  à  octobre  apportent  la 
suite  des  souvenirs  de  M.  Leymarie  sur  les  Limousins  de  Paris. 

Le  Bibliophile  limousin  (juillet  1902)  où  se  trouvent  quelques 
articles  instructifs  :  de  M.  R.  Page  sur  les  Premiers  calendriers  de 
la  Corrèze;  d'un  Bibliophile  corrézien  sur  les  Curiosités  de  la  biblio- 
graphie limotMine;  de  H.  A.  Leroux  sur.  les  Journaux  locaux  que 
possède  la  bibliothèque  départementale  de  la  Haute-Vienne;  de  M. 
Ducourtieux  sur  Quelques  livres  et  brochures  récemment  parus  en 
Limousin;  d'un  anonyme,  annonçant  au  public  que  M.  0.  Leymarie 
prépare  une  Histoire  de  la  porcelaine  limousine.  Si  nos  renseigne- 
ments  sont  exacts,  cette  histoire  sera  bornée  à  la  période  du 
xviu«  siècle. 

Le  Bulletin  archéologique  et  historique  du  Tam-et-Garonne 
(t.  XXXIX,  p.  286)  signalant  quelques  feuillets  d'un  livre  d'heures 
limousin,  de  la  un  du  xiv*  siècle,  où  sont  consignées  une  prose  et 
une  oraison  inédiles. 

La  Revue  des  bibliothèques  (1900,  art.  XXII),  dans  laquelle  M.  E. 
Picot  s'occupant  des  Français  qui  ont  écrit  en  italien  au  XVP  siècle, 
s'arrête  à  Antoine  Vaslet,  médecin,  originaire  de  Saint-Junien. 

La  Revue  d'histoire  moderne  et  contemporaine  (Ji.  II,  1900-01)  qui 
publie  un  curieux  document  sur  la  Grande  peur  à  Uzerche  en  17 89. 
Le  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques 
(1902,  p.  26),  où  l'on  trouve  mentionnée  une  communication  de 
M.  Masfrand  (de  Rochechouart)  sur  les  fouilles  qu'il  a  exécutées 
dans  la  motte  de  Merlis,  commune  de  Vayres. 

Les  Annales  du  Midi,  de  l'Université  de  Toulouse  (octobre  1902), 
où  l'on  peut  relever  (p.  841)  :  l'étude  faite  par  M.  Gouderc,  attaché 
a  la  Bibliothèque  nationale,  d'un  missel  à  l'usage  de  l'église  de  la 
Daurade,  qui  provient  de  la  bibliothèque  de  feu  l'abbé  Pau«  curé  de 
Borl;  —  (p.  611),  un  compte  rendu  sommaire  par  M.  A.  Leroux 


PROCtS-VERBAUX  PIS  stâNCBS  657 

de  rédition  du  carlulaire  dTzerche  qne  Ton  doit  à  M.  Champeval  ; 
—  (p.  613),  le  résumé  d'une  étude  de  H.  C.  de  Lollis  dans  les 
Scritti  vari  di  filologia  (Rome,  1901,  p.  333)  sur  la  queslion  de 
saToir  quel  est  le  troubadour  limousin  que  Dante  a  voulu  désigner 
par  ces  mots  :  quel  di  Limosi.  D*accord  avec  Diez  et  les  romanistes 
contemporains,  M.  de  Lollis  admet  qu'il  s'agit  de  Guiraud  de  Bor- 
neil,  que  Danle  plaçait  immédiatement  après  Arnaud  Daniel. 

Lectures.  —  L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'une  étude  de 
M.  Fray-Fournier  sur  les  Bonnes  villes  de  France  au  commence- 
ment du  xw  siècle. 

Quoiqu'il  présente  un  intérêt  incontestable  pour  l'histoire  des 
idées  et  moyens  de  gouvernement,  le  sujet  n'a  jusqu'ici  tenté  la 
curiosité  de  personne.  M.  Fray  montre  que  l'institution  n'a  pas 
d'équivalent  sous  l'ancien  régime,  le  terme  de  «  bonnes  villes  », 
dont  la  royauté  se  servait  fréquemment,  s'appliquant  à  toutes  les 
villes  indistinctement.  Napoléon  I*'  entendit  le  réserver  à  quel- 
ques-unes seulement,  pour  lesquelles  il  devint  un  véritable  titre 
nobiliaire. 

C'était  comme  une  extension  de  cette  noblesse  moderne  que 
l'Empire  prétendait  instaurer  pour  l'opposer  à  l'autre.  Seulement, 
tandis  que  les  personnages  anoblis  recevaient  de  grosses  dotations, 
les  bonnes  villes  n'eurent  en  perspective  que  des  prérogatives 
éventuelles.  Cette  institution  était  dans  les  tendances  du  temps  et 
comme  un  legs  de  l'esprit  particulier  que  la  Révolution  avait  si 
fort  développé  dans  ses  fêtes  publiques.  H.  Fray  rappelle  avec 
quel  apparat,  sur  l'ordre  du  premier  consul,  la  restauration  du 
culte  catholique  fut  annoncée  aux  populations  de  chaque  départe- 
ment, et  à  quellA  cérémonie  théâtrale  donna  lieu,  un  peu  plus  tard, 
l'inhumation  d'un  maire  de  Limoges,  H.  Petit. 

Un  sénatus-consulte,  rendu  le  18  mai  1804,  énumère  les  36 
«  principales  villes  de  l'Empire  »  qui  devaient  assister  par  repré- 
sentants à  la  prestation  de  serment  de  l'empereur.  L'invitation  au 
sacre  qui  leur  fut  adressée  peu  après  porte  :  Au  maire  de  notre 
bonne  ville  de.,.  C'est  la  première  apparition  du  titre  en  question. 
Mais  l'organisation  des  bonnes  villes  ne  fut  détinitivement  réglée 
que  par  le  décret  du  17  mai  1809. 

Il  va  sans  dire  que  l'intérêt  politique  du  moment  décida  toujours 
des  choix  du  gouvernement.  Limoges  se  mit  sur  les  rangs  pour 
obtenir  un  titre  qui  flattait  la  vanité  des  citoyens  ;  une  première 
fois,  en  1810,  par  l'intermédiaire  de  Germain  Garnier,  président 
du  Sénat  conservateur  ;  de  nouveau  à  la  tin  de  1814;  une  troisième 
fois  en  1816,  par  le  canal  de  M.  Bourdeau,  député  du  département; 
ppe  quatrième  fois  en  1830;  une  dernière  fpis  en  1825,  avec  l'appui 


55S  sociiré  archàologiqub  rt  histoeiqub  du  limousin 

de  Jourdan.  Ce  fut  toujours  sans  succès,  quoique  Tabsolue  fldélilé 
de  la  bourgeoisie  de  Limoges  au  gouverueinenl  établi  ne  pût 
jamais  faire  doute.  L'institution  des  bonnes  villes,  dont  le  nombre 
était  monté  peu  à  peu  jusqu'à  51,  disparut  d'elle-même  après  la 
Révolution  de  1830. 

Le  mémoire  de  M.  Fray,  d'un  style  orné,  témoigne  de  recher- 
ches étendues  et  sera  lu  avec  intérêt  dans  le  prochain  Bulletin  de 
la  Société  où  il  doit  prendre  place. 

M.  Alfred  Leroux  est  invité  à  fournir  quelques  détails  sur  un 
projet  depuis  longtemps  oublié,  d'établir  à  Limoges  une  Ecole  pra- 
tique des  mines.  Ce  projet,  qui  porte  la  date  du  21  février  1815,  se 
trouve  aux  Archives  départementales  (série  S)  et  sera  publié  dans 
VAlmanach  limousin  de  1903. 11  émane  d'AIlou  qui,  depuis  deux  ans 
environ,  résidait  dans  notre  ville  avec  le  titre  d'ingénieur  des 
mines,  chargé  plus  spécialement  de  la  mine  d'étain  que  l'on  venait 
de  découvrir  à  Vaulry.  AUou,  qui  était  un  esprit  très  curieux,  avait 
étendu  ses  investigations  de  plusieurs  côtés  à  la  fois  et  s'était  rendu 
compte  de  la  richesse  de  noire  département  au  point  de  vue  miné* 
ralogique.  Un  rapport  manuscrit,  qui  date  du  même  temps,  en 
témoigne  clairement.  Néanmoins  son  projet  ne  fut  pas  agréé.  Le 
gouvernement  préféra  Saint-Etienne  à  Limoges.  M.  Leroux  rappelle 
qu'eu  1782  déjà  il  avait  été  question  de  fonder  en  Bas-Limousin 
une  école  des  mines  comme  annexe  de  celle  de  Paris.  Il  ne  fut 
point  non  plus  donné  suite  à  cette  idée. 

Pour  le  Secrétaire  général,  par  délégatioUy 

Alfred  Leroux. 


SËANCë  du  25  NOVEMBRE  1902. 


Présidence  de  li*  Itené  Fa^e»  président 

Présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Blancher,  Courtot,  Ducourtieux, 
R.  Fage,  docteur  Fournie,  Fray-Fournier,  L.  Guibert,  E.  Hervy, 
docteur  Hervy,  C.  Jouhanneaud,  Ch.  Jouhannneaud,  Jouhaud  du 
Verdier,  Tabbé  Lecler,  A.  Leroux,  l'abbé  Pénicaut,  docteur  Ray- 
mondaud  père,  Touyéras,  Rnchaud. 

liO  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  par  le  secrétaire 
et  adopté. 


PBOCàS-VBRBAUX   DES  SÂAlfCBS  859 

Nominations  et  présentations  de  sociétaires.  —MM.  Paul  Déquet, 
demeurant  au  château  du  Mas,  près  Sainl-Yrieix,  et  0.  d'Abzac, 
présentés  à  la  dernière  séance,  sont  élus  membres  titulaires,  au 
scrutin  secret. 

M.  le  docteur  Massoulard,  de  TEcole  de  santé  de  Lyon,  est  admis 
comme  membre  correspondant. 

M.  Roger  Drouault,  receveur  <les  domaines  à  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles,  correspondant  du  ministère,  est  présenté  par  MM.  Page 
et  Leroux. 

Nécrologie.  —  M.  le  président  fait  part  à  la  réunion  de  la  perte 
que  la  science  historique  et  en  particulier  l'histoire  de  Tart  vien- 
nent de  faire  en  la  personne  de  M.  Eugène  Muntz,  vice-président 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belle-lettres,  décédé  à  Paris  le 
30  octobre  dernier. 

Dans  la  Revue  des  quiestions  historiques  (1899),  M.  Muntz  avait 
publié  une  étude  très  documentée  sur  le  luxe  à  la  cour  pontificale 
d'Avignon,  où  nous  trouvons  des  renseignements  aussi  précis  que 
curieux  sur  nos  trois  papes  limousins. 

Il  a  donné,  en  1888,  à  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la 
Corrèze,  un  remarquable  mémoire  sur  Clément  VI  et  les  fresques 
de  la  chapelle  Saint-Martin,  au  palais  d'Avignon. 

La  réunion  s'associe  à  l'hommage  et  aux  regrets  exprimés  par 
son  président. 

HoMiiAGE  A  M.  Léopold  Dbusle.  —  Le  5  novembre  courant,  ajoute 
M.  le  président,  le  monde  savant  a  fêté  le  jubilé  de  M.  Léopold 
Delisle,  membre  de  l'Institut,  administrateur  général  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  membre  honoraire  de  la  Société  archéologique 
et  historique  du  Limousin. 

Le  2  novembre  18SS,  M.  Delisle  entrait  au  déparlement  des  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  nationale;  il  est  depuis  de  nombreuses 
années  le  premier  fonctionnaire  de  ce  grand  établissement.  Que 
d*améliorations,  d'agrandissements  et  d'acquisitions  précieuses 
faites  sous  sa  direction  I  Sest.^avauj  scientifiques  font  l'admiration 
des  érudits.  Son  obligeance  est  connue  des  plus  humbles  travail- 
leurs. Il  est  une  des  illustrations  de  la  France.  Aussi  la  Société 
archéologique  est-elle  fière  de  le  compter  au  nombre  de  ses  mem- 
bres honoraires  et  de  ses  collaborateurs.  Notre  province  lui  doit 
la  première  publication  du  testament  d'Etienne  Baluze  (1872j;  une 
notice  sur  les  manuscrits  de  Bernard  Gui  (1879);  enlin,  il  a  bien 
voulu  nous  donner,  pour  notre  Bulletin,  le  catalogue  des  manus- 
crits de  Saint-Martial  de  Limoges  (1895)  et  une  notice  sur  les  ma- 
puscrits  d'Âdémar  de  Chabannes, 


660  SOGlitÉ  ARCHEOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

M.  le  prësidenl  annonce  qu'il  s'est  fait  Tinterprèle  de  la  Société 
en  envoyant  à  réminent  académicien,  à  Toccasion  de  son  cinquan- 
tenaire, l'expression  de  ses  sentiments  de  respectueuse  eslime  et 
d'admiration. 

La  Société  est  unanime  à  remercier  son  président  de  la  partqull 
a  prise  en  son  nom  à  la  manifestation  du  5  novembre. 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Lroux  fait  la  revue  des  ouvrages  et 
des  publications  périodiques  reçus  depuis  un  mois.  La  moisson  est 
moins  riche  que  celle  de  la  précédente  séance;  mais  il  y  a  lien 
cependant  de  signaler  : 

VAnnuaire-Almanach  de  la  Creuse  pour  1903,  édité  par  M.  Paul 
Ducourtieux  et  dont  la  partie  littéraire  et  historique  contient  un 
article  de  H.  Cyprien  Péralhon  sur  des  tapisseries  d'Âubusson  à 
Saint-Antoine  (Isère)  ;  un  autre  sur  les  tapissiers  de  la  Marche, 
par  M.  Paul  Ducourtieux  ;  un  travail  de  ce  dernier  sur  le  recense- 
ment de  1901,  utile  à  consulter  au  point  de  vue  de  l'histoire  du 
mouvement  de  la  population  dans  la  région;  une  note  de  M.  d'Abzac 
sur  une  ligne  stratégique  d'Eymoutiers  à  Ëygurande. 

Le  Bibliophile  limousin  (17*  année,  n""  4),  aussi  édité  par  M.  Du- 
courtieux, où  celui-ci  rend  compte  de  quelques  brochures  limou- 
sines publiées  dans  ces  derniers  temps. 

Le  même  fascicule  continue  la  série  des  curiosités  de  la  biblio- 
graphie limousine,  par  un  Bibliophile  corrézien. 

Deux  brochures  de  M.  P.  Ducourtieux,  ayant  pour  titre  :  Le  rem- 
part du  château  de  Limoges  et  Fabricants  de  papiers^  imprimeurs  et 
libraires  du  département  de  la  Creuse, 

Une  brochure  de  M.  le  docteur  David,  de  Limoges,  sur  la  Bacté- 
riologie des  eaux  potables  de  Limoges. 

La  Société  remercie  les  donateurs. 

Lemouzi  (n<»  84),  où  nous  avons  le  plaisir  de  noter  une  biogra- 
phie  de  M.  René  Page,  par  M.  de  Nussac;  une  excursion  à  l'abbaye 
de  Grandmont,  par  M.  Maitre. 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze 
(Tulle,  1902,  3»  livraison). 

M.  Clément  Simon  y  continue  ses  intéressantes  recherches  sur 
l'histoire  civile  el  municipale  de  Tulle  avant  l'érection  du  Consulat, 
avec  des  documents  inédits.  —  A  signaler  en  outre  divers  articles 
de  MM.  Bombai,  Bourneix,Plantadis,  Sengensse,  —  et  une  commu- 
nication de  M.  A.  Leroux  sur  des  chartes  du  Limousin  antérieures 
au  xnr*  siècle. 

Le  Bulletin  de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique 
de  la  Corrèze  (Brive.  t.  24,  3"  livraison),  contenant  plusieurs  études 


PROCÈS  VKRBAUX  DBS  SiAHCVS  561 

OU  suites  d'études  importantes  déjà  signalées.  A  noter  aussi  dans 
ce  bulletin  la  suite  du  nouveau  recueil  de  registres  domestiques 
limousins  et  marchois  :  «  Mémoire  des  services  de  Martin  de 
Pénis  »,  par  M.  Léonard  Moufle,  —  les  Bénédictines  de  Bonne- 
saigne,  par  M.  l'abbé  Bourneix. 

La  revue  Romania  (octobre  1902),  qui  donne  un  savant  article  de 
M.  Antoine  Thomas  sur  les  substantifs  abstraits  en  —  ter  et  le 
suffixe  —  anus,  rend  compte  d'un  commentaire  de  M.  de  Lollis 
sur  un  passage  du  Dante  relatif  aux  deux  poètes  limousins  Arnaud 
Daniel  et  Guiraud  de  Borneil.  (Cf.  ci-dessus  la  séance  du  28  octobre). 

Dans  le  rapport  que  H.  Paul  Viollet  fait  à  l'Académie  des  ins- 
criptions et  belles  lettres,  au  nom  de  la  commission  des  antiquités 
de  la  France,  sur  les  ouvrages  envoyés  au  concours  en  1902,  se 
trouve  mentionné  avec  éloge  Touvrage  sur  l'abbaye  de  Saint-Martial 
de  Limoges,  de  M.  Charles  de  Lasteyrie,  qui  a  valu  à  celui-ci  une 
quatrième  médaille. 

Communications.  —  M.  Louis  Guibert  communique,  de  la  part  de 
M.  le  docteur  Thouvenel  père,  des  photographies  d'un  ensemble 
de  constructions  fort  intéressantes  qui  se  trouvent  au  lieu  des  Monts, 
commune  de  Nieul  (Haute- Vienne).  Elles  Qgurent  un  bâtiment  cen- 
tral important  et  d'une  architecture  tout  à  fait  particulière,  entouré 
d'annexés,  de  fortifications  et  de  tours,  celles-ci  en  état  de  conser- 
vation plus  ou  moins  complet.  Cet  édifice  devait  être  un  grenier  de 
dîmes  appartenant  à  l'évéque  de  Limoges  qui  était  seigneur  de 
Nieul. 

M.  l'abbé  Pënicaud  fait  part  que  dans  la  propriété  de  sa  famille, 
commune  de  Heilhac,  prèsNexon,  un  colon,  en  travaillant,  a  décou- 
vert l'oritice  d'une  cavité  qui  conduit  à  un  souterrain-refuge,  situé 
à  quatre  mètres  soixante-dix  centimètres  du  niveau  du  sol;  mais 
ce  souterrain,  d'un  accès  très  difficile,  dont  l'abord  est  rempli  de 
terre  glaise  et  où  on  a  trouvé  des  débris  de  poteries,  n'a  pu  encore 
être  exploré. 

A  cdté,  dans  un  châtaignier,  on  a  recueilli  une  pièce  d'argent  du 
règne  de  Louis  XV  et  tout  auprès  une  monnaie  d'Henri  V  de 
Navarre. 

Lectures.  —  M.  Tabbé  Legler  relate,  d'après  le  Journal  de  la 
Haute-Vienne  et  d'autres  documents,  les  péripéties  et  les  résultats 
funestes  d'une  grave  épidémie  qui  fut  apportée  en  1809  à  Limoges 
par  des  prisonniers  espagnols  et  qui  Ht  un  grand  nombre  de  victi- 
mes non  seulement  parmi  ceux-ci,  mais  encore  dans  la  population 
de  la  ville.  Le  nombre  des  prisonniers  était  considérable;  le  pre- 
mier convoi  en  comprenait  1,480,  et  2S4  périrent  dans  le  premier 
mois  de  leur  séjour.  Arrivés  dans  le  pays  pendant  la  saison  froidQ 


561  SOCIÉTÉ  ARCHiOLOaiQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

el  humide,  après  avoir  subi  les  intempéries  et  les  privatious,  assez 
mal  nourris  et  privés  de  soins  sans  doute,  rassemblés  en  des  lieux 
trop  étroits  et  parfois  malsains,  ils  avaient  contracté  le  mal,  un 
méphitisme,  dit  le  Journal  de  la  Haute-Vienne,  qui  devint  une 
contagion  rapide  et  bientôt  redoutable. 

L'alarme  fui  vive  à  ce  point  que  les  communications  avec  Texté- 
rieur  furent  en  parties  interrompues;  mais  il  faut  le  dire  à  l'hon- 
neur des  habitants  de  Limoges,  leur  compassion  et  leur  charité 
furent  à  la  hauteur  du  danger.  Les  secours  et  les  soins  furent  pro- 
digués aux  malheureux  prisonniers  avec  un  véritable  dévouement, 
une  émulation  courageuse,  mais  souvent  imprudente;  beaucoup 
d'habitants  contractèrent  la  maladie  et  succombèrent,  qui  apparte- 
naient à  toutes  les  situations  sociales,  notamment  un  grand  nombre 
de  prêtres,  de  religieux  et  de  religieuses,  des  bourgeois  et  des 
dames  de  la  ville. 

M.  Lecler  cite  des  noms  de  victimes,  dont  plusieurs  rappellent 
ceux  de  familles  limousines  bien  connues. 

L'évéque  de  Limoges,  Mgr  du  Bourg,  dans  une  lettre  adressée  à 
M.  Montaigut,  curé  de  Saint-Michel-des-Lions,  rend  hommage  à  la 
conduite  de  ses  administrés,  à  leur  générosité  et  à  leur  /sèle,  mais 
en  exprimant  le  désir  de  voir  apporter  plus  d'ordre  et  de  prévoyance 
dans  l'administration  des  secours.  Le  prélat  fut  d'ailleurs  un  des 
premiers  à  donner  l'exemple,  visitant  tous  les  asiles  où  on  avait 
hospitalisé  les  Espagnols,  se  montrant  sans  cesse  à  leur  chevet, 
les  confessant  et  les  assistant  ;  il  demeura  même  quatre  jours  de 
suite  à  l'hôpital. 

L'épidémie  qui  s*était  manifestée  dans  d'autres  localités  de  la 
région,  notamment  à  Brive  et  à  Àubusson,  fut  appelée  l'Espagno- 
lette ;  on  trouve  dans  une  lettre  du  préfet  de  la  Haute-VienDe, 
M.  Texier-Olivier,  et  dans  divers  articles  du  Journal  du  départe- 
ment^ des  détails  intéressants  en  ce  qui  la  concerne.  Les  médecins 
du  temps  la  décrivent  comme  une  fièvre  catarrhale  avec  certains 
caractères  spéciaux,  d'autres  l'appellent  fièvre  des  prisons. 

MM.  les  docteurs  Raymondaud  et  Fournie,  présents  à  la  séance, 
font  observer  que  l'épidémie  de  Limoges  ne  fut  pas  un  cas  parti- 
culier; elle  éclata  presque  partout  en  France  et  en  Europe,  là  où  il 
y  eut,  pendant  les  longues  guerres  du  premier  Empire,  de  grands 
rassemblements  de  troupes  ou  de  prisonniers  dans  de  mauvaises 
conditions  hygiéniques.  La  maladie  n'était  autre  évidemment  que 
le  typhus  des  prisons. 

M.  Alfred  Leroux  rappelle  qu'une  ancienne  chronique  de  l'ab- 
baye d'Uzerche,  s'étendant  de  760  à  1149,  a  été  publiée  dès  le 
xvir  siècle  par  Baluze,  et  qu'une  $econ(]e  chronique  de  même 


PROCÈS-VKRBAOX  DIS  SÉANCBS  S63 

provenance,  allant  de  1276  à  1320,  a  paru,  il  y  a  une  cinquantaine 
d'années,  par  les  soins  de  rAcadémie  des  inscriptions,  dans  le 
tome  XXI  du  Recueil  des  historiens  de  France. 

On  ignorait  jusqu'ici  que  les  moines  d'Uzerche  avaient  poursuivi 
celle  seconde  chronique  jusqu'à  Tannée  1373. 

C'est  à  un  ancien  élève  de  l'Ecole  des  chartes,  M.  de  Manteyer, 
que  revient  le  mérite  d'avoir  reconnu  celte  continuation  dans  un 
manuscrit  de  la  reine  Christine,  conservé  à  la  bibliothèque  du 
Vatican. 

Non  content  d'avoir  signalé  et  décrit  ce  manuscrit,  M.  de  Man- 
teyer a  pris  la  peine  de  reproduire  en  entier  la  chronique  d'Uzerche 
dans  un  volume  de  Mélanges  et  d'études  d'histoire  du  moyen  âge, 
consacré  à  la  mémoire  de  Paul  Fabre  (Paris,  1902,  în-8«).  On  y 
trouve  la  mention  de  quelques  faits  ignorés;  ainsi,  en  l'année  1320, 
quarante-cinq  lépreux  furent  brûlés  à  Uzerche,  sous  prévention 
d'avoir  empoisonné  les  fontaines  publiques.  En  la  même  année  et 
de  nouveau  en  1334  et  1338,  de  grands  incendies  ravagèrent  plu- 
sieurs localités  du  Bas-Limousin. 

En  1338,  1348  et  1373,  des  tremblements  de  terre  furent  res- 
sentis dans  toute  notre  contrée  et  probablement  ailleurs  ;  en  1342, 
un  certain  Jean  de  Pessat  fut  pendu  à  Uzerche  en  punition  de  ses 
crimes  :  son  exécution  donna  lieu  à  un  conflit  de  juridiction  assez 
curieux.  En  1384,  la  ville  d'Uzerche  fut  prise  d'assaut  par  un  parti 
de  soi-disant  Anglais  qui  n'étaient  peut-être,  au  jugement  du  chro- 
niqueur,* que  des  brigands  de  grands  chemins.  Notons  enfin  que 
notre  chronique  apporte  un  nouveau  témoignage  de  la  ruine  pro- 
fonde qui  suivit  le  sac  de  Limoges  par  le  Prince  Noir  en  1370  : 
dicta  civitas  fuit  combusta,  penitus  destructa,  spoliata  et  penitus 
desolata^  etc. 

M.  Louis  GuiBERT  continue  la  série  de  ses  intéressantes  monogra- 
phies sur  les  anciens  quartiers  et  monuments  de  Limoges,  dont  la 
disparition  est  un  fait  accompli  ou  le  sera  demain  ;  il  parle  aujour- 
d'hui  de  l'ancien  Palais  de  Justice,  qui  servait  encore  dans  ces  der- 
niers temps  de  local  au  musée  et  à  la  bibliothèque  de  la  ville  et  aux 
arèhîves  de  la  Haute- Vienne,  et  où  sont  encore  lo.^és  divers  servi- 
ces du  département;  il  en  fait  la  description  et  en  retrace  les  ori- 
gines et  les  souvenirs.  ^ 

L'édifice  qui  présente,  sur  la  place  de  la  Préfecture,  une  façade 
d'apparence  quelque  peu  monumentale,  fut  commencé  en  l'année 
1777  et  terminé  en  1781  pour  l'installation  du  présidial,  auquel 
succédèrent,  quelques  années  après,  les  tribunaux  de  l'époque 
révolutionnaire  et  plus  tard,  la  cour  royale  de  Limoges,  qui  y 
siégea  jusqu'en  1846.  Il  remplaçait  du  reste  l'ancien  local  du  pré- 


564  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UMOUSIR 

sidial  qui  était  moins  étendu  et  avançait  moins  sur  la  place,  car 
en  1777  on  dut  enlever  un  certain  nombre  de  constructions  parti- 
culières pour  construire  le  monument  actuel. 

M.  Louis  Guibert  ne  se  borne  pas  à  donner  des  indications 
techniques  et  matérielles  :  il  évoque  les  figures  distinguées  de  ma- 
gistrats, les  voix  éloquentes  qui,  tant  sous  Tancien  régime  que 
dans  la  première  moitié  du  dernier  siècle,  ont  illustré  notre  monde 
judiciaire  local.  Il  dit  quelques  mots,  en  passant,  du  barreau,  même 
de  Tancien  barreau  qui  ne  parait  pas  avoir  laissé  de  souvenirs  de 
grande  éloquence,  d'après  los  témoignages  qui  nous  en  restent; 
ses  successeurs,  il  est  vrai,  on  pris  une  revanche  qui  est  très 
notoire.  Au  sujet  de  l'ancienne  basoche,  il  cite  quelques  traits,  des 
anecdotes  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt. 

On  sait  aussi  que  dans  l'édifice  se  trouvaient  les  prisons,  dont  on 
constate  déjà  l'existence  en  ce  lieu  sous  le  règne  d^Henri  III  ;  elles 
ont  été  abandonnées  en  18S6  pour  le  service  civil,  lors  de  la  cons- 
truction de  la  maison  d'arrêt  de  la  place  du  Cbamp-de-Foire,  mais 
ont  continué  à  être  utilisées  pour  les  détenus  militaires  jusqu'en 
1870.  Les  locaux  affectés  aux  prisons  étaient  des  réduits  sombres 
et  contraires  à  toutes  les  règles  de  la  salubrité  et  de  l'hygiène. 

A  ce  sujet,  H.  Guibert  rappelle  l'ancienne  confrérie  des  pénitents 
rouges  de  Limoges  qui  s'était  réservé  le  privilège  de  secourir  les 
prisonniers  et  d'assister  les  condamnés  à  mort  à  leurs  derniers 
moments.  Cette  confrérie  a  été  une  des  plus  importantes  et  des 
plus  influentes  de  la  ville  ;  elle  comptait  encore  au  xvui'  siècle 
près  de  cinq  cents  membres  appartenant  à  toutes  les  catégories 
sociales.  Elle  eut  quelquefois  des  démêlés  avec  l'autorité,  par 
exemple  lorsdeTexécution  d'un  certain  Michel  Pascaud,  condamné 
à  être  pendu  et  qui  s'évada  grâce  à  la  connivence  des  confrères. 
Un  arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  leur  interdit  d'assister  aux 
exécutions,  mais  cette  interdiction  ne  parait  pas  avoir  eu  de  suites. 
Pour  la  dernière  fois,  en  1854,  on  a  vu  les  pénitents  rouges  remplir 
leur  pénible  mission  au  pied  de  i'échafaud  du  parricide  Gaslel- 
Dugenest. 

L'ancien  Palais  du  présidial  ne  manquait  pas  de  souvenirs  ;  il 

avait  été  le  témoin  de  bien  des  luttes  judiciaires  ou  même  touchant 

de  près  à  la  politique  ;  au  temps  de  la  Ligue,  notamment,  il  avait 

ressenti  le  contre-coup  des  commotions  de  nos  guerres  civiles;  il 

avait  été  troublé  par  les  démêlés  des  frères  Martin  avec  Martial  de 

Gay,  dont  les  péripéties  nous  sont  révélées  par  les  documents 

relatifs  à  l'époque  de  la  Ligue, 

Le  Secrétaire, 

Çarnille  Jouhamn^aiid, 


t»ROCis-VEIIBÀUX  bis  SÉANlîl^ft  S^S 


SÉANCE  DU  30  DÉCEMBRE  1902 


Présidence  «le  M.  Etené  Faipe»  préaident 

Présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Courlol,  Ducourlieux,  Fage, 
docteur  Fournie,  Fray-Fournier,  Guibert,  Emile  Hervy,  docteur 
Hérvy,  Camille  Jouliaoneaud,  Tabbé  Lecler,  A  Leroux,  Touyéras. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

Le  scrutin  est  ouvert  pour  la  nomination  d'un  membre  du  comité 
de  publication  en  remplacement  de  M.  F.  Chassoux,  décédé  ;  M.  Ma- 
riaux  est  élu. 

M.  Paul  Garrigou-Lagrange  est  ensuite  nommé  membre  du  con- 
seil d'administration,  aux  lieu  et  place  de  M.  Mariaux. 

M.  Roger  Drouault,  receveur  des  domaines  à  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles,  présenté  à  la  dernière  séance,  est  élu  comme  membre 
titulaire  de  la  Société. 

M.  André  Fage,  architecte  à  Paris,  est  présenté  par  MM.  René 
Fage  et  E.  Lachenaud.  Il  sera  statué  sur  Fadmission  de  ce  candidat 
à  la  prochaine  réunion. 

Bibliographie.  —  M.  Alfred  Lkroux,  rend  compte  dos  ouvrages 
et  publications  périodiques  reçus  depuis  un  mois. 

Il  signale  notamment  :  VAlmanach- Annuaire  limousin,  édité  par 
M.  Paul  Ducourtieux,  qui  vient  de  paraître  pour  1903;  la  partie 
historique  de  cet  annuaire  contient  divers  articles  de  nos  collègues, 
MM.  Louis  Guibert,  Ducourtieux,  0.  d'Abzac,  Camille  Leymarie, 
Jules Tixier,  Paul  Garrigou-Lagrange  ;  M.  Tabbë  Lecler  y  continue  son 
Dictionnaire  historique  et  géographique  de  la  W'-Vienne,  commencé 
Tan  dernier  (communes  d'Ambazac,  d'Arnac-la-Poste,  d'Augne). 

La  brochure  de  M.  Fray-Fournier,  qui  a  pour  titre  :  Limoges  et 
les  bonnes  villes.  DeLûs  cette  étude  originale,  fauteur,  en  nous  révé- 
lant les  tentatives  aussi  multiples  qu'infructueuses  de  la  munici- 
palité de  Limoges,  sous  le  premier  Empire  et  sous  la  Restauration, 
pour  obtenir  de  prendre  rang  parmi  les  «  bonnes  villes  de  France», 
fournit  des  renseignements  pleins  d'intérêt  sur  les  hommmes  et  les 
choses  de  cette  période  dans  notre  province. 

Bulletin  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Rochechouart  ^tome  XII, 
n*"  ni).  —  A  noter  dans  ce  fascicule  uu  article  de  M.  A.  Pouyaud, 
concernant  un  syndicat  de  meuniers  dans  l'ancienne  vicomte  de 
Rochechouart  et  leur  procès  avec  les  habitants. 

Lemouzi  (10«  année,  n**  8a)  où  nous  lisons  un  nouvel  article  de 
M.  Jean  Dutrech,  sur  les  métiers  limousins  :  Les  bimbelotiers.  — 
Celui-ci  rappelle,  d'après  Touvrage  de  M.  Pierre  Durel,  qu*an 
xiv*  siècle  le  bibelot  limousin  était  en  grande  faveur  et  que  tous 


S6ft  SOCIÉTB  ARCfiÊOLOGIQUE  ET  BlSTORrOÙK  DO  LlHOUSlN 

les  objets  laillés  dans  Tivoire  provenaient  en  grande  partie  de 
Limoges;  le  fait  avait  été  déjà  à  diverses  reprises  signalé  aux 
séances  de  la  Société. 

M.  Dujarric-Descombes,  un  de  nos  plus  fidèles  correspondants 
de  Périgueux,  a  adressé  une  notice  sur  Auguste  Ghastanet,  félibre 
majorai,  président  de  l'école  félibréenne  du  Périgord,  récemment 
décédé,  ainsi  qu*un  article  publié  dans  le  Journal  de  la  Dordogne 
(n"*  du  27  novembre  dernier;  sous  le  titre  :  La  langue  des  aieux, 
ou  Tauteur  se  déclare  absolument  contraire  à  toutes  les  mesures 
administratives  qui  ont  pour  but  de  faire  disparaître  dans  les 
diverses  provinces  de  France  l'usage  des  anciens  idiomes. 

M.  Dujarric-Descombes  a  publié  également,  dans  le  journal  la 
Nouvelle  République  de  Bordeaux  (n""  des  18  et  20  novembre  1902}« 
une  chronique  blbliographiqae  sur  deux  livres  introuvables,  savoir  : 
le  livre  sur  le  iMédoc  d*Elienne  La  Boëtie  et  l'ouvrage  d'Àrnault  la 
Borie,  chanoine  de  Périgueux  el  archidiacre  de  Saint-André  de 
Bordeaux,  sur  les  antiquités  duPérigord. 

11  y  a  lieu  de  mentionner  encore  une  publication  1res  remarqua- 
ble d*un  de  nos  compatriotes  de  la  Gorrèze,  M.  René  Lafarge,  avo- 
cat el  docteur  en  droit,  relative  à  V Agriculture  en  Limousin  au 
xviii"  siècle  et  l'intendance  de  Turgot. 

La  Société  remercie  les  donateurs  ou  les  correspondants  qui  ont 
bien  voulu  nous  faire  part  de  ces  publications. 

M.  Alfred  Leroux  offre  un  exemplaire  d'une  reproduction  photo- 
graphique, très  habilement  faite  par  iM.  Faissat,  de  l'original  d'une 
des  cliarles  caroliagieanes  conservées  aux  Archives  de  la  Haute- 
Vienne  (privilèges  concéJ.és  à  l'abbaye  de  Solignac  en  l'année 
839),  pour  l'Académie  des  Inscriptions. 

Communications.  —  M.  le  président  rappelle  que  la  prochaine 
réunion  du  congrès  des  sociétés  savantes  aura  lieu  à  Bordeaux  en 
1903;  le  programme,  déjà  publié,  contient  pour  les  diverses  sec- 
tions, mais  surtout  pour  celles  d'archéologie  et  d'histoire,  des  ques- 
tions intéressantes  pour  notre  région. 

Il  annonce  ensuite  que  le  bureau  de  la  société  et  son  conseil 
d'administration  ont  décidé  d'organiser  deux  séances  générales 
ouvertes,  Tune  qui  aura  lieu  vers  la  lin  du  mois  de  janvier  el  la 
seconde  à  la  tin  de  février  ou  au  commencement  de  mars.  Dans  la 
première,  notre  collègue,  M.  Camille  Marbouty,  se  propose  de  donner 
la  narration  d'un  voyage  récent  en  Palesiine,  à  Gonstantinople  et 
à  Athènes,  avec  le  concours  de  M.  Faissat,  qui  fera  des  projections 
lumineuses,  d'après  les  nombreux  clichés  rapportés  de  ce  voyage 
par  M.  Marbouty.  Pour  l'autre  séance,  la  société  doit  s'assurer  la 
collaboration  d'un  conférencier  parisien  qui  trai'cra  d'un  sujet 
intéressant  le  Limousin,  en  môme  temps  qu'uii  de  nos  collègues 
fera  une  lecture  sur  une  biographie  locale. 


^ROCftS-VBRBÀOX   DBâ  SBAttCB»  Ml 

M.  GouRTOT  présente  trois  tableaux  exécutés  par  lui  et  réauls 
sous  forme  de  triptyque,  qui  représentent  la  geôle,  un  couloir  et 
une  pièce,  probablement  la  cuisine,  des  anciennes  prisons  de  Limo- 
ges rue  Adrien  Dubouché,  et  dont  a  parlé  M.  Louis  Guibert 
à  la  précédente  séance.  On  y  relève  quelques  détails  curieux.  C'est 
une  nouvelle  contribution  à  la  description  du  vieux  Limoges,  entre- 
prise avec  un  zèle  des  plus  persévérants  par  Tauteur  et  qui  mérite 
nos  sincères  remerciements. 

La  galerie  de  H.  Gourtot  comprend  à  cette  heure  une  centaine  de 
lableaux,  pris  à  Limoges  ou  en  Limousin.  Nous  devons  souhaiter 
que  cette  intéressante  collection  soit,  d'une  façon  ou  d'une  autre, 
conservée  dans  notre  ville. 

Lectures.  —  M.  Alfred  Leroux,  au  cours  de  son  inventaire  des 
archives  départementales  de  la  Haute- Vienne,  a  étudié  les  plus 
anciens  titres  du  chapitre  cathédral  de  Limoges,  qui  vont  de 
Tannée  833  à  Tannée  1123;  il  en  a  dégagé  quelques  renseigne- 
ments nouveaux  qui  seront  publiés  dans  le  Bulletin,  Nous  n'en 
retiendrons  actuellement  qu'un  seul  :  c'est  que  la  mense  capitulaire 
de  Limoges,  au  début  du  xu«  siècle,  se  composait  d'une  cinquan- 
taine de  domaines  distincts,  disséminés  pour  la  plupart  autour  de 
Limoges  et  dans  un  rayon  assez  limité.  Leur  périmètre  était  cer- 
tainement moins  étendu  que  celui  du  diocèse  lui-même. 

M.  Louis  GuiBBRT,  après  avoir  dans  la  dernière  séance  tracé 
l'historique  en  même  temps  que  la  description  de  l'ancien  Palais  de 
Justice  de  Limoges,  recherche  Tinstitution  de  la  justice  royale  dans 
cette  ville  et  en  étudie  les  manifeslations  diverses;  origines  déjà 
lointaines  mais  assez  obscures,  manifestations  dont  il  est  souvent 
difficile  de  déterminer  le  caractère  et  l'importance.  La  première 
trace  que  Ton  ait  d'un  siège  royal  à  Limoges  ne  remonte  guère 
qu'au  début  du  xm*  siècle,  vers  1204;  auparavant,  on  ne  connaît 
que  les  justices  seigneuriales  ;  la  cour  des  vicomtes  est  signalée 
par  les  documents  dès  Tannée  1066. 

Le  roi  Louis  Vlil  fait  reconnaître  sa  juslice  comme  suzerain,  et 
lorsque  saint  Louis  rétrocède  au  roi  d'Angleterre  les  provinces 
d'Aquitaine,  il  stipule  formellement  que  son  sénéchal  coniinueraà 
y  rendre  la  Justice  comme  représentant  de  sa  suzeraineté  et  que 
tous  ses  privilèges  seront  mainlenus. 

A  cette  époque,  le  sénéchal  ne  résidait  probablement  pas  à  Limo- 
ges, mais  il  y  tenait  ses  assises  plus  ou  moins  périodiques,  et  le 
siège  de  ces  assises  était  alors  dans  la  cité. 

En  1269,  on  voit  l'établissement  d'un  bailli  du  roi  dans  la  vicomte 
de  Limoges;  il  est  insliiué  en  vertu  de  conventions  entre  saint 
Louis  et  la  vicomtesse  au  sujet  du  projet  de  mariage  de  Théritière 
de  Limoges  avec  un  des  (lU  du  souverain.  Ge  projet  ne  se  réalisa 
pas.  On  trouve  plus  tard  un  bailli  d*un  caractère  moins  spécial, 


568  SOClfrr  ARGBBOtOOIQUit  RT  ttlStORIÛDlt  00  LlltOOStft 

et  qui  semble  élre  une  sorte  de  délégué  ou  de  subordonné,  de 
lieutenant  du  sénéchal,  dont  le  siège  principal  reste  pendant 
longtemps  à  Poitiers. 

Il  convient  de  se  rappeler  que  les  sénécha'ui  étaient  de  grands 
personnages,  à  la  fois  chefs  militaires,  administratifs  et  judiciaires, 
qui  rendaient  la  justice  le  plus  souvent  avec  le  concours  ou  par 
l'entremise  de  leurs  officiers,  lesquels  devinrent  magistrats  dits  de 
robe  longue  et  Rnirent  par  siéger  seuls.  Les  Archives  de  la  Haute- 
Vienne  conservent  Tacte  de  nomination  d'un  de  ces  magistrats. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  sénéchal  et  le  bailli  étaient  les  représen- 
tants directs  du  pouvoir  rojal. 

Autour  d'eux,  mais  au-dessous  d'eux,  se  groupaient  les  autres 
juridictions;  à  Limoges,  les  sénéchaux  anglais  pendant  l'occupa- 
tion du  pays  par  les  rois  d'Angleterre,  les  vigiers  du  vicomte,  le 
tribunal  du  Consulat,  la  juridiction  de  l'abbé  de  Saint-Martial  dont 
dépendaient  celle  connue  sous  le  nom  de  l'Echauserie  et  le  juge 
des  Combes,  —  celui-ci  survécut  même  jusqu'à  la  Révolution.  — 
Dans  la  Cité,  l'évéque  était  seul  juge;  mais,  à  partir  de  4307,  il 
partagea  la  justice  avec  le  roi;  c'est  ce  qu'on  appela  le pariajjre. 
Cet  état  de  choses  cessa  en  1597,  l'évéque  ayant  racheté  au  roi  sa 
part  des  droits  de  justice. 

A  partir  du  xv*  siècle,  le  bailliage  disparaît  à  Limoges  pour  rede- 
venir sénéchaussée,  appellation  qui  subsiste  jusqu'à  la  grande 
réforme  du  il  septembre  1583;  à  cette  date,  fut  établie  dans  la 
ville  linstitution  d'un  tribunal  régulier,  qui  prit  le  nom  de  cour  pré- 
sidiale  et  sénéchale,  à  la  fois  tribunal  de  première  instance  et  juri- 
diction d'appel,  composée  de  juges  de  profession,  et  dont  M.  Gui- 
bert  indique  la  composition  et  l'organisation  intérieure. 

Un  tribunal  de  même  nature  fut  établi  à  Brivc  et  plus  tard  un 
troisième  à  Tulle. 

Tout  ce  qui  concerne  l'administration  de  la  justice  dans  ces 
siècles  reculés  est  nécessairement  vague  et  même  souvent  incertain, 
en  rétat  de  nos  connaissances  que  rend  difficiles  et  imparfaites  la 
pénurie  des  documents,  particulièrement  dans  notre  province. 

iM.  Guibert,  qui  a  essayé  de  débrouiller  ce  chaos  avec  sa  perspi- 
cacité et  sa  compétence  accoutumées,  trouve  bien  des  indications 
précieuses  à  nous  donner,  en  même  temps  que  des  renseignements 
topographiques  sur  les  divers  lieux  où  fut  installé  le  siège  de  la 
justice  royale  dans  notre  ville,  jusqu'à  la  création  du  présidial. 

On  sait  déjà,  par  sa  précédente  lecture,  que  celui-ci  fut  logé  dans 
rédilice  conligu  à  l'église Saint-Michel-des-Lions,  édifice  reconstruit 
et  considérablement  agrandi  en  1777,  et  qui  a  servi  de  local  à  la 
Cour  d*appel  de  Limoges  jusqu'en  1846. 

Le  Secrétaire^ 

Camille  Jouhanneaud. 


LISTE 
DES  MEMBRES   DE   LA  SOCIÉTÉ 


AU  MOMENT  DE  LA  PUBLICATION  DU  BULLETIN 


BUREAU 

Présideni-né.  —  M.  le  Préfvt  de  la  Haule-Vienae  (1). 
Président.  —  M.  Page  (René),  I.  P.  ^. 
Vioe-Présidents,  MM.  Hbrvt  (Emile)  et  Tabbé  A.  Lbclir. 
Secrétaire  général.  —  M.  Guibert  (Louis),  A.  ^. 
Secrétaire,  —  M.  Jouhaknbaud  (Camille). 
Trésorier.  —  M.  Toutéras  (Gabriel). 
Bibliothécaire-archioiste.  ^  M.  Leroux  (Alfred),  I.  P.  ^. 
Adjoints.  —  MM.  Fray-Fournibr  (Alfred),  I.  P.  ^  ;  Mouflb  (Léonard)  el 
Dubois  (Joseph). 

CONSEIL  D* ADMINISTRATION 

MM.  LES  Mbmbrbs  du  Bureau. 

M.  TixiBR  (Jules),  ^. 

M.  Garrigou-Laoranob  (Paul),  A  Q. 

M.  Lachenauo  (Emile). 

COMITÉ  DE  PUBLICATION 

MM.  LES  Membres  ou  Bureau. 
M.  DuGOURTiEUX  (Paul),  I.  P.  ^. 
M.  Fray-Fournibr  (Alfred),  I.  P.  M* 
M.  Mariaux  (Paul). 
M.  JuDicis  (Antoine). 
M.  Lavbrgnollb  (Gaston). 
M.  Courtot,  A.  ^. 
M.  Marboutt  (Camille). 


{V,  La  Société  a  été  fundée  le  26  décembre  1815:  elle  s*eU  constituée  à  la  suite  delà  nomi* 
natioQ  d'une  commisfiion  pour  la  recherche,  l'étude  et  la  conservation  des  monument»  historiques, 
désignée,  le  3  du  même  mois,  par  M.  Morisot,  préfet  de  la  Haute-Vienne. 

T.   LU  37 


SKO  SOCtilé  AaCliOLOOIQUK  BT  flllSTORtOUE   t>1)  LIMOUSIN 

MEMBRES  HONORAIRES  (l) 

1850-1876 
MM. 

RouoBRiB  (Mgr),  évêque  de  Pamiere. 

1874-1888 

Clarbtib  (Jules),  0  #,  de  l'Académie  française,   admioîslratear  de    la 
Comédie  Française,  155,  boulevard  Haussmann,  à  Paris. 

1875-1888 

Lastbtrib  (comte  Robert  de),  #,  membre  de  TAcadémie  des  Inscriptions, 

professeur  d'archéologie  à  TEcole  des  Chartes,  10  bia,  rue  duPré-aux- 

Glercs,  Paris. 

1879 

Delisle  (Léopold),  G  0  ^,  de  T Académie  des  Inscriptions,  administrateur 
général  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  de  Richelieu,  Paris. 

1899 

LouvuiER  DE  Lajolais,  #,  directeur  des  Ecoles  nationales  d'arts  décoratifs 
de  Paris,  Limoges  et  Aubusson,  19,  quai  Bourbon,  Paris. 

1879-1901 

Thomas  (Antoine-André),    professeur   à  l'Université   de    Paris,   10,   rue 

Léopold-Robert. 

1881-1901 

MoLiNiBE  (Emile),  0  ^,  conservateur  honoraire  des  Musées  Nationaux  da 
Louvre,  58,  quai  Bourbon,  à  Paris. 


MEMBRES  TITULAIRES 

1845 

Madame  veuve  Astaix,  rue  Pont-Hérisson,  10. 

1851 
MM. 

Grave  (le  marquis  de),  propriétaire,  à  Verneuil-sur-Vienne. 

1858 

RoouES  DE  PuRSAG  (Victor),  notaire,  k  Aixe-sur-Vlenne. 

1859 

Lbclbr  (l'abbé  A.),  chanoine  honoraire,  aumônier  de  TAsile  de  Naugeal. 

1862 

Hbrvt  (Emile),  notaire  honoraire,  33,  boulevard  Gambctta* 

(1)  Qa&nd  il  y  a  deax  dates,  c^ost  la  deroière  qui  Indique  l'année  de  la  promotion  au  titra 
de  membre  honoraire. 


LiStE  bES  JlIMBRftS  671 

MM.  1863 

Levas  (Elle),  #,  I.  P.  0>  inspecteur  d'académie  en  retraite,  rue  de  Chft- 
teauroux. 

1865 

LbSagb  (Charles),  4!^,  A.  ^,  ingénieur  civil,  ancien  maire  de  Limoges, 
18,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat. 

1860 

Maorat-Ballangb,  ^y  ancien  conseillera  la  Cour  d'appel,  5,  faubourg  des 
Arènes. 

1870 

DucouRTiBUX  (Paul),  i.  p.  ^$,  imprimeur-libraire,  membre  correspondant  du 
Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  7,  rue  des  Arènes. 

1872 

Ardant  (Georges),  imprimeur,  14,  rue  Pont-Hérisson. 

GuiBERT  (Louis),  Â.  O,  directeur  d'assurances,  Correspondant  de  Tlnsiitut, 

rue  de  TObservatoire,  5. 
JouBANNBAUD  (Camille),  avoué  près  le  tribunal  civil,  SI8,  boul.  Victor  Hugo. 
BoMANBT  DU  Caillaud  (Frédéric),  «îi,  au  château  du  Caillaud,  près  Isle. 

1873 

**  Crbssac-Baghkllerib  (db),  ancien  percepteur,  au  Dorât. 
Page  (René),  L  P.  ^,  avocat,  25,  boulevard  Gambetta. 
Vandkrmarcq  (Eugène),  #,  propriétaire,  7,  rue  du  Général  Cérez. 

1874 

BouDBT  (Gabriel),  L  P.  ^,  docteur  en  médecine,  1,  rue  du  Général  Cérez. 

*  Madame  veuve  Louis  Bourdbry,  à  Limoges,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat,  et 

au  ohâteau  d'Oche  (Oordogne),  par  La  Coquille. 
Raymonoadd  (B.),  iit,  1.  P.  %t,  directeur  honoraire  de  TEcole  de  médecine, 

S8,  faubourg  Hanigne. 

1875 
GoNSTAiiTiif  (Jérémie),  avocat,  43,  avenue  de  Juillet. 
Léobon-Létang,  notaire,  à  Ahun  (Creuse). 

1876 

Guérin-Lâzè  (Guillaume  dit  William),  ^,  fabricant  de  porcelaine.  H,  rue 

du  Petit-Tour. 
**  MoNSTiBRs-MÊRiNviLLB  (le  marquis  Jean  des),  au  château  du  Fraisse,  par 

Hézières  (Haute-Vienne). 
YioiBR  (Fabbé),  curé-archiprétre  de  Bellac. 

1877 

*  Cercle  de  l'Union,  à  Limoges. 

Dblor  (Adrien),  propriétaire,  au  chAteau  du  Puy  Halhieu,  près  Le  Vigen, 

et  à  Limoges,  boulevard  Louis  Blanc,  SI. 
De  Lurbt  de  Fbix,  propriétaire  au  Pleinard,  par  Pierrebuffîère. 
Laportb  (Pabbé),  curé-doyen  à  Ëvaux  (Creuse). 
PoMÊLiE  (le  baron  Melchior  de  la),  ^,  propriétaire,  au  château  du  Mont- 

joffrc,  par  SaiiU-Denis-des-Murs. 


I 


672  SOCIÉTÉ  ÀBCHÉOLOGIQUI  BT  HISTOftlQ0B  HO  LI1IO08IK 

1878 

MH. 

Bkrgbr  (Elle),  I.  P.  ^,  professeur  an  Lycée,  48,  avenae  Saint-Eloi.  ^ 

*  DocHASTBAu  (Georges),  notaire  à  Bessines  (Haute-Vienne).  1 

**  Lbboox  (Alfred),  I.  P.  ^,  archiviste  de  la  Haute-Vienae,  correspondant  ' 

du   ministère  de  l'instruction  publique  pour  les  travaux  historiques,  J' 

48,  rue  de  Paris.  J 

Maleplane  (Paul  Veyrier  db),  receveur  des  Gnances  en  retraite,  à  Saint-  ^ 

Léonard). 

1870 

Bbllab&b  (Jules  de),  propriétaire,  au  château  de  Puyjoubert,  commune  de 

La  Geneytouse,  par  Saint- Léonard. 
Lachbnaud  (Emile),  entrepreneur,  7,  avenue  du  Midi. 
Lbpihat  (Gaston  db)^  maire  de  Lissac,  au  ch&teau  de  Moriolles,  par  Larche 

(Gorrèze). 
Malbvbrgnb  db  la  Fayb,  ancien  magistrat,  33,  boulevard  Victor  Hugo. 

1880 

BouLLAVD  (Henri),  A.  ^,  docteur  en  médecine,  36,  boulevard  Victor  Hugo. 
Marboutt  (Camille),  négociant,  48,  cours  Gay«Lussac. 

1881 

GiLBBBT  (Monseigneur),  ancien   Evéque   du  Mans,   Evéque    d^Arsinoé, 

97,  avenue  Baudin. 
Mariaox  (Paul),  avocat,  18,  boulevard  Victor  Hugo. 
Mkrlin-Lbhab  (Abel),  avoué  près  la  Cour  d*appel,  99,  boulevard  Gambetta. 

188e 

Brissbt-Desislbs,  ancien  magistrat,  directeur  particulier  de  la  compagnie 

d'Assurances  générales  sur  la  Vie,  11,  avenue  de  Juillet. 

BouBDBAU  DK  La  Judib  (Audré),  9,  rue  Cruchedor,  et  au  château  de  La  Judie, 
par  Aixe. 

Cathbu  (Théodore  db),  ^,  propriétaire,  au  château  de  Juillac,  près  Limoges. 

Nrhbrt.  (André),  A,  avenue  Garibaldi. 

Savodin  (Jules),  60,  avenue  de  Juillet. 

TixiEB  (Jules)  ^,  architecte  des  monuments  historiques,  38,  rue  Péiiniaud- 

Beaupeyrat. 

1883 

Dborond,  #,  ancien  préfet,  9,  place  Denis  Dussoubs. 
Fon6BBAS-L.AVBRGNOLLB  (Gastou),  Bvocat,  2S,  boulevard  Garnot. 
LouvKT  (André),  avoué  près  la  Cour,  8,  cours  Bugeaud. 
Moufle  (Léonard),  directeur  d*assurances,  16,  rue  d'Aguesseau. 
WoTTLiNO,A.^,  architecte  diocésain,  ancien  directeur  des  travaux  de  la  ville, 
8,  cours  Gav-Lussac. 


LISTE  DBS  HBMBftBS  673 

1884 

Bodrbrau-d'Aiitoiit,  docteur  en  médecine,  36,  avenue  Garibaldi. 

M"*  BaiouBiL,  18,  avenue  du  Midi. 

CooRomiBL  (comte  db),  ^,  membre  du  Conseil  général,  à  Magnac-Laval. 

Gaumy  (Fabbé),  curé  de  Magnae-Laval  (Haute- Vienne). 

Gébàbdiii  (Albert),  avocat.  6,  rue  Ventenat. 

*  Lagostb  (André),  négociant,  à  Châteauponsac  (Haute-Vienne). 

Maurat-Ballanqb  (Albert)»  avocat,  16,  place  du  Champ-de-Foire . 

Mabaubbon  (Antoine  du),  ancien  avoué  près  le  Tribunal  civil,  5,  rue  Adrien 

Dubouché. 
HoTiiAT  (Fabbé),   curé  de  Saint-Pierre-da-Queyroii,  1K3,    boulevard  du 

Collège. 
Sazbbat  (René),  %,  rue  Dalesme. 

1885 

Gabbioou-Lagbaiiob  (Paul),  A.  ^,  secrétaire  général  de  la  Société  Gay- 

Lussac,  à  l'Observatoire  météorologique,  23,  avenue  Foucand. 
Paradis,  entrepreneur  de  serrurerie,  6,  rue  des  Gharseix. 

1886 

Frat-Fodbhibr  (Alfred),   I.  P.  ^,  chef  de  bureau  ^  la  Préfecture  de  la 

Haute-Vienne,  chemin  des  Basses-Palisses,  17. 
Lbyharib  (r«amille),  I.  P.  ^,  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale, 

correspondant  honoraire  du  ministère  de  l'instruction  publique  pour  les 

travaux  historiques,  membre  non  résidant  du  Comité  des  Sociétés  des 

Beaux-Arts  des  départements,  70,  avenue  Baadin. 

1887 

Dbmartial  (André),  directeur  d*aisurances,  boulevard  Louis-Blanc,  SI. 

Dubois  (Joseph),  avoué,  7,  rue  Arbonneau. 

Hbrsant  (Edouard),  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assurances  la 

Providence^  17,  place  Manigne. 
JuDiGis  (Antoine),  architecte,  34,  rue  Elie-Berthet. 

1888 

Desbordbs  (Charles),  propriétaire,  à  Salesse,  par  Ambazac  (Haute-Vienne). 
**  Ecole  nationale  d'Arts  décorai  ifs  de  Limoges. 
Gant,  percepteur  à  NantiaL 

*  Lacbbnaud  (Henri),  archiviste-paléographe,  7,  avenu»  du  Midi,  et  à  Paris. 
Tbxibr  (Hubert),  avocat,  à  Paris,  rue  Clapeyron,  16,  et  au  Queyraud^  par 
Saint-Paal  d'Evjeaux. 

1880 

Cbabbbyron  (Pierre),  avocat,  docteur  en  droit,  4,  rue  des  Feuillants. 
TouTBBAS  (Gabriel),  ancien  percepteur,  rue  d'Aguesseau,  16. 


574  SOCliTÂ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  UMOUSIM 

MM.  1890 

Griffin  (Walter),  consul  des  Etats-Unis  de  rAmérique  du  Nord,  rue  d*Isly,  5, 

k  Limoges. 

1891 

GuiMBAUD  (rabbé),  vitraire  k  Saint-Joseph,  rue  de  Paris,  24. 

Laumond  (Jules),  avocat,  à  Beauvais,  commune  de  Saîni-Amand'Jartoadeix, 

près  Bourganeuf  (Creuse). 
Tenant  de  Latoor  (Albert),  k  l*Abbaye  du  Chalard,  par  Ladîgnac. 

1892 

Ardant  (l'abbé  Georges),  vicaire  à  Saint-Nîchel,  3,  place  de  la  Comédie. 
Cbaptes  (Henry  de  Fayolles  de  Corus  de),  #,  chef  d'escadrons  de  cavalerie 

territoriale,  au  chAteau  du    Couret,   commune  de  Saint-Laurent-les- 

Eglises,  près  la  Joncbère  (Haute-Vienne). 

Laportb  (Maurice),  ^,  négociant,  ancien  sénateur,  maire  de  Jarnac. 
Marqubt,  #,  1.  P.  ^i,  docteur  en  médecine,  membre  du  Conseil  général, 
maire  de  Rochechouart. 

1893 

Faissat  (J.)t  constructeur  d'appareils  photographiques,  rue  du  Clocher,  19. 
Gentil  de  Rosier  (Alexandre  de),  propriétaire,  au  château  de  Rosier,  par 

le  Châtenet-en-Dognon  (Haute-Vienne). 
Mouniee  (l'abbé),  chanoine,  rue  Neuve-Saint -Etienne,  4. 

1895 

« 

Billard  (Georges),  notaire,  7,  rue  Pétiniaud-Beaupeyrat. 

Brousse  (Gilbert),  propriétaire,  3S,  chemin  des  Basses-Palisses. 

Codet  (Pierre),  manufacturier,  membre  du  Conseil  géuéral  de  la  Haute- 
Vienne,  maire  de  Sainl-Junien. 

Desbordes  (Eugène),  notaire,  à  Rochechouart. 

Frédy  (de),  propriétaire,  membre  du  Conseil  général  de  la  Hante-Vienne, 
au  château  de  Saint-Auvent,  par  Saiot-Auvent  (Haute-Vienne). 

Gabiât  (Camille),  docteur  eu  droit,  ancien  député,  maire  et  membre  du 
Conseil  général,  à  Saiut-Sulpice-les-Feuilles,  et  à  Paris,  t79,  rue  de 
Grenelle. 

Lacaux  (Charles),  ^,  négociant, vice-consul  d'Espagne,  32,  cours  Gay-Lussac. 

Malinvaud-Berger,  négociant,  49,  rue  Lansecot. 

Marie  (Eugène),  propriétaire,  9,  rue  de  l'Observatoire. 

Martin  de  la  Bastide,  lieutenant  au  13*  régiment  de  cuirassiers,  8,  place 
Saint-Jean,  Chartres  (Eure-et-Loir). 

MoREL  (Etienne),  directeur  d'assurances,  16,  boulevard  Carnot. 

VANDitRES  DE  ViTRAc  (Autoine-Marc  de),  ^,  ancien  capitaine  de  cavalerie, 
27,  boulevard  de  la  Corderie. 

1896 

PéNiCAUD  (Gustave),  vicaire  à  Sainte-Marie,  9,  rue  de  la  Caserne. 

Roche  (Edouard),  négociant,  square  des  Emaiileurs,  et  à  Champagnal, 

près  Nexon. 
RuGBAUD  (Lucien),  négociant,  17,  rue  Manigne. 


LISTE  DIS  MEMBRES  575 

MM.  1897 

GouBTOTy  A.  ^,  professeur  de  dessin  au  Lycée  Gay-Lossac,  14,  avenue 

de  Toulouse. 
LIHBaMiTB  (YÎcomte  db)«  capitaine  au  11*  régiment  de  chasseurs  à  cheval, 

place  Boucherie,  3. 
BiouHBT  (Léopold),  instituteur^  Ecole  du  faubourg  du  Pont-Neuf. 

1898 

Bebgbr  (Aubert),  entrepreneur,  48,  rue  des  Charseiz. 
JoGE  (Alex.),  négociant,  18,  rue  du  Clocher. 
Mabardat  (l'abbé  J.),  curé  doyen  de  Gompreignac. 
Maumt  (François),  avocat,  40,  rue  Mirabeau. 
Saillt,  notaire,  l ,  rue  Léonard-Li mosin. 
Tbézboubt  (Albert),  négociant,  45,  rue  des  Taules, 
Vbtrbton  (Fabbé),  curé  de  Peyrat-la-Nonière  (Creuse). 
ZiBBLiN,  0  ^f  ancien  officier  supérieur,  9,  place  Haute-Cité. 

1899 

JoLT  DB  Saillt,  inspecteur  des  Eaux  et  Forêts,  4,  rue  de  TObservatoire. 
JouHANNBAUB  (Charles),  chimiste,  licencié  és-sciences,  14,  avenue  St-Surin. 
Tbabaud  (Armand),  fabricant  de  pfttes,  à  Aixe-sur-Vienne. 

1900 

Arbbllot  (Emile),  négociant,  4,  cours  Jourdan. 

Abbellot  (Prosper),  négociant,4,  cours  Jourdan. 

Ardant  (Maurice),  propriétaire,  rue  du  Collège,  3. 

Bkaurr  d*AuGÈRES  (Louis),  15,  rue  Gondinet. 

Bronot  (Joseph),  pharmacien,  23,  place  des  Bancs. 

DupUT  (Firmin),  avocat-agréé,  8,  rue  Pont- Hérisson. 

Fougères  (Eugène),  directeur  d*assurances,  2  bUj  avenue  Garibaldi. 

1901 

Blancher  (Ernest),  A.  ^,  peintre-émaiileur,  rue  Péliniaud-Beaupeyrat,  53. 

BoNNAUD  (Paul),  A.  ^,  peinire-émailleur,  rue  Arbonneau,  7. 

FouRNiA,  médecin-principal  de  l'armée,  0  ^,  l  P  ^,  avenue  de  Juillet,  9. 

1902 

Abzac  (0.  D*),  percepteur  des  contributions  directes,  rue  Pétiniaud-Beau- 

peyrat,  40. 
GoLLET  (Paul),  directeur  de  l'agence  du  Crédit  Lyonnais^  boul.  du  Collège. 
Dequet  (Paul),  au  chliteau  du  Mas,  par  Saint- Yrieix,  et  34,  rue  de  Ghaillot, 

à  Paris. 
Dbouault  (Roger),  receveur   de   Tenregistrement,'  à  Saint-Sulpice-les- 

Feuilles. 
Hbbvy  (Pierre),  docteur  en  médecine,  33,  boulevard  Gambetta. 
JouBAUD  dbVbrdier  (Ëtlennc),  arcbiiecte,  7,  avenue  Garibaldi. 
Labonne  (Alfred  de),  auch&leau  de  Moiitbrun,  par  Dournazac  (H^Vienne). 
Laguérenne  (René),  avocat,  avenue  Foucaud,  19. 


576  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 

MM.  1857 

Clément-Simon,  ^,  ancien  procureur  général»  chftteau  de  Bach,  parNaves, 

(Corrèze). 

1865 

CousTiN  DU  Masnadaud  (la  marquise  de),   au   chftleau   de  Sazeyrat,  par 

Marsac  (Creuse). 
Debort  (Gabriel),  propriétaire,  au  château  de  Montaiguet  (Allier j. 

1871-1875 

AuBÉPiN,  ancien  archiviste  du  département  du  Cantal,  adjoint  au  maire,  an 

Dorât. 

1872 

Decoux-Lagouttb,  A  ^,  ancien  magistrat,  rue  deBourdeilles,  <  i ,  à  Pérïgueux. 
**  PouLBRiÉRK  (fabbé).  Supérieur  du  Petit-Séminaire  deServières  (Corrèze). 

1874-1885 

Demartial  (Henri),  if,  conseiller  à  la  Cour  de  Cassation,  28,  rue  d'Assas, 
à  Paris. 

1875 

Masbaret  du  Bastt  (Edouard),  conservateur  des  hypothèques,  à  Saintes 
(Charente-Inférieure). 

1875-1884 

Bonhomme  de  Montégut  (Henri)^  ancien  magistrat,  aux  Ombrais,  près  La 

Rochefoucauld  (Charente). 
BosviEUx  (Paul),  conservateur  des  hypothèques,  cité  Yaudoit,  26,  à  Qer- 

mont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

1877 

AuBUSSON  DK  Soubrebost  (Edousrd),  98,  rue  de  Varennes,  Paris. 
MoNTCHEUiL  (Paul  de),  châlcau  de  Monlcheuil,  près  Nontron  (Dordogne). 
MoNTVAiLLER  (PauI  oe),  avocBt,  U,  rue  de  Clichy,  Paris. 
Petit-Sbminaire  d*Ajain  (Creuse). 

1878 

David  (Gaston),  avocat,  aux  Biards,  par  Saint-Yrieix. 
DojARRic-DEscoMBfcs,  I.  P.  ^,  licencié  en  droit,  ancien  notaire,  vice-prési- 
dent de  la  Société  historique  du  Périgord,  9,  rue  de  Paris,  à  Périgueux. 

1879 

CiALis  (rabbé),  curé  de  La  Souterraine  (Creuse). 

Rakcogne  (de),  chez  M.  Yerdeau,  rue  des  Bezines,  à  Angoulôme  (Charente). 

1882 

Bbrthomier  (Georges),  avocat,  au  château  de  Sl-Germain-Beaupré  (Creuse), 

et  à  Neuilly-sur-Seine,  38,  avenue  du  Roule. 
Sennevillk  (de),  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  Comptes,  30,  rue  de 

Lille,  à  Paris. 


LlStB  DBS  MBlIBliBS  577 

MM.  1888 

Bbucbard  (Jean  db),  avocat,  villa  Saint-Germain,  par  Brive  (Gorrèze). 

1884 

RuBEN  (Emile),  imprimeur-libraire,  Charleville  (Ardennes). 

1885 

Hkgqoaiit  (Arthur),  3$,  rue  Barbet  de  Jouy,  Paris. 

TouMiEuz  (ZénOD),  ancien  notaire,  à  Masgrangeas,  par  Royère  (Creuse). 

1885-1894 

GuiOMNBT  (Paul-André),  Aixe-snr-Vienne. 

1886 

**  CflAMPBVAL  DE  VvBRS  (Jean-Baptisto),  avocat,  à  Bourganeuf  (Creuse). 

1888 

Bellet,  instituteur,  à  La  Souterraine  (Creuse). 

**Fagb  (Emile),vice-pré8ident  honoraire  du  Conseil  de  préfeciure  de  laCorrèze, 

président  de  la  Sociéié  des  Lettres,  Sciences  et  Ans  de  Tulle,  à  Tulle. 
Mazbt  (Albert),  architecte,  boulevard  des  Baiignolles,  90,  à  Paris. 
^*  RopiN  (Ernest)  ^,  l.  P.  ^,  président  de  la  Société  scientifique,  historique 

et  archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 
Termes  (Emile  dbs),  inspecteur  général  de  la  Compagnie  d'Assurances 

générales,  à  Bordeaux. 
Thomas-Duris  (D'  René),  à  Bugeat  (Corrèze). 

1889 

BosRBDON  (Philippe  de),  0.  ^,  ancien  conseiller  d*Etat,  8,  rue  Verie,  à 

Saint-Cloud  (Seine-et-Oise). 
GoNDiNBT  (Michel)  «S^,  avocat,  docteur  en  droit,  12,  rue  Matignon,  Paris. 
DuLAU  et  0«,  libraires,  37,  Soho-Square,  à  Londres  (t). 

1890 

•*  Alexeïëfp  (Son  Excellence  le  comte  Georges  d'),  G.  C.  ^,  maître  de  la 

Cour  de  S.  H.  TEmpereur  de  Russie,  tuteur  honoraire,  rue  Sergulevskaya, 

40-<î,  Saint-Pétersbourg. 
Cars  (le. duc  des),  80,  rue  de  Lille,  Paris. 
MoNTAUDON  (Ernest),  notaire,  ancien  membre  du  Conseil  général,  à  La 

Souterraine  (Creuse). 
**  Pérathon  (Gyprien),  membre  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des 

Beaux-Arts  des  départements,  à  Aubusson. 

RiGAUDiB  (le  R.  P.),  des  missionnaires  de  N.-D.  de  Lourdes,  à  Chinon 

(Indre-et-Loire). 

1891 

Bbaughesne  (marquis  de),  vice-président  de  la  Société  historique  et  archéo- 
logique du  Maine,  maire  de  Souvigné,  au  château  de  la  Roche-Talbot, 
par  Sablé  (Sarthe),  et  8,  avenue  Marceau,  Paris. 

Brouard  (Arsène),  frère  des  Ecoles  chrétiennes,  pensionnat  Saint-Eugène^ 
à  Auriliac. 

Solanet  (Paul),  propriétaire,  à  Saint-Geniez-d*01t  (Aveyron). 


S78  SOGléri  ARCBtoLOGIQUB  R  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

MM.  1892 

Cbastioikt  db  Gbbt  (Paul),  receveur  de  renregistremeot  et  des  doDiaines» 
à  Bressuire  (Deux-St^vres). 

1893 

AsHBB  et  C**,  libraires,  13,  Doter  den  Linden,  Berlin. 
Bathbbossb  (Eugène),  avenue  de  Paris,  107,  Villejuif  (Seine). 
LsNORHAND  (Louîs),  architccte,  S,  impasse  de  Conti»  Paris. 

1896 

Albert  (D<^  Prosper),  médecin  principal  de  l*armée  en  retraite,  37,  chemin 

du  Vivier,  à  Chublac,  par  Amplepuis,  près  Lyon. 
Lbspinas  (Edmond),  avocat,  ancien  magistrat,  43,  rue  de  Bourdeiiles,  à 

Pérlgueuz. 

1897 

Vallenti  (D^  José  1gnatio)>  à  Palma  de  Mallorca  (Iles-Baléares). 

1898 

Arbellot  (Albert),  receveur  des  Finances,  à  Saint-Nazaire. 

Arbellot  du  Rbpairb  (Emile),  receveur  des  Finances,  à  Sancerre  (Cher). 

FoucAUo  (François),  comte  DU  Dauonon,  château  d'Offanengo  (Lombardiej. 

1899 

Stbcbbrt,  libraire,  76,  rue  de  Rennes,  à  Paris. 

1900 

LoPBz  Pblaez  (D.  Antolin),  doctoral  de  L'église  cathédrale  et  vicaire  général 

de  Son  £m.  l>rchevéque,  à  Burgos  (Espagne). 
Mallbbay  (Kené),  représentant  de  commerce,  au  Blanc  (Indre). 

1901 

Langlaob  (A.),  rue  de  la  Mairie,  29,  Boulogne-sur-Seine. 

Mrynibux  (P.),  licencié  ès-lettres,  Palais  de  Justice,  à  Saint-Etienne. 

RocHOUx  (Jules),  ancien  officier  de  marine,  à  Neuvy-Saint-Sépulcre  (Indre). 

1902 

D'  Massoulard  (Emile),  médecin-major  attaché  à  TEcole  du  service  de 

santé  militaire,  à  Lyon. 
Valadbau  (P.),  instituteur,  à  Saint-Priest-la-Feuille  (Creuse). 

1903 

Fagb  (André),  architecte,  avenue  Kléber,  71,  Paris. 

Etabliêsements  auxquels  la  Société  envoie  8es  puhUcaXlotis  : 

Ministère  de  Tlnstruction  publique,  à  Paris. 

Bibliothèque  de  TEcole  des  Chartes,  à  Paris. 

Bibliothèque  communale  de  Limoges. 

Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne. 

Grand- Séminaire  de  Limoges. 

Ecole  normale  d*institut6urs«  à  Belle  vue,  près  Limoges. 


LISTE  DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES 


Aine  : 
Société  Historique  et  Archéologique  de  Château-Thierry. 
Société  Archéologique,  Historique  et  Scientifique  de  Soiftsons. 

Algérie  : 

Société  Historique  algérienne,  à  Alger. 

Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 

Académie  d'Hippone,  à  Bône. 

Amer  : 

Société  d'Emulation  de  TAllier,  à  Moulins. 

Aube  : 

Société  Académique  de  TAube,  â  Troyes. 
ATejrroii  : 

Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  TAveyron,  à  Rodez. 

BoaobM-da-Bliôiio  : 
Académie  des  Sciences  de  Marseille. 
Société  de  Statistique  de  Marseille. 
Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres  d*Aix. 

ÇalradoB  : 
Société  française  d*Archéologie  pour  la  conservation  et  la  description  des 
monuments,  (siège  à  Caen). 

Charente  : 

Société  Archéologique  et  Historique  de  la  Charente,  à  Angoulème. 

GHarente-Inférienre  : 

Société  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  FAunis,  à  Saintes. 

Cher: 

Société  des  Antiquaires  du  Centre,  à  Bourges. 

Goirèie  : 

Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze,  à  Tulle. 

Société  Scientifique,  Historique  et  Archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 

Gôte-d'Or  : 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  BeHes-Lettres,  à  Dijon. 

Crème  : 
Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  k  Guérei. 

Dordogne  : 
Société  Historique  et  Archéologique  du  Périgord,  à  Périgueux, 


580  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIHOQBIN 

Donbl  : 

Société  d'Emulation  da  Doabs,  à  Besançon. 

Bnn-oi-Lolr  : 

Société  Dunoise,  à  Chftteaudon. 

FliilBtAre: 

Société  Académique  de  Brest. 

Gard: 
Académie  du  Gard,  à  Ntmes. 

Sflrooiiê  (Hanta-)  : 
Académie  des  Jeux  Floraux,  k  Toulouse. 
Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France)  à  Toulouse. 

Gironde  : 

Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

Hteanlt 

Académie  des  Sciences  et  Lettres,  à  Montpellier. 
Revue  des  LAngues  Romanes  de  Montpellier. 
Société  archéologique  de  Montpellier. 

nia-et-TUain«  : 
Société  Archéologique,  à  Rennes. 

Indre  : 
Rédaction  de  la  Reoue  du  Centre,  à  GhAteauroux. 
Société  Académique  du  Centre,  à  GhAteauroux. 

Indra-et-Lolre  : 
Société  Archéologique  de  Touraine,  à  Tours. 

Isira  : 

Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 

Landea  : 
Société  de  Borda,  à  Dax. 

Loir-et-Cher  : 
Société  Archéologique,  Scientifique  et  Littéraire  du  Vendômois,  à  Vendôme. 

Loire  : 

Société  d*AgricuUure,  Industrie,  Sciences,  Arts,  Belles-Lettres,  &  St-Etienne. 

Loire  (Hante-). 
Société  Agricole  et  Scienti6que  de  la  Haute-Loire,  au  Puy 

Loire-Inférienre  : 
Société  Archéologique,  à  Nantes. 

Loiret: 
Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  à  Orléans. 

Lot: 
Société  des  Etudes  Littéraires,  Scientifiques,  Artistiques  du  Lot,  à  Cahora. 

Lot-et-Oaionne  : 

Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Agen. 


SOClétiS   CORRBS^OHOANtRS.  Ml 

llaJiM-et-Loin  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  Maine-et-Loire,  à  Angers. 

Marne  : 
Société  Archéologique,  à  GhMons-sur-Marne. 
Académie  des  Lettres,  Sciences  et  Arts,  à  Reims. 

Xêorthe-êt-lloielle  : 

Académie  de  Stanislas,  à  Nancy. 

Xorbflum  : 

Société  Polymathique  du  Morbihan,  à  Vannes. 

Nord  : 

Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  à  Lille. 

Qbo: 
Société  Académique  d'Archéologie,  Sciences  et  Arts,  à  Beau  vais. 
Comité  Archéologique,  à  Senlis. 

Orne  : 
Société  archéologique  et  historique,  à  Alençon. 

Pae-de-CalalB  : 
Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  d'Arras. 
Société  Académique,  à  Boulogne-su r-Mer. 
Société  des  Antiquaires  de  la  Morinie,  à  Saint-Omer. 

Pay'de-Dôme  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Ans,  à  Clermonl-Perrand. 
Société  des  Amis  de  l'Université  d'Auvergne,  à  Clermont-Ferrand. 

Pyrénées  (Basées-)  : 
Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau. 

Bbône  : 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts,  à  Lyon. 
Bulletin  historique  du  diocèse  de  Lyon. 
Saône-et-Loire  : 

Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  MAcon. 
Société  Eduenne,  à  xVutun. 
Serthe: 

Société  Historique  et  Archéologique  du  Maine,  au  Mans. 
SftToie  : 

Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  à  Chambéry. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Savoie,  à  Chambéry. 
SftTOle  (Hante-) 

Société  Florimontane,  à  Annecy. 

Seine  : 
Société  des  Antiquaires  de  France,  à  Paris. 
Société  Française  de  Numismatique  et  d'Archéologie,  à  Paris. 
Société  Indo-Chinoise,  à  Paris. 

Lemoujj,revuefranco-limousine,organe  des  associations  limousines  de  Paris. 
Selne-et-Mame  : 

Société  Historique  et  Archéologique  du  Gâlinais»  à  Fontainebleau. 

Seine-et-Olse  : 
Société  Archéologique  de  RambouilleL 


582  SOCIÉTÉ  ARGHftoLOGIQUI  KT  BISTORIQQB  DÛ   LIHOOSIN. 

S«ln0-Iiif èiieiira  : 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts,  à  Rouen. 

Sèm»  (Deux-)  : 
Société  de  Statistique,  Sciences  et  Arts  des  Deux-Sôvres,  à  Niort. 
Revue  épigraphique  (direction  à  Saint-Haixent). 

Somme  : 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres,  Arts,  Agriculture,  à  Amiens. 

Société  d'Emulation  d'Abbeville. 

Tam-et-teronne  : 
Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonn  e,  à  Montauban. 

Var  : 

Société  d'Etudes  Scientifiques  et  Archéologiques,  à  Draguignan. 
Académie  des  Arts  du  département  du  Var,  à  Toulon. 

Tienne  : 
Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  à  Poitiers. 

Tienne  (Hante-)  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Limoges. 
Société  Gay-Lussac,  à  Limoges. 
Société  botanique  el  Revue  scientifique,  à  Limoges. 
Société  des  Amis  des  Sciences  et  des  Arts,  à  Rochechouart. 

Tonne  : 

Société  des  Sciences  Historiques  et  Naturelles  de  TYonne,  à  Auxerre. 
Société  Archéologique,  à  Sens. 

Allemagne  : 

Société  historique  d'Aix-la-Gbapelie  (AonA/ier  GeachichiBoerèin), 

Société  des  Annales  de  l'université  d*Heidelberg  (Bibliothèque  de   l'Uni- 
versité). 

Belgique  : 

Académie  Royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de   Belgique, 
à  Bruxelles. 

Académie  royale  d'Archéologie  d'Anvers. 

Société  des  BoUandistes,  4,  rue  des  Ursulines,  Bruxelles. 

Les  RR.  PP.  Bénédictins,  à  Haredsous. 

Cercle  Archéologique  de  Mons. 

Roasle  : 

Commission  impériale  d'Archéologie  de  Saint-Pétersbourg. 
Académie  Impériale  de  Saint-Pétersbourg. 

Snède  : 
Académie  royale  des  Belles-Lettres,  d*Histoire  et  des  Antiquités,  et  Musée 
National   {Kongl.  VUerhet8^  Historié  och  Antiquitets  Akademien)    de 

Stockholm. 
Sqisae  : 

Société  neurchftteloise  de  géographie,  à  Neufchàtel. 
Société  historique  et  archéologique  de  Bàle  (Hisioriache  uad  cuitiqua-- 
rische  Gesellschaft. 

£tatB-Unl8  de  TAméiique  dn  Nord  : 
Société  Smithsonienne,  à  Washington. 


TABLE    MÉTHODIQUE 


Société  archéologique  et  historique 
du  Limouftin 

Bibliothèque  (La)  de  la  Société,  par 
M.  A.  Leroux,  SIO. 

Compte  rendu  financier  de  1901,  par 
M.  L.  Guibert,  p.-v.  515. 

Congrès  des  sociétés  savantes  à  la 
Sorbonne, nomination  de  délégués, 
p.-v.  517;  —  compte-rendu  par 
M.  René  Page,  p.-v.  532. 

Discours  de  M.  René  Page,  élu  pré- 
sident, 5. 

Documents  sur  Saint-Junien  et  les 
environs,ayantappartenuàM.Jules 
Godet  de  Boisse,  offerts  à  la  Société 
par  M.  Léon  Surin,  p.-v.  550. 

Excursion  de  la  Société  à  Uzerche, 
p.-v.  532,  537. 

Pélicitations  à  M.  Pray-Pournier, 
nommé  officier  d'Instruction  publi- 
que, à  MM.  Blancber  et  Bonnaud, 
nommés  officiers  d'Académie,  p.-v. 
526. 

Pélicitations  à  M.  le  D'  Pournié, 
nommé  officier  d'Instruction  pu- 
blique, p.-v.  554. 

Hommage  à  M.  Léopold  Delisle,  par 
M.  René  Page,  p.-v.  559. 

Installation  de  M.  René  Page,  comme 
président  de  la  Société,  p.-v.  513. 

Moulages  et  photographies  de  monu- 
ments décorant  la  salle  des  séan- 
ces, remerciements  à  M.  Louvrier 
dei  Lajolais,  p. -y.  553. 


Ouvrages  limousins  offerts  à  la  So- 
ciété par  M.  Emile  Hervy,  p.-v. 
553. 

Photographie  d'une  charte  carolin- 
gienne (privilèges  concédés  à  l'ab- 
baye de  Solignac,  849),  offerte  à 

la  Société  par  M.  A.  Leroux,  p.-v. 
566. 

Procès-verbaux  des   séances  de  la 

Société,  par  M.  G.  Jouhannaud, 
513. 

Séances  générales  ouvertes  orga- 
nisées par  le  bureau  de  la  Société 
p.-v.  566. 

Sciences  auxiliaires  de  l'histoiie 

Archives  hospitalières  de  Limoges 
versées  aux  archives  départemen- 
tales, par  M.  A.  Leroux,  p.-v. 
549. 

Ghartrier  du  château  de  Lejchoisier, 
par  M.  de  Vandières  de  Vitrac, 
p.-v.  521. 

Manuscrit  de  Lamy  sur  le  blason  (Voy. 
Recueil  d'armoiries  limousines, 
448). 

Bibliographie  :  VAbbaye  de  Saint- 
Martial,  par  M.  Charles  de  Las- 
teyrie,  par  M.  Louis  Guibert,  p.-v. 
517. 

Bibliographie  :  Mémoire  ia  lieute- 
nant-colonel Aubin  Dutheillet  de 
Lamothe^  par  M.  P.  Ducourtieux, 
p.-v.  532. 


584 


SOClétB  ÀRCBÉOL(N^lQtJB  BT  HlSTOEIQUE  DU  LIMOUSIH 


Exposition  du  Limousia  pittoresque 
et  monumental  par  MM.  Camille 
et  Charles  Jouhanneaud,  p.-v. 
617.537,543,  551. 

Cloches  du  diocèse  de  Limoges  (suite 
et  Gn),  par  M.  Tabbé  A.  Lecler, 

128. 
Monnaie  en  bronze  de  Claude  trou- 
vée près  de  Naugeat,  par  M.  Tabbé 

A.  Lecler,  p.-v.  537. 

Monnaies  en  or  du  xiv«  siècle  trou- 
vées à  La  Chapelle-Blanche,  com- 
mune de  Saint-Victurnien,  par 
M.  P.  Ducourlieux,  p.-v.  527. 

Monnaie  d'or  de  Ferdinand  et  d'Isa- 
belle d'Espagne,  trouvée  aux  Cas- 
seaux  à  Limoges,  par  M.  L.  Gui- 
berl,  P.-V.549. 

Médaille  trouvée  à  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles,  par  M.  Roger  Drouault, 
p  -V.  543. 

Médailles  en  l'honneur  de  Victor 
Hugo,  par  M.  le  D»  Fournie,  p.-v. 

526. 
Armoiries  limousines  (Recueil  d'}  de 

Philippe  Poncet,peintre-émailleur, 

par  MM.  A.  Lecler  et  L.  Guibert, 

425;  —  manuscrit  de  Lamy  sur  le 

blason,  448. 

Armoriai  (Voy.  la  seigneurie  de  La- 

forest-Belleville,  399). 

Histoire  proprement  dite 

Voyage  en  Egypte,  par  M.  Camille 

Marbouty,  p.-v.  429. 
Limousins  (Origine  des)  et  fondation 

de  Limoges,  par  M.  Hubert-Texier, 

p.-v.  539. 
Voies  romaines  en  Limousin  (Les), 

par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  540. 
Voie  romaine  de  Limoges  à  Bourges 

(La)  et  la  station  de  Praetorium, 

par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  546. 
Localités  dont  les  cloches  sont  citées 

(Voy.  Etude  sur  les  cloches  du 

diocèse  de  Limoges,  192). 


Limoges  (Coup-d'œil  sur  l'Histoire 
de  la  ville  de),  par  M.  L.  Guibert, 
13;  p.-v.  528,550. 

Limoges.  Lettres  de  Charles  VII, 
modifiant  les  armes  de  la  ville, 
par  M.  L.  Guibert,  p.-v.  650. 

Limoges  et  les  bonnes  villes,  par 
M.  A.  Fray-Fournier,  281;  p.-v. 
557. 

Limoges,  Le  rempart  du  Château, 
par  M.  P.  Ducourtieux,  54. 

Limoges.  (Dénomination  des  rues 
de),  par  M.  L.  Mouret,  p.-v.  519. 

Limoges,  La  légende  de  l'aqueduc 
d'Aigoulène,  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  535. 

Peyrat-le-Château,  documents  com- 
muniqués au  nom  de  M.  Goussey- 
roux,  parM.  C.  Jouhanneaud,  p.*v. 
534. 

Saint-Junien,  Saint-Brice  et  Javer- 
dat,  documents  communiqués  par 
M.  L.  Guibert,  p.-v.  538. 

Uxellodunum  (L'emplacement  d'}, 
par  M.  René  Fage,  p.-v.  524. 

Uzerche  (Chronique  de  l'abbaye), 
publiée  par  M.  Manteyer  dans  les 
Mélanges  et  études  d'histoire  du 
moyen  âge,  par  M.  A.  Leroux,  p.-v. 
562. 

Aubepeyre  (Le  marquisat  d'),  par 
M.  Zenon  Toumieux,  64;  —  les 
seigneurs,  69;  —  le  château,  40! ; 

—  domaine  utile,  rentes  et  dimes, 
105;  —  procès-verbal  de  criée  de 
la  terre  et  seigneurie  d'Aubepeyre 
et  de  Saint-Yrieix,  1761,  doc.  408. 

Fournoux  (Délibération  delà  collecte 
de),  1766,  doc.  415. 

Laforest-Belleville  (La  seigneurie  de), 
par  M.  Zénon-Toumieux,  379,  do- 
maine utile,  rentes  et  dîmes,  395  ; 

—  liève  des  revenus  de  la  terre  et 
seigneurie,  1744,  doc.  418. 

La  Mazure  (Reconnaissance  par  les 
tenanciers  de)«  1555^  doc.  411. 


I 


tkBtW  lîàTBODl(tuk 


IS8& 


t>uy-de  jouer  (PraBtorium),  visite  du 
P.  de  La  Croix,  par  M.  L.  Guibert, 
p.-v.  550. 

SaiQt-Yrieix  (La  seigneurie  de),  par 
M.ZéDonToumieux,353;— arrière- 
fiefs  de  la  seigneurie,  302  ;  —  do- 
maine utile,  rente  et  dîmes,  358  ; 

—  paroisse  de  Saint-Yrieix,  65; 

—  les  seigneurs,  354;  —  vente  de 
laseigneuriedeSaint-Yrieix,  1593, 
doc.  412. 

Histoire  religieuse 

Chapitre  cathédral  de  Limoges  (an- 
ciens titres  du),  833-1123,  par 
M.  A.  Leroux,  p.-v.  567. 

Arlige  (Prieuré  de  T),  par  M.  Camille 
Jouhanneaud,  p.-v.  523. 

Bonbon  (Monastère  de),  par  M.  l'abbé 
A.  Lecler,  p.-v.  545. 

Pénitents  gris  de  Tulle  (Marché  entre 
la  confrérie  des)  et  Antoine  Picaud, 
marchand-tapissier  d'Aubusson, 
par  M.  René  Fage,  p.-v.  540. 

Saint  Léonard  (Extraits  de  la  vie  de), 
publiée  par  le  P.  Bernardin  en 
1673,  communiqués  par  M.  Lan- 
glade,  p.-v.  555. 

Bref  de  Clément  IX  accordant  des 

indulgences  à  ceux  qui  visiteraient 

régUse  de  Saint-Martin  de  Châ- 

teauponsac,  par  M.  l'abbé  Lecler, 
p.-v.  533. 

Histoire  de  la  noblesse 

Acte  de  foi  et  hommage  rendu  à 
M"«  de  Mirabeau  par  M.  Grégoire 
de  Roulhac,  1780.  Doc.  corn,  par 
M.  Bellet,  p.-v.  555. 

Hommage  lige  rendu  par  Léonet  de 
Chizadour,  1524.  Doc.  402. 

Justice,  instruotion  publique 

Justice  royale  de  Limoges  (La),  par 
M.  L.  Guibert,  p.-v.  563,  567.  . 

T.  Ul 


Justice  du  marquisat  d'Aubepeyre 
(La)  (Voy.  Le  marquisat  d'Aube- 
peyre, 68). 

Justice  de  la  seigneurie  de  Laforest- 
Belleville  (La)  (Voy.  La  seigneurie 
de  Laforest-Belleville,  379). 

Justice  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Yrieix  (La)  (Voy.  La  seigneurie  de 
Saint-Yrieix,  353). 

Sommation  d'un  huissier  de  la  juri- 
diction consulaire  de  Limoges  à 
Pierre  Ranjou,  prêtre  à  La  Souter- 
raine, 1728.  Doc.  com.  par  M. 
Bellet,  p.-v.  543. 

Enseignement  industriel  et  commer- 
cial à  Limoges  au  xix«  siècle,  par 
M.  A.  Leroux,  485. 

Sciences  physiques  et  naturelles 
Médecine,  hygiène 

Ecole  pratique  des  mines  à  Limoges 

(Projet  d'une),  par  Allou,1815.  Doc. 

com.  par  M.  A.  Leroux,  p,-v.  558. 
Epidémie  des  prisonniers  espagnols 

à  Limoges  en  1809,  par  M.  l'abbé 

A.  Lecler,  p.-v.  561. 

Agriculture,  industrie,  commerce 

Porcelaine  limousine  (tiisloire  delà), 
par  MM.  A.  Leroux  et  Ch.  Jouhan- 
neaud, p.-v.  544. 

Chambre  consultative  des  arts  et 
manufactures  de  Limoges  (Délibé- 
rations de  la),  extraits  relatifs  à  la 
porcelaine,  par  M.  A.  Leroux,  497. 

Municipalité  de  Limoges  (Registres 
de  la),  extraits  relatifs  à  la  porce- 
laine, par  M.  A.  Leroux,  505. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
de  Limoges  (Registres  de  la)^ 
extraits  relatifs  à  la  porcelaine, 
par  M.  A.  Leroux,  491. 

Porcelaine  de  Magnac-Bourg  (La 
fabrique  de),  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  553. 

38 


586 


SOCIÉTÉ  ARGHBOLOQIQDB  BT  HISTORIQUE  DU  LIHOUSIM 


Vente  entre  Guillaume  Sayelli  et  Guy 
de  Rançon,  1285.  Doc.  corn,  par 
M.  l'abbé  A.  Lecler,  p.-v.  549. 

Mœurtj  usages»  langage 

Registre  de  famille  de  René  II  de 

Meyvières,  par  M.  de  Vandières  de 

Vitrac,  p.-v.  634. 
Testament  de  Jacques  de  Chizadour, 

1598.  Doc.  404. 
Séquences^  nouveau  fascicule  publié 

par  le  P.  Blume,  par  M.  L.  Guibert, 

p.-Y.  544. 

Archéologie  et  Beaux-Arts 

Souterrain-refuge  à  La  Cbautardie, 
comm.  de  Meilhac,  par  M.  Tabbé 
Pénicaud,  p.-v.  561. 

Poteries  romaines  trouvées  au  Mon- 
leil,  comm.  de  Roussac,  et  poids 
de  tisserand,  trouvé  à  TArtimache, 
comm.  de  La  Chapelle-Montbran- 
deix,  par  H.  Tabbé  A.  Lecler, 
p.-v.  554. 

Puy-de-Jouer  (Praetoriùm),  résultat 
des  fouilles,  par  M.  Tabbé  Dercier, 
p.-v.  554. 

Grenier  de  dîmes,  aux  Monts,  comm. 
de  Nieul,  par  M.  L.  Guibert,  p.-v. 
561. 

Limoges.  Anciennes  prisons,  tripty- 
que, peinture  de  M.  Courtot,  p.-v. 
567. 

—  La  boulangerie  du  monastère  des 
Filles-de-Notre-Darae,  peinture  de 
M.  Courtot,  p.-v.  549. 

—  Le  quartier  du  Rajatet  del'Abbes- 
sailie  en  1901 ,  peinture  de  M.  Cour- 
tot, p.-v.  555. 

Pierre  représentant  le  Christ  en 
croix  au  village  de  Monlhieux,  près 
la  forêt  de  Guéret,  par  M.  Joly  de 
Sailly,  p.-v.  650. 

Boite  en  cuivre  du  xv«  siècle,  par 
M,  Camille  Marbouty,  p.-v.  517. 


Cloches  du  diocèse  de  Limoges,  par 

M.rabbéA.Lecler,  128. 
Dictionnaire  des  fondeurs  de  cloches 

(Yoy.   Etude  sur  les  cloches  do 

diocèse,  174). 
Emaillerie  peinte  (La  renaissance  de 

r),  par  M.  A.  Leroux,  114. 

Emaillerie  (L'atelier  d')  de  Louis  Dal- 

peyrat,  par  M.  E.  Blancher,  125, 

p.-v.  518. 

Biographie 

Famille   Dalesme,    par   M.    Tabbé 

A.  Lecler,  p.-v.  537. 
Famille  de  Tisseuil  et  la  généalogie 

de  la  Maison  de  Tisseuil,  imprimée 

en  1783,  par  M.  P.  Ducourtieux, 

p.-v.  639. 
Bégoûgne  de  Juniac  (Le  colonel), 

par  M.  L.  Guibert,  p.-v.  533. 
Chassoux  (Feroand),  nécrologie,  par 

M.  E.  Hervy,  p.-v.  549. 
Desnoyers   (Mgr),    nécrologie,    par 

M.  Hersant,  p.-v.  521. 

Eychisadour(  Procès-verbal  relatif  à  la 

mort  de  Martin  d'),  1619.  Doc.  402. 
Hupé  (Ernest),  auteur  du  panneau 

VHyménée,  à  l'Hôtel-de-Ville  de 
Limoges,  nécrologie,  par  M.  Cour- 
lot,  p.-v.  554. 

L'Hermite  du  Solier  (Tristan  et  Jean- 
Baptiste),  poètes,  par  M.  Camille 
Jouhaoneaud,  p.-v.  540. 

Limosin  (Léonard),  émailleur,  imposé 
pour  dix  écus  en  1568,  par  M.  An- 
toine Thomas,  p.-v.  528. 

Munlz  (Eugène),   vice-président  de 

TAcadémie    des    inscriptions    et 

belles    lettres,    nécrologie    par 

M.  René  Fage,  p.-v.  559. 
Nalèches    (Le    général    de),    par 

M.  Camille  Jouhanneaud,  p.-v.  521. 
Nivet-Fontaubert  (Ch.),  nécrologie, 

par  M.  René  Fage,  p.-v.  515. 
Sébastien  I«',  roi  de  Portugal,  serait- 
il  mort  à  Limoges,  par  M.  Hubert 
Texier,  p.-v.  522, 


TABLE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DE  MATIÈRES 


Acte  de  foi  et  hommage  rendu  à 
M"**"  de  Mirabeau  par  M.  Grégoire 
de  Roulhac,  1780.  Doc.  com.  par 
M.  Bellet,  p.-v.  S55. 

Archives  de  Limoges  versées  aux 
aux  archives  départementales,  par 
M.  Leroux,  p.-v.  549. 

Armoiries  limousines  (Recueil  d') 
de  Philippe  Poncet,  peintre-émail- 
leur,  par  MM.  Tabbé  A.  Lecler  et 
Louis  Guibert,  425. 

Armoriai  (Voy.  la  seigneurie  de 
Laforest-Belleville,  399). 

Arlige  (Le  prieuré  de  T),  par  M. 
Camille  Jouhanneaud,  p.-v.  523. 

Aubepeyre  (Le  marquisat  d'),  par 
M.  Zenon  Toumieux,  64.  —  Les 
seigneurs  d'Aubepeyre  (Voy.  le 
Marquisat  d*Aubepeyre,  69).  — 
Le  Château  d'Aubepeyre  (Voy.  le 
Marquisat  d* Aubepeyre,  101).  — 
Domaine  utile,  rentes  et  dîmes  de 
la  seigneurie  d'Aubepeyre  (Voy. 
le  Marquisat  d'Aubepeyre,  106.  — 
Procès-verbal  de  criée  de  la  terre 
et  seigneurie  d* Aubepeyre  et  de 
Saint-Yrieix,  1761,  doc.  408. 

Begougne  de  Juniac  (Le  colonel), 
par  M.  L.  Guibert,  p.-y.  533. 

Bibliographie  :  L'Abbaye  de  Saint- 
Martialy  par  M.  Ch.  de  Lasteyrie, 
par  M.  Louis  Guibert,  p.-v.  517. 

—  Mémoires  du  IwAtenant-colonel 
Aubin  Dutheillet  de  Lamothe,  par 


M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  532. 

Boîte  en  cuivre  du  xv*  siècle,  par 
M.  Ë.  Marbouty,  p.-v.  517. 

Bonbon  (Le  monastère  de),  par 
M.  Tabbé  A.  Lecler,  p.-v.  545. 

Bref  de  Clément  IX  accordant  des 
indulgences  à  ceux  qui  visite- 
raient réglise  de  Saint-Martin  de 
Châteauponsac,  par  M.  Tabbé 
A.  Lecler,  p.-v.  533. 

Chambre  consultalive  des  arts  et 
manufactures  de  Limoges  (Délibé- 
rations de  la)  (Extraits  relatifs  à 
la  porcelaine),  par  M.  Alfred 
Leroux,  497. 

Chapitre  cathédral  de  Limoges  (An- 
ciens titres  du  (833-1123),  par  M. 
Leroux,  p.-v.  567. 

Ghartrier  du  château  de  Leychoisier 
(Le),  par  M.  de  Vandières  de  Vilrac, 
p.-v.  521. 

Chassoux  (Fernand),  nécrologie,  par 
M.  E.  Hervy,  p.-v.  549. 

Cloches  du  diocèse  de  Limoges 
(Etude  sur  les)  fsuite  et  fin),  par 
M.  l'abbé  A.  Lecler,  128. 

Dalesme  (La  famille),  par  M.  Tabbé 
A.  Lecler,  p.-v.  537. 

Desnoyers  (Mgr),  nécrologie,  par  M. 
Hersant,  p.-v.  521. 

Ecole  pratique  des  mines  à  Limoges 
(Projet  d'une),  par  Allou,  1816. 
Doc.  comm.  par  M.  A  Leroux, 
p.-v.  558. 


MB 


aOClftTÉ  ARCfliÔLOGlOUB  ttT   ÉISTOllIQDI   DIJ   LlHOUSlK 


Emaillerie  (L'atelier   d*)   de  Louis 

Dalpeyrat,  par  M.  Ernest  Blan- 

cher,  125,  p.-v.  818. 
Ecnaillerie  peinte  (La  renaissance  de 

r)    à    Limoges,    par    M.    Alfred 

Leroux,  H4. 
Enseignement  industriel  et  commer- 
cial à  Limoges    au    xix'    siècle; 

esquisse  historique,  par  M.  Alfred 

Leroux,  485. 
Epidémie  des  prisonniers  Espagnols 

à  Limoges  en  1809,  par  M.  l'abbé 

A.  Lecler,  p.-v.  561. 
Exposition  du  Limousin  pittoresque 

et  monumental,  par  MM.  Camille 

et  Charles  Jouhanneaud,  p.-v.  517, 

537,543,551. 
Eychisadour  (Procès-verbal  relatif  à 

la  mort  de  Martin  d'),  1619.  Doc, 

402. 
Fondeurs  de   cloches  (Dictionnaire 

des)  (Voy.  Etude  sur  les  cloches 

du  diocèse  de  Limoges,  174). 

Fournoux (Délibération delà  collecte 
de),  1766.  Doc,  415. 

Grenior  de  dîmes  aux  Monts,  com- 
mune de  Nieul,  par  M.  L.  Guibert, 
p.-v.  561. 

Hommage-lige  rendu  par  Lëonet  de 
Chizadour.  Doc,  402. 

Hupé  (Ernest),  auteur  du  panneau 
ïHyménée,  à  THôtel  de  Ville  de 
Limoges,  nécrologie,  par  M.  Cour- 
tot,  p.-v.  554. 

Justice  (La)  du  Marquisat  d'Aube- 
peyre  (Voy.  le  Marquisat  d'Aube- 
peyre,  68). 

Justice  (La)  de  la  seigneurie  de 
Laforest-Belleville  (Voy.  la  Sei- 
gneurie de  Laforest-Belleville, 
379). 

Justice  (La)  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Yrieix  (Voy.  la  Seigneurie  de  Saint- 
Yrieix,  353). 
Justice  royale  (La)  de  Limoges,  par 
M.  L.  Guibert,  p.-v.  563,  567. 


Laforest-Belleville  (La  seigneurie 
de),  par  M.  Zenon  Toumieux, 
379.  —  Domaine  utile,  rentes  et 
dîmes  de  la  seigneurie  de  Laforest- 
Belleville  (Voy.  la  Seigneurie  de 
Laforest-Belleville,  395).  —  Liève 
des  revenus  de  la  terre  et  seigneu- 
rie de  Laforest-Belleville,  1744. 
Doc,  418. 

La  Mazure  (Reconnaissance  par  les 
tenanciers  de),  1555.  Doc,  411. 

L'Herraite  du  Solier  (Tristan  et  Jean- 
Baptiste],  poètes,  par  M.  Camille 
Jouhanneaud,  p.-v.  540. 

Limoges  (Coup  d'œil  sur  l'histoire  de 
la  ville  de),  par  M.  Louis  Guibert, 
13;  p.-v.  528,  550. 

—  Dénomination  des  rues  de  Limo- 
ges, par  M.  L.  Mouret,  p.-v.  519. 

Limoges  et  les  bonnes  villes,  par 
M.  Alfred  Fray-Fournier,  281  ; 
p.-v.  557. 

—  La  légende  de  l'aqueduc  d'Aî- 
goulène,  par  M.  Alfred  Leroux, 
p.-v.  535. 

—  Lettres  de  Charles  VII  modiQaiit 
les  armes  de  la  ville,  par  H.  L. 
Guibert,  p.-v.  550. 

—  Rempart  du  château  de  limoges 
(A  propos  d'un  pan  de  mur),  par 
M.  Paul  Ducourtieux,  54. 

—  Anciennes  prisons,  triptyque, 
peinture  deM.Gourtot,  p.-v.  867. 

—  ]jSl  boulangerie  du  monastère  des 
Filles-Notre-Dame,  peinture  de 
M.  Courtol,  p.-v.  549. 

—  Le  quartier  du  Rajat  et  de  l'Abbes- 
saille  en  1901,  peintyre  de 
M.  Courtol,  p.-v.  655. 

Limosin  (Léonard),  émailleur,  imposé 
pour  dix  écus  en  1568,  par 
M.  Antoine  Thomas,  p.-v.  528. 

Limousins  (Origine  des)  et  fondation 
de  Limoges,  par  M.  Hubert  Texier, 
p.-v.  539. 


TABLK  PAR  ORDRR  ALPHABAtIQUE  DE  MATIÈRES 


589 


Localités  dont  les  cloches  sont  citées 
(Voy.  Etude  sur  les  cloches  du 
diocèse  de  Limoges,  192). 

Manuscrit  de  Lamy  (Le)  sur  le  blason 
(Voy.  Recueil  d'armoiries  limou- 
sines, 448). 

Médaille  trouvée  à  Sainl-Sulpice-les- 
Feuilles,  par  M.  Roger  Drouault, 
p.-v.  543. 

Médailles  en  l'honneur  de  Victor 
Hugo,  par  M.  le  docteur  Fournie, 
p.-v.  526. 

Monnaie  en  bronze  de  Claude,  trou- 
vée près  de  Naugeat,  par  M.  l'abbé 
A.  Lecler,  p.-v.  537. 

Monnaies  en  or  du  xiv«  siècle,  trou- 
vées à  La  Chapelle-Blanche,  com- 
mune de  Sainl-Victurnien,  par 
M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  527. 

Monnaie  d'or  deFerdinand  et  Isabelle 

d'Espagne,  trouvée  aux  Casseaux, 

à  Limoges,  par  M.  Guibert,  p.-v. 

549. 
Municipalité  de  Limoges  (Registres 

de  la)  (Extraits  relatifs  à  la  porce- 
laine), par  M.  A.Leroux,  505. 

Munlz  (Eugène),  vice-président  de 
l'Aca'lémie  des  Inscriptions  et 
belles-lettres,  nécrologie,  par 
M.  R.  Fage,  p.-v.  559. 

Nalèches  (Le  général  de),  par  M. 
Camille  Jouhanneaud,  p.-v.  521. 

Nivet-Fontauberl  (Ch.),  nécrologie, 
par  M,  R.  Fage,  p.-v.  515. 

Pénitents  gris  de  Tulle  (Marché  entre 
la  confrérie  des)  et  Antoine  Picaud, 
marchand  tapissier  d'Aubusson, 
par  M.  René  Fage,  p.-v.  540. 

Peyral-le^hâteau  (Documents  sur), 
communiqués  au  nom  de  M.  Cous- 
seyroux,  par  M.  Camille  Jouhan- 
neaud, p.-v.  534. 

Pierre  représentant  le  Christ  en  croix 
au  village  de  Mpnthieux  près  la 
forôl  de  Guérel,  par  M.  Joly  de 
Sailly,  p.-v.  550. 


Porcelaine  (La  fabrique  de)  de  Ma- 
gnac-Bourg,  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  553. 

Porcelaine  limousine  (Histoire  de  la), 
par  MM.  A.  Leroux  et  Ch.  Jouhan- 
neaud, p.-v.  544  (Voy.  Chambre 
consultative,  Municipalité  de  Li- 
moges et  Société  d'agriculture, 
pour  les  extraits  de  leurs  regis- 
tres relatifs  à  la  porcelaine). 

Poteries  romaines  trouvées  au  Mon- 
teil,  commune  deRoussac,  et  poids 
de  tisserand,  trouvé  à  l'Ariimache, 
commune  de  La  Chapelle-Mont- 
brandeix,  offerts  par  M.  l'abbé 
Lecler,  p.-v.  564. 

Puy-de-Jouer  (Prœtorium)  (Visite  du 
P.  de  la  Croix  au),  par  M.  L.  Gui- 
bert, p.-v.  550. 

Puy-de-Jouer  {Prœtorium).  Résultats 

des  fouilles,  par  M.  l'abbé  Dercier, 
p.-v.  554. 

Registre  de  famille  de  René  II  de 
Meyvières,  par  M.  de  Vandières 
de  Vilrac,  p.-v.  534. 

Saint-Junien,  Saint-Brice  et  Javerdat 
(Documents  concernant),  commu- 
niqués par  M.  Guibert,  p.-v.  538. 

Saint  Léonard  (Extraits  de  la  vie  de), 
publiée  par  leP.  Bernardin  en  1673, 
communiqués  par  M.  Langlade, 
p.-v.  555. 

Saint-Yrieix  (La  seigneurie  de),  par 
M.  Zenon  Toumieux,353.— Arrière- 
fiefs  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Yrieix  (Voy.  La  seigneurie  de 
Saint-Yrieix,  302).  —  Domaine 
utile,  rentes  et  dîmes  de  la  sei- 
gneurie de  Saint-Yrieix  (Voy.  La 
Seigneurie  de  Saint-Yrieix,  358). 
—  Paroisse  de  Saint  Yrieix-laMon- 
lagne  (Voy.  Le  marquisat  d'Aube- 
peyre,65). — Les  seigneursde  Saint- 
Yrieix  (Voy.  La  seigneuriedeSaint- 
Yrieix, 354).—  Vente  de  la  seigneu- 
rie de  Saint-Yrieix,  1593,  doc,  412. 


590 


SOCttré  ABCBfOLOGIQOB   ET  HISTORIQUB  DU   LIMOUSIN 


Sébastien  !•%  roi  de  Portugal,  serail-il 
mort  à  Limoges,  par  M.  Hubert 
Texier,  p.-v.  822. 

SéquenceSy  nouveau  fascicule  publié 
par  le  P.  Blume,  par  M.  L.  Guiberl, 
p.-v.  844. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
de  Limoges  (Registres  de  la) 
(Extraits  relatifs  à  la  porcelaine), 
par  M.  Alfred  Leroux,  491. 

Sommation  d'un  huissier  de  la  juri- 
diction consulaire  de  Limoges  à 
Pierre  Ranjou,  prêtre  à  La  Souter- 
raine (1728).  Doc.  communiqué  par 
M.  Bellel,  p.-v.  543. 

Souterrain-refuge  à  La  Chautardie, 
commune  de  Meilhac,  parM.  Tabbé 
Pénicaud,  p.-v.  561. 

Testament  de  Jacques  de  Chizadour, 
(1898).  Doc,  404. 

Tisseuil  (La  famille  de)  et  la  Généa- 
logie de  la  maison  de  Tiêseuil,  im- 


primée en  1783,  par  M.  P.  Ducour- 

tieux,  p.-v.  839. 
Uxellodunum  (L'emplacementd'),  par 

M.  René  Fage,  p.v.  524. 
Uzerche  (La  chronique  de  l'abbaye 

d'\  publiée  par  M  Manteyer  dans 

les  Mélanges  et  études  d'histoire  du 

moyen  âge,  par  M.  Leroux,  p.-v. 

562. 
Vente  entre  Guillaume   Savelli   et 

Guy  de  Rançon  (Acte  de),  1285. 

Doc.  com.  par  M.  l'abbé  Lecler, 

p.-v.  849. 
Victor  Hugo    (Voy.    Médailles  en 

l'honneur  de  Victor  Hugo). 
Voies  romaines  en  Limousin  (Les), 

par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  540. 
Voie  romaine  de  Limoges  à  Bourges 

(La)  et  la  station  de  Praeiorium, 

par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  546. 
Voyage  en  Egypte,  par  M.  Camille 

Marbouty,  p.-v.  529. 


TABLE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  D'AUTEURS 


Bellet. 

Acle  de  foi  et  hommage  à  M"*  de 
Mirabeau  par  M.  Grégoire  de  Roii- 
Ihac,  1780,  p.-v.  SUS. 

Sommation  d'un  huissier  de  la  juri- 
diction consulaire  de  Limoges,  à 
Pierre  Ranjou,  prêtre  à  La  Souter- 
raine, 1728,  p.-v.  843. 

Blaucber  (Ernest). 

L'atelier  d*émaillerie  de  Louis  Dal- 
peyrat,  125;  p.-v.  818. 

Gourtot* 

Hupé  (Ernest),  auteur  du  panneau 
VByménée,  à  l'Hôtel  de  Ville  de 
Limoges,  nécrologie,  p.-v.  884. 

Limoges,  anciennes  prisons,  tripty- 
que, peinture,  p.-v.  867  ;  —  la  bou- 
langerie du  monastère  des  Filles 
Notre-Dame,  peinture,  p.-v.  849; 
—  Le  quartier  du  Rajat  et  de  l'Ab- 

bessaille  en  1901,  peinture,  p.-v. 
888. 

Oeroler  (L'abbé). 

Puy-de-Jouer  (Prœtorium)^  résultats 
des  fouilles,  p.-v.  884. 

DrouaulC  (Roger). 

Médaille  trouvé  à  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles,  p.-v.  843. 

Ducourtleux  (Paul). 

Bibliographie  :  Mémoires  du  lieute- 
nant-colonel Aubin  Dutheillet  de 
Lamothe,  p.-v.  832. 


Famille  de  Tisseuil  (La)  et  la  Généalo- 
gie de  la  maison  de  Tisseuil,  impri- 
mée en  1783,  p.-v.  839. 

Limoges,  le  rempart  du  chftteau,  84. 

Monnaies  en  or  du  xiv*  siècle  trou- 
vées à  La  Chapelle-Blanche,  com- 
mune de  Saint-Victurnien,  p.-v. 
827. 

Voie  romaine  de  Limoges  à  Bourges 

et  la  station  de  Prœtorium,  p.-v. 
846. 
Voies  romaines  en  Limousin  (Les), 
p.-v.  840. 

Page  (René). 

Discours  d'installation  comme  prési- 
dent de  la  Société,  8. 

Hommage  à  M.  Léopold  Delisle,  p.-v. 
889. 

Muntz  (Eugène),  vice-président  de 

TAcadémie    des   Inscriptions    et 
Belles-Lettres,    nécrologie,    p.-v. 
889. 
Nivet-Fontaubert  (Ch.),  nécrologie, 

p.-v.  818. 

Pénitents  gris  de  Tulle  (Marché  entre 

les)  et  Antoine  Picaud,  marchand 

tapissier  d*Aubusson,  p.-v.  840. 

Uxellodunum  (Emplacement  d'),  p.-v. 
824. 

Fournie  (D'). 

Médailles  en  Thonneur  de  Victor 
Hugo,  p.-v.  826. 

Fray-Pournler  (A.). 

Limoges  et  les  bonnes  villes,  281, 
p.-v.  887. 


59t  JiOCliTÉ  ARCH^OLOOIQUI   RT 

Gulbert  (Lonis). 

BegougDe  de  Juniac  (Le  colonel], 
p.-v.  833. 

Bibliographie  :  L'abbaye  de  Saint- 
Martial,  parGh.  de  Lasteyrie,  p.-v. 
817. 

Grenier  de  dîmes  aux  Monts,  com- 
mune de  Nieul,  p.-v.  861 . 

Justice  rojale  de  Limoges  (La),  p.-v. 
863,867. 

Lettres  de  Gharles  VII  modifiant  les 
armes  de  la  ville  de  Limoges,  p.-v. 

880. 

Limoges  (Goup  d'oeil  sur  Thistoire  de 

la  ville  de),  13,  p.-v.  828,  880. 

Monnaie  d'or  de  Ferdinand  et  d'Isa- 
belle d'Espagne  trouvée  aux  Gas- 
seaux,  à  Limoges,  p.-v.  849. 

Puy-de-Jouer  {Prœtorium)^  visite  du 
P.  de  la  Groix,  p.-v.  880. 

Saint-Junien,  Saint-Brice  et  Javerdal 
(Documents  sur),  p.-v.  838. 

Séquences  (Nouveau  fascicule  de), 
publié  par  le  P.  Blume,  [p.-v.  844. 

liera  Ali  t. 

Desnoyers  (Mgr),  nécrologie,  p.-v. 
821. 

Hervy  (Emile). 

Ghassoux(Fernand),  nécrologie,  p.-v. 
849. 

•loly  «le  Aailly* 

Pierre  représentant  le  Ghristen  croix 
au  village  de  Monthieux,  près  la 
forêt  de  Guéret,  p.-v.  880. 

•louhanneaud'  (Camille). 

Artige  (Prieuré  de  1'),  p.-v.  823. 
Exposition  du  Limousin  pi;toresque 

et  monumental,  p.-v.  817, 837, 843, 

881. 

L'Hermite  du  Solier  (Tristan  et  Jean- 
Baptiste),  poètes,  p.-v.  840. 

Nalèches  (Le  général  de),  p.-v.  821. 

Peyrat-le-Château.  Doc.  com.  par 
M.  Gousseyroux,  p.-v.  834. 


HISTORIQCl  DU  LIMOUSm 

•louhanneaud  (Charles). 

Exposition  du  Limousin  pittoresque 
et  monumental,  p.-v.  582. 

Lianslede* 

Saint-Léonard  (Extraits  de  la  vie  de), 
publiée  par  le  P.  Bernardin,  en 
1673,  p.-v.  888. 

Isoler  (L*abbé  A.)  et  Gulbert 

(Louis). 

Armoiries  limousines  (Recueil  d')  de 
Philippe  Poncet,  peintre  émailleur, 
428. 

L.ecler  (L*abbé  A.). 

Bonbon  (Le  Monastère  de),  p.-v.  843. 

Bref  de  Glément  IX  accordant  des 
indulgences  à  ceux  qui  visiteraient 
l'église  de  Saint-Martin  de  Ghà- 
teauponsac,  p.-v.  833. 

Gloches  (Elude  sur  les)  du  diocèse  de 
Limoges,  128. 

Epidémie  des  prisonniers  espagnols 
à  Limoges  en  1809,  p.-v.  861. 

Famille  Dalesme  (La),  p.-v.  837. 

Monnaie  en  bronze  de  Glande  trouvée 
près  de  Naugeat  à  Limoges,  p.-v. 
837. 

Poteries  romaines  trouvées  au  Mon- 
teil,  commune  de  Roussac,  et  poids 
de  tisserand,  à  TArtimache,  com- 
mune de  La  Ghapelle-Montbran- 
deix,  p.-v.  884. 

Vente  entre  Guillaume  Savelli  et  Guy 
de  Rançon  (Acte  de),  1288,  doc, 
p.-v.  849. 

LieroujL  (Alfred). 

Aqueduc  d'Aigoulènc  (La  légende  de 
l'),  p.-v.  838. 

Archives  hospitalières  de  Limoges 
versées  aux  archives  départemen- 
tales, p.-v.  849. 

Bibliothèque  de  la  Société  archéolo- 
gique et  historique  du  Limousin, 
810. 


Chambre  consultative  de  arts  et 
manufactures  de  T^imoges  (Délibé- 
ration de  la),  extraits  relatifs  à  la 
porcelaine,  497. 

Chapitre  cathédral  de  Limoges  (An- 
ciens titres  du),  p.-v.  867. 

Chronique  de  Tabbaye  d'Uzerche, 
publiée  par  M.  Manteyer  dans  les 
Mélanges  et  études  d'histoire  du 
moyen  âge,  p.-v.  562. 

Ecole  pratique  des  mines  à  Limoges 
(Projet  d'une),  par  AUou,  1815, 
p.-v.  858. 

Emaillerie  peinte  (Renaissance  de  V) 
à  Limoges,  114. 

Enseignement  industriel  et  commer- 
cial à  Limoges  au  xix«  siècle,  485. 

Municipalité  de  Limoges  (Registres 
de  la),  extraits  relatifs  à  la  porce- 
laine, 505. 

Porcelaine  limousine  (Histoire  delà), 
en  collaboration  avec  M.  Charles 
Jouhanneaud,  p.-v.  544. 

Porcelaine  (Fabrique  de)  à  Magnac- 
Bourg,  p.-v.  553. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 

de    Limoges  (Registres    de    la), 

extraits  relatifs  à  la  porcelaine, 
491 . 

Bfarbouty  (Camille). 

Boîte  en  cuivre  du  x v«  siècle,  p  .-v.  51 7 . 
Voyage  en  Egypte,  p.-v.  529.  *  | 


tABLB  Pkti  ORDKB  ALl»&AbBTIQUk  D^AUTBUKS  593 

Bf  oureC  (Léopold). 

Limoges  (Dénomination  des  rues  de), 
p.-v.  519. 

Pénicaud  (L'abbé). 

Souterrain-refuge  à  La  Chautardie, 


commune  de  Meilhac,  p.-v.  561. 

(Hubert). 

Limousins  (Origine  des)  et  fonda- 
lion  de  Limoges,  p.-v.  539. 

Sébastien  I",  roi  de  Portugal,  serait- 
il  mort  à  Limoges,  p.-v.  522. 

Thomas  (Aotoine). 

Léonard  Limosin,  émailleur,  imposé 
pour  pour  dix  écus  en  1568,  p.-v. 
528. 

Toumleux  (Zenon). 

Aubepeyre  (Le  marquisat  d*),  64. 
Laforest-Belleville  (La  seigneurie  de), 

ôiu. 

Saint-Yrieix  (La  seigneurie  de),  353. 

Vandl^rea  de  Vltrao  (De). 

Chartrier  du  Château  de  Leychoisier, 
p.-v.  821. 

Registre  de  famille  'de  René  II  de 
Meyvières,  p.-v.  534. 


TABLE    DES   MATIÈRES 


TEXTE 

Discours  d'installation  de  M.  René  Page,  président 5 

Coup  d'œil  sur  l'histoire  de  la  ville  de  Limoges,  par  M.  Louis  Guibert.         13 

Le  rempart  du  Château  de  Limoges,  par  M.  Paul  Ducourtieux. 54 

Le  marquisat  d'Aubepeyre,  par  M.  Zenon  Toumieux 64 

La  renaissance  de  rémaillerie  peinte  à  Limoges,  par  M.  Alfred  Leroux.      114 

L'atelier  d'émaillerie  de  Louis  Dalpayrat,  par  M.-E.  Blancher 125 

Etude  sur  les  cloches  du  diocèse  de  Limoges  (suite  et  fin),  par  M.  Tabbé 

A    Lecler 128 

Délibérations  de  la  Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  de 

Limoges  (extraits  relatifs  à  l'industrie  porcelainière  de  1830  à  1858), 

par  M.  Alfred  Leroux 197 

Une  institution  du  premier  Empire.  Limoges  et  les  bonnes  villes,  par 

M.  A.  Fray-Fournier 281 

La  seigneurie  de  Saint-Yrieix,  par  M.  Zenon  Toumieux 353 

La  seigneurie  de  Laforest-Belleville,  par  M.  Zenon  Toumieux 379 

Recueil  d'armoiries  limousines  de  Philippe  Poncet,  peintre  et  émailleur, 

par  MM.  Tabbé  A.  Lecler  et  L.   Guibert 425 

L'enseignement  industriel  et  commercial  à   Limoges  au    xix*    siècle, 

esquisse  historique,  par  M.  Alfred  Leroux 485 

Registres  de  la  Société   d'agriculture,   sciences   et  arts   de   Limoges 

(extraits  relatifs  à  l'industrie  porcelainière,    de    1802   à  1821),    par 

M.  Alfred  Leroux 491 

Registres  de  la  municipalité  de  Limoges  (extraits  relatifs  à  l'industrie 

porcelainière,  de  1794  à  1817),  par  M    Alfred  Leroux 505 

La  bibliothèque  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin, 

par  M.  Alfred  Leroux -      510